N
^^.
^•^r%^
Bfl||KHEbHp||^p^
%^^'> j-':^':^ ■i^f'' :^" '■
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
PARIS. — IMPRIMERIE GAUTIlIIiR-VILLARS, QUAI DES GRANI)S-A IGIISTINS, 55.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PLI>1.IKS,
CONFORMÉMENT A UNE DÉCISION DE L'ACADÉMIE
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CENT QUAUAIVTE-DEUXIEIVIE.
JANVIER - JUIN 1906.
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS. IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
(Juai des Graiids-Augustins, 55.
1006
ETAT DE L'ACiDÉMIE DES SCIENCES
Al 1" JANVIER i90(i.
SCIEIVCES MATHEMATIQUES
Section I". — Géométrie.
Messieurs:
Jordan (Marie-Ennemond-Camille) (o. *).
POINCARÉ (Jules-Henri) (c. *).
Picard (Charles-Emile) (O. *).
Appell (Paul-Émile)(c. *).
Painlevé (Paul) *.
HUMBERT (Marie-Georges) *.
Section II. — Mécanique.
Levy (Maurice) (o. ft).
BOUSSINESQ (Valentin-Joseph) (o. *).
Deprez (Marcel) (o. *).
LÉAUTÉ (Henry) (o. *)
Sebert (Hippolyte) (c. «).
Vieille (Paul-Marie-Eugène) (o. *).
Section HI. — Astronomie.
Janssen (Pierre- Jules-César) (c. «;,
Lœwy (Maurice) (c. ft).
WOLF (Charles-Joseph-Étienne) (O. *).
Radau (Jean-Charles-Ro(lolphe) ».
Deslandres (Henri-Alexandre) «i.
BiGOURDAN (Guillaume) «.
Section IV. — Géographie et Navigation,
Bouquet de la Grye (Jean-Jacques-Anatole) (c. *).
GRANDIDIER (Alfred) (o. *).
Bassot (Jean-Léon-Antoine) (C. *).
GUYOU (Emile) (c. «).
Hatt (Philippe-Eugène) (o. *).
Bertin (Louis-Émilc) (c. *).
ACADÉMIE DES SCIENCES.
Section Y. — Physique générale.
Messieurs :
Mascart (Élenthère-Élie-Nicolas) (g. O. *).
LiPPMANN (Gabriel) (c *).
Becquerel (Anloine-Heiiri) (o. «).
Violée (Lonis-Juies-Gabriel) (o. *).
AmAGAT (Émile-Hilaire) *.
Curie (Pierre).
SCIENCES PHYSIQUES.
Section YI. — Chimie.
Troost (Louis-Joseph) (c. «).
Gautier (Émile-Justin-Armand) (o. *).
MoiSSAN (Henri) (c. *).
DiTTE (Alfred) (o. *).
Lemoine (Georges) (o. *).
HaLLER (Albin) (o. * ).
Section Ylï. — Minéralogie.
Gaudry (Jean-Albert) (c. *).
Bektrand (Marcel-Alexandre) (o. *).
LÉVY (Augusle-Michel) (o. *).
J^APPARENT (Albert-Auguste DE) *.
Lacroix (François-Autoine-Alfred) *.
Baruois (Charles-Eugène) (o. «).
Section Yiïl. — Botanique.
Van Tieghem (Philippe-Édouard-Léon) (o. »).
BORNET (Jean-Baptiste-Édouard) (o. *).
GUIGNARD (Jean-Louis-Léon) (o. *).
lîONNlER (Gastoii-Eugène-Marie) #.
PrillIEUX (Édouard-Ernest) (o. *).
Zeiller (Charles-René) (o. *).
ÉTAT DE l'académie AU I*'' JANVIER 1906.
Section IX. — Économie rurale.
Messieurs :
SCHLŒSING (Jean-Jacques-Théophile) (c. *).
Chauveau (Jean-Baptiste-Auguste) (c. *).
MUNTZ (Charles-Achille) (o. *).
Roux ( Pierre- Paul-Émile) (c. *).
SCHLŒSlNG (Alphonse-Théophile) *.
Maquenne (Léon-Gervais-Marie) *.
Section X. — Analomie et Zonloaie.
o'
Ranvier (Louis-Antoine) (o. *).
Perrier (Jean-Octave-Edmond) (o. «).
Chatin (Joannès-Charles-Melchior) *.
GlARD (Alfred-Mathieu) «.
Delage (Marie- Yves) *.
Bouvier (Louis-Eugène) *.
Section XI. — Médecine et Chirurgie.
Bouchard (Charles- Jacques) (c. *).
GUYON (Jean-Casimir-Félix) (o. *).
Arsonval (Arsène d') (o. *).
Lannei.oNGUE (Odilon-Marc) (c. ft).
Laveran (Charies-I^ouis-Alphonse) (o. *).
Dastre (Alhert-Jules-Frank) *.
SECRETAIRES PERPETUELS.
Darboux (Jean-Gaston) (c. *), pour les Sciences mathéma-
tiques.
Berthelot (Marcelin-Pierre-Eugène) (g. c. «), pour les Sciences
physiques.
ACADEMIE DES SCIENCES.
ACADÉMICIENS LIBRES.
Messieurs :
Freycinet (Charles-Louis DE Saulses de) (o. s).
Hatonde la Goupillière (Julien-Napoléon) (g. o. *).
Cailletet (Louis-Paul) (o. *).
BiSCHOFFSHElM (Raphaël-Louis) *.
Brouardel (Paul-Camille-Hippolyte) (g. o. «).
Laussedat (Aimé) (G. O. *).
Carnot (Marie-Adolphe) (c. «).
ROUCHÉ (Eugène) (o. *).
Picard (Alfred-Maurice) (g. C. *).
LabbÉ (Léon) (c. *).
ASSOCIES ETRANGERS.
Kelvin (Sir William Thomson, Lord), à Glasgow (g. o. s).
Lister (Lord), à Londres.
Newcomb (Simon) (o. *), à Washington.
SUESS (Edouard), à Vienne.
HOOKER (Sir Joseph-Dalton), à Rew.
SCHIAPARELLI (Jean-Virginius), à Milan.
.KOCH (Robert), à Berlin.
Agassiz (Alexandre) (o. *), à Cambridge (Massachusetts).
CORRESPONDAXTS.
SCIENCES MATHÉMATIQUES.
Section P*. — Géométrie (lo).
Schwarz (Hermann-Amandus), à Griinewald, près Berlin.
Klein (Félix), à Gœttingue.
MÉRAY (Hugues-Charles-Robert) (o. *), à Dijon.
Zeuthen (Hieronymus-Georg), à Copenhague.
MittAG-Leffler (Magnus-Gustaf) (o. *), à Stockholm.
ÉTAT DE l'académie AU l" JANVIER 1906. 9
Messieurs :
Dt:DEKiND (Jiilius-Wilhelm-Ric-hard), à Brunswick.
NCETiiEU (Max), à Ei-lani;en.
VOLTERRA (Vilo), à Rome.
GuiCHARD (Claude), à Clermont-Ferrand.
GORDAN (Paul), à Erlangen.
Section II. — Mécanique (10).
SiRE (Georges-Etienne) *, à Besançon.
Considère (Armand-Gabriel) (o. ft), à Quimper.
Amsler (Jacob), à Scliafflioiise.
Vallier (Frédéric-Marie-Emmanuel) (o. *), à Versailles.
BOLTZMANN (Louis), à Vienne.
Dwelshauvers-Dery (Victor-Auguste-Ernest) *, à f.iége.
Bazin (Hcnry-Émile) (o. «), à Chenôve (Côte-d'Or).
DUHEM (l'ierre), à Bordeaux.
Zeuner (Guslav-Anlon), à Dresde.
HOFE (Jacobiis-Henricus VAN't) •fs, à Berlin.
Section III. — Astronomie (16).
Struve (Otlo-Wilhelm) (g. o. *), à Carlsruhe.
LOCKYER (Sir Joseph-Norman), à Londres.
HUGGINS (Sir William), à Londres.
Stephan (Jean- Marie-Edouard) (o. *), à Marseille.
Hall (Asaph) ;», à Washington.
Langley (Samuel-Pierpont), à Washington.
AUWERS (Arthur), à Berlin.
Kayet (Georges-Auloine-Pons) (o. a), a Bordeaux.
Backlund (Oskar), à Poulkova.
GiLL (Sir David), au Cap de Bonne-Espérance.
Bakhuyzen (Van de Sande) (o. «), à Leyde.
Christie (William-Henry), à Greenwich (Angleterre).
André (Charles-Louis-T'Vançois) *, à l'Observatoire de Lyon.
Baillaud (Edouard-Benjamin) (o. *), à l'Observatoire de Toulouse.
HiLL (George-William), à West-Nyack.
N
C. K., 1906, I" Semestre. (T. CXUI, N' 1.) 2
lO ACADÉMIE DES SCIENCES.
Section IV. — Géographie el Navigation (lo).
Messieurs :
TeffÉ (le baron DE), à Rio-de-Janeiro.
Grimaldi (Albert-Honoré-Charles) (g. C. *), prince souverain de
Monaco, à Monaco.
Nansen (Fridtjof) (c. «), à Bergen (Norvège).
Helmert (Frédéric-Robert), à Potsdam.
Colin (le R. P. Édouard-Élie), à Tananarive.
Gallieni (Joseph-Simon) (g. o. *), à Saint-Raphaël (Var),
BlENAYMÉ (Arthur-François-Alphonse) (c. *), à Toulon.
Normand (Jacques-Augustin) (o. *), au Havre.
Davidson (George), à San-Francisco.
OUDEMANS (Jean-Abraham-Chrétien), à Utrecht.
Sectio\ V. — Physique générale (lo).
Crova (André-Prosper-Paul) (o. *), à Montpellier.
Rayleigh (John-William StrUTï, Lord) (g. *), àEssex.
Blondlot (René-Prosper) ^, à Nancy.
HiTTORF (Wilhem), à Munster (Prusse).
Van der Waals ( Johannes-Diderik), à Amsterdam.
Michelson (Albert-A.), à Chicago.
GOUY (Georges-Louis), à Lyon.
Benoit (Justin-Miranda-René) *, à Sèvres.
LORENTZ (Hendrik-Anton), à Leyde.
N
SCIENCES PHYSIQUES.
Section VI. — Chimie (lo).
Lecoq de BOISBAUDRAN (Paul-Émile dit François) *, à Cognac.
Baeyer (Adolf von), à Munich.
ROSCOÉ (Sir Henry-Enfield) (o. -k), à Londres.
Cannizzaro (Stanislas) (o. ft), à Rome.
Ramsay (William) (o. *), à Londres.
Mendeleee (Dmitry-Iwanowitch), à Saint-Pétersbourg.
Fischer (Emile), à Berlin.
ÉTAT DE l'académie AU I«'' JANVIER 1906. Il
Messieurs :
Sabatier (Paul), à Toulouse.
FORCRAND (Hippolyte-RobertDE), à Montpellier.
Hexry (Louis), à Louvain.
Section VII. — Minéralogie (10).
GOSSELET (JuIes-Auguste-AIexandre) *, à Lille.
Geikie (Sir Archibald), à Londres.
TscHERMAK (Gustav), à Vienne.
Depéret (Charles-Jean-Julien) *, à Lyon.
ROSENBUSCH (Harry), à Heidelberg.
Peron (Pierre-Alphonse) (c. «), à Auxerre.
OEhlert (Daniel) *, à Laval.
Klein (Johann-Friedrich-Garl), à Berlin.
Brôgger (Wlademar-Christoferj, à Christiania.
N
Section VIII. — Botanique (10).
Clos (Dominique) *, à Toulouse.
Grand'Eury (François-Cyrille) *, à Saint-Étienne.
MasïeRS (Maxwel-Tylden), à Londres.
Treub (Melchior) *, à Buitenzorg, près Batavia (Java).
Schw^ENDENER (Simon), à Berlin.
Pfeffer (Wilhelm-Friedrich-Philipp), à Leipzig.
Strasburger (Edouard), à Bonn.
Warming (Johannes-Eugenius-Beilow), à Copenhague.
Flahault (Charles-Henri-Marie) *, à Montpellier.
Bertrand (Charles-Eugène) «, à Lille.
Section IX. — Économie rurale (10).
HOUZEAU (Auguste) (o. *), à Rouen.
Arloing (Saturnin) (o. «), à Lyon.
Pagnoul (Aimé), ù'Arras.
Gayon (Léonard-Ulysse), (O. *), à Bordeaux.
KUEHN(Jnlius), à Halle.
12 ACADEMIE DES SCIENCES.
Messieurs :
WiNOGRADSKI (Serge), à Sainl-Pétersbourg.
YermoLOFF (Alexis) (c. *), ;i Sainl-Pétersboiirg.
Tisserand (r.ouis-Eugène) (g. O. *), à Vaucresson.
Fliche (Paul) ft, à Nancy.
N
Seotiox X. — Anatomie et Zoologie (lo).
Fabre (Jean-Henri) *, à Sérignan (Vaucluse).
SabaTIER Armand) (o. *), à Montpellier.
Retzius (Gustave), à Stockholm.
Bergh (Ijuclwig-Rudolph-Sophus), à Copenhague.
Lankester (Edwin-Ray), à Londres.
Lortet (Louis) (o. *), à Lyon.
Maupas (Émile-François), à Alger.
Van Beneden (Edouard), à Liège.
Metchnikoff (Élie) (o. *), à Sèvres.
Waldeyer (Henri-Guillaume-Godefroi), à Berlin.
Section XI. — Médecine et Chirurgie (lo).
LÉPINE (Jacqiies-Raphaël) (o. *), à Lyon.
Herrgott (François-Joseph) (o. *), à Nancy.
Engelmann (Théodor-Wilhelm), à Berlin.
Leyden (ErnstVON), à Berlin.
MOSSO (Angelo), à Turin.
BurdoN-SanderSON (Sir John), à Oxford.
ZambaCO (Déuiélrius-Alexandre) (o. *), à Constantinople.
Czern Y (Vincent-Joseph), à Heidelberg.
Baccelli (Giiido), à Rome.
Calmette (LéonCharles-Albert) (o. ^), à Lille.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SKANCE DU MARDI 2 JANVIER 1906.
PRÉSIDENCE DE M. H. POINCARÉ.
M. Troost, Président sortant, fait connaître à l'Académie l'état oii se
trouve l'impression des Recueils qu'elle publie et les changements sur-
venus parmi les Membres et les Correspondants pendant le cours de
l'année igoS.
État de l'impression des Recueils de l'Académie au \" janvier \ 906.
Volumes publiés.
Comptes rendus des séances de l' Académie. — Les Tomes CKXXVIII
(i*"' semestre 1904), CXXXIX (2* semestre i()o4), CXL (i" semestre 1903)
ont paru avec leurs Tables.
Les numéros de l'année igoS ont été mis en distribution, chaque
semaine, avec la régularité habituelle.
Mémoires de l' Académie. — Le Tome XLVIII a été mis en distribution au
mois de novembre igoS.
l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Changements survenus parmi les Membres
depuis le \" janvier igoS.
Membre décédé.
Section de Physique générale : M. Potier, le 8 mai.
Membre élu.
Section de Physique générale : M. Cirie, le 3 juillet, en remplacement
de M. Potier.
Oiangements survenus parmi les Correspondants
depuis le i" janvier igoô.
Correspondants décédés.
Section de Physique générale : M. Bichat, à Nancy, le 26 juillet.
Section de Minéralogie : M. De Richtiiofen, à Berlin, le 6 octobre.
Correspondants élus.
Section de Mécanique : M. Vax't Hoff, à Berlin, le 27 mars.
Section de Chimie : M. Louis Hexry, à Louvain, le i5 mai.
Correspondants à remplacer.
Section d' Astronomie : M. Perrotin, à Nice, décéilé le 29 février 1904.
Section de Physique générale : M. Bichat, à Nancy, décédé le 26 juil-
let 1905.
Section de Minéralogie : M. De Richthofex, à Berlin, décédé le 6 oc-
tobre 1905.
Section d' Economie rurale : M. Laurext, à Gembloux, décédé le 20 fé-
vrier 1904.
SÉANCE DU 2 JANVIER 1906. l5
MÉMOIRES ET COMMUIVIGATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur le. dosage de l'oxyde de carbone dans l'air
par r anhydride iodique. Note de M. Armaxd Gautier.
Dans une courte Note insérée au dernier numéro des Comptes rendus ( ' ),
M. G. Jaiiberl annonce que l'acétylène agit sur l'anhydride iodique à la
façon de l'oxyde de carbone et que c'est là une cause d'erreur méconnue
dans cette méthode de dosage.
Ce n'est pas là un fait nouveau. En étudiant, en 1898, les conditions
d'extrême sensibilité et d'exactitude de cette méthode de dosage de l'oxyde
de carbone, je me suis préoccupé de l'action des gaz réducteurs, et en
particulier de l'acétylène, sur l'anhydride iodique. J'ai montré que ce gaz
réduit déjà ce corps à 35° ("). J'ai donné aussi le moyen de corriger l'er-
reur commise cpiand il y a lieu (').
Ji'acétylène n'existe jamais dans l'air des rues en quantité appréciable,
même par cette méthode très délicate.
ZOOLOGIE. — Nom'elles ohseivations sur les Pycnogonides recueillis dans tes
régions antarctiques au cours de la campagne dirigée par M. Jean Charcol.
Note de M. E.-L. BorviEK.
La campagne longue et pénible effectuée par le Français dans les mers
australes a été singulièrement fructueuse au point de vue zoologique. Grâce
au zèle de M. Charcot et à l'activité de son collaborateur pour la biologie,
M. Turquet, la faune antarctique nous révèle quelques-uns de ses mvs-
tères : une grande richesse de formes, des espèces remarquables par leur
abondance ou par leur taille et, dans beaucoup de groupes, des types rares
ou insoupçonnés. Ce qui donne aux récoltes du Français une valeur parti-
culière, c'est qu'elles sont tout à fait caractéristiques de la faune subpolaire,
ayant été recueillies dans les zones littorales et sublittorales, et par consé-
(') Séance du 0.6 décembre igo.j, t. CXLI, p. i233.
(^) Comptes rendus, t. CXXVl, p. 986 et i3o3.
(^) Annales de Chimie et de Physique. 7° série, l. WII, p. afi, -i ei -3.
l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
quent aux points où se fait sentir, clans toute sa rigueur, le dur climat de
ces régions glacées. Il convient d'adresser un juste hommage de recon-
naissance à M. Charcot qui nous a doté de semblables richesses et au col-
laborateur qui l'a secondé dans sa tâche.
Les observations que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie sont rela-
tives aux Pycnogonides recueillis durant la campagne; elles sont la suite
et le complément de celles que j'ai fait paraître dans le Bulletin du Muséum (')
au mois de juillet dernier, et que je dus momentanément interrompre pour
suivre S. A. le Prince de Monaco à bord de la Princesse- Alire. Par leur
variété et par l'intérêt qu'elles donnent à un groupe zoologique des plus
restreint, on pourra estimer, à sa juste valeur, l'importance des récoltes
mises à la disposition de la Science par les vaillants pionniers du Français.
Pycnogonides décapodes. — Jusqu'à l'année dernière, les Pycnogonides
ont été considérés comme des Arthropodes à huit pattes, et c'est pour
une bonne part en raison de ce caractère que beaucoup de zoologistes les
rapprochent des Arachnides. Pourtant, un Pycnogonide décapode fut très
exactement décrit et figuré par Eights (-) en 1837, mais cette observation
resta lettre morte en dépit de son importance et il y a un an à peine qu'on
l'a exhumée de son recueil pour la livrer à la discussion. Au mois de
juin dernier, un spécialiste des plus compétents, M. Loman C), la tenait
encore pour inexacte et considérait la Decalopoda australis de Eights comme
une simple Colossendeis faussement décrite et figurée avec cinq paires
de pattes. Mais Loman ignorait alors la capture, par l'expédition antarctique
écossaise, lie quinze exemplaires d'un Pycnogonide décapode, et l'idenlifi-
cation, établie par M. Hodgson ('), de cette curieuse forme avec la Decalo-
poda australis ( '') .
(') Iv-L. Bouvier, Observations préliminaires sur les Pycnogonides recueillis
dans la région antarclique par la mission du l^'raiiçais [Bulletin du Muséuni, iQoS,
p. 294).
('-) J. EiuHTS, Description of a new animal belonging lo Ihe Arachnides, disco-
vered in ihe sea alo/ig the shorcs of Ihe Netv South Shetland Islands {Boston
Journ. Soc. Nui. Hist.. Vol. I, 1887, p. aoS-'îoS, PL V).
(') J.-J.-G. Loman, Decab'pcda lîiylhs oder Colossendeis Jar. {Zoolog. Anz.,
B. XXVIII, 190.J, p. 722-723).
(*) E.-W. lIoixiSON, Scotia Collections. On Decalopoda australis Kiglits {Proc.
Roy. physic. Soc. Edinburgh. Vol. X\'I, janvier 190.5, p. 35-42, PL III . IV).
{■' ) A l'exemple de M. Ilodgsoii, je remplace le nom de Decalopoda par celui, plus
correcl, de Decalopoda.
SÉANCE DU 2 JANVIER 1906. l'j
J'étais dans la même ignorance que M. Loman lorsque je publiai ma pre-
mière Note, et c'est pourquoi je considérai comme une anoma lie sans grande
valeur la présence de dix pattes dans l'unique spécimen d'une espèce nou-
velle que je décrivis alors sous le nom de Colossendeis anlarctica. Mais
une circonstance heureuse modifia bientôt cette manière de voir : au cours
du mois de novembre, M. Lahiile, du Muséum d'Histoire naturelle ar-
gentin, me soumit, pour en faire l'étude, un Pycnogonide assez semblable
à la Colossendeis antarclica, et muni comme elle de cinq paires de pattes.
C'est alors que je pris connaissance du travail de M. Hodgson, et il ne me
fut pas difficile de reconnaître que le spécimen de M. Lahiile était une
Decalopoda australis des plus typiques. Après le travail de M. Hodgson, on
ne pouvait plus mettre en doute l'existence du Pycnogonide à cinq paires
de pattes décrit par Eights ; aujourd'hui on doit ajouter que cette espèce
est assez largement répandue dans les régions littorales et sublittorales des
mers antarctiques : les spécimens de Eights provenaient des Shetlands du
Sud, ceux de l'expédition écossaise ont été capturés non loin de là, aux
Orkneys du Sud (Scotia Bay, par 9-10 brasses de profondeur); enfin
l'exemplaire de M. Lahiile a été recueilli près du rivage de l'île Laurie,
dans les Orcades d u sud .
En comparant le Colossendeis anlarctica au spécimen de M. Lahiile et à la très
soigneuse description de M. Hodgson, j'ai pu me convaincre que ce Pjcnogonide est
bien une Décalopode, mais qu'il dilTère de la D. australis par tous ses caractères spé-
cifiques essentiels : le tronc n'ollre plus de sillons segmentaires et sa face ventrale est
tout à fait plate, les palpes ont 9 articles au lieu de 10, les chélicères sont autrement
conformés que ceux, de la D. australis, avec l'article basilaire beaucoup plus long, et
une pince plus étroite dont la portion palmaire égale au moins la moitié de la longueur
des doigts, la trompe est également plus allongée que celle de la D. australis et
d'ailleurs totalement dépourvue d'épines; quant aux pattes, elles sont beaucoup plus
longues et plus grêles. J'ajoute que ces dernières ne présentent pas d'épines sur la face
dorsale de leur article basilaire et qu'elles sont autrement ordonnées que celles du
D. australis, quant à leur longueur relative : dans cette dernière espèce, en efifet,
celles de la deuxième paire sont les plus longues, et celles des troisième, quatrième,,
première et cinquième paires viennent ensuite en ordre décroissant ; dans notre
espèce, au contraire, les pattes de la troisième paire sont les plus longues, et les
autres se groupent dans un ordre tout autre : quatrième, deuxième, première et cin-
quième paire. Dans la D. australis la région céplialique est large, le tubercule ocu-
laire fort réduit, et le second article tibial à peine plus long que le premier; dans,
l'espèce rapportée par M. Charcot, la région céphalique apparaît relativement étroite,
envahie presque aux deux tiers par un haut tubercule oculaire pyramidal, et le
G. R., 1906, 1" Semestre. (T. CXLII, N° 1.) 3
iS ACADÉMIE DES SCIENCES.
deuxième tibia présente des dimensions beaucoup plus grandes que le premier. Le
Tableau suivant donnera une idée très nette des dimensions relatives des deux espèces.
Decalopoda auslralis.
~^ — -~ — — ^ — D.antarctica.
Exemplaire Exemplaire Type
figuré par M. Hodgson. de M. Laliille. du Français.
mm mm mm
Longueur totale du corps (saus la trompe). . i6 i/J i8
» du tronc avec la partie céphalique. 10,2 9,5 12, 5
Largeur de la région céphalique 4)9 4,8 4>9
» du tronc au niveau des pattes 3 10,1 8,3 10, 5
Longueur de la trompe Un peu plus de 10,2 9,7 17
» du premier article des chélicères.. . 5 4)2 9,1
» du fémur des pattes i 17 i4)7 24
» » 2 19)5 1 5 , 5 26,3
» » 3 19 i5 26
» » 4 18) 4 i4)9 25,6
» » 5 16 i4,3 23,5
Longueur totale des pattes 2 86 » i35
» du i"' tibia des pattes 2 19 » 28
» du 1^ tibia des pattes 2 20 » 35
Ainsi, dans l'exemplaire de M. Charcot, le premier article des chélicères
égale au moins la moitié de la longueur totale du corps, et la patte 2 éten-
due à peu près 1 1 fois la longueur du tronc; tandis que, dans la D. auslra-
lis, le premier rapport se réduit au tiers de la longueur totale et le second
à un peu plus de 8 fois celle du tronc. Il est bien difficile d'attribuer ces
différences, et toutes les autres non moins grandes, aux dimensions un peu
plus considérables de notre spécimen. Aussi doit-on considérer la Colos-
sendeis antarctica comme le type d'une Décalopode nouvelle qui recevra
naturellement le nom de Decalopoda antarctica.
Cette seconde espèce habite des régions plus voisines du pôle que la
D. australis; elle fut capturée sur un fond de 4o™, dans les parages de l'île
Wandel (baie Carthage), soit par 64° long. W. et 65° lat. S. On sait que les
Shetlands du Sud, qui semblent être le centre de la D. australis, se trou-
vent plus au Nord, par 60° environ de long. W. et 63° lat. S.
Quelques semaines avant la publication de ses recherches sur la D.
australis, M. Hodgson avait décrit et figuré un autre Pycnogonide décapode
bien différent, le Pentanymphon antarcticum (') capturé en assez grand
(') T.-V. Hodgson, On a new Pycnogonid from tlie Soulli Polar Régions (Ann.
and Mag. Nat. Hist., 7= série, vol. XIV, p. 458-462, PI. JTIV).
SÉANCE DU 2 JANVIER I906. I9
nombre par la Discovery dans la baie Me Murdo.soitàpeuprèspar yS^lat.S.
et 168° long. E. Cette espèce semble répandue partout dans les régions
antarctiques, car M. Hodgson en signale un exemplaire recueilli par
l'expédition écossaise dans la mer de Weddell, c'est-à-dire en un point
presque diamétralement opposé. Je rapporte à la même espèce trois spé-
cimens capturés par M. Turquet à l'île Wandel, deux par 20™ de profon-
deur, et le troisième entre les galets sur la plage. Les types de la Discovery
avaient été pris entre 12 et 1 25 brasses.
Les trois exemplaires du Français sont adultes quoique de taille assez dif-
férente; ceux capturés par 20 brasses sont plus petits que l'exemplaire
type de la Discovery et en diffèrent par leurs pattes sensiblement plus
courtes; celui qui provient du littoral est au contraire plus grand, ses
cuisses sont plus renflées et les épines de ses pattes ovigères présentent un
moins grand nombre de denticules avec une partie terminale assez obtuse.
Autant que j'ai pu le voir jusqu'ici, il n'y a pas d'autres différences entre les
exemplaires du Français et ceux de la Discovery, de sorte que je les attribue
à la même espèce. Ainsi le Pentanymphon antarcticum peut être considéré
comme un type caractéristique de la faune antarctique, et semble être repré-
senté en plus grande abondance à mesure qu'on se rapproche du pôle
austral.
Pycnogonides octopodes. — Dans le groupe des Pycnogonides normaux
ou octoj>odes, les récoltes du Français se divisent entre les deux familles
des Pallénides et des Ammothéides, un exemplaire appartenant au genre
Cordylochete qui dépend de la première de ces familles, et tous les autres,
fort nombreux, au genre Ammothea ou à quelque forme très voisine.
Le genre Cordylochete paraissait limité jusqu'ici aux régions boréales, où
on en a décrit trois espèces. Il est représenté dans la collection Charcot
par la C. Turqueti Bouv. dont un bel exemplaire fut capturé dans la baie
Carthage. J'ai donné précédemment la description de cette jolie espèce.
De la baie Carthage proviennent également deux espèces nouvelles
décrites en même temps que la précédente : V Ammothea antarctica Bouv.
remarquable par la saillie conique de son segment caudal et de son tuber-
cule oculaire et la Colossendeis ? Charcoti Bouv. dant les affinités sont mul-
tiples. J'ai rangé provisoirement cette dernière espèce dans le genre Colos-
sendeis parce qu'elle se rapproche beaucoup de la Colossendeis gibbosa
Mobius dont la Valdivia recueillit deux jeunes exemplaires dans les parages
de l'île Bouvet, par 439" et 567"" de profondeur. Mais, comme je l'ai fait
observer, l'une et l'autre formes se rapprochent davantage des Ammo-
20 ACADEMIE DES SCIENCES.
théides par l'absence de griffes terminales sur leurs appendices ovigères,
par le développement de griffes auxiliaires énormes sur leurs pattes ambu-
latoires et par la réduction extrême du tarse de ces appendices. En fait la
Colossendeis? antarctica tient des Colossendéidés par sa grande taille, et des
Ammothéidés |)ar la très grande majorité de ses caractères essentiels; c'est
plutôt une Ammolhea qui, dans ce genre où les espèces sont petites, occupe
une place toute spéciale à cause de sa taille relativement énorme : la trompe
a i^""" de longueur, le tronc avec la queue 16""" et les pattes de la deuxième
paire ne mesurent pas moins de 68™™. Déjà X Ammolhea antarctica se faisait
remarquer par des dimensions au-dessus de la normale.
Les autres Ammolhéides capturés au cours de la campagne sont bien
plus normaux en ce sens que leurs dimensions rentrent dans la règle ordi-
naire. Ils sont représentés par deux espèces nouvelles, l'une très répandue
dans les parages de l'île Wandel et que j'appellerai pour cette raison
Ammothea communis, l'autre plus rare et qui mérite le nom à! A. curculio à
cause de son long rostre arqué et tubuliforme.
L'/i. communis a une puissante trompe ovoïde, les segments moyens du tronc
séparés par des lignes et des bourrelets suturaux très aj)parents, un pédoncule oculaire
élevé et obtus à son sommet que couronnent les yeux, l'abdomen conique et presque
verticalement dressé. Le segment céplialique forme en avant une paire de protubé-
rances sulsaiguës; des protubérances analogues, et plus ou moins saillantes suivant les
individus, se trouvent par paires à Texlrémilé des prolongements latéraux du tronc et
de chaque article coxal. Les cliélicères sont bien plus courtes que la trompe et se
terminent par une pince imparfaite; les palpes ont neuf articles (peut-être dix), l'ar-
ticle prominai étant fort petit et précédé par un long article suivi de trois autres plus
réduits et subégaux; les appendices ovigères ont dix articles, dont un terminal de
petites dimensions et muni de deux soies denticiilaires, les trois articles qui précédent
étant subégaux et munis chacun d'une ou deux soies identiques; les fémurs sont ren-
flés et à peu près aussi longs que le premier tibia qui est un peu plus court que le
second, les griffes des pattes sont puissantes et accompagnées de deux griffes auxiliaires
qui en dépassent le milieu. Celte espèce fut trouvée en très grand nombre dans les
parages de l'île Wandel, sur la côte ou à de faillies profondeurs; longueur moyenne
du corps 1™"', 5, d'une patte 5"^^™.
L'v-i. curculio est représentée par trois exemplaires recueillis à l'île Wandel, sur un
fond de 4o™.
Elle est remarquable par sa trompe cylindrique, un peu dilatée à la base, légèrement
infléchie et dirigée eu avant, d'ailleurs beaucoup plus longue que le corps tout entier.
La segmentation du corps est très nette, indiquée en dessous par des bourrelets
transversaux très saillants, en dessus par des bourrelets analogues au centre desquels
s'élève une saillie subconique; l'abdomen présente une forme analogue et se dirige un
jjeu obliquement en arriére; la saillie oculaire, très développée, est un peu plus
SÉANCE DU 2 JANVIER 1906. 21
obtuse. Les pattes sont plutôt courtes et trapues, garnies d'un certain nombre de
saillies spiniformes; le fémur est un peu plus court que le premier tibia, lerfuel est
lui-même moins allongé que le second; les griffes ont plus de la moitié de la longueur
du tarse terminal et leurs griffes auxiliaires ne sont pas moins développées que dans
l'espèce précédente, qui semble être, d'ailleurs, à peu prés de même taille. Aucun des
exemplaires n'est adulte; dans le plus jeune, les pattes postérieures sont réduites à
l'état de bourgeons parallèles à l'abdomen; dans les deux autres, ces appendices ont
acquis une structure presque normale, mais le-; pattes ovigères se réduisent à des bour-
geons courts. Les chélicères portent des pinces très parfaites et les palpes ne pré-
sentent pas plus de 5 articles, ce qui est probablement le résultat d'un développement
incomplet.
Conclusion. — Il résulte de ce qui précède : i" que les Pycnogonides
décapodes semblent communément répandus dans les régions australes,
où ils sont représentés par deux types bien différents, les Decalopoda et
les Pentanymphon ; 2° que le genre Decalopoda nous offre deux espèces,
la D. australis, assez commune dans les parages des Shetlands, et la D. an-
tarclica, trouvée plus près du pôle par la mission Cliarcot; 3° que le genre
Pentanymphon se trouve sur tout le pourtour du continent austral, où il est
représenté par le P. antarcticum qui semble devenir plus abondant à me-
sure qu'on avance vers le pôle; 4" que 'es Pycnogonides octopodes des
genres Cordylochele et Ammothea ne sont pas propres à l'hémisphère sep-
tentrional, mais se rencontrent également dans les régions antarctiques;
5° que les Ammothéides sont particulièrement répandus dans ces mers, où
plusieurs de leurs représentants se font remarquer par leurs dimensions
très grandes.
Plusieurs de ces conclusions, cela va sans dire, sont le résultat des
recherches de M. Hodgson combinées avec celles que j'ai faites sur les
matériaux recueillis par le Français.
Ce n'est pas ici le lieu d'insister sur les conséquences de la découverte
des Pycnogonides décapodes, et je me contenterai de dire que les observa-
tions présentées sur le même sujet par M. Cole sont, en général, excel-
lentes ('). Pourtant, il ne me paraît pas juste de considérer le genre
Decalopoda comme analogue aux formes primitives d'où sont issues les
Pentanymphon et les Pycnogonides octopodes. La segmentation du corps
a totalement disparu, ou à peu près, dans les Décalopodes, tandis qu'elle
persiste, très évidente, dans les Pentanymphon et dans beaucoup de Pycno-
gonides octopodes.
(') L.-J. Cole, Ten-legged Pycnogonides, with remarks on tlic classification of
the Pycnogonida (Ann. and Mag. i\at. Hiit., 7"= série, Vol. XV, avril 1905 ).
2 2 ACADEMIE DES SCIENCES.
Si bien qu'il paraît plus logique de considérer les Pentanvmphons et les
Décalopodes comme des formes voisines de la souche primitive, mais à
évolution indépendante; les Décalopodes conduisent aux Colossendéo-
raorphes et notamment aux Colossendeis dont ils se rapprochent étrange-
ment, ainsi que l'a observé M. Hodgson; et, d'autre part, les Pentanyni-
phons servent de souche aux Nymphonides, et par ces derniers au\
PycnogomOrphes de M. Cole.
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Siw la déformation des quaclriques.
Note de IVI. C. Guichard.
1. Une congriience G orthogonale à un réseau de la quadrique
(i) ir;(i +/>^)-+-a:^(n- f/=) + a;', = I
est une congruence 30 ; les paramètres X,, Xj, X, de G sont
(2) X, = a7,(i -f-p-), X2 = j:-,(t + <7*), X, = .t,.
Les paramètres complémentaires qui rendent les congruences 30 sont
A cette congruence G on peut, par homographie, faire correspondre
une congruence H(X',, X^, X^) qui est O en posant
(4) ^'.= 7=1' ^'^=l=i' ^3 = X,.
Si le réseau tracé sur la quadrique est C, il en est de même de la
congruence G. La congruence H est O, 3C, les deux paramètres complé-
mentaires qui la rendent 3C sont pX.\ et 5^X5.
Réciproquement, la déformation de la quadrique revient à trouver les
congruences H qui possèdent ces propriétés.
2. Ces congruences H sont précisément celles que j'ai signalées en 1897
ySur la déformation des quadriques {Comptes rendus, 2* semestre)]. Consi-
dérons, en effet, un réseau M.(^x^X2X^) de la quadrique applicable sur un
réseau N(j,j'2r,.,); coupons N par un plan isotrope, il y correspond une
congruence (X,\aX3) harmonique à M; cette congruence sera O d'après
SÉANCE DU 2 JANVIER 1906. 23
la théorie générale, elle sera 3C puisque M est 30; les coordonnées com-
plémentaires de M étantyoa;, et qxn, celles de la congruence seront ^X,,
^Xo; cette congruence rentre donc bien dans le type des congruences qui
viennent d'être définies (§ 1).
Soit H la congruence ainsi définie, par la droite H menons le second plan
tangent à la quadrique; si M' est le point de contact. M' décrit un réseau,
qui, étant harmonique à une congruence O, est C. Si la congruence H se
déplace parallèlement à elle-même, le point M' se déplace sur une conique.
En invoquant maintenant la loi de parallélisme des éléments on peut
énoncer le résultat suivant :
Il y a ce' réseaux N qui sont C et parallèles à un réseau de la quadrique Q,
harmoniques à chacune des congruences H qui ont été définies § 1.
3. Si l'on connaît seulement un tel réseau N, il faudra résoudre une
équation de Riccati pour en déduire une déformée de la quadrique; ce qui,
pratiquement, ne permettrait pas de suivre analytiquement cette transfor-
mation que j'ai indiquée en 1897. Je vais montrer comment on peut lever
la difficulté.
Tout d'abord la congruence H étant homographique à une con-
gruence G (§ 1), les réseaux N sont homographiques à des réseaux O, har-
moniques à G. Les points qui décrivent ces réseaux sont situés sur un
cercle dont l'axe est G. A une quadrature près, la recherche de la déformée
de la quadrique revient à celle du réseau O de l'espace à cinq dimensions
qui est applicable sur un réseau O harmonique à G. C'est cette transforma-
tion que je vais étudier.
4. Transformation du problême. — Je prends, comme point de départ,
les fonctions Y et X qui ont été définies dans ma Note du 4 décembre (§ 5).
Je pose ensuite
(5) x; = x3, x; = v'i + fx,, x;=s/i + y'x„
puis
(6) x; = i(x-+x; + x^-o, x;=.i(xy= + x- + x;; + i).
On aura alors
(7) E^Ï = 2X^=o et ^Y\=.^aXl
24
avec les conditions
ACADEMIE DES SCIENCES.
(8)
Y,
^/'
:x:,
Y - -^!-
5 /
:X',
Menons par l'origine O les droites L et R qui, dans l'espace à cinq dimen-
sions, ont pour paramètres directeurs respectifs les fonctions Y et X'. Ces
droites décrivent des congruences applicables; ce sont des systèmes I, 3 0.
Si 0 est une solution quelconque de l'équation de Laplace à laquelle satis-
font les fonctions Y et X', les points qui ont pour coordonnées
JA=X
et
X,
X,
décrivent des réseaux O applicables.
Prenons, une première fois, pour 0 une combinaison linéaire et isotrope
de Y|, Yj, Y3, par exemple 0 = Y, -l- «Y,. On obtient ainsi un réseau A (qui
peut être considéré comme app;irtenant à l'espace à trois dimensions
puisque jK, +iy^ = i) de la droite L applicable sur un réseau A' de la
droite k.
Prenons, une deuxième fois, pour 0 une combinaison linéaire isotrope
quelconque de X,, X2, X3. On obtiendra sur la droite L un réseau B appli-
cable sur un réseau B' (qui appartient à l'espace à trois dimensions) de la
droite K.
Les réseaux A et B, d'une part, ont en commun une droite G,, les ré-
seaux A' et B', d'autre part, ont en commun une droite G', ; ces droites G,
et G'i décrivent des congruences qui possèdent la propriété indiquée (§ 1).
Au lieu de la congruence G,, nous considérerons la congruence paral-
lèle G obtenue en coupant le réseau A par le réseau du point mené par l'ori-
gme parallèlement au réseau B. Cette congruence G, située dans un espace
a trois dimensions, est l'axe d'un cercle de Ribeaucour passant par A. On
sait (voir mon Mémoire Sur les systèmes cycliques et orthogonaux, i" Partie)
que tous les réseaux O harmoniques à G peuvent être obtenus ainsi. On
forme un déterminant orthogonal à cinq lignes :
(!))
Xf
X-,
7. ••
75
" i
2.5
l. ■■
l.
ri,
''i5
SÉANCE DU 2 JANVIER 1906. aS
OÙ les deux dernières lignes ç et r, sont formées par les cosinus directeurs
des tangentes au réseau B et où Xt, -+- iy^ sont les coordonnées de B ; on peut
donc, à l'aide de quadratures, former ce déterminant A.
Cela posé, formons une combinaison linéaire isotrope de x, y, :• :
(10) Ïa- = aa-yt-r [ijA- + y:;a-, y-' + ï' + f = "•
Un réseau E du cercle de Ribeaucour est un réseau O harmonique à b;
un point de ce réseau a pour coordonnées
T3 T, T,
T, + <Tj T,-i-/T, T,-i-iT,
Il y correspond, dans l'espace à cinq dimensions, un réseau E' qui a pour
coordonnées T,, T^, T3, T,,, T5. Ce réseau E' étant parallèle au réseau B
applicable sur B', on pourra à l'aide d'une seule quadrature trouver dans
l'espace à trois dimensions un réseau F' (s,, z^, z^) applicable sur E'.
Cela posé, le réseau F de l'espace à cinq dimensions dont les coor-
données sont
T,-(-rr,' T.-hiT,' 'l\-\riT,' T, + /To' T, + jT^
est applicable sur le réseau E. C'est le réseau que nous devions trouver
pour continuer Iq transformation.
5. Remarque. — La somme des carrés des coordonnées du réseau F est
nulle; le système formé par les réseaux E et F est donc analogue à celui
qui nous a servi de point de départ. On voit, par conséquent, comment,
en partant des éléments fixés (§ 6) on peut suivre, à l'aide de quadratures
seulement, la transformation dont j'ai indiqué l'origine géométrique dans
ma Note de 1897.
On voit de plus comment cette transformation se rattache analy-
tiquement à celle que j'ai indiquée dans ma Note du 4 décembre.
PALÉONTOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur les mutations de quelques plantes fossiles
du terrain houiller. Note de M. Grand'Eiry.
A la veille de cesser mes recherches sur le terrain, je résume d'ans cette
Note les observations que j'y ai faites à ce sujet dans les dix dernières
années.
C. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N» 1.) 4
20 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Vovons d'abord dans quelles conditions de durée, de milieu, de vie, a
évolué la flore fossile.
1° En liniilant la période houillère propremenl dite au Ciilni et au Permien, il pa-
raît possible déjuger de sa durée en raison de la puissance des terrains charbonneux
qui la représentent et du temps de formation des lits de houille. En France, ces ter-
rains sont les bassins bien connus de Valenciennes et de Saint-Etienne; entre ces bas-
sins, la difl'érence des flores dénote une importante lacune de dépôts qui me parait
comblée en partie par le système des couches de Louisenlhal (rive droite de la Sarre) ;
de plus, le Sléphanien n'est pas complet dans la Loire où la formation charbonneuse
s'est arrêtée pendant que continuait à se développer, parallèlement aux poudingues de
Rive-de-Gier et de Saint-Chamond, la série épaisse de plus de i4oo™ des couches très
nombreuses du bassin de la Cèze (Gard). Ajoutées les parties charbonneuses superpo-
sées de ces terrains forment bien un total de 6000™ de dépôts productifs, lequel est un
minimum, les bassins susdits ne descendant pas jusqu'au Gulm et ne s'élevant pas jus-
qu'au Permien. Or il résulte de nombreuses coupes géobotaniques à publier que les
dépôts charbonneux se sont accumulés avec une extrême lenteur. On peut donc ad-
mettre c(ue la période houillère a eu une énorme durée, comme en témoignent, d'autre
jjarl, les calcaires houillers de toute espèce que j'ai eu à examiner ( ') dans l'Oural cen-
tral où ils forment un massif d'un millier de mètres au milieu d'autres roches interpo-
sées entre le Culni et le Permien.
2° Relativement au milieu, on sait que le climat était chaud, humide et uniforme,
et je suis de plus en plus persuadé ("-) que les plantes ordinaires du terrain houiller
habitaient des marais : deux circonstances si peu favorables aux mutations que le Stig-
maria ficoides Br. n'a pas sensiblement varié durant la période de peut-être un mil-
lion d'années; de même, tout au moins de forme, les feuilles de Lépidophytes; à la sur-
face, leurs tiges ont beaucoup plus changé; au fond, ce sont encore leurs cônes qui se
sont le plus dill'érenciés. Le Calamités Suckowiiliv., le type par excellence des plantes
fossiles palustres, a seulement acquis dans le même temps, vers la fin de la période,
un port un peu plus robuste.
En faveur d'un léger changement de climat, j'ai remarqué que les mêmes plantes
sont, en général, plus petites, plus herbacées, moins ligneuses, et leurs feuilles moins
grandes et moins coriaces dans le Westphalien que dans le Stéphanien. Dans la mesure
de ces difterences, le Linopteris Broagniarti Gut. semble être descendu en droite
ligne du Lin. obliqua Bun. {siib Brong/iiarti); toutefois, ces deux espèces, rap-
pelant les Dictyozamites, n'ont pas les même graines.
3° La guerre d'occupation que se livrent les plantes sociales a causé des déplace-
ments d'espèces si importants et ?i durables ((ue la végétation fossile change parfois
complètement d'une couche de houille à la suivante. Ainsi, à Saint-Jean-de-Bonne-
fonds (Loire) la onzième couche est accompagnée et formée de Pecopteris, la douzième
de Cordailes; à Bert (Allier), le contraste sous ce rapport est complet entre la couche
(') Comptes rendus, 1881, p. 1090.
(^) Comptes rendus. U|o4, p. 066.
SÉANCE DU 2 JANVIER 1906. 27
des Mandins formée exclusivement de Cryptogames et la couche du Plateau située à
100" au-dessus, laquelle est formée partie de Cordaites, partie de Callipleris con-
ferta St. avec leurs graines (celles associées aux. Callipterà ressemblent à de très pe-
tites baies ellipsoïdales). Mais, après des absences souvent fort longues, les espèces
éniigrées reviennent sans changement appréciable, comme, par exemple, le IVeiiop-
Itris flexuosa St. dans le Gard où cette espèce abonde à deux niveaux distants de plus
de 1000'", sans aucune apparition dans l'intervalle.
Ces diverses causes de changement ne paraissent pas avoir produit d'importantes
mutations.
Pourtant, on ne saurait douter que les variétés, espèces et types endémiques ne
soient dus à l'action continuée des causes locales, encore que les genres propres à
cliaque bassin houiller se montrent dès sa base tout formés, tels que les Codonosper-
riii/ni dans la Loire, les Cingtilaria à Sarrebruck.
Voyons ensuite de quels moyens on dispose pour aborder une question
aussi difficile et semée d'écueiis, que celle des mutations spécifiques.
Les lacunes de dépôts précitées brisent les liens qui unissent les flores des différentes
formations charbonneuses et les alternances de végétation empêchent de suivre les
espèces du commencement à la lin de leur existence et, si je n'avais commencé à réunir
les matériaux d'un premier essai d'une histoire généalogique de quelques plantes fos-
siles,.je ne disposerais que d'organes séparés et seulement de leurs empreintes.
Dans cette situation, il est heureux qu'un de ces organes se présente qui soit plus
connu, mieux conservé et susceptible d'une détermination plus exacte que les autres :
c'est la feuille qui, étant, a-t-on vu, dans le terrain houiller (') en même temps plus
constante que les organes de reproduction, offre le moyen de savoir si, par cet impor-
tant organe, les plantes du monde primitif ont varié d'une manière continue comme le
veut le transformisme, ou par soubresauts conformément aux expériences de M. Hugo
de Vries.
Cela exposé, un fait notoire domine tous les autres, la permanence des
espèces durant la majorité ou la presque totalité de leur existence. Venu il
y a 25 ans à Saint-Etienne, avec l'idée contraire que les espèces ont varié
d'une manière continue, D. Stur me conseilla de m'en assurer sur le
terrain. Au lieu de cela, dans des dépôts ininterrompus qui auraient
conservé les formes graduées d'espèces variables, je n'ai rencontré que les
débris d'espèces constantes; à l'appui de ce dire, il me serait facile de citer
plus de dix espèces communes aux deux grands bassins houillers français,
plus de dix espèces immuables de la base au sommet du bassin de la Loire,
et plus de dix autres espèces traversant sans changer la moitié supérieure
(le ce bassin.
(') Comptes rendus, V semestre 1900, p. 8r2.
28 ACADÉMIE DES SCIENCES,
Que les espèces soient néanmoins issues les unes des autres, cela paraît
probable lorsqu'on les voit vers leur origine succéder à des espèces qui
leur sont alliées de très prés, comme le Pecopteris imita Br. au Pec. longi-
folia Br.; ou mieux lorsque diverses espèces comme Peco/;/em liiotiiYtw,
Schlotheimii G6\> . , Sphenophylluin oblongifolium Ger., remplacent dans la
Loire, le Gard, à Singles, au même niveau, sans mélange des unes avec les
autres, les espèces ancestraies Pec. dentata Br., arborescens Br., Sphen.
filiculme Lesq. Dans tous les cas, VOdontopTeris minor Br. continue
VOd. Reichiana Gut., dont il est l'espèce succédanée. A Saint-Etienne, en
effet, ces Odontopteris sont abondamment répandus à travers des dépôts de
même provenance, épais de plus de looo", et, chaque fois que des travaux
démine m'en ont offert l'occasion, j'ai constaté et vérifié que, dès la septième
couche, VOd. Reichiana manifeste une tendance à prendre des pinnules
plus aiguës, et qu'au-dessus de la troisième, cette espèce, après cette légère
modification d'acheminement, passe à VOd. minor pour ainsi dire tout à
coup dans toute l'étendue du bassin de la Loire, sinon sur tout le Plateau
central de France.
Les espèces affines, comme dans le monde vivant, paraissent, au point
de vue de leur origine, inséparables les unes des autres, et il est plus que
probable qu'elles procèdent aussi de la même souche, car les genres les
plus naturels commencent par peu d'espèces (les Pecopteris dans le Westpha-
lien), ou plutôt par l'espèce type isolée (les Odontopteris à Rive-de-Gier,
les Sigillaires planes à Douai au milieu des Sigillaires costulées). Vers leur
point de départ, les espèces filiales de Pecopteris sont peu distinctes et
mélangées; une fois fixées, elles se séparent et ne changent pour ainsi dire
plus.
La permanence des espèces et les transitions rapides qui néanmoins les
relient entre elles suggèrent] l'idée que leurs mutations se sont opérées à
la manière des métamorphoses, ou peut-être même, en opposition à
l'axiome que l'on sait, par sauts, certaines formes consécutives présentant
des caractères différents entre lesquels l'esprit ne conçoit pas de terme
milieu; les cas de changements brusques ne sont d'ailleurs pas rares.
Après loul, ne pourrait-on imaginer que, comme l'insecte vis-à-vis de ses métamor-
phoses, de même l'espèce végétale possède en elle-même une force directrice, principe
de ses transformations principales? On comprendrait alors que les agents extérieurs
aiienl si peu et si inégalement contribué aux mutations, et l'on n'aurait pas besoin de
faire, je crois en vain, appel à la concurrence vitale pour expliquer que des plantes,
de même habitat sinon de même port, aient varié daxantage par les organes de repro-
SÉANCE DU 2 JANVIER 1906. 29
iliictioii que par ceux de végétation. La transmutation incroyable de Ions les indivi-
dus à la fois, dans un court espace de temps, de VOdontopteris jReichiana en Od.
niinor. est en tout cas un phénomène de solidarité étranger au monde extérieur. Il
est même difficile de considérer comme fortuite l'apparition de certaines espèces au
même niveau en des pays éloignés, comme celle de YAletfi. aquilina Br. au milieu
du Stéphanien à Saint-Ghamond (Loire), Grand'Conibe (Gard), Bassin de Léon
(Espagne).
Au reste on est toujours ramené à l'idée que la flore fossile a obéi à un ordre de
développement lorsque, après des écarts variables d'une province botanique à une
autre, on la voit revenir à l'unité universellement dans le Permien, le Rhétien; autre-
ment, livrée sans régulateur à la sélection naturelle, ses écarts auraient naturellement
progressé, et l'ensemble de la végétation terrestre offrirait, dans ces étages, d'un pays
à un autre, des différences profondes qui n'existent pas.
CORRESPONDANCE .
ASTRONOMIE. — Observations de la comète Giacobini (igoS c), faites à l'Obser-
vatoire de Toulouse, à l'équalorial Branner-Henry de o™,38. Noie de
M. F. ROSSARD.
Etoile Nombre
Dates. de de
1905. comparaison. ia. AS. comparaisons.
m s , ,
Décembre 18 a — 2.52, lo — 5.44)4 17:20
18 b — 2.42,99 -t- 3.17,5 18:20
22 c — 1.48,34 — 12. 3 1,2 18:20
d — 0.39,76 — 7.41,4 18:20
22 .
Positions des étoiles de comparaison.
Asc. droite Réduction Déclinaison Réduction
moyenne au moyenne au
■*•. Gr. 1905,0. jour. 1905,0. jour. Autorités,
h ni s s 0 ' . .
a... 7,8 15.27.18,48 +0,87 +14.34.59,9 — 5,5 Leipzig I, 54i2
b... 7,8 15.27.18,72 +0,87 -1-14.24.21,1 —5,5 Leipzig], 5416
c . . . 7,8 i5. 50.19,32 -1-0,93 -+-11.47-32,8 —3,8 Leipzig I, 5533
<■/... 8,7 10.49.10,79 -(-0,93 -1-11.42.49,7 —3,9 Leipzig I, 5529
3o
ACADEMIE DES SCIENCES.
Positions apparentes de la comète.
Temps
Ascension
Dates.
mo}'en
droite
Log. fact.
Déclinaison
Lug. fact,
1905.
de Toulouse.
apparente.
parallaxe.
apparente.
parallaxe,
Décembre i8. . .
h m s
16.46.22
h m s
l5. 24 .23,20
1,571,,
0 /
+ 14.29.10,0
0,700
i8...
17.55. 0
15.24. 36, 60
î,625„
-f-i4 . 27 .33, 1
0,732
22.. .
. i6.58.4o
i5. 48. 31,91
T,6i6„
4-1 1 .34.57,8
0,743
22.. .
. i6.58.4o
15.48.31,96
7,6i6„
+ 1 1 .35. 4 14
0,743
ASTRONOMIE. — Élétnents provisoires delà comète Giacobini (igo5, déc. 6)'.
Noie de M. E, Maubant, présentée par M. Lœwy.
Les observations utilisées sont les suivantes :
Dates. Temps moyen Ascension droite Déclinaison
1905. local. apparente. apparente.
h m s o f I, li , ,f
Dec. 6 16.53.40 2i5. 24.51 +20.59.29 Nice,
8 17.16.30 2i8.i4.3o +19.55. 36 Monl-Hamilton.
Il 16.36.42 221.28.18 +18.39.14 Vienne.
En tenant compte des corrections d'aberration et de parallaxe, on a ob-
tenu les éléments que voici :
T := 1906 janvier 21,2773, temps moy. de Paris.
Q= 92. 7'.i4"j
(D =: 201 .54.31 \ 1905,0
i^ 43.43.21 )
108^ = 9.28167.
T> • . ■• ^ ^ ( cos^rfX = + 7",
Représentation du lieu moyen : O — C
( d^=z — 2.
De ces résultats on a déduit l'éphéraéride suivante pour 12'', temps
moyen de Paris :
Dates.
1905 Dec. 16.
18.
1906 JanA
20.
22.
24-
26.
28.
3o.
1.
SEANCE DU 2 JANVIER 1906.
Ascension
droite Déclinaison
apparente. apparente. Log;-.
h m â o /
-i-i5. 53, 1 0,01 58
+ 14.35, 1
+ 1 3 . t o , 5
3i
i5. II .58
i5 .23.27
1 5. 35. 23
15.4/ -46
16. 0.37
i6.i3.54
16.27.39
i6.4i .52
16. 56, Sa
+ 11.39,6
+ 10. 1,7
+ 8.16,9
+ 6.25, I
+ 4-26,4
-h 2.20,6
9'977'i
9,9337
9,883i
9,8232
LogA.
O, 1067
o,o848
o , o655
o,o497
o,o388
Kclat.
1,88
2,48
3,3i
4,50
6,23
L'éclat du 6 décembre a élé pris comme unité.
ASTRONOMIE. — Observation de la comète Giacobini (ipoS c) faite à l'équa-
toriat Brunner (o'" ,16) de l' Observatoire de Lyon. NotedeM. J. Guillaume,
présentée par M. Lœwy.
I— 4.
Date.
1905.
Etoile
de comparaison.
Dec. 12 BD + 18.2955 (8,0)
+0.39,27 +o.3o,3
Nombre
de
comparaisons.
10: 12
Positions de l'étoile de comparaison.
Asc. droite
Réduction
Déclinaison
Réduction
moyenne
au
moyenne
au
1905,0.
jour.
1905,0.
jour.
Autorités.
h m s
4.50.43, 17
s
+ o>79
+ 18" 5'. 19',
0
— 8'!i
Â.G. Berlin  SSgo
Position apparente de la comète.
Date.
1905.
.Vscension
Temps moyen
droite
Log. fact.
Déclinaison
Log. fact.
de Paris.
apparente.
p»rallaxe.
apparente.
parallaxe.
Il m s
Il m s
„ ,
Dec. 12 17.15.14 14. 01.23, 23 9,574^ +18. 5.4i,2
0,700
Remarques. — Pleine Lune gêne et le passage de cirrus efface parfois la comète
dont l'apparence est celle d'une nébulosité diffuse de 3o" à 4o" de diamètre.
32 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Ètude photographique de la nèhuleuse annulaire
du Cj'g^/je N. G. C. 6894. Note de M. Gabriel Tikhoff, présentée par
M. J. Janssen.
La nébuleuse annulaire du Cygne est un objet très difficile à observer à
cause de sa faiblesse.
Elle a été découverte par William Herschell le 17 juillet 1784, qui Ta décrite dans
les termes suivants : « Nébuleuse assez faible, exactement ronde, de lumière uniforme
avec des bords assez bien définis. » {Philosophical Transactions pour l'an 1786, p. 492)'
En 1825 John Herschel a remarqué que cette nébuleuse est annulaire avec le maxi-
mum de clarté au Nord. {Philosophical Transactions pour l'an i833, p. 466.)
En i855 lord Rosse a découvert une étoile sur le bord intérieur de l'anneau au Nord-
Ouest. Il croit que toute cette partie de la nébuleuse est résoluble en étoiles. {Philo-
sophical Transactions pour l'an 1861, p. 733.) Plus tard lord Rosse a lrou\é que la
nébuleuse est légèrement elliptique.
Dernièrement M. Antoniadi a observé cette nébuleuse avec la grande lunette de
l'Exposition et il a ajouté aux faits déjà connus l'existence d'un noyau central très
faible. {Bulletin de la Société astronomique de France pour l'an 1900, p. 386.)
11 est à noter que MM. Ailken et Keeler n'ont pas pu voir avec certitude le noyau
de la nébuleuse, en l'observant avec la lunette de 36 pouces de l'observatoire Lick.
Tels sont les résultats obtenus par les observations directes, et c'est seu-
lement la Photographie qui a pu donner des renseignements plus détaillés
et tout nouveaux sur la constitution de la nébuleuse en question.
Les premières photographies ont été faites au mois d'août de 1899 à l'ob-
servatoire Lick par le regretté James Keeler. 11 se servait du télescope
Crossley qui a 92'='" d'ouverture et 535'='" de foyer. C'est la photographie de
2 heures de pose qui a servi à Keeler pour des éludes très intéressantes
{Astroph. Journal, vol. X, p. 267). Keeler ne reproduit pas la photographie
et donne seulement sa description à laquelle nous empruntons les passages
principaux que voici :
« La nébuleuse est un anneau elliptique, presque rond , qui n'est pas tout
à fait régulier dans sa forme et qui est limité assez nettement à l'extérieur,
Les dimensions extérieures sont :
Grand axe 42", 5
Petit axe 4o",5
» On voit très bien l'étoile de lord Rosse et le noyau central.
SÉANCE DU 2 JANVIER 1906. 33
» De quelques points de l'anneau parlent vers le centre des rayons qui
s'interrompent à une certaine distance du centre. Ces rayons sont un peu
plus brillants que le fond et forment une disposition assez analogue à des
raies imparfaites. Le plus brillant de ces rayons est situé sous l'angle de
position de 90° par rapport au noyau. »
Dernièrement nous avons entrepris à l'observatoire de Meudon l'étude
photographique de la nébuleuse du Cygne, au moyen du télescope de 1™
d'ouverture et de 3™ de foyer. Parmi les quatre clichés de longue j)ose, les
meilleurs sont ceux du 27 septembre et du 27 octobre 1900 avec des poses
correspondantes de 2 heures 20 minutes et de 3 heures.
Le 27 septembre, le ciel était eKceptionnellemenl transparent, et les détails sur la
plaque sont très nets. Plusieurs de ces détails se trouvent aussi sur le cliché du
27 octobre, et c'est en comparant ces deux photographies qu'on peut distinguer les
détails réels des détails accidentels.
La description qui suit est faite d'après l'étude des clichés originaux,
car plusieurs de ces détails ne sont pas venus dans la reproduction
présentée :
La nébuleuse en question a la forme d'un anneau elliptique avec une condensation
au centre. L'espace entre l'anneau et le noyau est assez brillant.
Les extrémités du grand axe sont assez nettes, tandis (jue celles du petit axe
possèdent plusieurs appendices assez faibles. Les mesures microuiétriques du cliché
original du 27 septembre nous ont donné les dimensions suivantes :
Grand axe 44", 8
Petit axe 37", 3
Petit axe avec les appendices 5o", 8.
La longueur du grand axe sur le cliché original est de o^'^jOG.
La nébuleuse est composée plutôt de deux anneaux dont le plus large est à l'exté-
rieur et le plus mince à l'intérieur. C'est seulement sur la partie nord-ouest que ce
dédoublement se trouve interrompu par l'étoile brillante de lord Rosse.
Sur l'anneau extérieur il y a plusieurs condensations dont deux, les plus grandes,
sont presque opposées à l'étoile de lord liosse.
Nous voyons sur nos clichés toutes les étoiles voisines de la nébuleuse mesurées par
Keeler, mais son étoile e (angle de position par rapport au noyau 278°, 8 et distance 24")
est tout à fait liée avec lanneau par la nébulosité et elle représente plutùt une des
condensations de la nébuleuse.
Tous les observateurs depuis John Herschel ont été frappés de la ressem-
blance de cette nébuleuse avec la nébuleuse annulaire de la Lyre ; si Von.
ne voyait pas le novau central, on soupçonnait sa présence.
G. R., 1906, 1" Semestre. (T. CXLII, N" 1.) ^
34 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Eu j)rouvanl une fois de plus l'analogie de deux nébuleuses la photogra-
phie montre en même temps que ces deux formations sont à des degrés
différents de leur développement. La nébuleuse du Cygne a donné nais-
sance à plusieurs condensations, tandis que celle de la Lyre est encore très
uniforme dans sa structure.
La nébuleuse du Cvgne paraît donc plus avancée dans son existence que
la nébuleuse de la Lyre.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Théorème sur les fonctions entières.
Note de M. Acnic, présentée par M. Jordan.
On sait que deux polynômes entiers A, B, premiers entre eux, étant
donnés, il est toujours possible de trouver deux polynômes C, D, de degrés
inférieurs aux précédents, et tels que l'on ait la relation
AD — BC =1.
Est-il possible de généraliser ce théorème en l'appliquant aux fonctions
entières ou quasi-entières?
Nous allons voir que cette généralisation n'est possible que dans les cas
où sont réalisées les conditions d'exception du théorème de M. Picard.
Considérons deux fonctions quasi-entières F, G aux deux points essentiels
o et 3o; si nous réduisons en fraction continue la fonction quasi-méro-
morphe p nous obtiendrons la relation
l'-l ^
F _ t'oS-IpR _ " "S
G- J',S-I,R - R'
dans laquelle P^, I„, P,, I,, S, R sont des fonctions quasi-entières dont les
quatre premières satisfont à la relation
P„I.-T„P. = ..
Si F et G n'ont aucun zéro commun, nous pourrons écrire à un facteur
exponentiel près
F =P„S-I„R,
G = P.S - I,R,
SÉANCE DU 2 JANVIER I906. 35
d'où
S = I,F-IoG,
R=P,F-P„G,
relations qui montrent que P„, I„, P,, I, ont un ordre apparent au plus
égal à ceux de F, G, R, S.
Dans le cas général ^ sera une fonction quasi-méromorphe et le théo-
rème ci-dessus n'est pas susceptible de généralisation.
Si ë^ est une fonction quasi-entière, nous nous trouvons dans le premier
p
cas d'exception de M. Picard, puisque ^ est équivalente, au sens de Dede-
kind, à une fonction quasi-entière; on pourra poser S = i et la relation
[,F-[„G=.i
constituera la solution cherchée.
Si ë est une exponentielle e ' ^ nous aous trouverons dans le second
cas d'exception de M. Picard et en faisant entrer les exponentielles dans
les fonctions, on aura les deux solutions
I.F — l„G-i,
P,F— P„G=i.
D'une manière générale, les équations exceptionnelles de M. Picard, si
elles existent, seront, dans tous les cas,
I. F-I„G = S,
P,F-P„G = R.
THÉORIE DES NOMBRES. — Sur ks théorèmes de Sy/vester concernant le quotient
de Fermât. Note de M. Lerch, présentée par M. Emile Picard.
M. Mirimanov a donné un théorème qui rectifie et restitue en partie
quelques propositions de Sylvesler concernant le quotient de Fermât
(Comptes rendus, t. I^II)
«" — I •t-1 V ;« / \ '"
36 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Pour généraliser le ihéorème de Mirimanov, j'envisage un module quel-
conque m, puis l'entier positif a premier avec m, et j'observe que l'on a
identiquement
; > ^ — -^7^ — - ( mod m),
v = i a' — m\ —
V m
l'exposant d étant un tliviseur de (p(w) tel que
a''^ [ (niod in).
Posant de = 9(»0' "'^ aura, en effet,
<y(«,'« == ^e- (mod m),
et il s'ensuit
(0 — 7r-^^2p'
P parcourant les restes des différentes puissances de a, et les a étant déter-
minés par la condition
mx + ^^o (mod fl\ o5a. <^rt.
Mais la formule de Mirimanov ne possède le type des théorèmes de Syl-
vester que dans les cas particuliers. Afin de restituer les théorèmes du
savant anglais, j'ai établi la congruence
V parcourant les <!^{tn) nombres premiers avec m et plus petits que m. Cette
congruence se vérifie en développant le premier membre de l'équation
identique
nh-»(ïï)]=n-
V
La formule (2) rend les mêmes services, et est peut-être plus commode
que les formules de Sylvester, mais elle permet aussi d'établir ces dernières
rectifiées. Les formules en question s'écrivent
(3) y'v-.^^T^-^T [^^oàm).
SÉANCE DU 2 JANVIER 1906. Sy
V |);u'courant les mêmes valeurs que dans la formule (-2), puis
///r, + V i^ o , mri, — vs^o (moda); o^r.,<^a, o<^r^'£a.
Désignons ensuite par E les différentes racines de l'équation
j?'"'— I
= o,
posons
puis
q(a,c) = y
les deuK entiers de signes quelconques a et c étant supposés premiers
avec m. Désignant enfin par C(a, c) la quantité
/ V' /0<v<w; (^/,m)'^i\
où l'on admet a, p = r , 2, 3, . . . cl même p = o pour c <[ o, on aura la con-
gruence suivante
(4) Q(a, c)^^aC(a, c) -i- cq(a) — c(/(c) (mod/«).
Pour c = i et /n premier, cette dernière s'établit directement en multipliant
entre eux les développements des binômes (i — ^y, ce qui est un procédé
analogue à la méthode d'Eisenslein.
Mais il y a des procédés plus avantageux pour déterminer q(a, m)
lorsque 7?2 est lui prodiùl m ^rn.^m^ .. . de facteurs t??.,. premiers relatifs deux
à deux. Posons à cet effet m=^m,,n., et déterminons les «,, conformément
aux congruences n'^n^^^i (mocl m.j); alors on a comme cela se vérifie tout
à l'heure
(5) (/(^a, m)EE^'^/h,nl(^(n,/)q(a, m^) (modm).
V
Ainsi la recherche directe du reste du quotient
38 ACADÉMIE DES SCIENCES.
serait pénible. Mais comme ici w = 5.7.11, on a les valeurs respectives
m,, = 5, 7,11, n[, = — i,j,3, ^(/iv) = 60, 4o, 24, 7(2, m,,) = 3, 2, 5 et
Ton trouve sans aucune peine
9(2) = 6o (mod385).
Un procédé avantageux relatif aux modules puissances de nombres pre-
miers reste cependant à découvrir.
- PHOTOGRAPHIE. — Contribution à l'étude (les écrans pholographiques.
Note de M. J. Restaux, présentée par M. Lœwy.
Le but de cette Note est de montrer tout le parti que l'on peut tirer de
l'emploi judicieux de certains colorants pour la fabrication des écrans
photographiques.
Soient L et / les luminosités d'une même radiation avant et après l'in-
terposition d'un écran sur le trajet d'un faisceau de lumière dispersée. Le
rapport de L à /, ^ i , présente une plus petite valeur, R, soit pour quelques
radiations isolées, soit pour un ou plusieurs intervalles, domaine de trans-
parence dans lequel les valeurs relatives des luminosités sont conservées.
K est le coefficient de luminosité de l'écran. Dans le domaine d'absorption,
le rapport de L à / est égal à RA; A, > i, est par définition le coefficient
d'absorption.
Négligeons les réflexions et absorptions légères par les verres des glaces; concevons
la couche colorée comme découpée, parallèlement aux faces, en un nombre/» d'écrans
partiels et identiques, avec même définition symbolique K(Â,, Aj, ..., A,.), si l'on
suppose (ce qui est parfaitement réalisable) une répartition homogène flu colorant.
L'écran total est défini par R''(A'|, A{;, ..., A^.), où l'exposant entier /j
désigne le poids de colorant par centimètre carré, l'unité étant le poids
pour la même surface de l'écran partiel. Mais plus généralement, si/?,,
p.,, p^, . . . sont des poids quelconques de colorants différents, employés en
couches superposées, l'écran résultant est défini par
R'j'R'^ . .(A',", B';% C';% . . ., A'/', w;-, Cf, ...).
Si une plaque ortliocliromatique, définie par (S,, S.j, ..., S,.), c'est-à-dire ayant
des coefficients de sensibilité S,, S,. . . ., S,, dans un inter\alle déterminé du spectre,
est utilisée avec un écran K(A,, A,, . . . , A,.), le résultat est le même que si Ton opérait
directement avec une plaque fictive (IiA,Si, KAjSs, . . .,KA,.S,).
SÉANCE DU 2 JANVIER T906. 3g
Et alors, pour le domaine de transparence seul, les sensibilités relatives
sont conservées. Le coefficient de pose est le coefficient de luminosité de
l'écran.
Si l'on appelle plaque parfaite celle dont le coeflicieut général de sensihililé 2 est
une fonction de la longueur d'onde 1., choisie d'avance d'après une loi déterminée, on
peut dire que la plaque orthocliromafique usuelle n'est jamais parfaite. Mais en dési-
gnant par S son coefficient g(''néral, qui peut être connu pour une émulsion donnée, la
plaque fictive, qui résulte de scjn emploi avec un écran convenable, est parfaite, pour
. , . ,, KAS KA„S,, „
un intervalle détermine, si dans tout cet intervalle on a =; ^— ri: const. lit.
S S ,.
en choisissant pour — la plus grande valeur de — dans l'intervalle considéré, Aj est
2,, a
, . . S,- a
égal a 1 et A ^ — ^ ^ > i .
Ainsi A, entièrement déterminé, caractérise le coefficient général d'absorption du
colorant susceptible d'être utilisé, mais dont l'existence n'est que théorique. Néan-
moins, on peut dans la prali([ue résoudre le problème avec une approximation suffi-
sante. Supposons, en effet, qu'il existe des colorants, à domaines d'absorption très
étroits n'empiétant pas les uns sur les autres, simplement juxtaposés et comprenant,
par leur ensemble, toute la région considérée du spectre, sauf une bande, domaine de
transparence, correspondant à A|,=z:i. Chaque colorant employé peut être considéré
comme ne possédant (en plus de K^ coefficient connu de luminosité) qu'un seul coeffi-
cient d'absorption, «,,, provenant de sa bande unique caractérisée par l'indice q. Le
poids/) de matière Ji utiliser est alors déterminé par la relation a^=:Aj et I écran
résultant K'j'KÇ'. . .(«'1', . . ., a'^!') répond pratiquement au but proposé.
En réalité, les domaines d'absorption peuvent être moins étroits et empiéter légè-
rement les uns sur les autres. Cherchons, en eU'et, à réaliser une plaque fictive de sen-
sibilité comparable à celle de Toeil. Soit une plaque orthochromatique (S,, Sj, S3, S»),
définie pour quatre radiations >.,, 1,, I3, 1^ : la première dans la région du maximum
(jaune verdâtre), la deuxième dans la région du minimum (vert) de la plaque ortho-
chromatique, la troisième dans la région du maximum ordinaire (bleu violet) et enfin
la quatrième plus loin dans le violet.
De plus, la plaque est supposée ne posséilor que des maxima et mininia secondaires
faibles et négligeables, de sorte que l'allure de la fonction S, coefficient de sensibilité,
est suffisamment caractérisée par les quatre valeurs données. La plaque de sensibilité
comparable à celle de l'œil est définie par (i, stj, a,, a^).
Ces coefficients, différents suivant que l'on opère au moyen d'une chambre spectro-
graphique ou par l'interniédiaire d'une échelle de teintes, satisfont aux conditions
i<='2<«3<ai. Ordinairement, il va lieu d'atténuer, pour la plaque orlhochroma-
lique usuelle, le jaune, le bleu et le violet par rapport au vert, de sorte que l'on doit
"■■"■" ■ > — )— ^>— , — >— ^- Considérons alors trois écrans partiels, Iv^'(«',', i, 1, i);
a., 1
•'3
K?(i, i, b^, c7,)\ 1X3(1. I, i'j, c'j ); le premier absorbe le jaune et le veit jusqu'à 1^, avec
un domaine de transparence de '/.,_ au delà de 1^; les autres, avec même domaine de
4o ACADÉMIE DES SCIENCES.
iranspareoce de )>, à À,, absorbent. le deuxième de X^ jusfju'à !■, et très légèrement au
delà, et le troisième, l'ultra-violet et le violet jusqu'à I3. Il y a lieu de remarquer que
lie pareils colorants existent. L'écran résultant conduit à une plaque fictive parfaite si
1 1- ■ „ S.i I , „ , ,. S., Cf., s., a, ,. ■ 1
les conditions «', = — : ^^ > i , o!(i(' =r ^ — - > i, c^c, r= — p^>i, déterminent des
2, S, - •' a, ba - a, S.
valeurs positives de p, </, /■. Il en est toujours ainsi pour p et pareillement pour </ et r
si C2= 63^1, ou bien si c.> et bz sont suffisamment approchés de l'unité.
Le problème est donc résolu et l'importance tles colorants à bandes
d'absorption étroites est manifeste. Mais l'écran résidtant ne convient
qu'aux plaques pour lesquelles il a été calculé el, si l'on fait le même
calcul pour des plaques d'une autre marque, définies par ( c, , cr^, (73, 17,), le
g
rapport des temps de poses, R'|'~^'K;{~'''K!,~'' — , est une constante qui,
étant indépendante de a^, «3, oc,, l'est aussi par suite des réductions équi-
valentes effectuées de part et d'autre sur les sensibilités. Celte proposition
subsiste pour un nombre quelconque de colorants et permet, en pratique,
de comparer les valeurs respectives des différentes marques.
PHYSIQUE. — Recherches sur te champ électrique terrestre, exécutées à l'occa-
sion de l'éclipsé totale du 3o août igoS. Note de M, Charles Nordmaxn,
présentée par M. Lcewy.
I. J'ai enregistré photographiquement à Philippeville, d'une manière
continue, du 7 août au 21 septembre igoS, les variations du champ élec-
trique de l'atmosphère, au moyen de la méthode de lord Kelvin (collecteur
à écoulement d'eau), des isoloirs à acide sulfuriqiie et d'un électromèlre
Mascart, auquel les modifications si ingénieuses dues à M. Chauveau assu-
raient un zéro parfaitement stable.
La prise de potentiel se faisait sur la façade Nord du bâtiment ser-
vant de corps de garde, qui se trouve sur le petit plateau couronnant le
sommet du Djebel Skikda (160™ d'altitude et à environ So" seulement de
la mer à vol d'oiseau), en un point situé à o™,^.? du mur du bâtiment et à
a'",4o du sol.
Les courbes obtenues pendant ces quarante-trois jours d'observation
présentent (sans doute par suite de l'extrême régularité en cette saison,
sur la côte d'Algérie, de la variation diurne des divers éléments météoro-
logiques) une uniformité et une régularité d'aspect exceptionnelles, et
SÉANCE DU 2 JANVIER 1906. 4l
telles qu'un très grand nombre des courbes diurnes obtenues sont en
quelque sorte superposables.
Je me bornerai dans cette Note à exposer succinctement quelques-uns
des faits particulièrement nets qui se dégagent des courbes obtenues, ré-
servant les conclusions théoriques qui semblent en découler pour un
Mémoire détaillé. On remarquera néanmoins que, le lieu d'observation
étant au bord de la mer et exposé régulièrement pendant les heures du
jour au vent de mer et la nuit au vent de terre, les résultats obtenus
semblent permettre d'examiner d'un point de vue nouveau, à la lumière
des faits constatés dans ces conditions particulières, quelques-unes des
théories les plus récentes du champ électrique de l'atmosphère : celle de
Leiiard, qui invoque l'électrisation de l'air par les liquides en mouvement;
celle d'Elster et Geitel, celle d'Ebert et celle de Gerdien, qui attribuent de
diverses manières ce champ aux ions provenant du sol.
II. Caraclèies de la variation diurne. — Le Tableau ci-dessous représente, eu
volts, d'après les courbes les plus calmes, les excès positifs ou négatifs moyens de la
valeur du champ par rapport à la moyenne diurne, à toutes les heures du jour et de la
nuit :
Excès horaires par rapport à la moyenne.
Minuit. . .
— 1 ■>.
6''
m . . . .
. —20
Midi....
■ • +7
6'' s
1 '' m
— i.j
J
— 20
I '' s
-MI
ni.
/
2'' . . . .
• — '7
8''
— I-
2''
-\-\h
81'
3'' ....
— 20
9''
. — 6
3'-
■ ■ -i-19
9"
4» . . . .
— 21
10''
— 2
4''
.. +2-
10''
5I' . . . .
— 22
1 1''
-^ I
■5''
M-26
II''
-i-24
-+-26
+ '9
H- 7
— 2
- 9
Moyenne diurne H ^ 42 volts.
Il résulte de ces chiffres les conclusions suivantes (dont chacune ressort non seule-
ment de ces moyennes, mais de l'étude individuelle des courbes) :
1" La variation diurne est caractérisée, dans son ensemble, par une oscillation
simple avec un maximum vers 4*" du soir et un minimum vers b^ du matin.
Il faut remarquer en outre que les divers excès horaires égaux et de signes contraires
sont sensiblement équidislants de 12 heures, de sorte que la loi de variation est assez
bien représentée par une onde sinusoïdale à période de 24 heures. Ces résultats consti-
tuent une confirmation très nette des conclusions remarquables auxquelles est arrivé
M. Chauveau, dans ses riicherches classiques à la tour EilTel, relativement à la loi géné-
rale de la variation diurne du champ. M. Chauveau a, en ellet, attribué à uneinduencc
indirecte sur Tair. du voisinage du sol, la double oscillation de jour généralement
observée, et au lieu d'observation, à Philippeville, l'air pendant la journée n'a précisé-
ment pas passé sur le sol mais provient directement de la mei'.
2° L'amplitude de la variation diurne relnlivemenl à la valeur moyenne du champ
C. R., 190G, I" Semestre. (T. CXMI, N» 1.) b
42 ACADÉMIE DES SCIENCES.
est relalivement élevée el voisine de 1,2. En outre, l'examen des courbes montre nette-
ment que les amplitudes des petites oscillations secondaires et rapides du champ sont
d'autant plus grandes que celui-ci est plus fort, c'est-à-dire qu'elles sont i)ien plus
notables le jour que la nuit.
3° 11 n'y a aucun rapport apparent à Philippeville entre la variation diurne du
champ qui est simple el la double oscillation du baromètre enregistrée au lieu d'ob-
servation et qui s'y montre chaque jour nettement. Rappelons à ce propos que l'on a
fréquemment invoqué, et récemment encore Ebert, un rapport c(ui existerait entre la
double oscillation du baromètre et l'oscillation diurne du champ qui, dans beaucoup
de stations, est également double.
4" Enfin, l'examen individuel des courbes, comme aussi le Tableau ci-dessus,
montre Vexistence d'un petit maximum secondaire vers 7'' du soir, c'est-à-dire
moins d'une heure après le coucher du soleil. Or j'ai' constaté que l'existence d'un
maximum relatif ou absolu peu après le coucher du Soleil résulte également des obser-
vations du Parc Saint-Maur, du Bureau central météorologique, de Ljon, du cap
Thorzen, de Lisbonne, de la tour EilTel, etc., c'est-à-dire de stations oii la variation
diurne a des caractères très dissemblables par ailleurs. D'ailleurs, dans toutes ces
stations, ce maximum suit en quelque sorte l'heure du coucher du Soleil, c'est-à-dire
qu'il a lieu plus tard en hiver qu'en été. La généralité de ce fait, qui paraît constituer
un caractère commun à la vaiiation diurne dans toutes les stations, n'avait, à ma
connaissance, pas encore été signalée.
III. Phénomènes observés pendant l'éclipsé du 3o août. — La courbe du 3o aovit
présente les caractères suivants :
Rappelons d'abord que le temps a été ce jour-là très beau et normal jusqu'au soir,
el que, pendant les heures de l'éclipsé, le vent n'a cessé de souffler de la mer comnie
d'habitude. Le Tableau ci-dessous représente en volts, par rapport aux valeurs
moyennes correspondantes des beaux jours voisins de l'éclipsé, les excès positifs ou
négatifs des ordonnées de la courlie du 3o août, de 9'' du matin à 5'> du soir (heure à
laquelle le ciel est devenu nuageux) :
1
" contact.
Totalité.
4
° contact.
9"
lo''
ni'
12''
l1^[^0^^
il'
,h3Qm 2I1
2''3o'"
2'' 43"
3''
3"i6">
4"
5I'
— 2
— 2
4-1
— 5
-3
+7
-1-5 -i-i I
+ i3
+ 32
-+-7
— 3 ■
-i3
— 14
Il ressort de ce Tableau, el mieux encore de l'aspect de la courbe, que le champ
(jui /tiS(ju'au début de réclipse était voisin de sa valeur habituelle, et plutôt légè-
rement plus faible, a commencé à s'élever et à dépasser celle-ci dès le premier con-
tact pour se maintenir au-dessus de sa valeur habituelle moyenne pendant toute la
durée du phénomène et jusqu'au dernier contact. Le fait que les excès sont tous posi-
tifs pendant l'éclipsé el au contraire négatifs avant et après semble assez caracté-
rislique.
Mais le caractère le plus remarquable de la courbe est l'existence d'un maximum
extrêmement accentué qui est le maximum maximorum de toute la journée et qui,
dans la limite des erreurs de pointage des courbes, c'est-à-dire à moins de i minute
près certainement, a coïncidé avec le minimum absolu relevé d'autre part sur ta
courbe des ions positifs.
SÉANCE DU 2 JANVIER 1906. i\3
Il faut regretter que des circonstances météorologiques très défavo-
rables aient masqué l'allure exacte du phénomène aux observateurs
(MM. Ebert, Elster et Geitel, Le Cadet notamment) qui, en d'autres sta-
tions, s'étaient proposé d'étudier l'action possible de l'éclipsé sur le champ
terrestre. Il faudra donc attendre d'éclipsés ultérieures la confirmation ou
l'infirmation des faits relatés ci-dessus. Aussi, c'est avec toute la réserve
que commande le caractère isolé de mes observations, que j'ajoute au sujet
des phénomènes enregistrés à Philippeville pendant l'éclipsé les remarques
suivantes :
1" Le sens des phénomènes observés, c'esL-à-dire l'augmentation relative
du champ pendant l'éclipsé, et notamment le maximum absolu coïncidant
avec le minimum de la courbe des ions positifs, est bien d'accord avec ce
Cjue permettait de prévoir celle-ci. En effet, toutes choses égales d'ailleurs,
comme l'ont montré Elster et Geitel, toute diminution momentanée de la
conductibilité de l'atmosphère doit correspondre à une augmentation du
champ.
2" L'inverse n'est pas vrai en ce qui concerne les ions positifs, c'est-
à-dire que l'augmentation constatée du champ aurait dû accroître, toutes
choses égales d'ailleurs, la densité des ions positifs près du sol. Autrement
dit, la modification observée du champ peut être l'effet, mais non la cause
de celle qui a été enregistrée pour les ions positifs de l'air.
3"^ L'interception des rayons solaires par la Lune a été accompagnée
d'une modification du champ de même sens que celle qui accompagne
d'habitude leur disparition derrière l'horizon. De même, en effet, que l'al-
lure descendante de la courbe diurne du champ est interrompue par un
maximum relatff moins d'une heure après le coucher du Soleil, de même le
maximum absolu du champ pendant l'eclipse s'est produit 45 minutes
après la totalité, et toute l'éclipsé s'est traduite par un accroissement du
champ.
4° On peut remarquer encore que la variation annuelle observée dans
toutes les stations est telle qu'en un lieu donné et aux mêmes heures le
champ est plus grand en hiver qu'en été. La diminution du rayonnement
solaire s'accompagne, à ce point de vue encore, d'une modification du champ
dont le sens est le même que celui qu'on a observé pendant l'éclipsé.
44 ACADÉMIE DES SCIENCES.
SPECTROSCOPIE. — Sur la détermination des gaz rares dans les mélanges
gazeux naturels. Note de M. Charles Moureu, présentée par M. Des-
landres.
J'ai publié à diverses reprises, depuis iSgS, des recherches sur les gaz
rares (les sources thermales. De nouveaux résultats seront communiqués
prochainement. En attendant, je répondrai au désir qui m'en a été ex-
primé par plusieurs savants en décrivant sommairement la technique de
mes expériences. Le mode opératoire suivant, que j'ai adopté après un
grand nombre de tâtonnements, et en mettant à profit les études anté-
rieures faites sur l'argon ou les autres gaz rares par divers expérimenta-
teurs, notamment par MM. Ramsay et Travers, Bouchard et Troost, Des-
jandres, Dewar, Schlœsing fils, Maquenne, Moissan, permet de doser rapi-
dement en bloc les gaz rares contenus dans les mélanges gazeux naturels,
et d'en faire l'étude spectrale dans de bonnes conditions.
En principe, le gaz naturel, après avoir longtemps séjourné sur de la potasse
aqueuse, puis sur de la potasse fondue, est chaufTé au rouge en présence d'un mélange
intime de chaux anhydre et de magnésium (mélange Maquenne), qui fixe à la fois
l'azote et l'oxygène. Les gaz ou vapeurs coml>ustib]es ?onl brûlés par de l'oxyde de
cuivre; on absorbe les produits de la combustion par de la chaux sodée et de l'anhy-
dride phosphorique. Le résidu gazeux est constitué par les gaz rares.
Description de l'appareil. — La partie de droite (côté Maquenne) sert au dosage
des gaz rares, et la partie de gauche (côlé Plucker) à leur examen speclros,copique.
Une clociie verticale C, haute de o"', 90, est disposée sur une petite cuve à mer-
cure; outre l'ajutage acn (voir plus loin), elle se continue par un tube ÂB. Puis,
viennent successivement trois tubes à chaux sodée ou à anhydride phosphorique; le
tube GaO + Mg (cliaux vive 5s, magnésium 3b) et un tube à oxyde de cuivre GuO.
l'un et l'autre étant disposés sur une grille à gaz; de nouveaux tubes à chaux sodée;
et enfin, d'un côté, une trompe à mercure T, dont on peut faire déboucher le tube ab-
ducteur S, par un léger déplacement latéral, sous la cloche, et, de l'autre, un tube bd
qui met en relation le côté Maquenne avec le côté Plucker.
Celui-ci représente, dans ce qu'il a d'essentiel, une réduction du premier. Il com-
prend de petits tubes à chaux sodée, à anhydride phosphorique et à oxyde de cuivre;
un tube à calcium métallique, contenu dans une nacelle en argent; et enfin, tout près
du tube de Plucker, un tube rempli de sélénium en menus grains, qui absorbera les
vapeurs mercurielles.
L'appareil est muni, en outre, de divers robinets à vide R, R', R", r, /•', et de deux
manomètres M et m. Entièrement en verre, les diverses parties en sont réunies par des
soudures directes.
SÉANCE DU 2 JANVIER I906. 45
Marche d'une opération. — On fait le vide dans l'appareil, d'abord à froid, puis à
chaud (le mélange Maquenne et les Uibes à CuO étant portés au rouge sombre). La
pression finale est le plus souvent voisine de 0™°",:), la production indéfinie, par le
mélange CaO H- Mg, de traces d'hydrogène à chaud, empêchant de faire, en général,
un vide plus avancé, d'ailleurs inutile pour le moment dans le côté Maquenne.
Par contre, on peut et l'on doit dés maintenant faire le vide complet dans le côté
Plucker. A cet effet, sans cesser nulle part de chauffer, on isole les deux côtés en fer-
mant R et R', et, pendant que la décharge d'une forte bobine d'induction passe dans
le tube de Plucker (afin de purger les électrodes), on continue la manœuvre de la
trompe jusqu'à claquement sec de la chute mercurielle.
L'appareil étant ainsi préparé, on ferme /• et /•', on arrête la trompe et la décharge,
on ferme R, on ouvre R', et l'on introduit dans la cloche, au moyen d'une pipette
spéciale, Soo'^'"' de gaz. On ouvre ensuite très légèrement R, de manière que le
gaz arrive lentement dans le tube CaO -1- Mg. Vers la fin, on ouvre en plein R, on dis-
pose l'extrémité de S sous la cloche, et l'on recommence le jeu de la trompe. On pro-
duit ainsi une circulation continue de gaz, qu'on prolonge jusqu'à pression constante
pendant une heure (on a cessé de chaulTer le tube CaO ■+- Mg une demi-heure avant
la fin).
Imi ouvrant maintenant, pendant un instant, /• et /•', on fait passer un peu de gaz
dans le côté Plucker, où sa purification complète s'opère rapidement. Dès que le spectre
des gaz rares (le mieux sous 4™") apparaît exempt des lignes ou bandes parasites du
début, on sépare par un trait de chalumeau le tube de Plucker. L'étude spectrosco-
pif|ue sera faite ensuite à loisir.
Il ne reste plus qu'à mesurer le gaz résiduel, ce que l'on fait en l'aspirant dans une
éprouvetle graduée sur la cuve à mercure, tous robinets ouverts. Si l'on y ajoute celui.
46 ACADÉMIE DES SCIENCES.
calculé d'après la capacité et la pression, qui a été enfermé dans le tube de Plucker,
on a le volume total.
Le rôle du calciuui métallique Ga (côté Plucker) est de fixer éventuellement (au
rouge) des traces d'azote qui auraient pu échapper à l'action du mélange CaO H- -Mg.
Quant à l'ajutage aca dont la forme spéciale trouve son utilité lors de l'introduction
du gaz à étudier dans la cloche, il permettra l'extraction totale du gaz résiduel dans
les cas d'obstruction accidentelle du tube CaO 4- Mg.
PHYSIQUE. — Sur la chaleur de fusion de la glace. Note de M. A. Leduc,
présentée par M. Lippmann.
La chaleur de fusion de la glace, malgré sa grande importance, n'est
connue qu'avec une approximation bien médiocre.
Pour ne parler que des travaux les plus classiques, on sait que Bunsen
donne comme résultat moyen 80, o3, tandis que Laprovostaye et Desains
ont trouvé 79,25, nombre confirmé par Regnault.
L'écart de ces deux nombres, très voisin de i pour 100, semblait s'exa-
gérer encore très notablement par ce fait que l'unité de Bunsen était plus
grande que celle de ses prédécesseurs. On admettait en effet, il y a
quelques années encore, d'après Regnault, que la chaleur spécifique de
l'eau croissait très lentement de 0° à 20° et que la chaleur spécifique
moyenne entre 0° et 100° (calorie de Bunsen) était i,oo5 en fonction de
la calorie à 12°.
D'après cela, on pouvait considérer les anciens nombres comme ex-
primés indifféremment en calories à o", à 12° ou à i5°, tandis qu'il fallait
multiplier par i ,oo5 le résultat de Bunsen. C'est ainsi que Bertin ( ' ), ana-
lysant l'important Mémoire de ce savant, est conduit au nombre 80, 43.
Mais, depuis que Rovsland a montré l'existence d'un minimum de cha-
leur spécifique de l'eau vers 38", de nombreuses expériences ont été faites
sur ce sujet.
Résumant ces travaux au Congrès de 1900, M. Griffiths (-) propose
d'admettre que, conformément aux expériences de Callendar et Barnes,
la chaleur spécifique moyenne de l'eau entre 0° et 100° est égale à sa cha-
leur spécifique vraie vers i5° ( i3°, 3 ou 16° suivant la formule adoptée).
(') Aimalcs de Chimie et, de Physique. 4"' série, t. XXIIl, p. 61 et suiv.
(^) Rapport présenté au Congrès international de Physique réuni à Paris en 1900.
SÉANCE DU 2 JANVIER 1906. 4^
Si l'on prend celle-ci pour unité, la chaleur spécifique vraie à 0° devient
I, oo4 d'après M. Barnes.
Adoptant cette unité, qui est celle de Bunsen, en tenant compte des
températures extrêmes du calorimètre dans les expériences de Laprovos-
taye et Desains, on trouve que le nombre de ces derniers doit être ramené
à 79,17. La réduction est insignifiante, les auteurs eux-mêmes admettant
comme limite d'erreur ± o, 3.
La modification apportée aux résultats de Regnault est du même ordre
et en sens inverse.
En résumé, l'écart brut de i pour 100 constaté au début subsiste pure-
ment et simplement si l'on tient compte des expériences récentes sur la
chaleur spécifique de l'eau.
Or ou n'aperçoit, ni dans la méthode des mélanges, ni dans celle du
calorimètre à glace, de causes d'erreur capables d'expliquer cette diver-
gence.
Mais il faut remarquer que, dans la méthode de Bunsen, la chaleur
latente est donnée par la formule
>.=
Q ("'-«)
nv
dans laquelle 11' et u désignent les volumes spécifiques de la glace et de
l'eau à 0°, et Q le nombre de calories qui, versées dans le calorimètre, font
rétrograder la colonne de n divisions de volume v.
Une erreur très faible sur m' produit une erreur relative très importante
sur (u' — u).
Or j'ai établi que la masse spécifique de la glace à 0° est 0,9176 au lieu
de 0,91674 trouvée par Bunsen.
On en déduit u' — u = 0,0897 ^" '^^^ ^^ 0,09069 et
>. = 79,1 5 calories à lo".
Comme on ne peut affirmer que l'erreur sur u' — u soit inférieure à 7^,
il est illusoire de conserver la deuxième décimale.
Il en est de même, à plus forte raison, des résultats anciens, sans
compter qu'il faudrait encore réduire les températures à l'échelle normale.
Pour tenir compte seulement de ce que les expériences de Regnault con-
duiraient à une valeur légèrement supérieure, je propose d'admettre que
ïm
/|8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
conformément aux expériences de Laprovostaye et Desains, confirmées par
celles de Regnault el de Bunsen, la chaleur de fusion de la glace est
1^79,2 calories à i5°.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la soudure synthétique des acides amidés dérivées
des albumines. Note de MM. L. Hugovnenq et A. Morel, présentée par
M. Armand Gautier.
Dans nos précédentes Communications (' ), nous avons insisté sur l'in-
térêt que présente, pour l'étude de la structure moléculaire des albumines,
la réalisation synthétique de la soudure des acides amidés dérivés des
matières protéiques. Dans cette voie, nous nous sommes attachés à fixer
les fonctions aminés de ces acides à un groupement CO, c'est-à-dire à les
taire entrer dans une molécule d'urée substituée, comme il en existe dans
les albumines naturelles. C'est ainsi que nous avons été amenés à préparer
l'urée symétrique de la leucine ou acide amino-caproïque :
/AzH - C'H'"- CO-H
\A H — C^H'»- GO-H"
1. Ces recherches ont été poursuivies avec la tyrosine qui est, avec la
leucine, un des termes les plus importants du dédoublement des substances
albuminoïdes. Elles nous ont conduits aux résultats suivants :
1° Au-dessous de 100°, l'oxychlorure de carbone est sans action sur la
tyrosine; vers i5o°, en tube scellé, la réaction s'accompagne de la forma-
tion de produits goudronneux ;
2° A froid, COCP réagit sur le sel de soude de la tyrosine dissous dans
l'eau, en donnant l'urée symétrique de la tyrosine
CO-H
/AzH -GH — C[P- G^H'.OH
\AzH - GH - GH- - G«H''. OH"
CO^H
(') Comptes rendus, l. CXL, igoâ, p. i5o, 5o5, Sog.
SÉANCE DU 2 JANVIER 1906. , 49
Préparation. — On dissout 2"°' de lyrosine dans l'eau renferuianl 2™°' de soude :
on dirige dans la solulion un courant très lent de COCl- : on voit se déposer un pré-
cipité blanc, en même temps que la liqueur devient acide. Ce précipité, formé d'urée
de la tvrosine avec un peu de chlorhydrate de tvrosine, est lavé à l'eau, dissous dans
Falcool et reprécipité de la solulion alcoolique par un excès d'eau. On peut le purilier
par une redissolulion dans l'eau alcaline suivie d'un traitement par un acide qui inso-
lubilise ce produit. L'analyse donne des chillVes très concordants avec la théorie.
L'urée de la tvrosine est très peu soluble dans l'eau, plus soluble dans l'alcool.
Obtenue par précipitation au sein de l'eau de sa solution alcoolique, elle se dépose
sous forme de ilocons ressemblant à de l'albLiniine et qui, desséchés, donnent une
poudre blanche brunissant vers i.ïo" et fondant, avec décomposition, à 240°. Le réactif
de Millon colore ce corps en rouge, comme on pouvait s'y attendre, la fonction pliéno-
lique étant rejtée intacte.
IL Les carbimides réagissent sur la lyrosine dissoute dans l'eau alcaline
en donnant naissance à des urées mixtes de la tyrosine et des amitiés, ce
qui peitnet de préparer des urées mixtes de deux acides atnidés différents.
Nous nous bornerons aujourd'hui à indiquer, comme exemple, l'urée mixte
de la tyrosine et de l'aniline
/AzH-C"H^
\AzH - CH - GH^CPl^OH.
I
CO-H
Préparation. — On dissout dans l'eau 1"°' de soude et i""»' de tyrosine. Dans la
dissolution refroidie par la glace, on fait tomber goutte à goutte 1°'°' d'isocyanate de
phényle, en agitant. On laisse la tem|jérature s'élever lentement : de la diphényiurée
se précipite, on la sépare et l'on acidifie la li([ueur alcaline filtrée. Le corps qui se
dépose est purifié par deux, ou trois redissolulions dans les alcalis, suivies de précipi-
tations par un acide minéral. On termine par une cristallisation dans l'alcool.
L'analyse élémentaire donne des chififes qui correspondent à la formule ci-dessus.
L'urée mixte de la tyrosine et de l'aniline est très peu soluble dans l'eau, plus
soluble dans l'alcool. C'est une poudre cristalline blanche fondant à 194°, en se
décomposant. Elle donne la réaction de Millon.
BOTANIQUE. — Slrticlure des végétaux développés à la lumicre, sans gaz
carbonique, en présence de matières organiques. Note de M. Molliard,
présentée par M. Gaston Bonnier.
J'ai précédemment montré (^Comptes rendus, i4 août igoS) comment des
végétaux supérieurs, pourvus de chlorophylle, pouvaient se développer
G. K., 1906, I" .Semestre. (T. CXLII, N° 1.) 7
5o ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans une atmosphère confinée, pourvu qu'on mette à la disposition de leurs
racines diverses substances organiques. Dans ces conditions de végétation
les plantes acquièrent un ensemble de caractères anatomiques très spécial.
Pour donner une idée générale de ceux-ci, je me contenterai ici de deux
exemples particuliers s'appliquant tous deux au Radis.
Le premier est relatif à des plantes développées sur une solution miné-
rale additionnéede lopourioo desaccharose; l'un des individus est resté en
relation avec l'atmosphère pendant tout le temps de sa végétation, c'est-à-
dire du 19 avril au 8 août; à ce moment plusieurs fleurs s'étaient constituées
et quelques-unes d'entre elles avaient abouti à la formation de fruits; l'in-
dividu que nous voulons lui comparer était resté en communication avec
l'atmosphère du 19 avril au 28 juin, date à laquelle le tube a été fermé; les
deux individus étaient alors parfaitement comparables et leur tige ne pré-
sentait encore aucun long entrenoeud visible; en atmosphère confinée la
seconde plante a vite penhi ses premières feuilles et a donné naissance à
une tige florifère pourvue de nouvelles feuilles très petites et crépues et de
fleurs dont aucune ne s'est épanouie.
La comj)araison de la slructiire de la tigeel du pétiole peiniel d'établir les dillérences
essentielles suivantes : l'écoice est sensiblement plus épaisse dans les organes déve-
loppés en atmosphère confinée; le nombre des cellules reste d'ailleurs le même, il y
a donc augmentation dans les dimensions des éléments; les formations secondaires
libéroligneuses sont plus abondantes et leur aspect très dill'érent; les vaisseaux du bois
ont un calibre sensiblement moindre; ils sont très réguliers, de section circulaire, et
non polygonale comme dans les conditions normales; ils sont très sensiblement égaux.
Enfin, leur paroi est très faiblement lignifiée; lapprochons de cette dernière modifica-
tion le fait que le sclérencliyme ijui se trouve normalement adossé au liber primaire
ne se constitue pas; le liber secondaire est beaucoup plus développé et les tubes criblés
plus ncmibreux.
D'autre part, tous les parenchymes différenciés présentent une grande
quantité d'amidon, alors qu'il n'y en a pas trace dans la tige ni le pétiole
de la plante restée en relation avec l'atmosphère; pour le pétiole l'amidon
est surtout abondant dans les deux ou trois assises sous-épidermiques et
dans les cellules entourant les faisceaux; mais il existe dans tout le paren-
chyme et apparaît même, bien qu'en faible quantité, dans les cellules épi-
dermiques qui, on le sait, en sont normalement dé[)Ourvues, même dans
les espèces où il existe une réserve amylacée figurée.
liC limbe présente une épaisseur réduite d'environ ~ dans les tubes
fermés; les cellules des tissus [palissadique et lacuneux restent serrées les
SÉANCE DU 2 JANVIER 1906. 5l
unes contre les autres, le système aérifère ne se développant que d'une
manière rudimentiiire; les assises palissadiques qui, dans les deux cas, sont
au nombre de trois sont constituées par des cellules relativement plus
allongées dans le sens perpendiculaire à la surface du limbe. Ici encore
toutes les cellules sont bourrées d'amidon dans l'échantillon du tube fermé,
alors qu'on n'en observe pas trace dans celui qui sert de terme de compa-
raison ; les cellules épidermiques n'échappent pas à cette transformation,
surtout celles de la face inférieure qui contiennent toujours plus de leucites
amylacées que celles de la face supérieure.
Les faits relatifs au limbe foliaire correspondent à une différenciation
moins grande; les tissus gardent des caractères embryonnaires, ce qui
cadre bien avec le faible développement que la feuille est susceptible
d'acquérir dans ces conditions. Quant aux caractères nouveaux que pré-
sentent la tige et le pétiole, on peut remarquer qu'Us sont très semblables à
ceux qu'on observe pour les organes souterrains, comparés aux organes
homologues aériens du même individu (Costantin); en supprimant la fonc-
tion chlorophyllienne, ou tout au moins en empêchant celle-ci de donner
à la plante plus de carbone qu'elle n'en perd par la respiration, on obtient
donc à la lumière une structure analogue à celle qui s'observe naturelle-
ment dans le milieu souterrain; ajoutons que la formation d'une grande
quantité d'amidon dans les plantes développées en atmosphère confinée
paraît montrer que, dans ces conditions, l'utilisation des substances orga-
niques est plus considérable qu'à l'air libre, ce que vérifie la comparaison
des poids secs qui sont toujours plus élevés pour les individus des tubes
fermés.
Si l'on ferme le tube après avoir pris soin de provoquer le développe-
ment d'une moisissure à côté du Radis, les caractères de ce dernier restent
ceux qu'ils sont en tube ouvert; c'est donc bien à l'absence de gaz carbo-
nique et non à d'autres conditions telles qu'un degré hygrométrique plus
élevé que sont dues les modifications que nous venons de signaler. Tout se
passe comme s'il se produisait dans la plante un changement complet dans
la circulation des matériaux nutritifs, cheminant dans les conditions nor-
males des parties aériennes vers les parties souterraines, et allant, dans le
cas des tubes fermés, de la racine vers les organes supérieurs.
Le second exemple se rapporte à des Radis développés dans une solu-
tion minérale à laquelle il était ajouté 5 pour 100 de glucose et 2 pour 100
d'asparagine; mais ici les tubes étaient fermés dès le début du développe-
ment; nous retrouvons l'ensemble des caractères différentiels précédents.
52 ACADEMIE DES SCIENCES.
Mais signalons, en outre, un fail relatif aux cellules de Técorce de l'axe hypocolylé;
en même temps que celles-ci augmentent de volume, leur noyau se divise très fré-
quemment et il n'est pas i-are d'observer des cellules corticales pourvues de 2, 3 ou
4 noyaux, sans qu'il se soit constitué de membranes cori espondautes; de plus, les
noyaux subissent une liyperlropliie et une dégénérescence en tout semblables à celles
qui ont été décrites pour les cellules soumise?, soit à la clialeui- (Prillieux |, soll à
une action parasitaire; il est particulièrement frappant de comparer les transformations
cellulaires auxquelles je fais allusion à celles que préseiiient les cellules des sépales du
Rapltantis Rapltanislium L. lorsqu'elles ont subi l'action Au Dasyneura Raplianistri
Kielier. Chaleur rt parasites paraissent ainsi n'intervenir que pour amener dans la
cellule des modilicalions de nutrition analogues à celles que nous avons réalisées di-
rectement.
En somme, structure semblable à celle des organes souterrains et parfois
foriTiation de tissus à cellules plurinucléées, comme dans certaines galles;
tels sont les caractères essentiels présentés par les végétaux cultivés dans
les conditions que nous avons définies.
BOTANIQUE. — Symbioses d'Orchidées et de divers champignons endophytes .
Note de M. ï\oki. Bernard, présentée par M. Gaston Bonnier.
Dans une Note précédente (^Comptes rendus, (S mai 1903) j'ai désigné
provisoirement par les termes d'endophvte de Callleya, endophyte de
Phalœnopsis, endophyte iVOdontog/ossum, trois espèces bien distinctes de
champignons endophytes d'Orchidées. 11 existe d'autres espèces, dont j'ai
dès à présent isolé quelques-unes, mais il sera surtout question ici d'expé-
riences faites avec les trois premières, dont mes publications antérieures
ont fait connaître en partie les caractères et les propriétés.
J^orsqu'on introduit comparativement ces divers endophytes dans des
semis aseptiques de graines provenant d'un même fruit d'Orchidée, on
observe des phénomènes assez variés. En général, dans des conditions bien
déterminées de culture, un champignon convient mieux que les autres
pour la germination des graines. Certaines symbioses (comme celles des
Phalœnopsis ou Vanda avec l'endophyte de Callleya) m'ont |)aru impossibles
à réaliser. Cependant, au cours de nombreux essais, j'' ai réussi parfois à
faire développer en symbiose des embryons d'une même espèce de graines avec
l'un ou l'autre de deux champignons différents.
Des graines lij brides de Lœlia Mozart ,< Brassavola Digbyana ont été semées asep-
tiquemenl soit sur du coton hydrophile imbibé d'une décoction de salep, soit sur la
SÉANCE DU 2 JANVIER 1906. 53
surface d'une gelée obtenue en ajoutant i pour 100 de gélose à la même décoction.
A la suite de rinli-oduntion dans ces cultures de l'endophyle de CcUtlcva (que celte
introduction ait lieu tôt ou tai'd pendant les premiers mois après le semis), un grand
nombre des graines semées sur gélose germent et progressent régulièrement, mais
les graines semées sur coton ne montrent qu'un progrès pres(|ue insensible. J'ai
signalé déjà ce fait, général pour toutes les graines d'Orchidées épiphyles appartenant
au groupe naturel formé par les genres CciUlcya, Lœlia el Brassacola. h'inliodi^\clion
de l'endophyte de Phalœnopsis peut, au contraire, provoquer la germination de graines
semées sur coton, d'autant plus facilement que ce champignon est introduit dans la
culture plus tôt après le semis des graines. J'ai obtenu dans ces conditions des plantules
qui avaient formé quatre ou cinq feuilles et deux ou trois racines après 7 mois
de culture. Les semis sur gélose, avec ce même endophyte, piogressent d'abord très
vite, mais les plantules meurent inévitablement, après environ 3 mois de culture, dès
que les tubercules embryonnaires et les deux premières feuilles sont formés. On
trouve alors ces planlules complètement envahies par le champignon à l'invasion
duquel elles n'oflfrenl, dans ces conditions do culture, qu'une résistance phagocytaire
insuffisante.
Des essais de même nature, faits d'une part a\ec des graines à'' OdoiUoglossitrn et
les endophytes de Phalœnopsis ou d''Oc/onlnglossiim, d'autre part avec des graines de
Va/ida et les deux mêmes endophytes, m'ont également montré que la possibilité
d'une symbiose avec chaque champignon dépend surtout ; 1° du choix d'un sub-
stratum convenable pour le semis (colon, gélose, moelle de sureau, etc.) sans qu'il
soit d'ailleurs nécessaire de changer le liquide nutritif employé dans les divers cas;
1" de la date d'introduction de l'endophyte après une période d'attente plus ou moins
prolongée. Aii ])ri\ de précautions de cette nature, j'ai pu élever pendant plusieurs
mois comparativement des plantules de chaque espèce avec l'un on l'autre de deux
champignons. Il est prati(|uement difficile de poursuivre très longtemps ces cultures
dans des conditions expérimentales précises el l'on sait que le développement complet
d'une Orchidée demande au moins quatre ou cinq ans. Mais c'est surtout la contami-
nation accidentelle des cultures par des moisissures banales qui force à anéter les
expériences; il ne paraît pas logiquement impossible qu'elles puissent être poursuivies
plus longtemps.
Quoi qu'il en soit, la rapidité el le mode même du développement dépendent
de la nature de l'endophyte vivant avec les plantules. Pour les grtiines de
Lcdiax-lirassavola citées plus haut, l'infeslatioa est plus étendue et le déve-
loppement plus rapide avec l'endophyte àe Phalœnopsis qu'avec l'endophyte
de Cattleya; les tubercules embryonnaires sont plus volumineux; les poils
absorbants plus nombreux et plus serrés.
Des semis de Vanda tricolor m'ont montré des différences plus considé-
rables et d'autant plus intéressantes qu'il s'agit de graines d'espèce pure et
non de graines hybrides. Les plantules cultivées sur moelle de sureau avec
54 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'enHophyte de Phalœnopsis sont d'un type normal. L'embrvon infesté se
développe en un tubercule embryonnaire ayant la forme d'une corne à
pointe recourbée, amincie dorsalement en crête; dès la fin du troisième
mois, ce tubercule embryonnaire peut atteindre son complet développe-
ment (4"'" de longueur), les premières feuilles apparaissent alors à son
sommet végétatif. Une plantule élevée pendant j mois dans ces condi-
tions a déployé trois feuilles et produit sa première racine. J'ai obtenu, avec
des graines du même fruit, des germinations sur coton en symbiose avec
l'endophyte à' Odontoglossutn. Le développement débute de la même ma-
nière et se poursuit normalement pendant les premiers mois; mais la
période de tubérisation se prolonge ensuite d'une manière tout à fait anor-
male. Après 5 mois de culture je n'ai obtenu aucune plante feuillée; sur
une douzaine de tubercules embryonnaires développés à ce moment, l'un
était trifurqué et avait trois sommets végétatifs, un autre, élevé jusqu'à
'] mois, a atteint le double de la taille normale, sans montrer encore
aucune ébauche foliaire.
ZOOLOGIE. — Sur Ips Copépodes recueillis par la mission Charcol et com-
muniqués par M. E.-L. Bouvier. Note de M. Quidok, présentée par
M. Yves Delage.
La mission Charcot, dit une voix autorisée ('), a recueilli des richesses
zoologiques d'une valeur inestimable destinées à combler bieu des lacunes
dans les collections du Muséum. Cette appréciation générale de la pénible
et fructueuse campagne du Français s'applique, en particulier, au groupe
des Copépodes étudié dans cette Note.
Il a été recueilli dans le voisinage de l'île Wandel quelques-unes des
espèces trouvées précédemment par l'expédition de la Belgica : Balanus
propincpius (Brady), Euchœta antarclica (Giesbrecht), Harpacticus breçi-
cornis(0.-V. Millier).
La mission rapporte, en outre, quatre espèces nouvelles. L'une péla-
gique capturée par le filet de surface, Phyllopus Turqueti ( n. s.) ; deux autres
draguées dans la baie de Carthage par une profondeur de 20" ; Porcellidium
Charcoti (n. s.) et Porcellidium affinis (n. s.); enfin une espèce parasite
(') M. E.-lj. BoLViEK, Rullelin du A/uséitm d' Ilisloirc naturelle, igoS, n° 5, p. 294.
SÉANCE DU 2 JANVIER 1906. 55
Aiichorella intermedia (n. s.) Iroiivée dans la cavité buccale d'un Notho-
stenia.
Si Balanus propinquus (Bradx) el Euchœta antarctica (Gieshrechl) ne sont
tous lieux représenlés que par un seul exemplaire femelle, il n'en est pas
de même de Hcwpacticus brevicornis (F. Mùller) qui |)ullule parmi les algues
du littoral. Mâles, femelles, parfois accouplés, jeunes à différents stades
ont fourni d'abondantes récoltes.
On ne connaissait jusqu'ici qu'une espèce de Phyllopns, P. bidentalus
(Bradv) recueilli par le Challenger au sud-e;>t de Buéuos-Ayres à une
profondeur de 485o" el représenté par un seul exemplaire femelle. Un
autre spécimen, également femelle, étudié par Giesbrecht, fut récolté près
de l'équateur au sud-est des îles Galapagos à une profondeur de 1800™.
Or, la capture de Phyllopus Turqiie/i (n. s.) par le fdet de surface, près de
l'île Wandel, montre une fois de plus que la faune abyssale des régions
équatoriales a de grandes affinités avec la faune australe de surface.
Il était d'ailleurs intéressant de connaître le mâle de cette espèce. Le
nom de genre est en effet tiré de la structure de l'article terminal de la
cinquième patte de la femelle. Or, le dimorphismc porte précisément sur
la structure de ce dernier article à l'extrémité duquel s'insèrent, chez le
mâle, trois épines longues et fortes, absentes chez la femelle. L'antenne
gauche du mâle est d'ailleurs géniculée au tiers de sa longueur.
Le genre PoirelUdium, si nettement défini ()ar la foi'me générale du corps
et la structure de ses appendices, est représenté par deux espèces nouvelles
fort intéressantes. L'une, Porcellidium affinis (n. s.), dont un seul exem-
plaire femelle a été recueilli, se distingue de tous les autres Porcellidium
par ses antennes antérieures à 7 articles au lieu de 5 et par une seconde
maxille rudimentaire. L'autre, Phyllopus Charcoti (n. s.), est représenté par
deux individus, l'un mâle, l'autre femelle, dont le dimorphisme sexuel
porte non seulement sur le rostre, la ligne frontale et les antennes anté-
rieures, mais encore sur l'organe visuel. On observe en effet, chez le mâle,
deux yeux lenticulaires distincts et bien développés, tandis que la femelle
ne présente que deux petits yeux médians accolés par leur face médiane.
Le matériel d'Anchorella intermedia (n. s.) est des plus précieux, tant
par le nombre que par la variété des individus récoltés.
La femelle adulte mesure iS"""" des antennes à l'extrémité des ovisacs.
C'est une forme très intéressante, car elle est interméiiiaire entre les I3ra-
chielles et les Anchorelles. Les secondes pattes-màcboires ne sont, en elFet,
56 ACADÉMIE DES SCIENCES.
soudées qu'à leur extrémité distale comuie chez les Rrachielles; mais elles
restent courtes et trapues, et le mâle se distingue nettement des mâles des
Brachielles par l'absence d'abdomen segmenté.
L'homologie des appendices locomoteurs du mâle et des pattes-mâchoires
de la femelle a pu être établie de nouveau, et d'une façon certaine, par
l'examen d'une jeune femelle dont la taille ne dépassait pas 4°""» 5. Le cou
et le thorax mesuraient respectivement 3""" et i™™,5. Les pattes-mâchoires
antérieures et postérieures n'étaient pas encore complètement adaptées à
leurs nouvelles fonctions : elles ne laissaient aucun doute sur le rôle actif
joué par elles dans le déjilacement de l'animal avant sa fixation.
Il est d'ailleurs intéressant de noter la présence de deux diatomées dans
le tube digestif de ce jeune parasite.
ZOOLOGIE. — Sur une Microsporidie nouvelle, Pleistophora macrospora,
parasite des Loches franches du Daupliiné. Note de M. Casimir Cépède,
présentée par M. Alfred Giard.
]-.'espèce qui fait Tobjel de la présente Coiiinuinicatlon appartient au «groupe des
Microsporidies de Balbiaiii ou M)\osporidies ci^yptocysles de Giiiley. Le parasite est
très rare. Je ne l'ai l'enconlré f[u'nne seule fois bien que j'aie examiné pendant ces trois
dernières années de très noinjjreux Cobilis harhalula L. provenant de stations diverses
de la région du Grési\'audan à des époques dilTèrcnles de Tannée.
L'uni([ue I^oclie parasitée provenait de l'étang de Jarrie, près de Grenoble. Elle attei-
gnait une longueur de 7"" environ y eom|)ris la nageoire caudale. Elle m'a montré une
tumeur unique intramusculaiie de la paroi latérale de l'abdomen au voisinage de l'anus.
De forme ellip^oïde, elle apparaissait en blanc jaunâtre par Iransjiarence à travers les
téguments fortement distendus par elle. Son diamètre était de 3""" environ et son boni
supérieur à i""'',.o au-dessous de la ligne latérale.
Légèi'ement fendue jiour favoriser la pénétration des réactifs fixateurs, la tumeur
laissa sortir un peu de son contenu blanchâtre. Cette bouillie était presque exclusi-
vement constituée par d'innombraliles sjiores, relativement grosses, d'une Microspo-
i-idie. Certaines de ces spores étaient isolées; les autres, beaucoup plus nombreuses, à
divers états de maturation, étaient encore renfermées dans l'enveloppe très nette el
assez épaisse du pansporoblaste. Çà et là, on pouvait observer, en outre, quelques pan-
sporoblastes, très rares, à des stades divers de la sporogenèse.
Cette bouillie servit à faire les oliserv.uions in vi\-o et l'étude à l'aide de frottis dont
les uns furent fixés au sublinié-acétique-alcool, les autres soit à lalcool-éllier, soit à
l'alcool absolu. Ces frottis furent colorés, ceux-là à l'aide de l'iiématoxyline ferrique,
ceux-ci au bleu de méthylène-éosine, d'après les méthodes de Roniano\sky et de
Gi(>msa. J'ai en outre et surtout étudié celte Microsporidie sur des coupes sériées de
i
SÉANCE DU 2 JANVIER 1906. 57
la tumeur. Je me bornerai ici à une description très sommaire de cette espèce, me
proposant d'en faire une étude détaillée dans un Mémoire ultérieur accompagné de
figures.
La tumeur contient d'innombrables pansporoblastes qui parfois ont transformé les
muscles en une véritable masse microsporidienne. Le plus souvent toutefois on observe
l'invasion d'une partie seulement du faisceau musculaire.
In vivo les pansporoblastes, dont la lailie moyenne varie peu autour de 251^3 Soi'- de
diamètre, sont sphériques ou subsphériques et montrent une paroi très nette, à double
contour. Leur contenu varie selon l'état plus ou moins avancé de la sporogenèse. Le
plus souvent, ils renferment des spores nombreuses dont l'épaisseur plus ou moins
grande de la paroi indique l'élat de maturation. Parfois, mais rarement, le pansporo-
blaste renferme un contenu cyloplasmique, très pâle, finement granuleux, occupant
toute la cavité pansporoblaslique ou laissant libre une partie de cette cavité. Au sein
de ce cytoplasme se voient, diversement disposées, des plages plus claires : ce sont les
noyaux du sporoblaste.
La présence d'une membrane pansporoblaslique et le nombre très grand et variable
des spores contenues dans un même pansporoblaste dclinissenl cette microsporidie
comme appartenant au genre Pleistophora Gurley. Je la nomme Pleislopho/ a macro-
spora n. sp., en raison de la grande taille relative de ses spores, qui mesurent in vivo
81^,00 de longueur et '^^,20 environ dans leur plus grande largeur.
Ces spores, étudiées in vivo, ont des aspects très dillérents peut-être en relation
avec le degré plus ou moins avancé de leur maturation. Mes recberclies n'ont pas pu
être assez poussées dans ce sens à cause de l'insuffisance du matériel pour me per-
mettre une interprétation quelconque. Certaines spores, nettement ovoïdes, montrent
à chacune de leurs extrémités deux espaces clairs délimitant une masse cytoplasmi(|ue
intermédiaire, granuleuse, moins réfiingente. La paroi sporale est, dans ces cas, à
jieine visible. D'autres spores montrent une unique cavité claire placée à l'un des pôles
et dans laquelle se voit nettement le filament spiral. Le pôle opposé à la capsule est
occupé par un cytoplasme très clair et finement granuleux.
J'ai réussi à faire dévaginer le filament spiral après un séjour des spores pendant
une heure environ dans le liquide physiologique. Ce filament alteiol la taille consi-
dérable de 225!^. Son épaisseur va en s'atténuant insensiblement au fur et à mesure
qu'on s'approche de son extrémité libre.
Les spores à filament dévaginé se présentent aussi sous des aspects très divers.
Tandis que les unes montrent un contenu granuleux clair qui occupe toute la spore,
laissant voir seulement à son intérieur un arc et un point circulaiie plus réfringents,
d'autres montrent un grand espace réfringent unique qui occupe presque tout leur
intérieur, entouré par une zone périphérique très faiblement colorée en jaune pâle,
transparente, plus épaisse aux deux pôles de la spore.
Mes colorations des spores par l'hématoxyline ferrique rappellent le plus souvent
d'une façon frappante les figures données par Stempell (1904) pour i\osema ano-
malum Meniez.
Par les méthodes de Romanovsky et de Giemsa, certaines spores montrent leur
capsule polaire occupant la partie la plus étroite de la spore. Vers le sommet, mais un
peu déjeté sur le côté, j'ai vu l'orifice capsulaire parfois occupé par une masse légère-
G. R., 1906, i" Semestre. (T. CXLll, N" 1.) 8
58 ACADÉMIE DES SCIENCES.
inenl colorée en bleu. Autour de la capsule séparant celte dernière de l'enveloppe
sporale se voit un contenu faiblement coloré soit en bleu ciel, soit en bleu ciel et
rose, soit enfin en rose et violet pâle. Au sein de ce contenu, que je crois être le
plasma sporal, on distingue assez souvent de fins grains chron>atiques rouge vif. Dans
d'autres spores, on aperçoit quelques taches de même teinte, mais plus '.'olumineuses.
En un point de ce contenu sporal on met nettement en évidence un espace clair, séparé
du contenu environnant plus coloré par une mince membrane chromatique contre
laquelle viennent s'appuyer parfois deux grosses masses chromatiques violettes qui,
parfois aussi, baignent librement dans l'espace clair. Dans certaines spores, je n'ai pas
réussi à voir de paroi autour des deux masses chromatiques violettes et j'ai observé
en outre dans le contenu sporal une area plus claire séparée du plasma par une mem-
brane assez nette contre laquelle sont appuyés quelques grains chromatiques inten-
sément colorés.
CYTOLOGIE. — Sur la Structure intime du protoplasina chez les Protozoaires.
Note de M. Emihanuei. Fauké-Fremieï, présentée p;ir M. Alfred Giard.
J'ai montré, dans quelques Notes publiées en 1904 à la Société de Bio-
logie, que chez les Protozoaires, les structures réticulées de Fabre-
Domergiie et les structures sphérulaires de Runstler n'étaient nullement
exclusives Tune pour l'autre et coexistaient le plus souvent (Infusoires
ciliés). Je résumerai ici le résultat d'observations nouvelles et les conclu-
sions qui en découlent.
Sphéroplastes. — Je nommerai sphéroplastes les éléments sphérulaires,
sphérules plasmatiquesou encore sphérules trophoplasmiques de Ktinstler.
Il existe des sphéroplastes à sécrétion interne et des sphéroplastes à sécré-
tion externe.
Sphéroplastes à sccrélion interne. — Ces éléments se présentent chez Paraniœciuni
sous forme de sphérules très petites (cl'-, 3-4), peu colorables, à paroi très mince, sans
aucune inclusion. Si l'on en juge d'après la série de formes que l'on peut observer,
ces petites sphérules peuvent s'accroître jusqu'à atteindre aH- et 3l^ en même temps
que des granulations nombreuses et fortement fuchsinophiles se forment dans le suc
sphérulaire; parvenues à cet état, elles ne peuvent plus se diviser et sont destinées à
se désagréger. Chez Nassula aurea et chez Canipanella unibetlaria ces sphéroplastes
sont nombreux, volumineux et produisent diverses granulations fuchsinophiles, des
cristalloïdes, des globules graisseux et une substance colorante.
Spliàroptastes à sécrétion externe. — Ces sphéroplastes peuvent former de véri-
tables tissus, tels que la couche alvéolaire de Butschli chez les Infusoires, la paroi du
réservoir de la vésicule et le cordon plasmatique du pédoncule chez les Vorticelles, la
couche granuleuse du tentacule des Nocliluques. La structure de ces sphérules est
SÉANCE DU 2 JANVIER igo6. 5g
coni|iIe\e comme Fa montré Kiinstler. Cliez Paramcrciiim les sphéroplastes à sécré-
tion externe sont constitués par une fine membrane présentant quelques épaississe-
ments internes auxquels viennent s'aboucher les trabécules d'un réseau très délicat
baigné par le suc sphérulaire; ce réseau présente des nodosités et des épaississements
et supporte souvent une on plusieurs granulations centrales dont le nombre et l'exis-
tence même n'ont rien de constant. La colorabilité de ces éléments est très faible.
Suivant Kuiisller, les sphéroplaslcs joueraient un rôle important dans
les phénomènes d'hylogenèse et, chez Opalina, le réseau intérieur des sphé-
rules trophop!asmiques ■Aiira.\\, un véritable appareil sécréteur. Je suis arrivé
à la même conclusion, tout en admettant, au moins |)our les sphéroplastes
à sécrétion externe, un schéma diHerent. Il faut, je crois, distinguer dans
l'évolution d'un S|>héioplasle l'clat d'activité élaboratrice et l'état d'activité
cinétique.
Pendant l'état cinétique, c'est-à-dire au moment de la division du sphé-
ro|)laste, la colorabilité de celui-ci est très fiiible; mais j'ai constaté l'exis-
tence d'un corpuscule pariétal extrêmement petit, fortement sidérophile,
qui semble jouer un rôle dans la division sphéruhiire, car je l'ai vu simple
ou double et, dans ce dernier cas, les tieux corpuscules étaient aux deux
pôles du sphéroplaste qui, le plus souvent, était allongé. L'existence de ce
kinosome demande encore une sérieuse confirmation.
Pendant l'activité élaboratrice, il se forme à la surface externe du sphé-
roplaste une substance homogène, fixant énergiquement la fuchsine et
l'hématoxyline ferrique; disposée tout d'abord en une petite calotte assez
épaisse, cette substance envahit bientôt toute la surface du sphéroplaste qui
apparaît alors comme une sphérule homogène colorée avec intensité; je ne
sais ce que devient ce produit d'élaboration.
Chez les Vorticellidœ, les sphéroplastes à sécrétion externe possèdent quelquefois
une ou plusieurs granulations centrales qui peuvent manquer entièrement, et ne jouent
aucun rôle dans la division sphérulaire.
Chez Arcella. il existe dans le cvtosome uu grand nombre de sphéroplastes mesu-
rant il'-, 5 de diamètre; ils sont constitués par une tine paroi qui porte en un point une
sorte de petite calotte plus épaisse. Celle-ci correspond à la coque fuchsino))hile et
sidérophile de la Paramœcie; elle fixe les colorants avec énergie. Je n'ai jamais observé
la bipartition des sphéroplastes de l'Arcelle, mais j'ai trouvé toutes les transitions
entre les sphérules ordinaires et d'autres plus volumineuses, qui semblent subir une
segmentation d'abord partielle, mais dont le résultat serait la formation d'une petite
blastula de sphéroplastes; ces blastnla semblent ensuite se désagréger, ce qui donne
naissance à des amas sphérulaires irréguliers (').
(') Kunstler a déjà décrit des blastula de sphérules.
6o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Cytoplasma. — Lecvtoplasma proprement dit des Protozoaires comprend
deux substances principales : le hyaloplasma et le paraplasma; suivant le
ty|)e organique auquel on s'adresse, ces deux substances peuvent revêtir
des dispositions varinbles : structures vacuolaires, réticulées, filaires.
J'fii observé in vivo, chez quelques Infiisoires tels que Stentor et Nassula légèrement
comprimés enire lame et lamelle, une structure filaireou réliculu-filaire loul à fait sem-
blable au\ structures bien connues décrites par Flemming. On voit des courants pro-
toplasmiques constitués par des fibrilles hyaloplasmiques plus ou moins fusiformes qui
semblent couler dans une même direction à la manière des ondes qui parcourent un
jet liquide; dans la région eetoplasmique ces fibrilles sont moins mobiles et s'anasto-
mosant entre elles forment un véritable réseau.
Je n'ai jamais pu fixer ces structures, qui sont sans doute lemporaiies, et que je
comparerai à un état physique particulier d'agrégation du protoplasma, plutôt qu'à
une organisation réelle de la matière vivante.
Structure du protoplasma. — Le cylosome d'un Protozoaire comprend,
d'après ce qui précède, deux sortes d'éléments : le cytoplasma proprement
dit et les sphéroplastes. Les sphéroplastes sont-ils des unités primitives
plus sim|)les que la cellule, ou le résultat d'une longue différenciation?
cetle question est encore insoluble. Représentent-ils, comme le veut
Kunstler, la structure même du protoplasma? Je ne puis admettre cette
conception. Les sphéroplastes sont des organites complexes que l'on peut
mettre en |)arallèle avec les leucites des végétaux et le noyau cellulaire,
toute réserve étant faile quant à la valeur phvsiologique et fonctionnelle de
ces éléments. Au point de vue morphologique, ces organites ont les mêmes
attributs; tous ont une certaine individualité, tous se multiplient par divi-
sion, tous élaborent des prodinls nécessaires ou indispensables à la vie
cellidaire; leur structure peut souvent être comparée. Or, personne n'ose-
rait dire que les chloroleucites d'un végétal ou le noyau cellulaire repré-
sentent la structure du protoplasma.
PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Appareil respiratoire pour l'exploration des milieux
remplis de gaz irrespirables. Note de M. Guglielmixetti, présentée par
M. d'Ârsonval.
C'est un appareil respiratoire autonome, c'est-à-dire qui rend l'homme
indépendant de l'air extérieur, en mettant à sa disposition une quantité d'air
largement suffisante, non seulement pour séjourner, mais pour travaille
SÉANCE DU 2 JANVIER I906. 61
pendant 2 heures dans un milieu irrespirable, sans le moindre inconvé-
nient. Il est basé, à cet effet, sur la régénération d'air par absorption de
l'acide carbonique éliminé par les i)oumons et remplacement de l'oxygène
consommé par le sang d'après les expériences classiques de Regnault et
Reiset. En même temps que l'acide carbonique, les ptomaïnes sont absor-
bées par la potasse. Cet appareil vient d'être approuvé par la Commission
du Grisou ii la suite d'un rapport présenté par M. Lebreton, Ingénieur en
chef des Mines (' ).
Fis;. I.
Oxhydrique Trançaise Constr'-
■ PABiS
Comme l'indique le schéma (fig- 1), le masque emboîtant le visage est
absolument étanche grâce à une garniture pneumatique, dont le gonfle-
ment se fait par un petit ballonnet en caoutchouc et forme ainsi, devant la
figure de l'homme, une sorte de petite chambre hermétiquement close,
qui communique avec les organes respiratoires.
L'air expiré dans cette chambre passe à travers un régénérateur qui en
(') Voir Annales des Mines, livraison de juin igoS.
62
ACADEMIE DES SCIENCES.
absorbe l'acitle carbonique et les ploinaïnes el retourne ainsi purifié, en
passant par un réfrigérateur, de nouveau dans le masque. Mais en route il
est additionné par minute de 2' d'oxvgène sortant sous pression.
Fis
Fig. 3.
Fig. 4.
nr
L'appareil comprend trois parties :
1° La bouteille d'oxygène comprimé;
2" Le régénéraleur et le réfrigérateur;
3° Le masque ou casque respiratoire.
La bouteille d'oxygène est munie d'un petit manomètre indiquant à chaque instant
la quantité de gaz restant dans la bouteille et d'un détendeiir-régiilaleur , déjà
présenté à l'Académie par M. dWrsonval (Sur l'appareil à inhalation d'oxygène Gugliel-
niinetti-Dra^ger), le même détendeur que M. Rolh utilise sur son appareil à cliloroformi-
salion. La bouteille contient, sous une pression de 120"'"% 120' d'oxygène qui, à raison
de 3' à la minute (débit pour lequel est réglé le détendeur), s'écoule automatiquement
dans le mascjue, ce qui correspond à une durée de fonctionnement de i heure par
bouteille el 2 heures si l'on emploie deux bouteilles.
Le rcgènévaleur est formé par deux cylindres en tôle {fig- 3), nommés cartouches,
contenant chacun 20os de potasse caustique en petits morceaux sur une série de
24 corbeilles disposées de telle sorte que l'air est obligé de suivre un chemin en ser-
pentant entre ces plateaux et de lécher successivement toutes les surfaces absorJjantes
(environ 23oo'''"' ) et de se débarrasser complètement de son acide caibonique. Une
feuille de papier l)u\ard placée au fond de chaque corbeille sur le treillis métallique
aiisorbe l'humidité en excès.
SÉANCE DU 2 JANVIER igo6. 63
L'air s'échaulle par cette régénération; pour le refroidir, on le fait passer dans un
cylindre en tôle à double paroi.
Le tuyau de sortie de l'air (purifié et rafraîchi ), qui est en métal flexible, vient
s'embrancher sur le tuyau d'amenée d'oxygène pur, s'échappant sous pression par un
orifice de très petit diamètre, qui fait office d'injecteur et détermine comme un Gif-
fard un appel d'air à travers l'appareil, de sorte que l'iiomme n'a aucun eflorl respira-
toire à faire et respire librement.
Un masque ou casque protège le visage et s'adapte {fig- 4)i gi'âce à une garniture
pneurnati(]ue, liermétiquement sur toute la partie antérieure de la face. Une fenêtre
en mica permet de voir.
A sa partie inférieure le casque porte deux sacs plats et imperméables, l'un formant
trop-plein pour l'air expiré, qui se dirige vers le régénérateur, l'autre sac commu-
nique avec le tuyau d'amenée d'air et d'oxygène, formant ainsi réservoir d'air à inspirer-;
deux soupapes 1res légères en mica, placées entre les sacs et le masque et s'ouvrant en
sens inverse, isolent l'un et l'autre des deux courants.
Le fonctionnement de l'appareil est excessivement simple, on n'a qu'à
ouvrir la bouteille d'oxygène par sa soupa|)e de fermeture et tout le reste
se fait automatiquement.
Quant à la quantité d'air qu'il faut à un homme qui fait de grands efforts
muscidaires, MM. Guglielminelti et Draeger ont trouvé qu'il faut au même
homme, qui au repos ne respire que 8' d'air par minute, plus de i5' dès
qu'il fait une marche de 5oo"' et 3o' lorsqu'il fait un pas de course de 25o™,
3o' aussi à chacun de deux hommes qui portent un troisième, et 5o' d'air
par minute à un homme après une course de aSo" en [\o secondes.
L'appareil donne cette quantité d'air considérable pendant toute la durée
de 2 heures de la façon suivante : au moment où l'homme en fermant son
casque coupe toute communication avec l'air extérieur, il possède environ
6' d'air dans ses poumons et dans le tuvautage de l'appareil. La largeur des
tuyaux et la force vive de l'oxygène comprimé sont calculés de telle façon
que ces 6' d'air peuvent facilement faire huit à dix fois par minute tout le
tour de l'appareil (des poumons à travers le régénérateur et retour aux
poumons) et à chaque tour tout l'acide carbonique éliminé ainsi que les
ptoniaïnes sont absorbés par la potasse. Le poids de l'appareil total est
de iS^^e.
64 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIOLOGIE. — Observations faites au mont Blanc sur V hyper glohulie
des altitudes. Note de MM. H. Goiillemard et R. Moog, [jrésenlée par
M. J. Janssen.
Les recherches dont nous nous proposons d'exposer les résultats dans
cette Note ont été effectuées au cours de notre expédition de juillet der-
nier au mont Blanc (' ).
Étant donné ce fait que la répartition des hématies n'est pas uniforme
dans les différents territoires vasculaires, la seule numération des globules
dans le sang prélevé par piqûre de la peau ne permet pas de conclure à une
hypergiobulie véritable et ne présente que peu d'intérêt; aussi nous
sommes-nous adressés à des animaux, cobayes et rats blancs, sur lesquels
il est aisé de prélever soit du sang périphérique par piqûre de l'oreille,
soit du sang central par ponction du cœur à l'aide d'une seringue à aiguille
très fine. Nos expériences ont porté sur quatre cobayes et six rats blancs,
dont quatre étaient splénectomisés; elles ont été effectuées à Paris, à Cha-
monix, au mont Blanc (observatoire de M. Janssen) et, au retour, à l'Ob-
servatoire des r.rands-Mulets. Les numérations de globules ont été faites à
l'aide de l'hématimètre de Hayem et les dosages d'hémoglobine par la mé-
thode de M. Lapicque à l'aide d'un colorimétre de Dubosq. Les résultats
sont résumés dans le Tableau suivant :
(') Comptes rendus, t. CXLI, 20 novembre igoo, p. 843.
SÉANCE DU 2 JANVIER 1906.
65
w o
.5 5°
es c e
2 te ro
o
O o.
c
0
E
c
t^
'V
b
'S
*J
b
3
..-
0
0
t/)
s
'U
rX
c
n
C
-C
ç.
' '
c
0
0
U
^
cz
0
0
0
Ifi
1)
0)
OJ
"V
OJ
(7)
*j
c
c
~
c/2
w
u _2
'= '5
GO IM
- 01
— cj — es
— M
r^ co
— (N
ta o
-- c
nï o
i. C/j
°l
00 u o
es o
0
0
R
0
F
ce
s
o;
â
-C
0
-C
-C^
0
0
t/3
a
C_i
c«
ra _Q
O ro
m o
t^ 00
V3- o
m
«
va- a>
o v^ l--^ <N
■o I 5-
0
îO
va-
GO
r^
va-
va-
CD
-
co
co
m
es
fi
fi
•^ fi
R a
en
0
in
-
va-
=
in
N
CT
r^
t^
in
co
.-0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
(M
00
0
Cl
in
0
in
in
va-
0
in
co
0
0
0
m
va- K
es
co
0
m
co
C-1
0
0
0
0
0
*-
fi
0 fi
0
fi fi
in
in
t£>
vrf
in
in
«5
in
co
co
[>
co
co
r^
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
8
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0 0
0 0
0 0
(T.
0
0
va-
(N
in
co
in
va-
0
in
(M
0
0
va-
0 =
0
in
ri
in
0
0
0
in
in
es
co
va-
0
in
co
es
ro
00
0 =
m
Cl
0 0
in 0
in
in
0
in
îO
CO
co
co
Cl
<y>
r^QO
ce
01
co
[-> 00
'° a
42
J2
^
^
0
0
0
c
u
U
CJ
u
es
ce
C. K., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N» 1.)
66 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Nous désignons dans ce Tableau, sous le nom de valeur globulaire, le
rapport du poids d'hémoglobine par litre au nombre de globules contenus
dans 1°"°' de sang, le million étant pris pour imité; les chiffres obtenus
sont évidemment proportionnels à la teneur moyenne de chaque globule
en hémoglobine.
Les conclusions suivantes se dégagent de l'examen des chiffres contenus
dans ce Tableau.
1. L'hyperglobulie périphérique est constante et se manifeste dès le second jour de
l'arrivée au sonnmet.
2. L'Iiypoglobulie centrale a été observée dans tous les cas, sauf un (Rat 2) où l'on
a observé une hyperglobulie à la fois centrale et périphérique ; dans ce cas, on peut
donc conclure qu'il y a eu hyperglobulie totale au bout de 4 jours d'altitude. Dans
tous les autres cas, il est impossible de conclure par la simple numération des glo-
bules soit à l'hyperglobulie, soit à l'hypoglobulie totales, puisque nous n'avons aucun
moyen de savoir dans quelle mesure l'hyperglobulie périphérique peut compenser l'hy-
poglobulie centrale.
3. Dans tous les cas, sauf un (Rat 2), il y a diminution de l'hémoglobine dans le
sang central conco'rdanl avec l'hypoglobulie constatée.
4. Dans tous les cas, la valeur globulaire, c'est-à-dire la quantité moyenne d'hé-
moglobine fixée sur chaque globule, a diminué sous l'intluence de l'altitude. Ce fait,
qui peut surprendre au premier abord, nous paraît digne de fixer l'attention. On ne
peut en effet expliquer cet appauvrissement apparent des globules en hémoglobine
qu'en admettant une active néoformation d'hématies ; on sait que les microcyles de
nouvelle forjnation ne fixent que peu à peu l'hémoglobine, il doit nécessairement ré-
sulter de leur mélange avec les hématies normales un abaissement de la valeur globu-
laire moyenne. Il serait en effet bien difficile d'admettre, pour expliquer cette dimi-
nution de la valeur globulaire, que l'altitude provoque un appauvrissement des
hématies en hémoglobine. Remarquons d'ailleurs que le Rat 2 a présenté uneaugmen -
talion très notable des globules centraux, tandis que la teneur du sang en hémoglobine
restait fixe; ce fait indique bien que les hématies de nouvelle formation présentent
une moindre teneur en matière colorante. On sait enfin que, chez un sujet qui a subi
une forte saignée, on constate une régénération bien plus active des corpuscules san-
guins que de l'hémoglobine. Nous voyons là un argument très probant en faveur d'une
hyperglobulie totale, argument d'autant plus précieux que les seules numérations de
globules ne permettent presque jamais de conclure.
5. Au point de vue du rôle de la rate dans l'hématopoièse nous ferons remarquer
que le seul des animaux examinés qui ail présenté une hyperglobulie à la fois péri-
phérique et centrale dans un temps relativemenl court était précisément un rat splénec —
tomisé (Rat 2), tandis qu'un des témoins (Rat 3) a présenté de l'hypoglobulie centrale.
Ce fait semblerait indiquer que la rate ne joue pas un rôle prépondérant dans l'héma-
topoièse. Notons aussi que les rats splénectomisés, quoiqu'en parfait état au départ, se
sont montrés moins résistants que les deux témoins et sont tous morts au cours du
voyage.
SÉANCE DU -2 JANVIER 1906. 67
6. Il faut noter encore, au point de vue de la répartition des hématies dans le sang,
que, même en plaine, le nombre des globules centraux est presque toujours inférieur à
celui des globules périphériques.
En résumé, l'action des hautes altitudes sur le sang se traduit toujours
et dès le second jour au moins par une hyperglobulie totale attestée par
une diminution delà valeur globulaire et coïncidant avec un déplacement
considérable des hématies vers la périphérie.
, La séance est levée à 3 heures et demie.
G. D.
BULLETIN BIBI.IOGKAPHIQUE.
Outrages reçus dans la séance du ii décembre igoS.
Comptes rendus hebdomadaires des Séances de l'Académie des Sciences, publiés
par MM. les Secrétaires perpétuels; Tome CXL, janvier-juin igoS. Paris, Gaulhier-
Villars, 1905 ; i vol. in-4°.
Institut de France. Académie des Sciences. Bulletin du Comité international per-
manent pour l'exécution photographique de la Carte du Ciel ;Tom&lV , fascicule 2.
Paris, Gauthier-Villars, igoS; i vol. in-4''.
Documents scientifiques de la Mission saharienne, Mission Foureau-Lamt, d'Alger au
Congo par le Tchad, par F. Foureau, Chef de la Mission, Lauréat de l'Institut; 2^ fas-
cicule : Orographie, dunes et phénomènes éoliens; hydrographie; Topographie;
Botanique (avec une Note de M. le D"' Bonnet). 3= fascicule : Géologie; Pétrogra-
phie, par M. L. Gentil; Paléontologie, par M. E. Haug ; Esquisse ethnographique ;
Note sur la Faune; Préhistorique (avec une Noie de M. le D'" Hamy et une Note de
M. le D' Verneau); Aperçu commercial; Conclusions économiques ; Glossaire; Index.
— Cartes. Paris, Masson et C'=, igo5; 2 vol. et 1 atlas in-4°. (Présenté par
M. Berthelol.)
Détermination de la hauteur d'un astre quand l'horizon n'est pas visible, par
E. Décante. Paris, R. Chapelot et G'", igo5; i fasc. in-S".
La Carte bathymélrique des Océans et l'œuvre de la Commission internationale
de Wiesbaden, parEaM. de Margerie. Paris, Armand Colin, igoS; i fasc. in-8°.
La théorie moderne des phénomènes physiques, radioactivité, ions, électrons, par
Auguste Righi; traduction libre sur la 1" édition italienne et Notes additionnelles, par
Eugène Néculcéa; Préface de G. Lippmann, Membre de l'Institut. Paris, édité par
L'Eclairage électrique, 1906; i fasc. in-S".
68 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le nouveau 'bassin houiller de la Lorraine française, par Francis Laur. Liège,
H. Vaillant-Carmanne, igoS; i fasc. in-8°.
La Géologie économique de l' Indo-Chine, par J.-M. Bel. Paris, Alcan-Lévy, igoS;
I fasc. in-S».
Anatomie de la tête du « Lasius niger », par Charles Janet. Limoges, Ducourtieux
et Goût, igo5; i fasc. in-S".
Les erreurs de la Science, par Louis-Charles- Emile Vial. Paris, chez l'Auteur, igo5;
I voL in-8°.
Le triomphe de la Science : loi mécanique qui régule (sic) l'Univers dans toutes
ses manifestations, par Ricahdo Lucio Arnaiz. Madrid, igo5; i fasc. in-8°.
ERRATA.
(Tome CXLI, séance du 26 décembre iQoS.)
Note de M. A. Lacroix, Sur un nouveau type [élrographique représen-
tant la forme de profondeur de certaines leucotéphrites de la Somma :
Page 1191, ligne i3, au lieu de Fe'SiO", lisez FeSiO'.
Noie de M. Gabriel Bertrand, Sur rem|)loi favorable du manganèse
comme engrais :
Page 1255, ligne 3, au lieu de oxydants, lisez oxydases.
Page 1256, ligne 4i ou lieu de Hill, lisez Hills.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 8 JANVIER 1906,
PRÉSIDENCE DE M. H. POINCARÉ.
MEMOIRES ET COMMUI\ICATIO.\M
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ÉLECTRICITÉ. — Sur une méthode permettant de déterminer la constante d'un
électrodynamomètre absolu à l'aide d'un phénomène d'induction. Noie de
M. G. LiPPMAXN.
On a toujours déterminé la constante d'un éleclrodynamomètre absolu
par le calcul. Ce calcul est très long. En outre, la précision du calcul im-
plique l'emploi de bobines solides, de grandes dimensions, et à une seule
couche de fil; la sensibilité de l'appareil exige l'emploi de bobines mobiles
légères, et à plusieurs couches de fil; il y a donc incompatibilité entre ces
conditions diverses, et c'est là ce qui rend difficile la construction d'un
bon éleclrodynamomètre absolu.
Méthode. — Supposons qu'il s'agisse d'un électrodynamomèlre-balance,
composé d'un système de bobines mobiles en présence de bobines fixes. On
veut connaître la constante de l'appareil, c'est-à-dire la force due au passnge
dP
d'un courant égal à l'unité. On sait que cette constante est égale à -j—y
P étant le potentiel du système fixe sur le système mobile, et ,r étant le
déplacement de ce dernier.
Pour déterminer la constante, il suffit de connaître la valeur de P
pour une valeur quelconque de x. A cet effet, supposons que l'on ait
construit un appareil à induction voltaïque dont la constante L soit bien
connue : L est le potentiel réciproque des deux bobines de l'appareil à in-
0. R., igofi, i" Semestre. (T. G\LII, N° 2.) 'O
yo ACADÉMIE DES SCIENCES.
duction. On mesure exactement le rapport de P à L, et par conséquent
l'on connaît P. On détermine ainsi la valeur P„ que prend P quand l'élec-
trodynamomètre est au zéro; puis la valeur P^ correspondante qui a lieu
quand le système mobile a été déplacé de â*=".
p p jp
Le quotient -^ — - est égal à -r- > c'est-à-dire à la constante de i'électro-
dynamomètre-balance.
Au lieu d'un électrodynamomètre balance où l'équilibre est établi par
une force, on peut vouloir graduer un électrodynamomètre à bobine incli-
nante, où l'équilibre est établi par le moment d'une force ('). Il faut alors
mesurer la valeur P^ que prend P quand l'appareil est au zéro, puis la
valeur P^ qui a lieu quand la bobine mobile est maintenue déviée d'un
, est eç^al a -p-
l'électrodynamomètre, ou au moment développé par l'unité de courant
P
L
angle oo. Le quotient—^ ^ est éçal à -t-> c'est-à-dire à la constante de
loppé par l'unité d
P
Il reste à indiquer comment on peut mesurer le rapport j et, d'autre
part, comment on peut connaître exactement la valeur de L.
p
Mesure du rapport y • La mesure de ce rapport peut se faire avec une très grande
précision par une méthode de zéro qui est la suivante. Un courant de pile est envoyé
dans la lujbine inductrice de l'appareil à induction et interrompu n fois par seconde.
Si l'on fait passer les courants induits de rupture à travers un circuit de résistance R,
la quantité totale d'électricité induite par seconde est —5—) 1 étant l'intensité maxima
du courant inducteur. Faisons passer en même temps le courant inducteur à travers
les bobines fixes de l'éleclrodynamomètre et fermons la bobine mobile, qui fonctionne
rtP
comme bobine induite, sur une résistance R'; la quantité d'électricité induite est -rrr'
Les deux circuits induits comprennent les deux bobines d'un galvanomètre différentiel;
on dispose de R et de R' de manière que le galvanomètre reste au zéro.
La condition d'équilibre est
nh\ _ n PI
Les valeurs de ti et de I sont les mêmes de part et d'autre; ces grandeurs dispa-
raissent donc de l'équation; on n'a pas à s'en occuper et l'équation d'équilibre se
(') J'ai proposé l'emploi de ces appareils en 1882 {Comptes rendus, t. XCV,
p. i348).
SÉANCE DU 8 JANVIER 1906. 71.
réduit à
P_Lx j^.
r>
Le rapport des résistances — est donc seul à mesurer; il est donné avec une grande
approximation par un pont de Wheatstone.
Détermination de la constante L. — La constante L est le potentiel réci-
proque de deux bobines fixes, inductrice et induite.
Ces appareils étant fixes, on peut leur donner de grandes dimensions,
qui se prêtent à une détermination exacte de L. C'est là précisément
l'avantage de la méthode que j'ai l'honneur de proposer. Ou peut de plus
leur donner une forme qui rende le calcul de L singulièrement simple.
Tel est le dispositif imaginé par M. A. Guillet (' ) :
L'inducteur est une bobine de longueur l; l'induit se compose de n bobines conaxiales
avec l'inducteur, et dont chacune est distante de la précédente d'une longueur /. Ce
système équivaut à une seule bobine induite actionnée par un inducteur de lon-
gueur ni. On prend ni assez grand pour que le calcul de L se fasse très aisément.
Cas d' un électroaynamométre symétrique. — La méthode indiquée plus
haut est applicable à un électrodvnamomètre quelconque. Lorsqu'on a le
soin, comme on le fait d'ordinaire, de donner à l'instrument une forme
symétrique, l'application de la méthode est simplifiée. En raison de la sy-
métrie, Po est nul. Il suffit donc de mesurer Pyj, et de diviser par h, pour
obtenir la constante cherchée.
Pa croissant avec h à partir de zéro, on peut profiter de cette circon-
stance pour opérer comme il suit : faire croître graduellement P;^, en aug-
mentant h, jusqu'à ce que Pa= L; pour constater cette égaillé, mettre les
deux induits à comparer dans le circuit d'un galvanomètre ordmaire, et
disposer de h pour que le galvanomètre reste au zéro.
L'électrodynamomèlre à bo îine inclinante est symétrique. On a encore
Po^o. Il suffit donc d'incliner graduellement la bobine jusqu'à ce que
le galvanomètre reste au zéro, et à mesurer l'angle a.
En résumé, pour déterminer la constante d'un électrodynamomètre sy-
métrique, l'expérience de mesure consiste à constater l'équilibre d'un gal-
vanomètre, puis à mesurer soit un angle, soit une longueur.
(') Thèse de Physique, Paris, i8gy {Journal de Physique, 1899).
72 ACADÉMIE DES SCIENCES.
AT. Radai', Président du Bureku des Longitudes, présente à l'Académie
la Connaissance, des Temps pour Tan 1908.
M. Mascart fait hommage à l'Académie de deux fascicules des Annales
du Ihireau central météorologique, qu'il publie en qualité de Directeur du
Bureau.
CORRESPONDANCE.
MM. Emile Borel, J. Costaxti.v, J. Dechery, Gallaud, Gossot, Kap-
TEYN, LiecviLLE, Louis Lapicque et M™* Lapicque, Laurent, Paul Saba-
TiER, J.-B. Senderens adressent des remercîments à l'Académie pour les
distinctions accordées à leurs travaux.
ASTRONOMIE. — Sur les comètes et la courbure de la trajectoire solaire.
Note de M. Emile Belot, présentée par M. Poincaré.
D'après Schiaparelli, une masse agissant par attraction différentielle sur
les molécules d'un nuage cosmique peut le résoudre en traînées allongées
vers la masse attirante. On voit de ces traînées dans les Pléiades et dans
Orion.
Supposons que les comètes proviennent, entre certaines limites de
distance au Soleil, de traînées semblables T,, T^ dirigées le long de la tra-
jectoire solaire vers l'apex et l'anti-apex.
Soit, pour fixer les idées, p = 400000 la distance moyenne au Soleil des
comètes actuellement visibles lorsqu'elles étaient à l'origine dans ces traî-
nées : p est de l'ordre des dislances des étoiles les plus voisines.
Une comète partant de la distance p sans vitesse relative a mis 45 millions
d'années à nous parvenir. Si, à la distance p, elle avait une vitesse relative
de 3""" par seconde, elle a mis moins de 640000 ans à parvenir au Soleil
en parcourant une orbite à peine hyperbolique dont le demi-axe réel est
égal à 100. Une comète nettement hyperbolique parviendrait au Soleil de
la dislance p en moins de 3oo 000 ans.
Ainsi, toute comète hyperbolique a dû, dès l'origine, disparaître rapide-
SÉANCE DU 8 JANVIER 1906. 78
ment, absorbée soit par le Soleil non encore condensé, soit, lorsqu'elle
s'en éloignait, par les masses cométaires qui s'en rapprochaient.
L'absence de comètes hyperboliques s'expliquerait ainsi par la sélection
naturelle opérée par le temps entre elles et les comètes paraboliques.
Une autre conséquence peut se déduire de l'hypothèse précédente : les
comètes paraboliques actuelles doivent pouvoir nous renseigner sur la
direction qu'avaient, il y a 45 millions d'années, les traînées jalonnant la
trajectoire solaire.
Je me suis servi de la Table de iM. Holelschek contenant les éléments elliptiques de
355 comètes dont il suffit de corriger les t. de la valeur de la précession. En désignant
par D les comètes directes, R les rétrogrades, et répartissant les périhélies ir sur le
cercle de l'écliptique, on irouve les groupements indiqués au Tableau suivant dont les
deux dernières colonnes donnent les '^ des maxima et minima constatés sur un arc de
longitude de 20° :
CciUrcs
Arcs ^.
0 0
3i5 — 45- • ■
Nombre des n.
. 83
de gravite
des T.
»
Ma\ima.
.1^,= fo"34:T
Minima.
■'.Il
= 3o
0 1
, I it: J^3=35o
45 — i35. . . ,
io7( 6iDh-46R)
89.24
-'^ 2 = 1 00 , 3 I ÎT
»
1 l35 223. . . ,
, 60
»
»
4^2 = 180°, iot:
' 225 — 3i5. . .
io5( 46D -+- 59 H)
•270.26
.'^3= 275,86^
))
j 90-270...
. i62( 82D-1-80U)
»
»
»
i 270— 90...
i93(io3D + goli)
»
»
»
L'existence des deux traînées Tj, T2 paraît confirmée par l'accumulation des 7: dans
les quadrants (225°-3i5°) et (45''-i35°) contenant les longitudes de l'apex et de l'anli-
apex, ainsi que par la position des maxima -i^j, 4^3.
Le maximum .P,=:io compris entre les minima .^,= 3o et -^3^350° est dû à
Jupiter, dont la longitude du périhélie est ii''55'.
La position des centres de gravité des t. vers l'apex et l'anti-apex permet seulement
de conclure que l'angle des tangentes actuelle et ancienne à la trajectoire solaire est
faible et voisin de 1° puisque 270°26' et 89° 24' difTèrent de i78''46'. Mais on peut, en
outre, définir le sens de la courbure ancienne de la trajectoire solaire.
Soient '^= 270° — a la longitude actuelle de l'apex ; J^ = 270° celte longitude, il y a
environ 45 millions d'années, lorsque les comètes actuelles étaient dans les traînées T,,T2
à la distance p. Construisons aux points 4^^ 270°, / = 90° les vitesses relatives V,, V,
de pénétration des comètes dans la sphère de rayon p en supposant à celle-ci la direc-
tion de translation de la sphère acluelle p,. La vitesse absolue des comètes de la
traînée Tj est plus petite, et celle des comètes de la traînée T2 plus grande que la
vitesse de la translation solaire, puisque ces deux traînées se raccourcissent vers le
Soleil.
74 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il en résulte que la vitesse V,, issue de ^^ 270°, sera déviée à droite de
la ligne 90°-270° dans le sens des orbites directes dont les -k seront en
majorité vers la longitude opposée (90°); de même Vj, issue de 4^= 90°,
sera déviée à droite de la ligne (90°-27o°) dans le sens des orbites rétro-
grades, dont les tt seront en majorité vers la longitude opposée (270°).
Une autre conséquence est que les comètes visibles ont pénétré dans la
sphère p par des points dont 4^>90° ou 4^ <! 270°, ce qui produira une
accumulation des TC dans le demi-cercle (270°-9o'').
Or, le Tableau montre cette accumulation des tu : igSw de 270" à 90",
et i627r seulement de 90° à 270°. En outre, le quadrant i35°-2i5'' est de
beaucoup le plus pauvre en périhélies (ôotu).
Enfin, dans le quadrant 45°-i35°, il y a prédominance des comètes D
(61 D contre 46R), tandis que la prédominance inverse (SgR contre 46 D)
existe dans le quadrant opposé (225°-3i5°) comme la théorie nous l'in-
dique.
Si la longitude de l'apex a été de 270° dans le passé, et si elle est actuel-
lement 270° — a, on en conclut que le centre de courbure de la trajectoire
solaire a été, anciennement, dans le plan de l'écliplique vers ^= 180".
L'hypothèse par laquelle nous avons admis que les masses cométaires
provenaient de traînées T,, T^ jalonnant la trajectoire solaire est la consé-
quence immédiate de la théorie présentée diins la Note insérée aux Comptes
rendus (4 décembre 1905, p. 937) qui, par la considération de la vitesse V^,
laissait encore indécise la question de savoir si le centre de courbure de
la trajectoire solaire avait été anciennement vers 4^^ o ou ^= 180°.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les transformations planes.
Note de M. Hada.^iard, présentée par M. Painlevé.
1. Soient X et Y deux fonctions des variables x et y, définissant une
transformation ponctuelle plane. L'inversion est-elle possible et univoque ?
Autrement dit, les équations de transformation, considérées comme défi-
nissant X et j, en fonction deX et Y, admettent-elles (lorsque X et Y ont
des valeurs données quelconques):
a. Toujours une solution ? (Possibilité.)
b. Jamais plus d'une solution ? (Unicité.)
Cette question tout élémentaire a reçu, à maintes reprises, une réponse
inexacte. On a souvent, en eflet, considéré comme condition suffisante le
non-évanouissement du déterminant fonctionnel.
SÉANCE DU 8 JANVIER 1906, 75
2. Pourtant, dès le cas d'une seule variable x et d'une seule fonction
X =/(ir), le fait que la dérivée/' soit différente de zéro, suffisant pour
l'unicité, n'assure pas à lui seul la propriété (a). Il faut encore que l'inté-
grale //' dx soit infinie pour x' = ± ao.
Dans le cas de njs dimensions, il est d'ailleurs visible qne le rôle de la
dérivée ne doit plus être joué, à ce point de vue, par le déterminant fonc-
tionnel, mais pir le petit axe m de l'ellipse de déformation, c'est-à-dire,
pour n = 2, par la plus petite val-eur du rapport
sl(dX^ + dY^)\(dx'' + dy'),
celle-ci devant vérifier la condition suivante :
« Condition (^m). — La quantité m ne s'annule jamais à distance finie.
A l'infini, ou bien elle reste supérieure à un nombre positif fixe, ou, si elle
peut devenir infiniment petite en même temps que- (« = \Jx^ + J*)> l'in-
tégrale imdt est infinie, w
3. Mais, en même temps, une difficulté nouvelle apparaît en ce qui
regarde la condition (è). On sait, en effet, que le non-évanouissement du
déterminant ne suffit plus (pour n =^ 1) à assurer l'unicité dans une région
finie quelconque du plan.
Les fonctions X, Y étant définies pour toutes les valeurs de x, y inté-
rieures à un certain cercle C, de manière que leur déterminant fonctionnel
reste toujours positif et supérieur à un nombre fixe, il peut néanmoins
arriver que deux ou plusieurs systèmes de valeurs de x et de y fournissent
le même système de X et de Y (').
4. Ce fait donnera peut-être quelque intérêt à la remarque suivante :
Si la condition (m) (n° 2) est vérifiée dans tout le pl.vn des xy, les deux
conditions (a) et (b) sont remplies : l'inversion est possible et univoque.
Ainsi, une transformation peut se comporter, à l'intérieur d'un cercle C,
comme il vient d'être indiqué au n" 3; mais une telle transformation ne
saurait être, de quelque manière que ce soit, prolongée indéfiniment en
dehors de C, si l'on veut satisfaire à la condition (m) tant à distance finie
qu'à l'infini.
5. La démonstration est très simple, au moins dans son principe : il suf-
fit de suivre la déformation du contour S(/) qui, dans le plan des XY, cor-
(') Voir GoukSAT, Cours d'Analyse, l. I, p. 299; et, à un autre point de vue, les
travaux de Lipschilz, Kneser, Arzelà.
76 ACADÉMIE DES SCIENCES.
respond à la circonférence de rayon t du plan des xy. Si, à partir d'une
valeur /„ de^, la transformation cesse d'être bi-univoque, S présentera au
moins une boucle, c'est-à-dire un contour partiel n se fermant sur lui-même
par un point anguleux unique.
Tout point double/» d'un contour le divise en deux boucles, l'une exté-
rieure, c'est-à-dire telle que les points compris dans un angle au sommet
ont, par rapport à S, un indice plus petit que les autres points voisins de p ;
l'autre intérieure, où l'inverse a lieu.
Tout contour fermé qui a des points doubles présente au moins une
houc\e simple, c'est-à-dire ne se coupant pas elle-même et délimitant, par
conséquent, une aire déterminée.
6. Suivons maintenant la déformation de S. Supposons, pour simplifier,
les fonctions X, Y analytiques et sans singularités réelles à distance finie.
Alors les points doubles de S seront en nombre fini et ne changeront de
nombre ou de disposition qu'un nombre fini de fois |)our t fini.
Ces points doubles ne pourront pas, comme il arrive dans d'autres cas,
naître ou disparaître par des boucles évanescenles (lesquelles, pour se ré-
duire à des points, devraient avoir une courbure infinie, contrairement à
nos hypothèses), mais seulement \^Ar àes,bi angles (contours fermés partiels
à deux points anguleux) évanescents extérieurs ou intérieurs (au même
sens que précédemment). En supprimant de S un biangle extérieur ou inté-
rieur, il reste deux boucles intérieures dans le premier cas, extérieures
dans le second.
Il résulte de là qu'un contour se déformant comme S (c'est-à-dire de
manière que les indices aillent toujours en croissant) ne peut avoir de
boucle simple intérieure.
7. Prenons alors la boucle simple a,, extérieure au sens précédent, mais
intérieure au sens vulgaire du mot, que présente le contour S(/o). On
constatera aisément que cette boucle (qui, nous l'avons vu, ne peut déjà
pas disparaître en se réduisant à un point) ne peut être détruite d'aucune
façon. Tous les contours successifs S(^) présenteront des boucles simples a,
variant quelquefois discontinùment, mais intérieures les unes aux autres.
Dès lors il existera, dans le plan des XY, un point P intérieur à tous les
contours n. Or c'est ceci qui, à l'infini, est incompatible avec la condi-
tion {m), comme on le reconnaît immédiatement en joignant P à un point
de (7o, et considérant l'intersection (y) de la ligne ainsi obtenue avec
chaque ligne c, ainsi que l'image de q dans le plan des xy-
8. L'hypothèse de la non-analyticité de X, Y introduit une difficulté,
mais toute superficielle. Les points doubles peuvent être en nombre infini
SÉANCE DU 8 JANVIER 1906. y 7
et se modifier une infinité de fois. Mais il est possible de les pnrlager en
groupes dont chacun joue, dans les raisonnements, le rôle d'un ou de deux
points doubles, et qui sont en nombre fini.
9. Il est aisé^de voir ce que devient la propriété précédente pour des va-
riétés à connexion multiple. Il n'est pas douteux non plus qu'elle ne
s'étende aux espaces à trois ou plus de trois dimensions. Mais les considé-
rations d'Analysis situs deviendraient alors plus compliquées.
MÉCANIQUE. — Sur le mouvement non stationnaire d'un ellipsoïde fluide de
révolution qui ne change pas sa figure pendant le mouvement. Note de
M. W. Stekloff, présentée par M. Emile Picard.
Nous allons indiquer le deuxième et dernier cas possible du mouvement
non stationnaire d'un ellipsoïde fluide de révolution, lorsqu'il ne change
pas sa figure pendant le mouvement.
Le mouvement, comme dans le cas signalé dans mes Notes précédentes
(11 déc. et 26 déc. igoS), se décompose en mouvement d'entraînement,
se réduisant à la rotation de l'ellipsoïde, comme s'il était un cojps solide
[système (A)], autour de son centre et en mouvement relatif du liquide
par rapport à ce système (A).
1. Mouvement d'entraînement. — La composante r de i2 (voir Notes
citées) peut être donnée à l'avance en fonction arbitraire de t.
La composante w reste constante pendant le mouvement.
Désignons par 17' la racine positive de l'équation
, <r-+-i 10 7- — 3t — 4
lOÛ
I \ji- — oi- — gj-i-i
qui n'admet qu'une seule racine positive comprise dans l'intervalle (i, |)
(en faisant l'abstraction de la racine u = -h oo).
Posons
J.(.) = .(.4-.)(c^-l)^^^^logl^-3
Le mouvement est impossible si
C. R,, 190G, I" Semestre. (T. CXLII, N» 2.) I I
78 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Si
il faut distinguer deux cas différents
1° Si
^ ^ '"^ ^ ^
°<T<75'
l'équation
n'admet qu'une seule racine réelle r,^ et rien qu'une.
A chaque valeur co„ de co, prise dans l'intervalle (o, ^), correspond un
seul ellipsoïde dont les axes sont déterminés par les équations
2° Si
I. 2 v/c ^
V c — a
l'équation (i) admet deux racines réelles et positives fr, et i7o.
A toute valeur oj„ de w satisfaisant aux inégalités précédentes corres-
pondent deux ellipsoïdes différents dont les demi-axes ya,, ye, et yo^, yôa
sont déterminés par les équations
cii = h„ arci = v^, ' = -7,-, r, > a, (1 = 1,2).
\JCi—ai
Les composantes /), q, r de la vitesse angulaire Q. s'expriment en fonc-
tions de t comme il suit :
p =z oj,| cosT, q =:± ojp sinx, /■ = fonction donnée de t,
où
T = ^: I rdt + consl.
2. Moiwemenl relatif. — Les composantes u^, c,., w,- de la vitesse relative
d'un point quelconque ^, n, C du liquide s'expriment en fonctions de /
comme il suit
SÉANCE DU 8 JA^fVIER 1906. jg
dk , vf-i(i — cf) •
_i=:M,. = rri±Q SUIT,
dt <^
^ ■' . dt ' '
dt io(j . c • \
dt ' 1 + 7 ^
où il faut remplacer t par l'une des quantités To, t, et Co.
Les équations (2) admettent toujours l'intégrale suivante :
H — = const.
a c
Il importe de remarquer que les trois cas du mouvement d'un ellipsoïde
fluide de révolution, signalés dans cette Note et dans les deux Notes précé-
dentes, sont les seuls possibles, de sorte qu'il n'existe aucun cas digèrent de
ceux-ci.
MÉCANIQUE. — Sur la stabilité des aéroplanes et la construction rationnelle
des plans sustentateurs. Note de M. Edmond Seux, présentée par M. d'Ar-
sonval.
Tout le problème de l'aviation se réduit à la recherche de la stabilité
longitudinale. La valeur sustentatrice des aéroplanes actuels nous paraît
suffisante pour permettre de se lancer dans les airs, mais avec danger de
voir, à chaque instant, se rompre l'équilibre et dès lors chuter, tel un
oiseau mort.
Tous les efforts des chercheurs doivent donc tendre vers l'équilibre lon-
gitudinal automatique, qui seul nous fait espérer de maintenir dans une
certaine amplitude les oscillations de l'appareil, en limitant les variations
des centres de pression et de gravité, ces deux centres éminemment
variables, suivant la pression de l'air et la vitesse de translation.
En se reportant aux travaux théoriques et pratiques d'Alphonse Penaud,
l'inventeur français qui, le premier, en 1872, a donné la théorie d'un gou-
vernail lie stabilité et fait fonctionner le premier aéroplane équilibré,
travaux que l'on semble avoir perdus de vue, et qui pourtant ont une réelle
valeur, en ce sens que, à peu de chose près, tout ce qui fera la navigation
aérienne par l'aéroplane y est étudié avec le plus grand soin, on remarque
8o ACADÉMIE DES SCIENCES.
que Penaud place son gouvernail réguiaLeur à l'arrière, avec jusle raison;
celui-ci agil alors sur un plus grand levier, son attaque sur l'air est moins
brusque et il offre une moindre résistance à l'avancement.
Nos études personnelles nous ont suffisamment démontré que ce gou-
vernail régulateur ne doit pas être fixé à un angle donné, mais doit pouvoir,
sous la pression de l'air, céder dans une certaine mesure, au-dessus ou
au-dessous de sa position normale, suivant que l'air le frappe sur sa sur-
face inférieure ou supérieure; action d'autant plus efficace que la vitesse
de l'appareil est plus grande.
Si nous admettons que les courants aériens sont généralement ascen-
dants (quelques observateurs admettent un angle de 2° à 3°), on voit
aussitôt la nécessité, pour le gouvernail de stabilité, d'être, dans sa
position moyenne ou normale, incliné de quelques degrés sous le plan
sustentateur. Dans ce cas, l'angle d'attaque de l'air par les plans est donné
par ce gouvernail qui fend l'air par la tranche et, pour qu'il y ait sus-
pension, l'angle que celui-ci forme avec les plans ne doit jamais être nul.
Ce gouvernail peut n'être pas entièrement rigide. Il serait bon, au
contraire, que les angles postérieurs et les extrémités latérales puissent se
relever légèrement au-dessus de leur plan moyen, ce qui ajouterait à la
stabilité générale du système.
On s'acharne de nos jours à construire des aéroplanes d'une rigidité
absolue, avec lesquels il est difficile, pour ne [)as dire impossible, d'obtenir
un équilibre parfait. Il nous paraît utile de rappeler que, même dans le vol
plané où à voile, où les ailes semblent immobiles, c'est encore et surtout
V élasticité qui \oi\e le plus grand rôle.
D'après de longues observations que nous avons faites en Algérie et en Tunisie sur
le vol des oiseaux voiliers et sur les oiseaux de mer, observations portant sur une
période de cinq années, nous sommes à même de prouver que l'aile, dans le vol plané
et à voile, n'est à aucun moment complètement immobile, au moins dans ses parties
latérales extrêmes; celles-ci, selon la vitesse du courant aérien, fléchissent et se
tordent à chaque instant sur leur axe, euregistranl toutes les variations du vent, ce qui,
à notre avis, doit procurer à l'oiseau un pouvoir sustentateur extraordinaire.
Chez l'oiseau, le moindre mouvement des ailes est évidemment l'eflet d'un travail
des muscles, mais l'énergie musculaire ne se transforme pas directement en locomotion;
le mouvement de l'aile met d'abord en jeu Vélasticilé.
Cette action élastique qui, dans le vol à voile, semble être indépendante de la
volonté de l'oiseau, peut être comparée à celle des ressorts qui ploient sous l'influence
d'une force convenable et reprennent ensuite leur forme primitive, en surmontant, dans
ce retour, les résistances plus ou moins grandes que l'on pourrait leur opposer.
Dés lors, il nous paraît tout indiqué de tenir compte des enseignements de l'oiseau,
SÉANCE DU 8 JANVIER 1906. 81
enseignements qui peuvenl très bien être appliqués à l'appareil humain, et de s'atta-
cher à coiisti'uire des néro|)lanes semi-rigides, semi-flexibles, les parties flexibles étant
placées à chaque e\trémilé latérale, et pouvant, sous l'effort naturel de ressorts conve-
nablement disposés, avoir deux mouvements distincts : flexion de bas en haut et torsion
sur leur axe.
Si l'on suit attentivement les travaux des Américains, on remarque que les frères
^\'right n'ont obtenu de réels résultais que depuis qu'ils ont construit et expériraenlé,
en 1908, un appareil possédant des articulations à charnière peimellaiit aux surfaces
formant les ailes ou à des parties de celles-ci de se tordre ou de se plier en dehors de
leurs plans normaux, mouvement donné de la nacelle par l'aviateur au moyen de
cordes de manœuvre montées sur un système de poulies.
L'ensemble de nos recherches nous amène à conclure que l'aéroplane
devra posséder :
1° Un appareil de réglage automatique de stabilité longitudinale, qui
sera vraisemblablement un plan régulateur placé à l'arrière et mobile sur
son axe, se mouvant d'un certain degré au-dessus et au-dessous de son
plan normal, ce plan normal relevé de quelques degrés au-dessus de l'ho-
rizontale.
2° Un ou deux plans sustentateurs semi-rigides, semi-flexibles. Les par-
ties latérales extrêmes de ceux-ci pouvant, automaliquement et selon leur
pression plus ou moins forte sur l'air ambiant, se relever au-dessus de
leur plan normal et reproduire, en même temps, le mouvement de torsion
des extrémités de l'aile, lequel, chez l'oiseau qui plane ou vole à voile, est
une des causes essentielles de sa sustentation et de son équilibre.
Sans entrer dans des détails de construction qui nous entraîneraient trop
loin, il nous paraît suffisamment démontré par l'expérience que les appa-
reils les plus simples de construction donneront le meilleur rendement, la
puissance nécessaire à Itur propulsion étant réduite dans de notables pro-
portions.
PHYSIQUE. — Sur les variations avec la température des spectres d émission
de quelques lampes électriques. Note de M. P. Vaillant, présentée par
M. J. VioUe.
A. Lampe Cooper-Hewitt. — Une lampe de 11 o volts absorbe, en régime
normal, abstraction faite du rhéostat de réglage, une puissance de 200 watts.
Cette puissance peut être progressivement abaissée à 99 watts avant que la
lampe s'éteigne. Pour chaque valeur de la puissance, lorsque le régime
82 ACADÉMIE DES SCIENCES.
permanent des intensités lumineuses est établi, la température de la vapeur
peut être considérée comme constante. La lampe permet donc de comparer
commodément, à diverses températures, les intensités des diverses radia-
tions simples de la valeur de mercure.
Les résultats que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie sont relatifs
aux radiations
(077 - ç)f^, .546^''', /|92i^!*.
Les radiations 61 S*^** et 4^S^^ étaient, la première trop faible, la seconde
trop intense par rapport à la source de comparaison (lampe de 1 10 volts à
filament de carbone) pour se prêtera des mesures photométriques précises.
Intensités lumineuses
Puissance (on a pris pour unités les intensités
consommée en régime normal)
dans la lampe — — '- —
(en watts). 577 — Oi'i'. 5i(;:':\ 492w.
200 1 I I
lyS o,855 o,863 0,871
i5j o,j5q 0,766 0,776
1/42 0,643 0,660 0)679
128 0,549 o,583 0,608
118 0,456 0,545 0,578
108 0,392 0,455 o,5i5
99 "'34i 0,398 0,449
Les écarts observés dépassent les limites d'erreur photométrique. On
doit en conclure que l'énergie fournie à la lampe, dont une partie se trans-
forme en énergie lumineuse, se répartit inégalement suivant la température,
l'intensité lumineuse croissant d'autant plus rapidement avec la puissance
fournie que la longueur d'onde est plus grande.
On sait que, dans le spectre d'émission d'un solide, l'intensité croît d'au-
tant plus vite avec la température que la longueur d'onde est plus courte.
Il semble que la vapeur de mercure se comporte de façon opposée. En fait,
la masse de mercure vaporisée diminue avec le nombre de watts appliqués
à la lampe, et il peut se faire que la vapeur soit d'autant plus chaude que
ce nombre de watts est plus faible, ce qui expliquerait l'anomalie observée.
Le courant fourni aux lampes était emprunté à une batterie de 60 accu-
mulateurs. Un rhéostat de réglage, en série avec la lampe de comparaison,
permettait de maintenir à 110 volts la différence de potentiel entre les
bornes de celle-ci.
C 1/î
a; -aj
c
SÉANCE DU 8 JANVIER 1906. 83
B. Lampe à filament de carbone, lampe au tantale et lampe Nemst. — Je
me permets de joindre iiiix résultats qui précèdent quelques chiffres obte-
nus sur 3 lampes de i 10 volts, de constitution différente et auxquelles on a
appliqué des différences de potentiel variant de 120 à 82 volts. Ces chiffres
mettent en évidence les variations de composition et d'intensité de la lu-
mière avec le nombre de watts. On a pris pour unités les intensités en
régime normal.
Lampe au carbone Lampe au tantale Lampe Nernst
de 16 bougies. de 35 bougies. de 3o bougies.
Volts 120 100 90 82 120 100 90 82 120 100 92 90
Ampères... 0,69 o,48 0,43 o,38 o,35 o,3o 0,28 0,26 o,34 0,22 0,17
1 459l^'^--- -■ f 1,82 0,49 0,26 0,12 1,46 0,61 0,35 0,20 2,47 0,32 0,10
1488.... il 1,76 0,53 0,28 o,i5 1,39 0,62 o,36 0,20 2,35 0,32 0,12 ^
. 1 523 ... . ~ ) 1 ,73 0,54 0,29 o, i5 1 ,33 0,62 0,37 0,21 2,24 0,34 0,17 a
\ 570 i j 1,73 o,56 0,02 0,16 i,3i o,63 o,38 0,21 2,o4 0,37 0,18 g
I 638.... si 1,71 0,57 0,33 0,17 i,3i 0,68 o,4i 0,26 2,01 o,38 0,19 —
\ 760.... - 1,60 0,59 0,37 0,20 1,22 0,72 0,47 0,3o 1,82 0,42 0,23 J
Inlens.moy. 1,72 0,oi) 0,31 0,1G ],:îV 0,()'i 0,39 0,23 2,16 0,36 0,17
Enfin, si l'on compare les trois lampes en régime normal, en égalant leurs
intensités moyennes, on a :
X en ijtu. 459 488 523 570 638 760
Carbone .... 1 i i 1 i l
Tantale 1,18 1,17 1 ,o3 0;94 0,78 0,62
Nernsl 0,92 1,07 i,o4 i,o3 1,02 0,91
CHIMIE MINÉRALE. — Un nouveau type de composé dans le groupe
des métaux rares. Note de MM. C. Matigxo.\ et E. Gazes.
I^e chlorure anhydre de samarium SmCP(Sm= i5o), préparé par l'un
de nous ('), possède la propriété d'être réduit par l'hydrogène en donnant
naissance à un sous-chlorure, le chlorure samareux.
I. La réduction exige une température assez élevée. On opère dans un
tube épais en verre d'Iéna fortement chauffé; la matière noircit quand la
réduction commence et le système binaire des deux chlorures fond aussitôt
en un liquide épais qui bouillonne par suite du départ du gaz chlorhy-
(') Coni/iles rendus, t. C WXI\ , 1902, p. 427, el t. CXL, 1905, p. 1181.
8'i ACADÉMIE DES SCIENCES.
drique. La substance est placée dans une nacelle en porcelaine ou mieux
en platine à cause de la difficulté de détacher la substance fondue du vase
en porcelaine. On réduit de préférence une quantité de chlorure assez
faible par suite de la lenteur de la réaction qui n'est pas éloignée des con-
ditions limites de sa possibilité.
Dans une première opération, qR.Sîôs de SniGI^ ont perclu 05,0789; dans une
seconde, 08,2720 ont abandonné 00,0377. Les résidus analysés ont donné les valeurs
suivantes en chlore et en saniarium :
Trouvé.
- — -." ~ Calculé
I. II. pour SmCl".
Chlore 82,12 82,11 82,12
Samarium 67198 67,84 67,87
Les pertes de poids concordent aussi avec la transformation de SmCI' en SraCI^ :
Perle trouvée. Calculée.
1 i4>o4 18,82
Il t8,83
La réaction qui, dans les conditions oîi elle se produil, est réversible,
peut s'écrire
SmCl'-|-^iH=^SmCI-+ HCl.
IL Nous avons pensé activer la réduction en remplaçant l'hydrogène
par le gaz ammoniac. Cette substitution présente un double avantage. La
réaction est légèrement activée et, en outre, le gaz ammoniac liquéfié et
abandonné longtemps au contact de la potasse ou de la soude fondue pré-
sente toutes les garanties de dessiccation indispensables au maniement des
chlorures anhydres des métaux rares.
Quand la réaction est terminée, on laisse refroidir le chlorure dans
l'hydrogène pour éviter la formation de composés d'addition avec l'am-
moniaque. Le chlorure samareux reste seul dans la nacelle séparé du
chlorure d'ammonium volatil
3Sm(:l' + 4AzH^ = 3.SmCl--f-3AzH*Cl+ Az.
III. Avec l'ammoniaque, la transformation est encore lente. On a cherciié à amé-
liorer la préparation de ce chlorure intéressant en enlevant l'alome de chlore par
l'aluminium. La volalilité du chlorure d'aluminium rend l'opération particulièrement
commode. Le chlorure est mélangé intimement, à l'abri de l'humidité, avec la quan-
tité calculée d'aluminium en poudre; le mélange est ensuite chaufï'è fortement dans un
I
SÉANCE DU 8 JANVIER 1906. 85
courant lent d'hydrogène. On obtient un résidu de sous-chlorure pur
3SniCl'+ Al= A1CH4- SSmCl^
Quel que soit le mode opératoire suivi, la préparation est toujours délicate et exige
un courant gazeux rigoureusement sec; comme l'opération est lente, la moindre trace
d'humidité finit à la longue par décomposer une partie du produit en donnant un peu
d'oxjchlorure qui cristallise dans le chlorure samareux :
SmCl^+ 11^0 = SmClO -h 2ÏICI,
SmCl-+ 11-0 = SmClO -t- HGl H- II.
IV. Le chlorure samareux se présente sous la forme d'une masse cristalline brun
foncé, dont la poudre est louge brun. Examinée au microscope, la poudre est rouge,
transparente et cristalline. Sa densité a été trouvée égale à 3,68- à 22".
Le sulfure de carbone, le benzène, le toluène, le chloroforn)e, la pyridine, etc. ne
dissolvent parle chlorure samareux. L'alcool absolu qui dissout si facilement les chlo-
rures anhydres des métaux rares (') ne dissout pas le chlorure samareux et reste sans
aciion sur lui à la température ordinaire. J'appelle l'attention sur cette propriété qui'
sera utilisée pour la séparation des métaux rares.
L'eau dissout immédiatement ce sous-chlorure en donnant une liqueur rouge brun
très foncée, mais en même temps il y a dégagement d'hydrogène et peu à peu la liqueur
se décolore. L'agitation active la décoloration. Il reste finalement dans l'eau un résidu
insoluble, légèrement jaune. La liqueur séparée du résidu contient tout le chlore tandis
que la partie insoluble est formée par île l'oxyde de saniariuin soluble dans l'acide
chlorhj'driqiie étendu.
Exposé à l'air, le chlorure samareux attire rapidement 1 humidité de l'air en prenant
une teinte rouge sang, puis il éprouve la transformation indiquée et laisse finalement
un résidu jaune.
Dans les conditions où rhvtlrogène et le gaz ammoniac réduisent le chlo-
rure saniarique, Ils restent sans action sur les chlortires de praséodyme et
de néodyrae. Comme conséquence des propriétés précédentes, on entre-
voit immédiatement des méthodes pour l'analyse et 1^ séparatioa du. saHia»
rium contenu dans un mélange de praséodvme et de néodyme.
Il parait probable que le praséodyme et le néodyme sont susceptibles
dans des conditions convenables de donner aussi naissance à un sous-chlo-
rure; c'est du moins ce que paraissent indiquer certaines propriétés du
métal néodyme isolé par l'un de nous (-). ""-
L'étude des applications signalées précédemment est continuée ainsi
que la recherche des sous-chlorures des autres métaux rares.
TTTT /V-
(') Comptes rendus, t. CXXXIII, 1901, p. 289 et t. CXXXIV, 1902, p. 427.
(-) Comptes rendus, t. CXXXIII, 1901, p. 289.
C. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N° 8.) Ï2
b6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE MINÉRALE. — Préparation électrolylique de l'étain spongieux.
Note de M. D. Tommasi, présentée par M. H. Moissan.
L'électrolyseur à l'aide duquel on prépare l'étain spongieux se compose
d'une cuve rectangulaire contenant la solution suivante : eau, 5o parties;
chlorure stanneux, lo parties; acide chlorhvdrique, i partie.
Dans ce bain plongent deux anodes en élain; au milieu de ces anodes est disposée la
cathode, laquelle est constituée par un disque en cuivre fixé par son centre à un arbre
en bronze jsouvant être animé d'un mouvement de rotation.
j^Un segment seulement du disque plonge dans le bain, de telle sorte que chaque
section de la zone plongeante du disque se trouve alternativement dans l'air et dans
le liquide qui sert d'électroljte.
La parlie du disque qui émerge du liquide de la cuve passe, par suite de son mou-
vement de rotation, entre deux frotteurs en forme de racloirs mobiles, lesquels ont
pour but, non seulement d'enlever le dépôt d'étain spongieux au fur et à mesure de
sa production, mais encore de dépolariser la surface du disque.
Ces racloirs sont formés par deux lames en laiton disposées de telle façon que, par
un simple jeu de manivelle, elles puissent se rapprocher ou s'éloigner des faces du
disque.
Des rigoles convenablement disposées rassemblent et reçoivent l'étain détaché et
l'amènent dans un récipient où il est recueilli. L'étain est égoutté et puis lavé. Le
liquide qui s'écoule est évaporé jusqu'à ce qu'il ait atteint sa densité primitive et, après
refroidissement, il est introduit dans l'électrolyseur.
Parmi les nombreuses expériences que nous avons faites avec un petit électrolyseur
dont le disque avait So"^™ de diamètre, nous citerons la suivante qui peut être consi-
dérée comme une bonne moyenne et qui va nous fournir la quantité d'étain libérée
par arnpère-heure pour une puissance donnée :
îhterisi'té': {\6 atrif)ères ; 'forcé électromotrice : 3 volts; puissance ; 120 watts; durée
de il'expéi'ience' :■ 1 'heure'. ' ■ ' '■ : : ; ij
. ■ m / ! ■ o ■ > • : ')'.••' ■'■'■' " c
„.,,,,,. ^ , trouve 70
• •.^ur<;:^R>à,Je.^^\miP^^^ î calculé'.; ;::;VI.V1. •'■'!■ •'■'SS"
-t »
iii'i-. III'.;!,!!!.' '■,■,<'"■;•'"■,'■'{'-, I! -'( iroîivé •(à).;:'-/tii.-> .'280 !i''ii<'' •^■"•
Ltam dépose par cheval-heure {,,.,,, ,, ,
I •<'•■,.-.,,.. ii| , -.11.1 fi-.-v iMipi' ni !, ■iÇalç.ula(6),j., •,-, j-.^Me l'i- !^'> ■>
•.;!,i!i.' 1^ -.l'M; ',, -:i 1; ' . ii>, . I! ;;<(
Ltam dépose par cheval-heure <
.1,
Avec un electrolyseur ayant un disque de j, de dian(ietr)S, on pourrait
donc déposer 44oo^ d etain par cheval-heure, soit loa'^s par journée de
24 heures.
■ •.; .| ,. .,,,1 .71// /: 1 1 I .,■■■■ M .'■•<■■ -'"^ '' ^' ' • ,>^,v.v.'i
.(i>;r .l•^ ,ir>(ii ,lll///.> ,1 ,;\v\>«>\ ;^\'\m'. > ■ >
I.
II.
89,60
88,47
9,30
10
))
»
SÉANCE DU 8 JANVIER 1906. 87
CHIMIE MINÉRALE. — Sur le siliciure cuivreux. Note de M. Em. Vigouroux,
présentée par M. H. Moissan.
Depuis plusieurs années nous poursuivons nos recherches sur le siliciure
de cuivre et, dès 1901, nous avons publié qu' « en traitant un siliciure de
cuivre à faible teneur (moins de 5 pour 100 de silicium io\.a.\) par le silicium
en excès, nous obtenons un lingot qui, dépouillé par la soude de l'excès de
métalloïde non entré en réaction, renferme une proportion de silicium
combiné voisine de 10 pour 100. Telle est la quantité maxima de silicium
susceptible de rester combinée avec le cuivre, dans nos conditions expéri-
mentales. ..»('). Voici, en effet, les chiffres trouvés en attaquant cette ma-
tière par l'eau régale et en dosant le cuivre par électrolyse :
Cuivre pour 100
Silicium »
Impureté »
98,80 98,47
L'impurelé, analysée à part, renfermait du fer et des essais effectués
dans la suite nous ont convaincu que ce métal était apporté par le silicium
cristallisé (préparé par son fluorure et l'aluminium). Pour le rendre chimi-
quement pur, il a fallu le pulvériser et lui faire subir successivement des
attaques énergiques à l'eau régale et à l'acide fluorhydrique concentrés. Ce
n'est que lorsque la pulvérisation a amené les cristaux a prendre l'aspect
franchement marron que l'eau régale d'attaque ne décèle plus trace de fer
au ferrocvanure.
Avec ce silicium très pur et du cuivre électrolytiqae nous avons préparé
un certain nombre de siliciures, exempts de fer, plus ou moins chargés de
silicium libre. Après élimination de ce dernier par la potasse, le résidu que
nous obtenions et qui renfermait toujours une moyenne de 10 pour 100 de
silicium combiné ne présentait généralement qu'une forme conchoïdale,
surtout lorsque le culot était fortement chargé de ce métalloïde. Nous
sommes arrivé à préparer un siliciure à forme cristalline plus caractérisée
en prenant : silicium, 10 parties; cuivre, 90 parties. Poids total : loo^au-
(' ) Procès-verbaux des séances de la Société des Sciences physiques et naturelles
de Bordeaux, iS juillet 1901.
88 ACADÉMIE DES SCIENCES.
quel nous ajoutions 7 à 8 parties du métalloïde libre. Nous mélangeons ces
substances et les plaçons dans une nacelle en porcelaine, revêtue intérieu-
rement de silice et les fondons dans un tube en porcelaiae parcouru par un
courant d'hydrogène Le culot formé est très cassant, (ras|>ect blanchâtre,
mais ne tarde pas à se nuancer de rouge. Il renferme /\,3i pour 100 de sili-
cium libre, que nous enlevons par une solution chaude de soude à
5 pour 100. Nous lavons le résidu successivement à l'eau, à l'alcool, à l'éther
et le séchons dans l'hydrogène, après avoir séparé, par lavage rapide à
l'acide fhiorhydrique étendu, le peu de silice qui le souille parfois ; il répond
sensiblement à la formule Cu'Si qui est celle du siliciure cuivreux.
Cet alliage prcsenle l'éclat mélallique ; il est dur, cassant, se laisse piler aisément.
Sa couleur est blanc d'argent, mais il se ternit rapidement et passe successivement du
jaune pâle au rouge brique. En le refondant dans l'hydrogène, nous avons jju obtenir
un petit culot francliemenl blanc d'argent, liés brillant et sillonné de très nombreuses
stries cristallines parfaitement discernables à l'œil nu. Sa densité, prise à zéro, est
de 7,48 ('); celle du corps fondu est de 7,58. Le chlore l'attaque facilement avant le
rouge, celle propriété nous a servi à le doser.
L'acide chlorhydrique étendu froid agit à peine; lorsqu'il est concentré, son action
est un peu plus sensible, surtout à chaud. L'acide iluorhydrique, étendu ou concentré,
ne produit de même qu'un efl'el très faible. L'acide sulfurique agit difiicilement lorsqu'il
est étendu et froid; lorsqu'il est concentré et chaud, il se colore assez facileraenl en
bleu. L'acide azoli(|ue étendu, même en solution à i pour 100, l'attaque facilement et
complètement, surtout à chaud; l'acide concentré fournit le même résultat. L'eau
régale forme un dépôt de silice (|ui entra\e l'action ulléiieure. Le mélange d'acide
Iluorhydrique et d'acide azotique le dissout en totalité. Les solutions alcalines ne
l'altaquenl ([ue ti'ès faiblement, même à chaud, surtout si elles sont étendues.
Analyse. — Dés le début, nous l'allaquioiis par le chlore sec, dans un tube hori-
zontal; les chlo'urcs formés se condensaient partie dans le tube, partie dans de l'alcool
placé à la suite. I^lus tard, nous avons utilisé l'eau régale qui a permis, comme le pro-
cédé suivant, de déterminer séparément le siliriuni libie et le silicium combiné.
Actuellement nous préférons l'attaquer par une solution étendue d'acide azotique (ne
dépassant pas 5 jjour 100). Nous insolubilisons et dans le résidu nous trouvons le sili-
cium libre et la silice que nous séparons par l'acide nuiu"hydri(|ue. Le cuivre est dosé
par éleclrolyse :
l''ormule Silicium isole piirla potasse.
Cu^Si. I. II.
Cuivre pour loo 89)90 8g, 35 89,60
Silicium » 10,04 9)50 9,45
100,00 98,85 99î05
(') Nous avons obtenu 7,47 dans un premier essai et 7,49 dans un second; mais ce
corps, en contact avec l'eau du llacon à densité, où l'on avait fait le vide, dégageait
longtemps des gaz.
SÉANCE DU 8 JANVIER 1906. 89
Conclusions. — 1° Nous avons confirmé nos précédentes expériences, à
savoir que, dans les siliciiires de cuivre purs, la teneur en silicium com-
biné est très voisine de 10 [)our 100; 2° nous avons isolé le siliciure cui-
vreux Cu'Si; 3° nous avons déterminé ses principales propriétés.
CHIMIE MINÉRALE. — Ràhtction des chlorures d'argent et de cuivre par le cal-
cium. Note de M. L. IIackspill, présentée par M. H. Moissan.
Dans une Note précédente (') nous avons indiqué une préparation rapide
du rubidium et du caesium, basée sur la réduction des chlorures correspon-
dants par le calcium.
Avec le lilhium, qui est beaucoup moins volatil, nous avons obtenu un
alliage de ce métal avec l'excès de calcium.
C'est ce qui se produit également dans la réduction des chlorures d'ar-
gent et de cuivre.
Alliages de calcium et d'argent. — En cIiaulTiint, flans un tube de porcelaine vide
d'air, une nacelle de fer contenant des proportions variables de chlorure d'argent et de
tournure de calcium, nous avons obtenu des alliages dont la teneur en calcium jjouvait
aller jusqu'il 45 pour 100:
2ÂgCl -t-/iCa =CaCP-h(/i- i)Ca + 2Ag.
Le chlorure d'argent était fundu, pulvérisé et iiiliniement mélangé au calcium eu
tournure fine.
Le tube de porcelaine, relié à une extrémité à une trompe à mercure, était fermé de
l'autre côté par un morceau de veric plan, fixé au mastic Golaz, ce qui permettait de
suivre l'opération.
La réaction se produisait dés que la nacelle était au rouge sombre; on cessait de
chaulTer peu après.
Voici ce que nous ont donné quatre expériences :
Avec 7 AgCl cl 2 de Ca l'alliage conleiKiii 6,3 pour 100 de Ca
') 7 » 3 » » i3,3 «
» 7 " 5 " » 44,9
» 7 » 10 « n'est pas homogène
Les deux premiers alliages étaient bien homogènes et recouverts d'une couche de
chlorure de calcium. Celui à 44i9 pour 100 était spongieux; le dernier était formé de
globules de calcium et d'alliage riche en calcium sépaiés par du chlorure.
(') Comptes rciidas. t. CALi, ujo.j, p. loG.
go ACADEMIE DES SCIENCES.
Nous avons pensé que celte couche protectrice de chlorure de calcium qui recou-
vrait les alliages à faible teneur pourrait permettre de les préparer en plus grande
quantité dans un creuset.
Nous avons opéré dans un creuset de fer brasqué à la magnésie et fermé par un
couvercle à vis.
Dans Tin premier essai, nous prîmes 75s de chlorure d'argent fondu et l\o' de calcium
en tournure. Dès que le creuset fut au rouge, on cessa de chauffer. Il contenait sous
une épaisse couche de chlorure un culot très cassant qui se détachait au ciseau.
Sa composition était pour 100 : argent, 83,2 et calcium, 16,0.
En cherchant à augmenter la proportion de calcium, par exemple en prenant : chlo-
rure d'argent 6os et calcium 5os, on n'obtient plus qu'une niasse spongieuse contenant
une forte proportion de chaux.
Propriétés. — Les alliages d'argent et de calcium (même celui à
6,3 pour 100) ont un aspect tout différent de celui de l'argent. Ils sont
gris, leur cassure est cristalline; on peut les réduire facilement en poudre.
Chauffés à l'air, ils s'oxydent rapidement même avant de fondre. Après
une fusion prolongée à l'air tout le calcium transformé en chaux vient
flotter à la surface de l'argent.
Si l'on cherche à doser l'argent par coupellation, on ne peut pas séparer
complètement le bouton d'argent de la scorie de chaux, et la pesée donne
un résultat trop fort.
L'alliage riche en calcium chauffé vers 900° dans le vide s'enrichit rapi-
dement en argent; mais si l'on chauffe trop fort ou trop longtemps on ne
retrouve plus rien dans la nacelle, l'argent se volatilisant dans le vide à
partir de 680° (').
C'est ainsi que l^^ d'alliage à 16 pour 100, chauffés 3 heures vers 1000°,
ne nous ont laissé qu'un résidu peu abondant contenant surtout de la
chaux.
Tous ces alliages sont attaqués à froid par l'eau. L'alliage à 44.9 '^'^ ^^'~
cium est attaqué lentement par l'alcool à g5° à l'ébullition. Après 4 heures
le résidu noir pulvérulent obtenu contenait encore 18 pour 100 de calcium
et 12,3 pour 100 après 8 heures.
Alliage de cuivre et de calcium. — M. Setlick a déjà décrit (-) un alliage de
cuivre et de calcium qu'il prépare directement en fondant les deux métaux ensemble.
11 ne peut dépasser ainsi la teneur i3,4 de calcium; de plus son produit n'est j)as
homogène.
(') Krafft, Berichte, t. XXXVIII, igoS, p. 26g.
(^) Sktlick, Ch. Zcit., igo5, p. 218.
SÉANCE DU S JANVIER 1906. 91
En réduisant le chlorure de cuivre par le calcium nous avons pu obtenir un alliage
homogène contenant 18 pour 100 de métal alcalino-terreux.
La réaction peut s'exprimer ainsi :
Cu'Cl- -t- «Ca ^ CaCl--i- 2Cu -t- (/; — i) Ce.
On opère exactement comme pour la réduction du chlorure d'argent.
Le chlorure cuivreux préparé par réduction du chlorure cuivrique par le cuivre,
était séché dans le vide et fondu au préalable dans un courant de gaz acide chlor-
hydrique.
En prenant loo? de clilorure pulvérisé et 4©^ de calcium en tournure, nous avons
obtenu un culot jaune orangé très cassant.
Deux analyses faites sur des parties différentes de ce culot nous ont donné :
cuivre : 78,1, 80,0; calcium : 18,8, 18, 3 et silicium : i, 2 et 0,9.
Le silicium était dosé à l'état de silice, le cuivre par électrolyse et le calcium à l'état
de chaux vive.
Les propriétés de cet alliage sont absolument comparables à celles de l'alliage
d'argent. M. Setlick estime qu'il pourrait être employé à la purification du cuivre,
tout au moins quand on l'obtiendra totalement exempt de silicium.
CHIMIE ORGANIQUE. — Dérives asymétriques de V hexanediol.-i .6; éther
diélhylique el diiodure de l'heplaiiediol-i.']. Note de M. R. Dioxxeau,
présentée par M. A. Haller.
Récemment ('), M. Hamonet a décrit une méthode qui permet d'obtenir
un glycol normal biprimaire, HO(CH-)"OH, quand on possède un éther-
oxvde, RO(CH-)"~' OR, de l'homologue inférieur. Je me suis proposé
d'appliquer cette méthode à la préparation du glycol heptaméth\lénique,
jusqu'ici inconnu.
Sur les éthers-oxydes de l'hexanediol-i.ô, je fais agir le gaz bromhy-
drique à froid, 2™°' d'acide pour une d'éther, afin d'avoir la réaction
unilatérale :
(x) R0(CH2)''0R + 2HBr = RO(CH=)''Br + RBr + H-O.
En fait, l'action est plus complexe : à côté de l'éther non transformé,
du monobromure cherché, du dibromure résultant de la réaction bilaté-
rale, on a des corps à fonction alcool, parmi lesquels le glycol hexamélhy-
lénique a été isolé et caractérisé par son point de fusion.
(') Comptes rendus, t. CXXXVIII, p. 97.5 et Dul. Soc. chiin., t. XXXIII, p. 235.
92 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Outre la réaction (i) qui produit sur le groupe hexaméthylénique la
fonction bromure, il y en a donc une seconde qui donne naissance à la
fonclion alcool
(2) RO(CH2)''OR + HBr = RO(CH2)«OH + RBr
On doit prévoir toutes les combinaisons qui résultent de la substitution
complète ou imcomplète de la fonction alcool ou de la fonction bromure à
la fonction éther-oxyde. Un tel mélange ne peut être séparé que par de
nombreuses distillations.
Quand on emploie l'éther dimétbylique, la réaction (2) est tout à fait
prédominante; la réaction (i) semble se produire d'autant mieux que le
radical R est plus lourd.
Ethoxybromoliexane-i .6 : C-11^0(CH-)'''Bi'. — Le mùluiige produit par l'aclion île
l'acide bromhydriqiie sur l'éther diéthylique est lavé et rectifié. La principale fraclion
se concentre à i2i°-i 28°, sous la pression 35'""; elle contient rélhoxybromolie\ane 1.6,
mais impur. La diétliyline qui reste, bouillant à 112° sous la même pression, n'a pu
être séparée complètement, ù c^iuse du peu de différence des points d'ébullition. Pour
résoudre celte difficulté, je transforme l'élhoxybromoliexane en éthoxyiodohexane, qui
bout notablement plus haut et se sépare facilement du diélher.
Ethoxyiodohexane-i.().d^\i^O{GY{-Y\. — Ce corps s'obtient en faisant bouillir
l'élhoxybromohexane avec une solution alcoolique d'iodure de sodium. C'est un liquide
légèrement coloré par des traces d'iode, bouillante i38"-i39°, sous 35""'. DJ';= 1,079.
Dlélhoxyhepiane-i .'] : C-H'0(CH-)''OC-H^. — L'élhoxyiodohexane-i .6 forme,
avec le magnésium, un dérivé C-Il'*0(CH-)'"'MgI, qui, traité par l'éther iodomélhyl-
éthylique, ICII-OC'H', donne le diétho\yheptane-i .7,
C^H»0(CH^)»Mgl + ICrr^OC2H==G^H'iO(CIP)"OC--'H»4-MgP.
Le diéthoxyheplane-i .7 est un liquide incolore, à odeur de fruits, bouillant à 129°
sous SS"""", et à 225° sous la pression ordinaire. DJ'^o,853.
Diiodoheplane-i .j : l(C\l-yi. — Le cor]is précédent, salure d'acide iodhvdri((ue
et chaufle à 100" en tube scellé, se décompose très régulièrement en iodure d'éthyle et
diiodoheptane. Le diiodoheplane-i .7 est un liquide bien stable, à peine coloré d'iode,
bouillant à 178° sous la pression de 20'"'". Porté dans le mélange glace et sel, il se
prend en une masse de cristaux incolores, qui fondent vers 0°. D* = 1,943.
SÉANCE DU 8 JANVIER 1906. 93
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les conditions d'hydrogénation, par les mctaux-
wnmoniunis, de quelques dérivés halogènes des carbures gras : Préparation
des carbures éthyléniques et forméniques. Note de M. E. Chabi>ay, pré-
sentée par M. A. H;<ller.
Dans une précédente Communication (' ) nous avons montré que les
ammoniums alcalins réagissent sur le dérivé halogène monosubstitué d'un
carbure forménique, pour régénérer ce carbure, avec formation de l'aminé
primaire correspondante d'après l'équation générale
2R.CI H- 2AzH' - Na = R.II + R. AzH=-f- 2NaCl -h AzH\
Nous faisions remarquer dans la même Note que l'action hydrogénante des
métaux-ammoniums se poursuivait avec les dérivés polysubstitués du mé-
thane, chloroforme, tétrachlorure de carbone qui tionnent également le
formène, mais en fournissant des réactions moins simples que la précé-
dente. Il était donc intéressant de voir si ces mêmes actions ont lieu avec
les dérives polysubstitués des carbures su]iérieurs au mélhane. Nous don-
nerons dans cette Note nos résultais concernant les dérives bisubstitués.
On sait que ces dérivés ont pour foruude générale C"H-"X- et présen-
tent diverses variétés isomériques suivnnl la position relative des groupes
substituants. D'après les résultats que nous avons obtenus, il v a lieu de
diviser ces composés en deux groupes correspondant respectivement aux
deux premiers types :
CH^X — CH^X et CH^-CHXî.
Dérivé Uéi-ivé
de réthjlèiic. de l'éthylidéne.
Avec les métaux-ammoniums les dérivés de l'éthylène fournissent des
carbures éthyléniques; leurs isomères éthylidéniques donnent des carbures
forméniques.
CH^X
Premier groupe : Type \ . Chlorure d'éthvlène. — Nous avons employé le
CH^x
môme appareil que celui qui a été décrit à propos des alcools; la matière étant li-
(') E. CiiABi.AY, Comptes rendus, t. CXL, p. 1262. — Voir aussi Paul Lebeau,
Comptes rendus, t. CXL, p. iiQ!\.
C. R., igoli, 1" Semestre. (T. CXLII, N» 2.) l3
94 ACADÉMIE DES SCIENCES.
quide, nous l'enfermons dans une petite ampoule de verre, préalablement tarée, avant
de l'introduire dans l'une des branches; on brise ensuite cette ampoule pai- une légère
secousse de l'appareil au moment de faire la réaction. Ce mode opératoire nous a
fourni d'excellents résultats, car il permet d'opérer sur un poids très exactement connu
de substance. Le chlorure d'éthylène nous a fourni de l'élhylèiie avec un rendement
théorique : une molécule de gaz, pour une molécule de chlorure employé. La réaction
peut être exprimée par l'équation suivante :
2NaCI + C'H*+2AzH^
CH^-
-Cl
1
-+-2A2H^-
■ Na
CH^-
-C!
L'analyse eudiométrique. l'absorption par le brome, le dosage du chlorure de sodium
et la perte de poids subie par l'appareil justifient parfaitement cette formule.
Comme autres corps de ce groupe, nous avons choisi les bromures de propylène, de
pseudobutyléne et d'isobutylène qui nous ont fourni le propylène, le pseudobutylène
et l'isobutylène; les rendements sont moins bons qu'avec le chlorure d'éthylène par
suite d'une réaction secondaire sur laquelle nous reviendrons.
Bromure de triméthylène. — Le bromure de irimélliylène nous a fourni également
du triméthylène, mais dans la proportion de o™°',5 de gaz pour i"'"' de bromure seu-
lement.
Les métaux-ammoniums se comportent donc, avec ces différents corps, comme les
métaux alcalins correspondants et fournissent un carbure élhjlénique.
CFP
Deu.xième groupe : Tvpe l . — Les composés de ce groupe isomères des précé-
Ji CHX^
dents, où les substitutions sont faites sur le même atome de carbone, fournissent avec
les métaux-ammoniums le carbure saturé correspondant, tandis que les métaux alca-
lins seuls donnent un carbure étliylénique.
Nous avons opéré sur les chlorures de méthylène, d'éthylidène, de propylidène et
sur le chloracétol, qui nous ont fourni le méthane, l'éthane et le propane dans la pro-
portion de o™°',5 de gaz pour i™°' de chlorure. Il se produit en outre des réactions
secondaires qui donnent lieu à la production d'une certaine quantité de carbure éthy-
lénique. Les dérivés de la série homologue suivante :
H-CH— Cl^ CH'-CH = C12 CH'-CH^ — CH = Ci^ CH'— CCP— CH'
Clilorure Chlorure Chlorure Chloracétol.
de méthylène. d'éthUitlène. de propylidène.
se comjjortent donc de la même manière vis-à-vis des métaux-ammoniums dont la mo-
lécule agit à la fois par son sodium et son hydrogène.
Cette action hydrogénanté se poursuivant avec tous les dérivés substitués du mé-
thane, il est très probable qu'elle aurait lieu également avec les dérivés de la forme
CIP — CX^, et nous tirons de ces faits d'expérience les conclusions suivantes :
1° La moléciile d'im métal-ammonium alcalin réagit comme hydrogé-
nanté sur les dérivés halogènes bisiibslitués et, par extension, sur les déri-
SÉANCE DV 8 JANVIER 1906. gS
vés trisubstitués, à condition que toutes les substitutions soient faites sur le
même atome de carbone,
2° Elle réagit au contraire simplement par son métal alcalin lorsque les
deux substitutions sont faites sur des carbones différents. L'exemple du
bromure de trimélhyléne semble indiquer que les réactions ont un carac-
tère spécial de simplicité lorsque la double substitution est faite sur deux
atomes de carbone voisins.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur la rétrogradation et la composition des amidons
naturels autres que la fécule. Note de M. Eug. Roux, présentée par
M, Maquenne.
Dans une Note précédente (') nous avons établi, M. Maquenne et moi,
que la fécule de pommes de terre est un mélange de deux substances prin-
cipales. L'une, que nous appelons amylose, ne diffère de l'ancienne amylo-
cellulose des auteurs que par son plus grand état de pureté; c'est elle qui
forme la majeure partie du grain de fécule naturel, qui lui donne la pro-
priété de bleuir par l'iode et qui se change en maltose par saccharification
diastasique. L'autre substance, que nous avons provisoirement appelée
aniylopectine, est celle qui donne à l'empois sa consistance mucilagineuse :
sous l'action du malt elle se dissout et se dextrinifie, sans paraître fournir
de sucres, au moins dans les conditions ordinaires; sa véritable nature chi-
mique et la proportion dans laquelle elle se trouve mélangée à l'amylose
nous sont également inconnues.
C'est au moyen de ces considérations que nous avons expliqué pourquoi
la diastase ne transforme qu'incomplètement l'empois de fécule en maltose,
tandis qu'au contraire l'amylose pure donne un rendement en sucre
presque quantitatif.
Nous avons également fait connaître la méthode qui permet d'extraire
l'amylose des empois de fécule, par rétrogradation spontanée, et de
l'amener à un état de pureté sensiblement complète; nous nous proposons
d'exposer dans cette Note les résultats que nous avons obtenus en étudiant
de la même manière les autres amidons naturels.
Nous avons d'abord reconnu que tous les empois, quelles que soient leur
consistance et l'origine de l'amidon qui sert à les préparer, rétrogradent
(') Maquenne et Roux, Comptes rendus, t. GXL, p. i3o3.
96 ACADÉMIE DES SCIENCES.
par le repos à basse température comme l'empois de féciiie, et d'aulatit
plus vile qu'ils sont plus concentrés. Le phénomène de la rétrogradation
est donc, ainsi qu'on pouvait le prévoir, d'ordre absolument général.
Nous avons ensuite déterminé le rendement en maltose que fournissent
ces différents empois par saccharification diastasique, en nous plaçant
dans les conditions que l'on admet actuellement être les plus favorables
à sa production.
On a opéré sur des empois renfermant os, 35 d'amidon pour 3o'^"'' d'eau, gélifiés soit
dans l'eau bouillante à joo°, soit au bloc, en tube scellé, par unechaufFe de i5 minutes
à 120° ou i5o°. Les saccharifications ont été faites par addition de 5'"' d'extrait de
malt, obtenu par macération de los de malt moulu dans too? d'eau distillée pendant
I heure. Le malt a été ajouté aussi tôt que possible, de manière à éviter tout phéno-
mène de rétrogradation; les fioles ont été chauffées simultanément pendant 5 heures
à 56°, puis abandonnées à elles-mêmes jusqu'au lendemain, en présence de toluène
comme antiseptique.
Après avoir dosé le maltose dans une portion des liqueurs filtrées, on a additionné
celles-ci de i,5 pour loo d'acide sulfurique, puis on les a chauflees pendant 3o minutes
à 120° et l'on a dosé le glucose total produit, de manière à connaître le poids réel de
l'amidon solubilisé sous l'influence de i'amylase.
Les amidons de riz et de maïs, étudiés dans ce travail, sont des produits commer-
ciaux; ceux de blé et de pois ont été préparés au laboratoire avec les farines correspon-
dantes. Les uns et les autres ont été lavés soigneusement à Feau ordinaire et tamisés.
'(ï>
Maltose pour 100 d'amitloii solubilisé
liuipois préparés ii inn". lao". i5o°.
Fécule 83,0 » 82,8
Maïs 85,3 85, 1 86,0
IMé » » 8j , I
Riz 85,2 83,8 83,8
Pois 83,8 82,2 82,9
Manioc(') 81, 5 79,1 79,1
En préparant des empois à 120° et surtout à i5o'^ ou se proposait de solubiliser la
partie de l'amylocellulose qui aurait pu s'y trouver à l'état non saccharifiable, comme
dans l'amidon rétrogradé. Cette hypothèse n'était pas fondée, puisque la pioportion de
maltose est restée sensiblement constante, même plutôt un peu plus forte à 100°
qu'à iDO", par rajiport au poids de l'amidon dissous.
Les résultats ci-dessus mentionnés montrent que les divers amidons et
(') Echantillon très pur obligeamment offert par M. Dybowsky, à qui nous sommes
heureux de pouvoir adresser nos plus sincères remerciements.
SÉANCE DU 8 JANVIER l(jo6. C)'j
fécules naturels renferment une quantité d'amylose sensiblement égale à
celle que l'on rencontre dans la fécule de pommes de terre; il nous restait
à établir que cette amylose est partout une seule et même matière.
A cet elïct nous avons soumis à la rétrogradation les empois des divers
amidons précédents, puis, par la méthode que nous avons décrite dans une
Communication précédente {Comptes rendus, t. CXL, p. 44o)» nous en
avons extrait l'amylose et nous l'avons purifiée par plusieurs traitements
successifs à l'eau surchauffée, vers loS".
Tous les produits obtenus présentent le même aspect microscopicjue
qu'offre l'amidon artificiel dérivé de la fécule. Comme celui-ci ils sont
saccharifiables en totalité par le malt quand ils ont été d'abord dissous
dans l'eau à i5o°. En dosant le maltose obtenu et rapportant ce nombre à
la quantité de matière sèche dissoute, calculée comme précédemment en
amidon, nous a\ons obtenu les chdfres suivants qui sont à peu près égaux :
Maltose pour loo d'amidon solubilisé ( -r ) •
Fécule 100,2 Pois lOo, i
Blé 101,9 Manioc 102,0
Piiz 100,2
En résumé, nous pouvons dire que tous les amidons naturels examinés
par nous sont essentiellement constitués [)ar de l'amylose, comme la fécule
ordinaire, et qu'ils en renferment à peu près la même proportion. La pro-
priété qu'ils possèdent de former des empois avec l'eau bouillante
montre qu'ils renferment en outre de l'amylopectine.
Toutes les observations faites jusqu'à présent sur la fécule sont donc
applicables aux autres amidons naturels.
PHYSICO-CHIMIE. — Action de t' invertine dans un milieu hétérosène.
Note de M. Victor Hexki, présentée par M. Dastre.
Les ferments solubles sont contenus, en général, à l'intérieur des
cellules; ils sont, comme on dit, endocellulaires ; les substances transfor-
mées par ces ferments sont apportées du dehors avec les liquides orga-
niques, il en résulte donc que ces substances doivent d'abord pénétrer à
l'intérieur des cellules par diffusion, et ce n'est qu'alors qu'elles peuvent
pS ACADÉMIE DES SCIENCES.
être digérées par les ferments. Parmi les produits de digestion, certains
restent dans les cellules, d'autres sortent au dehors dans les liquides de
l'organisme. Pour pouvoir analyser les lois d'actions des ferments inclus à
l'intérieur des cellules, il est important de réaliser artificiellement des con-
ditions qui se rapprochent le plus possible de celles que l'on trouve dans
les organismes. C'est ce travail d'ensemble que j'ai entrepris pour toute
une série de ferments différents. Je ne présente maintenant que les résul-
tats relatifs à l'action de l'invertine sur le saccharose.
Technique. — On fait un mélange de gélatine dialysée à lo pour joo et
d'invertine; ce mélange est obtenu liquide à 42°, lorsqu'on opère avec de
la gélatine chauffée à 100° et refroidie à 42"; dans ces conditions, la géla-
tine met un temps assez long pour se gélifier et c'est pendant cet intervalle
que l'on fait le mélange. On verse ensuite cette gélatine contenant le fer-
ment dans un vase à fond large et on laisse gélifier à la température du
laboratoire. Les vases que j'ai employés ont un fond plat de 170'"' de sur-
face et je versais 35*^"' du mélange de gélatine et d'invertine. Lorsque la
gélification s'est bien produite, on verse au-dessus une faible quantité de
gélatine pure un peu plus concentrée, qui se répartit ainsi en couche mince
au-dessus de la gélatine contenant le ferment et forme ainsi une membrane
protectrice. J'ai employé dans les vases précédents i^™' de gélatine,
l'épaisseur de la membrane était donc égale à i™". Le rôle de cette mem-
brane est d'empêcher le ferment de passer en solution, de la couche infé-
rieure dans le liquide versé au-dessus.
On laisse gélifier la membrane, puis on lave à l'eau le vase et la couche
de gélatine, on met à l'étuve et, lorsque la température est atteinte, on verse
dans le vase un volume déterminé d'une solution de saccharose pur portée
à la température de l'étuve. On prélève de temps en temps le liquide dans
le vase et l'on dose la quantité de sucre interverti. On doit faire des expé-
riences témoin avec la même quantité de gélatine sans ferment pour savoir
comment varie le titre de la solution de sucre par suite de la diffusion du
sucre de la solution dans la couche de gélatine.
Résultats. — 1° La vitesse d'inversion est presque proportionnelle à la concen-
tration de la solution de saccharose. Je rappelle que, si l'on opère dans un milieu
homogène, c'est-à-dire si le ferment est dissous dans le liquide qui contient le sucre,
la vitesse d'inversion est presque indépendante de la concentration de la solution (à
condition que les concentrations soient comprises en 0,1 et i normale en sucre).
Voici quelques exemples numériques pour deux solutions de sucre contenant 178,1 de
saccharose pour 100 (o,5 normale) et 65,84 pour 100 (o,a normale ). La température était
égale à 35°.
SÉANCE DU 8 JANVIER 1906. 99
Iiiçertine inclue dans la gélatine.
Saccharose 17»',! pour 100 interverti en 4' rnin. 35,20 en 72 min 4°ii
Saccharose 6^,84 pour 100 » 89 » is,33 » 75 » 2S,o
Invertine contenue dans la solution.
Saccharose 17?,! pour 100 interverti en 4^ min. is,68 en 86 min 3s,32
Saccharose 6s, 84 pour 100 » 45 » is,56 » 81 » 3s, o
On voit donc que la loi d'action de Tinverline est absolument difTérente dans ces
deux cas.
Cette dilTérence d'action est facile à comprendre. En effet, lorsque l'invertine est
contenue dans la couche de gélatine, le saccharose doit d'abord pénétrer par diffusion
de la solution dans cette couche, et seulement à ce moment il peut être transformé
par l'invertine. La vitesse de la réaction se décompose donc en deux temps : d'une
part la vitesse de diffusion du sucre et d'autre part la vitesse de la réaction chimique
elle-même. La vitesse de diffusion est proportionnelle à la concentration de la solution
de sucre, la vitesse totale variera donc avec la concentration. Dans les expériences
précédentes le ferment contenu dans la gélatine était très actif, par conséquent la
vitesse de la réaction est presque proportionnelle à la concentration de la solution,
puisque c'est surtout le facteur diffusion qui importe.
2° La variation de température influe beaucoup moins sur la vitesse d'im'ersion
lorsque le ferment est contenu dans la gélatine que dans le cas où il se trouve
réparti dans le liquide tout entier. Voici quelques exemples :
Invertine contenue dans la couche de gélatine.
Saccharose 170,1 pour loo; inversion à 25° de 3s, 26;
à 87° de 4^, 6, rapport des deux i , 4
Invertine contenue dans la solution.
Saccharose 178,1 pour 100; inversion à 25° de ie,68;
à 87° de 3s, 26, rapport 1,9
Ce résultat peut aussi s'expliquer simplement; en effet, on sait que l'élévation de
la température de 10° augmente la vitesse d'une réaction chimique quelconque environ
du double, tandis que la vitesse de diffusion se trouve augmentée seulement environ
d'un quart. Par conséquent, dans l'expérience précédente, où le ferment est contenu
dans la gélatine, l'élévation de la température fait varier beaucoup moins la vitesse de
diffusion du sucre qu'elle ne le fait pour la vitesse de la réaction chimique elle-même;
il en résulte évidemment que la vitesse d'inversion du sucre sera bien moins influencée
dans cette expérience que dans celle où le ferment est réparti dans le liquide tout
entier.
lOO ACADEMIE DES SCIENCES.
Conclusion. — Il résulte de ces expériences que le mode de répartition
du ferment a une importance très grande pour la loi d'action de ce ferment.
La concentration des substances triinsforniées par le ferment aura une
influence sur la vitesse de digestion lorsque les ferments sont endocellu-
laires et elle n'exercera presque pas d'influence sur cette vitesse pour des
ferments répandus dans les liquides de l'organisme.
MINÉRALOGIE. — Sur les solutions solides.
Note de M. Fuéd. Walleuant, présentée par M. de Lapparent.
S'ajjpuyant sur ce que les propriétés physiques des mélanges isomorphes,
comme celles des solutions, varient d'une façon continue avec la compo-
sition, van't IlolT émit l'opinion que les mélanges isomorphes pouvaient
être considérés comme résultant de la dissolution de l'un des corps dans
l'autre, (^ette conception, qui permettait d'étendre à ces mélanges les ré-
sultats fournis par l'étude des solutions, suscita de nombreuses discussions
et l'on fit remarquer, en particulier, que ni la diffusion accompagnant la
dissolution d'un corps, ni la cristallisation accompagnant la concentration
en un point tlu corps dissous, n'avaient été constatées dans les mélanges
isomorphes. Tout au plus pouvail-on citer la diffusion dans les métaux,
dont l'opacité ne permet pas une étude assez approfondie, pour que l'on
puisse en affirmer l'homogénéité. D'antre part, M. Bodlander a fait très
justement observer que, clans les roches éruptives, bien des cristaux pré-
sentent des zones concentriques, constituées par des mélanges isomorphes
de composition différente, zones qui auraient dû disparaître si les cristaux
avaient été le siège de diffusions. La question était donc encore entière.
Or je suis h même de citer deux cas très nets, l'un de diffusicni, l'autre de
cristallisation en milieu solide. Si l'on mélange par fusion ignée de l'azo-
tate de potassium et de l'azotate d'ammonium, dans des proportions pou-
vant varier entre 80 et g3 pour 100 d'azotate d'ammonium, on obtient, au-
dessus de 104°, un conglomérat de deux espèces de cristaux, les uns
isomorphes de l'azotate de potassium et renfermant 80 pour 100 d'azotate
d'ammonium et les autres quadratiques renfermant 98 pour 100 du même
sel. A 104°, la préparation se trouble, les cristaux deviennent indiscer-
nables et, à en juger par les variations des teintes de |)olarisation, des mou-
vements vermiculaires se produisent dans la masse. Puis, peu à peu, sans
que l'on pinsse préciser le début du phénomène, on voit apparaître des
i
SÉANCE DU 8 JANVIER I906. lOI
plages cristallines, qui s'individualisent progressivement et dont l'homogé-
néité devient parfaite. Chacanede ces plages, qui appartiennent à des cris-
taux monocliniques, s'est constituée aux dépens de plusieurs cristaux, les
uns quadratiques, les autres orthorhombiques, et de compositions diffé-
rentes; il y a donc eu destruction de deux édifices cristallins, diffusion de
la matière et reconstitution d'un nouvel édifice, dont la composition est in-
termédiaire à celle des deux premiers. Je dois dire que, dans certains cas,
l'homogénéité est parfaite, l'orientation optique étant unique, dans d'autres
l'extinction moirée et les variations dans les teintes de polarisation indi-
quent que l'édifice cristallin n'est pas parvenu à l'état parfait.
Le phénomène inverse s'observe dans les cristaux niixles renfermant 2 d'azotate
d'ammonium pour 1 d'azotate de csesiuiii. Le mélange fondu par la chaleur donne en
se consolidant des cristaux cubif[ues qui^, par refroidissement, se transforment en
cristaux rhomboédriques, quasi-cubiques, isomorphes des cristaux de cscsium. A leur
tour ces derniers donnent naissance par Iraiisformalion lente à un conglomérat de
deux espèces de cristaux, ies uns quadratiques, les autres rhomboédriques. Les pre-
miers sont des cristaux mixtes des deux azotates, isomorphes de la modification qua-
dratique de l'azotate d'ammonium, stable entre S-î" et 125° quand l'azotate est pur,
mais qui de\ient stable à la lem|)érature ordinaire dans les mélanges avec l'azotate de
cïesium. Les seconds sont également des cristaux mixtes, isomorphes de l'azotate
de ca'sium, mais de composition diflférenle de celle des cristaux rhomboédriques pri-
mitifs. Le conglomérai présente une particularité intéressante : les cristaux qua-
dratiques, sous forme de filaments, sont inclus dans les cristaux rhomboédriques
et, comme leur orientation est déterminée relativement « ces derniers, il en résulte
qu'ils sont orientés parallèlement entre eux et que le conglomérat constitue une
véritable micropegmatite.
Nous voyons ilonc se produire dans les mélanges isomorphes, comtTie
dans les solutions, les deux phénomènes de la diffusion et de la crislal-
lisation; mais il ne faut pas oublier que ces phénomènes se produisent
au moment des transformations ])olymorphiques, c'est-à-dire au moment
où disparait la structure de l'édifice cristallin, structure qui précisément
dislingue cet édifice d'une solution. On est donc en droit de se demander
si ces faits ne viennent pas à l'encontre de l'opinion émise sur l'analogie
des solutions et des cristaux mixtes, puisque c'est au moment où le carac-
tère essentiel de ces dernieis disparaît que l'on constate les caractères
communs à l'état solide et à l'état liquide.
C. R,, 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N° 2.) . l4
102 ACADEMIE DES SCIENCES.
BOTANIQUE. — Sur les canaux sécréteurs du bois des Dipterocarpées.
Note de M. P. Guérin, présentée par M. Guignard.
L'époque d'apparition des canaux sécréteurs dans le bois de la tige des
Dipterocarpées et leur répartition durant les premières périodes de la végé-
tation subissent, suivant les genres, souvent même d'une espèce à l'autre,
des variations dont ne font pas mention les auteurs qui nous ont précédé
sur le même sujet, et, en particulier, Van Tieghem (') et Solereder (-).
Sans doute faut-il en chercher la cause dans le fait qu'ils n'ont eu à leur
disposition que des échantillons trop jeunes ou des espèces en nombre
trop restreint ('). En ce qui nous concerne, les recherches ont porté sur
plus de soixante espèces (') a|)partenant à treize genres différents : Diptero-
carpus, Anisoptera, Dryobalanops, Doona, Hopea, Pentacme, Sliorea, Isoplera,
Balanocarpus , Colytelohium, Valica, Pachynocarpus, Monoporandra. Toutes,
mais à des degrés divers, se sont montrées pourvues de canaux sécréteurs
dans le bois secondaire de leur tige.
Considérée au moment où elle a atteint 2*^'", 5 environ de diamètre (^), la tige est
riche en éléments sécréteurs chez les Dipterocarpus, Valica, Cotylelobiuin, Pachy-
nocarpus, cei'tains Sliorea (5. mollis, selanica, exirnia, scaberrima,cochincliinensis,
Maranti) et Hopea {H. multijlora, Mengarawan). Au même état de développement,
les Dryobalanops et plusieurs Sliorea n'offrent au contraire qu'un très petit nombre
de canaux et de très faible diamètre.
Les canaux se montrent tantôt dispersés et sans ordre apparent à l'intérieur du
corps ligneux (plusieurs Z'//)/e/-orff//j«.v, Anisoptera. Vatica. Pacliynovarpus. Coty-
lelobiani), tantôt, au contraire, en cercles concentriques (^) plus ou moins complets,
(') .Inn. Se. nal., ']' série, t. 1, i885, p. 65.
(-) Holzstructur, Munich, i885, p. 8i.
(') C'est en ne considérant qu'une seule espèce, le Shorea robitsta, (|ue Solereder a
pu croire (|ue les canaux du bois sont peu nombreux chez les Shorea. Nous-même
avions émis primitivement même opinion en n'étudiant que le Shorea liypochra.
(*) La plupart proviennent de Bnilenzorg et sont dues à l'extrême obligeance de
M. le D-- Treub.
{') Les observations ont presque toujours été faites sur des tiges d'un diamètre
de 2™, 5 à 3'^™.
(") Le nombre des cercles de canaux varie souvent, dans le même genre, non seule-
SÉANCE DU 8 JANVIER 1906. Io3
dont rapparitioD, en rapport avec celle de parenchyme, -semble correspondre aussi à
une période nouvelle de végétation [Doona, Hopea. Pentacme, S/iorea, Isoptera,
Balanocarpus). Paifois encore on les trouve répartis en très petit nombre sur une
portion de cercle (Dryobalanops).
S'il est vrai que, chez cerlaines espèces, les canaux ne se montrent que
tardivement, il est inexact de dire, comme l'ont fait certains auteurs, que
ces éléments n'apparaissent que dans le vieux bois ou dans les tiges âgées.
Dans certains Dipterocarpus (D. turbinatus, intricatus, hispidus, banca-
nus, etc.), les canaux font en effet leur apparition de très bonne heure
dans le bois, on pourrait presque dire en même temps que les formations
secondaires ('). Il en est de même chez certains Shorea (5. mollis en parti-
culier) et chez les Vatica, où le V. Lamponga en possède déjà un très grand
nombre, alors que la tige a atteint à peine s™"" de diamètre.
Chez les espèces oii la région cambiale se prèle à une observation de ce genre (.4 /h-
soplera marginata, Vatica moluccana. Shorea sclanica, Colylelohium Jla\nm, plus
particulièrement), nous avons remarqué que les canaux, du bois oflrent un mode de
développement absolument analogue à celui que nous avons signalé précédemment
chez les Dipterocarpus (').
Chez presque tous les genres, d'ailleurs, il existe, à côté de canaux beaucoup plus
ment d'une espèce à l'autre, mais aussi dans la même espèce, pour une lige d'un égal
diamètre.
Une tige de 2™, 5 de diamètre possède habituellement, chez les Doona. deux à trois
cercles de canaux.
Chez V Hopea midtijlora, on trouve les canaux répartis sur cinq à six cercles, alors
que chez les H. Pierreiel H. ovalifolia on n'en observe que quelques-uns en un cercle
incomplet.
Mêmes variations chez les Shorea.
Il n'est d'ailleurs pas jusqu'à la présence elle-même de canaux sécréteurs qui ne soit
sujette à variation et tel entre-nœud d'une tige s'en montre dépourvu, alors qu'on
les rencontre dans l'entre-nceud voisin. On voit ainsi à quelles conclusions inexactes
on pourrait aboutir si l'on ne faisait un nombre suffisant d'observations.
(') L'apparition plus ou moins hâtive de ces canaux ligneux est aussi très
variable dans la même espèce, pour des échantillons d'une même provenance. Ainsi
s'expliquerait peut-être la raison pour la(juelle A. Bécheraz {Mittheit. der Nalurf.
Gesellsch. in Bern, 1898, p. io3) et M. Stepowski ( Vergleicliend. anatom. Untersii-
cliung. iil)er die olierirdischen Vegetalionsorgane der Biu seraceœ, Dipterocarpeœ
and Guttiferce, etc. : Inaug. Dissert., Bern, igoS) n'en font pas mention dans la tige
de Vatica moluccana. Il est vrai que ce dernier auteur ne signale de canaux dans le
bois chez aucune Diptérocarpée, pas même chez les Dipterocarpus.
(-) Comptes rendus, t. CXL, p. .j2o.
Io4 ACADÉMIE DES SCIEN'CES.
développés, de petits canaux réduits encore à leur méat primitif et dont la forme
rappelle suffisamment leur origine. Aussi senihle-t-il permis de conclure que, d'une
façon générale cliez les Diptérocarpées, les canaux sécréteurs du bois prennent nais-
naissance dans le cambium, à la façon de ceux des Copaifera et des Daniellia étudiés
par M. Guignard.
Quel que soit, à l'origine, le diamèlre du canal, il ne se motlifie guère avec
l'âge, si ce n'est par disparition plus ou moins complète des cellules de
bordure. Exceptionnellement dans nos échantillons (^Balanocarpus banca-
nus), mais le fait doit être plus fréquent daus les tiges plus âgées, nous
avons rencontré (les cavités plus volumineuses indiquant qu'il peut y avoir,
à un moment donné, non seulement disparition des cellules de bordure,
mais aussi résorption des tissus environnant le canal primitif.
L'analogie signalée plus haut entre les Copaijera et Daniellia d'une
part, les Diptérocarpées iraiitre part, se poursuit jusque dans la façon
même dont ces canaux effectuent leur course à l'intérieur du corps ligneux.
En effet, la fusion de deux ou plusieurs canaux voisins, toujours évidente
en section transversale chez tous les genres considérés, s'affirme d'une
façon beaucoup plus apparente chez certaines espèces en seclion longitu-
dinale et, à l'instar de ceux des Diplerocarpus, les canaux tles S/iorea, Va-
tica, Hopea, Doona, Isoptera, confluent en un réseau à mailles plus ou moins
inégales, rappelant surtout celui des Daniellia.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur la respiration de la fleur. Note de M. Maige,
présentée par M. Gaston Bonnier.
De Saussure est le premier physiologiste qui ait étudié les variations de l'intensité
respiratoire de la fleur au cours de son développement; les résultats de ses expériences
sur les Heurs des C ucurbila Melo-Pepo, Hibiscus speciosus el Passijlora serralifolia
sont actuellement devenus classiques et il est admis très généralement que c'est au
moment de l'épanouissement que l'intensité respiratoire de la lleur est le plus grande.
Plus tard Cahours, en i864, signala, sans indiquer les espèces sur lesquelles il opé-
rait, que la lleur qui commence à se développer dégage plus de gaz carbonique et
consomme plus d'oxygène que celle qui a atteint son complet développement et
Gurtel, en 1899, expérimentant sur les Iris sambucina, Linaria vulgaris, Anémone
Japonica, arriva à cette conclusion que les boutons de ces trois plantes respirent
individuellement avec plus d'intensité que les fleurs épanouies, bien que présentant un
poids notablement moindre.
Il y a une contradiction évidente entre les résultats obtenus par ces deux observa-
teurs et ceux des expériences de de Saussure,
SÉANCE DU 8 JANVIER 1906. Io5
J'ai repris l'élude de la question, en opérant sur vingt espèces, appartenant
aux familles les plus diverses, prises au hasard parmi les plantes qui fleu-
rissaient pendant les mois d'août et se[>tembre au laboratoire de Biologie
végétale de Fontainebleau et pendant le mois de décembre à Alger.
Je prélevais, pour chaque espèce, en général, quatre lots de fleurs à dif-
férents stades de développement, que je pesais et introduisais successive-
ment dans quatre éprouvettes, contenant un volume déterminé d'air atmo-
sphérique normal et placées ensuite à l'obscurité. Au bout de quelques
heures, je faisais successivement une prise de gaz dans chacune des éprou-
vettes et j'en dosais le gaz carbonique à l'aide de l'appareil de Bonnier et
Mangin. Au moyen de ces données, il était facile de déduire le volume de
gaz carbonique dégagé en i heure dans chacun des quatre lots, soit par
i^ de fleurs, soit par une fleur prise individuellement.
Voici les résultats obtenus pour l'intensité respiratoire rapporlée au
gramme-heure.
Sur les vingt espèces élLidiées, di\-sept (Verbasctini Tliapsus, Aloe arborescens, etc.)
ont présenté une inlensilé respiraloiie décroissant régulièremenl depuis le bouton très
jeune jusqu'à la ileur fraîchement épanouie; pour une seule {Reseda lulea), l'intensité
respiratoire est restée sensiblement constante et, pour deux autres enfin {Ciicurbila
maj-ima, MaU-miscus mollis), l'intensité resjjiratoire est allée en croissant jusqu'à
l'épanouissement. Il est à remarquer que ces deux espèces sont voisines de celles étu-
diées par de Saussure (Ciicurbila Melo-Pepo, Hibiscus speciosi/s) et que, par cojisé-
quent, mes résultats concordent avec les siens sur ce point.
Chez les dix-sept espèces où l'intensité respiratoire de la fleur va en diminuant au
cours de son développement, la rapidité de celle décroissance peut être caractérisée
par le rappoit des intensités respiratoires respectives, des boulons cueillis au stade le
plus jeune et des fleurs fraîchement épanouies. Ce rapport varie dans une même plante,
dans une mesure assez grande avec la teneur en eau de la fleur; mais mes expériences
ayant été faites pendant des périodes très pluvieuses, les fleurs sur lesquelles j'ai expé-
rimenté étaient, à ce point de vue, dans des conditions liés comparables.
Le rapport varie beaucoup d'une espèce à une autre; dans les conditions de mes
expériences, il a été de 3,2 dans le Verbascuin Tliapsus, 3,8 chez V Aloe arborescens,
2,5 dans le Tecoma Capensis, 1,9 chez le Linaria vulgaris, i,5 chez le Narcissus
Tazetta, 1,4 chez VHypericum perforalum, 1,16 dans le Riciiius communis, 1,09
dans VAchillea Millefolium.
En considérant maintenant l'intensité respiratoire rapporlée à la fleur prise indivi-
duellement, j'ai trouvé que les vingt espèces étudiées, sans exception, présentaient une
intensité respiratoire croissant régulièrement depuis les stades les plus jeunes jusqu'à
l'épanouissement.
En résumé, on peut formuler les conclusions suivantes :
1° Chez la plupart des plantes, l'intensité respiratoire {lappartée au poids
Io6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
frais et au gaz carbonique dégagé) va en décroissant, d'une manière régu-
gulière, depuis les stades les plus jeunes jusqu'à l épanouissement.
2° Chez un très petit nombre d'espèces, l'intensité respiratoire va, au con-
traire, en croissant, au cours du développement de la fleur, pour être le plus
grande dans la fleur épanouie. Entre ces espèces et les précédentes on trouve
tous les intermédiaires.
3° La respiration de la fleur prise individuellement va toujours en croissant
depuis les stades les plus jeunes jusqu à C épanouissement .
On peut rapprocher la marche décroissante de l'intensité respiratoire
(rapportée au poids frais) de la fleur, au cours de son développement, de
celle que présente la feuille. Les expériences de Garreau, Moissan, Bonnier
et Mangin ont montré qu'à poids égal les feuilles jeunes des bourgeons en
voie de développement respiraient avec plus d'intensité que les feuilles
adultes; il n'est pas étonnant qu'il en soit de même chez les fleurs, qui ne
sont que des groupes de feuilles adaptées à un rôle spécial.
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur la composition des liquides qui circulent
dans le végétal; variations de l'azote dans les feuilles. Note de
M. G. André.
L'extraction directe, à l'aide d'une pression convenable, des liquides que
renferme la plante permet d'étudier la nature et la forme même des élé-
ments essentiels à la nutrition qui circulent dans ses tissus. On ne peut
songer, même en employant une pression très énergique, à retirer d'un
végétai tous les liquides que celui-ci contient, Connaissant la teneur totale
de la plante ou des parties de la plante en eau, d'une part; la quantité de
liquide retiré par expression et le poids de l'extrait sec, d'autre part, on
peut calculer quelle est la quantité totale du liquide, chargé de matières en
dissolution, qui est présente dans le végétal. Ceci suppose que la concen-
tration des sucs est la même dans la partie du liquide extrait directement
et dans celle qui demeure dans les débris végétaux. Cette supposition n'est
pas absolument exacte, ainsi que je l'ai vérifié par des expressions succes-
sives : l'erreur n'est cependant pas très forte et j'admettrai, comme pre-
mière ap[)roximation, l'identité de composition des sucs extraits avec ceux
qui demeurent dans le végétal. Les chiflres qui figurent plus loin se rap-
portent à ce liquide total.
En procédant ainsi que je viens de le dire, pour retirer les sucs d'une
— >
SÉANCE DU 8 JANVIER 1906. IO7
|)!ai)te, on peut connaître, dans des conditions assez satisfaisantes, leur
composition réelle à un moment donné, sans l'intervention d'aucun réactif :
il suffit de filtrer, au bout de 24 heures de repos, le liquide conservé dans
un vase fermé, en présence de quelques gouttes de toluène. J'examinerai
aujourd'hui les différences décomposition que présentent les sucs extraits :
1° des feuilles d'une plante annuelle à végétation rapide : Papaver somni-
ferum: 1° des feuilles d'une plante à souclie vivace : Pyreihrum halsamila,
depuis le début de la végétation, jnsc]u'au moment de la floraison, c est-
à-dire pendant toute la période de la vie active de la feuille.
iitci parlics lie maliùro Sur des
stérile conlicnnenl : feuilles Phospliore
— ■■■■ -^ — ^^ — - rorres- Azole tolal v\zole lolal calcule
Eau dans Pliosptiore pontiant à organique, des nitrates, en PO^H^.
100 parties total ni.> parties .^ -^^ — ^ —
de matière Azote calculé de matière contenu dans le sue des feuilles corres-
huniide. total. enPOUi*. sèclie. pondant a loo parties de matière sèche.
I. 3 mai igoS 89,6.''! 3,83 2,01 906 0,941-^ o, 1082 »
II. 17 mai 8g, 44 3,37 1,81 887 0,8710 0,0827 i,i238
III. () juin. Apparition A<: quelques tiges poftant des
boulons floratix 8S,oi 3,o5 i,47 766 0,494^ 0,0283 0,8702
IV. 3o juin. Apparition des ileiiis 86,33 2,.j3 1,46 667 0,454^ "lOM? 0,9838
I. i4 juin. Avant apparition des boutons flo-
raux 89,88 3,93 2,Gi 93i 1,4^9^ Oj-^49' i,8t52
II. 38 juin. Formation des boutons floraux 86,92 3,82 2,48 716 i,386o o,o636 1,8930
III. 10 juillet. Floraison 84, i5 3,24 ^1-6 575 i,i465 0,0986 i,i3i.'j
Tous les dosages de l'acide phosphoriqiie ont été effectués par la pesée
du phosphomolvbdate d'ammonium (méthode au citrate de H. Pellet). On
peut ainsi apprécier avec une grande précision de très faibles quantités
d'acide phosphorique contenues dans certains liquides.
La comparaison des nombres inscrits dans le Tableau précédent conduit
à formuler les remarques suivantes :
I. A mesure que les feuilles se déshydratent par suite des progrès de la
végétation, la quantité d'azote total contenu dans 100 parties de suc diminue
chez les feuilles de Pyrèthre : elle est égale à o^, io3 et ©""^ogS aux deux
premières prises d'échantillon; elle s'abaisse à 0^,064 et o*»', 068 aux deux
prises suivantes. La quantité ti'acide phosphorique total augmente au con-
traire. Chez les feuilles de Pavot, dont la déshydratation est cependant
plus rapide que celle des feuilles de Pyrèthre, la quantité de l'azote total
contenu dans 100 parties de suc est égale successivement à 0^,159, 0^,193,
o", 199, tandis que la proportion de l'acide phosphorique total est maxima
à la deuxième prise d'échantillon, à laquelle correspond la formation des
boutons floraux. La concentration des sucs en azote et acide phosphorique
Io8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
solubles est notablement plus élevée chez les feuilles de. la plante annuelle,
à végétation rapide, que chez celles de la plante vivace.
II. Si l'on prend le rapport entre l'azote total dii suc correspondant à
loo parties de matière sèche et l'azote total contenu dans loo parties de
matière sèche, on trouve que ce rapport, égal à -j^ environ aux deux pre-
mières prises d'échantillon des feuilles de Pyrèthre, s'abaisse à ~ aux deux
dernières prises. Chez les feuilles de Pavot, ce rapport, notablement plus
élevé, est à peu près constant et égal à ^. Par suite de l'évolution rapide
de cette dernière plante, des quantités considérables d'azote soluble, éla-
borées dans la feuille, sont mises en circulation, afin de pourvoir aux
besoins de la fi-uctification.
L'élaboration de la matière azotée dans la feuille aux dépens des nitrates
trouve, dans les chiffres du Tableau, une démonstration très nette, surtout
dans le cas des feuilles de Pavot, et sur laquelle il est superflu d'insister.
On notera seulement que la disparition des nitrates chez ces dernières
feuilles est beaucoup plus rapide que chez les feuilles de Pyrèthre.
Les faits qui précèdent traduisent, en ce qui concerne l'azote, la diffé-
rence qui existe entre le travail physiologique des feuilles d'une plante à
souche vivace et celui des feuilles d'une plante annuelle, remarquable par
la rapidité de son évolution. L'examen des variations simultanées de l'acide
phosphorique et de l'azote conduit à des constatations analogues.
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur l'hordénine : alcaloïde naiweau retiré des germes,
dits touraillons, de l'orge. Note de M. E. Léger, présentée par M. Gui-
gnard.
Par la méthode de Stas j'ai pu extraire des touraillons d'orge un alca-
loïde nouveau que je propose de nommer hordénine.
En pratiquant la méthode sus-indiquée, l'alcaloïde est obtenu en solution
élhérée; celle-ci, évaporée à sec, abandonne la base sous forme d'une
matière poisseuse qui ne tarde pas à se prendre en une masse de cristaux.
Le produit est purifié par des cristallisations répétées dans l'alcool.
Ainsi obtenue, l'hordénine forme des prismes assez volumineux, inco-
lores, anhydres, presque insipides, fusibles à +117°, 8 (corrigé) en un
liquide incolore. Maintenue pendant longtemps à cette température ou
mieux à i4o-i5o°, elle se volatilise et peut, sans altération sensible, être
sublimée à la façon du camphre. Sa solution alcoolique est sans action sur
SÉANCE DU 8 JANVIER 1906. 109
la lumière polarisée; il en est de même de la solution aqueuse du sulfate.
M. WyroubofF, qui a bien voulu examiner les cristaux d'hordénine, a
constaté que ce sont des prismes orthorhombiques plus ou moins allongés,
très fortement biréfringents; le rapport des axes étant 0,5257: i :o,355i.
L'hordénine se dissout abondamment dans l'alcool, le chloroforme,
l'éther, moins dans le benzène, et peut cristalliser de ces divers solvants.
Elle se dissout à peine dans le toluène et encore moins dans le xylène com-
mercial. Sa solubilité dans les carbures du pétrole est à peu près nulle à
froid.
L'hordénine est une base forte, qui non seulement bleuit le tournesol
rouge, mais encore rougit la phtaléine du phénol et déplace, à froid, l'am-
moniaque de ses sels. L'acide sulfurique concentré ne la colore pas. Elle
est à peine attaquée par la potasse en solution concentrée et à chaud, ni
même par la potasse en fusion. Par contre elle réduit, à froid, le perman-
ganate de potassium en solution acide et, à chaud, l'azotate d'argent am-
moniacal ainsi que l'acide iodique, ce dernier avec précipitation d'iode.
La composition de l'hordénine, ainsi que son poids moléculaire, corres-
pondent à la formulé (') CH'^NO. Elle est donc isomérique avec l'éphé-
drine; mais, tandis que celle-ci est une base secondaire, l'hordénine, ainsi
que nous le verrons plus loin, est une base tertiaire. C'est, de plus, une
base monoacide, ne formant, par conséquent, qu'une seule série de sels.
Ceux que j'ai préparés sont, en général, très solubles dans l'eau; mais
tous, à l'exception du chlorhydrate, cristallisent facilement en solution
aqueuse.
Sels. — Le sulfate (C"'H'°NO)^SO*H--f- H^O cristallise en aiguilles prismatiques
brillantes, facilement solubles dans l'eau, très peu solubles dans l'alcool à gS".
Le chlorhydrate C'H'^iNO, HCl cristallise dans l'alcool à 90° en fines aiguilles
anhydres.
X^e. brom hydrate C'"H'''NO,HBr forme de très longues aiguilles prismatiques,
brillantes, anhydres, très solubles dans l'eau, moins solubles dans l'alcool à 90°.
Uiodhydrate C'H'^NO, HI cristallise en prismes allongés, anhydres, un peu moins
solubles dans leau que le bronihydrate, peu solubles dans l'alcool à 90°.
Dérivé alcoylé. — Viodoniéthylate C"'H'^N0,GH^1 s'obtient : soit en chaullant
à 110°, en tube scellé, la base avec CH^I; soit en abandonnant, à froid, une solution
éthérée ou alcoolique de base additionnée de CH^ L Dans tous les cas, même avec un
grand excès de CH^I, le produit obtenu est le même. L'hordénine ne pouvant liver
qu'une seule molécule de CH'l est donc bien une base tertiaire. L'iodométhylate cris-
(') Les analyses seront publiées ailleurs.
C. B., igoU, I" Semestre. (T. CM.II, N» 2.)
i5
\cc
IIO ACADEMIE DES SCIENCES.
tallise dans l'eaii en prismes incolores, anhydres, beaucoup plus solubles à chaud qu'à
froid.
Dérivé acidylé. — XJacétylhordcnine s'obtient en chauffant pendant 3 à /j heures,
à loo", la base avec un excès d'anhydride acétique. Après décomposition de l'excès
d'anhydride au moyen de l'eau, on met le dérivé acélylé en liberté par. NH^ et l'on
extrait à l'élher. L'acétylhordénine reste, après évaporalion de l'étlier, sous la forme
d'un liquide sirupeux, incrislallisable. C'est un corps basique, dont le sulfate, très
soluble dans l'eau et l'alcool, iie cristallise pas. L'iodhydrale, au contraire, est très peu
soluble, à froid, et cristallise avec facilité.
Z,'/oû?/iy<i/'aie c?'«ce7j/Aors?e'«//ie C"H"(C-H'0)NO, HI s'obtient en ajoutant à la
solution aqueuse concentrée du sulfate d'acétjlhordénine une quantité équivalente de
Nal en solution concentrée. Il se forme un abondant précipité cristallin qui, après
lavage et dessiccation, est cristallisé successivement dans l'âlcooi à 90° et dans l'eau. Il
forme ainsi des cristaux tabulaires, blanc jaunâtre, anhydres, très solubles dans l'alcool,
surtout à chaud.
Nous avons tenté des expériences en vue de rechercher la constitution
de l'hordénine. Dès maintenant, il est établi que son atome d'azote est ter-
tiaire et que son atome d'oxygène existe dans la molécule à l'état d'oxhy-
drile. L'hordénine présente, en outre, un caractère phénolique très accen-
tué; elle se dissout dans les alcalis caustiques et ceux-ci ne précipitent pas
les soltitions de ses sels; la solution de son sulfate se colore faiblement en
violet bleu par le perchlorure de fer.
A la suite d'une observation faite par M. G. Roux, de Lyon, qui reconnut
que le bacille du choléra est incapable de se développer dans le bouillon
de touraillons, MM. Lauth, de Carcassonne, provoquèrent des expériences
ayant pour but de rechercher la valeur thérapeutique de ce produit.
Les essais cliniques qui suivront les recherches physiologiques faites par
M. L. Camiis sur l'hordénine (') établiront si cet alcaloïde agit stir l'orga-
nisme dans le même sens que le touraillon et s'il ne doit pas lui être avan-
tageusement substitué.
PHYSIOLOGIE. — L'hordénine, son degré de toxicité, symptômes
de l'intoxication. Note de M. L. Camus, présentée par M. Guignard,
J'ai entrepris à la demande de M. Léger l'étude physiologique d'un alca-
loïde nouveau, l'hordénine (-), qu'il vient d'isoler des touraillons d'orge.
(') Voir ci-dessous.
(-) Voir ci-dessus, p. 108.
SÉANCE DU 8 JANVIER Î906. Ill
Le produit qui m'a été confié est le sulfate d'hordéninp; c'est un corps bien
blanc, d'aspect cristallin et d'une grande solubilité dans l'eau.
Avant d'entreprendre cette recherche je me suis demandé si les propriétés de cette
substance n'avaient pas été au moins partiellement entrevues par les expérimentateurs
qui ont étudié l'orge. Or, voici ce que l'on sait jusqu'ici des propriétés thérapeutiques
de l'orge (relativement à Thordénine), et c'est je crois la connaissance de ces propriétés
qui a conduit M. E. Léger à sa découverte.
En 1890, M. G. Roux (') faisait connaître, dans un travail sur les touraillons d'orge,
que ce produit employé comme milieu de culture est parfois très nuisible au dévelop-
pement de certains microbes et en particulier des vibrions cholériques. Cette remarque
fut sfiivie d'un certain nombre d'applications médicales.
Plusieurs médecins du midi de la France essayèrent les infusions et macérations de
tourailloû dans la dysenterie et les adeclions cholériformes ; les résultats furent encou-
rageants et quelques médecins des colonies, qui firent ensuite usage de ce produit,
obtinrent aussi pour la plupart d'excellents résultats. Le Conseil supérieur de santé
de? colonies, appelé à donner son appréciation, fit toutefois quelques réserves ; il recon-
nut que les touraillons rendent des services, mais qu'il- ne sont pas à la hauteur des
préparations d'ipéca et de sulfate de soude qui restent les véi itables spécifiques de la
dysenterie. La restriction dans celte appréciation tenait à quelques insuccès qui furent
expliqués par G. Roux, par Fabre ainsi que par les travaux de Kayser (-) qui mon-
trèrent que, suivant le mode de préparation, le touraillon subit des altérations plus ou
moins considérables. Le séchage dans les tourailles ordinaires fait perdre à l'orge ses
propriétés bactéricidee, alors que le séchage dans la touraille Lauth laisse subsister
ces propriétés et, par conséquent, les qualités thérapeutiques. L'alcalo'ide isolé par
M. Léger, très volatil aux températures qui modifient le touraillon, a justement été
extrait des produits reconnus actifs.
Depuis 1901, époque à laquelle Boinel (^) publiait le résumé des tentatives théra-
peutiques faites jusqu'alors avec le touraillon, ainsi que le résultat de ses recherches
personnelles, conformes d'ailleurs à celui du Conseil supérieur de santé des colonies,
il n'a pas été fait de travaux importants sur la question.
Nous nous trouvons donc aujourd'hui en face du problème suivant : quelles sont les
propriétés physiologiques de l'alcaloïde extrait des touraillons et dans quelles limites
peut-on en essayer l'action thérapeutique'.' L'étude que je poursuis donnera à brève
échéance la réponse à»ces questions; pour l'instant je me bornerai à faire connaître les
propriétés toxiques et le degré de toxicité de la substance.
J'ai étudié la toxicité en pratiquant des injections intra-veineuses, des
(') G. Houx, Société médicale de Lyon {Lyon médical, t. XLIV, 1890, p. 476-478).
(') Kayser, Etude des mails de brasserie {Annales de l'Institut Pasteur, 1890,
p. 484-499).
(') BomiiT, Du touraillon d'orge en thérapeutique {Marseille médical,
t.XXXVlII, i5 novembre i90i,p. 673-681).
112 ACADEMIE DES SCIENCES.
injections sons-cutanées et en faisant ingérer des solutions de sulfate d'hor-
dénine; les solutions employées ont toujours été des solutions aqueuses,
tantôt à I pour loo, tantôt à i pour 20 et quelquefois à i pour 4o. Les
animaux expérimentés ont été le cobaye, le lapin, le chien et le rat. Chez
le cobaye, le lapin et le chien j'ai étudié l'effet toxique des injections intra-
veineuses et chez le cobaye et le rat celui des injections sous-cutanées;
enfin, chez le chien, j'ai étudié l'effet de l'ingestion.
D'une façon générale la toxicité du sulfate d'hordénine est faible, la dose
minima mortelle pour le chien et le cobaye est de ok,3o par kilogramme
en injection intra-veineuse; elle est un peu plus faible pour le lapin, o^, aS
seulement. En injection sous-cutanée chez le cobaye la dose mortelle mi-
nima par kilogramme est de 2^; chez le rat elle semble un peu plus faible,
i^ environ, mais les rats sur lesquels j'ai expérimenté étaient assez jeunes
et leur faible poids ne me permet pas de donner cette dernière valeur
comme très précise. Enfin le chien meurt après l'ingestion de 2^ par kilo-
gramme. Tous ces chiffres sont le résultat de plus de 60 expériences que
je ra])porterai ailleurs en détail.
L'intoxication s'accompagne principalement de manifestations ner-
veuses; les symptômes observés sont surtout caractéristiques d'actions
corticales et bulbaires. C'est d'abord une excitation plus ou moins forte
suivie d'une phase de paralysie; les hallucinations tiennent une place impor-
tante dans la première phase. Ce sont ensuite des phénomènes convulsifs
qui se traduisent par une série d'attaques cloniques et toniques plus ou
moins marquées suivant l'espèce animale; enfin apparaît la paralysie. Les
réactions bulbaires sont aussi très précoces, elles se montrent dès le début
de l'intoxication sous forme de troubles respiratoires, on constate toujours
une polypnée plus ou moins dyspnéique, suivie d'une phase plus ou moins
prolongée d'apnée. Les vomissements sont également constants après
l'ingestion d'une dose mortelle. La mort est la conséquence d'une action
de la substance sur le bulbe, elle est due à un arrêt de la respiration; si
l'on ouvre le thorax d'un animal qui a cessé de réagir, on constate que
le cœur continue à battre encore pendant quelque temps. La respiration
artificielle retarde ou empêche la mort. Il importe aussi de remarquer que
la phase de l'intoxication pendant laquelle la mort peut survenir est tou-
jours très courte; si l'animal surmonte cette phase, il se remet vite et com-
plètement sans présenter de troubles consécutifs. A la suite d'une injection
intraveineuse, je n'ai jamais vu la mort survenir passé une dizaine de
minutes et après 45 minutes pour une injection sous-cutanée. Dans quelques
SÉANCE DU 8 JANVIER igo6. Il3
expériences je me suis préoccupé du sort de la substance dans l'économie
et, d'après quelques analyses pratiquées par M. Léger, je puis dire qu'une
partie de celte substance s'élimine par les urines.
En résumé, le sulfate d'hordénine est une substance peu toxique; elle
donne lieu, quand elle est injectée ou ingérée à forte dose, à des manifesta-
tions d'origine corticale et bulbaire. Quand la mort se produit, elle est
déterminée par un arrêt de la respiration. Si l'animal survit après avoir été
fortement intoxiqué, il se remet complètement et très rapidement; dans les
jours qui suivent, son poids n'est pas sensiblement modifié.
ZOOLOGIE. — Sur les Échinodermes recueillis par l'expédition antarctique
française du D'^ Charcot. Note de M. R. Kœhler, présentée par M. Alfred
Giard.
M. le professeur Joubin a bien voidu me confier l'étude des Stellérides,
Ophiures et Échinides recueillis dans l'océan Antarctique par l'expédition
du D'' Charcot. La collection qui m'a été remise n'est pas très considé-
rable, mais elle renferme des formes ayant un grand intérêt, notamment
parmi les Astéries qui m'ont offert non seulement plusieurs espèces nou-
velles, mais encore un genre nouveau et même une famille nouvelle. Les
Ophiures, assez pauvrement représentées, ont fourni une espèce nouvelle.
Quant aux Échinides, ils ajjpartiennent à trois espèces déjà connues.
Voici l'énuméralion des espèces recueillies :
Stellérides.
AnriHASTÉRiDÉES : Riposter CliarcoLi nov. gen., nov. sp.
Odonlaslcr validas nov. sp.
Odontaster tennis nov. sp.
Gyjixastéru)êes : Porania aiUarctica Smith.
Stichastéridées : Granasler biseriatus nov. sp.
AsTÉRiADÉES : Anaslerias tenera nov. sp.
Diplasteriai Tur(iueti nov. sp.
Diplasterias papillosa nov. sp
Brisixgidées : Lahidiaster radiosits Lïitken.
Crvastéridées nov. fam. : Cryasler anlarclicus nov. gen., nov. sp.
Ophiures.
Ophioglypha innoxia nov. sp.
Ophionoltis Victoriœ Bell.
Il4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Échinides.
Arbacia Diifresnii (BWmy'Me).
Echinus magellanicuit (Pliilippi).
Echi/itis inargariLàceus (Lamarck).
La seule inspeclion de cette liste montre que la faune échinologique
observée par l'expédition Cliarcol est notablement difTérente de celle qu'ont
rencontrée d'autres explorateurs antarctiques, celles de la Belgica et de la
Southern-Cross, par exemple.
Parmi les Astéries, deux formes seulement appartiennent à des espèces
déjà connues et d'ailleurs abondamment répandues vers la pointe méri-
dionale de l'Amérique du Sud : ce sont Xqs Porania antarctica e\. Labidiaster
radiosus. Les huit autres sont nouvelles et appartiennent pour la plupart à
des genres bien représentés dans les mers australes : Odontaster, Granaster,
Anasterias et Diplasterias. J'ai dû créer le genre nouveau Ripasler pour une
Arrhasléridée caractérisée par la minceur des plaques marginales. Enfin,
une dernière forme, remarquable p;ir l'absence complète de squelette
dorsal, ne peut rentrer dans aucune famille connue de Cryptozonia et doit
faire le type d'une famille nouvelle, celle des Cryastéridées, voisine des
Echinastéridées.
Les Ophiures renferment une Ophioglypha nouvelle voisine de l'O. Sarsi
et plusieurs exemplaires à' Opliionotus Victorice, espèce découverte récem-
ment dans les mers australes par la Southern-Cross et remarquable par le
morcellement des plaques brachiales latérales.
Les trois Echinides, que j'ai mentionnés plus haut, ont déjà été rencon-
trés plus ou moins fréquemment sur les côtes de la Patagonie et dans les
parages du cap Horn. \J Echinus margaritaceus est représenté par de nom-
breux échantillons qui m'ont permis de compléter la description et de
rectifier la synonymie de cette espèce.
Toutes ces formes seront décrites et figurées dans un Mémoire accom-
pagné de planches.
La composition de la faune échinologique antarctique observée par l'ex-
pédition Charcot est complètement différente de celle que l'on rencontre
dans les mors arctiques et son étude viendrait encore, si cela était néces-
saire, apporter un nouvel argument contre la théorie de la bipolarité des
faunes arctique et antarctique. Cette théorie a déjà été combattue par
plusieurs zoologistes et par moi-même : plus les observations se multi-
SÉANCE DU 8 JANVIER 1906. Il5
plient, plus les différences se montrent nombreuses et accentuées entre les
faunes des régions arctic[ue et antarctique de notre globe.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la valeur des éléments magnétiques à l' Obser-
vatoire du Val-Joyeux au \" janvier 1906. Note de M. Th. Muukeaux,
présentée par M. Mascart.
Aucune modification n'a été apportée, en igoS, à la marche du service
magnétique établi depuis 1902 à l'Observatoire du Val-Joyeux; comme les
années précédentes, les observations ont été faites par M. J. iLié, avec les
mêmes apjjareils, et réduites d'après les mômes méthodes.
Les valeurs des diflérenls éléments au i" janvier 1906 résultent de la
moyenne des valeurs horaires relevées au maguétographe le 3i décembre
igoS et le i""^ janvier 1906, rapportées à des mesures absolues faites le
3o décembre et le 2 janvier.
La variation séculaire est déduite de la comparaison entre les valeurs
actuelles et celles qui ont été données pour le i*'' janvier 1903 (').
Valeurs absolues et variation séculaire des éléments magnétiques
à t' Observatoire du Val-Joyeux.
Valeurs absolues
au Variation
Elcmenls. 1"janvier 19U(i. séculaire.
Déclinaison occidentale i4. 53,73 — 2,96
Inclinaison 64.48,8 — 2,3
Composante horizontale 0,1972g H-o,oooo5
Composante verticale o, iigoi — 0,00064
Composante Nord o, 19066 -1-0,0001 i
Composante Ouest 0,06071 — o,ooo3i
Force totale 0,46359 — o,ooo55
La station du Val-Joyeux est située à Villepreux (Seine-et-Oise), par
o°i9'23" de longitude Ouest, el4»°49'i6" de latitude.
(') Comptes rendus, t. CXL, 1905, p. 107.
Il6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
OCÉANOGRAPHIE. — Courants marins profonds dans V Atlantique Nord.
Note de M. A. Chevallier.
Pendant la campagne faite par S. A. S. le prince de Monaco, à bord de
la Princesse- Alice, en 1904, des échantillons d'eaux en série verticale, avec
détermination de leur température in situ, ont été recueillis en quatre
points situés entre les Açores et les Canaries.
Lat. N. I-ong. W. Profondeur,
o / n , m
A 33.06 25.07 4904
B 31.46 25.01 5428
G 32.18 23.58 5422
D 3 1.06 24.06.80" 5ooo
Les analyses de ces échantillons, et en particulier la mesure des densités
S° et s", ont été exécutées par M. Allemandet, chimiste du Prince à
Monaco.
Ces données m'ont servi à établir les éléments de la circulation sous-
marine, d'après la méthode de M. Thoulet (Comptes rendus, t. CXXXVIII,
p. 527>
J'qi trouvé les résultats suivants entre 25"° et 3oo™ de profondeur,
rapportés aux points M (lat. = 32°23' N, long. = 24''4i' W) et N
(lat. = 3i°43'N, long. =: 24''22'W), centres respectifs des triangles ABC
et BCD. Les valeurs formant un Table;iu complet de la circulation océa-
nique ont été ensuite calculées et représentées graphiquement jusqu'au
fond .
M. N.
Prufoiuleur. Dircntion. Intciisilé. Inclinaison. Direction. Intensilé. Inclinaison.
25™ S. 32" E. 66 58" S. 3o" E. 61 28"
5o S. SaoE. 175 36" S. 65° E. 87 34"
,oo S. 48° E. 14 » S. 82° E. 3o »
i3o S. 82° W. i5 » » » »
i5o S. 55" W. 19 » S. i6"W. 81 »
175 S. 82" E. 4 » " " »
200 N.42°E. 20 » S. 35" E. 102 3' 28"
3oo., .... N. 28" E, 9 )) » » »
SÉANCE DU 8 JANVIER 1906. II7
Les courants dont l'intensité est représentée pai' un chiffre égal ou inférieur à 5 ré-
sultent de différences de densité, entre les trois points considérés, égales aux erreurs
expérimentales commises dans la mesure de ces densités; ils peuvent donc être consi-
dérés comme nuls.
Ces résultats sont susceptibles d'être mis sous forme de graphiques permettant
d'apercevoir d'un seul coup d'oeil les conditions de la circulation à une profondeur
quelconque, depuis la surface jusqu'au fond, le long des verticales des points M et N.
Sur une droite verticale et aux diverses profondeurs, indiquées à l'échelle, où ont
lieu les variations maxima des courants, on imagine que le courant est figuré en
vraie direction par une droite de longueur proportionnelle à son intensité ou gradient
sur un plan perpendiculaire à la verticale, c'est-à-dire horizontal, orienté : l'Est à
droite, l'Ouest à gauche, le Nord et le Sud en face du spectateur. On rabat ensuite
tous ces plans le long de la verticale, de manière que leur nouvelle orientation soit
absolument celle d'une carie géographique.
Une construction graphique très simple permet d'abréger considérablement, tout
en conservant la même rigueur, les calculs trigonométriques de la méthode de
M. Thoulet.
L'examen des deux schémas montre que :
1° La circulation océanique est notablement plus active au voisinage de
la surface que dans les profondeurs où elle diminue d'intensité jusqu'à
devenir sensiblement nulle;
2° Les courants, suivant une même verticale, quoique souvent très rap-
prochés l'un de l'autre, peuvent manifester des directions notablement
différentes;
3° Dans la région comprise entre les Açores et les Canaries, les cou-
rants superficiels donnent une direction qui est bien celle connue prati-
quement à cette place du grand courant tropical et équatorial.
Cette concordance prouve l'exactitude de la méthode de M. Thoulet.
Elle permettra dans l'avenir, lorsqu'un nombre suffisant de points auront
été déterminés, de reconnaître le plan limite inférieur d'un courant, c'est-
à-dire en quelque sorte le sol liquide sur lequel il progresse et, en outre,
de passer de la connaissance de l'intensité d'un courant évalué en gradient,
à son intensité évaluée eu mètres, c'est-à-dire à sa vitesse réelle.
M. A. Le FRANC a déposé à l'Académie, le 1 5 juillet 1902, un pli cacheté.
Sur la demande de l'auteur, ce pli a été ouvert à la séance du 23 oc-
tobre 1905 et renvoyé à l'examen de MM. Mascart et Cailletet.
M. Lefranc décrit, dans sa Note, un dispositif qui permet de faire fouc-
C. R., 190G, I" Semestre. (T. CXLII, N" 3.) lO
TiS ACADÉMIE DES SCIENCES.
tionner un gouvernail à distance au moyen d'une roue à contacts allerna-
tifs, commandée par des ondes herlziennes.
M. Alfred Iîkust ailrcsse nneNote sur un Nouvel appareil destine à dé-
montrer 1(1 rotation de la Terre.
La séance est levée à 3 heures trois quarts.
G. !).
BUI.I.KTIN BIBI.IOGKAPHIi^UE.
Ouvrages reçus oans la séance du 26 décembre igoô.
Institut de France. Obsen'atoire d' Abbadia. — Observations ;'ïo\ïie\\\ : Obsen'a-
tions faites au cercle méridien en 1902 et igoS, par MM. Versciiaffel, Lahourcade,
SouGARRET, Bergara et SoRREGUiETA, publiées par M. l'Abbé Verscuaffel, Directeur de
l'Observatoire. Ascain, imprimerie de l'Observatoire d'Abbadia, igoS; i vol. in-4°.
Ministère des Travaux publics. Carte géologique de la France, à l'échelle du
millionième, exécutée en utilisant les documents publiés par le Service de la Carte géo-
logique détaillée de la France, sous la direction de M. Michel Lévy, Membre de l'Ins-
titut. Paris, igoS; i feuille, sur toile, in-plano. (Présenté par M. Michel Lévj. )
Mission scientifique permanente d'Exploration en Indo-Cliine. Décades zoologiques :
Oiseaux ; n° 3. Hanoï, 1906 ; i fasc. in-S". (Ex.emplaire n" 16. ) (Présenté par M. Delage. )
Service géographique de l'Armée. Rapport sur les travaux exécutés en igo4. Paris,
igo5 ; I fasc. in-8".
Cours de Chimie organique, par Armand Gautier, Membre de l'Institut, et Marcel
DeléPini! ; 3" édition, mise au courant des travaux, les plus récents. Paris, Masson et C"^,
1906. I vol. in-8°. (Hommage des auteurs.)
L'année biologique. Comptes rendus annuels des travaux de Biologie générale,
publiés sous la direction de M. Yves Delage, Membre de l'Institut; 8" année, igoS.
Paris, H. Le Soudier, igo5; i vol. in-8". (Hommage de iM. Delage.)
Résultat des campagnes scientifiques accomplies sur son yacht par Albert 1"",
Prince souverain de Monaco, publiées sous la direction et avec le concours de M. Jules
Richard. Fascicule XXXI : Description des encéphales de Grampus griseus Cuv., de
Sleno frontalus Cuv., ei <^e Gljbicephalus mêlas Fraill, provenant des campagnes
de la « Princesse-Alice ii, parAuGUSTE Pettit; avec4 planches. Imprimerie de Monaco,
igoS; 1 fasc. in-4°.
Les Rudistes urgoniens, deuxième Partie, par V. Paquier; planches VII-XHL
SÉANCE DU S JANVIER 1906. I I9
(Mémoires de la Société géologique de France : Paléontologie; Tome XIII, fasc. 4-.)
Pari^, 190,5 ; i fasc. 'in-4".
L' Inversion pkolographiijae, pai- A. Guébhard. (Extrait de la Revue des Sciences
pliotographii.Kes, 1904-1900.) Paris; i fasc. in-4°.
OuVRA'iKS KKÇUS UAlN'i LA SÉA.'Vc:K DU 2 JANVIER I906.
Travaux du Laboratoire de Géologie de la Faculté des Sciences de l'V niversité
de Grenoble, 1904-1905; t. VII, fasc. 2. Grenoble, 1905 ; i vol. in-8°.
Mémoires de l' Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse,
2" série, t. V. Toulouse, igoS; i vol. in-S".
Bulletin de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts de la Sarttie, 2" série,
t. XXXII, années igoS et 1906, 2" fascicule. Le Mans, 1900; i vol. in-8°.
Teoria délie transformazioni délie super ficie applicabili sulle quadriche rotonde;
Memoria del socio LuiGi Bianchi. Rome, igoô; i fasc. in-4". (Hommage de l'auteur.)
Méthodes de calcul graphique en usage à V Observatoire royal de Lisbonne, par
Frederico Oon. Lisbonne, igoS; i fasc. in-S".
Algunas consideraciones sobre las cor rienteselectricas, por IcNACro Virge.n. Golima,
1906 ; I fasc. in- 12.
De l'enseignement de la Géologie et de la Géographie industrielles aux ingénieurs
et aux agents coloniaux, par J.-M. Bel. Bruxelles, igoS; i fasc. in-8°. (Hommage
de l'auteur. )
Origin of petroleum and coal, by a Californi;i oil-vell driller. Wliittier, igoS ;
1 fasc. in-i2.
/Votes on tlie life hislory of britisli flo^vcriag planfs, bv Lord Avebuhv. Londres,
igo5; I vol. in-S". (Hommage de l'auteur.)
Remarques sur l'ornithologie de l'Etat indépendant du Congo, suivies dhine liste
des espècc'i recueillies jusqu'ici dans cet Etat, par le D'" Alph. Dubois; t. I, fasc. 1.
{Annales du Musée du Congo : Zoologie; série IV.) Bruxelles, igo5 ; i fasc. in-f".
The dietetics, hy E.-J. David. San-Francisco, igoS; i fasc. in-8°.
Das Versuchs-Kornhaus und seine wissenschaftlichen Arbeiten, von J.-F.
Hoffmann; Berlin, 1904; i vol. in-S". (Hommage de l'auteur.)
Beitràge zur Théorie und Praxis der Trncknung von Getreide und anderen .
Kôrpern, von J.-F. Hoffmann. Berlin, igoS; 5 fasc. in-4''.
Transactions of the clinical Society of f^ondon; vol. XYXVIII. Londres, igo5 ;
I vol. in-S".
Transactions of the Academy of Sciences of Saint-Louis; vol. XV, n°= 1-3.
Saint-Louis, igo5; i vol. et 4 fasc. in-8°.
Ouvrages reçus dans la séance uu 8 janvier 1906.
Connaissance des Temps ou des mouvements célestes, pour le méridien de Paris,
à l'usage des astronomes et des navigateurs, pour l'an igoS, publiée par le Bureau
DES Longitudes. Paris, Gautliier-Viliars, igo5; i vol. iu-8". (Présenté par M. Radau. )
'I20 ACADEMIE DES SCIENCES.
Annales du Bureau central météorologique de France, publiées par E. Mascart,
Membre de l'Institut; année 1903 : II. Observations; année igoS : III. Pluies en
France. Paris, Gauthier-Villars, igoS; 2 vol. in-4°. (Présenté en hommage par
M. Mascart. )
Recherches sur l'épuration biologique et chimique des eaux d'égout, effectuées à
l'Institut Pasteur de Lille et à la station expérimentale de la Madeleine, par le
D' A. Galmette, Correspondant de l'Institut; t. I. Paris, Masson et G''=, igoS; i vol.
in-S". (Hommage de M. le D"' A. Galmette.)
La greff'e en sève active pour la transformation des vieilles souches en cépages
productifs, par A. Detroyes. Bar-sur-Seine, imp. V'* G. Saillard, 1906; i fasc. in-12.
Bévue scientifique, paraissant le samedi. Directeur : D'' Toulouse; 5" série, t. V, n" 1 ,
6 janvier 1906. Paris; i fasc. in-4''.
La Nature, Revue des Sciences et de leurs applications aux Arts et à l'Industrie,
journal hebdomadaire illustré ; 34° année, n° 1702, 6 janvier 1906. Paris, Masson et G'=,
I fasc. in -4°.
Bulletin de V Académie de Médecine, publ. par S. Jacoud et A. Motet; 3= série,
t. LV, n" 1, 2 janvier 1906. Paris, Masson et G'=; i fasc. in-8°.
Le Progrès médical, journal hebdomadaire; 3= série, t. XXII, n" 1, 6 janvier 1906.
Paris, I fasc. in-4°.
{A suivre.)
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 13 JANVIER 1906,
PRÉSIDENCE DE M. H. iPOINCARÉ.
MEMOIRES ^:T COMMlIIVlCATlOrMS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
AÉRONAUTIQUE. — Sur l' atterrissage des aéroplanes.
Noie de M. Bouquet de la Grye.
A l'heure actuelle toutes les parties des aéroplanes ont été étudiées sépa-
rément ; machines, hélices, plans ont subi les épreuves delà pratique et
l'on peut affirmer que la solution définitive va être donnée à bref délai.
Une double difficulté reste pourtant à vaincre, celle du départ et celle
de l'atterrissage. La dernière a été résolue par l'emploi des parachutes
et une solution analogue me paraît devoir être appliquée aux aéroplanes.
Le schéma suivant indique les dispositions qui me semblent devoir être
adoptées; des expériences en petit m'en ont montré l'efficacité.
F/.
a/7 supérieur-
Surfai
i/àire
La surface alaire, qu'elle se compose d'un ou de plusieurs plans étages,
est percée à son centre d'une large ouverture et au-dessus à une certaine
C. R., 1906, 1" Semestre. (T. CXLII, N» 3.) I7
122 ACADEMIE DES SCIENCES.
hauteur est placé un autre plan. I^a nacelle est fixée au-dessous de la sur-
face alaire, elle contient avec les voyageurs la provision de combustible.
La machine est fixée aux ailes.
Trois bambous formant itripode permettent le jeu de l'hélice. Ils sont
relevés pendant la marche.
Le plan supérieur a une certaine mobilité, servant de gouvernail hori-
zontal pour monter ou descendre.
Si l'on a deux hélices un gouvernail horizontal est inutile.
Dans ces conditions, l'air frappant à la descente le plan supérieur tend
à maintenir l'aéroplane horizontal, ce à quoi contribue aussi la nacelle.
Je me suis occupé il y a longtemps de cette question et, en i853, j'ai fait
circuler un aéroplane à l'aide de fusées. Si je n'ai pas continué des essais
lorsque les machines des automobiles ont été inventées, c'est qu'au point
de vue commercial il me semblait que l'aéroplane, ne pouvant transporter
des poids lourds, était peu utile. Il ne rendra jamais les services d'un
chemin de fer.
Une solution heureuse constituera un tour de force mis à l'actif du
XX* siècle, peut-être un nouveau sport; il pourra être aussi utilisé en
temps de guerre, mais n'ajoutera que peu de chose au progrès en général
et à la civilisation.
PHYSIQUE. — Sur les rayons N. Note de M. Mascart.
La découverte des ravons N par M. Blond lot a provoqué d'abord de
nombreuses expériences, publiées parfois trop hâtivement, et soulevé
ensuite des objections qui ont été jusqu'à la mettre en doute. Dans des
observations aussi délicates, il est permis de penser que les résultats néga-
tifs ne constituent pas des arguments scientifiques et peuvent être attribués
à l'insuffisance des appareils ou au défaut de préparation des opérateurs.
Dès le début, j'avais eu l'occasion de constater quelques-uns de ces phé-
nomènes, sans faire de mesures, et j'ai demandé, il y a quelques jours, à
M. Blondiot de vouloir bien répéter, avec des précautions particulières,
l'expérience tle la réfraction, dans un prisme d'aluminium, des rayons N
émis par une lampe Nernst.
Le spectre de réfraction présente un certain nombre de maxima d'inten-
sité, assez larges d'ailleurs en raison des conditions de l'expérience, et qui
ne comportent pas la précision des mesures optiques.
SÉANCE DU l5 JANVIER I906. 123
L'écran qui porte la ligne de sulfure, préalablement éclairé, était monté
sur le chariot d'une machine à diviser; on inscrivait le nombre marqué par
l'index sur la règle chaque fois que l'observateur arrêtait le mouvement sur
un maximum d'intensité. Voici les résultats obtenus par quatre observateurs
différents dans une même région :
Blondlot. Guttoa. V'irlz. Mascart. Moyenne.
382.4 » 38i 383,4 382,4
» 38-, 2 386,9 387 887,03
391.5 393 39a 891 391,9
398 , î 399 398 , 2 397 398 , I 5
Dans une autre expérience, la machine a été déplacée de façon que le
mouvement du chariot fût à peu près perpendiculaire aux rayons réfrac-
tés. Il a été convenu que l'opérateur ferait d'abord les pointés en marchant
dans un sens, puis, après quelques tours de vis supplémentaires, revien-
drait en sens contraire sur le même chemin. A chaque arrêt sur un maxi-
mum, je lisais la division de l'index à l'insu de l'observateur.
M. Blondlot a ainsi obtenu :
-> 387,5 382,3 374 368,3 36o,2 358 353,2
<- 386,1 38i,2 374,3 368,2 36o,a 358,2 353,2
Moy. 386,8 881,75 874,15. 868,2 36o,2 358, i 853,2
La lampe Nernst s'étant ensuite éteinte par rupture du circuit, cette
série a été interrompue; elle comportait d'ailleurs trop de lectures pour
des personnes moins exercées.
Ije prisme a été réglé sensiblement au minimum de déviation relatif
à une nouvelle position de la machine, et l'on a réduit l'étendue de la
région explorée, afin tl'éviter la fatigue des observateurs.
Les lectures ont donné alors :
Blondlot.... ( — >- 875,6 870,4 868,4 356,2
» ....(-«- 875,3 870,3 863,4 356,2
Moyenne.. 875,40 870,85 368,4 356,2
Giitlon I -^ h 371,4 864,2 356,1
» 1^ 874,8 367,4 36i,3 356,6
Moyenne.. 874,8 869,4 862,75 856,85
Virtz l^ 374,9 869,8 364,6 357,6
» I -^ 874,6 871,6 364,3 858,2
Moyenne.. 374,70 370,7 864,45 357,9
124 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Mascart . . . . \ ^ » 872 » 356
» . . . . i <— 876,5 .170 » 356
Moyenne.. 376,5 871 356
Pour donner une. idée de l'exactitude des expériences, j'ajouterai que,
dans le dernier cas, la déviation était voisine de 3o° et que i™"" de l'échelle
correspondait à 4' environ. Les conditions étaient de même ordre dans les
autres séries. Les pointés de M. Blondiot, en particulier, sont toujours con-
cordants à moins d'un demi-millimètre, sauf deux exceptions, de sorte
que la position de chaque maximum était déterminée à moins de 2' près,
soit ^ de la déviation.
C'est seulement à titre d'indication que j'ai reproduit mes observations
personnelles, faites à l'improvistc; il v faut en réalité une excellente vue et
un apprentissage spécial. Sur l'ensemble des résultats, je m'abstiens de
commentaire, laissant à chacun le soin de se former une conviction.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Influence de la réaction du milieu sur l'activité de
l'amylase et la composition des empois saccharifiés . Note de MM. L.
Maquenne et EuG. Roux.
On sait que l'addition progressive d'un acide à l'empois, d'amidon com-
mence par favoriser sa saccharification diastasique, |)uis la ralentit et l'em-
pêche; mais on est encore dans l'ignorance absolue delà grandeur que doit
avoir l'acidité ou l'alcalinité du mélange pour que la vitesse de la sacchari-
fication y atteigne sa valeur maxima.
Cette vitesse, dans les conditions ordinaires, est très variable, à ce point
qu'une saccharification de fécule étant terminée en 3o à 45 minutes, celle
de l'amidon de riz du commerce, toutes choses égales d'ailleurs, est encore
incomplète après trois jours.
C'est en recherchant la cause de ces irrégularités que nous avons été
conduits à examiner de plus près l'influence qu'exerce la réaction du mi-
lieu sur l'activité de l'amylase.
La raison pour laquelle cette influence est encore mal définie tient à ce
que la plupart des auteurs qui se sont occupés de celte question ont em-
ployé comme indicateur la phtaléine du phénol, réactif beaucoup trop sen-
sible en pareille circonstance, |)uisqu'il ne permet pas de distinguer les
corps inertes, comme l'acide carbonique, île ceux qjni, comme les acides
puissants, sont capables à eux seuls d'hydrolyser l'amidon.
SÉANCE DU l5 JANVIER 1906. 12S
L'emploi de l'hélianthine s'impose ici, comme toutes les fois qu'il s'agit
de mesurer une alcalinité ou une acidité forte; en fait il nous a conduits à
des résultats nouveaux, d'une netteté remarquable et surtout des plus
inattendus.
I. Tous les amidons et tous les extraits de malt que nous avons eus jus-
qu'à présent entre les mains possèdent une réaction alcaline, variable, pour
is d'amidon gélifié dans 5o™' d'eau pure, depuis 2 gouttes (blé, maïs, pois)
jusqu'à 3o gouttes (riz commercial) d'acide sulfurique décinormal. Ces
quantités correspondent lespectivement à 9"^, 8 et 147™^ de SO*H- par
litre d'empois à 2 pour 100.
L'alcalinité de l'amidon est en grande partie due à la chaux qu'il absorbe
pendant sa préparation; pour l'amidon de riz, dont nous venons de parler,
elle a pu être réduite à une goutte d'acide décime par gramme, à la suite
d'une simple digestion dans l'acide chlorhydrique dilué (i pour 100 de
HCl). A l'état normal, cet amidon renfermait 0,96 pour 100 de matières
minérales; après décalcification il n'en contenait plus qu'une trace indo-
sable, mais en a repris 0,1 pour 100 j)ar immersion dans l'eau ordinaire.
Cet amidon recalcifié présentait alors une alcalinité équivalente à 5 gouttes
d'acide décinormal par gramme.
En général, les empois neutralisés exactement par l'acide sulfurique se
saccharifient mieux que les empois normaux, mais on est encore loin de
l'optimum, ainsi que l'on peut s'en convaincre en augmentant avec précau-
tion la dose d'acide ajouté : la vitesse de saccharification s'accroît alors
rapidement, pour diminuer bientôt, lorsqu'on s'approche du moment où le
mélange empois + malt devient exactement neutre à l'hélianthine. Dès que
ce mélange présente une réaction acide, la saccharification s'arrête : un
premier pointacquis est donc que celle-ci ne peut s'accomplir qu'en milieu
franchement alcalin.
Il est facile, par un petit nombre de tâtonnements, de déterminer le
point où la vitesse de saccharification atteint sa valeur maxima; le Tableau
suivant résume les essais que nous avons poursuivis dans cette voie sur
différentes espèces d'amidons, en nous aidant de l'iode pour reconnaître
l'état d'avancement de la réaction.
Chaque expérience a porté sur So*^""' d'empois à 2 pour 100 d'amidon,
additionnés de 10'°'' d'extrait de mail à 10 pour 100 et saccharifiés vers 5o°,
dans un bain d'eau maintenu à température constante; l'alcalinité du malt
seul correspondait exactement à 6 gouttes d'acide décinormal pour lo"""',
126 ACADÉMIE DES SCIENCES.
soit o^^'iS. Les lettres font connaître la coloration fournie p;ir l'iode dans
chaque échantillon au bout du temps indiqué.
Fécule. Manioc. Pois. Maïs. Blé.
Cendres pour loo o,36 0,20 0,06 0,08 0,12
Alcalinilé pour is 3 gouttes 3 gouttes 2 gouttes 2 gouttes 2 gouttes
Durée de l'expérience 20 min. 30 min. 20min. ili.i.5m. 2h.3om.
I o... R JR JR R R
]^ i 3... RJ JR J J J
Acide — ajouté, | 5... JR J J RJ J
en gouttes de o™', 0.5 j "••• J J^ JR R R
I 9... JR R R V RV
'11... RJ RV RV VB VB
Dose d'acide la plus favorable. 7 gouttes 5 gouttes 4 gouttes 3 gouttes 4 gouttes
Riz
commercial. décalcilié. recalcifié.
Cendres pour 100 0.96 0,00 0,10
Alcalinité pour i3 3o g. . 1 g. 5 g.
Durée de l'expérience 45niin. 20 min. 20min.
j 28... RV / o... R B
^ \ 3o... R . N . l 3-.- J R
Acide — ajouté, ) 32... JR Acide — ajouté, ] 5... l\ JR
en ooi,itesdeo''"'',o.5 j "*■ • ■ en gouttes de o™',o."> 1 '■■" ''
' / 36... JR ^ / 9... V R
' 38 . . . R 1 l 'i . . . VB V
Dose d'acide la plus favorable. 34 g. 3 g. 7 g.
Si l'on fait la somme de tous ces nombres, on trouve que la quantité
d'acide nécessaire pour obtenir le plus rapidement possible la teinte jaune
limite a été de 67 gouttes, alors que la neutralisation exacte des huit échan-
tillons d'empois n'en exigeait que l\8. La différence 19 représente les o.Sg
de la quantité d'acide saturant les 80*^°'' d'extrait de malt employé; on peut
donc dire que, pour avoir une saccharification rapide, il faut d'abord saturer
l'empois, puis ajouter au malt une quantité d'acide suif urique égale au '- ou
aux \ de celle qui pourrait le neutraliser complètement. Celte conclusion est
d'accord avec les résultats obtenus dans chacun des cas particuliers dont
nous venons de donner le détail.
L'expérience conduite suivant ces prescriptions sur des empois d'amidon
de riz à i, 2 ou 3 pour 100 nous a permis de faire en moins d'une heure
SÉANCE DU l5 JANVIER igofi. \-l']
des saccharifications qui, autrement, auraient exigé plusieurs jours. Ajou-
tons que l'acide sulfurique peut être, sans inconvénient, remplacé par de
l'acide chlorhydrique, mais non par de l'acide acétique, dont la réaction
sur l'hélianthine n'est pas suffisamment nette pour donner lieu à des
mesures précises.
Ces résultats montrent qu'on arrive ainsi à produire une surexcitation
manifeste de l'activité diastasique; ceux qu'il nous reste à exposer vont
nous apprendre que cette hyperactivité ne se traduit pas seulement par un
accroissement de vitesse de la saccharification, mais qu'elle a aussi pour
effet de modifier profondément son processus chimique.
II. O' Sullivan, puis Brown et Morris, ont fait voir que la proportion de
maltose qui se forme dans l'action du malt sur l'empois dépend, entre cer-
taines limites de température, de l'énergie de la diastase, ou plutôt de la
dextrinase qui s'y trouve. Jusque vers 60° cette proportion reste à peu près
constante et voisine de 80 pour 100, ainsi que nous avons eu maintes fois
l'occasion de le vérifier nous-mêmes, lorsque l'empois et le malt sont pris
à l'état normal. Mais, ainsi que nous venons de le montrer, l'énergie de
ces diastases est encore accrue par une légère addition d'acide; il était, par
suite, à prévoir que la proportion de maltose devait en être affectée dans
le même sens.
L'expérience montre qu'en effet elle augmente considérablement.
Si l'on répète avec un extrait de malt activé, c'est-à-dire mis en présence
de la quantité d'acide sulfurique reconnue nécessaire pour obtenir la
vitesse de saccharification maxima, les expériences qui ont permis à l'un
M
de nous de déterminer la valeur du rapport -^ pour les principales variétés
d'amidons naturels, on arrive aux résultats suivants que, pour faciliter la
comparaison, nous mettons en regard de ceux qu'on obtient, à la même
température et pour la même concentration, avec des empois et des ex-
traits de malt normaux. La marche suivie dans ces essais a été d'ailleurs
exactement la même que celle qui a été décrite dans une de nos précé-
dentes Communications (').
Maltose formé Amidon maltosiflé
pour 100 d'amidon sec. pour loo d'amidon dissous.
Malt ordin. Mail activé. Malt ordin. Malt activé.
Fécule 82,8 96,8 78,5 9'!7.
Riz 83,8 93,0 79,4 88,1
(') El'g. Rolx, Comptes rendus, t. CXLII, p. 9.5.
Malt activé.
M
ait ordin.
Malt activé.
94,0
81,5
89,'
97,3
7.5,0
92,2
90,4
82,5
85,7
96,6
78,6
91,5
12S ACADÉMIE DES SCIENCES.
.Maltose formé .Vniidon iiialtosilié
pour 100 d'amidon sec. pour ino d'amidon dissous-
Malt ordin.
Maïs 86,0
Manioc 79, i
Blé 87,1
Fois 82,9
Partout, et surtout quand la réaction s'accomplit rapidement, la quan-
tité de sucre formé est plus grande avec la diastase activée qu'avec la dias-
tase normale, tellement que, dans le cas du manioc, la saccharification a
|)u atteindre les 0,922 de la matière mise en œuvre.
Un pareil accroi.ssement des produits réducteurs ne peut s'expliquer
que par les trois hypothèses suivantes : ou bien l'amidon renferme plus
de 80 pour 100 d'amylose, ou bien les substances qui accompagnent celle-ci
(amylopectine et autres) sont transformables comme elle en maltose
lorsque la diastase possède son maximum d'énergie, ou, enfin, le maltose
qui se forme d'abord est hydrolyse à son tour par quelque diastase parasite
(maltase?) dont la présence resterait masquée dans l'extrait de malt ordi-
naire.
L'absence complète de glucose dans les produits obtenus prouve que
cette dernière manière de voir n'est pas exacte. Le sucre qui se forme
paraît être, d'après l'aspect de ses cristaux et ceux de son osazone, uni-
quement constitué par du maltose, identique à celui que l'on retire d'un
empois saccharifîé quelconque; le phénomène qui se passe ici est donc du
même ordre que celui qui s'observe lorsqu'on compare deux saccharifica-
tions faites, la première à 'jo", la seconde à 60°, par exemple, d'oii il suit
qu'ils doivent l'un et l'autre résulter d'une même cause primordiale : un
accroissement d'activité de la diastase. C'est ainsi que nous sommes amenés
à admettre la première hypothèse, comme paraissant la plus vraisemblable,
la plus simple et la plus conforme aux faits observés; elle vient notamment
confirmer, de la façon la plus heureuse, le principe de la pluralité des
amyloses sur lequel notis avons déjà insisté à plusieurs reprises.
En dehors des applications que ce nouveau mode opératoire, en augmen-
tant notablement la production du sucre, peut trouver dans les industries
qui ont pour base la saccharification de l'amidon, les résultats que nous
venons d'exposer entraînent des conséquences fort importantes en ce qui
concerne la constitution de l'amidon naturel. Nous avions déjà démontré
que, loin d'être une impureté, comme on le croyait avant nous, l'amylose
SÉANCE DU l5 JANVIER 1906. 129
constitue la partie essentielle de la matière amylacée et nous en avions
évalué la proportion à 80-82 pour 100, en nous fondant sur les données
universellement admises. Nos dernières recherches nous conduisent à
élever cette proportion jusqu'à go et même 92 pour 100, chiffres qui se
rapprochent de ceux que donne l'amidon artificiel ou amylose purifiée.
De pareilles variations dans le taux du sucre formé condamnent évidem-
ment tous les procédés de dosage de l'amidon qui reposent sur la détermina-
lion du maltose contenu dans ses produits de saccharification diastatique.
Ces mêmes variations s'observent avec toutes les variétés d'amidon, ce
qui confirme les conclusions de notre dernière Note, relatives à l'unité
naturelle de cette substance (Roux, loc. cit.); il résulte enfin de là que
l'amylopectine ou mucilage de l'empois ne s'y rencontre qu'en quantité
relativement faible, à moins pourtant que cette amylopectine ne soit elle-
même une combinaison complexe renfermant de l'amylose, que la diaslase
arrive à dédoubler quand elle est devenue suffisamment active.
L'existence de ce corps gélatineux reste établie par le fait expérimental
que la potasse ne dissout qu'en partie l'amidon naturel, alors qu'elle
dissout en totalité l'amylose pure; nos conclusions antérieures sur la con-
stitution de l'empois ne sont donc aucunement infirmées par ces nouveaux
résultats, dont l'intérêt est surtout d'ordre quantitatif.
CHIMIE ORGANIQUE. — Observations au sujet du composant 0(011)
des alcools tertiaires. Note de M. Louis Hexky.
I, La fonction alcool réside, dans son expression la plus simple, dans le
composant 0(011) des alcools tertiaires et notamment du trimélhyl-
carbinol (H' 0)' 0(011), le type parfait de cette classe de composés.
Oes alcools sont assimilables aux alcalis caustiques R-OH et, à ce titre,
peuvent servir aussi de trait d'union entre la Chimie minérale et la Chimie
organique.
Pour justifier ce rapprochement et caractériser fonctionnellement les
alcools tertiaires, deux corps sont particulièrement à signaler, Vacide
chlorhydrique HCl et le chlorure d'acélyte{R^C — CO)Cl.
L'action salifiante de l'acide HOi sur un alcali libre est rapide jusqu'à
être instantanée et complète. Avec le chlorure d'acétyle, un alcali fournit
un chlorure et de l'acide acétique.
Il en est de même du trimélhylcarbinol (H'O)' — C(OH) que je pren-
C. R., 1906, I" Semestre. (T. C\LII, N° 3.) '^
l3o ACADÉMIE DES SCIENCES.
drai comme exemple d'alcool tertiaire. On sait avec quelle rapide intensité
il s'éthérifie par l'acide H Cl gazeux, dès la température ordinaire. Introduit
dans l'acide H Cl aq. fumant ('), il s'y dissout d'abord pour s'en séparer peu
après à l'état d'élher chlorhydrique (H' C)'- CCI constituant une couche
liquide surnageante. Avec le chlorure d'acétyle, le friméthyl-carbino! se
transforme, comme l'on sait, en éther chlorhydrique, avec formation d'acide
acétique libre.
S'il le fallait, on pourrait trouver une nouvelle analogie entre les alcalis
caustiques et les alcools tertiaires dans l'action des métaux alcalins; la dif-
ficulté extrême qu'il y a à faire le trimélhyl-carbinol sodé, par l'action
directe du sodium libre, rappelle bien l'inertie absolue de ce métal sur son
hydroxyde Na-OH, la soude caustique.
II. La présence d'éléments ou radicaux étrangers fixés sur le carbone du
composant •C(OH) modifie profondément la nature fonctionnelle de l'hy-
droxyle — OH « alcool ».
J'ai spécialement en vue, en ce moment, la présence de l'hydrogène. On
peut en fixer un, deux et jusqu'à trois atomes pour constituer les systèmes
HC(OH), H-C(OH) dans les composés polycarbonés , respectivement
alcools secondaire i^l primaire, et la molécule H'C -(OH), dans les com-
posés monocarbonés, l'alcool mélhylique lui-même.
La présence de l'hydrogène dans le voisinage immédiat de Vhydroxyle
rapproche fonctionnellement celui-ci de l'état dans lequel il se trouve dans
l'eau elle-même HOH et c'est à Veau plutôt qu'aux alcalis caustiques qu'il
faut rattacher prochainement l'alcool mélhylique H'C- OH ainsi que ses
dérivés mono- et bi-substitués, les alcools primaires et secondaires.
L'acide chlorhydrique HCl s'y fixe en effet, comme il se fixe sur l'eau (-)
et ce n'est que sous l'effort de la chaleur, d'une chaleur plus ou moins
intense et plus ou moins prolongée, que se produit \ èlhèrificalion chlorhy-
drique.
Avec le chlorure d'acétyle ('), ces alcools réagissent vivement, dégagent
du gaz acide HCl et se transforment en éthers acétiques, la réaction est assez
(') A. 4o pour 100 environ.
C) On connaît des hydrates cristallins répondant aux. l'orniules HCl, 2H-O et
HBr, aH^O. Il est bien remarquable que l'acide bromliyJrique forme avec la molécule
des gljcols étiiylénique et triniéthjlénique des combinaisons cristallines répondant à
ce type, i""' de glycol équivalant à 2"°' d'eau ( W. Mokiewsky).
{■') Et en général avec les chlorures négatifs — CO-Cl.
SÉANCE DU l5 JANVIER [906. l3l
nette pour constituer une méthode de préparation fort expéditive de cette
classe d'éthers.
III. On sait combien sont modifiées les aptitudes réactionnelles des
alcools primaires et des alcools secondaires par le voisinage de composants
carbonés renfermant des éléments négatifs. L'acide et l'anhydride acé-
tiques fjui ont servi à mesurer l'intensité de cette modification ne sont pas
susceptibles de nous renseigner sur cet objet, quant aux alcools tertiaires,
à cause de l'instabilité relative de ceux-ci, dans les conditions de tempéra-
ture où se réalisent ces réactions. Et cependant le composant 0(011) est
aussi affecté, et parfois puissamment, dans sa manière d'agir, par ce voisi-
nage.
Je ne m'occuperai ici de cette question qu'en ce qui concerne le chlore,
l'azote et l'oxveène.
a. Voisinage des composants chlorés : CH^Cl, HCCl^, HCCl, CCI*, etc.
— En général, le voisinage immédiat d'un composant chloré déprime
l'aptitude à l'éthérification chlorhydrique directe du composant 0(011),
alcool tertiaire. Cette influence est d'autant plus puissante qu'elle s'exerce
par un nombre d'atomes de chlore plus considérable.
On s'assure de la vérité de ces propositions en comparant l'action de
l'acide chlorhydrique fumant sur le triméthyl-carbinol (H'C) 0(011)
intact avec celle qu'en subissent ses trois dérivés chlorés (') :
H^C CH' H='C CH' H^C GH*
\/ \/ \/
C(OH) C(Oli) C(OH)
CH^CI GHCl^ i&
Éb. i28°-i29° Éb. i5i" Éb. 167°
L'acide HCl aq. fumant dissout encore d'une manière permanente le
dérivé monochloré; mais, pour en déterminer l'élhérification chlorhy-
drique, il faut un certain degré d'échauffement, en dessous de 100°; la di-
chlorhydrine isobutylénique formée (H*C)^- CCI — CH-OI, éb. lou^-iog",
apparaît sous forme d'une couche soluble surnageante (^).
(') Ces trois dérivés chlorés s'obtiennent tout aussi aisément, par la réaction de
Grignard, à l'aide des dérivés chlorés, mono, bi et tri de l'éther acétique, qu'à l'aide
des dérivés chlorés correspondants de l'acétone biméthylique. Je n'ai pas eu à ma
disposition jusqu'ici de l'acétone trichlorée CCI' — CO.CH' ; c'est la seule que je n'aie
pas pu mettre en réaction.
^-; On sait quelle résistance puissante ollreiit à réthérification chlorhydrique di-
l32 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Quant aux triméthyl-carbinols bichloré HCCl^ et trichloré CCI', ils ne
sont plus directement éthérifiables par l'acide chlorhydrique; ils se sé-
parent de l'acide H Cl aq. tout chargés de cet acide.
La répartition de deux atomes de chlore sur deux groupements méthyle,
voisins de 0(011), détermine dans la manière d'agir de cet hydroxyle la
même modification que le composant unique bichloré CHCl". Sont dans
le cas les dichlorhydrines glycériques méthylée et éthylée (') :
n rH'\
^,^jj3^C(0H) - CH^- CH' Éb. .89»
L'acide chlorhydrique fumant dissout encore temporairement les di-
chlorhydrines, mais elles s'en échappent sous forme d'un liquide huileux,
insoluble et plus dense que l'eau.
Il existe, comme je l'ai indiqué plus haut, une sorte d'antagonisme entre
l'action de H Cl et celle du chlorure d'acétvle. C'est ainsi que, soumises à
l'action du chlorure d'acétyle, les dichlorhydrines glvcériques méthylée
et éthylée sont transformées en leurs acétates, de même que les alcools
pseudobutyliques bi et trichlorés
^j^3^C(0H)CHCl- et J^j^3^C(0H)CCl^
Ainsi ont été obtenus les acétates suivants :
j^p^/ClO-Âc) - CHCl-^ Ç-) Éb. .74°-i75o
Jj3^)c(0Ac)-CCP Éb. .9.0 (
P1PH2\
recle les composants H'-C(OH) et CH(OH) du glycol éthylénique et du glycol pro-
pyléniqiie en présence de H'CI.CI dans les nionochlorhydiines de ces deu\ glycols.
Cette didéience met bien en lumière combien un hydroxyle -OH alcool tertiaire
dilTère d'un hydroxyle alcool primaire et alcool secondaire.
(') Ces corps résultent de la réaction de CH'-Mg-Br ou C'-Ii'-MgBr sur Tacétone
bichlorée symétrique Cl CH=— CO — CH=CI.
(^) Aci^CH»— GO.
C) Willgerodt.
SÉANCE DU l5 JANVIER 1906. l33
Mais cette influence modificatrice ne s'exerce que dans un rayon d'une
étendue fort restreinte, du moins en ce qui concerne le composant CH^CI,
le seul que j'aie pu apprécier expérimentalement sous ce rapport. L'inter-
calation dans le complexe >C(OH) — CH^Cl d'un seul atome de carbone
qui en écarte les deux composants suffit déjà pour la faire disparaître,
sinon totalement, tout au moins en sfrande partie. C'est ce que montre
d'une manière intéressante la monochlorhydrine en C" de formule
^3^NC(0H) — CH^— CH^CI Éb. 166"
qui provient, par la réaction de Grignard, des éthers de l'acide i^-chloro-
propionique CICH- CH^ ■ CO(OH). Dissoute dans l'acide HCl aq. fumant,
elle s'en sépare après peu d'instants, subissant déjà à froid l'éthérification
chlorhydrique, alors que son isomère, le dérivé continu
JJ^^^C(0H)-CHC1.CH',
qui provient de l'acide ot-chloropropionique H'CCHClCO(OH), nécessite,
pour s'éthérifier, une chaleur d'environ 60".
La chlorliydrine discontinue en C%
[J'^^C(OH)-CH^-CFP.GIPCI ('),
qui provient de l'acide butyrique normal ycliloré ClCH-(CH''')-CO(OH)
et où les deux composants • C(OH) et H^CCl sont séparés par deux atomes
de carbone, subit l'action éthérifiante de HCl aq. fumant plus facilement
encore que son homologue en C^ .
IV. Le composant nitrilique CN est l'équivalent du composant chloro-
fonnique CCI'. Aussi les nitriles-alcools tertiaires renfermant le système
double NC — C(OH)<| sont-ils aussi insensibles, quant au composant
alcool — C(OHj <^, à l'action de l'acide chlorhydrique fumant qui affecte
exclusivement le composant CN et, en présence du chlorure d'acétyle,
ils se transforment, en dégageant du gaz HCl, en acétates, composés distil-
lables comme tels alors que leurs correspondants alcools ne le sont nuUe-
(') Celle chlorhydrino n'est pas distillable; chauffée, elle se transforme principale-
ment en j ' Nc = CH — GH-— CH-Gl. Éb. i35°.
l34 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ment. Voici les composés de cette espèce signalés dans mon Mémoire Sur
les nitriles-alcools ( ' ) .
^3^^C(0-Ac)-C1N (2) Éb. iSoo-iSa"
H'C-cï)^^^'^"^^*^^ ^^- '9^°
H^C-CH=)^^^'^'^ - CN Éb. 212'
^'(^\r»y^^^'^^^-^'^ Éb. 2,2°
Aucun nitrile-alcool tertiaire discontinu NC — (C)"— C(OH) <| n'est
connu aujourd'hui.
V. J'arrive à l'influence modificatrice de l'oxygène.
Le cas le plus simple à considérer serait celui des alcools tertiaires acé-
toniques renfermant le complexe
>C(OH)-CO- et >C(OH)-(C)"— CO-.
Je crois qu'il n'existe en ce moment aucun composé de cette nature, mais
on en possède renfermant d'autres systèmes, analogues en une certaine
manière, susceptibles de démontrer la puissante influence des composants
oxygénés sur les qualités fonctionnelles du composant alcool tertiaire
•C(OH) voisin. Ce sont les éthers des acides alcools tertiaires continus,
correspondant aux nitriles-alcools NC — C(OH) <^ qui résultent de l'addi-
tion de HCNauxcétones. Comme leurs nitriles NC — C(OH) <;, ces éthers
(C"H-""^'0)CO — C(OH)<^ sont inertes, dans les conditions ordinaires
vis-à-vis de l'acide HCl aq. fumant, du moins quant au composant
•C(OH) et, en présence du chlorure d'acétyle, ils se transforment labo-
rieusement en acétates (C"H=""^'0)CO — C(OAc) < avec dégagement de
gaz HCl.
L'exemple le plus intéressant et en même temps le plus ancien de ce fait
nous est fourni par l'acide citrique dont l'élher triéthylique est transformé
par le chlorure d'acétyle en son acétate
(Ac-0)C-C0(0G=H5) (3).
\C1P— CO(OC-tP)
(') Tome LVII des Mémoires in-8" de l' Académie royale de Bruxelles.
(2) Ac = CO-CH-\
(3) Wislicenus en i864.
SÉANCE DU l5 JANVIER I906. l35
Le diéthylglycolated'éthyle^^''^||^^C(OH) - rO(OCrH») se com-
porte de la même manière, alors que l'alcool tertiaire simple, le dièthylmè-
{ H'^ • ('H"\
thylcarbinol _., ^C(OH) — CH', qui correspond à ces deux com-
posés, fournit avec le même réactif son éther chlorliydrique
(Éb. 1 19°) et de l'acide acétique.
On est autorisé à admettre que le rayon d'influence du composant car-
boxyle OC — OH est restreint au voisinage immédiat du composant alcool
•C(OH). On sait en effet que l'acide trirnèlhyl-éthylène-lactique
s'éthérifie déjà à froid |)ar l'acide bromhvdrique HBr en formant l'acide
H'C\ /("H'
bromodimèthylhulyrique ^CBr — CH^ p^/p,TTS (')•
Ce sont ensuite les acides eux-mêmes, dans leur composant caractéri-
stique le carboxyle V.^ • J'ai surtout en vue en ce moment le plus
\OH
simple d'entre eux parmi les polycarbonés, à savoir Yacide acétique
H'C — C. ■ Ici l'influence du voisinage si prochain de l'oxygène sur
l'hydroxyle OH est assez puissante pour en changer le signe fonction-
nel et de cet hydroxyle « alcool » faire de l'hydroxyle « acide ».
A l'instar des alcools primaires et notamment de son correspondant,
l'alcool éthylique H'C — CH-(OH), l'acide acétique réagit intensément
avec le sodium; il s'ajoute aux hydracides halogènes HCl, HBr qui s'y dis-
solvent et qui l'éthérifient, c'est-à-dire le transforment en son chlorure
CH^ — COCl, etc., en présence d'un agent susceptible d'absorber l'eau,
tel que P-O^; enfin, avec le chlorure d'acétyle, il dégage, comme l'alcool
lui-même, de l'acide HCl gazeux et se convertit en son éther acétique,
ce^i-k-àire ei\ anhydride acétique W^C — C\ - ,•
On le voit, le parallèle est complet.
(') Voir Beilstein, Supplément, t. l, p. 228.
l36 ACADÉMIE DES SCIENCES.
VI. On a qualifié autrefois les alcools tertiaires de « pseudo-alcools », c'est-
à-dire de faux alcools. Si sous le nom d'cc alcools » il faut entendre les bases
hydroxylées formées par le carbone, on peut se demander si ces pseudo-
alcools ne sont pas les véritables alcools, puisque seuls ils sont fonction-
nellement analogues et équivalents aux alcalis caustiques R.OH, les bases
« par excellence » de la Chimie minérale. Cela étant, ne sont-ce pas les al-
cools tertiaires, dans leur représentant le plus simple, le triméthylcarbinol
(H^C)'-C(OH), qui méritent de porter le titre d'alcools « par excellence »,
selon le langage d'Hofmanii, avec plus de droits que l'alcool méthvlique
H'C — OH, l'alcool éthyliqueH'C—CH2(OH), etc.?
Si l'on tient compte des faits que je viens de relater et sur lesquels j'at-
tire l'attention des chimistes, on peut se demander aussi si l'acide acétique
et son anhydride sont vraiment les réactifs les mieux appropriés et par
conséquent les réactifs à choisir pour apprécier, déterminer et préciser
l'intensité du caractère « alcool » dans la classe si importante des nombreux
composés qui portent ce nom.
S. A. S. le Prince de Monaco fait hommage à l'Académie du Fasci-
cule XXXI des Résultats des campagnes scientifiques accomplies sur son yacht,
par Albert \", Prince souverain de Monaco, publiés sous sa direction,
avec le concours de M. Jules Richard.
Ce fascicule a pour titre : Description des encéphales de Grampus griseus
Cuv., de Sténo fronlatus Cm>., et de Globicephalus mêlas Traill, provenant
des campagnes du yacht Princesse-Alice, par Auguste Petit.
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
Les deux premiers fascicules des Annales de Paléontologie, publiées sous
la direction de Maucellin Boule. (Présenté par M. A. Gaudry.)
MM. A. LiEBEN et A. Binet du Jassonneix adressent des remercîments
à l'Académie pour les distinctions accordées à leurs travaux.
SÉANCE DU l5 JANVIER 1906. l'i'j
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les intégrales infïnimenl voisines des équations
aux dérivées partielles. Noie de M. E. Goursat.
1. Quand on cherche à étenche aux équations aux dérivées partielles
les théorèmes établis par M. Poincaré pour les équations difTérentielles
ordinaires {Les méthodes nouvelles de la Mécanique céleste, 1. 1, Chaj). II), on
est arrêté tout d'abord par des dilficultés tenant à ce que les coelOcients des-
séries que l'on veut obtenir sont déterminés par des équations linéaires
aux dérivées ])artie1les et non par des équations difTérentielles linéaires à
une seule variable indépendante. Mais les plus grosses difficultés dispa-
raissent si les intégrales supposées connues, qui correspondent à des valeurs
nulles des paramètres, sont rapportées à leurs lignes caractéristiques. En
supposant remplie cette condition, on obtient des propositions analogues
aux théorèmes de M. Poincaré, que j'énoncerai en me bornant d'abord aux
fonctions analytiques.
2. Soit
(i) ^ = t''(-^..>'.'V. .v„, =.'/,. y. v». ">•). '7' = jt;
une équation aux dérivées partielles oùa-, v,, j'o, . . ., v„ sont des variables^
indépendantes et X un paramètre variable. On suppose que le second
membre de cette équation peut être développé en série entière, ordonnée
suivant les puissances de z, y,, q.^, . . ., q„, a, dont les coefficients sont des
fonctions holomorphes des variables x,y^,y.^, . . ., y„, lorsque ces variables
décrivent respectivement dans leurs plans des domaines connexes Dj».
D,_, ..., D, •, de plus cette série est convergente, quelles que soient les
valeurs de x,y,,y.^, ..., y„ dans ces domaines, pourvu que les modules
de z, q,, q^, .. ., q„, \ ne dépassent pas un nombre positif r, ; elle ne ren-
ferme aucun terme indépendant de z, q^, q.^, ..., y„, a, et les termes du.
premier degré ne renferment que ; et a. On peut alors se proposer de
développer suivant les puissances de >. l'intégrale de l'équation (i) qui
s'annule pour a; = o, quelles que soient les valeurs de ^v, , Vo. . . •, v«. A,
et l'on trouve une série
satisfaisant formellement à l'équation (i), et dont tons les coefficients sont
G. R., 1906, 1" Semestrr. (T. CXLII, N° 3.) ^9
l38 ACADÉMIE DES SCIENCES.
(les fonctions holoiuorphes des variabh^sj:, y,, >%, . . ., x„, dans les domaines
considérés, pourvu (|ue D^. soit simpleinenl connexe. \a convergence de ce
développement résulte de Va jîroposition suivante :
A tout système de domaines D,., D' , . . . , D| , intérieurs respectivement aux
domaines D^, D, , ..., D,. , on peut faire correspondre un nombre positif r,
tel que l'intégrale en question soit une fonction holomorphe des variables x,
y\ , y.^, . . ., )'„, \, lorsque les variables x, y ,, y.,, . . ., }'„ décrivent respective-
ment les domaines D, , D[ , . . ., D^ _, pourvu que le module de \ reste inférieur
rt •/).
Le théorème s'étend aussi aux systèmes d'équations simultanées du pre-
mier ordre et, au lieu d'un seul paramètre, on pourrait en supposer un
nombre quelconque.
3. Considérons encore une équation aux dérivées partielles du second
ordre
(3) s = Y{x,y,z,p,q,r,t,\)
à deux variables indépendantes, dont le second membre peut être déve-
loppé en série entière ordonnée suivant les puissances de :;, p, q, r, l, a,
dont les coefficients sont des fonctions holomorphes des deux variables x
et y lorsque ces variables décrivent respectivement dans leurs plans des
domaines simplement connexes D^. et -D^.. Cette série est convergente,
quelles que soient les valeurs de x et ùe y dans ces deux domaines, pourvu
que les modules de z, p, q, r, t, 1 ne dépassent pas certaines limites, et elle
ne renferme aucun terme indépendant ni aucun terme dti premier degré
en /• et /, de façon que les droites x = C, y = C forment les deux systèmes
de caractéristiques de l'intégrale particulière 3 = 0, qui correspond à la
valeur X ^=: o du paramètre. Dans ces conditions, on peut se proposer de
développer suivant les puissances de )i l'intégrale de l'équation (3) qui se
réduit à zéro pour x = o, quels que soient y et 1, et qui est nulle aussi
pour y = o, quels que soient x et 1; on obtient un développement qui
satisfait formellement à l'équation (3) et dont tous les coefficients sont des
fonctions holomorphes de x et àey, lorsque ces variables décrivent res-
pectivement les domaines D^., D^. La convergence de ce développement
résulte encore de la proposition suivante :
Soient D,, el D^. deux domaines intérieurs respectivement à D^. et à D^ ; on
peut leur faire correspondre un nombre positif r, tel que Cinlc^rale précédente
suit une fonction holomorplw <ie x, y, a, lorsque les variables x et y décrivent
respectivement les domaines D^, D^, pourvu que | \ \ soit inférieur à Y].
SÉANCE DU 13 JANVIER [t)o6. l 'k)
].a démonstration de ces théorèmes et d'autres plus généraux sera déve-
loppée dans un Mémoire plus étendu.
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur une famille (le réseaux conjugues
à une même congruence. Note de M. E. Merlin.
Considérons, dans l'espace à n dimensions, deux réseaux tels que, aux
points correspondants A et B, les tangentes aux courbes correspondantes
se coupent en deux points variables P et Q. On peut choisir les coordon-
nées homogènes a;, et v, de A et B, de manière que l'on ait (^ ' )
- ' Ou au <Jv dv ^ ^
Il existe une co' de réseaux conjugués à la congruence des droites A et B
et tels que, en un des points C(^,) d'intersection avec AB, le plan tangent
à l'un quelconque des réseaux passe par PQ. On a en effet
;/= r,-f- aj:\, a = constante.
Nous nous sommes proposé de chercher combien, parmi les réseaux <lo
la famille considérée, il peut y en avoir à invariants égaux. Nous ne parh^-
rons pas des cas évidents où les droites AB sont concourantes, ou engen-
drent une congruence dont les deux nappes focales se réduisent à d^s
lignes.
A. — Le lieu des arêtes de rebroussement des développables u =^ const..
par exemple, se réduit seul à une ligne. Trois cas peuvent seulement se
présenter :
i" Tous les réseaux sont à invariants égaux. — Ils sont formés par des
courbes de contact de cônes ou de cylindres circonscrits.
2" Le réseau (A), par exemple, est seul à invariants égaux. — (A) est
formé de courbes de contact de cônes ou de cylindres circonscrits. Sur les
autres réseaux, les lignes u = const. sont des courbes de contact de cônes
ou de cylindres circonscrits et, le long des lignes t' = const., les plans
osculatenrs aux lignes u = const. passent par un point fixe.
3" Aucun réseau n'est à imariants égaux.
B. — Aucune nappe focale ne se réduit à une ligne. En général, les fa-
( ') \ oir G. Darboix, Leçons sur la théorie générale des surfaces, l. II, p. 228.
I/JO ACADÉMIE DES SCIENCES.
milles considérées ne possèdent pas de réseaux à invariants égaux. Elles
peuvent toute fois eji posséder un , deux, trois, quatre ou cinq . S'il en existe cinq,
tous les réseaux de la famille sont à invariants égaux.
Indiquons les résultais que nous avons obtenus quand un ou plusieurs
reseaux sont à invariants égaux.
1° Un réseau (A), par exemple, est à invariants égaux. — On choisit (A);
le problème s'achève par quadratures, si l'on connaît /i et /, dont les valeurs
les plus générales dépendent de l'intégration de l'équation de Laplace rela-
tive à (A).
2° Deux réseaux au moins, (A) et (B) par exemple, sont à invariants
égaux. Posons
6, désignant une solution quelconque de l'équation
'^'' ï-dtidv ~ 7^ àndv'
On aura, pour déterminer y,- à l'aide de (i),
/i = \J(u).ey- "f, l=V(v).ey- ^
■/ et (p sont des fonctions convenablement choisies. On doit distinguer
trois cas :
a. U(«) = H, V(t') = V. — Soit -(u, v) la solution la plus générale de
l'équation El > — - j = o, dont dépend la détermination des surfaces
qui admettent pour représentation sphérique de leurs lignes de courbure
deux systèmes de coniques homofocales (' ), «p et / seront définies par les
formules
?= àudv '
'■ a Ou Ov II <)ii r ()// (){■ r Ov
Pour achever le problème à l'aide de quadratures, il restera à intégrer
J'équation ('?.), où (p a la valeur précédente.
/}. U(m) = u, V(i') ^1. — On trouve
<(3) y = \'>(v) " -h v''('</), y = X>iv) ' + uv'(u) — v(u).
y 11^ — I ' ' ' \'ii- — I
( ') Voir (i. Darboix, Leçons sur la t/icorie générale ik's surfaces, t. II, p. 70.
SÉANCE DU l5 JANVIER 1906. l4f
Xi et Vi s'obtiendront p;ir quadratures, si l'on sait intégrer (2) où ç a la
Ibrme (3 J.
c. L'(u) = a, V((') = 6, a et h désignant des constantes distinctes.
— On obtient
o =; CH' — bu, y = Iw — au.
L'équation (2) se ramène à l'équation connue y— y^ = -•
3° Trois réseaux et trois seulemenl sonl à invariants inégaux. — On choi-
sira pour les coordonnées x, du point A des solutions de l'équation
d-j: sin«co3« ().v sinccosc dx
= O,
àtiov sin'« — sin-f du sin-(/ — siii-i' ai
qui se ramène à l'équation harmonique suivante :
J-0
Ou 'Je .'1
siii-(« — c) sin^( Il + \' )
0= o.
Les coordonnées j', de B s'obtiendront ensuite par quadratures, à l'aide
des équations (i), où l'on fera
h =
4° Quatre réseaux et quatre seulement sont à imariants égaux. — x^ et y,
seront définies par les formules
// (V--j(ii-, i.-"-) 1 à~i(ii', {■•) Il i)--,{ir. i'-) I f)-,( M-, f^)
y i — 7^
. Il T-
~ »
. (/ 4- c
2
/ ^
H — C
ros
a — c
cos •
X:
Yr
1)11 l)\' Il Ôll C <)ii df i' 'Vc
<)'--, \U\ !•-)_
Ou 0^- '
-,(«, t') désignant une solution quelconque de l'équation E( , — - ) = o.
Les points correspondants fie deux des réseaux à invariants égaux divisent
harmoniquement le segment formé par les points correspondants des deux
autres.
5° Tous les réseaux sont à invariants égaux. — /;, / et z-i peuvent prendre
la forme simple suivante :
h =u, l=v; z,= {u-hl)V'.{u) - Ui(u)^(v-hl)\](v) - V,(v).
l4- ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les lii^nes qui composent les divers réseaux sont des courbes de contact
de cônes on de cylindres circonscrits, dont les sommets ne changent pas
d'un réseau à l'autre.
MÉCANIQUE RATIONNELLE. — Sur l' impossibilité des ondes de choc négatives
dans les gaz. Note de ,M. Gyozo ZeiMpléx, présentée par M. Appell.
Dans une Note récente (') relative à mes développements (-) sur les
ondes de choc, M. Duhem me reproche d'avoir invoqué « la cJialeur du
frottement interne enlre les |)arties du gaz douées de vitesses dilïérenles
aux deux côtés de l'onde », caria supposition du frottement interne exclut,
selon lui, la propagation des ondes de choc.
J'espère pouvoir réfuter, par les remarques suivantes, l'objection de
M. Duhem :
i" Le théorème démontré par M. Duhem est le suivant :
Au sein d'un fluide doué de frottement interne ou de viscosité, et
pourvu que l'on regarde comme générales les expressions des actions de visro-
sité reçues dans le cas où les dérivées partielles des composantes de la vitesse
ne surpassent pas certaines limites, aucune onde de choc ne peut se propager.
Or, mes dévcloj)pements se rajjpoilenl à une onde de choc compatiiile
avec les équations du mouvement des liquides dénués de frottement interne .
Cependant, même dans le cas où l'on sujipose, dans la pirlio coutimn' ihi
mouvement, toutes les composantes de la viscosité égales à zéro, le travail
de la viscosité ne sera nullement à négliger dans l'onde de choc elle-même,
vu qu'il y a dans celle-ci un changement brusque des vitesses (un coeffi-
cient de viscosité infiniment petit, multiplié par une fonction de la dérivée
de la vitesse infiniment grande, peut donner un produit fini).
Le théorème de M. Duhem ne serait donc pas à appliquer dans ce cas,
car ce théorème se rapporte à des ondes de choc compatibles avec les
équations de l'Hydrodynamique corrigées en ayant égard à la viscosité.
2" Le théorème de M. Duhem est basé sur une hypothèse à part (la gé-
néralisation, citée plus haut, des expressions des actions de viscosité pour
les ondes de choc), qui peut être adoptée ou rejetée ad libitum, et c'est
pourquoi je suis de l'avis qu'avec ce théorème on ne pourra réfuter des ré-
sultats obtenus indépendamment de cette hypothèse.
(') I*. DiiiRii, Comptes rendus. 1. ('\L1, igoS, p. Nii.
(^) G. Zempi.én, Comptes rendus, t. (ALI. i()o5, p. 710.
SÉANCE DU l5 JANVIER 1906. 1^3
Enfin, qu'il me soil permis île remarquer que, dans ma Noie citée plus
liaul, j'aurais dû ciler les Notes de iM. Jouguet, où la même question a été
traitée en faisant intervenir le potenlie! thermodynamique ('), puis pom-
(ics discontinuités pas trop grandes (-) et pour des quasi-ondes de choc (^).
MKCAMQUE. — Conditions d'établissement et d'application d'un amortisseur
progressif à la suspension des véhicules sur roule. Note de M. A. Krebs,
présentée par M. Léauté.
Les véhicules circulant sur route rencontrent des dénivellations qui
peuvent être rangées en deux catégories : les courtes et les longues. Les
courtes sont les pierres ou obstacles analogues qui sont facilement fran-
chis par des roues à jantes très élastiques se moulant sur l'obstacle sans
déplacer l'essieu verticalement. Il n'en est pas de même avec les longues qui,
déplaçant verticalement l'essieu, mettent en jeu les ressorts de suspension
de la caisse. Lorsqu'une dénivellation longue se présente, la roue, en la
franchissant rapidement, comprime le ressort en modifiant sa flèche d'une
longueur égale sensiblement à la hauteur de celte dénivellation.
M. Georges Marié, dans un savant Mémoire présenté à l'Académie des
Sciences sous le titre : Les dénivellations de la voie et les oscillations du ma-
iciiel des chemins de fer, a monlré l'action bienfaisante du frottement des
lames de ressorts et de leurs menottes.
Dans les véhicules sur route, ces mêmes frottements existent et amor-
tissent les petites oscillations; mais ils sont absolument insuffisants dès que
la variation de flèche (A) dépasse 2"'" environ.
Nous délermiiions celte valeur limite de (/'), donnée par l'équation
/( = 2cpa, qu'on peut écrire A = 2o--> comme l'établit M. Georges Marié
pour les véhicules de chemins de fer, équation dans laquelle - est la flexi-
bdité du ressort et tt le poids de la caisse.
On a cherché à obtenir des frottements amortisseurs au moyen d'or-
ganes convenablement dis|)osés; mais, d'une façon générale, les frotte-
menls ainsi obtenus, qu'ils [jroviinnent des ressorts ou qu'ils viennent s'y
(') Comptes rendus, t. CXXXIl, iS mais 1901.
(,-) (Comptes rendus, t. CXXXIX, 14 iio\fmbi-e 1904.
l/j Comptes rendus, l. CXXWill, 27 juin 1904.
l'i/j ACADÉMIE DES SCIENCES.
ajouler, donnent un effort sensiblement constant répondant à une variation
de flèche donnée. Pour une variation plus petite, le frottement sera trop
grand et la suspension sera dure; pour une plus grande, toute l'énergie
emmagasinée par le ressort ne sera pas amortie dans la première dénivel-
lation.
Nous montrons dans cette étude que, pour obtenir l'amortissement des
oscillations dans tous les cas, l'effort de frottement à produire doit être à
chaque instant sensiblement proportionnel à la variation de flèche que
possède le ressort. Comme, d'autre part, le frottement des lames de ressort
et de leurs menottes suffit dans les petites oscillations, nous sommes con-
duits à ne faire intervenir le frottement additionnel qu'à partir de la valeur
de cette variation : h = ia^a. Enfin, pour ne pas rendre la suspension plus
dure dans le passage des grandes dénivellations, nous sommes conduits ;i
augmenter la flexibilité des ressorts.
En appelant — la flexibililé cliercliée, nous établissons que sa valeur en fonction de
la llexihilité primitive — sans amortisseur est la suivante :
en donnant à (/)) ses deu\ valeurs extrêmes : /t::=2(pfl et // = ce, et en prenant la
moyenne arithmétique des deux valeurs de (y) qu'on en déduit, nous obtenons fina-
lement pour Y :
y =
\i ,0 -I- tp H- I , 0 ç -H '
Xous arrivons également a éialilir f(ue l'edort de frottement (;r) à développer pour
une modification [h) de la flèclie du ressort est
./•= -/,(, — o)_o7:.
Cette équation montre i[ue Tellort de frottement nécessaire pour donner l'amortis-
. . y
sèment complet vaiie en raison inverse de la llexibililé ^ et croit comme la \arialiiin
de llèche du ressort (/() diminuée de la petite quantité o- ([ui représente l'efioit de
frottement provenant des ressorts. Il est aussi 1res sensiblement indépendant du poids
de la caisse et, toutes choses égales d'ailleiu's, décroît lorsque le poids de cette dernière
augmente.
Le problème pratique consiste donc à réaliser un appareil qui, par le
SÉANCE DU l5 JANVIER 1906. l45
déplacement relatif de ses organes dans un sens ou dans l'autre à partir
d'une position donnée, produise d'abord un effort sensiblement nul pour
un certain écart et allant ensuite en croissant dans un sens ou dans l'autre,
proportionnellement au chemin parcouru. En outre, cet effort doit être
indépendant de la vitesse avec laquelle les organes de l'appareil sont
déplacés.
Cette dernière condition fait rejeter a priori tout dispositif empruntant
• un fluide quelconque, liquide ou gazeux, forcé de s'écouler à travers un
orifice de section variable.
L'appareil se compose d'une boîie cylindiitiiie dans laquelle peul osciller, suivant
son axe, un auU-e cylindre plus petit laissant un intervalle annulaire dans lequel sont
empilées des lames minces circulaires rendues alternativement solidaires de la boite et
du cylindre intérieur.
Sur ces lames viennent se placer deux disques solidaires aussi, l'un du cylindre
intérieur, l'autre de la boîte. Les faces extérieures des disques sont planes et parallèles,
tandis que leurs surfaces de contact sont taillées suivant deux surfaces hélicoïdales
inverses réunies par des éléments de surfaces planes. Enfin, sur le dernier disque,
repose un ressort, convenablement di>posé entre ce disque et le couvercle de la boîte
pour n'exercer aucune pression lorsque les saillies produites par les rampes hélicoïdales
inverses sont en contact avec les éléments plans.
En faisant osciller angulairemenl le cylindre intérieur, à droite ou à gauche de cette
position moyenne, les rampes des disques viennent en contact après un certain écart
pendant lequel les lames, n'étant pas pressées les unes contre les autres, glissent sans
opposer d'efl'ort sensible. I^orsque l'amplitude de l'oscillation dépasse celle limite, les
rampes montant l'une sur l'autre, les faces extérieures des disques s'écartent en com-
primant dune pari le ressort et en exerçant d'autre part sui' les lames une pression
égale à celle de ce ressort.
La boîte cylindrique étant fixée à la caisse de la voiture et le cylindre intérieur élant
relié à l'essieu au nioven d'une manivelle et d'une bielle, chaque fois qu'une variation
dans la flèche du ressort de la voilure se produira, l'appareil fera intervenir, à partir
d'un certain écart, un eftorl de frottement à chaque instant sensiblement proportionnel
à cette variation de flèche.
Nous ajouterons, pour terminer, que toutes les considérations qui pré-
cèdent ont été pleinement confirmées par la pratique.
PHYSIQUE. — Expériences photographiques sur l' action des rayons N
sur une étincelle oscillante. Note de M . C Ginox, présentée par M. Mascart.
Il Si, sur l'étincelle primaire d'un oscillateur hertzien, on fait tomber
lies rayons N, l'étincelle secondaire diminue. Il résulte de là que l'action des
C. l\., 1906, I" Semestre. (T. CXIJI, N" 3.) 20
x46 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ravons N sur l'étincelle modifie le phénomène électric[ue lui-même (' ). »
En annonçant ce phénomène, M. Blondlot ajoute que la diminulioa
d'éclat de l'étincelle était très dilticile à observer à cause de l'irrégularité
de l'étincelle secondaire.
Comme ce. fait prouve une modification inlinie de l'étincelle par les
rayons N, il y avait intérêt à chercher à rendre la diminution d'éclat plus
visible et surtout à l'enregistrer par la photographie. Il m'a été possible
d'obtenir une étincelle secondaire régulière en la faisant jaillir entre deux
pointes d'un métal plus volatil que le platine. Après quelques essais, je me
suis arrêté au laiton, qui, d'une part, est suffisamment dur pour permettie
de faire des pointes régulières et, d'autre part, à cause de la présence du
zinc, donne une étincelle riche en rayons photographiques. Les pointes
ont été faites à la lime à l'extrémité de deux tiges de laiton deo^'^.S de
diamètre et de S'™ de longueur, puis polies en les roulant sur du papier
d'émeri très fin. Il est nécessaire de s'assurer avec un microscope à faible
grossissement que les pointes sont régulièremeut coniques et leurs extré-
mités légèrement arrondies.
Ij'excilaleur primaire {Jlg. i) est conslilué par deux petits couclensateurs cylin-
driques dont les armalures internes sont des tiges de laiton de y'''" de long et o"",.5 de
diamètre et les armatures externes des tubes de laiton de 4"^"% 3 de long et i'™, 2de
diamètre. Les deux armatures sont séparées par un tube de verre. Les deux conden-
sateurs sont fixés dans le prolongement l'un de l'autre aux deux branches d'une pince
en bois. Aux extrémités des armalures internes sont soudées deux boules en laiton de
o'"",8 de diamètre partiellement recouvertes par des lames de platine. L'étincelle pri-
maire jaillit entre ces den\ boules; sa longueur se règle en écartant, à l'aide d'une vis,
les exlréinités des brandies de la pince; un anneau en caoutchouc maintient l'une des
branches fortement appliquée contre l'extrémilé de la vis. Les deux armatures in-
ternes sont respectivement l'eliées aux deux pôles d'une machine de Ilollz, d<uU l'un
des pôles est au sol et i|ui est entraînée à vitesse constante jiar un moteur électiique.
Les armatures externes cômniuni([uenl entre elles par un tube de ■/erre plein d'eau
qui leur permet de se charger. La longueur de l'étincelle mesurée après les expériences
a été trouvée de o"",07. La machine de Holtz donnait environ 160 élincelles par se-
conde entre les boules de l'excitateur. Cette machine était installée assez loin pour
éviter toute inlluence de la lumière des aigrettes sur l'élincelle.
Deux fils de 2™,5'> de long attachés aux armatures externes conduisent les ondes
hei'lziennes, produites par la déi-harye tle l'excitateur, au micromètre à étincelles secon-
( ' ) IL lii.o.NDi.OT, Noiii'clles cxpciiences sur L'cnrcgistieinciii. au moyen de la plw-
tngrapliic. (le /'ficlinn exercée par les rayons N sur u ne étincelle électrique {^d^ncy ,
i'^'' mars 190J, p. .5, et Revue générxxle des Sciences, 3o août igoô, p. 727).
SÉANCE DU l5 JANVIER 190G. 14"
claires {fig- 2) formé des deux poiiUes en laiton précédemmenl décrites. Ces pointes
sont fixées aux branches d'une pince en bois noirci, analogue à celle qui sert à régler
l'étincelle primaire. Les deux pointes du micromètre doivent être exactement en
regard. La longueur de Fétincelle secondaire était d'environ J„- à -^^ de millimètre. Le
Fi;
l-i;
micromètre est enfermé dan- une boîte en carton noir 1 {Jig. 3) fixée à la pince; la
partie antérieure de cette boîte est formée d'une lame de verre dépoli recouverte d'un
papier noir percé en face de rélincelle d'une ouverture circulaire de )'^™,2 de dia-
mètre. La lumière de l'étincelle dill'usée par le verre dépoli à travers cette ouverture
Fis- -i-
impressionne une plaque photograpliiiiue f. La dislance de l'étincelle au verre dépoli
est de a"^"", celle du verre dépoli à la plaque P de 3'^'", 8. Une caisse en bois, dont la
partie antérieure est fermée par un voile noir, renferme le micromètre à étincelles et
le chfissis qui porte la plaque pliotogiapliique. Ce dernier peut être déplacé latéra-
lement dans une glissière à l'aide d'une tige T, sa course est limitée par deux butoirs
a et h.
La source de rayonsNest une lampe Nernst (1 ampèie, 220 volts) placée
à 45''" en arrière de l'étincelle primaire. Celte lampe est enfermée dans
l48 ACADÉMIE DES SCIENCES,
une lanterne de tôle. Avant d'atteindre l'excitateur E, les rayons N tra-
versent une planche B de i'^'",5 d'épaisseur, deux écrans en papier C et
une lame d'aluminium D reliée électriquement au sol ('). En M est figuré un
écran de zinc recouvert de papier filtre mouillé et, par conséquent, opaque
pour les rayons N; en retirant ou en mettant en place cet écran, on peut
à volonté laisser passer ou arrêter les rayons N qui doivent agir sur l'étin-
celle primaire. Un écran en bois H, garni de plomb sur ses deux faces,
empêche les rayons d'atteindre l'étincelle secondaire.
Pour faire une expérience, on règle l'étincelle secondaire de façon que
la lumière diffusée par le verre dépoli soit régulière et l'on s'assure à l'œil
que l'éclat diminue notablement, lorsque les rayons N tombent sur l'étin-
celle primaire. Cette diminution d'éclat est très visible lorsque l'étincelle
est bien réglée. La plaque sensible est alors placée dans un châssis appliqué
d'abord contre le butoir a. L'étincelle primaire recevant les rayons N, on
laisse la lumière de l'étincelle secondaire agir sur la plaque pendant i mi-
nute. On pousse ensuite le châssis contre le butoir b, en même temps qu'un
aide intercepte les rayons N au moyen de l'écran de papier mouillé M. Une
autre portion de la plaque est alors impressionnée pendant i minute.
Après développement, on constate sur la plaque deux taches dont l'une est
beaucoup plus faible que l'autre. La tache la plus faible est celle qui a été
produite jjendant que les rayons N agissaient sur l'étincelle primaire. Pour
corriger l'influence d'une variation possible du débit de la machine de
Holtz, chacun des temps de pose a été fractionné en deux poses de 3o se-
condes, les deux poses qui correspondent à l'une des positions de la plaque
alternant avec les deux poses correspondant à l'autre position. On a laissé
les rayons N agir tantôt pendant la première et la troisième pose île 3o se-
condes, tantôt pendant la seconde et la quatrième. Les mouvements
à donner au châssis et à l'écran M étaient réglés par les battements d'un
métronome. Pendant l'ouverture et la fermeture du châssis, celui-ci était
placé à égale distance des butoirs a et &; on évite ainsi que les durées d'ou-
verture et de fermeture interviennent dans le temps de pose. Ces durées
étaient d'ailleurs trop petites pour donner une impression visible au centre
de la plaque.
37 expériences ont été faites par ce procédé et tous les clichés obtenus
ont montré que l'étincelle secondaire diminue d'éclat lorsque l'élinceile
(') A cause des grandes dimensions de l'appareil, les dirterentes parties de la figure 3
n'ont pu être représentées à la même échelle.
SÉANCE DU l5 JANVIER 1906. l49
primaire reçoit des rayons N. Les étincelles altérant assez vite les pointes,
il faut les limer et les polir à nouveau après 6 ou 8 expériences. Pour
obtenir de bons résultats, l'éclairement de la plaque par la lumière de
l'étincelle secondaire doit être voisin de l'éclairement le plus faible qui
commence à impressionner la plaque ('). Les plaques employées sont des
plaques Jougla (bande verte), ou des plaques Lumière (bande bleue).
En résumé, les expériences précédentes confirment l'observation faite
par M. Blondlot, elles démontrent une modification intirfle de l'étincelle
par les rayons N. Cette modification, comme le fait remarquer M. Blon-
dlot, explique pourquoi l'étincelle électrique se prête bien à l'enregislre-
nient photographique des rayons N.
CHALEUR. — Sur la densité de la glace. Note de M. A. Leduc,
présentée par M. Lippniann.
La densité de la glace a été déterminée bien des fois. Les résultats ont
varié entre 0,903 et 0,900. Les plus concordants sont ceux de Brunner
(0,918), de Thomson, de Plûcker et Geissler (0,920), et de Louis Dufour
(0,914 à 0,922 : moyenne 0,9177).
Enfin Bunsen, par une méthode fort ingénieuse, a obtenu 0,91674. La
glace, formée dans un tube d'ailleurs passablement étroit, était, affirme-t-il,
parfaitement transparente et exempte de bulles.
Je n'ai pas été aussi heureux, malgré tout le soin apporté à cette expé-
rience, et cependant les nombres obtenus ont toujours été > 0,9172. Afin
de rendre négligeables certaines erreurs, j'ai opéré sur une masse de glace
voisine de loo^.
Première e.rpériencc. — Un flacon semblable à ceux employés par Regnaiilt pour
les densités de liquides, mais beaucoup plus yiand (108'^"'') est à peu près rempli d'eau
distillée longuement bouillie et encore très chaude. Je la fais bouillir à nouveau dans
le llacon, en y faisant le vide au moyen dune pompe de Fleuss, puis j'entoure celui-ci
d'un mélange de glace et de sel.
Par une manœuvre dont le détail sera décrit ailleurs, je conduis la solidification
depuis le fond du llacon jusqu'au repère tracé sur le col capillaire. Ayant enlevé l'eau
qui dépasse ce repère, je fais refondre la glace, puis je pèse l'eau qui en provient, avec
les précautions d'usage. Je trouve, toutes corrections faites : 988,9679 à quelques
(M \oir C. GuTTOX. Cdiiipirs reiulus. o,j f(jvrier igoj.
l.)0 ACADEMIE DES SCIENCES.
diviènies du milligroninie près. La masse d'eau distillée bouillie qui lemplil ce )iièinc
llacoii juscfu'au repèvo, à o", est lojïjSSiS.
On en (Icduiniit pour la masse spécifique de la glace à o° : o,gi'j'25.
^!ais, tandis que la première moitié environ de la glace est parfaitement
transparente, on voit apparaître dans celle qui se forme ensuite des traînées
de bulles gazeuses très fines et même, dans la partie supérieure, des bulles
assez grosses ]mur être distinguées à l'œil nu. La densité est donc trop faible
de ce chef.
Elle l'est encore pour un autre motif. Le flacon étant plongé dans un
réfrigérant dont la température varie entre — 5° et — lo'' environ, sa capa-
ciic est plus faible qu'à o".
Il faut remarquer toutefois que le phénomène est rendu très complexe
par ce fait que la couche de glace en formation est nécessairement à o°.
Tout ce que l'on peut affirmer, c'est que l'erreur est de l'ordre du dix-
millième.
I^our ces deux raisons, le nombre 0,^1^2 ne peut donc être approché (/ne
par défaut.
Expérience finale. — Après plusieurs periectioniicmenls (|ui avaient élevé pro-
gressivement le résultat, j'ai disposé l'expérience de manière à é'.ncuer par plusieurs
congélations successives dans le vide les gaz retenus par l'eau bouillie, et à produire
une dernière congélation assez lente (durée 6 heures) d'abord dans le vide, jusqu'à ce
que l'eau ait déj)assé le col capillaire Au llacon, puis sons la pression alniospln'rique,
mais en isolant l'eau de l'atmosphère par une colonne d'huile de vaseline, elle-même
bouillie dans le vide et sur place, étroite et longue de (3o'="' environ.
A cet effet, j'ajuste siu- le flacon à densités un système de deux flacons laveui's de
Cloez A et B; ce dernier, beaucoup plus grand que A et plus éloigné du (lacon à eau,
renferme la provision de vaseline. On peut faire le vide simultanément ou séparément
par deux tubulures à robinet, situées l'une à la sortie de B, l'autre en amont de A.
Au moment où l'on rétablit la pression almosphéiiqiie j)ar la jiremière tubulure,
l'huile vient i-emplir ])arfaitenient, c'est-à-dire sans la moindre bulle, les divers tubes
et cavités, y compris la partie du flacon à densités non occupée par l'eau.
Un frappeur automatique secoue conlinuellenient le llacon afin de faciliter le dépari
des bulles.
Malgré toutes ces précautions, la glace, congelée pour la troisième fois, n'est pas
encore parfaitement transparente dans la partie supérieure : le dei-nier quart présente,
surtout dans la région médiane, une sorte de néi>ulosilé lilamenteuse qui s'accentue au
voi'^inage du col capillaire.
IjH masse de glace remplissant cette fois le flacon jusqu'au repère est
98^,9968, d'où la iTiasse spécifique de la glace : 0,91^52.
Une dei"nière expérience, dans laquelle l'eau a été congelée quatre fois,
SÉANCE DU l.T JANVIÎÎR 191:6. I ' I
a donné un résultat pratiquement identique. Je suis porté à croire que la
disparition complète de la nébulosité n'altérerait que faiblement la der-
nière décimale.
Il est clair qu'il faut bien se garder de prendre la moyenne tles nombres
obtenus, qui croissent faiblement mais systématiquement à mesure cpic
l'expérience se perfectionne : le plus grand de ces nombres est certainement
approché par défaut. Pour tenir compte dans une certaine mesure de l'er-
reur due à la contraction de l'enveloppe, je propose d'admettre que la masse
spécifique de la glace à o" est
0,9176.
Remarque rclalive à t'analyse des gaz en dissolution dans l'eau. — On voit,
par ce qui précède, que l'eau longuement bouillie retient une quantité de
gaz fort appréciable, qu'elle abandonne au moins partiellement en se con-
gelant.
J'ai eu déjà l'occasion de faire la même remarque au sujet du protoxyde
d'azote liquiile, qui, solidifié en neigeet maintenu dans un vide très avancé,
dégage la majeure partie, mais non la totalité de l'azote qu'il tient en dis-
solution.
Il en résulte que l'analyse des gaz de l'eau, telle qu'elle se pratique toujours,
est incomplète et, par suite, ine-racle.
Si l'on admet que l'écart entre le nombre de Bunsen et le mien est Jù
uniquement à ce que ce savant a solidifié complètement de l'eau simple-
ment privée de gaz par ébullition prolongée, on arrive à cette conclusion
que cette eau renfermait encore près de i""' de gaz par litre (mesuré sous la
pression atmosphérique).
Je n'ai fait jusqu'ici qu'une seule expérience en vue de contrôler ce
résultat : elle a été satisfaisante mais non décisive au point de vue quan-
titatif.
Je me propose d'ailleurs de rechercher la nature des gaz retenus par
l'eau bouillie.
ÉLECTRlcrn':. — Sur la répartition des cintrants électriques dans un réseau.
Note de M. 1. Révilliod, présentée par M. Lippmann.
Dans tout réseau conducteur alimenté par des sources d'électricité, le
double du travail de ces sources diminué de l'effet Joule total est maximiun.
132 ACADEMIE DES SCIENCES.
Soil un réseau conducteur quelconque, coiUenanl les sources d'électricilé de force
électromotrice El, Ej, ... ( E/^ étant la somme algébrique des forces électromotrices
de la branche k, comptées dans un sens déterminé). Soient /',, r^, ... les résistances;
i, /j, ... les intensités des branches 1,2, ....
Il est à démontrer que les courants se répartissent de façon que
(1) i:(2Ei4-'>^!)
soit maximum, en tenant compte naturellement des relations ^ir^^o pour chaque
point de croisement, conformément à la première loi de Kirchlioll'.
Dili'érentions l'expression (1), nous aurons
(9.) I.(2E, -■?.!■, i,)di,.
Etablissons les équations qui rendent l'expression (i) maximum, c'est-à-dire (2)
nulle.
Considérons pour cela dans le réseau un circuit fermé quelconque, jiar exemple le
quadrilatère ABCD, et sur chacun de ses côtés un sens positif.
Les quatre relations Z.iri = o pour les points A, B, C, D permettent d'éliminer trois
des variables «'«• Eliminons ('2- '31 4 comme suit : de B nous lirons
'2 = '1 + 4 -4- 4 = ' 1 ± • • • .
deC
h = — ii+ii^— 'i±.-->
deD
h = 4 — «9 = — « I ±
Les points remplacent des variables /^ pour a > 4-
Cette élimination faite, tous les autres courants peuvent être considérés comme des
variables indépendantes ou des fonctions des /« pour lesquelles a > '|.
Donc, dans l'expression
-(E/,— o,ù) (ii/,,
les seuls termes contenant, toute élimination faite, la diflërentielle di\ sont les quatre
premiers.
Ces termes sont
( l'^i — '-1 '1 ) f/'i + ( E, - r, i, ) ( .//, ±...)
+ (E,- r,i,){- d,\±. . .) + {K,- r..i,) {- di,±. . .).
Les variables étant alors toutes indépendantes, le coefticient de di\ doit être nul.
Nous avons donc
El— '■l'i-l- E2— /-o/j— (E-i— r-ji,,) — (E4— r.,c\) — o,
équation idenli(|ue à celle fournie par la deuxième loi de KirchholV, appliquée au
quadrilatère ABCD
SÉANCE DU 1.5 JANVIER 1906. iSS-
Les coefficients des autres difTérentielles, égalés à zéro, donneraient des équations-
analogues.
La condition de maximum énoncée au début, équivalant aux équalioi.s
de Rirchhofï, correspond à la répartition des courants.
On voit qu'il s'agit d'un maximum, et non pas d'un minimum, en appli-
quant la loi au courant fourni par une pile unique sur un circuit unique.
Dans ce cas, en effet, 2E/ — ri- est maximum.
PHYSIQUE. — Sur la soupape parhydrique. Noie de M. J. de Rohax Chabot^
présentée par M. A. Ditle.
La soupape par/iydrique est un appareil qui a pour but d'éviter les reloius-
d'eau, lorsque l'on fait le vide au moyen de la trompe à eau :
Il arrive fréquemment, en eflet, que la pression d'eau haisse dans la canalisation sur
laquelle est branchée la trompe; si le vi<le est <léjà à ce moment poussé un peu loin,,
l'eau ne manque pas de rentrer dans les cloches ou récipients à vide et de les inonder,
procurant des ennuis qui peuvent être graves, si l'on n'exerce une surveillance conti-
nuelle.
Four éviter ces sortes d'accidents deux systèmes sont généralement adoptés.
Le premier consiste à intercaler, sur la canalisation à vide, un llacon qui sert de
réservoir préventif; ce flacon a le double inconvénient d'allonger la durée de l'opéra-
lion et d'être insuffisant si la dépression dure trop longtemps.
Le deuxième consiste à intercaler une soupape.
Les soupapes employées généralement jusqu'ici ont l'inconvénient d'être fi'agile-_
puisqu'elles sont tout en verre; d'être assez coûteuses et de ne pas toujours voir leur
clapet se décoller convenablement lorsque l'eau revient à sa pression primitive.
La soupape parhydrique a l'avantage d'éviter ces différents embarras.-
D'une construction très simple et d'un prix très modique, elle fonctionne
d'une façon assurée, grâce aux soins apportés par la maison Fontaine à s;^
construction.
Elle est constituée dans sa partie essentielle par un flotteur légèrement'
concave à sa partie supérieure et recouvert d'une membrane. La pressioi>
venant à diminuer dans la canalisation, l'eau remonte nécessairement dan -
l'ajipareil et le flotteur vient mettre en conlact la membrane avec un tuije
rodé qui s'applique exactement et qui arrête l'eau dans son mouvement
ascendant. Le haut du tube rodé porte une boule soufflée dans la masse^
pour le cas où la membrane laisserait passer quelques cenlimètres cubes
d'eau. Au repos, le flotteur s'appuie sur des pointes de verre repoussées-
C_ B^ ,go(3_ ,„ Semestre. (T. CXLII, N° 3.1 21
l54 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dims la masse, sans pouvoir jamais boucher le tube inférieur de l'appareil.
Il existe deux modèles de ces soupapes, l'une qui est démontable et dont
on peut en quelques instants remplacer le flotteur au cas où il viendrait à
se détériorer, l'autre qui est d'une seule pièce. L'un ou l'autre de ces
modèles se recommande suivant que l'on a à évaporer des solutions nui-
sibles ou non à la membrane.
CHIMIE MINÉRALE. — Reclijication à une Note sur l'oxyde salin de nickel.
Note de M. H. Bacbigny.
N'ayant pu me procurer le Mémoire original de Bellucci et Clavari sur
Y oxyde supérieur de nickel, je me suis fié, pour son contenu, à la traduction
qu'en a donnée le Cheinisches Centralblatl. Par l'envoi que Bellucci et Cla-
vari me font de leur publication, je constate que le texte allemand énonce
des faits qui ne sont pas exprimés dans le travail des savants italiens.
Ma Note aux Comptes rendus du 26 décembre 190.5 (p. i23o), faite pour
affirmer l'existence formelle de l'oxyde salin de nickel, ne peut donc plus
être opposée à Bellucci et Clavari, ces auteurs discutant dans leur Mémoire
seulement la constitution de cet oxyde sans en nier l'existence.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur le siliciure de cuivre et sur un noweau mode de
formation du silicium soluble dans l'acide /luorhydriqae.^ote àeM. Paul
Lebeau, présentée par M. H. Moissan.
Dans une précédente Communication {' ) nous avons reconnu que la
limite de combinaison du cuivre et du silicium dans un cuprosiliciuni indus-
triel renfermant de 5o à Go pour 100 de silicium total ne dépassait pas
10 pour 100, et semblait correspondre à la production d'un composé défini
ayant pouribrmule SiCu'. Nous avons recherché quelle influence pouvaient
avoir la vitesse du refroidissement d'un mélange fondu de cuivre et de
silicium, et aussi la teneur en silicium total, sur cette limite de siliciuration.
Influence de la vitesse de refroidissement. — Un mélange formé de parties égales
de silicium cristallisé très lin et de cuivre réduit pur. est fondu au four électrique dans
un creuset de charbon. Dans une première expérience, on solidifie lirusfpieiuenl le pro-
(') Paul Ledeai;, Comptes rendus, t. C\L1. 1900, p. 8S9.
SÉAKCE DU l5 JANVIER Icii.G. l55
(luil roiulii en le plongeant dans l'eau froide el, dans une deuxième, on laisse le culot
revenir lentement à la temp^^rature ordinaire dans l'intérieur même du foui-.
L'analyse faite sur des échantillons moyens a donné pour le premier culot 43, 'ï
pour 100 de silicium total el 41,9 pour le deuxième. Le silicium libre a été éliminé par
raclion prolongée <Ie la lessive de soude à 10 [unir 100 el les résidus obtenus ont été
analysés. L'acide azotique les attaque facilement et l'on peut après évaporation et inso-
lubilisalion séparer et peser la silice. Après calcination cette silice était toujours
grisâtre el abandonnait, après traitement à l'acide fluorhydrique, une pelile quanlilé
de silicium. Ce résidu de silicium était pesé et son poids retranché de celui de la silice.
Nous avons obtenu les résultats suivants :
Silicium combine pour luo.
Siliciure du produit refroidi brusquement. . 12,89 12,93 i'i,64
Siliciure du produit refroidi lentement .... ri,3i 11, 36 »
On esl ainsi conduit à conciiire qu'un mélange de cuivre et de silicium
fondu, puis refroidi brusqueiuent, reiifemic une quanlilé lie silicium com-
biné supérieure à celle que contiendrait un produit de composition à j)eu
près identique refroidi lentement.
Influence de la teneur en silicium total. — Si nous rapprochons ces résul-
tats des analyses antérieures concernant le siliciure de cuivre industriel à
5o pour 100 de silicium lolal, nous sommes déjà tenté d'admettre que
l'abaissement de la teneur en siliciimi total entraîne une limite de siliciu-
ratioti plus élevée du silicium. D'autre part, si l'on soumet à l'analyse, en
suivant la même méthode, des enivres siiiciés plus pauvres, cette inler-
prétation semble, à première vue, se conlirmer.
Si libre.
2,40
2,39
1,36
3,23
'>77
L'examen de ces nombres ne permet de formuler aucune loi. En outre,
lorsque nous avons dosé le silicium et le cuivre sur un même échantillon,
l'analyse n'a jamais été satisfaisante; il manquait i,5 à 2 |)Our 100, alors
(pie l'analyse qualilalive ne décelait pas d'impuretés dosabies.
Ces anomalies s'expliquent si l'on se Irouve en présence de la variété de
silicium sohible dans l'acide fluorhydrique découverte par MM. Moissan
cl Siemens. On [leuL reconnaître qualitativement ce silicium en repre-
nant le mélange de silice et de silicium par l'acide fluorhydrique dilué, la
Teneur en Si
total
des lingots analysés.
Si
combiné,
1 i , 6.j
1 2 , o5
15,27
12,88
12,5.5
II ,217
14.24
11,01
ID, 12
11,35
1 'jb ACADÉMIE DES SCIENCES.
silice se dissout rapidement et il reste un mélange de cristaux de silicium
dont une partie se maintient en suspension et disparaît ensuite par l'addi-
<lilion d'acide fluorhydrique concentré. Le procédé analytique que nous
-avions suivi jusqu'ici comportait donc une cause d'erreur, le résidu de sili-
cium après l'action de l'acide fluorhydrique ne nous fournissant qu'une
])arlie du silicium libre, le silicium soluble étant compté comme silice.
Pour évaluer le silicium libre total nous avons converti le mélange pesé
■de silice et de silicium, provenant de l'attaque par l'acide azotique, en sili-
cate de potassium dans lequel nous avons dosé la silice. L'augmentation do
poids était due à l'oxygène fixé sur le silicium libre, ce qui nous permettait
<le calculer le poids de ce dernier. Eu opérant ainsi nous avons pu constater
que le rap[)ort du cuivre au silicium combiné était toujours voisin de SiCu''.
L'examen métallographique des surfaces polies de cuivres siliciés, renfer-
mant de I à 20 pour 100 de silicium, nous a permis de reconnaître la pré-
sence du silicium libre à partir de 10 pour 100 de silicium total. Sur une
surface polie d'un lingot à i4,4 de silicium total, après attaque à la potasse,
Jes cristaux de silicium apparaissent en creux ; on distingue aussi très net-
tement l'eutectique silicium et siliciure de cuivre. La mélallograpliie nous a
été également d'un grand secours, pour mettre en évidence, in situ, la pré-
sence du silicium libre soluble dans l'acide fluorhydrique.
L'acide fluorhydrique est presque sans action sur le siliciure de cuivre. Une surface
jjolie d'un lingot à \!\ pour 100 de silicium, maintenue en présence de cet acide con-
centré et bouillant, ne cliange pas d'aspect; on reconnaît seulement que des cristaux
•de silicium ont été détruits ou corrodés superficiellement. Ces cristaux de silicium
soluble entourent et pénètrent les cristaux de silicium ordiiiaiie (|ui restent inaltérés
et conservent tout leur brillant.
La limite de siliciuration du cuivre correspond bien à SiCu\ mais elle ne
peut être établie qu'en tenant compte de l'existence de la variété de sili-
cium soluble de iMM. Moissan et Siemens ('). Le siliciure de cuivre peut
être préparé pur par union directe du cuivre ou du silicium, en propor-
tions correspondant à la formule; afin d'être certain de sa composition il
est préférable d'ajouter du cuivre à un cuivre silicié plus riche et rigou-
reusement analysé. Ce siliciure fond vers 800" et se solidifie par refroidis-
sement lent en une masse à cassure conchoïdalc très fragile dont l'examen
d'une surface polie révèle l'honiogénéilé. La courbe de fusibilité que nous
(') 11. iMoissAN et SiEMiiNs, Comptes rendus, t. CWWIII, 1901, p. Go; et layg-
SÉANCE DU l5 JANVIER 1906. iSj
avons établie pour les cuivres siliciés jusqu'à 3o pour 100 de silicium con-
firme l'existence de ce composé.
CHIMIE MINÉRALE. — 5m/' un siUciure de thorium.
Note de M. O. Ho.mgschmid, présentée par M. H. Moissan.
Il était à prévoir que l'oxyde de thorium serait réduit par le silicium à la
haute température du four électrique. J'ai effectué quelques essais dans
cette voie, espérant obtenir le siliciure de thorium, qui n'a pas encore été
préparé. D'une façon constante, même avec un grand excès de silicium
(4"' de silicium pour 1"°' de ThO-) une notable proportion d'oxyde reste
inattaquée. Le mélange d'oxvde et silicium aggloméré en pastilles est
chauffé dans une nacelle de magnésie au four électrique à tube décrit par
M. Moissan. Avec un courant d'environ 700 ampères sous 100 volts, la
réaction se produit après 5 à 6 minutes; la température s'élève au point
que la nacelle de magnésie fond. Le produit obtenu présente l'aspect
métallique du silicium fondu. Lin traitement par la lessive de potasse
permet d'enlever l'excès de silicium et il reste une poudre grise qui, sous
le microscope, paraît composée de fragments cristallins et d'oxyde non
réduit.
La partie métallique est attaquée par tous les acides minéraux; il est
impossible de la séparer de l'oxyde que seulement l'acide sulfurique con-
centré et chaud peut dissoudre.
L'emploi de l'aluminium, qui dissout le silicium sans entrer en combi-
naison avec lui, m'a permis de préparer le siliciure de thorium cristallisé. Il
se forme en même temps un alliage de thorium et d'aluminium d'une forme
cristalline différente.
Préparation. — J'ai d'abord cliaufte dans ie vide un mélange d'aluminium, de sili-
cium et de thorium métallique en poudre; celui-ci provenait de la réduction du chlo-
rure par le sodium. Au voisinage de 1000°, il se sépare des globules métalliques
brillants d'aluminium saturés de cristaux, quadratiques, pendant que l'excès de sili-
cium et l'oxyde de thorium qui souillait le métal restent dans la scorie.
Pour éviter la préparation tlu thorium métallique, j'ai ensuite essayé de mettre
en présence le silicium et le thorium dans les conditions où ils prennent naissance.
Dans un creuset de terre réfraclaire, on mélange i5s de fluorure double de thorium et
de potassium avec 6os de fluosilicate de potassium, on dissémine dans la masse 5os
d'aluminium en fragments et l'on chaufl'e le tout pendant une demi-heure au voi-
sinage de 1200". Ajirès un refroidissement lent, il reste au fond du creuset un culot
l58 ACADÉMIE UliS SCIENCES.
régulier (raliiuiiniiim ilaiis la masse (luf|iiel se Iroment en aliouilance .'les cri>tau\
lamellaires quadratiques. <)n y remarque aussi .-ouvenl quelques cristaux prisuiatiques
hexagonaux 1res allongés, d'un aspect tout dillérenl. Un traitement pi-olongé par
la lessive de potasse dissout l'aluminium et le silicium libre. Le siliciure de thorium
cristallisé reste inattaqiié.
Propriélcs physiques. ■-^ Le siliciure de thorium se présente en lamelles quadra-
tiques dont la couleur et l'éclal gras rappellent le graphite très |)ur. Sa densité à i6°
est de 7,9(3.
Propiiélcs clninir/ues. — Le siliciure de thoriuui n'est pas attaqué au rouge par
l'hydrogène. Il brûle avec incandescence dans le flnoi- quand on le cliaufle légèrement,
et dans le chlore au-dessous du rouge; à une température plus élevée le brome et Fiode
l'attaquent sans incandescence.
Chauflé dans l'oxygène il s'oiLydfe en produisant une lumière éblouissante.
Il s'entlanime à l'air au rouge seulement lorsqu'il est finement pulvérisé.
Il brûle avec incandescence dans la vapeur de soufje et la vapeur de sélénium au
point débullilion de ces corps ainsi que dans le gaz chlorliydrique au-dessous du
ronge.
Les hydracides en solution étendue ou concentrée le dissolvent lentement à froid,
vivement à cliaud. Dans l'acide fluorhydri(jue, la formation du lluorure de thorium
insoluble et, dans l'acide cldorbydrique, le dépôt de silice ralentissent bientôt l'attaque.
Il se dissout lentement dans l'acide azotique étendu ou concentré et plus diffici-
lement encore dans l'acide sulfuiique concentré. L'acide sulfuiique étendu agit comme
l'acide chloihydrique.
Le siliciure de thorium n'est pas altéré ])ar des solutions alcalines, mais la potasse
ou la soude fondantes ralta(iuent avec incandescence. Le bisulfate de potasse le dissout
très lentement au rouge.
Analyse : Première mélhode. — Un poids déterminé du produit est dissous
d'ans l'eau régale ; la solution est évaporée à sec pour insolubiliser la silice ;
Ife thorium repris par l'acide chlorliydrique élendu est ])récipité par l'acide
oxalique et pesé à l'état d'oxyde; la silice calcinée traitée par l'acide fluor-
hydrique laisse un faible résidu d'oxyde de thorium qui est ajouté ii la jjartie
princi[)ale. Après la précipitation du ihorium on Irouve encore une petite
quantité d'aluminium.
Deuxième mélhode. — Uu poids déterminé du produit est dissous dans tm
mélange d'acide tluoihydritpieet d'acide azotique. Cette méthode ne donne
le siliciuiTi que par différence.
Troisième méthode . — Un poids déterminé du produit finement pulvérisé
est chauffé dans un creuset d'argent axec des fragments de soude causiicjue
humectés de quelques gouttes d'eau; la décomposition qui serait très vive
avec la soude fondue s'effectue ainsi à une température assez basse pour
que l'hydrate de thorium ne soit pas transformé en oxyde insoluble. I^es
SÉANCE DU l5 JANVIER [906 log
condilinns exactes d'une altaque totale sont difficiles à réaliser : tantôt un
peu de silicinre reste inattaqué, tantôt l'attaque est trop vive et une partie
de riivdrate passe à l'état d'oxyde insoluble.
Ces différentes méthodes d'analyse ont donné les résultats suivants :
Théorie pour Tli Si-.
Th 80,3 80,2 80,4 80,4 80,4
Si '9i' 18,5 » » i9>6
Al 0,5 0,6 0,9 1,5 »
La composition du siliciure de thorium répond donc à la formule Th Si".
CHIMIE ORGANIQUE. — Diazoiques des diamines{phénylènes-diamines,
henzidine). Note de M. Léo Vigxo.v, présentée par M. H. Moissan.
Ijes diazoïqties des phénylèues-diamines m. et p. sont connues depuis
longtemps, quelques-uns de leurs dérivés de copulation sont préparés
industriellement. Les composés diazoaminés qui peuvent prendre nais-
sance par copulation avec d'autres aminés n'ont pas été étudiés.
Voici les expériences que j'ai faites sur cette question :
Phénylênes-diainines. — Je n'ai pas réussi à faire réagir les diazoiques
des phénylènes-diamines m. et /;. sur l'aniline, en vue tie l'obtentiofl du
diazoaminé
Xn^nh.ch»"
(Griess avait préparé un aminoazoïque en copulant le sel doiJ^le de
l't du chlorure de tétrazobeuzène m. et p. avec le chlorhydrate d'aniline.)
Pour utiliser la propriété migratrice du groupement diazoïque
(— N =: N — ), qui peut se transposer d'un noyau aromatique à un autre,
suivant les faits signalés par Griess et Schraub et par Sclimidt, j'ai tenté
de faire agir le chlorure de diazobenzène sur les trois phénvlènes-diamines.
En employant les proportions suivantes :
Quantités
Tliéoi'ie. employées.
Aniline • 5,16 5,16
.Nitrite Na 85 pour 100 4j5o 5,o
HClaa'B 9,8 i2,5
Eau 5o , o 00 ^o
l6o ACADÉMIE DES SCIENCES.
le chlorure du diazobenzène formé à o" était versé dans une solution
alcoolique de la phénylène-diamine en présence de carbonate de pot;!s-
sium ; soit :
Quantités
Théorie. employées.
. s B
Carbonate de potassium 4 8
I». > l'hénylène-diamine 3 3
p. \
Alcool 300 aoo
Les résultats sont différents suivant la diamine mise en œuvre.
o.- Phénylène-diamine. — Une solution de cliloriire de diazobenzène à o", versée
dans la solution alcoolique d'o. -phénylène-diamine, amène la formation d'un corps
solide, goudronneux, qui se dépose en se décomposant immédiatement.
La substitution de l'acétate de sodium au carbonate de potassium améliore le
résultat : on obtient, sous forme de goudron, très peu stable, ne pouvant être purifié,
ni analysé, un corps solide, dégageant beaucoup d'azote avec les acides, qui est \rai-
semblablemenl
\(2) Nil — \'-—CH\^'
m.-Phénylcne-diamine. — La réaction est pltis nette. En présence d'acétate de
sodium, on obtient un beau précipité louge qui goudronne peu à peu, en se transfor-
mant en magma rouge brun. Par lavage à l'alcool et cristallisation dans l'eau, on
obtient finalement des cristaux jaune rouge fondant à ii5°-ii6°, constitués par de la
chr^soïdine : le diazoaminé n'a été qu'un terme de passage, non isolable.
/IVII 1V2 ("'6 ij-,
riiazoamiiié inslalile.
^ '^ \NH - N^ C= H^ ^ " ^ ^ ^ " • '^ .T. ^ " \NM^ + C« H^ . OH -\- N^ "
Chrysoidine.
p. -Phénylène-diamine. — Je n'ai pas pu obtenir la copulation du diazobenzène it
de la parapliénylène-diamine : malgré toutes les variantes introduites dans le.s condi-
tions employées, le diazobenzène se décompose avec violence sans réagir.
Les résultats négatifs ou peu satisfaisants que j'ai obtenus dans les réac-
tions précédentes doivent être attribués au défaut de stabilité des dérives
diazoïques des phénylènes-diamines (jn.) et {p.). On sait, d'autre part, que
la j)hénylène-diamine (o.) n'est pas diazotable et qu'elle se transforme par
SÉANCE DU l5 JANVIER 1906. 161
l'action île l'acide nilreux en dérivé azimidé de la forme
P6TT4/ ■'■^ V|\J
La diazotation des phénylènes-diamines n'est pas assimilable à celles des
monamines telles que l'aniline. Celte diazotation, en effet, est nulle avec
la modification ortho; elle aboutit, avec les modifications meta et para, à
des composés très instables, réagissant avec difficulté, et paraissant réfrac-
taires à certaines copulations qui se réalisent très facilement avec les
diazoïques des monamines.
En cherchant les causes des différences que présentent, au point de vue
de la diazotation, les monamines et les phénylènes-diamines, j'ai pensé
qu'elles pouvaient être attribuées à ce fait que deux chaînes NH-, liées au
même noyau benzénique, étaient, par ce fait même, difficilement diazotables,
et que, lorsque les deux chaînes étaient voisines comme dans la modification
ortho, la diazotation devenait impossible.
Pour vérifier cette explication, j'ai étudié la diazotation de la benzidine
et les propriétés des dérivés diazoïques obtenus.
(0 C'H' — Ntr- (4)
Diazolalioii de la henzidine. — La benzidine -^e iliazole au
(i) C«H^'-NH"- (4)
contraire avec la plus grande facilité: le diazoïque obtenu par transformation des deux
groupes NH- en groupements ( — N^ — ) est très stable, et se copule aisément avec les
aminés et les phénols. On sait qu'un grand nombre de matières colorantes dites sub-
stantii'es sont obtenues par ces copulations.
J'ai pu obtenir, par copulation avec l'aniline, une série de composés
nouveaux.
Je me borne ici à poser cette règle relative à la diazotation des diamines
aromatiques :
La diazotation des deux groupes NH" des diamines s'accomplit comme
celles des monamines quand les groupes NH- sont liés à des noyaux ben-
zéiiiques distincts. Quand les deux groupes sont liés au même noyau, la
diazotation ne s'effectue pas (dérivés o.) ou elle donne des dérivés diazoïques
très instables (dérivés m. et p.) ne se prêtant pas à certaines copulations et,
en particulier, à la formation de dérivés diazoaminés.
C. R., 1906, !" Semestre. (T. CXLU, N- 3.) 22
l62 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ANALYTiQUi;. — Su/' le dosage de t'oxyde de carbone dans l'air par
r anhydride indique . Noie de MM. Ai.bert-Lévy et A. Pécoul, présentée
par M. Armand Gautier.
Dans ses importantes recherches sur les gaz combustibles de Tair, re-
cherches devenues classiques, M. Armand Gautier a bien établi :
« 1° Que l'oxyde de carbone mélangé d'air réagit en totalité sur l'an-
hvdride iodique chauffé à ôS'^-jo", quelle que soit sa dilution et jusqu'à la
plus infime parcelle . »
» 2° Que l'acétylène agit bien sur l'anhydride iodique, même à 35°,
mais que la réaction est incomplète. Avec des dilutions de lo à 20 volumes
pour loooo volumes d'air on n'oxyde qu'une fraction variant entre i
a 2 dixièmes. »
Nos expériences montrent qu'à des dilutions plus grandes encore la
fraction d'acétvlène oxydée continue à diminuer; par exemple, un mélange
de 4 volumes d'acétvlène dans loooo d'air ne nous donne avec le chloro-
forme qu'une teinte insensible qui ne correspond même pas à un ilemi-cent
millième de notre gamme colorée.
Dans ces mêmes conditions, le passage d'un même volume d'air (3', 5)
contenant un seul dix-millième d'oxyde de carbone, c'est-à-dire une dilu-
tion quatre fois plus grande, nous donne une coloration intense.
Un mélange de i volume d'acétylène dans loooo volumes il'air ne pro-
duit aucune coloration.
Donc, dans les conditions oîi nous utilisons notre appareil avertisseur
d'oxyde de carbone, l'aclion de l'acétylène, en admettant même, ce qui est
douteux, qu'on constatât sa présence dans les locaux habités, n'influerait
en rien sur la détermination quantitative et même qualitative de l'oxvde de
carbone.
Si cet appareil devait servir a des déterminations industrielles, d con-
viendrait de faire ce cpie nous faisons dans le laboratoire, c'est-à-dire d'oii-
miner non seulement l'acélyléne, mais tous les gaz ;( hydrogène sulfuré,
vapeurs nitreuses, etc.) qui, dans ces cas ])articuliers, peuvent exister acci-
dentellement dans l'atmosphère examinée. Dans le laboratoire et quand
nous avons besoin d'une extrême précision, ce n'est [)lus dans le chloro-
forme, mais dans une solution de potasse que nous recevons l'iode dégagé
( modification Rahounli ii-Nicloux).
SÉANCE DU I.^ JANVIER IQof). i63
CHI.MIE ANALYTIQUE. — Dosasse (le petites quantités de chloroforme: son
dosage : \" dans F air: 2° dans le sang ou dans un liquide aqueux. Noie
(ie M. 3lAi'i!iCE NiCLoux, présentée par M. Armand Gautier.
On connaît la réaction classique de J.-P>. Dumas :
CHC!'-h4KOH = 3KC1 M- HCO'K+ fl^O.
Un certain nombre d'auteurs se sont déjà servis de cette décomposition
du chloroforme par la potasse en vue du dosage de quantités notables.
G. Chancel et P. Parmenlier, les premiers, l'ont emplovée au cours de
leurs recherches sur l'hydrate de chloroforme et sur la solubilité du chlo-
roforme dans l'eau; |iuis viennent clans l'ordre chronologique : L. de Saint-
Martin, A. -P. Saunders, Puckner('). Tous ont reconnu qu'en opérant en
tube ou en vase scellé, la réaction ci-dessus est quantitative et peut servir,
par la détermination tlu chlore, au dosage du chloroforme; ils ont o|)éré
sur des quantités variant de 0^,2 à 2^.
Cette réaction peut-elle s'appliquer aux petites quantités de chloroforme
(maximum : o«, i) et peut-on éviter la complication du tube scellé? J'y suis
arrivé de la façon suivante :
Dans un ballon muni d'un bouchon de liège dans lequel passe l'exlréiiiilé d'un réfri-
gérant énergique à reflux, on introduit un certain volume d'une solution alcoolique
titrée de chloroforme (préparée en brisant an sein de laicool une ampoule de verre
contenant un poids connu de chloroforme), puis de l'alcool pour compléter le volume
de 60^°'', et enfin 10'^^'"' de potasse alcoolique à 10 pour 100, exempte de chlorures. On
porte à l'ébullilion 3o à 45 minutes et, pour plus de sûreté, i heure pour les ([uantités
supérieures à 5o™s. On refroidit alors le ballon, on ajoute une petite quantité d'eau (i5'='"'),
et l'on neutralise exactement en se servant de la phlaléine comme indicateur; il se préci-
pite du sulfate de potasse; dans le liquide exactement décoloré, on ajoutechi chromate
neutre de potasse, et l'on titre avec une solution de nitrate d'argent renfermant Se, 535
de ce sel par litre, dont i^"'' représente 2"'s de chloroforme. Un demi-dixième de cen-
timètre cube de la solution d'argent produisant le \irage (-), la c(uantité de chloro-
forme est donc déterminée avec une erreur absolue qui ne dépasse pas o™s, i : l'erreur
(') On trouvera les indications bibliographiques complètes dans les Comptes rendus
de la Société (Je Biologie, séance du i3 janvier 1906.
(-) En preuanl f|iielf|ues précautions dont on trouvera les détails dans les C. B.
de la Société de Biologie, séance du i3 janvier 1906; la sensibilité est de même ordre
par la méthode au sulfocyanure.
l64 ACADÉMIE DES SCIENCES.
relative est de : i pour loo environ, la quantité de chloroforme oscillant autour de 10™= ;
de 0,2 pour 100, quand cette quantité est de 5o™s.
Voici les résultats de quelques expériences :
Première série. Deuxième série.
Chloroforme mis en milligrammes. ... 5 10 no 100 4 10 ^o 4o
Ghloioforme retrouvéen milligrammes. 5 9,8 19,4 96 4 9,9 19,7 39,4
Ces chiffres montrent l'exaclitude de la méthode; on peut, il est vrai,
constater une erreur en moins de i,5 à 2 pour 100; mais, cette erreur se
reproduisant constamment dans tous les essais, je la suppose systéma-
tique (').
En possession de cette méthode j'ai cherché à l'appliquer à la recherche
du chloroforme dans quelques conditions intéressantes aux points de vue
physiologique et médico-légal, savoir : dosage du chloroforme dans l'air,
dosage dans le sang ou dans un liquide aqueux quelconque.
a. Dosage du chloroforme dans rair. — Pour amener tout le chloroforme
en vapeur dans l'air à l'état de dissolution dans l'alcool, j'opère comme il
suit :
On fait passer l'air contenant le chloroforme dans deux barboteurs à analyse orga-
nique placés à la suite l'un de l'autre et contenant de l'alcool à gS". Le second sert de
témoin; on constate que, si le courant de gaz n'est pas trop rapide (i' en 3o minutes),
le premier tube suffit à lui seul à arrêter, pour la plus grande partie, la vapeur de chlo-
roforme.
Pour justifier ce mode opératoire si simple, j'ai institué un certain nombre d'expé-
riences de contrôle dont on trouvera, par ailleurs, le mode opératoire et les résultats ( ').
h. Dosage du chloroforme dans le sang ou dans un liquide aqueux quel-
comjue (-). — Pour faire la substitution du milieu alcoolique au milieu
aqueux, il suffit d'opérer ainsi :
On ajoute au sang ou au liquide aqueux cinq fois son volume d'alcool à So^-gS" acidifié
d'acide tartrique (oS,25). On place le tout dans un ballon, on distille dans l'appareil
de Schlœsing qui fonctionne comme appareil à distillation fractionnée et l'on recueille
le liquide distillé dans 10'''"' d'alcool à 95°, placé, avant toute distillation, dans l'éprou-
vette qui recevra le li(|uide distillé; on distille le tiers du volume total qui renferme
('; ,1e note, eu passant, que cette erreur a été signalée, et justement pour celte mèmr
valeur de 2 pour 100, par L.-G. de Saint-Martin.
(-) Socitté de Biologie. Séance du i3 janvier 1906. On \ trouvera la technique de
ces expériences.
SÉANCE DU l5 JANVIER 1906. lC)5
alors la totalité du cliloroforrae, en dissolution dans l'alcool, et Ton termine le dosage
comme il a été dit plus haut (').
Je donnerai ici quelques-uns des résultais :
Chloroforme ajouté à 20*^°'' de sang. . . 5"'s io°s i5"'s ao^s
Chloroforme retrouvé 4'"^9 Ç)""!? i4"'°>4 iQ^^G
C'est, comme on le voit, à peu de chose près, la même erreur systéma-
tique, de 2 pour 100 environ, déjà signalée plus haut pour le chloroforme
pur.
En résumé, les méthodes de dosage que je viens d'exposer donnent la
possibilité au physiologiste et au médecin légiste d'effectuer le dosage du
chloroforme, par l'emploi d'une technique simple, rapide, d'une très
grande exactitude.
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur la combustion de l'acétylène par l'oxygène.
Note de M. Paul .Hairicheau-Beauprk, présentée par M. H. Moissan.
On sait depuis longtemps que l'azote peut s'oxyder par entraînement
dans toutes les combustions à l'air; M. Berthelot a précisé les conditions
de cette oxydation (-).
Avant eu à étudier la combustion, par des appareils tels que le chalu-
meau oxy-acétylénique, de l'acétylène avec l'oxygène, j'ai constaté que la
grande vitesse des gaz pratiquement nécessaire pour empêcher le retour
delà flamme, la haute température de celle-ci et son faible volume pro-
duisaient dans l'air des quantités notables d'ozone et de composés oxygé-
nés de l'azote, quantités variables d'ailleurs avec les autres conditions de
l'expérience.
Ces gaz, dilués dans les produits de la combustion, vapeur d'eau et gaz carbonique,
agissent sur l'iodure de potassium, décolorent l'indigo, brunissent l'oxyde de thalliuin
et présentent an tournesol une réaction nettement acide. Si l'on absorbe les composés
oxygénés de l'azote par des lavages successifs à l'acide sull'urique pur et à la potasse,
on décèle la présence de l'ozone, en constatant par exemple que l'iodure de potassium.
(') M. Armand Gautier a déjà donné une méthode de dosage qui consiste à déplacer
le chlorotbrme du sang, porté à 60°, par un courant d hvdrogène. à faire passer le mé-
lange gazeux dans un tube au rouge et à doser par l'argent l'acide chlorhydrique formé
(voir son Cours de Chimie. 2" édition, p. 62).
(-) Comptes rendus, t. CXW, 1900, p. i345, 1662, et surtout Annales de Chimie,
-' série, t. X\I, p. i44 à 201.
l66 ACADÉMIE DES SCIENCES.
qui esl encoro .'iltéié jiar les gaz reslanls, cesse de l'êlre aussitôt ((ue ceux-ci 'nit été
cliaufFés à 200°.
J'ai vérifié en outre que les composés oxygénés de l'azote, dans les conditions clii-
miques et dans l'étal de dilution où ils se présentent à la suite de combustions vives
telles que celles du magnésium, de l'hydrogène ou de l'acétylène dans Fair, ont une
action réductrice marquée sur l'anhydride iodique cliaufTc à 80°. et qu'il en esl de
même de l'air qui a subi une série d'étincelles électriques.
On peut, inôme dans le cas où les ntmosphères industrielles contiennent
des vapeurs nitrenses, utiliser ra|ipareil si pratique de MM. Albert-Lévy
et Pécoul, à la condition d'arrêter au préalable les composés oxygénés de
l'azote. J'v suis arrivé (par un procédé analogue à celui employé par
M. Armand Gautier ])Our arrêter les gaz acides de l'atmosphère) en faisant
passer les gaz jjrovenant de la combustion de l'acélNlcne avec l'oxygène
dans Une série de Inbes contenant de petits cristaux de sulfate ferreux,
imprégnés de potasse concentrée; dans ces conditions, l'appareil de
MM. Albert-Lévy et Pécoul témoigne que la quantité d'oxvde de carbone
est inférieure à ,„„'„„„.
CHIMIE PHYSIQUE. — Proportionnalité directe entre le point cryoscopique d'une
eau minérale de la classe des bicarbonatées et la composition de cette eau
exprimée en sets anhydres et en monocarbonates. Note de M. Liciex Gkai'x.
I^es recherches que j'ai faites depuis plus d'une année sur la cryoscopie
des eaux minérales m'ont permis de déterminer d'une façon rigoureuse la
relation existant entre le point cryoscopique d'une eau minérale de la
classe des bicarbonatées et sa composition.
Les analyses des eaux minérales sont rédigées habituellement en bicar-
bonates. Il n'existe alors aucune relation entre le chiffre total de leurs
minéralisations et celui de leurs points cryoscopiques.
C'est ainsi que l'analyse de l'eau de Chàtel-Guyon se présente avec un total de
8B,3g86. Or, son point ciyoscopique est : A = — o,338.
<Jn sait d'autre part que le point cryoscopique il'une solution isotonique (c'est-
à-dire de 98 par litre) esl A = — 0,060.
l^e rapport des pninis cryosc<jpiques esl :
— o,Ô6o
TZZ I ,600.
— o,35o
>e lapporl des minéralisations de l'eau de Chàtel-Guyon et de la solution isotonique
SÉANCE DU 1.1 JANVIER I()o6. I O7
est alors ine\jilicalilc :
Q
-2^ =I,030.
8,09
J'ai recalculé celte analyse en mon<icarl)onates : le total oljteiiu est de 5s, 832.
Le rapport des minéralisations concorde cette fuis d'une façon tré- salislaisante
avec celui des points crvoscopiques :
n
; I ,040.
5,832
Il en est de même pour les autres eaux bicarbonatées. A Royal, par exemple, le
chiffre total de la minéralisation est de Ss.S'i; au lieu de 5s, 623 el à ^ iciiy (Célestins)
de 4'-863ç) au lieu de 8s, 244, etc.
Dans toutes les eauv observées le point cryoscopique était proportionnel au cbiffre
total exprimé en monocarbonates et entièrement hors de proportion avec celui de la
minéralisation livpoiliétique des bicarbonates.
Voulant préciser la façon dont se comporte dans une eau minérale l'acide
carbonique dit demi-libre, j'ai expérimenté avec des solutions pures de car-
bonate et de bicarbonate de soude.
Le point cryoscopique d'une solution contenant par litre un dixième de
la molécule-gramme de carbonate de soude, c'est-à-dire 10^,6, est — o,'\^^.
Celui d'une solution contenant par litre un dixième de molécule-grainme
de bicarbonate de soude pur, c'est-à-dire 8^,4, est — 0,389.
Or le point cryoscopique d'une solution contenant une demi-molécule-
gramine de carbonate bisodique (soit 5,3 de carbonate) est — o,356,
c'est-à-dire un chiffre sensiblement le même que celui de la solution pré-
cédente.
Il s'ensuit que, dans une solution de bicarbonate sodique, seule la molé-
cule de carbonate influe sur la pression osmolique. L'acide carbonique
demi-libre ne se comporte pas autrement au point de vue crvoscopique que
s'il était entièrement libéré.
J'ai donc le droit de concku'e des recherches précédentes qu'il serait
rationnel de présenter les analyses des eaux minérales sous forme de mono-
carbonates.
On peut formuler ainsi la loi que j'ai déterminée :
IL existe une proportionnalité directe entre le point cryoscopique d'une eau
minérale de La classe des bicarbonatées et la composition de cette eau, exprimée
en sels anhydres et en monocarbonates.
l68 ACADÉMIE DES SCIENCES.
MINÉRALOGIE. — Sur les cristaux miœtes d' azotates alcalins .
Note de M. Fkéd. Walleraxt, présentée par M. de Lapparent.
J'ai déjà entretenu l'Académie des |)ropriétés des cristaux mixtes de cer-
tains azotates alcalins. Je voudrais aujourd'hui lui signaler les particularités
les plus intéressantes des cristaux mixtes des autres azotates.
Considérons d'abord ceux qui résultent de la cristallisation simultanée
des azotates d'ammonium et de rubidium. Ces deux sels se mélangent en
toutes proportions pour cristalliser, mais s'il y a continuité entre les cris-
taux mixtes au point de vue de la composition, sous le rapport des pro-
priétés physiques, ils se répartissent en trois séries absolument distinctes.
Les cristaux de l'une sont rhomboédriques quasi-cubiques, isomorphes des
cristaux d'azotate de rubidium pur; les cristaux d'une deuxième série sont
isomorphes des cristaux d'azotate d'ammonium; mais ce sont les cristaux
de la troisième série, placée entre les deux autres, qui présentent de l'inté-
rêt. Pour pouvoir le mettre en évidence, il me faut rappeler les propriétés
de l'azotate de tballium. Ce dernier, orlhorhombique, cristallise presque
toujours en octaèdres, dont les faces ont reçu les caractéristiques (m); il
en résulte pour les paramètres les valeurs o, 5 1 1 : i : o, 65 1 , qui sont très voi-
sines des valeurs des paramètres de l'azotate de potassium. On en concluait
cjue les deux sels étaient isomorphes et, comme les angles des faces m sont
de 1 1 8°52' dans l'azotate de potassium et de i25°52' dans l'azotate de thal-
lium, il en résultait que, dans deux cristaux isomorphes, les différences
entre les angles pouvaient s'élever à 7°. Or il n'y a en réalité aucun rapport
entre les formes cristallines de ces deux azotates. Si en effet on comprime
une section de TlAzO% parallèle à p, c'est-;i-dire perpendiculaire à la bis-
sectrice aiguë des axes optiques, on détermine la formation de quatre sys-
tèmes de macles dodécaédriques, c'est-à-dire dont les plans sont orientés
comme les quatre plans 6' d'un cristal quadratique : les traces des plans de
macles font en effet des angles très voisins de 45° avec les traces des plans
de symétrie.
Les cristaux d'azotate de thallium sont donc quasi-quadratiques, ce qui
se comprend, car si l'on multiplie par 2 le premier paramètre, on obtient
les valeurs i , 022: i : o,65i , voisines de 1 : i : 0,702, paramètres d'un cristal
cubique ra|)porté à deux axes binaires et à un axe quaternaire. Il n'y a donc
aucun rapport entre ces cristaux quasi-quadratiques et les cristaux
SÉANCE DU l5 JANVIER Tf)o6. 1 69
de KAzO% qui sonl quasi-ternaires, comme le montre la présence de
macles dont les plans font entre eux des angles voisins de 120°. Cela posé,
les cristaux mixtes de la troisième série présentent tons les caractères phy-
siques des cristaux de TlAzO' : mêmes macles, orientées de la même façon
relativement aux axes optiques, même angle pour ces axes, même signe
optique, même biréfringence moyeune et même dispersion : de telle sorte
qu'il est impossible de distinguer les préparations des deux espèces de cris-
taux. On est donc amené à cette conclusion que les azotates d'ammonium
et de rubidium, qui ne sont ni l'un ni l'autre isomorphes de l'azotate de
thalliura, donnent par leur mélange des cristaux possédant cette iso-
morphie.
A la température ordinaire, les azotates de potassium et d'ammonium
donnent également trois séries de cristaux mixtes : la première comprenant
des cristaux orthorhombiques, isomorphes du KAzO^; la seconde, séparée
par une lacune de la précédente, comprenant des cristaux monocliniques;
et la troisième, en continuité de composition chimique avec la précédente,
comprenant des cristaux isomorphes du AmAzO'. Quand on augmente pro-
gressivement la quantité deRAzO', on constate que la modification du
AniAzO% stable entre 32° et 82°, devient stable dans les mélanges à des
températures de plus en plus basses et que c'est à cette modification qu'ap-
partiennent les cristaux monocliniques de la seconde série; dans ces cris-
taux, l'angle des axes optiques va en augmentant et devient supérieur à 90°,
de sorte que les cristaux, d'abord positifs, sont ensuite négatifs. En outre,
il faut signaler que la modification rhoinboédrique du KAzO' devient biaxe
dans les cristaux mixtes, l'angle des axes augmentant avec la teneur
en AmAzO'.
Enfin, je terminerai en faisant remarquer qu'à la température ordinaire
il n'y a que deux azotates alcalins qui soient isomorphes, les azotates de
rubidium et de caesium. I^es autres ne sont isomorphes qu'à des tempéra-
tures plus élevées et en général dans un intervalle limité.
MINÉRALOGIE. — Les roches alcalines des environs d'Evisa ÇCorse).
Note de M. Deprat, présentée |)ar M. A. Lacroix.
Nous avons consacré cette année une assez longue période à l'étude des
roches alcalines signalées sur la feuille de Vico par iMM. Le Verrier et Nen-
C. R., igoli, I" Semestre. (T. CXLII, N° 3.) 23
lyo ACADÉMIE DES SCIENCES.
tien('). Ces auteurs indiquent l'existence de granulites sodiques dans le
massif des Calanques de Piana. M. Nentien, qui a plus spécialement étudié
la question, localise ces roches dans la gorge de la Speluncata entre Ovisa
et Ota, sur une longueur de i""" pour 200™ à Soo™ de large; en outre, il
considère comme appartenant au même type, mais altéré, les granulites
des Calanques de Piana. Des recherches détaillées nous ont fait voir que
les granulites des Calanques sont des granulites à biotite n'appartenant
pas à cette série. Quant au gisement des roches sodiques d'Évisa, il est plus
considérable qu'on ne le supposait : il a 12'"" environ de longueur et 6'"° de
largeur.
Les crêtes de la Scalella, du Forcelle, le Capo alla CucuUa, toute une
partie de la vallée de Lonca (versant Sud), le Capo al Frassello sont occu-
pés par ce type spécial; de sorte que le gisement couvre une superficie de
75"""' environ. Ces roches, loin d'être un type rare, sont donc, au contraire,
abondantes en Corse.
L'étude minéralogique d'une partie de ces roches a été faite, il y a
quelques années, par M. A. Lacroix d'après des échantillons recueillis dans
la Spelunca par M. Nentien. Nos études sur le terrain nous ont permis de
recueillir des types très variés montrant une succession d'injections filo-
niennes d'acidité décroissante dans la masse principale.
Cette dernière est constituée par les granulites à riébeckite et œgyrine du type
normal décrites par M. A. Lacroix, riches en anovlhose et albile. La teneur en SiO^ est
élevée de 76 pour 100 environ; le quartz est très abondant. Tous les types de struc-
ture des roches de ce groupe sont représentés : modes granitique, granuiitique,
peguialoïde, micropegmatoïde, microgranulitique. Les pegmatites ont été indiquées
par M. Nentien près du pont génois de la Sj)elunca, nous en avons trouvé des gise-
ments plus beaux et plus étendus dans le massif de la Cuculla, notamment au col de
Salto où l'on peut recueillir des cristaux de riébeckite de 20'^"' de longueur. La compo-
sition normale de ces roches est la suivante : quartz, ortho'^e, anorthose, albite, rié-
beckite, parfois œgyrine, asti'ophyllile rare, zircon abondant, parfois fluorine. Ces
roches, qui forment le type le plus ordinaire, sont traversées par des filons dans les-
quels l'fegyrine prédomine et parfois existe seule, en fait d'élément coloré. Nous avons
recueilli de beaux échantillons dans lesquels ce minéral en prismes de 3''™ de longueur
est uniquement accompagné de quartz, d'orthose, anorthose et albite.
Les filons d'âge plus récent sont surchargés de riébeckite; au Capo alla Cuculla, ce
(') Le Verrier, Comptes rendus, t. CIX, 1889, p. 38. — Nentien, Étude sur la
eonstilution géologique de la Corse, 1897. l'ai'is) Imprimerie nationale.
SÉANCE DU l5 JANVIER 1906. I7I
minéral forme plus des deux tiers de la roche; l'acidité de celle-ci est alors beaucoup
plus faible; enfin certains échantillons sont presijiie uniquement composés de riébec-
kite et parfois d'un peu d'œgyrine.
Sur la bordure du massif, dans les gorges de Lonca, nous avons observé des filons
d'une roche formée de longs microlites d'albite et d'anorthose avec rlébeckite et œgy-
rine et injectés dans des tufs probablement carbonifères; le quartz y est plus rare, et
la roche passe parfois à de véritables syéniles à aîgyrine.
Les filons aplitiques perçant le granité sont abondants; M. Nentien en a signalé
quelques-uns. Nous en avons recueilli un près d'Ota, ne renfermant que du quartz, de
l'anorthose et de l'segyrine, en prismes fins et allongés.
En résumé, les roches alcalines à riéheckite et œgyrine d'Évisa appar-
liennent à un magma spécial qui paraît avoir donné au début de puissantes
masses inlrusives très acides, assez riches en soude, mais dont l'acidité a
été en décroissant, tandis que l'enrichissement en soude allait croissant, de
sorte que les derniers types, les plus récents, sont des roches de couleur
foncée, avec alcalis en excès (soude dominante). Nous avons désiré surtout
mettre ce fait en lumière dans la présente Note. L'étude détaillée des diffé-
rents types sera faite, au point de vue minéralogique et chimique, dans un
Mémoire spécial, oîi nous chercherons à mettre en relief, par les résultats
de l'analyse chimique, l'évolution du magma qui leur a donné naissance.
Quant à la question d'âge, nous croyons que la mise en place des types
les plus acides est antécarbonifère; elle a dû se terminer vers la fin de cette
période pour les ty|)es les plus basiques (').
Nous avons recueilli dans les granulites sodiques d'Evisa des enclaves de
cornéennes, dans lesquelles l'action du magma a fait naître en abondance
la riébeckite, et une hornblende sodique verte.
PHYSIOLOGIE. — Sur le débit urinaire. Note de MM. Henri Lamy
et André Mayer, présentée par M. Dastre.
Dans une Communication précédente, développée dans un Mémoire plus
détaillé (*), nous avons montré qu'il n'y a pas de rapport direct et simple
entre les variations de composition du sang et celles de l'urine; la compa-
(') Concurremment peut-être avec les trachytes et andésites d'Osani.
(/■) Comptes rendus, t. CXL, igoS, p. 683 et Journal de Physiologie et de Patho-
logie générales, 4° série, t. VII, p. 679.
172 ACADÉMIE DES SCIENCES.
raison des concentrations de chaque substance dans le sang et dans l'urine
montre que le rein accomplit un Iravail actif de sélection.
Nous nous sommes demandé si un phénomène analogue se produit en ce
qui concerne, non plus la com[)Osition, mais la quantité d'urine. En préci-
sant la question, il s'agit de savoir quel rapport existe entre le débit de
l'urine (ou mieux de l'eau de l'urine) et le débit du sang (ou mieux de l'eau
du sang) dans le rein.
Opérations. — Le débit de l'urine se mesure directement. La quantité d'eau con-
tenue dans le !-ang à chaque moment peut être connue en cherchant le poids sec d'une
quantité donnée de sang. La connaissance du débit du sang dans le rein nécessite une
technique particulière : les animaux (chiens de grande taille) sont chloralisés. On
fait rapidement une laparoiomie; un passe sous la veiue cave, à un niveau un peu su-
périeur à celui de l'abouchement des veines rénales, un gros fil souple. Puis on lie
l'une des veines iliaques primitives et toutes les veines affluenles dans l'autre iliaque.
On suture la paroi intestinale. On découvre alors la veine fémorale à la cuisse; on
l'incise. L'animal est prêt pour l'expérience : chaque fois que l'on veut mesurer le débit
du sang dans le rein^ par l'ouverture de la fémorale on introduit un gros tube d'étain
dans la veine cave, jusqu'au-dessous des rénales. On tend le fil placé sous la cave, au-
dessus des rénales : le sang des rénales s'écoule tout entier par le tube d'étain dans
une éprouvette graduée, et l'on en mesure le débit au chronographe. D'autre part, on
recueille à ce moment une certaine quantité de sang carotidien qu'on pèse immédiate-
ment et qu'on pèse de nouveau après l'avoir desséché 3 jours dans une étuve à 120°.
Les variations de compo'^ition et le débit du sang sont obtenus par l'in-
jection intraveineuse de chlorure de sodium, de sulfate de soude, de sucres
et d'urée. On suit parallèlement le débit et la composition du sang et de
l'urine. L'étude des protocoles d'expérience permet de dégager les faits
suivants :
L Lorsqu'on fait des injections de solutions très concentrées de sucres
ou de saccharose on constate un certain parallélisme entre le débit de l'eau
du sang dans le rein et le débit de l'urine. Mais, même dans ces cas de paral-
lélisme apparent, un certain nombre d'obser\ations s'imposent.
\° Il n'y a pas de rapport entre les chiures absolus de l'accélération du débit
de l'eau du sang à travers le rein, et du débit urinaire : Après l'injection d'une
même dose de saccharose, le débit de l'eau dans le rein devient dans une
expérience i,5 fois, dans une autre 2 fois plus rapide; le débit de
l'urine devient 200 fois plus fort dans la première, /jo fois dans la seconde.
2° Les différentes substances qui accélèrent également le débit du sang Ti ac-
célèrent pas également le débit urinaire : Par exemple, l'injection d'une cer-
SÉANCE DU (5 JANVIER 1906. l'^S
taine dose de NaCl et celle d'une certaine close de saccharose, accélèrent
tontes deux 1,02 fois le débit de l'eau du sang dans le rein. Mais la pre-
mière accélère le débit urinaire 6 fois, la seconde 46 fois. D'ailleurs d'une
façon générale, les sucres accélèrent beaucoup plus (5 à to fois) le débit
urinaire que le chloruie de sodium.
3° I heure environ après l'injection du sucre, le débit de l'eau du
sang et le débit urinaire diminuent, mais non parallèlement. Le débit du
sang diminue beaucoup plus vite. Dans certains cas, le débit du sang peut
devenir moitié moindre de ce qu'il était avant l'injection, le débit de l'urine
étant encore 20 fois plus fort.
II. Mais toute une série d'expériences apporte à la question qui nous
occupe une réponse beaucoup plus décisive. A la suite d'injections de solu-
tions de concentration moyenne (i^ par kilogramme d'animal) de NaCl, ou
de saccharose et à la suite d'injection, même à haute dose, d'urée, le débit de
l'eau du sang à travers le rein diminue, le débit urinaire augmente.
Exemple :
La première colonne indique la durée de l'observation. Tous les débits sont calculés
pour 10 minutes. L'eau est exprimée en millilitres, l'urée en milligrammes. Dosage
de l'urée dans l'urine par la méthode de Moreigne, dans le sang par celle de Gréhant.
(g décembre igoS. Bâtard caniche iS'^s.)
Déliit du sang. Débit de l'urine.
DiiTL-c. San;,' lolal. Eau. Urée. Eau. Urée,
niîii
20 0000 ?.hi I 252 5 33
Injection de 3os d'urée dans 100'^'"' d'eau en [\ minutes.
i5 1980 i5;2 2376 266 58.5
3o 1 080 852 1 404 70 207
40 840 656 907 5 12
CONCLUSIONS. — Le débit urinaire ne dépend directement ni du débit du
sang, ni du débit de l'eau du sang dans le rein. Les cellules rénales jouent dans
l'excrétion de reau un rôle actif.
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur la vitelUne de iœuf.
Note de M. L. Hugounenq, présentée par M. Armand Gautier.
Le vitellus de l'œuf des oiseaux contient plusieurs principes immédiats
d'une grande importance dans rédificalion des tissus de l'embryon : les
174 ACADÉMIE DES SCIENCES.
graisses, les lécithines, l'hématogène, cette nucléoprotéide que nous avons
récemment étudiée (') et où s'accumulent, en même temps que le fer du
sang, la plupart des éléments minéraux : le phosphore, le soufre, la chaux,
la magnésie. De tous ces principes immédiats du vitellus le plus important
par sa masse est la matière albnminoïde combinée à la nucléoprotéide, la
vitelline proprement dite. C'est cette matière que j'ai soumise à une hydro-
lyse énergique pour étudier ses produits de dédoublement.
i''B de vitelline de l'œuf de poule préparée par les procédés ordinaires a été traité à
l'ébullitlon, pendant i6 heures, par de l'acide sulfurique dilué de 2'°' d'eau. Pour i''s
de vitelline on a employé 6''s d'acide étendu, en ayant soin d'ajouter loos de chlorure
de sodium pour assurer une destruction plus complète de la substance albnminoïde.
Du liquide noir ainsi obtenu, on a isolé les diamines par l'acide phospliotungslique
et on les a séparées ensuite par la méthode de Kossel et Kutscher. L'eau mère, privée
d'acide jjhosphotungstique par la baryte, contient les monoamides : on l'évaporé; les
acides monoamides sont éthérifiés par l'alcool et l'acide chlorhydrique ; on sépare les
élhers par distillation fractionnée sous pression réduite et on les saponifie par la
baryte : les acides devenus libres sont enfin isolés grâce à une longue série de cris-
tallisations.
De ce dédoublement de la vitelline nous avons pu extraire et carac-
tériser les composés suivants :
Arginine C''H"Az'0^ i pour 100 de vitelline
Hi.-tidine C^H'Az^O^ 2,2 »
Lysine G«H'*Az20- 1,2 »
Tyrosine C'H" AzO' 2,0 »
Leucine droite G'' II'^AzO- 6,8 »
Acide amino-valérique C'H"AzD- t ,5 »
Acide jtyrroiidine-carbonique C''H''AzO'-. . . . moins de o,5 pour 100
Alanine G^H" AzO- » o,5 »
Glycocolle C^H^AzO- >> 0,2 »
Serine C'H'AzO^ >> 0,2 »
Phénylalanine G''H"AzO- 0,7 pour 100
Acide glutamique G^H'AzO- 0,9 »
Acide asparlique G'H'AzO- 0,7 »
Ajoutons, à ces composés, des matières humiques en abondance, de
l'ammoniaque et une base non déterminée précipitable par l'acide phos-
pholungslique et dont le picrate, fusible à gS", était en quantité trop faible
pour qu'on ait pu la caractériser.
(') L. IksiOUNENQ et .\lbert Morel, Comptes rendus, 10 avril et 20 novembre igo,").
SÉANCE DU l5 JANVIER 1906. I-yS
Il est à remarquer que la caséine, comme la viteliine, ne donne que très
peu (le glycocolle, en admettant même que ce glycocoUe ne j)rovienne pas
d'une impureté.
La caséine et la viteliine donnent les mêmes produits de dédoublement
et, autant qu'on puisse s'en rendre compte, les proportions respectives des
acides amidés sont de même ordre.
La matière albuminoïde fondamentale du lait et celle du jaune de l'œuf
sont manifestement très voisines : elles sont formées l'une et l'autre par
l'union d'une albumine avec une paranucléine. Les paranucléines diffè-
rent; mais les albumines se comportent à l'hydrolyse comme si elles
étaient constituées de la même façon.
A l'analogie des fonctions physiologiques correspond une analogie de
structure (').
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Nouvelles recherches sur les oxydations produites par
les tissus animaux en présence des sels ferreux . Note de M. F. Battelli et
de M"' L. SteriV, présentée par M. A. Chaiiveau.
Nous avons démontré que les émulsions de muscles de cheval ou de chien
mises en présence des sels ferreux décomposent énergiquement l'acide lac-
tique avec dégagement de CO". Nous avons émis l'hypothèse que cette oxy-
dation de l'acide lactique serait due à l'action combinée du sulfate ferreux
et du peroxyde d'hydrogène. Ce dernier se formerait dans les tissus
lorsqu'on les met en contact avec de l'oxygène. Quant au sel ferreux, il
serait représenté dans l'organisme par l'anlicatalase.
L'organisme animal brûle complètement les hydrates de carbone, les
graisses, les acides gras, etc., mais chez les mammifères l'azote est éliminé
principalement sous forme d'urée. Nous avons recherché si le svstème
peroxyde d'hydrogène-sel ferreux oxyde l'urée. Nous avons constaté que
cette oxydation ne se fait pas ou que du moins il n'y a pas formation de CO".
On sait au contraire que ce même système (peroxyde d'hvdrogène-sel fer-
reux) oxyde complètement jusqu'à formation de CO^ et d'eau les hydrates
de carbone et les acides de la série grasse. Nous a^ons ainsi une nouvelle
analogie entre les oxydations qui ont lieu dans l'organisme animal et celles
(') J'ai été aidé, dans ces recherclies, par mon préparateur, M. J. Galimard, que je
tiens à remercier.
176 ACADÉMIE DES SCIENCES.
qui peuvent être produites par le peroxyde d'hydrogène en présence d'un
sel ferreux.
Dans nos premières recherches nous avions constaté que les émulsions
de muscles mises en présence de sulfate ferreux ne décomposent pas l'acide
lactique en l'absence d'oxygène. Les émulsions de rein de cheval se com-
portent de la même manière. Ce résultat nous amène à supposer qu'il
existe dans les tissus animaux une substance qui, en présence de l'oxygène,
donne lieu à la formation de peroxyde. Nons aurions ainsi dans les tissus
un peroxydogène qui produit du peroxdye d'hydrogène lorsqu'il se trouve
en contact avec de l'oxygène libre ou très faiblement lié.
Nous avions en outre constaté qu'après la mort les muscles perdent rapidement la
propriété d'oxyder l'acide lactique en présence du sel ferreux. On peut supposer que
cela est dû à une altération du peroxydogène. Or, nous avons trouvé que le peroxydo-
gène se garde beaucoup plus longtemps si l'on a soin d'aicaliniser les extraits. Nous
procédons de la manière suivante. Les tissus sont pris immédiatement après la mort de
l'animal. On les broie. On ajoute un égal volume d'une solution d'hydrate de sodium à i
pour 1000. Lorsqu'il s'agit de muscles il est souvent nécessaire d'ajouter après quelques
heures une nouvelle quantité d'hydrate de sodium, parce que la formation d'acide
dans les muscles après la mort est plus considérable que dans les autres tissus.
Ces émulsions alcalinisées. gardées à très basse températuie, conservent leur
peroxydogène pendant plusieurs jours. Le peroxydogène paraît au contraire se dé-
truire rapidement en milieu acide. Si l'on acidifie légèrement par un acide organique
(j pour 1000 d'acide acétiijue par exemjjle) les émulsions de tissus, ces émulsions
perdent très vite la propriété d'owder l'acide lactique en présence d'un sel ferreux.
Les émulsions de rein de cheval donnent une décomposition de l'acide lacti(|ue
beaucoup plus considérable que celle produite par les muscles. Nous préférons actuel-
lement employer les émulsions de rein.
Dans nos expériences précédentes, la quantité de sulfate ferreux ajoutée à l'émul-
sion de tissus était toujours la même. Elle correspondrait à os,5o de sulfate pour 100'™'
d'émulsion. Nous avons recherché l'inlluence de la concentration du sulfate ferreux
sur l'oxydation de l'acide lactique par les émulsions de rein. Nous avons tiouvé qu'il
existe une concentration optima, (|ui est représentée par une solution de i pour 000
environ de sulfate ferreux. Avec une concentration de 1 pour 100, on a un dégagement
de CO- beaucoup plus faible qu'avec la concentration de 1 pour 5oo. Cette action
retardatrice pourrait être expliquée par le fait que le sulfate ferreux concentré décom-
pose le peroxyde d'hydrogène avec dégagement d'oxygène, en agissant ainsi comme la
catalase. Par conséquent, une partie seulement du peroxyde formé dans les tissus
pourrait être utilisé dans l'oxydation de l'acide lactique.
Nous avons aussi étudié l'influence de la température sur l'oxydation de l'acide lac-
tique produite par l'émulsion de rein en présence du sulfate ferreux. Nous avons con-
staté qu'à une température inférieure à 15° l'acide lactique n'est pas oxydé ou du
moins il ne l'est pas d'une manière appréciable. A mesure que la température s'élève
SÉANCE DU l5 JANVIER If)o6. 177
roNvclatioii de Tacide lactique augnienle, mais nous n'avous pas encore pu déterminer
la lempéralurc optima. Celle-ci paraît varier avec les dilTérenles préparations. L'oTiy-
dation ne se produit plus si l'on atteint une température de 65° environ. Un pourrait
donc supposer que le peroxydogène est détruit à une température élevée.
Ces recherches nous amènent aux conclusions suivantes :
Le peroxyde d'hydrogène n'oxyde pas l'urée en présence du sulfate fer-
reux. Ce fait constitue une nouvelle preuve de l'analogie qui existe entre
les oxydations qui ont lieu dans l'organisme animal et celles produites par
un système peroxyde d'hydrogène-sulfate ferreux.
L'oxydation de l'acide lactique par les émulsions de tissus en présence
de sulfate ferreux n'a pas lieu en l'absence d'oxygène. On pourrait admettre
que dans les tissus il existe un peroxydogène qui, en présence d'oxygène
libre, produit du peroxyde. Le peroxydogène se garde bien en milieu
alcalin et est rapidement détruit en milieu acide.
Il existe une concentration optima du sulfate ferreux pour obtenir le
maximum d'oxydation de l'acide lactique en présence des émulsions de
tissus.
L'oxydation de l'acide lactique par les émulsions de tissus en présence
du sulfate ferreux n'a pas lieu à une température inférieure à i5° ou supé-
rieure à 65°. On pourrait admettre que le [)eroxydogène se détruit à une
température élevée.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur T allure anomale de quelques protéolyses produites
par la papaïne.l^o[ei\e^H]. C. Delkzexxe, H. Hlourox etE. Pozerski,
présentée par M. Dastre.
L Si l'on ajoute une solution de papaïne (') à de l'ovalbumine crue ou
à du sérum sanguin naturel et que l'on porte, aussitôt après mélange, le
liquide, légèrement acidulé par l'acide acétique, à la température de 100",
on constate que, pour une dose convenable de ferment, la plus grande
{') La papaïne dont nous nous sommes servis pour ces expériences provenait soit de
sucs secs recueillis par nous-mêmes sur des papajers {Carica fjitercifolia), mis très
obligeamment à notre disposition par M. Guignard, Directeur de l'Ecole de Pharma-
cie, soit des produits fournis par la maison Merck sous le nom de papaïne ou « suc
sec de Carica paj)a)a ». La préparation vendue par la même maison sous le nom
de papayotine ne nous a que très rarement donné de bons résultats.
C. lî., i(,o6, I" Semestre (T. CM, II, N" 3.) 2/î"
178 ACADÉMIE DES SCIENCES.
partie des matières albiiminoïdes est devenue tout à fait incoagulable
par la chaleur.
Nous n'avons pas réussi à assigner de temps minimum à cette réaction :
si rapidement qu'on procède avi mélange des liquides et au chauffage con-
sécutif, la transformation est effectuée. On obtient d'ailleurs des résultats
du même ordre, soit que les mélanges aient été faits à la température du
laboratoire, soit que les liquides, avant d'être mélangés, aient été amenés
isolément à une température quelconque comprise entre 0° et 40°.
En opérant dans ces conditions on observe que la quantité de matières
transformées varie d'une façon sensiblement proportionnelle à la racine
carrée de la quantité de ferment ajouté, c'est-à-dire suivant la loi de
Schûtz-Borissow.
Il est bien entendu qu'aucune transformation ne se produit si la papaïne,
avant d'être ajoutée aux matières albuminoïdes, a été portée pendant
quelques minutes à la température d'ébuUition.
Le liquide, filtré après précipitation complète des substances albumi-
noïdes coagulables par la chaleur, fournit les réactions caractéristiques
des protéoses et des peptones. Précipité par le sulfate d'ammoniaque ou
le sulfate de zinc à saturation, ce liquide donne encore une réaction du
biuret très intense. Il s'agit donc bien d'une véritable digestion donnant
en quelques instants, ainsi que nous le montrerons en détail un peu plus
tard, des produits de transformation relativement avancés : aibumoses
secondaires et peptone vraie, les premières formant habituellement les | ou
les I de la masse totale.
II. Si l'on abandonne pendant un certain temps, à la température du
laboratoire (i5°-2o") ou même à celle de l'étuve (40")» les mélanges d'al-
bumine et de papaïne, avant de les porter à 100°, on constate que la
réaction, loin de progresser comme l'on pourrait s'y attendre, paraît au
contraire subir un 7elour en arrière. La quantité de matière coaguiable
par la chaleur augmente progressivement en effet avec le temps de contact
préalable de l'albumine et du ferment. On observe par le fait une diminu-
tion parallèle de la quantité de substance digérée : après un contact préa-
lable de 4 ou 5 heures à la température du laboratoire il n'est pas rare,
par exemple, que cette quantité soit inférieure à la moitié de celle que
donne une expérience de courte durée.
L'im[)ortance de cette régression apparente varie d'ailleurs dans des
limites assez étendues, soit avec la nature de la matière à digérer (albumine
d'œiif, sérums de différentes origines), soit avec la quantité de ferment
SÉANCE DU t5 janvier I906. 179
utilisé. Nous pouvons ajouter que ce phénomène n'a rien de commun avec
celui qu'ont observé Danilewski et ses élèves dans leurs recherches sur la
plastéine et les coaguloses.
L'expérience suivante mettra nettement en évidence les faits essentiels
que nous venons de rapporter.
Sohition de papaïiie (suc sec de Carica papaya) à 2 pour 100 dans l'eau physiolo-
gique. Sérum de moulon étendu de 2'°' d'eau physiologique. Dans une série de (laçons
on distribue i5""' de sérum dilué auxquels on ajoute 2'^'"' de la solution de papaïne.
A l'un des flacons on ajoute, aussitôt après mélange, 2 gouttes d'acide acétique et l'on
porte immédiatement à 100°. Les autres échantillons sont maintenus à la température du
laboratoire et soumis au même traitement 5, 10, i5, 3o minutes, etc. plus tard. Après
coagulation, les liquides sont jetés sur des filtres tarés, les précipités soigneusement
lavés à l'eau acidulée, puis desséchés à 110° jusqu'à constance de poids. On fait un
échantillon témoin en ajoutant à iS""'' de sérum dilué 2'^'"' de papaïne préalablement
portée à 100° pendant 5 minutes.
Temps
de
contact
Poids
avant
des matières
Quantité
Sérum
Papaïne
coagulation
albuminoïdes
de substance
dilué au J.
à 2 pour 100.
par
la clialeur.
toagulables.
transformée.
cm'
i5
2 (bouillie)
»
o,4oa
0 ( témoin )
))
2
I mi 11
0,181
0,224
»
»
5
0, 182
0,223
»
»
10
0,198
0,207
»
)>
i5
0,216
0,189
)>
»
3o
o,23o
0,175
))
»
ih
0,254
0, i5i
»
»
2
0,263
0,142
»
»
4
0,276
0,129
Nous aurons à étudier ultérieurement, par différents procédés, dans
quelles conditions précises se produit la digestion que nous venons de
signaler et à quoi correspond l'apparente régression observée. Nous vou-
lons seulement ici insister sur le phénomène nouveau d'une protéolyse très
brusque produite par un ferment et sur l'apparence paradoxale d'une
digestion d'autant moins intense que le ferment et la matière à digérer
ont été laissés plus longtemps en contact.
[8o ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Sur le blanchiment des farines de blé.
Note de M. E. Fleurent, présentée par M. Th. Sclilœsing.
J'ai l'honneur de présenter i\ l'Académie le résultat des recherches que
j'ai poursuivies au cours de l'année igoS sur le blanchiment des farines de
blé.
l. Tout d'abord, l'expérience montre que seuls ont une valeur indus-
trielle les procédés basés sur l'utilisation du peroxyde d'azole préparé soit
par voie chimique, soit par l'action d'un arc à flamme sur l'air atmosphé-
rique; l'oxygène pur, ozonisé, n'a aucune action sur la couleur des farines
et si l'air ozonisé les blanchit, ce n'est que dans le cas où, par suite d'une
action simultanée, il s'est chargé de produit nitreux; de plus, les farines
traitées par l'ozone prennent une odeur repoussante qui détruit absolu-
ment leur valeur commerciale.
2. Calculée en bioxyde d'azote, la quantité de produit nitreux utilisé
dans le blanchiment varie, avec la nature des farines, de i5""' à /to""' (à o°
et à 760""") par kilogramme de farine. Les farines ainsi blanchies ne su-
bissent pas de modification sensible dans leur composition chimique et, par
suite, dans leur valeur boulangère, comme le montre le Tableau suivant :
Procédé cliiinique. Procéilé élecliiqiR'.
Avatil. Après. Avant. Après.
Acidiié o,o33 o,o33 o,o38 o,o38
Matières grasses.... o,f;8 0.61 1.03 i,o3
(rliiien 8,16 8,08 11,42 '",34
Gliadine 69,70 70,62 ^9,28 60,28
Elles donnent un pain dont la nuance jaunâtre est plus ou moins atté-
nuée.
3. Ainsi que je l'ai montré le premier en 1904 ('), l'action du peroxyde
d'azote se porte sur la matière grasse, huile jaunâtre qui donne aux farines
leur teinte plus ou moins crémeuse; mais cette action n'est pas, comme on
l'avait cru, une destruction de la couleur par oxydation. Le Tableau sui-
(') Congrès nalional de la Meunerie. octol)re 190/4-
SÉANCE DU l5 JANVIER 1906. 181
vanl montre que le blanchiment coïncide avec une diminution de l'indice
d'iode :
Avant. Après.
Échantillon 1 : Indice d'idtle 86,44 80,79
j> 2 » 81 ,70 65,20
» 3 » 86, 10 56,70
Il s'ensuit que, par voie d'addition, le peroxyde d'azote est fixé sur la
matière grasse dont la teinte passe au jaune orangé. Aux doses indiquées
précéilemment, cette fixation a pour effet de diminuer le pouvoir absor-
bant de l'huile pour les rayons Itimineux, autrement dit, de rendre phis
transparente la pellicule grasse qui recouvre chaque grain d'amidon, de
sorte aue la blancheur de celui-ci apparaît plus nettement dans les farines
soumises au traitement que dans les autres. Le blanchiment par traitement
chimique se différencie donc du blanchiment par vieillissement, celui-ci
étant dû à la formation, i)ar oxydation, d'acides gras fixes, blancs, qui, se
précipitant au sein de la matière grasse, en diminuent la coloration appa-
rente.
L'action de l'ozone est nettement différente de l'action du peroxyde
d'azote et de l'action lente de l'oxygène de l'air. Le Tableau suivant montre
en effet : 1° une augmentation de l'indice d'iode au lieu d'une diminution;
2" une formation d'acides volatils qui n'a pas lieu avec le peroxyde d'azote;
3° la stabilité de l'acidité totale au lieu de l'augmentation du simple au
double qu'on observe toujours dans les quatre mois qui suivent la fabrica-
tion. Ce Tableau se rapporte à une huile de germes qui a été traitée,
pendant 3 jours, au moyeu d'un courant d'oxygène ozonisé dans un appa-
reil à effluve de Bertlielot :
.\prés
\vaiil. a.'i lieurcs. i jours.
Acidité totale 12,7 12,7 12,8
1) volatile o 0,8 2,7
Indice d'iode 1 iS 120 120
4. La fixation du peroxyde d'azote sur la matière grasse de la fiu'ine
permet l'établissement d'une réaction caractéristique des farines blanchies,
réaction basée sur la différence de coloration des savons obtenus avec la
matière grasse avant et après nitration.
<Jn extrait, au moyen de la benzine, la matière grasse de 5os de la farine suspecte.
Après évaporation du dissolvant à basse température, on redissoul l'Iiuile dans 3'"''
iSa ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'alcool amylique, on transvase dans un tube à essai et l'on ajoute i'^"' d'alcool dans
lequel on a dissous los de KOH par litre. Dans le cas d'une farine normale, on n'ob-
serve aucun changement de la coloration jaune; dans le cas de la farine blanchie, la
couleur passe au rouge orangé d'autant plus foncé que la farine a fixé plus de peroxyde
d'azote. Cette réaction est assez sensible pour déceler l'addition de 5 pour loo de
farine blanchie à de la farine normale.
6. L'élude de l'action du peroxyde d'azole sur les produits de la mouture
montre, par l'abaissement de l'indice d'iode, que la quantité de gaz fixé et
par suite l'intensité du blanchiment est d'autant plus grande que la farine
est plus pure. C'est ce que montre le Tableau suivant, obtenu à l'aide de
farines provenant du même blé :
Indice d'iode.
Avant. Après. Différence.
Farine supérieure 86,1 56,7 29,4
» première 86,6 82,1 /Jj^
» deuxième 88,8 88,1 0,7
L'expérience prouve, en effet, qu'au fur et à mesure que les farines s'en-
richissent en débris cellulosiques, c'est sur ces débris que se porte l'action
du gaz; par suite, on ne doit soumettre au blanchiment que des produits
aussi exempts que possible de particules d'enveloppe et de germe.
6. Les expériences relatées dans le Mémoire complet montrent que le
blanchiment est sans action sur les diastases et les ferments spéciaux de la
farine, mais que la matière grasse, après traitement, s'acidifie d'autant plus
lentement qu'elle a fixé plus de peroxyde d'azote. C'est dans ce sens seule-
ment qu'on peut dire qu'il y a stérilisation et par conséquent augmentation
du pouvoir de conservation par le blanchiment.
GÉOLOGIE. — Suf la nappe charriée du Péloponése. Note de M. Pu. Nègris,
présentée par M. de Lapparent.
M. Cayeux a avancé, avec raison, que les couches d'Olonos de M. Philipp-
son, dans le Péloponése, apparliennent à nue grande nappe de charriage.
Cette nappe présente une discordance tectonique très marquée avec les
couches qu'elles recouvre. La surface de recouvrement offre souvent de
larges ondulations, tandis qu'au contraire les formations qu'elle sépare
sont fortement plissées. D'autre part, les couches de chevauchement
portent les traces évidentes d'efforts mécaniques énormes : les calcaires
SÉANCE DU l5 JANVIER 1906. l83
sont divisés par des fissures nombreuses ressoudées; les jaspes aussi sont
fendillés et souvent donnent un sol grésilleux. Les rognons de silex en-
globés dans les calcaires sont fréquemment aplatis, hachés et réagrégés
par des filets calcaires.
D'aulre part, tandis que la composition de la nappe varie peu, le substratum est très
variable. C'est ainsi qu'au inonl Voïdias il est formé de grès surmonté de calcaire. Du
haut du Chelmos on distingue nettement la région de grès, avec lambeaux calcaires,
au milieu de la nappe chevauchante, à l'est de la première montagne. De même au nord
de rOlonos, on voit, des hauteurs de Hagios Vlassis, le grès avec lambeaux calcaires
affleurer dans les mêmes conditions. Le grès avec .calcaire apparaît encore plus au Sud
sur le mont Astras et se continue à l'Est par l'Erymanthe jusqu'au village de Velimachi
et au delà, avec la direction NE du plissement'crétacé {Comptes rendus du 27 no-
vembre igoS, p. 919).
Il apparaît encore à Strezova où il est surmonté de calcaire grumeleux (rendu tel à
la suite, sans doute, des eflbrts de chevauchement), puis sur le chemin de Strezova à
Toporitsa avec calcaire grumeleux au-dessus, puis entre Toporitsa et Glokova sur la
rive droite du ravin de Valteziniko, avec la direction encore ici NE des plis crétacés.
Ce grès plus au Sud, en face de Kerpini, est encore recouvert de calcaire qui ici est
surmonté par du flysch éocène avec fossiles du lutétien moyen (Note déjà citée). Dans
toutes Ci's régions la nappe chevauchante recouvre tantôt lesvstèmede grès et calcaire,
tantôt le flysch éocène, la ligne de discontinuité étant légèrement ondulée, tandis que
les couches sous-jacentes sont fortement plissées et redressées.
Ailleurs, le substratum est formé par le calcaire de Tripolitsa (éocène-crétacé),
comme au Chelmos, au Ziria et sur la chaîne orientale de l'Arcadie. Du flysch souvent
s'intercale entre deux; comme ce dernier alterne souvent avec le calcaire de Tripolitsa,
il a dû se déposer sur ce calcaire pendant que se préparait l'émersion de ce dernier,
avant le plissement final éocène et le chevauchement qui s'ensuivit.
Enfin, à l'Ouest, le substratum est formé par le flysch, contre le mont Voïdias, puis
contre l'Olonos, où le flysch tient des fossiles de la fin du lutétien moyen (Note déjà
citée), puis contre les monts de la Messénie, où j'ai observé ce recouvrement à l'ouest
du mont Lycodimo et contre les monts de Kyparissia. Les conglomérats puissants, qui
ici encore surmontent ce flysch, sont adossés à la nappe de charriage et sont formés de
galets de calcaire et de jaspes provenant de cette nappe.
Dans toute la région chevauchée on observe dans le substratum l'orien-
tation pyrénéenne ONO, qui interfère avec l'orientation crétacée NE. Les
couches de recouvrement, surtout au Nord, prennent aussi l'orientalion
ONO, comme an Chelmos, au Ziria. Cependant contre les plis crétacés NE
les plis pyrénéens s'infléchissent vers l'EO et l'ENE, comme à l'est de
1 Olonos, puis à l'ouest du Chelmos contre le pli crétacé venant de Livadie,
puis contre le pli crétacé passant entre le Chelmos et le Ziria, puis à l'est
du Ziria contre le pli crétacé venant du Parnès (Note déjà citée). Ainsi les
l84 ACADÉMIE DES SCIENCES.
plis pyrénéens sont tronçonnés et les tronçons enveloppés par la nappe
(le charriage forment des dômes allongés, comme en Provence. M. Marcel
Bertrand a fait voir ici que les plis éocènes sont aussi séparés [tar des
bandes transversales ENE; ces bandes représentent, sans doute, des plis
crétacés disloqués et démantelés à la suite du plissement éocène, tandis
que les plis éocènes, eux-mêmes tronçonnés, sont disposés en dômes et en
chapelet.
Cependant, en Grèce, la nappe de charriage a été aussi affectée parle
plissement plus récent pindique NNO. Ces plis nouveaux s'infléchissent
encore contre les plis NE en passant de la direction NNO à la direction NS
et NNE. C'est ce qui arrive aux plis d'OEtolie qui, passant par le Voïdias,
s'infléchissent contre la chaîne d'Olonos. Au point de plus grande inflexion,
au golfe de Patras, ils ont été rompus et démantelés. De même, les monts
de la Messénie NNO passent au Nord à la direction NNE, contre le pli cré-
tacé que nous avons reconnu à Toporitsa, en prolongement de celui qui
passe entre le (Ihelmos et le Ziria. Ici encore, au point de plus grande
inflexion des plis, se présente une dépression transversale passant par
Kokia, au nord de Rvparissia, provenant encore de la fracture des plis à la
suite de l'inflexion et de leur dislocation qui facilita le démantèlement.
GÉOLOGIE. — TTne ancienne chaîne volcanique au nord-ouest de la chaîne
des Pays. Note de M. Ph. Glangeaud, présentée par M. Lacroix.
Il existe au nord-ouest de la chaîne des Puys, aux environs de Pontgi-
baud et de Manzat, une série de collines constituées par des lambeaux de
coulées basaltiques, parfois de plusieurs kilomètres de long (jusqu'à 5'"™)
dont on ignorait l'origine.
Elles forment comme une série de tables, plus ou moins inclinées, de 20'°
à 80™ de haut, dominant une région de roches cristallines et orthophy-
riques, à laquelle elles donnent une physionomie très spéciale.
Ces coulées, issues de volcans, en partie démantelés à cause de leur
ancienneté, et qui s'échelonnent sur plus de 20'^™, ne sont pas disposées sans
ordre; elles sont alignées suivant une direction générale NE. J'ai retrouvé
et reconstitué huit des bouches de sortie qui les ont vomies. L'une d'elles a
été figurée par M. Michel Lévy. Leur ensemble s'aligne aussi sur des cas-
sures de direction NIi. Elles sont d'ailleurs assez bien marquées au point
de vue topographique, car elles forment des éminences plus ou moins arron-
SÉANCE DU l5 JANVIER 1906. l85
<lies, constiluées par des projections stratifiées, entremêlées parfois de
■coulées.
La cassure principale sur laquelle s'alignent ces appareils volcaniques
passe par Haute-Roche près de Bromont-Ia-Mothe, Barbecot, T^c Cheix,
Fraisse, la Vierge de Beaufort, James, la Botte, la Chaussée et Puy-
Fanghoux.
Il existe d'autres cassures parallèles, passant à louest de Villelongue et
deSanterre.
La cassure principale est celle qui est jalonnée également par les célèbres filons de
plomb argentifère de Pontgibaud (de la Brousse et de Barbecot), filons dont j'ai
trouvé le proloiigeinenl jusque sur la feuille de Gannal. Une autre cassure est aussi
jalonnée par des filons identiques, non signalés jusqu'ici, à ma connaissance.
Or on sait que ces filons sont d'anciennes cassures hercyniennes, remplies plus tard
par des émanations métallifères (').
Les bouches de sortie des volcans basaltiques dont je parle étant situées sur ces
filons ou sur leur prolongement, il s'estproduit à l'époque tertiaire un phénomène
des plus intéressants. Sous l'influence des mouvements du sol, si marqués en Auvergne
à cette époque, ces cassures ont rejoué de nouveau, se sont élargies par places sous
forme de fentes éruptives en donnant naissance à des cônes el à des coulées volcaniques,
que le temps et les dislocations postérieures ont démantelés.
En maints endroits, à Bromont-la-Molhe, à Montagnol, à la Vierge de Beaufort, à
James, à la Mothe, etc., on peut relever deux ou plusieurs coulées alternant avec des
couches de projections agglutinées, décomposées, comparables aux pépérites de la
Limagne. Quatre de ce^ coulées reposent sur des sables argileux qui rappellent les
dépôts oligocènes. Ces dépôts et les projections agglutinées devenues argileuses consti-
tuent un niveau très important dans la région, car ils servent de couches aquitères.
11 sort en effet de nombreuses sources, à leur contact, sous les coulées.
Toutes les dislocations suivant lesquelles sontalignés ces anciens volcans
sont parallèles : 1° à la faille qui fait buter les tufs orthophyriques et le
granité sur la feuille de Gannat (cassure étudiée par jM. deLaunay); 2° à
de très nombreux fdons de porphyre et degranulite affleurant au Nord, à
l'Est et à l'Ouest; 3" à des cassures de même direction jalonnées par des
sources minérales; 4° i' la grande traînée houillère qui traverse le Massif
central en écharpe, etc.
En résumé, on peut dire que ce sont d' anciennes dislocations hercyniennes
qui ont rejoué, à plusieurs reprises, devant le Tertiaire.
(') 11 est permis, cependant, de penser que le remplissage a pu s'effectuer à la
suite des éruptions volcaniques dont il est question ici.
G. R,, 11,06, I" SemexTe. (T. CXLII, N° 3.) 25
\CC
V^.
l86 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ce n'est, pas là d'ailleurs un fait isolé, car on le constate fréquemment
dans le Puy-de-Dôme.
Quel est l'âge des volcans de cette ancienne chaîne éruptive? Je les crois
assez anciens, à cause de leur démantèlement. L'érosion, qui a fait dispa-
raître en grande partie leur iqipareil éruptif, a creusé au pied de certains
d'entre eux des vallées de près de iSo™ de profondeur (vallée de la Sioule).
Comme, d'autre part, les coulées sont morcelées par des failles, et que le
pliénomène des failles en Auvergne s'est surtout fait sentir au Miocène
supérieur et au commencement du Pliocène, il est permis de penser que
ers volcans sont d'âge miocène supérieur ou pliocène inférieur.
\Lr\ un mot, il a existé, à l'une <le ces époques, une chaîne volcanique,
siiuée sur des cassures hercyniennes, chaîne qui devait être remplacée plus
tard et plus à l'Est par la chaîne des Puys.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Observations magnétiques faites à Sfaac (Tunisie) à
l'occasion de l'éclipsé totale de Soleil du 2g-3o août igo5. Note de
M. Dehalu, présentée par M. G. Bigourdan.
Nous donnons ici les principaux résultats obtenus à la station magnétique
temporaire établie, du (9 août au '7 septembre, à Sfax (Tunisie), à l'occa-
sion de l'éclipsé totale de Soleil du 29-80 août dernier, et dont M. Bigour-
dan avait bien voulu nous confier l'organisation.
Des trois appareils, déclinomètre, bifdaire et balance, les deux premiers^
fonctionnèrent d'une manière satisfaisante, mais il n'en fut pas de même
de la balance, qui eut de très grandes irrégularités de marche.
L'étude des courbes du déclinomètre et du bifilaire nous a permis d'éta-
blir les courbes normales des variations diurnes de la déclinaison et de la
composante horizontale du magnétisme terrestre pour la période indiquée.
La première présente un minimum vers 7'', un maximum vers midi et un minimum
secondaire très faible vers 20*^. L'amplitude de la variation, du minimum absolu au
maximum, est de 8',i.
La seconde, quoique moins certaine à cause de la petitesse des variations, présente
un minimum bien marqué vers 10'' et un maximum vers 21'' : l'amplitude de la varia-
tion est de o,ooo4o G. G. S. Quelques miiiima secondaires qu'on distingue sur cette
courbe sont moins bien déterminés.
Du i8 au 26 août, les courbes magnétiques ont été presque absolument calmes;,
mais, du 27 au 3i, elles furent légèrement troublées.
SÉANCE DU l5 JANVIER 1906. 187
Le jour cli^ l'éclipsé, de 10'' à iS"", on ne relève que de très légères ondu-
lations qui varient de i à 3 minules pour la déclinaison et de 0,00010 à
0,00020 C. G. S. pour la composante horizontale.
Une étude plus approfondie montre que, ce jour-là, l'amplitude de la
déclinaison a été moindre que la normale de 2', 2. Cet écart c^ui, à première
vue, pourrait être attribué à l'influence de l'éclipsé, n'est peut-être qu'acci-
dentel, car la déclinaison du 27 août présente un caractère analogue, avec
un écart plus accentué.
Mais un fait qui résulte de l'examen des courbes, et dont nous ne trou-
vons actuellement aucune explication, est la non-concordance des troubles
enregistrés à Sfax et en Europe pendant toute la durée des observations;
aussi nous ne pouvons tirer aucun parti de la comparaison des courbes obte-
nues le 3o août en ces deux endroits.
Nos observations ne font donc pas ressortir avec certitude l'influence de
l'éclipsé sur les éléments magnétiques, mais elles dévoilent un phénomène
intéressant pour l'étude du magnétisme terrestre.
M. Heshi i\licHEELS adrcssc un Mémoire intitulé : Sur les stimulants de la
nutrition chez les plantes.
M. J. IVoÉ adresse une Note relative à un Aéronat dirigeable,
(Renvoi à la Commission d'Aéronautique.)
A 4 heures et quart l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures trois quarts.
M. B.
BULLETIK BIBt.HlUKAPMIQUl!..
Ouvrages reçus dans la séAiNce uu 8 janvier 1906.
(Suite.)
Gazette des liâpilaux civils et militaires, paraissanl trois fois par semaine; 'jg'^ année,
n° 1, janvier 1906, Paris; i fasc. in-4°.
l88 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La Tribune médicale, paraissant le samedi; série nouvelle, n° 1, 6 janvier 1906;
I fasc. in-f".
Journal d' Agriculture pratique, moniteur des comices, des propriétaires et des
fermiers. Rédacteur en chef : L. Grandeau; 70'= année, nouvelle série, t. XII, /j janvier
1906. Paris; 1 fasc. in-4°.
Moniteur industriel, économique, commercial, financier, paraît le samedi; SS^année,
H" 1, samedi 6 janvier 1906; i fasc. \\\-L°.
Corrections to the apparent places of « Nautical A Inianac d stars visible at Green-
wich, deduced from the Paris conférence ( 1896) constants so as to obtain apparent
places corresponding to tlie Str in'e-Peters constants. (Appendix to Nautical Almanac,
1906.) I fasc. in-8°.
Annual report of the C urator of the Muséum of comparative Zoôlogy at Harvard
■Collège, for igo^-igoS. Cambridge, Mass., 1906; i fasc. in-8°.
List of t lie Geological Society of London, november iS"", 1905. Londres; i fasc.
in-8°.
Tlie geographical Journal, including the Proceedings of the Royal geographical
•Society; vol. XXVII, n° 1, january 1906. Londres; 1 fasc. in-8°.
ERRATA.
(Séance du 2 janvier 1906.)
Note de M. Quùior, Sur les Copépodes recueillis par la mission Charcot
et communiqués par M. E.-L. Bouvier :
Page 54, lignes 26 et 27, au lieu de Balanus propinquus, lisez Calanus propin-
guus.
Page 55, ligne 12 en remontant, au lieu rfe à 7 articles au lieu de 5, lisez à 7 articles
au lieu de 6.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 22 JANVIER 1906.
PRÉSIDENCE DE M. H. 'POINCARÉ.
MEMOIRES ET COMMUIMCATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur l ébidlition de l'osmium, du ruthénium., du platine,
du palladium, de l'iridium et du rhodium. Note de M. Hexri Moissax.
La méthode industrielle employée aujourd'hui pour la séparation des
différents métaux de la famille du platine est à peu de chose près celle qui
a été indiquée par WoUaston ('), mais la fusion du platine dans un four en
chaux au moyen d'un chalumeau alimenté par le gaz d'éclairage et l'oxy-
gène, fusion indiquée par Deville et Debray (-), a rendu très facile le
travail du platine et de ses alliages. Cette méthode a permis de fondre le
platine en évitant la présence du silicium et d'étudier aussi la fusion et la
volatilité des différents métaux de cette famille. Ces savants ont reconnu
ainsi que le palladium était plus fusible que le platine et que le rhodium
et l'iridium (') pouvaient être fondus aussi dans les mêmes conditions bien
qu'avec plus de difficulté. Nous tenons à rappeler, pour montrer l'impor-
tance de ce procédé, qu'il a permis d'obtenir les nombreux échantillons
en platine iridié préparés par la Commission internationale du mètre.
(') WoLLASTON, Transactions philosophiques, 1819, el Annales de Chimie et de
Physique, 2' série, t. XLI, 1829, p. 4o3.
(-) Deville el Debray, Du platine et des métaux qui l'accompagnent {Annales de
Chimie et de Physique, 3° série, t. LVI, iSSg, p. 385).
(^) Deville et Debray, De la métallurgie du platine et des métaux qui l'accom-
pagnent {Annales de Chimie et de Physique, 3" série, t. LXI, 1861, p. 5).
G. R., 1906, 1" Semestre. (T. CXLII, N° 4.) 26
igo ACADÉMIE DKS SCIENCES.
Depuis les recherches de Devilie el Debray, Joly et Vèzes (') ont pu
fondre l'osmium considéré longtemps comme infusible, grâce à l'emploi de
l'arc électrique. De même, Joly (-) a obtenu la fusion du ruthénium et il
a remarqué que, dans les conditions où il s'était placé, la volatilisation était
insignifiante.
La température, fournie par le chalumeau oxhydrique, a été impuissante
pour fondre ces deux métaux. C'est qu'en effet, lorsqu'il s'agissait de mé-
taux réfractaires facilement oxydables, comme l'osmium ou le ruthénium,
lechalumeau oxhydrique ne pouvait plus être employé.
La combustion de l'hydrogène dans l'oxygène foui'nit de la vapeur d'eau,
c'est-à-dire un milieu oxydant qui intervient dans un grand nombre de
réactions. Au contraire, lorsque l'on emploie un arc électrique puissant, au
milieu d'un four en chaux, il se dégage d'une façon constante des torrents
d'hydrogène, de vapeurs de calcium, une certaine quantité d'oxyde de car-
bone et l'on obtient ainsi un milieu réducteur. De plus, la température de
l'arc, étant beaucoup plus élevée que celle du chalumeau oxhydrique, nous
permettait de pousser plus loin cette étude.
Nos expériences ont été réalisées au moyen de notre modèle de four
électrique, sans enceinte de charbon, présenté à l'Académie le 12 dé-
cembre 189a ('), modèle qui n'a pour lui que son extrême simplicité, et
nous n'avons pas utilisé le four électrique décrit en collaboration avec
M. Violle le i3 mars i8g3, et plus spécialement réservé à des expériences
de Physique (*).
Osmium. — loo^ d'osmium ont été placés dans le creuset en charbon de
notre four électrique en présence d'un tube froid qui servait à condenser
les vapeurs métalliques. La première expérience a été faite avec un courant
de 5oo ampères sous iio volts pendant une durée de 4 minutes. Sur le
tube froid, on a recueilli une très petite quantité d'osmium distillé sous
forme de gouttelettes, mais les fragments métalliques, disposés dans le
creuset, n'ont pas pris l'état liquide; la paitie supérieure de ces fragments
était simplement arrondie par un commencement de fusion. La même
(') Joly et Vèzes, Comptes rendus, t. CXVI, 1898, p. 077.
(^) Joly, Comptes rendus, i. CXVI, 189.3, p. 43o.
(^) MoiSSAN, Description d'un nouveau four électrique {Comptes rendus, l. CXV,
p. io3i, 12 décembre 1893).
(*) 11. MoissAN el J. Violle, Sur un four électrique {Comptes rendus, l. CWl,
p. 549, i3 mars iSgS ).
SÉANCE DU 22 JANVIER tgoP. iqi
expérience a été répétée avec un courant He Goo ampères pendant 5 mi-
nutes. La fusion du métal est partielle, mais une parlie notable a été vola-
tilisée et il en a distillé 16^,5.
Cette expérience est reprise avec i5o^ d'osmium, sur lequel on a fait
agir l'arc fourni par un courant de 700 ampères sous iio volts pendant
5 minutes. Dans ces conditions, Tosmium a été entièrement fondu, est entré
en ébullition et l'on en a volatilisé p.f)». Le métal restant dans le creuset
présente l'nspect d'une fonte brillante, est cassant et renferme des cristaux
très nets de graphite. L'analyse de cet osmium nous a donné pour 100 :
graphite, 3,89 et 3,97. En cassant ce métal on trouve à l'intérieur de
quelques géodes des chapelets de petits octaèdres microscopiques de forme
très régulière.
Cette expérience a été répétée sur un échantillon de 16^ placé dans une
nacelle de graphite au milieu d'un tube de charbon, chauffé dans notre
four électrique. La fusion et l'ébullition de l'osmium se sont produites avec
la même netteté.
SiH- le tube froid, on a recueilli de nombreuses gouttelettes dont la sur-
face est tantôt brillante et tantôt bleutée et enfin des lames cristallines
présentant souvent la forme de petits cubes.
Cet osmium renfermait une petite quantité d'or qui a été volatilisée dès
le début de l'expérience et qui nous a donné au contact de la chaux la cou-
leur pourpre indiquée par nous précédemment (').
Ruthénium. — i5os de ruthénium ont été placés dans notre creuset et
chauffés pendant 3 minutes avec un courant de 700 ampères sous 1 10 volts.
Le métal a parfaitement fondu, puis est entré en ébullition et 16^, 5 ont été
distillés. Le culot métallique renferme, après l'expérience, ZjjS pour 100
de graphite. Autour du creuset, dans la chaux fondue, on trouve de nom-
breuses gouttelettes et quelques i^etites masses grises irisées formées de
cristaux microscopiques. Certains de ces cristaux présentent nettement l'ap-
parence de trémies cubiques. Quelques fragments un peu plus gros, dont
les contours sont fondus, présentent l'aspect des pépites de platine.
Une autre expérience dans laquelle on a chauffé ido^ de ruthénium pen-
dant 5 minutes avec un courant de 5oo ampères sous 1 10 volts nous a
donné une volatilisation de iok.
Le métal, condensé sur le tube froid et séparé de la chaux volatilisée
par un traitement à l'acide acétique, fournit de nombreuses sphérules
(') II. Moisson, Comptes rendus, t. CXLI, igoS, p. 977.
192 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ayant l'aspect du vieil argent et quelques lamelles minces recouvertes de
cristaux microscopiques. La chaux fondue est colorée en gris et même en
noir par la vapeur de ruthénium et, sur les électrodes, on recueille des
globules métalliques d'un rouge vineux et une poudre noire qui ne ren-
ferme pas d'azote. L'ébullition de ce métal est plus difficile à obtenir que
celle du platine; son point d'ébullition est compris entre celui de ce der-
nier métal et celui de l'osmium.
Platine. — Nous avons déjà eu l'occasion de démontrer que le platine,
chauffé dans notre four électrique, entrait facilement en ébullition. Dans
une première expérience au sujet de la préparation du graphite foisonnant,
nous avons amené, en quelques minutes, 400*^ de platine à l'ébullition
avec un courant de 45o ampères sous 60 volts ('). Dans d'autres expé-
riences sur quelques propriétés de la chaux en fusion, So^ de platine ont
été portés à l'ébullition au milieu de la chaux fondue (-).
i5o^ de platine ont été chauffés dans notre creuset avec un courant de
5oo ampères sous 1 10 volts pendantS minutes : 12^ ont été volatilisés. La
même expérience, répétée avec le même poids de ce métal pendant
5 minutes 3o secondes, nous a donné une volatilisation de 19s. Cette
ébullition du platine, que nous avons répétée dans des contlitions très
variées, se fait toujours avec une grande régularité. Le métal liquide dis-
tille avec la même facilité que de l'eau portée à 100°.
Après refroidissement, le platine restant dans le creuset renferme du
graphite foisonnant, ainsi que nous l'avons indiqué précédemment. Le
métal présente des géodes provenant de dégagements gazeux et quelques-
unes sont tapissées de petits cristaux métalliques.
On rencontre souvent, sur les parois graphitées du creuset, une couche
grise de petits globules et de petits cristaux cubiques microscopiques. La
matière condensée sur le tube froid, après traitement par l'acide acétique
étendu, fournit de nombreuses gouttelettes et parfois de petites lamelles
brillantes cristallines.
La chaux fondue qui entoure le creuset est colorée en gris foncé et les
parois du four présentent des gouttes plus ou moins grosses ayant l'aspect
de pépites possédant des pointements cristallins dont les extrémités sont
arrondies. Certaines de ces gouttes présentent l'apparence d'une matière
pâteuse en voie de cristallisation.
(') H. MoissAiN, Comptes rendus, t. G?^Vi, iSgS, p. G08.
(') H. MoissAN, Comptes rendus, t. CXXXIV,. iyo2, p. i36.
SÉANCE DU 22 JANVIER 1906, IqS
Palladium. — Ce métal, qui a été fondu par Deville et Debray au moyen
du chalumeau à gaz d'éclairage et à air, a été volatilisé par eux au chalu-
meau oxhydrique.
23^ de palladium ont été chauffés au moyen d'ua courant de 5oo ampères
sous 70 volts pendant 2 minutes. Le métal entre! rapidement en fusion,
puis en ébullition et 3^,2 ont été volatilisés avec la plus grande facilité. Le
métal restant dans le creuset a été saturé de carbone et sa surface est
recouverte de cristaux de graphite. Autour du creuset et dans le four, la
chaux est colorée en noir; elle contient à une certaine tlistance du
creuset de nombreuses sphères métalliques présentant souvent l'aspect
d'un amas de cristaux. On rencontre aussi dans ces sphérules des géodes
remplies de petits cristaux. Enfin, sur le tube froid après traitement par
l'acide acétique, on obtient une poussière nuire très ténue de nombreux
globules et des cristaux microscopiques.
Dans une autre expérience, iSo^de palladium ont été chauffés 5 minutes
avec un courant de 5oo ampères sous 1 10 volts. Le métal fond rapidement,
mouille la paroi de charbon, dissout du carbone et enfin entre en ébulli-
tion tranquille. La vapeur vient se condenser sur le tube froid et sort par
les cavités qui donnent passage aux électrodes. Il s'est volatilisé dans cette
expérience 9^,63 de palladium. La chaux fondue qui se trouve à une cer-
taine distance du creuset est colorée en noir.
Si l'on sort du four électrique un culot de i5o^ de palladium liquide sa-
turé de carbone et qu'on le laisse refroidir, du graphite monte à la surface
et la recouvre de cristaux lamelleux superposés. Puis, lorsqu'une croûte so-
lide s'est formée, on entend des craquements secs, la surface du métal se
fendille et il sort çà et là des gouttes brillantes de métal fondu et des cham-
pignons cristallins plus foncés. I^a surface du métal possède une couleur
bleutée à reflets irisés et présente des dendrites à angles droits el des cris-
tallisations confuses.
Sur le tube froid on trouve un feutrage de très petits cristaux, mélangé
de sphérules métalliques.
Iridium. — i5os de métal ont été chauifés 5 minutes avec un courant de
5oo ampères sous 1 10 volts. Dès qu'il est liquide, le métal mouille le creu-
set, dissout du carbone, puis distille régulièrement. En 5 minutes, on a
distillé 9S d'iridium. Par refroidissement, il roche et fournit un métal dur
qui, cependant, se lime assez bien. La surface du métal est parfois cristal-
line et présente en quelques points de l'iridium filiforme. Il contient 2,80
pour 100 de graphite et se brise sous le choc.
194 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Nous avons recueilli sur le tube froid une couche métallique de couleur
bleue, formée de goutteleltes et de cristaux microscopiques.
Rhodium. — La première expérience de distillation de ce métal a été
faite dans un four à tube de charbon. 5^ de rhodium étaient placés dans
une nacelle de graphite et un tube de cuivre, traversé par un courant
d'eau, était disposé au-dessus de cette nacelle suivant l'axe même du tube
de charbon. La partie inférieure du tube était chauffée extérieurement par
l'arc électrique dans notre four en chaux. On a chauffé pendant i minute
3o secondes avec un courant de 5oo ampères sous i lo volts, mais les con-
ditions de la chauffe ne sont plus comparables à celles des expériences
précédentes. Après 3o secondes de chauffe, le métal était fondu, entrait
en ébuUition et l'on voyait des vapeurs bleues se déposer sur le tube
froid. Après l'expérience, on recueille sur le tube un métal brillant à reflets
parfois bleutés, recouvert d'un amas de fines gouttelettes et de petits cris-
taux prismatiques. Autour de la nacelle et sur la paroi du tube de charbon,
on trouve aussi de petits groupes confus de cristaux.
i5os (le rhodium ont été chauffés avec un courant de 5oo ampères sous
lio volts pendant 4 minutes. Le métal a fondu, puis est entré en ébuUi-
tion. Il a distillé 4^ àe rhodium. Mais avant la fin de l'expérience le creuset
s'est cassé et le métal liquide a coulé dans la chaux fondue. Ce rhodium
a été affiné et a fourni un mêlai brillant qui se limait avec facilité. A la
surface du lingot se rencontraient quelques cristaux et du rhodium fili-
forme.
La même expérience a été répétée sur iSo^ de métal et a fourni une dis-
tillation de 6^,1 de rhodium. Le culot renfermait alors 2, 19 pour 100 de
graphite. Le métal condensé sur le tube froid présentait une surface cha-
grinée, formée par un feutrage de très petits cristaux mélangés de globules
plus brillants.
Enfin, i5o^ de rhodium ont été chauffés avec le même courant pendant
5 minutes et ils ont perdu par distillation 10^,2. Dans cette dernière expé-
rience, le bas du lingot métallique fondu était recouvert de fines aiguilles
de métal cristallisé.
Conclusions. — Tous les métaux de la famille du platine sont rapidement
fondus, puis portés à l'ébullition dans noire modèle de four électrique
avec des courants qui varient de 5oo à 700 am])ères sous 1 10 voltîf. Si nous
partons de ijo^ de métal, la fusion s'opère en i ou 2 minutes et l'ébulli-
tion régulière est atteinte avant 4 minutes. On recueille sur le tube de
cuivre traversé par un rapide courant d'eau froide qui se trouve au-dessus
SÉANCE DU 2 2 JANVIER 1906. igS
du creuset des sphérules métalliques, des lames cristallines et le plus sou-
vent un feutrage de très petits cristaux visibles seulement au microscope.
Tous ces métaux liquides dissolvent du carbone qu'ils abandonnent par le
refroidissement sous forme de graphite. Le plus difficile à distiller de tous
ces métaux est l'osmium. Le palladium qui est plus facilement fusible que
le platine ne paraît pas plus volatil que le platine ou le rhodium.
Le Tableau suivant résume les expériences comparables de nos
recherches :
Poids. Temps. .\mpères. Volts. Métal distillé,
g m e
Osmium IDO 5 700 i lo 29
Ruthénium lûo 5 000 110 ' lo
Platine i5o 5 ôoo iio 12
Palladium i5o 5 5oo iio 9)6o
Iridium 100 5 5oo iio 9
Rhodium.... i5o 5 5oo iio 10,20
En terminant l'exposé de ces études, il nous reste un devoir agréable
à remplir, celui de remercier M. G. Malthey, de Londres, qui a eu la bien-
veillance de mettre à notre disposition les échantillons coûteux de ces
métaux rares dont une partie a été volatilisée dans nos expériences. Notre
étude n'a été possible que grâce à son aimable intervention.
PHYSIQUE. — Sur l'origine de la notion des solutions solides.
Note (le M. Lecoq de Boisbaudran.
Dans les Comptes rendus, 8 janvier 1906, page 100, M. Wallerant s'ex-
prime ainsi : « Van't Hoff émit l'opinion que les mélanges isomorphes pou-
vaient être considérés comme résultant de la dissolution de l'un des corps
dans l'autre. »
Je demande la permission de rappeler que j'ai proposé cette vue il y a
fort longtemps et que, plus tard, j'ai couramment employé l'expression
dissolutions solides, au cours de mes recherches sur les fluorescences (de
1886^1890).
J'ai très clairement exprimé mes idées sur l'analogie entre l'isomor-
phisme et l'état de solution, dans une Note du 21 août 1866, dont le titre
seul fut imprimé dans les Comptes rendus, le 27 août 1866. Je demandai
ultérieurement à l'Académie de vouloir bien accepter, pour les Comptes
rendus, un extrait textuel de ma Note de 1866; cet extrait a paru le i4 dé-
cembre 1891 (p. 834). Voici les passages qui se rapportent aux solutions
solides :
196 ACADÉMIE DES SCIENCES.
« Il est à remarquer que deux corps qui se mélangent, intimement, qui se
dissolvent, peuvent être considérés comme isomorphes ; il faut en effet,
pour que le mélange intime ait lieu, que leurs particules ne soient pas
trop dissemblables de forme ni de grandeur.
» L'isomorphisme des corps solides n'est donc qu'approché et l'on con-
çoit que ses limites puissent varier par suite d'un changement profond dans
les positions relatives des molécules.
» Je n'hésite pas à attribuer à la même cause, c'est-à-dire à un isomor-
phisme approché, les phénomènes suivants :
» 1° I.a dissolution de certains solides les uns dans les autres (isomor-
phismede Mitscherlich);
)> 1" La dissolution de beaucoup de liquides les uns dans les autres;
» 3° La dissolution de toutes les vapeurs les unes dans les autres (Note
du 21 août 1866). »
A une époque postérieure, mais déjà assez ancienne aujourd'hui, je
considérais les fluorescences que j'étudiais comme produites par de petites
quantités de corps actifs (interceptant les radiations lumineuses ou ultra-
violettes) existant au sein de dissolvants solides (transparents et pouvant
d'ailleurs être cristallins ou amorphes).
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur l'acide glycuronique des globules du sang.
Note de MM. R. Lépixe et Boulud.
Nous avons montré {Comptes rendus, 4 mai igoS; 17 juillet et 4 sep-
tembre 1905) que, dans le sang d'un chien, à l'état normal, les conjugai-
sons de l'acide glycuronique qui ne deviennent réductrices qu'après le
chauffage de l'extrait du sang en présence d'un acide, sont localisées dans
les globules, île telle sorte qu'on n'en trouve qu'une proportion assez
faible, parfois même nulle, dans le plasma (et le sérum). Voici, pris au
hasard, un de ces cas normaux :
Chien 2502 {sang artériel).
„. \ couche supérieure,
berum •, i • î. •
j couche inférieure .
„, , , ( couche supérieure.
Globules \ , . ', .
couclie inieneure.
Po
uvoir
réducteur
Acide gly
curonique
(en gl
ucose).
- — — —
— -
— — ■
. — - — _
.^^
absolu.
po
ur 100.
K
s
K
1 ,3o
1 , 3o
0
G
1,23
1,24
0,02
1,6
o,56
0,62
0,06
9. G
o,4o
0,48
0,08
16,6
SÉANCE DU 22 JANVIER 1906. 197
Ainsi, la couche du sérum la plus éloignée des globules ne renferme pas
de conjugaisons glycuroniques réductrices avant le chauffage; la couche
inférieure en renferme une faible proportion. Si cette dernière couche est
moins riche en sucre, c'est aussi à cause du voisinage des globules qui ont
produit de la glycolyse ('). Si, des deux couches de globules, la supérieure
est de beaucoup la plus riche en sucre, c'est parce qu'elle est souillée par
une certaine proportion de sérum, lequel fait défaut dans la couche infé-
rieure. Si elle est relativement pauvre en acide glycuronique, c'est que la
glycolyse, à cause de la présence des globules blancs dans la couche supé-
rieure, y est plus mtense et qu'elle s'est exercée particulièrement sur
l'acide glycuronique, certaines conjugaisons de cet acide étant plus facile-
ment glycolysées que le glucose.
Dans certains cas, d'adleurs exceptionnels, la glycolyse dans les globules
est assez intense pendant la durée de la centrifugation, pour y faire dispa-
raître complètement l'acide glycuronique. Voici un de ces cas. Le chien
(2532) était sain et à jeun :
Sanff artériel.
Reçu dans le nitrate acide de mercure. 0,80 0,88 0,08 9,1
Sérum i,i6 1,18 0,02 1,7
Globules 0,46 0,46 o
Sanff de la jugulaire.
B
Reçu dans le nitrate ac. de mercure. 0,76 0,84 0,08 9,5
Sérum i,o4 i,o8 o,o4 3,7
Globules o,4o 0,52 0,12 23
Ainsi le sang artériel renfermait, au sortir du i^aisseau, 9,1 d'acide glycu-
ronique pour 100 de matières sucrées. Or, après la centrifugation, on n'en
a retrouvé qu'une trace (dans le sérum). Il est évident que sa disparition
(complète dans les globules) nVst explicable que par la glycolyse qui s'est
faite pendant la centrifugation. D'ailleurs, le calcul [en utilisant la formule
indiquée dans une Note antérieure (Comptes rendus, i 7 juillet igoS) et en
tenant compte du fait que la couche des globules était souillée par une cer-
taine quantité de sérum] montre que la glycolyse y a été mtense. Le cal-
cul nous apprend de plus que, dans la couche globulaire du sang de la
(') On sait que le sérum est dépourvu de tout pouvoir glycolytique.
G. K., 190G, I" Semestre. (T. CXLII, N» 4.) ^7
198 ACADÉMIE DES SCIENCES.
jugulaire, il y a eu aussi de la glycolyse, mais à un moindre degré et qu'en
raison de la présence d'une certaine quantité de sérum dans celte couche,
le proportion d'acide glycuronique trouvé par le dosage est trop faible : en
réalité elle devait être de 3o j)our 100 (au lieu de 23).
Si, pendant la durée d'une centrifugation, il se détruit de l'acide glycu-
ronique, il peut, d'autre part, s'en produire et la quantité produite est
supérieure, dans certains cas, à celle qui est détruite par la glycolyse.
C'est ce que nous avons maintes fois constaté, notamment chez le
chien 2495 qui, 2 heures avant la saignée, avait ingéré 5*^ (par kilogramme
de poids vif) d'alcool absolu, additionné de 2 parties d'eau.
Sang artériel.
Se
erum.
Couche supérieure 1,06 1,60 o,o4 2
Couche inférieure 1,28 1,60 0,82 20
Globules : Couche inférieure o,56 i,o4 o,48 46
Dans ce cas, peut-être à cause de l'intoxication alcoolique, il n'y a pas eu
trace de glycolyse dans la couche inférieure du sérum (1,60 = 1,60),
malgré le voisinage des globules; mais ceux-ci y ont déterminé une forte
projjortion d'acide glycuronique (20 pour 100).
Chez un autre chien qui, par exception, n'avait point d'acide glycuro-
nique dans le sang au sortir du vaisseau (ainsi que l'a montré le dosage
des matières sucrées du sang recueilli dans le nitrate acide de mercure)
nous avons trouvé plus de 8 pour 100 d'acide glycuronique dans le sérum
obtenu avec le sang recueilli dans un tube plongé dans la glace et plus de
)4 pour 100 dans le sérum du même sang défibriné à la température du
laboratoire.
Ainsi, les chiffres d'acide glycuronique obtenus par le dosage de matières
sucrées, soit dans le sérum, soit dans les globules, doivent être sévèrement
critiqués et contrôlés en se servant de la formule sus-indiquée, attendu
qu'ils sont, presque toujours, gravement faussés, soit par une destruc/ ion,
soit par une production de cet aci le, consécutives à la sortie du sang du
vaisseau. Indépendamment de ces deux causes perturbatrices, il faut aussi
tenir grand compte de l'erreur résultant de la présence d'une certaine
quantité de sérum dans la masse globulaire, à moins que l'on n'ait employé
pour le dosage que la couche tout à fait inférieure, ce qui n'est pas toujours
possible.
Dans les globules du sang veineux de l'homme la proportion de l'acide
SÉANCE DU -22 JANVIKK (906. 199
glycuronique nous a paru égaler celle que l'on observe chez le chien :
chez un sujet saigné pour une congestion cérébrale apyrétique elle attei-
gnait 21 pour 100 des matières sucrées, et, chez un autre, affecté de conges-
tion puhiionaire, 20 pour 100. Lorsque le sang est reçu dans un tube
plongé dans la glace, le sérum, en général, ne renferme pas d'acide glycu-
ronique.
CORRESPONDANCE .
M. le Secrétaiiie peupétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, les Ouvrages suivants :
1° Une nouvelle édition, conforme à l'original, des Études chimiques sur
la végétation de Jules Raulin. (Présenté par M. Roux.)
1" Joseph Dombey, sa vie, son œuvre, sa correspondance, |)ar le D'' E.-T.
Hamy. (Présenté par M. Edmond Perrier.)
3° Le Mexique et son évolution sociale. (Remis, de la part du Ministre du
Commerce et de l'Imlustrie à Mexico, par la Légation du Mexique.)
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur un théorème relatif aux dérivées secondes
du potentiel d'un volume attirant. Note de M. A. Korn, [)résentée par
M. Emile Picard.
Soit 6 une fonction donnée, définie en tout point de la surface d'une
sphère (R), uniforme et continue de telle manière que pour deux points
I et 2 dont nous désignons la distance par r,^ :
(i) |ë,-ê,|^Ar'„ (o = r,,55),
A étant une constante, <j une longueur finie, y. un nombre positif différent
de zéro. Nous pouvons facilement calculer la solution 0 du problème de
Dirichlet pour l'intérieur de la sphère, qui prend les valeurs limites G à la
surface de la sphère. Formons le potentiel
(2) y^lf^
du volume intérieur de la sphère, alors on démontre facilement à l'aide des
200 ACADEMIE DES SCIENCES.
fonctions sphériques l'identité suivante à la surface de la sphère
(3) "^-î
d"-y
(9v2
2R (}v
Atc i
cos(/-\
ds
/-. cos(rv) ,
en désignant par v la normale intérieure de l'élément ds.
Ce lemme permet de démontrer un théorème important pour la théorie
de l'élasticilé :
Soit 0 une fonction donnée, définie en tout point d'une surface fermée co
possédant en chacun de ses points un plan tangent unique et deux rayons
de courbure principaux bien déterminés. Supposons que la fonction 9 soit
uniforme et continue sur co de la manière exprimée par la condition (i).
Formons le potentiel
(4) ^=X4
du volume intérieur en désignant par 0 la solution du problème de Diri-
chlet pour l'intérieur de w, qui prend les valeurs limites 0 à la surface u.
Alors on aura, en posant
(5)
' T.
l'inégalité suivante pour deux points i et 2 de la surface w dont la dis-
tance est désignée par i\^ :
(6) 1^.-^.
s^A H max.
egc;
jbs.6
¥-
[o<^o-(t(i-S)].
Dans cette inégalité S représente un nombre aussi petit que l'on veut,
c une constante finie, sg étendes constantes finies aussi longtemps que S et c
sont différents de zéro, mais convergeant respectivement avec S et t vers
zéro.
On peut se servir de ce théorème pour arriver à une solution générale
du problème d'équilibre dans la théorie de l'élasticité.
SÉANCE DU 22 JANVIER I906. 20I
OPTIQUE. — Sur la polarisation elliptique produite par les liqueurs mixtes.
Noie de M. J. Chaudieu, jjrésenlée par M. Mascart.
Dans une Note précédente ('), j'ai indiqué que certaines substances cris-
tallisées, disséminées sous forme de particnles très petites dans des liquides
mauvais conducteurs, constituaient des liqueurs mixtes qui, placées dans
un champ électrique uniforme, polarisaient elliptiquement la lumière.
Ce phénomène peut encore être observé dans un champ magnétique
uniforme (-); il se produit aussi, spontanément, sous la seule influence de
la pesanteur (").
Afin d'opérer dans des conditions comparables, j'ai préparé les liqueurs en associant
un même poids du corps solide pulvérisé et finement tamisé à des volumes égaux des
divers liquides employés. J'ai mesuré d'abord l'action de la pesanteur, puis, successi-
vement, l'action d'un champ électrique et d'un champ magnétique, de façon à rappro-
cher les effets communs et à différencier les effets spéciaux à chacun de ces champs.
Je me suis servi, dans mes expériences, d'un polariscope de Bravais pour reconnaître
si les vibrations de la lumière qui a traversé la liqueur sont rectilignes ou elliptiques.
Les retards étaient mesurés au compensateur à teintes plates, préalablement gradué
en longueurs d'onde du sodium (le tambour du compensateur est divisé en 100 parties
égales, et un tour du tambour correspond à un retard de —
(') Comptes rendus, t. CXXXVIl, igoS, p. 248.
(^) La biréfringence magnétique a été constatée en 1902 parMajorana sur des solu-
tions d'hydro\yde de fer. MM. Cotton et Mouton {Comptes rendus, t. CXLI, igoS,
p. 817 et 349) ont répété ces expériences en les variant et en précisant les circonstances
de production du phénomène, qu'ils ont également observé avec certaines substances
colloïdales et aussi avec une liqueur formée de carbonate de calcium et d'eau. Démon
côté, à la suite de mes expériences sur la biréfringence électrique (1908), j'avais
étudié l'action du champ magnétique sur les liqueurs actives dans le champ électrique,
et, en opérant avec un champ intense et des liqueurs à particules cristallines plus fine-
ment pulvérisées, j'avais constaté (mars 1904) la production de biréfringence magné-
tique. La publication des travaux de MM. Cotton et Mouton m'engage à faire connaître
les résultats de mes expériences relativement au champ magnétique.
(') M. Meslin, qui s'est spécialement occupé du dichroïsme produit sous l'influence
des mêmes causes {Comptes rendus, t. CXXXVl, igoS, p. 1641), a appelé dichroïsme
spontané le phénomène de polarisation dû à l'orientation des particules cristallines
des liqueurs mixtes sous l'action de la pesanteur : il n'a pas observé de biréfringence
spontanée.
202 ACADÉMIE DES SCIENCES.
1° Champ de la pesanteur. — Bien qu'un grand nombre de particules
cristallines échappent à l'action de ce champ peu intense, la polarisation
elliptique est nettement indiquée par le polariscope et j'ai pu mesurer des
retards correspondant à 5o divisions du tambour, c'est-à-dire à -^•
2° Champ électrique. — J'ai mesuré, dans un champ électrique uniforme,
les différences de marche des deux composantes des rayons lumineux
parallèles et perpendiculaires au champ pour un certain nombre de
liqueurs; les résultats qui suivent ont été obtenus en associant l'acide
borique à des liquides organiques.
a. Le retard S^ est proportionnel à l'épaisseur de liqueur traversée par
la lumière et soumise à l'action du champ.
Ainsi, avec la liqueur constituée par l'acide borique et le térébène, on
obtient, selon l'épaisseur de la couche traversée, les valeurs suivantes
de Sg :
Epaisseur en centimètres i 2.5 [\
0^. en divisions du tambour.... 43 ro5 170
h. S,, croit rapidement avec l'intensité du champ et se fixe à une valeur
constante. En opérant sur la liqueur précédente, les plateaux du conden-
sateur étant distants de 6'=™, 2, on trouve ;
Diiférences de poLentiel des plateaux
en unités électrostatiques C.G.S. 8^. en divisions du tambour.
10 85
16,1 160
27.5 210
87,3 2j5
54.6 220
77,0 ' 225
84.7 225
91,0 280
97.8 23o
io4,5 23o
Au delà d'une différence de polenticl de 91 unités, S^ reste constant; sa
valeur en 1 du sodium est alors ^^— x -rr = o, iH>.
100 10
Les iriesures ultérieures ont été faites tlans un champ assez intense pour
que Se ait atteint .sa valeur c(.)u^tanle.
c. S^ varie avec le constituant liquide, quand on associe un même solide
à des liquides dilférents. En étudiant les liqueurs obtenues par le mélange
SÉANCE DU 22 JANVIER 1906. 2o3
de 0^,3 d'acide borique et So""' de divers liquides, j'ai observé des retards
dont les valeurs (en divisions du tambour) sont inscrites dans le Tableau
suivant :
Liifuides. Indices. 6^. S^.
Sulfure de carbone i ,633 35 3o
Benzène i,5o4 i85 160
Pseudocuinène. i ,5oo 220 200
Térébène i , 472 280 220
Tétrachlorure de carbone. . . i,463 38o 4oo
Chloroforme i ,444 38o 4ïo
Pétrole 1,443 260 2 1 5
Acétate d'amyle ijSgS 140 160
Ether sulfurique i ,356 3o 4o
Avec le chloroforme et le tétrachlorure de carbone, S^ est exprimé par le
3
nombre 38o, soit — \ environ.
10
3° Champ magnétique. — Les variations du retard S„; sont semblables
à celles de S^; le Tableau précédent montre que les valeurs de S„, inscrites
dans la dernière colonne sont très voisines des valeurs correspondantes
de ^e 6t varient dans le même sens.
Conclusions. — Les mêmes liqueurs mixtes, placées dans un champ élec-
trique ou magnétique uniforme, polarisent elliptiquement la lumière et dans
les mêmes proportions; les effets de la pesanteur sont analogues mais beau-
coup plus faibles et ne peuvent être déterminés que qualitativement.
L'action commune des champs étudiés semble donc être une action
directrice, et l'orientation des particules solides est due à leur structure
cristalline et à leur forme.
PHYSIQUE. — Nouvelles propriétés magnéto-optiques des solutions colloïdales
d'hydroxyde de fer. Note de MM. A. Cottox et H. Mouton, présentée
par M. J. VioUe.
Nous avons étudié antérieurement (' ) la biréfringence magnétique (phé-
nomène de Majorana) que présentent certaines solutions colloïdales d'hy-
droxyde de fer, lorsqu'elles sont placées dans un champ magnétique et
(') Comptes rendus, t. CXLI, 1900, p. 3 17 et 349- — Société française de Phy-
sique, 17 novembre igo5.
2o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
qu'elles sont traversées par un faisceau lumineux normal aux lignes de
force. En poursuivant et complétant cette étude, nous avons été conduits
à étudier ce qui se passe lorsque la lumière se propage parallèlement au
champ. Nous avons observé ainsi les faits suivants :
I. Si l'on mesure (avec la lumière jaune de l'arc au mercure) le pouvoir rolatoire
magnétique de ces solutions, on trouve qu'en général il ne difl'ère pas sensiblement
de celui de l'eau, même si l'on prend des solutions concentrées. Mais il y a certains
échantillons d'hjdroxyde de fer colloïdal qui donnent des résultats tout dilTérents.
Tel est le cas d'un liquide à biréfringence magnétique négative, et surtout d'un liquide
à biréfringence positive dont nous indiquerons ailleurs le mode de préparation et les
propriétés (' ). La matière en suspension dans ces liquides a un pouvoir rotaloire
magnétique très net; ce pouvoir rotaloire est négatif, de sens opposé à celui de l'eau.
Une solution concentrée donne en effet des rotations négatives qui, dans les mêmes
conditions, s'annulent, puis deviennent positives quand on dilue le liquide.
II. La loi de Verdet (proportionnalité des rotations au champ magnétique), qui se
vérifie, comme on sait, avee tous les liquides (') étudiés jusqu'ici, que les rotations
soient positives ou négatives, ne s'applique pas à ces liquides. Le pouvoir rotaloire
magnétique propre du colloïde croît d'abord rapidement dans des champs très faibles,
puis bientôt n'augmente plus que très lentement (ce caractère étant beaucoup mieux
marqué avec le liquide à biréfringence positive). Il en résulte, par exemple, qu'un
liquide étant assez dilué pour donner dans un champ intense une rotation positive,
donne une rotation nulle si l'on affaiblit le champ suffisamment et une rotation néga-
tive dans des champs plus faibles encore.
III. Ce pouvoir rolatoire magnétique négatif est accompagné d'un dickroïsme
circulaire magnétique : les vibrations circulaires parallèles aux courants d'Ampère,
qui se propagent moins vite que les vibrations de sens inverse, sont plus affaiblies en
traversant le liquide. L'angle dont la tangente mesure le rapport des axes de la vibra-
tion elliptique émergente et qui mesure ce dichroïsme augmente lui aussi très lente-
ment avec le champ lorsque celui-ci n'est pas très faible.
IV. Ajoutons un peu de gélatine au liquide, à biréfringence positive, qui possède
le plus nettement ces propriétés, enfermons-le dans une petite cuve et laissons la solu-
tion, placée dans le champ magnétique d'un électro-aimant, se prendre en gelée :
La cuve, une fois soustraite à l'action du champ magnétique, agit encore sur la
lumière polarisée. La rotation, mesurée au bout de plusieurs jours, n'a que très peu
diminué. Cette rotation se dislingue d'ailleurs de celle d'un corps naturellement actif :
si l'on retourne la cuve face pour face, le pouvoir rolatoire change de signe, ce qui
(') La loi de variation de la biréfringence avec le champ est analogue à celle que
nous avons trouvée pour le fer de Bredig.
(^) La seule exception connue jusqu'ici à cette loi est celle que présente le fer lui-
même en lames minces. 11 est bon de rappeler que, dans ce cas, une vibration inci-
dente tourne, en traversant la lame, dans le .lens des courants d' Ampère et qu'elle
acquiert une faible ellipticilé dans le même sens.
SÉANCE DU 22 JANVIER 1906. 2o5
est conforiue aii\ conditions de symétrie du cliamp magnétique. Le sens de la rotalioii
est, dans tous les cas, inverse de celui dans lequel circulaient les courants d'Ampère,
dans le champ magnétique où la cuve était placée.
Si le même mélange de gélatine et de colloïde est placé dans une cuve où on le laisse
faire prise en dehors de l'éleclro-aimant, le champ magnétique est encore capable d'y
produire un pouvoir rotaloire résiduel, de môme sens que précédemment, mais plus
faible.
V. Les liquides coUoïdaux possédant ces propriétés renferment des particules ultra-
raicroscopi([ues, mais relativement grosses. On peut voir facilement, sans microscope,
que ces particules sont magnétiques : si l'on étend une goutte de liquide sur une lame
de verre placée horizontalement dans un champ magnétique non uniforme, les parti-
cules viennent former des amas Ijien visible?, dans les régions où le champ varie très
rapidement.
Tous ces faits, comme nous le montrerons ailleurs, permellent de pré-
ciser l'explication (déduite de l'aimantation et de l'orientation des parti-
cules) des phénomènes de biréfringence observés normalement au champ.
Certains d'entre eux montrent en particulier que ces particules ont une
forme allongée et peuvent, dans certains cas, acquérir une aimantation
permanente.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur la phosphorescence cathodique de l'europium.
Note de M. G. Uiibaix, présentée par M. P. Curie.
Par une méthode nouvelle, nous avons extrait, M. H. Lacombe et moi
{Comptes rendus, t, CXXXVIII, p.G3i), l'europium des terres de la mona-
zite. Six fractions consécutives de cette terre ont présenté des caractères
constants: mêmes poids atomiques, mêmes spectres d'absorption, mêmes
spectres de fluorescence des solutions aqueuses, mêmes spectres d'étin-
celle.
J'ai extrait depuis l'europium du xénotime et de la pech-blende qui
m'ont donné les mêmes résultats.
La terre préparée, à partir de minéraux très différents, par le frac-
tionnement des nitrates doubles magnésiens en présence d'un excès du sel
Lsomorphe de bismuth, présente donc la constance de propriétés qui est,
en général, la caractéristique des éléments définis.
J'ai abordé alors l'étude de la phosphorescence cathodique que l'euro-
pium excite par dilution à des degrés divers dans les oxydes. Les princi-
paux résultats de cette recherche sont les suivants :
1° L'oxyde pur d'europium n'est pas phosphorescent dans les conditions où j'opère.
G. K., ,906, I" Semestre. (T. CXLII, N° 4.) 28
2o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
2° Diluées dans la cliaux, dans la proportion de i de Eu^O' pour 99 de CaO, mes
diverses fractions de terre pure ont donné la même phosphorescence rouge, sans pré-
senter aucune difl'érence spectrale.
3° Les termes successifs de mes fractionnements, compris entre Teuropium pur et
legadolinium pur, sont phosphorescents sans addition d'aucune terre diluante. L'oxyde
d'europium fonctionne alors comme excitateur et la gadoline comme diluant.
La phosphorescence, rl'abord rouge pour les terres riches en europium, devient rose
pour les fractions suivantes sans diminuer d'éclat. Elle vire de plus en plus au blanc
dans la gadoline presque pure, en même temps que s'afl'aiblit l'intensité de la lumière,
l'excitation cathodique demeurant constante.
Les spectres de ces fractions consécutives subissent graduellement des modifications
exactement comme si l'europium était un mélange d'au m.oins deux terres phos-
pliorescentes, cpii dans mes fractionnements auraient déjà subi un commencement très
net de séparation.
J'ai cherché alors si les mêmes variations spectrales ne se produisaient pas en exa-
minant le même europium à divers étals de dilution.
J'ai obtenu les résultats suivants :
4° Le même échantillon d'europium pur, dilué dans des proportions croissantes
de même échantillon de gadoline /j«/'e, a permis de reproduire toutes les particularités
spectrales observées dans la gadoline europifére des fractionnements.
Le spectre qui s'observe d'abord dans les terres très riches en europium présente
uniquement des bandes dans le rouge et le jaune. Les plus caractéristiques sont : 63i;
6i3,5; 611 [SS de sir W. GrooKes] la plus forte du spectre; et 587,5.
Le sjaectre qui apparaît ensuite et qui se renforce à mesure que le premier s'aflfaiblit
renferme un très grand nombre de raies depuis 094,8 jusqu'à 4oo,o. Les plus caracté-
ristiques sont : dans le jaune 694,8; 592,0; 58i,5; dans le vert 537 et 533; dans le
bleu 489; 479 1 '5; 473,8 et 472 ; dans l'indigo 468; 465 et 45i ; dans le violet 436; 428,7
et 426,5; dans l'ultra-violel 421 ; 417,0; 4 '6, 2 ; 4i4, ' ", 4 12,0 et 4o3,7. ,(|o'„^^ d'eu-
rojiinm donne à la gadoline une phosphorescence très appréciable où le second spectre
l'emporte notablement sur le premier. Un uïélange d'europium et de gadoiine renfer-
mant environ o,4 pour 100 d'oxyde d'europium présente une très vive phosphorescence
où les deux spectres se manifestent simultanément et sont également beaux.
5° L'europium pur dilué dans des proportions croissantes de chaux ou d'alumine
donne également lieu à des variations spectrales analogues. Le phénomène, très net
dans la chaux, l'est beaucoup moins dans l'alumine. Dans la chaux riche en europium,
la bande 6i3 est beaucoup plus intense que la bande 093; dans la chaux ne renfermant
que des traces d'europium, la bande 093 l'emporte notablement sur la bande 6i3.
Beaucoup d'autres bandes se comportent de même. D'une manière générale, les
bandes vertes, bleues, violettes et ultra-violettes du spectre se comportent comme
la bande SgS; la plupart des bandes louges et jaunes se comportent comme la
bande 61 3.
Dans l'alumine, le premier sjieclre est toujours très brillant, tant que la teneur en
europium est suffisante pour donner au mélange une phosphorescence aisément obser-
vable; le second spectre ne commence à apparaître qu'avec des terres peu j)hospho-
rescentes et ne renfermant que des traces d'europium.
SÉANCE DU 22 JANVIEB 1906. 207
Ces expériences de contrôle montrent que, malgré les apparences spec-
trales observées dans les termes intermédiaires de mes séparations de
gadolinium et d'europiuni, l'europium n'a pas nécessairement subi un
commencement de scission; mais de nouvelles recherches sont indispen-
sables jjour décider si l'eurojjium doit être considéré comme un mélange
de deux éléments phosphorescents distincts, ou si les différences que pré-
sente le spectre de l'europium à des degrés divers de dilution doivent être
imputées à une cause purement physique indépendante de toute complexité
élémentaire.
CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur tes mélanges cV antimoine et de tellure, d' antimoine
et de sélénium. Constante cryoscopique de l'antimoine. Note de M. H. Pé-
i-ABON, présentée par M. H. Moissan.
Sous l'action de la chaleur, le tellure se combine directement à l'anti-
moine, de sorte qu'un mélange quelconque des deux corps donne du tel-
lurure d'antimoine accompagné d'un excès de l'un ou l'autre des éléments.
Les mélanges ainsi obtenus fondent à des températures qui ne dépassent
pas 620" et donnent des liquides homogènes qui, contrairement à ce qui
arrive avec le sulfure d'antimoine ('), ne se séparent pas en deux couches
superposées.
Nous avons étudié la solidification de ces liquides et nous avons pu
tracer complètement la ligne de fusibilité en portant en abscisses les
valeurs R du rapport de la masse de tellure à la masse totale du mélange
(R est exprimé en centièmes), en ordonnées les valeurs correspondantes
de la température de la solidification commençante.
Comme le montre la figure, la ligne de fusibilité comprend quatre por-
tions de droites dessinant un W. Ces droites sont déterminées par les coor-
données suivantes de deux de leurs points :
T.
A 63-2"
B 544
C 538
D 595
E 563
F 425
G 4^2
R.
0
,00
24.
1 2 j
34
,60
54:
,42
72:
,66
90 :
, 50
100.
,00
(') H. Pélabon, Comptes rendus, i. CXXXVIII, p. 277.
208
ACADEMIE DES SCIENCES.
Les trois premières droites sont reliées par deux lignes courbes BC
et DE. Il existe donc un maximum de la température de solidification : c'est
le point de fusion de la combinaison répondant à la formule Sb^Te'. Il y a
deux minima de la température de soliilification : l'un est relatif au mélange
dont la composition est voisine de Sb'Te-, l'autre représente l'ordonnée du
point anguleux F, l'eutectique correspondant a une composition voisine
deSbTe'". La ligne de fusibilité part du point A dont l'ordonnée repré-
sente la température de fusion de l'antimoine (632"), elle aboutit en G
dont l'ordonnée est la température de fusion du tellure (452°).
Le séléniuie d'antimoine fondu se mélange de même parfaitement, soit à l'antimoine,
soit au séléniure également fondus. Quelles que soient les masses de séléniure et d'an-
timoine en présence, on n'observe pas deux couches liquides nettement séparées comme
cela se produit avec le sulfure en présence d'un excès soit d'antimoine, soit de soufre.
Cependant, au point de vue de la fusibilité et pour certaines compositions des mélanges,
tout se passe comme s'il existait deux liquides bien déterminés se solidifiant l'un après
l'autre aux températures 566° et 5i8°. En efl'et, avec tous les mélanges potu- lesquels le
rajiport R (de la masse de séléniure à la masse totale du mélange) reste compris entre
II et og, on observe que la solidification commençante et la solidification finissante se
produisent à ])eu prés respectivement à ces deux températures. Entre ces limites la
ligne de fusibilité comprend les deux droites Jlv et LM presque parallèles à l'axe des
abscisses. En deliors de ces limites, on a deux lignes AJ et MN qui sont presque droites.
En N l'ordonnée est maximum et représente la température de fusion du séléniure
I
SÉANCE DU 11 JANVIER 1906. 209
(r.iiilinioiiie de formule Sb'Se' (6o5"). Les mélanges de séléniure et de sélénium
donnent la ligne de fusibilité NPOQR qui comprend deux parties presque reclilignes
réunies par une portion de courbe présentant une inllexion pour la valeur 76,70 du
rajjporl R.
Le mélange correspondant a pour constitution Sb-Se". Remarquons que le point
anguleux M de la ligne de fusibilité correspond au mélange de i"' de sélénium et de
l"' d'antimoine.
Constante cryoscopique de V antimoine . — Si l'on détermine très exacte-
ment les points des deux lignes AB et AJ, on peut calculer la constante
cryoscopique de l'antimoine; en effet, connaissant la valeur du rap|)ort R
pour un point de ces lignes, on déduit facilement le poids P de séléniure
ou de tellurure dissous dans loo^ d'antimoine, l'ordonnée correspondante
permet de calculer l'abaissement du point de solidification. Nous avons
trouvé, de cette manière :
Tellurure d'antimoine (poids moléculaire 628).
P 5,;4 19,32 28,8
C 9 32 Wx
p 1,7^ 1.65 '>53
L'abaissement à l'origine a pour valeur ( - ) = 2 et la constante cryo-
scopique
K = ( p) M = 3 X 623 = 1246.
Séléniure d'antimoine (poids moléculaire 478)-
P 6,62 i3,23 19,88
C i5 27 36
p 2,26 2,o3 1,82
ce qui donne
K= (p) M = 2,58x 478 = 1233.
On |)eut prendre pour valeur de la constante cryoscopique le nombre 1240.
Comme je l'ai montré, le sulfure d'antimoine Sb^S' se dissout très peu
dans l'antimoine liquide. La solution est déjà saturante pour R = r,5,
c'est-à-dire quand elle renferme 5^,53 de sulfure pour loo^ d'antimoine; elle
se solidifie alors à 61 5°. Il est très difficile de déterminer avec précision la
2IO ACADEMIE DES SCIENCES.
lii;iie de fusibilité pour les valeurs de R comprises entre o et r,5. Si l'on
admet qu'elle se confond avec une droite A a, on peut calculer la constante
cryoscopique qu'on trouve égale à 1228, nombre assez rapproché des pré-
cédents.
CHIMIE ORGANIQUE. — Méthoxytrichloropentanol 1.3.4 e/ v.-trichhromé-
thyltétrahxdrofurfurane. Note de M. l'abbé J.-L. Hamo.vet, |)résentée
par M. G. Lemoine.
Mélhoxytrichloropentanol . — Pour continuer mes recherches sur les éthers
oxydes halogènes RO(CH-)"X ('), j'ai fait agir le chloral anhydre sur le
dérivé magnésien du méthoxypropane iodé i .3.
Le produit principal de la réaction est le méllioxyiricliloropenlanol 1.0.4
CH=o.CH^CH^Cll^CHOH.ccl^
Par distillation ee corps est facilement séparé des composés qui l'accompagnent. Il
bout à i42''-i'î3° sous ly™™ de pression et se prend parfois en cristaux dans le réfri-
gérant. I^urillé par deux ou trois cristallisations dans l'éther, il a donné à l'analjse :
Cl pour 100, /18,o,î et 48, o5; calculé pour C«H"O^CP : 48,08.
Le métlioxypentanol 1.5.4 est un corps solide, incolore; il fond à Sg" et jjeuV rester
en siirfusion pendant plusieurs jours à la température ordinaire. Il possède une faible
odeur camphrée, une saveur amère. Il est insoluble dans l'eau, mais très soluble dans
l'alcool, l'éther, le chloroforme. De sa solution éthérée il se dépose en lames liiréfrin-
gentes parallèles à la base p et limitées par les faces m et «' d'un cristal clinorhom-
bique, dont l'angle ^ = 108° 2.5' et les paramètres «:6:c =:= i ,008: i : 1 ,7.5 (Er. Porcher).
11 ne réduit pas la solution alcoolique de nitrate d'argent, même additionnée d'am-
moniaque; mais il réduit très facilement la liqueur de Fehling et aussi l'oxyde d'argent
précipité par un alcali. On peut admettre que sous l'action de la potasse il se trans-
forme en un acide de la série lactique CH'O.CII-.CM-.CII-.CHOII.CO'M, qui agit
comme réducteur, car cette propriété ne se retrouve plus quand on enlève la fonction
alcool, comme on le verra dans le dérivé suivant.
^-Trichlorométhyltélrahydrofurfarane. — En distillant le mélange de méthoxy-
trichloropentanol et d'anhydride phosphorique dans le vide, au bain de paraffine,
j'espérais enlever une molécule d'eau et obtenir le méthoxytrichloropentène 1.5.3
ClI'^ 0 . CH^ CH^ Cil : Cil . CCI'.
Dernièrement Eduardo N'ictoria a transformé par ce moyen le trichloroisopropanol
(') Voir Complus rendus, \. CXXXVIII, p. 975 et 1609, et t. CXLI, 26 décembre 1 900,
p. \'\\\.
SÉANCE DU 2.\ JANVIER 1906. . 211
en lilrliloi'n|iropène ('). Mais le corps que j'ai obtenu ne prend pas le brome et le
dosage du clilore (56, o5 pour 100) correspond à C'Il'OCP, qui demande Cl pour 100 1
56, 20.
C'est donc une molécule de méthnnol qui a été enlevée, non une molé-
cule d'eau et il s'est formé rz-trichlorométhyltétrahydrofurfurane
CH^- CH-
CH^ en - CCI'.
Ce corps est un liquide très mobile, incolore, à vive odeur camphrée, à
saveur amère et brûlante. Densité à 18° : 1,42. Il bout à 9o°-9i" sous
jrjmm g(- ;, 2o3°-2o4'' SOUS la prcssiou ordinaire (^aS""") en se décomposant
un peu. Il est insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool ou l'éther. Il ne
réduit ni la solution alcoolique de nitrate d'argent, ni la liqueur de Fehiin».
T>a solution alcoolique de soude l'attaque même assez difficilement. Je ne
désespère pas c«ipendant de le transformer en l'acide inconnu tétrahydro-
])Yi'omucique
CH- CH^
CH^ CH-CO-H.
CHIMIE ORGANIQUE. — Amides et nitriles acétyléniques.
Note de MM. Cm. Moureu et I. Lazkxi\ec, présentée par M. H. Moissan.
L'un de nous, seul ou en commun avec M. Delange, M. Desmots ou
M. Brachin, a mis en lumière, dans des Mémoires antérieurs sur diverses
séries de corps à fonction acétylénique, la grande activité chimique de la
plupart de ces composés. Comme suite à ces recherches, nous avons entre-
pris l'étude des amides acétyléniques R — C^C — COAzH' et des nitriles
acétyléniques R — C^C — CAz.
Nous avons reconnu que ces substances, grâce au voisinage immédiat de
la liaison acétylénique et de la fonction amide ou nitrile, se prêtent égale-
ment;! des réactions variées, où entrent en jeu tantôt l'un ou l'autre, tantôt
(') lUiUtUn de V Académie royale de Belgique, 1904, p- ;io5.
212 ACADEMIE DES SCIENCES.
l'un el l'autre des deux groupements fonctionnels. Nous ferons connaître
prochainement les principaux résultats de nos ex|)ériences. Nctre inten-
tion est simplement, dans cette Note préliminaire, d'indiquer la prépa-
ration et les propriétés générales des corps sur lesquels nous avons opéré.
Amides acélyléiiiques R — C ^ C — COÂzH"^ — L'amide amylpropiolique a déjà
été préparée par MM. Moureu et Delange {Bul. Soc. chim., 3' série, t. XXIX, p. ôSy)
et l'amide phénylpropioliqiie par MM. Stockhausen et Galtermann {Bericlite. t. XXV,
p. 3537) en faisant agir l"aninioniar|ue ou le carbonate d'ammoniaque sur le chlorure
d'acide correspondant.
Nous obtenons les amides acétyléniques, très facilement, avec des rendements sensi-
blement théoriques et à l'état immédiatement pur, en attaquant à froid les éthers-sels
par l'ammoniaque en solution aqueuse concentrée.
L'amide amylpropiolique CH' — (CH-)' — C ^e C — CQAzH' fond à 91°, l'amide
liexylpropiolique CH' — (CH'-)"' — C^C — COAzH- à 92°, et l'amide phénylpropio-
lique C'H^— C = C — COAzH'i à joe" (le produit de MM. Stockhausen et Galter-
mann fondait à 99''-ioo°). Ces trois corps se présentent en lamelles blanches, légères,
plus ou moins brillantes; ils se dissolvent facilement dans l'alcool, l'alcool méthylique
et le chloroforme; ils sont moins solubles dans l'éther et peu solubles dans leau.
La potasse alcoolique saponifie à chaud ces amides en donnant l'acide
acélylénique correspondant R — C;^C — CO^H. Celui-ci se transforme
ensuite plus ou moins complètement, par hydratation, en acide [B-cétonique
R _ CO — CH^— CO^H, puis en acétone correspondante R — CO — CH'
ouacideR-CO^H.
Si l'on dissout l'amide phénylpropiolique dans l'acide sulfurique con-
centré et qu'on verse la solution dans l'eau, on obtient, par fixation d'eau
sur la liaison acétylénique, la benzoylacétamide
C«H' - CO - CH- - COAzH^
Ce composé, qui fond à 11 i°-i i3°, a été préparé par Obréggèa (Li'eh. Anri.f
t. CCLXVI, p. 332) en hydratant de même la cyanacétophénone
C»H»- CO- CH-- CAz
par l'acide sulfurique concentré ; sa solution alcoolique se colore forte-
ment en rouge par le perchlorure de fer. Par contre, les deux amides de
la série grasse résistent à froid à l'action de l'acide sidfurique; l'ainide
se retrouve intacte après le traitement de la solution sulfurique par l'eiiu.
À chaud, il y a attaque partielle; mais la molécule se dédouble el Ion
observe la formation d'acétone R — CO — CH\
SEANCE DU 22 JAXVIER 190b. 2l3
N it ri lex ace ly lé niques Vx — C^C — CAz. — MM. Moiueii el IJelange ont obtenu
antérieurement le nilrile pliénvlpropiolique C"H^ — G^C — CAz dans l'action du
cj'anogène sur le phénylacétvlure de sodium C^W — C^CNa {Bull. Soc. c/iirn.,
3" série, t. XXVI, p. 99). Ayant repris l'étude de cette réaction, intéressante par sa
simplicité, nous n'avons pu réussir à la rendre pratique dans l'application.
Nous préparons très aisément les nitriles acétyléniques, au ^contraire, en déshydra-
tant, suivant le procédé classique, les amides par l'anhydride phosphorique.
Le nitrile amylpropiolif(ue CH' — (CH^)'* — C^G — GAz distille à I94''-I96''
(corr.) sous la pression normale, et à 8o°-8i" sons i3""" :
Df=o,85o8; /i,V =i./i553.
Le nitrile hexylpropioliquc CH'— (CH-)'— G = G — G Az ))outà :\\?.''-2\> (corr.)
sous la piession normale, et à gô^-gô" sous i3'""' :
d;î''*=: 0,8493, «i,- ■■• = 1,4.5637.
Le nitrile phéiiylpropioli(|ue GMF— G^G — GAz fond à 4'°, et distille, sous la
pression normale à 23S''--229'' (corr.), et sous i3'""\à io.5°-io6° :
Dî-'''^ 1.0046, «,','■"==1,58535;
sa vapeur est très irritante.
La potasse alcoolique agit énergiquement sur les nitriles acétyléniques.
Outre l'acide acétylénique provenant de la saponification et ses produits
d'hydratation et de dédoublement, on observe la formation de composés
résultant de l'addition li'alcool au nitrile, tel le corps
CE' - C(OC^H^ ) = CH - CAz.
Si on laisse pendant quelques jours le nitrile amylpropiolique en contact
avec 10 parties d'acide sulfurique concentré et qu'on verse ensuite la
liqueur dans l'eau glacée, l'amide correspondante se précipite, la fonction
nitrile ayant seule été attaquée; la réaction est analogue avec le nilrile
hexylpropiolique CH" — Ce^C — CAz. En soumettant au même traite-
ment le nitrile phénylpropiolique CH^ — C:^C — CAz, on produit, au
contraire, la benzoylacélamide C"H' — CO — CH^ — COAzIl-, qui résulte
(le la fixation d'eau à la fois sur la fonction nitrile et sur la fonction acélv-
lénique.
L'inégalité d'action de l'acide sulfurique sur les amides ou nitriles acé-
tyléniques, suivant qu'ils appartiennent à la série grasse ou à la série aro-
matique, est à rapprocher de l'observation analogue qui a été faite par
C. K., 1906, 1" Semestre. (T. GXLII, N° 4.) 2g
2l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
MM. Moureu et Delange dans le cas des acides et des élhers-sels acétylé-
niques {Bull. Soc. chim., 3* série, t. XXIX, p. 66(3).
La réfraction moléculaire des aniides et des nitriles acétvléniques pré-
sente des exaltations pins on moins fortes. Nous nous bornons à rappeler
ce fait, que l'un de nous a relaté tout dernièrement dans un travail d'en-
semble sur la réfraction des composés acétvléniques. {Comptes rendus,
i-j novembre 1905).
CHIMIE ORGANIQUE. — Condensation glycidique des aldéhydes avec
l' èther y.-chloropropioni//iie . Note de M. Geor<;f,s Darzkxs, présentée
par i\I. A. Halle!'.
Après avoir indiqué une méthode générale de préparation des éthers gly-
cidiques ap substitués par condensation des cétones avec l'éther a-chloro-
propionique ( '), il était miporlant de rechercher si cette réaction pouvait
être appliquée aux aldéhydes.
La condensation des homologues de l'acide chloracétique avec les aldé-
hydes est beaucoup moins générale que la même condensation avec les cé-
tones. Il est toutefois fort remarquable qu'elle donne des résultats dans le
cas oîi cette réaction échoue complètement avec l'éther monochloracé-
tique.
Dans la série grasse j'ai pu préparer des éthers glycydiques x^ disubstitués
du type
(>)
en condensant l'acélaldéhyde, l'aldéhyde propvlique et l'aldéhyde isovalé-
rique, mais les rendements sont toujours très faibles (20 à 3o pour 100 au
plus).
La saponification de ces éthers donne des acides relativement stables dont
la décomposition pyrogénée est fort complexe et ne m'a pas permis de pré-
[)arer des cétones.
Le trioxyméthylène se condense également et [lermet d'obtenir l'éther
y.-méthylolycidique préparé antérieurement par MeliUoff.
(') Ghoik.es Darzens, Com/>les rendus, i. CXLl, p. 760.
SÉANCE DU 22 JANVIER 1906. 2l5
Les aldéhydes aromatiques donnent, au contraire, de très bons rende-
ments et les acides glvcidiques ainsi préparés se décomposent nettement
en acide carbonique el cétones du type R — Cil- — CO — CIP.
Ualdihyde henzoïque donne avec un rendement de 5o pour 100 l'étlier 2-inélhyl-|3-
phénvlglvcique, liquide bouillant, à ioSo-fS^" sous i8™"\ L'acide libre se décompose
par distillation dans le vide en acide carbonique el métliylbenzylcétone qui a été carac-
térisée par sa semicarbazone.
h'aldéhyde anisique donne Tétlier 3:-mélliyl-[i-anisvlgl_vcidique bouillant à iSg-'-igo"
sous 20™"". Le sel de soude se décompose par simple ébul'Iition de sa solution en bicar-
bonate de soude et anisylacétone caractérisée pai- sa semicarbazone et son oxyme.
Le piperonal donne un élher glycidique bouillant à soj^-iio" sous 20"". Le sel de
soude se décompose également par la simple ébullilioii de sa solution en donnant la
pipéronj'lacétone.
Lefiirfiirol, dont on connaît les analogies avec les aldéli\des aromatiques, m'a per-
mis de préparer très facilement avec un rendement de 5o pour 100 environ ï-méthyl-^
lurfurylglycidate d'élliyle, li([ui(Ie incolore bouillant à loC-iSi" sous 3o'
-vmm
Cet étlier glycidique se saponifie facilement par la soucie en solution
aqueuse, et l'ébullition de quelques minutes de cette solution suffit pour
amener la séparation du bicarbonate de soude et la formation de furftiryl-
acétone
Cil C — CH=-C0-C1P
CH CH
Cette célone, qui n'était pas encore connue, se présente sous l'aspect
iïun liquide incolore bouillant à i^p^-iSo" et ayant une odeur de raifort.
La semicarbazone fond à i']3"-i']^[°, son oxime est liquide et distille
vers i35°-i4o° sous 25""".
Ainsi que cela avait été déjà observé par MM. Bouveault et Béhal pour
des cétones de constitution voisine, la fiirfurylacétone est soluble dans de
l'acide chlorhvdrique étendu de son volume d'eau.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les céloTies '^•chloréthYlées el rùiy/ées ocycliques.
Note de MM. E.-E. Blaise et 31. Maire, présentée par M. A. Haller.
Tandis que, dans un grand nombre de composés naturels, on rencontre
la liaison éthylénique aux extrémités des chaînes carbonées, les corps syn-
thétiques répondant à ce type sont très rares. Aussi avons-nous cherché a
2l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
préparer les composés vinylés el, en particulier, les alcoyl-vinylcétones.
Ces cétones, ainsi que les cétones [i-chlorélhylées correspondantes, sont
actuellement inconnues et nous avons trouvé une méthode synthétique
qui permet de préparer avec facilité ces deux groupes de composés. Les
cétones [i-chloréthylées s'obtiennent aisément en faisant réagir le chlorure
de ^-chloropropionyle sur les dérivés organométalliques mixtes du zinc.
Ces cétones halogénées constituent des liquides à odeur peu prononcée
lorsqu'elles sont pures. Elles renferment fréquemment une |)etite quantité
de cétone vinylée qui leur communique une odeur extrêmement piquante.
La p-chlorélhyl-éthylcétone bout à 68° sous ao™"", la cétone propylée, à
73" sous lo™'" et la cétone isobutylée, à 80° sous 12°"". Ces cétones halo-
génées donnent immédiatement les semi-carbazones correspondantes, mais
celles-ci sont très peu stables. Par action de l'acétate de sodium, en solu-
tion aqueuse et à l'ébuUilion, elles se transforment en carbamylpyrazolines,
par suite de la fermeture de la chaîne, avec élimination d'hvdracide :
ClI^CI — Cir^— C — li cii^— C — li
Il -> I II
Nll2_co — x\H — N CH^ N
\/
IV_CO — INtP
Les cétones vinylées se préparent sans difficulté et avec des rendements
satisfaisants, à partir des cétones p-chloréthylées. Il suffit, en effet, île
taire bouillir les dernières avec de la diéthylaniline, dans des conditions
convenables :
CH^CI — CH-— CO— K -^ Cli-=CI1 — CO — R.
Les alcoylvinylcétones coiislilueut des liquides mobiles, à odeur extrèuieuienl in-
tense et piquante. La vinyléthylcétone bout à 3i° sous 47'""\ 'a vinjlpropylcétone à
24° sous lo""", et la vinjlisobutylcétone à 32° sous 10'""'. Ces composés se polymérisent
spontanément, au bout d'un certain temps, et très rapidement sous l'inlluence de la
chaleur et des agents alcalins. Elles doivent toujours être distillées à la plus basse tem-
pérature possible.
Les cétones vinylées sont remarijuables par leur grande affinité chimique. Elles
réagissent aussi facilement par leur liaison éthylénique que par leur fonction cétonique.
La semicarba/ide ne donne pas de semicarbazone simple, mais une seniicarbàzo-semi-
carbazone; de même, l'hydro-^ylamine donne directement une hydroxylaminooxime.
Les isoxazolines correspondant aux cétones vinylées s'obtiennent par action de Ihy-
droxylamine sur les cétones chlorélhyiées correspondaïUes. Ce sont deslii[uides bouil-
lant sans décomposition dans le vide et ne possédant que des propriétés basiques
exliêmement faiides. La idiénylhydrazine et l'hydrazine réagissent également avec
SÉANCE DU 22 JANVIER 1906. 217
facilité sur les cétones vinviées en domianl les pyrazolines et phénylpjiazoliiies cor-
respondantes. Les phényipyrazolines sont colorées en ronge violet intense par une
trace d'acide azotique.
Les pvrazolines simples sont des liquides basiques qui donnent des sels, des cliloro-
platinates, des picrates et des phénylurées. Parmi les réactions d'addition les plus
remar([uable5 des cétones vinylées, il faut citer la fixation des bases secondaires sur
leur double liaison. La fixation se produit, en elTet, avec une extrême facilité, il suffit
de mélanger les composants, en présence d'un peu d'éther, pour obtenir presque
immédiatement et quantitativement l'aminocétone correspondante
CH- = CH - Crt - H + (C^H»)2NH = [^'jji/^' — CH-- CII^— CD _ [{.
La réaction peut être comparée, dans une certaine mesure, au titrage
d'un acide par un alcali. La ^-diéthylaminoéthyl-éthylcétone bout à 80°,
sous lo""'", et la (3-pipéridinoéthyl-éthyIcétone, à 107°, sous 11""". Ces com-
posés sont basiques et donnent des picrates et des chloroplalinates. Leur
fonction cétonique réagit avec facilité et l'on obtient, dans les conditions
ordinaires, les semi-carbazones correspondantes.
Enfin, les dérivés sodés se fixent également sur la liaison élhylénique des
cétones vinylées, mais il y a toujours polymérisation partielle de la cétone.
Il est préférable de partir de la cétone jî-chloréthylée correspondante.
L'acélylacétate d'éthyle, par exemple, donne des éthers dicétoniqiies et la
saponification de ces derniers constitue une méthode intéressante de pré-
paration des alcovlcyclohexanones. Nous nous proposons de poursuivre
l'étude des cétones Ci-chloréthylées et vinylées.
MINÉRALOGIE. — Sur une modification cristalline stable dans deux intervalles
de température. Note de M. Fiiéd. W.vlleraxt, présentée par M. A. de
Lapparent.
L'azotate d'ammonium fondu cristallise par refroidissement en cristaux
cubiques qui, à la température de I.'^5", se transforment en cristaux quadra-
tiques, positifs. C'est celte modification, stable jusqu'à 82°, qui réappamîL
à la température de — 16°, pour subsister jusqu'aux températures les plus
basses.
A 82°, les cristaux quadratiques se transforinent en cristaux non orlho-
rhombiques, mais monocliniques, comme le démontre la présence de trois
systèmes de macles artificielles, et à 32° apparaissent des cristaux orlho-
rhombiques quasi-quadratiques. Si, en effet, on comprime une section
1l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
parallèle au plan des ;ixes optiques, on fait naître quatre systèmes demacles
dodécaédriques, orientées comme les macles sur les quatre arêtes />' dun
cristal quadrulique, les directions d'extinction étant à 4^° t'es traces des
plans de macle. Comme on le sait, il est facile de passer directement de la
modification quitdratique à cette modification orthorhombique; il suffit
pour cela de comprimer légèrement les cristaux. O.i constate alors qu'il y a
une relation immédiate entre les deux modifications : l'axe optique des
cristaux quadratiques devient l'axe moyen des cristaux orthorhombiques, les
traces des plans de macle, c'est-à-dire des plans 6', étant parallèles dans
les deux espèces de cristaux.
Si l'on refroidit les cristaux orthorhombiques, à parlir de — i6', ils se transfornieiil
en cristaiiv uniaxes, positifs, et cela par un processus inui particulier : sous l'influence
de la contraction, les cristaux se clivent suivant deux systèmes de plans et, parmi les
minces lamelles ainsi séparées, les unes se transforment tandis que d'autres restent
intactes. Il en résulte que les lamelles transformées prennent ti>ntes les apparences de
lamelles hémitropes et, de la disposition de ces lamelles, j'avais conclu que les cristaux
uniaxes étaient rhomhoédriques, alors qu'ils sont (|uadrrtliques, car on constate faci-
lement que dans la transformation l'axe quasi-quadrati((ue des cristaux i>rthorhom-
biques devient Taxe optique des nouveaux cristaux. Ces nouveaux cristaux qiiadia-
tiques sont donc orientés comme les premiers, ce qui ne saurait nous étonner, car
Mallard et I^e Chalelier dans le quartz, moi-même dans l'azotate de potasse, avons
constaté l'existence de deux modifications rhomboédriques orientées parallèlement.
Mais, bien plus, dans l'azotate d'ammonium, il n'j' a qu'une modification quadratique,
comme cela résulte des faits suivants. Si l'on ajoute à l'azotate d'ammonium une petite
quantité d'azotate de cœsium, la modification quadratique, résullant'"de la transfor-
mation cubique, est stable non seidemenl à la température ordinaire, mais encore aux
températures les plus basses; par contre, il suffit de comprimer la préparation avec la
pointe d'un scalpel, pour que le cristal comprimé se transforme en un cristal ortho-
rhombi((ue, i|ui ne subsiste ([ue tant que la pression se fait sentir, de telle sorte que,
si la jioinle du scalpel se déplace à la surface de la préparation, il en est de même
de la plage transformée. Si l'on diminue la quantité d'azotate de caesium, les plages
orthorhombiques obtenues par compression subsistent quand la pression cesse de
s'exercer, mais, soit en les réchauffant, soit en les refroidissant, on retransforme ces
plages en cristaux quadratiques orientés comme précédemment.
Ces faits s'expliquent de la façon suivante : si l'on porte sur un axe des œ
la pression et sur un axe des y la température de transformation, dans le
premier cas la modification orthorhombique est stable à l'intérieur d'une
courbe tournant sa convexité vers l'axe âesy, mais ne coupant pas cet axe :
il faut donc comprimer légèrement le cristal pour l'amener dans les condi-
tions de température et de pression nécessaires à la stabilité de la modifica-
SÉANCE DU 22 JANVIER 1906. 219
tion orlhorhombique; dans le second cas, la courjje coupe l'axe des y en
deux points rapprochés, de sorte que la modification orlhorhombique n'est
stable que dans un intervalle de température très restreint, sous la pression
ordinaire et qu'd suffit d'un réchauffement ou d'un refroidissement assez
faible pour la faire disparaître. Cet intervalle de température augmente à
mesure que la quantité d'azotate de ctesium diminue et, pour l'azotate
d'ammoninm pur, il s'étend de — 16° à une température voisine de — 4o° ;
pour une certaine valeur négative de la pression, c'est-à-dire pour une
certaine traction, il y a continuité entre la modification quadratique stable
aux hautes températures et celle qui n'est stable qu'aux basses tempéra-
tures. On se trouve en présence d'un phénomène analogue à celui que
nous offre le mélange de nicotine et d'eau, substances qui sont miscibles en
toutes proportions au-dessous de 60° et au-dessus de 210", mais dont le
mélange se sépare en deux couches entre ces deux températures.
En outre de la forme de la courbe précédente, on déduit, grâce à la foi-
mide de Clapeyi'on, que, quand on passe de la modification quadratique a
la modification orthorliombique par échauffement, il doit y avoir contrac-
tion ; c'est ce que j'ai pu vérifier expérimentalement au moyen du dilato-
mclre de van' t Hoff.
MixÉRALOGiE. — De Vinjlaence des matières colorantes d'une eau mère sur
la /orme des cristaux qui s'en déposent (^acide phtalique). Note de M. P.
Gaubert, présentée par m. A. Lacroix.
L'uifluence que possèdent certaines substances, en solution dans une
eau mère, sur les formes des cristaux qui prennent naissance dans celle-ci,
a été reconnue depuis longtemps et a été l'objet de nombreux travaux.
Mais on s'est généralement borné à constater les variations de forme dues
à la présence des matières étrangères sans rechercher leur cause. Une
tentative d'interprétation du phénomène a seulement été faite par M. Be-
rent, ilans le but de vérifier expérimentalement la théorie de M. Curie sur
le développement des faces.
J'ai repris l'étude de cette question et, comme matière étrangère, j'ai
employé des substances colorantes solubles dans l'eau mère. Les expé-
riences faites avec les nitrates de plomb, d'urée, etc. m'ont fourni des
résultats assez inattendus : les cristaux de ces substances peuvent, au
cours de leur accroissement, absorber une certaine quantité de bleu de
220 ACADEMIE DES SCIENCES.
méthylène et, dans ce cas, leur coloration est accompagnée de modifica-
tions dans leurs formes cristallines. En outre, d'une manière générale, la
fixation de la matière colorante se produit inégalement suivant les diverses
faces et ce sont celles qui ont la faculté d'absorber le plus de matière colo-
rante qui prennent alors le plus grand développement.
Un nouvel exemple de ces deux propriétés connexes est fourni par Vacide
phialique [C'H* (CO'H)^] qui est remarquable par la facilité avec laquelle
il laisse pénétrer les matières colorantes dans son réseau cristallin. M. O.
Lehmann a bien coloré artificiellement les cristaux de cette substance,
mais je me propose de montrer qu'en outre, de même que pour certains
des corps antérieurs étudiés par moi, l'introduction de ces matières colo-
rantes entraîne des modifications dans leurs formes.
La nature et le développement relatif des faces que prennent les cris-
taux d'acide phtalique sont très sensibles aux conditions de la cristallisa-
tion (Muthmann et Ramsay); aussi, pour mettre en évidence les modifica-
tions réellement dues aux matières étrangères, est-il indispensable de
préparer les cristaux étudiés dans des conditions strictement identiques.
Dans une série d'expériences, ces derniers ont été obtenus en laissant
refroidir lentement une solution aqueuse, bouillante, saturée.
Je rappellerai d'abord que l'acide phialique est monoclinique et qu'il
possède un clivage très facile suivant (2 i 2). D'après mes observations, il
en existe en outre un autre beaucoup moins net, parallèle à une face de
la zone pg* (e' ou p) et les cristaux sont héniiédriques. Les propriétés
optiques, les traces de clivages et les figures de corrosion dont l'allonge-
ment est parallèle à l'arête y;^' (éther, alcool) ou à l'axe vertical (eau),
permettent d'orienter les petits cristaux qui ne peuvent être observés qu'au
microscope.
Les cristaux obtenus d'une solution dans l'eau distillée pure sont aplatis suivant g^ .
allongés parallèlement à l'axe vertical et montrent latéralement les faces /)(ooi).
e'(o I 1), /<'( 2 I o), très étroites, ainsi que (212) et (212), peu développées.
Ceux qui sont produits dans une solution colorée par une matière colorante oriia-
nique sont toujours difl'érents de ce type normal et, suivant la nature du colorant, ils
présentent des formes particulières pou\ant être ramenées aux trois types suivants :
Pi entier type. — Avec le bleu de mélhylène, les cristaux sont toujours aplatis sui-
vant i,''; mais ils sont beaucoup plus minces que le tvpe normal et allongés parallèle-
mciil à l'axe antéroposlérieur a; les faces p{oo\), (2i2)(2i2) manquent ou scml à
|)eine développées. La structure en sablier, si fréquente dans certains minéraux, s'ob-
serve toujours; les secteurs correspondant aux faces e'(oii) sont plus colorés ([ue
ceux (|ui sont relatifs à /('(a 10).
SÉANCE DU 22 JANVIER 1906. 221
La fuchsine, la rosaniline, le brun Bismark, Vécarlate de Bifb/ic/i donnent des
cristaux dont les formes sont voisines de celles produites par l'addilion du bleu de
méthylène. Avec la première de ces substances, les cristaux sont cependant plus épais
et se rapprochent un peu de ceux obtenus dans une eau mère pure.
Deuxième type. — Le deuxième type est fourni par les solutions colorées par le
vert jnalachile. Les cristaux sont caractérisés par leur allongement suivant l'arête
(o I o) (2 I 2). Ils sont aplatis suivant ^'(o i o), limités latéralement par e'(o r i) et (2 i 2)-
11s sont toujours très petits et atteignent à peine quelques millimètres, alors qu'en
présence du bleu de méthylène ils dépassent 2'^"'. Eu outre ils ofTrenl de beaux
exemples de la structure en sablier. Les secteurs colorés correspondent aux faces
e'(oi i) et les secteurs incolores à (212).
En présence du vert de méthyle et du violet de méthyle, les cristaux se rapportent
au même type, mais ceux qui sont colorés avec le second de ces corps montrent souvent
les faces (212) et ( 00 i).
Troisième type. — Avec le bleu da diphénylamine, les cristaux, toujours petits,
sont associés en grand nombre à axe vertical parallèle, de telle sorte que leur groupe-
ment a l'aspect cristallitique, La face ^'(010) est très peu développée sur les cristaux
élémentaires qui présentent les formes e'(oi i) et (212), mais, par suite du groupe-
ment régulier d'un grand nombre d'individus, elle simule une face d'aplatissement.
Tous ces cristaux, colorés arlificiellement, sont pléochroïques. L'absorp-
tion maximum se fait toujours suivant /?^, mais son intensité varie d'une
matière colorante à une autre; elle est minimum dans les cristaux colorés
par le vert malachite.
La quantité de matière étrangère passant dans le cristal est assez faible^
J'ai en effet trouvé, pour les quantités maxima : violet de méthyle, ^;
bleu de méthylène, 7^;;; safranine, ~; brun Bismark, ^. Aussi n'in-
fluence-t-elle d'une manière sensible ni la densité, ni le point de fusion^
non plus que la valeur des angles des cristaux.
En résumé, les cristaux d'acide pbtalique peuvent absorber, pendant
leur accroissement, une certaine quantité de matière étrangère qui exerce
une influence sur leurs formes et sur leur grosseur. Les différentes faces
n'ont pas la même faculté de se laisser pénétrer par ces substances, aussi
les cristaux montrent-ils la structure dite en sablier, connue dans plusieurs
minéraux et dont la signification est ainsi fixée.
Ces diverses conclusions s'appliquent à d'autres corps et permettent
d'expliquer certaines particularités que présentent de nombreux minéraux,
rencontrés dans la Nature.
G. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N° 4.) 3o
222 ACADEMIE DES SCIENCES.
BOTANIQUE. — Sur le mécanisme de chute de certains bourgeons terminaux.
Note de M. A. Tison, présentée par M. Guignard.
On sait que, chez un certain nombre de plantes, le bourgeon terminal des
pousses tombe et est remplacé dans sa position terminale par le bourgeon
axillaire de la feuille voisine.
La partie caduque est le plus souvent réduite au bourgeon terminal seul
ilJlmus campeslris, Salix, Myrica Gale, Carpinus Betulus, Betula alba, Pla-
tanus occidentalis , Pirus Malus, Celtis occidentalis , Corylus Avellana, etc.).
Parfois, cependant, elle comprend en outre un ou plusieurs entre-nœuds
plus ou moins courts, avec une ou plusieurs petites feuilles arrêtées dans
leur dévelop|)ement (^Kœlreuteria paniculata, Ptelea trifoliata, liroussonetia
papyrifera, Gymnocladus canadensis, Cladrastis tinctoria, Cercis siliquastrum
et canadense, Morus alba, Robinia hispida et pseudo- Acacia, etc.)
Les premiers signes de dépérissement des parties caduques sont la déco-
loration qui commence avant le développement complet de la dernière feuille
normale sous-jacente. Cette décoloration progresse vers le sommet à partir
d'une ligne de démarcation très nette, qui s'établit un peu au-dessus de la
dernière feuille normale et qui correspond à la position d'une couche sépa-
ratrice de même nature et de même fonctionnement que la couche sépara-
trice automnale des feuilles (' ).
En ce qui concerne la cause première du dépérissement des organes
caducs, les méthodes anatomiques et histologiques ne m'ont fourni aucune
indication, ni dans l'appareil contlucteur, ni dans le contenu cellulaire.
L'époque de la chute des bourgeons terminaux est en rapport avec celle
à laquelle les pousses cessent de se développer; aussi cette chute s'accom-
plit-elle plutôt sur les petites pousses latérales que sur les principales.
C'est ordinairement dès le mois de juin qu'elle s'effectue, quelquefois même
avant que la décoloration n'ait atteint le sommet du bourgeon.
Dans la majorité des cas, le fonclionneraerit de la couche séparatrice est lent, car il
n'est pas, comme dans la chute automnale des feuilles, aidé par la traction due à la
masse de l'organe caduc, ni surtout par l'action des alternances de gel et de dégel.
(') Voir A. Tison, Recherches sur la chiile des feuilles chez les dicotylédones
{Mém. de la Soc. lin. de Normandie, l. XX, 1900, p. 121).
SÉANCE DU 2V. JANVIER 1906. 223
Souvent le bourgeon, quoique détaché, est retenu quelque temps en place par les sti-
pules de la dernière feuille {Betiila alba, Corylus Avcllaiia. Plntaiius occiden-
talLt, etc. ).
Ordinairement, quand la partie caduque comprend, outre le bourgeon terminal,
([uelques nœuds sous-jaceuts, sa chute est précédée de celle des petites feuilles qu'ils
portent. Chez les plantes à feuilles composées (particulièrement Robinia Idspida et
Sopitora Japonica), quand, sur lesdites petites feuilles, les folioles sont bien déve-
loppées, celles-ci tombent au préalable. Ces chutes partielles sont produites par autant
de couches séparatrices normales; les unes et les autres se produisent de la base au
sommet des parties considérées. On rencontre même, mais |)lus rarement, des ébauches
de couches séparatrices dans la base des feuilles extérieures du bourgeon. En résumé,
sur ces petites sommités caduques, l'ordre d'apparition des couches séparatrices dans
les appendices est le même qu'à l'automne sur les pousses entières; mais il est à noter
que ce phénomène se passe e« pleine période de végétation.
La cicatrisation de la plaie occasionnée pav la chute des sommités ca-
duques rappelle en tous points celle des coussinets foliaires.
Chez la plupart des plantes à bourgeon terminal caduc, c'est, comme on
le sait, le bourgeon axillaire devenu terminal qui se développe pour conti-
nuer la pousse de l'année précédente. Toutefois, chez certaines espèces, il
arrive très régulièrement que. dès le début île la végétation suivante, ce
bourgeon axillaire, ainsi qu'un ou plusieurs entre-nœuds sous-jacents, se
dessèchent sans tomber et sans cjuil se produise, même à leur base, aucune
trace de couche séparatrice. C'est alors le bourgeon axillaire situé immédia-
tement au-dessous de cette partie morte qui se développe latéralement
(Broussonetia papyrifera, Mvrica gale, Morus alba, Sophora japonica, Kœl-
reuteria paniciilata ., etc.). Chez d'autres espèces, les deux dispositions
peuvent coexister sur la même plante (Ce/lis occidentalis, Robinia hispida,
Platanus occidentalis, Ti lia grand if 0 lia, etc.).
Dans le premier cas, le plus habituel, les divers tissus du bourgeon
axillaire, devenu terminal, se mettent peu à peu dans le prolongement de
ceux de l'entre-nœud sous-jacent. Toutefois, son cambium ne peut, pendant
quelque temps, s'étendre du côté op|iosé à la feuille axillante, la route lui
étant barrée par le cylindre central, déjelé de ce côté, du bourgeon ter-
minal tombé. Il ne le fera que plus tard en traversant le bois et la moelle de
ce cylindre central ; ce sera, quelquefois, avant l'hiver; mats, le plus sou-
vent, au début de la végétation suivante quand le bourgeon axillaire se
développera en pousse. L'extension du cambium à travers le bois du bour-
geon tombé résulte du recloisonnenient de tous les éléments vivants de
224 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ce tissu et rappelle complètement la façon dont le cambium caulinaire
coupe le bois des traces foliaires après la chute des feuilles ( ' ).
BOTANIQUE. — Sur un nouveau genre de Champignons de l'Afrique orientale
anglaise. Noie de MM. P. Hariot et N. Patouii.lard, présentée par
M. Bornet.
Le Muséum a reçu de M Maurice de Rothschild un certain nombre
de Champignons recueillis au cours de son voyage d'exploration dans
l'Afrique orientale anglaise. Un d'entre eux est particulièrement intéres-
sant en raison des caractères spéciaux qu'il présente. C'est l'étude som-
maire de ce Champignon qui fait l'objet de cette Note.
Il se présente sous l'aspect d'une masse sensiblement liémisphérique, creuse, qui, à
l'état sec, mesure environ 17'^™ de diamètre, sur une épaisseur de 2'°' à 3"^™. Sa surface
est marquée de crêtes très saillantes (2"='" à 3''™), dirigées d'une façon sensiblement
•régulière d'un pôle à l'autre et séparées par des sillons larges de 2'^'" à 3''". En exami-
nant ces crêtes de plus près, on remarque qu'elles délimitent de grandes alvéoles, très
lirrégulières, marquées elles-mêmes de sillons rayonnants séparés les uns des autres par
-des crêtes secondaires qui descendent toutes des crêtes primaires dans une direction
perpendiculaire à ces dernières. Ces crêtes secondaires aboutissent plus ou moins près
■du fond des sillons sans jamais l'alteindre.
La coloration de toutes les parties saillantes (crêtes primaires et secondaires) est
blanchâtre tandis que celle des parties profondes des sillons est noirâtre. La consi-
stance générale du Champignon desséché est dure mais paraît avoir été franchement
charnue sur le vivant. La couleur de la trame est semblable à celle des crêtes et ta
texture est manifestement rayonnante.
Sur une coupe transversale, on remarque une série de bandes noires disposées en fer
à cheval, larges de 2'"™ à 3™", immergées dans la trame générale blanchâtre près de la
face supérieure, mais séparées d'elle par une bande de stroma blanchâtre d'environ
un demi-millimètre d'épaisseur. Ces bandes, qui correspondent à la portion noirâtre
de la région déclive des sillons (tandis que les parties blanches qui les séparent corres-
pondent aux crêtes) sont entièrement formées de périthèces charnus et noirs, fortement
pressés les uns contre les autres, disposés sur trois ou quatre rangées. La forme de ces
périthèces est celle d'une bouteille large d'environ un tiers de millimètre, surmontée
d'un col grêle qui vient s'ouvrir à la surface par un ostiole à peine saillant. Ces ostioles
sont réunis par une portion de tissu très mince qui donne la coloration noire du fond
des alvéoles.
(') A. Tison, Sur le mode (l'accroissement de la lige en face des faisceaux fo-
liaires, après la chute des feuilles {Mcni, de la Soc. lin. de .Normandie, t. XXI,
1902, p. 7).
SÉANCE DU 22 JANVIER 1906. 22^
Le noyau des périthèces est noirâtre et composé d'asques à huit spores noires, sépa-
rées par des paraphyses. Les spores sont simples, ovoïdes, légèrement inéquilatérales,
et munies à cliaque extrémité d'un petit appendice arrondi, hyalin, gélatineux.
Par cet ensemble de caractères, ce Champignon s'éloigne de tous les
genres de Sphériacées actuellement connus et constitue un type que nous
sommes heureux de dédiera M. le professeur Maiigin qui a mis très olili-
geamment les matériaux d'étude à notre disposition.
CoLLETOMANGiNiA.— Xovtim geiius Hypocrcaceanim. — Major, lignoso-car-
nosa, superficie cristalo-aheolala ; cristis sterilibus sporiferam parlem in alveolis
dispositam circumscrihenlibus ; perilheciis immersis ; ascis octosporis, paraphy-
satis; sporis continuis, atris.
C. paradoxa ii. sp. — Convexa, sabhemisphœrica, 17 cent, lala, cristis
albido-ligneis, alveolis amplis brunneo-atris ; perilheciis 3-4 stichis, atris; ascis
cylindricis, octosporis, igoij. -\- 20^., /iliformi-parap/iysatis, obturaculo iodi
ope cœrulescente prœditis; sporis rnonostichis, pritmtus hyalinis, dein fultgineis,
demiim atris, opacis, ovoideis, leviter inecpiilateralibus, i8-24;-'- -I- I2-i5[a,
appendiculo hyalino, subgelatinoso rotundato utraquefine donatis.
Ilab. in ditione anglica Africœ orientalis.
Par sa consistance charnue, le genre Colle lomanginia appartient indis-
cutablement aux Hypocréacées de Saccardo et par ses spores noires il se
rattache à la section Melanosporae. Néanmoins, si nous faisons abstraction
du caractère tiré de la consistance charnue, il est extrêmement voisin des
Hypoxylées, ou Sphériacées phéosporées, par la forme inéquilatérale des
spores qui rappelle celle de la plupart des Hypoxylon et des Xylaria, ainsi
que par les appendices gélatineux tle ces spores que l'on retrouve dans
quelques Xylaria, dans les Rosellinia et surtout dans tout le groupe des
Sordariées. I.e bleuissement par l'iode d'un point situé près du sommet de
l'asque est également du caractère de Sphériacées. Ajoutons que, dans ce
dernier groupe, les espèces du genre Penzigia ont une consistance inter-
médiaire entre le tissu carbonacé des Hypoxylon et la trame charnue des
Hypocréacées.
D'un auire côté, nous devons faire observer l'homologie très grande de
constitution qui existe entre notre plante et le réceptacle des Ascomycètes
du genre Morchella. On sait que, dans les Morilles, l'hyménium est localisé
dans des alvéoles concaves délimitées par des crêtes d'ordre primaire ou
secondaire stériles. C'est une disposition du même genre qui se retrouve
dans le Colletomanginia, avec cette différence qu'au lieu d'un hyménium
d'asques, nous avons ici un groupement de périthèces. Le genre Colleta-
ti
226 ACADÉMIE DES SCIENCES.
jnanginia est donc une sorte iVHypoxYlon composé, au même titre que le
réceptacle d'une Morille est une agrégation de Pé/.izes.
Ce sont ces particularités remarquables qui nous ont engagé à faire con-
n;iître ce nouveau genre de Pyrénomycètes.
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur les imriations de l'acide phosphorique el de l'azote
dans les sucs des feuilles de certains l'égétaux. Note tie M. G. Axdré.
J'ai fait voir récemment (Comptes rendus, t. CXLII, p. 106) le parti que
l'on pouvait tirer de l'analyse des sucs extraits des feuilles pour connaître
la nature et les variations de quelques-unes des substances solubles qui se
rencontrent dans ces organes à divers moments de leur évolution.
Je vais signaler quelques relations nouvelles concernant les variations
(le l'acide phosphorique du suc des feuilles de pyrèthre et de pavot précé-
demment étudiées. Dans le Tableau suivant, je reproduis en partie les
chiflres que j'ai donnés dans ma dernière Note : ces chiffres, calculés au
moyen de l'hypothèse que j'ai faite dans cette Note, se rapportent au li-
quide total contenu dans les feuilles. Je désigne ici par azote amidé soluble
celui qui reste dissous lorsque le suc extrait de la plante a été débarrassé
par l'acide acétique étendu et froid d'abord, puis ensuite par l'ébuUition,
de toutes les matières albuminoïdes précipitables dans ces conditions. La
dernière colonne du Tableau représente l'acide phosphorique des phos-
phates précipitables directement du liquide par la mixture magnésienne :
le précipité, une fois rassemblé, est recueilli, séché et calciné. On dose
l'acide phosphorique dans les cendres ainsi obtenues.
Ari.lr
ino parlies |ilio'
(lo mntuTe sèclie Sur IMinsiiboro plioriiiiK-
ronlionnetil ; lies feuilles Azole Azole lolal (ies
-^^ — -^ — —^ — ^ eon-es- lulal aoiitiê caienié pitoslilialr-
Pliosplioie poniiani )>rgaTn(|uc. soiuiile. en PO^U'^ pii'C\isl;.rii-
lolai à 1(H) parlies — .«^ ^ ^mh
Azote caleulé lie iiialièie eoiilcim iliiiis le sue îles reuilies eorri-iiiiiil:i i:
lolal. enPDHi'. sèeiie. a imi parlies lie iiialière sèilie.
I. o mai igo.') 3,So 3,01 90G 0,941') o,(ji)42 >< "
II. 17 mai 3,37 1,81 887 0,8710 0,5854 i,i23S
III. () juin. Appai-iLion de quelque? tiges por-
tanl (les boulons 3,o5 1,-^7 ~fi^ "i^O^"'' o>3!)'>7 0,8732 0,84,17
1\". '11 juin. Vpparilion des ileuis 2,5.3 r , '|fi . (167 n.4)'|8 n,'|o5'| 0,9838 o,85.5.)
I. ij juin. .Vvanl l'apparition di-s bouions
floraux 3,93 2,Gr pSi ii4^9-' i,i'i35 i,8i52 ijiï;!
II. iS juin. Foniialion ries boulons Moraux.. 3,82 2, /(S 716 i,386o o,9S5i 1,8930 'iTO'^i
III. 10 juillet, rloraison 3,a'| 2,2fi 57') i,i465 1,022.1 i.i3i.'i i,o'i7ii
SÉANCE DU 22 JANVIER T906. 227
Le rapport entre l'acide phosphorique total contenu dans le suc des
feuilles correspondant à 100 parties de matière sèche et l'acide phospho-
rique total de 100 parties de matière sèche est maximum (1^) à la qua-
trième prise d'échantillon chez les feuilles de pyrèthre; ce rapport ne subit
d'ailleurs, jiendant toute la période de végétation que j'ai examinée, que
des variations beaucoup plus faibles que celles qu'il éprouve dans le cas
des feuilles de pavot. Dans ce dernier cas, le rapport en question est égal
à j^ lorsqu'd n'existe pas encore de boutons floraux; il s'élève à ^^ au
moment de l'apparition de ceux-ci et tombe finalement à — lorsque la
floraison est complète. La différence qui existe entre ces derniers rapports
et ceux que j'ai signalés dans ma précédente Note entre l'azote total du
suc des feuilles correspondant à 100 parties de matière sèche et l'azote
total de 100 parties de cette matière sèche, ra|>ports à peu près constants
(7^), montre qu'il n'y a pas une relation absolue entre la migration de
J'azote et celle de l'acide phosphorique. Celui-ci semble, dans le cas d'une
plante annuelle, telle que le pavot, émigrer plus vite hors de la feuille qwe
l'azote lui-même. C'est ce que l'on voit nettement quand on prend les
rapports entre l'acide phosphorique total du suc et l'azote total de ce même
suc, d'une part, entre l'acide phosphorique total du suc et l'azote amidé,
d'autre part. Ces rapports sont égaux respectivement à njïï et J^ à la
deuxième prise d'échantillon; ils s'abaissent à nni et f;^ à l'époque de la
floraison complète du pavot.
L'acide phosphorique des phosphates préexistants dans le suc des
feuilles du pavot représente d'ailleurs les j^, environ de l'acide phospho-
rique total de ce suc aux deux dernières prises d'échantillon. Ce rapport
est un peu moins élevé chez les feuilles de pyrèthre.
On peut donc admettre que, chez la plante annuelle, une partie de
l'acide phosphorique quitte la feuille et se dirige vers l'ovule à l'état de
phosphate minéral soluble, une autre partie se déplaçant de son côté à
l'état de combinaison avec la matière azotée.
228 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BIOLOGIE GÉNÉRALE. — Les propriétés des colloïdes et Vinlerprélation dyna-
mique de la division cellulaire. Noie de M. Angel Gallardo, présentée
par M. Alfred Giard.
Le proloplasma comme toute solution colloïdale est formé de granules
plus gros que les molécules (puisqu'ils diffusent la lumière) et portant une
charge électrique ( ' ).
Lillie a constaté expérimentalement que les cellules et noyaux libres se
déplacent dans un champ électrique, les noyaux libres et les sperma-
tozoïdes montrant une forte tendance à suivre le courant négatif, ce qui fait
croire que les granules coUoïdaux qui forment la chromatine nucléaire
portent des charges négatives. Les cellules à cytoplasma volumineux
(comme les cellules de Sertoli) marchent dans la direction contraire en
montrant l'électrisation positive des particules colloïdales cytoplas-
miques (-). Cette différence de charge entre la chromatine et le cvto-
plasma est d'accord avec leurs propriétés chimiques et l'action des colo-
rants.
Nous pouvons donc admettre que les chromosomes du noyau portent
une charge négative qui augmente par influence la charge positive du cyto-
plasma.
A la limite entre le noyau et le cytoplasma, il doit se former une mem-
brane (la membrane nucléaire) par la coagulation qui se produit quand
deux solutions de signe contraire se trouvent en présence. Or, comme le fait
remarquer Lillie, l'acidité de la chromatine augmente à l'approche de la
division, ce qui entraîne une plus grande différence de potentiel. La redis-
solution de la membrane est probablement en relation avec cette plus forte
acidité, puisque à mesure que l'on ajoute un colloïde négatif à un colloïde
|)0sitif, la précipitation est d'abord partielle, puis totale on maxima et, si
l'on continue à ajouter ilu colloïde, on voit le précipité se redissoudre et
disparaître.
La disposition des chromosomes dans la plaque équaloriale est aisément
interprétée par cette théorie, comme l'a fait Lillie (').
(') J. I*ERRIN, Comptes lendiis, l. CWWll, |). 5(34.
(-) H. -S, Lillie. American Journ. of l'IiysioL., t. VIII, igoS, p. 273-288.
{'') R.-S. Lillie, ISiol. Bull., t. Mil, igoô, p. igS-ao^.
SÉANCE DU -22 JANVIER 1906. 229
En admeltanl donc les charges électriques contraires des chromosomes
et du cytoplasma polarisé aux centrosomes, nous avons une distrihulion
des équipotentielles et des lignes de force qui coïncide avec la forme de
l'amphiaster.
J'ai vérifié expérimentalemenl cette distribution au moyen de la figura-
tion électrochimique des équipotentielles de Guébhard, en employant
deux iiiguilles à charge positive pour représenter les centrosomes et une
lame à charge négative pour la plaque équatoriale chromatique (').
Pour comprendre la segmentation longitudinale des filaments cliroma-
liques, il suffit d'appliquer la théorie des solutions colloïdales de î. Perrin.
Un germe colloïdal, d'abord extrêmement petit, ne portera presque ja-
mais de charge et il grossira, favorisé par la tension superficielle et par la
cohésion; puis, au delà d'une certaine taille, il portera en moyenne
un électron et nulle cause encore ne l'empêchera de grandir; puis il portera
deux électrons, qui se repousseront et qui distendront le granule formé.
Cette répulsion pourra être assez grande pour amener la segmentation
du granule (-). Chaque chromosome étant formé d'une série de granula-
tions chromatiques ou chromomères, nous pouvons taire pour chaque
chromomère le raisonnement de Perrin et expliquer ainsi la segmentation
longitudinale du chromosome.
Ces deux groupes de moitiés jumelles marchent vers les pôles de la cel-
lule, suivant les lignes de force du champ, sous la double impulsion de leur
répulsion mutuelle et de l'attraction des centrosomes.
A mesure qu'augmente la séparation des deux groupes chromatiques, le
champ de force se modifie aux environs de l'équateur de la cellule. Les
équipotentielles entre les deux groupes de charge électrique de même
nom tendent h devenir des lemniscates et, quand les nouveaux noyaux se
reforment, nous sommesarrivés au cas de la distribution des équipotentielles
entre deux pôles ou deux sphères de même nom. Comme on sait, ces équi-
potentielles forment, pour les potentiels élevés, deux systèmes de courbes
fermées autour de chaque pôle suivis pour les potentiels décroissants de
lemniscates qui enveloppent les deux centres, puis par des courbes ellip-
tiques de plus en plus grandes.
l^ippmann a fait voir l'influence des différences de potentiel sur la ten-
(') An. Mus. Nac. Buenos-Aires, i" série, t. V, p. 259-276.
(^) J. I^ËRRiN, Comptes rendus, t. CXXXVII, p. 565.
C. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N' 4.) ^I
23o ACADÉMIE DES SCIENCES.
sioii superficielle, et Lillie a liié parti de ces études pour expliquer les
changements de forme de la cellule en division (' ).
La surface de la cellule prend approximativement, avant la division, la
forme d'une équipotentieile ellipsoïdale. Bientôt, et par l'écartement des
deux noyaux segmentés, il se produit à l'équateur de la cellule une chute
de potentiel qui se traduit par la formation d'équipotentielles en forme
de haltères ou lemniscates. Celte différence de potentiel doit déterminer un
changementde tension superficielle. Si cette tension superficielle augmente,
nous aurons à l'équateur de la cellule une zone de constriction qui produit
le clivage de la cellule tout en moulant sa surface à peu près selon la forme
des équipotentielles à potentiel successivement croissant.
J'ai étendu celte étude aux cas des monasters, triasters et polyasters et,
quoique la force karyocinétique ne soit pas l'électricité (^), elle est sans
doute une force centrale bipolaire dont les figures achromatiques cellu-
laires extériorisent les lignes de force au moyen de granulations orientées
sous forme de chaînes de force, tandis que la surface de la cellule suit
approximativement la forme des équipotentielles.
Celte interprétation engagera peut-être à faire des expériences sur les
champs de force créés entre colloïdes de signe contraire, expériences qui
seront utiles autant pour la cytologie que pour la connaissance des solu-
tions colloïdales.
ZOOLOGIE. — Sw le Leposphilus labrei Hesse cl sur la famille des
Philichthydae. Note de M. A. Quidor, présentée par M. Y. Delage.
Leposphilus labrei Hesse vit en parasite dans les écailles de la ligne
latérale du crénilabre (^Labriis Donovani). La femelle adulte fut découverte
et décrite par Hesse (') et le mâle par Cari Vogt ( ').
Cette étude faite à Roscoff, au laboratoire Lacaze-Duthiers, a pour objet
de reclifier la description du mâle et de contribuer à l'étude du développe-
(') H. -S. LiLUE, Biol. JSiilL. t. I\, 1900, p. 164-178.
(-) Cette opinion me paraît plus prudente que celle que j'ai émise antérieurement
{An. Soc. Cienl. Arg., t. XLlll, 1896, p. 19).
(') Annales des Sciences naturelles. 5"= série, t. ^. PI. /A, 1866.
(*) Cnistaccs parasites des l'oissons. Genève, 1879.
SÉANCE DU 2 2 JANVIER 1906. 23 1
ment de la femelle dont le nanpliiis seul était connu. Elle modifie sensi-
blement les caractères des Phi/ic/ithvdœ et montre les effets du parasitisme
sur leur morphologie externe.
Dans la description qu'il en donne, Cari Vogt attribue au mâle un bou-
clier céphalique avec œil médian, deux anneaux thoraciques et huit
anneaux abdominaux. Sur les côtés du second anneau abdominal seraient
les orifices génitaux. Or, ceux-ci se trouvent en réalité sur la face ventrale
du quatrième anneau abdominal, à la base d'une large éminence conique
latérale terminée par une soie. Cet anneau génital est donc le premier
segment abdominal et ceux qui le précèdent sont des segments thoraciques.
D'autre part, le mâle de Philichlhys Xiphiœ Steenstrup, pai'asite des
canaux muqueux de l'Espadon (Xiplnas ^j/adiiis), est presque identique à
celui de Leposphilus labrei. Il possède, dit Bergsœ ('), un céphalothorax
{cephalon), deux anneaux abdominaux {les deux premiers segments ihora-
ciques) et une queue formée de huit anneaux {^abdomen pour Vogt) dont le
quatrième porte de chaque côté une soie très nette. Les orifices sexuels,
placés par Bergsœ sur le premier segment caudal, ce que conteste d'ail-
leurs Vogt, sont certainement dans le voisinage de ces soies et le segment
qui les porte devient, comme chez le Leposphilus, le premier segment ab-
dominal.
Chez les Philichthyike donc, le corps des mâles comprendrait un céphalon,
cincj segments thoraciques et cinq segments abdominaux.
L'élude des formes larvaires femelles du Leposphilus labrei H. confirme celle iiiler-
prélation. La plus petite qui put être étudiée tiiesurait C'^jS. Le cepiialou portail
deuK petits yeu\ rouges latéraux qui, par leur fusion, foruienl l'œil impair de l'adulte.
L'abdomen ne comprenait que deux, segments dont le dernier, beaucoup plu^ grand,
portail une furca bien développée.
Une forme larvaire, trouvée seule dans une légère tumeur, mesurait o™™, 8 et avait
l'aspect du niàle. Mais si les deux orifices sexuels se trouvaient à la partie inférieure
du premier segment abdominal, ce dernier ne portait aucune trace des éminenees
coniques et des soies observées chez le mâle. De plus, chaque branche de la furca ((ui,
chez ce dernier, présente une soie latérale et ([uatre soies distaies, ne porte ici que
trois soies terminales.
Aux orifices circulaires aboutissent deux longues poches plissées qui s'étendtnl, en
s'amincissant, jusque dans la partie postérieure du troisième segment thoracique où
se trouve une petite masse ovalaire analogue à celle que N ogt considère comme un
(') Monographisk Fremstillet of V. Bergsœ. Kjobenhavn, 1866.
232 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ovaire chez la femelle adulte. A celle portion ascendante fait suite un canal qui s'ouvre
également dans le premier segment abdominal, mais dans sa partie supérieure et laté-
ralement, en un point où s'insèrent précisément les ovisacs (') chez la femelle adulte.
On est cerlainement en présence d'une jeune femelle. Aux orifices ventraux qui servent
à la copulation aboutissent les réceptacles séminaux et aux orifices de ponte les ovi-
ductes.
En résumé les Philichtydœ. par leur céphalon, leurs cinq segments iho-
raciques, leurs cinq segments abdominaux, sont des copépodes typiques. T.a
simplicité de leur organisation, la régularité de la segmentation observée
chez les mâles connus, le faible dimorphisme sexuel entre le mâle et la
jeune feinelle, tout au moins chez Leposphilits labrei H., permettent de
considérer cette famille comme très voisine des formes ancestrales des
copépodes. Le parasitisme a déterminé la régression des appendices loco-
moteurs qui, réduits à trois paires chez les mâles, disparaissent complète-
ment chez la femelle adulte de Leposphiiiis labrei H. et sont remplacés par
un nombre variable d'appentiices mous et inarticulés chez les femelles
adultes des autres Philichlhydœ dont la segmentalion devient alors moins
nette.
EMBRYOGÉME. — Aclion de l'exlrait de glande inlerstiticlle du teslicide sur le
développement du squelette et des organes génitaux. Note de MM. P. lîoci.v
etP.AxcEL, présentée par M. Alfred Giard.
La sécrétion interne du testicule prend uniquement sa source dans les
éléments situés entre les tubes séminifères et dont l'ensemble constitue la
glande interstitielle. Celle-ci possède seule l'action sur l'organisme re-
connue jusqu'ici au testicule tout entier. Telle est la conclusion à laquelle
nous ont amenés une série de recherches antérieures. Nous avons pu l'éta-
blir en démontrant que les sujets chez lesquels la glande interstitielle est
normalement développée et chez lesquels la glande séminale est absente
possèdent tous les caractères des entiers : tels sont par exemple certains
cryptorchides ou des sujets ayant subi une sténose expérimentale ou patho-
logique des voies excrétrices du sperme.
Des injections prolongées d'extraits de glande interstitielle à des animaux
(') Ces ovisacs sont temporaires et n'avaient pas été oljser\es jusi[i
SÉANCE DU 2 2 JANVIER 1906. 2.33
castrés jeunes nous ont donné des résultats qui fournissent une preuve di-
recte du bien fondé de cette manière de voir. Ces extraits ont été obtenus
en épuisant par la glycérine et l'eau des testicules ectopiques de divers
orands mammifères. Pour être sûrs d'obtenir un extrait de glande intersti-
tielle pure, nous avons examiné chaque organe au microscope et nous
avons utilisé seulement ceux qui ne possédaient pas de glande séminale et
qui renfermaient une glande interstitielle bien développée.
Les animaux mis en expérience étaient des Cobayes mâles, âgés de 2 à 4 semaines,
au nombre de 9. Ils ont été partagés en trois séries de trois animaux chacune. Les
Cobayes de la première ont été castrés et gardés comme témoins; ceux de la seconcie
n'ont subi aucune opération et ont été également conservés comme témoins; ceux de
la dernière ont été castrés et ont reçu tous les deux jours, en injections sous-cutanées,
jcmï d'extrait dilué au | avec de l'eau bouillie. Ces injections ont été faites régulière-
ment pendant 9 mois.
Parmi les résultats que nous ont fournis ces injections, nous retiendrons seulement
ceux qui concernent les organes sur lesquels la castration retentit d'une façon toute
spéciale, c'est-à-dire les os et les organes génitaux. Ces résultats peuvent êlre con-
densés dans le Tableau suivant :
Série 1. Série 1. Série 3.
Cobayes normaux Cobayes castrés Cobayes castrés
témoins. injectés. lémoins.
Cob. 1. Coll. 2. Coll. .1. Cob. 4. Cub. 5. Cob. 6. Ciib. 7. Coll. 8. Cob. ■.'.
cui cm cm cm cm cm cm rui cm
Fémur (long.) 4.4° 4i4o 4;3o 4)3o 4,3o 4j4'' 4j5o 4>45 '^,■''^>
Tibia (long.) 4i70 4,5o 4)5o 4)6o 4,5o .'1,70 ^,Ho 4,70 4 1 7'>
Os nasaux (long.) 1,9 2,00 1,90 2,10 2,00 2,10 2,25 3,20 2,3ô
l (long.) 3,-0 3,70 3,80 3,20 3,00 3,4o 2,20 2,00 2,00
Verge (') ." ?_„ s s b s . e e « „
( (poids 0,55 0,60 0,60 o,4o 0,35 o,5o 0,20 o,i5 0,18
cm cm cm cm cm cm cm cm ici
Vésicules séminales (long.). . 5,5 6,00 6,00 3, 20 2,5o 5, 00 i,4o 1,20 i..J.o
La lecture de ce Tableau montre tout d'abord que les fémurs et les
tibias des animaux castrés sont plus longs que ceux des Cobayes normaux.
Ce fait est bien connu et l'on sait que l'ablation des testicules chez les
jeunes sujets détermine la persistance des cartilages de conjugaison et, p;ir
conséquent, l'augmentation de la longueur des os. Noire Tableau montre
aussi que les os des castrés injectés sont moins longs que ceux des castrés
témoins et se rapprochent sensiblement des os des normaux témoins. Les
(') Mesurée de l'extrémité du gland à la symphyse pubienne.
234 ACADÉMIE DES SCIENCES.
mêmes observations sont à faire au sujet des os nasaux qui ont subi chez
les castrés injectés un allongement moins considérable que chez les castrés
témoins.
Les différences les plus sensibles se manifestent sur les organes génitaux,
verge et vésicules séminales. Tandis que ces organes ont conservé chez les
castrés témoins la longueur et le poids (|u'ils possèdent chez les animaux
très jeunes, ils se sont au contraire développés chez les sujets castrés et
injectés; leurs dimensions se rapprochent des dimensions présentées par
les mêmes organes chez les sujets normaux.
Ces résultats tendent à faire admettre les conclusions suivantes :
1° Les effets de la castration sur le squelette et les organes génitaux
peuvent être atténués par des injections sous-cutanées d'extrait de glande
interstitielle du testicule;
1° Cet extrait agit sur le Cobaye bien que provenant de testicules de
grands mammifères.
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Recherches expérimentales sur les propor-
tions de chloroforme contenues dans l'organisme au cours de l'ancsthésie
chloroformique. Note de M. J. Tissor, présentée par M. Chauveau.
J'ai étudié successivement les proportions de chloroforme contenues
dans l'organisme au moment oîi survient l'anesthésie, au moment de la
mort par le chloroforme, et pendant le cours régulier de l'anesthésie.
Valeur de la dose aneslhésique. — Suivant Gréhant et Quinquaud la dose
anesthésique de chloroforme serait de So'"*' environ pour loo'^"' de sang.
Mes déterminations m'ont iriontré les faits suivants :
1° Chez les animaux rapidement anesthésiés, la valeur de la proportion
de chloroforme contenue dans le sang artériel au début de l'anesthésie
est toujours assez considérable et peut même notablement dépasser la pro-
portion de So^s pour loo'"'' de sang. Elle est d'autant plus considérable que
l'anesthésie se produit avec plus de rapidité. Elle peut atteindre yo"^
à 8o™^, c'est-à-dire une valeur notablement supérieure à la dose qui, plus
tard, sera suffisante à déterminer la mort.
2° Plus l'anesthésie est obtenue lentement, plus la dose nécessaire à la
produire est faible dans le sang artériel. La proportion de chloroforme
s'abaisse à 34™^ et 35'"''' pour loo'""' de sang chez les animaux très lente-
SÉANCE pu -21 JANVIER I906. 235
ment aneslhésiés, alors qu'elle s'élève à 43™^ et 45"^, dans le cas d'aneslhé-
sie de rapidité moyenne.
Valeur de la dose mortelle. — D'après Gréhant et Quinquaud, cette dose
serait très voisine de la dose anesthésique.
En recherchant la valeur de la dose mortelle de chloroforme dans le sang
artériel, j'ai été amené à constater que la proportion de chloroforme
diminue progressivement dans le sang artériel depuis le début de la syn-
cope mortelle jusqu'à l'arrêt du coeur et que la valeur de cette diminution
dépend de la durée de survie du cœur. Voici un exemple des résultais
obtenus en prélevant le sang au début et à la fin de la syncope mortelle :
Sang artéiiel immédiatement au début de la syncope mortelle. . . 67,2
Sang veineux >' » ... 43,5
Sang du nœui' gauche à l'arrêt du cœur ^0,9
Ce fait est absolument constant. On peut en tirer les conclusions sui-
vantes :
i" La proportion de chloroforme contenue dans le sang du cœur gauche au moment
de l'arrêt du cœur ne représente pas la proportion qui a déterminé les accidents mor-
tels; elle est plus faible que celte proportion.
1° Si Ton veut connaître exactement la proportion de chloroforme qui détermine la
mort, il faut prélever le sang immédiatement au début de la syncope mortelle.
Des recherches très nombreuses sur la proportion de chloroforme con-
tenue dans le sang artériel au début de la syncope mortelle m'ont permis
d'observer les faits suivants :
1° La proportion de chloroforme dans le sang artériel au début de la syncope mor-
telle est excessivement variable. Elle est d'autant plus considérable que la mort par le
chloroforme e^st plus rapide; dans le cas de mort rapide au début de l'anesthésie ou
pendant la période d'excitation, elle est toujours supérieure à 70'"" pour 100'^"' de
sang. Lorsque, au contraire, on tue très lentement les animaux par une dose croissante
de chloroforme, on trouve que la proportion oscille le plus souvent entre 5j™s et 70"'s.
2° Il y a un écart considéralile entre la dose juste suffisante à provoquer l'anesthésie
et à la maintenir et la dose minima qui peut provo([uer la mort;
?>° On peut trouver dans le sang artériel une dose de chloroforme 1res supérieure
à la dose mortelle sans que la mort survienne immédiatement. Celte dose ne deviendra
mortelle que lorsque la proportion de chloroforme aura atteint dans le cerveau une
valeur équivalente à la dose qui pour lui est mortelle.
Ce dernier fait montre que la proportion de chloroforme dans le sang
236 ACADÉMIE DES SCIENCES.
artériel ne suffit pas à renseigner à elle seule sur les causes de la mort, ou
sur la valeur exacte de la dose mortelle. Ce n'est donc pas dans le sang
qu'il faut chercher la dose mortelle, c'est dans le cerveau. Le Tableau sui-
vant renseigne sur les proportions de chloroforme respectivement con-
tenues dans le cerveau, le sang veineux et le sang artériel, pour loo™' de
sang ou loo'^ de cerveau.
Cerveau après arrêt du cœur 'i8,o3
Sang artériel au début de la syncope mortelle.. . . 56, o5
Sang veineux >; .... 5 1,7
Sang du cœur gauclie après l'arrêt du cœur »
Mes déterminations m'ont permis de tirer les conclusions suivantes :
1° Pendant l'anestliésie, la proportion de chloroforme dans le cerveau tend à se
mettre en équilibre avec la proportion que contient le sang artériel;
2° Le cerveau contient au niimient de l'arrêt du cœur une proportion de chloroforme
inférieure à celle que contenait le sang artériel au début de la syncope mortelle;
3° Après l'arrêt du cœur, le cerveau contient souvent plus de chloroforme que le
sang du cœur gauche; il en contient toujours autant ou plus que le sang veineux en
contenait au début de la syncope mortelle.
J'ai, en outre, constaté ce fait important que le cerveau fixe une pro-
portion de chloroforme beaucoup plus grande que les autres tissus. Voici
un exemple de ce fait :
Exp(
îriences
11.
III.
IV.
v.
m?
m;;
m?
me
67,7
64,8
07,1
4«,6
I o5 , 9.
77.'
60
60,3
57,3
47,5
46,5
»
76
47,7
53,4
42,7
Sang
Tissu
artériel.
Cerveau.
Foie.
M uscle.
graisseux.
5o"'s,7
(')
48"-«,7
25™s,8
2 7">s,6
20"'s,6
Chloroforme pour loos 5o"'s,7 ('
Variations de la dose de chloroforme pendant le sommeil anesthèsiqiie. —
Les nombreuses déterminations faites pendant le sommeil anesthésiqiie
m'ont amené aux constatations suivantes :
i'' La proportion de chloroforme contenue dans le sang artériel s'accroît
immédiatement dès qu'il se produit une augmentation de la ventilation
pulmonaire, pendant l'anesthésie avec les mélanges titrés de chloroforme
et d'air, ou par d'autres procédés;
(') Sang prélevé an moment exact de la syncope cardiaque.
SÉANCE DU 22 JANVIER I906. 237
2° Pendant l'anesthésie, à quelque moment que ce soit, il y a toujours
plus de chloroforme dans le sang artériel que dans le sang veineux;
3° Pendant une syncope respiratoire, le chloroforme diminue assez
notablement dans le sang artériel ;
4° Il n'existe aucun rapport direct entre les proportions de chloroforme
du sang artériel et l'effet qu'elles produisent; cet effet dépend de la durée
du contact, de la proportion de chloroforme dans le cerveau et de la vitesse
de la circulation du sang.
PHYSIOLOGIE. — Action du sulfate d'hordénine sur la circulation. Note de
M. L. Camus, présentée par M. Guignard.
Dans une précédente Note ('), j'ai résumé mes recherches sur la toxicité
de l'hordénine pour différentes espèces animales; j'ai aussi étudié l'action
de cette substance sur le sang (^) et j'ai montré d'une part qu'elle n'est pas
hémolytique et d'autre part qu'elle peut relarder la coagulation du plasma
et du sang total.
Je désirerais maintenant faire connaître le résultat de mes recherches re-
latives à l'action de cet alcaloïde sur la circulation.
Les expériences ont été faites sur le chien et sur le lapin. J'ai employé le plus sou-
vent le cliloralose comme anesthésique et, d'une façon exceptionnelle, le chloroforme.
Le sulfate d'hordénine a été administré presque toujours par injection intraveineuse,
soit dans la veine saphène, soit dans la veine marginale de l'oreille ; dans quelques expé-
riences seulement, j'ai suivi et enregistré l'efTet de l'ingestion. Les solutions d'hordé-
nine ont été faites avec l'eau distillée. Les modifications circulatoires ont été enre-
gistrées au moj'en du manomètre inscripteur de François-Franck et, sur les tracés,
j'ai fait le relevé de la hauteur de la pression, du nombre des pulsations, de leur am-
plitude et du nombre des respirations. Ne pouvant rapporter ici le protocole des expé-
riences ni donner la reproduction des graphiques, je résumerai simplement les résultats.
Le phénomène qui se produit toujours après l'introduction dans le torrent circula-
toire de quelques centigrammes de sulfate d'hordénine consiste dans une élévation
importante de la pression sanguine, accompagnée de modifications du rythme et de
l'amplitude des pulsations; il est fréquent de voir, par exemple, la pression de l'artère
fémorale passer de 12'=™ à 26'^" de mercure en l'espace d'une minute. Ce sont en général
(') Comptes rendus, t. CXLIl, 8 janvier 1906, p. iio-n3.
Ç-) Comptes rendus de la Société de Biologie, t. LX, 20 janvier 1906.
C. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N" 4.) 3:
238 ACADÉMIE DES SCIENCES.
les doses de os, oi à os, lo par kilogramme, qui donnent ces fortes élévations de la
pression. Des doses plus faibles, voisines de os, ooi par kilogramme, modifient beaucoup
moins la pression, mais elles donnent naissance à des changements importants dans le
nombre et l'amplitude des pulsations.
Quand on injecte une forte dose, il se produit en général une forte accélération car-
diaque avec une diminution de l'amplitude des pulsations ; après l'injection d'une faible
dose, c'est l'inverse que l'on constate, le cœur se ralentit et les pulsations augmentent
beaucoup d'amplitude.
J'ai cherché à élucider le mécanisme de cette action et j'ai reconnu qu'il est surtout
d'origine nerveuse.
Si, ayant injecté une faible dose d'hordénine et ayant obtenu, en même temps
qu'une légère élévation de la pression, un ralentissement cardiaque et une augmenta-
tion d'amplitude des pulsations, on vient à sectionner les deux nerfs pneumogastriques,
on voit la pression s'élever davantage, l'amplitude des pulsations diminuer et leur
rythme devenir plus fréquent. L'intégrité des pneumogastriques n'est cependant pas
indispensable à la production de ce ralentissement du cœur. Si, à un animal qui a les
nerfs pneumogastriques sectionnés depuis un certain temps, on fait une injection
d'hordénine, on obtient encore le ralentissement cardiaque et l'augmentation d'am-
plitude des pulsations.
J'ai étudié encore les modifications d'excitabilité des nerfs cardiaques et vasculaires
après une injection de sulfate d'hordénine. J'ai vu que le pneumogastrique a son exci-
tabilité diminuée et même supprimée par certaines doses d'hordénine; l'effet n'est
jamais très persistant et, après un certain temps de repos, on voit l'excitabilité repa-
raître. Non seulement le bout périphérique du nerf peut perdre son action sur le cœur,
mais le bout central, et en particulier le dépresseur, peut aussi être influencé par l'hor-
dénine.
Ce très court résumé permet de se faire une idée du mode d'action de l'hordénine et de
comprendre les différentes réactions observées suivant la quantité de substance injectée.
A la suite d'une injection d'une faible dose d'hordénine, soit o", ooi par kilogramme,
il se produit une excitation bulbaire qui se traduit par des troubles respiratoires anté-
rieurement signalés et par des troubles cardio-vasculaires où le système nerveux a un
rôle important. Le ralentissement cardiaque et l'augmentation d'amplitude des pulsa-
tions sont commandés par le bulbe et par le système pneumogastrique. La pression
sanguine s'élève peu en raison même des modifications cardiaques que nous venons de
signaler, ce qui permet de considérer celles-ci comme des réactions compensatrices.
L'injection de doses fortes, os, oi et surtout oS,io par kilogramme, supprime au
contraire l'excitabilité nerveuse et, par suite, le mécanisme compensateur; aussi, dans
ces conditions, le cœur s'accélère, les pulsations diminuent d'amplitude et la pression
s'élève beaucoup.
Voilà donc expliqués les résultais Jifférents, presque inverses, oblentis
avec (les doses faibles et fortes de sultale d'hordénine. C'est un nouvel
exemple de celle loi très générale et très connue en Physiologie : « Une
SÉANCE DU 22 JANVIER I906. 289
substance qui provoque à dose faible une excitation amène de la paralysie
à dose forte. » Avec une faible dose, le système pneumogastrique est excité,
le ralentissement du cœur, l'augmentation d'amplitude des pulsations se
produisent; avec une forte dose, le système pneumogastrique est supprimé,
le cœur s'accélère, les pulsations diminuent d'amplitude.
J'ajouterai encore que la durée de l'action de l'hordénine est assez pas-
sagère et variable avec la dose injectée; dans quelques cas, j'ai aussi ob-
servé que son effet sur la pression se trouvait très atténué quand l'animal
avait reçu plusieurs injections assez rapprochées de doses fortes.
Enfin, relativement à l'effet de l'ingestion de doses de 0^,01 et de 0^,11
par kilogramme de sulfate d'hordénine données sous forme de pilules kéra-
tinisées, je dois dire que je n'ai observé du côté de la pression sanguine que
des modifications insignifiantes, bien que les expériences aient eu une
durée de 7 à 8 heures. L'introduction dans l'estomac d'une solution
aqueuse renfermant is de sulfate d'hordénine par kilogramme, détermine
pendant les heures qui suivent une élévation de la pression sanguine avec
accélération du cœur.
GÉOLOGIE. — Reconstitution d'un ancien lac olisocène sur le versant nord
du Massif du Mont-Dore (lac d'Olby). Note de M. Pn. Glaxgeaud,
présentée par M. Albert Gaudry.
Si l'on jette un coup d'œil sur une carte du massif du Mont-Dor«% on ne
peut manquer d'être frappé de ce fait que les huit cours d'eau qui des-
cendent des hauteurs du versant nord de ce massif depuis la Banne-d'Or-
danche, la Roche-Tuilière, jusqu'au Puy-de-l'Aiguille, ont d'abord tous
une direction générale N.-S. Mais, à la hauteur de Saint-Pierre-Roche, ces
cours d'eau convergent dans une région basse, entre Olby et la gare de la
Miouse, pour se réunir finalement dans la Sioule, près de cette dernière
localité.
Ce phénomène de convergence de huit rivières, auxquelles il faut ajouter
le cours d'eau issu de la chaîne des Puys et passant par Ceyssat, n'est pas
accidentel; il est dû à des causes d'ordre géologique et il est nécessaire de
remonter à une époque relativement ancienne pour bien le comprendre:
A l'époque oligocène, à la suite des mouvements du sol qui amenèrent
la iormalirn des bassins tertiaires du Massif Central, il s'établit unedépres-
24o ACADÉMIE DES SCIENCES.
sion, qui se transforma bientôt en un lac, au nord du socle cristallin sur
lequel devait plus tard s'édifier le massif volcanique du Mont-Dore.
Les cours d'eau, qui descendaient des hauteurs dominant cette cuvette, la
comblèrerrt peu à peu, probablement à l'époque stampienne. Elle n'en
resta pas moins, après cette époque, une région basse, dont la surface
asséchée fut sillonnée plus tard par des cours d'eau miocènes et pliocènes,
puis par les coulées volcaniques issues des deux centres éruptifs de la
Banne-d'Ordanche et du Puy-de-l' Aiguille.
J'ai pu reconstituer l'histoire et l'étendue de ce lac oligocène et, depuis
le Miocène jusqu'à nos jours, suivre l'évolution du réseau hydrographique
qui l'a parcouru.
Ce lac, que je propose d'appeler lac cl'Olby, du nom de la localité où il
était le plus profond (plus de loo™ de profondeur) avait comme dimen-
sions : lo""" de long et lo"^" de large. Les rives peuvent être jalonnées par
les localités suivantes : Ceyssat, Nébouzat, Aurières, Vernines, Orcival,
Rochefort, Massages, la Miouse et Mazayes. Un cap s'étendait en face de
Saint-Martin-de-Tours et lui donnait une forme trilobée. La vallée du
Sioulot ne présente pas, en effet, d'oligocène jusqu'à Saint-Martin, tandis
que cette formation s'étend, tout le long de la vallée de la Sioule, jusqu'au
pied du volcan de Servières.
L'existence de rares dépôts oligocènes dominant la vallée de la Miouse,
vers Bourgeade et Haut-Angle, permet de penser qu'ils se sont déposés
dans un prolongement peu profond du lac d'Olby.
La superficie du lac dépassait celle de Paris. Au centre de la dépression,
les dépôt» oligocènes atteignent près de loo™ d'épaisseur, tandis qu'ils se
terminent en biseau sur les bords.
Les sédiments oligocènes sont constitués : à la base, par des sédimeuts
grossiers (poudingues, grès, sables) chargés de bauxite, et, à la partie supé-
rieure, par des argiles sableuses, parfois ferrugineuses, présentant de rares
inlercalations de lits calcaires. Cette constitution rappelle celle des dépôts
du même âge du Livradois et d'une partie de la Limagne.
L'altitude actuelle des dépôts du lac d'Olby varie entre 700" et 900",
mais, en quelques points, elle s'élève jusqu'à io5o™, probablement par
failles.
Le lac d'Olby, qui ne semble pas avoir communiqué avec le grand lac de la Limagne,
dont il n'était séparé cependant que par 10'"» (Prades), avait son déversoir dans la
direction Pierre-Chastel. C'est par là qu'il acheva de se vider à la fin de l'oligo-
SÉANCE DU 22 JANVIER 1906. 2^i
cène et ce fut d'abord le chemin suivi par la Sioule miocène et pliocène inférieur,
ainsi que l'indiquent les alluvions de Couhèr, signalés par M. Michel Lévy. Au
pliocène moyen, deux vallées se creusèrent à l'est et à l'ouest de cette dernière :
1° suivant Saint-Bonnet, Polagnat-Mazayes (vallée de la Sioule); 2° suivant Moncheret,
Saint-Pierre-Roche, Le Bouchet, Pierre-Chastel (vallée du Sioulot). Ces anciennes
vallées, dont le thalweg est parfois bien conservé, furent comblées, à leur tour, au plio-
cène moyen , par des coulées volcaniques de 25'"" de long. Ces coulées rejetèrent ainsi
les anciens cours d'eau Sioule et Sioulot plus à l'Est et plus à l'Ouest et les obligèrent
à creuser leur nouveau lit dans la direction Olby-Pierre-Chaslel et Massages-Pierre
Chastel.
Au pléistocène, la Sioule ne peut plus passer par Mazayes, car la vallée pliocène est
barrée par le front de la coulée du Puy-de-Côme. Elle est donc rejetée vers l'Ouest et
elle se fraye un chemin à travers plus de 80™ de sédiments oligocènes et se réunit au
Sioulot près de Monteillet.
En résumé, l'histoire du lac d'Olby et du réseau hydrographique de la
Sioule constitue un chapitre intéressant de la Géologie. Elle montre une
fois de plus la liaison étroite de cette science et de la Géographie physique.
GÉOLOGIE. — Nouvel/es observations sur la géologie du Sahara. Note de
M. Rexé Chudeau, présentée par M. Altred Giarti (').
De Tamanghanat à In Azaoua, le capitaine Dinaux et moi avons suivi
un itinéraire entièrement nouveau. D'[n Azaoua à Iferouana nous sommes
restés au voisinage de celui de Foureau.
Le sud du Hoggar est constitué par une pénéplaine archéenne et silu-
rienne sur laquelle se greffent des accidents volcaniques importants qui
forment les seuls reliefs notables de la région : l'Aguellelal est un plateau
archéen (230™ au-dessus des vallées voisines) protégé par un manteau de
laves, épais d'une centaine de mètres. L'AdrarArrigan est une crête (-f-45o")
due à un fdon porphyrique d'orientation NNE. Jusqu'à l'Oued Iganghar
(celui du Sud) des plateaux et des crêtes analogues (liions de quartz ou de
porphyre), de relief moindre mais d'orientation identique, sont fréquents.
On trouve toujours au voisinage des filons verticaux des coulées fort nettes,
de sorte que l'expression de pénéplaine ne convient pas tout à fait à cette
région.
(') Extrait d'une lettre datée d'iferouana, 29 septembre igoS.
242 ACADÉMIE DES SCIENCES.
A partir de l'Ighanghar, filons et coulées deviennent plus rares et cette
concordance dans la distribution géographique est une des raisons qui me
fait attribuer aux uns comme aux antres une origine volcanique relative-
ment récente.
Le Tassili Tan Tadjerira est formé de grès bien semblable à ceux de
Timissao (dévonien?). Ce plateau est limité au Nord par une falaise d'une
soixantaine de mètres, puis il s'abaisse progressivement, la formation
gréseuse ne cessant qu'au delà d'In Azaoua où aucun relief sensible ne le
sépare du silurien, fes Touaregs réservent le nom de Tassili à la partie
nord de ce plateau qui, sur une longueur de aS**" environ, est accidenté
et peu favorable à la marche. Le plateau, couvert de dalles gréseuses, qui
vient ensuite et qui pour les Arabes serait certainement un Hamada avec
quelques bandes àe Reg, est pour eux un Tiniri, c'est-à-dire une région
plate où la marche est facile; c'est de plus un Tanezroufl puisque les cara-
vanes qui le traversent ne trouvent, pendant quatre jours, ni eau ni pâtu-
rage. I^a partie la plus basse de ce plateau semble correspondre à In Azaoua :
ce point d'eau célèbre serait ainsi alimenté par la nappe aquifère de ces
grès perméables (il pleut sur le Tassili où l'eau n'est pas rare) et par l'Oued
Tafassasset. Il semble que des puits creusés dans ces grès donneraient un
résultat, mais la chose est impossible aux Touaregs qui ne disposent que
d'un outillage rudimentaire. Le Tanezrouft n'Ahnet constitué par des
terrains imperméables paraît au contraire impossible à améliorer.
Quant à l'âge de ces grès je les considère provisoirement comme dévo-
niens, bien que les bancs supérieurs aient un aspect très jeune et rappellent
presque exactement les grès de la Chambre d'Amour à Biarritz. Peut-être
la vue des grès à bois silicifié (comme tians le crétacé du Touat) que Fou-
reau signale entre Agadès et Zinder me fera-t-elle changer d'avis.
Au sud de ce dévonien et jusqu'à Iferouana nous avons recoupé une
série débandes archéennes et siluriennes qui forment une pénéplaine sem-
blable à celle que je signale au sud du Hoggan. L'analogie se poursuit
jusque dans les manifestations volcaniques qui m'apparaissent au nord de
l'Air. A iS""" au nord-ouest d'Iferouana, l'Oued Radamellt traverse une
belle coulée qui semble venir de l'Adnar Adesnou. L'Adesnou et l'Ohrsana,
lui aussi en relation avec des coulées, me semblent être, comme l'Arrigaii,
des crêtes formées par des fdons verticaux contemporains des éruptions
tertiaires.
La ligne de hauteurs à l'est d'Iferouana, dernier contrefort du Timgué, a
SÉANCE DU 22 JANVIER iqo6. 243
certainement la même structure, bien visible sur le mamelon qui la termine
au Nord. D'après sa silhouette, le Timgué est bien probablement lui aussi
un massif archéen (ou silurien) consolidé par des éruptions plus récentes.
PALÉONTOLOGIE. — Sur la formation du réseau des Nummulùes réticulées.
Note de M. Jean Boussac, présentée par M. A. de Lapparent.
J'ai pu suivre l'évolution ontogéiiique d'un certain nombre de nummu-
lites réticulées et voir comment se l'ormait le réseau dans Nummulites Fa-
bianii Piever, N. intermedius d'Arch., N. Lœvigatus Lanik., A^. Brongniarti
d'Arch. et H.
1° TV. Fabianii Prev. — Les formes A et les jeunes formes B oat, jusqu'à une taille de
4"™ et 5"™, des filets rayonnants, grossièrement rectilignes, ni bifurques, ni réticulés;
leur trajet est tremblé et indécis et ne ressemble pas du tout à celui des filets des ra-
diées. Il existe en outre un second système intersqueleltique, constitué par une série
de piliers partant du cordon spiral de chaque tour et s'élevant perpendiculairement à
la surface, réunis entre eux par une lame calcaire continue ; l'ensemble est donc disposé
en spirale et, vu de face, constitue une ligne blanche spirale, qui part du centre, pré-
sente des renflements correspondant aux piliers et décrit un nombre de tours égal au
nombre de tours de la nummulite. J'appellerai cette formation lame transverse, en
raison de ce qu'elle est perpendiculaire à la fois à la lame spirale et à la direction des
filets. En elTet les filets, rayonnants, coupent à angle droit cette lame tiansverse, dé-
terminant ainsi des mailles rectangulaires. Nous avons alors un stade jeune, où le ré-
seau est constitué par deux sortes de formations inlersquelettiques, les filets et la
lame transverse ; c'est le stade à réseau mixte.
Chez les individus plus âgés, on voit les filets prendre une allure de plus en plus
irrégulière, émettant à droite et à gauche des ramifications qui vont rejoindre, ou bien
la lame iransverse, ou bien un autre filet; il en résulte un autre réseau, qui se super-
pose au premier et le rend de moins en moins visible. Le processus s'accentuant, la
lame Iransverse finit par disparaître, et chez les formes tout à fait adultes, on ne voit
plus que les filets, qui sont plus ou moins disposés en tourbillon; ils forment un réseau
à mailles allongées, contournées, irrégulières. Nous avons donc un stade adulte, où les
filets seuls contribuent à la formation du réseau : c'est le stade à réseau pur.
2° Num. intermedius d'Arch. — L'évolution du réseau de cette espèce est identique à
ce qui a été décrit pour N. Fabiani Prev. Le stade à réseau mixte avait déjà été décrit
par La Harpe pour N. Fichteli Mich., mais cet auteur avait cru à un caractère spéci-
fique et n'avait pas reconnu qu'il avait affaire à un stade du réseau de N. intermedius.
La seule différence avec N. Fabiani consiste en ce que la lame transverse ne possède
pas de piliers. L'adulte possède également un réseau pur, mais les mailles sont arrondies
2/|4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ou polygonales, jamais allongées et contournées comme dans A'. Fabiani. Enfin il n'y
a pas de granules.
3° Num. lœvigalus Lk. — Chez les plus jeunes échantillons que j'ai pu observer, les
filets partent en rayonnant d'un gros pilier central; ils sont épais et présentent sur leur
trajet de nombreux granules; les filets qui courent côte à côte sont unis entre eux par
de nombreux et fins trabécules transverses, qui représentent sans doute les fines inden-
tations perpendiculaires aux cloisons découvertes par M. H. Douvillé dans cette espèce.
Puis, chez les individus plus âgés, les filets prennent un trajet contourné, irrégulier, se
ramifient et leurs ramifications forment un réseau; mais, arrivés à une certaine dis-
tance de la périphérie, les filets vont directement rejoindre le bord de la coquille sans
s'anastomoser et présentant toujours leurs indentations transversales; celles-ci ne
prennent donc pas part à la constitution du réseau, qui est constitué seulement par les
ramifications des filets. A ce stade, le réseau normal de TV. lcevigalus\A.. est constitué,
et l'animal n'a plus qu'à grandir.
4° N. Brong-niarti d^Arch. et H. — Dans cette espèce, le réseau se constitue à peu
près comme dans TV. lœi'igatus Lk. ; les filets, simplement rayonnants au début,
prennent un trajet contourné, se ramifient et leurs ramifications constituent un réseau
très irrégulier, qui s'étend jusqu'au bord de la coquille; les filets sont très fins, à peine
visibles chez l'adulte, mais présentent de nombreux et forts épaississements correspon-
dant aux piliers.
En résumé, il existe deux modes fondamentalement différents de forma-
tion du réseau; dans l'un, le réseau adulte se constitue par l'intermédiaire
d'un stade caractérisé par le développement d'une lame transverse; dans
l'autre, cette lame transverse n'existe pas et le réseau se constitue direc-
tement par les ramifications des filets.
Il semble donc qu'on puisse distinguer, dans les numraulites réticulées,
deux phylums, l'un contenant iVwm. FahianiPrev. eiN. i n termedius d' Arch .;
l'autre, contenant N. lœvigatus Lk. et N. lirongniarli d'Arch. et H. N. Fa-
biani, des couches de Priabona, aurait donné naissance, en perdant ses
granules et en modifiant légèrement son réseau, à A^. intermedius d'Arch.
des couches de Cassinella et de Biarritz, tandis qu'on pourrait considérer
N . lœvigatus lÀ'i. du Lutétien intérieur comme l'ancêtre de A^. Brongniarti
d'Arch. et H., qui en diffère par sa taille plus grande et son réseau plus
complet.
SÉANCE DU 22 JANVIER 1906. 245
OCÉANOGRAPHIE. — Sur la circulation océanique.
Note de MM. Thoulet et Chevallier.
Des échantillons d'eaux de mer ayant été recueillis en série verticale
depuis la surface jusqu'au fond en trois localités, A, B et C médiocrement
éloignées les unes des autres, l'analyse chimique, et plus particulièrement
la connaissance de la densité absolue S° de chacun des échantillons et de
sa densité in situ nS\, c'est-à-dire du poids de l'unité de volume d'eau à la
température qu'il possédait et avec la compression qu'il éprouvait à la place
même qu'il occupait au sein de l'Océan au moment de sa récolte, per-
met de se rendre compte de l'économie de la circulation océanique à
n'importe quelle hauteur de la colonne d'eau de forme prismatique trian-
gulaire comprise entre les trois verticales de A, de B et de C.
La méthode (Comptes rendus , t. CXXXVIII, 22 février 1904, p. Say-Sag)
s'appuie sur les considérations suivantes :
Par tout point des arêtes du prisme triangulaire on peut imaginer une section trian-
gulaire géométriquement parallèle à la surface des eaux, c'est-à-dire horizontale et
par conséquent d'équilibre géométrique mais non d'équilibre mécanique puisque les
trois sommets du triangle n'ont, en cas de courant, pas la même densité in situ nS\.
Les molécules aqueuses occupant la surface de ce triangle y sont animées, en vertu du
principe des vases communiquants, d'un mouvement dans le sens du plus faible /iSj
vers le plus fort /iS^. Or, par le sommet du plus fort nSl de ce triangle, il est toujours
possible aussi de considérer une seconde section triangulaire du prisme passant par
trois points des arêtes ayant au contraire même valeur absolue de nS\. Ce triangle
sera géométriquement incliné mais mécaniquement d'équilibre ou de niveau par ce
motif que la valeur de n S'j sera identique pour les trois sommets bien que pour chacun
d'eux le n (correction de compressibilité à la profondeur de n mètres) et le 0 (tempé-
rature in situ) soient différents. Ce triangle, quoique penché, est le plan de niveau
mécanique vers lequel tend la nappe d'eau courante figurée par le plan du premier
triangle. L'inclinaison mutuelle des deux triangles donne la pente, c'est-à-dire l'incli-
naison du courant.
Or le triangle géométriquement incliné, mécaniquement de niveau, est toujours
placé plus bas dans le prisme que le triangle géométriquement de niveau, mais méca-
niquement incliné, qui correspond au mouvement des molécules d'eau; ces deux
triangles se touchant d'ailleurs par un sommet commun, celui de plus fort nS\.
En effet, dans la valeur prise en bloc 7iS'l des sommets du second triangle, le coeffi-
ficient relatif à la compressibilité n augmente beaucoup plus rapidement, lorsque la
profondeur augmente, que le S^, car la température décroît généralement très lenle-
C. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N» 4.) 33
246 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ment avec la profondeur. Les «S^ sur une même arête du prisme augmenteront avec
la profondeur. Pour trouver sur les deux arêtes autres que celle portant le plus
fort nSl des valeurs égales à ce nS\, il faudra nécessairement descendre au-dessous
des sommets du triangle horizontal.
Il en résulte que le courant se dirigeant du côté du plus fort nS^ en sor-
tant du prisme cherche le plan de son équilibre, lequel, en dehors du prisme,
remonte vers la surface dans le sens de ce point de plus fort nS]. Uremonte
donc, lui aussi, vers la surface. En d'autres termes, le lit liquide d'un cou-
rant marin se rapproche de plus en plus de la surface. Le fait, constaté
directement sur le Gulf-Stream, est donc général. Les courants marins
coulent à contre-pente géométrique sur un lit liquide montant, contraire-
ment aux courants d'eau continentaux (ruisseaux, rivières et fleuves) qui
tous coulent suivant la pente géométrique, c'esl-à-dire sur un lit des-
cendant.
Il est évident que, lorsque deux courants marins de surfice se rencon-
trent obliquement, l'un d'eux doit passer par-dessous l'autre et, par con-
séquent, descendre. A importance égale, celui dont l'eau possède le plus
faible S^, continue sa roule après avoir été plus ou moins troublé dans sa
marche tandis que celui de plus fort S'^, d'eau plus lourde, est forcé de
plonger. Il en est ainsi sur l'emplacement des bancs de Terre-Neuve oîi le
Gulf-Slream, transformé en courant de dérive, poursuit sa roule vers l'Eu-
rope après sa rencontre avec le courant polaire froid.
On pourrait, pour faire saisir le paradoxe apparent d'un liquide coulant
à contre-pente, comparer lui courant marin à un système de deux vases
situés l'un au-dessus de l'autre et dont le liquide se déverserait du
supérieur dans l'inférieur, conformément aux lois de la pesanteur, le
système étant placé sur une i)lanchette qu'on élèverait d'une façon ré-
gulière.
Ce caractère de la circulation marine résulte très probablement d'une
sorte de soulèvement général de la masse des eaux océaniques par enlève-
ment continuel de la couche superficielle liquide due à l'évaporation plus
énergique dans les régions tropicales, action modifiée et compensée par
l'afflux d'eau douce (pluie, neige, icebergs de glaciers, eaux continen-
tales) plus abondant au contraire dans les hautes latitudes.
La connaissance des lois combinées de l'évaporation et de l'apport d'eau
douce à l'Océan, la répartition géographique de ces données éclairciraient
considérablement le problème de la circulation océanique.
SÉANCE DU 22 JANVIER 1906. 247
A 3 heures trois quarts l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à \ heures et quart.
G. D.
BULLETIN BIBI.IOCKAPHIQUR.
Ouvrages reçus dans la séance du i5 janvier 1906.
L'œuvre de Paul Tannery comme historien des Mathématiques, par H. -G.
Zeuthen, Correspondant de l'Institut. Copenhague, igoS; i fasc. in-8°. (Hommage de
l'Auteur.)
Annales de Paléontologie, publiées sous la direction de Marcellin Boule; t. I,
fasc. 1 et 2, janvier 1906. Paris, Masson et C''; i fasc. in-4''. (Présenté par M. Albert
Gaudry. )
Notice sur les instruments de précision appliqués à l'Œnologie construits par J.
Dujardin, successeur de Salleron; 4" édition. Paris, 1903; i vol. in-8°. (Hommage
de M. J. Dujardin.)
Etude sur le Glacier Noir et le Glacier Blanc, par MM. Charles Jacob et Georges
Flusin, et Rapport sur les observations rassemblées en août 1904 dans les Alpes du
Dauphiné. Grenoble, 1906; i fasc. in-8". (Hommage de la Commission française des
Glaciers.)
Essai sur la mentalité de l'homme aux temps quaternaires. Diluvium de la Seine
et de l'Oise, par G. Alix. Le Mans, igoS; i fasc. in-8°.
Annales de l'Institut national agronomique; a" série, t. IV, fasc. 2. Paris, igoS;
I vol. in-8°.
Revue bryologique, bulletin bimestriel consacré à l'étude des Mousses et des Hépa-
tiques; 33" année, 1906, n° 1. Cahan, par Alhis (Orne), T. Ilusnol; i fasc. in-S°.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de la Société de Biologie, publiés
le vendredi de chaque semaine; t. LX, n° l, 12 janvier J906. Paris, Masson et C'=;
I fasc. in-8°.
Archives de Médecine et Pharmacie militaires, publiées par ordre du Ministre de
la Guerre, paraissant une fois par mois; tome XLVI. Paris, igoS; i vol. in-8°.
Groups of order p'" tvhich contain cyclic subgroups of order p™^^, bv Lewis
Irving Neikirk. (Publications of the University of Pennsylvania ; séries in Mathe-
inatics, n° 3.) Philadelphie, igoS; i fasc. in-8°.
248 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Léo Errera, iSSS-igoS, par Jean Massart. Bruxelles, Hayez, igoS; i fasc. in-S".
(Hommage de M°" V''" Errera.)
Sur les caractères hétérostyliques secondaires des Primevères, par L. Errera.
Bruxelles, igoS; i fasc. in-8°.
Glycogène et paraglycogène chez les végétaux, par L. Errera. Bruxelles, igoS;
I fasc. in-S".
MM. H. MicBEELS et P. de Heen adressent en hommage six Opuscules sur divers
sujets de Chimie végétale.
Ouvrages reçus dans la séance du 22 janvier 1906.
Joseph Domhey, médecin, naturaliste, archéologue, explorateur du Pérou, du
Chili et du Brésil, 1778-1785. Sa vie, son œuvre, sa correspondance, avec un choix
de pièces relatives à sa Mission, une carte et cinq planches hors texte, parle D"" E.-T.
Hamt, Membre de l'Institut. Paris, E. Gniimoto, igoS; i vol. in-S". (Présenté par
M. Edmond Perrier.)
Etudes sur la végétation, thèse pour le Doctorat es Sciences physiques, soutenue
devant la Faculté des Sciences de Paris le 22 mars 1870, par Jules Raulin, avec une
planche hors texte, nouvelle édition conforme à roriginal, Paris, Masson et G'°, igoS;
I vol. in-8°. (Présenté par M. Roux.)
Le Mexique, son évolution sociale; Tomes I et II. Mexico, J. Ballesca et C'", 1900-
1902 ; 2 vol. in-f°. (Ofiert par le Ministre du Commerce et de l'Industrie à Mexico et
transmis par la Légation du Mexique à Paris.)
{A suivre.)
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 29 JANVIER 190G.
PRÉSIDENCE DE M. H. POINCARÉ.
MEMOIRES ET GOMMUrVICATlONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE VÉGÉTALE. — Nouvelles recherches sur les composés alcalins insolubles
contenus dans les végétaux vivants : feuilles de chêne; par M. Berthelot.
L'existence de composés insolubles du potassium et des métaux alcalins
dans les végétaux vivants, dans leurs débris morts et dans les matières
humiques et charbonneuses qui en dérivent, offre un grand intérêt, en rai-
son des échanges et migrations de cet ordre de composés, aux différentes
périodes de la végétation et dans ses différents organes, entre les eaux sou-
terraines et entre les matériaux solubles et insolubles des engrais, du sol
cultivé et du sol forestier, opposés aux principes immédiats et tissus des
plantesj arbres ou herbes, qui s'y développent. J'ai présenté à l'Académie
plusieurs Mémoires au cours de l'année igoS (') sur ce sujet, aussi vaste
qu'important pour l'agriculture.
Je me propose d'exposer aujourd'hui des expériences exécutées sur un
arbre forestier, le chêne (feuilles caduques, bois et écorce), étudié com-
parativement avec des graminées annuelles ( Fesiuca et herbes du foin),
ainsi qu'avec les feuilles mortes du chêne, étudiées précédemment. J'ai
(') Comptes rendus, séances du 4 septembre igoS; du 20 novembre igoS; du 26 dé-
cembre 1905.
C. R., 1906, 1" Semestre. (T. CXLII, N' 5.) 34
230 ACADEMIE DES SCIENCES.
étendu mes analyses non seulement aux composés insolubles du potassium
et du calcium, mais à ceux du sodium et du magnésium.
I. — Feuilles de chêne fraîches : État initial.
Le i8 se|)lembre igoS, on a récolté 5 kilogrammes de feuilles de chêne
vertes en bon élal; on les a séparées des pétioles et l'on a découpé les
limbes, par 4 ou 6 sections normales à l'axe. On a opéré un mélange aussi
homogène que possible, dans l'espace d'une demi-heure. Ces feuilles, trai-
tées par l'hydrate de chaux à froid, n'ont pas fourni d'ammoniaque.
Leur distillation avec de l'eau pure développe une odeur aromatique
spéciale. Le liquide dislillé dans les premiers temps, c'est-à-dire en pré-
sence d'un grand excès d'eau, est neutre et il ne contient pas de furfurol,
mais seulement une trace d'un composé capable de réduire l'azotate
d'argent ammoniacal.
Voici le résultat de l'analyse de ces feuilles.
En chauffant à l'étuve à i io°, on obtient : loo^ matière sèche +117S
eau (perte).
La matière sèche à son tour, brûlée dans une nacelle par un courant
lent d'oxygène et une colonne d'oxyde de cuivre, a fourni, pour io4",8 :
loos de matière organique + 4^,8 matière minérale (').
(') Ce poids représente le poids réel observé, diminué du poids de l'acide carbo-
nique qui y était combiné. Voici comment j'opère :
La matière, séchée à 110° et pesée, est disposée dans une nacelle de porcelaine, que
l'on glisse à l'extiémilé d'un tube à analyse organique, en arrière d'une longue colonne
d'oxyde de cuivre. On opère la combustion dans un courant lent d'oxygène et Ion
recueille, comme à l'ordinaire, l'acide carbonique et l'eau. Cela fait, on pèse la -nacelle,
qui contient les cendres carbonalées. On y dose l'acide carbonique, en les traitant par
un acide étendu et pesant cet acide.
D'une part, le poids de cet acide est retranché du poids des cendres trouvées d'abord ;
et, d'autre part, on ajoute le carbone qu'il renferme à celui qui a été recueilli dans
l'analyse organique proprement dite.
D'après ces indications, on voit que le poids indiqué dans le présent Mémoire pour
la matière minérale représente le poids de cendres trouvé, diminué du poids de
l'acide carbonique qu'elles renferment. On sait que ce poids ne répond pas exacte-
ment à l'équivalence des alcalis, en raison de la décomposition partielle des carbonates
de magnésie, de chaux, etc. Cette méthode d'analyse s'applique à tous les nombres
indiqués dans le présent Mémoire.
■SÉANCE DU 29 JANVIER 1906. 25 1
Knsemljle
des composés organiijiies
Matières minérales.
100=,
'l^8 + C0'.
SiO' = y, 32
G =5i,9
GaO =1,36
H = 5,7
MgO =r o,4o
Az =: 1,6
K-0 =0.88
0 =39,8
Na-0 = o,o5 à 0,10 (')
100,0
4,0
Divers : 0,8
4,8
On voit que la soude ne forme qu'une faible fraction, comparée à la
potasse. La magnésie est notable.
II. — Action de l'eau.
Un échantillon des feuilles fraîches a été traité par macération, dans les
conditions décrites précédemment (séances du 4 septembre, p. 439, et du
20 novembre, p. 79^) en parties solubles et parties insolubles, qui ont été
analysées séparément. On a opéré par macération à froid et par macération
à chaud.
1° Macération à froid.
100*^ de l'échantillon frais ont fourni :
Partie insoluble (sécliée à 1 10°) 37,0
l'artie soluble (séchée à 1 10°) 5,3
Total 42,3
Soit pour 100 de matière séchée à 110°, en portions séparées :
Partie insoluble 87 , 5
Partie soluble 1 2 , 5
(') On a dosé la potasse et la soude par deux méthodes difTérenles : l'une consis-
tant à amener ces deux bases réunies à l'état de sulfates et à déterminer le poids de
l'acide sulfurique SO', contenu dans un poids connu des mélanges. L'autre consiste à
précipiter de ce mélange la potasse à l'état de cliloroplatinate, après l'avoir changé
en chlorure par le chlorure de baryum et à peser le chlorure de sodium contenu dans
l'eau mère débarrassée de platine par l'hydrogène sulfuré.
En opérant avec soin, les résultais sont suffisamment concordants. On a pris la
moyenne.
2.^2
ACADEMIE DES SCIENCES.
La pallie soliib/c cniirenail pour loos de inalière or-
ganique :
C.
H..
Az.
O.
46, 60
4,85
0,59
47>96
100,0
Mat. miii
SiO^ ...
CaO....
MgO ...
K^O..
Na^-0.
10,8 + C0'-
0,9
9,3
I ,o5
6,0
0,17
10, 4a
La partie insoluJ}lc contenait pour loos de matière
organique :
C.
H.
Âz.
O.
53,4
6,3
3,4
36,9
Mat. min
4,3 + GO'
SiO^ ...
1,47
CaO....
.,40
MgO ...
o,3o
K^O. ...
0,17
Na'-O...
à peu près nulle
D'après ce.s chiffres, la nature organique soluble est sensiblement plus
pauvre en carbone et plus riche en oxygène que la matière insoluble; ainsi
qu'on pouvait s'y attendre. Le rapport de l'hydrogène au carbone est un
peu plus fort dans la matière insoluble; mais la différence porte surtout sur
l'azote, concentré en presque totalité dans la matière insoluble.
Cette dernière contient plus de matière minérale en poids absolu, mais
moitié moins en proportion relative. La potasse et la soude se concentrent
dans la partie soluble; la magnésie et même la chaux y sont plus fortes
relativement, mais non en poids absolu. La soude est à peu près nulle dans
la portion insoluble.
On remarquera encore qu'il y a une dose notable de silice dans la partie
soluble; quoique cet oxyde domine dans la partie insoluble.
2" Macération à chaud.
looô, échantillon frais, ont fourni :
Partie insoluble séchée à 1 10° 33 , i
Partie soluble séchée à 1 10° 1 1 , "2
Total 44,3
Soit pour ioqb sèches à 110°, en deux parties séparées :
Partie insoluble 74>^
Partie soluble 2.5,2
La quantité relative de matière solubilisée a donc été à peu près doublée
en opérant à chaud.
il
SÉANCE DU 29 JANVIER 1906.
253
La partie soluble contenait pour 100 de matière
organique :
c.
n. .
Az.
0..
49>2
5,3
0,82
4417
100,0
Mat. min. S.G-^-CO-^
SiO^ ..
. 1,0
CaO. ..
I ,i5
MgO...
. 0,8
K'iO...
3,56
Na^O. .
. 0,25
La partie insoluble contenait pour 100 de ma-
tière organique :
C.
H. .
Az.
O. .
53,2
Mat. min.
4, 3 + GO'
6,1
SiO-^...
1,4
3,3
CaO. ...
1 ,55
37,4
MgO....
0,24
100,0
K^O
Na^O . . .
0,20
insensible
Les résiiltaLs de la macération à chaud sont analogues à ceux de la
macéralion à froid; avec cette différence toutefois que la dose de ma-
tière soluble, tant organique que minérale, étant accrue, la compo.sition
de ces deux portions tend à se rapprocher de celle de la matière inso-
luble. Cette dernière est à peu près la même dans les macérations à chaud
et à froid.
Si l'on compare ces résultats avec l'analyse des feuilles de chêne mortes
(séance du 4 septembre igoS, p. 438, 439). on remarque que la composi-
tion de la matière organique totale y était à peu prés la même que celle de
la matière insoluble des feuilles fraîches; sauf perte de près de la moitié de
l'azote. Mais les matières minérales, la silice surtout, y étaient beaucoup
plus abondantes : circonstance attribuable en grande partie au contact des
feuilles mortes avec le sol qui y adhère. La dose de la potasse demeurée
insoluble est d'ailleurs à peu près la même.
Les feuilles mortes ont fourni à la distillation du furfurol, qui n'a pas été
observé avec les feuilles fraîches.
Avec les feuilles vivantes de Festuca (graminées; séance du 20 no-
vembre igoS, p. 7g4) la composition de la matière organique soluble a été
trouvée à peu près la même que celle de la matière insoluble, contrairement
aux feuilles de chêne. La potasse, dans les portions solubles et insolubles,
était à peu près la même que pour les feuilles de chêne; mais la dose de
silice est beaucoup plus considérable, comme on le sait d'ailleurs.
111.
FkUILLES de CHftNE FRAICHES. — DOUBLES DÉCOMPOSITIONS SALINES.
Ces expériences ont été exécutées dans les conditions décrites pour le
foin (séance du 20 novembre 1903, p. 795 et suivantes).
î?,54 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Voici le Tableau des résultats :
1. — Action de l'acétate de potassium.
Macération,
État naturel. à froid. à chaud.
Soluble solution saline. 2,54 + 0,67 =: 3 ,21 3,o 3,o
Matière insoluble 0,16 o,3 0,28
K=0 3,37 3,3 3,23
Soluble 0,10 0,22 0,23
Matière insoluble 1,23 i,i3 1,12
CaO 1,32 1,35 r,35
Soluble 0,11 0,17
Matière insoluble 0,26 0,18
MgO 0,37 0,35
Na^O soluble : 0,00. Variations non mesurables.
La dose de potasse insoluble a un peu augmenté. La chaux et la magné-
sie ont été au contraire solubilisées pour une faible dose ; tous résultats con-
formes à la théorie générale des équilibres résultant de la double décom-
position.
Des faits et des lois analogues ont été signalés dans mes précédentes
Communications (notamment séance du 4 septembre 1900, p. h\t\, séance
du 20 novembre iqoS, p. 196-197 et passirn), ainsi que leurs conséquences
en Physiologie végétale et en Agriculture.
2. — Action de l'acétate de sodium.
Etat Macération
initial. à chaud.
Soluble solution saline. i,70-)-o,o5 1,5
Matière insoluble 0,00 0,1
Na'-0 7^5 ~7^
Soluble 0,67 0,74
Matière insoluble 0,16 0,1 3
K=0 0^83 ^^7
Soluble o, 10 0.30
Matière insoluble 1,22 1,1 5
CaO 7732 1,35
SÉANCE DU 29 JANVIER 1906. 255
Soluble 0,11 o,io
Matière insoluble 0,26 o,25
MgO 0,87 ^ 0,35
Une petite quantité de soude est devenue insoluble; tandis que la
potasse et la chaux ont été solubilisées en faible dose.
Ces résultats sont susceptibles d'applications à la végétation dans les
terrains salés, à la condition de faire intervenir les réactions qui changent
une partie du chlorure de sodium en carbonate et autres sels d'acides
faibles.
3. — Action de l'acétate de calcium.
État initial.
Soluble solution saline. i,33-t-o,i6
Matière insoluble 0,71
CaO 2,19
Soluble 0,67
Matière insoluble 0,16
K-^0 0,83
Soluble 0,11
Matière insoluble 0,26
:ération à chaud.
0
.67
I
M
2
,08
0
,86
0,
,04
0
>90
0
,25
0,
,i5
MgO 0,37 o,4o
Une proportion notable delà chaux est devenue insoluble; tandis que
la potasse et la magnésie ont été en partie solubilisées.
Ces résultats peuvent trouver leur application aux végétaux développés
dans les terrains calcaires.
k. — Action de l'acétate de magnésium.
Etat initial.
Macération à
Soluble sol
ulion saline. i,54-f-o,ii
1,27
Matière insoluble. . .
MgO...
0,26
0,43
1,91
i,7Q
Soluble
0,67
o,83
Matière insoluble . . .
K^O. ..
0, 16
o,o3
. . 0,83
0,86
Soluble
0,10
0,33
Matière insoluble. . .
CaO...
1 ,22
1,06
1,32
i,3q
2>b
ACADEMIE DES SCIENCES.
La dose de magnésie insoluble s'est accrue; tandis que la potasse et la
chaux ont été en partie solubilisées : toujours conformément à la théorie
générale.
Ces résultats sont applicables aux végétaux développés dans des terrains
contenant de l'eau de mer, dont on connaît la richesse en sels magnésiens,
ainsi qu'aux terres dolomitiques.
IV. — Traitement par l'acide chlorhydrique.
Voici maintenant les résultats comparatifs obtenus en traitant un même
échantillon de feuilles de chêne, séchées à iio" d'abord, successivement
par l'eau pure et par l'acide chlorhydrique étendu; puis en faisant agir
l'acétate de potassium. Ces expériences avaient pour objet d'examiner la na-
ture du composé acide formant avec la potasse un composé insoluble
(séance du 26 décembre, p. i io3 et suiv. : étude du charbon de bois).
Partie soluble séchée à 1 10°.
Macération
à froid.
18,3
Partie insoluble séchée à 1 1 0° 8 ' > 7
Matière minérale.
Pour loos de l'exlrait soluble séché à i io°.
SiO^ 1,35
CaO 0,72
MgO G, 63
K'0 4,1'
loosde la partie insoluble séchée à iio°.
SiO^ i,4o
CaO 1,46
MgO 0,24
K-0 0,07
La partie insoluble dans l'eau a été traitée à froid par l'acide chlorhy-
drique étendu.
loos de cette matière ont fourni ensuite :
Produit insoluble 9^,2
Produit soluble 4,8
Matière minérale.
Pour 100» de l'extrait soluble.
Si0= 0,39
CaO '5,70
MgO 5,2
K'0 2,1
Pour ioqs de matière insoluble.
SiO^ i,r,
CaO 0,88
MgO traces
K^O nulle
SÉANCE DU 29 JANVIER 1906. 9.5']
On voit que toute la potasse et presque toute la magnésie ont été
dissoutes; une fraction sensible de la chaux demeurant insoluble.
La matière restée insoluble, après traitements successifs par l'eau et par
l'iicide chlorhydrique étendu, a été lavée jusqu'à absence d'acidité de l'eau ;
puis desséchée à 110° et traitée ensuite par une solution d'acétate de
potassium.
La liqueur distillée a fourni une dose notable d'acide acétique mis en
liberté, constaté par sa transformation successive en acétate de baryum
et éther acétique.
Sur un autre échantillon, étudié sans distillation, on a dosé la potasse
et la chaux dans la portion soluble et dans la matière restée insoluble.
Voici les résultats du traitement par l'acétate de potassium :
Etal Vprès iiiacéiMlion
inilial. à fniid.
Potasse soluble 2,3 1,-
Matière insoluble 0,0 o,5
K-0 2,3 2,2
Potasse soluble 0,0 o,o36
Matière insoluble <),S6 0,81
CaO 0,86 0,80
On voit que le quart environ de la potasse a régénéré un sel insoluble;
une partie de la chaux avant été solubilisée.
Il résulte de l'ensemble de ces observations que la matière traitée par
l'acide chlorhvdrique renfermait un véritable acide insoluble, dont l'exis-
tence explique les faits observés.
Ces résultats sont différents de ceux qu'on observe avec la matière noire
constitutive du charbon de bois; laquelle après traitement chlorhydrique
ne renferme plus d'acide susceptible de faire la double décomposition avec
les sels de potassium (séance du 26 décembre 1905, p. 11 86). Elle retient
d'ailleurs une certaine dose de potasse insoluble, même après' ce traite-
ment; ce que ne font pas les feuilles de chêne. Ce double caractère dis-
tingue donc les composés potassiques insolubles existant dans la feuille
vivante et ceux du charbon de bois. De là résulte une certaine lumière sur
la constitution et l'énergie relative des acides insolubles formant des com-
posés alcalins insolubles dans les végétaux.
C. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N° 5.) 35
a58 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ZOOLOGIE. — Capture d'un Cachalot du genre Kos,in Gray sur les côtes
de la Manche à Roscoff. Note de M. Yves Delage.
Le 27 décembre dernier un petit Célacé de 2"*, 2,5 de long est venu
s'échouer vi^ ant sur la grève sablonneuse de Siec à G'^™ environ de Roscoff.
Il eût été facile de le capturer et de l'apporter vivant au Laboratoire où on
eût pu, pendant quelque temps au moins, l'observer dans son élément
naturel, dans le grand vivier du Laboratoire qui mesure presque 1000"°'
de surface. Malheureusement l'animal a été aperçu non par le personnel
de la Station, ni par des pêcheurs habitués à nous apporter les animaux
rares ou curieux, mais par des paysans qui l'ont immédiatement assommé à
coups de bâton, traîné dans un champ où ils l'ont lacéré de coups de
couteau et finalement abandonné aux chiens, qui ont pu s'en repaître à
leur aise.
La tête cependant avec le cou a été séparée du tronc et portée au bureau
de la Marine à Roscoff en vue de la prime de S*^"" accordée par l'adminis-
tration de la Marine pour la capture des Cétacés.
C'est alors seulement que le personnel du Laboratoire, informé de la
capture, a pu acquérir la tète et ce qui restait du tronc : le squelette à peu
près entier, le pénis avec la région avoisinante et quelques débris de vis-
cères plus ou moins endommagés.
L'examen de la tête, dont les photogravures ci-contre représentent les
faces dorsale et ventrale, m'a permis de reconnaître que l'animal est un
Cachalot nain du genre A'o^m (Gray) à peu près sinon tout à fait adulte.
La déleniiinalion générique ne présente point d'incertitude. L'animal se
dislingue en effet du grand Cachalot ordinaire Physeter par sa taille beau-
coup plus petite, par sa tête beaucoup plus courte relativement à la lon-
gueur du corps, par son museau conique au lieu d'être arrondi en forme
de dé à coudre, par sa bouche très petite et très reculée vers l'arrière, enfin
par son évent arciforme, transversal, asymétrique, dévié à gauche et situé
un peu en avant des yeux au lieu d'être longitudinal, sigmoïde et presque
terminal comme chez le grand Cachalot. Sa couleur est d'un gris ardoisé,
foncé sur le dos et d'un blanc sale tacheté en dessous. Comme la plupart
des Cachalots recueillis dans des circonstances analogues, celui-ci est un
mâle.
26o ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'intérêt de celte capture consiste dans la rareté très grande de cet ani-
mal dont on n'a pu observer jusqu'ici qu'un nombre fort restreint d'exem-
plaires et surtout dans le fait qu'on ne l'avait jamais rencontré jusqu'ici
dans les mers d'Europe ni à une latitude aussi septentrionale. Les exem-
plaires précédemment recueillis jjrovenaienl Ions lie l'hémisphère antarc-
tique (Atlantique, Pacifique et Océan Indien) et, en ce qui concerne l'hé-
misphère nord, de la côte atlantique des Étals-Unis, à près de 10° plus au
Sud.
En ce qui concerne la détermination spécifique, une l'éponse positive ne
pourra être fournie qu'après l'étude de certaines particularités du squelette.
11 semble cepemlanl, d'après l'examen des caractères extérieurs, que l'on
puisse éliminer le^. simus, |)ourvu d'une paire de dents à la mâchoire supé-
rieure et de g paires à la mâchoire inférieure, tandis que le nôtre en a
12 paires à la mâchoire inférieure et aucune à la supérieure. Ce pourrait
être un Kogia breviceps (de Blainville) bien que ce dernier soit donné
comme pourvu de i4 à i5 paires de dents à la mâchoire inférieure.. Quant
aux A'. Floweri, Grayi et Poltsi leurs caractères sont bien insuffisamment
connus, si tant est même qu'ils soient de véritables espèces.
Pour tirer le meilleur parti possible de cette importante capture je me
suis assuré le concours de |)ersonnes en état d'en faire une étude fruc-
tueuse. Comme les autres Cachalots l'animal est leuthoph ige. L'estomac de
celui-ci contenait un grand nombre de becs de Céphalopodes que M. le
professeur Joubin a bien voulu se charger d'examiner. L'intestin contenait
une grande quantité de Nématodes et deux Cestodes singuliers à tète en
cornet d'oublié. M. Guiart, du Laboratoire de Parasitologie de l'École de
Médecine, a bien voulu se charger de leur étuile. Enfin M. Hérubel, prépa-
rateur au Laboratoire de Zoologie de la Sorbonne, fera l'étude anato-
mique aussi complète que possible de la tête. Cette dernière fournira sans
doute des documents intéressants sur l'anatomie des organes qu'elle con-
tient : encéphale, bouche, langue, voile du palais, fosses nasales, cavités
du sperma ceti, pharynx, larynx, oreille (les yeux malheureusement ont
été crevés).
SÉANCE DU 29 JANVIER I906. 261
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur certains systèmes de cercles et de sphères
qui se présentent dans la déformation des quadriques. Note de M. C
GuiCUARD.
1. Soient Q' une surface applicable sur une quadrique Q, M et M' deux
points correspondants de ces surfaces que nous supposons rapportées à
leur système conjugué commun. Soient I un point fixe, S la sphère qui a
pour centre M' et pour rayon MI; cette sphère touche son enveloppe en
deux points I' et 1', symétriques par rapport au plan tangent en M'; l'un de
ces points F est la position que vient occuper le point I quand on fait rouler
Q sur Q'.
Désignons par j,,y2» J'a 'es coordonnées de M', pai- X,, X.,, X, celles
de M, l'origine étant en I. Les coordonnées (Y,, ..., Y5) de la sphère S
sont :
(1) Y,=j,, Y, = j„ Y3 = j„ Y,-f-jY.= i, Y,,-/Y,= 2X='-2j='.
Cette sphère est O, car
(2) 2Y'=:=2X- et ldY- = 1d\-.
Si maintenant/(X) est l'équation de la quadrique, on aura
(3) i/(x) = X; + X^+\^+P;+P^+... + P;:==o,
P,, Pj, ..., P„ étant des fonctions linéaires des X; par conséquent la
sphère S est («4-i)I, les coordonnées complémentaires étant P,,
P P
Pour réduire n au minimum, il faut placer le point I sur une focale;
l'équation de la quadrique rapportée à ses axes étant
(4) {i+p^)x\ + {i-^f)xl + xl~i = o.
La focale du plan XfX.^ a pour équation
Le point I(^,, ^o, o) étant supposé sur cette focale, on aura
(6) /(X) = X; + X^ + X^ + (/.X. + -^^.)V(yX,+ -^^,)\
262 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La sphère S est donc 31; les coordonnées complémentaires Z, et Z^ sont
(7) Z.=,^X,^A^;,. Z, = 7X,+ ^^,.
Le point I étant toujours sur la focale, on a aussi
l/(\) = X; + X^+ X^ + U(,4-^-')_,x. + -^^^±g^Y
(8)
+ (V>. - I X,
en sup|)Osant que 1 soit racine de l'équation
L'équation (9) admet toujours les racines X = 1 ; elle admet, en général,
une autre racine distincte de o ou de i; c'est cette racine qui figure dans
l'équation (8); il en résulte que la sphère S décrit un système 4L les coor-
données complémentaires T,, T^, T, ayant les valeurs suivantes :
\ T:, — \/a — I X 3 .
2. Cercles conjugués. — Soit 9 une solution quelconque de l'équation de
Laplace à laquelle satisfont les fonctions X et Y. Le point de l'espace à
Y
cinq dimensions, qui a pour coordonnées -t^j décrit un réseau ; il y corres-
pond un système de cercles (C) conjugué aux sphères (S). Le cercle C
passe par les points F, I', oîi la sphère S louche son eiivelop|)e: si, de [)lus,
0 es! une fonction linéaire de X,, X^, X.,, l'axe du cercle C est la droite du
plnn tangent en M' qui correspond, par roulement de Q sur Q', à la dmile
d'intersection du plan tangent en M avec le plan dont l'équation est 0 = o.
Nous allons donner des exemples :
Y
i" O^Z.-i-f'Zj. — Le système de cordes C est 0; il est en général 31, le rése^iu — -
de l'espace à cinq dimensions étant applicable svir le réseau — de l'espace à trois; il
pourra se produire une réduction si 0 est une combinaison homogène de X, et de X^,
SÉANCE DU 29 JANVIER lgo6. 263
cest-à-dire si
— I, + i '— i, = o.
p n
Le point I est alors un ombilic; l'équation (9) admet la racine X = 0; le système S
ne peut plus ètie considéré comme un système 41; le système de cercles C est O, 2I;
les pôles d'un tel cercle décrivent des surfaces isothermiques; on voit facilement que
ces pôles correspondent aux points d'intersection du plan tangent en M avec les géné-
ratrices menées en I sur la qiiadrique (Daiibolx, Comptes rendus, 1S99).
2° 0=:X,-|- fX,. — Le système C est I, il est en général 30, les coordonnées com-
plémentaires élanl — ) -^- Il se produira une réduction si 6 est une combinaison homo-
gène de c, et ;.,, c'est-à-dire si
^ + p- , .i+i/-.
Le point S est le point de contact d'une tangente isotrope à la focale. L'équation (9)
admet la racine double X =: i; le système G est I, 2O.
3° Nous allons montrer qu'on peut former une combinaison isotrope de T,, T,, T3
qui est en même temps une combinaison isotrope de X,, X2, Xj. Posons en efl'el :
e = ïT, + ? T., 4- yTj. X- H- V -V ■;'- — o.
Pour que 6 soit homogène par rapport à X,, X,, X3 il faut (nendre
„_ (■ + v-);2 „_ (n-/'-);i
P^
on aura ensuite
X(.
On aura alors
0 = ï ^Xi^i^pi-)— ,X, 4- 3 v/X(n-<7'-) — iXo 4- Y v^^. - I X3.
Pour que 0 soit une combinaison isotrope de X,, X,, X3, il faut que
a"-[X(i-^/.')-,] + p-^[X(, + r/)-,]4-Y=(X-i) = o
et, en remplaçant «'-, fi-, y" par leurs valeurs, on trouve, après réductions, la condition
X(,+/yO-.''^X(H-y^)-,^^
qui est une conséquence immédiate des équations (5) et (9).
0 étant une combinaison isotrope des X, le système C est I; de même Ô
264 ACADÉMIE DES SCIENCES.
étant une combitiiiisoii isolro|)e deT,, T^, T., le système sera 20;on obtient
encore des systèmes I, 2 O.
On vérifie facilement que le jilan dont l'équation est 0 = o est un plan
isotrope mené par la tangente en là la focale; ce plan contient une normale
isotro|)e à la focale au point I; cette normale est une génératrice de la
développable circonscrite à la qnadrique et au cercle à l'infini. On a donc
le théoième suivant :
Soient G une génératrice (non située sur la qnadrique) de fa développable
circonscrite à la qnadrique Q et au cercle à l'infini, P le point où G rencontre
le plan tangent en M à la qnadrique; si l'on fait rouler la qnadrique Q sur une
de ses déformées Q', le point P vient occuper une position F'; le point P' décrit
une surface I, 2O.
J'ai indiqué les principales propriétés des surfaces I, 2O dans mon
Mémoire Sur les systèmes orthogonaux et les systèmes cycliques (^Annales de
l' Ecole Normale supérieure . 1903, §94); ces surfaces jouent un rôle impor-
tant dans la recherche des surfaces isothermiques.
M. A. DE Lapparent fait hommage à l'Académie d'un Volume de M. F.
DE MoNTEssus DE Ballore, intitulé : Les tremblements de terre. Géographie
séismologique. Ouvrage dont il a écrit la Préface.
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de Com-
missions de prix chargées déjuger les concours de l'année igo6.
Le dépouillement du scrutin donne les résultats suivants :
Mathématiques : Grand prix des Sciences mathématiques. Prix Francœur,
Poncelet. — MM. Jortlan, Poincaré, Emile Picard, Aj)pell, Painlevé,
Humbert, Maurice Levy, Darboux, Boussinesq.
Mécanique : Prix Monlyon, Boileau. — MM. Maurice Levy, Boussinesq,
Deprez, Léauté, Sebert, Vieille, Poincaré, Haton de la Goupillière,
Schlœsi ng.
Navigation : Prix extraordinaire, Plumey. — MVL Maurice Le\y, Bou-
quet de la Grye, Grandidier, Boussinesq, Deprez, Léauté, Bassot, Guyou,
Sebert, Hatt, Bertin, Vieille.
SÉANCE DU 29 JANVIER 1906. 265
Astronomie : Prix Pierre Guzman, Lalande, Valz, Janssen. — MM. Jans-
sen, Lœwy, Wolf, Radau, Deslandres, Bigourdan, Lippmann, Poincaré,
Darboux.
GÉOGRAPHIE : Prix Tchihatchef, Binoux, Delalande-Guérineau. —
MM. Bouquet de la Grye, Grandidier, Bassot, Guyou, Hatt, Berlin,
de Lapparent, Perrier, Yan Tieghem.
Celte Commission est également chargée de présenter une question de
Prix Gay pour l'année 190g.
Physique : Prix Hébert, Hughes. — MM. Mascart, Lippmann, Becquerel,
Violle, Amagat, Curie, Berthelot, Maurice Levy, Poincaré.
CORRESPONDANCE .
M. le Secrétaire perpétuel annonce la mort de Sir John Burdon Sander-
son. Correspondant de l'Académie pour la Section de Médecine et Chi-
rurgie.
M. le Ministre de l'Intérieur invite l'Académie à lui présenter une liste
de trois de ses Membres pour la place à attribuer à l'Académie dans le
Comité consultatif d'hygiène publique de France. Cette place est actuelle-
ment occupée par M. Emile Roux, dont les fonctions expirent le 18 fé-
vrier 1906.
L'Académie nomme une Commission formée des membres de la Section
de Médecine et de Chirurgie auxquels sont adjoints :
MM. Brouardel, Labbé, Roux.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, les Ouvrages suivants :
1" Le Tome XVI de l'édition nationale des Opère di Galileo Galilei, pu-
bliée sous les auspices de Sa Majesté le roi d'Italie.
1° Introduction à Cétude de la Chimie, par le D'' Maurice de Thierry.
(Présenté par M. Henri Moissan.)
3° Description géologique de l'île d'Ambon, par R.-D.-M. Verbeek.
4° Description de la Jaune jurassique du Portugal. Polypiers du jurassique
C. R., 1906, 1" Semestre. (T. CXLII, N° 5.) ^<j
266 . ACADÉMIE DES SCIENCES.
supérieur, par F. Roby, avec une notice stratigraphique par Paul Choffat.
(Présenté par M. Albert Gaudry.)
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les équations différentielles du second ordre
dont l'intégrale générale est uniforme. Note de M. Gambier, présentée
par M. Painlevé.
Je me suis proposé d'étudier les équations différentielles du second ordre
V(y',y',Y,x) = o
oîi P est un polynôme du second degré en y", rationnel en y', algébrique
en y et analytique en x, dont l'intégrale générale est ou fonction uniforme
de X ou fonction à points critiques fixes.
J'applique pour cela une méthode développée par M. Painlevé pour les
équations du premier degré en y" .
On sait, d'après les résultats obtenus par M. Painlevé, que l'équation,
résolue en y", est nécessairement de la forme
y"= A,y^ + A.y'-i- A3+ v/A^y"'+ Aj/M- A„/-+ A7/+ A,
où les A sont algébriques en y et analytiques en x, et qu'une transforma-
tion élémentaire permet de supposer, pour x quelconque, les A rationnels
en y ou bien rationnels en y et \ly{y — OLJ" ^(^'jj' ^^ qu'enfin, si
y' ^ (p(j',a7) est racine impaire du polynôme en j'' sous le radical, l'équa-
tion différentielle jk' — <p(k, a;) = o définit un ensemble particulier d'inté-
grales de l'équation proposée.
Ces premières conditions acquises, poursuivons l'étude des conditions
nécessaires en faisant la substitution de M. Painlevé : a; ^ a?, + a K et an-
nulant a, d'où l'équation
y" = y [a, (x„ y) + \/k,(x„y)]
dont l'intégrale générale doit être uniforme; si nous posons alors
z = A,{x,y)-hs/-'^A{^^.y),
z et j' sont liés par une relation algébrique et l'on est nécessairement dans
l'un des trois cas suivants :
1° Ou bien les deux valeurs de c sont rationnelles enj';
2" Ou bien la relation entre y et z est unicursale;
3° Ou bien cette relation est de genre i.
Bornons-nous, dans ce qui suit, au cas où P est rationnel en y.
SÉANCE DU 29 JANVIER 1906. 267
Quand les deux valeurs de z sont rationnelles en y, on peut su[)poser,
erace a une transformation y = \ ' . j-^ eliectuee sur 1 équation pri-
mitive, que l'une d'elles coïncide avec une des huit expressions inliquées
par M. Painlevé à la page 3o du Tome XXV des Acta nialheinatica (Mé-
moire Sur les équations différenlielles dont l'intégrale générale est uniforme)
et l'autre avec une des neuf expressions indiquées à la page 29 du même
Mémoire; en tout soixante-douze cas à examiner.
Si la relation entre j et ^ est unicursale, on peut, après une transforma-
tion analogue sur y, supposer que l'on a exprimé j et = au moyen d'un
paramètre 6 par les formules
j = 6-, 202:; + i + 0/(0) = o,
où /(O) coïncide avec l'une quelconque des huit dernières expressions
indiquées à la page 29 du même Mémoire (où j a été remplacé par 6);
d'où huit cas à examiner.
Si la relation entre j- et z est de genre i, on peut, moyennant une trans-
formation algébrique, supposer que cette relation est
02
.4/^ - g,y - g^ oV4 j^ - g^.y - g^^
{g.,y g:t constantes numériques, 2(o période quelconque depÇu, g^, g,).
Ces conditions sufiisent pour donner un nombre limité de valeurs
possibles pour A, et Aj. D'ailleurs on démontre aisément que tout pôle
de A, et A3 est simple et pôle de A,, que tout pôle de A.i, A5, A^, Aj, Ag est
double au plus et pôle de A,. Ces résultats s'étendent au point/ = 00 par
la transformation y= y et appliquant au pôle Y = o s'il y a lieu. Cela
limite le degré des A en y.
Le cas le plus simple est donc celui où les deux valeurs de ^ se réduisent
à zéro : A,^o, A.^o. Dans ce cas, on trouve immédiatement que les A
sont des polynômes en r, de degré en y égal respectivement à
Ao A3 A5 Afi A, Ag
I 3 0246
J'étudie complètement dans cette Note le cas où A,^o, A^^o e/ où, de
plus, le polynôme en y' sous le radical n'a qu'une racine triple.
L'équation est nécessairement de la forme
y" = y(ay -f- Z-) + (Ay' ■+- 2 \^y -f- C) [(2A — «)y 4- al3 - />|
■+- A'j* + 2 B' 7 + C -i- g{x) {y' - Ay' - 2 Bj — C)%
208 ACADÉMIE DES SCIENCES.
OÙ a, b, A, B, C sont des fondions analytiques de x. A', B , C sont les
dérivées de A, B, C par rapport à x.
Une telle équation peut se ramener par une substitution
y = \{x)Y^lJ.{x), X = ç(a7).
Si A ^o, à la forme
Y"=Y'(a,Y+è,)-t-Y'^
>., ^., (p s'obtenant par trois quadratures.
Si A ^ o, à la forme
Y"=Y'(a,Y + i,) + (2--«.)Y^-^.Y^-+-5-.(X)(Y'-Y^/,
[A s'obtenant par une équation de Riccati, \ ot cp par deux quadratures.
lia transformation algébrique Y'= Y-u- ou Y' — Y- = Y-u-, suivant que
l'on est dans le premier cas ou dans le second, conduit à une équation en u
du second ordre, du premier degré en u" et rationnelle en u' et u; en se
reportant aux résultais de M. Painlevé, on reconnaît que l'équation en Y
coïncide nécessairement avec l'un des types suivants, dont l'intégrale est
d'ailleurs uniforme : fraction rationnelle en X ou en e'"^ ou fonction ellip-
tique de X,
Y"=Y'"-,
Y"=6YY'— 4Y^ + A(Y'- Y-f , /* constante,
^' (Y'— Y^f, /2 entier >i,
2/(Y'-Y^)i
Y"= - 4 YY' + 6Y' + 4^( Y' - Y-)^
Y"== - 8YY'+ ioY' + î:v/2(Y'— Y=)^
Y" = — 2YY'+4Y»+ ^(Y'- Y-f,
s/S
Y" = 2 Y' - 44: ( Y' - Y= Y .
On sait reconnaître à l'avance sur l'équation donnée, au moyen de rela-
tions algébriques entre les coefficients, si la réduction à l'une de ces formes
est possible et alors \, [j., çp s'obtiennent :
Dans le premier cas par trois quadratures;
Dans le second, \i- par une équation de Riccati irréductible et 7^ et <p par
deux quadratures;
SÉANCE DU 29 JANVIER 1906. 269
Dans lous les autres cas, y. est une fonction ralionnelle de A, B, C et i;
1 et (p s'obtiennent par deux quadratures.
Donc le cas où A,^o, A^^o et où en même temps le radical n'a qu'une
racine triple, ne conduit qu'à des équations intégrables; mais ce n'est que
le plus simple des cas nombreux qui existent et dont je me propose de pour-
suivre l'étude.
PHYSIQUE. — Sur le spectre de flamme du mercure. Note de
M. C. DE Watteville, présentée par M. Lippmann.
Tandis que la plupart des métaux donnent, soit dans la flamme du
mélange de gaz d'éclairage et d'air, soit dans celle du chalumeau oxhy-
drique, un spectre plus ou moins riche en raies, le mercure semblait être
l'un des rares d'entre ceux qui ne possèdent pas cette propriété. Au cours
de leurs beaux travaux, MM. Hartley et Ramage n'ont pu photographier
ni raies, ni bandes du mercure en en chauffant l'oxyde dans la flamme
oxhydrique ('). M. Gouy était arrivé, par l'emploi de son pulvérisateur, à
la même conclusion négative (-). De mon côté, je n'avais obtenu, avec le
dispositif de M. Gouy, aucun élément du spectre du mercure, en me ser-
vant soit du bichlorure dissous dans l'eau, soit de mercure dissous dans
l'acide nitrique. Les recherches précédentes avaient d'ailleurs été faites au
moyen de prismes en verre et les miennes à l'aide d'un réseau concave
de Rowland.
On pouvait attribuer l'insuccès de ces tentatives à la difficile décomposi-
tion des sels utilisés; j'ai essavé récemment l'emploi des composés orga-
niques tels que l'acétate et le cyanure de mercure. (Ces corps étaient dis-
sous dans l'eau distillée et mélangés, à l'état de poussière, au gaz d'éclairage
par l'appareil de M. Gouy.) J'ai réussi à obtenir ainsi, à l'aide d'un spec-
trographe en quartz, un spectre du mercure qui se compose de la seule
raie 2536,72 mesurée par MM. Rayser et Runge dans le spectre d'arc du
mercure, où elle se trouve très forte et renversée. Cette raie est d'ailleurs
extrêmement intense dans la flamme, puisqu'une pose de i heure est
plus que suffisante pour la faire apparaître d'une manière très marquée sur
la plaque. J'ai essayé sans effet, en prolongeant la pose au delà de
(') Scient. Traiis. of tlif Roy. Dublin Soc, vol. ^ 11, igoi, p. oSg.
(■-) .4nn. de Cliini et de Pliys., 5" série; t. XVIII, 1879.
270 ACADEMIE DES SCIENCES.
lo heures, d'obtenir quelque autre raie du mercure dans les mêmes con-
ditions.
Ayant répété l'expérience avec le nitrate mercurique en solution dans
l'eau, j'ai trouvé un résultat identique au précédent, c'est-à-dire l'enregis-
trement de cette raie 2.536,72 à l'exclusion de toute autre. Je n'ai pu, soit
avec l'œil, soit par la photographie, dans le cas des trois sels employés
(acétate, cyanure, nitrate), observer aucune trace des raies 547 '^M^S que
Mitscherlich dit avoir vues en introduisant du cyanure de mercure dans la
flamme (').
Ce fait me semble intéressant à deux points de vue :
1° Les spectres de flamme des six métaux suivants du second groupe de MendéléeiT :
magnésium, calcium, zinc, strontium, cadmium, baryum, sont caractérisés par la pré-
sence, dans chacun d'eux, d'une raie qui surpasse les autres de beaucoup en éclat, et
qui est émise par la flamme dans toute sa hauteur. L'aspect de ces raies est même si
frappant que j'avais été amené à les rapprocher les unes des autres (-), sans avoir eu
connaissance du travail de M. Ramage (^) oii ce savant établit des relations entre les
longueurs d'onde de ces raies et le poids atomique des- métaux dont le spectre les
renferme. Si l'on prolonge la droite qui joint à peu près les trois points obtenus en
prenant comme coordonnées les valeurs de la longueur d'onde (2802, SoyS, 8261) delà
raie et celles du poids atomique (24,36; 65,4; 'i2,4) des métaux (Mg, Zn, Cd)dans
le spectre desquels chacune de ces raies se trouve, on peut remarquer que la raie
analogue pour le mercure devrait être la raie 365o,3i qui est très forte dans l'arc. Or,
comme on l'a vu, cette raie n'existe pas dans le spectre du mercure que j'ai obtenu en
me plaçant dans les mêmes conditions que pour les métaux précédents. En outre,
malgré le poids moléculaire élevé du mercure, la raie unique trouvée a une longueur
d'onde (2536) bien plus courte que la raie 2862 du magnésium, la plus réfrangible de
celles que j'ai observées dans la flamme pour les six métaux étudiés du second
groupe.
2° On peut remarquer aussi que le spectre solaire ne renferme pas de raies du
mercure. Or, si ce métal se trouve placé dans le Soleil dans des conditions telles qu'il
ne puisse également émettre que l'unique raie 2536,72, celle-ci serait située dans la
partie du spectre qui est absorbée par l'atmosphère terrestre. Il en résulterait que
l'absence du mercure dans le Soleil ne serait pas liée forcément à celle des raies de ce
métal dans le spectre solaire.
(') Ffiil. Mag., 1864, p. 178.
( = ) Pliil. Trans.. sér. A, Vol. CCIV, p. iS.",.
(^) Proc. Roy. Soc, Vol. LX\, 1902, p. 1.
SÉANCE DU 29 JANVIER 1906. 27 1
PHYSIQUE. — Sur la durée de la décharge dans un tube à rayons X.
Note de M. André Broca, présentée par M. H. Becquerel.
Des mesures purement électriques m'ont permis d'arriver à quelques
notions approximatives sur la durée de la décharge dans un tube de Crookes.
Je donne d'abord le principe de la méthode.
Le tube en expérience est mis en série avec une soupape de Villard et
excité au moyen d'une bobine d'induction. Dans ces conditions, l'onde de
rupture seule passe dans le circuit. Le milliampèremètre de secondaire à
cadre mobile de MM. d'Arsonval etGaiffe permet alors de mesurer l'inten-
sité moyenne qui traverse le tube. Soit n le nombre d'interruptions par
seconde du courant primaire, cet instrument nous donne
(i) n / idt = £,
£ étant la lecture faite pendant le fonctionnement et 9 la durée d'une
décharge élémentaire. Avec l'interrupteur-turbine, exclusivement employé,
la régularité de fonctionnement est assez grande pour permettre une lec-
ture convenable.
Supposons maintenant que nous mettions en circuit avec le milliampère-
mètre à cadre mobile un appareil de mesure de courants alternatifs; celui-ci
nous donnera une indication correspondant à celle que donnerait un cou-
rant continu e, et nous aurons
(2) nf
i- dl = £?
Si l'on connaissait la forme de la fonction i = (f(t) les deux expres-
sions (i) et (2) seraient des fonctions de 0 et de l'intensité maxima l, qui
détermineraient ces deux quantités. Dans l'ignorance où nous sommes de
la fonction ip, nous allons faire une hypothèse sûrement erronée, mais qui
nous donnera tout au moins l'ordre de grandeur de I et de 0; nous allons
supposer i constant et égal à I pendant le temps d'une décharge. Il est
certain que l'établissement du courant dans le tube, qui est un phénomène
disruplif, est très brusque; je dois avouer que nous n'avons pas de données
sur la façon dont l'intensité revient à zéro, mais il est probable que ce
272 ACADÉMIE DES SCIENCES.
retour se fait asymptotiquemcnt, la courbe descendant brusquement au
début. Dans ces conditions, l'hypothèse faite doit être peu erronée. Les
équations deviennent
Ine— E, r-n(l = t\, d'où 1=^, 0 = -^-
£ Ht .
La difficulté était d'avoir un appareil étalonné donnant des indications
en r et assez sensible pour fonctionner sur le secondaire de la bobine. On
pourrait prendre un électromèlre idiostatique aux bornes d'une résistance
convenable ou un appareil de Duddell;j'ai préféré prendre un simple fil
d'alliage de platine et cuivre de i" de long, o"'",02 de diamètre et de
2000 ohms de résistance environ, le tendre légèrement dans un conducteur
creux et mesurer ses variations de flèche avec un microscope à grande
distance frontale. Pour avoir un grossissement suffisant en respectant cette
dernière condition, indispensable pour éviter les perturbations statiques
dues au verre de l'objectif, l'oculaire doit être placé sur un support éloigné
de 2™,5o de l'objectif. Ce calorimètre a été étalonné préalablement au
moyen du milliampèremètre même qui sert à la mesure de / idt.
Le nombre n d'interruptions par seconde est donné au moyen d'un dis-
positif stroboscopique.
J'ai commencé par prendre un tube Chabaud-Viilard anaené à 12'^™ d'étincelle équi-
valente et J'ai fait varier la fréquence des interruptions. J'ai eu les chillres suivants :
milliampt^re
84 1 25 7,5
42 I 5o i5
21 I 100 3o
p est le nombre de divisions du micromètre oculaire, duquel on déduit la valeur
de Ej.
La bobine employée dans celte expérience est une bobine de 45"" d'étincelle, dont
la période d'oscillation propre est d'environ 0,002 de seconde. J'ai ensuite pris une
petite bobine de 25"^" d'étincelle et j'ai eu e'j = 5o pour « = 4^ et s ^ 1, ce qui donne
encore 6 = o'"'",ooo5. La période d'oscillation de cette bobine est cependant comprise
entre o^",ooi et o""^, 0007, beaucoup plus courte que la précédente, et le temps pen-
dant lequel passe la décharge dans le tube reste le même.
Ce temps, qui n'est changé ni par la valeur de I, ni par la période de la bobine,
semble donc être une caractéristique d'un tube donné.
J'ai alors pris la grosse bobine et la fréquence de 42 interruptions par seconde et
m
18
36
illiamp^ITs
sec
o,ooo5
o,ooo5
72
0
,ooo5
SÉANCE DU 29 JANVIER 1906. 273
j'ai étudié ce que devient le temps 8 quand l'étincelle équivalente change; les chifTres
obtenus sont les suivants :
cui sec
Etincelle équivalente 6 6 = 0,00067
» » 8 6 = 0, ooo58
» » 9 6 := o , ooo54
» » 10 6^0, 0000
Au delà et jusqu'à 20'^™ d'étincelle équivalente, limite extrême de ce qu'on peut
atteindre sans danger pour le tube, le temps 8 reste ensuite constant, au moins dans
la limite des erreurs d'expérience.
M. Tiirchini (^Comptes rendus, i5 mai iQoS) a établi qu'an tube à
rayons X atteignait, à partir de lo'^" d'étincelle équivalente, un régime
permanent de puissance, au point de vue de la radioscopie et de la ra-
diographie, c'est-ii-dire que la puissance des rayons X qui en émanent,
pour une intensité moyenne constante, est indépendante de l'étincelle
équivalente au delà de 10'™.
Les faits que je |)résenle aujourd'hui prouvent que celte constance des
effets extérieurs dus aux rayons X est intimement liée à une constance
analogue du régime intérieur relatif à la décharge cathoilique. Il est pro-
bable que c est seulement pour l'étincelle équivalente de 10'^" que le phé-
nomène cathodique pur se produit. A partir de ce moment le tube
semble être caractérisé par un régime de décharge aussi bien délerminé
que celui d'un circuit de condensateur.
Il semble que le tube à rayons X résiste jusqu'à ime certaine valeur du
potentiel dépendant de son degré de vide, puis qu'il se produit un phéno-
mène disruplif qui déclenche le tourbillonnement de l'afflux cathodique
et des rayons cathodiques. Ce tourbillonnement semble doué d'une pé-
riode propre, à peu près indépendante du degré de vide à partir du mo-
ment oit la décharge cathodique est pure.
RADIOACTIVITÉ. — Sur la diminution de la radioactivité du polonium avec
le temps. Note de M""* Curie, présentée par M. P. Curie.
J'ai entrepris depuis environ dix mois une série de mesures en vue de
déterminer la loi de la diminution de l'activité du polonium avec le temps.
Le polonium qui a servi pour cette étude a été préparé suivant la méthode
c. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N° 5.) Sy
274 ACADÉMIE DES SCIENCES.
qui a été indiquée dans la première publication relative à sa découverte ( ' )
et décrite plus en détail dans ma Thèse de doctorat. Il s'agit tout d'abord
d'extraire du minerai le sel de bismuth qui y est contenu. Pour cela on préci-
pite la solution chlorhydrique du minerai par l'hydrogène sulfuré, on sépare
les sulfures, on les lave, on les dissout dans l'acide azotique dilué et l'on
précipite la dissolution par l'eau. Le mélange de sous-nitrales et d'oxydes
ainsi obtenu est traité par une solution de soude à l'ébuliition qui enlève
le plomb, l'arsenic et l'antimoine. Eu répétant les divers traitements indi-
qués on peut obtenir un oxvde de bismuth polonifère très pur. Pour con-
centrer le polonium on dissout cet oxyde dans l'acide azotique et l'on
entreprend une série de précipitations fractionnées par l'eau, les [îortions
précipitées le plus facilement étant celles où se concentre l'activité.
Une quanlilé convenable d'oxyde de bisnuUh polonifère d'activité moyenne (aSo fois
plus actif que l'uranium) a été disposée dans une cavité circulaire très peu profonde
ménagée dans Ja partie centrale d'un disque métallique circulaire. La poudre d'oxyde
qui remplit la cavité occupe ainsi sur le disque une surface bien déterminée. Le pla-
teau radioactif ainsi constitué est soigneusement conservé et sa radioactivité est
mesurée à des intervalles de temps convenables. L'intensité du rayonnement est éva-
luée par le courant de saturation produit dans un condensateur à plateaux et l'inten-
sité de ce courant est mesurée par notre méthode ordinaire au moyen d'un électro-
mètre accompagné d'un quartz piézoélectrique.
Voici les premiers résultats de ces mesures : l'intensité du rayonnement
diminue en fonction du temps suivant une loi exponentielle simple. En
désignant par lo l'intensité initiale, par I l'intensité au temps t, par a une
constante, on trouve
(l) l = Io''-
<lt
si/ est exprimé en jours, on a a = o,oo495; d'après cette relation l'inten-
sité du rayonnement diminue de la moitié de sa valeur en un temps égal à
i4o jours. Les écarts entre cette loi et les mesures ne dépassent pas
3 pour loo.
La représentation graphique des résultats est donnée par la figure ci-
contre. La courbe Vde cette figure a été obtenue en portant en abscisses le
temps et en ordonnées logL Cette courbe est une droite à l'approximation
qui vient d'être indiquée.
(') Curie, Comptes rendus, juillet 1898.
SÉANCE DU 29 JANVIER 1 906. 275
Il est à remarquer que les constantes qui définissent les propriétés radio-
actives des corps jouent un rôle absolument comparable à celui des lon-
e^nenrs d'onde des raies dans les spectres des éléments. Quand une matière
radioactive est en très petite quantité mélangée à une matière inactive, les
constantes déduites de l'étude de son rayonnement peuvent servir à la
1 5
X
K
\
\
V
\
\,
k
\
[>!
\
\
\
\
\
X
7 »
1
\,
^
\
V
\
X
rx
\i
\
\
\
X
\
\
X
\
\
\
•\
X
\
1
N
\
\
N'
0
■
\
N
llo 80 12.0
T&mps en^ jours
160
îlfo
320
caractériser sans ambiguïté. La constante a de la formule (i) est donc
caractéristique du polonium.
La constante de temps que je viens de trouver pour le polonium apporte
la preuve certaine que le corps étudié par AL Marckwald sous le nom de
radiotelluve est identique avec le polonium. Cette identité paraissait à peu
près évidente d'après toutes les publications de M. Marckwald sur les pro-
priétés du radiotellure . Elle est rendue certaine par ce fait que la constante
que j'ai trouvée pour le polonium est bien la même que celle que M. Marck-
276 ACADÉMIE DES SCIENCES.
wald a rccemment déterminée pour son radiotellwe. M. iVIarckwald a
trouvé en effet a ^ 0,00497 po"'' la valeur de a dans la formule (').
Le poloniiim et le radiotellure sont donc bien une seule et même sub-
stance, et c'est évidemment le nom de polonium qui doit être employé, le
polonium étant non seulement bien antérieur au radiotellure, mais étant
même la première substance fortement radioactive découverte par M. Curie
et moi au moven d'une méthode de recherches nouvelle.
J'ai aussi utilisé la méthode de concentration employée par M. Marck-
wald, cette méthode est très commode. Elle consiste à plonger une lame
de bismuth dans une solution chlorhydrique de sel de bismuth radioactif.
Le polonium vient se déposer sur cette lame. J'ai employé des lames de
platine recouvertes d'une couche mince de bismuth par éleclrolyse, et j'ai
concentré le polonium sur ces lames. Elles sont très commodes pour
l'étude de la radioactivité, car elles ne nécessitent pas les mêmes précau-
tions que les plaques recouvertes d'oxyde en poudre. Les droites L II, IV
de la figure ont été obtenues avec de telles lames. La droite III est rela-
tive à une lame active enveloppée dans une feuille d'aluminium de o™'",oi
d'épaisseur; elle indique donc la baisse avec le temps des rayons qui tra-
versent cette épaisseur d'aluminium. Toutes ces droites sont parallèles.
Remarquons enfin qu'on ne peut nullement prétendre que le polonium
ait les réactions du tellure jjlulôt que celles du bismuth. Il est vrai qu'en
solution chlorhydrique il précipite partiellement par le protochlorure
d'étain, mais d'un autre côté en présence du bismuth son sulfure est inso-
luble dans le sulfure d'ammonium et l'oxyde est insoluble dans une solution
de soude bouillante. Pour connaître les réactions du polonium, il faudrait
l'avoir à l'état pondérable. Aujourd'hui on peut dire seulement quelles sont
ses réactions quand il est noyé dans certaines matières qu'il accompagne
d'ordinaire.
CHIMIE MINÉRALE.— Les Sulfates des métaux rares.
Note de M. Camille Matignon.
Dans le but de comparer quantitativement les propriétés des sulfates des
métaux rares avec celles des sulfates mieux connus, j'ai déterminé la cha-
(') MarCkwald, Jahrbuch der fiadioactivitàt, juillet igoS.
SÉANCE DU 29 JANVIER 1906. 277
leur de formation de quelques-uns de ces sulfates à partir de l'acide et
l'oxyde générateurs.
Préparation des oxydes. — Les oxydes de lanthane, praséodyme, néo-
dvme et samarium, nécessaires pour ces déterminations, ont été préparés
à partir des oxalates correspondants.
On n'obtient ces produits purs qu'en prenant certaines précautions. Il
est nécessaire de précipiter l'oxalale dans une solution de nitrate et, de
préférence, en liqueur légèrement nitrique; un oxalate formé |)ar double
décomposition avec un chlorure donnera toujours un oxyde contenant des
traces de chlore (par suite de la formation d'oxalochlorures intermé-
diaires).La calcination des oxalates dans un moufle vers 800° laisse un résidu
d'oxyde souillé par de petites quantités d'anhydride carbonique, très diffi-
ciles à éliminer complètement sous la seule influence de la chaleur; de là
la nécessité de chauffer préalablement ces oxydes dans un courant d'hy-
drogène pur. Avec le lanthane, qui retient énergiquement ce gaz carbo-
nique résiduel, je n'ai pas trouvé une composition constante pour le car-
bonate très basique obtenu.
Préparation des sulfates. — Les sulfates anhydres s'oblienneiU commodément et
sûrement en portant progressivement à la température du rouge sombre les oxydes
mêlés avec un léger excès d'acide sulfurique. La marge de stabilité de ces sulfates
auhydres entre 4oo° et 800° rend l'opération commode et permet d'éviter toute trace
de sel acide ou de sel basique. Il en résulte, comme je l'ai fait remarquer depuis long-
temps, que le dosage de ces éléments rares sous forme de sulfate constitue une méthode
fort simple et très précise.
Chaleur de dissoltilion des sulfates. — Les sulfates anhydres bien pulvérisés et
tamisés se dissolvent rapidement dans une grande quantité d'eau. Leur dissolution
dans le calorimètre a été eftectuée vers i5° avec un écart maximum de 2° en dessus ou
en dessous.
Voici les résultats obtenus :
Cal
(SO*)^La- soI. + Aq=:(SO')^La"- diss +34,6
(SO')3I^r2 S0I. + Aq = (SO*)'Pr2 diss... +36
(S04)-'i\d5 sol. + Aq = (SO*)'Nd= diss +36,5
(SO')'Sm'sol. + Aq == (S0*)3Sm^diss +38,8
Chaleur de dissolution des oxydes dans SO'H- étendu. — Les oxydes se dissolvent
facilement dans une liqueur sulfurique au quart de molécule par litre. Les chaleurs de
dissolution trouvées expérimentalement vers i5" sont les suivantes :
Cal
La'-02sol.+ 3SO*H2diss.= {SO*)'La-diss.+ 3H^0 +117,6
Pr^O' sol. +3S0'H--diss.=:(S0*fPr- diss. +3H^0 + ro6,5
Nd^Q!* sol. + 3S0'H, diss. = (SO*)3Nd2 diss. +3H-0 + io6,4
Sm^O' sol. + 3SO'H2 diss. = (SO*)^Sm^ diss. + 3H-^0 + 97,4
278 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les deux groupes de résultats précédents permettent de tirer les conclu-
sions suivantes :
Cal
3SO*H2 -ol.-HLn'O' sol. =::(SO'')'La^sol. -hSWO sol + i38,2
3S0*H= sol.-hPr'-O' sol. =(SO')3Pr-sol. + SH^O sol -t- 135,7
3S0'H= sol. + Nd^O^ sol.=(SO*)'Nd^sol. + 3H^O sol -+- i2.5,i
SSO'H^ sol. + Sm^O' sol. = (SO»)'Sra2sol. + 3IP0 sol H- ii3,8
La fonction basique s'affaiblit depuis le lanthane jusqu'au samarium; elle
diminue quand la masse atomique de l'élément métallique augmente.
Les oxydes des métaux rares, au point de vue de leur fonction basique,
sont intermédiaires entre les oxydes alcalino-terreux et la magnésie; ils se
rapprochent de l'oxyde de plomb.
En désignant par Q, et Qj les quantités de chaleur suivantes rapportées
à des quantités de sulfate contenant deux valences de l'élément métallique,
on a pu dresser un tableau comparatif:
SO^ H^ sol. + MO sol. = SO' M sol. + H^" O sol. -f- Q, ,
SO' sol. + MO sol. =SO"M sol. + Q^.
Q.. Qr
Cal Cal
Lanthane 46 , i 65 , i
Praséodyme 41:9 60,9
Néodyme 4'i7 60j7
Samarium ^7,9 56,9
Calcium 63,2 82,2
Barviim 83,3 102, 3
Plomb 42)3 61,1
Argent 36,4 55,4
Si l'on coni[)are les nombres de la deuxième colonne, qui mesurent en
quelque sorte la stabilité des sulfates sous l'influence de la chaleur, on voit
que les points correspondants dans les courbes de dissociation en système
monovariant des sulfates de lanthane et praséodyiTie d'une part, de néodyme
et de samarium d'autre part, doivent présenter un écart de température se
rapprochant de 70° à 80°.
SÉANCE DU 29 JANVIER 1906. 2-79
CHIMIE MINÉRALE. — Préparation rapide des solutions d'acide iodhydrique.
Note de M. F. Bodroux, présentée par M. Troost.
On prend un certain poids d'iode que l'on divise en deux parts égales.
La première, traitée en présence de l'eau par le bioxyde de baryum, est
transformée en iodure de baryum (Brodie)
BaO-+I^ = BaI-+0-.
La deuxième portion d'iode ayant été dissoute dans le liquide obtenu, on
fait passer dans celui-ci un courant d'anhydride sulfureux jusqu'à décolo-
ration. Il y a formation d'acide iodhydrique et de sulfate de baryum, qu'il
est facile de séparer :
BaP+ P-l- SO--f- 2H^0 = SO*Ba -+ 4HI.
Voici un mode opératoire qui m'a donné de bons résidtats :
Dans 1005 d'eau distillée tiède, tenant en suspension 6os de bioxyde de baryum,
j'introduis de l'iode par portions de 4^ ou 5e jusqu'à décoloration et, s'il est néces-
saire, pour activer celle-ci, je cliaufTe doucement le mélange. Lorsque 5o8 d'halogène
sont entrés en réaction, je filtre à la trompe et je lave à plusieurs reprises le ballon et
l'excès de bioxyde de baryum avec une petite quantité d'eau distillée (en tout, 808
environ).
Dans une éprouvette haute et étroite, je place la liqueur recueillie et 5oô d'iode qui,
par agitation, se dissolvent rapidement. Je fais passer dans le liquide noir obtenu un
courant d'anhvdride sulfureux, fourni par l'un de ces cylindres métalliques que livre
actuellement l'induslrie. La masse s'échaufi'e légèrement et la décoloration est réalisée
au bout d'une demi-heure.
Je filtre à la trompe sur du papier : la solution contient la presque totalité de l'iode
mis en expérience (teneur en acide iodhydrique : 35 pour loo environ) et des traces
d'acide sulfurique; on la concentre par distillation.
Dans les conditions précédentes, la durée totale des manipulations ayant
été de 3 heures, j'ai obtenu 1 4o^ de l'hydrate bouillant à ii'j°(^d = i , 67).
Cet hydrate ne peut être préparé sans avoir recours à la tiistillalion. En
effet, la solution iodurée d'iodure de baryum qui devrait lui donner nais-
sance étant trop concentrée, la réaction ne se produit pas normalement.
Le liquide s'épaissit, devient visqueux et dissout abondamment l'anhy-
dride sulfureux tout en restant chargé d'iode. La décoloration est seule-
28o ACADÉMIE DES SCIENCES.
ment produite par une addition d'eau, mais il est impossible de séparer
l'acide iodhydrique formé de l'acide sulfureux qui l'accompagne.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur lin alliage de thorium et d'aluminium. Note de
M. O. HôNiGSciiMiD, présentée par M.^H. Moissan.
A la suite de recherches sur la préparation du siliciure de thorium
ThSi^ ('), j'ai été conduit à rechercher s'il ne pouvait pas se produire en
même temps, dans les conditions de mes expériences, un alliage de tho-
rium et d'aluminium. L'étude microscopique des culots obtenus dans
l'action de l'aluminiain sur le mélange de fluosilicate de potassium et de
fluorure double de potassium et de thorium a montré, à côté de lamelles
quadratiques de siliciure, des cristaux prismatiques hexagonaux allongés
en fines aiguilles. Les essais directs m'ont permis de préparer ces cristaux
en plus grande quantité, soit par combinaison directe de l'aluminium et
du thorium dans le vide à haute température, soit par réduction au moyen
de l'aluminium du fluorure double de thorium et tle potassium. On les ob-
tient aussi par la réduction de l'oxyde de thorium par l'aluminiiun au four
électrique.
Les cristaux obtenus, séparés de l'aluminium par l'action de la potasse, présentent
l'éclat métallique et la couleur de l'aliimininra.
Ils brident dans le fluor et le chlore et sont attaqués par le brome et l'iode sans in-
candescence. Inaltérables à l'air, ils s'oxydent au rouge et brûlent avec un vif éclat.
Ils sont attaqués par tous les acides minéraux; les solutions alcalines sont sans action
sur eux, mais ils sont oxydés avec incandescence par la potasse, la soude et les carbo-
nates alcalins en fusion.
Analyse. — Une certaine quantité de ces cristaux est dissoute dans l'acide chlor-
hydrique et le thorium précipité par l'acide oxalique est pesé à l'élal d'oxyde; l'alu-
minium est précipité de la solution filtrée par l'ammoniaque après destruction de
Tacide oxalique. Les résultats obtenus ont été les suivants :
I. II. l'héorie pour ThAP.
Th 70,9 74,3 74,1
Al •î5,7 u5,.ii 25,9
La composition de cet alliage répond donc à la formule Th Al^.
La présence de petites quantités de cet alliage dans le siliciuie de thorium, dont il
(') Comptes rendus, t. CXLU, p. 157.
SÉANCE DU 29 JANVIER 1906. 28 1
est impossible de le séparer par suite de la similitude de leurs propriétés, explique les
chiffres un peu faibles trouvés dans les analyses pour le silicium.
Conclusions. — En résumé, ninsi que je l'ai montré nntérienrement, la
réduction au four électrique de l'oxyde de thorium par le silicium, la com-
binaison directe du siliciure et du thorium en présence de l'aluminium dans
le vide à 1000° et enfin la réduction par l'aluminium d'un mélange de fluo-
silicate de potassium et de fluorure double de thorium et de potassium per-
mettent de préparer un siliciure de thorium cristallisé en lamelles quadra-
tiques dont l'aspect rappelle le graphite très pur et dont la composition
répond à la formule ThSi^.
Dans des conditions analogues, la réduction de l'oxyde de thorium par
l'aluminiinn au four électrique, la combinaison directe de l'aluminium et
du thorium dans le vide, ainsi que la réduction par l'aluminium du fluorure
double de potassium et de thorium permettent de préparer un alliage de
thorium et d'aluminiure cristallisé en longues aiguilles prismatiques hexa-
gonales, possédant la couleur et l'éclat métalliques de l'aluminium et dont
la composition répond à la formule ThAl'.
CHIMIE MINÉRALE. — Recherches sur les combinaisons halogènèes des
borates de baryum et de strontium. Note de M. L. Ouvr.4rd, pré-
sentée par M. Ditle.
Les borates de baryum et de strontium, pas plus d'ailleurs que ceux de
calcium, ne donnent avec les halogènes de combinaisons analogues à celles
que fournissent les métaux de la série magnésienne et dont la boracite
naturelle est le type.
Tous nos essais pour obtenir avec les alcalino-terreux des composés cor-
respondant aux boracites ont échoué, mais par contre nous avons pu pré-
parer des borates halogènes présentant une composition plus simple.
Strontium. — Quand on soumet à la fusion, à l'abri de l'air et surtout de
la vapeur d'eau, un mélange d'anhvdride borique et de chlorure de stron-
tium bien desséché, la masse soumise à un lent refroidissement laisse
apparaître de fines aiguilles que l'on sépare aisément par lavage à l'eau
froide. Ces aiguilles sont peu altérables, même par l'eau chaude, et résistent
à l'action de l'acide acétique étendu. Elles agissent vivement sur la lumière
polarisée et présentent des extinctions longitudinales. Elles répondent à la
G. R„ 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N» 5.) 38
282 ACADÉMIE DES SCIENCES,
formule
^B^0^3SrO,8rCl^
L addition au mélange précédent d'oxyde de strontium, dans une pro-
portion qui ne dépasse pas 1'°°' pour 1"°' d'anhydride borique, donne
encore le même produit, mais, le bain gagnant en fusibilité, les aiguilles se
développent en prismes atteignant plusieurs millimètres de longueur.
Mais si l'on vient à augmenter la quantité d'oxyde de strontium, on voit
se former pendant le refroidissement de larges lamelles, beaucou[) plus
altérables que les cristaux précédents, que l'on ne peut dégager qu'en
partie par l'eau froide et qui ne tardent pas à perdre leur transparence et
à changer d'aspect, avant que l'on ait pu, par des lavages suffisants, les
débarrasser du chlorure de strontium qui les imprègne.
On peut, il est vrai, remplacer l'eau par l'alcool qui ne les altère pas, mais, étant
donnée la faible solubilité du chlorure de strontium dans ce dissolvant, l'opération se
prolonge au delà de toute mesure. Un antre moyen plus pratique nous a réussi. La
masse à désagréger est suspendue dans un vase plein d'eau, à l'abri de l'air pour éviter
l'action de l'acide carbonique, et le fond du vase est recouvert d'une couche suffisam-
ment épaisse d'un liquide plus dense que l'eau et n'exerçant aucune action sur le com-
posé formé, comme par exemple la glycérine. Les cristaux se désagrègent, tombent au
fond du vase et sont soustraits par la glycérine à l'action hydratante du dissolvant.
Il suffit ensuite de recueillir les cristaux, de les laver rapidement à l'eau froide pour
les débarrasser de la glycérine et des dernières traces de chlorure et de les sécher à
l'abri de l'air.
Ce procédé simple et rapide nous a permis d'isoler, sans altération no-
table, des lamelles du borate B^'O', SrO. Elles sont altérables par l'eau et
très solubles même dans l'acide acétique dilué. Si l'on n'a pas le soin de
soustraire ces lamelles à l'action de l'eau dans le temps nécessaire à leur
séparation, on voit leur aspect changer ra[)idement et eu quelques heures
leur masse se transforme en prismes volumineux, transparents, se ternis-
sant à l'air et qui sont constitués par un borate hydraté
B=0',SrO,2H=0.
Eu portant la dose d'oxyde de strontium à 3°*°', ou isole, au moyen de
la glycérine, le sel B^O',2SrO en assez beaux prismes, très solubles dans
les acides. L'eau, à leur contact, devient alcaline en se chargeant d'iiy-
drale de slrontiane et les transforme en cristaux d'un nouvel hydrate :
B='0%SrO,4H=0.
SÉANCE DU 29 JANVIER 1906. 283
En remplaçant dans les essais précédents le chlorure de strontium par le
bromure, on obtient des résultats tout à fait comparables, c'est-à-dire la
production, suivant les proportions d'oxyde, des composés :
5B20',3SrO, SrBr^ et B=0%SrO ou B-0',2SrO,
les deux derniers se transformant sous l'action de l'eau en hydrates,
comme nous venons de le voir précédemment.
L'iodure de strontium, chauffé à l'abri de l'air avec les précautions néces-
saires pour limiter le plus possible sa décomposition, ne nous a fourni
aucun composé iodé. Nous avons eu seulement les sels mono et bistron-
tiqiies.
Baryum. — Le baryum nous a donné des produits analogues à ceux du
strontium, à cela près qu'ils cristallisent moins facilement et semblent plus
altérables.
Avec le chlorure de baryum nous avons obtenu 5B^0', 3BaO, BaCI^, en belles
aiguilles, inaltérables par l'eau et solubles dans les acides.
En faisant varier les proportions, on peut séparer au moyen de la glj'cérine les sels
B^O\BaO et B^OSaBaO, que l'eau transforme en hydrates B^O^BaO,2H-0 et
B2OSBaO,4H-0.
Le brome a donné de même oB'O^, 3BaO, BaBr^, et les borates mono et bibasiques.
Enfin, avec l'iodure de baryum, nous n'avons eu aucun composé iodé.
En résumé, les borates de baryum et de strontium semblent entrer en
combinaison avec le chlore et le brome moins facilement que les sels
correspondants de calcium, puisque nous n'avons pu obtenir avec chacun
d'eux qu'un seul composé halogène.
Quant aux iodures alcalino-terreux, leur peu de stabilité semble leur
interdire d'entrer en combinaison avec les borates de ces mêmes métaux,
du moins dans les conditions de nos expériences.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les alcools a- et ^-campholy tiques.
Noie de M. G. Bla.\c, présentée par M. A. Haller.
Le présent travail complète les données que j'ai fournies il y a plusieurs
années sur la réduction de l'éther |î-campholytique (isolauronolique) dans
diverses conditions (').
(') Thèse de Doctorat, Paris, 1899.
284 ACADÉMIE DES SCIENCES.
1° Alcool ^-campholylique :
CH' CH'
C
CH2 C — Cil- OH.
Cet alcool ne se forme que dans la réduction de l'éther par le sodium en
milieux aqueux comme je l'ai déjà annoncé. Dans ces conditions, bien que
la double liaison soit en ap par rapport au groupe CO^C-H', elle n'est pas
sensiblement hydrogénée. Je confirme le point d'ébullition 197° donné
pour cet alcool.
2° Alcool ^-dihy drocampholy tique . — Celui-ci s'obtient par rétluction de
l'éther par le sodium et l'alcool avec un rendement d'environ 60 pour 100.
L'acide, régénéré de la solution sodique, est constitué intégralement par
l'acide dihydro-[i-campholytiqne. Dans ce cas, la double liaison a subi la
réduction à laquelle on devait s'attendre en vertu de sa position par rapport
au carboxéthyle.
On obtient encore l'alcool dihydro-p-campholytique par la réduction de
l'amide. Le rendement est beaucoup moins avantageux (20 à 23 pour loo).
L'amide non réduite se retrouve à l'état d'amide dihydro-^-campholvtique
fusible à i65° et dans la solution sodique on trouve également une très
petite quantité d'acide dihydro-|3-campholytique.
L'alcool dihydro-p-campholytique est un liquide légèreraenl visqueux, incolore,
bouillant à 198° :
«„ (à 21°, 5)=: i,464i, D*,,5=o,9o56.
On en déduit pour valeur de la réfraction moléculaire le nombre 43,25. Calculé 4^,95.
Le pyruvate C'H''.CH^.O.CO.COCH^ est un liquide mobile, d'odeur pénétrante
et peu agréable, bouillant à i4o°-i42° (H ^ 17™™). Sa seniicarbazone cristallise fort
bien dans l'alcool et fond nettement à i58°.
Le chlorure C*H'^.CH-Cl s'obtient avec un rendement médiocre par l'action à froid
du pentaciilorure de phosphore sur l'alcool. Il bnut à i-5°. Dans aucune condition il
n'a pu fournir de dérivé magnésien, dont l'obtention, pour des travaux de synthèse par-
tielle, était le principal but de cette étude.
3° Alcool ix-campholytiq lie :
C
CH^OH.CIl
CH^
C - CH'
CH
SÉANCE DU 29 JANVIER 1906. 280
Cet alcool s'obtient, soit par réduction de l'éther, soit par réduction de
l'amide par le sodium et l'alcool. Le premier procédé est de beaucoup pré-
férable. Dans les deux cas la double liaison reste intacte, ainsi que le pré-
voit la théorie. L'alcool oc-campholytique est un liquide visqueux bouillant
à 200° :
«B (à 23°) = 1,4762,
Do3 = 0.9273-
D'où Rm= 42,60. Calculé 42,55.
Son pyruvate C«H"CH^ O .CO .CO.CH' ressemble au précédent; il
bout à i43°-i44° (H = 17™"*). Sa seinicarbazone, caractéristique comme
celle du pyruvate précédent, fond nettement à 137°.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Influence de la réaction du milieu sur l'activité des
diastases. Note de M. A. Fernbach, présentée par M. L. Maqiienne.
La Note présentée récemment à l'Académie par MM. L. Maquenne et
E. Roux (Comptes rendus, t. CXLII, p. 124) m'amène à rappeler que j'ai
signalé à plusieurs reprises l'influence capitale de la réaction du milieu sur
l'activité des diastases ('), et à insister particulièrement sur ceux de mes
travaux relatifs à la saccharification de l'amidon qui semblent le moins
connus.
Dès 1896 (Journ. of the fed. Inst. of Brewing, mars 1896), j'avais attiré l'atten-
tion sur l'emploi de l'Iiélianthine comme moyen d'étudier la réaction de l'extrait de
malt et montré que cet extrait, acide à la phtaléine, alcalin à l'héliantliine, se com-
porte vis-à-vis de ces réactifs comme le ferait un mélange de phosphate primaire et
de phosphate secondaire de potasse.
Revenant sur cette question en 1899 {Ann. de la Brasserie et de la Distillerie,
5 septembre, 10 et aS octobre 1899), je montre l'inlhience considérable de la réaction
à l'hélianthine dans la saccharification par l'extrait de malt. Comme viennent de le
faire MM. Maquenne et Roux, j'avais constaté dans ces recherches que, lorsqu'on fait
agir de l'extrait de malt sur de l'amidon, la réaction naturelle est loin d'être la plus
favorable et que c'est en modifiant l'alcalinité à l'hélianthine par addition d'acide qu'on
arrive à activer la transformation.
Mais, tandis que MM. Maquenne et Roux ont eu pour but principal la
production de la vitesse maxima pour des empois de diverses origines et
(') Voir ma Thèse de doctorat, Becherches sur la sucrase, 1890,
286 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ont fait agir un grand excès d'un même extrait de malt sur une quantité
d'amidon faible, je m'étais surtout attaché à étudier la vitesse de la réaction
d'une très petite quantité d'amylase sur un excès d'amidon, dans des con-
ditions qui ne m'ont pas permis d'observer le fait capital, mis en lumière
par MM. Mnquenne et Roux, d'une augmentation considérable dans la
proportion de maltose produit.
Cette grande différence des conditions d'expérimentation explique peut-
être ])ourquoi nous n'arrivons pas exactement au môme résultat pour le
point auquel nous fixons la réaction optima; en effet, tandis que j'avais
indiqué pour cette réaction la neutralité exacte à l'hélianlhine, MM. Ma-
quenne et Roux montrent qu'en employant beaucoup d'extrait de malt
une réaction franchement alcaline est la plus favorable.
Ij'observation de l'influence favorisante exercée par l'addition d'un acide
sur la marche de la saccharification par l'extrait de malt est due à Kjeldahl,
qui a indiqué l'existence d'une dose d'acide optima; mais je crois avoir le
premier fourni l'explication de l'existence de cet optimum en montrant
qu'il correspond presque exclusivement à la transformation par l'acide de
phosphates secondaires gênants en phosphates primaires favorisants. En
l'absence de ces sels, la moindre trace d'acide ou d'alcali devient gênante.
L'intérêt du rôle capital joué par la réaction vis-à-vis de l'hélianthine,
c'est qu'il se présente avec un certain caractère de généralité. En effet, il
n'est pas limité à la saccharification de l'amidon par l'amylase. Je l'ai signalé
en 1900 avec M. L. Uuherl [Comptes rendus, t. CXXX, p. 1783 et t. CXXXI,
p. 2g3) dans l'action de la diastase protéolvtique du malt; là aussi, comme
d'autres l'ont vérifié api-ès nous (*), c'est la neutralité à l'hélianthine,
correspondant à la transformation intégrale des phosphates secondaires en
phosphates primau-es, qui représente la réaction optima.
J'ajouterai enfin que, ces notions nous étant tlevenues depuis longtemps
familières, nous n'avons eu garde, M. Wolf et moi, dans nos recherches
sur la coagulation de l'amidon par l'amylocoagulase, d'omettre l'étude de
l'influence de la réaction à l'hélianlhine et que nous avons également
constaté qu'elle joue là encore un rôle des plus importants.
(') Voir Fr. Wkis, Compte rendu du laboratoire de Carslberg, 1908, t. V, 3'' iivr.
SÉANCE DU 29 JANVIER 1906. 287
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Epreuve générale sur la nutrition arnidce des
plantes vertes en inanition de gaz carbonique. Note de iVI. Jules Lefèvre,
présentée par M. Gaston Bonnier.
Dans une série de Communications récentes, j'ai mis en évidence la
croissance des phanérogames vertes à l'abri de CO", en sol amidé à dose non
toxique ('); puis j'ai prouvé la réelle inanition des plantes en gaz car-
bonique sous l'influence de la baryte (-), l'inutilisation de ce gaz par les
racines ('), l'augmentation de poids sec qui pronve la synthèse des amides
par la plante verte (^), enfin l'arrêt de la croissance et de l'augmentation
du poids sec, c'esl-à-clire delà synthèse amidée, à l'obscurité (' ).
Il convenait dès lors de giouper et de synthétiser tous ces importants
résultats dans une même expérience qui fût, en quelque sorte, le schéma
décisif et l'expression frappante de ce nouveau Chapitre de la Physiologie
végétale. C'est ce que je viens de tenter et de réussir dans une épreuve
générale effectuée pendant le mois de décembre igoSet la première moitié
de janvier igo6.
L'étude nouvelle que je présente a été réalisée sur la Capucine naine
{Tropœoium majus , var. nanum).
Trois pots de culture A, B, C sont préparés. Ils ont été stérilisés par un séjour pro-
longé dans le four à 4oo°. Chaque pot reçoit 700? de sable siliceux, de mer, lavé aux
acides, puis à l'eau distillée et calciné au fourneau à moulle. Dans. les terres de A et B
on ajoute os, 9 d'amides, à savoir : tyrosine oS,o6; oxaniide o5,o6; glycocolle 08,87 ;
alanine 00,37; leucine os,o4- Enfin, chacune des terres A, B, C, détrempée à l'eau
distillée bouillie, est minéralisée par la formule de Detmer (o5,86 par pot). Au total
A et B sont amidées ; C ne l'est pas.
D'autre part on a fait quatre lots de graines de même poids, aussi identiques que
possible.
Les trois premiers lots servent à ensemencer A, B, C. Le quatrième servira de
témoin de pesées à la fin de l'expérience.
Les trois pots de culture ensemencés sont aussitôt mis sous cloche en présence de
(') J. Lefèvre, Comptes rendus, 17 juillet igoS.
(-) J. Lefèvre, Comptes rendus, i6 octobre 1900.
(') J. Lefèvre, Comptes rendus. 16 octobre igoS.
(') J. Lefèvre, Comptes rendus, 20 novembre igoo.
{^) J. Lefèvre, Comptes rendus, ii décembre igoô.
288 ACADÉMIE DES SCIENCES.
la baryte ('). Cloches, crista'llisoirs, plaques de verre onl été préalablement lavés au
sublimé. Pendant toute la durée de l'expérience (6 semaines) il n'y aura pas trace de
moisissure.
Au neuvième jour, les germes sortent de terre à la fois dans les trois pots. On
commence l'alimentation des cloches en oxygène et l'on suit la marche de la végéta-
lion, les mesures de taille se faisant sur l'échelle annexée à chaque cloche. Voici ce
qu'on observe :
A et B (amidés) suivent un développement normal; au contraire, au bout de
quelques jours, le lot C (non amidé) ralentit sa marche : la plupart des plantes restent
naines, quelques-unes seulement s'allongent en filaments grêles avec feuilles minus-
cules (-).
D'ailleurs, au vingl-qur/ti'icme juur (c'est-à-dire après lo jours sous cloche) les trois
lots présentent les caractères suivants :
A, plantes robustes, bien proportionnées; taille lo'^'"; chacune a 5 à 6 belles feuilles,
larges et bien vertes;
B, id., taille 9"" à 10'^™; 5 belles feuilles par pied;
C, plantes grêles, naines ou mal projjortionnées; 4'^'" à S''"'; sur chaque pied 2 feuilles
naines.
On met alors B à l'obscurité; A et C restant à la lumière.
Au bout de 16 jours (c'est-à-dire au quarantième jour de l'exjiérience totale) :
A (amidé, à la lumière) mesure iS*^™ et possède 8 belles feuilles;
B (amidé, à l'obscurité) a refusé de grandir et commence à se flétrir;
C (sans amides, lumière) a allongé quelques tiges grêles, sans augmenter ni le nombre
ni la taille de ses feuilles.
On arrête l'expérience. Les lots de plantules A; B, C, sont sortis de terre, toutes les
racines et les graines avec leurs téguments étant soigneusement conservées. On les met
à l'étuve sèche à 5o° pendant 6 jours en même temps que le lot de graines lémoiii
réservé depuis le début de l'expérience (lot D).
Ces quatre lots, pesés au milligramme, donnent les chiffres suivants (') :
Poids secs de 5 graines ou de 3 plantules avec leur graine.
Lot témoin D 0,820 Poids initial.
Lot C (sans amides, lumière) 0,270 Perte de poids.
Lot B (amidé, obscurité) o, 33o Poids stalionnaire.
Lot A (amidé, lumière) 0,890 Augmentation de poids.
C) En raison de l'abondance de ces graines en albumen, les plantules n'exigent pas
de phase de développement à l'air libre.
(-) Il apparaît ainsi que, pendant la phase même de nutrition par un albumen riche,
la plantule ne peut se passer entièrement d'une source extérieure de carbone. Ici
les amides du sol suffisent, pendant cette phase, pour permettre le dévelo|ipemenl de
feuilles normales.
(') Notons que ces poids contiennent le poids mort très important des enveloppes et
des résidus de la graine.
SÉANCE DU 29 JANVIER 1906. 289
Cet ensemble de faits et de résultats conduit, sans équivoque, aux im-
portantes conclusions suivantes :
1° Privées d'amides et de gaz carbonique (lot C) les plantides perdent une
notable proportion de leur poids mj<m/( poids des grame^). Cette perte est celle
de la respiration .
2° Absorbé par la baryte, le CO" de la respiration échappe à l'assimilation
chlorophyllienne ; la baryte tient donc bien les plantes en inanition
deCO^(').
3° Pendant ce temps, en sol amidé et à la lumière (lot A), malgré l'ina-
nition de CO-, les plantules se développent, augmentent leur poids sec,font une
importante synthèse de principes immédiats aujc dépens des amides du sol.
La recette nette apparaît ici égale à 0^,390 — os,320 = 0^,07. Mais la
recette qui nous intéresse ici, c'est la recette brute aux dépens des amides,
qui s'obtient en ajoutant à la précédente la perle respiratoire. Celle recette
brute atteint et dépasse même 0^,390 — 0^^,270 ou 0^,120 (-).
4° Au contraire, bien que développées encore en sol amidé, mais mises à /'obs-
curité après quelques Jours de lumière, les plantules n'augmentent ni leur taille
ni leur poids sec ('). La synthèse des amides exige donc la lumière et apparaît
ainsi comme un travail chlorophyllien .
PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — Nouveau Champignon parasite, Trematovalsa
Matruchoti, causant le chancre du Tilleul. Note de M. ]\icolas Jacobesco,
présentée par M. Gaston Bonnier.
Le Tilleul argenté (Tilia argentea) des forêts de la plaine de Valachie
est actuellement ravagé par un redoutable Champignon parasite qui, à ma
(') Nous avons déjà vu {Comptes rendus, 16 octobre igoS) que cette efficacité de
la baryte s'affirme encore alors même que la terre dégage une certaine quantité de gaz
carbonique.
(-) La recette dépasse oR,i2o, parce que la perte respiratoire du lot A dépasse cer-
tainement la perle respiratoire du lot témoin C qui est resté chélif.
(') Elles ont cependant conservé et même légèrement augmenté leur poids initial,
en d'autres termes la perte respiratoire a été compensée par les recettes faites pendant
la phase d'exposition à la lumière. Des épreuves antérieures {Comptes tendus, 11 dé-
cembre 1905) nous ont déjà montré d'ailleuis que, pendant l'obscurité même, le bilan
du poids sec se chiflTre non par un gain, mais par une perte légère.
C. B., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N° 5.) ^9
290 ACADEMIE DES SCIENCES.
connaissance, n'a pas encore élé signalé et décrit, et dont je poursuis
l'étude depuis plus de deux années.
Ce parasite est un Ascomycète du groupe des Sphaeriacées; comme il
présente des caractères intermédiaires entre les Trematosphœria et les
Pseudovalsa, je suis amené à en faire le type d'un genre nouveau Tremato-
valsa, et je donne à l'espèce qui fait l'objet de cette étude le nom de Tre-
matovalsa Matruchoti.
Sur le Ironc des arbres qui n'ont jjas encore leur rliytidome, ainsi que sur les
grosses branches, apparaissent d'abord de petites fentes longitudinales, en forme de
boutonnière, noires en leur milieu. La fente s'élargit de plus en plus et d'autres appa-
raissent à côté d'elles; ensuite, comme le bois s'iiyperlrophie, l'écorce crève perpendi-
culairement à la direction des fentes et le chancre prend naissance.
Situé d'abord d'un seul côté du tronc, à la fin il devient circulaire; à cet état, toute
la surface du chancre est recouverte de tissus nécrosés noirs. Puis la nécrose de
l'écorce gagne le bois, progressant de la périphérie vers le centre; il en résulte qu'au
point attaqué l'arbre oflVe de moins en moins de résistance aux chocs ou à l'action du
vent, et qu'il s'abat à la moindi'c poussée. La section du tronc à l'endroit du chancre
ressemble beaucoup à celle du chêne mort à la suite de l'attaque de V Aglaospora
taleola.
Le parasite s'introduit aussi par les branches brisées ou coupées dans les élagages et
provoque l'hypertrophie du bois du tronc à l'endioit delà blessure. L'emplacement de
celle-ci se creuse en entonnoir, et le tissu de néoformation de l'écorce limite un
chancre qui va se creusant et s'élargissant de plus en plus.
Dans les petites lentes et surtout clans les chancres, on observe un abon-
dant mycélium jaune de miel. Ce mycélium donne naissance à diverses
formes imparfaites de reproduction, mais aussi, au printemps, surtout sur
les bords des chancres âgés, à des groupes de pustules noires, qui sont le
s/ro/fta à périthèces.
11 y a des périthèces profonds, de forme irrégulière, terminés pai' un long col cylin-
drique qui ne fait pas saillie au-dessus du tissu attaqué ; mais ils peuvent devenii' super-
ficiels et sont alors de forme plus ou moins globuleuse, à col très court en forme de
papille ou mamelon, ou même dépourvus de col. L'ostiole, ronde, est creusée en enton-
noir. La paroi, noire, charbonneuse, d'épaisseur inégale, peut dans les périthèces pro-
fonds devenir nifinbianeuse et d'un brun très clair ou même man(|uer totalement à la
partie inférieure.
Les périthèces sont tantôt isolés et alignés l'un à côté de l'autre, ayant l'aspect de
niches s'ils sont piolonds, de petites poires s'ils sont superficiels, tantôt réunis plusieurs
ensemble, au moins à la base, par un stroma charbonneux très réduit, tantôt enfin
complètement soudés, à cavités conlluentes mais à cols séparés.
SÉANCE DU 29 JANVIER 1906. 291
Les asqiies sont cylindriques, à double contour, accompagnés de paraphyses; ils
renferment luiit spores fusiformes, d'un brun olivâtre ou jaunâtre, divisées transver-
salement en quatre cellules contenant chacune une grosse goutte d'huile.
A ces caractères de genre, il convient de joindre les caractères suivants
de l'espèce T. Matruchoti :
Les périthèces formés dans les crevasses du tissu hospitalier nécrosé en épousent le
contour irrégulier, et présentent souvent un col aussi long que le ventre, parfois oblique
par rapport à celui-ci. Les périthèces superficiels sont plus ou moins en forme de poire
ou, sur la section longitudinale, en losange. Les dimensions du périthéce sans col sont :
hauteur 9o"-3?ol^, largeur SoC-23oS'-; épaisseur de la paroi carbonacée loi^en moyenne.
Les asques, formés sur tout le pourtour de la paroi et confluant vers le centre de la
cavilé, ont 6.5t'--8oi'- sur QV-, Les paraphyses sont filiformes, de longueur égale ou supé-
rieure à celle des asques.
Les spores ont i^'^'-iô!'-.
Sur les mêmes arbres, à la surface des tissus de néoformalion des
chancres et dans leur voisinage, après la disparition des périthèces, j'ai
observé la forme spermagouiale (P/wma Tiliœ) et, à la surface de l'épiderme
des branches mortes portant des chancres, la forme à pycnides (Cyiospora
Tiliœ) formant de petites pustules ponctiformes brunes.
Par la structure du périthéce et des spores et aussi par l'existence de péri-
thèces réunis plusieurs ensemble par un stroma noir, le genre nouveau
Trematovalsa ressemble aux Pseudovalsa à spores sans appendices (' ).
Par la présence des pycnides, le Champignon ressemble aux Valsées et
au genre Vaharia des Mélanconidées.
Enfin, par la variété des périthèces sans stroma et surtout par le carac-
tère qu'ils ont de devenir, de profonds, superficiels, il se rap[)roche beau-
coup du genre Trematosphœria. Ainsi, par la forme des asques et des spores
et aussi par l'arrangement de ces dernières dans l'asque, le Tremaiovalsa
Matruchoti ressemble au Trematosphœria pertusa Fuck.
Il pourrait donc être regardé comme une forme de transition entre trois
familles du groupe des Sphseriacées : les Mélanconidées, les Valsées et les
Amphisphteriacées.
(') A la vérité, je n'ai pas encore observé la forme Méianconiée qui caractérise ce
genre; cependant, sur le bord d'un chancre à périthèces, sous le périderme de l'écorce,
j'ai vu se former un réceptacle qui n'a pas encore produit de spores, mais qui est plein
d'un stroma blanc olivâtre très fin, dense, à fond noir. J'ignore encore si c'est un début
de forme Méianconiée.
292 ACADÉMIE DKS SCIENCES.
ZOOLOGIE. — Les coupures génériques de la famille des Bradvpodidae
{le génie Hemibradypus nov. g.). Note de M. R. Anthony, présentée
par M. Edmond Perrier.
On divise actuellement la famille des Bradypodidœ ou Paresseux en deux
genres caractérisés ainsi :
Cholocpus Illig. : Extrémités antérieures munies de deux grifl'es; extrémités posté-
rieures munies de trois grifTes. Molaires antérieures de grande taille, isolées par un
diastème, ajant la forme de canines. Perforation sus-épitiocidéenne à l'iuiméius.
Bradypus Linné : Extrémités antérieures et postérieures munies de trois grifles;
molaires toutes semblables, les antérieures plus petites. Pas de perforation sus-épilro-
cliléenne à l'iiuniérus.
En 1849. Gray \Notesonthe genus^rai\\\mshin\\x\is{Proceed. zool. Soc.y]
constitua aux dépens du genre Bradypus Linné un troisième genre de Bra-
dypodidœ, le genre Arc fopi/hecus Gray , qu'il différencia par ses ptérygoides
compacts et comprimés des genres Cholœpus Illig. et Bradypus Linné dont
les ptérygoides sont renflés et vésiculaires. A ce genre, Gray rapporta la
presque totalité des Paresseux à trois doigts limitant à deux espèces (qui
très vraisemblablement rentrent toutes deux dans le Bradypus torqualus
Illig.) le genre Bradypus Linné. La subdivision du genre Bradypus Linné
proposée par Grav n'est plus admise aujourd'hui (Flower et Lyddekker,
Mammals living and extinct ; London, 1891. — Trouessart, Calahgus
manimalium, etc.) et l'on s'en tient aux deux seuls genres énoncés au début.
Avant entrepris depuis 1902 des recherches sur les Edentés, j'ai eu l'oc-
casion d'étudier un jeune Paresseux à 3 doigts que m'avait confié mon
maître Marey et qui faisait partie de la petite réserve de matériaux destinés
aux études anatomiques que possédait son laboratoire. Je n'ai jamais pu
savoir sa provenance exacte. Cet animal était de sexe mâle; il mesurait, en
extension maximum, du trou auditif à la terminaison du coccyx, i^S"". Ses
caractères principaux étaient les suivants : 1° fourrure composée de poils
très longs, surtout dans la région dorsale, d'une couleur jaime brun à peu
près uniforme; 1° ptérygoides renflés et vésiculaires; 3" perforation sus-
épilrochléenne de l'humérus livrant passage à un nerf et à des vaisseaux;
4° réduction très marquée du doigt 4- Un squelette de jeune Paresseux à
3 doigts, à peu près de même taille, monté aux galeries d'Anatomie com-
parée du Muséum, étiqueté Bradypus tridactylus Linné (A.3i 17), présente
SÉANCE DU 29 JANVIER 1906. 29^^
ces mêmes caractères qu'on ne retrouve pas chez les autres Paresseux à
3 doigts, de même âge ou même paraissant plus jeunes.
Le fait que la subdivision du genre liradypus parGray n'est basée que
sur un détail anatomique du cràiie (ptcrygoïdes) l'a fait rejeter par la
presque unanimité des auteurs. On peut en outre reprocher à Gr:iv le choix
des noms qu'il donne aux genres qu'il a établis; il semble en effet évident
que l'animal décrit par Linné sous le nom de Bradypus tridaclyltis (Syslema
Naturel', 12* édit., 1766, p. 5o-5i) était bien nettement ce que Grav a
appelé Arctopilhecus. On ne voit pas le motif qui a pu lui faire changer la
dénomination donnée par Linné surtout pour la remplacer par celle d' Arc-
lopithecus employée la première fois par Gesner (Icon. Anim. Quadr., i56o)
qui croyait avoir affaire à un singe et n'a donné d'ailleurs sur le Paresseux
à 3 doigls aucun détail précis.
Membre .intérieur droit à'Heinibiaclypus nov. gen.
I.'liurjiéius iiiciiilre sa perforation sus-épilrochléenne. La deiixicme phalange du doigt !^ montre sa
réduction de diamètre.
Les coupures génériques que nous proposons pour la famille des Brady-
podidœ sont les suivantes :
I" Cliolaepus lllig. Extrémités antérieures imiiiies de 2 grifTes; extrétnités posté-
rieures munies de 3 grifTes. Molaires antérieures de grande taille, isolées par un dias-
tème, ayant la forme de canines. Ptérygoïdes renllés et vésiculaires. Perforation
sus-épitrochléeune à l'humérus. Fourrure longue de couleur foncée sans tache de feu
entre les épaules.
294 ACADÉMIE DES SCIENCES.
2° Ileinlbradyj)us nov. geii. : Extrémités antérieures et postérieures munies de
3 grifTes. Molaires toutes semblables, les antérieures petites. Ptérygoïdes renflés et vé-
siculaires. Perforation sus-épitrocliiéenne à riiumérus. Réduction très marquée du
doigt [\. Fourrure longue de couleur assez foncée, sans tache de feu entre les deux
épaules (voyez figure).
A ce genre doit être identifié, à mon avis, le genre Bradypus, établi par
Gray d'après les seuls caractères crâniens. Le Muséum d'Histoire naturelle
de Paris ne possédant pas de squelette de Bradypus lorqualus Hlig., la seule
espèce constituanl vraisemblablement ce genre, et aucune figuration n'en
existant, à mon su du moins, i'ideutification absolument certaine ne peut
être faite. La question ne sera définitivement tranchée que lorsqu'on con-
naîtra le squelette du metnbre antérieur du Bradypus lorqualus \\\\^. (Il
n'est pas tenu compte du genre Scaeopus Peters, insuffisamment caracté-
risé).
3° Bradypus Linné : Extrémités antérieures et postérieures munies de 3 griftes.
Molaires toutes semblables, les antérieures petites. Ptérygoïdes comprimés et compacts.
Pas de perforation sus-épitrochléenne. Les trois doigts sensiblement égaux. Fourrure
plus courte, d'un ton plus clair, présentant souvent (au moins chez le mâle, d'après
Gray) une tache de feu à poils courts entre les deux épaules.
Il répond à V Arctopithecus de Gray.
Par l'ensemble de ses caractères, le genre Hemibradypus nov. gen. fait,
ainsi que j'ai voulu l'indiquer en le nommant, le passage très net du Cho-
lœpus\\\\^. au Bradypus \Àxvnk.
ZOOLOGIE. — Conlribuiion à la morphologie générale des Protozoaires supé-
rieurs. Note de MM. J. Kiinstleu et Ch. Gi.veste, présentée par
M. Alfred Giard.
La famille des Opalinides a été créée, en 1867, par Stein, aux dépens de
remarquables Infusoires holotriches, dépourvus de bouche, de tube |)h;iryn-
gien et d'anus. Le gem'e Opalina Purkinje et Valentiu (i835), type de cette
famille, est constitué par onze espèces diverses.
IJ Opalina dimidiata Stein se dérobe au critérium familial ; il possède une
constitution eu désaccord avec la caractéristique rappelée plus haut.
Cet être pleuronecte présente, à l'extrémité antérieure de son bord ventral, une pe-
tite dépression prostomienne, à laquelle aboutissent les séries longitudinales de cils, et
SÉANCE DU 29 JANVIER 1906. 2.g5
qui peut être plus ou moins lierrnéliquement fermée par contraction. A cette fente
externe fait suite un tube œsophagien, dont la paroi est d'une extrême minceur, et qui
se dirige vers Taxe du corps pour s'enrouler rapidement en spirale. 'Vu la délicatesse
de cet appareil, il est fort difficile de le bien voir. En avant de la fente buccale et, par
conséquent, plus près de l'extrémité rostrale antérieure, mais en contact avec elle,
existe une dépression ctipulaire, au fond de laquelle s'insère un certain nombre de très
longs cils, d'aspect flagelliforme, caractéristiques de la région antérieure de l'Opaline.
En un point du fond de la cupule se voit fréquemment l'origine d'un conduit membra-
neux et délicat qui semble aller en se ramifiant dans le corps et dont le rôle est, sans
doute, excréteur. Enfin, à la base de cette dépression et avec une grande constance, se
voit un corpuscule très cliromopliile qui semble être traversé en partie par l'œsophage
et en autre partie par l'origine du conduit ramifié. A l'extrémité postérieure du corps
se voient souvent des sortes de papilles plus ou moins saillantes ou rétractées, parais-
sant servir à la fixation et au milieu desquelles se trouve un orifice anal d'où part un
court conduit rectal.
L'ensemble de ces faits, s'appliquant à une Opaline, ne saurait manquer
de présenter un sérieux intérêt qui s'augmente encore de la constatation
que les dispositions signalées ici corroborent d'une manière caractéristique
certaines données de morphologie générale que l'un de nous a établies autre
part.
Pour certains FhgeWés (Cryp/omonas, Trichomonas, etc.), l'on sait qu'à
l'extrémité antérieure du corps se trouve une cupule flagellifére recevant
le conduit évacuateur de la vésicule contractile sur laquelle se trouve même
souvent un point oculiforme. Au-dessous de cette cupule, une fente buc-
cale donne entrée dans une poche ou un tube œsophagien. Enfin, de la
poche part un tractus fibreux aboutissant à l'extrémité postérieure du corps,
sur la véritable nature duquel nous avons été longtemps hésitants. Dès
1889, l'un d'entre nous a vu ce faisceau se décomposer en fibres allant
s'insérer vers les lèvres de l'échancrure buccale ('). Récemment, nous
avons découvert, chez le Balantidium entozoon (-), un tractus analogue,
dont le rôle nous paraît, du reste, ressortir d'une petite expérience facile
à faire C*).
(') Bulletin scientijique de la Fiance et de la Belgique, 1889, Pi. VIII, fig. 5.
(^) Simple remarque sur la constitution du Balenlidium entozoon {Comptes ren^
dus Soc. bioL. igoS).
(') En essayant des coloralimis \itales, nous avons bien vu les individus observés,
arrivant au contact de la matière colorante, rétracter violemment leur poche prébuc-
cale et la vider par un véritable tourbillon projeté en avant. Il parait probable que la
Contraction brusque de ce réseau libreu\ a amené cet effet.
296 ACADÉMIE DES SCIENCES.
D'après ce qui précède, non seulement certains Flagellés et Ciliés offrent
une constitution fondamentale plus ou moins analogue, mais encore les
connexions réciproques des diverses parties semblables ne paraissent pas
varier d'une façon très considérable. Un trait d'union nouveau et indé-
niable est ainsi établi entre deux grands groupes de Protozoaires qui pa-
raissaient séparés par une lacune difficile à franchir. Les Flagellés et les
Ciliés sons unis par les liens d'une étroite parenté. Nul doute qu'ils ne
dérivent d'une souche commune qu'il ne nous paraît pas impossible de
reconstituer d'une façon approchée. Ces importantes considérations trou-
veront le développement qui leur convient dans un prochain Mémoire
consacré à la morphologie des êtres inférieurs.
ZOOLOGIE. — Sur l' anatomie et l'histologie des Ixodes .^oi^ à^M. \.. Bonnet,
présentée par M. Alfred Giard.
Cette Note se rapporte à l'étude de l'œil et des glandes venimeuses des
Ixodidœ ainsi qu'à celle de certains organes particuliers de ces Acariens
dont la signification n'a pas encore été établie jusqu'à maintenant.
I. Aire poreuse. — On sait qu'à la face dorsale, vers la base du rostre, on
trouve chez les femelles des Ixodidœ deux dépressions finement ponctuées
appelées aires poreuses . Les auteurs se sont contentés de les signaler sans en
indiquer la nature exacte; je crois pouvoir conclure de mes observations
que ces deux fosselles représentent un organe sensoriel.
Sur les coupes l'aire poreuse se inonlre conslituée par une série d'ouvertures ou
pores qui traversent la chitine de part en part et dont l'ensemble rappelle exactement
l'aspectd'une passoire. Au-dessous de chaque ouverture se trouve une cellule nerveuse
ovoïde avec un noyau central. Les cellules nerveuses se terminent du côté dorsal par
un court prolongement en forme de bâtonnet qui s'engage dans les ouvertures de l'aire
poreuse. Par leur autre extrémité elles se rattachent à un faisceau de fibrilles ner-
veuses qui vient s'étaler largement en forme d'éventail à la face inférieure de l'organe.
Le nerf peut se suivre assez facilement sur des coupes en série jusquà la région
latéro-antérieure du cerveau, où se trouve son point d'origine.
En raison de sa structure, il ne paraît pas douteux que l'aire poreuse ne
représente un organe sensoriel qui peut être rapproché des organes lyri-
formes et analogues des Arachnides. Toutefois, il y a une spécialisation
plus marquée, puisque cet organe n'existe que chez les femelles.
IL OEil. — Les yeux des Ixodes sont du Ivpe des yeux simples, c'est-
SÉANCE DU 29 JANVIER 1906. 297
à-dire qu'ils sont constitués par une lentille ou cristallin, un corps vitré et
des cellules rétiniennes.
La lentille enchâssée dans la chitine de l'écusson, dont elle n'est qn'une simple dif-
férenciation, est blanche, hyaline et fortement bombée; chez Hyalonuna njjine Neu-
mann, elle mesure i5o!^ d'épaisseur sur loot^ de diamètre. Elle ne présente pas de
disposition en lamelles concentriques, mais elle offre des stries perpendiculaires à sa
surface, qui sont nombreuses et accentuées par un pigment noir contenu dans le cris-
tallin.
Au-dessous du cristallin, Fhypoderme se prolonge pour former le corps vitré con-
stitué par des cellules basses comprimées. Ce corps est limité par une zone circulaire
de cellules hautes correspondant à la zone irisée ou tapis des Arachnides.
La partie rétinienne comprend un petit nombre de cellules nerveuses ovoïdes, de
grandes dimensions (So!-"- sur 20!*), à noyaux postérieurs, comme dans les yeux, noc-
turnes des Araignées et dans ceux, des Opilionides.
Je n'ai trouvé de pigment coloré ni entre les cellules rétiniennes, ni sur les bords
du corps vitré, comme on le voit d'une façon constante chez les autres Trachéates.
On voit donc que les yeux des Ixodes s'écartent par certaines disposi-
tions de ceux des Arachnides et qui sont caractérisées : 1° par la grande
épaisseur delà lentille et la forte courbure du cristallin; 2° par la présence
de pigment noir dans le cristallin ; 3° par l'absence de pigment entre les
cellules rétiniennes et dans la zone irisée; 4° par 'a grande dimension des
cellules nerveuses.
III. Glandes venimeuses. — Entre les alvéoles pluricellulaires des glandes
salivaires on trouve un certain nombre de cellules pyriformes volumi-
neuses, qui se distinguent des autres cellules glandulaires par leur affinité
pour les colorants acides.
En étudiant ces cellules à différents stades, j'ai reconnu qu'elles constituent des
glandes unicellulaires, qui débouchent dans les conduits salivaires par un court canal.
Ces glandes sont localisées exclusivement sur les gros troncs des canaux excréteurs.
Je considère ces éléments hislologiques comme des glandes venimeuses; elles sont du
reste beaucoup plus nombreuses chez Xe^i, Argas que chez les Ixodes, ce qui peut expli-
quer assez aisément, par rapport à ces derniers, l'irrilation plus grande que cause la
piqûre de YArgas.
A l'état de repos, c'est-à-dire chez des individus détachés de leur hôte depuis un
certain temps, le noyau de ces cellules est régulier, arrondi et nettement limité. Au
moment de l'activité sécrétrice, la membrane nucléaire disparaît et le noyau émet des
prolongements irréguliers surtout du côté de l'ouverture de la glande. Ces prolonge-
ments se détachent de la masse centrale et se fractionnent en granulations nucléaires
qui sont tout à fait identiques aux grains vénogénes observés dans les glandes à venin
des Arthropodes et des Ophidiens.
Le cytoplasme est éosinophile et finement granuleux. Toutefois, autour du noyau et
C. R., 1U06, I" Semestre. (T. CXLU, N» 5.) 4o
298 ACADÉMIE DES SCÏENCES.
des granulations nucliiaires, il présente une zone hyaline de faible densité plasma-
tique; cette zone est plus ou moins étendue suivant l'importance de la masse de cliro-
matine qui y est contenue. Les granulations chromatiques paraissent se dissoudre
dans le cytoplasme et le modifier en vue de l'élaboration des substances toxiques.
Il m'a paru intéressant de signaler ces émissions nucléaires qui jouent
sans doute ici un rôle d'une haute importance dans les phénomènes de la
sécrétion, et participent vraisemblablement à la formation du venin dans
la glande, ainsi que l'a montré I.,aunoy dans ses recherches sur les glandes
venimeuses.
EMBRYOLOGIE. — Sur Veffel des injections d'exlraii de glanle mlerstiticUe
du testicule sur la croissance. Note de MM. P. Axcel et P. Bouix, pré-
sentée par M. Alfred Giard.
Les animaux dont nous nous sommes servis pour étuilier l'effet sur la
croissance des extraits de glande interstitielle du testicule ont été déjeunes
cobayes mâles, au nombre de 12. Nous avons divisé ces animaux en trois
lots de 4 cobayes chacun. Les animaux du premier lot ont été conservés
comme témoins; ceux du second ont été castrés et ont été aussi conservés
comme témoins; ceux du troisième ont été castrés et ont reçu tous les deux
jours une injection sous-cutanée d'extrait de glande interstitielle. Ces
expériences ont été poursuivies du 3i mars au 27 juin. Les cobayes ont été
pesés régulièrement tous les 8 ou 10 jours, le malin et à jeun. Ils ont tous
vécu ensemble dans une grande cage et se sont trouvés dans des conditions
absolument identiques.
En comparant la courbe des poids appartenant aux cobayes pesant
approximativement le même poids vers le début de l'expérience (un peu
moins de 200^), nous constatons que cette courbe diffère dans chaque lot.
Si nous établissons des moyennes, nous voyons que l'augmentation de
poids a été de Sao^ chez les normaux, a66^ chez les castrés, Soô^ chez les
castrés injectés. Les pesées ont montré que la croissance s'est faite réguliè-
rement; les cobayes n'ont été malades ni les uns ni les autres. Ces pre-
mières constatations nous amènent donc à formuler ces deux conclusions :
j° Le développement des jeunes cobayes castrés est plus lent que celui
des cobayes normaux de même âge;
2° Les injections d'extraits de gUunle interstitielle du testicule activent
très notablement le développement des jeunes cobayes castrés, mais celui-ci
n'atteint pas la normale.
SÉANCE DU :>() JANVIER 1906, 299
Si l'on compare l'augmentation de poids des cobayes normaux et castrés
à partir du moment où ils pèsent 400* à 45os, on s'aperçoit que ce sont au
contraire les cobayes castrés qui augmentent de poids le plus rapidement.
Un nouveau facteur intervient alors. On sait en effet que les animaux cas-
trés engraissent plus rapidement que les entiers; l'augmentation de poids
ne signifie plus croissance rapide, mais accumulation de tissu adipeux.
Cette accumulation commence à se manifester chez les cobayes pesant 400^
à 45o^. Par conséquent, au-dessus de ces chiffres, les poids ne traduisent
plus la croissance. C'est ce qui explique pourquoi nous avons cru devoir
arrêter nos expériences à partir de ce moment.
Par conséquent, les injections d'extraits de glande interstitielle du testi-
cule faites à de jeunes cobayes castrés agissent fortement sur la nutrition
générale de ces sujets. Elles activent la croissance, qui devient presque
normale, tandis que celle des cobayes castrés non injectés est sensiblement
plus lente. Elles semblent donc pouvoir suppléer, en partie du moins, le
testicule absent.
STATISTIQUE. — Tables de croissance dressées en 1903 d'après les mensu-
rations de l^lioo enfants parisiens de I cir i5 ans. Note de MM. Variot et
CiiAUMET, présentée par M. A. Gautier.
Il n'existe pas en France de Tables de croissance d'ensemble pour les
enfants de i à i5 ans. Dans le but d'obtenir des moyennes stables nous
nous sommes astreints à mesurer la taille et le poids d'au moins 100 enfants
de chaque sexe pour chaque année d'âge. Le plus souvent le chiffre de 100
a été fortement dépassé el nos moyennes ont été calculées d'après un plus
grand nombre de garçons ou de filles.
Toutes les mesures pour la taille et le poids ont été enregistrées à l'aide
d'un pédiomètre spécial et toujours par la même personne. Cet instrument
se compose d'une balance à curseurs mobiles, balance sensible à lo"^ et
pesant jusqu'à loo''^. Elle est munie d'une toise graduée en millimètres,
fixée sur le plateau de la balance et mobile par une articulation de manière
à permettre de mesurer les enfants debout ou couchés. Sauf pour les enfants
au-dessous de 2 ans la taille a été prise debout.
Nous avons éliminé des résultats qui suivent les sujets étrangers, les
malades et les anormaux. Nos recherches de pédiométrie ont porté sur les
enfants fréquentant à Paris les crèches, les dispensaires, les écoles mater-
3oo
ACADEMIE DES SCIENCES.
nelles, les écoles communales, les orphelinats, les enfants assistés, les
consultations des hôpitaux, les écoles professionnelles pour les enfants
de 12 à i5 ans. Nous avons pris nos mesures dans le neuvième arrondis-
Courbes représentant l'accroissement en taille et en poids de i à i6 ans,
eliez les garçons et les filles, à Paris.
sèment (quartier aisé, Opéra) et dans le vingtième (quartier populeux de
Belleville).
r>a grande majorité des enfants résidant à Paris sont nés de parents venant
de toutes les parties de la France. Les vrais Parisiens sont en minorité.
SÉANCE DU 29 JANVIER I906.
3or
Tableau A. — Tailles cl poids moyens
(44oo enfants des écoles
Tiiillc en m'iiliminres.
de la première à la seizième année,
de Paris, crèches, etc.)
Poids ca p[r<imnies.
Accroisse-
k
^croissc-
Ae
croisse-
Accroisse-
ment
ment
nient
ment
Ages.
Garçons.
annuel.
Filles.
annuel.
Ages.
Garçons, annuel
Filles.
annuel.
an
cm
cm
cm
cm
ans
K
ke
s
H
T à 2..
74,2
»
73,6
>
là 2. .
9000
»
9800
»
2 à 3..
82,7
8,5
81,8
8
2
2 à 3. .
I I 700
2,2
1 i4oo
2,1
3à 4.-
8q,ï
6,4
88,4
6
6
3 à 4.-
i3ooo
1,3
I2 50O
','
4 à 5. .
96,8
7 ' 7
95,8
7
4
4 à 5..
i43oo
1,3
18900
'.7
5à 6..
io3,3
6,5
101,9
6
1
5 à 6. .
15900
1,6
l5 200
1,3
6à 7..
'09,9
6,6
108,9
7
0
6 à 7..
17 5oo
1,6
17400
2,2
7 à 8..
ii4,4
4,5
n3,8
4
9
7 à 8..
19000
1,5
19000
1,6
8 à 9..
i'9.7
5,3
119,5
5
7
8 à 9..
21 100
2,1
21 200
2,2
9 a 10. .
125, 0
5,3
124,7
4
8
9 a 10. .
28800
2>7
28900
2>7
}0 à II..
i3o,3
5,3
129,5
5
2
0 à II..
2 5 600
1,8
26600
2>7
Il à 12. .
i33,6
3,3
■ 34.4
4
9
Il à 12..
27700
2,1
29000
2,4
12 à i3..
187,6
4,0
141,5
7
2 à i3. .
3o 100
2,4
33 800
4,8
i3 à 14. .
145, 1
7.5
i48,6
J
I
i3 à i4..
35700
5,6
383oo
4,5
i4 à i5..
i53,8
S, 7
i52,9
4
3
i4 à i5..
4 1 900
6,2
43 200
4,9
i5 à 16. .
159,6
5,8
l54,2
i
3
i5 à 16..
47500
5,6
46000
3,2
Tablea
u B. — Tableau contenant
nos résultats,
ceux de Quételet, de Bo
ivditch et de Rolch.
Garçons.
Variot
Filles.
V'ariot
Quétel
et (>)
*Bowditch
Morg.Rotch. et
Bowditch
Morg.Rotch. et
(Belgi
que).
(Massa-
Harw. Va'w
. Chaume
(Massa-
Harw. Univ. Chaumet
. -ii^
~^— ~
Ages.
chussets).
(Boston)
(Paris).
chusscts)
( Boston )
. (Paris).
.\ges. Garçons
Filles.
an
s cm
cm
cm
cm
cm
cm
ans cm
cm
là 2. .
74,0
73,8
74,
2
70,8
74,1
73,6
I.
. 69,8
69,0
2 à 3..
. 83,4
84,5
82
7
80,2
82,3
8. ,8
2.
79.'
78,1
3 à 4..
92,1
92,6
89-
i
90,6
90>7
88,4
3.
. 86,4
85,4
4 à 5. .
100,3
98,2
96
8
97'4
97.0
95,8
4.
■ 92,7
9'>5
5à 6..
I o5 , 6
io3,9
io3
3
io4,9
io3,2
101,9
5.
• 98,7
97.4
6 à 7..
1 1 1 . 1
109,3
109
9
1 10, 1
108,3
108,9
6.
. io4,6
io3, 1
7 à 8..
1 16,2
114,3
1,4
4
1 15,6
ii3,8
ii3,8
7-
. 110,4
108,7
8à 9..
. 121,3
i'9i4
119
7
120,9
118,9
119,5
8.
116,2
"4,2
9 à 10..
126,2
124.2
125
0
125,4
123,4
'24-7
9-
. 121,8
119,6
10 à II..
i3i ,3
129,2
i3o
3
i3o,4
128,3
129,5
10.
. 127,3
'24,9
II à 12. .
. i35,4
i33,3
i33
6
'35,7
i33,5
i34,4
1 1.
182,5
i3o, 1
12 à i3..
. i4o,o
'37>7
'37,
6
'4', 9
'39.7
i4i,5
12.
. 187,5
i35,2
i3 à i4. .
. 145,3
143,0
145
1
'47>7
'45,4
i48,6
i3.
. 142,3
i4o,o
i4 à i5..
l52,l
i49>7
i53
8
i52,3
'49,8
'52,9
'4.
• '46,9
.44,6
10 à 16..
. i58,2
»
159
6
i55,2
>j
l54,2
i5.
i5i,3
i48,8
(') Quételet n'avant mesuré qu'un petit nombre de sujets d'année en année, ses
Tables ne peuvent être comparées aux autres Tables qui comportent un grand nombre
d'individus compris entre deux années consécutives. Les Tables de Quételet ont été
dressées, il y a plus de 5o ans, à Bruxelles, sur des enfants belges. Elles dérivent d'une
extrapolation pour l'âge de la puberté.
3o2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIOLOGIE. — Conditions physiologiques de V enseignement oral.
Note de M. Pierre Bonnier, présentée par M. AlFred Giard.
Un grand nombre d'instituteurs et de professeurs se trouvent tous les
ans momentanément ou définitivement arrêtés dans leur carrière par des
troubles vocaux. La plus grande partie des aiïections laryngées observées
sont le résultat du surmenage et du malmenage de la voix dans l'enseigne-
ment journalier, et de l'absence d'éducation professionnelle de la voix dans
les écoles normales.
Les leçons de diction que reçoivent les futurs professeurs ne développent
que les qualités extérieures de la voix et de la parole, mais nullement la
résistance, la force et la pénétration de l'outil vocal, qualités qui sont pour-
tant la base naturelle de l'enseignement oral.
La voix professionnelle, dans l'enseignement et dans toutes les carrières
vocales, est celle qui, sans effort, emplira la totalité de la salle dans laquelle
on parle. Il suffit à l'orateur de saisir la sonorité propre de la salle et de se
servir de la caisse de résonance qu'elle forme en l'ajoutant aux cavités orga-
niques où se fait la voix. La voix est alors extériorisée et l'air de la salle
parle avec l'orateur, que tous les auditeurs, les plus éloignés comme les
plus proches, entendent parfaitement. Cette voix professionnelle réunit le
maximum d'effet au minimum d'effort. Elle s'enseigne facilement.
Faute de savoir utiliser la cavité pneumatique dans laquelle on parle, on
pousse sa voix, on la grossit, on la tend sans la porter et les organes
vocaux se fatiguent rapidement et se détériorent.
Dans deux écoles normales d'instituteurs et d'institutrices de la Seine,
dont j'ai pu examiner à ce point de vue les élèves, 69 pour 100 des filles
et 78 pour 100 des garçons ne savaient pas prendre cette voix profession-
nelle; presque tous y sont rapidement parvenus dès que je la leur ai
indiquée.
Cet enseignement si utile peut donc facilement être donné aux futurs
professeurs.
D'autre part, j'ai mesuré la capacité auditive utile, scolaire des élèves
de 5 à i5 ans des écoles annexes.
I^ar la recherche de la paracousie, c'est-à-dire de l'exagération de l'au-
dition par contact, au moyen d'un diapason-étalon vibrant sur le genou,
j'ai évalué la proportion d'enfants qu'une insuffisance fonctionnelle de
l'oreille force à doubler l' effort intellectuel pour comprendre d' un effort ^enso-
SÉANCE DU 29 JANVIER 1906. 3o3
riel pour entendre, effort qui ne sera pas longtemps soutenu : 53 pour 100
des filles, 65 pour 100 des garçons sont paracousiques d'une ou des deux
oreilles.
Ce procédé d'évaluation est facile et peut être confié à l'instituteur sans
connaissances médicales.
C'est donc plus de la moitié des enfants qui, au point de vue auditif,
sont au-dessous du niveau scolaire nécessaire. Ici encore il serait facile
d'indiquer aux maîtres et aux maîtresses comment on remédie à l'insuffi-
sance auditive en combattant les quelques causes qui la provoquent.
1! y aurait donc lieu, dans l'éducation des maîtres et des élèves, de dimi-
nuer cette double insuffisance vocale et auditive qui stérilise l'enseigne-
ment oral et nuit à tant de carrières.
PHYSIOLOGIE. — Sur l'aneslhésie chloroformique. Dosage du chloroforme
avant, pendant, après Vanesthésie déclarée et quantité dans le sang
au moment de la mort. Note de M. 3Iaurice Nicloux, présentée
par M. Dastre (').
En i883, Gréhant et Quinquaud (^) ont déterminé la quantité de chlo-
roforme dans le sang au moment de l'anesthésie; leur méthode était basée
sur la réduction de la liqueur de Fehling en tube scellé; ils ont fixé la dose
aneslhésique dans le sang du chien à i pour 2000, soit 5o™° de chloroforme
pour loo^ de sang.
En possession de la méthode de dosage du chloroforme dans le sang,
décrite précédemment dans les Comptes rendus (^), j'ai pu aborder, avec
la plus grande facilité, l'étude de la même question et la compléter.
D'une façon générale, les animaux (chiens) sont soumis à l'action du
chloroforme par la respiration du liquide imprégnant une éponge placée
au fond d'une conserve. A différentes périodes de l'anesthé-iie on fait
une prise de sang artériel (i5""' à 20'^°°) pour y doser le chlorolorme;
l'aneslhésie une fois déclarée, ou bien on pousse l'anesthésie ii fond jus-
(') Celle Noie a été présentée à la séance du 22 janvier.
(-) GuÉUANT et QuiNQL'AUD, Dosuge du chloroforme dans le sang d'un aitimal
anesthésià {Comptes rendus, t. XCMl, 1880, p. 753).
(^) Macrice A'icLOUX, Sur le dosage de petites quantités de cidoi oj'urme, son
dosage : 1° dans l'air; 2" dans le sang ou dans un liquide aqueux {Comptes ren-
dus, t. CXLIl, 1906, p. i63).
3o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
qu'à la mort de l'animal; ou bien on cesse l'administration du chloroforme,
on laisse les animaux revenir à eux et l'on fait périodiquement des prises
de 20'"'' de san"; pour la détermination du chloroforme. Voici les résultats :
SÉRIE I. — Dosage du chloroforme dans le sang avant et pendant l'anes-
thësie /joussce jusqu'à la mort de l'animal. Je réunis les expériences sous
forme de Tableau :
Temps eomplé
depuis le déliiil
Clilorofornic
de la
en milligramtocs
Numéros
respiralion
pour
des cxpcricnfcs.
du rldorofonue.
loocm^ lie sang.
Expér. I.
( ■"■"
^
Chien i^'b.
( 3o"
[-,"] (')
Expér. II.
\ '■5'"
5o,.î
Chien I2''s.
( 33»
L6o,.=>]
Expér. HT
Chien jft'-e.
' 68»
1 s'r
5o
57.5
[64]
' i».'5o'
iS,.i
Expér. IV.
Chien io''e.
1 ':
1 30"
56
60
07,5
5o-
[09.5]
f 5-
i5,5
Expér. V.
.9"
27
Chien f)''P,.5oo.
35».
47
( 59"
['] = ]
[ i^-So-
lA
Expér. VI.
Chien i8i<s.
6»
1 32"
21,4
4o
48,5
1 28°
[4i,5]
1 5"
i4
,0".
33,5
Expér. VII.
] ,4,,.
63,5
32-
55,5
f Go">
58,5
Observations résumées.
Période préaneslhésique très rapide ayant duré :) minutes.
Période préanesthésique lente, durée : i5 minutes.
Période préanestliésique lente, durée : 18 minutes. Anesthésie
profonde et régulière pendant toute la durée de l'expérience.
Anesthésie par dose massive de chloroforme. Période préanes-
thésique extrêmement réduite, d'une durée de 2 minutes 3o se-
condes. Entre la 9' et la 10° minute arrêt respiratoire combattu
par la respiration artificielle et les tractions de la langue.
L'animal était en digestion. Période préanesthésique de longue
durée: 19 minutes. De la 33" à la 34° minute arrêt repiraloire,
respiration artificielle, tractions de la langue. A la 5o' minute,
perte hémorragique de 24o5 de sang.
Période préanesthésique rapide : 6 minutes. A partir de la
22" minute on a fait obstacle à la respiration en faisant res-
pirer l'animal à travers une muselière à chloroforme renfer-
mant une éponge très serrée largement imbibée de chloro-
forme.
Période préanesthésique lente: i4 minutes. L'animal était encore
un peu sensible à la 10" minute, quoique à ce moment la quantité
dans le sang fût de 33"«, 5, l'animal n'est pas mort; il fait
l'objet de l'expérience IV de la série d'expériences suivantes
(voir plus bas).
L'examen des chiffres de ce Tableau montre que la dose anesthésique
est variable avec les animaux; elle est voisine de 5o"'^ (Expér. II et III), ce
qui confirme pleinement le chiffre de Gréhant et Quinquaud, et même un
peu supérieure dans les expériences I, IV, VII; voir aussi plus bas les ex-
périences II, III, IV et V de la série d'expériences suivante; elle est très
nettement au-dessous de ce chiffre (Expér. IV et V).
(') Les chiffres entre crochets représentent les quantités de chloroforme au moment
de la mort.
I
SÉANCE DU 29 JANVIER 1906. 3o5
La dose mortelle paraît être aussi soumise aux mêmes variations : élevée
dans les expériences I et IV, moyenne dans l'expérience II, faible dans les
expériences V et VI; dans cette dernière, l'asphyxie plutôt que le chloro-
forme a été le facteur prépondérant de la mort.
Enfin, fait important à signaler, la marge entre la dose aneslhésique et
la dose mortelle est rehitivement très faible,
Série II. — Dosage du chloroforme dans le sang après Vaneslhèsie, pendant
la période de retour. — Les animaux étant anesihésiés, on fait une prise
de sang(i5'"°'à 20"°°'); à ce moment précis, on cesse l'administration du
chloroforme, on laisse les animaux revenir à eux, et l'on fait périodique-
ment des prises de sang de 20""' pour y doser le chloroforme.
Les expériences sont résumées dans le Tableau suivant :
Expériei
ace I i ' 1.
Clilororoimc
en
milligrammes
pour
Toocm' de sang.
Expcrî
Temps
compté
depuis la lîn
de
raneslhésîe.
ence H.
Cbloroforme
en
milligrammes
pour
joocm' de sang.
E\pi
LTïence
lil.
Expér;
Temps
compté
depuis la fin
de
Tanesthcsie.
ience !V.
Expér
Temps
compté
depuis la fin
de
l'aiiestliésie.
ience V.
Temps
compté
depuis la fin
de
l'ancsibésie.
cûiurilé
depuis la
de
l'anesllK';
fin
sie.
Cljluniforrae
en
milliprnmmcs
pour
mocm' (ie sang.
Cliloroforme
en
milligrammes
pour
100 cm' de sang.
Clilorororme
en
milligrammes
pour
100 cm^ de san-r.
m
0
5
mg
5o
23
m
0
1
35
m
0
2.3o>
mg
37
m
0
7
mg
08,5
3i,5
m
0
3o
39,0
23
i3
i4,5
2
29
5
28
20
■i5,5
\^
16
3o
10
5
25,5
i5
22,5
4o
l'i
â*-
7.5
»
»
i3
20,5
3o
18
l»»
18
7-
»
'i5
»
»
3o
18
il'
12,5
2 h 3Q-n
7-5
)>
»
»
60
i3,5
2h
7-5
)>
»
»
1,
De cette série d'expériences qui se complètent mutuellement on
peut conclure que le chloroforme s'élimine très rapidement au début,
puisqu'on 5 minutes la quantité de chloroforme baisse environ de moitié,
puis la disparition du chloroforme se fait ensuite plus lentement. Après
3 heures la quantité dans le sang est de 7™^ environ; après 7 heures le
chloroforme a sinon entièrement, du moins presque complètement disparu
du sang.
(•) On trouvera, pour celte série d'expériences, quelques détails complémentaires
sur la durée de la péiiode préaneslliésique et de l'anesthésie dans les Comptes rendus
de la Société de Biologie, séance du 20 janvier 1906.
G. R., iQr6, 1" Semesire. {T CXLII N" 5.
/»!
3ofi ACADÉMIE DES SCIENCES.
GÉOLOGIE. — Sur une faune d'Ammonites nèocrèlacée recueillie par l'expé-
dition antarctique suédoise. Note de M. W. Kiliabî, présentée par M. A.
de Lapparent.
L'étude des Céphalopodes crétacés réunis en 1902 par l'expédition
antarctique que dirigeait O. Nordenskjôld m'ayant été confiée par M. J.
Gunnar Anderson, géologue de l'expédition, je crois devoir, en attendant
l'achèvement de la monographie détaillée que je prépare avec M. P. Re-
boul, signaler les faits suivants :
Les Ammonoïdes, au nombre de plus de 280, et dont quelques-unes
sont d'une conservation remarquable, étant encore pourvues de leur test,
proviennent d'une série de localités situées entre les îles Seymour et Snow-
Hill, près de la côte Nord-Est de la terre de Graham. Tous ces gisements
appartiennent à la même formation géologique et ont fourni une faune
assez homogène.
J'ai pu y reconnaître, outre un grand nombre d'espèces nouvelles, les formes
suivantes :
Nautilus Bouchardianus d'Orb. — BelemnUes sp. indéterminable (un phragmo-
cone). — Phylloceras cf. Velledœ; Ph. raniosum Meek; Ph. Surya Forbes sp. —
Lytoceras (grande taille). ^- Pseudophyllites Indra Stol sp. — Gaudryceras poli-
tissimu/n Kossmat (beaux échantillons); G. impériale Yabe; G. m ultiplex uni Kossra.;
G: Kayei Forhes sp.; G. (groupe de Sacya Stol.); G. cf. Striatum Jimbo; G. ail'.
Marut Stol.; Gaudryceras, n. sp. — Haniites (voisin de //. cylindraceus d'Orb.)
cf. //. {Diplomoceras) nolabile Whh. de Vancouver. — Desmoceras (Puzosia) aft.
Sugata Forbes sp. ; D. (Puzosia) diphylloides Forbes sp.; D. afif. Denisoni SuA. sp.
— Holcodiscus cf. Theobaldianus Stol. sp. ; II. n. sp. alf. Tlieobaldianus Stol.
sp. (abondant); //. cf. Karapaderisis Siol. sp. ; H. Madrasinus Stol. sp. ; H. Aimi-
lianus Stol. sp. ; //. n. sp. A (abondant) (•); //. n. sp. B (^) (assez commun); //.,n.
(') Holcodiscus sp. A est extrêmement curieux par l'importance que prennent, dans
celte espèce, les crénelures des côtes, tellement développées dans l'adulte qu'on croi-
rait avoir affaire à certains Acanthoceras du groupe de Ac. niamillalum.
(-) Holcodiscus sp. B présente tous les caractères d'un Holcod. {II. sparsico-
status Kossm.) dans les tours intérieurs, tuais se modifie enlièremeiil dans la
partie correspondant à la loge, où apparaissent des tubercules engendrant une orne-
mentation très analogue à celle des Neumayria, de certaines Schlœnbachia (Schl.
rhonibifera)., des Prionocyclus et des Barroisia. D'aulres formes présentent, dans
les tours internes, une grande analogie avec certains Virgatites.
SÉANCE DU 2f) JANVIER iqo6.
3o^
sp. ; H. cf. buddhaicus Kossm.; H. Bhaïa/ii Slol. sp..; //. cf. Mora\.-iatoorerisis
Slol. sp. ; H. cf. clii'eanus Slol. sp. ; //. Kalika Stol. sp. (très abondant). • — Pacliy-
discus cf. /o^a/f/iMS Stol. sp.; P. cf. Golleville/isis d'Orh. sp., voisic de P. QiUriquinœ
Steinra. sp., et de P. colligatus, v. Binck. ; P. {Sonneratia) sp. ; Pach. gemmalus
Hujjpé sp. (cette espèce, que ses cloisons et son ornementation me font ranger sans
hésitation parmi les Pachydiscus et non dans le genre Holcodiscus, est bleu repré-
sentée à l'île Seymour).
Cette faune est remarquable par le grand développement des espèces
(\\i ^rou\^Q âe Holcodiscus àon\ les formes en constituent, au point de vue
numérique, l'immense majorité.
II est particulièrement intéressant d'assister ici à l'épanouissement de ce
groupe, qui, après avoir disparu des mers européennes à l'époque barré-
mienne, devient, dans les mers néocrétacées indopacifiques, le point de
départ d'une multitude de formes, chez lesquelles les modifications de
l'ornementation produisent des convergences très curieuses avec des types
appartenant à des souches fort différentes. Les Holcodiscus constituent
l'élément prédominant de la faune des Snow-Hill-Beds et des Seymour- Beds.
La pluparfde ces formes sont ou identiques ou très semblables à des espèces
caractéristiques des assises de Trichinopoly (couches supérieures), d'Arya-
loor et de Valudayoor dans l'Inde, c'est-à-dire du Sénonien; quelques
espèces seulement (Gaudryceras cf. Marut Stol. sp., Holcodiscus cf. Clivea-
nus Stol. sp., Holc. moraviatoorensis Stol. sp. et Pachydiscus rotalinus
Stol. sp.), du reste rares et isolées, indiqueraient un niveau inférieur,
celui des couches supérieures d'Ootator dans l'Inde, équivalentes du
Turonien ; mais il faut remarquer que les formes les plus caractéristiques
{Schlœnbachia, Acanthoceras, etc.), de ce niveau font défaut. Le type fau-
nique rappelle à un haut degré celui des dépôts néocrétacés de l'Inde,
ainsi qu'à un degré un peu moindre, mais cependant notable, celui du
Crétacé supérieur (Nanainio-Group) de l'île de Vancouver, de la côte
pacifique de Californie, du Japon, de la Patagonie, du Natal, etc. La [iré-
sence de Pachydiscus (' ) gemmatus Huppé sp., de Lytoceras Kayei et Phyll.
ramosum Meek ainsi que celle d'un grand Pachydiscus voisin de P. Quiri-
quinœ Steinm. et de P. colligatus y. Binck., à l'île Seymour, évoquent un
rapprochement avec les couches de Quiriquina (Chili) que nous ont fait
connaître M. Steinmann el ses collaborateurs.
Ainsi le type indopacifique du Crétacé supérieur s'étend jusqu'aux con-
(') Attribué par M. Steinmann, à lurL suivant nous, au genre Holcodiscus.
3o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
trées antarctiques; il est très probable qu'une communication marine
reliait par cette région, et en passant au sud du Cap de Bonne Espérance,
le bassin pacifique Sud-Oriental avec l'extrême sud de l'Atlantique, ainsi
que l'a déjà soupçonné M. Rossmat, et comme l'indique le cachet fau-
nique de la craie du Natal (à Gaudryceras). Cette communication a d'ail-
leurs été admise sur la carte paléogéographique du Crétacé supérieur, dans
la nouvelle édition du Traité de Géologie de M. deLapparent.
La i-éparlition des espèces dans les divers gisements explorés ue permet guère de
distinguer plusieurs faunes correspondant à des niveaux distincts; cependant sur l'île
Sejniour (local. 8) paraissent prédominer les formes à lest bien conservé du groupe
d'Arjaloor et du niveau de Quiriquina, telles que Pachydiscus gemmatus. Pach. cf.,
Gol/ei'ille/isis, avec Bolcodiscas Bhai-ani, H . Aernilianus, H. Madrasinus. Gaudry-
ceras cf. strialu/n.
A l'île Cockburn ainsi que dans les diverses localités de l'île Snow-Hill (cap Bod-
man, etc.) on observe une faune unique et homogène, caractérisée par les Holcodisciis
cités plus haut, notamment par les formes nouvelles A et B. Les espèces rappelant
l'horizon plus ancien d'Ootator n'ont été rencontrées que dans certains points de
Snow-IIill, ( localités 2^' et 2""") mais mélangées aux formes habituelles du niveau
supérieur (Snow-Hill-Beds-Ânderson, Aryaloor et Tricliinopoly) (couches supérieures).
Toutefois la localité de Snow-Hill n'a fourni que Pseudophyllites Indra Stol. sp. et
des Pachydiscus et paraît, comme celle de l'île Seymour (loc. 8), appartenir à un
liorizon supérieur du Sénonien (Older Seymour Insel, Beds, Anderson).
GÉOLOGIE. — Sur les racines de la nappe de charriage du Péloponése.
Note de M. Ph. Négris, présentée par M. A. de Lapparent.
Dans une Note précédente nous avons constaté l'existence d'une nappe
de charriage considérable dans le Péloponése. Les endroits de la Grèce
continentale, voisins du Péloponése, où l'on retrouve en place la série des
couches formant cette nappe, sont rares. Citons cependant le chaînon du
Phagas, au sud-est du lac Copaïs. Ce chaînon, du côté du lac, présente des
couches minces de jaspes bariolés, alternant avec des grès et des schistes;
le tout est surmonté par une crête de calcaire gris clair. Les jaspes, au
microscope, sont remplis de radiolaires, d'après la détermination qu'a
bien voulu faire M. Cayeux. On retrouve la même série plus au Sud, sur
l'Hélikon de Zagora, entre le couvent de Mak;u'iolissa et le village de Dom-
brena, mais ici complètement bouleversée par un épanchement serpen-
tineux. On la retrouve encore au-dessus de Galaxidi, où l'on a une alter-
nance de calcaires en plaquettes et de jaspes, le tout surmonté par la
SÉANCE DU 29 JANVIER 1906. 3og
masse puissante du calcaire de Guiona. Ces exemples, bien que rares,
suggèrent l'idée que la série devait se continuer vers le golfe de Corinthe
et que le pli dont serait issue la nappe du Péloponèse aurait eu cette
région pour origine. On retrouve d'ailleurs un fragment de ce pli, repré-
senté par les monts Géraniens, dans l'isthme de Corinthe. On a ici un pli
pyrénéen ONO, qui s'infléchit vers l'EO et l'ENE de part et d'autre du pU
crétacé NE du Parnès, qui traverse l'isthme suivant son axe et que nous
avons retrouvé à l'est du Ziria (Comptes rendus, t. CXLI, p. 919) produisant
la même déviation. A la suite de cette déviation des plis Géraniens et des
fractures qui en furent la conséquence inévitable, eut lieu un épanchement
serpentineux considérable; aussi Irouve-t-on ici sous les calcaires des
sommets des schistes avec jaspes et serpentines.
A l'Ouest tout est effondré dans le golfe de Corinthe, jusqu'au détroit de
Rhion, où l'on retrouve les calcaires et jaspes, non plus en place, mais
déversés au Nord sur la côle continentale, au Sud sur le Voïdias. Dans la
Note précitée nous avons signalé ici, à Naupacle, un pli crétacé NE qui
aurait ainsi arrêté le développement du pli pyrénéen du golfe. Ce dernier,
composé essentiellement de couches pélagiques (boues calcaires à globi-
gérines et boues siliceuses à radiolaires, comme le montre la nappe de
charriage), pressé entre les plis plus rigides du Nord et du Sud, formés en
grande partie de calcaires puissants construits de rudistes et coraux au
Nord, de rudistes et foraminifères au Sud, se développe en na()pe grandiose
tout le long du golfe, parallèlement à la direction pyrénéenne et chevauche
tous les plis du Sud jusqu'au cap Gallo sur iSo""" et plus peut-être. Vers
l'extrémité ouest la nappe est arrêtée par les plis crétacés. A Naupacte
même, devant l'obstacle offert par ces derniers, le chevauchement a lieu
en éventail, les plis pyrénéens chevauchant au Nord et au Sud.
Je ne me dissimule pas qu'il v a une espèce de contradiction entre le
développement considérable de la nappe de charriage, et l'espace limité,
compris entre les montagnes d'Achaïe et la chaîne du Parnasse et de l'Héli-
kon, entre lesquelles était comprise à l'origine toute la masse charriée. Mais
l'objection disparaît si l'on admet que les régions entre lesquelles s'est
produit le refoulement étaient, avant ce dernier, beaucoup plus éloignées
qu'aujourd'hui et que sous les pressions latérales elles se sont rapprochées
considérablement, en refoulant les masses relativement plastiques qui les
séparaient, tout en subissant elles-mêmes des gonflements en forme de plis
moins importants.
3lO ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'âge des couches de la nappe de charriage, ou du pli du golfe, nous est
donné par l'âge des couches des monts Géraniens, du mont Phagas, couches
qui sont parallélisées avec celles du Parnasse, où Bittner a trouvé dans les
horizons inférieurs des fossiles du Néocomien et du gault, et oîi les fossiles
de Caprena assignent aux horizons supérieurs un âge supracrétacé. Il se
pourrait que le Juiassique même prenne part à la composition de la nappe
de charriage, comme l'admet M. Cayeux. En effet, M. Deprata trouvé cet
horizon, avec faciès corallien, il est vrai, à Chalcis, mais rien n'empêche
d'admeltie que plus au Sud cet horizon devienne péhigique. En tout cas
cas dans l'Attique cet horizon serait encore calcaire, il serait représenté [)ar
le calcaire crétacé inférieur de Lepsius; car ce calcaire manque souvent
sous le schiste supérieur que recouvre le calcaire de Parnès. Il semble bien
que cela soit à l'émersion jurassique qu'il faille attribuer cette érosion du
calcaire compact inférieur de l'Attique : c'est ce qui nous conduit à reculer
son âge et à l'assimiler au calcaire de Cheli.
A la suite du plissement pyrénéen et du charriage, qui eut lieu (comme
nous l'avons démontré dans la Note précitée) à la fin du Lutétieu moyen,
le Péloponèse émerge, sauf à l'Ouest où continuèrent à se former tes con-
glomérats puissants de la Messénie, aux dépens de la masse charriée,
jusqu'à ce que les plis pindiques soulevassent aussi ces ilé[)ôls. Cependant
l'ébranlement produit par le |)lissement pindique amena des effondre-
ments considérables, dans lesquels se déposèrent les couches pliocènes.
C'est alors que les racines de la masse charriée s'effondrèrent dans une
fosse, plus large et plus profonde de beaucoup que le golfe de Coriiithe
actuel, où se déposèrent des masses puissantes de marnes levantines et de
conglomérats. Avant le Pliocène supérieur, à la suite de la surrection de
l'écorce, ces dépôts sont soulevés à i^5g™, mais de nouveaux effondre-
ments se produisent à la Qn du Pliocène, sur l'emplacement des premiers,
et le golfe de Corinthe se forme, marquant l'em[)lacement où s'élevait
jatlis une chaîne probablement plus élevée que toutes les chaînes qu'elle a
recouvertes.
M. André Dumouliiv adresse une Note intitulée : Principe des dispositifs
d'organes pouvant contribuer à faciliter le départ du sol des aéroplanes.
(Renvoi à la Commission d'Aéronautique.)
SÉANCE DU 29 JANVIER 1906. 3lt
M. LÉoîT NoiÈL adresse une Note relative à la Mesure exacte du pouvoir
émissif des matières radioactives.
(Renvoi à l'examen de la Section de Physique.)
La séance est levée à 4 heures et demie.
M. B.
BULLETIN BIBMor.lt APillQUE.
OuVBAr.ES BFÇUS DANS LA SÉAKOE DU 22 JANVIER I906.
(Suite.)
Revue générale des Sciences pures et appliquées; Direcleur : LoCis OtivifeR;
1-" année, n° 1, i5 janvier 1906. Paris, Armand Colin; i fasc. \n-(\°.
Archives de Médecine navale, recueil publii- par ordre du Mihistre de la Marine;
t. LXXXV, n° 1, janvier 1906. Paris, Imprimerie nationale; t fasc. in-8°.
Annales d'Hygiène et de Médecine coloniales: recueil publié par ordre du Ministre
des Colonies; t. IX, n° 1, janvier 1906. Paris, Imprimerie nationale; i fasc. in-S".
Recueil de Médecine vétérinaire, publié à l'Ecole d'Alfort le 1 5 et le 3o de chaque
mois; t. LXXXIII, n° 1, i5 janvier 1906. Paris, Asselin et Houzeau; i fasc. in-S".
Compte rendu des séances du Conseil d' Hygiène publique et de Salubrité du
département de la Seine; 12'' année, n" 1, séance du .5 janvier 1906. Paris, imp. Cliaix ;
I fasc. in-S".
The Aconites of India, a monograph by Otto Stapf. {Annals of the Royal bota-
nic Garden, Calcutta; vol. X, part II.) Calcutta, Bengal Secrétariat press, 1900;
I vol. in-f".
Annual Report of the S mithsonian Institution, igo^- Washington, Government
printing Office, i9o5; i vol. in-S".
Proceedings of the United States national Muséum; vol. XXVIII, Washington,
1905 ; I vol. in-8°.
Ouvrages reçus dans la séance du 29 janvier 1906.
Le opère di Galileo Galilei, edîzione nazionale sotto gli auspicii di Sua Maestà il Re
d'Italia; vol. XVI. Florence, igoS; i vol. in-4''. (Oflert par le Ministre de l'Instruction
publique d'Italie. )
Jl2 ACADEMIE DES SCIENCES.
Introduclion à l'étude de la Chimie, par le D'' Maurice de Thierry, avec 3o2 figures
dans le texte. Paris, Masson et C'", 1906; i vol. in-S". (Présenté par M. Moissan.)
Description de la faune jurassique du Portugal. Polypiers du Jurassique supé-
rieur, par F. KoBY, avec une Notice stratigraphie] ue, par PaulChoffat; 3o planches,
Lisbonne, Imprimerie de TAcadémie royale des Sciences, 1904-1905; i vol. in-4°.
(Présenté par M. Albert Gaudry. )
Les tremblements de terre, Géographie sisrnologique, par F. de Momessus de
Ballore, avec une Préface par M. A. de Lapparent, Membre de l'Institut; 89 cartes et
figures et 3 caries hors texte. Paris, Armand Colin, 1906; i vol. in-S". (Présenté en
hommage par M. de Lapparent.)
Considérations sur la Biologie marine, par S. A. S. le Prince Albert I"=''de Monaco,
Correspondant de l'Institut. {Bulletin du Musée océanographique de Monaco, n" 56,
25 décembre igoS.) i fasc. in-8°.
Die Kalksilikatfelse von der Fehren bei Neustadl i. Schw,, von H. Rosenbusch, mit
I Tafel. Heidelberg, CarlWinter, igoS; i fasc. in-8°. (Hommage de M. H. Rosenbusch,
Correspondant de l'Institut.)
l\ote sur les minerais radifères de Grury (Saone-et-Loire), par M. Hippolyte
Marlot. Auxerre, Ch. Milon, 1906; i fasc. in-8°. (Hommage de l'auteur.)
Description géologique de Vile d'Ambon, par R.-D.-M. Verbeek; édition française
du Jaarboek van het Mijmvezen in Nederlandsch Oost-Indië, t. XXXIV, igoS, partie
scientifique; texte et atlas. Batavia, Imprimerie de l'Etat, 1900; i vol. in-8° et 1 fasc.
in-f". (Hommage de l'auteur.)
Die Orclndeen von Ambon, von J.-J. Smith; herausgegeb. v. Dep. fur Landwirt-
schaft. Batavia, Imprimerie de l'Etat, igoa; i vol. in-8°.
{A suivre.)
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI li FÉVRIER 1906,
PRÉSiDENCE DE M. H. POINCARÉ.
MEMOIRES ET COMMUNICA riO\^
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur l'existence des composés potassiques insolubles
dans le tronc et l'écorce du chêne; par M. Bertiielot.
I. — EcOltCE DK CHÊNE.
Il a paru intéressant d'étendre mes recherches aux autres parties du
vé£;étal, et notamment au tronc et à récorce. L'examen de la sève n'a pu
être fait en raison de la saison (fin de l'automne); mais j'ai opéré sur le
tronc. J'ai mis en œuvre le chêne aux dépens duquel avaient été prélevées
les feuilles : c'était un arbre de 27 ans, bien développé et que j'ai fait
abattre le 2 novembre igoi. On a écorcé une partie du tronc, prise à une
hauteur notable entre le sol et les grosses branches : l'opération a été
exécutée par grattage, au moyen d'un couteau mousse, de façon à isoler
autant que possible l'écorce et le bois, qui ont été examinés séparément.
L'écorce, séchée rapidement au contact de l'air, a été broyée au moulin
et mise en expérience; séchée à 110°, elle a fourni,
Pour looB, substance sèche 18,0 d'écorce
La substance sèche, d'après l'analyse, a donné
100 matière organique -l- 3, i matière minérale (GO- déduit).
G 54,8
H 6,2
Az 1,1
O _37^
100,0
C. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, ^■> 6.) '\'^-
3i4
Action de l'eau.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
T^a macération à froid avec l'eau a fourni
Partie insoluble.
Partie sohible . .
La matière soluble contenait
Matière organique.
c
H
Az
O
52,4
5,6
2,55
39,45
100,00
Matière minérale.
SiO^ 1,86
K'0 4,18
CaO 3,48
Cendres, CO-
corapris. . . 16,0
97.4
7,, 6
100
2,8
100,0
La partie insoluble contenait
Matière organique.
C.
H.
Az.
O..
54,4
6,2
38,3
Matière minérale.
SiO- o,85
CaO 1,78
K^O 0,01
Divers o,36
3,0-1-CO»
On voit que la potasse est contenue pour les fj, c'est-à-dire presque en
totalité, dans la portion soluble.
Voici les expériences de double décomposition saline, à froid :
Acétate de potassium.
État initial.
Soluble T ,54 -T- 0,09 := I ,63
Insoluble 0,01
K^O.
«,64
Après réaction.
I ,5l <
o,o5
1,56
Acétate de calcium.
État initial.
Soluble 0,84 -H 0,08 = 0,92
Insoluble 1,65
CaO v57
Soluble 0,09
Insoluble o,o)
K^O.
o, 10
rès r
éact
on
0
.94
I
63
a
57
0
"
0
,01
0,12
D'après ces indications les doses de calcium et de potassium insolubles
n'auraient éprouvé que des variations nulles ou faibles et ne dépassant
pas les erreurs d'expérience; surtout si l'on envisage les variations sensibles
de composition des échantillons.
L'écorce d'ailleurs ne renfermait que des doses de potasse insoluble
excessivement faibles.
SÉANCE DU 5 FÉVRIER 1906. 3l5
L'acide susceptible de former des sels potassiques insolubles n'existe
donc qu'en proportion nulle ou douteuse dans l'écorce de chêne.
2. Troxc de chêne.
Le tronc dépouillé de son écorce a été scié normalement à l'axe, sur
une série de points distants de i'^" environ et l'on a recueilli plusieurs
centaines de grammes de sciure de bois, qu^ l'on a étendue sur une grande
surface et laissée sécher à l'air pendant quelques heures,
L'analyse de cette matière a fourni
100 parties séchées à i io°+ 29 eau.
D'aiitre part, le ti-onc séc a fourni
loos matière organique + 0,48 matière minérale (CO'' déduit).
Ou remarquera combien ce dernier chiffre est faible.
Matière organique. Matière minérale.
C 48,3 SiO> 0,24
H... 6,25 CaO 0,11
Az o,?? K'O 0,06
0 45,3;5 Divers 0,07
100,00
La macération à froid avec l'eau a donné
Partie soluble.
Matière organique.
C.
H..
Az.
O..
Mat.
5i,4
4,8
0,6
43,2
100,0
Matière minérale.
Mal. min. 7,9.5 + CO^
Si02.... 1,07
K-0 3,00
CaO 1,83
Divers ... 2,o3
CO^
0,48
Partie insoluble.
Matière organique.
C 48,5
H
Az
O
Mat. min.
6,3
0,17
45, o3
I 00 , 00
0,3
— i- i II , .,
Matière minérale.
0,26
0,o5
SiO'
K^O.
CaO.
CO'^
Voici les expériences de double décomposidori saline à froid.
Soluble
Insoluble. . . .
K'O.
Soluble.. .
Insoluble .
CaO
Acétate de
potassium.
État initia
1 ,60 -t- 0
, 10 =
: I
,70
0
00
I
.75
0
0
,06
,09
Api
es réaction
1.69
traces
0, 10
0,04
o, la
o,i4
3l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Acétate de calcium.
Soluble 0,91+0,06 = 0,97 i,o3
Insoluble 0,09 0,07
I ,06 1,10
D'après ces résultats, l'acide capable de former des composés potassiques
insolubles n'existe qu'en proportion faible ou nulle dans le tronc du chêne;
la dose de ces composés était d'ailleurs minime.
Il résulte de ces o'oservations, comparées avec celles faites sur les
feuilles de chêne, que les composés insolubles du potassium et les acides
qui les engendrent existent surtout dans les feuilles, de préférence au
tronc (bois et écorce) : les feuilles étant d'ailleurs, comme on sait, le ter-
minus de la circulation ascendante des liquides dans le végétal.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les pouvoirs rotatoires des hexahydrobenzylidène
et oznanthylidènecamplires et de leurs dérivés saturés correspondants, com-
parés aux mêmes pouvoirs des benzylidéne et benzylcarnphres. Note de
MM. A. Haller et F. Marcu.
Soit seul, soit en collaboration, l'un de nous a déjà insisté à plusieurs
reprises sur l'exaltation que subit le pouvoir rotatoire de certaines molé-
cules quand on y fixe, par l'intermédiaire d'une double liaison, certains
radicaux.
Parmi les corps où l'on observe le plus fortement cette exaltation, nous
rappelons les dérivés benzylidéniques et analogues du camphre, de la
p-méthylcyclohexanone, de la ihuyone ('), etc.
Nos nouvelles études ont pour but de rechercher quel est le pouvoir
rotatoire de molécules actives du même type, dans l'élaboration desquelles,
au lieu d'aldéhyde benzoïque CH'.CHO, on a employé son liexahydrure
C''H"CHO ou l'aldéhyde œnanthylicjue C'H'' — CHO qui, toutes deux,
renferment le même nombre d'atomes de carbone que l'hydrure de ben-
zoyle, la première appartenant à la série cyclique saturée et la seconde à
la série aliphatique saturée.
La constitution des composés obtenus, comparée à celle du benzylidéne
et du benzylcamphre, peut être représentée par les formules suivantes :
(') A. Haller cl l'.-Tli. Mlller, Comptes rendus, t. CXXVIII, p. 1870; t. CXXIX,
p. ioo5; A. Halleb, Comptes rendus, t. GXXXVI, p. 1222; t. CXL, p. 1626.
SÉANCE DU 5 FÉVRIER 1906. 3l7
Dérivés aldéhy cliques.
CH CH
Benzylidènecamphre C*H'*(' ' q^ qh
Hexahydrobenzvlidènecamphre. . C*H"(^ ' / X/^ii"
^ ^ ^ \C = CH-CH\ /<-'•■
/C=:CH-CH2-CH--CH2-CH2-CH--CH'
OEnanlhvlidènecamphre G'H"C 1
Dérivés alcoylés obtenus par hydrogénation.
CH CH
^CH — CH2 - C:^ ^CH
Benzylcamphre ^' ^^' \G0 CH^H
CO CïP__GH2
Hexahydrobenzylcamphrt; C*H"(^ ' _ / Xr'us
■^ ^ ^ \CH — CH-— CH\ /^^
CH- CH^
.CO
OEnanthyl ou heptylcamphre C'H"(^ '
•^ ^ ^ ^ XCH-CH^-CH^-CH^-CH^-CH^-CH^-CH^
Eexahydrobenzylidènecamphre. — A une soliilion de 25^ de camphre
dans loo^ d'éther anhydre on ajoute 6^,5 d'amidure de sodium finement
pulvérisé et l'on chauffe au bain-marie pendant 12 heures, en ayant soin
de faire passer un courant d'hydrogène sec dans le ballon pendant toule
la durée de l'opération. On distille ensuite l'éther et l'on chauffe le résidu
au bain d'huile à i5o°, pendant i heure, pour chasser la majeure partie de
l'ammoniaque restante. Au dérivé sodé obtenu on ajoute ensuite loo^
d'éther anhydre et, peu à peu, en agitant et refroidissant, 38^ d'aldéhyde
hexahydrobenzoïque (').
Le mélange, après avoir été abandonné à lui-même pendant 24 heures,
est traité par l'eau et par de l'éther. On sépare les deux couches, et le
liquide étliéré, desséché au préalable sur du sulfate de soude anhydre, est
(') Nous devons celle aldéhyde à l'obligeance de M. Darzens qui l'a préparée par un
procédé qui lui est spécial.
3l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
distillé, à la pression ordinaire d'abord pour éliminer le dissolvant et
enfin dans le vide partiel de iG""".
On obtient trois fractions, l'une passant avant 184°, la principale entre
i84°-i86°, et la troisième entre i86° et 192° sous 16'"™. Ces différentes
fractions ne tardent pas à se solidifier. On les étale sur des plaques
poreuses et on les fait cristalliser dans l'éther de pétrole. Après une série
de cristallisations, on retire finalement le même corps qui se présente sous
la forme de gros cristaux incolores, fondant à 49°> très solubles dans
l'éther, l'éther de pétrole, insolubles dans l'eau et dont l'analyse donne
des chiffres correspondant à l'hexahydrobenzylidènecamphre cherché.
Hexahydrobenzylçamphre : C'H'*(' 1 . — Ce composé
prend naissance quand on réduit une solution alcoolique du dérivé hexa-
hydrobenzylidénique par de l'amalgame de sodium à 2 pour 100. La réduc-
tion est faite à froid et en présence d'acide sulfurique étendu.
Après un traitement approprié, on obtient un liquide bouillant à 192°
sous 24™", incolore et qui, refroidi dans un mélange réfrigérant, ne cris-
tallise pas. A l'analyse, il donne des chiffres confirmant la formule d'un
dérivé hexahydrobenzylé.
Dérivés œnanthyliques . — On a essayé de préparer l'œnanthylidènecamphre
par la même voie que celle qui nous a permis d'obtenir le dérivé hexa-
hydrobenzylidénique, mais le produit obtenu est constitué principalement
par une huile jaune, bouillant de 189° à 191° sous la™"", ne possédant
qu'un faible pouvoir rotatoire [a]D= + 42° 32', et fournissant à l'analyse
des résultats très éloignés de ceux qui répondent à la formule C"H-*0.
Il est probable que ce produit renferme des dérivés de polymérisation de
l'oenanthol, difficiles à séparer du vrai composé que nous cherchions. Aussi
avons-nous essayé de préparer ce composé par un autre procédé en
passant d'abord par l'œnanthylcamphre.
VCH — CH^(CH-)=CH'
OEnanthylcamphre : C'H' y 1 . — Ce dérivé a été
■^ ^ \co
obtenu, en faisant agir de l'iodure d'heptyle normal ( * ) sur le camphre sodé
préparé dans les mêmes conditions que pour l'hexahydrobenzylidène-
camphre. Toutefois, au lieu de faire la réaction au sein de l'éther, on a
(') M. Moureu nous a obligeamment fourni l'alcool heptjlique avec lequel nous
avons préparé l'iodure.
SÉANCE DU 5 FÉVRIER 1906, StQ
opéré en présence du toluène et l'on a chauffé le mélangé au bain d'huile,
à la tem|>érature d'ébuUition du toluène, pendant un jour. Le produit a
ensuite été traité par de l'eau, on a séparé les deux couches et distillé la
solution toluénique. Après séparation du toluène, il passe d'abord du
camphre et un peu d'iodure non entrés en réaction, puis le thermomètre
monte rapidement à 180° sous 25°°' et l'on obtient jusqu'à 200° une frac-
tion importante qui, rectifiée dans le vide, passe en majeure partie à 190°
sous 25™™.
L'œnanthylcamphre constitue une huile incolore qui, à l'analyse, donne
des chiffres correspondant à la formule C'^H'^O.
OEnanthylidènecamphre : C"H'-^0. — Le procédé employé pour la pré-
paraLion de ce composé est le même que celui qui a servi à M. Minguin
pour obtenir les méthylène- et éthvlènecamphres. Il consiste à traiter
i'œnanlhylcamphre (22^) par i^'^, 5 de brome (2"°') et à chauffer au bain-
marie jusqu'à ce que le liquide soit décoloré. On lave le produit avec une
solution de carbonate de soude, on décante et l'on chauffe le dérivé brome
avec 3o^ de diéthylaniline, dans le but de lui enlever 1™°' d'acide bromhy-
drique. L'opération dure environ 10 heures. On traite la masse par l'eau et
l'acide chlorhydrique et l'on épuise avec de l'éther.
Après distillation dans le vide, on obtient finalement un liquide épais,
fortement coloré en jaune, passant en totalité de 178° à 184° sous 20™™ et
donnant, à la suite d'un second fractionnement, une huile incolore distillant
à i8o°-i82° sous 20""", et dont la composition correspond bien à celle de
l'oenanlhylidènecamphre.
Dans le Tableau suivant nous donnons les pouvoirs rotatoires spécifiques
de tous ces corps et les comparons à ceux des benzylidène- et benzyl-
camphre. Tous ces pouvoirs ont été pris à une température de i5° et avec
des solutions alcooliques des substances.
Pouvoirs rotatoires des composés non saturés,
o ,
Benzylidènecamphre [ajj, =1 -\- 425 . 1 1
Hexatiydrobenzylidènecamphre » ^-HiSi.Sg
OEiianthylidènecamptire » =-|-i36.4o
Pouvoirs rotatoires des composés saturés, des alcoylcainphres.
Benzylcamplire [ajo;:^-)- i44-Oo
Hexahydrobenzylcamphre » ^-f- 55. 07
OEnanthylcamphre » := -)- 5 1 . 1 3
320 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ces chiffres nous permettent de conclure : i° que les pouvoirs rotatoires
spécifiques des nouveaux composés sont de beaucoup inférieurs aux pou-
voirs rotatoires des combinaisons benzéniques correspondantes; 2° que la
rotation des dérivés alcoylés saturés continue à rester inférieure à celle des
dérivés non saturés auxquels ils se rattacbent ; 3" que la nature des
chaînes latérales saturées C H", G" H' % qu'elle soit cyclique ou aliphatique,
ne semble pas modifier sensiblement le pouvoir rotatoire dans les deux
séries respectives.
Il faut en conclure que, dans le benzylidènecamphre et dans ses ana-
logues, comme dans les benzylcamphres, c'est le caractère non saturé du
noyau benzénique qui exerce son action sur l'élévation du pouvoir rota-
toire de la molécule asymétrique à laquelle ce noyau est fixé.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Contribution à l'étude chimique des eaux marines.
Note de M. Th. Schlœsing.
L'analyse de l'eau de la Méditerranée puisée le 12 juillet 1904 sur le
rivage de Tunisie, près de l'ancien port de Cartilage, m'a fourni les résul-
tats suivants :
Densité i ,0387
Dans un litre d'eau, à la température de 20" :
Alcalinité exprimée en carbonate de chaux o, 126
Acide sulfurique 2,5i6
Chlore 2 1 , 676
Brome 0,072
Chaux (non compris celle afterenle au carbonate).. 0,617/4
Magnésie 2 , 365
Soude 15,984
Potasse 0,5 10
Si l'on retranche de la somme de ces éléments, 43", 866, la quantité d'oxy-
gène équivalente à celles du chlore et du brome 4''')892, on obtient le total
38^,974 (l^s sels que contient l'eau analysée.
Ces résultats sont très voisins de ceux qu'a trouvés Uriglio ('), auteur
d'un travail très estimé sur la composition de l'eau de la Méditerranée
(*) Annales de Chimie et de Physique, 3" série, t. XXVII.
SÉANCE DU 5 FÉVRIER 1906. 321
puisée au large de Celte. Les deux analyses diffèrent cependant beaucoup
en ce qui concerne la potasse et le brome; la mienne donne un chiffre plus
élevé pour la potasse et beaucoup moindre pour le brome.
J'ai profité d'une récente traversée de Bizerte à Marseille, accomplie du
27 au 29 décembre igoS, pour puiser un nouvel échantillon d'eau de mer
en pleine Méditerranée, peu après avoir dépassé la moitié de la route. Je
voulais recommencer mon analyse et m'assurer que mes dosages de potasse
et de brome étaient exacts. Je me proposais en outre de faire une étude
comparée des eaux de la Méditerranée et de celles de l'océan Atlantique,
en menant les deux analyses en même temps et à l'aide des mêmes pro-
cédés. Je dirai de suite le motif de cette étude.
Les eaux des océans sont constamment mêlées par des courants et autres
mouvements causés par les vents ou les différences de densité; il en résulte
que leurs substances minérales auraient formé depuis bien longtemps un
mélange constant et partout identique, si elles n'éprouvaient ni pertes ni
gains.
Les seules différences qu'on pourrait constater porteraient sur le degré
de salure, c'est-à-dire sur les proportions relatives de l'eau et du mélange
minéral, différences tenant à la diversité des conditions climatériques ou
locales qui déterminent soit une concentration des eaux par évaporation,
soit leur dilution par les pluies, les fleuves, ou la fusion des glaces.
Mais la constitution chimique des mers n'est pas invariable; à ne consi-
dérer que les apports minéraux par les eaux fluviales, il est bien certain
que le lavage continu des sols anciens et des résidus récents de la destruc-
tion des roches modifie lentement la somme et les rapports respectifs des
minéraux marins. Faut-il penser que les modifications ainsi produites dé-
terminent, dans les diverses mers, des différences de constitution saisis-
sables par l'analyse? Faut-il croire qu'elles sont effacées par les mouvements
des eaux qui tendent sans cesse à établir une homogénéité générale? Ces
deux questions n'en font qu'une, que je me suis posée et qui peut être
énoncée comme suit : toutes les mers qui communiquent entre elles pos-
sèdent-elles un seul et même mélange salin, en sorte que, l'analyse de ce
mélange ayant été une fois exactement faite, celle d'une eau de mer quel-
conque se réduirait à une prise de densité?
Une question semblable a été posée et résolue au sujet de l'atmosphère.
Elle aussi, et plus que les mers, est sans cesse brassée et mêlée; d'autre
part, elle perd et gagne des gaz dans ses rapports avec la surface du globe,
G. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N» 6.) 4^
322 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et rien ne prouve que sa constitution ne varie pas au cours des siècles. Mais
la variation est tellement dominée par l'action des vents que partout, à un
moment donné, on lui trouve la même composition.
J'ie^nore si la question que j'envisage au sujet des mers a déjà été étu-
diée. En tout cas mes analyses lui seront une contribution utile.
Il m'a semblé que l'analyse comparée des eaux de la Méditerranée et de
l'Atlantique devait être particulièrement instructive; en effet, les apports
terrestres aux deux mers se font dans des proportions extrêmement diffé-
rentes. L'Atlantique appartient à un ensemble d'océans couvrant les trois
quarts de la surface du globe et recevant les lavages de continents qui n'oc-
cupent que le quart de cette surface. La Méditerranée, au contraire, la mer
Noire comprise, n'a pas la moitié de la superficie totale des régions qui lui
déversent leurs eaux. Je ne conclus pas de là que, à volumes égaux, la
Méditerranée reçoive six fois plus de sels terrestres que les océans ; ce serait
admettre que les apports par les fleuves sont proportionnels aux étendues
de leurs bassins. Je dis seulement que la Méditerranée reçoit, relativement,
beaucoup plus de ces apports que les océans et que, par conséquent, si
ces apports sont capables de modifier la constitution d'une mer de façon
sensible à l'analyse, c'est bien dans la Méditerranée qu'on pourra saisir le
fait, d'autant mieux qu'elle n'a, pour lutter contre l'altération de sa con-
stitution, que les échanges, relativement restreints, qu'elle peut faire avec
l'Océan par le détroit de Gibraltar (').
On va voir que ces échanges suffisent pour maintenir dans la Méditer-
ranée, au moins dans sa partie antérieure comprise entre la France,
l'Afrique, l'Italie et l'Espague, une composition très voisine de celle de
l'Océan.
Admettons que l'eau de la Manche n'est autre que celle de l'Atlantique,
je me suis servi d'un échantillon puisé le i5 janvier 1906 à l'extrémité de la
jetée ouest du port de Dieppe, une heure avant la pleine mer.
Voici les résultats bruts des deux analyses simultanées :
Médilerranée. Manche.
Deniilé I , 0286 1 , 0289
(' ) Après un temps suffisamment prolongé, le volume total de l'eau de Médilerranée
passée dans l'Océan, et le volume total de l'eau de l'Océan passée en Méditerranée sont
en raison inverse des salures des deux mers.
SÉANCE DU 5 FÉVRIER I()o6. 323
i' d'eau, à la température de 20°, contient :
Méditerranée. Manche.
e e
Carbonate de chaux o, 127
Acide sulfurique 2,5ji
Chlore 21, 376
Brome (') • 0,072
Chaux (non compris celle du carbonate) 0,099
Magnésie 2,36i
Soude 16,017
Potasse o,5io
43,6i3
Oxygène correspondant au chlore et au brome. . . 4 j 82/1
Somme des sels contenus dans 1' 38,789 32,420
0
099
2
120
17
83o
G
060
0
519
I
993
i3
410
0
,4i3
36,444
4
,024
Pour comparer les constitutions minérales des deux mers, il faut chercher
les rapports entre les quantités respectives des diverses substances et leurs
totaux; voici ces rapports :
Alcalinité
Acide sulfuriqui:
Chlore
Bronze
Chaux
Magnésie
Soude
Potasse
Total des sels . .
Manche
Méditerranée
\ Manche
] Méditerranée
i Manche
( Méditerranée
Manche
Méditerranée
Manche
Méditerranée
Manche
Méditerranée
Manche
Méditerranée
Manche
Méditerranée
Manche
Méditerranée
0.099 _
0,127
0,78
2, 120
2,55
i7,83o
= o,83i
21,376
0,060
0,072
0,5lQ
0,099
'■993
2,36i
^ = 0,834
o,833
0,866
= o,844
i3,4io „
-g =0,837
16,017
o,4i3
o,5io
33,420
387789
: 0,810
:o,836
C^)
(') Un même accident m'a fait perdre les deux dosages de brome; je remplace l'un
par celui de ma première analyse, l'autre par le nombre 6o"'8 que je trouve dans le
Traité d'Analyse de M. A. Carnot.
(-) Le nombre 0,519 '^O''^ être trop faible. Dans ma première analyse j'avais trouvé
le nombre 0,617 qui donnerait le rapport 0,84-
32'î ACADÉMIE DES SCIENCES.
On remarquera que les substances les plus abondantes et dont le dosage
esl, par suite, plus près de la réalilé, l'acide sulfiirique, le chlore, la soude
et le total des sels donnent des rapports très voisins compris entre o,83i
et 0,887; '^^ rapports sont moins satisfaisants pour les substances en
moindre quantité, carbonate de chaux, chaux, potasse, mais leurs dosages
sont aussi moins précis. Quant au brome, j'attribue à un hasard heureux
et non à la perfection de l'analyse le rapport trouvé o,833.
Je conclus de ces résultats :
1° Que ma première analyse est confirmée, surtout en ce qui concerne
la potasse : les analyses de l'eau de la Méiliterranée prises près de Car-
thage, ou à mi-chemin entre Bizerte et Marseille, ou dans le voisinage de
Cette concordent assez pour permettre de considérer comme homogène la
partie de cette mer comprise entre la France et l'Afrique. C'est vers le fond
de la Méditerranée qu'ont lieu les grands apports de substances minérales
par le Nil et les fleuves de la Russie méridionale qui se déversent, avec le
Danube, dans la mer Noire et, par suite, dans la Méditerranée. Il serait
intéressant d'étudier des échantillons d'eau puisés entre Tunis et Alexan-
drie.
2° L'eau de la Méditerranée ne diffère guère de celle de l'Atlantique
que par le degré de salure ; les constitutions minérales des deux mers sont
presque identiques. C'est un motif de présumer que tous les océans pos-
sètient à peu près le même mélange salin, avec des proportions d'eau va-
riables. La constitution minérale des mers serait, comme la constitution
gazeuse de l'atmosphère, sensiblement constante.
MÉCANIQUE RATIONNELLE. — Sur les quasi-ondes de choc et la distribution
des températures en ces quasi-ondes. Noie de M. P. Duhem.
Une Note récente (') de M. Gyôzô Zemplén m'avait amené à rap-
peler (') ce théorème que j'avais démontré autrefois : Dans un fluide
affecté de viscosité, il ne peut se produire d'onde de choc. A la vérité, la
démonstration que j'ai donnée suppose l'emploi des formules ordinaire-
ment usitées dans l'étude des fluides visqueux; mais on peut aisément la
généraliser et voir qu'elle suppose seulement cette hypothèse: Les rapports
(') Ci. Zempién, Comptes rendus, t. CXLI, igoo, p. 710.
(-) 1'. DliHEM, Comptes rendus, l. (IXl^I, 190Ô, p. Sii.
SÉANCE DU 5 FÉVRIER tpoG. 3^5
des quantités nommées v et t dans mes Recherches sur V Hydrodynamique
aux dérivées partielles -r-, ••■, des composantes u, v, w de la vitesse ne
tendent pas vers zéro lorsque ces dérivées partielles croissent au delà de
toute limite.
En une nouvelle Note ('), M. G. Zemplén paraît s'attacher surtout aux
fluides dont la viscosité est très petite. Ces fluides n'échappent pas à la
proposition précédente; on n'y peut constater d'onde de choc véritable,
c'est-à-dire de surface de discontinuité pour les composantes u, v, w de la
vitesse et pour la densité p; mais on y peut observer des quasi-ondes de
choc, c'est-à-dire des couches très peu épaisses au travers desquelles les
éléments u, v, w, p varient d'une manière très rapide, de telle sorte que la
dilTérence entre les valeurs d'un même élément aux deux surfaces de la
couche très mince ne soit pas une quantité très petite. La méthode qui sert
à démontrer le théorème rappelé au début de la présente Note permet tout
aussi bien de démontrer la proposition suivante :
Au sein d'un fluide très peu visqueux, il ne peut se produire de quasi-ondes
de choc dont l' épaisseur soit très petite par rapport aux coefficients de viscosité
"k et (jl; 7?2ais il n'est pas impossible qu'il s'y produise une quasi-onde de choc
dont l'épaisseur serait au même ordre de grandeur que \ et j^..
Si donc on veut discuter les assertions émises par M. G. Zemplén au
sujet des fluides très peu visqueux, on doit appliquer ces considérations
non pas à une onde de choc véritable, reconnue impossible, mais à une
quasi-onde de choc.
Les propriétés d'une telle quasi-onde ont déjà fait l'objet de recherches
très intéressantes de M. É. Jouguet (^). Nous voudrions ajouter quelques
remarques à ces recherches. Nous ferons sans cesse usage des formules
admises depuis Navier pour représenter les propriétés des fluides visqueux,
sans rechercher si nos conclusions demeureraient valables dans le cas où
l'on ferait usage de lois plus générales; nous perdrons ainsi quelque peu
en généralité, mais nous gagnerons peut-être en précision.
Nous commencerons par quelques observations au sujet de la distribu-
tion qu'affectent les températures au sein d'une quasi-onde de choc.
(') G. Zemplén, Comptes rendus, t. CXLII, 1906, p. i^a.
(=>) É. Jouguet, Comptes rendus, t. CXXXVIII, 1904, p. i685; t. CXXXIX, 1904,
p. 786. — Sur la propagation des réactions chimiques dans les gaz, Ciiap. III
{Journal de Mathématiques pures et appliquées, 6* série, t. II, 1906, p. 5).
326
ACADEMIE DES SCIENCES.
Prenons pour point de départ la relation supplémentaire mise sous la
forme générale [Recherches sur l'Hydrodynamique, Première Partie, équa-
tion (94); Première série, p. 33] que voici :
KAT
(0
dK
dT
m'H^ïHm
dK/dT d? dT dp dT d?\
dp \dx dx dy dy dz dz )
T à^K /dT dT dT dT\
E?dTAjx"^d:^'+-d-z'''-^^)
T 2 d^l (du d\' dw\
fJ dpdT\dx ' dy ' dz)
1 (du di' d^vy
E [dx "^ dy '^ dz)
2^
E
WduY (dvy- (divy- (df d»
[\dx)'^[dy)^[dz) -^[dz^ dy
( dw du\- (du , dv\-
■^[dx-^ dz) -^[dy^ dx)
Soit h l'épaisseur très petite de la quasi-onde; X et jx sont supposés très
,,,,,, ... L-^' du du du dp dp dp
petits de 1 ordre de h; au contraire, les six quantités j^, -p, -^, ^, ^> -p
sont, en général, très grandes de l'ordre de j-
Peut-il se faire que les quantités -
^T dT ^T
dx dy' d
- soient aussi des quantités
très grandes de l'ordre de j? Il faut, en tout cas, en vertu de l'égalité (i),
que la quantité
(-)
dx\ dx) dy\ dy)
''^if)
dz
soit Seulement une quantité très grande de l'ordre de ^•
Si le coefficient de conductibilité k est une quantité très petite au moins de
l'ordre de h, cette condition est assurément remplie; la quasi-onde peut être,
et est, en général, une quasi-surface de discontinuité pour la température.
Supposons maintenant que le coefficient de conductibilité k ne soit pas très
petit. Sur la surface S„ qui limite la quasi-onde eti amont, prenons une
aire finie Ao; par le contour de cette aire, menons des normales à la
surface S„; elles forment une surface réglée C et découpent une aire A,
sur la surface S, qui limite la quasi-onde en aval; soit U le volume, infi-
SÉANCE DU 5 FÉVRIER I906. 3'27
niment petit de l'ordre de h, que limitent A„, C, A,. Multiplions l'expres-
sion (i) par Tdvi et intégrons pour le volume U. L'intégrale tie devra pas
avoir une très grande valeur. Or, celte intégrale peut s'écrire
n étant la normale extérieure à la surface s qui limite le volume U. Or
l'intégrale de surface est finie parce que, le long des aires Ao et A, , y- est
fini, tandis que l'aire C, en laquelle ^ peut prendre des valeurs très grandes
de l'ordre de j-, est très petite de l'ordre de h. L'intégrale étendue au vo-
1 TT 1 • 1 A /• • 1 -.A ■ <9T £>T ()T . .
lume U doit donc être iinie: cela ne saurait être si -r— , -— > -r- pouvaient
' Ox <Jy 0: '
prendre des valeurs très grandes de l'ordre de j^ Au travers de la quasi-
onde, la température ne peut épromer que de très petites variations.
M. L.-E. Bertiîî fait hommage à l'Académie d'une brochure intitulée :
Évolution de la puissance défensive des navires de guerre.
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de Com-
missions de prix chargées déjuger les concours de l'année igo6.
Le dépouillement du scrutin donne les résultats suivants :
Chimie : Prix Jecker, Cahours, Montyon (Arts insalubres). — MM. Troost,
Gautier, Moissan, Dilte, Lemoine, Haller, Th. Schlœsing, Berthelot,
Maquenne.
Botanique : Prix- Desmazières , Montagne, dcCoincy.—MM. VanTieghem,
Bornet, Guignard, Bonnier, Prillieux, Zeiller, Perrier, Chatin, Giard.
Zoologie : Prix Savigny, Thore, Da Gania Machado.. — MM. Ranvier,
Perrier, Chatin, Giard, Delage, Bouvier, Lannelongue, Laveran, Gran-
didier.
Médecine et Chirurgie : Prix Montyon (Médecine et Chirurgie), Barbier,
328 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Bréanl, Godard, du Baron Larrey, Bellion, Mège.— MM. Bouchard, Guyon,
d'Arsonval, Lannelongue, Laveran, Dastre, Roux, Brouardel, Chauveau,
Labbé, Perrier.
Physiologie : Prix Montyon (^Physiologie expérimentale^, Phitipeaux,
Lallemand, Poural, Martin Damourette. — MM. d'Arsonval, Chauveau,
Bouchard, Dastre, Roux, Laveran, Giard.
Celte Commission est également chargée de présenter une question de
Prix Pourat pour l'année 190g.
CORRESPONDANCE .
ASTRONOMIE. — Éléments provisoires de la comète 1906 a.
Note de M. E. Maubant, présentée par M. Lœwy.
Les observations utilisées sont les suivantes :
Dates. Temps moyen Ascension droite Déclinaison
190G. local. apparente. apparente.
)i m o , „ o , „
Janv. 29 6.48,5 2/14-24-57 -h5i. 7.40 Strasbourg.
3o i3. 9,6 244- 4-55 +53.19.37 Ulrecht.
3i 16.59,5 243.42.28 -+-55.24.41 Lyon.
On en a déduit la parabole que voici :
T = 1906 janv. o,5686, temps moyen de Paris.
S = 289". 36. 38" \
o) =z 100. 57.37 > 1906,0
J=: 124.59.31 )
logy = 0,12409.
COSpf/Xrrr— 5",
Représentation du lieu moyen : 0 — C
(/? = + i'
Avec ces éléments on a obtenu léphcméride suivante pour 12'', temps
moyen de Paris :
Ascension
Dates. droite Déclinaison
190G. apparente. apparente. Logr. LogA. Eclat,
b m s o ,
Fév. 4 16. 7. 2 -f-62.46,0 o,i547 9,9550 i,i3
6 15.59.55 -1-66.54,8 o,i58o 9,9463 1,16
SÉANCE DU 5 FÉVRIER iqoG. 329
Ascension
Dates. droite Déclinaison
190G. apparente. apparente. Logr. L^gA. Kclat.
h m s o /
8 10.48. 49 +71.11,8 o,i6i4
10 t5.3o. 8 -+-7.5.31,3 0,1649
g.Q'^gg
1,18
9.9359
1 1 '7
9,9346
>.'7
9,9361
1 , 1 4
9.94o3
1 , 10
12 14.54.44 ' -l-79-43,3 0,1686
i4 i3.35.i2 -1-83.21,5 0,1723
16 10.41.24 +84.55,8 0,1761
L'éclat (la 29 janvier a été pris comme unité.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Observations du Soleil faites à i Observatoire de
Lyon (équatorial Brunner de o'", 16) pendant le troisième Irinieslre de 1 900 .
Note de M. J. Giim-aime, présentée par M. Mascart.
Il y a eu 44 jours d'observation (') dans ce trimestre, et les principaux
faits qui en résultent peuvent se résumer ainsi :
Taches. — Le nombre de groupes de taches notés n'est guère plus élevé que celui
du irimeslre précédent (58 au lieu de 54), mais l'aire totale a considérablement aug-
menté : on a, en effet, 7421 millionièmes au lieu de 3290.
Quatre groupes, au lieu de deux, ont été visibles à l'œil nu, mais les groupes d'aoùl
sont les mêmes que ceux de juillet ramenés sur le disque par la rotation du Soleil. Ce
sont (Tableau I) :
n
Juillet 1 1 ,5 il — 16 de latitude
» 16,6 + 1 3 »
Août 7,0 — 17 »
» 12,7 +12 »
On remarque, enfin, qu'une nouvelle diminution dans la production des taches s'est
présentée vers la fin du mois de juillet (les 27 et 29 il n'y avait qu'une petite tache),
et que cette accalmie s'est produite sur le globe solaire, à environ 180° de celle enre-
gistrée au mois de mai dernier.
Régions d'activité. — Ou n'a pu, par suite du temps défavorable, noter que
75 groupes de facules avec une surface totale de 84,2 millièmes (au lieu de 107 groupes
et 122,5 millièmes précédemment). Leur distribution entre les deu\ hémisphères est
de 3.5 groupes au Sud et de 4o au Nord.
(') Pendant mon absence de l'Observatoire, avec la mission d'Espagne pour l'éclipsé
totale du Soleil du 3o août, les observations ont été faites par mon collègue, M. Luizet.
C. R., 1906, I"' Semestre. (T. CXLIl, N° 6.)
44
3^o
ACADEMIE DES SCIENCES.
Tableai; I.
Tacites.
i>ate9 Nombre Pass. Latitudes nioyonnes Surfaces
exlrêiiies ti'ubsor- au mér. — ■ — -^ — "" "- nioyennos
il'uliserv. Talions, central. S. N. rcduites.
.luillcl 19<-i.5. — o.r>o.
-lO
- 4
- 7
-i3
12-
(i-
1-2-
("l-
lo-
i:
10-
■20-
'9-
)3-
i5-
'7-
'9-
■27-
3i-
•22
■2-2
24
•11'.
23
■26
25
■■'•9
I
24 j.
,'1,2
5 ,5
6,8
7,C'
8,0
9>7
10,0
10,2
II,')
12, S
14,0
16, c
•8,4
18,5
'8,7
20 , 2
■22,7
2 5,2
3o , 5
3i,S
Aûiil.
— 1',
— iS
— 18
— I'.
— iG
— i(i
-H 28
-+- 8
-l-i r
-t-i3
+ '4.
— I I
--1 i
9
8
2
128
22
3
'9
59a
12
j
i".GJ
432
83
V>
i63
2 3
3
1 1
• I j",2
4- 7
2
2,7
+ 8
4
-
1
3,2
-1-22
8
7- 9
2
4,3
+ 17
3
31-10
9
5,8
-*-I3
i-J8
1- 4
4
6,6
— 12
127
1-12
9
7,0
— '7
584
2- 1 2
8
8,3
7
28
4
1
8,7
+ 7
■->~
7~' 4
8
6
12,7
l3,2
— 21
-T-12
807
4
t»alos Nurabre l'ass. Latiiudcs aïoyennea Surraces
extréiues d'obser- au niêr. — — - .. — - moyennes
tl obserT. Talions, cenlral. S. \. réduites.
8-14
21
21
2 1
21
21
21
29- >
29- 5
■29- 5
29- I
29- 5
3o
5-1 1
11-18
1 1-18
1 1- 18
11-18
18
18
24-29
24
24
29
29
29
29
\oùt (suite.)
14,4
18,3
'9,8
20,4 — 8
23 , 4
2"), 5
3o,a
+ 14
196
-i- 6
'95
-T- 7
62
36
+ i3
'9
-^ 9
'87
-1-20
39
-l-iG
io5
I^J-
-i3°,o
SepLcnibre.
2,6
3,3
3,6
3,8
4,6
5.5
10,4
'3,4
14.3
i5,5
ij,8
18,5
'8,7
23,3
24 , o
■^">,9
•^j,9
■^9,'
3o,2
3o,8
— 18
— 33
— 'i
— 1 i
— 1 2
— 20
-i3
-i5
- 8
•14
-'1
-10
117
37'
24
3o
120
16
75
64
187
343
67
36
63
2
3o
43
26
— '4
— 14
7J-
— 18",4 -l-ii",6
Tableau II. — Distribution des taches en latitude.
Sud. Nord.
Somme. 0*. 10*.
9
i3
i 1
33
3 5
5 7
4 7
12 19
Totaux
40*. 90°. inpiisuels.
20
18
20
Surfai-os
totale»
réduitCà
3 1 J "1
2489
■797
7421
SÉANCE DU 5 FÉVRIER 1906. 33 1
Tableau III. — Distribution des facules en latitude.
Sud.
Nord.
Surfafes
190â.
M'.
40-.
30'.
50'.
10'
. 0*.
SoIn^l(^.
Somme.
0". 10
•. 20'.
30*.
VO'.
90'.
monsaels.
r«dait<s.
Juillet •. .
I
»
3
Il
J
i«
20
4
1 2
4
»
»
38
38,8
\oiit
»
))
'\
')
I
9
l3
5
6
9,
))
))
11
25,1
Sejrtcniljre. .
t)
r
n
;
1)
8
7
2
4
ï
1)
»
I >
20,3
Totaux . . .
I
I
Cl
23
4
35
40
1 1
22
/
»
)>
75
«4,2
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur un problème (lu calcul des variations.
Note de M. Erik Hoi.mgren, présentée par M. Painlevé.
I . Dans son Mémoire : Grundzù.ge einer allgemeinen Théorie der linearen
Intégral gleichungen ( '), M. Hilbert pose le problème suivant :
Trouver les fonctions u(s) qui donnent à l'intégrale
r'' r''
I(^u)= / K(s, f)u(s)u(t)dsdt
où K(5, t) est une fonction symétrique des deux variables, sa plus grande ou
sa plus petite valeur sous la supposition que l'égalité
,-./'
(i) / u-{sy-ds = i
soit vérifiée.
M. Hilbert résout ce problème à l'aide des théorèmes généraux qu'il a
démontrés sur l'équation intégrale de M. Fredholm. Je me suis proposé de
le traiter par le calcul des variations en appliquant le principe d'une des
méthodes par lesquelles M. Hilbert a réussi à faire du principe de Dirichlet
un mode de démonstration rigoureux ('). En procédant de cette manière
on arrive aussi facilement aux résultats généraux de M. Hilbert sur l'équa-
tion de M. Fredholm, ce qui est intéressant vu la généralité de la méthode
employée.
(') Eisle Mitteilung. p. 78 {Nachr. der k. Gesellschaft der Wixs. zu Gdllin^fii.
1904).
{-) \oii- Ueber das Diricldel'schc Princip. {Feslschri/t), Gottingen, 1901 ou Math.
Ami .. vol. LIX.
332 ACADÉMIE DES SCIENCES.
2. I/iaégniité bien connue de M. Schwarzfait facilement voir qu'il existe
une limite finie supérieure et une limite finie inférieure des valeurs que
peut prendre l'intégrale T(«) (').
Désignons pai'yTi] une de ces limites.
Choisissons une série infinie de fonctions continues ii,(s), u..(s),
ii.j(s), . . . vérifiant l'égalité (i) et telles que
;'ml("«) = yjr>
(nous supposons ici que a" soit finie).
Li;>niF. — Sup|)osoiis que n,(5), ir2(.ç), ... soit une série de foDClions conliiuies
(jiii véiillent les conditions
1 I u„{s)ir„{
i r"
[ / '^'// (•'*)" f'^''' <i î^ 0^1 1^ est une constante positive.
,{s)ds = o (« = ,.2,3,...),
(2)
Alors nous avons
,'• ./.
(3) lini / / \\(s, t) i/„{.i)i\„[t)clsdl = o.
Posons
w„{.l) — i- „(.■<) — Il „is) j ii„(t)i;,{l)dl,
lin portant celte expression de n',, (à) dans (3), nous trouvons facilement
(4)
l\m 1 .■„{<) / „„(s)K{s, t)ds—j^^iijt)
dt = o.
r''
Considérons l'intégrale / i<„(^)K(^,/)f/5.D'après l'inégalité deM.Schwarz
elle reste comprise entre deux valeurs réelles indépendantes de n et de /.
Alors nous pouvons supposer que les fonctions u,(s), ti.j{s), . . . sont telles
que cette intégrale a une limite déterminée pour chaque valeur rationnelle
(') Nous supposons ici que K(.s-, t) [et ii(s)] sont des fonctions continues; mais la
méthode reste applicable si I\.(.ç, t) admet des singularités sous certaines conditions
qui impliquent les singularités traitées par M. Hilberl.
SÉANCE DU 5 FÉVRIER 1906. 333
(le t. Car d'après le beau procédé publié par M. Hilbert dans \e Fesisc/vi/l,
nous pouvons, parmi les fonctions de celte série, choisir une série partielle
qui jouit de cette propriété.
L'expression '];"'(/)= A'''linî / u,^(s) \s.(s,f)ds représente alors une fonc-
tion uniforme pour les valeurs rationnelles de /. L'inégalité facilement
obtenue
1 0'"(/) - ■y"(0]-^< a"^ f "i i^(*. i') - 1^(^. OJ-'^^^
fait ensuite voir que <];'''(/) est uniforme et continue pour toutes les valeurs
de t.
Posons maintenant, dans la formule (4 ). t'„(0 = ^C-^' 0-
Nous trouvons l'équation
(5) ^'^s) = >.'•' \' Iv(^, ;) -iCC/) di.
*- a
Puis posons clans (4) *'«(^)= / ihii^) K(^» l^ds. Nous trouvons alors
(G) r"j.("(/)^/,v = i;
à l'aide des équations (5) et (6) nous déduisons enfin T(A''') = r-j^ > ce qui
fait voir que '|'"'(^) est une solution de la question proposée. C'est une des
fonctions fondamentales {Eigcnf une lion) de M. Hilbert.
Pous démontrer l'existence des autres fonctions fondamentales et éven-
tuellement des autres solutions du problème, on modifie le problème de la
manière indiquée dans le travail de M. Hilbert et, en appliquant notre mé-
thode, on arrive à prouver l'existence d'un système complet de ces fonctions.
Puis on démontre facilement le résultat sur le développement de l'inté-
grale / / K( s, t ) u(s) u {/) ds dt servant de base à la théorie générale de
M. Hilbert.
^V^/^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Solution générale du problême d'équilihrr dam
la théorie de l'élasticité, dans le cas oii les déplacements des points de la
surface sont donnés. Note de M. A. Korn, présentée par M. Emile Picard.
M. Lauricella (') et MM. E. et F. Cosserat(') ont déjà essayé d'appliquer
la méthode des approximations successives aux équations d'équilibre dans
la théorie de l'élasticité :
Am + A- ^^ = A- , ....
j '
^ ' ' ihi 0^' dti'
O.r dy àz
dans le cas oîi u, v, w sont donnés à la surface w du corps élastique t en
question. M. Lauricella a cherché un développement des solutions en
séries suivant les puissances de k, MM. E. et F. Cosserat suivant les puis-
sances de — ^■ > en donnant aux équations ( i ) une autre forme :
1 -I- A ' ^ ■'
k /do , \ a;
(2) ^"+7^(jl--^"
M. Lauricella a le mérite d'avoir essayé le premier cette application
de la méthode des approximations successives, mais ses travaux donnent
lieu à des objections sérieuses; MM. E. et F. Cosserat ont pu trouver un
résultat, qui permet au moins de démontrer la convergence de leurs séries
à l'intérieur de (o, quand on se tient à une distance finie de la surface, mais
ils n'ont pas abordé la question de la convergence dans le cas où l'on
s'approche indéfiniment de la surface.
Nous donnons aux équations (i) la forme suivante :
(J) Am H 7 2-; ^u\ = y, ■■•;
on démontre facilement que l'on peut réduire notre problème de l'équilibro
(') Lauricella, Ann. cletla R. Sciiola \orm. siip. di Pisa. 1894, N. C, 4'' série,
t. IX et X, 1899.
{^) E. et F.'CossERAT, Comptes rendus, t. CXXVI, 1898, p. 1098; I. CXXXllI,
190I. p. k'i-J.
SÉANCE DU 5 FÉVRIER 1906. 335
à celui-ci de trouver trois fonctions u, v, w continues avec leurs dérivées
premières à l'intérieur, s'annnlant à la surface et satisfaisant aux équa-
tions (3), si
^ ' Oj; ày oz d.v ûy az
où ;f, (j, 3C sont des fonctions données à l'intérieur de oj et continues de
façon que
(■>) |,1 — ,f, | = const. fin, /•',.,, ... (<)< /. <i), (o=;/-,3=cr),
en désignant par r^, la distance de deux points i et 2, par a une longueur
finie, 6 la solution d'un problème de Dirichlet pour l'intérieur de w avec
des valeurs limites 0 données, satisfaisant à une condition analogue à (5).
En posant x = — '—r, nous trouvons la solution
■ -2 -t- A-
(G) n=yyJUj,
(1)
("" = 4^X^Î-^'"-
d-
I (I , ,, a-
1,2..
en appelant Uj, Yj, Wj les solutions du problème de Dirichlet avec les
Naleurs limites
(«) ".= f.^^-T''
La convergence des séries (7)3 l'intérieur, aussi longtemps que l'on se
tient à une dislance finie de la surface, peut être démontrée par une mé-
thode analogue à celle imasjiiiée par MM. E. et F. Cosserat, mais on peut
maintenant démontrer aussi la convergence des séries (7) et de leurs déri-
vées premières quand on s'approche indéfiniment de la surface. On trouve
à l'aide des équations (7) à la surface co
(h
Hy.
OÙ Uj représente une fonction continue sur w de la manière
(10) I Hy ,, — Hy, l^-Tmax. abs.6^_, r,\,
336 ACADÉMIE DES SCIENCES.
r étant une constante finie, V un nombre positif ijuelconque satisfaisant à
la condition o ■< A << i , tous les deux indépendanis dey. L'équation (9) et
le théorème énoncé dans une Note récente (voir Comptes rendus du i:>. jan-
vier 1906, p. 199) concernant l'expression
e.-, - z
d-.
£/«.-.?
permettent de démontrer dans toute l'étendue du domainr t les relations
I vJ max. abs. O;^const. (in. <iJ ,
I /.^lO^, — 9y,i I -<const.fin.;j.^>;\, \o~i\.,,^n(x -ly\,
où s représente un nombre que l'on peut choisir aussi petit que l'on veut,
\t. un nombre satisfaisant à la condition o << a << i . On parvient ainsi à
démontrer rigoureusement la convergence de la série
(12) 'J^^'-'-'^f/ (-■<>'.< + i)
0
et sa continuité de la manière suivante :
(i3) |0, — 9, I ^const. fin. r^,2 (o ,Tr,. ^cr'), ('7<'7)
d'où découle facilement la convergence et la continuité des fonctions //.
V, w et (le leurs dérivées premières.
Après cette démonstration on peut faire voir que les développements do
Lauricella sont convergents pour
-I <X<-)-i,
ceux de MM. E. et F. Cosserat pour
-.<-r^<. (-^<^< + -).
Les développements (G) sont les plus généraux; ils comiirennent l'inter-
valle entier
— I <•/.<+ I ( — I < /■ < -t- :>d)
dans lequel le problème a une solution uniqiie.
SÉANCE DU 5 FÉVRIER igoô. 337
GÉODÉSIE. — Sur quelques résultats de la triangulation du massif Pelvuux-
Écrins. Note de M. Paui- Hklbkosner, présentée par M. Michel
Lévy.
Dans notre Communication du i3 novembre igoS nous avons résumé
l'ensemble des données que nous avions recueillies au cours de notre der-
nière campagne géodésique. Nous présentons aujourd'hui l'un des quarante-
cinq panoramas photographiques pris cet été sur les hautes stations de
notre réseau et destinés à compléter le travail mathématique des points
Irigononiétriques par les méthodes des perspectives photographiques : celui
du sommet de la Barre des Écrins (altitude : 4ïo3"', E.-M.) exécuté
le 9 août igoS au cours de notre station géodésique.
J.es dix épreuves (jui le composent, agrandies et juxtaposées, donnent
le développement complet du tour d'horizon sur une longueur d'environ
5™. Nous y joignons un calque explicatif, à échelle réduite, indiquant les
noms de vingt-cinq de nos stations géodésiques de sommets, visibles de cette
station culminante de notre réseau, ainsi que leur distance approximative
au sommet de la Barre des Écrins.
En partant de l'Est, 'ces stations |)rimaires, en général reliées avec les
Ecrins par visées réciproques et oii nous avons opéré dans l'une de nos
trois campagnes de 1903, 190I, 190.5, sont :
La Tète d'Amont, la l^oinle Durand du Pelvoux, la Pointe Puiseux du Pelvoux, les
Bans, le Sirac, les Rouies, l'Aiguille du Cananl, la Grande Roclie de la Muzelle, li-
Taillefei-, l'Aiguille du Plat de la Selle, le Grand Pic de Belledoniie, le Pic de la Grave,
le I-'ic de l'Etendard, la Brèche de la Meije, le lAoclier Blanc des Sept Laux, la Grande
Fiuine, le Pic du Frêne, le Goléon, le Pic des Trois-Evèchés, le Col du Galihier, la
Boche du Grand Galibier. le Pic de Conibevnot, le Pic de neige Cordier, le Grand
Arèa, le Pic des Agneaux.
Parmi les chaînes éloignées on distingue celles du mont Blanc (laS""» en moyenne),
de Polset, de Péclel, du mont Pourri, de la Vanoise, de la Grande Casse, du Grand
Comhin, etc.
Nous avons été amené, d'autre part, à calculer certaines altitudes, mais
seulement d'une façon provisoire; caria recherche des positions planimé-
triques nécessaires au calcul exact des altitudes définitives ne peut être
terminée avant plusieurs années.
Quelques cimes notamment avaient été depuis longtemps l'objet de
discussions au sujet de leur altitude; c'est ainsi que le grand sommet de
C. K., 1906, I" Semestre. (T. CXLII. N» 6.) 4^
338 ACADÉMIE DES SCIENCES.
V Aile froide , un des plus importants du massif, était coté .Sgao"'. Nos
calculs provisoires nous donnent, par plusieurs départs altimétriqnes, des
valeurs comprises entre Sg'nS™ et SqSi™. Ce résultat avait d'ailleurs été
pressenti depuis longtemps : M. F. -F. Tuckett avait même, en juillet 1862,
indiqué, pour l'Ailefroide, une altitude plus considérable \Explorations in
the Alps of Dauphiné {Alpine Journal, vol. I, i863-i864)].
De même, le grand sommet des Bans était coté jusqu'à présent 365 1'".
Nos calculs provisoires indiquent un chiffre compris entre 3674"^ 613676'".
Le Sirac était évalué 3438™; nous trouvons 34")0™.
Le pic de la Cavale, porté actuellement sur les cartes à 2897™ et pris par
le Dépôt de la Guerre comme signal du troisième ordre, n'est |3as le point
principal culminant de cette chaîne; celui-ci, station de notre réseau pri-
maire, s'en trouve en effet très distinct et à une cote notablement plus
élevée (2980", tandis que l'altitude du point du troisième ordre du Dépôt
de la Guerre est donné à 2897" dans le Recueil des positions géographiques,
feuNle de lîrianoon).
Le refuge Tuckelt, sur la rive gauche du glacier Blanc, porte actuelle-
ment la cote 25o4'°. Nos calculs l'abaisseront de plus de '\o^.
Le col Emile, pic porté à Sioa", doit être ramené à une cote inférieure
d'à peu près 20™.
Bien d'autres points présentent de notables divergences. Nous ne don-
nons d'ailleurs ces exemples qu'à titre provisoire. Toutes les altitudes
seront en effet recalculées lorsque le travail planimétrique des compensa-
tions graphiques et de l'établissement des coordonnées géographiques sera
terminé. Il se peut,'d'ailleurs, que les calouls définilifs donnent des écarts
encore plus considérables; car les modifications que nous présentons ont
pour base les cotes de plusieurs points géodésiqiies du Dépôt de la Guerre,
tandis que nos calculs définitifs se baseront sur les repères du Service du
Nivellement général de la France et, par suite, pourront amener dans leurs
résultais des variations venant de l'écart entre ces deux bases.
CHIMIE ORGANIQUE. — Condensation des nitriles acétyléniques a^cc tes
alcools. Méthode générale de synthèse de nitriles acryliques fi-subslilués
'{'j-oxyalcoy/és. Note de MM. Cii. Moi-reu et I. Lazexxec, présentée j);ir
AL II. Moissan.
Lorsqu'on met un nitrile acétylénique R — C^bC — CAz en contact
avec une solution de méthylate ou d'éthvlate de sodium (1'°"') dans l'alcool
SÉANCE DU 5 FÉVRIER 1906. 33i)
correspondant, une vive réaction se déclare presque aussitôt, qui se
manifeste par un dégagement notable de chaleur, pouvant aller jusqu'à
provoquer l'ébullition de la liqueur. Si, après avoir chauffé le mélange à
reflux pendant i ou 2 heures, on le laisse refroidir et qu'ensuite on le
verse peu à peu dans un excès d'eau glacée, il se précipite une huile à peine
(olorée, laquelle, d'après sa composition élémentaire et l'étude de ses
réactions, est constituée par un mélange, en proportions variables suivant
les conditions, du nitrile éthylénique [i-oxyalcoylé et du nitrile ^-acéta-
tique, qui résultent de la fixation de 1'""' ou 2'»°' d'alcool sur la liaison
acélvlénique du nitrile initial. Le nitrile jibénylpropiolique
C'H'— (;=(: — C.Az
et le méthylate de sodium, par exemple, fournissent ainsi un liquide distil-
hint vers i65° sons 2o™"\ qui est formé d'un mélange de nitrile ^-phényl
È-méthoxvacrylique (p-mélhoxycinnamique) C'H'— C(OCH*) = CH — GAz
et de diméthylacétal de la cyanacétophénone
C'H'-C(OCH=)-- (,H^-CAz.
Il est extrêmement difficile de séparer complètement par rectification
les deux composés qui ont simultanément pris naissance, en raison du
voisinage de leurs points d'ébullition. On se heurte d'ailleurs à autant de
difficulté quand on essaie de limiter la réaction à la phase nitrile éthylé-
nique p-oxyalcoylé, ou qu'on veut la pousser en totalité jusqu'à la phase
nitrile (3-acétalique.
Nous avons trouvé, au contraire, dans l'emploi des solutions alcooliques
de potasse caustique, agissant sans doute par l'alcool potassé qu'elles
doivent renfermer, un moyen sûr d'obtenir exclusivement les nitriles
éthyléniques ^-oxyalcoylés. Cette circonstance heureuse nous avait déjà
été révélée par les essais de saponification des nitriles acétyléniques à
l'aide de la potasse alcoolique, au cours desquels nous avions reconnu que
toujours une partie du nitrile traité fixait i™"' d'alcool {Comptes rendus,
■l'i janvier 1906).
11 convieiU d'employer, en général, pour j"'"' de nitrile, une solution de 2"'"' de
potasse dans 10 à i5 paities d'alcool, i.a réaction est le plus souvent énergique; on
l'acliève en chauffant la liqueur à relhix. pendant environ i heure; après refroidisse-
ment, on la verse dans Teau glacée, on agite le tout avec de l'éther, on lave et sèche la
cou<lie éthérée, et, après avoir évaporé l'éther, on rectifie le résidu.
34o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les nilriles acryliques p-substilués p-oxyalcoyiés suivants ont otù ainsi préparés :
Points d'éluillitioii.
Nitnlep-amyl-P-métlioxyacryli<|ue(C''ll")C(OCIP)r=ClI-CAz... 1 2.5°-i3i''(i.5'""')
B p-amyl-p-éthoxjacryiique(C'H")C(OC=H') = CII — CAz... i34<>-i35<'(n™"')
» p-liexyI-(3-mélhovyacrylique(C«IJ'^)C(OCH^) = CH — CAz.. i38°-i42<'(i4-*'«')
» p-liexyl-P-élhoxyacrylique(CMI'3)C(OC=IP) = CH — GAz... i ', i<'-i43°(i/r"')
» p-pliényl-j3-mé[hoxyacrylique(C/H^)G(OCH^)=CII— CA/.. i.>9''-i66o(i4"")
)> p-phényl-p-éthoxyàcrylique (C«H6)C(0C= 11=) = CH— GA/.. 166°- 173° {12°"")
» p-phényl-p-propoxyacrylique (C«IP)G(OCMr) = GH — CAz. iS^o-igcCsa""")
La composition élémentaire île ces produits répond d'une manière très satisfaisante
à leurs formules respectives. Comme cependant ils distillent en général sur plusieurs
degrés, il est possible que chacun d'eux soit un mélange de deux stéréoisomères.
Quoi qu'il en soit, leur constitution est nettement établie par l'hydrolyse.
Si l'on traile à chatid les nitriles oxyalcovlés aromatiques (obtenus à
partir du nitrile phénylpropioliqiie) par l'acide sulfurique à i pour 100, ils
se dédoublent aisément par hydratation, avec formation de cyanacétophé-
none (identique au corps obtenu par M. Haller dans le dédoublement de
l'acide benzoylcvanacétique), conformément, par exemple, à l'équalioii
suivante :
(C''H*)(0C-H'')C = CH-CA7 + H = 0 = C"U^-C0-Cn--CAz + C^H''0.
Niti'ile phénvléttioxyacriliquc. Cyanarétnpliénone. .\lcoo!.
L'hydrolyse des composés de la série grasse est beaucoup plus difficile à
réaliser. Le nitrile amyléthoxyacrylique est à peine attaqué par l'acide sul-
furique à lo pour 100. L'action de l'acide à 20 pour 100 est encore très
lente. Avec l'acide à 5o pour 100, le nitrile avait complètement disparu
après 3 heures d'ébullition. Il n'a d'ailleurs pas été |)ossible d'isoler le
nitrile p-cétonique correspondant; on a retrouvé de la méthylamylcétone,
produit de dédoublement qui a pris naissance d'après l'équation
C^H" - C(OC-H^) = CH — CAz + 3H^0
Nilrilc
amyléthoxyacrylique.
= C=H" - CO - CH'-+-(PHH)H-HAzIP-f-CÔ-'.
Méthylamylcétone.
Nous ferons remarquer, en terminant, que ces recherches sont à rap-
procher des faits analogues qui ont été observés dernièrement par l'un de
nous (Comptes rendus, i()o3 et 1904) dans l'étude de l'action des alcools
sodés sur les éthers-sels acétyléniques R — C^C — CO"R'.
SÉANCE DU 5 FÉVRIER 1906. 3\\
CHIMIE ORGANIQUE. — Essais de réduction dans la série du diphénylméthanc .
Note de M. H. Dlval, présentée par M. H. Moissiin.
Dans ma dernière Communication (^Comptes rendus, t. CXLI, iqoS,
p. 198) j'ai indiqué le mode de préparation de l'azoxy- et de l'azodiamino-
diphénylméthane, j'ai étudié depuis l'influence sur ces composés des agents
de réduction et de benzidination.
Le chlorure stanneux, réunissant en solution acide les deux propriétés
de réducteur et de benzidinant, fut d'abord employé; il donna naissance à
la tétramine correspondante, provoquant une scission dans la molécule
NH--C''ri'^^~!f')c''H'— NH-+ 2H-
= (NH^ )- = C»rF- CH- - C/IF == (NH = )-.
Ce produit est en effet identique à celui obtenu par réduction au moven
du chlorure stanneux du diorthonitrodiparaminodiphénylméthane; il four-
nit en outre quantitativement un dérivé tétrabenzoylé.
La réaction change si l'on emploie la poudre de zinc en solution alcaline
comme réducteur et si l'on décante la solution réduite dans un excès
d'acide; dans ces conditions il se forme exclusivement, au bout de quelques
minutes de chauffe au bain-marie, un dérivé de l'acridine suivant la réac-
tion :
NH- - CH'/^^ ":f ^')(7H^ - NH- + HCI
\ CH" /
= NH'C1 + NH^-C"H\ I )C'■•i^'-NH^
\CH/
Je n'ai pas encore isolé l'hydrazo à l'état de pureté à cause de son oxy-
dabilité et de sa solubilité par rapport à i'azo correspondant, mais le pro-
cédé de préparation, l'oxydabililé du produit obtenu et la formation d'azo
qui en résulte, enfin l'impossibilité d'obtenir, dans les mêmes conditions,
un dérivé acridinique en p;irtant de la tétramine correspondante, décrilc
ci-dessous, établissent cette façon de voir.
Bien que, après les travaux de Clans, de Tiiuber, de Hinsberg et Gar-
funkel, de WohI et Ane, etc. sur le diphényle, la question semble bie:i
avancée, je me propose de continuer, sur cette série, l'étude de l'influence
34-2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
(les liaisons ou des chaînes sur la benzidination ainsi que sur les homologues
Mipérieurs du diphénylmélhane et, en particulier, sur les produits de ré-
duction du dinitrodiphénylélhane.
'rclraniiiiodiplu'nYlmt^'lhaiie. — < )ii fait tomber i° d'azo dissous dans un peu d'eau
acidulée, dans une capsule chaufl'ée au bain-marie, contenant los de cldorure stanneux
dans 35s d'acide ciilorhydrique concentré; on évapore à sec, on précipite eji solution
aqueuse tout l'étain par Tliydrogène sulfuré (la coloration qui s'est formée pendant
l'évapuralion est entraînée par le précipité de sulfure), on évapore sous pression ré-
duite, puis, lorsqu'il ne reste plus que peu d'eau, on précipite l'aniine par la potasse,
on chaufFe à l'ébullition pour la dissoudre, ou filtre et on laisse cristalliser. Lavage à
réaction neutre à l'eau glacée et recristallisalion dans le minimum d'eau, après déco-
loration au noir animal.
Cristaux incolores solubles dans l'eau et l'alcool, insolubles dans l'éther.
(4)NH'/^ " *^''* '^ " \NHM4')'
Le dérivé tétrabenzoyié s'obtient quantitativement en dissulvant l'aminé dans une
solution alcaline et traitant par un excès de chlorure de benzoyie. Après lavage à l'eau
et au carbonate de soude, on le fait cristalliser dans l'alcool où il est peu soluble. Inso-
luble dans l'eau, il fond à 2-5°.
Paradiamiiioacridine. — On réduit 5s d'azo dans 20os d'eau et 20S de lessive de
potasse, par 1 2» de poudre de zinc ; lorsque la solution est décolorée on la laisse leposer
un instant et on la décante dans 2ao""' d'acide clilorliydrique concentré; la solution
s'échauft'e, on ajoute à nouveau i5o""' d'acide puis on porte au bain-marie. La masse se
colore bientôt en rouge et, au bout de 8 à lo minutes de chaufTe, on laisse refroidir; il
se dépose alors des aiguilles rouges de chlorhydrate de paraminoacridine, on essore,
on redissout le produit dans i5o'^"'' d'eau tiède contenant un peu d'acide chlorhydrique,
on filtre et l'on ajoute 6o™' d'acide concentré qui détermine la précipitation du produit.
En précipitant par la potasse le chlorhydrate redissous dans l'eau tiède, on obtient la
base qui, lavée à l'eau à réaction neutre et cristallisé dans l'alcool après traitement au
noir animal, fournit la paradiaminoacridine pure.
Aiguilles jaunes solubles dans l'eau bouillante, dans l'alcool et surtout dans la pyri-
dine, fondant à 284" •
(4)NIP— G«H^( 1 ^C«H3— Mr-i(4').
Les sels et particulièrement le nitrate sont très peu solubles dans une solution aqueuse
contenant un excès d'acide.
Cette diamidoacridine est identique à celle décrite d'abord par Gram puis ensuite
par Schôpf.
SÉANCE DU 5 FÉVRIER 1906. '3/i3
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur lacyelohexylcicètone. Note de M. P. Freuxdi.ek,
présentée par M. H. Moissan.
J'ai publié récemment avec M. Damond (') les premiers résultats de
recherches entreprises dans le but de préparer la cyclohexylacétone
C''H".CH-.CO.CH^
Après quelques essais infructueux, je ne suis parvenu à obtenir celto
cétone qu'avec un rendement médiocre; aussi le corps en question étaiit-il
peu intéressant par lui-même, je me bornerai à exposer les quelques obser-
vations nouvelles faites au cours de cette étude que je ne compte pas pour-
suivre.
Les méthodes qui n'ont pas fourni de résultat sont les suivantes :
I. Méthode à L'éther acélylacétiqiic. — Nous avons montré, M. Damoml et moi
(/oc. cit.). que le clilorocvcloliexane et riodocyclohexane ne se condensent pas, ou ne
se condensent que dans des proportions minimes avec l'éther acétylacétiqiie sodé.
II. Méthode de M. Tiffeneaii (-). — Le dérivé magnésien du chlorocycloliexane a
été traité par la chloracétone dans les conditions dans lesquelles on obtient de la
benzylméthylcétone; la réaction s'est eflfeclnée sans donner naissance à des quantités
appréciables de produits cétoniques.
m. Méthode de M. Biaise ('). — Cette méthode consiste à condenser l'acétonitrile
avec le dérivé magnésien du chlorure d'hexahydrobenz\de ou du bromure ou de
l'iodure correspondants :
01I".GH2.MgI-hGn'.CAz— -C«H".CH^c/^„r'^^^',
OII".CH-.C^^jj7 ^^§' + 2H-0 = C/II'.CtP.CO.GH^+ MgO + Azll' 1.
Contre toute attente, la condensation s'est faite d'une façon anormale : les produits
de la réaction, qui ne renfermaient pas la moindre trace de cétone, étaient constitués
à peu près uniquement par du inéthylcyclohexane, bouillant à lOi^-ioS", et par un
carbure C'H'"', bouillant à 263°-264"; ce dernier ne peut être que du dicyclohexyl-
éthane formé dans la première phase de la réaction :
2C«H".C1IM + Mg = Al-r-+ C'M1='\
(') Comptes rendus, t. CXLl, p. SgS.
(-) Communication particulière.
(■') Comptes rendus, t. C\XX, p. i322.
3/|/i ACADÉMIE DES SCIENCES.
T.e seul procédé qui m'ait fourni la célone cherchée est celui qui consiste
il condenser l'iodure d'hexahydrobenzyle-magnésium avec l'aldéhyde acé-
tique et à oxyder ensuite l'alcool secondaire ainsi obtenu par le mélange
cinomique :
C»H^CH-.CHOH.CH' + 0 = H^O + C«H'.CH^CO.CH'.
Cette méthode a été employée par M. Bouveault (') pour préparer
l'homologue inférieur, l'hexahydro-acétophénone.
Dans ce cas encore, les résultats n'ont pas été très satisfaisants.
L'alcool secondaire, qui se forme avec un rendement de /|0 pour loo
environ, est accompagné de produits supérieurs, bouillant de io5° à i3o°
sous 9"™; ceux-ci renferment vraisemblablement du dicyclohexylélhane et
(les composés résultant de la condensation du magnésien avec l'aldol
ou l'aldéhyde crotonique résultant de la polymérisation de l'aldéhyde
employée.
l'alcool cydohexylpropylique secondaire, C* H" . CH^ CH OH . CH' est un
liquide d'odeur assez agréable, peu soluble dans l'eau, bouillant à 201-202"
sous la pression normale.
La cyclohexylacélone bout à 197° et possède une odeur à peine cam-
phrée; elle forme un bisidfttique très peu soluble et une semicarbazone
fusible à 182", 5.
La préparation des dérivés halogènes employés dans les deux dernières réactions
a présenté quelques difficultés.
Le chlorure (Thexahydrobenzyle se forme dans une certaine projiorlion lorsqu'on
chaufl'e l'alcool liexalijdiobenzylique avec de l'acide chlorlivdrique en vase clos; mai--
bien qu'il distille vers 161° et l'alcool à 182°, il est extrêmement difficile de fractionner
les deux corps. D'autre part, l'action du perchlorure de phosphore conduit surtout
à des produits phosphores.
Le hiomure ne peut pas non plus être obtenu à l'état de pureté j)nr la méthode au
tribromure de phosphore {loc. cit.); en effet les phosphites, qui se forment en même
temps en assez grande quantité, sont partiellement décomposés par l'eau et l'alcool
ainsi régénéré empêche absolument de rectifier le bromure dont le point d'ébullilion
est voisin de 190°.
Car contre, Viodure d' liexahydrohenzyle, C*H".CH'l, se prépare assez facilement,
soit au moyen du Iri-iodure de phosphore {loc. cit.), soit en employant le phosphore
(') Bull. Soc. cliim., 3'' série, l. X\IX, p. loôi.
SÉANCE DU 5 FÉVRIER rf)o6. 345
rouge et l'iode. Les leiulemenls olileiuis sont, dans le premier cas, de 76 pour 100,
dans le second, de 66 por.r 100 de la théorie; la seconde méthode est la plus commode.
L'iodure distille en brunissant légèrement vers 97°-99° sous i8"""-i9™™.
1^'alcool hexahydrobenzylique employé dans ces recherches a été préparé par la
méthode de MM. Sabatier et Senderens, en suivant les prescriptions indiquées
à propos de la pré])aralion de l'alcool amylique racémique ('). Le rendement maxi-
mum obtenu a été de 66 pour 100 de la théorie en partant du bromocyclohexane.
CHIMIE AGRICOLE. — Sur l'absorption des carbonates alcalins par les compo-
sants minéraux du sol. Note de M. J. Dumont, présentée par iVL L. Ma-
quenne.
On sait que la terre arable jouit de propriétés absorbantes 1res actives
à l'égard des alcalis et de certains sels. Mais, si l'expérience montre qu'une
solution alcaline titrée s'appauvrit au contact <lu sol qui la reçoit, il ne
s'ensuit pas que l'absorption se manifeste toujours de façon identique.
Abstraction faite des cas (Vinsolubilisation ou de rétrogradation, qui sont
dus à des précipitations chimiques, il y aurait lieu d'établir une distinction
fondamentale entre l'absorption directe, caractérisée par ce fait que la sub-
stance est fixée ou retenue sous son état primitif, et {'absorption indirecte,
qui ne se manifeste à l'égard des alcalis qu'après une dècouiposition chi-
mique préalable du sel emplové, nécessitant la présence du calcaire ou
d'autres composés terreux. De fait, en raison même de ces transfor-
mations, on peut admettre que la fixation des bases alcalines n'est possible
directement que si elles sont libres ou carbonatées.
Comment s'effectue l'absorption des carbonates alcalins par les compo-
sants du sol? Le sel est-il fixé intégralement ou en partie? La base étant
retenue seule, se produit-il un dégagement d'acide carbonique? Voilà les
questions que je me suis d'abord posées.
Les matières humiques libres décomposent les carbonates alcalins à la
manière des acides faibles, les éléments minéraux de la terre agissent-il« de
même? Pour le savoir j'ai effectué une série de recherches avec le sable,
l'argile, le kaolin, la silice, l'alumine et l'hydrate ferrique (^).
(') Comptes rendus, t. GXLI, p. 83o.
(^) Le sable lin et l'argile ont été extraits d'une terre de Grignon ; l'alumine et
l'hydrate de fer ont été préparés par précipitation à l'ammoniaque; on a obtenu la
silice en décomposant un silicate alcalin par un courant de gaz carbonique.
G. R., 1906, 1" Semestre. (T. CXLII, N« 6.) 46
346
ACADEMIE DES SCIENCES.
Les détei'iniiialions ont élé faites sur des poids connus de matière la\ée, puis séchée
à douce température; à part le sable fin, doiU on a pris 20», tous les essais ont porté
sur 4" de produit sec.
Celui-ci était placé dans un petit flacon, muni d'un tube à robinet, pouvant
s'adapter à la trompe à mercure; après avoir ajouté quebjues centimètres cubes d'eau,
pour imbiber la matière, on introduisait verticalement dans le llacon un petit tube
bouché, contenant i'""' d'une solution normale de carbonate de potassium (i38s par
litre). On faisait le vide, on fermait le robinet, puis on renversait le flacon pour
répandre le carbonate de potassium sur la matière humide. Après un certain temps de
contact les gaz étaient soigneusement recueillis à la trompe et l'on y dosait l'acide
carbonique.
Il a été eflectué ainsi cinq déterminations successives, à des intervalles de temps
compris entre 2 heures et 66 heures; voici les résultats obtenus pour l'ensemble de
nos essais :
Acide carbonique reciteilli.
.\rgile
CiO
Sable fin.
(20«).
liaolin
(4"-)
Silice
(4^)-
H3dratc
de fer (4e).
.alumine
normale.
calcinée.
normal
lavé.
(4M-
2
heures..
4,75
8,4i
0,00
0,00
lût;
0,18
mg
1,08
mu
0,91
2,18
16
»
3,61
6,54
0,00
0,36
0,00
0,74
1,68
•^,07
24
»
3,3o
1,69
0,00
0,00
0,18
0,55
.,84
5,90
4o
»
1,70
3,02
0,00
0,18
0,00
0,54
2,60
4,02
66
»
2 ,62
I ,32
0,00
0,00
0,00
o,36
2,77
3,64
Total..
1 5 , 98
20,98
0,00
0,54
o,36
3,27
9,80
19,81
L'examen de ce Tableau montre que :
1° Les éléments sableux du sol, séparés par les méthodes d'analyse phy-
sique, n'exercent aucune action décomposante sur les carbonates alcalins ;
1° Le kaolin réagit très faiblement, contrairement à ce que l'on aurait pu
supposer de prime abord ;
3" La silice, même desséchée, décompose à froid le carbonate de potassium,
mais à un moindre degré que les autres éléments colloïdaux;
4° Les hydrates de fer et d'aluminium réagissent très énergiquement et
l'action particulière de l'alumine est de tous points comparable à celle de
l'argile.
Cette expérience présente à nos yeux un double intérêt. D'une part elle
fait voir que le pouvoir absorbant est avant tout un phénomène d'ordre
chimique, comme le supposait Way et comme l'ont admis ensuite
MM. van Bemmelen et de Mondésir. D'autre part, il semble que l'argile de
nos sols arables, telle que nous l'en séparons par lavage, n'ait qu'une très
lointaine ressemblance avec le kaolin, au moins avec celui que nous avons
SÉANCE DU 5 FÉVRIER 1906. 347
employé : nous n'en sommes pas aulremenl surpris, étant données les con-
ditions toutes différentes de l'évolution des éléments argileux. Incorporé
au sol, le kaolin ne tarderait sans doute pas à subir de profondes modifica-
tions physiques qui le rapprocheraient certainement de l'argile agricole.
Enfin une^question se présente encore à l'esprit : en admettant que l'argile
brute soit un silicate d'alumine hydraté impur, contenant des composés
ferriques, de l'alumine libre et de la silice à l'étal gélatineux, pourquoi son
action, à égalité de masse, dépasse-t-elle en intensité celle de ses compo-
sants, pris indivnduellement ou dans leur ensemble? Y a-t-d encore dans
l'argile agricole une substance que nous ne saisissons pas? Il serait témé-
raire, présentement, de vouloir expliquer le fait en lui-même ; je me contente
de le signaler.
Observations sur la Note précédente de M. J. Dumont, par M. L. Maquenxe.
Il nous paraît difficile de suivre M. Dumont lorsqu'il nous dit, en termi-
nant sa très intéressante Communication, qu'il serait téméraire de vouloir
expliquer les faits qu'il signale et que les propriétés absorbantes de l'argile
peuvent être attribuées à quelque autre corps que nous ne saisissons pas.
Tout porte à croire, en effet, que ces propriétés tiennent à la constitution
chimique de l'argile et en sont une conséquence nécessaire.
Une molécule d'argile renferme quatre oxhydryles fixés sur l'aluminium,
dans la même situation que celle qu'occupent les six oxhydryles de l'alu-
mine ordinaire : elle doit donc forcément posséder encore des propriétés
basiques et des propriétés acides, celles-ci dominant sans doute sur les pre-
mières à cause du voisinage d'un groupe pyrosilicique. Ce groupe, en
s'hydratant, peut à son tour donner naissance à deux fonctions acides sup-
plémentaires : l'argile doit par conséquent pouvoir contracter, avec les
bases et avec les acides, des combinaisons vraisemblablement dissociables
par l'eau.
Ces considérations, parfaitement d'accord avec les analogies signalées
par M. DumonI, sont aujourd'hui classiques et, pour ma pari, je les enseigne
depuis longtemps pour expliquer les |)ropriékés absorbantes de l'argile
vis-à-vis de la potasse et de l'acide phosphorique : elles intéressent d'autant
plus la Chimie agricole qu'elles fournissent une interprétation rationnelle
du rôle régulateur que joue la terre dans la distribution aux plantes et
l'abandon aux eaux de drainage des éléments de fertilisation qui s'y trouvent
ou qu'on lui donne sous forme d'engrais.
3/f8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ZOOLOGIE. — Sur le passage à travers les ganglions spinaux de faisceaux pro-
venant des racines motrices et se rendant aux nerfs dorsaux, chez les Batra-
ciens. Note de P. Wintrebert, présentée par M. Alfred Giard.
L'existence de fibres motrices pénétrant les ganglions spinaux est facile à
constater au moyen de coupes en série, colorées par les procédés habituels,
chez les Urodèles et chez les Anoures. lille surprend d'abord et paraît
s'opposer à la conception classique; elle s'ex}:<lique si l'on prend soin de
suivre les faisceaux moteurs à travers le ganglion; ils restent, en effet, suf-
fisamment compacts et visibles pour qu'on puisse affirmer leur continuité
avec les nerfs dorsaux. Dès lors la structure seule du ganglion est boule-
versée; les fibres motrices perforent de part en part le manteau fermé
(Lenhossèk) (' ) de cellules ganglionnaires placé autour de la racine sensi-
tive et celte racine elle-même; ils se rendent à leur destination périphé-
rique par la voie la plus directe, comme si les éléments du ganglion n'exis-
taient pas. Les fibres sensitives qui vont aux mêmes nerfs se rassemblent en
(les roules qui convergent aux mêmes points.
On connaît liepuis longtemps i'olroile liaison de la racine ventrale et du
ganglion; Lenhossèk a montré l'empiétement du ganglion sur la partie
proximale du nerf mixte.
I. Anourkb : A. Rana viiidis. — Les faisceaux inoleurs allant aux ganglions spi-
naux peu\enl présenter des aspects diflerenls suivant leur lieu d'origine. Le plus
souvent, ils se tlétachent des racines motrices au moment du contact de celles-ci avec
les ganglions; parfois les fibres de pénétration s'isolent déjà en une branche distincte
juste au-dessus du ganglion; elles peuvent constituer enfin une véritable petite
racine accessoire totalement indépendante depuis la moelle, mais qui, dans certains
cas, s'adosse encore dans son trajet à la racine principale. L'origine médullaire de
cette racine se fait à la partie latérale externe de la zone d'insertion motrice; son
trajet est intermédiaire aux racines dorsale et ventrale, mais situé plus près de celle-ci ;
sa terminaison a lieu à l'extrémité postérieure du ganglion qu'elle aborde par sa face
interne; un second faisceau ganglionnaire tiès court peut coexister avec elle.
Dans le ganglion, les fibres motrices suivent, en général, deux chemins distincts,
l'un postérieur, l'autre antérieur; tous deux se dirigent eu dehors et abou-
tissent à la surface dans la région dorsale de la face externe. Le premier, plus larj^e,
reste cantonné à l'extrémité postérieure; l'autre, né parfois du premier, mais souvent
distinct depuis la racine motrice, se rend à l'extrémité antérieure du ganglion cl
(') Arch.f. iuil;r. Anal., lid. \X\1, i8S6.
SÉANCE DU 5 FÉVRIER 1906. 349
passe souvent à travers les fibres sensitives de la racine dorsale. Les deux chemins
aboutissent aux deux nerfs dorsaux; ils se subdivisent qnand ceux-ci sont plus
nombreux.
Les nerfs dorsaux montent en dehors des apophjses articulaires, dans l'espace inter-
Iransversaire ; ils donnent des fibres au muscle intertransversaire et passent dans les
cloisons myomériques antérieure et postérieure qui encadrent le myotome correspon-
dant. Les nerfs dorsaux de la dixième paire qui se dirigent en arrière passent sous le
ganglion sans le traverser.
B. Alytes obsletricans. — On observe les mêmes pénétrations et sorties de fibres
motrices. La racine ventrale est plus intimement accolée encore au ganglion, et l'on
voit des cellules ganglionnaires insinuées entre ses fibres. La racine accessoire peut
pénétrer le ganglion par son extrémité antérieure. En arrière du faisceau postérieur
intraganglionnaire, il n'y a souvent qu'un petit groupe de cellules nerveuses.
II. Urodèles : A. Salamandra maculosa. — Au niveau du plexus lombosacré, un
faisceau se détache souvent de la racine motrice à mi-chemin de la moelle et du gan-
glion; il plonge dans celui-ci par son hile interne; mais auparavant il envoie une
branche au nerf dorsal interne; celui-ci présente souvent des cellules ganglionnaires
autonomes et se place entre le périoste vertébral et le myotome. Dans le ganglion, le
faisceau moteur se dirige en tiehors et passe à travers les fibres de la racine dorsale;
il se divise en plusieurs branches qui sortent vers l'angle antérodorsal de la face
externe pour constituer les nerfs dorsaux externes. Ces nerfs coupent l'angle antérieur
du myotome correspondant pour rejoindre la cloison mvomérique adjacente.
B. Siredon pisciforntis. — Chez les jeunes larves examinées, on suit assez bien les
libres perforantes jusqu'aux nerfs dorsaux issus des ganglions.
Conclusions. — 1° Il existe une pénétration partielle des racines inotrices
dans les ganglions spinaux; le faisceau perforant peut s'isoler vers la moelle,
chez Rana viridis, jusqu'à former une racine ventro-latérale accessoire,
intermédiaire avec deux autres racines et dont l'origine médullaire s'ob-
serve à la partie la plus latérale et la plus externe de la région motrice.
2° Les faisceaux perforants subdivisent la substance ganglionnaire et
traversent souvent la zone des fdjres sensitives. Ils constituent ainsi les
racines motrices des ner/sldorsaiix . he nerf spinal sous-ganglionnaire, appelé
nerf mixte, n'est que le tronc mixte des fibres ventrales.
3° Les fibres qui constituent les nerfs dorsaux ont un trajet subordonné
à la conservation de leurs rapports anatomiques; la traversée du ganglion,
que ne gênent point les groupes de cellules nerveuses orientés latérale-
ment, représente la voie la plus directe qu'elles puissent suivre vers Ifur
terminaison périphérique; les nerfs antéro-externes des Urodèles ne par-
viennent encore à la cloison myomérique antérieure qu'en traversant la
corne antérieure du myotome; les nerfs postérieurs des Anoures, malgré
l'empiétement du ganglion sur le nerf mixte ( f^enhossèk) et la grande
35o ACADÉMIE DES SCIENCES.
obliquité du myotome, doivent toujours contourner en avant l'apophyse
transverse qui^limite en arrière l'espace où ils sont situés.
PHYSIOLOGIE. — Action du sulfate d' hordénine sur les ferments soluhles
et sur les microbes. Note de M. L. Camus, présentée par M. Guignard.
Le sulfate d'hordénine, qui agit sur l'appareil cardio-vasculaire, comme
je l'ai précédemment indiqué ('), influence aussi l'appareil digestif et les
sécrétions digestives; je montrerai ailleurs que les systèmes nerveux glan-
dulaire et intestinal réagissent à l'alcaloïde comme le système nerveux car-
diaque. Les glandes sécrètent sous l'influence d'une certaine dose d'alca-
loïde et cessent de réagir à leurs excitants habituels quand l'organisme est
sous l'influence d'une dose plus considérable de cette substance.
J'indiquerai présentement les modifications que subissent les fermen-
tations et les cultures microbiennes quand elles sont faites en présence du
sulfate d'hordénine.
L Action sur les ferments solubles. — J'ai étudié l'action du sulfate d'hor-
dénine sur les fermentations qui se font par l'intermédiaire de la pepsine,
de la trypsine, de la présure, del'invertine, de la maltase.
Pepsine. — La digeslion de l'albuinine coagulée par la pepsine est retardée par la
présence du sulfate d'hordénine; le retard augmente avec la quantité d'alcaloïde. Si la
digestion a été arrêtée avec une certaine dose de sulfate, on peut la faire repartir en
augmentant la proportion de pepsine.
Trypsine. — Le sulfate d'hordénine agit sur le suc pancréatique kinasé comme sur
la pepsine.
Présure. — La coagulation du lait par la présure est aussi entravée par la présence
du sulfate d'hordénine. Une solution de présure capable de déterminer en 3, 5 et
-j minutes la coagulation d'une certaine quantité de lait renfermant i, i,35, a.Sopour
100 de sulfate tl'hordénine ne fait pas coaguler, même en 24 heures, une égale quan-
tité de lait quand la proportion de sulfate est de 5 ou de 10 pour 100. L'incoagulabi-
lité du lait sulfaté à 5 pour 100 n'a rien d'absolu; par exemple, en employant o"^'"', 5
de présure à 0,6 pour 100 au lieu de o'^"'', i, on voit la coagulation se faire en 10 mi-
nutes; si l'on fait agir i'"' de cette même solution de présure, la coagulation se fait en
4 minutes. Il y a donc ici, comme dans le cas de la pepsine et de la trypsine, antago-
nisme du sulfate d'hordénine et du ferment et il est intéressant de déterminer la nature
de cet antagonisme.
J'ai constaté que la durée du contact du sulfate d'hordénine et de la présure n in-
(') Comptes rendus, l. GXLIl, 22 janvier igofi, p. 237-239.
SÉANCE DU 5 FÉVRIER 1906. 35 l
lluence pas ractivité de celle-ci et de même que la durée d'action du sulfate sur le
lait n'a pas d'effet appréciable.
On devait se demander ce que devient le fertïient dont l'action sur le
lait est empêchée par une quantité convenable de sulfate d'hordénine. Si,
par exemple, à a*^""' de lait sulfaté à 5 pour 100 on ajoute o""', i de ferment
à 1 , 2 pour 100, on ne voit à aucun moment la coagulation se produire, mais
si, après 3o minutes de contact à (\o°, on prélève i™' du mélange et qu'on
l'ajoute à 1"°' de lait frais porté à 40", on obtient la coagulation de ce nou-
veau mélange en i heure 38 minutes. Le ferment n'a donc pas été détruit
par le sulfate d'hordénine, il est resté simplement à l'état latent.
La température optima pour l'action du sulfate d'hordénine et celle pour l'action
du ferment ne coïncident pas; aussi peut-on aisément constater que le lait sulfaté,
incoagulable à 4o", se coagule si l'on abaisse la température à Se".
Enfin on peut constater que des quantités très considérables de sulfate d'hordénine
sont incapables de détruire de très faibles quantités de présure. Après avoir soumis à la
température de [\o° un mélange de présure et de sulfate d'hordénine dans le rapport
de I à 3oo, on constate que la présure est toujours capable de faire coaguler le lait si le
mélange est dilué dans une quantité suffisante de lait pour que la proportion de sulfate
V soit assez faible. Le sulfate d'hordénine n'altère donc pas le ferment et, s'il l'empêche
d'agir, c'est vraisemblablement parce qu'il modifie le lait. Du reste le lait sulfaté de-
vient coagulable parla chaleur et, à la température du laboratoire, il est précipité par
une proportion de .5 pour 100 de ce sel.
En résumé, il y a antagonisme du sulfate d'hordénine et du ferment,
mais cet antagonisme est indirect, en ce sens que la coagulation et la non-
coagulalion dépendent de la prédominance de l'une des deux substances
sur la matière coagulable.
Uinvertine, la mallase, la lipaséidine ne sont pas arrêtées dans leur action
par le sulfate d'hordénine.
II. Action sur les microbes. — J'ai recherché pour plusieurs espèces mi-
crobieiuies quelle était la proportion de sulfate capable d'entraver les cul-
tures.
Les espèces étudiées jusqu'à présent sont le Bacille Coli, le B. d'Eberth,
le Vibrion de Massaouah et le V. de Finkler eL Prior. L'ensemencement a
été fait dans du bouillon renfermant des proportions croissantes de
sulfate.
Le B. Coli et le V. de Massaouah ne cultivent plus en présence de
4 pour 100 de sulfate; le B. d'Eberth et le V. de Finkler et Prior en pré-
sence de 5 pour 100 de ce sel.
L'action antiseptique du sulfate d'hordénine n'est pas due à une modifi-
352 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cation de tension osmotiqiie du milieu, je m'en suis assuré par des expé-
riences comparatives faites avec (lu chlorure de sodium; tient-elle à une
action de l'alcaloïde sur les substances assimilables du bouillon ou sur le
protoplasma cellulaire?
Quelques expériences sont encore à réaliser pour résoudre ces questions,
maison peut dès maintenant se demander si la thérapeutique doit fonder
quelque espoir sur l'emploi de l'hordénine.
Je puis dire, d'après mes recherches, que, bien que la toxicité du sulfate
d'hordénine soit très faible par ingestion, il ne semble pas que l'on puisse
songer à réaliser avec cette substance l'antisepsie absolue du tube digestif.
Un effet antiseptique partiel est seul à espérer, mais on doit se rappeler
que cet alcaloïde agit aussi sur le système cardio-vasculaire, sur l'appareil
digestif, sur les sécrétions et que ces propriétés pourront peut-être rendre
d'excellents services dans le traitement des affections intestinales.
Les études cliniques établiront donc la valeur thérapeutique du sulfate
d'hordénine en tenant compte non seulement de ses propriétés antisep-
tiques, mais encore de ses effets sur l'ensemble de l'organisme.
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Les proporlions de chloroforme que contient
le sang artériel pendant l'état d'anesthésie nont pas de rapport direct avec
les effets quelles produisent. Note tle M. «5. Tissot, présentée par
M. Chauveau.
Pendant l'état d'anesthésie, en dehors des modifications que la manière
d'administrer l'anesthésique fait subir au taux de chloroforme dans le sang
artériel, on observe les faits suivants :
1° Pendant l'aneslhésie avec les mélanges titrés, toute augmentation de
la ventilation pulmonaire a pour efïet d'élever rapidement le taux du chlo-
roforme dans le sang artériel.
2" Au cours d'une syncope respiratoire, le taux du chloroforme diminue
progressivement dans le sang artériel; cette diminution est fonction du
temps et de la vitesse de la circulation du sang.
3° La proportion de chloroforme du sang artériel peut, sans provoquer la
mort, devenir supérieure pendant 12 à i5 minutes et même [)lus à la dose
mortelle pour le cerveau ou à la dose que contiendra le sang artériel au
moment de la mort par le chloroforme. Voici un exemple du fait :
Sang artériel 12 m. 3osec. avaiil la syncope mortelle. . . 58,5 pour loo'''"' de sang
» 6 minutes n ... 60 »
Dose mortelle dans le cerveau 67 pour loos de substance
SÉANCE DU 5 FÉVRIER 1906. 353
4° Il n'y a pas de rapport direct entre les proportions de chloroforme du
sang artériel et les effets (|u'elles produisent.
Exemple. — Dans une expérience, une proportion de 6o'"s de cliloroforme dans le
sans a déterminé une syncope respiratoire qui a disparu spontanément, tandis que,
6 minutes plus tard, une dose de Se"?, 7 provoquait la mort; la dose mortelle pour le
cerveau était, chez cet animal, de 48™6,6.
5° Il n'y a pas de rapport direct entre les proportions de chloroforme dn
sang artériel et les effets qu'elles exercent sur la? pression artérielle.
Exemple :
Pression artérielle i.VV"™ 81"'" 60™'" 45"'"'
Proportion de chloroforme pour ioo''"'de sang. 44"°.2 66™s,2 54™5,2 60""?
La courbe de la pression artérielle renseigne donc sur le degré d'intoxi-
cation des centres nerveux mais non pas sur les variations des proportions
•de cliloroforme dans le sang.
6° Une proportion déterminée de chloroforme dans le sang artériel met
un certain temps avant de produire son maximum d'effet.
On vient de voir que, dès le début d'une syncope, la proportion de
chloroforme diminue dans le sang artériel. Or, au moment de la mort,
c'est souvent 2 miuutes seulement après l'arrêt respiratoire définitif que
se produit le fléchissement brusque de la pression artérielle indiquant que
le cœur est frappé et que l'animal va mourir. Ce retard de 2 minutes
représente le temps nécessaire à la diffusion du chloroforme du sang arté-
riel aux centres nerveux pour la production de l'effet mortel.
De l'ensemble de ces faits et de ceux contenus dans ma Note précédente
résulte la proposition suivante :
// n'y a pas de rapport direct entre tes proportions de chloroforme contenues
dans le sang artériel et les effets qu elles déterminent ; ces effets dépendent,
non pas de ces proportions elles-mêmes, mais de la i^aleur des quantités de
chloroforme que les lois de la diffusion permettent au sang artériel de céder aux
centres nerveux.
La valeur de la quantité de chloroforme qui diffuse du sang aux centres
nerveux est fonction de quatre facteurs : t" du temps; 2° du rapport entre
les proportions respectives de chloroforme du sang et des centres nerveux;
3° de la vitesse de la circulation du sang; 4° tle la nature des deux milieux
en contact.
c. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N" 6.) 4?
354 ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'influence de la vitesse cl u courant circulatoire est démontrée parle fait
suivant :
La différence entre les proportions de chloroforme dans le san^ veineux
et le sang artériel n'est que de 3'"* à 5'"*^ au début de l'anesthésie et lorsque
la pression artérielle est élevée ; elle monte à 20""^ et 3o™s lorsque la pres-
sion artérielle s'abaisse à un niveau très bas. Lorsque la pression artérielle
est très basse, le sang cède aux tissus une quantité plus considérable de
chloroforme parce qu'il v séjourne plus longtemps et parce que la quantité
de sang (pii y passe "pendant l'unité de temps est beaucoup plus faible.
Le sensjdu phénomène de diffusion, qui se produit du sang aux tissus
pendant l'administration du chloroforme, se renverse i ou 2 minutes après
l'arrêt de l'inhalation de l'anesthésique et se fait dès ce moment des tissus
au sang. L'expérience suivante le démontre :
Expérience. — ■ On mainlient un animal anesthésié pendant 3o minutes. Avant de
cesser radministration du chloroforme on fait une prise de sang artériel et une prise
de sang veineux ; puis on cesse immédiatement après l'inhalation et l'on fait des prélè-
vements de sang veineux, et de sang artériel à des intervalles de plus en plus éloignés.
Voici les résultats obtenus :
Avant l'arrùt
du clilorof.
Prop.dechlorol'. | sang artériel. 53,3
dans loo*^"' de ( sang veineux. 48,1
Si l'on représente ces chiffres par deux courbes, on voit que leur inter-
section, c'est-à-dire l'inversion du phénomène de diffusion, se produit
2 minut)es après l'arrêt de la chloroformisation et que la proportion de
chloroforme est à ce inoment de 39"^, 5 dans le sang artériel comme dans
le sang veineux.
Ces résultats, joints aux faits que j'ai déjà signalés dans cette Note et
dans mes Notes précédentes, nous amènent à une conclusion pratique im-
portante.
Pour éviter l'accumulation du chloroforme dans l'organisme, le meilleur
procédé est de donner l'anesthésique de façon intermittente; ce procédé
est précisément celui employé actuellement par la plupart des chirurgiens.
La iliminution rapide du chloroforme dans le sang artériel et dans le, sang
veineux permet ainsi de maintenir la proportion de chloroforme dans les
centres nerveux à un taux non dangereux et d'en éviter l'accumulation.
Les faits que j'ai exposés expliquent la parfaite innocuité de la cbloroformi-
'"apiVs
j.^m
45"
!.>■
4''3o-
10"
"iirrrl.
après.
après.
après.
après.
après.
28,4
m?
.3,2
5.,8
in^
32,5
16,2
7.7
4,9
2,2
I
SÉANCE DU 5 FÉVRIER Î906. 355
sation pratiquée de cette manière et montrent que l'on évitera fp.cileinent
les accidents en se rappelant :
i" Qu'il fiiut donner l'anesthésique avec prudence lorsqu'il se produit
une augmentation de la ventilation pulmonaire, surtout au moment de la
période d'excitation;
2" Qu'il faut déterminer l'aneslhésie lentement;
3° Que, lorsqu'on administre le chloroforme |iar le procédé de la com-
presse, il faut le donner régulièrement, goutte à goutte.
PATHOLOGIE. — Con/rihiiliofi à /'étude de l'anatomic pathologique des cancers
épithèliaux de la prostate. Note de MM. Motz et Majewski, présentée par
M. Guyon.
Les tumeurs épithéliales de la prostate sont formées soit de productions
épilhéliales alvéolaires (cancer alvéolaire), soit de productions plus ou
moins alvéolaires, mais accompagnées ou précédées d'une néoformation
de culs-de-sac glandulaires. Les glandes néoformées sont ordinairement
beaucoup plus petites que les glandes normales de la prostate. Leur nombre,
dans certains cas, est très restreint (adéno-carcinome); dans d'autres cas,
au contraire, \\ est considérable (adéno-épithélioma d'Albarran et Halle).
Ces deux dernières variétés constituent la grande majorité des tumeurs
épithéliales de la prostate.
Dans le cancer alvéolaire et dans l'adéno-carcinome, le stroma conjonc-
tive-musculaire de la prostate devient ordinairement scléreux. Dans
l'afiéiio-épithélioma, cette transformation fibreuse ne se produit pas ou se
produit irès lentement. Comme le diagnostic clinique de la carcinose pro-
slalique se fait grâce à l'apparition du tissu fibreux dans l'intérieur de la
i^lande, la conservation fréquente de la consistance normale de la prostate
rentl impossible le diagnostic clinique d'un grand nombre de tumeurs
prostatiques.
La propagation ganglionnaire des tumeurs delà prostate est presque con-
stante. Mos recherches à ce point tle vue nous ont donné im résultat positif
dans vingt-cinq cas sur vingt-six cas de carcinose prostatique diagnostiquée
cliniquement dans le service de notre maître, M. le professeur Guyon.
Les ini'iltrations cancéreuses des vésicules séminales ont été constatées
dans vuigt cas. Elles sont souvent beaucou-p plus prononcées à gauche qu'a
liioile.
356 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le péritoine a été envahi par des productions néoplasiques dans trois
cas.
Le rectum, qui dans la carcinose prostato-pelvienne est souvent entouré
de masses cancéreuses, reste ordinairement intact.
La propagation du néoplasme aux vertèbres et au pubis n'est pas rare.
La vessie présente souvent des propagations néoplasiques. Nous les
avons trouvées dans vingt cas sur vingt-six de carcinose prostatique dia-
gnostiquée cliniquement. Cette infiltration peut se présenter soit sous !a
forme larvée visible seulement au microscope, soit sous la forme de pro-
ductions visibles à l'œil nu. Quand la tumeur n'a pas pris du côté de la
vessie un développement considérable elle peut se présenter sous la forme,
soit de petites nodosités plus ou moins ulcérées et disséminées sur le tri-
gone, soit sous la forme des gros bourrelets qui soulèvent la muqueuse
vésicale dont ils sont coiffés, ou enfin de petites tumeurs plus ou moins
sessiles. Dans d'autres cas la tumeur infiltre et ulcère largement les parois
vésicales.
La propagation uréthrale a élé constatée dans sept cas : dans deux cas il
n'y avait que des végétations néoplasiques, dans quatre cas l'urèthre posté-
rieur était profondément ulcéré et dans un cas il était presque complè-
tement détruit. Le corps spongieux était envahi dans trois cas.
Les métastases ont élé trouvées chez cinq malades : trois fois dans 1''
loie, deux fois dans la plèvre et le poumon, une fois dans le rein et une (bis
dans le fémur.
CHIRURGIE. — La trépanaiion rolandiqne et la ponction venlriculaiie
dans l'arriération. Note de i^L O. Laurent, présentée par M. Lan-
nelongue.
Lorsque, le 3o juin 1890, M. le professeur Laniielongue préconisait, à
l'Académie des Sciences, la trépanation dans la microcéphalie, il rendait le
service le plus signalé en projetant de la lumière sur un domaine obscur,
en s'altaquant au domaine si réfractaire de l'arriération. L'opinion domi-
nante du jour est celle de l'abstention. Mais, si nous considérons qu'actuel-
lement une large trépanation est souvent inoffensive, que le diagnostic de>.
affections cérébrales est fréquemment imprécis et que l'action de l'inter-
vention chirurgicale est bien nette dans certaines lésions inflammatoires
d'ordre divers, nous pouvons déjà conclure, du simple examen îles travaux
SÉANCE DU 5 FÉVRIER 1906. 357
parus sur l'arriération, que les indications de la nature et de X étendue de
l'intervention chirurgicale, dans ce cas, n'ont pas de netteté pratique suffi-
sante et que de nouvelles études sont nécessaires pour mettre la question
tout à fait au point.
Au point de vue pratique, nous pouvons diviser les arriérés (l'atrophie
du cerveau étant mise a part) en deux grandes classes : arrières essentiels,
justiciables du traitement médico-pédagogique, et arriérés lésionnels, justi-
ciables du traitement médico-chirurgical.
La différenciation jjeut être très difficile, mais il suffira, en général, de
retrouver les signes de la méningite chronique, surtout de la méningite rolan-
dique, de l'hydrocéphalie relativement peu développée, de l'exagération réac-
tionnelle de iécorce, dont la contracture musculaire est le type, et do Vatro-
phie peu marquée du cerveau.
L'arriération avec troubles seruitivo-moteurs indique la trépanation large des
deux sillons de Rolando : celle-ci décongestionne la région dénudée et même
le cerveau tout entier, décomprime celui-ci, atténue ou fait cesser une pres-
sion intra-crànienne parfois très élevée; elle agit à titre trophique en favo-
iisant le développement sensitivo-moteur et intellectuel ; la taille et le poids
sont favorablement influencés.
I. La ponction et le lavage ventriculaire , également préconisés par Lan ne-
longue, pourront être combinés à la trépanation dans la méningite avec Jiydro-
céphalie: la ponction diminue la pression excentrique et fait apparaître les
balteuîenls du cerveau. Elle doit extraire 60^ et même loo*' de liquide.
Nous préconisons, après l'ablation du spina-bifida, la ponction ventriculaire
plus ou moins fréquemment répétée à titre préventif de l' hydrocéphalie .
Nous avons opéré une fille de 4 mois pour spina-bifida et, dans les 11 mois consécu-
tifs, nous avons jjratiqué huit séances de ponctions du cerveau. Le trocart est enfoncé
par la fontanelle antérieure, à droite ou à gauche de la ligne médiane, à 4°"" ou 6"^"', 5
de profondeur; le stylet retiré, nous introduisons dans la canule du trocart une fine
sonde en caoutchouc durci, ce qui facilite singulièrement Técoulement du liquide. Nous
en retirons d'abord 3o8, 4os ou 5os, pour injecter ensuite 20e à 3o8 d'eau ou de sérum
artificiel tiède, mélangé do deux gouttes de teinture d'iode pour 200 de sérum, puis,
seconde extraction de 3o3 à oos suivie d'un lavage iodé, 20° en\jron de celui-ci étant
laissés dans le cerveau. L'enfant avait une légère fièvre j^endant 24 heures et tout ren-
trait dans l'ordre sans convulsions.
IL La trépanation rolandique bilatérale peut améliorer considérablement
la maladie de Little avec athétose et tétanie généralisée, comme le prouve notre
deuxième cas :
Nous avons trépané toute la longueur des deux sillons de Kolando chez un garçon
358 ACADÉMIE DES SCIENCES.
(le près de lo ans, ([iii n'a jamais pu marchei' et qui présentait, depuis la naissance
peut-on dire, des contractures spasmodiqnes de tous les muscles volontaires avec
tétanie. L'amélioration est très marquée aux points de vue physique et intellectuel : il
s exprime avec beaucoup plus de netteté et de facilité et ses réparties sont parfois
très fines; appuyé, il peut se tenir debout, de lui-même. Et, avant les trépanations, il
était contorsionné dans les plus étranges attitudes par les contractures de tous ses
muscles volontaires et en agitation permanente. Le courant électrique appliqué sur
les circonvolutions rolandiques pendant la séance opératoire a fait élever le membre
supérieur à plus de 3o'="' ou 40"'".
Dans notre cas de maladie de I^itlle, il existait nettement de la méningite de la con-
vexité; la trépanation bilatérale et large a atténué d'une façon très marquée les con-
tractures et amélioré l'état général.
III. Nous avons guéri radicalement un enfant de i5 mois atteint d'hy-
t'rocéphalie avec parésie des membres inférieurs. Nous avons, en deux
séances, après trépanation, placé et laissé à demeure deux drains dans le
cerveau, de manière à faire communiquer les ventricules latéraux avec la
cavité sous-arachnoïdienne, drainage ventriculo-sous-arachnoïdien (Watson-
Cheyne).
Par une ouverture du crâne et de la dure-mère, à 3'"' au-dessus et en arriére du
méat auditif, nous avons introduit un petit écheveau de crins de Florence d'un côté
et, de l'autre, un faisceau de catgut, que nous regardons comme étant moins irritant.
L'enfant a présenté des signes de réaction légère; puis le calme s'est rétabli et l'en-
fant est aujourd'hui guéri : il jjarle bien, marche facilement et est très intelligent. Ce
cas est un exemple de tolérance du cerveau pour les corps étrangers.
iY. La trépanation rolandiqiie bilatérale, avec ponctions ventriculaires, est
applicable, à titre palliatif, à certaines méningites chroniques graves et accom-
pagnées de cris et d'agitation continue.
Chez un enfant de 5 ans, atteint de méningite chronique et d'hydrocéphalie depuis
l'âge de 5 mois, nous n'avions largement trépané les deux sillons de Rolando que dans
le seul but d'amener la disparition des convulsions, de l'agitation continue de l'enfant
f[ui était en mou\'enient perpétuel pour ainsi dire, et la disparition des cris, tous phé-
nomènes rendant la vie de la mère intolérable. Ce résultat a été atteint immédiatement.
Mais il y a plus : c'est que l'intelligence, que nous avions crue à jamais fermée, s'est
(pielque peu ouverte à la lumière, car, depuis la seconde trépanation, l'enfant donne
la main lorsqu'on la lui demande et sourit. Nos interventions ont donc provoqué les
premières manifestations intellectuelles. Si l'on considère que cet enfant, âgé de 5 ans,
est malade depuis l'âge de 5 mois, il faut regretter que l'intervention ait été aussi
tardive. Combien est grand aussi le relard de nos interventions chez Charles Toussaint,
atteint de maladie de Little cérébrale et soumis à nos soins vers l'âge de 10 ans seule-
ment.
En terminant, je souligne une observation d'ordre général : j'ai vu un
SÉANCE DU 5 FÉVRIER 1906. SSq
très grand nombre d'enfants atteints de troubles psycho-moteurs aux degrés
les plus divers de gravité et j'ai, dans certains cas, conseillé une interven-
tion qui n'a pas été acceptée. Il m'est arrivé, d'autre part, d'intervenir sans
résultat et j'ai eu deux morts. J'ai relaté des cas fie succès ou d'améliora-
tion accentuée ; j'aurais pu en relater d'autres. Et cependant ces enfants ont
été soignés aux Enfants assistés, oii le traitement consécutif, si utile : éleclri-
sation, massage, etc., a été forcément irrégulier. J'estime donc que tout
enfant arriéré doit être soumis à l'examen très minutieux d'nn neuropatho-
logiste, la superbe chirurgie d'aujourd'hui étant assez puissante pour arra-
cher plus d'un de ces petits déshérités aux misères de la nuit intellectuelle.
GÉOLOGIE. — Sur l'existence de brèches calcaires et polygéniques dans les
montagnes situées au sud-est du mont Blanc. Note de MM. Kïlian et
P. LoRY, présentée par M. Michel Lévy.
De récentes explorations dans la portion des chaînes intra-alpines qui
s'étend de la Tarentaise au Valais et qui se trouve comprise entre la Lée
(l'Allée) Blanche, le val Veni, les vais Ferret italien et suisse au Nord-
Ouest, le Petit Saint-Bernard, Courmayeur, le Grand Saint-Bernard,
Liddes et le val de Bagnes au Sud-Est, nous ont permis de constater le
grand développement que prennent dans cette zone de nos Alpes, entre la
Tarentaise et le Valais, des formations bréchoïdes semblables à celles que
l'un de nous a décrites, en collaboration avec M. Révil, en Maurienne et
dans les environs de Moutiers en Tarentaise.
La région ainsi délimitée, à laquelle appartiennent notamment les massifs
du Crammont, du mont Chétif, de la Saxe, de la Grande GoUiaz, du mont
Ferret, col de Fenêtres, des Échesses et du Six-Blanc possède une structure
isoclinale (avec pendage Sud-Est) très régulière et peut être considérée
comme une zone de racines; elle est comprise entre le massif cristallin du
mont Blanc au Nord-Ouest et la zone houillère k sédiments plus ou moins
métamorphiques (schistes de Casanna, pseudogneiss, etc.) au Sud-Est.
Nous avons pu y reconnaître dans la partie Nord-Ouest une zone de
sédiments k faciès dauphinois et, dans la partie Sud-Est, une bande pai-al-
lèle de terrains à faciès briançonnais ; c'est dans cette dernière que se
montrent d'importants bancs de brèches parmi lesquels il y a lieu île dis-
tinguer :
a. Des brèches à ciment calcaire largement développé et fragments de calcaires jau-
36o ACADÉMIE DES SCIENCES.
nàtres et noirâtres, identiques à la brèche du Télégraphe dont l'un de nous a établi l'âge
Uasique en Maurienne et Tarenlaise, horizon çlevenu aujourd'hui classique dans les
Alpes françaises. Comme celle dernière, ces brèches sont indéniablement liées au Lias
avec les bancs duquel elles alternent. On peut les observer au nord-ouest du
Ma^enlzet de Bagnes, dans la partie supérieure de la Combe de Là, sur les pentes du
mont Ferrel, près d'un des lacs de Fenêtre, elc.
h. Des brèches polygéniques, remarquables par l'abondance des galets de mica-
schistes et de roches cristallines associés à des fragments calcaires, ainsi que par un
ciment plus siliceux. Parmi les débris englobés figurent quelques fragments de cal-
caire zoogène probablement liasiques.
Ces dernières brèches sont identiques à celles dont l'âge éogène a été reconnu aux
environs de Moutiers par l'un de nous, en collaboration avec M. Révil, puis confirmé
par M. Marcel Bertrand.
Elles se montrent très développées dans le massif du Crammont (Arpvielle), puis à
l'est de la Seigne et des Mollets. Au nord-est des Chapieux elles constituent, avec des
alternances de schistes et de calcaires siliceux d'aspect gréseux, une puissante masse
(syiiclinale) limitée à l'Ouest par des dépôts triasiques (Jeloge) et à l'Est par des
schistes liasiques lustrés avec masses de roches vertes intercalées (vallée du Versoyen ).
Une étude ultérieure nous montrera si celte importante formation bréchoïde, qui
occupe en Italie de notables surfaces (Crammont) et qui figure, sans doute à tort, sur
la feuille Albertville de la Carte géologique de France, comme schistes lustrés supé-
rieurs ou Jurassique jnoyen, doit être définitivement rattachée à l'éogène.
Si l'on réfléchit qu'il s'agit ici d'une zone de racines bien caractérisée,
dans laquelle l'existence de nappes ou de lambeaux de recouvrement peut
être a priori absolument écartée, et que l'on rapproche ce fait de la pré-
sence de deux séries de brèches fort analogues, sinon identiques, à celles
que nous venons de décrire, dans les lambeaux et nappes de charriage des
zones externes des Alpes (massif du Sulens, Chablais, Préalpes suisses),
on est amené à conclure que vraisemblableinent l'origine ( ' ) d'une partie
au moins de ces nappes à brèches exotiques doit être cherchée, soit dans
la zone de racines en question, située entre le mont Blanc et la grande
bande houillère, plus ou moins métamorphique, qui court du Petit au
Grand Saint-Bernard, soit dans le voisinage immédiat de cette même zone.
(') On ne saurait trop se pénétrer, lorsqu'on procède à la recherche des racines
des nappes charriées, de celle considération que la plupart des assises qui composent
ces nappes ont beaucoup de chances, étant les plus élevées de la série, de ne plus
exister dans les racines anliclinales profondément décapées par l'érosion, ou de ne s'j'
lenconlrer qu'à 1 état il'intercalations svnclinales secondaires et peu importantes. Les
terrains prédominants appartiennent nécessairement dans la nappe charriée à des
élages plus récents que ceux qui prédominent dans la zone des racines.
SÉANCE DU 5 FÉVRIER 1906. j6i
PHYSIQUE DU GLOBE. — Résultats des observations magnétiques, faites
à l'Observatoire d'Athènes, pendant les années 1900-1903. Note de M. D.
ËGiNiTis, présentée par M. Lœwy.
Pendant les trois derniers siècles, plusieurs observateurs étrangers, de passage ou
en mission scientifique en Grèce, ont efTectué dans différentes régions du pays bon
nombre d'observations magnétiques. Mais, jusqu'au milieu de Tannée 1899, on n'y a
jamais poursuivi, d'une façon régulière et continue, la détermination des éléments du
magnétisme terrestre. On ne possédait, en ellét, jusqu'à cette époque, que de rares
déterminations isolées, faites sur quelques ])oiiUs, en grande partie maritimes, du
pays. Ces observations, effectuées dans un but qui n'était pas purement scientifique,
non seulement n'étaient pas complètes et ne s'étendaient que sur une partie déterminée
de la Grèce, mais, en outre, la plu])ait d'entre elles ne possédaient pas l'exactitude
nécessaire à une étude précise.
Dans la seconde moitié du siècle passé ou a effectué, dans plusieurs points de la
Grèce, quelques observations magnétiques complètes et précises; on doit mentionner
trois missions de la marine française et un petit nombre d'observateurs.
Paimi les observateurs étrangers, MM. de Bernardières, d'Abbadie et Hartl sont les
seuls qui aient fait des observations complètes. Les observations des officiers français,
MM. Lephay et Le Cannellier, qui comprennent la déclinaison et la composante hori-
zontale, sont faites de même avec beaucoup de soin.
En 1899 nous avons fondé, à l'Observatoire d'Athènes, un service
magnétique; les instruments affectés aux mesures des valeurs absolues
sont : un théodolite-boussole et une boussole d'inclinaison, moven modèle,
fournis par M. Chasselon ; pour les variations des éléments magnétiques,
nous avons installé dans un pavillon magnétique, construit sur la colline
de l'Observatoire, le magnéto graphe de M. Mascart, fourni par M. Car-
pentier (').
Nous allons donner ici un résumé îles résultats de nos observations
{1900-J903).
Moyennes annuelles des éléments magnélirjues.
Éléments. 1900. 1901. 1902. 1903.
Déclinaison .5° 42', 27 5°34',i4 5° 26', 65 5"-2o',i9
Inclinaison 52° -',7 52° 7', 4 52° 4', 7 52° 4'î2
(') Tous ces instruments ont été construits avec beaucoup de soin, sous la surveil-
lance de M. Th. Moureaux, à qui nous adressons d'ici même tous nos remercirnents.
C. H., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N- 6 I ^8
36a ACADÉMIE DES SCIENCES.
Éléments. 1900. 1901. 190Î. 1903.
Comp. horizontale. o,26o63 0,26090 0,26141 0,26114
Comp. verticale. . . o,335i4 o,3354i o,33.54i o,335o8
Comp. Nord 0,25934 0,25967 0,26028 0,26001
Comp. Ouest..... 0,02691 0,02532 0,02480 0,02429
Force totale o, 42456 o, 42494 0,42536 0,42482
Pour délerminer les heures précises des maxima et minima diurnes de
la déclinaison, de la composante horizontale et de la composante verticale,
nous avons pris dans chaque mois les jours calmes, de dix à quinze, pour
lesquels les courbes des enregistreurs présentent une allure bien régulière;
les caractères que présente la marche moyenne diurne des difFérents élé-
ments magnétiques sont résumés ci-après.
La déclinaison présente deux maxima et deux minima diurnes. Le
maximum principal se produit vers i3'' et le minimum vers S'', 5; le
maximum secondaire a lieu vers 3'',8 et le minimum secondaire vers 23'', i.
L'heure du maximum principal est [)resque constante pendant toute l'année,
tandis que celle du minimum principal varie de 8'' environ en été à9'\5
environ en hiver. L'heure du maximum secondaire est presque aussi variable,
tandis que celle du minimum est, au contraire, plus constante. L'ampli-
tude de l'oscillation principale est, en moyenne, d'environ 6'; elle varie de
8' en été à 3' en hiver.
\^A composante horizontale présente aussi une double oscillation diurne.
Le maximum |)rincipala lieu vers i3'' et le minimum vers g'^.S; le maximum
secondaire se produit vers 6'', 2 et le minimum vers \']^,S. L'heure du
maximum principal est très variable; de lo'' en été à lo'^ environ en hiver;
les heures des trois autres valeurs extrêmes sont assez constantes. L'ampli-
tude de la variation principale est d'environ o,ooo37 ; elle diminue environ
de 20 unités du 5* ordre décimal de l'été à l'hiver.
La composante verticale présente aussi une dt)uble oscillation diurne. Le
maximum principal a lieu vers 12'' et le minimum vers 7'' ; le maximum
secondaire se produit vers 4"".^ <^t le minimum vers 21'', 5. Les heures de
ces valeurs extrêmes ne sont pas très variables; surtout celles du maximum
principal et du minimum secondaire sont assez constantes. L'amplitude
de l'oscillation principale est en moyenne deo,ooo32 environ; elle diminue,
de 20 unités à [)eu près du 5" ordre décimal de l'été à l'hiver.
Les courbes moyennes de ['inclinaison, construites d'après les valeurs
moyennes horaires, montrent un maximum vers lo*" et un minimum vers
minuit. La variation diurne de l'inclinaison est en moyenne de 2' environ;
elle diminue de 2', 5 en été à i', 5 en hiver.
SÉANCE DU 5 FÉVRIER 1906. 363
YjA composante iVbrû? présente une double oscillation diurne. Un maximum
principal se produit vers i3'' et un minimum vers iS**; un maximum secon-
daire a lieu vers ô*" et un minimum vers 10''. L'amplitude de l'oscillation
principale est de o,ooo4o; elle diminue de l'été à l'hiver de 20 unités à peu
près du 5® ordre décimal.
hdL composante Ouest présente une double oscillation diurne. Un maximum
principal se produit vers i3'' et un minimum vers ig*"; un inaxim um secon-
daire a lieu vers l\^, et un minimum vers minuit. L'amplitude de l'oscilla-
tion principale est de o,ooo5o; elle diminue de 4o unités du 5" ordre dé-
cimal de l'été à l'hiver.
Yi^ force totale présente une double oscillation diurne. Un maximum prin-
cipal .se produit vers iS*" et un minimum vers iS*"; un maximum secondaire
a lieu vers G*" et un minimum vers minuit. L'amplitude de l'oscillation prin-
cipale est d'environ 0,00093; elle diminue d^ 23 unités à peu près du
5* ordre décimal de l'été à l'hiver.
Depuis le 28 oclobre 1902, on envoie du Phaleie à .Athènes, au moyen d'un conduc-
teur aérien, qui passe à une distance de 35^™ de PObservatoire, un courant pour l'éclai-
rage électrique de cette ville. Le transport de cette énergie électrique n'a produit aucun
trouble sensible sur nos courbes magnétiques.
Mallieureusenient cet état de choses n'a pas continué; le chemin de fer du Pirée
fui remplacé, en 1904, par un tramway électrique, dont le courant n'a produit aucun
effet sensible sur la courbe du bifilaire, mais trouble beaucoup celle de l'enregistreur
de la composante verticale et un peu celle du déclinomèlre. Les courbes de la compo-
sante verticale sont inutilisables pendant tout le temps du fonctionnement du
tramway.
Par suite de cet état de choses nos observations magnétiques directes sont faites
vers 2*' du matin, lorsque le tramway ne fonctionne plus.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Extrait d'une lettre du P. CiRER.i.
Le mercredi 3i janvier, entre 3''47"i' et 6'' p. m. temps de Greenwich, le micro-
sismographe Vicentini de l'observatoire de l'Ebre a enregistré un tremblement de
terre.
Les grandes oscillations ont eu lieu à 4''i5™ et la phase maxima à 4''2o™. La com-
posante Est-Ouest a enregistré les oscillations de beaucoup les plus grandes.
Le même jour on a enregistré une perturbation magnétique et une autre parallèle à
celle-ci dans les courants lelluriques ; les plus grandes déviations se sont produites
vers 10'' p. m. Ces perturbations seraient en rapport avec l'activité remarquée dans le
disque solaire.
364 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE DU GLOBE. — MM. KiLiAN et Paulin adressent de Grenoble,
à la date du 3i janvier, la dépêche suivante :
Sismographe Kilian-Paulin a enregistré aujourd'hui, à 4''4"3o* soir méridien Paris,
secousse sismique direction Sud-Sud-Est.
M. Don Simoni adresse une Théorie de l'aéroplane, dans son application à
la navigation aérienne.
M. Edmond Seux adresse une Note 5m/' un mode de construction des plans
aéroplanes, permettant d'augmenter, dans de notables proportions , leur valeur
sustentatrice .
(Ces deux Notes sont renvoyées à l'examen de la Commission
d'Aéronautique.)
A 4 heures et cjuart, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures et demie.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DV LUNDI 12 FÉVRIER 1906.
PRÉSIDENCE DE M. H. POINCARÉ.
MEMOIRES KT C«KVn!lL\i<:A r!0.\f«
DES MEMBRES KT DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
PHYSIQUE. — Sur quelques propriétés des rayons a émis par le radium et par
les corps activés par V émanation du radium. Note de M. Henri Becquerel.
Il y a quelques mois ('), à la suite d'un travail de M. Rutherford sur
l'observation d'nn ralentissement qu'éprouvent les rayons oc en passant au
travers de feuilles minces d'aluminium, j'avais fait reprendre d'anciennes
expériences sur les rayons du radium. J'avais fait disposer, en particulier,
une expérience différentielle permettant de recevoir, sur une même plaque
photographique, un faisceau de rayons a issu d'une source linéaire, traver-
sant une fente parallèle à la source et à la plaque, et dévié par un champ
magnétique, faisceau dont une moitié n'avait traversé que de l'air, tandis
que l'autre avait traversé en outre une ou plusieurs feuilles minces d'alumi-
nium. Dans ces conditions les deux bandes parallèles qui sont les traces
du faisceau dévié pour deux sens inverses du champ magnétique doivent
être plus écartées dans la partie du faisceau qui a traversé l'aluminium
que dans l'autre. Les premières épreuves obtenues avec le rayonnement a.
du radium n'avaient pas présenté le décalage prévu.
Aussitôt mon retour à Paris, en octobre dernier, j'ai repris ces expé-
riences en employant comme sources, soit des sels de radium, soit des fds
(') Comptes rendus, t. CXLI, ii septembre igoS, p. 485-
C. R., 1906, 1" Semestre. (T. GXLII, N- 7.) 49
36b ACADÉMIE DES SCIENCES.
activés ()ar l'émanutioii du r;nliiim, que M. Curie eut l'oblii^eance il'acliver
dans son l;iboratoire. f.es résultats obtenus ont été conformes au fait
annoncé par M. Rutherford.
Voici du reste les moyennes de mesures faites sur quelques épreuves ;
Double déviation du faisceau
Désignation
des épreuves. source. magnétique. dans l'air. e = o"",oi5. Rapport.
au travers
Nature
d'une lame
delà
Champ
l 'aluminium
source.
magnétique.
dans l'air.
e = o"",oi5.
1 activé
9'5à9
mm
2,36o
mm
2,658
ie radium
9659
2,4l2
2,671
id.
9384
2,222
2,428
0.19-10-190.5... fil activé 9639 2,36o 2,658 1,122
1 , 107
A. 24-10-1905... id. 9384 2,222 2,423 1,090
Ces trois épreuves ont été obtenues avec le même appareil (distance de |la
source à la fente «=2='°, i45, dislance de la fente à la plaque 6 = 1™, 940, distance
totale « -t- A ^ 4"", 085). Le champ mngnétique n'a pas varié de plus de 3 à
5 millièmes pendant la durée de chaque expérience.
Depuis l'époque où j'avais obtenu ces épreuves, VI. Rulliôrf)rd en a
public de seinblables (') et il a montré en outre le fait im|)ortant que
l'écartement des bandes est pbis grand dans l'air que dans le vide.
Ces résultats s'interprètent en admettant que la plus grande déviabilité
du faisceau correspond à une augmentation de la courbure de la trajec-
toire, augmentation qui serait la conséquence d'une diminution de la vitesse
des particules transportant les charges électriques positives, qui constituent
les rayons oc. Cette diminution de vitesse doit du reste se manife ster pro-
gressivement le long de la trajectoire dans l'air.
Je me suis proposé d'étudier avec plus de précision que je ne l'avais
encore fait la trajectoire dans l'air des rayons oc déviés par un champ
magnétique, en utilisant une méthode photographique que j'avais déjà
employée il y a plusieurs années.
La niétliode consiste à recevoir un faisceau, défini par une source linéaire et une
fente parallèle située à une distance a, sur une plaque photographique incliné e repo-
sant sur l'écran qui contient la fente et normale au plan du faisceau non dévié. L'im-
pression de ce faisceau serait une droite; mais, s'il est dévié parallèlement à la plaque,
(') Philosop/iical Magazine, ianv'iev 1906, p. 166.
SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1906. 367
d'abord dans un sens, puis dans l'autre, Tlmpression se compose de deux courbes
divergentes qui se coupent au point de contact entre la fente et la plaque. La distance
d'un point de la plaque au bord intérieur est proportionnelle à la hauteur j du point
considéré au-dessus du plan sur lequel repose la plaque et, si l'on connaît l'inclinaison
de celle-ci. on peut déterminer cette hauteur. On mesure d'autre part l'écartenieiit 2X
de deux points des deux courbes, ayant même r, et l'on peut construire par points la
trajectoire cherchée.
La plupart des nouvelles épreuves ont été obtenues en prenant comme source un (il
de platine de o™™,i à o"™,2 de diamètre, uniformément activé par l'émanation du
radium. On a généralement opéré de la manière suivante : comme l'intensité de la
source était rapidement décroissante, on renversait le champ magnétique de 5 en
5 minutes pour égaliser les impressions des deux faisceaux déviés; la source était
d'abord recouverte d'une lame d'aluminium deo°"",oi5 d'épaisseur, puis, au bout d'une
demi-heure environ, on enlevait cette lame d'aluminium et l'on déplaçait latérale-
ment la jilaque photographique de façon à obtenir à côté, sur la même épreuve et
pour le même champ magnétique, les trajectoires de rayons n'ayant traversé que de
l'air.
On reconnaît de suite que les r.iyons qui ont traversé raliiniiniiim
impressionnent la plaque moins loin que les autres.
De très nombreux pointés, exécutés avec un appareil Miicrométrique
<lonnant le jj^ de millimètre, ont conduit aux raoyi^nnes rapportées ci-
après. Les valeurs de l'écartement 2X des courbes divergentes étaient rele-
vées sur les plaques à desilistances du bord inférieur égales à des nombres
entiers n de tours de la vis mesurant les coordonnées verticales et dont le
pas était 0""°, 94684. Les hauteurs y correspondantes ont été calculées
d'après l'inclinaison de la plaque dans chaque expérience.
Si l'on ttace à grande échelle un relevé graphique des observations, on
obtient une courbe sinueuse au milieu de laquelle passe la courbe qui
représente la trajectoire véritable. Théoriquement, dans un champ magné-
tique uniforme et dans le vide, celle trajectoire doit être circulaire. J'avais
reconnu antérieurement que, pour des y croissants, les circonférences nor-
males au champ, qui passent par la source, la partie supérieure de la fente
et un point de la trajectoire, ont des rayons progressivement croissants, et
les expériences actuelles confirment ce résultat. Mais, conmie on \a le voir,
cette conclusion ne s'applique pas au rayon de courbure de la trajectoire
et résulte d'une interprétation inexacte fondée sur la connaissance impar-
faite de la véritable dislance de la fente aux divers points île la placjue pho-
tographique.
Si l'on prend comme origine des coordonnées l'intersection du bord de
368 ACADÉMIE DES SCIENCES.
la plaque et de la bissectrice des deux faisceaux, on observe que les courbes
ne passent pas par cette origine, mais coupent l'axe des j' au-dessous du
bord de la plaque. Dififérents essais ont montré qu'on peut faire passer
au milieu des points qui représentent les observations un arc de para-
bole dont le rayon de courbure varie assez peu dans les limites corres-
pondantes, pour que l'on puisse le confondre pratiquement avec un arc
de cercle.
Soient y = kn la hauteur d'un point au-dessus du plan sur lequel repose la
plaque photographique, ki la distance de la fente au-dessous de ce plan,
krif, = a la distance de la source au-dessous du même plan, l'équation d'une
parabole, dont l'axe est parallèle à l'axe des x et qui passe par la source,
la fente et le point x, y peut s'écrire
i^x = {y-^a){y + k'.){^)
ou encore
il^x — k-{n -h n^){n -\- z).
On a calculé les valeurs, en ^ de millimètre, z = qui se placent
très près d'une droite z ^ (« + 5)8, d'où l'on déduit
R = — X 600,
valeur qui se confond pratiquement avec celle du rayon de courbure de la
parabole
'-+-Ril.r
Les Tableaux suivants montrent le degré de concordance entre les obser-
vations et le mode d'interprétation qui vient d'être exposé.
(') Sous cette forme on reconnaît le terme principal de l'expression qui donne le
rayon d'un cercle passant par les trois points
R2= f
IX 2 4
SEANCE DU 12 FEVRIER 1
906.
^69
Épreuve C 19/10 1905.
,■"-.15, A-^0,920. H=10 809
dans l'air seul.
Épreuve A 17/11 1905.
l"", 63, A- = 0,937, H = 12 U8
dans l'air ~<eul.
au travers de l'alumiDium.
8=1,55*6.
£0 =
:0.43.
2.r
1 n-t-
£10
n.
obserTe .
observé.
calculé.
1.
57,5
2,01
>,98
2.
I05.2
3,55
3,54
3.
■57,4
5,i4
5,09
4.
210,2
6,65
6,65
5.
272,5
8,35
8,20
6.
333,0
9-9'
9-76
7.
39.,',
■ .,3r
11, 3i
8.
458,5
12,87
■ 2,87
9.
529,8
.4.47
14.42
10.
602,7
16,02
i5,97
11.
681,3
17.64
17,53
12.
755,0
19,06
19,08
13.
829,6
20,^2
20,64
14.
925,0
22,23
22,19
15.
1018,7
23,90
23,75
16.
1096,2
23, U
25, 3o
17.
1193,0
26,74
26,86
18.
1297,0
28,43
28,41
19.
1397,0
29i97
29.97
20.
1493,7
3i ,39
3i,52
21.
//
//
//
22.
//
II
f/
23.
//
„
„
SO = I,ll.
0 = 1,9334.
2.r
eo = i,39.
i n-t-El 0
924
'34,1
166,3
2o5,9
252, I
294,6
343. S
395,2
456,7
519,2
576,4
644,3
722,2
79'. 3
872,6
950,8
io34,5
ii3i ,3
1233,3
i3i8,7
.437,0
6,26
8,5o
9.92
II ,59
■ 3.44
'4.9'
16,55
18, 16
20.06
21,85
23,27
25,01
26,98
28, 5o
3o,34
3i,94-
33,62
35,61
37,63
39,05
41,24
6,28
8,01
9,73
11,46
i3,i8
■4,9^
16, 63.
18,35
20,08
21,81
23,53
25,25
26,98
28,70
3o,43
32,1 5
33,88
35,60
37,33
39,05
40,78
■43,9
9, i3
9. '3
188,1
11,22
11,06
233,2
i3,i3
■2,99
285,1
i5, 19
14,93
333,2
16,86
16,86
392,5
18,90
■8,79
45 1,4
20,74
20,73
5i5,7
22,65
22,66
584,1
24,56
24,59
660,4
26,66
26,53
7'-'4 , ■
28,10
28,46
790,''
29,52
80,39
888,7
32,01
32,32
985,2
34,26
34,26
Épreuve A 16/11 1905.
.1 = 2!"", 15, A =0,920. H=12 1i8
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
10.
11.
12.
observé.
72,9
118. 3
182,0
233,9
3o5,4
371,8
440,3
5i6,6
598,4
678,0
769,8
842,7
observé,
2,55
3.99
5,94
7.4»
9,36
1 1 , 06
12.75
1 4 , 5o
16,34
18,02
■9,93
21,27
calculé.
2,43
4,^7
5,90
7.63
9,36
1 1 ,09
12,83
■ 4,56
16,29
18,02
'9,76
2ï,49
au travers <lc l'aluminiaot.
8 = 1,9037. =6 = 0,84.
Épreuve A 18,6 1903
I rayons du radium ).
a = •20"",'*, A =0,983, H = 9955
daus l'air seul.
observé.
obaorvé.
calculé.
8i,o
2,83
2,75
■37,8
4,65
4,65
204,3
6,67
6,55
268,9
8.5o
8,46
336,1
10, 3o
10, 36
4.2,4
12,26
12,26
486,5
14. o5
■4,^7
55 1,7
■5,49
16,07
0 = 1,6808.
£0 =
1,07.
2.r
(« +
S)0
observé.
Observé.
calculé.
//
//
Il
.o.,o
4,44
4,44
14. ,3
5,94
6,12
193,1
7,80
7,80
245,7
9,54
9,48
29^,9
10,91
11,16
357,0
12,86
12,84
4.7,6
14,52
14,52
483,2
16,24
16,20
55o,2
17,88
17,88
624,5
■9,67
■9,57
iyo ACADÉMIE DES SCIENCES.
On reconnaît d'abord que dans l'intervalle de chaque Tabl«iau, c'est-
à-dire pour une longueur de 2"=™ environ, le rayon de courbure varie peu,
ou du moins que la variation, si elle existe, est de l'ordre des erreurs d'ex-
périence. On peut résumer ainsi les résultats :
Valeur du produit
Champ RU _ ^'H.6oo
Désignation magnétique 6
des épreuves. H. a. dans l'air.
ctu
1. A. 17/11 igoS 12148 i,i65 3,71.10^
2. A. 18/6 190.? 9955 a,o4o 3,43.10^
3. C. 19/10 1905 10809 2,5i5 3,53.10'
?!-. A. 16/11 1905 12148 2,5i5 3,56. 10'
Les deux expériences faites avec le même appareil, el dans des champs
magnétiques différents, ont donné des résultats concordants. Il n'en
est pas de même si l'on compare deux épreuves faites avec des dispositifs
différents. Il semble que la cause de la divergence soit principalement la
connaissance imparfaite du coefficient k, qui intervient par son carré et
qui n'a pu, dans ces expériences, être déterminé avec autant de précision
que les autres données. Sous celte réserve, la comparaison des épreuves 1
et 4 du Tableau précédent indiquerait une diminution de la courbure le
long de la trajectoire.
J'appellerai plus particulièrement l'attention sur le Tableau relatif k
l'ancienne plaque (A. 18/6 igoS), faite avec les rayons du radium et dont
j'avais déjà publié les mesures. On voit qu'en tenant compte delà distancée,
les nombres correspondent à très peu près à une trajectoire circulaire. On
doit donc rejeter définitivement l'interprétation que j'avais précédemment
déduite et l'hypothèse d'un accroissement du rayon de courbure le long
de la trajectoire.
La comparaison des trajectoires des rayons qui ont traversé une lame
d'aluminium de o^^jOiô et des rayons qui n'ont traversé que de l'air con-
duit à des conclusions identiques à celles qui ont été exposées au début de
cette Note, comme le montre le résumé suivant :
Valeurs de 3
au travers
Désignation de
des épreuves. dans l'air, l'aluminium. Rapport.
A. 16/11 1905 1,7318 1,9037 1,099
A. 17/11 igoS 1,7248 1,9334 1,121
SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1906. ^71
J'ajouterai enfin que des mesures faites en visant les bords intérieurs et
les bonis extérieurs des images déviées, dans le but de mettre en évidence
une dispersion, n'ont pas donné de différences supérieures aux erreurs
d'observation.
En résumé les mesures dont il vient d'être question confirment l'existence
d'un ralentissement des rayons a. lorsqu'ils traversent une feuille d'alumi-
nium, ainsi que l'avait observ*'- M. Rtitlierford. Les rayons a du radium se
sont comportés dans ces expériences comme les rayons « des corps activés
par l'émanation.
J'ai été obligeamment aidé, dans ces expériences, par M. Matout, pré-
parateur au Muséum.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur la pression interne des fluides et l'équation
de Clausius. Note de M. E.-H. Amagat.
I, On donne souvent le nom de pression intérieure aux deux expressions
suivantes [2r(p(r) étant le double viriel des forces intermoléculaires] :
(i) ^^U-p = T^^-p,
D'autre part Clausius, dans le cas d'un corps soumis à une pression
uniforme et en supposant les distances intermoléculaires très grandes par
rapport à l'amplitude des mouvements stationnaires et aux dimensions des
molécules, a mis l'expression de la quantité de chaleur absorbée dans une
transformation élémentaire sous la forme
(3) dq = kf{t)dt -h \(p -f- 7c') di>.
On devrait donc avoir
A(/? + tt') = /, d'où ti:'=nT-j- — /j ^ TT.
Cependant, le calcul m'a conduit, dans le cas des fluides, à des valeurs
numériques de t: et ir' présentant des différences de plusieurs milliers
d'atmosphères dans les limites des Tableaux que j'ai donnés.
Or, pour former le second membre de la relation (3), on a supposé que
372 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'énergie intramoléculaire (somme des énergies potentielle et cinétique
(les atomes) était fonction de t seul; autrement dit, en appelant U cette
énergie, au lieu de la différentielle totale
dV = -j-dt -\- -j-dv,
dt m'
on a considéré seulement la première différentielle partielle. De plus on
n'a supposé aucune énergie de rotation de la molécule. Pour simplifier la
notation, je supposerai cette énergie rentrant dans U.
Ceci étant, quelle est la cause du désaccord en question? Est-elle dans
les hypothèses restrictives relatives à la nature du mouvement stationnaire,
ou dans le fait d'avoir négligé la différentielle [)artielle par rapport à v, de
telle sorte que la relation (3) doive s'écrire
(4) dq = kf{t)dt + X(^p + ^' ^^-^)dvt
II. La relation fondamentale bien connue qui définit la température
absolue donne pour deux points />o^o' P^ d'une même isotherme
(5) KT = |p(^ + i2/-ç(r) = |p„^'„ + Î2^?(^>
Supposons dans ce qui suit les isothermes tracées en portant/? en abscisses
&\.pv en ordonnées; ûp^Vç, est l'ordonnée initiale de l'isotherme T, v^ étant
très grand, ir,, 9(^0) sera négligeable et l'on aura
(6) 2r(p(/-) = 3(jDoÇ'„ — /*t')
et, par suite,
(7) -'=^-P-
C'est avec la relation (7) qu'ont été calculées les valeurs numériques
de tt'; ces valeurs, comme on le verra plus loin, pour une température
donnée, changent de signe suivant la grandeur de la pression; ce chan-
gement de signe, et du reste aussi la simple explication de la force expan-
sive et de la pression, ne sont point, dans cette théorie, sans présenter
quelques difficultés; il faut admettre un changement de signe de 9(/'), ou
considérer deux causes antagonistes : l'attraction intermoléculaire et une
réaction entre les molécules difficile à concilier avec les hypothèses fonda-
SÉANCE DU !2 FÉVRIER 1906. 3-i3
mentales d'une théorie qui ne f;iit intervenir ni les chocs ni la notion rlu
covolume. Mais on peut arriver très simplement à l'expression de-' sans
se préoccuper de ces hypothèses et de ces difficultés.
Considérons, en effet, sur une isotherme T (ABA'N) {/ig- i), un point
B de la ligne d'égal volume OBCD ; le fluide est ici soumis, sous le volume v>,
Fig. 1.
/ B' c/
A'/ /
X-' 1
/ ^. '
1 ■' '
1 //
'''
,' .' 1
r i
: .TAWIER.IOOG ■
! EH.A i
i
O.P E ? G K K S ï.
à une pression extérieure p (OE) et à une certaine pression intérieure; si
cette pression intérieure n'existait pas, le fluide suivrait la loi de Mariotte,
le point B serait en B'; le volume r' correspondant à la ligue d'égal volume
OB' serait plus grand que t'. Soit donc $ la pression intérieure par imité de
surface qu'il faudrait ajouter à la pression extérieure p pour ramener le
volume de v' a ç; l'isotherme étant maintenant AA' parallèle à OP, le vo-
lume sera ramené à v sous la j)ression extérieure OF correspondant au
c. K., .906, I" Semestre. (T. CXLII, N° 7.) 5o
\CQ
V
<d.
■^y
374 ACADÉMIE DES SCIENCES,
point C de la ligne OD d'égal volume v; et l'on aura, p„v„ étant l'ordonnée
initiale OA,
d'où
(S = Eiïl _ „ = ^' =, EF.
Nous retrouvons donc la même expression qu'avec la théorie du viriel.
La pression intérieure, à quelque cause qu'on l'attribue et sans faire aucune
hypothèse, agit comme le ferait une pression extérieure, par unité de
surface numériquement égale à celle dont j'ai calculé les valeurs.
III. Il résulte, des consiilérations qui précèdent, que la relation (3) doit
bien être mise sous la forme (4); niais alors, U étant fonction de v et de t,
la dérivée de U par rapport à t n'est plus forcément fonction de/ seuf, et il
en est de même du terme A/(t)dt qui contient cette dérivée.
Ces conclusions viennent troubler le résultat séduisant auquel conduit
la relation (3); celle-ci, en effet, devient, en y remplaçant r' par sa valeur
tirée de (2) et (4),
En divisant par T, on obtient une différentielle exacte et l'on arrive ainsi
directement au principe Carnot-Clausius.
Pour arriver maintenant au même résultat, il faudrait admettre que la
différentielle de U par rapport à ç soit de la forme Tç(('), ce que rien ne
justifie a priori; il faudrait encore, d'après ce qui vient d'être dit, admettre
gratuitement que la chaleur spécifique sous volume constant ne dépend
que de t.
IV. On sait que l'on s'écarte peu de la constitution des fluides, en consi-
dérant le coefficient de pression comme fonction du volume seul; nous
aurons donc, la température étant donnée par le thermomètre à gaz parfait,
t = '(■■).
p = é(v)T + C, o = #(t')T„-t-C,
ï„ étant la température pour laquelle la pression s'annulerait si la loi de
distribution des isothermes n'était interrompue en arrivant à la courbe de
saturation.
Nous aurons donc
SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1906. S-J^
Revenons maintenant à la figure (i), divisons OB en (T — T,,) parties
égales et prolongeons la division jusqu'en un point D, tel que BD con-
tienne Tj divisions et que, par suite, OD en contienne T. La longueur des
divisions dépend de i', le lieu des points D est une courbe ADMN coupant
l'isotherme en un point N ramené ici dans les limites de la figure, mais en
réalité correspondant à une pression beaucoup plus forte; nous pouvons
écrire de suite les relations
BB' = p,v, -pv = l [^i/-(p(/)], EF = OF - OK = ^ -/, = t:',
OF = ^^, EG==T^-« = 7r,
f dt '^
OG = T#((') = T^ = J/, FG = 7ï-^'=^.
On voit de suite sur la figure que : la pression croissant, le viriel des
forces intermoléculaires (deux tiers de BB'), après avoir passé par un
maximum, s'annule en A' et change de signe.
La pression intérieure 7;'(EF) s'annule aussi en A' et suit des lois ana-
logues. La figure 2 montre pour l'acide carbonique l'ensemble des valeurs
de 7t' calculées de 10° en 10° jusqu'à 260° et 1000""°. On remarquera l'in-
version dans l'ordre des courbes après leur entrecroisement. Les lignes
ponctuées, arbitrairement tracées en dehors des données expérimentales,
montrent comment iz' finit par devenir négatif pour des pressions de plus en
plus faibles quand la température croît. (Pour l'hydrogène, x' est déjà
négatif aux faibles pressions dès la température ordinaire.)
Enfin on voit encore que 7i;(EG) de même que tï', après avoir passé par
un maximum, s'annule et change de signe en N, mais sous des pressions
beaucoup plus considérables que pour -'.
On remarquera que, dans ce qui précède, seule la représentation de tu
dépend de la loi du coefficient de pression.
V. Il est facile de déduire des relations qui précèdent qu'on a
(a) r. = -K{v), {b) .'=H.)T + X(.) (<).
Ainsi, au degré près d'approximation de la loi du coefficient de pression
dont les écarts sont hors de proportion avec les différences des valeurs
(') Comptes rendus, t. CXX, p. ^gi- Pour une erreur qui s'y est glissée dans la
transcription du calcul de ces relations, voir aux Errata du présent fascicule.
3^6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
numériques de tz et7;',tIo'i ^o't q"e ces fonctions sont de formes très diffé-
rentes; les lois exprimées par les relations (a) et (b) résidtent immédiate-
ment de l'examen de]mes Tableaux.
On voit facilement, du reste, que v: ne correspond nullement à la notion
Fig. 2.
PRESSION INTERIEURE
DES
FLUIDES
'0?.ATM»'MOO
de pression intérieure définie plus haut, car une |)artie du travail Tzeh ne
dépend point des actions pouvant avoir pour effet une variation de volume ;
Tï', au contraire, ne dépend que de ces actions, il est, par sa définition
même, tout indiqué comme pression intérieure à introduire dans l'équation
li'état; et en effet, tandis que je n'ai pu obtenir une équation d'état satisfai-
SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1906. 877
santé en y introduisant x, j'ni pu avec iz' réussir à représenter l'ensemble
du réseau de l'acide carbonique, tant l'éLat liquide que l'état gazeux, et la
courbe de saturation.
Ces dernières considérations suffiraient pour montrer que le terme
(^p _|_ -') est inacceptable même indépendamment des vérifications numé-
riques; et, quant au terme kf{t)dt qui suppose la chaleur spécifique sous
volume constant fonction delà température seule, sa forme entraînerait
comme conséquence la stricte exactitude de la loi du coefficient de pres-
sion; or cette loi ne peut jusqu'ici être considérée que comme approchée,
et encore faut-il remarquer qu'elle est évidemment en défaut dans le cas
de corps qui, comme l'eau, pourraient présenter le phénomène du maxi-
mum de densité.
MÉCANIQUE RATIONNELLE . — Quelques lemmes relatifs aux quasi-ondes de choc.
Note de M. P. Duhem.
Les surfaces qui limitent une quasi-onde de choc ne sont point déter-
minées avec une absolue rigueur; à une quasi-onde donnée, on peut toujours
substituer une couche dont l'épaisseur soit du même ordre de grandeur
que celle de la quasi-onde et qui contienne la quasi-onde. Il en résulte que,
s'il s'agit d'étudier une portion limilée de la quasi-onde pendant un temps
limité, on peut toujours supposer que les surfacesSo, S, qui la comprennent
sont parallèles entre elles et que leur distance A ne varie pas avec le temps.
Ces suppositions simplifient beaucoup les raisonnements.
Désignant par M„ un point de la surface S„, nous mènerons à cette sur-
face une demi-normale dans le sens qui va vers la surface S, ; cette demi-
normale rencontrera la surface S, en un point M, tel que M^ M, = h. Nous
désignerons par /la direction de cette demi-normale et par a, p, y ses cosi-
nus directeurs.
Soit F une grandeur qui varie très brusquement au travers de la quasi-
onde; au point M^ elle a la valeur Fo et au point M, la valeur F, ; la diffé-
rence (Fo — F,) n'est pas une très petite quantité de l'ordre de A. Il en
résulte qu'eu un point M, intérieur à la quasi-onde, les dérivées par-
tielles -3-, -T-, -r- sont, en général, très grandes de l'ordre de 7-- Par le
djc dy dz ° ^ '- h
point M, menons une direction parallèle à la surface So ; nous supposerons
que la dérivée de F suivant cette direction n'est pas une quantité très grande
378 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de l'ordre de v • Nous pourrons alors, en ne tenant compte que des quantités
très grandes de l'ordre de t> écrire les égalités
o h °
Nous admettrons que la constitution de la quasi-onde n'éprouve pas de va-
riation brusque, et voici ce que nous entendons par là.
Soit X la vitesse avec laquelle, au point M^, et à l'instant t, la quasi-onde
se propage dans l'espace. Par un point quelconque M, pris sur MoM,,
menons, dans la direction /, un segment MM'= Sf(^dt; le point M' se trouve
au sein de la quasi-onde à l'instant (< -+- dt); il y est le correspondant du
point M. La grandeur qui a pour valeur F au point M et à l'instant t a pour
valeur F' au point M' et à l'instant (l-+-dl); nous admettons que la diffé-
rence (F' — F) est le produit de dt par une quantité qui n'est pas très
grande de l'ordre de y
Or on a
Si donc on ne tient compte que des quantités très grandes de l'ordre de-y>
on peut écrire
, . dF dF
(2) 3î,^ + ^=o.
On remarquera l'analogie entre les égalités (i) et (:?) et les lemmes
établis par Hugoniot et par M. J. Hadamard pour les ondes proprement
dites.
En un point quelconque du fluide, on a
dF ÔF OF OF ÔF
de dx oy i)z dt
S'il s'agit d'un point M pris à l'intérieur de la quasi-onde et si l'on néglige
les quantités qui ne sont pas très grandes de l'ordre de ^ ^ on peut écrire
d^ / , c. \<^F
SÉANCE DU 12 FÉVRIER I906. 379
OU encore
en désignant par
(4) -Ç = SZ — eu — Pc — yw
la vitesse de propagation de la qiiasi-onde rapportée à l'élément fluide qui
se trouve en M // l'instant t.
Nous aurons parfois à évaluer l'intégrale
Si nous voulons négliger, par rapport à la valeur finie de cette intégrale,
les quantités très petites de l'ordre de h, il nous suffira, dans l'évaluation
de -j-> de tenir compte des quantités très grandes de l'ordre de j, en sorte
que nous pourrons user de l'égalité (3); nous aurons donc, awv quantités
prés de l'ordre de h, l'égalité
Supposons maintenant que la grandeur F ait, le long du segment Mo M,,
un sens unique de variation et qu'il en soit de mênie de la grandeur t? ;
l'égalité précédente pourra s'écrire, en négligeant toujours les très petites
quantités de l'ordre de h,
(6) £''^dt=v>(F,-F,),
tD étant une valeur comprise entre
vitesse de propagation de la quasi-onde rapportée à l'élément fluide qui se
trouve en M„ à l'instant t, et
(7 bis) •<?, = iJt. — aM, — pç', — yqy,,
vitesse de propagation de la quasi-onde rapportée à l'élément fluide qui se
trouve en M, à l'instant t.
Dans le cas où t? n'aurait pas, de M^ à !VI,, un sens unique de variation.
38o ACADÉMIE DES SCIENCES.
t) serait une grandeur comprise entre la plus grande et la plus petite des
valeurs de ■<>'>.
Ces diverses formules sont d'un grand usage dans l'étude des quasi-
ondes.
N03IIIVATI0IVS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'un Correspon-
dant pour la Section de Physique, en remplacement de M. Ernest Bichal.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 4^.
Sir William Crookes obtient 44 voix
M. Ch.-Ed. Guillaume > i »
Sir William Crookes est élu Correspondant de l'Académie.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de Com-
missions de prix chargées de juger les concours de l'année 1906.
Le dépouillement du scrutin donne les résultats suivants :
Prix Montyon {Statistique). — MM. Alfred Picard, Brouardel, de Freyci-
net, Haton de la Goupillière, Rouché, Laussedat, Carnot.
Médaille Arago, Médaille Lavoisier, Médaille Berthelot. — MM. Poincaré,
Chauveau, Darboux, Berthelot.
Prix Trémont, Gegner, Lannelongue, Jérôme Ponti. — MM. Poincaré,
Chauveau, Darboux, Berthelot, Maurice Levy, Bornet.
Prix Wilde. —MM. Berthelot, Lœwy, Maurice Levy, Darboux, de Lappa-
rent, Mascart, Troost.
Prix Saintour. — MM. Darboux, Poincaré, Berthelot, Zeiller, deLappa-
rent, Moissan, Giard.
Prix Houllevigue. — MM. Darboux, Poincaré, Berthelot, Mascart, Emile
Picard, Maurice Levy, Giard.
Prix Cuvier. — MM. Gaudry, Perrier, Bouvier, Giard, Delage, Chatin,
Barrois.
Prix Parkin.—MM. Bouchard, Brouardel, Mascart, Michel Lévy, Daslre,
Chauveau, Moissan.
SÉANCE DU 12 FÉVKIEK lyoG. 38l
CORRESPONDANCE .
M. J. Lefèvre adresse des remercîments à l'Académie pour la distinc-
tion dont ses travaux ont été l'objet dans la dernière séance publique.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
Le XVIIl" Bulletin de la Société d'Histoire naturelle d'Autun. (Présenté
par M. Albert Gaudry.)
ASTRONOMIE. — Observation de l'éclipsé de Lune du 9 février i(^oÇ> faite à
l' Observatoire de Paris (^équatorial de la tour de l'Est). Note de M. P.
Salet, présentée par M. Lœwy.
L'heure de l'entrée de la Lune dans l'ombre, déterminée d'une part
directement et conclue, d'autre part, d'une série de mesures de la flèche
commune de l'ombre et de la Lune, a coïncidé exactement avec les don-
nées de la Connaissance des Temps.
Pour l'èclipse du 19 février 1903, l'heure de la sortie de l'ombre, ob-
servée delà même façon, avait été trouvée antérieure à l'heure calculée
de o™,3. Ces deux observations concordent donc bien avec le calcul et le
diamètre de l'ombre qu'on en tirerait serait plutôt un peu inférieur au dia-
mètre adopté par la Connaissance des Temps.
Au contraire, les mesures des clichés photographiques d'une troisième
éclipse, celle du i5 août 1905, donnent pour grandeur de l'éclipsé partielle
o,3o au lieu de o, 292 et conduiraient donc à un diamètre de l'ombre légè-
rement supérieur au diamètre adopté.
Cette petite différence entre les observations visuelles et les résultats
photographiques s'explique aisément par un effet d'irradiation dû à l'éclat
très différent du bord brillant de la Lune et de la partie voisine du bord de
l'ombre. Le diamètre de la Lune se trouve augmenté de ce fait dans une
plus grande proportion que la largeur de la partie non éclipsée.
C. R., iyu6, i" Semestre. (T. CXLll, N" 7.) ^'
58ï
ACADEMIE DES SCIENCES.
a. . .
b....
ASTRONOMIE. — Observations de la comète Brooks (1906 a) faites à l'Obser-
vatoire d'Alger, à V équatorial coudé de o™,3i8. Note de MM. Raiubaud
et Sy, présentée par M. Lœwy.
Dates.
1906.
Janv. 3i.
3i.
Fév. 2.
2.
Étoile
de
comparaison.
a
a
b
b
.<3 — *
Aa.
A6.
-0.26,49
-0.27,43
-2. i4)4o
-2. i5,53
—7.45,2
— 6.i7>9
^O. l4jO
+ 1.36,9
Nombre
de
comparaisons.
i3 : 12
12:12
12 ; 12
12 ! 12
Observ.
R
S
R
S .
Positions des étoiles de comparaison.
Gr.
9-1
7>5
Ascension droite
Inoyénne
1906,0.
I) m s
16. 1.5.87,50
16. 14. 10, 23
Réduction
au
jour.
- l'43
- 1,45
Déclinaison
tnôycnne
1900,0.
+55.° 7 '.43 "3
+58.42.34,3
Réduction
au
jour.
//
— -10,3
— Il ,0
Autorités.
A. G., Helsitigfors, n° 8737
Id., n'>8721
Positions apparentes de la comète.
Dates.
1906.
Janv. 3i.
3i.
Fév. 2.
2.
Temps moyen
d'Alger.
Il m s
I 1 .3o. 10
11.49.25
1 1 . 2 7 . 1 5
11. 5i. 9
Ascension
droite
apparente.
h m s
16. i5. 9,58
16. i5. 8,64
16. II. 54, 38
16. II .53,26
Log. fact.
parallaxe.
î>849„
î , 870,,
ï;90'«
T,923„
Déclinaison
apparente.
O f II
+ 54.59.47,8
+55. i.i5,i
+58.42. 9,3
+58.44- 0,2
Log. fact.
parallaxe.
2,5i3
1,662
î,388„
1,572
Le 3i janvier, la comète a l'apparence d'une nébulosité ronde avec un nojau excen-
trique dont l'éclat est comparable à celui d'une étoile de 11" grandeur. Le diamètre de
la nébulosité est d'environ 1' d'arc.
Le 2 février, la comète est très faible à cause de la Lune.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Observations du Soleil faites à l' Observatoire de
Lyon (^équatorial Brunner de o",i6 d' ouverture) pendant le deuxième tri-
mestre de 1905. Note de M. J. Guillausie, |)résentée par M. Mascart.
Il y a eu 56 jours d'obsei'Vation dans ce trimestre, et voici lesprincfpaux:
faits qui en résultent :
Taches. — Le nombre de groujpes est plus élevé que celui^ noté précédemment;
SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1906. 383
mais la surface tachée est moindre : on a, en effet, 54 groupes au lieu de (fS et l'aire
totale est de 8290 millionièmes au lieu de 8018 (ce dernier nombre se réduit à 385o mil-
lionièmes, si l'on retranche les deux groupes extraordinaires de février et mars).
Les deux groupes suivants (Tableau I) ont été visibles à Fœil nu :
Mai.
Juin,
17,0 a
25,8
i5 de latitude
■ 7 >'
D'autre part, il y a un ralentissement remarquable dans la production des taches
vers la fin du mois de mai : le 24, notamment, au moment de l'observation, on ne
voyait qu'un petit groupe de pores gris intermittents à -1-16° de latitude.
Régions d'activité. — Le nombre de groupes de facuies a un peu augmenté (107 au
lieu de 98), de même que leur surface totale (122 ,5 millièmes a» lieu de 108,7). Q"ant
à leur distribution entre les deux hémisphères, on a noté 6 groupes en moins au Sud
(45 au lieu de 5i) et i5 en plus au Nord (62 au lieu de 47)-
Tableau L — Taches.
DatPs Nombre Pass. Latitudes moyennes Surfaces
extrêmes d'obser- au mer. ™^ — -^"^ ^ moyennes
d'observ. vations. central. S. N. réduites.
\vril igt
)5. — 0
00.
Mai
(suite.)
29- 7
5
2,1
-H18
10
1 2-2 1
4
'7,9
— 15
80
3i
t
2,1
-1- 2
2
13-19
2
18,1
-(-12
5
3o- 3
2
3,0
+ 9
4
13-21
3
«9,5
-^ 7
26
3-i3
6
8,8
-*-i9
12G
21
1
22,4
-1-12
4
7
I
10,8
— 9
4
25-27
3
23,3
-l-i5
16
12-1 3
2
i,,6
— 18
3
25-3 1
6
27,0
-+- 5
34
I2-l5
I
3
11,0
i3,o
-t-32
3
2
1
28,3
— II
i3
-+-24
4
I2-l5
4
14,4
-+- 7
'9
igj-
— 15°,
4 -t-i3'',Q
12-20
6
16,0
— 20
260
Juin.
— 0,00.
18
I
10,3
-1-20
4
12-18
5
18,1
— 12
ij
3i
1
1,8
— r>.
5
18
I
19,6
— 12
4
7- 9
3
4,4
— 18
36
24-28
5
23,6
— 18
36
3o-i I
9
5,6
-t-ii
168
20-29
9
26,0
-H14
180
14
I
10,1
— 18
7
29
1
27,6
— 20
4
6-12
6
10,2
— 8
29
23-27
5
28,8
-hiS
5i
6
7-iG
I
7
10,6
i3,o
-16
-Hl5
6
19J-
-i5°
6 -i-ie^s
98
8-16
6
14,0
-H 20
54
Mai.
— o,o5
8-16
14-22
6
5
14,3
20,5
— 15
— 22
16S
39
27-28
2
>,3
-l-'9
6
21
20,6
-+-I2
2
2q- 3
3-9
2
3
3,1
6,0
— -15
4
4
21-24
20-26
4
4
22,2
22,6
+ '7
-h 5
17
6
3-1 1
/'
6,3
+22
236
22
23,5
+ 16
3
9-1 1
8-i3
3
6
7>9
8,3
-19
-m6
9
io5
23-29
5
23,9
— 13
48
5i3
20- I
9
25,8
-f- 7
8-i3
6
9>9
-t-12
3o5
I- 4
2
29,9
— 10
17
12
I
11,0
+ 7
3
I
I
3o,o
-t-20
4
8-1 3
6
i3,5
— 22
'7
4
3o,4
— 18
1 1
1 1-2 1
5
5
16,3
17,0
— 15
-i-i(i
65
376
11-21
i8j.
— 15"
0 -hi3'',7
Dates Nombre Pass. Latitudes moyennes Snrfaces
exlrémes d'obser- au mèr. - — ^-^^ — — - ■■ ■- - moyennes
dobserr. Talions, central. S. N. réduites.
38i
ACADRMIE DES SCIENCES.
Tablkau 11. — Disiribiilion des taches en latitude.
Sud. Nord.
1905. 90*. 40". 30% 20°. 10°. 0°. Somme. Somme. 0*. 10*. 20". 30". 40". 90".
Avril » u u 6 I 7 lo 3 5 i i »
Mai » " » I (') 7 11 3 7 i « »
Juin ') " 1 7 2 lo 9 2 7 » » "
Totaux... » » I i4 9 24 3o 8 19 ^. 1 »
Tableau III, — Distribution des facules en latitude.
Sfld. Nord.
1905. 90". 40". 30". 20". 10". 0". Somme. Somme. 0". 10". 20". 30". 40". 90".
Avril I » 5 7 » i3 19 48702
Mai «2671 16 22 497''
Juin 1) » j g 4 ' ' I 31 3 1 2 5 I »
Totaux... I 2 14 23 5 4'> 62 11 29 17 2 3
Totaux
totales
mcnâuels.
réduites.
17
751
18
i3o8
'9
I23l
8290
Surfaces
Tûlaui
totales
mensuels.
rcJuJtes.
32
37,5
38
43,3
37
4', 7
107
122,5
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les fonctions entières.
Note de M. Ed. Maillet, présentée par M. Jordan.
Voici quelques résultats relatifs aux propriétés des fonctions entières :
I. Soit une fonction entière
/(» = c„ + c, ^ -t- . . . + c,,;." + . . .
telle qu'à partir d'une certaine valeur de n on ait, b étant un nombre quel-
conque, entier ou non, ^ i, et s un nombre positif arbitraire, très petit si
l'on veut.
Il y a une infinité de valeurs de n telles que, à l'intérieur d'un cercle de
ravon \c'"\ ayant pour centre l'origine dans le plan complexe (a nombre
positif tixe quelconque il i et indépendant de n), le nombre N„ des racines
de/(z) soit précisément /î. Autrement dit, il y a exactement n zéros dont le
module est inférieur ou au plus égal à \c,"\ pour une infinité de valeurs
de n.
II. Un énoncé semblable est vrai pour les fonctions entières d'ordre
zéro et d'indice ki.i (toutefois, quand k^ 2, a — i doit être suffisamment
petit).
SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1906. 385
HT. J'ai indiqué antérieurement la classification suivante des fonctions
entières :
Soit la fonction entière
,(z)=y^a„,z"';
j'admets qu'elle possède une infinité de coefficients a„^ tels que, si petit
que soit le nombre fixe s, dès que n, est assez grand,
les autres coefficients étant tels que
|ar|>(log,/ï)'P-^'«
dès que n est assez grand : je conviens de dire que cette fonction est d'ordre
(k,p-') [A- entier positif, nul ou négaùf,\o^,,x — e_^(x), e,,{x) = e'i<-S^\ ...,
e^{x) =x].
Mais l'on peut adopter une classification différente que l'on obtient en
remplaçant dans les formules précédentes
(logjm )'?="''" par (log^^mP*')"';
c'est ce que j'appellerai la seconde classification. Elle paraît conduire à des
résultats analogues à ceux de la première; ainsi, j'ai établi ces théorèmes :
1° La série
?(3)z=V «„,-",
où Ton a, à partir d'une certaine valeur de «,
(e fixe positif aussi petit qu'on veut) a son module au plus égal à
,.(logr)f
(e, analogue à e) dès que [s] ^ /■ est assez grand;
2° S'il y a dans 0(3) une infinité de valeurs n^ de n telles que
386 ACADÉMIE DES SCIENCES,
il y a une infinité de valeurs de z telles que, pour [s] = r,
|y( = )|>Hi°s'-)' .
La définition corrélative de la croissance régulière de ces fonctions est immédiate.
Pour les fonctions entières dites d'ordre fini (k ^= o), les deux classifi-
cations se confondent; on peut les combiner dans le cas général, en adop-
tant par exemple la première pour les fonctions où k^o, la deuxième pour
celle où /" <[ o : ce sera la troisième classification.
Il y a trois classifications similaires pour les fractions continues arithmé-
tiques; avec la troisième, on a ce théorème :
Toutes les irrationnelles 4t — ^ > o (P^ 1> p\ l' entiers, pq' — qp' ^ o)
sont de même ordre que l'irrationnelle I.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur un hessien hyper elliptique.
Note de M. Louis Remy, présentée par M. Humbert.
M. Hutchinson (') a obtenu un cas particulier de hessien de surface
cubique en égalant les coordonnées homogènes d'un pointée, j, ;;, /à quatre
fonctions 6,(?/, v), ^o(u, {>), ^^(u, c), 6,,(«, i>) d'ordre 4, de caractéristiques
nulles, paires, s'annulant (à l'ordre 2) pour six demi-périodes formant un
sextuple de Weber. De cette représentation paramétrique il s'est borné à
déduire des propriétés susceptibles d'être étendues au hessien général :
nous nous proposons au contraire de caractériser ce cas hyperelliptique.
A chacune des six demi-périodes P,- annulant les quatre fonctions 6,, O2,
O3, O4 correspond sur la surface, non pas un point, mais une conique C,.
D'autre part, on peut déterminer les constantes X de manière que la fonc-
tion 0 = X, G, 4- Xj O2 + X3 63 + A4 64 s'annule à l'ordre 4 pour la période Pj :
on obtient ainsi six autres coniques C^ . Les coniques C, et C^ de même
indice sont situées dans un même plan et chacune d'elles rencontre 5 des
droites du hessien.
Inversement, soit le hessien représenté par l'équation
a- y- c- d- e"-
1 1 h— + -=0,
X y z tu
(' ) Bulletin of the american mathematical Society, 1° série, vol. V, 11° 6.
SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1906. '5S*J
avec
et supposons que le plan
Ax -{-By -i-Cz -hBt -i-Eu = o
coupe la surface suivant deux coniques'dont l'une rencontre par exemple
les droites (xy), (7=), (^t), (tu), (ux). On en déduit les relations :
a^ = (B-E)(C -D),
è^ = (C-A)(D-E),
»
e= = (A-D)(B -C)
et, par suite, la condition algébrique indécomposable
(i) la" — la*b^-h-2la-b-c- = o.
On peut dire également que les paramètres a% h^, . . ., e' sont racines
d'une équation du cinquième degré de la forme
X' + mX' ■+- nX' ■+- Ç(4« - m-)X'' -hpX-hq = o.
Ce hessien ne dépend donc que de trois paramètres au point de vue
projectif et la surface hyperelliptique définie plus haut, qui dépend de
trois modules, peut lui être identifiée. D'où ce théorème :
Si le hessien d'une sur/ace cubique possède une conique, il en possède onze
autres et il est hyperelliptique.
Ces douze coniques forment deux groupes C,, C^, ..., C^ et C, »
C!,, . . . , Cg, les coniques C,, C^. étant dans un même plan. Les coniques C^,
C;t ne se rencontrent pas; les coniques C,, C^ se coupent en deux points et
sont situées sur un cône du second degré tangent au hessien le long de
deux droites.
La surface possède également deux groupes de six cubiques gauches T,,
Tj transformées respectivement des coniques Cj, C^ par la transformation
qirationnelle x : y : z ; t, —'. — '.''—'. y Les cubiques r,, r'^ sont situées
X y z t
sur un cône du second degré qui coupe en outre le hessien suivant deux
droites. La conique C, et la cubique T^ sont sur une quadrique qui coupe
en outre le hessien suivant trois droites.
388 ACADÉMIE DES SCIENCES.
On peut appliquer les résultats précédents à la déformation du pentagone
plan. Ecrivons l'équation du hessien sous la forme
a b c d e
X "^ Y "^ Z "^ ï "^ Û ~ *^'
avec
aX + hX + cZ + ^/ï -H eU = o,
et posons
X = e™, . . . , U = é\
Les relations précédentes expriment les conditions de fermeture du
pentagone dont les côtés ont pour longueurs a, b, c, d, e et font avec une
direction fixe les angles a, p, y, S, s. D'où cette conclusion : lorsque les
côtés a, b, . . . , e d'un pentagone vérifient la relation algébrique (i), la
déformation de ce pentagone s'exprime en fonction hyperelliptique de deux
paramètres.
Pour obtenir de tels pentagones, il suffit de se donner cinq nombres
quelconques A, B, C, D, E et d'en déduire a, b, . . . , e par les formules
a- = (B — E) (C — D), etc. Voici un exemple de pentagone réel :
HYDRODYNAMIQUE. — Extinction de l'onde solitaire propagée le long d'un
tube élastique horizontal. Note de M. A. Boulanger, présentée par
M. Boussinesq.
Si l'on fait abstraction des frottements, l'énergie d'une onde solitaire pro-
pagée dans un fluide au repos dans un tube élastique, somme de la force
vive actuelle du fluide et du travail que produirait l'intumescence en s'apla-
tissant sous la pression de l'envelop^jc, a pour expression (avec les nota-
tions de ma Note du 1 1 décembre igoS et en posant Ix = R^n)
La valeur de C caractérise, tout comme celle de /, une onde solitaire et
le profil, la vitesse de propagation, le maximum de la dilatation radiale
s'expriment de suite en fonction de c au heu de /. On reconnaît il'Hiileurs
la stabilité de l'onde en suivant la méthode donnée par M. Boussinesq à
propos de l'onde solitaire des canaux.
SÉANCE DU 12 FÉVRIER igo6. 889
Nous nous proposons maintenant d'indiquer la loi du lent décroissement
de l'énergie, de la vitesse de propagation et de la dilatation radiale, sous l'in-
fluence des résistances de frottement, localisées dans une mince couche,
contiguë à la paroi, où les vitesses longitudinales varient très rapidement,
sur une épaisseur insensible, depuis la valeur zéro jusqu'à une certaine
valeur îi„.
L'étude générale de telles résistances a été faite par M. Boussinesq
(Journal de Mathématiques, 1878); le travail total détruit par l'influence du
frottement extérieur, à un instant donné et d'un bout à l'autre d'une intu-
mescence, s'évalue comme si la vitesse à la paroi était ?<„ ^/(t) et que le
frottement extérieur valût le produit de cette vitesse par le coefficient fictif
de frottement extérieur
,- „ f f(t)f'(t-,i^)dt
» t 0
{t)dt
c'est dans la détermination de ce coefficient qu'est incluse la difficulté de
l'étude de l'affaiblissement graduel des intumescences. Ici, comme
consl. ,
si l'on pose F(t) = e'^{é^ -\- i) -, on a
j V{-)¥'{-.-^r-)dz
rr\.)d.=='^; rF(,)v'(.-.^)d.
l/ — 00 t/ _-,
d-
{ i -h II) (6 -h 6 II -\- H-)
Lo» ( I + a)
3 ;<(;< + 3)
-+-3)1
avec u=^é'' — i. La quantité entre crochets est la différence entre Log(i -\-u)
et la quatrième réduite de son développement en fraction continue algé-
brique donné par Gauss. Soit a(i — x) = ix et
y =
Log
I + .r
3 — .r-
X'
u vient
= G(^);
G. R., 19C6, I" Semestre. (T. CXLII, N» 7.;
02
Sgo ACADÉMIE DES SCIENCES.
J'ai dessiné à très grande échelle et fort exactement la courbe v = G{x),
qui part, de l'origine, tangente à Oy, s'infléchit vers Ox et s'élève asymp-
totiquement à a? = i , limitant avec y = o et a- = i une aire finie ; j'ai pro-
longé l'arc jusqu'à ce qu'il soit distant de a; = i de moins qu'une épaisseur
de trait; j'ai mesuré, à l'aide d'un planimètre d'Amsler, par répétition,
l'aire ainsi délimitée et obtenu une limite supérieure de l'erreur commise
(eu égard à la branche infinie). / G(x)dx est comprise entre o,448 et
o,4''>2. soit o,45o avec une erreur en plus ou en moins inférieure à deux
millièmes.
L'expression de s, en fonction de l'énergie de l'onde t à un instant donné
est par suite, en posant il' = 87t/R||:3v' :
L'équation du mouvement amorti est alors
Tt^JK/-''''
l i^^ = "' 9 V/ ^ V P ' = ""^ K'^ = Vt-
/o caractérisant le volume d'eau refoulé.
Première approximation. — v croît à partir de v^ ; si l'unité est négligeable
deviuit v^'. on aura v =:= v„ ( i + — / ) . Par suite
Seconde approximation. — Si l'intumescence a une masse plus impor-
tante, on emploiera les fonctions elliptiques d'invariants g-o = i, g^ ^ o. On
calcule u„ par
on construit deiix courbes d'ordonnées respectives
qui se déduisent immédiatement de représentatives bien connues ; on déter-
SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1906. Sçjl
mine v à iin instant t donné en intercalant entre elles, suivant les ordonnées,
un segment mt et en prenant l'ordonnée correspondante de la première
courbe; d'où le graphique de v(/).
Un Mémoire étendu développera les conséquences de ces résultats.
ÉLECTRICITÉ. — Sur les durées comparées d'une émission de rayons X et
d'une étincelle en série avec le tube producteur de rayons. Note de M. Ber-
nard Bruxhes, présentée par M. Mascart.
Les expériences récentes de M. André Broca ( ' ) ayant ramené l'attention
sur le problème de la durée de décharge dans les tubes à rayons X, je
demande la permission de rappeler, en la complétant sur un point, la
Communication que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie dans la
séance du 9 avril 1900 (-).
J'ai mesuré, par une méthode de disque tournant, la durée d'émission
de divers tubes à rayons de Rôntgen, notamment d'un tube Chabaud-Villard
et d'un gros tube sphérique livré par la maison Diicretet. Un disque de
fer percé de nombreux trous circulaires de 4""" à 5°"" de diamètre étant
interposé entre le tube et un écran fluorescent, les trous, visibles sur
l'écran, apparaissent allongés dans le sens du mouvement si l'on vient à
imprimer au disque une rotation rapide.
J'ai, depuis lors, photographié l'image de ces trous, en ayant recoins à une
émission unique de rayons X, et en ayant .soin de photographier en même temps,
dans un autre secteur du disque tournant, les l/ous identiques éclairés par l'étin-
celle d'un micromètre en série avec le tube producteur de rayons. Le résultat
constant a été que, tandis que, sur la plaque éclairée par l'étincelle, les trous ne sont
jamais allongés dans le sens du mouvement d'une façon appréciable (ce n'est là qu'une
variété de l'expérience de Wheatstone et d'Arago sur la durée de l'étincelle et de
l'éclair), les images des trous éclairés par les rayons X sont allongées dans le sens du
mouvement, d'une longueur qui conduit à des valeurs de l'ordre du dix-millième de
seconde pour la durée de l'action des raj'ons X. Il serait intéressant de répéter les
mesures galvanométrique et éleclrodynamométrique de M. Broca sur le courant qui
actionne le tube de Rontgen quand il y a, en série avec le tube, un micromètre à étin-
celles.
(') Comptes rendus, t. GXLII, p. 271.
(-) Comptes rendus, t. CXXX, p. 1007.
392 ACADÉMIE DES SCIENCES.
.l'ai montré, dans la même Communication, comment on peut difl'érencier l'action
de la lumière ullra-violelte d'une étincelle et l'action d'une émission de rayons X sur
les potentiels explosifs, en montrant que l'expérience de M. Swyngedauw relative à
l'action des rayons X sur une étincelle dynamique réussit encore (|uand on place le
tube de Crookes à côté de l'excitateur secondaire au lieu de le placer à côté de l'exci-
tateur primaire, ce qui n'aurait pas lieu si les étincelles aux deux excitateurs étaient
provoquées par la lumière d'une autre étincelle. La conclusion que j'ai tirée de celte
expérience, relativement à la persistance de l'action des rayons X, qu'on attribue cette
persistance à la durée de l'émisson des rayons X ou à la durée de l'état d'ionisation
que provoque leur passage sur le micromètre, n'a pas été acceptée de tous les physi-
siciens. 11 peut être intéressant de noter que, dans son Livre Conduction of Electri-
city troiigh grises, J.-J. Thomson déclare qu'il lui paraît bien difficile de ne pas
admettre cette persistancede l'action des rayons X sur un potentiel explosif (').
PHYSIQUE. — Sur la recombinaison des ions des vapeurs salines.
Note de M. G. More.vu, présentée par M. jMascart.
Les vapeurs salines ionisées par la chaleur justifient par toutes leurs
|)ropriétés (courant de saturation, mobilités) l'hypothèse que les charges
séparées y sont portées par un nombre fini de centres électrisés, les uns
positifs, les autres négatifs, avec une charge égale en valeur absolue à celle
que transporte i"' d'hydrogène dans l'électrolyse. L'attraction mutuelle des
ions de signes contraires provoque, par collisions, une recombinaison pro-
gressive des charges suivant la loi d'action des masses
(1) -^ = — a//"
dn_
~di
oii n est la densité des charges positives ou négatives, oc le coefficient de
recombinaison, indépendant du champ électrique qui existe dans le gaz.
La méthode que j'ai employée pour mesurer « est celle que Townsend a
utilisée pour les gaz ionisés par les rayons Rônigen :
Un courant d'air traverse une solution saline M où il se charge de sel. Ce sel se
vaporise et s'ionise dans un tube de porcelaine chaullë au rouge et parcourt ensuite
un lube de laiton A. On détermine les densités /(, et «o des charges positives ou néga-
tives en deux régions du lube A, assez rapprochées pour que les températures extrêmes
ne soient pas trop dillérentes. On note pour cela le courant de saturation entre A et
(') J.-J. 'i'iiOMSOX, loc. cil., p. 528.
SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1906. 3g'à
une éleclrode cylindrique concentrique B, disposée dans cliaque région. Connaissant
la dislance moyenne des électrodes B. le débit du courant gazeux, on déduit a de la
formule (i). En modifiant la concentration de la solution M et éloignant le système
(A, B) de la région d'ionisation, on obtient a pour des concentrations et des tempéra-
tures dilTérentes du courant gazeux.
Voici les résultats obtenus aux températures de 80° et i.d".
Les concentrations de la solution sont indiquées en inolécule M par
litre d'eau et les valeurs de a en unités électrostatiques.
Concentration —
Kl \'i
KCI *^?
/ 10
KBr |^°
K.\zO^ !^?
HbCl ' ^?
J(iv^crp) j '^^
I. De ces nombres il suit :
A une température donnée, le coefficient de recombinaison oc varie sen-
siblement comme Vini>erse de la racine carrée de la concentration. Il diminue
à mesure que la t('in[iérature s'abaisse.
I^our interpréter ce résultat, je rappelle que, dans une communication récente
{Comptes rendus, 26 décembre 1900), j'ai montré que les ions des vapeurs salines sont
plus gros que ceux des gaz ordinaires, qu'ils se comportent au voisinage de 100"
comme s'ils étaient formés d'un centre électrisé de la grosseur de 1"°' de gaz, entouré
de 2 à 7 couches de molécules et qu'au voisinage de i5° le nombre des couches peut
s'élever jusqu'à 20. Comparée à celle des gaz ordinaires, leur vitesse d'agitation ther-
mique sera faible et la plupart des collisions, entre ions de signes contraires sera
suivie de recombinaison. Dans ce cas extrême, le coefficient 2 est proportionnel aux
Ujobilités et, comme j'ai établi que celles-ci dépendent de la concentration de la vapeur
suivant la formule K = -^ où «( = 0,39, il suit que le coefficient ï augmentera
à mesure que la concentration C diminuera.
En raison de la dilVérence des mobilités, il doit être plus petit que celui des gaz
.M
M
M.
4'
i6'
a.
oc.
a.
E.
4.5
795
1024
0
,63
78
1.57
»
0
.77
4io
811
..576
0
,56
106
170
»
0
,94
42.
843
i552
0
,56
84
202
Y)
0
.99
348
763
i4o8
0
,65
89
200
»
I
))
»
1 216
0
.73
»
))
i4i
0
,89
i46
»
»
0
,56
196
. »
))
0
.74
3ç)'^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
ordinaires (pour l'air ionisé clans les conditions normales de température et de pression,
ïz^S/jOg). Pour une même conceiitrnlion, il diminuera (|ufind la masse de l'ion aut;-
menlera ; à la", où les ions des vapeurs sont comparaliles à des gouttes, il sera notable-
ment plus faible qu'à 80°.
II. On peut d'ailleurs calculer, avec la formule de Laneevin £ =^ ^r—r- > le
rapport i du nombre des recombinaisons au nombre des collisions entre
ions de mobilités égales R. Théoriquement t ne peut dépasser l'unité.
Ayant mesuré R à différentes températures, j'ai pu établir une formule
reliant R à la température absolue, calculer ainsi les mobilités aux tempé-
ratures d'observation de oc et déduire e. Les nombres obtenus sont indi-
qués dans la dernière colonne du Tableau précédent. Ils correspondent
à des mobilités qui, à 80° pour le champ de 1 volt-centimètre, sont com-
prises entre o""", 08 et o*^'", 3 1 et, à iS", entre o"",oi3 et o"",o3.
On voit qu'à 80° la valeur moyenne de 0 est 0,61 c"est-à dire que les deux tiers des
collisions sont suivis de recombinaison. Ce nombre est plus élevé que pour l'air
ionisé dans les conditions ordinaires de température et de pression où il égale 0,27. Il
est du même ordre que celui des gaz issus d'une llamme pour lesquels les mobilités
sont aussi comparables. A i5°, £ est voisin de l'unité : pour les t;ros ions, presque
toutes les collisions sont suivies de recombinaison.
En résumé, aussi bien par les valeurs de leurs mobilités que par celles
de leur coefficient a, les ions des vapeurs salines, pour les températures
comprises entre 170° et 0°, se classent entre les ions des gaz ordinaires et
les gros ions dus à l'oxydation du phosphore. A mesure que la température
s'élève, leur masse diminue et, dans une flamme, ils deviennent compa-
rables, pour l'ion négatif, aux particules cathodiques et, pour l'ion positif,
à l'atome d'hydrogène.
CHIMIE MINÉRALE. — Remarque sur t'es combinaisons des métaux rares
du groupe cériu/n et sur leurs sulfates en particulier. Note de M. Camille
Matigxo.m.
Je demande à l'Académie la permission de rappeler que je lui ai présenté
depuis l'année 1900 une série de Notes relatives aux combinaisons des
métaux rares du groupe cériiun, lanthane, praséodyme, néodyme, sama-
rium. Ces publications, au nombre de quinze, ont paru dans les Comptes
SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1906. ^96
rendus depuis l'année 1900 jusqu'à 1906 (t. CXXXI, p. 837 et 891;
t. CXXXII, p. 36; t. CXXXIII, p. 289'; t. CXXXIV, p. 427. 637, i3o8;
t. CXL, p. i4i, 1181, 1339 et 1637; t. CXLI, p. 53 et i23o; t. CXLII,
p. 93 et 276). Elles ont spécialement pour objet l'étude générale
des chlorures et des sulfates de ces divers métaux : préparation, pro-
priétés physiques et chimiques, conditions de décomposition progressive,
iherniochimie, etc. ; toutes études effectuées sur plusieurs centaines de
grammes de ces coiîteuses substances.
M. Otto Brill a publié dans le numéro du 20 novembre 1905 du Zeil-
schrift fur anorgaiiische Cheniie (t. XLVK, p. 4^4) "n travail particulier
exécuté sur quelques milligrammes de substance et relatif à certains sul-
fates de ces terres rares, c'est-n-;lire à une question dont je m'étais déjà
occupé en 1902 (Comptes rendus, t. CXXXIV, p. 657) et sur laquelle j'ai
publié le 26 décembre dernier des résultats qui avaient fait l'objet de mes
propres et longues études, dans le cours de 1905, au laboratoire du collège
(ie France de M. Berthelot qui en a eu continuellement connaissance.
Nous nous sommes ainsi rencontrés sur ce point spécial, en a\ant tra-
vaillé d'une manière indépendante. M. Brill m'écrit à ce sujet pour récla-
mer, d'après une antériorité d'un mois de sa publication, laquelle m'avait
échappé, la priorité et le monopole des études dans lesquelles il venait de
débuter. Il semble d'ailleurs avoir ignoré lui-même mes travaux antérieurs
sur ces métaux, travaux qui me paraissent, suivant les usages reçus dans la
Science, me donner le droit de les poursuivre en toute liberté.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur les iodomercurales de calcium.
Note de M. A. Dcuoi.v. présentée par M. L. Troost.
Depuis le travail de Polvdorc Boullay (') qui date de 1827, on n'a pas
cherché à établir la constitution des iodomercurates de calcium.
En continuant l'étude des liqueurs lourdes à base d'ioilure de mercure,
j'ai été amené à trouver trois iodures doubles de mercure et de calcium
nouveaux dans les circonstances suivantes.
On dissout dans de l'eau tiède, aUernativennienl et jusqu'à refus, de l'iodure de cal-
cium l't du biiodure de mercure, en terminant par un léger excès d'ioduie dii calcium.
(') Ann. de Chim. et de J'Iiys., t. XXXIV, 1827.
SqG ACADÉMIE DES SCIENCES.
La solution obtenue, filtrée à i5°,9, a pour densité 2,89; elle présente la composition
suivante :
Fraclion de molécule.
Calcium 3,63 »/o 3,58 "/o 0,0890
Mercure 33,35 23,45 0,117
Iode 53,17 53,20 0,418
Eau(diir. ) 19,85 19,77 '.229
Cette composition peut se traduire par la formule
CaP, i,3oHgP, 12, 3o II-O.
Abandonné à un refroidissement de quelques degrés, elle laisse déposer
des cristaux jaunes très volumineux; je n'ai pu en déterminer le système
cristallin, car ils sont extrêmement déliquescents. L'analyse d'un produit
bien débarrassé de son eau mère conduit à la formule
CaP,HgP, 8H*0.
Trouve.
— . — ^ — — Calculé.
Calcium 4,60% 4,677» 4,484
Mercure 21,74 21,78 22,421
Iode 56,42 56,29 56,95o
Eau )' » 16, 143
Densité : Deux déterminations à 0° ont fourni 3, 258 et 3, 33
/•
Les cristaux obtenus sont solubles sans décomposition dans Teau, dans les alcools
métliylique, élhylique, amjlique, butjlique, isobulylique; la glycérine; l'acétate
d'éthyle, les propionales de méthyle et d'isobutyle; l'iodure d'allyle, l'aldéhyde, l'acé-
tone, l'acide acétique; l'oxalate d'étliyle, l'aniline.
Avec le nitrate d'éthyle, ils fondent et il reste une goutte de liquide au fond du tube
à expérience; très peu solubles dans la nilrobenzine qui prend une teinte jaune assez
foncée. Ils paraissent tout à fait insolubles dans le chloroforme, le tétrachlorure de
carbone, l'iodure d'éthyle, le bromure d'élliylène, la benzine, la benzine monochlorée,
le toluène, etc.
Deuxième iodomercurale. — La liqueur qui a laissé déposer le sel précé-
dent est additionnée d'iodure de mercure et portée à l'étuve; par refroidis-
sement, au voisinage de 0°, il se dépose de très petits cristaux, parfaitement
nets, qui diffèrent des précédents par une déliquescence moindre; séchés
sur des plaques de porcelaine dans l'air sec, ils se conservent bien lorsqu'on
les sort de la cloche.
Troisième iodomercurale. — Si l'on abaisse la température de la solution
SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1906. 397
au-dessous de 0°, on voit apparaître, en même temps qu'un accroissement
des cristaux précédents, un nouveau produit sons forme de longs prismes
accolés les uns aux autres, striés dans le sens de leur longueur et qui,
ayant i'^'" ou 2'^" de longueur, sont faciles à séparer des précédents. Si l'on
filtre la solution et qu'on la refroidisse, on voit se déposer dans la liqueur
claire les deux espèces de cristaux. J'ai analysé les petits cristaux, qui, plus
petits que les précédents, avaient une teinte jaune plus claire; les analyses
III et IV montrent que c'est exactement le même produit.
Le deuxième iodomercurate a pour formule
GaP,5Hgt-,8H-0.
Trouvé.
I. II. m. IV. Calculé.
Calcium i,46 i,52 1,44 1,43 ')477
Merciue 37,27 37,i'J 37,27 37,09 36,927
Iode j5,96 56,22 55,82 56, 16 56,277
Eau » » " » 5,817
Le produit correspondant obtenu avec l'iodure de strontium a pour den-
sité à 0° : 4,7.
Il est décomposé et donne un précipité rouge d'iodure mercurique par l'eau, les
alcools métliylique, élliylique, amylique; la glycérine, l'aldéhyde, l'acide acétique,
Tacélone.
Il se décompose lentement avec la nitrobenzine et avec l'oxalate d'élliyle; il est
insoluble dans la benzine monochlorée, le l(duéne, le chloroforme, le bromure
d'élhylène.
Le troisième iodomercurate a pour formule
3Cal%4Hgl-,2', II-O.
Trouvé.
— >^ — ^ — ^ . Calculé.
Calcium 0,86 8,91 » 3,858
Mercure 20,28 25,19 24,83 20,723
Iode 06,62 56,32 » 56,527
Eau » » » 13,890
Densité à 0° : deux déterminations ont donné 3,56 et 3,66.
Ce produit, soluble dans l'eau avec précipitation d'iodure rouge de mercure, donne
également ce précipité, mais faiblement et disparaissant rapidement avec l'acide for-
mique et l'acide acétique.
C. li., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N« 7.) ^J
398 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Très soluble dans les alcools mélliylique, étliylique, ani^lique (qui prend une teinte
jaune), bulylique, isobutyli<|ue; la glycérine; l'acétate d'étliyle, les propionales de
métliyle, d'isobutyle, l'iodure d'allyle; l'aldéhyde, l'acétone, l'aniline, l'oxalate
d'étliyle. Insoluble ou peu soluble dans la nitrobenzine.
Avec le nitrate d'étliyle, les cristaux fondent et la liqueur jaunit légèrement.
Insoluble dans le chloroforme, le chlorure de carbone, le bromure d'éthylène, l'io-
dure d'éthy.le, la benzine, la benzine monochlorée, etc.
En résumé, la solution saturée d'iodure de mercure dans l'iodure de
calcium est intéressante par les produits qu'elle peut donner avec de nom-
breux composés organiques.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur l' existence des sulfures de phosphore. Note de
M. H. GiRAN, présentée par M. Georges Lemoine.
L'existence d'un certain nombre de sulfures de phosphore est encore
discutée. L'étude des températures de fusion des mélanges, en proportions
diverses, de soufre et de phosphore, m'a permis d'apporter quelques don-
nées précises sur cette question.
Déjà M. Boulouch avait étudié par une méthode analogue (^Comptes ren-
dus, t. CXXXV, p. i65) les mixtes formés par le soufre et le phosphore
au-dessous de loo**; il était arrivé à cette conclusion que, au-dessous de
celle température de 100", il n'existe pas de sulfure de phosphore comme
composé défini, mais seulement un eutectique fusible à +9", 8.
Les recherches qui font l'objet de la présente Note ont été effectuées sur
des mixtes préalablement chauffés à une température plus élevée et telle (/u'il
y avait certainement combinaison des deux métalloïdes. Dans ce but, les mé-
langes étudiés sont enfermés dans de petits tubes scellés que l'on chauffe
à 200° environ pour provoquer la combinaison. Après solidification, on
^détermine la température de fusion du mélange, qui est celle où disparaît
le dernier cristal. Les résultats sont représentés par la courbe ci-contre,
dans laquelle on a pris pour abscisses les températures et pour ordonnées
les proportions de soufre dans le mélange :
1° Les températures de fusion présentent quatre niajriiitti :
-H167" -1-396° -1-272° 4-3i4"
avec les ordonnées
o,/'|36 0,608 0,721 o,S6i;
SÉANCE DU I-.i FÉVRIER (906. Sgg
ces nombres indiquent prérisément les proportions tle soufre contenues dans les sul-
fures P*SS P-S^ P^S= et PS'-' (').
Ces quatre sulfures seraient donc les seuls dont l'existence, à haute température,
soit réelle.
a" La forme de la courbe au voisinai;e du uiaxinium qui correspond au sesquisul-
fure P*S5 montre qu'il suffit d'ajouter à ce corps de faibles quantités de soufre ou de
phosphore i)our abaisser notablement sa température de fusion, ce qui explique les
-40° -20° 0° 20° 40° 60° 80° 100°
300° 320°
résultats peu concordants obtenus par les divers expérimentateurs qui ont mesuré
cette température.
i" La courbe indique aussi quatre points de fusion miniina :
-4o"
-46"
-23o"
avec les ordonnées
o,5oo 0,675
0,700;
ils correspondent à des eutectiques dont les compositions sont voisines de celles
qu'auraient les sulfures P^S, PS, PS^ et PS^ En particulier, le troisième de ces
eutectiques n'est, sans doute, pas autre chose que le sulfure P'S'' signalé par Seller et
par Ramme comme étant un composé défini.
Les mélanges de soufre et de phosphore qui sont liquides à la tempé-
rature ordinaire (^) présentent, à un haut degré, le phénomène de la sur-
(') Le sulfure PS' n'a pas encore été isolé; Dupré et Berzélius ont décrit un sul-
fure i^'S'- dont l'existence a paru très douteuse à plusieurs chimistes.
(-) Ces mélanges à excès de phosphore ayant été chaufTés préalablement vers 200°
correspondent à des mélanges de phosphore et de sesquisulfure P'S' : on savait déjà,
par les expériences de M. G. Lemoine ( Thèse de doctorat, i865, et Comptes rendus,
t. \CVI, p. 1682 ), que ce sesquisulfure se liquéfie aux températures ordinaires quand
on le met en contact avec du phosphore solide.
4oo ACADÉMIE DES SCIENCES.
fusion; ceux dont la composition se rapproche de celle du premier eutec-
tique, c'esl-à-dire dont le point de fusion est voisin de — l^o°, ne peuvent
être solidifiés que dans un mélange de neige carbonique et d'acétone.
La Note récente de M. Pélabon, sur les mélanges de l'antimoine avec le
sélénium et avec le tellure (Comptes rendus, 22 janvier 1906, p. 207), m';i
déterminé à publier cette première partie de mes recherches. Je compte
les compléter par la détermination des chaleurs de formation des sulfures
de phosphore.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur la prèparalion et les propriétés du strontium.
Note de MM. Gl'ntz et Rœderer, présentée par M. A. Haller.
Tjes propriétés du strontium sont peu connues jusqu'ici et diffèrent sui-
vant les auteurs ; comme nous n'avons pu trouver d'analyse des divers pro-
duits obtenus, il nous a paru intéressant de reprendre l'étude de ce métal.
Nous avons pu préparer le strontium pur en employant la méthode indi-
quée par l'un de nous ( ' ) pour le baryum. On prépare d'abord de l'hydrure
de strontium exempt de mercure par l'action de l'hydrogène à refus sur
l'amalgame du strontium. Dans le vide de la trompe à mercure vers 1000°,
ce composé se dissocie, et l'on peut condenser facilement, sur un tube en
acier refroidi, la vapeur de strontium.
Voici quelques propriétés du produit obtenu, qui renfermait 99,43 de
strontium.
Métal cristallisé, blanc d'argent, se ternissant presque instantanément au contact de
l'air; il fond vers 800° et se volatilise à une température plus élevée. I^'acide carbo-
nique sec est sans action à froid; au rouge, il est absorbé, avec formation de carbure
et de slrontiane. L'élher de pétrole, le benzène secs ne l'altèrent pas.
11 n'en est pas de même de l'alcool absolu qui le dissout facilement avec dégagement
d'hvdrogène. L'eau est également décomposée^ il y a formation de strontiane dissoute.
Nous avons également déterminé la chaleur d'oxydation du strontium, en dissolvant
dans une solution très étendue d'acide chlorhydrique un poids connu du métal.
L'expérience donne pour la réaction :
Sr solide H- //H Cl étendu = Sr Cf^ diss. -t- H^ _^.,28'»',o
moyenne de trois expériences ayant donné (-t- 127''"'', 5, -+- 1 27''-»',o, +
Thomsen avait trouvé -(- i i7''"',o5 en partant d'un strontium très impur.
(') GiKTZ, Comptes rendus-, t. C\L1. p. la^o.
SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1906. 4oi
11 faut donc augmenter toutes les chaleurs de formation des composés du strontium,
calculées à partir des éléments, de -(-ii'^'',o.
La chaleur d'oxydation du strontium devient alors :
Sr métal -+- O gaz = SrO sol -f-!4i''"',2
or, comme on a déjà :
Ca sol. -+- O gaz = CaO sol +i5i'-'',9
Ba sol. + O gaz~BaO sol 4-i33f"'',4
On voit que la chaleur d'oxydation du strontium est intermédiaire entre
celles de Ca et de Ba, comme le faisaient prévoir les analogies chimiques.
CHIMIE ORGANIQUE. — Action de f/uelques êlhers d'acides bihasiques sur les
dérivés halogé no-magnésiens des aminés aromatiques primaires. Note de
M. F. BoDROux, présentée par M. Troost.
Dans une précédente Communication (Comptes rendus, t. CXL, p. 1 108)
j'ai montré que le carbonate neutre d'éthyle réagit sur les dérivés halogéno-
magnésiens des aminés aromatiques primaires, en donnant naissance à des
dérivés monosubstilués de l'uréthane.
Une seule des fonctions de l'éther-sel employé entre donc en réaction.
Il n'en est pas de même lorsqu'on opère avec l'oxalate neutre d'éthyle. Le
complexe formé, détruit par l'acide chlorhydrique étendu, fournit uneoxa-
mide disubstituée symétriquement :
R— NH— Mgl
/NH— R
C-NH— R
COOCMP
R— NH— MffI
\0— Mg— I ^^ ,,
1 + =
/0-Mg-l
C00C-II5
R_NI1-Mgl
G- NH-R
R_NH-MgI \NH— R
/NH-R
G— NH-R
\0-Mg-
-I H Cl GO-NH-R
+ =2Mg/j" -haR— NH^-H 1
-1 HCI GO-NH— R
/0-Mg-
C— NH-R
\NH— R
Même avec un excès d'oxalate d'éthyle cette réaction se produit. Quel-
,|02 ACADEMIE DES SCIENCES.
qnefois cependant, il se forme, mais en très petite quantité, l'éllier oxa-
mi(|ue substitué :
CO— NH - R
1
COOC-H'.
J'ai ainsi obtenu : avec un bon rendement, la diphényloxamide, les
dicrésyloxamides ortho et para; avec un mauvais rendement, la (3-dinaph-
ihvloxamide.
Le succinate d'élhyle se comporte comme l'éther oxalique : avec l'ani-
line il m'a donné la diphénvlsuccinamide; avec la paratoluidine, la dipara-
crésylsuccinamide. Le malonale d'élbyle ne fournit pas de dérivés de sub-
stitution : agissant comme acide, par son groupement — CH" — , il déplace
simplement l'aminé aromatique de sa combinaison magnésienne.
CHIMIE PHYSIQUE. — Suf la constiuuion des sulfates chiomiques.
Note de M. Albert Colsox, présentée par M. Georges Lemoine.
Le sulfate vert provenant de la réduction par le gaz sulfureux d'une
dissolution froide d'acide chromique a pour composition après dessiccation
dans le vide (') : [Cr-(SO'')' -+- 7,5H''0]. Il renferme deux ratlicaux SO'
dissimulés et se transforme en un sel bleu-turquoise [Cr^(SO'')'4-ioH'"'0]
(pii ne contient plus qu'un radical SO' dissimulé (^Comptes rendus , décembre
1905, p. 1020).
Ces deux corps sont intermédiaires entre le sulfate violet ordinaire, dont
l'acide réagit en totalité sur le chlorure de baryum et un sulfate inconnu,
dont l'acide serait entièrement dissimulé et dont je me propose d'établir
l'existence.
Sul J'aie iri-dissimulé. — Au lieu d'opérer dans la glace, je fais congeler
une dissolution d'acide chromique et je la sature de gaz sulfureux en
maintenant constamment vers 4° au-dessous de zéro la température du
mélange. La dissolution obtenue est verte. Son examen cryoscopiqiie
indique une condensation de 3"°' sulfuriques sur Cr^, comme pour les sels
précédents. Évaporée dans le vide sec aussitôt sa préparation terminée,
elle donne des écailles de formule [Cr-(SO'y -+- GH-O]. Une molécule
(') Comptes re/idiis, mai 190.J, ]>. j4.5i.
SÉANCE DU 12 l'KYlilER 1906. 4o3
dissoute, totalement décomposée par la potasse en dissolution, dégage
environ 60 grandes calories.
Enfin, en traitant immédiatement par le chlorure de baryum cette disso-
lution rapidement amenée à une température ambiante de 7° à 8°, j'ai
constaté que :
i" o™'",4BaCl-diss.-i-i'^°iCr-(SO'')'diss. dégagent 2^"', 25;
2° Qu'une nouvelle addition de BaCl^ reste sans effet thermique.
En répétant la même opération sur une autre portion du même sulfate
conservé pendant 24 heures à 8°, j'ai trouvé :
ï° Que a X o'"°',4BaCP dégagent 2 x 2^'', 8 =^ 5<^='',6o;
2° Qu'une nouvelle addition de o'"'*',2BaCl- dégage i^^', 10.
Donc la liqueur initiale, même à 8", ne renferme pas o'"°',4S0'' d'acide
précipitable, car elle eût dégagé 2^"', 8 et non 2^"', a5. Le sel obtenu con-
tient par conséquent plus de 2"'°',GS0* à l'état dissimulé. Mais je n'ai pu
constater la dissimulation tout à fait complète du troisième radical SO'.
Elle s'évanouit trop rapidement : même à 0°, le volume des dissolutions
varie assez vite.
Ici encore, à mesure que l'état dissimulé disparaît, il y a fixation d'eau à
l'intérieur de la molécule saline. Ayant abandonné, vers 8", au voisinage
du liquide destiné à la calorimétrie, un dilatomètre plein de la dissolution
primitive, j'ai constaté, au bout de 24 heures, une diminution de volume
d'environ 1 i™' par molécule de sulfate, soit ~ ou o'"°',6i H-0, Or la pro-
portion d'acide dissimulé qui a disparu corrélativement est précisément
d'enviroa o"'°',6o, si on la calcule d'après les déterminations thermochi-
miques précédentes et si l'on tient compte de la proportion salifiée à l'ori-
gine de l'expérience. Donc : L'acide dissimulé disparaît en proportion de
l'eau de constitution (jiii se fixe sur le sel.
Par des mesures volumétriques analogues, je me suis assuré qu'inverse-
ment l'état dissimulé apparaît à mesure que l'on élimine l'eau de constitu-
tion des sulfates proprement dits. De là résulte que, si l'on représente
arbitrairement le sulfate tri-dissimulé par la formule Cr'-(SO^)', le sulfate
vert deviendra Cr'-(SO'')^ H-0, tandis que le sulfate bleu turquoise sera
Cr-(SO'')'(II-0)- et que le sulfate violet pourra s'écrire Cr-(SO'')'(n'0)».
Sulfates acides. — Pour mettre ces formules en rapport avec la valence
du chrome, c'est-à-dire avec la forme dérivée de l'oxyde Cr"0*, le moyen
le plus simple consiste à remplacer un groupe divalentSO' par les radicaux
monovalents (SO'H) et (OH), de sorte que le sulfate violet ordinaire de-
vient (OHjHli-^SO'H)'. Cette forme conduit à la conceptioi) de sulfates
/|04 ACADÉMIE DES SCIENCES.
acides tels que (OH)'-Cr=(SO*H)' ou encore Cr*(SO*H)\ etc., dans les-
quels l'acide ne serait pas dissimulé.
Ces corps paraissent, en effet, se former quand on réduit par le gaz
sulfureux une dissolution concentrée et froide d'acide chromiqne dans
l'acide sulfurique. En opérant sur un mélange [2CrO'+ 3S0MI'], étendu
de son poids d'eau, j'ai obtenu un magma qui, essoré, lavé avec peu d'eau
et séché sur plaque poreuse, laisse un corps vert de formule
[(OH)2Cr='(SO^H)* + ioH='0].
Dans ce .sel, la quatrième molécule d'acide semble être fixée avec absorp-
tion de chaleur, attendu que l'addition d'une molécule KOH au sel étendu
dégage i6"',7 tandis qu'elle ne donnerait que i5'''',7 au contact d'acide
libre. Ajoutons que ce corps, par sa préparation et par ses autres proprié-
tés, diffère de l'acide chromosulfurique découvert par M. Recoura.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur l'existence des bicarbonates dans les eaux miné-
rales, et sur les prétendues anomalies de leur pression osmotique. Note de
MM. L.-C. Maillard et Lucien Graux, présentée par M. Armand
Gautier.
Il existe un grand nombre d'eaux minérales chez lesquelles l'abaisse-
ment cryoscopique semble à première vue assez faible, si on le met en pa-
rallèle avec le chiffre de leur minéralisation totale, notamment lorsque
celui-ci englobe l'acide carbonique libre ou sous forme de bicarbonates.
Des médecins hydrologues, se souvenant qu'une solution de 9^ environ de
Na Cl par litre est isotonique aux liquides de l'organisme, qui se congèlent
il — o",5G, pensant trouver entre l'abaissement cryoscopique de l'eau et le
chiffre de sa minéralisation totale le même rapport qu'entre l'abaissement
o°,56 et le poids de 9^, ont été surpris de trouver un abaissement expéri-
mental plus fiiible que le chiffre attendu. Ils ont ainsi supposé que ces eaux
devaient se trouver dans un état hyDOtonique particulier, leur pression
osmotique étant inférieure à ce que ferait prévoir l'analyse chimique.
Partant de ces mêmes considérations, l'un de nous(') avait cru expli-
quer ce phénomène eu admettant que ces eaux renfermaient seulement
des carbonates neutres, à l'exclusion des bicarbonates et que l'acitlc car-
(') Licii-N Graix,. Coiji/iles rendus, t. CXLII, i5 janvier 1906. p. 166.
SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1906. 4o5
bonique libre ne comptait pas dans l'établissement de la pression osmotique.
En présence de ces conclusions, peu en harmonie avec ce que l'on savait
jusqu'ici de la forme des carbonates dissous, nous avons jugé toutefois que
la question méritait une étude plus approfondie. Si l'on peut baser le calcul
"lobai sur le rapport ?.2JL^ lorsqu'il s'agit de sels ayant à peu près le même
poids moléculaire que Na Cl et ionisés comme lui, on n'en a plus le droit
lorsqu'on a affaire à des sels de poids moléculaire différent. Dans le cas
d'une eau minérale, il est nécessaire de calculer individuellement la part
qui doit revenir, dans l'établissement delà pression osmotique, à chacun
des constituants révélés par l'analyse.
Nous avons pris comme exemple celle même eau de Chatel-Guyon (source Gubler,
analyse de M. Magnier de la Source) qui avait servi dans la Note citée ('). Pour
chaque espèce, divisant la quantité du sel contenue dans i' par son poids moléculaire,
on obtient le nombre de molécules-grammes par litre. Multipliant ce nombre de
molécules-grammes par le nombre d'ions quepeul fournir la molécule dnns le cas (très
voisin de la vérité pour les eaux minérales) où la dissociation électrolytique est com-
plète, on a le nombre d' ions-grammes par litre. Il suffit de totaliser les nombres
relatifs aux. différentes substances de l'analyse pour avoir le total des particules agis-
sant dans la détermination de la pression osmotique. Pour le calcul, les sels neutres
ont été considérés comme ionisés à 100 pour 100, GO- et SiO^ ont été calculés
comme molécules entières-, quant aux bicarbonates, on peut admettre appioxima-
tivement, ce que confirme la cryoscople de solutions étendues de NaUCO'*, qu'une
seule de leurs deux fonctions est dissociée.
Tableau I. — Chatel-Guyon {source Gubler, analyse de M. Magnier de la Source).
Poids Nombre Nombre Nombre
(le (le d'ions d'ions-gr.
Substances Poids substance niolcc.-gr. par par
dissoutes. Formules. moléculaire, par litre. par litre. molécule. litre.
-\cide carbonique libre. GO- 44 1,1120 0,02.527 (i) {0,02527)
(Chlorure de magnésium. MgCl- ()5,2G i,563o o,oi64i 3 0,04923
Chlorure de sodium ... . NaGl 58,5 i,633o 0,02791 ^ o,o5582
Bicarbonate de chaux . . Ga (O.GO.OH)- 162 2,1796 o,oi345 3 o,o4o35
» de soude . . Na O.GO.OH 84 0,9050 0,01 137 2 0,02274
» de fer Fe(O.GO.OH)- 178 o,o685 o,ooo38 3 0,001 14
» delilliine.. LiO.GO.OH 68 0,0194 0,00029 2 o,ooo58
» dépotasse. KO. GO. OH 100, i5 o,2583 0,00208 2 o,oo5i6
Sulfate de chaux CaSO* i36 0,4990 0,00367 2 0,00704
Silice SiO- 60,4 0,1108 o,ooi83 (i) (o,ooi83)
Nombre total de particules-grammes par litre 0,20946
(') Comptes rendus, t. GXLII, p. 166.
G. R., 1906, I" Semestre. (T. GXLII, N° 7.) 54
4o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le calcul montre donc que le nombre total des particules-grammes dissoutes dans i'
pour la source Gubler serait 0,2095. Or on sait, d'après les travaux, de Raoult, que
I molécule-gramme (ou ion-gramme) ajoutée à loos d'eau produit un abaissement
cryoscopique de 18°, 5 et, ajoutée à tooos d'eau, un abaissement de i^jSS. Tel est, à très
peu près, l'abaissement produit par i molécule-gramme dans i'. La légère erreur de ce
chef et celle commise en admettant que les sels de l'eau minérale sont dissociés dans la
proportion de 100 pour 100 tendent à exagérer légèrement l'abaissement calculé. Nous
pouvons donc dire, avant toute expérience et en appliquant simplement à l'eau de
Chatel-Guyon les lois connues de la cryoscopie, que cette eau doit avoir un A légèrc-
nienl inférieur à i°,85 x 0,2096 ::=o'',388.
Or l'expérience (') donne Ar=o°,338. On ne saurait exiger, semble-l-il. une concor-
dance plus satisfaisante.
Voulant savoir d'autre part à quels résultats conduirait l'hypothèse où les carbonates
neutres seuls existeraient dans l'eau et où CO- n'aurait pas d'influence sur la pression
osmotique, nous avons exprimé en carbonates neutres les bicarbonates de l'analyse et
refait le même calcul que ci-dessus :
II. — Chatel-Guyon {source Gubler, analyse exprimée en carbonates).
Substances dissoutes. Formules.
(Ihlorure de magnésium. MgCl*
1) sodium .... NaCl
Carbonate de calcium . . CaCO^
» sodium... Na^CO'
.) fer FeCO^
» lithium... Li^CO^
» potassium. K'CO^
Sulfate de calcium CaSO*
Silice SiO^
Nombre tolal de particules-grammes par litre .... o, 16012
Le nombre total de particules-grammes par litre, dans l'hypothèse des carbonates,
serait donc o,i63i, correspondant à A^ri^jSS x o,i63i =: o",3o2. Ce chifl're n'est pas
non plus bien éloigné du chiffre expérimental o'',338; mais c'est un maximum théo-
rique qui ne peut être dépassé, et les corrections qu'il devrait subir sont de sens tel
qu'elles accentueraient l'écart. La concordance est donc ici moins bonne que dans le
cas des bicarbonates.
On voit, d'après cet exemple, que les résultats cryoscopiques ne s'op-
Poids
Nombre de
Nombre
Nombre
Poids
de substance
mol.-gr.
d'ions
d'ioiis-gr.
moléculaire.
par lilre.
par litre.
par moléc.
par lilre.
90,26
1 ,563o
o,oi64i
3
0,04923
58,5
I ,633o
0,02791
2
o,o5582
100
1,3454
0,01345
2
0,02690
106
0,6021
o,oo568
3
0,01704
116
o,o446
o,ooo38
2
0,00076
74
0,0095
0 , 000 1 3
3
0,00039
i38,3
0,1751
0,00127
3
o,oo38i
i36
0,4990
0,00367
2
0,00734
60,4
0, 1108
0,001 83
(1)
(0,001 83)
(') Lucien Gralx, loc. cil. Le chill're des millièmes ne saurait être garanti d'une
manière précise.
SÉANCE DU 12 FF.VRIER 1906. l\0']
posent en rien, au contraire, à la notion admise jusqu'ici de l'existence des
bicarbonates dans les eaux. De plus, l'application judicieuse des lois de la
cryoscopie aux eaux minérales fait disparaître les prétendues anomalies de
la pression osniotique auxquelles aurait fait croire un calcul trop schéma-
tique.
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur un mode nouveau d'extraction de l'huile
de badiane. Note de M. Pu. Eberhardt, présentée par M. Gaston
Bonnier.
Oiî a jusqu'à présent adntiis que l'huile de badiane était extraite en Chine
d'un lllicium dénommé anisatum par I^inné, renommé plus tard de la même
façon par Loureiro, et qui n'est autre en réalité que Ylllicium religiosum
I^ieb., du Japon; or, ainsi que je l'ai démontré récemment ('), il n'en est
rien, Ylllicium auquel on s'adresse pour cela étant V lllicium verum décrit
par Hooker, le seul d'ailleurs qui soit cultivé dans le sud de la Chine et le
nord du Tonkin.
Non seulement Vlllicium anisatum dont on rencontre quelques exem-
plaires dans les forêts de ces régions n'est pas employé par les indigènes,
mais on doit, ainsi que l'a démontré le D"' Bretschneider, le considérer
comme une essence vénéneuse. Ce n'est que lorsque dans l'huile extraite
de Vlllicium verum on a, par fraude, mélangé de l'huile d'/. anisatum que
l'on a pu constater les phénomènes d'empoisonnement caractérisé qu'on a
signalés à la suite de l'absorption de certaines anisettes ou absinthes.
Quelle que soit, d'ailleurs, l'espèce à laquelle on ait recours pour
l'extraction de l'huile, c'est au fruit que l'on s'adresse; c'est en effet dans
cette partie de la plante et plus particulièrement dans le péricarpe, qu'est
localisée l'huile essentielle.
Au cours d'une série de recherches entreprises dans la haute région du
Tonkin, en vue de l'amélioration culturale de cette essence, dont l'avenir
me paraît digne d'attirer l'attention, j'ai été amené à faire l'étude de la
morphologie interne de ce végétal.
Or l'étude analomique de la feuille m'a montré que les cellules du
(') Pu. Eberhakut, Elude su/' la badù/ne et sa culture au Tonkin {Archives de la
Mission scientifique permanente de t' Indo-Chine).
4o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
mésophylle sont au moins aussi riches en gouttelettes d'huile que les
cellules du péricarpe.
Cette constatation faite, je me suis livré sur place à un certain nombre
d'expériences, j'ai distillé des feuilles en petite quantité, ne pouvant le faire
en grand, néanmoins les résultats furent excellents et la valeur de i'^* de
feuilles m'a donné près de deux cents gouttelettes d'une huile essentielle
très odorante et d'une belle couleur.
On peut donc extraire de l'huile de badiane des feuilles de la plante.
L'huile ainsi obtenue a un point de congélation inférieur à celui de l'huile que l'on
retire des fruits, elle se solidifie vers i3° au lieu de i6°. Mais, si l'on songe qu'en
général pour la badiane on ne peut compter au point de vue de la récolte qu'une bonne
année sur trois, que d'autre part certains fruits arrivent à produire une huile dont le
point de congélation est 18°, alors qu'à la bonne huile commerciale on ne demande que
16°. on voit l'immense avantage qu'on peut retirer du procédé que j'indique, quand ce
ne serait que pour faire des mélanges ramenant la masse totale à 16°.
En outre, cette méthode ne fatiguerait pas le végétal ; il n'en faut pas con-
clure cependant qu'on pourrait faire la cueillette des feuilles à n'importe
quel moment de l'année : une seule époque est propice et d'assez courte
durée, car il faut bien songer à ne nuire ni à l'évolution générale de l'arbre,
ni à la floraison.
Je recommanderai de faire la cueillette, une seule fois par an, vers le milieu de la saison
sèche, c'est-à-dire à l'époque où la production des éléments essentiels est à son maximum
de développement ('). Cette période présente en même temps l'avantage d'être la plus
éloignée de la floraison et de ne point porter par conséquent préjudice à cette dernière,
Il faudra faire la cueillette à la main et'prendre certaines précautions pour ne pas blesser
les bourgeons; on a tout intérêt d'ailleurs à s'adresser toujours aux feuilles les plus
âgées, celles de la base des branches et à respecter celles de l'extrémité.
On a tout avantage également à broyer les feuilles ou à les hacher avant de les dis-
tiller pour faciliter l'évasion des gouttelettes d huile pendant la distillation; de cette
façon cette dernière opération dure moins longtemps et est plus rémunératrice.
En employant ce procédé concurremment avec l'ancien on peut, sinon
doubler la production d'une année, l'augmenter au moins de près des deux
tiers.
(') Ph. Eberhardt. Iiijluence de l'air sec sur la struclure des végétaux (Comptes
rendus, août 1900).
SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1906. /^0Ç)
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur le pouvoir anliprésurant du sérum sanguin
des animaux inférieurs (Poissons et Invertébrés). Note de M. J. Sellier.
Les travaux de Helge Roden ('), Camus et Gley {-), Morgenroth (^),
Briot (') ont fait connaître l'existence, dans le sérum sanguin des animaux
supérieurs, d'un agent qui neutralise les effets coagulants de la présure sur
le lait. C'est une antiprésure présentant les propriétés des ferments so-
lubles.
Au cours de mes études sur les diastases des êtres inférieurs, j'ai trouvé
que le sérum sanguin de plusieurs groupes d'animaux possédait la pro-
priété d'empêcher la coagulation du lait par la présure. Cet agent antago-
niste présente des propriétés diastasiques. Il est détruit à 62°. Il ne dialyse
pas. Les divers sérums que j'ai étudiés possèdent à des degrés très variables
la propriété antiprésurante.
Pour faire la mesure de celle activilé, on peut procéder de deux façons :
1° Ajouter au mélange de 10'^"'' de lait el de 1'™' de sérum des doses progressive-
ment croissantes de présure et observer le moment delà coagulation du lait (méthode
de Briot).
2° Ou bien à lo'^'"' de lait contenant une quantité (a) d'une solution titrée de pré-
sure, ajouter des volumes progressivement croissants de sérum. La force antiprésu-
rante est mesurée par le volume nécessaire à annihiler l'unité de présure.
Les deux procédés donnent pour des forces moyennes des résultats comparables. Il
n'en est pas de même quand on veut mesurer l'activité faiblement antiprésurante d'un
sérum. Il est préférable alors de déterminer quel est le volume susceptible d'annihiler
une quantité.(n) de présure sous un volume constant de o""'',i à des titres faibles et
variables, mais connus.
D'où la nécessité de fixer plusieurs unités.
L'unilé de force 10 (unité très faible) est capable de coaguler 10'"'° de lait en /40 mi-
nutes à 35°. L'unité de force 1000 (unité forte) coagule iogo*^™' de lait dans les mêmes
conditions.
(') Helge RoDEiN, Upsala Lakareforenings Forhandlingar, Bd. XXII, 1887.
(') Camus et Gley, Archives de Physiologie, t. IX, 1897, p. 764.
(') MoiiGENROTH, Centralbl.f. Bakl. u. Parasit., Bd. XXVI, 1899, p. S^g.
(') Br[Ot, Comptes rendus, 1899, p. i36i, et Thèse de la Faculté des Sciences de
Paris, 1900.
4lO ACADEMIE DES SCIENCES.
Le Tableau suivant représente les forces aniiprésurantes du sérum san-
guin de diverses espèces animales :
\iiluiiie Voliiiiie
de sérum Koi-ce de séruTii
annihilant de anniitilanl
runilc Tunité l'uniti}
de prcsui-c de présure de présure Force
Espèces animales. employée. empfeyéc. deforcc looo. antiprésnranle.
nii^ fui-' im^ cni^
Torpédo marmorata (Torpille'). o,5 l'i a 5oo i à 4 looàaô
Triton PasUnaca {'Vi'ra) •? 5oo. 4 25
.,<?c///«/« (Rousselte) 3 5oo 6 i6,5
Coiiger vulgaris (Congre) i 5o 20 5
Sepia (Seiche) plus de i 5o plus de 20 moinsde.">
Octopus vulgaris (Poulpe) 0,1 1000 o. i 1000
ffomard o,3 10 3o 3,3
7lf«iV?5//«?«fir(-/o(Araignéedemer). i,5 i5 c)9 i
Cancer Pag tir II s {CvAht\.o\ir\.e^w\ 4 '" 4oo 0,2,5
HelLr F'onialia i i5 66 i,5
Zoologie. — 5;//- la faune annèliâienne de ta mer Rouge et ses affinités
Note de M. Ch. Gravier, présentée par M. Edmond Perrier.
Les Annélides Polychètes recueillies dans la mer Rouge par MM. le D'
Jousseaume, Coulière et par moi-même forment un total de ii6 espèces,
dont 70 nouvelles, appartenant à 66 genres, dont 5 nouveaux, qui se répar-
tissent en 22 familles {Nouvelles Archives du Muséum, igoo, 1901, 1906,
18 planches, l\Ç)0 figures dans le texte). Si l'on ajoute à cette liste une cin-
quantaine d'autres espèces trouvées dans la même mer par Savigny,
Ehrenberg et von Frauenfeld, on peut estimera 170 environ le nombre des
espèces de Polychètes actuellement décrites et provenant de cette région,
ce qui représente vraisemblablement à peine la moitié des formes qui
constituent la faune annélidienne de la mer Rouge.
Malgré les lacunes qu'elle présente, cette première contribution donne
lieu à quelques observations qui, bien que n'ayant qu'un caractère provi-
soire, qu'une valeur absolument actuelle, ne sont cependant pas dénuées
d'intérêt à divers points de vue.
Rappelons tout d'abord que certaines espèces récoltées pour la première
fois par Savigny ou par Ehrenberg da ns la mer Rouge et non revues depuis,
SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1906. 4ir
oiiL été retrouvées et décrites à nouveau d'une manière plus approfondie
(Nereis nu7itia Savignv, Eiinice /IcrccidaEhrenherg-Gruhe, etc.).
Si l'on fait alisliaclion des espèces nouvelles, que rien n'aulorise à regarder comme
autochtones, la mer Rouge se montre, au point de vue des Annélides Polycliètes, ce
qu'elle est au point de vue géographique, c'est-à-dire comme une dépendance de
l'océan Indien. Elle possède un noyau d'espèces qui se retrouvent un peu partout dans
la zone lorride, tout autour du globe. Cette remarque s'applique d'ailleurs aux autres
groupes d'Invertébrés de la même mer. Four n'en donner qu'un exemple, il suffit de
remarquer que sur 20 espèces de Géphyriens que j'ai rapportés du golfe deTadjourah,
Hérubel en compte 9, soit près de la moitié, qui existent aux Philippines ou aux îles
de la Sonde.
Parmi les espèces appartenant à d'autres mers qu'à l'océan Indien il en est quelques-
unes qui méritent une mention particulière : ce sont celles qui vivent aussi sur la côte
occidentale d'Afrique, à peu près à la même latitude que Djibouti et qu'on ne connaît
jusqu'ici que sur les côtes de ce continent; telles sont la Glycera a/'/7'ca«a Arwidsson,
la Goniada mullidentala Arwidson, VAricia Chei'alieri P. Fauvel et la Loimin
niedusa Savigny. Les travaux de P. Langerhans relatifs aux Annélides de Madère et
des Canaries, de P. Fauvel et du baron de Saint-Joseph pour celles de l'embouchure
de la Casamance, de von Marenzeller pour celles d'Angra Pequena (Afrique occiden-
tale allemande), de Mac Intosh pour celles du cap de Bonne-Es])érance et mes propres
recherches pour celles de la mer Rouge ont montré qu'un certain nombre d'espèces de
l'océan Atlantique et de la Méditerranée ont contourné les côtes de rAfri(|ue et
habitent le littoral oriental comme le littoral occidental de cette partie du monde. Il
n'est donc nullement nécessaire de faire intervenir ici, comme on l'a souvent fait en
pareille circonstance, des mers hypothéti((ues disparues à des époques plus ou moins
reculées pour exj)liquer la similitude des faunes marines des côtes d'un même conti-
nent, situées à la même latitude, mais séparées les unes des autres par des milliers de
kilomètres. Bien qu'il s'agisse ici d'animaux relativement sédentaires, s'éloignant peu,
en général, de l'endroit où ils se sont développés, ce fait ne doit pas surprendre si l'on
observe que les larves de Polycliètes sont pélagiques et peuvent être portées par les
courants côtiers loin de leur point d'origine.
Dans la zone lorride, les caractéristiques climatériques et, par suite, les
conditions d'existence des animaux qui y vivent présentent une stabilité plus
g;rande que partout ailleurs; on peut être tenté d'attribuer à cette cause
Ihomogénéité plus grande de la faune marine dans les régions tropicales
que dans les autres parties du globe. Mais on doit remarquer qu'une
pareille similitude s'observe dans les mers de l'hémisphère sud. Ehlers
a montré récemment (1904) que la faune des Polychètes néo-zélandais offre
des affinités d'une part avec celle de l'Afrique du Sud, d'autre part avec
celledudétroitdeMagellan. Certainesde ces espèces « eurypacifiques « sont
4 12 ACADÉMIE DES SCIENCES.
communes aux trois régions pourtant éloignées les unes des autres de plu-
sieurs milliers de kilomètres; telles sont : iXereis vallata Grube, Thelepus
rugosus Ehlers.
On connaît maintenant dans divers groupes d'Invertébrés des espèces
qui se trouvent dans toutes les mers. Il semble donc que, à mesure que
nos connaissances s'étendent, les « provinces zoologiques », que l'on s'in-
géniait à délimiter aussi rigoureusement que possible, se fusionnent peu
à peu, même pour les groupes les plus sédentaires. Il ne paraît pas en être
de même, actuellement du moins, pour les faunes abyssales, comme le font
remarquer Rœhler et Vaney dans leur beau Mémoire sur les Holothuries
de Vlnvesligator. Ainsi, deux parties voisines d'un même océan, l'ar-
chipel de la Sonde d'une part, le golfe du Bengale et la mer d'Oman d'autre
part, possèdent des faunes d'Holothuries très différentes. Le même fait a
été constaté pour d'autres animaux. Les faunes abyssales, au lieu d'avoir
le cosmopolitisme qu'on leur a attribué quelquefois, se montreraient plus
ou moins localisées. Si ces résultats se généralisaient, il en résuller.iit que,
tandis que les formes littorales seraient plus ou moins vagabondes et mi-
gratrices, celles des grands fonds seraient beaucoup plus sédentaires. Mais
il serait prématuré et téméraire de ramener les choses à une formule aussi
simple, car les points explorés par les expéditions scientifiques qui se mul-
tiplient tant à l'étranger ne représentent encore aujourd'hui qu'une por-
tion infime de la surface occupée par les mers sur le globe.
HISTOLOGIE. — Les glandes sa/ivaires de l'Escargot (^Helix pomatia). Note
de MM. Pacait et P. Vigier, présentée par M. Joannes Chatin.
On décrit généralement, chez l'Escargot, une seule paire de glandes
salivaires, organes aplatis et lobés, d'aspect foliacé, disposés à la surface
de l'œsophage et de la partie antérieure de l'estomac, et déversant leiu-
produit dans la cavité buccale par l'intermédiaire de deux longs canaux
excréteurs, qui s'abouchent dans la paroi supérieure du bulbe buccal, de
chaque côté de l'œsophage. En réalité, l'appareil salivaire de l'Escargot est
plus com[)lexe : la salive résulte du mélange delà sécrétion des deux glandes
salivaires proprement dites et de celle de Aewx. organes, découverts par
Nalepa (i883) et, depuis, à peu près complètement oubliés, car nous ne
les avons vus mentionnés par aucun des auteurs qui ont étudié les glandes
salivaires des Mollusques, si ce n'est par Amaudrut (i8g8).
SÉANCE DU ra FÉVRIER 1906. 4'^
Ces organes, que nous appellerons glandes de Nalepa, sont logés sjmélriquement
dans la paroi même du bulbe, sur le trajet des canaux des glandes proprement dites.
Us résultent de la juxtaposition d'un grand nombre de glandules unicellulaires, lon-
guement pédiculées, qui débouchent toutes directement et séparément dans chacun
des deux canaux excréteurs des glandes salivaires. Les corps de ces cellules, reportés
à la périphérie, forment autour de chaque canal un manchon glandulaire, parfois sub-
divisé par la pénétration du tissu conjonctif ou des fibres musculaires du bulbe. Mais
ce n'est là qu'une pseudolobulation ; car, dans chacun des amas ainsi délimités, il n'y
a pas de voie d'excrétion commune aux cellules qui le composent, et qui, toutes,
déversent leur produit directement dans la lumière du canal salivaire (i;hez Hélix
pomalia, H. aspersa).
Le mode suivant lequel ces cellules se sont dilférenciées de l'épithélium de revêtement
du canal, est le même que celui suivant lequel se différencient les cellules des glandes
salivaires proprement dites. Comme nous avons pu nous en assurer par l'étude histo-
logique d'un grand nombre de ces organes, la glande salivaire proprement dite est le
siège d'une rénovation incessante de ses éléments sécréteurs, rénovation plus ou moins
rapide, suivant les conditions physiologiques des animaux étudiés. A mesure que les
cellules usées, épuisées, dégénèrent ou se transforment, déjeunes cellules se différen-
cient aux dépens de l'épithélium même des canaux excréteurs, sur tout le trajet des
branches de moyen et de petit calibre, qui se ramifient dans l'organe. Ce mode de ré-
novation a été jusqu'ici méconnu, les autenis qui nous ont précédés ayant en vain
cherché des figures de karyokinèse dans cet épithélium. En réalité, c'est par un tout
autre processus que s'effectue la multiplication des éléments épithéliaux qui se diffé-
rencieront en cellules glandulaires. Nous avons observé, en effet, de très nombreux
noyaux en cours d'amitose, disséminés le long des voies d'excrétion dans le paren-
chyme de la glande. Nous avons constaté également que certaines des cellules, ainsi
nées de l'épilliélium des canaux par division directe, s'accroissent, débordent par leur
base les cellules voisines, épilhéliales, s'enfoncent et se différencient en éléments sécré-
teurs, tout eu restant reliées à la lumière du canal par un pédicule plus ou moins
étiré, qui représentera la voie première d'émission du produit.
Il en résulte que, dans la glande salivaire proprement dite, les cellules
sécrétrices sont disséminées, intercalées entre des éléments épithéliaux de
revêtement et que la glande tout entière est un agrégat de glandules
unicellulaires à fonctionnement en quelque sorte indépendant. Il n'est
pas possible de reconnaître dans le parenchyme de l'organe des segments
purement sécréteurs ou purement excréteurs. La glande salivaire de l'Escar-
got se distingue donc d'une glande composée (acineuse ou tubuleuse) ordi-
naire, par la différenciation diffuse de l'épithélium et le défaut de synchro-
nisme dans l'évolution des éléments sécréteurs.
La constitution de la glande salivaire proprement dite étant ainsi inter-
prétée, celle de la glande de Nalepa n'a rien qui puisse surprendre. L'une
C, R., 190G, I" Semestre. (T. CXLII, N» 7.) 55
4l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et l'autre sont formées de gland nies unicellulaires résultant de la différen-
ciation locale de l'épithélium du même canal salivaire.
La communauté d'origine de ces deux glandes s'affirme en outre par les
caractères de leurs éléments sécréteurs, qui sont fondamentalement les
mêmes. Dans l'une et dans l'autre, nous distinguons en effet des muco-
qytes et des zyniocytes, qui élaborent du nmcus et des ferments, et dont les
phases d'évolution sont très comparables d'une glande à l'autre. Il y a bien
entre les cellules des deux glandes des différences de forme; mais nous
croyons pouvoir les rapporter à des différences dans les conditions de
milieu où elles évoluent. C'est ainsi que, dans la glande proprement dite,
les cellules non gênées dans leur développement et librement baignées par
rhémolymphe, sont globuleuses, rattachées aux ramifications des canaux
excréteurs par un pédicule court, tandis que, dans la glande de Nalepa,
les cellules comprimées entre les faisceaux conjonctifs ou musculaires ds
la paroi du bulbe fusent dans la profondeur.
Mais ces différences ne sont pas suffisantes pour empêcher de considérer
la glande salivaire proprement dite (topographiquement postérieure) et
la glande de Nalepa (topographiquement antérieure) comme le résultat de
la différenciation locale d'une même invagination épiihéliale.
Aussi, bien qu'elles soient, au point de vue purement descriptif, parfaite-
ment séparées et individualisées, nous ne pouvons pas homologuer les
glandes de Nalepa avec les glandes salivaires antérieures, génétiquement
distinctes, qui existent chez d'autres Gastéropodes, en particulier chez cer-
tains Prosobranches. Pour les mômes raisons (similitude d'origine et de
structure), nous repoussons* l'hypothèse d'Arnaudrut,qui tend à considérer
ces amas glandulaires comme les homologues des poches buccales des
Diotocardes. Si l'on devait retrouver chez les Pulmonés l'homologue de
poches buccales, nous le verrions bien plutôt dans la dépression con-
stante, en forme de sillon, au fond de laquelle s'ouvre le canal salivaire
et qui, d'autre part, communique largement avec la cavité buccale.
PATHOLOGIE. — Mécanismes des modalités pathologiques spéciales à chaque
organe au cours d'une maladie générale. Note de M. A. Charri.v, pré-
sentée par M. E. Roux.
Les manifestations pathologiques d'un agent morbifique spécial, évoluant
au sein d'une économie déterminée, fréquemment varient d'un organe à
SÉANCE DU 12 KÉVRIER 1906. 4l5
l'autre. C'est ainsi qu'ordinairement ulcéreuse dans les poumons, par
contre dans le foie, à moins de se localiser au niveau des voies biliaires,
la tuberculose provoque, en général, des lésions de dégénérescence habi-
tuellement graisseuse. Plus souvent même qu'on ne le pense, au cours de
celte affection, l'élément auatomique caractéristique, la granulation, peut
faire défaut; d'autre part, cette granulation est susceptible de se dévelop-
per non seulement eu dehors de l'action du bacille de Roch, sous l'in-
fluence d'autres parasites ou de poudres inertes, mais aussi en l'absence
de tout élément figuré.
Les diversités analomiques ou fonctionnelles des viscères atteints, la
nature de la porte d'entrée du virus, l'état de ce virus, les modalités réac-
tionnelles des tissus, de nombreux facteurs conditionnent les différences
de ces modifications anatonio-pathologiques. Toutefois, si, en elles-mêmes,
ces différences sont assez connues, les mécanismes qui jjrésident à leur
genèse demeurent obscurs. Aussi est-il intéressant, à l'aide d'une série
d'observations et d'expériences, de tenter d'éclairer la question.
«. Chez un animal contaminé pai' un champignon (Slearophora radicicolà), evaminé
comparativement au rein, le foie ollre des altérations plus accentuées. Or, soit en ana-
lysant parallèlement les phénomènes qui se succèdent dans des cultures de ce champi-
gnon, dont, par leur teneur, les unes se rapprochent de la constitution du parenchyme
hépatique et les autres de celle du tissu rénal, soit en examinant avec détails létat des
deux viscères en cause, on se rend partiellement compte des mécanismes qui, d'un
appareil à l'autre, entraînent une disparité de lésions.
Dans ces cultures du premier groupe, qui, par leurs hydrates de carbone, leur gly-
cûgène, etc., sont plus ou moins analogues aux plasmaj de la glande biliaire, la végé-
tation est plus riche, la morphologie plus développée, rélaboralion des matériaux nu-
tritifs plus rapide, la variété des produits nocifs formés (acides lactique, acétique,
butyrique, alcool, etc.) plus considérable que dans les milieux rappelant par leur
composition (urée, substances protéiques. etc.) le terrain rénal. D'autre pari, rencon-
trant dans le foie, comme dans cette première catégorie de bouillons, des aliments
jjréférès, relativement aisés à métamorphoser, le champignon évolue plus vite que
dans le rein; il se présente sous la forme d'éléments ovoïdes (en général les seuls sai-
sissables dans la glande urinaire) mélangés à des filaments qui, grâce à leur nombre
et à leur longueur, désagrègent les travées de l'organe. En outre, à l'exemple des hy-
drates de carbone des premières cultures, faciles à transformer, les principes constitu-
tifs de c'et organe se prêtentégalement à l'élaboration de composés acides ou éthyliques.
Ainsi, quelle que soit la pathogénie envisagée (action directe du parasite, épuisement
du terrain, processus toxiques, etc.), au point de yue de l'intensité ou de la nuture des
interventions, cette pathogénie s'exerce dans l'un des parenchymes autrement ([ue dans
l'autre : de là, dans les résultats, de fatales inégalités.
4l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
h. Au cours d'à fff^c lions nullement parasitaires, l'analvse des phéno-
mènes conduit à d'analogues conclusions. Par exemple, chez des fœlus
humains macérés ou chez des femelles en gestation dont on a lié l'utérus,
quand on compare entre elles les modifications hépatiques et rénales, ordi-
nairement les premières apparaissent plus profondes. Dans ces conditions,
le complexus pathogénique est aussi réduit que possible. Cependant, tout
en excluant les agents extérieurs, in ulero la situation anatomique du foie
autorise à redouter l'action de substances nuisibles d'origine maternelle.
Mais, en mettant en parallèle les dégradations successives observées dans
des fragments de foie et de rein conservés aseptiquement, dans du sérum
isotonique, on note de semblables disparités, dont les mécanismes se rat-
tachent partiellement aux éléments qui constituent chacun de ces tissus.
L'arrêt de la circulation et de l'influx nerveux détermine les désordres
initiaux, aggravés par la mise en jeu de principes nocifs tels que des fer-
ments du sang. La diffusion do ces facteurs tenant aux ajipareils circula-
toire ou nerveux explique pourquoi, au début des processus morbides,
dans les difFérents viscères, nombre de lésions (hyperémie, thrombose,
œdème, état grantileux des protoplasmas, etc.) se ressemblent plus ou
moins. Puis, la succession des altérations {in vii>o comme in vitro) entraîne
la dislocation des cellules dont le contenu s'échappe, de telle sorte qu'à
partir de ce moment, d'un appareil à l'autre, matériaux à transformer et
agents transformateurs offrent des dissemblances. Sans doute, dans cha-
cune des glandes hépatique ou rénale agissent des ferments oxydants ou
protéolytiques, des peptones, de la leucine, de la Ivrosine, de la xan-
thine, etc.; mais l'intensité d'action de ces composés n'est point toujours
et partout uniforme; en particulier, dans le foie, le principe protéolytique
est souvent plus actif que la trvpsine. D'ailleurs, l'inéijalité des tares tient
de préférence aux substances que ce foie contient seul ou qu'il renferme
dans des proportions plusconsidérables(cliolestérine, jécorine, lécilhines,
composés amylacés, glycogène, globulines variées, etc.). De certains de
ces corps dérivent de multiples acides (Levv, Waldvogel) et de l'alcool
(Stoklasa).
De telles dissemblances dans les éléments morbifiques expliquent les
inégalités soit des altérations, soit des symptômes (fièvre, amaigrisse-
ment, etc.), qu'engendrent cesproduitsde l'autolyse; spécialement l'abon-
dance relative des acides et des nucléohistones hépatiques modifie les
échanges et les coagulations (Nurnberg).
SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1906. 417
L'évolution des phénomènes morbides subit également, au sein de
chaque appareil, des influences particulières. C'est ainsi que les matières
minérales (fer, chaux) de la glande biliaire hâtent les oxydations. D'un
autre côté, suivant l'âge des lésions, des dégénérescences, ici tels principes
(catalase, oxydase, sucrase, etc.) disparaissent, tandis que là tels autres se
révèlent, changements entraînant la mobilité d'aspect des accidents.
En définitive, en dehors des désordres généraux (circulatoires, nerveux,
thermiques, etc.), relevant d'agents (microbes, toxines, poisons), souvent
non étroitement localisés, au cours d'un affection iébrile ou non, d'un
viscère à l'autre interviennent des éléments pathogènes variables. Chaque
organe fait, en partie, la maladie à sa f;içon : plus que jamais le rôle du
terrain se manifeste.
M. Robert Odier adresse une Note Sur le traitement des tumeurs malignes
m pat licuUer et des tumeurs en mie de développement par V injection de liijuides
organiques riches en ferment glycolytique.
(Renvoi à l'examen de la Section de Médecine et Chirurgie.)
A 4 heures l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures et demie.
M. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 29 janvier 1906.
(Suite.)
Statistique sanitaire des villes de France pendant Vannée 1904 et Tableaux réca-
pitulatifs des années i 886 à 1904 ; 19' année; piililiée par la Direction de l'Assistance
cl de l'Hygiène publiques. Melun, 1905 ; i vol. in-8°.
L' Enseignement mathématique, revue internationale paraissant tous les deu\ mois,
/il 8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dirigée par MM. C.-A. Laisaxt et H.^Feiir; VHP année, n" 1, i5 janvier 1906. Paris,
Gauthier-Villars, el Genève, Georti et G'"; i fasc. in-8".
Annales des maladies de l'oreille, du larynx, du nez el du pharynx: t. XXXIl,
n° 1, janvier 1906; Paris; i fasc. in-8°.
Ligue nationale contre l'alcoolisme : L'Etoile bleue, revue mensuelle; :jO= année,
n" 1, janvier 1906. Paris; i fasc. iii-4°.
Anregung suni Studiuni der auf Capillarilàls- und Adsorplionserschcinungen
beruhenden Capillaranalyse, von Frederick Goppelsroeder. Base!, 1906; i vol. in-S".
M. E. PocHMANN adresse une série d'Opuscules contenant des études sur l'almosplière.
M. F. -P. Gulliver adresse une série d'Opuscules relatifs à des études géologiques.
Wann und warum sehen wir Farben? Ein Beitrag /,ur Faibenlelire, von Karl
Weidlich. Leipzig, J.-J. Weber, 1904; i fasc. in-S".
Anuario astronomico nacional de Tacubaya para el ano de 1906, ano XXVL
Mexico ; i vol. in-i 2.
Regenwaarnemingen in Nederlandsch-lndie, zes en t\vintit;ste jaargang, 1904.
Batavia, 1905; i vol. in-4°.
Report of the meteorological Service of Canada\ hy H. -F. Stuparï, Director,
Toronto, /o/' the year ended decenibcr 01, igoS. Ottawa, 1904; 1 vol. in-4°.
Acta et commentationes Imp. Universilatis Jurievensis; 1904, n"^' 1-6. Juriev,
1904; 6 fasc. in-8°.
Ouvrages reçus dans i.a séance du 5 février 1906.
Évolution de la puissance des navires de guerre, par L.-E. Bertin, Membre de
l'Institut. (E\tr. de la Revue des Deux Mondes du i"'' décembre 190.5 el du i" janvier
1906.) Paris, 1906; I fasc. in-S". (Hommage de l'auteui'.)
A la poursuite d'une ombre : L'éclipsé totale de Soleil du 3o août 1905, compte
rendu des observations de la Société astronomique Flammarion de Montpellier, par
M. MoYE. Montpellier, G. Firmin, Montane et Sicardi; i fasc. in-8°.
f^es tremblements de terre et les systèmes de déformation tétraédrique de Vécorce
terrestre, par F. de Mo.\tessus de Ballore. {Annales de Géographie; XV'' année, n° 79,
i5 janvier 1906.) i fasc. in-B".
Journal de Mathématiques pures et appliquées: série VI, publié par Catulle Jordan,
Membre de l'InstiliU; Tome II, n° 1. Paris, Gautliier-Villars, 1906; i fasc. in-4°.
La Géographie, Bulletin de la Société de Géographie, publié tous les mois par le
Baron Hulot el M. Charles Rabot; l. XIII, n" 1, année 1906. i5 janvier. Paris, Masson
et G'", 1906; 1 fasc. in-4°.
Le Rapporteur médical, Revue inleiiiationale el trimestrielle de Médecine; Rédac-
en chef : A. -Georges Migot; i'^' année, n° 1, janvier 1906; i fasc. in-8°.
Le Mexique, son évolution sociale: tome I, 2" partie. Mexico, J. Ballesca et G"',
1900; j vol. in-f'\
I contribution lo the Oceanography of the Pacific, by Jambs-M. Flint. {Bull, of
the U. S. national Muséum, n° 55.) Washington, 1906; i fasc. in-8°.
SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1906. 4u)
Monograph of ihe Bomhycine Moths of JNorlh America including their trans-
formalionx and origin of the larval markings and armature. Part II. Faniily Cera-
locampidw, subfaniily Ceratocanipinœ, hy Alpheus Sprixg Packard. (!\lemoirs of
the national Academy 0/ Sciences; vol. IX.) Washington, igoS; i vol. in-4°.
Monograph on the Isopods of North America, by Harriet Richardsom. ( Bull, of
the U. S. national Utiseiini, n" ol.) Washingiou. igoS; i vol. in-8°.
Oclacnemus, by William-E. Ritter; willi tliree plates. (Bull, of the Muséum of
comparative Zoôlogy at Harvard Collège. vol.XLVI, n° 13.) Cambridge, Mass., 1906;
I fasc. in-8".
On the agglutination of bacteria, by Georges Dreyer and A.-J. Jex-Blake. (Mém.
de l'Acad. des Sciences et des Lettres de Danemark, -" série. Section des Sciences, t. I,
n" 4. Copenhague, igoâ; i fasc. in-4°.
Ouvrages reçus daks la séance du 12 février 1906.
Société d'Histoire naturelle d'Autun; XVIII' Bulletin. Autun, Dejussieu, 1900;
I vol. in-S". (Présenté par M. Albert Gaudr^. )
De l'action des différents rayons du .spectre sur les plaques photographiques .sen-
sibles. Photographie orthochromatique, par Albert Nodox. ( E\tr. des Comptes
rendus du Congrès des Sociétés savantes en igoS : Sciences.) Paris, Imprimerie
nationale, tgo5; 1 fasc. in-8°.
Ae problème du cavalier des échecs : Etude sur la symétrie latérale des deu.x
chaînes fermées , par A. Rilly. Troyes, ciiez l'auteur, s. d.; 1 fasc. in-S".
Bulletin de la Société mathématique de France: t. XXXIV, fasc. 1. Paris,
1906; I fasc. in-8°.
Nouvelles Annales de Mathématiques, journal des candidats aux Écoles spéciales,
à la Licence et à l'Agrégation, dirigé par C.-A. Laisant, C. Bourlet et R. Bricakd;
4" série, tome VI, janvier igo6. Paris, Gauthier-Villars ; 1 fasc. in-8''.
Revue de Mécanique, publiée sous la direction de M. Haton de la Golpilliêre,
Membre de l'Institut; t. XVIII, n" 1, 3i janvier igo6. Paris, H. Dunod et E. Pinal,
1906 ; I fasc. in-4°.
Annales de l'Institut Pasteur, par E. Duclaux, Membre de l'Institut; t. XX, n" 1,
25 janvier igo6. Paris, Masson et C'*, i fasc. in-S".
Bulletin de ta Société enlomologique de France, paraissant deux fois par mois;
année igo6, n° 1. Paris; i fasc. in-8°.
Assemblée générale des Actionnaires de la Banque de France, du ih janvier 1906,
sous la présidence de M. Georges Pallain, Gouverneur. Compte rendu au nom du
Conseil général de la Banque et Rapport de MM. les Censeurs. Paris, Imp. Dupuiii,
igo6; I fasc. in-4°.
{A suivre.)
420 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ERRATA.
(Tome CXX, Séance du 4 mars 1895.)
Noie de M. E.-H. Amagat, Sur la pression intérieure et le viriei des
forces intérieures dans les fluides :
Page 491, ligne i5, lises
(^_ l d(poVo) _ ^ __ î^__ . ,^
dt "' V dt dt ~ V '*^' ''
■k' ziz '\i(t')T -h C (C étaol fonction de (').
(Séance du 29 janvier 1906.)
Note de M. W. Kilian, Sur une faune d'Ammonites néocrétacée recueil-
lie par l'expédition antarctique suédoise :
Page 3o6, ligne 1 1 , au lieu de entre les îles, lisez dans les îles.
Même page, ligne 20, au lieu de G, mulliplexum Ivossm., lisez G. Varagurense
Kossm.
Page 3o8, ligne 20, au lieu de la localité de, lisez la localité l\ de.
Même page, ligne 22, au lieu de Older Seymour Insel, Beds, lisez Older Seymour
Insel beds.
iSHS)^*
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 19 FÉVRIER 1906.
PRÉSIDENCE DE M. H. POINCARÉ.
MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
GÉODÉSIE. — Détermination simultanée de deux points au moyen
des constructions graphiques à grande échelle . Note fie M. Hatt.
J'ai signalé à diverses reprises l'avantage qui résulte, pour le calcul des
positions des points topographiques, de l'emploi auxiliaire de constructions
à grande échelle qui, tout en simplifiant notablement les déterminations,
permettent de choisir à vue une solution moyenne sans passer par les opé-
rations compliquées de la compensation. Ces méthodes, proposées en
i883 ('), ont été presque immédiatement adoptées au Service hydrogra-
phique où l'usage des coordonnées rectangulaires en rendait l'application
plus facile. Rappelons en quelques mots le principe de ces déterminations :
Connaissant avec une certaine approximation, au mètre près par exemple,
la position d'un point à déterminer, on calcule aisément les orientations
des lignes joignant ce point approché aux points connus d'où il a été relevé
ou qui ont été visés à la station faite au point inconnu. Dans le premier
cas, à la différence entre le relèvement observé et le relèvement calculé
correspond un déplacement déterminé très faible de la droite joignant les
deux points, dont une petite portion, dans ce mouvement, reste sensible-
ment parallèle à elle-même; portant sur un dessin à l'échelle de ~ du
terrain le point approché et les diverses droites ainsi déplacées, on obtient
(') \ (jir Annales /tjdrog rajjhii/ ucs, i"'' semestre de iS83.
C. R., 1906, I" Semestre. (T. C\LU, N" 8 ) 3^
422 ACADÉMIE DES SCIENCES.
parleur intersection commune le point inconnu, dont la position par rap-
port au point approché peut être mesurée avec l'approximation que l'on
voudra sur le dessin. Dans le deuxième cas, la différence de deux relève-
ments calculés donnera l'angle des deux points connus tel qu'il serait
mesuré du point approché et la comparaison de cet angle calculé avec
l'angle observé permettra encore de tracer sur le dessin à grande échelle
une droite, la tangente à l'arc de cercle passant parle point inconnu. Quel
que soit donc le genre de mesure, la méthode proposée aboutit au tracé
d'une droite dont l'équation serait de la forme
a dx -\- b dy = (70,
l'origiue des coordonnées étant un point approché; dx, dy désignant les
corrections des coordonnées de ce point et r/O étant la différence entre
un angle observé et l'angle calculé avec cette position approchée.
Mais le calcul ainsi conduit ne peut s'appliquer qu'à un point isolé; quand
il s'agit de la détermination simultanée tle plusieurs points, la méthode
d'approximation comporte, en général, l'introduction de six variables
qui doivent figurer dans toute équation de condition élémentaire : les
deux coordonnées du point de station et celles des deux points visés pour
former un angle. Il n'y a pas de représentation géométrique applicable à
une variation d'ordre aussi complexe. L'impossibilité subsiste encore si,
l'un des points visés devenant fixe, le nombre des inconnues se trouve ré-
duit à quatre; mais, dans ce cas, on peut concevoir une solution indirecte
du problème basée sur l'utilisation des lieux géométriques de l'espace à
deux dimensions.
Pour en simplifier l'exposition, nous réduirons à deux le nombre des
points connus, ce qui, du reste, répond au cas dans lequel la détermination
simultanée des deux points inconnus présente l'avantage le plus incontesté
par la substitution, à deux triangles isolés, d'un quadrilatère dont les deux
sommets se contrôlent mutuellement. Parmi les données indépendantes
pouvant servir à la détermination, il n'en est que deux qui comportent
l'emploi de quatre variables, ce sont les angles obtenus aux deux points
inconnus par les différences de leurs visées réciproques avec celle de l'un
des points à calculer. Ou reconnaît sans peine que les équations de condi-
tion à quatre variables résultantes sont, en désignant par dx, dy, dx' , dy'
les corrections des coordonnées approchées x, y, x' , y' , de la forme
( adx -{- b dy + m dx' -h n dy' = d() (station xy),
( m dx -+- n dy -\- a' dx' -+- b' dy' — dO' ( slalioii x' y' ),
SÉANCE DU 19 FÉVRIER 1906. 423
les coefficients ab, a'b' définissant, dans chaque station, la direction de la
tangente à la circonférence passant par les denx points inconnus et l'un
des points connus; les coefficients m et n définissant, d'autre part, la
direclion de la visée réciproque.
Toutes les autres données indépendantes : relèvements depuis les points
connus etangles mesurés aux stations entre ces denx points, necomportent,
pour chaque station, que la variation de ses coordonnées; ce sont, en
d'autres termes, les éléments des deux triangles isolés. Faisant choix de
deux des équations de condition à deux variables, une pour cliacun des
points à calculer, nous obtiendrons un système de la forme
\ P d.r ->r q cl y =r/\,
^^' i p'dx'-hq'dr'=dA.'.
Traçons sur deux graphiques à l'échelle de -^ du terrain et, pour
chaque point, les lieux géométriques représentés par les équations (2).
Introduisons, d'autre part, ileux angles auxiliaires w, o>', exprimés en
secondes d'arc comme les seconds membres des équations (i), afin de
séparer les lieux géométriques groupés dans ces équations.
Ecrivons dans ce but
a djc -I- b dy =: u ,
m dj' -\- n dy' = dO — w ,
m d.T + n dy r= dO' — w'.
Si nous attribuons à 10 et w' des valeurs déterminées «,, io\, nous obtien-
drons sur chacun des graphiques deux droites correspondantes. Considé-
rons le graphique ccy et, pour abréger, désignons [jar to,, oj', les droites
représentées par les équations
a d.v -+- b dy ^ <oi, m dx + n dy = f/0' — w', .
A toute variation de i" du second membre correspond un déplacement
parallèle exprimé linéairement par les valeurs respectives
et
y'a- -t- b- sjrn--+- n-
Que l'on imagine par un point du lieu géométrique de référence des
parallèles aux droites to,, co',, on obtiendra immédiatement, par des mesures
au double-décimètre prises sur le graphique, les dislances linéaires de ces
424 ACADÉMIE DES SCIENCES.
(Iroiles et, par suite, les différences angulaires de leurs seconds membres
avec cù,, dO' — (m\, c'est-à-dire en dernier ressort les valeurs de <o et co'
auxquelles correspondrait cette convergence des trois lieux géométriques.
Tr.Tçant deux axes de coordonnées rectangulaires et portant en abscisse et
ordonnée les valeurs lo et <./, nous aurons un point défini par ces valeurs.
Faisons de même pour un second point du lieu géométrique fixe de réfé-
rence, il en résultera un deuxième couple de valeurs to et u,', c'est-à-dire
un deuxième point. La droite tracée par ces deux points représentera la
relation entre o) et w' nécessaire pour obtenir sur le graphique xy la con-
vergence des trois lieux géométriques.
Opérons de la même manière sur le graphique x' y' avec les équations
'a'dx' -H b' dy'^= w', m dx' -\- n dj' =z dO — m
et nous obtiendrons, en fin de compte, une deuxième droite différente de
la première et à laquelle correspond une relation entre u et «>' exprimant
les conditions de convergence des trois lieux géométriques sur ce gra-
phique. L'intersection de ces deux droites fournit les valeurs de gj et w'qui
résolvent le problème; la solution sera d'autant meilleure que l'angle des
deux droites sera |)lus rapproché de 90°.
Dans les conditions admises, il peut y avoir pour chacun des points xy,
x' y' trois lieux géométriques fixes; ceux du triangle : les deux relèvements
obtenus aux extrémités <le la base et le segment capable au sommet. On
peut faire la construction précédemment indiquée en admettant successi-
vement chacun des lieux géométriques comme droites de référence. Les
valeurs de co et w' ainsi obtenues seront sans doute un peu différentes, mais
on peut adopter une valeur moyenne en tenant compte au besoin du poids
de chaque solution. Les valeurs de o et oj' une fois fixées, chacun des
points xy,x'y' sera déterminé au moyen de cinq lieux géométriques.
Un cas particulier intéressant est celui dans lequel, les seules données
étant les angles mesurés aux points inconnus, il n'y en a pas de surabon-
dantes. La détermination simultanée est obligatoire. Dans ce cas, la droite
de référence unique provient de l'angle sous-tendu par les extrémités de
la base et la détermination de <o et to' entraine celle de la position de la
droite d'alignement qui passe par les points de Collins et dont l'équation
est m dx -i- n dy = dO' — 0/ sur le graphique xy et m dx' + n dy' = dO — lo
sur le graphique x'y'.
SÉANCE DU 19 FÉVRIER £906. 4^5
CHIMIE MINÉRALE. — Sur icbullilion et la distillation du nickel, du fer, du
manganèse , du chrome, du molybdène, du tungstène et de l'uranium. Note
(le M. Henri Moissax.
Nous avons étendu nos recherches sur la distillation des corps simples
aux métaux de la famille du fer. f.e dispositif des expériences était le môme
que précédemment (') et nous avons opéré toujours d;ms le même modèle
de notre four électrique, pour rendre les expériences aussi comparables
que possible.
Nickel. — i5o^ de métal pur ont été chauffés dans notre four électrique
pendant 5 minutes avec un courant de 5oo ampères sous 1 10 volts. La dis-
tillation commence après une minute et les vapeurs sortent avec abondance
par les ouvertures qui laissent passer les électrodes. Après l'expérience,
on recueille sur le tube froid un enduit métallique qui a moulé exactement
les stries d'étirage du tube de cuivre. La surface interne de ce dépôt est
brillante, tandis cpie la surface externe est grise. Examiné au microscope
le nickel distillé est formé d'un amas de 1res petits cristaux qui, lorsque la
couche atteint une certaine épaisseur, forme des arborescences dont les
poinlements sont terminés par de fines gouttelettes. Cette structure tient à
la rapidité de l'opération qui, en jtixlaj)Osant ces petits cristaux, finit par
former des groupements dont l'extrémité fond sous le rayonnement in-
tense de l'arc. Lorsque la distillation est rapide, le dépôt métallique est
mélangé d'une certaine quantité de chaux. Tout autour du creuset, on ren-
contre de nombreuses gouttelettes métalliques dont quelques-unes con-
tiennent des géodes tapissées intérieurement de petits cristaux.
La quantité de métal distillé a été de 56^ en tenant compte du poids de
carbone fixé ])ar le nickel. Dans une autre expérience, 200^ de métal ont
été chauffés avec le même courant pendant 9 minutes et, dans ce laps de
temps, la distillation du métal a été totale.
Fer. — La distillation du fer qui a été réalisée dans un très grand nombre
d'expériences présentait une nouvelle difficulté. En effet, aussitôt que le
fer carburé, chauffé dans un creuset de charbon, estamenéà l'état liquide,
il dissout une grande quantité de gaz ainsi que l'ont établi un grand nombre
d'expérimentateurs. Un peu avant sor) point d'ébullition ces gaz, en se
(') H. MoissAN, Comptes rendus, t. CXLI, 1905, p. 833 et 977.
426 ACADÉMIE DES SCIENCES,
(légngeant tumiiltueusemenf, fournissent une effervescence très vive qui
projette le métal sous forme de nombreuses gouttelettes.
On peut se rendre compte de ce phénomène en plaçant dans une nacelle,
au milieu d'nn tube de charbon traversant le four électrique, un lingot de
fer d'une cinquantaine de grammes. On chauffe ensuite, avec un arc élec-
trique, le dessons du tube, avec un courant de 5oo ampères sous 1 10 volts
pendant quelques minutes. On voit le métal fondre rapidement; la fonte
mouille la nacelle de charbon et forme un bain liquide à surface parfai-
tement horizontale. Mais après quelques instants, sa température continuant
à s'élever, quelques bulles de gaz viennent crever à sa surface, puis une
projection abondante de gouttelettes se produit et, enfin, vers la Iroisicnie
minute, le liquide restant se maintient enébullition tranquille. Nous avons
repris cette expérience en opérant avec iSo^ de fer pur, placé dans notre
creuset et, en multipliant les expériences, nous avons cherché, en chauffant
avec un courant de 5oo ampères sous iio volts, quelle quantité de métal
était projetée au moment de ce dégagement brusque de gaz.
Les culots métalliques, pesés après le départ des gaz, nous ont donné
les chiffres suivants :
1. 2. 3. 4. 5.
107S loos 109S loSs 99S
En movenne, nous pouvons donc admettre que le culot restant après ce
rapide dégagement de gaz, produit dans des circonstances identiques,
pèse environ io4^-
Si, maintenant, nous prenons iSo^de fer et que nous distillions, pen-
dant cinq minutes, avec nu courant de même intensité que précédemment,
le culol restant ne pèse plus que 90^. Ce qui nous donne un minimum de
métal distillé d'environ i4^. Nous aurons l'occasion du reste de revenir
sur ce sujet dans de prochaines recherches à propos de la solubilité du
carbone dans le fer.
Lorsque l'on veut distiller du fer on peut aussi diminuer cette effer-
vescence en portant lentement la fonte de son point de fusion à son point
d'ébullition.
Après cette distillation, on recueille sur le tube froid un feutrage de
petits cristaux brillants, d'un gris clair, qui ne tardent pas à s'agglomérer si
la chauffe se prolonge. Le métal distillé se moule sur le tube et en épouse
complètement la forme. On rencontre parfois au milieu du produit distillé
des faisceaux de lamelles accolées, comme soudées par la base et présen-
SÉANCE DU 19 FÉVRIER I906. 427
tant l'aspect de fuseaux. Nous y avons rencontré aussi des impressions
carrées et un octaèdre qui paraissait formé de cristaux empilés, mais le
plus souvent ces formes sont très vagues, car la condensatioa de la vapeur
est beaucoup trop rapide pour permettre une cristallisation régulière. De
plus, aussitôt que l'expérience est un peu longue, la chaux distille en
même temps que le fer se condense sur le tube, puis fond sous l'action
de la chaleur rayonnante et agit sur le métal. Enfin, lorsque le calcaire
qui forme le four contient des sulfates, le métal distillé renferme une
petite quantité de sulfure de fer.
Dans d'autres expériences, nous avons chauffé 823''' de fonte pendant
10 minutes avec un courant de 1000 ampères sous 55 volts; il avait distillé
i5oS de métal. De même 800^ de métal ont été chauffés pendant 20 minutes
avec un courant de 1000 ampères sous 1 10 volts; dans ces conditions, nous
avons distillé 4oos de fer.
Manganèse. — Jordan (' ) a démontré depuis longtemps que le manganèse
était volatil à la température des hauts fourneaux et nous avons fait voir,
à propos de la préparation flu carbure de manganèse, que ce métal pouvait
être distillé avec une grande facilité au four électrique (").
i5os de fonte de manganèse il 2 pour 100 de carbone, préparés au
préalable au four électrique, sont chauffés pendant 5 minutes avec courant
de 5oo ampères sous iio volts. Après l'expérience et d'après le poids du
culot restant et sa teneur en carbone, il a distillé So*-' de manganèse. Le
métal qui reste dans le creuset présente une surface onctueuse recouverte
de graphite et sur laquelle se rencontrent de grosses gouttes de fonte de
manganèse à cassure cristalline et d'apparence métallique. Sur le tube
froid, on recueille un dépôt métallique formé d'un amas de petits cristaux
à facettes brillantes et de petites masses cristallines rayonnées. Autour du
creuset, la chaux fondue a fourni, au contact du métal, des réactions
secondaires avec formation de protoxyde de manganèse comme nous
l'avons démontré antérieurement.
Lorsque l'on emploie du manganèse préparé par le procédé de Gold-
schmidl, complètement exempt de carbone, mais renfermant de 4 à 5
pour 100 de silicium, la fusion et l'ébuUition se produisent à des tempéra-
tures plus basses. Ces fontes silicées présentent comme la fonte carburée
de fer une ébuUition tumultueuse.
(') Jordan, Comptes rendus, l. G\V1, 1890, \). 702.
(-) H. MoissAN, Le foui électrique, p. 827.
428 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Chrome. — iSo*^ de chrome ont été chauffés 5 minutes avec un courant
de 5oo ampères sous 110 volts. Le tube froid était recouvert en partie
d'une couche verte formée par un mélange de chaux, d'oxyde double de
calcium et de chrome el de métal en petits cristaux. Certaines parties,
après traitement à l'acide acétique étendu, nous ont présenté de très petits
cristaux d'apparence cubique. Mais, aussitôt que la croûte est un peu
épaisse, la chaux distillée est fondue et réduite par le métal. La fonte,
qui reste dans le creuset, est formée de carbure de chrome à cassure
cristalline. 33^ de chrome ont été distillés dans cette expérience.
Molybdène. — La distillation du molybdène est plus difficile à obtenir
que celle des métaux précédents. En chauffant i5oS de molybdène métal-
lique dans les conditions ordinaires, c'est-à-dire avec un courant de 5oo am-
pères sous iTO volts, le métal n'était même pas fondu.
L'expérience a été répétée avec le même poids de métal en employant
un courant de 700 ampères sous 110 volts pendant 5 minutes. Après
refroidissement, on a reconnu que le métal avait bien fondu, mais qu'il
pesait le même poids que précédemment. Sur le tube froid, nous n'avons
recueilli qu'une couche de chaux distillée.
L'expérience a été reprise avec iSo^ de fragments de molybdène que
l'on a chauffés pendant 20 minutes avec un courant de 700 ampères sous
1 10 volts.
Dans cette expérience, il a distillé 56^ de molybdène.
La fonte qui restait dans le creuset, après l'expérience, était formée de
carbure de molybdène à cassure brillante et cristalline. Pour examiner le
résidu qui se trouve sur le tidae froid, on l'a traité par l'acide acétique
dilué pour le débarrasser de l'excès de chaux qui a distillé en même
temps que le métal. Dans le résidu, on a rencontré quelques rares cris-
taux, dont quelques-uns présentaient l'apparence d'octaèdres et de cubes
et quelques fragments métalliques hérissés de très petits cristaux. Autour
du creuset, on rencontrait des aiguilles de carbure de molybdène et sur
les électrodes quelques gouttes métalliques qui, pendant le refroidisse-
ment, s'étaient recouvertes d'un feutrage de cristaux d'acide molybdique.
Le molybdène fondu paraît dissoudre, comme le fer, une grande quan-
tité de gaz qu'il abandonne au moment de son ébuUition.
Tungstène. — Lorsque l'on chauffe i5os de tungstène pendant 5 minutes
avec un courant de 5oo ampères sous 1 10 volts, ce métal, de même que le
molvbdène, n'est pas amené à l'état liquide.
Nous avons chauffé iSo^ de tungstène pendant 20 minutes avec un cou-
SÉANCE DU 19 FÉVRIER 1906. ^29
rant de 800 ampères sous iio volts. A cette température élevée, le métal
est bien entré en ébullition, mais nous n'en avons distillé que 25^.
Le point d'ébullilion du tungstène est le plus élevé de tous les métaux
de la famille du fer et de tous ceux que nous avons étudiés jusqu'ici.
Le culot métallique restant après l'expérience était formé de carbure de
tungstène. Le tube froid était recouvert d'un enduit blanc qui, traité par
l'acide acétique étendu, nous a fourni de petits fragments métalliques bril-
lants dont certains présentent des angles droits et des faces cristallines très
nettes. D'aulrrs globules, recueillis dans la chaux fondue, nous ont pré-
senté des géodes remplies de petits cristaux qui, au microscope, paraissent
cubiques.
Uranium. — iSo^ de ce métal, chauffés dans un creuset de charbon avec
un courant de Soo""'' sous 110^"'^% pendant 5 minutes ont été amenés à
l'état de fusion sans perdre de poids. On a répété la même expérience en
chauffant pendant 5 minutes avec un courant de ■700'""? .-ous 1 10'°"*. Dans
ces nouvelles conditions, l'urauium a d'abord fondu puis est entré en ébul-
lition et il en a distillé i5*^. La foute restant dans le creuset présentait tous
les caractères du carbure d'uranium. Sur le tube froid, nous avons obtenu
un feulr'age de petits cristaux formant une mince lame métallique qui
recouvre le tube de cuivre et en a pris la forme.
Dans une autre expérience on a chaulfé 200^ de métal pendant 9 minutes
avec un courantde goo^'^P sous iio^°"\ Après 4 minutes, on a vu d'abon-
dantes vapeurs se dégager aux électrodes et brûler au contact de l'air, en
fournissant des gerbes d'étincelles.
On a constaté, après le refroidissement, que le creuset était vide et que
tout le métal avait distillé.
Conclusions. — Les métaux île la famille du fer ont ilonc des points
d'ébullilion très différents. Le manganèse est le plus volatil de tous et sa
distillation se fait avec facilité avant celle de la chaux. Après lui vient le
nickel dont l'ébuUition paraît assez tranquille; puis le chrome qui distille
avec régularité sous l'action d'un courant de 5oo ampères sous 1 10 volts.
L'ébuUilion du fer est plus diflîcile à obtenir et elle est précédée d'un déga-
gement tumultueux des gaz que ce métal dissout avec tant de facilité.
Cependant, en employant des courants plus intenses et après que cette
première eilervescence est calmée, l'éliuUition du fer se produit avec régu-
larité. En 20 minutes avec un courant de 1000 ampères sous i ro volts
nous avons distillé 400*^ de fer.
G. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLlI, N» 8.) 5^
43o ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'uranium a un point d'ébullilion plus élevé que celui rlu fer; la dis-
tillation ne se produit qu'avec des couranis de 700 ampères sous 1 10 volts,
après 5 minutes de chauffe. Au contraire, le molybdène et le tungstène sont
beaucoup plus difficiles à portera l'ébuilition et nous n'avons pu arriver à
une ébuUition régulière de ce dernier métal qu'avec un courant de
■700 ampères sous iio volts dans une expérience d'une durée de 20 mi-
nutes.
La poussière cristalline obtenue dans toutes ces expériences, par conden-
sation de la va[)eur métallique, possède les mêmes propriétés chimiques que
le métal réduit eu poudre fine.
Nos pi'incipales expériences sont résumées dans le Tableau suivant qui
montre bien la différence des points d'ébuUition des métaux de la famille
du for.
Temps
Métal
Poids.
{ mi miles).
Ampères.
Volts.
distillé.
Nickel
\ i3o
/ 9.00
5
9
3oo
5 00
1 10
110
5fi'
200
\ .5o
5
5oo
I 10
.4
Fer
, • 825
/ 800
10
1000
5.5
i5o
20
1000
1 10
4oo
Manganèse.
1- i5o
' 1 i3o
3
.5
5oo
5 00
1 r 0
I 10
38
80
Chrome ...
. i.5o
5
5oo
1 10
38
Molybdène.
! i5o
( 1 .5o
10
ao
700
700
I 10
1 10
0
56
Tungstène...
lào
20
800
1 10
25
\ ''^o
5
5 00
1 10
0
l jranium . . .
1 ^
I oo
/ 200
5
700
1 10
i5
9
900
1 10
200
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Rôle de la matière organique dans la nilrification.
Note de MM. A. 3IexTz et E. Lai\é.
Jusque dans ces dernières années on avait admis que la matière orga-
nique est indispensable à la nitrification. De fait, dans la nature, celle-ci
s'opère toujours en |)résencede Ihumus provenant de la décomposition des
résidus de la vie animale et végétale. Aussi, dans les anciennes nitrières,
incorporait-on de grandes quantités de ces matériaux.
SÉANCE DU 19 FÉVRIER 1906. 4^1
Plus récemment, M. Winogradsky (') a montré que les organismes nitri-
ficateurs peuvent se développer et transformer l'ammoniaque en nitrates
en l'absence (les matières organiques. MM. Winogradsky et Omeliansky (')
ont même conclu de leurs observations que des substances carbonées,
introduites dans des milieux nitrifiants qui n'en renferment pas, entravent
la marche du phénomène.
De ces constatations est née l'opinion générale que leur présence est
plus nuisible qu'utile.
Poursuivant le cours de nos recherches sur la production intensive des
nitrates, nous avons dû nous préoccuper du rôle des substances carbonées,
en particulier de l'humus, qui existe normalement dans les sols en quan-
tités très variables.
Les anciennes observations de Boussingaull (') et d'autres savants et
celles que nous avons faites nous-mêmes sur des terres humifères nous
ont fait penser que, sous la forme que revêt la matière organique dans les
milieux naturels, à un état de décomposition assez avancé, résidu pour
ainsi dire d'actions microbiennes qui en ont enlevé ou modifié les parties
primitivement les plus altérables, elle n'entrave pas la formation des
nitrates.
Continuant à nous placer dans les conditions naturelles de la coexistence
des organismes divers qui peuplent le sol, nous avons cherché à définir
l'influence de la matière humique sur le processus de la nitrificalion.
I. Nous avons retiré d'une terre de jardin l'acide luiniique et préparé une solution
d'iiumate d'ammoniaque neutre; d'autre pari, nous avons fait une solution de sulfate
d'ammoniaque d'égale richesse en alcali volatil, soit oS,268 d'azote ammoniacal par
lilre. Ces deux solutions renfermant l'ammoniaque, l'une en comijinaison liuniique,
l'autre en combinaison minérale, ont été ensemencées d'une manière identique et
placées dans des fioles à fond plat. Au liout de 53 jours, on a trouvé :
Azote niU'ifié
par litre.
Dans la solution d'Iiiimate.
» de sulfate.
o,236
0,206
Il restait à ce moment encore des quanliles iiotaides de malière iiiimique
reconnaissable a sa coloration brinie.
(') Annales de l'inslilul Pasteur, t. I\ , 1890.
(^) Archii'es des Sciences biologiijiies de Saiiit-Pélersbourif, t. VII, 1899.
(') BoussiNGAULT, Agronomie, l. Il et I\ .
432 ACADÉMIE DES SCIENCES.
II. Des solutions identiques aux précédentes ont été déversées régulièrement sur
deux champs oxydants d'escarbilles. On a observé dans les liquides écoulés, par litre :
Hiimate. Sulfate.
2.3 mars, après 2 jours Azote nitreux par litre quantité sensible absence
( Azote nitreux (luantilés notables quantités plus faibles
27 mars < . . ' ^ r -, ,
( » nitrique traces faibles traces
., ( Azote nitreux os,o8i6 05,0872
1" avril ■ . . r -, ,
I » nitrique traces faibles traces
( A^zote nitreux o o
20 mai . .
( » nitrique o,334 0,282
Dans ces deux expériences, la matière humique n'a pas entravé la nilri-
ficalion.
III. Nous avons opéré sur des terres de natures diverses, bien vivantes et à l'état
d'iiumidité le plus favorable, suffisamment calcaires, se diflférenciant surtout par leur
teneur en humus; ces terres ayant été additionnées de i pour 1000 de sulfate d'ammo-
niaque, nous avons obtenu les résultats suivants :
I.
Terre
Nature de la terre de jardin.
Carbone humique pour 100 3,8
Azote nitrifié par kilogramme de
terre en 2 jours (') 0*5,086
Azote nitrifié par kilogramme de
terre en 7 jours 0^,090
Dans tine autre série, avec 2^ de sullale d'ammoniaque |)ar kilogramme,
les mêmes terres ont donné :
Azote nitrifié par kilogramme de
terre en 7 jours 0^,282 oe,4ii 0^,007 oS, 064 os,o64
Nous voyons donc la nitrificalion se produire avec une intensité d'autant
plus grande que la matière noire du sol est plus abondante. De ce fait, qui
nous a paru général, il résulte que l'abondance de l'humus n'est pas nui-
sible àda marche de la nilrification, elle paraît'pintôt utile.
Mais celte abondance est-elle indispensable'potir une nitrificalion active?
Les résultats^ précédents pourraient le faire penser : il n'en est cependant
rien.
Dans les terres précédemment décrites, nous avons développé une nilri-
(') Dans ces essais l'azote engagé en combinaison organique n'est pas intervenu.
II.
III.
IV.
v.
Terreau
Terre
Terre
Terre
consoiamé.
silico-calcaire.
argileuse.
argilo-caica
17,6
1,5
1,0
1,5
os, 117
05,000
oï, 009
qs, oo5
0", 209
05,087
os, o4o
os, 020
SÉANCE DU 19 FÉVRIER 1906. 4^3
fication continue par des additions de sulfate d'ammoniaque, remplaçant à
mesure celui qui était nitrifié, de façon à maintenir une quantité constante
de o^, 200 d'azote ammoniacal par kilogramme de terre. Nous n'avons con-
sidéré ces nitrières que lorsque la nitrification y eut acquis un régime
normal.
I.
II.
III.
IV.
V.
Terre
Terreau
Terre
Terre
Terre
de jardin.
consommé.
silico-calcaire.
argileuse.
argilo-calcairc
zote nitrifié par kilogramme
en 32 jours
OS, 743
i»",346
OS, 653
OS, 906
05,871
Nous voyons donc des terrestres pauvres en humus produire des nitrates
avec une activité qui ne diffère pas beaucoup de celle des terres plus riches
et qui la dépasse quelquefois. Si le terreau reste en tète, nous voyons les
terres IV et V, |)auvres en humus, dépasser sensiblement la terre de jardin
qui en renferme 3 et 4 fois plus.
S'il y a une différence, c'est surtout pendant la période initiale de l'ali-
mentation en matière nilrifiable; plus tard, cette différence s'atténue. Le
rôle de la matière organifpie nous apparaît donc surtout comme un rôle de
début, que nous devons cherchera expliquer.
L'intensité nitrifiante qu'acquièrent à la longue des terres pauvres en
himTus montre déjà que la matière organique n'aide pas à l'oxydation de
l'ammoniaque par l'effet d'un entraînement dû à sa propre combustion.
Intervient-elle par son aptitude à emmagasiner l'eau et par sa propriété
absorbante vis-à-vis de l'.'vmmoniaque, dont elle diminue la causticité? Des
recherches poursuivies dans ce sens, et dont nous rendrons compte plus
tard, nous montrent que ce n'est pas dans cette voie qu'il faut chercher la
cause de la supériorité des terres humifères pendant la période initiale.
L'abondance des organismes nitrificateurs préexistants semblerait plutôt
expliquer ces faits et nous avons cherché à l'apprécier.
En introduisant dans 100''"'' de solution nitrifijble i^ des diverses terres
précédemment employées, et dont nous connaissions l'aptiludeà la nitri-
fication et la richesse humique, nous avons obtenu les résultats suivants :
I.
II.
III.
IV.
V.
Terre
Terre.
Terre
Terre
de jardin.
Terreau.
silico-calcaire.
argileuse.
argilo-calcaire.
Azote nitrique formé
en 10 jours 4""i2
5-"», 9
O^SjS
0'"S,4
0°'S,5
La terre ne jouant ici qu'un rôle d'ensemencement, les quantités de
434 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nitrates formées en un court temps sont fonction du nombre primitif d'or-
ganismes introduits. En admettant cette manière de voir, les terres les
plus riches en humus sont j)lus abondamment pourvues d'organismes
nitrifiants vivaces que celles qui sont pauvres.
Une autre expérience vient à l'appui de cette interprétation. Du ter-
reau II riche en humus et de \a Lerre V très pauvre ont été stérilisés
à io5°. Après addition de 2^ de sulfate d'ammoniaque par kilogramme, ces
terres ont été ensemencées chacune avec i pour loo de leur poids des
deux mêmes terres vivantes. Ces ensemencements croisés ont donné, au
bout de 21 jours, les résultats suivants :
Terreau humiquc stérilisé Terre V stérilisée
ensemencé ensemencée
avec avec avec avec
terreau vivant, terre V vivante. terreau vivant. terre V vivante.
Azote niliique forino ... . os, 225 os,o2i Oo,o6{ os.ooi
En examinant les deux terreaux, où la matière organique était également
abondante, nous voyons que ce n'est pas celle-ci qui a la grande part dans
l'activité de la nilrification, mais bien la terre d'ensemencement, c'est-
à-dire l'apport des organismes. Dans la terre V, c'est encore l'apport de
la semence qui joue le rôle prépondérant. Ce()entiant, en comparant entre
eux le terreau et la terre V, nous voyons que celle qui est le plus riche en
humus-s'est prêtée, toutes choses égales d'ailleurs, à une nilrification plus
rapide.
Comme conclusion de ces observations, nous admettrons :
1° Que, sous la forme d'humus, la matière organique, quelle que soit
son abondance, u'eutrave pas la uitrificaliou ; elle liu est plutôt favorable;
2° Que cette abondance n'est cependant pas une condition indispen-
sable, puisque des terres pauvres peuvent être graduellement amenées à
une nitrificalion intensive;
3" Que la matière humique paraît agir favorablement sur la multiplica-
tion des organismes et que, d'une manière générale, une terre est d'autant
plus chargée d'organismes actifs et plus aple à entrer en nitrification
rapide qu'elle contient plus d'humus.
Dans l'établissement des nitrières intensives, il ne faut donc pas craindre
d'employer des matériaux riches en humus, qui apportent une semence
vivace et abondante et qui constituent un support favorable. L'idée d'une
action déprimante des matières organiques sur la marche de la nitrification
SÉANCE DU 19 FÉVRIER I906, 435
(loit donc être abandonnée lorsqu'on est pl.icé, comme dans les conditions
naturelles, en présence de l'humus et des ferments multiples des milieux
terreux.
MÉTROPHOTOGRAPHIE. — Sur le relevé des monuments d'architecture d'après
leurs photographies, pratiqué surtout en Allemagne. Note de M. Laussedat.
En exposant, en iSSg, la découverte de Daguerre à l'Académie, puis à
la Chambre des députés, Arago faisait déjà pressentir les grands services
que cette invention rendrait un jour aux sciences et aux arts.
Il précisait ainsi celte suggestion dans sa Notice sur le Daguerréotype :
« A l'inspection des premiers tableaux que M. Daguerre a fait voir au
public, chacun a songé au parti qu'on aurait tiré, ])endant l'expédition
d'Egypte, d'un moyen de reproduction si exact et si prompt
» Les images photographiques, étant soumises aux règles de la Géomé-
trie, permettront, à l'aide d'un petit nombre de données, de remonter
aux dimensions exactes des parties les plus élevées, les plus inaccessibles
des édifices. »
Un peu plus loin, il ajoutait :
« Nous pourrions parler de quelques idées que l'on a eues sur les
moyens d'investigation que le topographe pourra emprunter à la Photo-
graphie. »
Je ne crois pas nécessaire de rappeler les magnifiques et si précieux ré-
sultats, au point de vue de la Géographie et de la Géologie, auxquels a
conduit ce dernier aperçu dans tous les pays civilisés où l'on a eu le bon
esprit de mettre à profit les propriétés des photographies de paysages pour
la construction des cartes.
J'en ai entretenu à diverses reprises l'Académie et je me bornerai à lui
signaler aujourd'hui ceux qui se rapportent à des relevés de monuments,
d'après leurs photographies, à Vaide d'un petit nombre de données.
La solution du problème inverse de la perspective, à laquelle faisait ainsi
allusion Arago, est aussi ancienne que la science de la perspective elle-
même et les membres de l'Institut d'Egypte l'avaient souvent appliquée sur
les vues des monuments des Pharaons qu'ils dessinaient à la chambre
obscure.
Nos excellents architectes sortis de l'École des Beaux-Arts, où ils ont
étudié la perspective, ont toujours suivi cette tradition et, après avoir rem-
436 ACADÉMIE DES SCIENCES.
placé l'encombrante chambre obscure par la chambre claire si portative et
plus précise, depuis assez longtemps déjà ils ont recours à la Photographie
dont les images sont bien plus achevées et désormais irréprochables comme
exactitude.
Soit d'une façon, soit de l'antre, c'est-à-dire, dans bien des cas encore,
en recourant aux longues et pénibles mesures directes, les Commissions
françaises des monuments historiques ou diocésains ont fait et fait faire les
relevés de la plupart de ces monuments dont les plans, coupes et élévations
sont déposés dans les archives de nos Ministères, à côté des vues qui ont
servi à les construir<'. Plusieurs publications ont même été faites d'un
grand nombre de ces documents dont les dessins sont incomparables au
point de vue artistique. Mais il y a encore, et il y aura pendant bien des
années, des travaux semblaldes à exécuter soit en France, soit dans les
pays célèbres aux temps passés et il est bon de savoir que les vues photo-
gr-aphiques peuvent rendre plus de services que ceux qu'on leur a demandés
jusqu'à présent chez nous, à bien peu d'exceptions près (').
Il m'a donc semblé à propos de .«-appeler quelques-unes des propriétés
des photographies de monuments, en montrant en même temps le parti
avantageux qu'en tirent nos voisins.
En général, avant de procéder à la restitution des dimensions réelles des objets re-
présentés en perspective sur un tableau plan vertical, il convient de reconnaître
ou de retrouver sur ce tableau la ligne d'horizon, le point de fuite principal, puis /a
distance du point de vue au tableau. Oi', avec un appareil photographique de préci-
sion, c'est-à-dire muni d'un cercle azimutal, d'un niveau à bulle d'air et de vis de ca-
lage, ces éléments sont faciles à déterminer et peuvent même se tracer automatique-
ment sur les images. Si l'on ajoute à cela que, dans presque tous nos monuments, les
lignes verticales et les lignes horizontales parallèles apparentes sont nombreuses, on
peut prévoir que, dans la plupart des cas, la constiuction des points de repère néces-
saires aux restitutions s'eflectuera avec autant de facilité que d'exactitude.
Je mets sous les veux de l'Académie un exemple de ce genre d'opéra-
tions effectué, dès i85o, sur une vue de la caserne et du temple de Panthé-
mont dessinée à la chambre claire. J'en ai donné un autre beaucoup plus
détaillé sur une vue photographiée de l'église Santa-Maria délie Grazzie,
de Milan, i)rise dans le commerce et sur laquelle je n'avais aucun rensei-
gnement.
(') Ce serait ici le cas de citer certaines restitutions de monuments de l'Inde faites,
par le savant voyageur V)' Gustave Le Bon, d'après leurs photographies, par une mé-
thode stadiométrique très ingénieusement adaptée au but qu'il s'élait proposé.
SÉANCE DU 19 FÉVRIER 1906. 437
J'ai cependant pu y retrouver les éléments de la perspective mentionnés
ci-dessus, d'après les points de fuite des assises de deux façades à angle
droit et effectuer la restitution du phm de l'église, à l'extérieur et de ces
deux façades ( ' ).
Je cite celte dernière expérience parce que nous possédons en France
des milliers d'excellentes photographies de nos monuments historiques
d'après lesquelles on pourrait, au besoin, faire des restitutions analogues.
Toutefois, dans la généralité des cas, les restitutions resteraient incom-
plètes, faute d'un nombre suffisant de vues de chaque monument prises
avec les précautions nécessaires.
Après la détermination de la distance focale qui est celle du point de vue au tableau,
ces précautions consistent à choisir métiiodiquemenl les points de vue, de façon à ne
négliger aucun des détails de la construction et de l'ornementation, puis à relier entre
elles les projections horizontales de ces points de vue soit par rayonnement, soit par
cheminement.
Ce sont ces précautions que prennent régulièrement les opérateurs de
l'Institut des Archives des monuments (Das Denkmiiler Archiv), créé à
Berlin en 1 SyS par le Ministre des Cultes, D'' von Gossler, à l'instigation du
savant architecte D'' Meydenbauer qui en est le directein-.
J'ai fait exposer quelques spécimens des photographies de l.i cathédrale
de Bamberg que M. le D'' Meydenbauer a eu l'obligeance de m'adresser en
même temps que les plans, coupes et élévations de ce beau monument,
restitués d'après 5g vues du format 40*"° X 4o"" d'une distance focale
de o™,25, prises à l'extérieur, 77 vues prises à l'intérieur, quelques-unes
avec l'axe optique dirigé verticalement, pour relever les voûtes ou les pla-
fonds, et 29 vues de détails du format So*^™ X 3o''™ ; ce qui fait un total
de 169 vues pour le même monument. Ce nombre, un peu effrayant tout
d'abord, a été rarement dépassé par les opérateurs allemands (seule, la
cathédrale de Strasbourg a exigé ai3 vues) et, en général, il est beaucoup
moins considérable.
Je me bornerai, pour compléter ces renseignements sommaires, à ajouter
qu'avec un personnel restreint et un budget assez modeste, l'Institut des
Archives des monuments a déjà relevé, de i885 à 190,5, 835 monuments.
(') Voir cette restitution dans la galerie des arts graphirjiies. au Conseri,'atoire-
des Arts et Métiers, ou SA réduction dans mes Recherches sur les instruments, les-
métltodes et le dessin topographitjues, t. II, I'''' Partie. Gaulhier-X'illars, Paris, 1901.,
C. R., 1906, I" Semesre. (T. CXLIl, N" 8.) 58
438 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans i<S5 localités différentes, eu Allemagne, dans les pays annexés et jus-
qu'à l'étranger (Athènes, Baaibeck, Constaiitinop'.e, Damas, Jériclio).
A ce dernier jjropos, j'ai la satisfaction d'ajouter qu'un de nos jeunes
compatriotes, M. Le Tourneau, architecte diplômé du gouvernennent, a,
sur mes indications, employé depuis quelques années la méthode complète,
au cours de missions qui lui ont été confiées, en Thessalie où il a relevé
notamment une ancienne église de style byzantin dont la restitution a été
1res remarquée au Salon de 1904 et, plus récemment, à Salonique, en
Albanie, en Macédoine et en Epire, d'oîi il a rapporté en tout 177 vues du
format i3 X 18 pour 19 monuments dont les principaux ont exigé 4^, 24,
17, 1 1 et 9 vues et les autres de 4 ■' 7 seulement. M. Le Tourneau est en
train d'opérer, sur des épreuves convenablement agrandies, ses restitutions
dont plusieurs doivent figurer au Salon de 190G.
Addenduin. — Des agrandissements sont aussi pratiqués en Allemagne, dans un
autre but. Ceux des vues de l'une des portes et de l'intérieur de la nef de la cathédrale
de Bamberg, de i'",2o de hauteur sur o™, 90 de largeur, qui sont exposés sont destinés
■A servir de décorations murales dans les écoles. Il eu a été exécuté de i'",8o sur i™, 5o
et il est aisé de se rendre compte de l'influence que jjeut avoir la contemplation fré-
quente de ces admirables modèles d'architecture sur le goût des étudiants.
CHIMIK ORGANIQUE. — Synthèses d'alcools tertiaires issus du paraméthyl-
cyclohexane. Note de MM. Paui. Sabatier et A. Mailhe.
La méthylcyclohexanone-i .4, qui peut être facilement préparée à partir
du paracrésol ('), réagit énergiquement sur les chlorures, bromures ou
iodures organomagnésiens, tels que RMgBr, et l'action de l'eau sur la masse
cristalline obtenue fournit les alcools tertiaires de formule générale
I. Nous avons déjà, il y a quelques mois (-), indiqué que l'iodure de
méthvle conduit de la sorte au dimèthyl-\ .\-cyclohexanol-l^. Il se présente
en aiguilles allongées d'odeur pénétrante qui fomlent à So" et boudlent
à 170° (corr.). Traité par l'isocyanate de phényle, il fournit un phényluré-
thane en belles aiguilles d'aspect clinorhombique qui fondent à loS".
(') Paul Sabatier et A. Mailiie, Comptes rendus, t. CXL, igoa, p. 356.
(^) Paul Sabatier et A. Mailhe, Comptes rendus, t. C\LI, 1903, p. 21.
SÉANCE DU 19 FÉVRIER ir)o6. 43c)
Cliaiiffé avec du chlorure de zinc anhydre, il donne un dimélhyl-i .!\-cy-
clohexnie-'\, liquide mobile à odeur de cyclohexène, qui bout à 123° (corr.).
f/" = 0,8207; ^\' ^ o.iSiii. Son indice de réfraction pour la raie D du so-
dium esta 14° '• nr)=i,45i. On en déduit pour son pouvoir réfringent
moléculaire (Lorenz) ; Pd= 36,5. La valeur calculée est 36,4.
2. En partant de l'iodure d'éthyle, on arrive avec un bon rendement an
méth,yl-\-élhyl-[\-cyclohexanol-[\, liquide d'odeur agréable qui bouta 89° sous
20°"". rf','= 0,9225; c?J" = o.giSo. A 16°, on a «„ = 1,460. P^ = 4'-^.^ (cal-
culé, [\n,Ç)). Son éther acétique, obtenu facilement par action de l'anhv-
dride acétique, est un liquide d'odeur de fruits, bouillant à 197°.
Son phénylurélhane se présente en longues et belles aiguilles brillantes
qui fondent à I23".
Cet alcool, déshydraté par le chlorure de zinc sec, fournit un carbure
élhylénique bouillant à i49''(corr.). c?" = 0,8278; f/|" = 0,8169. ^ '6°*
/^„ = 1,453. Pi,^ 4i»o (calculé, 4i»o). Ce dernier hydrocarbure, soumisà
l'hydrogénation directe vers 180°, sur le nickel réduit, se change en mé-
lhylélhylcyelohexane.-\.[\, liquide incolore d'odeur agréable, qui bout 3147"
(corr.). rf|/' = 0,7884. A 15", /i,|=i,435. Pouvoir réfringent P„ = 4f.7
(calculé, 4') 4)' Nous avons vérifié que ce carbure est identique avec celui
que l'un de nous avait obtenu, avec M. Senderens, comme produit secon-
daire dans l'hydrogénation directe du paracymène (le point d'ébuUition
indiqué i5o° était un peu trop élevé) (' ).
3. La paraméthylcyclohexanone agit vivement sur l'iodure de propylma-
gnésium ; mais, à cause de la réaction secondaire que nous avons signalée il
y a quelque temps (-), il se dégage du propvlène et l'on obtient, à côté de
beaucoup de paraméthylcvclohexanol, un rendement médiocre en mf'//<v/-i-
propyl-\-cyclohexanol-\, liquide incolore d'odeur camphrée qui bout à 97°
sous 20""". Le chlorure de zinc en dégage un carbure éthylénique Ç.^^W^,
bouillant à i68°-i70° (corr. ). r/'; = 0,8387, c/l/' = 0,8270. A 16°, «„ = i ,455,
Pi,^45,3 (calculé 45,6).
4. I^es mêmes perturbations se produisent avec l'iodure d'isopropvlma-
gnésium. On n'arrive qu'à une faible proportion de jnèthYl-\-isnpropyl-'\-
cyclohcxanol-\, bouillant à 94° sous 20'"'". Déshydraté par le chlonn'u de
zinc anhydre, il fournit un carbure cycloéthylénique €'"11'% bouillant à
i66°-i67'', qui paraît identique au menthène.
(') Paul SABATUiR et Senderens, Comptes rendus, t. CXXXII, 1901, p. \ir>'j,.
(-) Paul Sabatier el A. Mailiie, Comptes rendus, t. CXLI, igoS, p. 298.
44o ACADÉMIE DES SCIENCES.
5. La réaclion énergique de la paraméthylcyclohexanone sur le bromure
(l'isobulylniagnésium donne presque exclusivement l'action secondaire
rappelée plus haut : il y a départ de butylène, régénération de mélhylcy-
ciohexanone, et l'on n'obtient que des traces de l'alcool cherché.
6. Les résultats sont bien meilleurs avec le bromure d'isoamyle, qui
conduit au mèthyl-\-isoamyl-[\-cyclohexanol-[\^ liquide incolore d'odeur
agréable, qui bout à i2'>° sous 6™". <ï\ = 0,9043; c?!/ = 0,8937. A 16° on
a nj,= i,46i5. P„= 56,5 (calculé 56,7). Il se déshydrate très facilement
par le chlorure de zinc, en un caibure C'^H"-, liquide d'odeur peu
agréable, qui bout à 210° (corr.). c/" = o,8333; r/J" = o,82i3. A 16°,
/2„= 1,458, Pp = 55,1 (calculé 54,8).
7. Comme nous l'avons déjà signalé dans notre Note du 3i juil-
let 1905, la réaction pratiquée avec l'iotlure secondaire d'octyle (^bouillant
à 210°) donne lieu à une séparation importante d'octène (bouillant à 122°);
il y a régénération de méthvicyclohexanol et l'on obtient, avec un rende-
ment qui ne dépasse pas 25 j)our 100, le méthvl-i-oclyl-[\-cyclohexanol-f\.
C'est un liquide incolore d'odeur peu agréable qui bout à i5o° sous 8'""
en se déshydratant un peir. c/" = o,8543.
8. Le bromure de phénylmagnésium réagit sans complications sur la
paraméthylcyclohexanone : on arrive ainsi au méthyl-i-phényl-!\-cyclohexa-
nol-[\, qui se présente en prismes brillants inclinés, d'odeur aromatique
agréable. Il fonil à 64° et bout à 1 45° sous 6'°'° en se décomposant légèrement.
Son phényluréthane forme de beaux prismes allongés qui fondent à i35".
Cet alcool traité par le chlorure de zinc fournit le m.èlhyl-i-phényl-\-cydo-
hexène-'\, liquide incolore qui bout à 147° sous 23™'". r/"= 0,9846;
d\' = 0,9716. A i4°, «i, = 1,555, Pn= 56,7 (calculé 56, 2).
9. En faisant agir le chlorure de benzylmagnésium sur la méthylcyclc-
hexanone, nous avons obtenu facilement le mélhyl-\-benzyl-l\-cycloh.exa-
nol-[\, liquide d'odeur aromatique qui bout, en se décomposant un peu, ài59''
sous 6"''°. Son phényluréthane est cristallisé en aiguilles brillantes qui
fondent à 1 35°. Le chlorure de zinc en dégage un carbure incomplet C Mi' \
^l'odeur agréable, qui bout à 160° sous So™™. (^/" = 0,9687; f/J" = 0,9567.
A 16°, /*„= 1,542. P„= 61,2 (calculé 60,7).
Ou a [)u remarquer que les valeurs obtenues dans les divers cas pour les
pouvoirs réfringents moléculaires s'écartent peu des valeurs calculéts
il'après les coeflicients de Conrady et de Brùhl. C'est une nouvelle vérifi-
cation de ce fait que le noyau cyclique hexagonal saturé n'apporte aucune
perturbation à l'application de la règle.
SÉANCE DU 19 FÉVRIER 1906. 44'
BACTÉRIOLOGIE. — Sur les dangers de /'ingestion de bacilles litbercuteitx tués
par la chaleur citez les animaux tuberculeux et chez les animaujc sains.
Note de MM. A. Calmf.tte et M. Breton.
Dans un précédent Mémoire publié en collaboration avec M. C.
Guérin ('), l'un de nous a établi que, chez les chèvres adultes, l'ingestion
de bacilles tuberculeux d'origine bovine à petites doses, en deux ou trois
repas infectants, produit en quelques semaines la tuberculisation des pou-
mons et laisse le plus souvent les ganglions mésentériques indemnes, tandis
que, chez les chevreaux à la mamelle, l'ingestion de lait provenant de mères
atteintes de mammite tuberculeuse ou celle de très petites quantités de cul-
tures de bacilles virulents aboutit toujours au développement d'une tuber-
culose des ganglions mésentériques qui ne s'accompagne que rarement de
tuberculisation pulmonaire.
Eii evpéiimenlaiU avec des cobaj es jeunes et adultes auxquels nous faisons ingérer,
en un seul rejias seulement, o5,oi ou oS,02 de bacilles d'origine bovine fraîchement
dessécliés, incorporés avec de la pulpe de pomme de terre ou de carotte, nous avons
pu constater que ces animaux se tuberculisaient avec une remarquable constance. Chez
les jeunes, âgés de 10 à lô jouis, la mort survient en moyenne 72 jours après l'unique
repas infectant : ils présentent des lésions glanglionnaires mésentériques très déve-
loppées et, dans la plupart des cas, ces lésions s'étendent au sy^tème ganglionnaire
péri-bronchique, sans que les poumons soient le siège de tubercules visibles.
Chez les cobayes adultes, toujours après un seul repas infectant de os,03 de bacilles
bovins fraîchement desséchés, la mort survient environ en douze semaines (92 jours
en movenne). A l'autopsie on trome alors toujours des lésions viscérales généralisées,
avec des tubercules pulmonaires et des lésions énormes des ganglions pèri-bronchiques.
En présence de ces résultats, nous nous sommes proposé d'étudier les
elfets de l'ingestion répétée de bacilles tuberculeux stérilisés par la chaleur
à 100'' chez les cobayes tuberculisés |)ar un seul repas infectant de o^', 02 de
bacilles bovins secs ou par l'injeclion intrapéritonéale de o™s,ooi des
mêmes bacilles et chez les cobayes sains.
Nous citons ici, à titre d'exemple, l'une de nos séries d'expériences :
Nous avons fait ingérer à six. cobayes adultes, d'un poids variant de 45os à Soos, 08,02
de bacilles secs; six autres cobayes de même poids ont reçu dans le péritoine os,ooi
(') Annales de l'inslilut Pasteur, octobre igoô.
442 ACADÉMIE DES SCIENCES.
des mêmes bacilles. Quinze jours après, nous leur avons fait ingérer, en six repas séparés
les uns (les autres pai- un intervalle de cinq jours, chaque fois os, oo5 de bacilles
Isovins chaufTés à loo" pendant .") minutes et incorporés à de la pulpe de carottes
r;"ipées.
Quatre cobayes témoins ingéraient, en même temps que les précédents, la même
dose de bacilles chauffés à loo".
Tous les cobayes infectés par les voies digestives ont rapidement maigri et sont
morts successivement après 87, 4i, 43, 45 et 48 jows, soit en moyenne en 4' jours.
avec des lésions viscérales peu développées.
Leurs reins étaient décolorés et volumineux. Ils présentaient, en outre, de l'Iiyper-
iropliie des capsules surrénales et du foie, dont les tissus montraient sur les coupes
des lésions de dégénérescence granulo-graisseuse.
T^es cobayes de la seconde série, infectés à la même date par injection intrapérito-
néale, sont tous morts successivement après 28, 3i, 82, 38 et 3.5 jours, soit en moyenne
en 3i jours, avec les mêmes lésions rénales que les précédents et une tuberculose géné-
ralisée à tous les viscères. D'eux d'entre eux avaient les poumons fortement tuber-
culisés.
Sur les quatre cobayes témoins qui ont ingéré seulement les liacilles stérilisés ])ar
le chaufl'age à 100°, deux sont morts après 87 et 38 jours et les deux autres sont de-
meurés en bonne santé, après avoir un peu maigri. Ceux qui ont succombé ne présen-
taient aucune lésion tuberculeuse, mais les reins étaient décolorés, les capsules surré-
nales et le foie considéraldement augmentés de volume.
Ces altérations anatomiqiies, trouvées avec une remarquable constance
chez tous nos animaux, sont identiques à celles que l'on observe chez les
cobayes auxquels on fait ingérer de petites doses répétées de tuhercidine.
Nous sommes donc fondés à conclure :
1° Que chez les cobayes infectés de tuberculose, soit par les voies diges-
tives naturelles, soit par injection intrapéritonéale, Vingestion répétée de
petites quantités de bacilles tuberculeux lues par Véhullition hâte considé-
rablement la mort, comme le ferait l'injection répétée de petites doses de
tuberculine.
2° Que, chez les cobayes sains, l'ingestion répétée de bacilles tuberculeux
tués par l'ébuUition n'est pas inoffensive et produit parfois des désordres
absolument semblables à ceux que l'on observe lorsqu'on fait iugérer à peu
de jours d'intervalle plusieurs |)etites doses successives de tuberculine à
des animaux non tubercideux.
Des expériences actuellement en cours, faites en collaboration avec M. C.
Guérin sur les grands animaux (bovidés et chèvres), nous apprendront
bientôt si ces conclusions doivent être étendues à d'autres espèces animales
sensibles à l'infection tuberculeuse.
SÉANCE DU 19 FÉVRIER 1906. 443
Mais nous croyons devoir, dès maintenant, appeler l'altention des
médecins et des hygiénistes sur ce fait que l'ingestion de produits tuber-
culeux mé/ne ^/eW/weV /?ar la chaleur peut être très dangereuse pour les
sujets déjà infectés de tuberculose et peut ne pas être inoffensive pour les
sujets indemnes de cette maladie. On devrait ilonc proscrire de l'alimen-
tation de l'homme le i?tit, même stérilisé, j)rovenant devaches tuberculeuses,
la stérilisation par la chaleur ne suffisant pas à enlever à ce lait toute
nocuilé; on devrait surtout éviter d'une manière absolue de nourrir des
enfants ou des sujets adultes, déjà tuberculeux-, avec les laits, même stérilisés,
provenant de vaches suspectes ou tuberculeuses.
Il est éminemment désirable que la connaissance de ces faits nouveaux
décide les pouvoirs |K]blics à édicter des mesures tendant à astreindre les
producteurs de lait destiné à la vente à une surveilllance rigoureuse de
leurs étables et les obligeant à soumettre périodiquement tous leur animaux
à l'épreuve de la tuberculine par les soins des vétérinaires sanitaires.
NOMINATIONS.
L'Académie procède, pir la voie du scrutin, à la nomination de diverses
Commissions.
Le dépouillement du scrutin donne les résultats suivants :
Commission chargée de juger le concours du prix Jean Reynaud. pour
l'année 1906. — MM. Gaudry, Poincaré, Darboux, Lannelongue, Bouquet
de la Grye, Berlhelot, Chau^eau.
Commission chargée de juger le concours du prix du baron de Joèst. pour
l'année 1906. — MM. Berlhelot, Darboux, Bouquet de la Grye, Maurice
Levy, Poincaré, de Lapparent, Perrier.
Commission chargée de présenter une question de prix Bordin {Sciences ma-
thématiques') pour l'année 1909. — MM. Poincaré, Jordan, É. Picard,
Appell, Darboux, Painlevé, Humbert.
4'|4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PRESE^ TAXIONS.
L'Académie procè le, par la voie du scrutin, à la formation d'une liste
de- deux candidats qui devra être présentée à M. le Ministre de l'Instruc-
tion publique, pour une place d'Astronome titulaire vacante à l'Observa-
toire de Paris.
Au premier tour de scrutin, destiné à la désignation du premier candi-
dat, le nombre de votants étant 57 :
M. Boquet obtient 55 suffrages
M. Renan » 2 »
Au second tour de scrutin, destiné à la désignation du second candidat,
le nombre de votants étant 5i :
M. Renan obtient 3o suffrages
M. Bourget » 17 »
M. I.. Picart » 4 »
En conséquence, la liste présentée à M. le Ministre de l'Instruction
publique comprendra :
En première ligne M. Boquet.
En seconde ligne M. Rexa\.
CORRESPONDANCE.
Sir Wn.i.iAM Crookes, élu Correspondant pour la Section de Physique,
adresse des remercîments à l'Académie.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
Le fascicule IV des Décades zoologiqiies {Oiseaux), publiées par la Mission
SCIENTIFIQUE PERMANENTE d'exploratign EN Indo-Ciiiî^e. (Présenté par
M. Yves Delage.)
SÉANCE DU 19 FÉVRIER 1906, 445
PHYSIQUE. — Étude photographique de la durée de la décharge dans un tube
de CrooJces. Note de MM. Axdré Broca el Turchixi, présentée par M. H.
Becquerel.
L'un de nous ( ' ) a étudié, au moyen de mesures électriques, la durée de
la décharge dans un tube de Crookes, excité par des bobines d'induction.
Pour déduire ce temps des mesures exécutées, il a f\illu faire une hypothèse,
c'est que le courant est constant pendant tout le temps d'une décharge.
Le mieux serait d'employer, pour cette étude, un oscillographe, mais les
modèles actuellement usuels ne permettent guère d'étudier des courants
si faibles et si courts. Nous avons alors cherché à opérer par photographie
de la décharge dans un miroir tournant.
M. Brunhes (^Comptes rendus, 9 avril 1900) a tenté autrefois cette mesure
par l'étude île la luminescence du platinocyanure de baryum, comme il le
raj)pelait dans une Note de lundi dernier. Cette étude ne permet pas de
conclusions sûres relativement au temps que dure la décharge, pour de
nombreuses raisons. On ne sait pas, en effet, si l'émission même des
ravons X ne donne i)as lieu à un retard ou si le phénomène de lumines-
cence du platinocvanure ne donne pas quelque chose d'analogue. C'est à
des phénomènes de cette nature qu'on peut attribuer, en partie au moins,
la différence entre les résultats expérimentaux de M. Brunlies et les ntitres.
L'étude de la phosphorescence verte du verre du tube donne lieu certaine-
ment à des phénomènes de cette nature; il suffit de regarder cette phospho-
rescence au miroir tournant pourvoir qu'elle dure très longtemps et qu'elle
subit des changements de coloration avant de s'éteindre. Nous avons alors
photographié une petite étincelle de 5'"™ à G""" introduite dans le circuit
comprenant le tube et la soupape de Villard, en nous assurant d'abord, par
la méthode électrique déjà citée, que cela n'apportait aucun changement
notable au fonctionnement. Le miroir tournant est porté par l'axe vertical
de l'uiterrupteur-lurbine à mercure que nous avons emplové. De la sorte il
y avait lieu d'espérer que, la rupture avant toujours lieu pour une même
position du miroir, on pourrait opérer par superposition d'imjjressions
successives. L'observation à i'œil sur une plaque dépolie montre qu'il n'en
est rien : il y a dans les ruptures successives des erreurs de temps de
(' I Am)UI- 1>roi:a, Comptes rrmliis, l. CXi^ll, p. 071.
C. K., 1903, I" Semestre. (T. C\LI1, .N- S.) -'9
446 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'ordre de grandeur même des phénomènes à étudier. Nous avons alors
opéré par poses instantanées, ce qui présentait de grandes difficultés à
cause de la faible lumière de rétincelle.
Le miroir, de S"^"" x 3"', en verre, argenté par devant et de r"» de rayon de cour-
bure, tourne à 5 tours par seconde, limite de l'amorçage de l'interrupteur; la photo-
grapliie se fait dans le plan anliprincipal ; de la sorte, sur l'épreuve, un temps
de o^'^^ooi correspond à 63™"» environ. Les plaques employées sont des Lumière S,
d'une émulsion particulièrement sensible et régulière, que M. Chevrier a bien voulu
nous procurer, les plaques X du commerce n'ayant pas encore une sensibilité suffisante.
Pour éviter la superposition des images successives, la plaque est portée par un pied
à crémaillère, qu'on élève à la main d'une manière continue pendant toute l'expérience.
De la sorte, on obtient sur chaque plaque un grand nombre d'impressions, qui per-
mettent de constater la régularité du phénomène. Ces images sont d'ailleurs extrê-
mement faibles, mais suflisantes cependant pour peimettre des mesures convenables.
Nous n'avons eu d'impression cpi'en plaçant l'étincelle obliquement, de manière à
présenter au miroir, sinis le plus grand diara(are apparent possible, soit la gaine catho-
dique, soit le point lumineux anodique, qui se forment entre deux pointes mousses.
Lç corps même de l'étincelle n"a jamais donné d'impression visible.
Les résultais ont été les mêmes dans toutes les conditions, en opérant sur un quel-
conque des pôles, avec des pointes mousses en fer, en aluminium ou en magnésium; il
est donc assez probable que les particularités observées correspondent bien à des par-
ticularités de la décharge.
Dans ces conditions, tous les clichés montrent im début brusque de la
décharge qui reste relativement forte pendant o*'^'^,ooo2d, puis elle con-
tinue beaucoup plus faible, pour se terminer asvmptotiquement au bout
de o^^'.oooS environ.
Ce temps est notablement plus long que celui qui a été mesuré électri-
quement (o''*'^,ooo5.), mais il est du même ordre de grandeur. La pholo-
graphie montre bien d'ailleurs la raison de cette divergence; la décharge
n'est, en effet, pas uniforme et l'à-coup brusque du commencement doit
évidemment raccourcir le temps calculé au moven de l'intensité efficace
avec l'hypothèse de sa constance pendant la pulsation <lu courant.
Jxs résultats précédents correspondent au régime de décharge pure-
ment cathodique déjà établi au moyen de la méthode électrique. Avec les tubes
mous (de moins de lo'^'" d'étincelle équivalente), on observe la même
forme de décharge, mais un allongement proportionnel de tous les temps,
comme cela a été indiqué dans la Noie déjà citée.
Les particularités de la décharge que nous venons de décrire pourraient
être attribuées aux phénomènes d'ionisation de l'étincelle eux-mêmes,
dans lesquels il peut y avoir des retards ou des prolongements de durée.
SÉANCE DU 19 FÉVRIER 1906. 447
Ce qui nous semble montrer que ces derniers phénomènes jouent un rôle
secondaire est l'identité des résultats obtenus dans t'outes les conditions.
Cependant on peut obtenir, dans certaines circonstances, pour la lumière
de l'étincelle, des phénomènes analogues à la phosphorescence. Il suffit
pour cela de mettre une bouteille de Leyde en dérivation sur la petite étin-
celle. Dans ces conditions on a, au début du phénomène, une décharge
diisruptive extrêmement brillante correspondant aux oscillations propres
de la bouteille. Avec !a vitesse de rotation employée, il n'y a aucune trace
d'étalement de cette décharge. Une impression faible se continue ensuite
avec le même aspect que dans le cas précédent, quoique l'intensité soit
assez notablement plus forte. La durée do phénomène photographié pst
environ double de ce qu'elle est dans l'expérience précédente. Des phéno-
mènes analogues se passent peut-être dans ce dernier cas, mais, l'énergie
des phénomènes étant beaucoup moindre, les prolongations d'effet sont
probablement moindres aussi; en somme, les chiffres obtenus par la
méthode photographique sont certainement des limites supérieures des
temps de décharge du tube de Crookes, la méthode électrique déjà citée
donnant des limites inférieures. Ces tieux méthodes sont d'ailleurs sensi-
blement d'accord et permettent d'affirmer l'existence d'un temps de dé-
charge caractéristique de l'état d'un tube, conformément aux résultats de
la méthode électrique déjà citée.
PHYSIQUE. — Su7- un procédé pour la mesure de la quantité totale de rayons X
émis dans un temps donné. Note de M. Gaiffe, présentée par M. d'Ar-
sonval.
On s'est servi jusqu'ici en radiothérapie, pour évaluer approximative-
ment la quantité totale de rayons X ayant frappé un patient dans un temps
déterminé, de pastilles de composition variable soumises à l'action des
rayons en même temps que le patient et dont la teinte change sous l'effet
de ces rayons; d'autre part, ayant dressé, des échelles de teintes types dont
chaque échelon correspond à un certain nombre d'unités arbitraires de
quantité de rayons X dénommées unités H, on comparait la teinte des pas-
tilles avec l'échelle de teintes et l'on en concluait le nombre d'unités
reçues.
Ces appareils avaient de nombreux inconvénients :
1° La comparaison des teintes obtenues avec les teintes étalons est très difficile et ne
peut être faite à la lumière artificielle.
448 ACADÉMIE DES SCIENCES.
2° Les produits conslituanl les pnslilles reprennent rapidement leur teinte primitive
sous l'action de la lumière du jour, ce qui rend difficile la comparaison avec l'éclielle
type.
3° Pour examiner les pastilles, il faut les soustraire à l'action des rayons X; pendant
le temps de la lecture, l'action des rayons X est suspendue et même il y a rétrogra-
dation causée par la lumière du jour.
Ces méthodes n'étaient donc ni commodes, ni précises.
Parmi les corps employés pour la composition des pastilles, certains, tels que le pla-
tinocyanure de baryum, sont lluorescents sous l'action des rayons X et celle fluores-
cence est détruite ou diminuée par l'action de ces rayons.
Cette propriété peut être utilisée pour établir, en vue de l'évaluation de la quantité
totale des rayons X émise dans un temps donné, un procédé de mesure et des appareils
qui fojit l'objet du présent dispositif.
Ce dispositif consiste en principe à interposer entre la source et une
pastille de plalinocyanure de baryum, ou autre corps fluorescent destruc-
tible par l'action des rayons X, une ou plusieurs caches en matière aradio-
chroïque de transparence inégale aux rayons X. La région de la pastille
non protégée sera altérée rapidement et les parties protégées par les
caches le seront plus ou moins et après un temps plus ou moins long, sui-
vant la transparence de ces caches.
Par suite, la région non protégée deviendra rapidement obscure, ou
moins éclairée, tandis que les régions protégées ayant reçu une quantité de
rayons moindre seront moins altérées et seront restées plus semblables à
ce qu'elles étaient au début.
Il en résulte que, si l'on observe la pastille à un moment donné, on con-
state qu'au point de vue de l'éclat certaines des régions protégées se con-
fondent avec la région non protégée, tandis que d'autres se détachent
encore moins lumineuses sur le fond.
Si donc les caches ont des transparences calculées de manière que les
régions protégées se confondent comine intensité lumineuse avec la région
non protégée, lorsque la pastille a reçu des quantités de rayons X déter-
minées, on peut évaluer immédiatement la quantité reçue par le patient
d'après les aspects de la pastille, à condition que l'on ait observé un rap-
port déterminé une fois pour toutes entre les distances de la peau du patient
et de la pastille à la source de rayons X.
SÉANCE DU 19 FÉVRIER rgoô. 449
RADIOACTIVITÉ. — Sur fa fadiooclii'ilé des sources d'eau potable. Note de
MM. F. DiEXERT et E. Bouquet, présentée par M. P. Curie.
Dans le but d'étudier les procédés naturels d'épuration p;ir le sol et afin
de cherchera expliquer pourquoi certaines sources émergeant de terrains
fissurés et peu filtrants ne renferment pas le bacillus coli communis, nous
avons mesuré la radioactivité de quelques sources captées par la Ville de
Paris. Dans cette première Note nous donnons les résultats obtenus aux
sources de l'Avre.
Pour faire cette mesure, nous nous sommes servis de l'appareil à élec-
troscope de Elster et Geitel en employant le procédé décrit dans les
Archwes des Sciences physiques et naturelles de Genève (août 1900) par
MM. Engler et Sieveking ( ' ).
Dans une première mesure nous déterminons l'aliaissement du potentiel de ni)lre
éleclroscope obtenu après i heure avec 2' d'eau indifTérenle (eau distillée). Nous
obtenons ainsi l'activité normale.
Dans une deuxième mesure nous remplaçons l'eau distillée par le même volume
d'eau de source et l'on fait la même lecture. En retranchant de celle-ci l'activité nor-
male, on obtient la chute de potentiel après i lieure due à l'émanation de l'eau étudiée.
Nos résultats sont rapportés au litre d'eau. Nous avons négligé d'en défalquer l'activité
induite.
Le volume de notre appareil contenant l'air ionisé est de 10', 200.
La capacité de notre condensateur est sensiblement égale à 1,1 x iO"^° C.G.S. élec-
tromagnétique.
IiUensilL du courant
de décharge de l'électroscope
par l'émanation dégagée
Sources. par i' d'eau en ampères (').
Source du Groupe du Nouvet i ,:^o X ic"
Source Erigny i , ^o X 10 "**
Source Rivière 2,o.3 x to~'^
Source du Breuil 2,5.5 x io~"
D'après ces résultats on voit que les sources de l'Avre sont faiblement
(') Cet appareil est très commode quand on veut étudier la radioactivité des
sources sur le terrain, mais il ne donne que des indications relatives et ne comporte
pas une grande précision.
(') On a tenu compte de l'émanation dissoute dans l'eau.
45o ACADÉMIE DES SCIENCES.
radioactives; celle du Breuil, la meilleure de toutes, indemne de bacillus
coli communis , l'est plus que les autres.
Les eaux des sources concentrent, à leur émergence, l'émanation radio-
active qu'elles dissolvent dans le sol.
Comme pour leur captage on les a recouvertes d'une cloche en maçon-
nerie, l'air des chambres de captage doit être fortement radioactif.
C'est en effet ce que nous avons constaté, comme l'on peut s'en rendre
compte par l'examen des nombres ci-dessous :
Aclivilé normale de l'air du laboratoire o,35 x lo^"
Activité normale de l'air de la cave du laboratoire (située à 000"' des
sources) o, i3 x ic""
Activité normale de l'air du pavillon de captage de la source du Breuil. 2,4^ X io~"
Comme les sources concentrent en certains points, par exemple à leur
émergence, l'émanation qu'elles recueillent dans leur parcours, il y a peut-
être là un moyen de déceler la présence d'un courant souterrain; c'est ce
que que nous nous proposons de rechercher.
CHIMIE ORGANIQUE. — Condensation des nitriles acélylènùjues avec les
phénols. Méthode générale de synthèse de nitriles acryliques '^-oxyphénalés
^-substitués. Note de MM. Ch. Moureu et I. Lazb.xnec, présentée par
M. H. Moissan.
Nos récentes expériences ont élmbYi {Comptes rendus, 5 février 1906) que
les nitriles acétyléniques R — C^C — CAz pouvaient être condensés avec
les alcools, en donnant des produits d'addition qui résultent de la fixation
des alcools sur la liaison acétylénique. Nous avons reconnu que les phénols
jieuvent fournir avec les mêmes nitriles des composes d'addition analogues
et cette réaction doit encore être rapprochée de la condensation des phé-
nols et des thiophénols avec le phénylpropiolate d'éthyle et l'acétylène-
dicarbonate d'éthyle (Ruhemann et Beddow, Ruhema.nn etSTAPLETON, Chem.
Soc., 1900-1904) et de celle des alcools et des phénols avec les éthers
acétyléniques et les acétones acétyléniques (Ch. Moureu; Cn. Moureu et
M. Brachin, Bull. Soc. chim., 1902-1905).
Le mode opératoire général est le suivant :
On dissout à chaud du sodium (i"') dans un excès (4o à 5o parties) du phénol em»
ployé; à cette liqueur, cliaullee vers 120°, on ajoute le nitrile (1°"»') et Ton agite le
SÉANCE DU 19 FÉVRIER 1906. Y I
loiit; on obser\e alors, en général, une élévation sensible de la lenipéralure, en même
temps qu'une coloration plus ou moins foncée de la masse. Après avoir maintenu le
mélange vers la température moyenne de i/jo" pendant quelques heures, on élimine la
majeure partie du phénol en excès par distillation dans le vide et l'on reprend le
résidu par le benzène à chaud. La solution benzénique est débarrassée des traces de
phénol qu'elle retient encore par des lavages à la soude étendue, puis séchée et éva-
porée; le nouveau résidu est purifié par distillation ou cristallisation.
Dans les composés que nous avons ainsi obtenus, une molécule phéno-
lique se trouve fixée sur la liaison acétyléniqiie des nitriles acétyléniques.
Voici ces corps ;
Pciinls
tic fusion. tri-biillilioii.
Nitrile p-amyl p-phéno\yacrylique : ,, ^
C^H" — C(0C«H5)= CH-C.Az » 175-178(13'""')
Nitrile ^-hexyl p-orthocrésoxvacrylic[ue :
Cqi'3_C(OC«H' — CH') = CII— CAz » 195-196 (i5'>^')
Nilrile p-phényl ^-phénoxyacrylique ;
OH''— C(OC''H')=cil — CAz 85-86"
Nitrile ^-phényl j3-orthocrésoxyacryiique :
OH'— C(OC«H'— CH») = Ch"— CAz io4-io5
Nitrile p-phénvl jj-t!ivmoxvacryllque :
C«H'-C(0C''H3<^^[^^.)=CH-CAz » «26-229 (1 1">'>')
Nitrile p-phényl [3-gaïacoxyaciYlique :
CH' - C( OOH'— OCHM = Cil — G \z 90- 91 «
Ij'hydrolyse de ces composés permet d'établir leur constitution. Si l'on
chauffe, par exemple, le nitrile fi-phényl [i-phénoxyacrilique avec de la
potasse en solution alcoolique et qu'on traite ensuite par l'acide sulfu-
rique le produit brut de la saponification, on observe la formation d'une
certaine dose d'acétophénone, avec mise en liberté du phénol. L'équation
suivante rend compte de la réaction :
CH^ — C(OC'>H^) = CH -CAZ + 3H-0
Nitrile plicnyl-pbénoxyacr\l)i(uc.
= C«H= - CO - CH' -H CHKm -h AzH' + CO'.
Acétopbijiione. l^honol.
Nous avons remarqué en outre, avant le traitement par l'acide siiIFli-
rique, qu'il y avait eu production d'une notable proportion du nitrile
élhoxylé CH* — C(OC-H' ) = CH — CAz, dont nous avons établi anté-
rieurement la constitution. Fait bizarre, ce composé a pris naissance par la
substitution de l'alcool au phénol dans le nitrile phénoxylé.
152 ACADEMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches clans la série du pyrane.
Note de MM. E.-E. Blaise et H. Gaulï, présentée par M. A. Haller.
Nous avons indiqué, dans une Note \n'écéàen\.Q (^Comptes rendus , 1 1 juillet
1904) comment nous avons pu préparer un dérivé immédiat du y-pyiane :
l'acide y-pyrane-ococ'-dicarbonique :
cir^
CH,/\CH
COHÏ
COMI
O
par déshydratation de l'acide ax'-dicétopimélique, ce dernier résultant lui-
même de la saponification du méthylène-bisoxalacétate d'éthyle. Dans le
but d'obtenir des homologues pyraniques, nous avons condensé l'élher
oxalacétique avec diverses aldéhydes, soit cycliques, soit acycliques. Les
aldéhydes cycliques (aldéhyd es benzoïque,anisique, o-et/?i-nitrobenzoïque,
/j-oxybenzoïque) ne donnent en aucun cas d'éthers alcoylidène-bisoxalacé-
tiques, mais uniquement des éthers cétoarylparaconiques, par suite de
l'élimination de 1"°' d'alcool entre 1'"°' d'aldéhyde et une seule molécule
d'éther oxalacétique
CO-CIi — CO^GMl'
\0 — CH — C«H'— R
En effectuant la condensation au moyen de l'acide chlorhydrique gazeux,
on obtient directement les éthers cétoparaconiques; si l'on emploie au con-
traire la diéthylamine, ce sont les sels de diétliy lamine correspondants qui
prennent naissance.
L'aldéhyde salicylique se condense d'une manière spéciale avec l'oxal-
acétate d'éthyle : elle fournit le salicylidène-monoxalacétate d'éthyle. Si la
condensation a été effectuée au moyen de l'acide chlorhvdrique, on obtient
un chlorhydrate excessivement instable et qtii donne le dérivé salicylidé-
iiique par action des bicarbonates alcalins, à froid.
Les aldéhydes acycliques : éthanal, propanai, heptanal, se comportent
vis-à-vis do l'éther oxalacétique comme le méthanal. On obtient, en con-
ilensant au moyen de la pipéridine ou de la diéthylamine, des éthers alcoy-
lidènc-bisoxalacétiques hydratés.
SÉANCE DU 19 FÉVRIER 1906. ./J53
Le dédoublement cétoniqiie de ces éthers s'effectue mal ou ne s'effectue
plus du tout sous l'influence des acides minéraux étendus. L'acide sulfu-
rique concentré et froid donne, au contraire d'excellents résultats. Il y a
simultanément saponification et déshydratation et l'on obtient des dianhv-
drides de la f'>rme :
CO— CH-CH-CII-CO
CO CO R CO CO.
\/ \/
O O
Ceux-ci, par ébuUition avec de l'eau, conduisent, dans de très bonnes
conditions de rendement, aux acides dicétopiméliques correspondants. Les
acides dicétopiméliques fournissent tous les dérivés caractéristiques de
leurs fonctions. Il faut mentionner en particulier leurs dioximes, qui, par
simple ébuUition avec l'eau, se décomposent en donnant les dinitriles
p-alcoylglutariques. Toutes les réactions indiquées donnant de bons rende-
ments, c'est là une méthode de synthèse des acides p-alcoylglutariques qui
peut être précieuse dans le cas où l'alcoyle est lourd. On sait en effet que,
dans ce cas, la méthode de K.nœvenagel ne donne pas de résultats.
Les homologues de l'acide dicélopimélique se comportent comme ce
dernier vis-à-vis de l'acide sulfiriquc et donnent les homologues de l'acide
pyranedicarbonique :
CO^ll-C^Cli
0(^ ^CH-R.
COMI— C=:CH
Nous avons particulièrement étudié la basicité de l'atome d'oxygène
dans les acides pyranedicarboniques. Cette basicité est nulle à l'égard des
acides et des sels des métaux lourds. Par contre, elle se manifeste vis-à-vis
des Iialogènes. Le brome, par exemple, donne des dibromures qui préci-
pitent instantanément l'iode des iodures et où les atomes d'halogène
doivent, par conséquent, être considérés comme fixés à l'atome d oxygène :
coni
/
CH=C
R-C[l( >0( .
C1I=C
• \
COMI
G. K.. 1906, I" Semestre. \,T . CXLII, N° 8 ) *Jo
454 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ces dibromures ne sont pas susceptibles de perdre d'hydracide pour se
transformer en sels de pyryle La propriété de donner des sels de pyryle
n'appartient donc pas an noyau pyranique simple, mais seulement aux
noyaux complexes, tels que celui du dina|)htopyrane et, dans ce dernier
cas, la formation du sel de pyryle ne doit pas avoir lieu par substitution
comme l'a supposé M. Fosse dans ses intéressantes recherches, mais résulter
de la formation d'un bromure très instable, perdant aussitôt une molécule
d'acide bromhydrique, grâce à la mobilité de l'hydrogène du groupement
méthylénique en para par rapport à l'oxygène pyranique.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la présence de V aldéhyde formique dans les
substances caramélisées. Note de M. A. Trillat, présentée par
M. E. Roux.
Les résultats exposés dans des Notes précédentes (') ont démontré que
l'aldé.hvde méthylique se formait dans la combustion incomplète d'un
grand nombre de substances, spécialement dans celle du sucre et des ma-
tières riches en hydrates de carbone.
J'ai reconnu que l'aldéhyde formique ne se trouvait pas seulement dans
les produits gazeux dç ces combustions, mais qu'elle était encore renfermée
dans le résidu, c'est-à-dire dans le caramel. Celte constatation, qui fait
Tobjet de cette Note, est de nature à nous expliquer quelques faits dont la
cause restait ignorée jusqu'à présent.
1. Le dégagement de forinaldéhjde, déjà décelable quand on chauire le sucre à laô",
devient abondant à i5o°. Si Ton arrête le chauffage à cette température, on peut déjà
constater la présence de la formaldéliyde dans le caramel. La proportion d'aldéhyde
augmente avec le degré de caramélisation, comme l'indique le Tableau suivant (les
chiffres se rapportent à loo de caramel) :
t..
II.
III
l\ .
(') Comptes rendus, mars et juillet igoà.
TempéraUirr
Aldùhydf formique
Aldrliydc formique
de
restant
dégagée.
caramélisalion.
dans le résidu.
125°
traces
traces
100°
0^,090 pour 100
os, 3oo pour 100
i5o°-i8o"
os, i35 »
IK, 100 »
l8o°-200°
os, 270 »
2S, 200 B
SÉANCE DU 19 FÉVRIER 1906. 455
Les caramels du commerce utilisés dans l'alimentation renferment souvent de Tal-
délivde fiirniic]ue libre, mais en proportions extrêmement variables selon le mode de
préparation du caramel et surtout selon sa fraîcheur. Sur 5 échantillons prélevés,
3 en contenaient des doses très appréciables (trouvé : 3o"s, /^5'"s et SaS"'" pour 100 du
poids du caramel).
II. Le sucre caramélisé j^erd une partie de ses propriétés fermenlesciisles; on le
constate, soit en caramélisant préalablement le sucre, soit en l'additionnant de cara-
mel et en ensemençant ensuite de semblables solutions comparativement à des solu-
tions témoins. Le caramel jouit donc de propriétés antiseptiques; pour en avoir une
notion plus exacte, j'ai déterminé, selon la technique habituelle, le pouvoir inferti-
lisant et microbicide de 20s de sucre chauffé i minute a 200°. La dose de 6 pour 100 a
inferlilisé les bouillons ensemencés par le bacteriinn coli commune et les bactéries
des eaux d'égoul. Au point de vue microbicide, ces mêmes germes mis en contact
avec une solution de caramel à 10 pour 100 ont été tués après un contact de i41ieures.
III. Le lait additionné de ce caramel à diverses doses et ensemencé avec le ferment
lactique est resté indemne à la dose de lo pour 100; l'action retardatrice du caramel
sur la fermentation lactique s'est manifestée à la dose de 2 pour 100. Cette même dose
de caramel dans le lait ne m'a pas semblé exercer une action retardatrice sur l'empres-
surage ni sur la digestibilité arlilicielle du lait; peut-être se manifeste-t-elle à plus
haute dose.
IV. La conclusion à tirer de ces résultats, c'est que le sucre caramélisé
ou ayant subi un commencement de caramélisation contient des doses |)kis
ou moins considérables de formaldéhyde qui peuvent influencer ses pio-
priétés originelles. Au point de vue pratique, on voit intervenir dans l'in-
dustrie le rôle de la formaldéhyde dans la destruction du sucre provoquée
accidentellement par un trop grand surchauffage au contact des parois mé-
talliques, ce qui a pour effet, comme MM. MoUenda et Peliet (' ) viennent
de le constater, de faire varier les propriétés réductrices et fermentescibles
des masses cuites.
Dans les sucreries, il arrive assez fréquemment que les cannes sont
incendiées; d'après M. Riffard ('), ces cannes fermentent difficilement :
la formation de l'aldéhyde méthylique peut en donner une explication.
V. Le caramel est utilisé dans l'alimentation comme parfum et comme
colorant : la caramélisation dans les ménages est d'une pratique courante.
Étant données les doses auxquelles il est d'usage de mélanger le caramel
aux aliments, la proportion d'aldéhvde formique introduite dans l'orga-
nisme par leur ingestion est excessivement faible et probablement négli-
geable dans la plupart des cas.
(') Bulletin de l' Association des Chimistes, 190J.
456 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ces notions étaient utiles à connaître non seulement au point de vue de
l'hygiène alimentaire mais aussi au point de vue de l'expertise légale : ces
résultats prouvent en efTet que la formaldéhyde, dont l'usage est interdit
par la loi pour la conservation des aliments, peut s'y rencontrer parfois
normalement (' ).
BOTANIQUE. — Note sur la végélalion bryologique de l' Antarctide.
Note de M. Jules Cardot, présentée par M. Bornet.
Le climat des régions antarctiques présente, à latitude égale, des condi-
tions beaucoup plus défavorables aux manifestations de la vie végétale que
le climat boréal, ce qui est dû principalement à la nébulosité de l'atmo-
sphère, qui neutralise en grande partie l'action bienfaisante des rayons so-
laires, de telle sorte que, pendant les mois les plus chauds pour ces régions
(décembre, janvier, février), les valeurs ihermométriques moyennes sont
de 2°,i3 au-dessous de zéro, alors que, sous des latitudes correspondantes,
l'été Scandinave jouit encore d'une température de ii° à iS° au-dessus de
zéro.
On comprend facilement que les plantes supérieures ne trouvent pas sous
le climat de l'Antarctide la somme de chaleur nécessaire à leur développe-
ment. Li seule plante phanérogame connue à une latitude plus australe que
celle du Cap Horn et de la Géorgie (\u Sud est une Graminée qui végète
par touffes isolées sur les côtes des Shetland méridionales et des îles de
l'archipel de Gi'aham.
Mais les végétaux cellulaires sont moins exigeants et les récentes explo-
nilions antarctiques viennent nous révéler toute une flore cryptogamique,
à peu près ignorée jusqu'ici, appartenant aux trois grands groupes des
(') Dans cette Note je nie suis borné à signaler la présence de la f'ormaldt'iivde libre
dans les substances caramélisées. Mais cette constatation conduit natiirellcnient à
admettre qu'une grande partie de l'aldéhyde échappe à l'analyse parce rpi'elle doit
ètie combinée et transformée en déri\és avancés de polymérisation qui constitueraient
au moins en partie le caramel. On sait en efiel avec quelle facilité les aldélivdes donnent
des acétals et se polyniérisent. Cette hypothèse est d'autant plus acceptalîle que je suis
arrivé, en partant de l'aldéhyde formique, à produire des caramels présentant une
grande analogie avec le caramel extrait du sucre. L'identification de ces caramels
est intéressante à faire, car elle expliquerait d'une manière fort simple le jjhénomèB»,
considéré comme compliqué, de la caramélisation. J'en ai fait l'objet d'une étude
à part.
SÉANCE DU If) FÉVRIER 1906. 467
Muscinées, des Lichens et des Algues et dont l'élude présente d'autant plus
d'intérêt que cette flore constitue l'une des plus importantes manifestations
(le la vie organique dans ces régions désolées.
Ayant été chargé de la détermination îles Mousses rapportées par l'expé-
dition de la Belgica, par l'expédilion suédoise et par la mission Charcot,
j'ai pu, en outre, examiner la plupart de celles récoltées jadis par J.-D.
Hooker sur l'ile Cockburn et, plus récemment, par M. Borchgrevink à
la Terre de Geikie et par M. Rudmase Brown, le botaniste delà Scotia, aux
Orcades méridionales. En additionnant toutes ces espèces, nous arrivons
à un total de 46 Mousses actuellement constatées dans la région antarc-
tique proprement dite.
Malgré la rigueur du cliiiial, ces Mousses sont généralement vigoureuses et n'ont
nullement l'aspect rabougri (|u'oii pourrait leur supposer; mais il est à noter qu'elles
fructifient rarement : de toutes les espèces que j"ai eu l'occasion d'examiner jusqu'ici,
je n'en ai vu (|ue quatre en fruits et deux en lleurs Toutes les autres sont absolument
stériles. Il est probable qu'elles ne produisent des lleurs et des fruits que dans certaines
conditions exceptionnellement favorables et que leur propagation a lieu le plus sou-
vent par la séparation et la dissémination des bourgeons.
Elles se répartissent entre i3 familles. La mieux, représentée est celle des Biyacées,
qui compte 11 espèces, dont 3 Webera et 8 Bryuni: 5 l'exception de Fubiquiste B.
argenteuin L., toutes les autres espèces de ce dernier genre sont particulières à l'An-
tarctide. C'est donc le genre Bryuni (|ui paraît être le groupe le plus caractéristique de
cette région.
Les Hypiiacées viennent en seconde ligne, avec 9 espèces, appartenant aux genres
Brachyteciuin, Hypnurn et Amblystegiitni. \J Hypnum uncinatuin Hedw., espèce
répandue dans la zone Itoréale, est la Mousse la plus commune de la région antarctique.
Les familles des Dilrlchacées, des Pottiacées, des Griniiniacées et des Polytrichacées
sont représentées chacune par 4 espèces. Les Andréacées ont 3 espèces, les Orlhotri-
chacées 2, enfin les Weisiacées, les Dlcranacées, les Séligériacées, les Bartrainiacées
et les Leskéacées ont chacune un représentant.
Sur les 46 espèces, 22 semblent jusqu'ici particulières à l'Antarctide; il y a même
un genre endémique {Sarconeurum Bryhn). i3 espèces antarctiques existent à la
Géorgie du Sud, un même nombre dans les Terres magellaniques, 9 à Kerguelen et 12,
presque toutes cosmopolites, se retrouvent dans la zone boréale. On doit noter aussi
que plusieurs espèces antarctiques ont d'étroites affinités avec des espèces boréales.
L'altitude ne parait pas exercer d'influence appréciable sur la distri-
bution des Mousses antarctiques : les mêmes espèces peuvent se rencontrer
partout où la glace disparaît en été. A lile Brabant, dans le détroit de Ger-
hiche, M. Racovitza a récolté 6 espèces ;i une altitude de Sjo™, sur des
458 ACADÉMIE DES SCIENCES.
roches complètement entourées de glace et M. Skoltoberg n recueilli
7 espèces dans l'île Paulet. à environ 400" au-dessus du niveau de la mer.
Il est probable que la flore circumpolaire antarctique est très uniforme;
toutefois, nous ne pouvons émettre à cet égard qu'une simple supposition,
presque tout ce que nous en connaissons jusqu'à présent provenant de la
partie de l'Antarctide située au sud du continent américain. Cependant,
nous savons déjà qu'une espèce très spéciale, le Sarconeiirum glaciale,
existe sur deux points fort éloignés l'un de l'autre : l'île Cockburn et la
Terre de Geikie.
BOTANIQUE. — Sur les levures sporulées de Champignons à périlhèces (Glœos-
porium). Note de MM. P. Viala et P. Pacottet, présentée par M. ]j.
Guignard.
La formation ^?iY\e?, Saccharomyces de spores endogènes, assimilées aux
ascospores, a été considérée comme un caractère bien particulier aux vraies
levures. Ce caractère a servi de base à Hansen pour les classer en espèces.
Les spores endogènes ont été signalées aussi pour des mycolevures ou des
mycodermes. L'idée si longtemps discutée, de la possibilité de l'origine,
plus ou moins lointaine, des levures aux dépens de Champignons filamen-
teux a été rejetée à la suite de travaux de Hansen, Schïonning, Klocker.
Ij'absence de sporulation endogène chez des levures de diverses moisis-
sures était le fait essentiel sur lequel était basée cette dernière opinion.
Nos recherches sur l'Anthracnose de la Vigne ('), confirmées actuel-
lement par celles sur l'Anthracnose du Platane, nous paraissent apporter
des faits nouveaux sur cette question si controversée; elles démontrent, en
tous cas, que la sporulation des levures n'est pas seulement particulière
aux vrais Saccharomyces , puisqu'elle a lieu pour des Champignons para-
sites, le Glœosporium arnpelophagum Saccardo (^Manginia anipelina Viala et
Pacottet) et le Glœosporium nervisequuni Saccardo (Gnomonia Veneta Kle-
bahn).
L'isolement et les nombreuses cultures, pendant trois années successives,
du G. arnpelophagum nous avaient permis d'observer, pour cette espèce,
(') Comptes rendus, i"' février igo4. — Anthiacnosc. Mémoire 1 : 10 juin 190-i:
Mémoire II : 7.\ septembre igoà (avec 8 planches el 9") figures dans le texte).
SÉANCE DU 19 FÉVRIER 1906. 4^9
nu ]5olvmorphisme très complexe : conidiopliores, spermogonies, sclérotes
et macroconidiophores, pycnides, chlamydospores, kystes, tous organes
que nous retrouvions ensuite dans le vignoble et dont nous avons démontré
les relations et l'entité spécifique par des cultures variées et croisées. Nous
n'avons pu encore observer dans la nature ou obtenir dans nos cultures
les périlhèces (à asques) de cette espèce qui se rattache au groupe des
Ascomycètes-Sph^riacées.
Quand on sème des spores (spermalies des conceplacles-spermogonies) dans des
milieux sucrés, le mycélium, fin et filamenteux, se divise bientôt par un grand nombre
de cloisons qui limitent des articles; ceux-ci finissent, au bout d'un temps plus ou
moins long, par se séparer en cellules qui se mettent à bourgeonner comme des levures.
Les premières générations de levures, ainsi obtenues, transportées successivement sur
des milieux sucrés, continuent à se multiplier par bourgeonnement. Ce sont des
levures (yV- sur 4'^i5o ou 6V- sur 4''') d'un type morphologique intermédiaire aux levures
apiculées et aux levures ellipsoïdes; elles déterminent une faible production d'alcool
(i à 1,5 pour 100) qui paraît devoir s'augmenter par accoutumance.
En repartant d'une cellule de levure unique, nous avons pu revenir au mycélium fila-
menteux et delà aux divers organes du G. ampelophagiim.
Ce retour est lent, il est même d'autant plus lent (jue la levure provient de séries
plus éloignées du point originel de transformation du Champignon en levures bour-
geonnantes.
Dans certaines conditions de milieu apparaissent, sur les voiles, des cellules du-
rables (12!^ sur 6!^) à double membrane, d'un brun plus ou moins foncé. Les levures
portées sur plâtre ou dans les milieux épuisés sporulent et forment des spores endo-
gènes. Les levures sporulées du G. ampelophagitm sont plus rendées que la levure, la
pointe apiculée a disparu, elles restent allongées quand elles renferment trois spores,
elles sont plutôt subsphériques à deux spores ou sphériques à une spore (c^t"- à ni*).
La spore endogène est un peu ovoïde et donne des levures en milieux sucrés. Il y a
identité absolue entre celte sporulation du G. ampelophagum et celle des levures des
Sacciiaromycètes et des Schizosaccharomycètes.
En vérification de ces premières données, nous avons isolé et cultivé le
G. nennsequitm an Platane et nous avons obtenu des conidiospores, sper-
mogonies, pycnides, sclérotes, chlamydospores, kystes. H. Rlebahn (') a
cultivé aussi le G. nerviseqaum en milieux artificiels; il a obtenu, coiiime
nous, des conidiospbores, des sclérotes, des conceptacles et il a démontré
que Gnomonia Veneta {Lœstadia Veiteta ^acc. et Speg.) était la forme à
(') Ueber einige Fitngi iinperfc.cti (Jahrbiicher fiir Wissensch. Boianik,Lv\i>z\g,
190.5, p. 5 1 5-558).
460 ACADÉMIE DES SCIENCES.
jiérithèces (à ascospores et à asqiies) du G. nervisequum; ces asques vraies
sont en grand nombre dans la cavité du périthèce et renferment chacune
huit spores ovoïdes et septées.
Or nous avons obtenu, dans les mêmes conditions de milieu que pour
G. ampelophagiim, des levures avec le G. nervisequiim. Le passage à la levure
bourgeonnante du mycélium filamenteux est même plus rapide avec celte
dernière espèce. Le retour au mycélium, en partant de la levure unique, a
été obtenu de même façon et a été aussi lent. Les levures bourgeonnantes
du G. nervisequum produisent aussi i pour 100 d'alcool; elles sont plus
ellipsoïdes que celles du G. ampelophagum; elles mesurent 12I* à 81^ de
long, sur 'f- à l^ de diamètre, le plus souvent •^-7'^. Les voiles et les cel-
lules durables ont été observés dans les mêmes conditions; ces dernières
(loi^ à i2'^)sont plutôt irrégulièrement sphériques à membrane d'un noir
carbonacé.
La sporulation du G. nervisequum se produit comme celle du G. ampelo-
phagum. Les spores endogènes sont plus nombreuses; leur nombre varie
un peu (2 a 12), mais il est, le plus souvent, de 8. Ces spores sont plus sphé-
riques que celles des levures de la Vigne. Elles donnent de petites levures
dont les générations ultérieures acquièrent vite les dimensions normales.
IjB levure sporulée est plus allongée que celle du G. ampelophagum ; elle
est parfois un peu arquée ou irrégulière; elle mesure en moyenne \1>^
sur 19^ et varie de \&^ à c^^ sur lo^^ à 8^^; ses spores ont 3^^ de diamètre.
Tous les Champignons analogues aux deux Glœosporium, étudiés ne sont
pas susceptibles de donner des levures bourgeonnantes et des levures spo-
rulées. Nous avons isolé et cultivé un parasite voisin de ces derniers, l'^l^-
rochvta PisilÀh., cause de l'Anthracnose des pois et nous n'avons pu ob-
tenir, au bout de huit mois, la fragmentation mycéliennneen milieu sucré.
Il en est de même pour d'autres parasites du même groupe des Sphœria-
cées que nous avons isolés et que nous cultivons depuis plusieurs années
(cinq ans), tels les Guignardia ^/V/ntr/Aï (Bl:>ck-Rot), Charrinia cliplodiella
(Rot blanc), Rœsleria hypogœa et Dematophora necatrix (Pourri. lié).
La sporulation des levures observée sur deux Champignons (G. ampelo-
phagum et nervisequum), qui présentent un polymorphisme complexe d'or-
i:anes de reproduction et dont l'un a des périthèces à asques et à vraies asco
spores, permet de mettre en doute la nature ascogène attribuée aux levures
(les Saccharomyces. Cette observation pose à nouveau la question, énon-
cée par Pasteur, de l'origine première, aux dépens de Champignons fil;.-
menteux, des levures sauvages et industrielles. D'ailleurs ces levures sont
SÉANCK DU If) KÉVPUER 190G. 46l
peiit-êlie fixées, par «ne longue accouUimaiice, dans leur état actuel, état
d'où il parait difficile, mais non impossible, de les ébranler.
BOTANIQUE AGRICOLE. — De T influence de la greffe sur la qualité du raisin
et du vin el de son emploi à l'amélioration systématique des hybrides sexuels.
Note de MM. Curtel el A. Jcrie, présentée par M. Gaston Bonnier.
Dans une précédente Conimiinication l'un de nous a signalé l'influence
modificatrice de la greffe sur le raisin, le moût et le vin. Ces conclusions
reposaient sur l'observation, prolongée pendant plusieurs années, de deux
vignes, l'une greffée, l'autre franche de pied, situées côte à côte et sou-
mises aux mêmes soins culturaux. Un curieux phénomène de végétation
nous a permis d'étudier cette influence en éliminant les nombreuses causes
étrangères de variation qui interviennent, en dehors de la greffe, pour
modifier la structure et la composition du fruit.
Nous avons pu observer, sur un même pied, Gamaj^ d'Arcenant greffe sur Aramon-
Rupestris, deux récolles provenant, Tune de la grelVe, Faulre d'un rameau fructifère
âgé de quatre ans, né à 6*^™ environ au-dessous de la grefl'e et par conséi(uenl aflVanchi
de l'influence modificatrice du l;ourrelel. Ce rameau, au lieu d'avoir les caraclères
d'un rameau d'Aramon-Rupestris, comme on devait s y attendre, porte un feuillage
de Vini/era trilobé, diiî'érenl à la fois de celui du greflon el du sujet, tout en ayant
des caractères communs à l'un et à l'autre. Il porte de nombreux raisins ayant la forme
el les dimensions de ceux de Gamay, mais plus précoces, à grains plus gros, parfaite-
ment sains, alors que ceux de la greffe sont fortement envahis par la pourriture grise.
Structure comparative des fruits.
Nombre
Poids
N'ombre
de grains
Poids
Poids
Nombre
Poids
de
lùtal
des
de
des
tles
Nature
10 raisin*.
des grains.
sains, pourris.
l'a fies.
100 gi-ains.
pépins.
pëpins.
des peaux.
Greffe
. jl'S.lSo
1000
63o 370
3o
216
i34
h, 2
fines.
Rejet non greffé. . .
• l'^MjO
609
629 3o
3i
249
l52
6,9
plus épaisses,
Les mollis ont une densité, une teneur eu sucre peu différentes et une
acidité un peu supérieure dans le fruit greffé. Ces moûts ensemencés avec
une même levure de vin ont donné des vins très différents dans leurs pro-
priétés organoleptiques, couleur et richesse en tanin.
,\lcool.
Vin de la greffe 9°, 5
\m du rejet non greffé 10°
C. R., 190(3, I" Semestre. (T. CXLII, N» 8.) <3 I
Acidité
Acidité
volatile
Extrait
«n SO'.
en SO^
à 100".
Cendres.
ïai
Ire.
Tanin.
Colorimétrie.
6°, 8
0,47
2.5, 12
2,8
4:
,8
0,27
iOO
6°, 7
0,42
24,16
2,8
4
>7
0,44
190
462 ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'action de la greffe, ueltement isolée de toute autre cause modificatrice
dans le phénomène observé ici, peut se résumer dans les conclusions sui-
vantes, qui confirment nos précédents résultais : luigmentation de la fer-
tilité, moindre dimension des grains, plus nombreux, à peau plus fine, très
sujette aux maladies cryplogamiques, avec des pépins moins nombreux,
plus gros, moins tanniques, de poids total moindre. Dans les vins cette
action s'est manifestée par une diminution notable de la couleur et du
tanin, une moindre résistance à l'action de l'air, une atténuation de la
rudesse et de l'âpreté, enfin par des modifications notables de la saveur et
du bouquet.
Ce cep montre en outre l'influence réciproque du greffon sur le sujet,
en même temps que le déséquilibre produit par le greffage dans les capacités
fonctionnelles des deux plantes associées.
Dans une seconde série de recherches, nous avons essayé d'appliquer
l'influence modificatrice si puissante de la greffe, influence généralement
peu avantageuse pour nos plants français, à l'amélioration de certains
hybrides et en particulier de certaine variété, obtenue par l'un de nous
et remarquable par ses qualités culturales :
Ce 2)ieil-mére est un liiipcstris Lincecuinii Mondeuse (Jurie, i375, I) résistnnt
au phylloxei'a, très sain de feuillage, mais de médiocre fertilité, dounaiU des raisins
courts et lâches dont le vin, qui a du corps et flu fruit, est malheureusement altéré
par un goût de fox très accentué. Par greffage mixte sur Berlandieri. la grappe
grossit considéral)lement, le plant devient fertile, le feuillage très sain a le vernissé
caractéristique du Berlandieri . Le vin plus léger, moins tannique, moins coloré, moins
minéralisé, est d'une très grande finesse, sans goût de fox. C'est, au dire des experts
auxquels il a été soumis, un vin réellement supérieur, l-'ar greffage sur RupcsLris cor-
difoUa. la grappe s'est encore grandie, mais irrégulièiement, le vin est resté encore
rude et un peu grossier, mais exempt de mauvais goût : c'est un beau vin de coupage,
richement coloré. Par greffage sur Riparia Berlandieri, le Riparia apporte comme de
coutume j)lus d'alcool et aussi plus d'àpreté. Nous sommes donc arrivés à modifier
ainsi par la greffe le cépage primitif et à lui assurer, avec une plus grande fertilité, un
fruit susceptible de fournir' des vins exempts ilu goût de fo\ piiniilif.
Composition de ees vins.
Aiiilitù
totale Cri'mc
Alooul en S0\ Extrait ilc Colo-
Naliiredii plaiil. pourjuii. ~~— - . à loo". larlre. Cendres, 'l'iiiiin. rimétrie.
Pied-mère 8,") S o,3ô 27,76 o,48 2.32 i ,46 i3i
GveiYésur Ber/a/idie/i. 8,2 8,6 0,47 29,16 0,64 1,12 i .o4 100
GreÛé sxiv Rip. BerL. 8,6 9,2 0,64 3o,3o 0,87 2,o4 1,02 102
Greffé suv Riip. cord. S, 2 9,4 0,17 29,92 0,60 3,32 1,18 120
SÉANCE DU 19 FÉVRIER 1906. 463
Conclusions. — 1° Le curieux phénomène de végétation, grâce auquel
nous avons pu étudier sur un même pied de vigne le fruit greffé et le non
greffé, nous a permis de vérifier le bien fondé de nos précédentes conclu-
sions sur l'influence modificatrice profonde de la greffe sur le raisin et sur
le vin. 1° Il montre en outre très nettement l'influence inverse et tout aussi
inconteslable du greffon sur le sujet. 3° L'action de la greffe n'étant pas
limitée à la durée de l'association des deux végétaux, mais persistant dans
les rameaux du greffon reproduits par bouturage, on peut utiliser ce nou-
veau mode d'iivbridation par voie asexuelle à l'amélioration systématique
de la Vigne et de ses hvbrides et en particulier de leurs vins, comme le
montrent les exemples ci-dessus.
ZOOLOGIE. — L' évolution des colonies de Diplosoma spongifornie Giard et la
displanchtornie des ascidiozoïdes . Note de M. Antoine Pizox, présentée
par M. Yves Delage.
J'ai fait connaître dans une publication antérieure l'évolution générale
des ascidiozoïdes de Diplosoma Lisleri et montré l'existence, dans ces colo-
nies, de trois sortes d'ascidiozoïdes dont j'ai établi les rapports et l'ordre
de succession ('). Pendant la belle saison dernière j'ai étudié la seconde
espèce de Diplosome de nos côtes, Diplosonm spongiforme Giard, afin de
dégager, si possible, des lois générales sur le bourgeonnement dans la
famille des Diplosomidés.
1° Chez lune des cinq colonies étudiées, les ascidiozoïdes n'ont présenté que le
bourgeonnement épicardo-reclal aboutissant à la formation déformes bitlioracùjucs;
puis, au bout de 12 à 18 heures, le plus âgé des deux thorax entrait en histolyse et
il restait un ascidiozoïdc monotltoracique qui, quehjues jours plus lard, devenait
bilhovacique par bourgeonnement d'un nouveau thorax.
Les lignées issues respectivemeni de l'oozoïde et de son premier blaslozoïde ne com-
prirent ainsi que des formes alternativement monothoraciques et bithoraciques, (|uise
transmirent successivement la masse abdominale de l'ascidiozoïde de tète. De son
côté, lépicarde, aux dépens duquel se forment les branchies successives, prend la
signification d'un stolon interne à profiléralion continue; il en est de même de l'exlré-
milé de Tinlestin, qui bourgeonne toujours de nouveaux rectums.
2° Les quatre autres colonies dont j'ai suivi l'évolution ont présenté deux modes
de bourgeonnement : d'abord le bourgeonnement épicardo-rectal aboutissant comrae
(') Antoixe Pizo.n, L'cvolntion des Diplosomes {iJipl. Lisleri) (Comptes rendus,
9 novembre 1903 et Areliives de Zool. expér., fasc. I, octobre 190J).
464 ACADÉMIE DES SCIENCES.
précédemnieiU à des formes bilhoraciques ; puis, à des intervalles irréguliers, certains
ascidiozoïdes furent en même temps le siège d'un bourgeonnement épicardo-œsophagieii
donnant lieu à une nouvelle masse abdominale (estomac, intestin et cœur) qui restait
momentanément en connexion avec Tascidiozoïde progéniteur, lequel devenait ainsi
une forme bitliomcique et hiventrique.
Au bout de 36 à 48 heures, celle-ci s'est toujours dédoublée en deux autres ascidio-
zoïdes monolhoraciques par un mécanisme qui est le même quecliezZ). Listeri et dont
j'ai pu encore établir très nettement le déterminisme :
Soit un ascidiozoïde A avec son œsophage O, son estomac E, son intestin I et son
Kig. 1. -- Un ascidiozoïde bitlioraciqiie et l>ivciiliii|ue de Dijilosonia sjioii gif orme Giard.
A, ascidiozoïde d'abord monollioracique avec sa biaticliie bi\ estomac 0, intestin I, rectum /■, cccure
cl épicaide c. — Il est devenu bitlioracique et biventrique en bourgeonnant une autre branchie A',
œsophage 0', intestin I'. rectum ;', cœur c et épicarde k' . — n et /)' (en granulé), régions inac-
tives se pinçant au nionieul de la displanchtomic. — D, 0', direction de la displanclitomie. (Les
flêclics indi(]uent la marche des aliments.)
SÉANCE DU 19 FÉVRIER 1906. /j65
rectum /■; il esl devenu liillioracique el bivenln'que en bourgeonnant une nouvelle
brancliie A', un estomac E', un intestin I' et un rectum /'. La figure i inrlique les
connexions de ces dillérents organes.
Quand Ions sont en activité fonctionnelle, on observe que les particules alimentaires
absorbées par la bi'anchie A s'engagent dans le premier œsophage qu'elles trouvent sur
leur chemin et arrivent dans l'estomac E';puis les fèces formées dans l'intestin 1' et
poussées en avant par les contractions intestinales s'engagent tout naturellement dans
le rectum maternel /• qui les évacue au dehors. Par suite des diverses connexions
anatomiques, le plus ancien des deuv thorax A se trouve donc associé physiologi-
quement avec la nouvelle masse abdominale E', I'. On observe de même que le nouveau
thorax A' est .associé fonctionnellement avec la plus ancienne des deux masses abdomi-
nales E, I.
Il en résulte que, sur le trajet de l'œsophage O, il existe une région «, comprise
entre les débouchés de l'estomac E' et de l'œsophage O', qui est fonctionnellement
neutre ou à peu prés; il en existe une autre pareille en n' entre les deux rectums /■ et /'.
Ce sont précisément ces deux régions inactives n et n' qui se pincent et se séparent
complètement suivant DD', en isolant ainsi deux ascidiozoïdes monothoraciques, avec
échange des organes abdominaux.
Je donne à cette biparlitioii singulière le nom de displanchlomie {Zi^,
deux; T-Xayyvov, viscères; to[j.y], coupure).
Les autres résultats généraux qui se dégagent de l'ensemble do mes
observations sont les suivants : les deux modes de bourgeonnement que
j'ai décrits chez Dipinsoma i«/m se retrouvent chez/), spongi forme; l'appa-
rition des ascidiozoïdes bithoraciques et biventriques n'obéit à aucune
règle générale, et chacun d'eux se divise toujours ultérieurement en deux
monothoraciques; les lignées d'ascidiozoïdes issues respectivement de
l'oozoïde et de son premier blastozoïde diffèrent dans une espèce donnée;
elles varient également d'une espèce à l'autre.
ZOOLOGIE. — Sur le mâle el l'appareil suceur de Nicotlioa Astaci.
Note de M. A. Qiidou, présentée par M. Yves Delage.
J'ai étudié au laboratoire de Roscolfle inâle insuffisamment démontré et
l'appareil suceur mal connu de Nicothoa.
L'étude de Nicothoa dépourvus d'appendices aliformes et semblables à la
forme décrite par Clans comme mâle a montré que l'apparition des
glandes sexuelles permet seule de distinguer le mâle de la femelle imma-
ture. Sur cinq animaux étudiés et rigoureusement identiques, quatre pié-
senlaient en effet dans le thorax et l'anneau génital des glandes mâles à
466 ACADÉMIE DES SCIENCES.
divers stades de développement. Un seul en était complètement dépourvu.
Si donc l'échantillon unique étudié par Clans est bien une femelle imma-
ture, comme le croit Canu, la description qu'il en donne s'applique égale-
ment au mâle. Cependant, quoi qu'en dise Claus, le cinquième anneau tho-
racique est toujours visible dorsalement.
L'appareil suceur de Nicothoa comprend trois parties : la trompe, la
bouche et le pharynx {fig. i et 2).
Fig. I. — am, bord miisciilairp; //■, fi'iinge musculaire ; g, gorge chitineuse : M,, nia\illcs; m. bord
mobile; »),, luuscio élévaleur; O,, orifice buccal; S|-S,, surfaces cliilineuses.
Fig. ■!. — cb, cavité buccale; cpr, cavité prébuccale; M,, mandibules; m,-iii^-m^-m.-^-in^. muscles
prcbuccal, pharyngien, œsophagien, mandibulaiiT, maxillaire; Oj-C^-Oj-O,, orifices prébuccal, buc-
cal, postbuccal, œsophagien;/?/», pharynx.
La trompe, située entre les antennes postérieures, est limitée en avant et en arrière
par deux demi-couronnes chitineuses : la lèvre supérieure et la lèvre inférieure. Elle
est perpendiculaire à la face ventrale de l'animal, mais peut osciller légèrement d'avant
en arrière. C'est en eflet un organe très riche en fibres musculaires. Celles-ci, nette-
ment visibles de la base à l'extrémité supérieure où elles s'épanouissent en un rebord
musculaire à fibres radiées, ])araissent se continuer dans la frange délicate qui entoure ce
dernier. Son ouverture est un cercle de o^'^iOS de diamètre; elle est occupée par une
membrane chitineuse complexe percée en son centre d'un orifice de forme variable
auquel aboutit un tube central. I^e bord antérieur de cet orifice est mobile et peut se
placer sous la voûte chitineuse formée par le liord postérieur. Les bords latéraux sont
occupés par deux surfaces chitineuses S, et So en forme de rein. L'ne gorge chitineuse
à concavité extérieure entoure chacune d'elles.
Le tube central peut être soulevé par la contraction des fibres musculaires /«, insé-
rées d'une part à son extrémité antérieure et, d'autre part, sur le bord marginal interne
des surfaces Si et S.,, et dilaté par celle des muscles /«., qui parlent de sa paroi pour
s'insérer sur celle de la trompe. Le relâchement de ces muscles agit en sens inverse.
La trompe présente, en outre, trois sortes d'appendices en forme de lanières : les
SÉANCE DU 19 FÉVRIER 1906. 4G7
palpes labiaux (?). Elle esl traversée par les mandibules qui se terminent uii peu au-
dessous de l'orifice prébuccal et présente laléralemenl les maxilles dont l'exlrémité
élargie se termine par trois petits lobes aigus.
La cavité buccale, courte et cylindrique, est située entre le tube axial de la trompe
et le pharynx qui, tous deux, y font saillie.
Le pharvnx a une forme ovoïde. Il présente un orifice antérieur poslbuccal O, et un
orifice postérieur O4 qui le mettent respectivement en communication avec la cavité
prébuccale et l'œsophage. Les parois sont épaisses, mais leur partie antérieure s'amincit
pour pénétrer dans la cavité buccale. Des muscles puissants in^, insérés sur ses parois
d'une part et sur la carapace d'autre part le dilatent ou le contractent.
Cette même structure de l'appareil suceur se retrouve chez le jeune Xicollioé encore
abrité dans l'ovisac maternel et dont la taille ne dépasse pas o™™,2. Mais l'ouverture
de la trompe esl simplifiée et laisse à penser que les surfaces chitineuses, S; et S.,, ob-
servées chez l'adulte, jiourraient bien n'être que des palpes mandibulaires modifiés. En
outre, les niaxilles sont cviindriques, à deux articles et terminées par trois pointes.
L'expérience montre que l'animal peut se fixer uniquement au moyen de
sa trompe. Le bord antérieur de la trompe et sa frange, en se contractant,
s'appliquent exactement sur la branchie de l'hôte. Les muscles w, et 7?2„ sou-
lèvent et dilatent le tube central qui, dès lors, agit comme une véritable
ventouse. Mais il pourrait se remplir aux dépens des liquides contenus dans
la bouche si l'afflux de ceux-ci n'avait précisément pour résultat de déter-
miner la fermeture parfaite de l'orifice buccal Oo.
Si, à ce moment, les mandibules perforent la branchie, la cavité prébuc-
cale se remplit aux dépens du sang de l'hôte. Dans ce cas, la diastole delà
cavité prébuccale étant à son maximum, celle de la cavité postbuccale
commence. La cavité buccale se vide. I/orifice buccal s'ouvre progressive-
ment tandis que l'orifice O, se ferme et que la cavité prébuccale entre en
systole. Le liquide qu'elle contient pourrait, à ce momenit, s'échapper par
l'orifice prébuccal et détacher la trompe sans la disposition remarquable
de celui-ci. La contraction de la cavité prébuccale provoque le déplace-
ment du bord libre m. Les deux gorges chitineuses g n'offrent plus alors
entre elles de solution de continuité et jouent, à l'arrivée du liquide, le
rôle du cuir embouti dans la presse hydraulique. Le liquide nutritif passe
donc dans la cavité buccale où il provoque la fermeture de l'orifice post-
buccal O3 tandis qu'a lieu la contraction du pharynx dont le contenu passe
alors dans l'œsophage.
Il faut noter que, la cavité prébuccale restant contractée, les dilatations
et les contractions du pharynx peuvent continuer. Elles déterminent ces
mouvements ondulatoires si nets dans les cœcums digestifs des expansions
latérales de la femelle adulte et qui persistent longtemps encore après que
l'animal a été détaché de son hôte.
468 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Si, d'autre part, on considère que ces expansions se sont produites en
des points de moindre résistance de la carapace, il est permis de se deman-
der s'il n'existe pas une relation de cause à effet entre les mouvements
observés et ces expansions. L'examen de jeunes femelles montre en effet
que le développement des organes génitaux a suivi et non précédé, comme
certains l'ont dit, la formation de ces dernières. L'hypothèse est séduisante
et l'absence de ces protubérances chez le mâle ne saurait s'élever contre
elle; les mœurs sédentaires de la femelle ayant eu effet provoqué une sur-
activité des fonctions digeslives que ne permettent pas les mœurs péla-
giques du mâle : le dimorphisme sexuel relevant, en uu mot, de condi-
tions élhologiques différentes.
GÉOLOGIE. — Les tourbes des plages bretonnes , au nord de Morlaix (Finistère).
Note de M. L. Cayeix, présentée par M. Michel Lévy.
J'ai étudié, en juillet dernier, les dépôts tourbeux qui affleurent à marée
basse, au nord-est de la baie de Morlaix, à Plougasnou-Primel. Une tran-
chée de 2™, lo de profondeur, ouverte à l'est de la pointe de Priniel, sur la
j)lage sableuse, à 3"^ environ au-dessous du niveau des hautes mers, m'a
permis de relever la succession suivante :
1° o™,io de sables, couvrant une partie de la plage actuelle.
2° o™, 55 de sables tourbeux et tourbe, renfermant des souches en place et de nom-
breux troncs d'arbres qui m'ont été signalés en plusieurs points de la côte. Ce niveau
tourbeux correspond à un sol forestier.
3° o™,25 de sables gris quartzeux, riches en fragments de coquilles triturées.
4° o'",4o de tourbe, caractérisée par de nombreux roseaux et par d'innombrables
débris d'insectes, les uns et les autres d'une admirable conservation. Selon toutes pro-
babilités, les roseaux doivent être identifiés au roseau à balai actuel, c'est-à-dire
à VArundo phragmiles L. {Phragmites communis Trin.). Beaucoup de tiges pour-
vues de racines sont restées debout; il n'est pas rare d'en rencontrer plusieurs qui sont
encore attachées à la même touiïe de racines traçantes. Ces roseaux ont vécu en
place.
Les débris d'insectes sont tellement répandus, qu'il est pour ainsi dire impossible
de diviser un échantillon de tourbe, sans les faire apparaître en grand nombre. Ce sont
surtout des élytres Ae Coléoptères, des thorax et des abdomens isolés ou soudés.
La tourbe caractérisée par les roseaux et les insectes est un produit de marécages.
S" o^^iiS de sables marins identiques à ceux de l'horizon n° 3.
0" Au-dessous des sables, on trouve une nouvelle couche de tourbe épaisse de o", 55
et qui se décompose en deu\ niveaux.
La partie supérieure est un amas de débris végétaux empilés, posés à plat, com-
primés, fortement serrés les uns contre les autres. Ce sont des branches cassées et
SÉANCE DU 19 FÉVRIER 1906. 4^9
brindilles, toujours munies de leur écorce, associées à des écorces détachées. Le bois
est généralement bien conservé; le tissu ligneux n'est même pas désorganisé lorsque
les morceaux de bois ont subi une notable réduction de volume. Cet état de conserva-
tion est l'indice d'un enfouissement rapide.
Les branches et les écorces appartiennent à plusieurs essences. Le boitleau paraît
dominer. L'existence du peuplier est presque certaine. Le houx, le hêtre, le noisetier
V sont représentés. D'autres espèces indéterminées y ont laissé quelques fruits. Des
traces de moisissures ont été relevées sur des écorces. A tous ces débris il faut ajouter
des ailes d'insectes très clairsemées.
7° Vers le milieu du banc de tourbe, des roseaux apparaissent; ils se multiplient
rapidement vers la profondeur et finissent par constituer .une nouvelle couche à
roseaux. Des dépouilles d'insectes y figurent encore, mais en petit nombre.
8° Sables compacts, traversés par de nombreuses radicelles et explorés sur lo"^"
seulement; je les considère provisoirement comme un sédiment d'eau douce.
La coupe précédente permet de retracer la succession des événements
qui ont affecté la région de Plougasnou-Primel à une époque récente.
Les sables inférieurs ont servi de fond à un marais où vivaient de nom-
breux roseaux. Il s'est formé un prernier niveau de tourbe que je désignerai
sous le nom de banc inférieur à roseaux. Une crue importante introduit
dans le marais une grande quantité de bois flotté qui donne naissance à
une tourbe exclusivement constituée par des éléments de transport. La
mer envahit les tourbières et couvre de sables le bois flotté. Elle se retire,
et un nouveau marais se forme; le banc supérieur à roseaux prend naissance.
Une nouvelle submersion se produit; la mer laisse encore dessables comme
témoins de son invasion. Un régime continental s'établit après son retrait
et sur le même emplacement se dresse une forêt. Une nouvelle avancée de
la mer ramène encore une fois le régime marin. Cette remarquable succes-
sion nous conduit à l'époque actuelle, caractérisée par l'affleurement à mer
basse de l'ancien sol forestier, dans les rares points oîi il n'a pas encore été
ensablé.
Le phénomène de dépôt des débris végétaux qui ont donné naissance
aux différentes tourbes revêt une grande variété. La coupe montre des
sables marins alternant avec des couches de tourbe formées :
1° Far une végétation de marais (niveaux 3 et 7);
2° Par du bois flotté (niveau 6);
3° Par des plantes arborescentes dont il reste des souches et tiges, attes-
tant l'existence d'une forêt détruite sur place (niveau 2).
Les conditions de formation des tourbes de Plougasnou-Primel ne sont
pas sans analogie avec celles de la houille. Elles se ramènent au fond à
C. R., 1906, 1" Semestre. (T. CXLII, N« 8.) 62
/,r,o ACADÉMIE DES SCIENCES.
deuK principales : Les tourbes représentent tantôt un produit de flottage,
c'est-à-dire une véritable allmion végétale, tantôt une formation engendrée
sur place, par une végétation développée in situ.
La surface restreinte que j'ai ex|)lorée ne m'a pas fourni les éléments
d'une chronologie des différentes formations traversées. Les phénpmènes
dont j'ai brièvement retracé l'enchaînement s'encadrent, selon toute vrai-
semblance, dans la série des déplacements de lignes de rivages qui s'éche-
lonnent entre l'époque préhistorique comprise et le début de l'ère chré-
tienne.
MÉTÉOROLOGIE. — Sur une trombe de très petites dimensions.
Note de M. M. Luizet, présentée par M. Mascart.
Dans l'après-midi du 6 janvier dernier, après plusieurs journées carac-
térisées par un vent du Sud assez fort et une température supérieure à la
normale, une trombe, intéressante surtout par ses faibles dimensions, a
atteint l'usine à gaz située sur la rive gauche de la Saône, dans la presqu'île
de Perrache, au pied de la colline de Sainte-Foy.
M. Craponne, ingénieur principal de la Compagnie du gaz, qui nous a
signalé ce météore, a eu l'obligeance de nous en remettre une description
détaillée, que j'ai vérifiée sur place et dont voici les passages les plus
saillants :
<i Vers SI" 35"° du soir, lo minules environ après une faillie chute de grêle, précédée
elle-même d'un coup de tonnerre, un coup de vent formidable et subit a produit une
nuit de poussière sur tout le quai Rambaud, dans les cours de l'usine à gaz, sur le cours
Bayard et l'on a entendu aussitôt une véritable grêle de sable, de gravier, de brindilles
de bois taper dans les fenêtres avec une violence telle que chacun de nous a cru à
l'explosion de quelque chaudière, ou à un accident de cet ordre. Ce coup de vent n'a
duré que 5 ou 6 secondes tout au plus, mais il a suffi pour commettre de grands dégâts
dans un espace relativement restreint et bien déterminé. «
Les premiers effets de cette trombe se sont fait sentir sur la Saône elle-même, qui
coule en cet endroit du NNE au SSW : « Un bateau-ponton, amarré au quai Rambaud,
a eu plusieurs feuilles de zinc de sa toiture arrachées. Tout à côté, sur une largeur de
30"" environ, les arbres du quai ont été violemment attaqués et l'un des plus beaux
platanes a été complètement déraciné; ses voisins immédiats ont été tellement ébranlés
qu'on pouvait voir dans le sol, autour de leur tronc, un espace libre de 2''" et plusieurs
d'entre eux ont eu de grosses branches cassées. Un peu plus loin, une maison d'habi-
tation de l'usine, située au coin du quai Rambaud et du cours Bayard et dont les faces
sont à peu près orientées WNW-ESE et NNE-SSW, a eu sa toiture d'ardoise enlevée
sur les deux faces sud et ouest; un couronnement en zinc formant chéneau et constitué
de plaques de plus de ©""(Se de largeur a été arraché et jeté sur le toit et sur le sol; en
SÉANCE DU 19 FÉVRIER 1906. 4'7I
outre une vitre de la face sud a été brisée. Des ardoises ont été lancées sur l'arsenal,
situé de l'autre côté du cours Bayard, où elles ont brisé un grand nombre de carreaux
de vitres et des tuiles, d'autres ont été éparpillées sur le quai sur une longueur de plus
•de 3oo". Un fait singulier est que l'arsenal n'a subi d'autres dégâts que ceux occasionnés
par les projectiles issus de la maison dont il vient d'être question. Au delà de l'arsenal
on ne trouve plus trace du phénomène dans la direction WSW-ENE qui paraît être
celle de sa courte trajectoire. »
En largeur, le tourbillon est nettement limité sur la gauche par « l'empreinte qu'il
» a laissée sur un trottoir du quai : en effet, à droite d'une ligne dirigée de WSW
» à ENE, le trottoir était propre comme s'il avait été balayé avec soin, tandis que, à
» gauche de cette ligne, il était au contraire couvert de débris de toutes sortes ». Sur la
droite de la trajectoire, la limite est moins nette : quelques tuiles ont en effet été arra-
chées sur certains bâtiments de l'usine à gaz ; mais, dans un bureau situé à 20"° environ
à l'est de la maison qui a été dégradée, se trouvait un baromètre Richard qui n'a enre-
gistré aucune variation au moment de la tourmente; ce baromètre se trouvait donc
en dehors de la trombe, ce qui permet d'assigner à cette dernière une largeur de 4o™
au plus. 11 est à remarquer que, dans l'espace où l'on constate des dégâts, on trouve, à
côté de choses très résistantes qui ont été détériorées ou enlevées, des objets relative-
ment légers, tels que des tuiles sur un mur, déjeunes arbres, des paillassons sur une
serre, etc., qui n'ont été ni déplacés ni endommagés.
D'autre part, l'observatoire de Saint-Genis-Laval, situé à 6""" environ au
sud-ouest de l'usine à gaz de Perrache, a été atteint à 3''35" par un grain ora-
geux, caractérisé par une rotation rapide de la girouette de SSE à WNW,
accompagnée d'un coup de vent de [5™ par seconde et d'une hausse baro-
métrique brusque de i°"",2. Une dizaine de minutes avant l'arrivée de ce
grain, on avait entendu le tonnerre dans les régions nord.
La trombe pour ainsi dire infinitésimale (4o™ de large ) que nous venons
de décrire paraît donc avoir pris naissance au moment où la ligne de grains
quittait les sommets de la colline de Sainte-Foy pour descendre sur la
presqu'île de Perrache; son énergie s'est d'ailleurs bien vite dépensée et
elle n'a pas sévi sur une longueur de plus de i5o™.
M. Jules Carvallo adresse une Étude de la loi des variations de la tem-
pérature de l'atmosphère en fonction de la hauteur,
(Renvoi à l'examen de M. Mascart.)
A 4 heures l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures et demie.
G. D.
472 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ERRATA.
(Séance du i5 janvier 1906.)
Note de M. Lucien Graux, Proportionnalité directe entre le point cryo-
scopique d'une eau minérale de la classe des bicarbonatées et la composi-
tion de cette eau exprimée en sels anhydres et en monocarbonates :
Page 166, ligne 2 en remontant, au lieu de
— o , 56o
— o,35o
lisez
— o,56o
•o,338
^= 1 ,600,
,63o.
Page 167, ligne 3, au lieu de 5s, 832, lisez 68,982.
Même page, ligne 6, au lieu de , ^„ = 1 ,54o, lisez ^ =r i ,671.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 26 FÉVRIER 1906,
PRÉSIDENCE DE M. H. POINCARÉ.
MEMOIRES ET COMMUrVICATION.s
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ARCHÉOLOGIE. — Recherches sut- quelques métaux et minerais trouvés dans
les fouilles du Tell de l'Acropole de Suse, en Perse; par MM. Berthelot et
G. AxDRÉ.
M. de Morgan nous a priés d'examiner divers objets métalliques et miné-
raux provenant de ses fouilles en Perse, dans la partie de Suse désignée
sous le nom de Tell de l' Acropole. Cet acropole a été successivement occupé
par les Élaniiles, les Achéménides, les Parthes, les Sassanides et les Arabes.
Les objets qui nous ont été remis proviennent surtout des couches pro-
fondes de l'époque Élamite (antérieure à ^So av. J.-C), sans que leur
origine toutefois puisse être absolument garantie. Plusieurs ont été trouvés
dans les ruines du temple du dieu Susinak (x* siècle avant notre ère) et
l'un d'eux porte une inscription au nom d'un roi Silhak (entre looo et
ySo av. J.-C).
Voici le résumé des résultats de nos analyses. On remarquera particu-
lièrement l'existence du nickel, accompagnant le cuivre dans un certain
nombre de ces objets : il paraît avoir été fourni par un minéral mixte, ou
par un mélange de minerais, tel que des pyrites mixtes, où le cuivre était
associé à une certaine proportion de nickel. Nous n'avions rencontré jus-
qu'ici aucune proportion de ce métal dans les analyses que nous avons
faites d'objets provenant de l'Égvpte et de la Chaldée. Il y aurait lieu d'en
rechercher l'origine dans les montagnes des environs de Suse.
C. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N» 9.) 63
474 ACADÉMIE DES SCIENCES.
1. — Objets d'argent.
Fragment d'un vase en argent brisé et fortement altéré par sa transfor-
mation en chlorure, qui l'a désagrégé. La forme en était circulaire, indiquée
par deux rainures de la partie supérieure d'un fragment, correspondant
sur cette partie à un diamètre de 4"™ à 5*^" vers l'ouverture du vase. La face
intérieure a conservé' son poli, en prenant une teinte noir violacé très
foncée. Un autre fragment semble répondre à une partie plus basse, telle
que la gorge d'un gobelet de forme conique.
Ces fragments s'écrasent facilement; mais ils se pulvérisent moins bien,
en fournissant une poudre gris foncé, insoluble dans l'eau. Partie princi-
pale : chlorure d'argent.
La matière est peu homogène.
Éléments trouvés : argent, chlore, sable, or, cuivre, fer, chaux, eau.
Ni arsenic, ni acide carbonique.
Analyse d'un échanlillon.
Sur 100 parties.
Chlore 16,98 16,72
Or 1,12
Argent tolal 65,27 64, i4
Cuivre, 2)94
Sable 1,44
D'après cette analyse, il restait une certaine dose d'argent excédant
celle du chlorure normal AgCl, lequel répondrait aux rapports 64,8 : 21,2.
Mais cet argent doit être considéré plutôt comme constituant le sous-
chlorure connu Ag^Cl.
Ce chlorure résulte de l'action des eaux saumàtres sur l'alliage primitif.
La dose de cuivre représenterait à peu près un cinquième du poids de
l'argent et même un peu davantage, une portion du chlore étant combinée
au cuivre.
La dose du cuivre a été trouvée un peu moindre dans une portion en-
tourée de patine; sans doute à cause de l'altération plus rapide du cuivre.
On remarquera l'existence d'or notable, associé à l'argent; il cor-
respond sans doute à l'emploi d'un minerai aurifère et à une époque anté-
rieure au vi" siècle avant J.-C, époque où l'on ne savait pas bien séparer
l'or de l'argent.
SÉANCE DU 26 FÉVniER 1906. 475
II. — Objets de cuivre et de bronze.
1. Calotte de bronze en forme de cloche, formée par un des montants
d'un battant de porte, avec inscription au nom du roi Silhak.
Forme générale : moitié d'un ellipsoïde allongé; hauteur 3i5™™; profon-
deur 285™"; diamètre extérieur à l'orifice 210™™; épaisseur irrégulière 22°""
à i5""°; poids i&'^,'].
Calotte préparée par le moulage grossier d'un alliage fondu.
Matière partiellement oxvdée, très dure et fragile.
Eléments trouvés : étain, cuivre.
Eléments absents : plomb, zinc, arsenic.
Analyse.
Pour 100.
Etain 1 1 ,85
Cuivre 85, 20 85,56
97>o5
Oxygène et divers 2,95
I 00 , 00
2, — Fragment de tombeau en bronze de l'époque achéménide.
Matière verdàtre, peu homogène à la coupe; cassante, mais difficile à
pulvériser; contient des grains métalliques; coupure verte.
Elle renferme une substance organique.
Éléments trouvés : carbone, azote, eau, C0% chlore, sable, étain, cuivre,
fer, plomb, chaux.
Eléments absents : arsenic, argent, zinc.
Traces de magnésie.
D'après l'analyse, la partie métallique était constituée par un bronze
formé de :
Cuivre 82 , 7
Étain i3,9
Plomb 3,4
100,0
C'est donc un bronze mixte, riche en étain et contenant du plomb.
Ce métal a été recouvert d'une peinture, probablement bitumineuse et
476 ACADÉMIE DES SCIENCES.
telle que la matière brute analysée renfermait en plus 2,i4 centièmes de
carbone organique. Ce bronze s'est trouvé d'ailleurs en contact avec du
sable, du carbonate de chaux et des eaux saumâlres, qui ont formé avec la
matière organique et les métaux une patine chlorurée.
•
3. — Fragment d'un vase ou coffret provenant d'un dolmen de 7", 20. Vadjalik.
Fragments informes de feuillets métalliques cassés. Couleur rouge, métal
oxydé à la surface. Épaisseur o™™,55 à o""'",45 suivant la patine, La légère
courbure d'un fragment est le seul indice d'une forme régulière.
Assez résistant; coupure métallique; forte patine.
Eléments trouvés : cuivre, étain, fer.
Éléments absents : arsenic, plomb, argent, zinc.
Traces de nickel, de silice, de chaux.
Analyse.
Étain 8,45 8,60
Cuivre 89,46
Fer 0,53
9M4
Divers i , 56
C'est un bronze, dans lequel le rapport du cuivre à l'étain est à peu près
normal. La présence d'un peu de fer est à remarquer.
k. — Fragment métallique provenant des fouilles de Suse.
Analyse.
Pour 100.
Cuivre 67,79 67,69
Oxyde de nickel 2,3o 2,43
Oxyde de fer 2 , 69
Chlore 9,36
Silice 4i2i
86,25
Oxygène et divers '3,75
L'alliage primitif a été attaqué lentement par des eaux saumàtres. Il est
remarquable par la proportion de nickel et de fer qu'il renferme.
SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1906. 477
5. — Fragments de vases de bronze et de plaques de bronze
(Fouilles du temple de In Susinak).
Fragments informes de grande dimension d'une plaque circulaire de
rjcm jj gcm jg rayon et d'un objet circulaire incurvé en creux, plus épais
de 7"°"" à 8™" au cordon et plus bas de 2™°». Patine épaisse. Quelques petits
fragments cannelés.
Pulvérisation facile. Matière fortement oxydée.
Eléments trouvés : cuivre, plomb, étain, chlore, eau.
Éléments absents : argent, zinc, arsenic, acide carbonique.
Traces de nickel, de fer et de chaux.
Analyse.
I. II.
Etain 19,80 i8i97
Cuivre 52,27 5i,83
Plomb 7,o4 7,37
Chlore 1 ,39
Oxyde de fer o,46
80,96
Oxygène et eau, etc i9io4
I 00 , 00
C'est un bronze très riche en étain et contenant du plomb.
6. — Objets de cuivre provenant des fouilles de Suse.
Leur composition varie depuis le cuivre sensiblement pur (oxydé à la
surfjjce) représenté par a, b, c, d, et des bronzes divers :
(a). Fil de bronze, provenant du temple de In Susinak.
Clous provenant du temple de In Susinak.
(b). Cuivre presque pur. — (c). De même, sans étain.
{d). Bronze riche en étain :
Cu 77,2
Sn 16,1
Patine oxygénée 6,7
47^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
(e). 3 anneaux, l'un constitué par du fer, avec petite quantité de cuivre,
un autre par du cuivre à peu près pur, un troisième renfermant :
Cu 89,8
Sn 5,7
Fe 0,9
Ni Irace
(/). Petite pelle à manche plein :
Cu 98,7
Sn 0,3
Ni 0,3
Fe 0,2
C'est du cuivre presque pur, mais associé avec un peu d'étain et de nickel.
(g). Le cuivre forme aussi presque exclusivement : im objet semblable
à une mèche de vilebrequin; et une tige métallique.
(h). Pied de statuette (?) brisé :
Cu 98 ! 6
Sn 1,0
Fe 0,3
Ni traces
(i). Lame irrégulière :
Cu 74,5
Sn 10,3
Fe o,i5
Ni traces
On A^oit que les proportions relatives du cuivre etdel'étain varient extrê-
mement, comme si la formule régulière du bronze n'avait été encore fixée
pour les plus anciens de ces objets.
7. — Pointe de javelot.
Forme extérieure conique, avec cavité intérieure de même forme.
Longueur 5o"
Diamètre de la tranclie supérieure .... i3°
Épaisseur z 3'"™,i à 3'"", 8
Poids i6s,5
SÉANCE DU 26 FÉVRIER I906. 479
Surface rugueuse, métal oxydé incomplè'- nent ; 3 rainures ou fentes
peu symétriques, allant presque jusqu'à l'eT^rémité.
Patine de teinte grise, cassure oxydée terne (friable).
Analyse.
Sn 11,4
Gu 67,3
Fe traces
L'existence d'une pointe d'arme en cuivre dénote une époque ancienne ;
le fer n'ayant pas tardé à remplacer le cuivre dans la fabrication des armes
dans les temps historiques proprement dits.
D'après son aspect, cette pointe semble avoir été fabriquée en tordant
violemment une lame de 3™" à 4°"" d'épaisseur. La torsion a eu pour effet
de développer 3 fissures de la base au sommet, convergeant vers le même
point que la jonction des deux extrémités de la lame tordue.
Celte pointe de javelot n'a donc pas été fabriquée par moulage, mais par
la torsion d'une lame de bronze ; ce qui semble représenter une grande
antiquité, la pratique du moulage ayant dû se répandre de bonne heure.
III. — Objets de plomb.
1. Cuboide métallique : trois dimensions, 25"""; 23°"°; 20°""; arêtes
mousses.
Au centre d'une des six faces, enfoncement circulaire (trace de support?)
Plomb pur industriellement.
2. LiTH.VRGE FONDUE avcc de la craie et un peu de sable.
Prisme de couleur ocreuse, très lourd. Matière facile à pulvériser, à cas-
sure conchoïdale. Soluble, avec faible résidu, dans l'acide nitrique faible*
Analyse.
Pour 100.
Plomb 74168 74 129
Silice 2,35 2,67
Oxyde de fer 1,27 o , 98
Chaux 2,89 3,12
Chlore 1 , 96
co^ 4,99
Eau i,3i (à 110°)
Magnésie o , 5 1
89.96
Oxygène et divers io,o4
48o ACADÉMIE DES SCIENCES.
3. Silicate de plomb, de cuivre et de fer. — Très lourd, aspect gris et
verdâtre sur quelques points; cassure d'un gris bleu, pulvérisation facile,
poudre grise. Se dissout incomplètement dans l'acide nitrique; fond par la
<;haleur en une substance bleu foncé à chaud.
Analyse.
Pour 100.
Cuivre 7 1 36
Plomb 55,37
Silice 1 2 , o3
Chaux 4) 77
CO^ 3,91
Eau 1 ,5i
Oxyde de fer 4 ; 26
Chlore 1,08
90 129
Les numéros 2 et 3 se rapportaient à quelque fabrication industrielle,
peut-être céramique.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Propagation du mouvement autour cl' un centre
dans un milieu élastique, homogène et isotrope : étude de l'onde corrélative
aux variations de densité. Noie de M. J. Boussixesq.
I. Depuis le célèbre Mémoire de Poisson, du 11 octobre iS'io, Sur la pro-
pagation du mouvement dans les milieux élastiques (^Mémoires de l'Académie,
t. X), tous les physiciens géomètres savent qu'une rupture instantanée
quelconque de l'équilibre, produite au sein d'un milieu élastique et iso-
trope indéfini, dans une sphère d'un petit rayon s, dite région d'ébranle-
ment, donne naissance à deux ondes sphériques, ayant leur centre com-
mun au centre de cette région, comme épaisseur son diamètre 2 e, enfin,
comme rayon moyen, uniformément croissant, le produit, par le temps
écoulé ?, d'une vitesse de propagation A ou a, propre à chacune des deux
ondes et fonction des propriétés mécaniques du milieu. Dans la première
de ces ondes, à vitesse A, les petits déplacements \, /), "C, des particules élas-
tiques se font sans rotations moyennes, mais avec dilatations (ou contrac-
tions) cubiques^; dans l'autre, au contraire, à vitesse a, ils ont lieu avec
rotations moyennes, mais sans changement delà densité. Aux distances R
du centre (choisi comme origine des coordonnées) très grandes par rapport
SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1906. 48 1
à £, et le long d'un même rayon vecteur émané de l'origine, les déplace-
ments ^, Y), ^ égalent, dans les deux ondes, les quotients de certaines fonc-
tions finies de A^ — Rondeau — R par ces distances R; mais, tandis qu'ils
sont, dans la première, longitudinaux, ou à résultante dirigée suivant le
rayon vecteur, comme on le savait depuis longtemps pour les ondes des
fluides élastiques, ils se trouvent, dans la seconde, transversaux, c'est-à-dire
partout perpendiculaires aux rayons ou tangents aux surfaces d'onde, con-
formément à la prévision que Fresnel avait formulée quelques années au-
paravant pour les ondes de l'élher.
Or, vers la même année i83o, Ostrogradsky, dans les Mémoires de l'Aca-
démie des Sciences de Saint-Pétersbourg, donnait aux intégrales du problème
une forme assez simple, au moins dans le cas oîi aucune impulsion (ou
vitesse initiale) n'accompagne les déplacements initiaux, et il en déduisait
que l'onde, à l'époque f, s'étend aux distances R de l'origine comprises
entre la plus grande et la plus petite des deux limites kt ± i, at ± t, occu-
pant ainsi, avec les deux ondes de Poisson dont Ostrogradsky ne fait pas
le départ, toutes les couches sphériques intermédiaires du milieu.
Je me propose de montrer ici qu'effectivement l'état naturel ne se trouve
pas tout à fait rétabli dans l'intervalle des deux ondes de Poisson, que les
particules s'y meuvent uniformément en sens divers, mais avec déplacements
de l'ordre de petitesse de ^^ el \ itcsses de l'ordre de ^ seulement, celles-ci
s'annulant même quand il n'y avait pas d'impulsion initiale, cas où ces
déplacements, invariables en chaque point, passent à l'ordre de ^ ou ne
sont comparables qu'au cube des E, y), "( produits dans la plus lente des
deux ondes respectives.
Une faible agitation doit donc régner, en général, au sein des milieux
solides, homogènes, mais hélérolropes, dans les intervalles d'épaissein*
croissante séparant les ondes issues d'un même ébranlement local et ani-
mées de vitesses de pro|)agation distinctes.
II. Les équations indéfinies des petits mouvements, pour le milieu élas-
tique isotrope, sont, comme on sait, avec deux constantes spécifiques A, a
(racines carrées positives des quotients de X + 2[a, [x par la densité),
( f^%i)-a^A.(^..,0 = (A-.0,-^.
(i) où
6=:i^ + ^ + ii^.
( dx dy dz
G. R., 1906, I" Semestre. (T. eXLII, N* 9.) (3^
^|82 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il faut y joindre, comme condilions d'étal initial, que, pour < ^ o, ^^ o, C
ej. J^' se réduisent à six fonctions de x, y, z, nulles hors dé là petite
sphère d'ébranlement, mais données arbitrairement dans cette sphère, sauf
les conditions de continuité en x, y, z nécessaires, même à l'instant Z = o,
pour que les équations (i) aient un sens.
Les trois inconnues ne sont pas séparées dans le système (i). Mais si l'on
peut déterminer préalablement la dilatation cubique 6, les seconds membres
de (i) deviendront des fonctions explicites de x, y, z, Z; et l'on aura, pour
chaque déplacement ^, v), '(,, une équation linéaire à second membre, dont
l'intégrale générale comprendra, avec une intégrale particulière, l'inté-
grale générale de la même équation prise sans second membre ou, dès
lors, identique à l'équation du son qu'on sait intégrer.
III. Or, les équations (i), difFérentiées en x, y, z et ajoutées, donnent,
comme on sait.
D'ailleurs, les Valeurs iHititUes de ô et de sa dérivée première en t, nulles
hors de la sphère d'ébranlernent, sont, dans cette sphère, deux fonctions
connues, f{x, y, z), Y(^x, y, z), sommes des dérivées respectives enx, y, z
des trois déplaceuieiils initiaux donnés ^^, •/)„. '(„ et des trois vitesses ini-
tiales analogues, également doHnées. L'expression de 6, que nous écrirons
explicitement ^{x,y,z,t'), sera donc, d'après l'intégrale classique de
Poisson, écrite en employant la notation simple des potentiels sphériques,
(3) e(^-,j,.,/):=^^ /"■^'("■'■^•""'^^V^ r?^-^-''J^'-"'^^^
^ ■' ■ '■^' ' ^ li'KX-dlJ t 4tiA-./. t
(7 y désigne la surface, [^Tzn ou 4^A-Z^, de la sphère, d'un rayon /• égal à A^,
décrite autour du point quelconque {x,y,z) comme centre; dn est un
quelconque de ses éléments, à coordonnées (a:,, y,, s,); et / désigne des
intégrales étendues à toute la sphère, mais réductibles, grâce aux fonc-
tions f{x,,y,, z,), F(a;,, j,, s,), à leurs éléments concernant les parties
de la sphère situées dans la région des ébranlements.
H en résulte, comme on sait, que l'onde constituée par les dilatations
cubiques 6 s'étend, à l'époque t, sur l'épaisseur 2 s, aux distances R de l'ori-
gine comprises entre A/ — e et Az + £, se propageant ainsi avec la vitesse A.
IV. l'our les points (x, y, z) situés, sur un même rayon vecteur, à des
SÉANCh! DU 26 FÉVRIER 1906. 483
distances R très grandes par rapport à i, les sphères 47^/' n'ont de commun
avec la région d'ébranlement que de petites calottes, presque indiscer-
nables des seclions planes de celle-ci normales au rayon vecteur considéré
et définies par leur distance S à l'origine. Enfin cqtte distance S est va-
riable, elle-même, de — s <à s pour /-croissant de R — s à R 4- s. Dès lors,
si l'on appelle '^{^), f (S) les deux intégrales
évaluées |)our l'orientation effective du rayon vecteur et nulles hors des
limites S = q= j, il vient, sauf erreur comparable à f ^
i ( pour — très grand
(4)
4uÂH
lK^,y,^,0-^''^ïlt^'''^ où â = A.-R.
Les fonctions '\i, échangent, d'un pointa l'autre, très vite avec ^, mais
lentement avec l'orientation du rayon vecteur, comme le fait celle-ci elle-
même. Enfin, l'on déduit aisément de l'équation (2), et du fait de l'annu-
lation initiale tant des déplacements E, r,, 'C que des vitesses — — — hors
de la sphère d'ébranlement, les annulations continiies de l'intégrale
I ()(x, y, z-, t)duî étendue à tout l'espace (appelé u) et, par suite, des
valeurs moyennes de 0 et de sa dérivée en t, dans la région sans cesse finie
où ces fonctions difffèrent de zéro. D'où il suit, en particulier, que 'J'(â)
et W(^) ont, entre les limites S = rp e, leurs valeurs moyennes nidles, et
que 0 s'annule aussi, en moyenne, d'après (4), soit sur chaque normale 2e
commune aux deux faces interne et externe de l'onde sphérique des dila-
tations 9, soit en chaque point (x, y, z) pendant que l'onde y passe.
V. Formons maintenant au système (i) une intégrale particulière
(E, ,•/)(, (^1) aussi simple que possible, c'est-^-dire s'annulant à l'infini
comme i, tj, C n'impliquant aucune rotation moyenne et où ç,, n,, Cf. f^ès
lors dérivées partielles en x, y, z d'une même fonction $ de x, y, z, t, cor-
respondent à une dilatation cubique, A,<I>, identique à la vraie ^)(^x,y,z, ï).
On connaît donc les trois paramètres différentiels A2(E,, y,,, i^,), dérivées
respectives en x, y, z de H(^x,y, z, /); et i,, r,,, "C,, d'ailleurs nuls à l'infini,
se trouvent complètement déterminés. Il en est, par suite, de ipême de <P,
484 ACADÉMIE DES SCIENCES.
abstraction faite d'un terme arbitraire fonction de t seul; et, d'apiès le
théorème de Poisson, l'on a pour $ le potentiel newtonien
)du
où vs désigne soit tout l'espace, à coordonnées o^,, y,, s, pour son élé-
ment (Jts, soit seulement l'espace, sans cesse borné, dans lepiel 9 diffère de
zéro, et où enfin /• <^sl la distance du point pote ntié (^x, y, s) à l'élémeiit
f/cT de cet espace. On déduit aisément de la l't de ( i')
(5) = _ ^ / ^ 'iZA^^Jdr, = A-A,<I> = A^6(;r,7, z, t),
relations permettant de reconnaître, d'une part, que les dérivées de $
en x,y, z vérifient bien le svstènip (i), d'antre part, ipie le potentiel $ est,
en chaque point (ce, y, z), fonction linéaire de t avant qiie l'onde des ddata-
tions cubitpies 6 ail atteint ce point et après qu'elle l'a dépassé. Or, dans ce
dernier cas, il est assez facile de voir, en lai-ant i^randu- indefinniienl ; au
second membi'e de (4)' c]ue l'expression (5) de $ tend vers zéro. Donc,
dans le système des déplacements i_, . iOi i ^i producteurs, sans rotation moyenne,
des dilata/ions cubiques effectives, le repos el l'étal naturel se trouvent pleine-
ment rétablis à l'arriére de l'onde même des dilatations cubiques 6.
Mais il n'en est généralement pas de même à l'avant de cette onde, où <I>,
fonction linéaire de t, a visUjlement, d'après l'état initial, la valeur $0+ IIo/,
si l'on pose
(7) $. = _ _L rZ^iiiZiiiili^, _irv(.,,y,,.,)dr.^
intégrales qui, aux grandes dislances R de l'origine, sont de l'ordre de
1 inverse de R^, vu l'annulation des valeurs moyennes de y et de F dans
la région d'ébranlement. Par suite, les déplacements E,, v),, ?^,, dérivées
de $ en x, y, z, sont des fonctions linéaires de t ayant leurs coefficients
comparables à l'inverse de R'. On voit que, même à l'approche de l'onde
des dilatations cubiques, c'est-à-dire alors que At devient très grand
comme R, ces déplacements sont encore aussi petits que l'inverse de R^ et
négligeables à côté de ceux qu'apporte cette onde, de l'ordre de -^, et qu'il
nous reste à considérer.
V). A cet effet, les premier et dernier membres de (6), intégrés deux
SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1906. 485
fois en t, sur place, soit à partir de t = o, soit, plus simplement, en reculant
depuis t infini (oii <ï> s'annule), donnent, après substitution à 0 de sa valeur
approchée (4),
(8)
(pour — très graad)
j o = ^ [j^"'"ii<î>^iî<i)rf8 + ii^jr"-V(S)^»] .
expression ayant, entre les limites Af — R = ±£, sa dérivée en t très
simple, de l'ordre de sou premier facteur ou de l'inverse de R. Cette lonc-
lion $ varie rapidement avec la différence S = A< — R et, en outre, lentement
avec les coordonnées x, y, s de l'extrémité du long rayon vecteur R émané
de l'origine. Ses dérivées ^, , 71, , (^, en ic, j, s s'obtenant donc très sensible-
ment par la variation de S seul, il est chnr que les déplacements ^,, ri,, "C,
seront les produits fl^ — t "77 par les (rois dérivées de R en a;, j, :;, cosinus
directeurs du rayon vecteur R. Le déplacement (H, , 71,, C.) reW^wf est donc
longitudinal et comparable à l'inverse de R.
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur quelques difficultés que présente le dosage de
l'oxyde de carbone dans les mélanges gazeux. Noie de iMM. Armand
Gautier et Clausmanx.
On sait aujourd'hui retrouver et doser de très faibles proportions d'oxyde
de carbone mélangées à l'air et à d'autres gaz. L'un de nous a montré qu'à
la dilution du cent-millième, et aux dilutions plus grandes encore, l'oxyde
de carbone est oxvdé jusqu'à sa dernière trace en circulant à 65°-70° sur de
l'anhydride iodique dont il met l'iode en liberté ('). Il est facile de doser
ensuite cet iode soit en le fusant passer à l'état d'iodure de cuivre ou d'ar-
gent, soit colorimétriquement (-). A des dilutions moindres, "quand l'oxyde
de carbone se trouve à l'exclusion d'autres gaz combusUbles, mélangé à
l'air aux doses de un millième à un centième, on peut le doser encore
assez exactement à l'aide du grisoumètre. Mais le problème se complique
(') Comptes rendus, t. CXXVI, p. 798, gSi, 1299 et 871; Ann. de Chim. et de
Phys., 7" série, t. XXII, p. 26 et 78.
(-) A ces dilutions extrêmes, de tous les gaz combustibles, y compris l'acétylène,
l'oxyde de carbone est seul oxydé (A. Gautier; Albekt-Lévy et Pécoul).
48tj ACADÉMIE DES SCIENCES.
quand ce corps est mélangé en proportions plus notables à fliveps gaz,
Gopibustibles ou non, tels que l'éthylène, le méthane, r.T?pte, l'hydrogène,
l'oxygène, etc.
Dans les cas où nn mélange gazeux contient plusieurs centièmes d'oxyde
de carbone, après avoir enlevé l'acide carbonique par la potasse, les gaz
non saturés par le brome, et l'oxygène, s'il y a lieu, par le pyrogallol, on
absorbe généralement l'oxyde de carbone par agitation avec un excès de
chlorure cuivreux en solution chlorhydrique ; on lave à l'eau le gaz rési-
duel; on mesure le volume disparu et l'on continue l'analyse par les mé-
thodes classiques. Mqis cette manière de faire est passible d'incertitudes et
d'erreurs dont les principales sont : a, que le chlopupe cuivreux, même
employé en excès, n'absorbe pas la totalité de l'oxyde de carbone; b, que
l'oxyde de carbone primitif (^ou celui qu'a laissé indissous le protochlorure
f}e cuivre)» lorsqu'il est étendu d'autres gaz inertes ou combustibles, ou
de gaz tonnant, ne brûle pas en entier par explosion à l'eudiomètre, même
en présence d'un excès d'oxygène; c, que si le gaz est mélangé d'air, ou
d'oxygène et d'azote, le jiyrogallol, lorsqu'il est employé, augmente tou-
jours légèrement la proportion de l'oxyde de carbone présent; tandis que
l'azote est toujours faiblement oxydé et disparaît en partie par explosion.
L,es expériences suivantes montrent la réalité de ces causes d'erreur.
A. Mélange d'hydrogène et d'oxyde de carbone purs ('). — On a fait le
mélange :
00=38,07, H = 6i,93.
II a élé divisé en deux paris a et, ^. La première a fui Lrailée par le clilorure cui-
vreux, entièrement incolore; la seconde p par le chlorure cuivreux intentionnellemenl
oxydé pt bruni à l'air {^). On employait dans les deux cas deux fois la quantité de
(') L'hydrogène pur a élé préparé en faisant passer sous une cloche placée sur le
mercure de l'eau bouillie acidulée, puis de l'amalgame de sodium à 3 pour loo. On
lavait ensuite le gaz à la polasse.
Pour obtenir l'qxyde c}b carbone à l'état tout à fait pur. on faisait passer sous une
cjochc reiiiplie de mercure la liqueur acide chargée de la combinaison de ce gaz avec
le chlorure cuivreux, et l'on décomposait cette combinaison en introduisant ensuite
sous celle cloche une solution de potasse bouillie.
On s'est assuré que les gaz ainsi formés étaient entièrement purs.
(^) Nous avons pensé que le chlorure cuivreux plus ou moins oxydé à l'air pouvait
pput-plre se réduire parl'pxyde de carbone et donner ainsi un pep d'ficidp c^i'bonique.
Nos expériences démontrent que cette cause d'erreur psi nn||e ou tout à f^it minime.
De l'oîf3'de de carbone laissé pkisieurs jours svec un vojump cl'ajr cpnnu ej. dii sous-
clilorurc de cuivre bruni n'a pas donné d'^ci4e pacbonique.
SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1906. 487
solution de chlorure cuivreux nécessaire pour absorber la totalité de l'oxyde de car-
bone; après lavage à l'eau du résidu gazeux, on mesurait par la diminution des
volumes : a, la quantité de gaz oxyde de carbone disparu; on dosait ensuite en intro-
duisant de l'eau de baryte dans la ciociie graduée, le volume b d'acide Carbonique qui
pouvait s'être formé grâce à l'oxydalion due au réactif cuivreux. Après enlèvement de
la baryte, on ajoutait au gaz résiduel un petit excès d'oxygène et l'on faisait détoner
à l'eudiomèlre. On mesurait la contraction puis le volume c du CO^ répondant à la
combustion du volume égal de (ÎO non absorbé primitivement par le chlorure cui-
vreux. Voici les résultats olilenus :
p.
a. CO enlevé par Cu-Cl- 36,45 ] p^ 86,89 j p/~>
h. CO- formé par oxydation due ù Cu-Cl-. .. . trace f , trace '
„^„ , .1, , , 1 r-r^ > total i total
c. CO- répondant a 1 oxydatioti de CO non ^ - 1 -1 „^
I ■ ^ , r> Tf ' " '^7>73 37,86
enlevé pal' Cu-Cl- 1,00 )' ' ">97 ]
H 6 ' , 96 6 • ) 89
99,7' 99.75
On voit que l'hydrogène est exact; mais l'oxyde de carbone est en dé-
ficit de 0,32 à 0,21 pour 100. Ce déficit s'explique pat* ce fait que l'oxvde
de carbone qui reste après lavage ati protochlorure de cuivre, lorsqu'il n'est
inélangé qu'en petite quantité (i,5 à o,5 pour 100) aux gaz coinbustibles,
en particulier à l'hydrogène, ne brûle jamais entièrement, même en pré-
sence d'un excès modéré ou non d'oxygène.
On remarquera combien serait plus grande l'erreur de flosage de l'oxyde
de carbone calculé, si l'on se bornait ù enlever ce gaz par un simple lavage
au chlorure cuivreux. Un second lavage diminue l'erreur, mais ne la fait
pas encole disparaître complètement^ comme on le verra.
B. Mélange d'hydrogène et d'oxyde de carbone (CO = 7,0 pour 100). —
On fait le mélange :
CO — 7,55 H:=92,5.
L'analyse faite dans les mêmes conditions que ci-desssis a donné :
a. CO enlevé par Cu-Cl- t>. '9 i CO
b. CO- dû à l'oxydation par le lé.ictif nul . total
c. CO-, après explosion, ré]iundaMl à CO non enlevé par Cu-Cl-. 0,44 ) 6,63
H &M7
99>oo
On voit que le dësagfe dé l'oxyde de cai'bo'he est encore [)lus incorrect
dans ce cas; à mesure que la quantité relative de ce gaz diminue dans le mé-
lange son absorption par Cu-Cl" est plus difficile. Après l'explosion à l'eu-
diomètre, la quantité de l'oxyde de carbone non oxydée augmente aussi
488 ACADÉMIE DES SCIENCES.
en raison de la plus grande dilution de cet oxyde résiduel dans l'hydrogène
qu'il accompagne (') et malgré l'excès d'oxygène employé.
C. Mélanges d'oxyde de carbone et d'air. — On a fait les mélanges sui-
vants :
Toi vol
CO 2 1 ,02 9j43
Azote 62,48 7')59
Oxygèii'.' i5,.5o '8)98
Air
Après avoir enlevé l'oxygène par le pyrogallol, et l'oxyde de carbone a par deux
agitations siiccessit,'es avec le chlorure cuivreux acide, puis lavage à l'eau, on déter-
mina : b le CO- qui pouvait répondre à l'oxydation due au réactif, et c le CO' répon-
dant à la combustion du CO non enlevé par le cldorure cuivreux. On trouva :
Cas a. Cas fJ.
a. CO 20,35; CO 8,40 j CO
b. CO- (d'oxydation )... . trace . total trace > total
c. CO^ (d'explosion) ... . trace ) 20, .^5 o,23 ) 8,63
Azote restant (2) 62,77 71,99
Oxygène 16,37 18,82
99 '49 99 '44
On voit encore ici que, non seulement le CO trouvé est en déficit dans
les deux cas {perte = 0,67 pour 100 dans le cas a et 0,81 pour 100 dans le
cas p), mais encore que ce déficit augmente à mesure que l'oxyde de car-
bone est relativement moins abondant, c'est-à-dire plus étendu d'autres gaz.
D'antre part, et comme confirmation, l'azote dosé comme résidu, quoique
corrigé du petit volume d'oxyde de carbone qui se formait dans les condi-
tions de notre expérience par l'absorption de l'oxygène employé en excès,
est augmenté en apparence, dans les deux cas, du volume de l'oxyde de
carbone résiduel non brûlé à l'eudiomètre.
D. Mélange d'oxyde de carbone, d'hydrogène et d'un peu d'air. — On
fait le mélange suivant :
CO 32,73
H 64,56
. . l Azolo 2,16
■'^"' \ r\ - Kf
( Oxygène o,55
( ' ) Il y avait i , 29 de CO en 62 volumes de H dans le premier cas, et i , 3 1 de CO
pour 92 volumes de II dans le second.
(') Dans les deux cas a et p, l'azote resté comme résidu et l'oxyde de carbone
total ont été corrigés du faible volume de CO que donnait, dans les conditions de nos
expériences, l'emploi du pyrogallol.
SÉANCE DU -jG février 1 906. 4^9
On enlève d'abord roxygènc par le pyrogallol; on lave ensuite deux fois
successivement Ir mélange ga/.iMix an protochlorure de cuivre puis à l'eau,
et l'on opère comme dans le cas précédent. On trouve :
ff. CO par Cu^CI'- 3i.7:1 \ CO
b. CO- (par le riiaclil) mil I total
c. CO- du CO lion enlevé par Cn'Cl- L
et brûlé à reiiHiomètic. ... o, '19 ; 32,23
H 65 , 27
Azote ~. ' i94
0.\ygène o , 55
99>99
On voit encore ici que CO total, a fortiori celui qu'enlève seul le clilo-
rure cuivreux, est trop faible (de o, 5o pour 100 environ), la partie restant
indissoute malgré les deux lavages au chlorure cuivreux (i poiu' 100)
ne se brûlant pas complètement à l'eudiomèlre. Quant à l'hydrogène, ce
gaz étant calcule d'après la contrarlion obsei'vée (aj^rès qu'on en a distrait
celle qui résidte de la combustion d'un demi-cenlimèlre cube de CO), son
volume apparent augmente parce qu'une |)etite quantité de l'oxygène est
employée à oxyder un |)eu d'azote qui disparaît Kii-nième en partie comme
nous l'avons directement constaté; il en résulte, après explosion, une
contraction un peu trop grande.
E. Dans ces différents cas on trouve donc un déficit sensible d'oxvde de
carbone dû à la combustion imparfaite, à l'eudiomètre, de la petite quantité
d'oxyde de carbone que n'avait pas enlevée le chlorure cuivreux. Comme
on le voit, deux lavages successifs avec ce réactif peuvent encore laisser
jusqu'à I |)our 100 d'oxyde de carbone dans le gaz total, et il peut en rester
de 0,5 à 0,3 pour 100 après explosion à l'eudiomètre.
Les expériences suivantes déiuontrent ce dernier fait plus explicitement
encore.
On prépare le mélange
a. CO i3,o3 Air 86,97 pour 100
Ce mélange ne Itrûle ni à reudiomèlre, ni directement (' ), quoique la
fraction combustible + comburant représente 20 pour 100 du volume total.
(') Nous nous sommes assurés qu'un mélange de i5 volumes de CO et 85 d'air ne
brûle pas directement au contact de la flamme.
C. R., 1906, I" Semestre. (T. C\LII. N" 9.) t)3
/|90 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Au méliinge a, on ajoute du gaz lonnanl dans In proportion de un tiers et
l'on brûle à roudiomèlre. On trouve CO = 12,90 ;iu lieu de i3 ,o3. Il y a
donc encore ici un léger déficit.
On lait le mélange
p. GO 4i09 Ail- 9'>i9i pour 100
On l'additionne de son volume de gaz tonnant, et l'on trouve après
explosion à l'eudiomètre :
CO = 3 , 65 au lieu de 4 . 09.
On voit encore dans ces deux cas, malgré l'excès d'oxygène et de gaz
tonnant ajoutés, que le gaz oxyde de carbone ne brûle qu'imparfaitement
à l'eudinmèlre et d'autant moins qu'il est plus étendu.
F. Il reste donc établi que les méthodes de dosage de l'oxyde de carbone
mêlé à d'autres gaz combustibles, soit qu'on emploie le protochlorure de
cuivre, même avec les précautions et corrections ci-dessus indiquées, soit
qu'on recoure à la méthode de combustion à l'eudiomètre en présence
d'un excès modéré d'oxygène, donnent toujours un léger déficit (i à o,3
pour 100). La perle d'oxyde de carbone par non-coud)ustion à l'eudio-
mètre est d'autant plus grande que ce gaz est plus étendu et quel que soit
l'excès, petit ou grand, il'oxygène.
G. L'expérience suivante est bien propre à montrer la résistance de
l'oxyde de carbone à l'oxydation en présence d'autres gaz combustibles,
et particulièrement d'hvdrogène. On a fait le mélange suivant :
GO 7j34; Azote 73,3 1; O iQj^a
A ce mélange on ajoute deux fois le volume d'hydrogène qui peut s'unir
à l'oxygène présent, et l'on lait passer l'étincelle. On observe après déto-
nation que l'oxygène a totalement disparu sous forme d'eau, mais qu'il ne
s'est pas fait une trace d'acide carbonique. Entre ces deux corps combus-
tibles, l'hydrogène et l'oxyde de carbone, et quoique ce dernier gaz brûle
déjà à une température plus basse que l'hydrogène, l'oxygène s'est porté
exclusivement sur le corps dont la combustion produit le plus de chaleur.
C'est là une intéressante confirmation de la règle du travail maximum.
11 suit de ces diverses constatations que, dans un mélange d'azote ou
d'air et d'oxyde de carbone, ou bien tl'azote, de gaz combustibles divers et
d'oxyde de carbone, on ne peut retrouver la totalité de ce dernier gaz soit
par explosion en présence d'oxygène, soit par lavage au chlorure cuivreux.
SÉANCE DU 26 FÉVRIER Kjof'. 49I
Mais, après ce lavage, ou après explosion à reudiomètre, il sera toujours
possible de doser l'oxyde de carbone résiduel en tai--ant circuler les gaz
restants, étendus d'air ou non suivant les cas, à travers un tube à anhydride
iodique chauffe à 70° qui oxyde jusqu'aux dernières traces fl'oxyde de car-
bone et permet ainsi de le doser.
En finissant, nous ferons remarquer que, lorsque, a|)rès lavages succes-
sifs à la potasse, au brome et au chlorure cuivreux on pense avoir enlevé
des mélanges gazeux la totalité des gaz non saturés, la petite quantité de
gaz carbonique qu'on peut trouver alors, après explosion à l'eudiomètre,
peut faire admettre à tort l'existence, dans le mélange primitif, de gaz
saturés, tels que Téthane ou le méthane, tandis que l'acide carbonique ainsi
produit provient, en réalité, du résidu d'oxvde de carbone qui n'avait pu
être totalement enlevé par un lavage soigné au protoclilorure de cuivre.
MÉCANIQUE RATIONNELLE. — Sur une inégalité importante dans l'étude
des quasi-ondes de choc. Note de i\I. P. Dihem.
Si l'on prend un volume quelconque U au sein d'une masse fluide en
mouvement, on peut écrire ^Recherches sur l' Hydrodynamique, Première
partie, égalités (86) et (91); Première série, p. 3o et 32] l'égalité
(,) Ej'x-(?, T)j;,/.v-EJ^pT^^^r/^ + 2jf>./r. = o.
s est ici la surface qui limite ie voliiiue L; n e^L la donii-iKirmale à cette
surface dirigée vers l'extérieur; ^(p, T)dm est l'entropie de la masse élé-
mentaire dm; la quantité^, qui dé|)end des actions de viscosité, est essen-
tiellement positive.
Sur la surlace So rpii limite d'un côté une quasi-onde île choc, prenons
une aire finie quelconque A,,; par le contour de cette aire menons des nor-
males à la surface S(,; ces normales forment une surface réglée C qui
découpe sur la surface S, une aire finie A,. Appliquons l'égalité (i) au
volume U, qui est une quantité très petite de l'ordre de h.
Si l'on admet pour les actions de viscosité les expressions proposées par
Navier, P est une somme de termes; chacun de ces termes est le produit
de l'un des coefficients de viscosité >. ou jz. (lar lecan'é de l'une des dérivées
partielles de «, v, w ou par le produit de deux de ces dérivées. JJ est donc,
/|92 ACADÉMIE DES SCIENCES.
au sein de la quasi-onde, une quantité très grande de l'ordre de y et
J' IU^/ct est une quantité finie.
II
Dès lors, l'égalité (i) donne l'inégalilé
(.) _(i(f.T)^-ÎA-(pTl^,fe<„
et cette inégalité doit subsister si l'on néglige au premier membre les quan-
tités très petites de l'ordre de h.
La première intégrale se compose de trois parties qui se rapportent
respectivement aux surfaces Ao, A, et C. La normale à la surface C étant
parallèle à la surface S„, y- n'a point de très grandes valeurs en cette sur-
face qui est elle-même très petite de l'ordre de A ; si d%^ est un élément de
l'aire A^ etrfS, l'élément correspondant de l'aire A,, la différence (rfS, — f/S„)
est de l'ordre de A rfSo ; en négligeant donc les quantités très petites de l'ordre
de h, nous pouvons écrire
(3) (>t(p.T)^^^. = (J^(,o„.T„)g+A-(p..T.)gl^S.,.
Selon l'égalité (5) de notre Note précédente (') et les remarques faites
il y a un instant, nous pouvons, aux quantités près de l'ordre d^ h, écrire
(4) f,T'-^dr.=.-f f\.,T'-^dldS„.
En vertu des égalités (3) et (4), l'inégalilé (2) devient
rfS„-< o.
Cette inégalité doit avoir lieu quelle que soit l'aire A„ que l'on ait
découpée sur la surface S,,. On doit donc avoir, d'une manière générale, en
tout point M„ de la surface S„,
(5) ^(p„,T,,)g + /t(p,,T0£4-jf;\'^pT^^^.//<o.
Si la quantité c(p, T) varie toujours dans le même sens lorsque le point M
se déplace, toujours dans le même sens, de Mo vers M, ; s'il en est de
(') Quelques lemtnes relatifs aux quasi-ondes de choc {Comptes rendus, t. GXLII,
p. 377, séance du 12 février 1906).
SÉANCE DU 26 FÉVRIER 190G. 49^^
même de chacune des quanlilcs %>, p, T, l'uiégalilé (5) peut se melire sons
une forme un peu différente. Remarquons qu'une quantité comprise entre
la plus grande et la plus petite valeur du produit -QfJ peut toujours se
mettre sous la forme t)R0, t) étant compris entre t?„ tl -Q,, R entre po et p,,
et 0 entre T„ et T,. T/iuégalité (5) pourra alors s'écrire :
(6) ^•(p„,T„)g+/l-(p,.T.)g + «R0[<?MT,)-<?„.T„)]<o.
Les inégalités (5) et (6) sont deux formes de l'inégalité fondamentale
que nous voulions obtenir.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'addition de l'acide chlorhydrique
à l'oxyde d'isobiitylène (H'C)-.C . CH*. Note de M. Louis He\ry.
\/
O
La substitution, dans l'oxyde d'éthylène, H'C — CH-, de groupements
O
hydrocarbonés C"H^, tels que CH', C^H% etc., à l'hydrogène, détermine
une série de composés renfermant les systèmes oxy-bi-carbonés
— CH— CH^;
>G— CH-;
-CH-CH-;
>C— CH;
>C-C<
\/
\/
\/
\/
\/
0
0
0
0
0
Ces corps sont les anhydrides des giycols continus correspondants. Leur
manière d'eVre, au point de vue physiologique et leur manière û'agir, au
point de vue chimique, les rendent fort intéressants. Ils se distinguent par
une remarquable aptitudeà la combinaison directe : ils s'ajoutent aux hydra-
cides halogènes, à l'ammoniaque et aux aminés mono- et bi- substituées,
aux sulfites acides, etc. et même à l'eau dans certaines conditions.
Les systèmes additionnels XX', constitués d'unités d'action chimique di-
verses, tels que HCl, H.NH', forment avec l'oxygène des groupements hé-
térogènes — OH et Cl, —OH et — NH", qui s'ajoutent à chacun des atomes
de carbone du complexe oxygéné primitif — C — C — . Alors que ce com-
\/ '
O
plexe n'est pas symétrique, comme dans les systèmes
— CH— CH^; >C-CH^; >C— CH-.
\/ \/ \/
0 0 0
[ La quiâtion se pose de savoir comment se répartissent ces unités d'action
494 ACADÉMIE DES SCIENCES.
chimique dittereiites, —OH et Cl, — OH et NH-, etc., etc. sur ces atomes
de carbone inégalement hydrogénés.
En ce qui concerne les hydracides halogènes et spécialement l'acide
clilorhydrique, la question est résolue pour le plus simple de ces trois sys-
tèmes — HC — CH'. En s'ajoutant à l'acide HCl, l'oxyde de propylène et
son dérivé chloré primaire, l'épichlorhydrine, forment des composés qui
sont alcool secondaire CH(OH) et élher chlorhydrique primaire
H"- CCI
H^C\ 112 CCI H-C\ H^C.CI
I )0, I I )0, I
HC/ d'où HC(OII); lie/ d'où IIC(OH).
I 11 I
CH3 CM- Jl^CCI H^C.CI
Il était intéressant de savoir ce qu'il adviendrait dans le cas d'un com-
posé renfermant le système ]>C — CH'', le système dissvmétrique par
\/
O
excellence, et le plus éloigné du système symétrique de l'oxyde d'éthylène
primordial H='C — CH-.
\/
O
Ce système dissyn.élrique existe dans Voxyde d'isohulylène
H C/ s^^
O
Ce composé s'obtenant aisément aujourd'hui, je me suis proposé de
résoudre cette question, en ce qui le concerne (').
La différence d'aptitude à l'éthérification chlorhydrique, que l'on constate
d'une manière si instructive, notamment à l'étage C\ entre le compo-
H^C\
(') La cliloiliydiine isobutyléniqiie . _ yC(OH) ^ CH^Cl s'obtient, avec un ren-
dement considérable, |)ar la réaction du composé magnésien du Ijromure de nié-
llijlc H'C — iMg.Br, sur l'acétone monocidorée H'C — CO — CH'-Cl et le chloro-
acétale d'élhyle CICH^— CO(OCMI").
L'action de la potasse caustique, sèche et pidvérulente, sur cette chlorh^drille,
l'ournit, dans les conditions les plus avantageuses, l'oxyde d'isobutylène
jj;^)c-CHMib.5."-5.".
O
SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1906. 49^
1
sant -C — OH, alcool tertiaire du trimélhylcarbinol (H'C)'.C(OH) et
I
le composant H-C — OH, alcool primaire, de l'alcool isobutyliqlie
(H'C)^CH — CH^(OH), m'iiiilorisnit à penser qu'il se formerait dans ces
circonstances une chlorhydriiie isobutylénique, alcool primaire de la for-
mule ^'*'^CC1 - CHYOH).
I/expérience a confirmé cette prévision.
L'oxyde d'isobutylèiie se combine énergiquement et avec un dégage-
ment de chaleur considérable à l'acide chlorhydrique, soit gazeux, "soit en
dissolution aqueuse concentrée. Il en résulte une nouvelle chlorliydrine iso-
biHylénique C'U\(OB) Cl, répondantàla formule JJj^^CGl — GH=(OH).
Je la désignerai par la lettre p pour la distinguer plus aisément, quant à
son nom, de la chlorliydrine qui a servi à faire l'oxyde d'isohutylène dont
elle dérive. Je désignerai cette dernière par la lettre a; elle répond à la
formule î!'^^C(OH) - CH^Cl.
Comme on le devine, ces deux composés sont extérieurement à peu près
identiques. Ce sont des liquides incolores, quelque peu épais, agréable-
ment odorants, surtout le composé p, alcool primaire. Il existe cependant
entre eux des différences notables au point de vue physique et surtout au
point lie vue chimique.
a. Au point de vue />/(j.çj(/«e : La difTérence porte surtout sur la volatiliu- et la
fusibilité.
La chlorhjdrine ^ bout à i32°-i33°, sous la pression ordinaire, donc quel(|ues degrés
plus haut que la chlorhjdrine a qui bout à i26''-i28'' (').
Des rapports de volatililé presque identiques se constatent entre les deux chloro-
acétines correspondantes
H^C CH^ Éb. lôS^-iS/," H'C CtP Éb. lôoo-iei"
C(O.CO.CHn , CCI
1 ■ I
CH'Cl GH-(,O.GO.CH')
(' ) Des différences du même genre s'observent entre les deux chlorhydrines propylé-
niques.
H-CGl Eb. i26"-i27" H"-C — OH Eb. i33°-i34°
HC — OH HCCl
CH^ CH'
Voir moii Mémoire : Sur les dérivés pfopyténiques {Bulletin de l' Académie de
Belgique. 1903, p. 397).
496 ACADÉMIE DES SCIENCES.
On pouvait inférer de In qualité alcool tertiaire Ai\ la clilorliyilrine a qu'elle serait
plus facile à congeler et moins fusible que son isomère. 11 en est eirecti%'ement ainsi.
Refroidie dans un mélange de neige carbonique et d'éther, cette cldoiliydrlne
(CH^)î-C(OH) — CH'-Cl
se congèle et cristallise bien en une masse fusible à — 20°.
Dans les mêmes conditions la chlorhydrine p, (CH^)-— CCI — CH^(OH), est in-
congelable.
b. Au point de vue chimique. Sans recourir à Voxydation qui dilTèrencie si profon-
dément un ?i\coo\ primait e d'avec un alcool tertiaire, l'acide ciiiorhvdriqiie et l'acide
nitrique suffisent déjà à difterencier nettement ces deux chlorhydrines.
L'une et l'autre se dissolvent, à froid et provisoirement, dans l'acide clilorhydrique
fumant. Mais, sous l'action d'un léger échaulïement, vers 60°, la chlorliydrine a s'en
H C\
sépare à l'état de chlorure d' isobutylène. J" ^ ^CCl.CH-CI, Eb. io8°-io9'', tandis
que la chlorhydrine fi, alcool primaire, en s'en séparant comme son isomère, sous
forme d'une couche insoluble surnageante, réapparaît comme telle, à part une faible
portion qui s'est transformée en son éther simple > CCI — CH-(0).CH-.C1.C <.
L'action de l'acide nitrique est, à certain point de vue, plus démonstrative encore.
La chlorhydrine a se dissout dans le mélange nitro-sulfurique (') et }' reste dissoute.
La chlorhydrine p, alcool primaire, s'y dissout également pour en sortir bientôt après
sous forme d'une couche huileuse surnageante, qui est son éther nitrique
{J[^,^CC1.CH^(N0
composé très bien défini et qui s'obtient ainsi dans un état de pureté remarquable.
Le mélange oxydant des acides nitriques (}) se comporte aussi fort dilTéremment
vis-à-vis de ces deux isomères. La chlorhydrine a s'y dissout et n'en est que très fai-
blement attaquée à froid. La chlorhydrine p, au contraire, après s'y être dissoute, s'en
sépare el, dès la température ordinaire, en est oxydée d'une manière continue, avec
dégagement de vapeurs nitreuses. On peut prévoir que cette oxydation fournira de
H'C\
l'acide chloro-isobutyrique yC Cl — CO(OH). Mais, en ce moment, cet essai
n'est pas encore terminé.
Je puis ajouter encore qu'avec la solutiiui du nitiiie sodique, en présence de H^SO'
étendu, la chloihvdrine p se transforme aisément en son éther nitreux, ce qui n'a pas
lieu pour la chlorhydrine 2. Malheureusement cet éther nitreux
(H»C)=— CCI — CH=(O.NO)
ne se laisse pas distiller convenablement.
Je mentionnerai encore la diflerence de stabilité que présentent ces deux composés
sous l'action de la chaleuV.
(1) 2'°' de H-SO' et r°' de H NO' concentré.
(M Parties égales en poids de H NO' fumant et de HNO' commercial.
SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1906. 497
Alors que la chlorliydrine distille comme telle, sous la pression ordinaire, la
chlorhydrine p qui renferme le complexe >CC1 — CH-{OH) paraît subir alors une
légère altération, malgré la constance de son point d'ébullition. altération qui s'accuse
par un faillie dégagement de II Ci, d'où résulte un léger déficit dans la teneur centési-
male en chlore du produit distillé.
Quoi qu'il en soif, aucun cloute ne peut subsister sur l'individualité réelle
et distincte de ces deux composés isobutyléniqnes. On aperçoit ici, une fois
de plus, la différence fonctionnelle considérable que détermine dans l'atome
du carbone la présence ou l'absence de l'hydrogène.
L'existence bien constatée de ces deux chlorhydrines me permettra de
reprendre, dans des conditions favorables pour la résoudre enfin, la ques-
tion déjà ancienne, dont je me suis occupé autrefois en iSyS et dont
divers chimistes se sont occupés depuis, de la fixation de l'acide hypochlo-
reux (HO)Cl sur l'isobutylène ÎÎ^S^C = CH^
En terminant, je tiens à constater toute la part qui revient, au point de
de vue expérimental, dans les recherches, à mon assistant, M. Auguste
De Wael.
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'un Correspon-
dant pour la Section de Minéralogie, en remplacement de M. de Richtho-
fen.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 49,
M. Heim obtient 4^ suffrages
M. Walcott » 4 »
M. Heim est élu Correspondant de l'Académie.
CORRESPONDANCE .
M. le Secrétaire perpétuel annonce la mort de M. Arlhur-François-
Alphonse Bienaymé, Correspondant de l'Académie pour la Section de
Géographie et Navigation.
C. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N° 9.) C6
498 ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. le MisisTUE DE l'Instruction publique invile l'Académie à présenter
nne liste de deux candidats à la chaire de Zoologie (Mammifères et Oiseaux)
devenue vacante au Muséum d'Histoire naturelle, par suite du décès de
M. Oustalet.
(Renvoi à la Section de Zoologie.)
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
Les Tomes premier et second des Leçons d' Algèbre el cV Analyse à l'usage
des élèves des classes de Malhèmatiques spéciales, par Jules TANNEitY. (Pré-
sentés par ,\1. P. Piiinlevé.)
ASTRONOMIE. — Observations de la comète Brooks (1906 «), faites au grand
équatoriat de V Observatoire de Bordeaux. Note de M. E. Esclaxgo.v.
Obser{ citions de la comète.
Temps sidéral
Nombre
Dates.
de
de
190G.
Étoiles.
Bordeaux.
Aa.
A*.
comparaisons
Février 20.
a
Il m s
8.47. 8,0
ni s
+ .3.54,2
-i7'.33",7
4:4
20.
a
9. 7. .3g, 5
+6'.27,9-
— 1*. g, 3
4:4
Position moyenne de l'étoile de comparaison.
Ascension Réduction Distance Réduction
droite au polaire au
Étoiles. Autorités. moyenne. jour. moyenne. jour.
a ioY,n'>1235elIlY,n°220:î 7.i7°!33'9 +4',7i 8°.54'.39',6 — 5",o
Positions apparentes de la comète.
Dates.
l'JOO.
Temps moyen
do
Bordeaux.
Ascension
droite
apparente.
Log. faci.
parallaxe.
Distance
polaire
apparente.
Log. fact.
parallaxe.
'évrier
20. .
20. .
h m s
'0.47.19,0
II. 7v47, I
h lu s
7.23.32,8
7.23. 6v5i
+0,001
+o,o85
0 , »
8.37. 0,9
8..38s.2â,2
+0,691
+0,670
La comète, relativement brillante el dépourvue de queue, présente au centre un
noyau assez net d'où semble émaner la nébulosité sous forme de rayons reclilignes et
serrés.
SÉAJSCE DU 26 FÉVRIER 1906. 499
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur l'indélerminaiion d'une fonction d'une
variable au voisinage d'une singularité Ira
BouTROux, présentée par M. H. Poincaré
variable au voisinage d'une singularité transcendante. Note de M. Pierre
On sait qu'au voisinage d'un point singulier transcendant, une fonction
j de .r peut, soit rester déterminée, soit être complètement indéterminée,
soit être incomplètement indéterminée, c'est-à-dire tendre vers l'ensemble
des valeurs contenues dans certaines régions du plan des y.
Considérons une fonction ^(.c), algébroïdeà l'intérieur d'un certain con-
tour convexe C, et soit ît, un pouit singulier de la fonction (isolé ou non)
situé sur le contour C. Pouvons-nous dire quelle indétermination la fonction
sera susceptible de présenter lorsque x tendra vers x^ sur un chemin
quelconque intérieure à C?
1° Soit la fonction j(j:-) uniforme ('méromorphe) à l'intérieur de C. Si
yioc) devient indéterminée lorsque x tend vers x^ sur un chemin intérieur à C,
cette fonction prend, au voisinage de x^, toutes les valeurs possibles, sauf deux
au plus.
En effet, on peut montrer qu'il existe au moins un segment de droite intérieur à C,
et aboutissant en x^ sur lequel y devient indéterminée. Supposons que, sur ce segment,
y{x) ne prenne pas la valeur co, mais prenne des valeurs arbitrairement grandes.
Puisque k(j?) y est indéterminée, on peut trouver, sur le segment considéré, des points
X, arbitrairement voisins de x^^ jouissant des propriétés suivantes : au points-, y prend
une valeur a telle que |«| < A, h restant fixe lorsque x tend vers a-j ; d'autre part, sur
le segment .r.r,, ou sur une fraction finie de ce segment (par exemple les f), y{x) prend
des valeurs arbitrairement grandes.
Soient alors o et i deux nombres quelconques, .le dis qu'au voisinage de ,r,, y{x)
devient nécessairement égale soit à o, soit à i. En effet, après avoir fait au besoin un
changement de variable, nous pouvons supposer que le contour C tourne sa convexité
du côté où la fonction y est définie. Considérons alors un cercle -( a^ant pour centre
un point x et passant par .r, : r(j;) est holomorphe dans ce cercle, et il en résulte (')
que, si / ne prenait pas dans y les valeurs o et i , son module resterait (dans un cercle
concentrique à y et de ravon égal à | xx{) inférieur à une fonction finie de a, ce qui
n'a pas lieu.
On observera que, étant donné que nous ne considérons la fonction y(a;)
(') J'ai énoncé dans les Comptes rendus (3i juillet igoS) cette proposition, qui
avait été obtenue par M. Scholtky sous une forme un peu différente.
5oO ACADEMIE DES SCIENCES,
qu'à l'intérieur d'un contour, unpoint singulier essentiel ne sera pas néces-
sairement, à notre point de vue, point d'indétermination.
2° Soit maintenant j'(îf) algébroïde à l'intérieur du contour convexe c,
mais non sur ce contour lui-même. Etudions y à l'intérieur d'un contour c
intérieur à C, et faisons tendre c vers C. Dans ces conditions, ou bien le
nom.bre des déterminations dey (a;) reste inférieur à un nombre fixe; ou
bien ce nombre augmente indéfiniment.
Le [iremier cas se ramène au cas de l'uniformité. Dans le second cas,
les branches de j(a-) convergent vers une ou plusieurs fonctions-
limitesY (') qui ne peuvent admettre pour singidarités que les points-
limites des singularités dej'(a;). D'ailleurs, si un ensemble de branches
de y converge vers une fonction Y le long d'un arc /, ces courbes ne cesse-
ront pas de converger vers Y lorsqu'on prolongera l'arc /, pourvu que l'on
ne rencontre aucun point-limite des singularités dey. On en conclut que
la fonction y (a?) ne saurait tendre vers les points d'une région du plan
des y, lorsque ic tend vers le contour C, qu'au cas où l'ensemble des fonc-
tions-limites Y (a;) tend vers les points de la même région. Ceci nous
conduit aux énoncés suivants :
Premier cas : Supposons que les fondions limites de la fonction multiforme /(.r )
aient un nombre fini/> de branches à l'intérieur du contour C;j'(.c) «e ia(/ra;7 rfece/nV
indéterminée lorsque l'on tend vers un point du contour C à moins de devenir com-
plètement indéterminée.
Si les fonctions limites ont un nombre infini de branches, mais admettent elles-
mêmes des fonctions limites qui n'ont qu'un nombre fini de branches, on a encore la
même proposition ; et ainsi de suite.
Deuxième cas : Supposons que les fonctions limites de la fonction multiforme définie
à l'intérieur du contour C, et, par suite, cette fonction elle-même, soient complète-
ment indéterminées en un point .r^ intérieur à C ; en ce cas, la fonction y est com-
plètement indéterminée en tout point intérieur à G.
Troisième cas : Supposons que les fonctions limites àe y{x) présentent, en un point ,ro
intérieur à C, une indétermination incomplète : en ce cas, la fonction y présentera
une indétermination incomplète en tout point intérieur à C.
De l'examen de ces trois cas résulte la proposition suivante :
Soit une fonction multiforme définie à l'intérieur d'un contour C, où elle est
algébioide, et soit Xg un point intérieur à C. Si la fonction ne présente aucune
C) Jai iiidiciué <|U(eJques résultats relatifs à ces fonctions dans un Mémuire pujjlié
dans les Annales scientifiques de Nicole normale supérieure (octobre 1905 ).
SÉANCE DU 26 FÉVRIER I906. 5oi
indétermination incomplète au point x„, elle ne saurait en présenter lorsque x
tend vers le contour C sur un chemin quelconque intérieur à C.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la série de Fourier.
Note (le M. Léopold Fejkr, présentée par M. Emile Picard.
Soity(j7) une fonction de la variable réelle x, dont la série de Fourier
est partout convergente. Une question intéressante se pose : Est-ce que les
sommes de Fourier :
\l) S^, s f, Sn, . . . , S,i, ...,
où s„ désigne la somme des (« -4- 1) premiers termes de la série de Fourier
(\e/(x), sont oscillatoires autour de la valeur de/(:c) pour chaque va-
leur ùiixl Eu d'autres termes : Peut-on trouver une infinité de membres
de la suite (i) qui sont, pour la valeur x, |)lus grands, et une infinité, qui
sont plus petits quey(a;)?
Prenons, d'une part, la fonction sans dérivée de Weierstrass :
/(^•) = 2]«"cos(6"a;),
ou
3
o <^ rt <] 1 , /> = entier impair, ah^\-\ — -.
Pour les arguments x = -^^ (u., v = entiers quelconques), qui sont denses
dans chaque intervalle, la suite (i) n'est pas oscillatoire autour de /(x).
D'autre part, la série suivante, qui représente une fonction entière de x,
avec la période ax :
f{x) — 'y^a'''" cos(b"x). où o<rt<i, 6 = entier impair > i,
montre la même propriété pour les mêmes valeurs de x. Mais en considé-
rant les courbes, qui sont composées d'un nombre fini d'arcs analytiques,
courbes qui se placent en quelque sorte entre les deux catégories extrêmes
de fonctions mentionnées plus haut, et qui sont les plus importantes pour
les applications, on trouve des circonstances entièrement différentes.
302
ACADÉMIE DES SCIENCES.
1. Pour traiter un cas déterminé et simple prenons pourfi^x) un seul arc
analytique, mais pour lequel /{-^ o) et f{2- — o) sont différents. Nous voulons
démontrer que les sommes de Fourier sont oscillatoires autour de f{iv) pour
chaque point de l'intervalle (o, 27u), les arguments o, t. pouvant être les seuls
exceptionnels.
Kn efiTel
I /^•'"^ /ïj^i — /"C ri 2— r
Mais, en posant
(0
ï,„(x):
■J.
^ ù
2 SIB •
?(^)^
7 — J"
( î ) cos {in ^- I ) (Yx,
f{^)-'f(.X)
2 SI !1
nie intégration par partie donne
.T 2 II -{— I
ï,„{.r) ~ — [,<p(o) -f-'f)(2r)|cos(2/i +i)- -t- ^^ T,d„{-r)\
et comme
l'on obtient pour d„(.r) l'expression
/(27r)-/(0)
î
. a?
2 sin —
(3)
d,:{x) =
( 2 « 4- I )
/(,^)_/(0)
cos (2 ri + i) ■
T;„(.i-)
Dans l'intégrale (2) la fonction o'(-/) est finie et contiime entre o et 21:, par suite
lim T,„(.r) = o. Donc la formule (3) démontre d'une manière exacte, que la suite (i)
est oscillatoire autour dey(a) pour cliar|ue valeur de .r. excepté peut-être o et ::.
Il 1 '^"' ^'" "r , , , ,^ .
L exemple 7 montre que les valeurs o et t peuvent se présenter elteclive-
n= 1
ment comme points d'exception.
2. Soit ^ («„ sin/?.r -)- bnCosnx) la série de Fourier de la fonction f(x)
que nous supposons telle qu'au n" 1. Une transformation, analogue à la pic-
SÉANCE DU 16 FÉVRIER 1906. 5o3
cédente, conduiL aux expressions
/(2-)— /(0)-hE„
«■»+-. — «« —
(^)'
'n+i "w ■
OÙ « — 1,2, 3, ..., 20, liin£„ = lim p„:= G, qui prouvent immédiatement
qu'à partir d'un certain indice les a„ sont tous de même signe et i^ont en
décroissant en valeur absolue, et que, en supposant /'(^2t:)^/\o), le même fait
subsiste pour les è„. Cette méthode, qu'avait déjà appliquée M. Darboux
pour la détermination de l'ordre des coefficients de la série de Fourier,
mais en laissant de côté les questions relatives au signe, peut servir aussi
pour traiter le problème d'oscillation dans le cas le plus général, signalé
plus haut.
3. Qu'il me soit permis d'ajouter une remarque, qui se rattache aux con-
sidérations précédentes, et que je connais sans l'avoir publiée depuis trois
années. Soit /(ce) une fonction continue dont la série de Fourier diverge en un
point X. Peut-on trouver une suite convergente, ayant f(pc) pour limite et dont
les termes sont choisis parmi l'es termes de la suite divergente (i)? Pour démon-
trer que cela est toujou/s possible lorsque f (a') estjini dans l'intervalle (o, 2-),
désignons par I et S les limites inférieure et supérieure de la suite (i)
pour n infini. D'après mon théorème sur les moyennes arithmétiques, on a
certainement 15 /(a;)5S. D'autre part lim(5„ — *„_|)=^o. Donc l'ensemble
des termes de la suite (1), qui se trouvent entre I et S, est dense dans l'inter-
valle (I, S). D'où il résulte déjà l'existence de la suite voulue.
Le raisonnement est en défaut lorsque f{x) devient infini comme dans
l'exemple de Rieniann f(x)= j- (a;"'cos - j, où o-<;i';^2-, o<;v<^-'
C'est de ce problème que s'occupent M. Hobson (') et M. Lebesgue (-)
dans leurs Notes intéressantes.
(') Proceedings of tlie Londun nuitheinalical Society, second série, t. (11, igoD.
(-) Comptes rendus, l. CXI^I, 27 novembre igoo.
5o4 ACADÉMIE DES SCIE>CES.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Intégrales d' une équation différentielle dans le
voisinage d'un point dicritique. Note de M. H. Dulac, présentée p;ir
M. Painlevé.
L'étude des intégrales d'une équation différentielle
X(^.,r);^ = Y(.r.j)
dans le voisinage de x ^ o, j = o supposé point multiple des courbes
X = o, Y =-. o peut toujours être faite complètement, dans le champ réel,
ainsi que l'a montré M. Bendixson. Mais l'étude de ces mêmes intégrales,
dans le champ complexe, n'a donné jusqu'ici que peu de résultats précis, si
l'on en excepte la recherche des intégrales algébroïdes pour a; = o, pro-
blème complètement résolu. Si j'ai pu montrer qu'il y a, dans la plupart
des cas, une infinité d'intégrales pour lesquelles y tend vers o avec x,
ces intégrales présentent des singularités très diverses, qu'il paraît difficile
d'étudier. En général, étant données des conditions initiales, a;„, y^ aussi
voisines que l'on veut de x = o^y ^ o, on ne sait comment se comporte
l'intégrale relative à ces valeurs initiales, lorsque a? tend verso. On ne sait
si cette intégrale possède un nombre fini on infini de points critiques, dans
le voisinage de a? = o. Dans le cas particulier où x est en facteur dans X,
aucun théorème général ne permet d'affirmer que y tend vers une limite
lorsque x tend vers o, et, en effet, y peut ne tendre vers aucune limite.
La difficulté de résoudre ces diverses questions, dans les cas les plus
généraux, me paraît donner quelque intérêt aux résultats particuliers, mais
très précis, que j'ai obtenus dans le cas d!\\x\point dicritique. Considérons
l'équation
dy
(r) \_xk{x,y) + 'ù„{x,y) + . . . ] -^ =:^ y a (a?, j) + ■!„(./;, v)-l-...
oîi le premier et le second membre contiennent des développements sui-
vant les puissances de x et/. Nous n'écrivons que les termes de moindre
degré, les polynômes homogènes A, <p„, <]^„ de degrés respectifs n — 2,
n el /?.
Supposons qu'il n'y ait pas de l'aleurs de x et y annulant à la fois
(2) A(a7, j') cl y(^„{x,y)+x^„{x,y).
SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1906. 5o5
1° On peut trouver un nombre i tel que si l'on a ] a;„ | •< j, , y,, | ■< s, l'inlè-
grale de {\) correspondant aux conditions initiales x„ , y» est, pour \.x\<C^\x^\,
ou bien holomorphe et tend vers o avec x, ou bien algélmnde el alors une au
moins de ses déterminations tend vers o avec x.
?." Toutes les déterminations de l'intégrale considérée tendent vers o avec x,
si X est en facteur dans le premier membre de (1); pour toute intégrale pas-
sant dans le voisinage de x = o, y = o,y lend i^ers o de quelque façon que x
tende vers o.
Les seules intégrales pour lesquelles x et y tendent vers o sont les inté-
Êjrales algébroïdes (holomorphes en générai) pour x^=o; l'existence de
ces intégrales en nombre infini est bien connue, mais ®n ne s'était pas, à ma
connaissance, occupé d'examiner si elles étaient les seules pour lesquelles
X el y tendent vers o. De plus, 2° nous donne des conditions suffisantes
pour quej' tende vers o avec a:; nous avons là un des exemples assez l'ares
où, l'existence d'une limite pour y ne résultant pas du théorème de M. Pain-
levé : l'existence de cette limite de jk. lorsque x tend vers o, en variant dans
le champ complexe, est établie sans que l'équation (i) soit intégrée.
Ces résultats peuvent subsister partiellement, même s'il y a des valeurs
de X et y annulant les deux polynômes (2). Ainsi le résultat 2° subsiste,
pourvu que A(x, y) ne contienne pas x en fucteur.
ANALTfSE MATHÉMATIQUE, — Sur l'application de l'analyse de Dirichlelaux
formes quadratiques à coefficients et à indéterminées conjuguées. Note de
M. P. Fatou, présentée par M. Painlevé.
Soit axx -{- bx y + bx y + c y y une forme quadratique d'Hermite à
variables et à coefficients entiers. Nous dirons qu'elle est primitive si, en
posant b^^b, -h ib.^, les entiers réels (a,b,,b.^, c) sont sans diviseur
commun. Il y a lieu de distinguer entre les formes primitives de première
espèce pour lesquelles les nombres (a, a/^,, 2^0, <") sont premiers entre
eux, et les formes primitives de seconde espèce pour lesquelles le plus
grand commun diviseur de ces mêmes nombres est égal à 2; dans ce der-
nier cas, on a D^i, ou D^2 (mod 4)> suivant que 6, et b^ sont de
parité différente ou lous deux impairs (D désignant l'invariant ou détermi-
nant de la forme bb — eu: = b'-^ -\- bl — ac).
Dans ce qui suit nous ne considérons que des formes positives de dé-
terminant négatif, et, pour plus de simplicité, nous n'envisageons que les
c. R., i^oG, I" Semestre. (T. CXLII, iN» 9.) 67
5o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
classes de formes primitives de première espèce; soieniy,/, / , ... des
représentants des différentes classes de formes de cette espèce et de déter-
minant — A. Les méthodes de Dirichlet permettent d'établir l'identité sui-
vante :
<,*>2) '^/i^, y, ^', yF' +^/' {^^ y, '^, yy -^ ■ ■ ■= y-'^ ^,-y^j;!-ï'
les diverses sommations du premier membre étant étendues aux valeurs
des entiers complexes ce, y, pour lesquelles la forme correspondante repré-
sente un nombre premier à 2A, et les sommations du second membre aux
entiers positifs n premiers à 2A; ■/. désigne le nombre de solutions de
l'équation // -+- A//// = i (■/. ^ 4 ^n général, /. := 8 pour A = i).
L'identité précédente est la traduction analytique du fait arithmétique
suivant : le nombre total de représentations d'un entier m premier à 2A par
l'ensemble des formes f, f\ ... est égal (a« facteur /.prés) à la somme de ses
diviseurs. Pour A = i, 2, 3, les formes correspondantes ne forment qu'une
seule classe représentée respectivement par xv +.vv, xx -+- 2>;v, xx + i yv :
on en déduit le théorème de Jacobi sur le nombre de décompositions d'un
nombre impair en une somme de 4 carrés, et deux théorèmes analogues
découverts par Liouville.
Pour déduire de l'identité fondamentale qui précède l'expression du
nombre de classes, il suffit de chercher les limites des deux membres, res-
pectivement multipliés par (.< — 2), quand s tend vers 2. On obtient les
formules suivantes :
/K'î^ =1,
le produit r. étant étendu aux divers facteurs premiers impairs, p, de A.
La simplicité de ces formules mérite d'être remarquée. On en tire immé-
diatement cette conséquence que les seules valeurs de A pour lesquelles
A = I sont : A =: 1 , 2, 3.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur la théorie des spectres. Note de
M. IvAR Fredholm, présentée par M. H. Poincaré-
Dans une thèse récemment parue, M. Rdz a réussi le premier à con-
struire un système mécanique dont les vibrations fondamentales obéissent
SÉANCE DU 26 FÉVRIER igo6. 607
à (les lois identiques à celles qu'on a trouvées pour les vibrations des
l'aies spectrales de l'hvdrogène et certaines raies d'autres éléments.
Le svstème mécanique trouvé par M. Ritz étant très compliqué et diffi-
cile à réaliser pour la pensée, il ne paraît pas sans intérêt de trouver
d'autres systèmes analogues, mais d'ime nature plus simple que celui de
M. Ritz.
Voici comment on peut procéder :
Partons d'une matière continue étendue à trois dimensions. Appelons x,
Y, : les coordonnées rectangulaires d'une de ses |)articules et w{t, x, y, z)
l'élongation de sa position d'équilibre à l'époque t, en supposant, pour
plus de simplicité, que chaque particule ne possède qu'un degré de
liberté. ,
Supposons que la force F exercée sur cette particule par une autre soit
donnée par la formule
F = $(■;, r„ r, X, j, z) [a'(':. r,. l) - w(x,y, z)\
Dans ces hypothèses, l'équation du mouvement du système s'écrit, en
supposant que la densité soit constante,
( , ) '^' = / 7 " f'i'C'^. •^.. - ^•. 7. = ) f «•( ^. •^.. 0 - 'T'C-r. V, =)] di ,h (II.
En imposant à <!' la condition
f f j\^(i, r„ l, X, y, z)dl, d-r dl = k,
où k est une constante différente de zéro, l'équation (i) s'écrit
1^ + k^v = fffHl, r„ -Ç, X, y, z) w(l, r„ l) dl dr, r/'C
Une vibration fondamentale s'exprimant par
«.' = e''" u{x,y, z),
on obtient pour u l'équation intégrale
(X: — A- ) u{x, y, :■) = j j j 'l'(ç, r,, 'Ç, x, y, z) u'(ç, r,, '() dl dr, d'Ç.
Or, pour que cette équation soit possible, il faut que Z ^= , ■ . soit un
5o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
zéro d'une certaine fonction entière G(Z) dépendant de la fonction $ et
telle que G(o) ^ o.
Ainsi, en appelant l ,. /.>, . . ., les racines de l'équation
<^^ \j—r.) = «'
on voit que les>v, s'approchent de la limite s[k.
Les systèmes considérés ici présentent ainsi le caractère commun que
les longueurs d'onde de leurs vibrations fondamentales s'approchent d'une
certaine limite non nulle.
Ensuite on peut démontrer sans difficulté qu'il est possible d'une infinité
de manières de choisir la fonction <p tellement que les a, procèdent d'après
une loi identique à celle des raies spectrales.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur les Vibrations cV un corps élastique dont la
surface est en repos. Note de M. A. Korx, présentée par M. Emile Pi-
card.
On peut démontrer le lemnie suivant, dont un théorème très connu de
M. Poincaré est un cas spécial :
Soient i/,, Vj, Wj (y = o, i, 2,3, ...,p)p-hi triplets de fonctions li-
néairement indépendants, continus avec leurs premières dérivées dans un
domaine t et s'annulaut à la surface a; on pourra toujours trouver
p -\-i constantes réelles «„, a,, a.,, . . ., Up satisfaisant à la condition
0)
àl + a]^a
l + ...+ a; =
= I,
de manière que les fonctions
1 p
u =2'«i"i'
0
p
*' =2'«./^y.
(2) ^
_ ûll
dx
p
0
du
-+-
t)r ûiv
ày + àz '
SÉANCE DU 26 FÉVRIER igo6. Sop
satisfassent à l'inégalité suivante
r(«^+c2+tr'-)rf-
(3)
J^{r- + TJ^y_^-^p^-)d-.
< i'/TT
où a représente une constante finie ne dépendant que du domaine t.
A l'aide de ce lemme et de la démonstration de l'existence des solutions
du problème d'équilibre dans la théorie de l'élasticité dont j'ai donné
récemment les principes (Comptes rendus, 5 février), on peut démontrer
d'une manière analogue à la méthode connue de M. Poincaré l'existence
d'une infinité de triplets U/,, V^, W/^ continus avec leurs premières déri-
vées dans T, satisfaisant aux équations
je
^w, + k'^ + llw,= o,
l\ui-h\l-i-Wl)eh=i,
et s'annulant à la surface g. Dans ces équations nous désignons par X- un
nombre réel supérieur à — i , et les 11 sont des constantes positives
o<>-;<>^K---.
que nous appellerons les nombres correspondants aux triplets élastiques U^,
Va-. W,.
Ces triplets élastiques jouent pour tous les problèmes de l'élasticité,
dans lesquels la surface du corps élastique est supposée en repos, le même
rôle que les fonctions harmoniques de M. Poincaré dans la théorie de
l'équation
Aç -H ^-(p =_/.
Chaque triplet élastique correspond à une vibration d'un corps élastique
dont la surface est en repos, et la durée de la vibration est proportionnelle
au nombre X^.
Chaque triplet de fonctions u, v, w s'annulant à la surface a et continues
dans T avec leurs dérivées premières et secondes peut être développé en
OJO ACADEMIE DES SCIENCES.
séries de la forme suivante :
I u =C,U, -^C.U, 4-....
( ,ï; = c,w, -t-aw„+...,
et les constantes Cy de ces séries ont les valeurs
(G) C,- = f(u U, + vYj + w Wy) ih.
Ces développements sont d'une importance très grande quand il s'agit
de l'intégration des équations générales des corps élastiques isotropes
(7)
Al. , / <^® ■■ <^' U
AU + k^- = rj- ——-,
.,, ,de .,d'\
0 =
dx dy dz
âz àl-
ou (les équations
(?')
AU +^^-
<).r
dV
= ''■ dt '
AV +^^
d\
= ''■ dt '
AW + kf
dz
= !^- ài
pour le cas où l'on suppose à la surface n
(8) U=V = W = o.
MÉCANIQUE RATIONNELLE. — Sur un cas particulier- du problèirw des n corps.
Note de M. Thadée Baxachiewitz, présentée par M. H. Poincaré.
Considérons trois points matériels libres P;(m,> o; ^"', r,"', "C"')> s'atti-
rant proportionnellement aux masses et en raison inverse des cubes des dis-
tances mutuelles. Désignons par V la fonction des forces. On aura
... rf«?(') d\ d^yy d\ ^/-:(" d\ ,. ...
SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1906. 5ll
Nous supposons dans tout ce qui suit que G, le centre de gravité du sys-
tème, soit fixe.
Choisissons les axes des coordonnées de manière qu'on ait, pour t =0,
(«) V,„.£-'=:o, '^m,-f,\;'=o, ^;»,£i''T,,' =0, '^Di/t.'y-r^o.
i • i i i
Supposons qu'en même temps les points P, soient les sommets d'un triangles, qui
n'est pas équilatéral, et qu'il exisle une relation
(à)
5o io
1'"' (&=''' ^^'^■^'^'
où (Ay,/, )u signifie la distance de Py à P/.., pour / ^ o.
Posons
vç et Vv, seront les nombres essentiellement positifs et inégaux.
On suppose
Introduisons deux constantes a', a", liées par une équation
et soit enfin
(/) A-z=v/(i + a'0(n-a"/).
Cela posé, voici une solution particulière des équations (A) :
(B) -'-^<-(\/^'og^)'
On déduira, en effet, des équations (B)
(0^7^=-^v,, --^ = __v„ -^=.__v, (, = 1,2,,:,);
5 12 ACADEMIE DES SCIENCES,
miis on aura d'autre part
(2)
(^=1,2,3).
Or, toutes les expressions
milf^i-\- ^ et w,-^;,''^+ ^ («■= I, 2, 3)
s'évanouissent; les équations (A) sont donc satisfaites par(B).
Le mouvement, représenté par les formules (B), se fera de sorte que le
triangle des points tournera autour d'un axe fixe G^ sans changer ses
angles. Chaque point P, se mouvra sur la surface d'un cône de révolution,
ayant pour sommet G et pour axe G^. Sa projection sur le plan tjGC glissera
sur une spirale, dont l'équation en coordonnées polaires (p, u), G étant pris
pour pôle, pourra s'écrire
psinhvpjj-w 1 ., lorsque cc'a'^o,
pcoshyp[/.(o \ » a'a."<^o, (la spirale de Poinsot),
logp = [j.to » a.'a"=:o, -fi^^^o (la spirale logarithmique),
l'on
ou 1 on a pose
pos
^V-^-^' '^-^v/v^;
On voit que les points P, décriront les courbes gauches ; c'est ce qui n'arrive
pas dans les solutions exactes du problème, connues jusqu'à présent.
Le cas exposé est dans l'exception fort remarquable : j'affirme que, si le
système des n corps, s' attirant proportionnellement aux masses et à la puis-
sance (ptelconqite des distances mutuelles, se meut de sorte que les distances
gardent entre elles des rapports constants, les points ne pourront décrire que
des courbes planes et, en conséquence, la configuration devra être cen-
trale (') excepté le cas ci-dessus (et son extension éventuelle au cas n > 3,
l'attraction variant en raison inverse du cube de la distance).
Voilà comment ou peut généraliser le théorème dû à Lagrange et qui
n'était établi que pour trois corps, s'attirant conformément à la loi de
Newton.
(') Voir, poui- la définilioiK Tarticle de M. Driobek, Astr. Nachr., 36-27.
SÉANCE DU 2.6 FÉVRIER 1906.
5i3
PHYSIQUE. — Sur la signification exacte du principe de Carnot.
Note de M. Louis Fredey, présentée par M. P. Curie.
Bollzmann, étudiant les conséquences du principe de Carnot, fait une
distinction entre les mouvements ordonnés et les mouvements non
ordonnés. Cette distinction est commode, mais ce n'est évidemment qu'une
image. D'une façon tout à fait générale, il n'y a pas de mouvements non
ordonnés. Deux électrons circulant dans le même sens constitueraient un
système ordonné, par rapport à deux électrons circulant en sens contraire
ou seulement divergents. Les divers mouvements possibles des deux élec-
trons l'un vis-à-vis de l'autre nous mettraient en présence de systèmes sans
nombre plus ou moins ordonnés les uns que les autres. Les durées rela-
tives des mouvements impliquent à leur tour des gradations.
Si nous passons du cas de deux électrons à des cas de plus en plus géné-
raux, nous nous trouvons devant des possibilités incalculables de systèmes
plus ou moins ordonnés.
Passons sur ces difficultés. Attribuons l'ordre à des mouvements ayant
une grandeur et une durée appréciables par rapport à noire propre gran-
deur et à notre propre durée. Nous pourrons poser les régies suivantes :
i" Toutes choses égales, la formation de systèmes ordonnés est d'autant
moins fréquente que les systèmes ont plus d'amplitude;
2° Toutes choses égales, la formation des systèmes ordonnés estd'autant
moins fréquente que les systèmes sont plus complexes.
On entrevoit corrélativement que la destruction d'un système sera com-
pensée d'autant plus tardivement par la reconstruction d'un système équi-
valent que ce système sera plus considérable et plus complexe. Ladégraila-
lion apparente d'énergie serait donc inévitable. Aucun système ne se
reformerait spontanément. Il faudra faire un emprunt à l'ambiance. Mais
cela signifie-t-il que les mouvements ordonnés diminuent par rapport aux
mouvements non ordonnés?
Les règles énoncées ci-dessus ne permettent pas cette conclusion. De ce
que les combinaisons ordonnées deviennent de plus en plus rares à mesure
qu'elles ont plus d'amplitude et de complexité, il faut conclure que les
éléments dont elles se forment ne se réunissent pas spontanément ni instan-
tanément; ils s'assemblent et s'orientent à la suite d'une sélection dans
G. R., 1906, I" Semestre. (T. C\LII, N° 9.> "8
5f4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'espace et dans le temps. Si donc ces combinaisons se détruisent, leurs
équivalents ne se reforment également qu'à la suite d'une sélection dans
le temps et dans l'espace, sélection d'autant plus difficile et plus lente que
les systèmes seront plus vastes et mieux ordonnés. Nécessairement les sys-
tèmes ne peuvent se reformer d'eux-mêmes. Si une incidence écarte,
fait diverger deux électrons qui circulaient parallèlement, pourront-ils
reprendre spontanément leur position et leur marche primitives? Il est
impossible de l'imaginer. Il est également impossible de l'imaginer pour
trois, quatre, dix, cent, mille, ..., n électrons : aussi, du moment qu'un
système isolé varie, a-t-im pu poser qu'il ne repasserait pas deux fois par
le même état (')? Cela est aussi i^rai pour les groupements non ordonnés que
pour les systèmes ordonnés. Si l'on pouvait rap|>orter à des axes fixes, à
l'instant t, la position des particules d'un groupement désordonné, on ne
voit pas que ce groupement, après variation, puisse spontanément reprendre
ses positions primitives plutôt que ne le pourrait un système ordonné. On
tirerait donc le principe de Carnot de l'observation des mouvements non
ordonnés comme des mouvements ordonnés, si l'on pouvait déterminer
ceux-ci comme ceux-là. Mais, par définition, on ne le peut pas. Aussi
sommes-nous enclins à opposer directement un système ordonné à tous les
genres de mouvements que nous croyons désordonnés.
En réalité, il n'y a aucune différence fondamentale ni entre les petits et
les grands systèmes, ni même entre les systèmes ordonnés et les groupe-
ments non ordonnés.
Si un soleil se détruit, il ne se reformera pas sur jilace, mais sa destruc-
tion peut être compensée par des formations équivalentes. Il y faudra
nécessairement beaucoup de temps et beaucoup d'espace. Si quelques
mouvements d'ordre atomique se disloquent, ils ne se reformeront pas
non plus sur place, mais ils pourront se reformer à un micron de distance
et presque instantanément. On en déduit que la dislocation d'un mouve-
ment quelque peu considérable tendra à s'éparpiller en mouvements molé-
culaires et que, en retour, de nombreux mouvements moléculaires ne for-
meront que peu de systèmes cohérents. La persistance du dénivellement
universel dépend d'une proportion entre ces processus en apparence
opposés : pour que des mouvements d'ordre quelconque se maintiennent, il
(') C'est, on le voit, un corollaire du principe d'inerUi', qui lui-nièuie est l'aspect
le plus caractéristique du principe général de détermination.
SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1906. ;)l5
faut et il suffit que le degré de fréquence de leur destruction soit équivalent au
degré de fréquence de leur réapparition .
Au sein de l'immense réservoir des différenciations infinitésimales, base
de tous les mouvements de l'univers, nous voyons, de-ci de-là, apparaître
des systèmes assez amples, assez définis pour que nous puissions en prendre
une connaissance relativement précise. Nous assistons sans cesse à des for-
mations de cette espèce, dont quelques-unes offrent une complexité éton-
nante. Toutes sortent du grand réservoir confus et y rentreront. Pour avoir
du principe de Carnot une idée exacte, il faut cesser de les opposer directe-
ment à ce réservoir générateur, il faut cesser d'opposer un petit groupe de
séries, et fort limitées, à des séries sans nombre. Dès lors, on rejettera la
conséquence de la dégradation de l'énergie, dont on pourra toutefois tirer
une règle empirique, se rapportant au degré d'exception des phénomènes.
En somme, le principe de Carnot dépend d'une statistique si nous l'en-
visageons sous un aspect unilatéral . Mais il se prêterait à une extension uni-
verselle si nous pouvions concevoir tous les circulus de l'énergie, et
deviendrait une des lois les plus constantes qu'ait entrevues l'intelligence
humaine. Puisque, au fond, il serait le principe d'inertie envisagé dans son
application aux groupements, on ne pourrait lui imposer aucune restric-
tion. Il s'opposerait à tout retour i/?o«/a«e des phénomènes, mais admettrait
pourtant, grâce à l'interaction des choses, tous les ordres de retour, tous
les genres de répétition (' j.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'acide lactique gauche.
Note de MM. E. Ju-vgfi.eisch et M, Godchot.
Le peu que nous savons sur l'acide 'lactique gauche ne s'est pas aug-
menté depuis la découverte de ce corps par M. Schardinger en i883. La
séparation du lactate-(f/ -f- /) de quinine en ses composants étant devenue
relativement facile (E. Jungfleisch, Comptes rendus, t. CXXXIX, p. 56),
nous avons développé l'étude de cet acide. La constatation de différences
marquées (-), entre l'acide laclique-/et l'acide laclique-flf, dans leurs trans-
(') On sait que Boltzniann, dans ses Leçons sur la théorie des gaz, a précisé la
relativité des conclusions ((u'on peut tirer du principe de Carnot.
(-) Un travail de M. A. Mackenzie {Journ. of the Chem. Soc. t. LXXXVII, sep-
5l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
formations en acide laclique-(<'/ -f- /) sous l'action des mêmes agents (E.
JuNGFLEiscH, Comptcs rcndus, t. CXXXIX, p. 2o3), nous a paru donner un
certain intérêt général à cette élude.
Dans loiUes nos expériences, l'acide lactique-/ s'esl montré beaucoup plus facile-
ment transformable que l'acide laclique-c^, en acide ]aclique-(rf -H /). Ce fait impose
des ménagements particuliers lors de sa préparation. La laclate-/ de quinine pur a été
changé en sel de zinc de la manière indiquée pour le lactate-rf {Comptes rendus,
t. CXL, p. 719), mais en ayant soin de maintenir, pendant le traitement, le liquide au
voisinage de 0° et d'éviter soigneusement tout excès de baryte. Malgré ces précautions,
les premiers cristaux obtenus contiennent toujours une certaine proportion de lactate-
(fl'+ /) de zinc, pouvant atteindre un dixième; les solubilités des deux lactales sont
telles que les cristaux qui viennent ensuite sont beaucoup plus riches en lactale-/.
On sépare les deux lactales par des cristallisations fractionnées, que l'on dirige en
observant au microscope les formes très différentes du lactate-(f/H- /) et du lactate-/.
On parvient ainsi à recueillir du lactate-/ de zinc tout à fait pur. Le lactate-/ de zinc
ressemble beaucoup au lactate-f/. Les cristaux présentent au microscope la même appa-
rence. Les solubilités sont voisines. Le pouvoir rolatoire à droite du lactate-/ de zinc
■dissous dans l'eau augmente fortement avec la dilution : les solutions contenant respec-
tivement 5s, 28, 5o, is, 25 et o^,5r2 de sel sec dans loo"""'' de liqueur, nous avons observé,
à 12° : stuirrH- 5°,66, aD = -t- S'-oo aD = .H-io",oo et a,, = -)- 1 2°, 5 ; avec des directions
opposées, ces pouvoirs rotaloires sont voisins de ceux que nous avons trouvés pour
le lactate-rf de zinc.
La production de l'acide lactique-/, en partant de son sel de zinc, a été réalisée par
les procédés que nous avons appliqués antérieurement au laclate-f/ de zinc.
temlire 1905, p. iSyS) contient les lignes suivantes au sujet de la IVote de M. Jung-
fleisch : « Sa conclusion, primitivement énoncée, que les acides lactiques-/ et -d sont
racéinisés à des degrés diflérents par un agent symétrique comme la baryte, fut déclarée
erronée tout récemment par Godchot et lui-même {Comptes rendus, t. CXL, igoS,
p. 719) ». L'auteur indique ensuite ses propres expériences établissant l'exactitude de
la conclusion. Notre erratum du i3 mars 1900 {lac. cit., p. 720) dit seulement, en
quatre lignes que : « les chilTres cités pour les comparaisons de pouvoirs rotatoires
doivent être rectifiés afin de représenter exactement les valeurs de an; la série de me-
sures à laquelle ils appartiennent ayant été lue sur une échelle sacchariniétrique, ils
doivent être multipliés par le facteur constant 4,332 ». Cette rectification de chiffres
ne modifiait évidemment pas les rapports entre les nombres; elle augmentait même la
valeur absolue des dillerences que M. iMackenzie déclare qu'elle a annulées. Le travail
de M. Mackenzie confirme donc, et en employant les mêmes réactions, celles de
M. Jungfleisch; celui-ci n'a jamais déclaré erronée sa proposition primitive : l'acide
lactique droit et l'acitle lactique gauche ne se conduisent pas semblablement dans les
réactions.
SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1906. 617
La pureté du produit obtenu nous a permis de préparer l'acide lactique-/
cristallisé. La solution aqueuse ayant été évaporée à froid, ponr éviter l;i
formation abondante d'acide lactyllactique-/, qui s'observe à chaud, on
soumet le liquide à une dessiccation opérée à 3o° dans le vide, avec rentrée
d'air sec, jusqu'à ce que le produit ne perde plus d'eau ; on enferme aussitôt
l'acide dans un tube scellé, qu'on refroidit à — 10° pendant plusieurs jours.
La matière sirupeuse, peu fluide, cristallise nettement en prismes aplatis,
lamelleus, mélangés de cristaux bien développés et fort analogues comme
apparence à ceux que nous avons obtenus avec l'acide lactique-rf. Les
cristaux sont extrêmement hygroscopiques; essorés autant que possible à
l'aliri de l'humidité, ils tondent à 26"-27° environ; nou^ avons indiqué
25°-26° environ pour l'acide laclique-c?. MM. Kraffl et Dye ont donné 18°
pour l'acide lactique-(c? + /).
La solution aqueuse de l'acide lactique-/ le plus pur présente un pouvoir
rotatoire lévogyre, qui diminue quand la dilution augmente : des liqueurs
contenant respectivement, dans 100"°', 4^.856 et 2^,428, ont donné à la'',
an= — 2°, 90 et Kj, =: — 2°, 25. Nous avons constaté un fait semblable pour
l'acide lactique-c/; pour les deux corps, en opérant de même et à la même
concentration, les valeurs de a„ sont sensiblement égales et de signes con-
traires. Une liqueur aqueuse contenant, dans loo'"', 1^,2371 d'acide lac-
tique-/ cristallisé, dissous à froid, a donné immédiatement a.^—- — 2", 26,
c'esl-à-dire un nombre sensiblement plus fort. Ce fait reproduit notre
observation sur l'acide lactique-rf; il s'explique par la présence d'un peu
d'acide lactyllactique-/ dans l'acide lactique-/ sirupeux.
Comme l'acide lactique-(f/-f- /) et l'acide laclique-c?, en effet, l'acide
lactique-/ se combine à lui-même, spontanément, dans ses solutions
aqueuses concentrées, en formant l'acide lactyllactique-/. Celui-ci ayant
un |)ouvoir rotatoire dextrogyre, c'est-à-dire inverse de celui de l'acide
lactique-/, mais beaucoup plus considérable, sa présence peut entraîner
un renversement du sens du pouvoir rotatoire pour le mélange. C'est ainsi
que, si l'on concentre jusqu'à consistance sirupeuse, au bain-marie, une
solution d'acide lactique-/ lévogyre, elle se charge d'acide lactyllac-
tique-/très fortement dextrogyre; on la laisse refroidir, on l'étend d'eau
froide et on l'observe aussitôt au polarimèlre. Une telle solution contenant,
dans joo""", 22^,1 d'acide lactique-/ jjIus on moins élhérifié, nous a donné
une déviation à droite considérable : a„ = -f-6°,o3, calculé pour l'acide
lactique; la même solution étant ensuite maintenue au bain-marie, pendant
5l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
plusieurs heures, en vase fermé est devenue lévogyre : a^ = — ]'',02; c'est
que l'eaii chaude a hydrolyse en grande partie l'acide lactyllactique^Z dex-
trogyre et l'a changé en acide lactique-/ lévogyre; le sens de la déviation
a été renversé.
Si l'on ajoute que les solutions d'acide lactique-/, chargées d'acide
laclyllactique-/, peuvent donner des liqueurs contenant à la fois les sels
de zinc des deux acides, que le lactyllaclate-/ de zinc a un pouvoir rota-
ioire à droite beaucoup plus considérable que celui du laclate-/ de zinc,
on est conduit à penser que ces faits', analogues à ceux que nous avons
observés pour l'acide lactique-û?, peuvent avoir une influence sur la déter-
mination exacte de la nature des acides lactiques résultant des nombreuses
fermentations microbiennes.
CRYPTOGAMIE. — Sur les kystes des Glœosporium et sur leur rôle dans
l'origine des levures. Note de MM. P. Viala et P. Pas.ottet, présentée
par M. L. Guignard.
La culture en milieux artificiels des Glœosporium ampelophagum Saccardo
{Manginia a/?2pe/ir7«z Vialaet Pacottet) et Glœosporium nerviseqiium Saccardo
(Gnomonia Veneta Kleb;din) a révélé un polymorphisme (') très complexe
pour ces deux espèces |)arasites de la Vigne ou du Platane : conceptacies
divers, périthèces, conuliophores, sclérotes, levures et kystes. Ces der-
nières formes, les kystes, ne rappellent en rien celles connues pour les
Champignons; leur relation avec les autres organes de reproduction a été
vérifiée, pour les deux espèces, par des cultures méthodiques répétées.
Les kystes du G. ampelophagum, observés d'abord en culture et repro-
duits à volonté par modification des milieux, ont été retrouvés ensuite dans
la nature, dès l'automne, sur les chancres des sarments anthracnosés. Les
kystes du G. nervisequum se dévclo|ipent dans les mêmes contlilions de
milieu (bouUlon de carottes acide, bouillon de riz, lait gélose, etc.), que
le premier ensemencement provienne de spermaties ou de conidics, de
stylospores, etc.
].e voile mycélien qui s'étale à la surface des cultures donne d'abord quelques rares
(') \'oir Comptes rendus, ly février 1906.
SÉANCE DU :■() FÉVRIER 1906. .ug
spermogonies, puis la trame s'épaisail et se fouce en noir; elle est dense (bouillon de
carotte acide, etc.) ou floconneuse (bouillon de riz, etc.). Certains articles, sur le par-
cours des filaments niycùlieus très cloisonnés, se renflent et ces renflements sont le
début des kvsles. Le noyau se divise en deux, puis en quatre ou un plus grand nombre
de noyaux secondaires, qui sont Foiigine, dans le kyste qui grossit, de spores endo-
gènes à membrane propre dans l'enveloppe commune qui les renferme. T^es kvstes, à
leur complet développement, sont rarement monosporés, le plus souvent plurisporés;
la membrane générale noire et cassante finit par se rompre et les spores internes sont
mises en liberté. Les masses kystif[uei, |)ius ou moins volumineuses sur le filament
mycélien producteur, incolore ou peu foncé, ou brun, parfois latérales à ce lilamenl,
ont des caractères spécifiques pour les deux espèces de Glœosporium étudiés.
Les kvstes plurisporés du G. anijielojiliaguin mesurent de 1 St'- à ^o'''-; les mono-
spores, rares, ont de 8f- à iiV-. Les spores kystiques sont un peu allongées, subovoïdes,
de dimensions assez régulières (8!^ à to^ de long); leur membrane propre est ftdigi-
neuse. L'enveloppe du kvste est lisse. Par contre, celle des k^'slesdu G. nerviseijuum,
très foncée, est comme craquelée, à la surface rugueuse, carbonacée. Les spores endo-
gènes (les kystes sont presque toujours polvsporés) sont plus sphériques, moins allon-
gées que celles du G. ampelophai;tint ; leur membrane est incolore ou à peine teintée;
elles ont de SH- à i/Jt"- de diamètre. Les kystes mesurent en moyenne 3ol^, les plus gros
ont ^5!^ delong; leurs dimensions varient de i4î^ (kystes monosporés) à 23!^ en diamètre.
L'épuisement des milieux, où végètent dans leur forme mvcélienne les
Glœosporium, les conditions nutritives défavorables à leur végétation (aci-
dité, addition d'alcool à 2 pour too, etc.), la sécheresse extérieure ou la
dessiccation progressive des cultures, constiUient des facteurs déterminants
de la production des kystes. On hâte encore leur formation en soumettant
les cultures à de brusques abaissements de température et en les mainte-
nant ensuite à des températures assez basses (aS" à 12° et 10°); l'exposition
de ces cultures en pleine lumière accentue aussi le développement de ces
organes.
Les spores endogènes, sorties des kystes, germent directement en fila-
ments mycéliens très cloisonnés, à éléments courts et en boudins. En mi-
lieux sucrés, ces articles se séparent aussitôt et se mettent à bourgeonner
en donnant des levures; en milieu peu ou pas sucré (bouillon de haricot,
par exemple, et jus de feuille de Platane ou de Vigne suivant l'espèce), le
mycélium très variqueux finit par s'effiler et se multiplier en trame mycc-
lienne productrice définitivement de spermogonies.
Le kyste des Glœosporium est un organe à spores endogènes d'une très
grande résistance aux agents atmosphériques. Il représente, par sa nature
morphologique et par rapport au mycélium, ce que sont les levures sporu-
520 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lées pour les levures bourgeonnantes. La propriété qu'ont des spores endo-
gènes du kyste de tendre, presque aussitôt, dans les milieux favorables,
aux formes levures, permet de se demander s'il ne représente pas l'étal
transitoire du Champignon filamenteux vers la levure.
ZOOLOGIE. — Stellosphaera mirabilis, nouvelle larve d'' Astérie appartenant
tre's iTaisemblableinent à une forme abyssale. Note de MM. R. Kœhler
et C. Vaney, présentée par M. Alfred Giard.
La larve que nous décrivons dans cette Note a été recueillie par S. A. S.
le Prince de Monaco dans des pêches pélagiques pratiquées, dans les pa-
rages des Açores, jusqu'à aooo"" et 3ooo™ de profondeur, au moyen du
filet vertical à large ouverture du D' Richard. Elle ne ressemble à aucun:^
larve connue d'Echinodermes; et, bien plus, en ne considérant que sa
forme sphéroïdale et ses caractères extérieurs, on serait d'abord tenté de le
rapportera un tout autre groupe qu'aux Ethinodermes. Fort heureusement,
la présence de pédicellaires fixe immédiatement la position systématique de
ce curieux organisme. Et comme ces pédicellaires, qui sont croisés, sont
identiques à ceux qu'on observe dans les Astéries du groupe des Forci-
pulés et que de tels pédicellaires ne se rencontrent nulle p^irt ailleurs que
dans ce groupe, nous sommes fondés à dire que la Stellosphœra est une
larve d'Astérie.
Le corps est presque sphériqiie, mais l'un des pôles, au milieu duquel s'ouvre la
bouche, est légèrement aplati. Le diamètre atteint environ 3'""^ Au stade le plus
jeune que nous ayons pu examiner, le caractère extérieur le plus curieux qu'ollre cette
larve est la présence de nombreux corpuscules calcaires en forme de pi(|uants et
réunis par groupes en certains points déterminés de la surface du corps. On distingue
d'abord six groupes principaux de ces piquants placés à égale distance les uns des
autres sur l'équateur de la larve et donnant ainsi à celle-ci l'apparence d'une symétrie
hexaradiée. Chaque groupe se compose de six à huit piquants plus ou moins inclinés
et s'insérant sur une plaque calcaire réticulée. Ces plaques supportent, en outre,
quelques pédicellaires croisés. Indépendamment de ces six faisceaux é(|uatoriaux, on
en distingue d'autres moins importants, vers le pôle aboral : l'un de ceux-ci, composé
d'un simple piquant et supporté par une petite plaque calcaire, occupe exactement le
sommet de la larve. Autour de cette sorte de plaque centro-dorsale, se montrent cin([
autres plaques placées suivant un petit cercle; celles-ci sont plus petites que les plaques
équatoriaies et elles supportent chacune un ou deux jiiquants et un pédicellaire. La
bouche est aplatie et elle oITre vers chaque extrémité un tentacule creux.
SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1906. S^r
Le seul organe interne que l'on puisse distinguer est le tube digestif qui décrit deu\
tours de spire et dont la région œsophagienne oiïre deux, diverticules latéraux. L'anus
est légèrement déjeté de côlé par rapport à la plaque cenlro-dorsale.
A un stade plus avancé du développement, les plaques calcaires et les piquants
qu'elles portent se résorbent. A la place des plaques équatoriales, on observe un nombre
égal de coussinets rectangulaires supportant chacun cinq à sept tubérosités souvent
disposées par paires et représentant les restes des aspérités formées par les piquants.
Sur les coupes on retrouve encore quelques fragments de calcaire, mais celui-ci est
résorbé en grande partie. A la base de chaque coussinet, deux paires de digitations
plus ou moins aplaties ont fait leur apparition. Les plaques calcaires du pôle aboral
ont aussi disparu et l'on ne distingue plus dans cette région qu'une papille centro-
dorsale entourée de cinq autres petites papilles, (^uanl aux pédicellaires, ils ne pa-
raissent subir aucune modification, car ils se retrouvent sur les larves âgées, avec les
mêmes caractères et la même disposition que sur les larves plus jeunes.
Il ne peut v avoir de doute sur la nature de la Slellosphœra : c'est une
larve d'Astérie, coinme le prouve la présence de pédicellaires forcipulés.
Nous n'avons pas besoin d'insister sur les différences qui la séparent des
autres larves d'Echinodermes. Ces différences sautent aux yeux et elles
sont si marquées, que si les pédicellaires nevenaient pas fixer d'une manière
indubitable la position de cette larve, on accepterait difficilement l'idée de
la rapporter aux Echinodermes. Les dissemblances sont si grandes qu'il
n'y a pas à faire de comparaisons. Notons cependant un caractère remar-
quable de la Slellosphœra : c'est la symétrie hexaradiée qui se manifeste par
les six groupes de plaques équatoriales et qui persiste, après la disparition
des plaques et des piquants, dans les six coussinets qui les remplacent. La
symétrie pentaradiée ne se manifeste que par la disposition des plaques
secondaires du pôle aboral. Enfin d'autres caractères, tels que la présence
de deux tentacules buccaux et la forme aplatie de la bouche, montrent une
orientation nettement bilatérale. Nous trouvons donc à la fois, da:ns le
même organisme, des symétries hexaradiée, pentaradiée et bilatérale.
Nous ne pouvons pas affirmer d'une manière absolue que notre larve
appartienne à une forme abyssale puisque les pêches qui l'ont fournie ont
été faites entre 2000™ ou 3ooo'" et la surfitce. Il y a de très grandes chances
pour que les larves aient été capturées à une grande profondeur, mais on
peut objecter que, le filet restant ouvert, rien n'empêchait les animaux péla-
giques superficiels d'y pénétrer. Cette hypothèse est très peu vraisemblable.
Nous savons en effet que les larves d'Echinodermes connues jusqu'à ce
jour se rencontrent à peu près exclusivement au voisinage des côtes et
C. R., 1906, 1" Semestre. (T. CXLII, N» 9.) 69
522 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans les couches superficielles des eaux. Elles appartiennent aux formes
bien connues : Auricularia. Bipinnaria, Brachiolaria ou Pliiteus et se rap-
portent à des espèces littorales. Or il se trouve que la SteUosphœra a été
recueillie dans une pêche bathv pélagique, en pleine mer, loin des côtes,
dans un filet descendu à 2000'" ou Sooo™ de protondeur. On conviendra
que, dans ces conditions, il est bien permis d'admettre que cette larve, qui
se présente avec des caracleres absolument nouveaux et ne rappelant en rien
ceux des larves superficielles connues, provienne effectivement d'une
grande profondeur et appartienne à une Astérie abvssale : cela est infini-
ment probable.
La découverte de la SteUosphœra offre donc un intérêt considérable et
elle jette un jour nouveau sur l'histoire du développement des Echino-
dermes abyssaux qui nous est totalement inconnu, en nous montrant que
certains d'entfe eux, tout au moins, peuvent se développer au dépens de
larV( s.
PHYSIOLOGIE. — EJfets reconstituants de la viande crue après le jeûne.
Note de M. Charles Richet, présentée par M. Dastre.
J'ai pu montrer que l'alimentation par la viande crue et par le plasma
musculaire, mode de traitement que j'ai appelé zomolhérapie était d'une
efficacité remarquable dans le traitement de la tuberculose expérimentale
{Comptes rendus , t. CXXX, 26 février 1900). Dans les expériences qui vont
suivre, il s'agit non d'un traitement diététique appliqué spécialement à
la tuberculose, mais des conditions d'alimentation suivant lesquelles un
organisme répare le mieux ses tissus après inanition.
Là encore, la viande crue est un aliment supérieur à tous autres.
L'observation porte sur sept groupes, de quatre chiens chaque, ainsi répartis, au
point de vue alimentaire.
I. ^ iande cuite et bouillie alternativement.
II. Viande cuite et viande crue allernalivement.
III. \ iando cuite et fromage lacté alternativement.
IV. Jeûne et viande cuite alternativement.
\ . Jeûne et viande crue alternativement,
\ I. Jeûne et bouillie alternativement.
\ II. Jeûne et fromage lacté alternativement.
Chacune de cas périodes alternantes était de 5 jours. La viande cuite et la \ iande
SÉANCE DU 26 FÉVRIER I906. 52.3
crue étaieiU de la viande de clieval. La bouillie est un mélange de riz cuit, de L;iil el de
sucre de canne. Le fromage lacté est du fromage de Gruyère cuit avec du lait.
Il y avait 4 chiens pour chaque groupe, sauf le groupe VII, constitué par trois chiens
seulement.
L'expérience a commencé le 10 août igoî, et je lai arrêtée 6 mois après au i"^' lévrier
1906.
Signalons d'abord ce fait assez inipi-évu que les chiens peuvent supj)orter
pendant plusieurs mois des alternances de 5 jours de jeune et 5 jours
d'alimentation. Ils finissent par s'y habituer et ne .semblent pas en souffrir.
(Sur des herbivores l'effet eût été tout autre.) Dans les cinq premières
séries il n'y a que deux morts, accidentelles, au début, et les deux chiens
morts ont pu être remplacés.
Dans le groupe VI la mortalité a été totale; c'est-à-dire que l'alimentation
par la bouillie, après le jeûne, n'a pas pu réparer l'organisme inanitié. Les
quatre chiens en expérience sont morts tous les quatre, aux 35", 36*^, 60* «t
83'' jours. Donc, après le jeûne, il faut une alimentation réparatrice riche
en azote. La bouillie de riz, sucre et lait (^qui ne contient que 4 pour 100
de son poids en matières protéiques) suffit à entretenir la vie normale des
chiens) mais elle devient insuffisante quand il s'agit de reconstituer leurs
Lissiis après le jeûne.
De même le fromage lacté (quoiqu'il contienne 32 pour 100 de matières
protéiques) n'est pas un aliment réparateur. Sur trois chiens expéri-
mentés, deux sont morts, aux y 1" et i^d*^ jours. Le troisième est encore en
bonne santé.
Les chiens des groupes l, II, IIJ sooit ef> excellent état. Mais il faut com-
parer les effets différents de l'alimentation après 5 jours de jeune chez les
chiens alimentés à la viande crue (groupe V) et à la viande cuite (groupe IV).
Moyenne des poids.
Viande luite Viande crue
et jeune. et jeune.
Au début 100 100
Au 4o° jour 90 92
Au 80' jour 83 90
.\u 120'= jour 8.3 96
Au i6o'= jour 8'.-! 98
Au 17.5'= jour 8l 96
Si l'on fait la moyenne centésimale des pertes subies par l'animal qui ;
524 ACADÉMIE DES SCIENCES.
jeûné 5 jours et des gains en poids de ce même animal pendant les 5 jours
d'alimentation consécutive, on a
Viande cuile Viande crue Bouillie
et jeûne. et jeune. et jertnc.
Moyenne des pertes 8,8 9,6 9,0
Moyenne des gains 7,1 9,4 4>5
Différence — 1,7 — 0,2 — 4»^
Dans le groupe II, la moyenne des poids après les 5 jours de viande crue
donne un excédent de + 2,34 pour 100 ; après les 5 jours de viande cuite,
il V a un excédent de pertes de — o,34 pour 100.
Ainsi, pour ramener après l'inanition l'organisme à son état antérieur, la
viande crue est l'aliment le plus efficace, et même, dans les conditions où
nous nous étions placés, c'est-à-dire des alternances de 5 jours, le seul
efficace. Ce n'est jias seulement la qiia/itùé de Tazote alimentaire qui influe,
mais sa qualité, et il semble bien que la cuisson fasse perdre à la viande
une partie de ses propriétés reconstituantes et nutritives.
MÉDECINE. — Etude des variations de la toxicité du contenu de l'intestin
grêle. Modifications du sang. Note de MM. Chakrin et Le Play, présentée
par M. d'Arsonval.
De nombreuses expériences établissent que la toxicité du contenu intes-
tinal subit de nombreuses variations. En |)arliculier, son maximum se
déplace sous l'influence du titre des dilutions; quand, par exemple, à une
partie de ce contenu on ajoute trois parties d'eau salée physiologique, ce
maximum s'obtient en injectant les principes renfermés dans le segment
terminal de l'iléon ou le commencement des côlons. Si, par contre, on
réduit celte dilution (trois de matières intestinales pour une de sérum arti-
ficiel), ce sont, comme l'a vu Asieben, les produits extraits du duodénum
ou de la première moitié du grêle qui se montrent les plus nuisibles. A vrai
dire, ainsi concentré, le mélange est assez sirupeux et, en troublant l'os-
mose ou autrement, cet état physique joue peut-être un rôle. On conçoit,
du reste, qu'en moiiifiant ces dilutions on change la solubilité de certains
corps, les teneurs en sels, en albuminoïdes, etc.
En tout cas, dans l'ensemble de ces variations, sauf pour quelques clé-
SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1906. Saj
ments capables de modifier le sang, la part de la chaleur est médiocre.
D'un autre côté, dans les conditions où nous nous sommes placés, on ne
saurait rapporter les principaux accidents à la concentration moléculaire,
attendu que la cryoscopie établit que la gravité de ces accidents n'est pas
rigoureusement proportionnelle aux oscillations de cette concentration.
Dans la genèse de ces variations toxiques, nul ne conteste le rôle évident
par lui-même des aliments, rôle démontré soit indirectement, soit directe-
ment, récemment encore par Asleben.
Toutefois, il est manifeste que les matières de l'estomac sont moins
nocives que celles du segment supérieur de l'intestin grêle. Cette consta-
tation démontre l'importance des modifications réalisées au niveau de ce
segment : aussi, au premier abord, est-on porté à incriminer l'action de la
bile. Or, l'injection du contenu, puisé chez des animaux dont vingt-quatre
heures avant on a lié le cholédoque, amène habituellement une mort |)lus
rapide que dans le cas où ce canal est libre. D'ailleurs, après obstruction
de ce conduit, les produits intestinaux sont plus riches en microbes, surtout
en germes anaérobies, que les matières prélevées aux mêmes points et plus
encore dans l'estomac des sujets normaux. Peut-être, cette augmentation
de toxicité relève-t-elle de l'intervention de ces ferments figurés plus nom-
breux et plus actifs, comme le prouve l'examen des différents milieux de
culture. Quoi qu'il en soit, ces faits établissent le pouvoir antise[)tique de
la bile plus nettement que dans le cas où l'on introduit directement ce
liquide dans ces milieux de culture. Il est donc permis de rattacher cette
action inicrobicide non seulement aux principes constituants de cette
sécrétion, mais aussi aux modifications qu'engendre son arrivée dans le
tube digestif, probablement, d'après quelques expériences, au moins en
partie, aux acides biliaires mis en liberté.
En dehors des modifications imposées au rythme respiratoire, à l'état du
névraxe (troubles sensitifs, moteurs, etc.), aux conditions de la circu-
lation (abaissement de pression, etc.), aux diverses sécrétions digestives,
aux mouvements péristaitiques ou à la résistance de l'organisme (début
de vaccination), soit par les extraits de la paroi (entéro-protéides de
Botazzi), soit par le contenu de cet intestin (Asleben) ('), il était inté-
ressant d'examiner les modifications subies par le sang. Les enseignements
de la clinique nous apprennent, en effet, qu'au cours de différentes affec-
tions surtout chroniques du foie, de l'estomac, de l'intestin, on enregistre
(' ) CiiARRiN et Le FLiY, Les poisons inlestmatix (Comptes rendus, 10 juillel 1905 ).
526 ACADÉMIE DES SCIENCES,
(les congestions, des hémorragies, des thromboses, des altérations san-
guines variées, etc.
Si, après fillralion ou ceiUrifugatioii, on injecte le contenu rlu haut de l'intestin,
avec lîolazzi et Asieben, on note une lenteur parfois légère de la coagulation. — Sans
qu'on puisse incriminer directement la bile, cette lenteur s'accentue, quand on
mélange 5"°° de ce liquide à i5s (ni 20^ de matières, surtout si ce mélange est fait
quelques heures avant, donnée qui semble impliquer la formation ou la disparition
d'un élément spécial. D'un autre côté, à l'exemple de la plupart des tares hépatiques,
la ligature du cholédoque tend également, chez l'animal lié, à rendre plus tardive
cette coagulation; pourtant, dans un certain nombre de cas, lorsque, après une
obstruction de ce cholédoque datant environ de vingl-(|uatre heures, on introduit dans
les veines les principes puisés dans un segment intestinal supérieur, non seulement (e
sang se thrombose sans retard, mais quelquefois cette thrombose parait accélérée.
Ajoutons que, si l'état liquide persiste, les globules se déforment, l'hémoglobine
diminue. Ajoutons aussi que les composés qui paraissent ralentir cette coagulation
sont en majorité ihermolabiles, solubles dans l'alcool et dialysables. Remarquons,
enfin, que la propriété coagulante appartient â nombre de tissus et, en mettant en
jeu un facteur mécanique dans des recherches relatives à l'étude des attributs toxiques
des humeurs, cette propriété expose à l'eriieur.
En présence des résultats obtenus, il était intéressant de se demander
.si, en dehors des éléments (composés antagonistes, concurrence vitale,
oxvgéne, acide carbonique, corps ammoniacaux, phénol, diastases, mucus,
épilhélium, leucocytes, etc.), que nous avons reconnus propres à atténuer
les poisons intestinaux, il n'était pas possible de faire naître des anticorps.
Pour la bile, nos essais ont été négatifs; nous avons même constaté
que, contre sa propre bile, le lapin n'est pas sensiblement protégé. Cepen-
dant, on a soutenu qu'un animal est plus ou moins immunisé contre ses
propres poisons; en outre, bien que, si l'on ne change pas d'espèce, les
cytotoxines et leurs anticorps se développent malaisément, ces sortes
d'aiito-injections, conséquences des reprises entéro-hépatiques d'une
partie de ce liquide, pouvaient, à la rigueur, permettre de penser que
l'auginentalion de la résistance à la toxicité biliaire était chose réalisable.
Ces résultats sont peut-être dus à ce que les principes biliaires les plus
particulièrement toxiques ne sont pas résorbés en suffisante quantité on
sont plus ou moins complètement transformés au cours de ce ciroulus
entéro-hépa tique.
Pour le contenu intestinal, des expériences encore insuffisantes per-
mettent d'entrevoir une solution positive.
En définitive, ces recherches mettent en évidence les variations de la
SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1906. 521
toxicité des produits intestinaux, associés à ceux qui viennent des annexes
du tube digestif, du foie et de la muqueuse intestinale. De plus, ces
mêmes expériences révèlent en partie le mécanisme et les conditions de
ces influences toxiques.
GÉOLOGIE. — Sur la tectonique du massif de la Dent -Blanche.
Note de M. Emile Arcand, présentée par M. de Lapparent.
Dans deux Communications précédentes ('), mon maître M. Maurice
Lugeon et moi avons montré que les Alpes cristallines de la zone du Pié-
mont, entre les vallées du Tessin et de l'Arc, sont formées par l'empi-
lement de très grands plis couchés; nous avons de même établi que le
massif de la Dent-Blanche est un lambeau de recouvrement taillé dans le
plus élevé de ces plis.
Les progrès de l'exploration m'ont conduit à la découverte, dans ce
grand massif de recouvrement, du pli frontal et d'une série de replis très
puissants postérieurs à la mise en place de la nappe. Les éléments tecto-
niques du massif de la Dent-Blanche sont, en allant du bord externe au
bord interne :
A. Le pli frontal^ conservé sur une faible longueur dans l'éperon rocheux de \ eisivi
(Visivir), au sud d'Evoléne. Son importance théorique est considérable; il fournit, en
ellet. la preuve mécanique du transport vers l'extérieur de la chaîne. La charnière
gneissique, reposant sur la série naésozoïque, mesure au moins iSoo'" d'épaisseur sur
la rive droite du val de l'Aroila.
a. Le synclinal (lu Dolin. renfermant, outre divers niveaux du Trias, des brèches
métamorphiques probablement liasiques; ce synclinal, vidé de son contenu mésozoïque,
se poursuit dans les puissants contournemenls gneissiques de la Dent l'erroc.
B. L'anticlinal de la Za, dont il ne subsiste que le noyau, accompagné de masses
considérables du granité à amphibole dit ar/césine.
Tous ces plis sont énergiquement déversés vers l'extérieur de la chaîne; à ce régime
font suite :
b. Le synclinal du mont Collon: la charnière en est visible sur les deux rives du
glacier de l'Aroila; le no3'au est form.é de roches basi((ues très diverses, surtout mas-
sives, englobant des lentilles de calcaires métamorphiques; le tout repose sur nn fond
de gneiss.
La dépression du glacier de l'Otemma est déterminée par ce synclinal.
C. U anticlinal des Bouquetins, qui se propage vers le Sud-Ouest en formant la
chaîne-frontière italo-suisse.
(') Comptes rendus. i5 et 39 mai igoS.
528 ACADÉMIE DES SCIENCES.
c. Le synclinal de la ] alpelline, formé de roches basiques très variées, accom-
pagnées d'un puissant complexe de micascliisles grenatifères; ces diverses roches,
bien étudiées par M. Novarese, renferment d'innombrables lentilles calcaires à tous
les stades possibles de métamorphisme. Les formations que la Carte géologique suisse
groupe sous le symbole Gl sont, dans la Valpelline, inséparables des roches basiques
du type D et remplissent une notable partie du synclinal.
Il y a de très fortes raisons pour attribuer au moins la partie inférieure de ce com-
plexe au Trias. Tout se passe en efl'et comme si, dans la série straligraphique nor-
male, telle qu'elle résulte de l'ensemble des données acquises sur la zone du Piémont,
les roches basiques s'étaient simplement et en totalité substituées aux schistes lustrés,
avec préservation relative des lentilles calcaires du Trias, de tout temps réfractaires
au métamorphisme.
D. L'anticlinal du Faioma, répondant dans son ensemble à la crête qui sépare la
Valpelline du Val Touinanche.
d. Le synclinal du mont Mary, de constitution analogue aux deux précédents.
El enfin la tranche interne du massif de recouvrement, en repos anormal sur son
substratum mésozoïque (fenêtre de Chàlillon-Zermatt).
Ces trois derniers plis sont fortement repliés sur eux-mêmes et leur « plan » axial
est devenu une surface nettement concave vers le Sud-Est; le déversement principal
est vers l'intérieur de la chaîne. En outre, ils intéressent une portion considéralile du
substratum de la nappe; c'est ainsi que la bande Iriasique de Roisan-Sainl-Barthélemy
forme le cœur de l'anticlinal gneissique du Faroma, tandis que, sur le prolongement
tectonique des synclinaux de la Valpelline et du mont Marv, on voit le substratum
mésozoïque envelopper en faux-synclinaux des noyaux de gneiss (Gignod) ou de mi-
caschistes (Chez Enry), qui ne sont eux-mêmes que la répercussion en profondeur des
accidents superficiels de la nappe.
L'échelle de ces phénomènes, comparés à leurs analogues dans les zones
externes des Alpes, est d'ailleurs gigantesque. La structure dite en éventail
de plis est très apparente et la participation du substratum à ces replis
montre que la nappe, pendant ou après sa mise en place, a été replissée
absolument comme un massif autochtone.
A cette différence près, — et ce n'en est peut-être pas une si l'on veut
bien songer que nous ignorons totalement ce qui se passe en profondeur
sous l'éventail des Alpes franco-italiennes — , il y a, sinon au point de vue
mécanique, du moins au point de vue de la morphologie des surfaces
structurales, une indiscutable analogie entre l'éventail précité et celui de
la Dent-Blanche. M. Lugeon a depuis Ipngtemps conçu (') la possibilité
de replis postérieurs à déversement interne dans des masses dont le mou-
vement principal s'est effectué vers l'extérieur et M. Rilian, avec une
(') Ll(;eo.x, La liégion de la Brèche du Chablais{B. S. C. G. F., t. Vil, p. 628).
SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1906. 520
grande sagacité, a fortement insisté sur la généralité de ce type de dislo-
cation dans les Alpes franco-italiennes.
La continuité des surfaces structurales est d'ailleurs parfaite entre la
masse de la Dent-Blanche (sensu stricto) et celle du mont Mary. Celle-ci ne
représente en somme qu'un paquet de replis subordonné à un grand en-
semble. Il y a donc lieu d'étendre à la Dent-Blanche les considérations par
lesquelles M. Lugeon et moi avons montré que le gneiss Sesia représente la
racine de la masse Mary-Emilius. La nappe VL ou nappe piémontaise supé-
rieure, comprend donc les massifs de la Dent-Blanche, du mont Mary, du
mont Emiliusavec les lambeaux du Rafrè et du Pillonet ; elle va s'enraciner
dans la région la plus externe du gneiss Sesia.
Entre toutes ces masses, la continuité n'est interrompue que par l'érosion,
et la surface structurale des gneiss ou des micaschistes, supportant les
roches basiques et leurs intercalalions calcaires, se poursuit indiscutable-
ment jusqu au bord externe de la zone d'Ivrée, dont la constitution ne fait
guère que reproduire en grand les synclinaux du (]ollon ou de la Valpel-
line. Les régions moyennes et internes du gneiss Sesia supportent d'ail-
leurs des témoins étendus de la couverture à faciès ivréen, conservés dans
des synclinaux qui peuvent être fort aigus. Si l'on veut bien se représenter,
non plus seulement en plan ou en coupe, mais dans l'espace, le solide com-
plexe formé par la nappe VI, on voit que les roches basiques du Collon, de
la Valpelline et du mont Mary sont les restes, conservés grâce à des replis
secondaires, de la partie couchée d'un grand synclinal. La queue de ce syn-
clinal, fréquemment renversée vers l'intérieur de la chaîne, n'est autre que la
zone d'Ivrée elle-même.
Les points que nous avons cités ne sont pas les seuls où l'on puisse
observer des restes de la portion couchée du grand synclinal basique.
M. Suess a depuis longtemps pressenti, à propos d'une région un peu
plus orientale de la zone du Piémont, cette participation du matériel ba-
sique ivréen aux grands phénomènes tangentiels (').
Les inductions du grand maître viennois peuvent aujourd'hui, en ce qui
concerne la région dont nous venons de résumer les traits principaux,
être appuyées d'un critère stéréométrique dont la rigueur ne laisse rien à
désirer.
(*) E. Suess, Sur la nature des charriages {Comptes rendus, i. CXXXIX
nov. 190/4).
C. R., iQ(6, I" Semestre. (T. CXUI, N» 9.) 70
53o ACADÉMIE DES SCIENCES.
GÉOLOGIE. — D'Iférouaneà Zinder. Note de M. R. Chudeau,
présentée par M. Alfred Giard.
L'Aïr est constitué dans sa partie nord p;ir une pénéplaine silurienne et
archéeniie à pente légère vers le sud-ouest; une faille au nord d'Aouderas en
a surélevé d'une centaine de mètres la partie méridionale. Sur cette plaine
sont venus se greflfer des accidents éruptifs récents qui constituent tous les
reliefs notables de la région. Près d'Iférouane, un filon vertical de granité
se rattache au Timgué; c'est, je pense, la roche que Lacroix rapproche
des rhyolithes à œgyrine (^Comptes rendus, janvier igoS). Les montagnes
d'Agiiellal, l'Agalok, etc., sont certainement volcaniques; les coulées cepen-
dant ne deviennent nettes qu'à partir du Bilat et surtout à Aoudéras, soit
que les volcans du sud soient plus récents et moins mal conservés que ceux
du nord, soit queles phénomènes d'intumescence aientjoué le principal rôle
dans la région. A |)artir d'Aouderas, les manifestations volcaniques dispa-
raissent rapidement.
Le Crétacé commence à ô""" environ au nord d'Agadez à Alaghsan, où il débute par
un poudingue reposant sur l'Arcliéen. Son existence est encore certaine à Ouainé àplus
de 3oo'"" au sud. On peut, je crois, y distingu er trois niveaux définis par leurs caractères
lithologiques et leur rôle géographique. A la base, des grès et des argiles violacées
forment une grande plaine à vallées, souvent mal indiquées et très larges qui, s'il pleu-
vait, serait une région de marais. Cette plaine, dépendance du sultanat d'Agadez, ne
porte pas de nom d'ensemble et fait encore partie de l'Aïrqui n'est pas une région natu-
relle. Elle est limitée vers le sud par une falaise haute de 3o™ à 5o'",quidécritun arc de
cercle depuis In-Galljusqu'au massif de Toureget (200'""). Le centre en serait à l'ouest
d'Aouderas. A Maraudet j'ai trouvé sur ses lianes des débris de Reptiles et de bois
silicifié. Elle est due, je pense, à un accident tectonique en relation avec les volcans
d'Aïr.
Le second niveau semble uniquement, gréseux.; il forme un plateau peu ondulé,
couvert de brousse, le Tagama; les arbres ont le plus souvent 2™ à 3™ ae hauteur,
parfois 5™ et 6" et sont espacés; sauf dans les dépressions, il n'y en a pas plus d'une
cinquantaine à l'hectare. L'année igoS a été exceptionnellement humide et le sol du
Tagama était presque entièrement couvert dans sa partie ouest par la végétation
annuelle. Les cours d'eau du Tagama, dirigés vers le sud-ouest, sont jalonnés de mares
qui contiennent de l'eau pendant quelques mois; les puits, peu nombreux, sont profonds
(Tiou Mousgou, 33"°). La brousse n'est habitée que temporairement par quelques
nomades.
Le crétacé se termine par des argiles verdâtres, souvent gypsifères, contenant
quelques bancs de grès et de calcaire avec nombreux fossiles (Huîtres et Ammo-
SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1906. 53 1
nites); le plus beau gisement est à la falaise de Béréré, où le D'' Heckenroth avait
trouvé quelques Ammonites et que les indications du capitaine Lefebvre m'ont permis
de retrouver. Ces argiles forment sur le plateau gréseux une série de plateaux peu
étendus et peu élevés (3o™ au plus) protégés par un manteau de latérite. La région
qu'elles définissent est la partie riche du Damerghou : les villages y sont nombreux et
les cultures de mil importantes. Au sud et séparant le Damerghou du Demagherim le
niveau gréseux et la brousse reparaissent.
Vers Ouamé, le pays change d'aspect; il est mamelonné plutôt qu'ondulé et coupé
de longues rangées de collines nord-sud ; la végétation n"est plus la même; les cultures
sont fréquentes. Mais on voit mal le sol : les collines sont formées de quartzites
blanches fortement redressées avec filons de quartz (Silurien?); quelques mamelons
montrent à leur sommet des blocs de granité. Je ne sais pas si le crétacé pénètre pro-
fondément dans le pays; en tous cas, aussi bien au nord qu'au sud, j'ai pu voir nette-
ment le caractère atlantique des côtes de la mer crétacée, dont la direction générale
coupe presque à angle droit les plissements des terrains anciens.
Un trait notable de toute la région traversée est l'indécision et le carac-
tère inachevé dti réseau hydrographique : le Teloua a une pente rapide et
des berges accusées; ses affluents sont des marais; les rivières de Tagama
et du Damerghou sont des chapelets de mares et d'étangs. En Finlande et
au Canada, l'érosion a commencé trop tard; ici elle a cessé trop tôt, mais
les résultats sont comparables. Ce qui peut faire croire à première vue à une
érosion profonde est tout simplement la dénudation éolienne, conséquence
de la sécheresse : presque nulle part la terre végétale ne vient adoucir
les formes topographiques.
La séance est levée à 4 heures et quart.
G. D.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 12 février 1906.
(Suite.)
The /Vautical Almanac and astronomical ephemeris for the year 1909, /or the
meridian of the Royal Observatory ai Greemvich, pub. by order of the Lords Com-
missioners of the Admiralty. Edimbourg, igoS ; i vol. in-8°.
Lehrbuch der vergleichenden niU;roskopischen. Anatomie, herausgegeb. v.
532 ACADÉMIE DES SCIENCES.
D' Med. Albert Oppell; Teil VI : Atmungsapparat, v. A. Oppell. léna, Gustav Fischer,
igoS; I vol. in-8°. (Hommage de l'auteur.)
Ueber chitinôse Forlbewcgungs-Apparate einiger {insbesondere fussloser)
Insektenlarven, von D'' Wilhelm Lisewitz. Munich, E. Reinhardt, 1906; i fasc. in-S".
(Hommage de l'auteur.)
Welche Vorzuge hietetdie Generator-Gasfeuerung gegeniiber der direklen Feue-
rung an Beispielen aus der Praxis allgemeinverstândlich erlaiiert, von Ernst
ScniHATOLLA. Berlin, A. Seydel, s. d; 1 fasc. in-8°.
Archives des Sciences physiques et naturelles; HI" année, 4° période, t. XXI,
n° 1, i5 janvier 1906. Genève; i fasc. in-8°.
Annalen der Physik, herausgegeb. v. Paul Drude, Folge IV, Bd. XIX, Heft l.
Leipzig, Johann Ambrosius Barth; 1906; i fasc. in-S".
Beiblàtter zu den Annalen der Physik, herausgegeb. v. W^alter Kônig; Bd. XXX,
Heft 1, 1906. Leipzig, Johann Ambrosius Barth; ; fasc. in-8°.
The journal of the American Chemical Society; vol. XXVIII, n° 1, january 1906.
Easton, Pa.; i vol. in-8°.
Berichte der deutschen chemischen Gesellschaft, Jahrgang XXXIX, n" 1, 1906.
Berlin ; 1 vol. in-S".
Memorias y revista de la Sociedad cientifica Antonio Alzate, pub. bajo la direc-
ciôn de Rafaël Aguilar y Santillan; Tomo XXII, n°' 1-6, enero-junio de igoS. Mexico;
I vol. in-8°.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI S MARS 1906,
PRÉSIDENCE DE M. H. POINCARÉ.
MEMOIRES ET COMMlJi\ICAlTOrMS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE,
CHIMIE GÉNÉRALE. — Les sous-oxydes de carbone;
par M. Berthelot.
L'oxyde de carbone possède les propriétés d'un corps non saturé, c'est-
à-dire n'ayant pas atteint les limites de saturation caractéristique du car-
bone : deux (les atomicités de cet élément y sont satisfaites, deux restent
disponibles.
A ce titre, il possède l'aptitude à s'unir directement à l'oxygène pour
former l'acide carbonique CO^, au chlore pour former l'oxychlorure COCP,
au soufre pour former l'oxysulfure COS; les mêmes considérations m'ont
conduit à le combiner directement avec les bases alcalines, jouant un rôle
équivalent à l'eau pour constituer l'acide formique et les formiates, dans
lesquels la saturation du carbone est complète
CO -^ ROH = CRHO= équivalent à CFPO-.
Ce caractère incomplet est propre aux composés organiques non saturés :
propriété qui les rend aptes à se combiner aux autres corps, d'une manière
générale, et à eux-mêmes en particulier, c'est-à-ilire à former des poly-
mères et leurs dérivés. En particulier, il tetul à assimiler l'oxyde de carbone
au méthylène, CH-, carbure jusqu'ici non isolé, mais dont les condensa-
tions polymériques engendrent toute la série des carbures éthyléniques
CH'"' et leurs dérivés, c'est-à-ilire toute la série dite grasse en Chimie
organique.
G. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLII'.N" 10.^ 7I
534 ACADÉMIE DES SCIENCES.
A ce titre, l'oxyde fie carbone paraît susceptii)le de former, comme le
mélhvlène, une série de polymères G" O" et leurs dérivés. De même que
les polymères du méthylène peuvent perdre de l'hydrogène, en engendrant
de nouveaux carbures de saturation moindre, tels que
L'acétylène (CH-)-- Ii- = C^H\
L'allylène (CH^)'- H-=C'H*,
Le crotonylène (CH*)*— H^ = C^H«,
Lediallylène (CH-)" - 2H- = C"H\ etc.
On conçoit que l'oxyde de carbone condensé doit engendrer toute une
série de dérivés parallèles, en perdan t de l'oxygène, tels que
(C0)='— O = C^O correspondant à l'acétylène C-H=,
(CO)' — O = C'O- correspondant à l'allylène CH",
(CO)" — 0 = C"0' correspondant au crotonvlène C" H",
et des sous-oxydes moins oxygénés encore.
L'oxvgéne ainsi séparé sera d'ailleurs susceptible de se porter sur une
autre molécule de l'oxyde de carbone, préexistant ou régénéré par disso-
ciation; de façon à produire quelque proportion d'acide carbonique, con-
formément à la formule générale
C''0"=C"-'0"-=-i-CO-.
La série des sous-oxydes C"~' 0"~- pourra, à son tour, engendrer, par des
réactions pyrogénées ultérieures, des séries nouvelles de sous-oxydes, plus
condensés et moins riches en oxvgène
Ci""' O""-''.
Ce ne sont pas là des vues purement théoriques : l'expérience les con-
firme. En effet, on connaît quatre sous-oxydes de carbone, formés par des
réactions convenables.
1. Le plus anciennement observé a été découvert par Brodie : c'est un
corps solide, résultant de l'action prolongée de l'effluve électrique sur
l'oxyde de carbone. J'en ai repris et approfondi l'étude (' ).
D'après mes analvses, ce corps répond à la formule C"0', c'est-à-dire,
('■) Annales de Chimie et de P/iysi<jue, 5'' séiie, l. X, p. 72.
SÉANCE DU 5 MARS 1906. 535
comme je l'ai fait observer expressément, à la formule (riiii anhydride
tartrique C^H^O' — 3H^0. Sa formation résulte de l'équation
5CO = C*0^ + CO-.
C'est un anhydride acide, très soluble dans l'eau et dans l'alcool. Il
forme des sels insolubles avec l'azotate d'argent, l'acétate de jalomb, l'eau
de baryte.
2. Ce corps chauffé vers 3oo° à 400°, dans une atmosphère d'azote, se
décompose, en produisant volumes égaux et mesurés d'acide carbonique
et d'oxyde de carbone, et il fournit un nouvel oxyde brun foncé, de la for-
mule C«0^
3 C'O' = 2(CO= + CO) + C'O'.
C'est un composé répondant à la formule d'un anhydride de l'acide
dioxyphtalique C^H^O" ; et il représente, dans la série des sous-oxydes de
carbone, la série aromatique; suivant une dérivation analogue à celle de
la benzine, dérivée de l'acétylène, dans la série des carbures d'hydrogène.
3. Ce nouveau sous-oxvde est décomposable à son tour par la chaleur,
en formant un carbone encore oxydé, c'esL-à-tlire un autre sous-oxyde plus
riche en carbone.
Le progrès graduel dans la décomposition fies sous-oxydes de carbone
correspond ainsi au progrès de la destruction pyrogénée des carbures
d'hydrogène, par élimination d'hvdrogène et condensation du carbone,
ainsi qu'au progrès des oxydes métalliques modifiés par élimination d'oxy-
gène et condensation du métal.
4. A côté de ces sous-oxydes condensés du carbone, j'ai montré qu'il en
existe un autre, plus simple et moins condensé; car il affecte l'état gazeux
ou vaporisé au sein d'un excès d'oxyde de carbone ('), et il n'a pas étc
condensable par les moyens réfrigérants usités en 1891. L'existence de
ce composé résulte de deux ordres de preuves.
D'une part, il se forme, en même temps que de l'acide carbonique, ^a/ii-
dépôt de la moindre trace de carbone, lorsque l'on chauffe l'oxyde de car-
bone absolument pur à une température voisine de 55o°. L'oxygène néces-
saire à la formation de l'acide carbonique, qui apparaît alors, est fourni
nécessairement par une fraction correspondante d'oxyde de carbone; mais
la proportion du sous-oxyde est limitée par un phénomène inverse de
(') Annotes de Chimie et de Physi'jue, 6= ?érie, t. \XI\\ iSyi, p. inô.
536 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dissociation. J'ai indiqué ailleurs que ce sous-oxyde, en raison de sa grande
volatilité, pourrait répondre à la forntîule C^O.
D'autre part, en opérant avec l'oxyde de carbone pur, dans les mêmes
conditions, avec cette différence d'élever la température jusqu'au rouge,
il se dépose une petite quantité de carbone libre, corrélative de l'oxygène
employé à former de l'acide carbonique et résultant de la décomposi-
tion du sous-oxyde. Or la dose relative de ce carbone libre n'augmente
guère, même si l'on élève la température jusqu'au rouge vif. Cette cir-
constance, jointe à la formation de l'acide carbonique sans carbone libre
à plus basse température, indique qu'il ne s'agit pas ici d'une dissociation
directe de l'oxyde de carbone en acide carbonique et carbone libre : car
une semblable dissociation devrait s'accroître rapidement avec la tempéra-
ture. S'il en est autrement, c'est que la cause du phénomène réside dans
un commencement de condensation moléculaire de l'oxyde de carbone,
condensation qui ne se produit qu'entre certaines limites de température;
le progrès en étant arrêté, ainsi que celui de la formation du sous-oxyde
volatil qui en dérive, parce que ce sous-oxyde peu stable est décomposé
avec régénération de carbone, à une température supérieure à celle de sa
formation.
Si ce sous-oxyde gazeux, ou très volatil, répondait à la formule simple
C*0, ce serait un anhydride, dérivé de l'acide glycollique
C2H*0'-2ll-()
et premier terme de la série C"~'0""-, dont le composé formé par l'effluve
représente un terme plus élevé.
En fait, un nouveau sous-oxyde volatil, de composition intermédiaire, le
composé C*0^, vient d'être découvert et isolé, d'après un très intéressant
Mémoire publié par MM. Otto Diels et Bertram Wolf dans le numéro du
24 février des Berichle der deutschen chemischen Gesellschafl , [). 689. C'est
un liquide, qui bout à +7°, et qui se décompose spontanément. Les auteurs
l'ont préparé en faisant réagir l'anhydride phosphorique sur l'éther malo-
nique, c'est-à-dire qu'il représente un anhydride de ce dernier acide :
C=H*0^-2H■-0 = C'0^
Nous ne pouvons qu'applaudir à leur succès; sauf à observer qu'il ne
convient pas d'attribuer exclusivement à ce corps nouveau le nom de
sous-oxyde de carbone, qui représente toute une famille de corps, et non une
SÉANCE DU 5 MARS 1906. 537
espèce unique : il faut non seulement tenir compte des sous-oxydes déjà
connus, mais prévoir la préparation prochaine de plusieurs autres.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur quelques conséquences arithmétiques
de la théorie des fonctions abéliennes. Noie de M. G. Humbert.
Considérons les fonctions abéliennes, (F), de deux variables u, t', aux
périodes 1,0; o, i; g, h; h, g , liées par la relation singulière d'invariant
cinq :
(i) g'^h +
»•
Soit K une surface de Rummer dérivée des fonctions (F) par la repré-
sentation classique de M. Weber : on obtient les équations abéliennes des
six plans singuliers de R quijpassent parlle point double O (^u ^ v = o) en
annulant les carrés des six thêtas normaux impairs du premier ordre, c'est-
à-dire, dans la notation de Weierstrass,
(2) &^(m, (^) = o, â^, = o. &o. = o, "àl^^o, 2?;^, = 0, 2r; = o.
D'ailleurs, ces six plans touchent un cône quadrique C, à chaque plan
tangent duquel on peut faire correspondre un argument unicursal : soient
00, I, o, oj,, Uj, (1)3 les arguments des six plans (2), pris dans l'ordre indi-
qué; les 0), forment un des systèmes de modules de Richelot. On trouve, en
utilisant les relations connues entre les carrés des six thêtas impairs, et en
désignant par S-^, S;, . . . les valeurs des dix thêtas pairs pour a = (^ = o, les
relations
n
^03'
2^0-
^0%
S?
.Sri,
2r^
C.2 ^.2 ^2 ^2
(3) \ i-'^. = âï5^' ' "~ '''^ = 5î|t= ' I— û>3=-|i^
'03
CJ3 Cl), = c-2C-2ê-2 ' ^3 '^1 ^ 'L-yr^^-
^2 0.2 %2 %2 &■-&•-
-^ 2 .3 "' 3 t "' 0 I ,^ ~'2~'l~'o
. , W2 ^^— ^2^2%2
0 "'03 -'5-'o"'0
D'autre part, si les périodes sont liées par la relation (i), il résulte de
mes recherches antérieures qu'il existe un cône quadrique, de sommet O,
tangent au premier des plans (2) et contenant les cinq arêtes de l'angle
polyèdre formé par les cinq autres plans (2), pris dans l'ordre indiqué.
538 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Cette condition géométrique entraîne, entre les arguments w,, la relation
(4)
V((0, - W3)(C0, — I)(W3 — ')
+ \ CO, (cOo l) ( ^2 ''^3 ) + V<'-*3("i! ^1 ) (^^2 '^'•':i) ^ O,
qui, si l'on y remplace lesco,, o,- — i, co,- — wy par leurs valeurs (3), devient,
toutes réductions faites,
(5) ^
£ et s' désignant ± i.
Pour déterminer £, il suffit de supposer h^o, et, par(i), g' =^ g\ on
reconnaît alors immédiatement que S,, est identiquement nul, et que Sg,,
3,2, S's, &, sont égaux à -t- i pour e'^'' = o; on a donc s = 4- i, et un calcul
analogue donnerait aussi s' = + i .
En appliquant à la relation (5) toutes les transformations du premier
ordre qui n'allèrent pas l'équation (i), ou encore en la combinant avec les
relations classiques entre les dix ihétas pairs d'arguments nuls, on obtient
neuf autres équations du même tvpe; voici le Tableau complet de ces dix
relations, où nous écrivons 4> 34. • • • au lieu de 2^..,, ^j^, ... :
(6)
(7)
4' -H 2.12.l4— 5.01.23 = 0,
o3^ — 2. o. 23 + 34 . i4-oi = o,
2^ 0.2 3.o3— 4- 12. 14^0,
01' — i4.o3.34 — 5. 4-23 = 0,
1 4^ -h 34.01 .o3 — 12. 2. 4 = 0.
23' — 5. 4-o'+ 2. o.o3 = o,
34' — 12. 5. o — 01 . i4.o3 = o,
o' -f- 2.o3. 23 — 12 .34. 5 = 0,
5' — o . 34 . 1 2 — 23 . 4 • o I = o,
I2''+l4. 4- 2 — o. 5.34 = 0.
On déduit de là quelques conséquences arithmétiques intéressantes.
Dans la première équation (6) on a, pour ~^, après remplacement de ^
(lar h 4- g, la série
-t-M -i-x p i^T r 1/ li'~l
^ „ „ n/g|^m>+(^;,--^) J + 7l,7,|^2m(n+- ) +(71+-) J
SÉANCE DU 5 MARS 1906. 539
dès lors, xil est une somme rie termes du type
(8) gWMff+P/:)^
et le coefficient, dans &', du terme (8) pour lequel M et P sont donnés
s'obtiendra comme il suit. On posera
I M = /n^ -H («, H- ^y- -f- r7i-, + {n„ -h j)- + m'; -+- (n, + ^)^
(9) < P =2mt(n,-hT,)-+-(n, + ^)--h'2m,(n^-h^) -+-(n.,-h^)-
( ^-2/^^3(/i,3 + i) + («3-+-i)^
et l'on déterminera toutes les solutions des équations (9) en nombres
entiers, m,-, «,-, positifs ou négatifs; le coefficient cherché sera le nombre N
de ces systèmes de solutions.
De même, dans le produit &5.&„,.&23, le coefficient du terme (8) sera
égal au nombre N' des systèmes de solutions entières, [j.,, v,-, des équations
M = r/.; + v; + ( >2 + i)- + v^ + (a, 4- ^)- + ^3 +■ ^y,
P = 2[;., V, + v; + ■?.(ij.., -h ^) V, -h v;; + 2(17.3 + î) (•';, + i) + (^3 + -,y-
('o)
Enfin, dans le produit 'à.;,'è,.,B,.,, le coefficient sera la quantité
On a ainsi, en vertu même de la première équation (6), la relation
(11) N — N'+ i(- t)^-^''.+iS+-'3+' = o.
Or les équations (9) et (10) monirent que M — f et P — ^ sont fies
entiers de même parité, et que (a, + Vj + [^3 -H v, est pair : la relation (i i)
s'écrit dès lors
N = 2N'.
Ce résultat prend une forme bien plus intéressante si l'on ajoute membre
à membre les relations (9) après avoir multiplié la seconde par la quan-
tité j(i -I- v'5), qui est une unité du corps quadratique y/5, et que nous dési-
gnerons par p. 11 vient ainsi
M + Pp = [m, 4- (,«, -I- ^)p]--h [wa-H («, + ï)?V+[m^ + («3 + DpJ'-
et, réciproquement, cette équation entraîne les deux relations (9). On
trouve de même, en partant de (10),
M + Pp = ((., + V, p)= + (a, + ^ + v,p)^ + [j.3 + ^ 4- (V3 + |)p]S
54o ACADÉMIE DES SCIENCES.
el l'on jieut maintenant énoncer le ihéorème suivant, relatif aux décompo-
sitions d un entier du corps quadratique y/5 en sommes de carres de trois entiers
appartenant au même corps.
Si M, et P, désignent des entiers ordinaires, positifs, nuls ou négatifs, de
même parité, te nombre des décompositions de 4M, + 3 -t- (4^) + 3)p en
somme de trois carrés du type
(12) [2OT, + (2/î, + l)p]-+ [2m2-|-(2«2+ I)P]"+ [2"Î3+ (2«3-f- l)p]^
est double du nombre des décompositions de la même quantité en somme de
trois carrés du type
(13) (21J.,+ 2V,p)2 + (2p.„-+-H-2Vjp)=+ [2|J.3-M-h(2V3-h)p]2.
Dans cet énoncé et dans les suivants les w,, /?,, jx,, v,- sont des entiers
ordinaires, positifs, nuls ou négatifs; deux décompositions (12) telles que
A^ + B°-t-C^ et B^ + A-+C^ sont regardées comme distinctes, à moins
que B ne soit identique à A.
La seconde équation (6) conduit au même théorème, la troisième et la
quatrième donnent ce résultat ;
Si MetV sont des entiers ordinaires quelconques, le nombre des décomposi-
tions «/e 4M 4- 3 -t- 8Pp selon la formule
(2/n, H- I + 2n,p)- + (27«2+ I -t- 2«op)-4- (2/W3-I- I + 2«3p)^
est double de celui des décompositions de la même quantité selon la formule
(2rJ., + 2V, p)= + [oy.. + (2V„ + l)p]2 -+- [2[7.3 + I -4- (2V3 + l)p]^
Des deux dernières équations (6) on déduit que :
Si M e^ P sont des entiers ordinaires quelconques, le nombre des décomposi-
tions fi['e8M + 6 + (4P-l-i)p selon la formule
[2OT, + I + (2«, + i)p]--i- [2/n2+ IH- (2«2+ l)p]
+ [2^3+ I +(2«3+l)p]
est double de celui des décompositions de la même quantité selon la formule
(2(7., -f- 2v,p)--i- [2U.,+ (2V, -f- l)pj-+ (2a3 + I-f- 2V3P)-.
Enfin, les équations (y) donnent les propositions suivantes :
Soient M et P des entiers ordinaires quelconques; on considère les
SÉANCE DU 5 MARS 1906. 54l
décompositions de 4M H- /JPp selon les deux formules
([) (2m, -h 2n,p)=4-(2/7^,-^-2«,p)=+(2/?^3^-2«3p)^
(U) [2jX,+(2v,+l)p]=+(2[^, + I-f-2v,p)^ + [2[J.3 4-I+(2V3+l)p]^
Jî / p , \
i" Si ^MP 4-1 mod2, le nombre des décompositions (II) est
égal à huit fois le nombre des décompositions (I); cette fois, les décompo-
sitions (I), qui difl'èrenl seulement par l'ordre des termes, ne comptent (]ue
pour une seule; une décomposition (I), dans laquelle deux des quantités
27W,-t- 2«,p sont égales, ne compte que pour ^; enfin, les trois quantités
2W,+ 2/?,p ne peuvent être égales entre elles.
2° Si ^-^ ^=MPmod2 et si -^ — ^ e^MP + M 4- P + r mod2, le
2 2
le même énoncé subsiste.
30 Si £iillli]==MP et'^^'^^~'^=MP + M + Pmod2, le nombre des
2 2
décompositions (II) est quatre fois celui des décompositions (I) avec les
conventions que voici : les décompositions (I) qui ne diffèrent que par
l'ordre des termes ne comptent que pour une; celles ou deux au moins des
quantités 2/7z, -|- 2/i,p sont égales comptent pour zéro; de plus, si M est
pair, une décomposition où tous les /n, et tous les «, ont la parité de P
compte pour séro; si M est impair, une décomposition où tous les/??, ont la
parité de P + i et tous les n, la parité de P compte également pour zéro.
On obtiendrait des propositions de même nature en faisant g' z= h -\- g
dans les relations classiques entre les dix thêtas pairs d'arguments nuls, et
d'autres, moins banales, en partant d'équations spéciales au cas de la rela-
tion (i), telles que celles-ci :
5. o.i4" — 12.34.23- -f- 2.4.03.01 = o,
34.14.23^ + 01.03.12^ — 0.2. 4. 5 = 0,
qu'on déduit assez aisément, au nombre de quinze, des équations (6) et (7).
Enfin les relations entre les dix thêtas, qui caractérisent les cas singu-
liers g' ^ ig, g' = 3g, conduisent à des propositions sur les décomposi-
tions en carrés des entiers appartenant aux corps quadratiques \f2. et \/3.
G. K., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N° 10.)
5/p ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE, — Propagation du mouvemenl autour d'un centre,
dans un milieu élastique, homogène et isotrope : étude de l'onde produite
sans changements de densité. Note de M. J. Boussinesq.
I. Si l'on appelle ^', n' , C ce qu'il faut ajouter à ^,, n,, C, pour obtenir
les déplacements effectifs ^, ti, C (*)» ^^^ déplacements complémentaires
vérifieront, comme on a vu, les trois équations de mouvement prises
sans seconds membres; et l'on aura, pour régir, par exemple, W la
relation
C'est encore l'équation du son, mais dans un fluide où la vitesse de pro-
pagation serait a et non plus A. Les valeurs initiales de H et de sa dérivée
en t égaleront respectivement, si nous appelons Ço(^> Ji -) et £.^(^x,y, z)
celles de \ et de -y-y les excédents de ^^ et £„ sur •— et -—-, qui expriment
les valeurs initiales de ^, et de -j^- Par suite, le déplacement complémen-
taire ^' se formera en retranchant, de son expression relative au cas où l'on
aurait
dV
(2) (pour/ = o) 5'=^o(a^.r. 2). ■57=S«(*.J. s).
son expression relative au cas où l'on aurait
(3) (pour/ = o) ^'=-^, ^ = ^.
Or, cette dernière expression vérifiera, évidemment, toutes les condi-
tions (i), (3) la déterminant, si on lui donne la forme -j—, en assujettis-
sant*'aux relations suivantes, desquelles (i) et (3) résultent par une déri-
vation en X X
(^) ^=«'^^*'î (pour/ = o) $' = ct. et ^=n,.
(') Voiries précédents Comptesirendus, p. 480.
SÉANCE DU 5 MARS 1906. 543
II. Cela posé, si l'on remplaçait, dans celles-ci, $' par <I> et a par A, l'on
aurait, avec l'équation indéfinie ^ = A'Aj$ qui régit effectivement $, les
conditions initiales justement impliquées par l'expression /^remj'ere <^f,-hUat
de <ï> donnée au n° V de ma précédente Note. Donc $' se déduira de $ en
mettant a pour A. Et l'on aura, d'après le n° VI de.cette Note,
,<if-R
(5)
avec
4ua' dtj t ^Tza^J t '
formule où il doit être entendu que les sphères c sont, ici, décrites, tou-
jours autour du centre {x, y, z), avec le rayon at (et non plus kt), S dési-
gnant en outre, dans 9', la différence at — R, ou at — y/^M-~pH-^.
Comme, d'ailleurs, l'expression de \' vérifiant (1) et correspondant aux
données (2) d'état initial se forme de la même manière que la fonc-
tion G' régie par une équation indéfinie pareille et par les données ini-
tiales /{ce, y, z), F(a-, j, 2), il viendra finalement
t dx
III. Les deux premiers termes sont nuls, d'après ce que nous avons vu
pour ô, en dehors des deux limites a/ — R = ± t; et ils expriment ainsi,
conjointement avec les termes analogues de r{ et de C une onde sphérique
d'épaisseur 2e, dont le rayon moyen, égal à at, grandit de a par unité de
temps. Mais le troisième terme, en <ï>', nul encore pour ai — R> e, c'est-
à-dire à l'arrière de cette onde, ne l'est pas à l'avant, pour «i — R<; — e,
où $' a évidemment la même valeur, Oo + Uo^, que <[>. Seulement, tandis
que, aux grandes distances R de l'origine, ce troisième terme est, comme les
deux premiers, de l'ordre de „ entre les deux limites a/ — R = ± e, il passe,
comme on a vu pour les dérivées de $, à un ordre de petitesse supérieur,
le second au moins, pour at — R<^ — e, cas où sa valeur est — -r^ — -,— /,
c'est-à-dire égale et contraire à celle de $, pour kt — R <^ — j.
En résumé, l'onde partielle que représentent les déplacements complémen-
taires ^', Ti', 2[', d' épaisseur 21 comme celle qu'exprimaient $,, r,,, X,^, mais de
5/|4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
rayon moyen al et non plus A/, se trouve précédée, comme elle, d'une tèlê de
longueur indéfinie, où les déplacements Sont sans cesse égaux et contraires à
ce qu'ils sont dans la sienne aux mêmes points de l'espace.
IV. De même que l'expression approchée (8) de <I>, clans ma précédente
Note, nous a donné pour sa dérivée première en x, aux grandes dis-
tances R de l'origine, lé quotient, par R, d'une fonction de kt — R, nulle
hors des limites A/ — R = dr e, de même aussi la dérivée en a? de — <I>'
donnera, au second membre de (6), le quotient, par R, d'une fonction
àe at — R nulle hors des limites a/ — R = ± e; et, comme il en sera visi-
blement de même des deux termes précédents en ï,^ et S^, l'expression
approchée de ^' pourra s'écrire, sauf erreur comparable à l'inverse de R^,
(7) (pour — très grand) ^ = '^ „ -,
9 désignant une fonction rapidement variable de at — R, nulle hors des
limites a; — R = zfc e et, en outre, lentement variable avec x, y, z quand
changera la direction du rayon vecteur R.
Par conséquent, dans l'onde exprimée par les valeurs de l,', i)', ^', entre
les limites at — R = ± t où les déplacements sont sensibles de l'ordre
dcTT. chaque déplacement se transmet le long des rayons R prolongés,
avec la célérité a, en s'atténuant, peu à peu, comme l'inverse de la dis-
tance R au centre.
V. La vitesse des molécules suivant lésa;, -y-f y a, toujours sauf erreur
comparable à l'inverse de R-, une relation très simple avec la dilatation
linéaire correspondante -t-- Car celle-ci, qui s'obtient sensiblement en ne
faisant changer que la variable principale at — R, est, à ce degré d'ap-
proximation,
^^ dx ~ ' R dx" R K~ alUK
dr ' dt'
On aura des valeurs analogues pour -3-^, -y^; et la dilatation cubique cor-
respondante, somme des trois dilatations linéaires suivant les axes, sera
(9)
c'est-à-dire le quotient, par — a, de la composante de la vitesse suivant le
di' , dW , dV
I /dl' X df^' y dV X,
- — -)- + —
dx^ dy ^ dz
a\dt R dt K dl K
SÉANCE DU 5 MARS 1906. 545
rayon vecteur R prolongé, qui est la normale aux surfaces spïiériqiies
d'onde. Or, les premiers déplacements partiels ^,, vj,, C, donnant déjà la
dilatation cubique effective, celle-là (9) est nulle. Par conséquent, dans
l'onde qu'expriment ^', i\ , C, la vitesse des molécules, aux grandes dis-
tances R du centre d'ébranlement, est sans cesse perpendiculaire aux
rayons vecteurs. C'est bien dire que les mouvements y sont transversaux , ou
se font dans les plans tangents aux surfaces d'onde.
VI. Nous n'avons relié qu'indirectement, aux données effectives d'état
initial, les déplacements \' , t] , "(,' de la deuxième onde partielle, puisque
nous avons fait dépendre en partie ^', vi', 'Ç des valeurs initiales des dépla-
cements et vitesses dans la première onde parlielle, ou à mouvements lon-
gitudinaux, que nous avions calculée préalablement. Mais on pourrait
aussi former ^', ■/)', C indépendamment de ^,, r,,,Ci. en considérant les rota-
tions moyennes
\ ( dl dr,\ x[d\ dt\ i/d-n dV
(10) ^x 2 \^^^ ^^j' ^^ ~ 2 Vofs dj;J' "'^~2\dx dy
Comme ^,, yi,, ^,, dérivées partielles de $ en x,y, z, s'en éliminent, E, -n, C y
sont réductibles à i,', r{ , C; et il résulte alors de (i), ou de ses analogues
en 7)', C» que Wj;, w^, (ù^ vérifient la même équation du son que ^', 0', ^'■
Or les données d'état initial font connaître, pour ^ = o, tant ces rotations
moyennes que leur dérivée première en t. Par suite, l'intégrale générale
de Poisson, appliquée à w^, co^, co,, permettra de les exprimer à toute
époque t. Enfin, ^', vi', X,' s'annulant pour ^ infini, deux intégrations en t,
effectuées sur place, déduiront sans ambiguïté ^', v)', X,' d'équations
comme (i), mises sous la forme (aisée à obtenir)
dyj'
CHIMIE VÉGÉTALE. — Le Haricot à acide cyanhydrique, Phaseolus lunatus L.
Note de M. L. Guignard ( ' )
1. Dans ces derniers temps, il est arrivé des Indes en Europe, pour la
nourrriture du bétail, des quantités considérables de graines fournies par
(') On trouvera ci-dessous, p. 586, une Note de M. Kohn-Abrest sur le même sujet,
dont nous poursuivions l'élude l'un et l'autre simultanément, sans connaître cette
coïncidence.
546 ACADÉMIE DES SCIENCES.
une espèce spéciale de Haricot, le Phaseolus lunatus Linné. Originaire de
l'Amérique du Sud et probablement du Brésil, celte plante s'est répandue
dans la plupart des contrées tropicales du globe, où elle a fourni de nom-
breuses variétés, souvent prises pour des espèces distinctes, sous les noms
de Ph. inamœnus h., Ph. amazonicus Benlh,, Ph. capensis Thunb., Ph.
tunkinensis Lour., etc. Au nombre de ces variétés ou races figurent les
Haricots de Lima et de Sieva, qui sont abondamment cultivés pour l'ali-
mentation de l'homme dans les deux Amériques, et ceux du Cap, qui
entrent aussi dans l'alimentation en Afrique et à Madagascar.
A l'état sauvage ou subspontané, la plante a donné lieu à de nombreux
empoisonnements, dus à l'acide cyanhydrique. Citons-en seulement
quelques-uns ( ').
Au siècle dernier, une centaine de Cafres, transportés comme esclaves à la Réunion,
moururent le jour de leur arrivée après leur premier repas, dans lequel ils avaient
mangé des graines de ce Haricot, auxquelles on donne, dans celte île, les noms de
Pois amers ou Pois cfAchery quand ils proviennent de la plante sauvage. Puis ce
furent une vingtaine déjeunes filles d'un pensionnat d'une île voisine qui s'empoison-
nèrent avec ces mêmes graines récoltées au cours d'une promenade à la campagne.
A une date moins éloignée, en i884, Davidson et Stevenson (') observaient, à Mau-
rice, deux cas d'empoisonnement dus à la même cause. En 1900, M. Boname('),
directeur de la station agricole de cette colonie, appelait de nouveau l'attention sur la
toxicité de la plante (*).
En mars igoS, il arrivait des Indes à Rotterdam un chargement de 4ooo
balles de Fèves de Kratok, provenant d'une ou de plusieurs variétés de
Ph, lunatus. Quatre personnes moururent empoisonnées par ces haricots (').
(') Nous en avons donné, avec la bibliographie du sujet, une relation assez détaillée
dans une étude communiquée sur cette plante, au commencement du mois dernier, à
la Société nationale d'Agriculture de France.
(') A. Davidson et Th. Stevenson, Poisonning by Pois d'Achery (The Practitioner,
i884, l. XXXII, p. 435).
(') Rapport annuel sur la station agronomique de Maurice, 1900, p. 94.
(*) Les auteurs ne paraissent pas avoir eu connaissance des recherches faites avant
i84o, à la Réunion, par le pharmacien Marcadieu, qui montra le premier que le poison
était l'acide cyanhydrique. Il semble d'ailleurs que ces recherches n'ont été publiées
dans aucun recueil scientifique. Nous en avons connu, il y a longtemps déjà, le résultat
essentiel par un journal hebdomadaire de la Réunion {Le Sport colonial créole du
lundi, numéro du i8 juin i883).
(') A. RoBERTSON et A.-J. VViJNNE, Blauwzuurvergiftingna Gebruik van Kratok'
bohnen {Pharmac. Weekbladvoor Nederland, i3 mai 1908).
SÉANCE DU 5 MARS I906. 547
En novembre et décembre dernier, des graines de même nature, vendues
sous le nom de Fèves ou Haricots de Java, occasionnaient de nombreux
accidents chez les chevaux, les bêtes à corne, les porcs, dans trois localités
du Hanovre (').
On vient encore, il v a quelques jours seulement, de signaler en Belgique
une douzaine de cas d'empoisonnement, dont quelques-uns foudroyants,
chez des animaux nourris avec des graines ou de la farine qui, dans la
plupart (les cas, avaient été cuites (^).
Nous avons reçu de Paris, de Lyon, de Marseille, plusieurs échantillons
de graines analogues portant, outre les noms ci-dessus indiqués, ceux de
Fèves de Birmanie, Haricots nains des Indes, etc., sur la nature desquels on
désirait être renseigné. Tous les échantillons nous ont donné de l'acide
cyanhydrique. En étendant nos observations à d'autres variétés très amé-
liorées par la culture, telles que les Haricots de Lima, de Sieva, du Cap,
nous y avons constaté aussi la présence du principe cyanogénétique, mais
seulement en faible quantité. Malgré les grandes différences dans les carac-
tères extérieurs de ces graines par rapport aux variétés plus proches de
l'espèce sauvage, l'acide cyanhydrique trahissait ainsi leur descendance
commune. Le principe qui lui donne naissance est la phaséolunatine, glu-
coside retiré dans ces dernières années des Pois d'Achery par MM. Dunstan
et Henry ('). Sous l'influence de la diastase qui l'accompagne dans ta graine
et qui paraît analogue, sinon identique à l'émulsine, il se dédouble en glu-
cose, acétone et acide cyanhydrique.
2. Indiquons d'abord les caractères morphologiques de quelques-unes
des sortes commerciales de Haricots provenant des Indes et telles qu'elles
nous ont été remises. Déjà, dans ces dernières années, nous avions reçu de
Buitenzorg des graines de Ph. lunatus, grâce à l'obligeance de M. Treub,
(') Dammann el Behrens, Massenvergiftungen von Pferden, Rindern iind Schivei-
nen durcit Blausàurehaltige Bohnen {Deutsche Tierdrztliche Wochenschrift, XIV
Jnhrg., n" 1, 6 janvier el n" 2, i3 janvier 1906).
(') G. MossKLMAN, Empoisonnement de bêtes bovines par les graines de Haricot
de Lima (Phaseolus lunatus) et recherches sur la toxicité de cette plante comestible
{Ann. de Médecine vétérinaire, n° 3, mars 1906, Bruxelles.)
La première partie seulement de ce travail a paru.
(^) R. Dunstan et T. -A. Hbnrï, Cyanogenesis in Plants. Pars III : On phaséolu-
natine, the cyanogenetic glucoside of Phaseolus lunatus L. {Proceed. 0/ the Boy.
Society, octobre 1903).
548 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dont on connaît le beau travail physiologique sur cette plante (*). Elles
nous ont permis de reconnaître immédiatement l'origine botanique des
graines du commerce, malgré les grandes variations de forme, de grosseur
et de couleur présentées par ces dernières.
Les « Fèves ou Haricots de Java » du commerce offrent des teintes très
diverses; on en distingue souvent une quinzaine dans un même échantillon.
On y trouve le noir, le brun, le violet, le rouge violet, le violet rose, le
marron, le grenat foncé, l'acajou plus ou moins clair, le havane, le cha-
mois foncé ou clair, le blanc. La plupart des graines sont uniformément
colorées; un certain nombre présentent des stries blanches sur fond noir
ou violacé, ou des stries noires ou violacées sur fond plus clair et de teinte
variable (-).
Quelle qu'en soit la couleur, ces graines mesurent en movenne iS™"" de
long sur lo™" de large. Presque toutes sont plus aplaties que les variétés
du Haricot vulgaire, et, contrairement à ce qu'on observe dans ces der-
nières, le côté de l'ombilic est presque rectiligne. Un caractère important
consiste en ce que l'une des moitiés ou extrémités est plus large que l'autre,
la plus étroite étant celle qui loge la radicule embryonnaire. La moitié
la plus large, au lieu d'être régulièrement convexe sur le côté opposé à
l'ombilic, se montre ordinairement plus ou moins tronquée. La forme de
la graine resssemble alors quelque peu à celle d'un triangle scalène. Ce
caractère est d'autant plus apparent que la graine est plus aplatie, mais on le
remarque presque toujours même dans les échantillons constitués par des
graines plus petites et plus renflées que celles qui se rapprochent de la
forme typique des semences de la plante sauvage. En tout cas, lorsqu'il
cesse d'être apparent, la différence de largeur des deux moitiés de la graine
reste toujours reconnaissable dans la plupart des semences indiennes. Et,
même dans les variétés à très grosses graines, telles que celles du Cap, de
Lima et de Madagascar, qui ressemblent davantage par leur forme à diverses
variétés du Haricot vulgaire, cette inégalité se retrouve constamment dans
quelques-unes d'entre elles. Un cent des graines de Java pèse environ 4o^.
Il existe également dans le commerce d'autres graines de l'Inde, que nous
avons reçues sous le nom de Haricots de Birmanie. Il en est de deux sortes :
(') Ces graines ont germé el donné des plants au Jardin botanique de l'Ecole de
Pharmacie.
(') Nous en donnerons une Planche en couleur dans un autre Recueil.
SÉANCE DU 5 MARS 1906. 5^9
les unes multicolores, les autres complètement blanches. Elles sont plus
petites et plus renflées que les précédentes (').
Toutes les variétés du Ph. hinatus, quelles que fussent leurs formes et
leur origine géographique, nous ont montré un caractère histologique
spécial. Sous l'assise superficielle très épaisse du tégument de la graine, il
existe une seconde assise nettement différenciée par ses cellules en forme
de sablier ou de colonnettes à membranes épaissies. On la trouve aussi avec
des caractères plus ou moins analogues dans les nombreuses variétés du
Haricot vulgaire; mais, ici, chaque cellule renferme un cristal d'oxalate de
calcium, qui fait toujours défaut dans les variétés Ph. lunatus.
3. L'acide cyanhvdrique a été retiré par la distillation des graines pulvé-
risées et mises à macérer dans l'eau pendant i[\ heures à +3o°. Avant la
distillation, on ajoutait une petite quantité d'acide sulfurique. Le dosage
a été effectué avec une solution d'azotate d'argent titrée. Nous donnerons
ailleurs les détails et les raisons du mode opératoire employé dans ces re-
cherches.
Voici les résultats fournis par le dosage de l'acide cyanhvdrique dans les
différentes sortes ou échantillons de graines examinées. Les chiffres se
rapportent à loo^ de graine.
A.cidé
cyanhydrique
pour 100.
i" Haricots de Java, reçus en 1904 de Java et présentant l'en-
semble des caracLères de l'espèce type.. o, 102
2" Id. reçus en igoS 0jO77
3° Id. échaulillon du commerce comprenant des
graines de toutes couleurs (-) 0,066
3*" Id. même origine et mêmes caractères en
apparence 0,002
4° Haricots de Birmanie, mélange de graines colorées, renfer-
mant seulement quelques graines
noires et blanches 0,01. 5
5° Id. mélangesansgrainesnoiresiii blanches. 0,01 i
6° Id. (ou nains de l'Inde), graines toutes
blanches 0,006
7° Haricots de Madagascar, colorés 0,027
8° Id. blancs 0,008
(') Les Haricots du Cap, de Sieva, de Lima, sont décrits dans les Plantes potagères
de Vilmorin-Andrieux, 1904, p. SSg.
(') Certains échantillons plus riches ont sans doute été retirés de la circulation.
C. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N" 10.) 7^
55o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Acide
cyanhydrique
pour 100.
B
9» Haricots du Cap marbrés, cultivés en Provence 0,008
à rame o,oo4
nains traces
1 1" Haricots de Sieva, cultivés en Provence, à rame o,oo4
10" Haricots de Lima, cultivés en Provence
Ainsi, toutes les races ou variétés du Ph. lunatus, même les plus amélio-
rées par la culture, peuvent fournir de l'acide cyanhydrique.
Les chiffres qui précèdent montrent combien sont grandes les variations
observées dans les divers échantillons exotiques. Elles dépendent évidem-
ment des conditions de végétation et rappellent celles qui ont été trouvées
antérieurement par divers auteurs. Davidson et Stevenson avaient obtenu,
avec des graines de Maurice, 0*^,200 d'acide cyanhydrique pour 100;
MM. Robertson et Wijnne, avec des graines de l'Inde, 0^,210 pour 100;
MM. Dammann et Behrens, avec des graines de Java, o^, i35 et 0^,110
pour 100; MM. Dunstan et Henry, avec des Haricots bruns de Maurice,
0^,090 pour 100; avec des Haricots de Maurice de couleurs plus claires,
os,o4o pour 100; avec des Haricots de toutes couleurs venus de l'Inde,
0^,004 pour 100 (' ).
Les graines noires ont toujours été considérées comme les plus riches
en principe cyanogénétique, tandis que les blanches seraient les plus
pauvres (-). Aussi, avons-nous été quelque peu surpris d'obtenir un résul-
tat différent en analysant séparément les graines noires, l'ensemhle des
autres graines colorées et les graines blanches d'un échantillon de Java
(n° 3 bis du Tableau). En effet, pour 100 parties de chacune de ces trois
catégories de graines, comparées à leur mélange, le dosage a donné les
chiffres suivants :
1° Mélange des graines 0,062 pour 100
2° Graines noires o , o46 »
3° Graines autrement colorées (]u'en noir. . . o,o.58 »
4° Graines blanches 0,002 »
(,') Ces haricots, introduits dans ces dernières années en Angleterre, portaient les
noms de Fèves de Rangoon, de Burma, de Paygia. Leur coloration, d'après
MM. Dunstan et Henry, variait du brun clair au brun foncé, avec des taches pourpres.
(2) II est à peine besoin d'ajouter que la matière colorante, qui est localisée dans le
tégument de la graine, n'a aucun rapport avec le glucoside cyanhydrique.
SÉANCE DU 5 MARS I906. 55 1
Ce résultat mérite de retenir l'attention, car il montre qu'il ne faut pas
trop se fier à la couleur pour apprécier la richesse relative des graines en
principe toxique.
Il y a lieu de faire remarquer que les graines blanches de cet échantillon
n" 3 bis ressemblaient beaucoup aux graines blanches de Birmanie ou Hari-
cots nains de l'Inde (n° 6), qui n'ont donné que 0^,006 pour 100 d'acide
cyanhydrique (ou même moins), tandis que les premières en ont fourni
oS,o52 pour 100. D'autre part, les graines multicolores de Birmanie (n" 4),
qui se rapprochaient, parleurs teintes, de celles de Java, se sont montrées
beaucoup plus pauvres que ces dernières. Par conséquent, tout en admet-
tant que les graines blanches sont, d'une façon générale, les moins dange-
reuses, nous estimons qu'on agira prudemment en n'accordant confiance
qu'à l'analyse.
4. Le danger de plusieurs sortes de ces haricots dans l'alimentation des
animaux est d'autant plus à craindre qu'on les utilise ordinairement à
l'état cru, et tout porte à croire que le principe cyanogénétique subit dans
le tube digestif un dédoublement complet ('). Ce danger ne doit plus être le
même quand ils ont été soumis à la cuisson, mais les effets de celle-ci
varient certainement suivant les conditions dans lesquelles elle a eu lieu.
Nous n'indiquerons pas ici les essais, encore insuffisants, que nous avons
pu faire à ce sujet. Pour le moment, il importe de ne pas oublier les acci-
dents mortels survenus après l'ingestion des graines cuites. Comme la
la chaleur détruit, à un moment donné, l'activité de l'émulsine pend;int la
cuisson, le glucoside peut rester en quantité plus ou moins grande et
être décomposé dans le système digestif. Bien qu'aucune expérience phy-
siologique n'ait encore été faite sur les animaux avec le glucoside retiré
des graines, l'analogie qui existe entre ce composé et l'amygdaliue per-
met de supposer qu'il doit se comporter de la même façon que cette
dernière après son ingestion. Or, les expériences de Moriggia et Ossi (-)
ont montré que l'amygdaline introtluite par la bouche, sans émidsine, est
parfois vénéneuse chez les animaux supérieurs, et surtout chez les herbi-
vores, parce que le contenu de l'intestin peut faire l'office de l'émulsine.
(') (_>n admet généralement que, pour riioinme, la dose mortelle d'acide cyanliy-
diique pur, anhydre, est voisine de os, 06, celle du cyanure de potassium pur de
os,2o à os, 3o.
(^) MoRuiGiA et Ossi, L'amygdalina. Sperienze Jisio-tossicologcche {Atti Accad.
Lincei. 1875).
552 ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. E. Gérard (') a constaté aussi que l'amygdaline est décomposée par le
contenu de Tintestin grêle du lapin, avec formation d'acide cyanhydrique.
5. Comme conclusion pratique de nos observations, et en raison de
l'intérêt qu'il y a à mettre, pour ainsi dire, entre toutes les mains un moyen
facile de déceler la présence de l'acide cyanhydrique, nous signalerons un
procédé nouveau qui nous paraît aussi sûr que sensible.
Il est fondé sur la propriété que possède l'acide cyanhydrique, même en
quantité excessivement faible, de donner avec les alcalis et l'acide picrique
une coloration rouge intense due à la formation de l'acide isopurpurique,
indiquée par Hlasiwetz. Nous avons remarqué que cette coloration, que
l'on produit ordinairement en chauffant, se manifeste également à froid
après quelques heures. Elle apparaît de même sur un papier préparé de la
façon suivante :
On trempe du papier buvard dans une solution aqueuse d'acide picrique
au centième et on le laisse sécher; puis on l'imprègne de même d'une solu-
tion de carbonate de soude au dixième et on le met à sécher de nouveau,
si on ne l'emploie de suite. Après dessiccation, il présente une couleur
jaune d'or et se conserve parfaitement.
Une bande de ce papier picro-sodé, suspendue dans un tube à essai ordi-
naire, bouché après introduction de i""' à 2°""° d'un liquide contenant de
l'acide cyanhydrique, prend peu à peu une coloration rouge orangé, puis
rouge, sous l'influence des vapeurs de ce corps. Suivant la quantité d'acide
et la température, la coloration est plus on moins rapide et intense. Avec
o^, oooo5 d'acide cyanhydrique, elle est rouge orangé après une douzaine
d'heures ; avec 0^,00002, elle est déjà perceptible après 24 heures.
Pour appliquer cette réaction à la recherche de l'acide cyanhydrique
formé par les haricots, on en pulvérise quelques grammes, que l'on intro-
duit de préférence dans un très petit ballon avec de l'eau, de façon à
former une pâte liquide, et l'on suspend le papier à l'aide du bouchon.
Avec 28 de graines, qui ne donnaient que o5,oi5 d'acide cyanhydrique
pour 100, la coloration s'est produite du jour au lendemain à la tempéra-
ture ordinaire.
Préparé de la façon indiquée, le papier ne se colore en rouge, croyons-
nous, qu'en présence de la vapeur d'acide cyanhydrique. Le gaz sulfhy-
drique, qui donne avec l'acide picrique et les alcalis une coloration rouge
(') \i. GÉitAitD, Sur le dédoublement de l'amygdaline dans l'économie {Soc. de
Biologie, 1896, p. 44)-
SÉANCE DU 5 MARS 1906. 553
due à l'acide picramique, ne le colore pas; la coloration pourrait apparaître
s'il était préparé, non avec du carbonate de soude, mais avec une solution
d'alcali caustique. La présence de ce gaz serait d'ailleurs facile à recon-
naître avec un papier à l'acétate de plomb.
En somme, pour la recherche de traces d'acide cvanhydrique, le papier
picro-sodé n'offre pas les inconvénients de celui que l'on prépare avec la
teinture de gavac et le sulfate de cuivre. Il a l'avantage de conserver pen-
dant assez longtcmjis (surtout à l'obscurité) sa coloration caractéristique
et, dans une expertise toxicologique, il pourrait servir de pièce à conviction.
CHIMIE ORGANIQUE. — Synthèse de trois diméthylcyclohexanols secondaires.
Note de MM. Paul Sabatier et A. 3Iailhe.
On sait que la méthode de Sabatier et Senderens permet de fixer facile-
ment 6"* d'hydrogène sur le phénol ainsi que sur les crésols, et d'obtenir
de la sorte les alcools cyclohexaniques correspondants ('). Nous avons pu
appliquer la même méthode aux diméthylphénols ou xylénols, que fournit
l'industrie chimique, savoir : les xylénols (i. 2,4), (i.3,4) et (1.4.2). Les
vapeurs de ces derniers (qui bouillent tous trois au-dessus de 210°) sont
entraînées par un excès d'hydrogène sur du nickel réduit, maintenu entre
igo" et 200°. On arrive ainsi aux trois diméthylcyclohexanols correspon-
dants. Mais les conditions de la réaction ne sont pas les mêmes dans les
trois cas.
1. En partant du diméthyl-\ .1. phénol- \ (qui fond à 65° et bout à 225"),
le rendement en alcool est peu satisfaisant : les deux tiers du xylénol sont
réduits à l'état d'orthoxylène, bouillant à i4i"- Le tiers seulement se trans-
forme en un mélange d'alcool et de l'acétone correspondante (environ
3 parties d'alcool et i partie d'acétone). En séparant celle-ci par combi-
naison avec le bisulfite de sodium, on isole le diméthyl-\ .i.cyclohexanol-l\ :
/CH^ — CH-\
CtF— GH< >CHOH.
>CH — CH^/
C'est un liquide incolore à odeur de cyclohexanol, qui bout à 189° (corr.).
(') Paul Sabatier et Senderens, Comptes rendus, t. CXXXVII, 1908, p. io25. —
Faul Sabatier et A. Mailue, Comptes rendus, t. CXL, 1905, p. 356.
554 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d^ m 0,9261 ; c?^"=;- 0,9073. Son indice de réfraction, par rapport à la raie D du so-
dium, est, à 16° :"«!)=: 1,458. On en déduit comme pouvoir réfringent moléculaire
Pd = 38,i (calculé 38,3).
Il fournit avec l'isocyanate de pliényle un phénjlurétliane, cristallisé en aiguilles ou
lames rhombiques peu inclinées, qui fondent à 119°.
Oxydé par le mélange chromique ou déshydrogéné sur le cuivre à Soo", il fournit la
diméthyl- 1 . 2-cyclohexanone-!\, liquide incolore, d'odeur agréable, qui bout à
187° (corr. ). Elle donne aisément une combinaison cristallisée avec le bisulfite de
sodium.
Sa semicarbazone se présente en cristaux peu nets, qui fondent à 17.5° en se détrui-
sant.
2. L'hydrogénation est beaucoup plus avantageuse avec le diméthyl-i. 3-
phénol-^ (qui fond à 26° et bout à 212°). Il ne se sépare que très peu de
métaxylène, bouillant à iSg". Le produit de la réaction est constitué par
l'alcool, contenant seulement une petite dose d'acétone, qu'on sépare à
l'aide du bisulfite de sodium. On atteint ainsi avec un excellent rendement
le dimèlhyl- 1 . 'i-cyclohexanol-l^
/CH2-GH=\
CtP-CI[<; )CHOH.
^CH' — CH<;
C'est un liquide incolore bouillant à 176", 5 (corr.). ft?5 = 0,9235 ; (a?J° == o,9r 19.
A 16° on a /(D=r 1,458, ce qui conduit au pouvoir réfringent moléculaire Po=:38,3
(calculé 38,3).
Son pliénylurélliane se présente en prismes courts brillants qui fondent à 96°.
L'élher acétique de cet alcool est obtenu facilement par l'action de l'anhydride acé-
tique : c'est un liquide d'odeur pénétrante et agréable qui bout à 198" (corr.).
d\'' =r o,94o5. A i4° on a «!):= 1 ,442, d'où Pd= 47)3 (calculé 47, i).
Cet alcool, déshydraté par le chlorure de zinc anhydre, fournit un
diTnèthyl-\.?>-cyclohexcne-f^, liquide incolore bouillant à \7.l\°. </" = 0,8210;
c?'/- = 0,81 22. A 12° on trouve /2i,= r,45i; d'où Pp = 36,5 (calculé 36,4)-
Ce carbure paraît identique à celui que nous avons antérieurement obtenu
en déshydratant le diméthyl-i.3-cyclohexanol-3 (').
Par oxydation au mélange chromique ou par déshydrogénation sur le
cuivre à 3oo", l'alcool fournit aisément la diméthyl-i .'i-cyclohexanone-!\,
liquide incolore, qui bout à 176°, 5 (corr.). rfj = 0,9210; d\^ = 0,9124. On
a, à 16", /?u= r,4/i6; d'où P„=36,8 (calculé 37,0). Cette célone donne
une combinaison cristallisée avec le bisulfite de sodium. La semicarbazone
(') Paul Sabatier et A. Mailhe, Comptes rendus, t. CXLI, 1903, p. 21.
SÉANCE DU 5 MARS I906. 555
se présente en belles lames rhombiques qui fondent en se décomposant
à 190°.
3. Le diméthyl-\.l\-phénol-i (qui fond à 74" et bout à 21 1°, 5) se laisse
facilement hydrogéner sur le nickel sans séparation de xylène. Le produit
de la réaction contient ^ d'alcool et -^ de l'acétone correspondante. En
séparant cette dernière par le bisulfite de sodium, on isole l^diméthyl-i .f^-
cyclohexanol-1 .
C'est un liquide incolore d'odeur agréable qui bout à 178°, 5 (corr.). f/^ =r 0,9318;
rfJ« = o,9073. A 16° on a «r.= i,455; d'où Pi,= 38,28 (calculé, 38,34).
Son phényluréthane se présente en beaux prismes allongés qui fondent à 11 5°.
Par déshydrogénalion sur le cuivre ou par oxydation avec le mélange
chromique, cet alcool fournit aisément la climéthyl-i.[\-cyclohexanoiie-'2,
liquide incolore qui bout à 176° (corr.). Elle se combine facilement avec
le bisulfite de sodium. Sa semicarbazone est obtenue en feuillets nacrés
rhombiques, qui fondent à \SS° en se détruisant.
L'hydrogénation directe des xylénols nous a donc permis d'isoler trois
des diméthylcyclohexanols secondaires sur les six qui sont prévus par la
théorie [deux autres (1.3,2) et (i.3, 5) avaient déjà été obtenus par
d'autres voies]. Ainsi qu'on pouvait le prévoir, les points d'ébullition de
ces trois alcools secondaires, i8g°, 179°, 178°, 5, sont notablement plus
élevés que ceux, 166", 169°, 170°, de leurs isomères tertiaires, que nous
avons isolés il y a peu de temps.
MAGNÉTISME TERRESTRE. — Sur la Carte magnétique des Iles Britanniques,
par MM. B. Baillaud et E. Mathias.
Parmi les méthodes utilisées, depuis une trentaine d'années, pour la
recherche de la loi de distribution régulière du magnétisme terrestre, à une
date uniforme, dans un grand pays tel que les Iles Britanniques, l'Autriche-
Hongrie ou la France, la plus ancienne paraît être la méthode des districts.
Elle a été appliquée pour la première fois par le D'' Rijckevorsel dans la
discussion des résultats de son réseau de l'archipel Indien ('), puis dans
• (') Magnetische Opneming van den indischen Archipel in de Jaren 1874-1877,
gedaan door D'' van Rijckevorsel. Amsterdam, J. Muller, 1879.
556 ACADÉMIE DES SCIENCES.
son réseau magnétique de la Néderlande pour l'époque du i" janvier
i8gi ('). Une méthode toute semblable a été employée par SirW. Rûcker
et M. Thorpe dans leur mémorable travail sur la Carte magnétique des
Iles Britanniques (-) ; c'est d'ailleurs ce travail que nous visons plus spécia-
lement dans ce qui suit.
Le pays dont il s'agit de faire la Carte magnétique est arbitrairement par-
tagé en un petit nombre de districts, tels que chacun d'eux est supposé très
grand par rapport aux anomalies magnétiques régionales les plus étendues
qui peuvent exister dans son intérieur; on suppose en outre que les
divers districts comprennent, par unité de surface, à peu près le même
nombre de stations magnétiques, celles-ci étant nombreuses et distribuées
aussi uniformément que possible.
Dès lors, la station centrale d'un district donné est définie par les
moyennes arithmétiques des longitudes et des latitudes des stations étu-
diées du district, abstraction faite de l'altitude qui n'intervient pas d'une
façon appréciable dans les pays peu montagneux. Les éléments magné-
tiques D, H, I de chaque station centrale sont les moyennes arithmétiques
des éléments correspondants D, H, I de toutes les stations du district. Sup-
posons qu'il s'agisse de trouver la loi de distribution régulière de la décli-
naison D. On cherche une fonction empirique de la longitude et de la
latitude géographiques astreinte : i" à représenter les déclinaisons D des
stations centrales avec des erreurs aussi faibles que possible; 2° à repro-
duire fidèlement l'allure générale des courbes de district, sortes de courbes
brisées, formées de parties curvilignes régulières reliées par des courbes
de raccordement et dont la genèse ne peut s'expliquer en peu de mots.
Sir W. Rûcker et M. Thorpe trouvèrent ainsi que la déclinaison D des
stations régulières des Iles Britanniques au i*'' janvier 1891 était donnée,
au sud du parallèle de 54° 3o', par la formule
D = 18037'+ i8',5(/-^ 49,5) — 3',5 cos[45<'(/- 49,5)]
-+-[26',3 + i',5(/-49,5)](/-4) + o',oi(^-4)'(/-54,5)-'
(') A magne tic siuH'ey 0/ tlw JSctherlands for the epoch January i 1891, by
D'' van RiJCREvonsEL, 1890.
{'^) A magnetic survey of the Brilisli Isles for the epoch January i 1886, by W.
RuCKER and TtiouPiî : Phil. Trans.. t. CIjXXXI, 1890, p. 53. — A niagnelic si/rrey of
the Jirilish Isles for the epoch January i 1891, by W. Rûcker and Tiiorpk : Phil,
Trans., l. CLXXXVIII, 1896.
SÉANCE DU 5 MARS 1906. 557
dans laquelle la latiliide / el la longitude 1 sont exprimées f n degrés et
fractions de degré, les Facteurs c|ui contiennent l el 1 étant considérés
comme purement umnériques. L'expression précédente représente égale-
ment la (lécliniiison au nord du parallèle de ôl\°,'io pourvu que l'on supprime
le dernier terme
+ o',oi(X — 4f(/ — 54,5)^
Quant aux formules qui donnent la distribution régulière de H et de I,
elles sont d'une forme plus compliquée encore etil'un calcul extrêmement
pénible.
Or, la considération des stations centrales a simplement pour but d'ob-
tenir, dans chaque district, une station idéale régulière, car les anomalies
de toutes les stations se détruisent dans les moyennes, en vertu de la loi des
grands nombres. En s'alfranchissant de la condition accessoire et inutile
des courbes de district, il est aisé de tlonner une solution simple, rapide et
rigoureuse du problème de la distribution magnétique régulière. Il suffit
de prendre comme station de référence une station quelconque, par
exemple l'une des stations centrales, et de ra[)porter les éléments géogra-
phiques et magnétiques tles autres stations centrales aux élémenls corres-
pondants de la station de référence. Soient alors A long., A la t., AD, AH, AI
les différences des éléments primitifs et des éléments de la station de réfé-
rence : on peut, comme l'ont fait antérieurement M. Liznar pour l'Autriche-
Hongrie et M. Mathias pour la France, exprimer AD, AH, AI par des fonc-
tions paraboliques du second degré de A long, et de A lat. Si n est le
nombre des stations centrales, on obtient pour chaque élément magnétique
n équations linéaires à 6 inconnues ^r, j', t, u, v telles que
AD = j;+jAlong.+ :;Alat.4-/(Along.)^-|- «(Along.)(Alat.) + t'(Alat.)-,
que l'on résout par les moindres carrés. La loi de distribution régulière ainsi
obtenue pour les stations centrales devra s appliquer à toutes les stations régu-
lières du pays étudie.
Nous nous sommes proposé de vérifier l'exactitude de cette manière de
voir au moyen du réseau magnétique des Iles Brilanniques à la date
du i" janvier 1891. La station centrale du district VI, qui est au milieu du
Royaume-Uni et s'étend de 52° à 55° de latitude nord et de 3" à 8° de lon-
gitude ouest de Greenwich, a été prise pour station de référence. Ici on a
Long. : 5°35',2 (ouest); lat. : 53°3o',5;
Do=2o°46',o; Ho= 0,17083; 1(1 = 69"i9',5.
C. R., 1906, 1" Semestre. (T. CXLII, N' 10.) 7^
558 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Pour chaque élément magnétique il a fallu résoudre 9 équations linéaires
à 6 inconnues, qui ont donné les résultats suivants, A long, et A lat. étant,
ainsi que AD et AI, exprimés en minutes; AH étant exprimé en unités du
cinquième ordre décimal :
DécUnaison.
(0
aD = — o', 108 + 0)53474 (Along.) + o,347i6(Alat.)-+- 0,000021 (A Ion g. )^
+ 0,000843 (A long.) ( A lat.) — 0,000289 (A lat.)^.
Les différences (obs. — cale.) pour les 9 stations centrales, exprimées en
minutes, sont respectivement :
— o',4, -ho', 6, — 1',5, -+-o',7, — o',4, 4-o',i, — 1',2, -l-o',i, -l-i',i.
Composante liorizonlale.
1 aH=— 5.8 — o.q3(
(2)
AH =r — 5,8 — 0,98078 (A long.) — 6,46527 (A lai.) -h 0,000878 ( Along.)-
— 0,000 179 (A Ion g.) (A lai.) -h 0,002293 (A lat.)-.
Les différences (obs. — cale.) pour les 9 stations centrales, en unités du
cinquième ordre, sont respectivement :
— 6, -+-i4, —16, H-6, —I, -1-6, o, —I, —2,
Inclinaison.
(3)
Al HT -h o', 6 +0, 10801 (A long.) -h o,6o53i (Alal.)— o,oooo33 (Along.)^
-h o, 00000 1( A long.) (A lai.) — 0,000227 (A la t.)-.
Les différences (obs.) — (cale.) pour les neuf stations centrales sont res-
pectivement en minutes :
-l-o',5, — o',9, -m', 3, — o',6, H-o',2, — o',6, -Ho',2, — o',4, -l-o',t.
Les formules (i), (2) et (3), qui représentent si bien les stations cen-
trales des lies Britanniques, donnent la loi de distribution régulière de la
déclinaison, de la composante horizontale et de l'inclinaison dans le pays
tout entier à la date du 1°'' janvier 1891. Elles donnent d'ailleurs, ainsi que
nous nous en sommes assures, pour les 882 stations du réseau de
sir W. Rùcker et de M. Thorpe, des valeurs calculées de D, H, I sensible-
meiifidentiques à celles que fournissent les formules empiriques de ces
auteurs. Le Tableau suivant résume cette comparaison.
SÉANCE DU 5 MARS 1906. 55g
Moyennes générales des valeurs absolues des différences {observation — calcul).
Composante liori-
Déclinaison. zonlale. Inclinaison.
District. B. et M. R. et T. B. et M. R. et T. B. et M. R. et T.
I (Ecosse) i8',3 i8',7 120 ii3 8',7 7',9
II 6,6 6,4 47 49 3,3 3,6
III 9,2 9,1 43 38 3,6 3,2
IV 9,8 9,7 43 4i 3,6 3,4
V 8,6 8,8 71 72 5,1 5,1
VI 17,7 17.7 160 i58 i',,i i4,o
VII 5,1 5,1 29 27 2,2 3,2
VIII 7,6 7,8 56 58 4,5 4,8
IX 8,9 9,2 63 60 4,5 4,3
L'identité des moyennes des difFérences absolues données par les for-
mules empiriques assurément compliquées de sir W. Rôckeret deM.Thorpe
et par les formides paraboliques se maintient pour tous les districts et pour
tous les éléments magnétiques. Cela nous paraît démontrer l'exactitude
des vues concernant l'emploi des stations centrales et dispenser de la con-
sidération des courbes de district. Enfin, le calcul des éléments des stations
centrales d'un pays à l'aide d'un développement parabolique du second
degré en fonction de la longitude et de la latitude géographiques paraît
fournir, de la façon la plus simple et la plus claire, la loi de distribution
régulière de chacun des éléments magnétiques de ce pays.
CORRESPOIVDAIVCE .
M. Albert Heim, élu Correspondant pour la Section de Minéralogie,
adresse ses remercîments à l'Académie.
M. le i^IiMSTRE DE l'Instruction publique invite l'Académie à présenter
une liste de deux candidats à la chaire de Botanique (Classification et
Familles naturelles), devenue vacante au Muséum d'Histoire naturelle, par
suite de l'admission à la retraite de M. Bureau.
(Renvoi à la Section de Botanique.)
56o
ACADEMIE DES SCIENCES.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Observations du Soleil faites à l' Observatoire de
Lyon (équatorial Brunner de o", iG d' ouverture) pendant le quatrième Iri-
, jnestre de igo5. Note de M. J. Guillaume, présentée par M. Mascart.
Il V a en 33 jours d'observation dans ce trimestre, et voici les principaux
faits qui en résultent :
Taches. — Le nombre de gioupes de lâches est moindre qi:e dans !e Irlmeslre pré-
cédent, in;iis leur surface totale est bien supérieure : on a, en elTet, :>?> {grimpes au lieu
de 58, et 9780 millionièmes au lieu de 742 '•
Cette forte augmentalion de l'aire laciiée est due à la |)iésencc de gioupes impor-
tants, jiaimi lcsi|Mrls les ([uatre suivants ont été visibles à l'œil nu :
n
Octobre 30, 3 à -h 1 3 de Litiludc
» '28, 1 -1-7 "
Novembre i3,a +7 "
Décembre 18,6 -t- S »
La grande taclie d'octobie, à -)-i3" de latitude, à été remarquable par ses dimen-
sions, la complexité de ses détails et les transformations rapides qui s'y sont produiles.
Cette tache est analogue à celle du mois de février, et, quoique moins considérable,
elle compte parmi les plus grandes enregistrées.
Régions d'activité. — Le nombre des groupes de facules qu'on a pu noter est de 71
avec une surface totale de g8,o millièmes (au lieu de 70 groupes et 84,1 millièmes
précédemment). En ce qui concerne leur répartition, les groupes continuent à être
moins nombreux dans l'hémisphère austral que dans l'autre { 3o et 4 '; respectivement,
au lieu de 35 et [\o dans le troisième trimestre).
Tableau L — Taches.
haies Nombre Pass. l.alltuiios moyennes Surfaces
extrêmes d'ohsor- au nier. ^-. — .*"" moyennes
U'observ. valions, central. S. .\. réduites.
Octobre
■ — 0,
5-7
3
■,9
29- 9
5
3,9
5-10
5
5,8
— 17
7-12
5
7,«
5-10
5
7>9
/
7
I
8,7
— 17
5-12
7
9>2
12
I
..,8
— 14
12
12,8
— 15
iH
I
14,1
9-".)
8
.4,5
Dates Nombre l'ass. I.aiiiuilcs uiuyenties StirfdCfls
cxironics il'obser- au uicr. ■^ — •^— -•— - — -. uiuyennes
il'oliïcrv. Talions, central. S. N. rciluilcs.
Octobre ( suite.)
-.
9S0
1 )-2J
-
■>o,3 -i-i3 2i83
21
258
2 5
1
25,1 -1-17 5
20
28
1
25,4 -li 7
"4
37
3i
■X
23-28
5
28,1 + 7 i343
17J-
— i4",o -f-n",9
9
58
2
Novembre. — o,oi).
3
3
1
2,6 -i- 6 24
-
10
3- 6
2
3,2 - 8 96
■12
281
28- 8
4
3,7 ^-i3 255
SÉANCE DU 5 MARS 1906.
56 1
DatO'^ Nombre Pas3. Laiiludos moyennes Surfaces
exirônies dobscr- au mer. - — — »— - — — ■ — - moyennes
(lobserv. valions, central. S. N. réduites.
Novembre (suite.)
10
1
4,î
— '4
34
3
I
8,5
— 10
\'>
3-10
4
8,7
H- 10
5G
6-10
3
to,3
+ 12
3oi
10
1
11,3
— 22
1 1
10
1
..,4
-l-IO
16
8-17
3
l3,2
-!- 7
731
10-17
•2
i5,i
— 21
I I
'7
1
t5,2
+ 11
9
10-17
■)
iG,3
+ i3
1 1 ■)
17
1
i("),8
— iC
io:j
.7-M
3
■2 1 , 1
-t-i 5
108
20-24
2
22,7
+ 10
7
■23-3o
3
24,3
+ c.
•204
23-3o
3
25/2
+ 8
1 13
•23-3o
3
2 5,-.
— 1 5
4'-
23-3o
3
28, 1
— 15
45
24-30
2
29i9
— 15
341
•24-30
•2
3o,f.
— 14
3 ">ii
8j-
■io",9
Dales Nombre Pass- Latitudes moyennes Surfaces
extrêmes U'obscr- au raér. - - ■ »^. ^ — ■■— — - moyennes
d'observ. îalions. central. S. N. réduites.
Déccml
re. — 0
00.
3o- 6
2
1,8
— 14
129
f.
I
8,3
-+- 9
78
(1-12
3
9,7
-24
5ti
6-11
■2
10,1
+ 5
24
11-18
3
12,9
— 8
2G
I 1-12
2
.4,.
— 18
i5
12-19
3
18,5
+ i3
33
12-19
3
18,6
+ 8
33 1
iS
1
18,9
— 9
3
1 8- 1 9
2
'9,8
+ 9
uG
18-19
2
19,8
— 15
29
'9
i
21,3
+ 12
12
■-*7
I
22 , 2
+ iS
4i3
.8-19
2
22,5
+ 8
12
29- 2
3
29, 1
+ i5
5i
27-30
3
3o,o
— 13
122
8j.
— ii",i +10", 8
Octobre . . . .
Novembre . .
Décembre.. .
Totaux . .
Fad
LKAU 11.
—
Di
■iLiil
30".
Sud.
iO".
20". Il)"
u"
. Su
m me.
-,-
—
))
» 5
I
(i
»
2 G
2
10
»
1 4
2
7
_
— __
))
3 i5
5
23
DisLiiblUioli des lâches en laliLude.
Sun] me. 0". 10". -20". 30 ■.
9
|).
9
13 I i.
Surfaces
Totaux
Inlaii»
nensucis.
rrduilcs
I 5
5*220
2 '2
3o3o
l6
i48o
g-jo
Tableau 111. — Distribution des f acides en latitude.
Octobre . .
Novembre .
Décembre. .
Totaux . .
90", iO". 30". 20". 10°. 0". Suuimc.
G
6
'9
I i
9
8
3o
iS
10
i3
4<
0". 10". 20". 30". 10". 90".
2 8
l3 21
Surfaces
Tulaux
totales
mensuels.
r^duile*.
3i.
38,5
19
3o,4
21
29,1
71
98,0
562 ACADÉMIE DES SCIENCES.
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur la déformation des quadriqnes.
Note de M. Luigi îîianchi.
I. Dans mes dernières recherches sur la déformation des surfaces géné-
rales du second degré, j'ai reconnu l'existence d'un élément géométrique
nouveau, qui doit jouer, il me semble, un rôle fondamental dans toute la
théorie des transformations de cette classe de surfaces applicables. Il s'agit
d'une classe particulière de congruences rectilignes W ('), dont les deux
nappes de la surface focale sont applicables sur une même quadrique, d'ail-
leurs quelconque.
La première proposition fondamentale de la nouvelle théorie est donnée
parle théorème suivant :
Théorème A. — Toute surface (S) applicable sur une quadrique () {quel-
conque) appartient, comme première nappe de la surface focale, à une double
infinité de congniences W, dont la deuxième nappe (S^) est applicable sur la
même quadrique Q.
C'est dans le passage de (S) à (S,) que consiste une de nos cc^ transfor-
mations (le la surface (S) applicable sur Q. Pour effectuer la transforma-
lion, on aura à intégrer une équation de Riccati, dont les coefficients con-
tiennent une première constante arbitraire, la deuxième constante étant
introduite par l'intégration. La présence Je ces deux constantes arbitraires
permet, pour un point P de (S), d'assigner comme l'on veut, dans le plan
tangent à (S) en P, le point correspondant P, de (S,), ce qui fixe la trans-
formation, lia ])remière constante, qui figure dans l'équation de Riccati,
sera désignée par c et la transformation même sera dite une transforma-
tion Bg^.
Il résulte déjà des propriétés de l'équation de Riccati que l'application
successive de la même transformation B^ aux nouvelles surfaces (S,) exi-
gera seulement des quadratures et ainsi de suite indéfiniment.
IL On peut aller bien plus loin, en s'appuyant sur la deuxième propo-
sition fondamentale qui résulte du théorème suivant :
Théorème B. — Si, en partant d'une surface. (S) applicable sur la qua-
(') J'appelle coiigfueitca W toute con^^rueiice recliligne telle que sur les deux
nappes de la surface focale les ligues asymptoliques se correspondant.
SÉANCE DU 5 MARS 1906. 5G3
drique Q, on a déduit deux pareilles sur/aces (S,), (So), à l'aide des deux
transformalions B^^, B^,, dont les conslanles c,, g^ soient différentes, il existe
une quatrième surface (S'), parfaitement déterminée, qui se trouve liée aux
mêmes surfaces (S,),(So) respectivement par deux transformations B^^, B'^_,
avec les mêmes constantes échangées (' ).
Celte proposition, à laquelle je donne le nom liè théorème depermutabi-
lité, démontre qu'il suffit d'intégrer la première équation de Riccati(pdur
une valeur quelconque de la constante a), après quoi l'application indéfi-
niment répétée de la méthode de transformation n'exigera plus que des
calculs algébriques sans aucune quadrature.
m. Je voudrais indiquer ici une première voie qui conduit à établir le
théorème A. On sait que M. Darboux, dans ses belles rfeéherches insérées
dans le Tome CXXVIII des Comptes rendus (mars-avril 189g.) et reproduites
dans le Tome XVI (3" série) des Annales de l'École Normale supérieure, a
fait tiépendre la déformation des quadriques générales d'une classe parti-
culière des surfaces isolhermiques.
En poursuivant ces recherches de l'éminent géomètre, j'ai démontré (^ )
que, parmi les 00* transformées de Darboux d'une telle surface isother-
mique spéciale, il y en a ce' qui sont encore isothermiipies spéciales de la
taême classe, c'est-à-dire telles que la quadrique associée Q l'esté la même.
Il èh i-ésultâit une méthode de transformation polir les surfaces applicables
sur les surfaces générales du second degré. Je trouve maintenant qaune
telle transformation de Darboux se décompose en deux successii'es de nos nou-
velles transformations B^. Ces dernières fonctionnent donc vraiment en
éléments simples, pour la théorie des transformations.
IV. Par les deux théorèmes A et B notre nouvelle théorie est sûrement
fondée. Mais bien des développements sont encore nécessaires, surtout au
point de vue réel, pour séparer les divers cas. Pour les quadriques de révo-
lution et aussi pour les paraboloïdes généraux, j'ai déjà poussé jusqu'au
bout les recherches indiquées dans deux travaux récents (').
(') On peut dire aussi que chaque couple de surfaces (S), (Si), applicables sur la
quadrique Q et liées enlre elles par une B^^, est changé par une B^^^ quelconque en
un nouveau couple de telles surfaces (Sj), (S'), qui sont ericore liées par une B^^.
(-) Voir mon Méuioire Suite superficie isolernie e sulla dej'orinazione délie qua-
driche {Annali di matematica, 3' série, t. XI, 1905 ).
(*) Mentàrie délia Socielà ïtaliàna délie Scienze (dëltà dei XL), 3= série,
t, XIV, 1905, et Annali di MaleinaUca, 3"= série, t. XII, 1906.
564 ACADÉMIE DES SCIENCES.
En général les surfaces réelles applicables sur les quaciriques (réelles ou
imaginaires) se partagent en deux catégories. Pour toute surface (S) de la
première catégorie les co* congruences W du théorème A sont réelles et les
transformations simples B^ conduisent de (S) à des surfaces dérivées (S,)
qui sont encore réelles. Dans l'autre catégorie les oo^ congruences W sont
forcément imaginaires; mais alors il suffit de composer, d'une manière
convenable, deux pareilles transformations simples, imaginaires conju-
guées, pour avoir une transformation résultante réelle.
Ce sont, comme l'on voit, les mêmes circonstances désormais bien fami-
lières dans la théorie des transformations des surfaces [\ courbure constante
négative ou positive (c'est-à-dire des surfaces applicables sur la sphère
imaginaire ou réelle), qui se présentent encore ici pour les déformées des
quadriques générales.
Je crois en pouvoir conclure que les congruences W introduites donnent
pour la théorie de la déformation de toutes les quadriques une source géo-
métrique féconde, qui est en même temps la plus simple et la plus natu-
relle.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les singularités des solutions des équations
aux dérivées partielles du type elliptique. Note de M. Serge Bernstein,
présentée par M. Emile Picard.
, . ô'-z d^z j.f dz d
(0 w7T + ïï7î=/l^'J'-
Considérons l'équation
(Pz_ _
dx' ' df' ~ -' V"' ^ ' "' dx' dy
oh/(x, y, z, -T-^; -T^j est une fonction analytique «les 5 variables x, y, z,
—1, —1 régulière pour tout ensemble de valeurs réelles et finies de ces
àx oy ^ ^
variables. Lorsqu'on se donne une solution z de l'équation (i) il est naturel
de rechercher les relations qui existent entre ses singularités dans tout le
plan et ses propriétés à l'intérieur d'un cercle C qui peut être aussi petit
qu'on veut. J'ai eu l'honneur de présenter à TAcatlèmie, le 29 mai igoS, un
résultat fondamental (') que j'ai obtenu dans celte voie. Je me propose
(') Voir également mon article Sur la généralisation du problème de Diriclilet
{Matheni. Ann., 1906).
SÉANCE DU 5 MARS 1906. 565
aujourd'hui de compléter ce résultat par de nouvelles propositions que j'ai
établies récemment.
Théorème A. — Si une solution z de l'équation (i) est régulière pour toute
valeur réelle finie de x et y, elle se réduit sur une circonférence quelconque C à
une /onction entière de l'arc 0.
Théobème B. — Si, sur la circonférence C, z se réduit à une fonction ana-
lytique de l'arc 'û(6), telle qu'aux points singuliers les plus rapprochés de l'axe
réel I 9(0) I 4- ç'Ci) | croît indèfininient , la singularité de s la plus approchée
du cercle C sera telle que | s | -+- ^ + ^ croît indéfiniment.
Si, au lieu de tions placer dans le cas général, nous supposons / linéaire
par rapport à z, -^, -^, de sorte que l'équation (i) devient
(^) £' + |i = M^J)= +B(^y)^ + C(a.y)| +D(a.j).
nous aurons de plus les propositions suivantes :
Théorème C. — Le point singulier de z le plus rapproché du cercle C 5e con-
fond avec le point singulier de la fonction harmonique qui prend les mêmes
valeurs sur C (et par conséquent peut être facilement déterminé i\ priori).
Dans le cas des équations linéaires, la réciproque du théorème A est éga-
lement exacte, de sorte qu'on a :
Théorème D. — Si, sur un cercle C, la solution z (régulière à son intérieur)
se réduit à une fonction entière de l'axe 0, elle n'a pas de singularités réelles à
distance finie.
Si nous supposons, en outre, que A, B, C, D sont des fonctions entières
de X et de y, nous pouvons indiquer encore deux propositions intéressantes:
Théorème E. — Si, sur la circonférence C, le rayon de convergence de z
considérée comme fonction de 9 n'est jamais inférieur « R, les rayons de con-
vergence des dérivées partielles de z d'ordre quelconque considérées comme
fonctions de 6 sont également supérieurs ou égaux à R.
Le théorème D peut donc être complété de la façon suivante :
Corollaire. — Si, sur un cercle C, z se réduit à une fonction entière de 0,
elle se réduit sur un cercle quelconque ainsi que ses dérivées de tous les ordres à
une fonction entière de l'aie.
c. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N" 10. 75
566 ACADÉMIE DES SCIENCES.
OPTIQUE. — Sur la mesure des pertes de phase par réflexion.
Note de M. A. Perot, présentée par M. H. Becquerel.
La connaissance de la variation avec la longueur d'onde de la perte de phase pro-
duite par la réflexion de la lumière sur des surfaces de verre argenté, est indispensable
pour la mesure des longueurs d'onde jjar les procédés basés sur l'emploi des phéno-
mènes interférentiels dus aux. lames argentées. La léuiiion internationale qui s'est
tenue à Oxford, en septembre igoS, ayant décidé la détermination de la longueur
d'onde d'un certain nombre de raies du spectre par ces niétiiodes, il me paraît inté-
ressant d'indiquer un procédé de la mesure de la dispersion de ces pertes de phase.
Dans l'expression
2 Fi = yj X ,
où p (ordre d'interférence au centre des anneaux) est un nombre, en général, fraction-
naire, E est, ainsi que nous l'avons fait remarquer, M. Fabry et moi-même ('), la dis-
tance qui sépare les plans idéaux sur lesquels se produit la réflexion, et, la position de
ces plans dépendant de la longueur d'onde, tout se passe comme si l'épaisseur était
légèrement variable avec celle-ci. En particulier pour les argentures employées par
nous en 1901 à Marseille, cette épaisseur variait d'environ ^V-V-^ la longueur d'onde
passant de 6438"^ à /i358'^; quoique faible, cette variation influe quelque peu sur le
diamètre des anneaux observés et, par suite, sur la valeur trouvée pour X si l'on ne
fait pas de correction.
Avant en vue d'elfectuer les mesures de longueur d'onde dans toute
l'étendue du spectre, j'ai été amené à chercher une méthode permettant
de déterminer cette dispersion pour toutes les radiations.
Imaginons que, la lumière à étudier étant fournie par un arc électrique
jaillissant entre des baguettes de fer, on intercale sur son trajet une lame
mince |)rismatique argentée et que l'on projette l'image de cette lame
sur la fente d'un puissant spectroscope. Les rayons passant par chaque
point de la fente ont ainsi traversé une lame d'épaisseur déterminée; pour
une radiation déterminée, on aura de la luinière aux points pour lesquels
la ddfcrence de marche est un nombre entier de longueurs d'onde. L'en-
semble de ces points dans les différentes raies, images monochromaliques
de la fente, constitue des franges brillantes fines inclinées en général, qui
correspondent à des numéros d'ordre variant d'une unité en passant de
(') Annales de Chimie et de Physique, t. \XV, janvier 1902.
SÉA^'CE DU ,5 MARS 1906. 667
l'une à la voisine. On réalisera ainsi une sorte de spectre cannelé à canne-
lures obliques.
Si, d'autre part, on trace dans le spectre une ligne normale ;iux raies,
elle définira le lieu des images d'un point de la fente et correspondra à une
même épaisseur géométrique de la lame mince.
tk
lU^o^^'}'^'^
Soient >.„ et \ les longueurs d'onde correspondant aux points d'inter-
section de cette droite avec deux des courbes précédentes voisines.
S'il n'y avait pas de dispersion, on aurait rigoureusement
d'où
2e = Z->o = {k + \)\,
x„-x'
la valeur trouvée ainsi pour /■ n'est jamais entière.
568 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Si l'on lient compte de la dispersion, on écrira
2e + 2ê = (k -+- i)\,
où e est l'épaisseur géométrique, e la différence entre cette épaisseur et la
distance des plans de réflexion, et k un entier, d'où
2(e — e„) = >. — k(lg — l)',
2(5 — £0) sera donc le reste de la division de 1 par (!„ — ^)-
On peut remarquer d'ailleurs que, si la lame est prismatique et le spectre
produit par un réseau, les lignes précédentes seraient courbes, leur cour-
bure étant due à la dispersion cherchée.
Le cliché qui accompagne cette Note a été obtenu avec l'aide de
M. Jean Becquerel, en employant un speclroscope à deux prismes avec
réflexion, la distance focale de la lentille étant i™,5o. Le cliché du milieu
représente le spectre du fer de 5 100'^ à 3700*. Au-dessous sont photogra-
phiés les anneaux produits dans les images de la fente élargie, par l'inter-
position d'une lame parallèle de 7""" d'épaisseur, suivant le dispositif
indiqué récemment par M. Fabry; enfin au-dessus est la photographie
obtenue par l'interposition d'une lame de 4"^ environ d'épaisseur.
D'après cette photographie, la valeur de la dispersion des plans de ré-
flexion en passant de la longueur d'onde 562.5* à 5253* est 2'^'^, 8 environ,
pour les argentures employées.
PHYSIQUE. — Sur les phénomènes de phosphorescence. Note de M. A. Debierne,
présentée par M. P. Curie.
Les phénomènes de phosphorescence sont généralement observés dans
les circonstances suivantes : des corps particuliers, soumis à l'action de
certaines radiations (lumière ordinaire et ultra-violetle, rayons X, rayons
cathodiques, rayons émis par les corps radioactifs, etc.) deviennent lumi-
neux et la lumière qu'ils émettent est en général tout à fait différente,
comme nature, de la radiation excitatrice. Elle ne peut pas être considérée
comme une réflexion ou une diffusion de cette radiation et en général elle
persiste un certain temps après qu'on a cessé de faire agir la radiation exci"
SÉANCE DU 5 MARS 1906. 56g
latrice. Lorsque le corps phosphorescent a été exposé pendant très long-
temps à certaines radiations, par exemple aux rayons du radium, on
observe souvent une modification visible du corps phosphorescent, qui
prend une coloration particulière. Les verres et les chlorures alcalins se
colorent en brun, en violet ou en vert, les fluorines naturelles en violet et
en vert, le quartz incolore devient identique au quartz enfumé, etc. Les
corps colorés ainsi obtenus présentent alors un nouveau phénomène connu
sous le nom de thennoluminescence ('). Lorsqu'on chauffe le corps coloré
à une température suffisamment élevée, il émet de la lumière et en même
temps il se décolore et semble re[)rendre son état primitif. On rencontre
dans la nature des minéraux (surtout les fluorines) qui présentent direc-
tement ce phénomène de luminescence avec décoloration et, l'on peut
généralement les colorer à nouveau et les rendre capables de donner la
thermoluminescence en les exposant au rayonnement du radium (-).
Les observations faites sur les corps lliermoinminescents m'ont suggéré
une interprétation très simple des phénomènes de |)hosphorescence (*).
Dans le cas où il v a coloration du corps phosphorescent on peut dire que
la radiation excitatrice a eu pour effet de transformer la matière primitive
en matière colorée et que cette transformation est accompagnée d'une
émission de lumière comme dans l'oxvdation lente du phosphore. La
matière colorée est peu stable et se détruit sous l'influence de la chaleur.
Cette destruction de la matière colorée peut produire aussi une émission
lumineuse, c'est la tbermobiminescence. Si, pour faciliter le langage, je
désigne la substance phosphorescente primitive sous le nom de substance P
et celle colorée produite par la radiation excitatrice sous le nom de sub-
stance R, l'image du phénomène sera la suivante. La radiation excitatrice
(') H. Becquerbl, Comptes rendus, 4 déc. 1899.
(-) Il est naturel de penser que la coloration primitive du minéial a été produite par
un rayonnement analogue. Peut-être pourrait-on utiliser cette remarque, qui a déjà
été faite à plusieurs reprises, dans la recherche des minéraux radioactifs.
(') Jai déjà exposé le principe de cette interprétation dans un article intitulé : Le
radium et la radioactivité, paru en janvier 1904 dans la Bévue f^énérale des Sciences.
La plupart des hypothèses utilisées dans cette interprétation ont été émises antérieu-
rement à propos de difl'érents cas de phosphorescence; par exenaple l'idée d'une modi-
fication particulière de certaines substances phosphorescentes a été émise autrefois
par Edmond Becquerel dans son livre : A« Lumière. Je crois cependant que le
modèle précis que je donne dans cette Note pourra servir utilement dans les recherches,
car il peut être adapté très facilement à tous les cas de phosphorescence.
Syo ACADÉMIE DES SCIENCES.
transforme la substance P en substance R et la chaleur détruit la sub-
stance R soit en donnant de nouveau la substance P, soit en donnant une
troisième substance R' plus stable. La lumière de phosphorescence est
alors considérée, non pas comme une transformation d'ordre physique de
la radiation excitatrice, mais comme une forme de l'énergie dégagée dans
des transformations des substances P et R.
Celle inlerprétalion rend parfailement compte des fails dans le cas où Ton voil une
modification colorée et lorsqu'on constate le phénomène de ihermoluminescence.
Elle peut être généralisée facilement et appliquée à tous les cas de phosphorescence.
On peut, en eflet, admettre que, lorsque le corps ne se colore pas sous l'influence de
la radiation, c'est que la substance R n'est pas colorée et, lorsqu'il n'y a pas de ther-
moluminescence, c'est, en général, parce que la substance R est très instable à la tem-
pérature ordinaire et se détruit s|iontanément après sa formation. La persistance de la
phosphorescence peut alors être considérée comme une thermoluminescence se pro-
duisant à la lempéralMi'c ordinaire. L'inslnbilité delà substance II à cette température
permet alors d'expliquer facilement le phénomène de la ))ersislaiice.
Et) résumé, je pense que les phénomènes de phosphorescence carac-
térisent des transformations particidières de la matière, comme les j)hénn-
mènes de radioactivité caractérisent des transformations d'éléments chi-
miques et que, lorsqu'une radiation excite la phosphorescence d'un corps,
celui-ci se transforme en substance particulière (substance R). Ces der-
nières substances sont peu stables et |)euvent se détruire soit spontanément,
soit sous l'influence de la chaleur (').
Dans cette théorie, les causes qui [)euvent influer sur l'aspect dos |)héno-
mènes de phosphorescence sont assez nombreuses. En effet : i° les Irans-
formalions des substances P et R peuvent se produire avec une émission
lumineuse plus ou moins intense et même certaines transformations pour-
ront se produire sans émission de lumière, par exemple celle de la substance
P en substance R; 2° les substances R peuvent être plus ou moins stables à la
température de l'expérience, leur accumulation peut être très différente
suivant la température et leur destruction peut s'effectuer avec des vitesses
très différentes; 3" la première transformation étant celle de la substance P
en substance R, la seconde peut être celle delà substance R en substance P,
ou bien en une substance nouvelle qui pourra se détruire dans des condi-
tions différentes; 4° on sait que les corps phosphorescents sont générale-
(') Certaines substances colorées, produites par le rayonnement du radium, sont
également détruites par la lumière ordinaire.
SÉANCE DU 5 MARS 1906. 5"] l
ment des mélanges clans lesquels les impuretés jouent un rôle important
et ces impuretés semblent constituer dans un grand nombre de cas la ma-
tière sensible à la radiation excitatrice, la matière principale jouant le rôle
de diluant; lorsqu'un mélange contiendra plusieurs impuretés sensibles,
il pourra se former plusieurs espèces de substances R ayant des propriétés
très variées; 5" enfin, la nature de la radiation excitatrice pourra influer
sur la natJre des transformations et une même substance pourra ainsi
donner des substances R différentes suivant la radiation excitatrice. Je
crois que ces différentes influences permettront de comprendre et d'expli-
quer la très grande variété d'aspects des phénomènes de phosphorescence.
CHIMIE MINÉRALE. — ConlrihutioTi à P élude de l'anhydride sélénieux.
Note de M. (^chsner de Cosinck.
J'ai d'abord déterminé les densités de différentes solutions aqueuses de
SeO". Voici les résultats que j'ai obtenus :
Quantités
pour 100
deSeO^ Densités
Températures. dissoutes. trouvées.
o
-^-•5," I 0,9923
-)-i5,3 2 1,0068
-t-i3 3 1,0200
+ i3 4 1, o3o2
-1- 1 4 , 5 5 I , o346
H-i4i8 6 i,o4o2
+ i4,i 7 i,o535
+ i5 8 1,0571
-l->5'6 : 9 1,0719
+ 13,2 10 1,0743
Sohtbililé dans l'eau et duns différents véhicules organiques. — A +11°,
I partie de SeO" se dissout dans 2,6 parties d'eau distillée.
A +i5°,6, I partie de SeO" se dissout dans 2,54 parties d'eau distillée.
A +11", 3, I partie de ScO" se dissout dans 2,67 parties d'eau distillée.
Peu il peu, en lumière diffuse, et plus rapidement, à lu lumière solaire,
les solutions aqueuses tie SeO" laissent déposer un sélénium rouge brun
amorphe, insoluble à la température ordinaire dans le sulfure de carbone
pur.
572 ACADÉMIE DES SCIENCES.
A4-i4", I partie de SeO" se dissout dans 9,84 parties d'alcool mar-
quant g^".
A +1 1",8, I partie de SeO- se dissout dans i5 parties d'alcool méthy-
lique (bouillant à 65°-66*' et purifié par distillation fractionnée).
SeO" est beaucoup moins soluble dans l'alcool méthylique du commerce.
A -f-i5°,3, I partie de SeO- se dissout dans 28 parties d'acétone brute.
A +12°, 9, I partie de SeO" se dissout dans 90 parties d'acide acétique
cristallisable (fraîchement préparé).
Réaction de SeO'^ avec AzO'H. — SeO- est placé dans un malras en présence d'un
léger excès d'acide azotique blanc; on cliauflfe lentement, SeO'-' se dissout, puis il se
dégage d'abondantes vapeurs nitreuses :
SeO^+ 2 ( AzO^H) = SeO' H- h- Az^O*.
L'acide sélénique a été caractérisé par son sel de plomb, SeO'Pb.
Réaction de SeO° avec SO*H- ordinaire. — J'ai chaulTé peu à peu, jusqu'à l'ébuUi-
tion, un mélange de SeO^= i partie; SO*H-=ri partiel- Il se forme surtout du suif-
oxyde de sélénium SeSO^, auquel j'ai reconnu les caractères indiqués par Weber,
puis par Divers et Shimosé. J'ai observé en outre le dégagement d'une petite quantité
d'hydrogène sélénié. Enfin, il y a séparation de sélénium rouge brun amorphe, inso-
luble, à la température ordinaire, dans le sulfure de carbone pur.
Réaction de SeO^ avec PGl'. — • On mélange i molécule SeO- avec 2 molécules PCI",
on chauffe progressivement; il se sépare de l'oxychlorure de phosphore et il se pro-
duit du tétrachlorure de sélénium :
SeO^-f- 2PC1== SeCl*-i- 2(P0C1'),
POGl'' a été caractérisé par son point d'ébullition et sa transformation en acide phos-
phorique. J'ai vérifié la sublimation du chlorure de sélénium et sa transformation en
acide sélénieux par l'action de l'eau (Berzélius),
Réaction c?e SeO- acec PCl^. — J'ai mélangé i molécule Se0^avec2 molécules PCP.
Vers 120°, POCP distille et il y a séparation d'un sélénium brun foncé, amorphe,
insoluble, à la température ordinaire, dans le sulfure de carbone pur :
SeO^-h2PCP=:SeH-2(POGP) (').
Réaction de SeO- avec l'hydrazine. — On mélange du chlorhydrate d'hydrazine
avec un excès de SeO^; à une faible chaleur, il se dégage de l'a/.olë et il y a mise en
■liberté de sélénium rouge brun amorphe, entraîné parles gaz dégagés, tandis que dans
le inatras il reste du sélénium noir amorphe, insoluble dans le sulfure de carbone pur :
Se O' -t- Az- H* = 2 HMJ -H 2 Az + Se.
(*) La production de POCP a été obser\ée pour la première fois par Michaelis.
SÉANCE DU 5 MARS 1906. SyS
Réaction de SeO- avec V hydroxylamine ('). — A une température peu élevée,
dégagement d'azote qui entraîne du sélénium rouge brun amorphe; dans le matras, il
s'est formé du sélénium noir amorphe, insoluble dans CS' :
Se02-+-4(AzH2.0H)=^4Az-h6H2 0 + Se.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur les iodnmercurates de calcium et de strontium.
Note de M. A. Duboin, présentée.par M. L. Trooit.
J'ai réussi à obtenir l'iodomercurate de calcium CaI-,HgF,8H^0 en
aiguilles transparentes, qui atteignent S'^" de long, par évaporation lente, à
l'air libre, d'une liqueur ayant la composition suivante (température,
9°, 5):
Calcium 3,97 p. 100 3,97 p. 100
Mercure 21,84 21,67
Iode 02,80 52,80
Eau 21,39 2 1 , 66
Ces cristaux, analysés, ont donné des nombres qui concordent avec les nombres cal-
culés; cette coïncidence ne se retrouve pas dans les corps suivants; il est vrai que la
transparence des cristaux actuels est incomparablement plus grande :
Calcium 4 j47 P- ïoo "
Mercure ' . . . 22 ,35 22,36 p. 100
Iode 56,96 56,98
Leur densité à o" est 3,25.
Pour obtenir le produit correspondant de strontium StI-, HgP,8H^0, j'ai préparé
une liqueur saturée d'iodomercurate de strontium suivant le mode opératoire que j'ai
souvent décrit. La liqueur saturée à 16°, 5 a la composition suivante :
Strontium 7 , 12 p. 100 »
Mercure 20, 4o 20, 48 p. 100
Iode 45,63 45,62
Eau 26,85 »
qui peut se représenter par la formule
StP, i,24HgI-, i8,09H=0.
Sa densité à 16", 5 est 2,5.
Abandonnée à un léger refroidissement, elle laisse déposer de l'iodure de mercure
(') J'ai employé le chlorhydrate d'hydroxylamine.
C. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N° 10.) 76
II.
III.
Calculé.
3,19
3,38
3,1 57
36,2 1
36 , 1 5
35,293
55,07
54,93
55,3ii
»
»
5,226
.')74 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et de petits cristaux de formule SrP, 5HgP, 8H'0, semblables au sel correspondant
de calcium.
Refroidie fortement, elle abandonne une très faible quantité de lamelles chatoyantes
dont la composition (analyse III) est la même :
Trouvé.
I.
Strontium 3, 1 1
Mercure 35,85
Iode 55, OT
Eau »
Leur densité à o" est 4,66 (celle du sel de calcium correspondant était 4,69).
On peut obtenir ces cristaux en quantité plus grande en saturant la liqueur précé-
dente d'iodure de mercure à 70° et laissant refroidir.
J'ai pu obtenir un deuxième iodomercurate de strontium cri.slallisé en
évaporant lentement une liqueur ayant la composition suivante :
Strontium 7,80 p. 100 »
Mercure ti , 22 21 ,22 p. 100
Iode. 5o,44 »
Eau '0,49 »
Les premiers cristaux qui se déposent sont peu allongés, assez transparents; la densité
à 0° est 3,36; on obtient ensuite un deuxième dépôt sous forme de très longs prismes
semblables au sel de calcium correspondant; les cristaux qui se déposent ultérieure-
ment présentent un pointement très aigu, leur composition est la même; la densité
diminue (3,29 pour les deuxièmes et 3,22 pour les troisièmes).
Trouvé.
Stronlluin ... 9,19
Mercure 21 ,4i
Iode 53,92
Eau »
Les propriétés de ces produits sont les mêmes que celles des sels correspondants de
calcium.
■pol.
2°
dépôt.
3»
8,97
21,47
53,22
»
dépôt.
9,08
21,47
53,55
»
Calculé.
9,323
2 1,285
54 , o65
i5,325
9'22
21 ,23
53,76
»
»
21,44
53,53
»
21,48
53,34
»
SÉANCE DU 5 MARS 1906. 575
CHIMIE MINÉRALE. — Nature de la décomposition d'une solution aqueuse de
sulfate de cuivre par quelques alliages de l'aluminium. Note de M. H.
Pécheux, présentée par M. Ditte.
Dans une Note précédente (Comptes rendus , 5 juin 1903) j'ai iniliqué l.i
décomposition simultanée de l'eau et d'un sel (en solution) par quelques
alliages de l'aluminium (étain-aluminium; bismuth-aluminium; magnésium-
aluminium). Il m'a paru intéressant de reprendre les expériences déjà
faites à un point de vue purement qualitatif et d'examiner le rôle de
chacun des métaux composants des alliages, dans une telle décomposition,
qui réussit bien avec les alliages limés.
Un alliage d'aluminium non limé donne lieu à une décomposition faible,
laquelle s'arrête bientôt. M. Ditte (Comptes rendus, t. CX, CXXVII,
CXXVIII) a montré que la décomposition d'une solution de sulfate de
cuivre par l'aluminium s'arrêtait à cause du poli du métal; qu'elle repre-
nait par l'introduction, dans la solution, de quelques gouttes de chlorure
de platine par exemple, le platine réduit et insoluble dans l'acide sulfu-
rique formant sur l'aluminium un dépôt, rugueux facilitant le dégagement
de l'hydrogène.
Un morceau de chacun des alliages que j'ai obtenus avec l'aluminium et
le bismuth ou le magnésium, limé sur toute sa surface, donne une décom-
position qui ne s'arrête plus, même sans l'introduction de chlorure de pla-
tine, avec une solution aqueuse de sulfate de cuivre pur.
1° Avec uu morceau d'alliage bismialh-aluminium (à 94 pour 100 d'Al) pesant os, 3
I renfermant par conséquent : o,3 x -2— = ce, 282 d'aluminium et os, 01 8 de bismuth | ,
j'ai obtenu, après disparition complète de l'alliage, 48'^™', 6 d'hydrogène et, au fond du
verre à réaclion, un dépôt de cuivre rouge, pesant os,85. La liqueur, après décolo-
ration complète, renferme du sulfate d'aluminium et du sulfate de bismuth ; le bismuth
décomposant le sulfate de cuivre, après qu'il s'est séparé de l'aluminium, ce dernier
réduisant l'eau de la solution.
Les réactions probables qui doivent avoir lieu étant ainsi posées :
(1) 2AI-+-6H2O — A1»0%3H^0 + HS
(2) H^-H SO*Cu =; SO'H--)- Gu, {Yacide sulfurique rendu libre dii-
solvanl Valumine libre)
(3) 3(S0*Cu) + 2Bi = (SO')'Bi=-i- 3Gu;
il6 190,5
SyG ACADÉMIE DES SCIENCES,
j'ai calculé les poids d'hydrogène qu'elles fourniraient, ainsi que les poids de cuivre
55
L'équation (i) donne aisément, pour l'hydrogène : vf x 08,282 = g?, o3o8. Or les
48'^"'', 6 recueillis pèsent : — '■ — =- =:ob,oo4325. il y aurait donc :
os,o3o8 — os, oo4 325 =: 08,0265
qui auront servi à précipiter le cuivre du sulfate, donnant ainsi, d'après (2),
63 5
— — X 08, 0265 =^ os, 84 1 38
de cuivre. L'équation (3) fournirait, pour le cuivre précipité par le bismuth,
190,5 X os, CI 8 „ _ ,
-2—^ =0^,00824;
4i6
au total, un poids de cuivre précipité égal à os, 84 i38 + o«, 00824 = 06,84962 ; une
pesée du cuivre recueilli, faite avec tous les soins possililes, m'a fourni : os, 85 de
cuivre (nombre qui est approché à moins de -j-jl^fj de gramme, du résultat fourni par
le calcul précédent). Ce résultat justifierait les réactions écrites précédemment.
D'autres dosages, efTectués avec un alliage bisinuth-aluminiurn à 88 pour 100
(pesant os, 24 et ayant fourni 34"^"' d'hydrogène), donnent des résultats analogues.
En ce qui concerne le bismutli-aluminium . une partie de l'iiydrogène seulement se
dégage (la septième partie environ), le reste réduisant le sulfate de cuivre; la paroi
du tube gradué qui recueille l'hydrogène restant libre se recouvre d'un dépôt de
cuivre pulvérulent, jaune d'abord, dans le haut; rouge vineux, plus tard, vers le
bas de la colonne gazeuse (cuivre réduit entraîné par l'hydrogène).
L'hvdrogène ne reste donc plus adhérent à l'alliage; est-ce une action catalytique
due au cuivre précipité qui facilite la réduction du sulfate par l'excès d'hydrogène, et
rend ainsi libre la surface de l'alliage? ou est-ce le bismuth rugueu\, libre, qui facilite
le départ de l'hydrogène?
2° Avec un morceau de magnésium-aluminium à 85 pour 100 d'Al, pesant gs,245
85 \
à 0,245 X - — d'Al, soit : os, 208 ; et, par suite : os, 037 de magnésium j, j'ai oijtenu
n, , , ,„ , . 34"" ,3 X 0,080 r, ^ ,, r,^ . . . . J
34''™, 3 d hydrogène pesant : =os,oo3i. Or, 1 affinité supérieure du
' J a 1 1000
magnésium pour l'oxygène suppose la réaction suivante :
3 Mg -H 6HM3 = 3(MgO^H2) + H'''+ 429'=»',84
72 6 ^
(avec l'aluminium on aurait : 2 Al -+- 6H=0 -r Al^O', 3H*0 + H' 4- 385'-^'i), qui /<-;//-
nirait : — x os, 037 ^ os,oo3o8 d'hydrogène (au lieu de os,oo3i obtenu; soit un
écart de yo^^ô ^^ gramme); le dégagement d' hydrogène serait donc fourni, exclu-
sivement, par le magnésium. Et ce qui confirme cette manière de voir, c'est que le
SÉANCE DU 5 MARS 1906. 377
poids de cuiKre recueilli : 08,72, est très voisin de celui que l'on obtient en supposant
la réduction du sulfate de cuivre exclusivement par raluminium :
3(SO'Cu)-)-A12=(SO')'AP+ 3Gu;
55 190,5
on trouve, en effet, pour les os, 208 d"Al, de cet alliage :
. '' X 0,208:= os, 7204, au lieu de os, 72.
Dans ce cas. pas de dépôt de cuii're sur les parois du tube à hydrogène : ce qui
indique bien l'absence de réduction du sulfate de cuivre par riij'drogène naissant.
Un morceau d'alliage Mj-Al à 66 pour 100 d'Al ( poids : os, 20 donnant ainsi :
X 0,2 = os 068 de magnésium ) a fourni 6'|'"'' d'hydrogène pesant :
1 00 /
64 X o . o8q _ „
^=oS,oo5faq
1 000 -^
(au lieu de os, 0057 donné par la formule piécédente de réaction du magnésium sur
l'eau).
L'action des alliages Mg-Al sur la solutionde sulfate de cuivre pur se
ramènerait, dans tous les cas, à une réduction de l'eau par le magnésium,
et une réduction du sulfate de cuivre par raluminium.
Notons qu'un alliage Mg-Al, non limé, à surface polie et recuite, se
recouvre, en 10 heures environ, d'un dépôL très adhérent et très solide de
cuivre ronge. J'ai obtenu ainsi, au bout de 10 heures et demie environ, avec
l'alliage à 85 pour 100 d'Al, une gaine de cuivre de o""",09 d'épaisseur
(tnesurée au pahner), et s'eiilevant très bien avec une lame de canif.
3" Enfin, les alliages d'étain-aluminium. à toutes proportions, limés au
préalable, donnent lieu à une décomposition de l'eau et du sulfate de
cuivre; mais cette décomposition s'arrête bientôt, la couche d'alumine qui
demeure adhérente à la surface des alliages étant insoluble dans ce cas.
CHiMiii ANALYTIQUE. — Sur le dosage du cadmium. Note de
M. H. B.iUBiG.vY, présentée par M. Troost.
La précipitation <lu cadmium de ses solutions salines s'effectue le plus
généraletnent par le gaz sulfhydrique. Ce procédé simple et rapide permet en
outre d'opérer en liqueur acide, ce qui facilite sa séparation d'avec plu-
sieurs autres métaux.
S-jS ACADÉMIE DES SCIENCES.
Toutefois, si la liqueur ne renferme plus trace de cadmium, toujours le
sulfure formé contient, ainsi que Follenius l'a établi (* ), une petite quantité
du sel primitif qui peut s'élever parfois à plus de 3 pour loo du poids du
précipité obtenu; cela, quelles que soient les conditions, que la solution
soit neutre ou acide, froide ou chaude, et même en saturant par l'hydrogène
sulfuré.
Ce fait, il m'a été aisé de le contrôler à nouveau.
La pesée du sulfure sur un fdtre taré faite comme le recommandent cer-
tains auteurs, après dessiccation à 1 10° (pour éviter, d'après eux, une perle
de cadmium par suite de réduction ou autrement à plus haute température)
ne peut donc conduire à un dosage rigoureux et, de fait, le résultat est
presque toujours trop fort(^), même quand le sulfure est exempt de soufre
libre.
Follenius avait bien cherché à tourner celte difficulté en soumettant le
sulfure à un traitement prolongé avec une solution bouillante de sulfhy-
drale d'ammonium. Mais ce fut sans succès et il ne put réaliser la trans-
fornialion du sel entraîné qu'en chauffant au petit rouge dans un courant
tl'hydrogène sulfuré la niasse du sulfure.
Résumé en quelques mots, le procédé de cet auteur est le suivant :
1° Filtration du précipité dans un entonnoir taré de forme tabulaire, garni
d'un tampon d'amiante lavé à l'acide et calciné de façon à détruire jusqu'à
la dernière trace de matière organique, pour jjarer, dit-il, à toute perte de
cadmium pur suite de réduction; 2° dessiccation du sulfure dans un courant
d'an- chaud; 3" traitement par le gaz sulfhydrique, en faisant traverser le
tube fdlre porté au rouge naissant, par un courant de ce gaz; 4° élimination
du soufre libre par un coiu-ant d'air chaud; 5° pesée.
Or, ce procédé est ioiig; de plus, si, avec le sulfure dérivé du sulfate, il peut élre
utilisé, il devient délicat avec celui que donne le chlorure. La petite quantité de ce sel
contenu dans le précipité se vaporisant en partie avant d'avoir été transformée, son
métal se trouve entraîné uu peu partout sous forme de sulfure. Aussi F'ollenius distil-
lait le chlorure en élevant la température du courant d'air, après dessiccation préalable,
et le s'el recueilli était transformé en sulfale et pesé à part comme tel. Ce qui pour un
même dosai;e donne lieu à deu\ déterminations : celle du sulfate et celle du sulfure.
(') Follenius, /^. /. anal. Cli., t. XllI, 1874, p. 4'i-
(-) A cette cause d'erreur, je dois d'ailleurs en ajouter une seconde : c'est que le
sulfure de cadmium desséché à 110° retient encore un peu de H'S, qu'il ne perd qu'à
une température bien sMj)érieuio.
SÉANCE DU 5 MARS 1906. S^Q
Quoiqu'il en soit, cette mélhode repose, comme on le voit : 1° sur le peu d'oxyda-
bilité du sulfate de cadmium; 2° sur sa fixité au petit rouge. Hauer, en 1857, en dé-
terminant le poids atomique du cadmium par In transformation du sulfate en sul-
fure au rouge naissant à l'aide de l'hvdrogène sulfuré, avait étaldi et prouvé ce
dernier fait.
Même dans le vide à 444°) comme je l'ai reconnu, le sulfure de ce métal est absolu-
ment fixe; car après avoir perdu le peu de soufre libre qu'il contient et la petite
quantité de gaz sulfhvdrique qu'il retient toujours, même quand il a été ciiaufTé plu-
sieurs heures à iio''-i2o'', son poids reste alors constant quelle que soit la durée de
l'expérience.
Quant à l'oxydabilité de ce sulfure, elle dépend de son état physique. Amorphe, tel
qu'on l'obtient à froid en liqueur peu acide, il s'oxjde déjà légèrement à 35o°; tandis
que la variété cristalline et dense qui se précipite, lorsqu'on fait agir l'hydrogène sul-
furé sur la solution chaude (90° à 70") de cadmium en présence d'un acide forl et en
e.vcès. s'altère à peine à l'air vers 45o''-48o°. Il faut chauffer à une température sensi-
blement plus élevée (55o°-6oo°) pour (jue le produit change de couleur et augmente
de poids en donnant du sulfate.
Mais outre ces deux propriétés, le sulfure de cadmium, la variété cris-
talline tout au moins, en possède encore une troisième très importante et,
fini plus est, fort remarquable, pour un composé de ce métal. Alors que
son oxyde, son carbonate et nombre d'autres de ses composés sont très
facilement décomposables à chaud par les matières organiques avec mise
en liberté et perte de cadmium, à cause de sa volatilité, il n'en est pas de
même pour son sulfure, cela en opposition avec ce que l'on enseigne. On
peut incinérer le filtre sur lequel on l'a recueilli et porter le tout jusqu'à
5oQ°, température nécessaire pour l'incinération du squelette de charbon
que laisse le papier, sans qu'il y ail perte de mêlai. Il faut toutefois que le
sulfure ne renferme aucun composé volatil (tel le chlorure) ou décoinpo-
sable par la chaleur au-dessous de 55o° (comme un sel à acide organique),
et cela se présente lorsqu'on a affaire à ces sels, puisque le sulfure entraîne
toujours partie du composé qui lui donne naissance. C'est un cas que nous
examinerons à part.
En tenant compte de ce que le sulfate et le sulfure ne réagissent l'un sur
l'autre (production de métal et de gaz sulfureux) qu'à une température
bien supérieure à 5oo°, on |)eut donc doser le cadmium d'une façon aussi
rapide que précise en partant du sulfate. Il suffira, après l'incinération du
filtre, de transformer par les moyens usuels le sulfure en sulfate, dont la
l)esée constitue une excellente base de dosage.
C'est ce que prouvent nettement les résultats consignés dans le Tableau
58o ACADÉMIE DES SCIENCES.
suivant, qui, pour chaque expérience, donne le poids du sulfate mis en
œuvre et celui du sulfate retrouvé.
Cd SO* employé .,,,, . o,35^3 o,3543 o'iS'^S o,3543 0,35^3 n'^35'|3 o°3543 0^3543 ot'i853 o°,o35î o%35'i "",0021
CdSO' retrouvé 0,3537 "13537 o,354i 0,35^^ o,3")4i o,3j4< 0,3542 o,3544 o,485o o,(j352 o,o353 n,.io20
Dans tous ces essais, pour chacun d'eux le volume liquide était de 200""'
contenant 4^°'' d'acide SO'H- (d = i ,84).
THERMOCHIMIE. — Thermochimie des hydrazones et des osazones,
des dicétones-x et des sucres réducteurs. Note de M. Ph. Landrieu.
Les chaleurs de combustion d'une série d'hydrazones et d'osazoncs,
correspondant à des dicétones-a. et à des sucres réducteurs, ont été déter-
minées au moyen de la bombe calorimétrique.
Ces chaleurs de combustion ont servi à calculer les quantités de chaleur
qui répondent à la fixation d'une et deux molécules de phényihydrazine
sur les dicétones et sur les sucres.
De l'ensemble des nombres trouvés on tire les conclusions suivantes :
La première molécule de phényihydrazine se fixe sur les dicétones (et
dialdéhyde) a en dégageant une quantité de chaleur voisine de celle qui se
dégage dans la fixation d'une molécule de phényihydrazine sur les mono-
cétones. La deuxième se fixe avec une quantité de chaleur sensiblement
plus faible, deux fois moindre environ.
Chez les sucres réducteurs, la première molécule de phényihydrazine
donne l'hydrazone avec une quantité de chaleur qui paraît être d'autant
plus faible que le poids moléculaire du sucre est plus élevé.
La fixation de deux molécules de phényihydrazine avec formation d'osa-
zone et départ de H^ apparaît comme une réaction très peu exothermique,
souvent même endothermique. En fait la réaction ne devient possible que
parce qu'il se dégage une quantité de chaleur auxiliaire provenant de la
transformation de l'excès de phényihydrazine en aniline et ammoniaque.
Les nombres trouvés dans nos expériences sont rassemblés dans les
Tableaux ci-dessous. Aux chaleurs de combustion et de formation des
hydrazones et des osazones, nous avons ajouté celles du biacétyle et du
benzile qui n'avaient pas encore été déterminées.
SÉANCE DU -J MARS KJoC). 58 1
BiACÉTYLE : Chaleur de combustion -I- 008,7
» de formation -h 80,0
Biacélvle hydrazone : Chaleur de combustion -t-i336,f)
1) de formation -+- 0,1
On lire de là :
Biacétyle -+- phénylhydr. := biac. hydrazone -t- H-0 +19,6
Biacétyle osazone : Chaleur de combustion 2219
» de formation — 90 > •
On tire de là :
Biacétyle hydraz. + phénylhydr. = biacét. osaz. -t-H-0. -l- 8,8
et
Biacétyle -H 2 phénylhydr. = biacét. osaz. -f- 2 H-0 .... +28,4
Benzile : Chaleur de combustion i632, 1
» déformation — 33, i
Benzile hydrazone : Chaleur de combustion 2491 ,6
» de formation — 53,6
On lire de là :
Benzile -t- phéhylhydraz. =r benzile liydraz. -(- H'O -(-i3,6
Benzile osazone : Chaleur de combustion 3356
» de formation — i46
Benzile liydr. -+- phénylhydr. ^ benzile osaz. -I- H'O. .. . -i- 7,6
Benzile + 2 phénylhydr. =; benzile osaz. -t- 2 H^O -(-21,2
Benzoïne hydrazone : Chaleur de combustion 253o, 1
» de formation — 23 , l
Benzoïne + phénylhydr. ^ benzoïne hydraz. 4-11-0.... -l-i5,2
Glyoxalosazone : Chaleur de combustion 189,3
>> de formation — 90
Glyoxal. + 2phénylhydr. ^= glyoxalosazone -+- 2II-C).. . . -1-25
Slcres : 1°
Hydrazones.
Quantité de chaleur
Clial
leur
dégagée
de la réaction
sucre -\- phénylhydr.
de
de
combustion.
formation.
= hydrazone + H-0
le. 1421
168
-h 8,6
i54o
212,6
-t-io
l536
216,6
-+- 6,7
?i544
208,6
^ 4,7
i538
2l4,6
-H12
221 5
448,4
-(-10,3
221 1 ,
5
4oi ,9
-l-i4,5
Arabinose hydrazone.
Glucose
Galactose
Lévulose
Mannose
Maltose
Lactose
C. R., 1906, i" Semestre. (T. CXLII, N« 10.) 77
582
ACADEMIE DES SCIENCES.
■A° Osaz
oncs
Qua»tUé de chalenr
Gha
eur
dégagée
de la réaction
de
de
sucre -)- 2 phénylliydr.
combustion.
formation.
— osazone -i- 2H-O ^-
Arabinose
osazone.
2220
73,1
+ .3,7
Xj-lose
»
2228
65,1
+ 93
/ Glucose
»
2353
io3,4
+ 1,2
' Lévulose
»
kl.
kl.
+ 0,5
( Mannose
»
Id.
Id.
H- 1,2
Galactose
»
. 2354
102,4
- 7.5
Maltose
»
3o36
33i ,2
— 6,9
Lactose
»
3o39
328,2
— 9.2
II'-.
Les différences entre les chaleurs de combustion des hydrazoneset
osazones des sucres isomères sont dans les limites des erreurs d'expérience.
N.-B. — Nous n'avons trouvé dans la littérature, malgré nos recherches,
aucune indication sur la préparation et les propriétés de la maltose phényl-
hydrazone et de la lévulose phénylhydrazone. Nous les avons préparées de
la manière suivante :
On ajoute 1™°' de maltose à i™"' de phénylhydrazine dissoute dans vingt
parties d'alcool absolu. On chauffe quelques heures au bain-marie. On
laisse refroidir et reposer. On fdlre, on précipite par l'éther anhydre. On
sépare le précipité, on le sèche dans le vide surSO^H". On reprend par
très peu d'alcool absolu et l'on précipite par l'éther. Ce traitement est répété
plusieurs fois. On termine en décantant l'excès d'éther et en séchant dans
le vide sur SO^H^. On obtient ainsi des poudres blanches très hygro-
métriques s'altérant très rapidement à lair, répondant à la formule
C'^H-^O'" Az- et fondant, en se décomposant, à iSo".
Même préparation pour la lévulose phénylhydrazone; poudre blanche
très cristallisable.
CHIMIE ORGANIQUE. — Copulation betizidine-aniline, diphénylbidiazoamino-
benzène et diphényldisazoaniinobenzène . Note de M. Léo Vigno\, pré-
sentée par M. H. Moissan.
La benzidine et l'aniline peuvent se copuler par deux méthodes : tétrazo-
benzidine réagissant sur l'aniline, ou réaction du diazobenzène sur la
benzidine.
SÉANCE DU 5 -MARS 1906. .')83
Il était intéressant de rechercher quelle serait l'orientation du groupe-
ment diazoïque dans ces deux réactions. Serait-elle unique ou différente
tjiiivant le cas?
Tétrazodiphényle-aniline. — Le chlorhydrate de benzidine dissous dans Peau
glacée est diazoté par l'action du nitrite de sodium et de l'acide chlorhydrique. La
copulation a été faite à la température de — 5°, en versant la solution de chlorhydrate
de tétrazobenzidine dans une dissolution alcoolique d'aniline en présence du carbonate
(le sodium.
Il se forme immédiatement un beau précipité jaune qui devient peu à peu rf)iige
brique sans que la température s'élève. Après i5 minutes on achève la précipitation
par un mélange d^eau et de glace.
Les rendements soTit presque théoriques. En purifiant ce corps obtenu, par cristalli-
sation dans la benzine, on obtient finalement une substance jaune rouge en petits
cristaux fusibles à 180°, dégageant beaucoup d'azote, par l'acide sulfurique à 5o
pour 100.
Diazobenzène-benzidine. — Une solution froide de chlorure de diazobenzène réagit
sur la benzidine en solution alcoolique refroidie, en présence d'acétate de sodium;
mais on observe un dégagement gazeux dû à l'instabilité du chlorure de diazobenzène
en présence de l'alcool.
Le résultat est amélioré et devient presque théorique en elTectuanl la copulation sur
la benzidine très divisée, en suspension dans l'eau glacée. Le mélange, dont la tempé-
rature est maintenue constamment aw-idessous de 0°, doit être agité à la machine
pendant i heure et demie environ.
Le produit obtenu, séché, purifié par la benzine, est cristallisé, jaune rouge et fond
à 180°, comme le précédent, dont il possède toutes les propriétés.
Constitution. — Les deux corps obtenus doivent répondre à l'une des
•d("MX formules :
(!) '
C«H*- N=:N — NH — C«H'
0,1
CH^ — N =r N — NH — C- H*
(2) I
C6 H» — N = N — NH — G" H*
L'analyse m'a donné, en effet,
Trouvé. Théorie.
Carbone 73,64-73,70 7^1 47
Hydrogène 5,5-5,2 5,i
Azote total 20,80-21 ,21 21 ,4o
Azote diazoïque i4)28 i4)28
Pour choisir entre ces deux formules, j'ai étudié les produits de décom-
position par les acides, des corps obtenus.
58.4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La formule (i) doit donner de l'aniline et du y-dioxydiphénvle, la for-
mule (2) (le la henzidine et du phénol.
Pour faciliter la détermination, j'ai chauffé pendant i5 minutes à l'ébul-
lilioii, avec ^o'^'eau et aS'^'SO'H^, au réfrigérant ascendant, les mélanges
suiv.mts :
A. 2^ produit de copulation aniline + létrazodiphényle.
B. i^ aniline -l- i^ y-dioxydiphényle.
C. 2^ produit de copulation benzidine -l- diazobenzène.
D. if^ benzidine + i^^ phénol.
Les liqueurs ont été ensuite neutralisées par la soude en léger excès ce
qui dissout les phénols et précipite les bases : j'ai obtenu pour A et C de
l'aniline et du y-dioxydiphényle.
Il faut donc admettre que dans les deux réactions il s'est formé
C«H'-N^— NHC'IP
I (diphénylbidiazoaminoljenztnie);
C«H'— N'— NHCni"
dans le cas de l'action du diazobenzène sur l'aniline on aurait donc
2(C«H=N^C1)4- I r=2(C''H'.NHM4- I
C«H*.NH- G«H*— N^Cl
puis
ce H'— N* Cl C«H*-N-^— NH.C^H^
1 +2(C=H»NHM= I -i-2(HCl).
C«H'— N^^CI Cqi*— N'— NH.C'll^
Formation de l'azoïque (diphényldisazoaminobenzène). — En chauffant 5^ de
dipliénylbidiazoaminobenzène pendant 48 heures à 5o°-6o'', avec 5os d'aniline et 26,5 de
chlorhydrate d'aniline, et en abandonnant ensuite le mélange à la température ordi-
naire pendant 5 jours, on obtient l'aminoazoïque correspondant
I
C6H»— N^— C«H'— NH^
La transposition est régulière, mais beaucoup plus lente que celle qui donne nais-
sance à l'aminoazobenzène; après purification dans l'alcool on obtient un corps jaune
rougeâtre, azoïque, fusible à i58°-i59<'.
En résumé, la formation du diphénylbidiazoaminobenzène fournit un
exemple intéressant du groupement diazoïque dans les deux réactions étu-
diées.
SÉANCE DU 5 MARS 1906. 585
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur un tartrate d'antimoine. MotedeM. J. Bougault,
présentée par M. A, Haller.
Dans l'histoire assez confuse des tartrales d'antimoine on ne trouve
signalés que deux composés cristallisés paraissant bien définis.
L'un d'eux, le plus important, serait l'acide de l'émétique ordinaire et
répondrait à la formule C'H^SbO'. Il a été obtenu à l'état amorphe par
Berzéiius, Péligot ('), Clarke et Ewans (^} en précipitant par l'alcool une
solution plus ou moins concentrée de Sb^O' dans l'acide tartrique. Plus
récemment, M. Guntz (') l'a obtenu cristallisé en évaporant à sec aubain-
marie une solution aqueuse de Sb-0' dans un excès d'acide tartrique et
enlevant cet excès par lavages à l'alcool absolu; il confirme la formule
C*H^SbO'.
En cherchant à préparer ce composé, d'après les données de M. Guntz,
j'ai reconnu que le produit obtenu n'est pas un composé unique, mais un
mélange d'un tartrate d'antimoine et d'un éther éthylique de tartrate d'an-
timoine; l'alcool ne se borne pas â enlever l'acide tartrique en excès, il
éthérifie plus ou moins le produit antimonieux.
En reiijplaçanl alors l'alcool pai- l'acélone, pour éviter celle cause d'erreur, j'ai
obtenu un produit bien défini, cristallisé, avant la formule C*lPSbO°, c'est-à-dire
contenant i"'"' d'eau de moins que ne le demande la formule acceptée jusqu'ici. Sans
doute, il s'est produit une éthérifîcation interne entre un groupement carboxyle et un
groupement alcoolique de l'acide tartrique.
Le dosage de l'oxyde antimonieux et de l'acide tartrique, eft'ectué en suivant les
indications de M. Guntz {loc. cit.), ainsi que le dosage du carbone el de l'hydrogène
s'accordent parfaitement avec cette formule.
Les différences entre les résultats de M. Guntz et les miens tiennent
vraisemblablement à cette action particulière de l'alcool qu'il n'a pas
remarquée.
Il est facile, d'autre part, de s'assurer que l'évaporation, à sec au bain-
marie d'une dissolution aqueuse d'un poids connu de Sb-0' dans un poids
connu (et en excès) d'acide tartrique, conduit à une perte d'eau (sur la
(') .Inn. de Chim. et de Pliys., 3" série, t. XX, 1847, p- 289.
(-) Berichte der dcutsch. cheni. GeselL. t. XVI, i883, p. 2879.
(') Ann. de Chim. el de Pliys.. 6« série, t. XIII, 1888, p. 388.
586 ACADÉMIE DES SCIENCES.
somme des poids oxyde antimonieux + acide tartriqiie) qui n'est pas d'une
demi-molécule par atome de Sb, comme le demanderait la formule
G^H'SbO^, mais bien d'une molécule el demie, correspondant exactement
à la formule C*H'SbO°, à laquelle mes analyses m'ont conduit.
Le produit que j'ai préparé est cristallisé en petites lamelles, lentement, mais com-
plètement solubles dans l'eau, dans la proportion de i pour 126 environ. La solulion
est stable, ne se trouble pas par l'ébullition, et présente, vis-à-vis des acides «t des
bases, les réactions générales de précipitation des solutions d'émétique.
L'eau, emplojée en quantité insuffisante pour dissoudre le produit, le dissocie; la
partie non dissoute renferme plus d'antimoine que celle passée en solulion.
Le composé se dissout très rapidement dans la quantité théorique de solution aqueuse
de bicarbonate de potassium en donnant quantitativement l'émélique ordinaire. La
solulion aqueuse d'acétate de soude le dissout également. Ces deux réactions le dis-
tinguent de l'éthyltartrate d'antimoine (') qui donne dans ces conditions un précipité
d'oxvde antimonieux.
Conclusions. — L'emploi de l'alcool doit être rejeté dans la préparation
du tartrale d'antimoine.
En remplaçant l'alcool par l'acétone, on obtient un produit bien défini,
cristallisé, avant pour formule C*H'SbO*, c'est-à-dire le tartrate d'anti-
moine C'H'SbO\ moins i™"' d'eau.
Il est douteux que le comp^osé CH^SbO' ait été obtenu à l'état pur.
Vraisemblablement tous les produits auxquels on a attribué cette formule,
ayant été préparés à l'aide de l'alcool, (levaient contenir des produits
d'élhérificalion, mélangés sans doute au composé que je décris dans cette
Note.
Les divergences signalées par M. Guntz (/oc. c?"/.) entre les résultats de
M. Berthelot et les siens, au sujet de la chaleur de dissolution de Sb-0^
dans l'acide tartrique, trouveront peut-être leur explication dans les faits
nouveaux que j'annonce, sans avoir recours à l'hvpothèse de deux tartrates
isomères, dont je ne nie pas du reste la possibilité.
CHIMIE VÉGÉTALE. — Étude chimique sur les graines dites « Pois de Java ».
Note de M. Emile Koh.\-Abrest, présentée par M. Guignard.
Nous avons eu l'occasion de faire quelques recherches chimiques sur un
mélange de graines désignées sous le nom de Pois de Jm'a. analogues à
(') Je n'ai pas réussi jusqu'à présent à obtenir ce produit suffisamment pur pour
décider si c'est l'élher élhylique du composé CMi'SbO" ou du composé C'Il'SbO'''.
SÉANCE DU 5 MARS 190'). 587
celles (lu Phaseolus lunatus, déjà étudiées par divers savants, notamment
par Dimstan et Henry ('), et tout récemment par M. Guignard (').
Le mélange sur lequel ont porté les expériences ci-dessous comprenait
au moins neuf variétés de graines, différentes par leur couleur et par
d'autres caractères morphologiques.
Ces graines mises à macérer dans l'eau ordinaire abandonnent de l'acide
cyanhydrique, ainsi qu'on l'a constaté pour le Phaseolus ttmalus et pour
d'autres graines analogues. Les proportions d'acide cyanhyilriqiie pro-
duites diffèrent très notablement, selon les variétés des graines et selon les
conditions de l'expérience.
Par simple macération dans l'eau, pendant quelques heures, la majeure
partie de l'acide cyanhydrique que peuvent fournir les graines est mise en
liberté.
5os de graines broyées sonl additionnés de 5oos d'eau, le mélange est chaufte à
Fétuve à -{-87° pendant 4 heures; on isole l'acide cyanhydrique par distillation en
recueillant iSo"^""' sur lesquels on fait un dosage par l'iode. Si l'on poursuit la distilla-
tion après avoir ajouté au résidu oc'-'^" d'acide chlorliydrique commercial, on obtient
encore une certaine dose d'acide cyanhydrique, due à l'aclion des l'acide cblorbydrique
sur le produit générateur d'acide cyanhydrique.
Le Tableau suivant donne les quantités d'acide cyanhydrique extraites successive-
ment des diverses variétés contenues dans le mélange examiné :
V.
VI.
I.
II.
III.
IV.
Krun
liiiiii
V!I.
viir.
IX.
Graines
Itoupe
clair
très clair
.\oir
Espèce
étran-
noires
lie de
Brun
Manon
lâches
taches
Blanc
slrié de
violacées.
vin.
rouge.
clair.
noires.
noires.
cièinc.
lilanc.
gère.
444
184
i'.3
128
28
53
.5
• 7
Variétés.
Propoitinu par kilogianiine ....
CA/.H dégagé par macération
dans loau par kilogrnmnie . . . 0,324 o,58o 0,870 o,5oi o,4i2 1,267 0,070 o,58o o
C.\z 11 dégagé par H Cl o,3i6 o,3r6 0,1 58 0,159 0,1 5g 0,871 o, 1 58 0,182 o
CAzll total o,84o 0,896 0,02.8 0,660 0,571 1^638 0,528 0,-12 n
La graine qui fournil le plus d'acide cyanhydrique est donc la variété VI
de couleur très claire. La matière colorante des graines plus ou moins
foncées, matière très soliible dans l'eau et l'alcool, rougissant par les acides,
ne semble pas dégager d'acide cyanhydrique.
Les proportions des variétés désignées ci-dessus par leur couleur varient
(') Proceedings oj Ihe Royal Society . t. LXXII, 1908, p. 285.
(') Voir ci-dessus, p. 545.
588 ACADÉMIE DES SCIENCES.
beaucoup selon les échantillons. Aussi observe-t-on également de fortes
différences dans les doses d'acide cyanhvdrique dégagées par des échan-
tillons divers. Par exemple, sur deux mélanges de graines trouvées dans le
commerce, nous avons obtenu, pour le premier, 1^,122 d'acide cyanhv-
drique par kilogramme, et, pour le second, 0^,660.
L'acide cyanhydrique ne semble pas exister dans !e végétal à l'état libre,
sinon en de très faibles proportions. Si l'on dislille les graines en présence
d'une solution d'acide tartrique à 5 pour 100, on n'obtient que des traces
d'acide cyanhydrique.
L'action de l'acide chlorhydrique à petites doses conduit à des résultats
intéressants. Tandis que, avec l'acide assez concentré, on met en liberté
des doses importantes d'acide cyanhydrique, ainsi qu'il a été dit plus haut,
et comme l'ont déjà constaté Dunstan et Henry sur les graines du Phaseolus
lunatus, au contraire la distillation en présence de solutions chlorhydriques
très faibles (0,8, 0,4, o, 2 et o,i3 pour 100) ne fournit que de minimes
quantités d'acide cyanhydrique. Ces quantités sont faibles, même si on
laisse macérer les graines pendant assez longtemps à l'étuve dans les solu-
tions chlorhydriques très diluées. L'acide chlorhydrique, dans ces condi-
tions, paraît donc paralyser l'action hydrolytique qui donne naissance à
l'acide cyanhydrique. ,
Le Tableau ci-dessous, concernant un mélange de graines avec de l'acide
à o, 12 pour 100, montre en même temps l'influence de la température :
I (HClào.
, 12 pour 100),
lIC.Xz
dégagé
HCAz
Pois
Durée
par kilogramme
pouvant
de Java
de
pendant
être produit
broyés.
Eau.
Température.
l'expérience.
l'expérience.
en totalité.
5o'
cm'
3oo
0
37,5
4 heures
0, l32
0,020
5o
3oo
4o,5
4 »
0,200
o,56o
II (HCl à 0,2 pour 100).
5o 3oo 35,. 5 4 " 0,076 o,586
5o 3oo 37,. 5 4 » 0,1 47 0,540
5o 3oo 4o,5 4 " 0,1 53 o,554
Il nous a paru utile de signaler ces résultats, dont beaucoup ont été
obtenus par MM. Dunstan, Henry et par M. Guignard, parce que l'on
cherche actuellement à employer ces graines pour l'alimentation de cer-
SÉANCE DU 5 MARS 1906. SSg
tains animaux, surtout des chevaux. Dans l'état actuel de nos connais-
sances, nous ignorons quel peut être la véritable action des sucs digestifs
sur le principe cyanogénélique des « Pois de Java ». Nous avons pu isoler
la matière qui donne naissance à de l'acide cyanhvdrique dans les graines
dites Pois de Java et nous en indiquerons très prochainement la composition
et les propriétés.
CHIMIE AGRICOLE. — Sur les caractères chimiques des vins provenant de
vignes atteintes par le mildew. Noie de M. E. Maxceau, [présentée par
M. Troost.
Dans une Note du 7 décembre 1903 nous avons fait connaître certains
caractères chimiques des moûts et des vins provenant de vignes atteintes
par le mildew.
Les premières analyses avaient mis en évidence l'accumulation des
matières organiques azotées dans le vin de la vigne atteinte. Nous avons
suivi la conservation de nos vins pendant deux ans, et complété leur étude.
Nous venons signaler de nouveaux caractères chimiques. Le plus impor-
liint est la faible proportion d'acide tartrique libre.
La raélhode de MM. Berthelot et de Fleurieu a donné, pour le dosage du bitartrale de
potasse et de l'acide tartrique libre dans les vins des trois parcelles de vignes, au mois
de décembre igoS :
Bitartrale Acule tartrique
Ac potasse, libre,
par litre. par litre.
Parcelle atteinte par le mildew !\,€>'] 0,27
K sulfatée trois fois '\,io i ,82
Il sulfatée quatorze fois 4 '4' 0,92
Conservés pendant deux ans et analysés de nouveau en 190J, les trois vins renferment :
I-iilartratc Acide tartrique
de potasse, libre,
par litre. par lilre.
l^arcelle atteinte par le mildew 4,20 0,18
» sulfatée trois fois ^,4' 1 ,08
i> sulfatée quatorze fois 3, i3 0,78
L'acide tartrique libre existait en bien plus faible proportion dans le vin de la pre-
mière parcelle, en 1908, et ce caractère a persisté pendant deux ans.
r. R., 1906, I" Semestre. (T. GXLIl, N" 10.) 7^^
r>90 ACADEMIE DES SCIENCES.
Les phénomènes du vieillissement n'ont pas été identiques dans les ti'ois vins. Le
]n-emier a conservé la plus grande partie du bitarlrale initia), tandis que la précipita-
tion a été normale dans les deux autres.
Le vin de la vigne atteinte par le mildew est aussi plus riche en matières minérales,
et particulièrement en potasse et en acide phosphorique. Les dilTérences avec les deux
autres vins sont plus accentuées après deux ans.
Ainsi, dans le vin de la parcelle attaquée par le mildew, nous avons
trouvé moins d'alcool, plus d'acidité totale, une proportion très élevée de
matières organiques azotées ; plus de matières minérales, de potasse, d'acide
phosphorique et beaucoup moins d'acide tartrique libre que dans les vins
des deux parcelles sulfatées.
Il résulte de ces recherches et des observations faites par nous, depuis
dix ans, que les vins provenant de vignes atteintes par le mildew ne pré-
sentent pas d'altération microbienne spéciale et que leurs altérations
microbiennes ne se confondent pas avec la maladie de la tourne, comme
on le croyait généralement.
Ces vins présentent tout simplement une composition chimique anor-
male, qui peut leur donner une saveur particulière et qui les rend moins
résistants que les vins normaux à l'oxydation et à l'attaque des germes de
maladie.
ZOOLOGIE. — L'évolution des Eccrina des Glomeris.
Noie de MM. L. Lëgek et O. Duboscq.
Dans une première Note sur les Eccrinides (Comptes rendus, aotil iQoo)
nous avons fait connaître le cycle évolutif d'un tvpe de ce groupe, r/lr«/?r/«-
nula {^ ) capitata , parasite de Paguristes maculatus. Il débute par une multi-
plication endogène, suivie d'une formation de spores durables apparaissant
au moment précis de la mue intestinale de l'hôte. Guidés par ces premiers
résultats, nous avons pu élucider l'évolution des Eccrina des Diplopodes
que nous exposerons ici biièvement, en prenant pour exemple Eccrina
flexilis n. sp. parasite de Glomeris marginata.
Multiplication KNDOGÈ-NK. — Les plus jeunes stades sont représentés par de courts
filaments cylindriques reclilignes de 60!^ de longueur, fixés à la cuticule rectale par
(') Aiundiiuil(( au lieu de A riiinlinella. nom donné par nous précétlenimenl alors
qu'il était déjà attribué à un genre de Graminées tropicales.
SÉANCE DU 5 MARS iqo6.
JMI
un pavillon. Ils sont enveloppés par une membrane mince et constitués par un cvto-
plasme sjncylial avec 4 noyaux disposés en file. Par la croissance, ils s'allongent en
s'enroulanl en crosse et des divisions nucléaires synchrones donnent successivement
des stades à 8, i6et Sa noyaux. Le nombre des noyaux augmente encore pendant que
le fdamenl continue de grandir, puis apparaît la multiplication endogène. Celle-ci
s'eflectue aux dépens de la partie distale du cytoplasme qui se segmente en éléments
reproducteurs de longueur variable selon les tubes dans lesquels ils sont formés. Nous
distinguons ces éléments reproducteurs en microconidies et macroconidies.
Les microconidies sont de petites celb'.ies à peu prés isodiamétriques, à ijn seul noyau,
et qui se forment à la partie distale du tube dont elles se détachent au fur et à mesure
de leur maturité. Elles mesurent en moyenne 12V-.
Les macroconidies naissent comme les précédentes à l'extrémité distale du tube dont
la partie proximale reste syncytiale. Il faut en distinguer trois sortes d'après leur taille
et le nombre de leurs noyaux. Les unes, ovoïdes de i8l^ sur 9!*, ont 2 noyaux; d'autres,
de beaucoup les plus fréquentes, sont cylindriques et pourvues de 4 nojaux, leur
longueur moyenne est de 6oH-; les autres, de forrjie encore plus allongée, possèdent
8 noyaux et atteignent i^of- de long. Toutes ces macroconidies s'échappent du tube
tantôt par l'extrémité distale, tantôt par des orifices latéraux et, dans ce cas, des cloi-
sons obliques séparent le tube en autant de loges qu'il y a d'éléments.
Les macroconidies devenues libres se fixent rapidement à !a paroi rectale, poussent
et multiplient ainsi le parasite à l'intérieur de l'hôte.
Spores durables, -r- Croisspnce et reproduction conidienne se continuent pendant le
long intervalle qui sépare deux mues; puis, à l'approche de la mue nouvelle, c'est-
à-dire vers la fin de l'été, apparaissent de nouveaux modes de multiplication qui vont
donner des formes de résistance destinées à gagner le milieu extérieur. Celles-ci sont
de trois sortes : des niicrospores durables, des macrospores durables, des oosporrs.
Les niicrospnres durables, de forme allongée souvent arquée, et munies d'une paroi
résistante jaunâtre, mesurent en moyenne i^V- de long sur ôH de large. Elles se forment
dans des tubes étroits, dont le cytoplasme se découpe par des cloisons obliques en
petits éléments à quatre noyaux.
Les macrospores durables, de 3o!'- sur i4'^ en moyenne, sont ovoïdes, munies d'une
double paroi extrêmement résistante et possèdent également quatre noyaux. Elles
naissent dans de gros tubes, dont tout le contenu s'est segmenté préalablement en
articles à un seul noyau et forment finalement un chapelet de spores qui se dissocie
peu à peu.
Les oospores, de beaucoup les plus fréquentes, diilerenl nettement des spores pré-
cédentes par leur aspect et par leur origine. Elles ont la forme d'un ellipsoïde allongé
de ôot' sur iiV- en moyenne, à paroi épaissie aux deux pôles. Une cloison longitudinale
sépare leur cavité en deux loges occupées chacune par un germe fusiforme à quatre
noyaux. Ces oospores résultent d'un processus sexué variable dans les détails et qui
peut se résumer comme il suit :
Le cytoplasme du tube se découpe en éléments binucléés, formés d'emblée ou résul-
tant de la fusion de deux éléments successifs à un seul noyau. Chacun des deux noyaux
émet successivement deux corpuscules de cbromatine qui persistent jusque dans les
5()2 ACADEMIE DES SCIENCES.
germe?, phénomène d'épuration ou de réduction facile à observer in vh'o comme sur
les préparations colorées. Ces deux noyaux doivent s'unir, car nous trouvons ensuite
un stade à un seul noyau central riche en chromatine. La copula ainsi formée s'entoure
d'une paroi et son noyau subit trois bipartitions successives qui aboutissent à la
formation des deux germes à quatre noyaux situés chacun dans une des loges de
l'oospoi'e.
Les oospores sont très résistantes et les germes qu'elles contiennent
peuvent rester vivants pendant plusieurs mois. Dans les circonstances
favorables, ces germes sortent en perçant la paroi latérale de la loge vers
une extrémité de la spore. Absorbés par un nouveau Glomeris, ils gagnent
le rectum où ils se développent directement en Eccrina, après s'être fixés à
la cuticule de l'épilliélium par une de leurs extrémités en sécrétant un
pavillon. Ces jeunes jFcm/îa, de nouvelle infection, se distinguent facile-
ment des jeunes stades endogènes macroconidiens par leur aspect grêle et
leur forme effilée.
Avec ces spores durables, nous avons en outre observé dans certaines
mues de Glumeris un autre mode de formation des germes. Des filaments
courts, ventrus, à paroi frêle, se divisent en totalité pour donner naissance
directement à des germes quadrinucléés, étroitement pressés et disposés en
spirille. On sait que c'est là le mode de multiplication le plus commun chez
les Amœbidiurn, mais il importe de souligner que dans l'évolution d'un
Eccrina n'apparaît aucun stade amibe.
Nous avons Irouvéchez les diverses espèces de Glomeris de France des
Eccrina qui évoluent certainement comme VE. flexilis. Très vraisembla-
blement aussi, le même cvcle convient aux Eccrina des autres Diplopodes
(^Polydesmus , Strongylosornwn, Julus, Blaniulus, Spirostreptus); mais nous ne
saurions affirmer qu'il soit applicable aux Eccrinides des Insectes et à celles
que nous avons récemment rencontrées chez les Isopodes et les Amphi-
podes. Les Eccrinides de ces Crustacés ont des caractères morphologiques
et évolutifs assez spéciaux pour nous engager à créer pour elles de nou-
veaux genres. Nous appellerons, dès maintenant, Eccrinopsis hellerice l'Ec-
crinide de Helleria brevicornis et Eccrinella gamniari celle du Gammarus
SÉANCE DU 5 MARS I906. 5 9.'^
ZOOLOGir. — Sur le gisement huîtrier naturel de la Macta (Algérie') et le
régime d'écoulement de cette rivière. Note de M. J. Boumiioi., présentée
par M. Alfred Giard.
Au fond du golfe d'Arzew débouche, après avoir cheminé parallèlement
au rivage pendant plus de 5*"", une importante rivière, la Macla, dont le
débit est variable mais permanent. Sur près de ô*"" à partir de l'embou-
chure, j'ai trouvé, fixées sur les végétations et les débris végétaux immergés
qui encombrent ses bords, des Huîtres (Ostrea lamellosa Brocchi, Ostrea
edulis Linné) en quantité considérable.
L'existence de quelques rares Huîtres était depuis 2.5 ans environ connue
à la Macta, mais il faut croire qu'il y avait longtemps qu'on n'était pas allé
voir ce que ces animaux étaient devenus.
En remontant la rivière en bateau, il me suffisait de tirer au hasard, hors
de l'eau, une tige, une souche immergées pour faire apparaître des cha-
pelets interminables et de volumineux paquets de Mollusques agglutinés.
En même temps que je constatais leur abondance remarquable, je fis,
au mois de décembre, une autre observation des plus intéressantes : toutes
les Huîtres fixées ainsi dans le voisinage de la surface étaient des Huîtres
très jeunes, âgées de quelques mois à un an, dont la coquille mince, rapi-
dement développée, avait un diamètre de 2*=" à 4*^™ environ.
Une semblable uniformité dans une population aussi nombreuse nie
parut curieuse, et j'essayai d'en chercher la raison. Poursuivant mes inves ■
tigationsje trouvai, dans les grappes deMollusques récoltés, de nombreuses
coquilles toujours de même taille mais vides, dont l'animal avait disparu et
qui servaient de supports aux animaux vivants.
J'ai trouvé jusqu'à 3 et 4 superpositions successives de coquilles de taille
uniformément petite et dont les dernières fixées étaient seules vivantes.
Il semblait bien qu'une cause inconnue et périodique empêchât ces ani-
maux de se développer et de vivre au delà d'une année et que chaque
génération succombât entière à cet âge, pour servir ensuite de support de
fixation à une génératiqn nouvelle.
A diverses reprises, depuis deux ans, j'ai étudié la Macta. En mars-avril,
pas de Mollusques vivants; rien que des squelettes. En automne, population
pullulante et bien vivante.
La cause destructive agissait donc en hiver, pendant la saison pluvieuse
Sp'i ACADÉMIE DES SCIENCES.
algérienne. Or, à ce moment, la Macta subit des crues considérables. Dans
les six derniers kilomètres de son cours, son écoulement, très lent en temps
ordinaire, devient plus rapide; son eau, saumàtre, devient presque com:-
plètement douce.
Ce changement brusque dans la salure de l'eau devait vraisemblablement
produire les hécatombes périodiques d'Huîtres que l'observation directe
permettait de constater.
Le Tableau suivant donne les variations de la densité de l'eau de la
Macta puisée à diverses distances de l'embouchure, avant et après les pluies
d'hiver :
Densités.
;i l'emljoucliure. à 2'™ en amont, à '>''" en amont.
Avant les pluies, décembre 1905. .. . i,oi65 i,oi45 1,0119
Après les pluias, février 1906 i ,oio5 1 ,0070
Comme termes de comparaison, je rappelle :
que la densité de Teau de la Méditerranée est i ,0285
et celle de l'eau douce de rivière i ,0000
Toutes ces densités ont été prises ou ramenées à i5°C.
Ce Tableau est très net et confirme absolument l'hypothèse à laquelle
j'avais été conduit. Mais un dernier point restait à élucider. Si tous les
animaux mouraient très jeunes, chaque hiver, d'où |)rovenaient les
embryons qui, tous les printeinps, repeuplaient avec une étonnante ra-
pidité le cours inférieur de la Macta?
Il y a des Huîtres dans le golfe d'Arzew et j'avais d'abord pensé qu'à cer-
taines époques les courants marins superficiels pouvaient en amener un
certain nombre dans la rivière. Il paraissait cependant bien difficile
d'expliquer ainsi ce repeuplement, en quelque sorte automatique et se fai-
sant |)artout à la fois sur G"**.
J'ai eu l'idée d'explorer le fond du fleuve qui est partout très profond
(4" à 6"" environ), et j'y ai trouvé de nombreuses Huîtres, volumineuses
celles-là, et de tous les âges, encore fixées sur les supports, qui, après
s'être détachées du bord, avaient roulé au fond. Ces Huîtres sont toujours
bien vivantes et pour cause : la densité de l'eau y est sensiblement con-
stante, comme l'indiquent les chiffres suivants :
Hiver. Été.
Densité par .',"■ de fond r ,0162 i ,0169
SÉANCE DU 5 MARS 1906. SgS
Au moment des crues, le courant n'est jamais tumultueux; l'eau salée,
plus lourde, reste peu agitée dans la profondeur; l'eau douce, plus légère,
glisse superficiellement au-dessus.
Le régime physico-biologique des Huîtres de la Macta, très curieux en
lui-même, présente une importance capitale au point de vue de la possibi-
lité d'une exploitation ostréicole, des conditions particulières de son
installation et de son avenir dans cette région. Je montrerai bientôt qu'il
est possible de dériver directement vers la mer l'excès d'eau des crues et
de donner aux Huîtres la sécurité permanente qui assurera leur multiplica-
tion naturelle et indéfinie.
PHYSIOLOGIE. — Les ferments du placenta.
Note de MM. Cuarrix et Goupil, présentée par M. d'Arsonval.
Des recherches antérieures nous ont permis d'établir que le placenta
retient diverses substances, en particulier le glucose. Quand, aune femelle
pleine, on injecte une solution de ce corps ou des liquides contenant certains
composés protéiques (agglutinines, lysines, précipitines, alexines, etc.),
il n'est pas rare de constater que, chez le fœtus, ces différents produits sont
nettement moins abondants que chez la mère. Soit en raison de la lenteur
de la circulation dans les lacunes placentaires, soit à cause des propriétés
pour ainsi dire de fixation qu'exerce, à l'égard d'une série de principes, le
tissu du délivre, cet organe, pendant un temps plus ou moins long, peut
agir sur ces principes. Aussi nous a-t-il paru intéressant de poursuivre nos
recherches (') et d'examiner si ce placenta possède des éléments, par-
dessus tout des ferments, susceptibles de lui permettre de détruire, de
métamorphoser, d'élaborer les substances retenues.
Dans ce but, en introduisant par l'artère du cordon du sérum artificiel, on lave un
placenta récemment expulsé; on poursuit ce la\age jusqu'à l'instant où le liquide, qui
ressort par les veines et les cotylédons, grâce aux dégradations successives de sa
teinte, indique que le sang est expulsé d'une façon sensiblement complète.
Dans ces conditions, on triture cet organe réduit en bouillie avec de l'eau légè-
rement salée et glycérinée; puis, après environ 24 heures de mélange, on presse au
nouet. Au liquide qui passe on ajoute cinq à six fois son volume d'alcool absolu, et
l'on maintient le contact durant au moins une semaine.
(') \'oir la première partie, Comptes rendus, i4 août igoô.
596 ACADÉMIE DES SCIENCES.
A ce moment, on filtre sur papier; ralcool entraîne les matières grasses et quelques
sels; le précipité demeuré sur le filtre en majeure partie est constitué par des com-
posés de nature protéique, comprenant des albumines vraies et des ferments. On des-
sèche à basse température, et Ton reprend par du sérum artificiel qui, tandis que ces
albumines vraies (dont le contact prolongé avec l'alcool a modifié les attributs) ne se
dissolvent sensiblement pas, se charge de ces ferments.
Dans un premier essai, on fait agir 5"^"° de ce sérum sur S"^""' d'empois d'amidon
léger-, maintenu à la température de 37° en présence de toluène. Au bout de quelques
heures, tant par la liqueur de Feliling que par le polarimètre, on reconnaît l'existence
d'un sucre réducteur, dont la présence est due à l'action d'un ferment amylolytique.
Dans un second essai, on met en contact un nouveau volume de ce sérum artificiel
et une solution faible de gaïacol; à ce mélange on ajoute quelques gouttes d'eau oxy-
génée; on observe alors la production d'une coloration rose, et, si l'on remplace le
gaïacol par la paraphénylènediamine, la teinte vire au bleu. Ces réactions démontrent
la réalité d'un ferment oxydant; comme il n'oxyde pas l'aldéhyde benzylique et que,
d'autre part, l'eau oxygénée est nécessaire aux réactions, il s'agit d'une oxydase
indirects.
Rappelons que d'anciennes études nous ont montré que le placenta contient un
agent glycolytique (formation d'alcool aux dépens du glucose); mais nous n'avons
pas réussi à l'isoler.
De plus, en faisant agir l'extrait du délivre sur des cubes d'albumine, nous avons
tenté de mettre en évidence une diastase protéolytique. Or, on constate, en eftet,
l'attaque de ces cubes, mais à une condition, c'est que le sang n'ait pas été totalement
expulsé du délivre; à mesure qu'on chasse ce sang, cette attaque devient de moins en
moins nette : cette diastase paraît être un ferment d'emprunt (').
A cet égard, ces résultats, dont il est en partie fait mention dans
notre Note du i4 août ipoS, diffèrent de ceux d'Ascoli et des travaux plus
récents (^Munch.med. Woch., i4 novembre i9o5)de Bergell et Liepmann :
parmi les ferments placentaires vrais, ces auteurs comj)tent un principe
capable de protéolyse. Toutefois, il est bon de remarquer qu'ils n'ont pas
lavé avec soin l'organe dont ils se sont servis, et se sont bornés à opérer
par comparaison avec d'autres territoires sanguins.
En revanche, comme Bergell et Liepmann, nous n'avons pas réussi à
isoler nettement des ferments susceptibles de saponifier les graisses; par
contre, positifs pour ces auteurs, pour nous les essais relatifs au lactose
le plus souvent sont demeurés négatifs.
(') Au point de vue pratique, ces ferments d'emprunt ont leur importance, attendu
que le placenta peut s'en servir; la calalase est peut-être du nombre. On note, d'ail-
leurs, des variations.
SÉANCE DU 5 MARS 1906. 697
Ajoutons que, recommencées après chauffage à loo", avec les mêmes pro-
duits, ces diverses expériences n'ont donné aucun lésultat.
En somme, donnant à nos anciennes recherches une nouvelle extension,
ces travaux font envisager le placenta comme une sorte de glande {'),
capable de retenir, de modifier différentes substances ou de perfectionner
des élaborations déjà commencées. Au point de vue de la physiologie de
cet organe ou de l'existence du fœtus (^), souvent relativement pauvre en
diastases, on conçoit la portée de ces constatations.
Des expériences en cours permettent même d'entrevoir de nouveaux
faits et conduisent à déceler, dans ce viscère, la présence de véritables élé-
ments de sécrétion et d'agents propres à modifier les matières colorantes de
la bile.
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Sur la durée de persistance de l'activité du
cœur isolé. Note de M. M. Lambert.
L'intérêt des nombreuses recherches qui, depuis que l'on connaît la pos-
sibilité de la survie du cœur de grenouille isolé (Ludwig, Cyon), se sont
proposé comme but la constitution d'un liquide « idéal» (Locke) s'est trouvé
accru grâce à l'utilisation de semblables liquides pour le cœur de mammi-
fères (Martin, Langendorff).
Des divergences d'opinion subsistent entre les différents expérimentateurs au sujet
de l'interprétation du mode d'action des milieux artificiels, notamment en ce qui con-
cerne les sels, la nécessité de l'oxygène, la valeur nutritive de substances diverses. Sur
(') On sait que des liistologistes (LetuUe, Nattan-Larier, etc.) ont, dans le délivre,
décrit des sortes de cellules glandulaires.
(') Au cours de la gestation, fréquemment les échanges sont légèrement ralentis
(O et CO^ diminués); l'alcalinité humorale fléchit, mais d'une façon inconstante,
légère et variable : l'hyperfonctionnement thyroïdien est apte, en partie, à parer à ces
tares, peut-être à suppléer la mise en sommeil des ovaires, qui, à titre de glandes
internes, sont des excitateurs des mutations nutritives. D'ailleurs, il ne s'agit que
d'oscillations physiologiques et non de troubles pathologiques. Par leur composition
( ■ A^U \ , .
|uree, j^^j etc.! les urines traduisent ces changements; leur volume parfois
s'abaisse (cobaye) et parfois vers la fin s'élève (femme) ; il est possible que ces fer-
ments concourent à atténuer ces désordres?
C. R., 1906, l'-tSemestre. (T. CXLII, N» 10.) 79
098 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ce dernier point en particulier Krone(?l\er et ses élèves n'ont cessé de soutenir la néces-
sité d'un apport de potentiel énergéti({ue, tandis que d'autres (Gaule, Ringer, etc.)
croient le cœur capable de travailler au\ dépens de sa propre substance. Comme la
preuve directe de la consommation de l'aliment supposé ne peut pas être donnée en
raison de sa faible grandeur, on a cherché à la déduire de la reprise des battements
d'un cœur arrêté par substitution d'un liquide nutritif à un liquide non nutritif. Cette
r'eprise, ou le renforcement de l'énergie cardiaque (Heffter), dans les conditions où
elle a été observée, paraît susceptible d'interprétations difterentes.
<^)uoi qu'il en soit, que le cœur oi'i circule une solution exclusivement saline tire son
énergie soit de réserves intracellulaires, soit de résidus extracellulaires, mais très
adhérents au tissu cardiaque, si la solution suffit à assurer les échanges matériels, il
paraît vraisemblable que la rapidité de l'épuisement du cœur doit dépendre de la
grandeur de l'utilisation de ses réserves énergétiques.
J'ai ainsi été amené à rechercher s'il existait une relation entre la durée
(le survie du cœur isolé et le travail qu'il accomplit. Je me suis servi à cet
effet du <:œur de grenouille et de la solution classique de Ringer.
Lorsque le cœur n'a à lutter contre aucune pression les battements
spontanés peuvent persister fort longtemps et cela d'autant plus que l'ex-
périence aura été conduite aseptiquement, cas auquel on les observe
aisément pendant plus de 5 jours.
En comparant entre elles les expériences exécutées avec des pressions
différentes, on constate que l'efficacité des battements manifestée par
l'écoulement du liquide à l'orifice artériel cesse d'autant plus rapi<l«ment
que la pression est plus forte. les contractions continuent sans que l'écou-
lement se produise pendant un certain temps, ptiis s'arrêtent.
Si à ce moment on abaisse l'orifice du tube artériel et qu'on fasse circuler
du liquide de manière à renouveler celui qui se trouvait au contact du cœur,
on observe bien une reprise, mais elle est de courte durée et la cessation
des battements spontanés est bientôt définitive. La raison principale de
l'arrêt du cœur paraît donc être l'épuisement de ses réserves et non l'accu-
mulation de substances fatigantes, éliminées par le lavage.
La durée de persistance de la puissance du cœur dépend surtout de la
lyression qu'il a à surmonter. Dans des expériences Comparatives où cette
puissance était analogue (4oo i> 5oo ergs-seconde), elle s'est maintenue
très peu de temps ou quelques heures suivant que la pression était forte
ou faible tout en étant comprise entré des limites physiologiques. Le
travail total effectué était donc beaucoup plus considérable dans ce seooiîd
cas. Il semble par suite que l'on n'est nullement autorisé à apprécier par
le travail extérieur accompli l'énergie dépensée par le fonctionnement du
SÉANCE DU 5 MARS 1906. 099
cœur. On sait (Marey, Dreser) que le débit cardiaque diminue à mesura
que la pression s'élève et que par suite le travail est maximum, toutes
choses égales d'ailleurs, quand la pression atteint une valeur égale à la
moitié de la pression maxima. La consommation d'énergie parait dépendre
plus de la pression que du débit, de telle sorte que le travail optimum
n'est pas, si l'on considère des durées suffisantes, celui où l'effet extérieur
est le plus considérable. Tous ces faits paraissent aisément explicables
grâce aux belles recherches de M. Chauveau sur l'énergétique musculaire.
Eff'ectivement la pression normale du sang dans l'aorte chez la grenouille
est inférieure à la moitié de la pression maxima que peut développer le
cœur. Si la principale cause de l'arrêt du cœur isolé où circule du liquide
de Ringer est bien l'épuisement de ses réserves, il doit, avec un liquide
aseptique et convenablement nutritif, maintenir longtemps en dehors de
l'organisme une pression voisine de la pression normale.
MÉDECINE. — De rinfluence de la vieillesse sur la pression artérielle.
Note de M. A. Moutier, présentée par M. d'Arsonval.
On semble croire généralement que la pression artérielle tend à s'élever
à mesure que l'âge s'accroît, et cela sous l'influence seule de l'âge et en
dehors de tout étal pathologique.
Or il y a deux choses à considérer : savoir, d'abord si chez tous les vieil-
larils on constate une pression plus forte qu'à l'âge adulte et établir ensuite
si cette hypertension est normale ou non.
Sur le premier point, nos recherches ne concordent pas avec celles des
auteurs qui nous ont précédé dans l'étude de celte question. Cette diffé-
rence provient peut-être de ce que nous avons observé dans des milieux
diff'érents; toujours est-il que, dans notre pratique, nous avons rencontre
souvent des se|)ti]agénaires et des octogénaires dont la pression artérielle
ne différait pas de celle de l'adulle normal et, lors de nos travaux à la
maison dcparlemenlale de la Seine, nous avons même pu voir combien les
hypertendus étaient rares parmi les vieilla<'ds, hommes ou femmes, hospi-
talisés dans cet établissement; la majorité de ceux-ci piésentaient une
pression normale ou au-dessous de la normale.
Polain (' ), lor? de s-es recherches à Bicèlre, a trouvé chez les vieillards, hospitalisés
(,') C. I^OTAiiN, La pression artérielle de Vhonimeà l'état normalet pathologique.
Paris, 1902, p. ç)-j et suivantes.
6oo ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans cet hospice, en général une pression au-dessus de la normale, mais il reconnaît
que les hauts chifTres indiqués par le sphygmomanonièlre paraissent « se rapporter
surtout à la résistance exagérée des parois artérielles et secondairement à l'hypertro-
phie du cœur qui en est la conséquence ». C'est-à-dire que les sujets qu'il avait observés
étaient atteints d'athérome artériel et il le démontre en prenant les tracés sphygmo-
gra|diiques du pouls de ces vieillards. En effet, « on reconnaît, dit-il, sur la plupart,
de la façon la plus nette, le plateau signalé par M. Marey comme caractéristique de
l'athérome ».
De notre côté, chaque fois que nous avons constaté chez un vieillard une
pression artérielle au-dessus de la pression normale de l'adulte, nous avons
|)u, grâce à la d'Arsonvalisation, par les moyens que nous avons exposés
dans des travaux antérieurs, ramener cette pression au même chiffre que
chez l'adulte sans déterminer aucun accident, bien au contraire, en amé-
liorant le plus ordinairement l'état général de ces vieillards qui ne présen-
taient aucun autre trouble objectif que cette hypertension, et en faisant
souvent disparaître des troubles subjectifs restés indéterminés jusqu'alors.
Il semble donc que, chez le vieillard, l'hypertension artérielle ne sérail
pas aussi fréquente qu'on l'a dit, que cette hypertension, lorsqu'elle exis-
terait, serait la conséquence de l'artério-sclérose et qu'elle ne serait pas
due à l'évolution normale de l'organisme.
GÉOLOGIE. — Une chaîne volcanique miocène sur le bord occidental de
la Limagne. Note de M. Ph. Glangeaud, présentée par M. Michel
Lévy.
Dans une Note récente j'ai signalé l'existence, à l'époque miocène,
d'une chaîne éruptive dominant la vallée de la Sioule, au nord-ouest de la
chaîne des Puys. Cette étude m'a permis d'établir la liaison étroite des phé-
nomènes métallifères qui suivirent immédiatement les éruptions des volcans de
celte chaîne et donnèrent naissance aux liions de plomb argentifère de
Pontgibaud. C'est, à ma connaissance, la première fois que l'on constate,
en France, une telle relation à l'époque tertiaire.
A la même époque il a existé, non plus à l'ouest de la chaîne des Puys,
mais à l'est, sur le bord occidental de la Limagne, une autre région
éruptive qui présente des phénomènes métallifères analogues, bien qu'à
un degré moindre. Je reviendrai ailleurs sur ce point intéressant. Mais
l'étude de ces volcans offre d'autres faits importants sur lesquels je désire
appeler l'attention.
SÉANCE DU 5 MARS I906. 60 l
Cette région éruptive, aujourd'hui démantelée, formait jadis une véri-
table chaîne nord-sud alignée sur le bord du bassin tertiaire; une première
série de volcans était installée sur le granité, les autres s'étendaient sur
les terrains tertiaires. Les premiers constituent aujourd'hui une série de col-
lines de direction est-ouest. C'est d'abord la montagne de la Serre, véritable
table de basalte qui n'a pas moins de lo""" de long; le Puy de Berzet, le
volcan de Charade qui domine les vallons profonds des environs de Royat,
puis la nappe pittoresque de Pradelles, sorte de cap avancé sur Clermont.
Ces collines, restes de coulées plus étendues, plongent vers la Limagne,
comme les collines volcaniques des environs de Pontgibaud-Manzat plon-
geaient vers la vallée de la Sioule.
Quels sont l'âge et l'origine et quelles sont les relations de ces coulées
anciennes, qui contribuent dans une si large mesure au pittoresque de
la région ?
La figure ci-dessous, qui se rapporte à la colline de la Serre et aux vol-
cans qui l'avoisinent, me paraît résume?- ces questions.
^•^
1° f^a partie la plus élevée de celte colline (1006™) représeate remplacement de
l'ancien cratère d'où est sortie cette longue nappe de basalte, ainsi qu'en témoignent
les nombreuses projections qui la couronnent, mais la coulée s'étendait plus loin à
l'est et au sud, car le petit lambeau de basalte qui coifTe le mont Redon s'y 'rattache
6o2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
étroiteineiit. La nappe basaltique est, en oulre, morcelée par des failles qui la déni-
vellent en trois échelons.
2° Sur le pourtour occidental de la colline, on observe une série de lauil)eau\ de
l^asalte dont l'ensemble enserre la partie élargie du ]dateau de Nadaillal. Ce sont là
les restes d'une coulée Ijifurquée issue d'un cône éruptif en partie détruit, situé à l'est
du Puy de la Vache (point 1009).
Cette coulée s'est épanchée dans les de^ux vallées qui s'étaient creusées sur les lianes
de la coulée de la Serre; elle est donc plus récente.
3" Enfin |)lus à l'ouest se trouvent les deux volcans égueulés de la Vache et Lassolas
d'où émergent les coulées basaltiques connues sous le nonv àei cheires d'Aydat, semées
de cavités, dans lesquelles il se forme de la glace pendant les étés très chauds. Il existe
deux coulées superposées distinguées par M. Michel Lévj, la coulée inférieure de 20''™
de long est jalonnée de petits points éruptifs.
L'ensemble de la région que je viens de décrire comprend des volcans
de trois âges différents, juxtaposés, occupant trois positions différentes et offrant
des aspects différents; la plus ancienne et la plus élevée (montagne de la
Serre) domine la région de plus de 200" et est morcelée par des failles; la
coulée issue du point 1009 et épanchée sur les flancs de la précédente sur-
plombe la vallée de 5o™ à 100™ tandis que les coulées de la Vache et de
Lassolas qui moulent le fond de la Vallée de la Veyre sont d'une fraîcheur
remarquable.
La présence de chailles renfermant des fossiles jurassiques à la partie
supérieure de la colline de la Serre, le morcellement de cette colline par
des failles, sont des faits qui rappellent ceux qui ont été observés sur les
côtes de Clermont, de Gergovie, de Chateaugey et de Pardines, par
MM. Michel Lévy, Boule et Giraud, collines couronnées de plateaux basal-
tiques d'âge miocène. On est donc en droit de conclure que le volcan de
Nadaillat et la coulée de la Serre sont également A'âge miocène.
Les coulées issues du point 1009 ne peuvent être que à'âge pliocène.
Enfin les deux coulées des volcans de la Vache et de Lassolas se sont
épanchées à deux époques du Pléistocène.
Les faits que je viens de signaler se répètent, un peu différemment, au
Puy de Berzet, volcan miocène au pied duquel s'étend une coulée pliocène
(Saint-Genès-Chaiïipanelle).
Le Puy de Charade offre des faits analogues, mais ici la coulée, plus pro-
fondément découpée, est recouverte en partie par le volcan quaternaire de
Gravenoire.
Enfin, la coulée de Pradeltes se rattache à un cône éruptif, en partie
conservé, dominant Villars et la coulée du Puy de Pariou.
SÉANCE DU 5 MARS 1906. Go3
En un mot, la chaîne des Pays quaternaires est encadrée à l'est et à l'ouest
par deux chaînes éruptives miocènes et par plusieurs volcans pliocénes.
GÉOLOGIE. — Découverte de deux horizons crétacés remarquables au Maroc.
Noie de MM. W. Kilian et L. Gextil, présentée par M. Barrois.
De toutes les parties du Maroc, la chaîne du Haut-Atlas, avec ses sommets
pouvant atteindre 45oo™, constitue celle qui a le plus excité la curiosité des
explorateurs. Aussi la bibliographie relative à la géographie physique de
cette chaîne est-elle déjà importante et les noms de Balansa, Hooker et Bail,
von Fritsch, de Foucauld,de Segonzac, Thomson, Brives, Lemoine, etc., y
figurent.
Mais ces voyageurs se sont bornés, pour la plupart, à parcourir le flanc
septentrional de l'aile occidentale de la haute chaîne, c'est-à-ilire de la
partie située au sud-est de Mogador et au sud de Marrakech; tandis que la
partie littorale est demeurée très longtemps inexplorée. Seul M. Brives a
fait (1904), à l'est de l'itinéraire des explorateurs de Foucauld et de
Segonzac, un crochet qui lui a permis de pénétrer plus que ses devanciers
dans la tribu des Ida ou Tanan, jalousement fermée aux investigations
de l'Européen.
L'un de nous a pu, l'an dernier, lors de sa participation à la Mission du
Comité du Maroc (Mission de Segonzac) circuler assez librement dans ce pays
siba, le traversant de part en part et remontant jusqu'aux sources de l'Asif
Tamerakht ('). Il a constaté que l'extrémité de la chaîne e^t formée de
terrains pruiiaires, jurassiques et de terrains crétacés qui forment une série
à peu près complète. Ces derniers sont très riches en fossiles; certains
niveaux même lui ont fourni d'abondants matériaux malgré les difficultés
qu'il a éprouvées pour les recueillir.
Le but de la présente Note est de signaler, dans cette région sud-maro-
caine, deux horizons très intéressants jusqu'ici inconnus dans le Pays du
Moghreb et nettement définis par des faunes importantes : l'une apparte-
nant à V Aptien supérieur (Gargasien), l'autre offrant les espèces les plus
caractéristiques du niveau de Clansayes, d'un âge intermédiaire entre
l'Aptien supérieur et le Gault inférieur des auteurs.
(') Louis Gentil, Dans le Bled es Siba, Exploraiions au Maroc, l'aris, Masson
"et C'% 1906 (i vol. in-4", 223 figures).
6o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La faune gargasienne est composée de fossiles pyriteux; l'un de nous (W. Kilian)
y a reconnu entre autres, malgré l'état d'encroûtement d'une partie des échantillons :
Hiboliles seinicanaliculatua Blainv., mut. major Kilian (assez commun); Phyllo-
ceras sp. gr. Morelianus d'Orh. sp.; Ph. Carlavanti à'Orh. sp.; Desmoceras Toucasi
Jacob (moules pyriteux nombreux, intermédiaiies entre D. vocontiinn Lory et Sayn,
et D. Toucasi. J. : sur ces moules internes les bourrelets du lest, caractéristiques de
D. Toucasi sont, comme il est naturel, très atténués); Puzosia Angladei Sa^'n (assez
fréquent, existe aussi dans le Gargasien des Basses-Alpes); Lytoceras nov. sp. (abon-
dants dans les marnes gargasiennes des Basses-Alpes); Lytoceras numidicum (Coq.)
Sayn (bel écliantillon, existe aussi dans les marnes aptiennes de la Haute-Provence),
L. sp.; Parahopliles gargasensis sp. (typique); Par-, crassicostatiim d'Orb. var.
(se retrouve à Gargas et à l'Oued Cheniour); /"ar. nov. sp. (intermédiaire entre Pa/-.
crassicostatus d'Orb. sp. et lardefuicatas d'Orb. sp., très abondante); Par. n. sp.;
Toxoceras Cornuelianus d'Orb. sp. (fragments); Oppelia nis us à^Orh. sp.; Sonne-
ratia cf. raresulcalaLeym. sp. ; Gastropodes (Solarium. Aporrhais. etc., en moules
pyriteux); Plicatula placunea Lamk.; PL radiola Lamk (pyriteuse); Corbis sp.,
CucuUaria indél. ; Cardiuin sp. ; Venericardia /leocomiensis d'Orh. \ Terebratula
sella Sow. (identique à la figure 19, PI. CCIl, de Piclet et de Loriol, assez commun);
Magellania tamarindus d'Orb, sp. (fréquent en moules pyriteux et en échantillons
pourvus de leur test); lihynchonclla sp. (écrasée).
Celte faune a été recueillie dans le nord de la tribu des Ida ou Tnnan,
au pied sud-est du Djebel Ouljdad, à la partie supérieure d'une série puis-
sante de marnes grises ou verdàtres, intercalées de lits gréseux, jaunâtres,
représentant plusieurs horizons du Crétacé inférieur.
lies fossiles du niveau de Clansayes sont des moules non pyriteux em-
palés dans un calcaire marneux, gris blanchâtre. La roche forme un banc
qui se montre immédiatement au-dessus des argiles à faune gargasienne,
avec une épaisseur de 20™ à So". Il a été possible de le poursuivre sur une
longueur de Soo'" à 400™ et l'explorateur l'a vu affleurer sur i5o™ de lar-
geur. Il est pétri d'Ammonites, ayant pour la plupart o'",ioà o'^.ao de dia-
mètre, et l'accumulation de ces coquilles de Céphalopodes est telle que ce
gisement semble devoir défier, au point de vue du nombre des individus
qui y sont entassés, les plus riches gisements fossilifères connus. Malheu-
reusement la récolte en est difficile, à cause de la méfiance des indigènes,
et c'est au prix de mille artifices qu'ont été recueillis les matériaux qui ont
permis à l'un de nous ( W. Kilian) de reconnaître les espèces suivantes :
Belemniles semicanaliculatus Blainv. mut. major Kil., abondant; Desmoceras sp.
indet.; Desm. Toucasi incoh, [éch. semblable aux exemplaires de Clansayes (E)rùme)] ;
Desm. Akuschaense Anthula (formes semblables aux éch. de Clansayes); Dou\illei-
ceras Bigoureli Seunes sp. ; Douw sp.; Douv. sp. (fragments) ; Douv, nodosocostatum
d'Orb. sp, (un éch. typique); Parahoplites Alolani Seunes sp. (abondant, avec nom-
SÉANCE DU 5 MARS içt^fi. 6o5
breuses variétés qui permettraient de donner une description plus complète qu'il n'a été
fait jusqu'à ce jour; espèce d'une foule de localités delphino-provençales) ; Par. sp.
(nombreuses formes intermédiaires entre P. Nolani, P. Bigoti Seunes et P. Gros-
soufrei Jac); Par. Bigoti Seunes sp.; Par. aff. mullispinatus Anlhula; Par. n. sp.
( groupe de Par. Millelianus d'Orb.) ; Par. Deshaysei Leym. sp. (éch. identique à des
individus jeunes de l'Aptien inférieur de l'Homme-d'Armes, près Montélimar; c'est la
première fois que cette espèce est signalée dans la zone de Clansayes); Plicattila
radiola Lamk; Serpules; Bhynchone/la Deliici Piclel; Terebratula sella Sow..(éch.
typique); Terebr. Dutempleana d'Orb.
Cet ensemble in clique très nettement une association faunique semblable
à celle de Clansayes; outre la prédominance des mêmes espèces (Par. No-
lani, Douv. Bigoureti, surtout Dom\ nodosocostalum d'Orb. sp., etc.), et les
variétés des Parahoplites du groupe Nolani- Bigoti, la présence de quelques
formes aptiennes avec des types albiens, tels que Desm, Akuschaense et
Bynch. Deliici, est éminemment caractéristique.
Il est intéressant de constater que non seulement la faune de Clansayes
possède dans la région delphino-provençale, ainsi que l'a récemment
montré M.Jacob ('), une extension beaucoup plus grande qu'on ne le
soupçonnait, mais qu'elle se retrouve en Afrique avec les mêmes caractères
et au même niveau.
Il est du plus haut intérêt de constater la présence de ces deux horizons,
non encore signalés au Maroc, et de faire connaître leur identité remar-
quable de faciès avec les formations analogues de l'Aptien supérieur et
de l'Albien inférieur d'une partie de la contrée delphino-provençale (Diois,
Baronnies). Le faciès est en grande partie bathyal ; dans l'horizon infé-
rieur, l'abondance des Desmoceras, des Puzosia, des Lytoceras et Phylloceras
associés aux Parahoplites et surtout la fréquence relative de Puzosia An-
gladei Sayn, sp. éloigne un peu ce type faunique de Gargas pour le
rap[)rocher de certains gisements algériens signalés par M. Blayac (Oued
Cheniour).
HYDROGRAPHIE. — Sur le grand canon du Vejxlon [Basses- Alpes), son âge
et sa formation. Note de M. E.-A. Martel, présentée par M. Albert
Gaudry.
Du I I au i4 aoiàt igoS j'ai effectué la première descente complète du
grand canon du Verdon, entre Rougon et Aiguines, avec MM. A. Janet,
(') Bull. Soc. géol. de France, 4" série, t. V, igoà, p. Sgg.
C. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N" 10.) ^O
6o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. Lecouppey de la Forest, L. Armand et dix auxiliaires. Cette difficile
entreprise n'a pu être menée à l^ien que grâce aux ressources de notre
mission officielle du Ministre de l'Agriculture pour l'étude de Fontaine-
['Èvèqae {\oW Comptes rendus, ii décembre igoo).
L'exploration scientifique de cette gorge restait un problème géogra-
phique : le dessin des cartes n'avait été fait que des lèvres ou bords supé-
rieurs de la cluse. Celle-ci, longue de 21''™, est, plus qu'aucune autre vallée
d'Europe, un véritable canon, comme ceux de l'Amérique du Nord, l^a
hauteur des escarpements varie de 3oo" à 700". Les crêtes d'un deuxième
gradin dominent le fond de 900" à iioo". La largeur de la gorge est par-
fois inférieure à 10™. La dénivellation totale (iSS™, de 6o3°* à 45o™
d'altitude) donne au torrent une pente de 7™, 33 par kilomètre (6'",4o pour
le Rhône, de son glacier au lac Léman; 2'",'ji pour le Tarn dans la Lozère).
Avec un étiage extrêmement bas nous n'avons vu nulle part la vitesse du
courant inférieure a 2" par seconde.
Les obstacles, formidables, ont nécessité 3 jouis et demi de rude labeur pour la
descente des 21'"", et provoqué plusieurs périlleux chavirements, ainsi que la successive
mise hors de service de nos trois bateaux démontables.
Le grand canon du Verdon est une incomparable merveille, beaucoup plus grandiose
et plus extraordinaire que les goiges lozériennes du Tarn.
Géologiquement c'est la prédominance d'énormes diaclases dans les calcaii'es du Ju-
rassique supérieur (à faciès tantôt tithonique, tantôt saccharoïde ou dolomilique) qui a
préparé l'incision, puis l'approfondissement du caiion; les joints de slratilication ont
joué un rôle plus limité, d'autant plus que le torrent coule la plupart du temps à
contre-pendage. La Carte géologique (Castellane), établie par M. Zurcher (1887-1894),
est fort exacte, à ce détail près que les calcaires gris (/') en bancs très régulièrement
stratifiés et très morcelés affleurent plus souvent qu'elle ne le marque; et cela dans les
parties les plus élargies de la gorge, parce que ces calcaires, fissurés à l'extrême, ont
favorisé les effets destructeurs de l'érosion et formé des talus à pentes raides, que sur-
montent les murs verticaux des roches plus compactes; quand celles-ci descendent
jusqu'au niveau de la rivière, leurs falaises ou barres rétrécissent la cluse au point
qu'on perd souvent la vue du ciel. Comme pour les gorges du Tarn et de la Joute, la
morphologie de la vallée dépend de la lithologie de ses parois.
Le mode de creusement est particulièrement intéressant : en deux points
au moins ce n'est pas seulement sous des éboulis (comme au Pas-de-Souci
du Tarn) que le Verdon disparaît; au Pas-de-l'Inibut et au Grand-Cavalef,
il passe complètement sous la roche en place, sur plusieurs décamètres de
longueur; la ytjer^e est absolue; plusieurs des écroulements qui font barrage
|)araissent être les ruines récentes de dispositifs semblables. Il v a donc
SÉANCE DU 5 MARS 1906. 607
lieu, comme je l'ai indiqué il y a longtemps {Comptes rendus, 3 dé-
cembre 1888), de faire intervenir (sans généraliser cependant) les affais-
semmits de passages souterrains, les véritables effondrements de cavernes
comme l'un des facteurs du creusement des canons.
D'ailleurs, au confluent de l'Artubv, à la Mescle^mèXée des eaux) nous
avons constaté qu'une perte actuelle capture une petite partie de l'eau du
Verdon; l'approfondissement par voie d'affouillement souterrain n'est donc
pas encore arrêté ; il y a certainement, dans le lit, d'autres pertes que nous
n'avons pu que pressentir.
Les crues terribles et subites (faisant varier le débit de 6"' à 1429°'' par
seconde) donnent d'ailleurs une colossale force de percussion aux énormes
rocs et troncs d'arbres qu'elles entraînent; l'intensité de l'érosion reste
ici, de nos jours mêmes, prodigieuse. Les marmites, cannelures, saillies,
perforations, baumes, découpées à même le lit et les rives, sont, sous ce
rapport, d'une fraîcheur tout à fait convaincante; elles forment un vrai
musée des actions mécaniques (et chimiques aussi d'ailleurs), confirmant à
souhait la théorie des tourbillonnements de M. J. Brunhes.
La cloison transversale fissurée, encore en place, qui fait comme une
épaisse grille au Pas-de-l'lmbut, doit créer, lors des flux d'eaux, une éléva-
tion de niveau de 20™ à 3o™ vers l'amont, ainsi qu'en témoignent de puis-
sants dépôts vaseux; le déversement du cours d'eau se produit alors en
cascade par-dessus l'obstacle; celui-ci, phénomène des plus remarquables,
disparaîtra peu à peu sous les coups de bélier des crues réitérées.
Tout l'aspect du lit et de ses rives atteste la grande jeunesse relative du
canon actuel; il poursuit rapidement son approfondissement vers le niveau
de base le plus proche qui est, pour le moment, la plaine des Salles entre
4 lo"" et 45()'" d'altitude.
Je pense que l'ouverture du canon ne remonte pas plus haut que le Pleis-
tocéne : déjà MM. de la Noë et de Margerie ont noté que les poudingues
miocènes de Riez ont refoulé le Verdon tertiaire vers le sufl; or ces dépôts
pénètrent jusqu'à 900" d'altitude à l'entrée nord du grand Plan de Can-
juers. Plus récents certes sont les amas de terre cultivés dans les creux
de ce plan e\. qu'a priori ']e cvo\s Y>\\ocenes {\oir Comptes rendus, 11 déc.
1905). Dès le Miocène tout au moins, les avens ont commencé la capture
souterraine des grandes eaux courantes, qui ont laissé leurs traces topo-
graphiques très nettes parmi les larges et hautes dépressions (900"" à
looo") lie la Palud et de Canjuers, aujourd'hui remplacées par les canons
étroits du Verdon et de l'Artuby ; les érosions et captures postérieures, de
f)o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
plus en plus décroissantes, ont fait le reste; elles continuent leur travail de
déblaiement et d'affouillement, toujours de plus en plus affaibli, entre
200™ et Doo™ plus bas qu'autrefois.
C'est , comme dans tous les plateaux et les vallées analogues, la consécra-
tion de la déchéance hydrologique des terrains calcaires, par l'effet des
absorptions fissurales combinées avec la réduction des précipitations
atmosphériques.
M. WiTOLD Brumewski adresse une Note Sur la relation entre le chan-
gement de résistance et la dilatation des solides monoatomiques.
(Renvoi à la Section de Physique.)
La séance est levée à 4 heures.
M. B.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 12 MARS 1906,
PRÉSIDENCE DE M. H. POINCARÉ.
MEMOIRES ET COMMUIVICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Propagation du mouvement autour d'un
centre, dans un milieu élastique, homogène et isotrope: caractères de l'onde
totale. Note de J. Boussinesq.
[. Superposons enfin (')les deux systèmes des déplacements ^,, -o,, Cy et
\', 7)', 'Q, dont les premiers, efFectués sans rotation moyenne, produisent
partout la dilatation cubique effective, et dont les seconds, produits sans
changement de densité, donnent également partout la véritable rotation
moyenne : nous aurons Vonde totale, comprise à chaque instant entre deux
sphères décrites, autour de l'origine, avec le plus grand et le plus petit des
quatre rayons R = Az ± e, R = a/ ± s. En avant de celte onde totale, les
valeurs de ^,, v),, Ci et celles de £', ■/)', C, égales et contraires, se détruisent;
de sorte que Vétat naturel y' existe non moins qu'à l'arrière, où il se trouve
produit dans chaque onde partielle dès qu'elle est détachée de l'origine
des coordonnées, c'est-à-dire dès que kt ou at excède s.
Alors les deux couches, chacune d'épaisseur 2e, contiguës aux deux faces
de l'onde totale et ayant pour rayons moyens respectifs A^ eta^, propagent,
la première, les dilatations cubiques 0 de la masse, la seconde, ses rotations
moyennes, à composantes co^, w^, w.. Le déplacement total, aux grandes
(') Voir le numéro précédent des Comptes rendus, p. 542.
G. R., 1906, I" Semestre. (T. OXLII, N" 11.) 8l
6lO ACADÉMIE DES SCIENCES.
distances R de l'origine, est longitudinal dans la première, où la formule
I d^
l'exprime à très peu près, transversal dans la seconde, où ses composantes
ont des formules comme
^ ~ R
II. Dans l'intervalle des deux couches, les déplacements ^, -n, C» incom-
parablement plus faibles, et qui n'amènent ni changement de la densité,
ni rotation moyenne, sont ceux qui précéderaient ou, en quelque sorte,
annonceraient la tête de l'onde la plus lente, si on la considérait seule.
Ils ont pour valeurs qi -7- — r :+: -77 J, avec les signes supérieurs —
quand l'onde la plus lente est celle à mouvements transversaux et les signes
inférieurs -t- quand c'est l'onde à mouvements longitudinaux. É^àdemment
nuls lorsque l'onde à mouvements transversaux se trouA-e seule produite
(puisque alors 0, <ï>, $0» ^0 s'évanouissent); ils sont nuls aussi quand les
conditions d'état initial font, au contraire, disparaître cette onde, pu t^nni-
hilent les rotations moyennes; car, alors, les six quantités E, Y], K, — jf —
étant les dérivées respectives en x, y, z de deux fonctions 0 et II, leurs
valeurs initiales -r, — ;' tt — c sont nulles partout en avant de l'onde,
d{x,y,z) d{x,y,z) t
comme expression de déplacements et de vitesses ne différant de zéro que
dans la région d'ébranlement.
III. Un cas particulier intéressant est oflFert par les fluides et par l'éther
lumineux, où s'annule l'une des deux vitesses de propagation, savoir,
a pour les fluides et A pour l'éther. La plus lente des deux ondes, si les
circonstances de l'état initial ne l'annihilent pas, reste donc fixée dans la
région d'ébranlement; et la matière doit, par suite, à l'arrière de l'onde
qui se propage, être généralement animée de petites vitesses constantes,
ou ne pas revenir tout à fait à l'état naturel. En réalité, de légères résis-
tances, négligées dans les équations du mouvement comme étant habi-
tuellement insensibles, y font sans doute évanouir peu à peu E, ti, 'C, ou, du
moins, ^^ /''^^ : ce sont, dans les fluides, les frottements intérieurs, ou
dt
d'autres forces analogues, je veux dire la partie des pressions normales,
SÉANCE DU 12 MARS I()o6. 6ll
pareille ou non en tous sens, qui dépend, dans les fluides naturels, des
vitesses avec lesquelles se produisent les contractions et dilatations tant linéaires
que cubique (').
IV. OsLrogradskv a donné pour l'onde totale des formules simples, dans
le cas où aucune impulsion n'accompagne les déplacements initiaux ^o, ■r\^^,
^d, c'est-à-dire quand il n'y a pas de vitesses initiales ou que, pour ^, par
exemple, les fonctions ¥ {x, y , z)' iil '2,^(^oc^y, z) de ma dernière Note sont
nulles.
L'expi-ession de 6, en y posant kt = r, est alors
liT.drJ^ r
et, d'autre part, l'équation indéfinie en <!) devient de rnême
£?n> _ Q _ j_ ^ rfixu.yuSi)d<!
dr^ fiii dr J^ r
Multiplions par r et intégrons de manière que la dérivée -T7 s'annule,
comme on sait, pour A^ ou /• infinis. Il viendra
^ = -^^fAx,y„z,)dn;
et, après multiplication par dr, une nouvelle intégration en r, effectuée
encore de manière que <I> = o pour t infini, donnera finalement
(i) ^ = r-i 7 /7(*•"7"=.)^''^•
La fonction 4>' s'en déduit par la simple substitution de a à A; et l'on a
ensuite
(') Ces diverses forces interviennent dans une notable proportion, en rapport avec
la très grande vitesse des contractions linéaire et cubique, à Vavant des ondes
aériennes dues à une ej:plosion, pour y réduire la pression ou rendre moins abrupte
la tête de l'onde, comme on peut voir au n° VI d'un Mémoire que j'ai publié, en juil-
let i8gi, dans le Journal de Physique théorique et appliquée (2" série, t. X).
6l2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Comme, d'ailleurs, l'expression totale de ^ s'obtient en ajoutant -j- au
second membre de la formule (6) de ma précédente Note, il viendra (vu
i„ = o), si l'on multiplie par 4".
x' , y', z' y désignent les coordonnées des divers éléments de' d'une sphère
décrite, autour du centre (x, y, z), avec le rayon /' égal k at; et œ,, y,, s,
y sont, comme on sait, les coordonnées des divers points de la sphère n,
de rayon /•, décrite de même autour de {îc,y, z).
Telle est, sous sa forme la plus concise possible, la première formule
d'Ostrogradsky ('), à laquelle sont analogues celles de -n et '(.
V. Dans le cas contraire où il y aurait eu initialement impulsion, c'est-
à-dire production de vitesses, mais sans déplacements i„, y),,,^,, on se don-
nerait provisoirement pour inconnues les vitesses mêmes - — '.'' " > que
l'on reconnaît aisément devoir alors s'exprimer comme le faisaient l, -n, '(,
ci-dessus. Et la formule (3) donnerait, par exemple.
Après multiplication par dt, une intégration sur place, effectuée à partir
de l'époque / =: o où E est nul, en déduirait ^i:\.
Enfin, l'intégrale générale est obtenue })ar Ostrogradsky en superposant
cette solution partielle à la précédente (3).
MÉCANIQUE RATIONNELLE. — Sur les quasi-ondes de choc au sein des fluides
mauvais conducteurs de la chaleur. Note de M. P. Duhem.
Pour faire usage de l'inégalité établie dans une Note précédente (-),
nous ferons d'abord cette remarque qui a été justifiée (') pour les ondes
(') Reproduite par Poisson, dans son Mémoire inséré au Tome X du Recueil de
l'Académie des Sciences de Paris, p. 594-
(-) Sur une inr^alilé importante dans l'étude des quasi-ondes de choc (Comptes
rendus, l. CXLII, p. 49i) séance du 26 février 1906).
(2) Recherches sur l'Hydrodynamique, 1" série, p. 70. On remarquera que les
SÉANCE DU 12 MARS 1906. 6l3
de choc véritables et dont la démonstration s'élend sans peine aux quasi-
ondes : ou bien les deux vitesses 'Ç^i '^\ ^onl toutes deux égales ào, ou bien elles
sont de même signe. Nous laisserons de côté, pour le moment, le cas où les
deux vitesses •t?„, <}, sont nulles et nous supposerons les indices o el i
choisis de telle sorte qu'elles soient positives. Nous savons d'ailleurs que
l'on a
(i) P°^-= Pi x?^ ="'-"".
Pi po Pi Pu
Nous allons considérer an /liiide mauvais conducteur de la chaleur, c'est-
à-dire un fluide où le coefficient de conductibilité ^(p, T) est une quantité
très petite de l'ordre de h. La quantité t), comprise entre les deux quan-
tités positives ■<?„ et ■^^, est une quantité positive; il en est de même de R
et de 0. L'inégalité établie dans notre précédente Note devient donc
(2) <p,,T,)-<p„.T„)<o.
C'est le résultat obtenu par M. É. Jouguet (').
En chaque point du fluide, la pression n est liée à la densité p et à la
température T par l'égalité
/3\ 2'"H(p,T)
la fonction ^(p, T) possédant en outre les propriétés suivantes :
(4) 5%ï>=-L,(p,T),
(6) ■ q^'<o.
Enfin si, sous pression constante, le fluide se dilate par élévation de tem-
pérature, on a
(7) ^)^i7ï^>°'
quantités nommées '^i et <,K^, en cet Ouvrage, correspondent aux quantités nom-
mées xpo et — <?i en la présente Note.
(') É. Jouguet, Comptes rendus, t. CXXXVIII, 1904, p. 1680; t. CXXXIX, 1904,
p. 786. — Sur la propagation des réactions chimiques dans les gaz, chapitre III
{Journal de Mathématiques pures el appliquées, 6° série, t. II, 1906, p. 5).
6l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tandis que, s'il se contracte par élévation de température, on a
(7 />")
<o.
Remarquons de Suite qiie les égalités (3) et (4) donnent les identités
suivantes, dont nous aurons à nous servir,
(8) d\id^^U^f + f'l^\{d^y-t.fd.dT-f%{^dT)\
dp
(9)
dT-
La relation d'Hûgoniot est applicable à notre quasi-onde; elle peut
s'écrire
(lo)
[^(p,,T,)H-ET,-T(p,,T,)-r(?„,ï„)-ET„a(p„,To)]p„p
n„ + n,
(p.-?o) = o.
Donnons-nous, en amont de l'onde, les valeurs de p„, To; I!,, sera donné
par l'égalité (3). Faisons varier la valeur de p, ; les égalités (3) et (lo) nous
donneront T,, H, en fonctions de p, ; soient 6(p,), P(pi) ces fonctions;
5(p,, T,) deviendra une fonction de p,, S(p,). Les égalités (3) et (lo) nous
donneront sans peine
(II) E0p„p,^ + :^[(P-n,)p„+(p.^P„)p.^]=o.
Cette égalité donne
(-) f^l =■•■
Des calculs semblables donnent
L "fi Jp. = p«
Les égalités (8) el (12) nous montrent que
(•4)
L 4. Jp.=p«~ ^" '^Po "^f^" àp\
_ ,c)-^r(p„/rjrf/B(p,)T^
'°» dTl L ^?. Jp, = p.
SÉANCE DU 12 MARS igo6. 6l5
L'égalité (i4), jointe aux inégaUtés (5) et(6), nous montre que, pour les
valeurs de p, suffisamment voisines de po> l'i fonction P(?i) croît avec p,.
Dès lors, les égalités (i) donnent toujours ries valeurs réelles pour <)^, v'), tant
que p, est suffisamment voisin de p^.
Les égalités (12), (12 te) et (i3) montrent que, pour les valeurs de p,
si|ffisamnient voisines de p„, S(p,) est une fonction croissante de p,. En
est-il de même pour toute valeur de p, inférieure à p,,? Pour que S(f)|)
cessât, pour une certaine valeur de p,, d'être fonction croissante de p,, il
faudrait que -y;- s'annulât pour cette valeur; alors, en vertu de la démon-
dV
stration précédente, -r- serait positif; il en serait de même de (po — Pi) et,
en outre, selon (i), de (n„ — II,) si ■(?„, ç, sont réels. L'égalité (11) serait
alors une absurdité. Dès lors, l'inégalité (2) conduit à la conséquence sui-
vante :
Tant qu'une quasi-onde de choc peut se propager avec une vitesse réelle en
un fluide mauvais conducteur, la densité est plus grande en amont de l'onde
qu'en aval.
La quasi-onde se propagera-t-elle avec une vitesse réelle (juelle que soit
la valeur de p,, inférieure à p„? Si cette AÎtesse devait devenir imaginaire
pour une certaine valeur de p,, il faudrait que, pour une valeur de p, com-
prise entre celle-là et p„, on eût '^' ^= o. Or, pour celte dernière valeur
de p,, " ' ' serait positif d'après le théorème précédent. Dès lors, l'éga-
lité (9), jointe aux inégalités (6) et (7), nous apprend que '^'^ est positif
ctpi
pour cette valeur.
D'ailleurs, l'égalité (8) devient alors
En vertu des inégalités (5 ) el (6), elle donne
^P(Pi) ^ , rfP(p,)
— T^ — > O et non — —^ = o.
«Pi ^Pi
Donc, au sein d'un fluide qui se dilate par une élévation de température,
une quasi-onde de choc se propage avec une vitesse réelle, quelle que soit la
grandeur de la discontinuité.
6l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
On remarquera l'analogie de la méthode qui vient d'être suivie avec celle
qu'a indiquée M. É. Jouguet.
BACTÉRIOLOGIE. —SHr/e* effets de la tubercidine absorbée par le tube digestif
che:- les animaux sains et chez les animaux tuberculeux. Note de MM. A.
Calmette et M. Breton.
Dans une précédente Note ( * ) nous avons montré que les animaux rendus
tuberculeux soit par inoculation , soit par ingestion d'un seul repas infectant,
sont rapidement intoxiqués lorsqu'on leur fait ingérer à plusieurs reprises
de petites quantités de bacilles tuberculeux tués par l'ébuUition.
Nous avons vu, en outre, que les animaux sains eux-mêmes sont suscep-
tibles de succomber lorsqu'on leur fait absorber successivement, à de
courts intervalles, plusieurs petites doses de ces mêmes bacilles morts. Les
lésions analomiques qu'ils présentent sont alors identiques à celles que
l'on observe à la suite de l'intoxication par la tuberculine.
Freymulh (-) avait déjà constaté que, chez les malades atteints de tuber-
culose pulmonaire, la tuberculine ingérée produit la même réaction fébrile
que lorsqu'on l'injecte sous la peau, si l'on prend soin de neutraliser au
préalable l'acidité du suc gastrique par l'administration d'une dose conve-
nable de bicarbonate de soude.
Les expériences que nous relatons aujourd'hui prouvent que, chez les
rongeurs herbivores tels que le cobiiye, dont on connaît la grande sensibi-
lité à la tuberculose, la tuberculine ingérée, sans alcalinisation préalable du
contenu stomacal, se montre toxique non seulement pour ceux de ces ani-
maux qui sont déjà tuberculeux, maisaussi, et surtout dans le jeune âge,
pour ceux qui sont indemnes de tuberculose.
Afin d'éliminer riiilluence de la glycérine, nous avons utilisé la tuberculine à l'état
de poudre sèche, précipitée par l'alcool absolu. ioo« de tuberculine brute fournissent
ainsi ob,75 de précipité sec. Cette poudre, entièrement soluble, était dissoute au mo-
ment de l'usage dans une très petite quantité d'eau et administrée à l'aide d'une petite
sonde en gomme adaptée à une seringue. Les animaux étaient toujours tenus à jeun
depuis 24 heures.
Une dose de ob,o2 de notre tuberculine (') ninsi préparée et ingérée en un seul
(') Comptes rendus, i y février 1906.
i*) Milnchener Med. Woch., 10 janvier 190D.
(') Celte dose correspond à 2S,,5o de tuberculine brute.
SÉANCE DU 12 MARS 1906. Gxj
repas lue presque constamment en 2 à 7 jours les jeunes cobayes sains de i3os à i5o',
sans produire cliez eux. de réaction tlierini(jue caractérisée.
A l'autopsie on leur trouve des ecclivmoses sous-séreuses et des liéniorragies in-
testinales, un commencement de dégénérescence granulo-graisseuse du foie avec déco-
loration des reins el des capsules surrénales. Leur intestin grêle est extrêmement
friable.
Les cobayes adultes sains du poids de 35o5 à 4oos sont plus résistants. Mais, lorsqu'on
leur fait ingérer en un seul repas o»,o5 de tuberculine, ils maigrissent et succombent
constamment 40 à 45 jours ajsrès, avec des lésions de dégénérescence granulo-grais-
seuse ou vitreuse très accentuées.
Nous avons essayé vainement d'habituer les cobayes sains à l'ingestion répétée de tu-
berculine à doses progressivement croissantes. Chez les animaux, jeunes, nous avons
fait ingérer successivement, de 5 en 5 jours, 2'"5, 5'°8 et to™s de tuberculine, et chez
les adultes jusqu'à gS^s en 6 repas, sans pouvoir aller plus loin. Aucun de nos animaux
n'a résisté.
La sensibilité des cobayes tuberculeux à la tuberculine est, comme on
(levait le supposer, beaucoup plus grande.
Nos expériences ont été faites avec des animaux rendus tuberculeux par
l'ingestion, en un seul repas, de 0^,02 de bacilles bovins fraîchement
desséchés.
3o et 45 jours après ce repas infectant, chacun de nos animaux ingérait,
en même temps qu'un nombre égal de témoins, i"k à io™s de tuberculine.
Tous les tuberculeux ont présenté, même avec la dose de i™^, une réaction
thermique de i°,8 à 2°, 2, alors que, chez les témoins, l'élévation de tem-
pérature observée n'a pas dépassé i'',5, chiffre qui représente la limite
normale des oscillations de température chez le cobaye sain.
Tous les témoins sont restés bien portants, la dose de tuberculine ingérée
par eux étant insuffisante pour produire des accidents.
Ces expériences nous permettent de conclure :
1° Que la tuberculine absorbée par le tube digestif est toxique pour les
animaux non tuberculeux et que celte toxicité est surtout manifeste pour
les animaux jeunes ;
1° Qu'il ne s'établit aucune accoutumance à l'ingestion de doses pro-
gressivement croissantes de tuberculine;
3" Que les cobayes rendus tuberculeux par un seul repas infectant réa-
gissent constamment à la tuberculine lorsqu'on leur fait ingérer cette sub-
stance à la dose de i™^, inoffensive pour les cobayes sains ;
4° Enfin que, chez les animaux tuberculeux ou suspects de tuberculose,
C. R., 1906, 1" Semestre. (T. CXLU, N« 11.) 82
6l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
la réaction diagnostique peut s'obtenir aussi bien par Yingeslion que par
Y inoculation sous-cutanée de la tuberculine.
PALÉONTOLOGIE. — L'évolution des Mammifères tertiaires; importance
(tes migrations. Note de M. Chaules Depéret.
Après avoir analysé (^Comptes rendus, 6 novembre i9o5) V évolution sur
place et les migrations des Mammifères éocènes, j'étudierai aujourd'hui les
mêmes faits dans les temps oligocènes.
B. Faunes oligocènes. — I. Oligocène inférieur (Sannoisien ou Tongrien inférieur).
Deux faunes successives :
a. Faune des marnes blanches de Pantin, Romainville. La faune des ligniles de
Celas, Avéjan, Verneil (Gard), des calcaires de Brunslatt et de Rixheini (Alsace) ne
doit pas en être très éloignée. Il en est sans doute de même de plusieurs gîtes du
Sud-Ouest : Fronsac et la Grave (Gironde), Sainte-Sabine, Duras, Issigeac, Saint-
Cernin (Dordogne). Une partie des phosphorites du Quercy (') et du sidérolithique
de Fronstetten (Souabe) appartiennent au même niveau.
1° Evolution sur place : suite des Paléothéridés {Palœotherium, Plagiolophus),
des Anaplothéridés (derniers Anoplolherium)^ des Xiphodontidés (derniers Xipho-
don), des Rongeurs Théridomydés (T/te/idomjs).
2° Aucune migration nouvelle connue.
Cette faune apparaît comme un simple résidu appauvri de la faune ludienne et
devrait être plutôt réunie à l'Eocène supérieur.
b. Faune du calcaire de Brie, de Hempstead (île de Wight), de Ronzon (Velaj),
de Lobsann (Alsace), de Calaf et de Tarrega (Catalogne). Une partie des phosphorites
du Quercy et des gîtes sidérolilhiques de Veringendorf, Veringenstadl, de l'Eselsberg,
du Hochberg et d'Oerlingerthal près Ulm sont du même horizon. Peut-être le gise-
ment de Monte-Promina (Dalmatie) apparlient-il à ce niveau ou au précédent.
1° Evolution sur place : suite des Paléothéridés (Palœotherium, Plagiolophus).,
des Anthracoléridés (suite des Brachyodus, apparition des Ancodus et Anthraco-
therium), fin des Anoplolhéridés (derniers Diplobane), suite des Cénothériilés {Am-
phimerya;,! Cœnolherium), des Canidés (Cj/(0(io/(, Cvnodictis, Amphicynodon), des
Erinacéidés (Tetracus), des Théridomydés (Theridomys), des ? Cricétidés {Crice-
todon). des Hyajnodontidés {Uyœnodon), des Marsupiaux Didelphydés {Peratherium,
Amphiperatherium ).
(') La merveilleuse faune des phosphorites n'est pas un ensemble homogène, mais
un mélange d'horizons divers allant du Barlonien au Slanipien inclus. ,Te laisserai donc
en général de côté, parmi les genres des phosphorites, ceux qui n'ont pas encore été
retrouvés dans les gisements stratifiés, permettant de préciser leur âge.
SÉANCE DU 12 MARS 1906. 619
2° Importantes migrations nord-américaine!; : apparition brusque des Rhinocé-
ridés {Ronsotkerium) et' des Achœnodontidés [Entelodon).
3° Migrations d^origine inconnue des Tragulidés (Gelociis), des Mustélidés {Pro-
plesictis) et peut-être des Aniphicyonidés (gîte de Tarrega).
II. Oligocène moyen {Stampien ou Tongrien supérieur)^ gisements très nombreux:
dans le bassin de Paris, la Ferté-Aieps; en Allemagne, Ufhofen, Flonheim, Miesbach,
lignites de Schluclitern, de Gusternheim et du Westerwald; dans le bassin de l'Allier,
Bournoncle-Saint-Pierre, Bons, Perrier, Montaigut-le-Blanc, Champeix, Âutrac,
Saiul-Germain-Lembron, Antoingt, Vodable, Solignat, Lamontgie, Nonette, Orson-
nette, Malhat, Les Pradeaux, Les CliaufTours, Bansat, Boudes, Chibrac, La Sauvelat,
Jussat, Gergovia, Romagnat, Pérignat, Lemdes, Cournon, Marcoin, Chaptuzat,
Gannat, Saint-Menoux; dans le bassin delà Loire, \ aunias, Saint-Pourçain-sur-Bèbre,
Briennon. Digoin; dans le Sud-Est, Céreste, Manosque, argiles de Saint-Henri prés
Marseille, les Milles, Auzon près Alais; dans le Sud-Ouest, Cestayrol, Saint-Sulpice,
Rabastens, batte Saint-Martin, Montans. Salvagnac, l'Isle d'Albi, Pont-Sainte-
Marie. Tournon, Capellier, Les Pèries, Villebramar, la Milloque, Coniberaliêre,
Moissac, Beauville, Itier, Bourg de Visa, Monlségur, etc.; en Suisse, Blauen, La
Conversion près Lausanne; en Italie, Cadibona en Ligurie, Monteviale et Zovencedo
dans le Vicentin; en Autriche, Trifail. en Styrie et gîtes de Dalmatie; lignites d'Inca
(île Majorque); la plus grosse pari des phosphorites.
Il paraît dès à présent possible de distinguer dans ce puissant étage au moins deux
horizons : l'inférieur (dont les principaux gisements sont en italique dans la liste pré-
cédente) caractérisé par la persistance des derniers Palœot/ieriii m, de YEnlelodon ou
du Gelocus: le supérieur par l'abondance des grands Ànthracotheriuni et Acerothe-
rium, et l'apparition brusque des Tapiridés.
Pour Tensenible de l'étage, les faits d'évolution et de migration sont les suivants :
1° Evolution sur place : suite des Paléothéridés (Jin), des Rhinocéridés (Acero-
therium, Diceratherium), des Ghalicothéridés {Scliizotherium), des Anthracothé-
ridés {Brachyodus, A nthracotherium , plusieurs rameaux), des Achsenodontidés (der-
niers Entelodon), des Suidés {Propalœochœrus^ Palœochœrus), des Cénothéridés
{Cœnotherium, Plesiomeryx), des Tragulidés (derniers Gelocus, Prodremotherium,
Lophiomeryx), des Théridomydés {Theridomys, Issiodoroniys, Archœomys)., des
Cricétidés (Cricetodon), des Talpidés (Geotrypus), des Erinacéidés (Erinaceus),
des Chiroptères (Palœonycteris), des Créodontes {Dasyurodon, derniers Hyœnodon)^
des Canidés (Amp/iicyon), des Mustélidés {Plesictis, Palœogale), des Viverridés
{Amphiclis), des Marsupiaux {Peratherium).
■î° Migrations d'origine nord-américaine des Tapiridés {Protapirus. Pa/alapi/us)^
des Amynodontidés (Cadurcot/ieriam) (') et des Rongeurs Lagomorphes {Tita-
nomys).
(') M. Boule {Comptes rendus, 18 mai 1896) a voulu démontrer une parenté entre
le Cadurcotherium et certains Ongulés de Patagonie, tels que V Astrapotheriuni ; ce
rapprochement eût été intéressant, s'il avait été exact, parce qu'il aurait impliqué une
b20 ACADEMIE DES SCIENCES.
3° Migraùon probablement africaine (et peut-être un peu antérieure au Stampien)
des Edentés à vertèbres normales {Leptomanis et Archœorycleropus des phospho-
rites) (').
4° Migralions d'origine inconnue des Cervulidés {Dremotherium. Amphitragulus),
des Castoridés {Steneofiber), des Myogalidés {Echinogale, Myogale), des Tupaiadés
{Plesiosorex), des Soricidés {Atnphisorex. Sorex), des Lulridés {Potamotherium),
des Félidés (Eusmilus).
III. Oligocène supérieur {Aquitanien) :
Gisements principaux : Dans le bassin de Paris, Celles-sur-Cher; dans le Bourbon-
nais, Saint-Gérand-le-Puj, Cliaveroche; en Allemagne, Weissenau et Mombach près
Mayence, Haslacli, Eckingen près Ulm ; en Suisse, la mollasse grise de Lausanne,
Ollimarsingen, Hohe Rhonen ; en Savoie, Pyrimont-Clialionges; en Provence, Varages
(\'ar); Boujac dans le bassin d'Âlais; en Catalogne, Rubi près Barcelone; en Bohême,
Tuclioritz; en Carinthie, Keulcliach; en Hongrie, Waitzen.
1° Evolution sur place : Suite des Tapiridés (Paratapi/iis), des Rhinocéridés
{Aceratherium, Diceratheriuni), des Chalicothéridés {Macrotheriuni)^ des Aiithra-
cotliéridés {Brachyodus, derniers Anl.Itracotherium)^ des Suidés (Palœoc/iœrus,
'! Doliochœrus), des Cénothéridés {Cœnotheriuni, Plesiomeryx), dos Cervulidés
(derniers Dremotherium el Amphiti-agulus), des Théridomydés {Theridoniys), des
Myoxidés (Myoxus), des Eomydés (fihodanomys), des Sciuridés (Sciurus), des Cas-
toridés (Steneojiber), des Rongeurs Lagomorphes ( Tilanomys), des Talpidés ( Talpa),
des Soricidés (Sorex), des Erinacéidés (Palœoerinaceus, Erinaceus), des Canidés,
(Amphicynodon, Cephalogale), des Amphicyonidés (Amphicyon), des Mustélidés
(Stenogale, Plesictis, Palœogale)^ des Lutridés (Potamotherium), des Viverridés
(Amphictis, Herpestes), des Félidés (Proailurus), des Marsupiaux (derniers Didel-
pliydés européens).
3° Migrations peu nombreuses et d'origine inconnue des Dimylidés (Dimylus,
Cordylodon).
La faune aquitanienne est surtout un résidu appauvri de la faune stampienne.
D'importantes migrations vont recommencer avec l'époque miocène et
feront l'objet d'une prochaine Note.
migration patagonicnne à l'époque oligocène. Mais ces prétendues affinités reposent,
à mon avis, sur des analogies un peu superficielles du système dentaire.
(') Je ne crois pas à l'existence d'Edentés sud-américains dans l'Oligocène des
phosphorites. Le Nccrodasypus de Filhol me paraît être une plaque dermique de
Reptile voisin du Placusaurus Gervais.
SÉANCE DU 12 MARS 1906. 62T
OCÉANOGRAPHIE. — Sur la septième campagne scientifique
de la Princesse-Alice. Note de S. A. S. le Prince Albert de Monaco.
Pendant l'année 1900 j'ai conduit ma campagne d'océanographie jusque
dans la mer des Sargasses, au milieu de l'Atlantique, en lui donnant trois
objets principaux : la faune bathypélagique, la faune des Sargasses, la
météorologie de la haute atmosphère. Mes collaborateurs dans ces travaux
étaient MM. le D"' Richard, directeur du Musée océanographique de Mo-
naco ; Bouvier, membre de l'Institut; Hergesell, professeur à l'Université
de Strasbourg; Pettit, assistant au Muséum de Paris; (^harles Sauerwein,
enseigne de vaisseau de la Marine française; Sirven, assistant au Muséum
de Monaco; Tinayre, artiste peintre. Le départ eut lieu de Marseille le
20 juillet et le retour s'est effectué le 24 septembre, après 64 jours de
campagne. Avant cette période, quelques travaux du même genre avaient
eu lieu au large de la Principauté.
Océanographie pure. — Il a été fait 118 sondages jusqu'à la profondeur
de 558o™ et avec les divers instruments capables de renseigner sur la na-
ture du fond; 28 prises d'échantillons d'eau avec la bouteille Richard et le
tube Bûcha nan.
Zoologie. — Les opérations zoologiques sont réparties entre 6 chaluts à
étiers, 6 chaluts à plateaux divergents, i chalut bathypélagique, 4i pèches
verticales, 3 nasses à galets, 5 palancres, 2 lignes de fond, i harpon,
3 foënes, 24 haveneaux, 3 boîtes à microbes, i38 pêches pélagiques, 2 cap-
tures d'oiseaux terrestres.
Le chalut à étriers, depuis 185'° jusqu'à 3465", m'a donné, entre autres
objets dignes de remarque, par 1968"" et près de Madère : de nombreux
Alcyonaires et Antipathaires, plusieurs Crinoïdes intéressants et deux
spécimens du très raie Gephirocrinus Grimaldii précédemment découvert
par la Princesse- Alice. De nombreux Crustacés Macroures et autres : le
Polychetes eryonijormis Bouv., es|)èce nouvelle rappelant par sa carapace
dilatée celle des £'rro« jurassiques; parmi les Poissons un Cyclothone bathy-
phyla sans doute pris à la montée ; des Ophiures et des Holothuries.
Par 3465™ : plusieurs Crevettes dont un Hepomadas /e/?e/' Smith extrême-
ment rare, connu seulement aux Etats-Unis et aux Indes, Willemasia
forceps M.-Edw., un Acantephyra pris également à la montée.
Le chalut à plateaux, depuis i4i™ jusqu'à 3465", m'adonne notamment,
par 3465", et sans avoir touché le fond, la récolte suivante qui offre beau-
coup d'intérêt : un Cirrolheulis nouveau, noir uniforme, à grosses papilles
622 ACADÉMIE DES SCIENCES.
brachiales noires; un petit Céphalopode grêle, sans doute nouveau comme
genre et comme espèce, muni d'veux télescopiques avec un organe lumi-
neux (?) trilobé très singulier; un beau Crustacé sergestide; un Poisson du
genre Malacosleus, et de nombreux petits Cyclolhone.
Le chalut bathypélagicpie, appareil nouveau, de très grandes dimensions,
destiné à des recherches spéciales entre la surface et le fond, a été essayé
une fois pour observer son fonctionnement et préparer son emjjloi futur.
Le fdet vertical de grande ouverture (3™ et 5™ de côté), depuis la surface
jusqu'à 5400™, a été, pendant cette campagne, l'engin le plus productif.
Ses résultats sont tellement nombreux que je mentionnerai seulement leurs
grandes lignes; ils présentent, en outre, un inlérèt considérable. Les
41 descentes exécutées m'ont ramené beaucoup d'animaux déjà obtenus
l'an dernier par le même moyen; certaines formes reviennent dans presque
toutes les opérations, notamment de grandes Sagitta incolores pu oranges,
des Copépodes rouges souvent de grande taille, de petits Poissons (^Cyclo-
lhone microdon), des Schizopodes et des Ostracodes. Les Méduses d'eau
profonde sont nombreuses et très variées. M. Maas a reconnu Aegimera
Grimaldii, Rhopalonema cœrulemn, Periphylla /ivacinthina. Alolla Bairdi,
Pantachogon, Oegi/ia; une TJlmaride nouvelle, couleur lie devin, voisine
des Aurélia et constituant le premier représentant de cette famille ilans les
eaux profondes; Halicreas. Il y a également beaucoup de Siphonophores
petits (Diphies, etc.) et de petites Actinies pélagiques assez rares.
Parmi les Ostracodes, il faut signaler à part de gros Gigantocypris sphé-
riques et plusieurs spécimens d'un gros Ostracode tout noir ou à peu près,
dont la forme imite celle d'un pépin nuir de poire. C'est sans doute une
espèce nouvelle.
Les Annélides sont surtout représentées par des formes incolores trans-
parentes (Va/iadis, Aslerope, Alciope) à gros yeux rouges; les Lopadorhyii-
chiis, etc., et surtout les Tomopleris élégantes à longues antennes filiformes.
Les Némertes ont fourni une importante contribution, avec un nombre
relativement grand d'espèces nouvelles de ce groupe jusque-là si mal repré-
senté dans la faune bathypélagique : en particulier plusieurs spécimens
d'une grande Némerte orangée, une Pelagonemertes et d'autres formes que
M. Joubin étudie.
Les Amphipodes sont très nombreux : Phronima de plusieurs espèces,
dont une nouvelle, un Acanlhoscina, un Thaumalops et beaucoup d'autres
formes remises à M. Chevreux. Parmi les Schizopotles on trouve abondam-
ment Eucopia, Euphausia, Thysanopoda, Nematoscelis, etc. Les Décapodes
fournissent plusieurs découvertes intéressantes. Dans la mer des Sargasses
SÉANCE DU 12 MARS 1906. 023
mon filet a ramené un de ces curieux Crustacés du genre Eryoneicus;
l'espèce est nouvelle, M. Bouvier l'a nommée E. Alberti. D'autre part
VE. Faxoni est revenue dans un filet descendu à 2373" près des Baléares.
Les Pcnéides comprennent un très grand nombre de Gennadus elegans
pris dans la zone bathypélagique. Au nombre des Macroures V Acantephyra
pulchra, d'un rouge admirable, ne se trouve qu'au delà de 1000™. Les
autres Macroures, nombreux et certainement fort intéressants, n'ont pu
encore être étudiés. Un fdet descendu à idoo™, dans la mer des Sargasses,
a ramené un Glaucothoé Permi pi-ésentant la couleur rouge des Crustacés
bathypélagiques. Sur ce cas et quelques autres concernant des Glaucothoés
recueillis pendant la campagne de igoS, M. Bouvier s'appuie pour établir
définitivement que ce sont des larves de Pagures, pélagiques et s'efforçant
d'atteindre le fond pour y chercher un abri dans des coquilles, mais qui,
entraînées par des courants ou pour d'autres raisons, peuvent continuer
leur existence pélagique en subissant des mues et en croissant sans se
transformer en Paguriens. Les Ptéropodes et les Hétéropodes sont repré-
sentés par des genres assez nombreux.
Les Céphalopodes abondent également, mais le plus souvent ils appar-
tiennent à la famille difficile des Cranchiadœ, et ne mesurent que quelques
millimètres; pour cela leur étude marche lentement, mais elle promet
d'être fructueuse. Plusieurs espèces, notamment, portent des yeux pédon-
cules.
Les Poissons obtenus sont les suivants : Cyclothone microdon abondam-
ment répandu; plusieurs Scopélidés. Chauliodus Sloani de diverses stations
et à divers états de développement. Un Eurypharynx dans un filet des-
cendu à /(ooo™. Cyema atrum, noir et Argyropelecus à veux télescopiques.
Un Leplocéphale remarquable par sa longueur de aSo™" avec une queue
effilée. Dans la Méditerranée, deux Paralepis coregonoides.
Les nasses triédriques à galets ont fourni deux résultats excellents.
Par 3465", un Céphalopode du genre Mastigotheulis, sans doute nouveau,
reconnu comme le propriétaire de tentacules filiformes, énigmatiques
jusque-là, constamment recueillis depuis 20 ans sur les câbles de mes opé-
rations où ils se fixent par un nœud. Un Poisson voisin des Sirembo et
peut-être nouveau.
Par 1229™, deux Poissons : Synaphobranclius pinnatus et Svmenchelys
parasuicus; 1 crevette : Heterocarpus Grimaldii.
Les hameçons descendus jusqu'à 1998'" ont pris divers Poissons : Spinax,
Cenlroscymnus cœlolepis, Synaphobranchus , Cenlrophorus calceus, Spinax
niger. A la surface, Pelamys sarda et Thynnus pelamys.
624 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les liar[)on.s et foënes ont donné un Dauphin, des Coryphœna hippums,
un Thynnus pelamys .
Le haveneau a capturé, sous les rayons du projecteur électrique, notam-
ment des Glaucolhoé rostrata, signalés plus haut et l'un des Calmars sou-
vent attirés par cette lumière. Plusieurs Leac/u'a cyc/^/r« déjà pris les années
précédentes, morts ou mourants, sur l'eau et beaucoup d'autres objets
flottants.
La faune qui habite la mer des Sargasses a été étudiée à la surface, entre
celle-ci et le fond, et sur le fond lui-même jusqu'à 34*35'". Une faune peu
variée mais nombreuse vit au milieu de ces végétaux. On a obtenu des
Actinies, des Ascidies, des Nudibranches, des Crabes, des Isopodes, des pois-
sons et aussi quelques animaux pélagiques se tenant au dehors des herbes.
Le mimétisme est particulièrement sensible dans la faune des Sargasses.
Sur ces mêmes lieux on a recueilli une Holothurie pélagique morte, con-
stituant une espèce nouvelle; on a capturé aussi plusieurs spécimens d'un
curieux hémiptère (Halobates Vûllersloi'ffi) qui vit en sautant sur l'eau à des
centaines de milles au large. Une série de i38 pêches pélagiques pour
l'étude du J'iankton a été faite sur tout le parcours de la campagne, avec
le filet fin étroit du D' Richard. Parmi les résultats obtenus on peut signaler
le cas d'un Cruslacé, le Penilia Schwarkeri'^\c\\Arà signalé pour la première
fois dans la Méditerranée après avoir été rencontré à Hong-Rong, dans le
golfe de Guinée et au Mexique.
Microbiologie. — Les résultats des trois expériences faites concordent
avec ceux des années précédentes; presque toujours on a eu des cultures
plus ou moins abondantes, plus ou moins tardives.
Il est intéressant d'ajouter que, dans la mer des Sargasses, à 1400*"" du
continent le plus proche, mon navire a reçu la visite de 5 hirondelles
{Hirundo nislica erylhrogaster Bodd, variété américaine). Je signalerai
d'autre part l'absence à peu près totale d'animaux à la surface de la mer
dans toute la région balayée par les vents alizés entre le tropique, le con-
tinent africain et les Açores. Je n'y ai presque jamais vu un Cétacé ni un
oiseau marin; les poissons volants et le Plankton, seul, animent ce désert.
Météorologie. — Il a été fait 26 ascensions de ballons météorologiques et
i3 de cerfs-volants, qui atteignirent l'altitude de 16000"", les unes dans la
Méditerranée, les autres dans la région des vents alizés. Le 28 août, non
loin de la mer des Sargasses, un arc-en-ciel lunaire complet, double sur une
certaine longueur, s'est montré au couchant. Une peinture en a été faite
aussitôt. Diverses fois, durant cette croisière, le phénomène signalé sous
le nom de rayon vert a été constaté par plusieurs des savants embarqués.
SÉANCE DU 12 MAKS 1906. 626
S. A. S. le Prince de 3Ioxaco fait hommage à l'Académie du fascicule 59
du Bulletin du Musée océanographique de Monaco.
Ce fascicule a pour titre : Notes préliminaires sur les gisements de mol-
lusques comestibles des côtes de France. Les côtes de la Loire à la Vilaine, avec
I Carte et 2 Planches, par L. Joubin.
ME3I01RES PRESENTES.
M. Erxf.st Solvay soumet au jugement de l'Académie un Mémoire Sur
r organisation et la possibilité de la self-organisation de la réaction chimique,
(Renvoi à la Section de Chimie.)
CORRESPONDAIVCE.
M. le Président du troisième Congrès de l'Association des Médecins de
langue française de l'Amérique du Nord invile l'Académie à se faire repré-
senter à ce Congrès, qui tiendra ses séances aux Trois-Rivières les 26, 27
et 28 juin prochain.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, les Ouvrages suivants :
1° Précis de médecine légale, par A. Lac.vssagne, (Présenté par M. Bou-
chard.)
2° Deux Volumes de la Vie des animaux illustrée, publiée sons la direc-
tion de M. Edmond Perrier : Les Mammifères, par A. Mekegalx. (Présenté
par M. Yves Delage.)
ASTRONOMIE. — Observations de la comète 1906 b, faites au grand équatoriai
de r Observatoire de Bordeaux. Note de M. E. Esclanuo.v.
Observations de la comète.
Temps sidéral Nombre
Dates. de de
comparaisons.
1906. Etoiles. Bordeaux. Aa. A'J.'.
Il m s m s , „
Mars 6 a 10. l^. 0,8 —0.53,25 — 15.23,5 24:12
7 b 9.12.28,3 —3. 2,08 — 13. 8,0 40:10
C. K., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N» 11.) 83
626 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Positions moyennes des étoiles de comparaison.
Etoiles, Autorités.
a A. G., Albany, n" 4327
b A. G., Albany, n" 4336
Ascension
Réduction
Distance
Réduction
droite
au
polaire
au
moyenne.
jour.
moyenne.
jour.
h m s
I 1 .35.34,
93
-l-/,o3
88.3i'.37",i
+8,1
II. 37. 19,
21
-+-I , i3
88.38. 1,2
+8,0
Positions apparentes de la comète.
Temps moyen
Ascension
Distance
Dates.
do
droite
Log. Tact.
polaire
Log. fact.
1906.
Bordeaux.
apparente.
parallaxe.
apparente.
parallaxe.
Mars 6
h m s
II. 8. 56,4
Il m s
11.34.41,73
— î,220
88" 16'. 21'
'7
-0,782
7
I 0 . I 3 . 36 , 5
11.34.18,26
-T,3S7
88. i5. I.
,2
—0,785
La comète a l'aspect d'une étoile de grandeur 10, 5, entourée d'une nébulosité très
faible qui, dans la lunelle, lui donne l'apparence d'une mauvaise image d'étoile.
PHYSIQUE. — Sur les forces étectromotrices de contact entre métaux et
liquides et sur un perfectionnement de l'iono graphe. Noie de M. Charles
NoRDMANx, présentée par M. Lœwy.
I. Au cours (le,s expériences faites au sujet de l'enregistreur d'ions à
écoulement liquide dont j'ai intliqué le principe il y a quelques mois
(^Comptes rendus, t. CXL, p. 43o), j'ai été amené à constater le phénomène
suivant : lorsqu'on relie à un électromètre suffisamment sensible un réci-
pient métallique isolé, et d'où s'écoule goutte à goutte, par un ajutage de
verre, un liquide conducteur (une solution de SO'Mg, par exemple), on
observe que l'aiguille dévie progressivement d'une très petite quantité,
de manière à atteindre asymptotiquemenl, et dans la pratique au bout de
quelques minutes, une position d'équilibre correspondant à une faible
fraction de volt, et dont elle ne s'écarte plus tant que dure l'écoulement
liquide. Celte dévialion limite est variable avec la nature du liquide et du
métal du récipient.
3e me propose de monlrer ici que ce phénomène est atlribuable à la
force éleclromolrice de contact existant entre le métal du récipienl el le
liquide contenu, et qu'il suggère une méthode générale fort simple pour
l'étude et la mesure des différences de potentiel au contact entre liquides
et métaux.
SÉANCE DU 12 MARS igo6. 627
J'indiquerai ensuite (et c'est l'objet principal de cette Note) comment
ce phénomène m'a conduit à perfectionner l'ionographe à écoulement
liquide et à lui donner la forme nouvelle sous laquelle il a fonctionné au
cours des expériences faites à Pliilippeviile à l'occasion de la dernière
éclipse de Soleil (Comptes rendus, t. CXF^I, p. 945).
II. Soit un récipient fait d'un métal M, relié à rélectromètre et d'où, par un ajutage
de verre, s'écoule goutte à goutte un liquide L (nous supposons pour plus de simpli-
cité que l'écoulement est régidieret de n gouttes de rayon r par seconde, ce qu'on réa-
lise facilement en donnant au récipient la forme d'un vase de Mariolle). Soit £ la diffé-
rence de potentiel au contact M | L. Si M est jjrimilivemenl au sol, puis isolé, la première
goutte qui tombe a un potentiel — e; elle emporte avec elle une charge — cr et laisse,
par suite, sur le récipient une charge égale et de signe contraire + £/■; d'ailleurs, à un
moment quelconque, si le potentiel du système isolé est E (sa capacité étant C), on
peut écrire
CdE = —{E — i)nrdt,
( -—\
ce qui, en intégrant, donne E =r s \^i — e "^ / ; et, au bout d'un temps très court, E=r£.
Autrement dit, l'aiguille de l'électromètre doit tendre rapidement et asymptotique-
meiit vers une élongation d'équilibre (ce qui est précisément le phénomène indiqué
ci-dessus) qui mesure en grandeur et en signe la force électromotrice de contact M|L
(et cela indépendamment de la capacité du système et de la vitesse de l'écou-
lement).
Je poursuis actuellement, à l'aide d'un dispositif simple basé sur ce principe, une
série de mesures relatives aux différences de potentiel au contact entre divers métaux
et liquides. On sait que, faute de méthode appropriée, on ne possède jusqu'ici que
très peu de données sur ces phénomènes.
III. Il est évident qu'il faut prendre comme zéro de l'enregistreur d'ions à écoule-
ment liquide {loc. cit.) l'élongation limite de l'électromètre lorsque l'appareil ne
recueille aucun ion (élongation qui n'est négligeable que potir de faibles sensibilités
de l'électromètre); mais l'expérience a montré que cette élongation limite peut varier
d'un jour et même d'une heure à l'autre, ce qui paraît dû à l'influence de l'état des
surfaces et de la température sur la différence de potentiel au contact. Il était donc
désirable de rendre les indications de l'appareil complètement indépendantes de cette
dernière. On y est parvenu de la façon suivante :
Un grand vase de Mariette en verre A est terminé par un ajutage B d'où s'écoulent
par seconde n gouttes liquides de ra3'on /•; dans l'intérieur du vase plonge un lîl de
platine qui met en permanence le liquide en communication avec le sol ; les gouttelettes
tombent de B dans un petit tube D terminé par un ajutage rodé, de manière que
le rayon des gouttes qui de D tombent dans un vase F relié au sol, soit aussi égal à /•,
Automatiquement, le niveau du liquide dans le tube D s'établit de telle sorte que le
nombre n des gouttelettes qui en tombent dans l'unité de temps soit égal à celui des
gouttelettes de B.
628
ACADEMIE DES SCIENCES.
D esl porté par un support spécial bien isolant E et relié à rélectromèlre et an col-
lecteur d'ions. Ces diverses 'paities sont protégées éleclrostatiqnenienl.
Dans ces conditions, si e esl la force éieclrouiotrice de contact platine-liquide, à la
température de l'expérience, et si E est à ce moment le potentiel dû à l'apport des ions,
Fig. I.
du système isolé collecteur d'ions-ajiitage D, on voit que ce potentiel est indépendant
de E : en efl'et, le tube D, en même temps qu'il reçoit chaque seconde une charge
— nrz de l'ajutage supérieur, perd par son propre écoulement une charge exactement
égale. Je suis arrivé de cette manière, et en prenant quelques précautions destinées à
éviter les perturbations dues à l'éclaboussure des gouttelettes, à avoir un zéro extrême-
Fis
^800
-| ûon ,
g Scxt .
^ Mtto .
5 3oo .
■s
'^ 200.
J
"S ioo.
I ^
P/iihppez>iBe , S Septembre 190S
,^,/lfvn,v'*vv^'
Midi 7'' 2>^ J." jl* X* «■*
r* 8'^ .9" JO'' Il'f
raênl stable. Ainsi, les indications successives de l'éleclromètre sont bien proportion-
nelles aux quantités variables O d'éiectricilé apportées par les ions et elles sont données,
comme je l'ai montré {loc. cit.), par la relation ;
Q = nrE.
SÉANCE DU J7. MARS 1906. 629
C'est sous celle forme que lionographe a enregislré photographiquement, pendant
près de deux mois, à Pliilippeville, les phénomènes décrils dans une Note récente
[Comptes rendus, l. CXLI, p. g^o)-
Lajigure 2 reproduit, à litre d'exemple, un spécimen des courbes obtenues. On y
voit nellemenl lallure régulière que présente, pendant la journée, à Pliilippeville, la
variation diurne de l'ionisation positive de l'air, et aussi les irrégularités de grande
amplitude qui se produisent à partir du soir et dès que souffle le vent de terre.
PHYSIQUE. — Dp la inbration sympathique d'une corde grave à l'appel d'une
corde aiguë, et des conséquences possibles qui en découlent. ISote de M. Ed-
mond Baili.v, présentée par M. d'Arsonval.
Jusqu'à ce jour, les savanls n'ont pas admis qu'un son quelconque était
capable de faire vibrer sympathiquement un autre son plus grave que lui,
quelle que soit leur concomitance. (Voir d'Alembert, Helmhollz, Tvndall,
Kœnig, etc.) Or, c'est de la réalisation pratique d'une telle expérience
que je viens entretenir l'Académie. Les sages réserves d'Helmhollz m'ayant
rendu sceptique à l'égard de la valeur scientifique des résultats obtenus
sur V harmonium, je lui ai préféré le piano dans la fabrication duquel les
facteurs éliminent, le plus possible, les harmoniques, bourdonnements, etc.
De plus, cet instrument paraissant tout à fait impropre à la production
àei,sons résultants, on sera moins porté à assimiler ma résonance grave à des
sons de cette nature.
M'étant exercé, d'abord, à faire octavier, quintoyer à l'aigu, Vut^^ du piano, puis les
notes voisines, je devins bientôt passablement habile dans cet exercice préparatoire,
tellement que je n'eus plus besoin de libérer de son élouffoir la corde aiguë qui devait
vibrer sympathiquement à l'appel du son fondamental de la série à laquelle elle appar-
tenait. Ce résultat acquis, je tentai d'obtenir, d'un son plus grave que la note émise, ce
que m'avaient accordé, assez rapidement, les sons plus aigus. Cela me prit beaucoup de
temps, car je devais, pour réussir, arriver à un martèlement dont le rythme concordât
synchroniquement avec le nombre de vibrations de la corde visée. Enfin, j'eus la satis-
faction d'entendre, bien faiblement, le son grave et, pour être certain que mon désir
de réaliser une expérience des plus délicates ne me faisait point objectiver un son
chimérique, je fis passer devant mon piano des témoins compétents, en tel nombre
qu'il ne m'était plus loisible de douter. Bien que j'opère^ le plus souvent sur Vut^.,
d'autres notes, bien entendu, se piêtenl à l'expérience, pourvu qu'on ne s'écarte point
sensiblement, surtout vers l'aigu, de celte région moyenne de l'instrument. Je dois, dès
à présent, constater que j'obtiens le douzième (/«]) bien plus facilement que Voctave
inférieur (uti).
Longtemps, et tout en levant l'éloud'oir de la note appelée à vibrer sympathique-
63o ACADÉMIE DES SCIENCES.
ment, je n'obtins qu'un son grave de faible intensité, quoique parfaitement percep-
tible, même pour une oreille peu musicienne. Mais avec de la persévérance, et en
frappant successivement plusieurs des harmoniques supérieurs du /Vz,, je parvins à
renforcer ce fa de telle façon qu'il vibra et se prolongea avec force, même après que
le martèlement avait cessé. Il va de soi qu'il faut maintenir levé, pendant toute l'opé-
ration, l'étoufToir de la note grave, en appuyant sur cette note sans la faire sonner.
J'insiste pour qu'on ne confonde pas le son grave ainsi renforcé avec un
son résultant, lequel demande l'émission simultanée et prolongée de deux
sons. Dans mes expériences, il m'apparaît que c'est en qualité de troi-
sième harmonique du fa^ que Vut^ excite celui-ci dans les mêmes condi-
tions qu'il pourrait exciter I'm^, dont il est le second harmonique, le /«,_,
dont il est le cinquième harmonique, etc., mais de telle sorte que les sons
graves seraient des fondamentaux et non les harmoniques graves préco-
nisés par certaine théorie allemande moderne. Considérant que plusieurs
des termes de la série harmonique supérieure se trouvent occupés par des
sons dont le manque absolu de justesse ne permet pas de leur accorder
une place parmi les notes constitutives de nos gammes, tels par exemple
les harmoniques 7, il, i3, etc., qui sont ou trop bas ou trop hauts, on
sera conduit à présumer que leur présence dans celle série harmonique
est motivée par quelque autre raison que celle de charmer, simplement,
notre oreille. Cette raison semble m'être offerte par mon expérience même
où je vois que, le plus souvent, le son émis, tout en développant, au-
dessus de lui, une série qu'on ne peut rattacher qu'aux accords de la domi-
nante, cherche sa tonique, laquelle, précisément, lui manque parmi ses
harmoniques.
En effet, faisant résonner V ut-^^ je suppose, le fa n'apparaît dans la série des liar-
moniques qu'au terme 21, encore est-il d'une justesse contestable; notons que le la.
non plus, n'apparaît pas avant le terme 27. Si ma conjecture se justifie, nous serions
en présence d'une dynamique du son dans laquelle ce n'est pas seulement le son fon-
damental qui excite toute une gerbe de sons supérieurs, mais également ceux-ci qui
rendent à leur générateur commun, qui échangent entre eux la plus grande [lartie des
forces qu'ils ont reçues de ce générateur. Car mou expérience, répétée un nombre
considérable de fois, m'a démontré que c'est bien par l'action insistante du son aigu
que le son grave arrive, graduellement, à vibrer : peut-être trouvera-t-on aussi que les
résultats de cette expérience pourraient donner lieu à une nouvelle théorie de la durée
vibratoire, laquelle ne me semble pas suffisamment expliquée par la seule amplitude
des vibrations, malgré ([ue je reconnaisse à ladite amplitude le pouvoir de favoriser
grandement la production des harmoniques.
Avant de clore ces lignes, je dois rappeler à ceux qui tenteront de ré-
SÉANCE DU 12 MARS 1906. 63 I
péter mon expérience qu'elle demande une délicatesse de toucher extrême,
laquelle est plus fréquente chez les compositeurs de musique que parmi
les virtuoses; qu'il est indispensable de faire coïncider synchroniquement
le rythme de l'appel avec le nombre des vibrations de la note appelée;
enfln, qu'il m'a fallu beaucoup de patience et de temps pour arriver à
produire, d'une manière permanente et incontestable pour l'auditeur,
le phénomène qui nous occupe. J'ajoute qu'un piano neuf doit être, dans
cette expérience, moins recherché qu'un piano ayant servi déjà et que
l'état hygrométrique de l'air n'est pas absolument indifférent.
CHIMIE MINÉRALE. — Action de l'acide sidfurique à chaud sur les sels de pla-
tine et d'iridium en présence de sulfate d'ammonium. Noie de M. Marcel
Delêpixe.
En poursuivant mes recherches relatives à la dissolution du platine par
l'acide sulfurique bouillant (") et les étendïint à la dissolution du platine
iridié à 10 pour 100, j'ai fait de nouvelles constatations importantes, moins à
proprement parier sur l'attaque de ces métaux, que sur la nature des solu-
tions obtenues. Je demande à l'Académie la permission d'exposer ces résul-
tats.
I. Si l'on poursuit la dissolution clu |)latine pendant très longtemps
(4o à DO heures), on obtient des solutions sulfuriques extrêmement fon-
cées, rouge brun à froid, presque noires à chaud; on peut dissoudre deux
grammes de platine dans loo"""' d'acide. A son point d'ébullition, l'acide
sulfurique concentré possède donc un pouvoir dissolvant bien autrement
grand que lorsqu'd est à 93 pour 100 et porté à 25o"-26o'' seulement; sui-
vant M. Conroy, on ne dissout alors après 28 heures que 0*^,04 de métal
environ et celte quantité semble la limite d'une attaque toujours décrois-
sante (-).
Les solutions concentrées de platine, longtemps bouillies, se réduisent incomplè-
tement par ébullition après addition de sulfate d'ammonium; le platine, à mon avis,
s'y trouve sous forme d'un acide platosulfurique moins réductible qu'un sel normal;
il suffit d'ailleurs d'ajouter du chlorure d'ammonium qui forme un chlorosel réduc-
tible pour voir les solutions se décolorer complètement par ébullition; il reste environ
(') M. Delépine, Comptes rendus, t. CXLI, igoS, p. 866, ioi3.
("-) J.-T. Conroy, Joiirn. Soc. clieni. Iiid.. l. XXII, igoS, p. 465.
632 ACADÉMIE DES SCIENCES.
oS,oi de métal pour loo"^"' d'acide; le platine doit s'y trouver sous forme de quelque
acide analogue aux composés de sesquioxyde de M. Blondel ('), c'est-à-dire qu'il y
aurait, par rapport à l'équation Pt -H 4S0' ïP= ( SO')-Pt -f- 2SO- + 'iH-O, exagéra-
lion de la dissolution d'un excès de platine que j'ai d'ailleurs signalée pour des
attaques de courte durée.
Etendues d'eau (un quart), puis chauffées, ces solutions se troublent tout d'un coup
vers 28o°-390° et laissent déposer du métal si l'on continue à chaufler.
Les solutions sulfoplaliniques très concentrées laissent au bout de i mois déposer
des aiguilles déliées rouge orangé, réunies autour d'un point central; abandonnées à
l'air, elles donnent après une douzaine d'heures un dépôt de cristaux lamellaires paral-
lélogrammiques, rouge orangé, qui sont un hydrate des aiguilles, car celles-ci se
transforment en ceux-là à l'air. J'espère bien pouvoir isoler ces corps.
II. L'attaque du platine iridié à 10 pour 100 est un peu moins rapide que celle du
platine non iridié, tout au moins pendant les 8 ou 10 premières heures, mais ensuite
la différence s'atténue.
L'iridium est dissous avec le platine, comme dans l'attaque par l'eau régale. La
vitesse de dissolution est plus grande si l'on ajoute du sulfate de potassium; faible
d'abord, elle s'accélère quand la lame a servi à plusieurs attaques et peut atteindre
05,10 par heure et décimètre carré à 365°.
III. Pour rechercher l'iridium dans la solution, je mets précisément à profit la
décomposition du sulfate de platine par addition de sulfate d'ammonium. Après 4
ou 5 heures d'ébullition, plus, s'il est nécessaire (et addition de chlorure d'ammo-
nium, s'il y a lieu), le platine est précipité sous forme de mousse contenant très peu
d'iridium, tandis que l'acide se colore en un beau veit, fort net avec o5,ooo5 d'iridium
par centimètre cube; si la coloration est faible ou même apparemment nulle on peut
toutefois tenter de manifester la présence de l'iridium en ajoutant à l'acide refroidi
assez d'acide azotique pour qu'après ébullilion il y ail encore des vapeurs nitreuses
■apparentes. La couleur verte fait place à une magnifique teinte violette peul-êlre dix fois
plus intense. 11 est facile de constater ainsi la présence d'iridium dans des chlorures de
platine dits purs du commerce, après les avoir fait longtemps bouillir avec de l'acide
sulfurique contenant du sulfate d'ammonium; il est alors bon vers la fin delà réaction
de transvaser l'acide dans un nouveau liallon pour éviter la redissoiution conlinuelle
du platine abondamment précipité. Inversement un chloroiridale chauffé avec l'acide
sulfurique laissera précipiter tout son platine à peine mélangé d'iridium.
La couleur violette observée disparaît si l'on ajoute un volume d'eau à l'acide coloré,
pour reparaître par addition d'acide sulfurique concentré ou d'un déshydratant comme
l'anhydride phosphorique. Elle est donc différente des couleurs violettes d'iridium con-
nues, lesquelles subsistent en présence de l'eau.
IV. Enfin j'arrive au poînl le plus iiliporlant. Des solutions sulfuriques
vertes, on peut extraire les sels ammoniacaux de deux acides iridosultu-
riques, l'un vert, l'autre brun. L'existence de ces acides m'a engagea ra'as-
(') M. Blondel, Annales de Chimie et de Physique, 8° série, t. VI, igoS, p. 127.
SEANCE DU 12 MAUS Ujof). 033
siirer que le su!f;ite vert décrit par M. Lihoci de Boisbaudran (') était,
d'après mes vues, égiilemenl un sel d'acide complexe (et non un sel double);
j'ai vérifié qu'il en était bien ainsi, de sorte que je suis à l'heure actuelle en
possession de trois sortes de sels irido-sulfuriques fortement colorés et dont
voici les grands traits distinctifs :
}° Des sels vert bleu précipitables en b/eii par les sels de baryum et de
strontium, décomposables lentement à froid par l'ammoniaque avec colo-
ration violette; c'est le cas du sel de M. Lecoq de Boisbaudran;
2° Des sels verts que ne précipite pas le chlorure de baryum neutre,
mais qu'il précipite en brun verdâtre en milieu alcalinisé; le précipité se
redissout dans les acides en régénérant la couleur verte; ces sels verts
donnent avec l'ammoniaque une solution brun olivâtre qui se modifie avec
le temps en devenant plus verte et ne précipite plus par le chlorure de
baryum, bien qu'alcaline;
S** Des sels brun olivâtre non précipitables par le chlorure de baryum
neutre, précipitant en brun en présence d'ammoniaque; la teinte de la
solution se fonce un peu par addition d'alcalis.
Dans ces corps, l'acide sulfurique est donc masqué; leur étude déjà
avancée me permettra, je l'espère, d'ajouter bientôt un nouveau chapitre
à l'histoire encore très brève des sulfates dits complexes.
CHIMIE MINÉRALE. — Action du peroxyde d'azote sur l'ammoniac et quelques
sels ammoniacaux. Note de MM. Bessox et Rosset. présentée par
M. Troost.
Avant eu à envisager la possibilité d'employer le peroxyde d'azote comme
dissolvant de sels ammoniacaux, nous avons fait les constatations sui-
vantes :
Si l'on amène du gaz ammoniac liquéfié el refroidi à — 8o° (neige carbunique et
éther) au contact de peroxyde d'azote solide et refroidi à la même température, il se
produit une violente explosion et d'abondantes fumées blanches prennent naissance.
La réaction est plus modérée si l'on fait arriver un courant de gaz ammoniac sec et
refroidi ( — 20°) au voisinage de peroxyde également refroidi contenu dans une cor-
nue tubulée en relation avec des appareils condenseurs refroidis; le vide est fait au
préalable dans tout l'appareil qui est disposé pour recueillir les gaz produits. La réac-
(') Lecoq de Boisbaudran, Comptes rendus, t. XCVI, i883, p. i336, i4o6, i55(.
C. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLIl, N° 11.) ^4
634 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lion est accompagnée d'un grand dégagement de chaleur, formation temporaire de
liquide verdàtre (acide azoteux) et production de fumées blanches. Les gaz dégagés
sont formés essentiellement d'azote mélangé d'ox.yde azotique ÂzO dont la proportion
augmente vers la fin de l'opération, quand la température s'élève. Lorsque la réaction
est terminée, il reste dans la cornue un sel blanc humecté d'eau qui est de l'azotate
d'ammoniaque; la présence d'une petite quantité d'azotite d'ammoniaque a pu être
relevée dans le produit aqueux qui a passé à la distillation au cours de l'opération.
La réaction principale du gaz ammoniac sur le peroxyde d'azote dans les
conditions précédemment spécifiées peut donc se formuler par les équa-
tions suivantes :
3AzO^-h4AzH»=7Az+6H^O
3Az0^4- 2AzH'' + H-0 = AzO+-2(AzO\AzH'').
Le peroxyde d'azote réagit lentement à froid sur AzH*Gl qui se liquéfie à son con-
tact; pour parfaire la réaction, il est bon de chaufler quelque temps à ioo° en tubes
scellés résistants.
La pression gazeuse considérable que l'on observe à l'ouverture des tubes est due à
du chlore et à un mélange d'azote et d'oxyde azoteux Az^O. Quant au liquide bru-
nâtre restant dans les tubes, il se sépare par des distillations fractionnées en composés
oxychlorés d'azote, anhydride azoteux, excès de peroxyde d'azote, acide azotique et
résidu solide formé d'une petite quantité d'azotate d'ammoniaque. La séparation de
l'anhydride azoteux (liquide bleu indigo à froid) est facilitée par la destruction du
chlorure de nitrosyle par le mercure à froid avec dégagement de AzO.
Les équations suivantes permettent de rendre compte de la formation
des différents produits précédemment signalés :
4AzO- + 3AzH^Cl = 2Az=0
5AzO- + 4AzH^Cl = 2AzOCl
4AzO--hH-0 =Az-0'
Le peroxyde d'azote agit sur les azotate et sulfate d'ammonium dans les
mêmes conditions que sur le chlorure, mais le gaz dégagé est exclusive-
ment de l'azote; la masse liquéfiée forme deux couches superposées dont
la supérieure est formée de peroxyde en excès; après son élimination par
distillation, il reste de l'acide azotique dans le premier cas, un mélange
d'acides azotique et sulfurique dans le second.
AzO'AzH* -f-2AzO=' = 2Az-+- 2AzO'H-hH-0,
SO*(AzH*)*-f-4AzO' = 4Az-+-2AzO'H-FSO''H-+2H-0,
équations qui permettent de traduire très simplement les réactions.
3Az -1-
3 Cl
-+-
6R'
0,
7AZ -1-
2CI
-h
8H^
^0,
2AzO'
H.
SÉANCE DU 12 MARS 1906. 635
CHIMIE MINÉRALE. — Action du chlorure de silicium sur le cobalt.
Noie de M. Em. Vigourocx, présentée par M. H. Moissan.
Dans une précédente Communication ('), nous avons publié que des
essais effectués en faisant agir le chlorure de silicium sur des métaux autres
que le fer nous avaient amené à rechercher les conditions de formation du
corps Fe-Si, les résultats obtenus avec le fer et avec la plupart des métaux
de cette famille étant jusqu'ici comparables, au point de vue de la produc-
tion de leurs siliciures. Un de nos piemiers métaux étudiés était, en effet,
le cobalt qui, avec le chlorure indiqué, avait fourni le composé Co^Si. Ces
deux siliciures, qui se rapprochent par leur mode de formation, leurs for-
mules et de nombreuses propriétés, se différencient nettement lorsqu'on
envisage leur caractère magnétique, le siliciure de cobalt n'étant pas sen-
sible à l'action de l'aimant, tandis que celui de fer est facilement atlirable,
ainsi que l'a constaté M. H. Moissan (*) sur le composé préparé avec du
fer et du silicium libre, de même que nous l'avons remarqué plus tard sur
le corps de composition identique formé par nous à l'aide de ce métal et
du chlorure de silicium.
Le mode opératoire est celui que nous avons indiqué dans l'exposé de notre travail
antérieur. Un courant d'hydrogène, parcourant l'ensemble de l'appareil chauffé, balaie
riuimidilé qui peut s'y trouver; puis le chlorure de silicium (contenu dans la cornue
dont le fond est recouvert d'aluminium en limaille capable de le débarrasser de la
petite quantité d'acide chlorhydrique susceptible de le souiller), dirigé par distillation
dans le tube en porcelaine fortement chauffé, passe sur le métal qu'il attaque et vient
se condenser finalement à lintérieur de récipients refroidis. Après quelques heures de
marche, le tube étant progressivement porté à la température maxima que peut donner
notj-e four, température insuffisante pour le ramollir, mais suffisante, croyons-nous,
pour lui permettre d'atteindre 1200° à i3oo°, l'appareil est démonté et le lingot
examiné. Nous provoquons ainsi une série d'actions énergiques et nous mettons fin à
nos expériences lorsque la diminution de poids de notre lingot n'est plus appréciable.
Première aclion. — Nous partons de 4o" à 4-5° de cobalt en poudre très pur, très
fortement magnétique et nous le chauffons sur une nacelle en porcelaine dans le cou-
rant de chlorure de silicium : le métal est transformé jusque vers le milieu de son réci-
(') Eji. ViGOUROUx, Action du chlorure de silicium sur le fer {Comptes rendus,
t. CXLI, 20 novembre igoS, p. 828).
(-) H. Moissan, Action du silicium sur le fer, le chrome et l'argent {Comptes
rendus, t. CXXI, iSgS, p. 621).
636 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pienl, du côté de l'arrivée des vapeurs; sa perle de poids est peu sensible, sa fusion
nulle.
Deuxième action. — Le métal à moitié transformé, grossièrement pulvérisé, est
soumis à une nouvelle attaque, dans les mêmes conditions : sa siliciuration est accomplie
d'une façon plus régulière, il est devenu pâteux et ne pèse plus que 35^ environ.
Troisième action. — Ce lingot est encore fragmenté et remis en présence du chlo-
rure de silicium, toujours dans la même nacelle : une nouvelle quantité de chlorure
bleu de cobalt apparaît; le culot est fondu, à surface striée, son poids n'est guère supé-
rieur à 3os.
Quatrième action. — Ce culot concassé subit une nouvelle attaque : nous le trou-
vons encore fondu, apiès refroidissement, très homogène, très cassant, très cristallin;
il pèse exactement 3o-.
Cinquième action. — Le chlorure de silicium passe sur le produit précédent, éga-
lement concassé, sans former de chlorure de cobalt en quantité appréciable et, après
refroidissement, nous constatons que l'alliage n'a pas subi de fusion, mais les grains
sont plus brillants; leur poids total est resté sensiblement le même.
Sixième action. — La fusion n'a pas eu lieu, même en chauffant longtemps à la tem-
jjérature maxima du four, l'alliage étant maintenu dans un courant d'hydrogène après
le passage du chlorure de silicium. Le résidu métallique a conservé son aspect cris-
tallin et s'est maintenu au poids constant de 3os.
Pour analyser ce cobaltosilicium, nous le soumettons à l'action de l'acide azotique
chaud et, cel te dernière nous paraissant lente, nous l'activons par l'addition de quelques
gouttes d'acide chlorhydrique. Lorsque l'attaque est complète, nous insolubilisons,
reprenons par l'acide chlorhydrique, filtrons et pesons la silice avant et après sa des-
truction pai- l'acide lluorhydrique. Le résidu qu'il abandonne est ajouté à la liqueur de
cobalt que nous dosons par électrolyse à l'état de sulfate ammoniacal.
Résultats.
Trouvé.
I. II. pour Co-Si.
Cobalt pour loo 79)93 So,o5 8o,8i
Silicium » '9)70 '9'8' '9; '9
99>65 99.86 ioo,oo
Ses propriétés sont celles que nous avons reconnues au siliciure de même composi-
tion préparé par les méthodes antérieurement indiquées; sa densité a été trouvée
de 7,38 à la température de zéro; son action sur le barreau aimanté n'est pas sensible
et, parmi les liquides acides, il n'y a guère que l'acide lluorhydrique et les eaux
régales chlorhydrique ou lluorhydrique qui l'attaquent complètement.
Conclusions. — 1° A température élevée, le chlortire de silicium est
réduit par le cobalt avec formation de chlorure métallique qui se volatilise
et d'un cobaltosilicium qui reste; 2" Vers i20o°-j3oo" l'action cesse, c'est-
SÉANCE DU 12 MARS 1906. 637
à-dire que la saturation est atteinte, lorsque l'alliage renferme de 19 à 20
pour 100 de silicium combiné; 3° Cette limite de siliciuration correspond
à la formule du composé Co-Si.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le dilactide de r acide lactique gauche.
Note de MM. E. Jungfleisch et M. Godchot.
Dans une Note antérieure (^Comptes rendus , t. CXLI, p. m) nous avons
fait connaître le dilactide formé par l'acide lactique droit. La présente
Note a pour objet le composé correspondant fourni par l'acide lactique
gauche. A plusieurs reprises nous avons indiqué déjà que, sous l'influence
de certains agents, les acides lactiques actifs se racémisent fort inéga-
lement. La production des ddactides nous a donné l'occasion de con-
stater très nettement des différences de ce genre dans les transforma-
tions effectuées par l'action de la chaleur seule.
Pour obtenir le dilactide-/, on a suivi la méthode appliquée à la produc-
tion du dil.ictide-^/.
La déshydratation par la chaleur de l'acide lactique-Z n'est opérée que sur de faibles
quantités de matière, los au maximum. On dessèche d'abord l'acide lactique-/ en le
chaufïant vers 70° dans le ^ ide avec rentrée d'air sec. La dessiccation étant complète,
on élève la température vers iSc-iâS", et l'on recueille dans un récipient sec le
liquide qui distille; celui-ci ne tarde pas à cristalliser. Une différence avec ce quia
été constaté sur l'acide lactique-c? s'observe tout d'abord : quelques précautions que
l'on ail prises pour éviter de surchaud'er le produit et conduire rapidement la dis-
tillation, les cristaux présentent deux formes; les uns sont tricliniques, volumineux,
ayant l'aspect de tables rhomboïdales, caractéristiques du dilaclide-(f/ -h /); les autres
sont des prismes allongés, rappelant les cristaux donnés en pareille circonstance par
le dilactide-^/; les seconds sont constitués par le dilactide-/. Gomme, dans les mêmes
conditions de traitement, l'acide lactique-r/ fournit le dilactide-c/ sans trace de diiac-
tide-{rf-t- /), il apparaît tout d'abord que la chaleur racémise l'acide lactique-/ ou le
dilactide-/ beaucoup plus facilement que l'acide lactique-c? ou le dilactide-c?.
Les solubilités du dilactide-((/ + /) dans les dissolvants usuels étant beaucoup
moindres que celles du dilactide-/, on sépare aisément les deux corps par des cristal-
lisations fractionnées. L'étlier pur et sec convient particulièrement pour celte sépara-
tion ; le dilactide-(<n?-l- /) se dépose presque complètement pendant le refroidissement
de la solution concentrée, alors que le dilactide-/ reste dans la liqueur; cette dernière,
évaporée à froid dans une atmosphère sèche, donne le dilactide-/.
Purifié par des crisLallisations dans l'éther, le dilactiile-/ forme des cris-
taux semblables, comme apparence, à ceux du dilactide-rf. M. Wvroidîoff,
638 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et nous devons l'en remercier, a bien voulu les déterminer comparative-
ment avec ceux du di!actide-</. Nous dirons seulement ici que les deux
corps sont en cristaux orthorhombiques et hémièdres, en tous points sem-
blables dans les deux cas, avec celte différence toutefois que les facettes bé-
miédriques y sont orientées en sens inverse. Les points de fusion, 9^°, sont
identiques ainsi que les points d'ébullition, iSo" environ sous la pression
o™,025. Les deux corps sont fortement liygroscopiques.
Ces similitudes de propriétés sont observées d'ordinaire entre les variétés
optiquement actives d'un même corps. Il est cependant utile de les spéci-
fier ici pour les dilactides dérivés ries acides lactiques actifs, ces derniers
présentant des contrastes marqués au point de vue cie la racémisation.
Les faits que l'action du dilaclide-/snr la lumière polnrisée permet d'ob-
server sont, au sens des déviations près, identiques à ceux que nous avons
constatés sur le dilactide-c?. Le dilactide-/est dextrogyre, alors que l'acide
lactique-/, son générateur, estlévogvre; en outre, le pouvoir rotatoire du
dilactide-/est extrêmement considérable si on le compare à celui de l'acide
libre. En solution benzénique et à 16°, le dilactide-/ donne (x.q = -+- 281", 6
avec une solution contenant os,8r58 dans 100™'; la déviation diminue
quand augmente la dilution de la liqueur : c<,[,= -t- 268° avec une solution
contenant moitié moins de dilactide-/, soit 0^,4079 pour loo"^"'; y.y = + aSi"
avec une solution en contenant quatre fois moins, soit o^, 2089 pour loo"""'.
La courbe représentant celte décroissance du pouvoir rotatoire, dans des
solutions de plus en plus diluées, est semblable à celle donnée de même
par le dilactide-*/. Le dilactide formé avec chacun des acides actifs présente
dans les deux cas un pouvoir rotatoire à peu près centuple de celui de
l'acide.
L'action de l'eau froide sur le dilactide-/ s'exerce de la même manière
que le dilactide-rf, avec production des mêmes phénomènes résultant de la
formation, par hydrolyse progressive, d'acide laclyllactiqiie-/, fortement
dextrogyre, puis d'acide lactique-/ faiblement lévogyre. Si l'on observe au
polarinièlre une solution de dilactide-/ dans l'eau, récemment obtenue à
froid, on constate tout d'abord une déviation moins forte que celle observée
sur la solution benzénique, mais considérable cependant. Cette déviation
est due à l'activité prédominante de l'acide lactyllactique-/ qui est alors
abondant dans la liqueur; elle diminue progressivement à froid par hydro-
lyse de l'acide lactyllactique-/ lui-même. Par exemple, 0^,1422 de dilactide-/
formant avec l'eau 3o™' de solution, on a trouvé d'abord, à 12°, a[,=: -f-2o4°,
puis après 2 heures «j,^ -+- 140", après 6 heures «^^ -1- 1 14°, après 12 heures
SÉANCE DU 12 MARS 1906. (Vâi)
aj, = + 91°, après 18 heures «1,= + 42°, après 42 heures a,, = + 35°, après
66 heures olj^—-{-2S° et après 80 heures an= + r4''; l'équilibre étant
établi entre l'acitle lactyllacliqiie-/, l'acide lactique-/ et l'eau, l'activité
dextrogyre de la liqueur se maintient dès lors constante à la température
indiquée. Les mêmes phénomènes se produisent, mais beaucoup plus rapi-
dement, quand on chauffe à 100". En résumé, une fois le lactide transformé
en acide lactyllactique, l'action de l'eau est analogue à celle que nous avons
indiquée à propos de l'hydrolyse des solutions aqueuses chargées d'un
acide lactique actif et de l'acide lactyllactique correspondant.
Si l'on neutralise, immédiatement après la dissolution, la liqueur fournie
par le lactide-/ au contact de l'eau froide, en la traitant par un excès de
carbonate de zinc, on la trouve ensuite chargée de quantités importantes
de lactyllactate-/ de zinc, sel à pouvoir rotatoire dextrogyre considérable,
décomposable peu à peu, par hydrolyse, en acide lactique-/ et lactate-/ de
zinc, les choses se passant ici comme pour les dérivés de l'acide lactique-rf
(Comptes rendus , t. CXLI, p. 112 et ii3).
Le dilactide-/ et le dilactide-c? se combinent pour former le dilac-
tide-(rf+ /). Celui-ci étant beaucoup moins soluble dans l'éther que ses
composants actifs, la combinaison se réalise aisément en dissolvant séparé-
ment et à froid des quantités égales de dilactide-/ et de ddactide-^/ dans
70 fois leur poids d'élher pur et sec et mélangeant les deux solutions obte-
nues; au bout de peu d'instants, des cristaux de dilactide-(f/ -t- /) se dé-
posent. Leur aspect ne permet pas de les confondre avec ceux des dilac-
tides actifs; d'ailleurs ils fondent à 120°, point de fusion du dilactide-(£/-f-/)
correspondant à l'acide lactique de fermentation, alors que les deux dilac-
tides actifs fondent 25° plus bas. L'eau mère évaporée fournit de nouveau
des cristaux de dilactide-(f/-|- /) et cela jusqu'à épuisement de la liqueur.
CHIMIE. — Méthode de détermination des matières étrangères contenues dans
les cacaos et les chocolats. Note de MM. F. Bordas et Touplaix, pré-
sentée par M. D'Arsonval.
Dans l'étude que nous avions faite de l'utilisation des centrifugeurs à
grande vitesse pour l'analyse rapide des matières alimentaires telles que
lait, chocolats, cacaos, etc. nous avions constaté que même avec de sem-
blables vitesses les éléments en suspension dans les liquides se déposaient
dans les tubes des centrifugeurs par ordre de densité.
G4o ACADÉMIE DES SCIENCES.
La chose était surtout évidente pour les matières insolubles composant
les chocolats et cacaos. On pouvait en effet distinguer dans la partie inso-
luble du dépôt des séries bien délimitées, de couleurs différentes.
Nous avons donc songé à utiliser cette remarque de façon à pouvoir
séparer méthodiquement non seulement les différents éléments qui com-
posent les chocolats mais encore les déchets qui s'y trouvent : germes,
cosses, etc. et les matières étrangères qui y sont souvent mélangées frau-
duleusement.
Jusqu'à présent cet examen était très difficile lorsqu'il s'agissait de séparer
des germes et des cosses, il était presque impossible alors de déceler avec
certitude la présence de petites quantités de matières organiques étran-
gères, telles que les tourteaux de graines oléagineuses.
L'examen microscopique direct était long et souvent infructueux et il
ne fallait guère songer à une évaluation même très approximative de la
quantité de matières étrangères incorporées au chocolat ou au cacao.
Les produits qu'il convient de séparer éventuellement du chocolat sont
d'abord les matières siliceuses et ocreuses, les amidons, les tourteaux
d'arachides et autres, les germes et les coques du cacao et enfin l'amande
même du cacao.
Voici comment on peut facilement pratiquer cette séparation :
Le procédé consiste à préparer une série de liquides de densités variables de i34o
à 1600, dans lesquels se précipitent ou surnagent les poudres qui y sont mélangées.
En s'adressant au tétrachlorure de carbone et en diminuant la densité au degré
voulu à l'aide de la benzine on obtient une série de liquides de densités connues qui
permettent de résoudre le problème.
Il est nécessaire bien entendu de débarrasser, par exemple, le chocolat ou le cacao de
sa matière grasse ainsi que des matières solubles dans l'eau ; il faut opérer avec l'inso-
luble convenablement pulvérisé et séché ; on facilite la précipitation en utilisant le
centrifugeur.
On conçoit sans qu'il soit nécessaire d'insister que par de simples décantations on
puisse séparer les parties surnageantes de celles qui sont précipitées au fond du tube
ou centrifugeur.
On recueille le produit sur un filtre, on pèse après avoir au préalable procédé à un
examen microscopique.
Voici quelques chiflVes obtenus :
Pour des densités de : Insolubles des : Caraetères.
i34o Tourteaux d'arachides Précipite
1/135 >> Surnage
i4oo Germes de cacao Précipite
i44o » Surnage
SÉANCE DU 12 MARS
KjoG.
i densités de ;
Insolubles des :
Caractcros.
i44o
Cacao pur
Précipite
i5oo
))
Surnage
i5oo
Coques
Précipite
i53o
»
Surnage
i5io
Fécule de pommes de lerre
Précipite
iSaS
»
Surnage
1600
Matières ocreuses ou minérales
Précipite
6^1
On voit donc que, en partant d'un liquide d'une densité de i44o» f'"
peut séparer les tourteaux d'arachides et les germes, du cacao, des coques,
des fécules et matières minérales, de même qu'avec un liquide d'une den-
sité de i5oo on peut séparer le cacao des coques, de la fécule et des ma-
tières minérales et ainsi de suite.
Cette technique très simple peut s'appliquer à la séparation fl'autres
produits alimentaires réduits en poudre, tels que cafés, poivres, éj)ices, etc.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Serum aiuioxydasique polyvalent.
Note de M. C. Gessard, |)résentée par M. Roux.
J'ai obtenu antérieurement (') des sérums empêchants distincts pour cha-
cune des diastases oxydantes en mettant sous la peau de lapins distincts de
la laccase de l'arbre à laque d'iuie part, de la tyrosinase de champignons
du genre Russule, d'autre part. La coexistence de la laccase et de la tyro-
sinase dans la plupart de ces champignons doit faire que le sérum qu'ils ont
servi à préparer empêche également l'action de l'une et l'autre diastase.
C'est ce que j'ai entrepris de vérifier. J'ai employé pour cela Russula
delica Fr. Le suc de ce champignon possède aussi la propriété de bleuir,
même dans le vide, l'émulsion de gayac peroxydée, propriété qu'on attri-
bue à une diastase particulière, la peroxydase.
A la suite d'injections sous-cutanées de macération glycérinée de Rus-
sula delica, le sérum des la|Mns est devenu empêchant, à la dose de deux
gouttes pour une goutte de la liqueur diastasique, dont l'action est sans
cela manifeste en quelques minutes dans les réactifs appropriés mis sous le
volume de 1"^' . C'est-à-dire qu'il prévient, au rebours du sérum de lapin
(') Annales de l'Institut Pasteur, t. XV, 1901, p. 609, et Comptes rendus de la
Société de Biologie, 1902, p. 55i et 1898; 1908, p. 227.
G. H., 190C, 1" Semestre. (T. C\LII, N" 11. i o5
64-1 ACADÉMIE DES SCIENCES.
normal comparativement essayé, le rosissement de la solution de tyrosine
(antilyrosinase); le bleuissement de l'émulsion de gayac récente (antilac-
case); le blenissement de l'émulsion de gayac peroxydée (antiperoxydase).
D'autre part, dans une deuxième série d'expériences, le même sérum ajoulé
aux mêmes proportions après que les réactions colorées ont pris naissance,
arrête, au degré correspondant au moment de son intervention, la coloration
j)ro£ïressive corrélative de l'action diastasique, et montre ainsi, à l'égard du
procès de coloration des trois diastases, une efficacité curative, si je puis
dire, en rapport avec l'efficacité préventive d'abord constatée. Mais celle
double action est spécifique et concerne seulement les diastases originaires
de l'espèce végétale qui a servi à préparer le sérum; et, par exemple, ni la
lyrosiiiase de la seiche, ni la laccase de l'arbre à laque, ni la peroxydase
du malt ne sont influencées par ce sérum.
De fait, ces expériences ne sont que l'illustration, à la faveur de phéno-
mènes de coloration, de ce que réalise la pratique de la préparation des
sérums polyvalents contre certaines maladies microbiennes. Quand, pour
obteoir ces sérums, nous introduisons dans un organisme animal un en-
semble de virus diversement spécifiés, nous ne faisons que provoquer,
comme ici, l'élaboration et la juxtaposition dans le même sérum d'anti-
corps en nombre correspondant et de spécificité adéquate. Il peut y avoir
quelque intérêt à rendre cette notion tangible au moyen de diastases
faciles à identifier et nettement différenciées par leurs réactions chromo-
genes.
BOTANIQUE. — Contribution à l'anatomie systématique de quelques genres
de Fougères. Note de M. Ferdinand Pelourde, présentée par
M. Guignard.
Les auteurs qui ont utilisé les données de l'anatomie pour classer les
Fougères se sont basés uniquement sur le pétiole. J'ai cru utile de re-
prendre la question en examinant également les autres organes végétatifs,
et je me propose d'indiquer dans cette Note les principaux résultats aux-
quels m'a conduit l'étude comparative de la racine et du pétiole.
Les espèces que j'ai considérées apparîiennent aux genres Asplenium L.,
Scolopendrium Sm., Ceterach Willd., Athyriuni Roth., Aspidiurn R. Browu.,
Nephrodium Ricli., Poly podium L., Phegopteris Fée, Pleridium Gleditsch,
Pteris L., Adiantum L.
SÉANCE DU 12 MARS 1906. B/jS
Les trois premiers, qui faisaient autrefois partie du même genre Asplenium, se
distinguent principalement par l'indusium, qui est libre intérieurement dans les vrais
Asplenium. alors qu'il est soudé des deux côtés, et s'ouvre par une fente, en son milieu,
chez les Scvlopendrium. et qu'il manque chez les Ceterach.
J'ai constaté que, analomiquement, ils constituent un ensemble homogène et ne
présentent entre eux. que des dillérences de détail.
Chez A. Adiantum nigruin L., A. Tvichomanes L., A. Rata muraria L., Se.
ojjicinariiin Sw. {Asplenium Scolopendriuni L. ), Ceterach ojjlcinarum Willd.
{AspL. Ceterach L.), etc., en eflet, la racine présente toujours ces éléments scléreux
si caractéristiques, à lumière faible, rejetée du côté externe, lequel n'est pas épaissi,
et le faisceau possède, dans sa partie supérieure, le faisceau à bois en X bien connu.
On peut toutefois distinguer VA. A. nigrum par le fait que les deux branches infé-
rieures de cet X v sont bien développées, conlrairement à ce qui a lieu dans les deux
autres Asplenium . et l'^l. R. muraria par l'absence de sclérenchyme autour de son
pétiole.
Quant à Se. ojjlcinarum et Cet. officinarum, ils se séparent des vrais Asplenium
par les amas scléreux qui accompaguent, comme on sait, leurs faisceaux pétiolaires
et ils se distinguent entre eux en ce que ce sclérenchyme est à lumière centrale chez
Se. ojjlcinarum, alors qu'il est à lumière excentrique, tout comme dans la racine
correspondante, chez Cet. ofjicinarum.
De plus, ce dernier n'a qu'un faisceau pétiolaire initial, qui se divise bientôt en
deux, lesquels s'unissent à nouveau plus haut.
Ues^hcQ Athyrium Filix Jeniina Roth {=z Asplenium F. Jemina BevnU.), qui a été
séparée des vrais Asplenium par la forme arquée de son indusium, s'en distingue
ejacore plus anatomiquement par l'écorce de sa racine, qui a les parois de ses cellules
toutes épaissies, mais non sclériliées et par son bois pétiolaire bien connu en forme
iVhippocampe très allongé.
Le genre Nephrodium, caractérisé par son indusium réniforme, fixé suivant un
rayon qui aboutit au fond du sinus, est hétérogène. Mes observations me conduisent à
le subdiviser en deux séries; dans la première se rangent .V. Fili.r-Mas Rich., /V. c/'«-
tatum Mich., N. patens Desv., /V. spinulosum Strempel, /V. conJluensV. Muell, etc.,
et dans la seconde on a N. molle Desv., N. Thelypteris, etc.
Dans la première, la racine possède une gaine scléreuse et les faisceaux pétiolaires
sont entourés par une couche de cellules, sclériliées uniquement dans leur paroi
interne, suivant une assez grande épaisseur. On sait, en outre, que les deux principaux
de ces faisceaux ont leur bois en forme de cornue à col court et étroit, tourné du côté
interne.
Chez .V. conjluens. la partie renflée de la cornue a une forme spéciale, en haltèri-,
étranglée en son milieu, et le col en est réduit à une ligne de vaisseaux très petits, à
parois très minces.
Dans la deuxième série, la racine et les faisceaux du pétiole sont sans gaine sclé-
reuse. En outre, le bois en hippocampe de ces derniers présente une lète très massive
et non recourbée, chez N. molle.
Dans le genre Aspidium, qui difTère du genre Nephrodium par son indusium orbi-
«ulaire, fixé uniquement par le centre, l'espèce .4. angulare Meilen. possède une
644 ACADÉMIE DES SCIENCES.
structure analogue à celle des lYephrodium précédents de la première série, auprès
desquels, par conséquent, il convient de la placer.
J'ai constaté que le genre J'ohpodiiini. caractérisé par l'absence diiidusium, est
très homogène. Dans les espèces suivantes : P. vulgare L., /-". aitreum L., P. phylli-
tidis L., etc., en effet, la racine a toujours le même aspect, avec son sclérenchyme à
lumières en lèvres étroites et allongées tangentiellement, et ses éléments corticaux,
ordonnés, comme on sait, assez régulièrement, dans le sens tangentiel et dans le sens
radial.
En outre, les faisceaux péliolaires sont entourés par un sclérenchyme analogue à
celui qui lui correspond dans la première série des Neplirodiuni considérés.
Toutefois, le bois en triangle des deux principaux de ces faisceaux a sa pointe beau-
coup plus recourbée vers la surface du pétiole chez P. aureum et P. phyllitidis que
chez P. vulgare. D'ailleurs ces deux espèces présentent avec P. vulgare une difle-
redce morphologique assez profonde, savoir que leurs nervures sont anastosomées en
mailles, au lieu d'être libres, comme chez P. vulgare.
Le Phegopteris calcarca Fée ( =: Polvpodium calcareutn Smith) se distingue des
Polypodes précédents par ses sores placés sur le trajet des nervures, et non à leur
extrémité; mais il s'en éloigne encore davantage anatomiquement, par sa racine sans
gaine scléreuse et ses deux faisceaux péliolaires, non entourés de sclérenchj'me et à
bois en hippocampe.
L'ancien genre Pteris a été subdivisé en Pteris proprement dit, avec sores rangés
en bordure, interrompue de chaque côté avant d'avoir atteint le sommet du limbe, et en
Pteridiiim, avec sores rangés en bordure continue, qui contourne le sommet du limbe.
L'anatomie justifie cette distinction.
En effet, le pétiole de Pteris aquilina Kuhn, à structure bien connue, avec ses nom-
breux faisceaux souvent séparés par des bandes scléreuses, est tout à fait spécial, et ne
saurait être confondu avec ceux de Pteris cretica L. et de Pteris longifolia L., où le
bois des deux seuls faisceaux, en hippocampe, a son extrémité inférieure renflée et non
recourbée, chez P. cretica, tandis que cela se passe pour l'extrémité supérieure chez
P. longifolia.
Toutefois, il faut remarquer que, dans ces trois espèces, la racine est analogue, avec
sa gaine scléreuse et son liber réduit à un arc très mince.
Le genre Adiantuin. caractérisé par ses nervures rayonnantes et par ses sores situés
sur le bord externe du limbe qui les recouvre en se recourbant sur eux, paraît homo-
gène. Les espèces A. tenerum Swarlz, ^4. cuneatuin Langs et Fisch, etc., présentent
en effet une racine caractéristique, à cylindre central hexagonal, comme on sait, et
limité principalement par six larges cellules sclérifiées, après lesquelles vient un
anneau scléreux ordinaire. Le bois des deux faisceaux pétiolaires, en cordon à peu
près droit chez A. cuneatum. est un peu plus contourné chez .1. tenerum.
En résumé, l'examen anatomique des espèces précédentes tend à établir
les conclusions suivantes :
Les genres Asplenium, Polypodium et Adiantum sont bien homogènes.
Le premier présente des affinités profondes avec les genres Scolopendrium
SÉANCE DU 12 MARS 190G. 645
et Ceterach. et se distingue nettement du genre Athyrium, de même que le
genre Polypodium se distingue du genre Phegopleris .
Le genre Nephrodium est hétérogène et il importerait d'y faire une cou-
pure et de ranger, à côté des espèces de la première série, l'espèce ^5/7/0?»//»
ansidare.
Enfin, le genre Pleridium se distingue bien des vrais Pteris.
CRYPTOGAMIE. — La fécondation nucléaire chez les Mucorinées. Note
de M. Dangeard, présentée par M. Guignard.
C'est en 1820 qu'Ehrenberg fit connaître ses observations sur la conju-
gaison d'une Mucorinée, leSyzygites, qui est devenu le Sporodinia grandis.
Les phénomènes morphologiques relatifs à la sexualité se trouvaient ainsi
connus dans cette famille des Mucorinées bien avant qu'on les soupçonnât
chez la plupart des autres végétaux.
Pendant que nos connaissances sur les phénomènes de fécondation se
complétaient peu à peu, s' étendant à tous les groupes d'animaux et de
végétaux, il est assez remarquable de constater que chez les Mucorinées la
question n'avait guère progressé depuis Ehrenberg. On a décrit, il est vrai,
de nombreux genres et de nombreuses espèces, mais on ignore encore s'il
existe une véritable fécondation dans les xvgospores; c'est cette lacune que
nous allons essayer de combler.
Pour bien saisir la siejnification des phénomènes de fécondation chez les
Mucorinées, il est nécessaire de considérer les organes copulateurs non
comme des gamètes, erreur encore très fréquente, mais comme des ga-
métanges.
Tandis que, chez la plupart des êtres, la réunion des gamètes a lieu en
dehors des gamétanges ou des gamétophores, chez un certain nombre de
champignons inférieurs les gamétanges se sont mis directement en con-
tact, ce qui offre deux avantages principaux : la plante évite une perte de
substance résultant de la destruction des gamètes qui s'égarent et n'ar-
rivent pas à s'unir; en outre, cette disposition permet aux organes copula-
teurs et même à l'œuf de recevoir du thalle un apport nutritif.
Dans cette union directe des gamétanges, les noyaux doivent toujours
être considérés comme noyaux de gamètes, mais les gamètes ne se diffé-
rencient plus morphologiquement; ils restent à l'état d'énergides sexuels
représentés par leur noyau.
646 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il n'en est pas moins vrai que si, lors de l'union des gamétanges, ces
noyaux d'énergides sexuels se fusionnent, il y aura union de gamètes et
fécondation nucléaire, conformément; aux lois générales de la sexualité.
C'est oe qui a lieu chez les Mucorinées.
Nous avons pu observer les faits en détail dans le Macor fragilis et le Sporodinin
grandis. La première espèce se prête mieux à ce genre de recherches, parce que les
noyaux y sont moins nombreux dans chaque gamétange et qu'il est plus facile de suivre
leur destinée ultérieure.
Les conjugaisons nucléaires se produisent assez tardivement dans les zygospores où
le protoplasma passe de la structure dense à la slruclure vacuolaire, puis à la struclure
réticMJnlie el enfin à la structure alvéolaire. C'est à la fin de la phase réticulaire que se
produisent les fusions de noyaux; elles n'ont pas lieu toutes en même temps; elles se
font, progressivement, au fur el à mesure des hasards de la rencontre, lorsque le mé-
lange des protoplasmes amène au voisinage des énergides provenant de gamétanges
différents.
La fécondation nucléaire se présente avec ses caractères ordinaires; les noyaux
ariivent au contact; la membrane nucléaire disparaît en ce point; les nucléoplasmes
se mélangent; les deux nucléoles restent quelque temps distincts sous la même mem-
brane, puis se fusionnent.
Les zygospores mûres renferment un grand nombre de noyaux doubles de copu-
lation ; ce sont eux qui fournissent à germination les noyaux du nouveau thalle.
ZOOLOGIE. — SHr/'HylochœrusMeinertzhageuiO. JAi.NotedeMM.3lAURicE
DE Rothschild et Henri Neuville, présentée par M. Edmond Perrier.
\J Ilylochœrus est, après VOkapi, le seul grand mammifère vivant que les
nombreuses explorations de l'Afrique aient depuis longtemps fait connaître.
Tous deux sont originaires de l'Afrique équatoriale (le premier provenant
de l'Est, le second du Centre), et la présentation récemment faite par
M. Gaudry (') d'une défense paraissant appartenir à un grand mammifère
africain inconnu, semble prouver que cette région peut encore ménager
d'autres surprises du même ordre.
De même que VOkapi, V Hylochœrus n'a si longtemps échappé aux re-
cherches que par suite de son habitat très spécial, restreint aux forêts les
plus impénétrables du continent noir (-). Il n'en est connu jusqu'ici que
(') Maurice de Rothschild, Exploralioii de V Af ruine orientale {Comptes rendus.
1 1 décembre igoS).
(^) L'espèce fut découverte au mont Kenya. Les sept spécimens que j'ai rapportés
SÉANCE DU 12 MARS 1906. 647
fort peu de chose, M. O. Thomas n'ayant pu établir ce genre nouveau que
d'après : 1° une peau en mauvais état, sans crâne; 2" un crâne en bon état,
avec un fragment de peau; 3° un crâne en mauvais élat sans mâchoire
inférieure. Il terminait du reste sa description en souhaitant de voir bientôt
arriver en Europe des pièces permettant de compléter son étude. Les
spécimens dont nous disposons, et dont l'Académie a déjà été entre-
tenue('), nous mettent à même, non seulement de donner de nouveaux
détails sur les caractères extérieurs de VHylochœrus, mais encore de pré-
senter des aperçus inédits sur son squelette et d'élucider la question si
intéressante de sa dentition, f/ensemble de ce travail, pour lequel nous
avons été aidés par les savants conseils de MM. Gaudry, Perrier et Boule,
ne sera publié qu'ultérieurement, mais nous désirons, dès maintenant, en
signaler les principaux résultats.
Dans les deux sexes, et quel que soit r;"i?;e, le corps est assez uniformément couvert
de longs poils noirs brillants, d'autant plus fournis que l'animal est moins vieux.
Il existe une véritable crinière, très spéciale, surtout développée chez le jeune el
l'adulte, très atténuée chez les vieux sujets; elle est formée de poils noirs et durs,' plus
développés que ceux du reste du corps. Les oreilles, assez semblables à celtes d'un
Phacochère, sont terminées par une courte touffe de poils. La queue, grêle el légère-
ment aplatie, se teimine par un léger pinceau. On remarque, sur la face, deux taches
blanches ou blanc jaunâtre, l'une à la commissure de-; lèvres, l'autre au-dessous de
l'oreille, à l'articulation de la mâchoire; celte dernière est plus fournie. Il existe, en
outre, de chaque côté de la face, une proéminence charnue rappelant celles du Phaco-
chère, et une sorte de larmier, à peine indiqué chez le jeune, mais pouvant acquérir,
chez les vieux sujets, de vastes dimensions.
A première vue, les membres, et plus spécialement les doigts, oH'renl une apparence
massive, particulièrement robuste, caractérisée parl'énorme élargissement des méta-
carpiens et des métatarsiens comparés à ceux des autres Suidés. Cet élargissement pou-
vant suggérer un rapprochement avec ce qui s'observe chez les Hippopotames, dont le
voisinage avec les Suidés, dans la classification, est établi par d'autres caractères, nous
avons été portés à étendre nos mensurations et à rechercher quel rapport il peut y avoir,
proviennent tous de la forèl de Nandi el j'ai pu acquérir la certitude qu'ils se ren-
contrent aussi aux monts Laikapia et Loroghi ; bien plus, je puis même affirmer que
cette espèce, loin d'être inhérente à l'Est africain équatorial, se rattache plutôt à la
faune congolaise et, qu'en particulier, les animaux signalés par Emin Paclia. Stanley
et sir Harry Johnston, entre la Semliki et l'Ikari, ne sont pas des Hippopotamus
hberiensis comme ils en ont émis l'hypothèse, mais des Hylochœrus.
M. DE R.
(') Maurice de Rothschild, Exploration de V Afrique orientale {Comptes rendus,
II décembre igoS).
G/jH ACADÉMIE DES SCIENCES.
ciiez nos Hylochœrus. avec ce qui existe chez les Hippopotames. Nous avons clioisi
spécialement ici, comme terme de comparaison, les Hippopotamus Lenierlei Grani\,
et liberiensis Leydy. en raison des similitudes de taille qui s'observent entre ces pe-
tits Hippopotames et Vaylochoerus. L'examen et le rapprochement des chiffres résul-
tant de nos mensurations montrent jusqu'à quel point cette comparaison est motivée.
Par endroits, la similitude de proportions est frappante, tandis que l'écart avec le Foia-
mochère et le Phacochère est considérable. Remarquons encore ici que V Hylochœrus
étant exclusivement un animal de forêt a pu y subir des adaptations spéciales.
Les détails de la dentition sont peut-être plus intéressants encore que les
caractères extérieurs ou squelettiques. L'étude de nos spécimens montre
que l'hypothèse, d'ailleurs émise avec réserve, par M. Thomas, au sujet de
l'absence àe pm[\ à la mâchoire supérieure et de son remplacement défi-
nitif par mpl\, n'est pas justifiée. Sur le spécimen type, il est vraisemblable
que l'âge relativement peu avancé a seul permis cette persistance de mpl^.
Certains de nos sujets offrent ime disposition qui paraît rappeler un peu
celle du type; l'usure de mp!^ n'y est pas aussi avancée, mais ses racines
externes, en voie de résorption, sont repoussées hors du maxillaire, proba-
blement par la pression du germe de pm[\, bien que cette dernière ne soit
pas encore formée. Au contraire, sur de très vieux sujets, nous voyons net-
tement en avant de mi, parfaitement reconnaissable, une pm[\ définitive
dont l'issue semble avoir été extrêmement tardive.
Malgré le très jeune âge d'un de nos sujets, nous n'avons jatnais ren-
contré yomi à la mâchoire supérieure, n\pm\, pmi el pm3 à la mâchoire
inférieure. Par contre, nous trouvons «3 à la mandibule de deux d'entre
eux; dans l'un il s'agit d'une dentition de lait; dans l'autre, bien que beau-
coup plus avancée, la dentition n'est pas encore entièrement définitive.
Ainsi que M. Thomas l'a fait remarquer, nous ne rencontrons ici ni la
structure compliquée du Potamochère, ni la disposition hypsodonte si hau-
tement différenciée du Phacochère; cependant, la disposition réalisée chez
VHylochœrus appartient au type bunodonte et manifeste un acheminement
vers la structure qui s'observe chez le Phacochère, par suite delà tendance
(les (lenticules à l'individualisation, tendance plus régulière que chez les
autres Suidés.
SÉANCE DU 12 MARS tQoÔ. 649
ZOOLOGIE. — Slruclure des cœcwns ou appendices filiformes de rintestin
moyen des I'hyllies (') (Phyllium crurifoliiim Audinet Sen'iUe) . Noie
de M. L. Bordas, présenlée par M. Edmond Perrier.
Les cieciims filiformes de l'intestin moyen des Phasmides furent tout
d'abord signalés par MùUer (1823), puis décrits successivement, chez cer-
taines espèces, par N. Joly (1871), par Heymons (1897) chez le Bacillus
Rossii, par de Sinéty (1902) chez le Bacillus. la Leplynia, etc. En 1896,
nous avons pareillement étudié les glandules a|)peudicnlaires de l'intesLiti
moyen dans les genres suivants : Phybalosoma, Acanthoderus et Necroscia.
Anatomie. — Le tiers postérieur de l'intestin moyen des Phyllies est ca-
ractérisé par la présence de nombreux appendices filiformes, sinueux et blan-
châtres, présentant, avecles tubes de Malpighi, une certaine ressemblance
extérieure. Leur apparition se fait d'une façon brusque, de sorte que l'on
passe, sans transition, d'une région intestinale à l'autre. Le nombre de ces
tubes est assez considérable. Chez le Phyllium criirifolium Aud. Serv. nous
en avons compté 65 à la face dorsale de l'organe : ce qui porte à i3o envi-
ron la totalité de ces glandules dans le genre que nous avons étudié.
Chaque tube appendiculaire comprend deux parties très caractéristiques : un réser-
voir proximal, piriforme, conique ou cylindrique (de o'°°',5 à o™"",7 de long sur |- de
millimètre de large) et un canal distal. long et sinueux. La cavité du réservoir est gé-
néralement régulière: cependant, elle présente parfois des sinuosités ou replis dus à la
prolifération des éléments épilliéliaux. Dans quelques cas on voit, en elTet, certaines
cellules s'allonger vers le centre en forme de tubercules à pointe mousse. L'orifice de
communication avec l'intestin moyen, généralement large, est parfois étroit et pré-
sente alors la forme d'une fente en boutonnière.
Le passage du réservoir collecteur au long tube terminal se fait, presque toujours,
dune façon brusque, rarement progressive. Les tubes glandulaires sont longs, régu-
lièrement cylindriques, blanchâtres et forment, par leur ensemble, un lin chevelu
s'entremêlant avec les divers faisceaux des tubes de Malpighi.
Les glandules disparaissent brusquement à a™™ environ de l'extrémité postérieure
de l'intestin moyen et sont alors remplacées, au point de vue fonctionnel, jjar des
épaississeraents épithéliaux des parois latérales de l'organe.
(') Divers échantillons de Phyllies, provenant des Seychelles, nous ont été envoyés
par M. le professeur E. lleckel, directeur de l'Institut colonial de Marseille, à qui
nous adressons nos bien sincères remercîments.
C. R.i'^igoG, I" Semestre. (T. CXLII, N° 11.) <H6
65o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Histologie. — Ces cfeciims tuhiileux présentent, au point de vue histolo-
giqiie, (le grandes analogies de structure avec les tubes de Malpighi.
Comme ces derniers, ils peuvent ctri> animés de mouvements vermicuiaires
très caractéristiques quand l'observation est faite sur des animaux récem-
ment sacrifiés et qu'on opère soit dans un liquide physiologique, soit même
dans l'eau. De |3lus, les réservoirs collecteurs sont pourvus d'une fine
musculature striée, à direction oblique, spirale ou circidaire, qui tire son
origine des muscles longitudinaux de l'intestin moyen. Les fibrilles contrac-
liles peuvent même se prolonger sur les longs tubes glandulaires filamen-
teux qui font suite aux réservoirs.
Les csûcums .Tppeiidiculaires sont raUachés à la paroi intestinale par un très court
pédicule doiU la membrane enveloppante se continue directement avec celle Au tube
digestif. A la suite des vésicules, on peut observer tous les termes de passage entre les
cellules de l'épilhéiium de l'intestin et celles du pédicule fixateur. On voit les hautes
cellules digestives diminuer progressivement de taille et devenir peu à peu rectangu-
laires, pendant que leurs noyaux s'arrondissent et se portent vers la ba^e de chaque
élément.
Les cellules du réservoir glandulaire sont généralement aplaties. Parfois aussi, elles
présentent des irrégularités lemarquables et émettent des prolongements internes à
sommet arrondi, donnant à la cavité une forme sinueuse. Leur limite interne est re-
couverte d'une bordure ciliée en brosse, continuation decelle de l'intestin, mais beau-
coup plus courte que cette dernière. Les cils sont longs, immobiles et disposés en
toull'e sur les bourrelets cellulaires, tandis qu'ils sont beaucoup plus courts dans les dé-
pressions. Quelques cellules sont binucléées à noyaux ovales. Leurs parois latérales
sont peu apparentes et parfois même indistinctes. Au-dessous de l'assise celKdaire se
trouve une très mince membrance basale, recouverte extérieurement par quelques
fibrilles musculaires, obliques ou circulaires, émanées des muscles longitudinaux de
l'intestin. Le tout est enveloppé par une membrane péritonéale très ténue.
Quant à la partie très allongée, cvlindrique, filamenteuse et distale de
la glande, elle comprend intérieurement une couche de cellules aplaties,
parfois cependant irrégulières, avec prolongements internes courts et hé-
misphériques. Une bordure ciliée, à peu près uniforme et régidière, limite
la cavité du canal. Ces cellules, indépendanmient de leur revêtement cili-
forme, afiectent, au point de vue de la structure du protoplasme et de la
forme des noyaux, une disposition à peu près semblable à celle que pro-
sente l'épithélium des tubes de Malpighi.
SÉANCE DU (2 MARS iqo6. 65 l
ZOOLOGIE. — A propos de l'anatomie comparée des Sipunculides. Note de
M. 3Iarceî.-A. Hérteel, présentée par M. Yves Delage.
Le cerveau des Sipunculides est dorsal. Presque toujours il renferme
deux tubes, l'un à droite l'autre à gauche, qui prennent naissance au sein
même delà substance corticale. Au sortir de l'organe, ces tubes se couvrent
de cils vibratiles et se réunissent en un seul, qui s'ouvre à l'extérieur. Pour
ne pas préjuger leur signification, nous les appellerons tubes cérébraux.
L'orifice est situé juste nu-dessus du cerveau. Tantôt il, est impair, médian
et arrondi (Sipunculus nudus, Phymosoma granulatam, etc.); tantôt il
est doublé. Ce sont alors deux orifices symétriques et allongés en forme de
fentes transversales (^Phascolosoma elongalum, etc.). Ces fentes s'ouvrent
au fond de deux sillons, qui limitent deux petits organes superficiels et
transversaux, connus sous le nom de tubercules cdiés. Dans les deux cas, le
ou les orifices sont situés en dehors de la couronne tentaculaire ; et les
tubercules ciliés sont, eux aussi, extracoronaux . Voilà deux points qu'il
convient de retenir. T^e fond des tubes cérébraux est souvent bourré de
pigment. C'est pour celte raison qu'on en a fait des yeux rudunentaires.
Quant aux tubercules ciliés, très richement innervés parle cerVeau, ils sont
considérés comme des organes olfactifs. Certes, ces interprétations sont
très possibles. Mais elles ne jettent aucune lumière sur la valeur morpho-
logique des tubes et des tubercules. Nous n'avons acquis qu'un fait précis :
c'est qu'un appareil particulier etsaushomologies connues met en commu-
nication le cerveau avec l'eau de mer. Et le problème qui se pose est
celui-ci : Quelle est la signification morphologique, quelles sont les honiologies
des tubes cérébraux et des tubercules ciliés ?
Ce problème, l'examen attentif d'une espèce rapportée par l'expédition
Charcot m'a permis de le résoudre.
Il s'agit d'un Phascolosonie (P. Charcoli nov. sp.). Sur l'animal épanoui, la lête,
vue d'en haut, présente une bouche, franchement axiale, et une couronne très fouinie
de tentacules. C'est tout. On ne voit ni orifice de tube cérébral, ni tubercules ciliés.
Et, cependant, il y en a. Pour les trouver, partons du cerveau. Comme dans tout
l'ordre des Sipunculides, il est dorsal. Sa face dorsale est tapissée d'un feutrage con-
jonctif que recouvre le péritoine. Sa face ventrale regarde le canal tentaculaire de
l'oli et, au delà de celui-ci, l'œsophage. C'est vers son tiers sup"érieur que parlent à
droite et à gauche les deux tubes cérébraux. A peine sortis, ils se jettent dans un
grand <i canal longitudinal » qui est creusé dans le feutrage conjonctif dont je viens
052 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de parler. Ce o canal longitudinal », qui tuonte, dépasse le niveau du cerveau. Sa face
ventrale est reliée à l'œsophage par un « tissu lâche et membraneux ». Sa face dorsale
est tournée vers le péritoine. La première est et demeure lisse. La seconde se gaufTre.
Elle figure deux expansions symétriques. Des nerfs partant du cerveau se répandent
dans l'épilhélium de ces expansions, qui est très fortement cilié. En un mol, les con-
nexions et la structure des tubes et des expansions démontrent d'une façon péremp-
toire qu'on est en présence des « tubes cérébraux » et des « tubercules ciliés », ceux-ci
étant logés longitudinalement dans le « canal longitudinal ».
Continuons la description de ce canal. Il monte parallèle à l'œsophage. Mais, au
niveau de la bouciie, la cloison de tissu lâche et membraneux, qui l'unissait à l'œso-
phage, cesse : il s'établit une communication entre le canal longitudinal et la bouche.
Un peu plus haut, il est impossible, à moins d'être averti, de distinguer ce qui est l'un
de ce qui est l'autre; l'innervation des tubercules ciliés disparaît en partie, et ceux-ci
sont en tous points comparables aux expansions de l'œsophage et de la bouche.
Ainsi donc, le c tube cérébral ■» n'est qu'un dh'erticule buccal , et le.s « tu-
bercules cillés » ne sont qu'une différenciation de l'épithélium buccal et œso-
phagien, des expansions plus richement innervées de la bouche et de l'œso-
phage. Or, loule invagination buccale allant au-devant du cerveau et ayant
avec lui des rap|)orts anatomiques plus ou moins intimes est considérée
comme une hypophyse. Le tube cérébral est donc une sorte d'hypophyse. Le
Pliascolosome, qui nous donne la clef de celte homologie, est, à n'en pas
douter, un S'ipunculidé inférieur. Il est remarquable qu'il soit antarctique.
Il est désormais facile de comprendre comment, par suite d'un plus grand
développement en hauteur de la couche de tissu lâche et membraneux , l'ori-
fice de cette hypophyse a été séparé de la bouche et reporté dorsalement par
rapport à celle-ci et aux tentacules, et comment les tubercules ciliés, d'abord
allongés dans l'hypophyse, ont été refoulés jusqu'à son orifice, devenant
ainsi superficiels.
ZOOLOGIE. — Sur l'évolution des prétendues Coccidies des Céphalopodes.
Note de M. Th, Mokoff, présentée par M. Alfred Giard.
Bien que les Sporozoaires parasites de la paroi intestinale d'Octopus et de
Sepia aient, depuis leur découverte, changé quatre ou cinq fois de nom, on
s'jiccorde aujourd'hui à les regarder comme des Coccidies. D'après les
recherches de Siedlecki ces organismes, en effet, évoluent comme de vraies
Coccidies, avec toutefois celle tiifférence (|ue, comme les Eugrégarines,
ils ne présentent pas de schizogonie; d'où le nom d'Eucoccidiuni qui fut
SÉANCE DU 12 MARS 1906. 653
proposé par Lûhe pour les dénommer. Or, ces considérations reposent sur
une fausse interprétation de l'évolution de ces parasites.
Les recherches que j'ai poursuivies au laboratoire de Zoologie de l'Uni-
versité de Grenoble, avec du matériel très fortement infesté provenant de
Cavalière et de la Station zoologique de Cette, m'ont conduit à ce résultat
que,- au point de vue de leur évolution, ces parasites ne sont pas des
Coccidies, mais de véritables Grégarines.
L'évolution de ces difïérentes espèces étant très comparable, je choisirai
comme exemple Eucoccidium Jacquemeti n. sp., une espèce parasite
â'Octopus, qui, en raison de la grande taille de ses éléments, se prête faci-
lement à l'observation.
Les jeunes stades, intracellulaires, ont un cytoplasma clair avec un gros noyau et
sont revêtus, comme les Grégarines, d'une fine cuticule qui persiste pendant toute
leur croissance. Le noyau possède un gros karyosome d'abord massif, puis devenant
vacuolaire à mesuré que grandit le parasite.
Formation des macro gamètes. — Chez les femelles, au terme de la croissance, le
protoplasma devient vacuolaire et la clironialine du karyosome se répand dans le suc
nucléaire sous forme de gros et petits grains dont un grand nombre se dissolvent.
Alors apparaissent à la surface du parasite io-i5 cenlrosomes dont je ne puis encore
reconnaître l'origine avec certitude. Chacun d'eux occupe le centre d'un rayonnement
protoplasmique aboutissant au noyau. Ce dernier a perdu sa forme arrondie; il a aug-
menté de volume et envoie des prolongements dans la direction des cenlrosomes. Ces
prolongements atteignent bientôt les cenlrosomes, et les noyaux se divisent en autant
de parties qu'il y a de centres.
Ainsi se forment, par mitose multiple, des noyaux primitifs, superficiels, faiblement
colorables, avec grains de chromatine de taille variée. Ce stade dure quelque temps,
puis les cenlrosomes apparaissent de nouveau et se divisent en deux ceutrosomes filles
situés au sommet démineuces protoplasmiques qui s'écartent peu à peu Tune de
l'autre. Entre eux la chromatine de chaque noyau primitif s'ordonne en chromosomes
(huit, je crois) et ainsi se forment deux nojaux filles. La division continue de même à
la surface du parasite et conduit au stade de perlage typique des Grégarines. En même
temps, le corps protoplasmique s'est découpé en un boudin sinueux finalement recou-
vert de macrogamèles piriformes rattachés au corps maternel par une large base qui
s'étrangle peu à peu. Puis les macrogamèles se détachent et deviennent sphériques.
Formation des micro gamètes. —Chez les mâles, au terme de la croissance, le pro-
loplasma est devenu gi-ossiérement granuleux, et le karyosome a abandonné au noyau
une quantité de chromatine bien plus grande que chez les femelles, de sorte que celui-
ci se colore intensémenl. Le noyau se porte alors à la surface du parasite, et sa chro-
matine se rassemble dans sa moitié tournée vers l'extérieur. L'hémisphère chromatique
nucléaire ainsi formé atteint la surface même de la Grégarine.
Il se divise alors en deux moitiés qui s'écartent l'une de l'autre, prolongée chacune
par un cône protoplasmique, terminé par une pointe fortement chromatique (cen-
G'/j ACADÉMIE DES SCIENCES.
trosome sans contrôle distinct. Avant ((iie s'achève la division nuclénire, les cenlrosomes
et leur cône attractif se divisent encore un certain nombre de fois, puis la masse chro-
matique s'ordonne en chromosomes mal définis qui se répartissent entre les centro-
somes. Les noyaux primitifs ainsi formés continuent à se multiplier par voie mitotiqne
à la surface du corps qui se divise en lobes sinueux, et le processus se déroule comme
chez les autres Gré2:arines pour aboutir ;"i la différenciation des microgaméles. Ceux-
ci sont très effilés, de 5ol*-55l^ de Ions; sur iV- de large, avec un noyau qui occupe plus
de la moitié de leur longueur, et munis d'une membrane ondulante qui se prolonge en
queue à l'arrière.
Fécondation. — Les microgamètes libi-es gagnent les amas des macrogaméles et se
fixent sur ceux-ci après leur mise en liberté. Le microgamète, d'abord étroitement
fixé sur l'élément femelle, se rétracte peu à peu en ]iénétrant dans celui-ci, en même
temps que son noyau se décompose en nombreux grains de chromatine qui viennent
s'unir au novau femelle. L'union des deux noyaux donne alors un gros synkaryon dont
le volume se réduit rapidement de près de moitié. Une paroi assez résistante se forme
alors autour de la copula, et le noyau =e divise par mitoses successives pour donner
finalement i.j sporozoïtes.
Ainsi se forme, au lieu où se trouvaient les nombreux macrogamètes issus d'une
même Grégarine, un nombre égal de sporocysles sphériques à paroi résistante de i5!^
à. 17^- de diamètre.
Chf z les mitres espèces d' Eucoccidium de Poulpe et notannment chez E.
Octopianum, Iq processus évolutif se déroule à quelques variantes près
comme chez E. Jacquemeti. Partout on observe des cenlrosomes au stade
de perlnije. Il en est de même pour Eucoccidium Ebert/n de la Seiche dont
Siedlecki a donné l'évolution détaillée mais inexacte. Il a pris, en effet, le
stade de perlago, c'est-à-dire la formation des inacrogamètes pour un
stade de sporulation, et en conséquence méconnu complètement le véri-
table processus sexuel.
En résumé, les prétendues Coccidies des Céphalopodes sont en réalité
des Grégarines, car nous admettons, suivant l'enseignement du professeur
Léger, qu'un des caractères essentiels des Grégarines, outre l'orientation
définie du corps, réside en ce que, chez celles-ci, chaque copula donne
naissance à un sporocvste tandis qu'elle donne un oocyste tout entier chez
les Coccidies. Ce sont des Grégarines monocystidées qui, en raison de leur
immobilité et de leur vie au sein des tissus, ne s'accouplent pas au moment
de leur reproduction, mais chez lesquelles l'inconvénient tjui résulte de
l'absence de copularium est largement compensé par l'agilité et le grand
nombre <les éléments mâles.
En conséquence de ces faits il faut reconnaître que le nom d' Eucoccidium
que leur a donné Lùhe ne leur convient en aucune manière.
SÉANCE DU 12 MARS 1906. 655
ZOOLOGIE. — Sur une nouvelle maladie inwi-osporidienne de la Truite indigène.
Note de M. L. Léger, présentée par M. Alfred Giard.
On coiinait déjà chez les Truites trois espèces deMyxosporidies dont deux
paraissent provoquer des maladies graves : ce sont le Myxobolus cerehralis
Hofer, agent du tournis des Salmonidés (Drehkrankheit), qui sévit sur les
très jeunes Truites arc-en-ciel et semble être souvent mortel ; le Myxo-
bolus neurobius Schuberg et Schrœder, qui a été rencontré dans les nerfs et
la moelle épinière de Truites de ruisseau de la forêt Noire chez lesquelles
sévissait une forte mortalité, et enfin Henne"uva Nilsslini Schuber et Schrœ-
der, dont les mêmes auteurs ont observé seulement deux kystes, vraisem-
i>iablement inoffensifs, à la base de la nageoire dorsale du même hôle.
Je signalerai ici l'existence d'une nouvelle Myxosporidie qui habite dans
la vésicule biliaire de notre Truite indigène, Trutta fario L., et que j'ai
rencontrée d'une façon constante chez des sujets atteints par une maladie
à forme chronique se terminant le plus souvent par la mort.
Cette maladie, qui a été observée dans des bassins d'élevage d'un impor-
tant établissement de pisciculture du Dauphiné, sévit depuis plusieurs
années sur des Truites déjà grosses, du poids de loo» à Boo"^.
Le poisson malade perd peu à peu l'appétit et est bientôt atteint d'une
diarrhée jaune brunâtre en même temps qu'il maigrit et devient indolent.
Peu à peu les nageoires et les parties normalement claires de la peau,
notamment les aisselles et la face ventrale, prennent une coloration jaune
bien caractéristique. La maladie se prolonge ainsi pendant de longs mois
au bout desquels le poisson amaigri et anémié finit par succomber.
A l'autopsie, le foie est décoloré, la vésicule biliaire énormément dis-
tendue avec une bile jaune rougeâtre. Des sulfusions biliaires se produisent
dans les organes voisins de la vésicule; les muscles de la paroi abdominale
sont parfois colorés en jaune et comme tannés par la bile. En même temps,
l'intestin présente tous les caractères de l'entérite chronique.
Dans la vésicule et dans les conduits biliaires se trouvent une quantité
innombrable de Myxosporidies libres, de tailles variées, qui, par leurs
spores sphériques tétracapsulées, appartiennent au genre Chloromyxum.
Les étals végétatifs ont la forme d'amibes à mouvements très actifs et persistant
plusieurs lieures après la mort de l'hôte. Ils se meuvent au moyen de pseudopodes
larges et obtus, émanant de la couche ectoplasmique très développée à la partie anté-
656 ACADÉMIE DES SCIENCES.
rieure du corps. Leur forme est laïUôt allongée, comme celle iVAmœba tima.v, atlei-
gnanl eu moyenne l\oV- de long avec une large zone ectoplasmique antérieure; tantôt
massive à contours irrégulièrement lobés avec pseudopodes épars; tantôt ovoïde ou
sphérique de 2\iV- à !\oV- de diamètre, sans pseudopodes visibles (état de repos).
A l'état vivant, l'organisme tout à fait incolore, clair et liyalin, tranche nettement sur
le fond jaune du liquide biliaire. Son endopiasme présente un aspect spumeux, dû à la
présence de nombreuses et larges alvéoles entre lesquelles se voient de fines granula-
tions. Il montre un nombre variable de noyaux visibles même in vh'o comme des corps
réfringents et d'apparence homogène. Ces noyaux possèdent un gros nucléole avec un
suc nucléaire fortement colorable. Avec eux se voient dans l'endoplasme de nombreux
grains chromatiques.
Dans beaucoup d'individus on peut observer des spores mûres ou en voie de déve-
loppement. Leur nombre varie de i à 8, rarement plus, selon la taille de l'organisme,
et parfois on les voit changer de position dans le corps lorsque celui-ci est en mouve-
ment. Les individus à 3 ou 4 spores sont les plus communs et souvent celles-ci ne sont
pas au même degré de développement.
Les spores mûres, létracapsulées, sont spliériques, de 8V- à gf- de diamètre, et pos-
sèdent une paroi formée de deux valves pourvues de côtes saillantes parallèles, très
accentuées. Ces valves sont unies par une bande de substance cémentaire à trajet
méridien mais légèrement ondulé, et à chacune d'elles sont rattachées deux capsules
dont l'une est toujours plus petite que l'autre.
En suivant le développement de ces spores, on peut remarquer que leur enveloppe
est d'abord constituée par deux cellules claires munies chacune d'un noyau et que ce
sont ces cellules qui en se rétractant sur le contenu sporal se plissent et forment les
valves à côtes saillantes de la spore mûre.
Le Chloromyxum de la Truite est très voisin de Chl. Jluviatile Tiiélohan
de Squalius cephalus L. , mais il s'en distingue néanmoins par la taille plus
grande de ses spores et de ses états végétatifs, parles crêtes très accentuées
des valves sporales et la différence de taille constante des capsules d'une
même spore.
La rivière qui alimente le bassin infesté ne renfermant aucun Squalius,
ni aucun autre poisson à Chloromyxum, il y a donc tout lieu de penser qu'il
s'agit là d'un parasite spécial à la Truite et, en conséquence, je propose de
le désigner sous le nom de Chloromyxum truttœ n. sp.
En l'absence d'infections artificielles, il est impossible d'affirmer que
cette Myxosporidie soit l'agent pathogène de la grave maladie mentionnée
ci-dessus; mais une telle relation acquiert un certain degré de probabilité
si l'on remarque que les Truites bien portantes des ruisseaux voisins ne
montrent aucun parasite dans leur appareil biliaire.
SÉANCE DU 12 MARS 1906. 65']
MÉDECINE. — Analyse des bacilles tuberculeux. Note de M. G. Baudrax,
présentée par M. d'Arsonval.
Nous distinguerons deux formes de bacilles : i" les bacilles morts, tués
à iao°; 2° les bacilles vivants, provenant de cullures sur pommes de terre
ou sur bouillons de formule connue.
1° Bacilles morts. — Avant toute opération, ils sont séparés des matières
étrangères auxquelles ils peuvent adhérer (filtres, pommes déterre, etc.),
puis lavés à l'eau distillée froide pour enlever la glycérine et quelques
autres produits; enfin on les sèche à basse température ou dans le vide
sulfurique.
Deux méthodes furent employées : l'une à l'acide chlorhydrique; l'autre,
celle des épuisements successifs ^alcool, xylène, benzine, etc.).
Méthode à l'acide c/ilorhrdriqiic. — Vne quantité déterminée, 206 ou 3ob de corps
bacillaires, est mise au bain-marie à 5o° pendant 8 à 10 jours avec 5oos de HCl à
I pour 100. Au bout de ce temps, on laisse refroidir et l'on sépare mécaniquement la
partie surnageante; celle-ci renferme la graisse et la lécilhine. On lave à l'eau pour
enle\er toute trace de HCl, puis on traite par un mélange d'éther et de benzine dans
la ])roportion de 2 parties d'éther pour i partie de benzine. La matière grasse se dis-
sout entièrement. L'addition d'acétone laisse déposer à froid la lécithine disléariqite
qu'il est facile de caractériser par ses propriétés et sa teneur en phosphore. L'évapo-
ration du liquide donne Voléine et la margarine ; la saponification par la potasse al-
coolique donne un savon soluble que l'on épuise, après neutralisation avec HCl, par
l'éther pour enlever la cliolestérine restant. La transformation en oléate plombique ou
calcique, soluble dans l'éther, permet d'isoler Voléine et d'avoir, par dilTérence, la
margarine.
Les bacilles sont ensuite recueillis sur un filtre, lavés et séchés, puis repris par le
mélange d'éther et de benzine. On obtient ainsi de la cliolestérine que l'on purifie par
l'acide acétique ou benzoïque suivant les procédés connus. Cette cliolestérine a des
réactions spéciales : c'est plutôt de Visoclwleslérine se comportant comme un hydrate
de terpène (Walitzky); en eft'et, traitée à froid par parties égales d'acide azotique et
d'alcool, elle donne l'odeur du terpinol et des cristaux de terpine qu'il est facile d'i-
dentifier. L'oxvdation lente, eu présence de l'air, dans les cultures donne ce même dé-
rivé de la cliolestérine. Il est facile de le mettre en évidence en précipitant la tubercii-
line brute par l'alcool absolu : le dépôt est constitué par des peptones et des matières
albuniinoïdes; la distillation de l'alcool laisse un précipité blanc qui, épuisé par
l'étiier, donne de la cliolestérine non transformée et le produit aromatique à odeur de
jacinthe très prononcée. Le produit odorant de la tuberculine serait donc un hydrate
de cliolestérine analogue à la terpine.
C. R., 1906, 1" Semestre. (T. C\L1I, N» 11.) S7
658 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le produit restant après séparation de la cholestérine est constitué par de la cellu-
lose que ron caractérise ainsi qu'il suit : cette substance se dissout à l'ébullilion dans
parties égales de chlorure de zinc et d'acide chlorhydrique, se colore par les réactifs
spéciaux, chlorure de zinc iodé, etc. Seulement cette cellulose microbienne, culicu-
laire, incrustée de substances minéralisées (silice, calcium), résiste à l'action de l'amy-
lobacter, mais s'hydrolyse lentement dans le milieu suivant : sel de manganèse et eau
à rétu\e à 36° {Comptes rendus, t. CXXXIX, igo^, p- looo, et t. CXL, 1900, p. 884)
donnant ainsi un produit antitoxique comme nous en avons obtenus en traitant de la
même façon la strychnine, les toxines tétanique, diphtéritique, etc.
Les produits de cette transformation sont les acides butyrique et acétique c[ue l'on
sépare par des distillations fractionnées. En faisant les cendres de cette substance,
outre les composants signalés par Schweinitz et Dorset (M, on trouve du fer à raison
de o". 008 par 100" de bacilles et une très faible proportion de manganèse.
Partie liquide. — La partie liquide dévie à droite le jjlan de polarisation
de la lumière et réduit la liqueur de Fehling. Elle est neutralisée par la
potasse et laisse déposer la nucléine que l'on recueille et pèse. Le reste de
la solution contient environ 53,59 pour 100 de matières albuminoïdes (-).
On fait évaporer et l'on traite par l'alcool tartrique ou acétique suivant les
méthodes usuelles. On obtient facilement un produit de nature alcaloïdique
qui, injecté à des cobayes à la dose de 0^,10, les fait périr en 2 ou 3 mois
sans lésions tuberculeuses vraies, mais avec hyperémie du rein et des cap-
sules surrénales.
Méthode des épuisements successifs. — Dans un appareil Soxhlet, les
bacilles sont traités par l'alcool absolu à trois reprises différentes. Ils sont
ensuite épuisés par le xviène. Tous les liquides sont réunis et précipités
par l'acide acétique. Presque toute la cholestérine se dépose. L'addition
d'acétone permet de séparer la lécithine distéarique . L'évaporation donne
les graisses qu'on saponifie par la potasse alcoolique; les savons sont
transformés en sels calcaires par le chlorure de calcium. On a ainsi les
stéarate et oléate qu'on pèse et sépare au moven de l'éther : l'oléate seul est
soluble; le stéarate est dosé par différence.
Les bacilles, privés de tout liquide extracteur, sont traités par HCI; la
soude permet d'isoler la nucléine. Le liquide de ce dernier épuisement est
traité comme ci-dessus. Il reste de la cellulose avec son fer et son manga-
nèse. Les résultats ne sont pas absolus; ils varient d'une espèce à l'autre,
humaine ou bovine.
(') Tlie minerai constiliients of llic tubercle bacilli {CentrallihiU fiir Bac!;..
t. .XXIIl, 1898, p. 993).
(^) KnESSLiiNG, Ueber die Fettsubslaiiz der Tubcrkelbacillen {Berlin. Idin. U oc/t..
I. \XX, 1901, p. 896).
SÉANCE DU 12 MARS 1906. 659
2° Bacilles vivants. — Ils sont d'abord épuisés à plusieurs reprises à froid
par le chloroforme. On obtient ainsi la cholestérine qu'on purifie. Ensuite
on fait agir le mélange d'éther et de benzine; par l'acélone on eu sépare la
lécithine; les graisses sont dosées comme dans l'opération précédente.
L'action de l'alcool absolu donne, après évaporation et reprise par l'eau,
des anaèroxydases très évidentes par l'eau gayacolée. /.es corps bacillaires
sont épuisés par l'acide chlorhydrique dilué à l'étuve à 37"; cette opération
donne la nucléine et il reste en solution une variété d'alcaloïde dont la
toxicité est telle que i<=« tue en 4o heures un cobaye de poids moyen.
L'autopsie révèle les mêmes symptômes que précédemment, mais plus
accentués.
ComposiUoti du bacille liiherculeux.
Substances grasses 36 à 44
Cholestérine j a 7
Stéarine i 5 à 18
Oléine i o à 12
Lécithine distéarique ... 'Wi 7
JVucléine 3à4
Cellulose .3,60 à 5, 5o
Fer o-, 006 à oS, 008
Manganèse traces
Substances albuminoïdes .jo à 56
La quantité de fer est supérieure de quelques milligrammes dans le bacille iiuniain.
Comparaison entra la f^faisse des bacilles et la graisse du chyle.
Chyle
Uacilles. d'après Uo|j|)0-Seylcr.
Cholestérine 1 3 , i ' i > 3
Lécithine '5)7 7->''^
Oléine 3i ,5 38, 1
Stéarine '^914 43
Les bacilles morts m'ont été fournis par l'Institut Pasteur; les bacilles
vivants par M. le professeur Vallée, d'Alfort.
PHYSIOLOGIE. — La réactio/i fin sang, fonction de la nutrition {loi de /?/<r-
.yf'o/oo-i'e ^e'nera/e). Note de M. Jean Gautrelet, présentée par M. Yves
Delage.
M. Bouchard, en précisant la notion de diathèse, a introduit en Patho-
logie générale la donnée véritablement scientifique et si féconde de réac-
66o ACADÉMIE DES SCIENCES.
tion humorale. Notre but est de généraliser cette notion et de montrer
comment la réaction du milieu intérieur est un facteur essentiellement
biologique, comme elle est fonction de la nutrition, que l'on envisage la
série animale ou les diverses conditions physiologiques ou pathologiques.
Nous n'esquisserons que rapidement ces faits qui sont les conclusions d'un
travail déjà publié (').
La quantité de pigment sanguin, hémocyanine ou hémoglobine, peut
servir à définir l'activité des échanges organiques; or il est des plus inté-
ressant de constater le parallélisme rigoureux qui existe toujours entre la
richesse du sang en pigment et son alcalinité apparente (nous disons
alcalinité apparente afin de souligner l'acidité réelle du sang).
Nous avons effectué un grand nombre de titrages hémoglobiniques et
hémoalcalimétriques, les premiers à l'aide de l'hématoscope, les seconds
par le procédé de Drouin que nous avons légèrement modifié.
Le Tableau ci-dessous montre nettement que l'ordre dans lequel se suc-
cèdent les classes d'animaux groupés d'après leur titre hémo-alcalimétrique
est précisément celui dans lequel augmente l'activité des combustions res-
piratoires : c'est l'ordre des oxydations croissantes (Jolyet et Regnard,
Regnault, Richet) :
Alcalinité apparente
pour Hémoglobine
Animaux. kW™' de sang. pour loo.
mm'
Annélides 38 NaOH 3
Sélaciens Sa 5
Autres Poissons (Carpe). . 65 6
Lézard 70 7
Grenouille 70 8
Chien i33 il,. 5
Lapin 160 12
Cheval 220 i3, 1
Bœuf 220 i3,2
Cobaye 222 i4
Homme 328 i4
Fore 23i i4,3
Moineau 266 i6,5
Dans les deux Tableaux suivants nous avons essayé d'établir le parallé-
(') Jean Gautrelet, Les pigments respiratoires et leurs rapports avec l'alcalinité
apparente du milieu intérieur. Thèse de doctoral es sciences (Arch. Zool. expér. et
génér., igoS, 4° série, t. I, p. 31-171. Schleicher, éditeur, Paris).
SÉANCE DU 12 MARS 1906. 661
lisme qui existe encore entre l'alcalinité du sang et l'activité des oxydations
mesurées par le titre hémoglobinique, dans les diverses conditions physio-
logiques ou pathologiques :
Conditions physiologiques.
Titres
États physiologiques.
Enfants
Adultes
Vieillards
Sexe masculin
» féminin
Repas
Jeûne
Exercice prolongé
» avec entraînement
Hibernation
Sommeil
Parasitisme
Grossesse
hémo-alcali métriques.
faible
I
élevé ,
faible )
élevé
faible
augmente
diminue
diminue
augmente
diminue
diminue
diminue
diminue
hémoglohiniques.
maxima
de 25-45 ans
plus élevé
plus faible
augmente
diminue
diminue
augmente
diminue
diminue
diminue
diminue
di
II. — Conditions pathologiques.
Titres
Maladies. hémo-alcalimétriques. hémoglobiniques.
Fièvre baisse baisse
Typhoïde baisse baisse
Variole baisse baisse
Pleurésie i66™s, 3 baisse
_, , , i baisse à la période )
Tuberculose • , . S
( de consomption )
Anémie diminue i
Chlorose diminue 3 à 4 »
Néoplasie 8o"8, o 6 »
Diabète io8'"8,o ii »
Goutte diminue 8,4 »
Cirrhose diminue diminue
Intoxications diminue diminue
Nous étions donc en mesure de tirer en conclusion la loi générale sui-
vante : il y a un parallélisme absolu entre l'alcalinité apparente du sang et
l'activité des échanges organiques mesurée par le titre hémoglobinique.
iminue
I a 14 pour 100
(J62 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Aiilrement dit, la réaction humorale suit les vicissitudes de la nutrition;
quand celle-ci est ralentie, l'alcalinité du sang diminue et inversement,
i|n'il s'agisse de la série animale ou des diverses conditions de l'individu.
Le mécanisme est d'ailleurs toujours conforme à celui que Bouchard
invoque en Pathologie : le peu d'intensité, la diminution des oxydations
expliquent d'une part l'accroissement des produits incomplètement oxydés,
des acides gras en particulier, et d'autre part la moindre proportion dans le
sang d'ammoniaque, base forte et terme ultime des combustions inlraor-
ganiques des matières azotées.
GÉOLOGIE. — Sur les glaciers plcistocènes dans les vallées d'Andorre.
Note de M. Marcel Chevalier.
Les traces des anciens glaciers quaternaires en Andorre ont été signalées
en 1875 par J.-F. Bladé. M. Penck, en i885, se rapporte à l'opinion de cet
auteur en ce qui concerne celle partie de la chaîne, dans son étude sur la
période glaciaire dans les Pyrénées. Depuis il nous semble que la question
a été délaissée par les géologues.
Lors d'un séjour en Andorre, en septembre igoS, j'ai pu constater que
les glaciers pléistocènes ont laissé des traces absolument nettes tlans les
vallées de la petite République.
Le Valira ciel Oriente prend sa source d;ms un Ijeau cirque glaciaire {cirijuc ilcls
Fessons) dominé par des crêtes granitiques très ravinées par l'action du ruissellement.
Toute la vallée jusqu'à Andorra la vella conserve sur ses lianes des restes de mo-
raines anciennes, des roches moutonnées, polies et striées. On en observe les plus
beaux exemples à Solden. Canillo. Aiigulastès, Las Escaldas. Andorra.
Dans la vallée du Valira del :\orte. les traces glaciaires sont aussi nettes, et repré-
sentées par des dépôts morainiques, des roches moutonnées, striées et polies, observés
surtout à Ordino et au Pont Sont-Antonio où la vallée aflecle une forme en U carac-
téristique.
Pendant la période maxima d'e\tension des glaces, un grand glacier constitué par
réunion près d'Andorra des deux glaciers occupant respectivement la vallée du Nalira
del Norle et la vallée du Valira del Oriente, s'est étendu, après un parcours de a9'"",
jusqu'aux environs de Santa Coloina (io3o'") où il a laissé une moraine frontale
aujourd'hui remaniée et en partie effacée par l'action ultérieure des agents atmosphé-
riques et aussi par le Valira. Ce dernier postérieurement à la disparition du glacier,
arrêté dans sa course par la moraine, a formé derrière cette dernière un lac inondant
toute ta plaijie d'Audorra. Ce lac s'est vidé quand les eaux ont pu se frayer un passage
à travers le dépôt morainique.
SÉANCE DU la MARS 1906. 663
La disparition des gfaees en Andorre ne s'est pas faite d'une façon continue. Il y eut
des moments d'arrêt dans !e recul des glaciers. Ces temps d'arrêt sont marqués par des
moraines frontales abandonnées à divers endroits dans îes vallées des Valira. îl faut
signaler celles d'Orefino et de Canlllo. Derrière ces deux moraines, et jusqu'à ce qu'ils
aient réusiri à les traverser, les cours d'eau ont temporairement formé des lacs de pm
de profondeur.
On ne peut pas affirmer qu'il y eut dans cette parlie des Pyrénées deux extensions
glaciaires séparées par une phase interglaciaire. Partout, en ellel, les dépôts dus an^
glaciers reposent sur des terrains paléozoïques.
Nous pensons que, lors de l'extension maxima des glaces pléistocènes
dans les vallées d'Andorre, cette partie des Pyrénées fut couverte par une
énorme calotte de glace et de neige d'où émergeaient les plus hauts sommets,
de Soo" à 600" plus hauts qu'aujourd'hui. Sous cette calotte glaciaire de-
cirque.s distincts, situés sur les flancs des monts, permettaient une accumu-
lation considérable de nevés d'où descendaient dans les vallées, creusées
dès le pliocène, les glaciers dont nous avons parlé.
L'important massif granitique situé à l'est de l'Andorre formait un centre
de dispersion des glaciers qui descendaient des flancs du massif suivant
une direction rayonnante. On remarque, en etïet, qu'autour des pics
d'Ensagen, â'Ah del Grio, dels .Fessons, de la Fontnêgre, etc., se trouvent
d'anciens cirques glaciaires d'où partaient les glaciers du riu Montuel, du
Valira del Oriente, de VAriège, du riu Grimaû et du riu Madriu. Tous ces
cirques (Ensagen, dels Fessons, de la Fontnêgre, Vallcivera) sont parsemés
d'étangs dont l'origine glaciaire n'est pas douteuse.
GÉOLOGIE. — Les volcans du Livradois et de la Comté {Puy-de-Dôme).
Note lie M. Ph. Glange-iud, présentée par M. Michel Lévy.
J'ai signalé, en 1901, que les volcans quaternaires des environs de Cler-
mont (volcans de Gravenoire et de Beaumont) étaient situés sur des /ail/es
qui avaient dû s'élargir, par places, sous forme de fentes éruptives, per-
mettant ainsi l'ascension du magma fondu interne.
Les études dont m'a chargé mon maître, M. Michel Lévy, pour le Service
de la Carte géologique de la France, m'ont montré que la situation parti-
culière (le ces volcans n'était pas une exception. J'ai observé fréquemment,
en effet, qu'un assez grand nombre de volcans du Puy-de-Dôme présen-
taient une situation analogue (volcan du Tartaret, etc.).
664 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La région qui s'étend au sud du département est spécialement favorisée à ce point
de vue. Cette région, une des plus gracieuses du Massif central, doit son pittoresque
si particulier à des causes d'ordre géologique. Elle comprend la contrée désignée sous
le nom de Comté (de Vic-le-Comte) et le Livradois (région cristalline s'étendanl entre
l'Allier et le Dore). Les plaines de Sauxillanges, de Sugères et de Monglien s'enfon-
cent comme un coin entre les deux, pays et sont dominées de toutes parts par des col-
lines aux contours les plus variés. A l'Est s'étagent les hauteurs du Livradois formées
de croupes de granulite entourées de schistes cristallins ; au Nord dominent les schistes
et le granité et au Sud et à l'Ouest l'oligocène.
Ces diverses formations semblent servir de piédestal à un grand nombi-e de pitons
basaltiques, couronnés parfois de châteaux et de tours qui se dressent au Nord (Puy
de la Garde, Puy de Saint-Jean, Puy de Cordeloup); au Sud (Puy d'Usson); à l'Ouest
(Puy de Manglieu, Puy de la Comté) seuls ou accompagnés de coulées démantelées.
Tous ces pays, restes d'anciens volcans, réduits à leurs cheminées, ne sont pas dis-
tribués d'une manière quelconque, ainsi qu'on pourrait le croire, à première vue. Ils
sont généralement alignés sur des dislocations de direction Nord-Sud, Nord-Est ou
Nord-Ouest.
c
m
Puy de la Chaux i
Montgros LaRochetté
761 Llgnol
Puy de Mercurol '• !
L I V r a d o I S -^
Puyde Condeloup PuydelaGarde
•' 76t ^ 79B
Isserteaux ' Puyde5*Jean ;
laBeauté 722 693 ; Route ; 1
de Sugères 1 !
Coupe synthétique Est-Ouest à travers le Livradois et la Comié.
, granité; S' S^ S^ divers termes de l'Oligocène; |3 basalte; f phonolite:/ failles (dont
plusieurs sont éruptives) dénivelant l'Oligocène en une série de compartiments, plus
ou moins affaissés.
La carte géologique du Livradois et de la Comté apparaît, en effet,
conime rayée par une série de bandes affectant les directions dont je viens
(le parler. Certaines de ces bandes sont effondrées, d'autres surélevées. Plu-
sieurs bandes effondrées sont constituées par des sables argileux, aisément
ravinés par l'érosion. Six de ces bandes s'étagent de Saint-Dié à Fayet
(de l'altitude 420'" à l'altitude 65o™). La plus importante constitue un
véritable couloir d'Estondeuil à Sugères, où elle s'élargit considérablement
|)()iir former les plaines de Sauxillanges et de Manglien. Cette dépression
SÉANCE DU 12 MARS 1906. 665
de 20'"" (le long est dominée à l'Est par les Piiys de Saint-Jean, des Ollières,
de la Garde et de Mars, qui se dressent le long d'ime faille ]Nord-Nord-
Ouest. Le Puy de la Garde a donné une coulée reposant sur des argiles et
des meulières oligocènes, surélevées à près de 800™, alors que ces mêmes
assises se trouvent à aoo" en contrebas, 2''™ plus au Nord.
Le Puy d'Auger, près de Manglien, est également sur une faille Nord-Ouest.
Les Puvs d'Usson, du Montel, de Cordeloup (avec deux coulées morcelées)
et plus au Nord le Puy imposant de Manzun s'alignent sur une tiislocation,
longue de aS"*™ et de direction Nord-Est.
Les environs de Sallèdes sont effondrés entre des failles Nord-Sud dont
plusieurs ont été signalées par M. Giraud, mais le caractère éruptif de cer-
taines d'entre elles n'avait pas encore été mis en lumière. Les Puys de la
Rochelle, de la Côte, de Lignol sont distribués sur des failles Nord-Sud et
ont donné de petites coulées basaltiques ou phonolitiques. Les belles cou-
lées phonolitiques de Sallèdes et de la Chaux, Montgros sont issues d'une
cassure dénivelant les divers termes de l'Oligocène de près de 100™.
Enfin, le Puy si curieux de Mercurol, qu'on dirait formé d'un jet de
basalte vertical et qui n'est que la racine d'un volcan, dont les coulées ont
été séparées par l'érosion de leur point originel, et la plupart des puys
semblables de la Comté, paraissent bien alignés sur des dislocations ana-
logues; mais il est difficile d'être ici aussi affirmatif, car la végétation et les
éboulis masquent une grande partie des affleurements.
En résumé: 1° La plupart des volcans du Livradois et delà Comté sont situés
sur des failles de direction Nord-Sud (dislocations tertiaires) et de direc-
tion Nord-Est et Nord-Ouest (dislocations généralement hercyniennes
ayant rejoué au Tertiaire) ;
2° La disparition complète des appareils de projection, le démantèlement
des coulées font penser tout d'abord que ces volcans sont assez anciens et
qu'on pourrait peut-être les considérer comme édifiés à la même époque
(miocène) que ceux du versant occidental de la Limagne. Cependant, en
l'absence de documents paléontologiques, et les modifications du relief ne
me paraissant pas aussi considérables, je serai porté à les croive pliocénes ,
mais pliocène ancien, les coulées phonolitiques étant postérieures aux coulées
basaltiques.
3° Toutes ces considérations permettent de se rendre compte du mode
de distribution de ces volcans, de la sortie des laves par effondrement de
voussoirs et du modelé très spécial d'un pays qui mérite d'être mieux connu.
C. R., 1906, 1" Semestre. (T. CXLII, N« 11.) 88
666 ACADÉMIE DES SCIENCES.
GÉOLOGIE. — Sur la tectonique de la zone d'Ivrée et de la zone du Strona.
Note de M. Emile Argand, présentée par M. de Lapparent.
La zone d'Ivrée est un synclinal. Ce fait considérable résulte d'un grand
nombre de données objectives, dont beaucoup sont nouvelles.
Nous avons brièvement exposé, dans une Note précédente (' ), la preuve
qui résulte de la continuité des surfaces structurales depuis le synclinal du
mont CoUon jusqu'au bord externe de la zone d'Ivrée.
La seconde argumentation est d'ordre plus spécialement stratigraphique.
Les belles recherches de M. Termier ont depuis longtemps établi que les
micaschistes de la Vanoise sont des équivalents métamorphiques du Per-
mien et du Carbonifère; plus lard, M. Termier a proposé de rattacher au
même ensemble la majeure partie des noyaux de gneiss et de micaschistes
de la zone du Piémont. Encore que la liaison de ces masses anticlinales les
unes avec les autres soit fort différente de celle qu'expriment les coupes
de M. Termier (-), le fait même de la continuité n'est pas douteux et les
conclusions du savant professeur, quanta l'âge de toutes ces transforma-
-tions, nous paraissent pleinement justifiées, au moins en ce qui concerne
la partie supérieure des complexes de gneiss ou de micaschistes.
Ainsi, c'est une série permo-carbonifère qui, dans la nappe VI (Dent
Blanche-Sesia), supporte les formations basiques à intercalations calcaires.
Pour des raisons totalement différentes, nous avons été amené à consi-
dérer la base au moins de ces dernières formations comme équivalant au
Trias et, de fait, leur passage aux gneiss sous-jacents est, en général, assez
graduel; en beaucoup de points il semble n'y avoir aucun hiatus.
Ces seules considérations suffiraient à montrer que la zone d'Ivrée jouit
bien, par rapport au gneiss Sesia, de la fonction synclinale.
Une dernière série de déductions se résume en un puissant argument
tectonique. M. Maurice Lugeon et moi avons montré C) que les axes des
grands plis couchés passent par un maximum d'élévation dans le massif du
Tessin ; grâce à ce phénomène, la zone d'Ivrée se rétrécit considérablement
(') Voir ci-dessus, p. 027, 26 février.
(-) Termier, Les nappes des Alpes orienta/es et la synthèse des Alpes [/?. 5. G. F.,
4"= série, t. 111, 1908, Pi. XXll, coupe IV (par le grand cercle de Genève-lvrée)].
C) Comptes rendus, 29 mai igoS.
SÉANCE DU 12 MARS 1906. 667
entre Locarno et le Passo San-Iorio, et semble même par places se frag-
menter en un certain nombre de queues synclinales secondaires. Il va sans
dire qu'on devrait observer l'inverse, si la zone d'Ivrée, prise dans son
ensemble, était autre chose qu'un synclinal.
Ce ii'esl pas à dire pointant que ce synclinal 11e puisse être fort complexe, preuves
en soient les lames de gneiss, assez nombreuses, qui aflleurenl localement au milieu
des roches basiques. Au delà du massif tessinois, les axes s'abaissent de nouveau et les
masses de l'Adula, du Tambo et de la Surella représentent sans doute l'intersection
des nappes piémontaises avec la surface topographique. La continuité du bord externe
de la zone d'Ivrée permet d'affirmer que la masse de la Suretta, en partie au moins,
représente la niasse Sesia-Dent Blanche. Et de fait, on voit qu'au-dessus d'elle, comme
au-dessus de la Dent Blanche, la zone d'h'rée se couche complètement vers le Nord.
Les grands phénomènes du Collon et de la Valpelline trouvent ainsi, dans les Grisons,
une contre-épreuve géométrique tout à fait satisfaisante.
Cette partie couchée de la zone d'Ivrée supporte le vaste lambeau granitique de la
Cima del Largo, avant-coureur des nappes orientales, ainsi que la masse du Julier et
de la Bernina, dont M. Suess a récemment anahsé les rapports ('); c'est elle encore
que l'on suit par le Septimer et l'Oberhalbstein, jusqu'à bien loin vers le Nord, et
qu'on voit constamment s'enfoncer à l'Est sous l'amorce des nappes orientales. On en
peut conclure à bon droit que le faisceau complexe des najjpes orientales, si magistra-
lement étudié par M. Termier, prend racine dans une région plus interne que la zone
d'Ivrée.
C'est dans la zone du Strona que venait s'enraciner le prolongement, au-
jourd'hui détruit, des nappes orientales. Cette région de racines, soumise à
une abrasion profonde, laisse aujourd'hui affleurer d'importants batho-
lithes granitiques; on la suit des environs de Biella à travers le Tessin
méridional et la Yalteline, jusque vers l'Molo, c'est-à-dire jusqu'à la région
où M. Termier, en parlant de données absolument différentes des nôtres (^),
est arrivé également à situer la racine des nappes orientales.
Dans l'essai de carte structurale qui accompagne un de ses Mémoires ( '),
M. Termier fait passer hypothétiquement cette zone de racines au nord
d'Ivrée, en plein territoire du gneiss Sesia. Plus à l'Est, la même teinte
rouge s'étend à des territoires qui appartiennent, soit à la zone d'Ivrée,
(') E. SiESs, Ueber das Imitai bel Nauders (Sitsungsb. k. Akad. Wiss. Wien,
t. CXIV, 1, p. 716 et suiv.).
O TEniiiiiR, Les Alpes entre le Brenner et la Valteline {Bulletin de la Société
géologique de France, 4° série, t. V, igoS).
(') Termier, Les nappes des Alpes orientales et la synthèse des Alpes {Bulletin de
la Société géologique de France, 4° série, t. III, PI. XXIIl).
668 ACADÉMIE DES SCIENCES.
soit à la zone du Strona. Les conséquences de cette hypothèse n'ont sans
doute pas échappé à l'esprit perspicace de M. Termier et il convient de
reconnaître qu'à l'époque où elle a reçu son expression graphique, cette
conception était très défendable. Elle ne l'est plus aujourd'hui, depuis que
des faits nouveaux ont permis de définir clairement le rôle tectonique des
trois zones précitées. C'est bien dans la seule zone du Strona que passe le
faisceau radical des nappes orientales.
GÉOLOGIE. — Les sédiments à Diatomées de la région du Tchad.
Note de MM. Paul Petit et H. Courtet, présentée par M. A. Lacroix.
La mission scientifique Chari-Lac Tchad a recueilli dans la région du
Tchad un certain nombre d'échantillons géologiques, dans le but de recher-
cher les organismes microscopiques qu'ils pouvaient contenir.
Celte étude a été confiée à M. Paul Petit et le résultat obtenu est le sui-
vant en ce qui concerne ces organismes.
Les Diatomées ont été recherchées dans trois échantillons, elles y sont
toutes fossiles, mais d'âge certainement récent, car elles appartiennent à
des espèces d'eau douce dont le plus grand nombre vit encore actuelle-
ment dans d'autres régions. Les roches qui les contiennent sont donc bien
des dépôts d'eau douce.
1° Le calcaire provenant du puits d'Ardèbe contient surtout des Gomphonema,
des Cymbella, des Epithemia, et quelques espèces assez rares : Cymbella Cucuniis
A. S., Navicula obtusa Ehr. variété lata. Navicula œquatorialis A. S. (atlas, t. 30,
fig. 45), Eunotia gibbosa (longueur 48s^) V. H. Syn. {PI. A'AA'V,fig. i3).
Ardèbe est situé à i8o''"'à vol d'oiseau au sud-est du Tchad. Le calcaire a été recueilli
dans un puits à 4o™ de profondeur. La coupe de ce puits est la suivante :
m
I 7,00. Terre noire mélangée de nombreux grains de sable.
40'" ' i6,5o. Sable fin blanc jaunâtre.
( i6,5o. Argile blanc verdàtre prenant parfois un aspect scliisloïde.
2,35. Marne blanche. Calcaire à Diatomées en morceaux de la grosseur d'une
noix.
2,35. Sable blanc très fin.
2,35. Sable grossier formé de quartz, quarlzile, roche ferrugineuse, de la
grosseur d'une noisette.
4-,o5
C'est un calcaire grossier qui contient une notable proportion de grains de quartz.
SÉANCE DU 12 MARS T906. 669
de feldspath (dont du microcline), de la biotile, du zircon et de la tnagnétile. L'ori-
gine de ces minéraux s'explique facilement puisqu'il existe à Ardèbe même un affleu-
rement de granité.
2" Dans le tuf calcaire de Mondo, on trouve des Cymhellées en grand nombre et
quelques valves du rare Stephanodiscus Aslrcea Ehr., mais surtout une espèce rare el
curieuse, la Siirirella arda A. S. (atlas, t. 23, /ig'. aS), qui y est très abondante el
forme le fond des préparations.
Cette belle espèce, fossile à Mondo, n'a encore été rencontrée jusqu'ici que dans
Demerara River (Amérique du Nord) où elle existe actuellement à l'état vivant.
3° Le iripoli de Mondo est presque entièrement formé par plusieurs espèces de
Cvclotella. de Gailloiinella. avec quelques Cyrnbellées, appartenant toutes à des Dia-
tomées très connues et ubiquistes.
Le tuf calcaire de Mondo, d'aspect assez grossier, est une roche de sur-
face et il en est de même du tripoli de Mondo. Quoique très éloignées de
gisements granitiques, ces deux roches contiennent des grains de quartz
et du feldspath dont du microcline, mais elles sont dépourvues de mica.
Mondo est situé à loS"*™ environ au nord-nord-est du Tchad. La dis-
lance à vol d'oiseau qui sépare Mondo d'Ardébe est d'environ 200'''".
Notons en terminant que le calcaire d'Ardébe contient 34 espèces ou
variétés de Diatomées, le tuf calcaire de Mondo 32 espèces ou variétés;
18 espèces sont communes aux deux roches. Le Iripoli ne renferme que
9 es|)èces. I^a liste de ces Diatomées sera publiée idtérieiirement.
M. Blot adresse un Mémoire Sur un turbino -moteur à t^apeur.
(Renvoi à l'examen de M. Maurice Levv. )
A 4 heures l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 6 heures.
G. D.
670 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Outrages reçus dans la séance du 19 février 1906.
Aîission scientifique permanente d'exploration en Inilo-Chine. Décades zoologiques :
Oiseaux; n° h. Hanoï, igoS; i fasc. in-4°. (Présenté par M. Delage.)
Expédition antarctique française, commandée par le D'' J. Charcot, igoS-igoj.
S. 1. n. d.; I fasc. in-12, oblong. (Hommage de M. J. Charcot.)
Phénomènes de réduction dans les organismes, par M. Emm. Pozzi-Escot. Paris,
Jules Rousset, 1906; i fasc. i)i-ia. (Hommage de l'auteur.)
Revue générale de Botanique, dirigée par M. Gastox Bonnikr, Membre de l'Ins-
titut; t. XMII, livraison du i5 janvier 1906, n° 203. Paris, Librairie générale de
l'Enseignement; i fasc. in-S".
A nnales de la Station agricole de Boulogne-sur-Mer ( Pèches et Biologie marine),
publiées sous les auspices du Ministère de l'Agriculture, par A. Cligny, Directeur;
nouvelle série, vol. I, igoS. Boulogne-sur-Mer, 1906; i fasc. in-4°.
Revue maritime, publiée par le Ministère de la Marine ; t. CLVI V, livraisons 520-522,
janvier-mars igoS. Paris, R. Chapelet et C'"; i fasc. in-8°.
Annales de la Société d' Hydrologie médicale de Paris : Comptes rendus des
séances; t. Ll, n° 1. Paris, Masson et C'=; i fasc. in-8°.
Bulletin de la Société d' Encouragement pour l' Industrie nationale; io5" année,
t. CVHI, n° t, 3i janvier 1906. Paris, au siège de la Société; i fasc. in-4"'.
Salle reti di poliedri regolari e semiregolari e salle corrispondenti reti corréla-
tive; Memoria del Dott. Angelo Andreini. Rome, inip. de la R. Accademia dei Lincei,
1906; I fasc. in-4°. (Hommage de l'auteur.)
O éclipse total do Sol, no dia 3o de agosto de igo5. Observaçoes feitas pelas com-
missoes das Academias scienti/icas dos collegios de S. Fiel e Campolide. Lisbonne,
igoS ; I fasc. in-8°.
Recherches géologiques et pétro graphiques sur tes laccolithes des environs de
Piatigorsk (Caucase du Nord)^ par 'V^kra de Derwies; avec 12 fig. et 3 pi. Genève,
Henrj' Kundig, igoS; i fasc. in-4°.
OUVKAGES REÇUS UANS LA SÉANCE DU 26 FÉVRIER I906.
Leçons d' Algèbre et d' Analyse à l'usage des élèves des classes de Mathématiques
spéciales, par Jules Tannery; t. I et H. Paris, Gauthier-Villars, 1906; 2 vol. in-S".
(Présenté par M. Painlevé.)
SÉANCE DU 12 MARS 1906. 67 I
Pantosynlhèse, liùnolyse : Résolution générale des équations, par L. Mirinjit; avec
une planche hors texte. Paris, imp. Marquet, igoS; i fasc. in-i8. (Hommage de
l'auteur. )
Le Chili de nos fours, son commerce, sa production et ses ressources : Annuaire
national, 2' année, 190.5-1906, par Adolfo Ortuzar. Paris, P. Mouillol; i vol. in-S".
(Hommage de l'auieuri)
Archii'es de l'Institut Pasteur de Tunis; i" fascicule, janvier 1906. Tunis, J.
Orliac; 1 fasc. in-S".
Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen; l\0' année, 4° série,
i"él2' semestre 1904. Rouen, imp. Lecerf et fils, igoS; 1 vol. in-8°.
Procès-verbaux des séances de la Société des Sciences physiques et naturelles de
Bordeaux, année 1904-1905. Paris, Gaulhier-Villars; 1 vol. in-S°.
Table générale des matières des publications de la Société des Sciences physiques
et naturelles de Bordeaux, de i8.5o à 1900, dressée par J. Chaîne et A. Ricfi.iRD.
Bordeaux, imp. G. Gounouilhou, 1906; I vol. in-8°.
Bericlit iiber die Feier des 80 Geburtstages von Julius Kiihn, herausgegeben im
Auflrage des Festausschlusses, von Carl Steindriick. Halle-s.-S., 1906; i fasc. in-8''.
Generalleutnant D'' Oscar Schreiber, von R. Helmert. Leipzig, 1906 ; i fasc. in-8°.
Wissenschaflliches Arbeiten auf schiffbautechnischen Gebieten ; Rede zur Feier
der Geburtstages Seiner Majestàt des Kaisers und Kiinigs Wilhelm H, in der Halle
der Kôniglichen technischen Hochschule zii Berlin, am 26 Januar 1906 gehalten von
dem zeitigen Rektor Flamm. Berlin; i fasc. iii-4°.
The chemistry offlesh, by A.-D. Fmmktt and H.-S. Grindlet. (Extr. de The jour-
nal of the American chemical Society, vol. XXVHI, n° 1, january 1906. ) i fasc. in-8°.
Die Deckung der Bedarfs an Manganerzen, von Wilhelm Venator. (Extr. de Stahl
und Eisen, 1906, n° "i.) i fasc. in-4°.
United States geological Survey ; Bulletin, n"' 24.7, 251, 2.3(3, 263, 266-268, 270,
271, 276; Professional Paper, n°' 34-, 30-38, 40-4.2. Washington, Government prin-
ling Office, 1904-1905 ; lo fasc. in-8° et 7 fasc. )n-4°.
O0VRAGES REÇUS DANS LA SÉANCE DU 5 MARS I906.
Table de caractéristiques relatiçes à la base aSio des facteurs premiers d'un
nombre inférieur à 3oo3o, par Ernest Lebon. Paris, Delalain frères, 1906; i fasc. in-8°.
(Présenté par M. Rouché.)
M. Zeiller présente en hommage, au nom de M. L. Laurent, les Ouvrages suivants :
— Examen d'une collection de Végétaux fossiles de Roumanie; par A. -F. Marion
et L. Laurent. Bucarest, 1898; 1 fasc. in-8°.
— Flore des calcaires de Celas, par L. Laurent. Marseille, 1899; i fasc. in-4°.
— Sur quelques gisements nouveaux de Végétaux tertiaires dans le sud-est de la
Provence, par Adrien Guébhard et Louis Laurent. Paris, 1900; i fasc. in-8°.
— Note à propos de quelques plantes fossiles du Tonkin, par M. L. Laurent.
Marseille, 1901 ; i fasc. in-4°.
672 ACADÉMIE DES SCIENCES.
— Noie à propos de quelques empreintes fossiles de la collection Segond, par
M. L. Laurent. Draguignan, 1902; i fasc. in-S".
— Contribution à l'étude de la végétation du sud-est de la France. Flore de la
basse vallée de V Huveaune pendant le dépôt des Argiles de Marseille, par M. L.
Laurent. Marseille, igoS; i fasc. in-4°.
— Contribution à la Flore des Cinérites du Cantal. Note à propos d' un nouveau
genre japonais dans la Flore tertiaire d'Europe, par M. L. Laukent. Marseille,
1904; I fasc. in-4°.
— Flore pliocène des Cinérites du Pas-de-la-Mougudo et de Saint-Vincent-
La Sabie {Cantal), par L. Laurent, avec une Introduction géologique et paléon-
tologique, par P. Martv. Marseille, 1904-1905; 2 vol. in-4°.
— Contribution à la Flore des Cinérites plaisanciennes du Pas-de-la-Mougudo
{Cantal), par M. L. Laurent. Marseille, igoS; 1 fasc. in-4°.
Tetano e acido fenico, per Guido Baccklli. Rome, 1906; i fasc. in-4°- (Hommage
de M. Baccelli, Correspondant de l'Institut.)
United States geological Survey. Water-supply and irrigation paper; n"' 123,
125, 127, 130, 131, 134-147, 149, 151, 152. Washington, igoS; ^4 fasc. in-S".
ERRATA.
(Séance du 26 février 1906.)
Note de M. Banachiewicz, Sur un cas particulier du problème des
n corps :
Page 5 10, ligne 5 en remontant, au lieu de Banachiewitz, lisez Banachiewicz.
Page 5ii, ligne 5, au lieu de triangles, lisez triangle.
Page 5i2, lignes 8 et 10, au lieu de Gç, lisez G|.
Même page, ligne i en remontant, au lieu de Driobek, lisez Dziobek.
(Séance du 5 mars 1906.)
Note de M. H. Baubigny, Sur le dosage du cadmium :
Page 579, ligne 2, au lieu de le peu d'oxydabilité du sulfate de cadmium, lisez le
peu d'oxydabilité du sulfure de cadmium.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 19 MARS 1906.
PRÉSIDENCE DE M. H. POINCARÉ.
MEMOIRES ET GOMMUIVICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE,
ASTRONOMIE. — Observations de nébuleuses. Note de M. Bigourdan.
J'ai l'honneur de présenter à l'Académie un fascicule de mes obser-
vations de nébuleuses, celui qui renferme les mesures de ces astres
distribués entre o''o"' et 2''o™ d'ascension droite.
Ces observations, commencées en 1884, ont toujours été continuées
depuis; mais leur publication n'a pu se faire méthodiquement, à cause de
la très inégale répartition des nébuleuses. Elles formeront cinq Volumes,
dont deux, les Tomes IV et V ( i4''o™- 24''o"»), ont déjà paru; le pré-
sent fascicule forme la seconde Partie du Tome I; quant à la première
Partie de ce Tome I, elle comprendra l'Introduction, renfermant la
description de l'instrument employé, la méthode de mesure et les con-
stantes qui auront servi aux réductions, de manière que tous les calculs
puissent être vérifiés.
Prochainement paraîtra aussi le Tome II (2''o™ - g'^o™). Ensuite, il ne
restera doncà publier, outre l'Introduction, que le Tome III, correspondant
aux ascensions droites g'^o"- 14'' o™.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur la distillation du titane et sur la température
du Soleil. Note de M. Henri Moissait.
Dans des recherches précédentes, nous avons démontré que, dans notre
four électrique, l'or, le cuivre et les métaux de la famille du platine dis-
C. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N" 12.) 89
674 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tillaient avec une grande facilité, que, de même, les métaux de la famille
du fer, bien qu'il fût nécessaire d'augmenter l'intensité du courant, pou-
vaient tous être maintenus pendant un temps plus au moins long à leur
température d'ébuUition. Parmi ces derniers, le molybdène et le tungstène
ont exigé une intensité électrique très grande, mais ils ont pu cependant
être régulièrement distillés. En un mot, il n'existe pas de métal qui ne
puisse être liquéfié et distillé.
Nous avons établi depuis longtemps que, parmi les métalloïdes ré-
fractaires, le bore et le carbone, chauffés à la haute température du four
électrique et à la pression atmosphérique, passaient de l'état solide à l'état
gazeux sans prendre l'état liquide. Au contraire, parmi les métalloïdes, le
titane, que nous avons pu préparer au four électrique (*), prend, à cette
haute température, l'état liquide. Nous avons démontré que, préparé par
cette méthode nouvelle, le titane renfermait encore un minimum de
2 pour 100 de carbone.
Volatilisation du titane. — Nous avons utilisé, dans ces expériences, le
dispositif décrit antérieurement et sur lequel nous ne reviendrons pas.
5ooS d'une fonte de titane, préparés au four électrique et renfermant 3,2
pour 100 de carbone, ont été chauffés au four électrique avec un courant
de 5oo ampères sous 1 10 volts pendant 5 minutes. Le titane ne fournit de
vapeur qu'à partir de la tjuatriéme minute. Après rex[)érience, le creuset
renferme une masse dont la partie supérieure a été nettement fondue, mais
qui n'a pas conservé l'horizontalité d'une surface liquide. Le carbure de
titane fondu avait grimpé le long des parois du creuset sous forme d'une
masse pâteuse qui tendait à retomber au milieu du creuset. La surface de
ce carbure présente une couleur jaunâtre et est recouverte d'une couche
fondue d'acide titanique. Au-dessous, la cassure laisse voir le carbure
d'aspect brillant et les fragments qui se trouvent au fond du creuset sont
soudés les uns aux autres et incomplètement fondus. D'après le poids de
la fonte de titane qui reste dans le creuset, et d'après la quantité de car-
bone qu'elle contient, nous n'avons distillé que 9^ de ce métalloïde.
Tout autour du creuset et sur la chaux du four, on rencontre un abon-
dant dépôt jaune d'un azoture de titane. La même substance va se trouver
aussi sur les électrodes. La chaux, qui a été fondue à l'intérieur du four,
est colorée en jaune beaucoup plus clair.
(') H. MoisSAN, Prcpaiation e( propriétés du titane {Annales de Chiniie et de
Physique, 7" série, t. IX, 1896, p. 229).
SÉANCE DU 19 MARS 1906. 6']5
Sur le lube froid, on trouve un dépôt brillant d'apparence métallique
reproduisant exactement la forme du tube et mélangé, çà et là, de chaux
plus ou moins colorée en jaune pâle. I/examen de cette matière, au mi-
croscope, surtout lorsqu'elle est fortement éclairée par un rayon de soleil,
montre qu'elle est formée de très petits cristaux de titane, de cristaux jaunes
d'azoture et de chaux soit amorphe, soit cristallisée. Sur les parties du tube,
voisines des orifices du four, on rencontre aussi de petits cristaux bleus de
protoxyde de titane. La formation d'azoture de titane ne doit pas nous sur-
prendre étant donnée la facilité avec laquelle le titane fixe ce métalloïde.
On sait en effet qu'une des grandes difficultés de la préparation du titane
consiste dans sa puissante affinité pour l'azote et pour l'oxygène. A côté de
ces lames minces de titane, on rencontre aussi de petites sphères de ce
corps simple qui sont, le plus souvent, recouvertes d'une couche de chaux.
En les traitant par l'acide acétique étendu, on voit que ces sphérules sont
parfois hérissées de. petits cristaux.
Nous avons répété l'expérience précédente avec iSo^ de titane carburé
dans les mêmes conditions de temps et de courant. Nous avons obtenu
une distillation de 11* de titane, ce qui est comparable à l'expérience pré-
cédentCi Une autre expérience, d'une durée de 6 minutes, nous a donné
une volatilisation de 17^.
Pour obtenir une distillation abondante, nous avons employé un courant
plus intense. 3oos de titane ont été chauffés pendant 7 minutes avec un
courant de 1000 ampères sous 55 volts. Les vapeurs apparaissent après
3 minutés et elles sont abondantes à la cinquième minute. Le tube froid a
été recouvert d'une croûte épaisse formée de chaux et de titane distillés.
Les fragments de titane, placés dans le creuset, ont été complètement fon-
dus, mais la masse du carbure, après refroidissement, présente encore une
surface qui n'est pas horizontale comme pourrait la fournir une masse pâ-
teuse de verre soulevée par de grosses bulles de vapeurs. Dans cette expé-
rience, nous avons distillé 1 10^ de titane.
Le mélange de titane et de chaux, condensé sur le tube froid, a été
traité par l'acide acétique étendu pendant 48 heures, de façon à dissoudre
la presque totalité de la chaux. Ce titane s'attaque lentement par l'acide
chlorhjdrique concentré et bouillant. De même, l'acide azotique et l'acide
sulfurique à chaud ne l'attaquent qu'avec difficulté. Ce titane se combine
au chlore à la température de i^o°, tandis que la fonte de titane, réduite
en poudre très fine, devient incandescente dans le chlore à + 350". Le
titane distillé brûle dans l'oxygène au rouge sombre. L'ensemble de ces
676 ACADÉMIE DES SCIENCES.
propriétés est donc comparable à cel ui que nous a fourni la fonte de titane.
Conclusions. — En résumé, bien que son point d'ébuUition soit très
élevé, le titane, de même que le fer, l'uranium, le tungstène et le molyb-
dène, peut être distillé avec régularité.
Cet ensemble d'expériences sur la distillation des métalloïdes et des mé-
taux nous conduit à une conclusion plus imjiorlante.
On sait quelles difficultés présente la détermination de la température
de la surface solaire et combien les astronomes et les physiciens sont peu
d'accord sur ce sujet.
Après que Waterston, le P. Secchi, Ericsson eurent indiqué des tempé-
ratures qui parurent illogiques, les expériences de Pouillet, de Soret, de
Desains, puis la discussion de Vicaire, fixèrent cette température du Soleil
de 1398° à r^oo^C. Les déterminations de la constante solaire de M. Crova
s'ajoutèrent à celles de Pouillet, puis les expériences poursuivies par notre
confrère M. Violle vinrent apporter sur ce point de nouvelles conclusions.
Par deux méthodes différentes, M. Violle fut amené à conclure que la
température moyenne probable de la surface solaire était comprise entre
2000° et 3000" C. (').
Plus récemment, M. W.-L. Wilson vient de publier des recherches sur
ce sujet. En appliquant à ses déterminations le coefficient de transmission
de Langley, lorsque le Soleil est au zénith et en le comparant à celui de
Rosetti, la température de la surface solaire serait de ôoSS" absolus. En
admettant aussi que la perte due à l'absorption par l'atmosphère solaire
fût de un tiers, la température du Soleil serait de 6863° absolus (-).
Sans avoir la prétention de résoudre une question aussi difficile, nos
expériences y apportent cependant une modeste contribution.
Quelle que soit la forme extérieure de la partie visible du Soleil, nous
savons que cet astre est formé des mêmes corps simples que la Terre ou
plutôt que la plupart des corps simples qui se trouvent sur la surface ter-
restre se rencontrent aussi dans le Soleil. D'après les recherches spectro-
scopiques deThalen, de Cornu, d'Hasselberg, le titane existe dans le Soleil
de même que le fer, le chrome, le manganèse et le tungstène. Il est bien
vraisemblable que le Soleil, à cause même de la grande quantité de chaleur
(') Vioi.LE, Comptes rendus, l. LXXVIII, 187I, p. i/iaô et 1816; t. LXXIX, 1874,
p. 746; t. LXXXII, 1876, p. 662, 729 et 896.
(-) WiLSON, T/ie effective température of Ihe Sun {Proceedings of ihe Royal
Society, t. LXIX, 1902, p. 3i2).
SÉANCE DU 19 MARS 1906. 677
qu'il rayonne, ne pent être formé seulement de matières gazeuses et qu'il
doit contenir un noyau solide ou liquide ( ' ). Nous venons d'amener à l'état
gazeux, au moyen de l'arc électrique, tous les corps simples ou composés
que l'on peut obtenir à la surface de la Terre. Or, la température maxi-
mum de l'arc électrique a été mesurée par M. VioUe et reconnue voisine
de 35oo°. A cette température, tous les corps connus sont donc gazeux
et, par suite, la température du Soleil ne devrait pas s'élever au-dessus
de 35oo°. Mais, nos expériences ayant été faites à la pression atmosphé-
rique, il va de soi que des pressions plus grandes pourront modifier les
phénomènes d'ébullition des différents corps simples ou composés. Seule-
ment, ces températures seront loin d'atteindre les chiffres beaucoup trop
élevés indiqués autrefois et elles oscilleront vraisemblablement entre le
chiffre de M. Wilson, ôSgo^C, et ceux de M. Violle compris entre 2000°
et 3ooo°C. en se rapprochant vraisemblablement de ces derniers.
CHIMIE ORGANIQUE. — Benzyl- et phénylbornéols et leurs produits de déshy-
dratation, les benzyl- et phénylcamphènes. Note de MM. A. Haller et
Ë. Bauer.
On sait que les bornéols et isobornéols fournissent, par déshydratation,
des camphènes qui, traités par de l'acide acétique ou de l'acide formique,
seuls ou en présence d'acide sulfurique, donnent naissance à des éthers
sels d'isobornéols.
Les recherches présentes ont eu pour but de préparer les benzylbor-
néols secondaires et les benzyl- et phénylbornéols tertiaires, ainsi que
leurs produits de déshydratation, les benzyl- et phénylcamphènes.
Les benzylbornéols secondaires sont des produits de réduction du benzyl-
camphre. Ils seront représentés par la formule
/CH-CH^— CH^
\ghoh
Quant aux benzyl- et phénylbornéols tertiaires, leur mode de formation
au moyen des com[>osés organomagnésiens du chlorure de benzyle et du
(') BiRKELAND, Sur la constiualon physique du Soleil {Congrès inter national de
Physique de Paris, t. III, 1900, p. 47')'
678 ACADÉMIt DES SCIENCES.
bromure de phényle, et la facilité avec laquelle ils se déshydratent leur
assignent les formules suivantes :
Il en résulte que les produits de déshydratation des deux séries d'alcools
substitués secondaires et tertiaires seront, les premiers, des benzylcam-
phènes oc, si nous conservons au groupement CH^ du camphre la dénomi-
nation ot, tandis que les seconds s'appelleront des èe«::j'/- et phénylcàm-
phènes p, si nous désignons le carbone dil radical CO du camphre par la
lettre p.
/CH /CH-
'H'< Il ou C»H»< 1
\cii \G — CH^C^H^ \C = GH.C«H5
Benzylcamphéne ï. Benzylcamphène p.
Bénzvlbornénls secondaires tu i Ci^W*'C 1 . — La réduction du
\CHOH
benzylcamphre se fait au sein de l'alcool absolu et avec un grand excès de
sodium (3 à 4 fois la quantité théorique), de façon à éviter la présence du
produit primitif qu'il serait très difficile de séparer. Au lieu du benzyl-
camphre, on peut partir directement du benzylidènecamphre, à la condi-
tion de reprendre la réduction à trois ou quatre reprises.
Dans les deux cas les rendements sont quantitatifs.
Ai)rès avoir lavé à l'eau et desséché le produit, on le rectifie dans le vide
et l'on obtient une huile très visqueilse, passant de 179° à 181" sous i3""".
Sa densité DJ' =-^ i , iSaS et son pouvoir rotaloire [a]i,=:+ 26° 10'.
La phényluréthane cristallise en croûtes blanches, au sein d'un mélange d'éther et
d'éther de pétrole, et fond à ii6°-ii8<'. Son pouvoir rotatoire [a]D=^ — 2i°i7'.
/GHGH'G^H^
Lephtalate acide du benzylbornéol z: C^W^ I , préparé en
^ -^ NGHOGOG'H'-CO^H
chauffant Talcool benzylé à 200°, avec de l'anhydride phtalique, et isolé par les
procédés usuels, se présente sous la forme de cristaux fondant à 146° et dont le pou-
voir rotaloire en solution alcoolique [a]i)= -t-46°8'.
Saponifié par la potasse, ce phlalate fournit du benzylijornéol dont le pouvoir rota-
toire est sensiblement supérieur à celui du beuzylbornéol priniilif.
Benzylcamphène a : C* H' *^ 11 . — La déshydratation du benzyl-
SÉANCE DU 19 MARS I906. 679
bornéol secondaire a été effectuée de différentes manières. Elle se produit
d'abord dans le traitement du benzylbornéol par de l'anhydride phtalique.
La liqueur éthérée de laquelle on a retiré, au moyen de la potasse et puis
de l'eau, les sels de soude des acides phtalique et benzylbornéolphtalique
retient des quantités notables d'un carbure distillant à 1 70°-! 7 1 " sous 20"''',
et qui présente la composition du benzvicamphène.
D'autre part, quand on traite à froid le benzylbornéol par de l'acide
formique anhydre, on obtient d'abord des cristaux très instables, et à la
température de l'ébuliition du mélange, il se produit une déshydratation
partielle. On peut, en effet, recueillir par distillation fractionnée un
liquide bouillant à lôo^-iôi" sous 10™" et qui a la composition du benzyl-
camphène. Les autres portions, soumises à la saponification, ont fourni un
produit qui se combine de nouveau à l'acide phtalique pour donner nais-
sance à un phtalate acide de benzylbornéol.
On a enfin cherché à déshydrater le benzvlbornéol « au moyen de
l'acide pyruvique, à une température de i3o°-i4o''. L'opération a fourni
une portion de liquide distillant de i57° à 160° sous 10™", liquide qui était
encore constitué par du benzylcamphène a.
On a isolé en outre une partie, distillant dans le vide au-dessus de 200°,
sans doute formée par du pyruvate de benzylbornéol, mais qui n'a toutefois
pas donné de semicarbazone. Ce pyruvate, saponifié par de la potasse
alcoolique, a permis de régénérer du benzylbornéol.
La manière dont se comporte cet alcool vis-à-vis des acides formique
et acétique, ainsi que vis-à-vis de l'anhydride phtalique, tous composés qui
agissent, à des degrés divers, comme déshydratants, prouve nettement que
le benzylbornéol est un mélange de benzylbornéol droit et de son stéréo-
isomère le benzylisobornéol.
Ces deux corps présentent donc l'un vis-à-vis de l'autre les mêmes rap-
ports que le bornéol ordinaire et l'isobornéol. Or on sait que l'isobornéol
se déshydrate très facilement sous l'influence des acides formique et pyru-
vique (Bouveault et Blanc), tandis que le bornéol s'éthérifie dans ces con-
ditions, pour donner naissance à du formiate et à du pyruvate de camphol.
Nous croyons donc devoir conclure que les benzylcamphènes oc obtenus
dans les différentes opérations que nous venons d'énumérer, ont surtout
été formés aux dépens du benzylisobornéol. Suivant leur origine, ils ont
d'ailleurs un pouvoir rotatoire différent.
Carbure obtenu avec l'anhydride phtalique [a]|, = -(- 8''2o'
» préparé avec l'acide fornnique [aj^^-i- 5°2o'
» obtenu avec l'acide pyruvique [a]0 = +i''25'
68o ACADÉMIE DES SCIENCES.
^-Benzylborncol tertiaire C*W( i /pijspcus — A une solution éthérée
de bromure de phénylmagnésium, préparé d'après les procédés usuels, on
ajoute les trois quarts de la quantité théorique de camphre dissous dans
l'élher et l'on chauffe le mélange dans un ballon [muni d'un réfrigérant
ascendant. Au bout de 6 à 8 heures d'ébullition, on décompose le proiluit
par de l'eau acidulée, on décante, on lave la liqueur élhérée avec ime
solution de carbonate de soude et l'on distille l'éther. Le résidu est ensuite
soumis à un fractionnement dans le vide. Jusqu'à iio^-i i5° sous lo""'", il
passe principalement du camphre. De 120° à i5o° ou recueille une petite
quantité de liquide qui se prend en masse et qui est constitué par du di-
benzyle.
Le benzylbornéoi tertiaire distille enfin de i65" à lyS", sous la même pression. Une
seconde rectification le fournil à l'état pur sous la forme d'une huile passant de 169°
à 170° sous la pression de 10™'" à 11""".
En solution dans l'alcool absolu, ce composé possède le pouvoir rotatoire [a]D=^ — i2°,o.
Il ne se combine pas avec l'isocjanate de phényle.
Il se dissout dans l'acide formiqiie anhydre en donnant un liquide qui ne tarde pas
à se prendre en une masse cristalline. Essorés et placés sous une cloche contenant de
l'acide sulfurique et de la potasse solide, ces cristaux se liquéfient rapidement.
/CH „ ,
^-Benz-ylcamphène G* Fl^'-C 11 . — Cet isomère de 1 a-ben-
^ ' ' XC-CH^-CH^
zylcaniphène se prépare facilement en déshydratant à chaud le benzylbor-
néoi tertiaire, soit avec de l'acide pyruvique, soit avec de l'acide formique
anhydre, soit enfin avec de l'anhydride phtalique.
Le benzylcamphène distille entre i5o° et 161° sous 11°"", et cristallise
au sein de la glace en aiguilles blanches fusibles à 24° et |)ossédant en solu-
tion alcoolique le pouvoir rotatoire [ix]i, = — 6o°-44°.
Traité par une solution acétique d'acide bromhydrique, le benzylcam-
phène-fi fournit un produit d'addition qui se dépose, au bout de quelques
semaines, sous la forme de cristaux blancs fondant à 63°-64°.
Ce carbure se combine également au brome en donnant une huile jaune
incristallisable qui dégage do l'acide bromhydrique.
Une solution de permanganate de potasse oxyde à froid le fi-benzyl-
camphène dissous dans l'acélone, en acides benzoïque et camphorique.
Le [i-benzylcamphène Coudant à 24° n'est pas le seul carbure qui se
forme dans la désliydratalion du benzylbornéoi tertiaire. Nous avons, en
SÉANCE UU 19 MARS I906. 681
effet, séparé des cristaux une huile qui paraît être un isomère liquide
encore mélangé du produit solide.
Il est probable que l'un de ces deux composés répond à la formule (I)
et le second à la formule de constitution (II)
(I) cnv'( Il
(II)
\G=:CH.CSH5.
Le premier serait du p-benzylcamphène, tandis que le second pourrait
être considéré comme du benzylidène hydrocamphène.
Phénylbornéol tertiaire C^ W \ ^ y C* W\ — Préparé comme le beazyl-
^\0H
bornéol tertiaire, ce composé se présente d'abord sous la forme d'une huile
distillant entre i57°-i58° sous 12"™, huile qui ne tarde pas à se prendre en
une masse de cristaux fondant à 4o°-4i°-
Les rendements en alcool sont environ de 25 à 3o pour 100 de la théorie,
la majeure partie du camphre se trouvant régénérée à la fitn de l'opération.
.CH-
^-Phénylcarnphêne C*H
u/^
.C — CH'^
Ce carbure s'obtient quan-
titativement quand on chauffe le phénylbornéol tertiaire avec de l'acide
pyruvique.
Il constitue un liquide huileux distillant à iSS^-i/ji" sous une pression
de 10™™. Sa densité DJ^ = o.g^Sô et son pouvoir rotatoire [x] = + -°i5'.
Nous nous proposons de continuer l'étude de ces dérivés du camphre.
MINÉRALOGIE, — Sur les facies de variation de certaines syénites néphéliniques
des îles de Los. Note de M. A. Lacroix.
J'ai appelé récemment l'attention de l'Académie (') sur les syénites
néphéliniques constituant les îles de Los. Depuis lors, M. Villiaume a
bien voulu effectuer des recherches méthodiques dans ce petit archipel,
afin de recueillir de nouvelles collections, ainsi que les renseignements
qui m'étaient nécessaires. L'étude de ces documents me permet de mon-
(') Comptes rendus, l. GXLI, igoS, p. 984. Une partie des roches étudiées dans
cette première Note m'ont été obligeamment envoyées par M. Diifossé.
C. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N» 12.) 9°
682 ACADÉMIE DES SCIENCES.
trer l'existence dans ces îles de minéraux (') et de types pétrographiques
fort rares, qui se prêtent à quelques déductions théoriques. Il apparaît
tout d'nbord que les pegmatites y constituent moins souvent de véritables
filons que des taches, des traînées, des veines irrégulières, produites par
l'exagération locale des dimensions des éléments habituels des syénites
néphéliniques et par l'apparition de quelques minéraux spéciaux; ainsi
s'explique l'analogie de composition minéralogique, que j'ai signalée anté-
rieurement, entre les roches normales et les pegmatites provenant d'une
même localité.
L'étude détaillée de cette série péLrographique devant faire l'objet d'un
Mémoire étendu, je ne m'occuperai dans cette Note que àes, faciès de varia-
tion des roches de l'île de Ruma qui ont une importance théorique toute
sjiéciale.
Le type normal est une syénitenéphélinique(^), leucocrate, qui doit son
cachet spécial à ce que la lâvénite, l'aslrophyllite, l'aegyrine et souvent
l'arfvedsonite y existent à peu près en égale quantité. La structure est foyai-
tique; la néphéline et la sodalite remplissent les intervalles des feldspaths
alcalins, mais elles sont parfois en partie remplacées par de V eudialyte rouge.
Ce minéral, rencontré jusqu'à ce jour dans un si petit nombre de gisements,
forme des plages zonées ou à structure irrégulière, de signe optique alter-
ternativement inverse, réunies par une bande isotrope par compensation.
Quand le minéral est coloré en lames minces, il est d'un rose fleur de pêcher
et alors extrêmement pléochroique, avec maximum suivant l'axe c, quel
(' ) l^armi les minéraux, rares de ces roches, je ne citerai ici que la wôhlérite, parce
qu'elle n'est guère connue jusqu'à présent que dans le Langesundfjord ; elle se ren-
contre en fort petits cristaux dans les pegmatites à barkévicite de l'île de Tamara. Sa
détermination a été rendue possible, grâce à une propriété optique sur laquelle je crois
bon d'appeler l'attention à cause de la difficulté de spécification de ce siliconiobate.
La wolilérite présente cette macle, parallèle à la face d'aplatissement A'(ioo), si fré-
quente dans les silicates monocliniques. Le plan des axes optiques étant normal à
^'(oio) et fa bissectrice aiguë négative faisant dans cette face un angle d'environ 45°
avec l'axe vertical, on voit qu'une section perpendiculaire à la bissectrice aiguë de l'un
des individus de la macle est conjuguée i\ une section du second cristal, sensiblenienl
parallèle au plan des axes optiques. Les sections de ce genre se reconnfiissent aisé-
ment dans les coupes minces de roches, grâce à la différence de biréfringence
{rig— «,„=;o,oio et rig — «,,:= 0,026) des deux composants, dont l'extinction se fait
suivant la ligne de macle (zone de symétrie).
{''-) C'est la syénite néphéliniqMe à œgyrine de ma première Note.
SÉANCE DU 19 MARS 1906. 683
que soit le signe optique ; cette coloration est rarement uniforme, elle affecte
la forme de taches, soil sur les bords, soit autour d'inclusions (auréoles
pléochroïqnes). L'eudialyte est fréquemment transformée en an autre
silicate, plus riche en zircone, la calaplèile, selon le mode déjà observé par
M. Ussing dans les roches similaires du Groenland et par moi-même dans
celles de Madagascar. La catapléite incolore est dans certains échantillons
accompagnée iS^ fluorine violette.
La syénite néphélinique est très hétérogène; indépendamment de parties
pegmatiques ou à grains fins de même composition, on y rencontre en effet
avec abondance deux catégories de faciès de variation, qui ne peuvent
s'expliquer que par des phénomènes de différenciation. Les uns consistent
en taches ou traînées irrégulières passant insensiblement au type moyen,
les autres constituent des amas à contours très distincts qui montrent à
l'occasion une structure concentrique.
Fades de variation à contours indistincts. — Deux cas se présentent. Le
plus fréquent consiste en une roche à grain serré et de couleur un peu plus
foncée que le type normal. Les feldspaths y sont plus aplatis; ils
ressemblent à de grands microlites que moulent ou enveloppent ophitique-
ment ou poecilitiquement l'aegyrine, l'arfvedsonite, l'astrophyllite et la
lâvénite; la fluorine incolore abonde, la galène a été observée plusieurs
fois. Cette roche offre la plus grande analogie de structure avec celle qui
constitue des filons minces dans les syénites des îles Tamara et Rassa.
Le faciès de variation le plus remarquable est de nature différente; le
grain et la proportion des éléments colorés sont ceux du type normal,
mais le caractère distinctif réside dans la très grande abondance de la
sodalile, d'un jaune de miel, possédant des clivages dodécaédriques ia-
melleux.
Faciès de variation à contours distincts. — Sur la côte nord de l'île
se rencontre, au milieu de la syénite normale, une traînée mesurant
20™ X 2"xo™, i5, et présentant une structure singulière. La partie cen-
trale est constituée par une roche rubanée ou schisteuse, devant sa
couleur, d'un vert presque noir, à d'innombrables aiguilles d'aegyrine, sur
lesquelles se détachent des lames d'astrophyllite et çà et là des taches
û'eudialyte d'un rouge foncé. Par places, la roche perd son rubanement et
devient porphyroïde, grâce à l'abondance de gros cristaux de néphéline
d'un jaune rosé et parfois d'énormes cristaux d'arfvedsonite. La structure
intime, ainsi que la composition minéralogique de ces roches riches en.
aegyrine, sont celles d'un type rare de syénite néphélinique, la lujavrite,
684 ACADÉMIE DES SCIENCES.
qui n'a été trouvée jusqu'ici que dans la presqu'île de Kola et au
Groenland.
A l'inverse de ce qui se passe dans les syénites normales de Ruma,
l'iegyrine y est toujours automorphe et aciculaire, et elle est englobée par
les f'eldspaths et la néphéline. Les feldspalhs dominent dans les parties à
éléments fins, la néphéline dans les variétés porphyroïdes, qui renferment,
en outre, de la sodalile, généralement transformée en mésotype. L'eudia-
lyte est toujours xénomorphe, elle englobe ophiliquement les autres élé-
ments de la roche; elle est 1res inégalement répartie, elle peut constituer
plus de 20 pour 100 de la syénite et abonde surtout quand la néphéline
est rare; elle présente des pseudomorphoses en catapléite.
Ces divers types de lujavrite sont séparés de la syénite normale par
une zone de pegmatite hololeucocrate à grands éléments, essentiellement
constituée par des lames feldspalhiques aplaties et palmées, avec çà et là
d'énormes cristaux de néphéline verdàtre et quelques rares aiguilles ou
lamelles des minéraux colorés habituels.
Los analyses suivantes ont été eflectuées par M. Pisani : a, pegmatite très feldspa-
tliique; è, type normal à grains fins; c, id. à plus gros éléments; rf, lujavrite à grosses
néphélines; e, lujavrite schisteuse à eudialyle;y, syénite riche en sodalile.
a. b. c. d. e. f.
SiO^ 61, Si 56, 10 55, i3 54)75 57^95 48, 10
Al'O^ i9j2o ■.31,80 20, 3o '9-90 i3,8o 24,20
Fe^'O^ 0,70 2,26 1,84 AjOo 5,72 1,11
FeO 1,64 0,87 1,78 1,64 1,73 2,47
MnO 0,00 0,58 0,59 0,72 2,76 o,48
MgO 0,52 0,83 0,55 0,52 0,53 o,5i
CaO 0,20 0,88 0,55 0,18 1,43 0,45
Na-0 7i90 9j85 11,00 ii,3o 8,95 10,20
K'^0.,... ... 6,75 4)33 4,9' 2,82 2,71 3,00
II-0 1,00 i,G6 2,25 3,38 1,71 1,20
Cl 0,54 0,45 0,49 » 0,17 2,80
TiO- 0,06 0,21 0,34 0,35 0,55 0,1 3
ZrO- Ir. 0,01 n.d. 0,26 ',57 traces
ioo,3o 100,1 5 100,1 5 99182 99i58 99)45
Les caractéristiques chimiques communes à toutes ces roches conj^istent
dans leur richesse en alcalis, avec prédominance de la soude, dans leur
pauvreté en chaux et en magnésie, dans la présence constante et la teneur
parfois élevée en zircone et en manganèse. Sauf une exception, f, les
variations de la silice .sont faibles; le type le plus foncé est plus siliceux
SÉANCE DU 19 MARS I906. 685
que le type moyen, pauvre en minéraux colorés. Le pourcentage en alumine
varie en sens inverse dans les deux termes les plus différenciés e et f; la
lujavrite est plus riche en fer, en manganèse, en chaux et en zircone, ce
qui entraîne la production abondante d'.-egyrine et d'eudialyte, tandis que
la roche à sodalite se distingue par sa richesse en soude et sa faiblesse en
silice.
La considération des paramètres magmatiques (Michel Lévy) permet de
serrer de plus près l'air de famille de ces roches : $ varie de 0,88 (/)
à 1,42(6); 1'';>4- Sauf dans c, la chaux n'est pas feldspathisée par suite
de la présence d'un excès de soude, enfin le rapport (r) de la potasse à la
soude oscille entre 0,2 (y) et 0,8 (a).
Dans la classification chimico-minéralogique quantitative, les quatre pre-
mières l'oches appartiennent au même ordre (6*), au même rang (i"), au
même subrang (4'') ; a et è d'une [)art, c et rf d'une autre, se distinguent les
unes des autres par la teneur en éléments ferrugineux virtuels, plaçant les
deux premières dans la première classe (^miaskose) et les autres dans la
seconde (^laurdalose) . Le type le plus mésocrale de lujavrite (<?) s'en dis-
tingue par sa pauvreté en néphéline, qui le rattache au quatrième ordre
(^pantellerose). Enfin, la syénite, riche en sodalite, prend une place qui n'est
encore occupée par aucune roche connue (1.8, 1.5); elle est dans la pre-
mière classe l'équivalent de la tavile dans la troisièiîie.
Le grand intérêt de l'étude des roches à néphéline réside dans la mul-
tiplicité des types pétrographiques qu'elles présentent, types qui s'asso-
cient souvent d'une façon différente dans des régions distinctes en contri-
buant ainsi à constituer l'air tie famille caractéristique de la province
pétrographique. Plus ces types sont spéciaux, et plus il est remarquable de
les rencontrer associés et unis par les mêmes relations dans des régions
éloignées les unes des autres : aussi, à ce point de vue, une comparaison
s'impose-t-elle entre les roches qui nous occupent et celles qui forment
les massifs syénitiques de la presqu'île de Kola si bien étudiés par
MM. Hackmann et Ramsay.
La syénite normale de Ruma possède la même structure et beaucoup des
particularités minéralogiques de la chibinite d'Umptek. Celle-ci se rapporte
soit exactement au même type chimico-minéralogique (miaskose) que
quelques-unes de mes roches, soit à un type très voisin de celui des autres,
mais plus riche en néphéline et ne différant de la laurdalose que par
l'ordre (ll.l .\ .[\=^ chibinose). L'analogie n'est pas moins frappante pour
cette roche si spéciale qu'est la lujavrite : elle se poursuit aux points de vue
686 ACADÉMIE DES SCIENCES.
chimique, minéralogique et structurel. Toutefois, tandis que les lujavrites
(le Laponie se rapportent exclusivement au tvpe laurdalose, celles de
Riima appartiennent soit à ce type, soit à la pentelierose (4* ordre au lieu
du 6"), sans que pour cela les caractéristiques minéraiogiques essentielles
(abondance et forme de l'iegyrine, fréquence de l'eudialyte) soient modi-
fiées (' ). L'examen microscopique fait penser que l'analyse d'un plus
grand nombre d'échantillons de lujavrites de Ruma, convenablement choi-
sis, mettrait en évidence l'existence de types d'une richesse intermédiaire
en néphéline et appartenant au cinquième ordre (umptekose). Notons enfin
qu'à Ruma la lujavrite forme des enclaves dans le type normal, de même
qu'à Lujavr Urt, cette roche constitue le centre du massif, qu'entoure la
chibinite d'Umptek. Quant au faciès riche en sodalite, je viens de faire
remarquer qu'il représente en Afrique la forme presque hoioleucocrate de
la tavite d'Umptek.
En résumé, on peut donc considérer les faciès de variation des syéniles
néphéiiniques des îles de Los comme la reproduction en miniature de
roches qui, en Laponie, forment individuellement dos massifs distincts et
constituent par suite une véritable série pétrographique. Ils précisent ainsi
les relations génétiques que ces dernières roches présentent entre elles.
ZOOLOGIE. — Sur les Gennadas ou Pénéides bathypélagiques ,
Note de M. E.-L. Bouvier.
Les Benthesicymus et les Gennadas sont des Pénéides abyssaux; ils pré-
sentent entre eux les affinités les plus étroites, mais se tiennent à des
niveaux très différents, ainsi qu'on peut s'en convaincre par l'examen des
matériaux recueillis par S. A. le Prince de Monaco à bord de la Princesse-
Alice. Quand on explore les abysses avec des engins de fond, chalut ou
drague, on ramène parfois des Benthesicymus et, danscertainscas, quelques
rares Gennadas; par contre, avec le filet vertical à grande ouverture,
péchant entre i\ei\Ti eaux, on obtient des Gennadas en abondance, mais
pas un seul Benthesicymus. De ce fait on pourrait déjà conclure que les
Benthesicymus appartiennent à la faune abyssale des fonds et les Gennadas
à la faune pélagique ou balhypélagique.
(') On voit donc qu'en moyenne les roches de Laponie sont plus ricties en néphé-
line que celles de Lot, ce qui est une conséquence d'une teneur un peu plus faible en
silice.
SÉANCE DU 19 MARS 1906. G87
En ce qui concerne les Benthesicymus, celte conclusion paraît justifiée
par les récoltes des dernières campagnes d'exploration abyssale; mais il
convient d'ajouter qua les Benthesicymus semblent être assez bons nageurs
et qu'ils peuvent vraisemblablement s'éloigner à quelque distance du fond
sous-marin.
La distribution bathymétrique des Gennadas demande à être étudiée de
plus près; car on ramène quelquefois ces Pénéides au chalut; dans des cas
très rares on les a pris à la surface et ils sont rapportés en grand nombre
par le filet vertical qui capture, comme on sait, les espèces pélagiques et
bathypélagiques.
Pour résoudre ce problème, adressons-nous d'abord à une espèce très
répandue dans nos régions, le Gennadas elegans S.-I. Smith, qui a été
trouvé par V Albatros enlre la Floride et la latitude de New-York (pèches de
822" à 4264"), par le Blake dans la mer des Antilles (Boo""), par VOceania
au large de l'Irlande (2.538™), par les expéditions monégasques dans la
mer des Sargasses, les eaux açoréeniies, l'Atlantique oriental depuis les îles
du cap Vert et dans la Méditerranée (1000™ à /jSoo™), enfin par plusieurs
zoologistes italiens, MM. Riggio, Monticelli et Lo Bianco, entre Messine et
Naples.
Les exemplaires capturés par MM. Monticelli et Lo Bianco dans le golfe
de Naples provenaient du plankton superficiel ou peu profond (200"" au
plus); étudiés avec grand soin et beaucoup de finesse, ils furent reconnus
comme appartenant aux stades évolutifs de l'espèce, depuis la forme pro-
tozoé jusqu'à l'état très jeune qui fait suite au stade mysis. La même année
(1900), M. Riggio signalait des adultes dans le plankton superficiel des
environs de Messine.
Utilisant le^ recherches précédentes et celles effectuées par le Maja et
le Puritan, au large de Gapri, M. Lo Bianco (1902, 1904) parvint à mettre
en lumière les migrations bathymétriques du G, elegans au cours de son
développement. Ayant observé que les jeunes en aquarium nagent la tête
en bas et la queue en haut comme pour descendre plus bas, il pense que
notre Gennadas « est une forme abyssale typique » et que, après avoir tra-
versé tous les stades larvaires dans les couches voisines de la surface, ses
jeunes « se dirigent dans les profondeurs pour atteindre le lieu normal
d'habitat de l'espèce », les adultes pris à Messine ayant sans doute été
ramenés à la surface par les forts courants de profondeur qui se font sentir
dans le détroit. « Cette conclusion, dit l'auteur, est complètement justifiée
688 ACADÉMIE DES SCIENCES.
par les récoltes de Maja, qui comprennent 32 spécimens capturés par im
filet balhypèlagique ouvert, auquel on avait donné iooo™à iSoo™ de câble.
A des' profondeurs plus faibles, la pêche fut vaine; avec looo" de câble,
elle donna un adulte; avec i5oo", 6 autres adultes et quelques jeunes ».
Le Puritan captura ce Gennadas en 25 stations différentes; avec 600™ de
câble, il prit une fois des jeunes; mais, pour obtenir des adultes, on dut
filer au moins iioo".
Les résultats obtenus par Son Altesse confirment et précisent le juge-
ment de M. 1^0 Bianco. En effet, au cours des campagnes de \ Hirondelle et
surtout de la Princesse- Alice, le G. elegans fut capturé 3o fois, avec des dif-
férences de taille et d'âge qui sont résumées dans le Tableau suivant :
ni "'
De o à 1000 3 opérations, l^ exemplaires dont i adulte
« o à i5oo 7 » 55 » 2 adultes
» o à 2000 7 » 3r) » 7 »
» o à 25oo 6 » 4 • " 9 »
» o à Sooo 6 » 10 » 2 1)
» o à 35oo I » 20 » o ))
soit au total :
m m
De o à 1000 I adulte pour 3 opérations, ou o,33 pour 100
» o à 2000 9 » \[\ » » 0,64 »
» o à 35oo II )) i3 » » 0,84 »
d'où l'on peut conclure que le nombre des adultes capturés augmente à
mesure qu'on s'éloigne du niveau de 1 000" pour descendre vers les pro-
fondeurs.
Ce résultat concorde parfaitement avec le principe établi par M. Lo
Bianco, et l'on en peut dire autant de la rareté des adultes par rapport aux
individus plus jeunes. A cause de leur jeune âge, ces derniers, en effet,
n'ont pas encore été fortement décimés par les voraces habitants des
mers, et d'ailleurs, étant données leur petite taille et leur faible puissance
natatoire, ils sont moins bien doués que les adultes pour échap|)er au filet
remontant.
Mais jusqu\ni descendent les adultes? Vont-ils sur le fond, ou vivent-ils
entre deux eaux, à la manière des francs organismes bathypélagiques ?
Pour résoudre ces questions il convient d'analyser les opérations effec-
tuées par le Prince, au cours de ses diverses campagnes dans les régions
SÉANCE DU 19 MARS 1906. 689
fréquentées par le Gennadas elegans. Do 1886 à iqoS, V Hirondelle el la
Princesse-Alice ont donné, à quelques unités près :
1° 211 coups de rhalut dont 2 furent fructueux, ramenant 7 exemplaires.
3° 7 coups de filet à rideau, dont a » 2 »
3° 4 coups de filet Giesbreclit, dont i fut fructueux, ramenant 2 »
4° II coups de filet vertical
(o"'-iooo™), dont 2 furent fructueux, ramenant 3 »
5" 60 coups de filet (au-dessous
de 1000™), dont 24 furent fructueux, ramenant près de 200 »
Ainsi, le chalut ne capture presque jamais noire Pénéide, et ceux qu'il
ramène à de rares intervalles (2 lois sur 211 coups) ne proviennent sans
doute pas du fond sur lequel le filet a longuement traîné; ils ont pkitôl
été pris par l'engin clans sa course remontante. Ce qui porte à croire qu'il
en est ainsi c'est que, par deux fois, des Gennadas furent trouvés sur les
appareils de sondage, dans un cas sur le sondeur à robinet, dans un autre
sur la bouteille Buchanan, aux articulations de laquelle un spécimen se
prit par les antennes.
Ainsi, les filets bathvpélagiques, bien qu'ils ne touchent jamais le fond,
se montrent merveilleusement propres à la capture des Gennadas et cela
d'autant mieux qu'ils présentent im orifice |)lus large, A ce point de vue,
le filet vertical Richard à grande ouverture (de 9™' ou de 25°'') offre une
supériorité manifeste sur tous les autres engins; une fois sur deux environ
il a ramené des G. elegans et, dans certains cas, le nombre de ces derniers
s'élevait à plus de 3o exemplaires.
Le filet Giesbreclit employé d'abord par le Prince, le filet vertical de
l'expédition du Plankton et le Grosso Bertovello du Maja donnaient aussi de
bons résultats, mais leurs captures étaient moins riches parce qu'ils avaient
un orifice plus étroit. Néanmoins, un coup de filet du Puritan ramena
25 exemplaires jeunes ou adultes.
On peut donc affirmer que le G. elegans est une espèce bathypélagique,
et qu'il ne vit pas normalement sur le fond ou dans son voisinage immédiat,
comme la plupart des autres Crevettes. Aussi a-t-il complètement échappé
aux très nombreux coups de chalut du Travailleur, du Talisman et du
Challenger el si, à cet égard, les pèches du Blake et de V Albatros ont été
plus fructueuses, c'est que, vraisemblablement, notre Pénéide doit être
une espèce commune à l'est des Etats-Unis.
Les autres Ge/?/2af/aj capturés dans l'Atlantique oriental au cours des cam-
pagnes monégasques sont beaucoup moins répandus et, par conséquent,
G. R., 1906, 1" Semestre. (T. CXLII, N» 12.) 9*
690 ACADÉMIE DES SCIENCES.
se prêtent mal à une étude approfondie de leur distribution balhymétrique.
Pourtant, à l'exception d'un exemplaire de G. scutatiis, ils furent tous pris
avec le filet à grande ouverture descendu entre deux enux par 1000"
et au-dessous. Et c'étaient pour la plupart des adultes. Quant aux Gen-
nadas capturés à la drague ou au chalut par Vinvestigator et le Challenger,
ils sont peu nombreux et furent pour la plupart pris isolément, le filet
fonctionnant sans doute pendant sa course remontante. On peut donc,
suivant toute vraisemblance, appliquera tous les Gennadas les conclusions
spéciales relatives au G. elegans.
L'exemplaire type du G. scutatus fut captut-é à la surface par les engins
de l'Hirondelle, et le Challenger a pris, dans les mêmes conditions, un spéci-
men de G. parvus. Est-ce une raison de penser, avec Spence Baie, « qu'à
certaines [)ériodes l'animal cherche des courants superficiels plus chauds
pour y pondre ses œufs »? Nous ne le croyons pas. On a vu que M. Lo
Bianco attribue à l'action entraînante des courants de déiroit la présence
du G. elegans adulte dans la région de Messine, et d'autre part, on sait que
des es[)èces manifestement abyssales, les Pelagothuria par exemple, [jeu-
vent anormalement (et sans doute à la suite de quelques phénomènes
pathologiques) remonter à la surface. Au surplus, si l'on considère que,
parmi les très nombreux adultes capturés jusqu'ici, deux ou trois seule-
ment furent trouvés dans le plaiikton superficiel, on est en droit de penser
que les Gennadas ne quittent pas, pour la ponte, les eaux profondes oh ils
vivent. Et comme ces Penéides oui des larves pélagiques il faut admettre
que leurs œuf-., sans doute moins denses que l'eau, remontent a la surface
dès qu'ils ont été pondus. On sait en effet que les Penéides, au contraire
des autres Crevettes, ne portent point leur ponte attachée aux pléopodes
abdominaux.
GÉOLOGIE. — Sur la feudle de Gap au
Note de M. Miciikl Lévv.
La feuille de Gap est l'œuvre communt; de MM. Haug, Kilian, Termier,
Pierre Lory, David Martin. Elle représente le. travail de plus de quinze
années de courses sur le terrain (1888-190')); les deux tiers de la feuille
ont été levés par M. Haug, avec la collaboration de M. Rilian pour l'Ubaye
et pour quelques parties de l'Erabrunais. Les tracés de la région brian-
çonnaise sont dus à M. Kilian, la fin du massif du Pelvoux à M. Termier,
SÉANCE DU 19 MARS 1906. 691
celle du Dévoluy à M. Pierre Lory. Enfin M. David Martin a collaboré au
lever des terrains quaternaires.
L'intérêt principal de la feuille réside dans le tracé sinueux de l'inter-
section, avec la surface topographique, du plan rie charriage suivant lequel
s'est efft ctuée la poussée vers le Sud de la grande na[)pe de l'Embrunais et
de l'Ubaye. Les lambeaux de recouvrement du Morgon et de Chabrières,
témoins d'une nappe plus élevée à racines plus lointaines, ont été figurés
avec détiiils; car les levés originaux ont été faits au -^^^^.
Il est vraisemblable que les diverses racines font partie de la zone de plis
serrés qui passent au Nord-Est, vers Giullestre. En tout cas, ces charriages
sont post-miocènes et recouvrent les plis Est-Ouest anté-oligocènes qui
viennent de la monlaçne de Lure et du mont Ventoux.
La représentation des moraines latérales et frontales de l'ancien glacier
de la Durance constitue une innovation intéressante qui permet de lire,
sur la carte, à première vue, les phases successives du retrait glaciaire.
' Cetle belle feuille est la dernière de la région des Alpes françaises et
termine brillamment le relevé au —^, des contours çéoloiriques de ce "rand
arc montagneux. Il nous est permis de constater que, notamment au point
de vue du figuré des nappes de charriages, grâce aux efforts de nos émi-
nents collaborateurs, la carte géologique de la France est en avance sur la
plupart des cartes de nos voisins.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur ks fonctions qui dépendent
d'autres fonctions. Noie de M. Vito Volterka.
Dans une série de travaux que j'ai publiés il y a déjà quelque temps, j'ai
envisagé les quantités qui dépendent de toutes les valeurs d'une fonction
ou de plusieurs fonctions dans'certains domaines.
]j'exemple le plus simple qu'on peul donner est celui d'une intégrale définie d'une
fonction, car elle dépend des valeurs de la fonction qu'on intègre entre les limites de
l'intégrale. Mais un grand nombre d'exemples sont donnés par les questions de Phy-
sique mathématique. C'est ainsi que la température dans un point d'un corps dépend
de toutes les valeurs de la température au contour du domaine occupé par le corps.
Le potentiel d'un fluide homogène et incompressible dans un point déterminé dépend
de la forme de la masse lluide el, par suite, si l'équation de la surface du fluide a le
second membre nul, le potentiel dépend des valeurs de la fonction qui paraît au pre-
mier membre. Il est évident que les fonctions dont nous parlons n'ont rien à faire avec
les ordinaires fonctions de fonctions.
6()2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
J'ai donné des applications de ce concept dans quelques questions d'analyse. J'ai
làclié en efl'et de Templover dans l'étude des fonctions analytiques de plusieurs variables.
Toute opération algébrique ou de dérivation appliquée à ces fonctions conduit à de
nouvelles fonctions analytiques, mais les opérations d'intégration nous amènent à des
fonctions qui dépendent des contours des domaines d'intégration et par conséquent à
des quantités qui dépendent d'autres fonctions.
Lorsqu'on veut étendre les méthodes de }IamiIton et de Jacobi sur les questions de
la Mécanique aux systèmes continus et aux problèmes de la Physique mathématique,
on est aussi amené d'une manière toute naturelle à ces concepts.
Les problèmes qui présentent le plus d'intérêt sont ceux où les fonctions dont
dépendent les quantités qu'on envisage sont inconnues, et il faut les déterminer par
des propriétés de ces quantités. Les problèines du calcul des variations nous en offrent
les premiers exemples et aussi les plus simples. Mais il y a aussi d'autres questions qui
s'y rapportent. Ce sont les problèmes de l'inversion, et en particulier ceux des inté-
grales définies où les fonctions inconnues paraissent sous les intégrales.
C'est en poursuivant ce but, et en vue du problème général dont j'ai parlé, que j'ai
étudié il y a quelques années ce problème dans le cas le plu'^ simple possible, celui où
le déterminant fondamental est égal à sa diagonale ('). M. Fredliolm, dans un remar-
quable travail, a étudié le problème dans le cas où le déterminant est quelconque
en arrivant à des résultats du plus giand intérêt et M. Hilbert vient de reprendre la
question en y faisant des applications très étendues.
Le concept que nous avons exf)Osé des fonctions qui dépendent d'une
auLie fonction on de plusieurs fondions se rattache flirecLemeiit à la défi-
nrlioii de fonction donnée par Dinchlet. Li ciiti pie de celle définition a
donné lieu à bien des discussions parmi lesquelles celles toutes récentes de
M. Pierre Bontroux sont très intéressantes. Il est évident que le concept
est altaché à celui de loi physique, mais je n'entrerai pas dans cette ques-
tion, je remarquerai seulement qu'en posant successivemenl cerlaines con-
ditions et cerlaines limitations on peut passer du concept de fonction tel
que l'a posé Dirichlet à celui de fonction analytique. Il est inutile de rap-
peler ces conditions qui sont bien connues et qui se rapportent à la conli-
nnité, à l'cxislence des dérivées, etc.
CJii peut procéder de la même manière ilins le cas des fonctions qui tlé-
pendent de toutes les valeurs d'une lonction ou de plusieurs fonctions.
Envisageons le cas le plus simple, celui d'une quantité F qui dépend des
valeurs d'une fonction continue /"(a?) définie pour les valeurs de x com-
prises entre a et b. Il n'y a pas de difficulté à étendre le concept de con-
(') Sa lia inversione degU inlcgrali definUi, Nota I, § 3 {Atli R. Ace. di Torino,
1896), et Notes suivantes.
SÉANCE DU 19 MARS I 906. 693
tinuité à la variable F. Supposons maintenant qu'on parte d'une fonction
inilialey"(a7) et qu'on la chano;e en la remplaçant pary(,r) -I- s cp(a7) où e
est une quantité infiniment petite. On peut tâcher île calculer la variation
de F.
Sous certaines conditions la partie du premier ordre, par rapport à i, de
cette variation, peut s'exprimer par une intégrale définie
La fonction F'(E|) joue le rôle de |)remière dérivée. Elle est indépen-
dante de (p(^), mais elle dépend, en £»énéral, de toutes les valeurs de /(x),
c'est pourquoi on pent lâcher de trouver la variation de F'(^,) lorsqu'on
remplacey"(a;) par /(jc) +■ t o(-v). Si Ton néglige les parties qui sont infi-
ment petites d'un ordre supérieur à £, sous certaines conditions on trouve
que cette variation est donnée par
F"(^,, ;,) joue le rôle de première dérivée deF'(Ç|)etde seconde dérivée
de F. Elle est indépendante de ç(a;), mais dépend de toutes les valeurs
(ley(x-). Elle est une fonction symétrique de ^, et ^j- O" peut aussi cal-
culer la troisième dérivée qui s'exprime par une fonction F'°(^,, c.,, ^.,)
symétrique et ainsi de suite.
Cela posé on peut se proposer de développer la valeur de F qui corres-
pond à /(j;)-)- s cp(a;) dans une série de puissances de e. Sous certaines
conditions qui sont semblables à celles qu'on a pour la série ordinaire de
ïaylor on trouve
V = Y„ + ^ f\{l,)V'{l,)dl, + [^^ f" f\^"(l.,,l^dl,dl.,
'^ li *^ il
où F'"'(^,, \.-,, ..., l,„) t'sl une fonction symétrique des n variables ^,, 'c,.,, . . .,
E„, indépendante de 'f(j;). Après cela en faisant 1^=1, on peut éliminer
cette quantité.
694 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il faut remarquer que les fondions qui dépendent d'une autre fonction
et qui ont cette représentation analytique sont tout à fait spéciales et qu'on
peut en envisager de plus générales ayant aussi des représentations analy-
tiques. Les différents termes du second membre constituent des fonctions
de dififérents degrés et l'on peut envisager F comme une quantité qui
dépend de (p par une relation analytique du même type, par exemple des
fonctions transcendantes.
Pour montrer le parti qu'on peut tirer dans certains cas du développe-
ment, je vais en faire une application à l'un des problèmes dont j'ai parlé.
Supposons qu'on écrive l'équation suivante
.dl„
« étant une quantité donnée et ^{cc") étant connue pour les valeurs de x
comprises entre a et b, tandis que 9(37) est une fonction inconnue.
Le cas le plus simple est celui où F", F", ..., F'", ... sont nulles, c'est-
à-dire où l'on a
C'est le cas de l'inversion qui a été envisagé par M. Fredholm et par moi-
même lorsque la limite supérieure de l'intégrale est égale à x. Dans un
cours que je viens de faire à l'Université de Stockholm j'ai montré que l'on
peut résoudre le problème général de déterminer ç(a;). Ce problème cor-
respond à la détermination de la racine d'une équation transcendante et
se résout par une simple remarque. Il suffit de développer £<?(a;) suivant
les puissances de & en supposant qu'à £r =: o corresponde s = o.
C'est pourquoi calculons
\d[Eo{x)-]^ _1V/(S9)) ir/^[sy(x)]^ _\(r-{t<f))
On trouve alors
SÉANCE DU 19 MARS 1906. ÔgS
Si nous pouvons invertir cette formule, ce qui arrivera par exemple si le
déterminant n'est pas nul, on trouvera
En dérivant une fois encore on a
d'où l'on tire aisément, par la formule (2),
De même, on peut calculer '- J^.^ '^l et ainsi de suite, de sorte qu'on
aura
I <î)"(-/-;, , -r.j, x) ij/(r,, ) '^(r,,)dr., dr;, + . . .
. d-r,„ 4- . . . ,
où $'"(•/],, r,.j, . . ., ri„, x) est une fonction symétrique de •/),, -r,.-., ..., y,„. La
solution est donc une fonction de même nature que celle dont on est parti. Nous
n'entrerons pas ici dans les détails relatifs au domaine de convergence, à
l'unicité et à la vérification directe de la formuleque nous venons de donner,
mais elle peut s'étendre à bien d'autres cas de représentations analytiques.
C'est pourquoi il faut la regarder comme le premier pas dans cet ordre de
recherches. Les quantités £, & ne sont que des quantités auxiliaires, on peut
les faire disparaître dans les formules (i) et (3), en les prenant égales à
l'unité.
696 ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. Hexri Moissan, en présentant à l'Académie le Tome cinquième du
Traité de Chimie minérale, publié sous sa direction, s'exprime comme il
suit :
Ce dernier Tome contient les articles : Cuivre de M. Sabatier; Métal-
lurgie du cuivre de M. Brochet; Alliages de cuivre de M. Chari)^; Mercure
de M. André ; Or de M. Etard et les Métaux du platine par MM. Péchard et
Chavanne. Cette publication a été réalisée dans l'espace de deux années.
Elle représente donc l'état actuel de la Chimie minérale et comporte l'étude
des corps simples et d'environ 9000 corps composés, s'appuvant sur une
bibliographie qui comprend plus de 35 000 citations de Mémoires scienti-
fiques.
M. O.-^I. Laxnelongue fait hommage à l'Académie de ses Leçons de
Clinique chirurgicale.
M. Mascakt fait hommage à l'Académie du fascicule II (1902) et du fasci-
cule III (1903) des Annales du Bureau central météorologique, qu'il publie
en qualité de Directeur du Bureau.
PRESEATATIONS.
L'Académie procèle, par la voie du scrutin, à la formation d'une liste
de deux candidats qui devra être présentée à M. le Ministre de l'Instruc-
tion publique, pour la chaire de Zoologie (Mammifères et Oiseaux) va-
cante au Muséum d'Histoire naturelle.
Pour la désignation du premier candidat, au premier tour de scrutin, le
nombre des votants étant 64 :
M. Guillaume Grandidier obtient
M. Trouessart »
M. Menegaux »
M. Anthony «
M. Loisel M
. . . . 36
su
ffrages
. . . . 24
)i
2
1)
. . . . I
su
ffrage
. . . . 1
»
SÉANCE DU 19 MARS 1906, 697
Pour la désignation du second candidat, au premier tour de scrutin, le
nombre des volants étant 64 :
M. Anthony obtient 22 suffrages
M. Trouessart » 22 »
M. Menegaux » 17 »
M. Loisel » 3 »
IjR majorité absolue des suffrages n'ayant pas été obtenue, il est pro-
cédé à lin second tour de scrutin, dans lequel, le nombre des votants
étant 64 :
M. Trouessart obhV ni - 27 suffrages
M. Anthony » 2G «
M. Menegaux » 11 »
Conformément au règlement, il est procédé à un scrutin de ballottage
entre les deux candidats qui ont obtenu le plus de voix. Le nombre des
votants étant 64 :
M. Trouessart obtient 32 suffia^es
M. Anthony » 3i »
11 y a un bulletin blanc.
En conséquence, la liste présentée à M. le Ministre de l'Instruction
publique comprendra :
En première ligne M. Guillaume Grandidikk.
En seconde /igné iM. Trouessart.
CORRESPOIVDAIVCE .
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Corres|)on(iance :
Le Précis de Diagnostic chimique, microscopique et parasitologiquc, de
MM. Jules Guiart et L. Grimbert. (Présenté par M. Guignard.)
C. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N» 12.) 92
698
ACADEMÎÏÏ DES SCIENCES.
ASTRONOMIE. —Observations de la comète KopJ^(jQo6 b) faites ci l'équatorial
coudé de l' Observatoire de Lyon. Note de M. J. Guillaume, présentée par
M. Lœwv.
Temps moyen
Dates. de
1906. Lyon.
Il 111 s
Mars 5 ij.jo.Sg
5 17 . 12 .56
6 15.49. 48
6 16.43.35
7 i4.i6. 5
.0 —
*.
Nombre
^
(le
comparaisons.
Aa.
Aô.
Éloi
m tt
, „
0. ô,o4
-1.43,0
10: 10
a
-0. 4,5o
— 1 .36,2
10: 10
a
0.28,71
-0.17,9
1 2 ; 1 2
a
0.29,74
—0. i5',6
8: 8
a
0. 5,80
— 3. 11,2
10: 10
c
Posilions moyennes des étoiles.
Etoiles.
a. . .
b...
c. . .
d...
e. . .
Ascension
Réduction
Réduction
droite
au
Déclinaison
au
moyenne.
jour.
moyenne.
jour.
Autorités.
Il m s
1 I .35. 6,5i
s
-1-1,12
0 , „
-hl. 44. 18,1
— 8','o
Anon. 10,5 rapp. n b
I 1 .35.34,95
»
-f-l .28.22,9
)>
A. G. Albany, Wiï
ir. 34.18, 66
-M , i3
-1-1.48.33,0
-8,1
Anon. 11" l'app. à d
11.34.35,41
))
-l-).56.4i,6
»
BD+2,2456 rapp. à e
I 1 .37. i5,64
»
-t-i.46.i',5
1)
A. G. Albany, i33o
Dates.
1906.
Mai
Positions apparentes de la comète.
Ascension droite
Lo§. fact.
Déclinaison
Log. fact.
apparente.
parallaxe.
apparente.
parallaxe.
Il m s
1 1 .35. 4)59
+9.477
-t-1. 42-27,1
+0,788
11.35. 3,i3
+9>579
-H I .42.33,9
+0,792
11.34.38,92
+9,483
-H I .43.52.2
+0,788
11.34.37,89
-1-9,556
+ 1.43.54,5
+0,791
II. 3',.. 3, 99
-1-9,245
+ i .45. i3,7
+0,785
Remanjites. — La comète a rasjiect d'une nébulosité à I301 Js très dili'us, deiiviron
l5" de diamètre, avec condensation un peu excentrée vers l'Iwl et peut-être un très
petit noyau; l'éclat total est de 10', 5. Les 5 et 6, images très agitées; la comète est
difficile à pointer pendant la deuxième série. Le 7, observation difficile à cause de la
Lune; la comète paraît une demi-grandeur au-dessous de l'étoile de comparaison qui
est de 1 1^ Le 8, la Lune ell'ace la conièle,
SÉANCE DU 19 MARS 1906.
699
ASTRONOMIE. — Observations de la comète (19066) faites à V Observatoire
d'Alger, à Véquatorial coudé de o'^.SiS. Note de MM. Sv et Villatte,
présentée par M. Lœwy.
Etoile
Diilos.
de
1906.
eiimparai
Mars 5
a
5 . . . .
a
6....
h
6....
b
-
b
7 • • • •
8....
b
b
8....
b
.^
-0.25, 28
-0.25,88
-2.3o,97
-2 .3r ,94
- 2 . 56 , 87
-2.57,77
-3.22,34
-3. 23. 81
Nombre
—
--.
de
AS.
comparaisons
i3'.53'
4
12:12
13.54
5
12:12
2.32
7
1 5 : 1 0
2.28
4
i5: 10
1 . 5
9
1 5 : 1 0
1 . 2
3
1 5 : 1 0
0.23
ï
.4:10
0.26
0
i5 : 10
Observ.
S
V
s
V
s
V
V
s
Positions des étoiles de comparaison.
.\scension droite
Uédiiction
Déclinaison
Réduction
moyenne
au
moyenne
au
■k
Gr.
190G,0.
jour.
190G,0.
jour.
Autorités.
a . . .
• 7.0
h m s
1 1 . 35.35,00
+ /.i4
+ i°28'.23'i3
— 7.9
^(A.Ci.,All)any, n"i.327
+ Paris, n" 14.230)
b...
■ 9>2
II .37. i5,64
-H l, l3
+ 1.46.11,5
— 8,0
A. G., Albany, n" .'|.335
b...
• 9.2
»
-4- I , l3
»
— 8,0
kl.
b.. .
• 9.2
»
-h i,i3
»
- 8,1
Id.
Positions apparentes de la comète.
Dates.
1906.
Mars
Temps moyen
d'Alger.
Il m s
9-4i-'7
10. 6 . 46
9. 4.57
9-47- 9
9- 9- 6
9.53. 3
9. 3.14
10. 5.28
Ascension
droite
apparente.
Il ui s
1 1 .35. 10,86
I I . 35. 10,26
11.34.45,80
11.34.44,83
n. 34. 19, 90
II .34 . 1 g, 00
11.33.54,43
I I .33.52,96
Log. fact.
parallaxe.
T,53o„
T>'i77«
î,582„
î,5io„
T , 570,,
î ) 'iSg"
î,572„
» .-i-i9«
Déclinaison
Log. fact.
apparente.
parallaxe.
1.42. 8,8
0,710
1.42. 9,9
0,708
1.43.30,8
0,711
1.43.35,1
0,709
1.44. .57, 6
0,711
1.45. 1,2
0,708
I . 46 .26,5
0,711
I. '16.29, 4
0,707
Condensali m sans noyau appri-ciable. ()bservations d'ailleurs assez flifficiles à cause
de la lumière de la Lune.
■JOO ACADEMIE DES SCIENCES.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les (iffixes des racines d'un polynôme
de degré n et du polynôme dérivé. Noie de M. J. Jl'hel-Kéxov.
Considérons dans un plan n points A;, (X' = i, 2, ...,/«) donnés par les
équations
A^^ mXj + vY,^ +1 = 0.
L'équation
2^ = 0
est l'équation tangentielle d'une courbe de classe {n — i) tangente, en
leurs milieux, aux droites qui joignent deux à deux les points A;^'
D'ailleurs, les tangentes menées à la courbe du milieu de A„,A^, par
exemple, et distinctes de A;„ A^„ sont tangentes à la courbe de classe (/i — 3 )
tangente, en leurs milieux, aux droites qui joignent deux à deux les (n — 2)
points A;( autres que A^ et A^,.
D'après cela on peut énoncer ce théorème :
Thkorème. — Soient ^^ (k = ] , 2, . . ., n) les affixes des racines d'un po-
lynôme f{z) de degré n. Les affixes des racines du polynôme dérivé sont les
foyers réels d'une courbe de classe (n — 1) tangente, en leurs milieux, aux
droites (jui joignent deux à deux les points A;,.
Théorème auquel on peut encore donner la forme suivante :
Théorème. — Les positions d'équilibre d' un point mobile attiré par n points
fixes Af^{k ^ 1, '2, . . ., n^ de même masse, en raison inverse de la distance,
coïncident avec les foyers réels d'une courbe de classe (n — i) tangente, en leurs
milieux, aux droites qui joignent deux à deux les centres d'attraction.
Remarque. — On démontrerait, absolument de la même manière, que
l'équation
^"* — " (^ = 1, 2, ..., n)
n{n — i)
A
k
représente une courbe de classe (/< — i) tangente aux droites joi-
gnant deux à deux les points A;^, le point de contact divisant le segment A;^ A^
dans le rapport -, et l'on aurait un théorème analogue au précédent
et relatif à n centres d'attraction de masse m^.
SÉANCE DU 19 MARS (906. 70I
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Nouvelle résolution du problème de l'induction
magnétique pour une sphère isotrope. Note de M. TomiMaso Boggio, pré-
sentée par M. H. Poincaré.
Le problème de l'aimantalion prise, dans un champ quelconque, par
une sphère isotrope, a été traité jusqu'à ces derniers temps par de nom-
breux auteurs (Poisson, Betti, F. Neumann, C. Neumann, Mathieu, Rirch-
hoff', etc.) à l'aide de séries de fonctions sphériques.
Récemment, M. Somigbana et moi avons résoUi presque simultanément
le problème en question par des intégrales définies (').
Je me permets maintenant d'exposer à l'Académie une autre solution,
très simple, du même problème.
1. Soit S une sphère, homogène, isotrope, de centre O et de rayon R;
désignons par k le coefficient d'aimantation du corps S et par n la surface
sphérique qui le limite.
Il s'agit alors, en suivant la théorie de Poisson, de trouver une fonction
(harmonique) o, vérifiant en tout point de S l'égalité
W
W étant la fonction potentielle qui définit le champ magnétique donné;
n la normale à n, dirigée à l'intérieur de la sphère; /• la distance d'un point
quelconque de S à un point variable de t.
Si l'on désigne par p le rayon vecteur, et si l'on pose
(i) U = -(W+7),
l'égalité précédente peut être écrite ainsi :
(') SoMiGLiANA, Interno ad an problema d'induzione magnetica {Rendiconti del
/?. Istituto Lomhardo, série II, vol. XXXVI, adunanza del 17 décembre igo.S). —
Boggio, Induzione prodotta da un canipo niagnetico qualunque sopra iina sfera
isotropa {Id., vol. XXXVII, adunanza del 28 gennaio 1904 )•
(^) Voir, par exemple, Duhem, Leçons sur l'Électricité et le Magnétisme, t. II,
1892, Paris, p. 128.
702 ACADEMIE DES SCIENCES.
IJ représente d'ailleurs la fonction potentielle magnétique de la sphère et
partant il suffit de déterminer cette fonction.
Il est bon de remarquer que. In fonction o étant harmonique dans S, il en
sera de même do la fonction pV--
"^ dp
2. Maintenant il faut remarquer que, si u est une fonction harmonique
dans la sphère S et si l'on pose
r dn
on a, dans tout point de S, l'égalité bien connue
(3) _, + p_=2:.R«,
qui peut être aisément déduite de la formule
qui résout le problème de Dirichlet pour la sphère S (').
En appliquant la relation (3) à l'égalité (2), on a, dans S,
I ,, dU , d^
ou bien, en rappelant la relation (i),
I ,, dV iT.k rfW
TzrU + p-
c'esl-à-dire
(4) „(TJ+/.W) + p^^ii^^^=a6W,
ayant posé
1 , 1-Kk
a =: 7 — T î b = 7 •
2 -\- '.\Tji 1+ 2 Tt k
Il résulte de l'équation (4)
(') }oir par exemple : Maucolongo, Teoria inalenialica dcW equilibiio dci corpi
elastici, p. 36 (Milano, lloepli, 1904).
SÉANCE DU 19 MARS 1906. 7o3
et, puisque a >■ o, on aura dans lout point de S
cette formule très simple résout la question proposée.
La valeur de U à l'extérieur de S se déduit de la précédente par une
inversion par rayons vecteurs réciproques et l'on trouve au point exté-
rieur (p, 9, 'h)
U(?, e, ^) = - ^w(Ç, 9, 6) +a6Rp«-'^"^. W(|, 9, ^)./p.
3. Si, au lieu d'une sphère, on considère l'espace indéfinis, pour lequel
: > p et qui est limité par le plan j;y ou a, on a les égalités
, rdo ch dç
I dz r dz
*- tï
qui correspondent aux (2), (3). On déduit alors tout de suite
qui résout le problème pour le champ S.
On voit aussi qu'en deux points symétriques par rapport au plan t les
valeurs de U sont égales.
ÉLECTRICITÉ. — Sur la résistance d'émission d'une antenne.
Note de M. C. Tissot, présentée par M. G. Lippmann.
Quand on se sert d'un indicateur thermique, comme le bolomètre, pour
déceler l'effet des ondes électriques dans une antenne réceptrice, l'expé-
rience montre qu'il existe une valeur particulièrement favorable de la
résistance du détecteur.
Cette valeur favorable de la résistance de l'instrument de mesure peut
être déterminée en intercalant, en série avec un bolomètre de faible résis-
tance, des résistances non induclives croissantes dans l'antenne réceptrice.
Ou trouve que l'énergie absorbée par la résistance (totale) intercalée
dans l'antenne passe par un maximum pour une certaine valeur de cette
résistance. D'autre part, la représentation graphique du courant j'en fonc-
tion de la résistance totale p donne une courbe d'allure hyperbolique. Les
7o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
valeurs de i eL de o sont bien reliées par une relation de la forme i = -,
' ' o -h p
en attribuant aux coefficients a et 6 des valeurs constantes.
Si l'on désigne par A la déviation d'un détecteur thermique intercalé
dans une antenne réceptrice en résonance, c'est-à-dire dans un résonnateur
accordé, on peut déduire de la théorie de Bjerknes que l'on a
Ay(5(Y -H S) = const.,
quand on fait varier les décréments y de l'oscillateur (antenne d'émission)
et (5 du résonnateur (antenne de réception), et que l'on opère à énergie
émise constante.
Dans l'expérience présente, y demeure constant et la variation de o provient de l'ad-
dition des résistances non inducllves dans l'antenne réceptrice.
Le décrément 3 est la somme de deux décréments : o^qui représente l'elTet du rayon-
nement; ôj qui est dû à l'effet Joule.
Si l'on désigne par T la période du système, par L' sa self-induction effective (je
donnerai plus loin la raison de celte dénomination), on a évidemment
Rj étant la résistance olimique du résonnateur considéré. On peut appeler résislance
d'émission de l'antenne, la résislance qu'il faudrait attribuer à l'antenne si elle ne
rayonnait pas pour donner à l'amortissement la valeur qui résulte du rayonnement
seul.
Et poser ô^^: —AT, la (|uantité R^, étant homogène à une résistance.
De sorte que l'on a alors
De même, on peut écrire
Y = m(R:. -f-R;) = /HR',
le coefficient m ayant la même valeur puisque les antennes sont supposées accordées
et de même forme. Comme Les déviations A du bolomètre sont proportionnelles
aux carrés de l'intensité, on a
A
RR'(R-I-R')'
en désignant par A une certaine constante.
L'addition d'une résistance non inductrice p dans l'antenne réceptrice revient au
changement de R en R -t- p. Et l'on a
,_ A
''~ R'(R-+-p)(RH-lV-t-p)*
SÉANCE DU 19 .MARS 1906. ■yoS
On voit que l'expression pi^ passe par un maximum pour une valeur
R' . .
sensiblement égale à Rh si R' est petit par rapport à R.
C'est le cas, par exemple, quand y se rapporte à une antenne à bord et 0 à une
antenne à terre.
Au même degré d'approximation, on peut mettre l'expression de i.
v'R'(R-i-p)(R + R'-i-p)
sous la forme
» , n R'
« = -; > en posant « = Hh •
b -h 0 ^ |3
Le coefficient b est donc sensiblement égal à la valeur de p qui rend pi- maximum.
Pour la valeur p = p„^ b, le courant est réduit à la moitié de sa valeur.
Ainsi, l'énergie absorbée par un détecteur intercalé dans l'antenne est
maximum quand la résistance de ce détecteur est égale à la résistance
d'amortissement du système, c'est-à-dire quand le courant est réduit de
moitié.
La valeur de p,„ donne directement la valeur de la résistance d'émis-
sion Re quand R,, est négligeable ou simplement faible vis-à-vis de R^.
Dans l'application de la relation S=-^T au calcul de S, on doit
observer que ce n'est pas le coefficient L pour des courants superficiels
homogènes qu'il faut introduire, mais un coefficient L' qui correspond à
la distribution en onde stationnaire.
La relation suppose que l'on ait réalisé un résonnateur fermé (sans
rayonnement) ayant même période que l'antenne, une capacité C concen-
trée en un point et une self L' répartie uniformément. La résistance R^
de ce résonnateur est telle que S =: —— T.
On doit avoir pour ce résonnateur T = 271: y/L'C.
Tandis qu'on a pour l'antenne T := 2 y^LC.
On voit alors que l'on est amené, pour satisfaire aux conditions imposées
au système, à prendre
L'=-, C'=-
C. H., 190S, 1" Semestre. (T..CXLU, N» 12.) 93
706 ACADÉMIE DES SCIENCES.
en désignant par L le coefficient de self-induction de l'antenne (anteiiiie
et image) pour des courants superficiels homogènes.
Pour une antenne de longueur /, on a ainsi
\j = 21. ir —
^ /•
Dans l'exemple cité, /= 55'", r^ o'"",'!
L = 2,4.10'^ cm., T = 0,73.10-",
L' = ^ = 7,6.10' cm.
Si l'on prend R == 70" = 70 . 10", on trouve
0 = 0,34
qui est bien de l'ordre de grandeur du décrément de nos antennes.
PHYSIQUE. — Sur le mécanisme fie la lumière positive. Note de M. P. Villard,
présentée par M. J. Violle.
Des considérations mécaniques très simples permettent de reconnaître
que le problème de la lumière positive des tubes de Geissler appartient
non pas au domaine de la Dynamique, mais à celui de la Statique.
Aucune différence essentielle ne se manifestant quand la pression varie
entre des limites même très étendues, il convient d'étudier le phénomène
à des pressions suffisantes pour que, dans de larges ampoules, la colonne
positive reste très éloignée des parois qui la repoussent manifestement. Une
pression de i''" à 5"" de mercure convient très bien.
L'expérience classique de la déviation magnétique {fig. i) montre immé-
diatement que l'hypothèse balistique est inadmissible. La (déviation, au sens
géométrique du mot (modification de la direction), est en effet nulle à
l'endroit où le champ magnétique est maximum. De plus, cette déviation
change deux fois de sens, puisqu'il y a deux points d'inflexion. La figure
obtenue est au contraire celle d'un fil flexible et extensible, repoussé par
les parois et écarté de sa position primitive par une poulie ('); au point
(') J'ai fait antérieuremenl une comparaison analogue {Scientia : Les rayons ca-
thodiques. Paris, Gauthier-Villars, 1900).
SÉANCE DU 19 MARS 1906. ■^^O^
OÙ {'écart esL maximum, !;i lang^enle est parallèle à la direction primitive.
Cette expérience dans laquelle intervient le centrage par les parois,
n'est pas assez simple pour se prêter aisément à un raisonnement correct.
Il est préférable de prendre une ampoule très large placée dans un champ
magnétique uniforme. On obtient alors un enroulement de sens constant,
plan ou hélicoïdal, suivant que le champ est perpendiculaire ou oblique à
la ligne des électrodes. La source électrique peut être une bobine d'induc-
tion ou un transformateur, ou mieux un condensateur de i à 2 microfarads
chargé à quelques milliers de volts et se déchargeant au travers d'une bo-
bine d'un demi-millième de henry environ. On obtient un ruban de feu
Fig.
Fig. 3.
«\
— C
Kig. I. ^ Déviation de l<i luiiiière positive rtans un tube étroit.
Fig. a. — Enroulcnient Jans un champ uniforme (décharge de a raicrofarads ) : A, anode; G, ca-
thode ;JV1, sens du courant magnétisant; a et c, sens d'enroulement des projectiles positifs et
négatifs.
Sont également indiquées trois décharges faibles ayant précédé la décharge principale (pendant la
décharge du condensateur) : la longueur de ces aigrettes croit avec l'intensité, ainsi que la
déviation.
homogène assez éclatant pour qu'une seule décharge soit facile à photogra-
phier, et se comportant dans le champ magnétique comme un courant d'in-
tensité unique, tandis que la décharge ordinaire, d'intensité variable pen-
dant sa durée, donne une nappe largement étalée. La figure 2, calquée sur
une photographie, représente le phénomène. Au-dessous sont figurés :
1° le sens du courant magnétisant; 2° le sens de gyration des projectiles
négatifs et positifs.
Les lois de la mécanique électromagnétique sont ici applicables sans dif-
ficulté et conduisent aux conclusions suivantes :
Un projectile positif ou négatif tourne dans le champ de telle sorte que
le courant de convection produit diminue le champ magnétique. Un cou-
708 ACADÉMIE DES SCIENCES.
rant de conduction s'enroule au contraire de manière à accroître le champ,
c'est-à-dire dans le sens du courant magnétisant. C'est précisément le cas
de la lumièrepositive.
Quand on augmente le champ, les spires décrites par un projectile dimi-
nuent de diamètre. C'est celui-ci qui augmente au contraire dans le cas
d'un ^\\ parcouru par un courant, et aussi pour l'enroulement de la lumière
positive.
L'hypothèse statique est donc seule admissible, et la colonne positive
doit être considérée comme une chaîne conductrice extensible, tendue
entre l'anode et la cathode, et constituée par des molécules ou particules
gazeuses immobiles ou en mouvement lent.
Entourée d'ions négatifs et de corpuscules, cette chaîne perd de l'élec-
tricité positive sur toute sa longueur et l'intensité du courant qui la tra-
verse diminue depuis l'anode jusqu'à l'espace obscur de Faraday où la
chaîne anodique, disloquée par les corpuscules, cesse d'exister, tout le
courant passant alors par les ions.
Cette manière de voir est confirmée par les faits suivants :
I" Dans un tube étroit où la déperdition par les ions est minime, la colonne ano-
dique est plus longue que dans une ampoule large de même longueur;
2° En augmentant l'intensité du courant, on allonge la chaîne anodique ;
3° Un faisceau cathodique envoyé transversalement par une source auxiliaire sup-
prime la lumière positive sur son trajet (pour cette expérience, une pression assez
faible est évidemment nécessaire). Cette expérience explique l'incompatibilité de la
lumière positive et des rayons cathodiques.
Il serait naturel d'admettre que le long de la chaîne anodique l'intensité
varie exponentiellement ; mais en admettant, pour plus de simplicité, une
loi de variation hyperbolique, en somme peu différente de la loi exponen-
tielle, on démontre très facilement que la figure d'équilibre de la chaîne en
question est une spirale logarithmique (le rayon de courbure doit varier
en raison inverse de l'intensité). Or, la courbe de la figure 2 diffère peu
d'un arc de spirale, ce qui confirme l'hypothèse énoncée.
La colonne positive présente une électrisation positive sensible : elle est
attirée par un objet chargé négativement.
Pour la même raison probablement elle est repoussée par les parois;
dans un tube étroit muni d'une tubulure latérale elle s'infléchit devant
cette tubulure, par répulsion de la paroi opposée : le centrage se rétablit
plus vile du côté cathode que du côté anode.
En employant un tube en U à branches rapprochées, on constate que
SÉANCE DU 19 MARS 1906. 709
deux portions de lumière positive à potentiels très différents s'attirent. L'at-
traction diminue quand l'intensité augmente, à cause de la répulsion électro-
dynamique. Il en est de même avec un fil parcouru par un courant.
Ainsi la colonne positive est une chaîne de particules gazeuses parcourue
par le courant. Il reste à déterminer si l'émission de lumière est due au
passage de ce courant ou à la dislocation progressive de la chaîne par le
choc des ions négatifs. Certains faits tendent à faire supposer que c'est la
première de ces deux hypothèses qui est exacte.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sulfure d'antimoine et antimoine.
Note de MM. Chrétie.v et Guixchant, présentée par M. A. Haller.
Les recherches électriques que nous avons entreprises sur le sulfure
d'antimoine nous ont conduits à déterminer tout d'abord les proportions
d'antimoine qui se dissolvent dans le sulfure aux températures élevées.
M. Pélabon a signalé que ces deux corps se dissolvent mutuellement mais
pas en toutes proportions au voisinage de la température de fusion. Il en
est de même à toute température jusqu'à l'ébullition du sulfure. Le mélange
se sépare toujours en deux couches : une solution de sulfure dans l'anti-
moine à la partie inférieure et une solution d'antimoine dans le sulfure à
la partie supérieure. La différence des densités, déjà assez élevée à la tem-
pérature ordinaire, s'accentue encore à l'état fondu, grâce à la dilatation
considérable que subit le sulfure au moment de la fusion.
Densité de l'antimoine et de son sulfure a l'état fondu. — Les corps
étaient fondus à l'abri de l'air dans une éprouvette en porcelaine; on y
plongeait un récipient en quartz ayant la forme d'un gros thermomètre; au
point de jonction du réservoir et du tube une ouverture à lèvre inférieure
horizontale permet le remplissage en même temps que le g;iz s'échappe par
un tube vertical. Le récipient était jaugé au mercure; la capacité d'en-
viron lo'"' est déterminée à j^ près quand la forme et la position de l'ou-
verture sont convenables; la densité est ainsi connue avec la seconde déci-
male exacte. L'antimoine et le sulfure employés dans ces mesures étaient
des produits ordinaires du commerce.
Anlimoine. Stibine.
i3, 6,75 i3 4)63
698.. 6,55 643 3,85
II 56 6,45 II 16 3,82
7IO ACADEMIE DES SCIENCES.
11 serait illusoire de chercher à déduire de ces nombres les coefficients de dilatation :
la dilatation influe en eflet sur la seconde décinaale qai est h la limite des erreurs expé-
rimentales.
Le sulfure d'antimoine éprouve ainsi au moment de la fusion une dilatation
d'environ 17 pour 100 et sa (iei)sité reste, à toute température, très infé-
rieure à celle de l'antimoine.
Composition dé la phase sulfure en présence de l'antimoine. — Le mé-
lange d'antimoine et de sulfure pulvérisés était chauffé, pendant une heure
environ, à la température de l'observation et fréquemment agité avec la
pince thermoélectrique; des additions d'antimoine rendaient la saturation
rapide et certaine. Pour saisir la composition de la couche supérieure à
température élevée nous avons employé deux méthodes.
A. Prise d'essai. — Un tube en cuivre rouge à double circulation d'eau était plongé
dans la masse fondue, puis retiré immédiatement. Il reste adhérente au tube une gaine
solidifiée d'autant plus épaisse que la température est plus basse. Aux températures
élevées la gaine est à peine suffisante pour faire une analyse, et, d'autre part, la disso-
ciation rapide ou l'ébullition de la dissolution entraînent les globules d'antimoine; les
proportions d'antimoine trouvées sont parfois extraordinairement élevées et nous avons
éliminé ces expériences dans le Tableau qui suit.
B. Refroidissement brusque. — Le mélange était chaufi'é dans un tube de quartz
et plongé rapidement dans l'eau froide. Le tube de quartz était cassé et la couche de
sulfure soumise à plusieurs analyses pour s'assurer de son homogénéité chimique.
Le Tableau suivant indique le poids p d'antimoine qui s'est ajouté au
sulfure pour loo^ de la masse totale; l'indice q se rapporte aux mesures
faites dans le quartz.
539..
. 11,28
698,...
. 16,5
825..
. 20,0
1 i3o . . .
21 ,3
595,.
. l3,3
702 . . .
16,0
960 ..
20,6
1167, ..
21,2
64o..
. 14,34
7.50 . . .
ï7'96
io36 . .
. 21 ,0
1 1 80, . .
21,1
660 ..
. i5,72
8oo„. . .
20, 1
1108 ..
. 2. ,8
1180. . .
21 ,9
A Ti8o° la dissolution est en pleine ébuUition et la température ne peut
pas être élevée sous la pression atmosphérique.
L'antimoine additionnel varie ainsi à peu près du simple au double
.. , f"^ ,s „\ r Sb additionnel
(de II, .-5 a 22 entre SSg" et 1180°). Le rapport p^ masse totale ^ '°°
peut se représenter très approximativement en fonction de la température t
par deux droites d'inclinaisons très différentes :
p = 20,33 -h x5 (< — 810) au-dessous de 810°,
■ /> = 20,33 -hî^(< — 810) au-dessus de 810".
SÉANCE DU 19 MARS 1906. 71I
La quantité d'antimoine dans le liquide reste à peu près constante à
partir de 810°. Elle correspond à un mélange quj renferme 22,5 pour 100
de soufre ; le composé SbS exigerait 21,11.
Les dissolutions à température élevée ne sont pas conductrices à l'état
solide dans les parties qui ont été refroidies brusquement; les dissolutions
ou parties de dissolutions qui n'ont pas été congelées instantanément sont
au contraire très conductrices. La conductibilité est due à l'antimoine qui
s'est séparé du sulfure sans avoir le temps de se déposer et reste à l'état
pulvérulent emprisonné dans la masse.
En fondant à basse température ces solutions conductrices, elles dé-
posent de l'antimoine et perdent leur conductibilité; on ne peut en aucune
façon voir là, comme le pensait Faraday, la preuve de l'existence d'un sous-
sulfure conducteur.
MÉTHODE ANALYTIQUE. — Nous avous employé pour toutcs CCS dissolutious
de l'antimoine pur et du sulfure d'antimoine pur obtenu par synthèse. Le
grand nombre des analyses et l'exactitude qu'elles nécessitent nous ont
conduit à rechercher une méthode rapide et de grande précision applicable
à ce cas particulier : nous avons utilisé la réduction totale du sulfure d'an-
timoine dans un courant d'hydrogène pur. Le composé était chauffé dans
un tube à analyse en verre dur préalablement taré : la différence entre le
poids final et le poids du tube vide donnait le poids de l'antimoine. L'hy-
drogène sulfuré était reçu dans des appareils à absorption contenant une
solution d'iode décinormale : un titrage de l'iode après la réduction faisait
connaître le poids de soufre. Les analyses faites sur un même produit con-
cordent entre elles avec des écarts d'au plus o,3 pour 100.
CHIMIE ORGANIQUE. — Action des imino-éthers et des imi no-chlorures sur les
dérivés organo -magnésiens. Noie de M. R. Marquis, présentée par
M. H. Moissan.
La synthèse des cétones au moyen des dérivés organo-magnésiens a déjà
été réalisée de différentes manières.
Rappelons les méthodes de M. Biaise (') qui fait agir les nitriles, de
M. Béis (^) qui part des amides, de M. Fournier (') qui met en jeu les
anhydrides d'acides.
(') Comptes rendus, t. CXXXII, p. 38 et t. CXXXIII, p. 1217.
(-) Comptes rendus, t. CXXXVII, p. S^S.
{') Bull. Soc. chim., 3= série, t. XXXV, p. 19.
712 ACADÉMIE DES SCIENCES.
J'ai abordé le même problème par une autre voie, en me basant sur les
considérations suivantes :
L'action des éthers-sels sur les dérivés organo-magnésiens ('), four-
nissant des alcools tertiaires, a lieu en deux phases :
a. Fixation d'une molécule R — Mg — X sur le CO du groupement
-CO.OR';
/OMgX
b. Double échange entre R et OR' conduisant au groupement —C — R
\R
Si l'on pouvait limiter la réaction à cette dernière phase (") en bloquant
provisoirement le groupement CO, on arriverait à un dérivé d'une cétone.
Ceci m'a conduit à essayer l'action, sur les dérivés organo-magnésiens,
des imino-éthers substitués à l'azote
R r^^^'
^-^\0R"-
J'ai employé d'abord le phényliminobenzoate de méthyle
(R = R'=C'^H% R"=CH')
opposé au phénylbromure de magnésium.
Dans les conditions les plus habituelles, c'est-à-dire en solution éthérée,
on n'observe aucune réaction, même après plusieurs heures d'ébullition.
Il n'en est plus de même lorsqu'on opère en employant le procédé de
M. Bodroux, c'est-à-dire lorsque, ayant remplacé l'éther par du toluène,
on ajoute peu à peu l'imino-éther à la solution du dérivé magnésien
chauffée vers loo". On voit alors une réaction nette se produire avec for-
mation d'un précipité insoluble.
En traitant ensuite par l'acide sulfmique ddué à froid, épuisant à l'éther,
puis séchant et distillant la solution éthérée, on obtient l'anile de la benzo-
phénone (') (prismes jaunes, fondant à 112°).
La réaction a donc été la suivante :
CeH._c(^CJH^ +Mg(^:jj, =BrMgOCH^ + C'-H'-C<^f J.
(') Bébal, Comptes rendus, i. CXXXII, p. 4S0.
(') MM. Gatlermann et Maffezzolli (Bc-richte. l. XXXVI, p. 11.)?,) y soûl arrivés,
avec le fonnialc d'étlijle, en opérant à une température suffisamment basse ( — 45°).
(') RoHDE, Berichte, t. XXV, p. 2o56.
SÉANCE DU 19 MARS 1906. j\'5
L'anile est facilement transformé en benzophénone par l'acide chlorhy-
(Irique dilué bouillant. Le rendement final en cétone est de 55 pour 100.
Malheureusement, la réaction précédente est loin d'être générale.
Je l'ai essayée successivement, sans succès, avec le bromure d'isoamylmagnésium et le
]iliényliminoacétate d'élhyle, le bromure de propylmagnésium et le phényliminopro-
pionale d'éthyle, le bromure d'o-tolyl- et l'iodure de /i-tolylmagnésium et le pliéiiyl-
iminobenzoate d'éthyle. Il se forme dans ces réactions une abondante quantité de
pi'oduits goudronneux et résineux.
Avec l'iodure d'isobulylmagnésium et le phényliminobenzoale de méthyle, j'ai
obtenu, à côté d'une assez grande quantité de benzanilide, une trace d'un produit
cétonique dont la semicarbazone,' en quantité trop faible pour l'analyse, fondait
à 2i4°-
Le chlorure de benzylmagnésium et le phényliminobenzoate d'éthyle m'ont fourni,
au contraire, de la désoxybenzoïne, mais avec un rendement de 10 pour 100 seule-
ment.
J'ai alors essayé l'action du phényliminochlorure de benzoyle, espérant avoir une
réaction plus nette :
* \CI " \cni'
Il n'en a rien été. Avec le phénylbromure de magnésium, la proportion de benzo-
phénone formée n'a été que de 3o pour 100 environ. Avec l'isobutylbromure et le
/)-tolyliodure de magnésium, le résultat a été négatif. J'ai toujours retrouvé de la benza-
nilide provenant de l'hydratation de l'iminochlarure et, dans le cas du toluène /J-iodé,
une assez grande quantité de diphénylbenzamidine (fondant à i47°)-
Le meilleur résultat que j'aie obtenu dans cette voie a été dans l'action
du chlorure de benzylmagnésium sur le phényliminochlorure de benzoyle,
en solution élhérée. On peut alors, après avoir hydrolyse le produit brut
de la réaction par l'acide sulfurique à 10 pour 100 bouillant, isoler une
quantité de désoxybenzoïne pure atteignant 60 pour 100 du rendement
théorique. C'est en somme un bon procédé de préparation de cette cé-
tone (*).
(') Le phényliminochlorure de benzoyle s'obtient en effet très facilement en trai-
tant la benzanilide par PCl^ et fractionnant dans le vide. Rendement : 92 pour 100 en
produit bouillant à 202° sous Si™™.
C. K., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N" 12.) 9^
7l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ORGANIQUE. — Préparation d'éthers glycidiques et d' aldéhydes dans
la série hexahydroaromatique. Note de MM. Georges Darzens et
P. Lefébure, présentée par M. A. Haller.
A cause de l'importance toute spéciale que présentent les aldéhydes
hexahydroaromatiques, nous avons cru devoir rechercher si la méthode
de synthèse des éthers glycidiques imaginée par l'un de nous pouvait s'ap-
pliquer aux cyclohexanones et si la décomposition des acides glycidiques
correspondants pouvait conduire à une méthode de préparation pratique
des aldéhydes hexahydrobenzoïques.
Lacyclohexanone etses trois homologues monométhylés, préparés par la
méthode de MM. Sabalier et Senderens, nous ont permis de préparer d'une
façon avantageuse les aldéhydes correspondantes; ce sont ces recherches
que nous résumons dans la présente Note.
Dans un mélange, bien refroidi vers o°, de molécules égales de cyclohexanone el
d'élher monochloracélique, on ajoute lentement i™"' d'éthyJate de sodium sec préparé
en dissolvant i"' de sodium dans l'alcool absolu et distillant l'excès de ce solvant dans
le vide à i8o°.
Le mélange est abandonné à la température ordinaire pendant 48 heures, on le porte
ensuite à la température du bain-marie pendant 6 heures environ pour achever la
réaction.
La masse est reprise par l'eau et l'éther glycidique, résultant de cette condensation,
est décanté, séché sur le sulfate de soude anhydre et purifié par rectification dans le
vide.
On obtient ainsi, avec un rendement de 65 pour loo environ, l'éther de
l'oxyde de cyclohexylacétique, éther glycidique dont la composition corres-
pond à la formule
\CH^-CH=/ \/
O
C'est un liquide incolore, légèrement visqueux, bouillant à i28''-i29° sous ly™™ et
présentant une odeur faible mais extrêmement désagréable de fruits pourris et de
scatol.
Cet éther se saponifie très facilement par l'action d'une lessive alcaline à la tempé-
rature de 100°. Les sels alcalins, ainsi que l'acide libre, sont relativement stables.
l'our préparer 1 aldéhyde hexahydrobenzoique, il convient de distiller
SÉANCE DU 19 MARS I906. 71$
lentement l'acide libre dans un vide inférieur à 3o°"", il se décompose
ainsi très nettement en aldéhyde et acide carbonique. On purifie l'aldéhyde
par une rectification dans le vide sans qu'il soit nécessaire de passer par la
combinaison bisulfitique.
L'aldéhj'de hexahydrobenzoïque bout à i55''-i57» à la pression atmosphérique et à
750-78° sous 20™™. Sa semicarbazone fond à i73<'-i74° et sa benzylpbénylhydrazone
à 6o°-6i°. Elle a une odeur très forte de valéral. M. Bouveault l'avait déjà préparée
par une autre méthode (').
L'orthométhylcyclohexanone nous a donné dans les mêmes conditions
l'éther de l'oxyde deo.-mélhylcyclohexylacétique, liquide bouillant à 129°-
iSi" sous i5""" et ayant une odeur plus désagréable que l'éther glycidique
précédent. L'acide se décompose normalement par dislillalion dans le vide
en CO' et aldéhyde o.-méthylhexahydrobenzoïque.
Cette aldéhyde, non encore décrite, bout à 6i°-62'' sous là"™ (sa semi-
carbazone fond à i37°-i38°); elle présente une forte odeur camphrée
moins désagréable que celle de l'aldéhyde précédente.
L'éther de l'oxyde de wj.-méthylcyclohexylacétique, préparé à l'aide de la
m.-méthylcyclohexanone synthétique, bouta i4o°-i43°sous 20°"". 11 permet
de préparer facilement l'aldéhyde w.-méthylhexaliydrobenzoïque, liquide
bouillant à 6o"-6i° sous iS""" et donnant une semi-carbazone fondant à
i63°-i64«. Cette aldéhyde avait été déjà préparée par un autre procédé par
M. Tschitschibabine (-).
L'éther de l'oxyde /j.-méthylcyclohexylacétique se prépare également très
facilement à l'aide de la/^.-niéthylcyclohexanone. C'est un liquide bouillant
à i33° sous 18"™ et donnant par saponification et distillation dans le vide
l'aldéhyde /j.-méthylhexahydrobenzoïque, liquide à odeur aromatique spé-
ciale et non désagréable bouillant à 64°-65° sous 16"" (sa semicarbazone
fond à i68°-i69°).
Le procédé de préparation des aldéhydes hydroaromatiques que nous
venons d'exposer donne en général de bons rendements et serait très pra-
tique pour l'obtention de ces corps s'il n'était assez pénible à cause de
l'odeur très désagréable des élhers glycidiques.
Nous poursuivons ces recherches.
(') Bouveault, Bull. Soc. chim., t. XXXI, 1904, p. i3a2.
(-) A.-E. Tschitschibabine, Journ. Soc. phys.-chitn. r., t. XXXVI, p. 418-421.
7lG ACADÉMIE DES SCIENCES.
MI.XÉRALOGIE. — Structure et origine probable du minerai de fer magnétique
de Diélette (^Manche). Note de M. L. Cayeux, présentée par M. Michel
Lévy.
Dans le Mémoire inédit que j'ai remis en 1898 à l'Académie des Sciences,
pour le concours du Prix Vaillant, j'ai fait connaître la structure du minerai
de fer de Diélette (Manche). Les résultats de mes recherches offrant
quelque intérêt pour les études qui sont poursuivies en ce moment par
MM. Michel Lévy, Bigot et Leclère, sur les auréoles métamorphiques du
granité de Flamanville, je me propose de les résumer clans la présente
Note.
Le minerai de Diélette occupe le bord occidental du massif granitique de Flaman-
ville, à l'extrémité nord-ouest du Cotentin. Il forme six couches verticales, inlerstrati-
fîées dans les terrains sédimenlaires métamorphisés par le granité. Trois d'entre elles
affleurent sur la plage à marée basse ; les autres n'ont été reconnues que par les travaux
menés en galerie sous la mer ('). L'âge du minerai a été discuté. Les observations de
M. Bigot permettent de l'attribuer sans aucun doute au Dévonien inférieur.
J'ai soumis à une étude micrographique les minerais les moins riches en
fer et les plus finement cristallisés. Au microscope, ils montrent du fer
oxydulé prédominant, de l'oligiste et différents minéraux dessinant des
lâches de couleur claire. Le fer oxydulé constitue des octaèdres, quel-
quefois isolés, presque toujours soudés, et formant une trame continue qui
englobe les différentes particules minérales associées à la magnétite. Il en-
gendre même des plages d'étendue très variable où la fusion des cristaux
est complète.
Un observateur qui examinerait des sections minces du fer magnétique
de Diélette, sans être préparé à leur interprétalion par l'étude de différents
types de minerais, serait exposé à n'y voir qu'un mélange confus de fer
magnétique et de minéraux accessoires. Or, la distribution du fer oxydulé
est telle, dans certains cas, qu'il est évident que la roche élail oolithique à
l'origine, et que sa structure première a été presque complètement effacée
(') Ed. Fuchs et L. De Launay, Traite des gites minèrau.r et méiallifères, t. L
1893, p. 786.
SÉANCE DU 19 MARS 1906. 717
par le développement de la magnétite. Cette notion est fondée sur les
observations suivantes :
1. L'étude miiuilieuse de nombreuses coupes minces, tirées des minerais les plus
pauvres, permet de retrouver des vestiges d'oolithes en magnétite. Ce sont presque
toujours des corps, plus ou moins engagés dans la matière ferrugineuse ambiante et
qui réalisent très nettement la forme et une partie des caractères des oolithes calcaires
et ferrugineuses.
Beaucoup d'éléments juxtaposés, pourvus de larges adhérences, sont dégagés en
plusieurs points de leur surface et limités, dans les parties libres, par de petites lignes
courbes régulières qui. prolongées par la pensée, s'accordent toujours, quel qu'en soit
le nombre, pour jalonner un contour circulaire ou elliptique.
2. On reconnaît, même dans les plages dont la physionomie première est le plus
altérée par l'abondance de la magnétite, des espaces non ferrugineux, circonscrits par
des lignes courbes d'un dessin très régulier. Ce sont des espaces inleronlilhujues
fermés de tous côtés par des bords d'oolithes intimement soudées entre elles. 11 en est
qui affectent la forme de triangles curvilignes.
3. De nombreux corps oolithiques, parmi ceux qui sont le moins déformés par des
adhérences, ont gardé la trace très apparente d'un noyau non transformé en magné-
tite. Seule, la zone corticale, primitivement caractérisée par une structure probable-
ment concentrique, est envahie par le fer oxydulé. Les nucléus ont une section circu-
laire ou elliptique.
4. Le cas le plus intéressant est fourni par des individus extrêmement rares, pourvus
d'un noyau en magnétite qui sollicite immédiatement l'attention par une apparence
réticulée. L'étude de minerais appartenant à d'autres gisements me permet de consi-
dérer ce nucléus comme un débris d'Encrine dont la structure a été conservée et sou-
lignée par la matière ferrugineuse. De pareils éléments servent fréquemment décentres
aux oolithes ferrugineuses et calcaires. Ils étaient constitués par du carbonate de
chaux à l'origine.
Bref, de nombreux indices rapidement énnmérés dans cette Note mettent
en lumière deux faits essentiels :
1. Le minerai de fer de Diélette révèle au microscope l'existence de
corps ferrugineux qui ont conservé tous les caractères des oolithes les plus
typiques, à l'exception de la structure concentrique qui a été détruite par
le développement des octaèdres de magnétite.
Cette structure oolilhique s'est étendue primitivement à toute la roche.
A la suite d'une longue étude du minerai, l'œil parvient à isoler de nom-
breuses formes oolithiques dans les pliiges où l'on ne distingue à première
vue qu'un chaos d'éléments de fer oxydulé.
2. Il est démontré que de la magnétite occupe la place d'éléments qui
étaient certainement calcaires à l'origine.
En tablant sur ces observation.s et sur de nombreuses données réunies
ri8 ACADEMIE DES SCIENCES.
en étudiant les minerais de fer oolithique de France, je puis affirmer que le
minerai de Diélette procède d'un calcaire oolithique. Celte notion s'accorde
parfaitement avec la découverte de Polypiers, faite par M. Bigot, dans le
voisinage des couches ferrugineuses.
On peut faire deux hypothèses sur l'évolution de cette roche :
1. Le calcaire oolithique a été transformé directement en minerai de fer
magnétique et oligiste, par métamorphisme, au moment de la mise en place
du granité.
2. La substitution du fer au calcaire est bien antérieure à l'éruption.
Elle a engendré des oolithes qui étaient déjà à l'état de carbonate ou
d'oxyde de fer quand elles ont subi l'influence du granité. L'action méta-
morphique se réduit à un changement d'état du fer des oolithes.
Je n'ai aucun tait d'observation à invoquer en faveur de l'une de ces
hypothèses. La seconde a l'avantage à mes yeux d'être conforme à ÏBis-
toire des minerais de fer oolithique, telle que je l'ai présentée à l'Académie
en 1898. Il convient d'ajouter que M. Michel Lévy, dans sa belle étude du
granité de Flamanvilie ('), a observé que le métamorphisme subi par les
terrains qui renferment le minerai est relativement faible. Cette circon-
stance fait supposer que l'introduction du fer dans le calcaire oolithique
n'est pas due à l'action du granité.
ZOOLOGIE. — Sur les Gastéropodes Nudibranches et sur les Marséniadés de
l'Expédition antarctique du Z)'' Charcot. Note de M. A. Vavssièbe, pré-
sentée par M. E.-L. Bouvier.
En juillet 1903, M. le D"^ Charcot me faisait remettre par le Professeur
Joubin, du Muséum, les quelques Mollusques nus ou paraissant tels qui
avaient été recueillis pendant son expédition. Tous ces animaux avaient
été pris à l'île d'Anvers ou à l'île Wandel, entre le 64° et le 65° de latitude
Sud, et le 64° de longitude Ouest.
Malgré leur nombre très restreint, sept individus tous d'espèces diffé-
rentes, l'intérêt qu'ils présentent me parait assez considérable, car la
plupart sont nouveaux et doivent former des types génériques.
Sur ces sept animaux, six sont bien des Mollusques Gastéropodes, mais
(') Michel Lévy, Contribution à l'étude du granité de Flamanvilie {Bull. Carte
géol. France, t. V, tSgS-iSg^, n" 36).
SÉANCE DU 19 MARS 1906. 719
le septième appartient à l'embranchement des Vers : c'est un Tiirbellarié
Rhabdocœle du groupe des Géoplaiiidés. Par l'ensemble de son organisa-
tion assez rndimenlaire, il mérite de constituer un genre nouveau que j'ai
dénommé Rhodoplana pour rappeler qu'il offre à la fois des rapports avec
les Géoplanidés et avec le genre Rbodope.
Parmi les six Gastéropodes, quatre sont des Nudibranches et les deux
autres des Marséniadés.
Un des Nudibranches est une variété de petite taille de V Archidoris tuberculala
deCuvier; son aire géographique, que l'on croyait cantonnée au nord de l'océan Atlan-
tique et mers avoisinantes (Méditerranée, mer du Nord), se trouve être considérable-
ment étendue par la découverte de cet exemplaire dans l'extrème-sud de l'Atlantique.
Les trois autres Nudibranches se rattachent plus ou moins aux ^Eolididés. L'un
est un type nouveau pour lequel je crée le genre Guy-Y alvoria; par ses divers carac-
tères il se rattache à la fois aux Facélinidés, aux Tergipédinés et aux ./Eolidiadés.
Le second est un bel exemplaire de très grande taille ( i24""" de longueur sur 43""^"
de largeur maximum) du Notœolidia gigas, cet ^olidien géant que sir G. Eliot a fait
connaître en 1905 dans son Mémoire sur les Nudibranches de la « Scotlish national
antarctic Expédition » et dont il m'a été possible d'étudier assez complètement l'or-
ganisation.
Enfin le troisième, pour lequel je crée le genre Charcotia. est un peu rattaché aux
jEolididés par son organisation interne et aux Trileniadés (famille des Tétliymélibidés)
par l'existence d'un grand voile céphalo-péribuccal et par son faciès général.
Quant aux deux Marséniadés, l'un de très grande taille est une nouvelle espèce du
genre Marseidopsis; l'autre, de dimensions restreintes, par la structure de son man-
teau et par quelques autres détails analomiques, doit former un genre nouveau que
j'ai nommé Lamellariopsis; ce genre peut êlre placé dans le voisinage des Marseniopsis
et des Marseniiia.
Par cette courte énumération, l'on constate l'importance scientifique des
sujets rapportés par l'Expédition, puisque, sur les sept individus étudiés,
quatre deviennent des types de genres nouveaux et un cinquième forme une
espèce distincte. L'étude détaillée de tous ces animaux fait l'objet d'un tra-
vail assez étendu, accompagné de quatre planches, qui est à l'impression.
D'après ce premier résultat, la faune malacologique des régions polaires
antarctiques promet de nous procurer encore de nombreuses formes nou-
velles n'ayant que peu d'analogie, surtout avec les Nudibranches des ré-
gions chaudes et tempérées.
720 ACADEMIE DES SCIENCES.
ZOOLOGIE. — Sur la Structure de la paroi sporale des Myxosporidies.
Note de MM. L. Lékeh et E. Hesse, présentée par M. Alfred Giard.
En étudiant le mode de formation et la structure de la spore chez
diverses espèces de Myxosporidies, nous avons remarqué que, chez celles-
ci comme chez le Chloromyxum truttœ signalé précédemment, et contrai-
rement à ce que l'on admet, la paroi sporale n'est pas anhisle mais bien
constituée au début par deux éléments cellulaires propres, les cellules
pariétales, qui donneront chacun une des valves de la spore.
Nous citerons ici, comme exemple, quelques-unes des principales formes
de spores de Myxosporidies.
Myxidium. — Nous avons étudié un Myxidium qu'on trouve en abondance dans
la vessie urinaire des Brochets du lac Majeur, et que nous rapportons au M. Lieber-
kuhni, bien que ses spores soient un peu plus petites que celles de l'espèce type
d'après les indications des auteurs. Ici, les cellules pariétales se voient avec la plus
grande netteté au cours de la formation de la spore. D'abord assez larges et renfer-
mant un cytoplasme liquéfié clair, elles montrent chacune leur noyau très visible vers
le milieu de la spore {np, Jïg. 7). A. mesure que la spore mûrit (c'est-à-dire pendant
la différenciation des filaments capsulaires et la division du noyau sporoplasmique) les
cellules pariétales s'aplatissent de plus en plus, au point que leurs deux faces viennent
en contact en s'appliquant étroitement sur le contenu sporal (sporoplasme et capsules).
Ainsi se constitue la paroi définitive de la spore qui présente alors un contour beau-
coup plus accusé. Néanmoins, le noyau des cellules pariétales reste très longtemps
visible, même chez les spores mûres, sous forme d'une tache chromatique allongée
(fig. 8). Il est facile de démontrer, en outre, que chacune des deux cellules pariétales
aplaties devient une des valves de la spore, par une imprégnation au nitrate d'argent
qui met en évidence la ligne de suture valvaire et révèle l'existence d'une bande de
substance cémentaire retenant les valves accolées et présentant de courtes solutions de
continuité à iiitervalles réguliers. Celte substance unissante des valves, qui est comme
une conséquence de leur indépendance primitive, s'observe chez toutes les spores de
Myxosporidies. Nous l'avons seulement représentée ici pour la spore à^Henneguya
vue de profil (c, fig. 1).
Henneguya. — Chez Henneguya psorospennica de la Perche et du Brochet et chez
sa forme H. anura de la Perche, la spore montre également, au cours de sa formation,
une enveloppe formée de deux cellules allongées et aplaties sur le contenu {Jig. 2 et 3 ).
Les noyaux sont d'abord situés vers le milieu de chaque cellule pariétale, position qu'ils
conservent souvent chez la forme H. anura {fig- 3), mais dans la forme normale, à
longs appendices valvaires, les noyaux des cellules pariétales gagnent ordinairement
la base de ces appendices {np, Jig. 1), lesquels ne sont autres que des émanations des
cellules pariétales. Toutefois il anive assez souvent que l'un reste vers le milieu de la
SÉANCE DU 19 MARS 190b. 721
spore tandis que l'autre gagne la base. Les noyaux pariétaux sont d'abord circulaires
avec un nucléole et la chromatine sur «n réseau lâche, puis ils s'aplatissent et s'étirent
avec la cellule de sorte que, à la maturité parfaite, ils ne sont plus représentés que
par une tache chromatique allongée {np^Jig. 2).
M--"'"--P
Spores de Myxosporidies (color. forte à l'Hém. ferr. )• — i, 2, 3, Ilenneguya.— 4, Myxobolus. —
5, 6, Chloromyxum. — 7, 8, Myxidium. x i25o. ne, noyaux capsulaires. ns, noyaux du sporo-
plasme. np, noyaux des cellules pariétales, c, bande de ciment unissant les valves.
Myxobolus. — La spore des Myxobolus qui présente, comme on le sait, les plus
grandes affinités morphologiques avec celle des Henneguya, montre comme cette der-
nière, au cours de sa formation, deux cellules pariétales à grand noyau bien visible et
situé vers le milieu de la spore. A mesure que la spore mûrit, les deux cellules parié-
tales s'aplatissent étroitement sur son contenu en se rétractant surtout dans la partie
postérieure, ce qui détermine les gaufrures typiques connues depuis longtemps dans
ces spores. En même temps, les noyaux pariétaux, le plus souvent réfugiés dans le
rebord suturai (w/^, fig. l\), dégénèrent en s'allongeant considérablement; néanmoins
leur trace reste encore quelque temps visible dans les spores arrivant à maturité.
Chloromyxum. — Chez les Chloromyxum qui ont, comme on le sait, des spores
tétracapsulées, l'enveloppe est également formée de deux valves résultant de la trans-
formation de deux cellules pariétales. Chez Ch. truttœ, ainsi que l'un de nous l'a pré-
cédemment signalé, ces cellules sont d'abord relativement larges {Jig. 5), mais, à
mesure que la spore mûrit, leur paroi externe se rétracte en se plissant, ce qui déter-
mine la formation des crêtes concentriques caractéristiques à la surface de l'enveloppe
sporale (fig. 6). Le noyau np des cellules pariétales se voit encore longtemps de chaque
côté comme une petite tache retenant fortement la coloration.
De ces différentes observations» nous croyons pouvoir conclure que,
chez les Myxosporidies s. str., la paroi sporale n'est pas un simple produit
de sécrétion anhiste, mais est au contraire toujours constituée aux dépens
de deux cellules pariétales dont chacune donne finalement une des valves
G. R., 1906, 1" Semestre (T. CXLII, N« 12.) 9^
722 ACADÉMIE DEB SCIENCES.
de la spore. La spore des Myxosporidies s. str. présente ainsi la même
organisation que celle des Actinomyxidies, qui ne diffère de la première
que par sa symétrie ternaire et le nombre des germes qu'elle contient. Ces
caractères différentiels ne nous paraissent pas suffisants pouf faire des
Actinomyxidies un ordre spécial de Néosporidies distinct et de même valeur
que celui des Myxosporidies, ainsi que l'ont proposé Caullery et Mesnil, et
nous pensons que ces parasites doivent simplement constituer une famille
très homogène dans le groupe des Myxosporidies.
ZOOLOGIE. — Un genre de Lamellibranches à bouches multiples.
Note de M. Paul Pelseneer, présentée par M. Alfred Giard.
I. Tous les animaux métazoaires, à l'exception des Spongiaires, por-
sèdent une bouche unique. Et ce caractère est assez constant et assez im-
portant pour que, parmi eux, on ait opposé ces derniers à tous les autres,
sous le nom de Polystomes.
Or il existe un genre de Lamellibranches qui est toujours pourvu, d'une
façon absolument normale, de deux orifices buccaux symétriques, un droit
et un gauche : c'est le genre Lima; et bien qu'il ait été fréquemment étudié
à divers points de vue (organes génitaux et excréteurs, branchies, système
nerveux, yeux, etc.), cette disposition n'y a jamais été signalée.
II. Dans les diverses espèces de ce genre que j'ai pu examuier [L. hians
Gmelin (océan Atlantique), L. squamosa Lamarck, L. Loscombi Sowerby
(Atlantique) et L. inflata Chemnilz (Méditerranée), L. sp, (mer de Florès,
Indes néerlandaises)] les deux lèvres forment, en effet, dans la partie tout
à fait antérieure du corps, une masse ventrale unique, indivise. Et, de
chaque côté de celle-ci, les palpes labiales, distinctes, laissent entre elles
une ouverture linéaire.
Chacune de ces ouvertures est une bouche, car elle mène directement
dans l'œsophage; chacune d'elles correspond à la moitié, gauche ou droite,
d'un orifice buccal unique primitif, partagé en deux par une longue sou-
dure médiane des lèvres, sur la face ventrale.
III. Par contre, chez le genre très voisin Limatula Wood (généralement
considéré jusqu'ici comme n'ayant que la valeur d'une section sub-géné-
rique), la bouche est sim|)le, comme dans tous les autres Lamellibranches
connus (j'ai pu constater la chose sur L. elliptica Jeffreys, de l'Atlantique
nord et L. pygmœa Philippi, de l'Amérique du Sud).
SÉANCE DU 19 MARS 1906. 728
IV. Il faut noter que, dans les Lima, s'observe un fort raccourcissement
antéro-postérieiir du corps, et que la région « céphalique », un peu sail-
lante, est portée très en avant contre le bord du manteau et de la coquille.
Or le manteau est largement ouvert, la coquille est très bâillante et ne
peut se fermer, alors que ses valves peuvent, au contraire, s'écarter beau-
coup plus que celles des autres Lamellibranches. Il en résulte que la partie
buccale du corps se trouve directement exposée sur la ligne médiane.
D'autre part, dans les Limatula, la coquille n'est nullement bâillante.
Ainsi s'explique peut-être, chez le premier genre, la suture des lèvres en
ce point médian et la naissance consécutive de deux bouches latérales sy-
métriques, mieux abritées; tandis que chez le second la bouche unique s'est
conservée inaltérée.
BIOLOGIE GÉNÉRALE. — Rayons X et activité génitale.
Note de M. F. Villemiv, présentée par M. Alfred Giard.
Des expériences récentes ont démontré que des rayons X appliqués loca-
lement ou non sur les testicules détruisent plus ou moins complètement la
glande séminale. Schônberg (') a exposé des lapins et des cobayes à l'ac-
tion des rayons X pendant 3oo à 1200 minutes; ces animaux conservent
leur instinct génital, mais deviennent inféconds; ils n'ont pu féconder des
femelles avec lesquelles ils ont cohabité pendant 5 à 6 mois. Bergonié et
Tribondeau (^) ont étudié histologiquement les testicules de rats blancs
soumis aux rayons X et sont arrivés aux résultats suivants : la glande sémi-
nale est détruite; il ne reste dans les tubes séminifères que le syncytium
nourricier; mais les éléments sexuels peuvent se régénérer dans un temps
relativement court (i mois et demi environ après la dernière expérience).
La glande interstitielle ne subit aucune modification et présente même une
certaine hypertrophie.
Nous avons repris ces expériences et avons opéré comme il suit :
Nos rayons étaient mous, pénétrants, produits par une ampoule de Millier de aS"^™
d'étincelle, avec osnio-régulateur. L'intensité du courant variait entre 7 et 9 ampères
(') A. Schônberg, IJeber eine bisher anbekannle Wiikung der Rôntgenstrahlen
auf den Organismus der Tiare [M ii riche n. med. Woclieiischr.. 27 Okt. 1908, p, iSSg).
(^) Behgomë et Tribondeau, Action des rayons X sur le testicule du rat blanc (C. R.
Soe. de Biol., 8 nov. et déc. 1904)-
^24 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et 70 volls. L'ampoule était placée à 12"" du cobaye fixé sur une'plaiichette; les rayons
étaient dirigés exclusivemeut sur les testicules au moyen d'un diaphragme en plomb (' ).
Ces rayons ont été appliqués sur [^ cobayes mâles.
Cobaye n° l, — 4 séances de 10 minutes à 7 jours d'intervalle. Il meurt d'accident.
Cobaye /i" 2. — 4 séances de 10 minutes à 7 jours d'intervalle; 4 séances de i5 mi-
nutes à 7 jours d'intervalle. 3 semaines de repos et i séance de i5 minutes.
Cobaye «'"' 3 et 4-. — 4 séances de 10 minutes à 7 jours d'intervalle; 3 séances de
i5 minutes à 7 jours d'intervalle; i mois de repos; 2 séances de i5 minutes.
Ces applications de rayons X n'ont déterminé aucun trouble chez nos animaux; ils
sont tous en bon état.
Le testicule du cobaye n° 1 ne présentait rien de particulier macroscopiquemeut, si
ce n'est une légère atrophie. L'examen hislologique montre un organe avec début de
dégénérescence massive de la glande séminale. La glande interslilielle est normale.
Cobaye n" 2. — Quelques jours après la dernière application de rayons X, nous le
mettons en présence de femelles et nous constatons qu'il a conservé toute son activité
génitale et effectue le coït. L'animal est sacrifié 12 jours après. Son traclus génital ne
présente rien de particulier : la verge cl les vésicules séminales possèdent leurs
dimensions normales. Les testicules sont considérablement diminués de volume; ils
ont une teinte brune au lieu de la teinte blanc rosé caractéristique. L'épididyme ne
semble pas modifié. L'examen histologique donne les résultats suivants : les tubes
séminifères ne renferment aucun des représentants de la lignée spermalogénétique. Le
syncytium sertolien a persisté et remplit plus ou moins complètement la lumière cana-
liculaire. Les cellules inlerslitielles existent entre ces tubes; leur nombre paraît sen-
siblement plus élevé que dans le testicule normal. Au lieu d'être localisées dans les
carrefours interlubulaires, elles forment des cordons qui enveloppent de toute part les
canalicules séminifères. Les modifications que nous venons de signaler s'observent dans
toute l'étendue du testicule.
Nous avons fait les mêmes observations sur les cobayes n° 3 et n° h. La structure
du testicule de nos animaux est donc tout à fait semblable à celle qu'on observe chez
les animaux cryptorchides semblables aux entiers et chez les animaux ayant subi,
comme dans les expériences d'Ancel et Bouin, une sténose des voies excrétrices du
sperme.
Les rayons X réalisent donc une dissocialion entre les deux glandes du
testicule. D'une part, ils détruisent l'épithélium séminal ; d'autre part, ils
respectent la glande interstitielle. Cette constatation, jointe à celles que
nous avons faites sur l'état anatomique et physiologique de nos animaux
considérés au point de vue génital, nous conduit aux considérations
suivantes :
(') Nous sommes heureux de remercier ici M. le D'' Chavigny, répétiteur à l'Ecole
du Service de Santé militaire, qui a bien voulu mettre à notre disposition les appareils
nécessaires pour mener à bien nos expériences.
SÉANCE DU 19 MARS l()o6. 7?.5
On sait que l'intégrité morphologique du tractus génital et que la
conservation de l'activité sexuelle sont sous la dépendance du testicule. En
effet, chez les cobayes adultes castrés, on voit assez rapidement la verge
et surtout les vésicules séminales diminuer dans toutes leurs dimensions
et, en outre, l'activité sexuelle disparaît d'une façon complète. L'intégrité
du tractus génital et de l'instinct sexuel chez nos animaux démontre que
l'action générale du testicule n'est pas sous la dépendance de la glande
séminale, puisque lu disparition de celle-ci n'a aucune influence sur ce
tractus et cet instinct . Il nous faut donc admettre que cette action générale
est sous la dépendance de la glande interstitielle, seule partie du testicule
qui soit demeiu'ée intacte après l'action des rayons X. La conclusion à
laquelle nous sommes amené vient de confirmer l'opinion d'Ancel et
Bouin qui ont démontré, à la suite d'expériences de diverse nature, que,
dans le testicule, la glande interstitielle seule possède une action générale
sur l'organisme.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur la maladie de la Graisse des vins. Note
de MM. E. Kayser et E. Maxceau, présentée par M. Mûntz.
Pasteur (') attribue la maladie de la Graisse des vins à un ferment qu'il
décrit sous la forme de chapelets, de petits globules sphériques, dont le dia-
mètre n'atteint pas i'^. Rramer (-) a critiqué cette description et isolé des
bâtonnets de 0^,6 à oi^.S sur ci^ à 6^, anaérobies, qui rendraient filants des
vins blancs adtiilionnés de glucose. Bôrsch, Aderhold ont signalé des
formes différentes; Meissner a séparé des levures qui rendraient le vin
filant. Kramer avait reconnu hi formation de la mannite dans les solutions
neutres de saccharose, et, plus récemment, MM. Mazé et Pacottet (') ont
dosé la mannite, l'acide lactique, l'acide acétique, l'alcool dans du bouillon
de haricots sucré ensemencé avec des cultures provenant du dépôt d'un
vin vieux.
Nous nous sommes proposé, depuis plusieurs années, l'isolement des
germes caractéristiques de la maladie de la Graisse, l'étude de leurs condi-
(') Pastel'R, Études sur le Vin, 1866.
O kiiAMER, Die BaAleriologïe, 1890 et 1899,.
(^) Mazé et Pacottet, Annales de l'Institut Pasteur, avril 1904.
726 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tioris d'existence, de leurs aliments, de leurs produits d'élaboration, tout
particulièrement dans les vins.
Nos premières cultures ont été obtenues de vins blancs jeunes, très
filants, provenant de trois régions différentes : la Champagne, la Vendée
et l'Yonne.
Les méthodes de séparation sont connues, mais pour la composition des
milieux solides ou liquides utilisés, nous avons tenu compte des indications
données par l'étude analytique préliminaire de nombreux vins gras. I^es
germes retirés des trois vins ont élé ensemencés dans des vins analogues
et ont reproduit les altérations antérieurement constatées.
Morphologie. — Les microorganismes retirés de ces trois vins offrent certaines
ressemblances avec le ferment mannilique, que M. Gayon a bien voulu mettre à notre
disposition; ils s'en distinguent surtout par le trouble, sans voile, des milieux de cul-
ture. La forme du ferment de la Graisse est nettement bacillaire, variable avec les
milieux. On peut obtenir2, 4i 6, 8, ... articulations de oH-,7 à 01^,9 de diamètre. Avec
l'âge, les ferments gras se rassemblent en chapelets minces, très longs, enchevêtrés,
qui forment finalement une masse gluante au fond du liquide.
Physiologie. — Le ferment présente des caractères plutôt anaérobies. Les cultures
sont faciles dans le vide, elles le sont moins en flacons remplis et bien bouchés, et de-
viennent difficiles, mais sans formation de voile, dans des flacons remplis à moitié et
fermés au colon.
La température oplinia, variable avec les milieux, est d'environ So".
Les bacilles sont tués par chauffage à Sco-Sa" pendant i5 minutes dans la plupart
des milieux.
1° Étude dans le milieu artificiel. — Composition du liquide, par litre : los pep-
tone, los lévulose, os,5 phosphate de potasse, os,i sulfate de magnésie.
Si l'on supprime la lévulose, le développement est nul. La peptone est indispensable,
bien qu'une fraction très faible soit utilisée. Le ferment exige des milieux très riches
en matières azotées. Four 100»' de lévulose, nous avons obtenu : mannite 6os à 628^
acide lactique 20s à a3s, acide acétique, avec traces d'acides gras supérieurs, 11»' à 128,
acide carbonique 3s à 4», alcool i«, 5 à 28. Ces nombres se rapprochent de ceux que
MM. Gayon et Dubourg ont obtenus pour le ferment mannitique. Nous n'avons pas
recueilli d'hydrogène. Il se forme os, o^o d'ammoniaque par litre dans le liquide
précédent.
A la lévulose nous avons substitué différents sucres : le glucose, le saccharose, le
lactose. Le glucose fermente moins bien en donnant des acides lactique, acétique et de
l'alcool. Le saccharose est inverti dans le liquide précédent, faiblement acide, et donne
les produits du glucose et de la lévulose, ce dernier sucre disparaissant en premier
lieu. Le lactose est attaqué.
Les sels ammoniacaux, l'urée, le glycocolle, l'asparagine, l'allanloïne, les albumines
de l'œuf, l'iclithyocolle ne conviennent pas comme aliments azotés,
SÉANCE DU 19 MARS T906. 727
L'influence de l'acidité est remarquable. Le liquide précédent devient encore quel-
quefois filant lorsqu'il reçoit, par litre, is,5 d'acide tartrique ou malique, is d'acide
citrique, is, 5 d'acide succinique. Au delà de çps doses, le liquide est de moins en moins
filant et la mulliplication devient rapidement impossible. L'acide acétique n'a pas
d'action à des doses dix fois plus élevées. Le rôle de l'alcool est analogue à celui des
acides.
L'addition de 7", 5o de bitartrate de potasse, par litre, n'est pas nuisible; mais le
liquide ne file plus, bien que la mulliplication soit sensible, si la proportion s'élève à
6» par litre.
1° Étude dans le vin. — Toutes nos expériences ont été effectuées sur des vins
préalablement stérilisés. Les influences les plus remarquables sont celles de l'acidité
libre, dosée par la méthode de MM. Berthelot et de Fleurieu, de l'alcool et des
matières azotées. L'acidité totale présente moins d'importance. Un vin est encore
devenu gras après addition de 0^,4 de tannin par litre. Nous avons caractérisé la for-
mation de la mannite et de l'acide lactique inactif dans des vins, stérilisés préalable-
ment, ensemencés avec nos ferments et devenus filants. Lorsque la composition du vin
devient de moins en moins favorable, le développement est plus faible et le vin n'est
pas filant. Les ferments peuvent être habitués aux antiseptiques : acide sulfureux,
fluorures, etc.
La consistance huileuse des liquides est en relation avec la facilité du
développement des germes. Cette consistance disparaît toujours après
quelques mois, même en vases scellés, et les ferments se rassemblent en
masse gluante au fond du liquide. Le chauffage à 80° fait disparaître le ca-
ractère filant.
Conditions pour qu un vin devienne gras. — Un vin renfermant du sucre,
aliment nécessaire, et particulièrement de la lévulose, ne peut devenir
gras que si sa composition est favorable à la multiplication des microorga-
nismes. Les facteurs les plus importants sont : l'acidité libre, l'alcool, les
matières organiques azotées, les sels de potasse. Les vins en fermentation
lente ou gênée sont plus exposés en raison de la présence de l'acide car-
bonique qui protège les ferments gras contre l'action de l'air. Ces condi-
tions se trouvent dans certains vins de Champagne qui sont reconnus comme
plus facilement attaqués, tels certains vins blancs de raisins blancs et les
vins dits de suite.
Le mode de développement lent est extrêmement fréquent dans les
vins mousseux de Champagne.
728 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BACTÉRIOLOGIE. — Sur la toxine et l'antitoxine cholériques. Note de
MM. Brau etDEXiER, présentée par M. E. Roux.
Nous avons déterminé, dans une Note antérieure ('), les conditions qui
nous permettent d'obtenir, en milieu albumineux, une toxine soluble, avec
tous les vibrions cholériques authentiques.
Cette toxine, comme l'ont indiqué MM. Metchnickoff, RouxetSalimbeni,
est soluble dans l'eau, insoluble dans l'alcool et précipitable par le sulfate
d'ammoniaque. Les agents physiques, air et lumière combinés, paraissent
avoir sur ce produit une faible action.
Cette toxine dialyse à travers une membrane de coUodion. D'autre part
les liquides toxiques, simplement fdtrés sur cette membrane, conservent
toute leur activité. L'action de la chaleur sur ce poison n'est manifeste qu'à
de hautes températures, et il faut au moins un chauffage à 120° pour lui
faire perdre ses propriétés.
Injectée aux animaux, surtout dans les veines, la toxine cholérique mani-
feste brusquement ses effets sans période d'incubation.
Sous la peau ou dans la péritoine, la dose rninima mortelle pour le cobaye de aoos
est environ o''"',5. Par la voie veineuse, au contraire, cette toxine est active au \ et
même au ^j de centimètre cube.
S'il suffit de o™', 5 à i'^"',5 de ce poison, introduit dans la circulation, pour tuer en
quelques heures des lapins du poids de i''8, 5ooà 2^i\ il faut au minimum i5""° à 20"°'
de cette toxine, pour déterminer, par injection inlra-péritonéale ou sous-cutanée, des
accidents qui provoquent en quelques jours la mort de l'animal.
Enfin, le chien et le cheval sont surtout sensibles à l'inoculation veineuse de ce poi-
son. Les doses mininia mortelles sont respectivement S"^"' pour le chien, So*""' pour le
cheval.
La souris est peu sensible à cette toxine. Des essais d'inoculation directe dans l'in-
testin grêle du cobaye et du lapin ont donné des résultats médiocres.
Les cobayes, les lapins, les chèvres et les chevaux, qui sont difficilenienl
immunisés quand on leur injecte la toxine sous la peau, acquièrent l'im-
munité active lorsqu'ils reçoivent la toxine dans les veines. Toutefois, quel
que soit le degré d'immunisation, ils ne peuvent recevoir plus de deux
doses mortelles à la fois.
(') Brau et Denier, Comptes rendus, séance du 14 août igoj.
SÉANCE DU 19 MARS 1906. 729
Le sérum des animaux qui ont reçu la toxine sous la peau a un faible
pouvoir antilo\i(|ne. Celte propriété est au contraire beaucoup plus mani-
feste, si le poison cholérique a été introduit dans les veines.
Un cheval auquel on à injecté dans les veines, en 6 mois, un demi-litre
de toxine, fournit un sérum dont j^ de centimètre cube neutralise, après un
contact de 3o minutes in vitro, deux doses mortelles de toxine cholérique.
Injecté préventivement sous la peau, ce sérum protège le cobaye pen-
dant une dizaine de jours environ. Enfin, il est également curalif s'il est
introduit dans le péritoine.
Outre qu'il est antitoxique, ce sérum présente encore des propriétés
antimicrobiennes, agglutinantes et précipitantes.
La toxine cholérique, soumise à la température de l'ébullilion, donne
un sérum dont l'activité est en tous points comparable à celle du sérum
précédent.
Enfm, des cultures vivantes de vibrion cholérique injectées dans les
veines d'un cheval donnent également un sérum antitoxique ('). Ce sérum,
toutes conditions égales, est plus actif que ceux préparés avec les toxines
solubles. Nous nous trouvons là en présence d'un fait observé depuis long-
temps à l'Institut Pasteur, dans la préparation du sérum antipesteux, et
signalé depuis par M. Besredka dans ses études sur l'endotoxine pesteuse
et sur l'endotoxine typhiqiie.
Pour toutes ces raisons, la toxine cholérique, produite en milieu albu-
mineux, paraît voisine des endotoxines pesteuse et typhique. Il nous
semble, d'autre part, qu'il n'y ait pas lieu d'établir de distinction entre la
toxine contenue dans les corps de microbes et celle que l'on trouve dans
les liquides de culture.
ÉNERGÉTIQUE. — Sur les lois de V èlasticilè musculaire et leur applica-
tion à l'Énergétique. Note de M. Charles Henry, présentée par
M. Alfred Giard.
On sait que, d'après M. Ranvier, dans le muscle strié, les disques épais
sont contractiles, les disques minces purement passifs; ceux-ci s'allongent
toujours; quand le muscle agit à longueur constante, il va, simultanément
à l'allongement passif des disques minces, raccourcissement actif des
(' ) Le sérum a été préparé par M. Salimbeni.
C. R., 190G, I" Semestre. (T. CXLII, N- 12.) 9^
73o ACADÉMIE DES SCIENCES.
disques épais. De ce fait, la force musculaire (p n'est pas égale au poids
supporté /}, mais à ce poids diminué de/»', réaction des disques épais, laquelle
peut, d'ailleurs, être positive ou négative : p dépend de l'allongement pu-
rement élastique et du raccourcissement actif qui déterminent A, la lon-
gueur du muscle. D'autre part, à l'état de repos, le muscle présente tou-
jours une tension, en particulier la tonicité musculaire, soit ct. La tension
réelle T est donc p -+- rs. Le problème des lois de la force musculaire
revient à déterminer la fonction <p =^y"(A, T), c'est-à-dire à préciser les lois
de l'élasticité du muscle.
Les résultats consignés dans les Traités sont contradictoires. Les énoncés
de M. Chauveau peuvent s'écrire, à la condition de considérer des sur-
charges très petites, Ae étant la longueur initiale,
d'où, en intégrant,
A = RA„ logp.
C'est la formule de Preyer, laquelle, en dehors de son incorrection ma-
thématique, est incomplète au point de vue physiologique, puisqu'elle
néglige ra, la tonicité musculaire et les quantités de même nature.
Si l'on pose dA = KAo — —> on a, en intégrant,
(i) A:=RA„log(i + £),
expression qui interpole remarquablement les expériences de Boudet de
Paris sur un gastrocnémien de grenouille. La formule étant
A = 6,55 1og(. + ^^),
on a
p en grammes... o 5 lo i5 20 aS 00 35 4o 45
A obs. en milliin. o i,45 2,8 3,78 If, 2 4;73 5 5,4 5,65 6
A cale o 1,70 2,76 3,54 4,14 4>64 5,06 5,43 5,76 ti,o8
A obs. — A cale. 11 — 0,20 +0,04 +0,24 4-0,06 -t-0,09 — 0,06 — o,o3 — 0,11 — 0,08
p en grammes... 5o 55 60 65 70 75 So 85 go gS
A obs. en luillim. 6,3 6,55 6,76 7 7,i5 7,40 7,55 7,75 7,85 8)05
A culc 6,32 6,57 6,79 6,99 7,19 7,37 7,54 7,7 7,85 7,99
A obs. — A cale. . — 0,02 — 0,02 — o,o4 +0,01 — o,o4 +o,o3 -1-0,01 -l-o,o5 o -t-0,06
L'interpolation, dirigée par des données physiologiques, permet, comme
SÉANCE DU 19 MARS 1906. 781
on le voit, d'expliciter et de calculer, dès l'instant qu'elle est justifiée par la
théorie, des quantités difficilement accessibles à l'observation directe,
comme les quantités de la nature de la tonicité musculaire, dont l'impor-
tance énergétique a élé bien mise en lumière par M. Ernest Solvay (') et
dont la somme pour le gastrocnémien étudié est égale à 6^,6.
L'équation (i) étant transcendante, nous avons construit un abaque
, k
qui perpiet de calculer w, connaissant la tangente à l'origine A„=: -
et un couple de valeurs particulières/?, A; on forme la quantité m = — r-
L'abaque donne en ordonnées les valeurs de - correspondant aux valeurs
de m portées en abscisses.
Parfois, l'observation conduit à des courbes à un ou plusieurs points
d'inflexion ; dans ces cas, les tissus sont hétérogènes et les points d'inflexion
s'expliquent par des ruptures de tissus moins rigides.
En appliquant, comme il semble légitime, la formule (i), mais avec des
paramètres différents, aux catégories claires et opaques des disques minces,
on arrive k l'expression
(3) 9 = T-^,
e étant la base des logarithmes népériens, ct étant choisi pour unité de T,
A étant proportionnel à l'^ïllongement et a à la somme des produits des
allongements toujours positifs des disques minces par leur nombre et par
les valeurs de leurs paramètres K.
Si l'on admet que la dépense est proportionnelle au produit de la force mus-
culaire u^ par le temps, on doit conclure, d'après (2), que, à A constant, elle
croîtra plus vite que le poids, puisqu'elle est proportionnelle à une diffé-
rence qui augmente quand T augmente; en effet, d'après de récentes ex-
périences de M. Chauveau C*), la dépense croît comme une fonction para-
bolique du poids ('); à A négatifs croissants, comme dans nos expé-
riences d'épuisement avec Joteyko, elle tendra à la proportionnalité avec
le poids (*). Si T varie à chaque instant suivant une loi complexe, la loi
(') Du rôle de V Electricité dans les phénomènes de la vie animale, p. 20.
(') Comptes rendus, 20 juin 1904.
(') Comptes rendus, 27 juin 190/4.
('•) Comptes rendus, 28 décembre igoS.
732 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de la dépense afFectera des formes compliquées, qui vraisemblablement
s'évanouiront si l'on substitue au poids ou à la pression la variable cp qui
en est une fonction complexe.
La formule (2), combinée avec la proportionnalité de la dépense à <p,
conduit à d'autres conséquences intéressantes. Par exemple, on voit immé-
diatement que la dépense croîtra avec le raccourcissement, qu'elle croîtra
avec le travail G du muscle, car A et T augmentent quand 5 augmente; la
dépense croîtra d'autant plus vile que dans 6 le facteur T, qui est le gros
terme de <f, sera prépondérant sur A; etc.
PALÉONTOLOGIE. — Nouvelles données paléontologiques sur le Dévonien de
l'Ahenet occidental (Mission de MM. R. Chudeau et E.-F. Gautier). Note
de M. Emile Haug, présentée par M. de Lapparent.
Dans une Note récente (') j'ai pu préciser l'âge de plusieurs niveaux
fossilifères du Dévonien de l'Ahenet occidental (Sahara central), en me
basant sur l'étude des récoltes paléontologiques faites par M. Noël VillalLe.
Je suis à même aujourd'hui de compléter ces données, grâce à des collec-
tions provenant d'un voyage accompli en mai et juin igo5 par MM. R.
Chudeau et E.-F. Gautier dans la même région. Ces deux intrépides
explorateurs ont bien voulu me confier l'étude paléontologique de leurs
matériaux, auxquels sont venus s'en ajouter d'autres recueillis par M. E.-F.
Gautier au cours d'un précédent voyage. M. Chudeau fournira certai-
nement lui-même, à son retour, des renseignements stratigraphiques plus
détaillés que ceux que je puis donner ici.
On sait déjà, par les explorations antérieures de M. E.-F. Gautier et du capitaine
Besset, que l'Ahenet est en grande partie constitué par des grès éodévoniens, formant
de yrands plateaux et reposant en discordance sur un substratum plissé. M. Chudeau
évalue leur épaisseur à environ 3oo™; il a reconnu l'existence de failles nombreuses et
de plis à grand rayon de courbure. Les grès de Tadjerdjera et de Taloaq paraissent
assez fossilifères; ce sont de véritables grauwackes, analogues à celles du Coblentzien
rhénan; mais on y trouve aussi des organismes ayant conservé leur test. Voici les
espèces dont j'ai pu reconnaître la présence : Spirifer cf. Hercyniœ Gieb., Sp. Fla-
mandi n. sp. (espèce voisine de Sp. Bousseaui de Vern. non M. Rouault), Tropido-
leptus rhenanus Frech var. sahariana (forme un peu moins large que le type de
(') Emile Haug, Sur les fossiles dévoniens de l'Ahenet occidental recueillis par
M. Noël Villalte {Comptes rendus, 4 déc. igoS).
SÉANCE DU 19 MARS 1906. ySS
l'espèce), Pentamerus sp. indet. aff. vogulicus de Vern., Wilsonia HenriciBarr. sp.,
Plerinea fasciculata Go\A(., Edmondia n. sp. indet., Tentaculites n. s^. aiï. spiculus
Hall, Honialonoliis cf. Herscheli Muich.
Cette faune occupe évidemment le même niveau paléontologique que les grès de
Haci Cheikh, dans le Tidikelt, dont M. G.-B. -M. Flamand a le premier donné une
liste de fossiles ('). Les matériaux recueillis par M. Gautier dans cette même localité
me permettent d'ajouter à cette liste Tropidoleptus rhenanus Frech var. sahariana,
Spirifer Flamandi n. sp., Sp. n. sp. aff. arduennensis Schnur.
Les grès éodévoniens du Tassili des Azdjer appartiennent au même horizon; ils
renferment' également Tropidoleptus rhenanus Frech var. sahariana, Spirifer Fla-
mandi n. sp. et Homalonotus cf. Herscheli Murch. L'âge coblentzien de ces divers
gisements ne peut plus faire de doute aujourd'hui, mais il est bon de remarquer que,
tout au moins dans l'Ahenet, les fossiles sont localisés dans la partie supérieure des
grès.
C'est aussi dans celte partie supérieure que M. Ghudeau a observé des intercalations
de marnes bariolées. L'unique fossile déterminable qu'il y a recueilli, à Haci-Kokdi,
peut être identifié à Spirifer auriculatus Sandb., espèce coblentzienne voisine de
Sp. cultrij ugatus F. Rœm., de l'Eifelien.
Le Dévonien moyen est représenté dans l'Ahenet par plusieurs niveaux fossilifères,
dont l'un, caractérisé par la présence d'Agoniatites Vanujcemi Hall, a été découvert
par M. Villatte.
Les grès éodévoniens supportent, à Tikhedit, des marnes riches en Brachiopodes,
renfermant : Spirifer cf. granulifer Hall, Alhyris sp. indet., Tropidoleptus carinatus
Conr. var. africana, Platyostoma cf. lineata Conr. Ces espèces, et en particulier
Tropidoleptus carinatus. sont parmi les plus caractéristiques des couches de Ilamilton
de l'État de New-York. Les éclianlilluns nombreux et bien conservés de Tropidoleptus
carinatus diffèrent du type par le pincement plus accentué des valves. La présence de
variétés de Tropidoleptus rhenanus el de Tr. carinatus dans deux assises superposées
est à rapprocher de la même succession observée au Brésil par Fr. Katzer.
Les marnes à Tropidoleptus sont surmontées, d'après M.Chudeau, par des calcaires
spathiques, ferrugineux, où prédominent les Céphalopodes.
A Meghdoua et à Ennfouss certains bancs sont entièrement constitués par de petites
coquilles coniques, lisses, identiques à une espèce abondante dans le Dévonien moyen
du Harz et de la Thuringe, Styliolina Icei'is Richt. sp. A Meghdoua un exemplaire
d^Agoniatites obliquas Whidb. a été recueilli dans les mêmes assises.
A Redjel Imrad les fossiles sont transformés en hématite brune et sont plus ou moins
polis par les actions éoliennes. A part deux Gastéropodes {Pleurotomaria aff. subca-
rinata F. -A. Rœm., Tropidocyclus Murchisoni Fér. et d'Orb.) et des Orthoceras
spécifiquement indéterminables, on trouve en abondance une Goniatite de petite taille
à ombilic très étroit, à tours rendes, à ligne suturale très simple et décrivant une
courbe légèrement convexe en avant. C'est une espèce nouvelle, voisine d^Anarcestes
(') G.-B. -M. Flamand, ^M/* la présence du Déi'onien inférieur dans le Sahara
occidental {Bas Touatet Tidikelt, archipel touatien) {Comptes rendus, ajuin 1902).
7^4 AGADÉMIE DES SCIENCES.
nuciformis (Whidb.) Holzapf., du Givélien, que je propose d'appeler Anarcestes
Chudeaui. Je la considère comme un terme de passage entre le genre Anarcestes ^l\%
genre Chiloceras.
L'ensemble des couches qui font suite aux grès éodévouiens représente
le Dévonien moyen; les couches à Tropidoleptus carinatus correspondent
vraisemblablement, comme les couches de Hamilton, leur équivalent amé-
ricain, à l'étage Eifelien ; tandis que les couchesà Anarcestes Chudeaui uppsiv-
tiennent peut-être au Givétien.
Je rappellerai que M. Villatte a en outre découvert le Dévonien supé-
rieur dans la même région et qu'un niveau très fossilifère du même âge
existe dans le nord du Mouydir (Spiri/er Verneuili Murch., Productella,
Rhynchonella pi. sp.).
Ainsi se précisent peu à peu nos connaissances relatives à la succession
des faunes dévoniennes dans le Sahara central, en même temps que ressor-
tent les analogies avec les régions classiques d'Europe et d'Amérique.
PALÉONTOLOGIE. — Sur la faune du terrain houiller inférieur de Baudour
(Bainaut). Note de M. J. Cornet, présentée par M. Barrois.
Entre le sommet du Calcaire carbonifère du Hainaut et les assises
houillères qui renferment les premières couches de charbon maigre de la
formation, il existe une épaisseur de 70™ à 80™ de strates complètement
stériles, constituant la zone Hia de la Carte géologique de Belgique, géné-
ralement connue sous le nom d'assise des phtanites d'après la roche carac-
téristique de ce niveau. Elles correspondent au terrain houiller sans houille
d'André Dumont et sont rej^résentées dans le bassin de Liège par l'étage
de Vampélite de Chokier, dont les noyaux calcaires remplis de Goniatites
sont connus depuis longtemps.
Au bord septentrional du bassin houiller de Mons, l'assise des phtanites
débute, au contact du calcaire carbonifère à cherts noirs, par des phtanites
non fissiles, en bancs, puis en lits minces, avec des intercalations de lits
peu épais, puis de zones de plusieurs mètres de puissance de schistes sili-
ceux fissiles. A mesure que l'on s'élève dans l'assise, ces schistes changent
de caractère et bientôt la roche dominante est un schiste noir, peu siliceux,
se divisant en larges feuillets plans et renfermant quelques bancs tendant
vers le psammite, le grès ou le macigno. Enfin, l'assise se termine par des
grès d'uqe extrême finesse, gris noir, ou blancs par altération. Ces roches,
que nous appelons grès du bois de Ville, forment, au sommet de l'assise des
SÉANCE DU 19 MARS 1906. ^35
phtanites, un horizon bien caractéristique, reconnu en affleurement sur 7*"".
Immédiatement au-dessus, commencent les couches avec houille tnaigre
de l'assise Hib.
Jusque dans ces derniers temps, l'assise des phtanites n'avait jamais, dans le bassin
de Mons, été explorée en profondeur et l'on n'y connaissait qu'un petit nombre de
fossiles animaux provenant des affleurements des schistes siliceux de la partie infé-
rieure et, presque exclusivement, d'une localité unique (Casteau). Ces fossiles sont :
Listracantiuis hyslrix, Pliillipsia cf. globiceps, Posidononiya Bêche ri tl un Productus
indéterminé. Grâce à d'importants travaux souterrains entrepris dans les schistes de la
partie supérieure de l'assise, nous pouvons, aujourd'hui, allonger considérablement
cette liste. Le charbonnage de Baudour, près de Mons, dans le but d'atteindre le
terrain houiller productif sans traverser le revêtement crétaciqne, a commencé, en mars
1901, le creusement, dans l'affleurement septentrional du terrain houiller inférieur, de
deux tunnels inclinés de 20° vers le sud. Le plus avancé de ces ouvrages est aujourd'hui
arrivé à 929"" de l'orifice, ce qui, en tenant compte de la pente du sol, correspond à
une profondeur de Syi™. Les couches ont la même inclinaison générale que les tunnels;
mais, grâce à des ondulations secondaires et à une série de failles, on a pu reconnaître
une épaisseur de strates de 43"" à /i4"'
Les schistes compris dans cette épaisseur renferment de nombreux fossiles animaux
parmi lesquels dominent les Pélécypodes, les Céphalopodes et les Poissons. Les Bra-
chiopodes et les Crinoïdes sont très rares; les Gastropodes et les Polypiers font
entièrement défaut. On y trouve, en outre, une flore intéressante dont M. A. Renier a
entrepris l'élude (voir la Note suivante).
En général, les fossiles du gisement de Baudour sont fortement aplatis
entre les feuillets schisteux et, chez les Céphalopodes, la structure interne
est ordinairement perdue, ce qui en rend la détermination difficile. Par
contre, les détails de l'ornementation extérieure sont souvent admirable-
ment conservés. Dans les roches gréseuses et calcareuses on trouve cepen-
dant quelques fossiles non aplatis. Parmi les schistes de la partie moyenne
de la zone reconnue se trouvent de gros noyaux calcaires remplis de Gonia-
tites bien conservées identiques à ceux de Chokier.
A mesure de l'avancement des travaux, M. C. Richir, ingénieur-directeur
du charbonnage, a recueilli avec le plus grand soin ces précieux débris et
les échantillons que nous avons à notre disposition ont été, presque exclu-
sivement, récoltés par lui. La paléontologie du terrain houiller du bassin
franco-belge devra beaucoup au dévouement de cet ingénieur distingué.
Bien qUe l'étude de la faune de Baudour soit loin d'être terminée, nous
croyons pouvoir, dès à présent, en donner la liste suivante :
Poissons. — Campodus Agassizianus de Kon., Petrodiis patelli/ormis M' Coy, Li»-
tracanthus hyslrix Newb. et Wort., Lislracanlhus Beyrichii von Kœn., Xystracan-
736 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tlius Konincki Max. Loh., Rhizodopsis minor Ag., Megalichthys Agassizianus de
Kon., Acrolepis HopkinsiW Coy , Elonichlhys AitkeniTraqaair. Certains lits schisteux
renferment en abondance des coprolithes de poissons.
Céphalopodes. — Orlhoceras Steinhaueri J. Sow., O. pygmœum de Kon., O. an-
ceps de Kon., O. dilatalum. de Kon., O. giganteum Sow., O. annuloso-Uneatum de
Kon.; Cyrloceras Gesneri¥\Qm. sp., Cyrtoceras rugosum Flem. sp.: Nautilus sul-
caiM5 J. Sow., Nautilus subsulcatus Phill., Nautilus stygialis de Kon., Nautilus
globatus VWiW., Discites compressus J. Sow.; Glypliioceras Beyrichianum de Kon.
sp., Glyphioceras striolatum Phill. sp., Glyphioceras reticulatumY'\ù\\. i'p., Diinor-
phoceraslGilbertsoni Phill. sp.
Pêlécypodes. — Pterinopecten papyracens Sow. sp., A\-iculopecteii Losseni von
Kœn., Aviculopecten gentilis ?>r)v/. sp., Pseudamusium fibrillosum Salter sp., Posi-
donomya BecheriBronn, Posidonomya membranacea M' Coy, Leioptera laminosa
Phill. sp., Leioptera longirostris Hind, Posidoniella lœvis Brown sp., Posidoniella
minor Brown sp., Posidoniella vetusta Sow., Posidoniella elongala Phill. sp.,
Myalina Flemingii M' Coy.
Les Posidonielles se distingue par leur extrême abondance en individus;
elles tapissent parfois par millions les feuillets schisteux. On les trouve
aussi attachées en grappes à des débris végétaux et même à des coquilles
d'Orthocères.
Brachiopodes. — Productus scabriculusMarùn , Productus semireticulatas Marlin,
Productus carbonarius de Kon., Choneles Laguessiana de Kon., Spirifer bisulcatus
Sow., Orthis resupinata Martin, Streptorhynchus crenistria Phill. sp., Orbiculoidea
(Discina) nitida Phill. sp., Lingula parallela Phill., Lingula mytiloides Sow.,
Orthis carbonaria Swallow (?)
Divers. — Spirorbis carbonarius Murch., Crustacés, Myriapodes et Vers indéter-
minés; Poleriocrinus; Conularia Destinezi Moreels, Conularia irregularis de Kon.
Cette liste comprend un total de 52 espèces déterminées. En y ajoutant
celles que nous n'avons pas encore pu identifier, faute d'échantillons suffi-
sants et quelques espèces qui nous paraissent nouvelles, nous pourrons
porter ce nombre à 70 environ. Telle qu'elle est, la liste qui précède
montre l'analogie des couches de Baudour avec la Pendkside Séries, que
M. W. Hind place à la base du terrain houiller du Lancashire, en dessous
du Millstone Grit.
PALÉONTOLOGIE. — Sw la flore du terrain houiller inférieur de Baudour
(Hainaut). Noie de M. Armand Re.vier, présentée par M, Barrois.
On ne connaissait jusqu'ici que peu de chose de la flore de l'assise de base
du terrain houiller inférieur de Belgique, désigné sous la notation Hia
SÉANCE DU 19 MARS 1906. 737
par la Carte géologique au j^-^ et connu plus couramment sous le nom
d'assise de l'ampélite de Chokier, ou encore sous celui A'assise de Loverval.
En outre de \' Asterocalamites scrobiculatus ^c\\\o\}n. sp. abondamment ré-
pandu, on y avait signiilé Neuropteris jLoiA» Brongn. (A'^. antecedensSiur.) à
Casteau, et Trigonocarpus Damesii Lindley etHulton, à Ctiokier.
Grâce aux habiles et persévérantes recherches de M. C. Richir, ingé-
nieur-directeur du Charbonnage de Baudour, et à l'amabilité de M. Jules
Cornet, qui a bien voulu mettre à ma disposition ses collections person-
nelles, et m'autoriser à poursuivre ces études dans les laboratoires de Géo-
logie de l'École des Mines de Mons, je suis aujourd'hui à même de donner
une liste très importante des intéressantes espèces végétales de l'assise Hia.
Ainsi que M. J. Cornet a eu l'honneur d'en faire part a l'Académie dans
une Note (voir ci-dessus) où il expose les premiers résultats d'une étude
parallèle qu'il a faite, de la faune de Baudour, les terrains traversés par les
deux tunnels inclinés du charbonnage appartiennent à la partie supérieure
de l'assise de Chokier. Les débris végétaux n'y sont pas rares, quoique
toujours désintégrés et souvent profondément macérés. Cette flore est très
variée, ainsi qu'en témoigne la liste ci-après, qui résume les résultats de
mes premières recherches :
Sphenopleris Larischi Stur sp. ; 5. Stangeri Stur sp. ; S. dicksonoïdes Gœpp. sp.;
5. cf. Schilliiigsii Aiidr-ce; S. Essinghi Andrœ ; S. elegaris Brongn. ; 5. cf. trydacti-
lites Brongn.; Rliodea inoravica Euingh. sp. ; Palmalopleris subgenicuUUa Stur
sp.; Archœopleris ci. dissecta Gœpp.; Adiandles oblongifolius Gœpp. sp.; ^. Ma-
chernaki Stur; A. sessilis von Rœhl ; Neuropteris antecedens Stur; N. obliqua
Biongn. sp.; Pecopteris aspera Brongn.; P. denlata Brongn.; A let/iopteris decur-
rens Artis sp.; A. cf. Dat'reuxi Brongo. sp.; Lyginodendron sp. ; Splienopliyllum
tenerrimum-triciiornatosum Stur; Asterocalamiles scrobiculalus Scliloili. sp. ; Ca-
lamités cistiiformis Stur; Lepidodendron aculeatum Slernb. ; L. obovatum Slernb.;
Lepidophloios laricinas Slernb.; L. cf. macrolepidotus Goldenb.; Lepidophyllum
lanceolaturn Lindiej et Hulton; Stiginaria ficoïdes Slernb.; Dorycordaïtes sp.; Ar-
tisia sp. ; Cordaïanthus sp.; Trigonocarpus Parldsoni Brongn.; T. Schultzii
Gœpp. el Berger; Rhabdocarpus lineatus Gœpp. el Berger; Cordaïcarpus Cordai
Geinilz sp. ; Cardiocarpus sp.; Samaropsis bicaudatus Ridslon; Walchia (?) an-
tecedens Slur.
Soit au lolal 89 espèces, auxquelles viendronl certainement s'ajouter pour le moins
un'e douzaine d'autres, parmi lesquelles de nombreux Sphenopteris, dont un voisin
du S. Larisclii: des Pecopleris, dont un rappelle le Pecopleris arinasi Zeiller; des
Alethopteris, des Calamités, des Rnorria, des Rhabdocarpus, etc.
Quoi qu'il en soit, le caractère de cette flore est dès à présent établi.
Bien que l'on y rencontre des espèces westphaliennes d'ailleurs rares, la
c. H., «yo6, I" Semestre. (T. CXLII, N° 13.) 97
738 ACADÉMIE DES SCIENCES.
flore (le Baudour comprend surtout des espèces caractéristiques du Ciilm
(i Carhonflora de M. Potonié). Elle est, en tous cas, de beaucoup plus an-
cienne que celle de la zone A, Veconnue par M. Zeiller dans le bassin
honiller de Valenciennes, et s'en distingue très nettement. C'est là un fait
d'une haute portée pi'atique.
OCÉANOGRAPHIE. — Le calcaire et l' argile dans les jonds marins.
Note de M. J. Thoulet.
Les nombreuses analyses (environ i3o) que depuis plusieurs années j'ai
exécutées des échantillons en boudins de fonds marins recueillis par
S. A. S. le Prince de Monaco et dont il avait bien voulu me confier l'élude
peuvent, au point de vue du calcaire et de l'argile, donner lieu aux énoncés
de lois suivants résumant les résultats obtenus.
La constitution mécanique, physique, chimique et minéralogique des
fonds marins résulte des circonstances régnant au sein des eaux sus-jacentes
et surtout à leur surface, ainsi que de celles régnant sur le fond même.
L'étude de cette constitution à ces multiples points de vue permet, par
conséquent, de formuler îles conclusions relatives aux circonstances ayant
présidé à la genèse des fonds.
La proportion relative du sable et de la vase, dans un fond, la mesure de
la dimension des grains et l'observation de leur forme anguleuse ou ar-
rondie permettent d'affirmer l'existence de courants à la surface du sol
sous-marin et même d'évaluer leur direction et leur intensité.
Rien n'autorise à penser que la proportion de calcaire contenue dans un
fond diminue avec la profondeur. Le calcaire jtire surtout son origine [des
innombrables animalcules calcaires (Foraminifères) vivant principalement
dans les régions supérieures de la mer et tombant après leur mort en pluie
sur le sol sous-jacent. Leur quantité amoncelée en un point quelconque
et leur nature dépendent donc des conditions superficielles (courants,
température, densité, etc. des eaux) et aussi, quoique beaucoup moins,
des conditions intermédiairf's et inférieures (courants permanents ou ac-
cidentels). On en dirait autant des particules siliceuses d'origine organique
(Diatomées). Géographiquement, les événements supérieurs se projettent
donc, en donnant à ce mot sa signification géométrique, sur le plan hori-
zontal du lit océanique.
Les dépôts d'origine continentale cessent à une faible distance des ri-
SÉANCE DU 19 MARS 1906. 789
vages. Dans les dépôts profonds qui leur font suite, et en laissant de côté
les sédiments d'origine volcanique, l'argile amorphe, résistant aux acides
étendus, est d'origine continentale. D'une façon sénérale, un océan comme
le Pacifique, vaste relativement au développement de ses côtes et à l'apport
minéral des fleuves qui s'y déversent, aura évidemment un lit peu argileux,
tandis qu'un autre océan comme l'Atlantique septentrional et équatorial,
dans les conditions inverses, sera très argileux. Mais la proportion d'argile
pourra éire masquée par les sédiments ayant une autre origine. Le Paci-
fique est en réalité moins argileux que l'Atlantique, bien que sa superficie
soit en majeure partie couverte par l'argile rouge formant, à temps égal,
une couche infiniment moins épaisse que celle, en partie calcaire, qui se
dépose sur le fond de l'Atlantique. Ce dernier océan est en réalité plus ar-
gileux, quoique sa proportion d'argile y soit masquée par le calcaire qui
recouvre la presque totalité de son lit, et, à temps égal, la couche de sédi-
ment y est bien plus épaisse. C'est que la rapidité d'accumulation dépend
beaucoup plus du calcaire que de l'argde. On aurait, par conséquent, tort
de croire que tous les fonds abyssaux sont peu épais et se sont déposés len-
tement. A profondeur égale, quelque considérable qu'elle soit, un fond
abyssal peut être déposé très rapidement et être très épais, tandis qu'ail-
leurs il peut s'être déposé avec beaucoup de lenteur et être très mince. A
durée de sédimentation égale, un fond calcaire otFre une épaisseur bien
plus grande qu'un fond purement argileux.
Ces considérations, applicables aux sédiments géologiques anciens,
éclairent singulièrement les conditions extérieures des océans disparus,
contemporains des dépôts aujourd'hui fossiles qui se sont formés autrefois
au fond de leur lit.
M. Edmond Seux adresse une Note Sur un mode de construction des plans
aéroplanes, permettant d'aufimenter, dans de notables proportions, leur
valeur sustenlatrice et leur stabilité de route.
(Renvoi à la Commission d'Aéronautique.)
M. Leu\ard(» Ruxiardi adresse utie Note sur La Chimie dans la genèse
et dans la chronologie des roches èruptives.
(Renvoi à la Section de Minéralogie.)
^4o ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. Demachy annonce une découverte relative au siège du germe de la
syphilis.
A 4 heures et demie l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures et quart.
M. B.
EBRATA.
(Séance du 12 mars 1906.)
Noie de M. Char/es Nordmann, Sur les forces électromotrices de contact
entre métaux et liquides et sur un perfectionnement de l'ionographe :
Page 627, ligne 5 en remonlant, au lieu de terminé par un ajutage rodé, de manière
que . . ., lises terminé par un ajutage, rodé de manière que ....
( -—] ■ l -—\
Même page, ligne 26 en remontant, au lieu deE^^e.\i — e ' ), lisez E^e\i — e *^/.
Note de M. Marcel Chevalier, Sur les glaciers pléistocènes dans les val-
lées d'Andorre :
Page 662, ligne i4 en remontant, au lieu de Solden, lisez Soldeu.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 26 MARS 1906,
PRÉSIDENOR DE M. H. POINCARÉ.
MEMOIRES ET GOMMUIVICATIONS
DES MEMBRES ET DKS CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE,
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Méthodes pour la recherche des particules lumi-
neuses mêlées aux gaz de la chromosphère et des protubérances solaires.
Application pendant l'éclipsé de 1905. Noie de M. H. Deslandres.
La chromosphère solaire et les protubérances qui s'en détachent sont
encore imparfaitement connues; la matière qui les constitue n'est pas
encore complètement déterminée. Celte assertion peut surprendre au
premier abord, car les protubérances ont été l'objet de recherches extrê-
mement nombreuses dans toutes les éclipses antérieures et surtout en
dehors des éclipses, grâce aux méthodes spectrales qui assurent leur recon-
naissance journalière depuis près de l\o ans.
Les recherches antérieures, il est vrai, ont porté presque exclusivement
sur les gaz et vapeurs des protubérances, alors que, probablement, les
particules incandescentes en suspension, liquides ou solides, entrent aussi
dans leur composition et pour une part notable. Dans l'élude spectrale,
les raies fines très brillantes des gaz les décèlent facilement, presque aussi
bien en dehors des éclipses que pendant l'éclipsé elle-même; mais ie
spectre continu, qui annonce les particules, plus difficile à reconnaître et
à isoler, échappe dans la très grande majorité des cas. A ce sujet, j'écrivais
en 1893 (^Comptes rendus, t. CXVIL p. io54) : « La couronne qui entoure
de tous côtés la chromosphère offre un spectre continu intense dans les
parties basses. La chromosphère présente aussi peut-être un spectre
continu; mais, sur ce point, il est difficile de décider, puisque la lumière
G. R., 1906, I" Semestre. (T. GXLII, N° 13.) 9^
^42 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de la chromosphère traverse la couronne. « Je rappelais en même temps
l'observation photographique faite par moi en mars 1892, à Paris, d'un
spectre continu intense qui était émis par une belle protubérance et se
détachait bien sur le spectre continu à raies noires de notre ciel {Comptes
rendus, t. CXV, p. 788). Mais le cas cité est exceptionnel; ce qu'il faut
rechercher, c'est l'état des choses dans le cas général.
Le rôle des particules dans l'atmosphère terrestre est considérable ;
il peut être au moins aussi grand dans l'atmosphère solaire et, en effet,
c'est à ces particules que plusieurs auteurs rapportent, en grande partie,
l'absorption exercée par l'atmosphère solaire et aussi les variations
brusques de cette absorption, constatées récemment par Langley, varia-
tions qui nous importent au plus haut degré, puisqu'elles impliquent des
variations correspondantes de la chaleur totale reçue par notre terre. La
question du spectre continu émis par les protubérances a donc une réelle
importance. Or, les éclipses totales offrent des conditions favorables à la
recherche de ce spectre continu, car la lumière de notre ciel, dont le
spectre continu se superpose au précédent et le masque en temps ordi-
naire, disparaît pendant la totalité. On peut s'étonner que les observa-
teurs d'éclipsés continuent toujours à porter leurs efforts sur la partie
gazeuze seule, qui apparaît alors, il est vrai, plus brillante et plus étendue.
De mon côté, dans l'éclipsé dernière, j'ai abordé la recherche du spectre
continu par une méthode nouvelle qui a donné des résultats intéres-
sants. Le problème, envisagé directement, se pose de la manière suivante :
les protubérances émettent-elles un spectre continu et dans quelle pro-
portion, par rapport à la lumière totale, ou par rapport à la lumière des
gaz? La réponse est difficile à cause de la superposition du spectre continu
émis par la couronne. Aussi convient-il de poser le problème autrement.
Les protubérances émettent-elles un spectre continu plus intense, aussi
intense ou moins intense que les régions voisines de la couronne ?
J'exposerai successivement les résultats antérieurs qui se rapportent plus
ou moins au sujet, les méthodes et appareils employés par moi dans la
dernière éclipse et les résultats obtenus.
Recherches aiUcrieures. — Dans les éclipses de 1870, 1882, i883, 1886, Tacchini
a reconnu que souvent les protubérances, geiidant la totalité, apparaissaient plus hautes
et plus larges qu'en dehors de l'éclipsé et qu'elles olFraient des colorations variables
du rouge vif au blanc rose; même, en 1886, il a signalé une protubérance très haute,
appelée par lui blanche à cause de sa couleur et non visible après l'éclipsé, car elle ne
donnait pas le spectre de l'hydrogène; pai- contre elle émettait fortement les raies H el
SÉANCE DU 26 MARS 1906. 743
K du cqlcium et un spectre continu ('). On peut objecter cependant qu'elle est une
simple masse coronale qui aurait entraîné des vapeurs de la chromosphère, comme il
arrive parfois à l'époque du maximum des taches.
La même objection ne s'applique pas à la protubérance du 3 mars 1892 dont il a été
question plus haut, observée en dehors d'une éclipse, car elle émettait avec force à la
fois les raies de l'hydrogène et du calcium, des raies métalliques et un spectre continu.
Au même moment Fen^i et Haie ont signalé des faits analogues et l'on a pu penser
que les protubérances èruptives, tout au moins, étaient riches en particules.
Dans l'éclipsé de 1900 (Mémoires des spectroscopistes italiens, vol. 29), Tacchini et
Riccô ont observé et dessiné deux protubérances voisines très curieuses (angle de
position 2.36°), qui étaient roses, mais offraient sur leur pourtour un liséré blauc et à
leur sommet des aigrettes d'un blanc très vif. Ils n'ont pas reconnu d'une manière
spéciale le spectre de cette protubérance. Heureusement j'ai pu combler la lacune avec
mes propres observations. J'avais organisé en 1900 deux chambres prismatiques en
spath et quartz qui donnent tout le spectre lumineux et ultra-violet. Les quatre
épreuves de la couronne, obtenues avec l'aide de Millochau, montrent les raies de
l'hydrogène et du calcium, des raies métalliques et un spectre continu émis par cette
protubérance.
Mais on n'a pu décider si le spectre continu est dû aux parties roses ou blanches de
la protubérance; l'image solaire est petite et surtout la chambre prismatique convient
mal pour cette recherche spéciale, car elle réunit et confond les spectres de points de
la couronne situés en ligne droite.
Recherches de la dernière éclipse. — Pour l'éclipsé de igoS, j'ai cherché
des moyens d'investigation plus parfaits. Il faut pouvoir comparer nette-
ment les spectres continus des protubérances et de la couronne et préciser
les points de la protubérance qui émettent le spectre continu. Le spectro-
scope ordinaire à fente convient à certains égards; mais il donne la réponse
seulement pour une petite section et il doit être écarté à cause de la faible
durée de l'observation.
J'ai adopté la méthode suivante, indiquée déjà dans le Rapport prélimi-
naire de septembre iQoS (^Comptes rendus, t. CXLI, p. Siy), laquelle peut
donner rapidement le résultat désiré : on fait simplement des photogra-
phies de l'anneau solaire, mais avec des écrans colorés qui arrêtent toutes
les radiations gazeuses des protubérances ou, au moins, toutes les radia-
tions permanentes (^). L'image est alors formée par les spectres continus
(') Haie a publié un Mémoire très complet sur les observations de Tacchini et les
protubérances blanches dans V Aslrophysical Journal, vol. Hl p. 374.
(-) J'ai déjà recommandé et employé dans l'éclipsé de 1900 {Comptes rendus,
t. CXXXH, p. 296) des écrans colorés pour la photographie de la couronne; mais les
écrans étaient rouges ou jaunes et avaient un autre but. Ils devaient favoriser la dé-
7/|4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
à comparer. Mais, comme des raies métalliques protubérantielles peuvent
aussi intervenir, j'emploie simultanément des chambres prismatiques ou à
réseau qui décèlent leur présence et leur intensité.
Les écrans sont formés par une couche de gélatine colorée, placée entre
deux verres, d'après le procédé de Monpillard. Ils sont semblables aux
écrans employés avec succès par Rilchey et Hartmann pour la photographie
de la Lune et des nébuleuses. Avec les nombreuses matières colorantes
actuelles, il semble possible d'avoir un écran qui soit transparent seule-
ment pour une petite région déterminée du spectre. Mais la recherche est
longue et je me suis contenté d'écrans verts trouvés dans le commerce qui
ont leur maximum de transparence environ pour la radiation coronale
1 53o et ont été employés par d'autres observateurs pour avoir une image
de la couronne presque monochromatique. Pour le but spécial que je
poursuivais, j'ai fait faire des écrans colorés par la même substance, mais
plus clairs transparents de >.5oo à l585 et encore opaques pour toutes les
radiations permanentes des protubérances (').
Pendant l'éclipsé, les photographies avec écran (diamètre de l'image
solaire 70""") ont été faites avec le concours de Blum, instituteur à Paris,
qui s'est joint à ma mission comme volontaire. Les détails de l'appareil et
de l'observation seront résumés dans une Note, en collaboration avec
Blum, qui sera prochainement publiée.
Deux chambres à réseau, confiées à Rannapell, avaient été organisées
en même temps et donnaient l'une la partie est-ouest, l'autre la partie
nord-sud de la couronne. Les détails en seront publiés ultérieurement.
Le jour de l'éclipsé, le temps n'a pas été favorable; les nuages ont masqué
les deuxième et troisième contacts; dans l'intervalle, heureusement, au
milieu de la totalité longue de 3'"45*, une petite éclaircie d'une minute
s'est produite et a permis de faire deux épreuves de l'anneau solaire avec
écrans colorés et deux épreuves spectrales avec les chambres à réseau.
couverte des rayons coronaux les plus longs, en diminuant l'intensité relative de la
lumière de notre ciel, très riche en rayons bleus et violets.
(') Ces écrans verts ont l'inconvénient de laisser passer la radiation gazeuse coro-
nale a53o; ce qui introduit un trouble dans la comparaison entre les masses coronales
et chromosphériques à spectre continu. Mais la raie coronale est faible tout près de
la cliromosphère, et les autres rayons qui traversent l'écran occupent une large étendue
du spectre total.
Récemment j'ai fait dans le laboratoire des essais sur d'autres écrans, bleus et
indigos, qui n'ont pas cet inconvénient.
SÉANCE DU 26 MARS I906. 745
Les photographies avec écran, pour être bien interprétées, doivent être
comparées à des photographies ordinaires sans écran, que le mauvais temps
ne nous a pas permis de faire. Mais cette lacune a été comblée grâce à de
la Baume -Pluvinel, qui a mis aimablement à notre disposition de magni-
fiques épreuves ordinaires (diamètre du Soleil 120°"") obtenues par lui à
Alcala de Chisvert, 9 minutes après les nôtres.
Sur nos épreuves, le beau groupe de protubérances du Nord-Est (de
l'angle de position A. P. 78" à A. P. 102°) offre des [particularités curieuses,
bien que sa base soit un peu couverte par la Lune. Les images protubé-
rantielles, privées de leurs radiations gazeuses permanentes, y sont beau-
coup moins étendues en largeur et hauteur que les images correspondantes
formées avec l'ensemble des rayons. Ainsi la protubérance la plus haute
(A. P. 84°) s'élève à 70" d'arc sur l'épreuve d'Alcala, et au plus à 45" sur la
nôtre. L'épreuve avec écran présente seulement du côté de la base de la
protubérance et vers le Nord une série de petits noyaux très brillants dont
l'entourage immédiat n'est pas plus lumineux que les régions coronales
voisines. L'éclat de ces noyaux tient surtout à l'émission d'un spectre con-
tinu, car le spectre de la protubérance obtenu de l^iB à \ 445 sur une
épreuve de la chambre à réseau offre un spectre continu assez intense et
seulement deux raies fines qui sont la raie permanente H^ et une raie mé-
tallique faible vers X422.
La même conclusion est fournie plus nettement encore par de très beaux
spectres de la couronne, aimablement communiqués par le D'' Lockyer, et
obtenus à Palma, du jaune au violet, vers la fin de la totalité, avec une
grande chambre prismatique de 2™ et à trois prismes.
Ces résultats sont confirmés aussi à certains égards par les observations
oculaires d'Esquirol (voir la Note ci-dessous, p. 707) qui a reconnu dans
chaque protubérance du Nord-Est un dichroïsme allant du rouge au blanc
sale. D'autre part, Riccô m'a écrit que le dichroïsme noté par lui dans ces
mèir.es protubérances variait du rouge au violet.
En résumé, ces protubérances du Nord-Est, au moins prés de leur base,
émettaient un spectre continu plus intense que la couronne et étaient plus
riches en particules brillantes. De plus, autant que je puis juger par les
observalions parvenues à ma connaissance, elles n'étaient pas éruptives, à
proprement parler, ou fortement éruptives, et la propriété d'avoir une
forte proportion de particules peut être plus générale dans les protubé-
rances qu'on ne l'a cru jusqu'alors. La répartition relative des amas de
particules et des diverses vapeurs paraît aussi variable suivant les protubé-
746 ACADÉMIE DES SCIENCES.
rances ou suivant les phases de leur évolution ('). Les observations sont
encore trop peu nombreuses pour permettre de poser des conclusions.
La recherche devra seulement être poursuivie dans les éclipses futures
et avec des moyens plus puissants, de manière à embrasser non seulement
toutes les protubérances visibles, mais la chromosphère proprement dite.
Une organisation complète comprendra une lunette de lo™ environ ou
plusieurs lunettes semblables, qui auraient, d'une part, des prismes à vision
directe mobiles autour de l'axe optique, faciles à placer sur le trajet du
faisceau ou à retirer, et d'autre part des écrans colorés capables d'arrêter
non seulement les radiations permanentes de la chromosphère, mais les
raies métalliques les plus fortes. On aurait ainsi trois séries d'images, de
même diamètre, orientées de la même manière et donc bien comparables,
à savoir : i° l'image ordinaire formée par la réunion des gaz et des parti-
cules; 1° l'image des gaz séparés des particules dans le spectre; 3° l'image
des particules seules. La dernière image, qui est nouvelle, donnera les indi-
cations les plus utiles sur les relations de la chromosphère et de la cou-
ronne.
ZOOLOGIE. — Suite aux observations sur les Gennadas ou Pénéides
bathypélagiques . Note de M. E.-L. Bouvier.
Si les Gennadas tliffèrent des Benthesicymus par leur habitat, ils s'en
distinguent aussi par des caractères morphologiques de haute importance.
Dans les Benthesicymus , l'angle antennaire n'existe pas, l'épine bran-
chiostégale atteint un fort développement, et le rostre présente ordinai-
rement une longueur assez grande, peu de hauteur avec une armature de
plusieurs dents. Chez les Gennadas, au contraire, il y a ordinairement un
angle antennaire, une épine branchiostégale réduite, un rostre haut, court
et unidenté.
Chez les Benthesicymus, la saillie dorsale des pédoncules oculaires est
courte et obtuse, les deux derniers articles des pédoncules antennulaires
sont réduits et normalement articulés, le palpe des mâchoires antérieures
(') Les amas de parliciiles sont dus soit à des projections issues des couches basses,
soit à des condensations lucales. Les vapeurs peuvent se condenser successivement, les
moins volatiles d'alwrd près de la base, comme en igoS, les autres plus lard et près des
bords (le la protubérance, comme en 1900.
SÉANCE DU 26 MARS I906. 747
est peu dilaté à la base, celui des mâchoires postérieures est dépourvu de
prolongement terminal différencié, enfin les laccinies de ces derniers ap-
pendices se composent de lobes de même longueur. Dans les Gennadas,
d'autre part, il y a un fort tubercule oculaire aigu ou subaigu, le dernier
article des pédoncules antennulaires se fait remarquer par sa longueur et
son articulation spéciale, le palpe des mâchoires antérieures est dilaté vers
le bas, celui des mâchoires suivantes a un prolongement distal fort évident,
enfin le lobe antérieur de la laccinie interne des mêmes appendices est or-
dinairement plus court que les autres.
Les pattes mâchoires nous offrent des différences encore plus grandes.
Dans celles de la première paire, l'exopodite se termine en fouet chez les
Benthesicymus, l'endopodile ne présente pas d'article intermédiaire bien
séparé et les soies antérieures de son article basilaire ne sont pas ou sont
peu différenciées en crochet. Le même genre se distingue en outre par la
faible largeur du méropodite des pattes-mâchoires intermédiaires, par les
deux soies spiniformes qui terminent cet appendice, par la longueur et la
gracilité des pattes-mâchoires postérieures, enfin par le grand développe-
ment de l'exopodite de ces deux paires d'appendices. S'agit-il des Gen-
nadas, au contraire, il n'y a plus de fouet à l'extrémité de l'exopodite des
pattes-mâchoires antérieures, l'endopodite du même appendice est muni
d'un article intermédiaire fort net avec quelques soies ordinairement diffé-
renciées en crochet, sur le bord interne de l'article précédent. Les pattes-
mâchoires de la deuxième paire se font remarquer par l'aplatissement et la
saillie lamelleuse antérieure de leur méropodite, et par la soie spiniforme
unique de leur dactylopodite; enfin les pattes-mâchoires de la paire posté-
rieure sont relativement plus courtes et largement foliacées dans la partie
qui correspond à leur ischiopodite et à leur méropodite.
Cet élargissement et cette réduction en longueur caractérisent également
les pattes des trois premières paires des Gennadas, le carpe étant plus
court ou médiocrement plus long que les pinces, du moins dans celles
des deux premières paires. Tandis que les mêmes appendices des Benthe-
sicymus présentent des caractères inverses. Au surplus, dans ce dernier
genre, les pattes des deux paires postérieures sont plus longues et plus
grêles, et parfois même (5. moralus, S.-L Smith, B. longipes, E.-L. Bou-
vier) singulièrement plus longues et plus grêles que dans les Gennadas .
On peut ajouter que les Benthesicymus ont les pléopodes bien plus
allongés que les Gennadas, avec le petasma et le thelycum plus réduits et
beaucoup moins complexes.
^48 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Certains de ces caractères doivent être rapportés à l'évolution générale
de ces Pénéides, les autres à l'adaptation au genre de vie bathypélagique.
Parmi ces derniers, il convient d'accorder la première place à l'élargis-
sement foliacé de la plupart des appendices thoraciques, et au grand
développement des soies plumeuses qui garnissent le bord interne de ces
appendices, surtout l'ischiopoditeetle méropodite. Un revêlement de soies
analogues s'observe chez les Acanthephyra qui, dans le groupe des Cre-
vettes vraies ou Carides, présentent le même habitat que les Gennadas.
Il nous reste maintenant à indiquer la manière dont s'est produit le
passage des Benthesicymus aux Gennadas et, dans ce but, nous devons
donner d'abord le Tableau syno[)tique des diverses espèces de Gennadas
capturées dans l'Atlantique oriental par les expéditions françaises et moné-
gasques. Ces espèces sont au nombre de six, dont cinq font partie du
matériel des campagnes monégasques (G. Alicei, G. elegans, G. Tinayrei,
G.valens, G. scutaius) et deux seulement des récoltes du Travailleur el i\a
Talisman (G. valens, G. Talismani).
Les caractères différentiels de ces espèces sont relevés dans le Tableau
suivant :
A. — ifléropodite des pattes 3 aussi long et même ordinairement plus long
que le carpe.
Pinces des pattes 2 égalant au j^lus les | du carpe; pas
d'angle antennaire, rostre régulièrement triangulaire ;
deuxième article des anlennules égalant presque le troi-
sième; deuxième article des palpes mandibulaires plus
long que la largeur du premier G. Alicei n. sp.
(Atlantique oriental).
Pinces des pattes 2 un peu plus courtes que le carpe;
un angle anlennaire large et obtus; le deuxième aiticle
des pédoncules antennulaires égale au plus, dorsalement,
la moitié de la longueur du troisième; le deuxième article
des palpes mandibulaires n'est pas |)lus long que la lar-
geur du premier G. elegans S.-I. Smith.
(Atlantique, Méditerranée).
Pinces des pattes 2 un peu plus longues ou aussi
longues que le carpe; angle anteunaire peu large, mais
aigu et très saillant; le deuxième article des pédoncules
antennulaires égale la moitié du troisième; le deuxième
article des palpes mandibulaires notablement plus court
que la largeur du premier G. sculatus n. sp.
( Atlauti(|ue).
SÉANCE DU 26 MARS 1906.
749
Pinces des pattes 2
un peu plus courtes
que le carpe ; angle
anlennaire large et
subaigu ; deuxième
article des pédon-
cules antennulaires
plus long que la moi-
tié du troisième.
B. — Méropodite des pattes 3 plus court que le carpe.
I Deuxième article des pédoncules
antennulaires égalant à peu près
les trois quarts de la longueur
du troisième; saillie antérieure du
méropodite des pattes-mâchoires
intermédiaires plus grande que
le tiers de la longueur totale de
l'article G. valens S.-I. Smith.
(Atlantique).
Deuxième article des pédoncules
antennulaires dépassant à peine
la moitié de la longueur du troi-
sième ; saillie antérieure du mé-
ropodite des pattes- mâchoires
intermédiaires plus courte que le
tiers de la lonjrueur de l'article . .
G. Talismani 11. sp.
\ (Atlantique oriental ).
Pinces des pattes 2 au moins aussi longues que le
carpe; angle antennaire peu large, mais aigu et très
saillant; deuxième article des pédoncules antennulaires
à peine plus court que la moitié du troisième; deuxième
article des palpes mandibulaires beaucoup plus long que
la largeur du premier; saillie antérieure du méropodite
des pattes-mâchoires intermédiaires plus grande que le
tiers de la longueur de l'article G. Tinayrei n. sp.
(Atlantique oriental ).
Celte dernière espèce est dédiée à mon ami, M. Tinayre, le distingué
peintre de la Princesse- Alice.
Quand on compare les six espèces relevées dans le Tableau précédent,
on voit qu'elles forment deux séries évolutives : l'une avec le G. Alicei,
le G. elegans, le G. sculalus et le G. Tinayrei, l'autre avec le G. elegans, le
G. Talismani el le G. valens. Dans chacune de ces deux séries, ou s'éloigne
progressivement des Bentkesicymus, la forme la plus voisine de ce dernier
. genre étant le G. Alicei qui, par la forme régulièrement triangulaire de son
rostre non acuminé, par ses paltes-màchoires longues et médiocrement
élargies, par la longueur relative des divers articles de ses pattes, par le
développement de ses pléopodes et par l'absence de tout angle antennaire,
se rapproche manifestement des Benthesicymus.
Le petasma des mâles et le thelycum des femelles sont fort différents
G. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N» 13.) 99
7^0 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans les six espèces dont ils constituent les caractères les plus typiques (' ) ;
or l'un de ces organes sexuels, le petasma, dans sa différenciation évolue
parallèlement aux autres organes, et c'est encore dans le G. Alice.i qu'il se
présente sous sa forme la plus simple, avec des caractères de Benthesicymus
très prononcés.
Le G. carinatus S. I. Smith se rapproche vraisemblablement encore
davantage de ce dernier genre, car il présente une carène dorsale sur les
segments abdominaux 3 à 6, des pléopodes très allongés et de petits
exopodités à la base des pattes, ce qui est un caractère du B. moratus
S. I. Smith et du B. longipes E.-L. Bouvier. Mais cette espèce ne m'est
connue que par les brèves diagnoses des auteurs et il convient de se borner
à la suggestion précédente.
En tous cas, il résulte des faits relevés dans cette Note et dans la précé-
dente (^) : 1° que les Gennadas sont nettement bathypélagiques et ne des-
cendent pas à demeure sur les grands fonds; 2° qu'ils ne remontent pas à
la surface pour la ponte oîi pourtant ils subissent leur évolution ainsi que
l'ont montré MM. Monticelli et Lo Bianco; S*' qu'ils dérivent des Benthesi-
cymus par adaptation à l'existence bathypélagique et qu'ils se rattachent à
ces derniers par l'intermédiaire du G. carinatus et du G. Alicei.
MÉCANIQUE RATIONNELLE. — Sur les quasi-ondes de choc au sein d'un fluide
bon conducteur de la chaleur. Note de M. P. Duhem.
Si un fluide est bon conducteur de la chaleur, une quasi-onde de
choc qui se propage au sein de ce fluide ne saurait être le siège d'une
variation très rapide de la température (^); au travers île cette quasi-
onde, la température éprouve seulement une variation de l'ordre de h.
L'inégalité que nous avons obtenue dans une Note précédente (^) devient
(') Dans le G. scutatus, le theljcum comprend, comme pièce principale, une
grande lame ovalaire qui s'avance librement entre la base des pattes III et IV.
{-) E.-L. Bouviiiit, Sur les Gennadas ou Pénéides bathypélagiques {Comptes
rendus, l. GXLII, ig mars 1906, p. 686).
(^) Sur les quasi-ondes de choc et la distribution des températures en ces quasi-
ondes [Comptes rendus, t. CXLII, 5 février 1906, p. 824).
(*) Sur une inégalité importante dans l'étude des quasi-ondes {Comptes rendus,
t. CXLII, 26 février 1906, p. 491)-
SÉANCE DU 26 MARS 1906. 701
alors
(i) /-(p», T)|I +/?•(?„ T)|^ -Ht)R0[.(p., T) - <7(p„, T)l<o.
On sait que la fonction n(f, T) est une fonction décroissante de p si,
sous pression constante, le fluide se dilate par une élévation de tempéra-
ture et que, s'il se contracte, a-(p, T) est une fonction croissante de p.
L'inégalité (i) entraîne alors les conséquences suivantes :
Chaque élément de la quasi-surface qui correspond à la quasi-onde dégage
sûrement de la chaleur, au sein d'un fluide dilatable par élévation de tempé-
rature, si la densité est plus forte en amont de la quasi-onde qu'en aval, et au
sein d'un fluide qui se contracte par élévation de température, si la densité est
plus forte en aval qu'en amont.
Nous avons considéré jusqu'ici des quasi-ondes de choc où t? avait une
valeur finie. Nous pouvons supposer maintenant que, dans toute l'épais-
seur de la quasi-onde, ■ç soit une quantité très petite de l'ordre de A; nous
aurons affaire à une quasi-surface de glissement de deux masses fluides l'une
sur Vautre.
V) étant, dans ce cas, une quantité très petite de l'ordre de h, notre iné-
galité fondamentale devient
(-) ^(p,„T„)g+>^(p„T.)g<o.
Si le fluide est bon conducteur de la chaleur, cette inégalité nous enseigne que
chaque élément de la quasi-surface de glissement est le siège d'un dégagement
de chaleur.
Si le fluide est mauvais conducteur de la chaleur, en sorte que le coeffi-
cient de conductibilité ^(p, T) soit une quantité très petite de l'ordre de A,
l'inégalité précédente constitue une impossibilité; le premier membre, en
effet, ne doit pas être une quantité très petite de l'ordre de h et, hors de la
quasi-onde, les quantités -r-^, -r-i ne peuvent pas être des quantités très
grandes de l'ordre de j-
Si donc un fluide très peu visqueux est, en même temps, très peu conducteur
de la chaleur, on ne saurait y observer d'une manière persistante une couche
très mince telle que les deux masses fluides, de températures diflérentes, séparées
par cette couche semblent glisser l'une sur l'autre.
On sait que Helmholtz avait fondé sa théorie météorologique sur la
considération de surfaces le long desquelles deux masses d'air, portées à
75a ACADÉMIE DES SCIENCES.
des températures différentes, glissent l'une sur l'autre. L'existence de
telles surfaces de glissement apparaît comme admissible si l'on suppose
l'air rigoureusement dénué de conductibilité et de viscosité. Mais, si l'on
veut regarder l'air comme doué d'une faible conductibilité et d'une faible
viscosité, il paraît impossible de garder la manière de voir de Helmhollz.
En notre précédente Note Sur les quasi-ondes de choc au sein des fluides
mauvais conducteurs de la chaleur ( ' ), un ihéorème a été omis ; ce théorème,
auquel il est deux fois fait allusion dans cette même Note, doit premlre
place aussitôt après celui-ci : Les égalités (i) donnent toujours des valeurs
réelles pour ip^, t?,, tant que p, est suffisamment voisin de p^,.
Voici ce théorème :
„. fi?S(p,) , . û?P(p,) , ...
Si s annule, — ' est positif.
L'identité (8) nous donne en effet
f/i^Pi) _ ^ dt, .,Pi, p .^/S(p.) rfe(p.) ,âK,rc/e {:.,)!-
«fpi ~'^' dp, ^' àpl ^^' dpt dp, '"'c'TïL 4, I"
Si l'on a
cette égalité se réduit à
dpi
dp, P' àp, ^' àp-, ^> rfT=
Selon les inégalités (.6) et (6) de la Note eu question, le second membre
est assurément positif.
De même, si — j~ est nul, ' ', '' a le signe de (p,, — p, ), en vertu des éga-
lités (i) et (il).
GÉOLOGIE. — Sur le bassin oligocène de l'Ebre et l'histoire tertiaire
de VEspagne. Note de MM. Ch. Depéuet et L. Vidal.
L'histoire géologique tertiaire de l'Espagne était caractérisée, dans les
vues actuelles, par l'existence de grands lacs il'eau douce d'âge miocène.
Les principaux de ces bassins lacustres, ceux de la Nouvelle-Castille et de la
(') Comptes rendus, t. GXLIl, 12 mars 1906, j). 612.
SÉANCE DU 26 MARS 1906. ^53
Vieille-Castille occupent des dépressions du plateau de la Meseta ; tandis que
le vaste bassin de l'Ebre constitue une cuvette triangulaire comprise entre
laMeséta, les Pyrénées et le massif ancien du littoral méditerranéen. Les
grandes lagunes oligocènes qui ont couvert de leurs dépôts saumàlres les
dépressions du Plateau Central français et de la Bohême paraissaient ne
pas avoir envahi le massif ibérique, dont la structure et l'histoire formaient
ainsi un étrange contraste avec celle des autres massifs hercyniens de l'Eu-
rope centrale.
La détermination d'âge miocène des dépôts lacustres espagnols ne repo-
sait, il est vrai, que sur des données assez précaires. Les Mollusques y sont
rares et d'une détermination délicate et l'opinion des géologues paraît
avoir été surtout entraînée parla présence, auprès de Madrid, à Valladolid
et à Coucud, de gîtes fluvio-lacustres contenant VHipparion gracile, le
Mastodon longirostris et d'autres animaux de la faune miocène supérieure
ou pontique. On avait ainsi englobé dans le Miocène tout un vaste
ensemble de dépôts laguno-lacustres, dont la majeure partie ou même
parfois la totalité est certainement oligocène, comme nous allons le démon-
trer d'abord pour le bassin de l'Ebre.
Entre les Pyrénées et le bord de la Meseta, les dépôts tertiaires laguno-
lacustres occupent une grande partie des provinces de Burgos, de Sara-
gosse et d'Huesca et pénètrent en Catalogne par la province de Lérida, d'où
ils s'étendent à l'Est à travers les provinces de Tarragone, de Barcelone et
de Gerone jusqu'au contact du massif ancien du littoral catalan. Nous avons
étudié spécialement la moitié orientale de cet immense bassin.
Une ceinture de terrains éocênes entoure et délimite la cuvette oligocène
sous laquelle ces terrains plongent de toutes parts d'une manière régulière.
h'Eocéne inférieur est à l'état de poudingues et de marnes rouges à Bidimus
gerundensis. La transgression marine débute avec le Lutécien ou peut-être
avec le sommet du Londinien : on observe de bas en haut des calcaires à
Alvéolines qui ne sont pas constants, puis des couches à Nummulites où l'on
peut distinguer un niveau inférieur à A^. crassus (per/oratus) et un niveau
supérieur à A^. biarritzensis . Eu plusieurs points de la bordure, surtout au
mont Serrât, les couches nummulitiques marines sont envahies par de
grands amas de poudingues, d'origine torrentielle, qui prédominent de
plus en plus à la partie supérieure et finissent par constituer, au sommet de
VEocène moyen et à la base de VEocène supérieur, une puissante cuirasse
caillouteuse plus ou moins continue, qui n'est autre chose que \e poudingue
de Palassou des Pyrénées françaises.
^54 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Sur ce poudingue, et en concordance parfaite, on observe la série sui-
vante, dont les différentes couches plongent vers le centre de la cuvette
sous des angles de plus en plus faibles et deviennent tout à fait horizontales
dans la partie centrale vers Lérida et à l'Ouest.
1° Étage Indien supérieur. — Couches marno-gypseuses, avec impor-
tants amas degvpse à Copons, Ciibells, ravin dels Ars, etc. La position stra-
tigraphique paraît être celle du gypse de Paris, mais la preuve paléontolo-
gique fait encore défaut.
2° Étage sannoisien. — Très puissant étage où l'on distingue les hori-
zons suivants :
a. Calcaires en plaquettes à Cyrena semistriata.
h. Horizon de Calaf à faune de Ronzon. Les calcaires lignitifères exploi-
tés à Calaf contiennent : Ancodus Aymardi, Diplobune minor et des Mollusques
saumâtres : Striatella Nysti, Melanoides albigensis, M. occitanicus, Vivipara
soricinensis, c'est-cà-dire la faune des calcaires à Striatelles du Gard. Au
même niveau appartiennent les lignites d'Almatret (prov. de Lérida) avec
Nystia Duchasteli, Limnœa aff. longiscata, Planorbis cornu. Pi. polycymus.
Crocodiles, Trionyx; et plus à l'Ouest les lignites de Mequinenza et Fayon
(prov. de Saragosse).
c. Horizon de Tarrega à Brachyodus Cluai. Les couches de Calaf sont
surmontées par une épaisse série de mollasses etde marno-calcaires où l'on
observe en plusieurs points Melanoides albigensis et Limnœa longiscata.
C'est dans la partie supérieure de cet ensemble que se trouvent les dalles
calcaires exploitées à Tarrega et qui ont livré aux recherches de M. Clua
une riche faune de Mammifères : Brachyodus Cluai n. sp., Theridomys
siderolithicus var. major, Plesictis Filholi n. sp., Amphicyon ou Pseudamphi-
cyon, Crocodiles, Emys, avec des plantes terrestres et des Mollusques où
dominent Limnœa longiscata et Planorbis cornu.
L'horizon de Tarrega nous paraît se placer à la partie supérieure du
Sannoisien, très près de la limite du Stampien.
3° Étage stampien. Mollasses de Lérida. — A l'Oligocène moyen se
rapportent les épaisses couches de mollasses et de marnes superposées à
l'horizon de Tarrega et s'étendant en strates subhorizoutales au centre du
bassin de l'Ebre jusqu'au delii de Lérida. Auprès de cette ville on y a décou-
vert d'assez nombreux débris de Mammifères terrestres, qu'il nous a été
impossible de retrouver, mais qui formeront sans doute bientôt un troi-
sième horizon de Mammifères, supérieur aux deux horizons de Calaf et de
Tarrega .
SÉANCE DU a6 MARS 1906, pjSS
4° Étage Aquitanien. — L'Oligocène supérieur n'affleure pas dans les
limites de la région étudiée; mais nous avons pu reconnaître dans les cal-
caires de Vera (prov. de Saragosse) de gros Hélix du groupe Ramondi;
ces calcaires doivent donc occuper à l'ouest de Lérida un niveau encore
plus élevé que les mollasses stampiennes sur lesquelles est bâtie cette
ville.
Ainsi le bassin tertiaire de l'Ebre, jusqu'ici désigné par tous les géologues
sous le nom de Miocène de l'Ebre, est en réalité un immense bassin oligo-
cène très complet, comprenant les trois grands étages de ce système, avec
des niveaux de Mammifères et de Mollusques nombreux et caractéristiques.
Le terrain Miocène paraît n'y être nulle part représenté.
Nous pensons dès à présent que ces conclusions devront s'appliquer
aussi à la majeure partie des bassins laguno-lacuslres de la Meseta. Dans la
province de Valladolid en particulier (Vieille Castille), les descriptions et
les figures publiées par M. Cortazar sont tout en faveur de cette manière
de voir, à laquelle la présence de Limncea longiscata et de Planorbis cornu
apporte une vérification paléontologique indiscutable.
A la lumière de ce point de vue nouveau, l'histoire du massif ibérique
devient tout à fait semblable à celle du massif central français et de la
Bohême. A l'époque oligocène, la surface de la Meseta, comme celle de
l'Auvergne, était réduite à une pénéplaine, sur laquelle ont pu pénétrer
presque partout des lagunes en relation avec l'Atlantique. Puis, à la fin de
l'Oligocène, un assèchement général de ces lagunes a transformé l'Espagne,
comme le Plateau central, en un continent miocène où a pu commencer à
s'établir un réseau hydrographique. Les dépôts miocènes, entièrement
fluvio-lacustres, n'occupent sur ces continents que des surfaces extrême-
ment restreintes, le plus souvent en relations avec les anciennes vallées.
Ainsi s'établit et se précise de plus en plus la remarquable unité de l'his-
toire de tous ces massifs hercyniens.
MM. Simon Newcomb et Alexandre Agassiz, Associés étrangers, sont
désignés par l'Académie pour la représenter à la célébration du second
Centenaire de la naissance de Franklin.
ACADEMIE DES SCIENCES.
PRESENTATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la formation d'une liste
de deux candidats qui devra être présentée à M. le Ministre de l'Instruc-
tion publique, pour la chaire de Botanique (Classification et familles natu-
relles (les Phanérogames) vacante au Muséum d'Histoire naturelle.
Au premier tour de scrutin, destiné à la désignation du premier candidat,
le nombre des votants étant 60 :
M. Henri Lccomte obtient 4i suffrages
M. Leclerc du Sablon » 19 »
Au deuxième tour de scrutin, destiné à la désignation du second candi-
dat, le nombre des votants étant 62 :
M. Leclerc du Sablon obtient 82 suffrages
M. Bois » 28 »
M. Villcmin » 1 »
Il y a un bulletin blanc.
En conséquence, la liste présentée à M. le Ministre de l'Instruction
])ublique comprendra :
En première ligne M. He.\ri Lecomte.
En seconde ligne M. Leclerc du Sablo.v.
CORRESPONDANCE .
M. F.Klein présente à l'Académie deux fascicules de l'édition allemande
et un fascicule de l'édition française de VEncyclopédie des Sciences juathé-
maliqucs pures et appliquées.
(Renvoi à la Section de Géométrie.)
SÉANCE DU 26 MARS I906. 757 ,
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, les Ouvrages suivants :
i" L' Éleclrométallurgie des fontes, fers et aciers, par M. Camille Mati-
gnon.
2" The Selkirk range, par A.-O. Wheeler, Tome I. (Présenté par
M. T^aussedat.)
3" Le fascicule 5 (Oiseaux) des Décades zoologiques de la Mission scien-
tifique permanente d'exploration en Indo-Chme. (Présenté par M. Yves
Delage.)
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — - Éclipse totale de Soleil du 3o août 1903. Protu-
bèrances solaires à deux couleurs. Note de IVl. J. Esquirol, présentée par
M. Deslandres.
A Alcala de Chisvert (Espagne), où je m'étais rendu pour observer
l'édipse avec une lunette de 5o'"'" grossissant 60 fois, il m'a été donné de
constater l'existence d'une double coloration dans les cinq belles protubé-
rances qui se trouvaient sur le bord Est, que j'ai particulièrement étudié.
Chacune d'elles paraissait formée de deux parties bien distinctes : l'une
vers le Sud, offrant la coloration rosée normale; l'autre, vers le Nord,
d'aspect filamenteux, paraissant blanche, mais d'un blanc un peu sale. La
partie Sud était sensiblement la plus importante et recouvrait d'un mince
filet les régions supérieures de la seconde; la couleur rosée plus intense au
bord Sud allait en se dégradant vers le centre, mais le contraste avec la
zone blanche était brusque et accusé à tel point qu'il m'a paru impossible
de considérer la partie blanche comme une simple dégradation de l'autre
teinte. Bien que les contours de l'image fussent- très nets, je pris soin de
déplacer l'oculaire en divers sens, mais sans parvenir à modifier l'aspect, à
deux couleurs, des protubérances.
ARITHMÉTIQUE. — Sut un carre magi(]ue. Note de M. Cr. Taurv,
présentée par M. Poincaré.
J'appelle carré cabalistique aux /? j^remiers degrés un carré construit
avec des nombres entiers consécutifs et présentant l'égalité aux n premiers
C. R., igoG, I" Semestre. (T. CXLII, N» 13.) lOO
7)8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
degrés dans toutes ses lignes, toutes ses colonnes et ses deux diagonales et,
en outre, l'égalité aux n — ï premiers degrés dans toutes les directions de
ses diagonales.
Théorème. — On peut toujours construire un carré cabalistique aux
n premiers degrés de côté p", quelle que soit la valeur de n, si le plus petit divi-
seur de p est un nombre premier suffisamment grand.
La construction d'un carré cabalistique aux n premiers degrés est un
problème élémentaire, qui ne dépend que de congruences du premier
degré, et n'exige que la connaissance de quelques théorèmes presque évi-
dents.
Dans ce qui suit, nous supposerons toujours les nombres écrits dans le
système de numération dont la base est le nombre premier />.
J'appelle somme congruenle de deux nombres a^a^. . .a,, et b^bi. . .h,., par rapport
au module premier /j, le nombre <'iC.,. . . .c,- dont les cliifïres sont déterminés par les
congruences
Ci=«i+i,, C2=(7,H Aj, ..., f,.= «,.-t- A,. (mod/*).
Exemple : 5432 + 3i64 = iSaG ( mod 7).
La conception de la somme congruenle entraîne évidemment celle de la multiplication
par un nombre entier
235i + sSSi -t- 235i =: 3 X 235i r:z GaiS (mod 7).
J'appelle .çe/'/e /itimcrate (/',), par rapport au module /), la suite des p nombres o,
/',, 2/1, ..., {/) — i)/',, considérés dans l'ordre indiqué.
Par exemple, la série numérale (5432), de module 7, s'écrira
0000 5432 3i64 1026 GïSi 46i3 2345.
Prenons un nombre /■.,, assujetti à la seule condition de ne pas figurer parmi les
p nombres de la série numérale (/'i), et examinons les p- nombres écrits dans l'ordre
suivant, dont la loi de formation est déterminée par les séries (/•,) et (r.,).
[o, /■,, 2/-,, ...,(/-— l)/-l], [fJ +•'•■>, ''1+ '-2, 2/-, + /•.,. ..., (/>— l'i'-lH-'^],
[o -H 2/-2, /\-h 2/-0, 2/', 4- ■>./■.,. . . ., {p — l)/-i-t- 2/-„ ], . . .,
[o + (/) — !)/■„ /•, 4-(/^ — i)''i. 2''i-t-(/' — ')'--2- ■■■, {p — i)r,+ (p — i)r,].
Appelons série numérale {r^r.,) les y;- nombres ainsi disposés.
On démontre très fiicilemcnt <|ue les p- nombres de la série (''i''2) sont tous difle-
renls.
Pareillement, si /j c>t un nombre n'appartenant pas à la série numérale {r^r,), on
obtiendra une série numérale (r, r.,/-3) composée de y>^ nombres diderenls, qui se suc-
SÉANCE DU 26 MARS 1906. j5g
céderont et se formeronl suivant la même loi :
(«, 6, ..., t), (« + /-3, 0 + r.„ , f+z-j),
(a + 27-3, 6 + 2/-,,, . . ., t-+- 2 /-s), . . .,
[« + (/) — i)r3, O + i/j — i)/:,, ..., t + {p — i)r,],
a, b, . . ., /, étant les nombres consécutifs de la série précédente {i\/-.,).
On pourra continuer l'opération indéfiniment.
Il résulte de ce qtii précède qtie les p" premiers nombres, o, 1, 2, ....
p" — î, potirront toujours être écrits dans l'ordre d'une série numérale
(r,r,, .. ., r„) et que la forme linéaire 7\x -{- r^y -\-. . --h rj peut repré-
senter tout nombre de o à p" — i .
On remarquera que, si l'on donne aux nombres /•,, r.^, r.^, ..., r^ les
valeurs respectives i,p,p-, .. , /?""', les p" premiers nombres se trouveront
écrits dans l'ordre naturel de croissance.
Toute la théorie des espaces maijiques aux n premiers degrés est fondée
sur les propriétés de la série numérale.
Cette conception nouvelle a été puisée dans V Arithmétique graphique de
M. G. Arnoux. Dans ce remarquable Ouvrage, !VI. G. Arnoux caractérise
ce qu'il appelle une direction dans l'espace congruent à k dimensions par
la formule
((7;z))(a,a? + rtoj 4-... + rt*/)'
dans laquelle a,, a.,, ..., représentent des pas et a;, y, ..., les directions
des coordonnées correspondantes.
Dans l'application des propriétés des séries numérales, j'emploie une
formule identique, à laquelle j'attribue une signification légèrement diffé-
rente.
Le perfectionnement apporté suffit pour permettre de déterminer et
représenter un espace à k dimensions, magique aux n premiers degrés, à
l'aide seulement de^ lignes de n nombres.
Ainsi un carré cabalistique n magique est déterminé par in nombres,
que ma méthode apprend à calculer.
Ces in nombres sont les clés du carré; désignons-les par
/', , r^ , r.j , . . • , /ft,
j|, ^2» ^:m •••? ^n-
La série numérale (r,, r.,, ..., /„, ^|, s.,, ...,s„) se compose des/?-" premiers
nombres, de o à p-" — ^i, qtie nous placerons dans les cases successives
760 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'un carré de yy" cases de côté, en conservant l'ordre des nombres de la
série. Ainsi, la première ligne sera formée par les/)" nombres de la série
(r,,r\_, ...,r„).
Si aucune erreur n'a été commise dans le calcul des clés, nous aurons
construit machinalement un carré cabalistique /z magique.
Avec 3nclés on obtiendrait un cube cabalistique aux n premiers degrés,
présentant par conséquent l'égalité aux n — i premiers degrés dans les
treize directions des trois arêtes, des six diagonales des faces et des quatre
diagonales du cube.
Il ne resterait [)lus qu'à faire connaître la méthode suivie pour calculer les
clés et établir leurs propriétés. Je me propose de publier prochainement
cette méthode avec les développements nécessaires.
AIVALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la théorie des caractéristiques.
Note de M, E. Goirsat.
Dans la théorie des caractéristiques on se borne en général à établir
(pi'iini' éqiiai K)n aux 'iérivces partielles jiossèle une infinité d'intégrales
htiloniori lies d.ms le domaine d un point, et admettant tous les éléments
d'une caractéristique déterminée suffisamment voisins de l'élément initial.
Pour compléter ce résultat on est conduit a étudier les intégrales passant
par une caractéristique donnée tout le long de celte caractéristique.
1. Prenons, pour fixer les idées, une équation aux dérivées partielles du
second ordre, à ^\Gu^ variables indépendantes, admettant la caractéristique
du second ordre F définie par les relations
y^z.=^p = (] = r = s^t^o.
On peut alors supposer cette équation mise sous la forme
(1) s — kz + Bjo-f-Cy -I-D/-+ Ey-+ Fj/ + H^--l-...,
les termes non écrits étant au moins du second degré en y, z, p, q, r, t, et
les coefficients A, B, C, D, ... étant des fonctions holomorphes de la
variable com[)lexe ic dans un domaine simplement connexe D^ comprenant
l'origine; la série du second membre est convergente, quelle que soit la
valeur de ,v dans le domaine D^., |)ourvu que les motiules des variables
y, z, p. q, r, t soient intérieurs a un nombre positif p.
Soit *!'(/) une fonction de la variable y, hulomorpbe dans le domaine
SÉANCE DU 26 MARS 1906. 761
cKi poinL y = o et s'annulant, ainsi que ses deux premières dérivées,
pour y = o,
(2) *(.}') = a3_r' + a,,7'+...-{- a„ v"-i-
D'après un théorème général (^Comptes rendus, t. CXXV, p. 640), l'équa-
tion (r) admet une intc^grale holomorj)hc z^Y(^x,y^, ilans le domaine
des valeurs x = o, y =^ o, se réduisant à zéro pour y = o et à $(7) pour
07 =: o, et celle intégrale admet tous les éléments de la caractéristique T.
Pour l'étudier dans le voisinage de cette caractéristique, il est naturel
d'ordonner le développement en série entière de z suivant les puissances
de y
(3) z = '^,(x)y' + A, {œ)y' + ... + '!^,{œ)y" + . . .,
A), li, ..., A„, ... étant des fonctions holomorjîhes de x dans le domaine
de l'origine qui prennent respectivement les valeiu's ocj, a,, ..., a„, ...
pour X = 0. Ces coefficients peuvent être déterminés de proche en proche
par des équations différentielles. Si l'on substitue en effet le développement
précédent dans l'équation (i) et qu'on égale les coefficients des mêmes
puissances de y dans les deux membres, on a d'abord pour déterminer ij;^
une équation de Riccatti :
(4) 3y,=-E + (3C + 6F)(L,H-36H(J;3)^
les coefficients i„ (/z^3) sont ensuite déterminés de proche en proche
|)ar des équations linéaires :
(5) «'I/^, = [«C 4- 6«(« — i)l<' -h i2n(n — i)H(J/3]<]/„+ R,
R étant un polynôme entier par rapport aux coefficients de l'équation (i),
aux fonctions •^^, ..., An-,, et à leurs dérivées du premier et du second
ordre.
(^ela étant, si l'intégrale de l'équation (4) qui prend la valeur 013 pour
x^o, est holomor|)he dans un domaine simplement connexe D'^., intérieur
à Dj, il en sera de même des fonctions suivantes Ô4, ..., A„, ... dans le
même domaine et l'on obtient un développement de la forme (3), satis-
faisant formellement à l'équation ( i) et dont tous les coefficients sont des
fonctions holomorplies de x dans D',.. La convergence tie ce développement
résulte du théorème suivant :
Lorsque l'intégrale '^^{x) de l'équation (4) qui prend la valeur a., pour
762 ACADÉMIE DES SCIENCES.
X =: o est holoinnrphe dans un domaine simplement connexe D^, intérieur
à D,., l'intégrale z =r Y(x, y) de l'équation fi") qui satisfait aux conditions
initiales
Y(o, y) = ^(y). F^a;. o) = o
est une fonction holomorphe des i^ariables x et y, lorsque x décrit le do-
maine D'j , le module de y restant inférieur à un nombre positif r, convenable-
ment choisi.
2. Les seuls points singuliers de l'intégrale sur la caractéristique Y sont
donc les poinis singuliers de <]/., (ar). Les fonctions E, C, F, H de la variable a?
étant holomorphes dans le domaine simplement connexe D^;, l'intégrale
^i{x^ de l'équation de Riccatli (4) ne peut avoir comme points singuliers
dans ce domaine que des pôles, dont la position varie avec la valeur initiale ag
pour X ^ 0. Les intégrales de l'équation (i) qui admettent tous les éléments
de la caractéristique r ont donc, en général, des points singuliers mobiles
sur celle caraclérislique. Supposons, par exemple, qu'il s'agisse de variables
réelles et que les coefficients de l'équation (i) soient des fonctions holo-
morphes (le X le long d'un segment de l'axe réel compris entre deux
poinis A et B d'abscisses a et è (a<^o<^/>). Si l'équation (4) n'admet
aucune intégrale réelle continue dans l'intervalle («,/>), on peut affirmer
que toute surface intégrale de l'équation (i) passant par cette caractéris-
tique admet au moins un point singulier sur le segment AB.
3. La méthode précédente peut s'étendre, avec quelques modifications,
à des systèmes différentiels beaucoup plus généraux. Dans le cas parti-
culier d'une équation de Monge-Ami)ère admettant la caractéristique du
premier ordre
y = z=p = q = 0,
on peut mettre cette équation sous la forme
(6) s = F(x, y, z, p, q, r, yt, zt,pt, qt, ri),
le second membre étant une série entière ordonnée suivant les puissances
de r, z, p, q, r, yt, :t, pi, ql , ri, dont les coefficients sont des fonctions de x.
Toute intégrale admettant la caractéristique précédente est représentée
par un développement de la forme
(7) -=.r^2-^j'J'3-f---- + j"'l^«+---.
le premier coefficient ^.. est déterminé par une équation de Riccatti et les
SÉANCE DU 26 MARS I906. 768
suivants par des équations linéaires. La suite de la discussion est la même
que dans le cas général.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Suj' les ensembles discontinus.
Note de M. L. Zoretti, présentée par M. Painlevé.
Dans une Note présentée à l'Académie le 23 octobre igoS, M. Riesz
utilise une propriété des ensembles discontinus au sujet de laquelle je
voudrais faire quelques remarques.
Cette proposition est la suivante : la projection sur une droite d'un
ensemble parfait discontinu est aussi un ensemble discontinu. Or, sans
nous demander si cette propriété joue ou non un rôle essentiel dans la
démonstration du théorème de M. Riesz, je rappelle que l'on a au contraire
formé et depuis longtemps des exemples d'ensemble discontinu se pro-
jetant sur une droite suivant un segment continu. Mais, et c'est le but de
cette Note, on peut aller beaucoup plus loin et les exemples qui suivent
feront concevoir quelle complication apftortent ces ensembles dans les
questions où ils se présentent, et la gêne est d'autant plus grande qu'ils se
présentent plus naturellement.
Je rappelle brièvement comment on peut former l'exemple dont je viens
de parler. On considérera l'ensemble des points qui ont pour abscisse un
nombre qui s'écrit dans le système de numération de base 3 sans employer
le chiffre i (la partie entière étant zéro) et i)our ordonnée le nombre écrit
dans le système binaire en remplaçant le chiffre 2 par i dans l'abscisse et
en laissant inaltérés les chiffres o. Cet ensemble, en y ajoutant l'origine,
est discontinu et parfait. Sa projection sur l'axe O7 comprend tous les
points du segment o — i.
Ce résultat bien connu étant acquis, désignons par j=:E(^) cet
ensemble et considérons un ensemble /e/'/ne quelconque F comprenant le
point 1,1. Construisons un ensemble semblable à l'ensemble E(a7) en pre-
nant successivement chaque point de F pour point homologue du point 1,1;
l'origine des coordonnées étant point double dans toutes ces similitudes. La
somme de tous ces ensembles réalise un exemple d'ensemble discontinu
(comme je l'ai montré dans ma thèse); on peut voir qu'il est fermé, donc
parfait. Il existe une infinité dénombrable de droites sur lesquelles il se
projette suivant un ensemble en partie continu.
^64 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Considérons maintenant l'ensemble représenté en coordonnées polaires
par
co=|+-E[pv/i-i].
Il contient le point a- ^ i, y ^ i to = 1", p = y/2 . Il est discontinu et toute
droite issue de l'origine le rencontre en un point au moins. Comme tout à
l'heure, construisons sur chacun de ses points un ensemble semblable à
j' = E(ic). On obtient un ensemble qu'on démontre être par/ai/ et, quoique
somme d'une infinité non dénomhrable d'ensembles discontinus, on conçoit
bien qu'il ne contient aucune ligne. Cet ensemble est tel que sa projection
sur /o«^e droite du plan comprend une portion continue.
Ajoutons à l'ensemble précédent son symétrique par rapport à la bissec-
trice de l'angle xOy; on peut voir alors qu'il existe une aire (un cercle
ayant pour centre l'origine et pour rayon ^) telle que toutes les droites
qui passent par un point quelconque de cette aire contiennent un point du
nouvel ensemble discontinu. Par une infinité dénombrable de translations
oti peut, au moyen d'une telle aire, recouvrir tout le plan. Si, sur chacune
de ces aires, on construit un ensemble égal au premier, la somme de tous
ces ensembles est discontinue et il y a un point de cet ensemble somme
sur n'importe quelle droite du plan.
Je voudrais enfin faire une remarque au sujet du théorème même
qui fait l'objet de la Note de M. Riesz, savoir qu'il existe une ligne sans
point multiple passant par tous les points d'un ensemble discontinu. J'ai
démontré qu'on peut aligner les points d'un tel ensemble sur une ligne
cantorienne ou continu linéaire; le point de vue de M. Riesz est celui de
M. Jordan où une ligne est définie par des fonctions continues et peut
alors recouvrir tout une aire, passeï', par suite, par tous les points d'un
ensemble discontinu borné. J'ajoute que la ligne dont je démontre l'exis-
tence est une ligne particulière : la frontière d'un continuiim. Je me pro-
pose de revenir sur cette classe de continus linéaires dont l'importance
apparaîtra si l'on songe que, lorsqu'une fonction analytique poursuivie
analytiquement admet une aire singulière, les points singuliers qui en
seront réellement mis en évidence sont uniquement les points de la fron-
tière.
SÉANCE DU 26 MARS 1906. 76$
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur le développement en série t ri gonomé trique
des fonctions non inlégrables. Note de M. P. Fatou, présentée par
M. Painlevé.
Le but de cette Note est d'éclaircir et de compléter un passage du
Mémoire de Riemann (') sur les séries trigonométriques.
Nous désignerons par /(a;) une fonction de période 277, intégrable et
bornée dans tout intervalle ne contenant aucun point congru à zéro, mais
cessant de remplir ces conditions au voisinage du point O. On suppose
toutefois :
I. Que la fonction f(x) -h /(— x) est intégrable en valeur absolue
de o à 77.
n. Que x/(cc) tend vers zéro en même temps que x.
Cherchons sous quelles conditions on pourra représenter /"(a?) par la
série
(S) «Tu + (^1 cosa? -^- b, sinx) -h . .. + {a^ cosnx -+- h„s,[nn.T) -\- . . .,
où l'on a posé
«o=;^r[/(e) + ,/(-6)]r/e,
««= ^ /"[/(0)+/(-e)]cos«Or/(i.
/;„ = ^ f /(O)sinnHdfi;
ces intégrales ayant un sens d'après les hypothèses faites.
Pour que cela soit possible, il est nécessaire que «„ et b„ deviennent infi-
niment petits avec —■ Cette condition se trouve remplie pour a„ d'après une
remarque de Riemann, généralisée par M. Lehesgue, sur la décroissance
des coefficients d'une série de Fourier.
Mais la condition limè„= o n'est pas une conséquence nécessaire de nos
(') Ueber die Darslellbarticit einer Fitnction diirch einc Iriffonomcln'sc/ie Rcilie,
§ 12-
C.;R., igoG, 1" Semestre. (T. fALU, N« 13.) l'H
766 ACADEMIE DES SCIENCES,
hypothèses. Elle équivaiiL à h^ suivante :
. 2 /i . .
sin 0
lim f Vc^) l3ng- 1 f^^ == o
ce qui veut dire que :
III. La fonctiony(ir) tang— [ou si l'on veut x /(a)] a sa série de Foiirier
convergente pour a; := o.
Si les conditions I, II, III sont remplies, non seulement a„ et b„ ont
pour limite zéro, mais il en est de même, ciMume on le voit aisémeni, des
intégrales
( f^ /'(0)X(0)sin7?fJr/0,
(A) -.: ■
I f [/(0)A(0)+/(-0)A(-0)jcos/^Or/0,
)k(0) désignant une fonction bornée ayant une dérivée finie pour 0 = o.
Or la somme des n premiers termes de la série S peut s'exprimer par
l'intégrale de Dirichlet
/ S!n(2/i-|-l)
/ sin
à la condition de réunir sous le signe / les éléments qui correspondent
à des valeurs de 0 égales et de signe contraire, pour 6 voisin de zéro, et la
partie de cette intégrale relative à l'intervalle ( — a, -+- a) ne conten:!nt
pas le point se, tend vers zéro avec -; en effet, en posant /(6) =
I
^7i'
on aura à considérer
r"sin(2« + i)^^l(OX/(0)r/0,
ce qui se ramène immédiatement à des intégrales du type (A).
Donc, le voisinage du point 9 = o n'a aucune influence sur la conver-
gence de S„.
On peut donc conclure que, si les conditions I, II, III sont vérifiées, la
SÉANCE DU 26 MARS 1906. 767
condition nécessaire et suffisante pour que la série (S) converge vers/(a7)
est que la fonction égale à f{x), dans le voisinage du point x, et à zéro
partout ailleurs, soit représentable par sa série de Fourier.
On pourra ainsi appliquer les critères connus de convergence des séries
de Fourier à des classes étendues de fonctions non intégrables. En voici
des exemples :
1° Posons
/(■^) =
«log^loglogi
ijour
et
o<a;<a ( ='- < ^
/(.r)+/(-:r) = o.
La fonction ainsi définie satisfait aux conditions I, II, IH ('). Elle est
développable en série de la forme
. T. . Il-Tt
a, sin - a; -h . . . + a,, SI n — x +
% y.
On peut remarquer que |/(t)| n'est pas intégrable, mais que /(ic)
t'est; la série précédente appartient donc à la classe des séries de Fourier
généralisées, c'est-à-dire de celles dont les coefficients sont donnés par les
formules de Fourier calculées au moyen des fonctions primitives.
2° Au contraire la série convergente
■^ sin nx
Md log/j
2
représente une fonction qui n'est, à aucun point de vue, intégrable dans
un intervalle comprenant le point x = o. On voit facilement, en effet, que
son intégrale indéfinie ^ — ; ne tend pas vers une limite finie quand /z
2
tend vers zéro.
(') Pour lit cela résulle d'un critère de convergence des séries de Fourier, dû à
MM. Lipschilz et Dini.
;768 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les surfaces hyperelliptiques définies par les
fonctions intermédiaires singulières. Note de M. Louis Remy, présentée
par M. Humbert.
Dans le cas où les périodes d'un système de fonctions abéliennes vérifient
la relation ^'= D^, M- Humbert a établi qu'il existe des fonctions intermé-
diaires singulières cp/,7c(«, v) qui ne sont pas des fonctions thêta aux mêmes
périodes ('). Les surfaces pour lesquelles les coordonnées homogènes
d'un point sont égales à quatre fonctions (p,,02><P3.<?4 de mêmes indices /, k,
de caractéristique donnée, linéairement indépendantes sont des surfaces
hyperelliptiques particulières dépendant de deux modules : M. Humbert
en a donné d'intéressants exemples, en particulier des surfaces du qua-
trième ordre à i5 points doubles (").
Nous nous proposons de démontrer que ces surfaces peuvent être
définies au moyen des fonctions lliéla et qu'on peut rattacher chacune
d'elles à une surface hyperelliptique plus générale, dépendant de trois
modules, dont elle n'est qu'un cas singulier.
Effectuons, en effet, la transformation singulière
t^ = DAU4-/V;
d'ordre S = /- — DX^ Les quatre fonctions coordonnées o,(«, (>), d'in-
dices /, k, se changent en des fonctions 0,(U, V) qui sont des fonctions
thêta d'ordre S, vérifiant d'ailleurs la condition
(X) e(u-|,v + ^)=e(u + f,v-|) = 0(u,v).
De là résulte que les deux représentations paramétriques
^,- = ?,(«,'<')
et
X,= 0,(U,V)
définissent une même surface ii.
(') Journal de Mathématiques, 5° série, l. \, 1899.
(^) Comptes rendus, 1^ semestre 1899.
SÉANCE DU 26 MARS 1906. 769
Les fonctions 0,(U, V) auxquelles conduit la transformation précédente
ont également leurs périodes G, H, G' liées par une relation singulière ; mais
on peut considérer les mêmes fonctions 0,(U, V) répondant à des périodes
générales, et, eti les égalant aux coordonnées X/, on obtient une surface
hyperelli[)tique S(U,V), dépendant de trois modules, dont la surface 1
n'est qu'un cas singulier.
Il y a lieu de remarquer que les fonctions 0/(U, V) ne sont pas les fonc-
tions thêta d'ordre S les plus générales, car elles doivent satisfaire aux
relations (i). On peut dire qu'elles admettent le Tableau suivant de
périodes
G H
(T)
S a
H G'
D'où cette conclusion : Les surfaces hyperelliptiques définies au moyen
des fonctions intermédiaires singulières sont identiques aux surfaces
définies au moyen des fonctions thêta qui répondent au Tableau de pé-
riodes (T).
Si l'on donne aux entiers /, /c, D les valeurs particulières
/=S, k=i, D = S(S-i),
le Tableau de périodes (T) est équivalent au Tableau
G H
(T')
I
- o
0
H G'
et l'on est conduit aux fonctions thêta étudiées par M. Traynard.
Voici un exemple où la méthode précédente conduit à une surface du
quatrième ordre à huit points doubles. Soient /, k, D trois entiers tels que
/--Dyt-=2.
Il existe quatre fonctions (f(u, v) d'indices 2/, 2.k de caractéristique non
nulle, de parité donnée, linéairement distinctes, et elles s'annulent. toutes
pour huit demi-périodes P,. La surface S pour laquelle les coordonnées
homogènes d'un point sont proportionnelles à ces quatre fonctions est du
quatrième ordre; elle possède huit droites D,, correspondant aux demi-
périodes P,, et huit points doubles correspondant aux huit autres demi-
périodes.
'j'^0 ACADEMIE DES SCIENCES.
Cette surface jouit des propriétés suivantes : les huit points doubles sont
les sommets d'un octuple gauche a,a', «^ «!,«., a', rtia'^ et la surface contient
les quatre droites Ujdj. Chacune des droites D,- rencontre trois des droites
ajdj et chacune des droites ajàj rencontre six des droites D,-. Enfin il existe
une famille de quadriques Q passant par les sommets de l'octuple gauche
et inscrites à la surface S, tangentes par conséquent aux huit droites D,-.
Or la configuration formée par un octuple gauche a^à^ . . .a.,à.^ et par
une droite quelconque D s'appuyant sur les droites a, a', , a„d^, «s^â dépend
de trois paramètres au point de vue projectif. Dès lors la surface enveloppe
des quadriques Q passant par les huit points a et tangentes à la droite D
peut être identifiée avec notre surface hyperelliptique S.
De là ce théorème :
Les quadriques circonscrites à un octuple gauche a^d^ . . .a.;d.^ et tangentes
à une droite D qui s'appuie sur trois des droites ajdj sont tangentes à sept
autres droites et enveloppent une sur/ace hyperelliptique du quatrième ordre.
MÉCANIQUE. — Sur les déformations des voies de chemins de fer.
Note de M. G. Cléxot, présentée par M. Maurice Levy.
Une étude sur les déformations des voies de chemins de fer (') m'a
permis notamment d'examiner l'influence de la traverse sur ces déforma-
tions. Les expériences ont porté sur des traverses en bois de différentes
lonsueurs, une traverse en acier en service sur le réseau de l'Etat et une
traverse mixte (bois et acier).
Cette traverse, d'un ty[)e nouveau perfectionné par l'un des inventeurs,
M. Michel, est formée de deux fers en U se tournant le dos et comprenant
entre eux deux blocs de bois rectangulaires de o™,70 de longueur chacun,
séparés par un espace vide. Le serrage est obtenu, en haut comme en bas,
par des entretoises en acier repliées sur les ailes des fers.
Les points que j'ai étudiés sur les voies d'expériences sont le chemine-
ment des rails, les variations de leur intervalle en ligne droite et dans les
courbes, leurs déplacements verticaux et horizontaux, la compression du
bois au droit des appuis, l'arrachement des tire-fonds, enfin le choc pro-
duit au droit du joint.
Toutes ces actions paraissent la conséquence de deux mouvemenls prin-
(') Étude sur les dèjonnalions de la voie, l^aris, II. Dunod el E. l^iual.
SÉANCE DU 26 MARS I906. 77 I
cipaux, le mouvement transversal et le mouvement vertical ou longitu-
dinal de la voie.
Le mouvement transversal provient de ce que la traverse au passage des
charges ne s'enfonce pas seulement dans le ballast, mais qu'elle fléchit,
chacun de ses points descendant dans le ballast de quantités inégales. La
pression ne se répartit pas uniformément sur le ballast, et elle est d'ordi-
naire plus forte au droit des rails.
On avajt admis a priori qu'une traverse chargée porte sur toute sa lon-
gueur, et que, pour diminuer son enfoncement, il convient d'augmentersa
longueur.
Les expériences que j'ai faites ont prouvé qu'il fallait renoncer à cette
conception.
Les traverses longues (plus de 3"'.3o) se déforment sous Taction de la charge, sui-
vant une courbe dont la concavité est dirigée vers le haut, avec un léger rendement
vers le centre, et en renversant les rails vers l'intérieur.
Les traverses courtes de moins de 2"', 10 nécliissenl suivant une courbe convexe vers
le haut; les rails se renversent vers l'extérieur.
Il a semblé qu'entre ces deux formes, il devait v avoir place pour une autre voisine
de la ligne droite avec déplacement vertical, sans lenversement des rails.
L'expérience a confirmé cette manière de voir et il en est ainsi pour des traverses en
bois, dont la longueur est comprise entre 2"', 10 et 2™, 20. Les traverses mixtes de
2™, 20 de longueur, dont les blocs sont chargés en leur milieu, ont évidemment donné
des résultats très favorables à ce point de vue.
Les expériences ont confirmé ce qu'on savait déjà : la pression transmise à un corps
élastique (ballast et sol), à travers une masse élastique rigide (la traverse), presque
constante aux abords du centre de chargement, diminue ensuite rapidement eu s'éloi-
gnant de ce point. Pratiquement, a%ec les dimensions courantes des traverses el du
ballusl, il n'}' a pas d'intérêt à augmenter la surface d'appui au delà de o™,35 de part
et d'autre du rail.
Le bourrage de la traverse n'est utile que sur la longueur correspondant à la répar-
tition effective de la pression. Partout ailleurs il est nuisible : la traverse se décale,
reposant, soit sur ses extrémités, soit sur son centre, et fléchissant d'une façon anor-
male et excessive. Elle est, en quelque sorte, suspendue au-dessus des points où la
pression est moindre.
Le mouvement vertical a également des conséquences importantes. Avant l'arrivée
de la charge, chaque traverse est d'abord soulevée de bas en haut, puis, quand la
charge se rapproche, elle redescend et s'enfonce dans le ballast au-dessous de sa posi-
tion de repos. Le rail prend une forme sinusoïdale et présente aux roues du train une
série (le rampes et de pentes. L'emploi de rails plus rigides, de traverses moins
flexibles, réduit l'effort de traction de 3o pour 100 el le mouvement des joints de
moitié environ.
La suppression du choc au joint des rails, l'une des conséquences du
772 ACADÉMIE DES SCIENCES.
mouvement vertical, a particulièrement appelé l'attention des ingénieurs.
On a cherché à avoir des joints élastiques et, dans ce but, on a placé
les abouts des rails en porte à faux. Mais on a créé ainsi des points singu-
liers dont l'enfoncement est bien supérieur à celui de tous les points voi-
sins, notamment des traverses. J'ai mis en évidence, au moyen d'un appa-
reil très ingénieux imaginé par M. Louis Lumière, que la dénivellation de
l'amont à l'aval d'un joint atteint 5°"", 4; l'enfoncement d'une traverse ne
dépasse pas 3™"°. Il convient de soutenir le joint, afin d'éviter la soi-disant
élasticité, qui est une cause de destruction pour le rail et le matériel
roulant.
La réduction de la flexion des traverses et du mouvement du joint per-
mettra sans doute de dépasser les vitesses actuelles.
AÉRONAUTIQUE. — Sur un mode de construction des plans aéroplanes, per-
mettant d'augmenter, dans de notables proportions, leur valeur sustentatrice.
Note de M. E. Seux. (Extrait.)
Dans son Ouvrage sur le Vol des oiseaux, le professeur Marey s'exprime
ainsi : « Jusqu'ici les physiciens et expérimentateurs ont opéré sur des
plans minces et rigides; or, tout porte à croire que, par sa forme et par
son élasticité, l'aile présente des conditions plus favorables encore à la
sustentation de l'oiseau. »
En effet, au lieu d'un plan mince, le bord antérieur de l'aile de l'oiseau
présente une épaisseur notable, laquelle, chez certaines espèces, va
jusqu'au huitième de la largeur de l'aile; chose intéressante, c'est préci-
sément de ces espèces que font partie les oiseaux grands voiliers, qui ne
battent pas ou presque pas des ailes : vautours, goélands, urubus, nauclers,
albatros, frégates, etc. Il faut donc croire que cette épaisseur est tout
particulièrement favorable au vol à voile.
Si l'on veut calculer les éléments d'une machine volante du système
aéroplane, il y a donc lieu de tenir compte de ces enseignements et,
puisque la valeur sustentatrice dépend surtout de la réaction de l'air qui
se produit sur le bord antérieur de l'aile, il est utile de porter tout spécia-
lement ses recherches sur cette partie du plan (bord antérieur de l'aé-
roplane).
Or, d'après les < xpériences faites avec des modèles en réduction possé-
dant des bords antérieurs d'une certaine épaisseur et de formes différentes
et en tenant compte des différences de conditions dans lesquelles travail-
lent ces petits planeurs, nous avons reconnu que cette épaisseur, qui peut
SÉANCE DU 26 MARS 1906. j'jZ
être, vers la partie centrale de l'aéroplane, du dixième de la largeur des
plans, ne doit pas êlre uniforme, mais doit diminuer progressivement en
allant du centre aux extrémités, donnant ainsi l'efTet d'une surf.ice gauche
à pas décroissant qui, alliée avec la constniclion semi-rigide, semi-flexible
des plans sustentateurs, permet à ceux-ci d'attaquer l'air sous des angles
différents, d'où meilleure utilisation de la surface pour la sustentation.
De plus, l'épaisseur du bord antérieur, précédée d'une section conique
divisant la lame d'air en deux parties égales qui viennent frapper simulta-
nément les faces supérieures et inférieures du plan, procure à celui-ci un
équilibre parfait et, pour ainsi dire, automatique.
Nos expériences ont été faites avec des modèles de i"" d'envergure sure™, 20 de
largeur. La forme générale est concave-convexe, ou plutôt biconcave, dans le genre de
l'aile de l'oiseau, la partie centrale est légèrement abaissée.
Au début, nous avons employé des plans minces, mais nous avons reconnu que
l'équilibre longitudinal était fort précaire. Ayant eu l'idée de reproduire l'épaisseur
de l'aile d'un goéland de i'",20 d'envergure, que nous possédons, épaisseur qui est
de 4'^" vers l'attache de l'aile, au sternum de l'oiseau et, suivant l'enseignement de
l'oiseau, établie en diminuant graduellement jusqu'à l'aplanisseraent complet vers les
extrémités, nous avons été surpris agréablement de voir que notre petit appareil,
lequel, lorsqu'il présentait un bord mince, se cabrait si facilement, progressait alors
droit devant lui, sans paraître éprouver une résistance notable, et cela avec un équi-
libre longitudinal parfait.
PHYSIQUE. — Évaluation de la puissance des objectijs microscopiques.
Note de M. L. Malassez.
J'ai cherché à évaluer la puissance des objectifs microscopiques en me
servant uniquement du microscope, des procédés et appareils employés en
microscopie, afin que tous les observateurs au microscope puissent faire
ces évaluations eux-mêmes, sans difficulté et appliquer la nouvelle nota-
tion que j'ai proposée (') pour désigner ces objectifs. Les trois procédés
suivants m'ont paru fort bien remplir ces conditions (^).
(') Société de Biologie, 8, i5 juillet, 10 décembre 190^; et Archives ci' Analomie
microscopique, 1904, p. 270.
M. Guilloz a proposé également une notation basée sur la puissance (voir Traité de
Pliysique biologique, t. II, 1908, p. 1024, chez Masson, et Société de Biologie,
21 juin 1900).
(^) Le premier de ces procédés, que j'ai déjà exposé en même temps que ma nou-
velle notation {loc. cit.), ressemble à d'autres qui avaient été déjà indiqués pour éva-
C. K., 1906, I" Semestre. (T. C.VLII, N° 13.) 102
774 ACADÉMIE DES SCIENCES.
I. Si l'on représente par G le grossissement produit par l'objectif à la dislance D',
par g celui produit à une distance moindre d' et par y la puissance, celle-ci, étant le
grossissement produit à chaque unité de distance, est donnée par la formule :
^ D'-d'
Il suffit, par exemple, d'évaluer les grossissements produits par l'objectif, le tube de
tirage du microscope étant complètement tiré, puis complètement abaissé, et la dis-
tance comprise entre ces deux positions.
II. Soient g le grossissement produit par l'objectif à la distance d' de sa face posté-
rieure et tp' sa distance foco-faciale postérieure, c'est-à-dire la distance comprise entre
son foyer et sa face postérieure; la puissance f est donnée, pour les mêmes raisons, par
les formules :
T = TF^^ et Y =
; >
par la première, quand le foyer postérieur de l'objectif se trouve en arrière de sa face
postérieure; par la seconde, quand il se trouve en avant d'elle, ce qui a lieu, je l'ai déjà
fait remarquer, dès que les objectifs sont un peu forts.
On pourrait encore obtenir la puissance en évaluant, non plus un grossissement
quelconque, mais le pouvoir grossissant P défini comme je l'ai proposé dans deux
Noies antérieures ('), les deux formules précédentes devenant alors :
P P
Y=- -r, et f —
m. Enfin, comme la puissance est aussi le grossissement produit à l'unité de dis-
tance du foyer postérieur de l'objectif, on peut l'évaluer directement en déterminant
le siège de ce foyer postérieur, c'est-à-dire la distance foco-faciale postérieure, puis en
mesurant le grossissement produit à un •décimètre plus loin, ou à toute autre unité de
distance.
J'exposerai ailleurs ces trois procédés avec tous les détails nécessaires pour les mettre
en pratique. Je ne puis ici qu'indiquer les résultats que j'ai obtenus en examinant un
luer la longueur focale, par exemple à celui de M. Gariel{Société de Physir/ue, 1887).
Il en est de même pour le second dont je n'ai pas encore parlé. Quant au troisième, je
ne l'ai vu signalé nulle part. J'en avais encore essayé un quatrième, également inédit,
je crois, qui consiste à évaluer un grossissement quelconque g, la distance d comprise
entre l'objet et la face antérieure de l'objectif et celle tp comprise entre le foyer anté-
rieur et cette lace antérieure; la puissance y est donnée par la formule
mais ce procédé ne m'a pas paru suffisamment exact appliqué à ces objectifs.
(') Comptes rendus, 27 novembre et 11 décembre 1904.
SÉANCE DU 26 MARS 1906. 775
certain nombre d'objectifs de forces très diverses avec eux et aussi avec un bon foco-
métre Weiss.
Puissances évaluées par le (')
Objectifs Focomètre
examinés. I" procédé. Il* procédé. III" procédé. Weiss.
à sec :
00 Verick 2,27 2,25- 2,27 2,26- 2,27 2,27
0 id 3,70 3,70- 3,78 3,71- 3,72 3,71- 3,72
1 id 5)70 5,67- 5,70 5,65- 5,73 5,66- 5,68
3 id 10,45 10,45-10,57 io,45-io,5o 10, 5o
4 id 22, 40-22, 5o 22,36-22,45 22,4o-22,5o 22,45-22,5©
7 id 36, 20 36,1 5-36, 20 36, 25-36, 3o 36, 25-36, 3o
8 id 45,00-45,10 45,00-45,19 45,62-45,87 45,00-46,00
à immersion homogène :
-^ Stiassnie 59,3o 59,80-59,69 59,50-59,62 60
-jî| id 69,50-70,20 69,39-70,40 69,50-70,25 ?
On le voit, malgré la diversité des procédés employés, les résultats ob-
tenus sont assez concordants, preuve que ces procédés ont tous une réelle
valeur. J'ajouterai qu'on les peut appliquer à d'autres systèmes optiques,
aux lentilles des oculaires microscopiques entre autres.
PHYSIQUE. — Sur les variations des bandes d'absorption d'un cristal dans
un champ magnétique. Note de M. Jean Becquerel, présentée par
M. Poincaré.
On sait que les cristaux biréfringents présentent la propriété d'avoir
plusieurs spectres d'absorption. En particulier, les cristaux uniaxes ont
deux spectres différents : un spectre ordinaire correspondant aux vibra-
tions de Fresnel normales à l'axe optique, et un spectre extraordinaire
correspondant à des vibrations parallèles à l'axe (^).
(') Dans ce Tableau, les puissances étant rapportées au décimètre, les cliifTres re-
présentent des déca-dioptries; il suffit donc de les multiplier par 10 pour que les puis-
sances se trouvent alors rapportées au mètre et exprimées en dioptries. Les deux,
chiffres donnés pour un même objectif et un même procédé représentent les maxima
et miniraa trouvés dans plusieurs évaluations successives.
(^) Hf,.nri Becquerel, Ànn. de Chitn. et de Pliys,, 6° série, t. XIV, 1888, p. 170.
^76
ACADEMIE DES SCIENCES.
o
Lonjîuouis d'onde.
Spcclro ordinaire.
4. 65o, 1 4-600,85
5. G.5i j-yj-ôSaiSi
G. 6.53,58-653,85
8. 654,17-654,39
10. 656,10-656,55
1-2. 6.58,00-658,40
Spcrtrc extraordinaire.
1. 641,99-642,80
2. 643,30-643, 8g
3. 645,97-647,3:
(très faible).
T. 654,07-654,39
9. 656,o4-656,52
(très faible).
11. 657,11-657,58
.\xe optique parallèle au rayon incident.
Vilir. ord. parait, au etianip.
'1. S'étale vers le
violet de ow^, 3i.
5. S'étale vers le
violet de oi^.", 3i.
G. Se dédouble. —
Vibration accélérée
beaucoup plus intense
que vibration retardée
augmente de netteté
et d'intensité quand
le champ augmente.
Déplacement du côté
violet of-f-, 29.
Plus étroite que la
bande primitive.
S. Se confond avec la
coin posa lUetle la raie G
très faible.
10. Diminue d'in-
tensité.
12. S'élargit un peu.
Vibr. ord.perpcnd. au thauip.
4. Se dédouble, deux
bandes séparées, écar-
lement oi'i',84 environ.
5. Se dédouble, écar-
tement oi'i*,44.
6. Se déplace vers le
rouge d'environ ol*i*,2,
en se réunissant à la
bande 8, l'ensemble
forme une régionfloue.
Pas de composante
visible du côté violet.
10. Doublet, compo-
sante plus intense du
côté rouge, écartement
oi^i', 46.
!î. Devient moins
intense.
13. 53o,38-5ao,8i
15. 52 1 ,03-jji ,39
16. 531,40-521,73
18. 523,o4-522,25
19. 533,43-533,86
21. 534,11-524,23
22. 024,50-524,64
23. 525,01-535,34
( très faible).
14. 530,40-520,79
n. 531,74-53 2,29
20. 033,33-524,11
24. 524,87-525,07
25. 526,54-527,01
13. S'étale vers le
violet de o;'i*,o5. L'in-
tervalle entre 13 et 15
devient sombre.
15. S'élargit et se
confond avec la bande
16.
Déplacement du bord
côté violet o''i',o5.
16. Se dédouble for-
tement. La compo-
sante retardée diminue
d'intensité quand le
chainp augmente et
devient presque invi-
sible. La composante
accélérée est intense
et va rejoindre 15.
Ecartement du dou-
blet 0^1^,37.
18. S'élargit du coté
violet de 0,08.
19. S'élargit. Dépla-
cement des bords, en-
viron ±0,10. L'inter-
valle entre 19 et 21 dis-
parait.
21. Ne semble pas
changer.
22. Rejoint 21 et ne
se déplace pas du côté
rouge.
2.1. Devient plus
faible.
13. Se dédouble et
donne deux compo-
santes inégales. Com-
posante accélérée
moins intense. Com-
posante retardée re-
joint bande 15.
Écartement du dou-
blet environ o,3i.
15. Se confond avec
16.
16. S'élargit un peu
en diminuant d'inten-
sité. L'intervalle entre
IG et 18 devient flou.
18. Se comporte
comme la vibration
parallèle au champ.
' Seréunissent
1 en une seule
bande avec
partie moins
intense cor-
I respondant à
F l'intervalle 19-
1 21.
22. Se déplace uni-
quement vers le violet
de o. 17 : eu observant
au moment de l'éta-
blissement du champ,
on voit la composante
retardée s'écarter et
disparaître.
23. Disparaît totale-
ment.
11).
21.
SÉANCE DU 26 MARS 1906.
777
II. — Axe optique parallèle au champ.
Vibration oxlraoïdinaije. Vilir. oni. perpend. au champ.
1. Ne semble pas
changer.
I. Le bord du cùlé
violet rejoint la
bande 1. Du colé
rouge, se déplace de
o;'^', 37. Une bande
floue s'étend au delà
sur li''* environ.
7. Deux compo-
santes égales, plus
étroites que la bande
el bien séparées; écar-
tement du doublet :
oK\47-
9. Sedéplace légère-
ment vers le violet.
II. Se dédouble,
écartement du dou-
blet : o:'i*,43.
4. Léger élargisse-
ment.
.5. Léger élargisse-
ment.
G. S'étend du cote
rouge seulement et
forme avec la bande
suivante une région
difficile à limiter.
10. Doublet peu net,
écartement environ :
0,44.
12. Ne parait pas
changer.
III. — Axe optique normal au champ el au rayon.
Vibr. ord. parai, au champ.
Les bandes se com-
portent comme dans
le cas où l'axe est pa-
rallèle au rayon inci-
dent.
Vibration extraordinaire.
„ ( Ne changent
7. S'étale vers le
violet de o,n3 envi-
ron.
11. S'étale vers le
rouge de o,o3 envi-
ron.
Toutes les bandes
vertes s'élargissent,
les bords se déplaçant
de oi'i', o4 environ.
13. S'élargit, les
bords se déplacent
d'environ 0,06.
18. Se dédouble.
Les composantes s'é-
cartent 1 proportion-
nellement au champ.
Écartement du dou-
blet ol*!*, 53 dans un
champ de 3i8oo u.
C.G.S.
10.
21.
22.
23. S'élargit
Korment une
seule bande.
14. Se dédouble,
écartement dti dou-
blet : 0,37. Compo-
santes inégales, com-
pos. accélérée moins
intense.
17. Ne parait pas
changer.
20. S'élargit. Dé-
placement des bords
±0,04.
24. S'élargit. Dé-
placement des bords
environ r+"0,2.
25. Ne change pas.
7^8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le xénotime (phosphate d'yttria avec erbine et terres rares) est l'un des
cristaux uniaxes qui présentent les bandes d'absorption les plus fines et je
me suis proposé de rechercher si ces bandes sont modifiées dans un champ
magnétique.
Le spectre a été obtenu au moyen d'un réseau de Rowland; un rhom-
boèdre de spath permettait d'examiner à la fois les spectres correspondant
à deux vibrations rectangulaires. Les mesures publiées aujourd'hui sont
relatives à la propagation de la lumière dans une direction normale au
champ magnétique.
Les variations des bandes d'absorption du xénotime dans le champ
magnétique ont été observées en plaçant successivement l'axe optique dans
la direction du rayon lumineux, puis normalement au rayon et aux lignes
de force, enfin parallèlement au champ magnétique.
Les longueurs d'onde et leurs variations ont été évaluées par comparai-
son avec le spectre du fer. Deux groupes de bandes, l'un dans le rouge,
l'autre dans le vert, ont été étudiés : les déplacements ont été mesurés
dans un champ évalué approximativement à 3 1800 unités C.G. S., les
résultats obtenus sont résumés dans le Tableau précédent (p. 776-777).
Les résultats les plus importants paraissent être les suivants :
En premier lieu, le déplacement de quelques bandes (n°' 6, 18 et 22) est
beaucoup plus considérable que l'effet que l'on pouvait attendre d'après la
grandeur du phénomène découvert par M. Zeeman dans les spectres des
vapeurs métalliques.
En second lieu, il est intéressant d'observer que les bandes du spectre
ordinaire se comportent d'une façon très différente suivant l'orientation de
l'axe du cristal, bien que l'orientation de la vibration ordinaire reste la
même par rapport au champ magnétique : ainsi, lorsque l'axe est normal
au champ, la bande verte n° 18, la vibration étant normale au champ, ne
donne qu'une seule composante déplacée légèrement du côté du violet; au
contraire, l'axe étant parallèle au champ, la même bande, pour la même
direction des vibrations, se dédouble et l'écartement du doublet est de
01^1^,53 dans un champ de 3 1800 unités G. G. S. D'autre part, la bande verte
n° 22 subit un grand déplacement dans le premier cas et ne varie presque
pas lorsque l'axe est parallèle au champ. Ces variations suivant l'orienta-
tion de l'axe optique dans le champ semblent devoir donner des indications
sur le degré de liberté des électrons en mouvement dans les cristaux biré-
fringents.
Enfin la différence entre les intensités des composantes séparées par le
SÉANCE DU 26 MARS 1906. 779
champ magnétique doit également attirer l'attention. Comme exemple, on
peut citer la bande rouge n° 6 et surtout la bande verte n° 22, dont la
composante déviée du côté ronge ne peut être entrevue qu'au moment où
l'aimantation s'établit progressivement dans l'électro-aimant; cette com-
posante disparaît aussitôt que le champ devient intense. Peut-être cette
inégalité résulterait-elle d'une orientation particulière des orbites des élec-
trons, conséquence des propriétés magnétiques du cristal.
Ces phénomènes de dissyniétrie sont indépendants du sens du champ
magnétique.
Je me propose d'examiner les variations des bandes en dirigeant le rayon
lumineux parallèlement aux lignes de force.
PHYSIQUE MOLÉCULAIRE . — Osmose gazeuse à travers une membrane colloïdale.
Note de M. Jules Amar, présentée par M. Lippmann.
Les physiciens qui ont étudié l'osmose des gaz, notamment Graham et
Bunsen, se sont servis de plaques de graphite, de stuc, de plâtre, d'épais-
seur variable ('), pour établir la loi connue sur le rapport inverse des
racines carrées des densités aux quantités de gaz diffusés : — , = ^-=-
^ ^ q \/d
Mitchell de Philadelphie (-) et, 40 ans après lui, BouUand (^) se ser-
virent de membranes animales, sans tenir un compte rigoureux de l'humi-
dité qui les imprègne. Seul, Graham (') exprima l'idée que, « à proprement
parler, il n'y a pas de dialyse des gaz à travers les membranes colloïdales ».
Mais ce n'était là qu'une vue de l'esprit. Nous avons repris la question
des rapports entre septa colloïdaux et gaz, en nous dirigeant d'après les
conseils affectueux de M. le professeur G. Weiss.
Voici d'abord notre dispositif expérimental :
Du gaz CO" bien sec arrive par la face interne d'une vessie de porc (blague à tabac)
(') Cette variabilité explique les divergences constatées entre les deux savants. Il
résulte, en eft'et, des expériences de Faraday {Anii. de Chini et de Phys., 1" série,
t. X, p. 388) que l'épaisseur modifie notablement la vitesse de diffusion.
('■') Mitchell, Philadelphia Journal of médical Science, vol. XII.
(^) BouLLAND, Journal de Robin, 1878, p. laS à 217.
(*) Graham, Philos. Trans., 1866.
•/So ACADÉMIE DES SCIENCES.
fixée sur' un récipient; de l'air, sec également et privé de CO^, se rend à la face
externe sous une cloche fermant hermétiquement au mercure. Le dégagement gazeux
se fait bulle à bulle et sans différence de pression.
Le CO^ qui diffuse est entraîné par l'air dans des tubes absorbants, à ponces potas-
sique et sidfurique.
La membrane fut placée humide et, au bout d'une semaine, nous fîmes chaque jour
une expérience de 3o minutes. Les résultats furent de 20™b, i6"'e, i2™s et 8™s de CO^.
D'où ralentissement de l'osmose à mesure que le seplum se desséchait.
(J ^iÙ/}"^
Cù-
En activant celle dessiccation par l'introduction d'un petit bocal de SO'H^ sous la
cloche, retiré lors de l'expérience, les chiffres tombèrent en i5 jours de 7™8 à 0""^, assez
rapidement. Et rien ne diffusait plus, quelles que fussent la rapidité ou la durée du
courant gazeux.
Conclusion. — Une membrane colloïdale déterminée, parfaitement des-
séchée, se montre imperméable au CO^ quand il l'affecte par sa surface
interne.
Dans les expériences de Mitchell, de Boulland, l'agent de l'osmose ga-
zeuse est donc l'eau d'imprégnation du tissu, c'est-à-dire la dissolution. Et
l'on doit s'attendre, après les travaux de Chevreul (') et de Wertheim (*),
(') CnEVREUL, Ann, de C/iim, et de Phys., 2° série, t. XIX, p. Sa,
(') Werthejm, /bid., 3" série, t. XXI, p. 385,
SÉANCE DU 26 MARS I906. 781
à ce que l'état physique des membranes se modifie sensiblement par le
départ de cette eau.
ÉLECTRICITÉ. — Contribution à l'étude de la décharge intermittente.
Note de M. G. Millociiai-, présentée par M. Lippmann.
Au cours d'un travail sur l'influence du mode de décharge dans les
tubes à vide (') j'ai été conduit à employer un système particulier d'élec-
trodes, que je désignerai, par la suite, sous le nom d'exploseur capillaire.
Cet appareil se compose de deux fils métalliques de 2""" de diamètre en-
viron, placés en regard, sur un support convenablement disposé el coiffés
chacun d'un tube de verre effilé par un bout, de manière que l'extrémité
de ce tube présente une partie capillaire très étroite, l'ensemble ayant la
forme d'un V renversé.
En écartant plus ou moins les deux, tubes on fait varier la distance explosive el l'on
peut obtenir un fonctionnement régulier. Les deu\ électrodes étant directement reliées
aux deux pôles d'une bobine de RuhmkorfT, j'ai constaté que pour un diamètre déterminé
du tube capillaire (fonction d'ailleurs de la longueur explosive) l'étincelle prend un
aspect particulier, que les masses métalliques, situées dans le voisinage, sont le siège
de phénomènes d'induction et qu'on en peut tirer des étincelles.
La grande netteté et l'intensité particulière du phénomène m'ont conduit à étudier,
cette étincelle explosive avec l'appareil suivant, dont le principe est celui du miroir
tournant.
L'image de l'étincelle est projetée par un objectif sur une pellicule circulaire fixée
sur un disque tournant très rapidement autour d'un axe perpendiculaire à son plan et
passant par le centre de ce disque.
Cet appareil appartient à la collection de l'observatoire de Meudon et a été imaginé
par M. Janssen, en 1888 ('^).
Entre l'étincelle et l'objectif est placée une lame de verre à faces parallèles et verti-
cales, ayant 35"™ d'épaisseur et qui peut tourner rapidement autour d'un axe vertical,
d'un quart de tour environ, à la façon d'un obturateur circulaire.
Le ressort qui actionne ce système peut être plus ou moins tendu pour permettre
d'obtenir des vitesses différentes.
(') Ce travail m'avait été suggéré par une remarque que j'avais eu Toccasion de faire
dans l'examen spectroscopique des gaz au Vésuve.
('-) Cet appareil, construit par M. Chevallier en 1888, donne une vitesse de 170 tours
par seconde.
C. R., 190G, i«' Semestre. (T. CXLIl, N" 13.) Io3
I782 ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'image de l'étincelle décrit donc sur la plaque tournante une spirale analogue à
celle produite pour l'enregistrement du son sur les disques des,gramophones (').
L'examen des épreuves obtenues montre qu'il ne s'agit pas ici d'une dé-
charge oscillante proprement dite, mais d'une décharge intermittente, telle
que celles déjà signalées par Feddersen (^Poggendorff's Annalen, t. CIII,
i858, p. 69) et obtenues par lui en intercalant dans le circuit une résis-
tance très élevée.
J'ai l'honneur de présenter à l'Académie des photographies obtenues en
dissociant l'étincelle à l'aide du dispositif décrit.
L'examen et la mesure d'une de ces épreuves montrent que les étincelles
dont se compose la décharge se répartissent en groupes dont l'ensemble
présente une certaine analogie avec le groupement des lignes dans les
spectres de bandes.
Dans cette épreuve, j'ai pu distinguer quatre groupes, le premier com-
prend six étincelles séparées par des intervalles respectifs de 10™™, i4,
II™"", 27, II™™, 63, 12™™, 28. Le deuxième est de six étincelles séparées par
les intervalles : lo^^jSg, 11""", 67, ii™™,98, 12"™, 79, 12™™, 20. Le troi-
sième de trois étincelles avec les intervalles 11™™, 49. ii™"", 28, et le qua-
trième, trois étincelles également avec les intervalles de 1 i™'",/i7 et i2™™,2i.
La première étincelle de chacun des deux derniers groupes est, pour
le troisième, entre la deuxième et la troisième étincelle du premier groupe
et, pour le quatrième, entre la troisième et la quatrième.
Les intervalles entre deux étincelles d'un même groupe correspondent
à une intermittence d'environ ,„^„„ de seconde. Dans une Note parue aux
Annales de Wiedemann {l. LIX, p. 768), Schott signale certaines particula-
rités sur les effets lumineux obtenus dans un dispositif à tube capillaire
différent de celui que j'ai employé.
Il a étudié l'influence du diamètre du tube et celle de la pression, mais
pas celle de la dislance explosive; il a constaté les effets mécaniques pro-
voqués dans le tube par le passage de l'étincelle; mais les effets d'induction
à distance lui ont échappé malgré leur remarquable intensité.
L'exploseur capillaire ne semble donc pas agir comme un véritable oscil-
lateur puisque le mouvement de l'électricité n'y est pas proprement ondu-
latoire. Il se comporte comme producteur de chocs brusques qui détermi-
nent dans les conducteurs voisins la mise hors d'équilibre de l'électricité
(') On pourrait obtenir le même résultat en suljstituant un miroir à la lame à faces
parallèles.
SÉANCE DU 26 MARS I906. 783
qu'ils renferment. Celle-ci exécute alors dans chacun de ces conducteurs
un mouvement oscillatoire dont la période est propre à ce conducteur sui-
vant le mécanisme proposé par M. Poincaié pour expliquer la résonance
multiple ('), mécanisme vérifié, comme on le sait, par les travaux de
Bjerknes(-), Nils Strindberg(') et Décombe ('').
J'ai obtenu des étincelles d'induction particulièrement brillantes en em-
ployant un résonnateurcomposé d'une grande longueur de fil très fin(o"'",i)
enroulé sur un disque de bois de o™,3o de diamètre et o™,o2 d'épaisseur,
et ilont les extrémités communiquaient avec les deux boules d'un micro-
mètre à étincelles, relié d'autre part à de grandes capacités.
Les phénomènes paraissent d'autant plus nets et plus réguliers que le
diamètre du tube capillaire est plus étroit.
L'introduction de selfs ou de capacités sur le circuit paraît conduire au
même résultat. L'exploseur capillaire représente donc sous un faible vo-
lume un dispositif équivalent à celui résultant de l'emploi de selfs ou de
capacités élevées.
Cette circonstance ('), jointe à l'intensité vraiment remarquable des
phénomènes d'induction, montre qu'il y aurait intérêt à poursuivre l'étude
de ce mode de décharge et peut-être aussi les conditions de son emploi
dans la télégraphie sans fil.
PHYSIQUE. — Nouvelles recherches sur les ampoules productrices de rayons X.
Note de M. Nogier, présentée par M. d'Arsonval.
Il résulte des recherches que nous poursuivons sur les tubes à rayons X
que certains de ces appareils au moins ne produisent pas dans l'hémi-
s|)hère opposé à l'anticathode un champ de rayons X d'intensité sensible-
ment constante. C'est le contraire de ce que l'on croyait jusqu'ici.
Dans des tubes très mous l'intensité du rayonnement X est maxirna dans
une région très voisine du bord de l'hémisphère fluorescent vert que nous
appellerons l'équateur rôntgenien.
(') Arcli. de Genève, t. XXV, 1891, p. 609.
(-) Wied. Ann.. t. LUI, 1894, p. 742, et t. LV, 1895, p. 121.
(') Arch.de Genève, t. XXXII, 1894, p. 129.
(*) Comptes rendus, i"sem. 1897, p. 1017.
(^) Le spectre de Télincelle de l'exploseur est identique à celui de l'air avec étin-
celle condensée.
784 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La décroissance de ce rayonnement se fait graduellement à mesure
qu'on se rapproche de l'endroit où une perpendiculaire à la surface de
l'anticalhode (au point frappé par le faisceau cathodique) vient rencon-
trer la paroi de verre de l'ampoule. Il semble exister, suivant cet axe
i^axe polaire anticathodique), un minimum dans l'émission des rayons X.
La répartition des rayons dans l'hémisphère du tube opposé à l'antica-
lhode se fait suivant une série de petits cercles parallèles à l'équateur ront-
genien. En tous les points de ces petits cercles l'intensité des rayonsX nous
a paru uniforme.
Les tubes dont nous nous sommes servi étaient des ampoules de la maison Millier,
de Hambourg, à anticathode ordinaire et à régulateur électrique. Ils donnaient des
rayons 2 à 3 du radiochromomètre de Benoist.
L'inducleur était une bobine de Ducretet de 26"" d'étincelle munie d'une soupape
cathodique de Villard. Le courant au primaire était de 3 ampères et 80 volts. L'inter-
rupteur était le nouvel interrupteur autonome de Gaifl'e.
Le champ de rayons X a été étudié au moyen de bandes de papier au gélatinobro-
mure d'argent, marque Lumière, placées sur une planchette découpée en demi-cercle.
Tous les points du papier se trouvaient ainsi à égale distance du foyer anticathodique
et recevaient un rayon d'incidence normale. Un intervalle moyen de 10""" séparait le
papier photographique de la paroi du tube.-
OPTIQUE. — Sur l'emploi de la lampe Cooper-Hei,ritt comme source de lumière
monochromatique. Noie de MM. Ch. Fabry et H. Biissox, présentée
par M. H. Deslandres.
Un grand nombre d'expériences d'optique exigent l'emploi d'une source
intense de lumière monochromatique; tout progrès, dans cet ordre d'idées,
permettant de faciliter l'exécution d'expériences difficiles, mérite d'être
sienalé.
On connaît les bons résultats que' l'on obtient par l'emploi de l'arc au
mercure dans le 7vV/e('); son spectre contient un petit nombre de raies
très fines, faciles à isoler par des milieux absorbants convenables.
Depuis peu de temps, cette source de lumière, sous une forme légère-
ment modifiée, est entrée dans la pratique industrielle. 11 nous a paru
( ' ) Fabry et Perot, Sur une source intense de lumière monochromatique ( Comptes
rendus, t. GXX\ III, 1899, p. ii56), — Voir aussi Journal de Physique. 3' série,
t, IX, 1900, p, 369.
SÉANCE DU 26 MARS 1906. 780
intéressant de voir quels résultats donne cette nouvelle forme d'arc au
mercure, connue sous le nom de lampe Coopej'-Hewitt.
Son s|)ectre est identique à celui de la lumière des anciens arcs au mer-
cure. La lumière est fixe, d'éclat intrinsèque uniforme. Les raies jaunes et
vertes sont assez fines pour donner des interférences observables jusqu'à
une différence de marche de 22'^'", c'est-à-dire jusqu'aux environs du
numéro d'ordre 400000. L'ancienne forme d'arc au mercure (modèle
Perot-Fabry) donne à peu près le même résultat immédiatement après
l'allumage; mais, après un fonctionnement de quelques minutes, proba-
blement par suite d'un échauffement de la vapeur, les raies s'élargissent et
la limite d'interférence tombe à peu près à la moitié de sa valeur primitive.
Au contraire, dans la lampe Cooper-Hewitt, la différence de marche in-
diquée comme limite correspond à un état de régime, qui peut se main-
tenir indéfiniment. Les raies jaunes donnent des interférences particuliè-
rement nettes, et les phénomènes de disparition ou de dédoublement
successifs, lorsque l'on emploie simultanément les deux raies, sont nette-
ment observables jusqu'à de très grandes différences de marche.
Le fait que la lampe Cooper-Hewitt est maintenant construite d'une
manière industrielle n'est pas un médiocre avantage. Elle peut fonctionner
indéfiniment sans surveillance et consomme peu d'énergie; en résumé,
elle constitue, pour beaucoup d'expériences d'optique, une source de
lumière de premier ordre. Toutefois, la présence de satellites qui accom-
pagnent les quatre raies intenses du spectre visible empêche l'emploi de
ces raies comme étalons fondamentaux en Spectroscopie.
CHIMIE. — Sur l'isolement et sur les divers caractères atomiques du dysprosium.
Note de M. G. Urbain, présentée par M. P. Curie.
Les terres rares qui, dans mes fraclionnements, sont comprises entre le
terbium et l'yllrium, se composent uniquement des constituants de la
terre X soupçonnée par Soret (Arch. Se. phys. nat., 2* série, t. LXIII,
1878, p. 99) dans les terres yttrifères fractionnées par Marignac i^Arch.
Se. phys. nat., 1" série, t. LXI, 1878, p. 283).
Clève (Comptes rendus, t. LXXXIX, 1879, p. 47^) a donné à cette
terre X le nom de holmium que l'usage a consacré, bien qu'il n'ait pu en
séparer le terbium, l'yltrium et l'erbium, ainsi que l'établissent les re-
cherches récentes de M, Forsling (^Bi/iang till k, Vet, Akad. Handlingar,
786 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Band XXVIII, Afd. II, 1902, n° 1) sur les produits préparés par le célèbre
chimiste suédois.
M. Lecoq de Boisbaudran {Comptes rendus, t. Cil, 1886, p. ioo3) a
établi en toute rigueur que le holmium défini par son spectre d'absorption
visible était un mélange d'au moins deux éléments. Il a réservé le nom
de holmium à l'élément qui donne les bandes considérées par Soret comme
les plus caractéristiques de la terre X et le nom de dysprosium à une terre
caractérisée par le spectre d'absorption visible suivant :
)..
De 766 à 750 Forte. Maximum, 753
De 480 à 466 Moyenne difl'use. » 475
De 436 à 446 Forte, très dift'use. » 45 1, 5
De 43o,5 à 4^5 Moyenne. » 427,5
La terre nouvelle dont M. Lecoq de Boisbaudran a pu préparer quelques
décigrammes n'avait pu être isolée depuis et plusieurs auteurs, Kruss et
Nilson (^Ber. chem. Gesell., t. XX, 1887, p. 21 34). sir W. Crookes (Proc.
Roy. Soc., n" 245, 1886, p. 5o2), M. Forsling (loc. cit.), l'ont supposée
complexe en tant qu'élément absorbant observé dans des mélanges divers.
La multiplicité et la sensibilité des spectres que chaque élément de ce
groupe peut présenter (spectres d'étincelle, d'absorption, de phospho-
rescence dans les solutions solides ou liquides), observés jusqu'alors dans
des terres incomplètement purifiées, furent le principal obstacle qui s'est
opposé non seulement à l'étude complète, mais même à l'attribution de ces
caractères atomiques divers. Pour apporter quelque clarté dans une ques-
tion si complexe, les auteurs ont été contraints de considérer tour à tour
les éléments rares, tantôt comme des éléments absorbants, tantôt comme
des éléments phosphorescents, tantôt comme des éléments encore incon-
nus, caractérisés par quelques lignes d'étincelle ou d'arc, observés dans
des spectres très compliqués renfermant un nombre extrêmement considé-
rable de raies.
Ces éléments spectroscopiques de divers ordres que je considère comme
identiques à l'élément absorbant dysprosium sont les suivants :
Eléments à spectres de lignes. Eléments phosphorescents.
Zy (Lecoq de Boisbaudran, C. B.. t. Cil, Za (Lecoq de Boisbaldran, C. R., t. G,
1886, p. i53). i885, p. 1437; t. Cil, 1886, p. 899).
A (Demarçay, c. R.. t. CXXXI, 1900, Ge (Sir W. Crookes. /oc. «7. ).
p. 387).
Xj (ExNER et Hasciiek, Spectres ultra-
violets).
SÉANCE DU 26 MARS 1906. 787
J'ai pu, en effet, isoler environ So^ d'une terre présentant ces divers
caractères spectraux avec une telle constance qu'il m'a été impossible jus-
qu'ici d'observer un indice permettant de la supposer complexe. Quatorze
fractions consécutives ont accusé le même poids atomique moven :
Dy = 162,49. Mes nombres extrêmes ont été 162,64 6t 162,28 et ces légers
écarts ne peuvent être attribués qu'à des erreurs accidentelles dans les
mesures.
L'oxyde pur de dysprosium est blanc et ne se peroxyde pas par calcina-
lion dans l'oxvgène. Ses sels présentent nettement une coloration vert
jaune. Les divers caractères des composés du dysprosium (solubilité des
sels, basicité de l'oxyde, etc.) rangent cet élément dans la série des terres
rares entre le terbium et le nouvel holmium. Outre son spectre d'absorp-
tion visible, le dysprosium présente un spectre ultra-violet particulièrement
sensible et composé de bandes intenses et diffuses qui empiètent sur cer-
taines bandes du terbium et du nouvel holmium et les masquent parfois tota-
lement dans les mélanges.
Ce spectre est le suivant (solution neutre des chlorures) :
\.
de 400
à 394
Ï--
de 392
à 384,5
de 38i,
,5 à 377
?-
de 368,
5 à 36i ,5
a. .
de 355,
5 à 345,5
8 . .
de 340
à 336
a'..
de 329
à 3i6
Faible, très diffuse.
Très forte, diffuse. Le bord le moins réfrangible est le plus
diffus. Maximum : 386,5.
Moyenne très diffuse. Maximum : 379,5.
Très forte, diffuse. Maximum : 365.
Extrêmement forte et diffuse. Maximum : 35 1.
Assez forte difïuse. Maximum : 338.
Extrêmement forte. Maximum : 322,5.
Les antres caractères spectraux du dysprosium seront ultérieurement
décrits en détail.
Parmi les diverses méthodes que j'ai expérimentées et qui m'ont permis
d'isoler cet élément, c'est la cristallisation des éthylsulfates (G. Urbain,
Thèse, avril 1899, Paris) qui m'a donné les meilleurs résultats.
Malheureusement la faible stabilité de ces éthers-sels ne permet pas d'en
poursuivre le fractionnement journalier au delà de 18 mois, 2 ans au maxi-
mum; mais cette méthode sépare très efficacement le terbium du dyspro-
sium. Les nitrates simples, isomorphes avec le nitrate de bismuth, permet-
tent d'éliminer du dysprosium exempt de terbium toute trace d'yttrium
spectroscopiquement décelable. Les deux méthodes sont également médio-
cres pour séparer le dysprosium du nouvel holniium et cette séparation
788 ACADÉMIE DES SCIENCES.
fort pénible impose, pour êlre complète, environ 20 fractions intermé-
diaires et exige plusieurs années de cristallisations journalières.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur la préparation industrielle de l'hydrure de calcium.
Note de M. Georges-F. Jaubert, présentée par M. H. Moissan.
Le calcium métallique divisé, ainsi que M. Moissan l'a démontré ('),
absorbe à chaud une molécule d'hvdrogène pour donner un hydrure ré-
pondant à la formule CaH'.
Cet hydrure, sous l'action de l'eau à la température ordinaire, se décom-
pose d'une façon analogue au carbure de calcium, en produisant un très
A'if dégagement d'hydrogène pur, suivant la réaction
CaH^+ 2H20= Ca(OH)='+ 2H^
D'après cette équation l'^s d'hydrure de calcium pur dégage ii43' d'hy-
drogène, mesurés à la température de 20".
Nous avons entrepris et réalisé l'étude de la fabrication industrielle de
ce nouveau produit. Cette fabrication se divise en deux phases :
1° Fabrication du calcium métallique. — Celle préparalion a lieu par éleclrolyse
du chlorure de calcium fondu. L'énergie éleclrique nécessaire pour préparer loo'^s de
calcium mélallique par 2^ lieures esl d'environ 20 volls et 7600 ampères, soit un cou-
rant de i5o kilowatts.
a" Fabrication de l'hydrure de calcium. — Cette fabrication consiste à chauft'erle
calcium métallique dans des cornues horizontales maintenues à haute température.
Dans ces cornues circule un courant d'hydrogène gazeux que le calcium absorbe peu
à peu. Après quelques heures de chaufl'e tout le calcium est transformé en hydrure.
Propriétés de l'hydrure de calcium industriel. — L'hydrure de calcium
industriel se présente sous forme de morceaux irréguliers poreux, blancs
ou gris ; sa durelé est considérable. 11 est insoluble dans les dissolvants
usuels, instantanément décomposable par l'eau froide, de même que les
carbures alcalins et alcalino-terreux.
Il titre environ 90 pour 100 de produit pur, le résidu étant formé en
majeure partie d'azoture et d'oxyde. Dans ces conditions, i'*^ d'hydrure
(') H. Moissan, Préparalion et propriétés de l'hydrure de calcium {Comptes
.tendus, l. CXXVII, 1898, p. 29).
SÉANCE DU 26 MARS igo6. 789
de calcium dégage, sous la simple action de l'eau, environ 1 mètre cube
d'hydrogène pur.
Application à l'aéronautique. — i'^^ d'hydrure de calcium dégageant,
comme nous venons de le voir, i mètre cube d'hydrogène pur et la force
ascensionnelle de ce dernier étant d'environ 1200^, cet hydrure de cal-
cium est déjà utilisé pour les besoins de l'Aéronautique.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'action des leucomaines xanliques sur le cuivre.
Note de M. N. Slomnesco. (Extrait.)
La théobromine, la théophiiine, l'urée, probablement aussi les autres
leucomaines xantiques, ainsi que d'autres bases analogues ont la propriété
de précipiter le cuivre de ses solutions à l'état d'hydrate jaune. De même
que les matières organiques réduisent le sublimé en calomel, de même
on sait que la glycose réduit les sels du cuivre à l'état d'hydrate rouge;
les bases ci-dessus ont presque la même propriété. Cependant il ne s'agit
pas seulement d'une simple réduction, mais aussi d'une tendance de com-
binaison de ces bases avec le cuivre sous ce dernier état. Et si l'on fait
bouillir du cuivre en limaille avec ces bases en solution aqueuse, on a le
même précipité caractéristique, d'une couleur jaune trouble.'
Ce réactif est intermédiaire entre l'hydrate de sodium et l'ammoniaque,
tandis que l'hydrate de sodium précipite l'hydrate jaune d'une solution de
chlorure cuivreux, l'ammoniaque le dissout et le réactif en question le re-
précipite à son premier état.
Dans une solution de chlorure cuivrique comme dans toute solution d'un
sel de cuivre, ce réactif précipite la moindre trace de cuivre, tandis que
les alcalis en excès redissolvent leurs précipités. D'où un moyen de recon-
naître la présence, dans les eaux potables, du cuivre provenant par exemple
de l'emploi du sulfate de cuivre pour la purification des eaux d'égouts, ce
sel pouvant donner un résultat satisfaisant en arrêtant indéfiniment la
fermentation urique. Il agit non seulement en transformant le carbonate
d'ammonium, produit de la fermentation :
SO'Cu + 2AzH' + CO-4- H^O = CO'Cu -h C0'(\7.wy,
mais aussi par cette combinaison que je viens de signaler entre les sels de
cuivre et ces bases contenues dans ces eaux.
J'attribue à cette précipitation du cuivre dans l'organisme, par les bases
C. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N" 13.) Io4
79° ACADÉMIE DES SCIENCES.
xanliques, le fait que le cuivre dans des proportions convenables n'est
pas toxique.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur un nouveau type de rcacdons d' équilibre.
Note de M. L.-J. Simon, présentée par M^ H. Moissan.
L'acide diurélhane|)Yi'uviqLie dont j'ai signalé {Comptes rendus,
t. CXXXIII, igoi, |). 535) la formaLion et les propriétés descriptives
résulte de l'action de l'acide pyruviqiie sur l'urélhane en l'absence de tout
agent de condensation
CH^" - CO - CO=H + 2NH- - CO^C=H'= H-Û + CH^- CO ~ CO-H
CO-C='H-^-NH NH-CO-C-H=
I. Le rendement de cette réaction est très bon, mais il ne devient quan-
titatif que si l'on élimine l'eau formée. Cette eau joue en effet un rôle
antagoniste; elle a, vis-à-vis de i'acide diurélbanep^^^ruvique, une action
décomposante inverse de celle qui l'a produit. Les choses se passent sensi-
blement comme dans le phénomène classique de l' èlhèrificalion d'un acide par
un alcoolen l'absence d'agent de condensation.
L'acide iliurélhanepyruvique est insoluble dans l'eau : en suspension
dans ce liquide on peut le doser exactement en présence de phtaléineau
moyen d'une liqueur alcaline titrée : le virage alcalin se produit en même
temps que disparaît le dernier grain de substance.
Cependant, au contact de l'eau, il lui communique une réaction acide
à l'hélianline, puis peu l\ peu il disparaît, en sorte que, par une allaly^e
superficielle, on serait tenté de lui attribuer un coefficient de solubilité.
En réîililé, cette disparition se produit en conséquence d'une décomposi-
tion en uréthane et acide pyruvique qu'on peut facilement caractériser
isolément dans la liqueur.
Celle aclion de l'eau est lente à la terapéralure ordinaire : loo'''"' d'eau font ainsi
disparailre os, i5 par heure. Elle se poursuit régulièrement jusqu'à la disparition
totale : loo""' jjeuvent faire disparaître jusqu'à 750S d'acide.
IL La température a sur la vitesse du phénomène la même intluence
accélératrice que sur l'éthérification et la saponification.
100""' d'eau exigeni à fioil une dizaine d'heure-; poui' dis'-oMdre ib,^5 de substance
SÉANCE DU 26 MARS 1906. 791
mais les dissolvent en quelques instants à une douce chaleur. Cette action combinée
de l'eau et de la chaleur rend com|ite de quelques particularités de l'histoire de l'acide
diurélhanepyruvique : sa tendance à rester en surfusion s'il n'est pas absolument sec et
liuipossibilité de réaliser à l'étude cette dessiccation complète.
III. Il Y avait lieu de se demander si l'acide est entièrement dissocié par
l'eau 011 bien si une fraction est maintenue dissoute grâce à la présence fies
produits de décompcsilion d'une autre partie. J'ai pensé que la cryoscopie
pourrait me donner quelques renseignements sur ce point.
Dans un volume fixe d'eau on suspend un poids connu d'acide; on le
fait entrer rapidement en solution en chauffant à une température conve-
nable, on refroidit et l'on procède à la mesure. Les résultats conduisent à
conclure que :
i" Pour une concetitration déterminée l'état de la dissolution dépend
de la température à laquelle elle a été portée : la dissociation croit avec la
température ;
2° La dissociation croît avec la concentration, par suite de la tempéra-
ture plus élevée qu'on est obligé d'atteindre pour provoquer dans le même
tenijîs la dissolution ;
3° La dissociation est totale pour la concentration la plus forte; pour les
plus faibles il semble y avoir une molécule dissoute pour une dissociée.
IV. Les deux réactions inverses se limitent l'une l'autre. Je ne me suis
pas préoccupé de fixer la limite commune avec |>récision. Néanmoins il
m'est permis de donner à cet égard des indications approximatives.
Dans des expériences faites sur des quantités assez massives et poursuivies pendant
des durées croissantes, le rendement effectif, c'est-à-dire le rapport entre le nombre de
molécules d'acide combiné réellement recueilli et le nombre total de molécules d'acide
mis en jeu, a pris les valeurs crois^a^les, en centièmes : 47, âj, 68 pour des durées
de 2, 4i ï ' jours. D'autre part; on arrive à laValeur un peu plus élevée, 71 pour loo,
par la considération de la quantité minimum d'eau qui empêche toute réaction à froid.
Par celle valeur approximative de la limite comme par ses autres carac-
tères le phénomène actuel se rapproche bien de l'éthériiication des élhers
ou des acétols, un peu plus de ces derniers par le nombre de molécules
mises en jeu. Il se singularise par les molécules intéressées à la combi-
naison et à la décomposition et surtout par leur mode de liaison.
792 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ANALYTIQUE. — Mode opératoire pour le dnsage du cadmium.
Noie de M. H. Baubigw, présentée par M. Troost.
Dans une Note antérieure (séance du 5 mars 1906, p. 577) j'ai démontré,
par les résultats de mes expériences, que le sulfure de cadmium n'est pas
aussi altérable qu'on le supposait et qu'on peut, sous certaines conditions,
incinérer en sa présence le fdtre sur lequel il a été recueilli. C'est ce mode
opératoire dont je veux indiquer aujourd'hui les principaux détails.
La solution acide du sulfate de cadmium, chauffée à 85°-90'', esl traitée par le gaz
sulfhydrique en laissant s'abaisser lentement la température du liquide. Quand elle est
tombée à 5o°-55°, on arrête le courant gazeux, et l'on abandonne jusqu'à refroidissement
complet en fermant le vase par une plaquette de verre. L'opération se fait au mieux,
dans une fiole conique. On a ainsi un précipité dense, constitué par une poudre cris-
talline rougeàtre, facile à filtrer et à laver. L'eau distillée suffit pour le lavage de celte
matière cristalline.
En ajoutant 2 pour 100 en volume d'acide SO*H- (£/;= i ,84) à la solution, la pré-
cipitation du cadmium est toujours totale, même si la liqueur ne contient que os, 001
de Cd SO' par loo™'' (rû^ôô)- Pour des richesses plus élevées en métal, il n'y a cepen-
dant aucun inconvénient à augmenter la proportion d'acide libre; par exemple, pour
une teneur en sulfate de cadmium de os, i5o par loo"^™', la quantité d'acide SO'H- peut
être portée pour Iç même volume à 6'^'"' ou 7'^'°°. Seulement, pour que la précipitation
soit complète avec cette proportion d'acide relativement forte, ainsi ((ne lorsqu'il n ya
que des traces de cadmium même au cas d'un acidité notablement moindre, on ne doit
filtrer le précipité qu'après 3 à 4 heures de repos, parce qu'alors les dernières portions
du sulfure ne se séparent que lentement. C'est ce qui fait que dans une solution ne
renfermant qu'un poids très minime de sel de cadmium, comme celle au Yâi^n^ bien
que le sulfure ne s'y forme en partie que lorsque le liquide s'est déjà refroidi, il se
dépose encore à l'état cristallin, en raison de sa formation lente.
A chaud et en milieu acide, il est rare que le sulfure se fixe au verre et, quand le fait
a lieu, l'adhérence est assez faible pour qu'avec une barbe de plume, en présence d'un
peu d'eau, le produit soit vite détaché. Sur le tube abducteur du gaz sulfhydrique
seulement, l'adhérence est parfois très forte; on opère alors la dissolution avec un peu
d'acide chlorhydrique, qui sera utilisé ultérieurement.
Le sulfure cristallin (') une fois rassemblé et lavé sur le filtre, ce dernier est es-
soré sur du papier Joseph, puis tassé avec son contenu dans un creuset de Saxe, qu'on
place sur une capsule en porcelaine à fond plat, reposant elle-même sur un fourneau
Wiessnegg à flamme éclairante. On chauffe d'abord doucement et, lorsque la dessicca-
(') Sa densité est telle qu'un petit filtre de 5"™ de diamètre suffit amplement pour
l'ecevoir celui donné par O''',4oo de Cd SO*.
SÉANCE DU 2.6 MARS 1906. 798
lion est complète, on élève la température de façon à décomposer peu à peu le papier
du filtre, ce qui donne lieu à un dégagement de produits empyreumatiques.
Cette distillation achevée, on donne presque toute la flamme, mais sans lui laisser
loucher la capsule et, en même temps, on renverse sur le creuset, pour lui constituer
comme une sorte d'étuve, un entonnoir ébréché en deux ou trois points de façon à
permettre l'accès de l'air. Dans ces conditions, le fond de la capsule peut aisément être
amené à 5oo° (pince thermo-électrique) et en peu de temps on voit le squelette de
charbon laissé par le filtre prendre feu en un point et l'ignition (') se propager de
proche en proche jusqu'à incinération complète en laissant le sulfure à nu. Cette com-
bustion a lieu même assez rapidement, contrairement à ce qui se produit d'ordinaire,
à celte température, pour les filtres chargés de matières étrangères. Le fait est certai-
ment dû à la nature du précipité qui se détache facilement du papier. Cette incinéra-
tion réussit d'autant mieux que le lavage du filtre a été plus parfait et l'acide sulfu-
rique plus soigneusement enlevé. Car, si la carbonisation du papier pendant la
dessiccation est provoquée par un reste de cet acide l'imprégnant encore, il se
forme un charbon moins poreux que celui donné par la distillation et, par suite, plus
difficile à brûler.
Quand, par hasard, un brin du filtre resté au-dessus de la masse du sulfure a échappé
à l'incinération, il est ramené avec un petit fil de platine (-) sur le fond du creuset,
où il ne tarde pas à être détruit.
Le sulfure esl alors transformé en sulfate, par dissolution à tiède dans l'acide chlor-
hvdrique qui a servi à enlever le sulfure déposé sur le tube abducteur du gaz sulfhy-
drique lors de la précipitation, et en évaporant ensuite avec quelques gouttes d'acide
sulfurique ajouté avec l'acide chlorhydrique. Toute l'opération se fait en chaulTant
le creuset sur la capsule de porcelaine. Au début, lors de l'attaque du sulfure, on opère
à douce chaleur et en couvrant avec un verre de montre pour parer aux pertes
par projection, tandis qu'à la fin, après l'évaporation du liquide, lorsc|ue l'odeur du
gaz chlorhj'drique chassé par l'acide sulfurique a disjjaru, on élève petit à petit la
température pour volatiliser à son tour l'excès de ce dernier acide. Au besoin, on
utilise l'étuve artificielle constituée par le système de l'entonnoir renversé. A
4oo"-45o°, il ne reste (jue le suKale de cadmium anh^'dre, très stable, comme on
sait.
( ' ) Le sulfure de cadmium qui, sous l'inlluence de la chaleur, a pris une teinte
amarante foncée, donne lui-même <>\i voisinage du charbon en ignition, par leftet de
l'éclairement, comme l'impression d'un corps porté à l'incandescence.
(^) .\vec un fil de platine très fin, on peut toucher les substances minérales portées
à haute température sans avoir à craindre aucune perte par adhérence. Le plus souvent,
rien ne reste après le fil et. quand il s'j- fixe une particule de matière, on l'en détache
par un léger choc du fil sur le bord du creuset.
'■ ACADÉMIE DES SCIENCES.
79»
CHIMIE ANALYTIQUE. — Dosage de la matière nlbuminoïde du lait. Note
de MM. Tkillat et Sautow, présentée par M. Emile Roux.
La nouvelle mélliode de dosage que nons présentons est basée sur la
propriété, déjà mise en évidence par l'un de nous (' ), que possède l'aldé-
hvde formique d'insolubiliser, sans en faire varier le poids, les matières
albumirioides du lait. Ces substances formolées, précipitées à l'état de
poudre, offrent à l'action des acides et des alcalis une résistance remar-
quable qui permet de les purifier complètement par lavage, sans crainte
de les redissoudre partiellement.
Après avoir étudié les conditions dans lesquelles ce dosage devait s'effec-
tuer, nous avons soumis notre méthode à une série d'essais de contrôle,
destinés à faire la preuve de son exactitude. Voici le résumé île notre
travail :
Mode opératoire. — 5"™° de lait, étendus à aS""" avec de l'eau distillée, sont portés
à rébullilion pendant 5 minutes; le liquide est ensuite additionné de 5 gouttes de
formol commercial (il est important de remarquer que cette addition ne doit être faite
qu^après l'ébullition du lait). On laisse bouillir encore 2 à 3 minutes; on abandonne
au repos pendant 5 minutes, puis on traite le li([uide par 5*^"' d'acide acétique à
I pour 100 ; on agite. Il se forme un précipité pulvérulent qu'on recueille sur un filtre
taré, dès que le liquide surnageant est parfaitement limpide. Après avoir lavé à l'eau
distillée, on introduit le filtre et son contenu dans un appareil à épuisement, où l'on
extrait la matière grasse par l'acétone qui permet un dégraissage plus rapide que
l'élher. On dessèche à l'étuve à ^qo-So" et l'on pèse. L'opération totale s'effectue en
moins de 2 heures. La matière grasse peut être dosée en évaporant l'acétone.
Le mouillage, l'écrémage, la stérilisation et l'aigrissemenl du lait n'ont aucune in-
fluence sur la bonne marche du dosage. La méthode a été également appliquée aux
laits de brebis, de chèvre et d'ànesse, au petit lait de vache et au lait colos Irai {'-). A
titre d'exemple, voici quelques résultats se rapportant à i' de lait.
Matière iMalière
albuminoïde. albuminoïdc.
Lait de vache Sg, 109
Même lait mouillé au yj 34,33o
» à 5o p. 100 . 19,600
Lait de brebis .55,520
Lait de chèvre 36,64
T^ait d'ànesse 21 ,o3
I^ait colostral (vache) 11
Petit lait 4,5o
La méthode est applicable au lait conservé au biciiroinale de potasse.
(') Comptes rciuhis. v' mai et i'''' août 1892; Id., \'\ ninrs :9o/|.
(-) Nous étudions à part un procédé de dosage du lait de femme basé sur le même
principe.
SÉANCE DU 26 MARS I906. 796
Contrôle de la méthode. — Nous avons porté toute notre attention sur le
contrôle de celte méthoile en établissant : i" que toute ht matière albumi-
noïde est séparée; 2" qu'elle [)ossède bien la composition élémentaire de
la caséine; 3° enfin qu'elle n'a snbi aucnne A-arialion de poids.
I. La complète séi/aralion des matières albiimlnoïdes est démoiUrée : («) par l'ab-
sence de toute trace de précipité dans les eaux, du filtrat lorsqu'on y ajoute If s réactifs
les plus sensibles; (*) la recherche de l'azote dans le résidu de l'évaporation des eaux,
du filtrat a donné un xésultat négatif; (c) le dosage de l'azote dans le lait concorde
avec celui du précipité.
II. La composition élémentaire de la matière albuminoïde insolubilisée correspond
bien à celle donnée par les auteurs qui se sont le plus attachés à sa purification. Nous
avons aussi cherché à l'identifier avec la caséine purifiée d'après le procédé indiqué
par Hammarsten.
Malicre ' Composition de la caséine d'après :
albuminoïde ^ -^ '
insolubilisée. Dumas. Volcker. Hammarsten.
Carbone 52,88 53, 5o 53,43 52,96
Hydrogène 6,96 7,o5 7,12 7,o5
Azote i5,8o '5)77 i5,36 i5,65
Oxygène 22,820 \ | 21,92 22,713
Phosphore 0,710 ( a aq ) '^^1^ 0,847
Soufre o,83o f ^ ' 1 i,ii 0,780
Cendre impondérable) ( o,32 impondérable
100,00 100,00 100,00 100,00
III. La théorie s'accorde avec la pratique pour démontrer que la matière albumi-
no'ide, à la suite de son insolubili^ation sous l'action de la formaldéhyde, ne varie pas
apparemment de poids et que cette variation est inférieure aux erreurs de pesées.
(n). La comparaison des poids moléculaires de la matière albuminoïde et de l'aldé-
hyde formique indique suffisamment que le poids du résidu aldéliydique fixé est insi-
gnifiant, par rapport à celui de la molécule albuminoïde combinée et ne peut entraîner
qu'une augmentation de poids négligeable.
{b). L'insolubilisation de la caséine, exposée sous une cloche contenant des traces
de trioxyméthylène, se produit sans variation apparente de poids.
(c). Inversement, le titre d'une solution de formaldéhyde ne change pas sensiblement
en y laissant insolubiliser de la caséine. Le poids de la matière albuminoïde insolu-
bilisée reste toujours le même lorsqu'on fait varier dans le dosage d'un même lait les
proportions de formol. (Trouvé, par exemple, des chiffres de caséine variant par litre
entre 38 et 38,2 pour un même lait foruiolé de j-^j-j à 100 pour loo. )
On peut donc concltire de l'ensemble de ces résultats que la matière
albuminoïde du lait est entièrement séparée et que sa transformation, sous
l'influence de l'aldéhyde formique, ne lait pas varier sensiblement ni son
796 ACADÉMIE DES SCIENCES.
poids, ni sa composition élémentaire. Nous pensons que cette méthode
ainsi contrôlée présente des garanties d'exactitude suffisantes pour légi-
timer son emploi. A ce titre, elle pourra contribuer à faire disparaître la
pratique défectueuse qui consiste à évaluer par différence l'élément le plus
important du lait.
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Sur l'action catafytique exercée par les sels alcalins
et alcalino- terreux dans la fixation de l'oxygène de l'air par les solutions
de poly phénols. Note de E. Fouard, présentée par M. Emile Roux.
I. La fixation de l'oxvgéne gazeux par les solutions de polyphénols,
réaction qui s'accomplit dans les êtres vivants, est soumise, comme toutes
les réactions biologiques définies, à de notubreuses influences modifiant sa
vitesse dans des proportions très variables.
Une de ces influences, particulièrement activante, est due à la présence
dans la solution de [)oly[)liénol d'un sel halogène de métal alcalin ou alca-
lino-terreux : elle a[)parlient à la classe des actions dites catalyliques.
La fonction cataly tique île ces sels est prouvée par les faits suivants :
I" Si à la solution d'un chlorure, on ajoute quelques gouttes d'une teinture neuve
de gaïac, on observe un bleuissement graduel; si l'on y ajoute une solution d'hydro-
quinone, on observe l'altériition progressive des couches superficielles du mélange.
2" L'essai témoin, sans chlorure, n'indi(|ue qu'une action très faible, dont une juste
appréciation est fort incertaine pour les motifs suivants : d'abord l'eau distillée ne
peut être chimiquement pure, rigoureusement exempte de sels; ensuite l'usage com-
paratif de vases de verre, de porcelaine, de platine accuse toujours un léger renforce-
ment de teinte pour l'essai dans le verre, attribuable sans doute à une légère solubilité
de celui-ci.
3° Les essais avec chlorures pratiqués dans des vases de verre, de porcelaine ou
de platine, n'indiquent aucune différence d'activité appréciable, ce qui confirme
l'action négligeable de la matière de la paroi, par rapport à l'action des sels.
4° Dans le vide, par l'absence d'oxygène, aucun changement ne se produit.
5° Cette propriété n'appartient qu'aux chlorures, bromures et iodures des métaux
cités, y compris l'ammonium et le magnésium; elle est inappréciable pour les autres
sels, sulfates, nitrates, phosphates, etc.
Avant préparé avec des chlorures de ces métaux, vérifiés purs, et avec
celui de manganèse comme terme de comparaison, des solutions conte-
nant le même nombre de valences grammes par litre, j'ai étudié leurs acti-
vités dans deux réactions de ce genre, avec la teinture de gaïac et avec
l'hydroquinone.
SÉANCE DU 26 MARS 1906. 797
IT. En employant un vnlnme de 5'"' de chnciine de ces solutions
éqiiivalenles, additionné de 10 gotilles de réactif de gaï.ic, j'ai mesuré,
pour des séries de concentrations croissantes, jusqu'à la valeur de 2 va-
lences grammes, le temps (/) employé par chaque mélange pour atteindre
un bleu colorimétrique tvpe, correspondant à un même terme d'oxyda-
tion.
J'ai observé : i" que l'ordre décroissant des vitesses change avec la concentration,
donc avec le coefficient d'ionisation; mais, dans tous les cas, le sodium et le calcium
se montrent les plus actifs; 2° à la dose correspondant à 2 valences grammes, le phé-
nomène se compliquant par le fait d'une coagulation, la suite croissante des temps (t)
coïncide exactement avec celle décroissante des poids, comme le montre le Tableau
suivant :
Suintions
(•valences. <(enmin.)- Solutions. v valences. <(enmin.). Solutions. i' v;ili'nces. <(L-niiiin.)
l;hCl(2«) ('). ^=85,5
Ba CI- (/;■).. . .
SrCr-(/;)....
'37 _
68, c
S- 'i
lul-r,S^6b 10
-- —iiO,<.
■>9
40
4o KCI(2/0.. —=39 12 CaCIM/')-- —=20
MnCP(«). — =27,5 23
2
2.3
AmCI(2 n) .
ao
NaCl(2«). —=33 3o LiGl(2/0.. ^ =7 'V
^ ' I 13 heures
Si l'on relie les deux variables t el v par une courbe, on obtient le
tracé (A) de forme hyperbolique, dont l'équation est tv^^ ^ const.
,n6 85,5
1 \ab&,î (A )
\&r «,65
i*(o'
6 to
ill b iho iM 50\ ttmpit
(B
m. Des tubes cylindriques en verre, (B), fermés à chaque extrémité par
un robinet, de volumes exactement jaugés, ont été remplis d'une quantité
de solution égale à la moitié de la capacité totale de chacun d'eux. La solu-
tion était, pour chaque chlorure, normale pour les bivalents, binormaie
(') (/i) =: concentration moléculaire normale.
C. R., 1906, i" Semestre. (T. CXLII. N» 13.)
lOD
rjgS ACADÉMIE DES SCIENCES.
pour les monovalents, et contenait de l'hydroquinone à la dose de 2,5
pour loo. Un tube témoin, joint à cette série, contenait, an lieu de sel, de
l'eau distillée. Tous ces tubes fermés, contenant im volume d'air égal au
volume du liquide, isolé à température et pression connues, enduits de
paraffine sur chaque robinet, ont été immergés dans un bain d'huile, pour
éviter toute fuite gazeuse. Après i5 jours, pendant lesquels la réaction
s'est poursuivie d'une façon continue, j'ai mesuré et analysé chaque résidu
gazeux. Il a été constaté :
a. Une diminution du volume d'oxygène;
l>. L'absence d'oxyde de carbone et d'acide carbonique.
Four chaque sel, le volume d'oxygène absorbé a été mesuré et j'en ai déduit par
calcul, avec corrections de température et de pression, la valeur du rapport
oxygène absorbé
oxygène total
I^es résultats sont les suivants, dans Tordre décroissant de R :
Pour 100. Pour loo.
NaCl (2«) R = 76,i BaC12(/0 R=:62,2
MnClM") 73,7 I-iCl (2/0 60,2
CaClM") 70.4 SrCl- CO 56,6
KCl (3") 67,7 Témoin eau !3,3
Conclusions. — Ces premières éludes caractérisent déjà quelques in-
fluences : i" celle du rapport du poids atomique à la valence de l'élément,
dans le cas du gaïac, où d'ailleurs une action coagulante du sel se superpose
au phénomène étudié; 2° celle de la dilution, ou du coefficient d'ionisa-
tion; 3° par suite de l'inaction des sels autres que les halogènes, on peut
déduire que les ions négatifs ont ici une action spécifique et que les ions
positifs en ont une autre, toutes les deux concourant à la réaction; 4° l'ordre
général de classification des métaux montre que les plus actifs, sodium,
manganèse, calcium, potassium, sont parmi les éléments minéraux essen-
tiels des êtres vivants.
CHIMIE "VÉGÉTALE. — Formation et distribution des composés terpéniques
chez l'oranger à fruits amers. î^ole de MM. Eue. Charabot et G. Laloue,
présentée par M. A. Haller.
Cette étude viendra compléter et confirmer les résultats fournis par les
recherches que nous avons déjà efïectuées. Elle portera sur une plante
SÉANCE DU 26 MARS 1906. 799
vivace ligneuse, l'oranger à fruit doux (Citrus auraniium), c'est-à-dire sur
un exemple analogue à deux autres examinés déjà : mandarinier et oranger
à fruits amers (').
Nous nous occuperons successivement : 1° de la formation et de la dis-
tribution de l'huile essentielle; 2° de la distribution des divers principes
constitutifs de l'essence.
Formation et distribution de l'huile essentielle. — Les organes végétaux
ont été examinés à trois stades successifs de leur développement : le
26 mai 1904. fies rami'aux très jeunes ont été coupés dont on a séparé les
feuilles et les tiges; le 17 juin igo/j, on a fait sur les mêmes arbres une
coupe de rameaux jeunes et une coupe de rameaux ayant de deux à quatre
années d'existence.
Au premier stade nous avons trouvé :
Proportion d"huile essentielle contenue dans 100 parties Poids d'essence contenu dans
de rameaux
de lises de feuilles entiers
le poids
une feuille
de tige
et le poids
corresp.
de lige
une feuille.
à une feuille.
corresp.
o"s, 290
o™S, 02.5
o™R, 320
Iraiches. sèches. fraîches. sèches. frais. secs.
o,o55 0,184 0.09.5 0,404 0,089 0,366
Ces nombres montrent neltenieiil, ce que nous avons déjà constaté dans les autres
cas examinés, à savoir : les feuilles sont sensiblement, plus rielies que les liges en
composés odorants, encore que, au stade considéré, la proportion d'essence dans la
tige soit relativement élevée.
Au point de vue absolu, la feuille toute jeune renferme près de douze fois plus
d'essence que la tige.
Les nombres obtenus au deuxième stada sont les suivants :
Proportion d'huile essentielle contenue dans loo parties Poids d'essence contenue dans
de rameaux le poiils une feuille
de tiges de feuilles entiers de lige et le poids
Iraiches. sèches. fraîches. sèches. frais. secs. une feuille, à une feuille. corresp.
0,0-3 0,1 32 0,222 0,735 0,182 o,5i3 o'"8,-55 o"'s, 092 o'"s,847
Par rapport à la matière sèche, la proportion d'essence a diminué dans les tiges et
augmenté dans les feuilles. Elle s'est accrue dans l'ensemble formé par ces deux
organes.
Si la proportion d'essence a baissé dans la tige sèche; en d'autres termes, si la ma-
(') Ch.vk.vbot et Lalouk, Comptes rendus, t. G-WXVU, p. 996^ t. CXXXVIII,
p. 1229 et p. i5i3.
8oO ACADÉMIE DES SCIENCES.
tiére odorante ne s'est pas accumulée dans cet oigane avec une abondance relative
aussi grande que la matière végétale totale, on en voit néanmoins apparaître an poids
nouveau (o™s, 092 — o™s,025 = o™k, 067) égal à près de trois fois le poids primitif. En
même temps, dans la feuille, la quantité absolue d'essence s'est accrue de
O"'»', 755 — 0™", 395 :z= 0™S,46o.
Dans l'ensemble des deux organes, il y a eu une augmentation du poids d'essence
s'élevanl à o'"s, 847 — o™s, 820=: o'"», 627.
Par conséquent, l'inlervalle considéré correspond à une jjériode défor-
mation iiclive de l'essence; l'accumiiLtion de l'essence dans la tige est im-
portante au point de vue absolu, mais elle se ralentit par rapport à celle
des antres matières.
Au troisième stade considéré, nous sommes arrivés aux résultats suivants :
Proportion d'huile essentielle contenue dans 100 parties Poids d'essence contenu dans
de rameaux le poids une feuille
de tiges de feuilles entiers de tige et le poids
fraîches. sèches. fraîches. sèches. frais. secs. une feuille, à une feuille. corresp.
o,oo.S 0,012 0,221 0,602 0,096 0,180 o"*s, 989 o"'s,o48 o™s, 987
La proporlion il huile essentielle a décru d'une façon eonsidcrahle dans la
tige, elle a décru aussi dans la feuille d'une façon sensible depuis le stade
prêt édi-iit. Elle a, par conséquent, baissé dans l'ensemble des deux organes,
et cela aussi bien dans le premier stade que depuis le second.
Dans le poids de tige correspondant à une feuille, nous observons une dimi-
nution de o'"s,o92 — 0'°''', 048 = o'"^,o44' c'est-à-dire 5o pour 100. Dans
chaque feuille il y a, au contraire, augmentation de
o'^s.gSg — o'"s, ^55 = o'"^ 184
du poids d'essence; de sorte qu'en somme il v a eu formation d'une
nouvelle quantité d'hiule essentielle entre les deux derniers stades. Mais
l'écoulement dans la tii^e ne compense pas la consommation décomposés
odorants dans cet organe ou leur départ vers d'autres parties de la plante.
Distribution des divers principes constituti fs de l'huile essentielle. — Les
quantités des diKérentes essences de tiges dont nous disposions ne nous
OUI pas jieruiis d'elfectuer d'une iaçon complète l'analyse de ces essences.
Nous avons cependant pu constater qu'elles ne renferment que des traces
de citral, et nous sommes arrivés à la conclusion suivante : le ciiral se ren-
SÉANCE DU 26 MARS I906. 80I
contre plus abondamment dans l'essence de feuilles que dans l'essence de tiges,
plus abondamment aussi dans la feu lie elle-même que dans la tige.
L'analyse des essences de feuilles nous a nionlré que, entre le premier et
le second stade, la proportion de citral augmente dans l'essence ainsi que la
proportion d'élher; le rapport entre l'alcool combiné et l'alcool total croît; enfin
la teneur en alcool total diminue. Il y a là une nouvelle conflrmalioii des
résultats obtenus pur l'un de nous au sujet de l'évolution des conriposés
terpéniques. D'autre part on peut consl;iler que la période d'éthérification
active des alcools est aussi celle pendant laquelle se forment des propor-
tions notables d'essence.
A la fin, l'éthérification devient moins active. — De plus nous voyons que
les essences non dissoutes dans les eaux de distillation renferment une
proportion d'alcool èlhéi'ifié plus forte que les essences extraites des eaux.
Par contre les [jremières paraissent renfermer un peu moins de cilral que
les secondes.
ZOOLOGIE. — Sur un Ceslode parasite des Huîtres perlières déterminant la
production des perles fines aux îles Gambier. Note de i\l. L.-G. Seurat,
présentée par M. Edmond Perrier.
L'Huître perlière des lagons des Gambier (Océan Pacifique Sud), la Mar-
garitiferu margaritifera var. Cu/ni/igi R^^eve, vivant par des fouils du lo*"
à 25™, est remarquable [)ar la présence de kystes de dimensions et de
formes très variées, qui se renci>ntrent dans les divers organes, plus spé-
cialement dans les branchies et la lame d'attache <le celles-ci; le ventricule,
le manteau, les régions dorsale et latero-dorsale du corps, les palpes
labiaux, le foie, la paroi du rectum, la veine branchiale, sont les autres
parties atteintes.
Ces kystes, dont le diamètre est d'environ i'"'",5, renferment à leur in-
térieur un petit animal visible à l'œil nu, que l'on arrive à extraire assez
facilement en dilacérant l'enveloppe.
Cet organisme est un ver, un scolex de Cestode que nous rapportons au
genre Tylocephalum I^inton; il continue à vivre dans l'eau de mer et se dé-
place, au fond du verre de montre dans lequel il est placé, par des mouve-
ments de contraction et d'extension.
A l'état de contraction, ce scolex. est ovoïde, atténué à Tune de ses extrémilés et
mesure 250^"- de longueur; l'extréinilé la plus grosse présente un orifice arrondi, qui
8o2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
mène dans une ca^ité en forme de dé, entourée d'un anneau musculaire très net, au
fond de laquelle se trouve une petite trompe arrondie, mesurant 55S'' de diamètre à sa
base; quand l'animal veut se déplacer, il dévagine la partie antérieure, la trompe et
l'anneau musculaire sortant entièrement, et, en même temps, il s'allonge; presque
aussitôt l'anneau musculaire, puis la trompe se réinvaginent.
Ce scolex est entouré d'une enveloppe anhysle assez épaisse; l'intérieur du corps est
rempli de cellules arrondies, toutes semblables; il n'y a pas trace de différenciation
interne, pas de tube digestif ni d'organes génitaux.
Les kystes peuvent renfermer une larve et alors ils sont de forme arrondie, ou en
renfermer plusieurs, logées chacune dans une cliambre distincte, et alors ils affectent
les formes les plus variées; ils sont sécrétés par l'Huîlre perlière, qui réagit contre le
parasite et l'enveloppe d'une série de lamelles concentriques, de nature conjonctive; à
quelque distance du centre, le kyste est formé par un tissu œdémateux, présentant de
nombreux espaces lacunaires; toute la région atteinte est riche en leucocytes.
Les scolex restent en cet état, dans les tissus de THuître perlière, sans que leur orga-
nisation interne se modifie, quelle que soit l'époque de l'année à laquelle on les
examine; ils ne peuvent continuer leur évolution qu'à l'intérieur d'un second hôte qui
d'après nos observations, est la raie-aigle {Aëlobatis ««/('/irt/v' Euphr.).
Dans l'intestin spiral de cette raie, qiii s'attacjue aux Huîtres perlières, on trouve un
certain nombre de Cestodes de petite faille, parmi lesquels une forme que nous consi-
dérons comme l'adulte de ces larves, et que nous décrirons sous le nom de Tyloce-
phaluni margariUferce.
Ce Cestode, dont nous possédons plusieurs spécimens, ne dépasse pas
une longueur de 4™™; le scolex, globuleux, mesure \^o^ de longueur, 2ooi^
de largeur.
Ce scolex esl remarquable par la présence, à son extrémité antérieure,
d'une cavité assez profonde an fond de laquelle se trouve une trompe qui
fait saillie au dehors et peut se dévagiuer.
L'orifice qui mène dans cette cavité est bordé par un anneau musculaire,
immédiatement en arrière duquel se trouvent quatre ventouses acces-
soires, (le 261^ de diamètre et S"^ d'orifict^, difficilement visibles, et qui ne
peuvent être observées que dans les spécimens éclaircis dans l'huile de
girofle ou le rarboxylol
Le cou est bien séparé de la lête; les anneaux, au nombre d'une cin-
quantaine, sont arrondis, beaucoup plus larges que longs, surtout les
anneaux antérieurs, et fortement engainants. Les scolex du Tyloce.phalmn
margaritijerœ paraissent attaquer uniquement iHuître perlière; nous ne
les avons trouvés ni dans les Méléagrines à nacre jaune {Margarilifera
panasesœ James(ui) des lagons des Gambier et desTuamotu, m dans les
autres Lamellibranches des lagons des Gambier.
SÉANCE DU 26 MARS 1906. 8o3
Les raies-aigles s'attaquent de préférence aux Huîtres perlières dont la
coquille est minée p;ir les Cliones; elles brisent plus facilement ces co-
quilles devenues fragiles, en sorte que ces Éponges perforantes jouent un
rôle important dans la transmission du parasite.
Ce Cestode a une importance économique considérable ; les kystes de la
région latéro-dorsale du corps et ceux du manteau constituent des noyaux
autour desquels se forment les perles fines.
En décalcifiant des perles provenant des Gambier, nous avons trouvé,
au centre, un noyau organique entouré d'assises concentriques de conchyo-
line, l'ensemble ayant près de 1°"" de diamètre; le noyau lui-même est
constitué par un organisme de 220^ de longueur, en lequel il est facile de
reconnaître le scolex du Tyloceplialum.
Les kystes déterminés dans les tissus de l'Huître perlière par la présence
de ce parasite ont d'ailleurs toutes les formes réalisées par les perles. Il est
à remarquer, en outre, que les Méléagrines les plus perlifères se rencon-
trent dans les lagons ou bancs nacriers oîi les l'aies-aigles sont les plus
communes.
Le genre Tylocephalum n'était connu jusqu'à présent que par une espèce,
trouvée parLinton (')dans la valvule spirale du Rhinoptera quadriloba Cuv.
et qui diffère de l'espèce que nous avons trouvée par des dimensions beau-
coup plus considérables.
Les observations que nous avons pu faire aux îles Gambier dès 1902 (^),
et celles d'Herdman et Hornell relatives à la Méléagrine de Ceylan (Mar-
garùifera imlgaris Schum.), montrent quel rôle important les larves de
Cestodes jouent dans la formation des perles fines chez les Huîtres per-
lières.
HISTOLOGIE. — Origine concrète et tirs précise des nerjs.
Note de M. N.-A. Iîabbieri, présentée par M. Edmond Perrier.
Une étude préalable de la composition chimique du tissu nerveux chez
les Mammifères m'a permis d'en séparer les principes les plus importants (').
(') LixTOX, Noies on Entozoa of marine Fishes of iSew England {Report Conim.
Fàh and Fisheries for 1887, Wasliinglon, 1890).
(-) A. GiARD, L'origine parasitaire des perles d'après les reclierclies de M. G,
Scural {C. R. Soc. de Biologie de Paris, t. L\', igoS, p. r2'22-i22Ô, /f'^'. i-aj.
(,^) Comptes rendus, 5 juin 190J.
8o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Pour préciser la proportion de ces principes et leur localisation, il m'a
semblé utile de recherclier a l'aide de méthodes simples la structure intime
du tissu nerveux. Ce tissu se divise en deux grandes parties : une partie
blanche ou lid)ulaire et une partie grise ou cellulaire. Un point m'a semblé
tout particulièrement nécessaire à éclairer : savoir l'origine des nerfs mé-
dullaires. A cet effet, après avoir fixé la moelle épinière de l'homme ou du
chien dans le bichromute de potassium, j'ai arraché séparément les racines
antérieures et postérieures et je les ai soumises sé[)arémeut à l'action pro-
longée des matières colorantes. J'ai alors constaté qu'il y a des parties
d'une coloration différente, une partie exlraméduUaire d'une coloration
intense et une partie intraniédullaire d'une coloration faible. La ligne de
démarcation précise entre ces deux parties est don née par la limite extrême
de la gaine deSchwann. Cette gaine s'arrête exactement aux bords des sil-
lons médullaires latéraux, où elle se confond et se joint avec le coujonctif
de la pie-mère. Lorsque l'arrachement a été complet, on voit les racines
médullaires se terminer par un faible panache. Si l'arrachement a été in-
complet, on voit alors le cône radiculaire dépourvu des panaches.
Le cône radiculaire de chaque paire de racines antérieures et postérieures est formé
de très nombreux tubes nerveux qui ne sont pas accolés les uns les autres, mais inti-
mement enchevêtrés et réunis par de fines fibrilles du conjonclif intertubulaire.
On parvient à Faide d'une palienle dissociation à isoler parfaitement plusieurs tubes
nerveux. On constate alors que chaque tube nerveux se compose de deux cvlindres
emboîtés l'un dans l'autre. Le cylindre extérieur, formé par la gaine de Schwann, s'ar-
rête exactement aux sillons médullaires latéraux, où il reçoit le cylindre antérieur dit
prolongement neural. Le cylindre extérieur est accolé à la membrane du prolonge-
ment neural, il peut perdre son aspect nacré par simple élongation du nerf. Le pro-
longement neural naît directement de la cellule nerveuse comme on peut le concevoir
par la longueur qu'il présente mise en rapport avec la cellule d'origine. Le prolonge-
ment neural est formé d'un crochet, d'une mince membrane et d'un contenu. Le cro-
chet indique le point d'origine cellulaire, la membrane est la continuation de la mince
niembrane neurale qui forme la limite des cellules nerveuses et le contenu, dit neuro-
plasma, est hyalin, légèrement granuleux et l'on peut le considérer comme un pio-
duit d'élaboration de la cellule nerveuse.
Dans son parcours intraméduUaire le prolongement neural n'a pas le même calibre,
il sort très fin de la cellule et il grandit au fur et à mesure qu'il s'approche du cylintlre
extérieur, où, tout en gardant sa membrane, il prend sa forme définitive déterminée
par le calibre uniforme de la gaine de Schwann.
Le prolongement neural observé dans une section transversale présente la même
uniformité de son neurojdasma. A chaque tube nerveux des racines antérieures et
postérieures correspond un prolongement neural, à chaque prolongement neural cor-
respond une cellule médullaire.
SÉANCE DU 26 MARS 190^1. 8o5
Toutes les substances colorantes connues appliquées à l'élude du pro-
longement neural m'ont donné les mêmes résultats. Le neuroplasm;) des
cordons médullaires et de la substance blanche encéphalique exprimé à
travers une toile très fine m'a donné les mêmes réactions microchimiques
du prolongement neural. Enfin, si après avoir arraché les racines médul-
laires fixées dans le bichromate de potassium, on les soumet à une faible
solution de nitrate d'argent, on trouve que le chromate d'argent met en
relief, par une différence de coloration, l'aspect de deux cylindres, aspect
qu'on peut même rendre plus évident par l'emploi successif des matières
colorantes. Ces méthodes appliquées à l'étude des cordons médullaires
m'ont montré que chaque cordon médullaire se compose d'un ensemble de
tubes nerveux. Chaque tube nerveux des cordons médullaires est formé
d'une gaine conjonctive qui est plus épaisse que la mince membrane neu-
rale, mais moins épaisse que la gaine de Schwann, et d'un contenu en
apparence homogène au neuroplasm;i.
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur l'héinÙLo gène et sur la formation de l'hérnu'
globine. Note de MM. L. Hcgou.vesq et Albert 3Iorel, présentée par
M. Armand Gautier.
La substance mèrede l'hémoglobine dans l'œuf de poule, l'hématogène,
présente avec l'hémoglobine des analogies et aussi des différences que nos
recherches nous ont permis de mettre en évidence. Dans des Communica-
tions antérieures ('), nous avons donné, à la suite d'une analyse complète
de l'hématogène purifié, les résultats des tentatives que nous avons faites
pour hydrolyser cette matière.
Nous avons montré que, sous l'influence des acides dilués et bouillants,
l'hématogène se dédouble en acides amidés en donnant 11 pour 100 d'azote
des diamides, contre 18 pour 100 d'azote monoamidé. Ces acides pio-
viennent de la décomposition d'une matière proléique comparable à la
globine de l'hémoglobine, comme elle riche en diamides el, comme elle
aussi, susceptible d'être rattachée au groupe des histones.
D'autre part, l'hématogène donne, par hydrolyse, un pigment noir
(7 pour 1 00), qui, recueilli et analysé, a présenté la composition suivante :
C 65;90 pour 100 Az 6,67 pour 100
H 4j37 » Pe 2,60 »
(') Comptes rendus, séances des 10 avril et 20 novembre igoa.
C. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N- 13.) ' ^ *3
8o6 ACADÉMIK UES SCIENCES.
Ce composé ,eiiLraine iiae petite quantité de matière minérale où nous
avons reconnu la présence du soufre et du phosphore.
En raison de ses analogies avec l'hématine, nous proposons de donner
à ce pigment le nom à' hémalovine ; car il re[)résente dans l'œuf de poule un
état embryonnaire et incomplètement différencié de l'hématine.
Il est possible, du reste, que l'hématogène et l'hématovine ne se rencon-
trent pas seulement dans l'œuf plus ou moins développé, mais représentent
aussi chez l'adulte un stade d'élaboration de l'hémoglobine au cours du
métabolisme incessant de cette matière colorante. Von Seiller, en effet, a
signalé dans le sang des chlorotiques la présence d'une nucléo-protéide
ferrugineuse autre que l'hémoglobine, et Freund('), qui a retrouvé ce
pigment, l'a vu se dédoubler en une protéide et en un produit brun foncé,
analogue à l'hématine.
La présence dans le sang de ce chromogène incolore, mais riche en fer,
permettrait d'expliquer les différences constatées bien des fois dans les
dosages comparatifs de l'hémoglobine par les méthodes colorimétriques et
par la détermination du fer.
On sait que ces écarts sont plus marqués chez les malades qui présentent
des troubles de la composition chimique du sang.
MÉDECINE. — Hyperthermies opératoires aseptiques. Note de MM. Charrin
et Jahdry, présentée par M. d'Arsonval.
A la suite des opérations, plus rarement des accouchements, on observe
des poussées thermiques parfois élevées mais de courte durée. Après l'in-
tervention, dans plus d'un cas dès la quatrième ou la huitième heure, la
température s'élève; rapidement elle atteint son maximum, s'y maintient
un jour ou deux, même moins et, promptement, avec ou sans oscillations,
revient à la normale. Or, chez l'animal, il est possible de produire des
accidents analogues et, grâce à l'analyse des faits, on parvient à saisir le
mécanisme des phénomènes et à préciser leur valeur.
Expérience I. — L^e 9 février 1906, chez un chien pesant 5''^, à l'aide d'un lube en
caoutchouc poui\ u à ciia(|ue extrémité d'une canule en verre, on établit une commu-
nication entre la cavité péritonéale et l'une des artères fémorales. L'appareil, d'ailleurs
parfaitement stérilisé, une fois en place, on enlève une pince à forclpressure, qui
jusque-là, en écrasant ce tube en caoutchouc, s'opposait au passage du sang, dont on
(') Wiener Klin. W'ochcnxeh.. i(.)o'.). n° :iT.
SÉANCE DU y.S MARS 1906. 807
laisse alors iSs pénétrer dans la séreuse. Puis, cet épanchement réalisé, on retire l'in-
struinent et, en continuant à s'entourer des plus minutieuses précautions aseptiques,
on sulure les plaies.
Tout d'abord, on note un abaissement tliermii|ue immédiat deo°,3, probablement
dû à l'immobilisation de l'animal. Mais, dès la troisième heure qui suit cette inter-
vention, l'ascension commence et en moins d'une demi-journée la température rectale
s'élève de 38 à 89,5. A partir de ce maximum elle décroît, offre le lendemain et le
surlendemain quelques oscillations et revient à la normale.
Expérience II. — Quelques jours après cette première expérience, chez le même
chien complètement rétabli et en observant une technique identique, on fait pénétrer
dans le péritoine 906 de sang puisé dans la fémorale demeurée intacte.
On note également un très léger abaissement immédiat; puis, en 6 heures, la tempé-
rature de l'animal passe de 38, 1 à 39,9. Ce fastigium atteint, cette température tend
à fléchir; toutefois, durant quelques jours, sans doute en raison d'une contamination
accidentelle de la plaie abdominale ouverte deux fois, elle se maintient relativement
élevée et tarde à revenir au chiffre physiologique.
Expérience III. — Utilisant toujours les mêmes procédés, chez un nouveau chien
pesant 12^", le 7 mars 1906 on introduit dans la cavité péritonéale 65s de son propre
sang. — 5 heures après la température rectale s'est élevée de 0,6 et, le 8, elle passe
de 38,4 à 88,7; mais, dès le 9, une soudaine diminution ramène cette température au
point de départ.
Assurément, d'autres faits (') démontrent la réalité de ces hyperther-
mies consécutives à des interventions sanglantes ; néanmoins, peut-être
plus exactement que la plupart d'entre eux, nos expériences (sang de
l'animal en cause, etc.) reproduisent les conditions de la clinique. Or si,
par l'examen histologique comme par les cultures, on analyse les résultats
obtenus, on reconnaît que ces j)hénomènes sont indépendants de toute
infection, indépendance que l'absence d'incubation suffit à mettre en
évidence.
D'ailleurs, à la suite de la résorption de certains liquides d'oedèmes ou
d'épanchements séreux, il est possible d'enregistrerdesaccideutsanalogues.
Parfois même (bien qu'à cet égard les effets obtenus soient inconstants et
plus rarement positifs), en injectant ces liquides on parvient à provoquer
des élévations thermiques. En dehors des aptitudes à réagir, aptitudes mo-
biles suivant les animaux utilisés, ces variations dépendent des quantités
employées, de la nature, de la composition de ces produits, de leurs carac-
tères d'exsudats ou de transsudats, de leur ancienneté, des conditions de
l'absorption, etc.
(') Voir, en particulier, I'ii.lon, Soc. BioL. 9 mars 1896, et Thèse inaug.
8o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Comment expliquer ces hyperlhermies ? D'un côté, il faut se souvenir
qu'en introduisant, sous I.t peau ou (l;nis la circulation, du sérum artificiel,
des matières minérales, des principes extraits d'une série d'organes, di-
verses substances proléiques, des corps issus des leucocytes par sécrétion,
exosmose ou dislocation de ces leucocytes, en particulier des diastases,
au premier rang le fibrin-ferment, etc., à des degrés variables on réussit
à déterminer des ascensions du thermomètre. D'autre part, il importe de
remarquer que des sérosités, pins encore le sang, sont susceptibles de
renfermer de tels éléments.
Ainsi, chez des opérés ou des accouchées, l'infection n'est pas seule
capable d'engendrer des poussées pyrétiques ('). Comme nul ne l'ignore,
ces poussées peuvent être l'œuvre soit d'une exagération du travail glan-
dulaire (hyperfonctionnement hépatique ou thyroïdien; montée laiteuse,
fièvre mammaire, etc.), soit des réactions nerveuses (fréquence des émo-
tions au moment des opérations ou des accouchements) propres à mettre
en jeu des centres thermogènes on trophiques (^), etc. Toutefois, ces
influences sont habituellement de peu d'importance; les vrais accès hyper-
thermiques aseptiques sont plutôt d'origine toxique et, en général, à une
intensité assez considérable ils joignent une durée relativement courte.
Eu dépit de la fréquence des processus infectieux, dans certaines cir-
constances il est bon de songer à de tels accidents et, grâce à quelques
symptômes (persistance relative de la diurèse, de l'humidilé de la langue,
de l'expression naturelle du faciès, incubation nulle on très minime, etc.),
il faut s'efforcer de dépister leur nature. Au point de vue du pronostic, qui
ne conçoit la portée d'un semblable diagnostic, d'une pareille distinction?
D'un côté (origine toxique ou chimique), le trouble est passager, la gué-
rison assurée; de l'autre (origine microbienne), le phénomène comporte
toute la gravité d'une infection, dans l'espèce souvent très sévère.
(') Il UN a pas lieu de discuter ici l;i place que tient dans la tîèvre l'élément livpei-
llierniique.
(') On sait qu'à la suite des émotions l'urée varie; en général, les sensations gaies
provoquent une augmentation, une accélération des échanges capable d'entraîner un
accroissement de chaleur.
SÉANCE DU 26 MARS 1906. (S09
GÉOLOGIE. — Contribution à l'histoire du géosynclinal piémontais.
Note de M. Emile Argand, |)résentée par M. de Lapparent.
Si nous déroulons par la pensée les boucles grandioses des nappes pié-
montaises, de façon à reconstituer, autant que faire se peut, l'ancien géo-
synclinal des schistes lustrés, nous pouvons discerner, à travers l'infinie
complexité des détails, l'influence de facteurs 1res généraux. Les deux for-
mules que nous allons en donner, sans prétendre à une absolue rigueur,
peuvent suffire pour une première ap[)roximali()n. Elles s'appliquent essen-
tiellement au vaste territoire que limitent au Nord le Rhône valaisan, à
l'Est la vallée de Saas, au Sud la vallée tie l'Orco, à l'Ouest les deux vais
Ferret.
T. Le métamorphisme caractérise par les roches vertes t'a en croissant du
bord externe au bord interne du géosynclinal. — \ai principe de l'aggravation
du métamorphisme régional vers l'intérieur des Al|:)es, entrevu ou énoncé
par nombre d'auteurs, n'a jamais été étendu à toute la largeur du géosyn-
clinal. Il ne se vérifie que pour la série mésozoïque. Du reste, la démon-
stration péremptoire n'en peut être fournie qu'aujourd'hui. Une telle dé-
monstration exige, en effet, i'élucidation préalable de la tectonique
générale, à la lumière de laquelle nous pouvons enfin apprécier les rap-
ports primitifs des diverses bandes mésozoïques, presque toutes transposées
aujourd'hui.
Dans les schistes lusirés du val Ferrel, c'est-à-dire sous la nappe IV, les roches
vertes sont fort rares. Dans la moitié externe de la bande d'iîvolène (synclinal IV-V ),
elles deviennent assez fréquenles; sur la nappe V, elle commencent à prédominer;
dans le synclinal V-VI (val Tournanche, moitié interne de la bande dEvolène), les
piètre verdi l'emportent décidément en étendue sur les schistes lustrés, et en même
temps apparaissent les premiers types massifs. Enfin, sur la nappe VI et jusque dans
la zone d'ivrée, la prépondérance des tvpes massifs est incontestable.
Ainsi on peut suivre pas à pas l'envahissement progressif des schistes
lustrés par les roches vertes, à partir de la bande de Sion jusqu'à la zone
d'ivrée. l^a persistance, à la base de tous ces complexes, d'un horizon à
lentilles calcaires, constitue un repère précieux. Dans la jjartie nord de la
région, où le faciès calcaire atteint un grand développement, l'âge triasique
de cet horizon a été établi de()uis longtemps par Gerlach. Ce faciès perd
beaucoup de son importance vers le Sud, mais il n'en persiste pas moins
8lO ACADÉMIE DES SCIENCES.
SOUS forme de lentilles intercalées dans les schistes lustrés ou leurs équi-
valents. Bien que les phénomènes tectoniques aient certainement accentué
cette allure lenticulaire, nous sommes en mesure d'attribuer l'essentiel du
phénomène aux conditions originelles de la sédimentation.
La base des schistes lustrés valaisans, où vient s'émietter le faciès calcaire
du Nord et dans laquelle fondent littéralement les quarzites du Trias infé-
rieur, est certainement triasique.
Et maintenant, grâce à la continuité structurale, désormais établie, qui
règne entre toutes les nappes à faciès piémontais, il nous paraît absolument
légitime d'étendre cette conclusion aux régions qui furent autrefois la
zone interne du géosynclinal, j)our autant qu'elles présentent le même
régime stratigraphiqne. L'horizon à lentilles calcaires du Collon, de la
Valpelline et de la zone d'ivrée est triasique.
II. Le mélamorphisme du Perrno-Carbonifére va en croissant des deux bords du
géosynclinal vers le centre. — La bande liouillère dite axiale, c'eal-à-dire le fais-
ceau des digilations externes de la nappe IV, montre déjà quelques avant-coureurs du
faciès niicaschisteux qui prédomine dans la nappe du Grand Saint-Bernard; dans sa
région interne, celle-ci présente déjà quelques concentrations gneissiques. Dans cette
portion encore plus interne de la nappe IV qui a été encapuchonnée {^) parla nappe \
et qui forme aujourd'hui les massifs du Mischabel et de \'alsavaranche, les gneiss
atteignent un développement considérable. Le maximum de cristallinité est atteint
dans la nappe V (Grand I^aradis-mont Rose), issue du centre du géosynclinal. C'est
avec cette acception entièrement nouvelle que ce gneiss mériterait peut-être de con-
server le nom de gneiss central, mais certainement pas dans le sens attaché à ce terme
depuis Gastaldi.
Le gneiss de la nappe M, dit d'Aroila, est en général moins largement développé, et
la réduction du type s'observe déjà dans les replis méridionaux du massif de la Denl-
Blanche; il passe vers le Sud, par le mont Mary et le mont Emilius, à un faciès mica-
schisteux, répétant ainsi en sens inverse la série des phénomènes présentés par la
nappe l\ . Enfin, dans les régions tout à fait internes, le Carbonifère faiblement méta-
morphique est connu en divers points du Canavese, au bord même de la plaine pié-
montaise.
(') Nous proposons le ternie (Veiicapiic/io/inement pour désigner les déformations
qui résultent de la résistance d'une nappe déjà formée à la propagation d'une nappe
plus jeune. La première se déforme de façon à envelopper à dislance la charnière fron-
tale de la seconde. Dans le cas particulier, on peut déraontier que la mise en place de
la nappe V est postérieure à celle tie la naj)pe 1\ .
C'est en s'appuyanl sur des pliénomènes analogues que M. Lugeon a pu établir (|ue
les nappes des hautes .\lpes calcaires sont plus jeunes que les nappes préalpines.
SÉANCE DU 26 MARS i()o6. 81 I
Ainsi la répartition du métamorphisme dans le grand géosynclinal,
encore que sujette à d'innombrables variations locales, obéit à des lois
générales très simples, mais différentes pour la série paléozoïqne et pour
la série mésozoïque.
Nous ne disposons pas d'éléments d'appréciation suffisants pour aborder
la question de savoir s'il y a eu réellement superposition de deux méta-
morj)hismes, ou bien si les deux lois précitées ne dépendent pas d'un
même ensemble de facteurs, d'ordre encore plus général. La question mé-
ritait en tout cas d'être posée.
A peu de distance en dedans du bord interne de la zone d'Ivrée, on ne
rencontre plus d'éléments ayant appartenu au géosynclinal des schistes
lustrés. Quant à la zone Slrona-Valteline et aux nappes qui en sont
issues ('), il y a de très fortes raisons pour y voir le résultat de la défor-
mation extrême d'un môle très ancien. Ce môle a constitué, pendant de
longues périodes géologiques, la limite méridionale du géosynclinal des
schistes lustrés.
Dans la région où ce horst méridional s'approche le plus de ceux de la
première zone alpine (Aar-Golhard), l'effort orogénique, s' exerçant sur
un géosynclinal plus étroit, a produit des effets plus intenses que dans les
territoires situés à l'Est ou à l'Ouest. C'est la raison pour laquelle les plans
axiaux de toutes les nappes piémontaises sont affectés d'un bombement
maximal dans leur passage à travers le ïessin.
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Contribution à la géographie physique de
l'Atlas marocain. Note de M. Louis Gentil, présentée par M. de
Lapparent.
Les géographes s'accordent à diviser l'Atlas marocain en trois chaînes
principales, généralement désignées sous les noms de Haut-Atlas. Moyen-
Atlas et Anti-Atlas (-).
J'ai rapporté de mes explorations de nombreuses données sur le Haut-
Atlas et je me propose, par cette Note, de discuter la subdivision orogra-
phique qui en a été donnée.
(') C'est-à-dire la majeure partie des noyaux cristallins des nappes orientales.
{^) Paul Schnell, L'Atlas marocain, d'après les docufnénts originiux {Peler-
inanns yiilleilitngen, 1892). Traduction française par Augustin E'ernard. l'aris, 1898.
8l2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La partie de la haute chaîne située au sud de Marrakech a été le prin-
cipal objectif (le la plupart des voyageurs marocains : Balansa, Rohifs,
Lenz, von Fritsch, Hooker et Bail, de Foucauld, Thomson, etc., ont pu-
blié d'importants travaux qui ont été le point de départ d'une remarquable
synthèse sur l'Atlas marocain, de la part du géographe Paul Schnell.
Depuis, les brillantes explorations de M. de Segonzac à travers le
Moyen et le Haut-Atlas, les recherches géologiques de M. Brives et de
M. Paul Lenioine, dans l'Atlas occidental, ont apporté des documents nou-
veaux sur ce massif. Mais, tandis que le flaiic septentrional de la chaîne
qui regarde la capitale du Sutl marocain a été très visité, ses extrémités
l'ont été fort peu et l'on peut dire que le flanc méridional de la haute
chaîne est demeuré presque inexploré avant nos voyages.
J'ai eu la bonne fortune de pouvoir circuler en tous sens dans le Haut-
Atlas, depuis la côte atlantique jusqu'au méridien de Demnat, notamment
sur son revers sud, et mes observations m'engagent à modifier sensiblement
la conception orographique actuellement admise.
Je rappellerai à ce sujet que M. Paul Schnell fait commencer la chaîne à
environ Go""" du littoral et il la limite, à l'Est, au col de Tizi n Telremt;
enfin il la divise en deux parties : Vaile occidentale ancienne et Vaile orien-
tale récente.
Cette subdivision paraît avoir été adoptée sans réserve depuis ( ' ).
I. Extrémité occidentale du Haut- Allas. — M. Paul Schnell a été amené
à distraire de la haute chaîne, à la suite des observations de l'explorateur
Thomson, la partie littorale située à l'ouest du col des Bibaoun, à cause de
l'âge récent (crétacé) des terrains qui s'y trouvent et aussi de l'allure régu-
lière qui a fait distinguer par M. Brives toute cette zone atlantique sous la
dénomination Ae plateaux occidentaux.
J'ai observé en bien des points, comme mon collègue d'Alger, une série de plateaux
réguliers formés par une succession imposante de couches argilo-gréseuses ou marno-
calcaires, dans lesquelles j'ai reconnu une série presque complète des terrains crétacés,
depuis le Berriasien jusqu'au Sénonien à Oslrea vesicularis; mais ces plateaux et, par
suite, les couches crétacées qui les constituent, sont régulièrement inclinés vers le
bord de la mer, et si les plus élevés d'entre eux sont poités à plus de i5oo™ d'alti-
tude, ce n'est pas par suite de la situation stratigraphique de ces couches supérieures,
mais en raison de leur allure.
(') Voir à ce sujet : Brivi!s, But. Soc. de géographie et Alger, 1901 à 1900; elBul.
Soc, géolog, de Fiance, 4° série, l. V, igoâ.
SÉANCE DU 26 MARS ig <6. 8r3
Déplus, cette zone littorale est traversée par des plis parfois très accentués, qui
mettent au jour des calcaires jurassiques ('),et sont remarquables par l'inclinaison de
leur axe. Le. pli du cap Tafelneli est peu incliné, tandis que ceux du cap R"ir (Ghir)
et d'Agadir n Ir'ir, disparaissent dans une aire d'ennoyage occupée par l'emplacement
actuel de l'Océan et par les terrains crétacés des environs d'Agadir.
L'ossature de ces plis est constituée soit par le Trias soit par des terrains primaires
(Permien) qui affleurent, notamment, dans la région des Ida ou Tanan.
Enfin les plateaux crétacés disparaissent totalement en approchant de l'Âsif Tame-
rakht, et jusqu'à la vallée du Sous on se trouve dans une région plissée (-).
Pour ces raisons il est inijjossible de distraire la zone littorale des Haha
et des Ida ou Taiinn du Haut-Atlas, car elle partage à la fois la composition
statigraphique et la structure de ses deux versants plus à l'Est et je pense
que la haute chaîne doit commencer au cap R'ir ainsi qu'il était admis
autrefois (").
II. Ailes occidentale et orientale du Haut-Atlas. — Cette division de la
chaîne me paraît tout à fait légitime au point de vue orographique : il est
indiscutable, en effet, que le col de Telouet correspond à un abaissement
considérable de la chaîne. Mais M. Paul Schnell, à la suite de l'explorateur
Thomson, a en outre attribué à ce col une grande \m\^o\'\.^ncQ géognostuiue ,
et distingué l'aile occidentale ancienne de l'aile orientale récente.
La partie de la chaîne comprise entre les cols des Bibaoun et du Telouet est formée
d'un massif ancien, archéen et primaire, dans lequel M. Brives a signalé avec raison
des plis hercyniens parfois orientés N20°E ('). Ce massif, qui forme les crêtes et les
sommets les plus élevés, est entouré de tous côtés par les terrains crétacés, dont les
afileuremenls ne semblent pas dépasser les altitudes de i5oo™ à 1600'".
A Test du col de Telouet Vaile orientale est caractérisée par des crêtes de calcaires
que je place dans la série jurassique. Ces calcaires sont, de même que les terrains cré-
tacés des flancs de Vaile occidentale, affectés par des plissements, grossièrement paral-
lèles à la direction de la chaîne et croisant les plis primaires sous un angle de plus
de 45° ; ils sont portés à des altitudes atteignant ou dépassant 2000™, mais les profondes
vallées qui séparent les arêtes aiguës qu'ils forment sont entaillées dans des terrains
primaires comprenant des schistes à Graptolithes (^). Les arêtes jurassiques sont d'ail-
(') L. Ge.m'il et P. Lemoiae, Le Jurassique dans le Maroc occidental {A. F. A. S.,
Congrès de Cherbourg, igoà).
(-) Les plis jurassiques des Haha et des Ida ou Tanan impriment aux cours d'eauv
de ces régions une direction à peu près normale à la côte.
(') Arlett (i835), voir Paul Schnell, ouv. cit.. p. 33.
(*) Il est à remarquer la liaison qui existe entre la direction de ces plis primaires et
celle des cours d'eau, déjà signalée sur le flanc septentrional de la chaîne (Thomson-
Brives), et que j'ai également constatée sur le flanc sud.
(°) Louis Gentil, Comptes rendus, l. GXL, igoô, p. 1659-1660.
C. K., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N- 13.) «07
Hl'l ACADEMIE DES SCIENCES.
leurs dominées par des crêtes anciennes et le Dj. Anr'mer constitue un pic imposant
formé de grès rouges perniiens, surmontés d'une épaisseur formidable de roches volca-
niques. Enfin le flanc méridional de la chaîne, au sud de Demnal, olTre un affleurement
important de grès, d'argiles schisteuses et de calcaires à Crinoïdes dans lesquels j'ai
découvert une remarquable faune dinantienne; et je ne serais pas surpris que cette
zone carboniférienne aille rejoindre les niveaux, bien connus, très fossilifères, de la zone
d'occupation française, à l'est du Tafilelt.
Dans ces conditions il me paraît bien difficile d'attribuer à Yaile orientale
du Haut-Atlas un âge récent et à Vaile occidentale un âge ancien. Les deux
parties de la haute chaîne sont composées des mêmes terrains affectés des
mêmes plissements.
M. A. Graby annonce à l'Académie qu'il est arrivé à une solution très
simple du problème de la Photographie des couleurs.
M. G. VAN DER Mensbrugghe adressc une Note Sur le danger des pous-
sières dans les galeries de mines.
(Renvoi à une Commission composée de MM. Haton de la Goupillière,
Michel Lévy et Zeiller.)
A 4 heures et demie l'Acadéiuie se forme en Comité secret.
I,a séance est levée à 5 heures.
G. D.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 12 mars 1906.
La Vie des Animaux illustrée, publiée sous la direction de M. E. Perrier, Membre
de l'Institut. Les Mammifères, par A. Me.negaux ; So planches en couleurs et nombreuses
photogravures, d'après les aquarelles et les dessins originaux de W. Kuhnert. Paris,
J.-B. Baillière et fils, s. d. ; 1 vol. in-4''. (Présenté par M. Yves Delage. Hommage
de l'auteur.)
SÉANCE DU 2:') MARS I<,o6. 8l5
Précis de Médecine légale, par A. Lacassagnk. Paris, Masson et O', 1906; i vol.
in-8°. (Préspnlé par M. Bouchaid. Hommage de l'auteur.)
/Voles préliminaires sur les gisements de Mollusques comestibles des côtes de
France. Les côtes de la Loire à la Vilaine, avec i carte el 2 planches, par L. JouBhN.
(Fascicule 59 du Bulletin du Musée océanographique de Monaco. 20 janvier 1906.)
I fasc. in-8°. (Présenté par S. A. S. le Prince de Monaco.)
Bulletin des Sciences mathématiques, rédigé par MM. G. DinBoux, E. Picard,
J. Tannert; 2° série, t. XXX, janvier 1906. Paris, Gauthier-Villars; i fasc. in-8°.
Annuaire de la Société météorologique de France, Revue mensuelle; 54" année,
janvier 1906. Paris, Gauthier-Villars; i fasc. in-S".
Observations pluvioniétriques et thermométriques faites dans le département de
la Gironde, de juin igo/J à mai 1905 ; Note de M. G. Rayet. Bordeaux, G. Gounouilhou,
1900; I fasc. in-8°.
Mémoires de la Société nationale d'Agriculture, Sciences et Arts d'Angers;
b' série, t. VIII, année igoS. Angers, Germain et G. Grassin; i vol. in-8°.
Notes on the life history of british jlowering plants, hy the right hon. Lord
AvEBLRT. Londres, Macmillan et G'", 1906; i vol. in-S". (Hommage de l'auteur.)
L'éclipsé totale de Soleil du 3o août 1905. Observations de la Mission astro-
nomique suisse à Santa Ponza {lie de Majorque), par M. Raoul Gautikr, avec la
collaboration de MM. J. Pidoux, F.-A. Forel el J. Anckermann. Genève, igoS;
! fasc. in-8°.
Les ombres volantes, observations de MM. Henri Dufour et Raoul Gautiir. Genève,
1906; I fasc. in-8°.
Détermination de la latitude et d'un azimut aux stations Oirschot, Utreclit,
Sambeek, Wolberg, Harikerberg, Sleen, Schoorl, Zierikzée, Terschelling (phare
Brandaris), Ameland, Leeuwarden, Urk et Groningue ; ^uhWcaùon de la Commission
géodéîique néerlandaise. Delft, J. Waltman, 1904; 1 vol. in-4*.
Déterminations de la dijférence de longitude Leyde-Ubagsberg, de l'azimut de la
direction Ubagsberg-Sittard et de la latitude d'Ubagsberg par la mesure des dis-
tances zénithales et d'après la méthode Horrebow-Talcott en 1898 ; publication de la
Commission géodésique néerlandaise. Delft, J. Waltman, 1900; i vol. in-4°.
Observations météorologiques suédoises, publiées par l'Académie royale des Sciences
de Suède, exécutées et rédigées sous la direction de l'Institut central de Météorologie ;
vol. XLVI, 1904. Upsala et Stockholm, igoS; i vol. in-4°.
Anales del Inslitulo y Observatorio de Marina de San Fernando, Seccion 2* :
Observaciones meteorologicas, magnelicas y seismicas, aho igo4. San-Fernando,
igo5 ; 1 fasc. in-4°.
Report to the Government of Ceylon on the pearl oyster fisheries of gulf of
Manaar, by W.-A. Herdman; with supplementary reports upon the Marine Biology
of Ceylon, by olher naluralisls. Parts lll and IV' ; pub. by the Royal Society. Londres,
1900 ; 2 vol. in-4°.
United States geological Survey, vol. XLVIII : Statuts of the mesozoic Fieras of
8i6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
the United States; second paper, by Lester-F. Ward, wilh collaboration of Wiluam
M. Fontaine, Arthur Bibbins and G.-R. Wieland. Part I : Text. Part II : Plates. Wa-
shington, Government printing Office, igoS; 2 vol. in-4°.
OUVRAGBS REÇUS DANS LA SÉANCI DU I9 MARS I906.
Observations de nébuleuses et d'amas stellaires, par M. G. Bigourdan, Membre de
l'Institut; tome I, 1" partie : Observations différentielles ; 6^ o'" — ii'^o'". Paris,
Gaulhier-Villars, s. d. ; i vol. iii-4°. (Hommage de l'auteur.)
Annales du Bureau central météorologique de France, publiées par E. Mascart,
Membre de l'inssitul : année 1902, II. Observations; année 1908, III. Pluies en France.
Paris, Gaulhier-'V^illars, igoS; i vol. et i fasc. in-4°. (Hommage de M. Mascart.)
Traité de Chimie minérale, publié sous la direction de M. Henri Moissan, Membre
de riiislitut; tome V : Métaux; Table alphabétique des cinq Volumes. Paris, Masson
et C'% 1906; I vol. in-8°. (Hommage de M. Moissan.)
Leçons de Clinique chirurgicale, par O.-M. Lannelongue, Membre de l'Institut;
avec 4o figures dans le texte et 2 planches en couleurs. Paris, Masson et C'", igoS;
I vol. in-8". (Hommage de l'auteur.)
Précis de Diagnostic chimique, microscopique et parasilologique, par Jules
GuiART et L. Grlwbert, à l'usage des médecins, des pharmaciens, des étudiants en
médecine préparant le troisième examen (deuxième partie) et des étudiants en
pharmacie. Paris, F.-R. Rudeval, 1906; i vol. in-12. (Présenté par M. Guignard.
Hommage des auteurs.)
Un dernier mot sur la valeur spécifique du Vicia serralifolia Jacquin, par M. D.
Clos, Correspondant de l'Institut. (Extr. du Bulletin de la Société botanique de
France; t. LU, igoS.) r fasc. in-S".
Note sur l'appauvrissement des sources et sur l'influence des pluies d'hiver;
Observations concernant le bassin de la Somme, par P. Houllier. Abbeville, igoS;
I fasc. in-S".
De l'origine des Pahouins, essai de résolution de ce problème ethnologique, par
Louis Franc. Paris, A. Maloine. igoS; i fasc. in-S".
Les peintures et gravures murales des cavernes pyrénéennes Altamira de San-
tillane et Marsoulas, par E. Cartailhac et l'abbé H. Breuil. Paris, Masson et C'%
1905; I fasc. in-8°.
Annales des Ponts et Chaussées, 2' partie : Lois, décrets, arrêtés et autres actes
concernant l'administration et le personnel des Ponts et Chaussées et documents admi-
nistratifs concernant les pays étrangers; 76" année, 8" série, t. VI, i«'' cahier, janvier
1906. Paris, E. Bernard; i fasc. in-S".
Mémoires de la Société académique d' Agriculture, des Sciences, Arts et Belles-
Lettres du département de l'Aube; t. .XLII, 3» série, année igoS. Troyes, Paul Nouel;
I vol. in-S".
(A suivre.)
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 2 AVRIL 1906.
PRÉSIDENCE DE M. H. POINCARÉ.
MEMOIRES KT COMMUNICAl lOlM.s
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ASTRONOMIE PHYSIQUE, — Photographie des protubérances solaires avec des
écrans colorés dans l' éclipse du 3o août ipoS. Note de MM. H. Deslavdres
et G. Blum.
Nous nons sommes proposé, de faire des plioloora|)hies spéciales des pro-
lubérances solaires et de la couronne intérieure, pendant la dernière éclipse
totale, en filtrant la lumière solaiie avec des écrans colorés qui absorbent
toutes les radiations gazeuses permanentes des protubérances, suivant la
méthode indiquée par l'un de nous (^Comptes rendus, même Tome, p. 74i).
Le but principal de la reclierche était de reconn:iitre si les protubérances
contiennent des particules hmiineuses mêlées aux gaz et vapeurs.
Les épreuves solaires devaient être à grande échelle de manière à donner
avec détails les protubérances et les parties voisines de la couronne et à
permettre une comparaison précise de leurs intensités avec ou sans écran.
Au début, nous avons été embarrassés pour réaliser ce programme; car les grands
objectifs photographiques de l'Observatoire de Meudon avaient été retenus par la
mission que le Directeur, M. Janssen, devait conduire en Espagne. Heureusement, le
dépôt de la Guerre, grâce à l'intervention aimable du Commandant Bourgeois, chef du
Service géodésique, a pu mettre à notre disposition une lunette photographique, qui
avait été organisée, en iS^^i pour le passage de Vénus sur le Soleil et qui comprenait
un objectif photographique de Prazraowski de o™, 12 d'ouverture et 2™, 80 de distance
focale.
L'objectif a été utilisé de la manière suivante : son image directe a été
G. R., 190G, I" Semestre. (T. GXLII, N° 14.) I o8
8l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
reprise el agrandie par un autre objectif simple (de o", 28 de distance focaie
elo^fOÔ d'ouverture), de manière que l'image finale eût 70™™ de diamètre.
Un agrandissement plus grand aurait entraîné une augmentation de la pose
déjà notable avec les écrans colorés très absorbants. Le second objectif
était mobile aisément du dehors dans le sens de l'axe de la lunette, ce qui
facilitait les changements de mise au point nécessités par l'emploi de ra<lia-
tions différentes pour les épreuves successives.
La lunette ainsi constituée n'avait pas plus de 4™ de long et était très maniable.
Elle aurait pu facilement être fixée à un support d'équatorial ; mais on a jugé préfé-
rable de la laisser horizontale et de la relier à un cœlostat muni de deux, miroirs
plans. L'un des miroirs, large de o", 5o, fournissait la lumière à un grand appareil
placé à l'ouest du méridien et destiné à la mesure du rayonnement calorifique de la
couronne. L'autre miroir, de o"', 3o, envoyait la lumière à la chambre photogra-
phique de 4"" située à l'est.
Les écrans colorés étaient de trois sortes :
1° Un écran vert transparent de 1 5o5 à 1 58o ;
2° Un écran vert notablement plus clair, transparent, de>i5oo à iSSo,
qui de même que le précédent avait son maximum de transparence pour la
radiation 1 53o et absorbait toutes les radiations gazeuses permanentes des
protubérances;
3° Un écran jaune, transparent pour le rouge, l'orange et le jaune.
Les deux premiers écrans devaient fournir avec des plaques orthocliro-
matiques les épreuves spéciales nécessaires à la recherche; le troisième
donnait les images avec les rayons du spectre de longueur d'o 1 de supé-
rieure à >.5oo. Enfin, sans aucun écran et avec les plaques ordinaires, on
avait les images des rayons de longueur d'onde intérieure à T^Soo.
Les écrans, c|ui avaient été fabriqués par M. .Moapil lard, étaient placés,
soit devant la plaque photographique, soit derrière la seconde lentille,
dans le plan de l'anneau oculaire. Ils étaient fixés à des cadres mobiles de
manière à pouvoir être retirés et mis en place rapidement.
Le Tableau suivant indique les épreuves successives qui étaient proje-
tées avec l'indication des écrans, des plaques et des teinps de pose ( ' ).
(') Les plaques étaient placées dans sept châssis dillerents, à rideau et pour plaiiues
de 24''''" X 24"°', qui appartiennent à la collection de l'Observatoire.
La manœuvre des châssis et des rideaux faisait perdre un temps notable; mais la
dépense d'un appareil à escamotage avait été jugée trop forte.
L'accès de la lumière aux plaques était réglé |)ar un obturateur Guerry dont le volet
SÉANCE' DU 2 AVRIL 1906. 819
Numéro Avec Temps
de l'épreuve. ou sans écran. Nature de !a plaque. de pose.
s
N° 1 sans Lumière jaune 3
N" 2 vert 11" -2 Ollo Perutz Orllio to
N° 3 sans Lumière jaune 10
N" .'1 verl n" 2 Ollo Perutz Ortlio 20
N° 5 M. Id. 3o
N° 6 verl m° 1 Td. 3o
A'° 7 jaune Id. 10
Ce programme n'a pu éUv rem|>li que partiellemesit; car les nuages
couvraient le ciel au moment de la totalité. Le deuxième et le troisième
contact n'ont [)as été visibles; heureusement une petite éclaircie d'une
minute s'est produite dans l'intervalle et a permis de faire les épreuves
n°* 4 et 5.11 avait été convenu d'ailleurs que, en cas de mauvais temps, on
s'occuperait uniquement des épreuves avec écran vert, en sacrifiant au
besoin les épreuves ordinaires, qui sont toujours très nombreuses dans les
éclipses et pouvaient être demandées aux autres missions.
L'épreuve n° 4 est belle et riche en détails; elle est plus intense que
l'épreuve n° 5 dont la pose a été plus longue; mais déjà, pour cette der-
luère, les nuages opaques étaient revenus.
Ces épreuves avec écran ont été comparées à de très belles épreuves ordi-
naires sans écran, obtenues 9 minutes après par M. de La Baume Pluvinel
à Alcala de Chisvert, et elles ont donné des résultats fort intéressants.
(Voir la Note de M. Deslandres, Comptes rendus, même Tome, p. 745-)
Les écrans colorés, qui sont appliqués pour la première fois à l'étude des
protubérances solaires et de leurs particules liquides ou solides, sont à
recommander dans les éclipses futures, d'autant que leur manœuvre n'en-
traîne pas de bien grandes complications.
BACTÉRIOLOGIE. — Action de l'émanation du radium sur les bactéries chromo-
gènes. Note de MM. Cii. Bouchard et Baltiiazard.
Dorn, Baumann et Valentiner ont étudié l'action bactéiicide de l'éma-
nation du radium sur les bactéries palhogènes, bacille typhiqiie, vibrion
était situé dans lé plan focal du grand objectif. L'opérateur, qui tenait à la main la
])oire en caoutchouc de robturatenr, ouvrait le \olel dès que les vibrations, dues à la
manœuvre du châssis, étaient éteintes.
820 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cholérique, bacille diphtérique. Opérant avec des quantités beaucoup plus
faibles d'émanation, nous nous sommes proposé de modifier le pouvoir
chromoeène et la virulence de certains microbes.
Pouvoir chromogêne. — Il existe deux groupes de bactéries chromo-
£;ènes : les unes, comme le micrococcus prodigiosus, sécrètent une matière
colorante qui reste adhérente à leur propre substance; les autres, comme
le bacillus fluorescens, donnent naissance à des pigments qui diffusent dans
le milieu de culture.
L'émanation du radium n'est pas capable de modifier le pouvoir chro-
mogène des bactéries du premier groupe. Nous l'avons démontré pour le
micrococcus prodigiosus et le bacille de Riel. Si l'on ensemence ces
microbes sur la gélatine et que l'on introduise dans les tubes des doses
croissantes d'émanation, on constate qu'avec des doses suffisantes la cul-
ture ne se développe plus. Pour les doses moindres, la culture est d'autant
moins abondante qu'on a utilisé une quantité plus grande d'émanation,
mais les microbes qui prennent naissance ont la même coloration rosée ou
rouge que dans les tubes témoins.
Les résultats obtenus sont tout différents avec les bactéries du second
groupe : le pouvoir fluorescent du bacille fluorescent et du bacille pyocya-
nique est influencé par des doses d'éman.ition beaucoup plus faibles que
celles qui sont nécessaires pour diminuer l'activité de reproduction de ces
microbes.
Le bacille fluorescent ne sécrétant son pigment vert qu'à la température
ordinaire, nous l'avons ensemencé en surface sur des tubes de gélatine
inclinée. Puis nous avons introduit dans ces tubes fermés à l'aide d'un bou-
chon en caoutchouc des doses variables d'émanation. Au bout de 3 à 4 jours,
la gélatine du tube témoin a pris une teinte verte fluorescente très nette;
le tube, dans lequel on a introduit l'émanation produite en une heure par une
solution aqueuse contenant 6 dix-millièmes de milligramme de bromure
de radium, présente une coloration verte très minime et le développement
de la culture ne paraît pas avoir été influencé; le tube, dans lequel on a
introduit l'émanation émise en une heure par 3 millièmes de milligramme
de radium, n'est plus coloré et la culture est un peu moins abondante que
dans un tube témoin. Avec des doses croissantes d'émanation, la culture
devient de plus en plus maigre; elle cesse complètement quand on fait
passer dans le tube l'émanation formée en une heure par 1 5. centièmes de
milligramme de bromure de radium.
Lorsque le bacille fluorescent est ensemencé par piqiire dans la gélatine,
SÉANCE DU 2 AVRIL 1906. 82I
on constate que l'émanation empêche le développement des bacilles en
surface, mais ne s'oppose pas à la multiplication des bacilles dans la partie
profonde de la |)iqTàre. Ce n'est que sur une longueur de 2™™ à 3™", voisine
de la surface et d'autant plus grande qu'il existe dans le tube une quantité
plus considérable d'émanation, que cette piqûre reste stérile. C'est dire
que l'émanation pénètre difficilement et lentement dans la gélatine.
L'étude de l'action de l'émanation sur le l)acille pyocyanique est plus
intéressante; ce microbe produit des pigments en plus grande abondance,
d'une part, et peut, d'autre part, être cultivé à l'étuve à 37° sur la gélose.
En raison de sa plus grande vitalité dans ces conditions, il faut pour empê-
cher la culture une quantité d'émanation telle qu'en peut émettre en
une heure une solution renfermant 5™^ de bromure de radium pur.
Alors que, dans le tube témoin, la gélose a pris au bout de 24 heures
une coloration vert émeraude, dans le tube qui contient l'émanation
émise en une heure par o"'^,ooo6 de bromure de radium, elle est à peine
verdâlre; cette gélose est incolore dans le tube où l'on a introduit l'émana-
tion formée en une heure par o™s^oo3 de bromure de radium. Si l'on
introduit dans une série de tubes de gélose des quantités croissantes
d'émanation, on constate que le développement des cultures du pyocya-
nique varie en sens inverse de la quantité d'émanation, alors que la lon-
gueur du bacille s'accroît progressivement (./?^. i, 2, 3, 4. 5, 6); on
observe non seulement un accroissement de la longueur des bacilles, mais
encore l'incurvation d'un certain nombre d'entre eux.
Fis. I.
Fis
<- - INJ -
^ -1 ~ ' s
, . ^ » "/'/ -
/ * >.
1 -"* *- '
''1 i' - - . * -^ -^
V \ -\.
-t \ , —
i\ '
'1 '
^•s
f s
J • ^
V '^
'
Bacille pyocaniquc dans
le tube témoin.
L ^-'
N.
•\s
Tube avec émanation produite
en une heure par o^SjOooô.
Fig. 3.
V.
Tube avec émanation
de o™«,oo3.
Ces modifications morphologiques du bacille pvocyanique, déjà obtenues
par Charrin et Guignard, par l'addition aux milieuxilecultures de substances
822 ACADÉMIE DES SCIENCES.
antiseptiques, telles que l'acide borique, sont en rapport avec la difficulté
qu'éprouve le microbe, placé dans des conditions de vie défavorables, à
opérer sa segmentation.
Les cultures, dont le développement a été gêné par la présence d'une
très petite quantité d'émanation, reprennent rapidement leur exubérance
lorsqu'on enlève l'émanation. Si l'on a fait agir sur les microbesTémanation
j)roduite en i heure par 5™s de l)ronuire de radium, la culture se
développe quand l'émanation a été chassée, mais reste incolore; après
deux ou trois réensemencements, le pyocyanique recouvre son pouvoir
chromogène initial. Mais, si les microbes ont été au' contact pendant
quelques heures avec l'émanation produite en 4 jours par 25"^ de
bromure, ils ne sont plus capables de se mutiplier ultérieurement. En
pareil cas l'émanation exerce une véritable action bactéricide et^non plus
seulement une action inhibitoire sur la vie des microbes.
Fig. 4. Fig. 5. Fig. 6. "
y. '"
K^^l U -'/.'-■
'~i-.
'^/?
A^
^^
.1
-\ 1
/ ,
- ^'^
r-\
1
:\:^
1
y
\
''/, '
1
^^
^^^\
^"
\^"i^
'^ /
V
, 1
/-i
1
\
Tu)je
avec émanation
1
de 0
"S, i3.
Tube avec éinanalioii Tube avec éuianation
de o^SjOiâ. de o'"5, o6.
Virulence. — L'émanation diminue la virulence du bacille pvocvanique.
Les microbes sur lesquels avaient agi des quantités croissantes d'émanation
et qui sont représentés dans les six figures ci-jointes ont été réensemencés
dans des tubes de bouillon. Alors que la culture provenant du tiibe]]témoin,
après 2.4 heures de séjour de l'étuve, tue à coup sûr le cobaye par inocula-
lion inlra-périlonéale à la dose de i'^"', l'injection de la même ilose des
cultures provenant des autres tubes n'amène jamais la mort des cobayes;
on peut même inoculer 2'°°' et 3""' de la culture en bouillon du microbe
représenté dans la figure 6, sans tuer l'animal.
Deux ou trois repiquages successifs sur la gélose font récupérer au bacille
SÉANCE DU 2 AVRIL U)06. 823
pyocyanique, atténué par l'émanation, toute sa virulence; un seul passage
par l'animal conduit au même résultat.
Si, au lieu de cultiver le bacille en présence de l'émanation, on fait
agir cette émaiiation sur la culture adulte, on obtient encore une atténua-
tion de virulence du microbe. Pour réaliser l'expérience il suffit de cultiver
un bacille pvocyanique virulent dans deux tubes de bouillon; dans l'un de
ces tubes on introduit alors une certaine quantité d'émanation et l'on agite
assez fréquemment; au bout de 12 à 2^ heures, on constate que la dose de
culture nécessaire poiu' tuer le ci)baye est deux ou trois fois supérieure à la
dose mortelle de la culture témoin.
Nous avons alors recherché si l'émanation introduite dans l'organisme
du cobave pouvait modifier la marche de la maladie pyocyanique. Eu intro-
duisant dans la cavité périlonéale du cobaye l'émanation émise en une
heure par i^ de bromure de radium pur, contenue dans 5*^"°' d'air, on le
préserve contre une dose de culture de bacille pyocyanique double de la
dose mortelle, à condition d'inoculer ce bacille dans le péritoine au moment
même où l'on y introduit l'émanation. I^orsque l'injection d'émanation est
faite une heure ou deux après l'inoculation du microbe, il est encore
possible de protéger l'animal contre la dose simplement mortelle, mais les
résultats sont inconstants. Si l'on attend plus de 2 heures, l'injection
d'émanation ne produit plus aucun effet favorable.
En résumé, parmi les diverses propriétés biologiques du bacille pyocya-
nique, la plus sensible à l'action de l'émanation du radium est le pouvoir
qu'a ce bacille de sécréter des pigments; c'est ensuite la virulence qui se
trouve le plus nettement influencée; il faut enfin des doses plus considé-
rables d'émanation pour diminuer notablement et même annihiler le pou-
voir de reproduction et île segmentation du microbe.
ANTHROPOLOGIE. — Le cœur du roi Ramsés If (Sésostris).
Note de M. Lortet.
Il y a quelques mois, l'administration des musées nationaux du Louvre,
après mille difficultés, faisait l'acquisition des quatre vases canopes ayant
renfermé les viscères du roi Ramsés II, le Sésostris des Grecs.
Ces superbes vases, en émail bleu, ne peuvent laisser aucun doute
quanta l'authenticité de leur contenu. Ils portent en effet, sur le flanc,
de grands cartouches, admirablement dessinés, représentant les noms et
les attributs du roi Ramsés.
M. le Directeur conservateur du Musée égyptien désirait savoir exacte-
824 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ment ce que ces vases canopes pouvaient bien contenir. Il a bien voulu
nous en confier l'examen.
Ce travail a été fait avec le plus grand soin dans mon laboratoire, avec
l'aide de mes collègues, MM. les professeurs Hiigounenq, Renaiit et
Rigaud. Nous avons pu constater que trois vases, remplis de bandelettes
de linge, très serrées et collées par du natron et des substances aroma-
tiques, résineuses, de couleur rongeàtre, avaient dû renfermer très
probablement l'estomac, l'intestin et le foie du grand roi. Ces viscères
n'étaient plus représentés que par des sui)stances granuleuses indéter-
minables, mélangées à une grande quantité de natron pulvérulent.
Un des vases canopes, cependant, celui dont le couvercle devait porter
une tête de chacal, nous a montré une pièce extrêmement intéressante :
le cœur du monarque.
Cet organe est transformé en une plaque ovalaire, longue de S*^" à peu
près et large de 4'^"- I-'^ substance du cœur est devenue très dure, cornée,
lia Fallu employer la scie pour en faire des sections. On a pu alors, au
moyen du rasoir, obtenir des coupes assez minces pour permettre l'examen
microscopique. On a pu constater ainsi que celte substance cornée est
bien formée de fibres musculaires parfaitement reconnaissables et entre-
croisées en faisceaux comme le sont toujours celles du muscle cardiaque.
Celte disposition spéciale ne se rencontrant dans aucun autre muscle de
l'économie si ce n'est la langue, et la momie de Ramsès II conservée au
Caire laissant voir cet organe, on peut affirmer, sans aucun doute possible,
(lue la pièce trouvée par nous dans le vase canope est bien le cœur aplati
et transformé en une substance cornée par un long séjour dans le natron.
Le roi Ramsès II est mort en laSS avant notre ère; il y a donc aujourd'hui
3i64 ans que son cœur a été embaumé dans le natron mélangé à des
substances résineuses aromatiques et cependant, malgré tant de siècles
écoulés, la texture analomique de l'organe est encore admirablement
conservée.
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
Le Cahier n° 23 du Service géographique de l'Armée : Matériaux d'étude
topologique pour l' Algérie et la Tunisie, 6"= série. (Offert |)ar le Service
géographique de l'Armée.)
SÉANCE DU 2 AVRIL (i)u6. SaS
ASTRONOMIE. — Sur un nomrau dispositif de spectrohéliographe.
Note de MM. G. Millociiau el M. Stefamk, présentée par M. J. Janssen.
Les spectrohéliographes acluellement employés ont comme défaut gé-
néral d'enregistrer, sur les photographies obtenues, toutes les vibrations
produites par les diverses pièces roulantes ou frottantes qui entrent dans
leur construction. Cet inconvénient est dû au principe même de l'appareil,
principe qui est d'obtenir une image solaire par l'inlégralion d'une ligne.
Aussi, pour obtenir les meilleurs résultats possibles, est-on obligé de
construire ces instruments avec un soin particulier, ce qui les rend à la fois
très coûteux et d'un maniement difficile.
D«BS le dispositif que nous avons l'iionneur de proposer, nous pensons avoir réduit
an mininuim possible les roulements et frollemenls et par conséquent donné un moyen
de diminuer dans de fortes proportions les inconvénients signalés.
Un speclrographe à deux fentes, quelconque, est rendu mobile autour d'un axe
horizontal perpendiculaire au plaji déterminé par les axes optiques de ce spectrographe.
Ce dispositif est réalisé par l'emploi d'un axe tournant entre deux pointes.
Le mouvement est produit par une pompe de Brashear, placée verticalement. Elle
est reliée au spectrographe par une tige dont les extrémités sont en forme de pointes
et prennent appui dans deux trous coniques percés l'un sur le spectrohéliogiaphe,
dans le prolongement de l'axe opllf|ue du collimateur, l'autre sur l'extrémité de la
tige de la pompe.
1-,'axe de rotation du spectrohéliographe doit passer par le point de rencoiUre de
l'axe optique du collimateur et de celui de la lunette du s|5ectrographe. La distance
entre cet axe el les deux fentes doit être dans le rapport des distances focales des
objectifs du collimateur et de la lunette (').
Dans le cas où l'on emploie un réseau comme appareil dispersif (^), la
seconde fente peut être fixe, placée dans l'axe de la lunette et le réglage
en position du spectre peut être obtenu en donnant au réseau de petits
mouvements.
Cette fente est élargie sur une petite longueur à chacune de ses deux
extrémités, dans le but d'obtenir, avant et après la photographie solaire,
une portion du spectre de la lumière diffuse du ciel et de permettre ainsi
(') Ces deux principes ont été exposés par Braun en 1872 {Aslr. Nuchr.)
(^) La récente découverte des flocculi sombres de l'hydrogène, par M. G. llale, a
montré l'avantage de l'emploi du réseau pour ce genre de recherches.
C. R., 1906, i" Semestre. (T. CNLII, ^• 14.) I09
826 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de déterminer facilement la radialiou exacte dans laquelle a été obtenue
la photographie monochromatique.
La plaque j)hotographique peut être placée immédiatement derrière la
seconde fente, en la reliant à la partie fixe (dispositif de ffale), où l'image
peut être reprise par un appareil photographique (dispositif de Braun).
Ce spectrohéliographe peut recevoir de la lumière par l'intermédiaire
d'un sidérostat ou cœloslat, mais il peut être appliqué directement à un
équatorial. Dans ce dernier cas, la monture doit pouvoir tourner autour
de l'axe optique de l'objectif de l'équatorial afin de rendre sensiblement
vertical le plan du spectrographe, et la pompe de Brashear doit être dis-
posée pour être placée presque verticalement quelle que soit la position
du Soleil.
Ce spectrohéliographe, simple et peu coûteux, sera d'un entretien et
d'un maniement faciles et présentera, sur les appareils similaires actuelle-
ment en usage, des avantages nombreux.
Remarque sur la Note précédente ; par M. J. Jansse.v.
J'ai l'honneur de présenter à l'Académie une Note de MM. Millochau
et Stefânik sur un nouveau dispositif de spectrohéliographe.
Les auteurs se sont attachés à éviter les vibrations gênantes dans ces
sortes d'appareils, en ramenant au minimum le nombre des pièces méca-
niques nécessaires au mouvement.
Leur projet réduit les parties frottantes à quatre articulations à pointes.
Ils ont également pensé à construire la seconde fente de manière qu'on
puisse avoir, sur la plaque même où doit être photographiée l'image
solaire, un enregistrement de la position de cette fente par rapport au
spectre.
Je suis heureux de voir que la méthode que j'ai proposée en 1869, et qui
est fondée comme on sait sur l'emploi des deux fentes, ait pris ce dévelop-
pement.
GÉOMÉTRIE. — La réduction analytique d un système quelconque
de forces en E„. Note de M. P. -H. Sciioute.
Dans une étude antérieure, datant de 1901, nous avons démontré par
la Géométrie que le système de forces le plus général en Ea,„_, peut être
SÉANCE DU 2 AVRIL 1906. 827
réduit km forces me se trouvant pas dans un même E2;„_2 et que le système
de forces le plus général en Ej^ se comporte comme le système de forces
le plus général d'un E._,„,_, déterminé compris dans cet E^,,,.
Dans une petite Note qui va paraître, nous nous sommes occupé du cas
particulier n = li^Ux nous déduisions par l'analyse :
1° L'équation de l'espace à trois dimensians contenant les deux résul-
tantes;
2" Le volume constant du tétraèdre dont ces deux résultantes forment
deux arêtes opposées (théorème de Chasles);
3" Les équations du système focal correspondant (théorème de Mœbius).
Ici nous ferons connaître l'extension de ces résultats à l'espace E2,„,
ceux de l'espace E2,„_| y étant compris; nous nous proposons d'en publier
ailleurs la démonstration.
Soit 0(X,, Xj, ..., Xj^) un système d'axes coordonnés rectangulaires
de l'espace Ejm qui porte le système donné de forces. Remplaçons chaque
force F'-'^' de ce système par ses composantes F„^ dirigées suivant les axes
OX^, et transportons ces composantes en O à l'aide de couples aux moments
F/'iT^'— f'Px'p situés dans les plans X^OX^. Représentons par R„ les
g
r
résultantes T^F^^ et par {g, h) les couples '^{^\{'' x^' — F^'.r/^ ), p indi-
diquantle nombre des forces du système. Alors ou a la relation
(^, A) =-(/*, <.),
Considérons le produit (i , 2) (3, 4) (5, 6). . (im — i, im) et formons-
en la somme S = V (i, 2)(^3, 4) (5, 0). . . (2^ — i , 2w j, où chacune des
^7;j^ ■- -j- expressions sous le signe ^ contient tous les nombres i, 2,
3, . . ., -im, et où l'on fait attention au signe, en ne passant de l'expression
modèle aux autres expressions analogues qu'à l'aide d'un changement de
Tordre des nombres en des couples de facteurs, y permutant cycliqiiement
trois des quatre nombres, le quatrième ne bougeant pas.
Représentoiis de plus par (g-, h ) ^ ^^ la somme des expressions de S
contenant le facteur (g, h), par (i;, h) (i, k)- , , ^, . , , la somme des
expressions de S contenant les deux facteurs (g, Ii), («, k) a la fois.
828
ACADEMIE DES SCIENCES.
Alors on trouve par rapport aux m forces formant un système équivalent
au svstème donné :
Théorème 1. — L'équalion de l'espace E,{,', , contenant les m résultâmes est
e=i L /' = • J
Théorème II (extension du théorème de Chaslcs). — Le volume à im — i
dimensions Vo„,„, du simplexe à im sommets, dont les m résultantes en R!;'^„_,
indiquent par leurs points d'application et par leurs extrémités les ini som-
mets, est représenté par la constante
{im ^i)\
■2 m r~ 2 tn
2 ^^^''lïJjT)
= 1 L'' = i
Théorème III (extension du théorème de Mœbius). — Si ;,, î., i.,,„
sont des coordonnées tangentielles liées aux coordonnées ponctuelles .r, , j-j- • • • .
x.,,„ par la condition V a:„^„ + i = o de l'incidence du point P aux coordon-
nées Xg et de l'espace Eo„,__i au r coordonnées Ig, le système focal correspon-
dant a'ix systèmes des m résultantes en E'/„,_, se projette sur l'espace coordonné
x.,„, = o comme le système focal déterminé par les équations
è
0 ( /, 2 m )
^'S-
îMi — 1 p 2;/i — 1 '1
o(g-, ■2m)
a = \, 1, 3, ..., -im — i).
se rapportant au système de coordonnées 0(X,Xo. .. Xj^^,) dans cet espace
SÉANCE DU 2 AVRIL 1906. 8.2()
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Fur les fonctions hypertranscendantes.
Note de M. Edmoxd 3Iaillet, présentée par M. Jordan.
J'appelle /onc//o« hypertranscendanle (' ),v de x une fonction y qui ne
satisfait formellement à aucune équation différentielle rationnelle
./(■r,.r..v' .v^) = o
dont le premier membre est un polynôme en x, y, y', . . . , y*'.
J'ai obtenu au sujet des fonctions hypertranscendantes le théorème
suivant, qui présente de grandes analogies avec un théorème analogue de
Liouville relatif aux nomlires transcendants et qui a des conséquences de
même nature :
Soit c(^x) une fonction non rationnelle donnée, quotient de deux séries de
Maclaurin (-)
(0 '; = ( 2^"'-^'")(Il''"'^"
f — P O ' f — p 0 '
des fractions rationnelles, fonctions réelles ou imaginaires de x, en nombre
infini, ayant des valeurs distinctes; par hypothèse, i — I„ est. pour x infini-
ment petit, un infiniment petit d'ordre a„ C) toujours croissant avec n, et les
P„, 0„ sont des polynômes en x de degrés respectifs p,„ q„ dont l'un au moins
croît indéfiniment avec n.
1° Lorsque ç est solution formelle d'une équation différentielle rationnelle
donnée f{x, y, y' , . . . , j *') = o, d'ordre k, sans satisfaire formellement à une
équation différentielle rationnelle d'ordre k et de degré /noindre en y*', ou
d'ordre moindre que k, on a, dés que n est assez grand,
(2) |?_I„|>ja^|>.'('-/'„-0
(') Ce sont les fonctions que M. Moore appelle transcendeiilally-lranscendental.
(^) Ces séries sont convergentes ou divergentes; une d'elles peut se réduire à un
polynôme.
(^) Ceci veut dire que ç — 1„ est égal formellement à une série de Maclaurin dont
le terme de degré le moins élevé en x est en ^■"" ; une remarque analogue s'applique
à (2).
83o ACADÉMIE DES SCIENCES,
pour x infiniment petit (1' est positif et ne dépend que de k et des paramétres
def).
2" Lorsque
(3) |;-T„|<|^|'('+''"-^?"',
si grand que soit le nombre fixe arbitraire positif a, dés que n est assez grand,
\ est une fonction hypertranscendante.
Ceci ne suppose rien sur la nature arithmétique des coefficients c,„, d,„, ni
sur la convergence ou la divergence des séries.
Dans le second cas [formule (3)], soit E' une autre fonction analogue
à E, limite d'une suite de fractions l'„, telle que p\^:=k„p^, <j^^z=l^q^ ou
p'^^^](„q„, q\^=zl^p^^ avec k„, l„ limités supérieurement et inférieurement,
quel que soit n. De plus
lE'— i;,[<|.r|«''^'p;.^'»',
dès que n est assez grand : ç et E' sont dites correspondantes ; deux fonctions
qui correspondent à une même troisième se correspondent entre elles.
Soit E, l'ensemble des fonctions correspondant à E et des fractions ration-
nelles : E, comprend les dérivées des fonctions de E,. Toute fonction
rationnelle de x et des fonctions de E, appartient à E,.
Exemple d'ensemble E, : fonctions correspondant à
OU
i.= 2;«
cî^„ = gm^„„ §•,„>> o et limité supérieurement et inférieurement.
On peut d'ailleurs considérer des ensembles E plus particuliers que E,,
et ayant des propriétés semblables, en imposant aux fonctions considérées
des conditions complémentaires : i° les séries numérateur et dénominateur
sont convergentes et ont un rayon de convergence ^p; 2° leurs coefficients
sont rationnels; 3° ce sont des fonctions entières; etc.
SÉANCE DU 2 AVRIL 1906. 83 1
DYNAMIQUE DES GAZ. — Sur l' accélération des ondes de choc plants.
Noie de M. Jouguet, présentée par M. Jordan,
Considérons, dans un gaz parfait dont y sera le rapport des chaleurs
spécifiques, un moLivement se faisant par tranches parallèles. Soient t le
temps, a l'abscisse initiale d'une tranche, r la densité dans l'état initial
supposé homogène, x,p, p, a l'abscisse, la pression, la densité et la vitesse
d'une tranche à un instant quelconque. Les équations du mouvement sont
dp _
da "
' dt-
da
Un premier mouvement, le mouvement 1, sera défini par
-^ = M, = const., /3, ^const., p, = /' = const.
Dans ce mouvement s'en propagera, par onde de choc, un second, que
nous distinguerons par l'indice 2 et qui sera supposé adiabatique. La vitesse
de l'onde de choc dans le champ de Lagrange étant D, on aura
/■D =
Pi — P\
"■: — "1
0->
(2) ]^^p,^-p^yA_Jl=^a.,-u,)\
/^2. p^' "a sont des fonctions de a et de ^ qui vérifient (2) au front de
l'onde. Les pressions étant toujours positives et les ondes de choc qui
peuvent .'e propager n'étant jamais négatives, il faut que
(3j
P2>P,. P,>P,>0, Un^U,,
(r + 0?2 - (y - 1)?. > iT + 1)?. - (y - v?^- > o-
Dans le temps dt, la valeur de p^ au front de i'onde croit de
83:
ACADEMIE DES SCIENCES.
r\ ■ ■ àpn ^^àp■l dp., . ^ . du, da, , ■ ■ r.
Désignons -~ +D-~-" par -jr- Les notations -j^, -^ auront des significa-
tions analogues.
r/D
L'accélération de l'onde-^ vaut, par la première équation (2),
(4)
[in — II,)- dt II, — «I dl
Mais les deux dernières équations (2) donnent les relations
(5)
dp,
lu'
(kl _ ( Y + > ) Pi — ( T — 1 ) ?2 dit.
H
dp.,
lu'
qui permettent de transformer (4) en
(^\ r~ = ' r. _ Cl P' — P' (t + ')Pi— (y — Op^"] dp, _ 2 dp.
Il est facile de vérifier, par (3) et par la loi d'Hugoniot, que les coeffi-
cients H^ et R- sont bien positifs.
Faisons maintenant appel à (i). On peut écrire (/j), en développant
dp« diu . .... . / \ /s
—■} —Tj- et en utilisant (i) el (2),
dXi
dt II, — «I dt II, — «, p'J dt \ /■■ dp,
Tt
ou, vu (6),
Op.
[ 3 -f. Pi /'2~~/^' (ï + ')pi — (t— Opa] JL^^n-'lhlÛÊi o- I
L r- ?2— Pi (t+ !)/>, + (y - O/^^J Iv' dt ~ p\ ôl \ r- dp, y
àl
dD
Au premier membre, le coefficient de -7- est positif, par (3). Au second
membre, ^ -^est le carré de la vitesse du son en arrière de l'onde, qui
'tt
est toujours, comme on sait ('), supérieur à D'' : le coefficient de -|y est
(') ^oi^ Sur la propagation des réactions chimiques dans les gaz {Journal de
SÉANCE DU 2 AVRIL 1906. 833
donc positif. Par suite, -j-a toujours le signe de -jj (ou de — -^j- Par (5)
dt " j— - - "& - ^t V Oa
et (6), il en est de même de -— et --^•
De là les résultats suivants :
Si, à un instant quelconque, -jj est positif (ou -p négatif j au front de
l'onde, la pression et la densité au front vont en croissant et l'onde est
accélérée à cet instant.
Op, . , .-c I au-,
Si, à un instant quelconque, -~^ est négatif (ou -~ positif) au front de
l'onde, la pression et la densité au front vont en décroissant et l'onde est
ralentie à cet instant.
Si -~ est nul, l'accélération de l'onde l'est aussi. C'est le cas étudié par
Hugoniot.
En s'inspirant des considérations que nous avons indiquées dans un
travail récent ('), on peut étendre les recherches précédentes au cas des
gaz non parfaits, pourvu que la discontinuité produite par l'onde dans les
densités ne dépasse pas une certaine limite. Il v a simplement une discus-
sion à faire suivant le signe de . ' ' •
ÉLECTRICITÉ. — Sur' la valeur numérique /a plus probable du rapport — de
l-«-o
la charge à la masse de l'électron dans les rayons cathodiques. Note de
M. Ch.-Eug. Guye.
Les expériences qui ont permis de déterminer avec le plus de précision
la valeur fondamentale — pour les rayons cathodiques reposent sur les
Mathématiques pures et appliquées, 1906, p. 82). Nous saisirons cette occasion pour
insister sur le fait que la métliode donnée dans cet écrit pour comparer la vitesse du
son avec celle des ondes de choc, et exposée dans le cas particulier des ondes planes,
est en réalité entièrement générale.
( ' ) Ibid., p. 37.
C. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N« 14.) HO
834 ACADÉMIE DES SCIENCES,
deux relations bien connues (') :
(i) j!^-^= = U3,
(2) ?=Hl'
d'où l'on déduit, abstraction faite de toutes corrections relatives au dispo-
sitif expérimental,
(3) ~ = ^-
Ces expériences ont conduit, comme on sait, à la valeur
- = 1,865 X io%
donnée par Simon et généralement adoptée.
Ramenée au cas d'un déplacement infiniment lent cette valeur devient,
dans le cas des expériences de Simon,
(I) -f = 1,892 xIo^
D'autre part, les expériences effectuées par Raufmann sur les électrons
du radium ont donné, par extrapolation, — = (i,'y'y5 dz 0,069) 1°' (R^"g^)
et, si l'on tient compte seulement des meilleurs clichés (n°* 18 et 19),
(II) - = 1,858 X 10'.
Le but de cette Note est de montrer que la formule (3) peut être cor-
rigée et que cette correction a pour effet d'augmenter la concordance
entre les valeurs (I) et (II).
En effet les valeurs de ^i. qui figurent dans les expressions (i) et (2) ne
sont égales que si la vitesse de l'électron est suffisamment petite.
Si donc on désigne par [a' et [a^ les valeurs de \l dans ces expressions, on
aura
(3') s = [?]w-'
(') (ji masse de l'électron, c sa vitesse, U potentiel de décharge, z charge électrique
de l'électron, H cliamp magnétique produisant la déviation du faisceau cathodique,
p rayon de courbure du faisceau dévié.
SÉANCE DU 2 AVRIL 1906. 835
Dans le cas particulier des expériences de Simon (potentiels moyens de
décharge : 7741 volts, 10 632 volts, 7705 volts) on a en moyenne
^ = 0-9928
la correction est d'environ i pour 100, tandis que les écarts entre les di-
verses séries et la moyenne ne sont que de i à 4 pour 1 000 ; cette correction
est donc légitime.
Elle conduit, tous calculs faits, aux résultats suivants que l'on peut con-
sidérer actuellement comme les valeurs les plus probables de - pour les
rayons cathodiques
— = 1,852 X 10' (expérience de Simon),
(III) -=1,878X10'.
En comparant cette dernière valeur à celle déduite des expériences de
M. Raufmann (formule II) on voit que la correction a pour effet d'aug-
menter un peu la concordance; elle est donc favorable à l'hypothèse de
l'identité des électrons qui constituent les rayons cathodiques et les
rayons p du radium.
Remarque, — La masse ]j! déduite du potentiel de décharge [équation (i)]
doit naturellement être distinguée des masses dites longitudinale et trans-
versale désignées généralement par jj., et [j..^.
De la théorie de M. Max Abraham il ressort aisément que cette masse y.'
est reliée à la masse longitudinale \J.^ par l'équation différentielle
(IV) v. = \'-' + 'y%-
Si l'on développe les masses jji,, [j,o, ^.' en série, suivant les puissances
croissantes de p-, on a en résumé:
1° Masse longitudinale,
■jP Masse transversale,
836 ACADÉMIE DES SCIENCES.
3° Masse cinétique,
Nous avons appelé cette dernière valeur masse cinétique parce que, mul -
tipliée par \v'^, elle représente l'énergie cinétique de l'électron.
En réduisant ces développements au premier terme en p-, on voit que
l'on a
['-.> ^'•'>^'•2>[^-o•
Enfin, dans le cas d'un déplacement infiniment lent,
PHYSIQUE. — Influence de la compressibilité sur la formation des gouttes.
Note de M. H. Ollivier, présentée par M. J. Violle.
Au cours de quelques expériences sur la capillarité j'ai pu constater
que la formation des petites gouttes liquides est grandement influencée
par l'élasticité des parois et même par la compressibilité du liquide, que
l'on peut mesurer par ce procédé.
L'appareil employé dans le cas de l'eau comprend : i° un réservoir
recevant de l'eau parfaitement filtrée et de niveau constant ; 2° un robinet
à pointeau très délicat ; 3° une petite chambre A en nickel épais, qui porte
un orifice d'écoulement de petit diamètre (o™™,3 au plus) (') non
mouillé.
Si la chambre A communique avec le robinet par un tube rigide et si elle
ne renferme aucun corj^s élastique, on constate qu'après la chute d'une
gouUe, la goutte suivante se montre immédiatement.
Mais si la chambre A est reliée au robinet par un tube élastique (jca out-
chouc) ou si elle renferme un corps élastique (bulle d'air), on constate
qu'après la chute d'une goutte, la goutte suivante ne se montre pas tout de
suite. Il faut attendre un temps Ô, ; elle perle alors tout d'un coup
(') On peut se servir A\u\ tube de verre étiré et enduit de cire. Mais il vaut bien
mieux employer un trou en cône très évasé, percé dans une paroi rigide enduite de
cire et de noir de fumée sur sa face inférieure. Il ne faut pas que la cire pénétre dans
le trou.
4i
4i.
,3
45.
, 1
46:
,6
48.
.9
SÉANCE DU 2 AVRIL I906. 887
(en moins de ^ de seconde). Elle s'accroît un peu pendant une période 0.,,
puis elle tombe.
Exemple. — Goulles pesant 7™?, 8. La chambre A communique avec un tube
capillaire jaugé où l'on peut enfermer un volume d'air connu c, compris entre o et
un demi-centimètre cube.
0 = 0,4-0, est l'intervalle de temps entre les chutes de deux gouttes consécutives.
V. 6,. 9,. e.
/ cm^ s s s
1 O O 4'
On ne touche pas ] 0,100 6,8 34,5
au robinet. 1 <^'3oo 20,1 25
i o,4oo 26,8 19,8
' o,5oo 33,4 i5,5
(on peut réduire O2 à une fraction de seconde).
La durée 0; de la première période est proportionnelle à c. Pour i' = const. 0, varie
si l'on agit sur le robinet; alors 0, est sensiblement proportionnel à 0.
Plus r est grand, plus la goutte perle brusquement au bout du temps 0,. A par-
tir d'une certaine valeur de r, il se forme un jet qui s'échappe.
Pour expliquer ces phénomènes, il suffit de lemarquer que la formation d'une
goutte à un orifice non mouillé de rayon très petit r débute par la formation d'un très
petit bourrelet de rayon à peu près égal à r et dont le volume est négligeable.
La pression capillaire passe donc par un maximum P très accusé avant que l'on
puisse voir la goutte. Le robinet envoie de l'eau dans la chambre A; les corps élas-
tiques qui y sont contenus se compriment jusqu'à ce que la pression devienne P; c'est
la période 0,. Dès que la pression dépasse P, le bourrelet grossit, son rayon augmente,
la pression capillaire diminue très vite, les corps élastiques qui étaient comprimés
dans A se détendent rapidement et la goutte perle en un temps très court. — La
période 0, doit donc être proportionnelle au volume r du corps élastique enfermé
dans A. C'est ce que l'expérience montre.
On voit très bien, dans le tube capillaire contenant le volume d'air r, l'augmen-
tation progressive de la pression jusqu'au maximum P et la détente brusque de l'air
qui fait jaillir le liquide de l'orifice.
An lieu d'employer comme corps élastique quelques dixièmes de centi-
mèlre cube d'air, on peut employer quelques litres (2 à 4) d'im liquide
enfermé dans un récipient épais en communication avec A. On mesure 6,
et 62 ; on connaît le voliune c d'air qui donne les mêmes valeurs de 0, et Oj
que le volume V du liquide employé. Ces volumes Y qI v subissent donc la
même diminution de volume \v pour la variation de pression employée.
On a donc le rapport îles compressibilités de l'air et du liquide. On en
déduit bien simplement la coinpressibilité du liquiile. La mesure de la varia-
838 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tion de volume Ac est remplacée par la mesure du volume beaucoup plus
grand i' (').
En plaçant successivement dans le même récipient plusieurs liquides, on
a les différences de leurs compressibilités.
En plaçant un liquide de compressibilité connue dans une enveloppe
solide, on trouve ainsi le coefficient d'élasticité de cette enveloppe.
Les coefficients de compressibilité des solides sont mesurés par le même
procédé.
Toutes ces applications feront l'objet d'une prochaine publication.
Exemple. — Ballon de 3', 28. Epaisseur des parois i^^iS à S"^"". La quantité d'air
qui équivaut à 3', 28 d'eau est i4o"™'. Le l>allon équivaut à 35™™' d'air.
Dans le cas des gouttes de mercure s'échappant d'un tube de verre étiré,
on constate l'existence des deux périodes 6, et 6^ comme avec l'eau. La
sensibilité est si grande que l'expérience est difficile àfiiire. De plus, quand
une goutte est tombée, le ménisque remonte dans le tube d'une quantité
pro|Jortionnelle à v. Le ménisque revient à l'orifice pendant le temps 0, ; la
goutte perle alors tout d'un coup, grossit lentement (période 62), puis
tombe. La mesure de l'ascension du ménisque pourrait, dans les applica-
tions, remplacer celle de 0,.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur les combinaisons halo gênées du ihallium.
Note de M. V. Thomas, présentée par M. Moissan.
Celte Note est le résumé des recherches que j'ai entreprises sur la ther-
mochimie des halogénures ihalliques et sur la chloruration du chlorure
thalleux.
L — Thevmochimie des halogénures thalliques.
a. Chlorure LhalUque. — Le chlorure anhydre a été préparé par la méthode que
j'ai indiquée précédemment, par la déshydratation du chlorure à 4H^0 (-).
(I) TlC13sol.+ /tH^O = TlCHdiss + 8c^'',4(')
(II) (TlCP+4H-0)sol. = TlCl^diss - 2^-1,1 (')
(') On augmente la précision en prenant des orifices étroits et en serrant le robinet
de façon à avoir pour 0, des valeurs de l'ordre de la minute.
(^) Comptes rendus, t. GXXXV, 1902, p. io5.
(^) Deux déterminations ont donné S'^^'iSS et 8*^"', 47.
{'') Deux déterminations ont donné le même nombre — a*^-^', 12.
SÉANCE DU 2 AVRIL I906. 83t.)
On en décliiil
(III) TlCPsol.-(-4H^OHq. = TIClMH20sol. + ioC=i,5
Thorasen a déterminé la chaleur de formation du trichlorure hydraté. D'après ce
savant, on a
Tl + Cl gaz. + nlPO liq. = Tl Cl^ diss ... -+- SgCai, 2 ( ' )
Celte donnée permet de calculer la chaleur de formation du trichlorure anhydre,
(IV) Tl-hCl^gaz. = TlCl='sol -t-8o'>',8
Cette chaleur de formation est du même ordre de grandeur que celles du chlorure
de bismuth et du chlorure d'antimoine anhydres.
On en déduit
TlCIsol. + Cl^gaz.^TlGl^sol +22^»", 2 (')
b. Bromure Ihallicjue :
(V) TlBr^4H^0 sol + /jH-20 = TlBr3 diss... + 2f^»',2
La chaleur de formation du bromure thallique en solution étant connue, la chaleur
de dissolution du tétrahydrate permet de calculer la chaleur de formation du tétra-
hydrate ;
(VI) Tl + Br'liq. + 411-0 ==TlBr^4H20 sol... -h (56,8 -h 2,2) soit àg^^'i (' )•
Si l'on mélange des dissolutions de bromure et de chlorure thalliques, on n'observe
pas de phénomène thermique : les chlorobromures de thallium sont donc complète-
ment dissociés en solution.
c. Chlorobromures ihalUques :
(VII) (TlClBr'--t-4H-0)sol. H-wH^O^TIClBr^diss... _aC»i,9(2),
(VIII) (TlCI"-Br + 4H^0)sol. -+- «H^0=:TlCr-Brdiss... —-it--\%{^).
Ces chaleurs de dissolution sont notablement supérieures au.v chaleurs de dissolu-
tion du trichlorure et du tribromure.
Les données précédentes sont suffisantes pour le calcul de la chaleur de formation
des chlorobromures solides en partant des chlorures et bromures thalliques. Ce calcul
donne
2(TlCP,4H20)sol. +(TlBrS 4H20)sol. = 3(T1 C|2Br,4 H^O) sol. -1- (o<:='',6x 3),
2(TlBr',4H20)sol.-i-(TlCF, 4H'-0)sol. = 3(TlClBr»,4 H^O) sol. + (oC»',7 x 3).
(')Thomsen, Thermock. Unlersuch.
(-) Deux déterminations ont donné — 3'^"' et — aCai^g-.
(^) Deux déterminations ont donné — af^^'.So et — 2^^»', 78.
84o ACADÉMIE DES SCIENCES.'
Les chaleurs de formation sont certes assez faibles, mais non nulles,
les erreurs d'expériences ne pouvant que modifier légèrement la valeur
du chiffre trouvé. Ces mesures thermochimiques confirment donc l'exis-
tence chimique des chlorobromures thalliques ; l'hypothèse de mélanges
isomorphiques doit donc être définitivement écartée. On a, par suite,
la série d'égalités :
Cal
Tl +CF gaz + 4H20 liq. = Tl Cl', 4 H-O sol +91,3
TI+G1= gaz + Brliq. + /l tPO liq, = TlCI^Br, 411^0 sol +80,7
T1-+-C1 gaz +BrMiq. H-4H-01iq. =:TlClBrS4H'Osol +70,0
Tl-h BrMiq. + 4H2 O = Tl Br%4H^0 sol +69,0
Il en résulte que le remplacement successif des atomes de brome du
bromure par des atomes de chlore dégage sensiblement la même quantité
de chaleur: le premier dégage 11*^"', o, le second 10*^*', 7 et le troisième
ioC«i,6.
d. Chlorhydrate de chlorure. — ^J'ai montré précédemment que le chlorure hydraté
se combine au gaz chlorhydrique avec formation de chlorhydrate TlCl', 3H- 0, HGl.
La combinaison ne se produit pas avec le chlorure anhydre.
TlCPdiss. +HCldiss. = (TlCl'+HCl)diss — oc»i,2
chiffre pratiquement nul. Le chlorhydrate est donc complètement dissocié en
solution.
II. — Cidoruralion du chlorure thalleux par voie sèche.
a. Chloruralion par le chlore liquéfié. — Quel que soit l'excès de chlore
employé, la chloriiratiou s'arrête quand tout le chlorure thalleux est trans-
formé en TPCl'. Cette réaction est la meilleure qu'on puisse utiliser pour
préparer rapidement des quantités considérables de chlorure Tl'CP à
l'état de pureté.
b. Chloruralion à température ordinaire. — Dans ces conditions, le
chlore conduit toujours au bichlorure Tl'Cl* et la méthode peut être
recommandée pour la préparation de ce corps. Il faut éviter toute trace
d'humidité, car le bichlorure très hygrométrique s'hydrate rapidement et
à cet état est susceptible d'absorber de nouvelles quantités de chlore avec
formation de chlorure thallique hydraté.
c. Chloruralion à chaud. — On n'obtient jamais, dans les conditions
ordinaires, une chloruration complète. En opérant en tube scellé sous une
pression de chlore de 6*'"" à 7*"°, on arrive à obtenir de petites quantités
de chlorure anhydre, sous forme d'un sublimé d'un blanc très pur, d'ap-
SÉANCE DU 2 AVRIL I906. 84 1
parence cristalline, le plus souvent souillé de parcelles à teinte légèrement
jaunâtre constituées par un chlorure inférieur (').
Contrairement à mon attente, ce chlorure ne fond |)as vers 25° comme
celui préparé par voie luimide. Je n'ai pu déterminer exactement son
point de fusion, par suite de son hygroscopicité extrême; mais sous pres-
sion et dans une atmosphère de chlore, il ne paraît entrer en fusion que
vers 6o°-']o°.
Le poids atomique très élevé du thallium, la rapidité avec laquelle le
chlorure anhydre s'hydrale à l'air et l'énergie avec laquelle ce chlorure
semble retenir de petites quantités d'eau sont autant de raisons qui font
de cette étude une question fort délicate.
Il ne serait pas impossible que le chlorure préparé par voie humide ne
doive l'abaissement de son point de fusion qu'à la présence de traces d'eau
non susceptibles de s'éliminer même sur l'anhydride phosphorique.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur l'action de quelques alcaloïdes à l'égard des
tubes polliniques. Note de M. Hexri Coupix, présentée par M. Gaston
Bonnier.
Étant donnée la facilité avec laquelle la |)lupart des grains de pollen
germent sur l'eau pure ou adilitionnée de diverses substances nutritives,
de sucre par exemple, on peut se demander pourquoi il n'arrive pas plus
souvent que ces grains ne germent sur les stigmates de fleurs appartenant
à des espèces différentes de celles dont ils proviennent et ne produisent
ainsi de nombreux hybrides. En réalité, il est facile de constater, par l'ob-
servation dans la nature ou par l'expérimentation, que lesdites graines
commencent à germer sur toutes sortes de stigmates étrangers, mais que
leur développement s'arrête bientôt, bien avant que les tubes polliniques
aient atteint les ovules (^). On est ainsi amené à considérer — c'est une
hypothèse — que, dans les stigmates et les styles, il y a des substances
toxiques auxquelles les grains de pollen de la même fleur sont adaptés, alors
(') Quoique ce cliloruie n'ait pas été analysé, il est hors de doute que tout le thal-
lium y est à l'état tliallique, car sa solution se colore en rose par addition d'une goutte
de permanganate en solution très étendue.
(^) P.-P. HiCHER, Expériences sur la germination des grains de pollen en pré-
sence des stigmates {Comptes rendus, 1902).
G. R., 1906, I" Semestre. (T._CXUI, N« 14.) m
842 ACADÉMIE DES SCIENCES.
qu'elles liient on, tout au moins, gênent la bonne germinatioti de pollens
étrangers. C'est pour élucider la question desavoir quelles peuvent être
ces matières nocives que j'ai entrepris une série de recherches sur la ger-
mination des grains de pollen dans un certain nombre de liquides de com-
position variée. Je donnerai seulement dans cette Note les résultats que
j'ai obtenus avec les alcaloïdes, substances représentées d'une manière si
abondante et si variée chez les plantes.
Les expériences ont été faites en chambres humides Van Tieghem et Le Monnier,
et avec des solutions soigneusement titrées. Les résultats obtenus intéressent non seu-
lement la question à laquelle je fais allusion plus haut, mais aussi la biologie générale,
car, jusqu'ici, la toxicité ou Tulilité des alcaloïdes à l'égard du protoplasma des
plantes supérieures ont été peu étudiées.
.l'ai pris comme matériaux d'études le pollen du Narcissus pseudo-Aarcissiis. qui a
l'avantage de germer facilement et avec une grande régularité. Je cherchais surtout,
par une série de cultures en liqueurs de plus en plus diluées, à savoir à partir de
quelle dose les alcaloïdes devenaient toxiques, c'est-à-dire empêchaient complètement
le développement des tubes polliniques.
J'ai ainsi reconnu que (par ordre de toxicité décroissante ) :
Le chlorhydrate de solanine est toxique à la dose de Yîhrô
n
veratnne
»
strychnine
»
morphine
)>
codéine
»
aconitine
T>
caféine
»
narcotine
«
cocaïne
»
bétaïne
B
cicutine
»
brucine
120 00
1
I lUUO
1_-
500 0
1
4000
1
3000
■2 50 0
I
2 SOO
I
isoo
700
1
700
On voit, par ces chiffres, que la plupart ries alcaloïdes sont 1res toxiques
pour les tubes polliniques.
De [)lus, en prenant d'autres grains de pollen et en faisant sur eux les
mêmes expériences, on peut se rendre compte que la toxicité des alcaloïdes
n'est pas la />iême pour eux qae pour l'espèce précédente prise comme type.
Par exemple, pour le pollen du Ribes sanguineum, le chlorhydrate de mor-
phine est toxique à la dose de —^ et le chlorhydrate de strychnine à la
dose de ^^. Ces deux alcaloïdes sont donc moins toxiques poiu* lui que
pour le pollen du Narcissus.
SÉANCE DU 1 AVRIL 1906. 843
D'antre part, il est à remarquer que les mêmes alcaloïdes, bien que
toxiques à une certaine dose, peuvent, à une dilution plus faible, devenir un
aliment pour les tubes polliniques . C'est ainsi que j'ai constaté que les grains
de pollen du Narcissus pseudo-Narcissus germent mieux, plus abondamment
et donnent des tubes plus longs, dans une eau distillée contenant :
du chlorhydrate de solauine à 3-5^-0^
ou du )) de vératrine à jy^
ou du » de narcotine à
3500
1
ou du » de bruciue à 3-0T0
que dans l'eau distillée pure.
D'après tous les chiffres ci-dessus, on voit qu'il n'est pas impossible d'ad-
mettre que la présence ou l'absence de tel ou tel alcaloïde, à telle ou telle
dose, dans une plante déterminée, peut favoriser la germination intégrale
de son propre pollen et nuire à celle des pollens étrangers.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Action de l'acide carbonique sur la vie latente
de quelques graines desséchées. Note de M. Paul Becquerel, présentée
par M. Gaston Bonnier.
L'action de certains gaz irrespirables, tels que l'acide carbonique, l'azote,
l'oxyde de carbone, sur la vie latente des organismes, animaux ou végétaux,
a une certaine importance. biologique, car elle nous apporte un critérium
assez sûr pour décider si, dans ce cas particulier, les phénomènes physico-
chimiques de la vie sont complètement arrêtés, ou ne sont seulement que
ralentis.
En effet, si des organismes plongés pendant un certain temps dans des
gaz asphyxiants sont susceptibles de revenir à la vie, nous pouvons tou-
jours avoir la certitude qu'au moins les échanges respiratoires sout devenus
impossibles et que, dans ces conditions, la vie doit être bien vraisembla-
blement suspendue et non ralentie.
C'est ce qu'ont pensé déjà divers expérimentateurs, notamment Giglioli (')
et Romanes (-), qui n'ont pas pu déceler un changement appréciable dans
le pouvoir germinatif des graines qu'ils avaient renfermées pendant plu-
(') Nature, 3 octobre iSgS.
(^) Proc. Boyal Society , 1898.
8/|4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sieurs années dans des ballons contenant de l'oxyde de carbone, de l'azote
et de l'hydrogène.
Or, depuis que j'ai démontré ici (') que, si les gaz n'avaient nullement
porté atteinte à la vitalité des graines, c'est parce qu'ils n'avaient pas pu
passer à travers les téguments devenus imperméables par suite de la des-
siccation, on ne peut plus admettre comme décisives, en faveur de la thèse
de la suspension de la vie, les expériences des auteurs précités, car la
planlule placée dans son tégument desséché comme dans un vase clos peut
fort bien respirer aux dépens de l'air qui se trouve accumulé dans les
méats et dans les faisceaux libéro-ligneux.
J'ai alors recommencé les expériences de Giglioli et de Romanes, mais
avec des graines décortiquées ou perforées pour être absolument certain
que le contact entre le gaz irrespirable et l'embryon ait été parfaitement
assuré.
J'ai d'abord opéré avec le gaz acide carbonique sur une dizaine d'espèces de graines
réparties en trois lots.
Les graines du premier lot avaient subi une immersion d'un quart d'heure dans l'eau.
Celles du deuxième lot se trouvaient dans l'état de dessiccation naturelle qu'elles pos-
sèdent au bout d'ue année de leur récolte; enfin celles du troisième lot avaient été des-
séchées pendant un mois, dans le vide avec de la baryte caustique, à une température
de 45".
Chacun des lots avait été placé dans un ballon de verre, fermé par un bouchon, ayant
deux tubes de verre coudés dont l'un était toujours en communication avec le ballon
suivant.
Ensuite je fis arriver dans chaque ballon, pendant un temps assez long, un fort cou-
rant d'acide carbonique, qui avait été desséché auparavant, en passant dans des tubes
en Li renfermant de la baryte caustique. Cet acide carbonique avait été fourni par
une bombe d'acide carbonique liquide.
Une fois les ballons remplis de gaz, je les détachai les uns des autres, en étirant et
fermant chacun de leurs tubes à la Uamme d'un bec Bunsen.
Au bout de ii mois, je fis des prises d'atmosphère dans l'intérieur de ces ballons,
pour m'assurer de leur teneur en acide carbonique je relirai les graines et je les mis à
germer sur du coton hydrophile humide.
Voici quels furent les résultats :
Toutes les graines du premier lot qui avaient été légèrement humectées furent
tuées. Par contre, la plupart des graines du second lot, et toutes celles qui avaient été
desséchées artificiellement, levèrent et donnèrent de fort belles germinations. Ce
(') Comptes rendus. 3o mai 1904.
SÉANCE DU 2 AVRIL 1906. 845
furent des graines de pois, de courge, de luzerne, de trèfle, de cresson alénois, de
moutarde, de lupin, de sarrazin, de blé, d'avoine, de pin pignon.
Or, comme d'après les expériences que j'ai relatées ici, il y a à peu près deux ans (' ),
il a été démontré que les cotylédons des graines sont très poreux, on ne peut pas douter
que le gaz acide carbonique ait pénétré dans l'intérieur de l'embryon.
Toute la question se porte maintenant sur ce point capital; est-ce que le gaz acide
carbonique a pu pénétrer par les communications protoplasmiques dans l'intérieur des
cellules. C'est ce qu'il est très difficile de résoudre.
S'il en était ainsi, nous nous trouverions alors en présence du premier cas indiscu-
table de vie suspendue.
En eft'et, tous les auteurs qui ont opéré avant nous ; M. Lance C^), sur les tardi-
grades desséchés des toits, et MM. Van Tieghem et Gaston Bonnier (^), sur des graines
de pois, avaient toujours constaté qu'il était impossible de conserver des organismes
dans de l'acide carbonique et en avaient alors légitimement conclu qu'ils avaient
afîaire à une vie très ralentie.
Nous ne trouvons pas du tout ces résultats contradictoires, surtout pour les graines,
car ces savants ne se sont occupés que de la vie latente des graines dans des conditions
naturelles. 11 n'ont donc pas cherché à expérimenter dans des conditions artificielles
de parfaite siccité et avec de l'acide carbonique pur complètement sec.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Contribution à la physiologie de la greffe.
Influence du porte- greffe sur le greffon. Noie tle MM. G. Rivière et
G. Bailhache, présentée par M. Alfred Giard.
Dans une précédente Comniiinication (*) nous avons démontré que nos
variétés de poiriers horticoles, notamment le Triomphe de Jodoigne et
le Doyenné d'hiver, produisaient des fruits tlout les caractères extérieurs,
aussi bien que la composition chimique, étaient sensiblement modifiés,
suivant que ces variétés étaient greffées sur le poirier-franc ou sur le
cognassier.
Poursuivant toujours nos recherches sur le même sujet, nous avons
expérimenté cette fois, non plus sur le poirier, mais sur le pommier.
Nous avons voulu déterminer si les fruits de cette dernière essence frui-
tière sont également influencés par la nature du porte-greffe.
En igoS, nous avons alors soumis à l'analyse des pommes mûres, de la
(') Comptes rendus, 27 juin 1904.
{'-) Comptes rendus. 1894, p. 817.
(') Bulletin de la Société de Botanique, 12 mars 1888.
(*) Comptes rendus, séance du i'^"' mars 1897.
846 ACADÉMIE DES SCIENCES.
variété appelée Calville blanche, récollées sur des arbres dont les uns
étaient greffés sur \e pommier paradis , tandis que les autres étaient greffés
sur le pommier cloucin .
De même que dans noire précédente étude, tous ces arbres avaient le même âge
(1/4 ans) et végétaient dans les mêmes conditions. Ils étaient plantés côte à côte dans
le même terrain et étaient conduits sous la même forme, enfin, la face du mur d'espa-
lier sur laquelle ils étaient adossés était exposée au levant.
Ni la comjjosition du sol, ni l'exposition, ni l'âge des arbres qui, nous le rappelons,
ont tant d'influence sur le volume et la qualité des fruits, ne peuvent être invoqués
contradictoirement dans ces nouvelles recherches. Seul, le sujet porte-greffe peut être
considéré, dans la circonstance, comme l'unique facteur susceptible d'avoir exercé une
influence sur le greffon et surtout sur ses produits.
C'est du reste ce qui ressort du Tableau ci-dessous :
Nature Nature du sujet porle-grefïe. Excédents eu faveur
des éléments dosés -^ -^ -^ ~ — -^ — ■~- — — ^
et particularités. Pommier doucin. Pommier paradis. du doucin. du paradis.
Couleur des fruits. Jaune sur un Jaune cire
léger fond vert, teinté de rose du » »
côté du soleil.
Poids moyen établi
sur cinq fruits. . 220 280 » 65
Acidité du jus par
litre (exprimé en
acide sulfurique
SO*ir-) 2,4o 3,23 ots3 »
Cendres (par litre
de jus) 4.80 3 1,80 »
Suc re r é d u c t e u r
(par litre de jus). 83 101,20 « 18,20
Saccharose 36 5i,4o » i5,4o
Sucre total (par litre
de jus) 119 i52,6o » 33,60
Des résultats consignés dans les colonnes de ce Tableau on peut dé-
duire :
1° Que le poids moyen des pommes récoltées sur le Calville blanc,
greffé sur le paradis, est supérieur à celui des pommes de la même variété,
greffée sur le doucin;
2° Que la proportion d'acide libre (exprimée en acide sulfurique
SO*H^) est plus grande dans le jus des pommes récoltées sur la variété qui
nous occupe, greffée sur paradis, que dans le jus des pommes récoltées sur
cette même variété, greffée sur doucin;
SÉANCE DU 2 AVRIL 1906. 847
3° Que la proportion de cendres est plus élevée dans le jus des fruits
récoltés sur des arbres greffés sur doucin que dans le jus des fruits cueillis
sur des arbres greffes sur paradis ;
4° Enfin, que les proportions de sucre réducteur et de saccharose sont
notablement plus élevées dans les fruits du pommier de Calville blanc,
greffé sar paradis, que dans ceux de cette même variété récoltés sur des
arbres greffés sur doucin.
Ces nouvelles expériences confirment donc absolument celles dont nous
avions fait connaître les résultats en 1897 et semblent en outre démontrer
que, non seulement les pommes à couteau renferment plus de sucre total
au litre de jus, que les poires, mais encore qu'elles contiennent plus de
saccharose et plus d'acide libre.
ZOOLOGIE. — Sur quelques larves de Macroures eucypholes provenant des
collections de S. A. S. le prince de Monaco. Note de M. H. Coutièue, pré-
sentée par E.-L. Bouvier.
Les formes larvaires dont il s'agit ont été capturées par le filet Richard
à grande ouverture. Elles appartiennent aux genres Caricyphus, Diaphoro-
pus, Bectarthropus , Icotopus S(>. Bâte, Thalassocaris Slimpson, tous recueil-
lis antérieurement, a la surface, par le Challenger.
J'ai montré dans une autre Note l'intérêt que présentent les Caricyphus,
formes immatures d'Hijipolytidie : épines sus-orbitaires et cardiaque de la
carapace, sternites très distincts sur les huit derniers segments du cépha-
lothorax, papille oculaire présente, mandibules indivises, sans palpe, por-
tant une laciiiia inobdis, endopodite de la maxilluleà deux articles, maxille
avec les trois articles de la base très distincts et parfois même ceux de l'en-
dopodite, toutes les pattes thoraciques avec un styiopodite terminal, et,
sauf la cinquième, munie d'un grand exopodite; enfin, taille tout à fait in-
solite (jusqu'à SS™™) chez une larve qui paraît si loin de la maturité
sexuelle, eu égard aux caractères primitifs énumérés ci-dessus.
Or, des caractères tout à fait identiques se retrouvent dans les quatre
autres genres cités plus haut, bien que les adultes correspondants, ou sup-
posés tels, occupent dans la systématique des places très distinctes et
même éloignées.
Les Diaplwropas sont des larves d'Âlpheidœ (Lo Bianco). Celles que j'ai examinées
ont les deux paires de pattes antérieures caractéristiques, sauf le carpe de la deuxième
848 ACADÉMIE DES SCIENCES.
paire non segmenté. Chez tous les Alpheidsc adultes, la mandibule est bipartite et
palpigère, de sorte que celle des Diaphoropus doit se modifier du tout au tout. Le
fait est d'autant plus à noter que bifurcation et palpe sont parfaitement visibles sur
les larves au stade zoc et, a fortiori, au stade mysis que j'ai eu l'occasion d'étudier,
venant d'éclore, chez beaucoup d'Alpheida;. Jusqu'à présent, les Diaplioropiis connus
sont de petite taille (8™™-io'^™).
Les Hectarthropus ont été rangés par Sp. Bâte dans une famille spéciale dont il sera
question plus loin, et dans laquelle toutes les pattes thoraciques, semblables, seraient
dépourvues de pinces. C'est un caractère tout à fait illusoire dans le cas de larves, si
on ne peut en suivre l'évolution. En fait, l'espèce que j'ai étudiée, très voisine de celles
du Challenger, se trouve posséder, sauf le carpe inarticulé de la deuxième paire, les
pattes thoraciques des Crevettes du genre l\ika. de même que leui- formule branchiale
et leur rostre simple. Elle en diffère, il est vrai, par d'autres points (épines sus-orbi-
taires, épines du pléosomite V, sillons de la carapace) et correspond probablement à
quelque Nikidœ inconnu. Mais tous les caractères énumérés à propos des Caryciplius
sont présents, montrant ainsi des différences considérables avec les Nika adultes, sur-
tout dans les pièces buccales. Fait très remarquable, ces caractères morphologiques
ne présentent aucune différence appréciable lorsqu'on les étudie, comme j"ai pu le
faire, sur des spécimens mesurant respectivement 7™™ et i5™".
Les Thalassocaris adultes possèdent des mandibules bipartites et palpigères. La
larve que je rapporte à ce genre, longue de 17™"', pourrait être aussi celle de quelque
Pandalidac, si, sur la deuxième paire, seule munie d'une pince, le carpe se montrait
articulé au cours de mues ultérieures. Thalassocaridœ et Pandalid;e, comme l'a
remarqué Ortmann, sont en effet très voisins. Je dois mettre en relief, toutefois, cer-
tains détails remarquables qui les différencient : la denliculalion externe de l'écaillé
antennaire, présente chez les Hoplophores et les Lophogastrida;, la denticulation du
bord interne, beaucoup plus rare, mais présente chez les mêmes formes ( Thaï. Danœ
Bâte, Hopl. Grimaldii II. Coulière, Cera/olepis hainata G. O. Sars); enfin, la denti-
culation latérale du rostre chez Thaï, lucida Dana, non mentionnée par Dana, mais
expressément figurée par lui, qu'on chercherait vainement chez d'autres Eucyphotes et
qui est si caractéristique des Gnathophausia.
Les Icolopus ont toutes les pattes thoraciques semblables et inermes, ils sont le type
de la famille des Hectarthropidœ Baie, basée sur ce caractère. La larve que j"ai exa-
minée est la plus remarquable de celles énumérées ici en ce qu'elle dépasse 4o™"' de
longueur. A cette taille considérable, non seulement elle ne montre pas trace de glandes
ou d'ouvertures génitales, mais, comparée à une larve de même espèce mesurant 10"""
à peine, elle montre les mêmes caractères énumérés chez les Caricyplius, avec seu-
leTuent quelques tendances très faibles vers un état adidle. Il est à noter que les Ico-
lopus diffèrent des Thalassocaris par un unique détail, l'absence de pince didactyle
terminant la deuxième paire. On peut donc supposer que les Icotopus sont des Tha-
lassocarid.e ou des Pandalidie, à vie larvaire démesurément longue, passant à l'étal
adulte par quelque brusque métamorphose survenant au cours d'une mue. Mais il se
peut aussi qu'ils ne possèdent vraiment jamais de pinces aux membres thoraciques,
comme les Procletes dont Sp. Bâte les rapproche à juste titre. Nous ignorons, à vrai
dire si les Procletes, animaux bathypélagiques, sont adultes ; il y a même contradiction
SÉANCE DU 2 AVRIL 1906. 849
entre le texte el la figure de Baie louchant l'exopodile de leur cinquième paire. Ce
serait là une vérification d'un intérêt considérable, car même si les Procleles et les
Icotopas perdaient finalement leurs exopodiles, l'absence de pinces sur les membres
thoraciques en ferait de véritables Schizopodes. J'ai montré déjà quelles singulières
ressemblances on remarque entre Proclctes biangiilatua Baie el Gnathophaiisia
gracilis \V. Su h m.
A ce propos, je rappelle que si les Thalassocaris et certains Pandales
n'ont de pinces que sur la deuxième paire, on n'en trouve que sur le
membre correspondant aussi chez les très rares Euphausidte qui en pos-
sèdent (^Slylocheiron). I/apparition d'un palpe sur la mandibule, la dispa-
rition de la lacinia tnohilis, la soudure des deux articles de l'endopodite
sur la maxillule, qui caractérisent le passage à l'état adulte des larves
étudiées ici, sont exactement calquées sur le développement des Euphau-
sidœ. De même, si les cornées des Diaphoropus, des Anebocaris, larves
d'Aipheifhe, montrent une tendance si iielle à la division en deux régions,
il en est ainsi chez plusieurs Euphausid;e (Nemaloscelis) et il n'est pas jus-
qu'à la tendance au recouvrement des ophtalmopodes (Alpheus, Cryphiops)
qui ne se retrouve dans le développement de ces Schizopodes (stade
Calyplopis).
On voit quels problèmes complexes soulève l'étude de ces curieuses
formes larvaires d'Eucyphotes et quelles lacunes subsistent dans nos
connaissances à leur endroit. On peut cependant en dégager l'existence,
chez des espèces très variées et paraissant de plus en plus nombreuses,
d'un mode de développement dilaté, caractérisé par une phase larvaire
uniturme, très longue, pélagique, héritée d'ascendants Schizopodes et que
termine sans doute une brusque crise génitale avec réduction probable de
taille.
ZOOLOGIE. — Sur les Isopodes de l'expédition française antarctique.
Note de M"' Harriet Ricuakdson, présentée par M. E.-L. Bouvier.
Remis à l'auteur de cette Note par M. le professeur Bouvier, les Crus-
tacés isopodes recueillis dans les régions antarctiques (lie Wandel, ile
Wienike, baie des Flandres) par M. Jean Charcot, avec le concours de
M. Turquet, ont fourni i3 espèces, dont plusieurs sont nouvelles pour
la Science et ont nécessité l'établissement de quelques genres nouveaux.
C. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N» 14.) I 12
85o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Chélifèrex.— Le Paralanais antarcticus Hodgs. est très commun clans ces régions.
Avec le P. dimorphus Bedd., l'auteur le place dans le genre nouveau Notatanais ({m
se dislingue essentiellement des Paratanais par ses gnathopodes fort différents dans
les deux sexes.
Flabellifères. — Dans ce groupe, la famille des Gnathidés a pour représentant la
Gnathia nntarctica Studer f|ue Tautenr identifie avec la G.polaris Hodgs. La famille
des A^gidés oflVe une espèce nouvelle, VyEga australis, qui se rapproche surtout de
\jE. magnifica Dana dont elle diffère par l'absence de saillie sur le propodite des
pattes des trois paires antérieures, par ses antennes plus longues, l'endopodite plus
large de ses uropodes et l'arrangement différent de ses taches. Les Sphéromidés ont
pour représentants le Plaharthriuin piinclatissimuin Pfeff. et la Cymodocella egre-
gria Chilt.
A la famille des SéroHdés appartiennent la Serolh polita Pfeff. et une espèce nou-
velle, la S. Bouvieri. Cette dernière se distingue de la S. Pagenstecheri Pfeff. par la
pointe médiane beaucoup plus longue du bord antérieur de la tête, par le tubercule
spiniforme du premier et du deuxième article des antennules, du deuxième et du troi-
sième article des antennes, par la présence dans la partie postérieure de la tête de
deux tubercules qui recouvrent en partie les yeux, par les angles latéro-postérieurs
des segments thoraciques qui sont arrondis et épais, par la fusion dorsale médiane des
deux derniers segments thoraciques et du premier abdominal, par le tubercule spini-
forme saillant qui surplombe le bord antérieur de l'écliancrure terminale du dernier
segment de l'abdomen.
Vah'ifères. — La famille des Idotéidés a pour représentant une espèce nouvelle, le
Glyptonotus acutus, espèce géante qui se distingue du G. antarcticus Eights par le
prolongement aigu qui termine l'abdomen et l'exopodite des uropodes et par son
corps qui est près de deux fois aussi long que large. Certains exemplaires sont des
géants qui peuvent atteindre lo"" de longueur.
Aselloles. — Dans la famille des Janiridés- prennent place ]e Notaselliis australis
Hodgs. et VEctias Turqucti, petite espèce de 5™™, cinq fois aussi longue que large,
qui est le type d'un genre nouveau et d'une espèce nouvelle. La diagnose du genre
Ectias est la suivante : tête sans rostre, à bord antérieur formant une saillie triangu-
laire entre la base des antennules ; jeux grands, composés, dorsalemeut situés près
des bords latéraux ; antennules n'atteignant pas le cinquième article des antennes qui
sont courtes et à fouet multi-arliculé. Segments thoraciques subégaux; segment ter-
minal du corps plus long que large, avec un petit lobe sur le bord postérieur. Uropodes
|)lus courts que l'abdomen, leur endopodite ovalaire et deux fois aussi long que
l'exopodite. Pattes de la première paire subchéliformes, les autres ambulatoires. A son
angle interne-distal, le pédoncule des pléopodes antérieurs du mâle présente une saillie
fort longue et étroite.
Somme tonte, chez les Isopodes comme dans la plupart des autres
groupes, la faune antarctique se distingue par la multiplicité des tonnes
spéciales et par les dimensions titanesques de certaines d'entre elles.
Les Munnidés nous offrent de nombreux spécimens de YHahacris
SÉANCE DU 2 AVRIL IQOÔ. 85 1
australis Hodgs,, et les types de deux genres nouveaux formant deux
espèces nouvelles, Y Antias Charcoti et V Auslruminna anlarclica, l'une et
l'autre blanches, petites, ovalaires et mesurants™™ de longueur.
Par la forme des pléopodes antérieurs du mâle, le genre Austrimunna se
rapproche des Paramunna et des Pleurogonium; mais il diffère du premier
par sa tète antérieurement dépourvue de lobes saillants et par ses uropodes
simples, du second par ce dernier caractère et par la présence sur les bords
latéraux de saillies pédonculiformes portant les yeux.
Quant au genre Antias, il est caractérisé par la diagnose suivante : corps
couvert d'épines piliformes; tête prolongée en avant par deux lobes que
sépare une encoche profonde; angles latéro-antérieurs prolongés en lobes
étroits; antennules et antennes courtes, les premières s'étendant jusqu'au
bord antérieur du premier segment thoracique, les secondes jusqu'à celui
du deuxième. Les quatre premiers segments thoraciques subégaux, longs
et Inrges; les trois derniers mesurant à peu près la moitié de la longueur
des précédents et diminuant de largeur en allant vers l'abdomen; le bout
postérieur de ce dernier avec un grand lobe médian arrondi. Uropodes à
deux branches aussi longs que l'abdomen et assez tortueux. Pattes anté-
rieures préhensiles et fortes, celles des six autres paires courtes et ambu-
latoires. Pléopodes antérieurs du mâle sans expansion ni saillie terminale.
PHYSIOLOGIE. — De l'influence du régime alimentaire sur la valeur des coef-
ficients urologiques et sur le poids moyen de la molécule élaborée. Note de
iVlM, A. Desgrez et J. Ayrignac, présentée par M. Ch. Bouchard.
Les coefficients urologiques donnent des indications précieuses sur le
fonctionnement des échanges nutritifs. Bien que différents auteurs aient
montré que la valeur de ces rapports peut être influencée par le régime
alimentaire, ou ne trouve nulle j>art une étude systématique de cette
importante question. Il en est de même pour les variations de grandeur de
la molécule élaborée moyenne, notion récemment introduite en urologie
par M. Bouchard. Nous nous sommes donc proposé d'établir lés valeurs
des coefficients urina ires et le poids moyen de la molécule élaborée qui
correspondent à des régimes bien déterminés. Nos recherches ont porté
sur 25 sujets ne présentant aucune lésion cliniquement décelable et main-
tenus dans les conditions de température et d'activité compatibles avec une
ration alimentaire moyenne. Pour chaque sujet, on a attendu, avant de
852 ACADÉMIE DES SCIENCES.
commencer les analyses, que l'équilibre des échanges se produisît et que
le poids demeurât constant. Puis on a fait, chaque fois, une quarantaine
d'analyses dont les résultats sont consignés dans le Tableau suivant :
Régimes.
II. III. IV. V.
I. iVIixlc Mixte, Mixte, Mixte, VI.
Lacté (lait, œufs, laclo- faiblement fortement Végétarien
absolu. végétaux), végétarien. carné. carné. absolu.
Coefficient azoturique -T—^ ••• • 0,86 0,86 0,81 0,82 0,82 0,78
Acide inique A" , 5^20 o /ce
■ ^-^,- ' j-j- 0.2 ic) » 0,000 o,ôi8 0,228 o,456
Acide phosnlioriciue P-0' „ ^- o r>
r-*— ; — -. — — 0,218 a O.IQt 0,1 6o 0,128 O.ISQ
Azote total Az' » > > y
Soufre total S' „ „
Azote total Â7^ °''90 » 0,19^ o,>87
Soufre oxydé S° _,_ „,„ ,
c f — r^rx c7' 0,900 » o-S^.*) o,84d » 0,740
Soufre total S' '
Soufre conjugué S' „. „ c^ /■>
— ô — "!■ ^^— T — -p-, o , o8o » 0,081 o , 068 i> 0,143
Soufre total S'
Molécule élaborée moyenne M. 65 71 80 76 67 98
Conclusions. — 1° La composition du régime alimentaire exerce une
influence marquée sur la valeur des coefficients urologiques que nous avons
étudiés. La qualité de la destruction de l'albumine alimentaire atteint son
maximum avec le lait et tombe à son minimum avec les végétaux.
2" Les différences du rapport ;-; — ' — dépendent, pour une part, de
l'aptitude des albumines alimentaires à former de l'urée : la diminution
A"
relative de l'urée avec les végétaux élève le rapport ^j-- Cette réserve faite,
on peut tirer, de la valeur élevée de ce rapport dans le régime végétarien,
un argument favorable à l'opinion de M. A. Gautier qui explique la forma-
lion d'une partie de l'acide urique par la combinaison d'un copule ternaire
à 3*' de carbone avec 2™°' d'urée. Le régime végétal est, en effet, riche en
radicaux hydrocarbonés, et, d'autre part, si l'excès d'acide urique prove-
nait des nucléines, l'acide phosphorique serait augmenté parallèlement.
P-0^
3" Les variations du rapport — r-7- correspondent sensiblement aux pro-
portions de phosphore minéral et organique apportées par les divers
régimes.
SÉANCE DU 2 AVRIL 1906. 853
S' .
4° La valeur maxima du rapport -r—jy qui se produit avec le régime végé-
tal, tient à sa richesse en soufre, mais plus encore à la proportion élevée
des bases minérales qui entraînent cet élément vers l'émonctoire rénal.
S"
Les variations du rapport ^7 suivent celles du rapport azoturique. Quant au
soufre conjugué, il atteint son maximum avec le régime végétarien, sans
doute parce que ce dernier favorise les fermentations intestinales par ses
hvdrocarbonés, mais surtout parce qu'il est riche en éléments aromatiques
capables de se sulfo-conjuguer,
5° La moyenne des valeurs de toutes les molécules élaborées est de 7$,
c'est-à-dire sensiblement la valeur normale 76 déterminée directement par
M. Bouchard sur des sujets recevant un régime mixte. La petitesse de la
molécule élaborée avec le régime lacté constitue une nouvelle preuve de la
facilité avec laquelle l'organisme utilise les albumines du lait. Comme c'est
là un fait étayé d'ailleurs sur nombre d'autres preuves, notre résultat dé-
montre, inversement, l'intérêt qui s'attache à la détermination de la molé-
cule élaborée. Avec le régime fortement carné, la molécule 67 établit la
perfection de l'élaboration des matériaux constitutifs de la viande. Ce
résultat s'explique, selon nous, par l'influence stimulante des bases mus-
culaires sur les actions diastasiques de l'organisme. Les molécules 80 et gS,
obtenues avec les régimes lacté mixte et végétarien absolu, montrent l'in-
fluence considérable exercée par l'addition ou la substitution au lait du
pain et des végétaux. Nous pensons que ce résultat doit être attribué à deux
causes principales : c'est d'abord la formation, avec les végétaux, puis le
passage dans les urines d'un certain nombre de corps azotés à noyau aro-
matique et de poids moléculaire élevé. Pour l'acide hippurique, M = 179.
C'est, en outre, ce fait remarquable que l'augmentation de l'apport minéral
dans un régime donné provoque un accroissement corrélatif du poids
moyen de la molécule élaborée. Nous avons constaté, par exemple, qu'en
passant de 17^ à 28*^ par 24 heures, la matière minérale élève de 78 à 100
le poids de la molécule. On devra donc tenir compte non seulement de la
composition organique du régime, mais encore de sa richesse en matières
salines dans l'interprétation des résultats d'une analyse.
854 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIOLOGIE. — Démonslralion de la fonction fibrinogénique du Joie.
Noie de MM. Doyon, Claude Gautier et Albert Morel, présentée par
M. A. Daslre.
La démonstration est faite chez la Grenouille et repose sur les faits sui-
vants :
1. L'extirpation complète du foie est compatible chez la Grenouille avec
une survie de quelques jours. Nous avons constaté que le sang devient
incoagulable au bout de 5 à 6 jours chez les Grenouilles privées de leur
foie.
2. Si l'on saigne une Grenouille et si l'on débarrasse entièrement son
système circulatoire du sang qu'il contient, pour lui substituer du sang
défibriné, on constate que la fibrine est régénérée en quelques heures.
3. La régénération de la fibrine n'a pas lieu si l'animal est privé de son
foie.
CûNuniONS KXPÉRIMENTALES : a. Ablation du foie. — Nos expériences oui été faites,
pendant les mois de novembre, de décemlire et de janvier, sur des Grenouilles conser-
vées dans du sable propre et humide. Chaque Grenouille était opérée avec des instru-
ments stérilisés, puis isolée dans un bocal muni d'une éponge imbibée d'eau. Les Gre-
nouilles, les bocaux et les éponges ont été lavés tous les jours. Les sujets opérés étaient
conservés au laboratoire dont la température a varié de + io° à -f- i8°.
Chez la Grenouille dont le foie a été excisé le sang extrait par la section de la tête
ou d'un membre peut rester indéfiniment liquide sans qu'il se forme la moindre irace
de fibrine. L'incoagulabilité peut se manifester dés le cinquième jour après l'opéra-
tion. Il arrive toutefois que le sang coagule, malgré l'ablation du foie; mais alors la
quantité de fibrine nous a toujours paru très nettement inférieure à la quantité nor-
male et, de plus, dans ces cas, on trouve en général, à l'autopsie, des jjetits lobes
intacts du foie. Après l'extirpation du foie, les Grenouilles présentent presque toujours
des crises tétaniques comparables à celles qui sont déterminées par la strychnine.
b. Régénération de la fibrine. — On saigne une Grenouille à blanc en lui section-
nant une patte aiUérieure et en ouvrant la veine abdominale. On injecte ensuite à
cette Grenouille, dans la direction du cœur, par le bout supérieur de la veine abdo-
minale, au moyen d'une seringue, du sang de Grenouille extrait auparavant et soigneu-
sement délibriné. On lave ainsi trois ou quatre fois l'appareil circulatoire du sujet en
recueillant chaque fois le sang de lavage dans des verres de montre par une nouvelle
section faite à la même patte, en laissant les vaisseaux se vider le plus possible après
chaque lavage. La quantité de sang injecté à chaque lavage est de 5™'. Chaque
injection, poussée lentement et d'une façon continue, dure une dizaine de minutes.
SÉANCE DU a AVRIL 1906. 855
Lorsque le sang recueilli par la patte antérieure sectionnée et par le bout inférieur de
la veine abdominale ne contient plus trace de fibrine, on cesse le lavage et l'on pra-
tique une dernière injection de 5""' de sang défibriné; puis on suture avec soin toutes
les plaies. L'opération dure en général de 2 à 3 heures. L'animal se remet parfaitement.
Si on le sacrifie i4 heures après l'opération par la section du cou, on constate que le
sang se prend en masse et coagule absolument comme le sang d'une Grenouille
normale.
Pour répéter l'expérience sur une Grenouille privée de foie, il faut, dans un premier
temps, isoler, par des ligatures placées à quelque distance du pédicule vasculaire du
foie, la plus grande partie des lobes latéraux et du lobe médian ventral. On saigne
ensuite l'animal, on pratique des lavages et la dernière injection de la même façon
que précédemment. Les injections passent très bien dans le système circulatoire. On
place de nouvelles ligatures plus près du pédicule et l'on détruit ensuite le lolie
médian dorsal et les bourgeons latéraux en touchant ces organes au thermocautère. Si
l'on sacrifie l'animal de i4 à 24 heures après l'opération, on constate que le sang recueilli
reste absolument incoagulable.
GÉOLOGIE. — Origine et mode de formation des minerais de fer oolilhique.
Note de M. Staxislas Meu.vier.
La lecture, dans les Comptes rendus, d'une Note que M. Cayeux a con-
sacrée à l'étude microscopique du minerai de fer de Dielette (') m'auto-
rise, je crois, à faire remarquer que ce travail vient confirmer de la manière
la plus complète la théorie que j'ai formulée, il y a quelques années déjà,
quant à l'origine et au mode de formation du minerai de fer oolithique des
formations stratifiées (-).
M. Cayeux, en eflet, conclut de ses recherches que le minerai de Dielette « occupe la
place d'éléments qui étaient certainement calcaires à l'origine »; et il ajoute : « Je puis
affirmer que le minerai de Dielette procède d'un calcaire oolithique. »
Or, j'ai reconnu de mon côté, à la suite d'études variées et d'expériences sur la com-
position et sur la structure microscopique du minerai de fer oolithique : 1° que ce
minerai se présente, sans aucun doute possible, comme le résultat de l'épigénie du
calcaire oolithique; 1° que le calcaire oolithique était dérivé antérieurement d'une
vase calcaire marine ordinaire, dans laquelle la circulation des eaux souterraines avait
déterminé progressivement la concrétion du carbonate de chaux autour de certains
(') T. CXr^II, séance du 19 mars 1906, p. 716.
( - ) Sur l'origine et le mode de formation du fer oolithique de Lorraine ( Comptes
rendus, t. GXXXII, séance du 21 avril igoi, p. 1008).
856 ACADÉMIE DES SCIENCES.
points de conceiUralioii avec élimination à l'étal de ciment général, dans les espaces
inieroolitliiques, des éléments non cristailisables, et spécialement argileux, du dépôt;
3° que l'épigénie de ce calcaire oolithique a été réalisée très postérieurement à la sédi-
mentation, sous l'influence d'eaux très faiblement minéralisées par des sels de fer et
par des sels d'aluminium. C'est pour cela que la limonite est toujours associée à de la
bauxite qui conserve la forme des oolithes après la dissolution de tout leur fer, pai'
l'acide chlorhydrique, par exemple.
Des expériences nombreuses m'ont permis de pénétrer dans le détail des phéno-
mènes épigéniques, en en imitant toutes les particularités et d'expliquer, entre autres
détails, comment le dépôt de fer ne s'eireclue pas toujours d'une manière égale dans
toute la masse de la substance calcaire. Des spécimens que je conserve à mon labora-
toire montrent qu'il suffit de la plus légère variation de structure pour que les liqueurs
ferrugineuses passent dans certains points sans rien précipiter, tandis qu'elles déposent
au contraire, tout au voisinage, de grandes quantités de fer. On observe donc directe-
ment l'élection du fer dans certaines parties des éléments de la roche calcaire et c'est
une réponse que je suis heureux de faire à une objection que m'avait opposée, avec
beaucoup de bienveillance d'ailleurs, M. Alfred Lacroix dans sa Minéralogie de la
France (t. III, p. 882).
Ces résultais sont confirmés par des séries de faits d'observation et expli-
quent par exemple le volume comparé des oolithes de limonite et des
oolitlies de calcaire dans les couches de même âge, conformément à la
différence de densité des deux substances. J/aplatisseinent des globules
ferrugineux contraste avec la sphéricité des grains calcaires, avec une
éloquence décisive dans le même sens.
L'histoire de ces dépôts oolithiques n'est d'ailleurs qu'un cas particah'er
dans l'ensemble des épigénies ferrugineuses d'une foule de niveaux cal-
caires qui ont conservé les grands traits de leur texture tout en changeant
inlégralement de composition. Comme exemple de roches uniformément
massives, on peut rappeler les couches de sanguine à Ammonites de la Voulle
(Ardèche) dont le métamorphisme, qui donnerait une matière toute pareille
a l'oligiste de Saint-Rétiiy, serait le correspondant du métamorphisme qui,
selon M. Cayeux, rattache le fer de Dielette au minerai oolithique.
Les faits de ce genre nous mettent devant l'esprit des témoignages
spécialement éloquents de l'incessante activité des circulations aqueuses
dans les régions souterraines. A ce titre je les considère comme présentant
une grande importance au point de vue de la Géologie générale et c'est
pour cela que je tiens à rappeler qu'ils me préoccupent depuis très long-
temps.
SÉANCE DU 2 AVRIL 1906. 857
M. N. Slomnesoo adresse une Note relative à l'action de la caféine sur les
métaux et métalloïdes.
M. C.-A* SaltzmaiSn adresse un Projet de machine volante.
(Renvoi à la Commission d'Aéronautique.)
La séance est levée à 4 heures et quart.
M. B.
BDLLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 19 mars 1906.
(Suite.)
Etudes de Systématique et de Géographie botaniques sur la flore du bas et du
moyen Congo, par Em. de Wildeman; t, I. fasc. III, p. i-ui et 21 3-346, planches
XLIV-LXXIII. {Annales du Musée du Congo : Botanique, série V.) Bruxelles, igoS-
1906; I fasc. in-f°.
Résumé météorologique de l'année 1904 pour Genève et le GrandSaint-Bernard,
par R. Gautier. Genève, igoS; i fasc. in-8°.
Zur Effectberechnung von Flugvorrichtungen, von Ignaz Dickl. Vienne, 1904;
I fasc. in-8°.
Die Berechnung achsialen Aktionsturbinen auf zeichnerischem Wege, von
I. DiCKL. Vienne, 1904; i fasc. in-8°.
Die Aetlierenergie, von I. Dickl. Gratz, 1906; i fasc. in-8°.
Memoranda relaling to the discovery of surgical anesthesia, and D'' William
T.-G. M or ton' s relation to this event, bj William-James Morton. New-York, 1905 ;
I fasc. in-S".
Die Nervosilàt in der Armée, von D'' M. Meykr. Vienne, 1906; i fasc. in-S".
Zur Behandlung der entzundlichen Erkrankungen der oberen Harnwege,
von D'' Meter. Berlin, 1906; i fasc. in-S".
Kriterien der Tod-Erkennung von Seiten des Auges, von D' Walteu Aldrand;
s. 1. n. d. 1 fasc. in-8°.
Vérités et hypothèses philosophiques et scientifiques, par M"» Eug. Andrès. Rome,
1906; I fasc. in-i2.
Census of India; t. XII, B. and C : Burma, by G. -G. Lowis, parts III and IV. Tables.
Rangoon, igoS; 3 vol. in-f».
C. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N° 14.) I l3
858 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Yeor-book vf the Roval Society of London, 1906. Londres, Harrison el fils. 1906;
I vol. in-8°.
Annuario delta R. Accadeniia dei lAncei, 1906. Home; 1 fasc. in- 12.
Anuario de la Real Academia de Ciencias txactas Jhicas y naturales. 1906.
Madrid ; i vol. in-i8.
The almanac for 1906, by B. Suryanarian Row, issued by the Office of the Astio-
logical Magazine Madras. Madras; i fasc. in-S°.
Ergebnisse der meleorologischen Benbachtungen an den Landesstationen in
Bosnien-Hercegovina im Jahre 1901. Vienne, 1906; i fasc. in-4''.
Deutsches meteorologisches Jahrbuch fUr 1901, Kônigreich Sachsen; mil ein Vo-
rarbeit : Studien iiber Erdbodenwànue und Schneedecke, herausgegeb. v. Paul
ScHREiBER, Cheninitz, i9o5; 1 vol. in-4°.
Ouvrages reçus dans la séance du 26 mars 1906.
L' électrométallur gie des fontes, fers et aciers, par Camille Matig.non. Paris,
H. Dunod et E. Pinal, 1906; i fasc. in-8°. (Présenté par M. Berthelot.)
Mission scientifique permanente d'exploration en Indo-Chine. Décades zoologiques :
Oiseaux, n° 5. Hanoï, 1906; i fasc. in-4''. Exemplaire n° 152. (Présenté par M. Y.
Delage.) .
The Selkirk range, by A.-O. Wheeler; t. I. Otiawn, Government printing Bureau,
1906; I vol. in-8°. (Présenté par M. le colonel Laussedat. Hommage de l'auteur.)
M. F. Klein, Correspondant de rin>titut, piésente les trois fa-.cicules suivants de
V Encyclopédie des Sciences mathématiques pures et appliquées : T. I, vol. k, fasc. 1.
Calcul des probabilités. Théorie des erreurs. Applications diverses. — T. Il, vol. 1,
îasc. 6. Funktional-Gleichunge/i and -OperaCionen, von S. Pincberle. — T. VI, vol. 1,
fasc. 1. Niedere Geodàsie, von C. Heiniikrtz. Piwlogranimetrie, von S. Finsterwaldkr.
Leipzig, B.-G. Teubner, 1906; 3 fasc. in-8°.
Considérations sur le mécanisme d' acclimatation des levures à l'acide sulfureux,
par M. Emm. Pozzi-Escot. Paris, Jules Roussel, 1906; i fasc. in-8°. (Hommage de
l'auteur. )
Recherches sur l'action des rayons colorés dans la fermentation des raisins de
cuve, par Georges Duclou, 2' édition. Bordeaux, igoS; 1 fasc. in-8°.
' Mémoires et compte rendu des travaux de la Société des Ingénieurs civils de
France; Sg* année, 6° série, Bulletin n° 1, de janvier 1906. Paris; 1 fasc. in-S".
Bulletin des séances de ta Société nationale d'Agriculture de France; année 1906,
n° 1. Paris; 1 fasc. in-S".
Expédition antarctique belge. Résultats du voyage du « 5. Y. Betgica » en 1897,
1898, 1899, sous le commandement de A. de Gerlache de Gomery. Rapports scien-
tifiques publiés aux frais du Gouvernement belge, sous la direction de la Com-
mission de la « Betgica ». Anvers, J.-E. Busclimeinn, igoi-igoS; 20 fasc. in-4°.
La fernienthérapie ou traitement des maladies par les ferments et la pliysiologie
moderne, par Marcel Monier. Anvers, 1906; i fasc. in-S".
SÉANCE DU 2 AVRIL 1906. 869
Contribution à la théorie des ménisijues. capillaires, par G. va>- der Mensbrugghe;
I" et 2* parties. Bruxelles, 1900 ; 2 fasc. in-S°.
La vicia universal, por Julio Garcia Homero. Caceres, 1906; i fasc. in-S".
Outrages reçus dans la séance du 2 avril 1906.
Matériaux d'étude topologique pour l' Algérie et la Tunisie; 6° série. {Cahiers
du Service géographique de l' Armée, n° -23.) Paris, 1906; i fasc. in-8». (Offert p;ir
le Service géographique de l'Arniée.)
Mollusques provenant des dragages effectués à l'ouest de l' Afrique pendant les
campagnes scientifiques de S. A. S. le Prince de Monaco, par Fh. Dautzejibkrg et
H. Fischer; avec 5 planches. {Résultats des campagnes scientifiques accomplies sur
son yacht par Albert /*'', Prince souverain de Monaco, publ. sous la direction de
M. Jules Richard, fasc. XXXII.) Imprimerie de Monaco, 1906; 1 fasc. in-^". (Hom
mage de S. A . S. le Prince de Monaco.)
Note sur l' appauvrissement des sources et sur l'influence de i hiver. Observations
concernant le bassin de la Somme, par P. Houllikr. (Extr. du Bull, de la Soc. linn.
du Nord de la France, novembre-décembre 1900.) 1 fasc. in-S". (Hommage
de l'auteur.)
Détermination de la longueur de la circonférence, parle Lieutenant-Colonel P.-L.
MoNTElL. Paris, E. !>ey, 1906; i fasc. in-8°. (Hommage de Fauteur.)
Les pseudo-surfaces appliquées à la généralisation ou à l'amendement des diverses
théories classiques issues du Calcul infinitésimal, [)ar M. TAbbé Issaly. Paris, A.
Hermann, 1906; i fasc. in-8°. (Hommage de l'auteur.)
Annales de la Faculté des Sciences de Marseille; t. XV. I^aris, G. Masson, igoS;
une série de fascicules formant un volume non broché in-4''.
Bulletin trimestriel de la Société de l'Industrie minérale ; 4'' série, t. V, r^ livrai-
son, 1906. Saint-Etienne, i vol. in-8°.
Annales de Physicothérapie, publ. par J. Rivière; i^'janvier 1906. Paris; i fasc.
in-8°.
Revue scientifique du Bourbonnais et du Centre de la France, publ. par M. Ernest
Olivier; 19"= année, 1906, i^' trimestre. Moulins, 1906; 1 fasc. in-8°.
Catalogus bogoriensis novus plantarum phanerogamarum quœ in horto botanico
bogoriensi coluntur herbaceis exceptis, auctore B.-F.-G. Hochreltiner ; fasc. I et U.
{Bulletin de l'Institut botanique de Ruitenzorg, n°» 19 et 22. ) Buitenzorg, 1904-1905 ;
2 fasc. in-4".
Les signes régionaux, nouvelles recherches expérimentales sur la répartition de
la sensibilité tactile dans les états d'attention et d'inattention, par A. Michotte.
Louvain-Paris, 1906; i vol. in-8".
Universitaet Loeven, i425-i834-i9o5. Louvain, J. van Linthout, i9o5; i fasc.in-8°.
{A suivre.)
86o ACADÉMIE DES SCIENCES.
ERRATA.
(Séance du 19 mars 1906.)
Noie de M. A. Lacroix, Sur les faciès de variation de certaines syénites
néphéliniques des îles de Los :
Page 685, lignes j8 et ig, au lieu de au quatrième ordre (pantellerose), lisez au
cinquième ordre (umptekose).
Page 686, ligne 3, au lieu de soit à la pantellerose (4' ordre ...), lisez soit à
l'umptekose (5' ordre . . .)i
Même page, ligne 9, au lieu de et appartenant au cinquième ordre, lisez , tout en
appartenant aussi au cinquième ordre.
(Séance du 26 mars 1906.)
Note de MM. Eug. Charabot et G. Laloue, Formation et distribution des
composés terpéniques chez l'oranger à fruits amers :
Page 798, ligne 4 en remontant, au lieu de fruits amers, lisez fruits doux.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 9 AVRIL 1906,
PRÉSIDENCE DE M. H. POINCARÉ.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
r)ES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Président annonce à l'Académie qu'en raison des fêtes de
Pâques la séance du lundi 16 avril est remise au mardi 17.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur quelques problèmes de Physique
mathèmalique se rattachant à l'équation de M. Fredholm. Note
de M. Emile Picahd.
1. On sait avec quel succès M. Fredholm (') a fait l'étude d'une équa-
tion fonctionnelle qui est de la plus haute importance dans divers pro-
blèmes de Physique matliématique. Cette équation, en nous bornant au
cas d'une seule variable, peut s'écrire
(i) <p(a;)4-l/ /(.r,^)?(5)r/^ = .K^),
a et è sont des constantes données ainsi que \\ les fonctions /(a-, 5) et
ij/(a7) sont également données, et l'inconnue est la fonction cp(a?). La
découverte capitale de M. Fredholm est d'avoir trouvé l'expression géné-
rale de la fonction (p(^') sous la forme
(') I. Fredholm, Comptes rendus de l' Académie de Stockholm, janvier 1900 et
Acta mathematica, t. XXVII, igoS.
G. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N» 15.) I l4
862 ACADÉMIE DES SCIENCES.
OÙ, relativement à >., P et D se présentent sous la forme de séries entières
en 1 convergentes pour toute valeur de 1. Les racines de l'équation
D(>.)=:o
donnent les valeurs singulières de 1, pour lesquelles l'équation (i) a une
ou plusieurs solutions (non nulles) quand on met zéro dans le second
membre, et M. Fredholm a fait une étude approfondie de cette équation
sans second membre.
Le cas où la fonction f(cc, s) deviendrait infinie entre les limites de
l'intégration (l'intégrale ayant bien entendu un sens) a fait l'objet, dans un
cas particulier, des recherches de M. Hilbert (') [qui a de plus donné de
très importants développements en séries se rapportant à l'équation (i)] et,
dans un cas plus général, des études de M. Plemelj (°).
On peut aussi considérer le cas d'une équation analogue à l'équation (i)
de la forme
(2) ç(,r, v) -h iJJ/Çr, y; u, c) ?(u, v) du d\> = ^x, y),
y et i|< étant des fonctions données, et l'intégrale double étant étendue à une
aire donnée du plan (u, c). Cette généralisation est immédiate.
2. Venant d'étudier ces questions dans mon cours, je me propose sim-
plement ici de faire quelques remarques et d'indiquer deux problèmes de
Physique mathématique se rattachant à des équations du type de l'équa-
tion (2 )•
Tout d'abord, les problèmes tant intérieurs qu'extérieurs (dans l'espace
à trois dimensions) relatifs aux fonctions harmoniques, quand on se donne
soit la fonction, soit la dérivée dans le sens de la normale, se ramènent
aux deux équations que nous allons indiquer. Désignons par S une surface
fermée, et soit m un point de la surface; appelons de plus r la distance de m
à l'élément variable do de S, et cp l'angle que fait r avec la normale (inté-
rieure) à S en da, tandis que ij/ désignera l'angle de r avec la normale (inté- '
rieure) en m. Nous avons ici à considérer les équations fonctionnelles.
(') D. lIiLBERT, J\ac/in'chle/i der K. Gesellschaft. der Wissenschaflen zti Gôt-
lingen, 1904 et 1905.
(^) ,1. l'i.iiMKiJ. Monalshcftc fin- MallicDinlik and Physik. XV. Jalirg.
SÉANCE DU 9 AVRIL igo6. 863
analogues à (2), dont les premiers membres sont respectivement
(4) p + ^Z/pS"^''
p étant la fonction inconnue des paramètres fixant la position d'un point
de S.
Les deux équations fonctionnelles sont, en général, différentes; mais on
peut montrer facilement que les valeurs singulières de \ sont les mêmes
pour l'une et l'autre.
Dans le cas d'une surface sphérique S, les équations sont évidemment
les mêmes (cp = i}»); en supposant la sphère de rayon un, on a, comme va-
leurs singulières,
>. = — {in -+- j),
n étant un entier positif ou nul. De plus, pour la valeur singulière
— (2« + i), l'équation sans second membre
p-(2/i + i)yyp^</(;=:o
a, comme solutions distinctes en p, les 2« + i fonctions Y„ de Laplace
correspondant à l'entier n.
3. Les remarques qui précèdent trotivent leur application dans le pro-
blème de l'aimantation par influence pour un corps parfaitement doux
limité par une surface S. Ce problème revient, d'après la théorie de Pois-
son, à trouver une fonction Y (a;,/, s) de la nature d'un potentiel à l'infini,
continue dans tout l'espace, harmonique à l'intérieur et à l'extérieur de S,
et telle que, pour tout point m de S, on ait
égale à une fonction connue du point m. La direction n se rapporte à la
normale intérieure à S et les dériA'ées -r- et -7— sont les dérivées de V
an an
prises dans cette direction, la première en un point de jnn infiniment voisin
de TO à l'intérieur de S et la seconde en un point à l'extérieur. Quant à k,
c'est le coefficient d'aimantation, positif si le corps doux est paramagné-
tique, et négatif pour un corps diamagnétique.
Q-*
864 ACADÉMIE DES SCIENCES.
On peut représenter V par un potentiel de simple couche étendue sur S,
la densité p de celte couche satisfaisant à l'équation fonctionnelle
p — • '- — r I ? — -« drs =: fonction donnée sur S.
C'est une équation correspondant au type (4) du paragraphe précédent.
Pour k positif, l'équation a certainement une solution et une seule. Il
peut en être autrement si k est négatif. Par exemple, si S est une surface
sphérique de rayon un, on aura les valeurs singuliéresde k correspondant à
■z-Kk = — ( I H
OÙ n est un entier positif. La théorie de l'aimantation n'est sans doute pas
applicable à de tels coips diamagnétiques, s'il en existe.
4. Une équation d'une forme différente va nous être fournie par un
problème de la théorie analytique de la chaleur. Il s'agit d'un corps en
équilibre de température avec rayonnement. En désignant par V la tempé-
rature, celte fonction V est harmonique à l'intérieur du corps et l'on a sur
sa surface S
-(S) = ^-(v.-v).
k élant un coefficient positif et V^ étant une fonction, donnée sur la sur-
face, représentant en chaque point de celle-ci la température extérieure.
Nous avons donc à trouver une fonction harmonique V telle que sur S
an
soit égale à une fonction donnée.
Cherchons encore à exprimer V par un potentiel de simple couche de
densité p. L'équation précédente reviendra à trouver la fonclion p satisfiu-
sant à l'équation fonctionnelle rentrant toujours dans le type (2)
"//K^-
^'^^\d<: = fonction donnée sur S.
iT.r
Pour k > o, cette équation a une solution et une seule. Pour certaines
valeurs négatives de k (ce qui n'a d'ailleurs qu'un intérêt analytique),
l'équation sans second membre aura des solutions autres que p = o. Par
SÉANCE DU 9 AVRIL 1906. 865
exemple, dans le cas de la sphère de rayon an, il en sera ainsi pour
k =^ — n,
n étant un entier positif ou nul et pour ces valeurs seulement.
Nous avons supposé que k était constant, mais la méthode s'applique
également si /■ est une fonction positive sur la surface S.
CHRONOMÉïRiE. — Sur un moyen de contrôler un système d'horloges
synchronisées électriquement. Note de M, G. Bigourdax.
Considérons un certain nombre d'horloges dispersées et synchronisées
électriquement par une pendule directrice, ainsi que cela a lieu, par
exemple, à Paris : chaque horloge synchronisée forme ce qu'on appelle un
centre horaire.
Dans ce système, tous les centres horaires sont placés sur un circuit élec-
trique et maintenus à l'heure par un courant que lance, à chaque seconde,
la pendule directrice; par ce moyen, celle-ci oblige les centres horaires à
la suivre exactement, de sorte que, lorsque le fonctionnement est bon, tous
ces centres marquent constamment la même seconde que l'horloge direc-
trice quand, une première fois, ils ont été mis d'accord avec elle.
Les causes de dérangement sont les suivantes :
1° Un centre horaire considéré n'obéit pas au courant synchronisateur
et cesse de marcher d'accord avec la pendule directrice (');
2° Le circuit de synchronisation est coiqjé et, par suite, chaque centre
horaire prend une marche indépendante;
3° L'horloge directrice cesse de marcher;
4" L'horloge directrice cesse d'être à l'heure exacte.
Le moyen de contrôle qui va être indiqué est destiné à avertir du mau-
vais fonctionnement du système dans les trois premiers cas; l'avertisse-
ment est donné à côté de chaque centre horaire, de manière à prévenir que
l'heure de ce centre ne mérite pas toute confiance.
Pour cela, dans le circuit synchronisateur installons, à côté de chaque
centre horaire, un galvanoscope dont l'aiguille aimantée sera déviée à
chaque passage du courant, c'est-à-dire à chaque seconde : cette aiguille
aimantée reproduit chaque battement de seconde de la pendule directrice,
(') 11 n'y a évidemment pas lieu d'examiner le cas où le centre horaire est arrêté.
866 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de sorte que, si elle numérotait les secondes, elle pourrait remplacer le
cadran du centre horaire correspoudant. Or il est facile de lui faire mar-
quer au moins une seconde déterminée de chaque minute.
Pour cela, supprimons une émission du courant synchronisateur à la seconde zéro
par exemple de la pendule directrice et voyons ce qui se passera dans chacun des
quatre cas énumérés ci-dessus.
Si le centre horaire considéré est d'accord avec la pendule directrice, à chaque
seconde zéro de ce centre horaire l'aiguille aimantée restera immobile, et alors seu-
lement. Mais si ce centre est, par exemple, en avance de 3 secondes sur la pendule
directrice, c'est à la troisième seconde de ce centre horaire que l'aiguille aimantée
restera immobile, et l'on sera ainsi prévenu de cette avance. De même s'il y avait
retard. Il est d'ailleurs évident que l'avance ou le retard ne devra pas dépasser
quelques secondes pour que ce moyen de contrôle soit efficace.
Si le courant synchronisateur est coupé, la boussole restera immobile; elle restera
immobile encore si l'horloge directrice cesse de marcher : dans ces deux cas on sera
prévenu encore que le centre horaire peut n'être pas à l'heure.
La manière de réaliser pratiquement ce système variera avec la disposi-
tion employée pour émettre à chaque seconde le courant synchronisateur.
Si, comme cela est fréquent, cette émission est produite par une roue de
60 dents montée sur l'axe de secondes de la pendule directrice, il suffira
d'abattre une de ces dents et de lui faire correspondre la seconde zéro.
Si l'émission est produite par le balancier, par exemple au moyen de ce
qu'on appelle souvent des contacts Bréguet, on pourra ou les faire soulever
mécaniquement par l'horloge, ou couper le courant à chaque minute, ce
qui ne saurait présenter de difficulté.
Ce procédé, qui revient à un transport instantané de la pendule direc-
trice à côté de chaque centre horaire, est donc facile à réaliser; en outre,
il serait efficace dans l'immense majorité des cas, puisqu'il est tout à fait
rare que la pendule directrice ne soit pas bien maintenue à l'heure exacte.
ASTRONOMIE. — Présentation d'un fascicule du « Catalogue photographique
du Ciel » de l'Observatoire de Toulouse; par M. Lœwy.
Ce document renferme les coordonnées rectilignes de toutes les images
stellaires des divers clichés pris en vue de la détermination de la parallaxe
solaire au moyen de la planète Éros. M. Baillaud, Directeur de l'Observa-
toire, fait connaître la part prise par ses collaborateurs à cette publication.
La direction des travaux de mesures et de réductions a été confiée à
SÉANCE DU 9 AVRIL 1906. 867
M. Bourget, astronome-adjoint et rexploration photographique du Ciel à
M. Montangerand qui, pendant quatre mois, a consacré toutes les belles
nuits à cette tâche et a réalisé une centaine de clichés.
M. Bourget, dans l'Introduction rédigée par lui, fournit des renseigne-
ments intéressants sur les modes d'opération employés et sur toutes les
précautions prises pour entourer cette étude des garanties d'exactitude
nécessaires.
M. Baillaud rend un hommage mérité à ses collaborateurs pour le zèle
et l'activité qu'ils ont déployés en cette circonstance. Grâce à ces travaux,
l'Observatoire de Toulouse a pu fournir une contribution très utile à
l'œuvre internationale concernant une nouvelle détermination précise de la
distance du Soleil à la Terre.
CORRESPONDilNCE .
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Une brochure publiée par l'Association internationale des Acadé-
mies : Vorbericht fur die am 3o. Mai 1906 zu Wien beginnende Zusammen-
tretung des Ausschusses.
2" Plusieurs brochures de M. O. Lehmann, relatives aux cristaux liquides
et accompagnées de 29 photographies exécutées par l'auteur, qui en fait
hommage à la bibliothèque de l'Institut. (Présenté par M. de Lapparent.)
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les transformations des systèmes d'équations
aux dérivées partielles du second ordre. Note de M. J. Clairix, présentée
par M. Appell.
Étant donnés deux systèmes (E) et (E') d'éléments du premier ordre
dans l'espace à « + 1 dimensions, nous désignerons, suivant l'usage,
par x^, a7„, . . ., x^, z, p,, p^, . . . , p,i les coordonnées d'un élément du
premier système et par x\, x'^, ..., a;,',, ^' ,p\,p\., •••» p'n celles d'un élément
du second.
Imaginons que ces [\n + 1 quantités satisfassent à n -f- oc H- i équa-
tions (x<«) telles qu'à un élément (E) corresponde une multiplicité
868 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de oo" " éléments unis (E'). On peut, sans restreindre la généralité,
supposer que ce système d'équations soit mis sous la forme
i'^p ^yp v-^/' ^' Pj '■) '^«T/»
^' =/ (^M -'T'y; ^a).
p'k = ?*(^M '•'Pr-^''^)
{i,j\ ^-=1,2, ..., /i; p = I, 2, ..., a; -7 = a + I, a + 2 /i),
les fonctions précédentes satisfaisant aux conditions
p=i
Proposons-nous de chercher dans quels cas la transformation définie par
les équations (i) fera correspondre à une surface (S) engendrée par les
éléments (E) une surface (S') engendrée par les éléments (E'). En rem-
plaçant dans l'équation
n
dz'—^p',dx', = o,
x\, x'^, . . ., x[,, z' , p\, p'.^, • ■ ., p',1 ainsi que les différentielles par les expres-
sions que fournissent les équations (i) et en annulant les coefficients
de dx,, dx.y, . . . , dx,^ on trouve, sans difficulté,
p=i
(i= 1,2, ..., n),
-J-i -^ désignant les dérivées prises par rapport à a?, dey* et de ^p consi-
dérées comme des fonctions composées, z,p^,p.i, ...,/7„ étant les fonctions
intermédiaires.
Il suffit d'éliminer ar^^,, . . . , a;^, entre les équations (2) pour trouver un
système (e) de oc équations aux dérivées partielles du second ordre qui
possède un système de caractéristiques linéaires du premier ordre dépen-
dant de /i — a fonctions arbitraires d'une variable. Les équations (e)
peuvent admettre des intégrales dépendant de fonctions ou de constantes
arbitraires; elles peuvent également être incompatibles, c'est-à-dire qu'il
n'existe pas toujours des surfaces (S) auxquelles correspondent des sur-
faces (S') lorsque a est supérieur à l'unité.
SÉANCE DU 9 AVRIL 1906. 869
Si les équations (i) font corresponilre à un élémeot(E') une multiplicité
de 00""* élénnents (E) unis, les surfaces (S') transformées des surfaces (S)
sont les intégrales d'un système d'équations aux dérivées partielles du
second ordre analogue à (s). On voit ainsi que, sous certaines conditions,
les équations (i) définissent une transformation (les intégrales d'un système
d'équations aux dérivées j)nrtielles du second ordre eu les intégrales d'un
autre système semiilable, ces intégrales se correspondant une à une.
Considérons spécialement le cas de l'espace à trois dimensions (/? =: 2),
a ne peut prendre que les valeurs un ou deux. Lorsque a est égal à l'unité,
les équations (i) définissent une transformation de Biicklund de ])remière
espèce. Lorsque oc est égal à deux, les équations données, que l'on peut
écrire (')
(3)
font correspondre à un élément (E) un élément (E'), et réciproquement;
elles font également correspondre, en général, aux intégrales d'un certain
système de deux équations aux dérivées partielles du seconil ordre
(4)
i r + w(,r,j, z,p,q)s -h .M(.r. y, -, p,f/) = o,
1 s -+- m(,v,y, z, p, (i)l -+- N {x,y, :■, p, q) — o,
celles d'un autre système •
(5)
/■'-+- m'{x',y\ z', p', (l')s' -^ i\r(x-', y', z' , p\ q') = o,
.v' -+-m'(x',j'', z'.p, q')t' -h- N'(.r', y', s',/;', q') = o.
Si l'un de ces systèmes est composé de deux équations en involution, il
en est de même de l'autre. On démontre facilement dans ce cas l'existence
de transformations de contact permettant de passer des équations (4) aux
équations (5), mais la transformation (3) constitue un exemple intéressant
de transformations qui ne s'appliquent qu'aux surfaces intégrales d'un
système d'équations aux dérivées partielles et qui remplacent deux sur-
faces tangentes par deux surfaces également tangentes (^). Il est d'ailleurs
aisé de voir que l'on peut appliquer de telles transformations à un sp'ème
quelconque de la forme (4).
(') Dans ce qui suit j'emploie les notations de Monge.
(') M. Backliind a consacré à l'étude de ces transformations des Mémoires inté-
ressants publiés dans les Matlieinatische Annalen.
C. R-, 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N« 15.) Il5
870 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE. — Dichroïsme, biréfringence et conductibilité de lames métal-
liques minces obtenues par pulvérisation cathodique. Note de M. Gh.
Maurai.v, présentée par M. Mascart.
Les lames métalliques qu'on obtient par pulvérisation cathodique dans
certaines conditions sont anisotropes. Plusieurs physiciens ont étudié la
biréfringence des dépôts ainsi formés sur des lames placées en face de
l'extrémité d'une cathode filiforme (').
J'ai préparé dans des conditions que j'indiquerai plus loin des lames
métalliques qui ont la propriété remarquable d'être très fortement di-
chroïques; de plus, leur conductibilité électrique varie avec la direction;
les directions de conductibilité maximum et minimum coïncident respecti-
vement avec les directions des vibrations lumineuses les plus et les moins
absorbées (en supposant que, dans la lumière polarisée, les vibrations sont
normales au plan de polarisation); enfin ces lames sont biréfringentes et
les sections principales coïncident avec les deux directions déjà définies par
le dichroïsme et la conductibilité.
Un premier procédé consiste à employer une cathode circulaire plane formant un
dépôt sur des lames de verre placées latéralement et normales à la cathode; ces lames
sont ainsi substituées, en somme, aux parois du tube à vide cylindrique, où la cathode
plane est disposée suivant une section droite. Parmi les lames ainsi préparées, les plus
fortement dicliroïques sont celles de bismuth; pour neuf lames de bismuth d'épais-
seurs différentes, le rapport des intensités transmises pour les vibrations parallèles
respectivement aux directions de plus grande et de plus faible absorption, a varié
entre 0,89 et o,52; ces lames sont fortement biréfringentes, font réapparaître avec
éclat la lumière quand on les place entre deux niçois à l'extinction, et donnent à la
bilame de Bravais des différences de teinte très accentuées; il est bon de déterminer
d'abord par ces procédés les sections principales de la biréfringence ; on mesure ensuite
le dichroïsme dans ces directions, par une méthode pholométrique où la biréfrin-
gence ne peut intervenir, et l'on constate que le dichroïsme dans des directions rectan-
gulaires à 45° des précédentes est insensible; on voit facilement, avec le polariscope à
franges de Savart, que la lumière qui a traversé ces lames est partiellement polarisée,
et l'on peut retrouver ainsi les directions du dichroïsme; enfin, pour celles de ces
lames (six) pour lesquelles des mesures de conductibilité ont été possibles, la conduc-
tibilité dans la direction de plus grande absorption a été trouvée beaucoup plus grande
que dans la direction de plus faible absorption (je donnerai des exemples plus loin).
(') KcNDT, Wied. A/in.. t. XXVII, 1886, p. Sg; Dessau, Wied. A/iii., t. XXIX,
1886, p. 353; K^MPii, A/in. d. Physik, t. X\'I, igoS, p. 3oS.
SÉANCE DU 9 AVRIL 1906. 871
Ces lames ont de •2*=™ à 3'='° de largeur dans la direction qui était paral-
lèle à la surface de la cathode; les directions principales définies par les
trois propriétés étudiées ne sont pas les mêmes en tous les points des
lames : dans la partie centrale, sur la plus grande partie de la largeur,
elles sont parallèle et perpendiculaire à la surface de la cathode, la di-
rection de plus grande absorption étant parallèle à cette surface; sur
les bords les directions principales s'inclinent, en sens inverse de part et
d'autre. Le dichroïsme spécifique n'est d'ailleurs pas le même en tous les
points; il est certainement plus faible pour les points de la lame qui
étaient les plus rapprochés de la cathode que pour ceux qui en étaient
éloignés, et où l'épaisseur du dépôt métallique est d'ailleurs plus faible;
celte variation des propriétés spécifiques est décelée aussi, avec le même
sens, par les mesures de conductibilité; on trouve par exemple, pour la
partie centrale d'une lame : en une région qui était assez rapprochée de la
cathode, résistance d'un carré d'environ 9™™ de côté, parallèlement à la
direction de plus grande absorption 133°*""% 5; parallèlement à la direction
de plus faible absorption 157°'""% rapport 0,8; en une région qui était un
peu plus éloignée de la cathode, 216, 5 et 3o8, rapport o,7o3; en une ré-
gion plus éloignée, 572 et i2o3, rapport o,475.
Quatre lames d'or préparées dans les mêmes conditions présentent les
mêmes propriétés, moins accentuées: les rapports mesurant le dichroïsme
ne descendent pas au-dessous de 0,9; la conductibilité dans la direction de
plus grande absorption a été trouvée jusqu'à deux à trois fois plus grande
que dans la direction perpendiculaire; enfin la biréfringence est très faible
et en certains endroits insensible.
Un autre procédé de préparation de lames dichroïqiies consiste à recevoir simple-
ment le dépôt sur une lame de verre placée parallèlement à la cathode plane, mais en
disposant le tube entre les pièces polaires d'un électro-aimant donnant un champ de
quelques centaines de gauss dont les lignes de force sont parallèles aux surfaces de la
cathode et de la lame. Parmi les lames préparées dans ces conditions, ce sont celles
de nickel qui présentent le plus fort dichroïsme, mesuré par des rapports descendant
jusqu'à o,65; les lames de nickel les plus dichroïques sont aussi les plus fortement
biréfringentes et les axes de la biréfringence coïncident avec ceux du dichroïsme;
enfin la conductibilité est encore la plus grande dans la direction de plus grande
absorption; le rapport des conductibilités minimum et maximum est moins accentué
que pour les lames dont j'ai parlé plus haut, mais descend cependant jusqu'à 0,68.
Les directions principales ne sont pas les mêmes aux dilTérents poipls des lames; dans
la partie centrale des dépôts la direction de plus grande absorption est celle qui était
parallèle au champ magnétique.
872 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ces résultats donnent ainsi pour des métaux des exemples d'anisotropie
constatée par plusieurs procédés ; la relation entre le dichroïsme et l'ab-
sorption est bien conforme aux conséquences de la théorie électromagné-
tique de la lumière.
Je n'ai parlé que des métaux avec lesquels j'ai fait un assez grand
nombre d'expériences dans des conditions déterminées; j'ai aussi expéri-
menté sur d'autres métaux en variant les conditions, en particulier avec
l'intention d'éclairer le rôle des champs électrique et magnétique du tube
à décharge et des champs étrangers dans la détermination de la dissy-
métrie des lames.
J'ai beaucoup à remercier M. A. Cotton, qui a bien voulu observer
d'abord avec ses propres appareils quelques-unes des lames et m'a donné
de nombreux renseignements sur les montages optiques les plus favo-
rables à l'étude du dichroïsme. "
Physique Moléculaire. — Osmose gazeuse à travers une membrane
colloïdale. Note de M. Jules Amar, présentée par M. Lippmann.
Il était intéressant de savoir comment une membrane colloïdale, devenue
imperméable par la dessiccation, se comporterait si le CO' qui l'afFecte par
sa surface interne (') arrivait sous pression (-). En faisant barboter ce gaz
à sa sortie dans un bocal d'acide sulfurique, nous relevons, sur un mano-
mètre à pétrole, les pressions en millimètres et nous pesons d'autre part
le gaz absorbé.
Les expériences duraient 3o minutes :
Pressions o 2 4 6 8 10 12 i4 16 18 20 32 24 26 28 3o 82
C0= absorbé en millig. 00000 o i,4 4,7 ^i^ 5,9 6 6,1 6.2 6,4 6,7 7,2 7,6
La courbe ci-dessous résume le phénomène; on voit un ressaut brusque
entre les pressions 12 et 1 4, et à partir de là l'osmose croît avec la pression.
Il est indispensable que les expériences se suivent sans interruption.
Si nous faisons décroître la pression de Sa à o, nous aurons la courbe en pointillé;
(') Il est bien entendu que c'est la surface interne de la vessie (blague à tabac) telle
qu'on la livre et telle que nous la disposojis dans notre appareil.
(-) La pression, du fait qu'elle modifie la porosité, serait peu intéressante à consi-
dérei', n'eût été la limite d'imperméabilité qu'elle permet de fixer.
SÉANCE DU 9 AVRIL 1906. 878
les quanùlés diffusées seront un peu plus grandes que celles de la série précédente. La
membrane possède un rôle propre qui grandit à mesure que la pression diminue. On
peut mettre ce rôle mieux en évidence de la façon suivanle : faire six expériences suc-
cessives de 3o minutes avec la pression 82; on aura : 2'"S; 3™»; 3"s,8; 4"'^j6; 5'"s, 2 ;
6™K, I et 7"'s, 5. Saturer la membrane de CO- bien sec, pendant 4 heures, et sous ladite
P
2. V 6 g 10 IZ. lit 16 1g 3j> Il 21, Zt .2g So SZ 34
H
pression; les chiffres seront aussitôt de 5™?, 2; 6^8,3; 7"s,4. En sorte que l'osmose est
ici subordonnée à une condensation préalable du gaz pour la membrane, à la formation
d'une surface gazeuse qui tend à régulariser le phénomène. Enfin, il semble y avoir
une action mécanique de la part de GO^, attendu que sans pression il ne donnerait pas,
avec le septum, une solution solide et cela quelle que soit la durée de l'expérience.
Une meml)rane analogue, de surface double et parfaitement desséchée,
fut soumise dans un l)ocal à un courant de CO' sous la pression de 4o"™ de
pétrole, et durant 24 heures. Après l'avoir agitée ensuite dans l'air pur, il
nous a été possible d'en extraire 3o™''', 5 de CO" au moyen de la trompe à
mercure.
Enfin, inodifiant le dispositif de noire appareil pour que la membrane
présente tour à tour chacune de ses deux faces au courant de CO^, et fai-
sant arriver ce dernier tantôt dans le récipient inférieur, tantôt sous la
874 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cloche supérieure, nous eûmes des résultais dont le s^ns est celui-ci :
Le CO^ étant dessous, la face interne de la membrane est imperméable,
ainsi qu'on l'a vu plus haut. Mais la face externe est légèrement perméable :
i^s, 2 à i"'^,4 en 45 minutes.
Le CO^ étant dessus, la face interne de la membrane laisse diffuser de
i°8,6 à 2™e, 5 en 45 minutes, et la face externe de 4"'s à 6"s.
Si une telle différence quantitative ne devait être attribuée qu'à la den-
sité du CO-, il n'en resterait pas moins que les deux surfaces de la mem-
brane (') n'offrent aucune symétrie et, de même que dans la diffusion des
liquides (Matteucci), jouent un rôle qualitatif.
Nous verrons s'il en est de même avec d'autres gaz.
On peut, en attendant, conclure que l'osmose gazeuse à travers le tissu
employé ne se conforme ni aux lois expérimentales de Graham et Bunsen,
ni aux théories de Stefan et O. Meyer. C'est aussi à tort que, depuis Valen-
tin el Brunner, on a voulu définir une loi quelconque pour comprendre
les échanges respiratoires.
PHYSIQUE. — Sur- les variations des bandes d' absorption d'un cristal dans
un champ magnétique. Note de M. Jeax Becquerel, présentée par
M. Poincaré.
J'ai montré dans une Note précédente (-) que les bandes d'absorption
du xénotime sont modifiées par un champ magnétique. Les résultats
exposés étaient relatifs aux phénomènes observés normalement au champ.
Lorsqu'on dirige le rayon lumineux suivant les lignes de force, deux cas
se présentent suivant que l'axe optique du cristal est parallèle ou est per-
pendiculaire aux lignes de force.
L'axe étant perpendiculaire au champ, on retrouve pour la vibration
absorbée ordinaire normale au champ et à l'axe optique et pour la vibration
extraordinaire orientée normalement au champ des modifications iden-
tiques à celles décrites précédemment.
Dans le cas oîi l'axe optique est dirigé suivant les lignes de force, le
spectre ordinaire est seul visible. Lorsqu'on excite le champ magnétique
(') Les résultats ci-dessus ont été vérifiés sur trois membranes du même ordre.
(-) Jean Becquerel, Comptes rendus. 26 mars 1906.
SÉANCE DU 9 AVRIL 1906. 875
on observe une diffusion des bords de toutes les bandes, et pour la bande
de longueur d'onde 322,14 un dédoublement considérable, chacune des
composantes étant beaucoup plus faible que la bandé primitive.
Si nous analysons au moyen d'un nicol la lumière sortant du cristal, nous observons
les phénomènes suivants : l'axe optique étant sensiblement parallèle aux lignes de
force, l'intensité des deux composantes reste constante quelle que soit l'orientation du
nicol; mais, si l'on incline l'axe de quelques degrés sur là direction des lignes de force
on constate que, pour deux positions A et B symétriques, indépendantes de l'intensité
du champ, mais dépendant de l'épaisseur du cristal, les composantes sont polarisées
reclilignement dans deux directions perpendiculaires entre elles, indépendantes de
l'intensité du champ et tournant de 90° quand on change le sens du champ.
Un très léger déplacement au delà des positions A et B fait cesser cet état de pola-
risation et l'orientation du nicol est de nouveau sans influence sur l'intensité des deux
composantes; cependant au voisinage immédiat des positions A et B on observe une
polarisation partielle des deux composantes. Ces phénotnènes sont particulièrement
bien visibles avec la bande 532, i4, mais ils se produisent pour toutes les bahdes à peu
près en même temps.
Anal) sons maintenant la lumière en disposant entre le cristal et la fente
une lame quart d'onde suivie d'un rhomboèdre de spath permettant d'ob-
tenir dans l'oculaire deux plages contiguës et d'analyser à la fois deux
vibrations circulaires inverses. En excitant le champ magnétique on voit
chaque bande se déplacer dans des sens opposés dans les deux plages en
conservant (exception faite pour les bandes 654, a8 6t 657,19) la même
largeur et la même intensité. Les deux composantes sont polarisées circu-
lairement en des sens opposés.
Les vibrations circulaires de même sens ne sont pas toutes déplacées du même
côté; en particulier pour la bande 522 , 1 4 dont le doublet atteint à peu près
dans un champ de 3oooo unités l'écartement des raies D, l'effet se produit
en sens contraire du sens observé jusqu'ici dans toutes les manifestations du
phénomène de Zeeman. Le sens a été vérifié par comparaison directe avec
les déplacements des raies D.
En inclinant légèrement l'axe du cristal de manière à atteindre l'une des
deux positions A et B où la vibration est polarisée rectilignement, on voit
presque subitement dans chacune des deux plages la bande déplacée
devenir moins intense, et en même temps une deuxième composante ap-
paraît placée symétriquement par rapport à la bande j)rimitive. Quand on
a dépassé la position A ou B, les deux composantes dans chaque plage
deviennent égales et ne se modifient nullement lorsqu'on tourne le quart
d'onde dans toutes les directions.
876 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le Tableau suivant résume les observations dans un champ évalué à
22800 unités C.G.S. Les bandes sont désignées par la longueur d'onde de
leur milieu. Le moL inverse correspond au sens contraire à l'effet Zeeman.
1. - Axo
parallèle au eliaui[i.
À i II l'ilî n;)irR 1
Kcarlemcnl îles donhlols.
/h ^UIUIIIOII^'/
v-v-
520,59
0,07
Inverse.
521 , i5
»
»
521 ,57
»
»
522, l4
0,3 (
).
5-23,64
0,07
»
524, >8
»
»
524,57
).
»
525, 12
0,14
65o,49
o,i5
Inverse.
652,29
0,18
653,71
0,09
654,28
0,11
Inverse. Compos. inég.
656,35
0,25
'i57,'9
0,09
Inverse. Doubl. dissym.
658,20
0,09
Inverse.
- .\xc normal au eliiniip.
Spectre extraordinaire.
À (extranrilinaircl.
520,39 Doublet dissym. Écart, 0,22.
522,01 Ne change pas.
523,7a S'élargit de ± o,o3.
525,12 S'élargit ±o,i3.
526,77 ^^ change pas.
642,39 »
643,59 »
646,59 »
654,23 S'étale vers le violet de o,oa.
656,28
657,34 S'étale vers le rouge de 0,02.
Spcclrc ordinaire.
Doublet dissymétrique. Écart, 0.19.
Se confond avec la précédente.
Léger élargissement.
S'étale du côté violet de o,o5.
S'élargit.
Se déplace vers le violet.
S'affaiblit considérablement.
Doublet, Écart. 0, 23.
Doublet. Écart. 0,27.
S'étale légèrement vers le rouge.
Doublet dissymétrique.
Devient moins intense.
Les changements observés en inclinant légèrement l'axe sur la direction
des lignes de force semblent une conséquence de la biréfringence du cris-
tal dans le voisinage de l'axe.
Un fait remarquable est la variabilité du sens dans lequel le champ ma-
gnétique déplace des vibrations circulaires de même sens. Ce phénomène
pourrait être dû à des variations non seulement dans l'intensité, mais même
dans le sens du champ magnétique à l'intérieur de certains atomes; il
semble plus vraisemblable d'expliquer le phénomène en admettant que
certaines bandes correspondent à des vibrations à' électrons positifs, non
observés jusqu'à présent dans les phénomènes magnéto-optiques.
PHYSIQUE. — Sur la production des vides élevés à Vaide de l'air liquide. Note
de MM. Georges Claude et Re.\é-J. Lévy, présentée par M. d'Ar-
sonval.
Nous avons l'honneur de présenter à l'Académie un appareil combiné
en vue d'utiliser pratiquement à la production des vides extrêmes la remar-
quable propriété signalée par Dewar, c'est-à-dire l'absorption énergique
des gaz par le charbon à la température de l'air liquide.
En principe notre procédé consiste à faire le vide en plusieurs stades;
SÉANCE DU 9 AVRIL 1906. 877
un vide partiel est fait avec une pompe ou trompe dans l'enceinte à vider
et dans deux ou plusieurs récipients à air liquide; la pompe est alors mise
hors circuit et un des récipients est immergé dans l'air liquide; on fait ainsi
dans l'enceinte à vider et dans les autres récipients à charbon un nouveau
vide sur le vide |)artiel déjà réalise. Le récipient à charbon est alors mis
hors circuit, puis un deuxième récipient est immergé d;ins l'air liquide et fiiit
un vide encore [dus [larlait sur l'enceinte et les récij)ienls à charbon
restants. Il est ensuite mis hors circuit et remplacé par un troisième réci-
pient et ainsi de suite.
En pratique, deux récipients à cliarljon suffisent pour aller aux plus hauts vicies
actuellement réalisables.
Kn outre, à partir du moment où ils sont immergés dans l'air liquide, les récipients à
charbon respectifs, mis en communication avec de nouvelles enceintes à vider, puis
mis hors circuit dans l'ordre des ])hénoménes, sont susceptibles de répéter un grand
nombre d'absorptions venant chacune jusqu'au degré de vide qu'ils déterminent dans
la jjremière opération; chacune de ces nouvelles opérations en efTet se traduit par
l'absorption d'un poids de gaz extrêmement minime et tout à fait incapable de modi-
fier la tension résiduelle des gflz. En outre, ces absorptions successives, se faisant à
laide de cliarbon dont toutes les molécules sont refroidies, donc en activité, pourront
se succéder li-ès rapidement et sans perles sensibles d'air liquide, ce qui est essentiel
au point de vue pratique.
L'appareil doit simplement être conçu de telle sorte que les mises et>
circuit et hors circuit des récipients successifs se passent avec la rapidité
nécessaire et l'étanchéité indispensable pour les très hauts degrés de vide
atteints.
Notre appareil est à cet efFet combiné de telle sorte que ces mises en et
hors circuit avec l'ensemble à vider s'accomplissent par des colonnes de
mercure manœuvrées par des pistons plongeurs ou par la pression atmo-
sphérique. Le voisinage des sommets de ces colonnes de mercure est re-
froidi à l'aide d'air liquide |)our éliminer la tension de la vapeur du mer-
cure très gênante pour la rapidité des opérations et la perfection du vide.
Comme exemple de la rapidité des absorptions, nous dirons quenous
avons pu, partant d'une pression initiale de 2™™ de mercure, arriver en
i5 minutes à l'extinction pour 5 tubes de Crookes de 1' de capacité vidés
simultanément.
C. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N» 1&.) I16
87B ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE. — Qualités acoustiques de certaines salles pour la voix parlée.
Note de M. Marage, présentée par M. d'Arsonval.
Dans une salle où se produit un son continu, régulier, un auditeur peut
entendre trois sortes de vibrations : \° l'onde |)rimaire cpii vient directe-
ment de la source; 2° les ondes diffusées, en nombre infini, qui sont
renvoyées par les parois; elles produisent le sonde résonance; 3° des
ondes réfléchies régulièrement par les parois, elles donnent naissance à
des échos distincts.
Pour qu'une salle soit bonne au point de vue acoustique, il faut qu'il n'y
ait pas d'écho et que le son de résonance soit assez court pour renforcer
le son qui l'a produit et ne pas empiéter sur le son suivant. Nous allons
étudier les conditions dans lesquelles doit se produire le son de réso-
nance.
Un ingénieur américain, M. Wallace Sabine (' ), a trouvé la loi à laquelle est soumis
le son de résonance; clans ses expériences, il emploie un tuyau d'orgue donnant iiti et il
détermine le temps t pendant lequel l'auditeur continue d'entendre le son alors qu'il a
cessé de se produire. La durée du son de résonance pour n'importe quelle salle est
donnée par la formule : l = dans laouelle K est une constante (lui dépend du
a ->rj: ^ 1 r
volume (' de la salle et il trouve ([ue K = o, 171 c.
a est le pouvoir absorbant de la salle vide; j:, le pouvoir absorbant des spectateurs.
Si l'on détermine expérimentalement ^ dans une salle vide où .r = 0, on peut calculer
a et ensuite chercher la valeur l' du son de résonance si la salle est pleine; en effet,
l'auteur a établi des Tables donnant le pouvoir absorbant de différents corps et en
particulier le pouvoir absorbant par jDersonne (o,44) d'un auditoire, le pouvoir absor-
bant d'une fenêtre ouverte de i™" de surface étant pris pour unité.
J'ai recommencé ces expériences en employant comme source sonore la sirène à
voyelles munie des résonnateurs buccaux, de manière à me rapprocher le plus possible
des conditions dans lesquelles se trouve un orateur.
La sirène était disposée au point S, où se trouve habituellement l'orateur, l'auditeui'
se phirait successivement en différents points de la salle, 1,2, 3, 4, . • -, &l l'on déter-
minait la valeur du son résiduel pour chacune des cinq ^oyelles synthétiques OL', O.
A, É, I.
(') Architectural Acoi/slics, PartL Beperberalion of Ihe American architectural
Acoustics. 1900; analysé par M. Bouly dans le Journal de Physique, t. X, igoi,
p. 38.
0
A
i:
I
mi.
mi.
/"..
/«,
o,o36
0,032
o,o3G
0,002
SÉANCE DU 9 AVRIL 1906. 879
Conditions de ^expérience :
Voyelles sj'ntliétiques OU
Notes d'émission (') mi.
Energie fin son en r seconde('-). 0,062
Durée du son d'origine, 3 secondes.
Je vais indiquer les résultats obtenus dans si\ salles dilTérenles dont le volume variait
entre 63000""" (Trocadéro) et 646™' (amphithéâtre de Physiologie de la Sorbonne).
Salle du Trocadéro (14 expériences) : V = 63000™'; nombre des auditeurs, /^Sog;
diamètre, 58'"; hauteur de la coupole, 55"".
OU. 0. A. li. I.
Sou de résonance (^) (salle vide) I. moyenne 2 2,1 2 2 1,9
Son de résonance (salle pleine) i' movenne i,5 i,") 1,4 ij4 i ;4
Pour qu'un orateur se fasse bien comprendre dans cette salle il faut qu'il parle len-
tement, en s'arrêtant à chaque phrase; il ne doit pas parler avec plus d'énergie que
s'il s'adressait à 200 auditeurs dans l'amphithéâtre de Physique de la Sorbonne.
Grand amphithéâtre de la Sorbonne (11 expériences). — V := iSôoo"''; nombre
des auditeurs, 3ooo: surface du plafond vitré lÔo'"', hauteur tlu pbil'ond i-™ :
OU.
0.
A.
E.
I.
2
2,8
2,6
1,9
.,8
0:9
I
I
0,9
0,9
/' est beaucoup plus petit que t; l'architecte a eu, en eifet, le talent de supprimer
presque complètement les parois latérales en les tapissant d'auditeurs, dont le pouvoir
absorbant est très grand; de plus le plafond vitré n'est qu'à 17'" du sol, de manière
que l'écho ne peut pas se produire : l'acoustique de cette salle est donc très bonne.
Amphithéâtre Richelieu. — Vr=6ooo"''; hauteur du plafond, 10™, ."jo; nombre
d'auditeurs, 800: nombre des expériences, i3.
OU. O. A. É. I.
t 1,8 2,2 2 1,6 1,6
l' 1,1 0,8 0,9 I I
Salle de l'Académie de Médecine. — V = i992'"'; nombre des auditeurs, en
moyenne, 200.
(') Sensibilité spéciale de l'oreille physiologique pour certaines voyelles {Comptes
rendus, 9 janvier 1900 ).
(') En moyenne un orateur dépense en i heure une énei'gie de i6o''b'°.
(^) Le sou de résonance dans cette salle présente un phénomène particulier et ([ui
ne se retrouve pas ailleurs; sa valeur est très variable; par exemple pour E on trouve
1 1 fois la valeur 2, puis i fois, 1,6; 2,2 ; et 3 ; c'est ce qui explique pourquoi on entend
plus mal à certaines places.
88o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Nombre des expériences, 78.
t. 0,5 pour toutes les voyelles
' 0,4 » »
Je me suis trouvé en présence de résultats inattendus, aussi ai-je multiplié les expé-
riences ; jamais je n'ai trouvé un son de résonance aussi court. Cela montre comment
on peut changer les qualités acoustiques d'une salle en augmentant le pouvoir absor-
bant des parois; pour une salle de cours, dont les auditeurs seraient silencieux,
t' serait un peu faible, mais, pour une salle de séances, il vaut mieux avoir une réso-
Jiance aussi faible que possible.
Ainpliilhéâlre de Physique de la Soiboiinc. — \ -- 890'"'; nombre des auditeurs,
25o; nombre des expériences. 8.
OU. O. A. É. I.
Moyenne/ 1,4 1,6 1,2 1,4 1,2
>> /' 0,6 0,7 0,6 0,6 0,6
C'est l'ampliithéàlre qui a les meilleures propriétés acoustiques pour la voix parlée.
Ainpldtliéntre de Physiologie de la Sorbonnc. ~ ¥ = 646™'; nombre des audi-
teurs, i5o; nombre des expériences, 8.
/ 1,4 pour toutes les voyelles
'' 0,7 »
L'acoustique de cette salle est donc également 1res bonne.
Conclusions. — I. Comme l'a dit M. Sabine, le son de résonance peut
servir à caiactériser les propriétés acoustiques d'une salle.
2. La durée de ce son varie avec le timbre, la hauteur et l'intensité du
son primitif; ce qui pourrait, peut-être, expliquer pourquoi une salle peut
être assez bonne pour un orateur et mauvaise pour un orchestre.
3. Avec la formule / = , on peut déterminer la durée du son de
résonance en fonction du nombre des auditeurs.
4. Pour que l'acoustique d'une salle soit bonne, la durée d'un son de
résonance déterminé doit être sensiblement constante pour toutes les
places et toutes les voyelles; elle doit être comprise entre o, 5 seconde
et I seconde.
5. Si cette durée est plus grande que i seconde, on n'arrive à se faire
•entendre dans la salle qu'eu parlant 1res lentement, en articulant bien et
en ne donnant |)as ii la voix une énergie trop grande.
6. Cette méthode permet d'indiquer d'avance à un orateur les condi-
tions dans lesquelles il doit parler pour se faire comprendre de tous ses
auditeurs.
SÉANCE DU 9 AVRIL 1906. 88]
PHYSIQUE. — Sur les variations de quelques propriétés du quartz.
Note de M. H. Buisson, présentée par M. J. Violle.
Au cours de mesures sur la masse du décimètre cube d'eau, j'ai été
amené à étudier les variations de quelques propriétés du quartz.
Les recherches ont surtout porté sur deux très beaux échantillons par-
faitement limpides, qui ont été examinés au Norremberg avant d'être taillés.
Ils ne présentaient aucune défectuosité. Ils ont la forme de cubes de 4"" et
de 5*^" d'arête. Ces grandes dimensions permettent des déterminations très
précises.
Densité. — La densité par rapport à l'eau a été mesurée par M. Benoît,
précisément en vue de la détermination de la masse du décimètre cube
(l'eau. Sa valeur à o" est
2,65o642 pour le cube de 5"^"
et
2,650787 pour celui de 4""-
Cette dernière avait aussi été mesurée antérieurement par M. Macé de
Lépinav, qui avait obtenu le même nombre. Chacune de ces valeurs ne
comporte pas une erreur supérieure à une ou deux unités du dernier ordre
décimal, tandis cpie leur écart est de 93 . 10 ''.
Dilatalion. — Les mesures absolues d'épaisseur, par une méthode optique déjà pu-
bliée ( ' ), permeltent de mesurer la dilatation d'une façon directe, sans faire intervenir
une autre dilatation qui doit être déjà connue, comme dans la méthode de Fizeau.
Les mesures faites à diflerentes températures sur le cube de 4"'" peuvent être rame-
nées à 0° eu leur appliquant les coefficients de dilatation donnés par M. Benoit (-).
Elles concordent alors parfaitement.
Au contraire, pour le cube de 5"", les mesures ramenées à 0° présentent entre elles
des écarts sjslémaliques, qui croissent avec la température à laquelle la mesure a été
faite, dans un intervalle de quelques degrés seulement. J'ai alors étendu les limites
des températures d'observation et étudié spécialement la dilatation. Entre 0° et 4o°,
elle se représente par les formules suivantes :
Direction parallèle à l'axe (^ = c^ [i 4- 10"* ( 695,1 1 ■+- 1 ,io^-)]
Direction perpendiculaire à l'axe. . e ^ Cj [i -h 10-' (1284, o< -t- i ,8o<-)]
(') Annales de Cltiniie et de Physique, 8'= série, t. 11, 1904, p. 78.
(-) Travaux et Mémoires du Bureau international, l. \ I, 1888, p. 190.
88» ACADÉMIE DES SCIENCES,
nu lieu des formules de M. Benoît :
e — ('fi[\-hio-^( 712,3/ 4-0,84^-)],
qui conviennent au cube de 4""-
Indices de réfraction. — Les variations de l'indice ont été déjà signalées par
MM. Macé de Lépinaj' et Buisson ( '). Les indices sont mesurés par une méthode in-
terférentielle qui donne des valeurs exactes à 2 ou 3 unités du septième ordre décimal.
En une région du cube de 5'='" les indices ordinaires absolus, pour les radiations rouge
et verte du cadmium, sont, à 11°,
1,5427286 et 1,5486769-
lin une région du même bloc, distante de la première de 5"^'", les valeurs de-
viennent :
1,5427335 et 1,5486821.
Enfin pour une région du cube de 4''"' on trouve
1,5427391 et 1,5486876,.
soit un écart de 5o unités du septième ordre en deux points du même bloc et de plus
de 100 unités d'un échantillon à un autre.
Les indices extraordinaires varient aussi; leurs valeurs sont :
1,5517766, 1,5579265
et
i,55i7844> 1,5579350
]iour les deux régions déjà citées du cube do 5'™, et
1 , 5517905 1 ,557941 I
pour le cube de 4''"-
Les écarts des indices extraordinaires sont donc encore plus grands : 80 et 140. io~".
La biréfringence varie donc aussi.
D'autre part, la variation de ces indices en fonction de la température est aussi dif-
férente pour les deux quartz. Aux environs de i5° dans le cas des indices ordinaires
donnés plus haut, elle est
— 61 . io~' et — 59. io~' pouj' le cube de 4"^"
et
— 09. lo-^' et — 57 . io~" pour celui de S^™.
Pouvoir rotatoire. — Mesuré à la même température, avec le mémedispo-
(') Annales de Chimie et de Physique. 8° série, t. II, 1904, p- 78.
SÉANCE DU 9 AVRIL 1906. 883
silif, pour réduire au minimum les causes d'erreur, le pouvoir rotatoire
pour la radiation verte du mercure est, h 10°,
255", 020 pour le cube de 4*^'"
et
255°, 012 pour celui de 5*^"",
tous deux étant dextrogyres.
Il est à remarquer que tous ces écarts sont de même sens. Densité, dila-
tation, réfringence, biréfringence, pouvoir rotatoire sont plus faibles pour
le cube de 5"" que pour celui de 4""'.
Il y a donc lieu de ne pas considérer le quartz, même très bien cristallisé,
comme un corps pur, à propriétés parfaitement définies, ni même comme
un corps homogène.
D'autre part, la nécessité de faire intervenir une grande quantité de ma-
tière pour mesurer l'indice avec précision (et aussi bien par la méthode
interférentielle que par la méthode du prisme) ne permet que d'obtenir un
indice moyen le long du parcours du faisceau lumineux, variaide avec la
direction de celui-ci et sa position dans le quartz. Il y a donc impossibilité
de savoir si, dans le quartz, la surface d'onde est rigoureusement une
sphère pour l'onde ordinaire, et une surface de révolution pour l'onde
extraordinaire.
RADIOACTIVITÉ. — Siir la radioactivilé des sources d'eau potable.
Note de M. F. Diexert, présentée par M. P. Curie.
Dans une précédente Communication (^Comptes rendus, 19 février 1906)
nous avons montré que les sources de l'Avre étaient faiblement radio-
actives. Nous avons continué à étudier, au moyen du même appareil de
Engler et Sieveking, la radioactivilé des autres groupes de sources captée.s
par la Ville de Paris. Quoique avec cette méthode nous n'obtenons pas de
résultats absolus, en opérant d'une façon identique nos chiffres sont com-
parables.
Dans le Tableau ci-dessous nous avons indiqué l'intensité du courant de
décharge, le gisement géologique de la source, la conductibilité électrique
de chacune de ces eaux à 18" C.
88 'i ACADÉMIE DES SCIENCES.
Irilensité en ampères
du courant de décharge
tie l'éleclroscope
par l'émanation Conductibilité
dégagée Gisement géologique électri<|ue à i8'
Sources. par un litre d'eau. de la source. C. G. .^.
Groupe / Cochepies J ,33 x io~'' Craie sénonieiine 3,72 x lo""'-'
des sources ] Flacy '. . 1,91x10"" > 4j34 X '0~''
de lii I PàUires i ,94 >: 10-" » 4)0° ?< io~"'
Vanne (Miroir i,34xio-" . 3,53 x lo"''
Source d'î la Dhuys 9-87 X io~'' Calcaires et marnes de Clianipigny 4i65 x 10
I
13
Groupe I „ „. ,, ( Craie sénonienne surmontée de terrains ; ,
1 Bourrou o,56 X 10-" , 4,o8xio-
dessoui'ccs \ I tertiaires (sables et calcaires) )
-13
du Loinç; , Chainlréauville . . o,58xio-'^ » 3,71 xio""
et I Saint-Thomas.... o,23 x 10-" >. 4j2i x lo^''
du Lunain Villemer o,35 >; 10-" » 3,85 x 10 ''
Toutes ces sources sorlenl de terrains sédimentaires non bouleversés.
La source de la Dhuys ne peut recevoir que des eaux de pluies infiltrées
à travers les calcaires de Champigny et arrêtées dans leur mouvement de
descente par les marnes k plioladomya hidensis, lesquelles reposent sur les
sables de Beauchamps. Elle ne peut recevoir d'eaux provenant de la pro-
fondeur de la terre, comme c'est au contraire le cas de nombreuses eaux
minérales.
De ces résultats nous pouvons extraire quelques observations :
1° Les sources de la Vanne sont aussi radioactives que celles de l'Avre,
mais elles le sont beaucoup moins que celles de la Dhuys.
2° Il y a une grande différence dans la radioactivité des eaux issues
d'un même gisement géologique; ainsi le groupe du Loing et du Lunain
est moins radioactif que celui de la Vanne. Dans un groupe de sources les
différences de radioactivité existent égalementmais sont mo'ins accentuées.
Ainsi les sources de Cochepies et du Miroir, qui ont un périmètre d'alimen-
tation commun dans la forêt d'Olhe, ont une radioaclivité identique mais
différente de celle des sources de Flacy et des Pâtures issues, toutes deux,
d'un périmètre d'alimentation voisin, situé pi es de la rivière la Vanne.
.\u groupe du Loing et du Jjunain, les sources de Bourron et de Chain-
tréauville, émergeant dans la vallée du Loing, ont une radioactivité iden-
tique mais diflérenle de celle de Sainl-Thonias et de Villemer, constituant
le groupe de la vallée du Lunain et de radioactivité très voisine. Par ces
groupements il semble qu'il y ait des zones plus ou moins radioactives.
SÉANCE DU 9 AVRIL 1906. 885
3° Il n'y a aucune relation apparente entre la conductibilité électrique
et la radioiictivité.
4° Pour les sources examinées ce sont celles dont le périmètre d'alimen-
tation est très riche en argile qui semblent les plus radioactives. Ainsi les
calcaires de Champigny sont surmontés de bancs marneux très importants;
la craie sénonienne, dans la région de la Vanne, est surmontée d'argile à
silex assez perméable. Au contraire, au F^oing et au Lunain, le sol est très
perméable et à peu prés dépourvu d'argile.
5° Nous n'avons pu encore trouver de relation entre la présence de
bétoires et la radioactivité des sources. On peut supposer qu'à travers ces
cheminées d'effondrement et d'érosion constituant les bétoires, l'émanation
peut mieux se dégager quand la pression barométrique baisse. Si l'on com-
pare les sources Saint-ïhomas et Villemer il semble, étant donné que le
périmètre <ie la source Villemer est sillonné de bétoires, et non celui de
Saint-Thomas, que la relation n'est pas apparente dès maintenant. Nous
nous proposons de continuer cette élude.
Dans aucune de ces eaux nous n'avons trouvé de radium. Pour faire
celte étude nous avons fait passer un courant d'air à travers l'eau pendant
8 jours afin d'en chasser l'émanation. Puis le flacon est rebouché le mieux
possible et abandonné pendant 8 jours pour permettre au radium, s'il y en
a, de dégager de nouveau de l'émanation. Chaque fois les résultats furent
négatifs.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur les composés pyrophosphoriques.
Note de M. J. Cavalier, présentée par M. Troost.
La formule généralement admise pour l'acide pvrophosphorique est
P^O'H' et en fait un acide tétrabasique.
Il existe, en effet, quatre séries de sels. La plupart des pyrophosphates
métalliques bien définis ont les formules p-0'M"H- etP-O'M"; les sels
mono et trimétalliques sont beaucoup plus rares et moins bien définis :
toutefois, l'existence des sels mono et trisodiques est aujourd'hui nelte-
menl établie ('). D'autre part, il n'a pas été signalé de sels plus complexes
(') Sal/.i;r, Aithii'. de l'Iiann., l. CGXXXII, 1894, p. 368, et liul. Soc. chiin.,
3"série, t. XII, 1894, p. i\!\h.
GiRAN, Comptes tendus, l. GXXXIV, 1902, p. i.joo.
C. K., .903, I" Semestre. (T. CXLII, N- 15.) I I7
886 ACADÉMIE DES SCIENCES.
comme en présenle l'acide métaphosphorique. Enfin, Gladstone (') a
décrit un dérivé monoamidé P-0'(OH)'(NH-) et un dérivé diamidé
P^O'(OH)-(NH-y de l'acide pyrophosphorique.
Cet ensemble de faits, peu nombreux, s'accorde bien avec la formule
habituelle.
Il était intéressant de la contrôler par des déterminations de poids molé-
culaires.
Jusqu'ici on n'a pris la densité de vapeur d'aucun dérivé pyrophospho-
rique. Un seul a donné lieu à une recherche cryoscopique : Raoult ( -) a
mesuré l'abaissement du point de congélation de la dissolution dans l'eau
du pyrophos|>hate neutre de sodium; en prenant pour poids moléculaire
P^O'Na' = 26G, lia trouvé un abaissement moléculaire égal à 45,8.
La cryoscopie de solutions aqueuses d'électrolytes ne permet pas, à elle
seule, de conclure avec certitude la valeur d'un poids moléculaire. Je me
suis adressé alors aux dérivés organiques, aux éthers pyrophosphoriques.
Celui d'élhyle seul a été signalé par de Clermont (^).
J'ai préparé les pyrophosphates neutres des alcools éthylique, propylique
^or7?z«/(propanol), isopropylique{^vo\>2iwo\-'i), butylique norma/(butanol).
arnylique (méthyl-2 butanol-4) et allylique (propénol).
On met en présence j'iodure correspondant et du pyrophosphate tétrargentique en
léger excès; suivant les cas, on modère avec de l'éther anhydre ou au contraire on
amorce en cliaullant légèrement; on reprend par l'éther, on évapore d'abord au baiii-
marie, finalement dans le vide sans dépasser 100°.
La réaction donne de bons résultats pour les composés d'éthyle, de propyle normal,
de butvie et d'amyle.
Les produits obtenus avec ceux d'isopropyle et d'allyle sont sirupeux et partiellement
décomposés.
Les éthers pyrophosphoriques sont des liquides dont l'odeur rappelle
celle des orlhophosphates correspondants.
Ils se décomposent par la chaleur et ne peuvent être distillés. Ils sont
solubles dans le benzène, le sulfure de carbone, le tétrachlorure de car-
bone, l'éther. Seul, le composé éthylique est soluble dans l'eau; mais la
liqueur est fortement acide : il se produit soit une saponification, soit plutôt
une combinaison avec formation d'un composé ortho.
(•) Bul. Soc. chim., t. III, 1864, p. 112, et l. XII, liHGg, p. 38 et 287.
(2) Comptes rendus, t. XCNIII, i884, p. ôii.
(■*) (////. de Cliini. et de i'Iiys., S"" série, t. \L1\ , p. M\.
SÉANCE DU 9 AVRIL 1906. 887
Parmi les dissolvants cryoscopiques usuels on ne peut donc employer
l'eau. Avec l'acide acétique, on doit craindre aussi une action décompo-
sante; j'ai vérifié, en effet, que des produits analogues, les élhers orlho-
phosphoiiques . donnent dans l'acide acétique des abaissements trop forts.
J'ai employé le benzène, après m'ètre assuré qu'ildonnaitavecles ortho-
phosphates des abaissements normaux (' J.
Les nombres obtenus ainsi pour les poids moléculaires sont les suivants :
PjTophosphate de Trouvé. Calculé.
ÉihyleP^O'(CIF— GH'')' 3o2 290
Prop3leP2 0-(GH^ — CH--CH')' 34; 346
I«.opropyleP^O-('CH<^^[J'^y 5oo 346
Buiyle P^0"(CH2— CH=— CH'-CH^)' 354 4o2
ÂmyleP-0'(CH^-GH2 — CH — CH')' 4i8 458
Vll3leP20"(CH-— GH = CH2)* 4io 338
Saut pour les deux produits partiellement décomposés (isopropyle et
allyle) qui donnent des résultats trop forts, la concordance est suffisante,
eL permet de conclure que les pyrophosphates alcooliques ont un poids molé-
eulaire correspondant bien à la formule P-O' R'.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur les iodomercurates de baryum.
Note de M. A. Duboi.v, présentée par M. Troost.
J'ai préparé, par le même procédé que les liqueurs saturées d'iodomer-
curates de calcium et de strontium (-), la solution saturée d'iodomercurate
de baryum.
C:ette liqueur a déjà été préparée par Rohrbach ('), qui a trouvé qu'elle
constitue une des liqueurs les plus denses connues (é?= 3,56), et qui a
étudié ses autres propriétés physiques.
J'ai déterminé sa composition :
' I. II.
pour iw pour iOi)
Baivum i 2 , 1 4 12
Mercure 33,32 33, 4o
Iode .32 , o5 02 , 1 6
(') TrcH'aux scienli/ujues de VUrm-ersité de Rennes, 1904.
(-J Comptes rendus. 1906, l. CXLII, p. Sgô et p. JjS.
( 'J Innalen der Physik und Cheniie, i883, l. X\, p. 169.
888 ACADÉMIE DES SCIENCES.
qui peut se traduire par la formule Bal^, i,33 HgP, 7,76 H^O.
C'est un mélange de deux iodures soluljles dans l'alcool à 96°; la solu-
lion saturée a pour densité 2,76 à 23°, 5.
Cette liqueur saturée de bioxyde de mercure vers 70° laisse déposer par refroidisse-
ment de l'oxyde de mercure et de petits cristaux ayant pour formule BaP,.5HgP, 81P0.
Leur densité à 0° est 4)63, ils ressemblent aux sels correspondants de calcium et de
strontium, mais sont plus altérables et deviennent rouges à la longue, même en tubes
soeUés,
II. Calculé.
Baryum 5,078 4,87 5, 108 4,86 4,880
Mercure 54,029 54, 16 54,33i
Iode 35,07 34,96 35,65o
Eau » » 5, i33
Quelquefois la liqueur surnageante se prend en masse et les cristaux, bien égoutlés,
sont un hydrate d'un sel contenant 3™°' d'iodure de mercure pour 2"""' d'iodure de
baryum (').
J'ai obtenu un autre hydrate défini en abandonnant à une température
voisine de — 9° une liqueur ayant pour composition :
Baryum 11 ,67 pour 100 1 ' ,76 pour 100
Mercure 22,4' « 22,14 "
Iode 49>^9 " 49,82 »
Soit Bal-, i,3o Hgl-, 10,41 H^O.
Cet hj'drate se présente sous forme d'un agrégat de gros prismes à 4 pans, se péné-
trant de façon que leurs arêtes homologues restent parallèles. Ils ont pour for-
mule 2BaP, 3HgP, 16H2O.
Trouvé.
Baryum 10,86 10, gS 11,266
Mercure 24,43 24,34 24,671
Iode 52,12 52,17 52,220
Eau » » 11,842
Leur densité à 0° est voisine de 4 ; ils fondent lorsque la température s'élève.
J'ai encore trouvé un autre sel par l'évaporation d'une dissolution dont
la composition était :
Baryum i3,95 i3,96 i4,o3 '3,99
Mercure '9, '6 19,09 » "
Iode 5o,22 J> » »
Soit Hgl-, 1,07 Bais 9,71 H=0.
(') Ba 11,61, 1 1 ,64 pour 100; H g 24,62, 24,70 pour 100; I 02,28, 52,49 P°"'" '*"'•
SÉANCE DU 9 AVRIL 1 906. 889
Cette liqueur évaporée sous une cloche, en présence d'acide sulfurique, laisse déposer
des cristaux prismatiques, très déliquescents, dont la densité à o est voisine de .1,o6;
l'analyse leur assigne la formule
3RaI-, SHgIS 2iH^0.
Troiné.
■ I — I ■ Calculé.
Baryum 10, 84 10,96 10,77 10, 85 10,756
Mercure 25.98 25, 61 » >> 26,171
Iode . 52,97 53, 3o > i' 53,179
Eau >' )i " >i 91S92
Ce sel a son correspondant dans un iodomercurate de magnésium et un iodomer-
curate de manganèse.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur les ferromolybdénes purs.
Note de M. Ém. Vigouroux, présentée par M. H. Moissan.
Bien que nombre d'auteurs (' à *) aient constaté la présence du molyb-
dène dans les produits sidérurgiques, nous ne connaissons qu'un seul
composé défini, Fe'Mo', retiré par MM. A. Carnot et Goûtai (^) de deux
échantillons d'aciers à 2,5 et 3,4 pour 100 de molybdène (').
Nos Iraviiux ayant amené des résultats peu concordants, pour la re-
(') Stromeyer, An. Ph. Chem. Pogg.. t. XXVIII, i833, p. 55i.
(') Heine, J. prakl. Chem., t. IX, i836, p. 176.
(') Steinberg, id.
(') Stavenhagen et Schuchard, lier. chem. Gesell., t. XXXV, 1902, p. 909. — Ces
derniers préparent, par des procédés aluminothermiques spéciaux, 20 alliages diffé-
rents : W/Co, Mo/Fe, U/Mn, etc., mais ils ne donnent ni formule, ni analyse, ni pro-
priété.
(*) A. Carnot et Goutal, Comptes rendus, t. CXXV, 1897, p. 2i5, et Contribution
Il l'étude des alliages, p. 5 14.
(') Steinacker {Thèse, GiUtingen, 1861) aurait retiré FeMo- du molybdate
Fe=O'.4Mo0\7H-^0
chauffé dans l'hydrogène. Mais, si l'on considère que ses 7H'0 ont été enlevés par la
chaleur, et son oxygène par l'hydrogène réducteur, on voit que le résidu ne doit plus
contenir que les deux métaux forcément dans les proportions Fe' pour Mo^. Du reste,
sa poudre, qui est magnétique, imparfaitement soluble dans l'acide chlorhydrique avec
dégagement gazeux, ne partage pas les propriétés du composé FeMo^ que nous avons
préparé.
890 ACADÉMIE DES SCIENCES,
cherche des composés définis, à l'étude de ces complexes produits d'analyse
dérivés de fontes ou d'aciers généralement issus d'appareils (haut fourneau,
bessemer, creuset) alimentés de substances impures, nous avons substitué
celle des ferromolybdènes de synthèse purs, formés avec des corps que
nous avons cherché à produire dans le plus grand état de pureté.
Nos matières premières sont : l'oxyde de fer que nous préparons en par-
tant de clous à ferrer (clous de Suède, marque étoile); nous les dissolvons
dans l'acide chlorhydrique et, après insolubilisation de la silice et reprise
par le même acide, nous traitons la liqueur par l'hydrogène sulfuré qui ne
décèle généralement rien, puis par l'ammoniaque, en nous plaçant dans
les conditions connues pour que le fer soit précipité exempt de manganèse;
nous calcinons son oxyde pour avoir soit Fe-O^ soitFe'0\ Nous trans-
formons encore ces clous en azotate que nous décomposons ensuite par la
chaleur, puis chauffons fortement avec du carbonate de potasse additionné
d'un peu de chlorate, dans un récipient en tôle souple placé lui-même à
l'intérieur d'un creuset en terre. Les silicate et manganate vert formés sont
enlevés par l'eau. Notre oxyde de fer ne décèle plus trace de manganèse
lorsque nous l'essayons à l'aide du procédé de M. Osmond. L'oxyile de
molybdène provient du molybdate d'ammoniaque cristallisé pur qui est
décomposé par la chaleur, puis réduit dans l'hydrogène à l'état de MoO^
L'aluminium industriel, coulé spécialement pour notre usage sous forme
de cylindres, indique un titre très voisin de too et se trouve absolument
exempt de cuivre et de silicium. Par nos soins, il est fragmenté avec une
râpe douce et sa limaille, plus ou moins fine suivant les besoins, est dé-
pouillée de quelques rares particules de fer au moyen d'un fort électro-
aimant.
Nos préparalionss'eiVeclueul : 1° par raluniinolliei-mie généralement, en meltanl en
œuvre, dans les creusets en magnésie pure comprimée, des mélanges des trois poudres
précédentes en proportions variables, le comburant de l'amorce étant apporté par
l'anhydride moljbdique et l'aluminium étant incorporé toujours en défaut, nos re-
clierclies ne devant porter que sur des ferromolybdènes absolument exempts de ce
réducteur. Toutefois une analyse, si minutieuse paraissè-t-elle, pouvant laisser ina-
perçues des traces infimes de ce métal, susceptibles de fausser nos résultats, nous les
vérifions en formant également nos alliages; 2" par action directe sur les éléments,
exempts par suite de leur origine même de traces d'aluminium : fer chimiquement pur
provenant du Fe"-0' précédent réduit par l'hydrogène dans un tube en porcelaine
revêtu intérieurement d'une gaine en tôle; molybdène chimiquement pur, obtenu de
la même façon. Leur mélange intime est fortement comprimé puis posé sur des nacelles
de magnésie, à l'intérieur de tubes en porcelaine parcourus par de l'hydrogène pur et
SÉANCE DU 9 AVRIL 1906. 89 1
sec. Un four Schlœsing, porté à sa température maxima, permet de les amener à réac-
tion et à fusion, nne pince tliermo-électrique introduite, une fois pour toutes, dans un
de nos tubes de composition identique, très fortement cliaulTé, ayant montré qu'ils
étaient capables de supportei- une température atteignant i/i5o°, sans se raniollii- au
point de laisser échapper le contenu des nacelles.
Nous avons pu préparei- ainsi une série d'alliages à teneurs allant jusqu'à 76,50
pour 100 ('); alliages fondus, cassants, et d'autant plus que leur teneur est plus élevée;
nous avons réussi à en isoler : Fe^Mo renfermant ^6,20 pour 100 de molybdène; Fe'' Mo-
à 53,37 pour 100; FeMo à 63, 20 pour roo et FeMo' à 77,45 pour ioo("). Ces corps
se caractérisent par leur forme quelquefois ciistalline, par leur contraction (la difl'é-
rence entre leur densité trouvée et leur densité calculée est assez grande), par leur
non-magnétisme; ils sont gris, insolubles dans l'acide chlorhydrique et complètement
soiubles dans l'acide azotique froid ou ciiaud, étendu ou concentré. Point digne de
remarque : chacun d'eux se trouve au sein de fenomolybdène renfermant du fer libre.
Ce fait, la même expérience répétée sur un grand nombre de lingots nous l'a rendu
manifeste : lorsque l'on traite ces derniers en pondre par l'acide chlorhydrique étendu,
une action se déclare, rapide parfois, avec dégagement d'hydrogène; dès qu'elle cesse,
nous constatons que la liqueur d'attaque ne décèle que la présence du fer sans molyb-
dène. S'il en est ainsi, les ferromolybdènes non définis sont magnétiques. Nous en
avons soumis un certain nombre (plus de 30) à l'épreuve du barreau aimanté et
notre prévision est venue se confirmer d'une façon complète : tous nos ferromolybdènes
sont attirés plus ou moins.
Conclusions. — 1° Par union directe du fer et du molybdène soit à l'état
naissant, soit à l'état libre, nous formons une série de ferromolybdènes
purs, fondns, atteignant des teneurs voisines de 80 pour 100: 1° ces ferro-
molybdènes abandonnent quatre corps répondant à des formules de com-
posés définis; 3° Fe-Mo doit constituer le composé défini inférieur suscep-
tible de prendre naissance dans les ferromolybdènes de synthèse, attendu
que d'un lingot à 12,00 pour 100 (renfermant suffisamment de fer pour
former Fe'-Mo), l'acide chlorhydrique n'a pu dissoudre que du fer, sans
trace de molybdène et son action n'a cessé que lorsque le résidu a eu
atteint le titre de [\(j,io pour 100.
(') Nous avons même dépassé des teneurs de 80 pour 100, mais de tels culols, bien
que fondus, ne nous paraissaient pas d'une homogénéité parfaite.
( = ) De plus, d'un lingot à 77,80 pour 100, par le chlorure cuivrique l'attaquant de
façon à le réduii-e de moitié, nous avons isolé la poudre grise FeMo' et cette dernière,
après avoir été rongée aux trois quarts par le même liquide, laissait encore FeMo*
comme second résidu gris.
892 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ORGAXiQL'lî. — Influence, de la juxtapusilion dans une même molécule
de la fonction céloniquc et de la fonction acide. Note de M. L.-J. Simon,
présentée par M. H. Moissan.
Dans une Note récente, j'ai montré que l'action de l'acide pyruvique
sur l'iirélhane était une réaction d'équilibre comparable à l'éthérification
(l'un acide par un alcool,
CH= — (;0-CO=H-t-2NH--CO^C'H5-;^H=0 + CH'-C-CO=H
CO'C-H^ — NH NH-CO-CMI'
L'acide diuréthanepyruvique, insoluble dans l'eau, y disparaît lente-
ment à froid, rapidement à chaud en se décomposant, et, inversement,
l'évaporation de l'eau à froid dans le vide ou au bain-marie permet de ré-
cupéier l'acide initial. Qu'arrive-t-il avec d'autres solvants ou avec les dé-
rivés les plus immédiats de l'acide?
I. En présence d'alcool les choses se passent tout différemment.
L'acide se dissout rapidemenl à froid; à chaud, il se dissout aboiulamroeiu; pat le-
fi'oidissement, l'excès cristallise, d'ailleurs lentement. L'évaporation de l'alcool permet
lie récupérer l'acide; par addition d'eau, il ne précipite pas. (_)n ne peut décelei', dans
le solution alcoolique, la présence d'acide pyruvique libre comme on pouvait le faire
au sein de l'eau.
La solution alcoolique permet d'obtenir aisément les sels d'aniline, de paratoluidine
et de phénylhydrazine. Ces sels sont tous trois anhydres, tout à fait blancs et bien
cristallisés. Les deux premiers sont infusibles et décomposables à des températures
voisines iî!2° et 128°; le dernier fond sans décomposition à 120°. Pour les deux, pre-
miers, le rendement est quantitatif; pour le dernier, le rendement est encore très avan-
tageux, mais légèrement diminué par suite d'une particularité curieuse.
Le sel de phényihydrazine présente la réaction suivante. Porle-t-on au
voisinage de l'ébullition une solution aqueuse de ce sel préparée à froid,
il s'y développe une belle cristallisation en longues aiguilles de phénylhv-
ilrazone pyruvique.
CH'-C — CO=H.NH=-NH— C''H^=CH'-C-C0»H-j-2NH-CÛ='C=Il^
/\ Il
COH.MF-NH NH— C0H:=H^ N-NH-C«H=
Cette réaction, immédiate si l'on chaufle, se produit même à froid, mais plus lente-
SÉANCE DU Ç) AVRIL 190G. 89H
ment. La méthode cryoscopique peimel de constater que le point de congélalion de
Tean est le même avant et après la chauffe et correspond à l'existence au sein de la so-
lution de deu\ molécules. Avant la chaufTe, ces molécules sont celle de l'acide et celle
de la base; après la chaufTe, ces molécules sont les deux molécules d'uréthane régé-
néré. La réaction est intégrale comme on peut le vérifier en filtrant et pesant l'hydra-
zone insoluble formée.
Ces apparences illustrent le contraste de la stabilité cpie présente l'acide*
diuréthanepvrtivique en solution alcoolique et de la décomposition qu'il
subit au sein de l'eau.
II. Diurélhanepyruvate d'èlhyle. — L'acide diurélhanepyruvique est
stable en solution alcoolique; il ne se scinde pas en acide |>yruviqiie et
urcthane; il ne s'unit pas non plus à l'alcool pour s'éthérifier. D'autre part,
le pyruvate d'éthyle ne se combine pas directement à l'uréthane : celui-ci
peut y cristalliser, mais il ne s'y unit pas. Le inélange des trois substances
— l'.cide pvruvique, alcool, uréthane — peut donc fournir le pyruvate
d'élbyie par éthérification, l'.icide diuréthanepvruvique par condensation
directe, et cela par des réactions d'équilibre comparables, mais de leur
triple conjonction ne peut résulter, direclement , le diurélhanepyruvate
d'éthyle. Celui-ci se produit, au contraire, si l'on fait intervenir l'acide
chlorhydrique dans l'action simultanée ou consécutive de ces trois sub-
stances.
CH'-C-CO-H -+-C-H^OH
CO-C-H^-NH NH.CO-C^H^ = 11=0+ CH' - C - CO-C-H*
/\
CO=C=H^-NH NH-CO^C-n^
CH' - CO - CO=C= H^ + 2NH = - CO^ C- H»
Cet éther est un corps cristallisé, blanc, très soluble dans l'alcool, fondant à rog" et
distillant sans décomposition à 179° sous pression réduite.
Cet éther est peu soluble dans l'eau chaude, mais il y cristallise sans au-
cune décom|)Osition. Cette décomposition par l'eau chaude est au contraire
immédiate en présence d'acide chlorhydrique qui provoque à la fois la
saponification de l'éther et la décomposition du produit uréthanique, c'est-
à-dire qu'il restitue le mélange d'acide, d'alcool et d'uréthane qui ne
s'étaient unis que grâce à son intervention.
III. Biurèthanepyruvate de potassium. — L'acide diuréthanepyruvique,.
décomposable par l'eau, se dissout au contraire très facilement dans la.
c. K., 1906, X" ^Semestre. iT. CXLII, N" 15.) H^
894 ACADÉMIE DES SCIENCES.
potasse aqueuse pour donner après évaporalion de l'eau au bain-marie un
sel bien défini, très soluble dans l'eau et l'alcool. Ce sel ne peut être ob-
tenu par l'action directe de l'uréthanesur le pyruvate de potassium. L'uré-
thane ne s'unit pas plus au pyruvate de potassium qu'au pyruvate d'éthyle.
CorrélatiA'ement le diuréthanepyruvate de potassium présente au sein de
l'eau la même stabilité que l'éther, et cette corrélation mérite peut-être de
retenir l'attention.
Le sel de potassium peut être chauffé au bain-marie sans s'altérer; il
renferme de l'eau de cristallisation (i,5H^O) et peut être déshydraté à
l'étuve à iio^-iio" sans décomposition.
On peut en récupérer l'acide par addition d'un acide minéral à condition d'opérer à
froid et en solution concentrée.
Il y a une perte dans cette récupération lorsqu'on laisse la température s'élever ou
lorsque la dilution augmente. Dans tous les cas où l'on observe ce déchet, on peut
déceler dans l'eau mère la jjrésence d'acide pyruvique. Ce déchet augmente beaucoup
en présence d'alcool. C'est pourquoi, dans la saponification de l'éther, on ne peut re-
venir à l'acide qu'après avoir chassé entièrement l'alcool et une grande partie de
l'eau.
Les apparences que j'ai observées n'ont été signalées pour aucun des
produits de condensation de l'uréthane qu'on pourrait rapprocher de
celui-ci : elles soulignent, comme je l'ai déjà fait à maintes reprises, l'im-
portance de la juxtaposition de la fonction acide et de la fonction cétonique
dans la molécule pyruvique, la plus simple de celles où cette juxtaposition
puisse se rencontrer.
CHIMIE ORGANIQUE. — Conclensalion des amidcs acélylèniqiies avec les phénols.
Mélliode générale de synthèse d'arnides élhyléniqiies f^-oxypbénolés. Note
de MM. Ch. Moureu et J. Lazennec, présentée par M. H. Moissan.
Nous avons montré dernièrement (^Comptes rendus, 5 février 1906) que
les nitriles acétyléniques pouvaient être condensés avec les alcools et les
phénols, avec formation de produits d'addition résultant de la fixation de
molécules alcooliques ou phénoliques sur la liaison acétylénique. Les
amides acétyléniques R — C^C — CO.AzH- sont susceptibles de donner
des produits de condensation analogues. Nous décrirons, dans cette Note,
les résultats de nos expériences avec les phénols, qui nous ont fourni
quelques composés bien définis.
SÉANCE DU 9 AVRIL 1906. 895
D'une manière générale, nous avons employé le mode opératoire suivant :
On dissout à chaud du sodium (1°') dans un excès de phénol employé, et, à cette
liqueur, chauflTée vers i3o°, on ajoute l'amide (1™°') dissoute dans un peu de phénol
chaud-, la masse se colore peu à peu en brun plus ou moins foncé. Après avoir chauffé
le mélange vers i4o° pendant quelques heures, on élimine la majeure partie du phénol
en excès par distillation d;ins le vide, et l'on reprend le résidu par l'éther ou le ben-
zène. On élimine les dernières traces de phénol par des lavages à la soude étendue, on
sèche la liqueur et l'on évapore le solvant; le résidu constitue l'amide phénoxylée, qui
tantôt est huileuse et tantôt peut être obtenue cristalline.
Voici les comjjosés que nous avons ainsi préparés :
Points
de fusion.
Amide [i-amyl-fl-orll,c>crésoxyacrylique C'H"— C(OC'' H'— CFP) — Cil — CO AzH^ huile
» p-hexyl-S-phénoxyacrylique CH'»— C(OC«PF) = CH — CO AzH^ huile
.) |3-phényl-|3-phénoxyacrylique CH'— C(OG« H^) = Cil - CO.\zIP '9â''-'97"
fi-phényl-(3-orthocrésoxyacrjlique C«H»— GCOCH*— CtP) = CHCOAzH'^ 1 68'
p-gaïcacoxjacrylique C'IF— C(OC«H*— OCH^*)=: CM — COAzH- i5S"
Quant à la constitution de ces corps, elle est nettement établie par
l'examen de leurs produits d'hydrolyse. Sous l'action à chaud de l'acide
suU'urique à 10 pour 100, ils sont totalement dédoublés, après quelques
heures d'ébullition à reflux, en acétone correspondante et phénol corres-
pondant. L'amide hexylphéiioxyacrylique, par exemple, fotirnit ainsi de la
méthylhéxylcétone et du crésol ; conformément à l'équation suivante
CH'^ - C(OC«H=) = Cli - COAzH'* 4- 2H"-0
Ami de
hexyl-pliénoxy-acrylique.
= (;°H'' -CO - CH' ^-C'■H'(' "'/j -4- AzH' + CO=.
Méthylhéxylcétone. — — — ■ ■
Phénol.
MINÉRALOGIE. — Genràe d'un minerai de fer par décomposition de la glaucome .
Note de M. L. C.weux, présentée par M. Michel Lévy.
Ou a exploité pendant longtemps dans l'arrondissement de Vouziers, et
notamment à Grandpré (Ardeniies), un minerai en grains, subordonné à
l'Aptien et souvent désigné sous le nom tle minerai de fer hydroxydé ooli-
thique. Il formait des couches d'une épaisseur moyenne de i™ à l'^.So et
quelquefois de 2™,5o à 3". Selon Sauvage et Buvignier, les éléments fer-
rugineux constituaient généralement le tiers du volume de la masse argilo-
896 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sableuse qui les renfermait. Le dépôt était fréquemment beaucoup plus
riche et pouvait produire jusqu'aux | de minerai bon à fondre.
Le minerai de Grandpré renferme des minéraux variés auxquels s'ajoutent
des organismes et un ciment dans les échantillons cohérents. Seuls les
minéraux retiendront notre attention.
Les matériaux nettement élastiques sont représentés par une proportion
très variable, toujours notable et parfois 1res élevée de grains de quartz
anguleux ou arrondis de toutes dimensions; les plus gros mesurent jusqu'à
2'"'" et 3°'"" de diamètre. L'orlhose y figure à l'état île particules plus ou
•moins altérées.
Les minéraux les plus répandus sont la limonite et la glaucome. C'est par
le dernier élément cpie je commencerai l'étude micrographique du minerai
de Grandpré.
Glauconie. — L'examen des échantillons fait supposer qu'elle est très
clairsemée dans le dépôt. On constate au microscope qu'elle est effective-
ment beaucoup moins répandue que la limonite. Elle fournit des sections
arrondies, elliptiques ou très irrégulières. Ses propriétés ne diffèrent en
rien de celles de la glauconie des roches siliceuses ('). Son apparence fine-
ment granulée mérite seule une mention. La glauconie du minerai pré-
sente son maximum d'intérêt quand elle est en voie d'altération; ses prin-
cii^aies manières d'être sont les suivantes :
1. Certains individus, dont la couleur verte viie au brun à la surface, n'ont subi
qu'un léger commencement d'altération; d'autres, essentiellement ferrugineuN,
montrent, au milieu de la matière brune qui les envahit, de petits noyaux verts très
irréguliers qui ont échappé à la destruction.
•2. L'altération est localisée sur le bord de larges fentes qui traversent les grains.
3. iille se fait simultanément en divers points isolés, répartis à l'intérieur des élé-
ments, et le pourtour reste intact ou non.
4. La transformation n'afTecle que la région centrale des corps glauconieux et la
surface ne subit aucune décomposition.
5. Des grains deviennent vert brunâtre, par suite d'un commencement d'altération
de tout le minéral. Il existe de nombreux termes de passage entre les individus fran-
chement verts et les éléments ferrugineux qui constituent le minerai.
En conséquence, tous les minéraux partiellement ferrugineux corres-
pondent à ties grains de glauconie, plus ou moins décomposés et trans-
formés en limonite.
(') L. Ckii^vx^ Contribution à l'étude micrographique des terrains sédimentaires,
1897 : Etude de la glauconie des roc/tes siliceuses, p. i63.
SÉANCE DU 9 AVRIL 1906. i^Q'j
Limonite. — La plus grande partie des grains ferrugineux ne laissent
voir aucun vestige de glauconie. Il n'en est pas moins certain que toute la
limonite du dépôt dérive de ce minéral.
1. Les grains de limonite onl la même forme et le même volume que ceux de
glauconie.
2. On retrouve dans tous les individus exclusivement ferrugineux la structure
grenue dont j'ai noté l'existence dans la glauconie intacte ou en voie de décomposition.
3. Quand on fait séjourner le minerai dans l'acide clilorhydrique chaud pendant
quelques minutes, le liquide se charge rapidement d'oxyde de fer, les éléments ferru-
gineux perdent leur couleur brune et verdissent peu à peu, pour prendre finalement
l'apparence de grains de glauconie. Doii le fond même de tous les corps ferrugineux
est un élément glauconieux, masqué par la limonite secondaire qui en procède par
décomposition.
Il résulte, avec évidence, de ces faits, que le minerai de Grandpré s'e.^l
formé aux dépens d'un dépôt originellement très glauconieux, dont la
glauconie s'est altérée et transformée, en grande partie, en limonite. C'est
le seul minerai de fer de France qui dérive directement de la glauconie.
Sa structure et son origine l'éloignent des minerais oolithiques avec lesquels
il avait été confondu.
BOTANIQUE. — Note préliminaire sur les globoïles et certaines granulations
des graines, ressemblant par quelques-unes de leurs propriétés aux corpus-
cules métachromatiques. Note de MM. J. Beauverie et A. Guilliermoxd,
présentée par M. Gaston Bonnier.
L'un de nous a attiré l'attention sur le rôle important que paraissaient
jouer les corpuscules métachromatiques chez les Protistes et notamment
dans les Champignons. Ces grains de sécrétion, caractérisés par leur vive
affinité pour les colorants ainsi quepar leur métachromasie, se rencontrent,
en effet, en très grande abondance chez la plupart des Protistes (Champi-
gnons, Cyanophycées, Bacléries, Diatomées, Piotozoaires, etc.).
Arthur Meyer, qui a recherché leur nature chimique, a émis l'opinion que
les corpuscules métachromatiques étaient constitués par une combinaison
d'acide nucléique avec une base organique inconnue : il désigne Irur
substance sous le nom de grains de volutine et il mentionne la présence
d'une substance voisine de la volutine dans les globoïdes de Ricinus com-
mums. Les globoïdes renfermeraient donc, en même temps que le glycéro-
898 ACADÉMIE DES SCIENCES.
phosphate de Ca et de Mg que l'analyse chimique a révélé, une substance
albuminoïde voisine de la voliUine. Meyer n'insiste pas sur celte question.
1° Si l'on colore au bleu Unna des coupes de graines de Ricinus commuais fixées
à l'alcool, on obtient une coloration rouge vineux des globoïdes. Ceux-ci se présentent
avec des caractères très voisins des corpuscules métacliromatiques ; ils sont disposés
autour du cristalloïde de protéine qui généralement ne se colore pas ou prend une
teinte bleu pâle et ils offrent l'aspect de globules de dimensions très variables, les uns
très gros, les autres extrêmement petits ; parfois, ils ont un contour plus ou moins
lobé. La partie périphérique des globoïdes est généralement plus fortement colorable
que le centre, comme cela s'observe dans les corpuscules métachrouialiques. Outre
cette zone externe, on remarque parfois, au centre, un petit granule très colorable;
même les globoïdes se montrent souvent constitués de plusieurs zones concentriques
fortement colorables alternant avec des zones pâles, ce qui semble indiquer l'existence
de-zones de concentration diO'érentes. La coloration des globoïdes est extrêmement
délicate, ce qui les distingue des corpuscules métacliromatiques qui fixent les colorants
avec la plus grande facilité. Us paraissent s'altérer par la chaleur et il est difficile de
les étudier dans les coupes à la paraffine; aussi est-il préférable d'employer les coupes
au coUodion. Les globoïdes se colorent, en outre, par leJjleu de méthylène et présentent
une très légère métachromasie, beaucoup moins accusée que celles des corpuscules
métacliromatiques. Ils ne lixent pas i'hémalun qui donne au contraire une coloration
intense aux corpuscules métachromaliques. Ils présentent la réaction 1 de Meyer, que
cet auteur considère comme un des caractères les plus importants des corpuscules
métachromatiques, c'est-à-dire qu'ils restent colorés par le bleu de méthylène après
traitement jjar une solution aqueuse à jj-j- de SO'H-, mais la solution de SO* 11- paraît
exercer une action sur eux, car ils se pulvérisent à son contact.
Nous avons étudié les globoïdes dans un certain nombre de graines (Noix, Bertho-
letia, Lupin blanc) et partout nous les avons retrouvés avec les mêmes caractères. Dans
le Lupin, cependant, oii il n'existe pas de cristalloïdes, les globoïdes sont répartis dans
toute la masse du grain d'aleurone sous forme de très petites gianulations.
Nous avons observé la manière dont se comportent les globoïdes pendant la germi-
nation, dans le Ricin. Dès les premiers jours, on constate d'abord im gonfiement des
globoïdes, puis ceux-ci paraissent se fragmenter et subir comme une pul\ érisation :
ils se disposent alors tout autour du cristalloïde, tandis que ce dernier se fragmente à
son tour et se dissont peu à peu. Pendant qu'au sein de la substance amorphe, le cris-
talloïde est en voie de dissolution, la quantité des corpuscules, provenant des glo-
boïdes primitifs, paraît s'accroître ; ces corpuscules sont, en effet, sensiblement plus
nombreux pendant la germination que dans la graine non germée. Toutes ces modifi-
cations sont surtout appréciables après 48 heures de gemiination. En outre, on cons-
tate souvent, dans le cytoplasme des cellules de l'albumen, l'apparition de fines granu-
lations métachromatiques présentant à peu près les mêmes caractères (jue les glo-
boïdes. Au bout de 8 jours, les cristalloïdes ont complètement disparu, de même que
les globoïdes. Au cours de la germination, le noyau subit des modifications impor-
tantes : dans la graine non germée, il est 1res granuleux avec un contour amiboïde.
H se gonfle au débal de la germiftation : puis, après 5'8 heures, il se transforme en une
SÉANCE DU 9 AVRIL 1906. 899
grosse vésicule avec un énorme nucléole et quelques granules clironialiques tlisposés
au voisinage de la membrane nucléaire clans le nucléoplasme. L'huile est absorbée
moins rapidement que les réserves albuminoïdes : elle ne commence à diminuer que
vers le sixième jour.
3" Nous avons eu l'occasion de rencontrer dans les graines de quelques Graminées
(orge, seigle, maïs) des granulations présentant par leurs formes ainsi que par leurs
caractères de coloration de grandes analogies avec les globoïdes. Ce sont de petites
granulations sphériques, dont les unes ont des dimensions moyennes et dont les autres
sont à Tétat de fines ponctuations. Elles s'observent dans toutes les cellules de l'assise
proléique et dans la plupart des cellules du cotylédon. Dans l'assise protéique elles sont
réparties en quantité considérable dans toutes les cellules; elles sont également très
nombreuses dans les cellules du parenchyme du cotylédon : ces dernières présentent
un noyau placé au centre et un cytoplasme plus ou moins alvéolaire rempli de granu-
lations métachromatiques. On remarque dans ces cellules, en même temps que ces
granulations, des grains d'amidon transitoire dont la présence avait déjà été sigaalée
par Brown et Morris; on y observe également une grande quantité d'huile. Les granu-
lations métachromatiques sont moins nombreuses et moins grosses dans l'assise externe
du cotvlédon, celle qui, avec l'assise protéique, jouerait le principal rôle dans l'élabora-
tion de l'amylase, d'après Brown et Morris; mais elles y existent à l'étal de très fines
ponctuations. Les granulations sont solubles ])ar Facide acétique comme les globoïdes :
elles se colorent en rouge vineux, par le bleu Unna et le violet de gentiane, et en bleu
foncé, violacé par le bleu de méthylène : la métachroinasie est avec ce dernier colorant
plus accentuée que dans les globoïdes. Elles présentent à peu près la forme des glo-
boïdes et ont une paroi fortement colorable et un centre qui reste très pâle, avec par-
fois un granule central. Leur coloration s'elVeelue un peu plus facilement que celle des
globoïdes.
On rencontre ces granulations dans les graines non germées; elles persistent
jusqu'après la digestion complète de l'albumen : à partir de ce moment elles dispa-
raissent complètement.
BOTANIQUE. — Le Khaya de Madagascar. Note de MM. H. Jit.melle
et H. Perrier de la Bathie, présentée par M. Gaston Bonnier.
Le genre Khaya n'est actuellement bien connu que sur la côte occiden-
tale (l'Afrique, où il est représenté par deux espèces : le Khaya senegalen-
sis Jiiss, qui est le cail-cédra on acajou du Sénégal, et le Khaya anlholheca
D. C, qui, dans l'Angola, est le cabaha des Mahiingos. Sur la côte orien-
Lnle, ce n'est qu'avec doute que la présence de la première de ces deux es-
pèces est admise par Oliver, d'après des spécimens très incomplets, re-
cueillis par Speeke et Grant dans la région du Nil Blanc et par le l^ Meller
dans le Zambèze.
pOO ACADÉMIE DES SCIENCES.
Celle incerlilude sur l'extension du genre au delà de l'Afrique occiden-
tiile n'en rend, croyons-nous, que plus inléressanle la découverte de la
troisième es|)èce que nous signalons aujourd'hui el qui appartient, celle-
ci, à la flore de Madagascar, où elle est, dans l'Ambongo et le Boina, un
des hazomena, ou « bois rouges » des Sakalaves.
Son bois a été quelquefois exporté au Havre, où il a été rapproché de
celui de Vaucoumé du Gabon (Aucoumea Klaineana), et vendu aux mêmes
prix.
C'est un grand el bel arbre de 20™ à So™ de hauteur, à tronc très droit
et cylindrique, dont l'écorce est brunâtre, maculée de gris.
Les feuilles, qui sont surtout groupées aux extrémités des rameaux, sont
plus petites sur les vieux pieds que sur les jeunes. Sur ces derniers, elles
peuvent avoir 1™ de longueur et 45'^" de largeur. Elles sont glabres, pari-
pennées el composées de 6 à 7 |)aires de folioles plus ou moins opposées,
ondulées sur les bords. Ces folioles sont brièvement péliolées (5"" à 6""") et
à limbe elliptique oblong, acuminé au sommet, en coin à la base, de 20*^'"
environ de longueur, sur 5'^™ à 5'^"',5 de largeur.
De la nervure médiane, très fortement saillante sur la face inférieure,
partent 10 paires environ de nervures secondaires, dont les inférieures
seules sont opposées, mais les supérieures alternes, toutes un peu arquées
et se réunissant, par leurs extrémités, en une nervure marginale ondulée,
qui est beaucoup moins proéminente et visible que les nervures latéiales.
Entre toutes ces nervures est un réseau de nervures plus fines, bien net
par transparence.
Les fleurs apparaissent en septembre. Les 4 sépales sont jaunâtres, larges et courts,
arrondis. Les 4 pétales, environ cinq fois plus longs que les sépales, ont 5""" de lon-
gueur sur 2™™ de largeur; ils sont blancs, convexes extérieurement, plus épais au
milieu que sur les bords.
l^e tube staminal, de même hauteur que la corolle, est légèrement ventru à la base,
et a 8 lobes arrondis, entre lesquels s'insèrent 8 élamines incluses, sessiles el jaunâtres.
Le disque est jaune orange, large, crénelé.
Le style, blanc, se termine par un stigmate discoïde, qui est jaune, puis vert supé-
rieurement. L'ovaire est à 4 loges mulliovulées.
Les fruits, mûrs en mai et juin, sont des capsules fortement ligneuses, quadrllocu-
laires, chaque loge contenant une dizaine de graines insérées sur deux rangs. La dé-
hiscence, comme dans les autres espèces de Khaya, est seplicide, el les 4 valves se
rabattent de haut en bas, en laissant toutefois au centre une colonne à 4 ailes, formées
par les cloisons des loges. Ces valves onl 6"" de longueur sur 3'^"',5 de largeur.
Les graines sont aplaties, brunes et entourées d'une membrane, comme celles de
Kliaya senegalensis, mais de forme un peu diflerente : elles ne sont pas orbiculaires,
SÉANCE DU 9 AVRIL I906. 901
mais plutôt vaguement triangulaires, le liile correspondant à l'un des sommets du
triangle. Elles ont souvent, non compris la membrane bordante, 2=™ à 2'''", 5 de largeur
sur i"",5 à i''"\7 de longueur, mais peuvent êlre aussi plus petites. La radicule, f[ui
est papilliforme, est latérale et située un peu au-dessus du liile. L'embryon est ainsi
obliquement transversal.
A notre avis, cet pmbryon forme, d'ailleurs, seul toute Tamande, car nous ne voyons
pas pour quelle raison Guillemin et PeiTotet, puis de Candolle, Bentham et Hooker,
ainsi que Bâillon, ont admis dans le genre Kliaya un albumen qui serait confusément
soudé avec les cotylédons. L'amande est formée de deux masses égales, traversées par
des faisceaux libéro-ligneux, et qu'aucun caractère n'empêche, selon nous, de consi-
dérer comme constituées exclusivement par les cotylédons.
Tel est ce Kliaya de Madagascar, qui, daiisrAmbongo et le Boina, poiisSe
dans toutes les alluvions calcaires et humides des liords des rivières. Il ne
manque que sur les sols siliceux où il est remplacé par les Canarium.
Morphologiquement, il est bien distinct du Khaya senegalensis. Il se rap-
procherait davantage du Khaya anthotheca ; mais il s'en sépare aussi par la
forme plus allongée et la nervation de ses folioles et par les moindres
dimensions de ses graines.
Nous l'avons donc nommé le Khaya madagascariensis.
Ajoutons que le tronc sécrète une gomme qui se concrète sur l'écorce sous
l'aspect de petites stalactites, dont les unes sont jaune clair, les autres plus
brunes, et d'autres verdàtres.
Cette gomme, récoltée depuis quelque temps, contient 21 pour 100
d'eau. Supposée sèche, elle se compose de 85 parties solubles dans l'eau
chaude et de i5 parties gonflables, mais insolubles.
La portion soluble dans l'eau chaude reste dissoute après refroidissement
et donne des solutions épaisses, mais encore parfaitement liquides, en pré-
sence de 12 fois son poids d'eau.
Ces solutions, plus ou moins colorées, ont l'aspect de solutions dégomme
à' Acacia Sénégal; étendues en couche sur le papier, elles lui donnent une
certaine adhesivité.
La gomme en est précipité«i, à l'état gélatineux, par l'acétate neutre et par
le sous-acétate de plomb; elle n'est pas précipitée ici par le perchlorurede
fer qui, en outre, ne provoque aucun changement de coloration.
C'est donc une gomme sans tanin; elle est, du reste, sans odeur ni
saveur.
C. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N» 15.) HQ
902
ACADEMIE DES SCIENCES.
CHIMIE VÉGÉTALE. — Étude des variations de l'azote et de l'acide
pliosphorique dans les sucs d'une plante grasse. Note de M. G. André.
Dans deux Communications précédentes (^Comptes rendus, t. CXLII,
1906, p. 106 et 226) j'ai étudié la composition des liquides qui circulent
dans un végétal en extrayant, par une pression convenable, une partie des
sucs que contient la plante. De la quantité de suc extrait ainsi j'ai déduit
par le calcul celle qui demeurait encore dans le végétal en faisant l'hypo-
thèse que la concentration était la même dans la partie du liquide extrait
directement et dans celle qui reste encore dans les tissus de la plante.
Je me suis servi du même procédé pour examiner la répartition de l'azote
et celle de l'acide phosphorique dans les sucs d'une plante grasse, Mesem-
hrianthemum crislallinum, à diverses périodes de sa végétation, plante chez
laquelle j'ai antérieurement étudié la répartition des cendres et des acides
organiques {Comptes rendus, t. CXXXVII, igoS, p. 1272; t. CXXXVIII,
rpo/i, p. 639; t. CXL, 1903, p. 1708). Les chiffres qui figurent dans le
Tableau ci-joint se rapportent au suc total calculé contenu dans la plante.
3 2
A, ô
a
100 parlics de
matière sécbc
conlîenncnt
1 3i mai
1 [ 1 5 j H i 11
Ml iSjuillel
I\ 31 aoi'il
V 4 octobre
ir)o5 96,54 3,4o 1,97
95,97 3,16 ■2,1.2
93,60 3,26 5,73
» 91,59 2,53 ;!,35
ç)3,i9 2,8:', 2,70
s§ a
contenu dans le suc de la plante
^ correspontiant à
2 100 parties do matière sêclie.
2832 1,0933 o,i5o6 1,1(367 0,58 o,4i 0,09
2429 1,8089 0,7189 1,9432 0,70 0,58 0,87
i528 2,5701 0,742c 2,6770 o,83 0,78 0,98
iiSa 1,6796 o,85o5 1.792.' 0,92 0,66 0,76
1424 i,64o4 0,71.77 1,7116 0,9.5 0,57 o,63
I. Le rapport entre l'acide phosphorique total de la matière sèche et
l'azote total (colonne 8) augmente progressivement jusqu'à devenir
presque égal à l'unité. Pour faire apparaître la relation habituelle qui
existe entre ces deux éléments, il faut prendre le rapport entre l'azote to-
tal du suc et l'azote total de la matière sèche (colonne 9); on remarque
alors que ce rapport présente un maximum à la troisième prise d'échan-
tillons, époque du repiquage de la plante et du début de sa floraison. A ce
SÉANCE DU 9 AVRIL 1906. 9o3
moment, plus des trois quarts de l'azote total du végétal existent sous forme
soluble. Dans la suite, cet azote se dépose partiellement sous forme de
composés complexes insolubles, comme l'indique la décroissance du rap-
port précédent. Cependant, plus de la moitié de l'azote circule encore sous
forme soluble au 4 octobre. La plante est, d'ailleurs, très vigoureuse à cet
dite. Pour montrer quelle est la marche de la végétation à partir du mo-
ment où l'on a constaté le maximum d'azote soluble, il suffit de jeter les
yeux sur le Tableau suivant (moyenne établie sur un nombre de 10 à
5o individus) :
3i mai. iti juin. ij juillet. ji août. !^ octobre.
Une plante fraîclie pèse.. . . i6s,5a .jos5i i.>6s,70 11685,40 17.596,00
» séchée à iio'\.. 05,0718 -'.-yO'j 10^,02 982,26 iigSjSo
Du 3i mai au 16 juin (17 jours) la plante a gagné i^',4782 de matière
sèche, soit 0^^,0869 par jour; du 16 juin au i.5 juillet (29 jours), elle a
gagné 7^,97, soit o», i'j^H par jour; du i5 juillet au 2t août (3j jours), elle
a gagné 88^,24, soit 2^, 3848 par jour (cette période correspond à la dimi-
nution du rapport entre l'azote total organique du suc et l'azote total de la
matière sèche). Enfin, du 21 août au 4 octobre (44 jours), la matière sèche
ne s'est accrue que de 2i''',54i soit 0^,489$ par jour.
II. Le rapport entre l'acide phosphorique total du suc et l'acide phospho-
rique total de la matière sèche (colonne 10) suit exactement la même
marche que celle du rapport qui vient d'être étudié. Au moment du maxi-
mum (3*= prise), alors que l'azote soluble représentait seulement les trois
quarts de l'azote total, l'acide phosphorique se trouve en presque tota-
lité (-^) sous forme soluble. A partir de cette époque, ce rapport décroît
parallèlement à celui de l'azote. Ajoutons que, au moment du maximum,
les — de l'acide phosphorique du suc étaient précipitables directement dans
ce suc au moyen de la mixture magnésienne. D'ailleurs, durant toute la
période de végétation, la proportion de cet acide phosphorique, directe-
ment précipitable, est toujours très élevée. Il semble, d'après cela, que, dans
la plante examinée, il n'existe de combinaisons phospho-organiques inso-
lubles qu'en faible quantité. En somme, Vacide phosphorique et l'azote so-
liibles présentent les mêmes maxima aux mêmes périodes de végétation. Quant
au rapport entre l'acide phosphorique total du suc et l'azote total de ce même
suc, il est remarquablement constant à partir de la deuxième prise d'échan-
tillon et succes.sivement égal à : o, 83, 1,04, i,o4, r,o6, 1,04.
9^^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
Je terai remarquer en terminant que le taux de l'azote nitrique contenu
dans le suc du Mescmbriaiithemuin est toujours élevé. Le rapport entre
l'azote nitrique du suc et l'azote organique de ce suc est égal à o, 5o et o,43
aux deux dernières prises d'échantillon.
CHIMIE AGRICOLE. — Traitement cuivrique des semences.
Note de M. E. Bréal, présentée par M. L. Maquenne.
Dans une Note présentée antérieurement à l'Académie par M. Giusti-
niani et moi nous avons montré qu'on peut obtenir des excédents notables
de récolte en recouvrant les semences d'un enduit cuivrique à base de
fécule. Je ferai connaître aujourd'hui les résultats que j'ai obtenus dans le
courant de l'année dernière sur quatre espèces de maïs, soumises au même
traitement.
La bouillie cuivrique se prépare en faisant bouillir 3o^ de fécule dans i'
d'eau, tenant en dissolution 3^ de sulfate de cuivre. On laisse séjourner les
graines pendant 20 heures dans le mélange refroidi, on les dessèclie super-
ficiellement par exposition à Tair, puis on les trempe dans l'eau de chaux
et l'on sèche à nouveau. Les graines ainsi traitées conservent leur aspect
ordinaire; elles augmentent de poids de 5 pour 100 environ.
Les cultures ont été faites comparativement sur des parcelles d'égale surface, por-
tant le même poids de graines normales ou enduites; les expériences ont eu lieu dans
le jardin annexé au laboratoire de Physique végétale, à la pépinière du Muséum et
enfin à Massy-Palaiseau, chez M. Vilmorin.
Noi/ibre
(le graines levées Récolte fraîche. Récolte sèche.
Variétés Poids — ■ ^— — — - ~~ — — ~^ — -~ — .
de maïs de la Graines Graines Graines Graines
employées. semence, normales, enduites. normales. enduites. normales. enduites.
, ,. , / Auxonne 5 i.5 22 1 8.5o 2 44'^ 210 38o
Jardin du \ t , ..., k « o q n r
. , ) Jaune hatil 5 o 9 -joo 1 000 109 390
lal-^ora- { /^ . ^ .- r, i , ^
1 (jros laune b 12 12 2D00 0200 220 io5
toire I
[ Dent de cheval. . . 5 .5 10 4 900 49^0 » «
„, . ., ( Auxonne 10 4o 44 4760 6060 qoo 1021
Pepinien- \ ^ , , , , . ,,
( Dent de clieval. . . lo 14 ta 'yQ'^o 10000 » »
Massy- [ Auxonne 20 38 4^ i4ïoo i55oo » »
Palai?eau ( Dent de cheval. . . 20 21 3o » » » »
On voit que les semences traitées germent en plus grand nombre et, en
SÉANCE DU 9 AVRIL 1906. 9o5
général, donnent de plus fortes récoltes que les semences normales, ce qui
tient sans doute à la plus grande résistance qu'elles opposent aux micro-
organismes parasites. Ceci est conforme à nos conclusions antérieures.
J'ai constaté, en outre, que les graines enduites de bouillie cuivrique
perdent moins de poids que les autres pendant leur germination et que,
dès le début de la végétation, les jeunes plantes qu'elles fournissent
renferment davantage de substance sèche. Les expériences, effectuées au
Muséum, dans la serre du laboratoire de Physique végétale, ont porté
simultanément sur le blé, l'avoine, l'orge et le maïs, ensemencés dans des
fliicons à large col, de 200™' de capacité; les récoltes étaient enlevées,
séchées et pesées dès que les tiges commençaient à sortir des vases.
Dans le Tableau qui suit, on a ramené tous les nombres par le calcul
à 100''' de graines, de façon à faciliter la comparaison des résultais obtenus.
Récolte sèclie.
Durée Poids — — ~ — - — ■
Nature de la clés graines Graines Graines Miirércnces
des graines. gertiiination. sèches. normales. enduites. pour 1011.
jours (.' ' K t.'
Ijlé de Bordeaux 25 88 60 72 20
» 52 » 45 66 46
Blé Datlel 20 87 77 .81 5
» 4o » 65 75 1 5
Blé Japhet 20 89 77 80 4
» 4o » 60 67 II
Blé Bordier 2.^ 87 74 76 2
)) 37 » 60 69 i5
15lé de Saumur 20 88 75 83 10 •
Avoine de Houdan 27 87 70 78 11
Avoine de Brie 28 89 67 82 7
Orge 23 90 62 70 i4
Maïs, gros jaune 5o 89 72 80 11
Maïs, denl de cheval Sa 89 73 81 10
Les excédents portent surtout, ainsi que le montre le Tableau suivant,
sur les tiges et les jeunes feuilles : les poids sont encore rapportés a
100 parties de semence :
Tiges et feuilles Cotylédons et racines
provenant de graines provenant de graines
normales. enduites. normales. enduites.
e e s g
Blé de Bordeaux i3 20 46 45
Blé Bordier |5 25 4^ 4°
Blé Daltel 10 16 53 48
9o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
En résumé, la stérilisation superficielle des graines par la bouillie cui-
vrique n'a pas seulement pour effet de prévenir les maladies cryploga-
raiques qui souvent com|)roinettent les récoltes; elle favorise en même
temps la levée des semences et assure une meilleure utilisation de leurs
réserves, d'où un excès de production végétale qui est sensible dès le début
de leur développement.
PHYSIOLOGIE. — Sur les chaleurs de combustion et la composition des os du
squelette, en fonction de l'âge, chez les cobayes. Note de M. J. ïribot,
présentée par M. Alfred Giard.
Dans nos piécédentes Notes (') en vue de l'étude de l'évaluation de la
fonction Ef de M. Ernest Solvay (^), nous avons résumé les résultats ob-
tenus sur l'évolution des tissus nerveux et musculaire d'un certain nombre
de cobayes, en fonction de l'âge, au point de vue chimique et calorimé-
trique.
Nous avons complété ce travail en déterminant, en même temps que la
teneur en matières minérales et en matières organiques des os du squelette
chez le cobaye, leur composition en P-0% leur teneur en eau et leurs
chaleurs de combustion.
Les matériaux nécessaires à notre étude nous ont été obligeamment
fournis par M"" Stéfanowska.
Dans la majorité des cas, les squelettes ont été nettoyés avec de la soude
caustique à 3o-35 pour loo, ils séjournaient environ une demi-heure dans
la solution caustique chaude et étaient ensuite lavés dans un fort courant
deau froide.
Le tissu osseux a été obtenu à l'état sec par exposition à l'air libre, en
plein été.
Les résultats obtenus sont condensés dans le Tableau suivant :
(') Comptes rendus, 27 mars igoSet 5 juin ipoS.
(-) Notes sur des formules d'introduction à l'Én'ergétique, fasc. 1 des Notes et
Mémoires de l' Inulitut de Sociologie, p. 7.
SÉANCE DU 9 AVIUL 1906.
907
Chaleurs
Sur 100 parties
P=0='
de coin-
Poids
du
rapporté
buslion
Pouls
du
squc
ette sec.
P-O^'sur
à 1006
prises sur
total
squelette
-' —
100 parties
du poids
le
de
^-— —
Matières
de
de
squelelli-
Sexe.
A
;e.
l'animal.
fiais.
seu.
Cendres.
or[;aniques.
cendres.
l'animal.
sec.
Mâle...
>5j
ours
f
l5,2
t.'
•->
39>99'2
60,008
44,564
?
Cal
2,23l
Mâle. . .
i5
»
169
iTi
6,7
5o,664
49,356
43,762
0,922
2 , 395
Femellt^
i5
»
i54
l5,2
8,5
38,6i3
61,387
4o, 100
o,854
2,593
Mâle...
37
»
228
18
9
58, 160
4i,84o
38,4oo
0,881
1,870
Màle...
65
)>
36o
22,6
16,3
59,333
4o , 667
39,370
r,o57
1 ,854
Femelle
65
»
325,5
'9r>
t4,2
58,387-
4i,6i3
40,842
I ,o4o
■?
Màle. . .
i5o
n
756,5
0
^7
27
65 , 507
34,493
4o,222
0,940
1,785
Femelle
4o5
i>
987.5
4i
33,3
61 ,337
38,863
46,780
0,967
1,817
Femelle
555
1)
900
61
44
08,729
41,271
49 , 285
i,4i4
1,832
Màle...
600
0
989
5 1,7
43,2
62,039
37,961
40,223
1,090
1 ,809
Femelle
900
])
1086
55
4o
62 , o55
37,945
4o , 5o I
0,925
.,798_
Màle...
960
»
1066
68
5i
59,007
40,993
39,793
I , 123
1 .92.5
Màle . .
1095
»
750
62
45,5
60,353
39,647
37, 161
1,373
1,844
Màle. . .
1 1 10
)i
900
64
4;
9
?
39,890
?
?
On voit d'après ce Tableau que :
1° La teneur en matières minérales passe par un maximum, lequel est
atteint vers le cent-cinquantième jour, puis décroît jusqu'aux environs de
555 jours, époque à laquelle elle devient sensiblement constante;
2" La teneur en P-0° passe par un minimum vers le trente-septième jour
et atteint un maximum aux environs de 555 jours, pour devenir ensuite à
peu près constante ;
3° La teneur en eau passe par un minimum vers 65 jours et un maximum
vers 980 jours, qui est conservé sensiblement;
4° Si l'on rapporte les chiffres de P-0' obtenus pour 100 parties de
cendres à loo** du poids de l'animal, on a une courbe qui a sensiblement la
même allure que la précédente, le maximum étant atteint vers le cinq
cent cinquante-cinquième jour;
5° La chaleur de combustion passe par un maximum dans les premiers
jours de la croissance et atteint son minimum vers le cent-cinquantième
jour.
goS ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur le noyau des hématies du sang des oiseaux.
Note de MM. M. Piettre et A. Vila, présentée par M. E. Roux.
Des deux variétés de globules rouges, nucléés et anucléés, que l'on
trouve dans le sang des animaux, les premiers nous ont paru particuliè-
rement intéressants, car, tout en jouant le même rôle dans la respiration,
ils ont une structure histologique très voisine de la structure cellulaire
classique. Ils possèdent en effet un noyau très bien caractérisé dont le
volume et la masse occupent une place considérable dans l'édifice cellulaire.
Nous avons pensé que l'étude analytique du noyau permettrait de com-
parer l'importance relative des éléments entrant dans sa composition
chimique.
I. Le sang d'oiseau, dès sa sortie des vaisseaux, est défibriné avec soin
par une agitation prolongée. Une première centrifugation permet, après
repos, d'enlever par décantation la majeure partie du sérum, puis on lave
abondamment les globules avec une solution d'eau salée à 8,5 pour looo.
Dans une de nos expériences nous avons lavé i',3 de sang de poulet {gallus donies-
licus) dans 20' d'eau salée isotonique.
Dans une deuxième expérience, plus laborieuse, 10' de sang de pigeon ont été traités
par 90' de solution physiologique. Pour isoler sans pertes les hématies en suspension
dans de telles masses de liquide, nous employons une centrifugeuse tournant à 3ooo tours
par minute, dont la vitesse langentielle est de 1 1"' à la seconde. Cette machine permet
d'obtenir rapidement une boue globulaire exempte de sérum, remarquable par la
constance de sa densité (</ =: i , 1 1), même pour le sang d'espèces très difterentes.
En rapportant chaque expérience à un même volume, on trouve que :
100 de sang de poulet donnent 28 de ce magma globulaire
100
»
pigeon
»
36
100
»
cheval
H
40
100
t)
mouton
i)
20
100
»
porc
»
26
100
»
chien
»
46
100
»
cobaye
))
3o
II, Les hématies nucléées sont mises en suspension homogène dans de \
l'eau salée physiologique; on emploie lao*^""' de globides lavées pour Soc""'
de solution isotonique; cette liqueur est versée par petite quantité dans
SÉANCE DU 9 AVRIL 1906. 909
10' d'eau distillée contenant j^ d'acide formique glacial. Il importe
d'agiter constamment pendant le mélange. Ei'abord colorée en rouge- par
l'oxyhémoglobine, la masse liquide vire au brun et l'on voit se former de
fines particules grisâtres qui ne se déposent que lentement et d'une façon
incomplète : ce sont des noyaux.
Pour les isoler il faut encore recourir à la centrifugation.
Au moyen d'une machine centrifuge, ayant une vitesse tangentielle de 65'" par se-
conde, nous avons pu, en une seule opéi'ation et en moins d'une heure, séparer les
no3aux restés en suspension dans 5o' de liqueur formique. Le chemin parcouru par
chaque particule solide atteignit 4""° par minute. Avec 100'^'"' d'émulsion globulaire
c^^ 1 , 1 1 on recueille 5^, 2 de noyaux secs. Si l'on rapporte ce chiffre au sang en nature
on trouve que
i' de sang de poulet peut fournir i4^, 5 de noyaux secs,
1' de sang de pigeon » 188,7 »
>♦
\»
0
V*,
L
Les noyaux préparés par celte méthode sont histologiquement purs; ils
ont conservé la forme, le volume et les réactions colorées qu'ils possèdent
dans le globule rouge. Nous devons à l'obligeance de MM. Burais et Jeantet
la photographie d'une préparation colorée à l'hématéine.
Les noyaux après centrifugation forment une masse humide grisâtre; on
les lave sur filtre à l'eau distillée; on fait la dessiccation dans le vide et l'on
épuise à l'éther. Ce dissolvant enlève de 2a 3 pour 100 de matières grasses.
C. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N- 15.) ' 30
9IO ACADÉMIE DES SCIENCES.
La partie insoluble est soumise à l'analyse chimique dont voici résumées
les indications
P Reste
Éléments nucléés. C. H. N. total. minéral.
Columba domestica
Gallus doniesticus.
1 48, 60 6,56 1.5,60 » 3,81
II 48, 00 6,67 i5,94 2,5o »
1 49,80 6,60 15,92 2,90 3,35
II 49, 3i 6,77 i5,5i 3,24 »
Il ressort de ces dosages que le phosphore est un élément prédominant
dans la composition de la substance nucléée des hématies d'oiseaux et qu'il
y existe en forte proportion à l'état de combinaison organique.
En effet, si l'on transforme en anhydride phosphorique la quantité de
phosphore trouvée, on voit que le nombre calculé est égal ou supérieur au
poids total de cendres ; et, en comparant le phosphore du noyau au fer du
globule, on constate que 100^ d'oxyhémoglobine et i4^ de noyaux (rende-
ment de i' de sang de poulet) contiennent 0^,33 de fer et 0^,44 de phos-
phore. Mais si l'on rapporte, respectivement, chaque élément à la substance
qu'il caractérise, le phosphore, nous l'avons vu, étant 3,2 pour 100, le fer
reste o,33 pour 100. Cependant ces chiffres si suggestifs n'expriment qu'in-
complètement la prépondérance que le phosphore possède en réalité ; car,
en calculant les poids atomiques on trouve que, si dans l'oxyhémoglobine
le fer (56) est pris comme unité, dans le noyau le phosphore (3i) sera i4 fois
environ plus élevé.
GÉOLOGIE. — Sur les glaciers pléistocénes dans les vallées d'Andorre
et dans les hautes vallées espagnoles environnantes. Note de
M. Marcel Chevalier.
Dans une JNote précédente (12 mars 1906) je signalais l'existence, dans
le cours supérieur du Valira, d'un grand glacier pléistocène dont la mo-
raine frontale, lors de la plus grande extension des glaces, s'étalait aux en-
virons de Santa Coloma (to3o™).
Depuis ce point, et dans tout son cours inférieur jusqu'à sa jonction avec
la Sêgre, le Valira n'offre plus aucune trace glaciaire. En remontant la
vallée de la Sègre jusqu'à Puigcerda,ya\ pu faire quelques observations sur
l'extension des glaces pendant le quaternaire, observations qui corrobo-
rent ce que l'on savait déjà, c'est-à-dire que les glaciers pléistocénes
SÉANCE DU 9 AVRIL 1906. 91 I
eurent une étendue beaucoup plus considérable sur le versant français que
sur le versant espagnol.
Si les glaciers ont pu assez largement s'étaler en Andorre, cela tient sur-
tout à la situation particulière du petit Etat.
Tout le pavs, en effet, situé entre deux hautes crêtes sensiblement pa-
rallèles et orientées ouest-est, forme une sorte de bassin fermé qui fut très
favorable à l'accumulation de la glace.
Le versant espagnol ne commence en réalité que sur le flanc sud de la
crête jalonnée par les pics de Campcardos, Tossa Plana, Pedrafitla. Ce vei^
sant, qui forme loule la rive droite de la Sègre, de Puigcerda à la Seu
d'Urgell, est sillonné de petites vallées perpendiculaires à la vallée princi-
pale orientée O.-E. Toutes ces petites vallées ne portent de traces gla-
ciaires que dans leur cours le plus supérieur. Elles ont une allure torren-
tielle qui permet de croire que la plupart ont une origine récente et que
leur creusement fut contemporain de l'extension des glaciers dans les
vallées pliocènes du Valira, du Riu Grimaû, du Riu de Carol, de VOrlu,
VAriège, VAston, etc.
Quant à la vallée principale de la Sègre, je n'y ai observé aucune trace
glaciaire dans son cours, de la Seu d'Urgell à Puigcerda. Son origine est
pourtant pliocène et elle servit très probablement de déversoir au lac qui
occupait les Cerdagnes actuelles, antérieurement à la période glaciaire.
Nous pensons que cette dissemblance si marquée de l'extension des gla-
ciers sur le versant français (vallées de l'Ariège et de ses affluents) et sur
le versant espagnol (vallées de la Sègre et de ses affluents) est due surtout
aux conditions climatériques.
Il (lut se passer un phénomène comparable à celui qu'on observe
actuellement dans les Alpes sous le nom de Fœhn.
Les courants d'air humide, venus du NO, obligés de franchir des cimes de plus de
3ooo°', arrivaient à ces hauteurs à une température très basse. En retombant sur le
versant méridional ils se réchauffaient assez pour acquérir une température capable
de provoquer la fusion d'une grande quantité de glace. Les eaux qui provenaient de
cette fusion donnaient naissance à de nombreux torrents qui ont creusé les petites
vallées que nous signalons plus haut.
Les vents plus chauds mais aussi plus secs, venant du Midi et s'élevant du versant
espagnol pour descendre sur le versant français, reprenaient leur température initiale
pas assez élevée pour provoquer une grande fusion de la glace dans les régions où les
phénomènes glaciaires étaient pour ainsi dire exagérés. En effet, ces vents humides du
NO provoquaient sur le versant français des chutes de neige beaucoup plus abondantes
que les vents chauds du S n'en provoquaient sur le versant espagnol. CeUe abondance
qi2 ACADEMIE DES SCIENCES.
de neige sur le versant N a permis la formation dans les vallées secondaires de glaciers
importants qui se sont réunis entre eux dans la vallée principale (vallée de l'Àriège) et
ont pu pousser leur moraine frontale bien au delà de Tarascon situé à 473°' d'alti-
tude.
Au contraire, dans le bassin de la Sègre, les glaciers n'ont pu acquérir une très grande
importance. Les plus considérables ont laissé leurs moraines frontales à Angoustrine
(iSoô""), Puigcerda (1200"), Santa Coloma (io3o"'). D'autres sont restés localisés sur
les flancs des hautes cimes de Pedrafîtla, Tossa Plana, Campcardos, souvent à l'élal de
glaciers suspendus.
Jamais les glaciers des vallées secondaires de la Sègre n'ont pu .se réunir
dans la vallée principale pour descendre jusqu'à la Seu d'Urgeli, pourtant
située à une altitude supérieure de 21 5™ à celle de Tarascon.
PALÉONTOLOGIE VÉGÉTALE. — Contribution à la flore tertiaire du Maroc
septentrional. Noie de M. Ed. Bonnet, présentée par M. Zeiller.
M. Gaston Buchet a récemment adressé au Muséum une petite collection
de plantes fossiles dont l'étude m'a fourni, sur la flore tertiaire du Maroc
septentrional, encore si peu connue, quelques renseignements que je me
permets de communiquer à l'Académie.
Les fossiles recueillis par M. Buchet proviennent de quatre gisements
différents :
i» Environs de Tanger, calcaire grisâtre, compact, avec empreintes de Zonarites
alcicornis F. O.
1° Bords de l'oued Baroud, entre Tétouan et le Fondouk, calcaire grisâtre, en
plaques assez minces, contenant de nombreuses empreintes de Chondriles orbiis-
ciita F. O.
3° Environs de Tétouan, calcaire blanc, friable, avec nombreuses empreintes de
Ch. Targionii Sternb., Ch. arbuscula F. O., Ch. intricatus Sternb. et Ch. expansus
F. O.; ces trois dernières Algues ne constituant, à mon avis, que des formes ou tout au
plus des variétés du Ch. Targionii dont il est impossible de les séparer par des dille-
rences vraiment spécifiques. Toutes ces Algues, caractéristiques du Flysch de la Suisse,
ont été retrouvées dans le nord de l'Italie, le sud-ouest de la France et le nord-ouest de
l'Espagne; les échantillons recueillis par i\L Buchet nous apprennent, en outre, que les
lagunes saumâlres du Flysch, avec leur végétation de Fucoïdes, ont occupé le nord du
Maroc et se sont même avancées jusque sur la cote atlantique, car j'ai retrouvé le Ch.
arbuscula dans des fragments d'argile schisteuse récollés par M. Mellerio sur les
bords de l'oued Melah à 20'"" NE de Casa Blanca.
Un dernier gisement exploré par M. Buchet près de Tétouan, entre le
SÉANCE DU 9 AVRIL I906. 9l3
cimetière juif et le cimetière arabe, est constitué par des tufs calcaires,
pliocènes, avec moules de fruits et empreintes de feuilles dont la nervation
est le plus souvent assez mal conservée; j'y ai cependant reconnu trois
espèces :
1° Apollonias canariensis Nées, représenté par de nombreuses empreintes de
feuilles et moules de fruits qui offrent les mêmes variations que l'on observe
aujourd'hui dans la plante vivante. \J Apollonias est actuellement cantonné aux
Canaries et à Madère, il a été observé à l'état fossile dans le Pliocène de Meximieux
et de l'Italie centrale.
2° Feuilles de Cinnaniomum Scfieuchzeri Heer, espèce très variable et assez com-
mune dans la molasse suisse, mais qui se retrouve à différents étages de l'Eocéne et du
Miocène dans les environs de Vienne et à Bilin, en Italie dans le Val d'Arno et à Sini-
gaglia; en France, à Aix, à Manosque et à Céreste; enfin en Espagne, aux environs de
Barcelone, où elle persiste jusque dans le Pliocène d'après M. J. Aimera (').
3° Feuilles de Salix angusta Heer, espèce souvent associée avec la précédente
à OEningen, Bilin, Sinigaglia, Céreste et aussi à Barcelone (J. Aimera).
4° Enfin, ces mêmes tufs contiennent encore des fragments de feuilles et de tiges et
le moule d'un rhizome d'une Graminée, spécifiquement indéterminable, mais qui
paraît appartenir au genre Phragmites.
De ce qui précède on peut donc conclure qu'au Maroc septentrional, de
même que dans le nord-est de l'Espagne, les conditions climatériques ne
s'étant pas sensiblement modifiées ont permis a certaines espèces telles
que les Cinnaniomum Scheuchzeri et Salix angusta de persister jusque dans
le Pliocène, alors que, dans l'Europe centrale et la vallée du Rhône, elles
avaient, par suite du changement de climat, disparu dès la fin de la
période miocène.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Observations d'ombres volantes au lever et au coucher
du Soleil. Note de M. Ci-. Rozet, présentée par M. Wolf.
L'éclipsé totale de Soleil du 3o aoiit 1905 a remis en question le curieux
phénomène connu sous le nom d'ombres isolantes. Malgré les descriptions
très complètes et les recherches de nombreux observateurs et physiciens,
la cause de ces ombres est encore mai connue, pour la raison qu'elles n'ont
(') Cf. J. Almera, Bol. Corn. cl. Mapa geol. de Espana, t. XXII, p. i45 et suiv.
et Bull. Soc. geol. Fr., excursions, t. XXVI, p. 760. — R. Zeiller, Bev. gén. de Bot.,
t. XV, p. 396.
9l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
guère été observées jusqu'à présent que pendant les éclipses totales de
Soleil, si ppu fréquentes.
Le i4 décembre dernier, mon confrère Dom M. Amann, en regardant
par hasard une cloison éclairée parles premiers rayons du Soleil qui com-
mençait à paraître au-dessus d'une montagne, aperçut des bandes sombres
très distinctes, se déplaçant avec rapidité. L'analogie de ces ombres avec
celles qui se produisent lors d'une éclipse de Soleil, avant et après la tota-
lité, m'incita à observer régulièrement le lever et le coucher du Soleil pour
étudier les diverses conditions dans lesquelles elles peuvent se former.
Je disposai donc à l'intérieur d'un a|>partement un écran blanc recevant
par une fenêtre ouverte la lumière du Soleil à son lever ou à son coucher.
Quand les conditions sont favorables, on aperçoit, dès que le Soleil com-
mence à paraître, des bandes sombres plus ou moins espacées, parcourant
la portion éclairée de l'écran à une vitesse variable suivant les circon-
stances.
Ces bandes, très distinctes, généralement droites (') et parallèles, ne
sauraient être confondues avec les ombres très irrégulières produites par
l'air en mouvement devant l'écran. Plusieurs fois, notamment le i4 dé-
cembre, elles furent assez fortes pour être vues sur un écran, quoique la
lumière solaire eût à traverser les vitres d'une fenêtre presque entièrement
couvertes de buée ; d'autres fois, au contraire, elles ne se sont pas produites,
malgré un ciel sans nuages.
L'examen des 76 observations faites jusqu'à ce jour, dans des conditions atmosphé-
riques très diverses, permet de faire les remarques suivantes :
1° L'orientation des bandes sombres, sur un écran perpendiculaire aux rayons
solaires, est constamment parallèle à la partie de l'arête de lamontagne où le Soleil
se lève ou se couche ;
2° La direction de leur déplacement est toujours perpendiculaire à leur orienta-
tion; mais ce déplacement peut se faire dans deux sens opposés que nous appellerons
sens direct et sens rétrograde. Les bandes semblent, dans le sens direct, tomber,
c'est-à-dire pénétrer dans l'ombr-e de la montagne projetée sur l'écran; dans le sens
rétrograde, s'élever, c'est-à-dire sortir de celte ombre. Elles peuvent se diriger dans
l'un ou l'autre sens tant au lever qu'au coucher du Soleil; même dans les apparitions
et disparitions très rapprochées, causées par les échancrures de la montagne, leur
direction peut varier.
Dans la même apparition ou disparition, les bandes se déplacent ordinairement dans
un seul sens; cependant, plusieurs fois, après avoir suivi pendant quelques secondes
le sens direct, elles rétrogradèrent; d'autres fois, l'écran était, au même instant.
(') Quatre fois seulement elles parurent légèrement ondulées.
SÉANCE DU 9 AVRIL I906. giS
traversé par deux courants distincts de bandes, d'orientation un peu différente, allant
l'un dans le sens direct et l'autre dans le sens rétrograde.
3° La vitesse des bandes peut difTérer beaucoup d'une observation à l'autre. Jusqu'à
présent j'ai pu constater qu'elle a une relation à peu près certaine avec la force du
vent : les mouvements rapides, en effet, correspondent aux grands vents el les dépla-
cements lenls à une atmosphère calme ou peu agitée. Les plus grandes vitesses attei-
gnent approximativement 6"' à 8"° à la seconde, les moindres i"" à 2"" (rarement 1™),
et la vitesse ordinaire 2"' à 4'°-
4° Les bandes se montrent dès que le Soleil apparaît. Pour qu'elles se produisent, il
n'est pas nécessaire que la surface éclairante-soit très réduite. Parfois elles n'arrivent
que a ou 3 secondes après le commencement du lever et cessent de même ((uelques
secondes avant le coucher complet; alors leur déplacement se fait dans le sens rétro-
grade.
Quand l'apparition ou la disparition du Soleil se fait derrière une arête perpendicu-
laire à son mouvement apparent, la durée ordinaire de la visibilité de ces bandes est
de 12 a i5 secondes; une fois même on commença à les voii' alors que le quart di' la
surface solaire était encore visible.
5" D'abord faibles, larges et très espacées, les bandes deviennent ensuite plus ueHes,
plus étroites et plus serrées jusqu'à leur cessation complète, tant au lever qu'au coucher
du Soleil, quoique l'intensité lumineuse aille en augmentant dans le premier cas el eu
diminuant dans le second. Quelquefois, au lieu de se suivre à une distance régulière-
ment décroissante, elles passent par groupes de 5 ou 6. Leur largeur, le plus souvent
de 3'^'" à 4""", peut varier de i'"™ à 7''", et leur espacement, ordinairement de 3''"" à /t"^™,
peut se réduire à i'''" el s'élever à aC^^'". La largeur des bandes el leur espacement
paraissent varier avec leur vitesse, c'est-à-dire qu'ils sont plus grands lorsque le
déplacement est plus rapide.
6° La teinte des bandes est, sur toute leur longueur, d'un gris uniforme, plus ou
moins foncé suivant qu'elles sont plus ou moins étroites. Souvent l'un des bords (le
second par rapport à la direction du mouvement) semble mieux défini que l'autre.
Quant aux intervalles ils s'illuminèrent quelquefois irrégulièrement el non en raison
de l'accroissement de la lumière solaire.
Au cours des observations la distance à l'écran et la hauteur, au-dessus
de l'horizon théorique, des arêtes des montagnes interceptant les rayons
solaires ont varié respectivement de 6^°^ à Sô"""" et de 3° à 22°. Malgré ces
différences notables dans la distance et la hauteur des arêtes, il n'a été
constaté aucune modification pouvant leur être attribuée.
Les variations notées paraissent donc en relation avec les conditions
atmosphériques.
qi6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Les courhures du géoide dans le tunnel du Simplon.
Note de M. 3Iarcel Brilloui.v, jn'ésentée par M. Mascart.
1. M. EôLvôs a indiqué en 1896 {Ann. de Wiedemann) le moyen de
mesurer les dérivées secondes du potentiel newtonien à la surface de la
Terre ('). En particulier, la différence des courbures principales du géoïde
et leur direction se déterminent en observant les déviations d'un balancier
recliligne horizontal suspendu à un fd de torsion, pour diverses orienta-
tions de l'appareil; en principe, c'est une balance de Cavendish dont les
masses attirantes constituées par les inégalités du sol sont fixes; on change
leur action sur le balancier en faisant tourner toute la balance dans diffé-
rents azimuts au lieu de faire tourner les masses attirantes autour de la
balance.
J'ai donné, depuis plusieurs années déjà, à l'appareil imaginé par
M. Eiilvos une forme particulièrement adaptée aux mesures rapides (-). Le
balancier a SS*"" de longueur et pèse environ 200^; il est formé d'une tige
de cuivre terminée par deux disques épais orientés dans le plan de la sus-
pension; chacun de ces disques est entouré d'un cylindre mince de 5''™
environ de longueur, qui se meut entre des cylindres fixes avec moins
de 2""" de jeu, ce qui amortit rapidement les oscillations par le même mé-
canisme que dans la balance de Curie. Le balancier est supporté par un
ruban de torsion en platine iridié de 35'^'" de longueur, o"™,4 de largeur
et o'""',o25 d'épaisseur environ. La durée d'une oscillation complète est
de 559 secondes quaiul l'auiortissement est supprimé.
Au balancier est fixé le spalh mobile de la combinaison biréfiingente qui me sert à
lire les déviations ('); la lame demi-onde et le second spath sont fi\és à la partie infé-
rieure d'une colonne métallique creuse dont Taxe est occupé par le fil de torsion,
suspendu à la partie supérieure de la colonne. Celte colonne repose dans le reste de
l'appareil par l'intermédiaire de couches d'ouate et de feutre, qui ne transmettent au-
cune vibration. Le reste de l'appareil optique est fixé à la boîte extérieure.
Une triple enceinte métallique établit l'uniformité de la température intérieure
lorsque la variation de la température extérieure n'est pas trop rapide. Tout l'appa-
(') Voir aussi EiiTViis. Congrès inlernational de Physù/ue, t. lit, 1900, p. 3; 1-890.
(^) Notice sur les lrai.-aax scientifiques de M. Brillouin, p. 5i. Gaulhier-Villars.
(^) Mesure des très petits angles de rotation {Comptes rendus, t. CX\X\ II, 1908,
p. 786).
SÉANCE DU C) AVRIL I906. 917
reil est mobile autour d'un axe vertical; il est muni de niveaux et d'une lunette auxi-
liaire pour fixer l'azimut.
L'appareil étant installé sur un solide trépied en bois, on fait des mesures de dévia-
tion dans 5 azimuts de 4ï° en '|5°, la dernière servant de contrôle. Chacune de ces
mesures exige seulement 20 à 2j minutes; avec la durée de déballage, de mise en
place et d'emballage, chaque station exige à peu près 3 heures. L'appareil emballé
pèse environ 5o''S; il est aisément porté, en palanquin, par deux hommes, et le trépied
par un troisième.
Dans mon appareil, une division (o",93 environ) correspond à iine diffé-
rence des courbures (Ry' — R;') égale à i,25. io~'- (C.G.S.). L'ellipsoïde
donnerait seulement quatre divisions.
2. Grâce à l'aimable intervention de M. Guillaume, et à la cotirtoisie de
la Commission géodésiqne suisse, j'ai pu mettre à profit une interruption
de 5 jours dans les travaux du tunnel du Simplon, employée par cette
Commission à une mesure rapide de la longueur du tunnel au moyen des
fils invar. Il ne m'appartient pas de parler du remarquable succès de cette
mesure, mais je tiens à dire quel excellent souvenir je garde de l'accueil
cordial que m'ont fait MM. Gautier, Riggenbach et Rosenmund, et de l'aide
empressée que j'ai trouvée auprès des ingénieurs du tunnel, MM. Rolla,
Isaak et Peter, ainsi que de la Compagnie des Chemins de fer fédéraux.
Le tunnel principal est orienté sensiblement du Nord-Ouest au Sud-Est; il a un peu
moins de 20'"°, des chambres de 3™ sur 3™ et 2™,5o de hauteur sont creusées de kilo-
mètre en kilomètre sur le côté Ouest; de 5'"" en 5'"" elles sont remplacées par des
chambres plus grandes de 4" sur 6™. C'est au centre de chacune de ces cliambres que
j'ai fait mes mesures. Au milieu du tunnel est une station de garage, dont je me suis
tenu éloigné. J'ai fait aussi deux mesures dans l'axe de la voie.
Ces cavités, tunnel et chambres, produisent à elles seules, indépen-
damment du relief extériein-, une action considérable, différente suivant
qu'il s'agit du tunnel, des petites chambres, ou des grandes chambres.
Mais la symétrie de ces cavités donnerait aux l'ayons de courbure prin-
cipaux du géoïde la direction parallèle et perpendiculaire au tunnel. Le
Tableau suivant contient la torsion, en divisions de mon appareil, pour
l'azimut perpendiculaire au tunnel, et à 45°y^ de cet azimut; dans ce dernier
azimut, l'action du tunnel se combine avec celle des masses extérieiu'es;
je la discuterai plus tard; mais dans le premier azimut, perpendiculaire
au tunnel, l'action est entièrement due au relief extérieur de la chaîne qui
surmonte le tunnel, et indépendante du tunnel.
c. R., 190G, I" Semestre. (T. GKLII, N» 15.) 121
91. s
ACADEMIE DES SCIENCES.
Tableau des résultats.
Pcliles
Torsi
on
Grandes
clinmbres.
Torsion
ilfpiii^ Ri'ipiip}.
perp. au tunnel.
1 45" lia tunnel.
perp. au tunnel.
à 45
° du tunnel.
km
I . . . .
+ 5o
+476
km
8...
. .
-72
+ 4lO
2 . . . .
— 6
+449
i3...
+27
+ 569
4....
5....
+236
+263
-i3i
Voie
6....
7....
^23a
— 109
+ 2l3
+200
près de
i6...
+78
—931
II ... .
- 83
+273
près de
12 ... .
• - 39
+ 4
+201
+ 287
17...
+77
— 991
14....
i5....
- 26
+389
Observa
toire
de Bri
sue
au
nord du
16...,
+ 61
+495
Rhône.
17....
-H 94
+3i4
—610
+ 270
Les observations dans le tunnel, au nombre de 16, ont pu être effectuées
en 5 séjours de i3 à 16 heures chacun, transports compris; pour 3 d'entre
elles, il a été fait, à titre de contrôle, 8 azimuts. En général, l'incertitude
ne dépasse pas 5 divisions; elle dépasse un peu 10 divisions au kilomètre 2
et sur la voie; un peu plus à l'observatoire, mal clos.
L'ellipticitê du géoïde dépasse So à 100 fois celle de l'ellipsoïde: elle est très
variable en grandeur et en direction dans l'intérieur du tunnel, et très diffé-
rente de ce qu'elle est à l'extérieur. L'examen des résultats de la première
colonne suffît à l'établir; les grandes variations dans la seconde colonne le
confirment.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Résultats des sondages aériens dans la région des
alizés. Noie de MM. L. Rotch et L. Teisserenc de Bort, présentée
par M. Mascart.
Dans une première Note nous avons exposé les résultats des sondages
aériens par ballons au point de vue du régime des vents à diverses hauteurs
dans la région des alizés.
Nous donnons aujourd'hui quelques résultats complémentaires. Outre
les ascensions de ballons, il a été fait des ascensions de cerfs-volants :
SÉANCE DU 9 AVRIL 1906. 9I9
i'' entre Boston et les Açores, par M. Clayton, à bord du paquebot Roma-
nie] 2" par MM. Clayton et Maurice sur VOlana. Enfin de nouveaux son-
dages viennent d'être exécutés en février 1906 en pleine mer dans la région
des Canaries sur le même bateau.
Bien que les ascensions de cerfs-volants n'aient pu atteindre de grandes
hauteurs à cause d'un défaut d'installation, ces observations montrent
l'opposition qui existe entre les deux côtés du maximum barométrique.
Sur le côté occidental où soufflent les vents de Sud-Ouest, la décroissance
de température dans les couches basses est beaucoup plus lente que sur le
côté Est; la décroissance a été trouvée de : o'',3o par 100'" sur le côté
Ouest et de o°,8o sur le côté Est jusqu'à une hauteur de 800™; à 1000™
l'écart est moins grand.
Il V a d'ailleurs une différence notable entre les deux côtés du maximum
barométrique, la partie Est étant occupée dans les couches basses par des
vents descendants, comme le prouvent la diminution de l'état hygromé-
trique avec la hauteur, et la décroissance rapide de la vitesse du vent dans
la verticale.
Les petits nuages produits dans la région nord des alizés paraissent dus
à la vapeur d'eau s'élevanl de l'Océan par son mouvement de diffusion
lent, comme cela a lieu sur les terres dans les maxima barométriques. La
forme de ces nuages est d'ailleurs caractéristique, ce sont les cumulus plats
des anticyclones.
Depuis la publication de notre Note, M. le professeur Her^esell a exposé dans les
Comptes rendus les résultats de sa nouvelle croisière faite en igoS à bord de la
Princesse- Alice, au cours de laquelle il a pu, grâce à une méthode fort ingénieuse,
lancer des ballons-sondes avec instruments et les récupérer ensuite^ ce qui sera un
précieux moyen d'investigation pour la Météorologie lorsque le vent reste faible ou
modéré.
Nous avons vu avec intérêt qu'un des ballons lancé au large des Canaries a donné
des résultats semblables à ceux qu'on obtient au voisinage de ces îles, et a rencontré
des couches inlriquées de Sud-Est et de Sud-Ouest au-dessus de l'alizé. Nous avons
constaté avec plaisir que M. Hergesell ne conteste plus la possibilité du contre-alizé à
une latitude voisine des Canaries, se bornant à conclure que, dans la partie centrale de
l'Atlantique, il a rencontré presque exclusivement des vents de Nord-Ouest, et qu'ainsi
« le chemin tjue suivent les courants ramenant Pair de Véquateur parait en effet
moins simple qiCoa ne Valait admis, il semble dépendre de la répartition des con-
tinents et des océans ».
L'étude des isobares journalières sur l'Océan montre, en effet, que la
920 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pression n'est pas distribuée en handes uniformes et que les isobares sont
infléchies partout par l'influence de la distribution de température liée à
celle des terres et des mers, relations que l'un de nous a démontrées par
l'étude des isonomales il y a plus de 20 ans (').
Il semble donc qu'il doit y avoir certaines zones oii le contre-alizé est
plus régulier qu'ailleurs, et la zone du cap Vert aux Canaries est certaine-
ment parmi celles-l;i. Mais cette constatation même est contraire à l'idée
que les venls supérieurs de Sud-Est à Sud-Ouest, observés près de ces îles et
considérés comme une preuve classique du conlre-alizé, soient dus à une
influence locale, comme M. Hergesell a paru le croire dans sa première Note
et l'a encore affirmé dans sa dernière Communication à l'Académie.
Pour dissiper toute espèce de doute, nous reproduisons ici les résultats
des nouveaux sondages faits en pleine mer, au large des Canaries, en
février 1906, par MM. Maurice et Nilsson.
i3 février. — i9°52 lat. W, 27° 5o lai. N, vent ENE jusqu'à 285o"", puis NW jusqu'à
36So™, SW jusqu'au point culminant du ballon, 52oo™.
i3 février. — 20" 17 lai. W, 26° 45 lat. N, vent ENE jusqu'à 1800™, puis SSE jusqu'à
2000'", ensuite N, à 245o™ SW jusqu'à 4i5o™, puis couche de 500™ de NW, ensuite SW
jusqu'au point culminant 5ioo".
i4 février. ^ 2i°5 lat. W, 25"54 lat. N, venl NE passant à N jusqu'à i3oo™, puis NW
jusqu'à 2600™, ensuite SW à SSW jusqu'au point culminant du ballon 5oo".
i4 février. — 21^7 lat. W, 25°48 lai. N, vent NE passant à N jusqu'à iSoo™, puis
NW jusqu'à 38oo™, ensuite vent fort de SW à W jusqu'au point culminant 52oo".
i5 février. — 32° lat. W, 25° lat. N, vent NE jusqu'à 2300™, NW 2800™ à 3000",
SW jusqu'à 3200'", WNW passant à N jusqu'à 3950", puis WSW jusqu'au point cul-
minant 4100'".
Voici, d'autre ]3ait, la direction des nuages élevés observés dans ces parages :
i4 février, cirrus S 00° W (4 obs.) ; i5 février, alto-cumulus NE, cirrus S So" W
( 2 obs.); 16 février, cirrus S 45" W; 22 février, à Sainte-Croix-de-TénérifTe, cirrus
S 60° W.
Comme on peut le voir, le conlre-alizé est toujours indiqué tant par les
ballons que par la direction des nuages, et l'on retrouve la constitution
en couches feuilletées de l'atmosphère déjà indiquée par nos précédentes
observations.
(') TiîissERENC DK BoRT, Sur les relations entre la répartition de la température et
de la pression harométri<iue à la surface du globe {Comptes rendus, novembre
•879)-
SÉANCE DU 9 AVRIL 1906. 92 1
Les vents de Nord-Ouest (contre-alizé de M. Hergesell) n'ont pas dans
cette région l'épaisseur qui leur a été attribuée, puisqu'ils font place au
contre-alizé classique des régions Sud entre aSoo" et 4000".
Les observations des courants de retour de l'Equateur faites depuis long-
temps, sur le pic de Ténériffe, correspondent donc à un phénomène
général et sont identiques à celles qu'on obtient en pleine mer.
M. Edoiard Peyrusson adresse une Note Sur la température du Soleil.
I.a séance est levée à 4 heures.
G. D.
BUM.RTIN BIBMOGRAPHIQUR.
Ouvrages reçus dans la séance du 2 avril 1906.
(Suite.)
Annuaire de l'Université catholique de Louvain, 1906; 70'' année. Louvain;
I vol. in-i2.
Université catholique de Louvain. Programme des Cours, année académique
igoô-igoô. Louvain, igoS; i fasc. in-12.
Bergens-Museum. Aarsberetning for igoS. Bergen, 1906; i fasc. in-S".
Annual Report of tin impérial deparlment of Agriculture, for the year
1904-1905. Calcutla, 1906; 1 fasc. in-8".
Rendiconti del Circolo matemalico di Palermo ; l. XXI, fasc. I, anno 1906,
gennajo-febbrajo. Palerme, i vol. in-8°.
Annales de l'Observatoire royal de Belgique; nouvelle série : Physique du Globe;
l. III, fasc. 1. Bruxelles, igoS; i vol. in-j^".
Boletin mensual del Observalorio meteorologico del Estado de Oaxaca ,-ano XIII,
igoS-igoô, n"' 1-6. Oaxaca, igoS; 3 fasc. in-8° oblong.
Records of the geological Survey of India; vol. XXXIII, part I. Calcutta; i fasc.
in-S».
Archives néerlandaises des Sciences exactes et naturelles, publ. par la Société
922 ACADEMIE DES SCIENCES.
hollandaise des Sciences de Harlem; série II, t. XI, i" et 2* livraisons. La Haye,
Martinus NijhofF, 1906; i fasc. in-8°.
Bulletin de l' Académie royale de Médecine de Belgique; IV' série, t. XX, n» 1.
Bruxelles, 1906; i fasc. in-8°.
Bulletin de l'Académie royale dés Sciences et des Lettres de Danemark, 1906, n" 1.
Copenhague; 1 fasc. in-8°.
Recueil des travaux botaniques néerlandais, publiés par la Société botanique néer-
landaise; vol. I, n"» 1-4; vol. II, n°' 1-2. Niniègue, F.-E. Macdonald, 1904-1906;
3 vol. in-8».
Arkiv for Botanik; Bd. V, Hâfte 1-2. Upsaal et Stockholm, 1905 ; i vol. in-S".
jirkiv for Zoologi; Bd. III, Hàfte 1. Upsaal et Stockholm, 1906; 1 fasc. in-8°.
Ouvrages reçus dans la séance du 9 avril 1906.
Internationale Assozialion der Akademien. Vorbericht fiir die ani 3o Mai
1906 zu Wien beginnende Zusammentretung des Ausschusses. Vienne, 1906; i fasc.
in-4°. (Présenté par M. Darboux.)
Observatoire de Toulouse. Catalogue photographique du Ciel; t. VII, fasc. 3 :
Observations d'Eros. Paris, Gauthier-Villars, 1906; i fasc. in-4''. (Présenté par
M. Lœwy.)
Scheinbar lebende vveiche Kristalle, von O. Lehmann. (Extr. de Cheniiker-Zeitung ,
t. XXX, 1906; n° 1.) Gothen, 1906. i fasc. in-8°. (Présenté par M. de Lapparent,
ainsi que les deux Opuscules suivants et une série de planches photographiques du
même auteur. )
Honiôotropie und Zwillingsbildung bei Jlicssend-weich Krislallen, von O. Lehmann.
(Extr. de Annalen der Physik, 4' série, Vol. XIX, 1906.) Leipzig; i fasc. in-8''.
Fliessend-kristallische Trichilen, deren A'raftwirkungen und Bewegungserchein-
ungen, von O. Lehmann. (Extr. de Annalen der Physik, 4* série, Vol. XIX, igo6. )
Leipzig; i fasc. in-8°.
Paraazoxyziintsàarc-dtkylester : Photogr. v. O. Lehmann : n"» 1-29. S. 1. n. d.;
29 épreuves photographiques in-8°.
Rapport sur les travaux du Bureau central de l'Association géodésique inter-
nationale en 1905 et programme des travaux pour l'exercice de 1906. Leyde, 1906;
I fasc. in-4".
Les légumes annamites, par M. J. Lan. — Les cultures vivrières au Tonkin, par
M. Bui-quang-Chiêu. — Légumes indigènes susceptibles d'être consommés par les
Européens, par M. Pouchat. (Gouvernement généra! de Tlndo-Chine. Bulletin éco-
nomique, publ. par la Direction de l'Agriculture et du Commerce; n° iSj décembre
1905.) Hanoï, i9o5; 1 vol. in-4''.
Sur l'hémolyse par les glycosides globulicides, et les conditions de milieu qui la
favorisent ou Vempéchent, par E. Hsdon. ( Extr. des Archives internationales de
Pkarmacodynamie etde Thérapie; t. VIII.) Bruxelles, H. Lamertin; Paris, O. Doin,
1901 ; I faso. in-S".
SÉANCE DU 9 AVRIL 1906. 928
Bulletin mensuel du Bureau central météorologique de France, publié par E.
Mascart, Membre de l'Institut. Année 1906, n° 1, !"=■■ janvier. Paris, Gaulhier-Villars;
I fasc. in-4°.
Société des Ingénieurs ci^'ils de France : Annuaire de 1906. Paris; i vol. in-S".
La « Normale », machine nouvelle à progresser sur les roules, [par le D'' Ripault] .
Dijon, H. Sirodot-Carré, 1906; i fasc. in-8°.
Carta fotogrâfica del Cielo. Zona — 9°: hojas n^^ 127, 137, loi, 1.52, 1S3, 156,
160, 170, 171y 172", Observatorio Marina de San Fernando. Cadix; 10 feuilles in-plano.
Antroponietria militare, risultati otlenuti dallo spoglio dei fogli sanitarii délie
classi 1859-1863, eseguito d'ordine del Ministère della Guerra presso l'Ispettorato di
Sanita militare, sotto la direzione del maggiore niedico D' Ridolfo Livi. Rome, 1906.
Texte : 2 vol. in-4° et Atlas, i fasc. in-4°.
Mémorandum on the âge tables and rates of mortality of the Indian Census
0/1901, by G. -F. Hardy. Calcutta, Government printing Office, igoS; i fasc. in-4°.
Annuaire de l'Université de Sophia, t. I, 1904-1905. Sophia, igoS; i vol. in-8°.
Bulletin of the Bureau of Standards; t. I, n"* 1, 3. Washington; 2 fasc. in-8».
Métallurgie, Zeitschrift fiir das gesammte Hiïttenwesen, herausg. v. W. Borchers
und J. Wust; Ed. III, n" 1, 2. Halle, 1906; 2 fasc. in-S".
Bulletin du département de V Agriculture aux Indes néerlandaises; n" 1 .
Buitenzorg, 1906; i fasc. in-8°.
924 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ERRATA.
(Séance du ly mars 1906.)
Note de M. Tommaso Boggio, Nouvelle résolution du problème de l'in-
duction magnétique pour une sphère isotrope :
Page 701, formule (2), au lieu de
(2) U = ;^ / p-f —\
' 1^ Ja ci? r^
lisez
k r do rfi
^^^^»^-®^«g
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU MARDI 17 A\^RIL 190G,
PRESIDENCE DE M. POINCARE
MÉMOIRES ET COMMIXI CATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE l'aCADÉMIE.
M. le Président annonce le décès, à la date du 27 février, de
M. le Professeur Langley, correspondant de rAcadémie. Il rappelle les
travaux qui ont illustré le nom de ce regretté savant et en particulier ses
recherches sur le spectre solaire infra-rouge.
A l'occasion des fêtes du second centenaire de la naissance de
Franklin, l'Académie décide l'envoi d'une dépêche à V American Philoso-
p/iical Society, pour lui présenter l'expression de sa sympathie et tous ses
vœux pour la science américaine.
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire Perpétuel signale, parmi les pièces imprimées
de la Correspondance, l'Ouvrage suivant :
Les Industries de la conservation des aliments, par M. X. Rocques
(présenté par M. Mûntz).
C. R., 1906. 1' .Seoip.s7/r. (T. CXLII. N' 1(5.) 122
926 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE. — Evaluation des distances foco-faciales des objectifs
microscopiques. Note de M. L. Malassez.
La puissance ne peut donner à elle seule une juste idée du pouvoir
grossissant des objectifs microscopiques, des grossissements qu'ils sont
capables de produire à telle ou telle distance de leur face postérieure.
J'en ai cité précédemment des exemples très nets ('). Il faut pour cela
lui adjoindre une autre notion et la plus avantageuse, à mon avis, est
celle de la distance foco-fticiale postérieure, je veux dire la distance com-
prise entre le foyer postérieur de l'objectif et sa face postérieure.
En effet, si l'on représente par /^ cette distance quand le foyer pos-
térieur est en arrièi-e de la face postérieure, par /^ quand il est en avant
d'elle et par a la puissance, le grossissement (j produit à la distance d'
de la face postérieure de l'objectif est donné par les formules :
(/ = or.{d' - f ,) et (j = c^{d- + l\/).
Aussi ai-je fait de cette distance le second terme, la puissance étant
le premier^ de la nouvelle notation (')que j'ai proposée pour désigner ces
objectifs, et j'ai cherché à l'évaluer avec exactitude et par les propres
moyens de la microscopie, comme je l'avais fait pour la puissance (^),
afin que tout micrographe puisse lui-même et sans difficulté faire cette
évaluation et appliquer cette notation. Les deux procédés suiA-ants rem-
plissent fort bien ces conditions.
I. Le premier découle des deux formules sus-indiquées. qui deviennent, la distance
foco-faciale postérieure étant l'inconnue :
" a "a.
(') Comptes rendu)!, 27 novembre et 11 décembre 1905.
(2) Soc. Iliol., 8, 15 juillet, 10 décembre 1904, et .4)r/iireA- d'Anatomic microscopique, 1904,
p. 270.
(3) Comptes rendus, 26 mars lOOii.
SÉANCE DU 17 AVRIL 1906. 927
On pourrait aussi évaluer, au lieu d'un grossissement quelconque, le pouvoir gros-
sissant P, celui-ci étant défini, comme je l'ai proposé antérieurement, lo grossisse-
ment pi'oduit à l'unité de distance de la lace postérieure des objectifs, les formules
précédentes deviennent alors :
P . P
II. Le deuxième procédé est direct et purement expérimental : on place l'objectif à
examiner sur la platine du microscope, sa face postérieure en haut et l'on met cette
face soigneusement au point, après y avoir déposé, si c'est nécessaire, une marque
quelconque, une petite tache d'encre, par exemple. On a, d'autre part, orienté le miroir
plan du microscope de façon que l'image d'un objet éloigné se trouve renvojée dans
l'axe du microscope. Cette image peut être considérée comme étant au foyer postérieur
de l'objectif, si l'objet est sulïisamment éloigné ; il sullit donc, pour avoir la distance
foco-faciale postérieure cherchée, de la mettre maintenant au point, ce ([ue l'on obtient
soit en soulevant le tube du microscope si le foyer postérieur est en arrière de la face
postérieure, soit en l'abaissant s'il est en avant d'elle ; puis de mesurer le déplacement
qu'il a fallu faire subir au tube du microscope, pour passer de la mise au point de la
face postérieure de l'objectif à celle de l'image.
m. .J'ai employé également, et conime terme de eoniparuison, un ti'nisièmc
procédé, qui nécessite l'emploi d'un focométre M'eiss. On sait qu'avec un microscope
muni de cet appareil, l'objet examiné se trouve être juste au foyer de l'objectif lorsque
son image apparaît nettement au niveau du micromètre oculaire. On n'a donc, cette
mise au point étant faite, qu'à mesurer la distance comprise entre l'objet et la face
correspondante de l'objectif. Seulement, comme il s'agit ici de la distance foco-faciale
postérieure l'objectif doit avoir été placé sens dessus dessous sur le microscope, afin
([lie son foyer et sa face postérieurs se trouvent en bas, du côté de l'objet. Ce dernier
procédé n'est applicable, on le conçoit, qu'avec des objectifs dont le foyer postérieur se
trouve à une certaine distance en arrière de la face postérieure, tandis que les deux
précédents sont toujours applicables, quel que soit le siège du foyer postérieur.
.J'indique ici les résultats que j'ai obtenus en examinant quelques objectifs de forces
ti'ès différentes, les mêmes que ceux dont j'ai précédemment donné la puissance (').
On le voit, ces résultats sont pour la plupart très concordants, malgré la diversité
des procédés employés.
•J'ajouterai que ces procédés peuvent également servir à évaluer la distance loco-
faciale antérieure, qui elle aussi est parfois très utile à connaître; et que connaissant
les distances foco-faciales antérieure et postérieure, ainsi que la puissance, on peut
déduire les distances nodo-faciales antérieure et postérieure, c'est-à-dire les distances
comprises entre les points nodaux et les faces correspondantes, donc savoir le siège de
ces points.
( ' ) Completi rciidiift. 'M mars l'.inii.
928
ACADÉMIE DES SCIENCES.
Objectifs.
A sec. :
00 Veiick p
0 id ;,
1 id p
•^ id ;)
4 id o
7 id a
8 id n
A immersion homogène :
Yg Stiassnie a
f8 »'' "
Distances foco-faciale.s postérieures ( ' ).
Focomètre
ir procédé. Weiss.
1" procédé
34,80
34,50-35
35,10-35,20
19,40
20,00-20,10
20,10-20,20
8,78
8,40- 8,50
8,50- 8,60
1 ,92
2,10- 2,20
3,10
4,00-4,40
4,00- 4,65
3,86
4,00- 4,05
3,99-4,44
4,00- 4,05
4.80
4,20
2,27-3,59
3,20
CHIMIE MINÉRALE. — Sitr leà' ferromohjbdhies purs : contribution à la recher-
che (le leurs constituants. Note de M. Em. Vigoureux, pré.sentée
par M. H. Moissan.
Dans une récente communication ( " ) nous avons exposé nos deux
modes généraux de préparation des ferromolyjjdènes purs ; le tableau ci-
après résume nos principaux résultats.
Les culots à 21.09, à 39.04 et à 50.73 pour cent de molybdène, de poids relati-
vement faible, sont obtenus par union directe; les autres sont des culots aluminotbei'-
miques pesant entre 100 et 150 yr., rarement plus de 200 gr. Tous ces alliages, homo-
gènes et bien tondus, sont d'aspect grisâtre, grenus, magnétiques, généralement cassants
et d'une grande duicté, surtout ceux à teneurs élevées.
Fe'-Mo — Se retire des l'erromolybdènes titrant moins de 40.10 p. 100 (nous en
indiquons 0); il s'y trouve accompagné de Ter libre uniquement. Pour l'isoler, il sutlit
d'attaquer l'un quelconque d'entre eux par l'acide clilorliydriquo en solution d'autant plus
concentrée que leur teneur est plus grande (5 à 25 p. 100); s'il pas-se quelquefois du
molybdène, il ne se trouve qu'à l'état de traces négligeables. C'est une substance métal-
lique grise, densité à 0» : 8,90 (Dens. théor. : 8,33), non magnétique. Le cliloer
commence à l'attaquer lentement dès la température ordinaire ; à [partir de 250° l'action
ilevient très vive et l'alliage disparait soiis forme de vapeurs rouge foncé. L'oxygène et
le soufre agissent, dès le rouge, avec incandescence et la vapeur d'eau dès le rouge
( ' j Dans ce Tableau, la lettre p indique que le foyer postcricnr de l'objectif est en arrière
de sa face pcstcrienrc, la lettre a qu'il est en avant d'elle. 1-es distances sont exprimées en
millimètres.
( 2 ) Complet rendus, t. CXLll ; 9 avril l'.>00.
SÉANCE DU 17 AVRIL 1906.
U29
."(ijnbre. L'acide (luorliydriquc dissous est sans action ; très laible, celle de l'acide clilo-
rlivilririiie également dissous; celle du dernier gaz est peu appai-ente. de même que celle
de l'acide suU'urique étendu. L'acide sulfurique concentié et chaud, l'acide azotique,
même étendu et IVoid. l'eau régale ordinaire ou fluorliydrique produisent une dissolulion
complète. De même l'iode en suspension dans l'eau et à chaud, (l'eau de chlore agit plus
lentement). La potasse en solution ji'a pas d'eiï'ei : en fusion, son action est vive. Les
carbonates alcalins londus agissent lentement ot plus Icnd-nient encore l'azotate ou le
chlorate de potassium également fondus.
Natu
et p
•e lie
•opor
la matière première
ions en grammes :
Tencui' du
culot
en Mo ]i. "/.
Cumpu
du
après
Fe ;
■*ition p. ', .
l'ésidu
attaque :
Mo :
Calculé pour :
Fe^O' :
:{0(J
MoO^
: 30
Al .
78
12,50
53,30
46,25
Fe :
40
Mo :
10
»
21,00
54,24
45.15 i
Fe2 Mo :
Fe^O' :
l^^e-^O-' :
4.Ô0
ioo
Mo :
Mo02
45
70
Al :
Al :
110
87
23,17
35.00
53.21
53.70
46.61 1
46.10 i
l-V — oi.ii
Mm — io.ii;
Fe .
:!ii
Mo :
•-.'0
»
30.04
53,13
45.- 1
100,00
Fe'ioi :
17,-)
MoO-
1 15
Al :
N7
42,0(1
WÀ.i\-i
45,93
Fe' Mo- :
Fe-'(>i ;
17r3
Mo02 :
1 30
Al :
.S7
49,(12
40,96
53.04
F.- - iiJ.OT
Fe :
1.5
Mo :
15
»
50,73
46,80
53,01
Mm - .-,:i.:i;i
100,00
EeîO' :
1 GO
Moo^
140
Al
70
.55,4.5
37,35
6::^, 13
62,8-J
Fe Mo :
FesO' :
175
MoO-'
130
Al
80
56,50
37,18
Fi- — 3I1.K0
Fe:iO* :
88
Mo02
i l
Al
45
60,22
36,57
63.07
.Mm - Ii3,20
100,01]
Fe''0* :
ICO
Mo02
U)0
Al
88
60,43
22,84
77,81
Fe Moî :
Fe^O* :
150
Mo02
150
Al
70
70.15
21,90
77,95
Vil — 22..-|â
FesO' :
150
Mo02
150
Al
75
75,50
22.10
78.07
Ml? — 77.4.->
10(1,00
Le résidu Fé'Mo', abandonné par deux alliages épuisés à chaud,
soit par l'acide clilorliydrique à 30 p. 100 soit par le chlorure cuivrique
en solution chloiliydrique, accuse comme densité à 0" : 9.1(5 (D. th.:
8.40j. Non magnétique, de même que le précédent et à propriétés com-
parables.
Le corps Fe Mu isolé des culots titrant entre 54 et 03 p. 100, par
des attaques à Tacide chlorhydrique encore concentré ou au chlorure
cuivrique chauds, possède comme densité à 0" : 9.01 (D. th. : S.ô4),
non magnétique. 11 devient incande.scent dans le chlore dès 285" et dans
l'oxygène au rouge. De même que les précédents il est complètement
attaqué par l'eau d'iode, l'acide sulfurique concentré ef bouillant, l'acide
930 ACADÉMIE DES SCIENCES.
azotique, lu potasse en fusion etc.... Peu ou pas altéré par les acides
fluorhydrique en solution, clilorhydrique gazeux ou di-ssous, .sulfurique
ou potasse en solutions étendues. L'azotate de potassium en fusion agit
plus facilement ainsi que le chlorate qui le rend incandescent.
Le constituant FeMo' fourni par les ferromolyhdènes à teneurs
comprises entre 64 et 77 p. 100, qui ont été traités par le chlorure cui-
vrique en solution chlorhydrique concentrée, présente comme densité à
0" : 9.41 (D. th. : 8.70), non magnétique. Le chlore Tattaque avec
incandescence dés 305"; l'oxygène, de même, vers 350"; le soufre agit
peu. L'eau d'iode exige un contact pi'olongé pour que son attaque soit
complète. Les acides produisent le même effet que sur les corps précé-
dents ; le bisulfate chaud l'attaque avec effervescence. L'azotate de potas-
.sium en fusion le rend incandescent ; de même le chlorate avant sa
fusion. Les carbonates alcalins et surtout leurs azotates et chlorates
agissent d'autant plus facilement sur ces corps que leur teneur en
molybdène est plus élevée.
Enfin le ferromolybdène au titre de 77.81 qui fournit Fe Mo%
traité par l'acide chlorhydrique gazeux au rouge, se dépouille de son fer
seulement, de sorte qu'après lavage du résidu et reprise par le même gaz
un certain nombre de fois, il ne reste plus que du molybdène ne retenant
que du fer en quantité négligeable.
CHIMIE ORiJAXiyrE. — liéacfion curaciéri.stique du (jlijoxtjhde il'éf/ii/Ie.
diction (le r(iin)noni(iqup sur cet étiier et ses dérivés. Note de MM.
L. J. Simon et G. Chavanne, présentée par M. H. Moissan.
1. Le glyoxylate d'éthyle soumis à l'action de l'ammoniaque
acjueuse pure fournit un précipité d'aboi'd blanc qui, après avoir passé
par une succession de teintes jaune, orange, rouge etc., devient noir bleu.
En même temps la liqueur ammoniacale dans laquelle se forme le pré-
cipité prend une teinte rouge foncé. Cette succession de teintes se fait
lentement à froid et rapidement à chaud. Lorsque le glyoxylate d'éthyle
est en petite quantité la liqueur reste limpide, mais prend une teinte très
sensible pour de très faibles (juantités d'étlier.
On peut remplacer l'ammoniaque par .son carbonate; on voit le
gaz carbonique se dégager pendant la réaction. L'ammoniaque aqueuse
SÉANCE DU 17 A\-RII, 1906. 931
peut être remplacée également par ses sels à acides forts, sulfate,
chlorure, à condition d'ajouter un alcali fixe. Enfin l'ammoniaque peut
être remplacée sans inconvénient par la méthylamine : mais avec les
bases aromatiques primaires comme Taniline, la paratoluidine, la napthy-
lamine, les choses ne se passent pas de même.
La solution fortement colorée obtenue avec 1" ou 2" d'éther et
200'' d'eau a des propriétés tinctoriales très puissantes : le colon et la
toile se teignent directement mais la nuance bleu violacé n'est pas très
plaisante ; de plus cette teinture résiste bien au savon mais n'est pas
solide à la lumière.
Cette coloration est due à une substance noire, d'aspect assez terne,
qui a été isolée et analysée. Elle paraît devoir sa formation à la réaction
suivante :
2G0H - CO-C'ff + 3NH' = 2C-H OH + CH^N'O'
Cette substance qui est très vraisemblablement un sel ammoniacal
est insoluble dans Talcool, mais un peu soluble dans l'eau surtout à chaud ;
la solution précipite par addition des sels alcalinoterreux, du nitrate
d'argent, sans doute par double décomposition. Elle se dissout dans
Tammoniaqur, les alcalis fixes et les carbonates alcalins en leur com-
muniquant une coloration rouge violacé qui peut être assez intense pour
paraître noire. La solution dans la potasse se décolore peu à peu; à
chaud la décoloration est plus rapide ; tout l'azote de la molécule s'élimine
dans ces conditions comme l'a montré la concordance des dosages de
l'azote par les méthodes de Dumas, Schloesing et Will-Warrentrapp.
Lorsqu'on acidulé la solution alcaline la substance noire se précipite. Elle
peut se dissoudre également dans les acides minéraux concentrés; l'eau
la précipite au moins partiellement de ses dissolutions.
IL Cette réaction colorée du glyoxylate d'éthyle paraît lui être très
particuUère. Les éthers acétylacétique, tartrique, pyruvique, malonique,
mono et dichloracétique et oxalacétique qu'on pourrait songer à rappro-
cher de lui pour un motif ou un autre ne donnent rien de semi^lable.
Les éthers oxalique et glycolique entre lesquels il peut se ranger,
comme on intercale un aldéhyde entre l'acide et l'alcool correspon-
dants, fournissent, comme on le sait, par l'ammoniaque aqueuse, des
amides sans aucune espèce de coloration.
9H2 ACADÉMIE DES SCIEN'CES.
Cependant un échantillon commercial de glycolate d'éthyle a donné
d'ailleurs avec une intensité très faible la coloration indiquée plus liant
et il nous a été impossil)le de savoir si la présence du glyoxylate
d'éthyle était due à une oxydation spontanée à fair du glycolate ou
provenait de sa préparation.
Comme on le voit déjà par cet exemple, cette réaction pourra être
utilisée à la recherche du glyoxylate d'éthyle dont on peut dire qu'il
n'a jamais été isolé jusqu'ici. Elle nous a déjà permis de nous rendre
compte de la stabilité, sous l'action de la chaleur, des solutions aqueuses
étendues de l'éther glyoxylique. Elle nous a également montré l'impos-
sibilité de préparer cet éther par l'hydrogénation directe de l'oxalate
d'éthyle en présence de nickel réduit par la méthode de MM. Sabatier
et Senderens.
III. Cette réaction n'appartient pas aux dérivés les plus immédiats
de l'éther glyoxyliciue : la potasse alcoolique le saponifie à froid et donne
le glyoxylate de potassium insoluble dans l'alcool. Ce sel de potassium
acidulé ou non par l'acide chlorhydrique ne donne aucune coloration
avec l'ammoniaque. Il en est de même si on commence par chauffer le
sel avec un iodure alcoolique, ce qui permet de conclure à l'impossibi-
lité de passer ainsi du sel aux éthers. Au contraire, en faisant passer
un courant de gaz chlorhydrique dans l'alcool tenant en suspension le
sel de potassium on obtient l'éther glyoxylique et du même coup la
réaction colorée avec l'ammoniaque.
La réaction colorée fournie par l'ammoniaque disparait donc en
même temps que le groupe éther ; les dérivés du glyoxylate d'éthyle
dans lesquels le groupe éther est respecté mais qui ne possèdent
plus la fonction aldéhydique sont généralement transformés par l'action
de l'ammoniaque en l'amide correspondante. Nous avons obtenu un
certain nombre de ces dérivés d'une part par l'action sur le glyoxylate
d'éthyle des réactifs azotés de la fonction aldéhydicjue phénylhydrazine,
hydroxylamine, semicarbazide et, d'autre part, par l'action de l'uréthane
et de l'urée.
L'ammoniaque agissant sur l'oxime, la semicarjjazide, le dérivé
uréthanique donne l'amide correspondant. La phénylhydrazone est sapo-
nifiée. Le dérivé uréïque — l'éther allantoïque — donne l'allantoïne.
SKANCK Di; 1/ VVIIII. t9(«i. 933
IV. — Il existe cependant une réaction colorée qui, par certains
points,, se rapproche de celle-ci, c'est celle c[ui fournit la niuréxide en
partant de l'alloxane et qui permet de caractériser Tacide urique. Le
rapprochement serait d'autant plus légitime que la formation d'acide
glyoxylique, au moins dans le cas de l'acide urique, ne semhle pas exclue:
mais comme nous l'avons dit l'acide glyoxylique lui-même ne se prête
pas à la réaction. Inversement on ne peut pas sérieusement penser que
la structure de la matière colorante soit celle de la murexide qui renferme
une chaîne de trois atomes de carhone. On peut cependant en déduire
que le groupe chromophore cétoneimide est analogue et que la substance
fondamentale pourrait bien être le sel ammoniacal d'une combinaison
telle que celle-ci :
c:hoh — co — i\H
NH — C;0 — CH(OH)
provenant de la condensation de deux molécules de l'amide glyoxylicpae.
CHIMIE OR(;AXii,>rE. — Sur /e.b- projirit'fés acides de /'aiiadoii.
Note de M. E. Demoussy, présentée par M. L. Mauuenne.
Dans un travail récent.. M. Maquenne ( ' ) a montré que l'amylocel-
lulose est aisément soluble dans la potasse ; on sait de plus ([ue l'eau
ordinaire cède à l'amidon une partie de la chaux qu'elle renferme, à
l'état de bicarbonate. 11 était par suite à prévoir que l'amidon, en sa qua-
lité d'hydrate de carbone, doit s'unir comme les sucres aux bases miné-
rales. C'est ce que, sur les conseils de M. Maquenne, je viens de vérifier
expérimentalement.
Les essais ont porté sur de l'amidon de riz, déminéralisé par l'acide
cldorhydrique faible, puis lavé à fond jusqu'à ce qu'il ne renferme plus
trace de chlore.
I I J Comptes llciiilKs. t. CXXWII, |i. SS.
C. R.. 190fi. r Semcsirr. (T. CXUI. X lii.) |2;!
934 ACADÉMIE DIÎS SCIENCES.
Soude caustique. — Au coi.tact d'une solution alcoolique de soude, qui ne le gonfle
pas comme le ferait, une solution aqueuse, l'amidon présente un caractère nettement
.acide : en quelques minutes 20 grammes il'amidon absorbent la totalité des 300 milli-
grammes de soude contenus dans 150''^ d'alcool. Si l'on augmente la quantité d'alcali,
l'absorption 'cesse d'être complète ; elle n'est d'ailleurs pas proportionnelle au poids
d'amidon emplojé et s'effectue lentement, l'équilibre n'étant atteint qu'après trois ou
quatre jours.
L'eau détruit aussitôt ces combinaisons.
Ammoniaque. — Même dans des solutions très étendues l'amidon n'absorbe que
de petites quantités d'ammoniaque : 1 3"'*-' sur 263"'" pour 20-' d'amidon. Encore dans
ce cas l'eau enlève au produit toute l'ammoniaque fixée.
Chaux. — r> grammes d'amidon, délayés dans 50'''' d'eau, neutralisent rapidement
3 à 4''' d'eau de chaux. Une nouvelle quantité d'eau de cliaux peut encore être absorbée,
iusqu'à faire disparaître toute réaction avec la pliénolphtaléine, mais avec un excès
l'alcalinité persiste : il se produit alors un équilibre qui n'est atteint qu'après 24 ou 4n
heures. La pénétration du liquide n'est pas immédiate, mais bien en rapport avec l;i
grosseur des grains de l'amidon employé, phis lente avec la fécule de pommes de terre
qu'avec l'amidon de riz.
Dans une de nos expériences loO'''' d'eau de chaux, renfermant 390'"' de CaO, ont
cédé à 20 grammes d'amidon 318'"' de matière minérale, soit 81,5 pour cent de sa
proportion primitive.
L'eau distillée enlève au produit la majeure partie de sa chaux : on obtient ainsi de
l'amidon qui ne renferme pins que 0,16 pour cent de chaux, alors qu'il en avait absorbé
près de 2 pour cent.
Avec la bari/lc nu ari'ivc exactement aux nu"'nies résultats.
Carbonates acalins. — L'amidon peut être mis en présence de carbonate de sodium
étendu sans être altéré; nous avons eu soin d'y ajouter un peu de toluène pour éviter
l'intervention des microoriianismes et par conséquent tonte production acciilentclle
d'acide carbonique.
l)ans l'une de nos expériences on a introduit 20^' d'amidon dans l.")0" d'une solution
de carbonate de sodium renfermant 397'"- de CO-'Na'-, soit 172'"- de sodium. Après trois
jours le titrage en présence d'hélianthine indiquait une diminution d'alcalinité correspon-
dant à 18"'- de sodium : un antre titrage en présence de plitaléine du phénol notis a
montré que le liquide renfermait du bicarlionate en quantité équivalente au sodium
absorbé.
L'amidiin est donc capable de déplacer partiellement l'acide carbonique de ses .sels.
Il en résulte qu'un excès d'acide carbonique doit entraver son action: en elTet. dans une
solution de bica)'lHinate de sodium éqninioléciilaire de la préc(''d('nte. l'amidon n'a i)ris
que 12"'-2 de sodium au lien de 18.
L'amidon possédant ainsi une énergie acide comparable à celle de l'aciile carbuni(iMe
doit agir sur les sels avec d'autant pins de facilité que leur acide e.st plus faible : c'est
ce que nous avons eu occasion de vérifier.
Kn opérant comme précédemment, sur 20-'' d'amidon et 150"' de li(iuide. (ui a (rouxé
avec le chlovun- de iwtussium uiu» fail>le absorption de 10'"- sur 101. Le chlonn-e de
sodium se comporte de la nu'me manière.
SÉANCE DU 17 AVRIL 1906. 'J35
Dans le cas du phosphate bipo/asshjic on a vu disparaître 5"''4 d'aiili.vdride phos-
phorique sur 94,8.
L'absorption du sitl/'alr de polassîtiiti a été de 18'"- sui' 231.
Avec le sulfale de cuivre rabsorption est insi;;nifiantc; mai.-* avec Vaœlale de
cuivre, dont Taeide est moins énergique, on a pu tlxcr sur l'amidon 1 9"'-8 sur 672 de
cuivre total dans un cas, 0'"'=' .sur 03 dans un autre ot'i lu solution était plus étendue.
On observe des différences plus considérables lorsque l'acide du sel a été d'abord
neutralisé par une base l'orte, par exemple en opérant sur des dissolutions ammoniacales
de zinc, de cuivre ou de plomb.
L'absorption reste faible dans une aolnlion amiiuiniacale de sulfale de zinc : 2,7
pour cent pour une liqueur retilerniant 750"''^' de zinc métallique; mais elle devient
considérable dans une soJulioii ammoniacale de sulfale de cuirve. qui a cédé à l'amiflon
25,6 pour cent de son métal dans un cas (204"'- sur 796), 74 pour cent dans un autre
011 la liqueur était plus étendue (67'"^' sur so).
Ces combinaisons cuivriques .sont relativement stables : l'eau ne leur enlève que de
l'ammoniaque. Dans les solutions concentrées l'amidon subit une légère altération qui
se manifeste après lavage : dans les solutions étendues il ne s'altère pas et on obtient
tinalemciit une poudre bleu pâle qui renferme environ 0,3 pour cent de cuivre.
Avec une solulion am»ioniaeale d'aeèlale île plomh le résultat est encore plus
curieux : tout le plomb disparait de la liqueur. .Vprès quelques heures de contact le
lif|iiide Hltré ne se colore même plus par l'acide suiriiydrique, alors qu'à l'origine il
renfermait 0.8 pour cent de métal en dissolution.
L'ox)/di' de fer rolloydal est moins bien tixé. sans doute parce qu'il n'est pas une
v(''ritable base. L'n premii'i' liquide a perdu '.<0"'- de Fc-O' sur 750, un autre 21 sur 37,5.
En résumé, Vamidon offre tous les caractères d'un acide faible (1),
comparable à l'acide carbonique, et en cela se rapproche des autres hydra-
tes de carbone ; comme eux il contracte avec les hydrates métalliques des
combinaisons dissociables par l'eau et peut en outre absorber de petites
quantités de sels neutres. Ces propriétés doivent intervenir dans
•Fabsorplion des matières minérales par les plantes, et en particulier
contribuer à la minéralisation des organes renfermant des réserves
amylacées.
( ' ) Le mémo caractère d'acide faible vient d'être reconnu dans l'amidon soluble par
MM. Ford et Gutlirio, au moyen de la méthode des conductiliilités électriques. (Joiirn. of thv
vhem. Soc, .Janvier 1906.)
936 ACADÉMIE DES SCIENCES.
MINÉRALOGIE. — Sur l'état dea luatières colorantes dans les cristaux colorés
artificiellement. Note de M. P. Gaubert, présentée par M. A. Lacroix.
J'ai déjà montré que la coloration artificielle des cristaux (' ) et le
pulychroïsme qui en résulte, se l'ont par deux procédés différents : 1" Le
cristal en voie de formation se colore seulement quand la solution est
assez saturée de matière colorante pour laisser déposer cette dernière
(nitrate de plomb, de baryte, de strontiane anhydre, sulfate de cuivre,
gypse, nitrate de strontiane à 5 mol. d'eau, etc., colorés par le bleu de
méthylène). 2" Le cristal se colore quel que soit le degré de dilution de
la matière colorante : il y a partage de cette dernière entre le liquide et
les cristaux en voie d'accroissement (acide phtalique, nitrate d'urée
coloré par le bleu de méthylène, nitrate de strontiane à 5 éq. d'eau
coloré par l'extrait du bois de campêchej.
Dans chacun de ces cas, la substance colorante absorbée par le
cristal se trouve sous un état différent. Ce l'ait est mis en évidence par
l'étude du polychroïsme considéré au point de vue des couleurs et des
directions d'absorption. Dans la coloration par le premier procédé, la
matière colorante conserve, dans le cristal coloré, les couleurs de ses
propres cristaux (bleu et rouge violacé s'il s'agit du bleu de méthylène),
alors que dans le second, les couleurs sont celles que prend un corps
amorphe biréfringent coloré par la substance considérée (bleu d'intensité
diverse avec le bleu de méthylène). (,)uant aux directions de maximum
et de minimum d'absorption, elles peuvent être dans les cristaux colorés
par le premier procédé, tout en étant constantes, indépendantes de la
direction des axes de leur ellipsoïde optique (nitrate de stronhane à
5 éq. d'eau, gypse, sulfate de cuivre hydraté, etc. colorés par le bleu de
méthylène), ce qui peut être expliqué en admettant le groupement des
cristaux de la matière colorée et de la matière colorante.
Dans le second cas, au contraire, les maximum et minimum
d'absorption sont toujours en coïncidence avec la direction de ces mêmes
axes (nitrate d'urée, acide phtalique colorés par le lileu de méthylène,
( I ) lUiIlHin de la Sik. fr. de Min.. \. \X1II. \W^\. p. l'I 1 : 1. XXV. l'.HIV. |,. V.ÔS : 1. XXVllI.
19().5, p. \m,i\ 11. -im.
riÉANCK DU 17 AVj;iL l'JOB. 937
nitrate de strontiane à 5 éq. (t'eau coloré par l'extrait du bois de
canipêche)^ et le maximum d'absorption dans ces trois corps cités se
fait parallèlement au plus grand indice de réfraction, comme dans les
matières amorphes biréfringentes colorées.
Dans cette note, je me propose de donnei' le résultat de mes recher-
ches sur la détermination du coefficient de partage de la matière colo-
rante entre la solution et les cristaux colorés par le deuxième procédé.
Les observations ont été faites principalement avec l'acide phtalique
hydraté et le l)leu de méthylène.
Dan.-s une sùri(! cfi'Xpéi'ieiiees, l"^ yi-. d'aeiile phtali(|Litj ont été dissous à cluiud dans
un litre d'eau, eontenant une quantité détei-minée de bleu de méthylène. L'acide phta-
lique étant peu soluble dans l'eau IVoide (,.'„ à 1 l'M. il se dépose, par relVoidissement,
des cristaux colorés. Pour que les résultats soient comparables entre eux, il faut que
la (|uantité d'acide phtalique déposée dans chaque cristallisation soit la même dans
toutes les expériences et que le rplinidissenu'nt se lasse dans des conditions identiques,
les coellicients de solubilité dans l'eau du bleu de méthylène et la capacité d'absorption
des cristaux d'acide phtalique pour cette matière cnhirinite variant ;i\ec la température.
Le taiiletiu suivant représente les résultats fournis pur une série
d'expériences, la solution ayant été refroidie jusqu'à 14". C, et Gj dési-
gnent les concentrations, (quantités contenues dans un gr.) du bleu de
méthylène dans le liquide et dans les cristaux d'acide phtalique déposés.
C,
C,
ce
0^0005
0^019
0,02(53
O.OdO^
0,0083
0,0241
O.OCXM
0,0045
0,0222
0.00UU5
0,0020
0,0250
0,0000^5
0,0011
0,0236
0,0000125
0,0048
0,0260
0,0000 1
0,0037
0,0270
Le rapport ^,' est à i^eu près constant mtdgré 1" influence des courants
de concentration, l'inégalité de la surface totale des cristaux en voie
d'accroissement produits dans chaque cristallisoir et aussi par l'inégahté
de capacité d'absorption des différentes faces des cristaux. Par conséquent,
d'après ce que l'on sait siu- le coefficient de partage d'une substance
!*ii8 ACADÉMIE DES SCIENC.E.S.
dissoute entre un corps liquide et un corps solide, la constance du
rapport J_ indique que la molécule de bleu de méthylène se trouve sous
le même état dans les cristaux d'acide phtalique colorés que dans l'eau
dans laquelle elle est dissoute; on a par conséquent aiïaire à une véritable
solution solide.
Des expériences identiques ont été faites pour étudier le coefficient
de partage du l>leu de méthylène entre l'eau et les cristaux de nitrate
d'urée; dans ce cas, les observations peuvent être faites à la température
oi'dinaire. Ce dernier corps étant assez soluble dans l'eau froide, les
résultats ont été les mêmes, le rapport ç' est à peu près constant.
GKOLOGiE. — «bV/y l'orif/me vésHcieniie du hrouiUanl ace observé à Paris dans
1(1 matinée du mercredi 11 avril 1906: Note de M. Stanislas
Meunier.
Tout le monde a remarqué le brouillard sec et jaunâtre qui s'est
étendu sur Paris dans la matinée de mercredi dernier 11 avril; la navi-
gation de la Seine en a été gênée et le soleil en avait pris un aspect tout
à fait particulier. Dans la pensée que ce phénomène pouvait se rattacher
à l'éruption actuelle du Vésuve, j'ai disposé, sur le toit de la maison que
j'habite au Quai Voltaire, des plaques glycérinées destinées à retenir
les poussières. Ces plaques, traitées par l'eau, ont donné un dépôt assez
abondant où l'on voyait, à l'œil nu beaucoup de suie et de matière organi-
que. La portion lîne, séparée par la liqueur lourde de Thoulet, a donné un
sable extrêmement fin dont l'examen microscopique a confirmé mes pré-
visions. La comparaison avec la cendre rejetée par le Vésuve, en 1822, et
dont j'avais un échantillon sous la main, a révélé avec féchantillon
actuel une identité complète. La principale différence consiste dans la
présence, dans la poussière parisienne, de quelques globules parfaitement
sphériques de fer oxydulé. On doit donc admettre que le brouillard de
mercredi était causé par la chute à Paris d'une pluie de cendres très fines
rejetées par le Vésuve.
A 3 heures trois quarts 1" Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures. M. B.
J
I
ACADEMIE DES SCIENCES.
SEANCE DU LUNDI 23 AVRIL 1906.
PRÉSIDENCE DE M. H. POINCARÊ.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE l'aC.VDËMIE
M. le Président, annonçant à l'Académie la perte douloureuse qu'elle
vient de faire dans la personne de M. Curie, membre de la section de
physique, s'exprime en ces termes :
Vous savez tous quel épouvantable accident vient de nous enlever un de
nos confrères les plus illustres et les plus estimés. Un des plus jeunes aussi,
un de ceux sur qui les Français, jaloux de la gloire de leur pays, pouvaient
légitimement fonder de longs et vastes espoirs. Hélas ! toutes ces espérances,
toutes ces vérités futures toutes prêtes à s'éveiller, tant de pensée profonde
et féconde, un hasard brutal a anéanti tout cela d'un seul coup.
M. Curie apportait dans l'étude des phénomènes physiques je ne sais quel
sens très fin qui, lui faisant deviner des analogies insoupçonnées, lui permet-
tait de s'orienter à travers un dédale de complexes apparences où d'autres se
seraient égarés. Ces qualités apparurent dès ses premiers travaux. Il étudia
d'abord les phénomènes piézoélectriques dans le quartz, et c'est par là sans
doute que son attention fut attirée sur la nature de la symétrie cristalline ;
il avait sur le développement des formes des cristaux des vues originales et
profondes. Il s'occupa avec le même succès du magnétisme et du diamagné-
tisme et des causes qui peuvent les faire varier.
Ces premières recherches lui avaient valu l'admiration de quelques physi-
C R., 1906, 1" Semestre. (T. CXLII, N» 17.) 124
040 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ciens compétents, mais, comme il aimait l'ombre, son nom restait ignoré du
public. Ce fut une découverte étonnante qui le fit connaître et du jour au len-
demain le rendit célèbre. Le l'adium, ce corps si rare dont on a eu grand'-
peine à réunir quelques grammes, mais qui contient sous un si faible poids
une quantité invraisemblable d'énergie, semblait démentir tout ce que nous
croyions savoir de la matière. Bien des personnes se demandaient, et peut-
être se demandent encore, si ce métal nouveau n'était pas une source de
mouvement perpétuel, ou le premier exemple de cette transmutation des
éléments rêvée par les alchimistes.
Ces résultats qui éblouissaient le public doivent paraître plus précieux
encore à ceux qui savent de quelle longue patience et de quelle admirable
sagacité ils ont été achetés. De hautes récompenses, bien méritées, redou-
blèrent cette popularité Cet homme si modeste fut à la mode malgré lui. La
renommée, qui d'ordinaire ne va guère au-devant de ceux qui ne la cherchent
pas, alla le trouver dans l'obscurité où il la fuyait. Cette notoriété bruyante
n'aurait été à ses yeux qu'un accident importun, ennemi de son travail
et de son repos, s'il n'avait senti que toute cette gloire rejaillissait sur la
France.
Vous savez quel était l'agrément et la sûreté de son commerce ; vous savez
quel charme délicat s'exhalait pour ainsi dire de sa douce modestie, de sa
naïve droiture, de la finesse de son esprit. On n'aurait pas cru que cette dou-
ceur cachât une âme intransigeante. 11 ne transigeait pas avec les principes
généreux dans lesquels il avait été élevé, avec l'idéal moral qu'il avait conçu,
cet idéal de sincérité absolue, trop haut peut-être pour le monde où nous
vivons.
Dans le deuil où nous sommes tous plongés, notre pensée va à cette
femme admirable qui ne fut pas seulement pour lui une compagne dévouée,
mais une précieuse collaboratrice. Cette collaboration, où les qualités natu-
relles de l'homme et de la femme se trouvèrent si heureusement associées,
fut sans doute un échange d'idées, mais elle fut aussi un échange d'énergie,
sur remède contre ces découragements passagers auxquels tout chercheur est
exposé. C'est pourquoi notre reconnaissance doit aller à M™° Curie en même
temps que notre sympathie.
Ce n'est pas notre usage de lever la séance pour le décès d'un confrère
après que les obsèques ont eu lieu. Mais nous sommes dans des circonstances
particulières. Les conditions de stricte intimité dans lesquelles, d'après les
volontés de la famille, les funérailles se sont passées n'ont pas permis à
SÉANCE DU 23 AVRIL 1906. 941
l'Académie de rendre un témoignage officiel et public à la mémoire de notre
confrère. C'est ce que je vous propose de faire aujourd'hui en levant la séance
en signe de deuil.
M. Blaserna, président de l'Accademia dei Lincei, adresse la dépêche
suivante :
Veuillez agréer expression de noire profonde douleur pour mort de M. Curie
savanl si dislingué et si modeste. Veuillez aussi exprimer ces sentiments
à M"' Curie, illustre compagne du regretté décédé.
La séance est levée en signe de deuil.
Physique du globe. — Sur l'éruption du Vésuve et en particulier sur les
phénomènes explosifs. Note de M. A. Lacroix.
Naples, 20 avril. — Les phénomènes volcaniques qui dévastent les flancs
du Vésuve et ont même, la semaine dernière, jeté l'inquiétude jusque dans
Naples constituent la phase paroxysmale d'une période d'activité qui a
débuté le 27 mai 1905. A cette date, une fissure s'est ouverte dans le cône
terminal, h peu près à l'altitude de la station supérieure du funiculaire, et a
donné naissance à une coulée. Depuis lors, l'épanchement lavique a été à peu
près continu, mais soumis à des variations d'intensité et de points de sortie,
ces derniers restant d'ailleurs localisés dans la région N.-N.-O. supérieure du
cône. Les divers types d'explosions strombolienues (i), mixtes ou vulcaniennes
ont été fréquents.
En septembre et en octobre dernier, me trouvant à Naples, j'ai pu étudier
cette période de l'éruption et visiter en particulier, avec M. Matteucci, unedes
sorties de la lave qui s'écoulait alors sur la pente très raide du cône, avec une
vitesse d'environ 6 mètres à la minute. A plusieurs reprises, ces coulées sont
descendues assez bas pour couper la ligne du funiculaire en aval de la station
inférieure.
M. le ministre de l'Instruction publique ayant bien voulu me confier une
(i) J'appelle, avec M Mercalli, e.xplosions stromboliennes, celles qui se produisent ilans un
magma à haute température et très fluide, lançant des matériaux plus ou moins fluides, explo-
sions Bulcaniennes, celles qui, au contraire, projettent des matériaux plus ou moins solidifiés.
942 ACADÉMIE DES SCIENCES.
mission à l'effet d'étudier ce paroxysme, j'ai pensé que l'Académie serait, dès
à présent, intéressée par les quelques détails suivants que je compléterai
ultérieurement. Les observations risquent d'ailleurs d'être gênées pendant un
certain temps par les chutes de cendres, les tourbillons de poussière soulevés
par le vent et, enfin, les nuages atmosphériques qui, pendant des journées
entières, cachent le volcan ou le rendent peu praticable.
La caractéristique essentielle du paroxysme actuel, qui est probablement
l'un des plus violents qui se soient produits jusqu'à présent, réside dans la
coexistence de deux ordres de phénomènes qui, tous deux, ont été intenses
et destructeurs :
1° Production d'importantes coulées de laves épanchées rapidement;
2° Phénomènes explosifs extrêmement violents.
M. Mercalli a bien voulu me donner les renseignements suivants sur les
dates de la production des coulées de lave. Le 4 avril, alors que fonctionnait
encore la bouche N.-N.-O. du cône, s'en est ouverte une nouvelle sur le flanc
sud, à environ 1.200 mètres d'altitude. Dans la nuit du 4 au 5, une autre
fente se produit à une altitude voisine de SUO mètres ; elle fournit une coulée
dévalant sur les pentes de la montagne. Le 6, près de Cognoli (à environ
500 mètres d'altitude), s'ouvre une nouvelle bouche, d'où part une coulée;
dans la nuit du 7 au 8, elle livre passage à un afliux considérable de lave
très liquide, qui, à 4 heures de l'après-midi, s'arrête près du cimetière de
Torre Annunziata, après avoir détruit et enseveli une partie du bourg de
Bosco trecase.
En résumé, la sortie des laves s'est effectuée de plus en plus bas par des
ouvertures situées de plus en plus vers l'Est. Il est vraisemblable qu'il y a
eu, en outre, des épanchements sur le flanc nord du cône. Jusqu'à la nuit
du 7 au 8, le cratère central puis les bouches nouvelles en activité ont été
le siège d'importantes explosions stromboliennes (Mercalli).
Dans la nuit du 7 au 8 s'est produite la grande explosion qui, elle, a ravagé
le flanc N.-E. de la Somma. Vers 7 heures du soir, les lapillis ont commencé
à tomber sur Ottajano. Leur chute a été en augmentant d'intensité; elle a eu
son maximum après minuit et a duré jusqu'au matin. Une énorme quantité
de lapillis, parmi lesquels se trouvent quelques blocs, a couvert un large
secteur, dont le centre est à peu près à Ottajano et s'étend du côté du N.-O.
jusqu'au delà de Somma- Vesuviana, du côté du Sud jusqu'au delà de San-
Giuseppe. Ces lapillis ont atteint, paraît-il, Avellino, situé à environ 35 kilo-
mètres du cratère.
SÉANCE DU 23 AVRIL 1906. 943
Tandis qu'à l'Observatoire, placé à environ 2 kilomètres N.-N.-O. de
celui-ci, il n'est tombé qu'une quantité de lapillis relativement faible, à
Ottajano, au contraire, leur épaisseur est d'environ 0"'60 en rase campagne,
alors que, dans la ville même, par suite de causes locales, l'accumulation de
matériaux solides a été bien plus importante ; beaucoup de maisons se sont
effondrées en ensevelissant leurs habitants. Les mêmes faits se sont produits
dans toute l'étendue de la zone précitée, mais avec une intensité décroissante.
Un examen sommaire des lapillis me fait penser que cette grande explosion
a eu un caractère essentiellement vulcanien ; il a projeté surtout des maté-
riaux anciens, débris du sommet du cône, qui paraît avoir perdu une centaine
de mètres et peut-être davantage. Cette grande explosion a été suivie d'autres,
plus faibles, nettement vulcaniennes ; elles se poursuivent depuis lors sans
interruption, mais en diminuant d'intensité. Suivant la direction du vent,
des cendres très fines sont transportées au loin ; la région de grande dévas-
tation du 8 avril reste encore la plus souvent éprouvée, mais, ainsi que je
l'ai fait remarquer plus haut, au début de la semaine dernière, la ville de
Naples a été pendant plusieurs jours envahie par la cendre, qui s'y est
accumulée sur quelques centimètres.
Il est bien probable que la direction du vent a aussi exercé une influence
sur la direction prise par les lapillis du 7-8 avril, mais il me paraît assez
vraisemblable qu'en outre l'explosion ne s'est pas faite verticalement, mais
s'est produite dans une direction oblique, fait dont les éruptions de la Mon-
tagne Pelée ont fourni des exemples typiques ; il est d'ailleurs nécessaire de
réserver cette question jusqu'au moment où il sera possible d'étudier la
configuration du cratère.
Je terminerai par quelques considérations que m'a suggérées la vue des
explosions depuis mon arrivée ici. Elles donnent naissance à des volutes
d'un gris blanc, épaisses, plus ou moins opaques, montant verticalement ou
roulant les unes sur les autres avec une faible vitesse, atteignant parfois de
grandes hauteurs, mais dans d'autres cas s'élevant peu au-dessus du cratère.
Par leur compacité, ces volutes rappellent celles de quelques-unes des explo-
sions verticales de la Montagne Pelée (ce que j'ai appelé les poussées
rousses). Par contre, elles se distinguent par leur compacité moindre de ce
que j'ai désigné sous le nom de nuées ardentes verticales, nuées qui, après
avoir suivi un mouvement ascensionnel plus ou moins important, retombaient
lourdement sur le volcan et roulaient alors sur ses pentes, mais avec une
vitesse moindre que les nuées prenant dès l'origine une direction descendante.
944 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ici, au Vésuve, ces volutes volent parfois comme suspendues sur le
sommet de la montagne, débordant un peu sur le bord de la crête; on peut
se demander à certains instants si elles ne vont pas rouler sur la pente, mais
généralement elles ne tardent pas à se dissocier, plus rarement elles
ébauchent un faible mouvement de descente; dans les deux cas on en voit
partir des avalanches de matériaux solides qui dévalent sur les pentes du
cône.
Il me semble tout à fait évident qu'entre les nuées de projections vulca-
niennes typiques et les nuées ardentes, que l'on pourrait désigner sous le
nom plus général de peléennes, car on peut les concevoir chargées de maté-
riaux non brûlants, il n'y a pas de différence fondamentale, action destructive
mise à part, bien entendu. Elles ne diffèrent que par la quantité de matériaux
solides entraînés par la vapeur d'eau et les produits gazeux. Dans le type
vulcanien, la proportion de la vapeur d'eau et des gaz, tendant à s'élever dans
l'atmosphère, est suffisante pour contre-balancer l'influence de la pesanteur
agissant sur les matériaux solides, tandis que dans le type peléen c'est l'in-
verse qui se produit; aussi, dans ce cas, la nuée (qui en même temps est plus
riche en matériaux de grosse dimension) peut-elle couler comme un fluide
dense, même quand elle ne reçoit pas une impulsion de haut en bas du fait
de l'explosion.
On peut évidemment concevoir tous les intermédiaires entre ces deux types
extrêmes, et j'ai la conviction que toute explosion vulcanienne peut prendre
le caractère peléen quand la quantité de matériaux solides qu'elle entraîne
est suffisante.
On s'explique dès lors pourquoi le phénomène des nuées peléennes n'est ni
lié à un magma de composition chimique déterminée (andésiste acide de la
Montagne Pelée, labradorite de Saint-Vincent, basalte de San Jorge) ni
nécessairement caractéristique d'un volcan donné ; il est seulement la consé-
quence des propriétés physiques du magma au »ioment où su pruduisent. les
explosions et de l'intensité de celles-ci. Les conditions dans lesquelles elles
avaient lieu à la Montagne Pelée, sous la carapace solidifiée continue d'un
dôme d'andésite s'édifiant sur le sommet d'une montagne, ont réalisé un
optimum; mais l'exemple de l'éruption de Saint- Vincent montre que ces con-
ditions ne sont pas indispensables et que des nuées peléennes peuvent prendre
naissance dans un cratère béant et même profond ; aussi les explosions volca-
niennes actuelles du Vésuve sont-elles particulièrement intéressantes à suivre
de près.
SÉANCE DU 23 AVRIL 1906. 945
CORRESPONDANCE
Astronomie physique. — Sur une méthode suscrptible de permettre l'étude
de la couronne solaire en dehors des éclipses. Note de MM. G. Mil-
lochau et Stefanik, présentée par M. J. Janssen.
L'observation de la couronne en dehors des éclipses a été fréquemment
tentée par les astronomes ; nous avons l'honneur de présenter un nouveau
procédé.
Les études oculaires et photographiques que nous avons faites sur le
spectre solaire en tamisant la lumière au moyen d'écrans colorés nous ont
inspiré l'idée d'utiliser les propriétés de ces écrans pour tenter l'étude de la
couronne solaire en dehors des éclipses.
Nous nous proposons de photographier les régions voisines du bord solaire
au moyen du spectrohéliographe, en isolant dans la seconde fente la raie
/. 5303 et en éliminant la lumière des autres radiations au moyen d'un écran
vert approprié (i).
Le même procédé, appliqué à un spectrographe, peut permettre d'obtenir,
dans des conditions atmosphériques convenables, la photographie de la raie
verte coronale. Les premiers essais que nous avons f.ùts à Meudon ont donné
des résultats encourageants, et nous espérons qu'au sommet du Mont-Blanc
nous pourrons compléter plus aisément ces dernières recherches.
Analyse mathématiqub. — Courbes algébriques à torsion constante.
Note de M. Eugène Fabry.
Une courbe algébrique à torsion constante peut se déduire de trois poly-
nômes/;, h, l. Les courbes réelles que j'ai obtenues [Comptes rendus, 25 jan-
vier 1892; Annales de l'École Normale, 3^ série, t. IX) correspondent au
cas où SA- se réduit à (1 + t"f". D'autre part, j'ai montré {Comptes rendus,
23 novembre 1896) que S/r n'a pas de racines triples et que ses racines, qui
(i) M. Haie a posé en 1892 la méthode générale pour l'emploi du spectrohéliographe à l'étude
Je la couronne en dehors des éclipses.
946 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ne sont jamais simples, ne sont pas toutes doubles, si la courbe est réelle.
On peut donc se demander s'il existe des courbes réelles, pour lesquelles s/r a
plus de deux racines distinctes. Les formules suivantes conduisent à une
courbe qui semble être l'une des plus simples répondant à la question. Soient :
sin 2t
1 -1- /.- + 2/.cos2it
/ -\- cos 2/
k = j , '.,; 1 „. ^, + M + acos2i! + bcosAt + ccosfi^
1 + A + 2/ cos zt '
l =p[Xsin3^ + 3(l + /4->')sin/],
de sorte que
^= 3jD(l + À' + 2). cos 20 cos ;.
Déterminons les coefficients de façon que S/i^ soit constant, et que /.'(//,
hdl et kdli aient des intégrales trigonométriques, le terme en t et les loga-
rithmes disparaissant. On obtient six relations qui peuvent s'écrire :
a = 3cÀ^
b = 3c/.
y=c. ,_ „
3/,^
-1
(,:-
A
ir
(r
/'
if
■^a + 2/ — 21/1 + /. + //
3il + i){A^-lf '
^ '^ ^ 3(1+1) Ça'- if
a' + 2b' + 3c' = pr ^
on en déduit
(r-i)-
2(5 4 8>. + 18/' + Kir + 1 l/')l/r-fT+ /'
= () + 11)/. + 3R/r + 5()/= -f 44a' + 23/;'.
(jui, développée, donne
45/'" 4- 132/'' + 12/." — 348/' — 1022//'
— 1356/' — 1428// — 972/'' — 579/' — 192/ — 64 = 0;
SÉANCE DU 23 AVRIL 1906. 947
cette équation irréductible a une seule racine positive, à laquelle correspond
une solution réelle. On a
0 étant la torsion constante, les équations de la courbe sont :
X rhdk — kdh À' ■ a, , w • w i o; ■ oy
J =" I /ji -I- /.i -^ p = ~ 4(; _|_ 1)0 siu 6/ + A' sin 4( + B' sin 2t,
1= f-
6 ! h'
kdl — l dh 1 — À sin t
X
+ Asin9^ + Bsin7< + Dsin5< -\- EsinS/ + Fsin/,
^û!/i ~ hdl 1 cos<
X
G J /î' + A' + ^'' p(l + If '^ 1 + /* + 2/C0S2/
+ Acos9(t + Becs 7/ + Dcos5; + E'cosS^ + F'cos/;
= ÏTT+T? [-('■ + ^^'-'1 + ^' + '■' - 11 - ^'- - 7^'^J,
_ . gp. + 36(ft + 1) + ^c{b + À)
^ ~ ^ /(À + If
_ ^''^ _ ^^l + >. — l/l + X + Â.
^ ~ 6p(X + if~ '' i2(l + If
_ . bl + 15c(l + À + /')
^ ~ '■ 14p(/ + If
_.aÀ + 3(7c- 3^>)(1 + / + T-)
~ '- 10p(X + If
_ . 1 + 3>.c + {hh - a) (1 + /. + K)
^ ~ 2p(/. + If
_ 7&// + aÂ(9 + 4X + 9/.') + 3/. — 2(1 + À^)
~ 2p(X + If
P_P, , -5A(a + l) + 3p.(l + / + >.^)
C. R., 1906, 1" Semestre. (T. CXLII, N» 17.) 125
948 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les coefflcients A, B, ... peuvent s'exprimer par des fractions ration-
nelles ou des polynômes du neuvième degré en /, qui est la racine positive
de l'équation du dixième degré.
En prenant pour \ariable tang ( ^ — jY on peut ramener //, k, I h être
des polynômes du degré 16, et
ik' = {i + er\f + {i±±2.
"+'K^
Cette courbe semble être l'une des plus simples; car dans les cas qui,
a priori, paraissent les plus simples, on n'obtient, en général, que des
solutions imaginaires.
Analyse mathématique. — Sur les groupes réductibles de transformations
linéaires et homogènes. Note de M. Henry Taber, présentée par
M. Emile Picard.
Soit A;; la transformation générale
(1) ic; = 2;^! a;, (Si, ?„...,?,)./;, (2 = 1,2, ..., H),
d'un groupe quelconque G de transformations linéaires et homogènes à
n variables avec r paramètres essentiels ?i, ?2. •■•' ^r- Conformément aux
idées de Cayley, d'après lesquelles les transformations linéaires et homo-
gènes (ou bien leurs matrices) peuvent être assujetties aux opérations de
l'algèbre, désignons par m le nombre maximum de ces transformations
de G qui sont linéairement indépendantes ; évidemment on a m ^ ri".
Soit Al, A..,, .... A,„ un système quelconque de transformations linéaires
indépendantes de G, i;'/', Çîf', ..., ïl/*' étant les valeurs des paramètres qui
correspondent à A^,(p =: 1, 2, ..., m). Alors nous aurons
(2) A,A =2r=:7//.A, {i, j =\, 2, ..., m);
et comme la multiplication des matrices est associative, il s'ensuit que les
constantes /f^/j sont les constantes de multiplication d'un système de nombres
SÉANCE DU 23 AVRIL 1906. 949
hypercomplexes à m unités, les unités étant les matrices Aj, A^ A,„.
De cette manière on peut associer à tout groupe donné G de transformations
linéaires et homogènes à n variables avec r paramètres essentiels un système
de nombres hypercomplexes à m unités, et, par conséquent, aussi un
groupe simplement transitif T de transformations linéaires et homogènes à
m[r ^m<n^) variables, à savoir le groupe de ce système de nombres
hypercomplexes ; et la solution de certains problèmes relatifs au groupe G
peut être réduite à la solution des problèmes correspondants relatifs au
système de nombres hypercomplexes ou bien au groupe V. En particulier,
j'ai trouvé que le groupe G est complètement réductible chaque fois que le
groupe r est complètement réductible, et vice vei^sa (i).
Soit maintenant A = -;=, cii A, un nombre quelconque du système
(A,, A„ ..., A,„),
et posons (voir mon Mémoire Transact. American mat. Societtj, t. V)
C A Vra Sm „
SA ^i ^ 1 -/ = 1 «( fiji-
Alors la condition nécessaire et suffisante pour que le groupe r, et par
conséquent aussi le groupe G, soit complètement réductible consiste dans
l'inégalité
A(A„ A„ ..., A,,,)
oAj 0A1A2 --• o Aj A„
SA, A, SAl ... SA,A„
bA„, A, oA,,, A< . . ^lA,,
é 0.
Quand m = nr, le système (A,, Ao, ..., A,„) est équivalent à un quadrate
dans la terminologie de Benjamin Peirce, et pour un tel système on a tou-
jours A p= 0, ce qui est d'accord avec un théorème de M. Burnside {Math.
Society London, série 2, vol. III).
L'équation A = o reste invariable quand on substitue pour (Aj, A^, ..., A,„)
ni fonctions linéaires quelconques de ces lettres, pourvu que ces fonctions
soient linéairement indépendantes. Car si
U; = 2;'.i7^;A; (i = \,2,...,m),
(1) Je regarde aveo M. A. Lœwy {Transactions oj'the American mathemalical Society, vol. I\',
p. 506) un groupe irréductible G comme un cas spécial d'un groupe complètement réductible, de
sorte que le groupe r est toujours réductible, tandis que le groupe G peut être réductible ou
irréductible.
950 ACADÉMIE DES SCIENCES.
on a
A(U., a, ...,U„,) = T'A(A„A„...,AJ,
T désignant le déterminant de la transformation.
Soit d'autre part SA la somme des éléments dans la diagonale principale
d'une matrice quelconque A, et désignons par V (Ai, Ag, ..., A,„) le résultat
que l'on obtient en remplaçant SAj A^ par SA,A^ dans A. Alors je trouve
que V = 0 si A z:= 0, et vice versa. On a d'ailleurs
V(U.,U„...,U„,) = T^r(A.,A„...,AJ.
Soit a- le nombre des racines distinctes de l'équation caractéristique d'une
transformation quelconque Aç de G, et soit s la valeur maxima de o' pour
toutes les transformations de G; alors nous avons le théorème suivant :
Si G est complètement réductible, les divisions élémentaires sont simples pour
chaque racine de l'équation caractéristique de toute transformation Aç de G
pour laquelle a = s.
D'ailleurs le groupe G est irréductible, si, et seulement si, aucun des coeffi-
cients cf.^j (?) de la transformation générale de G n'est identiquement nul, et
si, en même temps, les n transformations
OÙ
■<=1, ^'"^O {p,q = \,2,....n;q^p)
peuvent être exprimées linéairement au moyen des transformations de G.
Au moyen de ce corollaire on peut démontrer que le groupe orthogonal
propre où w > 2 variables est irréductible.
La totalité des transformations linéaires (ou matrices) A = 2"Li a,Aj pour
toutes les valeurs possibles de «,, a.., ..., a^ constitue un groupe G à
n variables avec m paramètres essentiels. Chaque transformation de G est une
transformation de G ; et, comme les paramètres de G sont essentiels, on
conclut que m ^ r. Donc, si r = n", G est irréductible. Pour que A soit une
transformation de G, il est nécessaire et suffisant que aj, a^, ..., a,„ satis-
fassent aux n'"' équations
aiay(Ç(')) + «i,a,;(?<-)) + ... + a,„a,,(i;W) ^ ^..,(:) {i,i = i, 2, ..., n).
Soit R un domaine arbitraire de rationalité, et exprimons maintenant
SÉANCE DU 23 AVRIL 1906. - 951
par (t un ensemble de transformations linéaires et homogènes de la
forme (1), qui constituent un groupe et dont les coefficients appartiennent au
domaine R. Désignons, comme tout à l'heure, par Aj, Ao, ..., A,„ un système
quelconque de transformations linéairement indépendantes de G du nombre
maximum m. Ces matrices constituent un système de nombres hyper-
complexes (par rapport à ce domaine R) (voir mon Mémoire cité plus haut),
et le groupe G est complètement réductible par rapport à R, si, et seulement
si, le groupe du système hypercomplexe est complètement réductible par
rapport à R, ce qui arrive si A(Ai, Ao, ..., A,„) ^ 0, et vice versa. 11 s'ensuit
que, si les coefficients d'un groupe G appartiennent en même temps à deux
domaines Ri et Ro, et si G est complètement réductible par rapport à Ri, il
l'est aussi par rapport à Rg .
Analyse mathématique. — Sur l'équation de Laplace à deux variables.
Note de M. Georges Lery, présentée par M. Humbert.
I. L'équation de Laplace,
(IX 'ly
admet une intégrale qui dépend de trois paramètres :
ux + vy -\- w\
ou bien, en transformant par inversion :
X + y X + y
On peut l'utiliser, comme on fait des intégrales complètes, dans le cas des
équations du premier ordre.
Considérons en effet la famille de cercles Y^,
n -5-i -, + V -~^ — ^ -(- ic = cr,
X- -f- y X + y
où (7 est une constante arbitraire. On peut choisir u, v, iv pour que le
952 . ACADÉMIE DES SCIENCES.
cercle l'o touche en un point quelconque M une courbe 0 donnée; si ce point
décrit C, l'enveloppe de r^ est une courbe Cg- :
Cette équation définit une fonction g {oc, y), qui est une solution de l'équation
de Laplace, nulle sur C, infinie à l'origine comme — . .
2. Soit un contour algébrique fermé C, ayant pour équation
f{œ, y, 1) = 0;
l'équation de la famille isotherme C^ est
r
ce ~\~ î/^ ÛG^ -j - i/~
X — <J ^, // — m ^, 1 — cr(ic 4- iy)
= 0.
Supposons '7[x, y) uniforme à l'intérieur de C, et finie sauf à l'origine;
l'application de la formule de Green donne
<>x <jy 2n J an
ôy
on peut donc calculer à l'origine la valeur de
'W '<y '
si les valeurs de la fonction harmonique U sont connues sur C. On aura
ensuite U en intégrant une différentielle totale, ce qui fait deux quadratures
1
au total. La fonction de Green, infinie à l'origine comme log . - , se
V x^ + ?/
déduit de a par une intégration.
Les valeurs de U sur le contour permettent donc de déterminer une sorte
d'intégrale intermédiaire.
3. Les points critiques de «7 sont les foyers de la courbe C; les pôles sont
ce que l'on peut appeler les images de l'origine par rapport à C, car, pour
un cercle, il y a un pôle unique, qui est l'image au sens ordinaire du mot.
SÉANCE DU 23 AVRIL 1906 953
Lorsque ç n'est pas uniforme et finie dans C, on ne peut appliquer
directement la formule de Green; la forme de la solution dépend du nombre
de pôles et de foyers contenus dans C; elle est encore simple, comme
i'espère le montrer, lorsqu'il n'y a que des pôles.
4. L'usage des coordonnées symétriques
z^x-\-ii/, z'^=x — iy,
simplifie les notations et donne une représentation géométrique utile.
Électricité. — Emploi de l' électro-diapason comme générateur de campants
alternatifs. Note de M. Devaux-Charbonnel, présentée par
M. H. Becquerel.
Quand on cherche à utiliser les courants engendrés dans l'éiectro-aimant
d'un diapason électrique, on constate des phénomènes assez curieux.
Tout d'abord, si l'on approche un conducteur parcouru par ces courants
d'un circuit formé de résistances non inductives et d'un galvanomètre
thermique Duddell très sensible, on y développe des courants de plusieurs
microampères. Ce phénomène ne paraît pas dû à l'induction électromagné-
tique. Il persiste si l'on a soin de n'exposer à leur action mutuelle que des
conducteurs formés de deux fils enroulés en hélice de très faible pas. Il se
produit encore, si l'on place ces conducteurs dans un tube de cuivre.
11 disparaît si dans leur partie agissante, les fils reliés au diapason sont
maintenus à un potentiel nul par un moyen quelconque, par exemple, en
touchant à la main un point dénudé. Il sem1)le donc que c'est la capacité
électrostatique seule qui intervient.
Si ensuite on prend un galvanomètre sensible seulement au milliampère,
on peut introduire l'électro-diapason dans le circuit, le galvanomètie ne
dévie que si sa clef est abaissée ; mais en faisant varier les résistances,
on constate que le courant dépend moins de leur valeur ohmiqiie que de
leur nombre. Ainsi lU résistances de 1000 ohms donnent une déviation 4 à
5 fois plus grande qu'une seule de lOOOO. Cinq résistances de 1000 ohms
donnent une déviation plus faible que 10 de même valeur. Mêmes siiigu-
954 ACADÉMIE DES SCIENCES.
larités avec des résistances de 100 ohms. Il est bien pi-obable que là encore
la capacité électrostatique joue le rôle principal.
D'ailleurs, ces phénomènes sont bien dus à la nature spéciale des courants
engendrés par l' électro-diapason, car ils ne se manifestent pas quand on fait
agir sur les mêmes circuits des générateurs de puissance et de fréquence
analogues, comme les ronfleurs, où le courant alternatif est produit par la
variation de résistance d'un contact microphonique de charbon.
En ayant recours à l'oscillographe, on constate que le courant de l'électro-
diapason, même après passage dans un transformateur, est loin d'être
sinusoïdal. Il présente un sommet très aigu et une, deux ou trois encoches
suivant la résistance intercalée; de plus, l'amplitude par rapport à la ligne
neutre est environ trois fois plus grande dans la partie positive que dans
la partie négative. Ceci n'est pas surprenant, si l'on considère que, par son
fonctionnement même, le diapason rompt le courant à chaque vibration. Ces
ruptures brusques sont le phénomène qui domine dans la production des
courants d'utilisation qui doivent, en conséquence, être dissj'métriques, avoir
un haut voltage et renfermer des harmoniques supérieures. Ces particularités
suffisent à expliquer la grandeur des effets d'induction électrostatique.
Ces propriétés des électro-diapasons rendent leur emploi délicat et
difficile, comme générateurs. Quand on les utilise sur les lignes télégra-
phiques pour la télégraphie multiplex, ils développent des courants
d'induction très appréciables dans les conducteurs voisins, ce qui ne paraît
pas avoir lieu avec d'autres appareils, comme les ronfleurs, qui produisent
un courant à peu près sinusoïdal.
Chimie physique. — La diffusion des solutions et les poids moléculaires.
Note de M. Michel Yégounow.
I. Ayant besoin de déterminer, pour mes travaux microbiologiques, la
vitesse du mouvement de l'O^ et de l'H-S dans les milieux nutritifs et dans
l'eau et ne pouvant pas le faire directement (i), j'ai été obligé de recourir à
(1) Changement de la diffusion dans de la gélatine (Duclaux, Microbioloqie); dans l'agar-agar
(d'après mes expériences).
SÉANCE DU 23 AVRIL 1906. 955
une solution indirecte du problème. J'ai supposé que les relations les
mieux déterminées pouvaient exister entre le coefficient de diffusion (K)
et la vitesse du mouvement (v), dans une section donnée, pour les solutions
de même pression osmotique, c'est-à-dire pour les solutions équi moléculaires.
Les expériences ont été faites dans de la gélatine pure à 10 % absolument
transparente. Les tubes de 15*"° de hauteur et de 8 — 10""° de largeur à bords
unis, remplis de cette gélatine, ont été plongés de ^ — T"' dans les solutions
prises toujours en grand volume (250 à 500"""').
Les résultats les plus importants sont :
1" Le rapport du coefficient de la diffusibilité (K) à la vitesse du
mouvement [v) (à la distance donnée) est une grandeur constante pour
les solutions équimoléculaires de tordes les substances :
,,, K K, K„ 0 .
(1) — = — i = ... — 2 = ^ ^ const.
V V, v„ v,„
Pour les solutions normales, ce rapport := 0,1.
La vitesse v prise toujours dans la section transversale à la hauteur
de 1"'" fut déterminée comme la première dérivée de la formule h = a\'t
(formule Stefan) : y = — = ^-— ; t, le temps en jours depuis le commence-
ment de la diffusion ; h, l'espace parcouru par la substance qui diffuse,
en cm.; a, la constante propre à chaque substance et à chaque concen-
tration. t étant éliminé, on a o comme fonction de /i : ^; ■èi h = \, v = ^.
Donc les équations (1) peuvent être exprimées encore ainsi :
(2) î^= ^ = ... ^V =- -At = co"st. f = 0,05 pour - N
n- a, a.i fa-\ \ 1
h
Dans ces équations, a et r sont exprimés en cm. à 17-18° C; K sont
donnés u K»" d'après Stefan, Scheffer, Schumeister, etc. L'équation v == ir-
zli
démontre que la vitesse varie en raison inverse de la hauteur ; voilà pourquoi
la quantité (0) de la substance diffusante varie de la même manière.
2° La forme du vase n'intlue que sur la grandeur de la constante a ; la loi
c. H., 1906, 1" Semestre. (T. CXLII, N» 17.) 126
956 ACADÉMIE DES SCIENCES.
du mouvement h =---aV t reste juste pour toutes les formes de l'espace, sauf
dans les cas où, avec la variation de la d stance, la loi même de la variation
de la section transversale varie, parce que a cesse alors d'être une constante.
3" La pression de la colonne d'eau jusqu'à 80'""' n'influe pas d'une manière
appréciai lie sur la grandeur de la constante a.
11. Quand la concentration [x) varie en progression géométrique, la
vitesse v varie en progression arithmétique. Pour plus de commodité nous
remplacerons partout v par -^.
Ain?i nous avons a- = 2™ ou ?/ = a' et m = constante propre à chaque
substance.
Le tableau ci-dessous donne a (en cm.) à 12-13° C; dans la première ligne
on donne les valeurs de a trouvées par l'expérience ou par les graphiques
et dans la deuxième ligne les valeurs de a calculées d'après la formule. La
concentration de la solution est donnée dans les fractions de la solution
noi'male
NaCl
NH'Cl
BaCl-
On voit quedansleslimites t N — tt^ N m pour NaCl =2,5; NH'Cl — 3,13
BaCl- — 2,5. D'après sa valeur numérique, ?« est presque égal à -^, où «„ est
.1 y Qa'
une constante de la solution y N ; par conséquent, 1 exposant— = — t-, ou a,,
est la constante d'une solution quelconque.
Pour avoir x exprimant directement la concentration en grammes-
molécules j'ai obtenu ces équations :
(3) ,^2^-6^2|-^^=2Ï-« = 2^-^-
Ainsi, en connaissant seulement K ou (a„) on peut trouver a (et par
1 V
1
l
1
1
1
1
lîo^'
T^
2
4
8
Ï6
m
64
I
3,95
3,77
3,04
2,8
2,3
1,7
1,1
0,67
II
:i,95
3,6
3,22
2,79
2,28
1,61
0
I
4,34
4,07
3,35
3,07
2,5
1,9
1,3
0,76
II
4,34
3,96
3,54
3,07
2,. 52
1,77
0
1
3,87
3,54
3,2
2,76
II
3,88
3,54
3,16
2,74
I
SÉANCE Dr 23 A\RIL 190f). 05'
conséquent aussi v) pour toute concentration. On \o,t par la rorinulo ipic
pour les solutions équimoléculaires d'une concentration xouhic li s rapports
— , —, — doivent être éeraux. En effet, iious trouvons (lue pour toutes
ra nii ;»2
les substances données dans le tableau, le rapport —^ pour -N = (i,(i5(j;
pour-X = 0,U63; pour -N =U, 0^5; pour~N=(Ml, [our -N = U,1(J0;
pour :^N = 0,34.
III. La déterminaiion du poids moléciddire (M) peut être faite d'après
les tables des rapports de K à a- ou d'après les graphiques. (,)uant au calcul
direct de M, il faut noter que a; = -^ , où /; est la teneur centésimale.
Par conséquent
(4) a' = 1^ = 2™"*^; ''où M = 10^:i . 2*'~™.
Pour les solutions citées ici, les formules sont précises depuis yN jusquà
^N; dans un but biologique, où il ne faut juger que de la comparabilité
des grandeurs, pour les solutions depuis ^^N jusqu'à 0, il suffit de prendre
pour y les quantités proporlionncUes à x.
Chimie. — Poids atoiniquc et spectre d'élincellc du terhium.
Note de M. G. Urbain, présentée par M. !'. Curie (i>.
J'ai indiqué précédemm 'nt [Comptes rendus, t. CXLl, p. 521; 1905)
les méthodes qui m'ont peimis d'isoler le terbium îi l'état de pureté, et j'ai
montré qu'il fallait attribuer à cet élément divers caractères spectraux, con-
(1) Séance du 17 avril 1906.
958 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sidérés antérieurement comme caractéristiques d'éléments encore inconnus
[Zg, Gg, Zj, rj. Ces caractères n'avaient pu être observés jusqu'ici que dans
des terres yttriques sombres incomplètement purifiées.
La méthode que j'ai employée pour la détermination du poids atomique du
terbium consiste à doser l'eau dans le sulfate octohydraté (SU"*/ Tb-, 8H"0.
Le sulfate a été préparé en précipitant par un grand excès d'alcool la solulion
sulfurique aqueuse. Les précipités ont été lavés à l'alcool, et les lavages ont été pour-
suivis longtemps après que toute trace d'acide libre paraissait avoir été éliminée.
Après dessiccation à 110°, les sulfates ont été dissous dans l'eau, et la dissolution
rigoureusement neutre soumise à la concentration lente au bain-marie. Les cristaux
ainsi obtenus forment l'octohydrate. Ils ont été séchés sur l'acide sulfurique, puis
pulvérisés et séchés de nouveau dans les mêmes conditions. Ce sel est inaltérable
dans l'air sec à la température ordinaire. La déshydratation a été effectuée par une
élévation lente et progressive de la température. Pour éliminer les dernières traces
d'eau, il est nécessaire de chauffer finalement au voisinage de 360°.
La pesée du sulfate anhydre présente une légère incertitude parce que ce corps
absorbe dans l'air sec des gaz. Mais il les absorbe plus lentement et à un moindre
degré que le sulfate de gadolinium, de sorte que cette cause d'erreur peut être sensi-
blement éliminée en pesant rapidement aussitôt que le creuset est devenu froid.
En opérant dans ces conditions que je crois être les plus favorables, j'ai
obtenu des nombres très concordants; mais je n'ai pu déterminer comme
dans le cas du samarium, de l'europium et du gadolinium l'ordre de gran-
deur des erreurs systématiques, parce que le peroxyde de terbium qui prend
naissance par la calcination du sulfate à la chaleur blanche n'a pas une com-
position suffisamment définie pour se prêter à ce genre de déterminations.
Les différents termes de mon fractionnement de terbium pur ont donné les
résultats suivants :
l'raclions.
Siilfale hyJialé.
Sullale aiiliyilrc.
Poids alomiiiue
N° 1
2,0407
1,6489
159.20
N° 2
1,9626
1,5859
159,30
N° 3
2,2580
1,8245
159,19
N° 4
2,2385
1,8087
159,17
N° 5
2,0037
1,6190
159,19
Moyenne. . . 159,22
J'ai admis dans les calculs 0 = 15 II = 1 ,007 S = 32,06.
Le spectre d'étincelle du terbium est extrêmement riche en raies. Je me
SÉANCE DU 23 AVRIL 1906.
959
liornerai à donner la liste de celles qui me semblent les plus caractéris-
tiques. Les raies marquées * ont été attribuées par Demarçay à un élément T.
3053,6
forte
3365,0 moyenne
3596,6
assez forte
3079,0
forte
3.373,0 moyenne
36(JO,5
assez forte
3082,5
moyenne
3375,6 moyenne
3650,6
forte
3181,1
moyenne
3473,0 moyenne
3659,5
moyenne
3188,4
moyenne
3501,5 moyenne
* 3676,4
forte
3196,1
moyenne
* 3509,5 tri'S forte
M 3703,0
très forte
3199,8
moyenni^
' 3523,8 assez forte
* 3704,0
forte
) 3219,4
forte
* 3540,4 assez forte
3747,5
forte
( 3220,5
forte
* 3561,8 très forte
3754,7
moyeinie
3285,1
moyenne
3567,4 moyenne
3777,1
assez forte
3293,3
forte
3568,6 très forte
3848,8
très forte
3324,5
très forte
3579,6 assez forte
3874,6
forte
3349,9
forte
Chimie analytique. — Dosage du cad»nuin dans un sel roJaiil ou organique.
Note de M. H. Baubigny, présentée par M. Troost.
1" Sel volatil. Lorsque le sel de cadmium précipité de sa solution par le
gaz sulfhydrique est volatil, tel le chlorure ou le bromure, on comprend que
la portion de ce sel qu'entraîne le sulfure soit pour le dosage la cause d'une
erreur sensible, si l'on soumet ce sulfure à une température un peu élevée.
Il suffit qu'une dissolution de sulfate, même en présence d'un fort excès
d'acide sulfurique, contienne de petites quantités d'acide chlorhydrique ou
bromhydrique, et par suite d'un chlorure ou d'un bromure quelconque, pour
que l'incinération du filtre avec le précipité ne soit plus pratiquement
possible.
Ainsi, ajoutons 0^,820 de H Cl (2™' de solution aqueuse, d = 1,177) à 08,3732 de
Cd SO', dissous dans 200™= d'eau renfermant 17s,6 de SO* ff (10™' d = 1,84).
Formé en pareil milieu, le sulfure émet, si on le chautle pour détruire le filtre sur
lequel il a été recueilli, d'abondantes vapeurs blanches, alors même que les la\ age.s
ont été prolongés jusqu'à disparition complète de l'acide chlorhydrique dans les
eaux. Et il est aisé de les caractériser très nettement comme chlorure de cadmium,
parce que partie de ces vapeurs se condensent sur les bords supérieurs du
creuset sous forme de fines aiguilles, solubles dans l'eau et sensibles à l'action du
nitrate d'argent et de l'hydrogène sulfuré.
960 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Avec l'aciilo hromliydriquc, le |)h(''iiomène esl en tous points iilontique, et même
l^lus sensible à cause de la plus graade volatiliti' du liromure. Déjà avant la
carbonisation du filtre, et simplement, en desséchant un peu fortement, on voit des
lamelles nacrées de ce sel se hérisser sur la partie extérieure du filtre et garnir les
parois du creuset. C'est ce que j'ai observé avec le sulfure préparé dans une liqueur
sulfurique de cadmium identique à la précédente, sauf substitution de Os, 300 de
H Br aux 0g,820 de H Cl.
Très facilement décomposé par l'hydrogèiie à 440° et même au-dessous,
on ne pouvait songer à traiter ce sulfure selon le procédé de H. Rose, par le
soufre à chaud dans un courant d'hydrogène pour y transformer la petite
quantité de chlorure ou de bromure qu'il cont'ent, car, ainsi, la perte en
cadmium eut encore augmenté. Or, cette opération ne réussit pas si l'on
chauffe le produit avec un excès de soufre, et en limitant l'atiiux de l'air.
Le résultat n'a pas été meilleur lorsque, avant la dessiccation et la destruc-
tion du filtre, j'ai fait macérer le produit dans le creuset avec quelques centi-
mètre cubes de sulfure d'ammonium concentré. Comme pour les opérations
précédentes, j'ai pu encore constater, sous l'action de la chaleur, le dégage-
ment de vapeurs de clilorure de cadmium : observation en parfait accord avec
les indications de Follenius.
Connaissant la stabilité du sulfate de cadmium, j'ai enfin tenté de trans-
former tout d'abord le sulfure en sulfate et de n'incinérer le filtre que seule-
ment après. Ce sel est, en effet, fixe à 600", puisque j'ai pu le maintenir
pendant plusieurs heures à cette température, sans perte sensible : 3^,0(339
de CdSO* après 3'' de chauffe ont redonné 3^,0633 entièrement solubles.
A 700", la décomposition ne se fait même que trcs lentement en donnant
du sulfate basique, jaune citron à chaud, blanc à froid.
Gomme premier essai, j'ai mis 0k,2449 de CdSO' à sec dans un Hllro de ô"^'" de
diamètre formant cartouche, et j'ai pressé le tout sur le fond d'un creuset. Le filtre
a été distillé et le charbon lirùlé d'après le mode que j'ai indiqué. Il est resté du
sulfate sans trace apparente même de sulfure, qui est le produit de la réduction
la plus élémentaire ; et la matière reprise par un peu d'eau et une goutte d'acide
sulfurique a donné après dessiccation 08,2447 de CdSO*.
Mais si la destruction du filtre, en présence du sulfate de cadmium, peut se faire
sans perte quand il n'y a pas en imbibition, il en est tout autrement lorsque le papier
a été imprégné de sel par l'action de l'eau ou d'un liquide quelconque. Outre la
ditïiculté que présente l'incinération, à cause de la masse saline qui recouvre le
charbon, on ne retrouve qu'un résidu constitué par des grains blancs, jaunes et bruns,
c'est-à-dire de sulfate et de sulfure mélangés d'oxyde dont la présence est la preuve
d'une action réductrice plus énergique que lorsque le sulfate ne donne que du sulfure
SÉANCE DU 23 AVRIL 1906. 961
et, par suite, l'indice d'une mise en liberté possible de métal avec perte par
volatilisation.
En elïet, dans un premier essai je n'ai retrouvé que Us, 14-41 de sulfate pour
0ï,1471 mis en expérience, et dans un second que Ob,1805 au lieu de 0e,1820.
Il n'y a donc pas à songer à transformer le sulfure de cadmium en sulfate
par voie humide, selon le procédé connu, avant de brûler le iiltre; et quand
ce sulfure a été préparé avec un sel volatil ou précipité dans une solution
renfermant un hydracide, il faut, soit le redissoudre sur le tiltre selon les
indications de M. Carnot (i) ou d'autres auteurs, puis évaporer le liquide
obtenu avec un peu d'acide sulfurique dans nn creuset taré, soit employer
la méthode suivante que je préfère parce qu'elle est la plus rapide.
Le sulfure est détaché du filtre après lavage et sans dessiccation préalable à l'aide
d'un petit filet d'eau. On le laisse déposer, ce qui a lieu rapidement à c;iuse de sa
densité, et les eaux claires seules sont redécantées sur le filtre, où il ne reste,
en opérant ainsi, qu'une quantité extrêmement minime du précipité et, par suite,
qu'une trace négligeable du sel volatil. On peut alors procéder à l'incinération
et, après avoir ajouté au résidu le sulfure, transformer le tout en sulfate. Par ce
procédé, on évite l'évaporation des eaux de lavage ((ue nécessite la redissolution
du sulfure sur le filtre.
Les résultats d'expérience obtenus avec ce second mode opératoire prouxent
la rigueur de la méthode.
1 2 3
CdSO' employé en Solution HC.l 08,3732 ()?,3732 Ok,18()4
2cm3 (d _ 1,177) par 100'^'"^
CdSO* retrouvé 0,3731 0,3728 0,1X01
2° Sel ù acide organique. Lorsque le sel de cadmium renferme un acide
organique, la pratique est encore plus simple. On ajoute à la solution un
excès notable d'acide sulfurique; si l'acide est insoluble, on le tiltre et on le
lave avec de l'eau acidulée ; s'il est soluble, comme la décomposition du sel
est presque intégrale en présence de l'excès d'acide sulfurique, dans ce cas
comme dans l'autre on revient à celui du sulfate en liqueur sulfurique et l'on
procède de la même manière, sans avoir à craindre une perte lors de l'action
de la chaleur sur le sulfure, puisqu'il ne renferme tout au plus que des quan-
tités insignifiantes de sel organi([ue.
Le problème n'ayant qu'un intérêt relatif, je n'ai fait que deux vériti-
cations : la première sur l'acétate; la seconde sur le lactate, d'ailleurs avec
plein succès.
(1) Comptes rendus (1886), t. Cil, p. 623.
962 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Biologie. — Sut' In maladie des chiens. Note de M. H. Carré,
l)réseatée par M. Roux.
Le virus de la •■ maladie - des chiens est répandu à profusion dans le
milieu extérieur, grâce à l'apport incessant de sécrétions virulentes dissé-
minées par les malades.
Pour étudier l'atfection avec le maximum de sécurité, c'est-à-dire pour
disposer d'animaux sûrement indemnes de toute atteinte antérieure et pour
opérer à l'abri d'une infection accidentelle venant du dehors, je me suis pro-
curé des chiennes pleines. Dès leur entrée au laboratoire, ces chiennes ont
été lavées et désinfectées très soigneusement, puis isolées dans des loges
chaque jour lavées. Elles ont mis bas, et les jeunes ont été élevés dans les
mêmes conditions de sévère isolement. Ces jeunes sont toujours restés
indemnes de maladie et se sont toujours montrés sensibles à l'inoculation
expérimentale de produits virulents, quel que soit le procédé d'inoculation
utilisé.
Toutefois, le choix de la voie d'introduciion du virus dans l'organisme
n'est pas indifférent : il est subordonné à la quantité de virus à inoculer, à
son état de dilution, à sa pureté, relative ou absolue.
J'utilise la veine ou le muscle pour les faibles quantités de virus pur ou
légèrement souillé de microbes (jetage séreux du début de la maladie) ; la
plèvre et le tissu conjonctif sous-cutané se prêtent très bien à l'absorption
d'une grande quantité de virus pur, mais dilué (filtrat, sang).
Le procédé de choix, pour l'utilisation de produits très impurs (jetage
purulent), est l'absorption par les voies digestives.
Alors même que l'inoculation sous-cutanée du filtrat sur bougie donne
un résultat iiégatii', soit que le virus n'existe qu'en très petite quantité,
soit que les pores de la l)ougie, obstrués par le mucus, le retiennent au
passage, l'absorption de ce jetage filtré donne la maladie.
Ce mode d'infection par les voies digestives paraît être le plus sur et de
beaucoup le plus commun dans la maladie naturelle.
Quelle que soit la quantité de virus injectée, quel que soit le mode d'infec-
tion adopté, il s'écoule toujours un certain temps (2-5 jours) entre l'introduc-
tion du virus et la réaction thermique qui dénonce l'infection.
SÉANCE DU 23 AVRIL 1906. 963
I. Si l'animal est très jeune et la close suffisamment forte, la mort survient
en quelques jours et la seule lésion consiste en un épanchement péricardique
virulent.
II. Si l'animal résiste, la " maladie »> évolue chez lui sous sa forme
classique.
Le sang, recueilli au moment de l'élévation thermique, est stérile, mais
donne la maladie.
Très rapidement, des complications apparaissent sur la peau (papules,
pustules), sui- les muqueuses (coryza virulent), sur les séreuses (exsudats viru-
lents), sur les organes internes (myocardite, hépatite, etc.).
Si les exsudats restent purs de toute infection secondaire assez longtemps,
il n'en est pas de même des autres lésions.
La plus commune de ces lésions secondaires est la broncho-pneumonie;
c'est elle que j'ai particulièrement étudiée. Des foyers de pneumonie j'ai pu
isoler des microbes variés, dont quelques-uns furent regardés comme spéci-
fiques, la Pasteurella de Lignières, notamment, le coccus de Mathis, le
bacille de Ferez, etc.
Il est impossible de revendiquer pour aucun de ces microbes une
spécificité bien nette dans la production des lésions secondaires : la flore
microbienne secondaire est essentiellement variable, sauf peut-être pour
les pustules cutanées dans lesquelles j'ai toujours rencontré le coccus de
Mathis.
Injectés dans les tissus d'un chien neuf, ces microbes se montrent parfois
doués d'une virulence assez prononcée ; mais ce qui les ditférencie nettement
du virus filtrant, c'est que leur absorption parles voies digestives est remar-
quablement tolérée.
J'ai mélangé pendant plusieurs mois à la nourriture de six jeunes ciuens
isolés ensemble des cultures abondantes (18 litres) de Pasteurella canine très
virulente, isolée d'une pneumonie du chien à maladie et cultivée sans passage
par les animaux de laboratoire.
Ces chiens sont toujours restés en excellente santé. L'un d'entre eux, mis
dans un chenil infecté, a contracté très rapidement la maladie : il n'avait
donc pas acquis l'immunité.
Ces microbes secondaires proviennent du milieu extérieur : on peut les
isoler très facilement de l'intestin et des orifices naturels des chiens sains ou
malades.
La « maladie ■» des chiens apparaît donc comme une alïection à étiogénie
C. R., 1906, 1" Semestre. (T. CXLII, N» 17.) 127
904 ACADÉMIE DES SCIENCES.
complexe, due à des infections successives et ayant entre elles une étroite
dépendance.
La première, seule spécifique, est due au virus filtrant qui, en plus de son
pouvoir pathogène propre, jouit de la remarquable propriété d'annihiler
presque complètement la défense phagocytaire de l'animal infecté et de livrer
ainsi passage à d'autres agents microbiens, variables, qui créent des lésions
secondaires non spécifiques .
Nous pouvons parfois reproduire expérimentalement ces lésions secondaires
sur l'animal neuf, mais seulement en usant d'artifices expérimentaux (inocu-
lations, action du froid, etc.). Toutefois, ce ne sont pas là les conditions
naturelles de leur apparition.
En effet, il suffit d'infecter un animal neuf avec le virus filtrant pur pour
voir évoluer chez lui les complications habituelles de l'affection naturelle, et
constater, dans les lésions secondaires, des agents microbiens que nous
n'avons pas introduits dans l'organisme, mais dont nous avons pu constater
la présence dans l'intestin et les cavités naturelles du chien en expérience
avant l'infection spécifique expérimentale.
La maladie des chiens ne constitue pas une exception : d'autres aff'ections
existent, dans lesquelles on continue à regarder comme agents spécifiques des
microbes rencontrés normalement chez l'animal sain. Il est probable que
l'action pathogène de ces microbes n'est rendue possible que grâce à l'inter-
vention primitive et indispensable d'un virus invisible jusqu'à présent.
Géologie. — Sur une mollasse à Turritelles et une couche lignitifère
à Congéries de la presqu'île d'Azuero [Panama). Note de M. E. Jou-
kowsky, présentée par M. A. Michel- Lévy.
Une mission technique m'a fourni l'occasion, en mars 1905, de recueillir
quelques données sur des régions nouvelles ou peu connues de la République
de Panama. Outre les roches éruptives, très abondantes, j'ai vu quelques
affleurements fossilifères dans le Darien méridional et dans la presqu'île
d'Azuero. Ce sont ces derniers qui font l'objet de la présente note.
Dans les environs de Macaracas (presqu'île d'Azuero), on peut observer
deux belles coupes de terrains tertiaires.
1° A la " Quebrada del Colmon « on voit des calcaires marneux jaunes à
SÉANCE DU 23 AVRIL 1906. 965
foraminifères {Bulimina, Lagena, Nodosaria, Cristellnria, Globigerina,
Nonionina, Heterosiegina, Peneraplis), auxquels sont superposées des
molasses gris-verdâtre à gros grain.
2° Ces mêmes molasses affleurent au « Rio de la Villa -, près de
Macaracas, et on y trouve les fossiles suivants (i) :
TurriteUa gatunensis Conrad, Refusa {Cylichninn) decapitata Dali,
Macromphalina {gy^^odisca) duplinensis Dali, Tornatella bicincta Heîlprin,
Pyrvla reticulata Lamk, Teinostoma rotula Heilprin, Callocardia [Agrio-
poma) gatunensis Dali, Corbula [Cuneo corbula) alabamiensis Lea, dents de
Carcharodon megalodon Agassiz, C. augustidens Agassiz.
La nature de la roche et ses fossiles permettent de la paralléliser avec les
molasses de Gatun.
La communication entre les deu.\ océans existait donc entre Gatun et la
province de Los Santos (Azuero) à l'époque du dépôt des mollasses, ou du
moins, s'il existait une terre, elle n'occupait pas l'emplacement actuel de
l'isthme.
Près du Cerro Boaibacho, au sud du village de Macaracas, il existe plu-
sieurs couches de lignite dont une est superposée à un calcaire bitumineux à
Congéries. qui contient les fossiles suivants :
AmpuUina [Natica amphora) Heilprin, Utricu'us vaginatus Dali, Bittium
annettae Dali, Hydrobia sp., Pachychilus [Melania) sp. nov., Dreissensia
sp. nov.
Les deux premiers fossiles sont connus dans les couches à silex de Tampa
(Floride), le troisième dans le Miocène de la Caroline du Nord. Quant aux
deux derniers, ils appartiennent à des espèces qui se rapprochent de formes
pliocènes ou actuelles. Pachychilus est très voisin d'une forme habitant
actuellement le lac de Nicaragua [Pachychilus LargillietHi Philippi), et
Dreissensia a beaucoup de rapports avec des formes actuelles [Dr. leucopha-
cala Coar. et Dr. Rôssmàssleri Dunker) et pliocènes [D]\ Lamellala Dali). Il
semble donc que les couches à lignites se placent au-dessus de la molasse à
Turritelles, qui elle-même appartient, d'après M. Douvillé (2), au Miocène,
tandis que M. Dali (3) la rattache à l'horizon de Claiborne (Oligocène
inférieur).
(1) Les fossiles ont été déterminés en collaboration avec M. Clerc, docteur es sciences,
assistant au Musée d'histoire naturelle de Genève.
(2) H. Douvillé, Bulletin de la Société géologique de France [3], XX\'I, p. 599, 1898. ,
(."il In R. T. HiLL, The geological liistory oj tlie Istiimus oj Panama and portions of Costa-Rira^
Bull, of the Mus. oJ compar. îool. Haroard coll.. vol. XX VIII, n" 5, p. 273, 1898.
966 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Toutefois, la relation d'âge entre les molasses à Turritelles et les couches
lignitifères à Congéries ne peut être considérée comme établie, vu l'insuffi-
sance des données paléontologiques.
Il est deux faits qu'il importe de faire ressortir :
1° La superposition visible de la molasse aux couches marneuses à fora-
minifères, dans une même coupe, à la " Quebrada del Colmon r;
2° La présence, dans le bassin dont les eaux se déversent dans la baie de
Parita (sur le Pacifique), d'une molasse à Turritelles correspondant à l'horizon
de Gatun.
Cela donne un intérêt de plus à la détermination exacte de l'âge de ces
molasses.
Géologie. — 5m?' de grands phénomènes de charriage en Sicile. Note
de MM. Maurice Lugeon et Emile Argand, présentée par
M. Michel-Lévy.
L'admirable carte géologique au 1 : 100000 de la Sicile, publiée par le
Service géologique italien, montre une série de phénomènes singuliers et très
spéciaux.
Dans les Madonie et dans toute la partie occidentale de l'île on constate,
sur les régions ordinairement élevées, la présence de massifs calcaires secon-
daires entourés par des territoires plus bas constitués par les terrains
tertiaires. Ce sont comme des îles rocheuses, comme un archipel qui émer-
gerait du pays tertiaire.
S'il paraît incontestable que plusieurs de ces petits massifs formèrent
durant le Miocène et le Pliocène de véritables îles, ils sont cependant expli-
cables par une autre hypothèse, dont nous avons pu vérifier le bien-fondé sur
quelques points du pays.
Toutes ces masses de calcaires secondaires des Madonie et de la Sicile
occidentale, ainsi que celles de Varchixiel des Égades, ax>partiennent à une
immense nappe de charriage plus ou moiiis compliquée ; elles ne sont que des
lambeaux de recouvrement ou des lames de charriage supportées par ÏEocène
moyen ou plus ou moins enfouies dans ce dernier.
La démonstration peut se faire dans les environs mêmes de Palerme.
iMiti-c la Serra di Monte Cuccio, probablement crétacique, el le Monte Guccio
I
SÉANCE DU 23 AVRIL 1906. 967'
triasique s'étend une faible bande de marnes de l'Eocène moyen, qui pénètre sous la
masse triasique; on peut la suivre jusqu'à Baida, et delà par Rocca à Monreale, de
l'autre côté de la montagne, entourant partout la région triasique de S. Martine,
sous laquelle elle pénètre. Ainsi, celte région repose entièrement sur l'Eocène
moyen. De place en place, une lame liasique s'intercale entre les deux séries.
Cet Eocène pénètre également sous le Meccino, sous toutes les montagnes
triasiques qui environnent Palerme.
Ainsi, la grande plaine de Palerme et toute la région éocène de la vallée
de rOreto est une fenêtre envahie en partie par les dépôts quaternaires. Les
terrains secondaires devaient anciennement recouvrir toute cette étendue.
Mais cette grande masse triasique, accompagnée de la lame liasique, repose, par
l'intermédiaire de son substratum éogène, sur un territoire jurassique et probablement
crétacique, que traverse la grande route qui mène de Palerme à Torretta. Or, cette
masse elle-même, qui est la prolongation du Monte Pellegrino, plane également sur
l'Eocène, ainsi qu'on peut le constater à Torretta et dans sa prolongation versCorini.
Cette nouvelle région fait donc également partie d'une nappe de recouvrement plus
ou moins complexe, ainsi que le montre la petite bande éocénique qui paraît séparer,
d'après la carte géologique, le Monte Gibelliformi du Castellacio.
Ainsi, dans les environs de Palerme, nous pouvons constater l'existence
de régions secondaires qui planent ou plongent dans le tertiaire, mais dont
la plus inférieure repose encore sur l'P^ocène, ainsi qu'en témoigne la petite
fenêtre de Tommaso Natale.
La masse triasique de S. Martino, qui se prolonge sur le versant droit de la vallée
de l'Oreto, en franchissant la fenêtre éocène, est recouverte, à Piana dei Greici, par
une épaisse série liasique. Le Lias et le Trias plongent, plus ou moins inclinés,
dans l'Eocène moyen, comme si la nappe se terminait en pli frontal.
Nous pouvons donc établir le sens de la poussée : la nappe de recouvrement,
dont nous venons d'établir l'existence, vienl du Nord. Une démonstration
analogue peut se faire près du Monte Isidore, non loin de Palerme, oii l'on
voit les calcaires de la prolongation de la Serra di Monte Cuccio enveloppés
par les argiles éocènes. Le Monte Isidore ne serait qu'un fragment isolé de
la nappe triasique de San Martino.
D'autres massifs secondaires, comme la Serra de la Cometa, située au sud
de Piana dei Greici, semblent être un chaînon enraciné, comme un anticlinal.
Cependant, en plusieurs points, ce chaînon flotte sur les mêmes argiles
scag'lieuses éocènes, en particulier à son extrémité occidentale. 11 est donc
968 ACADÉMIE DES SCIENCES.
possible que cette région jurassique, également sans racine, et qui paraît par
places plus ou moins enfouie dans l'Eocène, soit une lame réapparaissant au
jour, prolongation, sous le massif triasique de S. Martino-Griffone-Pelevet,
de la nappe jurassique de Castellacio et du Pellegrino. Nous ne pouvons
cependant nous prononcer avec certitude.
Nous tenons à faire nos réserves sur les complications de détail de ces
grands phénomènes de recouvrement, qui peuvent appartenir à plusieurs
nappes indépendantes, ou à des digitations d'une seule et unique nappe.
Ce sont bien, en effet, de très grands phénomènes. Au sud des régions que
nous avons pu aborder et dont l'étude nous a conduits à l'hypothèse du char-
riage, existent d'autres masses de recouvrement. Les plis qui nous ont permis
de déterminer le sens du mouvement ne sont donc que des phénomènes
locaux; ce ne sont point des plis frontaux. Ces lames ou lambeaux sont
parsemés jusqu'à Sciacca, jusqu'aux environs de Girgenti, sur le versant sud
de l'île. Nulle part, sous l'épais manteau des schistes argileux de l'Eocène
moyen, nous n'apercevons le substratum secondaire autochtone.
Comme dans tous les pays où se sont déroidées les grandes nappes de
recouvrement, le sens de l'eflFort n'a pas toujours produit des rides, dans la
nappe, perpendiculairement à la poussée. Il y a des angles rentrants, tel
celui compris entre les massifs des Madonie, orientés nord-ouest-sud-est, et
le lambeau du Monte S. Calocera qui leur fait face. C'est dans l'angle ren-
trant, phénomène analogue à ceux que montrent les Alpes, que s'écoule le
Tarlo.
D'autre part, les surfaces de charriage ne sont point horizontales. Non seulement
elles peuvent être plongeantes, comme au sud-ouest de Palerme, mais encore inclinées
transversalement au sens de la poussée. Ce sont ces abaissements d'axe qui expliquent
en particulier l'enfouissement rapide de la prolongation de la Serra di M. Cuccio
sous le lambeau de recouvrement du M. Isidore; c'est ce qui explique la descente de
l'Eocène de la fenêtre Oreto-Palerme vers cette ville, avec la nappe triasique qu'il
supporte, et ce qui fait que nulle part, sous le Pellegrino, ne se voient les argiles
éocènes sur lesquelles doit reposer cette célèbre montagne, alors que ces argiles sont
visibles au pied de la région liaso-jurassique du M. Gibelliformi.
En général, transversalement ou parallèlement à la poussée, les masses
en recouvrement s'abaissent vers la mer tyrrhénienne.
Il nous reste à montrer l'étendue, l'origine probable et l'histoire de cette
immense nappe de recouvrement.
SÉANCE DU 23 AVRIL 1906. 969
M. Malassez adresse une note intitulée : Evaluation des grossùsements
produits par les objectifs microscopiques, à l'aide d'une nouvelle notation.
M. A, Berthier adresse une note intitulée : Piles à gai.
La séance est levée à 3 heures trois quarts.
G. D.
070 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dilletiiv bibliographique
Ouvrages reçus dans la séance du 17 avril 1906.
Les industries de la conservation des aliments, par X. Rocques, préface par
P. Brouardel et A. Miiniz, membres de l'Institut. Paris, Gauthier-Villars, 1906;
1 vol. in-8°. (Présenté par M. A. Mûntz.j
Bulletin de la Société d' Encouragement pour l'Industrie nationale : Mémoires
originaux de la Revue de la métallurgie; 3' année, n" 1, 1" avril 1906. Paris ; 1 fasc.
in-4°.
Einigesûber Hernien, von W. Waldeyer. Berlin, L. Schumacher, 1906; 1 fasc.
in-8°.
Daru>inismus und Lamarckismus, von August Pauly. Munich, Ernst Reinhardt,
1905; 1 vol. in-8° {Hommage de l'auteur).
Vorschlàge sur Vermeidung der Grubenkalastrophen in den Kohlenbergioerken,
von Theodor Merganz. Pilsen, s. d. ; 1 feuille in-4°.
Archives italiennes de Biologie : Revues, résumés, reproductions des travaux
scientifiques italiens, sous la direction de A. Mosso ; t. XLV, fasc. 1. Turin, 1906;
1 fasc. in-8°.
Atti del Reale Istituto Veneto di scienze, letlere ed arti, 1903-1905, t. LXIII,
LXIV. Venise; 20 fasc. in-8°.
Societa Reale di Napoli. Rendiconto delV Accademia délie Scienze fisiche e mate-
matiche; Ser. III, Vol. XI, fasc. 4-7, 1905. Naples, 1905; 3 fasc. in-8°.
Societa Reale di Napoli. Atti délia Reale Accademia délie Scienze fisiche e maie-
matiche; Ser. II, Vol. XH. con 24 tavole. Naples, 1905; 1 vol. in-4°.
Transactions of the Royal Society of Edinhurg ; Vol. XL, parts III and IV;
Vol. XLI, parts I and II; Vol. XLIII. Edimbourg, 1904-1905; 5 vol. in-4°.
ACADEMIE DES SCIENCES.
SEANCE DU LUNDI 30 AVRIL 1906.
PUÉSIDIÎNCE DM M. H. POI.MCARÉ.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE l'aG.\DÉMIE
Chimie organique. — Sur des diphényle ou alcoylphényle camphomélhane
CH-CH<î^, C = C<^,. ^
et mélhylùne CH".^ | ^ et C*'H'*< | ^ Note de
MM. A Haller < t E. Bauer (i).
La préparation des benzj'lbornéols secondaires et tertiaires et de leurs
produits de déshydratation, les benzylcamphènes, nous a conduit à tenter
celle des dibenzyle, phénylbenzyle et alcoylbenzylbornéols tertiaires. Ces
dérivés devaient prendre naissance en traitant le benzylcamphre par les
composés organomagnésiens du benzyle, du phényle et des radicaux C'H.-''''^^
^Ca.CW.C'W n ^CH.CH-.C«Hv
Toutes les tentatives faites pour réaliser ces synthèses ont jusqu'à présent
échoué.
(i) A. Haller et E. Bauer, Comptes rendus, t. CI.
C. R., 1906, 1" Semestre. (T. CXLII, N» \8.] 128
972 ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'aptitude réactionnelle du groupement cétonique CO se trouve, sans
doute, atténuée par lo voisinage d'un atome de carbone tertiaire a et d'an
autre atome de carbone quaternaire h :
CH- CH - Ci"'II — Cir- - C'H\
I
cip — ccir'
I
CM- G"'' — CO
I
CH-'
Devant cet insuccès, nous avons fuit agir les mêmes composés organo-
magnésiens sur le benzylidène camphre, dans l'espoir d'obtenir les composés
C = GI1-C''H"
C*H"<^ I R qu'une réduction aurait convertis en les dérivés
cherchés.
Mais, contre toute attente, la réaction ne s'est pas accomplie suivant le
sens désiré. Au lieu d'obtenir des alcools tertiaires non saturés, susceptibles
de perdre une molécule d'eau sous l'influence des déshydratants, nous avons
isolé des combinaisons saturées qui ne perdent pas d'eau quand on les chauffe
avec les acides formique, pyruvique ou phtalique.
De plus, elles ne sont que faiblement attaquées par les agents oxydants
comme le permanganate de potassium, alors que dans les mêmes conditions
d'oxydation le benzylidène camphre se scinde nettement en acides benzoïque
et camphorique.
L'analyse de tous les corps, préparés par cette voie, ayant toutefois montré
qu'il y a fixation du radical liydrocarboné de l'organomagnésien sur le ben-
zylidène camphre, il a fallu déterminer la constitution de ces composés et
interpréter leur genèse.
Pour cette recherche, nous nous sommes adressés à celui que l'on obtient
le plus facilement à l'état bien cristallisé, au produit de l'action du bromure
de phénylmagnésium sur le benzalcamphre qui, à l'analyse, nous a donné des
chitïres conduisant à la formule C^^H'-^'^O.
Or, ce composé ne diffère du diphénylcaniphocarbinol de M"* Signe
M. Malmgren (i) que par un atome d'oxj'gène en moins.
Le problème consistait donc à déshydrater ce carbinol, à hydrogéner
(0 Signe M. Malmguen, Deat. Chem. Gest, t. XXXVI, p. 2032.
SÉANCE DU 30 AVRIL 1906. 973
ensuite le dérivé non saturé obtenu pour le comparer avec le produit d'addi-
tion du phényle avec le benzylidène camphre.
^CO ^CO ^CO
Cet alcool, préparé suivant les indications de l'auteur, donne par déshy-
dratation avec l'acide forinique ou l'acide pyruvique, principalement un
isomère fondant à 200° et soluble dans la potasse, à côté de petites quantités
du dérivé non saturé cherché.
Ce même dérivé, entrevu seulement par M"® Malmgren, a aussi été isolé
des produits secondaires de la préparation du carbinol.
En présence des difficultés qu'offrait l'obtention de notables quantités de ce
composé non saturé, nous l'avons produit en faisant agir de la benzophénone
sur le camphre sodé. Ce mode de formation est analogue à celui du benzyli-
dène camphre.
G«H"cf I ou CnV'i:^ \\ +{C'IP)-GO = NaHO + C»Ii"cr^ I ^^.
Le dérivé isolé et purifié élait identique par l'ensemble de ses propriétés à
celui obtenu par déshydratation du carbinol.
Traité enfin en solution alcoolique par de l'amalgame de sodium, il foui'nit
le composé saturé C^H^'^O avec le même point de fusion.
L'identité des deux corps ainsi établie, on peut conclure que dans l'action
du bromure de phénylraagnésium sur le benzylidène camphre, le radical
phényle se fixe sur le groupe méthylène pour donner du diphénylcampho-
méthane.
Il en est naturellement de même des autres organomagnésiens qu'on fait
agir sur le benzalcamphre, de sorte que la réaction peut se traduire pai-
l'équation :
^C = CH C^' IP ,C - CH <^, „,
C«H"^ I + RMgKr = C^H"<f ii ^ H*_
^CO ^-CO — MgBr
C»H"<^ Il ^ ^ + ff Û = C»H"<f I ^ H ^ Mg<°' .
^COMgBr ^-CO Oïl
Cette réaction présente la plus grande analogie avec celles observées, au
974 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cours de ses recherches, par M. Kohler (i) et ses collaborateurs, avec divers
composés non saturés de la série grasse et de la série aromatique et les
dérivés organomagnésiens.
Préparation des combinaisons C*H"< | C'H'
On prépare une solution éthérée de la combinaison organomagnésienne en
suivant les indications de M. Grignard, et on la fait agir sur une solution
éthérée de benzylidène camphre en quantité légèrement inférieure à la quan-
tité théorique. Le mélange est chauffé dans un appareil à reflux pendant
huit à dix heures, et, après refroidissement, traité par de l'eau acidulée. On
décante la liqueur éthérée, on distille l'éther et le résidu est fractionné dans
le vide.
CH CH<^perT5
Méthylphénylcamphomélhane (7W^<^ \ '- n •
Le produit distillé se prend rapidement en masse et donne des cristaux
blancs solubles dans l'alcool, la benzine, l'éther et fondant à 70-71°.
Il ne se combine pas à l'acide formique et, chauffé avec cet acide, il reste
inaltéré.
La solution dans l'acétone, traitée par du permanganate de potasse, ne
fournit aucune production d'oxydation.
Il ne se combine pas à la semicarbazide.
Q2JJ5
LH , (jH <1 peuB
Vélhylphénylcamphométhane C* H"<^ | ^ '^ se présente sous la
forme de cristaux blancs fondant à 80° et possède les mêmes propriétés géné-
rales que son homologue inférieur.
Œ2pCTT5
Liii . Lin<p6TT5
Benzylphénylcamphométhane CH''^" |
Parmi les produits de la réaction de la combinaison organomagnésienne du
chlorure de benzjle sur le benzylidène camphre, on isole toujours du
dibenzyle.
Le benzylphénylcamphométhane constitue une huile épaisse distillant à
230° sous lO'"/,^. Son pouvoir rotatoire dans l'alcool absolu \y\ = + 90". 49'.
(0 E. p. Kohler, .\m. Cliein. Journ., t. XXXI, p. 642 (1904); t. XXXIII, p. 21, 35, 153, 334;
p. 34, 133,158 (1905).
SÉANCE BU 30 AVRIL 1906. 975
CH . CH <^p,g TT3 .
Dyphénylcamphomelhane C'H'*< | »-. n
Ainsi qu'il a été dit plus haut, ce composé s'obtient : 1" par action directe
du bromure de phénylmagnésium sur une solution éthérée de benzylidène
camphre; 2° par réduction, au moyen de l'amalgame de sodium du diphényl-
camphométhylène.
A part des différences observées dans les pouvoirs rotatoires des solutions
alcooliques, les dérivés obtenus par les deux méthodes ont le même point
de fusion de 106-107.
Ils se présentent sous la forme de cristaux blancs, bien définis, dont les
pouvoirs rotatoires, en solution alcoolique, varient avec l'origine.
Un échantillon préparé avec l'organomagnésien a accusé le pouvoir rota-
toire [a]j, = + 62°. D'autres, obtenus par réduction du diphénylcamphomé-
thylène, ont montré respectivement les pouvoirs rotatoires [<=■•]„= +80°. 10' et
+ 40°29'.
Etant donné la constitution de ce dérivé qui renferme deux atomes de
carbone assymétrique, il est certain qu'il peut exister sous plusieurs formes.
Nous nous proposons d'ailleurs de revenir sur ce composé.
c c ^^ "
I
1 . Préparation au moyen de la benzophénone et du camphre sodé.
Une molécule de camphre, dissoute dans l'éther, est chauffée avec de
l'amidure de sodium finement pulvérisé. Quand presque tout l'amidure a
disparu, on ajoute au dérivé sodé une molécule de benzophénone en solution
éthérée. La réaction, d'abord assez violente, se calme peu à peu, et on la
termine en chauffant le mélange pendant 4 à 5 heures. On laisse refroidir et
l'on décompose par l'eau. La liqueur éthérée est distillée à la pression ordi-
naire et le résidu est fractionné dans le vide.
Les premières portions qui passent sont constituées par de la benzophé-
none et du camphre non entrés en réaction ; puis vers 250° (sous 15 "'/m) il
distille un liquide jaune qui se prend rapidement en masse. Après cristalli-
sation dans un mélange d'éther et d'éther de pétrole, on obtient finalement le
produit sous la forme de magnifiques octaèdres jaunes fondant à 113°. 5 et
dont la composition répond à la formule indiquée.
Son pouvoir rotatoire dans l'alcool \c\ = + 287°, c'est-à-dire inférieur à
celui que donne le benzylidènecamphre, qui est de [a]„ = + 425°.
976 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Nous n'avons jusqu'à présent pas réussi à le comljiner à l'acide bromhy-
drique dissout dans l'acide acétique cristallisable.
2. Préparation au laoyen du diphénylcamphocarbinol.
Comme l'a indiqué M'^^ Malingren, ce carbinol prend naissance quand on
traite la combinaison organomagnésienne du camphre monobromé par de la
benzophénone. Le mélange, après avoir été chauffé pendant vingt- quatre
heures et refroidi, abandonne des croûtes cristallines qu'on sépare de la
liqueur éthérée surnageante. Cette partie cristalline donne après traitement
et du premier jet de magnifiques cristaux blancs fondant à 122°. 5 et possé-
dant, en solution alcoolique, le pouvoir rotatoire [y-]^ = + 62°49'.
Quant à la liqueur éthérée, elle fournit, après distillation et rectification
dans le vide, d'abord du bromocamphre et de la benzophénone, et finalement
une huile fortement colorée en jaune, passant au-dessus de 200° (sous 15 ""/J.
Cette huile, abandonnée à elle-même, ne tarde pas à se prendre en masse.
Une série de cristallisations dans un mélange d'éther et d'éther de pétrole
permet d'obtenir le corps cherché à l'état pur, sous la forme de beaux cris-
taux fondant à 113°. 5 et ressemblant en tous points à ceux préparés par le
premier procédé.
La déshydratation du diphénylcamphocarbinol a été effectuée en le chauf-
fant à 100° avec de l'acide formique anhydre ou avec de l'acide pyruvique.
On obtient une masse solide, qu'on essore et qu'on fait cristalliser dans un
mélange d'éther et d'éther de pétrole. 11 se sépare un corps blanc fondant
à 200°, et ce n'est que dans les eaux mères jaunes qu'on trouve, à la suite
d'une série de cristallisations fractionnées, de petites quantités du produit de
déshydratation normal fondant à 113°. 5, et possédant, en solution alcoo-
lique, le même pouvoir rotatoire que celui signalé plus haut.
Le corps blanc, de point de fusion 200°, est le produit principal qui se
forme dans l'action des déshydratants sur l'alcool tertiaire, et possède la
même composition centésimale que cet alcool C^^H^'^O". 11 se dissout dans la
potasse alcoolique bouillante, et par addition d'eau on obtient un sel de
potassium blanc qui se précipite. Ce sel, insoluble dans les liqueurs alcalines,
est soluble dans l'eau pure. Les solutions, traitées par un acide, régénèrent
le composé primitif fondant à 200°.
Nous nous proposons de continuer l'étude de l'ensemble de ces dérivés,
et en particulier celle de ce dernier composé qui semble être une lactone.
SÉANCE DU 30 AVRIL 1906. 977
Énergétique biologique. — Rapports simples des ■•■ actions staliqucs ^
du muscle avec l'énergie qui les pf^oduit, par M. A. Chauveau.
J'ai à fournir sur le travail musculaire des résultats nouveaux tendant
à établir l'unification complète de la théorie des moteurs animés et des
moteurs inanimés. Il est indispensable auparavant d'écarter les objections de
principes que des mécaniciens distingués, faute de compétence physiolo-
gique, ont opposées à l'une de mes détei'minations fondamentales sur le
moteur-muscle.
De l'ensemble de mes recherches antérieures, il ressort que la dépense
énergétique consacrée aux travaux physiologiques de l'organisme animal ,
c'est-à-dire à l'entretien de ses activités diverses, se traduit, dans le tissu
musculaire, par la création d'une force : la force élastique de l'état de
contt^action .
C'est là une particularité heureuse du tissu musculaire — heureuse pour
les spéculations de la philosophie générale des sciences. 11 est bon que
l'acquisition d'une propriété physique aussi connue que l'élasticité, aussi
facile à étudier, caractérise, d'une manière simple et nette, l'état d'activité
ou de contraction du muscle. Cette élasticité, à coefficient essentiellement
variable, subordonné à la valeur de ses processus excitateurs, et la force,
d'intensité non moins variable, qui en résulte pour le muscle, se substituent
tout naturellement, d'une manière très avantageuse, au phénomène même de
la contraction, lorsqu'on a à raisonner du muscle en tant que machine
motrice.
La valeur de la force élastique du muscle en contraction statique s'appré-
cie, comme celle de toutes les autres forces, à la valeur du poids que cette
force élastique peut équilibrer. L'expérience enseigne que, dans les limites
de la puissance du muscle en travail, la force élastique qu'y crée l'état de
contraction fixe ou statique peut prendre, sous l'influence de la volonté ou
par l'etFet d'un certain automatisme, toutes les valeurs imaginables. Aucune
ne fait défaut à son moyen de mesure : des plus faibles aux plus fortes, ces
valeurs s'expriment toujours par celles des poids antagonistes avec la plus
impeccable précision.
Ainsi, les rapports les plus simples existent nécessairement entre la force
élastique et Veffet qu'on demande à cette force de produire- La force est égale
978 ACADÉMIE DES SCIENCES.
à son effet, c'est-à-dire au poids qu'elle équilibre : il serait puéril d'insister
sur un truisme si Lien caractérisé.
Quant aux rapports qui unissent la force élastique inhérente à l'état de
contraction et l'énergie créatrice de cette force, j'ai démontré, par des faits
irrécusables, recueillis dans plusieurs séries d'expériences qui ont été des
plus longues et des plus laborieuses, que ces rapports sont, eux aussi, chez
le même sujet, de la plus grande simplicité. Je les résume dans les propo-
sitions suivantes :
1° L'énergie créatrice de la force avec laquelle le muscle équilibre un
poids donné est toujours proportionnelle à ce poids ;
2° Elle est aussi nécessairement proportionnelle au temps pendant lequel
la force élastique du muscle reste créée et agit sur le poids que celte
force équilibre ;
3° En donnant le nom de « travail statique « au produit de la force
musculaire soutenant un poids par le temps consacré à cette sustentation, on
peut dire, avec la plus grande correction, que l'énergie consacrée à l'exécution
du « travail statique " des muscles est toujours pi'oportionnelle à ce travail,
pourvu qu'il s'effectue sans fatigue.
J'aurais pu me passer de cette troisième proposition, qui reproduit pure-
ment et simplement les deux autres, en les fusionnant. Mais il y avait intérêt,
en raison de la forme donnée aux objections présentées contre ia simplicité
que j'attribue aux rapports unissant l'énergie créatrice à la fojxe créée, dans
le muscle auquel on demande des actions statiques, à mettre directement
celles-ci, sous le nom de travail statique, en présence de l'énergie qui y
pourvoit.
Ce ne sont pas les physiologistes proprement dits qui ont introduit le
travail statique dans le langage de l'énergétique musculaire. L'idée en
vient du Rév, Samuel Haughton qui, à l'exemple du mathématicien Borelli,
a appliqué ses connaissances mécaniques à l'étude des mouvements de l'homme
et des animaux. Les mécaniciens sont en général hostiles à cette expression.
Mais elle est plus en faveur auprès des physiologistes-physiciens, parce qu'ils
ont toute compétence pour s'apercevoir que cette expression est parfaitement
adéquate au fait physiologique important qu'elle désigne.
De ce qu'on peut s'en passer, il ne s'ensuit pas qu'il y ait avantage à le
faire. C'est tout le contraire qu'il faut penser. On le veria surtout plus tard.
Mais, dès maintenant, les actions parfaitement déterminées, que définit
l'expression travail statique, s'accommodent très bien de cette désigna-
SÉANCE DU 30 AVRIL 1906. 979
tion, dans la comparaison qu'il y a à faire de ces aciions avec l'énergie
d'où elles dérivent.
On a parlé d'impossibilités scientifiques à la rencontre constante de
rapports simples entre la valeur du t)'avail statique et celle de l'énergie
qui en est la source. Tous les faits d'ordre physiologique, recueillis en
nombre considérable, particulièrement sur l'espèce humaine, protestent
contre cette manière de voir. Ce sont, en effet, des faits précis et d'une
constance absolument régulière qui m'ont permis d'attribuer la plus parfaite
simplicité aux rapports de l'énergie créatrice et de la force créée, dans le
muscle en état de travail statique. Ces faits ne laissent absolument
rien à désirer au point de vue de leur exactitude. Ils procèdent de deux
méthodes.
N° 1. — Les premiers en date sont les faits par lesquels on a montré que
l'échauffement des muscles en contraction statique est proportionnel au poids
de la charge soutenue par ces muscles.
Avec cette méthode, la valeur relative de la dépense énergétique, créatrice
du travail statique, était appréciée d'après les excédents de chaleur
sensible libérée dans le processus thermo-chimique qui provoque la mise en
jeu de toutes les activités organiques.
N" 2. — Une deuxième méthode, plus précise, a permis de déterminer la
valeur de la dépense d'énergie par la quantité d'oxygène que les sujets
absorbent en plus pour brûler le potentiel dont la dépense est exigée par la
mise en activité des muscles qui ont à exécuter du travail statique ou
des actions statiques.
Or, tous les faits recueillis dans ces nouvelles déterminations expérimen-
tales ont démontré que la quantité d'oxygène absorbé en plus pour parer à la
dépense énergétique qu'exige l'exécution du dit « travail statique n est exac-
tement proportionnelle à ce ■■ travail statique ^, c'est-à-dire au poids soutenu
par les muscles et à la durée du soutien.
Il est permis de se demander comment des démonstrations aussi rigoureuses
n'ont pas réussi à prévenir les doutes émis sur l'existence haijituelle de
rapports simples et absolument constants, entre la dépense énergétique
du mu.scle et ses aciions statiques ou, autrement dit, son t)-avail statique.
Ces doutes résultaient de déductions tirées des conditions de fonctionne-
ment des moteurs mécaniques. Elles ne s'imposaient pas : j'aurai à le
démontrer plus tard. En tout cas, il convenait de tenir compte des conditions
spéciales dans lesquelles se dépense l'énergie préposée à la création des
C. R., 1906, 1" Semestre. (T. CXLII, N" 18.) 129
980 ACADÉMIE mes SCIENCES.
travaux physiologiques de l'organisme, particulièrement de ceux du moteur-
muscle. On ne l'a pas fait, ou plutôt on ne l'a fait que dans une mesure très
incomplète, témoignant bien d'une méconnaissance très grande du processus
qui subvient aux besoins énergétiques de l'économie animale.
La contradiction ne s'est pas, toutefois, manifestée toujours avec intransi-
geance. J'ai eu le plaisir de constater, dans le passage suivant d'une Note à
l'Académie [Comptes Rendus, t. CXXXVIll, p. 1481. — Énergie enjeu
dans les actions statiques. Note de M. Liébert, présentée par M. Maurice
Lévj), que l'auteur soupçonne avec beaucoup de discernement l'existence de
ces conditions spéciales qui expliqueraient la rencontre de cas dans lesquels
l'énergie dépensée dans un effort statique serait proportionnelle à cet
effort :
« Dans une communication (Comjitcs Bendus, 24 mai 1904), M. Ernest Solvay,
à l'occasion des expériences de M. le professeur Chauveau, sur l'énergie muscu-
laire, montre clairement qu'il n'y a, en général, aucune relation simple entre
l'énergie mise en jeu dans les actions statiques et ces actions. Mais il peut se
présenter aussi dos cas où l'effort est exactement proportionnel à l'énergie, et il
semble que ce sont précisément ces cas que M. Chauveau a cherché à réaliser. »
Ce passage appelle une rectification qui a son importance. Je n'ai pas eu
à chercher la réalisation de cas où l'énergie dépensée fût exactement propor-
tionnelle à l'effort demandé au muscle, pour en obtenir une action ou un
travail statique déterminé. Les circonstances où il en est ainsi se trouvent
réalisées tout naturellement sur les sujets d'expériences, dans les recherclies
d'énergétique biologi([ue. Chez eux, en effet, il ne j^eut pas se présenter de
cas où l'énergie consacrée à la création d'une action quelconque, statique,
dynamique ou de tout autre caractère, ne soit exactement jyroporiionnelle à
la force créée pour effectuer cette action. Jamais il ne seprésc'nte une condition
oà la dépense d'énergie puisse obéir à une autre loi, par exemple, se montrer
proportionnelle au produit de l'effort par sa racine carrée, ce qui, du reste,
serait encore une relation simple entre l'énergie créatrice et la force créée.
Pourquoi cette proportionnalité de la dépense énergétique et de la force
qui en résulte s'impose-t-elle <à l'organisme animal d'une manière aussi
rigoureusement nécessaire?
A la base môme de l'explication à donner se place un grand fait. Le
métabolisme chimique, source de l'énergie mise à la disjiosition de l'orga-
nisme pour pourvoir à toutes ses activités, se réduit, en dernière analyse, de
SKANCK DU ;30 AVRIL IDOfi. 981
par les lois de Berthelot sur la thermo-chimie, à un simple phénomène de
combustion.
(Jn démontre, en elFet, dans les laboratoires bien outillés pour faire de la
bonne calorimétrie, qu'avec les sujets en équilibre de nutrition, la chaleur
produite dans l'appareil est quasi-équivalente à la chaleur qui serait résultée
de la combustion directe des aliments assimilés. Ainsi, suivant l'heureuse
conception de M. Berthelot, il n'y a pas à tenir compte des nombreux pi'o-
cessus cliimiques de détail qui s'interposent entre la condition de \'é(a( iiiilial
et celle de l'état final. L'expérience enseigne qu'alors les choses se passent,
au point de vue énergétique, comme si le potentiel alimentaire était bridé
directement par l'oxygène dans l'organisme animal.
Or, dans le processus transformateur ainsi simplifié, la valeur de l'énergie
libérée pour les besoins des travaux physiologiques intérieurs ne dépend que
de deux facteurs :
1° La différence de valeur qui Ciciste entre la chaleur de combustion du
potentiel originel et celle de ses résidus. Avec l'identité imposée aux condi-
tions des expériences, ce focteur reste nécessairement invariable; il peut
donc être négligé lorsqu'on ne cherche que des relations et non des détermi-
nations absolues;
2° La quantité de ce potentiel originel, auquel ï oxygène absorbé dans les
échanges respiratoires fait subir une combustion complète ou incomplète.
C'est là le facteur variable du processus énergétique, celui qui s'adapte aux
besoins d'énergie de l'organisme. La valeur de cette consommation de
potentiel, ou plutôt celle de l'oxygène (pii en est l'agent, suit donc une
marche parallèle à celle de l'activité des organes élémentaires, agents du
travail physiologique : tels ceux du muscle en contraction statique pour le
soutien d'une charge.
Ainsi, l'excédent d'oxygène absorbé pendant ce travail des organes élémen-
taires en donne immédiatement la valeur proportionnelle. Ce qui revient à
dire que les •• actions statiques '> du tissu musculaire exigent pour leur
jiroduction une quantité d'énergie nécessairement proportionnelle à leur
propre valeur.
D'où il suit qu'à l'impossibilité des rapports constamment simples entre les
« actions statiques •> de la contraction musculaire et l'énergie qui les produit
se substitue l'impossibilité contraire, c'est-à-dire l'inévitable nécessité de ces
raj)ports simples.
Cette conclusion démontre que les lois de la mécanique du muscle, qu'on
982 ACADÉMIE DES SCIENCES.
doit a priori considérer comme une émanation directe des principes fon-
damentaux de la mécanique rationnelle, ne sauraient cependant être
soustraites à la dépendance étroite dans laquelle elles se trouvent vis-à-vis
des concepts généraux de l'énergétique biologique.
Géométrie. — Sur les variélés doiihlcincnt in finies de points d'une qua-
driquc de l'espace à quatre dimensions ajyj^tUcablcs sur un plan. Note de
M. C. Guichard.
Je laisse de côté ici les quiidriques spéciales; je suppose l'équation de la
quadrique ramenée à la forme :
(1) icr(l+;r) + .'V(l+^^) + av(l+r^) + :r^ = l.
Soit A(£ri, ce'.,, x'i, x'^) un point de cette quadrique qui décrit un S3'stème
doublement infini applicaljle sur un plan ; en général, on pourra choisir les
variables indépendantes u et «de telle sorte que A décrive un réseau. (Les
solutions de la question qui correspondent au cas d'exception ne présentent
aucun intérêt.)
Tout réseau A de la quadrique est 40, les coordonnées complémentaires
étant px'i, qoc^i. rx-^, si maintenant on pose :
(2) £fo =Vi -\-lfx\ u\ = 11 + rœ', X, = 1/ 1 + r-x, .r, = ,/•;,
le point B{xi, x.,, x-^, x^) décrit un réseau 0.
La loi d'orthogonalité des éléments fait correspondre à I] un réseau
C(Xi, ..., X^^ qui est applicable sur un réseau plan M(Yi, Y^V
On vérifie facilement que le réseau D orthogonal au réseau A a pour coor-
données :
(3) X, = X,l 1-f/r X, = Xyi-fr/ X, = l 1+)- X, = X,
et, i»ar conséquent, D sera applicable sur un réseau de l'espace à cinq
dimensions qui a pour coordonnées :
(4) Y,, Y,, p\,= — XI, qX.= —— X;, rX-, = J- — -X,
le réseau D et le réseau sur lequel il est applicable ont trois coordonnées
proportionnelles.
SÉANCE DU 30 AVRIL 100(i.
983
Cette propriété existe quel que soit le réseau A de la qua(lri(iue; si A tst
applicable sur un réseau plan //i, y-j,, le réseau (B) sera applicable sur le
réseau (E) qui a pour coordonnées :
.'/i-
11+/"" 1/1+'/
iV«,
1/ 1 + ?
,00,;
(5) //„
donc :
Le problème posé revient à la recherche des réseaux O de l'espace à qvalre
dimensions applicables sur un réseau de l'espace à cinq dimensions, les deux
réseaux applicables étant tels que trois coordonnées de l'un ne di/J'èrent que
par un fadeur constant de trois coordonnées de l'autre.
Remarque 1. Le réseau A étant applicable sur un plan, le réseau D (jui
lui correspond par orthogonalité des éléments est 0 ; ce réseau possède donc
les mêmes propi'iétés que le réseau B ; l'application de la loi cl' orthogonalité
fournit donc une nouvelle solution du problème.
Remarque II. Désignons par ^i, y.,, y-^, y^, y^ les coordonnées de E.
On aura :
^,^'''+^y.
^. = ^^ + '^V.
p fi
et, par conséquent, le réseau F qui a pour coordonnées
r
(6)
y..
y-i^
i i i
->J-., ;://., -//s
p-- q- r
est applicable sur le réseau à une dimension x^. On obtient donc ainsi les
réseaux I tracés sur la quadrique :
iii + ti^ - F!/' — riu — f^^Ui = 1 •
Aux réseaux applicables B et E on fait correspondre des déterminaiils
0, A et A' :
(')
A =
iZ-j ... iZ^
Ui ■■■ !h
-1
Xi .
•• X,
Ui ■
■ !h
;, .
• ■ ''"S
ayant pour rotations
a e ni\
b f n )
A' =
A E (\ m
B F K )i
984
et clans
lesquels
(8)
-1
1/1+/
ACAUHMIE DES SCIENCES.
^r:^
1/1 + g'- ' 1/1+ r^
l/l+i/ l/l +q' - " 1/1 +r
Première ij^ns formation duxiroblèmc. Je prends une combinaison isotrope
des deux premières lignes de A, par exemple la suivante :
(9) X, = X, + i;i, X^ = x^ -I- iy., X„ = .i-, + l'h, X, = x, + 27/4.
Je détermine ensuite Yj, ..., Y5 par les fjuadra turcs :
(10) l^ = (« + ^•,)r ^^(Z, + //•),;.
On posera ensuite :
(11) Yo + A-, = - S Y? Y„ - A', = 1 .
On aura :
[ Y =- ^^ X Y- J X Y- Z X
(12) ) ' \/iT¥- '^^i/rF? - ^-■'-vYT^^ ■
( SX'^ = SY* = 0 ldX:' = ï.dY\
Cela posé, soit 0 une combinaison linéaire isotrope de Y4, Y=„ Y^, Y-;
considérons les points B' et E' qui ont pour coordonnées :
«m -(}
Ces points décrivent des réseaux 0 applicables; on pourra supprimer deux
des coordonnées de E', enfin les trois premières coordonnées de E' ne diffèrent
que par un facteur constant des trois premières coordonnées de B'. Autrement
dit, le système (B') (E') est analogue au système (B) (E). On obtient donc une
transformation du problème.
11 importe de remarquer i[u'on peut former les nouveaux déterminants
A et A' qui correspondent aux réseaux B' et E'. Je ne développerai pas le
calcul qui est très simple, mais qui donnerait à cette note une trop grande
étendue. Il en résulte que les déterminants A et A' étant formés, on peut
poursuivre indéfiniment la transformation en effectuant seulement les qua-
dratures (10).
SKANCK VV oO AVRIL 190(). !JS5
Seconde U^ans formation du problème. Je forme une combinaison isotrope
des trois premières lignes de A', par exemple la suivante :
(13) Y, = x\ + iij\ Y, = x.-{- iij., . . . Y,. = x, + iy,,
je détermine Xi, Xo, X3, X4 par les quadratures :
(H) ^=:(A + Œ);, ^ = (B + ^F).„
puis je pose :
(15) X, + ïX, = -kî X,-iX„ = l.
On aura encore :
(16) ^'-1/1+]?^' '^--i/r+7^^ ^^•-urqry^^-
f SX- = 5: Y- = 0 17/X- = IdY-.
Soit alors, 0, une combinaison isotrope de X4, X^, X^, les points B", E"
qui ont pour coordonnées :
décrivent des réseaux 0 applicables. On pourra supprimer deux des coor-
données de B"; le système B", E" est analogue au système B, E. On a une
transformation du problème. Ici encore on pourra former les nouveaux
déterminants A et A' qui correspondent à B" et E'.
h'elatiovs entre le problème posé et la déformation des quadriques .
Je conserve les mêmes notations que dans la seconde transformation,
et je pose :
X = Y, ± zY',.
Les points M(;i, z.,, z^ et N(/i, ..,, /g) qui ont pour coordonnées :
décrivent des réseaux 0 applicables, et l'on a :
ïj u r
M 7 \ - = '■ t - = — — f -y — - - /
K 1 +p V \.-\- (f- V \-\- r-
et par conséquent les réseaux M'(-;'|, z.^, i..) et N'(i'4, tr^, t^ où l'on a :
i , i . i
(18) ^'="1^^' ^-'^~q~-'- -^=r-='
986 ACADKMIK DES SCIENCKS.
sont applicables. La propriété subsiste pour les réseaux parallèles; or, si l'on
suppose :
on aura :
(19) y^r + 5^v + '-'^" = -i-
On a donc un moyen d'obtenir une déformée de la quadrique (19).
Remarque. Si l'on coimait le réseau A et le réseau plan sur lequel il est
applicable on pourra former le déterminant A ; on connaîtra, en outre, les
deux dernières lignes du déterminant A' ; pour former ce déterminant
il faudra résoudre une équation de Riccati. On voit que pour amorcer les
transformations indiquées dans cette note il suffit de résoudre au début une
équation de Riccati, ensuite on pourra poursuivre indéfiniment ces transfor-
mations en effectuant seulement des quadratures. 11 en est de même
d'ailleurs de la translbrmation que j'ai indiquée dans mes précédentes notes
sur la déformation des quadriques.
CORRESPONDANCE
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées
de la cori'espondance, l'ouvrage suivant :
MdeoTologische Oi'dih, von J. M. Pernter (présenté par M. Mascart).
AsTROTs'OMiE PHYSIQUE. — l'ontrihiUion à l'élude du spectre i7ifrn-rouge.
Note de M. Milan Stefanik, présentée par M. J. Janssen.
Depuis 1880, où M. llerschell constata la présence d'une région infra-
rouge, jusqu'à nos jours, on peut classer les méthodes employées pour l'étude
de cette partie du spectre en trois groupes : la méthode tliermométrique, la
méthode photographique et l'utilisation des phénomènes de phosphorescence.
Aux deux premières méthodes sont attachés principalement les noms do
Langley el d'Abney qui, sans en être les fondateurs, sont ceux qui les ont
SÉANCE DU 30 AVRIL 1906. 987
le plus perfectionnées et ont obtenu les meilleurs résultats. L'emploi
de la phosphorescence dans l'étude spectrale est dû à Becquerel.
Au cours des observations que j'ai faites pendant l'éclipsé du 30 août
1905, en Espagne, j'ai remarqué que lorsque je plaçais un écran rouge
foncé devant la fente de mon spectroscope, je pouvais voir très loin
dans le spectre infra- rouge (i).
Au retour de cette expédition, M. Janssen ayant mis gracieusement
à ma disposition les appareils nécessaires, j'ai pu reprendre ces recherches
à l'observatoire de Meudon.
Le dispositif provisoire que j'ai employé est le suivant :
Le spectroscope est composé :
D'un collimateur à lentille achromatique de verre ;
De deux prismes à lames parallèles contenant, l'un de la benzine, l'autre du
sulfure de carbone ;
D'une lunette ordinaire à objectif et oculaire en verre.
Ce spectroscope reçoit la lumière d'un miroir plan argenté à sa surface. L'image
solaire est projetée sur la fente au moyen d'une lentille en verre.
Entre la lentille de projection et la fente est placé un écran qui est composé, soit
de lames de verre recouvertes d'une couche de collodion teinté, soit de cuves
à lames parallèles de verre contenant un liquide coloré.
J'ai utilisé successivement des solutions alcooliques de chrysoïdine, de vert
malachite, de violet d'aniline, etc., et des mélanges divers de ces substances.
Les meilleurs résultats ont été obtenus lorsque l'écran absorbait la
totalité des radiations lumineuses du spectre, ne laissant passer que les rayons
extrême-rouge et infra-rouge.
J'ai eu l'impression que la visibilité de l'infra-rouge devient ainsi meil-
leure, parce que la lumière diffusée par les pièces optiques du spectroscope
et provenant des radiations lumineuses parasites du spectre est supprimée.
Cette propriété des écrans semble d'ailleurs générale et j'ai pu, à plusieurs
reprises, remarquer que lorsqu'un écran ne laisse passer qu'une portion
limitée du spectre, l'observation de cette région est favorisée par la diminu-
tion bien nette du fond lumineux sur lequel il se détache.
Malgré les nombreuses pièces optiques de verre qui entrent dans
la composition de cet appareil et dont l'absorption est désavantageuse, j'ai
pu observer et dessiner nettement le spectre jusqu'à 1"', dans certaines
circonstances encore plus loin, quoique difficilement.
(i) J'ai signalé cette particularité dans une note des Comptes rendus, t. CXII, p. 5S5.
C. R. 1906, 1" Semestre. (T. CXLII, N" 18.) l3o
988 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le groupe Z est toujours très visible, ainsi que X; les raies n, ç, a, r
le sont déjà plus rarement.
Des variations entre l'intensité relative de raies m'ont montré que
quelques-unes sont d'origine tellurique. Je compte continuer ces recherches
avec un appareil mieux approprié.
L'extréme-rouge visible qui, d'après l'Annuaire du Bureau des longitudes,
était fixé à 0",795 est donc reporté, grâce à l'emploi des écrans, jusqu'à
(au moins) 0''',900.
Les avantages procurés par l'utilisation des écrans pour l'étude des
protubérances ont été pour la première fois signalés par M. Janssen
en 1869 {Comptes rendus, t. LVIIl, p. 713). J'attire l'attention sur cette
méthode surtout au point de vue des études spectrales, et spécialement pour
celles de l'infra-rouge.
NoMOGRAPHiE. — Sur un théorème de J. Clark.
Note de M. Maurice d'Ocagne.
Ayant remarqué que toute équation, à trois variables a,, «,, a-, représen-
table en points alignés au moyen de trois échelles rectilignes, est de la forme
(1) A/;//, + SB,//, + se/. + D = 0
où i, j, k est une des permutations circulaires de 1, 2, 3, et où chaque
fonction f^ ne contient que la seule variable a,- de même indice, je me suis
proposé inversement, étant donnée une équation de la forme (1), de recon-
naître dans quel cas elle est représentable au moyen de trois échelles recti-
lignes réelles, et j'ai trouvé (i) que cela a lieu lorsque le discriminant A du
premier membre de (1) n'est pas négatif lies trois échelles rectilignes étant
concourantes ou non suivant que A est nul ou non).
Mais M. J. Clark a remarqué que lorsqu'on ne se burne pas, comme
je l'avais fait, à n'envisager que des échelles rectilignes, on peut démontrer
que l'équation (1) est, dans tous les cas, susceptible d'une représentation
réelle en points alignés, le support de l'éclielle correspondant à l'une des
variables, arbitrairement choisie, étant rectiligne, et ceux des échelles cor-
respondant aux deux autres variables étant confondus en une même conique.
(i) Traité de Nomographie, p. 438. Ce résultat avait été présenté précédemment à l'Académie
{Comptes rendus, t. CXXIII, p. 988, 1896).
SÉANCE DU 30 AVRIL 1906. 989
Mon but est ici de faire voir comment la démonstration de ce beau
théorème (énoncé sans démonstration par M. Clark au Congrès de Cherbourg
de l'Association française pour l'avancement des sciences) peut se rattacher
h l'analyse que j'ai donnée dans le cas des trois échelles rectilignes.
Conformément aux notations emplo^'ées à l'endroit précité, je pose
F„=^B.C. + BA + B3C3-AD,
E, = AQ-B,B,, F, = F„-2BA, ' G, = B,D - G^C,
et je remarque que, quel que soit i,
(2) F--4EA = ^,
A étant le discriminant ci-dessus défini.
Cela dit, u et v représentant des coordonnées parallèles de droites,
je pose
^ ' \ « = B3/;/:+G,/; + G,/; + D,
ce qui revient à écrire l'équation (1) sous la forme
(«3) un-^v = 0,
et, par suite, à faire correspondre à la variable xg une échelle rectiligne
portée par l'axe des origines.
Éliminons maintenant successivement /; et /"o entre les équations (3).
Un calcul facile montre, eu égard aux notations ci-dessus définies, que le
résultat de l'élimination de f\ peut s'écrire
(a,) E,ff + (B,M — Av - F,)/, + C.ti — B,v + G, = 0.
L'équation [c.i) s'obtiendrait par le simple changement de l'indice 2 en
l'indice 1 ; et, comme ces équations sont du second degré en /i ou /i, les
supports des systèmes (a^) et (aj) sont des coniques. Reste à faire voir que
ces coniques coïncident.
Or, le support du système (aj) a pour équation
(B,M — Av — Fj)- - 4E,(C,i( - B,« + G,) = 0,
qui peut s'écrire, eu égard à (2),
(B3M - Aï;)- - 2(F,B3 + 2E,G.)m + 2(AF, + 2EoB,)f -f A = G.
990 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le premier et le dernier terme sont indépendants de l'indice 2. D'autre
part, on a, en tenant compte des valeurs écrites plus haut,
F,B, + 2RG. = B,(F„ - 2B,G, - 2BA) + 2AC.a ,
AF, + 2E,B, = AFo - 2B.BA ,
et ces valeurs ne changent pas quand on permute les indices 1 et 2. La
seconde partie du théorème .de M. Clark se trouve ainsi démontrée.
Je dois ajouter que, d'après sa communication de Cherbourg, M. Clark a,
dans son Mémoire encore inédit, obtenu des résultats beaucoup plus géné-
raux visant non seulement les équations de genre nomographique 0, dont le
type est l'équation (1) ci-dessus, mais encore celles dont le genre nomogra-
phique est plus élevé (i).
J'ai d'ailleurs rencontré, dans mon Traité de Nomographie (p. 198), une
équation particulière de genre non nul, qui fournit un exemple de ces nomo-.
grammes à supports coniques confondus.
Mécanique. — Sur le résultat de Vétude expérimentale d'un ventilateur
centrifuge. Note de MM. Henri et Léon Bochet, présentée par
M. R. Zeiller.
L'expérimentation faite en 1886, sur la demande d'une société industrielle
de constructions mécaniques, d'un ventilateur centrifuge aspirant du système
Capell, alors peu connu en France, mais déjà appliqué en Angleterre et en
Allemagne, a donné quelques résultats intéressants que la présente note
a pour but de faire connaître succinctement.
Ce ventilateur était établi sur des principes à peu près inverses de ceux
qui sont généralement admis : pas d'enveloppe ni de cheminée évasée, ailes
en petit nombre chassant l'air par leurs faces convexes et présentant un
profil brisé par un élément intermédiaire, d'amplitude notable, de cylindre
de révolution. Il était présenté cependant, par son inventeur, comme donnant
un rendement mécanique non seulement supérieur à celui des meilleurs
ventilateurs alors connus, mais tout à fait paradoxal, dépassant notablement
l'unité et atteignant, dans certaines expériences, jusqu'à 1,48.
(i) Sur la définition du genre nomographique, voir Bull, des Se. math., 2" série, t. XXV[,
1902, p. 71.
SÉANCE DU 30 AVRIL 1906. 991
L'expérimentation a été faite par observations manométriques au moyen de tubes
de petit diamètre, dont les orifices étaient disposés l'un normalement à l'axe de
rotation de l'appareil et, par conséquent, à la direction moyenne du courant d'air
aspiré, les deux autres parallèlement au plan méridien local de l'appareil. La dépres- ■
sion locale était donnée par la moyenne des indications des deux derniers, et
la vitesse longitudinale résultait de la comparaison entre la dépression ainsi déter-
minée et l'indication du premier tube. Des groupes semblables de trois tubes
étaient disposés en divers points de l'orifice circulaire d'entrée de l'air ; les résultats
fournis par chacun d'eux étaient tenus pour applicables à tous les points
situés à même distance du centre et la totalisation faite sur cette base par intégration
graphique.
Des observations analogues ont été faites à la périphérie du ventilateur pour
déterminer les conditions dans lesquelles l'air était rejeté dans l'atmosphère, et
aussi dans lesquelles une certaine quantité en était aspirée par le jeu existant
entre la turbine et les flasques fixes de l'appareil. Mais là, un quatrième tube
manométrique, perpendiculaire aux trois autres, a été employé, parce qu'il était
nécessaire de déterminer non seulement la projection de la vitesse sur une
direction fixe, mais la vraie valeur absolue de cette vitesse elle-même, qu'on ne
pouvait plus, comme à l'entrée, déduire de la valeur de la dépression, celle-ci
n'étant plus la cause productrice du mouvement.
L'ensemble des résultats obtenus se vérifiait par la concordance du total des
volumes d'air entrant et des volumes sortant. Chaque observation était d'ailleurs
accompagnée de relevés précis de la température, de la pression barométrique, de
la vitesse de rotation du ventilateur et du travail moteur transmis à son axe. Il en a
été fait un grand nombre, les unes avec l'ouïe entièrement libre, les autres avec
l'ouïe précédée d'ajutages tronconiques rétrécissant plus ou moins l'orifice d'entrée
de l'air dans l'appareil et donnant l'image des orifices équivalents auxquels on
a coutume de comparer les diverses exploitations minières.
Le principal résultat des expériences ainsi faites a été la confirmation
de l'assertion, en apparence paradoxale, formulée sur le rendement
mécanique du ventilateur : ce rendement, directement déduit des résultats
d'expérience dans le cas d'orifice d'aspiration égal à l'ouïe, s'est élevé, dans
ce cas, jusqu'à 1,245. L'expérimentation n'était pas disposée de manière
à le mesurer directement à l'entrée des divers orifices rétrécis placés devant
l'ouïe ; mais la discussion de l'ensemble des résultats obtenus permet de
conclure qu'il y dépasse souvent la valeur ci-dessus et qu'il s'élève très
probablement, quand l'orifice d'entrée a une superficie égale aux 3/4 de celle
de l'ouïe, jusqu'aux environs de 1,67.
Il est bien entendu, d'ailleurs, qu'il ne s'agit là que du rapport, au travail moteur,
de la demi-force vive de l'air à son passage dans l'orifice d'entrée dans le ventilateur.
992 ACADÉMIE DES SCIENCES.
passage qui ne constitue qu'un stade intermédiaire entre l'état de l'air immobile
dans l'almosphftre où il est aspiré et celui dans lequel il y est finalement rejeté
par le ventilateur; c'est évidemment et exclusivement la demi-force vive qu'il
possède à ce dernier moment qui constitue le produit définitif de la transformation
du travail moteur, et l'expérience a hien montré, comme on devait s'y attendre, que
le rapport de cette demi-force vive au travail moteur, rapport qui est le véritable
rendement mécanique de l'appareil, était toujours inférieur à l'unité ; il n'a jamais
dépassé 0,60 environ, le surplus de la force vive d'entrée ayant été restitué dans
l'intérieur de la turbine par la réaction de l'air aspiré sur les faces concaves
des ailes.
La constatation expérimentale que l'air mis en mouvement possède dans
certaines circonstances et en certains points de son trajet une demi-force
vive supérieure de beaucoup (probablement de plus de moitié) au travail
moteur semble néanmoins curieuse et intéressante à signaler.
Dans l'ensemble des expériences, la force motrice F sur l'arbre a varié
de 0,77 à 5,23 chevaux -vapeur et le poids spécifique ^ de l'air de 1,173
à 1,243. Dans ces limites, la vitesse de rotation a été proportionnelle
à F^ . 0 ~ - ; les dépressions locales (très variables d'un point à l'autre de
l'ouïe, et ce d'autant plus que l'orifice d'admission était moins rétréci) et leur
moyenne se sont montrées proportionnelles à F^ . â ; enfin, les vitesses lon-
gitudinales locales, très variables aussi dans les mêmes conditions, ont été
proportionnelles à F"^ (elles doivent l'être aussi à g-) et indépendantes
de ô. Les coefficients de proportionnalité sont des fonctions de la grandeur
de l'orifice rétréci d'admission os, parmi lesquelles celle afférente à la vitesse
longitudinale moyenne et, par conséquent, au débit total, peut se représenter,
avec une approximation suffisante pour la pratique, par une formule
parabolique du 3® degré
c„ = ax -\- bx^ — caf.
Une autre conclusion que les déductions tirées des résultats expérimen-
taux laissent entrevoir, sans d'ailleurs que l'organisation des expériences,
faites dans un but spécial, ait permis de la vérifier et préciser directement,
c'est que le coefficient de contraction d'une veine gazeuse aspirée par
un orifice en mince paroi, pour lequel on admet généralement la valeur
uniforme 0,65, pourrait bien varier dans des limites étendues avec la gran-
deur même du dit orifice, atteignant des valeurs voisines de 0,80 pour des
orifices supérieurs à 1*"' et s'abaissant, au contraire, beaucoup pour les
petits orifices, jusqu'à tendre vers une valeur voisine de 0,40 pour un orifice
infiniment petit.
SÉANCE DU 30 AVRIL 1906. 993
Electricité. — Galvanomètre à cadre mobile pour courants alternatifs.
Note de M. Henri Abraham.
On peut mesurer des courants alternatifs de l'ordre du centième de micro-
ampère avec un galvanomètre à cadre mobile dont le champ magnétique est
créé par un électro-aimant excité par un courant alternatif de même
fréquence. Pour les mesures très délicates, il peut être bon d'actionner cet
électro-aimant au moyen d'un petit transformateur auxiliaire bien isolé.
Description de l'appa^'eil. — L'appareil a été réalisé avec la collaboration
de M. J. Carpentier, et nous avons aussi entrepris la construction d'un
modèle moins sensible destiné à diverses mesures industrielles.
La disposition générale est celle d'un galvanomètre d'Arsonval ordinaire.
L'électro-aimant, en forme de couronne horizontale, est à pôles saillants
intérieurs. Entre ces deux pôles se trouve placé le noyau de fer cylin-
drique, également feuilleté. Les différentes parties de l'appareil sont
isolées à l'ébonite.
Les fuites magnétiques de l'électro-aimant alternatif induisent dans les pièces
métalliques fixes de l'appareil des courants qui tendent à réagir sur le circuit
du cadre. S'il y a quelque dissymétrie dans la construction, le cadre mobile
sera donc légèrement entraîné d'un côté ou de l'autre comme dans un champ
tournant. On ne peut pas faire qu'il n'y ait aucune dissymétrie, mais il est facile
de supprimer, une fois pour toutes, l'effet d'entraînement dont il vient d'être question,
en plaçant dans l'entrefer une petite lame de métal convenablement orientée.
Couple directeur électrique. Sa suppression. — L'électro-aimant étant
excité, si l'on ferme le circuit du galvanomètre sur une résistance faible,
on voit le cadre mobile se fixer violemment dans la position où il n'est
traversé par aucun flux. Si on l'écarté de cette position, il y est ramené par
un couple directeur puissant qui s'ajoute au couple de torsion du fil.
Il semble donc que la sensibilité de l'appareil doive se trouver énormément
réduite.
Ce couple directeur provient du courant induit dans le cadre par le flux
alternatif. Si ce courant était exactement en quadrature avec le champ, il ne
produirait aucune déviation ; le couple observé est dû au retard de phase
que la self-induction du cadre impose au courant. Pour faire disparaître le
couple, il n'y a qu'à faire disparaître le retard de phase.
Or, ceci est facile à obtenir. On met en série avec le cadre mobile
994 ACADÉMIE DES SCIENCES.
une capacité shuntée par une résistance réglable. Cette deuxième partie
du circuit avance la phase du courant, et, pour une valeur convenable de la
résistance, en fait disparaître le retard de phase et, en même temps,
le couple directeur.
On peut remarquer que la compensation est ainsi faite une fois pour
toutes, et que le circuit du cadre mobile, suivi de la capacité shuntée,
n'intervient plus que par sa résistance (i).
Sensibilité obtenue. — Le cadre mobile a, par exemple, une résistance de
200 ohms et une période d'oscillation de 10 secondes. La compensation
du couple directeur est obtenue par la mise en circuit de un demi-micro-
farad shunté par une résistance de 330 ohms. Le galvanomètre, fermé sur
une résistance de 2000 ohms, est apériodique et son zéro est stable, à moins
de un demi-millimètre près, l'échelle étant à un mètre de l'appareil. Dans ces
conditions, la sensibilité est de 275 millimètres par micro-ampère.
Remarque. — Lorsque l'on fait le réglage de la compensation du couple
directeur électrique, il peut être intéressant d'exagérer l'action de la capacité
de réglage, de manière à mettre le courant induit dans le cadre en avance
sur la force électro-motrice. Au lieu d'un couple directeur, on a alors
un couple d'instabilité qui se retranche du couple de torsion du fil, et l'on
arrive à ce résultat paradoxal d'obtenir une sensibilité plus grande que
ne le comporte la torsion du fil.
Dans l'expérience précédente, par exemple, si l'on porte de 330 à
340 ohms la résistance qui shunte la capacité compensatrice, la sensibilité
atteint 400 millimètres par micro-ampère.
Physique. — Sur les spectres des alliages. Note de MM. J. de Kowalski
et P. B. Huber, présentée par M. E. H. Amagat.
C'est en étudiant l'influence de la self-induction sur les spectres de la
décharge oscillante, entre électrodes en alliages métalliques, que nous avons
(i) Une capacité C shuntée par une résistance R compense une self-induction L donnée
par la formule
_ CR^
1 + w=C^R2'
Si donc on met dans le circuit du cadre mobile une self-induction inconnue, la mesure de la
résistance de réglage fera connaître la valeur de cette self-induction. Le procédé est très
commode pour la mesure à un pour cent près des coefficients de self-induction, à partir de
quelques millièmes de Henry.
SÉANCE DU 30 AVRIL 1906. 995
observé un phénomène qui nous paraît assez intéressant pour être signalé.
On sait, d'après les recherches de Schuster et Hemsalech, qu'en intercalant
une self-induction dans le circuit de la décharge oscillante d'un condensa-
teur, on fait disparaître dans le spectre de la décharge non seulement les
lignes de l'air, mais aussi certaines lignes du métal formant les électrodes.
Ce phénomène s'explique, soit par l'abaissement de la température
moyenne dans la décharge, soit en admettant avec J. J. Thomson que
l'émission de la lumière par un système corpusculaire faisant partie d'un
atome n'a lieu que si la valeur de l'énergie intérieure du système dépasse
un certaiu minimum. Si donc l'atome fait partie d'un milieu traversé par le
courant électrique, comme cela a lieu dans une décharge, cette énergie
intérieure serait une fonction exponemielle du temps et des paramètres qui
dépendent de l'intensité du courant, ainsi que des propriétés du milieu dans
lequel se trouve l'atome.
On pourrait donc s'attendre à ce que l'influence de la self-induction put
se manifester d'une façon différente selon que les électrodes seraient en
métal pur ou bien en alliage, et cela parce que le milieu ambiant
du système émettant la lumière est différent dans les deux cas.
Les faits que nous avons observés confirment cette prévision.
Notre circuit de décharge élait composé : 1° d'une batterie de condensateurs
ayant une capacité d'environ 0,003 microfarades et d'un circuit très peu inductif
formé du déchargeur et de fils qui le reliaient aux condensateurs ; 2° de la même
batterie de condensateurs, plus une boijine d'induction, sans noyau de fer, ayant une
valeur de self-induclion d'environ 0,1 henry. La distance explosive était dans
toutes les expériences égale à S""".
Les photographies du spectre ont été faites avec un spectrographe construit sur
les indications de l'un de nous et possédant une lentille de Cornu en quartz, ainsi que
des objectifs achromatisés par la combinaison des lentilles en quartz et en spathfluor.
On obtenait ainsi sur une seule plaque des photographies très nettes dans toute
l'étendue du spectre, depuis les raies vertes jusqu'aux raies ultraviolettes de Cornu
(environ 2000 A.).
Sans la self-induction, le temps de pose était de 30 secondes. Avec la self-induction,
la pose durait toujours dix minutes. Les alliages que nous avons étudiés étaient
le cuivre-magnésium et le cuivre-zinc ; nous' avons étudié également les métaux
purs entrant dans la composition de ces alliages.
L'étude des photographies de spectres nous permet de résumer les faits de
la façon suivante :
1, En intercalant la self-induction dans le circuit de la décharge, on fait
C. R., 1906, 1" Semestre. (T. CXLII, N» 18.) l3l
996 ACADÉMIE DES SCIENCES.
disparaître, dans le cas des électrodes en métal pur, un plus grand nombre
de lignes du spectre que dans le cas des électrodes en alliage ;
t. Les lignes qui n'ont pas disparu dans le spectre des alliages sont
les mêmes pour l'alliage du cuivre-zinc que du cuivre-magnésium et appar-
tiennent au cuivre;
3. Leurs longueurs d'onde, exprimées en unités AngstrOm, sont les
suivantes :
2392,8; 2441,7; 2492,2; 2618,5; 2824,5;
2961,2; 3010,9; 3036,1; 3194,1;
4. Toutes ces lignes ont été observées dans le spectre de l'arc par
Kayser et Runge, sauf toutefois la ligne 2824,5. Dans nos photographies,
cette ligne est très faible, mais peut êlre mesurée avec précision.
Les phénomènes décrits, et qui peuvent être, comme nous l'avons dit,
déduits des idées de J. J. Thomson, pourraient cependant être aussi expli-
qués en admettant que la température moyenne dans la décharge oscillante
entre électrodes en alliage est supérieure à celle qui existe dans la décharge
analogue entre électrodes en cuivre pur. Il faudrait pour cela admettre
que la temjîérature de vaporisation de l'alliage est supérieure à celle
du métal pur.
Chimie organique. — Synthèse des [t)[i diméthyl et fjfi-. triméthyl piméliques.
Note de M. G. Blanc, présentée par M. A. Haller.
L'acide (3|5 diméthylpimélique possède dans l'histoire des composés lerpè-
niques une importance égale à celle des acides y.a et [û^-j dimétliylglutariques
et adipiques. En effet, il constitue le produit de dégradation le plus proche
de la tétrabydroeucarvone, fait qui conduit à la constitution de cette
cétone (ij :
GH=
GH
GH* /\ GO
1
GIP ■ 1 GH^ :»—
c„.!_Jc<™:
GO- H
GH^ / ,GO-H.
-^ GIF GH-
rrr r <^H'
LU- G ^j^3
(i) Baeyer, D. ch. Ges., t. XXXI, p. 2073: O. Wallach, Lieb. Ann., t. CCCXXXIX, p. 94.
SÉANCE DU 30 AVRIL 1906.
997
Il était donc intéressant de fixer par synthèse la constitution même de cet
acide (5(î diméthylpimélique. Je l'ai effectué au moyen d'une méthode très
analogue à celle qui m'a servi à réaliser la synthèse de plusieurs acides
bibasiques (i).
L'anhydrile p p diméthylglutarique est réduit par le sodium et l'alcool absolu en
une lactone (2).
Cette lactone, traitée par le pentabromure de phosphore, est transformée en
bromure d'acide 0 brome qu'un traitement ultérieur par l'alcool absolu convertit en
élher S bromo |3 j3 diméthylvalérique.
CH^ Cff
V
G
Cff
GH*
GO l JCO
0
Cff CH'
V
G
Gff CFP
GH-
GH-
V
G
Gff
'GO
0
CH-,
CH-
Br . CH^
CO-C-H''
Cet éther 8 brome, qui se forme avec de bons rendements, est un liquide mobile,
d'une odeur tenace, bouillant à 119° (lOmmj L'acide correspondant cristallise dans
l'éther de pétrole en gros prismes fusibles à 58°.
L'élher brome se condense avec l'éther malonique sodé, en donnant un éther
tricarburé dont la saponification par l'acide chlorhydrique conduit à l'acide p p
diméthylpimélique.
CH' CH'
V
COC-ff
+ NaCH
CO'-C«H»
CO^C'^H»
NaBr
(i) Bull. Soc. chim. (3), t. XXXIII, p. 879.
(2) Ibid.
998 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CH'" CH' CH' Cff
+ v \/
CH*,^ N, Cff
CH'i CO.CnP CHH CO^H
CH
C'^ff.CO'- CO-.C-H» CO^H
La condensation s'opère assez mal à la pression ordinaire, très facilement, au
contraire, en autoclave à 100°, avec un bon rendement. L'éther tricarboné bout
à 180° (T""").
Il est aisément saponifié par la potasse alcoolique: mais l'acide correspondant
ne peut pas être isolé parce qu'il se produit en même temps séparation partielle d'un
groupe carboxyle avec production finale d'un mélange des acides bi et tricarboxylés,
mélange qui est incristallisable. Chauffé à 180°, il fournit d'ailleurs l'acide pp
diméthylpimélique à l'état pur. On a trouvé plus simple de chauffer directement
l'éther tricarboné avec de l'acide chlorhydrique, la séparation de l'acide n'offrant
aucune difiRcullé à cause de son peu de solubilité dans l'eau. Cet acide cristallise en
belles aiguilles fusibles à 104°. Léser indique également ce point de fusion pour
l'acide dérivé de la cycloacétylniéthylhepténone (i).
La condensation de l'éther pp diméthyl 3 bromovalérique avec le méthylmalonate
d'éthyle soilé fournit par une réaction analogue un éther tricarboné bouillant à
180-182 (7'"™). L'acide correspondant
CW ' \ CH-
I I
CH* ' ' CO-H
C - CH-'
CO*H CO-H
s'obtient sans difficulté. Il est peu soluble dans l'eau el fond à 163°. Chauffé
(i) BM. Soc. chim., t. XXI, p. 549.
SÉANCE DU 30 AVRIL 1006. 999
à 180", il se transforme quantitativement en acide pf!- triméthyipimélique avec
perle de CO^.
Cet acide triméthyipimélique
CH"' CPP
V
c
est très peu solubie dans l'eau, plus facilement dans l'acide formique dilué ;
à 55-560.
fond
Minéralogie. — Sur la composition chimique de la glauconic. Note de
MM. Léon "W. Collet et Gabriel "W. Lee, du "Challenger Office «,
présentée par M. Michel Lévy.
Les savants qui ont traité de la composition chimique de la glauconie
peuvent se diviser en deux groupes : les uns ont étudié la glauconie des
roches sédimentaires, les autres celle qui se forme actuellement au fond de
la mer.
Ce minéral se formant sur le fond des mers actuelles, c'est évidemment de
la glauconie actuelle qu'il faut partir pour arriver à l'explication de sa
formation.
Le plus récent travail qui traite de cette question est celui de MM. Calderon
et Chaves (i), de Madrid. Ces savants, basant leurs recherches sur une analyse déjà
ancienne de glauconie du crélacique inférieur de Villers-sur-Mer, faite par Pisani (2),
réussirent à produire artificiellement un silicaie ferro-potassique jouissant des mêmes
propriétés physiques. La proportion de fer ferreux à la silice dans l'analyse qui a
(i) Contribuciones al estudio délia glauconita (An. Soc. espan. de Hist. nat., vol. XXIII, t. III.
Madrid, 1894.)
(2) In GÛMBEL, Ueber die Natur and Bildungsweise des Glaukonits. {Sits. d. Math. Phys. Clas.
d. K. Akad. Wissen. Mûnchen, 1886.)
1000 ACADÉMIE DES SCIENCES.
servi de type à MM. Galderon et Chaves est de 20,1 à 54,1 ; elle est de 20,4 à 50,1
dans le minéral qu'ils produisirent par voie synthétique.
Gomme l'ont fait remarquer judicieusement MM. Murray et Renard, puis
M. Lacroix, le peu de concordance qui existe entre les différentes analyses de glau-
conie provient du fait qu'on a généralement opéré sur du matériel impur, ce minéral
étant très difficile à isoler.
Ayant eu la bonne fortune de rencontrer parmi les collections de Sir John
Murray au -«Challenger Office» (i) un échantillon de glauconie marine de
parfaite fraîcheur et ne contenant pour toute impureté que du quartz, après
avoir séparé ce dernier au moyen de l 'électro-aimant, nous avons fait une
analyse quantitative qui nous a donné les résultats suivants :
SiO^
=
47,46 o/o
Fe'O^
=
;30,8.3
APO=
=
1,53
MnO^
—
traces
FeO
—
3,10
MgO
^=
2,41
K*0
^
7,76
H-0
=
7,00
100,09
Ce qui frappe tout de suite dans cette analyse, cest la forte teneur en fer fer-
rique et le rôle tout à fait subordonné du fer ferreux. Cela ne doit pas être
considéré comme un cas particulier, étant donné que dans toutes les analyses
du " Challenger» (a) le rapport du fer ferrique au fer ferreux est sensiblement
le même, de même que pour une analyse de glauconie de la « Gazelle» donnée
par M. Gùmbel (3).
Il résulte donc que la glauconie actuelle est un silicate ferrique et non
ferreux qui a pu subir au sein des assises sédimentaires des transformations
nombreuses.
MM. Calderon et Chaves ont donc, par leur synthèse, reproduit un minéral
qui est identique à une glauconie de roches sédimentaires, très vraisembla-
blement métamorphosée par suite de réductions; cette synthèse ne peut.
(i) Ce matériel fut dragué, en 1873, par le « M. S. S. Tuscarora » à une profondeur de 317 mètres
au point Lat. N. 38''32', Long. W. ]23»24'.
(2) Challenger Reports, vol, Oeep sea deposits.
(3) GÙMBEL, op. cit.
SÉANCE DU 30 AVRIL 1906.
1001
d'autre part, donner la clef du problème de la genèse de ce minéral au sein des
mers actuelles, comme ces auteurs ont cru pouvoir le faire.
Nous donnerons prochainement le résultat de nos recherches sur la glau-
conie et montrerons qu'on peut suivre pas à pas, avec le microscope et
l'analyse chimique, l'évolution de ce minéral remplissant les chambres de
Foraminifères. Cette évolution comporte trois stades : 1° le stade argileux ou
silicate d'alumine; 2° le stade silicate ferrique de couleur brun Ibncé, avec de
très faibles proportions d'alumine; 3° la glauconitisation par apport de
potasse.
La présente note a surtout pour but de faire remarquer que la. glauconie
marine est un silicate essentiellement ferrique et qu'il est impossible d'ex-
pliquer sa formation en se basant sur l'élude de la glauconie des roches
sédimcnlaires, cette dernière, comme le fait pressentir M. Cajeux (i), ayant
pu subir de nombreuses transformations.
Géologie. — Sur la grande nappe de recouvrement de la Sicile. Note de
MM. Maurice Lugeon et Emile Argand, présentée par M. Michel
Lévy.
Une grande nappe de recouvrement, plus ou moins compliquée par des
digitations ou des nappes secondaires, s'est étendue sur toute la Sicile occi-
dentale, ainsi que nous l'avons établi dans une note précédente (z).
Il nous reste à tirer les conséquences de cette hypothèse dont l'intérêt
théorique peut être considérable.
1° La nappe vient du nord, ainsi qu'eu témoignent plusieurs plongées des
digitations de la nappe dans les argiles de l'Eocène moyen, et ainsi que cela
découle de la construction des profils.
2° Toutes les fois que l'on peut examiner le substratum des lambeaux de
recouvrement, nous constatons qu'il est formé par les argiles de l'Eocène
moyen. C'est un fait constant, aussi bien dans les environs de Palerme qu'à
l'extrémité actuelle de la nappe à Sciacca, sur le versant sud de l'île. Même
quand les lambeaux sont entourés par les dépôts miocènes, il est rare que l'on
n'aperçoive pas dans les environs immédiats des argiles de l'Eocène dans des
conditions d'affleurement souvent étranges.
(i) Contribution à l'étude micrographique des terrains sédimentaires. Lille, 1897.
(2) Comptes Rendus, t. CXLII, 23 avril 1906.
.h^
V>.
1002 ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'Eocène, dit inférieur, des géologues siciliens, à grandes nummulites, a
participé au charriage, ainsi qu'on peut le constater dans les Madonie, dans
le M. Barafo, au sud de Corleone, dans le M. Pellegrino, etc.
Les argiles de TEocèue moyen recouvrent en bien des points les masses
charriées. Plusieurs lambeaux de la nappe semblent alors n'être plus que
d'immenses lentilles noyées dans ces argiles et sans attache avec leurs voi-
sines. L'aspect discontinu des lambeaux est probablement originel. A ce titre,
la nappe sicilienne se serait déroulée avec un mode spécial, connu cependant
dans les Alpes, telle la vaste lentille du Falknis et celles qui caractérisent la
nappe des calcaires de Hallstadt,
Ce serait comme une immense coulée, du nord vers le sud, d'une masse
considérable d'argile éocène entraînant avec elle les lentilles de calcaire
secondaire. Le gisement célèbre de calcaire carbonifère de Palazzo Adriano
repose sur l'Eocène moyen. G est le seul fragment primaire (et combien petit)
conservé à la base des masses charriées.
La disposition en lentilles immenses paraît être le mode caractéristique de
la nappe pour de grands lambeaux situés entre Corleone et Sciacca.
Les argiles de l'Eocène moyen enveloppaient donc entièrement la nappe de
charriage. Elle est, en conséquence, postérieure à leur sédimentation. Les
argiles de l'Eocène supérieur, presque toujours en replis serrés dans celles de
l'Eocène moyen, nous laissent croire que la nappe s'est déroulée pendant les
temps de l'Eocèae supérieur.
Cependant, plusieurs masses de terrains secondaires, formant presque tou-
jours des sommets, ou occupant les lignes de faîtes, sont entièrement entourées
par les argiles sableuses du Miocène supérieur, tels le M. Maranfusa et le
Galliello, à l'ouest de Corleone. Les petits lambeaux crétaciques qui par-
sèment la région tortonienne entre Aragona et Girgenti sont dans des positions
analogues, mais quelques-uns sont accompagnés par des argiles de l'Eocène
moyen. On pourrait croire que les phénomènes mécaniques, créateurs de la
nappe, se sont perpétués jusque durant le Tortonien. Nous ne pouvons nous
prononcer sur cette hypothèse, faute d'observations.
3° La grande nappe de charriage, originellement morcelée en lentilles, a
été victime des transgressions dès le Miocène. Ainsi, au Cap S. Vito, l'Helvé-
tien repose en discordance sur du Lias d'une région charriée.
Toute la nappe et sa couverture éocène ont été entièrement enfouies sous
les sédimentations des transgressions miocènes et en partie recouvertes par les
dépôts pliocènes. On constate même que le Miocène a pénétré entre les len-
SÉANCE DU 30 AVRIL 1906. 1003
tilles. Telles, pour citer des exemples, les grandes masses de grés burdiga-
liens qui s'étendent à l'est de Bisacquino jusque près de Prizzi, et ceux de
Giardinetta, à l'est de Campofîorito.
4° Ainsi compris, les grands phénomènes de charriage de la Sicile, simples
ou formés de plusieurs nappes, s'étendent entre la mer tyrrhénienne et la mer
africaine. Au nord de Palerme, la racine est dans les eaux de la mer; au sud,
son front est inconnu. C'est donc sur une surface supérieure à cent kilomètres
de longueur, compris entre le cap Gallo et les environs de Girgenti, que s'est
déroulée cette grande écaille de l'écorce terrestre. Erodée par les eaux mio-
cènes et pliocènes, elle a résisté et a participé aux plissements autochtones.
Géologie. — Sur l'existence de phénomènes de charriage antérieurs au
Stéphanien dans la région de Saint- Etienne. Note de MM. P. Termier
et G. Friedel, présentée par M, Michel Lévy.
Il y a plusieurs années, l'un de nous, en collaboration avec M. E. Coste,
puis avec M. A. Bachellery, ingénieurs des mines, a constaté l'existence en
beaucoup de points, au-dessous du terrain houiller de Saint-Etienne, d'une
formation singulière qui d'abord a été décrite à tort comme un sédiment
granitisé par place avant le dépôt du Houiller. Nous avons repris l'étude de
cette formation et avons pu établir d'une manière certaine sa véritable
nature : c'est une nappe de roches diverses, le plus souvent écrasées, où
domine un granité réduit par laminage à une bouillie presque amorphe, et
qui témoigne de vastes phénomènes de charriage antérieurs au Stéphanien.
Nous ne signalerons dans cette note que les faits principaux, dès main-
tenant acquis, réservant pour une description ultérieure plus étendue les
détails que comporte la démonstration de nos conclusions.
La nappe en question est surtout observable dans la partie occidentale du
bassin houiller, sur ses bords Sud et Ouest. Elle forme, entre le terrain
houiller et les micaschistes en place, une bande presque continue depuis
Saint-Etienne jusqu'à Cizeron, sur 27 kilomètres de longueur. Sauf les épais-
sissements locaux dont il sera question, sa puissance ne dépasse généralement
pas 30 à 40 mètres. Dans l'ensemble, elle se comporte donc comme le ferait
un étage sédimentaire inférieur au Houiller et à peu près concordant avec
lui. Les micaschistes sur lesquels elle repose sont au contraire en complète
■discordance avec le Houiller. Sur le bord Sud notamment, leur direction
C. R., 1906, 1" Semestre. (T. CXLII, N» Is.) 3 32
1004 ACADÉMIE DES SCIEiNCES.
moyenne fait un angle de 45" avec celle du synclinal houiller. Il y a donc la
même discordance entre les micaschistes en place et la nappe. Bien visible
par endroits, la surface de discordance n'est cependant pas, en général,
localisée d'une manière bien nette, et n'a rien de commun avec la surface de
contact d'un dépôt sédimentaire discordant sur un substratum érodé. Les
micaschistes sont froissés et étirés au voisinage. C'est de toute évidence
une discordance tectonique.
Au-dessus de la nappe, la base du Houiller, composée en général de
poudingues et schistes rouges, repose sur elle par un contact parfaitement
net. Dans les poudingues, on trouve des galets de toutes les roches qui
constituent la nappe, 1oul.es dans l'état d'écrasement où elles s'y lyrésenienf
actuellement. Il n'est donc pas douteux que la mise en place de cette nappe
ne soit antérieure au Stéphanien. Le teri*ain houiller s'est déposé, en somme,
dans une cuvette dont le fond était, sur de vastes espaces, recouvert des
restes de la nappe que nous décrivons, discordante sur les micaschistes.
Cette nappe, érodée avant et pendant le dépôt du Houiller, a été par endroits
complètement enlevée, laissant le Houiller reposer directement sur les
micaschistes en place. Ailleurs, elle a été en partie conservée. Généralement
sa base, rendue extrêmement dure et compacte par l'écrasement, a seule
résisté à l'érosion, tapissant ainsi d'un manteau peu épais le fond de la
cuvette houillère. Mais par endroits, sans doute dans les dépressions du sol
anté-stéphanien, on retrouve, au dessus des roches écrasées qui accom-
pagnent le contact discordant avec les micaschistes, des témoins pai'fois
très épais de la nappe, sous l'orme de puissants massifs d'un granité
tout particulier, associés à divers termes cristallophylliens que leur faciès
aussi bien que leur position discordante séparent des micaschistes inférieurs.
Les parties minces de la nappe, et, partant, la base de celle-ci, sont com-
posées surtout, sur des épaisseurs jitteignant parfois 20 et 30 mètres, d'une
roche étrange qui, observée la première, a été prise d'abord pour une sorte
d'arkose. Le passage graduel de cette roche, présumée sédimentaire, au
granité, avait fait conclure à tort à la formation des massifs de granité par
granitisation de cette arkose. En réalité, cette roche est un granité écrasé,
où le microscope montre, nageant dans une pâte aphanitique, souvent
presque entièrement isotrope, des débris, de toute forme et de toute grosseur,
d'un granité plus ou moins altéré, toujours identique à lui-même, et iden-
tique au granité intact auquel la roche écrasée passe, çà et là.
Quant au granité intact, il ne ressemble en rien à ceux qui, dans la
SÉANCE DU 30 AVRIL 1906. 1005
région, percent les gneiss et les micaschistes en place. C'est un granité por-
phyroïde alcalin, dont les analogies sont avec les granités du Mont-Blanc et
du Pelvou-r, et non point arec les granités classiques du Massif central .
Au sud du bassin houiller, dans le pays montagneux où confinent les trois
départements de la Loire, de la Haute-Loire et de l'Ardèche, les montagnes
les plus hautes sont constituées par une roche cristalline très particulière,
désignée sous la rubrique gneiss graniilitiques dans la légende des trois
feuilles Valence, Le Puy, Saint- Etienne, de la Carte géologique à 1/80.000.
Ces prétendus gneiss sont horizontaux, dans leur ensemble, et se séparent
très nettement des granités et des autres gneiss de la région. Dojà en 1S9S,
l'un de nous signalait les phénomènes dynamiques que l'évèle l'étude micros-
copique de ces roches, et émettait l'idée qu'il y fallait voir, non pas des
gneiss, mais un granité alcalin écrasé et laminé, transporté par charriage à
sa place actuelle.
Cette conclusion n'est plus douteuse au-jourd'hui. Les prétendus gneiss
granulitiques en question appartiennent à la nappe anté-stéphanienne qui
s'en va, plus au nord, passer sous le Houiller. Ils proviennent de l'écrase-
ment des mêmes granités alcalins. Ils forment des lambeaux très étendus,
puissants de plusieurs centaines de mètres, qui flottent sur le Cristallin en
place. La nappe en question, probablement complexe, c'est-à-dire formée de
plusieurs nappes, semble avoir recouvert une grande partie de la région
orientale du Massif central. Nous ne savons point de quel côté chercher son
pays d'origine.
M. Albert Breydel adresse une note Sur l'électricité souterraine.
M. Grenier adresse une note Sur le traitement de l'épHepsie essentielle
et sur le traitement abortif de la pneumonie.
La séance est levée à 4 heures. AI. B.
uuLLEriiv ribliocraphique:
Ouvrages reçus dans la séance du 17 avril 1906.
A hand-Usi of tlie Birds of the Philippine Islands, by Richard C. jNIc Gregor iiiid
Dean C. Worcester. (Départ, of Interior, Bureau of Govt. Laboratories, n" 36,
janvier 1906.) Manille; 1 fasc. in-4".
1006 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Carnegie Institution of Washington. Year Book, n° 4, 1903, piih. I)y Ihe Institutimi.
Washington, 1906; 1 vol. in-4o.
Report of the Bureau of Fisheries, 1901, by George M. Bowers. Wnshinglon,
Government printing Office, 1905; vol. in-.S".
Twentij-frsi annual report of thc Bureau of animal Industrie, for the year 1904.
Washington, 1905: 1 vol. in-8°.
Bulletin ofthe Bureau of Fisheries; vol. XXIV, 1904; George M. Bowers, comaiis-
sioner. Washington, 1905; 1 vol. in-4°.
Memoirs of tlie Muséum of comparative Zoologie at Hanward Collège; vol. XXXIII.
Cambridge, Mass. ; 1906; 1 vol. in-4°.
Annals of the Lowell Observatory ; vol. III : Obsercations of Ihe planet Mars du-
ring the opposition ofl894, 1896, 1898, 1901 and 1903, made at Flagstaff, Arizona;
Percival Lowell, Director ofthe Observatory; 1905. 1 vol. in-4".
Denkschriften der kaiserlichen Akademie der Wissenschaften, mathematisch-Xatur-
wissenschaftlicheKlasse; Bd. LXXVIII, 1906; mit 20 Tatïein, 61 Textfiguren und
1 Kartenskizze. Vienne; i vol. in-4°.
Précis de Chimie physique, par M. Em.m. Pozzi-Escot. Paris, Jules Piousset,
1906; 1 vol. in-8°. (Hommage de l'auteur.)
L'Electrochimie, revue mensuelle des Sciences et de l'Industrie ; Direct. : Adolphe
Minet; i'i," année, n°^ 1, 2, 3, janvier-mars 1906. Paris, E. Bernard; 1 fasc. in-8°.
Il vero nella matematica. Discorso del Senatore Giuseppe Veronese. Rome, 1906;
1 fasc. in-8°.
Ueber die Konstilution des Aethers und der Elektronen und den Mechanisuius der
electromagnetischen Vorgànge, von G. Beckenhaupt. Heidelberg, 1906; 1 fasc. in-S°.
Die Tëtraeder- Théorie im Leben, in der Eoolulion und im Aufhau der Mater ie, von
G. Beckenhaupt. Heidelberg, 1906; 1 fasc. in-S°.
Die Aether énergie, von Ignaz Dickl. Vienne, s. d. ; 1 fasc. in-8°.
Die Berechnung der achsialen Aktionsturbinen auf zeichnerischem Wege, von
Ignaz Dickl. Vienne, s. d. ; 1 fasc. in-8°.
Zur Effektberechnung von Flugvorrichtungen, von Ignaz Dickl. Vienne, s. d. ;
1 fasc. in-8°.
Radcliff'e catalogue o/ 1/^2 stars for ihe epocli 1900, deducted from observations
made at the Radcliff'e Observatory, Oxford, during the years 1894-1903, under the
direction o( Arthur A. Rainbaut. Oxford, 1906; 1 vol. in-4°.
Studien iiber Meleoriten, vorgenonimen auf Grund des Materials der Sammlung der
Universitàts Berlin, von G. Klein, mit 3 Taft'eln. Berlin, 1906; 1 vol. in-4°.
Bericht ilber die Ergebaisse der Beobachtungen and den Regenstationen des Lie-,
Est-KurlàndiscJien Netzes filr das Jahr 1901. Jurjew, 1905; 1 fasc. ia-8".
Report (f tlie meieorological council for t/ie year ending Slst. of march 1900,
to ihe Presideni and Council of the Royal Society. Londres, 1906 ; 1 vol. in-S".
U idrografia dci colli Euganei nei sui rapporii colla geologia e la morfologia délia
regione, del s. c. Luigi de Marchi. (Mem. del R. Instituto Veneto di Se. Let. ed Arti :
vol. XXVII, n"5.) Venise, 1905; 1 fasc. in-4°.
ACADEMIE DES SCIENCES.
SEANCE DU LUNDI 7 MAI 1906.
PRÉSIDENCE DE M. H. POINCARÉ.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE l'aGADÉMIE
Astronomie. — Découverte de mouvements propres d'étoiles à l'aide de la
méthode stéréoscopique, par M. le D" Max Wolf. Note de M. Lœwy.
J'ai l'honneur d'annoncer à l'Académie que M. le D'' Max Wolf, directeur
de l'Observatoire astrophysique d'Heidelberg, est parvenu à mettre en
évidence l'existence de mouvements propres pour de nombreuses étoiles, par
une méthode qu'on peut dire nouvelle, car elle n'avait donné lieu jusqu'à
présent qu'à des tentatives infructueuses. Cette méthode consiste à comparer,
dans un stéréoscope, deux photographies d'une même portion du ciel prises
à plusieurs années d'intervalle.
Parmi les épreuves que ce savant m'a prié de mettre sous les yeux de
l'Académie, il en est une qui se rapporte à une étoile déjà connue par l'im-
portance de son déplacement annuel. Un intervalle de quatre ans a suffi, ici,
pour que l'image de l'astre apparût dans un plan très différent de celui des
étoiles voisines.
Une autre épreuve est relative à un fait analogue pour une étoile de
neuvième grandeur, dans la constellation du Lion, dont le mouvement
propre a été ainsi révélé pour la première fois. Dans ce cas, les deux clichés
ont été pris à quatorze ans d'intervalle; mais il y a, en outre, un second
résultat important qui doit être signalé : le mouvement propre a pu être
évalué stéréoscopiquement avec une précision que M. Max Wolf estime
supérieure à celle des mesures micrométriques ordinaires. C'est une décou-
verte véritablement très intéressante.
C. R., 1906, 1" Seineslre. (T. CXLll, N" 19.) l3.^
lOOS ACADÉMIE DES SCIENCES.
D'autres photographies prises par cet astronome font voir la traînée himi-
neuse d'une étoile lilante passant en avant des constellations environnantes.
Une combinaison de deux agrandissements de clichés de l'Observatoire de
Paris a rendu frappantes les différences de niveau qui existent entre les forma-
tions lunaires voisines. La comète Perrine I9l)2b, les nébuleuses d'Orion et
d'Andromède présentent, dans les mêmes conditions, des aspects très expressifs.
M. le l)"" Max Wolf, qui a déjà inauguré avec tant de succès l'application
de la photographie à la recherche des petites planètes, mérite une fois de
plus la reconnaissance des astronomes en démontrant que la méthode stéréos-
copique, convenablement mise en pratique, peut rendre de sérieux services à
l'astronomie.
Astronomie. — Présentation du tome XII 'les ■• Annales de rObservatoù-e
de Bordeaux -. . Note de M. Lœwy.
J'ai l'honneur de présenter à l'Académie le tome XII des Annales de
l'Observatoire de Bordeaux, renfermant les études régulièrement poursuivies
dans cet établissement pendant les deux années 1897 et 1898.
Le volume débute par une notice intéressante de M. Rayet, directeur de
l'Observatoire, sur la vie et les travaux de G. Lespiault, qui a exercé une
influence si heureuse sur le mouvement scientifique à l'Université de Bor-
deaux, et notamment contribué à la création de l'Observatoire de Floirac,
auquel il a, en toute circonstance, apporté un concours des plus efficaces.
A l'aide du cercle méridien d'Eichens de 19 centimètres d'ouverture, une
nouvelle recherche a été inaugurée en 1897, ayant pour objet la détermina-
tion des positions d'un certain nombre d'étoiles de huitième à neuvième
grandeur, destinées à servir de repères pour la réduction des clichés à
Bordeaux et comprises dans une région de l'espace, de -^ 10° à 4- 18° de
déclinaison boréale, assignée à cet établissement dans la grande entreprise
internationale de l'exploration photographique du ciel. Le nombre des obser-
vations obtenues à Bordeaux dans les deux années 1897 et 1898 s'élève
à 10162. On constate ainsi que les travaux accomplis dans cet ordre d'idées
par les observatoires français sont poursuivis avec une grande énergie et
reposent sur un plan homogène.
L'ouvrage se termine par la publication de positions équatoriales, au
nombre de soixante, de diverses petites planètes et comètes, ainsi que des
observations météorologiques et magnétiques accomplies pendant les
années 1897 ei 189S.
SÉANCE DU 7 MAI 1906. 1009
Astronomie physique. — Méthodes pour la recherche, en dehors des éclipses,
des amas de particules brillantes, mêlés aux gaz et vapeurs dans la partie
basse de l'atmosphère solaire. Note de M. H. Deslandres
Dans une note récente [Comptes rendus, même tome, p. 741) j'ai foit
ressortir l'importance des particules incandescentes, liquides ou solides, qui
sont mêlées aux gaz et vapeurs dans la partie basse de l'atmosphère solaire
(chromosphère et protubérances). Jusqu'à présent, les astronomes ont porté
leur attention sur les gaz et vapeurs, qui ont été reconnus, d'abord au bord
extérieur dans l'éclipsé de 1868, puis journellement, en dehors des écUpses,
au même bord extérieur (Janssen et Lockyer), puis, depuis 1892, à Tinté-
rieur du bord, ou, plus généralement, dans la demi-sphère entière tournée
vers la Terre (Haie et Deslandres).
Dans cette longue période, on a négligé les amas de particules qui offrent
un intérêt au moins égal, mais sont plus difficiles à reconnaître, étant
décelés non plus comme les gaz par une ligne tine brillante, mais par un
spectre continu qui s'affail)lit avec la dispersion.
D'une manière générale, la matière solaire apparaît formée de gaz et de
particules en suspension, dans les trois couches principales, distinguées
jusqu'ici, qui sont : la surface même ou photosphère, la chromosphère avec
les protubérances et la couronne. Les images de la photographie ordinaire
sont formées par les lumières confondues des deux éléments gaz et particules ;
mais, pour la connaissance complète du Soleil, il importe évidemment
d'avoir séparément l'image spéciale de chaque élément, et de déterminer
dans chaque couche la proportion, la répartition, l'origine des deux lumières
composantes, émises l'une avec un spectre de lignes et l'autre avec un spectre
continu. Ce programme de recherches devra être poursuivi pour les deux
couches atmosphériques, non seulement pendant les éclipses, mais en temps
ordinaire, non seulement dans la partie extérieure au bord solaire, mais dans
la partie intérieure, projetée sur le disque, plus étendue et importante.
Il est encore loin de sa réalisation, au moins pour les particules qui ne
sont pas encore décelées dans la chromosphère et les protubérances, si l'on
excepte toutefois un premier résultat obtenu en 1905, et encore dans une
éclipse et au bord extérieur. Quant à la couronne, les images des deux
éléments, faciles à étudier et à séparer dans les éclipses (i), n'ont pas
(i) En effet, les images de la couronne, obtenues en si grand nombre dans les éclipses avec
les appareils photographiques ordinaires et des plaques non sensibles au vert, sont des images
de particules.
loin ACADÉMIE DES SCIENCES.
encore été obtenues en temps ordinaire, ni séparées, ni réunies, quoique
l'image des gaz soit a priori plus accessible (i).
En résumé, l'étude des particules est à peine commencée ; elle correspond
à une brandie de recherches nouvelle et distincte, aussi intéressante que
celle des gaz, mais non encore développée.
La première image des particules seules a été réalisée dans l'éclipsé der-
nière et pour les protubérances. Lorsque la lumière de notre ciel disparaît,
les conditions sont en effet plus favorables pour la reconnaissance des parti-
cules, comme pour celle des gaz (?). Avec des écrans colorés spéciaux, qui
absorljsnt toutes les radiations gazeuses permanentes des protubérances, j'ai
pu ob'.enir l'image des masses qui émettent un spectre continu (même tome,
p. 741). Le résultat est le suivant : les particules forment des noyaux bril-
lants, distincts des gaz et dont l'éclat, point important à noter, est plus
grand que celui des parties voisines de la couronne.
Comme les éclipses du Soleil sont rares et de courte durée, il faut
chercher à avoir l'image des particules chromosphériques en temps ordi-
naire. J'examine dans cette note les moyens qui paraissent les meilleurs
pour atteindre le résultat au bord solaire extérieur. Le problème est d'ail-
leurs presque identique à un problème ancien et fort étudié qui est
la reconnaissance de la couronne solaire en dehors des éclipses. Or, malgré
des tentatives nombreuses, aucun résultat n'a encore été obtenu pour la
couronne; mais les chances de succès sont plus grandes avec les amas
de particules chromosphériques qui, d'après les observations de la dernière
éclipse, sont parfois beaucoup plus brillants que la couronne.
Les méthodes et appareils proposés pour la couronne s'appliquent aux
amas chromosphériques, avec cette condition en plus que l'image solaire
doit être grande, car les amas s'élèvent peu au-dessus de la surface.
Les difficultés à vaincre sont les mêmes qu'avec la couronne et ont déjà été
énumérées en détail (voir diverses notes de Haie et Deslandres. Astronomy
and Aslrophysics, 1893 et 1896, et Comptes rendus, t. CXVlll, p. 307;
t. CXVI, p. 1 184; t. CXVII, p. 1058, et t. CXL, p. 955). Elles tiennent à la
grande intensité des lumières parasites qui sont développées par diffusion ou
(i) Les méthodes et les appareils qui décèlent la ohromosphère gazeuze ou les protubérances
s'appliquent évidenuiient aussi à la couronne gazeuse; les raies fines de la couronne sont
seulement moins brillantes que les raies fines des protubérances, et le problème est plus
difficile.
(2) La première reconnaissance des gaz a été faite dans une éclipse (celle de 1868), de même
que la première reconnaissance des paiticules.
SÉANCK DU 7 MAI 1906. lOil
réflexion : 1° dans notre ciel; 2° dans l'appareil astronomique qui fournit
une image réelle du Soleil; 3° dans l'appareil spécial qui extrait de l'image
solaire l'image des particules (appareil d'agrandissement, écrans colorés
ou spectrohéliographes).
Les lumières parasites se superposent à la lumière qui doit être décelée et
la masquent. Pour les diminuer, il faut, en particulier : a) choisir une station
élevée, dans une région sèche et exempte de cirrus, b) utiliser surtout des
rayons de grande longueur d'onde, la région du spectre la plus favorable
étant celle pour laquelle le rapport des lumières parasites et de la lumière
des particules est un minimum; c) employer des miroirs ou des lentilles
simples parfaitement polis.
En premier lieu, il convient d'essayer les appareils qui ont réussi dans la
dernière éclipse, c'est-à-dire une chambre photographique ordinaire et des
écrans colorés qui absorbent les radiations gazeuses permanentes des protu-
bérances et les principales radiations métalliques, pour avoir l'image des
particules seules. Les écrans colorés qui laissent passer les radiations pré-
cédentes donneront l'image des gaz et particules confondus.
Si les écrans colorés sont insuffisants, on a recours au spectrohéliographe ,
qui fournit l'image des objets avec une seule radiation simple ; lorsque cette
radiation est une raie noire du spectre normal, les deux lumières parasites
principales sont, en etFet, très diminuées. Le spectrohéliographe, indiqué
brièvement pour la couronne par Deslandres en 1891, recommandé vivement
par Haie en 1893, a été appliqué en 1894 à la recherche de la couronne sur
le mont Etna par Haie et Ricco, avec la raie K du calcium qui alors était
considérée comme une raie coronale permanente. Ce premier essai, pour des
raisons diverses, n'a donné aucun résultat, mais sans infirmer la valeur de la
méthode. L'appareil pour la recherche en question otfi'e des avantages indis-
cutables ; par contre, il exige une pose longue, car il utilise une très petite
portion de la lumière totale, déjà relativement faible dans le cas des
particules.
Cet inconvénient sera évité par une plus grande concentration de la
lumière, ou autrement dit par l'emploi d'objectifs astronomiques plus grands
pour la projection de l'image réelle du Soleil, l'image finale du spectrohélio-
graphe restant la même.
On peut aus.si recommander un autre spectrohéliographe, non plus mono-
chrome, mais polychrome, dont j'ai donné le principe en 1904 (Comptes
rendus, t. CXXXVIII, p. 1378). L'appareil isole à la fois plusieurs
1012 ACADÉMIE DES SCIENCES.
radiations simples, et peut donner le résultat avec une pose beaucoup
moindre.
Avec le spectrohéliographe, le choix des raies noires à isoler n'est pas
indifférent. Les raies peuvent être divisées en chromosphériques et non chro-
mosphériques, c'est-à-dire être comprises ou non sur la liste, publiée par
Young, des raies émises plus ou moins fréquemment par les protubérances.
Les premières donnent l'image des vapeurs qui leur correspondent, un peu
modifiée par l'addition possible de la lumière à spectre continu ; les
secondes raies donnent l'image même des particules (i).
Les appareils qui précèdent et qui éliminent dans des proportions diffé-
rentes les lumières parasites peuvent tous, à mon avis, être utilisables pour
la photographie des particules, au moins dans certains cas. L'éclat des
particules chromosphériques est, en effet, probablement très variable; dans
les protubérances de 1905, il était assez intense; mais il était beaucoup plus
grand dans la protubérance de 1892, citée précédemment (voir p. 741), dont
le spectre photographié a montré un spectre continu intense qui se déta-
chait sur le spectre continu de notre ciel. Cette protubérance aurait pu,
semble-t-il, être photographiée directement avec une chambre ordinaire
analogue à celles qui servent au relevé journalier du disque et des taches; il
aurait sufH de prendre quelques précautions et de prolonger un peu la pose.
Je ne sais si les observateurs nombreux qui depuis cinquante ans photogra-
phient la surface solaire ont relevé des protubérances semblables, qui
se distinguent aisément des petites pointes dues aux facules par leur courte
durée et leur élévation plus grande. Le phénomène peut être plus fréquent
qu'on ne le suppose ; car l'attention des observateurs n'a pas été dirigée de ce
côté.
Dans cet ordre d'idées, je propose d'essayer la photographie directe des
belles protubérances éruptives au bord solaire avec les écrans colorés décrits
plus haut et le dispositif simple suivant : un grand miroir concave donne une
image du Soleil qui est rejetée sur le côté; dans le plan focal on place un
petit miroir plan qui offre en son centre un trou rond, ayant le diamètre de
l'image solaire, et par lequel on fait passer la lumière du ilisque qui est ainsi
rejetée. Le petit miroir renvoie vers le miroir concave la lumière du bord
extérieur (|ui est reprise par un objectif d'agrandissement et les écrans
(il Les particules doivent accompagner les vapeurs de la couche renversante, qui s'élèvent
au-dessus de leur niveau ordinaire, et qui, en s'élevant, doivent se refroidir et se condenser.
La comparaison de toutes ces images permettra de suivre le phénomène.
SÉANCE DU 7 MAI 1906. 1013
colorés. L'appareil, léger et maniable, est ainsi disposé pour la photo-
graphie exclusive des bords; il peut être employé en montagne à la
recherche de la couronne solaire
Lorsque l'amas des particules est intense, les spectrohéliographes ordi-
naires (dont l'image finale est grande par rapport au diamètre de l'objectif
astronomique) peuvent aussi convenir. On fait en général avec ces appareils
une image du disque avec la raie K^, puis une image des bords seuls avec la
même raie, et ensuite une image du disque avec K^ Je propose de faire aussi
une image des bords seuls avec K^ et une longue pose, lorsqu'une belle pro-
tubérance est signalée, afin d'avoir aussi l'image des particules. Il sera
l)on également d'obtenir l'image des bords seuls avec une seconde raie K\
symétrique de la première par rapport à K^, avec d'autres raies noires non
chromosphériques et chromosphériques et aussi avec les intervalles brillants
entre les raies noires (i). La comparaison de toutes ces images fera ressortir
la part due aux gaz permanents, aux autres gaz et aux particules.
Si l'amas est peu brillant, les spectrographes monochromes à grande
concentration de lumière, les spectrohéliographes polychromes et aussi la
station de montagne deviendront nécessaires.
En résumé, les dispositifs qui précédent paraissent capables d'assurer
l'étude journalière et méthodique des amas de particules dans les protubé-
rances du bord extérieur, mais la recherche est encore à peine abordée, et
l'expérience seule décidera sur la valeur de ces méthodes.
En tout cas, la recherche des particules sera poursuivie d'abord dans les
protubérances, puis, en cas de succès, étendue à la couronne elle-même.
La couronne, d'ailleurs, comme on l'a indiqué plus haut, se divise en
couronne gazeuse et couronne de particules, cette dernière, qui est la
couronne des éclipses, étant la plus importante et la plus étendue. La pre-
mière sera donnée par les raies fines coronales, et en particulier par la raie
verte 530 qui, à l'époque du maximum des taches, est forte (2) et doit
(i) Dans la région ultraviolette, de longueur d'onde plus petite que 365, l'hydroyène émet un
spectre continu observé dans le laboratoire et aussi dans les protubérances par Evershed.
Il sera intéressant d'étudier les images données par les écrans colorés et le spectrohéliographe,
avec ces rayons ultraviolets, à l'extérieur et à l'intérieur du bord.
(2) J'ai aperçu une fois à Meudon, un jour de ciel très pur, cette raie verte sur une portion du
bord solaire; le même appareil, il est vrai, ne l'a pas donnée dans les quelques essais tentés
depuis, le temps ayant d'ailleurs manqué pour réaliser les dispositions indiquées déjà comme
les meilleures, par exemple pour projeter l'image réelle du Soleil avec une lentille simple de
quaitz, pointée directement vers le ciel. Mais l'observation précédente et la théorie indiquent
1014 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pouvoir, avec une dispersion convenable du spectrographe, se détacher sur
le fond continu des lumières parasites, surtout en montagne. L'image des
particules, d'autre part, s'annonce comme plus difficile, malgré l'avantage
dû à l'emploi d'une raie noire avec le spectrohéliographe. De toute façon,
la reconnaissance de la couronne gazeuse seule serait intéressante, d'autant
que les deux couronnes ont plusieurs points communs.
Enfin la recherche des particules est aussi abordable, quoique plus
difficile, dans la partie de l'atmosphère solaire qui est projetée sur le
disque; et je l'ai recommandée déjà en 1893 dans une note spéciale. Un
amas de particules peut augmenter d'une manière notable la raie noire
d'une vapeur placée derrière ; il peut aussi subir l'absorption d'une vapeur
plus haute interposée. Les images des diverses raies noires avec le
spectrohéliographe ordinaire des formes seront comparées entre elles et aux
images des intervalles brillants entre les raies ; elles seront aussi rappro-
chées des épreuves fournies par les autres enregistreurs solaires qui relèvent
les vitesses radiales et les spectres. Avec tous ces éléments, il sera souvent
possible de faire la part exacte des vapeurs et des particules (i) et de fixer
la répartition des particules dans les couches superposées de l'atmosphère.
La reconnaissance des particules, jusqu'ici négligée, est possible avec les
moyens actuels; et comme elle est capitale pour la solution du problème
solaire, elle doit retenir l'attention de tous les astronomes.
Les méthodes précédentes sont applicables aux autres astres, tels que les
comètes et les nébuleuses, qui sont constitués aussi par des gaz et des
particules, et dont le spectre offre un mélange, en proportions variables,
de spectre continu et de raies fines brillantes. Les écrans colorés donneront
aisément avec ces astres l'image des particules seules, qui, à ma connais-
sance, n'a pas encore été obtenue.
que la reconnaissance de la raie est possible, au moins en montagne, bien qu'elle soit de celles
qui, le plus souvent, s'élargissent avec la dispersion croissante.
Récemment, Millochau et Stefanik ont annoncé leur intention de rechercher la raie verte
au sommet du Mont Blanc. L'idée est e.\cellente, et le type de spectrohéliographe qu'ils ont
combiné à cet effet étant simple et léger convient bien pour cette recherche, sinon pour toutes
les applications du spectrohéliographe.
(i) Par e.Kemple, les premières images avec les raies noires, obtenues par moi en 1894, ont été
rapportées au.x vapeurs de la couche renversante, la proportion de la lumière à spectre continu
étnnt plutôt faillie Récemment, Evershed et Haie ont discuté l'intervention des particules
dans ces images-
SÉANCE DU 7 MAI 1906. 1015
Zoologie. - La nidificalion des Abeilles à l'air libre,
Note de M. E,-L. Bouvier.
L'abeille commune n'a pas coutume de nidifier à l'air libre : domes-
tiquée, elle construit ses z'ayons dans les ruches; redevenue sauvage, elle
établit sa demeure dans les troncs creux, dans quelque anfractuosité de
roche, parfois dans les cheminées, ce qui la protège contre les intempéries.
Quand l'essaim émigrant ne trouve pas de refuge, il se fixe sur une branche
et cherche à y édifier ses rayons, comme on l'a observé souvent au Luxem-
bourg, dans le voisinage du rucher; mais alors ses constructions sont
toujours réduites, et, sans doute, il périt bientôt, victime du froid, de la
faim et des conditions atmosphériques défavoi ables.
A cette règle on connaît des exceptions, rares il est vrai, mais par là
d'autant plus curieuses. Dans la littérature zoologique, une seule est signalée
aux dates anciennes, perdue dans un volume de la Brilish Entomology (1838)
où Curtis (i) figura et décrivit, en quelques lignes, une nidification aérienne
établie sur un rameau, à deux pieds du sol, au voisinage de Sopley, en
Angleterre. Depuis lors, je ne crois pas qu'on ait étudié ce curieux phéno-
mène, sauf en 1904 où il se présenta, au .Jardin des Plantes, sous une forme
et avec un développement remarquables. Dans le tronc creux d'un Sophora
japonica se trouvait installée, depuis fort longtemps, une colonie des plus
actives; le 26 mai 1904, cette colonie jeta un essaim qui s'établit à demeure
sur un autre Sophora tout proche, et y édifia une gigantesque architecture
dont l'ensemble des rayons ne mesurait pas moins d'un mètre carré. J'ai
raconté l'histoire de cet essaim, et soigneusement décrit sa nidification,
dans un opuscule publié récemment (s).
Par une heureu-e coïncidence, un autre essaim se fixait, l'année dernière,
dans la cour d'une habitation particulière, où il nidifiait, à 7 mètres de
hauteur, sur une petite branche de Marronnier d'Inde.
Etabli rue de la Pitié, cet essaim provenait, sans doute, du Muséum ; non
point de la colonie située dans le tronc creux du Sophora, car celle-ci était
défunte, mais probablement d'une seconde, aujourd'hui encore très floris-
sante, installée dans la petite École de botanique, à l'intérieur d'un Calalpa.
(i) British Entomology, volume des Hymhioptères, pi. 769.
(2) E.-L. Bouvier, Sur la nidification d'une colonie d'abeilles à l'air libre. (Bull, de la Soc.
Philomath, de Paris. 1905.)
C. R., 1906, 1" Semestre. {T. CXLII, N» 19.) 134
1016 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Grâce à l'aimable obligeance de M. Mascaux, propriétaire de l'immeuble,
j'ai pu recueillir cette seconde nidification aérienne, qui, avec la première,
se place au premier rang parmi les pièces rares et curieuses de la collection
d'entomologie appliquée du Muséum.
En étudiant de très près ces deux pièces, en les comparant entre elles et
avec la figure de Curtis, j'ai pu établir les faits suivants qui jettent un jour
nouveau sur le talent architectural et sur l'industrie des Abeilles.
r Nombre et forme des gâteaux. — Dans les deux nidifications, les
gâteaux sont au nombre de six, tous verticalement disposés et, presque
partout, à la même distance les uns des autres que dans une ruche ordinaire.
Les plus grands sont au centre, les plus petits à la périphérie. Chacun d'eux
présente à peu près la forme d'une demi -ellipse fixée au support par son axe
transversal, et libre sur ses bords partout ailleurs. Dans la nidification du
Sophora, l'axe basai de l'ellipse est bien plus allongé que l'axe vertical, tandis
qu'on observe le contraire dans la nidification établie sur le Marronnier. Et
ici déjà se manifeste, dans sa merveilleuse plasticité, l'industrie des abeilles.
Sur le Sophora, le nid était fixé à une énorme branche qui lui offrait un
soutien solide et considérablement étendu; par contre, sur le Marronnier, la
nidification était simplement suspendue à une petite branche, munie de deux
bifurcations assez voisines. On verra plus loin que les Abeilles firent de leur
mieux pour transformer en support résistant la région constituée par "les
deux fourches ; mais cette base était très peu étendue dans le sens longitu-
dinal, ce qui força nos ouvrières à établir des rayons d'une grande hauteur.
Aussi les malheureux Insectes furent-ils victimes de ces conditions défavo-
rables, en dépit des agencements qu'ils prirent pour y remédier : fixés par
une base d'attache trop peu étendue, les rayons construits sur le Marronnier
résistaient mal aux coups de vent et, à deux reprises, se détachèrent, mettant
la colonie dans l'obligation de recommencer à nouveaux frais. Sur le
Sophora, au contraire, l'édifice était d'une solidité à toute épreuve et, de
ce fait, put atteindre les dimensions considérables que j'ai indiquées plus
haut.
2° Mode de fixation du nid. — Sur la giosse branche du Sophora, les
rayons sont largement fixés, souvent confluents à leur base, quelquefois
réunis par des anastomoses. Ils se rattachent à l'écorce par un épais revête-
ment dur et solide, qui doit sa remarquable résistance à un excès de
matière résineuse, ou, pour mieux dire, de propolis, empruntée par les
Abeilles aux jeunes bourgeons du voisinage. Ce revêtement occupe toute la
SÉANCE DU 7 MAI 1906. 1017
surface de l'écorce à la base du nid ; il servait de support commun à tous les
rayons et c'est a lui que l'édifice doit, pour une grande part, sa solidité
remarquable.
Les Abeilles du second nid se trouvèrent en présence de difficultés autre-
ment grandes : au lieu d'une large et forte branche, qui constituait un toit
continu et inébranlable, elles n'avaient pour base d'attache qu'un rameau
axial de 30 mm. et deux bifurcations d'un diamètre beaucoup plus faible.
Pour fixer solidement leur édifice à ce toit bien précaire,, elles eurent recours
aux artifices les plus variés. Sous la branche axiale, elles établirent le
4° rayon. Dans la fourche gauche, les rayons 5 et 6 furent fixés sur la Itifur-
cation correspondante par un support commun, reliés entre eux et au 4"
par des piliers transversaux, et consolidés, au surplus, par l'adhérence du
5'' rayon au rameau axial, en arrière de la fourche. Dans la fourche droite
fut édifié un rayon complémentaire oblique qui, avec le rameau axial et la
bifurcation droite, servit d'attache aux rayons 2 et 3, ce dernier, dans sa
partie postérieure, occupant presque en totalité l'écartement de la fourche.
Enfin, du même côté et en dehors, trois i-ayons transversaux furent greffés
gur la bifurcation droite et sur la face externe du rayon 2, constituant des
murailles d'attente qui devaient permettre aux Abeilles d'ajouter de nouveaux
rayons à leur nid et qui, en fait, servirent d'attache au rayon 1. La matière
fixatrice était sensiblement la même que dans la nidification établie sur le
Sophora, mais quelle différence dans l'architecture fondamentale! Pourtant,
à force d'ingéniosité et de travail, nos Abeilles réussirent à transformer en un
plafond solide la double fourche du Marronnier, et à construire les cloisons
d'attente qui rendaient possibles les agrandissements ultérieurs de l'édifice.
3° Dispositions protectrices . — Edifiées en plein air et sans aucun abri,
comment ces constructions purent-elles fournir aux Abeilles un gîte
habitable, et se prêter aux exigences délicates de l'élevage du couvain'?
Pour arriver à ce résultat, nos Insectes surent varier leurs moyens et modi-
fier leur iudustrie de façon surprenante.
Dans l'immense édifice construit sur le Sophora, les gâteaux externes
avaient manifestement un rôle protecteur : ils ne servaient pas à l'élevage,
et leurs alvéoles, de dimensions anormales, avaient des parois épaisses qui
leur permettaient de résister aux intempéries; sur l'une des faces, le gâteau
externe était obliquement disposé, à la manière d'un auvent, ce qui lui per-
mettait de jouer un rôle protecteur plus efficace. Comprises entre les autres
gâteaux, les chambres d'habitation et d'élevage étaient largement ouvertqs
1018 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans la partie inférieure du nid, couvertes au-dessus par la branche
d'attache, et protégées en avant et en arrière de l'édifice par des poutrelles
transversales, par l'anastomose marginale de deux rayons contigus, enfin et
surtout par l'épaississeraent des rayons au voisinage de leur bord.
Ces épaississements furent produits par le simple allongement des
alvéoles qui, en certains points, dépassaient 40'"'" de longueur (i); ils
réduisirent à de simples fentes l'intervalle qui séparait, près de leurs bords,
les rayons contigus et, par là même, transformèrent en chambres assez bien
closes l'espace qui continuait cet intervalle dans l'intérieur de la nidification.
Il semble bien qu'un procédé semblable ait été employé dans l'édifice aérien
figuré par Curtis.
Dans la seconde nidification, les alvéoles des gâteaux sont tous semblables
et du diamètre des cellules ouvrières; tous, dès lors, auraient pu servir à
l'élevage; mais ceux directement exposés restèrent vides et simplement
protecteurs. Au surplus, pas d'épaississement spécial dans ces cellules pro-
tectrices et, sur le toit bien solide, des hiatus et des trous de vol qui doivent
quelque peu livrer passage à la pluie ; maintes fois détruite et réédifiée en
grande hâte, cette nidification n'a pu recevoir les mêmes soins que la première.
Les abeilles ont pourvu au plus pressé, c'est manifeste, et cela se voit bien
mieux encore aux deux extrémités de l'édifice. Protégée par les hautes
maisons du voisinage, l'extrémité septentrionale ne présente guère d'agence-
ments protecteurs; les rayons viennent s'y terminer sans anastomose et avec
leur épaisseur ordinaire, largement séparés les uns des autres comme à
l'intérieur du nid. Le côté opposé, par contre, recevait les vents pluvieux du
sud sans la moindre atténuation, faute de bâtiments assez élevés pour leur
faire obstacle; et c'est là, principalement, que nos Abeilles ont concentré
leurs efforts. De ce côté, en effet, on se trouve en présence d'une clôture bien
aménagée : tous les rayons contigus se fusionnent par concrescence, sauf les
deux du milieu qui sont réunis par un rayon transversal jouant le même rôle
obturateur que les anastomoses précédentes Les épaississements marginaux,
qui caractérisent la première nidification, sont à peine indiqués dans celle-ci ;
le mode de protection est tout autre, mais non moins ingénieux; il eût été
parfait si les Abeilles avaient pu le mettre en pratique à l'autre extrémité
du nid.
(1) Les cellules d'ouvrières, dans les ruches normales, ont un diamètre moyen de 5""" et une
hauteur de 12 à 13"""; celles des mâles atteignent un diamètre de 6"i™5 et une hauteur do
15 à 16""".
SÉANCE DU 7 MAI 1906. lOlD
4° Destinée de ces colonies. — Je n'ai pas vu de cellules de mâles dans ces
deux nidifications et, dès lors, on peut croire que leurs colonies n'élevèrent
jamais de reines et n'émirent pas d'essaim. Les Abeilles limitèrent leur
activité à l'élevage du couvain d'ouvrières qui leur fournissait des travail-
leuses, à l'édification des gâteaux et à la mise en réserve de provisions pour
les mauvais jours. Mais les deux premières occupations firent du tort à la
troisième et conduisirent les industrieuses colonies à leur perte. Préoccupées
justement de s'établir un gîte, les Abeilles consacrèrent le meilleur de leur
récolte à l'élaboration de la cire, et la plus grande part de leur travail a
l'utilisation de ce produit. Construire près d'un mètre carré de rayons qu'il
fallait épaissir ou relier par des traverses, récolter une abondance de pro-
polis pour donner des attaches solides à l'édifice, activer l'élevage pour
multiplier les travailleurs, telle fut la lourde tâche de nos colonies. Mais c'est
aux dépens du miel que s'eiFectue la sécrétion de la cire, et c'est au moyen
de pollen et de miel que les Abeilles nourrissent le couvain. Dès lors, édifiant
sans mesure et dépensant une grande partie de leur récolte aux soins de
l'élevage, les Abeilles se trouvèrent dans les conditions les plus fâcheuses
pour accumuler suffisamment de réserves. L'hiver étant venu, elles burent
leur miel jusqu'à la dernière goutte, et privées de cette source de calorique,
périrent de froid parce qu'elles avaient faim.
En fait, c'est aux premiers jours du printemps, et non en hiver, que
s'éteignirent les dernières survivantes. Dans la première nidification,
quelques-unes volaient encore autour des rayons durant les chaudes jour-
nées printanières ; et il en fut certainement de même dans la seconde,
car j'ai trouvé des butineuses de propolis engluées par les pattes au vernis
superficiel des bourgeons du Marronnier. Avec des réserves un peu plus
abondantes, les deux colonies auraient pu atteindre la belle saison et
devenir persistantes, comme celles de YApis indica dans les régions
asiatiques tropicales. .Te tiens d'un de mes confrères, M. Dongé, qu'une
colonie semblable aux précédentes put traverser heureusement la mau-
vaise saison ; mais c'était loin de la capitale, au milieu d'une campagne
fleurie où les récoltes pouvaient être abondantes.
Ainsi, notre Abeille domestique n'est pas incapable de nidifier en plein air
et, alors, en grande hâte, elle modifie plus ou moins heureusement son
architecture, de manière à se bien protéger. L'alvéole sert toujours
d'élément fondamental à ses constructions, mais très divers suivant les
besoins, et formant les associations les plus variées.
1020 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Un artisan, dans son activité intelligente, ne saurait pas mieux se plier aux
circonstances; mais ici la nidification résulte du concours de milliers d'indi-
vidus qui travaillent tous dans le même sens et animés par le même esprit.
Cet « esprit de la ruche », pour me servir d'une expression de M. Maeter-
linck, n'implique- t-il pas un échange d'idées entre les diverses ouvrières?
Géologih;. — Les conglomérais des explosions inUcaniennes du Vésiioe,
leurs minéraitx, leur comparaison arec les conglomérats Irachyliques du
Monl-Dore. Note de M. A. Lacroix.
Naples, P'' mai. — Dans une lettre précédente, j'ai signalé à l'Académie
que certaines particularités des explosions vulcaniennes de l'éruption récente
du Vésuve m'ont rappelé, bien que sous une forme extrêmement atténuée,
quelques-unes de celles des nuées ardentes verticales de la Montagne Pelée;
parfois, elles laissaient rouler sur les pentes du cône des avalanches de
matériaux solides, qui ont édifié des brèches dont je me suis proposé de faire
une étude détaillée.
Pour bien comprendre leur nature, il faut se rappeler ([ue, dans la nuit
du 7 au 8 avril, une partie importante du sommet du cône s'est écroulée
dans le cratère, en même temps que celui-ci se vidait du magma récent qui le
remplissait, grâce à l'épanchement rapide de lave se dirigeant vers Bosco
Trecase. Ce qu'ont soulevé et rejeté les projections vulcaniennes postérieures à
cet écroulement, ce sont donc essentiellement ces débris du cratère, ajoutés
à ceux résultant de son élargissement et aussi à des fragments du magma
récent consolidé sous une forme compacte.
La structure de ces brèches est tout à fait identique à celle des conglo-
mérats des nuées ardentes des Antilles, avec cette réserve, toutefois, que les
blocs mesurant plus de 1 mètre de côté sont exceptionnels, au moins dans les
parties actuellement visibles. Ils sont constitués par des blocs de grosseur
variée, anguleux ou arrondis, distribués chaotiquement au milieu de maté-
riaux plus fins que les pluies récentes ont grossièrement cimentés. Ils sont
par places encore chauds, mais sur les surfaces, aujourd'hui ravinées par des
petits courants boueux, je n'ai vu nulle part de fumerolles secondaires.
Au point de vue de leur constitution minéralogique, ces brèches sont,
comme celles de Saint- Vincent, polygènes, puisqu'elles comprennent des
matériaux récents et anciens. Ces derniers paraissent prédominer de beau-
SÉANCE DU 7 MAI 1906. 1021
coup; ils sont extrêmement variés au point de vue pétrographique; à côté
de types, dans lesquels on reconnaît les leucotéphrites de coulées superfi-
cielles du Vésuve, il existe en grande abondance des roches bien plus cristal-
lines, comparables à celles des tilons de la Somma; elles proviennent évidem-
ment de filons, cheminées d'éruptions antérieures, consolidés dans le cône à
une profondeur plus ou moins grande. Il faut signaler, enfin, bien que peu
fréquents, des fragments de calcaire métamorphique. La forme, les altérations
superficielles de certains de ces divers matériaux font penser qu'ils n'ont pas
été tous arrachés des roches in silu, mais parfois à des turfs ou conglomérats
d'éruptions antérieures.
Une caractéristique commune à tous les blocs dont il s'agit est d'être
imprégnés de sels alcalins (chlorures et sulfates des fumerolles sèches), sans
que pour cela ils aient subi d'altérations ; ce sont là des fragments provenant
d'une profondeur où la température était suffisante pour rendre impossible la
condensation de la vapeur d'eau nécessaire à la production des phénomènes
d'attaque intense, qui sont manifestes dans d'autres roches jaunes ou rouges,
elles aussi imprégnées de sels (alcalins ou métalliques), et renfermant de
beaux cristaux d'hématite. Ces derniers échantillons proviennent des parois
mêmes du cratère démantelé et sans doute du voisinage de la surface.
Parmi tous ces blocs, je signalerai comme ayant un intérêt exceptionnel
ceux, et ils sont nombreux, qui renferment des minéraux silicates drusiques,
formés à haute température, mais postérieurement à la consolidation du
magma. Ces roches, qui attestent de l'intensité des réactions métamorphiques
que les émanations du magma ont déterminées à son voisinage dans le cône
d'éruption, ne le cèdent en rien par leur richesse en minéraux cristallisés à
celles des éruptions de 1822 et de 1872, que les travaux d'A. Scacchi ont
rendu célèbres : on y trouve des espèces minérales nombreuses (hornblende,
divers types de pyroxène, biotite, microsommite, leucite, sanidine, apatite,
sphérohématite, magnétite, probablement breislakite, marialite, etc.), présen-
tant entre elles des associations variées, caractéristiques d'un type de roche
déterminé, aux dépens duquel elles se sont formées.
Ces conglomérats et surtout ceux à blocs métamorphiques sont particuliè-
rement intéressants pour les pétrographes et géologues français, à cause de
la comparaison qui s'impose entre eux et les conglomérats andésitiques et
trachytiques d'Auvergne. On sait, en particulier, que la partie centrale du
massif du Mont-Dore renferme de grandes épaisseurs de conglomérats, for-
més par des blocs, des fragments de toute taille et des cendres trachytiques;
1022 ACADÉMIE DES SCIENCES.
là OÙ ces conglomérats n'ont pas été remaniés, ils possèdent une structure
chaotique. En certains points, notamment au Riveau Grand, on y trouve non
seulement les roches volcaniques connues en place dans la région, mais des
types spéciaux ne se rencontrant nulle part in situ; leurs cavités sont tapis-
sées de nombreux minéraux cristallisés; beaucoup de ceux-ci sont communs
avec le Vésuve (hoi'nblende, pyroxènes, biotite, magnétite, hématite), alors
que d'autres leur sont particuliers et que quelques-uns de ceux du Vésuve ne
s'y présentent pas; mais dans les deux régions volcaniques, la nature des
associations minéralogiques est caractéristique d'une roche donnée, ce qui
prouve à l'évidence que c'est celle-ci qui a produit, au moins en grande partie,
les éléments nécessaires à la production de ces minéraux néogènes.
De cette comparaison on peut donc conclure que les brèches du Mont-Dore
ont été produites par de violentes explosions, ayant démantelé le cône central,
et ayant pris soit une forme vulcanienne semblable à celle qui vient d'être
étudiée au Vésuve, soit la forme peléenne. Le transport par avalanche paraît
bien plus vraisemblable que celui par projection dans l'espace à grande
distance.
Il est important de remarquer l'analogie de l'intensité des phénomènes
métamorphiques, déterminés dans la cheminée volcanique ou à son voisinage
par les émanations des magmas leucitique et trachylique; c'est une confir-
mation de l'opinion que j'ai émise depuis longtemps à la suite de l'étude
de leurs enclaves, à savoir que les magmas leucitiques, même les plus
basiques, doivent, à ce point de vue, être plutôt rapprochés des magmas
acides que des magmas basaltiques.
D'autre part, enfin, l'importance des phénomènes explosifs vulcaniens,
succédant à d'intenses phénomènes strombolicns, dans la venue au jour
d'un magma aussi basique que celui du Vésuve, met bien en évidence
un fait sur lequel la discussion des phénomènes volcaniques des Antilles
m'a déjà permis d'insister, à savoir que ce qui règle la forme du dyna-
misme d'une éruption, c'est bien plutôt l'état physique (fluidité ou soli-
dification plus ou moins avancée) au moment du paroxysme que la consti-
tution chimique du mngma.
M. Albert Gaudry s'exprime dans les termes suivants :
Nous venons d'avoir à Monaco un Congrès international d'anthropologie
et d'archéologie préhistorique. Ce congrès a été magnifique, grâce surtout à
SÉANCE DU 7 MAI 1906. 1023
s. A. s. le Prince de Monaco. Nous avons vu deux nouveaux musées : celui
d'océanographie, qui va bienti'jt être achevé et sera un établissement unique
au monde, et celui d'anthropologie, qui est tout à fait remarquable par
riiabileté et le soin consciencieux avec lesquels les échantillons ont été
recueillis. Les collections des Baoussé Rousse réunies dans ce musée
éclairent l'histoire de l'humanité durant la phase chaude qui a précédé la
grande époque glaciaire. Tous les savants qui ont pris part au dernier
Congrès d'anthropologie conserveront un souvenir reconnaissant pour le
Prince de Monaco.
Chimie organique. — Synthèse du penta-mélhyl- élhanol
(H^'Cf — C — C— (Ctrf. Note de M. Louis Henry.
I
OH
La réaction de l'éther isobutyrique [WCf — CH — CO(OC^H^) sur le
méthyl-bromure de magnésium CH3 — Mg — Br fournit, dans les conditions
les plus avantageuses, le diméthyl-isopropyl-carbinol (IPCf — C^OH) —
en — (CH'f. J'avais pensé ol)tenir de la même manière, à l'aide du chloro-
isobutyrate d'éthyle (CFPf — CCI — CO(OC-H-'), la chlorhydrine de cet
alcool (H^C/ — CCI — C(OH) — (CIP)-, la mono-chlorhydrine tétra-méthy-
léthylénique, c'est-à-dire la mono-chlorhydrine de la pinacone (IPC)" — C(OH)
— C(OH) — (CtPf.
La réaction de cet éther chloré sur la solution éthérée du méthyl-bromure
de magnésium se passe en effet fort bien. A la suite du traitement ordinaire
et après l'évaporation de l'éther, on obtient un liquide qui, abandonné
à l'air, à la température ordinaire, se prend en une masse cristalline, d'odeur
camphrée, que l'on peutprendre, au premir abord, pour la mono-chlorhydrine
tétra-méthyl-éthylénique (tPCf — C(OH) — CCI - (ClPf d'Eltekoff. Mais
ce produit ne renferme pas de chlore et fond un peu au delà de 80° ; c'est
l'hydrate du penta-môthyl-étlianol (FPC)^ ~ C — C(OH) — (CH'')-, qu'a iait
connaître, en 1875, Butlerow, et qu'il a obtenu laborieusement par la
réaction du zinc-méthyle (IPCfZn sur le cldorure de triméthyl-acétyle
(IPCf — COCl.
Depuis lors, ce corps a encore été obtenu, dans des conditions assez diftî-
ciles, par la réaction du zinc méthyle, soit sur le chlorure d'acétyle tri-cliloré,
soit sur le bromure d'isobutyryle mono-bromé.
La réaction que je viens de faire connaître permet d'obtenir, dans les
c. R. 1906, !"■ Semestre. (V. CXLII, N" 19.) l35
1024 ACADÉMIE DKS SCIENCES.
meilleures conditions, le penta-méthyl-éthanol (FPCf — C — C(OII) — (ClPf
qui donnera sans doute par oxydation l'acide tri-môthyl-acétique (IPC)- —
CO(OII). L'alcool éthylique penta-metliylé (IPCf — "c — C^OII) — (CH^-
s'éthérifie très facilement au contact de l'acide IICl Aq fumant. On en obtient
ainsi le dérivé chlorhydrique (iPCf — C — CCl(CrP]% qui forme une masse
cristalline, à odeur camphrée, fondant un peu au delà de 130°.
J'ajouterai, pour terminer, que l'éther cliloro-isobutyrique (H^Cj" — CCI —
CO(OC-H^) s'ol)tient facilement par la réaction sur l'alcool du chlorure de
chloro-isol)utyryle (IPCf — CCI — CO Cl, lequel se fait lui-même très commo-
dément par l'action du chlore sur le chlorure d'isobutyryle(tPCfCH — COCl.
Le bromo-isobutyrate d'éthyle est un produit commercial. Il n'y a pas de
doute cà concevoir qu'avec le méthyl-bromure de magnésium, il ne fournisse
le penta-méthyl-éthanol plus facilement encore que l'éther chloré corres-
pondant. J'avais employé ce dernier, croyant conserver le composant
(Cil'')- — CCI à l'abri de l'action du composé magnésien (i).
Je tiens enfin à constater encore toute la part qu'a prise à la réalisation
expérimentale de cette recherche mon assistant, M: Aug. De Wael.
Physiologie. — Recherches sur le blanchiment liivernrd des poils
et des plumes Note de M. El. Metchnikoff.
Les vieillards avec des cheveux noirs ne sont pas rares, non plus que les
jeunes gens avec des cheveux gris; il reste néanmoins vrai que le 'blan-
chiment des cheveux est une des manifestations des plus caractéristiques de la
vieillesse.
Une étude sur cet Age avancé de la vie ne peut donc omettre le problème
du blanchiment des cheveux et des poils. Aussi, au début de mes recherches
sur le mécanisme de la vieillesse, me suis-je mis à étudier ce phénomène.
Dans un travail publié il y aura bientôt cinq ans, je ftiisais connaître que la
perte du pigment des cheveux et des poils est due à l'action de certaines
cellules que j'ai désignées sous le nom de chromophages. Munis d'appendices
protoplasmiques, ces élémenls saisissent les grains de pigment et les trans-
portent dans la peau, ou les rejettent en dehors du cheveu. Ces faits se sont
(i) 11 est probable qu'en introduisant la solution ôtliérée du méthyl-bromure de magnésium
diins la solution éthéréo de l'isobutyrate éthylique mono-chloré (H-C)- — C Cl — CO(OC-H">),
le composant (H- C)- — CCI sera respecté et qu'il résultera de là la chlorhydrine tétra-méthyl-
étliylénique(II'C)' — CCI — C(OH) — (CH")-. que je me proiiosais d'obtenir par la réaction que
je viens de signaler.
SÉANCE UU 7 MAI 190G. 1025
trouvés en parfait désaccord avec la théorie régnante du blanchiment des
cheveux, d'après laquelle ce phénomène serait dû à une pénétration de l'air.
A quel point cette théorie a poussé des racines profondes, on peut en juger
par ce fait que dans les publications toutes récentes de TomasczeicsIU et
Erdmann (i), et de M. Trouessart (s), elle est citée comme exacte en totalité
ou en partie. Or, il suffit de se rendre compte du fait que le blanchiment
atteint la totalité du cheveu, tandis que les gaz ne remplissent que la couche
médullaire, souvent très mince et quelquefois absente, pour reconnaître
l'inexactitude de la théorie du blanchiment par la pénétration de l'air.
Récemment on a exprimé l'avis qu'en outre de l'élimination du pigment
des cheveux par les chromopliages, il se produit encore une dissolution par-
tielle par des substances chimiques. Mais le pigment des cheveux et des
poils est une substance très stable et il n'est détruit que par des réactifs très
violents. Ainsi Spieglo- (;j) a réussi à le transformer en un corps incolore
par l'action de l'acide sulfurique et du chromate de potassium.
Des observations, répétées à maintes reprises, m'ont convaincu que le
pigment des cheveux et des poils au moment de la vieillesse est englobé et
transporté par les chromophages. Existe-t-il quelque autre mode de destruc-
tion du pigment? Là-dessus on ne peut dire rien de précis pour le moment.
Seulement on a bien le droit d'affirmer que la pénétration de l'air n'y est
pour rien.
11 serait sans doute très intéressant d'appliquer la méthode expérimen-
tale à l'étude du blanchiment des cheveux, afin de connaître les règles qui
dirigent l'activité des chromophages. Dans l'impossibilité de faire ces
recherches sur l'homme, on pourrait les entreprendre sur de vieux mammi-
fères, dont les poils blanchissent par l'intervention des chromophages. En
pratique cela n'est pas commode à réaliser, car on ne trouve pas facilement
de vieux animaux en quantité suffisante. C'est pour cette raison que je me
suis adressé, ces dernières années, aux poils et aux plumes des mammifères
et des oiseaux qui blanchissent pendant la saison froide. Dans cette intention
je me suis procuré, grâce à l'aimable concours de M. Amrlicin, artiste
peintre à Engelberg, et surtout à Madame CJiéviakoff, des poils de lièvre
variable (Lepus variabilis) et des plumes de lagopèdes (Lagopus all)us, Lago-
pus alpinus). 11 a été facile de constater que, dans le blanchiment hivernal de
(i) Miincheaer inedic. Wochenschr. 1906, p. 3ô9.
(2) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1906, 10 février.
(3) Beitrdge sur chemischcn Physiologie u. Pathologie, 1903, p. 54.
1026 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ces animaux, les chromophages jouent le même rôle (|ue clans la vieillesse.
On trouve ces grosses cellules dans la couche périphérique des poils du
lièvre variable en train de blanchir, cellules munies d'un gros noyau et de
prolongements multiples, remplis de grains pigmentés ainsi que le proto-
plasma. L'aspect de ces chromophages et jusqu'aux plus petits détails, tout
rappelle les cellules de l'homme. Pendant que, dans la couche périphérique
des poils, les cliromophages s'emparent du pigment, la couche médullaire
reste remplie de corps réfringents et ne contient ni air ni autres gaz quel-
conques.
-l'ai retrouvé des gros chromophages, bourrés de pigment noir, dans les
plumes de lagopèdes en train de blanchir, tués en novembre. Mais la quan-
tité de ces transporteurs de pigment était beaucoup moins grande que dans
les poils du lièvre variable. Malgré cela on a le droit d'affirmer que ces cel-
lules jouent un rôle important dans le blanchiment des oiseaux. (Trace à
l'obligeance de M. Lacote, directeur de l'école d'agriculture de Genoillac,
j'ai été mis en possession, en octobre 1904, d'une poule en train de blanchir
Noire foncée au début, cette poule a commencé à l'âge de quatre ans à deve-
nir blanche. Au moment où je l'ai reçue, elle n'avait de noir que les ailes et
encore beaucoup de leurs plumes étaient moitié noires, moitié blanches. Ces
plumes, ainsi que d'autres encore toutes noires, étaient expulsées au bout de
quelque temps, tandis que les plumes nouvelles qui poussaient en grand
nombre étaient blanches comme la neige. Après plusieurs mois de séjour
chez moi, cette poule a complètement perdu tout son pigment noir. L'examen
microscopique a révélé la présence de très gros chromophages, munis d'une
quantité de grains pigmentés.
Dans la littérature sur le blanchiment des plumes je n'ai trouvé aucune
indication précise sur ces cellules, mais un travail du regretté Victor Fado (i)
permet de supposer que les chromophages jouent un rôle important dans ce
phénomène. Il a \ u que le jeune Larus Kidibundus, qui possède en été un
premier plumage presque entièrement brun devient à son premier printemps
presque entièrement blanc, " sans avoir subi, pour beaucoup de ses plumes,
une vraie mue par renouvellement «. Pendant ce blanchiment, " une pous-
sière brune recouvre à l'extérieur chaque ])artie de la plum.e, et d'autant plus
qu'elle est davantage en voie de décoloration. Les parties blanches n'ont déjà
presque plus de poussières et les brunes n'en ont presque point encore » .
(i) Mémoires de la Soc. de physique et d'hist. natur. de Genèee, vol. IX, 1806, p. 299.
SÉANCE DU 7 MAI 190G. 1027
L'ensemble des données que j'ai pu obsei'ver sur le blanchiment des che-
veux, des poils et des plumes autorise la sqjposition que cette poussière
brune n'est autre chose que des chromophages bourrés de pigment et sortis
de leur habitat naturel. Je n'ai pas pu, jusqu'à présent, me procurer le maté-
riel nécessaire pour contrôler cette opinion, mais je recommande bien aux
savants, qui seront sous ce rapport plus heureux que moi, d'entreprendre
une étude microscopique.
On doit donc reconnaître que le blanchiment au moyen des chromophages
constitue un phénomène d'ordre général. Bien que je n'aie pu, ni sur les pré-
parations ni sur les échantillons de poils de l'hermine et de l'écureuil des
montagnes que M. Trouessart a mis aimablement à ma disposition, constater
la présence de vrais chromopliages (grosses cellules, munies d'appendices
allongés et souvent ramifiés), je ne doute pas que l'étude prolongée de ces
animaux ne montre que chez eux le blanchiment se produit par un méca-
nisme semblable à celui observé sur l'homme, le chien et le lièvre.
Contrairement à ce que l'on pourrait supposer, les cheveux, les poils et
les plumes contiennent des éléments vivants, sensibles aux influences venant
du dehors, capables de se mouvoir et de saisir les grains de pigment, c'est-
à-dire de manifester les fonctions les plus élevées d'une cellule. Leur existence
explique ce fait incontestable que, sous l'influence de fortes émotions, un
homme peut blanchir dans l'espace d'une nuit. Sous l'influence de quelque
excitant violent, les chromophages peuvent devenir particulièrement actifs.
On connaît même des exemples de blanchiment subit chez des animaux.
Ainsi Weinland cite '• un étourneau devenu instantanément blanc, après
avoir échappé aux griffes d'un chat ^ (i).
Puisque le blanchiment résulte de l'activité vitale des cellules amiboïdes,
il doit être rapproché du changement de coloration des vertébrés inférieurs.
De même que parmi ceux-ci il y a des animaux, tels que la rainette (Hyla
viridis) et d'autres grenouilles, qui pâlissent pendant des heures et des jours,
et à côté d'eux des caméléons qui changent de couleur dans l'espace de peu
de minutes, de même chez les vertébrés supérieurs il y a des exemples de
blanchiment lent et de blanchiment rapide. Dans tous ces cas la loi générale
est la même : elle met en jeu la sensibilité et la mobilité des cellules ami-
boïdes renfermant du pigment, ("hez les amphibies et les reptiles le rôle des
cellules amiboïdes dans le changement de la coloration a été établi depuis
(i) Journal lur Ornithologie, 1856, vol. IV, p. 272.
1028 ACADÉMIE DES .SCIENCES.
longtemps; puiir les oiseaux et les mamffiifères il ne lardera pas à être géné-
ralement accepté.
L'étude du blanchiment hivernal des mammifères et des oiseaux par la
méthode expérimentale permettra sans doute d'établir les influences qui
dirigent ce phénomène et facilitera par cela l'étude du blanchiment des
cheveux des vieillards et du problème de la vieillesse.
M. Simon Newcomb, associé étranger de l'Académie, adresse une
lettre pour rendre compte de la célébration du bicentenaire de la naissance
de Franklin, où, en sa qualité d'associé étranger, il a représenté l'Académie
des sciences.
CORRESPONDANCE
M. le Ministre du commerce, de l'industrie et du travail
in\ite l'Académie à lui présenter une liste de deux ou trois candidats pour la
chaire de Géométrie descriptive, devenue vacante, au Conservatoire National
des Arts et Métiers, par suite de la démission de M. Rouché.
(Renvoi à la section de géométrie.)
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de
la correspondance :
1° 19 feuilles des cartes de la France, de l'Algérie et de la Tunisie,
envoyées par M. le ministre de la guerre ;
2° Lechimisle Dizé, par MM. A. Pillas et A. Balland ;
3° Le transfor^nisme appliqué à VagricuUurc, par M. J. Gostantin
(présenté par M. Bonnier).
Analyse mathématique. — Sur la généj-alisation des séries trigonomclriqucs.
Note de M. A. Buhl, présentée par M. P. Appell.
Je me propose de signaler un nouveau procédé pour former des séries
trigonométriques plus générales que celles habituellement envisagées. Ces
séries généralisées dépendent d'un paramètre arbitraire ayant une signifi-
cation analytique et même géométrique remarquablement simple. On peut
déduire de là toute une Aimille de séries de fonctions continues susceptibles
de représenter une fonction arbitraire conformément à un théorème connu.
SÉANCK DU 7 MAI 190G. 1029
d'après lequel de tels développements sont possibles d'une infinité de
manières. Partons des équations
dp , du ,
-1- ^ — /ni, -7- = /;l\
dx d-x
d'où
V ^ A CQs(/;x — 0), u = A sin{kx — 0).
Si /.' prend une infinité de valeurs, /.'v (> entier variant de — x à + a),
on a
(1) A'v ' i''j.V; dx ka ' Ih Uu dx = (u-jVa)'^.
J 'J. ' ' J ''- ' '■
Permutant y- et v, en supposant le second membre nul, on conclut que les
deux intégrales du premier membre sont nulles, si y -- v, et non nulles,
mais égales, si y == -j.
C'est là le fondement des développements trigonométriques classiques.
Je me suis proposé d'abord de chercher à réaliser d'une manière aussi
générale que possible la condition
^^^ («■^''V)i; = o ou ^^=^.
Prise sous cette dernière forme, on voit que les deux rapports qui la
constituent ne peuvent être égaux, quels que soient y et v, que s'ils sont
indépendants de ces indices. Je leur attribue une valeur commune constante
tang'-i.
Dans ces conditions, le système
%\\\{ky. — 0) cos(/i;& — 0)
(o) ■ ,, , j\ = tanff©, — 77 T-= tangct
^ ' sin(/ip — 0) ^■' cos(ftflt — 0) ^•
ou
sin2(/.'y. — 0) = sin2(/,f:, — 0), cosA'(fi — a) = sm2^i>,
d'où l'on tire
(4) /,- J
a
4
donne en effet, en supposant /. choisi une fois pour toutes, une infinité de
valeurs /.•., et 0,,.
1030 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Raisonnant alors comme à l'habitude, on obtient les deux dévelop-
pements (i)
Un voit qu'ils contiennent, dans k.j et 0.^, le paramètre arbitraire ':,. Par
addition on a
ce qui est plus général encore que le développement de Fourier qui corres-
pond à 4(p = 77. Un autre cas, plutôt singulier que particulier, des consi-
dérations précédentes est celui où l'un des rapports (3) prend la forme 0 : 0 ;
l'autre alors n'est pas forcément invariable. On retrouve ainsi quatre séries
connues que M. A. Kneser a formées de son côté par un procédé nouveau
(Mathemadsche Annalen, 1904, t. LVIll, p. 192). Si l'on essaye de vérifier
directement que les expressions (4) satisfont bien aux équations (3) on voit
que les rapports constituant les premiers membres ont leurs deux termes
séparément constants. Les termes d'un des développements obtenus sont donc
représentables par des courbes sinusoïdales coupant les droites x = y.,
a; = (5 en des points fixes dont le rapport des ordonnées est tanga pour le
développement en sinus, cotgfi pour celui en cosinus (-a). Telle est l'interpré-
tation géométrique de a.
Cette constante 'f , si l'on multiplie un des développements par une fonction
arbitraire de cp et si l'on intègre, permet d'obtenir une infinité de dévelop-
pements nouveaux pour f{x). Les intégrations par rapport à s sont exactement
de même nature que celles qui se présentent lors de la formation d'une série
trigono métrique ordinaire, puisque a figure liyiéairemeni dans /> et 0.
(1) La question Je la convergence de ces développements est sans difficultés sérieuses. On
peut généraliser le procédé ordinaire. On peut aussi, par des intégrations par parties des
coefficients, scinder les développements en d'autres, dont le moins convergent est comparable à
une série harmonique qui converge grâce aux changements de signes que subissent continuid-
lement ses termes. (\'oy. A. Kni:ser, loc. cit., p. 90, et E. PicAito, Traité d'analyse, t. 1''^,
S'îédit., p. 253.)
(2) .Si ), est pair. L'inverse a lieu si ), est impair. Des discussions sont d'ailleurs nécessaires
quant au.\ doubles signes des formules (4), mais elles n'ont rien d'essentiel à signaler ici.
SÉANCE DU 7 MAI 1906. 1031
Analyse mathématique. — Sur certaines séries asymptotiques.
Note de M. L. Schlesinger, présentée par M. H. Poincaré.
Considérons un système différentiel linéaire :
dont les coefficients «,j, supposés fonctions rationnelles de la variable x,
dépendent d'un paramètre f^., de manière que l'on ait
(1) «.*=u'(«':' + ^<' + -
où T représente un nombre entier positif; les «'J^ sont aussi des fonctions
rationnelles de a;, et les séries du second membre convergent pour mod p. > R,
R étant indépendant de x. D'après un théorème connu (i), le point p. =^ œ
sera un point essentiel pour les éléments d'une matrice intégrale (/"j), se
réduisant aux valeurs initiales.
(2) 4K) = P>(7;?+^7S1'+-}
au point régulier Xo, et envisagés comme fonctions du paramètre [j..
Nous allons étudier ces fonctions au voisinage de p. = go. Supposons,
pour simplifier, - = 1 , X = 0, et formons les séries
(3) y,, = e;-rvr' + -yi"+...\
En les substituant dans le système (A), on obtient pour la détermination
de w et des y'p les formules suivantes :
(') ff+£^""'=i;(^^^""+-+^r'"<)' (-=0,1,2,...),
d'où l'on tire pour v = 0
'-''ik ■'ik 1
dx
= 0, [i,k = \,2, ...,n).
Soient wj, ..., w„ les racines, supposées différentes entre elles, de cette
X
équation algébrique de degré n en û = -^, et posons oj, = {^ydx. Si dans les
CCf.
(i) Voir p. e. Horn, Mathein. Annalen, t. LU. p. 343.
C. R.,1906, \^^ Semestre. (T. CXLII, No 19.) » i36
1032 ACADÉMIE DES SCIENCES.
équations (4) on substitue pour -r- l'une quelconque des racines tô,, ces équa-
tions vont déterminer les yf correspondants, que nous désignons par
î/';j., à l'aide de quadraiwrs. Nous aurons donc « systèmes de séries de la
forme (3) :
(6) e!^"<(2/l? + ^t/Sl'+.
satisfaisant formellement au système (A), mais divergentes en général.
Posons
(7) y^-Z-'-yl'
/.=•
les ^t vont satisfaire à un système différentiel de la forme
(B) g = pA:r. + |nQ,, ;r^^Q>. = 0-
Soit 00 ^ a l'affixe d'un point régulier, c'est-à-dire d'un point qui n'appar-
tient pas aux points singuliers du système (B), et considérons sur un rayon,
issu du point a, un point h, tel que tous les points de l'intervalle (a...!') soient
aussi réguliers. Supposons que le paramètre y. s'éloigne à l'infini, avec un
argument constant, c'est-à-dire le long d'un rayon, et introduisons dans le
système (B) la variable réelle et positive i, définie par l'équation
G\/ri
[j.{x — ff) = £ e , 0 = arg {x — a) + arg a,
comme nouvelle variable indépendante. Soit oi, celle des déterminations de
la fonction algébrique ,:,, pour laquelle la partie réelle de w,e®^^~' soit la plus
grande, quand ce reste sur son rayon entre a et b. Pour le système (B) trans-
formé on conclut, en raisonnant d'une manière analogue à celle dont se sert
M. Poincaré {American Journ., t. "VII, p. 204-209, cf. Horn, Acia
Maihem., t. XXIV, p. 290), qu'il existe un système intégral Cj ..., ;;„ dont
les quotients^ tendent vers zéro, si p. va à l'infini le long de son rayon. Ce
lemme suffit pour pouvoir démontrer (cf. IIorn, loc. cil.) l'existence d'une
matrice intégrale du système (A), ayant la forme
y, = e-'-'i (^jT, + ■■■ + - yir + y^ (^ A- = 1 , 2, . . . , n),
où p désigne un nombre entier positif quelconque, et où les fonctions Y ^ de x
SÉANCE DU 7 MAI 1906. 1033
et de y. s'évanouissent quanti a va à l'infini, le long de son r&yon, pour chaque
valeur de x entre a et b. Il s'ensuit qu'un système intégral y^, ..., i/,,, dont
les valeurs initiales pour x = o-q sont représentées par des séries conver-
gentes ou asymptotiques de la forme
peut être représenté asymptotiquement en général par des séries de la
forme
e.".(«,+7)('y°i + iy',',; + ..
pour les valeurs de x situées entre a et b, '■>! étant celle des intégrales abé-
liennes r,), pour laquelle la partie réelle de '/r.>, est la plus grande (i).
Ajoutons quelques remarques relatives à un cas spécial important. Soit (A)
un système canonique :
1 <: T A"''
et supposons que les points singuliers ^i, ..., a^, aussi bien que les racines
des équations déterminantes, relatives à ces points et au point x= <x>, soient
indépendantes du paramètre y. Les AJ^ seront donc développés, comme
fonctions de <j-, en des séries convergentes de la forme :
On démontre aisément que, dans ce cas, les «; sont des intégrales abé-
liennes de première espèce, et que les points de ramification de la fonction
algébrique cô coïncident avec les points singuliers du système (A*'*"). 11
s'ensuit que, lorsque u. passe à l'infini avec un argument quelconque, les
éléments d'une matrice intégrale aux valeurs initiales (2) (avec /. = 0)
deviennent en" général infinis pour tous les points x, intérieurs à l'étoile de
M. Mittag-Lefiler, relatif au point x^,, et que les coefficients des substitutions
fondamentales deviennent aussi infinis, sauf un cas de réductibilité extrême.
La dernière remarque est importante au point de vue des cas limites qui se
présentent, si l'on applique la méthode de continuité à la démonstration de
l'existence des fonctions satisfaisant au Problème de Riemann (voir Joiunial
de Crelle, t. CXXX, p. 43).
(i) Dans son mémoire cité des Mathem. Annalen, M. Horn a démontré, en appliquant la
méthode des approximations successives, un théorème relatif à une équation linéaire du second
ordre, rentrant comme cas très spécial dans le théorème que je viens d'énoncer.
1034 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Dynamique des gaz. — Sur l'accélération des ondes de choc sphériques.
Note de M. Jouguet, présentée par M. Jordan.
I. Soit, dans un gaz parfait dont y sera le rapport des chaleurs spécifiques,
un mouvement se faisant par couches sphériques de centre O. Soient t le
temps, a le rayon initial d'une couche sphérique, r la densité dans l'état
initial supposé homogène, x, p, p, u le rayon, la pression, la densité et la
vitesse d'une couche à un instant quelconque. (La vitesse est comptée positi-
vement dans le sens des rayons croissants.) x, p, p, u sont des fonctions de a
et de <. Les équations du mouvement sont :
àa
Nous considérerons une onde de choc sphérique se propageant dans un état
de repos homogène et avançant, pour fixer les idées, dans le sens des rayons
croissants. Cette onde sépare la masse gazeuse en deux régions, la région 1
en repos, la région 2 en mouvement. Dans la première,
(te,
a;, = a -jr = «i = 0 p, =coiisl. p, = r=const.
Dans la seconde, le mouvement est représente par les fonctions x.^, p.2, pa, u,,.
Sur le front de l'onde, on a
tX-g (^j tt.
Soit D la vitesse de l'onde par rapport à l'état initial. On a :
(2) { {ïh-lh)^-^-{u.-u,)'
P- =P^ ^/'[\V'~^/~l\^^' (loi d'HugonioL)
^ ^'(y + l)p, -{y — l)p/ ° '
Ces formules sont les mêmes que celles qui conviennent aux ondes planes
et dont nous nous sommes servi dans une note antérieure (i) où elles portent
aussi le numéro (2). En raisonnant comme dans cette note, on peut retrouver
(i) Comptes rendus, t. CXLII, p. 831 (2 avril 1900).
(3)
SÉANCE DU 7 MAI 1906. 1035
ici les relations qui y portent les numéros (3) (4) (5) (6) et, moyennant (1),
parvenir à la formule
p, P'.—p, (y + 1 ) ?i — (y — ^ ) p^
2k^.J_ ,
^ P.P. - p". (7 + l)P. + (-/-l)pJ K^ t^^ ?l àt
où le coeiBcient de -jj est positif ainsi que x^, u^, P2.
On sait que la vitesse D est plus faible que celle du son en arrière du front.
Donc
(4) D^<P|il.
et
De là les conclusions suivantes :
Pour que l'accélération de l'onde soit nulle à un certain instant, il faut que :
(5) /i + 2j^JL\d^=P|^.
\ Ot I et
Pour que cela soit possible, il faut, en vertu de (4), que -^ soit positif,
c'est-à-dire que le gaz continue à se comprimer en arrière de l'onde. Soit l la
valeur positive de -^ pour laquelle (5) est vérifiée.
Si -7 > l, l'onde est accélérée.
Si '-^ < l, l'onde est retardée.
àt
II. Imaginons maintenant que le gaz soit un mélange explosif et l'onde
une quasi-onde de choc dans l'intérieur de laquelle la combustion soit notable,
conformément à la seconde interpi'étation que nous avons donnée, dans un
travail récent (1), du phénomène de l'onde explosive. Cherchons si une telle
onde peut se propager avec une vitesse constante, comme dans le cas des
ondes planes.
La troisième équation (2) doit être modifiée; mais les deux premières
subsistent. La formule (3) subsiste aussi, mais avec un changement dans le
(i) Sur la propagation des réactions chimiques dans les gaz. {Journal de Mathématiques pures
et appliquées, 1906, p. 47.)
1036 ACADÉMIE DES SCIENCES.
coefficient de -jj. La condition pour que la vitesse soit constante est encore
la condition (5).
Dans le cas des ondes planes, traité dans notre mémoire précité, la
constance de la vitesse s'exprime par une relation analogue à (5), mais où
''P:
1
^ ne figure pas dans le coefficient de D- [c'est l'équation (47) du chapitre II
dudit mémoire]. La présence de cette dérivée dans ce coefficient différencie
nettement, dans notre théorie, la propagation des explosions par ondes sphé-
riques de leur propagation par ondes planes. Si cette théorie est exacte, la
vitesse des ondes sphériques dépend de la manière dont les gaz se détendent
en arrière du front, et il paraît probable (les considérations précédentes ne
sont pas toutefois une démonstration entièrement satisfaisante) qu'il n'y a pas,
dans le cas des ondes spliériques, d'onde explosive proprement dite avançant
dans les gaz frais avec une vitesse constante, indépendante du mode de mise
de feu. Il serait intéressant d'étudier la question expérimentalement.
Électricité. — Application du principe de la superposition à la trans-
mission des courants alternatifs sur une longue ligne. Représentation
graphique. Note de M. A. Blondel, présentée par M. Mascart.
Si l'on appelle U et I les vecteurs représentatifs, en grandeur et en phase,
de la tension et du courant au point x d'un conducteur de la ligne (i), j le
symbole imaginaire 1/ — 1, les équations différentielles du problème
,.s di , du ,n\ du . , ,di
(1) -3- = <?" + c ^- ; (2) -— =n + ?-j-,
^ ' dx '' ^ dt ^ ' dx ^ dt
(i) Quel que soit le nombre de phases des courants alternatifs à transmettre, on peut considérer
isolément chaque conducteur de la ligne, en supposant celle-ci complétée fictivement par un
conducteur de retour de résistance nulk», parcouru par un courant nul. J'appelle donc : r, l, s,
la résistance, la self-induction et l'impédance par unité de longueur (en pratique le kilomètre)
d'un des conducteurs utiles de la ligne; c et p sa capacité et sa « perditance » (coefficient de fuite
ou conductance de perte), par unité de longueur, par rapport au conducteur de retour fictif;
w la pulsation des courants alternatifs (ou plutôt de leur harmonique considéré), u la tension
par rapport au conducteur de retour au point x\ i l'intensité au même point, au temps t\ on pose
u = Ue>'; i = lej"'.
Les coeflficients a et 4 qui figurent dans les solutions sont déterminés par l'égalité connue :
(a + bjy = rg — u^-cl +jM{rc + Ig).
SÉANCE DU 7 MAI 1906.
1037
^ë^
^
§
o
oj Cj-
'Ci
tu
es
^
a*
A
--ï
V
B
3
t3
3
a.
1038 ACADÉMIE DES SCIENCES.
admettent, comme on le sait (i), pour intégrales générales
(3) u :^ Ae'""'"''-"'^"'^ + Be"'''^''-'^'^^-'^' • (4) i ^= _e"'+wx-je _ il g-(a+«)»-i9'^
^ ' 'm m
désignant par A, B, G et û' des constantes d'intégration; par a et b, deux
coefficients dépendant seulement de r, g, l, c et oj; et en posant
_ / a^ + b' _
Mca — bn
^ ^_ » / ■ . trr-,, J
Je me propose d'appliquer ici le principe de la superposition des solutions,
qui résulte de la forme même des équations (1) et (2), à la décomposition de
chaque harmonique en un certain nombre de termes composants commodes
pour la pratique.
Ou prendra comme origine des abscisses x de la ligne le point à'arricée; le régime
à l'arrivée est défini, pour la fréquence considérée, par les amplitudes et les phases
de la tension U, et du courant total I, débité dans les organes récepteurs. Nous
considérerons séparément les deux solutions partielles correspondant respectivement
à l'hypothèse d'une tension égale à U,, combinée avec un courant nul (marche à vide),
et d'un courant égal en grandeur à I,, combiné avec une tension nulle (débit sur
court-circuit).
Dans la première hypothèse (I, = 0), on a évidemment A ^ B ^ — ' ; les équa-
tions (3) et (4) prennent alors la forme :
|U = -s^ (e'"'-|- e~'"^)cos6a? ^-j-^e'"' — e-"'')?.\nbx= (U, cohaa? cosZ^a; -j-jU, sihaa- sin&j?),
J =^ (— sihaa;cos&« + / — coha« sin&oC
La première représente la tension répartie à vide, la seconde le coui'ant de
capacité réjjarli à vide. Dans chaque second membre entre crochets, le ternie réel
peut olre considéré comme l'abscisse, et le coetficient île j comme l'ordonnée d'un
point du lieu de l'extrémité du vecteur U ou J correspondant, tracé à partir de 0, en
remarquant seulement que les axes X'OY', auxquels est rapporté le lieu de J (que
j'appellerai courbe N), doivent être tournés de l'angle -\- y par rapport aux axes
XoOYo du lieu de U (que j'appellerai courbe M).
On calcule aisément les coordonnées des courbes en fonction de x au moyen de
la Table 14 (fonctions hyperboliques et circulaires) du Recueil de M. Houel.
Dans la seconde hypothèse (intensité ù l'arrivée I,, tension nulle), on trouve de
même A = B = -^, d'où l'on déduit par les é([uations (3) et (4) les nouvelles valeurs
(i) Bulletin de la Société internationale des électriciens^ 5 avril 1905, p. 311-317.
SÉANCE DU 7 MAI 1906. 1039
des vecteurs du courant ulile I et de la chute de tension correspondante produite par
impédance V :
j I = (l,cohax cosbx -\-jïiSih axsinbx)e~^f^ ,
I V = (mlj sihrtj; cosbx -j-jm,!, coh«j? suib,x)e •'•l'i+V).
Comme plus haut, ces expressions indiquent les coordonnées des lieux des
extrémités des vecteurs (que j'appellerai les courbes P et Q respectivement) par
rapport à deux systèmes d'axes rectangulaires XOY et X"OY", respectivement
tournés de l'angle ft et de l'angle «fi -f" Y ^'^ retard sur XoOoYo.
Chaque régime est donc caractérisé par une épure à deux courbes (tension et
courant) et la superposition des régimes se traduit par une superposition géomé-
trique de deux épures; s'il n'y a pas de décalage de phase à l'arrivée entre U, et
I, (cp, =0), l'axe OX du courant I, coïncide avec l'axe OX» de la tension U, et les
axes X"OY" sont symétriques de X'OY' par rapport à OXo; pour tenir compte d'un
décalage quelconque 'f,, il suffit donc de faire tourner du m^^me angle l'axe OX de
la seconde épure par rapport à l'axe OX» de la première. On obtient les tensions
résultantes de U et V en joignant deux à deux les points des extrémités dès courbes
de même espèce M et Q, et les vecteurs des courants résultants de 1 et J en joignant
les points correspondants des courants X et P. De simples mesures sur l'épure font
connaître en tous points de la ligne les grandeurs des tensions et des courants, leurs
phases relatives, la puissance au départ Uolo cosço, la puissance à l'arrivée U,!, cosw
et, par suite, le rendement de la transmission.
Physique. — Sur les interférences produites par un réseau limitant une
lame mince. Note de M. Georges Meslin, présentée par M, Mascart.
Lorsqu'on dispose un réseau R sur la surface convexe S d'une lentille à
faible courbure, on peut apercevoir de larges anneaux (i), dont, à ma con-
naissance, la théorie n'a pas encore été faite.
Ces franges, qui s'observent dans un faisceau de lumière non limitée et qui
semblent localisées dans le voisinage du réseau (2) dont les traits sont supposés
perpendiculaires au plan d'incidence, se distinguent nettement, et par plu-
sieurs caractères, des anneaux de Newton correspondant à la lame mince
comprise entre le réseau et la lentille :
1° Elles sont beaucoup plus larges et beaucoup plus espacées entre elles que
ne le sont ces anneaux dont il est facile de calculer les dimensions d'après la
(i) IzARN, Comptes rendus, t. CXVl, p. 572.
(2) S'il s'agit d'un faisceau provenant d'une fente étroite dont on forme l'image sur un écran, on
obtient dans le spectre des cannelures dont la théorie est différente; enfin, si les deux surfaces
S et R sont parallèles, on a en lumière blanche des franges non localisées.
C H., 1906, i" Seinesire. (!'. CXLII, N" ly.) iSj
1040 ACADÉMIE DES SCIENCES.
courbure de la surface convexe (et qu'on peut d'ailleurs observer en même
temps);
2° Elles sont visibles en lumière blanche bien que S et R ne soient point au
contact; elles sont encore observables alors que la distance de S à R est de
plusieurs millimètres;
3° Elles sont très peu irisées et sont même sensiblement achromatiques
lorsqu'on les observe sous une incidence voisine de 45°, auquel cas on a des
anneaux blancs et sombres, périodiquement modifiés par des alternances
colorées sur lesquelles je reviendrai en en précisant la cause;
4° Le diamètre de ces cercles diminue lorsque l'incidence va en croissant,
tandis que le diamètre des anneaux de Newton augmente dans ces conditions.
En substituant à la lentille d'autres surfaces de formes connues, il est facile de
s'assurer que, comme les anneaux de Newton, ces franges dessinent les lignes
d'égale épaisseur de la lame mince ainsi constituée au-dessous du réseau; elles cor-
respondent donc à un phénomène d'interférences pour lequel le retard est encore
proportionnel à l'épaisseur de la lamelle, mais avec un coefficient de proportionnalité
plus petit que celui qui intervient dans les anneaux de Newton et qui est égal à 2cosr;
de plus, le nouveau coefficient doit présenter par rapport à r une variation en sens
contraire du précédent.
Cette triple condition permet de reconnaître la cause du phénomène et de l'attri-
buer à l'interférence des deux faisceaux qui, tout en ayant été l'un et l'autre réfléchis
dans la lame mince, ont subi la dilïraction par le réseau, l'un à son entrée dans la
lamelle, l'autre à sa sortie de cette même lame mince; ces deux sortes de rayons,
émergeant parallèlement, peuvent interférer en présentant l'un par rapport à l'autre
un retard correspondant aux conditions différentes dans lesquelles ils ont traversé
la lamelle.
Si l'on considère d'abord des rayons tombant normalement et diffractés dans une
direction r donnée par la formule classique
(1) sinr^KN/,
2e
le rayon diffracté par transmission a traversé une épaisseur , tandis que le rayon
pénétrant et revenant normalement, puis diff'racté dans la même direction que le rayon
émergent, a pris un retard 2e -\- 2e siar tgr, ce qui fait en tout
2e
(2) 2e + 2e sinr ter ou 2e — 2ecosr.
^ ' I D C0S7'
Ce retard varie donc proportionnellement à e, avec un coefficient 2(1 — cosr)
généralement bien plus faible que 2 cosr, si r est assez petit, ce qui avait lieu dans
le cas des réseaux employés (réseaux au i/25 ou au 1/50) ; il croît avec r, et comme r
est déterminé par la relatinn (1), il augmente avec N, ce qui montre que les anneaux
SÉANCE DU 7 MAI 1906. 1041
seront d'autant plus étroits et plus petits que l'on emploiera des réseaux à traits plus
resserrés; c'est en effet ce que l'expérience indique.
En dehors de l'incidence normale, les équations seront
(3) sini — sinr = KN>,
et le retard sera donné par 2e(cosr — cosi), de telle sorte que suivant la parité de K'
il se produira des franges brillantes ou sombres, lorsqu'on aura
(4) 2e(cosr — cos/) = I^'k-
Si l'on examine le phénomène sous une incidence déterminée r, les équations (3)
et (4) font connaître z et e, c'est-à-dire la direction du faisceau efficace et l'épaisseur ou
position correspondante à une frange donnée; celte position est en général une
fonction de X et l'élimination de i entre ces deux équations donnerait la relation
qui détermine ainsi e pour les différentes radiations; cette quantité ne serait donc
indépendante de 1 que si le résultat de l'élimination fournissait une équation où X
ne figurerait plus. Mais, au lieu d'éliminer i entre (3) et (4), on peut éliminer X et
conserver i dont la présence maintient dans l'équation finale l'influence de X auquel
il est relié par (3).
Cette élimination fournit
„ cosr— cosj K' „ K' , i 4- r
2e—. — -. ^ = 7rrnvr «" ^ e = jr-p^COlg — ^— .
sini — sinr 2KN 2KN " 2
En passant d'une couleur à l'autre, j varie d'un angle très petit; ï et r sont d'ailleurs
assez voisins l'un de l'autre et la variation de i -\- r est à peu près négligeable à côté
de i-\- r;\a position de la frange est donc presque indépendante de la couleur et c'est
ce qui explique l'achromatisme approximatif des anneaux dans les conditions
indiquées.
Ces franges seront rendues plus brillantes si l'on augmente le pouvoir réflec-
teur de la surface inférieure de façon à égaliser à peu près les intensités des
deux rayons interférents ; on y parvient en employant une surface métal-
lique, condition plutôt moins favorable à la visibilité des anneaux de Newton.
Ces franges peuvent être utilisées pour vérifier commodément la surface
sans employer de lumière monochromatique; cette vérification peut, en effet, se
faire presque sans interrompre le travail de la surface, car il suflSt de disposer
à plusieurs millimètres au-dessus d'elle un ré.seau plus ou moins serré suivant
l'approximation que l'on cherchera ou suivant le degré d'avancement du
travail, en éclairant le tout par un large faisceau de lumière blanche et en
orientant les traits du réseau perpendiculairement au plan d'incidence; cette
1042 ACADÉMIE DES SCIENCES.
méthode, qui permet, sans dispositif spécial autre qu'un réseau, de se rendre
compte de la forme des surfaces employées, s'applique sans modification aux
surfaces métalliques ; elle permet, en particulier, de suivre avec beaucoup de
précision les déplacements et les déformations d'une surface mercurielle.
Chimie. — Action du gaz ammoniac sur le chlorure de néodyme anhydre.)
Note de MM. G. Matignon et R. Trannoy.
Le gaz ammoniac est sans action sur le chlorure de néodyme vers 1000°.
A la température ordinaire, le chlorure anhydre (i) absoibe le gaz ammoniac
sec en augmentant considérablement de volume en même temps que la teinte
rose s'accentue. Il se produit un dégagement de chaleur considérable. Les
combinaisons qui se forment ont été étudiées par deux procédés différents.
Dans une première expérience on a salure par le gaz ammoniac un poids connu
de sel anhydre maintenu dans un mélange de glace et de sel ; l'absorption complète
exige un contact prolongé. 5g, 4322 de sel ont ainsi absorbé 4g, 3693 de gaz bien
desséclié à travers une longue colonne de sodium, en donnant une combinaison se
rapprochant de Nd GF' 12 Az H\ Ce composé d'addition chauffé progressivement au
bain-marie, ou dans un bain d'huile, dégage de l'ammoniac à certaines températures qui
ont été notées en même temps que les pertes de poids correspondantes. On a pu
réaliser ainsi une décomposition progressive et déceler en passant toutes les combi-
naisons intermédiaires avec leur température de dissociation sous la pression atmo-
sphérique.
D'autre part, 2g, 1805 et 3g, 4604 du même chlorure ont été enfermés dans deux
tubes scellés avec du gaz ammoniac liquéfié ; celui-ci est absorbé par le sel dont la
teinte rosée se fonce davantage. Après un contact de plusieurs semaines, et vérifica-
tion de la présence d'un excès d'ammoniac liquide, les combinaisons formées ont été
étudiées en procédant de la façon suivante. Le tube est ouvert après refroidissement
dans un mélange d'éther et de neige carbonique; on le porte ensuite dans le chlorure
de méthyle bouillant à — 23°. A cette température, tout l'excès d'ammoniac se dégage
en laissant une combinaison qui, comme nous le verrons tout à l'heure, a bien comme
composition NdCl'12AzH'. On a élevé ensuite progressivement la température de ce
composé d'addition et noté les températures pour lesquelles il y a dégagement de
gaz ammoniac. Ce dernier est dosé à la fois par la variation de poids avant et après
chaque dégagement et par la mesure du volume recueilli sur le mercure.
(I) C. Matignon, Comptes rendus, l. CXXXIII (l'JOlj, p. 28'J; t. CXL(1'J05 , p. 1181.
SÉANCE nu 7 MAI 1906. 1043
Ces deux expériences, jointes à l'étude précédente, ont démontré l'existence
des composés d'addition suivants :
NdCPAzff
2AzH'
4AzH'
5AzH'
8Az;h'
llAzH'
12AzH^
A la sortie du chlorure de méthyle, la combinaison a été portée dans la
glace fondante, puis chauffée successivement au bain-marie, au bain d'huile et
au bain de nitrates.
Nous donnons les résultats pour l'expérience faite avec 3^,46 de chlorure.
Le départ de Az H^ correspond théoriquement à un dégagement gazeux de
308 cm^ mesurés à 0° et sous la pression normale et à une diminution de
poids de 0«,2352.
Perte de poids Volume deAzH'' recueilli
trouvée calculée trouvé calculé
» 0,2352 312,3 309
-980 927
1,3453 1,4112 911 927
0,2921 0,2352 408 309
0,4162 0,4704 506 618
0,7083 0,7056 914 927
0,2199 0,2352 284 309
0,2003 0,2352 250 309
Les deux derniers résultats sont trop faibles, mais les autres expériences
permettent de corriger les valeurs fournies par ces nombres évidemment mal
déterminés. C'est ainsi que l'essai, conduit avec 5^,4322 de chlorure, a
éprouvé vers 250° et 360° les diminutions de poids de 0^3918 et 0^3625
au lieu de 0^,37 valeur théorique.
On remarquera également que les variations de poids ainsi que les déga-
gements gazeux vers 115° et 155° ne donnent pas des valeurs bien concor-
dantes, mais l'ensemble des deux, au contraire, correspond très exactement à
trois molécules de gaz ammoniac. D'ailleurs, les autres expériences ont égale-
ment corrigé ces valeurs.
A 360° les douze molécules d'ammoniac fixées sont toutes mises en liberté
et l'on retrouve le sel anhydre.
Température
.de décomposition
lAzHr
— 23° à 0°
3AzH>
18° à 34°
3Azff'
78° à 80°
lAzIP
115° à 120°
2AzH"-
155° à 160°
3AzH''
115° à 160°
lAzff
250° à 260°
lAzH'
360°
1044 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les sept combinaisons foroaées par le gaz ammoniac et le chlorure de
néodyme sont dissociables sous la pression atmosphérique à des températures
voisines de celles indiquées en t
t
T
Q
dCl'AzH'
360"
633o
20S2
2AzH'
2550
528°
16S9
4AzH^
157"
430.^
13S7
5Azff
117°
390°
12=,5
8AzH'
79o
3520
11^2
llAzff
26»
299)
9=,5
12AzH^
- 10'
2630
8«,4
En appliquant à ces combinaisons ammoniacales la loi de constance de la
variation d'entropie mise en évidence par l'un de nous (i), on déduit immédia-
tement de la connaissance des températures absolues de dissociation T la cha-
leur dégagée Q dans la formation de ces combinaisons à partir de 1 mol. de
gaz ammoniac. Pour la première, par exemple, la chaleur de fixation de
Az H*^ est égale à 633 x 0^'",032, soit 20*^"', 2.
On a pour chacun des composés la relation thermique suivante :
NdCPsol -1- AzH5gaz= NdCPAzH'sol -|-20Cal,2
NdCPAzH^sol + AzIPgaz = NdCF2AzH'sol + 16Cal,9
NdCP2AzH'sol + 2AzPPgaz = NdCP4Azff sol -f 27Cal,5
NdClHAzH'sol -j- AzH'gaz = NdCPSAzH'sol 4-12Cal,5
NdCP5AzH=sol + 3 AzH\gaz = NdCPSAzH'sol -|-33Cal,6
NdCl->8 AzH"' sol + 3AzH"> gaz = \d CPll AzH' sol + 28Cal, 5
NdClMlAzH^sol + AzH^gaz= NdCF12AzH^sol-i- 8 Cal, 4
Ainsi le gaz ammoniac en se fixant sur une molécule de chlorure de
néodyme dégage le chiffre énorme de 147^"', 5. Nous avons vu que le chlorure
de samarium dans les mêmes conditions avait fourni 147*^*' (2).
Le chlorure octohydraté de néodyme n'a pas son correspondant dans la
série des composés ammoniacaux.
Les études ébuUioscopiques et cryoscopiques ont montré (3) que la formule
du chlorure de néodyme était bien NdCP. La simplicité des formules précé-
(1) Comptes rendus, t. CXXVIII (1899), p. 103.
(2) Matignon et Trannoy, Comptes rendus, t. CXL (1905), p. 141.
(J) C. Matignon, Comptes rendus, t. CXXXIII(1901), p. 289.
SÉANCE DU 7 MAI 1906. 1045
(lentes s'accorde bien avec la trivalence du néodyme ; la divalence de ce métal
aurait conduit aux formules compliquées suivantes :
M^AzH', utAzW, M^Azff, M^Azff, MifAzff, M^^AzH', MSAzH'.
3 o o o o o
On trouve là une confirmation a priori de la formule rigoureusement
établie.
Chuiik. — Sur l'existence des sulfures de phosj'hore : mixtes de phosphore et
de sesquisidfure de phosphore. Note de M. R. Boulouch, présentée par
M. Georges Lemoine.
Sous le premier titre, M. H. Cliran a publié récemment {Comptes rendus,
t. CXLII, p. 398) quelques données relatives à la détermination des tempé-
ratures de solidification (i) des corps contenant des proportions diverses de
soufre et de phosphore, aj)rès réaction des éléments au-dessus <le 100°.
J'ai fait, de mon côté, des recherches analogues, et mes résultats, relatifs
aux mixtes de phosphore et de sesquisulfure P*S'\ sont assez éloignés de ceux
de M. Giran pour que je croie nécessaire de signaler et d'expliquer cette diver-
gence; j'ai d'ailleurs à faire connaître un fait nouveau dans l'étude de la soli-
dification d'un mélange de deux corps définis pouvant constituer une phase
liquide unique, mais pas de combinaison chimique.
L'auteur signale l'existence d'un eutectique dont la concentration en soufre
serait 0,335 et le point de fusion nette — 40°; or, un mélange ayant cette
composition se solidifie graduellement à partir de -f 35°, et le solide qui en
résulte ne saurait, dès lors, constituer un eutectique. Le point d'eutexie des
mélanges étudiés est situé vers — 1" et correspond à un mixte de concentra-
tion voisine de 0,200 (P^S au lieu de P*S). L'erreur commise doit être attri-
buée à deux causes :
1. Ces mélanges présentent à un haut degré la propriété de demeurer en
faux équilibre, de telle sorte que si l'on ne met pas en contact avec le liquide
des germes cristallins de P*S^, on n'obtient la congélation des mélanges de
concentration supérieure à 0,200 que par un refroidissement très énergique ;
mais on atteint ainsi la région située au-dessous des deux courbes de solidifica.
(i) Il peut être utile de remarquer que, dans les Cipériences do M. Llirau (p. 338), on détermine
« la température dejusion du mélange, qui est celle où disparaît le dernier cristal ». (Note de
M. G. Lemoine».
1046
ACADEMIE DES SCIENCES.
tion, les cristaux qui prennent naissance sont isomorphes du pliosphore, et
leur fusion ultérieure fournit des points situés sur le prolongement de la ligne
de solidification qui contient le point de fusion du phosphore pur.
J'ai fait ressortir des faits de cet ordre dans l'étuJe des mixtes formés par
le soufre et le phosphore au-dessous de 100° [Comptes rendus, 21 juillet 1902).
II. La deuxième cause est plus imprévue et se relie à un fait, non signalé,
0.436 a42 04 0.38 0.36 0.335
P*S3 P2S
02 018 n 16
Concentrations en soufre
résultant de mes expériences inédites : le point d'eutexie se trouve en général
à l'intersection de deux lignes presque droites passant respectivement par les
points de fusion des deux corps purs; dans le cas actuel, en prolongeant les
portions de lignes qui sont voisines dé ces points de fusion, on obtient à peu
près le point indiqué par M. Giran, mais la ligue de soliditicatiou des cris-
taux rifhes en P^S^ présente une forme absolument singulière; elle est
SÉANCE nu 7 MAI 1906. 1047
formée de deux portions à peu près droites, d'inclinaisons fort ditférentes, et
c'est la seconde portion qui, pcar son intersection avec la ligne de solidification
des cristaux riches en phosphore, détermine le point d'eutexie.
Mais le point où se coupent les deux parties de la ligne de solidification
singulière doit être considéré comme un point de transition dont les coor-
données sont s ;= 0,36 et t = 44°, te))ipéruture de fudon du plio^phot e pur.
L'hypothèse la plus probable qui permette d'expliquer la discontinuité du
phénomène consiste a supposer qu'au-dessus de 44" il se dépose des cristaux
de P'S''' pur, tandis qu'au-dessous de cette température on obtient des cristaux
mixtes de sesquisulfure et de phosphore; l'identité des températures de ce
point de transition et du point de fusion du corps le plus fusible, si elle s'éri-
geait en règle générale, aurait une importance évidente.
L'étude attentive des lignes de fusion de ces mélanges permettra sans doute
de contrôler l'hypothèse émise ci-dessus.
Chimie minérale. — Sur les luiions spéciaux. Note de M. Léon GuiJlet,
présentée par M. Ditte.
On sait que les laitons industriels, alliages de cuivre et de zinc, renfermant
plus de 55 °/o de cuivre, peuvent être laminés ou martelés à chaud,
lorsqu'ils contiennent moins de 63 % de cuivre ; ils peuvent être laminés
ou martelés à froid, lorsque la teneur en cuivre dépasse 60 °/o.
Les recherches les plus récentes faites sur les laitons montrent que les
alliages contenant plus de 63 °/o de cuivre sont formés d'une seule solu-
tion, solution a de Schepherd, tandis que ceux renfermant entre 55 et 63 %
de cuivre sont formés de deux solutions a et (3, la solution y- étant d'autant
plus importante que la teneur en cuivre est plus élevée.
Le constituant caractéristique des laitons forgeables à chaud est le
constituant 'fi qui apparaît en noir dans l'attaque au perchlorure de fer.
J'ai cherché à préciser la constitution des laitons spéciaux, alliages de
cuivre et de zinc, contenant des corps étrangers : aluminium, manganèse,
silicium, etc. On sait, depuis quelques années, que la présence d'une certaine
quantité d'aluminium dans un laiton contenant 70 % de cuivre permet de
laminer cet alliage à chaud. L'examen micrographique d'un de ces laitons
nous a montré qu'il avait même texture que l'alliage Cu = 58 Zn = 42.
Générahsons le problème et appelons A le titre réel (donné par l'analyse) de
C. R., 1906, l" Semestre. (T. C.XLII, N" 19.) l38
1048 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'alliage en cuivre ; B celui en zinc, et supposons que l'alliage renferme q % d'un
corps étranger.
A + B + ç = 100.
Soit A' le titre en cuivre indiqué par le microscope (quand l'alliage est compris
entre 55 et 63 "/J et que nous nommerons titre fictif, B' le litre fictif en zinc, et
désignons par t le coefficient d' équioalence du métal étranger, c'est-à-dire la quantité
de zinc auquel se substitue 1 °/„ de ce métal, les proportions étant ramenées à 100.
On a : A' + B' = 100;
mais
d'où l'équation
On a donc
(B + ^9)100.
A+B + tq'
A'g«-1)=100(A - A').
A' ..'^^ ..
iOO -]-q{t- 1)'
équation qui définit le titre fictif A' d'un alliage dont le titre réel est A et qui contient
q d'un élément dont le coefficient d'équivalence est t.
On voit que la loi est hyperbolique et que, si l'on a
^ < 1, il s'ensuit A' > A,
O 1. » A' < A.
J'ai déterminé les coefficients d'équivalence d'un grand nombre de métaux. J'indi-
querai les principaux :
Pour l'aluminium.
» le silicium .
» l'étain. .
» le manganèse
)) le plomb.
» le fer .
» le cadmium.
= 6,
= 10,
= 2,
= 0,5,
= 1 ,
= 0,9,
= 1 .
On voit donc que le manganèse et le fer relèvent le titre.
Ces déterminations ont une très grande importance industrielle. En effet, les
propriétés d'un laiton spécial se rapprochent toujours beaucoup plus de celles du
laiton qui a pour titre réel son titre fictif que de celle du laiton ayant même titre réel
que lui ; il u généralement sur le premier l'avantage de posséder une limite
élastique plus élevée.
Je citerai un exemple : le laiton Cu = 70, Al = 4, Zn = 26 a pour titre fictil
Cu = 57, Zn = 43.
SÉANCE DU 7 MAI 1906. 1049
Ce dernier alliage donne : charge de rupture par ™/V = 32,6; limite élas-
tique = 6,6; allongement °/o = 24.
Tandis que le premier accuse : charge de rupture par "^jm^ = 44,8; limite
élastique 23,8; allongement °/o = 24,5, et l'alliage à même litre réel, soit Cu = 70.
Zn = 30, donne : charge de rupture par "/m- = 17; limite élastique = 3,5;
allongement % = 55.
J'ai supposé jusqu'ici que les éléments étrangers entraient dans l'une ou l'autre
des solutions en présence desquelles ils se trouvent; tous les éléments commencent
par agir ainsi; mais, pour des pourcentages variables avec chacun d'eux, ils se
séparent en formant soit une combinaison, soit une solution solide spéciale.
Certains corps, le phosphore, le magnésium, l'antimoine forment un constituant
spécial dès que leur pourcentage atteint 0,5 à 0,7 °/q.
D'autres, au contraire, comme l'aluminium, le manganèse, peuvent être introduits
en grandes quantit(''s, plus de 10 "/g.
Les recherches fort longues que j'ai faites à ce sujet montrent clairement qu'à
l'apparition d'un constituant spécial correspond nettement une diminution dans
la valeur des propriétés mécaniques et, notamment, une augmentation très nette
de la fragilité.
Eiî résumé : 1° l'étude des laitons spéciaux m'a permis d'établir une
loi générale indiquant le rôle des éléments étrangers qui créent dans
l'alliage un titre fictif;
2° L'alliage a des propriétés très rapprochées de celles du produit ayant
pour titre réel son titre fictif;
3° La présence d'un constituant, combinaison ou solution, autre que celui
que l'on rencontre dans les alliages cuivre-zinc diminue considérablement la
valeur mécanique de l'alliage.
Chimie analytique. — Méthode de recherche el de dosage de petites quantilés
de fer. Note de M. A. Mouneyrat, présentée par M. A. Haller.
Les diverses méthodes de recherche et de dosage du fer consistent soit à
précipiter directement le métal (méthode électroly tique), soit à faire naître,
dans les solutions qui le renferment, à l'aide de réactifs spéciaux, des précipi-
tations ou des colorations spécifiques. Le procédé de recherche et de dosage
de petites quantités de fer, dont je désire présenter l'étude à l'Académie,
appartient à ce dernier groupe, au groupe des méthodes colorimétriques.
Depuis longtemps on a observé que lorsqu'on fait passer un courant
d'hydrogène sulfuré dans une solution alcaline étendue d'un sel de fer, cette
solution, indépendamment du précipité de sulfure qui peut se former, prend
1050 ACADÉMIE DES SCIENCES.
une belle coloration verte. L'étude systématique de ce fait, but de cette note,
m'a montré qu'on se trouvait là en présence d'une réaction extrêmement sen-
sible du fer, beaucoup plus sensible que celle au sulfocyanure et tout particu-
lièrement propre à la recherclic de cet élément dans les solutions aqueuses qui
n'en renferment que des traces.
Si à une solution très étendue, à un huil cent millième par exemple, d'un sel
minéral de fer au maximum ou au minimum, on ajoute un excès d'alcali, ammoniaque
pure par exemple, il ne se forme aucun précipité, mais le passage pendant 10
à i2 minutes dans cette liqueur d'un courant régulier d'iiydrogène sulfuré pur
y développe une belle coloration verte (la solution doit être examinée sous une
épaisseur de plusieurs centimètres). Cette solution, abandonnée à l'air libre, ne tarde
pas à jaunir, à cause de la mise en liberté de soufre sous l'influence de l'oxygène
atmosphérique; conservée, au contraire, dans un flacon plein et bien bouché, elle
garde très longtemps sa couleur verte.
J'ai tout d'pbord examiné l'influence de la nature et de la quantité d'alcali sur la
sensibilité de la réaction. Afin d'avoir une base parfaitement exempte de fer, j'ai
employé de l'ammoniaque pure obtenue en chauff'ant la solution ammoniacale du
commerce, desséchant sur de la chaux vive, afin de retenir l'eau entraînée mécani-
quement, et recevant le gaz dans de l'eau distillée. La solution ammoniacale ainsi
préparée, et dont je me suis servi, était absolument exempte de fer et contenait
62 grammes d'AzH' par litre. Les essais ont été effectués, pour une même durée
de courant de H*S, en prenant 50 centimètres cubes de la solution ferrugineuse à un
huit cent millième de Fe (à l'état de sulfate de fer) et des quantités successivemeut
croissantes d'ammoniaque 0™i"',5; 1™^ 1«"»"',5; 2™'; S^^S; 4cin3^ g^^ Q-gg^ g^gg gcms
de la solution ammoniacale que le maximum d'intensité de coloration a été obtenu;
des quantités plus fortes d'AzH"' n'augmentent pas, diminuent plutôt la couleur.
L'ammoniaque peut être remplacée dans cette réaction par la soude ou la potasse,
mais il est extrêmement difficile d'avoir ces deux bases exemptes de fer; toutes celles
que livre le commerce en renferment des quantités plus ou moins grandes, qu'il est
très difficile d'enlever. Les bases organiques, pyridine, quinoléine, ne peuvent pas
remplacer l'anunoniaque.
Etat physique sous lequel se trouve le fer dans la solution verte. — Si l'on place la
solution verte, préparée comme il vient d'être dit, sur un dialyseur, il ne passe pas de
fer à travers ce dialyseur; seul du sulfure alcalin traverse la membrane. Cette expé-
rience permet de conclure que le fer se trouve dans la solution verte à l'état colloïdal.
Agents qui influent sur la stabilité de cet état colloïdal. — Un grand nombre
d'agents augmentent ou diminuent la stabilité de cette solution colloïdale ferrugi-
neuse.
Les acides minéraux (HCl, AzO'H, SO'H-, etc.) font immédiatement perdre à la
solution sa coloration verte ; le SO'(AzH*)*, le SO'Na-, le NaCl en solution
aqueuse concentrée fait également disparaître assez vite la couleur verte. Beaucoup
de matières organiques, au contraire, augmentent la stabilité de l'état colloïdal et
SÉANCE DU 7 MAI 1906. 1051
permettent d'obtenir des solutions vertes plus riches en fer que r.iuimoniaque seule.
Parmi ces matières un grand nombre peuvent être employées; j'ai essayé la glycé-
rine, le sucre, le glucose, la mannite, l'aeide lactique, l'acide tartrique et l'acide
citrique, qui toutes m'ont donné de bons résultats. Mais parmi toutes ces substances,
la plus intéressante est l'albumine parce qu'elle permet d'augmenter la sensibilité de
la réaction et de la pousser au delà du millionième (limite de sensibilité approxima-
tive avec l'ammoniaque seule). Si, en effet, à une solution de fer, légèrement plus
étendue que le millionième, on ajoute de l'ammoniaque pui-e, une très petite quantité
d'albumine (exempte de fer minéral), 4 ou 5 milligrammes par exemple, sature
comme il a été dit d'H-S, la coloration de la solution n'est pas d'un vert net, si
bien que, dans ces conditions, il est difficile de se prononcer; mais si, à la solution
ainsi obtenue, on ajoute son volume d'alcool à 90°, agite le tout et laisse reposer
10 ou 12 heures, il se forme, au bout de ce temps, s'il y a du fer, au fond du tube un
dépôt filamenteux vert, tandis que la solution reste absolument incolore. L'alcool,
dans ce cas, a brisé l'état colloïdal et une partie de l'albumine s'est précipitée en
entraînant tout le fer. Les solutions colloïdales obtenues avec l'albumine ne sont pas
détruites par la chaleur; à l'ébullition la coloration verte s'affaiblit ou disparaît pour
reparaître à froid ; le noir animal pur lavé, exempt de sels, n'a pas d'action sur la
solution verte.
Spécificité de la réaction. — Cette coloration verte n'appartient-clle qu'au fer .' .J'ai
étudié l'action de l'hydrogène sulfuré sur des solutions diluées à nrvfYfTfy/s ammo-
niacales, en présence d'albumine des métaux suivants :
Mercure, plomb, argent, chrome, nickel, cobalt, alcalino-terreux, cuivre.
Aucun de ces métaux, en solution très diluée bien entendu, ne donne de colora-
tion verte analogue à celle du fer. Le cuivre gêne cependant la réaction; il faut donc
tout d'abord s'en débarrasser. Pour cela on acidifie par HCl la solution, que l'on
sature ensuite d'hydrogène sulfuré; on laisse reposer 8 à 10 heures, on filtre, porte
à l'ébullition la solution et filtre de nouveau. La liqueur neutralisée et alcalinisée
par l'ammoniaque additionnée d'albumine sert, comme il a été dit, à la recherche
du for.
Dosage du fer. — L'intensité de la couleur verte des solutions est, dans des limites
1 1
comprises entre ,„„>,„r.^ et ./.t^tc, sensiblement proportionnelle à leur teneur en
' 1000000 1000
fer, si bien que l'on peut doser ce métal en fonction de l'intensité de cette colo-
ration verte.
La méthode de recherche du fer que nous venons d'étudier est beaucoup
plus sensible que celle au sulfocyanure et convient tout particulièrement aux
recherches biologiques.
Je poursuis des études dans ce sens et j'indiquerai prochainement une
méthode très sûre de recherche du fer dans les tissus vivants.
1052 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Chimie organiquh;. ■ — Obtention des sulfamates nromatiques par réduction
des dérivés nitrés avec l'hydvosulfite de sonde. Note de MM. A. Seyewetz
etBloch, présentée par M. A. Hallcr.
Les sulfamates aromatiques de formule générale (R)N.H.SO^(M) ont été
obtenus par divers procédés, qui utilisent tous soit une aminé simple ou
substituée, soit une hydroxylamine, dans le groupement NH- ou NHOH
desquelles on substitue le groupement sulfonique au moyen de la chlorhydrine
sulfurique, de l'acide amidosulfurique, de l'acide sulfureux ou de la thionyl-
amine.
En employant les aminés, Wagner (i) a obtenu ainsi l'acide pliénylsulfa-
mique; Traube (2) les acides phénjd-, tolyl- et xylyl-sulfamiques ; Paal et
Jânicke (3) l'ortho et le paratolyl, ainsi que l'a naplitylsulfamate d'ammonium ;
Jungahn (4) l'acide a. m. xylylsulfamique ; Paal et J. Cassel (5) les chlorosul-
famates.
En utilisant les hydroxylamines aromatiques, Bamberger et Hinderman (g)
puis Micbaelis et Peton (7) ont pu préparer l'acide phénylsulfamique.
Nous sommes arrivés à transformer directement le groupe NO' en
NH — SO^Na et à obtenir ainsi avec de bons rendements les sulfamates corres-
pondants, en réduisant avec ménagement les dérivés nitrés par l'hydrosulfite
de sodium (s).
Nous avons constaté que si l'on met du nilrobenzène en suspension dans de l'eau
bouillie additionnée de phosphate de soude tribasique (9) et qu'on y dissolve une
quantité suffisante d'hydrosulfite de sodium en poudre, de façon que la température
atteigne environ 65°, il cristallise dans la masse, après vingt-qualre heures, de
longues aiguilles soyeuses blanches. Ces aiguilles essorées sur brique poreuse puis
purifiées par lavage à l'élher et cristallisation dans l'alcool absolu renferment du
carbone, de l'hydrogène, de l'azote, du soufre et du sodium. Elles sont solubles dans
l'eau et dans l'alcool. Leur solution aqueuse ne précipite pas avec le chlorure de
(i) Berichte 19, p. 1158.
(2) Berichte 23, p. 1654.
(3) Berichte 27, p. 1244, et 28, p. SlBl.
(4) Berichte 31, p. 1234.
(5) Berichte 34, p. 2748. Dissertation. Erlanf,^en, l'JOO.
(6) Berichte 30, p. 6.54.
(7) Berichte 31, p. 984.
(8) Nos essais n'ont porté jusqu'ici que sur le nitrolienzène, les nitrotokiènes, le métanitro.Ky-
lène et l'a nitronaphtaline.
(9) Le phosphate tribasique sert à stabiliser l'hydrosulfite de soude.
SÉANCE DU 7 MAI 1906. 1053
baryum, mais cette précipitation a lieu après ébullition en présence d'une petite quan-
tité d'acide chlorhydrique. Il y a en même temps formation d'aniline. Cette réaction
caractéristique paraît indiquer la présence d'un sulfamate.
Cette hypothèse est confirmée par le dosage de l'azote, du soufre et du sodium, dont
voici les résultais :
Trouvé. Calculé pour C^H^NKSO^Na.
% .\zote .... 7,3 et 7,21 7,17
Soufre .... 16,20 16,41
Sodium . . . 12,00 11,80
Nous avons identifié le composé ainsi obtenu avec le phénylsulfamate de sodium
préparé par l'action de la chlorhydrine sulfurique sur l'aniline dissoute dans le chlo-
roforme (i).
La réduction du nitrobenzène pai' l'hydrosulfite de soude peut donc être représentée
par l'équation suivante :
C«H»NO- + S-0*Na^ + H^O = C'ffNHSO'Na + SO»NaH.
La solution aqueuse d'où ont été séparées les aiguilles est saturée de phénylsulfa-
mate et renferme, en outre, une petite quantité d'aniline (2).
Xous avons fait varier méthodiquement les divers facteurs de l'opération (quantité
d'hydrosulfite, concentration de la solution, température et durée de la réaction,
quantité de phosphate tribasique) pour déterminer les conditions d'obtention du
meilleur rendement.
Voici ces conditions :
« Introduire dans un flacon GSgr de nitrobenzène, 75g'' de phosphate tribasique de
« sodium et 380g'' d'hydrosulfite concentré en poudre B. A. S. F. (78 % environ
« S*0'Na-), puis ajouter 1 litre d'eau bouillie et agiter vivement pendant quelques
« minutes pour dissoudre l'hydrosulfite. La température s'élève peu à peu vers 65°. >;
On abandonne alors le flacon bouché à la température ambiante.
Après vingt-quatre heures, la couche de nitrobenzène qui surnageait la solution a
disparu à peu près complètement et il s'est produit dans la masse une abondante
cristallisation d'aiguilles soyeuses blanches (3), qu'on recueille et essore sur brique
en plâtre.
En refroidissant les eaux-mères vers 0°, on peut encore séparer une quantité
importante de phénylsulfamate. Enfin, on peut également en retirer une portion
notable en évaporant au bain-marie les dernières eaux-mères et en recristallisant
plusieurs fois le résidu sec dans l'alcool absolu.
(i) Berichte 23, p. 1654.
(2) MM. Aloy et Rabaut {Bulletin de la Société chimique de Paris, t. XXXIII, p. 654) ont
obtenu l'aniline en réduisant le nitrobenzène par l'iiydrosulfîte de soude vers 100».
(3) Il arrive quelquefois que la solution reste sursaturée et ne cristallise pas. On provoque
facilement la cristallisation en agitant, ou mieux en refroidissant avec un mélange de glace et
de sel.
1054 ACADEMIE DES SCIENCES.
Readement : lOOgr de phénylsulfamale pour lOOgr de nitrobenzène.
Le phosphate tribasique n'est pas indispensable pour la formation de phénylsul-
famale, mais en stabilisant la solution d'hydrosulfite il améliore notablement le
rendement.
Nous avons reconnu la possibilité d'effectuer la réaction en ajoutant au mélange
une quantité d'alcool convenable pour que le nitrobenzène reste dissous dans la
solution d'hydrosulfite, mais la séparation du phénylsulfamate est ainsi plus difficile.
En appliquant la réaction précédente aux trois nitrotoluènes, au métanitroxylène
et à l'a nitronaphtalène, nous avons obtenu les sulfamates correspondants. Avec les
nitrotoluènes le rendement a été notablement meilleur qu'avec le nitrobenzène (i).
Nous nous proposons d'appliquer notre méthode aux autres dérivés nitrés des
carbures substitués ou non, ainsi qu'aux composés renfermant des groupes nitrés
en présence des diverses fonctions.
Physique du globe. — Extrait d'une lettre du P. Cirera.
Le 18 avril après-midi on a enregistré un mouvement microsismique
important à l'Observatoire de l'Ebre. (Latitude Nord 40''49',2. Long. E.
Greenwich 0'' P58^ ,5.)
Commencement à l''24"°55' p. m. Phase maxima dans le pendule Grablo-
vitz à 2''6°'30'. Fin du mouvement à 4'' 7".
Les pendules sont restés encore un peu agités.
M. Charles Joly adresse un mémoire intitulé : Phénomènes sismiques
inconnus.
A 4 heures un quart, l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 4 heures et demie.
G. D.
(i) Pour les dérivés nitrés solides à la température ordinaire, il faut maintenir le mélange au
voisinage de leur tenipéiature de fusion.
ACADÉMIE DES SCIENCES,
SÉANCE DU LUNDI li MAI 11)00,
PnÉSIDE.^XE DE M. A. POINCARÉ.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES C0RRESP0:';DANTS DE L'ACADÉMIE
MÉCANIQUE. — Sur un effet singulier du frottement. Note de M. E. Giifoii.
Dans une lirocliure ([uia été adressée par son aulciu' à plusieurs membres
de l'Académie, M. de Saintignon rend compte d'une expérience au cours
de laquelle il a constaté certaines particularités qui, au premier abord,
ont semblé paradoxales. En réalité ces particularités s'expliquent aisé-
ment, mais l'expérience n'en est pas moins intéressante à analyser à cause
de la manière singulière dont se manifeste l'influence du frottement.
Voici en quoi consiste cette expérience. Un globe de verre sensible-
ment sphérique et rempli d'eau, dans lequel on a introduit une certaine
quantité d'une substance solide réduite en particules très petites, est
animé d'une rotation très rapide autour d'un de ses diamètres, environ
800 tours par minute. Si la sr.bstance introduite est moins dense que l'eau,
ses particules viennent se rassembler le long de l'axe de rotation ; si elle
est plus dense, elles se rassemblent suivant les contours de deux parallèles
équidistants de l'équateur ; dans le cas de la poussière de charbon, ces deux
cercles sont situés à environ trente degrés de part et d'autre de l'écrua-
teur. C'est ce résultat qui a semijlé paradoxal.
Pour l'expliquer, on peut considérer le problème à partir de l'instant où le
liquide et les particules qu'il contient, entraînés par le frottement des parois,
ont pris une vitesse sensiblement égale à la vitesse du globe, c'est-à-dire
où, relativementà des axesentrainés avec le globe, les vitesseset les accélé-
rations du liquide et des particules sont négligables respectivement par
rapport à la vitesse d'entraînement et à l'accélération de la pesanteur. On
G. R., 1906, 1" Semestre. (T. CXLII, N" 20 ) iSp
^
lo56 ACADÉMIE DES SCIENCES.
peut aisément s'assurer que, avec la vitesse de rotation appliquée, l'accé-
lération de la pesanteur devient elle-même négligeable par rapport à l'ac-
célération centripète à partir d'une distance de deux ou trois centimètres
de l'axe.
On peut alors, dans l'étude du mouvement relatif des particules, négliger
la pesanteur et l'accélération centrifuge composée et ne tenir compte que
de la force centrifuge et de la poussée du liquide; or cette dernière, à
l'approximation considérée, est égale et contraire à la force centrifuge
d'un même volume de liquide. Ces deux forces sont dirigées suivant
le rayon du parallèle correspondant, et leur résultante est centrifuge
si la substance est plus dense que l'eau, et centripète dans le cas contraire.
Les particules plus denses que l'eau sont donc entraînées vers les
parois du globe, et, lorsqu'elles les atteignent, elles y sont pressées par
une force perpendiculaire à l'axe de rotation et, par suite, oblique aux
parois.
L'angle que forme la normale à la paroi avec la force qui presse la par-
ticule est égal à l'angle du raj'on correspondant avec l'équateur ; on peut
l'appeler la latitude de la particule. Il est clair que si la particule atteint les
parois par une latitude plus grande que l'angle de frottement /'correspon-
dant aux conditions de l'expérience, elle glissera vers l'équateur; si la
latitude est plus petite que / ou lui est égale, la particule restera appliquée
au point où elle aura atteint la surface.
On voit par conséquent que, si l'on divise la sphère en trois segments
situés l'un entre les deux parallèles de latitude /, et les deux autres en
dehors de ces parallèles, toutes les particules comprises dans le premier
segment viendront s'appliquer sur la paroi correspondante de la sphère
et y resteront; celles des deux autres segments au contraire viendront se
rassembler sur les cercles de latitude/'.
L'observateur verra donc deux cercles noirs séparés par une zone un
peu brouillée et deux calottes sphériques très limpides de part et d'autre de
cette zone.
Cette expérience fournit ainsi un moyen assez imprévu de mesurer
l'angle de frottement de certaines substances dans certaines conditions.
SÉANCE DU 14 MAI I90G. I oSy
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Influence des vitesses sur la loi de déformation
des métaux. Note de Mil. P. Vieille et R. Lio^ville.
L'artillerie utilise, pour la mesure des pressions dans les bouches à feu,
des manomètres dans lesquels lui piston léger est soumis, d'une part, aux
pressions rapidement variables qu'on se propose d'évaluer, et de l'autre,
à une résistance antagoniste opposée par un petit cylindre de cuivre dont
l'écrasement fait équilibre à chaque instant à la pression motrice.
Les masses mises en mouvement sont assez faibles pour que les forces
d'inertie, qu'on peut d'ailleurs évaluer par l'inscription du mouvement,
soient entièrement négligeables. Ces forces n'atteignent pas dans les con-
ditions usuelles i/iooo des pressions à évaluer.
La précision des mesures dépend donc uniquement de l'évaluation cor-
recte des résistances opposées par le cylindre, pour chaque valeur de son
écrasement, dans les conditions mômes de l'emploi balistique; à défaut de
cette loi spéciale, on obtient facilement une loi de résistance statique par
des expériences dites de tarage, dans lesquelles le cylindre est écrasé
sous des vitesses très faibles, de quelques dixièmes de millimètre par
seconde, correspondant à une. vitesse d'accroissement de la pression de
quelques centaines de kilogrammes par seconde, tandis que dans les con-
ditions balistiques le cylindre est écrasé avec des vitesses mille ou dix
mille fois plus grandes, c'est-à-dire de l'ordre du mètre.
Les efforts des expérimentateurs ont porté depuis de nombreuses années
sur l'étude des modifications que la vitesse pouvait introduire dans la loi
de résistance statique donnée par les expériences de tarage. Parmi les
travaux effectués en France, il suffira de rappeler les recherches de
M. Gharpy et de MM. Galy-Aché et Charbonnier. Un point de grande
importance a été mis hors de doute par MM. Galy-Aché et Charbonnier :
Un cylindre, soumis à un écrasement rapide, possède, après que sa tem-
pérature est revenue à la valeur primitive, une résistance supérieure à
celle d'un cylindre amené, par une action lente, à la même forme et au
même écrasement final.
Cette observation établit sans conteste une influence des vitesses ; elle
implique en outre, pour l'expression de la loi de résistance du crusher,
une conséquence qui ne paraît pas avoir été aperçue. 11 en résulte en effet
qu'aucune fonction de l'écrasement s et de la vitesse s' de cet écrasement,
Io58 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ne peut servir à représenter la résistance R; clR, exprimée au moyen de
rfs et fZs', ne peut être une différentielle exacte.
On doit envisager l'influence des vitesses sur la résistance principale-
ment dans deux catégories d'applications balistiques : la mesure des pres-
sions maxima ou finales et la loi de développement des pressions.
Dans la première application, la résistance finale est obtenue sous une
vitesse d'écrasement nulle.
Dans la seconde, c'est la résistance du cylindre en vitesse d'écrasement
qu'il faut connaître à chaque instant.
Pour les pressions maxima, des expériences anciennes ont montré qu'il
y a proportionnalité approchée des indications de la table manométriquc
et des pressions réelles. Pour passer des nombres de la table aux valeurs
absolues, JNIM. Galy-Aché et Charbonnier proposaient une correction d'en-
viron 5,5 p. loo. Une modification de cette nature n'a pas de conséquence
grave dans les recherches où les pressions maxima sont seules en cause.
Au contraire, sur la déformation de la loi de développement des pres-
sions une grande incertitude subsistait. Les auteurs considéraient la cor-
rection applicable aux pressions finales, comme le résidu de modifications
beaucoup plus importantes et sans doute supérieures à 20 p. 100, dont il
faudrait affecter les pressions de tarage correspondant aux tracés pour en
conclure les résistances réelles, à chaque instant.
Nous avons cherché à obtenir une évaluation directe de ces résistances
par une méthode d'opposition appliquée dans les conditions mêmes du fonc-
tionnement balistique.
Les données nouvelles ainsi obtenues, rapprochées de toutes celles que
faisaient connaître les expériences antérieures, conduisent à une expres-
sion générale de cZR en fonction de ds. et f/e', qui rend compte avec une
approximation satisfaisante des particularités o])servées dans l'emploi balis-
tique des manomètres à écrasement.
L'exposé de ces résultats fera l'objet d'une communication ultérieure.
PHYSIQUE. — Les basses tempéraliifes cl V analyse rhiiitiqiie.
Note de M^NL d'Arso.wai. et Uobdah.
Il est inutile d'insister sur l'avantage que présente l'emploi des basses
températures pour la séparation des corps soit par solidification, soit par
vaporisation.
SÉANCE DU l4 MVI I90G. I O jq
Il suffit pour cela de choisir convenablement l'écart entre les tempéra-
tures suivant la nature des corps à séparer. La constance des basses tem-
pératures peut d'ailleurs être olîtenue par des moyens simples (').
Nous nous bornerons dans la présente note à indiquer comment on peut,
en quelques minutes, distiller des liquides alcooliques, dessécher des
substances facilement altérables, recueillir des produits volatils, etc. — On
constitue une alambic rudimentaire en réunissant deux récipients en verre
de forme et de volume approjiriés par un tul^e en T muni d'un robinet.
Un des récipients constituant la chaudière contient le mélange à séparer;
le second récipient constitue le réfrigérant.
On fait préalablement le vide dans l'appareil avec la trompe ordinaire.
Cela fait, on chauffe la chaudière eh la trempant dans de l'eau à iS", par
exemple. Le réfrigérant est plongé dans l'air liquide ou simplement dans
la neige carbonique mélangée à l'acétone suivant les cas.
Dans l'analyse des vins, par exemple, on obtient en même temps les
produits alcooliques tlune part et la matière extractive correspondant à ce
(jue l'on appelle l'extrait dans le vide. — Dans le dessèchement des fécules,
des pâtes, des substances albuminoïdes, des graisses, etc.. on obtient le
produit sec et on recueille en même temps toute l'humidité que l'on peut
peser. On a de la sorte un double contrôle. On obtient ainsi en quelques
minutes (et sans craindre d'altérer les suljstances) des analyses qui, parles
procédés ordinaires, demandent des jours et même des semaines.
En réglant la température à laquelle on chauffe la chaudière, on règle
également la nature du produit distillé.
C'est ainsi qu'en maintenant la chaudière à — 80° et le réfrigérant à
— 191°, l'un de nous a pu retirer de l'essence de pétrole un produit volatil
([ui ne se congèle pas à — 2oo"(-).
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Nouvelles feclwrclws sur la saccharification dicis-
tasique. Note de MM. L,. Maqiexxe et Eixi Roux.
Dans une précédente communication (') nous avons fait voir que la sac-
(') Voir (I'Arsonval, Comptes rendus, iSSi, 9 décembre 1901, p. 980 et lyoi..
(-) D Arsonval, Société inlcrnationalc des Electriciens, mars lyoa.
(') Comptes rendus, t. CXLII, p. ii\.
loGo
ACADEMIE DES SCIENCES.
charificalion de l'empois est accélérée par raddition d'une quantité conve-
nable d'acide fort, dont nous avons donné la mesure approximative.
Dans le présent travail, en vue de tirer de ces premières recherches de
nouvelles indications sur la nature de l'empois et l'état de l'amylase dans
le malt, nous avons spécialement étudié l'influence qu'exerce la même
addition sur la production du maltose aux différentes phases de la saccha-
rification, c'est-à-dire dans ses rapports avec le temps.
1. Influence du temps sur La produclion du maltose. — Les expériences
qui suivent ont été effectuées rigoureusement dans les mêmes conditions
de température (5o°) avec le même amidon et le même malt. Elles ont
porté chacune sur i gramme d'amidon, pesé à l'état normal, géliiié dans
ao™ d'eau distillée, à ioo°, puis additionné de ô"" d'extrait de malt à
10 p. 100 et de 8 gouttes de toluène comme antiseptique. Au début on y
ajoutait en outre une quantité connue d'acide sulfurique au vingtième
normal ; à la lin on amenait le volume à loo"^ et on dosait le maltose
formé sur lo"' de la liqueur par la méthode au sulfate ferrique de Mohr.
On opérait de même sur l'extrait de malt maintenu seul à 5o°, enfin on
déterminait par hydrolyse sulfurique la quantité exacte de matière amyla-
cée contenue à la fois dans les empois liquéfiés et dans l'extrait de malt
pour établir les bases du calcul, ainsi que la grandeur des corrections
d'usage.
On est ainsi arrivé aux résultats suivants :
ALCALINITÉ
EN MILLICRAM.MES DE KOH
par litre
MALTOSE ANHYDRE POUR lOO d'amIDON SEC
FÉCULE
AMIDON DE POIS
22,9 (norm i
7,6 (op.)
0,0 (neut.)
[7,8 (norm.)
7,6 (op.)
0,0 (neut.)
Après 5 niiiiulos
— i5 —
— 3o — . . . .
— 2 hçures
— 5 —
— 9 —
— i5 —
— 24 -
— 32 —
— 48 -
- 9<; - '.'.'.'.'.
66,7
74.9
76.9
81,1
83,3
84,9
87,0
89.8
93,3
9^,9
97,4
97,9
70.4
77,3
79,2
85,1
90,3
93,5
95,5
97,-'
98,2
99.3
99.-'
99,2
67,6
76,9
80,1
84,8
88,2
90,'-'
90,0
9', 8
91,0
94,1
94.1
95.2
64,0
76,4
79,0
82,5
83,7
85,6
88,1
91,2
92,6
96,3
97.8
98.3
7Ï.7
78,4
79-9
83,0
88,0
90,4
94.1
96,5
98,2
100,0
100.5
100,5
71,2
78,2
80.5
85,8
88,3
90,2
92 , 1
94,7
94,7
96,0
9l,9
9i-9
SÉANCE DU l/( MAI I906.
I061
ALCALINITÉ
EN MILLlGliAMMES DE KOH
par litre
MALTOSE ANHYDRE POUR lOO d'aMIDON DE KIZ SEC
1-1 8 (norm.)
71
10,2 (op.)
0.0 fneut.)
Après 5 minutes
38,0
60,1
64,6
68,2
69.2
70,0
72,2
75,3
»
77,3
80,7
81. 1
60,3
70,1
72.4
78,5
81. 1
81,6
85,6
88.3
88.3
q3,6
95,1
9^.7
58,8
71.6
76,3
84,0
89,8
93,3
95.9
97.6
97.8
98,2
98,5
98. 8
56,7
70,0
74.7
83. 0
85,5
87,6
90,4
92. 1
91.9
91.5
92,2
92,5
_ i5 —
— 3o —
— 2 heures . .
— 5 —
Q
— i5 — .
— 24 - —
— 32 —
— 48 —
— 72 — ■ .
— q6 —
Il ressort de ces chiffres, ainsi que de beaucoup d'autres qu'il nous est
impossible de rapporter ici, que la réaction optima reconnue par nous la
plus favorable à la dextrinification de l'empois est' aussi celle qui donne
avec le temps la plus grande quantité de maltose. Il peut arriver qu'au
début un liquide neutre donne plus de maltose qu'un liquide à réaction
alcaline optima, mais toujours on y voit la saccharification s'arrêter plus
tôt et rester finalement en retard sur l'autre. Cet effet est déjà visible dans
les tableaux précédents relatifs à l'amidon de pois, il est surtout net quand
on opère avec une dose massive de malt.
Le tableau suivant donne les résultats fournis par d'autres expériences,
dans lesquelles on a fait agir lo"" d'extrait de malt (au lieu de 3 seulement),
à 5o°, sur i^'' d'amidon gélifié dans ^o"" d'eau.
ALCALI.NITÉ
EN MILLIGRAMMES DE KOH
par litre
MALTOSE ANHYDRE POUR lOO d'aMIDON SEC
FÉCULE
AMIDON DE PO
IS
0,0 (neut.)
35 (norm.)
14 (opt.)
0,0 (neut.)
!io (norm.)
14 (opt.)
Après 3o minutes ....
75,2
79.'
80,8
80,2
82,8
85,7
— 2 tieures 3o. . . .
78,0
84,7
88,1
84,0
88,9
92.2
— 6 — 3o. . . .
81,8
95,3
95.3
86,4
95,6
97,9
— 24 —
95.8
99.8
97,5
90,5
loi , 3
98,3
Io62 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Xous verrons bientôt que ces phénomènes, d'apparence si complexes,
comportent une explication remarquablement simple.
Remarquons d'abord que, même sans autre addition qu'un antiseptique
neutre, la saccharificationn'estaucunementlimitée comme onlecroyaitautre-
fois, puisqu'elle peut fournir un poids demaltose voisin de celui de l'amidon :
l'arrêt absolu que l'on avait cru reconnaître au moment où l'empois est
saccharifié aux trois quarts n'est donc qu'une légende, dont l'origine fut
sans doute le désir de faire concorder l'expérience, arrêtée juste au moment
opportun, avec telle ou telle équation chimique plus ou moins vraisemblable.
L'examen des courbes représentatives de ces phénomènes est fort inté-
ressant ; il montre avec évidence que la réaction, pour chaque série et
surtout celles qui correspondent aux liqueurs alcalines, s'accomplit en
deux phases distinctes, caractérisées par des courbes d'allure essentielle-
ment différente, qui se raccordent brusquement : la j)remière, qui affecte
yo à 85 p. loo de l'amidon employé, se confond presque avec l'axe des
ordonnées, témoignant ainsi d'une rapidité extrême de la saccliarification
au début; la seconde, capalile d'atteindre encore i5 p. loo de l'amidon
total, ne s'élève qu'avec lenteur, d'un mouvement continu qui se poursuit
pendant plusieurs jours. II est impossible de ne pas voir là deux actions
simultanées de l'amylase, l'une rapide et l'autre progressive, qui reste la
seule apparente lorsque la première est complètement épuisée.
Ces faits ont été maintes fois entrevus sans que jamais on leur ait
accordé la moindre importance : pour nous ils paraissent démontrer d'une
iaçon irréfutable l'existence dans l'amidon brut de deux matières inégale-
ment sensiljles à l'action de l'amylase, et comme l'amylase pure est très
rapidement sacchariiiée, il est naturel d'admettre que la partie la plus
réfractaire de l'empois répond à ce que nous avons appelé provisoirement
amylopectine ou mucilage d'amidon. Sur la foi des auteurs qui limitent à
80 ou 85 la quantité de maltose fournie par 100 d'amidon sec, nous avions
admis que cette substance n'est pas saccharifiable, au sens propre du mot;
la grandeur inattendue des chiffres que nous venons de citer montre que,
sous l'action prolongée du malt, elle est aussi transformable en maltose.
L'amylopectine est donc, comme ses congénères, une véritable mcillosane,
qui se distingue de l'amylase parce qu'elle est insoluble dans les alcalis,
de même que l'amylase se dislingue de la dextrine parce qu'elle est inso-
luble dans l'eau. C'est vraisemlilablement le plus haut terme de condensa-
tion possible de la matière amylacée.
SÉANCE DU l4 MAI I906. I o63
II. L'aildilioii d' acide ditniiuie la slabilité de Vamylase. — Cette proposi-
tion ressort déjà de l'examen des courljes dont nous venons de parler;
nous avons réussi à la démontrer expérimentalement en mesurant ractivité
d'un extrait de malt maintenu pendant ai ou 4a lieures à 56°, avec ou sans
addition d'acide, dans les conditions cpie nous avons appelées normale^
opttma et neutre. Les saccharifications ont été faites également à 56°, en
présence d'une quantité d'acide chlorhydrique telle qui; toutes les liqueurs
se trouvent à l'optimum d'alcalinité, par conséquent dans des conditions
rigoureusement identiques.
M.VLTOSE p. lOO DE FECULE SECHE
Durée de chauffe du malt.
' i4o (normale) .
Alcalinité initiale du l 8', (optima).
i)
21 heures.
.\i heures
'J7v'.
90,1
89,;;
97/i
9"! i
78,8
97>'.
77-5
26,6
97- 1
>9.o
0,0
97' 1
0,0
0,0
malt en niilligr. de 56.
KOH par litre. . / 28. . . .
l o (neutre) .
La neutralité de l'amylase est décidément défavorable à sa conservation,
et c'est pourquoi la saccharification en milieu neutre, parfois plus active
<pi'cn milieu d'alcalinité optima, au début, s'arrête plus vite et ne donne
jamais le maximum de mallose.
IH. État probable de Vamylase dans le malt. — Nous venons de voir
qu'une addition progressive d'acide fort à un empois en voie de sacchari-
fication a pour résultat d'activer, puis d'arrêter la production du maltose.
Le premier elfet ne peut guère tenir cju'à un accroissement de la quantité
d'amylase existant à l'état libre dans la liqueur ; le second est dû. comme
nous venons de le démontrer, à la destruction de l'enzyme, devenue plus
active. Les choses se passent donc comme si l'acide sulfurique attaquait
un sel dont l'acide est instable, d'oii il suit que, dans le malt, l'amylase
est probablement engagée en combinaison avec les matières basiques,
minérales ou aminées, qui l'accompagnent, formant avec elles une sorte
de substance zymogone partiellement dissociée, mais plus stable que
l'amylase elle-même. L'amidon, par sa fonction acide, récemment établie
par M. Demoussy('), est peut-être capable de rompre à lui seul cet état
(') Comptes rendus, t. CXLII, p. 933.
C. R., 190C, i"' Semestre. (T. CXUI, N« 20.) l4o
I064 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'équilibre qui, clans le malt, a pour effet de protéger l'amylase contre une
destruction trop rapide.
Il n'y a pas lieu de s'étonner qu'un faible changement dans la réaction
du milieu exerce une pareille influence sur l'activité du malt, car le poids
moléculaire de l'amylase est vraisemblablement plusieurs centaines de
fois supérieur à celui de l'acide sulfurique, en sorte qu'une acidulation en
apparence insignifiante peut correspondre è\ un enrichissement considé-
rable du liquide en principe actif.
L'amylase étant instable par nature on s'explique alors pourquoi il est
nécessaire, quand on cherche à obtenir le maximum de rendement en mal-
lose, de maintenir les liqueurs dans un certain état d'alcalinité, que l'expé-
rience nous a montré, en présence d'hélianthine, être égal environ aux
deux tiers de l'alcalinité naturelle du malt.
Ces considérations ne sont d'ailleurs valables que pour un malt normal
et très actif; les malts faibles, ainsi (luc nous l'avons reconnu expressé-
ment, sont, à dose égale, Jjeaucoup moins sensibles à l'influence d'une
saturation partielle et n'arrivent que difficilement à fournir 90 p. 100 de
maltose.
IV. Chaiigemenls de réaction spontanés du malt. — On sait, d'après
Effront{'), puis Ford et Guthrie (-), que les amino-acides favorisent la sac-
charification diastasique eu diminuant l'alcalinité du milieu Or, ces com-
posés, susceptibles de s'unir aussi bien aux bases qu'aux acides, prennent
naissance pendant la saccharification même, par protéolyse des albumi-
noïdes contenus dans le malt, et par suite doivent influencer la réaction
du mélange. L'examen attentif d'un grand nomln'e de liqueurs, rendues
aseptiques par addition de toluène, nous a montré que généralement cette
réaction, quel que soit le sens dans lequel on l'ait modifiée au début, tend
à se rapprocher de celle que possède le malt pur; en d'autres termes le
li(iuide s'acidifie ou s'alcalinise suivant qu'à l'origine il était plus ou moins
l'ortement basique. L'eflet, déjà appréciable sur les fécules de pommes de
terre ou de manioc, est des plus manifestes avec l'amidon de riz, naturelle-
ment très alcalin.
Le tableau suivant donne, en milligrammes de potasse par litre de
mélange, l'alcalinité observée au début et à la lin de la saccliarilication
(') Comptes rendus, y. CX^'. 1892, p. i!5:i4.
(-) Journ. C/ieiii. Soc, t. LXXXIX, 1906, p. rG.
SÉANCE DU k'i M\I I906. Io65
(4 heures à 56° et i8 heures à la température ordinaire), dans trois li(iueurs
renfermant chacune i^' d'amidon de riz lavé pour 60'''' et amenées à l'origine,
par addition d'acide chlorhydrique dilué, aux réactions normale, oplima
et neutre.
10^^ malt. 20*^ malt. '
, ( Début t)8 118
Réaction normale. J ^.^ ^^ g^
1 Début 14 28
Réaction «ptima. ; ^. „q
^ f Fin 20 2».
( Début o G
Réaction neutre. \ r^. a
/ Fin 12 8
Ces modifications spontanées témoignenl d'une tendance naturelle du
malt à rétablir l'équilibre de ses composants lorsque celui-ci a été momen-
tanément rompu ; elles interviennent sans aucun doute dans les phéno-
mènes de saccharification, en provoquant une sorte d'auto-excitation de
l'amylase, qui se trouve ainsi sous la dépendance directe des diastases
protéolyques. Remarquons cependant que, vers bo", l'ellet en question
doit rester assez faible, car il ne se manifeste que tardivement, alors que
l'amylase a déjà perdu, sous la seule action de la chaleur, une partie de
son activité.
MÉDECINE. — Sur trois virus de trypnnosomiase humaine de provenances
différentes. Note de M. A. Lavek.vx.
J'ai fait des recherches comparatives avec des échantillons de trypano-
somes recueillis chez l'homme dans les conditions qui suivent.
1° Trypanosome trouvé par Dutton en Gambie dans le sang- d'un sujet
ne présentant pas les signes de la maladie du sommeil. Ce virus qui avait
subi une série de passages par rats m'a été apporté au mois de novem-
bre 190,3 par M. le D'' Annctt.
2° Trypanosome provenant d'un sujet atteint de maladie du sommeil
dans l'Ouganda ; ce virus m'a été envoyé par i\I. le D' D. Bruce.
3" Trypanosome recueilli dans le sang d'un missionnaire qui avait con-
tracté la maladie du sommeil dans la région de l'Oubanghi (').
(\) A. Laveran, Rapport sur un travail de MM. L. Martin et J . Girard^ intitule:
Sur un cas de tri/panosomiase chez un blanc (Acad. de médecine, -ij avril igoS.)
loGG ACADÉMIE DES SCIENCES.
Des doutes ont été émis, à plusieurs reprises, sur l'identité des trypa-
nosonies trouvés chez l'iiomiue dans les différentes régions de l'Afrique,
l'étude de ces trois virus provenant de contrées très éloignées les unes
des autres présentait donc un réel intérêt (').
Au point de vue morphologique, je n'ai noté aucune différence entre les
tiypanosomes des trois provenances.
L'expérimeutalion a porté principalement sur les cobayes, les rats et les
souris.
1° TuYPANOSOME DE Gamuie. — A. Cobayes. — Tous les cobayes inoculés (au
nombre de 29) se sont infectés ; les inoculations ont été faites presque toujours dans le
péritoine.
Durée mo3'enne de l'incubation : uG jours (de 9 a Oo jours).
Durée moyenne de la maladie : 100 jours (maximum : 198 jours ; ininiraum : j^ joursj.
La durée moyenne de la maladie a été en diminuant à mesure que les passages par
cobaye se multipliaient ; durée pour le i" passage : li'i jours ; du a*^ au 5° passages :
100 jours ; du G" au 9"^ : j5 jours.
L'infection procède par poussées successives ; les trypanosomes sont en général
nombreux dans le sang à la période finale.
La maladie s'est toujours terminée par la mort.
Poids moyen des cobaj-es : '109 ^' ; poids moyen de la rate : '^^',10 (maximum : if et
1 1 ^'). Chez 3 cobayes la rate très volumineuse présentait des déchirures et un abondant
épanchement de sang s'était produit dans le péritoine. La périsplénite a été notée plu-
sieurs fois.
B. Rats. — Les expériences ont porté sur 3i rats. Un rat inoculé 2 fois ne s'est pas
infecté. Plusieurs rats, qui ne s'étaient pas infectés lors dune première inoculation, se
sont infectés à la suite d'une seconde. Les jeunes rats sont plus sensibles que les
adultes et les inoculations intra-péritonéales réussissent mieux que celles qui sont faites
sous la peau.
Durée moyenne de l'incubation : i.i jours (maximum : 35 jours; minimum : 5 jours).
La maladie procède par poussées successives ; les trypanosomes disparaissent quel-
quefois du sang (à l'examen histologique) pendant des périodes assez longues ; au
moment de la mort, les trypanosomes sont généralement nombreux dans le sang. Tous
les rats infectés et non traités sont morts.
Durée moyenne de la maladie : (iit jours (maximum : 127 jours; minimum : 19 jours).
Poids moyen des rats : i43G''. Poids moyen de la rate : 36'',38 (maximum : 7 1^'' deux
fois, loB'' une fois ; minimum i^'', chez un rat de 626'-, mort en 56 jours). La rate est en
général d'autant plus grosse que la durée de la maladie a été plus longue.
G. Souris. ■ — 2 souris sur 1 1 ont été inoculées deux fois sans résultat.
(') J'ai comparé déjà les virus de Gambie et de l'Ouganda, Comptes rendus, séance du
Kjo'i 5 avril.
SÉA>CE DU 14 MAI I906. I067
Chez les souris qui se sont infectées, la durée moyenne de l'incubation a été de
i3 jours (maximum : j4 jours; minimum : j jours).
3 souris ont eudes infections légères qui se sont terminées spontanémentparguérison.
La durée moyenne de la maladie a été de Séjours (maximum : 72 jours ; minimum : .'4 5).
Poids moyen du corps : -ii^' ; poids mojen de la rate: i^', 10.
■j." Trypanosome de l'Ouganda. — A. Cobayes. — Tous les cobayes inoculés, au
nombre de 28, se sont infectés. Les inoculations ont été faites dans le péritoine.
Durée moj'enne de l'incubation : lO jours (maximum : 2^ jours; minimum : 11).
Durée moyenne de la maladie : 8i jours (maximum : 142 jours; minimum : 3i.) Durée
de la ujaladie de i"^'' passage par cobaye : i23 jours ; de -i", 3' et f^" passages : 79 jours ;
de 5^ et 6' passages : 06 jours.
L'infection procède par poussées successives dans l'intervalle desquelles l'examen
histologique du sang peut être négatif. A la dernière période, les trypanosomes sont
généralement nombreux dans le sang.
Dans tous les cas la maladie s'est terminée par la mort.
Poids moyen des cobayes : 3G() ^r ; poids moyen de la rate : 2S'' (maximum : j et b^'j.
Dans 2 cas il y avait de la péritonite localisée autour de la rate et du foie.
B. liais. — Deux rats (sur ly) ont été inoculés deux et trois fois sans résultat.
Durée moyenne de l'incubation : 11 jours (maximum : 20 jours; minimum : 7).
Durée mojennc de la maladie : 77 jours (maxinmm : i32 jours; minimum : 25).
Deux rats ont eu des infections légères après inoculation sur singe et ont guéri spon-
tanément. L'infection procède par poussées successives. Au moment de la mort, les
trypanosomes sont généralement nombreux dans le sang.
Sur i 1 rats, du poids moyen de i3y "'', le poids moyen de la rate a été de 2^''', 58 (maxi-
mum : 4 ^^', minimum : i ^f).
C. Souris. — Incubation : 8 à 20 jours. Deux souris, sur quatre, ont eu des infections
légères suivies de guérison spontanée. La durée de la maladie chez les deux autres
souris a été de i33 et de 21C jours. Une souris de iS'^'^ morte de trypanosomiase avait
une rate du poids de 'i°',w.
L'infection procède par poussées dans l'intervalle desquelles l'examen histologique
du sang est souvent négatif.
3° Trypanosome de l'Oubanc.hi. — A. Cobayes. — Tous les cobayes inoculés, au
nombre de 17, se sont infectés. Les inoculations ont été faites dans la cavité péritonéale.
Durée moyenne de l'incubation : 20 jours (maximum : 33 jours; minimum : 12.)
Durée moj'enne de la maladie : U)o jours (maximum : lOi jours; minimum : 50).
Durée moyenne des infections de 1" passage par cobaye : i '47 jours, des infections de
2°, 3" et 4" passages : y2 jours.
Infection par poussées successives, terminée dans tous les cas par la mort.
Poids moyen des cobayes : 5 '46="^. Poids moyen de la rate : 4'''',i3. Dans deux cas la
rate pesait 16^' (cobayes de 385 et de 5ooS') ; dans un de ces cas, il y avait de la péri-
splénite. Chez un troisième cobaye, la rate très grosse et très ramollie présentait une
large déchirure qui avait déterminé une abondante hémorragie intra-péritonéale.
I0G8 ACADÉMIE DES Sr.IE^'CES.
B. Rats. — Durée moyenne de rincul>atioii : i() jours (maxiniuui : '!8 jours ; iiiini-
nium : 7).
Deux rats (sur 1 '/) ont été inoculés a et 3 fols sans succès ; un troisième rat, inoculé
■2 fois sans succès, a présenté, à la suite d'une troisième inoculation, une infection
légère dont il a guéri spontanément.
Durée moyenne de la maladie : 81 jours (maximum : Maj jours; minimum : 34). Les
jeunes rats s'infectent plus facilement et plus fortement que les adultes ; les durées les
plus courtes ont été observées chez des ratons de 55 et de 6^sr.
L'infection procède par poussées, l'examen histologique du sang est souvent négatif
dans l'intervalle des poussées ; les trypanosomes sont en général nombreux dans le sang
au moment de la mort.
Un seul rat a présenté, au cours de son infection, une paralysie très marquée du Irain
postérieur qui a duré deux mois ; cette paralysie avait disparu au mouienl de la mort.
C. Souris. — Six souris sur huit ont été inoculées trois fois sans succès. Chez, les
deux souris qui se sont infectées, l'incubation a été de 3o et de '|5 jours ; la durée de la
maladie, de 281 et de 35i jours. Poids du corps des souris : 19 et ^o s' ; poids de la
rate : i»'' et iS^So.
La comparaison des résultats obtenus chez les cobayes, les rats et les
souris avec les trois virus ne révèle que de faibles différences. Le trypa-
iiosonie de Gambie s'est montré un peu plus actif sur les rats et les souris
((lie les trypanosomes de l'Ouganda et de l'Oubanghi. Il résulte des faits
publiés par d'autres observateurs que la virulence de Tnjpan. gam-
hiense pour les souris peut varier dans des limites encore plus grandes.
Les observations que j'ai faites sur d'autres espèces animales (lapins,
chiens, singes) permettent de conclure, comme celles qui sont résumées
plus haut, que les trois virus mis en expérience appartiennent à la même
espèce. Dutton et Todd (^), Thomas et Linton (-), Thonuts et Breinl (') qui
ont comparé également des virus de trypanosomiase humaine de diffé-
rentes provenances sont arrivés de même à conclure à l'unité de l'agent
pathogène.
Les animaux guéris d'une infection par Trypan. gamhieiise n'ont pas
toujours l'immunité, on n'a donc pas la ressource de voir si les trypano-
(') J.-E. Dutton, J.-L. Tod» el C. Chiusty, Lii'crpool School of trop, ined., Mciii. XIII,
Liverpool, lyo', .
(-) H.-W. TuosiAs et S. F. Lintox, Lancet, i\ mai lyo', .
(') II.-\V. Thomas et A. Breini,, Li^'erpool Schoot of trop. mcd. Mé/n. AT/, Liver-
pool, 1905.
SÉANCE DU l4 MAI IC)oG. lOGf)
somes des différentes origines se vaccinent ou non ; l'expérience est du
moins plus difficile que pour d'autres trypanosomiases (').
Le D'' Plimmer a avancé que le trypanosome de la maladie du sommeil
déterminait, chez les rats, des paraplégies qui faisaient défaut dans l'infec-
tion produite avec le trypanosome de la fièvre de Gambie ("). On a vu plus
haut (|u'un seid rat, infecté par le trypanosome de l'Ouganda, a présenté
de la paralysie du train postérieur, paralysie qui avait disparu au moment
de la mort et qui était due probablement à une cause accidentelle.
MÉCANIQUE. — Centres de gravi/é de systèmes discontinus,
par M. HvTO.x de la Goipillikui:.
I. '\l. Laisant a fait connaître, par une élégante méthotie fondée sur des
considérations de symétrie ('), le centre de gravité du système des nombres
qui constituent la graduation totale d'un limbe circulaire. J'ai eu la curio-
sité d'envisager le problème dans toute sa généralité, en l'étendant d'ail-
leurs à d'autres questions.
Adoptons comme unité de longueur le rayon du cercle, et comme unité
de masse celle qui est déposée sur la division un. Tirons un ravon à la
division zéro, en le prenant pour axe des abscisses, et lui associant comme
axe des ordonnées lui rayon perpendiculaire dirigé dans le sens croissant
des nombres. Je désigne par 2 a la longueur de l'arc qui sépare les nombres
consécutifs.
La division /r occupe l'extrémité de l'arc 2 /la. Elle renferme la masse /r,
et ses coordonnées sont cos a/,- a et sin 2/ra. La masse totale m de l'arc
arbitraire qui s'étend entre les divisions p et q inclusivement sera la
somme des nombres consécutifs de p à ry, à savoir
(i) m= 'l('l+^)-l>iP~') ^
et les coordonnées de son centre de gravité seront déterminées par les
(') Quelques observations favorables à l'idenlité des virus de Gambie et de l'Ouganda
ont été faites par cette méthode. A. Lavehan, Comptes rendus, séance du 5 avril i<)»\.
(-) H. -G. Plim.mer, Procced. Roy. Soc., ■-*') février ujoî.
(■') Biitlclin de la Société pliitoiiiaitiiqiic de Franee, 8" série, tome \, pages Ci à (i'i.
lO^O ACADÉMIE DES SCIENCES.
formules
^2) /»X = M = \ k cos 2/1 a, 7«Y == M' = > A- sin aA: a,
p /'
en appelant M et M' les moments relatifs aux axes des ordonnées et des
abscisses.
2. Nous en rattacherons l'évaluation à la recherche des sommes S et S' des
ordonnées et des abscisses des diverses masses
î '/
(3) S = > sin ik'j; S' = > cos 2/ra,
p p
envisagées comme des fonctions d'une variable a. On a en effet à ce point
de vue
(4) M = — -^, M' = -^4^.
y^' 2 rfa ' J da.
Pour déterminer les valeurs de ces suites, écrivons (en désignant suivant
l'usage par i l'imaginaire y — i)
S' + S/ = y (cos 2/,-a + i sin ikv.) = V e-'*^«,
p p
progression géométrique qui a pour somme
q-p
V^ «.2 (« — p + 1) lit . I
e2<>a \ e2'7.« == e2'P« -i-— ^1^ — ^ -
/ i e-"- — I
\eï('j + i| '« — e2i>«l e — '« e (2? + ') '"■ — e (2/) - i) '«
e"' — e — '"■ 21 sin a
^~TlkTî'[*^°''^^^ "^ ') =' + ^'sin (2'7+ 0=^1 — [cos (2/)— i)a +
j sin (a/; • — i) a t\
II vient donc en égalant séparément les parties réelles ou imaginaires
,^-, ^ o cos {2/} — i) a — cos {if/ + i) « c' ^'" t^*/ + ') "^ — ®'° '^/^ — 0 *
"^ " sin a ' " sin a
3. On déduit de là en diflerentiant
2 -j— sin- a = sin a — (2/; — i) sin [ip — 1) a + (29 + i ) sin (•»,(/ + i ) a
SÉANCE DU l4 MAI I 90G. IO7I
— oos a cos {ip — I W. — cos h.q -\- i) a ,
= a sin a — p sin [ip — i) a -[- ç sin {-iq + i) a
+ sin a sin (a^j — i) a — cos a cos (ay; — i) a
-f sin a sin (29 + i) a + cos 7 cos [iq -\- i) a.
Mais la seconde ligne se i-éduit à — cos ip a, et la troisième à cos ^qa.
Gomme J'ailleiirs l'ensemble de ces deux termes peut prendre la forme
2 sin [p + fj) a sin [p — q) a, il vient en reportant cette valeur de -j^ dans
celle de X
siu a \q siu (217 -j- i) a — /; siu {ip ■ — i) al + sin [p -\- q) tj. sin (p — -■/
et, par une marche semblable
sin o; q cos (-x q -\- i) y. — p cos (2 ^ — i) a -)-cos {p -\- q) a. sin ip — q) y.
Il 2
(7) Y
[î (-7+ 0 —/'(/' — i)] s"'-a
4. Ces formules générales se simplifient lorsque l'on s'attache spéciale-
ment à des arcs partant du zéro pour aljoutir à un point q quelconque. Il
suffit à cet égard de supposer /> = i, et l'on trouve après quelques
réductions
(' ^ q sin a siu [-iq + 1) a — sin -i/a
\ ■' ~ «7 (7 + I.) sin 'ï '
^ ' i -- Il sin a cos [nq -|- \) y. -\- sin f/a cos q a.
7 (7 "H ') siu -a
Dans tout ce qui précède, l'arc 2 a reste quelconque. L'idée la plus natu-
relle est certainement d'adopter pour sa valeur une partie aliquole assez
petite du cercle, mais on peut tout aussi bien la supposer très notable, ou
ne fermant la graduation au zéro qu'après plusieurs tours. On peut même
employer un rapport incommensurable de 2 r: à 2 a, soit algébrique (comme
si l'on prenait a = 7^)) soit transcendant (comme avec — 1. A cet égard
nos équations sont complètement générales.
5. Attachons-nous toutefois à la conception la plus simple, dans lacjuelle
la circonférence se trouve partagée en n parties égales
2t:
2a = , Ht. = t:,
C. R., lijoO, !«' Seme&irc. (T. CXLII. N» 20.) 14'
1072 ACADKMUÎ DES SCIÇNCES.
et envisageons la graduation complète, qui revient aboutir au zéro pour y
déposer une dernière masse égale ixn.
On obtient alors, en supposant q = n dans les valeurs de x et y (8)
(q) i = — ; — , r, =: — ■ — ; — cotana- — .
Nous retrouvons ainsi les formules de M. Laisant.
Si par exemple oti considère la graduation en degrés sexagésimaux, le
centre de gravité se trouvera sur le rayon de 370" 3o', à une hauteur de
•T?- au-dessus de celui de 270".
JOI '
Nos formules permettent en outre, au lieu d'une grathiation ordinaire
d'un seul tour, d'envisager l'ensemble de N révolutions. On trouve, pour
ce cas plus étendu, des expressions tout aussi simples
(,o)
£' =
''\
r.
colaug
n
Lorsque N prend des valeurs successives, le centre de gravité so main-
tient donc toujours sur le même rayon, en se rapprochant du centre de
fifi'ure à chaque tour, conformément à la fornude ^r: — ; — c:oséc — .
6. On peut donner à ces recherclies une assez grande extension. Sup-
posons en elYet que l'on range en cercle, non plus les nombres naturels,
mais leurs carrés, ou plus généralemeni leurs puissances paires il'expo-
sant quelconque 2?'. Le moment relatif à l'axe des ordonnées deviendra
^ /)-' cos a/ia, et se déduira des formules (3) et (5) à l'aide de li did'érenlia-
p
lions successives
V
(— ij' 2-' y h-' cos 2 /l'a.
da-'
Le moment y /(:-'• sin aAa relatif à l'axe des abscisses s'obtiendra de la
même manière à l'aide de S.
Si l'on dispose circulairemenl les cubes des nombres naturels, ou géiu'
ralement leurs puissances impaires d'ordre 2 y" 4- i, on aura également
^= (— ,)./ 2^./+' y/.:2y+i cos 2/.-a,
SÉANCE. DU iZj MAI I906. lO']'.]
pour le luoinent relatif à l'axe des ordonnées, et d'autre part l'expression
correspondante en S' à l'égard de l'axe des abscisses.
Quant à la masse totale, elle est alors fournie parles forniules classiques
qui font (Connaître les sommes de puissances semblables des nombres
naturels.
7. Les deux principales tliéories qui constituent la G'eo7«(///7e des masses
sont celles des centres de gravité et des moments d'inertie. Cette dernière
trouve également ici son application.
Le moment d'inertie [x d'une graduation simple relatif à l'axe des ordon-
nées a en effet pour expression :
\ k cos- 2/1'/,
v
laquelle peut s'écrire
'/ '/ ï
2u. = y k (1 -+- cos 4 /t'a) = 7 /'■ + / ^»' *'os 4 ky..
p (• 1'
Le premier terme n'est autre que m (i), et le second M (2 et 4) dans
lequel on aurait chauffé a en 2 a. On obtiendra de la même manière le
moment d'inertie relatifà l'axe des abscisses. Quant à la somme des pro-
duits des masses respectives par le rectangle de leurs coordonnées, elle
<i 'I
a pour expression \ k sin 1];% cos aAa, ir'est-à-dire ~ /k sin l^k^J.^ et se
'' i'
déduit de ^P l'a et 4) à l'aide du même changement de % en aa.
L'évaluation de ces trois sommes fournit d'ailleurs, d'après les procé-
dés classiques, le moment d inertie relatif à un axe quelconque, ainsi que
la détermination des axes principaux d'inertie.
Une généralisation semblable à la précédente (6) se présente en ce qui
concerne les puissances des nombres (').
8. J'esquisserai encore le problème suivant, afin d'amorcer une ques-
tion à laffuellc je me réserve de donner ultérieurement plus d'extension.
(') J'ajouterai enfin qu'une formule connue (Desboves, Questions de trigonométrie, ii']i,
page ii5), permettrait une étude analogue pour des chapelets circulaires formés, non
plus des puissances (de degré quelconque bien que déterminé) des nombres naturels
successifs, mais au contraire des puissances consécutives d une quantité ^,te arbitraire.
Toutefois je m'abstiendrai de développer ici ces nouveaux calculs.
IO~/l ACADÉMIE DES SCIENCES.
Proposons nous, en revenant à la gradualion simple, de faire passer une
courbe continue par tous les centres de gravité de ses divers arcs (J = 27a.
Les formules (8) donnent alors
,t;Q (G + aa) ^^ = ft sin a sin (0 + a) — a ( i — cos 0) ,
3/9 (6 + 2a) ^~- = — ') sin a cos (f| -f a) + 'J- sin 0,
ou, en ordonnant par rapport à sin H et cos 6
1 0 sin a cos a. sin 0 + (a -|-9 sin^a) cos h =^ y. -\- .v i) (B -)- 27.) ^
(a + 9 sin-a) sin 9 — 0 sin a cos a. cos 9 =: ?/9 (9 -|- aa) 2^^iA .
Pour obtenir une solution du problème indéterminé que nous nous
sommes posé, il suffit d'éliminer 9 entre ces deux équations. Remarquons
que les coefficients de sin 9 et cos 9 sont les mêmes, intervertis comme
valeurs et comme signes, d'après le type
A sin 9 + B cos 9 = C, B sin 9 — A cos 9 = G'.
On en déduit :
(A- + B^) sin 9 := AG + BG', (A^ + B") cos 9 = BG — AG',
et en ajoutant les carrés
(A- + B-)- = (AG + BG')"- + (BG — AG')- = (A^ + B-) (C^ + G'-).
Il est permis de supprimer le facteur A' + B", car les conditions simul-
tanées A = o, B = o seraient incompatibles en 9. Il nous vient d'après
cela cette résolvante purement algébrique par rapport à 9
(12) A^ + B'^ = G^ + G'%
9-^sin^acos^'a+(9 sin^ a + aj-^f a+ ,r9 (9 + 2a) -^^ P +y'¥ (9 + 27.-) -^
Elle est du quatrième degré, mais on peut y supprimer les fadeurs
^'° ^ et 9 + 2 a, qui ne sauraient fournir pour 9 de solution acceptal^Ie.
Il nous reste alors l'équation du second degré
9- + 27.9 4
^'+y-
Son dernier terme est négatif, car le centre de gravité restant à l'iulé-
SÉANCE DU l4 MAI I906. I07J
rieur du cercle, son abscisse ne saurait dépasser l'unité. Rejetant dès lors
la racine négative, qui ne convient pas pour H, nous n'avons plus qu'à
reporter la racine positive dans la seconde des équations (ii) ; mais je ne
m'arrête pas à transcrire ce résultat compliqué.
9. Imaginons actuellement que l'on fasse tendre vers zéro l'intorvalle
2a, de manière à constituer, à la limite, un fil continu dont la densité varie
en raison de sa longueur. Le problème devient dès lors bien déterminé.
La résolvante se réduit à
V .«•- + y-
La seconde des égalités (ii) se simplifie de son côté, et en y substituant
<;ette valeur l'on obtient l'équalioii du lieu géométrique des centres de
gravite
iH^ - ^=" (V^. ) -- V,^ - (V^.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur un nouvel oclane, l'hexYimélhyléihane
{WCf — G — G — (GH^')
r:u:i
Cet hydrocarbure intéressant est le produit accessoire de la prépara-
tion synthétique de l'alcool pinacolique [W^Cf — G — GH(OH) — Gd' par la
réaction de l'aldéhyde acétique H'G — GIIO sur la combinaison de magné-
sium avec le bromure de butyle tertiaire (H'G)^ — GBr, dans l'éther. 11 se
forme évidemment, avant l'introduction de l'aldéhyde, par la réaction
du bromure (fPG)^ — G — Br sur la combinaison magnésienne de celui-ci
[WCY — G — IMg — Br.
On l'obtiendra sans doute j>Ius facilement, et dans de meilleures condi-
tions de rendement, par la réaction de l'éther bromhydrique de l'hexa-
méthyléthanol (H^G)^ G'Br sur la solution éthérée du méthylbromure de
(GH^)^
magnésium GH" — Mg — Br.
'L' hexaniéthylélJianc constitue un beau corps solide, cristallisant de sa
solution éthérée en lamelles barbelées comme le chlorhydrate ammonique.
Il a une odeur piquante, très pénétrante.
Il s'évapore et disparaît rapidement à l'air libre. A i4% sa tension de
vapeur, la pression étant 76./1'", est égale à 20""° de mercure.
JO^O ACADEMIE DES SCTENCES.
Il fond à io3-io4"en tube capillaire fermé et bout lixi' à lo&'-ioy" sous la
pression de 765"'.
Sa densité de vapeur, dans le tube de Hofmann, a été trouvée égale à
'.i,g'i ; la densité calculée est 3,9.39.
Je n'ai pas besoin de faire ressortir ce ((ue ce nouvel hydrocarbure pré-
sente d'intéressant par son état physique. Il complète la série de « méthy-
lation » double, symétrique, de l'éthane
II'C — CH' El). — 90°.
H^G — CH- -- GH- — GH' Eb. vers. + 1°
H^G. /GH'
>GH — GH< Eb. + 58°.
H'C/ \GH'
H'C. GH'
H'C— G — G— GH' Eb. lori».
U'cX ^GH^
Je tiens, en terminant, à rendre hommage à l'habileté expérimentale dont
a fait preuve mon assistant, M. Auguste De Wael dans cette recherche
délicate.
CORRESPONDANCE.
L' Académie Brita>i.\iqi'E adresse à l'Académie l'expression de sa sym-
pathie et de ses regrets, à l'occasion de la mort de M. Gurie, membre de la
Section de physique.
SÉANCE DU l'i MAI ipoG. IO77
M. LE mxiSTRE DE E'IiVSTRUf TiOA PLBLiOLE transmet à l'Académie le
Uapport suivant, adressé à M. le ministre des Affaires étrangères à la date
du 4 i^évrier dernier, par ^I. Souiiart, ministre de France à Bogota.
Le il janvier, à i(i''j()"' du malin, cm a ressenti à Bogota une assez loi'le secousse
de treniblcnient de terre, se aianifestant sons forme d'oscillations lentes et prolono-ées
I o
dans la direction du Sud au Nord ; il n'y a pas eu heureusement en ville de dégâts
sérieux, mais il n'en a pas été de même dans le reste du pays.
D'après les renseignements donnés par le télégraphe, le tremblement de terre aurait
eu pour centre le massif de la Cordillère connu sous le nom d A/.uay et situé sur la
frontière équatorienne.
C'est ce qui explique pourquoi la région oîi il a été le plus ressenti a été celle du
Cauca et des départements de l'Equateur limitrophes de la Colombie. A Buenaven-
tura, le câble du Pacllîque a élé rompu, tant dans la direction du Nord que dans celle du
Sud.
A Popayan, Pasto, Cali, Tu(iuenes, Pereira, en dehors des bâtiments lézardés, les
clochers de plusieurs églises se sont eftondrés, écrasant dans leur chute un certain
nombre de personnes; à Manizales (département d'Antioquia) des maisons se sont
écroulées; il en a élé de même du palais épiscopal à Ibarra (dans l'Equateur).
A Neiva (département du Tolima). les secousses, qui ont duré deux minutes, ont été
accompagnées de grondements souterrains ressemblant au bruit dune forte canonnade
et qui ont rempli d'effroi les populations.
Près de Bogota, la cathédrale de Facatativa s'est lézardée.
Ce Irenililement de terre du U janvier a élé suivi d'une autre secousse, encore plus
forte, qui s'est produite à 11'' du soir, dans la nuit du ■^ au 3 février, et a été ressentie
surtout le long de la côte du Pacifique, principalement à Buenaventura. Les dégâts sont
importants de ce côté. La lerre s'est entrouverte en différents endroits et de nombreuses
uiaisiuis ont été détruites ; le rio .San-.luan, refoulé à son embouchure par une immense
vague, a débordé à l'intérieur, inondant les campagnes ; la mer s'est en même temps
couverte d'une grande quantité de poissons morts. D'après les nouvelles données par le
télégraphe, à l'heure où j'écris ces lignes, la panique serait extrême parmi les popula-
tions de la côte nord du Pacifique, car les secousses continuent, à intervalles plus ou
moins rapprochés.
P. S. — 7 février. — Les nouvelles que vient de faire parvenir ici le préfet de Buena-
ventui'a, sur les effets du tremblement de lerre ressenti dans sa circonscription, sont
encore plus graves qu'on ne pouvait le soupçonner tout d'abord : toute la région du
Bio Timbiqui a été dévastée ; des centaines d'individus ont péri, et les exploitations
aurifères que l'on rencontrait sur ce point ont été détruites (plusieurs Français étaient,
à la connaissance de la Légation, employés comme ingénieurs dans ces exploitations);
l'île de la Gorgone a disparu sous les Ilots ; à la date du G, la mer, qui pendant toute la
période dos secousses, avait présenté des dilférences de marée formidables, parais.sait
vouloir reprendre son niveau normal.
Il est à noter que ce tremblement de lerre a été accompagné d'un dégagement de
1078 ACADÉMIE DES SCIENCES.
chaleur extraordinaire : le thennomètre a atteint dans toute celle région des tempéra-
lures que l'on n'avait jamais vues de mémoire d'hommes.
Tout porte à croire que ces phénomènes sont dus à l'explosion d'un volcan sous-
marin inconnu.
SPliCTROSCOPIE. — Sur un nouveau dispositif pour la speclroscopie des corps
phosphorescents. Note de M. C. »e \%^4TTEVILLE, présentée par M. Lipp-
mann.
On sait depuis longtemps, grâce avix expériences de Pearseall, en parti-
culier, (jiie l'étincelle électrique a la propriélé de rendre fortement phos-
phorescentes les substances qui peuvent le devenir('). M. Lenard a réalisé
un phosphoroscope électrique en fixant sur le levier oscillant d'un inter-
rupteur de Foucault un écran qui masque pour l'observateur l'étincelle
éclairante produite par la bobine que l'interrupteur actionne (-). Cette dis-
position très simple ne permet pas de diminuer beaucoup la durée qui
s'écoule entre l'illumination du corps et son observation. De plus, l'emploi
du mercure dans l'interrupteur fait varier les conditions de l'observation
puisque celles où se produit la rupture du circuit varient elles-mêmes à
chaque étincelle. J'ai cherché à réaliser un appareil exempt de ces deux
inconvénients.
Pour y parvenir, on doit renoncer à tout système d'interrupteur solidaire
de l'écran qui se meut rapidement. En effet, si la vitesse devient considé-
rable, non seulement la quantité d'électricité mise enjeu à chatpie inter-
ruption dans le primaire de la bobine n'a pas le temps de devenir suffi-
sante, mais, déplus, l'inertie des divers ressorts, contacts, etc. qu'on peut
imaginer les empêchent de fonctionner lorsqu'ils doivent agir un trop grand
nombre de fois par seconde. J'ai donc essayé l'emploi il'un dispositif ana-
logue à celui dont s'est servi Feddersen pour son étude de l'étincelle et
dans lequel un conducteur mobile provoque la décharge d'un condensateur
en passant à quel([ue distance de conducteurs fixes en relation avec les
armatures.
Le disque D, qui peut être animé d'un mouvement de rotation très rapide autour de
l'axe A, porte, taillés dans la môme feuille mélallique que lui, les deux prolonge-
('j Annales de Chimie et Physique, t. XLIX, i8j2, ji. jîy à 36().
(-) Ann. de Wicdinann, t. XLVI, 1892^ p. 637.
SÉANCE DL l4 MAI iqoG.
1079
inents PE, P'E'. Les parties E et E' sont destinées à obturer successiveiBent la fenêtre F
au-devant et tout près de laquelle se déplace le disque. Cette fenêtre est pratiquée dans
une petite boîle qui renferme le corps à étudier. Entre la fenêtre et le corps se trouvent
les deux électrodes e et c dans l'intervalle desquelles se produit l'étincelle éclairante.
L'électrode e est en relation avec une des armatures du condensateur C, tandis que
l'autre e' coranumique avec le disque par l'axe A. La seconde armature du condensateur
est reliée à la pointe isolée B. Les pointes P et P' passent successivement au voisinage
immédiat de B. La petite étincelle qui se produit en ce point ferme le circuit de décliargo
du condensateur et le corps se trouve éclairé par l'étincelle qui jaillit entre c et c, tout
en étant masqué par les écrans E ou E'.
L'électrode c, qui est en relation directe avee le condensateur, doit être mise en outre
en communication avec le sol, sinon il éclate, alors même que les pointes P ou P' ne
sont pas en regard de B, de petites étincelles entre c et é (et il pourrait s'y produire des
eflluves invisibles) dues à ce que l'électrode e portée à un haut potentiel se décharge
dans la capacité formée par l'ensemble de 1 autre électrode e et du disque. ^Moyennant
cette précaution 1 appareil marche très régulièrement, on n'aperçoit pas l'étincelle en c é
et la plaque photographique n'enregistre pas de raies métalliques dues aux électrodes.
Quant au condensateur, il est chargé statiquement à l'aide d'une bobine d'induction ordi-
naire dans le circuit secondaire de laquelle on ménage une coupure telle que l'étincelle
de rupture seule puisse la traverser. On peut aussi, ce qui évite l'ennui de l'emploi d'un
interrupteur, alimenter la bobine à l'aide d'un courant alternatif, et faire faire au disque
par seconde un nombre de tours qui soit un multiple de la période du courant. Cette
condition réalisée, l'appareil peut fonctionner plusieurs heures sans nécessiter l'inter-
vention de l'opérateur.
J'ai donné au disque une vitesse de Sj. tours par seconde. La distance du centre de
C. R., 1906, 1=' Semestre. (T. CXLII, ÎS" 20.) 14^
I080 • ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'axe A à celui des écrans E et E' est de •2o'''",5 ces écrans parcourent une distance de
'i^'^,5 entre le moment où éclate l'étincelle et celui où la fenêtre F est complètement ouverte
on voit donc que le corps est visible dans son entier de seconde après son éclaire-
1 *^ j ooo ^
ment. Cet intervalle pourrait être sans doute beaucoup diminué avant (jue la limite de
rupture du disque fût atteinte.
A cette vitesse de rotation du disque, on peut déjà observer la luminescence de la
vapeur métallique qui persiste après le passage de la décharge initiale. Cette vapeur est
différemment colorée selon les métaux (en jaune pour le fer, en vert pour le cuivre, etc.).
Il est probable que l'appareil en permettrait l'étude spectrale si on modifiait un peu les
conditions de manière à rendre cette vapeur plus abondante. Dans les expériences
actuelles, elle n'a donné lieu à aucune inscription sur la plaque photographique.
La phosphorescence des corps observés à l'aide de cet appareil
est extrêmement intense. Dans le cas de la fluorine, par exemple,
la lumière émise peut être examinée à l'aide d'un spectroscope et d'une
fente ordinaires, une pose d'une heure ou deux étant suffisante pour obte-
nir la photographie du spectre. Celui-ci se compose, outre la partie visible
étudiée par M. E. Becquerel('), de raies très nettes en pcirlicnlier dans la
région ultra-violette. La longueur d'onde de ces raies est indépendante de
la nature des électrodes.
ÉLECTRICITÉ. — Mesure de temps très courts par la décharge d'un conden-
sateur. Note de M. DEVAUX-CnARBOi\.\EL, présentée par M. Becquerel.
On emploie souvent pour produire un phénomène dont on veut con-
naître la durée deux leviers actionnant des contacts électriques. Le pre-
mier permet au phénomène de commencer, le deuxième le fait cesser. La
durée est estimée par le temps (|u'un mobile quelconque, pendule, corps
qui tombe, etc., etc.. met à franchir la distance entre les deux leviers.
Cette façon de procéder conduit à des résultats peu précis quand le temps
à mesurer est très court; de plus, elle ne permet guère d'estimer le temps
que les leviers eux-mêmes mettent à fonctionner.
On peut en utilisant la décharge d'un condensateur à travers une résis-
tance réaliser une méthode beaucoup plus commode, beaucoup plus
simple, et dont les résultats sont d'une précision remarquable.
(') La lumière, t. I, p. jGo.
SÉANCE DU l4 M.VI I906. ro8l
Supposons par exemple qu'on veuille déterminer le temps qu'un levier
met à passer d'un butoir à l'autre. On prend un condensateur de capacité G
shunté par une résistance R. Une des faces est reliée au premier pôle d'une
pile et à la borne d'entrée d'un galvanomètre balistique ; l'autre face est,
réunie au levier ; le butoir de repos est rattaché au second pôle de la
pile, le butoir de travail à la borne de sortie du galvanomètre. Quand le
levier quitte le butoir de repos, le condensateur se décharge en partie sur
lui-même à travers la résistance R; dès qu'il atteint le butoir de travail, la
charge restante passe à travers le galvanomètre. On compare l'élongation
à celle fournie au préalable par la décharge totale. Le pour cent de charge
t
restante est égal à e~ cïT , sa valeur permet de calculer t en fonition de C
et de R.
Voici des nombres obtenus dans une série de mesures faites sur une clef
de décharge. Le levier est ici un ressort lame qui abandonné à lui-même
passe, par sa seule élasticité, d'un contacta l'autre. On a fait varier la résis-
tance du shunt dans des limites assez étendues. La durée de la course du
levier est toujours la même, à un dix millième de seconde près, ce qui
établit à la fois la précision de la méthode et la constance de fonctionne-
ment de la clef expérimentée.
Condensateur C = i microfarad.
R
(en ohms).
Cliargc
reslaiilc.
t
C R
t
800
0,25
i,',()
0^,001 1
I 000
0,3 ',
1,07
O^OOI I
2 000
<',5't
i),6o
0%OOI2
3 000
0,69
0,37
0%00I I
5 000
0,78
0,24
o'',ooia
8 000
(),8G
0,14
O',O0I I
10 000
0,88
0,12
O%0012
00 ODO
".987
0,01 3
o^ooiS
Le dispositif à réaliser dans le cas plus général auquel il est fait allusion
plus haut, de deux leviers chargés de produire et d'interrompre un phéno-
mène quelconque est analogue et facile à imaginer.
L'emploi de celte méthode se prête aux combinaisons les plus diverses.
Elle a été appliquée à mesurer la vitesse avec laquelle le levier de la clef
de décharge franchit la distance comprise entre les deux butoirs. Pour cela
io82
ACADEMIE DES SCIENCES.
on l'ail vai'ier cette distance en tournant d'une fraction connue de tour l'un
des butoirs constitué par une vis.
Voici les résultats :
Tours de vis.
«'A
Temps.
3%2 X 10-3
To
urs de
■'A
^ V'.
2V2
vi
Temps.
S5X 10-3
16*, a
i8»,5
On voit que le mouvement, qui va en s'accélérant au début, devient as.sez
vite à peu près uniforme.
Pour un tour complet de la vis la distance franchie est de i""" environ
et le temps nécessaire est de o%oo6, ce qui- correspond à une vitesse de
600"* à l'heure.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur la conductibilité du sulfate dV/minoniaque dans
les mélanges d'acide sulfarique et d'eau. Note de M. G. Boizakd présen-
tée par M. Lippmann.
I. Quand on dissout du sulfate d'ammoniaque dans des mélanges, à pour-
centage variable, d'acide sulfurique et d'eau, on obtient des solutions dont
la conductibilité ). est soit plus grande, soit plus petite que celle du sol-
vant "/5.
Si le solvant contient en poids
d'acide sulfurique
de 100 p. 100 à 95 p. 100
de 95 — à 1 ,8 —
de 1,8 — à o —
Une solution contenant i gramme de SO*Anr
pour 100 grammes de solution,
est plus conductrice que le solvant,
est moins conductrice que le solvant,
est plus conductrice que le solvant.
C'est ce qui résulte du tableau suivant qui donne, pour la lempéralure de ib", le
rapport des conductibilités de la solution à 1 p. 100 de SO'Am- et du solvant corres-
pondant
SO'H- p. 100.
97.5
94,5
9'>^
87,8
X
As
1,045
0,996
",97-
0,96',
SO-H^ p. 100.
i5
10
.5
■{
X
),s
0,9878
0,985
0,982
0,986
SÉANCE DU l4 MAI I906. Io83
- p. 100.
X
2,3o
0,988
■,'.>
1 ,oioy
i,,G
1,0376
<),58
1,1 22
1,192
o,5i
1,234
0,235
1,730
(>,0(>()
infini.
SO-'H-! p. 100. ^ SO'H
84,5 0,969
80 0,976
73 0,983
57 0,987
5o 0,9885
40 0,989
25 0,9883
20 0,9881
II. Effets de dilution et de température. — La différence des conductibi-
lités de la solution et du solvant varie avec la concentration en sulfate ; sa
variation offre les trois cas suivants :
1° Pour les solvants à plus de 3 p. loo de SO'H"^, il y a sensiblement
proportionnalité entre la dillerence de conductibilité et la concentration,
tant que celle-ci ne dépasse pas i à a p. loo ; pour les concentrations plus
fortes, la différence de conductibilité varie moins vile que la concentra-
tion, dans le cas des solutions moins conductrices que le solvant.
2" Pour les solvants à teneur en SO'H" voisine de 2 p. 100, la solution
est plus conductrice que le solvant pour les fortes concentrations et moins
conductrice pour les faibles ; le point de passage des solutions moins con-
ductrices aux solutions plus conductrices que le solvant correspondant
dépend donc de la concentration ; il dépend aussi d'ailleurs de la substance
dissoute qui peut remplacer le sulfate d'ammoniaque.
3" Pour les solvants à moins de i p. 100 de SO'îl", l'aug-menlation du rap-
port des conductibilités est d'abord en général plus rapide que celle de la
concentration, puis elle devient moins rapide pour des concentrations qui
dépendent du pourcentage du solvant en acide sulfurique.
La température produit sur les solutions deux effets opposés. Pour les
solvants contenant de gS à 23 p. 100 de SO'H-, le rapport des conductibi-
lités de la solution et du solvant se rapproche de l'unité quand la tempéra-
ture s'élève. C'est ainsi qu'une solution à 1,48 p. 100 de SO'Am^ dans l'hy-
drate SO'H- -j- H^O (84,48 P- loo), a donné un rapport des conductibilités
quiaaugmenté constamment de 8° à 135°, sans jamais atteindre l'unité, et
il semble même qu'il y ait un rapport limite, inférieur à i, que la solution
ne peut dépasser.
Pour les solvants contenant de :>5 à 3 p. 100 ou de 0,6 à o p. 100 de
loS/f ACADÉMIE DES SCIENCES.
SO'H-, la température a un effet inverse qui est d'écarter de l'unité le rap-
port des conductibilités. Enfin, au voisinage de i p. loo, les 2 effets s'ob-
servent, avec un même solvant, pour des concentrations différentes.
III. Le phénomène présenté par le sulfate d'ammoniaque est général.
a) On l'observe par dissolution dans les mélanges d'acide sulfurique et
d'eau :
1° De tous les sulfates, soit anhydres, soit privés ou non de leur eau de
cristallisation.
2° Des bisulfates.
3° Des acides minéraux : azotique, phosphorique, borique ou organiques
(à fonction simple ou complexe) : acétique, benzoïque, succinique, tartrique,
pyruvique, etc.
4° Des sels tels que : MnO'K, PÛ'Il (AzH')-, NaGl, AzO'K, CH'GO'iNa, etc.
P) On l'observe aussi dans les mélanges d'acide azotique ou phospho-
rique et d'eau fonctionnant comme solvant. Avec les mélanges d'eau et
d'acide acélique ou formique, par dissolution de divers sels, on obtient au
contraire toujours des solutions beaucoup plus conductrices que le solvant :
ceci peut s'expliquer par la très faible condiutibilité présentée par les
mélanges de ces acides avec l'eau.
Je continue du reste mes recherches sur ce sujet et me réserve d'indi-
quer ultérieurement une interprétation théorique du phénomène.
CHIMIE ORGANIQUE. — SyutJièsc totale de dérivés du camphre. Isola tirolcne.,
a cide isa tilaurono liq 11 c.
Note de M. G. Bl.wc, présentée par M. A. Haller
Le principe de cette synthèse a déjà été posé il y a longtemps (') ; mais
elle n'est devenue pratiquement réalisable que depuis l'exécution de la
synthèse totale do l'acide œa dérivé diméthyladipique ('), et aussi par suite
de perfectionnements apportés successivement aux méthodes d'enchaî-
nement ([u'elle emprunte.
J"ai montre dans les Comptes rendus que la condensation de l'cther diniétiiyl -i-'i-y-
Ijroino-butyi'ique avec l'éther cyanacétique sodé fournit un éther cyanodicarboniquc qui,
par un Irailcnicnt ultérieur conduit à l'acide oix diméthyladipique. La substitution Je
('j Buli. Soc. Chiiii. (3_), t. XXin, i!>oo, p. 2j].
(-) Bull. Soc. Chiin. (3), t. XXXIH, iijoS, p. 893.
SÉANCE DU l4 MAI I906.
io85
l'cther iiialonique à l'élher cyanacétique améliore de beaucoup le rendement el permet
de considérer l'acide aa diniéthyladipique comme une matière première abordable.
Cet acide chauffé avec de l'anhydrique acétique est facilement transformé en anhy-
dride, lequel par distillation lente à la pression ordinaire fournit la dimélhyliyclopen-
tanone s.-!..
Cil*
\.
,CW
CH
\ /
c
/ \
^^ \co o
\ /
c
CH^
CH
../
\
= CO^ +
-CH^ CO
CH^
CO
CH2
Cette acétone est un liquide mobile d'odeur camphrée bouillant à l'i^", sa semicar-
bazone fond à lyo". Traitée par l'iodure de mélhylmagnésium, elle donne un produit de
condensation qui fournit lui-même l'alcool tertiaire attendu :
\ /
C
/ \
CH^/' \
CH»
CH2
CO
CH^
CH'
CH
\
\ /
C
/ \
1/
CH^
,CH3
/CH3
\OH
CU^
Cet alcool tertiaire cristallise en longues aiguilles fusibles à 3^°, et possédant une
odeur de camphre et surtout de moisi extrêmement prononcée. Il distille à 60" (i5""") ;
distillé à la pression ordinaire, il se décompose en eau et en un carbure identique à
Visolaurolcnc, et bouillant à 108°.
CH^. CH»
\ /
C,
^OH
CH^
CH' .CH»
\ /
C\\i/ \c
H^O +
CH^
CH^
CH»
CH
Cet isolauroléne a été identifié par oxydation manganique qui le convertil en acide
diuiéthylhexanonoïque fondant à 48° et dont la semicarbazone fond à 188'
CH» ^CH»
CH». ,CH-
\ /
C
/ \
CH^/ \c—
CH2
CH»
\ /
\ /
C
CH^/
ICH
CH^
CO— CH»
-CO^H
io8G
ACADEMIE DES SCIENCES.
L'isolaurolène est facilement transformé par l'action du chlorure d'aluminium et du
chlorure d'acétyle en une cétone dont la réduction par le sodium et l'alcool conduit à
l'alcool secondaire saturé bouillant à go-gS" (lo""").
CH'
CH
■y
Cll^-
CH — CH*
Cil — Cil
I
OU
CH'
Cet alcool, oxydé par l'acide nitrique donne l'acide diliydroisolaurohuliquc qui, par
in-omuralioa en a et perte subséquente d'acide bromhydrique, donne l'acide isoluin-ono-
liqiie.
CHIMIE ORGANIQUE. _ Sur ry.-chloiocycloliexanoiie et ses dérivés. Note
de M. li. BouvEAULT et F. Cueue.ii, présentée par M. Haller.
Quand on fait passer du chlore sur la cycloliexanone on obtient un
dérivé a chloré ; mais l'acide chlorhydrique qui prend naissance en même
temps provoque la l'ormation de produits de condensation. On obtient de
meilleurs résultats en Taisant la chloruralion en présence de car])onate de
chaux, dans l'eau. Les résultats sont encore meilleurs quand on tdilorurc
non pas la cyclolioxanone mais le cyclohcxanol. 11 faut donc employer unr.
(juantilé double de chlore.
La clilorocyclohexanone constitue un liquide incolore bouillant à 8-.4°-83° sous lo """
et se congelant en magnifiques cristaux fondant à %V. Il se fait dans ces préparations
une certaine quantité de produits de chloruralion plus avancée d'où il n'a pas encore
été possible d'exU-aire un composé défini.
L'atome de chlore est assez mobile dans la chlorncyclohexanone. Les alcalis étendus
et, mieux, le carbonate de potassium en solution concentrée et bouillante l'iiydrorisent
en a ojcycyclolie.eanonc
CO
CH^
CH OH
CH^V 'ClI^
CH^
ipi'on peut appeler adipo'i'ne.
SÉANCE DU l4 MAI I906.
1087
Ce corps, en effet, est à l'acide adipique ce qu'est la benzoïne à l'acide benzoïque.
Ce composé a des propriétés assez singulières, il est peu soluble dans l'eau même
bouillante ; très soluble dans l'alcool chaud, moins soluble à froid, insoluble dans l'éth^',
la benzine, le pétrole, 11 est entraîné par la vapeur d'eau. Il se sublime sans bouillir dès
25" dans le vide, à 100° à la pression ordinaire, et se présente en fort beaux cristaux
blancs fondant à ni" en vase clos. Ses propriétés rendent assez difficile sa séparation
d'avec les sels au milieu desquels il prend naissance.
Sa semicarbazone forme de beaux cristaux blancs fondant à iGS".
Sa constitution, et par suite celle delachlorocyclohexanone, est établie par son oxyda-
tion au moyen du permanganate de potasse, en solution aqueuse à l'ébullition, qui donne
de l'acide adipique. Lacide azotique concentre l'oxyde en donnant un mélange d'acide
oxalique et d'acide succinique.
Les réactifs organomagnésiens se condensent avec la cj'clohexanone chlorée suivant
l'équation
CIP CH- CH^ CIP
CW-
CO -f- R — Mg — Cl = MgCl- 4- CH^
CO
CU^ CHCI
CIP
CH — R
On peut ainsi préparer sans difficiillé les homologues substitués en a de
la cyclohexanone.
L'a méthycyclohexanone bouta i6o° sous io"'";sa semicarbazone fond
à 195°. L'a-éthycyclohexanone bout à 65° sous lo""", sa semicarbazone fond
à loy". L'a-isopropylcycloliexanone bout à 80° sous 10™™.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sléréoisomérie dans le groupe des acides non saturés
a.'^-acy cliques. Note de MM. E.-F. Blaise et P. BAdi.iRD, présentée par
M. A. Haller.
Comme nous l'avons montré antérieurement, la décomposition des
w-oxj'acides à fonction alcoolique secondaire sous la seule influence de la
chaleur constitue une bonne méthode de préparation des aldéhydes acy-
cliques. Cette méthode, dont l'étude sera développée ultérieurement, s'ap-
plique spécialement aux aldéhydes à chaîne normale, les oxyacides cor-
respondants s'obtenant très aisément à partir des acides gras. Il était
intéressant de rechercher comment se comporteraient, dans les mêmes
conditions, les a-oxyacides à fonction alcool tertiaire.
Leur décomposition par la chaleur donne, comme produit principal, non pas des
C. R., igotî. I" SemesUe. (T. CXLIl, N- 20.) l4-^
«^o-
-;<^,^*^-
^
:i 5 . ^<
^ v^'^..
^
^,■
Vi.
Io88 -ACADÉMIE DES SCIENCES.
cétones, mais des acides non saturés. La proportion de cétonc formée, qui atteint
/fS p. loo dans le cas de l'acide a-méthyl-a-oxypropionique, diminue à mesure que le
poids moléculaire augmente, et elle n'est plus que de 5 p. loo dans le cas de l'acide
a-éthyl-a-oxybutyrique. Inversement, la quantité d'acide non saturé qui pfend naissance
s'accroîl. En outre, il est assez curieux de remarquer que ces oxyacides, dont la fonction
alcool est cependant tertiaire, peuvent donner des lactides. C'est ce qu'on observe pour
les deux acides mentionnés ci-dessus ; mais, au delà du terme en C^, il ne se forme plus
de lactide.
Le point le plus intéressant de ce dédoublement des acides alcools tertiaires par la
chaleur est que, dans tous les cas où la stéréoisomérie est possible, l'isomère que l'on
obtient est constitué, non par l'isomère stable que donnent les méthodes de déshydra-
tation chimique, mais par le stéréoisomère instable correspondant ('). Ce dédoublement
est donc la première méthode de caractère général permettant d'obtenir ces isomères
qui étaient, jusqu ici, presque inconnus, ou qu'on ne pouvait préparer qu à partir de
produits naturels.
Le degré de pureté de l'acide non saturé qu'on obtient dépend du poids moléculaire
de l'acide alcool générateur et de sa constitution.
La stabilité relative des isomères instables (Jab.), croit, en effet, à mesure que le poids
moléculaire augmente ; aussi la quantité d'acide stable [st.) qui prend naissance par
transposition sous l'influence de la chaleur, décroît-elle dans les mêmes conditions.
Avec l'acide a-méthyl-a-oxypropionique, par exeiuple, il se forme à peu près autant
d'acide tiglique que d'acide angélique. Au contraire, dans les cas de l'acide a-éthyl-a-
oxybutyrique, on obtient l'isomère (lab.) à l'état presque pur. D'autre part, lorsque les
chaînes carbonées flxées à l'atome de carbone alcooli(jue s'allongent, une autre trans-
formation intervient, la liaison éthylénique émigré partiellement, et l'acide non saturé
renferme une quantité très faible, d'ailleurs, d'acide ^y. Ce cas est par exemple celui de
l'acide a-propyl-a-oxy-n-valérique.
L'étude et l'isolement des acides non saturés stéréoisomères présentait,
jusqu'ici, des difficultés considérables, ainsi que leur caractérisalion. La
j)lupart dos agents clnniic[ues et même physiques transforment, en effet,
les isomères lab. en isomères st. Nous avons réussi à tourner cette diffi-
culté en utilisant une réaction signalée par ^I. Bodroux (G. R. CXXXVIII
p. 1427)- Nous avons, en effet, constaté que les éthers des acides lab. four-
nissent les amides correspondantes, sans transposition, lorsqu'on les traite
par les dérivés bromomagnésiens des aminés. Seules, ces amides, qui cris-
(') Nous croyons devoir abandonner, pour les acides non saturés monobasiques, la
nomenclature cis, traris qui ne repose que sur des données aléatoires et contradictoires.
p
On remarquera d'ailleurs que, dans le cas d'acides de la forme : n» / C = CH — CO-H,
celle nomenclature n'a plusauc^n sens précis.
SÉANCE DU l7| MAI If)oG. I089
tallisent aisément et peuvent être séparées, nous ont permis de procéder
à une étude précise et à une caractérisation certaine.
En ce qui concerne les relations entre les stéréoisomères, les faits que nous
avonsobservés peuvent être résumés delà façon suivante. LadilTérence entre
les points d'ébuUition de deux acides stéréoisomères ou de leurs éthers
décroît à mesure que le poids moléculaire augmente. La stajjilité relative
des isomères lab. s'accroît au contraire, dans les mêmes conditions, vis-à-
vis des agents chimiques et physiques. C'est ainsi que, tandis que les
acides angélique et liglique donnent le même bromure, au contraire, les
acides élhvlcrotoniques Z«i. et 5i. fournissent des bromures différents. De
même, l'action de la soude aqueuse et bouillante ne transforme pas sensi-
blement l'acide éthylcrotonique lab. en acide st. De même encore, la trans-
position sous l'influence de la chaleur est très faible dans le cas de l'acide
éthylcrotonique lab. — Par contre, tous les isomères lab. que nous avons
étudiés sont extrêmementsensibles à l'action des hydracides qui les transfor-
ment en isomères st. Ce fait oblige à prendre des précautions spéciales
dans la manipulation de ces acides. — Enfin, l'action du trichlorurede phos-
phore sur les isomères lab. les transforme quantitativement en les chlorures
des acides st. correspondants. Cette réaction est celle que nous avons uti-
lisée plus spécialement pour caractériser la nature de l'isomérie existant
entre les divers acides que nous avons obtenus.
BOTANIQUE. — Sur le genre Mascarenhasia.
Note de M. Marcel Dlr.\rd, présentée par M. Gaston Bonnier.
Le genre Mascareiiliasia, de la famille des Apocynées, est représenté
surtout à ^Madagascar, où il joue un rôle important dans la production du
caoutchouc; quelques espèces ont également été signalées dans l'Afrique
orientale allemande. Après avoir examiné les nombreux matériaux relatifs
à ce genre, provenant de Madagascar, qui sont accumulés dans les herbiers
du Muséum, j'ai été amené à décrire un certain nombre de formes nou-
velles (9 espèces et a variétés) et à grouper l'ensemble des espèces connues
en trois sections ('). Je me propose dans la présente note de mettre
(') Contribution à V étude du genre Mascarenhasia. (Bull. Soc. bot. de France, /,' série,
l. VI ; mars-avril 1906).
IOf)0 ACADEMIE DES SCIENCES.
en lumière les données les plus générales qui résultent de mes observa-
tions.
a. Répartition géograpliique. — D'après les connaissances actuelles, le genre Masca-
renhasia paraît répandu surtout sur la côte orientale de Madagascar ; les deux régions
les mieux connues à ce point de vue sont, au Nord, la zone comprise entre Diego-Suarez
et ^'ohemar (M. arborcscens, M. angustifolia, M. brefitiiba), au Sud, celle qui s'étend
entre Yangaindrano et Fort-Dauphin (M. speciosa, M. coriacea). Sur la côte Ouest, les
Mascarenhasia sont très répandus depuis le Nord jus([ue vers la baie de Bonibetok
(Majiinga) (A/, lisiantliiflora, M. micrantlia) et manquent vraisemblablement plus au Sud ;
l'île de Nossi-Bé en est assez riche et possède même certaines formes spéciales. Par le
centre de la grande Ile (vallée supérieure de l'Ikopa, Imerina, Betsileo) il semble se faire
un raccord plus ou moins continu entre les formes du N.-O. et celles du S.-E. On y
trouve des espèces spéciales (M. tenuifolia, M. Grandidieri, M. macrocalyx) et aussi des
variétés des M. lisiantliiflora. Cette espèce paraît d'ailleurs présenter l'aire de dispersion
la plus étendue, si on lui reconnaît les limites assez larges que j'ai tracées, et elle
se relie au M. macrocalyx par certains types intermédiaires qui peuvent être des
hybrides.
b. Habitat et port. — Les Mascarenhasia sont des arbustes, quelquefois des arbres de
grande taille, comme le M. longifolia qui atteint jusqu'à '^^1 mètres de haut; ils croissent
depuis le niveau de la mer jusqu'à une altitude dépassant i.ooo mètres pour certaines
espèces ; ils recherchent presque toujours les endroits très humides et végètent même
parfois dans des terrains inondés, comme l'indique la dénomination d'//azondrano (litté-
ralement bois d'eau) que les indigènes appliquent à plusieurs formes. Exceptionnelle-
ment, certaines espèces ont une végétation buissonnante ou affectent un port de liane
(M. Thiryana).
c. Rameaux et feuilles. — Les inflorescences des Mascarenhasia ne sont jamais axil-
laires, malgré les affirmations des descripteurs ; les fleurs, isolées ou groupées, se déve-
loppent toujours aux dépens du bourgeon terminal d'un rameau ; seulement, tantôt la
végétation de ce rameau est limitée par la production de l'inflorescence et celle-ci con-
serve un aspect terminal, tantôt elle se poursuit suivant la direction de l'axe primitif;
l'inflorescence est déjetée latéralement et paraît axillaire, tandis qu'un bourgeon latéral
pousse un rameau qui vient prolonger le précédent. Les rameaux florifères sont donc
sympodiques.
Les feuilles sont simples, entières, opposées, toujours assez brièvement pétiolées, la
taille et la forme du limbe varient dans de larges limites, souvent dans la même espèce ;
le polymorphisme des feuilles enlève d'ailleurs presque toute valeur spécifique aux
caractères foliaires, à part de rares exceptions [M. angustifolia). La forme obovale est
celle qu'on rencontre le plus fréquemment pour le limbe ; elle se répète, avec des variantes,
chez de nombreuses espèces et souvent même elle réapparaît occasionnellement chez
des types dont les feuilles présentent presque toujours un contour différent; c'est là
SÉANCE DU l4 MAI I90G. IO9I
évidemment un caractère de convergence, d'origine ancestrale, dominant l'ensemble du
genre.
d. Caractères floraux. — Le calice est constitué par 5 sépales, membraneux ou
foliacés, dont l'inégalité est plus ou moins apparente, suivant leur développement; on en
compte un grand, deux petits et deux moyens ; la préfloraison du calice est quinconciale,
dextrogyre ou lévogyre, les deux dispositions pouvant se rencontrer à la fois dans une
même inflorescence, suivant la place occupée par les fleurs.
La forme du tube de la corolle fournit à mon sens les meilleurs caractères sur lesquels
on puisse établir les sections du genre. Dans la section Macrosiphon ce tube est cons-
titué par une partie basilaire étroite et cylindrique, mesurant au moins ij""" de long;
cette région est surmontée d'une partie campanuliforme beaucoup plus courte que ter-
ni iiient les lobes; dans la section Micrantha le tube est formé de deux parties à peu près
égales séparées par un étranglement; la partie basilaire affecte la forme d'un tronc de
cône à petite base supérieure ou bien constitue un renflement ovoïde ; la partie terminale
est plus ou moins renflée en forme de cloche ; enfin dans la section Intcnnedia, le tube
est constitué par une partie inférieure sensiblement cylindrique, étroite, surmontée d une
région élargie beaucoup plus longue que la précédente.
Quant au disque, il fournit des caractères spécifiques de premier ordre : il est
formé théoriquement de 'i petites écailles entourant l'ovaire, l'une médiane et les quatre
autres latérales. Rarement les 5 pièces du disque restent indépendantes ; la plupart du
temps la médiane est isolée elles autres se soudent deux à deux pour former des pièces
bilobées; enfin une concrescence générale peut s'établir entre toutes les pièces et le
disque forme alors une cupule plus ou moins profondément lobée ou même à bord
entier.
Les dimensions relatives des écailles du disque, des carpelles et des sépales donnent
aussi des indications précieuses pour la distinction des formes.
En résumé : i° Les Mascaienhasia sont des arbres recherchant les sols
humides, croissant surtout en abondance sur la côte orientale de Mada-
gascar;
2° Les rameaux floraux sont de nature sympodique et les feuilles très
polymorphes ;
3" Les caractères floraux les plus intéressants sont ceux fournis par le
tube de la corolle sur lesquels sont basées les sections et par le disque ;
ces derniers sont précieux pour la diagnose des espèces.
1092 ACADEMIE DES SCIENCES.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur lin CHS cVorgane vert dépourvu de pouvoir
assimilaleur. Note de M. Ji;a.\ Friedel, présentée par M. Gaston
Boniiier.
L'ovaire de VOrnithogalum orahiciim a une coloration verte très intense
tournant presque au noir. Si l'on pratique une coupe dans l'organe frais,
on constate la présence de corps chlorophylliens très abondants : ceux qui
sont situés en profondeur ont la teinte verte habituelle, ceux qui occupent
une position périphérique sont noirâtres. De nombreuses expériences
faites au printemps de igoS ont montré que cet ovaire est dépourvu de
pouvoir assimilateur : à la lumière comme à l'obscurité, il a toujours une
activité respiratoire considérable. Récemment j'ai vérifié ce résultat sur
des échantillons cueillis aux environs d'Alger qui m'ont été obligeamment
envoyés par M. Maige, chargé de cours de botanique à l'École supérieure
des Sciences d'Alger.
Exemple : 8 mai 1906. — Un ovaire a été exposé à la lumière dans un
espace de 5"" environ contenant de l'air atmosphérique. L'expérience a
duré de 9'' 3o du matin à 2'' 10 de l'après-midi. A la fin, la composition du
gaz était la suivante :
C0= 6,4
O 12,7
Az8o,9
La respiration est mesurée par un dégagement de gaz carbonique égal
à 6, 4.
J'ai été amené à comparer les échanges gazeux de l'ovaire de 0. arabi-
cum à ceux de l'ovaire d'une plante du même genre, 0. umbellatum. Cet
ovaire, d'un vert beaucoup moins foncé que celui d'O. arabicum, a un pou-
voir assimilateur considérable. Je citerai l'expérience suivante faite sur
un ovaire très volumineux provenant d'une fleur flétrie :
26 mai 1905. — Début 9''! 5 du matin, fin 2''i5 de l'après-midi, volume
gazeux 5™
,\ssimilation mesurée
Gaz initial. Gaz final. par 0 dégagé et GO" absorbé.
CO- II CO 1,6 1 o
0.7,9 O27,' rn^^''', R=o,96
Az 71,1 Az 71,3 ^
SÉANCE DU l4 MAI I906. - lOgB
J'ai mis en expérience comparativement un ovaire à' Ornitliogalum
umbellatiim, un fragment de feuille et un ovaire d'O. arahiciun.
L'ovaire d'O. umbellaUun et le fragment de feuille ont présenté une
assimilation manifeste, l'ovaire d'O. arabicum a respiré avec intensité sans
trace d'assimilation chlorophyllienne.
Ainsi V ovaire d' Oniithogahim arabicum ne peut assimiler, bien qu'il soit
plus fortement coloré que l'ovaire iVOriiit/iogaluin umbellatum dont le
pouvoir assimilateur est très développé. Cette difîerence si. curieuse
s'explique, peut-être, par une altération superficielle de la chlorophylle;
les chloroleucites noirâtres situés à la périphérie formeraient un écran
empêchant le fonctionnement des chloroleucites verts normaux situés en
profondeur.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Les maladies du caféier au Congo indépendant .
Note de M. E. De Wildem.vx, présentée par M. Guignard.
Dans une note présentée en igoS à une des séances de l'Académie des
Sciences, M. J. Gallaud a attiré l'attention sur le Pellicularia Koleroga,
champignon qu'il faut considérer comme un important ennemi des caféiers.
C'est à propos de la découverte de cette espèce en Nouvelle-Calédonie,
que l'auteur a insisté sur ce parasite et sur les moyens qu'il faut mettre
en œuvre pour combattre son action.
Il nous paraît très probable que ce champignon, fort mal connu encore,
est plus répandu qu'on ne le croit généralement. Parmi les matériaux
rapportés par la i\Iission botanique et agricole d'Eni. et M. Laurent, au
Congo indépendant, nous avons trouvé un certain nombre de maladies de
caféiers soit indigènes, soit mis en culture. Ces champignons ont été
étudiés par M. le Prof. P. Hennings du jardin botanique de Berlin, qui a
corroboré certaines déterminations d'Em. Laurent, entre autres celle du
Pellicularia Koleroga ; il a également trouvé dans ces récoltes VHeniileia
vastatrix. Le Pellicularia Koleroga attaque, au Congo, toutes les parties
des caféiers, il forme des cordons mycéliens blanchâtres qui s'étendent
des tiges sur les feuilles et les fruits, réunissant même entre elles plusieurs
feuilles à la surface desquelles il étale ses ramifications plus ou moins
dichotomes, présentant avec la toile de certaines araignées une assez grande
1094 ACADÉMIE DES SCIENCES.
analogie. Le développement du champignon est parfois si intense que liges,
feuilles, fleurs et fruits sont réunis en une masse informe.
La maladie paraît n'avoir été observée au Congo que dans les régions
où le caféier est très ombragé et par suite dans une station très humide;
c'est dans des conditions similaires que le Pellicularia a été remarqué
également ailleurs.
Em. Laurent n'a malheureusement pas consigné, dans ses notes prises
au jour le jour, de remarques quant à la fréquence de la maladie que,
d'après les échantillons d'herbier, nous pouvons signaler en trois points de
l'Etat du Congo : Ikenge (Ruki), Basoko (Aruwimi) et environs de Bolomlo
(Nouvelle-Anvers).
Quant à r^e/7it7e?a vastatrix, il existe également au Congo, mais jusqu'à
ce jour il ne paraît pas encore très répandu; il a été signalé par Em. Lau-
rent en deux points seulement de l'Etat; à Idanga (Kasai) et à Malema
(Aruwimi). Pas plus que pour le Pellicularia nous ne pouvons dire si la
maladie était répandue dans la plantation ; on peut cependant d'après les
matériaux assez nombreux rapportés, considérer ce champignon comme
assez fréquent dans les deux stations citées, où il végétait sur deux espèces
différentes.
A côté de ces deux champignons vraiment dangereux, dont il convient
de combattre les effets non seulement par des remèdes curatifs à appliquer
aux plantes malades, mais surtout par des remèdes préventifs, la Mission
Laïu'ent a rapporté sur des feuilles de Coffva les espèces de champignons
suivantes, toutes nouvelles pour la science : Septobasidiam coffeicola
P. Henn., Paranectria Wildemaiiiaiia P. Henn, Microlhyriiim Latiren-
tioriimP. Henn., Microtliyrinm Leopoldvilleaimni F. Henn., Diplodia Cof-
feœ P. Henn., Helmintlwpariuni nhangieiisis P. Henn. et Spegazzinia Cof-
feœ P. Henn., dont nous ne connaissons pas encore l'importance au point
de vue de la biologie du caféier. Ces espèces seront décrites dans le troi-
sième fascicule de la « Mission Em. et M. Laurent ».
SÉANCE DU i4 iiAi igo6. iog5
ZOOLOGIE. — Remplacement des muscles vibrateurs du vol par des colonnes
d' adipocy les ^ chez les Fourmis, après le vol nuptial. Note de ^I. Charles
♦Ï.WET, présentée par M. Alfred Giard.
Lorsque les jeunes mâles et les jeunes reines des colonies de Fourmis
sont parvenus à leur complète maturité sexuelle, on les voit sortir de
leurs retraites souterraines et circuler autour de leur nid.
Bientôt, par une belle journée, pendant que les ouvrières de la colonie
s'agitent en manifestant une vive inquiétude, les mâles et les reines, mus
par l'instinct sexuel, abandonnent, sans retour, la famille oii ils sont nés,
où ils ont été élevés et où ils ont reçu tant de soins, lis circulent d'abord,
pendant quelques instants, sur le sol ; puis ils cherchent un point de départ
favorable, tel que l'arête d'une pierre ou l'extrémité d'un brin d'herbe, et,
de là, s'élancent en ligne droite dans l'espace et disparaissent rapidement.
C'est le vol nuptial.
Dans l'ensemble des Fourmis ailées qui s'ienvolent ainsi, do tous côtés,
les mâles sont plus nombreux que les reines. L'accouplement a lieu au
vol et, bientôt, à bout de forces et parfois emportés par le vent, mâles et
reines retombent et jonchent le sol.
Les mâles ne savent pas subvenir à leurs besoins et, qu'ils soient ou
qu'ils ne soient pas parvenus à s'accoupler avec l'une des jeunes reines
qu'ils ont rencontrées et poursuivies dans les airs, leur existence est
désormais sans utilité et sans but. Ils ne tardent pas à périr.
Les reines, au contraire, ne sont, à ce moment, qu'au début d'une
longue carrière. Les observations de Lubbock et de Wasmann ont, en
effet, montré que les reines de Fourmis vivent beaucoup plus longtemps
qu'on ne le supposait avant eux, et j'ai moi-même conservé, dans mon
laboratoire, une reine de Lasius alienus qui est morte, peut-être acciden-
tellement, âgée de près de dix années.
Dès qu'elles sont retombées sur le sol, les jeunes reines se débarras-
sent de leurs ailes, organes qui sont devenus absolument inutiles pour
l'existence sédentaire qu'elles sont destinées à mener. Ensuite, chacune
d'elles se réfugie, solitaire, dans la première petite cavité favorable qu'elle
rencontre et quelle sait, au besoin, agrandir et clore pour en faire le ber-
ceau d'unie nouvelle colonie.
La dissection d'une jeune reine montre que la musculature productrice
G. R., 1906, \" Semestre. (T. C.\LII, N» 20.) l44
lOqt) ACADÉMIE DES SCIENCES.
des vibrations du vol constitue le plus volumineux de tous ses organes.
C'est précisément au volume de cette musculature qu'est dû le dévelop-
pement, si considérable chez les Fourmis ailées, du corselet et en parti-
culier du mésonotum, c'est-à-dire de ces deux surfaces tégumentaires
qui, séparées par la charnière de vibration, constituent le scutum et le
scutellum [fig. i).
Or, pendant les quelques semaines que dure leur séjour dans le nid
natal, les jeunes reines ne font absolument aucun usage de leurs ailes et,
comme nous venons de le voir, elles se les arrachent aussitôt qu'elles sont
retombées sur le sol après le vol nuptial.
L'énorme musculature du vol, le plus lourd et le plus volumineux de
tous les organes de la jeune reine, ne fonctionne donc qu'une seule fois, et
cela seulement pendant quelques instants, au cours de dix années d'exis-
tence !
Quel est le sort ultérieur de cette énorme masse musculaire devenue
ainsi inutile au point de vue moteur ?
SÉANCE DU l/| MAI I906. IC)f)7
Il résulte d'une étude que je poursuis en ce moment, que les fibres des
muscles vibrateurs du vol disparaissent complètement et qu'ils sont rem-
placés par des colonnettes d'adipocytes.
Cela est bien mis en évidence par les deux figures ci-dessus qui|repré-
sentent en coupe sao-iitale, la première, le corselet d'une reine de Lasius
niger fixée le jour même du vol nuptial, la seconde, le corselet d'une
reine de la même espèce fixée dix mois plus tard.
J'indiquerai prochainement, lorsque mes recherches seront plus avan-
cées : le processus de l'histolyse des muscles vibrateurs en question, le
processus de l'histogenèse du tissu adipeux qui remplace ces muscles et,
enfin, les conséquences de cette histolyse et de cette histogenèse au point
de vue physiologique.
ZOOLOGIE. — Sur une nouvelle Myxosporidie de la Tanche commune. Note
de M. LiOL'is L.É«F.R, présentée par M. Alfred Giard.
En examinant un lot de Tanches [Tinca vulgaris Cm'.) qui avait été
adressé au Laboratoire de pisciculture de l'Université de Grenoble en vue
de rechercher la cause d'une grande mortalité qui sévissait indistinctement
sur tous les Cyprinides du bassin dans lequel elles vivaient, je reconnus
que la plupart d'entre elles (environ 80 p. 100) étaient infestées par une
Myxosporidie à Spores 4 capsulées et, par conséquent, appartenant au genre
Cloromyxuju dont elle constitue une nouvelle espèce.
Je me hâte de dire que ce parasite ne m'a pas semblé devoir être incri-
miné dans la forte mortalité des Poissons, celle-ci étant due, d'après mes
observations, à une Chilodoniase intense, c'est-à-dire à un envahissement
total de la peau et surtout des branchies par le Chilodon cyprini MorofT.
Le Myxosporidie à laquelle je donnerai le nom de CIil. ci'istatum^ se ren-
contrait dans le liquide biliaire, libre ou réunie en petit amas floconneux
comprenant un certain nombre d'individus,, mais jamais en aussi grande
quantité que le Chl. truttse qui, ainsi que je l'ai signalé précédemment et
observé de nouveau ces jours derniers, est susceptible dans ces conditions,
de déterminer des troubles graves chez la Truite.
Les états végétatifs, à endoplasme granuleux incolore limité par une
couche ectoplasmique hyaline, sont de forme ordinairement massive, à
in()H ACADÉMIE DES SCIENCES.
contour ovale ou irrégulièrement circulaire, sans pseudopodes saillants.
Leur diamètre moyen est de 20 [jl pour les adultes.
Les plus petits individus que j'ai observés possédaient seulement deux
noyaux, mais ce nombre augmente rapidement avec la taille et il se forme
finalement dans chacpie individu, une seule spore, rarement deux. Après la
maturité delà spore, le corps myxosporidien qui a conservé seulement deux
noyaux de reliquat, se flétrit et disparaît. Les spores sont ainsi mises en
liberté dans le liquide biliaire d'où elles gagnent l'intestin, puis l'extérieur.
Le spore de Chl. cristatnm est sub-sphérique avec légère prédominance
du diamètre sulural qui mesure de 10 à 1 1 |ji. Les deux valves, dont la ligne
d'accolement est ondulée, sont relevées chacune d'une dizaine de côtes
ou mieux décrètes très saillantes, à direction méridienne, ce qui donne à
la spore, lorsqu'elle est vue par les pôles, l'aspect d'une roue dentée à
ao dents environ. Des quatre capsules polaires, deux légèrement plus petites,
alternent avec les deux autres et possèdent un filament dévaginable un
peu plus court que celui de ces dernières. Enfin, suivant la règle, la spore
renferme un germe ou sporoplasma à deux noyaux. Ceux-ci, riches en
chromatine, montrent une membrane chromophile à la surface de laquelle
se voit un petit grain colorable qui est sans doute un centrosome.
L'étude du développement de la spore montre, avec la plus grande net-
teté, la formation des deux valves aux dépens des deux cellules pariétales
dont j'ai signalé pour la première fois la présence dans les spores du Chlo-
romyxumtruttœ('), etque M. Hesse et moi(-) avons ensuite retrouvées dans
tous les autres types de Myxosporidies.
Ici, ces cellules pariétales, à large noyau et très amples au début, entou-
rent le contenu sporal (germes et capsules) sous forme de deux larges
croissants. Puis, elles se rétractent sur le contenu en se plissant réguliè-
rement suivant des lignes méridiennes, ce qui détermine les crêtes sail-
lantes si caractéristiques de la paroi sporale, à la maturité.
Le Chl. cristatnm doit prendre place à côté du Chl. fluviatile du Meunier
et du. Chl. Truttœ de la Truite, mais on le distinguera facilement de ces
deux espèces par le nombre et la taille de ces spores ainsi que par la direc-
tion méridienne et la forte accentuation des crêtes valvaires.
('j L. LÉGER, Sur une nouvelle maladie iny.vosporidienne de la truite indigène. (Comptes
rendus, \i mars 1906.)
(-) L. LÉcEu et E. Hesse, Sur la structure de la paroi sporale des myxosporidies
(Comptes rendus, 19 mars 1906.)
SÉANCE DU i/j MAI igo6. lopq
MICROBIOLOGIE. — Culture du spirille de la fièvre récurrente africaine de
l'homme {Tick-fever). Note de M. C. Levaditi, présentée par M. Roux.
Dans une note présentée à la Société de Biologie (séance du 7 avril 1906)
nous avons montré que le procédé des sacs au collodion placés dans la
cavité péritonéale des lapins, permet d'olitenir une culture pure et aljon-
dante du Spirillum gallinarujn, agent provocateur de la septicémie des
poules, découvert au Brésil par Marchoux et Salimbeni. C'était là le pre-
mier essai de culture d'un spirille pathogène, suivi de succès. Dans la suite,
les résultats que nous avons obtenus en continuant ces recherches, n'ont
fait que confirmer nos premières constatations ; actuellement, notre série
de culture est au treizième passage et le dernier sac, ouvert soixante-treize
jours après le premier ensemencement, renfermait de très nombreux
spirilles vivants et virulents.
Dans la note mentionnée, nous avons énoncé les résultats encourageants
que la même méthode, appliquée à la culture du spirille de la fièvre récur-
.rente africaine {Tick-fecer), nous avait permis d'obtenir. Depuis, grâce aux
quelques améliorations (') apportées à notre procédé, il nous a été possible
de cultiver en série ce spirille et de conserver presque invariable sa viru-
lence, malgré les nombreux passages que nous avons réalisés (').
Teclinlque. — Des sacs en collodion ayant une capacité d'environ a'^'"^ sont stérilisés
dans des tubes renfermant de l'eau distillée. Au moment de l'emploi, on retire le contenu
du sac et tout en laissant ce sac plonger dans l'eau distillée, on le remplit avec du sérum
de Macaccus cynomolgiis ou de M. r/iesus, animaux sensibles à l'infection par le spirille
de la Tick-fever. Le tube à essai renfermant le sac est ensuite placé pendant un quart
d'heure dans un bain-raarie chauffé à 70° ; une fois refroidi, le sac est ensemencé avec
quelques gouttes de sang défibriné provenant d'un macaque sacrifié en pleine infection
spirillienne. Le sac préalablement fermé est placé dans la cavité péritonéale d'un lapin
(ou d un rat) et n'est ouvert qu'au bout de cinq à sept jours. A ce moment on réalise un
nouveau passage, en ensemençant quelques gouttes du contenu dans un nouveau sac
préparé comme il vient d'être indiqué.
(') Ainsi, nous avons supprimé, comme étant nuisible à" la culture du spirille de la
fièvre récurrente, l'emploi de la gélose glycosée qui nous avait donné de bons résultats
dans nos expériences avec le spirillum gallinarum.
(-) Le virus a été mis obligeamment à notre disposition par M. le Professeur
R. Koch, que nous prions de recevoir ici tous nos remercîments.
IIOO ACADEMIE DES SCIENCES.
Cette méthode permet de réaliser la culture du spirille de la fièvre
récurrente de l'Iioinme, dans un milieu demi-solide ; en effets sous
l'influence du chaufîage à 70° et grâce à la pénétration de l'eau distillée à
l'intérieur du sac, le sérum prend une consistance sirupeuse, très voisine
de l'état solide. Notre première série de culture, commencé le 3o mars,
est actuellement au huitième passage et représente 36 sacs; le dernier de
ces sacs ouvert trente-sept jours après le premier ensemencement, conte-
nait de nombreux spirilles très mobiles, libres ou légèrement agglutinés.
En général la culture du spirille de la Tick-fewer est moins abondante
que celle du Spirilliim gallinarum. La multiplication des parasites s'opère
grâce à leur division transversale et déljule déjà le deuxième jour; on
constate à ce moment de très nombreux spirilles disposés deux par deux
et réunis par un mince filament, destiné à se rompre lors de la division.
Remarquable est la variabilité des dimensions des spirilles contenus dans
le sac ; à côté d'individus relativement courts ayant 3 ou 4 ondulations, on
en trouve d'autres extrêmement longs, constitués par 5o ou 60 tours de
spire. Néanmoins, la forme spirillienne est la seule que nous ayons ren-
contrée dans nos cultures. Ajoutons que la mobilité des spirilles très accen-
tuée dans les cultures jeunes, tend à diminuer dans le sac ayant séjourné*
plus de dix jours dans le péritoine et que, jusqu'à présent, la virulence de
ces spirilles, pour la souris du moins, semble se conserver inaltérée.
Dans les sacs introduits dans la cavité péritonéale des rats, toute cul-
ture cesse au bout de trois passages. L'examen du contenu de ces sacs nous
a montré la présence d'un grand nombre de formes vibrioniennes résultant
d'une transformation involutive des spirilles. Ces formes, extrêmement
mobiles, ont les dimensions d'une seule ondulation de spirille, possèdent
des extrémités eflilées et sont pourvues d'un ou deux grains colorables en
rouge vif par le Giemsa ('). La présence de ces grains de chromatine, ainsi
que la forme de certains de ces « vibrions » pourraient faire penser à leur
nature trypanosomique. Mais, l'absence de fiagelle et de membrane ondu-
lante d'une part, l'existence de ces formes à côté de spirilles nettement
dégénérés d'autre part, permettent d'écarter cette hypothèse.
(') Nous considérons ces grains de chromatine comme étant l'équivalent des noyaux
des spirilles. Il est probable que chez les spirilles non dégénérés, l'enveloppe proto-
plasmique colorable en bleu par le Giemsa, cache entièrement la substance nucléaire du
parasite ; celle-ci ne devient apparente que lorsque cette enveloppe de protoplasma
subit des modifications dégénératives.
SÉANCE DU l4 MAI I906. IIOI
PATHOLOGIE. — Sur la palhogénie de la iubercidose.Nole de M. H. Vallée.
présentée par M. E. Roux.
Dans une note présentée à la Société de Biologie le i" avril 1903, j'ai
fait connaître le résultat d'expériences sur l'importance du rôle des voies
digestives dans la production de la tuberculose pulmonaire. J'écrivais
alors : « La prédominance des lésions pulmonaires chez un sujet porteur
d'altérations même très discrètes de l'appareil digestif, n'autorise point à
admettre que l'infection n'a pas été contractée par les voies digestives. »
Quelques mois plus lard, étudiant chez le veau la valeur comparative de
l'inhalation et de l'ingestion quant à leur aptitude à produire la tulaercu-
lose pulmonaire, j'aboutissais à ces conclusions : « que des divers modes
d'infection, l'ingestion est celui qui réalise, le plus sûrement et le plus
vite, la tuberculisation des ganglions annexes du poumon ; que la péné-
tration du bacille tuberculeux au niveau de l'intestin peut s'effectuer sans
qu'il se produise de lésions apparentes appréciables de la muqueuse intes-
tinale ou des ganglions mésentériques. « (Octobre igoS, Congrès de la
tuberculose et Annales de V Institut Pasteur.)
A cette dernière date, MM. Calmette et Guérin faisaient connaître le
résultat de recherches sur le même sujet poursuivies sur de jeunes che-
vreaux et des chèvres adultes qui ingéraient des laits bacillifères ou qui
recevaient, à la sonde œsophagienne, des quantités massives (10 à 20 centi-
grammes) de bacilles bovins virulents. D'accord avec M. V. Behring ils
reconnaissent que « dans l'immense majorité des cas, la tuberculose
pulmonaire ne se contracte pas par inhalation, mais bien par ingestion de
poussières ou de produits bacillifères. «
MM. Calmette et Guérin constatent, au cours de leurs expériences, qu'il se
fait toujours chez les jeunes chevreaux des altérations mésentériques et que
« la tuberculisation pulmonaire ne survient que secondairement, alors que
les ganglions mésentériques ne suffisent plus à retenir les bacilles tuber-
culeux étales empocher d'être entraînés dans la circulation lymphatique ».
Chez les chèvres adultes, au contraire, ils relèvent toujours « l'apparition
rapide de lésions tuberculeuses pulmonaires. Les bacilles ne laissent
presque aucune trace de leur passage à travers le système lymphatique de
l'intestin ».
Les constatations de MM. Calmette et Guérin étaient, en ce qui concerne
la tuberculose pulmonaire des jeunes sujets, en contradiction avec mes
H02 ACADEMIE DES SCIENCES,
premières observations. Tandis que je signalais chez le jeune sujet (veau)
la prédominance des lésions pulmonaires sur les altérations des ganglions
mésentériques qui sont toujours discrètes et parfois même invisibles,
MM. Calmette et Guérin observent constamment chez les chevreaux des
altérations de ces derniers.
J'ai pensé que l'écart marqué, relevé ainsi, tenait à la quantité de bacilles
bovins (parfois énorme) utilisée par ces savants dans leurs expériences.
Dans mes essais, j'ai en effet mis en œuvre des quantités de bacilles infi-
niment moins considérables.
Gomme en la matière il y a le plus grand avantage à obtenir des notions
expérimentales qui permettent de conclure aux conditions de l'infection
naturelle, j'ai réalisé pour de nouveaux essais les circonstances étroites
de celles-ci.
Onze veaux, indemnes de tuberculose, âgés de huit à quinze jours, sont soumis, en
dehors de toute cause de contamination accidentelle et jusqu'à lâge de trois mois envi-
ron à lalimentation quotidienne au lait cru fourni par quatre grosses vaches normandes,
excellentes laitières. Trois de celles-ci, cependant indemnes de tout signe clinique ou
suspect, réagissent à la tuberculine. Ces sujets sont donc porteurs de lésions de tuber-
culose et il est à supposer qu'ils fournissent, ainsi qu'il est bien démontré aujourd'hui,
à certains moments, du lait virulent.
Le lait des quatre vaches est mélangé et chacun des veaux soumis à l'expérience reçoit
une égale quantité du mélange.
A l'âge de cpiatre-vingt-dix, cent jours, tous les animaux sont tuberculinés et fournis-
sent à l'épreuve une réaction positive. Les bêtes laitières tuberculeuses sont sacrifiées ;
toutes trois présentent de massives altérations ramollies des ganglions trachéo-bron-
chiques et du médiastin. Les viscères sont indemnes de toute lésion apparente ; chez
une seule d'entre elles on note dans la mamelle des lésions tuberculeuses minimes,
inappréciables du vivant de l'animal.
Les veaux sont sevrés et conservés durant quatre semaines encore, puis sacrifiés à
leur tour.
A l'autopsie, neuf cC entre eux sur onze sont trouvés porteurs cV altérations tuberculeuses
plus ou moins marquées, calci/fiécs en général, mais toujours très nettes, des ganglions
bronchiques et médiastinaux. Deux seulement portent une unique lésion pulmonaire, plus
récente en apparence que la lésion ganglionnaire. Chez tous, les ganglions rétro-pha-
ryngiens et cervicaux, le foie, la rate, sont indemnes. Pas un seul ne présente la plus
petite altération de Vun quelconque des ganglions mésentériques ; la plupart de ceux-ci
normaux d'apparence et de volume, renferment cependant des bacilles de Koch déce-
lables par inoculation au cobaye.
11 est incontestable, étant donnée la conduite de l'expérience, que c'est
SÉANCE DU ÏL[ MAI 1 C)o6. I I o3
bien par la voie intestinale que se sont constituées les lésions d'adénopa-
thie trachéo-bronchique relevées à l'autopsie. Malgré l'extrême jeunesse
des sujets, l'infection pulmonaire a pu évoluer sans qu'il se fasse de
lésions mésentcriques.
Tout comme celle de l'adulte, la tujjcrculose pulmonaire pure du jeune
sujet, considérée comme primitive et d'inhalation, peut résulter d'une infec-
tion intestinale. Moins que jamais, l'on n'est autorisé à regarder la tuber-
culose pulmonaire comme résultant de la seule inhalation de poussières
virulentes.
L'expérience qui précède, oii les conditions naturelles de l'allaitement
entrent seules en jeu, a une valeur jiarliculièrement probante à ce point
de vue. Nul ne peut prétendre que les choses se passent différemment chez
le jeune herbivore et chez le jeune enfant. L'on s'expliquerait ainsi la fré-
quence de l'adénopathie trachéo-bronchique tuberculeuse, constatée chez
les enfants de tout âge, morts incidemment, et l'on est très porté à consi-
dérer, modifiant en cela l'inpollièse de Behring, (|ue maintes tuberculoses
pulmonaires de l'adulte procèdent du réveil d'altérations tubei'culeuses des
ganglions bronchiques consécutives à une infection par les voies digestives
dans le jeune âge, non exprimée par des adénopathies mésentériques.
GÉOLOGIE. — Les leriasses de la vdlléc du Rhône en aval de Lyon.
Note de ^L de L.imothi::.
J'ai retrouvé le long de la vallée du Rhône, en aval de Ljon, des traces de
la plupart des niveaux de terrasses découverts par moi dans la vallée de
risser (Algérie), et dont j'avais en igoi démontré la concordance avec ceux
de Valence, de Bàle et de la Haute-Moselle ('). J'énumère brièvement les
principaux lambeaux observés, en indiquant leur allitude relative lors(jue
celle-ci a pu être déterminée avec une précision suffisante.
Niveau de l'io™. — ■ C'est le niveau le plus reiiiarquableiuent développé ; il est jalonné
du Sud au Nord parles lambeau-x de Générac (i/jï""), d'Estézargues (i4i-i44°')j de
(') De Lamothe. Étude comparée des systèmes de terrasses de flsser, de la Moselle, du
Rttôneetdu Rhin (B .S.G.F. \, I, lyoi). — Sur le râle des oscillations euslatiques du niveau
de base dans la formation des systèmes de terrasses de quelques vallées [Comptes rendus ;
lo juin igoi).
C. R., 1906, 1" Semestre. (T. GXLII, N° 20) 14^
IIo4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Trignan et de la fonlainc do Mazade près Sainl-Mai'cel d'Ardèche (iSj™ environ), de
IMont-Jean et de Bellevue près Bourg-Saint-Aiidéol (i33'" environ), du télégraphe de
Vajence (iSS™ environ), de Ghâteaubourg, de Vienne où le Rhône près de Seyssuel a
laissé des traces d'un lit de i 'lo"', et enfin de Dardilly (i4j'").
Niveau de loo'". — Terrase de Pujaut au nord d'Avignon (yS™ environ), célèbre par
ses quartzites à facettes, de la forêt de Clary (u)2'" environ), de Chateauneuf-du-Pape
(102-107"), de Montéliiuar, de FouUouze près Valence, de ÎMontbreton près Saint-Rani-
bert, de Vienne (rive droite), du cimetière de Givors (ii)3"), du ÎMorzes (100'").
NU'eau de ùi"'. — ■ Terrasses de Saint-Joseph à Pont-Saint-Esprit (55""), de Saint-
Marcel d'Ardèche (5/,"'), de Bourg-Saint-Andéol (S/i"'), du séminaire de Valence (46"'),
de Charnbalud, près Saint-Rambert, de Loire (5^°'), de Chasse (jj"). Celle dernière se
lie à des terrasses de même altitude relative qui bordent la vallée du Garon et correspon-
dent à un ancien cours du Pihône contemporain de l'époque où le fleuve passait par
Tassin (56'").
Niveau de io"^. — Il est bien marqué à Saint-Just près Sainl-^Iarcel (■*()■"), à Valence
(terrasse de la ville), à Saint-Ramberl ('io-'îi"'), au Péage de RoussiUon, à Chasse (■■47'").
Niveau de i5-2o'". — Il est jalonné par les terrasses de Saint-Gilles (17™), de l'Ar-
doise (17™), de Pont-Saint-Esprit (iS-iG"), de Sainte-Colombe (17™), de Villeurbanne
(■7-'8-")-
L'indépendance et l'individualité de ces divers niveaux résultent aussi de ce fait que
sur un grand nombre de points (Saint-Marcel, Valence, Saint-Rambert, Givors, etc.),
ils se succèdent les uns au-dessus des autres, avec des altitudes relatives sensiblement
égales et comparables.
Au-dessus du niveau de i '|C'"\ il existe des traces d'anciennes alluvions alpines, à des
altitudes relatives très variables : 200"' à Avignon, 275"' au Signal de Barry, i85™ à
Soyons, 309™ à Crussol, 2G6™ à Ghâteaubourg, ado"' vis-à-vis Saint-Ramberl, 187"" à
Montagny. Mais ces données sont encore trop peu nombreuses pour permettre de pré-
ciser les niveaux auxquels peuvent correspondre ces lambeaux; d ailleurs la plupart se
trouvent entre Valence et Lyon, et il n'est pas impossible qu'ils représentent les débris
des anciens cônes de déjection de 1 Isère.
Il résulte, en tout cas, des faits déjà acquis, c[ue les terrasses des envi-
rons de Lyon, de Saint-Rambert et de Valence, au lieu de plonger rapide-
ment vers l'aval et de s'effacer à une faible distance de la limite des anciens
glaciers, s'étendent jusqu'à la mer en conservant les mêmes altitudes rela-
tives, comme je l'avais indiqué dès 1901. Si l'on remarque en outre que
MM. Sevastos et Schaffer ont récemment retrouvé dans le bassin du
Danube la série des niveaux de Tisser, on est fondé à admettre : 1° que les
déplacements du niveau de base à partir du Pliocène ancien et sous les
réserves que j'ai faites en 1901, ont été concordants dans toute l'étendue
SÉANCE Dl l4 MAI I90G. IIo5
du bassin de la Méditerranée; i" que la formation des terrasses est liée
exclusivement à ces déplacements, et qu'elle est par suite complètement
indépendante des oscillations des glaciers ; 3° enfin, que l'on doit retrouver
sur la rive nord de la Méditerranée les mêmes lignes de rivage que sur la
côte algérienne.
GÉOLOGIE. — • Sur les relations tectoniques et stratigraphiques de la Sicile et
de la Tunisie. Note de M. Éhile Haug, présentée par ^I. ^lichel Lévy.
Dans les dernières séances de l'Académie, MM. Lugeon et Argand ont
présenté, sur les nappes de charriage de la Sicile, deux notes d'un intérêt
capital, qui éclairent d'un jour tout nouveau la question si délicate des
relations tectoniques pt stratigraphiques de la Tunisie et de la Sicile.
Lorsque l'on tente de raccorder, comme l'ont fait Coquand et ]M. Suess,
les zones de plissement des deux pays qui se font face des deux côtés de
Méditerranée, on éprouve des difficultés ([ui sont à la fois d'ordre strati-
graphique et d'ordre tectonique.
J'ai montré antérieurement (') que la direction des plissements dans le nord-est de la
Tunisie s'opposait à un raccordement E.-O. des lignes directrices entre les deux
terres voisines. Les plis du nord-est de la Tunisie sont en effet orientés S. O.-N. E.
ou N.-S., ceux de la Sicile occidimtale et des îles Egades sont, par contre, dirigés
N. O.-S. E. Si par la pensée nous prolongeons ces plissements jusqu'<à leur rencontre,
nous constatons qu'ils se couperaient sous un angle aigu. « Si nous supposons qu'ils se
« raccordent réellement, nous sommes obligés d'admettre qu'ils décrivent une courbe à
« rebroussement, dont l'angle de rebroussement, très aigu, est ouvert vers le Sud, ce
« qui serait tout à fait insolite dans les régions circumraéditerranéennes. » Telle était ma
conclusion de ii)ni (-). Depuis, le troisième volume de la Face de la Terre de M. Suess
nous a montré la généralité des rebroussements dans les Dinarides. L'existence d'un
raccordement de cette nature entre les plissements de la Sicile et ceux de la Tunisie n'a
donc rien qui doive nous surprendre, d'autant plus que la bissectrice de leur angle de
rebroussement est jalonnée par les îles volcaniques de Pantellaria et de Linosa.
C'est d'ailleurs une loi générale que les arêtes de rebroussement constituent des lignes
(*) Emile Haug. Sur (/nelques points t/icoriqiies relatifs à In géologie de la Tunisie
l^A. F. A. S. Congrès de Saint-Etienne, iSyy, p. 366-3^6).
(-j Id. Géologie de la Sicile. In En Sicile, Guide du savant et du touriste, publié sous
la direction de Louis Olivier. Paris, 1891, p. '3^.
II06 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de volcanisme intense (') et cela non seulement dans les Dinarides (mer Morte, golfe
Persiquè ; Maldives, Laquedives et Chagos, dans l'angle formé par l'arc iranien et par
l'arc himalayen), mais encore dans plusieurs chaînes anciennes (chaîne des Puys,
dans 1 angle des plis armoricains et des plis varisques (-) ; ligne Cameroun-Annobon,
dans langle du golfe de Guinée ; fossé de Christiania, suivant l'arête de rebroussement
des plissements antécambriens).
La ligne volcanique Pantellaria-Linosa correspondrait donc à la jonction (Sc/iaa-
rung) de l'Atlas et de l'arc des Dinarides qui contourne le massif ancien de l'Aspro-
monte et des monts Péloritains.
INIais la comparaison des terrains sédimentaires qui constituent ces deux « guirlandes »
fait ressortir immédiatement de profondes différences. Ainsi on constate l'absence
totale en Tunisie du Permien à Céphalopodes, du Trias alpin, du Jurassique moyen
(couches de Klaus), des calcaires à Terebratula janitor, de l'Urgonien, du Cénomanien
et du Turonien à Rudistes, qui comptent parmi les termes les plus caractéristiques de
la série sédimentaire de Sicile. Inversement, on ne connaît pas en Sicile le Sénonien
vaseux et les grès de Numidie oligocènes, si développés l'un et l'autre en Tunisie. Par
contre, on retrouve dans les deux régions le Lias moyen à Terebratula Aspasia, l'Argovien
à Peltoceras transversariwn et le Tithonique à ElUpsactinia. Le Néocomien à Céphalo-
podes, que l'on rencontre dans les pays de l'Atlas, depuis l'Oranie jusqu'à Ham-
man Lif, a été signalé également dans la Sicile méridionale. Le Cénomanien à « faciès
africain » repose en transgression sur les terrains cristallophjlliens dans les monts
Péloritains et en Calabre.
Or ce sont précisément les terrains, attribués par INOI.Lugeon et Argand
aux nappes charriées, qui manquent en Tunisie; les terrains autochtones
de Sicile semblent, en revanche, présenter de grandes affinités avec ceux
des pays de l'Atlas.
Dans ces conditions, on doit supposer que les nappes cliarriées, dont la
Sicile a conservé des témoins^ n'ont, laissé aucune trace en Tunisie. Elles
existaient peut-être au-dessus de la série autochtone, mais l'érosion en
lurait fait disparaître les derniers vestiges.
Ce qui me conduit encore à admettre leur ancienne existence, c'est le
fait, si bien mis en lumière par les travaux de M. Pervinguière, que le
Trias lagunaire de la Tunisie se trouve en contact avec des terrains quel-
conques de la série sédimentaire. Il y a eu à son niveau comme un décol-
lement sous l'action de poussées tangentielles agissant en surface, de
Cj Id. Les géosynclinaux et les aires coniinenlales (^Bull. Soc. géol. Fr., 3" série.
t. XXVIII, 1900, p. 677).
(-) A. MiCHEL-LÉVY. Sur la coordination et la répartition des fractures, etc. (Ibid.,
3" série, t. XXVI, i8;>8, p. 11 5).
SÉANCE DU l4 MAI I906. IIO7
sorte que les terrains supérieurs au Trias se seraient plissés indépen-
damment de leur soubassement.
GÉOLOGIE. — La racine de la nappe silicienne et Varc de charriage de
la Calahre. Note de MM. Maukice Lugeo:v et Emile Arga\d, pré-
sentée par M. Michel Lévy.
Dans toute la partie occidentale de la Sicile une grande nappe de recou-
vrement, qui comprend également l'archipel des Egades et les Madonie,
prend racine au Nord sous les eaux de la mer Tyrrhénienne(').
A l'est des Caronie, nous constatons le dernier lambeau de recouvrement
de S. Fratello reposant sur les argiles de l'Eocène inférieur. Immédiate-
ment à l'est de cette localité se développe le grand régime des phyllades,
supposés siluriens, recouvert de témoins de terrains secondaires épargnés
par les transgressions de l'Eocène inférieur qui forment d'épais amas de
marnes, de grès et de conglomérats.
11 n'est pas certain que la grande nappe sicilienne se rattache au lambeau
le Fratello et par celui-ci à la zone des phyllades et, en conséquence, aux
ilonts Péloritains, mais un phénomène aussi grandiose se comprendrait
(li.licilement sans un entraînement du substratum cristallin ; sinon la nappe
pourrait alors se continuer en Calabre par la ligne de contact anormal qui
passe près de Castrovillari.
Une série de phénomènes assez paradoxaux nous entraîne à penser que
la nappe sicilienne s'enracinait dans une chaîne cristalline courant au nord
de la Sicile et dont les Monts Péloritains, l'Aspromonte et la Silla ne repré-
sentent que les restes.
Au sud-est de l'Etna, dans le Monte Judica existent des lambeaux de
terrains secondaires, accompagnés de leurs inséparables argiles de l'Ec-
cène moyen. Plusieurs de ces affleurements, comme celui du M. Turcisi,
paraissent être de simples écailles qui font l'impression d'être nettement
enracinées, mais la discontinuité de lambeaux triasiques entre Giardinelli
et Stanganella, montre qu'il s'agit de lentilles qui devaient être primitive-
ment enveloppées complètement dans les argiles de l'Eocène moyen. Ce
sont donc des restes de la grande nappe de charriage sicilienne. Celle-ci
s'étendait, en conséquence, sous tout le territoire occupé par l'Etna.
(') Comptes rendus, l'i et io avril i9<j(i.
II08 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Cette conclusion, tirée de la lecture de l'admirable carte géologique de
la Sicile ainsi que de l'importante et très remarquable monographie due à
M. Baldacci(^), nous oblige à chercher la racine de la nappe sicilienne dans
les flancs méridionaux des monts Peloritains.
Or, en suivant le bord sud des phyllades, qui est le prolongement occi-
dental des Monts Peloritains, nous voyons que la carte géologique présente
une bande d'argiles de l'Eocène inférieur sur laquelle sitniagenl, de place
en place, des lambeaux de terrains secondaires, détachés, pour ainsi dire,
de la zone des phyllades. Le M. Gazani, le M. Mojele et le M. Gorona, h
quelques kilomètres au sud de Galati, sont des exemples typiques. Plus à
l'est, dans la vallée de Roccella, nous constatons encore une étroite bande
liasique et silurienne, supportée également par les argiles de l'Eocène
inférieur, sous lesquelles on voit apparaître, à l'est de Mojo, de l'Eocène
moyen. Celui-ci s'enfonce également, entre Mojo et Francavilla, sous
l'Eocène inférieur du faciès péloritain.
La zone des pliyllades qui chevauche sur VEocène moyen, par F intermé-
diaire d'un coussinet d'argiles scallieuses de l'Eocène inférieure, représente
V amorce de la racine de la grande nappe sicilienne.
Aucune trace de cette nappe n'est visible entre la zone des phyllades et
les lambeaux du M. Judica. Cette discontinuité est plus grande que celles
que l'on observe dans l'ouest de l'île, mais il ne nous étonnerait point qu'un
jour de grands lambeaux d'Eocène inférieur à faciès péloritain, isolés dans
l'Eocène moyen, à l'est de l'Etna ("), fussent considérés comme des restes
de la nappe.
La marche vers le Sud, dans les Monts Peloritains, est témoignée par
d'autres phénomènes, ainsi le chevauchement possible des gneiss anciens
sur les phyllades, mais ces phénomènes paraissent d'un ordre dilTérent.
Si la zone des phyllades est bien charriée, ainsi que paraissent le témoi-
gner les levés de nos confrères italiens, il devient évident que le phéno-
mène doit se propager vers l'Est, et que tant l'ensemble de l'arc cristallin de
la Calabre doit être considéré comme un arc de charriage.
Cet arc s'est avancé dans les argiles de l'Eocène moyen; les transgres-
sions miocènes n'ont pu l'abattre, pas plus qu'elles n'ont pu détruire entière-
(') L. BaldAcci, Dcscrizionc gcologicn cleW Isola di Sicilia {Memorie (icscritti\'C delln
Cartn geologica it'Ilalin. Vol. I, 1886).
(-) Sur les feuilles « Etna » et « Nicosia » de [ Attas géotogique de Sicile.
SÉANCE DU l4 MAI I906. IIO9
ment la grande nappe sédinaentaire de recouvrement dans la Sicile occi-
dentale.
Nous croyons voir une confirmation de notre hypothèse dans les nom-
breuses failles décrites par M. Cortese dans l'extrémité sud de la Calabre.
Nous pensons que ces failles qui longent le massif cristallin de TAspro-
monte, celles de Policastrello, de Pietrapaola, d'Antonimina, de Branca-
leone, etc. sont des failles de chevauchement.
Vers l'Ouest, l'arc de charriage calabrais se prolongeant par les Monts
Péloritains, se continuait au nord delà Sicile, conséquence forcée de notre
hypothèse sur la nappe de la Sicile occidentale, et allait peut-être rejoindre
les masses cristallines du nord de l'Algérie. Vers le Nord, les terrains
cristallins de l'arc s'enfoncent sous les sédiments secondaires et éocènes
de la Basilique. Il devient évident que de grandes conséquences doivent
en découler et nous ne serions pas surpris si de grandes nappes de char-
riage étaient tôt ou tard découvertes dans les directions que nous indiquons.
OCÉANOGRAPHIE, — Sur lute iiiélhode de prélèvement de Veau de mer destinée
aux éludes bactériologiques, par MM, P. Portier cl J. Richard.
L'appareil se compose d'une ampoule cylindrique de verre vert A, de
86 centimètres de longueur et de i6 millimètres de diamètre, à parois
suffisamment épaisses pour résister à des pressions de 600 atmosphères
et plus.
Cette ampoule se prolonge en bas par un court tube capillaire b a. et en
haut, par un long tube capillaire trois fois recourbé c d e fgh{^).
On introduit une goutte d'eau dans l'ampoule A; on ferme à la lampe a,
puis on réunit le long tube capillaire à luie trompe à mercure; lorsque le
vide est obtenu, on ferme à la lampe en h. Le tube vide d'air est alors
stérilisé à l'autoclave à 120°; ilest prêt à servir.
On l'introduit dans une boite métallique à l'intérieur de laquelle il
est fixé par des fils de cuivre de telle manière que la pointe g h soit tournée
('j Sur la figure les coudes successifs du long tube capillaire ont été écartés les uns
des autres afin de rendre le dessin plus clair. En réalité, ils sont rapprochés les uns des
autres et appliqués sur l'ampoule A. La fragilité de l'appareil et son volume sont ainsi
diminués. La coupe de l'appareil {fig. i en haut) rétablit les rapports véritables des
différentes parties.
I I lO
ACADÉMIE DES SCIENCES.
vers le haut et sorte à l'extérieur de la boîte (fig. 3). L'appareil fixé sur
le fil de sonde est descendu dans cette situation à la profondeur choisie; à
ce moment, on libère (^) de toute entrave la boîte métallique qui est siis-
Pôsiùtin Tiormale^
ries tuhcs
A®
Fip
Fig.
Fii!
pendue par un collier situé au-dessous de son centre de gravité ; elle se
renverse, et, dans ce mouvement, le tube- capillaire f h vient frapper sur
(') Soit par le jeu d'une hélice, soit par l'envoi d'un messager le long du fil de sonde.
SÉANCE DU l4 MAI I906. IIII
un couteau métallique en un point g qui porte un rétrécissement; il se
brise en ce point et Teau de mer se précipite dans l'appareil vide qu'elle
remplit (fig. 4)- On remonte l'instrument; à mesure qu'il se rapproche de
la surface, il se réchauffe, et la pression diminue, ce qui l'ait qu'une partie
de l'eau contenue dans l'ampoule sort peu à peu en g. Le courant de sortie,
et, d'autre part, la longueur du tube capillaire recourbé s'opposent pendant
le retour de l'appareil à toute contamination du liquide de l'ampoule par
l'eau de mer environnante. Des expériences de contrôle ont rigoureuse-
ment établi ce l'ait.
Une fois l'appareil à jjord, on donne un trait de lime sur le tube a, on
brise sa pointe, et on la ilanibe, puis on adapte sur ce tube un appareil
stérilisé représenté à la partie inférieure de la figure (2). On donne ensuite
un trait de lime en cl, on casse le tube capillaire en ce point, et on
rejette les sinuosités d e f ^ h. On llambe d, et on adapte sur lui un tube
de verre bourré d'ouate, le tout stérilisé.
En pressant sur la pince à pression continue, on peut à l'abri de la petite
cloche, transvaser le liquide de l'ampoule A dans une série de tubes de
culture sans craindre aucune contamination (le tube m laisse rentrer dans
l'ampoule de l'air stérilisé par filtration).
Tel est le dispositif que nous avons adopté après des modifications
successives de notre appareil primitif auxquels nous ont conduits de
multiples essais effectués au cours de plusieurs campagnes du yacht
Princesse Alice. Sous sa forme actuelle, l'appareil permet de prélever
de l'eau aux plus grandes profondeurs sans aucun danger de contamina-
tion.
Les principaux résultats de ces recherches seront prochainement
publiés.
HYDROLOGIE. — Sur les grandes crues de saison froide dans les bassins
de la Seine et de la Loire. Note de M. Ediuoivd Maillet, présentée par
M. Maurice Lévy.
Bassin de la Seine. — Si l'on range les totaux de pluie moyens des
saisons chaudes (i" mai-i"' novembre) dans ce bassin ('), de 1874 à 1904
(') Totaux extraits des Résumés annuels du service In/droinétrique central du bassin de
la Seine (moyennes dites géométriques de 128 stations).
G. R., iyo6, !«' Semestre. (T. CXLII, N» 20) I 46
II 12 ACADEMIE DES SCIENCES.
inclus, par ordre de grandeur croissante, et si J'on met en regard les
cotes maxima de la Seine à Paris-Austerlitz et Mantes dans la saison froide
suivante (i*"' novembre-i" mai), on observe ce fait remarquable que les
8 plus forts maxima (au moins S'^jOo et 6™, 42 respectivement) sont dans la
deuxième moitié du tableau comprenant les saisons chaudes, au nombre
de i4, où le total des pluies a été supérieur à la moyenne de 38o""" ;
même, 6 d'entre eux sont dans les 7 dernières lignes du tableau.
En vue d'arriver à vérifier une loi analogue pour la haute Seine et les
affluents de la Seine, on peut, à cause des difl"érences relativement faibles
de régime pluviométrique général dans les divers bassins, se borner à
comparer les mêmes totaux de pluie que précédemment et les cotes
maxima des saisons froides suivantes pour chaque bassin : j'ai donc ins-
crit ces cotes dans le même tableau pour l'Yonne à Sens, la haute Seine
à Bray, la Marne à Ghalifert et Damery, l'Oise à Venette, l'Aisne à Ponta-
vert, le Grand-Morin à Pommeuse (près Coulommiers), la source de
Cérilly (Vanne, le débit maximum de novembre à juillet remplaçant ici la
cote maxima de saison froide), etc.
On trouve alors dans la 2" moitié du tableau, surtout dans les der-
nières lignes, au moins les 4 plus forts maxima, avec une seule excep-
tion pour la haute Seine : parmi ses 7 plus forts maxima, un est dans la
i"= moitié. Pour Cérilly, les 5 plus forts débits sont dans la 1" moitié, les
10 plus faibles dans la i'°. La loi est bien nette pour le Grand-Morin : les
10 plus forts maxima sont dans la 2° moitié, 6 d'entre eux dans les 6 der-
nières lignes.
J'explique ainsi ce fait pour le Grand-Morin : les fortes pluies de la
saison chaude entretiennent l'imbilîition du sol et peuvent conlriljuer à
réaliser de bonne heure et plus uniformément le point de ruissellement.
Celui-ci étant atteint plus tôt, la période dangereuse de la saison froide,
celle où des pluies sérieuses de quelques jours peuvent réaliser une crue
notable, se trouve allongée. L'étendue des terrains saturés a aussi chance
d'être plus considérable, et la saturation y est plus complète. Dès lors,
après une saison chaude pluvieuse, une grande crue est plus probable.
L'inverse a lieu à la suite dune saison chaude sèche.
Bien entendu, ces raisonnements, plus ou moins modifiés, peuvent
s'étendre à une foule d'autres bassins ou de sources. On voit de même
que, pour un grand l)assin formé, comme le bassin de la Seine à Paris, de
divers bassins partiels, en tenant compte des petites inégalités de régime
SÉANCE DU l4 MAI I906. IIl3
pluviométriqiie de ces bassins partiels, rexactitude de la loi est, en géné-
ral, d'autant plus probable que le bassin est plus grand.
Bassin de la Loire. — H y 'i intérêt à étendre plus ou moins ces résul-
tats à d'autres bassins que celui de la Seine. J'ai déterminé pour le bassin
de la Loire les moyennes des totaux de pluie de chaque saison chaude
pour 10 stations de 1872 à 1897 inclus, et j'ai formé un tableau analogue
au précédent, en considérant la Loire à Tours, Saumur et Nantes, l'Allier
à Moulins, le Cher à Noyers, la Vienne à Ghàtellerault. Ce tableau étant
divisé en deux parties égales, à Nantes, les 8 plus forts maxima sont dans
la 2" moitié, 5 d'entre eux dans les 5 dernières lignes ; à Saumur, la loi
est analogue (6 maxima au lieu de 8) ; de même pour la Vienne et le
Cher.
A Tours, à l'amont du confluent de ces deux rivières, on obtient des
résultats semblables, avec une exception; de même pour l'Allier ('). La
région de la Loire supérieure et de rAllier est d'ailleurs, pour une part
importante, comprise dans le Massif central, très montagneuse et imper-
méable; le régime pluviométrique et les pentes n'y sont plus les mêmes
que dans le reste du bassin de la Loire et le bassin de la Seine; la saison
froide y est beaucoup moins pluvieuse que la saison chaude, où les crues
les plus fortes ont souvent lieu.
HYDROLOGIE. — De la minéralisation des eaux souterraines et des causes
de sa variation. Note de M. F. Die\'ERT, présentée par M. A. Carnot.
Les eaux souterraines rencontrent dans le sol des éléments solubles et
dont la solubilité est augmentée par suite de la présence du gaz carbo-
nique. Ainsi le carbonate de chaux, la silice, peu solubles dans l'eau pure,
le sont beaucoup plus en présence de ce gaz.
Dans un sol déterminé, poiu- une certaine pression de gaz carbonique,
les eaux souterraines renferment une proportion déterminée de corps dis-
sous dont on peut apprécier la quantité au moyen de la conductibilité élec-
trique. Lehnert, Th. MuUer, Pleissner ont utilisé la méthode de Kolhrausch
pour faire la mesure de la minéralisation des eaux souterraines.
(') Ces résultats subsistent quand on ne tient compte que des pluies des cinq stations
pluvioniétriques d amont.
IIl4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Depuis 1903 nous avons utilisé cette méthode pour suivre journellement
la composition des sources captées par la Ville de Paris. Nous connaissons
ainsi très rapidement les variations de la composition minérale de ces
eaux et, pour compléter notre surveillance, nous en recherchons les
causes.
Ce moyen est beaucoup plus sensible que l'analyse chimique. Des varia-
tions de 5o ohms de résistivité, très nettement décelées avec l'appareil de
Kohlrausch donnent, à l'analyse chimique, des résultats incertains parce
qu'ils demeurent dans la limite des erreurs possibles.
Au commencement de ces études nous fûmes obligés de faire une hypo-
thèse provisoire. Nous admettions, qu'en temps normal, la minéralisation
des eaux de source est constante ou varie très peu (20 à aS ohms au
maximum). Toutes les fois que nous trouvions une variation supérieure,
elle tenait pour nous à une cause qu'il s'agissait de déterminer.
Pendant ces trois années d'études nous nous sommes assurés que notre
hypothèse, formulée à titre provisoire, était bien l'expression de la réalité.
En voici la démonstration :
Aux sources de l'Arve il existe une source qui est constante comme débit, température
et limpidité : c'est la source du Breuil. Or depuis trois ans, en temps normal, c'est-à-dire
en dehors des périodes de crue, sa résistivité électrique évaluée en ohms à 18° s'est
maintenue entre 2.695 et 2.720 ohms. De même à la source de la Dhuys la résistivité se
maintient à l'état normal comprise entre 2.120 et 2.140 ohms. Aux sources du Loing et
du Lunain la majorité des eaux a conservé depuis deux ans une minéralisation très
constante :
S. du Lunain (Saint-Thomas et Le Coignet). . 2..35o à 2.3^5 ohms.
S. de Nemours (Chaintréauville et La Joie) . . 2.730 à 2.7G() —
S. de Bourron (Bignon) 2,3/,o à 2.3j() —
Il existe donc des sources qui ont une minéralisation aussi constante
qu'il est possible de l'imaginer dans des circonstances aussi complexes.
Il est à remarquer que toutes ces sources sont excessivement pures et ne
renferment généralement pas de bacilles du (iôlon quand leur résistivité
se maintient constante. Toute variation de résistivité supérieure à 20 ou
25 ohms a donc une cause. A la suite des nombreuses études faites sur ce
sujet depuis deux ans nous divisons ces causes de variation en deux caté-
gories : la première comprend les causes ayant pour origine une variation
dans le régime hydrologique souterrain, la deuxième (^omprend les infil-
trations d'eau superficielle.
SÉANCE DU 1^1 MAI I906. IIl5
Ainsi aux sources de TArve la source des Graviers sest troublée subitement le
■^9 janvier 1906. A ce moment il n'y avait aucune pluie qui pût produire cette altération
de la limpidité. La résistivité électrique monla immédiatement de i.SoH olmis à .'(.oSci le
lendemain. Au bout de 71* heures la résistivité et la limpidité de leau était revenue à ce
qu'elles étaient avant le 28 janvier. Un accident souterrain (effondrement très probable-
ment) avait été la cause de cette variation de résistivité.
A la source du Breuil la résistivité des différentes émergences n'est pas partout iden-
tique. En allant de lamont vers l'aval on la voit augmenter régulièrement de -2.635 à
■i.']-\î> ohms. Quotidiennement nous ne prenons que le mélange de toutes ces eaux. Il
arrive que par suite d'effondrements souterrains les débits de quelques-unes de ces
émergences varient, d'où des variations de résistivité.
A la fin de juin iyo3 on a mis à sec le canal du Loing. Peu de temps après, le débit
de la source de Chaintréauville, voisine de ce canal, baissa rapidement. Sa résistivité
descendit également rapidement de 2.760 ohms à 2.710 ohms. Une expérience récente,
faite avec la fluorescine, nous a montré qu'à la suite de l'abaissement du niveau de cette
source, des eaux ayant une résistivité voisine de 2.600 ohms venaient ressortir à la
source de Chaintréauville, d'où variation de sa résistivité. Tous ces exemples intéres-
sent les changements qui surviennent dans l'hydrologie souterraine.
L'arrivée d'eau superficielle a souvent une influence beaucoup plus sensible sur la
résistivité électrique. Ainsi aux sources de l'Arve, au moment des crues, la résistivité
monte de 2.800 ohms à 4-5oo et même 5. 000 ohms; à la source delà Dhuys elle augmente
de i5o à 200 ohms, et à certaines sources de la Vanne de 5o à -200 ohms. Généralement,
en même temps que la résistivité augmente, la limpidité des eaux s'altère.
Comme an point de vue de l'hygiène Tune et l'autre de ces causes de
variation n'a pas la même importance, il faut pouvoir les distinguer. Il est
alors nécessaire de rechercher en même temps quantitativement le h. coll
communis.
Toute arrivée d'eau superficielle se produit dans la cjuinzaine qui suit une pluie. La
résistivité électrique angmente ainsi que le nombre des germes du côlon et le débit.
Au contraire, une variation dans l'hydrologie souterraine se produit à toute époque
de l'année. Elle peut être accompagnée d'une augmentation des germes du côlon, mais le
cas est rare. La résistivité diminue le plus souvent ainsi que le' débit, dans d'autres cas
la résistivité augmente tandis que le débit et le nombre des germes du côlon diminuent ;
si, comme pour le cas d'une arrivée d'eau superficielle, la résistivité augmente ainsi
que le débit et le nombre des germes de b. coli communis, on peut être certain que cette
variation sera de très courte durée (2', ou '|8 heures) dans le cas d'un changement dans
le régime hydrologique.
Il se présente quelquefois des cas où les deux causes se superposent.
IIl6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
SPÉLÉOLOGIE. — Sur les Aba miels, de Nismes [Belgique). Noie de
MM. E. A. Martel et E. Vax de\ Brofxk, présentée par M. Albert
Gaiidry.
En 1894, l'un de nous [Les Abîmes, p. aâj), formulait explicitement cette
hypothèse que certaines poches àphosphorite du Quercy « sont des avens,
bouchés par la précieuse substance... et déjà ouverts béants au commen-
cement de l'époque tertiaire ».
Basée sur les observations de Daubrée, Péron et Filhol, et sur les pre-
mières explorations scientifi([ues d'abîmes, effectuées de i888 à 1894 avec
Gaupillat et de Launay, cette hypothèse a été formellement adoptée et con-
firmée par les éludes et publications ultérieures de ]MM. Boule [Bull. Soc.
GeoL, i5 mai 1899, p. 359), Fournier [Bull, de la carte géologique, n° 78,
juillet 1900, p. 3), Thevenin [Bull, de la carte géologique, n° 93, 1903),
Viré [Congrès Soc- Sav., 1905, Sciences, p. 67). Pour ces quatre auteurs,
les poches à phosphorites représentent bien les gouffres et cavernes des
Causses à l'époque oligocène.
Au cours de nos recherches communes, dans le sous-sol delà Belgique,
nous venons (fin octobre 1905), avec MM. Rahir, Maillieux et L. Bayet,
de rencontrer, sur cette nouvelle notion géologique, une autre preuve,
d'autant plus intéressante qu'elle est privée en fait du concours matériel
de la Paléontologie.
Sur les plateaux calcaires de Nismes et de Couvin, l'examen, qui n'avait pas encore
été fait, des excavations naturelles, et verticales, connues sous le nom local d'.-lZ'«n/!e/.î,
nous a révélé que ces trous existaient certainement avant les dépôts de remplissage de
l'étage tongrien et qu'ils forment des abîmes antérieurs à l'époque de l'Oligocène inlé-
rieur.
Les Abannets sont, en effet, de nos jours, de vastes entonnoirs, à orifice horizontal,
pareils aux avens-types ; ils sont ouverts sur les pentes supérieures et les sommets des
plateaux enti'e 'io et 70 mètres au-dessus des thalwegs actuels, dans le calcaire givétien
(Dévonien moyen). Certains ont plus de 100 mètres de diamètre et dépassent io mètres
de profondeur. Tous ont été (on en a les preuves historiques), depuis l'époque hallstat-
ticnne jusque vers iH',o, l'objet d'activés exploitations minières pour l'extraction de la
limonite et des sables qui en obstruaient le fond. Or, ces sables sont les témoins indiscu-
tables d'une grande nappe oligocène, nettement caractérisée, dont les vestiges épars se
retrouvent, nombreux, dans la contrée. Plusieurs géologues veulent même vieillir ces
dépôts sableux jusqu'au Landénien (Eocène), alors que d'autres en font du Boldéricn
(Miocène).
P'un autre côté, les parois calcaires des Abannets neuoyés, portent les marques aussi
SÉANCE DU l4 MAI I906. III^
évidentes que profondes des dissolutions et érosions pratiquées par les eaux absorbées
avantle remplissage. La similitude avec l'intérieur, des abîmes normaux d absorption,
est aussi parfaite que possible.
Avant l'Oligocène inférieur, un régime fluvio-lacustre, au moins Eocène, a sûrement
fait fonctionner les Abannets, comme points absorbants de grandes masses d'eau,
comme des captures souterraines pareilles à celles qui subsistent encore, mais de plus
en plus réduites, dans la plupart des régions calcaires.
Beaucoup d Abannets sont brusquement arasés à l'ouverture, sectionnés par la puis-
sante dénudation, qui en a emporté la partie supérieure, postérieurement aux temps
éocènes continentaux, ainsi qu'achèvent de le prouvei- les dcjnnées de la tectonique régio-
nale.
La plupart des poches à phosphorites du Quercy offrent le même caractère.
Les phénomènes hydrologiques du calcaire devaient s'épanouir autrefois avec une ampleur
à peine soupçonnable aujourd'hui . Aussi est-ce de temps absolument reculés, entre le
début du grand ridemcnt post-houiller et la lin des temps secondaires, qu'on peut dater,
avec de grandes chances de certitude, la formation initiale des Abannets. Favorisée par
la fissuration tectonique intéressant toute une série d'anticlinaux calcaires, ce fut surtout
1 érosion mécanique qui façonna le réseau de ces abîmes.
La limonite obstruant les Abannets s'est formée, postérieurement au remplissage
tongrien, par corrosion des parois calcaires, et par mise en liberté du carbonate de fer,
prol)ablement aussi par altération et oxydation de la glauconie des dépôts sableux de
remplissage.
Elle a bouché, comme un culot, les orifices d'échappement ancien et inférieur des
gouffres, qu'on a ensuite artificiellement vidés.
11 ne serait pas impossible, quoique coûteux, d achever de déboucher les orifices pour
rechercher les relations cjui continuent de nos jours (en ce qui touche lengouffreuient
des eaux d'orages) entre les Abannets et le réseau hydrologique souterrain actuel ;
celui-ci s'étend notamment sur 1 roo", sous le plateau dit : Pont d Avignon, depuis
ÏArluf;eois ou perte de l'eau Xoire près Couvin, jusqu à la résurgence de INisraes, avec
Jalonnements par plusieurs Abannets.
En résumé, les Abannets ne sont que les has-l'onds de points d'absorp-
tion d'eaux courantes, remontant à une anti(jiiité considérable. Ces eaii.x
coulaient bien entendu à tin niveau beaucoup plus élevé que celui des pla-
teaux actuels ; on ne saurait tenter d'évaluer ce niveau, qui s'est abaissé au
fur et à mesure de la décapitation, aujourd'hui complète, de l'ancienne
Ardeniae, jadis colossalement plus élevée que de nos jours.
Ainsi les Abannets, curiosité hydro-géologique et paléo-géographique
de la plus grande importance, sont une irréfutable preuve additionnelle :
i" De l'ancienneté très reculée du cavernement des calcaires.
2° D'une continuité absolue dans l'enfouissement souterrain et la réduc-
tion progressive des eaux courantes extérieures.
1 1 1
8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. K. PoPOFF adresse une note intitulée : Nouvelle méthode pour la
détermiiiatioii de la déviation de la verticale vers l'Est ou l'Ouest par les pas-
sages de la polaire.
La séance est levée à 4 heures et demie.
M. B.
BULLBTin.' BIBL10r;RAPIll4}lJE
OuVItAGES KEÇUS DANS LA SÉANCIÎ DU j(i AVlilL lyoG.
Missions scientifiques pour la mesure d'un arc de méridien au Spitzbcrg, entreprises en
i899-i()0'2 sous les auspices des Goui'erneinenls suédois et russe. Mission Suédoise : S. II.
B, S. V, S. VII. A, S. VIII. A, S. VIII. B, S. VIII. B', S. VIII. B", S. VIII. B'", S.
VIII. B'\ S. VIII. B\ S. VIII. C, S. X. Stockholm, Kjo'S-igoS ; 12 fasc. in-',".
Meteorologisc/ie Optik, von J.-M. Pernter, mit zahireichen Textfiguren. Vienne et
Leipzig, Wilhelm Braunjiiller. if-)oi ; 1 vol. in-8°. (Présenté par M. Mascart.)
Observations de Véclipse annulaire du Soleil du 16-17 mars 1904 à Pnoni-Penii [Cam-
bodge), par M. N. DoNiTCH, avec -j. phototypies. Saint-Pétersbourg, 1906; i fasc. in-4°.
Report niade to the Solar Piiysics Committee, by Sir Norman Lockyer, upon tlie \vork
done in the Solar P/11/sics Observatory , South Kensington, from \st janùary to iist décem-
ber, 1903. S. 1. n. d., i lasc. in-S".
Annual report of the Director Kodaikanul and Madras observatories, /or 190Î. Madras,
1906 ; I fasc. in-/,°.
Annual report of the board of regcnts of the Siiiithsonian Institution, sliotving the opéra-
tions, crpenditures, and condition of the Institution, for the year ending june Su, lyoi.
Report of the U. S. National Muséum. Wasliington, 1906; i vol. in-S".
Projet de réforme du Calendrier, par Pierre Saladiloff. Saint-Pétersbourg, hjoj ;
1 fasc. in-/i°. (En langue russe.)
The primordial energy, by Benj. W. Saxds. Springfield, Missouri, U. S. A., 1906 ;
1 fasc. in-8°.
(A suivre.)
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 21 MAI 1906,
PRÉSIDE.XCE DE M. H. POINCARÉ.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE
M. liE Présidext annonçant à l'Académie la perte douloureuse qu'elle
vient de faire dans la personne de M. Bischoffsheim, académicien libre,
s'exprime en ces termes :
« L'Académie est frappée d'un nouveau deuil : notre confrère M. Bi-
schoffsheim vient de nous être enlevé.
« C'est lui qui avait doté la France de cet Observatoire de Nice qui est
pour nous ce qu'est pour l'Amérique l'établissement du Mont Hamil-
ton.
« Nous le devons non seulement à sa générosité, sur laquelle je n'insis-
terai pas parce qu'il n'aimait pas qu'on en parlât, mais surtout à ses
conseils judicieux, à son robuste bon sens, à son énergie persévérante, à
sa connaissance des hommes et des choses.
« Tous ses confrères aimaient sa bonté, sa simplicité, son affabilité,
sa modestie, et le deuil de l'Académie sera un deuil pour chacun de
nous. »
C. R., igod, I" Semestre. (T. C.XLII, X» 21)- l47
TI20 ACADEMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE. — Discontinuité des chaleurs spécifiques à saturation et Courbes
de Tliomson. Note de M. E. H. Amagat.
I. Le réseau des variations des clialeiirs spécifiques des fluides que
j'avais entrepris il y a quelques années pour l'acide carbonique et que je
n'ai pu terminer faute de données expérimentales suffisantes présente de
grandes difficultés; l'une d'elles est le calcul de la variation brusque que
subissent les chaleurs spécifiques, lorsque parcourant une même isotherme
on passe de l'état de liquide saturé à celui de vapeur saturée. Le calcul de
ces variations (C ■ — C) et (c — c') (la lettre primée se rapportant dans la
suite à l'état de vapeur) exige, entre autres, la connaissance des coeffi-
cients de pression (-^ j et des valeurs de(-^l aux points où l'isotherme
vient rencontrer la courbe de saturation ; le calcul de ces dérivés exigerait
au voisinage de la courbe en question la détermination d'im très grand
nombre de points très rapprochés, cette étude délicate rentrait dans le
programme que je m'étais tracé autrefois, et que la privation depuis de
longues années de toute ressource expéinmentale ne m'a pas permis d'ac-
complir; ce serait du reste se faire illusion que de chercher la solution de
celte difficidté dans l'application de l'une cjuelconque des formes d'équa-
tion d'état données jusqu'ici, alors même qu'on en déterminerait spéciale-
ment les coefficients en vue de l'appliquer seulement au voisinage de la
courbe de saturation.
2. Dans ma Note du 28 mai 1900, j'ai donné pour le calcul de G — C la
formule suivante :
(,, C-C' = AT[K-,0 4i-+^ii^^^+(^ii^)_4];
un calcul analogue, pour (c — c'), mais en partant des relations
du , I \ V du'
(2) m ^ c -{- l -T- m = c -\- L
conduit à
(3) .-c' = At[(.-.04Ï + ^^V^ Ï-)-^
d_r
dt 1,
du' I dp'
ir \dT
.!]
D'autre part, on a adopté jusqu'ici la fornude suivante
SÉANCE DU 2 1 MAI I906. II2I
0) c-c'=^AT{u~a')^
à laquelle se réduirait la relation (3) si on avait :
(5) . /di^\ _jIjL— (j¥
\ dl j ,. dt \ dl
La relation (4) qu'on obtiendrait en intégrant directement la suivante :
si on avait le droit de ne pas tenir compte de la discontinuité du phéno-
mène, peut être obtenue au moyen d'une relation établie par J. Bertrand
dans son traité de Thermodynamique (page ii4); et qui peut facilement
conduire à une regrettable confusion.
J. Bertrand applique la relation (6} au cas d'un mélange de liquide et de
vapeur enfermé dans un espace clos de volume invariable ; désignant par K
la chaleur spécifique de l'ensemble, il peut, remarquant que p est ici la
tension maxima fonction de l seulement, faire l'intégration qui conduit à
(7) K = At4Jc+F(T)
et comme la formule est valable pour toute valeur de v comprise entre a
et u\ il obtient en faisant v égal au ,
(8) ,^ = AT-^/. + F(T).
Cj étant, dit-il, la chaleur spécifique du liquide à volume constant, puisqu'il
ny a plus de vapeur.
Or il est bien évident qu'on pourrait de même écrire en faisant v = u'
(9) c',=-AT^,,' + F(T).
On voit de suite qu'en retranchant (9) de (8) on obtiendrait (aux indices
près que j'aiajoutéspour éviter toute confusion), précisément la relation (4).
Dès lors, d'où provient le désaccord entre les relations (3) et (4)? Il faut, ou
que les relations (5) soient satisfaites ou que c^ et c\ soient différents de c
et c'.
Or K, comme le fait remarquer J. Bertrand, n'est ni la chaleur spéci-
fique du liquide ni celle de la vapeur, il dépend des deux; on doit même
II22 ACADEMIE DES SCIENCES.
ajouter qu'il dépend aussi de la chaleur latente de vaporisation, car en
passant à volume égal d'un point S de l'isotherme T au point P de l'iso-
therme T + clT (voir figure ci-contre) on fait varier la proportion du
liquide et de la vapeur. Est-il permis de dire que la limite de K, quand
on arrive par exemple en A (pour c =^ u) en suivant la partie rectiligne de
l'isotherme intérieure à la courbe de saturation, soit la même que la
limite vers laquelle tend c, quand on arrive également en A en suivant la
partie MA de la même isotherme extérieure à la courbe de saturation ; et
ceci alors même qu'en arrivant en A dans le premier cas, il n'y a plus ni
vapeur ni changement d'état.
3. Pour examiner de près la question, je supposerai d'abord que les iso-
thermes aient bien la forme AIAN que reproduit la figure conformément
aux idées acceptées aujourd'hui par les physiciens.
Voyons d'abord si les égalités (5) peuvent exister; la figure montre de
suite qu'on a
C'A'
(1)='™^.4 = "-I^.(4f).
iun
AT "
Il est facile de voir, d'après la forme des courbes, qu'on aura
(■°) (■*).> ^>(^).
par suite c et c' diffèrent de Cj et c\.
Pour nous rendre compte de ce résultat, reprenons l'une des relations (2),
la première, par exemple, écrivons-là sous la forme
(11) m dt = ccU-^l^ clL, soit m dL ^ cdl + AT -J- -J- dt.
Comme m est la chaleur spécifique de vapeur saturée, mdl est la quantité
de chaleur correspondant à la transformation élémentaire AB.
La relation (11) substitue à cette transformation les deux transforma-
tions AC et CD, négligeant des quantités de second ordre, dont l'aire BAC.
Les deux transformations ont lieu on dehors de la courbe de saturation,
par suite! -j- lest ici le coefiicient de pression et on doit écrire
(12) mdt = cdl + iVÏ (-^)
du j
SÉANCE DU 21 MAI I90G. II23
Mais on pourrait, négligeant de même des quantités de second ordre,
aller de A en B, en effectuant les transformations BD et DA intérieures à
la courbe de saturation ; il est facile de voir qu'on aurait alors :
(i3) m dt = c, dt + AT-J- ~ dt.
c, étant défini absolument dans la formule de J. Bertrand. Des rela-
tions (12) et (i3) on tire
N) - ^-^. = at4^[(^)_-4].
On aurait de même en A'
(■») <='-''. = AT 4;i[(l),-^]
et par suite d'après (lo)
OC, c' < c\.
D'après ce qui précède la relation (4) doit donc s'écrire
(.6) e,-c\ = Al [u-u')^.
Si on y remplace c, et c\ par leurs valeurs tirées de (i4) et (i5), on
retrouve précisément la relation (3). Par suite, on peut arriver directement
à la relation (i6) sans passer par la formule de J. Bertrand, en éliminant
(c — c') entre les relations (3) (i4) et (i5)-
Ainsi donc : il y a lieu de distinguer en chaque point de la courl^e de
saturation deux chaleurs spécifiques à volume constant.
Les discontinuités correspondantes (c — cj, (c' — c'J dues à la pré-
sence des points anguleux vont en diminuant avec les différences expri-
mées par les relations (lo) au fur et à mesure qu'on s'approche du point
critique où elles finissent par disparaître.
La relation (4) devient maintenant exacte, à la condition de l'appliquer
aux secondes chaleurs spécifiques c,, c\ qu'on n'avait pas distinguées
des premières.
De même, si au moyen des relations (2), on déduit la valeur des chaleurs
spécifiques à volume constant de la connaissance des chaleurs spécifiques
de liquide ou de vapeur saturés m, m', en remplaçant / par( — ZT^) ' ^'i^si
que l'a fait M. Mathias dans un mémoire important et bien connu, les
II2/{ ACADÉMIE DES SCIENCES.
chaleurs spécifiques ainsi obtenues sont celles de seconde espèce, car la
substitution revient à remplacer l par AT f -J-]
et non par AT\ dt
4. Tout ce qui précède suppose aux isothermes la forme généralement
adoptée aujourd'hui ; nous arrivons à ce résultat singulier que de part et
d'autre de la courbe de saturation, nous avons en A par exemple, un même
liquide qui dans des conditions identiques de température de pression et
de volume n'a pas les mêmes propriétés physiques, et ceci, tout en restant
sur risotherme normale dans des conditions où, par suite, le corps ne
saurait être dans l'un des états paiiicidicis qui coriespondcnl aii.v retai-ds
dans les changcuients d'état, ainsi que cela est considéré comme ayant lieu
sur les courbes de Thomson ; comme du reste le résultat en question est
uniquement dû à la présence des points anguleux d'où résultent les iné-
galités (10), il est permis de se demander si ces points anguleux existent
réellement.
Cette question a déjà été soulevée au sujet de considérations toutes diffé-
rentes, M. A. Perot en particulier dans un excellent travail sur la densité
de vapeurs saturées, a montré que les résultats de Herwig relatifs à l'al-
cool à S7° 8, permettent la construction d'une courbe qui, sans que cela s'im-
pose du reste, peut être raccordée avec la partie rectiligne.
SÉANCE DU 21 MAI IQoG. 1123
S'il en était réellement ainsi, au lieu d'une discontinuité en A ou A', on
aurait seulement une variation très rapide de c, dans une région comprise
entre la courbe de saturation et une courbe telle que p^ se rapprochant
de plus en plus de la première et se raccordant avec elle au point cri-
tique. D'après les calculs que j'ai faits avec les données dont je dispose
ces deux courbes seraient extrêmement voisines, l'espace compris entre
ces deux courbes serait pour ainsi dire une zone de changement d'état
extrêmement resserrée, les points anguleux n'étant que plus ou moins
émoussés ; il y aurait alors lieu de considérer encore deux séries de cha-
leurs spécifiques, celle de première espèce c, c' sur les courbes P{3, et celle
de seconde espèce c,, c/ sur la courbe de saturation proprement dite.
On pourrait du reste, ici encore, prolonger l'isotherme normale par des
courbes de Thomson raccordées correspondant aux retards des change-
ments d'état ; on conçoit même ce raccordement comme possible de plu-
sieurs laçons, il peut être fait par exemple en s ou en y, comme l'indique
la figure ; peut-être même pourrait-il exister sous ces deux formes qui
correspondraient aux deux sens dans lesquels le point figuratif des phé-
nomènes peut parcourir l'isotherme. Dans le cas du raccordement en e,
le cycle complet formerait quatre boucles dont la somme des aires devrait
être nulle conformément à la théorie.
On voit dans tous les cas par ce qui précède tout l'intérêt qu'il y aurait
à entreprendre une étude particulière des isothermes dans le voisinage
immédiat de la courbe de saturation.
ÉNERGÉTIQUE BIOLOGIQUE. — Rapports simples des actions dynamiques
du muscle avec V énergie qui les produit, note de M. A. Chal'veaiî.
Lorsqu'après avoir éqviilibré le poids des mobiles qu'elle soutient, la
force élastique que l'état de contraction crée dans le muscle subit un
accroissement, la masse du moliile libre, peut en recevoir delà vitesse, qui
entraîne le mobile en un mouvement ascensionnel uniforme. C'est cette
action ou effet dynamique, considéré en soi, s'ajoutant à ïaclioii ou e^et
statique, que j'ai l'intention de mettre en présence de Vénei'gie qui, pour
le produire s'ajoute à Vénergie déjà dépensée dans la production de la con-
traction statique.
La force musculaire, en s'employant ainsi immédiatement à la création
II2G ACADEMIE DES SCIENCES.
de ces deux effets statique et dynamique, crée consécutivement le travail
mécanique qui en dérive. Il y aura lieu de le comparer à son tour à Vénergie
créatrice. Mais c'est là une question spéciale, qu'il ne faut pas mêler, pour
le moment, à celle des rapports qui existent entre cette énergie et les effets
immédiats, statique et dynamique, dela/b/re qu'elle engendre. Ce n'est pas
du reste, s'éloigner des concepts de la mécanique générale que d'aborder
l'étude de Vénergie créatrice de ces actions immédiates de la force muscu-
laire, sans préoccupation actuelle de la quantité de mouvement, mv, créée
en même temps ou du travail mécanique {force vive en puissance, 1/2 mv"^)
qui en résultera.
D'un autre côté, il y a grand avantage, au point de vue vue physiologique,
à connaître tout d'abord les conditions générales de la participation respec-
tive de ces deux actions à la dépense d'énergie qu'entraîne le travail inté-
rieur du moteur-muscle. On n"a qu'à gagner à considérer isolément ce
travail intérieur dans chacun des deux cas où il intervient : 1° lorsqu'il pro-
duit V effet \)nve.m.eïiislatiquc, c'est-à-dire ï action équilibrante, d'où résulte
la parfaite mobilité de la masse des corps sur lesquels agit la force déve-
loppée par la contraction musculaire ; 1° quand l'accroissement de la contrac-
tion et le raccourcissement qui en résulte dans le muscle amènent Yeffet
dynamique qui communique de la vitesse aux corps ainsi rendus mobiles.
Ma première Note (Séance du 3o avril) s'est expliquée sur le cas des
actions équilibrantes ou statiques. Il faut maintenant aborder celui des
actions dynamiques, en montrant d'abord comment il est possible d'étudier
isolément, avec la même sûreté, Veffet dynamique qui donne de la vitesse
à la masse des mobiles dont le poids a été parfaitement équilibré ou neu-
tralisé.
Aucun obstacle ne s'oppose à l'acquisition de données précises sur la
valeur de Vénergie nécessaire à la production de Veffet dynamique de la
force musculaire, en addition à Vénergie déjà dépensée pour produire
Veffet statique.
N'oublions pas qu'on rencontre quelques impedimenta dans la poursuite
de cette détermination de Véne/gie spécialement aifectée à la création de
la vitesse imprimée aux mobiles par l'accroissement de la force équilibrante.
La vitesse n'est pas le seul effet qui résulte de cet accroissement. Elle
s'accompagne constamment d'effets secondaires concomitants.
Ainsi l'accroissement de force qui crée la vitesse pourvoit aussi : 1° à
l'annihilation de l'adhérence que le poids du mobile provoque entre les
SÉANCE DU 21 MAI I90G. II27
surfaces arliculaires des leviers osseux ou celles des inlermédiaires exté-
rieurs, immédiatement avant et pendant le mouvement, c'est-à-dire au
démarrage et à la neutralisation des résistances de frottement; 2° à la mise
en Irain du muscle, dans ses passages de l'état de relâchement passif à
l'état de tension active, passages d'autant plus répétés que le muscle
entraîne les mobiles plus vite sur un plus long parcours.
Heureusement la part de force que réclament ces deux actions est pro-
portionnelle au poids des mobiles induits en vitesse. Il sul'tit donc que ce
poids reste constant pour assurer, de ce côté, la correction des résultats
des expériences faites sur les rapports de la force avec la vitesse qu'elle
engendre.
Il est vrai qu'on ne ne peut pas supprimer l'influence de la répétition
même des mises en train du muscle agissant sur un molîile de poids cons-
tant, puisfjue c'est justement en faisant varier le nombre de ces mises en
train qu'on l'ait varier la vitesse des mouvements imprimés aux mobiles. Mais
ce nombre varie exactement comme la dite vitesse, c'est-à-dire comme le
chemin parcouru par le mobile dans l'unité de temps. Grâce a cette parfaite
symétrie, la coexistence des deux effets dynamiques de l'accroissement de
la foi'ce élastique du muscle ne saurait s'opposer à la constatation de la sim-
plicité ou de la complexité de leurs relations avec l'énergie d'où ils procè-
dent. Si une certaine complexité était introduite par l'un d'eux dans ces
relations, elle se traduirait nettement dans les résultats d'ensemble. Ceux-
ci peuvent donc donner des renseignements exacts sur les rapports de la
vitesse du déplacement des mobiles, par la contraction dynamique des
muscles, avec Vénergie créatrice de l'accroissement àe force auquel est due
cette vitesse.
Ces rapports, tout aussi simples que ceux du travail statique avec l'éner-
gie qui y est consacrée, sont exprimés dans la proposition suivante :
Vénergie créatrice de l'accroissement donné ci la force équilibrante pour
imprimer de la vitesse à un mobile, préalablement équilibré, est propor-
tionnelle Cl cette action dynamique, c esl-a-dire a la vitesse avec laquelle le
mobile est entraîné par la contraction dynamique.
C'est une proposition exactement parallèle à celle qui exprime la simpli-
cité des rapports de Vaction statique avec l'énergie qui la produit. J'y ai
été amené par des expériences récentes. Mais cette proposition découle
aussi d'anciennes expériences qui ne la visaient pas et qui sont ainsi plus
démonstratives. Elles me fournissent deux ordres de faits importants.
c. R., igof). i" Semeslre. (T. CXLU, X^ 21.) l48
II28 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les lins ont été constatés en 19040 dans mes expériences sur les muscles
moteurs de l'avant-bras, fléchisseurs et extenseurs, appliqués en alter-
nance, par l'intermédiaire d'un appareil spécial, au soulèvement continu
plus ou moins rapide, de la même charge. Les autres datent de 1901 (-). Ils
ont été obtenus chez un sujet qui faisait du travail moleiir ou du travail
résistant par montée ou descente de son propre poids sur la roue de Hirn,
à des vitesses variées.
Dans les deux cas, la dépense énergétique entraînée par l'état d'a(;tivité
des muscles était appréciée d'après le surcroit d'oxygène absorbé pendant
la période de travail.
Il faut considérer ces deux cas indépendamment l'un de l'autre.
Premier cas. — Le sujet mis à l'appareil faisait travailler ses muscles moteurs de
l'avant-bras pendant trois minutes seulement, pour éviter toute influence troublante de
la fatigue sur la dépense. Il mettait en mouvement un mobile de poids de i^^iji,
auquel le sujet faisait effectuer, en une minute, un parcours de, : 4"'>42 ; — 8"", 84 ; —
r5'",26; — i^"',68. Autrement dit, la vitesse imprimée à la contraction dj'namique et
au mobile qu'elle entraînait variait comme i. 2, 3, 4.
Quelles ont été, avec ces quatre vitesses, les dépenses énergétiques qui se sont
ajoutées, du fait de l'action dynamique régulièrement croissante du UiOteur-muscle, à la
dépense de son action statique? La réponse est donnée parle Grapliique n" i, représen-
tatif de la dépense que le travail musculaire a ajoutée à celle de l'état de repos. On y a
placé les vitesses en abscisses et Véncrgie dépensée en ordonnées. Cette dépense,
exprimée en centimètres cubes d'oxygène, a été respectivement , avec chacune des
quatre vitesses : 96, i5o, 198, i'^\. La croissance indiquée par les différences existant
entre ces quatre nombres est d'une régularité parfaitement suffisante pour constituer,
dans des expériences de cette nature, une démonstration remarquable de la proposition
énoncée, tout à l'heure, sur la simplicité constante des rapports que les actions dyna-
miques entretiennent avec V énergie qui les crée.
Deuxième cas. — 11 s'agissait d'un sujet travaillant sur la rnue de Hirn, avec des
vitesses qui auraient été capables de soulever son poids, en une heure, aux trois hau-
teurs suivantes : 3o2™, 431"", 554"". Le travail ne durait que huit à dix minutes, tou-
jours pour éviter la fatigue. D'après la détermination des échanges respiratoires, les
(') Comptes rendus, t. CXXXVIII, p. i66y et suiv. — Le travail musculaire et sa
dépense énergétique dans la contraction dynamique, etc.
(-) Id. T. CXXXII, p. 194 et suiv. La dépense énergétique qu'entraîne respectivement
le travail moteur de V homme qui s'élève ou descend sur la roue de Ilirn. Evaluation d'après
l'oxygène absorbé dans les éclianges respiratoires.
SÉANCE DU 2 1 MAI I()o6.
I 129
Fia.
Fig.
Graphiques rejiresi'iilatifs île l'cneii^ie liée à la création île la l'ilesse ai'ec laquelle s'e/fecute la coiUrac-
iion dynamique des muscles. — La forme des diagrammes démontre que l'énergie est en rapports
simples avec Vaclion dynamique produite.
N" 1. — L'n mobile est soulevé plus ou moins haut dans le même temps, par les muscles moteurs de
lai'unl-hras. Les parcours (sur l'a-re des abscisses) et la dépense énergétique erprimée en O' absorbé
[ordonnées) sont calculés pour une minute,
EI'\ Diagramme de l'accroissement de la dépense énergétique du travail musculaire, en fonction de
l'accroissement de la intesse imprimée à la contraction dynamique.
N" 2. — Un sujet monte ou descend plus ou moins vite son propre poids sur la roue de Ilirn. Les che-
mins parcourus et l'énergie dépensée, exprimée en calories, sont calculés pour une heure.
a. Echelle pour placer sur l'abscisse les vitesses représentées par la longueur des chemins parcourus
b. Parcours, en mètres, pendant les montées.
c. Parcours, en mètres, pendant les descentes.
Ali. Travail moteur. Diagramme de l'accroissement de la dépense énergétique totale du sujet en fonc-
tion de l'accroissement de la vitesse avec laquelle il effectue la montée.
CD. Travail résistant. Diagramme de l'accroissement de la dépense énergétique totale du sujet en
fonction de l'accroissement de la vitesse avec laquelle il effectue la descente.
Il3o ACADÉMIE DES SCIENCES.
(jLianlités d'oxygène consommées dans chacune des périodes de l'expérience auraient
été pour une heure : 4't'i9 ; — 53',', ; — (io'3. La dépense d'énergie que représentent
ces quantités de 0^, considérées comme ayant été appliquées à la combustion de la
graisse des réserves (le sujet était en état d'inanition), valait, en unités caloriques
206"', 5 ; — 2',:5"'; — 277^»'.
Le Grapliiqiie n° 1 a été construit pour montrer les rapports de l'accroissement de
cette dépense avec celui de la i'itesse du déplacement du sujet pendant son travail
moteur (ino?itée sur la roue). C'est la ligne A B qui représente ces rapports. Pour la
tracer, on a réuni par une droite les sommets des deux ordonnées extrêmes. Or celui
de l'ordonnée intermédiaire est placé lui-même presque sur le trajet de cette droite. Il
se trouve bien un peu au-dessus; mais ce n'est là qu'un de ces écarts négligeables qu'on
ne saurait éviter dans celles des expériences de physiologie où l'on n'est jamais sur de
réaliser exactement 1 identité des conditions du sujet.
L'expérience n'a pu, en effet, être faite qu'une seule fois, en raison d'un dérangement
survenu dans le mécanisme de l'appareil, qui ne permettait plus que le travail résistant.
Je possède un certain nombre d'expériences sur ce travail résistant (descente sur la
roue). Les résultats fusionnés m'ont permis d'obtenir une moyenne qui est représentée
par la ligne CD, montrant avec une rare précision l'influence exercée, sur la dépense
d'énergie, par les changements de vitesse du déplacement du sujet. Celte ligne CD est, en
effet, une droite li peu près irréprochable.
Conclusion. — Poiii- cominitniqiicr une vitesse déterminée à la masse d'itn
mobile préalablement équilibré par la force élastique des muscles en état de
contraction statique, il faut qite la force primitive et V énergie qui la crée s'ac-
croissent ensemble proporlionnellement à la vitesse communiquée au mobile
au montent oit la contraction statique se cfiange en contraction dynamique.
Donc il n'y a que des rapports simples entre les actions dynamiques dtt
moteur muscle et l'énergie qu'elles dépensent [').
MÉCANIQUIî:. — Liettx géométriques de centres de gravité
Noie de M. Hatox delà Goli>illière.
I. Proposons-nous la recherche du lieu géométrique des centres de
gravité d'un fil circuhiire de longueur croissante, dont la densité varie
(') Dans ma Note sur les Rapports simples des « actions statiques » du muscle avec
l'énergie qui les produit, le nom de l'auteur que j'ai cité page 980 (t. CXLII) a été
modifié par une faute d'impression. C'est « Lebert » qu'il faut lire, au lieu de n Liéhert ».
SÉANCE DU 21 MAI lC)oG. Il3l
proportionnellement à une puissance n entière et positive de cette lon-
gueur.
L'élément d^ ayant comme masse G'V/li, la masse totale sera — — — , le
moment relatif à l'axe des ordonnées j ^"cos H M, et les coordonnées du
centre de gravité fournies par les relations
^^ = r fi" cos f) d^, ^- = r e« sin 9 .^9.
Intégrons par parties, en groupant par rapport à sin 9 et cos 9. 11 arrive,
•comme ci-dessus (page 1074, n° 8), que leurs coefficients sont les mêmes
d'une équation à l'autre, intervertis seulement comme valeurs et comme
signes
^^^ = Asin9 + Bcos9 + T, ^l!!l^ = B sin9 -Acos9 + T',
A = 9"— n (// — i) 9"-2 + n (n — i) (/? — 2) («— 3) 9" -*—
B = «9''- ' — H (n - i){« — a) 9"- 3+ H (/?— i)(h — 2j(/i — 3)(« — 4)«"-'^—
Quant à T et T', il n'en existe qu'un seul à la fois, qui a pour valeur
I. 2. 3... 7( et figure, selon que n est pair ou impair, dans la seconde ou
-dans la première équation avec le facteur ( — i) 2 ou ( — i) i .
2. Nous pouvons donc (') former la résolvante avec une entière généralité.
Toutefois, pour éviter une dualité (|ui compliquerait l'explication au détri-
ment de la clarté, je supposerai pour le moment // pair. Le terme constant
appartient alors à l'équation en y, et l'on a
pj" _„(«—,) 9" - 2 + « (« — 1) («. — 2) [n _ 3) 9"- '' — Y
H-[h 9" -' — /; (« — i) (" — 2) 9" -3+ n [n — i) (" — 2) [n — 3) [a —4) 9"-5— ]'.
('; N° 8, p. 107'j. Pas plus qu'alors, on ne saurait ici annuler à la fois A et B, car, à
supposer que ces deux équations simultanées pussent avoir des racines communes,
elles seraient numériquement déterminées, et par suite inadmissibles pour 0.
Il32 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Un seul des deux crochets renfermant un terme constant, son carré dis-
parait avec la constante du premier membre, lequel se réduit à
Ç)2,. + 2 tlA î__ .1.2.3...» 9"+'.
(n + i)- n
3. Pour chercher la loi de formation du second, je m'attacherai à un
terme déterminé, par exemple en ft^ " ~ *(')•
Il comprend d'abord, dans les premiers crochets, le carré du terme
en 9"-''
n' i" - ly (" - 2)= (« - 3)^
puis les doubles produits des termes équidistants. Leurs coefficients sont
toujours de même signe, et par suite les doubles produits tous positifs
-j- 2 . n {n — i) . /(, [n — i) {n — a) (« — 3) (h — 4) (" — 5)
+ 2 . I . 7i (« — i) [il — 2) [n — 3) (h — 4) (" — 5) (h — 6) {n — 7).
Pour les seconds crochets, il n'y a pas de terme carré, mais les doubles
produits de G"- ^ et 9"-^, ainsi que des termes équidistants. Les deux fac-
teurs sont alors de signes contraires, et les doubles produits négatifs
— Q. . Il [a — i) [n — 1) . n [n — i) {n — 2) (n — 3) (// — 4)
— 2 . Il . Il {n — i) {il — 2) {a — 3) (« — 4) (« — 5) (« — 6).
On reconnaît partout un facteur commun
// {n — i) {n — 2) (« — 3),
à multiplier par l'ensemble suivant :
{n - 4) (" - 5) (« - 6) {n -7) -n. {n - 4) (" — 5) {n - 6)
+ Il (« — i) . {n — 4) (" — 5) — /; (« — 1) [il — 2) . {Il — 4)
+ n {n — i) {n — 2) (h — 3) + etc.
Ce symbole, etc., représente, en ordre interverti, la partie située à gauche
du dernier terme, d'après le dédoublement des doubles produits, dont j'ai
supprimé pour ce motif le facteur 2.
Or je dis que ce polynôme est équivalent au produit
(«— 5) (/i — 6) («— 7) (« — 8).
(') Il serait facile, après avoir saisi cette explication sur l'exemple 0'-" ~ ', de la
transcrire plus longuement pour 9^'" "" ', en la ramenant aux A- puissances, de X- -+- i
à 'j. k, du binôme 1 — z, lesquelles s'annulent toutes pour :; = i .
SÉANCE DU 21 MAI I90G. 11.33
Constatons pour cela qu'il admet comme racines 5, 6, 7 et 8. Il vient, par
exemple, pour 11 =8
4.3.2.1— 8.4.3.2+8.7.4.3 — 8. 7. 6. 4 + 8. 7. G. 5 — etc.
Divisons le tout par le produit i . ■?. . 3 . 4i nous obtiendrons
8 , 8.7 S. 7. 6 , 8.7.6.5
+ ' , etc.
I 1.2 1.2.3 1.2.3
c'est-à-dire la valeur que prend, pour ; = i, le développement de (i — s)'.
Or cette valeur est nulle.
Cela suffit pour établir l'identité des deux polynômes, attendu qu'ils ont
tous les deux, pour n', un même coefficient.
Celui de 6-" — * est donc finalement
„ {,1- i) (« - o) [n — 3) . (« - 5) (n - 6) (» - 7) {u - 8).
4. En avançant progressivement on finira, d'après la loi de formation,
par rencontrer le facteur n — ii. A partir de ce point, en raison d'une
simplification des plus remarquables, tous les ternies de la résolvante dis-
paraissent à la fois. C'est ce qui se produit dès (j-" — "; le dernier terme
étant
-nin-.)in-.)... (^+ a) ('-^ + ■) ■ (| - ■)
(|-2)....4.3.2,
D'après cela 9" + ' disparaît dans toute la résolvante, qui devient
^tC G" + ' — G" - ' + ?i . {n — 2) d"- ^ — n {n — i) . (n — 3) (« — 4) 9«- ^
-\-n {n — i) {n — 2) . {n — 4) (« — 5) (» — 6) 9" - ■?
— n{n — i)(» — 2;i(«— 3). (7;— 5) {n —6) (« — 7) {n — 8) fi"-^-\- ....
.... + »(«-.)... (^ + .)- (f- .)...4.3.2.(-,)^ e
2 (— i) 2
r-^ . I . 2 . 3... « . (/ ^ O.
H + I "^
Pour n impair, les deux derniers termes sont
... + n {n - .).... (^ + .) ■ (^- .) ... 4 . 3 . 2 . . (- 0 '"^H'-
n— 1
M- ') . i . 1 .3... n {.V— i) =^ 0.
;/ -f- I '
Il34 ACADÉMIE DES SCIENCES.
5. Nous venons de voir le degré de la résolvante s'abaisser de 0.11 + 2 à
Il -\- i. Dans la moitié des cas, lorsque n est impair, un nouvel al:)aisse-
ment s'opère de /; -)- ' ^ , car les puissances de 6 sont alors toutes
paires. N'oublions pas en outre qu'une première réduction s'était produite
dès le début .n" 8, p. 1074), par la suppression du facteur A'' + B", lequel
est ici en B du degré 2/(, ce qui eût sans cela porté à 4« + 2 le degré
initial.
Finalement donc, le degré s'abaisse de 4" + 2 à /z + i si n est pair, et à
" ' s'il est impair. Pour ce dernier cas, le degré se trouve réduit dans
le rapport —-^ — r^— - , lequel ne varie que peu, de -^ à -^ .
' ' 4 (2" +1) 11' 6 8
Malgré cette remarquable simplification, l'équation ne sera que rare-
ment résoluble algébriquement. Elle rentre dans les quatre premiers
degrés pour les cinq cas suivants (') : 7; = i (i" degré), /; == 3 (2^ degré),
;( = 2 et n = 5 (3" degré), n = 'j (4" degré).
6. Traçons actuellement, à partir de l'origine des densités, les dévelop-
pantes d'ordres successifs du cercle, et proposons-nous, à leur égard, le
même problème.
L'arc de la jf développante a pour valeur 7, -, — , — r • Les coordon-
nées de celui de ses points qui correspond à l'angle 8 sur la circonférence
peuvent être mises sous la forme
(') On pourrait y joindre en outre celui de riiomogénéité, qui dérive de nos formules
pour n = o. Il a été traité directement par JNL Cesaro (Nouvelle correspondance, t. IV,
1878, p. '281), et la conduit à la cocléoïde
ainsi dénommée par i\I. Falkenhurg y Benthen (AVeii' Arclnef, Amsterdam, t. X, 187G) et
étudiée par AI. Gomès Teixeira [Tratado de las citn'as espccialcs notables. Madrid, i90>,
p. 3;,',).
SÉANCE DU 21 M\I IfJoG. Il3j
Si la densité de la />" développante varie comme la puissance n de sa lon-
gueur, les équations des moments pourront se ramener au type
p
I . '2 . 3 . . . p 6{p + I ) (« + 1)
{n + i)\i .2 . ;i ...p (/_) +
'^■' =Î TTTTTTTT f^""^"^"^' cos {h - /.f)./fJ,
et de même en changeante; en t/ et le cosinus en sinus.
Les intégrales restent donc les mêmes. L'élimination de 8, pour obtenir
le lieu géométrique du centre de gravité, se fait encore à Faille d'une résol-
vante algébrique; mais je n'entreprendrai pas ici sa théorie générale, en
raison de sa complication (^).
Remarquons d'ailleurs ({u'il ne faudrait que de la patience pour achever
en particulier les calculs relatifs à chacune des combinaisons de valeurs
numériques de p et it assez simples pour conduire à une résolvante des
quatre premiers degrés.
y. Je préfère aborder encore une loi de densité différente. Envisageons,
à cet égard, le centre de gravité de lu courbure.
La masse élémentaire est alors l'angle inCnitésiiual de contingence, qui
est ici f/O, le même, sur n'importe (juelle développante, que sur le cercle.
La masse totale est donc H, et l'équation des moments
p
^■'- = I TTTTTTTT p>' ^os (h - h A .
Mais le calcul devient alors assez difficile, et je me contente d'en transcrire
ici le résultat.
La résolvante se compose de trois parties; en premier lieu
62^-l_2 .;;. (/;_3)Ô2^'-^ + 3./^(/J- ,) , (/, _ 4) (^j _ 5) 6-^' " »
— ^■P{P—^) {p — 2) . {.P - 5) [p - 6] (/_; - 7) O^-i- - '
+ 5 . ;j (^ _ ,) (,, _ 2) (^, _ y. i^p _ 6) [p - rj) (^p -8){jj- gW-P -'■'-...
A un certain point, l'on rencontre le facteur/» — p, et toute la seconde
(1) J'ajouterai que l'on pourrait, au moyen des sommes que nous savons calculer
(n°6, p. 107-2), déterminer le centre de gravité de chapelets discontinus formés des
nombres naturels ou de leurs puissances, disposés à intervalles angulaires égaux, non
plus sur le cercle, mais sur une de ses développantes d'ordre quelconque.
C. R., 1906, ]"' Scmeslie. (T. CXLII, N" 21.) 1 ^Q
Il36 ACADÉMIE DES SCIENCES.
partie s'annule identicjiieinent, à pai'lir do Hi' ^ ' si y; est pair, ou de 0'' s'il
est impair. La troisième partie ne se compose que de deux termes, qui,
renfermant les coordonnées, échappent à la loi précédente
...-(1.2.3...//)^ [(.,^ + ^^_,)e_2(« + .)7/] = o.
Les quatre premiers degrés ne comprennent que les deux cas yj == 2 et
/) = I. Pour ce dernier, le lieu géométricpie des centres de gravité de la
courbure de la développante de cercle a comme équation
p- sin 2(1)
3- — I j sm ( ^^7—- — I — 2 p sin lu cos — -,
PATHOLOGIE. — Origine iiitcslinalc des adéiiopathies trac/iéo-broiichiqucs
luhrrcitletises. Note de MM. A. Calmette, C. Gi'kkix et A. Di':lI^:akde.
De nombreuses expériences réalisées sur les jeunes bovidés et sur les
chevreaux, nous ont permis de constater que lorsqu'on fait ingérer à ces
animaux, eu un seul repas infectant, de très petites doses de bacilles tuber-
culeux d'origine bovine, ces bacilles passent à travers la paroi intestinale
et sont le plus souvent retenus dans les ganglions mésentériques, sans y
développer de lésions tuberculeuses décelables à l'autopsie par le simple
examen microscopique. Plus ou moins tardivement, ces jeunes animaux
présentent ensuite de la tuméfaction des groupes ganglionnaires trachée-
bronchiques ou rétropharyngiens avec ou sans lésions pulmonaires.
Vallée, expérimentant également sur les veaux nourris avec du lait pro-
venant de vaches tuberculeuses, est arrivé aux mêmes conclusions. Nous
sommes donc fondés à admettre cpie l'ingestion d'iuie très petite (puintité
de bacilles tuberculeux peut sufiire à développer l'adéiiopathie trachéo-
bronchicpie ou diverses formes de tuberculose ganglionnaire du thorax et
du cou.
L'origine intestinale de ces lésions apparaît avec évidence lorsqu'on
prend soin d'inoculer au cobaye les ganglions mésentériques des ani-
maux qui en sont trouvés porteurs, alors même que ces ganglions mésen-
tériques paraissent absolument sains.
Nous citons, à titre d'exemple, le fait suivant :
SÉANCE DU 21 MAI ]r)oG. ili"]
Deux veaux de race llaniande, n"^ i 'i et i5, âgés de deux mois et préalalilement tulier-
culinés sans réaction, font le même jour, à la sonde œsophagienne, un repas infectant
de oS'', lo de bacilles tuberculeux bovins.
Quarante-quatre jours après, ils réagissent violemment à l'épreuve de la tuberculine
et sont abattus le lendemain. L'autopsie montre, chez ces deux animaux, des ganglions
raésentériques d'apparence normale, souples sans foyer tuberculeux visibles. En les
examinant avec grand soin on trouve seulement à la coupe, dans leur zone corticale,
quelques granulations blanches.
Les ganglions péri-bronchiques du n" i ', sont volumineux, durs, d'apparence
fibreuse ; sur la coupe, on ne voit aucune trace de caséiiicalion.
Un ganglion rétrosternal du n° i5 est gros comme une noisette, dur, fdireux, sans
nodules caséifiés.
Les poumons ne présenlenl pas de lésions tuberculeuses.
Les cobayes inoculés avec des fragments de ganglions mésentériques, péribron-
chiques, rélrosternaux et piiaryngiens de ces deux veaux ont tous succombé à la
tuberculose.
Il nous a paru nécessaire de rechercher si, chez l'enfant, qui présente
souvent des lésions d'adénopathie trachéo-bronciiique comme signe unique
de tuberculose, l'infection d'origine intestinale pouvait être mise en
cause.
Du i5 décembre igoB au 3o mars 1906, les ganglions inésentériques de
24 enfants décédés dans le service de l'un de nous à l'hôpital Saint-Sauveur
de Lille, ont été triturés et inoculés chaque fois sous la peau de la cuisse
de cjuatre cobayes.
La répartition des causes de décès, d'après les renseignements d'autop-
sie, était la suivante :
At/irepsie, i3; Enlérite, i ; Diphtérie, 2; Bronchite capillaire, 2; Tironcho-
pneumoiiie double, 2; Aléiiiiigite tuberculeuse, i ; Broiiclio-pneumonie tuber-
culeuse, i; Adénopathie trachéo-bronchique, i; Tuberculose pulmonaire, i.
Pour ces quatre derniers cas seulement, les lésions trouvées à Tautop-
sie avaient permis de confirmer le diagnostic de tuberculose.
Chaque fois, les ganglions mésentériques furent examinés avec le plus
grand soin avant d'être inoculés. Voici, très succinctement résumées, nos
constatations :
Louise D., cinq ans. — Méningite tuberculeuse. Ganglions mésentériques
rouges, tuméfiés, sans lésions tuberculeuses apparentes.
Gustave D., deux ans. — Broncho-pneumonie tuberculeuse. Ganglions
mésentériques augmentés de volume, sans lésions visibles.
Il38 ACADÉMIE DES SCIENCES.
DÉSIRÉ B., deux ans. — Adénopalliie Iracliéo-broncldqjic. Qiielc[iies gan-
glions mésentériques gros comme un liaricot. Pas de lésions à la coupe.
Marie V., six ans. — Tuberculose pulmonaire (caverne au sommet
droit et ganglions trachéo-bronchiques présentant de nombreux nodules
easéifiés). Ganglions mésentériques tuméfiés, rouges à la coupe, mais sans
tubereules.
Les cobayes inoculés avec les ganglions mésentériques de ces quatre
enfants présentèrent tous les lésions spécifiques de tuberculose du So" au
45' jour.
Mais, fait plus intéressant, trois autres enfants qui n étaient nullement
soupçonnés tuberculeux d'après les résultats de l'autopsie, avaient des
bacilles tuberculeux dans leurs ganglions mésentériques, ainsi qu'en
témoignèrent les cobayes inoculés.
L'un de ces enfants, Victorine ^L, cinq mois et demi, avait succombé à
Vatlirepsie; on lui trouva les ganglions trachéo-bronchiques tuméfiés, et
les mésentériques d'apparence normale.
Le second, Georges L., trois ans, mort de bronchite capillaire, avait
aussi les ganglions trachéo-bronchiques gros, mais sans lésions tubercu-
leuses, et les mésentériques sains.
Le troisième, Marie J., huit mois, morte de broncJio-pneunionie double,
présentait également \\n peu de tuméfaction des ganglions trachéo-bron-
chiques et rien au mésentère.
Pour les 17 autres cas, l'inoculation des ganglions mésentériques au
cobaye est restée négative.
De ces faits nous devons donc conclure :
1° Qu'expérimentalement chez les animaux, et cliniquement chez l'enfant,
toutes les fois ([ue l'infection tuberculeuse se manifeste par de l'adéno-
pathie trachéo-bronchique, il existe des bacilles tuberculeux dans les
ganglions mésentériques, alors même que ces ganglions paraissent sains ;
2° Que l'infection ganglionnaire mésentérique précédant l'apparition
des lésions d'adénopathie trachéo-bronchique, celles-ci doivent être con-
sidérées, de même que la tuberculose pulmonaire chez l'enfant et chez
l'adulte, comme résultant d'une infection tuberculeuse d'origine intesti-
nale.
L'hypothèse de la contamination directe par les voies respiratoires
n'étant actuellement prouvée par aucune expérience irréprochable, il appa-
raît de plus en plus évident que les enl'ants, et aussi les adultes, contrac-
SÉANCE DU 11 MAI I906. I I ^9
tont la tuberculose en ingérant soit du lait de vaches tuberculeuses, soit
des poussières ou des aliments souillés de bacilles ou de parcelles de
crachats tuberculeux d'origine humaine.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Tirivctitx, géodésiqurs et magnétiques aux envifous
de Taiiaiiarive ; Note de 'SI. Éd. -El. Colix.
I. Pendant les mois de septembre, octobre et novembre 1903, j'ai ter-
miné la triangulation très serrée des environs de Tananarive, que m'avait
confiée le général Galliéni en igoS. Ce réseau, d'une superficie de
2872''"-, ne comprend pas moins de 3o5 stations qui forment les sommets
d'autant de triangles principaux, dont plusieurs côtés servent à leur tour
de base aux triangles secondaires. Le total des azimuts relevés avec le
théodolite Brunner s'élève à 7 i65; celui des distances zénithales à a 148.
II. De plus, j'ai observé la déclinaison, l'inclinaison et la composante
horizontale en 49 nouvelles stations. Le levé magnétique des environs de
Tananarive, dont nous discuterons plus tard les résultats, repose actuel-
lement sur les valeurs obtenues en 98 stations voisines les unes des
autres. Au cours des expériences de la déclinaison, la détermination du
méridien géographique a nécessité, à elle seule, environ un millier de dis-
tances zénithales du soleil ou d'une étoile.
Les résultats contenus dans le tableau ci-dessous donnent lieu à quel-
ques remarques.
1. La valeur minimum de la déclinaison, 7° 48' 8", a été observée sur la
montagne granitique d'Ambatomaranitra ; la valeur maximum, 12° 24' 1",
sur un deuxième massif granitique à peine éloigné de 8''"' à l'W du pré-
cédent.
2. Les trois stations d'Ambohimiandra, Ambatomahamanina et Ambohi-
miadana sont autant de foyers secondaires de perturbation qui influent sur
les trois éléments.
3. Les expériences magnétiques faites déjà en 1903 à Alarobia et exac-
tement au même point, donnent la variation suivante à deux années d'in-
tervalle : la déclinaison a diminué, comme à Tananarive, de i3' et demie ;
l'intensité est plus faible de 0,00127; l'i'K^linaison a augmenté de 5'
environ.
sis ^ t ^ i -^ = -^ 1 î s 1
Kg'- C tS! „c^ ... ^ ■" o .'^ • s," o
o -^- . 5 c; !? -= .-5 -■?_ '^ ï 5 - 5 g o 5 i: ï> • -3 • 'S S J-. 3 5
Se &> . '5 '= a .3 -■= = '3 S ■&, ¥ 2 '2 g S § S ^ t, 3 5 'a 5) a
o .^ c » É» . c = 5 ~ -":= = = 2 a-j S"' = = o = = s 3" a ^
(C p«« p O^Jrt cï«Cft3 « ^ ^ -J: 9 «et N--:^?Xl, -*- OcS o
p - t^ •— s , « :. 3.^ --s — ! o fc -—s -— î ■"= o " •— ■— a . w ^ - O . O ■— s -.--5 t-
'^ bl:'';^ 'ïr-o ti: 'fcîj"^ '5o 'bc'Sig'bc "So 'tn "3: ? 'Sn "p^'&--§ S: §-'S:< §-"5: ? 'Scr^ '5j'bi^^ *SbT/) 'S;
^ -^ -Z < < << <<<<'< << -Z < < < <•< << <
"TS 'rj*
ii i; "2 ^ o- 2 ^ o .2 i d à-t
^ .o :S .§ =. -5 o o-.S
,o
« c c - a s .2-s B a .^a oi a .^.s -Ss oj:-aa^a Ss "^-^a 2-^ s ©a s'^
o o o o o'oo o'o»^ oio oo o^n o O^O Ou^^
C'] en ^T cï ^T c-^ Cl n n « ci m ro ^o ro i-i c^^ ci P-i iro m n Pi
„ «, ,* c^ ce CT> «£) Oî r^ i-^ in co cJi O i^ <x> ^n <r^ i^ ^rr o oo o Qs o-
yisi^'^-Ji-ifO (M c^" OdOO O ■-' Ci Cl e^ a '-S:* >- eS O -00 O ci en
X, ."^ j xn vj" m vt m m m '^ vo m •■-■^ u^ lo m m m lo un • *^ m ifl i^
bj c^ Ti a rt es es csn es e^ es es es escs ci es es es -ri ncs es
tnOri .........■•■■■■■•• ....
îf;^OOOCOOOOOOOOOOOOOO OOOO
^ t:-.cst^cocot^Mi^r>r^c--.oo'-«"^r>.'-ivtr>. t£> en '^ en
-< irtcsnroo")inroroi-Oi-0'-<cs en en i.n en en ^^ ^^ ^ri
i^d'^ 00 •-' en 00 O"^^ -^^o co criino^ro i^ o i>. .m vrcs o
fjO ..........-■■•••- ....
V ^^ xo ■^T *c^ 0-) V3- vr vr r-î en ^^ en en en en en en en en vr vg- ro
ii in m lo m m in in m mm m m m «n m m in -o m m m m
:^
co r-»^D O moo Cl i~^ en ^-^ iO m^^o O o^ '-' O oom — e^ co
minv—f^ >-■>-• ri «-«en o'^rrcsvr ciinen>-iCN^""^e>->
î^cTï Cïin co fô "»nr>. (ji^-^e^ oo co mv- r> m q r-* k-^d mm "<^
-Jzc^ cifo Cl M Mfo'^ïO'^ en en csro»nm csm esmrn
UJi^o . . . . .. . . . • .. • ■ . . .- • ' ^
'WyO^ o O^OO tjl <7lO^ O C' O^ O Cl iJ^tJi J". CO G^ O^ dCs OO Cî
0 « M
I u a
•-■ rj i-^ m i^ cl m r*cr> e^oco es o o ^-rco <-< d t>. es coo ^om m
HS,jïM <ji a <- cii-^o '-' cscn csv:r(£> es d r^^i> cT>--n O o •-'
"lci m es en en en en en en en en en en en ^t en en en *<T ^<T en en en
< '^ ^ IX >-4 11 I-. MM M M M M M MM M M M M MM MM M
^ xr, »n en es Cft"" ""in to^ O - t"^ rt en '""b en m m o »^ ^n es
tOOci r^ '-' o Cl es entoOiH'-'esenoo"-^ ci»- •-' csOineocSH-o^^^^î^*^ ^"^
js • ■ ■ ■ . ■ • ■ • es • ■ ■
cl r^ O O ^^ ^ i"^ i"-^ M r^ ■ O •-" xn ^D c^ m '..o O '-0 'Xî '.c do d^ iO Oï"^ t~-«. c* O
^ MMM M M M MM h-M>v-MMMMMM Mm M MM M MM MM M
R a
S O
— en
"-"Ooo r> en d -iT) en Go<r>QOino^~'-o^ît'-t -rr*^ es minco*-OODmvto%vT'iDoo
oo m r>- enO MOenooOeo C^^D cofl ^n xnmvn om r^m co
in ^<r o en en ci-^nvr^reno-'cn m"-" ci cjMc^ovj-vTMM.nMV-- ^
Q
I I I I I I I
O
M I I I I
ro V- lo ^ O)
030-0=0 r^- ^?
V. c£ a-" - a S t^j:t: n 5 s <k ace »
9'od .'a =oSe - S 5.Ï —
a
a ri J3
o .2 .5 iS ë fc 3 a
o 5 « 2 ;s O
a i :s ^ ^-S 'E 5 .s ^ .a 1= i .5, i< ^ iJS a a
a ô =
5;<;^S<S<'.y3-s:<;<HZ<;<;-<i-<;-<;^SS
a s
£" ^ "2
bc o '-
bc
3 bC-ii
Os
O
^ 9 • " ■
o '"S = 5 bc S/^
> _ . - ^ y: p
bc bK bc J^ 'bc bc^ bc bÉ'bC 2 'bo
t-l*L.'~- %, u '^ u
<<< -;; <i <! «; <t;
• O i ^
5 & I- ïï H s ■
-J s î^ bc 3 o
b(j O uj 3 s •>
"3 'bc £ bc'bc^ "
o J,
caca
3 3 3 3
'~j 'j a; o
'bc bc'bcbc
<■<■<■<
o
bç
o
l;
'bc
<
o o "1
- a ri
= ■5:2 1 -a
" 'c
X
3 bc-'
:; 5 -2 ^ '•" a
o -5-. • " = =
a \2 3 „
- o CJ o
bc bc'a. bc bc bc i. bc 5 "
'~ o
a 1
o
m cj
o o
«
71
2 3 rt
g cr o
r-
^ ~
O ^
-c -QJ ^
Cl.
C
s
to ^ -o
a -c o
ra o ^
-::;
'5
us s
o .- o >--<
cri ^ Ci d
>;^>^:?-'i'
: s o a T3 5 u
O O O
o
■« — ■
"2 w
i" bc>
a _
■C o^ —
o a . r
bci; .9 "bc
- g -s.
._ o o
Si 7i a
'^ >" -J3 «rï
a
o .
C V3 _ t.
:;
.ï ïï
~ a ^-^
o J3
2 ^
à.àtx
O
î^i
bcM
> 3
O O O O
lO
o i-
^TT >-i M -]
Cl
rî i-i-
. ri C/i cN
o
o
•G
bc
bc
^
, ,
hr
br,
1/2
C/J
00 ro >- a>
M rt rt d
O O O O
r: ro in vrr
es M
^^ vg- v— v,-r V—
m rO i-O v:T-
3
"
""
"
>-< IH M )-^
" " " " "
" "
M •H •-! >-<
" "
""■
CI O
fi
xn
Oi
O -> t~» O rx
r^ r.-i
to 1^ o o
O
r-i X O
un —
m
n
:q
fO
-" fO ^ n ►-■ -1
'^. '^.
^ o cq O ro '-^O
-H V^ Cl
(VJ ^^ !-< tO
r--) o «
m
O o Oi r>00 C*
-O ^--r 'JT 'X. to 'O -H
'X> •■30 V-
Cim O^ r N
in M
^-r oiin o-.'O r^o;
in m v-r --t c-
>n r~.':o r-i
O
I I I I
I I
MM I
I I I I
r^3D C' ov
n
m
m
O t^
O -^
C9
ri
Cî
(N îS
£>^ m
•a
c 'c-g 3
ï 2 = =
S ■^" -S ^
5 a a J;
ç/3 <; <! «=i
o
c/)
= -<
-g
S
3i
25 <J
O - >
Z ^ . ^ E- -"^ ' ^
2 s - 2 .■= = C? S
a^
3 a
o "
3 2
s c- ï -.«;
-0
«
rt
a
a.
^
s
rr:
<
xj
Si <;
Il42 ACADEMIE DES SCIENCES.
PLI CACHETE.
M. A. CORET demande l'ouverture d'un pli cacheté, déposé par lui le
17 mai 1886, relatif à un ihermomèlre médical oii le liquide, contenu dans
un réservoir métallique, presse la l'ace externe d'un soufflet, constitué par
une colonne de boîtes en métal mince, système Vidie, dont la déformation
se transmet à une aiguille indiquant la température atteinte.
CORRESPONDANCE.
M. J. Richard fait connaître à l'vVcadémie que S. A. S. le Prince de
Monaco a l'intention de provoquer la réunion, à Monaco, d'un Premier
Congrès international d'Océanographie et de Météorologie marine. Le Prince
qui, depuis plus de vingt ans, poursuit dans cette voie des recherches
constantes, sera heureux de voir des savants de tous les pays se réunir
dans le Musée océanographique de Monaco pour y étudier ensemble les
grands problèmes de la mer.
La date de ce Congrès, qui aura lieu une de ces prochaines années,
probablement pendant les vacances de Pâques, sera ultérieurement fixée.
M. LE Ministre de lIxstructiox pubeiqi;e transmet à l'Académie un
rapport de M. le Directeur de l'observatoire de Colaba (Bombay), relatif à
un tremblement de terre qui s'est produit le 26 mars dernier dans cette
ville.
M. le SEt'RÉTAiRE PERPÉTUEL signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, les ouvrages suivants :
1° Tableaux logaritlimiques A et B équivalant à des tableaux logarith-
miques h 6 et à 9 décimales et Notice explicative donnant la théorie et le
mode d'emploi de ces tableaux, par le D'' A. Guillemin.
2° Tratado de las curvas especiales notables, par F. Gomes Teixeira
(présenté par lA. llaton de la Goupillière).
SÉANCE DU 21 M\l l(jo6.
II 43
NAVIGATION. — CoUiinaleur magnétique penneLlanl de Lransformer une
jumelle en instrument de relèvement. Note de M. A. Beisuet, présentée
^I. Lippiiiann.
Les compas de relèvement en usage à bord des navires sont, en général,
des appareils d'assez grandes dimensions, et dans lesquels la visée se fait
à l'aide du vieux procédé dos pinnules. Ayant eu, au cours de différentes
croisières, l'occasion de me servir de ces instruments, j'ai pensé qu'on
pourrait utiliser les jumelles ordinaires pour les opérations de relèvement,
en les munissant du dispositif suivant :
Sur l'un des corps de la jumelle employée (le corps de gauche, sur la
figure) on coifie une bonnette A contenant un système collimateur. Ce
système est formé d'une lentille au foyer de laquelle, grâce à un système
de trois prismes à réllexion totale, se trouve la division tracée sur la rose
transparente d'une boLissole B, division allant de o" à 36o".
^^
Dans ces conditions, si la jiunelle est réglée à l'infini par sa mise au
point sur un objet éloigné, l'observateur verra, avec l'œil droit, l'image de
l'objet visé dire(-tement à l'aide du i^orps droit de la jumelle, tandis que de
l'œil gauche, grâce à la collimation, il sera au point sur les divisions de la
rose mobile. Les deux impressions se superposant par le fait de la vision
binoculaire, il verra donc, en superposition avec l'objet visé, une des divi-
sions du limbe, dont le numéro représente l'aziniuth magnéticiue du point
visé.
G. R., i;)uti, I"' iicma,irc. (ï. C.\Ln, X" 21. 'j
IDO
Il44 ACADÉMIE DKS SCIENCES.
La dislance focale de la lentille colliinatrice élanl égale à celle de l'oij-
jcctif de la jumelle, le grossissement des divisions est égal au grossisse-
ment de l'oculaire. Pratiquement, dans le modèle présenté à l'Académie et
(jui a été très habilement construit par M. Mailhat, on apprécie très nette-
ment le quart de degré, en tenant l'appareil à la main.
Comme la bonnette A n'a que 7 centimètres de longueur, on voit que
l'on a réalisé, de la sorte, un véritable « compas de relèvement », simple et
précis, et dans lecjuel la visée à travers les pinnules est remplacée par la
visée, beaucoup ]ilus sùrc, à travers un système optique. L'insirumcnt peut
s'adaptera une jumelle quelconque, à oculaire terreste ou même de Galilée.
Il peut aussi servir de boussole topographique ; si on le place sur un pied,
ce (pu; l'on i'ail souvent en topographie, on lit avec sûreté le di.xième de
degré. Ce j)etit appareil pourra donc rendre (juelque service au.x géo-
graphes et aux marins.
PHYSIQUE. — Sur la rofrélntion entre les variations des /xi/ides d'absorption
des cristaux dans un champ niifL;iie'/ifjne et la polarisation rotatoirc
magnétique. Note de M. Jeax BEcycEREL, présentée par M. Poincaré.
Les phénomènes de polarisation rotatoire magnétique dans les cristaux
sont intimement liés aux variations que les bandes d'absorption subissent
dans un champ magnétique.
J'ai montré que dans les cristaux de xénotime, les bandes d'absorption
se comportent comme si elles résultaient de viJJiations, les unes d'électrons
négatifs, les autres d'électrons positifs.
L'exjiérience suivante met en évidence la polarisation rotatoire magné-
tique dans une lame de xénotime normale à l'axe. On fait tomber siu' la
lame un faisceau de lumière blanche polarisée reclilignement ; le spectre
d'absorption est obtenu au moyen d'un spectroscope à réseau de Rowland ;
un rhomboèdre de spath placé devant la fente donne dans l'oculaire deux
plages contigucs polarisées dans deux directions rectangulaires, et qui ont
même intensité si le polariseur est convenablement orienté. En produi-
sant un cliainp magnétique parallèle au rayon incident et à l'axe du cristal,
on voit les bandes du spectre ordinaire d'absor[)lion changer d'intensité.
Dans l'une des plages toutes les bandes correspondant à des électrons
négatifs augmentent d'intensité, en se rétrécissant légèrement, tandis que
SÉA>'CE DU 21 MAI I90G. Il45
les bandes d'électrons positifs deviennent plus pâles et s'élargissent. L'in-
verse a lieu dans l'autre plage, et le pliénomène change de sens en même
temps que le champ magnétique. Le sens du phénomène correspond à une
polarisation rotatoire négative de la partie non absorbée de la radiation
incidente à l'intérieur des bandes correspondant à des électrons négatifs,
et positive à l'intérieur des bandes cVélectrons positifs. En dehors des
bandes le sens de la rotation est inverse du sens de la rotation à l'inté-
rieur.
Parmi les modifications observées je citerai les suivantes : Dans un champ de
20 000 unités, deux bandes larges peu intenses (6 (■•'|J^H-' i ^^ ^'^'''i'-'^S') disparaissent tota-
lement dans 1 une des deux plages de l'oculaire, et l'intervalle (jui les sépare apparaît
sombre. Ces b"ndes donnant lieu à un phénomène de polarisation rotatoire intense
sont en même temps très sensibles à l'action du champ magnétique, le décalage de deux
vibrations circulaires inverses absorbées étant d'environ ()aij,',5 pour 20000 unités, ce
qui correspond à un rapport de la charge à la masse — ^ = 1,1 x lo'^ les électrons
étant négatifs. Il existe une bande (). = 522, i '() dont j'ai déjà signalé le grand dédouble-
ment dans le champ magnétique et pour laquelle on trouve à peu près exactement le
même chiffre pour le rapport — , mais les électrons étant positifs. Cette dernière bande
étant étroite donne deux composantes très écartées et la polarisation rotatoire intense à
l'intérieur du doublet est positive.
Dispersion anomale. — Ces phénomènes qui ne sont visibles qu'aux
environs des bandes m'ont conduit à étudier la dispersion anomale. On
peut mettre en évidence la variation rapide de l'indice au voisinage et à
l'intérieur des bandes en utilisant les franges de Fizeau et Foucault que
l'on observe en projetant sur la fente l'image d'une lame jiarallèle à l'axe
traversée par un faisceau de lumière blanche entre deux niçois parallèles
ou croisés. Si l'épaisseur de la lame est légèrement variable les franges
sont obliques dans le spectre car chaque point de la fente correspond à
une épaisseur dift'érente. Ces franges sont fortement disloquées en tra-
versant les bandes d'absorption, révélant ainsi une variation notable de la
biréfi'ingence, c'est-à-dire soit de l'indice ordinaire, soit de l'indice extra-
ordinaire suivant le spectre auquel appartient la bande considérée, car
l'autre indice reste sensiblement constant pour une faible variation de la
longueur d'onde.
On peut d'une autre façon montrer la dispersion anomale aux environs
Ij/lG ACADÉMIE DES SCIENCES.
des ])andes ordinaires, en répétant une expérience de MM. Voigt et
Wiechert. On place une lame normale à Taxe entre deux niçois inclinés à
45" sur l'horizontale et on dispose sur la fente du spectroscope, entre le
cristal et l'analyseur, un compensateur de Babinet orienté de façon que les
franges soient horizontales. En produisant un champ magnétique dont les
lignes de force sont horizontales et normales au faisceau lumineux, les
franges noires se disloquent dans le spectre sur les bords des bandes. Ces
dislocations, à première vue très compliquées, s'expliquent dans les moin-
dres détails par la dispersion anomale et les variations précédemment
étudiées des bandes dans le champ magnétique.
Toutes les bandes se comportent de même au point de vue de la disper-
sion dont le sens est indépendant du signe des électrons. En allant du
rouge au violet, les indices augmentent à l'extérieur de toutes les bandes
et diminuent à. l'intérieur.
Manifestation de la biréfringence, circulaire magnétique. — On a expliqué
la polarisation rotatoire magnétique par la différence de phase que pren-
nent lorsque le champ est excité, deux vibrations circulaires inverses. J'ai
pu mettre en évidence directement cette différence de phase par une modi-
fication de l'expérience de M. Voigt en plaçant devant le compensateur
une lame quart d'onde inclinée à 4»" sur le compensateur. On constate
que les franges noires observées dans le spectre se disloquent dans les
bandes. Il existe donc une variation de phase entre les deux vibrations
transmises par le compensateur, c'est-à-dire entre deux vibrations circu-
laires de sens contraires tombées sur le quart d'onde. Cette expérience a
montré qu'aux environs et à l'intérieur des bandes, la différence entre l'in-
dice des vibrations droites et l'indice des vibrations gauches change de
signe avec la nalure des électrons auxquels correspond la bande. Ces
résultats sont absolument d'accord avec l'observation directe de la polari-
sation rotatoire magnétique, phénomène qui paraît bien être une manifes-
tation corrélative du changement de période du mouvement des électrons
al)sorl)ants.
SÉANCE nr 2 1 MAI if)oG. II 47
CHlMIK GÈXliRALE. — Sifr les sulfures, séléiiiiires et lellnritres d'état n. Noie
de M. H. Pklabox, présentée par ]\I. H. Moissan.
Nous nous sommes proposé de déterminer les températures de fusion
des mélanges en proportions diverses que l'on peut Ibrmer avec l'étain et
l'un des métalloïdes : soufre, sélénium et tellure.
Les mixtes, après avoir été portés à une température élevée, sont
refroidis lentement de manière que l'on puisse déterminer exactement la
température de la solidification commençante. Les résultats sont repré-
sentés par des courbes construites en portant en abscisses les proportions
du métalloïde, dans le mélange (rapport R exprimé en centièmes du poids
de ce corps au poids total du mélange) et en ordonnées les températures
de solidification.
Etain et aoiifre. — Si l'on chauffe en vase clos une masse déterminée d'étain avec une
quantité de soufre inférieure à celle qui donnerait le protosulfure, il y a d'abord forma-
tion de ce composé qui se dissout dans l'étain en excès, et l'on a des liquides homogènes
dont le point de solidification s'élève très rapidement quand la proportion de soufre
croît jusqu'à ce que l'on ait R= 5, puis il ne s'élève plus que lentement et atteint une
valeur maxima pour le protosulfure. Alors que l'étain pur fond à i''ti°, le mélange de ce
corps avec 2 p. 100 de soufre ne se solidifie qu'à 7V'° et le mélange à 5 p. ion à S'jo".
Le protosulfure fond vers 880°.
Les mélanges qui renferment plus d'un atome de soufre pour un atome d'étain, per-
dent du soufre quand on les chauffe, de sorte qu'il n'est pas facile de délerminer leur
température de solidification. Celle-ci est inférieure dans tous les cas à 88(1", elle corres-
pond au mélange que l'on retrouve dans le tube après son refroidissement complet et
que l'on peut analyser. Il est donc facile de continuer la construction de la courbe un
peu au delà du point C. Celte ligne s'abaisse rapidement suivant CD. On est vite limité
dans sa construction par les mélanges qui ne fondent plus qu'après avoir perdu suffi-
samment de soufre ; ainsi on ne peut aller jusqu'au composé Sn-S' qui peut être préparé
en chauffant au rouge sombre et en tube scellé le soufre et l'étain dans les proportions
voulues. Si l'on veut fondre ce composé, il se détruit en donnant du soufre et un sublimé
de bisulfure d'étain, il reste dans le tube un mélange de protosulfure et de soufre.
Remarque. — La décomposition par la chaleur du sesc[uisulfure d étain se produit
même à la température de sa formation. En chauffant au rouge sombre le corps disposé
à l'extrémité d'un tube où l'on a fait le vide, l'autre extrémité étant à une température
plus basse, il se sépare peu de soufre et Ion obtient au liout de quelques heures de
magnifiques paillettes jaune d'or de bisulfure et des cristaux de protosullùre.
ii48
ACADEMIE DES SCIENCES.
i:tain et sélénium. — Goiiiine dans le cas étudié précédemment, la température de la
solidification commençante croît d'abord très rapidement avec la masse de sélénium
ajouté à l'étain, puis elle continue à s'élever, mais plus lentement, dés que le rapport R
dépasse la valeur lo ; on a ainsi une portion de courbe abc absolument analogue
comme forme à la courbe ABC. Voici les coordonnées de quelques points de cette
courbe :
Valeurs du rapjjort R.
Tpmpératuvo de solidification.
I ,bo
3,00
G,5o
'.9,8
632°
090°
750°
860°
Le sélénium n'entrant en ébullilion que vers GGî", il est facile d'avoir à l'état liquide
des mélanges contenant plus d un atome de ce métalloïde pour un atome d'étain. La
température de solidification de ces mélanges diminue rapidement, alors qu'elle est égale
à iGo° pour le protoséléniure Sn Se, elle n'est plus que de 655° pour le mélange obtenu
en ajoutant un demi-alome de sélénimn à ce composé. A l'état liquide, le composé qui
répondrait à la formule Sn- Se' n'existe pas, car on lui trouve deux points de solidifica-
tion : 655° et 640°. Si l'on continue à faire croître Ui proportion de sélénium au delà de
un atome et demi pour un atome d étain, on observe que la température de solidification
baisse lentement, elle est égale à 6 ',5° pour deux atomes de sélénium, à 6-20" pour
SÉANCE nu 21 MAI IQOD. ^ ^ ^9
5 atonies, à jyj" pour lo atomes et à 5jo<j pour >o atomes. Quand on dépasse celte limite'
on ne peut plus déterminei' avec exactitude la température de la solidification commen-
çante.
Le mixte Sn + Se- ne donne qu un point de solidification ; il se comporte donc à la
manière d'un composé défini et cependant la ligne de fusibilité ne présente aucune parti-
cularité au point correspondant ; le corps solidifié se présente sous forme de larges
lamelles flexibles noires.
Etnin et tellure. — l'ourles mélanges qui renferment moins de tellure que le prototel-
lurure Sn Te, la ligne de fusibilité a encore même allure que dans les cas étudiés précé-
demment. I^e maximum de l'ordonnée correspond au composé défini Sn Te. Voici les
coordonnées de quelques points :
Valeurs fie K. Température de solidifiealiun.
^,0() tioo°
I-2,oo 6^o°
jb,oo 6y()°
5i,oo ^8(1°
La courbe de fusibilité ne présente aucune particularité pour les mélanges Sn- -\- Te? et
Sn -f- Te-, elle a une ordonnée minima au point S (iSSo) qui correspond à un mélange
euteclique. Enfin elle se termine par la partie presque droite 30 qui aboutit au point de
fusion du tellure (45^°)-
CHIMIE MLNÉRALE. — Sur V oxydation, directe du Cœsium et sur quelques
propriétés du pero.ri/de de Cœsiiun. Note de M. E. REiVOADe, présentée par
H. Aloissan.
On sait que le caesium s'enflamme immédiatement au contact de l'air (').
Il était intéressant de rechercher si cette propriété n'était pas due à la
présence de riuimidité, et d'étudier comment se comporte le métal au
contact de l'oxygène pur et sec.
L'appareil employé dans ce but se composait d'un tube de verre horizontal, commu-
niquant par une de ses extrémités avec une trompe à mercure ou avec un appareil à
oxygène sec, fermé à l'autre bout par un bouchon à robinet s'ouvrant sur un ajutage
latéral placé verticalement. Une nacelle en aluminium étant placée au-dessous de cet
(') GnAEFE et EcKART, Zeitschr. anor^'. Client., t. XXllI, p. 378.
H. MoissAN, Comptes rendus, t. CXXXVI, p. 587.
lIDO ACADEMIE DES SCIENCES.
ajutage, il esl facile d y introduire le caesium, soit en le fondant dans un tube cllilé dans
un courant d'acide carbonique, soit, mieux encore, en le distillant dans le vide de la
trompe. En tcurnant ensuite le robinet, on isole la nacelle contenant le métal parfaite-
ment propre, et on la fait glisser au milieu du tube.
Dans ces conditions, le vide complet étant tait dans l'appareil, dès qu'on laisse entrer
une petite quantité d'oxygène, le métal fond et s'oxyde immédiatement en absorbant
totalement le gaz.
Dans la crainte qu une trace d humidité puisse exister dans l'appareil, qui comportait
plusieurs robinets, l'expérience a été disposée d une autre manière : une petite ampoule
en verre à pointe fine, contenant le métal distillé dans le vide, est enfermée dans un
tube de verre de plus gros diamètre, plein d'oxygène, et au fond duquel se trouvent
quelques bâtons d'acide niétaphosplioriquc. Après plusieurs semaines de contact, on
donne au tube une secousse brusque, de manière à casser la pointe de lampoule. Il se
produit une oxydation immédiate du ca;sium avec incandescence, même si la pression
de l'oxygène n'était que de quehpies centinjètres de mercure.
L'oxydation esl bien plus difficile lorsqu'on opère à basse teujpéralure : à — 4"° le
Cîesium noircit rapidement, mais sans incandescence ; à — 80", l'action de l'oxygène est
très lente, et ce n est que plusieurs minutes après la rupture de l'ampoule que 1 on
commence à voir la surface du métal se colorer en rouge, puis se ternir et noircir.
L'appareil décrit en premier lieu a servi également à étudier les produits d'oxydation
du cœsium : si l'on fait ari-iver lentement de l'ox^-gène sur le métal contenu dans la
nacelle d aluminium, il se produit d'abord un liquide à reliefs mordorés, rappelant les
métaux ammoniums, qui se transforme bientôt sous l'action d'une nouvelle quantité
d'oxygène en une masse noirâtre. L'oxydation ne tarde pas à s arrêter, et 1 on est obligé
de chauffer pour qu elle continue à se produire. La matière foisonne d abord, puis se
contracte. Il est probable qu'il se fait successivement les différents o.xydes obtenus déjà
par une autre voie ('j. J'étudierai aujourd'hui le terme ultime de cette réaction :
Si l'on chauffe le produit dans 1 oxjgène jusqu'à fusion définitive et qu'on laisse
refroidir lentement, on obtient une masse jaune, cristalline. La mesure du volume d oxy-
gène absorbé et le dosage du cœsium conduisent à la formule Cs- O" (trouvés : o,i'j, ■j.'j;
Cs : bo, 67 — théorie : o, 19, 39; Cs : 80, 61).
L'action d'un excès d'oxygène à chaud sur le csesium conduit donc au même peroxyde
que l'oxydation complète à froid du métal ammonium.
Il est nécessaire, pour obtenir un produit bien pur, de le laisser refroidir lentement
dans l'oxygène, et mieux de le maintenir quelque temps dans ce gaz à la pression atmos-
phérique vers Soo" ou 35o°. Si on laisse refroidir rapidement l'oxyde fondu, sa couleur
n'est plus jaune, mais brune et sa teneur en oxygène est un peu trop faible. Cela tient à
ce que cet oxyde se dissocie très facilement. La dissociation commence bien avant la tem-
pérature de fusion : elle est déjà très nette à 35o°. En même temps le contenu de la nacelle
noircit. Vers 45o° la tension de l'oxygène est d'environ 7™". La mesure des tensions
(') E. Uli.XGAOli, Coiiiplcn rcru/iit:, t. CXL, p. i j'](>
SÉANCE DU 2 1 MAI lyoG.
I l5l
n'est, du reste, qu'approximative, l'oxyde se volatilisant en même temps et se décom-
posant au contact du verre.
La nacelle d'aluminium n'est pas attaquée dans ces expériences pourvu que l'on évite
toute trace d'humidité. Tous les autres métaux essayés, le platine, l'or, l'argent, le
nickel, ainsi que le verre, sont au contraire fortement attaqués dans les mêmes condi-
tions.
L'oxyde préparé comme il a été dit est d'un jaune doré, plus foncé à chaud. Sa den-
sité, prise dans le toluène et rapportée à l'eau à 19°, est de 3,77. Son point de fusion,
dans une atmosphère d'oxygène, est de Ji j".
Il est décomposé immédiatement par 1 eau avec dégagement d'oxygène et formation
d'eau oxygénée suivant l'équation
Cs-0- + 2H=^0 = aCsOH -+- 0^ -f H-0^
L'acide carbonique bien sec est sans action sur lui à la température ordinaire. En
chauffant légèrement, il se produit la réaction :
CO^ -+- Cs^O' = CO^Cs^ -h O'
L'hydrogène sec réduit également le peroxyde de caesium vers 3oo°. Il se dégage de
l'oxygène et de la vapeur d'eau. La réaction est du reste complexe : En effet, le premier
effet de l'hydrogène étant de produire de la vapeur d'eau, celle-ci réagit partiellement
sur le peroxyde restant, et le décompose avec dégagement d'oxygène. Elle attaque égale-
ment la nacelle, qui est fortement corrodée, et il se forme de l'aluminate de caîsium en
même temps que de l'hj'drate.
En résumé, l'oxygène, même parfaitement sec, attaque énergiquement le
caesium à la température ordinaire, beaucoup plus lentement à basse tem-
pérature.
L'action d'un excès d'oxygène sur le caesium conduit au peroxyde Cs^O',
jaune, facilement dissociable, décomposé par l'eau à la température ordi-
naire, réduit par l'acide carbonique et par l'hydrogène à des températures
peu élevées.
CHIMIE ORGANIQUE. — Méthodes nouvelles de préparation de quelques
dérivés organiques de Varsenic. Note de M. V. AUGEH, présentée par
M. H. Moissan.
Cette étude a été faite en vue de trouver des modes de passage faciles
entre les principaux dérivés méthylés de l'arsenic, en partant principale-
ment des acides méthylarsinique et cacodylique que l'industrie fournit
actuellement à prix modéré.
lodure de ntêtliylarsine CH^AsF. — La meilleure méthode d'obtention consiste à
C. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N" 21.) l5l
10^
1 1
52 ACADÉMIE DES SCIENCES.
réduire l'acide méthylarsinique par SO-, puis de précipiter l'iodure avec un excès d'io-
dure de potassium et d'acide chlorhydrique. Ainsi, unmélange de 2006'' de méthylarsinate
de sodium, 2^0^' d'IK et 5oo6'' d'eau, additionné de iSoBi- d'HCl, à froid, étant soumis à
l'action d'un courant de SO-, en l'efroidissant, forme un dépôt jaune d'une huile épaisse
d'iodure. Lorsque le liquide n'absorbe plus SO-, on l'additionne d'un excès de HCl,
environ iSoS', pour précipiter tout l'iodure. Celui-ci se solidifie par refroidissement,
vers i5 à 20°. On décante le liquide surnageant, et lave l'iodure à l'HGl dilué de son
volume d'eau. Le rendement est environ 85 p. 100 de la théorie.
O.ryde de mêthylarsine CIPAsO. — L iodure de méthylarsine, dissous dans le benzène,
est traité par un excès de carbonate de sodium sec, au réfrigérant ascendant. Lorsque
la solution benzénique est décolorée, on la décante, lave la partie saline au benzène, et
distille le solvant. Le résidu contenu dans le ballon cristallise immédiatement, et fournit
l'oxyde pur après enlèvement des dernières traces de benzène par l'action du vide. Le
rendement est théorique.
Chlorure de iiiét/n/larsine CH^ AsCl-. — Le trichlorure de phosphore réagit violemment
sur l'acide méthylarsinique suivant :
PCP + CH^AsO^H^ = PO^H + CH^'AsCP + HCl.
Il faut opérer avec beaucoup de précaution, en projetant peu à peu 1 acide dans un
excès de trichlorure bien refroidi dans un mélange réfrigérant. On procède ensuite au
fractionnement, par distillation, des chlorures. Le produit obtenu peut être fort bien
séparé du PCf, mais il est malheureusement souillé par une petite proportion d'AsCP
provenant d une réaction secondaire de l'acide chlorhydrique sur l'acide méthylarsinique,
suivant :
CIPAsO^H^ + 4HCI = CH'Cl + AsCP + 3H-0
Chlorure de cacodyle — On peut obtenir ce composé avec un excellent rendement, en
faisant réagir une solution chlorhydrique d'acide hypophosphoreux sur 1 acide cacody-
lique. La réaction est :
2(CH^/AsO-^H + 3HT0- + 2HCI = 3H^P0» + H^O + 2(CH^j2AsCl.
On opère en se servant de la quantité calculée d'hypophosphite de sodium, additionné
d'un fort excès d'acide chlorhydrique. On verse la solution obtenue dans une solution
chlorhydrique d'acide cacodylique, et distille le mélange. Le chlorure, séparé sous forme
d'huile incolore, lourde, est décanté et distillé.
On peut aussi préparer le chlorure de cacodyle, par l'action de PCP sur l'acide caco-
dylique, suivant :
2(CIPf AsO-H -f- 2PCP ^ POCl' + PO'II + HCl -i- 2(CHyAsCl.
On opère en projetant peu à peu l'acide dans le trichlorure bien refroidi. A la distillation
fractionnée, il est presque impossible de séparer l'oxychlorure de phosphore du chlorure
de cacodyle, mais on y parvient en traitant le rnélange par l'acide chlorhydrique con-
centré, à froid, qui décompose peu à peu l'oxychlorure et laisse intact le chlorure de
cacodyle.
SÉANCE DU 21 MAI I906. Il53
Les rendements sont théoriques. Le carbonate de sodium sec transforme ce chlorure
en oxyde qu'on obtient ainsi facilement.
Cncorfy/e (CH^)-As . As(CH-')-. — On peut l'obtenir en quantité considérable, et très
facilement, en faisant réagir un excès d'hypophosphite de sodium en solution chlorhydrique
sur l'acide cacodylique. Il faut opérer avec précaution pour éviter les emballements, au
début. Le cacodyle séparé de la partie aqueuse, acide, est ensuite distillé dans un cou-
rant de C0-.
lodure de tétramctln/larsoniiiin (CH')'AsI. — Ce produit peut être obtenu en quantité
aussi considérable qu'on veut, et théoriquement, par la réaction suivante :
(GH3)^AsO^H + alCFP + aPO^H^ = (CH2)'AsI + -^PO^H' -f III.
On opère comme suit : L'acide et l'hypophosphite de sodium en fort excès (-i fois la
quantité théorique) sont mise en solution aqueuse concentrée ; on y ajoute l'iodurc, une
petite quantité (i//| de la quantité théorique) d'IlCl, et l'on fait bouillir le tout pendant
un jour environ, au réfrigérant ascendant, dans une atmosphère de CO-, pour éviter
l'oxydation du cacodyle qui se forme tout d'abord. Lorsque l'iodure de méthyle a disparu,
on additionne le produit d'un fort excès de soude qui précipite l'iodure d arsonium,
essore au vide le produit précipité, et purifie celui-ci par dissolution et cristallisation
dans l'alcool bouillant, après avoir traité la solution alcoolique par CO- pour précipiter
l'alcali dissous.
Le rendement est théorique.
Il est probable que les méthodes ci-dessus indiquées pourront être
employées pour tous les dérivés alcoylés de l'arsenic.
CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur les azoïques. Transfonnation des
azoïqaes orthocarhoxylés en dérivés c-oxyiiidazyliques. Note de M. P.
Frei;.\dler, présentée par M. H. Moissan.
J'ai montré récemment (') que les azoïques qui possèdent une fonction
alcool ou aldéhyde orthosubstituée se transforment avec la plus grande
facilité dans les dérivés indazyliques correspondants. L'étude des azoïques
à fonction acide orthosubstituée fournit un exemple encore plus curieux
de ce type de réactions.
En effet, tandis que les acides azoïques parasubstitués se transforment normalement
en chlorures d'acides lorsqu'on les traite à froid ou à chaud par le perchlorure de phos-
phore, les isomères orthosubstitués se comportent d'une façon absolument différente ;
(0 Comptes rendus, t. CXXXVI, p. n ^-6 ; t. CXXXVII, p. 982; t. CXXXVIII,
p. i275et 1425.
Il54 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ils donnent naissance à des dérivés c-oxyindazyliques chlorés dans le noyau aroma-
tique :
,Az = Azs y-^K
C«H*<' ^C«=H» + PC1''= POCP + HGl + CH^Cl^ | \Az . C^H^
GO^H C . OH
En présence d'un excès de perchlorure, le groupement OH est remplacé, partielle-
ment du moins, par un atome de chlore; cette substitution ne se produit pas lorsqu'on
emploie le chlorure de thionyle. Les deux réactions s'effectuent d'ailleurs quantitative-
ment et déjà au-dessous de o°.
La constitution de ces dérivés indazyliques résulte des faits suivants :
Lorsqu'on les oxyde par l'acide chromique ou mieux encore par l'acide nitrique dilué
bouillant, ils se transforment quantitativement en acides azobenzoïques chlorés ;
C .OH GO^H
G«H^C1< I >Az . CH" -f 0 = G«H='C1< .G«H=
\Az^ ^Az =^ k/
Us se dissolvent dans les acides concentrés et dans les alcalis et fournissent des déri-
V es benzoylés lorsqu'on traite leurs solutions alcalines parle chlorure de benzoyle.
Ces faits démontrent l'existence du noyau indazylique d'une part, et
d'autre part la présence d'un groupement OH ; ce dernier n'étant pas soudé
à l'un des noyaux aromatiques, ne peut qu'être fixé au carbone du noyau
indazylique. Cette dernière conclusion est d'ailleurs confirmée par la
réaction qui s'effectue avec l'acide o-azobenzoïque. Ce dernier se trans-
forme en eftet, sous l'influence du perclilorure de phosphore, en un chlo-
rure indazyli(jue que l'eau décompose en donnant naissance à une lactone
chloro-oxyindazylbenzo'ique :
G On
G«H3G1<(
/ \ ^^'^
\Az/
Je me réserve d'ailleurs d'achever la démonstration de cette formule en
transformant les dérivés oxyindozyliques en question, en dérivés halo-
gènes, puis en indazols non substitués.
Il reste également à établir la position de l'atome de chlore dans le
noyau aromatique. Dans tous les cas étudiés jus(|u'ici, il se forme au
moins deux isomères qui ont mêmes propriétés chimiques et dont les
solubilités sont assez voisines. Je n'ai pu isoler dans chaque cas à l'état
SÉANCE DU 21 MAI I906. Il55
de purelé, qu'un seul des dérivés formés, mais l'analyse du mélange
a démontré qu'il s'agissait bien de composés isomériques.
Je me réserve de déterminer la place de la substitution en étudiant les
acides azoïques chlorés en divers endroits du noyau. Je ine propose éga-
lement de voir si la réaction est limitée par un certain nombre de substi-
tutions.
On a déjà signalé le fait que les azoïques se transforment en hydra-
zoïques chlorés dans le noyau sous l'influence de l'alcool et de l'acide
chlorhydrique. La réaction que je viens de décrire est toutefois essentiel-
lement différente de celle-ci, car elle ne s'applique pas aux acides azoïques
parasubslitués.
Le cliloro-ojTj-'i-plu'nijlindazol cristallise en paillettes blanches, solubles dans l'acide
acétique bouillant, presque insolubles dans la benzine et le chloroforme. 11 fond vers
265° et fournit par oxydation un acide chlorobenzène-azobenzoïque fusible à i2'j-i25°
La lactone chloro-ox)'-3-indazylbenzoïque se présente sous la forme de fines aiguilles
sohililes dans le benzène, fusibles à -i', 1°. Elle distille sans décomposition dans le vide.
L'acide nitrique concentré chaud la transforme en un acide chlorodinitrobenzène-azo-
benzoïque fusible à aaS", l'un des groupements CO-H ayant été remplacé par un groupe
AzO-.
L'amide/)-benzène-azobenzoïque préparée par les procédés usuels fond à a-i'i". "
HYDROLOGIE. — Siir les gaz des sources thermales. Délennination des
gaz rares ; présence générale de l'argon et de rhéliuni. Note de
M. Charles IUoirel', présentée par M. Deslandres.
Voici la composition centisémale, en volumes, des mélanges gazeux qui
se dégagent au griffon de quelques eaux minérales. Elle a été déterminée
suivant la méthode que nous avons décrite précédemment [Comptes rendus,
1 janvier 1906). Les gaz rares sont dosés en bloc ; leur ensemble constitue
le résidu gazeux non absorbable par les réactifs.
Le tableau comprend 43 sources, qui se trouvent classées par régions.
La plupart sont françaises ; quatre sont étrangères (').
(') Nous avons déjà fait connaître les résultats de nos expériences sur quelques-unes
de ces sources. Nous les reproduisons néanmoins, afin que le tableau comparatif soit
complet.
Il56 ACADÉMIE DES SCIENCES.
OXYGÈNE GAZ RARES
SOURCES CO- OX1GÉNE AZOTE et azote. (en bloc).
Badgasteln (Autriche) trace i,4o 97,25 » i,35
Spa, source du Tonnelet (Belgique) . 84,23 0,175 15,296 « 0,279
' Source Vauquelin . . . 0,21 1 96,81 » 1,98
T,, , ., l — n° 3 néant 5,75 92, 56 » 1,69
Plombières \ , " ^„ \^
< — Crucilix .... » 3,3o 93,14 " i«56
(Vosges). I _ j^„3 „ ^^^^ g^^^5 ,^ j^^g
\ — Capucins. ... i 8.90 88,65 • » i,45
Bains-les-Bains (Vosges) trace 4j69 94i07 » 1,24
Luxeuil ( Source des Dames . . . i,g 0,6 95,44 » 2.06
(Hle-Saoue) ( — Grand-Bain . . . 8,07 1,8 gj.og » 2,04
Maizières (Côte-d'Or) néant i 92,65 » 6,35
Bourbon-Lancy ( Source Reine . . . trace 0,9 96,1 » 2,9
(Saône-et-Loire) ( — du Lymbe . id. 3,6 g3,5 » 2,8
Aix-lcs-Bains (Savoie) néant 11, 11 87,74 » 1,1 5
Salins-Moutiers (Savoie) 36,70 néant 62,54 > 0,77
Sainl-Honoré (Nièvre) néant » 97-92 ) 3,08
Pougues (Nièvre) 98,6 » » i,385 o,oi5
Néris (Allier) 12, 3 o,5o 83,09 " 2,11
,' Source Célestins 98,80 » » 1,1 35 0,01 5
i — Grande Grille . . . 85,70 » » 14,192 o,io8
Vichy ^ _ Hôpital 88, 3o » » 11,61 0,09
fAllier) l — Chomel 86, i5 » » 13,726 0,124
f — Lucas 98,9 " » ',0874 0,0126
\ — Boussange 96,18 » » 3,777 0,0428
Royat (Puy-de-Dôme) 99,5 » » 0,4945 o,oo52
Mont-Dore (Puy-de-Dôme) 99'39 " " 0,604 0,0061
Châtel-Guyon (Puy-de-Dôme) 97,4 » '> 2,576 0,024
Lamalou (Hérault) 99,5 » » 0,495 o,oo5
Dax ( Source Nehe uéanl i 97,56 » i,44
(Landes) ( — Trou des pauvres . . — néant 98,6 » i,4
Ax, Source Vigucric (Ariège) .... — — ' 98,45 » i,55
Bagnères de Bigorre, Source Salies
(Hautes-Pyrénées) 3, 14 trace 95,25 u 1,60
Source César .... néant néant 98,44 " i,ô6
r- . . [ — Mauhourat. . — — 98,47 " '.53
Cautcrets \ r> yt/
duBois('). . — — 98,48 V 1,32
(Htcs-Pyrénées) i 1 r, -ii- „o -„ , „,
^ •> 'I — la.Raillere. . — — 98,79 " 1,21
\ — des Œufs . . — 7,48 91,12 1) 1,40
('■) MM. Boucluu'd et Troost avaient déjà signalé l'iiéliuin dans la source du Bois, et
l'argon cl l'héliiun dans la source de la Raillère [Comptes rendus, iSgil. Quelques autres
sources ont été, en outre, étudiées au même point de vue par divers auteurs. Rappelons
les expériences de Lord Rayleigh et sir William Ramsay sur les eaux de Bath (Zeit.
physik. Chciii., 189!), t. XVI, 189G, t. XL\, p. 371), do M. H. Kayser sur les eaux de
léant
9S.20
»
1,80
—
98,57
)>
1,43
o,;6
98- i9
»
0,75
I
87.92
)>
1,08
1,6
97
)>
I,'i
2,44
96,40
»
I.I6
SÉANCE DU 21 MAI I906. 11,57
OXYGÈNE GAZ RARES
SOURCES CO- OXYGÈNE AZOTE et ozotc. (enbloc).
Eaux-Bonnes (Basses-Pyrénées) ... —
Eaux-Chaudes (Basses-Pyrénées). . . —
Cambo (Basses-Pyrénées) —
Ogen, source Peyré (Basses-Pyrén.) . trace
Panticosa , source St- Augustin (Aragon) . 0,2
Caldellas (Portugal) néant
L'examen de ce tableau suggère immédiatement quelques remarques
intéressantes. Comme on pouvait le supposer a priori, la proportion des
gaz rares suit assez régulièrement la teneur en azote ; elle est inverse,
au contraire, de celle de l'acide carbonique, l'un ou l'autre de ces deux gaz
étant tour à tour prédominant.
La source d'Eaux-Bonnes, par exemple, pour une teneur en azote de
98,20, renferme i ,80 de gaz rares, tandis que la source du Mont-Dore, pour
une proportion de gaz carbonique de 99,39, contient 0,0061 de gaz rares.
En général, la proportion des gaz rares est voisine de i à i,5 p. 100 de
celle de l'azote. Quelques sources dépassent notablement cette proportion :
à Bourbon-Lancy, par exemple, nous trouvons 2,8 et 2,9 p. 100, et, à Mai-
zières, la proportion des gaz rares atteint le chiffre exceplionnellement
élevé de 6,35 p. 100.
En faisant l'étude spectroscopique du mélange global des gaz rares, nous
avons reconnu la présence de l'argon dans chacune des 43 sources exa-
minées, et celle de l'hélium dans 39 sources. En général, la raie princi-
pale de l'hélium (). =; 587,6) était au moins aussi intense que les raies les
plus fortes de l'argon ; dans quelques cas, notamment à Ghàtel-Guyon, au
Mont-Dore, à Dax et à Bagnères, cette raie était beaucoup plus faible,
quoique encore nettement visible. Les quatre sources oii nous n'avons pu
réussir, par lexamen spectroscopique direct du mélange des gaz rares, à
mettre l'hélium en évidence, sont : Royat, Ogeu, Cambo et Panticosa. Il ne
semble pas douteux, d'ailleurs, que, comme dans les 39 autres sources,
Wildbad. dans la Forêt-noire (C/iciii. .Veirs, 189^, n" i865, p. 8<j), (Je ÎSIM. Bouchard et
Desgrez sur la source de Bagnoles-de-l'Orne {Complcs rendus, t. CXXIII, p. yCg), de
MÎNI. Nasini et Anderlini sur les suftîoni de Laderello et les thermes d'Albano, de
M. Dewar sur la source de Bath (Annal, de cliim. et de phys., 1904), et de M. H. Moissan
sur la source Bordeii, de Luchon [Bull. Soc. Chini.. t. XXIX, p. 4 19).
II 58 ACADÉMIE DES SCIENCES.
rhéliuiii y soit réellement présent ; sa proportion y est sans doute trop
laible pour qu'il puisse être décelé dircctenienl, son spectre étant masqué
par celui de l'argon.
Comme je l'ai fait observer dans une communication antérieure [Comptes
rendus, novembre 1904), les faits de cet ordre sont en étroite relation avec
la radioactivité des sources, qui, depuis les travaux de j\Ij\I. Curie et
Laborde [Comptes rendus, mai 1904), a été l'objet de nombreuses recherches,
principalement à l'étranger. Ils apportent au problème si obscur de la
médecine thermale de nouvelles données positives, et ils intéressent, en
outre, la connaissance des terrains géologiques traversés par les eaux
minérales dans leur trajet souterrain.
PHYSIOLOGIE. — Sur V élasticité des tissus organiques. Note de M. Ad. Goy,
présentée par M. Alfred Giard.
Dans une note récente ('), M. Gh. Henry a montré que les allongements
relatifs ). des muscles striés, sous l'action d'une charge jd, variable, peuvent
se représenter par la formule
où l'on a posé )> = — 7—^, 4 étant la longueur initiale du muscle non chargé ;
l, sa longueur sous la charge /; ; A' et ro étant des constantes à déterminer
pour chaque série d'expériences.
Ce fait est remarquable. L'allongement d'une fibrille musculaire est la
somme des allongements de chacune de ses parties ; supposons que
chacun de ces allongements puisse s'exprimer par la formule (i) et soient
Aj, Tiîj ; A-,,, ro^ ; etc., les constantes élastiques de chaque élément constitutif
du segment fibrillaire : sous l'action d'une traction/;, ces éléments s'allon-
gent respectivement de ),p Xj..., \i\ l'allongement total sera \ = "/., + ).,
On doit avoir
1
•V;,,iog(, + i)_/,-iog
■ + i
(M Comptes rendus, t. CXLII, p. '}!<).
SÉA.NCE DU 21 M.VI I()o6.
I 109
cî,j =: 73; k = k^
idenlitéqui entraîne les égalités suivantes .•cj^=ra2:^ ...
+ /.-, + ... +/,•„.
Les différents disques constitutifs du segment fi])rillaire du muscle strié
ont donc la même valeur w : ce qui est un nouvel argument en faveur de
l'interprétation, d'après laquelle ro mesurerait des cjuantilés de l'ordre de
la tonicité musculaire.
On est conduit à se demander si la même loi d'élasticité est applicable
aux muscles lisses et même aux tissus conjonctifs. J'ai étudié à cette fin,
en vue d'applications thérapeutiques, l'élasticité de diverses muqueuses,
en particulier de muqueuses vaginales prélevées chaque fois, aussitôt que
possible, sur le cadavre.
J'ai d'abord construit un appareil permettant la mesure directe de l'allongement d'un
tissu sous différentes charges avec la précision du vingtième de millimètre, sans 1 inter-
vention de levier ni d articulation. Cet appareil {fig. \} permet de prendre iTumédiatement
la moyenne de ])lusieurs observations et de maintenir les tissus au sein de liquides appro-
priés, soit pour assurer leur conservation, soit pour éviter leur dessiccation au cours des
mesures.
L'instrument se compose d'un châssis en bois, maintenant vei'ticalement des tubes de
verre qui permettent de présenter les lissus à la mesure en les conservant dans le
fluide convenable. Ces tissus sont tenus à leurs extrémités au moyen de pinces en buis.
La pince supérieure, munie d'une bague en caoutchouc sert en même temps à fermer
l'orifice supérieur du tube et à empêcher ainsi 1 écoulement du liquide par la partie
inférieure, étranglée à cet effet. La pince inférieure est fixée à l'extrémité d'un cordon
qui soutient un plateau destiné à recevoir les poids dont on veut déterminer les effets
C. R., 1906, i«' Semestre. (T. CXLH, N- 21.)
1 1 Go
ACADEMIE DES SCIENCES.
tenseurs. Des cavaliers légers en inétal inoxj'dalile se placent sur les tissus et servent
d'index pour déterminer leur longueur. Ces déterminations se font au moven d'un cathé-
tomètre spécial, en visant successivement les pointes des cavaliers et en notant les
indications correspondantes du vernier. On faitvarier les charges de 5 en 5 grammes.
A cet appareil est associé un coupc-meinbrane que nous avons spécialement étudié en
vue de découper dans les tissus des lanières prismatiques d'égale section, sans leur
faire subir aucun effort de cisaillement qui puisse altérer leurs propriétés élastiques.
Lorsque l'on veut déterminer la longueur initiale du tissu, celui-ci se recourbe, s'il
n'est pas tendu. On tourne cette difficulté en extrapolant légèrement cette courbe des
allongements sous de très petites charges.
Pour calculer le et ra, nous faisons passer au sentimenl une c^ourl^e à tra-
vers les points d'observation; — nous relevons sur cette courbe le Aj cor-
xespondant à un poids /^^ assez élevé ; enfin nous cherchons sur la courbe
■quel poids i\ produit un allongement ).„ moitié du précédent. — On a
■alors simplement
|)uis connaissant ra
Pi — 2/>0
K =
Les courbes d'élasticité des muqueuses que nous avons étudiées sont
toutes remarquablement exprimées par l'équation (i), à la condition de
négliger les points d'inflexion que l'on constate sur la courbe avant la
rupture de certains tissus parasites. Ce procédé est justifié et cette inter-
prétation est autorisée par le fait suivant aljsoliimeiit général : si, après
avoir dépassé le point d'inflexion, on recommence les mesures de ). en
faisant varier p dans n'importe quel sens, le point d'inflexion disparaît, la
-courbe reprenant l'allure logarithmique.
Les rapports des valeurs de to et de /." que nous avons trouvés, au cours
de nos expériences, pour les diverses muqueuses sont varial)les, comme
il ressort du tableau suivant :
IS'OS
K
CT
rs-os
K
w
I
5,38
20 »
V
6,66
60.5
11
III
24,40
2.83
57G I)
iî,6
VI
1.93
5 , 57
IV
7,67
III »
vu
3,83
lo , 1 5
SÉANCE DU 21 MAI If)oG. I161
U n'y a pas lieu de s'en étonner, les tissus étudiés étant fatalement plus-
ou moins altérés, et conséquemment peu comparables entre eux. La géné-
ralité de la ibrmule (i) n'en est pas moins établie, ra i-eprésentant, bien
entendu, dans le cas actuel, des tensions d'un caractère purement phy-
sique.
PHYSIOLOGIE. — Régénérateur de la fibrine et dosages comparatifs de ce lie-
substance dans différents territoii'cs vascnlaires chez le chien après la
défibrination. Note de }J. Doyo.V, A. Morel. et N. Mabeff, présentée
par M. Daslre.
I. Données antérieures. — ■ Les travaux successifs de Magendie et Dastre
ont démontré les faits suivants : a) On peut défibriner un animal en prati-
quant des saignées successives et en réinjectant après chaque prise de sang
défibriné dans les vaisseaux ; b) l'animal refait sa fibrine ; le taux de cette
substance peut dépasser le taux initial.
IL But du travail. — Nous avons déterminé la rapidité avec laquelle la
fibrine est régénérée, et comparé, pendant la période de régénération, la
teneur en fibrine du sang, dans différents territoires vasculaires. Nous
estimons que nos résultats peuvent contribuer à la solution du problème-
de l'origine de la fibrine.
III. Résultats. — a) La fibrine se reforme très rapidement. Peu d'heures-
après la défibrination presque totale de l'animal la teneur du sang en-
fibrine peut dépasser la teneur initiale. — b) Pendant les premières heures-
q ni suivent la défibrination le sang des veines périphériques (fémorales) est
moins riche en fibrine que le sang artériel; par contre le sang des veines-
sus-hépatiques est plus riche que le sang artériel et que le sang porte.
IV. Déductions. — Ces résultats sont à rapprocher de ceux que noiis-
avons obtenus après la saignée. Il sont en faveur de l'origine hépatique
du fibrinogène. Toutefois ils sont en opposition avec les idées régnantes..
On considère en général que le sang sus-hépali(|iie ne contient pas ou
contient peu de fil)rine, d'autre part Mathews a localisé la fonction
Il62
ACADEMIE DES SCIENCES.
fibrinogénique dans l'intestin. A l'appui de son opinion Matltavs cite des
cas cil, chez le chat normal, le teneur en fibrine du sang porte était plus
élevée que la teneur du sang artériel et du sang cave, mais il n'a pas fait
de dosages dans le sang sUs-hépatique.
Tableau I
DÉriBUINATION PAU SAIGNÉES ET UÉiX.IECTIONS SUCCESSIVES DU SAXG DÉFIBUINÉ.
hégknératiox de la fibrine
POIDS DU CllIES
i
4°
50
^22 kilogr. 23 kilog. 23 kilogr. 23 kilogr. 24 kilogr. 24 kilogr. îî'^bSoo
NUMERO DE L\ PUISE
FIBllIXE DE BATTAGE POUR I OOoS'' DE SANG
!=>
OB
■■840
oS''477ï
oB''523
ûB^iiSG
IB'0905
0B'-46i7
o6'-3732 '
2°
OB
■•452
oB'-2536
oB'-382
oB'-3327
oS'-72 7-5
IB.-5959
3»
oe'335
oS''2093
0B'-274
051-2117
oe''Gi39
4°
oB'BiS
oK'1600
OB''2o4
0B''I273
OS"'5-i22
oB"-2875
oS'-44i4
5"
qs
■"210
oB"'o976
oB'i54
oS'-o834
oS'-46io
OB''2O09
oB'^goS
6°
OB
■■144
oB'-o433
0B''l 12
oB'0621
0'-J72I
oB''i334
o6'3i82
-0
OE
"■odG
0S''02I0
06 '-08 4
oS'0539
0B''25l9
0B''I20I
0B'-24l7
8°
08
'029
i 1
oS'-o6i
oB''o4i5
û6'-i633
0B''06l5
o6'-i733-
9°
»
oB'-oi3o
oB''o58
OB'oSSî
OB'-o8;2
oB'o533
oe''i2i5
IQO
y
oG''o33
0B''028l
oB''oG!)3
oB'o42g
0B''09I2
II"
12°
1)
))
))
0B"'023
OB''OI7
• Oe^O'2I2
OB'0481
oB''o3i2
oB''o345
OB'-o3l2
oB''o736
oB"'o522
13°
))
))
qB'o 1 1 5
1)
Oï''02 2 5
0B''0285
oB'-o3i4
14°
i5°
16°
1)
))
»
»
))
»
»
M
1}
0
s
)
oB'oigi
» 1
0S''022I
o6''oi97
0B'0265
oS'"oi97
)>
MOMENT Di: LA PlUSE
FIBRINE DE CAILLOT POUR lOOOB'' DE SANG ARTÉRIEL
Avant la ck'Cibi'ina-
lion jB'jO l8'3l 2B'47 l8''36 36'D4 iB''49 2B'-^8
I m m é d i a l c lu 0 u I
après » oBi-oD o8''o4 oS''o7 oB''35 o8''ii oB'o^
Plusieurs heures
après iei'46 i6'>5 2B'-74 iB'T); iBi'96 i6''8o 3S'-25
3''3oaprès 2o''après io''3oaprès gi'iSaprès 8''3oaprès g'Ooaprès 9''55aprcs
Chez les chiens 2°, 'i", ',", H", 6°, 7° chaque prise est de 3oc)B'' de sang ; chez le chien
1° de 'iDoBf. Par suite d'une erreur la première prise chez le chien 2" est de 4008'' et la
septième chez le chien G de 55()8^
SÉAKCE DU 2 1 MAI If)oG. I l63
Tableau II
Dosages coMPAnAxiFs de la fibrine de caillot dans différents territoires vas-
CULAIRES APllÈS LA DÉFIBRIXATIOX PENDANT LA PERIODE DE UÉGÉXÉRATIOX DE LA
FIBRINE.
FIBRINE Dr CAILLOT POUR lOOO^'' DE SANG
POIDS
DES
AVANT
LA DÉFIBRI-
IMMÉDIATE-
PLUSIEURS HEURES APRÈS LA
DÉFIBRIXATIOX
CHIENS
artcre
fémorale.
artôre
fémorale.
arlcre
fémorale.
veine
fémorale .
veine porle. i
sus-))6pati*[ue.
nombre
d'heures après.
1" ÏO^S
»
»
iBi-SS
iG'-^o
iS'-Sg
i^'99
15"
20 1-j^i
»
»
l8'-24
lE'l4
ie''i4
iS^Sa
lo''
3" 23''
iB'-36
o6'"o7
lBr67
16^49
2S''02
2eri5
ghiS
,J0 2 5k
iBI-âg
»
lerga
—
iSrg^
2G"-o8
e^Do
Le chien i" a subi 1 1 prises successives de 40"^'' chacune ; les 400 premiers gi-ammes
contenaient isi',r3^ de fibrine, les trois dernières prises réunies qE^giS^. Le chien '2° a
subi 10 prises de 3ooS'' ; les joo premiers grammes contenaient ()'''',8iS3 de fibrine, les
trois dernières prises réunies oSi^jOiGS. Le chien 3° a subi 12 prises de 3oo ^', la pre-
mière contenait qB'', 4 186 de fibrine, les deux dernières réunies o^'',o2'j2. Le chien 4° a
subi 7 prises de 4006'', on a enlevé en tout- i'^\'jo3 de fibrine, dont n^'',o'i2 par la der-
nière prise. Le sang sus-hépatique a coagulé en général plus rapidement que le sang
des autres territoires et contenait de la fibrine de battage.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur une réaction de type oxydasique présentée par
les composés halogènes des terres rares. Note de E. Fouard, présentée
par M. Emile Roux.
Dans une note précédente ('), j'ai montré raclion catalytique exercée
par les sels halogènes des métaux alcalins et alcalino-terreiix dans la fixa-
tion de l'oxygène li])re par les solutions aqueuses de polyphénols.
En poursuivant l'étude de cette réaction, j'ai recherché, à l'instigation
de M. Etard, si cette même propriété s'étendait à une catégorie spéciale
de sels, les composés halogènes des terres rares.
La grande analogie de propriétés des éléments de ce groupe et des
alcalino-terreux pouvait en effet suggérer cette recherche.
Grâce à l'obligeance de i\L Etard, j'ai pu disposer d'échantillons d'oxydes de ces terres,
obtenus avec le maximum possible de pureté, et j'ai préparé des solutions équimolécu-
(') Comptes Rendus, 26 mars iyo6.
IlG4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
laires de chlorures de thorium, de cériuui, de Linthanc, de néodyme, de praséodyme, cl
de saiiiariuui dont j'ai étudié l'activité oxydante comparativement à celle d'une solution
équivalente de chlorure de sodium.
Toutes ces solutions étaient neutres chimiquement, sauf celle de thorium qu'on ne
peut obtenir que franchement acide ; leur titre commun, exprimé en chlorure de sodium
par -y^ de molécule-gramme par litre, a été imposé par celui de la plus étendue, cor-
respondant au chlorure le moins soluble.
Les essais d'oxydation ont porté, comme précédemment, sur l'hydroquinone, intro-
duite dans toutes ces solutions à la concentration de de molécule-gramme J'ai
100 "
adopté le même dispositif que celui déjà décrit, en vue de doser les gaz résiduels pro-
venant de la réaction dans chaque atmosphère limitée : pour cela, chaque tube recevant
un volume de liquide égal à la moitié de sa jauge, l'autre moitié contenait de l'air à tem-
pérature et pression mesurées au moment de la fermeture. Ensuite chaque tube était
enduit d'une couche de paraffine et plongé dans un bain d'huile pour éviter toute fuite
gazeuse. Après une oxydation continue de huit jours, j'ai effectué les analyses de chaque
atmosphère gazeuse.
L'expérience a nettement justifié l'hypothèse émise sur le rôle de ces
sels. J'ai constaté en effet :
1° L'absorption d'tin certain volume d'oxygène;
2° L'absence d'acide carbonique et d'oxyde de carbone. J'ai mesuré,
pour chaque solution de chloriu'ù, le volume d'oxygène alisorbé, évalué
à o" et 760""", en déterminant les volumes de ce gaz dans l'état initial et
dans l'état final.
n • 1 • 1 -. 1 .1 . .1 1 1 .1^ oxysène absorb c.
J en ai deduitpourchaque élément la valeur du rapnortn= — ^-^ — ^ — - — , —
' ' ' ' oxygène total.
Tous ces nombres sont relevés dans le tableau suivant, par ordre décrois-
sant du rapport R :
Volume Volume d'oxygène
Solutions de
initial d'oxygène
absorbe
Rapport R
chlorures.
à C.jOo""".
à o'',76o""".
p. 100.
de Samarium SaClj .
• [)''"',9
75,75 p. 100
de Thorium ThCb, .
jjjClIlC "^
G''""',5
G3.10 —
de Cérium CeClg .
. io™%o5
5""% 8
57,7. -
de Néodyme NdCla. .
. io™'%o5
5'^'>'%',5
5',,23 —
de Praséodyme PrCls .
...rmc r
5""%6
53,35 —
de Lanthane LaCl3 .
. 10""-',',
2"'"% 35
22, Go —
de Sodium NaCl. . .
.j,['lllC .
I <'""■', 8
17, 82 —
L'examen de ce tableau montre que le chlorure de sodium, qui s'était
montré le plus actif dans les séries des métaux alcalins et alcalino-terreux
SÉANCE DU 21 MAI I906. Il65
communs est ici le dernier du classement obtenu avec les éléments des
terres rares. Ceux-ci sont donc, depuis le samarium jusqu'au lanthane,
des catalyseurs oxydants très énergiques.
Un tel résultat incite à rappeler les travaux de Cossa, relevés dans ces
Comptes rendus (t. LXXXIV, p. 377). Ce savant italien, en se servant des
méthodes de séparations chimiques et de l'analyse spectrale, a démontré
l'extrême difTusion des terres rares dans les sols arables ; en parti-
culier, il a caractérisé leur présence dans la cendre d"os. II affirme
que ces métaux sont des plus répandus, quoiqu'à un état de dilution
extrême, dans la nature, et qu'ils entrent dans la composition des êtres
organisés.
Sans vouloir exprimer ici l'hypothèse que ces éléments entrent dans la
structure minérale de certaines diastases oxydantes, il me semble
permis de rapprocher les faits établis dans ce travail de ceux mis en évi-
dence par les recherches de Cossa.
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Action de V adrénaline sur la teneur du
muscle en glycogène. Note de ^I"" Z. Gatix-Grizeivsk.i, présentée par
jM. Dastre.
Blum(') a signalé pour la première fois la glycosurie consécutive à des
injections d'adrénaline et a émis l'hypothèse ([u'elle est en rapport avec
la disparition du glycogène du foie; plusieurs auteurs (■) ont apporté, à
l'appui de cette thèse, des expériences faites sur le lapin ou sur le chien.
J'ai cherché ce que devenait le glycogène des muscles dans le diabète
adrénalinique.
Un lapin dont le poids ne variait pas pendant l'espace d'une semaine était soumis au
jeûne pendant 24'' ; on lui injectait ensuite, dans le péritoine, une certaine quantité
d adrénaline (un milligr. par kilo d'animal au maximum). L'adrénaline, parfaitement
pure ('j, était dissoute dans l'eau acidulée par l'acide acétique (i mol. d'adrénaline pour
I mol. d'acide acétique).
(') Blum, Arch. f. d. Ges. PInjs., \i.yri.
(-) DoYON, C. R. de la Société de Biologie (Séance du 16 janvier iyo4, p. 6G).
Noël Patox, Journal ofp/iysiol., 3, p. 286, 190/1.
BiERUY ET M"" Z. Gatin-Gruze'vvska — C. li. de la Société de Biologie (Séance du
27 mai if)o5, p. 902).
(') G. Bertrand, Bulletin de la Société chimique de Paris, 'i, t. 3i, p. 1 188, i()0\.
ii66
ACADEMIE DES SCIENCES.
Les lapins étaient sacrifiés, en des temps variables après l'injection de l'adrénaline,
par section des carotides. Le foie et un poids déterminé (ioqS'' environ) de muscles
étaient immédiatement prélevés pour l'analyse. Leglycogènea été analysé par la méthode
de Pfliiger (') et les dosages de sucre ont été effectués par la méthode de G. Bertrand (-).
Dans le tableau suivant sont réunis les chiffres obtenus au cours de
quelques expériences. En regard on trouvera par comparaison les résul-
tats d'analyses faites sur des lapins soumis à l'inanition pendant quatre
jours et n'ayant pas reçu d'adrénaline.
JOURS
de
jeûne.
^1
4
24 licures
24 heures
POIDS
final des
Lapins.
i''749
ADRliNAL.
injecléc
POIDS
de l'animal
CLYl.OGENE MUSCULA-
apres
en miliigr. injection.
i''78o 2 miliigr. 40 heures
dans après
4CC d'eau. i''65o3
ii'goo I uiilligr. 32 heures
dans après
2CCH-O i^t'Soo
38
43.5
32,7
37
du foie
en
grammes
(en glucose).
0,0097
o
O
TURE
totale
en
grammes.
5oo
7'7
56o
65o
GLÏCOCliNE ^,.,..„„^.-.,.„
GLICOGENE
total ,
j des
des ,
muscles m"scles
(en L'Iucose). «" P- '°°-
0,230
o,35i
o
0,049
Ou voit que si après un jour de jeune on donne à un lapin 1"^'' d'adré-
naline par kilo sous forme d'une solution contenant par centimètre cube
o^'',ooo5 d'adrénaline, on ne trouve plus de glycogène 36-4o'' après cette
injection, ni dans le foie ni dans les muscles. Mais si on diminue le temps
compris entre l'injection d'adrénaline et la mort du lapin, ou si l'on
augmente la dilution de la solution d'adrénaline, on retrouve des quantités
plus ou moins grandes de glycogène dans le foie et dans le muscle.
L'animal ayant reçu de l'adrénaline peut refaire, lorsque l'effet de l'in-
jection ne se manifeste plus, du glycogène aux dépens d'aliments appro-
priés.
A deux lapins ayant été traités en même temps et de la même façon que ceux du
tableau, on a donné, per os, i','" après l'injection d'adrénaline, 406'' de glucose ; 16'' après
l'animal est sacrifié. Le foie pèse Go^' et contient ■i«',-ri'i de glycogène dosé en
(') Pri.l-CEli, VorscJiriften ztir Aiisfii/iriing ciiic/- qiianlitativen Glykogenanahjsc . (Arcli.
f. d. Ges. pliys. T. 92, p. 81-101, 1902.)
(-) Décrite dans G.-L. Gatin, Recherches Anal, et Chiin. sur la germination des pal-
miers. [Annales des Sciences naturelles. Botanique. T. III, 9' s., 1.906, p. 293.)
SÉANCE DU 21 MAI IQoG. I1G7
glucose. Dans 740 f^' de muscles on trouve is-,o36 de glycogène. Dans le foie et les
muscles du second lapin on a trouvé des quantités considérables de glycogène.
Jusqu'ici lorsqu'on voulait obtenir des animaux dépourvus de glycogène
on les soumettait au jeune ou à l'action de la strychnine. Or le premier de
ces moyens donne des résultats incertains et le second est extrêmement
pénible.
L'adrénaline utilisée comme il vient d'être dit permet d'obtenir aisé-
ment, dans un temps relativement court, des lapins sans glycogène. Pour
les chiens il faudrait chercher la dose d'adrénaline et le temps de jeune,
qui, d'après les quelques expériences que j'ai faites, doit être sensiblement
plus long que pour les lapins.
PALÉONTOLOGIE. — Sur l'identité f/'Hemipygus tuberculosus et (Z'Hemici-
daris crenularis. Note de M. SEGLix, présentée par M. de Lapparent.
Le Séquanien coralligène des environs de Bourges est riche enEchinides
gnathostomes. U/Iemicida/ùs crenularis et surtout Y Hemipygus tuberculo-
sus y sont abondants.
Sur les adultes fï Hemipygus tuberculosus di\\-des?,usAe io"""de diamètre,
les caractères génériques A'Heniipygus se modifient et se rapprochent de
ceux d' Hemicidaris crenularis iusqu'k se confondre avec eux.
L'étude d'une série de ces deux oursins conduit à les identifier.
Fig. I. Kig. 2. rig. i.
A mesure qu'Heoiipi/gus tuberculosus augmente de taille, son apex présente les modi-
fications suivantes : jusqu'à l'oursin de lo"" de diamètre, à l'exception du madré-
poride dont le centre soulevé porte les hydrotrèmes, les plaques génitales restent-
arrondies, à centre déprimé bordé d'un cordon granuleux, perforées dans l'épaisseur
de la courbe libre par un pore génital visible de côté seulement {fig: i); à partir de cette
taille la dépression centrale des génitales, d'abord arrondie, se rétrécit, s'allonge en
fente parallèle au bord périproctal, d'abord sur la génitale i (notation de Lôven), puis
et dans cet ordre chez les génitales 5, 4, à partir de là™" de diamètre (fig. 1). La dépres-
sion centrale arrondie de la génitale i persiste la dernière ; elle ne s'allonge en fente
C. R., 1906, i" Semestre. (T. CXLII, N» 21.) l53
ii68
ACADEMIE DES SCIENCES.
qu'au-dessus de 18™'" de diamètre {fig. 3) et ne disparaît complètement que dans les
oursins d'une taille supérieure à aS"" de diamètre. Pendant que ces modifications s'ac-
complissent, la partie adorale des génitales s'allonge en pointe, le pore génital devient
peu à peu visible d'en haut. Il est placé tout à fait à l'extrémité de l'angle libre, partie
beaucoup moins saillante que le reste de la plaque.
Les ocellaires, situées dans les angles des génitales, restent bilobées jusqu'à la taille
de 8™" de diamètre, puis elles prennent peu à peu la forme subpentagonale qu'elles vont
garder et se couvrent de granules.
Aussi, entre les tailles de 12 à 16™™ de diamètre, est-il impossible de dire si l'on a
sous les yeux un Hemipygtis titberculosus de grande taille ou un Hernicidaris]e une.
A partir du diamètre de 18""", l'apex se rapproche de plus en plus de celui de VHemi-
cidaris crenidaris typique. Les plaques génitales deviennent saillantes, leurs granules
apparus vers i5™° de diamètre se multiplient, le pore génital se rapproche du centre des
plaques en même temps que se soulève la partie encore déprimée qui le porte et la
transformation est complète chez l'oursin de plus de aS""" de diamètre. Il ne reste plus
de trace de ce qu'on pourrait appeler le stade Hemipygus, V Hemicidaris crenidaris
type est constitué.
La constatation de ces modifications dans l'évolution d'un organe aussi
important qu'est l'apex pour le développement des Echinides, suffirait à
elle seule pour prouver l'identité des deux oursins. D'ailleurs l'étude des
deux autres portions du test conduit aux mêmes conclusions.
Fig. 4. Fig. 5.
La formule ambulacraire est la même chez Hemicidaris crenidaris et chez Hemipygus
titberculosus. Les semi-tubercules de la base sont en nombre variable avec la taille : i à
5 chez Hemipygus, 5 à 8 chez Hemicidaris, tous portés sur des majeures oligopores. Au-
dessus, les petits tubercules de l'un comme les granules de l'autre sont situés de 3 en 3 pri-
maires. Ici encore la différence tient à la taille, car des granules imperforés et incrénulés
se voient au sommet de l'ambulacre de V Hemicidaris crenidaris à 25"™ de diamètre, de
même que de petits tubercules crénulés et perforés continuent les semi-tubercules de la
base ambulacraire des Hemipygus tuberculosus de grande taille à 10, 12"™ de diamètre.
Les interambulacres sont absolument semblables, seul le sommet est peut-être un peu
plus tuberculeux au stade Hemipygus : cette particularité s'observe aussi jusqu'à aS"""
de diamètre chez Hemicidaris crenidaris incontestable.
SÉANCE DU 21 MAI I906. 11^9
Il paraît légitime de tirer les conclusions suivantes :
Dans le Séquanien de Bourges, toutes les formes de passage existent
entre VHemipygus tabercidosus (Cotteau) et Fadulte typique à'Hemicidaris
crenularis (Lamarck) et le premier paraît n'être que le jeune âge du second.
Il y aurait donc lieu de retrancher de la méthode l'espèce Hemipygus tuber-
culosus.
Cette étude contient encore une conclusion d'un ordre différent. Lôven
a attribué aux plaques génitales le numérotage de la figure 4 et n'a donné
aucune raison de ce choix. Ne pourrait-on pas lui préférer le numérotage
de la figure 5, qui aurait sur celui de Lôven l'avantage de rappeler l'ordre
dans lequel les génitales arrivent à constituer l'état adulte au moins chez
Hemicidaris crenularis .
M. Pierre Carles adresse une Note traitant de robtention d'un soufre
niouillable qui ne change aucunement le degré acidimétrique ou alcalimé-
trjque des bouillies à la chaux ou au carbonate de soude et de V action de
bouillies soufrées contre Voïdium de la vigne et du rosier.
A trois heures trois quarts l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à quatre heures et demie.
G. D.
II '^O ACADEMIE DES SCIENCES.
BULLETIiV BIBLIOGRAPHIQUE
Ouvrages reçus dans la séance du 3o avril 1906.
(Suite.)
Die Théorie, Berechnung iind Konstruktion der Dainpfturhinen, von Gabriel Zahikjanz,
mit ■ïi ïextfiguren. Berlin, M. Krayn, 19116; i fasc. in-S".
iStir les propriétés de deux cercles égaux et tangents, par Antonio Cabreira. Coïnibre,
1906 ; 1 fasc. in-S".
Sur le problème relatif à la résolution d'un triangle dont on connaît deux côtés et l'angle
opposé à Vun d'eux, par Antonio Cabreira. {Bull, des Se. math, et phys. élémentaires.
n° 12, i5 mars 1906, p. 177.) i fasc. in-S".
Cabreira (Antonio). (Article du « Dictionnaire biographique international des écri-
vains, etc., par Henry Carnoy », t. Xl\, p. 196.) i fasc. in-8°.
Sulla produttii-ita del grano a seconda delV epoca di sementa ; Nota del prof. Napo-
LEONE Passerini. Florcnce, 1906 ; i fasc. in-8°.
Esperienze per combattere la pernospora délia Vite, série settima, igo5; Nota del prof.
Napoleone Passerini. Florence, 1906; i fasc. in-8°.
Contributo alla fisiologia dei muscoli lisci;^ota.deÏT[)ro{. Angelo Mosso. Rome, 1906;
I fasc. in-B".
Esperienze sulla dispersione anoniala dei vapori metlallici nelVarco clettrico alternative,
cite illuslrano la questione degli spettri molteplici di un elemento ; Nota del prof. L. Puc-
ciANTi. Rome, 1906; i fasc. in-4°.
Proceedings of the Sydney University Engineering Society , igo/J ; vol. IX. Sydnej'; i vol.
in-8°.
Indice alfabetico del BoUctino délie pubblicazioni italiane, recevute per diritto di stanipa
dalla Bibliotheca Nazionale centrale di Firenze nel igoS. Florence, igoS ; 5 fasc. in-8°.
Boletin de la Real SociedadGeografîca ; t. XLVIII, 1'"' trimestre 1906. Madrid; i fasc.
in-8».
Sitzungsbcrichte der Kaiserlichen Akadcniie der Wissenscha ften. Matlicmatiscli-Natur-
wissenschaftliche Classe; Bd. CXIX, Abt. I, XV', III. Vienne, 1903 ; 3 fasc. in-B".
Nachricliten von der Kôniglichen Gcscllschaft der Wissenschaften zu Gôttingen. Matlie-
matiscli-physikalische Klasse, 1906; Heft i. Berlin, 1906; 1 fasc. in-8°.
I
ACADÉMIE DES SCIENCES,
SÉANCE DU LUNDI 28 MAI 1000,
PRÉSIDEXCE DE M. II. POINCARÉ.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE
M. LE Présidext annonce à l'Académie qu'en raison des fêtes de la Pen-
tecôte, la séance du lundi 4 juin sera remise au mardi 5.
ASTRONOMIE. — Sur les travaux récents accomplis à V Observatoire
de Besançon. Note de M. L.œw\'.
M. Lebeufm'a prié de faire hommage à l'Académie des dernières publi-
cations de l'Observatoire de Besançon. Elles sont relatives à la chrono-
métrie et à la météorologie.
Le Directeur de l'Observatoire de Besançon s'est appliqué avec une
grande ardeur à perfectionner les méthodes employées pour la vérification
des chronomètres et des montres émanant de la fabrique bisontine et à
faire naître une émulation très heureuse parmi les constructeurs d'appareils
destinés à la mesure du temps.
Ces efforts persévérants ont été couronnés de succès. La lecture du
17* Bulletin chronométrique, relatif à l'année 1904-1905, permettra en effet
de se convaincre qu'il en est résulté non seulement une augmentation pro-
gressive dans le nombre des pièces d'horlogerie soumises au contrôle de
l'Observatoire, mais aussi qu'une plus grande régularité se manifeste
actuellement dans la marche des chronomètres et des montres présentés
aux concours de réglage.
C. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLH, N» 22.) l54
II72
ACADEMIE DES SCIENCES.
MÉCANIQUE. — Centres de gravité de systèmes spiraloïdes,
par M. HATOm de la Goupilliëre.
I. On a pu voir dans notre précédente communication (pageii3o) quels
obstacles rencontre la recherche du lieu géométrique des centres de gra-
vité d'une ligne dont la densité varie en raison d'une puissance entière et
positive de sa longueur, pour une figure aussi simple que le cercle. En
vue d'un résultat plus complet (tout en élargissant la généralité de l'expo-
sant), j'envisagerai la spirale logarithmique. Elle justifie encore la devise
de Jacques Bernoulli : eadem miitata resurgo ; car le lieu géométrique
des centres de gravité des arcs croissants à partir du pôle, et de densité
proportionnelle à une puissance positive (entière, fractionnaire ou incom-
mensurable) de la longueur, est une 'spirale égale tournée d'un certain
angle.
Nous prendrons l'équation de la courbe sous la forme
i' ^— ^e cot fl
en appelant a l'angle de la tangente et du rayon. La masse élémentaire est
s"ds, et la masse totale
5ÏI -f- 1 e(7z + 1)6 cot a
OU
ù
n-\-i ' [n -\- i) cos" + < a '
Le moment relatif à l'axe des ordonnées a pour valeur
s"dsr. cos6 = -r ^ / e'>" + -) "^"^ « cos 6 rf9.
Posons pour simplifier
[il -+- 3) cot a = cot b,
nous aurons pour l'abscisse du centre de gravité
pin + 1) Il coi a T T" . . , r. 1 r,
.r • , / r- = -■ / e" <=<>' '' cos 9 d 9,
[n + i) cos" + 1 a sm a cos"a J—cr.
x=^{a + i)cola . e-("+i)ocot.r siu 0 + coi. /. cos 0 ^.,„,,-|
\ ' J I I _j_ col-/; J
l'exponentielle s'annulant pour la limite inférieure de l'intégrale, puisque
son exposant est positif. On a donc
.r :=:(/; 4- i) cot « sin b cos (9 — b) e" '^"^ «.
i
SÉANCE DU 28 M.U igo6. II 73
On trouverait de même pour l'ordonnée du centre de gravité
y = (« -f i) cot a sin h sin (0 — h) e" '^°'''.
2. Il suffit maintenant d'éliminer S entre ces deux égalités. Convertissons-
les pour cela en coordonnées polaires
tang tjj ^ ^ = tang (*) — d],
iO =^ — Ù , fj = 10 + &,
p = ^x^ -+- y^ = [n-\- i) cot a sin h e" '='" "
= («+i) cot a sin 6 e('' +')<=»'«.
Si nous posons enfin
(«4- i) cot« sin b .e'""'^" = gccot«_
nous pourrons écrire
3 ——. g(i.) + c) col a
c'est-à-dire une équation identique à la proposée, pourvu que l'on fasse
tourner de l'angle c l'axe polaire.
En résolvant numériquement par rapport à a l'équation transcendante
c = 2 krv, ou
r , , T ^ r (n + i) oot a H ,
arc cot [a -\- 2) cot a + tang « Log . = 2 /,-,
on déterminerait des spirales spéciales qui sont à elles-mêmes le lieu de
leurs centres de gravité, pour une densité proportionnelle à la puissance n
de la longueur.
3. Le cas ordinaire de l'arc homogène rentre dans ce théorème général
pour n = o. En prenant h = i, on l'appliquera au centre de gravité de
l'aire, à la condition de tenir compte de la superposition des spires aréo-
laires. En effet, si l'on condense en leurs centres de gravité les secteurs
élémentaires qui la composent, on constitue une spirale semblable réduite
d'un tiers, c'est-à-dire une spirale égale tournée d'un certain angle et
douée d'une densité proportionnelle au rayon, ou à l'arc. On devra ici
tenir compte à la fois des deux rotations, pour déterminer des spirales qui
soient à elles-mêmes le lieu des centres de gravité de leur aire.
4. Envisageons maintenant des puissances négatives, en distinguant les
trois intervalles séparés par les limites
o, — • I , — 2, — =c.
11^4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Entre zéro et — i, rien à modifier, puisque les exposants « + i et /i + 2
restent positifs, ce qui annule au pôle le facteur exponentiel. Le même
énoncé s'applique donc alors purement et simplement.
Au contraire, entre — 2 et — 00 , les exposants n -{- i et n -\- 2 étant néga-
tifs, les deux intégrales de la masse et du moment deviennent infinies au
pôle, ce qui entrave les raisonnements. En l'evanche nous pouvons recons-
tituer lui théorème semblable, en substituant à l'arc précédent celui qui
s'étend du point décrivant à l'infini ; c'est-à-dire en intégrant, non plus
de — 00 à 9, mais de 9 à -|- 00 . Le facteur exponentiel s'annule maintenant
pour la limite supérieure des intégrales. Une analyse semlilable conduit
donc à un énoncé identique, mais relatif à cet arc tout différent du pre-
mier.
Entre — i et — 2 enfin, il n'y a plus place pour aucun énoncé. En effet
?i + I étant négatif et /; + 2 positif, l'intégrale de la masse devient infinie
au pôle, tandis que celle du moment l'est à l'opposé. Aucun des deux arcs
ne comporte donc plus notre analyse.
5. Cette lacune s'étend aux limites elles-mêmes. C'est seulement e/i dehors
de leur intervalle que s'appliquent les théorèmes.
Pour n = — 2, en effet, le facteur exponentiel s'évanouit dans l'expres-
sion du moment, qui reste purement trigonométrique, et deviendrait indé-
terminée pour 6 = zt 00 .
Avec /t = — I, nous avons le centre de gravité de la courbure. En effet
la densité variant en raison inverse de l'arc, ou du rayon vecteur, ou du
rayon de courbure, la masse élémentaire sera , c'est-à-dire l'angle de
contingence, lequel est égal à f/8 puisque a est constant. La masse totale
sera donc (), lequel devient infini aussi bien vers le pôle que dans le sens
opposé.
6. Finalement donc, nous pouvons formuler l'énoncé suivant : Si la den-
sité des arcs d'une spirale logarithmique varie en raison d'une puissance n
{entière, fractionnaire ou incommensurable) de la longueur comptée depuis
le pôle, le lieu, géométrie/ ue des centres de gravité est une spirale égale tour-
née d'un certain angle, pour l'arc en question si n est compris entre — i
et -\- 00 ; ou au contraire pour l'arc complémentaire qui se développe du
point décrivant à l'infini, lorsque n se trouve entre — 2 et — co ; aucun
énoncé ne subsistant aux limites — i et — 2 elles-mêmes, ni dans leur inter-
valle.
SÉANCE DU 28 MAI I906. II75
7. Nous terminerons ces recherches en envisageant un chapelet discon-
tinu formé des nombres consécutifs de i h q, disposés en forme de gra-
duation angulaire le long de la spirale logarithmique, à partir d'un de ses
points par lequel nous ferons passer l'axe polaire. Appelons p leur inter-
valle constant.
Pour en obtenir le centre de gravité, il suffit d'évaluer les sommes de
moments U et V. La masse /.• a pour azimut 9 = A- !3 et pour rayon vec-
teur /• =: e *''- (en représentant pour abréger cot a par A). On a donc
U = y ke^''-> cos A-^, V = y h-e^^> sin />•?.
0 o
Nous pouvons également ranger sur la spirale, non plus les nombres
naturels, mais leurs puissances p entières et positives. Les moments
deviendront
î <i
U;, = y kPe^''^ cos A-|3, V,, = S f<>'e^''' sin /.-p.
0 o
8. Introduisons ici les sommes des abscisses et des ordonnées
u=\ e'^*'- cos/i:|3, v=\ e'"'^ sin/t
.o
On en déduit à l'aide du symbole imaginaire t = y,' — i
(i) U -I- vi = y eA''V (cos l;fj-^ i sin /.-.S) ^ S e^^iA + o?^
0 0
progression géométrique qui a pour somme
Il + Cl
e.A + ij? — I
Rendons le dénominateur réel en multipliant par l'imaginaire conjuguée
les deux termes de la fraction
Il -+- VI = -t J— t i-
[e(A + 0? — i] [e(A-0?— i]
e(q + i)A p eg'g — e(7-f i) M e(.q + 1) i? — e-i? e- M + i
e2.43 _ e.4? (e'? + e- '?) + i
Remplaçons les exponentielles par leurs équivalents trigonométriques,
II '^6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
en égalant séparément les parties réelles ou imaginaires
e(7 + 2) A? cos «7^ — efî + i) A? cos (7 + i)3 — eA? cos p + i
/ \ \ e^A? — agA? cos ^ + 1 '
^ ' I c(î + 2)A;3 sin (/g — e(7 + ')A? gin ((/ + 1)6 + çA? sin^
e^A? _ a eA? cos ^ + I
9. A ces expressions, dorénavant connues, nous pouvons rattacher Up et
Vp. Différentions en effet p fois de suite la formule (i) et sa conjuguée
dpii
dpu
-^-|^=(A-.y^A-^V
,(A — i) k}
o
Or on a, en rendant à A sa valeur cot a
\ ' \ siii a j %mva
(A — iy = f ces a — ( sin a \ >' e— i""'
ppai
smPa
Il vient donc en ajoutant les équations précédentes
2 -^ sin^'rt = eP"' VA-^'eA*-? (cos 7>:,3 + i sin /.-p)
o
î
_l_ e- pai \j.p(;Mn ^cos /.•? — / sin kp)
0
= e""' {\]j, + ;■ \V) + e-'P'"' (Up — î V;,)
= Up (eP"' + e- '""■) + f Vp {eP"' — e- p"'),
'^ sin^rt = Up cos pa — Vp sin ^r/.
On trouvera de même
—S^shv'a = Up sin pn + Vp cos pa.
Nous déduisons donc de ces deux égalités
TT / dPy ■ , dl'ii \ . „
■IT- / f^''*' I^P" ■ \ • Il
SÉANCE DU 28 MAI I906. "77
formules qui résolvent la question en exprimant Up et Vp, c'est-à-dire les
coordonnées Xp, Yp du centre de gravité en fonction des dérivées d'ordre/?
des expressions (2).
AÉRONAUTIQUE. — Sur une expédition en ballon dirigeable, projetée
pour V Exploration du Pôle Nord. No\e de M. J. Jaivssex.
Les progrès de la Navigation aérienne réalisés dans ces derniers temps
devaient forcément appeler l'attention des hardis voyageurs cherchant à
pénétrer le mystère des régions polaires. Aussi est-ce sans surprise que
nous apprenons qu'un des explorateurs les plus célèbres de ces contrées
inaccessibles, M. Walter Wellman, fait construire à Paris un ballon diri-
geable qu'on va transporter incessamment au Spitzberg d'où il partira
pour atteindre le Pôle Nord.
Avant d'entrer dans l'exposé des moyens que M. Wellman compte
employer dans cette exploration, nous devons rappeler le beau rapport
dont Faye, doyen de la section d'astronomie, donnait lecture dans la
séance du 4 juin iBgS, au nom d'une commission dans laquelle figuraient
MM. Daubrée et Blanchard.
Après avoir rendu hommage au courage de cet héroïque martyr des
explorations polaires et de ses compagnons, l'illustre doyen de la section
d'astronomie exprimait le regret de voir exposer des vies si précieuses
dans une expédition entourée de tels dangers. Notre regretté confrère
reproduisait sous une forme moins énergique les idées émises quatre-
vingt-treize ans auparavant par un des membres les plus illustres de l'Aca-
démie, le grand physicien Rochon dans un ouvrage publié en l'an X de la
République ; il conseille fortement de faire partir un ballon du Spitzberg
pour traverser les régions polaires ; puis après avoir annoncé que sa
proposition avait l'appui de Buffon, il ajoute qu'en considération des
risques de l'entreprise, l'équipage pourrait être composé de criminels à
qui l'on accorderait leur grâce.
Mais depuis cette époque, grâce au travaux de MM. GifFard, Dupuy de
Lôme, Gaston Tissandier, Krebs et Renard, Santos Dumon et Lebaudy,
nous possédons des ballons dirigeables.
Le chef de l'expédition américaine dont je viens vous entretenir s'est
déjà fait connaître avantageusement du monde scientifique, par de belles
II^S ACADÉMIE DES SCIENCES.
explorations polaires. En 1894, il parlait pour dresser la carte complète
de la côte du Spitzberg. En 1898, il exploi-ait la terre François-Joseph
jusqu'au 82" parallèle et attachait son nom à la découverte d'îles nou-
velles.
Le 16 mars 1906, la Société de géographie de Washington, présidée par
M. Willis-L. Moore, directeur du Weather Bureau, adoptait à l'unanimité
les plans que M. Walter Wejlman lui présentait.
Son lieutenant est le major H.-B. Hersey, représentant le Weather
Bureau des États-Unis qui fournit les instruments nécessaires aux obser-
vations scientifiques. Lors de la guerre espagnole, ce savant, qui dirigeait
l'observatoire météorologique de l' Arizona, quitta ses fonctions pour se
mettre sous les ordres directs du Président Roosevelt et, depuis la conclu-
sion de la paix, il a repris ses fonctions scientifiques.
Les frais de l'expédition, qui sont évalués approximativement à la somme
de treize cent mille francs, sont supportés par M. Lawson, M. Wellman
lui-même et la Société nationale de Géographie, qui a tenu à donner sa
part contributive.
A bord du ballon polaire, la France sera représentée par M. Ilervieu,
aéronaute bien connu. D'un autre côté, les deux chefs d'expédition
emploient leur séjour à Paris à faire des ascensions réitérées; depuis
quinze jours ils en ont déjà exécuté une dizaine.
Lorsque deux des compagnons d'Andrée ont eu l'honneur d'être présen-
tés à un des secrétaires perpétuels, celui-ci aurait dit : « Je vous approuve,
« à condition que vous aurez commencé par traverser l'Europe avec votre
équipage aérostatique. »
Cette parole a été écoutée cette fois, car le ballon de M. Wellman sera
préalablement essayé au Spitzberg. Les épreuves de direction et de vitesse
seront exécutées au-dessus d'un large bras de mer voisin du lieu de gon-
flement, et l'expédition ne partira que si le vent est favorable et si toutes
les expériences préliminaires ont réussi de la façon la plus complète.
Dans le cas contraire, l'expédition reviendra en France, où l'on exécutera
toutes les modifications reconnues nécessaires.
Je mets sous les yeux de l'Académie un mémoire explicatif dans lequel
nos confrères trouveront les éléments nécessaires pour apprécier la cons-
truction du ballon. Nous devons ajouter que, préalablement, M. \^'ellman
est venu en France prendre l'avis de nos aéronautes les plus compétents.
L'expédition établit à Ilammerfest, le point le plus septentrional de lEu-
SÉANCE DU 28 MAI I906. ' ï 79
rope, une station de télégraphie sans fil ; une seconde au Spitzberg ; une
troisième sur le continent américain et une quatrième à bord du ballon
lui-même. La communication électrique avec la Terre sera donnée par le
guide-rope compensateur qui est en acier.
De plus, prévoyant le cas où le ballon ferait défaut, M. Wellman
emporte des traîneaux à traction de pétrole qui ont été essayés avec suc-
cès dans les glaces de la Suède Thiver dernier. Les épreuves cinémato-
graphiques ont été prises pendant les expériences ; elles seront mises
sous les yeux de l'Académie lorsqu'elles seront arrivées à Paris.
PHYSIQUE. — Addition à la note sur les basses températures et l'analyse
chimique ('). Note de MM. d'Arsoivval et Bordas.
La distillation et la dessiccation dans le vide aux basses températures se
fait très bien pratiquement avec le vide de la trompe ordinaire qui suffit
dans la plupart des cas. Au cours de nos expériences nous avions trouvé
néanmoins avantage à avoir un vide plus parfait obtenu soit avec la trompe
à mercure, soif avec le charbon refroidi à la température de l'air liquide,
suivant le procédé de Dewar. Il en est ainsi par exemple pour la distilla-
tion de certains liquides alcooliques peu riches en alcool et très sirupeux.
Nous reviendrons en détail sur ces cas particuliers, surtout lorsqu'il
importe de recueillir certains gaz ayant encore une tension de vapeur
appréciable à la température d'ébullition de l'air liquide.
MAGNÉTISME TERRESTRE. — Observations magnétiques à Tananarive.
Note de M. Éd.-Él. Collx.
J'ai l'honneur de présenter à l'Académie les résultats des expériences
magnétiques de déclinaison, d'inclinaison et de composante horizontale
que j'ai exécutées, toutes les semaines, à l'observatoire de Tananarive,
depuis le mois de mai igoS jusqu'en avril 1906.
Voici les valeurs olîtenues :
(') Comptes rendus, t. CXLII, p. io58. Séance du i '1 mai 1900.
C. R., 1906, 1=' Semestre. (T. CXLII, N« 22.) l55
Dates.
Mil
Juin
Juin.
Août,
Sept.
Ocf.
MESURES ABSOLUES DE LA DECLINAISON, EN 1905 ET 1906.
Heures. Déclinaison NW. Dates. Heures. Déclinaison NW.
5
II
■3o"
à II
'45""
9»49'4i'
l'i
1 1
. 3o
1 1
.41
9.52.55
19
1 1
.35
1 1
.45
9.50.56
26
1 1
.30
1 1
■ io
9.53.30
2
1 1
. 20
1 1
.32
9.48.45
9
1 1
33
II
48
9.49.15
16
1 1
. 20
1 1
35
9-47-37
23
1 1
20
11
.34
9.47- 0
3o
1 1
35
II
■ 47
9.50.37
7
1 1
40
1 1
5o
9.48. 8
14
i3
5
i3
30
9.43. S2
21
1 1
40
1 1
55
9.49"
28
II
3o
II
47
9.5i.3o
4
n
40
1 1
52
9.46.52
1 1
1 1
28
1 1
40
9.49.30
18
1 1
40
1 1
5o
9.49-5i
35
1 1
3
1 1
16
9.49. 0
I
1 1
36
1 1
5o
9.50. 0
8
1 1
36
1 1
47
9.31.45
i5
1 1
34
1 1
48
6.49.19
2 3
9
10
9
20
9.47 -3 ^î
3o
9-
10
9
23
9-49- 7
7
i3.
00
i3.
i5
9.43. 0
14
9
3o
9
40
9.46.14
21
9
28
9
4i
9.45. 4
a8
9-
0
9
10
9.48.23
o
.0^
Nov. 4
II
18
25
Dec. I
7
19
23
29
19
26
9
16
23
Mfirs. 2
9
16
23
3o
Avril. 6
10
20
27
i3''25™
9. o
9. o
9 • 40
i3.20
i3 . i5
8.3o
8.48
12. 25
12 . 20
12. 53
i3. 20
12.25
8.43
12. 20
12.24
12. 22
I 2 . 26
12 ,23
II . 3o
11. 18
12. l5
12. l5
12.22
12.12
12 . 12
i3''37"
9.15
9.»9
9-48
13.34
i3.3o
8.43
9.00
12 .39
12.34
i3. 9
i3.3o
12.41
8.56
12.37
12 .36
12.33
12.45
11.33
II .41
12. 3o
12 . 27
12. 26
ia.34
1 2 . 26
12. ï6
9°38'i9"
9-49- o
9.46.30
9-46. 7
9.39.45
9.39.26
9.48.15
9.5i.ii
9.39. 8
9.42.45
9-39- 7
9.40.56
9.41. o
9.43.41
9.38.26
9. 41. Il
9.39.15
9.39.Ï5
9 40.26
9-44-I9
9.45. 4
9.40. o
9.41.34
9.37.56
9.37.41
9.41. o
>
o :
S?;
Si:
\ \
f=^ o^
O
s:
o o
MESURES ABSOLUES DE L'LNCLLNAISON, EN 1903 ET 1906.
Dates. lleures. Inclinaison. Dates. Heures. Inclinaison.
Mai.
6
i3
iii'3o"'
11.28
1 12'' 0"
1 1 . 58
54''i9' 2"
54. 8.i3
. en
Nov.
4
1 1
811,5 m
i3.4o
. 81' 5o'»
14. 8
53°5i'29"
54. 5.26
f -^trt
20
II . 1 5
11.43
54.12.47
0 2
*^ 0
18
i3.23
i3.55
54.16.57
1 u->
27
11.18
Il .43
34. a. il
25
i3. 20
i3.55
54. 6.12
Juin.
3
11.40
12. 8
54. 6.22
_.=
Dec.
2
12. 8
12.40
54.12. 3
'
10
ii.i3
1 1.43
54. 7-54
>^€
7
i5. 7
15.35
34.20. i3
1 .. 0
1 -LD
17
12. 5
12.35
54.14-10
^°
'9
i5. 5
i5.4o
54.20. i
24
i3.3o
14 . 0
54.10.23
'*:^
2 3
12.27
i3. 3
54. 3.17
Juill.
1
12 .20
12.45
54.13. 38
3o
12.18
12.53
54.11.37
8
1 1 .40
12 . 20
53.56.28
■ 00
Janv
6
i3. 0
i3.35
5.i.25.3i
. . ùl
i5
14. i5
14.45
54. i.So
S^?
i3
la.. 17
12.57
54.16.16
21
11.10
II .40
54. 3.29
in
20
12.25
12. 5i
54. 5.26
29
12 . 23
1 2 . 46
54. 3.16
27
12.23
i3. 0
54. 7- 0
Août
. 5
11. 4
11.35
54. 2.27
_ r
Févr
. 3
12 .20
12.47
54.17-38
\ .."b
14
11.35
12. 20
54. 3.52
>,^
10
12 , 24
12.55
54.24. 4
( ^ >>-^
'9
11. i3
11.45
53.59.17
° ^
"7
12.25
i3. 0
34. 4.43
l 0 2
26
II. 4
11.34
54.13.41
^:S'
24
12.21
12.55
54- 4.i5
Sept
I
8. II
8.45
54. 3.54
Mars. 3
12.23
12.53
54.13. 36
9
1 1 . 20
12.20
54.16.52
10
11.12
11 .39
34. 7.30
1 .. 'Oi
16
12.19
12. 52
54. 2.38
H
'7
1 1 .5o
1 2 . 1 5
54.15.48
2 3
12.21
12.52
53.49.41
^s
24
12.12
12.39
54. 9.56
3o
i3. 8
i3.4o
53.58.23
3i
11. i5
1 1 .40
54.19.55
t-O
Ocl.
7
14
1 3 . 0
i3.i5
i5.3o
14. 0
54. 2. 8
54. 0.37
•; "ai
Avri
• 7
1 1
1 1 . 1 5
II.30
1 1 .42
11.38
54.i3.i5
54.12.40
21
13. 6
13.43
54. 7.18
/
1^
21
1 1 . 20
1 1 .5o
54. i8.5o
l 0 z
28
i3. 8
13.45
54. 7->5
28
12. i3
12.45
51.20.36
SÉANCE DU 28 MAJ I906.
II81
MESURES ABSOLUES DE LA COMPOSANTE HORIZONTALE, EN 1905 ET 1906.
Composante [
Composante
Date
s.
Heures .
horizontîi
le.
Dates.
Heures.
horizontale.
Mai.
5
12'' 0™ i
I2''27™
0,2554a \
0, 25556 1
.. ^
Nov. 4
i3"37"' à
14I1 5'"
0,25476 ] .. vr
0,23^67 ( >,-^
12
II. 41
12.10
. 0
1 1
9.15
9 -50
19
11.46
12. 12
0,25437 i
0,25491 /
^ 0
18
9-'9
9.5o
0,25340 i =15
o,254i5 ) * 0
26
1 1 . Sg
12.26
25
9-49
10. 17
Juin
2
11.33
12. 14
0,25419 \
Dec. I
13.34
14. 2
o,255o8 \
9
12. 3
12.35
0,25558 1
7
i3.3o
14. 0
0,25454 / "^
16
12 . 0
12.27
0,25552 \
0?
19
8.43
9.18
0,25440 g»^
23
11.34
ia.i8
o,ï5456 \
SJ
23
9- 0
9.28
0,25441 \ S o"
3o
12 . 20
1 2 . 5o
0,25478 /
29
12.39
i3. 10
0,25479 /
JuilL
7
12.11
12.39
0,25410 \
0
Janv. 5
12.34
i3.i5
0,20523 \ .. 0
i4
l3.20
13.47
0,25476 f
12
i3.9
i3.36
o,255oi 1 ^>S
21
28
12.16
11.47
12.43
12.38
0,25441 i
0,25460 ;
0 "^
19
26
i3.3i
12.41
14. 1
i3. 10
0,25428 ( Jl^
0,25548 * 0
Août
• 4
)1.52
12. 20
0,25430 \
0,255o8 1
.. 0^
Févr. 2
8.57
9.26
0, 25440 \ . 0
0,25454 / ^%
1 1
1 1 .40
12.23
9
12. 37
i3. 8
18
25
12.14
11.16
12.44
11.45
0,25443 i
0,25458 j
0 "^
« 0
16
23
12.37
12.33
i3. 12
i3. 7
0, 25502 ( o^S
0,25447 .' °
Sept
I
12. 9
12.38
0,2544a ^
Mars. 2
1B.45
i3.i6
0,35408 \
8
11.47
12. 3i
0,25491 1
o,255o6 ;
■; (O
9
11.35
12.3
0,25428 J •:=£
i5
12 . 10
12.42
°i
16
11 .40
12 .21
0, 25410 ) ^i"?
23
9.21
9.51
0,25383 \
So-
23
II. 3i
II .57
o,254i5 \ S }
3o
9. "3
9.52
0,25490 /
3o
12,27
i3. 0
0,25429 /
Oct.
7
i3.i6
13.49
0,25406 \
0,25522 '
,, t^
Avril. 6
12.27
12.59
o,a545i \ ., r^
'4
9.40
10. q
. Cl
10
12.34
i3. 7
0,25478 ( ;;,'4
21
28
9-42
9. II
10.18
9-4i
0,25496 \
0,2 5566 ,'
,5 "3
S 0
20
27
12.26
12.26
12.57
12. 54
o,255oi \ l'S
0,25441 ■' 0
1. Dti mois de mai igoS au moi d'avril de l'année suivante, la déclinaison
a diminué de 12'. Le maximum a lieu en mai, le minimum en avril. Détail
qui mérite d'être noté : D'après Irois années consécutives d'observations
à Tananarive, la déclinaison subit régulièrement un minimum au mois de
février.
2. Pendant cette période de 12 mois, l'inclinaison a augmenté de 5'45".
Le maximum s'est produit en avril 1906, le mimimum en septembre igoD.
3. La variation annuelle de la composante horizontale serait plus faible
de 0,00039. ^^'^ ^ atteint son maximum en janvier et son minimum en
mars de la même année.
M. Bertlv fait hommage à l'Académie d'une Note sur la protection des
navires contre les torpilles automobiles.
M. A. Haller fait hommage à l'Académie d'une brochure intitulée :
Etude sur la constitution des savons du commerce dans ses rapports avec
la fabrication, par François Merklen, ouvrage dont il a écrit la Préface.
II02 ACADEMIE DES SCIENCES.
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'un correspon-
dant pour la section d'Astronomie, en remplacement de M. J. Perrotiii.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 34,
M. Charles Trépied obtient. 3i voix.
M. Verschaffel 3 —
M. Charles Trépied est élu Correspondant de l'Académie.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une Com-
mission de deux Membres qui sera chargée de la vérification des comptes
de l'année précédente.
MM. Emile Picard et H. Moissax réunissent la majorité des suffrages.
CORRESPONDANCE.
M. LE Mevistre DE rlxsTRUCTiOA PERLiQLE communique à l'Académie
une lettre de M. le Consul général de France à Naples, relative à l'éruption
du Vésuve, accompagnée du texte et delà traduction d'une Communication
présentée à l'Académie Royale des Sciences de Naples par MM. Bassani et
Galdieri.
M. le SECRÉTAIRE Perpétuel signale parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, l'ouvrage suivant :
Note sur le dirigeable mixte « Wellmaii Chicago Record Herald Polar
Expédition » (Présenté par M. Janssen).
SÉANCE DU 28 MAI I go6. II 83
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les propriétés qui, pour les fonctions d'une
variable hi/perco/nplexe, correspondent à la monogénéité.
Note de M. L.ÉOX Autoxae, présentéepar M. Jordan.
Les propriétés générales des quantités hypercomplexes sont aujourd'hui
bien connues. Aussi, pour toutes explicalions, nous nous bornerons à ren-
voyer, par exemple, au Mémoire de M. Frobenius, « Théorie der hyper-
komplexen Gi'ossen » dans les Sitzungsberichte de l'Académie de Berlin,
pour avril 190,3.
Dans un groupe (s), aux n symboles £„ , a, |3 ^ i, 2, ..., n , prenons:
i°la variable .r =S £3 .r^ où les Xa, sont des nombres réels ou complexes,
coordonnées de .r ; 2° la quantité X + S £„ X„ (.r,..., Xr, ) =/' {{x)) fonction,
a
par définition, de la variable x. Existe-t-il quelque propriété rappelant la
monogénéité ?
Si X, N, X sont des quantités complexes, la monogénéité consiste, comme
on sait, en ce que fZX ^= udx. M. Scheffers [Comptes rendus, mai iSgS) a
reconnu que cela ne pouvait subsister que dans les groupes à multiplica-
tion commutative. Voyons ce qui se passe si (s) est un groupe simple; par
conséquent n = /'. La multiplication n'étant plus commutative, udx est à
remplacer par uxlx.v. De pareilles expressions u.dx.v ne se réduisent pas
ensemble, au moins en général, et le problème se formule ainsi : mettre
fZX ^: S £.. fZX„ sous la formes «j . dx.Vi , \i^^ i, i,...,^\,^ éiAn\. minimum.
et i
Il existe une matrice n-aire "^V, oii chacun des n- éléments est une
expression S c„j "^" , les constantes c»^ étant connues sans ambiguïté
« dès que (s) est donné. » N est le rang de '^. Vis-à-vis du changement des
symboles s, N se comporte comme un invariant, ainsi que les « Elementar-
teiler » (Weierstrass) du faisceau de matrices p SV +''^^'-
Prenons X =: f [{x)) , x = 's {[2/)) d'oùX = F {(y))- Comment se comporte
'^ dans ce changement de variable?
Soient respectivement u , v , w les matrices "^ pour les fonctions f », F.
Les ir éléments de ?<, i> , t^» sont les coordonnées dans un certain groupe [ez),
d'ordre n- et simple, de quantités hypercomplexes U , V , W . « On a,
dans (se), W = UV. »
Il84 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Cet ensemble de propriétés permet de nommer l'entier N « indice de
monogénéité ».
Pour construire toutes fonctions à indice N donné, il faut annuler dans
"^ tous les déterminants (N-j- i) — aires et intégrer le système d'équations,
obtenu ainsi, aux dérivées partielles du premier ordre. Voici la solution
pour N = I , c/X = u . d.r . v.
On peut, comme on sait, affecter, dans (s), les x et les s d'un double indice
i a , j3 , y , 0:^ i,a...., /•; 7/ =''^i, de façon que le groupe (s) soit isomorphe
sans hémiédrie au groupe des matrices /-aires
/ .fn -t'i,'
(^)=
\ ■l';-l C,.^^
Il y a quatre types, pour N == i, de fonctions X=: S £„5 X.,s (ru Vrr)-
«s
I. — X = K.rL + i\I ; K, L, ■M = const. dans (e).
II. — X = N £„i X„i (4), t^ = 2J^<' ■^?'' ^'^«? = const. ;
« p
X„i (/) = fonction arbitraire de t.
III. — X = \ £i5 X|j (.ru, ,ri2, ..., .ri,.), X^ = fonct. arbitr.
5
IV. — X=^£.5X««(w);X,s {i)^f-nAl-)p^ {i)dt; M = -f {q^,q,,..., q.,, ..., q,.),
«s
q^z^ \ /ip Xp^, /ip = const. ; /■,„. {l), ps {l), '| = fonctions arbitraires.
N étant quelconque, pourquelamatrice'^soitsymétrique, il faut et il suf-
fit qu'en posant Y/ = ^ gim Xm, gi,n = const., l'expression
m
\ Y/f/.r; ) l, m = i, 2, ..., Il*
i
soit une différentielle exacte, les gi„, ne dépendant que du groupe (e).
SÉANCE DU 28 MAI I906. Il85
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une classe particulière de fondions Q. Note
de M. HEARY BOURGET, présentée par M. Emile Picard.
1. — Considérons une série absolument convergentes;/,,. La série
^(~îr)"" ' *^^^^ laquelle D désigne un nombre entier positif ou négatif et
i-Tj) 1(? symbole Legendre-Jacobi (ou il — \u„ si D est pair) est absolu-
ment convergente en même temps que la première ; (-fr) étant -)- i, — i
ou 0. Si la série S;/,, définit une transcendante, il est loisible de consi-
dérer avec elle les- autres transcendantes définies par SZ-r— j»„.
Les recherches de théorie des nombres de Dirichlet et de ses succes-
seurs montrent assez l'importance d'une telle considération.
Je voudrais signaler ici les faits intéressants, nouveaux, je pense, qui
se présentent quand on applique cette idée générale aux séries ?! de
Ja(;obi.
2. — Je me bornerai uniquement au cas de D > o et ^ i mod. 4i sans
diviseur carré ; réservant les résultats analogues correspondant aux
diverses hypothèses sur D pour un travail plus étendu. J'aurai donc à con-
sidérer les séries suivantes :
^^3 (^') = 2 2, (17) (J"' ''OS 2« T.C
1 II
00
Go (c) = ^ / ( — 0" (irj'j'"' ^'^^ ^" "''
I ji
G, (t^) = 2 \ (it) ? * ^'^^ (^" + ■) "''
1 n
^•i (<') = 2 2^ (— i)" (^3 j q 1- sin (27i + i) -r
1 n
avec
Si l'on groupe les termes de ces séries en comprenant dans un même
groupe les termes correspondant aux valeurs de n donnant le même résidu
s mod. D, elles deviennent
Il86 ACADÉMIE DES SCIENCES.
D- 1
(■, = D (i>-\-s'.
1 5
D - 1
1 «
1) - 1
i'„ = D (t; 4- s't)
1) — 1 - n^^
• SI LJ k
, 2S -]- I D
i s
3. — Ces expressions qu'on peut modifier encore un peu en utilisant les
formules de transformation des fonctions o nous montrent immédiatement
que les transcendantes entières Ta- satisfont aux deux équations fonction-
nelles
(A) H (i. + , ) = ç F, (^,) (B) ç, ((. + Dt) = r, /.- - - D (2. + D.) ç^ (^)
, + I si /.■ = 3,o i + ' si /i = 3,2
r — I SI /r = a,i r ■ — i si k = o,i
ou en posant
Dt = w
(A') e, (,>+.)= E ç, ((^) (B') r^, {i' + co) = Y, e - -■ ■> (^" + D,) p, ((,)
Or ces dernières équations sont précisément les équations de définition
des fonctions B d'ordre D, de rapport de périodes w et de caractéristiques
(o,o), (o,i), (i,o), (l,l).
Les fonctions désignées par 2\ {y) sont des fonctions 0 cVordre D. Il
paraît remarquable que l'introduction d'un symbole arithmétique permette
en isolant ces fonctions de la totalité des fonctions 0 d'ordre D d'en
donner une expression analytique si simple et si différente de leur expres-
sion connue à l'aide des & du premier ordre.
4. — On peut démontrer que les fonctions T;, (c) obéissent à des lois
simples de transformation. Envisageons, en effet, ces fonctions comme des
fonctions 0 de Tordre D, c'est-à-dire, comme fonctions de v et de Dt = w,
on a les formules
et
SÉANCE DU 28 MAI igo6. II87
a^)
Les formules (C) sont immédiates, mais les formules (D) sont plus
cachées. J'ai eu recours pour les établir à la théories des fondions réci-
proques de Cauchy.
On remarquera l'analogie parfaite de ces formules (G) et (D) avec les
formules de transformation des fonctions Sr. On peut donc dire : Les fonc^
tiens T/c (c, co) se comporlent vis-à-vis des substitutions (w, lo -j- D),
No, — • — J comme les fonctions o vis-à-vis des substitutions (w, w 4- i),
5. — Si incomplètes que soient ces recherches, il me semble que ces
fonctions Ta- [v, w) doivent jouer un rôle important dans la théorie des
sommes de Gauss et dans la théorie des fonctions modulaires.
En ce qui concerne ces dernières et par suite les formules déduites des
précédentes en faisant v = o, ]e dois dire qu'elles ont été déjà données
par Slieltjes [Verslagen te Amst. Akademie, i886] sans démonstration et
que les principes sur lesquels il s'est appuyé pour les établir se trouvent
dans une lettre à Hermite [Correspondance Hermite-Stieltjes, lettre 86].
C'est l'étude de cette démonstration qui m'a conduit aux formules (D).
PHVSIQUK. • — ■ Résistance des éleclroli/les pour les courants de haute fré-
quence. Note de MM. Aadré Bkoca et S. TtacHWi, présentée par
M. H. Becquerel.
La théorie de Lord Kelvin relative h la résistance des conducteurs
G. R., 1906, i" Semeslre. (T. CXLII, N» 22.) I 56
Il88 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cylindriques pour les courants de haute fréquence conduit, dans le cas des
métaux, à des résultats qui présentent avec l'expérience des différences sys-
tématiques, comme nous l'avons montré il y a un an [Comptes rendus^
t, CXL, p. 1228). iVous avons repris ces expériences en nous adressant aux
électrolytes, pour lesquels la théorie doit s'appliquer comme pour les
métaux, espérant trouver des divergences analogues. La difficulté était
seulement de réaliser un conducteur électrolytique assez gros pour que
les effets de concentration à la surface pussent s'y produire, malgré la
faible conductibilité de ces corps. Nous avons opéré sur un cylindre de
6'^" de diamètre et de lo*^"" de long et nous avons eu des résultats nets en
employant l'eau acidulée, à partir d'une concentration suffisante.
Nous avons commencé par vérifier, au moyen de notre électrodynamo-
mètre précédemment décrit, qu'un ampèremètre à fil chaud spécialement
construit pour les courants de haute fréquence donnait des indications
exactes dans les limites de période entre lesquelles nous avons opéré ;
cela a rendu les déterminations ultérieures beaucoup plus faciles. Les
perturbations dues à la fréquence deviennent négligeables dans le cas de
fils aussi fins que ceux qui sont employés dans ces appareils.
Le principe de la méthode est le même que dans notre étude des fils métalliques. On
mesure d'une part l'intensité eflîcace du courant de haute fréquence, et d'autre part ré-
chauffement qu'il produit dans le conducteur électrolytique, en le traversant pendant
une minute. On recommence l'expérience en mesurant réchauffement produit dans ce
même conducteur par un courant alternatif à ^-s périodes passant pendantlemême temps
et ayant la même intensité efficace. Le rapport des deux échauffements donne le rapport
des résistances du conducteur pour le courant de haute fréquence et pour le courant
alternatif ordinaire. Nous admettons que, pour la très basse fréquence de celui-ci, la
résistance est la même qu'encourant continu, etnouspouvonspar son emploi nous mettre
à l'abri des phénomènes d'électrolyse.
Pour mesurer réchauffement dû au passage du courant, le tube qui contient le liquide
est muni d'un tube capillaire latéral, dans lequel on mesure l'ascension du liquide
échauffé. Le courant est amené dans l'appareil par deux larges électrodes de platine de
6'^'" de diamètre. Tout l'appareil est soigneusement enveloppé de coton pour le mettre à
l'abri des courants d'air. On commence toujours par lire pendant quelques minutes la
marche normale de réchauffement ou de refroidissement de l'appareil et on opère quand
cette marche est bien constante et ne dépasse pas le vingtième de réchauffement attendu.
On peut voir que, dans les circonstances où nous sommes, les effets
observés sont dus uniquement à l'échauflement, et que les modifications
chimiques n'y entrentpour rien. Nous avons en effet des électrodes abso-
SÉANCE DU 28 MAI I906. I189
lument symétriques et toutes les réactions réversibles par nature sont
éliminées par le fait même. S'il s'en passe qui ne le soient pas, elles ne
peuvent non plus avoir d'action sensible. M. Rothé a montré en effet que
les électrodes prenaient au bout d'un très petit nombre de cycles de
potentiel, un état permanent, qui correspond à un cycle de polarisation
toujours identique à lui-même. D'ailleurs, quand la dilution devient assez
grande, le fait que les deux espèces de courant donnent la même chose
semble bien prouver qu'il en est ainsi. De plus, dans le cas du sulfate de
cuivre les résultats sont les mêmes avec des électrodes en cuivre et avec
des électrodes en platine.
Nous avons ainsi obtenu le résultat suivant, en appelant R/^la résistance
en haute fréquence et Rc la résistance à basse fréquence, supposée égale
à celle qui existe en courant continu.
Eau acidulée très étendue et sulfate de cuivre -^ = i.
EAU ACIDULEE
I
10
R/-
Rc
Fréquence
3 000 000
0,77
2 000000
0,9
5 00 000
0,8
190 000
0,8
EAU ACIDULEE
Au maximum de
oonduclibililé
Fréquence
Rc
3 000000
0,79
I 000000
0,71
900 000
0,71
Sooooo
0,7£
190 000
0,71
En somme, nous arrivons à ce résultat surprenant :
Quand la conductibilité est suffisante pour permettre l'observation d'un
changement de résistance d'un électrolyte, réchauffement de celui-ci est
moindre avec le courant de haute fréquence qu'avec le courant de basse
fréquence de même intensité efficace, contrairement à ce que la théorie
semble faire prévoir.
PHYSIQUE. — Tubes à rayons X, à régulateur automatique. Note
de M. G. Berlemoxt, présentée par M. d'Arsonval.
Ce nouveau tube est basé sur le réglage automatique, en se servant de
l'anticathode comme osmo-régulateur.
Un tube de platine soudé sur l'anode correspond à l'extérieur du tube
et est terminé par un robinet surmonté d'une petite ampoule contenant du
coton mouillé.
II90 ACADEMIE DES SCIENCES.
Lorsque le lube devient trop dur au gré de l'opérateur, on ouvre le
robinet une ou deux secondes. L'anode qui est au rouge est en contact
avec l'air humide qui a passé sur le coton mouillé.
Par dissociation, il se forme de rhj'drogène qui, par osmose, passe au
travers de l'anode et permet ainsi de diminuer la dureté du tube. On peut
faire baisser par ce moyen un tube de a ou 3"" d'étincelle équivalente, à
chaque manœuvre de robinet.
Un tube durci à 20"" d'étincelle équivalente, a été ainsi ramené à 2"" par
manœuvres successives du robinet.
Un autre avantage est que le petit volume de gaz qui reste dans la canali-
sation entretienne tube dans un état constant pendant une assez longue
durée, ce qui permet ainsi à l'opérateur de pratiquer, soit une radiographie,
soit une radiothérapie, avec plus de sûreté.
CHIMIE GÉNÉRALE. — Variations cVélat éprouvées par le carbone amorplie
sous V influence de la température cl sous radian d'oscillations de te/npé-
rature. Note de M. o. Maxville, présentée par M. H. Moissan.
Si l'on prend un carbone amorphe, qu'on le réduise en poudre et qu'on
ait soin de le débarrasser de tous les gaz renfermés dans sa masse, par
l'action combinée du vide et de la chaleur, on constate que ce carbone,
placé dans un courant d'oxygène, donne naissance, lorsqu'on élève sa
température, à de l'anhydride carbonique et à de l'oxyde de carbone, dont
les températures de formation dépendent de la nature du carbone, de son
état physique et chimique, de la vitesse du courant d'oxygène et du temps.
M. Moissan (') a fait connaître la température de formation de l'anhy-
dride carbonique par combinaison directe du carbone et de l'oxygène,
en opérant sur de la braise de boulanger débarrassée des gaz occlus. De
ses expériences il résulte qu'à une pression voisine de la pression atmo-
sphérique, le carbone amorphe en présence de l'oxygène donne naissance
vers 100° à de l'anhydride carbonique et que, si la proportion d'anhydride
formée vient à augmenter, ce gaz est accompagné de traces d'oxyde de
carbone.
Nos recherches ont porté sur du fusain dont la teneur en carbone était égale à
89 p. 100. Ce fusain, réduit en poudre, avait été tamisé et soumis à un traitement préli-
(') Moissan, Comptes rendus, t. CXXXV, p. 921. Séance du i" décembre 190a.
SÉANCE DU 28 MAI I90G. HQ!
minaire poui' le débarrasser de tous gaz occlus. Placé dans un courant d'oxygène dont
le débit était d'environ un litre par heure, l'expérience constate que, par combinaison
directe du carbone et de l'oxygène, il se forme : 1° de l'anhydride carbonique ; 2° de
l'oxyde de carbone dont les températures de formation sont : 85° pour CO- et i\n°
pour CO (1).
Si maintenant, on porte ce carbone dans le vide, de la température là" à la tempéra-
ture 350°, puis qu'on l'y laisse refroidir lentement, lexpérience constate que ces points
de réaction se déplacent à chaque oscillation de température ; ce déplacement n'est pas
indéfini ; le point de réaction tend vers une température limite à partir de laquelle le
carbone semble garder un état invariable, du moins tant qu'on le soumet aux mêmes
oscillations de température. Ainsi, pour le carbone des expériences précédentes, nous
avons constaté qu'après 20 oscillations (iS" — 'îSo") la température de formation de
l'anhydride carbonique était 240° et celle de l'oxyde de carbone 3oo°.
A partir de ce moment, les points de réaction ne subissent plus de déplacement bien
sensible ; mais si on vient à porter ce carbone dans le vide à une température de /|Jo°,
puis qu'on l'y laisse refroidir lentement, l'expérience constate un abaissement notable
des points de réaction, qui deviennent 97° pour CO^ et 220° pour CO.
Le carbone étant ensuite soumis à une nouvelle série d'oscillations de température
identiques aux premières (iS" — 'ioo"), ces points de réaction se déplacent à nouveau et,
après 20 oscillations, ils sont 245° pour CO- et 307° pour GO. De l'ensemble de toutes
nos expériences résulte l'énoncé des propositions suivantes :
I. Etant tloiiiié un carl^one amorphe, pris dans un état ph^'siqiie et chi-
mique bien déterminé, si on le porte dans le vide d'une température ini-
tiale To à une température finale T,, pour le laisser ensuite refroidir lente-
ment de la température Tj à la température T», et cela autant de fois qu'on
le voudra, puis qu'on le soumette à un courant d'oxygène d'une vitesse
telle que les réactions aient le temps de s'accomplir réellement, il se pro-
duira, par combinaison directe de l'oxygène et du carbone : i" de l'anhy-
dride carbonique, 2° de l'oxyde de carbone. A une pression donnée, les
températures de formation de ces deux gaz varient d'une expérience à la
suivante ; elles semblent atteindre des valeurs limites qui demeurent
indépendantes du temps et dit nombre des oscillations de température entre
To et Tj, auxquelles on soumettra le carbone à partir de ce moment.
II. Cet état limite étant atteint, si l'on porte pendant un temps déterminé
ce carbone dans le vide de la température T„ à une température T^, supé-
rieure à T,; puis qu'on le laisse refroidir lentement dans le vide de cette
(') Le réactif employé pour déceler l'anhydride carbonique était l'eau de baryte ;
l'oxyde de carbone était reconnu par la réaction de M. A. Gautier (acide iodique et
chloroforme).
II92 ACADÉMIE DES SCIENCES.
température T, à la température T„ et qu'ensuite on recommence sur lui
une nouvelle série d'oscillations de température comprises entre les
limites T„-T,, on constate :
1° Que par le fait de la perturbation T^-To, les points de réaction de
l'anhydride carbonique et de l'oxyde de carbone se sont déplacés ; que
les températures qui les caractérisent ont pris des valeurs inférieures
aux valeurs limites qu'elles avaient atteintes avant la perturbation Tj-T^,
mais supérieures toutefois aux valeurs initiales qu'elles avaient dans la
première expérience.
■2° Les choses étant dans cet état, si Ton effectue une nouvelle série
d'oscillations entre les limites T„, Tj, l'expérience indique un nouveau
déplacement des points de réaction avec tendance vers de nouveaux points
limites, dont les valeurs sont un peu supérieures aux valeurs limites
atteintes dans la première série d'expériences.
III. Si, sur ce deuxième état limite, on effectue une nouvelle perturba-
tion Tj-T^ d'une durée égale à la première, on constate un nouveau dépla-
cement des points de réaction de l'anhydride carbonique et de l'oxyde de
cai'bone. Les températures de réaction prennent des valeurs inférieures à
celles qu'elles avaient dans le deuxième état limite, mais supérieures
toutefois à celles qu'elles avaient dans l'expérience identique faite sur le
premier état limite.
Si, sur ce nouvel état de carbone, on effectue une nouvelle série d'oscil-
lations de température entre les limites T^-Tj, le phénomène constaté dans
les expériences précédentes se reproduit ; les points de réaction de l'anhy-
dride carbonique et de l'oxyde de carbone sont à nouveau déplacés et
les températures qui les caractérisent tendent vers de nouvelles limites
qui sont un peu supérieures aux températures limites atteintes dans les
deux premières séries d'expériences.
IV. Si l'on fait varier les limites des oscillations de température, cette
variation entraîne une variation correspondante de la température limite.
Pour deux oscillations d'amplitudes différentes T„-T,, T„-T'j, oi^i T', < T,,
la température limite relative à l'oscillation T„-Tj est plus élevée que la
température limite relative à l'oscillation T„-T'i.
Ces propositions ne s'appliquent qu'aux différences d'état présentées
par un carbone amorphe à une même température quand on passe d'une
oscillation à une autre, mais elles ne nous donnent aucun renseignement
sur les différences d'état que peut présenter ce carbone à une même
SÉANCE DU 28 MAI I90G. I 1 9^
température dans l'intervalle d'une même oscillalion. Autrement dit, pour
une même température t, comprise entre les limites /■„, T,, cVune même
oscillation, le carbone amorphe passe-t-il par le même état lorsqu'on le
chauffe lentement de T^ à T,, ou lorsqu'on le laisse refroidir lentement de
r, à T,?
L'expérience constate qu'à une même température l'état du carbone
n'est pas le même lorsqu'on le chauffe ou lorsqu'il se refroidit. Si de l'anhy-
dride carbonique commence à se former d'une manière sensible à la tem-
pérature de 85° lorsqu'on chauffe le carbone de T„ à T^, il se forme en
plus grande quantité lorsque, durant le refroidissement de T, à T,„ le car-
bone repasse par la température 85°; il faut atteindre la température 60°
pour que la vitesse de formation de l'anhydride carbonique pendant la
phase de refroidissement soit égale à la vitesse de formation à 85° pendant
la phase d'échauffement.
Si l'on répète les mêmes expériences pour chaque oscillation, on constate toujours
une différence d'état du carbone lorsqu'il repasse par une même température à l'aller,
puis au retour d'une même oscillation. Si l'on prend comme terme de comparaison une
certaine vitesse de formation de l'anhydride carbonique et si Ion désigne par '1 t,, "c^i,...
les températures auxquelles cette vitesse est atteinte durant la phase d'échauffement en
la i''', 2", 3" oscillation et par ti, /21 ti--- les températures auxquelles cette vitesse de
formation est atteinte dans la phase de refroidissement^ toutes les conditions expérimen-
tales restant les mêmes, on constate :
1° Que les températures t,, T2, T3... tendent vers une certaine limite t„
2° Que les températures <i, t,, tj... tendent aussi vers une certaine limite /„.
3° Que la limite t„ correspond à une température qui est toujours plus élevée que
celle qui correspond à la limite /„.
CHIMIE GÉNÉRALE. — Phosphites acides d'aminés cycliques primaires.
Note de M. P. Lemoult.
Dans le but d'étudier les particularités signalées antérieurement dans
l'action du trichlorure de phosphore sur quelques aminés primaires
cycliques [Comptes rendus, t. CXXXVIII, 1904, P- 1220), j'ai été amené à
préparer et à isoler les produits de l'action ménagée du PCl^ sur ces aminés.
Ceux-ci, qui paraissent très complexes, subissent entre autres une
décomposition par fixation des éléments de l'eau, qui engendre les phos-
phites acides des aminés en question; ces composés ne me paraissent pas
avoir été décrits jusqu'ici et seraient peut-être assez difficiles à obtenir par
Iiq4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
combinaison directe des bases avec l'acide phosphoreux tandis qu'on les
obtient de suite et très facilement par le procédé indirect dont l'exposé
fait l'objet de cette Note.
Dans une solution éthérée étendue d'aniline par exemple (6 molécules au moins) on
verse peu à peu et en refroidissant avec soin une solution éthérée de PCP (i mol.); il
se fait de suite un précipité blanc cristallin de chlorhydrate que l'on sépare par essorage
et qu'on lave à l'éther anhj'dre. Les liqueurs éthérées réunies sont abandonnées à elles-
mêmes de manière à être en contact avec l'humidité atmosphérique et elles ne tardent
pas à déposer, aux dépens des produits phosphores solubles qu'elles contenaient au
début, des cristaux blancs, parfois très volumineux qu'on sépare facilement du liquide
et qu'on peut purifier par cristallisation dans l'alcool à 95°. Cette hydratation se fait
avec un dégagement de chaleur sensible, car si son essaie de l'accélérer en versant
de l'eau dans la liqueur éthérée, celle-ci entre en ébullition et dépose une bouillie cris-
talline confuse qu'on purifie par l'alcool.
En employant le chloroforme comme diluant, la réaction est un peu dif-
férente ; ici encore il se dépose du chlorhydrate d'aminé exempt de com-
posés phosphores et la liqueur filtrée, puis concentrée au bain-marie laisse
déposer une substance qui s'hydrate facilement. En présence de l'humidité
atmosphérique et à température ordinaire, l'hydratation est lente et com-
porte diverses étapes, mais A'ers 100°, celle-ci est rapide; elle donne de
l'aniline et un corps solide, cristallisant très bien dans l'alcool après
lavage à l'éther; il est identique à celui qui a été obtenu avec l'éther
comme diluant.
Les corps ainsi obtenus sont des phosphites acides dont ta composition
est représentée par PO^H% RAztl" et dont la nature a été établie par les
réactions suivantes. La liqueur aqueuse obtenue en mettant ces corps en
solution alcaline et en entraînant l'aminé par la vapeur d'eau présente
les réactions des phosphites (pas d'action sur So^Gu, transformation des
sels mercuriques en sels mercureiix, réduction en Ag métallique de l'azo-
tate d'argent) : ces mêmes liqueurs, oxydées par un courant de chlore
ou par du brome, donnent des ortho-phosphates dont l'évaluation donne
la teneur en jihosphore des composés étudiés; l'aminé obtenue peut être
d'autre part dosée soit par diazotation et copulation avee le j3-naphtol soit,
s'il s'agit de l'aniline, par l'eau de Jérôme.
• Ces phosphites fondent très régulièrement en donnant des liquides clairs
incolores se soliditiant par refroidissement; mais si on chauffe au delà de
la fusion, il y a décomposition : il se dégage l'aminé. RAzH- accompagnée
SÉANCE DU 28 MAI I906. ÏIQ^
d'un gaz que l'on identifie facilement avec le PH'' [Comptes rendus t. GXXXIX,
1904, p. 478) et il reste dans le ballon une masse sirupeuse cristallisant à
froid et d"où on peut extraire un peu d'aminé, du phosphite intact et de
l'acide o. phosphorique ; il y a donc eu formation d'aminé et d'acide phos-
phoreux libres, ce dernier subissant par la chaleur la décomposition
bien connue.
Ces phosphites, insolubles dans l'éther, le chloroforme, le benzène, sont
solubles sans décomposition dans l'alcool d'où ils cristallisent très bien à
froid et sont également solubles, mais avec décomposition, dans l'eau ;
l'évaporation du liquide ne reproduit pas les cristaux initiaux ; mais l'ad-
dition de beaucoup d'alcool à la solution aqueuse dépose des cristaux de
phosphites de même composition que le corps initial, mais de forme cris-
talline différente.
a) Phosphite acide d'aniline PO'H', C^H^AzH^ = 175. Très belles aiguilles généra-
lement colorées d'une manière très légère en vert ou en rose, ou gros cristaux brillants
fondant à 179°. L'analyse de ce corps a donné :
p. 100 C H ANILINE
par P-O'Mg^ (Analyse éléine_iitaire) . Az (par Br).
17,85 et 17,72 41,22 et 41,32 5,82 et 5,87 8,20 et 8,i5 53,70 Trouvé.
17,71 4', 14 5,71 8,00 53,14 Calculé.
jMis en solution aqueuse et précipité par l'alcool, ce phosphite se présente en petites
paillettes fondant également à 179° , et la même solution aqueuse évaporée en présence
d'aniline donne encore des paillettes, mais de composition différente, puisqu'elles con-
tiennent 9,9(5 p. 100 d'azote (Théorie pour le phosphite neutre PO^H^, 2 C'H°AzH" :
io,')'| p. 100 d'Az).
QJJ3
b) Phosphite acide d'o. toluidine. PO^H^, CH'/ = 189.
\VzH-,
Très belles aiguilles incolores fondant à 174°, se décomposant vers '200° et tout à fait
analogues au composé précédent.
.(CH»)L.
c) Phosphite acide d'as. m. xylidine : PO'>H^, CH*/ = 2o3.
\AzH^
Fines aiguilles incolores fondant un peu plus bas que les précédentes, à 17.4° et pré-
sentant les même caractères.
En résumé, l'action ménagée du PCP sur les aminés cycliques primaires en présence
d'éther ou de chloroforme donne des produits phosphores solubles dans ces dissolvants
et dont l'hydrolyse fournit très commodément les phosphites acides PO^H', RAzH- des
aminés employées.
C. R., 190D, i" Semestre. (T. CXLII, N" 22). l57
Il()6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur le poids alomique absolu du terhium. Note
de M. G.-D. Hevrichs.
La détermination du poids atomique du terhium par M. G. Urbain, pré-
sentée par feu P. Curie [Comptes rendus, t. CXLII, 1906, p. 957) m'a vive-
ment intéressé. L'élément est très rare, l'expérience de M. Urbain sur le
fractionnement est connue et les pesées, étant données sans décimales
imaginaires, inspirent confiance. La valeur 159,22 donnée par AI. Urbain
dépend des valeurs H = 1,007 etS = 82,06 employées dans ses réductions.
Depuis 1892 j'ai tâché de démontrer, dans les Comptes rendus et dans
des ouvrages spéciaux, l'erreur des réductions ordinaires (voir Comptes
rendus, t. GXL, 1900, p. 1390). Appliquons notre méthode aux pesées
de M. Urbain pour déterminer le poids atomique absolu du terhium.
M. Urbain a pesé le sulfate cristallisé (SO'')'Tb-, 8(H^0) = 700 et le même
après dessiccation complète (SO*)^ Tb" = 606. Posant pour O == 16, II == i,
S = 32, Tb = 159 exactement.
Alors le rapport alomique de l'opération chimique sera
r, ,„ . anhydre 606 „ „
hultate — i — . ^. = — -, — = o.bosoo.
hydrate ■jbfi
Les rapports analytiques se tirent des pesées de jM. Urbain. Nous les
calculons avec 5 décimales. 'Vexcès analytique est l'excès de ces rapports
analytiques sur le rapport atomique, exprimés en unités de la cinquième
décimale. Voici les résultats :
Bccluciion malhvinatique
(M. G,-D. Hinrichs).
Tr
avail de lahora
(M. G. Urbain
loii-e
)■
l'racti
on
Sulfate
hydraté
pesé
anhydre
I
2,0407
^1,6489
2
I ,9626
1,5859
3
2,258o
1,8245
4
2,2385
1,8087
5
2,0037
I ,6190
Rapport
Exc&s
analytique
analytique
0,80802
+ 2
806
+ 6
802
-4- 2
801)
0
800
0
On voit que les deux fractions les plus pures de M. Urbain s'accor-
dent jusqu'à la cinquième décimale avec notre rapport atomique. Donc le
vrai poids atomique du terhium est bien 169 exactement, si les pesées de
M. Urbain sont acceptées comme il les a publiées.
De plus, la moyenne des trois premières fractions est io/3 par excès.
jNIais on trouve aisément que l'unité de la cinquième décimale du rapport
SÉANCE DU 28 MAI I906. I 197
analytique correspond à 0,02 dans le poids atomique. Donc, la moyenne
des trois premiers rapports correspondrait à une augmentation de poids
atomique de 0,066, c'est-à-dire à 159,07.-
CHIMIE ORGANIQUE. — Contribution à l'étude des ferrolungstènes purs.
Note de M. Em. Vigouroux, présentée par M. H. Moissan.
Dès 1903, nous avons exposé nos premiers résultats sur les ferromolybdènes purs (')
et tout récemment nous venons d'en continuer la publication (-); nous ferons connaître
aujourd'hui quelques points touchant les ferrotungstènes purs, corps ayant été l'objet
d'une première étude publiée en 190'i (•*).
Dès r8i'|, Berthier ('') forma des alliages de fer et de tungstème ; en i86'{, Leguen (^)
observa que les fontes fondues avec du wolfram se rapprochent de l'acier; en i868,
Garon [''} confirma l'augmentation de pux'eté des aciers wolfrauiés ; en i883, Griiner (')
remarqua que de tels aciers s'oxydent moins que les aciers ordinaires ; en 1887,
Osmond (*) observa que le tungstème retarde le changement moléculaire du fer et la
recalescence; en 1896, ^loissan (") prépara un alliage Al Tu qui céda facilement du
tungstème à l'acier fondu. De nombreux auteurs tels que Philip ('"), BernouUi ('^),
Oxland(*-), Guittot et Chavannes(^^), Heppe ('•) vinrent confirmer ou augmenter ces con-
naissances. On a publié, en outre, de nombreuses formules de composés définis : Poleck
et Griitzner ('"J, en 1893, d'un échantillon des usines de Bierman, retirèrent des cristaux
durs /^c" Tu-. S.-J. de Beuneville ('*), l'année suivante, y reconnut un corps de composi-
tion voisine de Fe^Tu-. En 1897, Norton (") analysa un alliage très dur; ses chiffres cor-
respondraient à peu près à Fc Tu'. Cette même année, A. Carnot et Goûtai (") isolèrent
(') Société des Sciences physiques de Bordeaux, 5 février kjo'J.
(^) Comptes rendus.^ t. GXLII, p. 88g et p. 9'.i8.
(') Société des Sciences pliysiques de Bordeaux, i décembre igoS.
(') BEiiTHiEit, Annales de ctiimie et pliysique, XLIV et Annales des Mines, l'i!^.
(°) Leguen, Comptes rendus, t. LYI, p. !J()'i, i863.
(') Caron, Annales de c/iiinie, série 3, t. LXVIII, p. i/,3, iSGS.
C) GniJNEU, Comptes rendus, t. XCVI, p. igS, i883.
('j Osmond, Comptes rendus, t. GIV, p. gSS, 1887.
(') MoissAX, Comptes rendus, t. i2i, p. i3o2, 1896.
('») Philips, J/ofman's Ind., p. 748.
{'■'■) Bernoulli, An. Pli. Cliein. Pog., t. iii, p. J73, 1860.
('-) OxLAND, /. Ec.Polytech , i8.j8.
(") GciTTOT et Chavanne, D. R. P., 1881.
("•) Heppe, Chem. Cent. Bl., i56, 1887.
[^'"j Poleck et GiiiiTZNER, Dcut. cliem. Gesellschaft, t. XXVI, p. 36, 1893.
('^) S. J. DE Beuneville, Journ. of Chem. Soc, t. XVI, p. ■.497, 189',.
(") Norton, Journal ofam. Soc, t. XIX, p. iio, 1897.
{'*) A. Carnot et Goutal, Comptes rendus, t. CXXV, p. 2i3, 1897.
IIC)8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'un ferrotungstène à 6 p. loo, le corps Fé^Tu et, d'après eux, Behrens trouva dans des
ferrotungstènes à 5o p. loo des octaèdres de formule approchée Fe^Tu.
Nos ferrotungstènes sont engendrés, dans des creusets en magnésie,
par voie aUiminothermique avec de l'oxyde de fer pVéparé par le procédé
indiqué à propos des ferromolybdènes et de l'oxyde de tungstène retiré du
tungstate d'ammoniaque très pur; par calcination, puis réduction dans
l'hydrogène, au-dessous de ^00°, nous produisons l'oxyde inférieur, voisin
de TuO-.
Premier essai : oxyde de fer noir : 400'^'' ; — oxyde inférieur de tungstène :
So^"' ; aluminium : 90^''. — Deuxième essai : oxyde de fer noir : 400^'' ; oxyde
inférieur de tungstène : i5o^''; aluminium : Io5^^ — Troisième essai : oxyde
de fer noir : 600^'; oxyde inférieur de tungstène : 3oo^'' ; aluminium : 190'^'^.
Nous formons ainsi trois culots, exempts d'aluminium, accusant à l'ana-
lyse des teneurs en tungstène de 2,3o p. 100 pour le premier essai,
6,21 pour le second et 46,25 pour le troisième. Ces trois lingots parfaite-
ment homogènes sont mous (le premier s'écrase facilement sous le mar-
teau), peu cassants, grenus ou lamellaires, paraissant d'autant moins
cassants et d'autant moins lamellaires que la proportion de fer s'y trouve
en quantité plus grande. Le barreau aimanté les influence, mais son action
paraît diminuer à mesure que le tungstène augmente. L'acide chlorhy-
drique, même étendu, les attaque vivement, surtout à une douce chaleur ;
du fer seul entre en solution; il ne passe à la longue que de très faibles
quantités de tungstène qui finissent par colorer la liqueur en bleu. L'eau
régale les détruit péniblement en dissolvant le fer et déposant de l'acide
tungstique qui entrave de plus en plus son action. Nous soumettons ces
trois culots à l'action de l'acide chlorhydriqne de façon à éliminer le fer
libre. Le n" i n"a abandonné que des Ijoues noirâtres, contenant du fer et
du tungstène, mais comme elles étaient altérées, nous n'en avons pas pour-
suivi l'étude. Le n° 2 a laissé un abondant résidu cristallin, dans lequel la
teneur en tungstène était montée de 6,21 à 67 p. 100. Du culot n° 3, l'acide
chlorhydriqne a détaché des fragments métalliques, lamellaii"es, cristallins
dans lesquels la teneur en tungstène était passée de 46,26 à 68,41 p- 100.
Ces différents résidus, épuisés par l'acide chlorhydrique, puis soumis à
l'analyse, répondaient à la formule Fe^Tu".
Ce corps, à aspect métallique, se présente souvent sous forme de lauies hrillanles ;
densité à o : i3, 8y (dens. th. : r3,i8) ; n'est pas sensiblement magnétique. Le chlore
I
SÉANCE DU 28 MAI I906. I 1 99
l'attaque très vivement dès 35o° sans laisser de résidu; l'oxygène sec ne l'oxyde qu'à
partir du rouge très vif; l'acide chlorhydrique gazeux, même au rouge vif, n'agit que
faiblement. Les acides chlorhydrique et azotique en solution n ont pas d'action sensible;
celle de l'eau régale est faible, de même celle de l'acide suUurique qui ne s'exerce
qu'avec ce liquide concentré et bouillant. Le bisulfate de potasse au rouge sombre l'atta-
que rapidement; c'est son meilleur dissolvant. Le chlorate de potassium, même en
décomposition, agit peu ; l'azotate ne l'attaque qu'à partir du rouge, il y a alors incandes-
cence; les carbonate alcalins le désagrègent au rouge vif.
Conclusion. — i° Par voie aliiminolhermique, nous préparons des fers
wolframés dans lesquels la teneur en tungstène atteint 46,20 p. 100 ; —
2° ces ferrotungstènes purs, épuisés par l'acide chlorhydrique étendu qui
s'empare de la totalité de leur fer lihre uniquement, abandonnent un corps
dans lequel la teneur en tungstène monte et se maintient à un chiffre
constant voisin de 68,70 p. 100, chiffre correspondant à Fe'Tu^.
CHIMIE MINÉRALE. — Combinaisons de l'iodure mercuvique et de la niono-
mélliy lamine libre. Note de M. III.4.1'KIC'ë Fraxçois, présentée par
M. H. Moissan.
Après avoir décrit dans une précédente communication les iodomer-
ctirates de monométhylamine, je me propose d'éttulier les combinaisons
formées entre cette base libre et l'iodure mercurique.
Si l'on dirige à la température ordinaire un courant lent de monométhy-
lamine gazeuse sur de l'iodure merciu'ique placé au fond d'une fiole, c'est-
à-dire dans des conditions où la méthylamine reste longtemps diluée par
l'air de la fiole, on observe que l'iodure mercurique se transforme en une
matière blanche pulvérulente. Si l'on dirige sur l'iodure mercurique un
courant rapide de méthylamine gazeuse, c'est-à-dire si l'on élimine rapi-
dement l'air, on voit l'iodure mercurique devenir luisant par places,
s'échauffer, puis se transformer rapidement en un liquide trouble très dense.
Au premier abord, il est difficile d'intei-préter ces résultats. Ils s'expli-
quent par ce fait que la méthylamine forme en se combinant à l'iodure
mercurique trois composés différents : deux solides à faible tension de
dissociation et un liquide plus riche en méthylamine et possédant une ten-
sion de dissociation considérable à la température ordinaire, en sorte qu'il
n'est stable qu'en présence de méthylamine gazeuse presque pure.
Pour préparer ces composés, j'ai suivi la marche suivante qui les donne
successivement.
I20O ACADEMIE DES SCIENCES,
On remplit d iodure raercurique pur et sec im tube à analyse organique sur presque
toute sa longueur, maintient à chaque bout l'iodure mercurique par un tampon de coton
de verre et élire en baïonnette les deux extréuiilés du tube. Ce tube étant placé horizon-
talement sur un support quelconque, une grille à analyse par exemple, les deux baïon-
nettes tournées vers le haut, et étant maintenu à la température ordinaire, on le met en
communication d'un côté avec un tube contenant de laméthylamine liquéfiée pure, sèche,
et parfaitement exempte d'ammoniaque et de 1 autre côté avec un très petit flacon de
Woulf garni d'une faible couche de mercure qui fonctionne comme appareil de sûreté et
renseigne sur la quantité de méthjdamine non absorbée.
En laissant la méthylamine se réchauffer, on obtient un courant de méthylaminc
gazeuse qui déplace l'air du tube et ne tarde pas à se combiner à l'iodure mercurique en
formant avec grand dégagement de chaleur un liquide trouble. On continue le passage
de la méthylamine aussi longtemps qu'elle est absorbée, on transvase alors le liquide
trouble dans un grand tube à essai portant un peu au-dessous de son extréujité ouverte
une tubulure latérale. Cette tubulure et le tube étant parfaitement bouchés, le tout est
abandonné au repos pendant /,8 heures environ ; le liquide devient parfaitement limpide
et peut être décanté par la tubulure latérale.
Saturé de nouveau de méthylamine gazeuze à la température ordinaire, ce liquide cons-
titue le composé Hgl- (CH^Az)°. — Ce composé liquide, abandonné à lui-même dans un
tube insuffisamment bouché laisse déposer du jour au lendemain de gros cristaux incolores
qui constituent, après séparation de la partie restée liquide, le composé HgP. (CHvVz)-.
Enfin, ce dernier corps, dans certaines conditions, perd une nouvelle quantité de méthyla-
mine en donnant le troisième composé Hgl-. CI-pAz.
1° HgP . {CE''Azy. — L'aclion de la méthylamine gazeuse sui' l'iodure
mercurique produit, ai-je dit, un liquide trouble tenant en suspension un
précipité blanc sale que je n'ai pas encore étudié suftisaminent, mais qui
vraisemblablement est un corps du même type que l'iodure de dimer-
cui'ammonium. Or, on sait que la formation des composés de ce type est
accompagnée de la production de l'iodhydrate d'aminé correspondant,
lequel doit rester en dissolution en altérant la pureté du composé liquide
obtenu.
Aussi, pour éviter cette cause d'impureté, ai-je préparé ce corps liquide
en prenant des cristaux très purs du composé llgl". (GH°Az)% les plaçant
dans un très petit barboteur tout en verre et dirigeant sur eux à la tempé-
rature ordinaire un courant de méthylamine pure jusqu'à refus. Au pre-
mier contact avec le gaz, les cristaux se liquéfient en fournissant un liquide
parfaitement limpide et l'absorption de méthylamine s'arrête quand une
molécule de HgP . (CIPAz)- a fixé trois molécules de méthyalmine, comme
je l'ai constaté par des pesées successives. En etl'et, i^' de Hgl' . (CH-Az)'
a fixé o''''',H)9 de méthylamine.
SÉANCE DU 28 MAI I906. I20I
C'est un liquide incolore, se solidifiant en cristaux à la température de
— 46°, se conservant indéfiniment en tubes scellés, perdant de la méthyl-
amine à l'air en donnant le composé solide HgP . (CFrAz)-. Cette décompo-
sition est limitée en vase clos ; elle obéit aux lois de la dissociation. La
tension de dissociation à o" est égale à aSo""' de mercure; elle atteint la
pression atmosphérique vers 25°. Je n'ai pu déterminer ses valeurs aux dif-
férentes températures, parce que l'équilibre entre le liquide, les cristaux
déposés du corps soluble IlgP . (CIPAz)- et la méthylamine gazeuse ne
s'établit que très lentement et que je ne disposais pas de températures
suffisamment constantes.
a" Hgl" . (CH^Az)-. — Pour le préparer, on introduit le composé liquide
limpide HgP , (CH°Az)° dans un flacon à émeri ; on recouvre du bouchon en
interposant entre ce bouchon et le goulot une fine bande de papier.
Lorsque les cristaux qui se forment par perte lente de méthylamine sont
devenus volumineux et avant qu'ils aient envahi tout le liquide, on décante
ce liquide et sèche les cristaux en renversant le flacon. En opérant ainsi,
on a des cristaux isolés et les impuretés restent dans l'excès de liquide.
Il constitue des prismes incolores atteignant lo"'" de longueur, d'odeur
ammoniacale. Bien qu'il perde de la méthylamine à l'air, sa tension de dis-
sociation est assez faible pour qu'on puisse la manipuler à l'air libre sans
l'altérer. Il se conserve parfaitement en flacons bouchés.
Il se produit encore lorsqu'on verse une solution d'iodure de potassium
saturée d'iodure mercurique dans une solution de méthylamine employée
en excès.
3° Hgl' . CH^\z. — Lorsqu'un poids déterminé du composé HgP. (CH'Az)^
pulvérisé est placé dans une nacelle de porcelaine disposée dans un tube
de verre et soumis, à la température ordinaire, à l'action d'un courant
d'air, on observe une perte de méthylamine qui, d'abord rapide, devient
lente, puis nulle. Dans une expérience a^", 107 ont perdu o^'',i26 de méthyl-
amine en 20 heures; la perte a été nulle pendant les 12 heures suivantes.
Or, 2.107 contenaient o^"', 253 de méthylamine dont la moitié est o^'",i265.
Il existe donc un composé de formule HgP . CH^Az.
J'ai encore obtenu ce composé en enfermant hermétiquement dans un
flacon à large ouverture dont le fond est garni d'une couche épaisse d'io-
dure mercurique, une petite capsule contenant 2*'', 494 du composé HgP.
(CH'^Az)- pulv. Après 5 jours, le poids de la capsule est devenu constant
et n'a plus varié pendant les 20 jours suivants. La perte en méthylamine a
I202 ACADEMIE DES SCIENCES.
été de o^', if)3; les 2^'",494 en contenaient o^^'^agg, donc la moitié est o^^n^g^.
Voici comment s'applique cette action de l'iodure mercurique :
Si Hgl' . Cri"Az est le composé d'iodiire mercurique et de méthylamine
possible le moins riche en méthylamine et si Ion appelle h sa tension de
dissociation, il est évident que l'iodure mercurique ne devra absorber la
méthylamine qu'autant que la tension est supérieure à la tension de disso-
ciation h. Il doit donc ramener le composé Hgl-(GH'Az)- au composé immé-
diatement inférieur, sans permettre une décomposition plus avancée. —
Ceci est vrai théoriquement en l'absence de l'air et s'est réalisé pratique-
ment malgré la présence de l'air.
Le composé HgP . CH^Az est blanc jaunâtre. Il ne donne de l'iodure mer-
curique rouge que difficilement par une très longue exposition à l'air. Il
se produit encore quand on verse une solution de méthylamine libre dans
un excès de solution d'iodure de potassium saturé d'iodure mercurique. II
est alors cristallisé.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur quelques dérwés hydro-anlhracêniques. Note
de M. Marcel Godchot, présentée par M. Haller.
J'ai montré (') que l'oxydation ménagée de l'octohydrure d'anthracène,
C'*H'% fournit deux composés hydro-anthracéniques : une acétone, l'hexa-
hydro-anthrone, G^'H'*0 et un alcool, le dihydro-oxanthranol, C''*H^-0'\
J'ai décrit de nombreux dérivés de ces composés ; la présente Note a pour
but de faire connaître ceux qu'ils fournissent par hydrogénation.
GHOH CHOH
Octohydro-anlhranol.(Z^W\ ^CH* ou CH"/ ^CHs. — Cet alcool
\ CH^ / \ CH^ /
s'obtient par hydrogénation de l'hexaliydro-anthrone au moyen de l'alcool absolu et du
sodium. On dissout une partie d'hexahydro-anthrone dans lo parties d'alcool absolu ;
à la solution maintenue au bain-raarie, on ajoute une partie de sodium ; la réduction ter-
minée, on reprend par l'éther ordinaire l'huile qui surnage. La solution éthérée, lavée
à l'eau, puis sèchée sur du sulfate de soude sec, est évaporée ; la masse huileuse, résul-
tant de l'évaporation, ne tarde pas à cristalliser. Par des cristallisations répétées dans
l'alcool faible, l'octohydro-anthranol s'obtient dans un grand état de pureté. Les rende-
ments sont très voisins de ceux indiqués par la théorie.
L'octohydro-anthranol est constitué par de petites aiguilles, groupées en rosette, lég-è-
rement jaunâtres, fondant vers Si^-Sa". Il est très soluble dans les dissolvants usuels.
(•) M. GoDCHOT, Comptes rendus 1905; p. 25o--25i.
SÉ.\>CK DU li8 MAI J()oG. 120J
Distillé luèiue dans le vide, il perd une molécule d'eau, en dunnant un carbure qui se
trouve être un hexahydrure d'antlii-acène. La même transforuiation s'effectue dans d'au-
tres circonstances : une solution alcoolique d'octohydro-anthranol, maintenue à l'ébul-
lition en présence de quelques gouttes d'HCl concentré, laisse déposer le même hexa-
hydrure par refroidissement ; il en est de nième, si on chauffe l'octohydro-anthranol au
contact soit d'anhydride acétique ou benzoïque, soit de chlorure acétique ou benzoïque.
NH.CH^
Uréthanc pliénylique de focto/njdro-ant/iraiwl. C0<^ . — Ce corps se préci-
^OC'-H'^
pite lorsqu'à une solution d'octohydro-anthranol dans l'éther de pétrole, on ajoute de
l'isocyanate de phényle dissous dans le même dissolvant. Par cristallisations répétées
dans l'acétone, on obtient l'urélhane tout à fait pure. Il se présente alors sous la forme
de belles aiguilles incolores, fusibles à i5i°-i5'2°.
Hexahydrure (Vanthracèiie 'p, CJ"W\ Ce carbure s'obtient, au moyen de
roctohydro-anthranol, en utilisant une des réactions de déshydratation
citées plus haut. Il cristallise en petites tables, incolores, fondant vers
66°, 5. Il distille sans décomposition vers 3o3°-3o6°, sous la pression ordi-
naire. L'eau ne le dissout pas ; ses meilleurs dissoh'ants à chaud sont
l'alcool, l'acide acétique, la benzine ; les solutions présentent une très
belle fluorescence bleue. Il est l'isomère d'un hexahydrure d'anthracène,
obtenu par Grœbe et Liebermann ', en hydrogénant l'anthracène ou le
dihydrure d'anthracène, au moyen de l'acide iodhydricjue et du phosphore,
en tube scellé et à aSo". Ces deux hexahydrures présentent des propriétés
très différentes.
L'hexahydrure de Grœbe et Liebermann possède une des deux formules
suivantes : C^H'/ ^CH' oii C.'W<( ^CH'^ ; on peut l'appeler hexahy-
drure d'anthracène y, car la double liaison en -,' se trouve saturée par deux
atomes d'hydrogène. L'hexahydrure d'anthracène y perd aisément 6 atomes
d'hydrogène dans diverses réactions, oit il donne des dérivés anthracé-
niques ; par exemple, l'oxydation chromique le transforme en anthra(|ui-
none ; de même, sous l'action de Cl ou de Br, il perd HCl ou HBr et
donne le dicliloro ou dibromo-anthracène y. Il se conduit ainsi comme
l'anthracène ou le dihydrure d'anthracène.
L'hexahydrure d'anthracène, obtenu par déshydratation de l'octo-
hydro-anthranol, possède une des deux formules : C''H"'<^ || /C'H' ou
(') Gr.ï:be et Liebermann, Liebigs Ann., t. Vil, Suppl., p. aiy.
C. R., 1906, 1" Semestre. (T. CXLII. N» 22.) I 58
Ioo4 ACADEMIE DES SCIENCES.
CH
CHV II ^G'H'; pour le distinguer de son isomère, on peut le désigner
sous le nom d'hexahydrure fl. Il donne, dans diverses réactions, des
dérivés hydro-anthracéniques. Oxydé par CrO^ il forme le dihydro-oxan-
thranol, C'*H^-0-, composé que j'ai obtenu antérieurement par oxydation
de C'H'*. En solution acétique on chloroFormique, il fixe 2 atomes de Br
ou de Cl, sans départ d'HBr ou d'HCl, en donnant des composés bromes
CHBr. /CUBr
OU chlorés, tels que C^H'X >Gni'' ou C"ir< >G»H^ Ces dérivés
^CUB./ ^CHBi/
halogènes se trouvent être identiques aux octohydrures d'anthracène
dibromé ou dichloré, que j'ai préparés précédemment au moyen de C"H'\
Ce nouveau mode de formation permet ainsi d'être fixé sur la position
des atomes de brome ou de chlore dans le noyau.
Tétrahydrurc d'anthracèiie y, C'\\\ ^C'H'. — Il s'obtient par hydro-
C(OH)
ffénation du dihydro-3-oxanthranoI, C'HY || >C'H', au moyen de HI. Il
^C(OH)^
suffit de maintenir à l'ébullition pendant une heure i partie d'oxanthranol
avec 4 parties d'HI [d = 1,7). Le tétrahydrure d'anthracène y se présente
sous la forme de petites tables, incolores, fusibles à 101°. Il est très solubie
dans tous les dissolvants usuels ; ses solutions ne sont pas fluorescentes.
L'oxydation chromique le transforme en dihydro-p-oxanthranol dont il
dérive. Le chlore et le brome réagissent facilement sur ce tétrahydrure,
dès la température ordinaire, en donnant des produits de substitution;
avec Br, par exemple, on obtient un dérivé dibromé.
CHBr
.Télrahiidiure d aalhrachie y diOro/né^CHX >C'H'. — Ce compose
^CHBr/
cristallise en grandes aiguilles légèrement jaunâtres, fondant vers 169°.
Très stable, il ne cède pas de brome à la potasse aqueuse ou alcoo-
lique à aijo". Oxydé par CrO\ il donne le dihydro-|i-oxanthranol.
CHIMIE. — De la rapidité d'absorption des odeurs par le lait.
Par MM. F. Bordas et Toltplaix présentée par M. d'Arsonval.
On sait que le lait possède souvent une odeur et un goût plus ou moins
désagréable suivant l'alimentation quia été donnée aux animaux.
On a observé aussi que du lait provenant d'animaux bien nourris et bien
soignés prend facilement les odeurs d'étables lorsque ces locaux ne sont
SÉANCE nu 2iS MAI IC)0(). I20J
pas bien tenus. Il en est de même pour le lait exposé dans les laiteries,
fromageries, etc. Ce liquide acquiert rapidement les odeurs étrangères.
Certaines de ces odeurs ont une tendance à se fixer sur la matière grasse
du lait, d'autres sur les matières alluminoïdes, d'autres enfin se dissolvent
simplement dans le sérum.
Nous avons voulu déterminer la rapidité avec laquelle l'absorption d'un
corps odorant peut se faire par le lait, mais une première difficulté résidait
dans le choix du corps odorant à employer.
Nous avons dû laisser de côté les essences ou autres produits volatils
parce que nous ne possédons guère de réactifs permettant de les recon-
naître surtout à l'état de traces.
Nous avons également éliminé certains gaz. l'ammoniac par exemple,
qui pourrait être absorbé par le lait à l'étable, ce qui rendait incertain le
résultat d'une expérience portant sur de très faibles doses de substance.
En définitive nous nous sommes arrêtés à l'aldéhyde formique ; ce produit
en effet ne peut se trouver normalement dans le lait. Si on l'y rencontre
c'estqu'il y a été ajouté frauduleusement dans un but de conservation. En
outre nous possédons un certain nombre de réactifs permettant de le déce-
ler même à l'état de traces.
Sans entrer dans le détail de la technique employée, technique très simple d'ailleurs,
nous constaterons seulement qu'au bout d'une minute d'exposition dans des enceintes
contenant de l'aldéhyde formique, le lait en absorbait déjà des quantités notables.
Dans une atmosphère contenant d'aldéhyde formique et après quelques
minutes d'exposition le lait donnait déjà nettement la réaction de l'aldéhyde formique.
Les échantillons servant à ces expériences ont toujours été comparés à
des échantillons témoins placés à l'abri de toute contamination. Cette
précaution est indispensable non seulement à cause de la facilité d'absorp-
tion de l'aldéhyde formique, mais aussi parce que nous avons constaté que
des vases ayant contenu de l'aldéhyde formique en solution étendue, puis
rincés plusieurs fois et remplis de lait, celui-ci nous a encore donné très
nettement la réaction de l'aldéhyde formique.
L'absorption de l'aldéhyde formique semble se faire d'autant plus rapi-
dement que le lait servant à l'expérience est plus fraîchement recueilli.
Cette absorption est si rapide que l'on pourrait songer à utiliser le lait pour
déceler dans l'air des traces d'aldéhyde formique.
I20(') ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur une réaction qualitative du phosphore.
Note de M. Mauricheau-Bealiprk présentée par M. H. Moissan.
La corrosion très nette du verre en fusion par les vapeurs d'acide phos-
phorique m'a conduit à rechercher s'il n'y avait pas dans ce phénomène
ime réaction caractéristique permettant de déterminer facilement la pré-
sence du phosphore dans les gaz, les métaux capables, de le dégager à l'état
gazeux et les composés organiques. Dans les conditions suivantes, sauf
dans les cas où des vapeurs d'acide fluorhydrique peu diluées pourraient
se produire, seuls les composés du phosphore amenés dans une flamme à
l'état de vapeurs ont la propriété de dépolir le verre.
Mode opératoire. — Pour ces essais, il convient d'employerune flamme courte et chaude,
permettant d'atteindre d'une façon aussi locale que possible la fusion du verre. La
flamme de lacétylène brûlant dans un bec Bunsen, celle de l'hydrogène s'emploient avec
avantage. Comme ces deux gaz renferment toujours de l'hydrogène phosphore, il est
nécessaire de les purifier, ce qui s'obtient facilement par leur passage dans une éprou-
vette à pied contenant une colonne de terre d'infusoires imprégnée d'une solution con-
centrée et sulfurique d'acide chromique.
Un morceau de tube de verre de 5 à lo"" de diamètre enfilé sur un fil de platine est
placé au sommet de la flamme, dans la zone supérieure d'oxydation. Il est à remarquer
que cette condition est nécessaire et, par exemple, dans une flamme contenant de l'hydro-
gène phosphore, on constate facilement que l'attaque du verre n'a lieu qu'au sommet et
sur les bords.
En même temps qu'il est dépoli, le verre augmente de poids. Tout au contraire, quand
la réaction n'a pas lieu la balance indique toujours une diminution de poids. Des tubes
de verre d'à peu près même poids et de môme diamètre, séchés à 200° et pesés ont
accusé les différences suivantes, selon que la flamme contenait ou non de l'hydrogène
phosphore. Le bec employé était un bec Bunsen brûlant environ 'jd litres à l'heure
d'acétylène. Ce gaz renfermait 55*^"'* d'hydrogène phosphore par 100 litres.
Flamme pure. Perte \ . / • 1 j a«z- ,\
' 1 0^,0017 (poids du verre, o^%94)
des tubes chauf- / ^^ / • , i ^. fx
os%ooi (poids du verre, ii^',i5)
fés 10 minutes au \ ki ■\ a c- / \
1 o^^ooiD (poids du verre, 1 1^ ,47).
rouge ....
Flamme contenant
de l'hydrogène i o^^oooS (poids du verre, 7^^,27) \ Ces tubes
de 1 hydrogène I o^^oooo (poids du verre, 7^^,27) \ Ces tubes
pliosphoré. Gain / 0°', 001 (poids du verre, 6^',94) / étaient pro-
i o^'',ooo2 (poids du verre, i is',4^) l fonder
' o^^ooi (poids du verre, I i^%oi) ' dépolis
des tubes dépolis i o^'',ooo2 (poids du verre, i is',4^) l fondement
chaufTcs 10 mi-
nutes au rouge.
SÉANCE DU 28 MAI IC)o6. 1 207
En recueillant la partie dépolie dans la flamme, on obtient par analyse ifi' 718 p. 100
de phosphore.
La partie du verre non dépolie ne contient pas de phosphore.
Sensibilité du procédé. — En diluant de l'acétylène contenant 55 centi-
mètres cubes d'hj'drogène phosphore avec de l'acétylène pur, on trouA'e
que 10 centimètres cubes d'hydrogène phosphore par loo litres d'acéty-
lène fournissent encore une action tout à l'ait nette sur le verre. On décèle
donc ainsi d'hydrogène phosphore.
10.000 j n i r
Dans les métaux qui, comme le fer, peuvent dégager leur phosphore
sous l'action des acides, on caractérise ce métalloïde en dirigeant l'hydro-
gène impur produit dans la prise d'air du bec Bunsen, ou en brûlant
directement le gaz dans un bec en métal. On observe par ce procédé, sur
le verre en fusion, une action très nette de l'hydrogène dégagé par l'acide
sulfurique pur étendu et le fil de clavecin.
Les composés organiques permettent d'opérer d'une façon beaucoup plus
simple. Il suffit de porter sur un fil de platine la matière à analyser au
sommet du cône bleu dans la flamme, en plaçant à la partie supérieure de
celle-ci un tulje de verre. Après la combustion du carbone, dès que le fil
est porté au rouge vif, l'attaque du verre a lieu quand la matière contenait
du phosphore. Ainsi, par exemple, le jaune d'œuf, les œufs de poisson,
réagissent très nettement dans ces conditions pour un poids de matière
infime. Les phosphates volatils, comme le phosphate d'ammoniaque don-
nent le même résultat.
Enfin, la réaction ne demandant jamais plus d'une à deux minutes, il n'y
a pas à tenir compte de la dévitrification du verre par la chaleur. Celle-ci
n'a pas lieu même avec dix minutes de chauffe au point de ramollissement.
L'acide fluorhydrique très dilué dans un gaz combustible n'altère pas le
verre en fusion. Les composés de l'arsenic, de l'antimoine, les vapeurs
d'acide borique, l'hydrogène silicié ne produisent que des dépôts qui ne
peuvent èfre confondus. Cette réaction, très nette pour de petites quan-
tités, peut donc servira reconnaître le phosphore.
CHIMIE ANALYTIQUE. — Si/r un nouveau procédé d'analyse microscopique
des farines et la recherche du riz dans les farines de blé. Note de
M. G. G.*STIXE, présentée par M, L. Maquenne.
La falsification des farines et des semoules de blé par les produits cor-
I2o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
respondants du riz est assez fréquente. J'ai été amené en vue de la décou-
vrir à trouver une méthode très sensible et très sûre qui met en évidence
dans les farines de blé ou dans les semoules, préalablement transformées
en farine, les plus faibles traces de riz, i à 2 p. 100 par exemple, chiffres
très inférieurs aux taux des fraudes usuelles.
La méthode consiste à imprégner la farine suspecte d'une solution
colorante, à la dessécher ensuite lentement, à l'exposer durant quelques
minutes à la température de iio-i3o", enfin à l'examiner au microscope
dans une goutte d'essence transparente ou dans le baume du Canada.
A la suite de ce traitement le hile des grains d'amidon se montre avec
une grande netteté sous forme d'une ponctuation de couleur rouge, au
moins pour certaines variétés. Les grains polyédriques d'amidon de riz
apparaissent avec un hile rougeâtre très distinct et relativement gros pour
leur taille ; l'amidon de blé ne présente que rarement, au contraire, un
hile apparent. Dans les farines de riz les grains isolés d'amidon sont
exceptionnels, mais l'apparition du hile n'est pas moins significative. On
observe, d'une part, des cellules amylacées ovoïdes, ou grains composés,
où le dessin régulier et symétrique des ponctuations rosées marque d'une
manière caractéristique l'existence du riz. De l'autre, des fragments plus
ou moins gros, souvent aplatis, comprenant un nombre variable de ces
cellules amylacées, où la même symétrie des ponctuations, vues à la surface
et en profondeur par transparence, signale avec autant de précision ces
éléments plus complexes de la farine du riz. Ces caractères, déjà visibles
avec un grossissement de i5o à 200 diamètres, sont surtout nets avec un
grossissement de 600 à 65o. Les grains montrent alors un aspect mùriforme
tout à fait typique, ainsi rjue les plaques ou fragments de la farine de riz.
L'amidon du riz ou du blé ne se colorent pas, mais bien la substance
azotée qui enveloppe les grains. Il en résulte une coloration sensible pour
les fragments de farine de riz, qui comprennent plusieurs épaisseurs de
cellules amylacées. Les grains moyens et gros d'amidon de blé sont à peine
cernés par la couleur, mais les groupes de petits grains, où la substance
azotée interstitielle est plus abondante, se colorent notablement, ainsi que
l'aleiirone. Les fragments de cellules d'assise protéique du blé ou du riz
ont aussi leurs grains fortement colorés, mais il est facile de distinguer
ces ponctuations relativement grosses et irrégulièrement groupées de
celles qui appartiennent aux grains composés d'amidon de riz, dont la
disposition très symétrique est caractéristique.
SÉANCE DU 28 MAI I906. ' 20C)
Gomme matières colorantes on peut employer le bleu d'aniline, le bleu
lumière, certains bleus pour coton, le bleu G4B, le bleu Meldola, la benzo-
azurine, le vertd'aniline, les verts de méthyle, les bruns et jaunes d'aniline,
la chrysaniline, la chrysoïdine, la safranine, la phénosafranine, la vésu-
vine, l'auramine, le dinitronapbtol, le rouge de Magdala et les violets,
ceux-ci en solution très étendue. La concentration la plus convenable est
de o"',o5 pour loo'"' d'alcool à 33 p. loo. Les couleurs brunes ou orangées,
permettent des reproductions photographiques, mais les couleurs bleues
et vertes font mieu.x ressortir, par contraste, les ponctuations rosées.
La technique opératoire consiste à déposer sur une lame porte-objet deux gouttes de
la solution colorante dans lesquelles on délaye une très petite quantité de farine, en
étalant la liqueur jusqu'au diamètre de la lamelle qui plus tai'd recouvrira la préparation.
On évapore à ^S^-'io", sur l'un des étages inférieurs de la tablette chauffante de Malassez;
quand l'eau a disparu on achève la dessication vers 5o", puis, après quelques minutes,
on porte à iio^-i^o", en se rapprochant du bec qui chauffe la tablette supérieure. On
verse ensuite sur la lame une goutte d'essence de cèdre ou de baume du Canada, on
recouvre d'une lamelle en chauffant encore un instant pour étaler le baume, s'il s'agit
d'une préparation durable, enfin on laisse refroidir et on examine au microscope.
Les préparations doivent être transparentes, avec fond incolore, et contenir assez
peu de farine pour offrir des vides nombreux.
Toute cette technique : séchage lent, assurant l'imprégnation de la farine
sans formation d'empois, application d'une température élevée' alors seu-
lement que la dessication est complète, etc., a plus d'importance que le
choix du colorant, car, même sans matière colorante, on obtient des pré-
parations où les ponctuations rosées ou hiles des grains d'amidon sont
très nettes et caractéristiques. L'avantage d'un colorant est de rendre l'ob-
servation plus facile, en définissant mieux les grains d'amidon.
Si l'on ajoute à une préparation sans colorant de l'acide osmique, du
nitrate d'argent (avec exposition ultérieure au soleil) ou du chlorure d'or
on obtient, surtout dans le dernier cas, de très bonnes préparations. 11 faut
seulement éviter un excès de réactif, ([ui provoquerait une cristallisation
gênante.
Ces différentes méthodes donnent aussi des résultats très nets avec les
farines de mais et de sarrasin, dont les grains d'amidon se comportent
comme ceux du riz. Le hile peu apparent des fécules de pomme de terre,
d'arrow-root et de patate est mis en évidence de la même manière. De plus,
à l'inverse de la plupart des amidons (blé, avoine, orge, riz, légumineuses),
ces fécules se teignent au contact des colorants.
I2IO ACADEMIE DES SCIENCES.
Je me propose d'étendre le même mode d'examen à d'autres farines et
produits amylacés.
CHIMIE l'HYSIQUE. — Catalyseurs o.ri/danls el généialisation de la lampe
sans flamme. Par t'. Matigxox et R. Traxxoy.
Beaucoup de réactions thermodynamiquement possi])les dans certaines
conditions de température et de pression ne se réalisent pas quand on met
les corps en présence ou ne se produisent qu'avec lenteur. On dit alors
qu'il y a frottement chimique et cela correspond à ce que M. Berthelot
appelle une réaction exigeant un travail préliminaire.
Le calcul de l'énergie libre d'une réaction ou de sa valeur approchée à
l'aide de corrections effectuées sur la chaleur brute, comnie l'a indiqué
M. Berthelot, permet de reconnaître pratiquement les réactions théorique-
ment possibles et ne s'effectuant pas, c'est-à-dire les réactions à frottement.
11 y a lieu de rechercher un agent catalyseur pour toutes les réactions à
frottement.
Le mécanisme de l'action catalytique se ramène en général à la subs-
titution à une réaction à frottement dans certaines conditions de deux
ou plusieurs autres réactions intermédiaires, sans frottement dans ces
conditions, et dont la réaction cherchée est la résultante.
Par l'analyse de ce mécanisme, on est ainsi conduit à classer les cata-
lyseurs en agents oxydants, hydrogénants, chlorurants, hydrolysants, etc.,
un même corps pouvant servir de catalyseur pour des actions de nature
différente.
Ces considérations générales qui seront développées plus longuement
par ailleurs nous ont conduit à manifester simplement les propriétés cala-
lytiques oxydantes d'un certain nombre de substances.
Les oxydes de fer, de nickel, de cobalt, de chrome, de cuivre, de manganèse, de
cériuin, d'argent constituent des agents catalyseurs oxydants qui peuvent être très actifs
dans des conditions convenables. On peut avec ces substances réaliser facilement la
lampe sans flamme. Dans ce but, on imbibe un cordon d'amiante avec une solution con-
centrée d'un sel comme l'azotate susceptible de donner l'oxyde par calcination, le 111
reste imprégné et recouvert de l'oxyde sous une forme divisée particulièrement conve-
nable pour la réalisation de réactions catalytiques hétérogènes. Si l'on plonge un sem-
blable lilament préalablement porté au rouge dans un verre contenant de l'éther ordi-
naire, par exemple, la combustion suivante a lieu :
(C^P) -0 -j- Û- = 2 G-H'O -t- H^O
SÉANCE DU 28 M.VI I90G. 121 I
avec production abondante d'aldéhyde et lincandescence se maintient tant qu'il reste de
l'éther.
Avec beaucoup de ces catalyseurs, on peut répéter l'expérience avec la plupart des
corps organiques, pourvu que ceux-ci soient maintenus à une température où leur ten-
sion de vapeur soit suffisante.
Dans certains cas, dont l'exemple le plus net est fourni par un lil de palladium, il se
forme sur le catalyseur un dépôt de charbon très divisé, qui augmente assez vite et
brûle à l'air dès qu'on retire le support des vapeurs combustibles.
On peut emplover le manganèse sous forme de bioxyde ; un petit prisme très allongé
taillé dans un bloc de pyrolusite reste incandescent dans la vapeur d'éther, il est d'abord
ramené à l'état d'oxyde salin, puis la réaction se continue jusqu'à oxydation complète
du combustible.
Toutes ces oxydations, réalisées dans des conditions pratiques, condui-
ront sans doute à des méthodes nouvelles de préparation de substances
oi'ganiques.
Le cuivre joue le rôle d'un agent catalyseur extrènieiaent aclii' dans
Foxydation de raninioniaciue et des aminés volatiles. On le démontre net-
tement en opérant île la façon suivante. On introduit une spirale de cuivre
portée au rouge dans un vase contenant une solution concentrée d'ammo-
niaque (3o° Baunié) ; la s[)irale placée au-dessus de la solution reste incan-
descente par suite de la combustion du gaz ammoniac et, si le fil n'est
pas trop gros, sa température de fusion est bientôt atteinte et le cuivre
fond progressivement.
Le cuivre paraît agir ici en formant comme corps intermédiaire un azo titre,
c'est du moins ce que semble indiquer la teinte particulière que prend ce
métal.
La solution d'ammoniaque peut être remplacée par des solutions con-
centrées d'aminés volatiles, méthylamines, éthylamines, etc.
Certains des oxydes précédents peuvent remplacer le cuivre dans ces
dernières expériences, mais dans aucun cas l'oxydation n'est aussi active
qu'avec ce métal.
On réalise le mieux ces expériences en opérant dans un vase tronco-
nique dont l'ouverture n'est pas trop étroite ; c'est dans ces conditions que
le mélange convenable d'air et de vapeur combustible s'établit le plus faci-
lement.
C. U., i<)o(i. 1" .■iemcstrc. (T. CXLll, N' 22.' ' ^9
I2I2 ACADEMIE DES SCIENCES.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur Vautoccitalyse et décomposilioii d'un système
photochimique.
Note de M. Bêla Szilard, présentée par M. H. Poincaré.
La solution chloroformique de triiodométhane faite à l'obscurité dans la
chambre noire représente un système photochimique très sensible à la
lumière.
Soumise à l'action de la lumière, en présence de l'oxygène, elle se décom-
pose au bout d'un temps plus ou moins long : de jaunâtre qu'elle était,
elle sera de plus en plus violacée et enfin prendra une coloration brune
tirant sur le violet.
Plusieurs auteurs ont déjà constaté que le produit de cette décomposi-
tion est l'iode et que cette décomposition une fois commencée continue
sa marche spontanément, même dans l'obscurité.
La présente étude a pour objet de déterminer les propriétés physico-
chimiques de cette réaction. Dans ce but nous avons toujours employé
une dissolution contenant 20^' de triiodométhane environ par litre. L'iode
dégagé sera toujours mesuré en titrant avec une dissolution de Na'S'O'
centinormale.
11 faut employer à ces mesures une chambre tout à fait noire, éclairée
seulement par une petite lampe à incandescence électrique d'une inten-
sité de -— bougie.
1° On peut poser en fait que la continuation spontanée de la réaction
au but de cent jours n'est pas complète. Mais, au contraire, si on mêle la
solution avec le mercure et que, pour combiner de l'iode dégagé, on agite
de temps en temps la transformation de triiodométhane en iode ou sous-
iodure de mercure sera complète.
2° Mèle-t-on la dissolution une fois insolée et décomposée avec une
dissolution non décomposée, cette dernière se décompose à son tour.
On peut en conclure que cette décomposition a la nature d'une réaction
purement catalytique et que la matière catalysante est produite par la
réaction elle-même.
3° La matière catalysante, qui se dégage par la réaction, ne se dégage
pas définitivement, parce que en ce cas la décomposition irait en augmen-
tant jusqu'à une certaine limite. Mais il n'en est pas ainsi.
4° La solution chloroformique de CHI' n'est pas la seule qui se décom-
SÉANCE DU 28 MAI I90G. I2l3
pose ainsi. Il en est de même si on dissout le triiodométhane dans l'éther.
l'alcool, dans le sulfure de carbone etc., d'où il résulte que le chloro-
forme n'a aucun rôle dans la décomposition.
D'autre part on remarque que la plus petite quantité d'oxygène suffit
pour causer le même effet qu'une quantité notable.
5° Nous avons étudié la marche du phénomène qui est très régulière.
Comme mesure de l'autocatalyse nous avons mesuré la teneur de la disso-
lution en iode, représentant le produit principal de la réaction.
6° Si on représente par q la quantité d'iode dégagé dans un temps t
(en jours), par Q la teneur totale en iode (sous forme de CHP) en milli-
grammes par centimètre cube, par Q — a la limite de décomposition du
système et par h une constante dépendant des circonstances, on a la rela-
tion
? = (Q — f/)-' = I — e-".
Ces diverses quantités avaient les valeurs suivantes : i cm^ de la dis-
solution contenait o^', 020 de CHl' alors Q = i9,33; Q — « = io,i6,6:^o,io.
Les résultats obtenus sont les suivants :
:n jours
MESURÉS
CALCULÉS
DIFFERENCE
I
0,9702
0,9672
+
o,oo3o
2 ■
1,861
1,842
+
0,019
3
2,662
2,634
+
0,028
5
3,941
3,998
—
0,057
7
5,102
5,ii4
0,012
9
6,045
6,029
+
0,016
10
6,4ii
6,422
+
0,01 1
14
lM<è
7,654
o,oo5
20
8,884
8,785
+
0,099
40
9.991
9.972
+
0,019
00
10,160
—
-
—
La valeur de h dépend de la température, de la concentration et de la
qualité (pureté) des matières employées.
Veut-on déterminer cette valeur de &, il faut seulement faire une expé-
rience préliminaire, en connaissant les valeurs de t et de y.
D'autre part, la valeur de y pour un temps / dépend du temps de l'inso-
1 2 r /|
ACADEMIE DES SCIENCES.
lation, de la richesse en iode qu'a la dissolution au commencement. Il faut
donc toujours commencer la léaction a\'ec une insolation aussi faible (jue
possible.
7° Si l'on veut étudier la cinéti(|ue de la réaction, on mesurera les coef"
ficients lesquels sont minima quand le système se décompose dans l'obs-
curité ; ces valeurs vont en croissant, en isolant de plus en plus le sys-
tème.
8° L'action quantitative de la lumière sur le dégagement de l'iode peut
se représenter par des équations analogues avec les précédentes. Seule-
ment les valeurs de q sont plus grandes pour un même temps t. Alors les
courbes construites sont aussi logarithmiques, mais avc(^ des ordon-
nées élevées. Soustrait-on de cette nouvelle équation représentant l'action
de la lumière -)- l'autocalalyse, l'autre équation représentant seulement
l'autocatalyse : on obtient une équation réprésenlant seulement l'action
de la lumière.
CHIMIE PHYSIQUE. — Etude des équilibres hétérogènes sons des pi-essioiis
variables. Note de M. E. Bri.\f.r. présentée par M. G. Lemoine.
Nous nous sommes proposé d'étudier l'effet produit par des variations
de pression sur les équilibres auxquels donnent lieu la formation de corps
liquides ou solides à partir de deux gaz.
Le mélange gazeux est contenu dans la partie AR cl un tube gradué, que l'on peut
maintenir à une température rigoureusement constante par une circulation de vapeur
provenant d'un liipiide en ébuUition dans le liallon C. D est un robinet en acier, isolant
le mélange pendant «pion relie le tube gradué au réservoir de mercure R et à la bombe
sÉA>CE nr 2(S MAI 1906. I2t5
d'acide carbonique F. utilisée comme dispositif compresseur. La vanne G permet de
régler facilement la pression, qui est indiquée par le manomètre à air comprimé H. On
a pu ainsi soumettre aux vérifications des lois delà statique chimique des corps comme
le chlorure de phosphonium, dont la tension de dissociation, à la température ordinaire,
est supérieure à la pression atmosphérique.
Les courbes des produits pv, des pressions p par les volumes c, en fonc-
tion delà pression se prêtent très bien à la représentation des phénomènes
d'ordre chimique qui interviennent lors de la compression d'un mélange
gazeux. De la diminution du produit pv, on déduit facilement les pressions
partielles pi et pi des gaz A et B, si la combinaison solide engendrée répond
à. la formule A„Bm et si le nombre des molécules gazeuses A,iBm est
négligeable.
L'application de la loi d'action des masses donne, en effet, dans ce cas,
- étant la tension de dissociation du corps formé :
constante à une même température.
Si les pressions partielles sont dans le rapport "/„,, la pression totale,
somme des pressions partielles p^ et y»^, sera égale à la tension de disso-
ciation 7î, d'oîi
mz m-
^ ' n -\- m '' ' - " -\- '"
, , .. 7i» . mm . 7:1! + m
(2) Iv = — -, — ; r-; .
Ces relations, combinées avec celle de van't Hoff
d In K — q
(3)
dï RT^
fournissent les valeurs numériques de la tension de dissociation - et de la
chaleur g dégagée par la réaction.
Si l'oia ignore les valeurs des coefficients 11 et m, il sera aisé de les
déterminer en se basant sur le fait que le produit />," . p^"' doit être cons-
tant à une même température.
Une autre propriété du produit /?/' . p^"' , déjà signalée par Isambert (')
dans un cas particulier, permet également de déduire les valeurs de «,
jn et t:. On peut démontrer que la pression totale passe par un minimum
(') CoDiptes rendus, t. XG\ II, p. lyi'^.
12 16 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lorsque les pressions partielles satisfont à la relation
(4) -Zl = ^ .
Alors la tension de dissociation se confond avec la pression totale.
Les grandeurs relatives des pressions partielles correspondant à diffé-
rentes valeurs de la pression totale peuvent être tirées de la relation (2). Il
résulte de ce calcul qu'une élévation de la pression totale tend à diminuer
la pression partielle relative du gaz qui n'est pas en excès. Si cette pres-
sion partielle relative devenait négligeable, la phase gazeuse se compor-
terait alors comme si elle était formée d'un gaz unique ; autrement dit, le
produit pi> redeviendrait à peu près constant et correspondrait à l'excès
de l'un des gaz A ou B par rapport aux proportions dans lesquelles ils se
combinent. D'autre part, l'application rigoureuse de -la loi d'action des
masses ne permet pas de supposer nulle la pression partielle p^ des
molécules gazeuses A,i B„, , cette loi se résumant dans la formule
n m
P^ '^^ = constante.
px
Si l'on tient compte de p.c dans les calculs, la relation (4) ne sera néan-
moins pas modifiée; car en présence du corps solide A"B,„, la pression
partielle p.c reste constante à température constante et le minimum de
tension sera encore égal à la tension de dissociation. L'existence de cette
pression p,^ se traduit par des variations appréciables des valeurs numé-
riques de K et de -k déduites des relations approchées (i) et (2). Cependant
aux pressions les plus faibles compatibles avec la présence de la phase
solide, nos expériences ont montré que les valeurs calculées à l'aide de la
formule (2), concordent assez exactement avec la tension de dissociation
observée directement.
CHIMIE BIOLOGIQUE (1). — Sitrlcf transformation presque intégrale en maltose
des dextrines proi^enant de la saccharification de Vamidon{^). Note de
MM. A. FER^BACH et J. Wolff, présentée par M. Roux.
MM. Maquenne et Roux ont indiqué récemment [Comptes rendus,
(') Cette note a été présentée le 21 mai.
(2) MM. Maquenne et Roux ont présenté à la séance du i ', mai de l'Académie, sur le
même sujet, un travail qui n'a pas paru encore au moment où nous rédigeons la présente
Note et dont nous ne connaissons que les grandes lignes.
SÉANCE DU 28 MAI I906. I2I7
t. CXLII, p. 124) des conditions de saccharificalion des empois d'amidon
par l'extrait de malt qui permettent d'atteindre des rendements en maltose
inconnus jusque-là. Ces conditions sont la neutralisation exacte de l'empois
vis-à-vis du méthylorange et la neutralisation partielle de l'extrait de
malt.
Nous nous sommes proposés, de notre côté, de rechercher comment pro-
gresse la formation du maltose et nous avons constaté que, même sans
aucune neutralisation, la production de ce corps est loin d'être arrêtée au
moment où l'absence de coloration par l'iode indique qu'il n'y a plus
d'amidon.
La rapidité avec laquelle progresse la première phase de la saccharifica-
tion est connue depuis longtemps; quant à la deuxième, si elle a échappé
aux expérimentateurs, c'est sans doute à cause de son extrême lenteur.
Comme on pouvait s'y attendre, la transformation marche plus vite à So" qu'à la tem-
pérature ordinaire. Voici, à titre d'exemple, des expériences dans lesquelles deux bal-
lons renfermant ■iH'^'- de chaque empois à 5 p. 100 additionnés de 5"'^ d'extrait de malt à
10 p. 100 ont été maintenus pendant 2'' 1/2 à 5-2°; puis l'un des ballons a été placé pen-
dant 20'' à la température ordinaire, tandis que l'autre restait pendant ce temps à 52°.
Fécule A Fécule B Riz
A froid 85,6 85,5 80,4 de maltose p. 100 d'amidon.
A chaud ioo,'2 97i4 9°, 7 — —
En prolongeant encore davantage l'action de la chaleur (45,1 à 3o°) et en opérant sur
une fécule pauvre en matières minérales, nous avons pu obtenir en maltose 102, 7 p. 100
de l'amidon mis en œuvre ; à ce moment, l'alcool ne produisait plus dans la liqueur qu'un
louche à peine appréciable.
Si, au lieu d'opérer comme ci-dessus, sans modifîcatipn de la réaction, on
ajoute de l'acide progressivement en se rapprochant de la neutralité au
méthylorange, on constate que cette addition accélère la transformation, en
facilitant le passage des dextrines à l'état de maltose. On peut obtenir des
résultats tout aussi favorables au point de vue de l'accélération en faisant
intervenir l'acide à des stades divers de la saccharificalion et en particulier
au moment où tout l'amidon a disparu, de sorte que, pour expliquer l'aug-
mentation d'activité de la diastase, il n'est pas nécessaire d'admettre,
comme on pourrait le supposer, un changement dans le mode de disloca-
tion de la molécule d'amidon.
En ce qui concerne la marche du phénomène, voici quelques chiffres
12 1 8 ACADÉMIE DKS SC1E>'CES.
indiquant la quanlilé de maltose pour loo d'amidon, qui permettent de
suivre la saccharification et de la représenter graphiquement.
Nous avons opéré à îo", sur un volume total tle liquide s'élevaut à ijoo'", renl'eruiant
i3"'' de fécule et So"^"^ d'extrait de malt à lo p. loo, en faisant à diverses périodes des
prélèvements pour l'analyse.
Tli.MPS : •2 11. 4"- 22 11. /fin. 94 11.
,, . , ,, , Sans aucuuL' n[l<liliou. 82,1 84,6 8q,Q f|J>0 100. -
accule M S ,, ,. ', „ ' •' •' ■' •' ;
t JNeutralise 06,0 og.o 100,1 102,7 loJ.S
TE.MPS : I 11. 3 H. '/., 5 11. '/o 7 "■ '/i 'o "■ V2 ^^ "■ Vi 4/ H- '/■■
Fécule M. NeutralisO . . . 81.4 86,8 91,0 92,4 96,9 97,8 101,2
Fécule N. Neutralisé. . . 81.7 91,0 93,9 94-1 101,4 ioi,ï io3,2
TEMPS : 12 II. 19 U. 37 II.
Fécule M. Neutralisé 99-7 100, 5 102,9
Fécule N. Neutralisé 100, i 100,1 102,7
Nous nous soiuiiies assurés iju il ne se forme pas de maltose par la comparaison entre
le pouvoir rotatoire et le pouvoir réducteur. Le petit excédent fourni à la lin de la saccha-
rification par la lecture polariiiiétri<:|ue correspond très sensiblement à la petite quantité
de dextrine résiduaire. Pour l'expérience qui nous a donné lo'i, 8 p. 100 de maltose,
c est-à-dire 1,7 p. 100 de moins que le rendement théorique, la dextrine restante, déter-
minée directement, s'élevait à i,;;p. 100.
Si, arrivée à ce terme, la saccharification ne progresse plus ([u'insensi-
blement, ce n'est pas (nous l'avons vérifié) que la diastase soit devenue
inactive, mais bien plutôt à cause de la dilution de la matière. Ce qui le
prouve, c'est que, en précipitant par l'alcool la dextrine dans le liquide
préalablement concentré et faisant agir de l'extrait de malt sur la solution
aqueuse de dextrine, on observe une disparition lente, mais notable de ce
corps. Si donc il e.viste une dextrine non transformable en maltose, elle ne
peut représenter qu'une fraction infime de l'amidon primitif.
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur les principes de la gutta-percha du Palaquium
Treubi. Note de MM. E. Jr.vta'XKi^cii et H. Liikolv.
Dans les recherches poursuivies autrefois par l'un de nous en collabo-
ration avec A. Damoiseau, il a été reconnu (pie les composants des g'uttas
malaises varient non seulement par leur quantité mais aussi par leur
nature. Nous avons repris (^es recherches en les appliquant à des guttas
provenant de feuilles d'origine botanique certaine. Les faits rapportés ici
SÉANCE DU 28 MAI I906. I-I9
ont été observés siirlagutla brute des feuilles àuPalaquiuin Treiibi; ils por-
tent sur une substance fusible à 260°, qui reste dissoute lorsqu'on précipite
par l'alcool en ébuUition l'hydrocarbure de la gutta, contenu dans l'extrait
toluénique de feuilles, préalablement concentré ; la liqueur alcoolique et
toluénique étant distillée à sec, le résidu lavé à l'alcool bouillant laisse la
substance en question à l'état insoluble.
Cette substance étant mélangée de cire, on l'épuisé à l'alcool bouillant.
Lorsque la liqueur ne se trouble plus en refroidissant, le résidu est purifié
par des cristallisations dans la benzine bouillante, répétées jusqu'à point
de fusion constant, soit 260°. Nous nommerons provisoirement ce produit
pallreubine pour rappeler le végétal qui l'a fourni.
La pallreubine constitue des petites aiguilles incolores et soyeuses. Par évaporation
lente de sa solution benzénique, elle se dépose en fines aiguilles clinorhombiques
(M Wyrouboff). Chauffée au bloc Maquenne, sous un couvre-objet, elle se sublime,
vers ■l'io", en prismes allongés assez caractéristiques, sans mélange d'autres cristaux.
La pallreubine est inactive sur la lumière polarisée. La benzine et le toluène chauds sont
ses meilleurs dissolvants ; à froid, ils la dissolvent à peine. Elle est presque insoluble
dans la plupart des autres véhicules, à chaud comme à froid.
L'analyse attribue à la pallreubine la formule C^'IP^O, qui fait de ce corps un isomère
des amyrines, substances fort bien étudiées par JM. Yesterberg. Une comparaison avec
ces principes est dès lors nécessaire. M. Yesterberg a séparé l'amyrine de l'élémi, par
cristallisation et surtout par éthérification, en amyrine-a, fusible à 180-181° et amyrine-^,
fusible à igi-ig'i". Ces amyrines présentant le pouvoir rotatoire alors que la pallreu-
bine est inactive, l'identité ne peut donc être admise. D'ailleurs les points de fusion des
amyrines sont plus bas que celui de la pallreubine d'au moins 65°. Comme les amyrines,
d'autre part, la pallreubine fournil des éthers, mais, ici encore, les différences sont
manifestes.
Chauffée à 17!)° en tubes scellés, avec un excès d'anhj'dride acétique, la pallreubine
est entièrement éthérifiée après -i'^'. L élher sépare le produit en une partie soluble et
une partie peu soluble. Purifiée par des cristallisations répétées dans la benzine, la
partie soluble forme des prismes fusibles à ■2'lj° ; la partie peu soluble dans l'éther,
purifiée de la même manière, constitue des aiguilles fusibles à ayo". Les deux produits
présentent la composition d'un éther acétique de la pallreubine. Chacun d'eux, saponifié
par la potasse alcoolique, fournil un alcool particulier, isomère de la pallreubine. Nous
nommerons alcool paltreiibylique-t l'alcool provenant de la saponification de l'éther
acétique fusible à -235°, et alcool paltreiibylique-^ celui que fournit l'éther acétique fusible
à 290°. .
h'acétate de paltreubyle-a, C^°H'' — CO- — CH^, fusible à iSj", donne, dans la ben-
zine, et par refroidissement, des cristaux assez volumineux ; par évaporation spontanée,
la solution benzénique fournit des prismes clinorhombiques que M. Wj'rouboff a bien
voulu déterminer.
C. R., 1906, I" Semestre. (T. C.\.L1I, N» 23.) l6o
I220 ACADEMIE DES SCIENCES,
h'alcool paltreiibytiqiie-a, C-'°H''' — OH, est obtenu en saponifiant l'acétate par la
potasse alcoolique. Purifié par cristallisation dans la benzine, il donne des cristaux
en aiguilles, fondant à 190°.
Cet alcool et son éther acétique, en solution benzénique, sont inactifs sur la lumière
polarisée. Ce fait est à rapprocher des activités très marquées de l'amyrine-p et de son
acétate, les points de fusion de ces deux substances, 193° et aBf)», étant voisins de ceux
de l'alcool paltreubj'lique-a, 190°, et de son acétate, aîS". Nous reviendrons sur ces
relations.
h'acéiaie de palireuby/e-^, C^^H''' — GO- — CH'^ fusible à 290°, cristallise dans la ben-
zine, par refroidissement, en prismes incolores' bien développés; l'évaporation lente
de la solution benzénique fournit des prismes clinorhombiques volumineux, différents
de ceux de l'acétate de paltreubyle-a ; nous sommes reconnaissants à M. Wyrouboff
d'avoir bien voulu effectuer leur détermination. Cet acétate est moins soluble dans les
divers dissolvants que son isomère a.
h'alcool paltreubylique-'^, C^^H" — OH, résultant de la saponification de l'éther précé-
dent par la potasse alcoolique, a été purifié par des cristallisations dans la benzine
bouillante ; il se sépare en aiguilles très fines et très longues, dont le feutrage solidifie
le mélange. Chauffé au bloc sous un couvre-objet, il se sublime vers ayo-ayS" en fines
aiguilles prismatiques ; il fond à agS". La solubilité dans la benzine est faible à chaud,
presque nulle à froid ; elle est très faible dans la plupart des autres dissolvants.
L'alcool paltreubylique-^, produit de transformation de la paltreubine du P. Trcubi,
n'a jamais été rencontré dans la gutta brute des feuilles de ce végétal. Il est identique
avec un principe naturel que nous avons retiré des feuilles du P. gutta et du /". borneense ;
il est identique aussi avec un alcool que nous ont fourni en abondance des matières
séparées dans la purification industrielle de la gutta des feuilles, matières que nous
devons à l'obligeance de M. de la Fresnaye. Cette particularité permettra de développer
l'étude de l'alcool paltreubylique-|3.
Quelles relations existent entre la paltreubine et ses dérivés, les alcools
paltreiibyliques ? M. Vcsterberg a vu que l'aniyrine de la résine élémi
donne les éthers acétiques de deux alcools différents, ramyrine'a et Fanriy-
rine-p, mais il a considéré Famyrine de l'élémi comme un mélange, très
difficile à séparer, de ces deux derniers alcools. Dans le cas de la paltreu-
bine, la cristallisation lente dans divers dissolvants ne fournit qu'une seule
sorte de cristaux, alors que les alcools paltreubyliques mélangés se sépa-
rent ainsi aisément; il ne s'agit donc pas d'un mélange. D'autre part,
M. Vesterberg a déjà fait remarquer que les formules et (-ertaines pro-
priétés des amyrines pormeltent d'envisager celles-ci comme des 'alcools
dérivant d'un triterpène (C'H"')'', de la même manière qu'un bornéol
dérive d'un carbure G'"H'* ; la même observation s'applique à nos nouveaux
alcools. Les isomérisations par éthérification étant nombreuses dans la
SÉANCE DU 28 M\I 1906. 1221
série terpéniqiie, nous somiues portés à envisager la paltreubine comme
un alcool qui s'isomérise dans deux directions lors de l'éthérification par
l'anhydrique acétique.
BOTANIQUE. — Sur les spores d\iii Streptothrix. Note de MM. Brocq-
MoLSSEU et M. PiETTKE, présentée par M. G. Bonnier.
L'un de nous étudie depuis plusieurs années une Streptothricée qu'il a
montré être une cause générale d'altération des grains et des fourrages et
qu'il a dénommée Streptothrix Dassonvillei[^).
I. Ce Streptothrix se cultive aisément à condition de lui donner un
milieu nutritif suffisamment riche en azote organique, et en présence de
l'oxygène. Dans la nature le champignon emprunte l'azote aux matières
quaternaires des végétaux sur lesquels il se développe.
Sa sporulation se traduit par la formation à la surface des cultures d'une
efflorescence blanc grisâtre d'aspect crayeux; en bouillon peptonisé à
I p. 100, le champignon se développe sous forme de touffes et il attaque
énergiquement les matières albuminoïdes avec production d'ammoniaque :
dans une 'culture contenant o^', 168 de champignon sec nous avons trouvé
o^"', 1 18 d'AzH', soit 70^'' d'ammoniaque pour loo^'' de Streptothrix.
Ce Streptothrix est donc un agent important de destruction des matières
azotées et en particulier des albumines végétales ; son rôle doit être con-
sidérable, si l'on tient compte de son abondance dans la nature.
II. Si l'on fait des cultures en bouillons de façon que l'accès de l'oxygène
soit le plus grand possible, il se forme à la surface du bouillon une multi-
tude de croûtes légères, blanc grisâtre, présentant la structure d'un faux
tissu : ce sont des efflorescences presque exclusivement composées de
spores.
Cette particularité nous a permis de faire quelques recherches sur la
composition chimique de ces spores. On élimine les flocons mycéliens en
siphonant le liquide en dessous des efflorescences et on le remplace à plu-
sieurs reprises par de l'eau distillée. Les spores recueillies sont lavées à
neutralité.
III. — -.La masse des spores, séchée à 110° pour analyse, se présente sous forme
d'une poudre grisâtre.
(') Brocq-Rousseu, Revue générale de Botanique, t. XVI, lyo'i, p. aic) et t. XVII,
1905, p. 417.
I'->1>2 ACADK.MIK DKS SCIENCES.
L'épuiseraenl à l'élher enlève i,'^5 p. loo d'une substance soluble très vivement
colorée en jaune et qui cristallise en grande partie.
Cendres alcalines très légèrement bleuâtres (traces de manganèse).
p. loo 7,8
.7.8
Silice — i ' Phosphore \ ,'^
I 0,20 ^ ( 4,27
C H Az S Cl
11,72 7,43 i3,8o
5 1,33 7,38 i3,6', " "
Ce sont, croyons-nous, les premières analyses effectuées sur des spores de champi-
gnons inférieurs. (Les analyses publiées se rapportent à la substance totale de certains
champignons supérieurs). (')
(La recherche du chlore et du soufre a été faite par la méthode de Carius : attaque en
tube scellé par 1 acide azotique de densité i,5 en présence d'un excès de nitrate d'argent.
Elle a porté sur 0,5877 ^^ matière.
IV. L'absence de chlore est très remarquable, car les cultures ont été
faites dans un bouillon salé (S^'' de NaCl par litre). La sporulation paraît
donc être, au point de vue chimique, un travail bien spécial, puisque le
champignon fait un choix parmi les minéraux mis à sa disposition. Le
chlore et le chlorure de sodium ne semblent donc pas séjourner dans le
cytoplasme d'une façon générale; ce sont des éléments d'inhibition, des
éléments extra-cellulaires ; de plus, l'absence totale de chlore incite à penser
que ce corps n'est pas nécessaire à l'être futur, au moins au début de
son développement.
Il a été démontré, du reste, que les chlorures sont non seulement inu-
tiles, mais même nuisibles à la végétation (-).
L'absence de soufre est encore plus inattendue, car ce corps existe dans
la plupart des matières albuminoïdes.
Le phosphore a ici une importance comparable à celle qui lui a été
reconnue déjà dans un élément histologique : le noyau des globules
rouges ('). Il s'agit évidemment de matières très proches des nucléines
(') \V. ZoPF, Die Pilze. Breslau, 1890, p. 117.
(^) Dassonville, Thèse de Paris, 1898, p. 162.
(') PuCTTRK et ViLA. Comptes rendus, avril 1906.
SÉANCE DU 28 MA.I IC)o6. 1223
Cette richesse des spores en phosphore atteint la proportion considé-
rable de 53 p. 100 des cendres.
Le phosphore constitue donc à lui seul plus de la moitié des cendres. Il
existe à l'état de combinaison organique et joue un rôle capital dans les
matières qui servent de substratum aux phénomènes de reproduction ; il
est un élément essentiel de la plastique cellulaire, au môme titre que l'azote
est un élément essentiel de la croissance.
Une faible partie du phosphore total se trouve combinée à de la chaux;
les phosphates, contrairement aux chlorures, paraissent donc être des cons-
tantes des éléments cellulaires.
Il est intéressant de constater la présence de la silice dans les spores.
La fréquence de la silice dans les tissus épidermiques, sa localisation dans
les enveloppes de certaines algues, lui ont fait attribuer un rôle de pro-
tection. Il y a lieu de penser qu'il en est de même dans les spores de cet
organisme.
Ces quelques recherches sur les spores d'un champignon inférieur
contribuent à nous faire connaître la composition chimique de la substance
de l'être pendant ce passage à l'état de vie ralentie où s'opère une conden-
sation des éléments strictement nécessaires à une régénération plus ou
moins éloififnée.
'&*
BIOLOGIE. — Une invasion cT Algues méridionales (Colpomenia sinuosa) sur
les huîtres de li rivière de Vannes. Note de M. Fabre-Do.ui!:rgiji<:, pré-
sentée par W. Bornet.
Vers la fin de l'année dernière, mon attention fut attirée par un ostréi-
culteur du Morbihan, M. Martine, sur la présence dans sa région d'algues
inconnues jusqu'ici et dont le développement menaçait de compromettre
gravement les intérêts des parqueurs de l'embouchure de la rivière de
Vannes.
Ces algues, auxquelles les ostréiculteurs ont donné le nom, fort justifié
d'ailleurs de « Ballons », affectent la forme de petites outres d'un brun
verdâtre qui, microscopiques au début, atteignent assez vite le volume
d'un gros œuf de poule. Formées d'une paroi très mince, élastique et assez
fragile, ces outres, habituellement pleines d'eau, s'affaissent sur elles-
mêmes au moment de la basse mer ; elles se vident alors de leur contenu
par les déchirures de leur enveloppe, mais, en raison de l'élasticité de celle-
1224 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ci, l'outre, ainsi vidée, se remplit d'air. Il en résulte qu'au retour du flot
l'algue forme ainsi un véritable petit flotteur dont le volume est plus que
suflisant pour soulever l'huître qui lui sert de support.
Or, comme à chaque grande marée, au moment où les parcs, situés
généralement assez bas, découvrent totalement, les huîtres, munies de
leurs ballons dûment gonflés d'air, montent à la surface des eaux dès que
revient le flot et sont emportées par lui. On conçoit quel énorme préjudice
peut causer à l'ostréiculture l'invasion de ce nouveau commensal.
Désireux de déterminer exactement la plante dont de nombreux exem-
plaires m'avaient été envoyés, j'eus recours à l'aimable obligeance de
M. Bornet à qui je suis redevable des renseignements suivants :
L'algue brune en ballon qui croît sur les liuîtresestle Colpoineniasinuosa Derb. et Soller.
Cette plante est répandue dans toutes les mers chaudes. Elle abonde" dans la Méditer-
ranée ainsi que dans les parties immédiatement voisines de l'Atlantique. C'est à Cadix
qu'elle a été signalée pour la première fois au commencement du siècle dernier, Depuis
lors elle ne semble pas avoir été sûrement trouvée plus au Nord. M. Lazaro é Ibiza l'a
bien signalée dans plusieurs localités entre Santander et Vigo, mais cette indication ne
saurait être admise sans quelque réserve. En effet, M. Sauvageau qui a visité la côte
cantabriquen'a pas rencontré le Colpoiiienia, mais seulement le Leal/iesia di/Jor/nis Avesch.
qui lui ressemble assez pour que la confusion soit possible si l'on n'en étudie pas la
structure. Or le Leathesia n'est pas cité dans le catalogue de M. Lazaro.
Le Colpoinenia n'existait pas autrefois dans le golfe du Morbihan. Ni Prouhet et Le
Lièvre de la Marinière, ni Lloyd, ni Thuretne l'y ont rencontré.
Nous nous trouvons donc en présence d'un cas d'acclimatation fortuit,
dû certainement aux conditions particulières de la mer intérieure qu'est
le golfe du Morbihan. Le Colpomenia, venu là sans doute sur la coque d'un
bateau, a trouvé dans ces eaux chaudes et vaseuses un milieu éminemment
favorable, car il y croît avec vigueur et les échantillons de cette prove-
nance, étudiés par M. Bornet, se sont montrés couverts de pores fructi-
fères d'où essaiment des myriades de zoospoi'es.
Parmi les moyens proposés pour la destruction des algues (chaulage,
mise en silo des huîtres, etc.) aucun n'a donné de résultats appréciables.
Seul le balayage des huîtrières avec des fagots épineux qui crèvent les
« ballons w et en détruisent, par conséquent, l'eft'et nuisible, a permis de
lutter avec quelque succès contre ce fléau d'un nouveau genre. Il est
d'ailleurs probable que le Colpomenia ne s'attardera pas indéfiniment dans
les eaux bretonnes et que le premier hiver un peu rude l'anéantira com-
plètement. Pour la même raison, on est en droit d'espérer que l'espèce ne
SÉANCE DU 28 MAI I906. 1220
sortira point de la région où elle est actuellement cantonnée et où elle
n'a pu se développer que grâce aux conditions toutes spéciales du milieu.
BIOLOGIE. — Sur révolution des Grégarines gyninosporées des crustacés.
Note de M. M. L. L.É<iKR et O. DuBOSCQ-
En i885, Frenzel créa le genre Aggi'egata pour les Grégarines de certains
Crustacés [Portunus, Carcinus) caractérisées à la fois par des formes intes-
tinales à sporadins en chaîne et par des kystes cœlomiques à sporozoïtes
nus. Le genre Aggregata ainsi compris venait se placer très naturellement
à côté du genre Porospora, représenté par la Grégarine du Homard.
En décrivant Aggregata cœlomica Léger de Pinnotheres pisum et Aggre-
gata vagans Léger et Duboscq de Eupagurus Prideauxi., nous avons,
comme Frenzel, attribué à une même espèce de Grégarine les formes intes-
tinales et les kystes cœlomiques que nous trouvions simultanément chez
unméme Gruslacé.
Récemment, G. Smith se range encore à cette interprétation en nous
faisant connaître une nouvelle Aggregata parasite de Vlaachus et cependant
ce Crustacé ne montrait que des formes cœlomiques représentant toujours
des enkystements solitaires.
Pendant que Morotf reprenait l'étude des Coccidies des Céphalopodes et
montrait par les caractères de la fécondation les affinités des Eucoccidium
avec les Grégarines, nous poursuivions nos recherches sur \qs Aggregata
des Crustacés en supposant, comme Frenzel, que leur cycle devait être
digénétique et se dérouler successivement chez un Crustacé et chez un
grand consommateur de Crustacés tel qu'un Céphalopode, par exemple.
Les expériences suivantes démontreront, croyons-nous, la justesse de
notre hypothèse.
D'abord, nous n'avons jamais pu observer la déhiscence des spores à! Eucoccidium
dans le suc intestinal des Céphalopodes. Au contraire, fait-on manger à un Portunus, à un
Pagurus, à un Stenorliynclius, à un Inaclius des estomacs de seiche remplis de kystes
mûrs à^ Eucoccidium eberthi, au bout de quelques heures, on voit la plupart des spores
ouvertes en -i valves et les sporozoïtes en liberté dans le suc intestinal du Crustacé. Ces
sporozoïtes à! Eucoccidium sont arqués. Leur extrémité antérieure montre un corps
réfringent pourvu de deux grains sidérophiles qui paraissent être des centrioles. Le
noyau subcylindrique, pourvu de nombreux grains de chromatine sans karyosome dis-
tinct occupe l'extrémité postérieure. Nous avions déjà vu et signalé de tels sporozoïtes
1226 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans l'intestin de Eupagurus Prldeauxt en les attribuant sans certitude à V Aggregata
vagans.
Sortis delà spore, les sporozoïles d'/Tiicocc/f/;';//?; c^f /•;/;/ restent immobiles dans le tube
digestif du Portiiniis. Par contre, dans l'intestin d'un Stenorhynclnis ou d'un Inachus ils
sont très mobiles et ne tardent pas à pénétrer dans les cellules de l'épithélium intestinal
où ils se placent soit en avant, soit en arrière du nojMU, d'abord arrêtés, semble-t-il, par
l'épaisse basale. Au bout de quelques jours leur extrémité postérieure se renfle et con-
sécutivement la chromatine de leur noyau se condense et devient massive. Puis le para-
site s'arrondit etparaîtatteindre rapidement, après des transformations que nous n'avons
pas suivies en détail, un stade massif coccidiforme à noyau sphérique pourvu d'une
membrane chromatique et d un karyosome central.
Nous n'avons pas encore suivi plus loin l'évolution du parasite en infection artificielle,
mais nous pouvons facilement la concevoir puisque, à partir de là. nous connaissons
tout le reste du développement ainsi que nous l'avons décrit chez Aggregata vagans. En
s'accroissant, le parasite traverse la basale et passe dans la couche lymphoïde périintes-
linale où se continue l'évolution.
Chez Aggregata fagans, la multiplication nucléaire ne commence qu'au terme de la
croissance de la Grégarine qui reste toujours solitaire ainsi que l'a l)ien vu G. Smith
chez V Inaelnis. Le noyau, pourvu d'un karyosome complexe, à zone centrale réticulée,
donne directement par une division multiple un certain nombre de noyaux qui gagnent
la périphérie, se multiplient et s'ordonnent le long des bords d'îlots cytoplasuiiques ser-
pentiformes. Ceux-ci en s'étranglant donnent finalement les rosaces à sporozoïtes nus,
groupés autour de reliquats sphériques.
Avec ces résultats, il nous semble difficile d'accepter encore les relations
admises entre les Aggiegata cœlomiques des Crustacés et les Polycystidées
intestinales qu'on trouve chez les mêmes hôtes. Ces deux formes de Gré-
garines doivent correspondre à deux parasites distincts : les unes ne fran-
chissant jamais la basale suivraient dans l'intestin l'évolution ordinaire
d'une Grégarine polycystidée; les autres passent dans le cœlome pour
donner des mérozoïtes qui sont le point de départ des formes sexuées para-
sites des Céphalopodes [Eiicoccidiiim^).
A l'appui de cette manière de voir, signalons que certains Crustacés
{Paguius stiialus, Inachus) sont seulement infestés de kystes cœlomiques,
alors que d'autres [Homarus, Gaimnarus, Athanas) ne montrent que des
Polycystidées intestinales et qu'enfin là oii existent les formes cœlomique
et intestinale [Eupagurus Prideauxï) nous avons observé dans l'intestin de
(') Th. Moroff à qui nous avions communiqué nos résultats nous prie de dire qu'il
vient de les vérifier sur Y Eucoccidiuin Jaequemeli dont les spores s'ouvrent dans l'in-
testin de PorUinus corragatiis.
SÉANCE DU 28 M.VI I906. 1227
l'hôte des kystes de conjugaison formés par les Polycystidées précocement
accouplées.
Cette séparation des deux formes ne doit pas faire renoncer à l'hypothèse
d'un hôte intermédiaire pour les Polycystidées intestinales, car nous avons
constaté chez Porospora la fréquence de kystes solitaires dont le dévelop-
pement rappelle de près celui des Agreggata.
Quoi qu'il en soit, nous croyons pouvoir conclure de nos recherches
que les prétendues Coccidies des Céphalopodes et les kystes cœlomiques
des Crustacés appartiennent au cycle d'une même Grégarine digénétique.
En conséquence, les Eucoccidium (anciennement Klossia, Benedcnia,
Légeria) doivent rentrer dans le genre Aggregnta Frenzel.
PHYSIOLOGIE. — Recherches sur les rapports des états émotifs
et des états d'infection. Note de M. Vaschidk.
L'étude expérimentale des conditions psychophysiologiques des émo-
tions a été délimité involontairement dans la démonstration de quelques
postulats philosophiques. Sans discuter les théories des émotions, je dési-
rerais apporter quelques documents et quelques faits sur les rapports des
états émotifs et des états d'infection biologique.
Mes recherches ont consisté à préciser et à déterminer, en dehors de la nature et de
la forme des modifications vaso-motrices dans les états émotifs et dans les états d'in-
fection, dans quelle mesure l'infection biologique se manifeste dans les processus
émotifs.
On sait le rôle capital des leucocytes dans les processus pathologiques d'infection.
Les derniers travaux sur la morphologie sanguine nous ont amplement renseigné sur les
processus évolutifs des leucocytes et particulièrement sur la proportion de différentes
variétés de glubules blancs du sang humain. Pour la technique je renvoie surtout aux
travaux de J. Jolj- et de Lœpper en France, à ceux d'Rrlich en Allemagne. Tout état
d'infection se caractérise, presque selon tous les auteurs, par une augmentation des leu-
cocytes et particulièrement (selon certains auteurs) par l'augmentation du chiffre des
leucocytes à noyau polymorphe.
Dans mes recherches sur la psychophysiologie des émotions j'ai choisi des émotions-
chocs qui n'avaient rien des émotions factices et artificielles de Laboratoire '. J'ai toujours
cherché, et cela depuis des années, à saisir des émotions vraies, des réactions réelles et
(') N. Vaschide et Cl. Vurpas. Reclierclies e.rpcrimentales sur la psycliophysiologie
des i'aso-moteurs dans les troubles psyehopathlques. {^Comptes rendus du XIV' Congrès,
Académ. de Médecine, Madrid, avril 1904- Section de Physiologie, p. 'i^-!\i.)
C. R., 190G, I" Semesire. (T. CXLII, N» 22.) '61
1228 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sincères Je la vie, avec tous ses processus caractéristiques. Je crois avoir expériiuenté
en dehors de toute cause d'erreur et, comme technique globulimétrique, en dehors de
celle de Erlich, j'ai utilisé spécialement les conseils de Joly (In Arcliwes de Méd. Expé-
riinent. et Anat. Patliologique, i" Juillet 189G). ]Mes recherches ont porté surtout sur des
sujets adultes normaux, mais j'ai pu expérimenter aussi sur des enfants et des vieillards,
éliminant de mes résultats tous les cas où on pouvait supposer une tare pathologique
quelconque. De nombreuses observations ont été faites sur les aliénés — des circu-
laires surtout — et sur des névropathes. Sur plus de 200 déterminations sur des sujets
normaux j'ai retenu comme exemptes de toutes causes d'erreurs appréciables seule-
ment 1 19.
Il résulte de mes recherches :
1° Dans les états émotifs durables, à la suite d'une émotion-choc, on
constate, en dehors de toute qualité émotionnelle, une augmentation
du chiffre des leucocytes à noyau polymorphe. Dans certains états provo-
qués par des émotions profondes, comme par exemple la perte d'un être
aimé, des perturbations sentimentales intimes, etc., j'ai trouvé, immédiate-
ment après le choc, même pendant les premiers jours suivants, une aug-
mentation de polynucléaires de 70,4 p. 100. Dans un seul cas, j'ai pu trouver
môme une augmentation égale à 79,5 p. 100, tandis qu'à l'état normal et
quelque temps après la secousse émotive, leur nombre ne dépasse guère
60 ou 61, 3 p. 100, chiffre d'ailleurs très normal selon les auteurs. Cette
augmentation a été constatée même chez les enfants, chez lesquels on sait
que le nomljre des leucocytes à noyau polymorphe est relativement plus
réduit ; chez les vieillards l'augmentation est encore plus notoire.
2° L'augmentation des polynucléaires subsiste et elle est plus intense
surtout dans les états émotifs dépressifs, tristes, douloureux, accompa-
gnés des phénomènes d'angoisse et de tous les processus psychiques des
émotions-chocs.
3° L'apparition des polynucléaires est indépendante des phénomènes de
vaso-constriction ou de vaso-dilatation ; elle constitue un phénomène con-
comitant des troubles vaso-moteurs et dont l'apparition ne semble se
manifester qu'à la suite de l'intoxication mentale préalable.
4° 11 existe des émotions intenses qui ne laissent aucune empreinte sur
la morphologie sanguine, de même qu'elles n'en laissent aucune spécifique
sur le tracé graphique, comme par exemple les émotions abstraites, celles
de la création intellectuelle, de l'extase, des états mystiques, etc.
^les recherches, dont je viens de donner sommairement les con-
clusions les plus importantes, trouvent une large confirmation dans la
SKANCK m 28 M.VT If)oG. I'220
patholo!2^ie expérimentale. L'étiologie émotionnelle est démontrée dans de
nombreuses maladies comme le diabète sucré ou insipide, le goitre
exophtalmique, la chlorose, la purpura hémorragique, la maladie de Par-
kinson, certaines dermatoses, certaines chorées, l'hystérie, l'épilepsie, etc.
et tous les nombreux troubles psychopathiques. Quand on songe d'autre
part au fait que tout état d'infection organique ou passagère est accompa-
gné presque nécessairementdel'émotivité, quand on se rappelle rémotivité
des débiles, des arriérés, des malades, des vieillards, on peut comprendre
les rapports biologiques intimes qui lient tout état d'infection avec les états
émotifs. On arrive ainsi à induire que l'émotivité est une réaction nuisible au
bien-être biologique. L'homme soit-disant normal et moyen paraît être moins
émotif et le jeu harmonieux de ses fonctions n'exige guère l'appel de ces
délicieux poisons, les états émotifs qui nous affaiblissent et qui diminuent
toujours notre vitalité. Il y a des émotions pourtant qui, tout en nous
laissant des empreintes troublantes, nous aimons à rechercher comme les
poisons. Connaissant plus intimement le mécanisme de ces troubles, on
pourra un jour essayer une thérapeutique des états émotifs, sources de
troubles notoires et souvent insaisissables.
PATHOLOGIE. — Sui' Viiifection expérimentale par le Trypanosoma Brucei
Destruction du parasite dans la rate.
Note de MM. A. Rodet et G. \'allet, présentée par M. A. Chauveau.
Nous avons étudié la maladie expérimentale déterminée chez le chien et
chez le rat par le Trypanosoma Brucei. Nous désirons attirer, dans cette
Note, l'attention sur un point saillant de nos observations, qui ont porté
sur 60 animaux.
Les trypanosomes se détruisent dans la rate.
Si, chez un sujet (chien ou rat) injecté par le Trypanosoma Brucei et mort avec un
très grand nombre de parasites dans le sang, on recherche les trypanosomes dans la
rate, en faisant, avec la pulpe de cet organe, des frottis que l'on colore soigneusement
au giemsa, on est frappé du contraste qui existe entre ces préparations et celles du sang.
Alors que ces dernières fourmillent de trypanosomes, on n'en voit d'abord aucun dans
les préparations de rate ; mais un examen attentif permet d'y reconnaître la présence de
petits éléments ronds ou elliptiques, offrant exactement les caractères de structure et de
coloration des noyaux des trypanosomes. Manifestement ce sont des parasites réduits à
leurs novaux ; ceux-ci sont parfois en nombre considérable, émaillant d'une manière
élégante les points les plus clairs de la préparation. On peut aussi distinguer quelque-
I23o ACADÉMIE IIKS SCIEiSCES.
lois, mais en nombre toujours restreint, des trypanosomes vaguement reconnaissables à
leurs contours, pâles, granuleux, sans flagelle ni centrosome colorés. Ces éléments ne se
rencontrent guère que dans les points de la préparation où les globules rouges du sang
abondent et le plus souvent on n'aperçoit que des noyaux libres, au milieu des éléments
normaux de la rate.
11 ne s'agit pas seulement là d'un phénomène cadavérique : la rate d'un animal sacrifié
à une période où son sang est très riche en parasites donne des préparations présentant
exactement l'aspect qui vient d'être décrit. Bien mieux, en examinant l'état de la rate à
tous les stades de l'infection, soit chez le chien en pratiquant des ponctions de l'organe,
soit chez le rat en sacrifiant les sujets à divers intervalles à partir du jour de l'inocula-
tion, nous avons pu nous convaincre qu'il s'agit d'un processus très précoce. Dès le
début de l'infection, on est frappé de l'absence des trypanosomes dans les frottis de
rate, mais une recherche patiente permet d'y déceler quelques noyaux libres.
Les trypanosomes sont donc manifestement dans la rate l'objet d'une
désintégration. Ce sont les flagelles et les centrosomes qui paraissent les
premiers se détruire, puis le corps protoplasmique semble se fondre gra-
duellement, les noyaux résistent davantage et restent les seuls vestiges.
Rien ne nous autorise à dire que les phagocytes participent à ce phé-
nomène ; nous n'avons jamais réussi à saisir dans les frottis de rate, qui
donnent pourtant des préparations composées en grande partie de mononu-
cléaires, un rapport évident entre les trypanosomes en voie de désintégration
et les éléments cellulaires. Nous eslimoiis qu'il s'agit (Vuiie trypdiiolyse
extracellulaire.
' Le pouvoir destructeur de la rate vis-à-vis des trypanosomes peut d'ail-
leurs se manifester in vitro : ayant obtenu, par broiement aseptique d'une
rate de chien sain, une petite quantité de suc, nous avons introduit dans
ce liquide une trace de sang riche en trypanosomes. Ceux-ci se sont immo-
bilisés assez rapidement ; au bout de 20'', ils étaient réduits au noyau.
Dans une préparation témoin ils étaient encore légèrement mobiles après
20'' et non déformés.
Plusieurs observations nous permettent d'ajouter que, dans les ganglions
lymphatiques, et peut-être aussi dans le tissu lympho'ide de l'intestin,
s'opère également une destruction suivant le même mode que dans la
rate.
Rien de semblable ne se passe dans le foie ou, du moins, s'il se fait
une certaine destruction dans cet organe, elle est infiniment plus réduite
et moins intense que dans la rate.
Outre la trypanolyse qui s'opère dans la rate et dans quelques autres
SÉANCE DU 28 MAI I906. I23l
tissus, les parasites peuvent être aussi l'objet d'un processus de désinté-
gration dans les vaisseaux sanguins, par suite d'une propriété trypanoly-
tique acquise au cours de l'infection.
Conclusions. — Dans le cours des infections à trypanosomes, du moins
dans l'infection par le Tnjpanosoma Brucei, la rate et accessoirement les
autres organes lymphoïdes, constituent des foyers de destruction intense
des parasites. La rate est douée d'un énergique pouvoir trypanolytique.
Le rôle de défense de cet organe contre les agents infectieux apparaît ici
avec évidence.
PATHOLOGIE. — Sur l'importance pathogénique des adénopathies bron-
chiques. Note de M. Gabriel Arthalu présentée par M. Lannelongue.
Dans ces dernières années les recherches de radioscopie ont en quelque
sorte imposé l'idée de la fréquence des adénopathies bronchiques.
En raison de cette fréquence nous avons été amené à rechercher d'une
façon systématique, par la percussion ou tout autre moyen, l'existence des
indurations ganglionnaires péribronchiques dans une foule de cas où cette
exploration n'était ordinairement que très rarement tentée. Cette habitude
nous a conduit à des constatations intéressantes que cette Note a pour but
de résumer, car nous pensons que les conclusions qu'elles évoquent peu-
vent apporter une grande clarté dans la pathogénïe encore obscure de
certaines affections.
1° Le premier groupe de faits nous est fourni par les pleurésies interlobaires. — L'épi-
démie de grippe actuellement régnante nous a fourni une dizaine de cas de ce genre dans
lesquels l'exploration attentive nous a permis de constater que, dans tous les cas, la
pleurésie interlobaire s'était développée à la suite d'un engorgement ganglionnaire péri-
bronchique. La suppuration des ganglions indurés dont il était facile de suivre les pro-
grès successifs par une percussion souvent réitérée a été dans tous les cas, sans excep-
tion, la cause initiale de ces épanchements pleuraux. Sans vouloir généraliser outre
mesure, il est permis cependant, comme nous le croyons, de penser que souvent cette
pathogénie doit être la même.
2° h'adcnopat/iie bronchique nous avait déjà paru depuis longtemps capable de jouer
un rôle dans l'éclosion de la maladie de Graves ou de Basedow. Nous avions déjà en
1895 (Thèse de Médecine) signalé des cas de ce genre, les considérant toutefois comme
des exceptions pathologiques. Depuis cette époque, cependant, nous n'avons jamais
manqué de rechercher dans le goitre ordinaire et dans le goitre exopthalmique l'exis-
tence de ganglions péribronchiques.
12,32 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Sur un nombre de cas qui est considérable, puisque dans la seule
année 1903 le chiftVe d'observations faites est de près de aoo, nous
n'avons jamais trouvé d'exception à la règle que nous avons indiquée, dans
notre communication sur le travail du cœur au Congrès de Médecine
de 190,5, à savoir que toujours il y avait adénopathie bronchique dans le
goitre exopthalmique, principalement dans les groupes antérieurs, ce qui
rapprocherait nos observations des faits d'engorgement des ganglions pré-
pectoraux constatés par quelques vétérinaires dans des cas de maladie de
Basedow.
Il est en outre remarquable de signaler que chez un dixième de malades
environ, le goitre et l'exopthalmie étaient notoirement prédominants d'un
côté, sinon à peu près entièrement localisés à ce côté. Toujours en pareil
cas_ l'adénopathie était unilatérale et située du côté où les troubles se
manifestaient. Sans vouloir élucider la question de la pathogénie du goitre
exopthalmique en la fondant uniquement sur les compressions nerveuses
du sympathique à l'exemple de Piorry, ce que des expériences en cours
nous permettront peut-être de faire, nous pouvons cependant considérer la
coexistence constante du goitre et de l'adénopathie comme une indication
de grande valeur.
3° Le troisième ordre de faits que nous avons étudiés est relatif à la coqueluche. On
connaît depuis longtemps les similitudes qui existent entre le syndrome de l'adénopa-
thie bronchique et l'ensemble symptomatique de la coqueluche.
La seule différence réelle qui sépare les deux affections est surtout l'allure épidémique
de la coqueluche et son appareil fébrile. — Depuis quatre ou cinq ans, la coqueluche
épidémique a été assez fréquente et nous avons pu en observer un grand nombre de
cas. — De même que pour le goitre exopthalmique, nous avons recherché avec soin
l'existence des ganglions bronchiques et nous avons pu constater que sans exception,
dans la coqueluche, il y a toujours adénopathie.
Cette constatation est importante, car elle semble nous prouver que, s'il
faut conserver dans le cadre nosographique la maladie appelée coqueluche,
elle doit à l'adénopathie bronchique et non à sa spécificité l'ensemble de ses
caractères les mieux tranchés.
PATHOLOGIE. — Sur la fréquence et le rôle étiologiq ne probable de TUncinaria
americana dans le béribéri.
Note de M. F. IVoc, présentée par M. E. Roux.
Uu 3 janvier au 8 avril 1906, en examinant 77 cas de béribéri chez des
SÉANCE DU 28 MAI I90G. 1233
Chinois et des Annamites à l'hôpital indigène de Choquan, près de Saigon,
j'ai rencontré 74 fois, dans les déjections de ces malades, une grande quan-
tité d'oeufs d'un nématode que j'ai identifié à VUnciuaria americana (Sliles).
J'ai retrouvé 17 fois le même parasite sur 82 sujets de race annamite qui,
sans être atteints de béribéri, vivaient dans un milieu où cette affection
sévit à l'état endémique ou étaient en contact immédiat avec des malades.
Par contre, je ne l'ai jamais rencontré dans les déjections de 3i Euro-
péens souffrant de troubles intestinaux divers (diarrhée, dysenterie).
Bien que n'ayant pas fait l'étude clinique de l'Uncinariose américaine,
Stiles indique que cette maladie est caractérisée par de l'œdème de la face
et des membres inférieurs, de l'hydroposie et des troubles nerveux. On
l'observe principalement chez les nègres des plantations américaines dans
la zone tropicale.
Or ces symptômes sont exactement les mêmes que ceux du béribéri, si
commun en Indochine et en Malaisie.
A l'autojisie des sujets morts de l)éribéri, on constate toujours des
lésions de gastro-duodénite, sur lesquelles H. Wright, puis Angier et Pujol
ont eu le mérite d'insister. Or, toutes les fois qu'il existe du piqueté hémor-
rhagique aux alentours du pylore, une recherche minutieuse permet de
retrouver VUncinaria americana.
Actuellement trois théories se disputent la pathogénie du béribéri :
1° L une attribue cette affection à une toxine produite par un microl)e résidant dans
le sol (Masson).
■i." La seconde, due à Wright, incrimine un parasite qui , développé dans le tube
digestif, sécréterait une toxine particulièrement active.
'i° D'après la troisième, le béribéri serait dd à une intoxication alimentaire et frappe-
rait surtout les mangeurs de riz. ,
Les expériences que je poursuis actuellement m'inclinent à penser que
V Uncinaria americana joue un rôle capital dans l'étiologie de cette affec-
tion. La larve enkystée du parasite vit dans le sol et pénètre dans l'orga-
nisme humain soitpar la bouche, soit le plus souvent parla peau, épargnant
ainsi les Européens et frappant surtout les Orientaux qui marchent pieds
nus.
Le traitement par le thymol, qui permet d'éliminer les parasites, amé-
liore avec une rapidité surprenante l'état des malades. La douleur épigas-
triqiie, la dyspnée et les fourmillements cessent avec l'expulsion des vers.
L'œdème diminue et les symptômes nerveux ne tardent pas à s'amender.
1234 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur les contradictions de V érosion glaciaire.
Note de M. Jeax Brl^hes, présentée par M. de Lapparent.
Depuis qu'en 1899, au Congrès international de Géographie de Berlin, A. Penck a
fait sa communication retentissante sur VUebertiefung ou surcreusement des vallées
alpines par les glaciers, on a multiplié de toutes parts les observations, les mesures, les
forages, les levés topographiques, afin de mieux connaître les véritables causes et con-
ditions de Técoulement de la glace et de l'érosion glaciaire. Les glaciers, après avoir
été longtemps considérés comme des agents conservateurs, ont donc été réintégrés dans
la catégorie des plus puissants agents du modelé topographique. Certains faits donnent
à notre sens entièrement et définitivement raison à cette interprétation nouvelle ; et
pourtant d'autres faits demeurent malaisément conciliables avec ceux-là. Rappelant d'un
mot les observations et explorations faites par J. Vallot sous l'extrémité de la Mer de
Glace, les cas nombreux de très restreinte action érosive glaciaire groupés par le Pro-
fesseur Tarr, etc., nous voulons surtout signaler deux séries de contradictions morpho-
logiques, générales et essentielles.
L'un des phénomènes qui dénotent le mieux et le plus souvent le rôle
du glacier comme surcreuseur, c'est le manque de correspondance actuelle
entre les vallées affluentes et la vallée principale, déterminant une Mi'in-
dungsslufe ou gradin de confluence. Les gradins de confluence abondent
indiscutablement dans les hautes vallées alpines : Inn, Rhin, Rhône, Isère,
Adige, etc. ; et les cours d'eau, affluents actuels de la vallée principale,
franchissent ces gradins soit par des cascades, soit par des gorges.
D'autre parties anciennes vallées glaciaires sont souvent encombrées de
protubérances, de bosses, que le glacier s'est contenté de raboter. Négli-
geant tous ceux de ces faits qui pourraient être regardés comme de simples
accidents (collines de Sion, par exemple), nous constatons qu'outre les
buttes isolées se rencontrent par places, dans ces mêmes vallées, de vraies
barres rocheuses transversales, 'tel ce banc calcaire en aval de Saint-
Maurice (Valais). La plus considérable et la plus énigmatique de ces barres
rocheuses est le fameux Kirchet de la vallée de l'Aar, que tant de géogra-
phes et de géologues ont cherché à expliquer comme une anomalie et
qui nous parait devoir être bien plutôt considéré comme un exemple
saillant, caractérisé et complexe de ces barres que le glacier a respectées
en plein cours. — Si par ailleurs la présence de tels ou tels mamelons ou
pilons peut être atlrilîuée à la résistance exceptionnelle de telle ou telle
roche, il n'en est pas de même de buttes nombreuses et constituées de
simples terrains d'éboulemenl, comme les buttes de Sierre ; que devient
le pouvoir de « surcreusement », si le glacier n'a pas même réussi à
SÉVNCE DM 28 MAI I906. 1235
balayer de son lit les témoins fragiles d'un éboulement qui est pour le
moins antérieur à la dernière grande glaciation ?
L'érosion par le glacier se révèle ici grandiose, là très faible ; elle
lious apparaît en tout état de cause comme un fait discontinu.
Si nous observons maintenant le profil transversal des vallées glaciaires
et des vallées torrentielles, nous constatons qu'il n'est pas faux d'atlribuer
dans V ensemble aux premières une forme en U et aux secondes une forme
en V. Toutefois l'examen délaillé révèle une très importante contradiction.
N'est-il pas véritable que c'est le cours d'eau qui, lors de son premier
travail, ne s'occupe guère que d'approfondir son lit, déterminant des pentes
latérales si raides qu'elles sont même parfois verticales ? Si l'on parle de
vallées en U, ce sont d'abord les vallées fluviales qui doivent entrer dans
cette catégorie, et, entre toutes, celles qui sont dites canons, canon de la
Sarine, canon du Tarn, canons du Hoang-ho,etc. A mesure que l'érosion pour-
suit son œuvre, les versants sont aplanis, et la forme en V apparaît de plus
en plus nette. Mais n'est-il pas curieux de noter que le profil caractéristique
des vallées glaciaires est le profil caractéristique des vallées fluviales ?
Bien plus, si l'on analyse, au point de vue topographique, les formes
non plus seulement de la vallée, mais du lit même d'un petit ruisseau qui
commence à se constituer un chenal pi'opre, on voit que ce chenal se
décompose en une série de petits paliers, et que la plupart de ces petits
paliers comporte une figuration topographique à courbes fermées tout à fait
analogue à la figuration d'un « trog » glaciaire. J'ai exécuté non seulement
des levés, mais des reliefs authentiques de ces premières formes élé-
mentaires d'un chenal torrentiel; ces petits reliefs, qui représentent la
réalité en grandeur naturelle, pourraient et devraient être pris pour des
reliefs à i : 5.ooo ou i : lo.ooo de portions de vallées glaciaires.
Quelle que soit l'interprétation qu'on en puisse chercher, ce sont là, on
doit le reconnaître, des données également certaines et sinon radicalement
inconciliables, du moins apparemment contradictoires. Et la première
conclusion à en tirer s'accorderait avec la remarque très juste par laquelle
l'éminent géographe américain W.-M. Davis terminait un de ses plus
récents exposés en faveur du « surcreusement » : « Les méthodes d'éro-
sion du glacier ne sont pas encore parfaitement comprises'. »
(') The Sculpture of Monlains by glaciers. (The Scotlish Geographical Magazine,
february 1906J.
C. R., 1906, I" Semestre. (T. G.VLir, N» 22.) l(>2
1236 ACADÉMIE DES SCIENCES.
HYDROLOGIE. — Sur le degré de minera lisation des eaux souterraines.
Note de M. F. Diei\ert, présentée par M. Carnot.
On admet généralement qu'une eau souterraine est d'autant plus riche
en chaux, et par conséquent d'autant plus minéralisée, qu'elle a un contact
plus prolongé avec le sol. M. Janet a même proposé, pour étudier la cir-
culation souterraine d'un périmètre, de mesurer dans tous les puits le
degré hydrotymétrique et de rejoindre par des lignes les puits ayant la
même composition calcaire.
Ces lignes constituaient ce qu'il proposait d'appeler des courbes isograd-
hydrotimélriques. En réalité cette opinion est mal fondée et le facteur
important dans la dissolution du carbonate de chaux est le gaz carbonique.
Les eaux de source, à leur sortie de terre, renferment en dissolution le
gaz carbonique à la même pression que dans l'atmosphère souterraine
(abstraction faite des eaux minérales recevant le gaz carbonique provenant
du centre de la terre par des failles profondes). Si, en prenant les précau-
tions d'usage, on emplit complètement un flacon avec de l'eau de source
immédiatement à sa sortie de terre, et si ce flacon contient au préalable
du carbonate de chaux en poudre il y aura dissolution de calcaire par agi-
tation fréquente, si l'eau ne renferme pas son maximum de Co^ Ca dans
les conditions de tension du gaz carbonique dissous. L'expérience démontre
que, ende hors des crues, les eaux souterraines renferment leur maximum
de calcaire.
Voici les résultats de quelques expériences faites en collaboration avec
M.Etrillard.
Les sources sur lesquelles nous avons expérimenté sont celles que la ville de Paris
a captées dans la vallée du Loing et surtout de la craie sénonienne. Les flacons étaient
complètement remplis d'eau en laissant tomber le bouchon émeri une fois le flacon plein.
On complétait la fermeture hermétique avec de la paralfme. La fermeture complète des
flacons est indispensable; car, à l'air libre, le carbonate de chaux en poudre favorise le
départ du gaz carbonique comme nous nous en sommes assurés dans maintes circons-
tances.
A chaque source on prenait trois flacons : le premier était analysé immédiatement au
laboratoire, le deuxième était analysé au bout de quinze jours, enfin le troisième, conte-
nant du carbonate de chaux pur en poudre, était fréquemment agité et analysé au bout
de quinze jours. Ces deux derniers flacons étaient placés à l'obscurité.
SÉANCE DU 23 MAI I906.
1287
Voici les résultats obtenus.
risisliiilé alcalinil6
SOURCES enohmsàlS" eu '"'"= Co'Ca
Chaintreauville . . . 2720 196
La Joie 2730 192
Sel 2425 226
Bignons de Bourron. 'i/i^S 226
l'"' FLACON 2" FLACON 3° FLACON -|- CO^Ca
Analyse immédiate AnalyscaubouLflo ifij's Anaiyseauboutde i5jri
résistivité alcalini((> r(!'^isUvi[é alcalinité
en ohms à 18" en """S Co^Ca enohmsàlS" en '"'"s Co^Ca.
2712
2712
2418
2422
195
192
226
226
2708
195
2712
192
2415
226
24'5
226
Les petites variations observées restent clans la limite des erreurs pos-
sibles. La proportion de carbonate de chaux est différente avec les diffé-
rentes sources, la résistivilé électrique est également distincte et cependant,
en présence de carbonate de chaux en poudre, il n'y a aucun gain en cal-
caire. Nous en tirons cette conclusion c[ue, : dans l", sol, en dehors des
crues, c'est-à-dire pendant une période normale, les eaux souterraines sont
minéralisées au maximum.
Déjà cette conclusion avait été émise par nous en nous appuyant sur la
loi de Dausse.La résistivité électrique des eaux des sources indiquées sur
le tableau ci-dessus est très constante. On sait, d'après la loi de Dausse, faci-
lement vérifiable à la Vanne par exemple, que les eaux d'été ne profitent
pas aux sources. Avant les pluies d hiver, les eaux souterraines ont un con-
tact très prolongé avec le sol, contact qui peut atteindre une durée de trois
mois. Ce séjour prolongé des eaux devrait avoir pour effet d'augmenter
progressivement la conductibilité électrique d'une façon très sensible.
L'expérience montre qu'il n'en est pas ainsi et que, pendant la période
sèche, le degré de minéralisation demeure très constant, 11 faut donc en
déduire que ce degré de minéralisation est maximum et qu'il ne peut y
avoir une dissolution plus grande de carbonate de chaux par contact pro-
longé.
Les variations de degré hydrotimétrique, qu'on trouve dans les différents
puits d'une région, tiennent surtout aux infiltrations des eaux de fumiers
et autres liquides très riches en matières organiques et en sels. La matière
organique peut fournir un excès de gaz carbonique, cpii modifie localement
les conditions de minéralisation des eaux. Le dosage des chlorures et des
nitrates permet, dans les terrains sédimentaires comme le crétacé ou le
jurassique, d'éliminer tous les puits contaminés. Dans la région de l'Avre
nous avons reconnu que 80 p. 100 des puits sont ainsi contaminés.
Comme le degré de minéralisation d'une eau souterraine est maximum
é^^
v^'^
\co
1238 ACADÉMIE DES SCIENCES.
en temps normal et variable suivant les régions, on peut s'en servir pour
la délimitation grossière d'un périmètre d'alimentation, en énonçant ce
principe : Le degré de minéralisation d'une eau souterraine est variable sur
toute retendue d'un vaste périmètre d'alimentation. On peut délimiter ce
périmètre en une série de zones ayant chacune un certain degré de minéra-
lisation. En comparant ces zones avec le degré de minéralisation des
sources à l'alimentation desquelles elles peuvent contribuer^ on peut avoir un
premier aperçu sur le périmètre probable de ces sources, ce qui permet de
mieux choisir les points où on doit faire des expériences avec les matières
colorantes.
M. Armaivd "Vivik:v adresse une note traitant de deux cas de guérison de
V albuminurie chez des femmes enceintes par le phosphate de fer et d'un cas
de guérison de diabète par le phosphate de soude,
A 4 h. i/4 l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 h- i/a.
M. B.
ERRA TA
(Séance du 23 avril tgoô.)
Note de M. A. Lacroix : Sur l'éruption du Vésuve et en particulier sur les
phénomènes explosifs.
Page y'ii, ligne 19, au lieu de Soo mètres, lisez 600 mètres.
— 943, — i, — o",b() — ()™,7().
— 944) — •) — volent — restent.
— 26, — andésiste — andésite.
(Séance du 7 mai 1906.)
Note de M. A. Lacroix : Les conglomérats des explosions vulcaniennesdu
Vésuve, leurs minéraux, leur comparaison avec les conglomérats trachy-
tiques du Mont Dore.
Page 1021, ligne <), au lieu de arrachés des roches in situ, mais parfois à des turfs,
lisez : arrachés à des roches in situ, mais parfois à des tufs
— — — 2g, au lieu de sphérohématite, lisez sphène, hématite.
— ioj.i, — 10, au lieu de produit, lisez fourni.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU MARDI 5 JULN 1906,
PRÉSIDÉE PAR M. A. CHAUVEAU.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE
CHIMIE BIOLOGIQUE. — L'utilisation des tourbières pour la production
intensive des nitrates. Note de MM. A. Mïxtz et E. Laixé.
Après avoir établi (') que les terres riches en matière organique sont par-
ticulièrement aptes à la production intensive des nitrates, nous avons
cherché si la tourbe, résidu de la décomposition des végétaux au sein de
l'eau et constituée presque exclusivement par de la substance carbonée,
formait un support favorable à l'activité des microbes nitrifiants.
Des tourbes, à des états de décomposition différents, tourbe mousseuse
de Hollande, employée comme litière, tourbes spongieuses de surface, ou
tourbes compactes de fond, prises dans les tourbières de l'Yonne et de. la
Somme, ont été expérimentées dans ce but. Divisées en fragments, mélan-
gées de calcaire et ensemencées d'organismes vivaces, puis additionnées
de sulfate d'ammoniaque, elles sont devenues le siège d'une nitrifîcation
extraordiuairement active, dépassant de beaucoup ce que nous avaient
donné les matériaux que nous avions employés jusqu'à présent.
En effet, dans nos pi'écédentes études f), nous avions obtenu le maxi-
mum d'intensité nitrifiante en déversant par intermittences une solution
(^) Comptes rendus, t. CXLII, p. 4io-
(*) Ibid.,i. CXLI, p. 86i."
C. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N» 23.) l63
1240 ACADEMIE DES SCIE^'CES.
de sel ammoniacal sur du noir animal en grains. Une installation de
I mètre cube nous donnait
o''%8oo de nitrate par jour,
et, par suite, une nilrière de i hectare de superficie pouvait permettre
d'obtenir
58oo tonnes de nitrate par an.
Ces quantités, déjà très fortes, ont été considérablement augmentées par
la substitution des tourbes au noir animal. En effet, la proportion de nitrates
formés en 24 heures à été de
par mètre cube, sait 8 fors s-upérieure, ce qui conduirait pour une nitrièro
d'un hectare à environ
48000 tonnes de nitrate par an.
Nous étions habitués à voir dans la nitrification un phénomène d'une
grande lenteur. Par l'emploi d'un support de tourbe, nous avons réussi à
lui imprimer une rapidité telle qu'elle peut se comparer à la fermentation
alcoolique tumultueuse. D'après Boussinganlt (') les nitrières artificielles
donnaient en deux ans 5"^ de salpêtre brut par mètre cube ; c'est moins
que ce que nous donne la tourbe en a4 heures. L'activité nitrifiante que
nous obtenons est donc plus de 1000 fois supérieure à celle des anciennes
nitrières.
Toutes les tourbes se sont montrées très actives ; celles qui sont légères
et spongieuses, de décomposition moins avancée, offrent cependant une
cerlaine supériorité, probablement parce qu'elles permettent une plus
active circulation de l'air, que le déplacement des liquides s'y fait d'une
façon plus méthodique, et que l'es zooglées trouvent à se fixer sur la sur-
face énorme que présentent les filaments. Les organismes restent attachés
à ce support de tourbe et fonctionnent indéfiniment, si Ton continue à les
alimenter. Le liquide nitrifié sort limpide à la partie inférieure sans entraîner
le ferment.
Nous avons maintenant la possibilité de réaliser, avec une installation
relativement restreinte, et en un temps très court, la transfoi'mation
d'énormes quantités de sels ammoniacaux en nitrates. ^lais en opérant
{^) Agrononilc, Chimie agricole et Physioloi^ic, t. II, p. \\.
SÉANCE DU 5 JUIN I906. I24l
comme nous l'avons dit, par le déversement d'une solution de sulfate
d'ammoniaque sur la tourbe servant de support aux organismes nitrifiants,
nous sommes obligés, pour ne pas contrarier le fonctionnement de ces
derniers, de nous servir d'une solution ammoniacale assez étendue, soit
y^^S de sulfate d'ammoniaque par litre, donnant une solution d'environ
I p. loo de nitrate, trop étendue poiu' pouvoir être concentrée économi-
quement.
Nos recherches ayant montré que la nitrification peut se continuer dans
des solutions très chargées de nitrate, en contenant jusqu'à 22 p. 100,
nous avons rajouté, aux solutions déjà nitrifiées, du sel ammoniacal et
nous les avons fait repasser sur le lit oxydant et cela à plusieurs reprises,
enrichissant g-raduellement le liquide en nitrate. Dans ce but, nous avons
établi une série de nitrières de tourbe sur lesquelles passe successive-
ment le même liquide qui, entre chaque passage d'une nitrière à la sui-
vante, est additionné de sulfate d'ammoniaque. Le liquide se charge gra-
duellement de nitrate et non d'ammoniaque, dont la dose ne d«vient à
aucun moment assez élevée pour entraver le fonctionnememt des orga-
nismes nitrifiants. Nous avons ainsi obtenu les résultats suivants :
[•"■passage. 2" passage. 3° passage, ^i" passage. 5" passage.
Nitrate par litre . . 8s',2 ^y^^i ciS«'4 ^■2-^',9 ' 4i^'',7
Ce n'est pas encore là la limite possible de l'enrichissement, qui cepen-
dant est déjà tel qu'il réponde à une extraction économique. Il est donc
possible, par ce procédé, d'obtenir non seulement une nitrification abon-
dante, mais encore des solutions concentrées de nitrate. L'emploi de la
tourbe comme support des organismes nitrificateurs('J résout donc le pro-
blème de la production intensive du salpêtre.
L'activité de la nitrification, qui est un phénomène biologique, est for-
tement impressionnée par la chaleur. Dans les conditions dans lesquelles
nous avons opéré, la température optima s'est montrée voisine de 30° et il
est important de ne pas trop s'en éloigner. La question du combustible
nécessaire pour entretenir la chaleur de la nitrière, ainsi que de celui qui
(') Cette intensité dans les phénomènes d'oxydation nous a fait penser que la tourbe
pouvait être également utilisée pour l'épuration des eaux d'égout. Nos recherches se
poursuivent dans ce sens.
1242 ACADÉMIE DES SCIENCES.
devra servir à l'évaporation des liquides, n'est pas à négliger. Aucun com-
bustible n'est plus économique que la tourbe, qu'il suffit d'exploiter à
ciel ouvert et de laisser sécher à l'air pour pouvoir l'utiliser. En établis-
sant les nitrières sur les tourbières mêmes, on aurait donc en même temps
les matériaux de la nitrière et le combustible. Ce sont deux éléments
essentiels de la nitrification intensive; mais l'élément le plus important
est la matière nitrifiable, c'est-à-dire la substance azotée, matière première
de la formation du nitrate.
Nous nous sommes demandé si la tourbe ne pourrait pas aussi fournir
cette matière nitrifiable. Elle contient de fortes quantités d'azote, jusqu'à
2 et 3 p. 100 de son poids sec. Mais, sous la forme que revêt cet azote,
c'est-à-dire à l'état de combinaison Iwimique, il est inerte; on ne peut donc
pas faire nitrifier directement l'azote que la tourbe contient en si grande
abondance. Mais peut-on le retirer sous la forme d'un sel ammoniacal
pouvant servir ensuite de matière nitrifiable ? C'est un point d'un grand
intérêt pour le but que nous poursuivons. Si la réponse à cette question
était affirmative, la tourbe fournirait tous les éléments de la production
des nitrates.
L'idée d'utiliser les tourbes par l'industrie chimique est déjà ancienne ;
elle ne s'est guère répandue en France, mais d'autres pays, l'Allemagne
notamment,- ont fait des efforts heureux dans ce sens et des établissements
industriels mettent en œuvre la tourbe pour en retirer du coke, des gou-
drons, de l'acide pyroligneux, de l'alcool méthylique, etc., et en outre un
gaz combustible plus ou moins éclairant. Nous attachant exclusivement à
l'obtention de produits azotés destinés à servir de matière première pour la
fabrication des nitrates, nous avons été surpris de constater que, par la
distillation, une faible partie seulement de l'azote de la tourbe se retrouvait
à l'état d'eau ammoniacale. En effet, dans les ouvrages (') qui traitent de la
technique de la distillation des tourbes, nous constatons que les eaux ammo-
niacales obtenues contiennent à peine i/io de l'azote existant dans la
tourbe. De notre côté, en distillant des tourbes compactes de la Somme,
nous avons obtenu les résultats suivants :
I II
Azote existant dans la tourbe 2,o3 2,o3
— retrouvé dans les eaux ammoniacales. 0,392 0,378
(') Hausding, Handbuch der Torfgewinnung und Torfirertiing.
SÉANCE DU 5 JUIN IC)o6. 1243
On comprend qu'avec ces faibles rendements on n'ait jusqu'à présent
regardé que comme secondaire l'extraction, à l'état de sels ammoniacaux,
de l'azote de la tourbe.
Le point de vue duquel nous avons envisagé la question nous portant à
attribuera l'azote une importance dominante, nous avons cherché les causes
de cette déperdition et les moyens de l'éviter. Nous avons constaté que
dans la distillation sèche, telle qu'on la pratique, le coke qui constitue
environ i/3 de la tourbe mise en œuvre, retient en combinaison de grandes
quantités d'azote, à un état que nous n'avons pas encore pu déterminer.
Nous avons, en effet, trouvé en moyenne dans les cokes obtenus de
tourbes de la Somme
1,28 d'azote p. loo.
C'est là une des causes du faible rendement en ammoniaque.
Au lieu de faire la distillation sèche, nous l'avons opérée dans un cou-
x-ant de vapeur d'eau surchauffée. Les résultats ont alors été tout autres et
la presque totalité de l'azote de la tourbe a été obtenue à l'état d'ammo-
niaque, comme le montrent les chiffres suivants :
I II
, Azote existant dans la tourbe 2,o3 2,o3
— retrouvé dans les eaux ammoniacales. i)79o 1,612
Pour que ces rendements soient obtenus, le charbon du coke doit avoir
été entièrement oxydé par la vapeur d'eau ; on produit ainsi le mélange
d'oxyde de carbone et d'hydrogène qu'on nomme dans l'industrie le gaz à
l'eau, et qui vient s'ajouter aux gaz hydrocarbonés fournis au début du
chauffage.
Cette opération a donc pour effet de donner la plus grande partie de
l'ammoniaque correspondant à l'azote de la tourbe. Elle fournit en outre
les goudrons et les autres produits pyrogénés de la distillation ; le coke
est transformé en gaz combustible. Elle exige une plus grande quantité de
chaleur, mais celle-ci peut être fournie par la tourbe elle-même et par les
gaz produits. Quoi qu'il en soit, nous avons là la possibilité d'extraire de la
tourbe, sous forme d'ammoniaque utilisaljle, l'azote inerte qu'elle renfer-
mait.
Dès lors, la tourbe nous apparaît comme se prêtant particulièrement à la
1244 ACADÉMIE DES SCIENCES.
production intensive des nitrates, constituant un support extrêmement
favorable pour les organismes nitrifiants, produisant la chaleur nécessaire
pour l'entretien de la température et pour l'évaporation, fournissant l'am-
moniaque, matière première delà production des nitrates.
Les tourbières constituent des surfaces improductives, le plus souvent
inexploitées, ou qu'on ne peut amener à l'état de terres de culture que par
des travaux difficiles et coûteux. On peut dire qu'à l'heure qu'il est, on n'en
tire qu'un faible parti et qu'elles sont une cause de pauvreté pour les régions
qu'elles occupent. On voit, par ce qui précède, qu'elles constituent des
réserves importantes de matières azotées. Un mètre cube de tourbe donne
par la dessiccation 35o''s de matière sèche, qui renferment 2 p. 100 d'azote.
En considérant une épaisseur de i"\ on calcule que i hectare de tourbière
peut renfermer 70 000"^ d'azote immobilisé à un état inerte ; ce chiffre est
souvent dépassé de beaucoup, car certaines tourbières ont une puissance
de 5 à 6°\ Si l'on considère l'étendue des tourbières existant en France
seulement, c'est par millions de tonnes que se chiffre la quantité d'azote
organique qu'on pourrait retirer de (;ettc matière actuellement sans valeur
et transformer en nitrate par la méthode que nous venons d'indiquer. En
France, où les tourbières sont relativement peu développées, il existe donc
un stock d'azote qui pourrait fournir du nitrate en quantité telle qu'elle
peut se comparer à celle des immenses gisements du Chili.
Dans d'autres pays, particulièrement dans ceux du Nord, les tourbières
ont un développement beaucoup plus grand. Nous voyons donc la possibi-
lité de produire du nitre en quantité pour ainsi dire illimitée et nous
n'avons plus à nous préoccuper des entraves qui pouri-aient être mises à
l'importation du nitre de l'Amérique du Sud, ou de l'épuisement de ses
gisements.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Les avalanches sèches et les torrents hoiieiix
de rériiption récente du Vésuve. Note de M. A. tiACROiX (')•
Avalanches sèches. — J'ai appelé récemment l'attention de l'Académie
sur les avalanches qui ont .joué un rôle important dans les manifestations
de l'éruption du Vésuve. Depuis lors, je me suis attaché à préciser le
mécanisme el les conséquences de ce phénomène.
(') Note présentée à la séance du 28 mai i9')t>.
SÉANCE DU 5 .JUIN I90G. 1245
Ces avalanches étaient constituées par des matériaux secs, rejelés par
les explosions vulcaniennes. A de nombreuses reprises, je les ai vues se
détacher de la base des épaisses volutes, caractéristiques de ces explo-
sions et au niveau des bords du cratère ; une traînée légère de poussière
les surmontait et subsistait pendant quelques minutes derrière elles. Le
même phénomène a dû être beaucoup plus intense lors du paroxysme du
8 avril et dans les cinq jours suivants, qui ont précédé mes observations,
néanmoins il ne constituait qu'un cas particulier d'un phénomène plus
général.
Lors des grandes explosions, en effet, une partie seulement de maté-
riaux rejetés a roulé ainsi immédiatement le long du cône ; une plii^
grande quantité s'est accumulée sur les bords du cratère et les pentes du
cône pour former des brèches (') très hétérogènes, oîi les gros blocs, les
fi'agments de toutes tailles et la poussière fine sont mélangés chaotique-
ment. Le profil du cône n'est pas régulier; à une petite distance du
sommet, la pente s'accentue brusquement; c'est particulièrement dans
cette région que des ruptures d'équilibre n'ont pas tardé à se produire
sous l'influence de causes diverses, donnant naissance à des glissements
qui ont déterminé les véritables avalanches destructrices, celles par
exemple qui ont emporté -les deux gares du funiculaire. Au début de
l'éruption, ces avalanches étaient constituées par des matériaux chauds ou
réchauffés au contact des fissures du cône ou des coulées supérieures
qu'ils avaient momentanément recouvertes.
Ces avalanches ont creusé à la surface du cône des couloirs profonds, qui,
sur les flancs Ouest et Sud, c'est-à-dire du côté de la mer, sont distri-
bués assez irrégulièrement; leur forme n'est pas toujours symétrique, elle
a dû être influencée par l'existence de ravins, de petites coulées de laves
anciennes ou récentes qui ont facilité l'érosion. Mais, sur les flancs Nord et
Nord-Est, c'est-à-dire dans la direction de l'Atrio del Gavallo et de la Valle
deir rnferno(-) au contraire, ces couloirs, véritables bai'irincos, tous recti-
(i) Dans ma précédente Note, j'ai employé le mot de conglomérat à cause de l'abon-
dauce des blocs arrondis que contient cette formation ; pour éviter toute équivoque
dans la discussion donnée plus loin, il me paraît préférable d'employer la dénomination
de brèches pour désigner ce qui a été produit à sec et celle de conglomérats pour le
produit de leur remaniement par les eaux.
(-) L'Atrio del Cavallo et la Valle dell' Inferno sont actueTlement recouverts d'une
1246 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lignes, ont une régularité parfaite ; on les voit commencer sensiblement à
la même altitude et se détacher d'une sorte de collier continu, qui entoure
les bords du cratère et correspond à celte zone de moindre pente, dont il
a été question plus haut. Ces couloirs, régulièrement espacés, sont séparés
les uns des autres par un talus à arêtes tranchantes non moins régulier;
ils donnent à cette partie du cône l'aspect d'une ombrelle entr'ouverte, qui
rappelle celui de certains cônes de projection, bien connus des vulcanolo-
gistes (Açores, Java, etc.). Cette remarque ne manque pas d'intérêt, car, au
Vésuve, cette structure me semble être incontestablement le résultat de ces
avalanches sèches; il n'est pas nécessaire pour l'expliquer de faire inter-
venir l'action de l'eau, qui n'a pas tardé d'ailleurs à l'accentuer et aussi à
la déformer.
Les torrents boueux. — Les grandes éruptions, à caractère explosif, du
Vésuve ont été généralement accompagnées de torrents boueux dévasta-
teurs ; aussi, pouvait-on à priori s'attendre à voir ce phénomène se repro-
duire au cours de l'éruption actuelle. Dans cette prévision, j'avais pris
mes dispositions pour en étudier les débuts, espérant ainsi compléter des
observations commencées aux Antilles, où l'intensité des précipitations
atmosphériques empêchait souvent de suivre à loisir les étapes succes-
sives de ce phénomène évoluant trop rapidement. L'intérêt de la question
était encore accru par la nature différente des matériaux aux dépens des-
quels ces torrents boueux allaient se produire. Sur tout le massif du
volcan, le sol était couvert par la poussière fine des dernières explosions;
mais sur les flancs Nord et Nord-Est de la Somma, elle reposait sur la
couche épaisse de lapillis, projetés lors du paroxysme du 8 avril, alors
que sur le cône terminal elle recouvrait la brèche d'avalanches, riche en
gros blocs.
Le mécanisme de la production des torrents lioueux au cours d'une
éruption est fort simple : à la suite de pluies tombées sur les hauteurs du
volcan, les matériaux incohérents récents poreux absorbent une grande
quantité d'eau ; quand l'imbibition est suffisante, la masse tout entière se
met en marche sur les pentes, dévale dans les vallées sous forme d'une
pâte épaisse, qui s'avance souvent avec rapidité vers les régions basses.
couche épaisse de matériaux incohérents cacliant complètement les coulées de lave
anciennes ou récentes qui, avant l'éruption, en rendaient la surface si accidentée.
SÉANCE DU 5 JUIN I906. 124?
érodant, entraînant tout sur son passage. La lave boueuse s'am'ête enfin et
constitue par sa solidification un conglomérat à structure chaotique. C'est
là le cas le plus simple, celui qui est réalisé quand la quantité de pluie n'est
pas trop considérable; mais si elle continue à tomber en abondance après
la mise en marche de la lave boueuse, celle-ci est suivie par une onde plus
liquide qui la ravine d'abord, puis entame le vieux sol et va déposer plus
ou moins loin des sédiments à stratification torrentielle.
Pour l'étude des torrents boueux devant charrier des matériaux de petites
dimensions, la haute vallée du torrent d'Ottajano, que j'avais plus particu-
lièrement étudiée en octobre dernier, m'a paru le meilleur champ d'ob-
servation. Son cours a été régularisé par le Génie civil, il présente une
série de paliers à pentes douces, se terminant par un mur, élevé de quel-
ques mètres, d'où le torrent tombe en cascades sur le palier suivant.
Dans la matinée du ai avril, j'ai observé, pour la première fois, la production d'une
lave boueuse, uniquement formée par des matériaux récents ; elle s'est arrêtée à aSo™
environ en amont des premières maisons d'Ottajano ; son front, en forme de langue, ne
remplissait qu'imparfaitement le lit du torrent. Sa njarche a été évidemment arrêtée par
un essorage rapide, dû à l'épaisseur des matériaux récents poreux encombrant le
thalweg. Cette coulée boueuse avait environ S"" de largeur et o'", ^5 d épaisseur à sa
partie terminale ; elle se détachait en noir d encre sur les cendres blanches qui recou-
vraient uniformément la vallée.
Une fois solidifiée, elle possédait une structure d'une régularité théorique, rappelant
les plus régulières de certaines coulées de laves fondues, épanchées à l'état très vis-
queux. Sa partie médiane, ayant environ 2™ de large, présentait des rides profondes,
correspondant à des ondes successives, grossièrement concentriques; elle était symé-
triquement bordée par une surface plane, à laquelle succédait une série de gradins très
réguliers, derniers témoins des niveaux successifs de la coulée en voie d'écoulement;
de loin, ces gradins simulaient l'empreinte laissée par de gigantesques chariots. Les
bords étaient formés par un talus à surface irrégulière, attestant combien était épaisse
la matière en marche, qui n'avait pu s'étaler pour se mouler sur les berges du torrent.
Cette structure si régulière était réalisée sans accident, sur plusieurs kilomètres. La
continuité du courant boueux n'était interrompue qu'aux cascades, au pied desquelles
les rides de la partie médiane étaient plus rapprochées les unes des autres. Grâce au
calibrage assez constant des lapillis mélangés à la cendre fine, grâce aussi à l'absence
de gros blocs, cette coulée boueuse, une fois desséchée, avait une surface verruqueuse,
aussi bien nivelée que si l'on y avait fait passer un rouleau ; sa cohésion était celle d'un
ciment bien pris. Au bout de quelques heures, elle s'est couverte d'efflorescences
des chlorures et des sulfates alcalins qui accompagnent tous les matériaux de projection
de l'éruption.
Quelques jours plus tard, à la suite de pluies torrentielles persistantes, des torrents
C. R., 1906, 1=' Semestre. (T. C.XLH, N» 23.) l64
1248 ACADÉMIE DES SCIENCES.
boueux, plus importants et plus liquides, ont parcouru celte même vallée, inaugurant
la phase érosive ; ils ont déblayé le lit d'une partie des matériaux récents, et déterminé
sur leur passage les dégâts habituels : inondations, rupture des ponts, charriage de
gros blocs arrachés aux constructions, etc.
Dans la région de la Somma où le sol était uniquement recouvert par des cendres
fines, les courants boueux du début ont été plus liquides que dans la vallée d'Ottajano ;
ils ont été constitués par une sorte de vase très épaisse, qui, le 28 avril en particulier,
s'est déposée sur une épaisseur de près d'un mètre à Pomigliano d'Arco, sans cepen-
dant présenter aucune trace de stratification.
Les détails que j'ai donnés plus haut sur la structure, déterminée à la sur-
face du cône par les avalanches sèches, indique suffisamment combien les
conditions y sont aujourd'hui favorables à la production de torrents
boueux dévastateurs. Les eaux pluviales en effet doivent suivre le même
chemin que les avalanches, dont les couloirs déterminent leur concentra-
tion sur les brèches accumulées à leur partie inférieure, brèches compo-
sées de matériaux incohérents non tassés et de dimension extrêmement
variée.
Jusqu'au milieu de ce mois cependant, la pluie n'a fait que peu de
ravages dans cette partie de la montagne, la surface des brèches a été
débarrassée par le ruissellement superficiel de ses éléments les plus fins ;
il s'est produit ainsi un enrichissement en matériaux grossiers et en blocs
des surfaces sur lesquelles se sont, par places, étalées tranquillement des
laves boueuses du même type que celles d'Ottajano décrite plus haut. Les
conglomérats qui en ont résulté, une fois desséchés, se distinguent à peine,
par leur cohésion un peu plus grande, de la brèche, transportée à sec,
sous-jacente. On n'y observe nulle part de lits stratifiés.
Des phénomènes plus violents n'ont pas tardé à se produire. L'une des
parties du cône où ces brèches d'avalanches sont le plus épaisses est l'em-
placement qu'occupait la station inférieure du funiculaire ; les dernières
nouvelles reçues de ÎN'apIes annoncent qu'il y a quelques jours, sous l'in-
fluence de pluies torrentielles violentes, cette région a été le point de
départ d'épais courants boueux, qui sont descendus dans la direction de
Résina et ont déterminé sur leur route d'autant plus de ravages qu'ils
charriaient une grande quantité des gros blocs de la brèche ; à ce point de
vue, ils sont donc tout à fait comparables aux torrents dévastateurs des
éruptions des Antilles.
Les faits qui viennent d'être exposés et en particulier l'enchevêtrement
SÉANCE DU 5 JUIN I906. 1^49
des formations chaotiques, accumulées à sec, et d'autres formées à leurs
dépens sous l'influence de l'eau, l'analogie de structure des unes et des
autres, après dessiccation et tassement, expliquent, une fois de plus, les
difficultés d'interprétation, souvent inextricables, que l'on rencontre dans
l'étude des brèches et des conglomérats trachytiques et andésitiques des
volcans éteints, tels que ceux d'Auvergne, et montrent qu'il est illusoire
et inutile de vouloir chercher à les distinguer pratiquement les unes^ des
autres sur une carte géologique, même à grande échelle, tant qu'il s'agit
des parties élevées du volcan.
MINÉRALOGIE. — Les cristaux de sylvite des blocs rejelés par la récente
éruption du Vésuve. Note de M. A. Lacroix.
Parmi les blocs rejetés par la récente éruption du Vésuve sur les flancs
du cône, et entraînés plus loin par les avalanches sèches, j'en ai rencontré
un (') remarquable par l'énorme quantité de sels alcalins cristallisés qu'il
contenait.
La roche est une leucotéphrite rougeâlre, huileuse, creusée de larges
cavités, en grande partie remplies par les chlorures qui font l'objet de
cette Note.
Le minéral prédominant est le chlorure de potassium, la sylvite : il
constitue des cristaux cubiques (dépassant souvent 2'='" ) à faces nettes
et brillantes, mais parfois polysynthétiques. Quelques-uns de ces cubes
présentent des faces arrondies d'un hexoctaèdre indéterminalile. Ils pos-
sèdent un clivage cubique extrêmement facile. Ces cristaux sont, soit
transparents et incolores, soit opalescents et d'un blanc bleuâtre, rappelant
alors la couleur de la calcédoine de Treszytan. Cette couleur n'est jamais
homogène, elle est distribuée suivant des plans d'accroissement parallèles
(') J'ai fait éclater à l'aide de quelques coups de raine une partie de ce bloc, mesurant
près de 2"' de grand diamètre : il a été depuis lors débité par les guides et a
fourni ainsi de nombreux échantillons vendus aux visiteurs du volcan. Dans une course
faite en avril, avec M. Brun, nous avons acheté à un guide des cristaux transparents
plus petits qui proviennent d'un bloc différent que je n'ai pu retrouver en place. Il exis-
tait aussi de gros fragments d'une brèche cimentée par un mélange grenu de sylvite et de
halite, mais sans cristaux distincts : sous l'influence de la pluie, les fragments de leucoté-
phrite, constituant cette brèche, ont été rapidement mis en liberté.
I'-îi>0 ACADEMIE DES SCIENCES.
aux faces p et alternant avec des zones limpides ; en lumière transmise,
les parties opalescentes par réflexion ont une teinte jaunâtre.
La sylvitene tapisse pas seulement les grandes géodes ; elle forme aussi,
comme certaines zéolites, un glaçage sur la surface de toutes les cavités de
la roche. Dans ce cas, il n'est pas possible de distinguer de formes géo-
métriques, mais grâce aux clivages, on voit que, là encore, les individus
cristallins sont de grandes dimensions.
Dans plusieurs échantillons, les cristaux de sylvite sont recouverts par
de gros cubes à faces planes, transparents, incolores ou légèrement jau-
nâtres, de chlorure de sodium [halite) présentant les faces de l'octaèdre
régulier si rare dans ce minéral.
A. Scacchi a publié {Atti. R. Accad. Napoli, VI, 1873] le résultat de nom-
breux essais et analyses des chlorures alcalins du Vésuve, et montré que
le chlorure de sodium pur y est extrêmement rare, qu'il est toujours accom-
pagné de chlorure de potassium et même que ce dernier domine généra-
lement. Le rapport K : Na oscille entre 10 : 0,62 et 10 : 9,48 dans les échan-
tillons analysés (prélevés de i83o à 1872). Mais ces minéraux n'avaient été
recueillis jusqu'à ce jour que sous forme d'enduits, de stalactites, plus
rarement de petits cubes ; jamais l'on n'avait observé de cristaux pouvant
s'approcher, comme taille et perfection, de ceux faisant l'objet de cette
Note : ceux de sylvite ne peuvent être comparés qu'à ceux de Stassfurth.
formés dans des conditions si différentes.
Ce que l'on sait des propriétés de ces deux chlorures donnait à penser
que les échantillons analysés par Scacchi constituaient de simples
mélanges de- cristaux des deux sels, impossibles à distinguer les uns
des autres à cause de leur petitesse et de leur identité de forme. Mes
cristaux vérifient cette hypothèse : ceux de chlorure de sodium ne renfer-
ment pas trace de potassium : un échantillon de sylvite ne contient que
2,66 p. 100 de chlorure de sodium, y existant sans doute à l'état d'impu-
reté, car l'indice de réfraction est de 1,491 pour la lumière du sodium,
c'est-à-dire exactement celui de la sylvite pure (1,49044, Tschermak, raie D).
En outre de ces chlorures et de divers sulfates, mis en évidence seule-
ment par l'étude de la solution résultant du lavage de la roche, il y a lieu
de signaler les deux raretés suivantes.
La sylvite d'une géode supporte de gros cristaux (i'^'",5), blancs, opaques,
ne pouvant être mesurés exactement : ce sont soit des l'homboèdres obtus
(rappelant b^ delà calcite), soit des prismes monocliniques réduits à /), m.
SÉANCE DU 5 JUIN igo6. I25l
Ils sont entièrement constitués par un agrégat saccharoïde de petits cubes
de chlorure de sodium, distribués sans ordi-e. S'agit-il là d'une forme
(inconnue) de chlorure de sodium, stable seulement à haute température
et se transformant par refroidissement en la forme cubique, ou bien se
trouve-t-on en présence d'une pseudomorphose d'un autre sel disparu? Je
n'ai pu trouver les éléments suffisants pour résoudre ce problème.
Le second minéral est au contraire de formation antérieure à la sylvite ;
il constitue des cristaux d'un jaune citron, transparents, mais se ternissant
rapidement à l'air. Ils sont monocliniques-pseudoternaires. N'ayant pu
isoler de cristaux assez gros pour être taillés, je n'ai examiné leurs pro-
priétés optiques que sur des fragments, non orientés en l'absence de cli-
vage. La bissectrice aiguë est positive et paraît voisine de l'axe vertical :
l'écartement des axes optiques est faible : pas de pléochroïsme. La biré-
fringence est peu élevée et la réfringence supérieure à celle de la sylvite.
Au point de vue chimique, c'est un chlorure de potassium, de sodium et
de manganèse.
Ce minéral ne correspond à aucune espèce antérieurement connue, mais
il paraît identique à celui que ^L Johnston Lavis vient de définir [Nature,
3i mai 1906) sous le nom de chloroiuaiiganokalite : il le décrit en effet
comme une substance rhombocdrique jaune, englobée dans du chlorure de
sodium potassique et il lui attribue la composition suivante : MnCl' + H'O =
38,97, ^^^' = 57'7'' NaCl = 0,82 avec de petites quantités de chlorure
de magnésium et de sulfate de soude. Toutefois les cristaux que j'ai étudiés
et qui sont englobés dans de la sylvite, sont anhydres. Fortement chaufl'és
sur une lame de verre, ils ne perdent ni leur transparence, ni leurs pro-
priétés optiques; dans le tube, ils décrépitent sans donner d'eau, puis fon-
dent en un liquide clair, se consolidant par refroidissement en cristallites
monoréfringents.
Ces divers minéraux, arrachés par les explosions aux parties internes
du cône, sont certainement dus aux fumerolles à haute température de la
classification de Ch. Sainte-Claire Deville et Kouqué ; ils se sont produits
par sublimation, ils renferment des inclusions gazeuses et d'autres vitreuses,
globulaires, transformées en produits biréfringents (sulfates).
L'étude microscopique de la roche servant de support à ces sels montre
que ceux-ci y ont été apportés et ne résultent pas de sa décomposition ; la
leucite, en effet, si facilement attaquable par tous les agents chimiques, est
tout à fait intacte.
1252
ACADEMIE DES SCIENCES.
La perfection et les grandes dimensions de leurs cristaux, comparées à
la forme indistincte ou aux dimensions restreintes que présentent géné-
ralement les échantillons des mêmes substances observées au Vésuve,
s'expliquent parce fait que ces derniers ont toujours été recueillis soit sur
les bords du cratère, soit à la surface de laves épanchées, tandis que ces
nouveaux spécimens proviennent de régions profondes, inaccessibles à
l'observation directe, oii ils ont pu se former, sans doute à plus haute
température et en tous cas plus lentement et à l'abri des causes variées
de perturbation de la surface.
L'abondance du chlorure de potassium, sa prédominance sur le chlorure
de sodium, parmi les produits d'un volcan leucitique, ne sont point pour
surprendre; mais il n'est point superflu d'insister sur ces faits, précieux
pour la discussion des théories qui cherchent l'origine des éléments des
fumerolles volcaniques autre part que dans le magma lui-même.
ÏHERMOCHIMIE. — Recherches sur la Rubidine, la Cœsine et la Lilhine.
Note de M. de Forcraxd.
Les données thermiques actuellement connues au sujet des protoxydes
des métaux alcalins et alcalino-terreux (M^O et M'O) semblent à première
vue suffisantes lorsqu'on se borne à leur demander une indication générale
sur leur stabilité très grande et sur leur affinité puissante pour l'eau et
l'on s'en contente habituellement parce qu'elles se trouvent bien d'accord
avec la place que l'on donne à ces métaux en tête de toutes les classifi-
cations.
Cependant, lorsqu'on veut faire des comparaisons précises entre ces élé-
ments, on rencontre encore des incertitudes et des lacunes.
Je ne parle pas des nombres fondamentaux qui mesurent la dissolution
dans l'eau des métaux eux-mêmes et de leurs oxydes M'O ou M'O ; ces
nombres étaient fort mal connus jusqu'à ces dernières années, puisque
M. Joannis a dû diminuer de près de trois Calories la chaleur de dissolu-
tion de l'atome du potassium et que M. Guntz a ajouté plus de vingt Calo-
ries à celle de l'atome du calcium. Il est probable qu'ils sont encore un peu
incertains. Mais comme ils sont tous très élevés et que leur détermination
plus exacte exige des expériences fort délicates, il n'y a pas, semble-t-il.
SÉANCE DU 5 JUIN I906. 1253
grand intérêt et il n'y aurait sans doute pas grand profit à la reprendre
actuellement.
Mon attention s'est portée plutôt sur des données secondaires en appa-
rence, qui manquent actuellement ou qui sont très incertaines, telles que la
chaleur de dissolution de la rubidine RbOH, de la cœsine GsOH, de la
litlîine Li OH et de leurs hydrates.
J'ai cherché aussi à préciser en tenant compte, autant que possible, de la
température des expériences anciennes et nouvelles, ce fait ayant une cer-
taine importance pour les bases alcalines puisque la chaleur de dissolution
varie de o'"''',o5 environ par degré, ce qui peut entraîner un écart de o''*',7
suivant que l'on opère à -)- 8° ou à + 22°. Malheureusement beaucoup d'ob-
servateurs n'ont pas donné la température de leurs expériences.
I. Rubidine.
Les fabriques de produits chimiques nous livrent aujourd'hui des échantillons de
rubidine sensiblement pure en ce sens qu'ils ne contiennent que des traces des bases
voisines, qui ne gênent pas pour les recherches que j'avais en vue. Ce sont des cylindres
coulés à la lingotière, d'une structure cristalline rayonnée dans la cassure, pareils
comme aspect aux baguettes de potasse ou de soude. Mais ces substances n'ont jamais la
composition RbOH.
Elles sont formées par un hydrate délîni : RbOH -f- H-0, qui fond à -{- 145° (M. Picke-
ring a donné -1- 14^° pour le point de fusion de Ihydrate correspondant de potasse :
KOH + H-0). Les échantillons que j'ai pu me procurer avaient tous très sensiblement
cette composition (de RbOH -+- o,yiH-0 à RbOH -f- i,o5 H-Oj.
Chauffé à l'air au creuset d'argent, cet hydrate perd de l'eau tumultueusement à+ 3 1 5",
la masse restant liquide. Si on laisse refroidir dès que la fusion est devenue tranquille,
le liquide, sensiblement incolore encore, se solidifie et le creuset d'argent est à peine
attaqué. Mais la substance obtenue a pour formule RbOH -)- o,5 H-0 à RbOH +0,6 H-0.
Il faut continuer à chauffer encore pendant quelque temps vers 'iHo" pour arriver à la
composition : RbOH.
On doit cependant éviter de prolonger outre mesure l'action de la chaleur et d'at-
teindre 400°; on verrait alors le liquide se colorer en vert jaune, tandis que le creuset
se recouvrirait, même sur les bords et au dehors, d'efflorescences brunes, par suite de
la formation d'un peroxyde. Dans ce cas la matière se dissoudrait encore dans l'eau sans
dégagement de gaz, mais en formant un peu d'eau oxygénée et l'expérience thermique
fournirait des résultats variables.
La rubidine hydratée RbOH + H^O a pour chaleur de dissolution :
+ 3'^*',702 à -H iS" ; j'ai déduit ce nombre de plusieurs expériences concor-
dantes faites vers + 20°, en retranchant o'^'»',o49 par degré, comme pour la
potasse.
1254 AC.VDÉMIE DES SCIENCES.
La rubidine pure RbOH a pour chaleur de dissolution : + i4'"''',264à -{- i5°,
en calculant de la même manière.
Un échantillon de composition intermédiaire : RbOH + 0,613 H-0 m'a
donné : + 7'^^',658 à + i5°.
Des deux premières expériences on déduit :
RbOH sol. + H=0 liq. = RbOH + H'O sol. + io'-^i,562.
La troisième donnerait : -j- 6"^"', 606 pour o,6i3 H-0, ce qui correspond
pour une molécule à + io'^'',784, de RbOH à RbOH + 0,61 3 H^O, et ce qui
donnerait pour une molécule + 10'^"', 9.22 de RbOH -|- o,6i3 H'O à RbOH,
H^O. Il n'y a certainement pas assez de différence entre ces deux derniers
nombres pour pouvoir affirmer qu'il existe un hydrate intermédiaire, tel
que RbOH -\- o,5 H'O ou RbOH -{- 0,66 H'O, comme dans le cas de la
potasse et de la soude.
Indépendamment de l'hydrate RbOII + H'O, la rubidine paraît en former
d'autres, plus hydratés et très fusibles, analogues sans doute aux hydrates
secondaires de la potasse, mais dont l'étude ne pourra être faite qu'en
hiver.
II. Csesine.
C'est encore un hydrate : CsOH + H'O que l'on trouve dans le commerce,
avec la même apparence que la rubidine.
Ce composé^ chauffé au creuset d'argent et à l'air, fond vers 180° et ne perd pas
d'eau jusqu'à /iOo° environ. Pour le dessécfier à peu près complètement, on doit le
maintenir assez longtemps entre /(oo" et Soo". Le creuset est alors toujours aUaqué; il
se recouvre d'efflorescences brunes dont une partie retombe dans la masse fondue et se
dissout. On obtient finalement une substance jaunâtre, à peu près déshydratée, mais
qui se dissout dans l'eau en formant de l'eau oxygénée et en dégageant abondamment
de l'oxygène. Il n'est pas douteux qu'il s'est produit en partie des peroxydes tels que les
composés Cs-0' et Cs-0'', que M. Rengade vient de préparer à l'étal de pureté en par-
tant du caesium.
Je n'ai pu obtenir la cœsine pure CsOH qu'en chauffant l'hydrate du commerce dans
une nacelle d'argent, à Soo", la nacelle étant placée dans un tube de verre chauffé élec-
triquement et l'eau étant entraînée par un courant d'hydrogène sec. Dans ces condi-
tions, la nacelle n'est pas attaquée et on olitient une matière absolument blanche et
déshydratée complètement : c'est Cs OH.
SÉANCE DU 5 JUIN I906. 1255
Sa chaleur de dissolution, à -|- i5°^ est de + i6'^='',423 ('), tandis que celle
de l'hydrate CsOH + H'O est, à + id", de + 4^-'»', 317.
On en déduit :
CsOlI sol. + H-0 liq. = CsOH -f H'O sol ... + la^'^'-ioG
L'évaporation lente des dissolutions très concentrées de caesine laisse
déposer, à froid, de fines aiguilles formées par un hydrate secondaire,
probablement : CSOH + 3 ou 4 H'O, qui fond vers -f- aS ou + 3o° et dont
Tétude sera reprise plus tard.
III. Lithiiic.
La préparation de 1 hj'drate : Li OH -|- H-0 ne présente aucune difficulté, car c'est lui
qui se dépose, en très beaux cristaux, par évaporalion à froid des dissolutions aqueuses
de lithine dans l'air décarbonaté.
Lorsqu on le chauffe, après l'avoir pulvérisé, à l'air, il ne fond pas, mais perd peu à
peu de l'eau, à la manière des hydrates peu stables qui s'effleurissent et il se change en
lithine Li OH, qui fond ensuite à 4'i5° sans se peroxyder et sans attaquer le creuset ; on
la coule sur une plaque d'argent.
La lithine est un composé peu hygroscopique, qui se dissout difficilement dans l'eau.
J'ai dû employer l'acide chlorhydriqiie étendu et retrancher ensuite la chaleur de neu-
tralisation connue (Thomsen). Quant à l'hydrate, il se dissout aisément dans 1 eau.
J'ai trouvé : pour l'hydrate, à + 18° : -|- o''^',72o
pour la lithine, à + 24° : + 4'^^',477 (') (LiOH dans 2 litres).
On en déduit :
LiOH sol. 4- H-0 liq. == LiOH + H-0 sol ... + 3^-1,737
Tous ces nombres, pris isolément, ne présentent évidemment qu'un
intérêt très relatif. Ils prendront plus d'importance lorsque, dans une pro-
chaine Communication, je pourrai les comparer avec les données corres-
pondantes déjà connues pour les métaux A-oisins.
(') Ce nombre est un peu plus élevé que celui qu a publié M. Bekétoff(B. Acad. Saint-
Pétersb. t. XXXIV p. i ji, 1892J, soit -|- ij'''',87G, sans indication de la température de
l'expérience : mais ce savant paraît avoir préparé la caesine en chauflant Ihydrate au
rouge naissant, à l'air évidemment et sans précautions spéciales.
(-) M. Truchot (Co77î/Jies rendus, t. XCVIII, p. i33o, 1884) a donné + 5c»^,8-2 pour la
chaleur de dissolution de LiOH, sans indiquer ni la température ni la concentration.
G. R.. 1906. I" Semestre. (T. C.\LII, N» 23'.) l65
1256 ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. GASTOX Bo\A"iER offre à rAcadémie plusieurs brochures dont il est
l'auteur :
Comparaison entre les Angiospermes el les Gymnospermes.
Les plantes du plateau des Nilghirris [Inde méridionale) comparées à celles
des environs de Paris.
Il fait hommage en même temps à l'Académie d'un petit ouvrage portatif
qu'il vient de faire paraître sous le nom à' Album de la Nouvelle Flore et
qui renferme 2028 photographies représentant les plantes réduites au
cinquième de leur grandeur naturelle. Ce petit volume a pour but de faci-
liter la détermination des espèces.
CORRESPONDANCE.
M. le SECKÉTAiRE Perpktiel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, les ouvrages suivants :
1° Leçons sur les séries trigonométriques , par Henri Lebesgue (Présenté
par M. Emile Picard).
2° Étude sur la stabilité des trains et les chemins de fer a voie de o"\6o,
par M. le Colonel d'Artillerie Péchot (Présenté par M. Léauté).
3° Sur V aménagement et la conservation des eaux., par M. A. de Gros-
souvRE (Présenté par M. de Lapparent).
GÉOMÉTRIE. — Un théorème sur les courbes algébriques planes d'ordre n.
Note de M. G.-B. GicciA, présentée par M. Emile Picard.
I. Soit Cn une courbe algébrique, quelconque, d'ordre n. Fixons arbi-
trairement dans le plan : 1° un point P; 2° une droite Do, ne passant pas
par P. Soient : D, la tangente en P à la courbe unique, du faisceau (C„, Dj),
qui passe par P ; D3 la droite polaire de P par rapport à C„. Une quatrième
droite, D., sera déterminée parla construction suivante : Le faisceau (C„, G„)
(G„ étant le groupe des n droites qui joignent P aux /; points de rencontre
SÉANCE DU 5 JUIN I906. 1257
de D, avec C„) contient une courbe qui se décompose en D^ et en une
courbe d'ordre ii — i : C,i_i [passant, comme on sait, par les n (n — i)
points d'intersection résiduelle de C„ avec G,,]. De même, le faisceau (G„ _ i,
G„_i) (G„_i étant le groupe des Ji — i droites qui joignent P aux n — i
points de rencontre de Dj avec C,i^i) contient une courbe qui se décom-
pose en D^ et en une courbe d'ordre n — 2 : G„_2, etc. On détermine,
ainsi n — i courbes C„_i, G„_2,... G„_(„_i), dont la dernière est une
droite : C„_-(„_i) ^ D,,.
Cela posé, on a la proposition suivante :
Le point P et la droite D., étant arbitrairement fixés dans le plan : 1° les
quatre droites Dj, D^, D3, D,, concourent en un même point; 2° leur rapport
anharmonique est constant et égal à n.
Ce théorème, au moyen duquel on parvient à l'invariant numérique /{
[ordre de la courbe) comme rapport anliarmonique, semble être nouveau.
On peut le démontrer par différentes voies. Voici une démonstration très
simple par l'algèbre :
Le point P et la droite D^ étant arbitrairement fixés dans le plan, soit
.x\ = .V.-, = .îg = o un triangle de référence dont un des sommets, .r^ =
.r, = o, est en P et le côté opposé, .r3 = o, est D^. L'équation de la
courbe donnée C„ pouvant être ramenée à la forme
C„ = x'î 'f 0 + x'^ - ' 3j + . . . + .r, -f „ _ 1 -I- 'f „ = o,
3o étant une constante et s, (j = i, 2,... n) un polynôme homogène de
degré i en ,r,, x.,, l'on trouve immédiatement :
D, ='fi = o, D,~x, = o, D3 = -j, + 7r^„. 1-3 = 0, D, = -f, -\- 'f,x., = o ;
d'où il suit que les quatre droites D^, D,, D3, D. concourent en un
même point (a, = x^ = o) et que leur rapport anharmonique est égal
a — i— = 7i. c. Cf. I. d.
En particulier, pour» =^ 1 (conique) : Les quatre rayons ; D,, D3, D^, D,,
ainsi que les quatre rayons : D,, Dj, D^, D^, 507ï< e/i situation harmonique.
Je m'abstiens d'énoncer le théorème que l'on déduit par dualité, et
qui donne l'invariant niuiiérique m [classe de la courbe) comme rapport
anliarmonique'àe quatre points en ligne droite.
2. Examinons le cas particulier où l'on fait coïncider P en un point
(/■)!'''■ (/• < n — i) de la courbe donnée. Ecrivons C'„''' au lieu de C„ et D
1258 ACADÉMIE DES SCIENCES.
au lieu de D^. Soient : Ilr le groupe des /■ tangentes en P à la courbe C,',' ;
H,+i le groupe des/' + i tangentes en P à la courbe, unique, du fais-
ceau (Q'', H^ D„_,), qui a un point (/•+ i)p''= en P; L,'.'| , la (// — /• — i)""''
polaire de P par rapport à C'„'''. Le faisceau {C\'j\ G„) (G„ étant le groupe
des n droites qui joignent P aux ii points de rencontre de D avec C'„''') con-
fient une courbe qui se décompose en D et en une couriie d'ordre // — i :
CîfLi. De même, le faisceau (CjfLi, G,i_i) (G„_i étant le groupe des n — i
droites qui joignent P aux // — i points de rencontre de D avec Gjj'L J con-
tient une courbe qui se décompose en D et en une courlie d'ordre /( — a :
Gi^'L 2, etc. On détermine ainsi n — /•— i courbes : GJ|'L i, Cj,''L a»- • • G'„''L(„ - ,. - i)r
avec un point (/•)?'■= en P, dont la dernière, CS[L („ _ ^ - 1) == Gi.']. ,, est une
courbe monoïde d'ordre /■ -f- i.
On a dans le cas actuel la proposition suivante :
La droite D étant arbitrairement fixée dans le plan : i° les quatre courbes
d'ordre /• + i : H,. + i, DH,., U'I^, C-^l^ appartiennent à un même faisceau;
9° leur rapport anharmonique est égal à n — /•.
En eftet, la droite D étant arbitrairement fixée dans le plan, soit J\ =
.r, ^x,= a un triangle de référence dont un des sommets, .ri ^.r., = o,
est en P et le côté opposé, x^ = a, est en D. L'équation de la courbe
donnée G|,'"' pouvant être ramenée à la forme
(a) G(r'EEE.rr'>. + ^r''"'?,.+.+'...+^r3a,_i + ^„=.o,
C3 (f = /■, / -|- I ,... /() étant un polynôme homogène de degré i en ,r^, .r,,
on a tout de suite :
H, + 1 = », + 1 =^ o, DH, = ,^3 », = o, lli:\ , == tf, + 1 + [a — /•) x^ o, = o,
G[.'| 1 = cp, ^. 1 4- x^ 'fr = o ;
d'oîi il suit que les (juatre courbes d'ordre / • + i : II, 4.1, DH,, L,','.^i,
Gi'li appartiennent à un même faisceau et (jue leur rapport anharmonique
est égal an — /•. c. q. f. d.
Pour r = Il — 2 [courbe hyperelliptique d'ordre n avec un point (n — a)
— pie] le rapport anharmonique des quatre courbes d'ordre a — i : H„ i,
DH„_2, Ljfrf, GS''r fêtant égal à 2, l'on déduit que : les 'quatre courbes
H„_i, LÎ"rf\DH„_ 3, Cl''^zf , ainsiquelesquatre courbes\il^Zi\ H„_2, DH„_ 2,
CS,"jri"', sont en situatu)n harmonique.
SÉANCE DU 5 JUIN I906. I^Sq
3. Dans une Note publiée dans les Rendicotai de Palerme [tome XVI (1902), pp. '204-
208], j'ai appelé i'''^, •2'-''"''..., (n — r — 1)'"° conjointe de deuxième espèce delà courbe Cjf',
par rapport au point P et à une droite quelconque D, ne passant pas par P, respecti-
vement les n • — /• — 1 courbes CjjL 1 Cjj''_ 2,... ^r + \ que nous venons de déterminer
(n° 2) . Par contre, j'ai donné le nom de i ''^"y 2''""^ , . . . (n — r — i j'-'""^ conjointe de première
espèce dq C;|' jiar rapport à P et à D, respectivement aux n — /• — i courbes d'ordre n :
^n CJl +-',... C',^ ~ , que l'on déduit de C'^""^ par le procédé suivant : Le fais-
ceau (C),'', H,.D" — 'JlH,. désignant le groupe- des ;■ tangentes en P à la courbe O^') con-
tient une, et une seule, courbe douée d'un point ('' + i)''''' en P : C^' "*" '. De mêuie,
le faisceau (CJ,'"''" '', H,, ^ , D"~''~')(Hr + , désignant le groupe des r -(- i tangentes en P
à la courbe C;| "■" j contient une, et une seule, courbe douée d un point (;• -)- 2)?'"
en P : C;[ "*" '. Et ainsi de suite, jusqu'à ce que l'on parvienne à la courbe monoïde
Q[r + {,, - r - l)] ^ p(„ _ 1)
n — ^n
Ces deux définitions subsistent intégralement pour le cas général /■ ^ o, où 1 on doit
alors sous-entendre que P est un point quelconque du plan.
Dans la Note citée, j'ai fait connaître quelques-unes des propriétés géométricjues des
courbes conjointes des deux espèces. Ici, je me bornerarà en rappeler une, qui concerne
les groupes de rayons G et H (auxquels j'ai eu recours pour la construction des con-
jointes), savoir que : G, ^ H,.
Quant à la représentation analytique de ces courbes, elle nous est immédiatement
fournie par les précédentes constructions géométriques. La courbe donnée C„ étant
représentée par l'équation (a), les n — r — i conjointes de première et de deu.rièine
espèce, par rapport au point P (xi = xj = o) et à la droite D (x^ = o) ont respective-
ment pour équations :
r(''+') ,." — '• — 1 '■ + ! I I ni'-) Il — )• — 1 , ,
nt.'' + 2) n — I- — 2 , , ^(r) n — r — 2 , ,
^n ='^3 9,- + 2 -t- •■■ -t-'-f/i = O, ^n — î = -''i 9r + •.. + Çn — 2 ^ O,
P(h — 1) I ^Ir) 1
^n =: -i-i (f„ _ 1 + v« = O, C].\.^=x■iO,■-j-<f,._^_^ — o.
Les théorèmes précédents s'étendent aux surfaces algébriques.
GÉODÉSIE. — Cercle azimutalà microscopes du service tecluiiquc du cadastre.
Note de M. Ch. LA.LLF.n«.\D, présentée par M. Bouquet de la Grye.
Les opérations cadastrales comportent, dans la triangulation et la poly-
gonation, un très grand nombre de mesures angulaires, qu'il importe de
faciliter et d'accélérer. En vue d'obtenir ce résultat sans rien sacrifier de la
1200
ACADEMIE DES SCIENCES.
précision nécessaire, j'ai fait construire (') un type spécial de cercle azi-
mutal [fig. i) présentant diverses particularités.
Fi or. [. — Cercle azimulal, ù microscopes, du Service technique du Cadastre.
Le limbe horizontal est divisé en décigrades et chiffré en grades; deux
miscroscopes coudés, disposés à droite et à gauche de la lunette et pourvus
d'un réticule à un seul fil horizontal, permettent de lire directement, par
estime, le centigrade (-) (fig. 2).
La lunette est mobile autour d'un axe horizontal disposé près de l'ocu-
laire, ce (jui réduit beaucoup les déplacements verticaux de celui-ci ; l'axe
optique peut prendre, de part et d'autre de l'horizon, une inclinaison de
(}) Chez MM. Ponthus et Therrode, 6, rue Victor Considérant, à Paris.
(^) Ces dispositions reproduisent à peu près celles que, dès 189',, j'avais fait adapter
à un tachéomètre Sanguet, en vue de la réfection du cadastre de la commune de Xeuillj-
Plaisance (Seine-et-Oise). (Procès-verbaux de la Commission e.vtra-parlemenlaire du
cadastre. Fasc. n° 6, p. '.429. Paris, Imprimerie Nationale, 1898).
SÉANCE DU 5 JLIN I90G. 12G1
3o grades dont la mesure s'effectue, à l'aide d'un troisième microscope
coudé, sur un secteur divisé et chiffré de la même manière que le limbe.
Cercle horizoulal.
Côté gauche.
Secteur Aerlicat.
Cercle horizoutal.
Côté droit.
Azimut. Inclinaison. Azimut.
Fig. 2. — Images, en grantleur iialurelle, des divisions vues dans les trois microscopes.
Los oculaires des trois microscopes entourent celui de la lunelte et
permettent ainsi à l'opérateur d'effectuer toutes ses lectures sans déplace-
ment et par un simple mouvement de tête.
Le support de l'instrument renferme un dispositif de translation et porte
une calotte sphérique mobile, analogue à celle du niveau employé pour
le nivellement général de la France.
Des essais prolongés ont montré que, à égalité de diamètre des limbes,
la précision réalisée dans les mesures d'angles avec cet appareil le cède
peu à celle obtenue avec les meilleurs modèles antérieurs, à verniers ou
à micromètres, ou bien à vis tangente et limbe denté. Seul, le dispositif à
tambour micrométrique donne une exactitude notablement supérieure.
Le tableau ci-après donne à cet égard les résultats de nombreuses expé-
riences effectuées à l'aide de divers appareils par M. Cuvigny, conducteur
des Ponts et Chaussées, attaché au service technique du Cadastre et par
le docteur Reinhertz, protesseur à l'Université de Bonn {^Zeitschrift fur
Vermessungsweseu, 1902, p. 214).
I2G2
ACADEMIE DES SCIENCES.
0
2
1 ë
0
w
b
0 .
H
4>
sa
^ c
0 t-'â
u
a
«
ïiî
F-
s
^'
cr. £
= =
^
0 Cj -0
w
^
21
"Su
5 P
l^li
HH
b
t:
ï s
C/)
s:
a;
cî
rt
3
s.
2;'1
1 C .
a
X
«
c V.
t, 0 CJ
S
O)
3 E =
>■
u
a
^ S
^lg
5
0
0
s
1 =
a;
C
1 ^
H
z
0
0
«
<a 'CD
H
** t-
^
<
PH
% g
J
i3
O- 0
b,
s
<
c
xn
c
.£
W
^
'«ï
■w
Eb
en
H
H
0
ç3
.H
•H
(Q
m «
ç^
0
-S
iî "^
■a
S
C
C
0
en
i.
u
H
CI
en
£
câ
«!!
/ i;
S"
.2 Q.
g:
^
'> 3
<!
3
Q
en
ij
4)
tJ
a;
y;
3
<:
H
3
.i
en
S
Ils
S
co
s:
•<
■t. CD
1 J3
s
CJ
H
flj
0
<
■Hl)
(M
•<
a
..q
re
M
5
<!
co
0
•d)
(£
C
0.
CJ
c;
c
'û
û
■0
a.
M
■^
y.
PC
K
0
«
C
c
u
a
OJ
a
U
co
S 'O
« a
^ Q
« 2 2
a
o
6
TS S T3
2 o
= >
o
■a :
a
3 to
fl s
■■ s ■g 10 m
o — T3 "O "
—I o
P 3
O -5
o
1. o- 0)
M-
tao B T)
C •
0
t3
3
o
d
's
S
cq
5 bC
S °
□ -OJ
O bc •
s =» o
■> '•
00=0
.g s:a o
BK s:
ûj O
g "
s
^
O'I
^ «à
■^ «t.
0
ta
%
■;3"c
0
a «
0
e.
[fl
II
'^ ûc
hH
■^
1
•D CJ
-0
C rJ. ^
tf]
0
i.
f. -3
3 _0 ^'
^ 0
's
-c o;
«
3 w
0.0
CJ r".
«J
0
00^
— ' >■
B.'ÏÏ
OJ
3
p.au=;
^■3
fcn
0- i<
ÛJ
ta
0 — -a
TS ^
0
T ^
^
'â
CJ g-
0 •-
a- c
■«
c
u
a
a
00
S-S -«
■ — _ -C; •'^ _
tO 3 CJ QJ
■a" Sfi
CJ 'Ta .3 H
— o
o ^ u CJ o
'S o en -o 0-
g.3 ^:s
"> S 'S 2
o o-i a
.- ^ d flj
a a 0.0
-ce 7^ 3 o
— a a d CJ
_0 — _Q 3 X
O ~ a 3^
■S ï 2 TJ U
3 ~J,
' "O ~ .-s
o H
■= Q O
^ 0*3
I -c: p.
SÉANCE DU 5 JUIN I906. 1263
Pour faciliter les comparaisons, on a, dans Tavant-dernière colonne de
ce tableau, ramené à un même diamètre de limbe, les erreurs directement
observées. Les écarts entre les différents types se sont ainsi trouvés
notablement atténués ; il semble d'après cela que, toutes choses égales
d'ailleurs, dans les observations angulaires, Terreur à craindre ne change
pas notablement avec le procédé employé pour mesurer les fractions de
divisions (') et qu'elle dépende surtout du diamètre du limbe portant ces
divisions.
CHRONOMÉTRIE. — Contrôle des horloges synchronisées électriquement.
Note de M. Jeax Mascart, présentée par M. M. Lœwy.
Imaginons un certain nombre d'horloges, dites centres horaires, placées
sur la voie publique et montées en série sur un circuit commandé par
une horloge tête de ligne : celle-ci, toutes les secondes, envoie dans le cir-
cuit un courant synchronisateur de 4/'0 de seconde. Les centres horaires
sont réglés sur l'avance, et leurs balanciers sont légèrement retenus, à
chaque émission de courant, par deux électro-aimants placés en dessous,
à droite et à gauche, aux amplitudes maxima.
Le public, ayant constaté quelques accidents indéniables, inhérents à
toute installation de distribution électrique, et plus fréquents récemment
par rupture de circuit à cause des travaux souterrains considérables qui
ont été effectués, n'hésite pas à généraliser pour affirmer que les centres
horaires ne sont jamais à l'heure : l'attention ayant été attirée dernièrement
sur ces faits d'une manière particulière, il serait opportun que le public,
placé à côté d'une réceptrice, fut immédiatement prévenu jsi un centre
horaire n'est plus à l'heure exacte.
La première idée qui vient à l'esprit consiste à installer, à côté de chaque
centre horaire, un galvanoscope branché dans le circuit et dont l'aiguille,
par son arrêt, préviendra lors des ruptures de circuit, accident normal et
le plus fréquent : l'arrêt de cet organe nouveau mettrait le public en garde
contre un accident imaginaire, ce qui est encore préférable à une confiance
mal fondée dans une indication fausse.
(') Abstraction faite toutefois du dispositif à taiiiljour micrométrique, que, d'autre part,
sa complication sensiblement plus grande fait écarter des instruments de topographie
ou de géodésie expéditive.
C. R., 1906, i" Semestre. (T. CXLII, N» 23.) 166
1204 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Mais, par suite de rhocs notamment, un centre horaire peut être décalé légèrement
par rapport à la tête de ligne. M. Bigourdan a proposé (') de supprimer à la tête de
ligne une émission de courant type, à la seconde zéro par exemple ; si le centre horaire
est en concordance avec la tête de ligne, l'aiguille de son galvanoscope devra s'arrêter
à la seconde zéro du centre horaire. Pour diverses raisons d'organisation spéciale, ce
contrôle ne serait d'ailleurs pas absolu, et son moindre inconvénient est d'exiger chez le
public une certaine habitude de ces comparaisons. M. Maxant, de la maison Bréguet, a
proposé l'installation d'un voyant rouge qui apparaît à côté du cadran dès que le centre
horaire est décalé par rapport à la tête de ligne et ne peut être relevé qu'en réparant
l'erreur : cette élégante solution paraît devoir être définitivement adoptée.
Mais la tête de ligne ne crée pas, pour ainsi dire, l'heure qu'elle marque et qu'elle
envoie : tout comme elle dirige les centres horaires, elle est elle-même sous la dépen-
dance d'un régulateur de précision, dite pendule directrice. M. C. Wolf, à qui l'on doit
la très heureuse installation de cette distribution, fait commander les têtes de lignes des
divers réseaux par lintermédiaire d'un relai Siemens. Or, une fois par an environ, il
arrive un accident à ce relai, qui s'arrête : dans ce cas, les têtes de lignes, réglées sur
1 avance, s emballent par rapport à l'heure vraie de la directrice et tous les centres
horaires des réseaux se trouvent entraînés et gravement perturbés.
On n'avait point, jusqu'ici, proposé de remède à cet accident qui est
d'autant plus important qu'il faut assez longtemps pour remettre à l'heure
tous les centres horaires ; nous allons voir, précisément, comment le public
peut être informé, cette fois encore, que l'heure qu'il observe ne mérite
pas toute confiance.
Pour cela, remarquons qu'un mouvement d'horlogerie est adjoint à ce
relai, et que l'une des roues, très robuste, de ce mouvement, parcourt une
dent par seconde. Imaginons que l'on place, contre le profil de cette roue
dentée, une levée à ressort en lame passant, tantôt sur les pleins, tantôt
sur les creux : notons immédiatement que les dispositions locales sont
telles cjue la roue s'arrête toujours dans la même position en cas d'arrêt
du relai : nous ferons que cette levée soit alors dans le creux d'une dent.
Ce mouvement de va-et-vient permet à la levée d'ouvrir et de fermer un
circuit ; le réglage d'une vis de pression lui permettra de le fermer aussi
longtemps qu'il le faudra et de ne l'ouvrir que dans les creux des dents.
Le petit circuit spécial correspondant, par l'intermédiaire d'un relai, fer-
mera le circuit de la directrice avant que celle-ci n'envoie son courant syn-
chronisateur et l'ouvrira une fois envoyé ce dernier courant.
(') G. BiGOunoAN, Comptes rendus, t. CXLll, p. 865, 9 avril igoG.
SÉANCE DU 5 JUIN I906. 1265
S'il y a donc ari'êt durelai, la tète de ligne s'emballe; mais notre levée est
dans un creux, et le circuit de la tête de ligne est ouvert : la tête de ligne
ne commande donc plus les centres horaires, l'accident apparent est
une rupture de circuit, tous les galvanoscopes sont arrêtés et le public est
prévenu.
Nous indiquerons ailleurs quels sont tous les accidents possibles et
leurs contrôles, tant en ville qu'à l'Observatoire, mais déjà, par ces trans-
formations très simples, le public aura une ample satisfaction pour sa juste
curiosité.
ÉLECTRICITÉ. — Sur une expérience de Hittorfet sur la généralité de la loi
de Paschen. Note de M. E. Bolty, présentée par M. Lippmann.
On doit à Hittorf la curieuse expépience que voici. Deux ballons de
verre communiquent d'une part par un tube droit et court, d'autre part
par un très long tube en spirale. Deux électrodes de platine traversent de
part en part les ballons et viennent se terminer dans le tube droit à un
millimètre l'une de l'autre. Quand le gaz est suffisamment raréfié à l'inté-
rieur de l'appareil, la décharge électrique refuse de passer par le trajet
court et direct : elle choisit le plus détourné, quelques milliers de fois
plus long.
C'est là une très belle expérience de cours, mais dans laquelle il est
difficile de faire la part qui revient aux électrodes. Le champ varie d'ail-
leurs d'une manière arbitraire à l'intérieur du tube sinueux. Il m'a paru
qu'il y avait intérêt à répéter l'expérience dans des conditions mieux définies,
dussent même en souffrir la simplicité et l'élégance du dispositif.
Prenons de larges tubes sans électrodes de longueurs très différentes.
Disposons chacun d'eux entre les plateaux et suivant l'axe d'un condensa-
teur, de telle sorte que chacun des condensateurs et le tube correspondant
forment des systèmes semblables. Mettons les divers tubes, remplis d'un
même gaz, en communication entre eux et disposons tous les condensa-
teurs en parallèle.
Si maintenant nous abaissons progressivement la pression du gaz et que
nous réglions convenablement la différence de potentiel constante à
laquelle chacune des couches de gaz épaisses se trouve ainsi soumise,
nous devons trouver qu'aux pressions les plus élevées, c'est le tube le plus
court qui s'illumine le premier. A mesure que la pression s'abaisse, l'avan-
1206
ACADEMIE DES SCIENCES.
tage passe à un tube plus long et ainsi de suite jusqu'à ce que, à une pres-
sion suffisamment basse, ce soit le plus long tube qui s'illumine seul.
Sous cette forme, l'expérience s'était trouvée réalisée d'elle-même, ou
du moins devenait inutile, d'après mes recherches, récemment publiées,
sur le passage de l'électricité à travers des couches épaisses de gaz (').
Pour donner une idée nette des phénomènes, je me bornerai à transcrire
la comparaison suivante des différences de potentiel minimum efficaces
pour provoquer l'effluve dans un ballon plat de S'"", 6 de diamètre (dans le
Sens du champ) et dans un tube large de 87™, 8 de long (dans le sens du
champ).
Pressions Diff. de pot. critiques en volts
en cm.
Ballon.
Tube.
0,0)38
885
1962
o,o333
654
1482
0,0247
63o
1228
0,0191
642
1 100
o,oi36
669
938
Pressions Diff. de pot. critiques en volts
en cm. Ballon. Tube.
0,0107
727
861
0,0075
868
798
o,oo63
968
714
0 , 0040
i352
620
0,002 5
2020
'620
Le renversement est aussi net que possible. C'est à partir d'une pression
de G™, 0084 qu'il s'opère. Au-dessus de cette pression, c'est le ballon, au-
dessous, c'est le long tube qui s'illumine le plus aisément.
Cherchons maintenant à tirer de l'expérience, ainsi complétée, tout
l'enseignement qu'elle comporte.
J'ai montré depuis longtemps que la différence de potentiel critique est
la somme de deux termes, prépondérants l'un à haute, l'autre à très basse
pression. Le premier ne dépend que de la masse de gaz en expérience par
centimètre carré de section, fixée par le quotient pejT {p, pression, e,
épaisseur, T, température absolue). J'ai montré de la manière la plus nette
que le second terme, croissant lorsque la pression diminue est sous l'in-
fluence de la paroi, car il se trouve modifié quand on change la nature ou
l'état de celle-ci. On pourrait donc penser que, pour une paroi donnée dans
un état invariable, ce terme ne dépend que de la pression seule. L'expé-
rience de Hittorf, dans laquelle ni la paroi, ni la pression ne diffèrent et
où cependant le trajet le plus long est favorisé, nous oblige à abandonner
cette hypothèse. Ce n'est pas la pression, c'est le quotient /;e/T qui règle
(') Comptai rendus, t. CXLI, p. 'ii-^ ; Journal de physique, /,= série, t. V, p. 219.
SÉANCE DU 5 JUIN I906. I267
aussi bien la valeur du second terme que celle du premier. Quand la
nature etVétatde la paroi sont identiques, la loi de Paschen généralisée est
aussi bien applicable aux basses qu'aux hautes pressions.
Il se trouve que pour le ballon de 5°™, 6 et le tube de 87™, 8 la loi de
Paschen est en effet applicable, tout au moins en ce sens que la différence
de potentiel critique minimum possède pour les deux récipients des
valeurs sensiblement identiques (respectivement 629 et 620 volts) et cor-
respond à des valeurs de pejT aussi très voisines. Mais la coïncidence est
souvent moins bonne, même avec le verre. Avec un ballon de silice de
5™, 4 dans le sens du champ, la différence de potentiel critique minimum
était de 910 volts.
PHYSIQUE. — Propriétés des surfaces pour lesquelles t angle de raccorde-
ment apparent de l'eau est nul. Note de M. H. Ollivier, présentée par
M. J. Violle.
Tout le monde sait que l'eau, les solutions ayant une grande tension
superficielle et le mercure présentent un angle de raccordement apparent
nul sur les surfaces enfumées ou saupoudrées de lycopode et sur les feuilles
de certaines plantes telles que la capucine.
Celles de ces surfaces qui se prêtent à l'étude sont les surfaces métalli-
ques recouvertes d'une très mince couche de cire et enduites, sans fondre
la cire, soit de noir de fumée (déposé de la flamme du pétrole), soit
à' anhydride arsénieuz (déposé de la flamme de l'hydrogène arsénié) (').
Je les désignerai simplement par « surfaces enfumées ».
I. Contact de l'eau et d'une surface enfumée, — L'eau, déposée sur une
telle surface, en est séparée par une couche d'air qui produit la réflexion
totale de la lumière. L'eau ne touche que la pointe des très petites aspé-
rités dont la surface est hérissée et ne descend pas dans les creux par
suite de sa tension superficielle. Elle a la même mobilité que dans le cas
de la caléfaction. Malgré cela, le glissement à la paroi est nul.
J'ai fait à ce sujet un grand nombre d'expériences avec deux disques horizontaux
de i-.i'^'" de diamètre dont l'un est fixe et dont l'autre, suspendu à un fd de torsion, oscille
(') On lave ensuite à l'eau. Lorsque ces surfaces sont bien préparées (ce qui exige
quelques tâtonnements) on peut, sans les altérer, leur faire subir le choc de plusieurs
milliers de gouttes tombant au même point.
1268 ACADÉMIE DES SCIENCES.
autour de ce ûl au-dessus du premier disque. Les disques sont plongés dans l'eau. On
peut varier leur distance d de <)'""', 5 à 60™". J'ai mesuré en fonction de d les valeurs du
décrément logarithmique qui exprime l'amortissement des oscillations. Ces valeurs sont
les mêmes, que les disques soient nus, enduits de cire ou enfumés. Le glissement à la
paroi est donc le même dans les trois cas. Comme il est nul pour les surfaces que l'eau
peut mouiller ('), il résulte de mes expériences qu'il est nul pour les surfaces enfu-
mées. Un glissement à la paroi conduisant à remplacer la surface par une surface
parallèle distante de la première de deux fois l'épaisseur de l'enduit aurait été mis en
évidence.
II. Choc de l'eau sur une surface enfumée. — On observe sur ces surfaces
un rejaillissement, très énergique et extrêmement régulier, de petites
gouttes d'eau ou de mercure. Je me borne à indiquer dans cette Note les
conditions de l'expérience, dont l'étude sera prochainement publiée.
On forme une petite goutte d'eau G (-) à un orifice non mouillé percé dans une paroi
enfumée. Elle tombe d'une hauteur :; (8'™ au plus) sur une surface enfumée inébranlable.
La goutte s'aplatit par le choc ; la tension superficielle développe alors des pressions
qui tendent à ramener la gouUe à la forme sphérique. Une gouttelette Gr* se détache et
est projetée normalement avec une vitesse considérable. Son diamètre, fonction de ;,
peut dépasser le tiers de celui de G. Elle s élève jusqu'à un niveau ;' souvent de beau-
coup supérieur à celui de l'orifice d'écoulement (et même à celui du iiquide dans le
réservoir).
Exemple d'une grande hauteur atteinte : z' = 'io"" pour une hauteur de chute
j. __ icnijS, avec des gouttes de 7"Br^5.
Comme la gouttelette serait projetée sur l'orifice si la paroi frappée était horizontale,
il faut incliner cette paroi et G' décrit une parabole. Le reste de la goutte rebondit un
peu en vibrant énergiquement.
On peut faire tomber des milliers de gouttes sur le même point de la
surface, les gouttelettes projetées suivent exactement les mêmes trajec-
toires (^).
Ces trajectoires sont les mêmes, que la surface soit recouverte de noir de fumée,
d'anhydride arsénieu.x ou de lycopode. Le phénomène ne dépend pas de la nature de la
surface, pourvu que l'angle de raccordement soit nul. Mais il ne ressemble en rien au
rejaillissement insignifiant qu'on arrive à produire, pour des hauteurs de chute beaucoup
(') Expériences de ^^'hetham (Proc. Roy. Soc. 1890) sur le verre propre et le verre
argenté.
(i^ (Sun;!- J^^ plus, n ^^i avantageux en général de ne pas dépasser j ou G^sr.
(") Les gouttes trop grosses ne donnent pas de rejaillissement régulier. 11 y a pour
certaines valeurs de - plusieurs gouttes projetées.
SÉANCE DU 5 JUIN I906. I269
plus grandes sur les surfaces enduites de cire, de suif, etc., où l'angle de raccordement
n'est pas nul. De même le mercure donne sur les surfaces enfumées un rejaillissement
régulier et n'en donne pas sur le verre propre.
Pour des valeurs de z inférieures à 2™ environ (cela dépend de la grosseur de la goutte)
on n'a pas de subdivision de la goutte ('). Si l'on augmente z, le rejaillissement régulier
se produit. La gouttelette projetée G^ est d'abord très petite et va très haut ; elle grossit
à mesure qu'on augmente :;. La variation de la hauteur de rejaillissement ;:' en fonction
de la hauteur de chute :; peut être très rapide. Un montage soigné de toutes les pièces
de l'appareil est donc indispensable, c doit être connu à 10 microns près.
Exemple de variation rapide. — Pour 3
■2'i"""
;' z= lao"""^
■23,8
i58
24
175 (maximum)
a5
1-25
26
63
27^4
3i (minimum)
a8
/,<)
La hauteur de rejaillissement ;' passe par une série de ina.vima et de ininima très
accusés qui correspondent aux espaces parcourus par la goutte pendant les périodes
successives de sa vibration.
L'intervalle de temps *) qui sépare les chutes de deux gouttes consécutives doit être
supérieur à trois ou quatre secondes. Si les gouttes se succèdent plus rapidement, le
rejaillissement change parce que non seulement le poids des gouttes change (-), mais aussi
la forme des gouttes (elles sont d'autant plus allongées que 0 est plus petit : l'état
vibratoire change donc).
Le rejaillissement régulier est fortement influencé par la variation de
tension superficielle du liquide. Par exemple une trace de savon ajoutée à
l'eau réduit la valeur de :;' de G'"' à i"'".
On peut se servir de ce phénomène très sensible et très régulier pour
apprécier de faibles changements dans la composition des liquides de grande
tension superficielle.
(') Mais, dans un intervalle de variation de z de l'ordre du mm, on perçoit au moment
du choc un bruit sec dont l'intensité passe par un maximum très accusé pour une
valeur de ; déterminée à 10 microns près. Ou n'entend ce bruit pour aucune autre
valeur de z.
(^) Exemple. Pour toute valeur de 6 > i^
H
jS
P =
7-"e,,'i5
0.62
P =
7»8^J(>
0,4
7 "S, 2 5
0,2
j"B,y
0,1
3'"s,6
12^0 ACADEMIE DES SCIENCES.
CHIMIE MINÉRALE. — Action du chlorure de silicium sur le nickel. Note
de M. Em. V'iGOiROUX, présentée par M. Moissan.
Dans deux Communications antérieures ('), nous avons publié les résul-
tats de nos recherches touchant l'action répétée du chlorure de silicium
soit sur le fer, soit sur le cobalt. Notre mode opératoire est le même pour
le nickel, avec cette différence que nos réactions ont été suivies de plus
près, les produits successivement obtenus ayant été soumis à l'analyse.
Première action. — Nous partons de 5o ^' de nickel en poudre que nous chauffons dans
Ihydrogène sur une nacelle en porcelaine ; dès que le chlorure de silicium commence à
bouillir, nous arrêtons le courant gazeux et nous dirigeons les vapeurs de ce liquide
sur le métal de plus en plus chauffé ; au bout de 4'' environ, nous abandonnons le tout
au refroidissement : Nous constatons que le métal a subi une diminution de poids très
peu sensible et que sa poudre est à peine agglomérée. Après une seconde action, la
masse est frittée, mais non fondue ; elle ne pèse plus que 45^^ Un troisième passage du
chlorure de silicium sur cette masse frittée, qu'on a pulvérisée grossièrement, entraîne
sur la nacelle la formation d'un lingot pai-faitement fondu ne pesant plus que 35e''. Ce
lingot, qui présente l'apparence du nickel fondu, est assez cassant, cristallin à l'inté-
rieur ; il est possible de le fragmenter à l'aide du mortier d'Abich, bien qu'il s'aplatisse
sensiblement. Enfin, propriété importante il n'est pas magnétique. Avant de continuera
le traiter, nous le soumettons à l'analyse. Nous en attaquons un fragment à l'aide de
l'acide azotique chaud et nous activons l'action par l'addition de quelques gouttes d'acide
chlorhydrique. La silice résiduelle, qui est grise, est rendue blanche par décantation
du liquide et addition d'eau régale au résidu. Le nickel est dosé par électrolyse de sa
solution sulfurique ammoniacale. Nous trouvons :
I II Calculé pouh ÎN'i'Si
Nickel p. 100 88,96 89,20 89,17
Silicium — 9,66 9,48 10, 83
98,62 98,68 100,00
avec 0,67 p. 100 de fer. Ces chiffres sont voisins de ceux donnant la formule Ni'Si. —
En opérant sur SoS' d'un second échantillon de nickel totalement dépouillé de fer et
traité de même à trois reprises consécutives par le chlorure de silicium, nous sommes
tombé sur un nickelosiliciura de même nature, pesant S^^r dont la composition était
(') Em. Vigouroux, Action du ciilorure de silicium sur le fer (Comptes rendus, t. CXLI,
p. 828, 20 novembre 1903. )-lc^/o/i du chlorure de silicium sur le cobalt (Comptes rendus,
t. CXLII, p. 6'J5, 12 mars 1906).
SÉANCE DU 5 JUIK I906. I27I
encore plus voisine de Ni'Si. Nous pouvons admettre que la formule :
Si 'Cl + 6.\i = iS'i'Si 4- iWiCP
s applique à cette réaction, attendu que le poids de siliciure qu'elle indique comme
devant se former correspond à 'î^t'''.
Nous prenons 56^' de ce lingot, exempt de fer et, après pulvérisation, le traitons une
quatriciiie fois par le chlorure de silicium, à la température la plus élevée susceptible
d'être obtenue dans notre four. Nous trouvons une masse non fondue, mais dont le
poids n'est plus que de j4'''i après la cinquième action, le produit est fondu en un bloc
unique pesant exactement i-i^'', très cassant, à cassure très brillante et montrant des
arêtes vives, se pilant plus facilement que l'cchantillon ci-dessous analysé. Sa compo-
sition est déterminée par une analyse effectuée en 1 attaquant par l'eau régale doublée
d'eau. Nous trouvons, pour cent : i'*" analyse : Ni : S',, US ; Si : i5,o(J ; total : 99,6/, ;
■j.'^ analyse : Ni : 8i,j8 ; Si : iJ.i'i; lotal : 1)9, 9^. La composition du <-orps est
comprise entre Ni'^Si et Ni-Si.
Sijiénie action. — Nous prenons ■iGfc''' du lingot précédent, pulvérisé très linement, puis
tamisé, et le soumettons encore à l'attaque du cblorure de silicium, sans trop élever la
température au début : au bout de u'' environ, nous constatons qu'il n'a pas fondu, mais
qu il a été fortement altéré ; son poids est descendu à aj^''. Nous recomnien(;(jns à
chauffer au sein du chlorure de silicium, encore 1'' durant, et cela à la température
maxima du four : l'alliage est fondu, cassant, mais s est maintenu à ■j.^^'.
Septième action. — Nous pulvérisons encore et tamisons ces -j.^^" d'alliage. Après une
chauffe très prolongée et très forte vers la fin, nous obtenons un lingot fondu, homogène,
à cassure grenue, pesant toujours uî^''. Nous admettons que nous avons atteint la limite
de saturation correspondant à la températui'e de nos expériences. Nous en prélevons
deux échantillons et nous les attaquons au bain-marie, par de l'eau régale étendue à
jo p. 100 ; après insolubilisation de la silice, nous dosons le nickel par électrolyse à
l'état de sulfate amnoniacal.
Hi'siiltals. Tkouvé ; Calccll l'ocK Ni-Si
I II
.Xickfl p. lui) 80. JL! 80, u8 8u.5--î
Silicium — '9..!^ ig-JJ '9- 4**
99 , i 7 99 . (i ï 1 00 , 00
Coiic/itsioit. — Dans réliidc de l'artion du chlorure de silicium sur le
nickel nous oljservons deux limites de siliciuration : Prciiiièic /imite (infé-
rieure) correspondant à Ni''Si, corps inconnu jusqu'à ce jour, défini vrai-
semblalîlemenl, son influence à l'action de l'aimant montrant (jii'il ne con-
tient pas de nickel libre. Deiixiè/tie limite : fournissant le corps Ni"Si déjà
étudié. Il n'est pas impossible que des températures plus élevées soient
capables de provoquer la formation de composés fortement siliciés, toutes
choses égales d'ailleurs.
C. R., 1906, ]«' Semestre. (T. CXLII, N- 23.) 167
1272 ACADEMIE DKS SCIENCES. •
CHIMIE MINÉRALE. — Déconiposition ilu siil/ale de cuivre par l'alcool mélhy-
lique. Note de M. V. Alger, présentée par M. H. Moissan.
On a déjà reuian|iié (jiie l'eau à ré]nillilioii(') et même à i'roid C') était
susceptible d'enlever une petite partie d'acide sulfuriciue ou sulfate de
cuivre, en laissant déposer un précipité vert de sulfate basiciue 6 GuO .
aSO^ 5H^0.
Ayant eu besoin d'alcool méthyli(|ue anhydre, j'ai eu l'occasion d'étudier
l'action du sulfate de cuivre sur cet alcool ; en effet, sur la foi d'expé-
riences mal interprétées, Klepl (') a cru pouvoir affirmer que le sulfate
de cuivre cristallisé était complètement insoluble dans l'alcool métliylique
anhydre. Il n'en est rien : Lobry de Bruyn (;i qui a étudié la sohdîilité de
divers sulfates dans l'alcool méthylique a montré (|ue la solubilité du sulfate
de cuivre y était très forte, mais que, au bout de (jucUpies minutes, par suite
de la précijiilation du sel CuS0',3H-0, l'alcool ne contenait plus que des
traces de sulfate. D'autre j)art, de Forcrand (^) a décrit une combinaison
CuSO',CH*0 formée en agitant le sulfate anhydre avec l'alcool méthylique.
J'ai repris ces expériences et constaté qu'il se produisait, dans tous les
cas, un phénomène bien plus intéi'essant et qui a échappé à ces auteurs.
En effet : à froid ou à chaud, anhydre ou hydraté, le sulfate de cuivre est
décomposé par l'alcool méthylique, qui s'empare d'une forte proportion
d'acide sulfurique.
Sulfate de cuivre hydraté. — Celui-ci se dissout, à 0°, dans la proportion de 1 i , > p. i oo
dans l'alcool méthylique. La solution claire laisse bientôt précipiter de petits cristaux
adhérents aux parois du vase. Si on examine le produit au Ijout de quelques jours de
repos, on constate que le dépôt n'est pas homogène, mais constitué par un mélange de
cristaux durs et de petites aiguilles vertes groupées en chou-deur, et qui, séparées des
autres cristaux, se dissolvent inconiplètement dans l'eau en laissant déposer un sel
basique. Leur quantité est assez faible, luais on peut les ol)tenir en forte proportion en
augmentant la proportion d'alcool méthylique.
Ainsi, en soumettant pendant une journée à l'ébuUition une solution de ■z'j^'' de sul-
fate cristallisé dans i ooo'' d'alcool méthylique, on obtient un dépôt cristallin vert,
pesant la"'', j. Avec iiz*»',! de sullate, et 1 000" d'alcool, le précipité pèse ti^'V^. Ce dei'-
(*) PlCKEniXG, Client. News, t. XLA'II, 1 S 1 .
,-) D. To.M.MASl, h'iectruclient. '/.eitsclir., l. .\1 p. j(i.
p) Kl.upL. ./oiirii. /'. prakt. Cliriii., (■.>.), t. XXV, p. jjtH.
{'•) Loinn i)i; Hhuyx, 'Aeitsdir. /'. pIn/s. Clicin. l. X, p. '■i>-i.
("j De l'onciiAXl), Coinjjles rendus, t. Cil, p. jji.
SÉANCE DU 5 JUIN fpoC). 127,3
uiei- est parraiteiiicnt lioiiiogène. Après dessiccation, sur l'acide siilluri(|ue et dans le
vide, il fournit a. l'analyse ;
Cu : 15,1) p. loo; SO' : i-^-i 1' '"" La formule : (CuSO''j%CuO,4CH*0, exige :
Cu : 36,8 p. iiio; SO" : /)i,<)9 p. i<>o. Ce composé est donc constitué par un sulfate
basique combiné à l'alcool méthylique.
Siilfcilc de ciiii-rr mi/ii/cln'. — Si l'on agite pendant une semaine environ le sulfate avec
l'alcool rnéthyliqne, en ayant soin de renouveler celui-ci jusqu'à ce <(uil ne donne plus
de solution bleue, on obtient un précipité vert, cristallisé en aiguilles, formé du même
sel basique et donnant à l'analyse Cu : M'ki p. loo; SO'* ■.f,.i,7. p. loo. Avec ifie'' CuSO'
et iCo"' (;H''0. renouvelé ', fois en huit jours, on obtient lo^'' de sel basique pur.
Ce sel est absolumcnl stable dans le vide sulfurique ; il se décompose légèrement
vers I lo''; l'air humide lui fait perdre son alcool méthylique en le décomposant. L'eau le
dissont partiellement en laissant insoluble un sel plus basique, vert.
On n'en doit pas conclure (jiie le travail de de Forcrand soit inexaet. Le
sulfate mis en oontact avet^ une petite quantité d'alcool méthylique roiiniit
bien le sel CiiSO', CH'O, avec itn<> trace de sel basique; sa proportion,
insignifiante dans ce t'as, augmente rapidement avec la quantité d'alcool
jusqu'à prodtiire la décomposition totale du sel d'abord formé.
Si nous comparons maintenant l'importance de la dissociation méthy-
lique avec celle que produit l'eau à l'ébullition, nous trouvons que cette
dernière est beaucoup plus faible. En effet, d'après les données de Picke-
ring {loc. cit.) une solittion aqueuse de sulfate de cuivre à i,-'.8 p. loo laisse
précipiter 2,r> p. loo de son cuivre, à l'état de fi GuO,mSO\5H-0. Ceci
correspond à l'enlèvement de 2,1 p. 100 de S0\ tandis qite l'alcool méthy-
lique. en opérant avec la même dilution, enlève 9.3 p. 100 de SO^ en préci-
pitant 7!) p. 100 dit cuivre en se! basique et, dans le cas de sttlfate anhydre
à froid, 90 p. 100.
Je pense que l'explication de ce phénomène résulte de la formation
d'éther-acide méthyl-sulfurique. Le sulfate de cuivre en solution étant
toujours légèrement dissocié, la formation de cet éther acide romprait
l'éqtiilibre SO'' t; sel basique -(- sulfate, et provoquait la formation d'une
nouvelle proportion de ce dernier.
J'effectue actuellement des essais en vue de déterminer si d'autres sul-
fates subiront la même décomposition. Celle-ci semble très faible avec les
sulfates de cobalt et de nickel, mais par contre le sulfate de zinc donne
lieu à la formation d'une notal>le proportion de sel basique.
Enfin des essais sont en voie d'exécution pour déterminer l'influence
des autres alcools sur le stiU'ate de ctiivre.
1274 ACADÉMIE DES SCIENCES.
L"alcool éthylique lournit aussi un sel basique, mais en proportion
extrêmement faible. On voit ainsi que l'alcool méthylique, premier terme
des alcools gras, montre toujours une activité bien plus considérable que
ses homologues supérieurs.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les acides diméthyl- et diéthylamido-benzoyl-
benzoiques dibromés el leurs dérivés. Note de ÎNI. E. Séverix, présentée
par M. A. Haller.
Acide diinéllii/laïuido-benzoylbenzo'iqiie dibronié.
En condensanl Fanhydride phtalic[ue avec les dialcoylanilines en présence
de Al CF MM. Haller et Guyot ont obtenu des acides dialcoylamido-ben-
zoylbenzoïques.
Nos recherches ont porté sur l'acide phtalique dibromé de Guareschi(^)
considéré par l'auteur comme un para-dérivé i, a, 3, fi.
L'anhydride de cet acide nous a servi à préparer les corps suivants :
Acide diinéUiylamido-benzoylbenzoïque dibromé
/CH'
^COC^H'Az/
\C00H
Pour la préparation de cet acide on i'ail réagir la diniéthylaniline sui' l'anhydride
dibromophtalique en présence de Al Cl' et do sulfure de carbone.
Quand la réaction est terminée, on élimine l'excès de CS'-, on traite riniiie verdàlre
qui reste par une solution de ii5« de SO'H- dans un litre d'eau.
L'acide dibromé se sépare sous la l'orme d'une masse jaune verdàtre que l'on trans-
forme en sel de soude.
On décolore au noir animal, on décompcjse le sel de soude par une solution de
ao p. 100 d'acide sulfurique. Il se précipite de 1 acide jaune <pir l'on fait cristalliser dans
l'alcool éthylique. Le rendement est de 70 p. 100.
Cristallise sous la forme de magnifiques paillettes jaune citron fondant à 'i/iÇ)"; cet
acide est insoluble dans l'eau froide, peu soluble dans l'eau chaude, assez sohible dans
l'alcool éthj'lique el moins soluble dans l'alcool méthylicpie.
h\uiltydride orétylainido-benzoylbenzoique di brome
,CH'
XOC^H'Az/
C«H^BH ( \r,H ■
\co.
CH^CQ/
(') Anniilpn. ■i-i-i--j.'^^i .
SÉANCE DU 5 JUIN I906. Ï2.']5
s'obtient en chauflant en bain-mai'ie pendant deux heures une partie d'acide
avec trois parties d'anhydride acétique. Masse cristalline qui, reprise par
le benzène bouillant et l'alcool à chaud, laisse déposer des paillettes bril-
lantes d'anhydride mixte fondant à 195".
Ether méUniliaiie /CH''
'^ ^ COC^H'Az^
C«H2BrX ^t;H'
\COOCH'
On le prépare en traitant l'anhydride mixte par du métlivlati- de soude
en quantité calculée.
Cristaux blancs, très réfrangibles, fondant à 180° et donniml |)ai' saponi-
fication l'acide fondant à 249°.
Uéiher éthiilique ,CH'
■^ ' ,C0C6H»Az<
C6H^Br^< \CIL-'
se préparc de la même manière que son homoloijue inférieur
Petites aiguilles blanches fondant à 178° et donnant par saponification
l'acide.
Le dérivé ni I rosé yCW
,COC«H'<^ \CH3
Cn\iQr\ \AzO
\COOH
se prépare par l'action du nitrile de soude sur la dissolution acétique
de l'acide dibromé. Petites aiguilles jaunes fondant à i6M°.
Acide diméthyla m idohenzylbenzoiq ue dibromé
/CH^CSH'A?/
C«H2Br2/ ^CW
^COOH
Se prépare par sinqile réduction de l'acide benzoylé, au inoven <\\\ zinc
en grenailles et de l'acide chlorhydrique.
Le rendement est de ?>o p. 100. L'acide rétiuit cristallise ti-és difficile-
ment. Il fond vers 9.^'^°.
Diméthylamidoaiilhraqiiinone dibromée
Cm^Bv\ >C''H'Az<
\C0/ \CH'
Tout comme dans le cas de l'anthraquinone dichlorée la condensation
1276 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ne s'opère qu'en chanlTant pendant trois heures l'aride rédnil avec de
l'acide siilfiirique concentré à 66". Dans ces conditions, il se l'orme d'abord
une antlirone
que l'acide siilfuric|iie. agissant conmie oxydant, transforme en une anthra-
quinone diméthylamidée
CO CH''
+ aSO^ + C^H^Br-'/ ^C'H'Az^
dette nntlii'n(|iiinone se prcsenti> en nioiiiHes rouge bronzé fondant à
-.18".
l'iodiiils (le coïKlciisalion de T acide phlaliqite dibromé avcr la diéthyl-
(uiilinf.
En substituant à la diméthylaniline la diétliylaniline, on obtient par les
mêmes procédés une série de corps tout à fait comparables aux dérivés de
la série méthylénique.
Acide diéthijl(imidoljci) zoijlbenzoïcjiie dibromé
/C.OC'H'A/.;
r.siI^Br^/ \(:^H^
\C00H
Paillettes jaunes fondant à aai".
Anhydride mixte
,C0C'-H'A7.<^
CH-'Bi-s/ \C^H-'
CH'— CO-^
Cristallise en paillettes jjlanidies fondant à i Sp".
Etiier mélliyliqiie
.COC«H'A7:<
C''H^Br-X \C2H°
\C00CH'
(h'istaux réfrangibles fondant à 186" et donnant par saponification l'acide
fondant à aai".
SÉANCE DU .1 Ji;i>" 1906. 1277
CIIIMIE PHYSIQUE. — Sur les vdiiations de la L^raïutrur m icc/lairc diins l^
colloïde Injdrorhloroferriqitc. Note par. M. G. Malfita\o, présentée par
^I. Emile Roux.
Une solution à 5"^' p. i 000 de Fe-Gl'* dans l'eau pure, après avoir été
chauffée à 1 1 5°-! 20° pendant ao minutes, contient en plus de HCl et de Fe-Cl*
une matière composée de Fe-, Cl, O, H, caractérisée par le phénomène de
la diffraction de la lumière cl |)ar la précipitat'on en présence d'un e.xcès
de HCl ou, par exemple, de traces de S0\ C'est le colloïde. Je me suis
assuré tju'en jjrenant (|uel(|ues précautions faciles à réalist-r, une memijrane
en collodion, employée comme liilre, laisse passer intégralement une solu-
tion de Fe'Cl* additionné de IICI; par contre la solution colloïdale aban-
donne en traversant cette mem])rane une partie uotaiile de nuilière. Si la
membrane sert pour la première l'ois les pi-emières portions du liijuide
liltré .sont toujours opticpiement vides et ne se troublent pas par addition
de K-SO\
La membrane peut donc arrêter complètement la matière colloïdale et
les analyses établies comjjarativemenl sur la liqueur totale et sur la solu-
tion filtrée montrent (jue l'on doit assigner à la matière ainsi retenue une
compositicvi oii pour i Cl doivent entrer ^(,^-2,7 F'e". En continuant la liltra-
tion sur la même membrane le liquide qui passe apparaît peu à peu coloré
en rouge. Dans ce liquide coloré le phénomène de la ditfraction n'est pas
toujours sensible, mais constamment il se manifeste par l'addition de
K'SU'.
Une partie de la matière colloïdale peut (l(>n( tra*erser la membrane
après l'avoir modifiée. Celle-ci en elfet est devenue forlemeul teintée en
rouji'e et d'une manière iniléléljile. La membrane ainsi modiliée laisse
passer d'emblée de la matière colloïdale si on l'emploie à liltrer une nou-
velle portion de la li(|ueur primili\e. Du reste les mendjranes dont l'épais-
seur et le mode de préparation dilfèi-ent laissent passer des (juantités diffé-
rentes de matière colloïdale. Les analyses établies comparativement sur
les premières portions d\\ li([uide filtré exemptes de colloïde et les portions
successives qui en contiennent permettent d'attribuer à la matière colloï-
dale qui traverse la membrane une composition oii pour i VA entrent 0,9 à
1,7 Fe-, Ce sont donc les portions de colloïde les plus riches en (^1 ([ui
peuvent traverser la membrane. Toujours est-il que plus le colloïde est
127^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
pauvre en Cl, moins il paraît capable de teinter la membrane et de la tra-
verser.
.l'ai précédemment étal^li que Ton l'ail diminuer la teneur en Cl des
inicelles en les diluant dans des quantités de plus en plus grandes d'eau
pure, ou ce qui i-evienl au même si après avoir expulsé sur le filtre la plus
grande partie du liquide intermicellairu on le remplace par de l'eau pure.
D'autre part j'ai vu aussi que si l'on ajoute HGl aux préparations colloï-
ilales les micelles s'enrichissent en Cl pour des doses faibles et s'appau-
vrissent pour des doses plus fortes. La méthode de filtration permettant
de reconnaître la teneur en CI des micelles indépendamment de celle de
la liqueur totale il est l'acile de constater que ce sont seulement les plus
riches en (A (|ui sont capables de traverser la membrane.
A'oici (juelijuescxeiiiplesavec leur iiiterprrlalidti. Le résidu de la iiltnUion de plusieurs
litres de la solution colloïdale primitive, celle dont j'ai parlé au coininenceinent, après
avoir été lavé avec de petites portions d'eau pour le débarrasser de Fe-Cl°, contient en
atomes-grammes X lo — ■' au litre : Fe- Ho!, Cl ^48. Les premières portions que 1 on
obtient en filti'ant ne contiennent (jue G, j HC1; le liquide qui filtre ensuite coloré en
rouge, précipite par K-SO' et ne donne pas de réaction avec KCy S, il contient Fe- i.i,
Cl 3,'|. .le représenterai ces données par des formules hypothétiques- où l'on suppose
pour chaque atonie de Cl une unité physique el j'indiquerai ainsi les changements dans
la distribulion des radicaux quand on dilue ou qu'on ajoute HCI
Composilion de la inatiùi'o Composition du li<[uicii' lillré
retenue par le filtre
Solution priuiitive -il 1 [H (Fe^O«H«) :i,3]Gl 6,:HCl+:i,i [H(Fe-0«H«)jCl
Dilution avec 1 vol. li-0 1 17 [H (Fe^OW) 3,',] Cl 5,6HC1-1- i [H (Fe^O^He)] Cl
— '5 57[H(Fe-0«II«)'i,'i]Cl 4 MCI
— Kj io[H(Fe-0-tP)3,()]Cl 2 HCI
La i.iéme dilution -I- 10 IICl 1 1 [H (Fe^O'H^) 3,ï] Cl 10, jlICl-f o,5 j II(Fe^0m6)] Cl
— 4-T()o]lCl j,«[H(Fe-0«lI«)5]Cl .j6HCl+ 10 H (Fe-0«H«) | Cl
— -j-3oo MCI o,(>[;H(Fe-0«H«)i6]Ci i'2i HCI+ 3 i Fe-CI"
On voit qu'avec la dilution la quantité de MCI augmente aux dépens de la teneur en Cl
du colloïde ; les micelles capables de traverser la membrane disparaissent. Par addition
de HCI le colloïde redevient plus riche en Cl et les micelles capables de traverser la
membrane réapparaissent, leur nombre augmente avec la quantité de HCI, mais en même
temps une partie du colloïde, celle qui est retenue par le collodion s'appauvrit en Cl,
jusqu'au moment où le i-olloïde étant tout précipité le liquide filtré ne renferme que
HCI et Fe^Cl".
La n()lati(^n liypolhétic|ue que j'ai adoptée me paraît exprimer d'une façon
satisfaisante les piMJnomènes que je viens d'exposer. La préparation col-
SÉANCE DU ') .IlIN 1906. l'-Tf)
loidale priiiiilive sei'ait conslituce par mi luélanye tic luicellcs dont cha-
cune serait l'onnée par i, a, 3 ou 4 molécules de Fe'-'O^H'^ groupées autour
de rion H d'un couple HCi. Les niicelles avec i ou a molécules de Fe-O'H*
seraient seules capables à cause de leurs dimensions de s'insinuer dans
les pores du coUodion où daljord elles resteraient fixées ; la membrane une
l'ois imprégnée, les suivantes pourraient la franchir. Je me suis assuré en
effet au moyen de l'osmose électrique par le procédé et l'appareil de
M. Perrin que la membrane plongée dans une solution faiblement acide
est électronégative, donc capable de fixer des particules électropositives,
comme celles du fer colloïdal ; et la même membrane devient électroposi-
tive une fois qu'elle est imprégnée de ce colloïde. En somme je pense que
l'on peut conclure que les dimensions des particules varient en raison
inverse de leur teneur en Cl. Les variations des phénomènes optitiues
dans les soluhons colloïdales concordent suftisaninienl avec cette; opinion.
Le liiiuide qui liltre coloré eu rouge oii le 1er esl tolalenieiU précipité par R-SO'coii-
lieul lés uiicelles les plus riches en Cl et il ne dill'racte pas la lumière dune manière sen-
sible. Cela ne doit pas tenir à la dilution car les liqueurs dont la teneur en ter est la
luênie etcelle en Cl inférieure sont optiquement actives. Les particules colloïdales étant
très pauvres en Cl peuvent atteindre des dimensions qui les rendent perceptibles même
quand elles se trouvent diluées dans une grande masse d'eau. Pour apprécier les varia-
lions dans le phénomène de dilfraction de ces liqueurs j'ai mesuré les épaisseurs de couches
d égale transparence et j'ai vu : 1° Si 1 on lait varier la concentration du colloïde sans
changer sa composition, en diluant avec le même liquide intermicellaire, la transparence
varie assez approximativement en raison inverse de la quantité de colloïde. — 1.° Si la
teneur en Fe- reste constante, celle en Cl diminuant, la transparence des liqueurs diminue
aussi mais irrégulièrement ; si Ion prend comme hase la (juantité de Cl, celle de Fe-
augmentant la transpai'ence diminue plus régulièrement. — V Quand Ion ajoute HCI au
colloïde les variations sont irrégulières, seulement quand le colloïde s'est enrichi consi-
dérablement en Cl, la solution devient plus transparente jusqu'au moment où brusque-
ment elle se trouble en précipitant.
Je pense que l'examen direct et le dénombrement des particules à
l'ultra-microscope, selon la méthode de MM. Cotton et Mouton, pourra
résoudre les deux questions connexes à savoir: si ihaque atome de Cl cons-
titue une micelle et si en perdant du Cl les micelles diminuent en nombre
et augmentent en dimensions.
C. K., ujoO, 1" Scmcstic. iT. C.XLII, N" 23.) '68
laHo ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Slir iiii nouveau microbe producteur d'acétone.
Note de M. L.. Bréaudat, présentée par M. Roux.
L'acétonurie, observée dans un grand nombre d'affections graves, donne
à l'existence des bactéries productrices d'acétone, un intérêt d'autant plus
grand que, jus(ju'à ce jour, aucune explication satisfaisante n'a été fournie
sur l'origine de cette substance et son passage dans l'urine.
Un premier microbe a été signalé par Schardinger (') comme fermeiil
acétonique, c'est le B. Macerans (B. du rouissage) qui donne un mélange
d'acétone et d'alcool, dans la fermentation des divers hydrates de carbone.
Kayser (■') a trouvé des traces d'acétone parmi les produits de certaines
fermentations lactiques.
Je crois intéressant d'attirer l'attention sur un microbe chromogène
violet, qui produit également de l'acétone aux dépens des matièi'es pro
téiques. Ce nouveau microbe provient de l'eau d'alimentation de Saigon
(Cochinchine) (^). Sans coloration, c'est un bacille court, épais (iu.-3ij.)
doué d'un mouvement rapide d'oscillation. 11 prend i'acilement les cou-
leurs d'aniline et apparaît alors, légèrement ovale, avec un espace clair
central et les deux extrémités fortement colorées. Il ne se colore pas par
la méthode de Gram. Ces observations ont été faites sur des cultures âgées
de trois jours, en bouillon nutritif peptoné i p. loo.
Aérobie facultatif, il se développe bien à toutes températures entre 3o"
et 37°, et donne des spores rondes vers le 6" jour.
Il apparaît en colonies violettes sur gélose peptonisée, et cultive sur
pomme de terre, sous la i'orme d'un enduit épais, de couleur violette
foncée, presque noire. Les milieux lit|uides lui conviennent également ;
toutefois, il ne produit pas de pigment en l'absence de peptone, ni en
l'absence d'air. Son cavaclèrc le plus iiiiporUnil est de dounci- de l'acétone en
solution de peptone. La culture devient l'apitlcmenl ammoniacale et s'ar-
rête; aussi, la quantité d'acétone produite dans ces conditions est-elle
minime (o^'V^o à o''''',4o pour i 000™). Mais si l'on additionne ce milieu de
(') ScHAlîDlNGER, Wiener Min. Worli., n" IS, 1904 et Ccnlrolblnlt fur Bact , II, t. Xl\',
juillet lyoj, pp. 772-78 1.
(*j KaysEH, Annales InstiliH t'asteiir, 1894.
(■') BrÉaudat, Les enii.i d'nlimcHlation de Saigon. Tlièse Docloral-Phai'uiiiLie, 190^.
SÉANCE DU 5 JUIN I906. I281
saccharose et de carbonate de chaux, le liquide se maintient neutre et
après i5 à 20 jours, le poids d'acétone peut atteindre i°''.3o pour i 000°'.
Il se produit également de lalcool éthylique et des acides volatils. Le
liquide de culture ne contient plus ni saccharose, ni glucose.
D'autre part, cette bactérie liquéfie la gélatine sans donner de matière
colorante si le milieu est exempt de peptone. Elle réduit les nitrates à
l'état de nitrites sans dégagement gazeux. Elle coagule le lait; la culture
est acide et contient de la présure. Le coagulum se liquéfie lenlement et
totalement; le liquide renCerme alors de la caséase.
J'ai caractérisé l'acétone de la façon suivante. 10 litres du mélange : peptone Chapo-
teaut lo^''; saccharose 'in^' ; carbonate de chaux 4^; eau q. s. pour i noo'^'^, ont été répartis
en 20 inatras d'une capacité de 2 litres chacun, stérilisés à iio" et ensemencés avec une
culture de i jours. Après i mois de séjour à Tétuve à 3o°, la totalité des liquides de cul-
ture a été distillée dans le vide, à 5o p. 100. Les 5 litres obtenus, concentrés au quart
(i iHo"^) dans 1 appareil de .Sclilœsing furent amenés à 3in"= par une deuxième distillation
en s'assurant chaque fois que le résidu ne donnait plus la réaction de Denigès (sel
mevcurique acide). Enfin, après plusieurs concentrations analogues dans un appa-
reil plus petit et précipitation du liquide enrichi, par le carbonate de potassium, j'ai
décanté -.ià" d'un liquide mobile, offrant une odeur très nette d'acétone et de densité 0,821
(D acétone = 0,810). La présence d'alcool éthylique dans ce liquide a été constatée par
la distillation fractionnée et le point d'ébullition + 78° de la portion principale; cette
portion donnait la réaction de l'alcool avec le sulfate chromique. La réaction de
Blumenthal et Cari Neuberg('j montra, en outre, l'existence d'un corps cétonique :
à 10'^'^ du produit obtenu, j ai ajouté i goutte de solution de chlorhydrate d'hydroxyl-
amine à 10 p. 100, 1 goutte de NaOH à 5 p. 100, 2. gouttes de pyridine et i''" d'éther.
J'ai additionné le mélange d'eau bromée par petites fractions et en agitant jusqu'à colo-
ration de l'éther en jaune. A ce moment, une goutte d'H-0- fit passer cette teinte au bleu
clair (sensibilité : i : jooo).
J'ai préparé, en outre, à l'aide du distillât obtenu et comparativement avec une soUition
alcoolique d'acétone au dixième, la paranitrophénylhydrazone acétone.
/)'' du produit ont été saturés à froid, de paranilrophénylhydrazine ; la solution,
additionnée de cinq fois son volume d'eau distillée, a précipité des cristaux en aiguilles
soveuses, jaunes dorées, qui ont été recueillies, essorées, séchées dans le vide sulfu-
rique, redissoutes dans 1 alcool à 93° froid et reprécipitées par l'eau.
x\près trois purifications semblables, j'ai obtenu des cristaux fondant exactement
à I '|8° (Bloc Maquenne, fusion instantanée) et donnant avec KOH alcoolique la colora-
lion rouge-violet de la paraphénylhydrazone (Bamberger et Sternitzki).
Enfin, j'ai dosé l'acétone dans le produit^obtenu, par la méthode de
(') Deiitsclir iiipdiciniaclie Woclienucltrift, H)iii. n" i.p. '->.
1282 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lolles (') (jiii «oiisisle à combiner l'acétone au liisulfite de soude. D'après
raiiteur la réaction est complète après 3o'' de contact. Le titrage, avant et
après, de la solution bisuliitique, donne le poids du sel combiné et par
suite celui de l'acétone.
J'ai trouvé ainsi que 10 litres de culture ont produit 7^^,80 d'acétone,
soit f>^',78 en moyenne par litre.
Je propose de donner à cette nouvelle espèce le nom de Bacilliifi viola-
ri'iis (icctoniciis.
CHIMIE BIOLOGK^UE. — Coutribiilioli à l'é/iiffc dex matières albiuninoides
solubles (lit lait. Note de MM. Ij1.\df.t et L. Awmaxx, présentée par
M Tli. Scblœsing.
I. Le pouvoir rotatoire que possède, dans le sérum du lait, l'ensemble
des matières albuminoïdes, comparé à celui c|ue Sebelien a attribué à la
lactalbumine (an = — 3o à — 37°), permet de supposer que celle-ci
y est accompagnée d'une autre albuminoïde soluble, à pouvoir rotatoire
plus élevé, et cette albuminoïde n'est autre que de la caséine, rendue
soluble par son union avec le phosphate de chaux.
Un semblable composé a été déjà signalé par Hammarsten, qui l'obtenait
en dissolvant de la caséine dans l'eau de chaux, et en saturant l'alcalinité
de celle-ci par de l'acide phosphorique ; la caséine et le phosphate de
chaux se maintiennent mutuellement en solution.
Nous avons reconnu que ce composé, est un caséinate. On ne peut, en
eilet, le préparer en suivant une marche inverse, c'est-à-dire en saturant
par la chaux une solution de caséine dans l'acide phosphorique; d'autre
part, la caséine ne dissout le phosphate de chaux qu'en présence d'une
eau calcaire.
Le pouvoir rotatoire de ce composé permet également de le considérer
comme un caséinate. Le liquide obtenu par la saturation, au moyen de
l'acide phosphorique, du caséinate de chaux, est toujours louche, même
après filtration sur kaolin ; mais on l'éclairait aisément en caillant par la
présure, la partie de phosphocaséinate de chaux, qui est en suspension
colloïdale; la matière albuminoïde, qui est restée soluble et que l'on peut
précipiter par le sulfate de mercure, possède un pouvoir rotatoire (an) de
(M loLl.KS. /ii'richlr drr ilcutsc/irn c/iriiiisc/ifn Gescllsclinfl. n" (i, p. i Sot).
SÉANCE DU 5 JUIN I906. 1283
— 1 1(1" :>.. (^(> pouvoir rotafoire est éloigné tie roux (|ue présente la solution
de caséine dans les sels (an = — 80", d'après Hoppe-Seyler), dans 1 acide
acétique («[, = — 90° 5), et dans l'acide phosphorique (a^ = — 99° i ! ;
mais il se rapproche au contraire de ceux que fournissent les solutions
de caséine dans les alcalis, dans le carbonate de sodium (ao = — 117° 5
à — 120°, 6. d'a|)rcs Béchamp), daiis la soude (an = — 116" 5 à — i(8"),
dans l'eau de (diaux (an= — ii6°o).
Nous avons précisément constaté la présence de ce pliosplio-caséinate
de chaux dans le jjroduit visqueux et plastique qui se déj)ose sur les bols
des écrémeuses centrifuges, et (|ui est connu sous le nom de houes. Celles-
ci, reprises par l'eau, donnent une solution claire, qui précipite incomplète-
ment par l'acide ac^étique, et se coagule ii la clialeur, entraînant de C^,■^ à
7 p. 100 de phosphate de chaux. Le coagulum commence à se former à
3o°, et se redissout d'autant plus facilement que le liquide a été chauffé à
une moindre température. La matière albuminoïde, coagulée, présente
déduction faite des cendres, la composition élémentaire de la caséine ; elle en
aies propriétés (dissolution dans les alcalis, dans les acides, dans les sels
neutres ; précipitation par dialyse des solutions salines, etc.). Son pouvoir
rotatoire (ap) est de — ii9°5.
Quand on additionne de présure un sérum de lait filtré sur kaolin, on détermine le
caillagede la partie colloïdale delà matière albuminoïde (i8,ip. loo); le pouvoir rotatoire
que celle-ci possédait, à l'élat colloïdal, peut se calculer d'après le pouvoir rotatoire des
matières albuminoïdes du sérum primitif et du sérum emprésuré ; or, ce povivoir rotatoire
a été trouvé de — 124° i- De même, si l'on compare la teneur en matières albuminoïdes
d'un sérum de lait emprésuré et d'un sérum de lait simplement filtré, on constate que le
pouvoir rotatoire de la matière albuminoïde, éliminée par la présure ( i '( p. i<io de la
matière albuminoïde totale), était de — lai" 6. Enfin, si l'on précipite partiellement par
le sels, par l'alcool, par l'acide acétique, on constate encore que la matière albuminoïde
qui reste sur le filtre, par rapport à celle qui serait passée dans le sérum du même lait
simplement filtré, possédait, à l'état colloïdal, un pouvoir rotatoire voisin des précédents,
( — 1 2 1° 6 avec le sel marin, — 1 12". 0 avec le chlorure de calcium, — 1 2 '," Ct^ avec l'al-
cool, — ii'i°.2, avec l'acide acétique.
La présence d'une matière albuminoïde ayant le même pouvoir rotatoire
(|ue le phospho(;aséinate de chaux artificiel, dans les boues d'é(>rémeuses,
et dans les caillés d'emprésurage, montre que la caséine est, dans le lait,
en partie dissoute par le phosphate de chaux.
IL Si on laisse de côté les lactoglobulines, ilont l'existence, surtout à
l'état soluble, est loin d'être démontrée, on se trouve en présence de deux
I28/| ACADÉMIE DES SCIENCES.
matières albiiminoïdes, l'albumine («0=^ — So"), et la caséine (an ^ — 116").
Le pouvoir rotatoire des matières albuminoïdes totales des sérums filtrés
se montre intermédiaire entre ces deux chiffres ( — 62° à — 74°)- Quand on
traite ces sérums filtrés par la présure, ou qu'on emprésure directement
du lait, on abaisse le pouvoir rotatoire d'une quantité qui représente le
phospho-caséinate caillé.
On peut dès lors baser sur cette observation une méthode pour estimer
la quantité d'albumine contenue dans le lait; il suffit, pour cela, d'empré-
surer un lait, et d'en filtrer le sérum sur du kaolin, puis de prendre le
pouvoir rotatoire des matières albuminoïdes, en les précipitant par le sul-
fate de mercure, de calculer la proportion d'albumine et de caséine que ce
pouvoir rotatoire représente, et de rapporter les chiffres obtenus à 920""'
de sérum, c'est-à-dire à un litre de lait.
Les laits de vaches que nous avons examinés ainsi contenaient de
2^'',3 à 4^','5 d'albumine par litre ; un colostruni de trois jours en renfer-
mait 6^', 8. On trouve 4^'\2 d'albumine par litre de lait de (-hèvre, et 88'',2 par
litre de lait de brebis.
III. Des résultats qui précèdent, ou peut tirer une conclusion intéres-
sante relativement à la ihéorie du caillage, lelle que l'a établie Hammars-
len. La caséine se dédouble-t-elie, sous l'action de la présure, en para-
caséine, insoluble en présence des sels de chaux, et en protéine soluble ?
Déjà, Duclaux avait remarqué que le sérum du lait emprésure ne
contient pas plus de matières azotées que le sérum du lait filtré. Nous
avons constaté même qu'il en contient moins, la différence représentant
le phosphocaséinate colloïdal, sur lequel la présure a porté son action.
En outre, nous venons de faire voir que la partie soluble, après présure,
d'une solution artificielle de caséine dans le phosphate de chaux a le même
pouvoir rotatoire (|ue le phosphocaséinate des boues et des caillés d'em-
présurage.
Il faut donc, pour expliquer le caillage du lait, abandonner la théorie
chimique d'IIammarsten, et ne s'appuyer que sur les théories physiques,
générales pour la coagulation des colloïdes. La présure ne porte son
action que sur la partie du phosphocaséinate en suspension colloïdale.
Reste à expliquer pourquoi un même composé prend en partie la forme
colloïdale, en partie la forme soluble ; c'est de ce côté que nous comptons
orienter de nouvelles recherches; mais on peut faire remarquer, dès à
SÉANCE DU 5 JUIN I906. 1285
présent, que la partie sofuble enlraine. par rapport à la matière albumi-
noïde. une plus forte proportion de phosphate de chaux que la partie
caillée, qu'il s'agisse d'un sérum de lait filtré, emprésuré (18,2, au lieu
de 8,4 p. 100), ou d'une solution artificielle de phosphocaséinale (29,2, au
lieu de i5,2 p. 100). La matière albuminoïde des boues d'écrémeuses se
trouve d'ailleurs dissoute en présence de 32.5 p. 100 de phosphate de chaux.
HISTOLOGIE VÉGÉTALE. — Contribution à Vélude cytologique des bactéries.
Note de iNI. A. GL'iLLiERMO\D, présentée par M. Gaston Bonnier.
Les Bactéries restent le seul groupe de végétaux acluellenient connus
où l'on n'ait pu observer d'une manière précise un noyau ou quehpie
chose d'équivalent. Les nombreux auteurs qui ont abordé cette question
sont arrivés aux résultats les plus contradictoires; il nous a donc paru
intéi'essant de reprendre celte étude.
Prenons, pour résumer nos observations, le Baril lus radicosus que sa
grande taille permet d'étudier facilement.
Sur gélose peptonisée, il se développe abondamment : pendant les vingt-quatre pre-
mières heures, les cellules se multiplient activement; à partir de ce moment, la division
se ralentit et la sporulation commence. Au bout de deux jours, un grand nombre de
cellules ont déjà formé leurs spores. Dans les dix premières heures de la culture, les
cellules présentent un aspect homogène avec une petite vacuole centrale : leur cyto-
plasme se colore fortement et sans différentiations ; il présente cependant, après cer-
taines fixations, une apparence légèrement granuleuse, mais les granulations ne sont pas
suflisanniieiit nettes pour pouvoir être considérées avec certitude comme des chromidies.
Après fixation au Zenker et coloration à l'héuiatoxyline l'erriipie, on observe dans
presque chaque cellule un gros granule central, fortement coloré, qu'on pourraitprendre
pour un noyau. Une observation attentive montre que ce granule n'est pas un noyau,
mais qu'il représente le début de la formation de la cloison transversale destinée à
diviser les cellules. Le cloisonnement paraît, en effet, s'effectuer de la manière sui-
vante : au milieu de la cellule et sur ses deux parties latérales apparaît un petit granule
très coloré «jui semble naître aux dépens d'une condensation du cytoplasme. Les deux
petits granules ainsi formés ressemblent à deux noyaux venant de se séparer. Ils se
soudent l'un à l'autre au milieu de la cellule et présentent bientôt l'aspect d'un gros
disque bi-concave séparant la cellule en deux portions et présentant tout à fait l'aspect
d un noyau. A un stade plus avancé, ce disque se clive en deux bandes colorées, par la
formation en son milieu d'une zone hj'aline suivant laquelle s'effectuera la séparation
des deux cellules. Les noyaux décrits récemment par Bohuslav Rayman et Karel Kruis
sont dus certainement à un phénomène analogue ; il est aisé de s'en rendre compte en
1286 ACADÉMIE DES SCIENCES.
examinant attentivement et à la loupe les iiiii ropliotographies publiées par ces auteurs.
Mencl paraît avoir commis la uiéiue erreur dans ses premières recherches.
Après lo ou la'', les cellules changent d aspect : elles se vacuolisent et leur cytoplasme
se remplit de fines granules colorahles, de dimensions variables ; ces granulations sem-
blent surtout s'accumuler aux deux pôles de la cellule ou vers le milieu ; parfois elles
(brnient une sorte de chapelet suivant l'axe. Au bout de ■i!i^, toutes les cellules oliVenl
une superbe structure alvéolaire, analogue à celles qu'ont décrite Biitschli et Schaudinn ;
les deux pôles renlei'iuent généralement un épaississement cytoplasmiquc fortement
coloré. La trame des alvéoles est occupée par des granulations très Unes, mais assez.
nettes, qui à ce moment pourraient èlre plus lacilement considérées connue des granu-
lations chi'omatiques. Le spore apparaît à l'un des pôles sous forme d'un petit granule,
à structure homogène, très colorable, (pii présente tous les caractères d'un noyau,
l'onrme l'avait remarqué Ivunstler.
Ce granule grossit, prend une (orme ovale, puis il s entoure dune membrane très
épaisse qui s'oppose alors à la pénétration des colorants. Pendant la lormation de la
spore, le cytoplasme reste granuleux. Tes spores ne paraissent donc pas dériver de la
condensation des granules du cytoplasme Ou au moins ne dérivent que d'une partie
d'entre eux. Une fois Ibrmée, la spore grossit peu à peu aux dépens du cytoplasme qui
n a pas été employé à sa toruiatiou et (ju elle absorbe. En somme les spores naissent
suivant un procédé très analogue à celui qu a décrit Schaudinn dans B. sporoneiiia.
Sur carotte ou sur pomme de terre, le B. radicosiis présente une structure très inté-
ressante : il offre un cytoplasme alvéolaire, dont la trame renferme dans toute la partir
centrale une grande quantité de granulations ressemblant tout à fait à des granulations
cliromati(jues. Il semble donc se produire ici une localisation de la chromatine au centre
de la cellule, localisation qui paraît tenir à la présence du glycogène (absent dans les
autres milieux) lequel est sécrété en abondance aux deux pôles.
On ne rencontre de corpuscules métaclironiatiques dans cette espèce que très rare-
iuent et dans des conditions spéciales.
Les autres Bactéries que nous avons avons étudiées présentent les mêmes caractères
(B. inycoides, B. niegaleriiiii/ , B. liinosi(s). Certaines (SpiriLluiii i'olutaus, B. alvei) offrent
dans la plupart des milieux une grande abondance de corpuscules métachromaliques.
Dans Astasia asterospora, on observe le plus souvent un seul corpuscule métachroma-
tique au centre de chaque cellule, lequel resseiuhle tout à fait à un noyau. C'est très
probablement ce corps ([U Ai'thur Meyer à décrit coniuie noyau.
(jiie doit-oii loncltire de ces oljser\alions ':' Tout tl'aljord, il ne paraît
pas exister chez les Bactéries un véritable noyau. Les noyaux décrits par
Meyer, Bohiislav Rayinan et Rare! Kriiis, Mencl (dans son premier
mémoire) semblent résulter de fausses interprétations. De toutes les
observations récentes favorables à l'existence du noyau, il ne reste guère
que celles de Vejdovsky, de Kiinstler et Gineste et de Mencl (dans son
dernier mémoire), On ne peut rien ilire des observations de Kunsller et
SÉANCE DU 5 JUIN I906. I287
Gineste, leur mémoire définitif n'ayant pas encore paru ; les espèces étu-
diées par Mencl se rapportent au genre Cladothrix qui est peut-être très
différent des Bactéries endosporées ; quant à Vejdovsky, il a certainement
observé un noyau, comme nous l'avons constaté sur les préparations très
démonstratives qu'il a eu l'obligeance de nous communiquer, mais les
espèces qu'il a étudiées pourraient bien n'être pas des Bactéries. Exis-
terait-il un noyau que la technique actuelle ne permettrait pas de difle-
rencier? Cela semble peu probable. D'un autre côté, dans les espèces que
nous avons étudiées, le corps central tel que l'a décrit Biitschli n'existe
pas. Faut-il voir, dans les fines granulations cytoplasmiques, peu dis-
tinctes au début du développement, plus accusées dans la suite, que l'on
rencontre presque toujours dans la cellule des Bactéries, l'équivalent d'un
noyau, sous forme d'un système chromidial ? L'hypothèse la plus vraisem-
blable serait peut-être de considérer, avec Schaudinn, les Bactéries comme
renfermant une chromatine plus ou moins mélangée au cytoplasme, diffé-
renciée parfois à l'état de chromidies et se précipitant lors de la sporula-
tion pour former la spore qui serait constituée en majeure partie de
chromatine. La structure décrite par Schaudinn dans le B. Bulscldii,
.d'ailleurs plus évolué, serait un état plus difierencié de cette structure
très simple, primitive ou dégénérative.
ZOOLOGIE. — Sur un lionceau copépode parasite f/'Amphiura squammata.
Note de M. E. Hérouard, présentée par M. Yves Delage.
En 1889, W. Fevs'kes en observant des A. squammata avait remarqué que
certaines d'entre elles présentaient dans un interradius une coloration
rouge, que les sacs incubateurs de cet interradius ne contenaient jamais de
jeunes Amphiures et que l'ovaire avait dégénéré en une masse amorphe
dans laquelle les ovules n'étaient plus reconnaissables. Il indiqua ([u'on
trouvait à la place, tantôt des paquets d'œufs colorés en rouge vif, tantôt,
provenant de ces paquets d'ceufs, de petits copépodes à tous les stades de
leur développement. Il déduisdit de ces faits, que l'on se trouvait en pré-
sence d'un cas curieux de parasitisme où la castration était un bénéfice
direct pour la descendance du parasite, les nauplius ne risquant plus d'être
mangés dans le sac incubateur par les jeunes Amphiures qui s'y seraient
développées sans cette castration préalable.
G. R., 1906, 1" Semestre. (T. CXLII, N» 23.) 169
1288 ACADÉMIE DES SCIENCES.
On rencontre sur la plage du laboratoire de Roscoff Amphiura sqiiam-
mata en abondance et il n'est pas rare d'en trouver présentant l'aspect
signalé par W. Fewkes, mais les conclusions résultant de mes observations
sont différentes de celles auxquelles cet auteur est arrivé. Ce qui a été pris
pour une masse amorphe est en réalité la femelle d'un copépode extrême-
ment déformé, mais dont on peut reconnaître nettement la forme si on
ouvre le sac de l'Ampliiure avec précaution. On est donc ramené à un cas
de castration parasitaire normal, mais la biologie de ce copépode n'en est
pas moins intéressante, car, en raison de l'espace restreint dans lequel il
se trouve enfermé, ses appendices se sont transformés en arceaux exten-
seurs destinés à dilater le sac de l'Ophiure et à ménager ainsi un espace
libre- permettant aux ovisacs du copépode de trouver place au moment de
la ponte.
La femelle présente un corps globuleux prolongé par un abdomen cylindro-
conique, arqué à convexité dorsale. Les premières antennes sont de petits appen-
dices coniques, dressés, situés à la base et en dedans des deuxièmes antennes. Celles-
ci ont la forme de deux grands bras arqués à concavité interne, elles sont bifur-
quées : la branche antérieure de la bifurcation est cylindrique, prolonge en direction
et en grosseur la partie basilaire et porte à son extrémité deux lobes dont l'un est de
forme crochue mais de consistance molle; la branche postérieure est conique. Les
deux paires d'appendices buccaux sont de petits tubercules coniques situés sur la
ligne médiane entre les bases des deuxièmes antennes et rapprochés l'un de l'autre.
De chaque côté de la partie renflée du corps se trouve une paire d'appendices laté-
raux bifurques dès l'origine et enfin, dépendant de l'abdomen, au tiers de sa longueur,
se trouve une paire d'appendices filiformes. Tous ces appendices sont mous et
turgescents.
Le mâle est de forme triangulaire, renflé du côté normal. Les deux angles anté-
rieurs placés symétriquement portent un long appendice conique présentant à la base
un mamelon saillant terminé par une griffe acérée. L'angle postérieur est prolongé par
un abdomen cylindro-conique présentant à son tiers proximal une paire de papilles
génitales latérales et se termine par une petite bifurcation.
On trouve en compagnie de la femelle de un à quatre de ces mâles pygmées fixés à
l'aide de leurs crochets au voisinage de la base de l'abdomen. Ils mesurent à/io de milli-
mètre de longueur. La position de la femelle dans l'hôte est à peu près constante : son
plan de symétrie correspond au plan interradial de l'Ophiure, son abdomen est tourné
du côté distal et ses appendices buccaux sont fixés à la paroi dans la région correspon-
dant à la plaque orale.
Les grandes antennes et les appendices abdominaux sont incrustés dans la paroi du
sac génital qu'ils dilatent pour permettre la sortie des ovisacs et jouent probablement
un rôle dans la nutrition du parasite, comme cela existe pour les deuxièmes antennes.
SÉANCE DU 5 JUTN iqo6.
1289
des Monstrillides avec lesquelles ces appendices présentent une grande analogie de
forme et de structure.
La position systématique de ce copépode est difficile à préciser en raison
des caractères présentés par le mâle, car tandis que la lemelle offre une
amt.z
Fig. I. — Femelle vue de dos : abd. abdomen, anl. 2 deuxième antenne, ap. appendice abdominal,
/. appendice latéral.
Fig. 2. — Femelle vue de trois quarts : ant. i première antenne, ant. 2 deuxième antenne, h. appendices
buccaux.
Fig. 3. — Mâle pygmée, cr. crochets, p. papilles g^énitales.
analogie évidente avec celle du Philichthys sciense de Richardi, le mâle
de cette dernière espèce est rectiligne et nettement segmenté. Malgré
cette différence je crois devoir attribuer, jusqu'à nouvel ordre, à ce para-
site le nom de Philichthys amphiurœ.
C'est le seitl exemple connu jusqu'ici de copépode endoparasite dans la
classe des Ophiurides.
1290 ACADEMIE DES SCIENCES.
ZOOLOGIE. — Su/' un lype nouveau crAlcyonaire de la famille des Virgu-
laridae. ^"ote de M. Ch. Graviek, présentée par M. Edmond Perrier.
J'ai recueilli en 1904, dans les sables vaseux situés au pied de la Rési-
dence, à Djibouti, un Alcyonaire qui constitue un type nouveau de la famille
des Virgularidae.
Le corps de cette Virgulaire, dont les plus grands exemplaires n'attei-
gnent guère qu'une dizaine de centimètres de longueur, est constitué par
une tige rectiligne, grêle, non ramifiée, le rachis, se terminant à sa partie
inférieure par un renflement, le pédoncule et portant latéralement les
polypes. Ceux-ci sont groupés au nombre de cinq au plus en lames abso-
lument dépourvues de spicules, insérées un peu obliquement sur le
rachis, rétrécies à leur base et disposées en deux séries latérales qui ne
se correspondent pas exactement; la discordance, qui n'est pas très mar-
quée, s'accentue généralement vers l'exti'émité supérieure. Ce n'est guère
que dans le tiers supérieur du corps qu'elles présentent leur complet
développement; au voisinage du sommet qui reste nu, le nombre de leurs
polypes constituants et, par suite, leur largeur diminuent progressive-
ment. Elles ne se recouvrent pas mutuellement et sont même, dans cette
région, assez largement séparées les unes des autres. Les saillies qu'elles
forment sur le rachis décroissent régulièrement, à partir des plus infé-
rieures à cinq polypes, à mesure qu'on se rapproche du pédoncule ; elles
disparaissent complètement à la limite du quart inférieur de l'animal.
Entre les dernières indications des lames polypifères et le pédoncule, le
rachis est cylindrique et nu. Sur la face dorsale, on voit, entre deux
lames consécutives, un seul siphonozoïde bien développé et un autre,
plus réduit, situé extérieurement au précédent ; dans leur ensemble, ces
siphonozoïdes forment de chaque côté deux rangées longitudinales paral-
lèles à l'axe et composées d'autant de siphonozoïdes qu'il y a de lames
polypifères ; ceux-là deviennent indiscernables dans la partie inférieure du
rachis.
Sur la face ventrale, on observe, de chaque côté, disposées parallèlement les unes
aux autres, très serrées, de petites taches blanches transversales qui correspondent à
autant de tubes mettant en communication la cavité interne de la virgulaire avec l'exté-
rieur. Ces tubes ne s'étendent pas vers le pédoncule aussi loin que les premières ébau-
ches des polypes. En revanche, vers le sommet, ils dépassent le niveau des lames
polypifères.
SÉANCE DU 5 JUIN I906. I29I
Le rachis est soutenu dans toute sa longueur par un axe rigide imprégné de calcaire
qui se termine dans la partie supérieure du pédoncule. Sur cet axe s'appuient les cloi-
sons qui divisent la cavité du rachis en quatre canaux : un dorsal, un ventral, deux laté-
raux ; dans la région comprise entre l'extrémité du pédoncule et les premiers polypes,
il n'existe qu'une cloison transversale. Les polypes qui sont de taille décroissante, dans
chaque lame, du plus ventral au plus dorsal, présentent les caractères généraux de ceux
des Virgnlaridœ ; chacun d'eux est porté au sommet d'un calice indépendant qui s'ouvre
dans le canal latéral correspondant et dans lequel il peut se rétracter. Les lames polypi-
fères résultent de l'accolement et de la soudure de ces tubes polypifères. C'est dans les
polypes incomplètement développés de la région inférieure que se forment les produits
sexuels dont certains individus sont bourrés.
Les siphonozoïdes les plus grands débouchent dans le canal dorsal; les autres, plus
éloignés du plan de symétrie, dans les canaux latéraux. Quant aux tubes ventraux, dont
la paroi est formée par de hautes cellules épithéliales ciliées, ils s'ouvrent d'une part cà
l'extérieur, de chaque côté et extérieurement à la cloison de séparation des canaux
latéral et ventral et d'autre part dans le canal ventral, après avoir traversé cette cloison.
Ces tubes sont fort nombreux, il y en a jusqu'à une dizaine entre deux lames polypifères
consécutives.
Les quatre grands canaux longitudinaux sont ainsi en relation directe avec l'extérieur :
le dorsal, par les siphonozoïdes dorsaux, les latéraux par les siphonozoïdes latéraux et
par les polypes; le ventral par les tubes à paroi ciliée.
L'axe calcaire se termine à la partie supérieure du pédoncule, dans le canal dorsal.
Par l'ensemble de ses caractères, cet Alcyonaire se range dans la famille
des Virgularidœ et se rapproche surtout du genre Scytalium Herklots,
dont les polypes sont logés aussi dans des calices distincts et dont le
pédoncule n'est pas nettement délimité vis-à-vis du rachis. Il s'en sépare
par ses lames polypifères de moins en moins développées vers la partie
inférieure et établissant une transition insensible entre le rachis et le
pédoncule, par l'absence de spicules, par la forme de la section de l'axe
squelettique, etc. Il s'en distingue, en oiltre, comme de tous les genres
delà même famille, par les tubes ciliés transversaux qui font communiquer
le canal ventral directement avec l'extérieur et dont le nombre considé-
rable contraste avec la réduction exceptionnelle du nombre des siphono-
zo'ides. C'est là le trait morphologique le plus saillant de ce genre nouveau
de Virgulaire que je propose d'appeler scytaliopsis en raison de sa res-
semblance avec le genre ScyLaluni Herklots.
I2()2 ACADÉMIE DES SCIE>'CES.
PHYSIOLOGIE. — Sur l'excrétion des purincs {.rcintho-iiriques) et de l'acide
iirique endogènes. Note de M. Pierre Fai'VEE, présentée par M. Edmond
Perrier.
Il y a peu de temps encore on admettait un rapport constant entre Vacide
iirique et l'urée excrétée et on fixait ce rapport aux environs de i/4o. Haig,
après des années d'observation, admet i/35, pour le rapport des .van tho-
uriqnes à l'urée. C'est à peu près le même chiffre : i/34,5 que j'ai obtenu
comme moyenne de 60 analyses, réparties sur toute l'année igoS, pour un
sujet suivant un régime végétarien y;/r.sç';/e sans purines. Tout récemment
Desgrez et Ayrignac(') ont trouvé un rapport variable suivant la nature du
régime. Ceci était à prévoir, car on tend indirectement à admettre que les
xantho-uriques et l'acide urique excrétés se composent : 1° d'une quantité
fixe d'origine endogène, 1° d'un surplus provenant des purines des ali-
ments ; le rapport doit donc varier suivant la richesse du régime en purines.
La détermination du minimum d'acide urique endogène a déjà fait l'objet
de plusieurs travaux, mais les uns envisagent seulement l'acide urique,
les autres l'ensemble des purines. Les uns admettent pour ce minimum
une valeur fixe, indépendante des individus, les autres le jugent variable
d'un individu à l'autre.
Hall a trouvé pour le minimum des purines endogènes une valeur de
o^'',435 à oS'',487 (exprimée en acide urique) par vingt-quatre heures ; Buriau
o'^'',439- Pour Vacide urique, Pl'eil et Soetbeer indiquent o^^aSS et os%3o8 ;
Hônes (moyenne de 14 individus) o^'',344-
J'ai repris ces recherches sur deux sujets : M. (33 ans, 64 kg.) et
F. (39 ans, 66 kg.), dans différentes conditions : i°au régime lacto-végétal
(lait 2000 à 2 300^'', biscuits 160^, albumine 86 à 96^''); 2" au régime stric-
tement végétal et sans purines (pain 3oo'"', biscuits 60^'", choux ï^o^%
pommes de terre 240^'', farine de maïs 3o^'", beurre de coco 40^'', confi-
tures 60'^'', orange 100'^'", boisson eau pure, albumine 39^'", calories 2000).
Les xantho-uriques ont été dosés par la méthode d'Hajxraft-Denigès, l'acide urique
par celle de Folin et Shaffer et par HCl. Les résultats sont exprimés en acide urique.
Le tableau suivant donne la moyenne de chaque période d'expérience et la composition
de l'urine. L'acidité est évaluée en SO'*H^, à la phénolphtaléine, les chlorures en NaCl.
(') Comptes rendus, 2 avril 1906.
SÉANCE DU 5 JUIN I906. I^qS
XANTHO- ACIDE ALBUMINE
VOLUME ACIDITÉ URÉE UKIQUES URIQUE NaCl P*0^ INGÉRÉE
M. régime lacté, 1 y ^ , . ,„ ^ ,
... ; 1750 2,5q 2q,67 o.îio o,2Qo 7,56 3,28 qb,i3
3 jours. ) ' ^ ' ^ ' ■' '
F, rGÉTiniG lîictG i
'„ . ( 1270 2,22 26,80 0,460 0,340 6,5i 3,iS 86,10
3 jours. )
F. régime strie- \
tementvégotal J 972 i,ii 11,18 0,406 0,3i8 8,42 i,32 3g, 10
20 jours. ,'
Avec un régime sans purines l'acide urique ne précipite plus par l'acide chlorhydrique,
tout au plus en obtient-on ainsi parfois des traces impondérables.
Les chiffres ci-dessus concordent bien avec ceux des auteurs que nous
avons cités et montrent que le minimum des purines et de l'acide urique
endogènes est sensiblement constant et indépendant de la quantité d'azote
ingérée. Ce minimum étant fixe, tandis que l'urée peut être abaissée à
volonté, en diminuant l'azote de la ration, on comprend qu'avec une ration
peu azotée et sans purines le rapport de l'acide urique à l'urée augmente
forcément. Nous trouvons ainsi pour le rapport des xantho-uriques à
l'urée : M. régime lacté = i/58 ; F. régia\e lacté = i/58 ; F. régime végé-
tarien = 1/34, 5; F. régime végétarien /je» azoLc==- 1/27,5 et pour le rapport
de l'acide urique à l'urée : M. régime lacté = 1/102 ; F. régime lacté =^
1/79 ; F. régime végétale 1/64, 5 ; F. régime végétal peu azoté = i/35. On
ne peut fixer un coefficient spécial au régime lacté, lacto-végétarien, végé-
tarien ou carné. Dans chacun de ces régimes on peut faire varier le rapport
à volonté en prenant des aliments plus ou moins riches en purines et plus
ou moins azotés. Avec des légumineuses, des asperges, du chocolat, du
café et de la bière on peut obtenir un régime strictement A'égétal aussi
riche en purines que le régime carné.
Pour les mêmes raisons on obtiendra, à volonté, des variations parallèles du rapport
azoturique, qui baissera avec un régime pauvre en albumine, l'azote de l'urée diminuant
et celui des purines ne variant pas et ceci indépendamment de la nature animale ou végé-
tale du régime. Dans notre cas, au régime végétarien absolu, sans purines, ce rapport a
oscillé entre 0,81 et 0,89, tandis qu'au régime lacté, riche en azote et sans purines, il
était de 0,90 à 0,93, en moyenne, pour les deux sujets.
En résumé, la quantité de purines et d'acide urique endogènes est cons-
tante pour un même sujet suivant un régime alimentaire exempt de purines,
qu'il soit d'ailleurs lacté, lacto-végétal ou strictement végétal. Cette quan-
tité paraît aussi varier fort peu d'un individu à l'autre. Elle est en moyenne,
1294 ACADÉMIE DES SCIENCES.
par vingt-quatre heures, de o^'',4oo à o'^'',5oo pour les xantho-uriqiies et de
o^^aSo à o'^^SSo pour l'acide urique. Ces chiffres sont indépendants de la
quantité d'albumine ingérée et de l'urée excrétée. Il n'y a donc pas de rap-
port constant entre l'acide urique ou les xantho-uriques et l'urée, pas
plus qu'entre l'azote de l'urée et l'azote total. Si dans la pratique courante
ces rapports paraissent constants c'est parce que la plupart de nos aliments
ordinaires riches en azote sont aussi riches en purines.
PHYSIOLOGIE. — Sur l'état des muscles adducteurs pendant la vie chez les
Mollusques Acéphales. Note de M. F. Marceau, présentée par M. Edmond
Peri'ier.
L'observation courante permet de constater que les Mollusques Acé-
phales ont des périodes alternatives plus ou moins longues de fermeture
et d'ouverture de leurs valves. Par exemple les Mactres, les Gardiums,
les Myes et surtout les Lutraires, les Solens, les Peclens ont leurs
valves presque constam.ment bâillantes, tandis que les Anodontes, les
Moules, les Tapes, les Vénus, les Huîtres et surtout les Dosinies les
ont presque constamment fermées. Il m'a paru intéressant de rechercher
s'il n'y a pas un certain rythme dans les durées des périodes d'ouver-
ture et de fermeture des valves et si pendant les périodes d'ouverture
de ces valves, les muscles adducteurs sont complètement au repos ou
bien au contraire sont le siège de contractions et de relâchements
alternatifs incomplets amenant de faibles et lents mouvements des valves
passant inaperçus à la simple observation.
J'ai employé la méthode suivante :
On fixe l'une des valves du ^loUusque sur un bloc de fer ou de plomb à l'aide de poix
de Bourgogne. Près du bord libre de l'autre valve on perce au foret un petit trou et on
y introduit un Cl qu'on lie solidement à l'extrémité inférieure d'une tige verticale légère
dont l'autre extrémité est reliée elle-même à la courte branche d'un levier du premier
genre très mobile et dont la longue branche est munie d'une plume qui se déplace sui-
vant la génératrice d'un cylindre vertical mû par un mouvement d'horlogerie. On plonge
le l)loc métallique dans une cuvette contenant, suivant le cas, de l'eau douce ou de l'eau
de mer qui pourra être renouvelée si besoin est. Les ouvertures et les fermetures de la
valve restée mobile se traduisent respectivement par des descentes et des élévations de
la plume qui en raison du mouvement du cylindre trace des lignes descendantes et mon-
tantes plus ou njoins obliques. Pour étudier dans leur ensemble les durées relatives
SÉANCE DU 5 JUIN I906. I ^qS
des périodes de fermeture et d'ouverture des valves, on prend un cylindre faisant un
tour en une semaine (le cylindre du thermomètre ou du baromètre enregistreur de
Richard convient très bien). Pour étudier plus en détail les particularités des périodes
de fermeture et d'ouverture on prend un cylindre faisant un tour en i3 heures. L'ampli-
fication du levier le plus convenable m'a paru être 2,5.
Mes recherches ont porté sur les espèces suivantes :
Mollusques d'eau douce : Anodonta Cygnea, Unio margaritaiia. Mol-
lusques MARINS : Cardium cdule, Dosinia exoleta, Lutraria elliplica, Myà
arenaria, Mytilus edulis, Osirea edulis. Tapes dcci/ssaliis, Venus veiTu-
cosa[^). Voici les conclusions auxquelles elles m'ont conduit : i° Un Acé-
phale ayant vécu un certain temps hors de l'eau et mis en expérience ne
tarde pas en général à exécuter des mouvements d'ouverture et de ferme-
ture d'un rythme assez régulier. L'amplitude de ces mouvements est en
général assez grande au début et elle diminue ensuite peu à peu. Parfois
cependant c'est le contraire qui se produit. Le rythme de ces mouvements
est d'abord assez rapide (i à 3 par (juart d'heure), puis il devient de plus en
plus lent (i par heure, par plusieurs heures et même par jour). Une nou-
velle série de mouvements analogues recommence jusqu'à ce que les valves
atteignent leur position habituelle (ouverture ou fermeture), mais leur
nombre est moins grand qu'au début de l'expérience.
2° Chez les Acéphales dont les valves sont le plus habituellement fer-
mées (Anodonte, Huître, Unio, Tapes, Vénus, Cardium), la diminution
d'amplitude des mouvements porte sur l'ouverture, de sorte que peu à peu
les valves arrivent à être à peu près complètement en contact, la distance
entre leurs bords antérieur et postérieur n'atteignant pas un 1/2 milli-
mètre au plus. Elles exécutent alors et à intervalles plus ou moins éloi-
gnés de faibles mouvements d'ouverture et de fermeture de même ampli-
tude.
3° Chez les Acéphales dont les valves sont le plus habituellement ouvertes,
Lutraire, Mye, Solen, la diminution d'amplitude des mouvements porte au
contraire sur la fermeture, de sorte que les valves bâillent de plus en plus
(') Mes expériences sur les Mollusques marins ont été faites à Besançon dans de l'eau
de mer artificielle où la plupart vivent d'ailleurs aussi bien que dans l'eau de mer natu-
relle, au moins pendant une huitaine de jours et se comportent de la même façon, ainsi
que je m'en suis assuré.
C. R., 1906, i"' Semestre. (T. CXLII, N» 23.) I 70
1296 ACADÉMIE DES SCIENCES.
jusqu'à arriver à une position limite, à partir de laquelle la fermeture et
l'ouverture ont la même amplitude (').
4° Les mouvements de fermeture sont en général presque aussi rapides
que ceux provoqués par excitation mécanique des bords du manteau,
tandis que les mouvements d'ouverture sont excessivement lents (de quel-
ques minutes à 3/4 d'heure suivant l'amplitude). Ces derniers mouvements
sont en général continus, mais parfois ils présentent des périodes d'arrêt
assez courtes (ils sont saccadés), phénomène à peu près constant et très net
chez le Pecten carius.
5° Ainsi, alors que les valves d'un Acéphale presque fermées ou large-
ment ouvertes paraissent immobiles à la simple observation, elles exécu-
tent à partir de cette position des mouvements d'ouverture et de fermeture
incessants dont l'amplitude et le rythme sont variables. Il résulte de ce
fait que les muscles adducteurs des Acéphales ne sont à aucun moment au
repos complet, tendus plus ou moins par la résistance élastique du liga-
ment interne plus ou moins déformé, ils la surmontent plus ou moins
complètement et à intervalles assez réguliers. Le ligament joue en somme
vis-à-vis de ces muscles le rôle de muscles antagonistes contrariant cons-
tamment leur action, mais avec une intensité variable. Ces conditions de
distension constante avec contractions et relâchements intermittents sont
nécessaires à la vie des muscles adducteurs et le grand principe de physio-
logie générale, tout organe qui ne travaille pas s'atrophie, trouve là une
éclatante confirmation.
PATHOLOGIE. — Sur la tuberculose pulmonaire du tigre et la néoformation
d'un épithélium pavimenteux stratifié aux dépens de V épithélium des
terminaisons bronchiques. Note- de M. P. Achaxme, présentée par
M. Edmond Perrier.
Les processus de défense de l'organisme contre la tuberculose sont
toujours d'un grand intérêt à la fois théorique et pratique. Les grands
(') Les Jloules, qui cependant conservent leurs valves fermées très facilement et pen-
dant assez longtemps, se comportent souvent comme les Acéphales dont les valves
bâillent habituellement.
Les Dosinies, qui peuvent vivre pendant 20 à 'io jours dans l'eau damer artificielle, ne
s'ouvrent que très rarement, mais leur ouverture dure i heure. Il serait intéressant de
savoir couiraent elles se comportent dans les conditions physiologiques.
SÉANCE DU 5 .lUIN I906. ISqT
félins ne sont pas à l'abri de l'infection bacillaire, mais, dans certains cas,
cette dernière semble très localisée et a peu de tendance à se généraliser,
comme à l'ordinaire, par l'envahissement du système lymphatique. Une
particularité histologique que nous avons observée à l'autopsie d'un tigre
royal, mort après dix mois de captivité à la ménagerie du Muséum, peut,
au moins dans ce cas particulier, expliquer cette immunité relative.
Autopsie d'nn tigre royal le 20 janvier 1906, faite en collaboration avec
M. le D"' Gervais, assistant au Muséum.
Cavité thoracique. — Le péricarde contient un peu de liquide citrin ; la surface est
normale et Ion ne trouve aucune fausse membrane, même dans les culs-de-sac. Les
cavités du cœur sont normales.
Les plèvres sont libres de toute adhérence et ne présentent aucune fausse membrane.
Le poumon gauche est congestionné avec quelques points emphysémateux. (L'animal
aj'ant été sacrifié par le chloroforme, il se peut qu'il s'agisse là de lésions agoniques.)
A la palpation on sent des noyaux indurés parsemés dans le parenchyme. Sur la coupe,
ces parties indurées représentent des noyaux de broncho-pneumonie lobulaire avec
quelques points suppures formant de petites cavernules de la grosseur d un pois. Les
lésions sont disséminées dans les trois lobes avec prédominance au'^lobe inférieur (ou
postérieur).
Le lobe supérieur (ou antérieur) présente des lésions analogues à celles du poumon
gauche. Dans le lobe moyen, la confluence des noyaux lobulaires donne à la lésion
l'aspect d'une pneumonie pseudo-lobaire. Sur la coupe, on fait sourdre des bronches
moyennes un liquide purulent, d'apparence un peu rougeâtre (brique pilée). Aucune
apparence de caséification.
Le lobe inférieur est entièrement converti en une vaste caverne ; toute la substance du
poumon est détruite, bien que la plèvre ne soit à ce niveau ni épaissie, ni adhérente. La
caverne est remplie en partie d'un liquide purulent rougeâtre, légèrement granuleux,
sans odeur. La paroi est anormalement brillante et lisse ; des colonnes de Laennec assez
volumineuses, font relief sur la paroi ou traversent la cavité.
Cavité abdominale. — Péritoine, intestin, caecum, organes génitaux sains. Reins et foie
un peu gras. Rate normale. Capsules surrénales saines.
Examen bactériologique. Pus de la caverne. — Bacilles tuberculeux extrêmement
abondants sans association. Les cultures sur gélose ne donnent que quelques rares
colonies d'un coccus blanc sans virulence.
Inoculé au cobaye, le pus provoque chez eux une tuberculose avec lésions locales très
volumineuses et mort en -j. mois ij-i à 4 mois. Les produits caséeux provenant de ces
lésions produisent chez le cobaye une tuberculose normale, mortelle en un mois.
Examen histologique. Poumon gauche. — Dans les parties oîi la lésion semble peu déve-
loppée, les alvéoles pulmonaires sont remplies d'un exsudât sérofîbrineux contenant des
cellules épithéliales alvéolaires gonflées et desquâmées. Entre ces alvéoles, apparaissent
1298 ACADÉMIE DES SCIE>CES.
de petits nodules composés de leucocytes et de cellules vésiculeuses, orientées circulaire-
ment autour de la coupe d'une bronche terminale. Dans les points où la lésion semble
plus avancée, la cavité bronchique élargie est remplie d'un exsudât contenant en abon-
dance des cellules Ij^mphatiques ; la paroi présente sur certaines parties de la circonfé-
rence un aspect semblable à celui décrit plus haut ; sur d'autres, au contraire, elle est
revêtue d'un épithélium pavimenteux composé de six à sept couches volumineuses à
noyau vésiculeux, entre lesquelles on voit de nombreuses cellules migratrices poly-
nucléaires. Sur certains points de la circonférence, cet épithélium prolifère abondam-
ment et s'enfonce dans le tissu voisin sous forme de bourgeons papilliformes pleins,
pouvant faire saillie jusque dans les alvéoles.
Les bronches de moyen calibre sont remplies de liquide purulent ; mais leur épithé-
lium, tout en étant le siège d'une diapédèse énergique, conserve son apparence
cylindrique.
Le tissu interstitiel ne présente aucune réaction; les parois alvéolaires sont peu
épaissies. On ne peut colorer de bacilles que sur la coupe des bronches.
Au niveau du lobe moyen du poumon droit, où la lésion revêt la forme pseudo-lobaire,
les mêmes altérations se retrouvent, plus marquées. Les bourgeons épithéliaux pleins
ont envahi la plus grande partie du parenchyme, mais sont toujours orientés autour
d'une bronchiole ; dans certains points, la coupe présente à s'y méprendre l'aspect d'une
tumeur épithéliale pavimenteuse. La cavité des bronches moyennes est très dilatée,
remplie de pus et tapissée par un épithélium stratifié composé de cellules plates ou
vésiculeuses, mais ne présentant point les prolongements épineux que nous décrirons
plus loin. Aucune réaction conjonctive alvéolaire oupéribronchique; pas de granulations
tuberculeuses.
Conpe de la paroi de la caverne. Du côté de la cavité pleurale, on ne note qu'une
légère réaction embryonnaire dans les couches profondes de la séreuse. La paroi elle-
même est composée de faisceaux fibreux infiltrés de quelques cellules embryonnaires,
mais sans forniation de nodules. La surface est revêtue d'un épithélium pavimenteux
typique, composé de 4 à 5 couches de cellules à noyau vésiculeux nucléole, présentant
ime fine dentelure en épines, s'anastomosant entre elles par ces filaments d'union et en
tout semblables aux cellules épithéliales du corps muqueux de Malpighi.
Cette transformation atteint le maximum d'individualisation à la surface des colonnes
de Laennec, où l'on peut observer nettement une formation analogue de véritables papilles.
Le revêtement adulte comprend alors une couche de cellules basilaires, allongées, pro-
ligères, 3 ou .'4 couches de cellules dentelées plus volumineuses à noyau vésiculeux con-
tenant un ou deux nucléoles, et à la surface une ou deux couches de cellules aplaties,
écailleuses, à noyau homogène. Quelques rares cellules migratrices polynucléées
traversent le réseau formé par les piquants des cellules de la couche moyenne.
Le pus que l'on peut observer dans les anfractuosités contient de nombreux bacilles ;
mais on n'en trouve aucun dans l'épaisseur même des tissus épithéliaux ou fibreux.
On peut considérer que, dans ce cas, la réaction épithéliale, ayant eu
pour résultat la transformation de l'épithéliuni bronchique, a isolé pour
SÉANCE DU 5 JUIN I906. ^^99
ainsi dire le bacille tuberculeux et Ta constamment maintenu à l'extérieur
de l'organisme. Il en est résulté l'intégrité absolue du système lympha-
tique pulmonaire et l'absence de réaction pleurale, de lésions caséeuses et
de généralisation. Il s'agit donc là d'un processus de défense qui, pour
être rare, n'en était pas moins important à signaler.
D'autre part, cette transformation de l'épithélium que l'on peut suivre
pour ainsi dire pas à pas, explique histogéniquement la formation dans le
poumon de tumeurs épithéliales du type pavimenteux dont il existe un
certain nombre d'observations chez l'homme, et il est intéressant de la voir
se produire sous l'influence bien déterminée de la présence ou plutôt
des toxines du bacille tuberculeux.
Quant à ce dernier, le passage par l'organisme relativement réfractaire
du tigre, ne semble pas avoir beaucoup modifié sa virulence, car en raison
de la rapidité avec laquelle il a repris sa virulence normale, nous serions
plutôt porté à attribuer le retard et la forme particulière de la tuberculose
des cobayes inoculés directement avec le pus de la caverne, à la présence,
dans ce pus, de substances ayant modifié la marche normale de l'aff'ection.
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Sur une explication nouvelle du surcreusement
glaciaire. Note de M, Jeaiv Bruivhes, présentée par M. Lapparent.
A rencontre de l'opinion qui n'attribue aux eaux torrentielles sous-gla-
ciaires qu'une action de transport et de dépôt, on doit reconnaître que ces
eaux, au moins par place, érodent fortement : les groupes de marmites du
Gletschergarten de Lucerne, du seuil de la Maloja, etc. en sont un pre-
mier témoignage. En voici un second : les territoires situés en avant du
front des glaciers nous révèlent que des formes d'érosion de caractère
indiscutablement torrentiel et pluvial ont subsisté et subsistent encore,
alors même que les glaciers ont longtemps séjourné sur ces mêmes empla-
cements : telle la gorge de la Lutschine, que le glacier inférieur de Grin-
delwald recouvrait encore et très amplement au milieu du siècle passé.
Bien plus, il est une forme topographique rocheuse qui s'observe avec
une étonnante fréquence et une non moins étonnante analogie morpholo-
gique en avant du front immédiat de beaucoup de glaciers actuels : ce sont
des bosses arrondies où la roche souvent est encore à nu et si distinctives
que, d'un bout à l'autre des Alpes allemandes, les paysans leur ont maintes
fois donné le même nom de Platten : ces croupes, ces bosses calleuses
l300 ACADÉMIE DES SCIENCES.
présentent en leur milieu une partie arrondie plus élevée et des deux côtés
un sillon en contre-bas. Que l'on examine toutes ces bosses (en avant
des glaciers de Durand et de Moniing, du glacier d'Uebellal, du glacier
d'Aletsch,etc.),que l'on examine toutes celles que contourne encore, divisée
en deux bras, la glace de la langue extrême du glacier (glacier supérieur
de Grindelwald, glacier affluent du glacier d'Aletsch, dit Jaîgiglet-
scher, etc.), partout l'on remarquera les traces indiscutables d'une érosion
ayant porté plus fortement sur les deux côtés du glacier qu'au centre même
du .cours.
Par une série de termes de transition, on peut démontrer que les buttes
dites « Iselberge » qui parsèment les anciennes vallées glaciaires (depuis
les petites jusqu'aux plus grandes, tel que le Belpberg dans le Querthal
de l'Aar) et les barres rocheuses elles-mêmes appartiennent au même
type morphologique que les bosses terminales.
Si c'était vraiment la glace toute seule qui opérât le travail de creusement, il serait
étrange de constater que c'est sur les côtés du lit glaciaire, c'est-à-dire là où la niasse
de glace est la plus faible, que se trouve régulièrement localisé le principal creusement.
Tout au contraire, c'est sur les côtés du glacier que se trouvent en général les chenaux
d'écoulement des eaux de fusion ; en général aussi t(mt glacier un peu large et en
pleine vigueur donne lieu à son extrémité à un doulsle torrent dont les eaux tendent à se
rejoindre dés qu'elles ont quitté la cuvette terminale : le fait est très fréquent dans les
Alpes et de même sur les feuilles déjà parues de la nouvelle et admirable carte à
I : 5oooo de l'Islande, on peut observer avec quelle régularité les chenaux d'écoulement
torrentiel s échappent des bords des glaciers.
Lorsque le glacier est resserré ou lorsqu'à son extrémité il diminue de volume, il
arrive que ces deux écoulements latéraux et les deux sillons latéraux qu ils déterminent
se réduisent à un seul (glacier de Trient, extrémité actuelle du glacier d'Aletsch, etc.);
or en ce cas, contre-épreuVe, la partie de la vallée récemment délaissée par le glacier
est en V plutôt qu'en U : c'est là d'ailleurs un fait qlii constitue l'exception.
Dans le cas général et normal, l'eau, sous le glacier, menant l'attaque, creuse les
sillons entre lesquels subsiste une sorte d'échiné longitudinale, plus ou moins continue,
tandis que de pai't et d'autre du lit glaciaire se dressent deux grandes parois latérales
qui sont tout naturellement raides et parfois verticales comme celle d'un canon. — La
glace à son tour intervient incessamment pour profiter du travail ainsi préparé et pour le
modifier dans Une très réelle mesure; elle arrondit et polit les sillons, les saillies, les
parois ; elle rabote et elle déblaie ; par la pression de sa masse en tnouvement, elle
façonne surtout le dos central isolé et comme « miné » sur ses deux flancs ; elle le débite
par moi'ceaux et souvent parvient à l'emporter tout entier, sauf précisément aux lieux
et places où subsistent les « témoins » révélateurs, bosses, buttes ou barres.
Aiilsi la forme caractéristique de la vallée glaciaire demeure bien un
siANCE DU 5 JUIN I906, l3oi
témoignage authentique du passage et de l'action du glacier : car c'est
bien de toute évidence la masse de glace elle-même, parce qu'elle se
déplacé et parce qu'elle entraîne avec elle des instruments d'usure, qui
détermine les surfaces arrondies, moutonnées, etc., bref la physionomie
particulière de la morphologie superficielle et c'est bien en outre à la
présence et à la constitution du glacier qu'est dû le dessin essentiel et
général du. profil typique ; néanmoins ce dessin n'est pas engendré par
l'effet direct de la glace elle-même, ni par la masse du glacier proprement
dit; la vallée en U s'explique par la spéciale distribution de l'action des
eaux courantes sur deux lignes (et parfois plus de deux), qui, sans être
rigoureusement ni continûment parallèles, se suivent et se cori'espondent,
dans la plupart des cas, des deux côtés du glacier et sous le glacier.
Bref, l'érosion glaciaire résulte essentiellement d'une discipline spéciale
de l'érosion torrentielle, discipline qui est propre au glacier et qui dépend
de lui.
1. Cette interprétation est en conformité avec les faits que le retrait
général nous permet d'olîserver en avant du front des glaciers actuels et
notamment avec le fait si général des Platten et des Iselberge.
2. Cette interprétation fournit très aisément la clé de tous les cas divers
de profond « surcreusement » ou de faible effet du glacier : ce sont les
caprices ou les lois de la distribution du travail des eaux sous-glaciaires
qui expliquent ces apparentes contradictions.
3. Elle rend compte de la puissance d'érosion verticale ou de « surcreu-
sement » des glaciers, sans qu'on ait recours, comme on l'a fait parfois,
à l'hypothèse, jusqu'ici mythique, qui attribuait à la glace elle-même
l'initiative elle rôle principal dans le phénomène.
M. E. FocRiMER adresse une Note intitulée : Profondeur limite h partir
de laquelle la vitesse d'un navire cesse d'être diminuée par faction réflexe du
fond.
M J. CiiEVROTTiER adresse une Note Sur une nouvelle combinaison orga-
nique d'iode.
M. Alfred «FAX\ix adresse une note intitulée : Uasphyxie con/urée,
lors du foulage du raisin dans les cuves, par le soutirage de Vacide carbo-
nique.
La séance est levée à trois heures et demie. M. B.
l302 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE
Ouvrages reçus dans la séance du 7 mai 1906.
Le Chimiste Dizé, par A. Pillas et A. Balland. Paris, J.-B. Baillière et fils, 1906;
I vol. in-8°. (Présenté par M. Berthelot.)
Le Transformisme appliqué à V Agriculture, par J . Costantin. Paris, Félix Alcan, 1906;
I vol. in-S". (Présenté par I\I. Gaston Bonnier.)
Annales de l'Observatoire de Bordeaux, publiées par G. Bayet ; t. XII. Paris, Gau-
thier-Villars ; Bordeaux, Féret et fils, 1906; i vol. in-4°. (Présenté par M. Lœwy.)
Observation, étude et prédiction des marées, par M. Bollet de l'Isle. Pax'is, Impri-
merie Nationale, i9o5; i vol. in-8°.
Le Service géograpinque de Z'yl/vwée adresse 19 feuilles nouvellement éditées des cartes
suivantes :
France, au So.ooo", en couleurs; Feuilles : XXII, l'i, 14, i5; XXIII, l'i, 14. i5;
XXIV, i3, 14, i5.
Tunisie, au 5o.ooo^, n°* 17, 33, 34.
— au 100.000% n"* 42, Sa, 55, 62.
Algérie, au So.ooo", n"" 117, 121.
Environs du Kef, au So.ooo"^, en couleurs.
ERRATA
(Séance du 21 mai 1906.)
Note de M. Amagat : Discontinuité des chaleurs spécifiques à saturation
et courbes de Thomson.
Page : lïi, formule (14), "« '"?" de c — e^, lire c, — c.
f ''p' \ . I dp \
formule (i 5), au lieu de c' — c\, lire c\ — Ci et I , I au heu de 1—-t--\
à la ligne suivante au lieu de c ^ e^, lire c < Cj.
Même page, ligne 'io, supprimer l'alinéa coinjnençant par ces mots : Les discontinuités
correspondantes et finissant par ceux-ci : ou elles finissent par disparaître.
Note de M. Goy : Sur l'élasticité des tissus organiques.
Page 1160, ligne 14, au lieu de pi, lisez p^.
— 1160, — 18, — K — k.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 11 JUIN 1900,
PRÉSIDÉE PAR M. H. POINCARÉ.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE
PHYSIQUE. — Sur quelques points relatifs à V élude des chaleurs spécifiques
et l'applicatioa à celles-ci de la loi des états correspondants. Note de
M. E. H. Amagat.
I. J'ai montré, dans une précédente Note, que la chaleur spécifique sous
volume constant, lorsqu'on suit une isotherme, subit une discontinuité à
chaque intersection de cette isotherme avec la courbe de saturation. Ces
discontinuités ont les valeurs suivantes :
Il peut être intéressant de voir comment elles varient avec la température
notumment ({uand on s'approche du point critique. Il parait tout d'abord
naturel que ces discontinuités disparaissent graduellement avec les inéga-
lités (lo de la précédente Note) provenant des points anguleux et par suite
s'annulent au point critique (quoique, en arrivant en ce point, les déri-
vées -77- et -j— devenant infinies en même temps que les parenthèses
qu'elles multiplient s'annulent, on se trouve conduit à une indétermination)
nous allons voir qu'il n'en est rien.
On peut d'abord se proposer de calculer numériquement ces disconti-
C. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N» 24.) "71
l3o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nuités, on aura ainsi l'erreur commise en faisant usage de la relation (4)
au lieu de la relation (3) loc. cil. ; toute la difficulté est dans l'obtention des
coefficients de pression ; ceux-ci déduits de courbes expérimentales tra-
i-ées pour les raisons que j'ai dites avec un nombre insuffisant de points,
supposent qu'il n'y a pas en arrivant à la courbe de saturation la variation
brusque que j'ai supposée dans le cas où il y aurait raccordement, leurs
valeurs sont donc par suite celles qu'il faudrait prendre, dajis tous les cas,
pour le calcul des discontinuités ; quoique seulement approximatives, je
crois les valeurs expérimentales de ces coefficients suffisantes pour mon-
trer la loi de variation de ces discontinuités, les autres données étant tlu
reste beaucoup mieux déterminées, puisque j>our l'acide carbonique j'ai
construit la courbe de saturation et celle des tensions maxima.
Le tableau suivant contient l'ensemble des données expérimentales et
les valeurs correspondantes des discontinuités [c^ — r), [c\ — c').
TEMPÉ-
(<'P\
\ dt y,.
d,,
dt
(^)„
AV/A dp
\di):.dt
ldp\ dp
\dfj,.dt
du
dt
du'
dt
t'i —c
c\ — c'
DIFFÉ-
RATURES
Liquide.
\ ,lpfur.
Liquide.
Vapeur.
Liquide.
Vapeur.
Liquide.
^';lpeul■.
RENCE
—
1
•i
i
4
.')
6
0,0000
— 0,000
8
1.)
10
0°
7,i5
0,870
0,235
6.280
— 0,635
ii35
716
0,24
1,52
1,18
5"
6,56
0,983
0,285
5,575
— 0.700
1468
567
0,28
1,36
1,08
10°
5,9'
1 , 100
0. 3iS
4,810
— 0,752
1985
481
0,33
1,26
0,9;
lï"
5, 12
1 , 21 5
0.422
3,905
— 0,795
2695
439
0,37
1,23
0,86
10"
4,4o
1 ,33o
0,540
3,070
— 0,790
3710
423
0,41
1 ,20
0 , 7;)
l'y
3,70
i-4-i5
0,735
2,25 5
— 0,710
5760
423
0,48
1 , i3
0.6'j
3o"
2,64
i.56o
I , 100
1 ,080
— n,56o
223oO
655
0 ,91
1,36
0,45
On voit d'abord que, conformément aux formules, la chaleur spécifique
normale est toujours plus petite que celle de seconde espèce. La disconti-
nuité relative à l'état de vapeur diminue quand la température augmente,
c'est le contraire pour l'état liquide, contrairement à ce que j'avais d'abord
supposé ; de telle sorte que si, partant de l'état gazeux à zéro, on suTt la
courlie lie saturation, la discontinuité va toujours en diminuant, mais sans
s'annuler en passant |»ar le point critique.
A la vérité, le tableau ci-dessus contient des irrégularités évidentes, le
dernier chiffre de la colonne 9 est évidemment trop fort, les chiffres de la
colonne 5 paraissent former une série peu régulière, due peut-être à la
présence du point d'inflexion de la courbe de saturation. Les détermina-
tions à partir de ao° deviennent de plus en plus difficiles, et assez grossie-
SÉANCE DU I I JUIN IQoG. l3o5
rement approximatives à partir de 23° ; malgré ces incertitudes la loi de
l'ensemble des variations ne paraît pas douteuse.
II. Pour le point critique en particulier, le fait de savoir si la disconti-
nuité V conserve une valeur finie revient à résoudre Tindétermination rela-
tive à ce point, voici la solution qui m'a été adressée par M. Raveau immé-
diatement après la publication de ma première Note.
« Si l'on considère le cycle BCAI) de Li figure (1), ci-contre, l'application à ce cycle du
principe de l'équivalence donne pour une température T, (enposant AD = (U-) :
'4 '^'(*)-T^]^" + ('■---'' = -
Cette relation dans laquelle chaque terme est du premier ordre comme de et c/i
exprinje que l'aire BCAI) est du second.
r
0
i \
w
eV-'
u
T+cIt
^^"^T^
-__ B
-^ 1 ^
/"A
'0
~^
/
• \
/
T
Fit. 2,
Juin 1906
A
/
'd
Bfr.i
/
ihA .
V
Lorsque le point B devient le point critique (fig. 1), l'isotherme ét;int tangente en B,
si AD est toujours du premier ordre, dt sera du second et l'aire BC AD du troisième ; par
suite dans la relation (i), on ne peut plus, dans l'expression de la quantité de chaleur
dégagée suivant BC, négliger les termes du second ordre et cette quantité de chaleur doit
s'écrire
AT^rf.-^AT-;^
dt 1 dl dv
d^>\
Comme du reste il n'y a pas lieu de modifier l'expression de la quantité de chaleur
dégagée suivant AD, l'équation (i) devient
- AT-
dh,
dtdv
de- -f
Cj) dt = 0.
d'-p
Ici dv- et dt sont du même ordre, le — c^ est donc du même ordre nue -|-Ç nui n'est
pas nul au point critique ».
l3oG ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ce résultat est du reste d'accord avec le fait de la réfraction des adiaba-
tiques démontré par M. Raveau dans un très intéressant travail publié par
lui en i8Q2'{Séances de la Société française de Pltysiqae, et fouinai de phy-
sique).
III. Les différences inscrites à la dernière colonne du tajjleau sont les
erreurs commises en employant la relation (4) au lieu de la relation (3) loc.
cil. 11 résulte du signe et de la valeur des discontinuités que (c^ — ■ c',) est
toujours numériquement plus grand que (c — c').
Les nombres calculés par M. Mathias pour l'acide sulfureux au moyen
des valeurs de m par lui déterminées, et qui comme je l'ai fait remarquer
sont les valeurs de (c\ — c',) montrent que c\ est toujours plus grand que
fj, cela résulte du reste immédiatement de la relation ('i6) loc. cit. mais on
ne saurait affirmer qu'il en est de même pour les chaleurs spécifiques nor-
males puisque (Cj — c) est plus petite que (c/ — c'), et de fait, les calculs
approximatifs que j'ai pu faire montrent que jusque vers 20° ou aS", la cha-
leur spécifique normale à saturation est plus grande pour la A-apeur que
pour le liquide, comme pour les chaleurs spécifiques de seconde espèce,
mais au delà de cette température les données expérimentales ne fournis-
sent plus de résultats certains et il peut se faire que le signe de c — c' soit
changé.
IV. Pour les chaleurs spécifiques sous pression constante, il n'y a plus
de discontinuité introduite par les points anguleux, cela se voit à simple
inspection de la relation (i) loc. cit., puisque les coefficients de pression
ont disparu ; il n'y a donc qu'une seule chaleur spécifique sous pression
constante et par suite en un point A de la courbe de saturation [fig. i),
quatre chaleurs spécifiques /«, C, c et Cj, correspondant aux quatre che-
mins : AB, AEB, AGB et ADB, par lesquels on peut aller du point A au
point B.
Les calculs que j'ai faits avec la relation (i) loc. cit. montrent que, ainsi
qu'on pouvait s'y attendre, la chaleur spécifique sous pression constante à
saturation est plus grande pour le liquide que pour la vapeur, la difierence
a été en croissant avec la température, c'est-à-dire en se rapprochant du
point critique.
IV. Les règles que j'ai données pour l'application immédiate aux divers
coefficients de la lhermodynami(|ue, de la loi des états correspondants, ne
sont pas applicables aux chaleurs spécifiques ; il faudrait pour cette appli-
cation, (|uc les chaleurs spécifiques puissent comme les autres coefficients,
SÉANCE DU II JUIN I906. l3o7
être exprimées par une fonction homogène des variables la même pour
tous les lluides ; mais on peul arriver, sans faire d'hypothèse sur la forme
de cette fonction, à appliquer la loi, à la condition de grouper convenable-
ment les corps.
J'ai montré que, pour des Iluides suivant la loi des états correspondants,
les différents coefficients de la thermodynamique (autres que les chaleurs
spécifiques), si leurs dimensions sont 4;^ , et si les formules sont rappor-
tées aux poids moléculaires, ont même valeur en des points correspon-
dants quelconques. Il est facile de voir que ces dimensions sont précisé-
ment celles des fonctions : (G — G'), (c — c'), [c^ — c',) des discontinuités
(c ■ — • fj) et (c' — f'J et encore de la différence (G — c) des deux chaleurs
spécifiques, par suite : Pour des fluides suivant la loi des étals correspon-
danls chacune ces fondions prend la même valeur eu des points correspon-
dants, les formules étant rappo/'tées aux poids moléculaires.
Considérons maintenant le cas des chaleurs spécifiques, sous pression
constante par exemple, G. On sait que la relation suivante
C - G„ == AT f"^ dp = - AT f". ip) dp
permet de calculer les variations de C avec la pression, la température
restant constante; si on construit des isothermes en portant les pressions
en abscisses et en ordonnées les valeurs de AT -j^ , les valeurs de (G — Go)
seront les aires comprises entre les ordonnées extrêmes, l'isotherme et
l'axe des pressions ; ces isothermes sont au produit AT près celles dont j'ai
donné un réseau dans ma Note du 28 mai 1900. Gonsidérons maintenant en
deux points correspondants,/; cT, // v' T' de deux fluides, les petites aires
AT -T^ A/j et AT' — rV- Ay/, dans lesquelles nous supposerons les accroisse-
ments A/j et \p, également correspondants, ces petites aires ont pour dimen-
sion -Ç-, elles seront donc égales; par suite les variations finies (G — Go),
(G' — G„) prises entre des limites correspondantes Po, p et p'o, p' seront
égales comme sommes d'un même nombre de petites aires égales deux à
deux.
Supposons maintenant les deux fluides pris sous des pressions corres-
pondantes extrêmement petites, à la limite sous la pression nulle corres-
pondant à l'ordonnée initiale, ces corps seront à l'état de gaz parfait; à
l3o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
toute température les variations avec la pression seront nulles, ce qui
revient à dire (jue les isothermes convergent vers l'origine du réseau ; il
résulte là que pour des points correspondants les variations des chaleurs
spécifiques moléculaires depuis l'origine du réseau seront égales ; autre-
ment dit : Pour deux fluides suivant la loi des états correspondants, en des
points correspondants les excès des clialeurs spécifiques moléculaires sur les
vcdeurs limites qu'ont celles-ci à Cctat de gaz parfait, sont égales; et par
suite si les fluides considérés ont même chaleur spécifique moléculaire à
Vétat de gaz parfait, en des points correspondants leurs clialeurs spécifiques
moléculaires seront égales. Ce sera le cas par exemple de gaz simples
biatomiques suivant la loi des états correspondants, et en général des
fluides de môme complexité moléculaire; les fluides d'un même groupe
étant du reste ceux auxquels il est le plus probalîle que la loi des états
correspondants puisse s'appliquer.
On remarquera que les isothermes en -^ du réseau que j'ai construit
loc. cit. ne pai'aissent pas converger vers l'origine, tout au moins sans
changer d'allure; mais il faut tenir compte de ce fait que, pour l'acide car-
bonique, mes tableaux numériques ne commencent que vers 3o atmos-
phères, les prolongements des isothermes en pv ont été tracés en poin-
tillé iusC[iik Vovdonnée initiale d'après l'allure générale du réseau; or, ce
sont précisément ces prolongements qui ont servi à calculer la partie
extrême des isothermes en -^-^ qui ne parait pas converger directement
Si comme cela a lieu dans la figure, ces dernières isothermes, tout
compte tenu du facteur AT, se prolongeaient jusqu'à l'origine dans l'ordre
des températures sans se couper, il en'résulterait c(ue dès ces très basses
pr,essions, la chaleur spécifique sous une pression donnée diminuerait quand
la température augmente ; or l'expérience directe n'a fourni nettement ce
résultat qu'à partir d'une certaine pression au-dessous de laquelle les
expérimentateurs n'ont pas toujours été d'accord sur le sens de la varia-
tion en question; pour cette raison, entre autres, il serait très désirable
de voir étudier, notamment pour l'acide carbonique, la partie relative aux
pressions inférieures des réseaux que je n'ai pu terminer.
Des considérations analogues à celles qui précèdent relativement à la loi
dos états correspondants pourraient être appliquées au cas de la chaleur
SÉANCE DU II JUIN 1 906. l3of)
spécifique sous volume constant et, par suite, au rapport y des deux clia-
leurs spécifiques, elles conduiraient au même résultat.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les produits de In réaclion, à liante température,
des isobutylate et propi/late de sodium sur le camphre. Note de MM. A.
H.ILLER et J. MiXGOX.
Nous avons repris l'étude des divers composés qui se forment quand on
chauffe en autoclave, à une température de 220-330°, du camphre avec des
alcoolates de sodium. L'un de nous(') a en effet montré, dès 1891, que si,
dans ces conditions de température le benzylate de sodium fournit avec de
très bons rendenientsdu benzylcamphre, les alcools saturés de la sériegrasse
agissent différemment, les premiers termes ne donnant que des bornéols
et isobornéols avec très peu de produits huileux, alors que les termes plus
élevés fournissaient de moins en moins de bornéols et de plus en plus de
composés substitués du camphre.
C'est l'étude des divers dérivés, (|ui se forment dans ces réactions, qui
fait l'objet de ce travail.
Action de l'isobulylale de sodium sur le camphre. ■ — On chauffe à l'auto-
clave, à 22o-23o°, pendant 24,,, laos-' de camphre avec de l'alcool isojjuty-
lique tenant en dissolution iZ^' de sodium.
A l'ouverture de l'appareil, on constate une certaine pression, due à la
présence de l'hydrogène et la formation d'une masse butyreuse qu'on
traite par de l'eau et de l'éther.
La solution aqueuse est alcaline et reni'erme de notables quantités d'iso-
butyrate de sodium.
(^uant à la licjueur éthérée, elle fournil, après distillation de l'éther,
une huile (|u'on rectifie dans une cornue dont le col pénètre dans un large
tube en verre. Il passe d'abord de l'alcool isobutylique, puis du camphol,
et, entre 235 et 255°, une huile sirupeuse ((ui, abandonnée à une tempéra-
ture voisine de 0° pendant quelques jours, se prend en une masse cristal-
line. On essore le produit à ])asse température et on le fait cristalliser
dans de l'alcool méthylique. On obtient des cristaux blancs, opaques, fon-
dant à 55° et restant facilement en surfiision. Leur pouvoir rotatoire dans
l'alcool raL = + 2o°7.
(') A. Halleii, Comptes rendii.'<, t. CXII, KS91, [>. 1 '1911.
l3lO ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le corps répond à la formule C' H-'^ O et possède la fonction d'un alcool.
En effet, chauffé à la température de lao" avec de l'anhydride acétique,
il fournit un éther acétique, à odeur éthérée, distillant à i35° sous 20""" et
qui, saponifié, redonne l'alcool primitif avec ses constantes physiques.
Cet alcool n'est donc autre chose que de Visobutylcampliol
CH''
/CH . CH^— Cil/ "
H:noH
ch.ch^ch/
dont le dérivé acétvlé a pour formule C*II''<f | ^CH^
\CHOCOCH3
L'isobutylcamphol n'est pas oxydé à froid par le permanganate de potasse
en solution acétonique.
Pour le transformer en isobutylcamphre, on agite pendant 12'' sa solu-
tion benzénique avec une liqueur aqueuse de permanganate de potasse
acidulée par de l'acide sulfurique. Cette oxydation est répétée jusqu'à ce
qu'une nouvelle portion de permanganate, introduite dans la solution, ne
se décolore plus. On sépare alors la liqueur benzénique et on l'abandonne
à l'évaporation spontanée. On obtient des cristaux fondant à 28° qui, une
fois fondus, restent longtemps en surfusion.
Le pouvoir rotatoire de ce dérivé dans l'alcool absolu a L =; + n2''4-
,CH'
x: = CH— CH<
IsobtUylidènecamphre. C'II'X | ^CH^. On chauffe 1 isobutyl-
\co
camphre à 100° en tubes scellés avec une molécule de brome ; le produit
de la réaction, après avoir été débarrassé de l'acide bromhydrique, est
distillé dans le vide de 10°"". Il passe entre i45 et i5o" en se décomposant
partiellement. On le chauffe avec une solution alcoolique de potasse et le
dérivé non saturé obtenu est purifié et distillé sous pression réduite de
10""". On obtient un liquide huileux à odeur spéciale qui bout à 145° sous
10""".
Son pouvoir rotatoire a ^ =; + i'4°i4 est supérieur à celui du dérivé
saturé, gi-âce à la double liaison fixée sur le noyau camphre.
La permanganate de potasse l'oxyde à froid avec la plus grande facilité
en donnant de l'acide camphorique et de l'acide isobutyrique. Il se com-
porte donc comme tous les composés non saturés que l'un de nous a
obtenus par condensation des aldéhydes avec le camphre sodé.
SÉANCE DU II JUIN I90G. l3ll
■civ^o-.CH.c^ir
Nitrosate (VisobtiliiUdèi)ecawphre C'H''< | . — Comme le
\co.
benzylidènecamplire, risobiitylidènecamphre donne naissance à un nitro-
sate, quand on le traite par de l'acide azotique concentré ou par de l'azotite
(l'amjle et de l'acide azotique. Le composé obtenu se présente sous la
l'orme de fines aiguilles blanches fondant vers 178" en dégageant des
va])eurs nitreuses. Peu soluble dans l'alcool et l'éther, il est plus soluble
dans le benzène jjouillant et dans l'acétone. Son pouvoir rotatoire dans
l'acétone U L ^ + 9-i"-
Si l'on traite à chaud une solution alcoolique de nitrosate par de la potasse
étendue jusqu'à persistance de la réaction alcaline, on obtient une liqueur
jaune qui, par évaporation, fournit une masse cristalline d'un nouveau
composé différant du produit primitif par NO" en moins. Purifié par cris-
tallisation dans un mélange d'éther et d'éther de pétrole, ce dérivé a
l'aspect de fines aiguilles blanches fondant à gS" et répondant à la formule
C'-H-'O'.
Sa formation peut se traduire par l'équation :
-NO H
|i
,CN^O'.Cll(;'ll" ,COI[— C— C'IF
C»Hi'< I + KHO — C»Hi'< I + XO^K
ce ((ui fait de ce corps un isflnitroso-isohiilyloxi/carnpJire.
Indépendamment de l'isobutjlcamphol qui nous a permis de préparer les
autres dérivés que nous venons de décrire, le produit brut de l'action à
liante température de l'isobutylate de sodium sur le camphre renferme
précisément ces dérivés à l'état de mélange.
En effet si l'on traite le produit huileux, préala])lement débarrassé de
la majeure partie de l'isobiitylcamphol, par de l'acide azotique fumant, on
obtient de notables quantités de nitrosate. De plus ces huiles étendues
d'acétone réduisent à froid le permanganate de potasse en donnant de
l'acide camphorique et de l'acide butyrique. Enfin leur pouvoir rotatoire,
après oxydation, est plus failjle que le pouvoir rotatoire primitif.
Avant l'oxydation une solution de 2^'' de produit dans o.^" d'alcool avait le
pouvoir rotatoire aL= _|_ 88 ".
. Après l'oxydation une solution de même concentration accusait le pou-
voir rotatoire a L = -|- 65" 6, ce qui démontre bien que l'oxydant a éliminé
G. R., 1906. I'' Semeslre. (T. CXLII, N» 24.) I 7^
l3l2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
la portion qui possédait la déviation la plus foite, c'est-a-dire l'isobutyli-
dènecainphre.
Mais outre ce dernier corps et l'isobutylcamphol, le produit brut
renferme encore de Tisobutylcamphre, car si, après oxydation on cliaulfe
riiuile avec de l'anhydride acétique et (ju'on élimine l'acétate d'isobutyl-
camphol par distillation, il reste en efî'et un liquide qui possède la
composition de l'isobutylcamphre. Ce liquide semble toutefois être un
mélange d'isomères. En effet si on amorce sa masse refroidie à o° avec un
cristal d'isobutylcamphre fondant à 28°, on obtient une certaine quantité
de ce dérivé à côté d'un autre fondant bien plus bas.
Les réactions que nous venons d'étudier se passent également à la pres-
sion ordinaire dans un appareil à reflux, quoiqu'avec des rendements diffé-
rents de chacun des composés isolés. Dans ce cas il se forme surtout de
l'isobutylidènecamphre avec beaucoup moins d isobutylcamphol. Le pro-
duit huileux obtenu, préalablement débarrassé du bornéol et de l'alcool
isobutylique en excès, ne se prend plus en masse par le refroidissement
comme le fait celui préparé en autoclave.
Action de V alcool propylique sodé sur le camphre. — Le mode opératoire
et les résultats sont les mêmes que ceux concernant l'action de l'alcool
isobutylique sodé sur le camphre.
Les rendements sont cependant plus faibles en les divers produits de
substitution, mais celui du bornéol est plus élevé.
/CH— CH^— CH2.CH3
he pronylcamphol C^H^'C 1 cristallisé dans l'alcool méthy-
' ^-^ ^ \CH0H •'
lique, fond à 61". Son pouvoir rotatoire a L=: + 12°, 5.
\j acétate de propylcamphol est un liquide bouillant à 120° sous 10""" et se
solidifiant vers 0°.
,CH— C^^H'
Le propylcamphre Ç^W'{ \ obtenu par oxydation du camphol
substitué est un liquide bouillant à xiZ" sous i4""" et dont le pouvoir rota-
toire dans l'alcool a L = -\- 55°, 6.
.C=CH.CH2C11*
hepropylidèiwcainplueC^W'^f \ préparé en chauflant le dérivé
brome du propylcamphre avec de la potasse alcoolique est un liquide
dont le pouvoir rotatoire aL == + 87" 6 et que nous n'avons pas encore
obtenu dans un état de pureté suffisant.
SÉANCE DU II JIIN I906. l3l3
L'échantillon préparé fournit néanmoins avec de l'acide azotique
.CX-0'.C=H8
concentré du nitrosatc de propylidènecamplire G'H'Y | fondant à
160° en dégageant des vapeurs nitreuses.
En résumé ces recherches montrent que, dans les conditions oii nous
avons opéré, isobutylate et propylate de sodium donnent avec le camphre
des alcoyl et alcoylidènecamphres en même temps que des alcoylcamphols.
Nous poursuivons ces recherches sur d'autres cétones aliphatiques ou
cycliques, ainsi que sur diverses molécules renfermant le groupe méthy-
lène dans le voisinage de radicaux négatifs.
MÉTROPHOTOGRAPHIE. — Sur plusieurs tentatives poursuivies .dans la
marine allemande pour utiliser la photographie dans les voyages d'ex-
ploration. Note de M. A. LiAUSSedat.
On sait que c'est à l'illustre ingénieur géographe français Beautemps-
Beaupré que revient l'honneur d'avoir, le premier, employé des vues de
côtes pour construire, en très peu de temps, dexcellentes cartes d'îles ou
d'archipels nouvellement découverts et, plus tard, pour relever avec une
grande exactitude le littoral de pays déjà connus.
Ces vues devaient alors nécessairement être dessinées à la main; aujour-
d'hui la photographie supplée avantageusement le dessin, en procurant
instantanément des éléments de construction à la fois plus nombreux et
plus rigoureux. On continue d'ailleurs à suivre la méthode des intersections
dont on fait également usage dans les levers topographiques exécutés à terre
où cette méthode a été de tout temps pratiquée avec la planchette ou avec
d'autres instruments.
J'ai eu l'occasion, à diverses reprises, de mettre sous les yeux de lAca-
déinie des spécimens des belles cartes ainsi construites dans la plupart
des pays civilisés en se servant de vues photographiques. De très intéres-
sants résultats ont été de même obtenus, dans la reconnaissance des
côtes, par des officiers français, autrichiens et italiens.
•Je n'entrerai ici dans aucun détail sur les ressources empruntées à la
perspective pour aider ou pour suppléer à la méthode des intersections.
Mais il y a une autre méthode tout à fait distincte, celle des parallaxes,
sur laquelle il convient de revenir et d'insister, parce qu'elle est sûrement
destinée à rendre les plus grands services en mer.
l3l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
On se souvient, je suppose, qu'avec cette dernière méthode, des images
prises deux à deux, dans un même plan vertical, de stations séparées
mais relativement voisines Tune de l'autre, étant placées sous un stéréos-
cope, l'ont voir le paysage en relief sur une proi'ondeur beaucoup plus
grande que dans les conditions ordinaires. L'évahuition de l'éloignement
de chaque point devient alors possible à l'aidé d'un instrument désigné
sous le nom de sléréo-compaïawitr que j'ai déjà mentionné et dont je
reproduis la figure.
Je rappellerai sommairement le principe sur lequel est fondé cet ingé-
nieux appareil, dû à M. le D' C. Pulfrich, d'Iéna :
Grâce à un microscope binoculaire 0, K, O.^ K, {fîg. i) les images d'un
même point de l'espace reconnues sur chacune des épreuves P,, P,, peu-
vent être rapportées à deux axes rectangulaires qui s'y trouvent tracés
photographiquement et dont l'origine correspond au point situé à rinlîni
dans la direction perpendiculaire au plan commun des deux épreuves. En
mesurant avec la plus grande précision (à o™"',oi près) la différence des
abscisses, étant donnée la distance focale des objectifs, on détermine à la
fois la direction et la distance de chacun des points considérés, tandis qut-
l'une ou l'autre des ordonnées donne, par une proportion, la différence de
niveau de ce point avec la station d'oii a été prise la vue correspondante.
Je ne reviendrai pas sur les diverses applications que l'on a faites du
stéréo-comparateur à l'astronomie et à des recherches d'une autre nature.
Je désire aujourd'hui appeler surtout l'attention sur de récentes expé-
riences qui ont été elfectuées, dans la marine allemande, l'une pour cons-
tater, à un instant précis, les positions de combat des torpilleurs d'une
Uotte en manœuvre et l'autre pour mesurer les vagues de la mer.
La première de ces expériences a été réalisée pendant l'automne de 1904,
à bord du navire de la marine impériale Hycine. On y avait entrevu une
déjnonstration anticipée de l'efficacité du procédé qu'allait employer le
professeur W. Laas, de Charloltenburg, au cours d'un voyage, aller et
retour, de Hambourg à Iquique, sur la cote du Chili, en doublant le Cap
Horn, sur le cinq-mâts à voile Preussen , du (i septembre 1904 au
3 février igoS. Cette expérience mérite déjà j)ar elle-même de fixer
l'attention des officiers de marine; il suffit, pour s'en convaincre, de jeter
les yeux sur le document qu'a bien voulu me communiquer M. le D' Pul-
frich, c'est-à-dire l'une des \'ues inslantdiiées cl simultanées prises de deux
points du pont du navire dont la distance avait été rigoureusement mesurée
SÉANCE DU II JLI^" I90G. l3l5
(41"', 5o), jointe au plan sur lequel ont été déterminées, à l'aide du stéréo-
comparateur, les positions des torpilleurs et d'autres bâtiments au nombi'e
de 22, dont l'un à voile était éloigné de lo kilomètres.
Il est incontestable que, par aucun autre moyen connu jusqu'à présent,
on ne serait parvenu à un semblable résultat.
J"a:rrive à l'autre ou plutôt aux autres expériences, celles qui ont été
entreprises par le professeur W- Laas, à bord du Preiissen, et qui avaient
pour but la mesure photographique des vagues de la mer, en regrettant
de ne pouvoir pas entrer dans le détail des dispositifs adoptés (').
L'étude de la forme et des dimensions des grandes vagues intéresse au
plus haut degré la construction des navires et a été tentée par plusieurs
savants marins, notamment par l'amiral Paris et par l'un de ses fils, lieu-
tenant de vaisseau. INIais en dépit de l'ingéniosité des appareils de mesure
qu'ils avaient imaginés, il leur avait été impossible d'atteindre pleinement
le but qu'ils s'étaient proposé.
La stéréométrophotographie se trouvait naturellement indiquée comme
pouvant conduire à la solution du problème dont il s'agit; seulement il
était nécessaire de réaliser avec le plus grand soin les conditions dans
lesquelles doivent être installés les deux photolhéodolites (on en a même
employé trois pour augmenter le champ de l'exploration). Les conditions
indispensables à remplir sont que les plaques sensibles soient rigoureu-
sement dans le même plan et les épreuves obtenues simultanément. 11
faut, en outre, pouvoir disposer les appareils à une hauteur convenable au-
dessus de la flottaison. Toutes ces questions ont été résolues d'une manière
satisfaisante, grâce à l'habileté mécanique du D'' Pulfrich, et la campagne
du professeur Laas n'a pas été infructueuse, quoique le temps ait été
généralement trop beau et que l'on n'ait, par conséquent, rencontré que
rarement les fortes houles que l'on était allé chercher. Je mets sous les
yeux de l'Académie des planches qui donnent plusieurs séries d'épreuves
conjuguées et un exemple du relief des vagues représenté par des courjjes
de niveau analogues à celles que l'on emploie pour lîgurer le terrain
(') Voir à ce sujet les brochures suivantes : W. Laas, P/iotograp/iisc/ie Messung ilrr
meeresivellen (Sonderabdruckaus Zeitschrift des Vereines Deutsc/ier Ingenieure. Jahrgang
igoa), Berlin.
Et D' E. IvoHLSCHÙTTER. Die Forscliiuigsreisc S. M. S « Planct » II. Steréopliotograïu-
metrische Aiifnalime. (Annalen der Hydrograpliic und maridmcn Météorologie, mai igoO.)
r3i(;
AC.VDEMIK DES SCIENCES.
Su
Pi
Q,
Bi
iJE^I
■^2.
'Pt
(0
*^mmw
P^-
a.
B.
P.
SÉANCE DU 1£ JUIN I906. I '3 1 7
solide ; enfin, une série de prolils dans divers sens que l'on a pu en
déduire.
On ne s'est pas conlenlé de cette première ébauclie, très encourageante
d'ailleurs, d'une recherche délicate ; un bâtiment de l'Etat Plaiiet encore
mieux outillée (jue le Preicsseii, vient de partir de Kiel en exploration
dans les mers du Sud, notamment pour appliquer la sléréométrophoto-
graphie à la fois à la reconnaissance des côtes et à la mesure des vagues.
Dans ses instructions, rédigées en i835 pour les officiers de la Bonite
qui allait entreprendi'e un voyage de circumnavigation, Arago consacrait
un paragraphe à la hauteur des i'agues, dans lequel se trouve le passage
suivant : « On s'est ordinairement contenté d'estimer la plus grande hau-
teur des vagues ; les uns lui ont donné cin(| mètres et les autres trent-cinq.
Aussi, ce que la science réclame aujourd'hui, ce sont, non des aperçus
grossiers, mais des mesures réelles dont il soit possible d'apprécier
l'exactitude numériquement.
A la même occasion, Beautemps-Beaupré donnait également des instruc-
tions où il enjoignait expressément l'emploi des ['ues des côtes dans les
reconnaissances.
Il est, à coup sûr, inutile de se demander le rôle qu'eût joué la photo-
grapiiie dans ces instructions, si elle eût été connue alors et surtout si elle
eût atteint le degré de perfection auquel elle est aujourd'hui parvenue. .Je
ne crains pas d'al'firmer, d'ailleurs, c[ue la méthode des intersections, aussi
Ijien que celle des parallaxes, y eût été recommandée, chacune d'elles
pouvant devenir préférable à l'autre ou même indispensable selon les cir-
constances.
Je ne voudrais pas terminer celte communication sans parler d'une très
intéressante simplification apportée par le D'' Pulfrich à la manière d'opérer
les mesures sur le stéréo-comparateur. Je ne pourrai en donner ici qu'un
aperçu ('), en m'aidant d'un schéma ijig-,^) du dispositif substitué au
microscope binoculaire àelu figure i.
Au lien de deux oculaires, on ne se sert plus ((ue d'un seul 0, tout en
conservant les deux objectifs Q^ et Q, et l'on voit sur la figure 2 comment
{') Voir pour plus de détails, la Ijrochure intitulée : Adaptation du microscope compa-
rateur monoculaire (microscope à éclipse) au stéréo-comparateur, publiée en français. léna,
Cari Zeiss, ignG.
l3l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
les images des deux épreuves P, et P, sont amenées dans le plan focal de
l'oculaire unique. Ce dispositif a été désigné sous le nom de microscope à
éclipse, parce qu'on y observe seule, alternativement, tantôt l'épreuve P,,
tantôt l'épreuve P^, l'autre étant éclipsée par les diaphragmes B, ou B,, en
forme de ciseaux, dont l'un se ferme et forme écran, tandis que l'autre
s'ouvre pour laisser passer les rayons lumineux.
Il y a encore, pour éviter à i'observateur la manœuvre desdiophrctgntes-
écrans, un accessoire électro-mécanique des plus ingénieux qui ne figure
pas sur le schéma, mais dont on trouverait la description dans la brochure
indiquée ci-dessus, où les diverses applications du microscope monocu-
laire, en particulier à l'astronomie, sont exposées et témoignent à la fois
de la sagacité de l'inventeur et de sa persévérance à perfectionner son
œuvre.
.NOMENCLATURE CHIMIQUE. —Sur Vortliographe du mol : Ciesiuni.
Note de M. de Forcr.wd.
iJans une communication précédente, je me suis décidé à adopter défi-
nitivement a' pour le caesium.
Un sait cpi'il règne à ce sujet une certaine confusion.
Tandis que la plupart des savants étrangers écrivent par a-, beaucoup de nos U'aités
classiques portent : Césium (vo_y. Dictionnaire de Wiirtz, Schiitzenberger, M. Ditte, etc.).
Plusieurs ouvrages ont adopté «■ (Encyclopédie Frémi/, traite de M. Moissan, etc.). Jai
moi-même en i88'), proposé œ, en m'appuj'ant sur le mémoire de G. Kirchlioff el
lî. Bunsen, publié en 1862, par les soins de M. Grandeau, dans les Anna/es de C/iiiiiie cl
de Pliysiqiie (V série, t. LXIV, p. aj^). M. Chabrié écrit par œ pour les mêmes raisons.
Cependant, dans ses belles recherches sur les peroxj'des du ciesiuni, M. Rengade a
adopté œ.
Il serait évidemment désirable d'avoir une règle uniforjne. Je l'ai cherchée d'abord en
consultant de nouveau le luémoire de KirchhofT et Bunsen publié dans nos Annales de
Cliiinie et de l'Injsupie. On sait que ces savants ont proposé le nom du cœsium qu'ils funl
dériver de cœsia, de cselia et de caîlura, et ils citent un passage d'Aulu-Gelle qui a été sou-
vent reproduit. Or ces mots caesius et ca'lum sont écrits par œ, et il en est de même du
mot cœsium, souvent répété dans le cours du mémoire français.
Cependant, dans le mémoire original de KirchhofT et Bunsen, publié en 1861 dans les
Annales de Po<fgendorff (x.. CXIII, p. 3i7), le nom du métal est constamment écrit jiar ;v.
Chose plus shigulière, le même passage d'.\ulu-Gelle s'y trouve, avec ca?sia écrit par ;v,
l'I ((l'Iia et Crt'bini j)ar œ.
SÉANCE DU II JUIN I906. I^ip
Pour Icvei' tous les doutes, je me suis adressé à mon savant eollègiie,
;M. le professeur Grammont, qui a bien ^•oulll m'expli([uer que l'orthographe
avec œ est la seule ac-cepfable, et cela pour plusieurs raisons :
1° Gresius (gros bleu, bleu verdàtre) est la graphie classique, c'est-à-
dire celle de l'époque où la prononciation distinguait encore nettement
entre œ, œ, e et e. Dans le texte d'Aulu-Gelle lui-même, la leçon cassia,
Ciclia, caelum, est celle des meilleurs monuments, en particulier celle du
palimpseste ^'at. — Palal ; les meilleurs parmi les autres sont csctia ou
ctecia ; e ne se trouve que dans des monuments secondaires et plus
récents ; quant à œ, on ne le rencontre nulle part.
a° Le mot caesium étant sûrement apparenté à caelum (ciel), et à cseluleus
ou cajruleus (bleu de ciel, Ijieu foncé), il est certain que ces derniers
.demandent œ en lecture classique (ou e ouvert en lecture vulgaire), comme
le prouvent les mots dérivés dans les langues romanes : ciel en français,
cielo en italien et en espagnol, etc.
?>" L'orthographe par a,' de ca?lum est bien conforme à l'étymologie véri-
table ; œ a été inventé pour faire accorder la forme latine avec le mot
grec y.oD.o; (creux), ce qui est une fausse étymologie.
Je crois devoir publier ces faits et ces arguments, espérant par là mettre
(in à des divergences plutôt fâcheuses.
MICROBIOLOGIE. — Sur la vaccuuilioit contre Ui tuberculose par les voies
digestives. Note de MM. A. C.iljiette et C. GrÉBi.x.
Les expériences que nous poursuivons depuis deux ans sur l'origine
intestinale de la tuberculose pulmonaire, parallèlement avec Vallée, d'Alfort
et qui ont déjà fait l'objet de plusieurs Notes à l'Académie, nous ont amenés
à démontrer que, chez les animaux de diverses espèces (bovidés, caprins,
rongeurs), l'infection tuberculeuse du poumon n'est ordinairement pas
due, comme on le croyait jusqu'ici, à l'inhalation de poussières infec-
tantes, mais qu'elle résulte le plus souvent de l'absorption de bacilles tuber-
culeux virulents par le tube digestif. Les bacilles, introduits dans l'intes-
tin, sont entraînés avec le chyle jusqu'aux ganglions mésentériques et y
sont d'autant mieux et plus longtemps retenus que les animaux sont plus
jeunes. Chez les adultes, lorsque la quantité de bacilles ingérés est con-
sidérable, ou lorsque l'ingestion de produits infectants est fréquemment
C. R., 1906. I»' Semestre. (T. CXLII, N» ^4.) 173
iJaO ACADEMIE DES SCIENCES.
répétée, les bacilles englobés pai' les leucoi'jles polynucléaires sont
entraînés dans la grande circulation lymphatique jusque dans le cœur droit,
d'oii l'artère pulmonaire les projette vers les vaisseaux capillaires des
poumons.
Lorsque les leucocytes n'ont englobé qu'un petit nombre de bacilles ou
que des bacilles peu virulents, ils gardent leur mojjilité, traversent les
parois vasculaires et sont repris par le système lymphatique pulmonaire
qui les dirige vers les ganglions péribronchiques ou médiastinaux. Ceux-ci
les retiennent généralement et c'est alors que peuvent apparaître les
lésions d'adénopathie trachéo-bronchique, si fréquentes chez l'enfant.
Mais lorsque ces mêmes leucocytes ont englobé un grand nombre de
bacilles très virulents, ils jjerdent leur mobilité et, intoxiqués par la
luberculine, ils ne tardent pas à être frappés de mort. Ils deviennent bientôt
la proie des cellules endothéliales vasculaires (macrophages). Dès lors, les
cellules géantes se constituent et les lésions tuberculeuses initiales (gra-
nulations grises] apparaissent.
Tel est, d'après toutes nos constatations expérimentales, le mécanisme
exact de l'infection tuberculeuse.
Ces faits étant établis, nous avons été conduits à rechercher s'il serait
possible de vacciner les animaux sensibles à la! tuberculose contre l'infec-
tion naturelle par le tube digestif, en leur faisant absorber, dans leur
jeune âge, des bacilles tuberculeux modiliés, atténués ou piûvés de viru-
lence.
Hien ([ue nos expériences, portant sur 17 bovins et i;") chevreaux, ne
soient pas encore assez nombreuses pour nous permettre d'en tirer des
conclusions définitives, les résultats que nous avons obtenus sont suffi-
samment nets pour nous décider à en faire l'objet de cette Note prélimi-
naire.
On sait (jue Non. Behring a nionli'é qu il était possible de vacciner les jeunes veaux
contre la tuberculose bovine en leur injectant dans les veines, à deux reprises différentes,
espacées de quatre-vingt-dix jours d'intervalle, une petite quantité de bacilles tubercu-
leux d'origine humaine. Les animaux ainsi traités résistent bien à l'inoculation d'épreuve
et à l'infection naturelle. Cette méthode s'est montrée ellicace dans un grand nombre
d'expériences, dont celle effectuée récemment à Melun par les soins de N allée et de Ivos-
signol.
l'Ile n'est pas encore entrée dans la pratique, en raison de ce fait qu'elle présente
quelque danger pour les animaux soumis à la vaccination, et aussi pour les expérimen-
tateurs qui sont obligés de manier des bacilles tuberculeux humains virulents.
SÉANCE DU II JUIN I90G. l3'2I
Guidés par nos travaux antérieurs sur la porte d'entrée normale de l'in-
iection tulierculeuse et sur les réactions ganglionnaires qui accompagnent
celle-ci, nous avons d'abord cherché à vacciner deux jeunes bovins en leur
faisant ingérer successivement, avec une sonde œsophagienne, d'al)ord
5"?'' de bacilles tuberculeux d'origine humaine, puis, 45 jours après, aS'^s''
des mêmes bacilles. Quatre mois plus tarti, nos animaux, ne réagissant
l>as à la tuberculine, ont ingéré, en même temps qu'un témoin préala-
])lement tuberculine et reconnu indemne, un repas infectant de 5''?'' de
tuberculose ])ovine fraîche. 3^ jours après, le témoin réagissait nettement
[i" g) à la tuberculine, et les deux veaux qui avaient ingéré les deux repns
vaccinants de tuberculose humaine ne présentaient aucune réaction.
Il semble donc que la vaccination des jeunes bovins contre la tuberculose
bovine puisse être réalisée par la simple ingestion, deux fois répétée à
45 jours d'intervalle, d'une petite quantité de bacilles tuberculeux vi\ants
d'origine humaine.
^lais cette méthode, quoique plus facile à mettre en pratique que celle
de Von Behring, présente encore l'inconvénient d'exiger l'emploi de
bacilles virulents pour l'homme et susceptibles d'être disséminés par les
excrétions des animaux.
De multiples expériences, effectuées dans un autre but, nous ayant
jiiontréque les bacilles tuberculeux tués par la chaleur ou traités par divers
réactifs, passent à travers la paroi intestinale avec la même facilité que
les bacilles vivants et se retrouvent dans les ganglions mésentériques et
jusque dans le poumon, nous avons recherché si les jeunes animaux (veaux
et chevreaux) auxquels on fait ingérer, à 45 jours d'intervalle, deux doses
de 5 et aS'^^'' de bacilles morts ou diversement modifiés dans leur vitalité
et leur virulence, peuvent ensuite supporter impunément l'ingestion
d'épreuve d'un repas de 5'''' de tuberculose Ijovine fraîche, sûrement
infectante pour les témoins.
Nous avons pu nous convaincre jusqu'à présent que les bacilles tuber-
culeux bovins tués par cinq minutes d'ébullition, ou simplement chauffés
pendant cinq minutes à 70° et ingérés dans les conditions que nous avons
indiquées ci-dessus, vaccinent parfaitement après quatre mois, et pour un
temps dont il ne nous est pas encore possible de préciser la durée, contre
l'infection virulente par les voies digestives.
Nous publierons dans un prochain mémoire le détail de ces expériences
ainsi que les résultats d'autres, actuellement en cours, pour lesquelles
l322 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nous avons utilisé des bacilles atténués de diverses origines, ou des
bacilles broyés dans l'alcool absolu, ou encore des bacilles bovins traités
par l'iode ou par l'hypochlorite de chaux.
Mais, dès à présent, nous sommes fondés à admettre quoii peuL vacciner
les jeunes veaii.v par simple absorption intestinale de bacilles modifiés par
la clialeur et (jue cette méthode de vaccination ne présente aucune sorte de
• danger.
Il reste à multiplier les expériences sur un nonibre d'animaux suffisant
pour justifier son application à la prophylaxie de la tuberculose bovine.
Et si les résultats énoncés ci-dessus sont confirmés, rien ne parait devoir
s'opposer à ce que cette méthode de vaccination, sûrement inoflensive,
soit appliquée à l'espèce humaine.
Nous pensons qu'il sera possible de mettre les jeunes enfants à l'abri
de l'inléction tuberculeuse naturelle en leur faisant ingérer, peu de jours
après leur naissance et, une seconde fois quelques semaines plus tard,
une très petite quantité de bacilles tuberculeux d'origine humaine et
bovine modifiés par la chaleur et mélangés à un peu de lait.
La seule précaution essentielle, qu'il sera nécessaire et qu'il ne sera pas
toujours aisé de prendre, consistera à tenir les enfants ainsi vaccinés, pen-
dant quatre mois au moins, à l'aljri de toute contamination tubercu-
leuse.
Pour répondre à cette indication, on sera sans doute amené à créer,
surtout pour les nouveau-nés de parents tuberculeux, des nourrisse/'ies
spécialement surveillées en vue d'y empêcher l'introduction de tout germe
tuberculeux d'origine humaine ou bovine, susceptible d'infecter les
enfants jusqu'à ce qu'ils aient acquis l'immunité vaccinale.
Nous devons croire que les diffi('ullés d'application que présente une
telle mesure seraient de peu de poids en regard des immenses intérêts
sociaux qu'il s'agit de sauvegarder et des avantages que trouverait l'huma-
nité à préparer pour l'avenir une race d'hommes réfraclaires à la tubercu-
lose.
M. É.uiLE RoL'x, à propos de la communication précédente de MM. Gal-
metle et Guérin, s'exprime en ces termes :
Comme MM. Calmette et Guérin, nous avons eu l'idée, M. Vallée et moi.
SÉANCE DU II JUIN I90G. iSsS
de faire ingérer à des veaux des bacilles tuberculeux tués, par divers pro-
cédés, afin de leur conférer l'immunilé.
Voici comment nous y avons été conduits. En novembre igoS nous
avions fait avaler à des veaux de petites quantités de bacilles tuberculeux
vivants pour leur donner la maladie. Quelques temps après cette ingestion
ces animaux réagirent à la tuberculine ; plus tard ils ne réagissaient plus.
Nous les avons alors éprouvés en leur injectant des bacilles virulents dans
les veines; ils résistèrent, tandis que les témoins périrent en quelques
semaines de tuberculose généralisée. Cette expérience montrait que ces
veaux avaient contracté rinimunité contre la tuberculose par la voiediges-
tive, à la suite des premières ingestions de bacilles. Elle fut reprise en
faisant ingérer à des veaux neufs des bacilles tuberculeux tués, c'est-à-dire
plus inofl'eusifs.
Bien que ces expériences ne soient pas complètement terminées, ce
qu'elles nous ont montré est d'accord avec les résultats de MM. Calmette
et Guérin. A savoir : qu'il est possible de donner aux bovidés l'immunité
par les voies digestives.
M. ALFRED PICARD, en présentant le premier volume de son ouvrage,
Le bilan cVun siècle, s'exprime ainsi :
Les circonstances m'ayant permis de réunir d'assez nombreux documents
publics ou inédits sur le développement de la civilisation chez les différents
peuples au cours du dernier siècle, il m'a paru intéressant de coordonner
et de condenser ces documents en un tableau d'ensemble.
Telle a été l'origine d un ouvrage en six volumes, intitulé Le bilan d'un
siècle, dont j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui le tome I"' à l'Aca-
démie des Sciences.
Mon intention ne pouvait èlre de tenter une encyclopédie proprement
dite : le cycle des connaissances humaines est aujourd'hui trop étendu
pour qu'un homme puisse avoir la présomption de le parcourir tout entier.
Je me suis simplement et modestement efforcé de mettre en lumière par
quelques repères caractéristiques les grands progrès accomplis dans les
diverses branches de la production.
Si restreint et si sommaire que soit cet aperçu, il n'en a pas moins une
réelle portée philosophique. Parfois, en songeant à l'extrême brièveté de
l324 ACADÉMIE DES SCIENCES.
la vie, le pensent' se iirend :i éprouver quelque regret, non certes d'une
disparition plus ou moins prochaine, mais de l'impuissance oi'i il est d'ex-
plorer largement le domaine ouvert à l'intelligence, d'en étendre les
limites par de vastes conquêtes, d'apporter une ample contribution à l'édi-
fice de la science. Cependant, lorsque, au lieu de s'isoler, de considérer
sa seule œuvre personnelle, il envisage l'œuvre d'ensemble de ses contem-
porains, lorsque, au lieu de se bornera une génération, il remonte dans le
passé, son impression se modifie aussitôt. Des découvertes et des inven-
tions à peine appréciables ([uand elles étaient prises séparément acquièrent
par leur rapprochement une importance souvent majestueuse ; des chan-
gements jugés imperceptibles dans la condition morale ou matérielle de
l'homme deviennent des transformations profondes, de véritaljles révolu-
tions. En élargissant ainsi son horizon, en faisant abstraction de l'indivi-
dualisme pour ne voir que la solidarité et ses effets, l'esprit le plus pessi-
miste se rouvre à l'espérance ; ses défaillances s'effacent devantla perception
d'un essor continu de l'humanité.
Une constatation du plus haut intérêt se dégage aussi de cette revue. Je
veux parler de l'unité des causes qui agissent sur les diverses manifesta-
tions de notre activité. 11 est impossible de scruter ces manifestations,
d'étudier les formes multiples sous lesquelles se traduit l'évolution humaine
sans reconnaître qu'une impulsion commune guide le littérateur, le savant,
l'artiste, l'industriel, que les uns et les autres obéissent à une môme action
supérieure, que cette action dominante reste immuable dans l'extrême
variété apparente de ses effets.
Le volume que je vais déposer sur le biu'eau est consacré à l'enseigne-
ment, aux lettres, aux sciences et aux arts, c'est-à-dire à ce qu'il y a de plus
noble et de plus élevé. J'y ai mis tous mes soins et toute ma conscience.
Le chapitre des Sciences m'a été particulièrement agréable à écrire, puis-
qu'il me fournissait l'occasion de rendre un respectueux hommage à tant
d'illustres confrères, qui sont la gloire de leur temps, du pays et du monde.
Si quelque erreur s'y est glissée, j'invoque par avance.comme excuse l'im-
mensité de la tâche.
M. Akm.vxd <iiAiTii':R fait hommage à l'Académie d'une brochure inti"
tulée : La gettèse des cftii.v tliennales et ses rapports avec le volcanisme.
SÉANCE DU II JLI-N I906. iSaS
M. E.uiL FISCHER fait lioiiniiage à rAcadéniie dun volume intitulé :
L'iilersiic/ningcii i'tbcr Aniiiiosdi'ireii, Polypcplide ititd Pi'oteine (1899-1906).
CORRESPONDANCE.
■M. CHARLF.i^TBKPiKD, élu Correspondant pour la Section d'Astronomie,
adresse ses remerciments à l'Académie.
M. LE SÉCRÉTA IRE l»ERi*ÉTi EL signale, parmi les pièces imprimées de la
Corresj)ondance :
1° Lis prix .\obcl en l'JŒJ, pu])lication l'aile par les ordres des corpora-
tions chargées de décerner les prix .Xolîel.
2" Jîssai su/' li'caiTc iiuii^iquc <lc X à \ nombres, par Prosper de Lamtte.
Z" La physique moderne el son êvolitlion, par Lucien Poi.ncahé (présenté
par M. Lippmann).
AXALYSl' MATHKMATIQUI'. — Sur le problème du cylindre elliptique. Xolc
de ]M. MV'iiiiAs l>ER('ii, présentée par M. Emile Picard.
Dans le premier cahier du Bulletin de la Société matliémalique d'Alle-
magne, ^I. ^^^ Wlen jiropose de rechercher la deiuxième intégrale, non
périodique, de l'équation difl'érentielle que j'écris sous la forme
(0
d-'h
dx
j- + « + im cos IX] y = G.
Pour répondre à cette question il faut distinguer, suivant que le nombre
n est grand ou non. Dans le premier cas le procédé proposé par Heine
cesse d'être applicable. D'une part la valeur de la constante n qui donne
l'intégrale paire
(2) .'|j (.r) ^ 1 b, cos av.r,
l326 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et celle de la constante u' à laquelle correspond l'intégrale impaire
(3) '\i, [x) = 2 bj sin av.r,
sont très rapprochées dès que leur partie entière, qui est un carré parlait
g-, surpasse une certaine limite. Cela résulte des développements indiqués
par Emile Mathieu et peut s'éta])lir aussi par les méthodes de Heine, con-
venablement modifiées. J'ai obtenu la formule approchée
\ Il — \/ Il = ^r sin -y ii —
111 y II
qui s'applique déjà pour;?; = i,g = lo avec six décimales exactes.
Pour les coefficients principaux b, et b,' la méthode de Heine, qui part
des valeurs 6o= i, i/= i, fournit des valeurs très grandes; on devra divi-
ser par un grand nombre pour obtenir le résultat sous forme maniable ; les
coefficients dont on est parti avec la valeur ///; deviennent négligeables et
seront supprimés dans la plupart des applications. Au lieu de procéder de
la sorte, je proposerai de mettre les fonctions •}, sous la forme
2 ctg + 2, cos {g -+- av) ,r, S a'g + », sin (g + av) x
où V =0, =t I, ± 2,... et où l'on ferait par exemple a,j = cig' = i. La déter-
mination des coefficients s'effectue à l'aide des formules toutes semblables
en fractions continues, comme dans la méthode de Heine; la recherche des
paramètres u, n' devient particulièrement commode dans ces circonstances.
Toutefois, le procédé de développement qu'on doit à E. Mathieu paraît être
préférable.
Dans notre hypothèse de /; très grand, les différences 6, — b.j sont négli-
geables dans les applications, et l'on déduit, approximativement, les
séries (2) et (3) l'une de l'autre en échangeant les sinus et les cosinus.
Enfin, la série (3) donne la valeur approchée de la deuxième intégrale,
'i^ (.r), de l'équation (1), et vice versa. J'ai obtenu en effet la valeur exacte
de l'intégrale non périodique sous la forme
n
J., (.r) = cp (.r) + ^ T .r 'L,
où s [.r) signifie une série partout convergente
a (.c) = S c, sin av.c,
et T est donné en fonction de m- par une série entière, de forme semblable
SÉANCE DU I I .ILIN I906. l327
à la série R = /; d'Emile Mathieu. On a d'ailleurs, en première approxi-
mation.
T =
g
Sans entrer dans le détail de ces développements, on peut se rendre
compte du lien étroit qui existe entre les intégrales de l'équation (i), rela-
tives à II et II', en raisonnant comme il suit. Désignons par y (r) la série (3)
en retenant ii, (.1) pour désigner la série (2); on tire alors des équations (i)
relatives aux ])aramètres n et /(' la relation
■l, ■/:' - i," 7.= 'n- II') 6, /, à, ■/: - y, / H- 0 [.i) = G,
où j'ai fait 0 [.r) = (11' — 11) /'i, (.r) y (x) dx.
Il s'ensuit cette expression de la deuxième intégi'ale
(Ml oljservant (juo la dérivée 0' (.r) s'annule on même temps que ■{<, (.r), on
constate aisément que la seconde partie du deuxième membre est une trans-
cendante entière, négligeable avec n — 11' .
Je termine en indiquant comment on pourra procéder dans la reclierclie
de la deuxiénu; intégrale de (i), 'l., (■»■), dans le cas où n ne dépasse pas
certaines limites, cas ou la méthode de Heine est commode. Supposant
connue la série (2), je pose
oc
't'iC^') = '■? {■"') + ■'-' 'î'i V^)' ? i^-, =^ - / ''- '^i" -"''■''• '^1 (■*') = ' + 2 > Z*,, COS 2V.f.
1
On constate a priori que cp (.r) est une transcendante entière et pério-
dique et il ne reste c|u'à oljtenir les coefficients Ç,. Ils résultent de léqua-
lion différentielle
—r-^, 1- [Il + 1111 COS ix) 0+2 '!>/ (x) = O,
SOUS la forme •
c. = Q. c, + R„ ;
les quantités Qv et Rv sontdes fonctions des b et des constantes 7», /;, qu'on
calcule successivement à l'aide des relations récurrentes
<^' + ' = ^^^ '>■ - <^- - 1 ; Qo = o, Q, = X,
R.,. _ ir_^R. _ R_. + ii;^ ; R, =. R
ni
\.
C. R., iyo6, i" Semesiie.{T. CXLII, N» 24.) I74
l328 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La constante Cj ne s'obtient pas de cette manière et il faut procéder
autrement; la première idée qui se présente à l'esprit consiste à satisfaire
la condition de convergence en faisant
c,=— lini -Q- ;
mais la théorie fournit plusieurs relations qui peuvent rendre même ser-
vice et que je me réserve d'exposer dans un mémoire plus étendu.
PHYSIQUE. — Pouvoir indiiclcur spécifique et conductibilité. Viscosité
électrique. Note de M. A^dré Broca.
Dans une Note antérieure j'ai montré que, dans le cas des métaux, on
rend compte des phénomènes observés pour la résistance des fils et aussi
pour le pouvoir réflecteur en supposant que l'expression — -r^ = A, A étant
une quantité c[ui, de T=: 3 oooooo à T ^ lo trillions varie entre 1,2 et i,5.
K est le pouvoir inducteur spécifique et c est la conductibilité ; T est la
période de la perturbation électromagnétique à laquelle le métal est
soumis. Je viens de démontrer, en collaboration avec M. Turchini, que les
électrolyles présentent des perturbations plus grandes encore que les
métaux, relativement à la résistance des conducteurs cylindriques pour les
courants de haute fréquence. On rend compte de ces phénomènes en fai-
sant la même hypothèse que j'ai faite dans le cas des métaux, celle de l'exis-
tence d'un pouvoir inducteur spécifique suffisant pour que son action se
fasse sentir en même temps que celle de la conductibilité. Dans le cas de l'eau
acidulée, le calcul, mené exactement comme dans le cas des métaux [Comptes
rendus, a6 juin iQoS), conduit à la valeur -^-tt. = 0,80.
La seule difl'érence entre les deux calcyls, c'est qu'au lieu de définir la fonc-
2 COS I -^ .)• ]
tion de Ressel dont dépend le problème par la formule J,, = ,— —
qui ne s'applique que pour les valeurs assez grandes de .r, il faut employer
le développement en série connu. D'ailleurs, pour les valeurs faibles de
la variable, qui seules ont été réalisées dans le cas des éleclrolytes, les
dcn\ ou trois premiers termes des séries m'ont toujours suffi.
SÉANCE DU II JUIN I906. l329
Ainsi cet argumenl — tt^ , qui s'introduit naturellement dans tous les
calculs, non seulement a dans tous les cas une valeur finie, mais a des
valeurs qui ne varient ((ue du simple au double quand la conductibilité
varie dans le rapport de i à i million (eau acidulée et cuivre), et que la
iréquence varie de cent mille à dix Irillions (circuit de condensateur et
Rest-Strahlen de M. Rubens), c'est-à-dire dans le rapport de i à cent
millions.
.\ous allons voir la signification et le rôle de ce paramètre -^ .
Si nous appelons u le vecteur intensité et P le vecleuf force électroiuotrice en un point,
nous avons la relation : \-u = ,'|-ircP -t- K —7— . Supposons que P soit de la forme
P ^ P„ e — ("■' + ?=) sin 2- {^. r- ) correspondant à une onde plane polarisée,
amortie et absorbée, nous voyons immédiatement que u sera de la forme
in .71 (|± - -^ + oj ^
u = A. si
, rfP .
c'est-à-dire que la présence du terme K —r— introduit une différence de phase entre le
courant et la force électromotrice, jouant ainsi le rôle d'une capacité sur un circuit; on
obtient, par la méthode d'identification bien connue, les valeurs :
K
tg -IT.'^ :
ici (1 — .
2C 1 2t:
A = cP,«-(«' + ?--)^/fx-A. gjV
4c^ T-^
L'amplitude du courant total n'est donc pas la somme des amplitudes des deux cou-
rants composants, courant de conduction et courant de déplacement; la conductibilité
joue le même rôle qu'une viscosité. L'effet dépend d'ailleurs essentiellement de la valeur
de la variable - — tjt- , qui définit d'une manière suffisante cette viscosité (on pourrait éga-
lement, comme dans le cas du magnétisme, donnera ces phénomènes le nom de traînage).
ai'
L'amortissement • — — entre liien dans les formules ; mais, avec les valeurs qu il prend
dans le cas habituel, qui sont de l'ordre des centièmes, au plus, et les valeurs mesurées
de — Tp- , on peut négliger l'action de l'amortissement sur la phase 9 et sur l'amplitude.
On peut donc donner à l'expression — ?p- le nom de Constante de viscosité électrique.
Dans le cas qui nous occiqie il y a également un retard du champ magné-
tique sur le courant. En effet, l'équation de ^laxwell devient dans le cas
iTÎO ACADÉMIE DES SCIENCES.
simple actuel 4~ " =^ -jr ou V = 4~ Af - "'Je " •-- sin 2t. (— ;- + -Adz
ce qui donne finalement Y = 4'''^ A c- ■"■' +•"' sin '>.- l -^y, ? — H r "F ?
avec to- 27:i' = , , i' étant la vitesse de lumière, c la conductibilité
etT la période. Cette tangente, pour les ondes calorifiques de M. Rubens,
est de l'ordre des centièmes, l'angle 27:3' est donc très petit; la différence
de phase entre la force magnétique et le courant est donc très petite.
La constante de viscosité a une variation extrêmement lente, comme
nous l'avons déjà vu,';le phénomène est donc à peu près le même dans tous
les corps conducteurs. Gela me semble devoir éclairer d'une manière toute
spécial-e la théorie de ces corps.
La viscosité électrique introduit, comme nous l'avons vu dans le cas des
oscillations rapides, une différence de phase entre le courant et la force
électromotrice, dont il faut tenir compte par conséquent dans le calcul de
l'énergie dépensée par un courant de haute fréquence sur une self donnée.
Mais dans ce cas le décalage dû à la sell-induction est toujours d'un autre
ordre de grandeur, et par conséquent l'effet de la viscosité est négligeable.
De ce qui précède, on peut conclure que le pouvoir inducteur spécifique
dans le cas des conducteurs comme dans celui des diélectriques, n'est pas
luie constante bien définie ; la viscosité au contraire, dans le cas des con-
ducteurs est une constante importante. Il semble cependant que l'existence
d'un pouvoir inducteur spécifique très élevé est une condition essentielle
de l'existence de la conductibilité ; il semble également que la théorie de
la conductibilité doit être plus aisée à aborder dans le cas des hautes fré-
quences, oii la viscosité est à peu près constante, que dans le cas des
fréquences plus basses où, comme je l'ai montré dans une Note précédente
(26 juillet 1905), la viscosité a une variation beaucoup plus rapide.
Je ne sais d'ailleurs quelle est la valeur de la viscosité pour les fréquences
inférieures à 100 000, n'ayant pu faire d'expériences pour les fréquences
moins élevées.
PHYSIQUE. — Sur l'Aurore boréale. Note de M. P. Vill.vrd,
présentée par M. .J. Yiolle.
Considérons le champ magnélique, de forme analogue au champ terrestre,
ohleiiu entre doux pôles d'aimant. Ce champ est de révolution, possède un
SÉANCE DU II .llIN I906. l'i3l
plan éqiiatorial et, dans loiite direction noiunale à l'axe, décroit du centre à
la périphérie.
Supposons qu un corpuscule cathodique soit lancé dans le plan équatorial. Si le champ
était uniforme, ce corpuscule décrirait une circonférence et repasserait au point de
départ. Par suite de la décroissance du champ de l'axe vers la périphérie, la trajectoire,
•d'ailleurs plane par raison de symétrie, ne se refermera pas surelle-mémc, et présentera
une grande ressemblance avec le lieu décrit par un point extérieur à une circonférence à
laquelle il est lié invariablement et qui roule sur une autre circonférence. A chaque tour
Fig. I.
se produit un décalage vers l'Est si le champ est orienté comme le champ terrestre. Ce
résultat est aisé à prévoir géométriquement et se vérifie complètement par l'expérience.
Si maintenant nousconsidéronsun rayon catholiqueoblique au plan équatorial, ce rayon,
dirigé par exemple du coté Nord, s'enroulera suivant une courbe rappelant l'hélice, mais
avec un décalage progressif vers l'Est pour la même raison que plus haut. Le tiibc d'en-
roulement sera donc oblique au champ. Arrivé à une certaine distance du pôle, le pas de
l'hélice s'annulera et le raj-on rebroussera chemin : en effet M. Poincaré a démontré
que, dans un champ produit par un pôle isolé, un rayon cathodique s'enroule suivant
une ligne géodésique et par suite revient en arrière après s'être approché du pôle sans
pouvoir l'atteindre. Cette propriété remarquable, due à la convergence des lignes de
force, est ici applicable. Donc à une certaine distance D du pôle magnétique l'enroule-
ment repartira vers le Sud, avec un décalage progressif toujours vers l'Est, et le nou-
veau tube d'enroulement sera symétrique du premier par rapport au méridien magné-
tique du lieu de rebroussement. Vers le pôle Sud nouveau retour vers le Nord, nouvel
arrêta la distance D du pôle, et ainsi de suite. L'ensemble de tous ces tubes d'enroule-
ment limités de part et d autre par deux parallèles magnétique, formera une nappe en
i332
ACADEMIK DES SCIENCES.
zigzag qui sera de révolution autour de l'axe du champ, comme l'enroulement plan con-
sidéré plus haut.
La figure i est la photographie d'un rayon ainsi enroulé.
Ces phénomènes s'observent avec la plus grande facilité avec une ampoule sphérique
placée entre les pôles coniques d'un électro-aimant Ruhnjkorif.
Quand on fait varier le champ, toutes les spires diminuent de diamètre. Le décalage
de chaque spire vers l'est du champ diminue dans le même rapport. 11 en résulte que
tous les tubes d'enroulement se rapprochent du point de départ du raj-on proportion-
nellement à leur numéro d'ordre ; d'où une rotation, plus exactement un enroulement ou
un déroulement de la nappe en zigzag dont le diamètre et la longueur ne changent pas.
Supposons maintenant qu'un cirrus électrisc négativement se décharge
sous rinduence de l'iiltra-violet solaire ou de toute autre cause. 11 donnera
un large faisceau cathodique parallèle, oblique au champ magnétique ter-
restre. Tous les rayons émis s'enrouleront en spires identiques et l'en-
• — ejî^
Fig. 2.
semble formera une bande lumineuse confuse ayant pour épaisseur le
diamètre d'une spire (moins de loo™) et pour largeur celle du nuage plus
ce même diamètre. Ce faisceau se comportera c^omme les rayons dont il est
composé et, en vertu de ce qui est dit plus haut, donnera naissance à la
nappe de révolution décrite en zigzag de l'Ouest à l'Est et limitée par deux
parallèles magnétiques. Cette nappe est représentée en planisphère
[fig. 2). La superposition partielle des faisceaux aller et retour également
inclinés sur les méridiens magnétiques donnera une série de renforce-
ments de lumière orientés suivant ces méridiens et régulièrement distri-
bués autour de l'axe magnétique. Ce seront les rayons (diroraux. Si la
largeur des faisceaux est telle que deux faisceaux voisins se recouvrent en
partie, on aura Faurore en draperies. Tous les faisceaux se terminant sur
un i)arallèle magnétique, celui-ci constituera Varc auroral à l'intérieur
diu|uel les l'ayons cathodiques ne peuvent pénétrer. Sur cet arc les spires
sont j)lus serrées que partout ailleurs, d'où les renforcements de liunière
SÉANCE DU II JUIN 1906. l333
oliservés à la I3a.se des rayons auroraiix. ^'ers réquateur magnétique les
spires seront plus allongées, les faisceaux ne seront pas superposés, on ne
verra presque rien. Le sens de description de la nappe cathodique étant
0-E, l'aurore commençant dans rhémisphère éclairé abordera riiémis-
phère obscur par son bord Ouest, et se dirigera en zig-zag vers l'Est en
s'affaiblissant. Les points pour lesquels le Soleil vient de se coucher
verront donc les faisceaux avant que les allers et retours successifs ne les
aient notablement affaiblis. D'oii une plus grande fréquence apparente des
aurores aux premières heures de la nuit, conformément à l'observation.
La rotation de l'aurore résulte d'un enroulement ou déroulement de la
nappe en zigzag sous l'influence d'une variation du champ terrestre. Une
perturbation magnétique produisant un changement de convergence du
champ, général ou local, fera varier ou déformera la parallèle qui limite
la nappe aurorale, d'où un mouvement longitudinal des rayons {danse des
rayons).
Tous ces aspects se réalisent rigoureusement au moyen d'une vaste ampoule dans
laquelle on produit un faisceau cathodique aussi parallèle que possible et oblique aux
lignes de force d'un champ produit entre les pôles d'un électro-aimant. On voit, surtout
vers les pôles, les rayons auroraux, les deux arcs auroraux Nord et Sud, et les renfor-
cements de lumière à la base des faisceaux. En faisant varier le champ on enroule ou on
déroule à volonté cette aurore artificielle. En approchant d'un des pôles une petite tige
de fer on déforme le champ et on réalise à volonté la danse des rayons.
PHYSIQUE. — Sur la Uqticfaclioii de F air par délente avec travail extérieur.
Note de M. GtoRtiKS Cl.udi:, présentée par M. d'Arsonval.
Dans une précédente Note (') j'ai signalé tout l'intérêt qu'il y a à relever la
température initiale de l'air qui se détend dans les machines à air liquide
basées sur la détente avec travail extérieur. En s'éloignant du zéro absolu,
on relève la quantité de travail qu'il est possible de soustraire à l'air com-
primé, doncle rendement frigorifi([ue et la récupération d'énergie, d'autant
qu'on atténue considérablement ainsi la contraction anormale de cet air
comprimé due au voisinage immédiat de la licpiéfaction.
J'ai indiqué dans cette Note, sous le nom de Liquéfaction sous pression,
un moyen simple d'arriver à ce résultat :
Au lieu de laisser l'air détendu se liquéfier spontanément sous une pres-
(') Comptes rendus. l 'i noveiiilire 190 ">.
l334 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sion 1res faible à sa sortie de la niacliiiie, on remploie pour provoquer la
liquéfaction d'une autre fraction d'air comprimé sous la pression initiale,
qui peut être utilement de 40 atmosphères, pression critique de l'air.
L'air détendu se réchauffe alors dans le liquéfa(;teur jusc[u'aux environs
de — i4o°j température de liquéfaction du gaz qu'il condense et, pénétrant
dansTéchangeuràcette température etnon plus à — 19*^"' refroidit beaucoup
moins l'air d'admission.
J'ai pu faire un pas de plus dans la voie indicjuée.
Dans le dispositif précédent, dès (ju'à idiaque cylindrée la détente com-
mence, elle se traduit par une chute de température considérable, tant |)ar
le travail même effectué dans ce début de détente que par l'abaissement de
\h chaleur spécifique de l'air, très grande comme on sait à pression élevée
et basse température.
11 en résidte que si, grâce au relèvement de la température initiale
réalisé par l'artifice de la liquéfaction sous pression, le début de la délente
se lait dans de l)onnes conditions, on retombe pour le reste de la détente
dans les mauvaises conditions d'une température trop basse par elle-même
et 011 l'inexactitude si nuisible de la loi de Mariotte reprend ses droits
malgré la pression moindre.
Pour obvier à cet inconvénient, j'ai imaginé de faire la <lé(ente en deux
portions distinctes.
I^a première délente, quis'elfecUie en A, est arrêtée au point où la température atteint
une valeur notat)lenhent au-dessous de la température critique de l'air, disons par
exemple ^- 160°.
I/air partiellement détendu est alors conduit dans le premier liquéfacleur L alimenlé
\>Ai' une partie de l'air couiprimé ( 'lO'''"') et froid du circuit d alimentation. Il en pro-
voque la liquéfaction à — l 'i*'" en se réchauflaiit hii-mème à celte température: ainsi
réchauffé, il retourne alors dans un second cylindre B accouqjlir dans de bien meilleures
conditions le reste de sa détente, estenvoj'édans un deuxième liquéfacleur, L, analogue au
premier, ])oui' provoquer une deuxième liquéfaction, puis retourne àl'échangeur de tempé-
rature M où il circule en sens inverse de l'air comprimé entrant. C'est ce que j'ai appelé
la II que faction compound et il serait loisible, si on le jugeait à propos, de multiplier
davantage les étapes de la détente et de tendre ainsi vers la détente isoliiermique à la
température critique de l'air.
Ce processus est évidemment applicable dans tous les cas, quel que soit ra|i|iareil
(turbine, luachine à cvlindres, etc.) où s'cfreclue la détente avec travail extérieur.
l'jn outre de ces avantages théoriques, la liquéfaction compound présente des avan-
tages pratiques fort inqjortants et du même ordre (jue ceux invoqués pour le couqxiun-
dage des machines à vapeur.
SÉANCE DU I I JUIN I906. l335
Cet ensemble d'avantages théoriques et pratiques se traduit par des
résultats que mettent en évidence mes étapes successives :
Les chiffres ci-après sont relatifs à des puissances dépensées de 60 à
70 chevaux, récupération déduite, les compresseurs d'air étant supposés
fournir par cheval-heure sur l'arbre 6 kilogrammes d'air comprimé a
LIOUEFACTION
COMPOUND
40 atmosphères effectives, ce qui correspond à un rendement de 66 p. 100
environ.
L'air liquide produit, compté en liquide soutiré à la pression atmosphé-
rique, est supposé titrer 35 p. 100 d'oxygène, valeur moyenne obtenue
dans la pratique et sa densité est en conséquence égale à celle de l'eau.
Première étape. — Liquéfaction spontanée sous la pression atmosphé-
rique : o',2 d'air liquide par cheval-heure, au plus.
Deuxième étape. — Litjuéfaction sous pression (chiffre rectifié de ma
communication du3ojuin 190a, dans laquelle une cause d'erreur importante
avait passé inaperçue) o'C6 par cheval-heure.
Troisième étape. — Liquéfaction compound : o',85 par cheval-heure.
C. R., i()u6. 1" SemesCie. (T. CXLII, N" 24.)
173
l33G ACADÉMIE DKS SCIliNCES.
CHIMIE GÉNÉRALE. — S/Il' les propriétés maqnéliqtics des combinaisons
du bore el du uKiiii^auèsc. Note de jM. Bi:^'i:t i>i' Jasso.\.\eix, présentée
par M. H. Moissan.
Hciisler(') a signalé les propriétés magnétiques des combinaisons du
manganèse avec l'élain, l'arsenic, l'anlinioine, le bismuth, le bore et l'alu-
miiiium, ainsi que la variation de ces |)ropriétés avec la composition des
alliages étudiés. En particulier, la perméabilité des bronzes contenant du
manganèse et de l'aluminium est maxima lorscjue les proportions de ces
métaux sont dans le rapport de leurs poids atomiques.
La réduction des oxydes du manganèse par le bore au four électri(jue
permet d'olitenir des fontes contenant juscju'à 28,6 p. 100 de bore et dont
on peut séparer deux borures définis ^InB et JNInB" (■). Ces fontes sont plus
ou moins attirables par un aimant et leurs |)ropriétés magnétiques varient
avec leur teneur en boi-e.
Elles fondent, en s'oxydant à l'air, à une température trop élevée pour
(ju'il soit possible tl'opérer dans le vide et la difficulté de les obtenir en
lingots de dimensions convenal)les olilige à les étudier sous forme de
poudres.
Les fontes étudiées, qui se pulvérisent avec facilité, ont été tamisées avec soin et des
poids égaux ont été successivement introduits dans un même tube de verre et tassées sans
compression jusqu'à volume invariable pour chaque échantillon, Le tube de verre a été
introduit dans la partie centrale d'une boliine magnétisante et les variations du flux
d'induction lorsqu'on interrompait le courant inducteur ou lorsqu on retirait le tube
contenant la fonte ont été mesurées au moyen d'une bobine auxiliaire placée dans le
circuit d'un galvanomètre balistique. Des mesures ont été faites en même temps avec
les borures définis MnB et MnB- préparés au moyen des fontes précédentes et avec de
la limaille de fer doux tamisée de la même façon, brillante ou oxydée superficiellement.
Les déviations obtenues sur l'échelle lumineuse du galvanomètre en retirant le tube
de verre ont été les suivantes :
Inlcnsilé (lu (.oiuMnt indutleur. o»"ip,ii 0'"i'I',hj o»i"I',25
Fonte à i,', 0/0 de bore o'"'" o""" o"""
— à .'1 o/i) — o o o
— •' 7-7 "h^ — ■! > !\
(') !1eusi.i;ii, '/.rit. /'. <iii^civ. Cli. W'il, i.jcj', , p. -j'x).
i-'l lii.Mir i>c Jasso.\m;ix, U . Soc. cli. i, t. \X\\ . m)|'''' !'■ '"■'•
Oiimi).,
II
c,ani|.,
'9
o»"'P,a')
-Jiiiiii
5
J""'V
,'•
,-inin K
r"»
8
I l
4
n
9
3
I
3
8
0,5
•2,5
•!
o,-^5
0,5
0,5
f)
0
(>
3
(i
8,5
0
()
0
7
l'î
16
5
1 1
I'.
SÉANCE DU II JUIN I906. l337
Intensité (lu conranL imiiu-tour.
Fonte ;i 10 0/0 de bore
— à 12,9 0/0 —
— à i5,5 0/0 —
— à 16,1 (>/( ) —
— à 17,3 o/n —
— 317,8 ojo —
— à i<),'i o/i) — ■
— à 2 1 (i/o —
Borure défini MnB —
_ MnB^ —
Limaille de fer Itriliimte —
— oxydée —
En interrompant le courant inducteur successivement en présence et en l'absence du
tube de verre contenant les fontes, la différence des déviations obtenues a reproduit les
valeurs du tableau précédent, à une fraction de millimètre près en moins pour les fontes
fortement magnétiques qui possèdent du magnétisme rémanent. Le courant inducteur
(dont l'intensité avait été maintenue quelque temps à o''"p,25| étant interrompu, la fonte à
12,9 p. 100 de bore dont la perméabilité magnétique est la plus grande a donné une dévia-
tion de ()""", 5 lorsqu'on enlevaitle tube, alors que la limaille de fer donnait une déviati<jn
de 2""", 5.
Dans cette lonte, ainsi que dans la limaille de fer prise comme terme de comparaison,
l'induction a pris des valeurs proportionnelles au champ inducteur jusqu'à la limite des
expériences, l'intensité du courant dans la bobine magnétisante ayant varié depuis o
jusqu'à o''"''',55, ce qui correspondait à un champ d'environ 'ioo unités.
Si l'on porte en abscisses la teneur des fontes en bore et en ordonnées
les déviations du galvanomètre sensiblement proportionnelles à la per-
méabilité magnétique, on obtient des courbes qui présentent des maxima
très accentués entre les teneurs de i3 et de i5 p. loo. L'étude chimique
de ces fontes a montré que, de o à i5p. loo de bore, elles contiennent
seulement le borure défini MnB que l'on peut séparer par l'action ménagée
du chlore au-dessous du rouge, tandis qu'au-dessus de i5 p. loo, elles
contiennent un mélange des borures MnB et MnB-, la proportion de ce
dernier allant en augmentant avec la teneur en bore. L'examen des deux
composés définis montre que seul le borure MnB présente des propriétés
magnétiques accentuées. Le maximum de perméabilité des fontes corres-
pond à une teneur en bore de i4 à i5 p. loo, inférieure à celle de ce
borure (i6,6) ; cela tient h la présence, dans les fontes dont la teneur en
bore dépasse i5 p. loo, d'une petite quantité de borure MnB" non magné-
l338 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tique. Enfin, le traitement qui permet de sépai'er le borure MnB oxydant
superficiellement ce corps, il est naturel de trouver pour sa perméabilité
magnétique une valeur plus faible que celle de la fonte la plus perméable,
la différence étant de Tordre de celle que l'on trouve dans les mêmes
conditions entre la limaille de fer brillante et la limaille légèrement oxydée.
En résumé, des deux borures définis MnB et MnB', le premier seul pré-
sente des propriétés magnétiques, et la perméabi'lité des fontes borées de
manganèse est d'autant plus grande qu'elles contiennent davantage de ce
boriire.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur les iodoiuerciiirttes de magnésium el de manganèse.
Note de M. A. DiiBolx, présentée par M. L. Troost.
Gomme pour la préparation des iodomercurates alcalino-terreux, j'ai fait
dissoudre dans une petite quantité d'eau alternativement et jusqu'à refus
de l'iodure métallique et du biiodure de mercure, en hâtant la dissolution
vers la fin de Topération par une faible élévation de température.
Sels de magnésium. — En opérant avec l'iodure de magnésium, on obtient
une liqueur qui, pour la température de i7°8, a pour densité 2,92 et une
composition qu'on peut représenter par la formule MgP, 1,29 H'O,
ii,o6H^O.
Magnésium 7,34 p- 100 7,38 p. 100.
Mercure 19,01 — 19,07 —
Iode 56,11 — 55,89 —
Al)andonnée à l'évapoi'ation spontanée dans l'air sec, elle laisse déposer de beaux cris-
taux d'un sel ayant pour densité ifi à 0° et pour formule Mgl-, i. Hg \-, 7 H-0.
TROUVÉ I*^'' DÉPÔT a® DÉPÔT 3'-' DEPOT 4"^ I*^'PÔT CALCULÉ
Magnésium 1,93 2,02 1.94 i.gS 1.829
Mercure 29,41 29,61 29,62 » 30,487
Iode 57,56 57,92 57,81 57,97 58,079
Deuxième iodomerciirate de magnésium. — • Après ces dépôts, la liqueur se prend en
masse. Réchauffée au bain-marie avec une très faible quantité d'eau, elle dépose des
octaèdres très déliquescents. Leur densité est environ 1,1) et l'anal^-se conduit à leur
assigner la formule Mgl-, Hgl-, 9 Hg-0.
SÉANCE DU II JUIN I906. iSSq
TROUVÉ CALCULÉ
Magnésium 2,75 1^.72 2,728
Mercure 22,08 22.11 22,36i
Iode 56,34 56,45 56,797
Eau » 1) 18, 1 12
Idoinercuralc de manganèse. — La liqueur obtenue avec l'iodure de manganèse a pour
composition Hgl-, i,',(>Mnl-, \t^,-iM-o pour la température de 17° et une densité
de 2,98.
Manganèse 7,34 7.38 p. 100.
Mercure 19.01 '9i''7 —
Iode - 55,89 56,11 —
Par évaporation dans l'air sec en présence d acide sulfurique elle a fourni un sel dont
la densité est 'i,8 et auquel l'analyse assigne pour formule î Mnl-, 5 Hgl-, '^o 11-0.
TROUVÉ I'^'' DÉPÔT 2° DÉPÔT 3° DÉPÔT CALCULÉ
Manganèse 4>74 4>53 4>57 4J638
Mercure 28,22 28,85 28,43 28,1 13
Iode 56,92 50,89 » 57,126
Eau » » w 10,120
En présence de l'eau et des dissolvants, ces iodomerciiratessecomportent
très sensiblement comme les iodomercurates de calcium que j'ai décrits
précédemment (').
CHIMIE MINÉRALE. — Sur la rcduction du sélâiiure d'antimoine. Note de
M. P. Chrétikx, présentée par M. A. Ditte.
On admet que le séléniure d'antimoine est complètement réduit par
l'hydrogène, comme le sulfure, mais que la réaction est beaucoup plus
lente. L'étude de cette réaction m'a permis d'observer les faits suivants.
Lorsqu'on chauffe au rouge du séléniure d'antimoine dans un courant d hydrogène
pur, il se fait tout d'abord un abondant dégagement d'acide sélénhydrique et on voit
apparaître un dépôt de sélénium. En opérant sur i*'' de séléniure pendant une heure, le
dégagement d'acide sélénhydrique devient extrêmement lent, et au-dessus de la nacelle
on remarque de belles et fines aiguilles à éclat métallique. La perte de poids correspond
sensiblement à la formation d'un sous-séléniure Sb'Se' et lanalyse du contenu de la
nacelle, dont l'aspect est métallique, montre qu il a bien cette composition. Quant aux
aiguilles sublimées, elles s'obtiennent toujours en très petite quantité, quelques centi-
(') Comptes rendus, t. CXLH, p. 'itjà.
x34o ACADÉMIE DKS SCIENCES.
grainiiios à peine cl n'ont pas la même composition; elles représentent un séléniure
salin Sb^Se'.
Il senjble bien que le produit de composition Sij'Se"' est un composé défini : en tous
cas il n'y a pas eu mise en liberté d'antimoine. F.n effet ce produit chauffé à Sjo" dans
un courant de gaz inerte se volatilise complètement sans qu'jl reste le moindre résidu
dans la nacelle et le produit sublimé a toujours l'aspect d'une masse métallique fondue
dont la composition n'a pas varié. De plus ce produit est lui-même réductible par l'Iiy-
drogène au rouge, jnaij, sans avoir mesuré exactement la vitesse de la réduction, j'ai
cependant observé qu'elle a complètement changé. Kn i'' , i^'' de triséléniure perd
8,'i p. loo de son poids, tandis que, dans les mêmes conditions et pendant le même
temps, la perle du produit de composition Si)''Se"' n'est plus que de i,'^ p. loo.
J'ai pensé que la courbe de fusibilité des mélanges d'antimoine et de sélé-
nium devait indiquer l'existence de ces sous-séléniures. Je me suis servi
pour mes mesures du four électrique à enroulement de fil de nickel; au
,
630 ^fc
Sb^Se^-
NI
\
J\î \
\J
\
sp,
i ^
\
A
V,
)\
\,
N
SI
Se
1
V
1
""^^
^
V
y
,/
*
i.^'
<;■
V
+
500
10
20 30 UO 50
centi'e un tube de bohème où se faisaient les dissolutions dans une atmo-
sphère de gaz carbonique était entouré d'un tube de fer très épais. Les
températures étaient prises avec un couple gradué entre les températures
d'ébuUition du soufre [445' + (H — 760)0,09] et du sélénium [690° -f-
(H — 760)0,1 ].
La température de fusion de l'antimoine donnée dans ces conditions par
deux expériences très concordantes avec deux échantillons d'antimoine
pur d'origines 1res différentes a été de 6:'.8°. La dernière détermination duo
à Krafft est de 620°.
Pour l'étiulc des dissolutions, j'ai toujours fait l'analyse du produit sur
deux échaiililions, l'un pris dans la partie moyenne immédiatement au con-
tact de la soudure, l'autre pris dans l'exlrémité inférieure.
SÉANCE DU II JlIN 1906. l34l
Les résultais (|iie j'ai oljteniis sonl représentés par une tourbe (|iii
indi(iue nettement Texislence de trois nouvelles combinaisons de l'anti-
moine et du sélénium : le monoséléniure SbSe, le sous-séléniure Sb'Se" ou
S'bSe', 2SbSe et le séléniure salin Sb'^Se* ou SlrSe^, SbSe.
Le séléniure salin s'obtient bien dans la réduction par l'iiydrugène du triséléniure, il
se sublime en très belles aiguilles, niais toujours en quantité iiilinie. Le sous-séléniure
Sb'Se" est au contraire obtenu très tacilenicnt dans cette réduction.
Quant au monoséléniure il faudrait, pour lobtenir ainsi, un temps très long; il est
lui-même réduit par l'hydrogène, mais avec une vitesse extrêmement faible. Pendant
1'' et dans des conditions semblables aux j)récédentes, i^'' de monoséléniure perd
0,3 p. loo de son poids. La vitesses approximatives de réduction des trois séléniures
Sb'Se^, Sb'Se° et SbSe peuvent se représenter par les nombres -iS ; \,'i et i .
CHIMIE MINÉRALE. — Sur i'alkiqiic du [AcUinepar racide sidfuiiquc.
Note de iNL L. Qri:.\.\i:ssi:.\, présentée par M. H. Moissan.
L action de 1 aciile sulfiiri(|ue sur le platine a donné lieu à de nombreux
mémoires; parmi les plus importants, on peut citer ceux de Scheurer-
Kestner ('j etConroy("). Le premier admettait cpie la ])résence des produits
nitreux hâtait la dissolution du platine dans l'acide siilfurique, le second
au contraire leur attribuait une action retardatrice.
Tout récemment, M. Delépine f) a signalé une attacpie du métal notable-
ment plus élevée que celle ([n'indiquent les chiffres donnés par Scheurer-
Kestner ; de plus, d'après ses oliservations, l'addition d'acide azoti(]ue à
l'acide suU'urique n'inlluerait nullement sur la vitesse d'atta(pie.
La (pu>stion ne me paraissant pas plus résolue (|u'auparavant, j'ai donc
entrepris avec l'acide suU'urique pur un certain nombre do recherches
dont les résultats jetteront un jour nouveau sur ce problème qui a inté-
ressé à \\\\ si haut point la grande industrie chimique.
Après avoir vériiié par le sulfate ferreux et aussi par la diphén^iumiae (pie l'acide
sulfurique employé était enlièreuient exempt de produils nitreux, j'ai tout d'abord étudié
l'action de l'acide à 1)1 p. 100 de SO'H- sur le platine du commerce. Dans ce but, j'ai pris
(') SciUiCHKIi-KlisTNIili, Comptes rendus, L LWXM. i.S;S,p. inHi.BiiU. Soc. C/iim. [1)
t. XXIV iS;"), p. ,5(11. //;/(/.. t. XXX. i.S;,S, p. ■i.S, C(>mj)les rendus, t. XCI, 1S80,
p. j;).
(-) J. T. CoMiOV, Joiirn. .Soc. Chiiii. [nd., t. XXll, ujoS. p. l'Jj.
('') M. DELliiM.Nli, Comptes rendus, t. ÇXIjL iMoJ, p. S'i() et [>. loi'j.
l'Mi2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
du métal servant à confectionner les vases à concentrer cet acide et, de plus, j'ai exagéré
à dessein la température en dépassant notalïlement le maximum de 'iSS" atteint dans
l'industrie, pour obtenir l'acide à y'i p. loo de nionohydrate. Et pour finir j'ai répété' les
méraes essais avec du platine pur que j'ai spécialement préparé à cette occasion. D'autre
part, pour écarter l'action sur le platine du sulfate acide de potassium utilisé par
M. Delépine en vue délever le point d ébuUilion, j'ai opéré en tube scellé entre 3go et
4oo°. Sainte-Claire Deville^') a du reste indiqué que ce sel attaquait le platine au niveau
de la zone d'air.
Les résultats de ces divers essais, qui tous ont eu une durée égale à 9'' vers 400°, ont
été donnés en rapportant l'attaque à un décimètre carré de métal pendant i'' (So*^"- sur
chaque face).
Avec le platine du commerce la chauffe a été faite : 1° Dans le vide et a' dans une
atmosphère d'oxygène.
Dans le vide, l'attaque a été de o8'',o()i par décimètre-heure et dans l'oxygène de
08'', i.2'i, dans cette deuxième expérience, à 1 ouverture du tube, j'ai en outre constaté un
vide partiel correspondant à )5 millimètres de mercure pour le volume du tube que j'ai
employé. Il y a donc eu une absorption d'oxjgène.
Avec le platine pur, dans les mêmes conditions, les résultats ont été les suivants :
Dans le tube rempli d'oyygène, l'attaque n'a plus été que de o^^o-^a- par décimètre-
heure et dans celui où le vide avait été fait (>6'',ooo6.
Dans ces quatre essais les lames de métal avaient été enroulées en spirale; j'ai pu alors
constater que [seules les parties immergées dans l'acide avaient été attaquées, les sur-
faces restées en dehors du liquide ayant conservé tout leur brillant.
Le platine du commerce est fortement moiré, tandis que le métal pur n'est que
décapé.
Ces faits établis, j'ai continué ces recherches exclusivement avec du
platine /'///', en présence d'acide à différents degrés de concentration et
dans le vide seulement, l'intervention de l'o.xygène ayant été nettement
établie parles premiers essais.
Avec l'acide SO''H- contenant un excès d'anhydride (environ 1 p. 100) l'attaque a été
de oB',o'2(i5 par décimètre-heure, sensiblement la même que celle du métal pur dans
l'oxygène et, à I ouverture du tube, j'ai constaté nettement la présence d'acide sulfureux,
ainsi que dans les deu.i expériences suivantes.
Avec de l'acide titrant y8,6 p. 100 SO'' II- l'attaque a été de o^',w)'-j(> par décimètre-
heure tandis qu'avec de l'acide à g6,y5 p. nx) la perte na été que de ot''',ooi4. Dans
cette dernière expérience la température * été accidentellement, pendant 1'' environ,
portée à 45o°.
En résumé, je peux conclure que dans les premiers cas, avec un acide
(') CoMiilé InlrrnaticiiKil des Poids cl Mesures. Procès vcrbau.r de 1877, p. i()8.
SÉANCE DU 1 I JUIN' I906. l343
tel que celui qui est livré au commerce par l'industrie, c'est l'oxygène de
l'air qui intervient comme agent oxydant ; tandis qu'avec l'acide sulfu-
rique à titre élevé en l'absence d'oxygène libre, c'est l'anliydride sulfurique
en solution dans l'acide sulfurique qui fournit l'oxygène nécessaire à
l'oxydation, par suite d'un phénomène de même genre que celui qui sert à
la préparation de l'anhydride sulfureux avec les métaux communs; le
mécanisme peut en effet se comprendre si l'on se reporte aux travaux de
Dittmar (') sur la dissociation de SO'H" en SO' + H'O dans les acides
sulfuriques à titre très élevé.
CHIMIE ORGANIQUE. — Le chlovage de la laine. Note iVOI. Léo Vi«.\ox
et J. MOLI..VHD, présentée par M. H. Moissan.
Le chlorage de la laine est une opération pratiquée en teinture et en
impression.
Nous avons étudié méthodiquement l'action du chlore gazeux, de l'eau
de chlore, et du chlorure de chaux sur la laine : Les expériences ont été
faites dans des conditions déterminées et différentes, en précisant les
modifications chimiques et physiques apportées aux ju'opriétés initiales de
la laine par chaque traitement.
\. Chlore gazeux. — Nous avons l'ait agir le gaz chlore sec et luuiiide à la tempéralure
ordinaire et à So", pendant des temps diiférents, sur de laine blanche lilée.et dégraissée.
Voici les résultats obtenus :
Cl SEC Cl HUMIDE
liFFETS PUODUITS' • — — ^ — — — ■
a4 11. à 1,5" 2 ti, à 5o" 24 h. à i')" 2 h. à :"ioo
Couleur Jaune verte. Jaune verle. Jaune verte. Jaune verte.
Poids augmentation i3,4p.2oo â.37 12,01 7, '5
Elasticité ^ Témoin i,44 0,64 0,64 0,58
Ténacité ( pris pour i o,-/i 0,66 0,62 0,67
Chlore fi.\é 6,64 6.83 6,01 5,87
Teinture Améliorée. Améliorée. Améliorée. Améliorée.
Feutrage Subsiste. Subsiste. Subsiste. Subsiste.
Perte de poids après teinture. ... — — 20,74-24,38
Les propriétés tinctoriales ont été appréciées par rapport à un témoin; en teignant les
écheveaux traités avec une matière colorante acide (orangé I) et une matière colorante
basique (violet de méth3'le) dans les 4 séries d'expériences réalisées, on constate :
(M Dittmar, Joiirn of t/ie Chemical Society, (2) t. VU, 1869, p. 44G.
C. R., igori.'i" St-meslie. (T. CXLII, N» 24). I76
1344
ACADEMIE DES SCIENCES.
l'augmentation des poids et des aptitudes tinctoriales, la iixation de 6 à 7 p. 100 de
chlore qu'on retrouve à l'état d'HCl et de Cl libre, la diminution de l'élasticité et de la
ténacité (sauf dans un cas), la conservation des propriétés feutrantes. Le chlore agit
plus ou moins suivant la durée et la température de l'action : en présence dune quan-
tité d'eau suffisante, il y a dissolution complète de la laine.
II. Eau de clilorc. — Nous avons étudié l'action de l'eau de chlore renfermant o,'|0 à
o,5o de Cl actif pour 100°", en milieu neutre, milieu alcalin (NaOHj et milieu acide (HGl) :
Résultats
MILIEU
KEUTRF,
MILIEU
ALCALIN
MILIEU
ACIDE
Couloui' Jaune. Jaune. Jaune.
Poids diminution 9;73 4.6-20,70 3,o6-4,4J
Cl fixé 12,63 1,33-0,89 io,o5-i3,29
Élasticité ( type pris o,23 0,56-0,28 0,20
Ténacité I pour i 0,18 o,66-o,3i 0,10
Teinture .Mauvaise. Améliorée. Mauvaise.
Diminution do poids après teinture ... — — ■ 43,2-45,2
III. Chlorure de chaux . — La laine a été traitée par un bain acide HCl à i 1/2 p. 100
pendant io minutes, une solution de chlorure de chaux à i p. 100 pendant 60 minutes,
une nouvelle immersion au bain acide pendant 20 minutes, on l'a ensuite essorée, lavée
et séchée à l'air. Quelques échantillons ont été traités au bisulfite de sodium.
Nous avons examiné aussi de la laine passée seulement en bain acide. Résultats :
LAINE CHLORÉE
LAINE AKIDÉlî LAINE CHLORÉE ET SULFITÉE TÉMOIN
.\spcct Blanc. Jaune. Blanc-jaunàli'e. Blanc.
Diminution de poids p. 100. 0,41 10,11 ' 9,17 o
Elasticité p. 100 Gain22,8') I'erU'8,56 Perle 10 o
Ténacité p. 100 Gainig.io Gain o, 58 Perle 11,6 o
Chlore fixé p. 100 .... 1,01 1,24 o,33 o
La laine chlorée noircit par l'amidon ioduré. La laine chlorée et la laine chlorée et
sulfitée se mouillent beaucoup plus facilement, se teignent en nuances plus foncées et
plus brillantes et se rétrécissent beaucoup moins que les témoins.
En effet, après teinture on observe que :
La laine l'hlorée a perdu (> p. 100 de sa longueur initiale
— chlorée et sulfitée — o — —
— acidée — i '1 — —
— témoin — 20 — —
En résume, le chlore en agissant sur la laine la modifie et peut la dis-
soudre : dans des conditions déterminées, il lui donne des propriétés non-
SKANCK bl II JUIN 1()()G. l3/i)
velles. En particulier, elle perd lo p. loo de son ])oids, se teint plus
facilement en donnant des nuances plus foncées et plus brillantes. Elle
devient sensiblement irrétrécissable.
Dans les opérations industrielles, le chlore ne paraît pas fixé ; il agit
comme réactif et semble avoir détruit les parties saillantes des écailles et
diminuer par suite l'aptitude au feutrage et au rétrécissement. En même
temps, la rupture de certaines liaisons d'amino-acides peut rendre compte
de l'accroissement des propriétés tinctoriales par l'augmentation des
fonctions acides et basiques.
CHIMIE ANALYTIQUE. — Le dosage des matières albumiuoïdes et gélati-
neuses au moyen de l'acétone. Note de MM. F. Bokuas et Tol'1»lai\,
présentée par M. d'Artonval.
Dans nos recherches sur les principales matières albuminoïdes, albumine
d'œuf, fibrine et caséine, ainsi que les substances gélatineuses, nous avons
constaté que tontes ces substances étaient complètement insolubles dans
l'acétone pure, ou diluée en proportion convenable avec de l'eau. Les dias-
tases et les peptones sont également précipitées par l'acétone.
Ces dilférentes précipitations se font à froid et les liquides séparés des
précipités par centrifugation ne contiennent plus trace de matières azotées
et ne donnent rien avec les réactifs les plus sensibles des matières albu-
minoïdes.
La propriété de l'acétone que nous venons d'indiquer jointe à sa solubi-
lité dans l'eau et à son pouvoir dissolvant de la plupart des matières grasses
et résineuses nous a permis d'en déduire, dans un grand nombre de cas,
une technique facile poqr doser les matières albuminoïdes et gélatineuses
contenues dans des émidsions aqueuses de graisses ou de résines : comme
par exemple dans les différentes matières alimentaires, dans plusieurs
produits industriels tels que peintures à l'eau à base de caséine, pâtes pour
polygraphes, enduits pour papiers, etc.
En effet, l'emploi de l'acétone aqueuse permet non seulement de préci-
piter les substances albuminoïdes des gélatineuses, mais encore de leur
enlever les graisses, huiles des résines, sels solubles qu'elles contiennent
et cela sans recourir à des dessiccations préalables toujours longues.
On ne doit faire agir l'acétone que sur des liquides albumineux ou gela-
l346 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lineiix reiuUis neutres ou n'ayant ([u'une réaction légèrement acide ou alca-
line.
Voici par exemple en prenant comme types de ce genre de dosage les
substances alimentaires suivantes, beurre, fromage, lait, la façon de doser
les matières aljjuminoïdes qu'elles contiennent.
Beurre. — • On épuise lo^' de beurre par de l'acétone pure, on traite ensuite le résidu
par de l'acétone aqueuse qui laisse la caséine; son poids diminué de celui de ses cendres
donne la quantité de caséine contenue dans 106'' de beurre.
Fromages. — On délaye environ ■i.^' de fromage dans 5 à lo"^"^ d'eau suivant la nature
de l'échantillon. On ajoute par petites portions et en agitant 'jo à 35"^™'* d'acétone pure. La
totalité de la matière alinuninoïde est ainsi précipitée. L'insoluble est lavé à l'acétone
diluée puis à l'acétone pure, on pèse après déduction des cendres et on en déduit la pro-
portion de caséine. Ce dosage est avantageux, car les procédés en usage consistent à
doser la caséine dans les fromages par différence.
Lait. — 11 suffit de verser lo™^ (jg lait dans 20""' d'acétone pure pour précipiter
immédiatement et complètement toutes les matières albuminoïdes. On agite et le préci-
pité, séparé du liquide acétone par centrifugation, est lavé à l'acétone aqueuse, puis à l'a-
cétone pure. Dans ces conditions la caséine obtenue se dessèche facilement et son poids
diminué de celui de ses cendres donne la quantité de caséine contenue dans lo"^'"^ de lait.
Le priiKMpe de ce dosage basé sur l'emploi de l'acétone ainsi que des
considérations d'un autre ordre nous ont permis d'aborder le contrôle
rapide et simple des laits au point de vue du mouillage ou de l'écrémage.
VITICLLTUUE. — Recherches sur le développement du Botrytis Cinerea cause
de la pourriture grise des raisins. Note de M. «J. M. Guiixox, présentée
par M. Prillieux.
La pourriture grise des raisins due au Botrytis cinerea cause chaque
année des dégâts considérables. J'ai fait à la station viticole de Cognac
quelques expériences do laboratoire, afin d'étudier le mode de développe-
ment du champignon.
Des grappes de raisins appartenant aux divers cépages que l'on cultive
dan§ les Charentes et prises à différents états de développement ont été
placées sous une cloche reposant sur une plaque de verre |)our maintenir
un air confiné et assez humide. Un certain nombre de grains de chaque
espèce ont été piqués avec une aiguille et, dans la goutte de jus qui s'échap-
pait de la piqûre, j'ai ensemencé des spores de Botrytis. La cloche était
SÉANCK DU ri JUIN I906. 1 347
laissée dans le laboi-atoire et par conséquent à une température moyenne
de 13 à 20°; deux heures après l'infection, le Botnjtis avait germé et for-
mait à la surface de la goutte de moût un léger réseau de mycélium, mais
le raisin n'était pas encore envahi; erente-six heures après, le mycélium
était pai'venu au raisin qui présentait une tache circulaire brune de 2 ou
3™'" de diamètre.
D'autre part, la pulj)e s'était gonflée au point attaqué et la pellicule s'était
déchirée. Les cellules de la pellicule avaient bruni et l'examen microsco-
pique montrait à leur intérieur les filaments mycéliens extrêmement abon-
dants, rayonnant en étoile autour de la piqûre comme centre. Les cellules
étaient partiellement dissociées et la pellicule n'oifrait plus aucune résis-
tance. Sur un total de 4^ grains ainsi piqués, 29 étaient infestés après
trente-six heures, tous l'étaient au bout de trois jours. Cette expérience
a été répétée plusieurs fois sur des grappes mûres et les résultats ont été
les mêmes. Elle a été également faite sur des verjus de la plupart de ces
cépages. Dans ce cas rinfeclion a été un peu plus lente, mais s'est toujours
produite.
On peut donc en conclure • que tout grain blessé sur lequel viennent h
tomber quelques spores vivantes de Botrytis est fatalement appelé à pourrir
au bout d'un temps variable de trente-six heures à trois jours après l'infec-
tion, si r humidité de l'air est suffisante.
. Un autre essai a été fait avec les mêmes cépages, mais en utilisant des grains sains sur
lesquels on avait déposé une goutte de moût stérilisé, puis qu'on avait ensemencés avec
des spores de Botrytis. Dans ce cas, comme dans le premier, le champignon s'est rapi-
dement développé à la surface de la goutte. Après /,8'' celle-ci est entièrement recou-
verte par le mycélium, mais en enlevant le mycélium tout d'une pièce avec la pointe
d'une épingle, la pellicule du grain au-dessous est absolument intacte. La pellicule
offre donc à la pénétration du mycélium un certain obstacle, mais cet obstacle n'est pas
insurmontable comme nous allons le voir. Après 4 jours en effet, sur 14 grains de
Folle-Blanche ainsi ensemencés, 3 sont infectés et montrent l'épiderme bruni suivant
un diamètre de '> à 4"""- i'-* grains de Saint-Emilion ainsi traités sont tous infectés. Sur
un certain nombre on reuiarque le gonflement du grain au point infesté, gonflement quia
amené la déchirure de la pellicule. Le mycélium est extrêmement abondant dans la
pellicule brunie et rayonne nettement autour de deux ou trois centres qui soiit proba-
blement les points par oi^ il a pénétré. Le sixième jour toutes les infections ont réussi.
Les mêmes expériences répétées avec des verjus ont donné des résultats analogues,
mais au bout d'un tenjps un peu plus long.
Ces essais montrent que, lorsque le Botrytis ^e développe normalement au
1)10 ACADEMIE DES SCIENCES.
contact d'uit grain sain, il ai-rive constamment à traverser Fobstacle cons-
titué par la pellicule et à contaminer le grain.
Les mêmes essais ont été faits en déposant des gouttes d"eau pure et en ensemençant
les spores sur ces gouttes d'eau. Sur une quarantaine d'ensemencements faits en même
temps, un seul a réussi le quatrième jour sur un grain de Balzac. Dans la plupart des
autres l'eau s'est évaporée avant l'infection et l'examen microscopique a révélé la germi-
nation des spores, mais un faible développement mycélien. Si l'on mouille les parois de
la cloche, pour éviter l'évaporation de la goutte d'eau et assurer le maximum d'humi-
dité dans l'air, des moisissures autres que le Botrytis ne tardent pas à se développer
sur les rafles et viennent contrarier les essais.
Afin de bien mettre en relief la nécessité de fournir un aliment au cham-
pignon, pour assurer son développement, en attendant qu'il ait pu péné-
trer au travers de la pellicule, j'ai installé des essais analogues en mettant
sur les grains une goutte d'eau pure ensemencée de spores, puis en
déposant sur celle-ci un fragment de feuille, une tranche de pétiole, un
fragment de pellicule de raisin, préalablement tués et stérilisés par une
courte immersion dans l'eau.
Ces débris étaient destinés à servir d'aliment provisoire au champignon.
Malgré quelques échecs, dus soit au développement d'autres moisissures,
soit au dessèchement de la goutte d'eau, la plupart des infections ainsi
tentées ont réussi.
Enfin j'ai voulu essayer l'infection indirecte, en plaçant côte à côte, soit
en contact, soit à une faible distance (i""" environ), deux grains dont
l'un était infecté par piqûre et l'autre absolument sain. Dans ces condi-
tions et dans l'air confiné, le grain infecté par piqûre est rapidement pourri
entièrement. Le mycélium se développe à la foi.s_ à son intérieur et èi sa
surface. Des filaments se dressent jusqu'à une certaine distance et l'en-
tourent comme une toile d'araignée. Lorsque ces filaments arrivent au
contact du grain sain, ils s'y appliquent, se développent à sa surface et ne
tardent pas à pénétrer à son intérieur et à l'infecter à son tour. Lorsque
les grains sont en contact, l'infection par approche est très facile. Lors-
qu'ils sont un peu éloignés, elle ne peut se produire que si l'air de la
cloche est très humide et absolument calme. Si l'on vient à soulever la
cloche pendant quelques instants, on voit les filaments mycéliens se llétrir
et se courber, avant d'avoir atteint le grain voisin.
L'infection de proclie en proche ne peut donc se faire que pour les grains
SÉANCE DU II JUIN 1906. 1349
en coalact ; elle est à peu près impossible en raison de l'agitation de l'air à
une certaine distance.
En résumé, lorsque les conditions sont favorables, les grains de raisin
fendus ou blessés par une cause quelconque (grêle, piqûres d'insectes, etc.)
sont très rapidement envahis par la pourriture, mais l'envahissement peut
également se produire sur les grains absolument sains, non endommagés
et quel que soit leur état de maturité.
La sécheresse de l'air peut enrayer le développement de la pourriture,
mais les débris de matières organiques, en servant d'aliment au Botrytis,
peuvent permettre à ce dernier de continuer son action. Fréquemment les
grains pourris dans une grappe forment comme un fourreau autour d'un
débris de pétiole ou de feuille.
Enfin, l'infection de proche en proche explique pourquoi la pourriture
gagne rapidement dans les grappes serrées, comme la Folle-Blanche. Elle
s'étend peu sur ceux à grains plus espacés, comme le Golombard et
quand elle y apparaît elle est souvent limitée à des grains isolés.
ZOOLOGUî. — Noie sur les Néniertiens h a thy pélagique s recueillis par
S. A. le Prince de Monaco. Note de Isl. L. Joritix.
Au cours des dernières croisières océanographiques de S. A. le Prince
de Monaco, plusieurs Némertiens bathypélagiques ont été capturés dans les
parages des iles Acores et Canaries et dans la mer des Sargasses. Ils ont
été pris entre la surface et 4000"' de profondeur; en outre une espèce a
été recueillie au nord de l'Islande par i)3io"'.
Les Némertiens bathypélagiques actuellement décrits se réduisent à
six espèces, réparties dans quatre genres et sont représentés par des
échantillons souvent uniques et dont par conséquent on ignore presque
complètement la structure ; aussi les captures du Prince de Monaco sont-
elles fort intéressantes parce qu'elles accroissent beaucoup l'étendue de
nos connaissances sur ces animaux. La plupart de ces Némertiens sont
cependant représentés par un trop petit nomlire d'échantillons pour qu'il
ait été possible d'en faire une étude complète qui aurait nécessité leur
destruction. Il est probable d'ailleurs que cette lacune sera prochainement
comblée; en effet depuis que l'on se sert des grands filets de i5 et aS"'
d'ouverture, le nombre des espèces a triplé et est actuellement de quinze.
L'étude de ces animaux m'a pei'mis de les répartir dans trois des quatre
l35o ACADÉMIE DES SGIE?iCES.
genresconnus. Je rattacheau genre /'/r////<'/07K'we/7^5Woodworthsix espèces
nouvelles de formes et de tailles variées, dont le corps est dépourvu de
cirrhes latéraux et la trompe de bidbe stylifère. Elles sont en partie trans-
parentes. Parmi ces espèces je signalerai seulement P. Griinaldii d'un
rouge écarlate, dont le corps large et épais atteint 4""" de long sur i"" de
large et porte deux rangées ventrales de i5 pores génitaux. L'organisa-
tion de la musculature très réduite, la position du système nerveux, les
relations de la bouche avec Forifice de la trompe montrent une parenté
très étroite avec les Némertiens armés qui vivent près des côtes; mais il
leur manque l'appareil slylifcre essentiel de la trompe. L'étude des gan-
glions cérébraux m'a permis de constater l'absence complète, non seule-
ment chez celte Némerte, mais chez toutes les autres, des organes sensitil's
spéciaux que l'on trouve chez toutes les Némerles non pélagiques.
A ce même genre appartient une grande espèce, P. Alberti, qui a près
de io'°' de long sur 3 de large, provenant du nord de l'Islande. G'estla pre-
mière fois que l'on trouve une Némerte pélagique à une latitude aussi élevée.
J'ai pu faire diverses observations anatomiques sur cet animal qui est très
transparent. Une autre espèce, P. zonata, avait le corps cerclé de bandes
alternativement jaunes et brunes ; une quatrième, P. rlioinboidalis, courte,
plate et transparente, montrait tout son système nerveux coloré en rouge
vif.
Au genre Nectoiienicrtes créé par Verrill pour une seule espèce, je rat-
tache trois espèces nouvelles caractérisées par des cirrhes latéraux de
taille variable, très courts chez .V. Cluivesi, où j'ai constaté que la trompe
contient un appareil slylifère avec sa musculature, ses glandes, le support
du stylet; il n'y manque que le stylet, qui, probablement calcaire, a dû
êti'e dissous par le formol oii l'animal était conservé. Verrill a fait une obser-
vation analogue sur l'espèce qu'il a décrite. Une autre espèce, N. Griinaldii,
capturée entre les Açores et les Canaries, a environ 3'^™ de long ; elle est
presque opaque, pourvue d'un système nerveux rouge, d'une nageoire cau-
dale et d'une paire de cirrhes de 7 à 8'"™ ; chez une troisième, A', lobata,
les cirrhes très grêles sont aussi longs que le corps mince et transparent.
Le genre Pvlagoiicmeiies JMoseley n'est connu jusqu'ici que par deux
espèces, représentées chacune par un seul échantillon provenant de l'Ex-
pédition du Challenger. J'enïù trouvé une autre espèce, P. Richardi, dont
le corps foliacé, transparent, très large et arrondi en avant, contient un
intestin rameux d'un rousfe extrêmement vil.
SÉANCE DU II JUIN I906. l35l
Il est impossible, dans une aussi courte Note, de donner des indications
plus précises sur les caractères spécifiques et anatomiques de ces dix nou-
velles Némertes bathypélagiques ; on les trouvera décrites et représentées
dans une publication très prochaine.
EMBRYOGÉNIE. — Imprégnation et fécondation. Note de M. E. B.4.t.villo.\,
présentée par M. Yves Delage.
La pénétration du spermatozoïde dans l'œul n'aboutit pas toujours à une
conjugaison nucléaire'immédiate. Dans la fécondation de rœnf d'oursin,
Boveri a signalé le cas où le spermocentre gagne du terrain et arrive au
contact du pronucleus femelle qu'il actionne seul. Le noyau mâle, resté eu
arrière, se trouve isolé dans l'un des blastomères oii il pourra se conju-
guer avec le noyau fils femelle correspondant. C'est la f<:conclation par-
tielle, mais c'est encore la fécondation.
L'imprégnation se trouve mieux isolée lorsqu'elle n'est suivie d'aucune
amphimixie saisissable, lorsque le matériel qui pénètre ne se prête pas à
l'addition spécifique et perd sa morphologie. Mais il y a là autre chose
qu'une question de définition. Si, comme je l'ai suggéré ailleurs, l'intro-
duction des matériels mâles, chromatique et caryoplasmique, augmente la
concentration et, consécutivement, la turgescence de l'œuf, les seuls élé-
ments chimiques d'un spermatozoïde détruit ne réaliseront-ils pas les con-
ditions d'une segmentation parthénogenésique ?
Voici des faits relevés au cours d'une étude longue et délicate sur les
croisements entre Amphibiens. Mettons des œufs utérins de Pelodytes
punclatus en contact de sperme varié [Rana lemporaria., Bufo viilgaris,
Bufo calaniita., Triton a/pestris, Triton palmatus). Aucun des lots n'abou-
tira à une évolution régulière. Et pourtant le sperme de Pelodytes féconde
par exemple les œufs de Bufo i'iilgaris; j'ai tiré des têtards de cette asso-
ciation. Ici donc, comme on l'a signalé chez certains végétaux, // n'y a pas
réciprocité dans les croisements.
^lais, dans l'expérience complexe indiquée ci-dessus, un lot et un seul
a subi l'imprégnation, c'est la combinaison Pelodytes 9 , Triton alpestris cf.
Au bout d'une demi-heure ou trois cjuarts d'heure, tous les œufs de ce lot
ont subi la rotation qui fixe supérieurement le pôle pigmenté; tous ces
œufs sans exception dépriment leur hémisphère animal, exactement comme
les témoins du type pur avant la première incision ; tous ces œufs enfin
C. R., 1906, 1" Semestre. (T. CXLII, N» 34.) • 177
l352 ACADÉMIE DES SCIENCES.
subissent une division irrégiilière, mais en retard de a'' environ sur la seg-
mentation normale. Dans les autres lots, l'orientation de la calotte pig-
mentée est restée quelconque et aucun mouvement ne s'est produit. Cette
opération a été répétée six fois : le résultat s'est montré d'une remarquable
constance.
Avant de quitter les mouvements externes, je dois m'arrèter sur l'action
physique des fixateurs qui fournit un argument topique à l'appui de mon
interprétation.
Si la turgescence de l'œuf s'accroît, elle pourra se traduire par des défor-
mations localisées, au contact d'un liquide trop faible dans les cas de coa-
gulation lente.
La liqueur chromo-acétique (acide chromique à i p. loo : 90 ; acide acé-
tique : 10), que j'emploie avec succès pour les œufs de Rana temporaria
et de Bufo uidgrifis, ne réussit pas du tout jusqu'au clivage avec ceux de
Pelodytes et de B. calamlla. La couche plasmatique périphérique se soulève
au pôle animal contre la membrane vitelline, dessinant une pustule plus ou
moins volumineuse. La déformation est surtout marquée entre trois quarts
d'heure et i'' 3/4- Elle disparaît avec l'acide chromique à 2 p. 100 ou la
liqueur de Flemming forte. Seuls Les œufs imprégnés présentent ce phéno-
mène et, seul parmi toutes les combinaisons mentionnées tout à l'heure, le
croisement Triton alpestris çfy<^Peloclyte 9 montrait d'énormes hernies sur
tous les œufs.
C'est un véritable réactif de l'imprégnation pour les œufs de Pelodyte et
de B. calamité et ces déformations constantes me guidaient pour la fixa-
tion des matériaux d'études : dans mes tentatives ultérieures, je cessais de
prélever des œufs sur les lots qui ne les montraient pas.
L'examen cytologique m'a permis d'observer dans ce curieux croisement Pelodyte-
Triton la pénétration du spermatozoïde qui, au bout d'un quart d lieure fet tout en gardant
sa forme ondulée) se montre déjà gonflé et comme vacuolisé dans le plasma phériphé-
rique de l'œuf, au bord de la calotte animale.
Exactement au sommet de cette calotte, la deuxième figure polaire est encore en méta-
phase : le deuxième globule n'est émis qu'au bout d une heure ou davantage, mais après
trois quarts d'heure ou une heure il est impossible de trouver trace de l'élément mâle à un
moment où, sur les fécondés du type pur, lepronucleus avec son aster va à la rencontre
du noyau femelle. Le pronucleus femelle s'observe seul et, au bout de '5''i/.i seulement,
quand les témoins sont déjà au stade 8, il paraît entrer en mouvement, jusque-là, il n'y
a pas trace de condensation hyaloplasmiquc ni d'aster. L'évolution ultérieure procé-
dant cxactemenl suivant le type de la segmentation parthénogenésique, les asters qui
SÉANCE DU I I JUIN I90G. l353
la désignent sont des cytasters I ormes de no\'o par le hyaloplasma. L'éiniettement est
toujours très limité ; au bout de 24'' les cloisons s'effacent et la surface se régularise.
Les œufs de Bafo Calainita imprégnés par le même sperme de Triton se comportent
identiquement au fond. Toutefois je décrirai là des mouvements plus précis et une seg-
mentation plus riche s'arrêtant à de belles blastules.
En résumé :
1° Dans ces deux cas, V imprégnation est suivie (Vune régression du sper-
matozoïde.
2° L'addition d'un matériel mâle qui perd toute morphologie mérite,
beaucoup mieux que certaines opérations de parthénogenèse provoquée, le
nom de fécondation chimique.
3° Si ce procédé additif diffère essentiellement de F élimination simple qui
marque le début d' une parthénogenèse expérimentale, le résultat est le même :
une évolution abortive dont le stock chromatique initial appartient au pro-
nucleus femelle. L'étude de l'imprégnation, en particulier le fait qu'il la troi-
sième heure, chez lePelodyte,on n ccperçoit encore aucune coude nsationhyalo-
plasmique centrée, me fait éliminer la. fécondation partielle de Boveri,
même si on voulait la restreindre ici à l'action directrice du spermocentre.
4° Si le résultat est le même que dans les essais de parthénogenèse provo-
quée, c'est que le changement physique est le même. Les fixateurs faibles
nous révèlent un excès de turgescence comme dans la fécondation normale
et constituent un critérium certain de l'imprégnation.
5° Le cas bizarre d'un œuf cl' Anoure, réfractaire jusqu'ici au sperme de
tout autre anoure et qui se laisse pourtant pénétrer par le sperme d'un
urodèle, prouve que l'imprégnation a son rôle physiologique indépendamment
de l'amphimixie régulière. Il permet de dégager une fois de plus ces oscilla-
tions de concentration et de turgescence qui dominent la maturation de l'œuf
et le début de toute évolution.
PATHOLOGIE. — Motilité du scolex échinococcique.
Note de MM. J. Sabrazès, L. Miratet et P. HisxoT présentée
par M. Bouchard.
Les liquides de kyste hydatique contiennent souvent beaucoup de petites
têtes de ténia issues de capsules prolifères éclatées. Ces têtes se trans-
forment en échinocoques adultes quand elles arrivent dans l'intestin d'un
animal réceptif. Elles peuvent aussi donner lieu à luie échinococcose
l'll4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
secondaire lorsque, par suite d'une déchirure du kyste, son contenu a fait
effraction dans le voisinage. Cette métamorphose cystique, longtemps niée,
a été mise hors de contestation par les recherches expérimentales de
F. Dévé. Ces germes à double fin, graines d'hydatiques et d'échinocoques,
jouent donc un rôle capital dans la propagation et l'évolution des kystes
hydaliques. Tout ce qui peut contribuer à compléter leur étude mérite la
plus grande attention. A ce titre, les observations suivantes nous ont paru
devoir être rapportées en détail.
Un liquide hydatique riche en germes de ce genre, mais en voie de putréfaction ('),
blanc laiteux, exhalant une forte odeur d'hydrogène sulfuré, est examiné par nous, en
goutte pendante, 56i> après son extraction, par une température de 31°.
A notre grande surprise, nous voyons tous ces germes ou scolex qui cependant sont
de dimensions normales (-) (x'ia [i en moyenne de diamètre à l'état invaginé) animés de
mouvements propres assez lents. Les uns émettent des expansions sous forme de pro-
tubérances claires au nombre de 2 à 6, d'autres se dévaginent et s'invaginent plus ou
moins complètement; il en résulte des aspect changeants très variés, pisciformes, en
navette, cordiformes, mûriformes, en champignon.
Chaufions la préparation jusqu'à 37°-4()°; les scolex redoublent d'activité, accusent de
vifs mouvements de reptation comparables à ceux de la sangsue : leur corps se raccourcit,
o-onfle, ondule/ s'allonge brusquement mais progresse peu, se trouvant dans un liquide,
sans point d'appui. L'allongement se marque par une évagination rapide des ventouses,
la rétraction par une réinvagination. Ces mouvements alternatifs d'allongement et de
retrait s'exécutent en un laps de temps d'à peine une seconde. Ramène-t-on la tempéra-
ture à 31», les mouvements se ralentissent et rappellent lamiboïsme. A 1x7", tous les scolex
sont invaginés, immobiles, à l'état de mort apparente et, dès lors, nul ne pourrait
soupçonner leur vitalité ; force était, avant nos recherches, de recourir à l'inoculation
pour l'affirmer. Or il suffit de les réchauffer pour les rendre immédiatement très vivaces;
on réveille et on excite d'autant plus leur vitalité qu'on les expose à des températures
plus voisines de 4<'°- Nous avons pu de cette façon, dans les limites de 27° à .',1", fixer le
degré de motilité de ces scolex, l'exalter ou l'atténuer à notre gré un très grand nombre
de fois, et cela trois jours après la ponction, dans un liquide hydatique putréfié, laissé
dans son flacon d'origine. Mêmes résultats trois jours après la récolte, lorsqu'on trans-
porte les scolex de ce liquide putréfié dans la solution saline physiologique, dans du
bouillon de culture stérile, dans une solution de Na Cl, à ■iS'/jo par litre, dans un liquide
castrique hvpoacide, muqueux et bilieux : ils restent vivants et mobiles pendant
dix heures dans ces milieux. L'influence stimulante de la chaleur s'est révélée aussi
(') La récolte avait été faite en flacon non stérilisé ; il s'était développé dans ce liquide
des bacilles anaérobies, divers microbes et des filaments de raucédinées.
(-) Parmi les scolex nous avons rencontré une forme tératologique bigéminée analogue
à celle mentionnée par Moniez dans sa thèse (Nancy, 1880, p. 104).
SÉANCE DU 11 .lUIN I906. l355
70'' après l'extraftion, dans l'urine normale, dans la solution saturée de Na Cl, dans
du sérum humain, dans du pus de pleurésie putride, dans de l'eau distillée; mais,
cinq heures après la mise en contact de ces liquides, tous les scolex étaient morts. Des
bouillons de culture (Eberth, bactéries de l'eau) nous ont semblé exciter. leur motilité,
même à une température relativement basse (aS") pendant plusieurs heures.
Ces germes d'hydatides ne résistent pas à la dessiccation. Le formol à 10 p. 100 les lue
très vite elles fixe dans la forme où il les a surpris.
Voici comment se présentent ces scolex -ak^^ environ après leur mort dans divers
liquides : dans l'eau distillée, ils apparaissent boursouflés, dévaginés au maximum,
rostre, crochets, ventouses en avant ; dans une solution hypotonique de Na Cl, ils sont
aussi un peu augmentés de volume ; dans la solution saturée de Na Cl, ils sont un peu
rapetisses, la cuticule a une apparence striée, fendillée, dentelée, pseudo-ciliée, surtout
au niveau du segment postérieur du corps, 10 p. 100 des scolex étant dévaginés, les
autres sphériques; dans la solution saline physiologique, beaucoup sont invaginés, globu-
leux, relativement instacts ; dans le liquide gastrique sus-indiqué, un bon nombre sont
digérés, les crochets devenus libres ; dans les liouijlons de culture, ^) p. 100 sont con-
servés dans leur forme.
Les faits sur lesquels nous venons d'attirer l'attention et qui se sont
dévoilés à nous à la faveur d'une température ambiante exceptionnelle-
ment élevée, apportent la preuve de Fe.xtraordinaire résistance des scolex
dans un milieu putréfié ; leur agilité à la température du corps humain,
leur puissante armature de ventouses et de crochets ne permettent-elles pas
de supposer que ces germes, une fois libérés de leurs attaches, par suite
de fissures ou de ruptures des vésicules prolifères et des membranes,
sont aptes à éniigrer dans les tissus, loin du foyer originel, abstraction
faite de la possibilité de leur transport mécanique parles vaisseaux? Quoi
qu'il en soit de cette hypothèse, toutes ces particularités ne présentent
pas seulement un intérêt biologique, elles ont une portée pratique.
L'épreuve du réchauffement sera le critérium de l'état de vie ou de mort
de ces liquides parasitaires; on devra y recourir, par exemple, pour appré-
cier l'efficacité préventive des injections de formol, proposées par F. Dévé
comme premier temps du traitement chirurgical des kystes hydatiques. On
se mettra ainsi à l'abri des greffes. Cette épreuve servira encore à déter-
miner l'action exercée sur la vitalité de ces germes par la suppuration, les
hémorragies, les inlîltralions biliaires et séreuses intra-lcystiques ; elle
présidera aussi au choix des parasiticides. En tout cas, cette épreuve très
simple sera toujours tentée avant l'inoculation.
i356
ACADEMIE DES SCIENCES.
RADIOTHÉRAPIE. — Effets de la radiothérapie dans un cas de sarcome (?)
du fémur chez un enfant. Note de M. A. Imbert, présentée par M. Bou-
chard.
B., 9 ans, est immobilisé depuis plusieurs mois par suite de douleurs
siégeant plus particulièrement au niveau du condyle interne du fémur
gauche, qui paraît noiablement augmenté de volume.
Un chirurgien consulté en novembre igoS porte, après examen clinique
^ et.radiographique, le diagnostic de sarcome du fémur et conseille l'ampu-
tation. Devant le refus absolu des parents de recourir à une telle inter-
vention, le chirurgien propose l'essai d'un traitement par les rayons X.
Le traitement a consisté en trois, puis deux expositions par semaine du
membre inférieur gauche aux raj'ons X d'un tube moyennement dur;
chaque expositiona été d'une duréede lominutes, l'anticathode étant à i8-"'
environ au-dessus de la région que l'examen radiographique avait indiquée
comme particulièrement atteinte, sans interposition d'écran autre qu'une
lame de plojnb destinée à la protection des organes génitaux.
Le traitement, commencé le 24 janvier lyoS, a été continué jusqu'au 12 décembre der-
nier, avec les interruptions suivantes :
Du () mars au 1'='' avril, par suite de brûlures avec phlyctènes ; du 17 avril au i''' mai,
à cause des vacances de Pâques; du 29 juillet au -i octobre, temps passé à la montagne
par le petit malade.
Au début du traitement (24 janvier igoS) une première radiographie révéla l'état sui-
vant de l'extrémité inférieure du fémur gauche.
L'épiphyse paraît normale ; mais tout le condyle interne, sur une hauteur de 5™
environ, est extrêmement transparent, au point que le bord interne de l'ombre de l'os
ne se différencie pas, ou se différencie mal d'avec lombre des tissus mous environnant.
Toutefois, la limite inférieure du condyle, au niveau du cartilage de conjugaison, est
bien visible et constituée par une ligne opaque très mince, ainsi que se présente en
radiographie le contour d'un os atteint d'atrophie osseuse calcaire sans altération de
forme. Au-dessus de la région condylienne très déminéralisée, et au niveau de laquelle
le fémur est augmenté de volume, on aperçoit nettement des traînées opaques qui
s'élèvent presque verticalement en se rapprochant du corps du féuiur avec lequel elles
se raccordent tangentiellement.
Sur la seconde radiographie faite (5 février lyoS) après 10 jours de traitement
(5 séances), l'ombre limite inférieure du condyle interne apparaît déjà comme épaissie
par un dépôt calcaire, ce qui est l'indice objectif d'une amélioration dans la nutrition de
l'os à ce niveau.
SÉANCE DU II JUIN I906. i3d7
Le cliché préparé le 1 7 février montre que la ligne opaque dont nous venons de parler
s'est encore épaissie, en même temps qu'apparaît, en pleine région transparente de l'os,
une zone d'opacité assez grande qui est un nouvel indice du retour à une nutrition nor-
male de la région osseuse déminéralisée. D'autre part, la limite du condyle interne est
devenue plus accusée et plus visible.
Pendant cette première période, on eût été fort inquiet sur l'efficacité
du traitement, si l'exploration radiographique n'eiit pas montré les modi-
fications, énumérées ci-dessus, qui ne parurent pas interprétables autre-
ment que par une meilleiu'e nutrition de l'os. En elfet, le 3 février, jour
de la 5" séance, le périmètre de la cuisse, à 8''" au-dessus de la rotule, que
nous avions mesuré au délnit, avait manifestement augmenté, ce qui aurait
au moins fait craindre une progression de la lésion vers le haut. Toutefois
la douleur à la pression était moins vive et le diamètre transverse maxi-
mum, qui avait été mesuré avant le commencement du traitement au
compas d'épaisseur, accusait une diminution; comme, d'autre part, l'aspect
des clichés radiographiques était rassiu'ant, nous crûmes pouvoir en
toute conscience prendre la responsabilité de continuer, au moins provi-
soirement, le traitement par les rayons X.
L'inquiétante augmentation de périmètre ne persista que quelques jours,
la douleur disparut bientôt entièrement et les clicdiés radiographiques
successivement préparés accusèrent une augmentation progressive d'opa-
cité qui peu à peu envahit toute la région transparente.
Ce n'est que vers le mois de juillet que l'on permit à l'enfant de faire
quelques pas chaque jour, ce dont il se montrait fort impatient et à partir
d'octobre seulement que la marche fut permise.
Le jeune B. a été revu dans les premiers jours du mois de mai igoG. Sa santé géné-
rale est parfaite ; il vit, depuis plusieurs mois, de la vie normale des enfants de son âge,
va à l'école, joue, court et s'amuse comme tous ses camarades.
Faute d'un examen histologiquc, on ne peut, avec certitude, affirmer que cette obser-
vation constitue un cas de sarcome du fémur arrêté dans sa marche, sinon guéri par
les rayons X. îMais on peut dire du moins que, si la radiothéraphie n'eût pas existé, les
parents, sur les instances judicieuses du chirurgien consulté, se seraient probablement
décidés à laisser faire une amputation et que, en admettant les suites les plus heureuses
pour une telle opération, l'enfant ne pourrait plus se mouvoir aujourd'hui qu'avec des
béquilles, tandis qu'il a encore ses deux membres inférieurs et qu'il jouit d'ailleurs
d'une excellente santé.
Des constatations faites, on peut en outre tirer des indications inté-
ressantes.
l358 ACADÉMIE DES SCIENCES.
a. L'action thérapeutique des rayons X n'est pas limitée à la surface du
corps, mais peut s'exercer dans la profondeur, sur le tissu osseux.
h. Les déformations déjà subies par le fémur lors du commencement du
traitement sont restées telles quelles ; en particulier, les traînées, qui sur-
montaient la région devenue transparente et rejoignaient tangentiellement
la diaphyse, ont persisté. La minéralisation déterminée par le traitement
s'est faite d'abord irrégulièrement, mais l'examen des derniers clichés
montre qu'il y a au moins tendance actuellement à une répartition uni-
forme des sels calcaires et à une reconstitution de la structure interne
normale de l'os, autant du moins que l'on peut en juger sur un bon cliché
radiographique.
c. Malgré la longueur du traitement, et bien que le faisceau de rayons X
atteignît fatalement l'épiphyse, le développement en longueur du fémur
n'a nullement été intéressé, l'enfant ne boite pas, les deux membres pi'é-
sentent la même longueur.
GÉOLOGIE. — Sur les schistes graphitiques du Morbihan. ^ote de M. Pussexot
présentée par M. Ch. Barrois.
M. Barrois a décrit dans la légende de la feuille de Vannes de la carte
géologique des bancs de schistes graphitiques intercalés dans les micas-
chites primitifs du Morbihan et disposés suivant trois bandes parallèles.
La première s'étend de Landévant à Pluneret, la seconde de Locoal-
Meudon au sud d'Arradon, la troisième de Ploermel à Kergoneno et à l'île
d'Arz. Mais, des explorations complémentaires ayant été entreprises à ce
sujet, des affleurements nomljreux et rapprochés ont été découverts. Ils
jalonnent sur le terrain huit bandes englobant les trois précédentes et
orientées de E S E à 0 N O.
Les deux preiuiéres s'observent, ruiie dans les lalaises de Couleau où on reconnaît
qu'elle n'est que la tranche d'une couche à disposition synclinale mise en évidence sur
la lèvre d'une faille perpendiculaire au pli, l'autre sur le rivage opposé, à Kerbourbon,
où elle montre nettement la disposition précitée.
Les quatre suivantes sont groupées en un faisceau qui s'étend entre Landévant et
Saint-Armel sur plus de 4° kilomètres de longueur. Elles sont remarquablement dis-
tinctes et continues des bords du Morbihan à Kernanec, soit sur 20 kilomètres environ.
A partir de ce point, les nombreuses lentilles granuliliques et granitiques qui les inter-
riimpent, les morcellent et les forcent en raison de leur moindre dureté à constituer les
SÉANCE DU II JLIN I<)o('). I ^ ^9
flancs elles londs de vallées que les alluvions recouvrent, i-endenl rares les alfleurenienls
bien définis et par suite moins précis le tracé des lignes du faisceau. Ce dernier atteint
sa plus grande largeur au sud d'Arradon où l'intervalle eitre les bandes croit de 5oo à
I loo"' et sa plus petite, i*"", à Landaul oii il est disloqué sur son bord méridional
par une traînée de granité. Chacune des bandes affleure en des points nombreux qu'on
ne peut préciser qu'au ujoyen d'une carte d'état-major.
La sixième, analogue aux précédentes, passe par Kergoneno et le sud de 1 ilc aux
Moines.
Enfin, la dernière dessine autour de Locoal-Meudon un triangle dont le sommet est
tourné vers Auray. Cette disposition et l'inclinaison des strates observées dans les car-
rières au nord et au sud de la localité permettent d'affirmer qu'on se trouve en présence
des restes de la racine d'un pli synclinal dont l'axe, incliné vers ONO, plonge sous la
rivière d'Etel.
Telles sont ces bandes. (Juant a leur épaisseiif elle est plus grande (iiTon
ne l'avait eni jiis(|ii"i('i. Failjle (le <lia(|u<' coté du relèvement antiilinal de
Plœren ou Hé/.o, elle atteint progressivement 3o et nièine 5o"' sur les
autres points. Dans les anieurements entiers on remarque que le graphite
est disséminé [)lus ou moins ahondamment dans toutes les variétés de
roches micaschiteuses et gneissiques. Mais c'est toujours dans les lits nette-
ment schisteux ou «iiii se rapprochent le plus de cet élat cjue le minéral se
trouve en plus forte proportion. Ces lits sont variables (■ommc nombre et
comme épaisseur. Toutefois cette dernière ne dépasse généralement pas
2 à 3"'.
Il résulte de ses diverses constatations, dispositions synclinales de Gon-
leau et de Locoal-]\Ieudon, parallélisme, continuité et épaisseur des bandes,
répartition du graphite, qu'il est logi([iie de considérer ces schistes comme
ayant appartenu à une couche unique, plissée très approximativement de
la manière suivante :
Anticlinal Plieren, \'annes, Xoyalo.
Synclinal Conleau, Séné. •
Anticlinal Brandérion, Plu'ren, le Hézo.
Synclinal double Landévant, Saint-Armel.
Anticlinal Le Gouarde, sud d'Arradon.
Sur le flanc Sud de cet anticlinal, principalement vers l'Uuest, divers plis
dont il ne reste plus que la racine du synclinal de Locoal-Meudon. Puis
toute la couche plonge sous la granulite suivant la ligne Plœrnel, Kerzo-
neno et sud de l'Ile aux Moines. Elle ne reposait plus que de l'auhe cùlé
C. li.. i.|.)(i, !=■ Hnncslre. (T. C.XMI. K» 24) '7^
l36o ACADÉMIE DES SCIENCES.
de l'anticlinal Arzon-Locqmariaquer où les deux lambeaux qu'on y observe
enclavés dans la granulite et qui sont indiqués sur la feuille de Quiberon,
due également à M. Barrois, marquent probablement les deux bords d'un
autre synclinal.
Ainsi reconstituée, cette couche est constamment supérieure à toutes
les grandes masses d'amphibolites des îles et des bords du Morbihan, elle
est donc plus récente. Mais elle est contemporaine du faisceau de pyroxé-
nites de Roguidas, car c'est dans les bandes ou sur leurs bords qu'on
rencontre les bancs qui le constituent. Leur continuité, affirmée par
M. Barrois ('), est nettement mise en évidence par deux d'entre eux qu'on
peut suivre sur plus de 6"™ de longueur.
Enfin, on observe encore dans les falaises du Morbihan de petits lits
graphitiques qu'on peut retrouver dans les landes. Ils apparaissent près
d'Arzon dans les gneiss primordiaux et deviennent plus fréquents au voisi-
nage des bandes avec lesquelles ils alternent. Ils semblent marquer les
premiers essais et la fin de cette formation graphitique à laquelle l'ensemble
des constatations exposées plus haut permet d'attribuer une origine sédi-
mentaire.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur les veiits locaux d'i voisinage des îles Canaries.
Note de M. H. Hergkskll.
Dans mes .Notes précédentes j'ai dit que les îles situées au large du
continent africain devaient exercer une certaine influence sur les courants
aériens ; et que les brises de SW observées sur le Pic de TénérifFe
devaient être souvent la résultante de causes purement locales. J'indique
dans les lignes suivantes à la suite de quelles observations j'ai été amené
à me former cette opinion.
Ei> 1904, me trouvant à bord du yacht de S. A. S. le prince de Monaco, j'ai
fait le lourde plusieurs des Canaries, restant parfois des jours entiers soit
au sud soit au nord de ces îles, ce qui m'a permis d'étudier maintes fois
la variation diurne des vents. — ■ Vers 10'' du matin, le 3i juillet, nous
constations au nord de TénérifFe un alizé de NE d'une force de 7™,5o par
seconde. Dans la nuit nous contournions l'île et le lendemain i" août nous
(') Cil. Baiiiiois, Les pijro.rénitcs des îles ilii Morbilmn i.lnnu/. Soc. ftéol. du Xord
l. XV, 1887, p. 86. j
SÉANCE DU I I JUIN I906. l36l
trouvâmes à lo milles au SW de la côte un vent de SW de 7'" par
seconde, affluant directement vers la terre et y formant des nuages. C'était
sans doute une Ijrise de mer due à réchauffement des terres et gagnant
jusqu'au faite de l'île. Des observations dues à d'autres navires nous
apprirent (]u'au même moment la direction des alizés n'était nullement
altérée au nord de Ténériffe, tandis qu'un observateur situé sur le pic du
Teyde le i"' août au matin y eût sans doute constaté le SW d'origine locale.
— Pendant la matinée du même jour ce courant SW a été constaté au sud
des îles de la Gomera, de Palma, et de Gran Ganaria. — Ces brises, dues
à l'échaufï'ement terrestre, cessaient toujours dans l'après-midi, ensuite
venait du calme, puis un vent local de terre bien plus fort que la brise de
mer de la matinée.
L'état thermi(pu> et hygrométrique de ces vents est fort intéressant à
étudier.
Le tableau suivant est celui des observations faites au large de Palma,
île allongée dans la direction Nord-Sud.
Ct août 1904.
HEUKFS
TEMPÉRATURE
DE LA VAP1-:
:uR
RELATIVE
VITESSE DU VE.NT
3"
p . m .
24.0
14,8
67 p. 100
8.
—
28,0
11,8
42,1 —
6™,o par seconde
8.12
—
3i,o
8,8
26,4
7.0 —
8.2a
—
33,5
6,2
:6,o —
1 1 . 5 —
8.35
—
35.0
6.5
i5,5 -
8.44
—
4i,8
6,6
12,0 —
14.0 —
Ces obser\'ations montrent que l'influence de la brise terrestre faisait
passer la température de 24° a" chiffre considérable de près de 42", tandis
que riuimidité relative décroissait de 67 à 12 p. 100.
En admettant que cet accroissement de température n'ait été dû qu'à la
compression de l'air descendant, applicpions la formule de Hann :
-77- = ^ï" (p : chaleur spécifique de l'air ; J : équivalent mécanique de
la chaleur ; —7— : gradient vertical de la température).
Si nous admettons encore une température de 20° (chiffre résultant d'une
ascension effectuée le 4 août) pour une hauteur de 2000"' représentant
l'altitude movenne de la crête de Palma, nous avons —j- = — -En substi-
' </>■ lUO
I )()2 ACADKMIE DES SCIENCES.
tuant cette valeur dans la formule de Hanri avec; la valeur donnée par Wil-
deniann pour c = o,238, nous trouvons coninie résultat J = 420. Ce
nombre remnrf|uablement d'accord avec les valeurs trouvées au laboratoire,
met liors de doute le fait qu'on se trouve en présence d'un véritable phé-
nomène de fœhn.
Constatons encore que les alizés eux-mêmes sont soumis pendant la
journée à des phénomènes semblables à ceux du fœhn dus à l'influence des
îles.
L'espace me fait défaut pour entrer ici dans le détail des observations
relatives à ce phénomène.
Celles qui précèdent suffiront, je pense, à prouver l'influence considé-
rable exercée par les Canaries sur les courants atmosphériques environ-
nants.
Dans leur dernière Note présentée à l'Académie, MiM. Teisserenc de
Bort et Rotch ont donné comme résultat de leurs études ce fait que le SW
observé au Pic de Ténérifl'e ainsi qu'en pleine mer correspondait à un
phénomène général de contre-alizé SW existant déjà par ces latiludes.
Nous pensons que ces résultats ne tiennent pas bien compte des faits,
car leur conclusion est en opposition complète avec les observations
effectuées avec les ballons-sonde de la Princesse Alice lesquelles ont
prouvé l'existence des vents NW en élé jusqu'aux |)lus grandes hauteurs
à la latilude des Canaries. On n'est donc pas fondé à considérer comme régu-
liers les courants supérieurs de S^^^ de ces régions. Ce contre-alizé ne
sera trouvé d'une façon régulière que quelques degrés plus Sud ; tout au
plus les expériences exécutées en février par les savants précités peuvent-
elles permettre de conclure que la limite entre les courants supérieurs de
NW et de SW est légèrement variable avec les saisons.
!MM. Teisserenc de Bort et Rotch ont, dans leur Mémoire, dit à plu-
sieurs reprises que j'aurais à un moment donné contesté complètement
l'existence du contre-alizé.
C'est là un malentendu cpie je tiens à déMoiircr ici, mes Mémoires anté-
rieurs n'étaient pas du tout relatifs à ce sujet, pas plus que l'opinion (|ue
j'exprime sur le phénomène tout local du SW de Ténériffe.
Dans mes Notes précédentes, j'ai seulement exposé les résultats obtenus
dans la région jjoréale des alizés juscpTà la hauteur des Canaries. Je
n'ai lien à dire des régions plus méridionales 011 je n'ai pas fait d'observa-
tions : loulefois, la désignation de NW (|ue j'ai donnée au vent des lati-
SÉANCE DU II JUIN I906. l363
liules plus boréales pi'ouve jusqu'à l'évidence que j'ai supposé l'existence
d'un contre-alizé SW dans les régions plus au Sud, car j'ai aussi parlé
d'un contre-alizé de retour, ce (jui par opposition à N devrait signifier S
pour les régions plus méridionales.
^I. L.. Crf.i.iI':r adresse une Note intitulée : Géiiéi-alion et coiistfiic/ioii
des courbes du [ii -\- i)" degré et de la (/? 4- i)^ classe.
M. F. ROMAXET Di- CAiLLAi'D adresse à l'Académie une lettre dans laquelle
il propose l'adoption internationale du méridien de Bethléem.
M. GlîORfiESNF.GRK demande ri)U\erUire d'un pli cacheté déposé par
lui le 24 juillet 190;").
Ce pli, ouvert en séance, renferme une Note intitulée : Les axes nnlicH-
naiix et les gisements de phosphates de chaux daiifi le nord île la France.
A 4 h. 3/4 l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 h. 3/4.
G. D.
l364 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Bl'LLETl\' BiBLIOGRAPIIIQl'E
OuVltA(;ES IlEÇUS DANS LA SEANCE DU l4 MAI 1906.
Essais sur le calcul du nombre des classes de /'ormes quadratiques binaires aux coeffi-
cients entiers, par iM. Mathias Lerch, correspondant de l'Institut. (Extr. des Mémoires
présentés par divers sai'anls à l'Académie des Sciences de llnsliiiit ilc France ; l. XXXIII,
n° -1.) Paris, Imprimerie Nationale, igoô; i fasc. in-'j".
Observatoire de Toulouse. Catalogue p/ioiograp/iiqi/e du ciel; t. VII, i'^ iasc. :
Observations d'Eros. Paris, Gauthier-Villars, ujoG; i fasc. in-.',°.
Observatorio de Marina de San Fernando. Carta fotogrâfica dcl Cielo. Zona — 9°.
Ilojas n"* .'t'>, 'l'j, 5G, (ii, 122, 129, l'io, i35, 1^9 et i'i<). 10 feuilles in-plano.
Onoranze al prof. Luigi Cremona : Elenco délie sottoscrizioni raccolte lîno a
tutt' oggi ; Pioma, aprile 1906. Rome, « R. Accademia dei Lincei »; 1 fasc. in-8°.
Report of Director of tlie Solar Observatory , Mount Wilson, California, by George
E. Hale. Washington, 1906; i fasc. in-8°.
Plant response as a means of pin/siological investigation, hy Jac.ADIS Chunder Bose,
with illustrations. Londres, Longuians Green et C'*^, 190G; i vol. in-8° (hommage de
l'auteur).
The cliemistry o f fles/i, hy V.-V . Troweridoe and H. -S. Grixdley. (Extr. de T/ie
Journal of American Ciiemical Society. Vol. XXVIII, n° 4j avril 190C), i fasc. in-S»
(hommage de l'auteur).
Tlic cliemistry ofimmunity, in conne.cion ivit/i to.vines andanti-to.iines, by E.-F. Wright.
Londres, A. Bonner, 190G ; i fasc. in-12 (hommage de l'auteur).
Sur Vhygroscopicité comme cause de l'action physiologique à distance découverte par
Eljving, par L. Errera. Bruxelles, Hayez, 1906 ; i fasc. in-S".
Bibliographie du glycogène et paraglycogènc , réunie par L. Errera. Bruxelles,
Hayez, njoS; i fasc. in-8" (offert en hommage, ainsi que le précédent opuscule, par
M"'" veuve Errera).
Ucber die Phosphorescenzspectra (Kalliodohiniini'sreiizspectra) dcr scltcn Erdcn iind die
drei iieuen Crookes' sclicn Elemente lonium, Incognituiii ii/ul Victoriuui, von Rouer r .Marc.
Berlin, mjoG; i fasc. in-8° (homuiagc de I auteur).
Les problèmes du monde et les mathématiques, par X.-B. Peiiel.miter. \ arsovie, 190G;
1 fasc. in-8° [en langue russe] (hommage de l'auteur).
Hourly readings obtaincd the self-recording instruments at four observatorics in con-
ne.rion iviih the Meteorological O/fce hjo'J ; New Séries, vol. I\ . Londres, 190G ; 1 vol.
in-',".
Sludien iibcr l\rilbodcni\armc und Schnccdeckc. mit ', Tafflii. C^liemnit/.. ii)()"i: 1 fasc.
in-4°.
SÉANCK DU II JUIN I906. I 365
Minerai resoiirccs of tlie United States, lyd'i. Washington, United States Geological
Surve)', lyrij : 1 vol. in-8°.
Tivcnti/sixtli annual Report of tlie Dircetor of United States Geological Siirve;/ of tlie
Sécrétai;/ of Intcrior iyo4-5. Washington, 190J ; i vol. in-.'|".
Allas 10 acconipany nionograph XXXIl on thc ^eologi/ Yeollon'slone National l'ark, hy
AnNOLD Hague. Washington, United States Geological Survey, h)<)4 ; 1 vol. in-folio.
Carte batliyinétriqite de la mer Barenz, par L. BnEiTFUSs et A. Smirxow {Murman-
Expédition). Saint-Pétersbourg, i<)o(J : i feuille in-plano.
OuVIiAGES REÇUS DANS L.\ SEANCE DU l-X .MAI lyoG.
'fabicaa.v logaritlimirjitcs A et B éijuivalant ii des tables de logarithmes il 6 et ii 9 déci-
males et notice explicative donnant la théorie et le mode d emploi des tableaii.r , par
A. GuiLLEMiN. Paris, Félix Alcan, 1906 ; i lasc. in-8°. (Présenté par M. Darboux.)
Tratado de las ciirvas especiales notables, por F. GoMES Tei.\eir.\. Madrid, iQo'i;
I vol. in-'i°. (Présenté par M. Halon de la Goupillière. )
Théorie et construction de tables permettant de trom-er rapidement les facteurs premiers
d'un nombre, par Ernest Lebon. Rome, 1906 ; 1 fasc. in-8°. (Homiuage de 1 auteur.)
La nouvelle édition de la Carte géologique de la France il l'éelielle du millionii:me, par
Em.m. de Margerie. Paris, Armand Colin, 1906; i fasc. in-i". (Houiniage de l'auteur.)
Moteurs ii collecteur ii courants alternatifs, par F. Niethammer. Paris, 190G ; i fasc.
8°. (Hommage de 1 auteur.)
De l influence des oxydes de manganèse dit sol sur la production des étlicrs dans le vin,
par Saixt-Lager etMARius Audin. Villefranche, P. Mercier, 190G ; i fasc. in-',".
Epingles en bronze trouvées à Vers (Gard), par Galii;n-Mix(;aui). (Fxlr. du (( Bul. Soc.
Etude Se. Nat. » Nimes, lyoJ.) i fasc. in-8". (Hommage de 1 auteur. 1
La Spéléologie au XX" siècle, revue et bibliographie des recherches souterraines de
1901 à 1905, par E.-A. Martel (Spclunca, t. XI. rt"' ',■•» et ','i, juillet-décembre 190J.)
Paris, I fasc. in-8".
Bulletin delà Société Zoologique de France, t. XXX. Paris, ujoô ; i vol. in-8°.
Précis analytique des travau.v de V Académie des Sciences, Belles-lettres et Arts de
Rouen, pendant l'année 1904-1905. Rouen, i9ot); i vol. in-8".
Harvard Collège Observatory. Télégraphie cipher code, Gerrish System. Cambridge,
Mass., 1906 ; 1 fasc. in-S".
Untersuchungen liber die hlimatischcn Verhdltnisse von Bcirtit (Syrien) von Stamslau
KosTLiVY. Prague, hjoj'; i fasc. in-8°.
Essaio para uiiia synonima das nomes populares das plantas indigenas do Eslado de
S. Paulo; 'i" parte, por Gustavo' Edwall. (« Conamissao Geographica e Geologica de
Sao Paulo », Bull. n° 16.) Saint-Paul, 1906 ; i fasc. in-8".
Sopra la quantita di rame che si ritrova nell' olio otteniito da olivi tratti con poltiglia
cupro-calcica : Nota del prof. Napoleone Passerixi. Modène, lyoS; i fasc. in-8°.
i366
ACADEMIE DES SCIENCES.
Une série de publications sur le caïu-er el son traitement, par le D' Aliikiit Adam-
KiEwicz. Vienne, Berlin, etc. iSyJ-iyoj ; ij. fasc. in-S".
Catalogue of llie Indina Decapod Criislacea in tlie collcclion of tlic Indian Miisciiiii ;
part. III. Macrura ; fasc. I. 77ic prau'ns of l/ic i< l'ciiciis » groiijj, Ijy A. Alcock. Calcutia,
Kjot) ; I fasc. in- '('.
Report of llic tcntli meeting of t/ie Aiistralasiaii .Issociation for t/ic Adt'aneeiuenl of
.Science, lield at Diinedin, lyo'i, edited by Geo. M. Tho.msg.x. Dunedin, kjoj ; i vol.
in-<S°.
,f(i/iresberic/it i/er koidgl . Bôliiiiisciicii Gesclisclhi ft tler ]]'issensch(iflcn, fur das Jalir
i()oj. Prague, ]()(i(); i fasc. iu-8".
{A suivre.)
liRRA TA
(Séance du 28 mai iyo6.)
Note de M. Eni. Vigotii-oa.t : Conti-ibiilion à Tétiide des teri'otiingstènes
purs.
Page 1197, ligne 7, au lieu de [^nveii: lisez dureté,
— - — I J et i't ■ — de Beuneville — de Benneville.
Page 1 lylS, ligne 1, it la suite de Behrens, //sec (') H. Behrens et A. Van Linge,
Recueil (les Travauj- cliiniiques des Pays-Bas, t. XIII, p. i5j, année iSy'i.
.Xote de MM. .1. Fciiilxtch et /. W'ol/f : Sur la Iratisloruiation presiiiie iuté-
ofale en nialtose des dextrines provenant de la saccharification de l'amidon.
Page 1218, ligne ij, au lieu de qu'il ne se loruie pas de nialtose, lisez qu il ne se
forme pas de glucose.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 18 JUIN 1906,
PRÉSIDÉE PAR M. H. POliNCARÉ.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE
M. le SECRÉTAIRE Perpétuel annonce à TAcadémie que le Lomé CXLI
des Comptes rendus (deuxième semestre igoS) est en distribution au Secré-
tariat.
CHIMIE GÉNÉRALE. — Recherches sur la synthèse directe de l'acide azotirjue
et des azotates par les éléments, à la température ordinaire. Note de
M. BERTHELOT.
J'ai entrepris de nouvelles recherches sur la synthèse de l'acide azotique
par les éléments, à la température ordinaire, sous l'influence de l'eflluve
électri((ue. J'ai reconnu que cette synthèse peut être efTectuée d'une façon
directe et intégrale, dans des conditions que j'ai découvertes et que je vais
décrire, et cela sans complications ni formations secondaires. Ces résultats
distinguent les expériences f|ue je vais décrire des réactions connues •
opérées avec l'étincelle électrique (ou avec l'arc) dans l'expérience clas-
sique de Cavendish; aussi bien dans l'oxydation partielle de l'azote, au
cours des combustions simultanées du carbone, du soufre, de l'hydrogène
et autres corps inflammables (') ; ou bien encore, dans les essais exécutés
jusqu'ici par différentes autres voies, telles que la nitrification naturelle,
('j Voir t;nU' autres mes expériences. Annales de CIninie et de ji/ii/siqiie, 7' série, t. \XI,
p. I45--20-2.
C. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N» 25.) '79
l368 ACADÉMIE DES SCIENCES.
accomplie avec le concoars préalable des agents microbiens fixateurs
d'azote (').
Je vais résumer mes études sur la formation de l'acide azotique par
l'azote et l'oxygène, à la température ordinaire : en en fixant les proportions
relatives, en présence de l'eau ou des alcalis, et en déterminant les limites
de la combinaison et sa vitesse, suivant l'état de condensation de la
matière, c'est-à-dire suivant la pression des sjstèmes gazeux. Je termi-
nerai par des considérations thermocliimiques, destinées à comparer la
méthode actuelle de synthèse avec les autres méthodes, fondées sur l'em-
ploi de l'étincelle, ou des combustions simultanées.
I. MÉTHODE.
J'opère au moyen des appareils que j'ai imaginés pour faire agir l'effluve
soit sur un courant gazeux, soit sur un volume déterminé de gaz ren-
fermé dans un vase de verre scellé, en présence de l'eau ou d'une solu
tion étendue de potasse. Dans plusieurs cas, ce vase a été relié à un tube
vertical capillaire, immergé dans ime cuve à mercure : de façon à pouvoir
suivre la marche des pressions, et par conséquent la marche de la combi-
naison à volume constant, accomplie au cours d'intervalles de temps suc-
cessifs. Le vase était entouré d'eau, définissant approximativement la
température des gaz, maintenue à peu près constante, depuis 8° jusqu'à 80°,
dans différentes expériences.
Au cours de tous mes essais, il se forme uniquement, ou à peu près, de
l'acide azotique hydraté, d'après la formule exacte
Az- 4- 0" + IPU -h Aq = 2 AzO'H étendu ;
cet acide demeurant libre, ou combiné à la potasse.
La réaction, à cha([ue instant, s'efi'ectue suivant cette formule; quel que
soit l'excès relatif de l'azote, sans <|u'il se forme ni acide azoteux bien
sensible, ni ammoniaque.
De même, avec un excès d'oxygène.
Dans tous les cas, elle s'accomplit jusipTà épuisement de celui des deux
gaz qui se trouve en excès.
Ces résultats ont été constatés à l'aide de mesures elTectuées par les
analyses suivantes :
('j Cliiniic végt'lii/c et ngvicolc, t. I, livre l''', p. 1 ', et 1 "> et p. îi)S.
SÉANCE DU l8 JUIN I906. l369
1° Mesure exacte des volumes d'oxygène et d'azote disparus ;
2° Mesure du titre acide des solutions aqueuses, ou du titre ah^alin des
solutions potassiques ; '
3° Mesure du volume de bioxyde d'azote gazeux, régénéré ensuite de
l'azotate.
Dans la plupart des expériences, les trois ordres de mesures ont été
exécutés sur le même échantillon et ont été concordantes. En outre, on a
toujours vérifié avec précision la dose ou l'absence sensible de l'acide azo-
teux et l'absence de l'ammoniaque.
L'effluve était produite à l'aide d'une bobine d'induction à décharges
altternatives, alimentée par un courant de 12 volts et 6 ampères, intensité
moyenne (courant primaire). La longueur des étincelles explosives entre
les pôles était limitée à ao""". Mais on avait soin de régler l'interrupteur
vibrant, de façon à ne produire à l'intérieur des gaz du vase à effluves, ni
étincelles, ni pluie de feu. J'ai opéré tantôt sans condensateur, tantôt avec
condensateur. Jamais la vapeur nitreuse n'a apparu, même temporaire-
ment. La réaction opérée sur un volume limité de gaz avait en général atteint
sensiblement sa limite au bout de 6 à 8 heures.
IL Expériences. Ré.ilCtion tot.\le. Proportions rel.vtives.
J'ai opéré à la température ordinaire, en faisant varier les proportions
relatives, c'est-à-dire en employant l'azote et l'oxygène, d'abord suivant les
rapports théoriques de 2 volumes à 3 volumes : A?} -\- O" ;
puis suivant les rapports de 2 volumes à un seul : Az- + O ;
enfin suivant les rapports de l'air atmosphérique : 79™', 2 azote + 20'°'. 8 oxy-
gène, rapports voisins de Az* + 0.
La vapeurd'eau, présente au cours de mes expériences, était toujours er
proportion équivalente fort inférieure à celles de l'azote et de l'oxygène,
lorsque j'ai opéré à la température ordinaire ; si ce n'est vers la fin du
phénomène. En effet, au début, vers 8°, le volume de la vapeur d'eau ne
représente guère que le centième des volumes réunis des deux gaz, sous
la pression normale, tandis que vers la fin elle peut en constituer la presque
totalité, lorsqu'on opère à volume constant, en partant de Az" + 0°.
Cependant, en raison de la lenteur de la l'éaction, la vapeur d'eau qu'elle
absorbe est sans cesse reformée aux dépens de l'eau liquide placée
au fond des tubes ('), et elle est régénérée assez rapidement, de façon à se
(') L'eau liquide introduite dans l'appareil ne doit jamais atteindre, même au début, une
1870 ACADÉMIE DES SCIENCES.
trouver toujours en excès suffisant pour la production continue de l'acide
azotique; ainsi que le prouve l'absence perpétuelle de la vapeur nitreuse.
On a opéré d'abord par circulation, puis sur un volume de gaz limité,
contenu dans un appareil complètement clos.
Première partie. — Circulation.
(i) Ail- atmosphérique. — J'ai fait circuler lentement un courant d'air
dans mon appareil à ozone ('), à raison d'un demi-litre par heure, vers 10°,
pendant 8''. Je donnerai comme indication les closes d'acide azotique formé ;
ces doses étant évidemment subordonnées au volume du gaz contenu dans
l'espace annulaire compris entre les deux cylindres de verre concentriques,
à la distance de ces deux cylindres, et à la tension (variable) de l'électricité
fournie à l'effluve par la bobine d'induction.
On a dosé, d'une part, l'acide condensé dans l'eau, au fond du cylindre
enveloppant, et d'autre part, l'acide vaporisé et entraîné au dehors par
l'excès des gaz non combinés, barbotant dans une autre proportion d'eau.
On a constaté ainsi, dans le liquide intérieur :AzO^H= o^^iSa
Dans le liquide extérieur o^^ooa
Total G ,i54
Ce qui répond en moyenne, pour la durée d'une heure, ào'^Soiga, corres-
pondant à y'^,6 d'azote et 12^,6 d'oxygène, empruntés à un demi-litre d'air.
On voit en outre que la tension de vapeur propre de l'acide (hydraté) est
très faible.
Ni acide azoteux, ni ammoniaque.
(2) Même expérience, avec le même appareil ; à cela près que l'on y avait
introduit une solution étendue de potasse, au lieu d'eau. On a fait passer
5 litres d'air, en 8''. A la fin on a obtenu : o8',202 d'acide azotique AzO'H
(neutralisé par la potasse); toujours sans acide azoteux, ni ammoniaque.
Or, dans ces conditions, s'il y avait eu de l'acide azoteux, ou du gaz
hypoazotique, même temporairement, il aurait du se former, d'après les
expériences de Gay-Lussac et les miennes, de l'azotite, au contact de la
liauluur suffisante pour établir la conductibilité électrique entre les parois de verre des
deux tubes concentriques, entre lesquelles se produit l'effluve.
(') Annales de Chimie et de Physique, fi"^ série, t. X, p. iHC.
SÉANCE DU i8 JUIN ir)oG. 1371
potasse ; i'acide azoteux étant soustrait soudain au mélange gazeux, avant
qu'il ait eu le temps d'être suroxydé.
La dose d'acide azotique formé par heure, au cours de cet essai fait
avec le concours de la potasse, était de o^', 0252; soit oS'',oo5o par litre d'air
employé : chiffre concordant avec celui de l'acide formé avec le concours de
l'eau pure (o'''',oo48). L'alcali n'avait donc exercé aucune action accélératrice
sensible sur la combinaison des deux gaz, dans ces conditions.
Ajoutons d'ailleurs que le poids de l'oxygène contenu dans un litre d'air
employé était o^'',o27, et celui de l'oxygène changé en acide azotique
o^'',oo375. Ces chiffres répondent à un rendement de i4 p. 100, constaté en
présence d'un excès d'oxygène et d'un excès d'azote non combinés.
On va montrer que ce rendement peut devenir total, tant pour l'oxy-
gène que pour l'azote, lorsque l'on prolonge la réaction sur un volume
d'air limité.
(3) Mais avant d'aborder ce sujet, j'ai recherché si la formation de l'acide
azotique, sous l'influence de l'effluve, exigeait les hautes tensions déve-
loppées avec la bobine d'induction, mise en jeu dans les conditions pré-
cédentes. Or, en opérant avec le courant alternatif du secteur, c'est-à-dire
sous une tension d'une centaine de volts, avec les mêmes appareils et
avec la même épaisseur de gaz dans l'espace annulaire qui sépare les deux
tubes concentriques, 4 litres d'air humide, circulant pendant 8'', n'ont
fourni aucune trace d'acide azotique.
Dans un appareil clos, en opérant en vase scellé sur un volume limité
d'une trentaine de centimètres cubes, pendant 18'', le résultat a été égale-
ment négatif avec le courant du secteur (io5 volts) (').
Seconde partie. — Expériences faites sur un volume constant de gaz, en vases
clos et scellés à la lampe. Limite de la combinaison.
On a fait varier les proportions relatives des deux gaz, ainsi qu'il a été
dit plus haut :
(4) Mélange en proportion théorique : Az^ + 0° ; en présence de l'eau (-).
('j En rédulsaut l'épaisseur de la couche gazeuze, il pourrait en être autrement.
Dans tous les cas, les décharges disruptives, sous forme d'étincelle ou de pluie de feu,
ont toujours été évitées.
(^) Voir mes appareils, Annales de Chimie et de Physique, V série, t. XXII, p. A^fi,
464, 457 (1857.) Un manomètre capillaire était ajouté à ces appareils.
l37'-i ACADÉMIE DES SCIENCES.
Capacité du vase : 23'''"''. l = \'.\". Pression intérieure initiale, o^.So (de mer-
(uire). Après (i'' d'effluve, pression o^jOj. Le vase renfermait encore de
l'oxygène et de l'azote.
Poids du gaz absorbé (Az^+ O") : o^'',oi(i d'après les volumes; o,oi5 d'après
le litre acide. Réaction presque totale.
(5) Même mélange, en présence d'une solution étendue de potasse.
Volume inifitial du gaz réduit : 64°"'%6. Pression intérieure initiale : o"',764.
/ == 8°, 5. Durée, i4''. Pression finale, o'",o9.
Gaz absorbé, 0=o^'',o42, Az = o'^\oi'ji ; cecjui répond à Az O'H = o''',o9().
D'après le titre acide, 0,09a.
Autre expérience sur 24'''"',5. Gaz initial. On a obtenu vVzO'H = o'='',o38
d'après les volumes absorbés. D'après le volume AzO régénéré, 0,0.37.
Ni AzH', ni AzO-H.
(6) ^lème mélange, à 80". Autre vase. Pression initiale des gaz froids, o'",5o.
AzO^H formé : d'après les volumes gazeux, o^'^oio ; d'après le titre
acide, 0,0108.
(7) Mélange de 2 volumes d'azote et de i volume d'oxygène, Az' + O,
en présence de l'eau. Pression initiale, o"\yy. L = 8°. Durée : 6''. Volume
initial réduit, 53''""', 6. Volume final du gaz réduit, 28""%4.
Diminution: 25'""'%2, formés de 1 7'''" ',9 oxygène et 7™'^ 2 azote (mesures).
Rapport ;■) : a, Tout l'oxygène a disparu. Ni AzH\ ni AzO'H.
(7 bis) Résultat semi^lable, avec le même mélange, en présence de la
potasse.
(8) Même mélange. Pression atmosphérique initiale.
Volume initial réduit, 7i""'\3. \'olume (inal, 38''"', 3. Durée 8''. Diminu-
tion : 33'"". Tout l'oxygène a disparu, soitO = a!V""',8 et Az = 9""', 5. Trace
d'acide azoteux.
Poids de AzO^H : d'après les volumes gazeux absorbés, o^'',o53 ; d'après le
volume régénéré de AzO, o,o5i.
(9) Air ordinaire, en présence de la potasse étendue. Pression initiale,
o"',768. / = 13°. Pression finale, o"',r)8. Il reste un peu d'oxygène.
AzO'H obtenu, d'après les volumes gazeux, o'^\o;")7 ; d'après le titre
a(-ide 0,007. Ni AzH', ni AzO-11.
(9 bis) Air, en présence de l'eau. Expérience semblable. Gaz initial réduit,
33''"'\8. Gaz linal, 24""'', 8, renfermant encore o'''"%3 d'oxygène. Azote restant,
•24""', 5. D'oii AzO'H formé, d'après les volumes gazeux, o'=',oi37. D'après le
titre acide, o,i)i3o; d'après AzO régénéré, o,oi36.
SÉANCE DU l8 JUIN I 906. l373
On voil par ces expériences que la combinaison de l'oxygène et de l'azote
en présence de la vapeur d'eau, opérée à basse température par l'effluve, tend
à s'accomplir jusqu'à épuisementde l'oxygène, quelle que soit la proportion
relative de l'azote ; cette limite n'étant d'ailleurs atteinte complètement
qu'au bout d'un temps théoriquement infini. Dans tous les cas étudiés, il se
forme de l'acide azotique, sans formation sensible d'ammoniaque ou d'acide
azoteux : tant ((u'il y a un excès d'oxygène, et même avec un excès d'azote.
Ce résultat pourrait s'expliquer en présence d'un excès d'oxygène, en
raison de la tendance de l'oxygène à former de l'ozone, et de l'incompati-
bilité entre l'ozone et l'acide azoteux, du moins lorqu'ils sont maintenus
pendant quelque temps en présence de l'eau ; ainsi ([u'entre l'ozone et
l'ammoniaque.
Mais cette explication ne suffit pas pour expli([uer l'absence de l'acide
azoteux, en présence d'un excès d'azote. 11 semble dès lors établi que
l'acide azotique est, dans tous les cas, le produit essentiel de la réaction,
et (|ue l'azote n'est pas susceptible de le ramener à l'état d'un oxyde inférieur,
dans les conditions de mes expériences.
Cette formation de l'aciile azotique à peu près exclusive, en présence
d'un mélange d'azote, d'oxygène et de vapeur d'eau, a lieu non seulement
à la lemjîéralure ordinaire, mais jusqu'à 80° au moins.
Il convient évidemment de faire des réserves pour les températures éle-
vées au-dessus du degré où s'opère la décomposition pyrogénée de l'acide
azotique.
Ajoutons d'ailleurs que la réaction oflVe le même caractère, depuis la
pression atmosphérique normale du début, jusqu'aux très faibles pressions
finales d'oxygène, lesquelles répondent à la disparition à peu près totale
de ce gaz dans les mélanges.
Tkoisièmu; l'ARTiL. — RelatloDS entre la vitesse de la combinaison et la pression
du système gazeux.
En opérant dans les conditions qui viennent d'être signalées, le volume
des gaz intérieurs demeure sensiblement constant (sauf les petites diffé-
rences attribuables au changement de niveau du mercure, dans l'espace
très petit occupé par ce liquide dans le tube capillaire.
En tenant compte des variations de température de l'air et de la
pression atmosphérique, on peut dès lors déduire de la hauteur de la
colonne mercurielle (qui définit la pression du gaz expérimenté) le poids
l374 ACADÉMIE DES SCIENCES.
absolu d'acide azotique, formé pendant une période quelconque de l'ex-
périence. C'est ainsi qu'ont été obtenus les résultats suivants.
Je commencerai par les mélanges gazeux formés dans les proportions
théoriques Az" + 0''; la tension de la vapeur d'eau étant de o'",oo8 vers 8°,
température voisine de celle de la plupart de ces essais. Cette tension est
d'ailleurs négligeable dans une première approximation; sauf vers la fin du
phénomène, bien entendu.
Soit d'abord l'expérience (5), exécutée sur un volume gazeux de 64"^, 6
(réduit). Pression initiale : o"',^6 ; t= 8°, 5. Pression finale : o™,o8. Durée,
i4 heures. Quantité totale d'acide AzO'H formée : 96""=''.
Au début, l'action s'exerce avec une certaine intensité; elle s'accélère
ensuite, par une sorte d'entraînement. Au bout de 3 heures et demie
(y 10""""'"=*), la pression est tombée à o'",34, un peu moins de moitié. La
quantité d'acide formé s'élevait alors à So'"^'' (Sa p. 100 delà totalité) ; c'est-
à-dire la moitié environ : soit 0""=''', 24 par minute.
Pendant les 2 heures qui suivent (de 210""" à 33o"""), la pression tombe à
o"',25. La quantité d'acide formée pendant cet intervalle était de 10"'^', 8
(11 p. 100 du total), soit o'"^',9 par minute : un peu moins de moitié de la
précédente, pour la même durée et pour une pression, réduite de moitié.
Pendant les 4 heures suivantes (33o"''° à 570'"'"), la pression tombe à
o^jiaG. Le poids d'acide formé pendant ce nouvelintervalle était de 11'"^', 5,
soit la p. 100 du total, c'est-à-dire, o"'^'',48 par minute : moitié environ de
la période précédente, pour une pression réduite d'un tiers.
La réaction se ralentit ainsi indéfiniment, à mesure que l'état de conden-
sation de la matière diminue. C'est là une conclusion applicable à une mul-
titutle'cle phénomènes chimiques. Qu'il me soit permis de rappeler qu'elle
a été inaugurée dans l'étude des réactions gazeuses, par mes expériences
sur la formation des éthers, en 1860. Il n'est |)as possilile d'ailleurs de
calculer une loi rigoureuse de ce décroissement durant la formation de
l'acide azotique d'après les chiffres qui précèdent, à cause de l'accélération
initiale et de la variation de tension tle la vapeur d'eau, en premier lieu.
En. outre la vitesse de la réaction est surtout influencée par la variation
incessante et irrégulière des tensions électriques, et par suite de l'énergie
fournie à chaque instant par la bobine d'induction, dans les conditions
présentes de son emploi (').
(') Pour arriver à une loi précise, il faudrait en outre définir plus neUenient l'épais-
SÉANCE DU l8 JUIN 1()0(). l37D
La conclusion générale qui précède n'en demeure pas moins certaine.
(lo) Voici une autre expéiuence, exécutée sur un volume de 27''"', c'est-
à-dire à peu près moitié moindre que les précédentes, avec formation linale
de qs^oSS de AzO'H, en présence de KOH étendue.
Pendant les premières i5 minutes, la pression est tombée à o"',68. Le
poids moyen d'acide i'ormé par minute était o"^'',i6.
Pendant les 3o minutes suivantes, la pression tombe à o"',57. Poids moyen
d'acide formé par minute, o"'s',2i.
Pendant les3o minutes suivantes, la pression tombe à o"',42. Poids moyen
d'acide formé par minute, o"'''''',28.
Ainsi, pendant les jj premières miniiies, la réaction a formé o'='',oi7
de AzO'lI, c'est-à-dire près de moitié du poids total oblenu à la lin; la
pression étant réduite à près de moitié.
Pendant les i5o minutes suivantes, la pression tombe à o"',i7. Poids
moyen de l'acide formé par minute, o"''^'',o95. Il y a donc nouvelle réduction de
pression plus de moitié; le poids de l'acide azotique formé pendant cette
période s'élevant à o^'',oi4.
Pendant les 120 minutes suivantes, la pression est réduite à o"',o76. Poids
moyen d'acide formé par minute, o""^',o44-
Pendant les 120 minutes suivantes, la pression se réduit enfin à o"',o4.
Poids moyen d'acide formé par minute, o""'''',oi6.
On voit ici plus clairement l'accélération initiale, puis la diminution
progressive, qui se produit en raison de la diminution de la condensation
de la matière gazeuse.
(il) Voici deux expériences, destinées à rendre compte autant que
possible, de l'influence d'un condensateur électrique (i)outeille de Leyde):
condition oi"i l'étincelle modératrice entre les pôles change, comme on sait,
de longueur et d'intensité. Ces deux expériences ont été exécutées avec les
mêmes tubes, afin tl'en rendre les conditions conqiarables, autant (jue
possible. Au contraire, elles ne le sont pas au même degré avec les pré-
senr dp la couche gazeuse sur laquelle s exerce l'action de i'eftluve^ épaisseur qui n'est
pas uniforme dans les appareils de verre. Il faudrait aussi définir le mode de distribution
de 1 action de l'effluve dans les différentes régions de la masse gazeuse, et spécialement
dans la capacité vide, en partie remplie d'eau, qui sépare le fond du luhe intérieur de
celui du tube concentrique qui l'enveloppe. Enfin il conviendrait de faire intervenir la
vitesse d'évaporation de l'eau restituée.
C. R., 1901;, !«' Srnieslre. (T. CXl.ll, N» 25 ) I 8o
X3']6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cédentes, en raison delà difterence des volumes intérieurs etde l'épaisseur
de la couche gazeuse interposée.
Volume intérieur, 24''™^ Pression initiale, o™,5o.
SANS CONDENSATEUR AVEC CONDENSATEUR
Poids lotiil de AzO 'H formé. osr.oiSe oSf.oig
Poids d'AzO^H Poids d'AzO^H
Pression. par minute. Pression. par minute.
Après i5 minutes o",44 o"'s,i7) o",46 o"'e,i6
Après les i5 minutes suivantes. o™,38 o^^e,!-] o'",4o 0^8,19
Aprèsles3o minutes suivantes. o'",24 o'"S,2o o™,3o omB.iTS
Après les 60 minutes suivantes. o"\i5 o™B^o6 o™,20 o™s.o8
Après les 60 minutes suivantes. o™,07 o™b.o5 o",i2 o"6,o6
La combinaison avait atteint à peu près la moitié de la Même observation au
limite au bout d'une heure bout d'une heure.
D'après ces observations, l'influence du condensateur électrique employé
a été minime ; conséquence qu'il ne l'audrait pas trop généraliser pour
d'autres dispositions.
QuATRu'îME PARTIE. — Influonce d'un excès d'azote.
Jusqu'à quel point la condensation gazeuse décroissante de la fraction
dit mélange gazeux, entrant en combinaison et par l'efTet de cette combinaison,
dans un mélange renfermant en excès de l'un des composants, tel que
l'azote, peut-elle être assimilée à la simple raréfaction produite sur le sys-
tème Az- + O", dont les composés entrent intégralement en réaction? C'est
ce que font entrevoir les expériences suivantes.
Soient les chifires obtenus au cours de l'expérience fS), exécutée sur le
mélange Az- -|- O.
En présence de la potasse, au bout de 8 heures, tout l'oxygène, ou sen-
siblement, a disparu, et le volume réduit du gaz final s'est trouvé réduit
à 54 p. 100 de son volume initial. La théorie indique en effet pour la for-
mation exclusive de l'acide azotique dans un semblable mélange : 5:3 p. loo.
En fait d'ailleurs ('), le poids de cet acide AzO'H formé s'élevait à o^s^oSS.
Or pendant la première heure, il s'est formé oS'',oi7 d'acide, soit le tiers
de la quantité totale : o"'^','i environ par minute moyenne. Pendant l'heure
suivante, il s'est formé oi^'',o 12 d'acide : soit o""'''',2 par minute moyenne.
Pendant les 2 heures suivantes, o'-'^'^oS par minute moyenne.
(') Par une co'incidence numérique fortuite.
SÉANCE DU l8 JUIN I906. ^^Tl
Pendant les 2 heures suivantes, o™^'',o5 par minute moyenne.
Pendant les 2 heures suivantes, o^^'^oa par minute moyenne.
En fait, les poids aljsolus obtenus sont voisins de ceux de l'expérience (10);
mais ils représentent une fraction moindre du total : [o^'',o53 dans l'expé-
rience (8), au lieu de o'^'',o38, dans l'expérience (10)].
L'action paraît donc plus lente, en présence d'un excès d'azote, pour une
même tension relative de la fraction combinable.
Cependant les vitesses n'ont pas été réduites à moitié environ ; comme il
semble qu'il aurait dû résulter delà condensation propre du mélange trans-
formable, dilué à peu près à la moitié de la condensation réalisée en
l'absence d'un excès d'azote. Il semble donc, (fue les conditions des expé-
riences actuelles autoriseraient à admettre que l'excès d'azote a une cer-
taine influence favorable : ce qui serait conforme aux lois connues de la
combinaison chimique, telle que je l'ai observée dans l'étude des réactions
éthérées. Mais les conditions actuelles sont trop complexes pour autoriser
une conclusion définitive.
III. Thermochimie.
La réaction fondamentale définie plus haut
Az- + 0' + H-0 + Aq = 2 Az O'H étendu
est exothermique et dégage + 28'"*',6(').
La réaction théorique entre corps gazeux
Az- + 0' + H-0 gaz = 2AzO'H gaz
dégagerait + 9''''',4i si l'on admettait que les hydrates d'acide azotique
gazeux, susceptibles de se former en présence d'un excès de vapeur d'eau
et de subsister dans cet état, fussent entièrement dissociés dans l'état gazeux ;
hypothèse qui peut être contestée. Quoi qu'il en soit, on voit que la for-
mation de l'acide azotique demeurerait en tous cas exothermique.
Il résulte de là que l'eflluve joue surtout dans la formation directe de l'acide
azotique, à la température ordinaire, le rôle de déterminant ou catalysateur,
(dans le langage actuel); sans fournir une énergie consommée au cours de
l'accomplissement de la combinaison.
Or il en est tout autrement de la combinaison directe de l'azote et de
l'oxygène par l'arc ou par l'étincelle électrique, soit avec production de
(') T/ieritioc/iiiiiie. Données et lois numériques, t. II, p. 106.
l378 ACADÉMIIÎ DES SCIENCES.
bioxyde d'azote :
■'. Az + f',0 = ■>. AzO, absorberait à froid — 4'^'"'''.a;
soit avec production de gaz liypoazotique :
2 Az + 2 0- = 2 AzO", absorberait — iS^^'.S vers 200°,
AzO" étant formé seul:
ou bien, à froid, — 3'^'^',4 î
nette dernière température donnant naissance à un mélange de deux com-
posés inégalement condensés, tels que
AzO- + ^ Az-0'* ;
La réaction serait donc toujours endothermique au voisinage de la. tem-
pérature ordinaire.
Quant à ce qui se passe réellement aux températures de l'arc ou de
l'étincelle, il n'est pas possible de l'évaluer avec certitude, parce que nous
ignorons quelles sei'aient les valeurs des chaleurs spécifiques des gaz
simples ou composés à ces températures. Si l'on se conforme aux analogies,
tirées de la connaissance générale des relations constatées entre les chaleurs
spécifiques des gaz simples et celles des gaz composés, il semble que la
chaleur absorbée dans la formation des oxydes de l'azote par leurs éléments
doit croître en valeur al)solue avec l'élévation de la température. Il est donc
probable que cette formation, telle qu'elle est réalisée en fait par rétincelle ,
ou l'arc électrifjue, demeure endothermique : étant accomplie par le con-
cours des énergies électriques, étrangères au système atomique de ces élé-
ments libres. Son caractère paraît dès lors essentiellement différent de
celui de la fornuilion de l'acide azotique parl'eiiluve, telle (|u'elle est étudiée
dans le présent mémoire.
11 en est de même de la formation des oxydes de l'azote, simultanée avec-
la (combustion du carbone, du soufre ou de l'hydrogène ; la réaction totale
résultant de ces combustions et de la i'ormation accessoire de petites
(|iuintités d'oxydes d'azote. Dès lors ce sont ces dernières combustions (|ui
fourniraient l'énergie consonunée dans la dernière formation.
Le mot même de combustion, appliqué à l'oxydation de l'azote par l'élec-
tricité, est équivoque ; car cette oxydation, a(-complie par une énergie étran-
gère et extérieure ausystème atomiqueavecabsorption dechaleur, n'est nul-
lement assimilal)le à la combustion fondamentale du carbone, du soufre ou
(h; l'hvdrogène. Je ne saurais trop insister, au point de vue de la mécanique
SÉANCE DU iH JUIN I()o6. l'^79
chimique, sur cette diiïérence essentielle qui existe entre la synthèse directe
de l'acide azotique, opérée à basse température, et ht i'ormation des oxydes
de l'azote aux températures élevées, avec ou sans concours de l'électri-
cité.
ASTRONOMIE. — Application du lêléphone rt df V Aslrolahe Claude-Drien-
coiirl à la deleniiinaiioii de la longiliide de Brest. Note de M. E. GiiA'Or.
Il y a un an environ ('), en informant l'Académie de la ci'éation, à
l'Observatoire du Bureau des Longitudes, d'un service de distribution de
l'heure précise par le téléphone, j'appelais l'attention sur le parti que l'on
pourrait tirer de ce nouveau mode de transmission de l'heure pour les
déterminations de longitudes.
Une première application vient d'en être faite, par le même Observatoire,
avec le concours d'ingénieurs et d'officiers de la Marine et du Service géogra-
phique de l'Armée, à une nouvelle détermination de la longitude de Brest.
On a employé, pour les transmissions d'heures, deux chronomètres
battant la demi-seconde et réglés, l'un sur le temps moyen, l'aulre sur le
temps sidéral, pour permettre l'application de la méthode des coïncidences.
Sur la glace même de chacun des deux instruments était placé un micro-
phone Hughes intercalé dans le primaire d'une bojîine d'induction dont
les extrémités du secondaire étaient rattachées aux bornes de la ligne
téléphonique. Grâce à cette disposition, les observateurs des deux stations
pouvaient percevoir les battements des deux chronomètres en conservant
la faculté de communiquer verbalement. Une résistance variable introduite
dans le primaire de la station où Ton voulait effectuer les comparaisons
permettait à l'observateur d'égaliser les battements de son instrument avec
ceux de l'instrument de l'autre station.
L'observateur entendait ainsi les deux battements de la même oreille et
avec la même intensité; il pouvait, par suite, saisir les coïncidences avec
une précision beaucoup plus grande qu'en comparant les battements reçus
par le téléphone dans une oreille avec ceux perçus directement par
l'autre.
Deux observateurs munis de récepteurs opéraient dans chac|ue station ;
ceux de Paris prenaient d'abord une comparaison de leur chronomètre
avec celui de Brest. Ceux de Brest faisaient ensuite la comparaison inverse.
(') Comptes rendus, at) mai igoS.
l38o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Enfin les observateurs de Paris recommençaient l'opération de manière
à intercaler les résultats de Brest entre ceux de Paris afin de permettre de
ramener, par interpolation, les (-omparaisons de Paris à l'instant de celles
de Brest sans recourir à d'autres données. Les intervalles entre les deux
comparaisons de Paris ont varié de 12 à 40 minutes.
Les lalileaux I et II ci-après contiennent les résultats des transmissions
effectuées du 11 au 17 avril inclus ; le i4 et le i5 avril, les observateurs
n'onl pas pu oljtenir la communication. Pour plus de simplicité, on a sup-
primé des valeurs des comparaisons le nomlu'e des heures, minutes et
secondes.
Chaque observateur prenait deux et queliiuel'ois trois coïncidences
successives, c'est-à-dire séparées par un intervalle d'environ trois minutes.
Les nombres inscrits au Tableau I, pour chaque observateur, sont les
moj'ennes des résultats ainsi obtenus ; les écarts entre ces moyennes et
les résultats isolés n'ont pas dépassé 9 millièmes de seconde. Les lettres P
et B inscrites à côté des dates indiquent les stations d'où ont été prises
les comparaisons portées sur les lignes correspondantes. Les comparai-
sons inscrites sur la même ligne peuvent être considérées comme simul-
tanées.
Tableau I
ACCORD DES COMPAnAISONS PUISES PAR DEUX ORSERVATEURS DIFFERENTS
DANS LA MÊME STATION
OBSERVATEURS
^ . DIFFÉ-
M. Driencoukt M.Claude M. Perret M.IjAmotte M.Cot reîjces
' P » Oi',022 j ,'0,022 ' 0^,000
Avril II • B I 1) os,o54 . , o»,o43 . A- 0,011
f P ) ' o,o56 ; P.o5/| + 0,002
' P \ ' 0,011 0,017 ' i — 0,006
Avril 12 'B ' o^o^3 , . 0,020 » !— 0,007
' P ' ' 0,021 0,025 , l, — 0,004
;' P '■ 0,012 0,01 5 , ^ — o.oo'i
Avril i3 • B ' o,o3'j • o.oio » — o,oo5
' P ) ' o,oGo o.o-yj ' + o,oo5
,' P ' 0,012 0,011 ,+ 0,001
Avril lO ] B ' 0,023 0,017 » /+ 0,006
f P ) ' o,o36 0,029 . + °'°°7
^ P f 0,009 0,021 \ — 0,012
Avril 17 . B ' o.o35 ' . o,o3o » ^+ o,oo5
( P ) ' o,o5i o,o53 ) '— 0,002
SÉANCE DU i8 JUIN igo6. l38l
Sur le Tableau II, en regard des comparaisons de Brest relevées sur le
Tableau I, ont été inscrits les résultats obtenus en ramenant celles de
Paris au même instant; les interpolations ont été faites au moyen de gra-
phiques à grande échelle.
TaI3LE.\U II
ACCORD DES COMPARAISONS PUISES AUX DEUX STATIONS ET RAMENÉES AU MEME INSTANT
COMPARAISONS M0Y1£NNES COMPAKAISO.NS ,,o,,.^.^.es MOYENNES
,^ , de Paris de Brest
^ ramenées à l'instant ^ moins moyennes
Brest. Brest. de celles de Brest. Pans. de Paris.
. 1 l 0*,o54 : . O'jOi I ,
Avril II ; ^ o*,0-ici * ., o'.Ojo + o'.ooci
i o,o.i3 ,* ( o,oi\) * I J
t, o,o-i0 / . 0,022 j
Avril 12 , ., , 0,017 ' ' 0,020 — o,ooj
( o,oi3 ' ( 0,017 ''
A -1 ■, i o,o.'io ., ( o,o36 ) ,
Avril i3 ,„ ' o,o3S ; .,^1 o,o36 + 0,002
( o,o35 ) ' o,o33 ) ■
à -, t 0,023 ~j , 0,028 j
Avril 16 : 0,020 ' _ i 0,02b — 0,006
' 0.017 ' ( 0,023 ,'
. ., ^ o,o35 , i 0,040 )
Avril 17 ' o,o33 ; , , ! 0,037 — 0,004
( o,o3o ^ ( o,o34 )
Le tableau I montre : 1° que les écarts entre les comparaisons obtenues
au même lieu par deux observations diflerentes sont généralement infé-
rieurs à un centième de seconde ; 2° que ces écarts sont indifïeremment
positifs et négatifs et que, par suite, il n'intervient aucune erreur person-
nelle appréciable.
On voit, d'autre part, sur le tableau II, que les résultats obtenus aux
deux stations offrent le même accord que ceux d'une même station. On
peut conclure de là que, au degré de précision dont la méthode est suscep-
tible, la durée de la tran.siuission des battements de Paris à Brest est régli-
geable. On aurait pu, i)ar suite, se dispenser de faire les comparaisons
dans les deux sens.
Cet ensemble de résultats montre que la nouvelle méthode permet
d'effectuer les transmissions d'heure à moins d'un centième de seconde ;
elle n'exige d'ailleurs que des appareils et des opérations très simples. Elle
est donc aussi remarquable par sa précision que par la commodité de son
emploi, et sera sans doute substituée d'une manière générale à la méthode
télégraphique pour toutes Tes déterminations de longitudes auxquelles elle
sera applicable.
l382 ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'opération (|ue vient d'eflectiier l'Oljservatoii'e astronomique de Mont-
souris est encore intéressante à cet autre point de vue que, pour la déter-
mination du temps local, on a employé des Astrolabes Claude-Driencourt
au lieu d'instriunents méridiens. Une application analogue de l'Astrolalje
a déjà été faite avec succès dans une campagne hydrographique à Mada-
gascar (') par deux des observateurs qui ont participé à la nouvelle opéra-
tion. II y a lieu dcspérer que les résultats obtenus cette fois seront au
moins aussi satisfaisants, car les observateurs ont pu opérer dans des con-
ditions matérielles meilleures, et avec des instruments perfectionnés d'une
plus grande puissance. Les Astrolabes employés ont été construits par
M. Jobin ; ils comportent un grossissement de 80, correspondant à un
grossissement double, c'est-à-dire de 160, pour les vitesses relatives des
images des étoiles.
Les résidtats des déterminations du temps local et de la latitude seront
communiqués à l'Académie dès que les calculs seront terminés.
CHIMIE MINÉRALE. — Aclioit (le Voxyde dr carbojic, au rouge, sur lit vaprui-
d'eau, et de riiydrogèiie sur racide earhoiiique. Application des ces
réactions à rétude des phénomènes volcaniques. Note de M. Arma\d
Gautier .
Les réactions élémentaires qui se produisent dans les profondeurs du
globe, réactions d'où résultent en particulier la formation des roches pri-
mitives et les phénomènes volcaniques, me semblent pouvoir être soumises
au contrôle expérimental. L'échauffement, quelle qu'en soit la cause, des
matériaux (|ui sortent des volcans sous forme de laves fondues est une
première indication qui permet d'aborder directement ce problème. (Hie
se passe-t-il lorsque les substances rocheuses sont portées à une hante
température? J'ai établi, en 1901, que chauffées au rouge, les poudres des
roches primitives (granit, porphyres, ophites, gneiss, etc..) pi'éalablement
desséchées à aoo", perdent encore une notable quantité d'eau de combi-
naison (de 0,8 à 2 p. loo), eau qui ne s'échappe qu'à haute température (-).
Aussitôt libre, cette eau réagissant sur les matériaux mêmes des roches
(|ui l'ont fournie, donne naissance à une (]uantité très notable de gaz
(') Comptes rendus du i(i janvier et du d luni's <<ji>'>.
(-) Coiiipti's reiiditf. t CXXXII. p. 'io et iH;),
SIÎANCE Dl IiS JLIN ICjoG. l383
ayaiil la eoniposilioii oïdiiuiire des gaz volcaiii/jacs : Ils sont formés
principalement d'acide iar]joni(iiie, d'oxyde de carbone, d'hydrogène,
d'azote, accompagnés d'un peu de méthane, avec une trace de matière gou-
droneuse, quelquefois d'hydrogène sulfuré et de traces d'ammoniaque.
Que telle soit l'origine de la totalité des gaz émis par les volcans, ou,
comme je le pense, qu'à ces gaz dus à réchauffement des roches primitives
par les laves incandescentes qui pénètrent sous haute pression dans toutes
leurs fissures, il vienne s'ajouter en quantités variables d'autres matériaux
gazeux dégagésdu noyaudu globe (oxyde de carbone, hydrogène, azote...),
il est certain que ces gaz et vapeurs, à cette température élevée, réagissent
entre eux et sur les principes des roches ambiantes. Je me suis proposé
donc d'étudier séparément les réactions mutuelles qui se produisent entre
ces divers gaz et les matériaux rocheux. Elles vont nous permettre d'éclairer
d'un jour nouveau bien des détails de phénomènes volcaniques et la genèse
des eaux thermales elle-même.
Je me bornerai à examiner dans cette Note comment se comporte au
rouge la vapeur d'eau en présence de l'oxyde de carbone et, inversement
l'action des corps qui se forment dans cette réaction.
Aclioii de Voxyde de carbone sur la vapeur d\an au rouge. — Déjà,
en 1888, M. Maquenne s'est demandé, au point de vue thermique, si l'oxyde
de carbone pouvait décomposer l'eau. Il ojjserva cette décomposition au
rouge et même au-dessous. 11 ne chercha pas si cette action se limite par
les réactions inverses des produits qui se forment (').
Quand on fait passer au rouge vif (1200 à laSo", température de fusion
des laves) un mélange d'oxyde de carbone et de vapeur d'eau, avec excès
variable de cette dernière, l'hydrogène de l'eau est mis en liberté avec
formation d'un volume presque égal, quoique toujours un peu plus faible,
d'acide carbonicjue. La réaction se poursuit à travers lo tube de porcelaine
incandescent, jusqu'à ce que le volume d'hydrogène produit soit environ
le double de celui de l'oxyde de carbone en présence (-;. \'oici, comme
preuve de ce fait, quelques analyses des gaz obtenus :
(') Bidlclin Soc. cliim.. t. XXXIX, p. '\t>h.
(-) Je lue suis assuré que dans ces CDiidilicins, les tubes de porcelaine Berlin. douMe-
iiient vernissés, ne laissaient pénétrer aucun gaz de foyer.
C. R., 1906. i«' Semestre. (T. CXLII, N» 25.) l8l
l384 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Gaz résulUiiU de radian de Voxyde de carbone sur la vapeur d'eau
à laoo'-iaoo".
C02 . . . .
H
CO
Azote lie l'air
Commencement
lin.
34
i3
36,63
38
3i
39,80
20
3o
21,60
/
26
i,o5
éq
nation :
=0
=
aCO^
4 vol.
+
2IP + CO
4 vol. 2 vol
.filtre expérience.
37,88
38,89
22,47
O, 73
Ces nombres conduisent à 1 équation
3C0 + 2H=0 == aCO^ + 2IP + CO (A)
4 vol. 4 vol. 2 vol.
Cette équation ne varie pas sensiblement si l'on l'ait varier la quantité
d'eau introduite, pourvue qu'elle soit en excès ; elle peut même être en
grand excès.
J'ai soigneusement constaté que l'eau recueillie ne contient pas d aldéhj'de loi"iiiii|ue,
même un derai-millionnièine. Elle a une très légère odeur empyreumatique, est à peine
acidulé, réduit très faiblement à chaud le nitrate d'argent en liqueur acidifiée et colore
en jaune rougeâtre, après neutralisation très exacte, les sels ferriques étendus. Elle
semble donc contenir une trace d'acide forniique (').
Action de l'hydrogène^ au rouge, sur l'acide carbonique. — Les faits qui
précèdent montrent que la réduction de l'eau par l'oxyde de carbone s'ar-
rête dès que le volume de l'hydrogène p.roduit est égal au double de celui
de l'oxyde de carbone. C'est que l'hydrogène tend, ainsi qu'on va le voir,
à réduire l'acide carbonique qui se forme en même temps que lui et à
reproduire inversement de l'oxyde de carbone ; cette nouvelle réaction ne
s'arrête que lorsque le volume de ce dernier est devenu moitié de celui
de l'hydrogène.
Pour le démontrer, j'ai fait passer dans un tube de porcelaine chaull'é au rouge blanc
(1 '300° environ) un mélange d'acide carbonique et d'hydrogène secs, à volumes à peu
près égaux, après avoir fait au préalable le vide dans tout l'appareil. On recueille bientôt
(^) M. ]Maquenne {loc. cit:) a établi que, lorsqu on chauffe en tubes scellés à ajo-lioo"
l'oxyde de carbone en présence de l'eau, et mieux encore si l'on fait intervenir les
corps poreux tels que la mousse de platine, l'oxyde de carbone s'unit en partie à l'eau et
donne de l'acide formique. Cette réaction se produit donc depuis la température de aîo"
jusqu'au rouge vif. La production d'acide formique se réalise certainement au cours
des phénon.ènes volcaniques, partout où l'oxyde de carbone rencontre la vapeur d'eau
aux environs du rouge naissant. Ceci explique que ^F. Fouqué ait trouvé des traces de
cet acide dans les gaz volcaniques du Santorin. et cpi on l'ait signalé dans (juelques
eaux thermales (Bri'ikenaii en Bavière, Prinzhofen, Marienbad).
SÉANCE DV iH .lUlN If)o6. 1 385
ainsi une quantité d'eau notaljle. Elle a été de plus de i» grammes dans une de mes
expériences. Après avoir été privés d'eau à la sortie du tube au rouge, les gaz passaient
dans un barboteur à potasse pour arrêter l'acide carbonique introduit. Ainsi privés de
ce dernier gaz, ils avaient la composition suivante :
CO = 3i,-20
Il = GG,6i
Az (de l'air) = i,î'5
On voit : i" que riiydrogène réduit bien réellement à haute température
l'acide carbonique pour former de l'eau (') ; 2° que de même que dans le cas
où l'on fait agir l'oxyde de carbone sur la vapeur d'eau, la réaction se limite
aussitôt (|ue le volume d'oxyde de carbone produit est égal à la moitié
environ du volume de l'hydrogène présent. C'est ce <|u'exprime l'équation :
CO- + :îH- = CO + H-0 + aIP. (B)
■i vol. 4 vol.
L'équation (A) ci-dessus montre que la réaction de l'oxyde de carbone
sur la vapeur d'eau s'arrête aussitôt que le volume de l'hydrogène formé est
égal au double de celui de l'oxyde de carbone régissant, moitié lui-même de
celui de l'acide carbonique. Par conséquent dans l'équation (B) oit ces
mêmes corps, vapeur d'eau, hydrogène, oxyde de carbone et acide carbo-
nique sont en présence, nous devons admettre, d'après l'équation (.A),
qu'au moment de l'équilibre, le volume de l'acide carbonique était devenu
égal à celui de l'hydrogène. 11 suffit pour tenir compte de cette condition
d'ajouter 2CO- aux deux membres de cette équation (B) qui devient alors :
3C0- + 3H-0 =. CO + H-0 + ail' + 2CO- (G)
Ces mêmes conditions d'équilibre, en tenant compte de la vapeur d'eau,
seront introduites dans l'équation (A) en ajoutant H'O à ses deux membres.
Cette équation devient ainsi :
3C0 + 3H-0 = CO + IPO + 2H^ + 2CO-. (D)
a \"oI. y. vol. 4 vol. 4 vol.
(' j Celte réduction de l'acide carbonique par l'hydrogène aux hautes températures citée
déjà dans le vieil ouvrage de Gmelin-Kraut (t. I, p. 'ji. et 78), avait été souvent niée depuis,
en particulier par Pistor et Naumann qui, au-dessus de (Jdo", n ont pas trouvé d'oxvde
de carbone formé par action de l'hydrogène sur l'acide carbonique au rouge (Denis,
c/ieiii. Gesell., t. XVIII, p. %']-±\). Ces auteurs font observer toutefois que, contraire-
ment à leurs expériences, Traube a trouvé de l'oxyde de carbone dans un mélange
d'acide carbonique et d'hj-drogène où il faisait éclater une série d'étincelles électriques,
alors, disent-ils, que l'inverse ne se produit pas, l'oxyde de carbone humide ne donnant
pas d'acide carbonique dans ces conditions. (Voir Berichte, t. XVIII, i88j, p. 1891.
l386 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les deux équations (C) et (D) montrent que le système
CO + H-0 + 2H- + 2CO-
■2 vol. 2 vol. ,j vol. 4 vol.
où la somme des volumes des gaz réducteurs est la même que celle des
gaz oxydants, est celui vers lequel tendent au rouge les mélanges d'oxyde
de carbone, de vapeur d'eau, d'acide carbonique et d'hydrogène, soit que
l'on parte du système complexe de ces quatre gaz réunis en proportions
variables, soit que l'on soit en présence des mélanges plus simples, oxyde
(le carbone et vapeur d'eau ou acide carbonique et hydrogène.
Ces remarques éclairent certains points des phénomènes volcaniques. Ou
vient de voir qu'elles expliquent l'existence de l'acide formique dans les gaz
éruptii's et dans quelques eaux de même origine. Elles font aussi com-
prendre pourquoi l'oxj'de de carbone, l'acide carbonique, l'hydrogène et
la vapeur d'eau s'accompagnent toujours dans les produits gazeux des
volcans. Il suffit pour cela que la vapeur d'eau émise par les roches et
l'oxyde de carbone issu des réactions du feu central se rencontrent au
rouge ; il suffit aussi que l'acide carbonique et l'hydrogène qui s'exhalent
des profondeurs arrivent à une température un peu élevée. Mais ici inter-
vient un autre facteur : la présence dans les roches où se passent ces réac-
tions des sels ferreux que la vapeur d'eau tend à décomposer, comme je l'ai
établi, en donnant des peroxydes et de l'hydrogène {'). Entre les gaz ainsi
formés, ceux qui proviennent du noyau central et ceux que dégagent les
roches aussitôt que, grâce à l'élévation de la température ambiante, leur
eau de constitution est mise en liberté, il tend à s'établir des réactions
réciproques et limitatives telles que partout oii l'hydrogène sera en excès,
il réduira les peroxydes à l'état de protoxyde ou de métal et, agissant sur
l'acide carbonique lui-même, il donnera de l'eau etde l'oxyde de carbone ; et
réciproquement, cette eau, dès qu'elle devient prépondérante, transforme
au rouge, les protoxydes en peroxydes ou oxydes salins, les silicates ferreux
en silicates ferriques, et l'oxyde de carbone en acide carbonique.
Si, comme je pense pouvoir le démontrer, l'émission d'oxyde de carbone
et d'hydrogène venus des profondeurs du globe est un phénomène géolo-
gique continu, la réaction de ces deux corps sur les oxydes réductibles et
sur leurs silicates, explique la production incessante d'acide carbonique
('j Comptes rendus, t. XXXll, p. ji et i8y.
SÉANCE DU I(S .lUIN I906. l387
et de vapeui' d'eau qui s'échappent avec l'hydrogène et Fazole par toutes'les
(issures des strates terrestres et par la bouche des volcans ; elle explique
la S'enèse même de l'eau des sources thermales, de celles au moins à
débit constant et à température élevée.
L'action de la vapeur d'eau sur les sulfures, et réciproquement de l'hy-
drogène sulfuré sur les oxydes, mérite une analyse approfondie. Elle nous
a conduit à des résultats fort imprévus que nous ferons bientôt connaître.
Sur quelques nouvelles jiropriéle's de Ve.rliriit de malt.
Note de MM. L. >lAQri:\.\E et Ei'fciÈxE Roix.
I. Autoexcitatioii du malt. — En signalant les changements spontanés
de réaction qui s'observent dans les moûts, nous avons récemment lait
remarquer que ces modifications, attribuables au jeu des diastases protéo-
lytiques, doivent avoir pour conséquence nécessaire une véritable auto-
excitation de l'amylase qui les accompagne ('}. C'est ce qu'il est facile d'éta-
blir en déterminant les variations d'énergie que subit v\n extrait de malt
conservé aseptiquement sous différentes conditions.
Les observations ([ui suivent ont porté chacune sur 5o'^'^ d'empois de
fécule à 2 p. 100, saccharifiés pendant :'.4'' à 5o° par 5" d'extrait de malt à
10 p. loo. L'infusion du malt a dans tous les cas duré exactement i''
et les extraits ont été mis en expérience juste i''i/2 après le début de
leur préparation. On les a alors conservés en vases clos et en présence
de toluène, à 56° (série I), à 5o° (série II), enfin à la température ordi-
naire (i5-2o°, série III), pour mesurer leur activité à différents âges.
Dans la série IV on a recherché si l'autoexcitation se produit encore
dans un malt activé artificiellement ; pour cela l'extrait a été maintenu à
5o° après demi-saturation (aS"' d'acide -^ par litre) et on l'a fait agir sur
de l'empois exactement saturé d'avance, de manière à réaliser les condi-
tions reconnues par nous les plus favorables à la saccharification.
Le tableau suivant indique la quantité de maltose anhydre fourni par
ICO parties de fécule supposée sèche.
(') Comptes rendus, t. CXLII, p. lo'iy. Dans cette note il s'est glissé quelques
fautes d'impression qui peuvent en rendre la lecture difficile : page 1062, lignes 3, \
et i 5, en remontant, il faut lire amylose et ainylose pure au lieu de ainylase el amylasc
pure.
l388 ACADÉMIE DES SCIENCES.
MALT CONSEKVi; A
AGE Dii l'extrait 50° (I). 5o''(II). I^'IIII). :Ï0»(1V).
o 89.9 89.9 89,9 97, G
2 heures 90,9 90,6 90,6 97-0
''•> — 9', 3 91,7 91,2 >>
y — 9o.'-« 93)0 91,5 96,1
l'y — 89,/! 9^,3 92,7 96,3
••i4 — ■ ^o.'i 94,1 93,6 94,1
3-i — S5,i 9i.i 94,3 93,1
'iS — 73,0 94,3 95,6 90,2
72 — 57,8 94,1 96.7 85,9
96 — 'io.o 9'5,9 97-1 79>8
Toutes les fois que le malt est conservé sans acklilion d'acide on voit
son activité croître en même temps que son âge. A 56" cette activité, après
avoir atteint un maximum au bout de 5'', diminue rapidement; elle reste
longtemps fixe à Se", température à laquelle l'amylase résiste mieux;
elle augmente régulièrement à la température ordinaire jusqu'à atteindre
et même dépasser celle d'un malt frais partiellement saturé, car, après
sept jours de conservation, le malt III nous a fourni 100,7 P- '°° ^^
maltose en milieu normal et io3,4 p. 100 en milieu d'alcalinité optima ;
ce sont là des quantités que nous n'avions encore pu obtenir en aucune
circonstance dans une saccharification de 24''.
Dans la série IV l'accroissement n'a plus lieu parce que le mélange a été
amené dès le début à l'optimum et qu'alors l'action destructive de l'acide,
signalée par nous dans notre dernière communication, l'emporte sur
l'action accélératrice du temps. Il est remarquable que les changements
c[ui s'accusent dans cette série sont exactement l'inverse de ceux ([ui
s'observent dans la série III.
Il résulte de là que l'excitation i)rovoquée par une dose convenable
d'acide, ajoutée au moût dans les rapports que nous avons fait connaître
antérieurement, n'est qu'un cas particulier d'un phénomène beaucoup plus
général el qu'elle se réduit à hâter l'établissement d'un état d'é(|uilibre
vers lecpiel le malt tend de lui-même à la suite d'un long repos. 11 est donc-
avantageux, lorsqu'on cherche à obtenir le maximum de rendement en
maltose, d'employer un extrait de malt d'abord vieilli, à froid, puis amené
à la réaction optima.
On savait déjà qu'une infusion de malt longtemps prolongée est plus
efficace qu'une infusion laite rapidement et on attribuait la différence à la
SÉANCE DU l8 JUIN I906. l389
lenteur de dissolution de ramylase;nos expériences montrent que, le même
effet se produisant même après filtration, cette différence tient surtout aux
modifications spontanées des substances dissoutes, en particulier des
zyniogènes solubles qui se transforment lentement en matières actives. Il
y a là une nouvelle variable dont il faudra désormais tenir compte dans
l'étude de la saccharification comparée ; son existence montre une fois de
plus combien il faut être circonspect dans la recherche des lois qui prési-
dent à l'action de l'amylase sur l'empois d'amidon.
Les extraits de malt que l'on maintient pendant plusieurs jours à jo"
déposent un abondant coagulum de matières albuminoïdes, et, après filtra-
tion, ne se troublent plus qu'à peine quand on les fait bouillir ; leur activité
étant néanmoins plus grande il en faut conclure que, contrairement à l'opi-
nion émise par la plupart des auteurs, la coagulation du malt n'entraîne
pas nécessairement l'insolubilisation de l'amylase qu'il renferme, non plus
<]ue sa dégénérescence ; ajoutons que l'emploi d'un pareil liquide filtré peut
rendre des services lorsqu'on se propose de réaliser des saccharificalions
limpides à haute température.
II. De roptuuiun clu-z les mails auloe.vcités. — Nous venons de voir
qu'un extrait de malt conservé pendant une semaine à froid est encore
sensible à la saturation partielle et qu'il peut ainsi fournir en 24''
io3 parties de maltose pour 100 d'amidon réel, alors qu'il n'en four-
nissait que 100 à l'état normal ; les expériences qui suivent ont ou ])our
objet de déterminer la valeur exacte de l'alcalinité optima correspondante
à des extraits conservés sans addition. Elles ont été exécutées comme les
précédentes, sauf qu'au moment de la mise en route des saccharitlcations
on a ajouté aux moûts des quantités connues de carbonate de potassium
ou d'acide sulfurique, en solution au vingtième normale ; leur durée a été
uniformément de 24''.
Alcalinité initiale en milligr. de
KOH par litre i6 >8 jo ïi i5 8 o
Mail frais :
89.2 89,3 8y.2 91.3 95,2 99,1 95,7
Malt conservé 24h à 5o° :
Maltose produit eu i.i'' à JO" I g3. g g^^, g^^o g5^5 g-^4 g8,2 9 2 , ',
p. 100 de fécule sèche.
1 DO" :
91.5 9^.0 95>o 96,1 97.2 97,1 95,4
Malt conservé 72'' à 5o° :
\ 9^-9 9i.J 94-8 95,0 96.1 96,4 88,2
Ij()0 ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'aiitoexcitation du malt apparaît encore i( i aver é\ idence, mais seule-
ment dans les cas où l'excitation provoquée n'a pas atteint une certaine
valeur limite, à partir de laquelle la conservation préalable du malt à jo" se
montre nettement désavantageuse. La chaleur a pour effet de détruire en
partie la substance zymogène sur laquelle l'acide sulf'urique exerce son
action, en sorte que, par rapport à la production du maltose, l'extrait de
malt conservé à chaud est sensiblement inférieur à celui qui a été conservé
à froid. Notons cependant que, après 72'' de chauffe à do", un pareil extrait
donne encore plus de maltose en réaction oplima (96,4) qu'il n'en donnait
à l'origine en milieu normal (91,3).
Il est clair d'ailleurs que l'excitation provoquée par l'acide sulfurique
doit être moins efficace sur un malt déjà autoexcité que sur un malt frais,
puisque les deux effets réunis tendent vers une limite lixe, qui est la
transformation intégrale de l'amidon en maltose.
Dans tous les cas, même avec des malts commençant à s'atténuer d'une
manière sensible, la position de l'optimum reste la môme, correspondant
toujours à une alcalinité d'environ 8 mgr de potasse réelle par litre de
moût à 2 p. 100. La règle que nous avons énoncée à ce sujet est donc
générale, et applicable aux malts vieillis aussi bien qu'aux mails frais.
Examinons maintenant les conséquences qui découlent de ces nouvelles
observations au point de vue de la composition du mail et de (elle df
l'empois.
m. Uaiitoexcitatioii du mail dans ses rapports cn'ec l'ati/ij/opecUiie. —
L'autoexcitation du malt est, comme on l'a vu plus haut, im phénomène
lent, qui offre exactement la même allure que la seconde phase de toute
saccharification normale. Il est par suite naturel de supposer que ces
deux manifestations de l'action diastasique ont entre elles une relation de
cause à effet, c'est-à-dire que cette seconde phase de la saccharifuation
de l'empois a pour unique origine l'excitation simultanée du malt, d'oi*
il suit que sans cette excitation la courbe représentative de la sacchariti-
cation se réduirait à sa première branche et n'atteindrait par consécjuent
(|ue les 0,80 ou o,85 de l'amidon employé : c'est le chiffre que les anciens
auteurs assignaient comme limite à l'attaque, précisément à cause de la
diflérence énorme des vitesses qui caractérisent ces deux phases et de la
rapidité avec laquelle la seconde succède à la première.
Si l'on admet cette manière de voir il en résulte fatalement que la sidts-
SÉANCE DU l8 Jl'IN I()o6. ^^9^
tance qui se change en maltose pendant la seconde partie de la sacchari-
fication est inattaquable par les diastases du malt frais; cette substance,
différente donc de l'amylose proprement dite et vraisemblablement
identique à notre am3dopectine, ne serait en outre sacchariflable que
par un enzyme spécial, n'existant pas dans le malt frais ou ne s'y trou-
vant qu'en très faible proportion, mais susceptible de s'y développer à
la suite de son excitation, naturelle ou provoquée.
En un mot, l'accroissement d'activité du malt qui se manifeste lente-
ment sous l'influence de la conservation ou instantanément sous l'in-
fluence d'une satiu'ation partielle ne serait pas dû à une simple augmen-
tation de la quantité d'amylase préexistant dans le malt, mais à l'appari-
tion d'une diastase nouvelle, seule capable de maltosifier l'amylopectine.
Ces considérations, bien que subordonnées à une hypothèse actuelle-
ment indémontrable, mais d'ailleurs forL plausible, nous parais-sent de
nature à appuyer sérieusement les théories que nous avons émises sur
la composition probable de l'empois ; elles ont au moins l'avantage d'être
les seules capables d'interpréter les phénomènes que nous avons décou-
verts et d'en établir la liaison avec ceux cjue l'on connaissait avant nous.
IV. Origine des dcxtrines de saccharification. — D'après ce qui précède,
l'amylopectine, liquéfiée dès son premier contact avec l'amylase, serait
la principale cause du ralentissement des saccharifîcations, ralentissement
que l'on attribue d'ordinaire à la présence de certaines dextrines diffi-
cilement attaquables.
Ces dextrines résulteraient donc surtout de la liquéfaction de l'amylo-
pectine, plus ou moins dégradée suivant l'état d'avancement de son hydro-
lyse.
S'il en est ainsi on n'en doit plus trouver dans les produits de la sac-
charification d'amyloses purifiées ; c'est en effet ce qui a lieu et ce que
montre le tableau suivant, relatif à la saccharification comparée d'u7i
empois de fécule et d'inie solution d'amylose, l'un et l'autre à y. p. loo.
MALTOSE P. 100
de fécule, d'amylose.
près 5
minutes .
66,7
94-4
— l5
—
74,9
98,1
— 3o
— . .
:6,9
99-7
- 45
—
1)
99.6
— I
heure . .
79,0
99-7
.MALTOSE P. 100
de fécule. d'aniA'lose.
Api'os i'',3o , .
— 1 heures.
— 2i>,3o . .
— • 3 heures.
— 28 — .
1)
81. 1
100
100
0
»
100
0
Sa.o
lOI
4
91,8
loi
1
C. R.. igofi. i<" Semestre. (T. C.\LII, N°25.)
l3q2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Abstraction faite de la phase lente, très atténuée d'ailleurs, qui s'observe
encore à la fui de l'expérience et qui peut tenir à une trace d'amylopectine
retenue par l'amylose employée, on voit que la saccharification de l'amy-
lose pure est à peu près instantanée ; nous ajouterons qu'elle parait s'efFec-
luer sans production de dextrines résiduelles, car le liquide cesse de
précipiter par l'alcool dès qu'il ne se colore plus par l'iode, ce qui arrive
après i5 à 20 minutes de chaufî'e à 3o°.
On est arrivé aux mêmes résultats avec une solution d'amylose à 6 p. loo,
ce c|ui montre que l'effet en question est indépendant, comme il devait
l'être, de la concentration des liqueurs.
Si l'on continue à admettre que le retard de l'empois sur la solution
d'amylose est uniquement dû à l'amylopectine qu'il renferme, on peut,
d'après les chiffres ci-dessus, estimer la proportion de cette substance à
i5 ou 20 p. 100 du poids de l'amidon total, mais ce n'est là qu'une gros-
sière approximation sur laquelle nous n'insistons pas.
Conclusions. — 1° L'activité d'un extrait de malt, préparé rapidement à
l'roid, augmente par le repos, à la suite d'une autoexcitation qui paraît
être en rapport avec sa protéolyse.
L'influence avantageuse qu'exercent les acides sur le mail tient à ce qu'ils
l'avorisent l'établissement de ce nouvel état d'équilibre.
a° La réaction alcaline (|ue nous avons appelée opiinia, au double point
de vue de la vitesse de saccharification et de la quantité de maltose pro-
duite, est la même pour les malts frais et les malts déjà excités ou affaiblis.
.'^° Dans la saccharification normale de l'empois les ciioses se passent
comme si l'amylopectine était atta(juée seulement par une diastase sécré-
tée au cours de l'autoexcitation du malt.
4° La transformation de l'amylose pure en maltose étant extrêmement
rapide, les dextrines résiduelles de la saccharification ordinaire paraissent
provenir exclusivement do l'amylopectine, déjà liquéfiée, mais non encore
saccharifiée.
PALÉONTOLOGIE. — FossUes de Palcigonie. Étude sur une portion du monde
antarctique, par M. Albkkt «aidry.
Dans des séances précédentes, j'ai présenté à l'Académie des Mémoires
sur la dentition et sur les attitudes de quelques-uns des animaux tertiaires
de la Patagonie, dont ^1. André Tournoucr a rapporté au Muséum de
SÉ\>'CE DU l8 .11 IN ir)oG. 1^9^
magnifiques coUeclions. J'ai riionnem' de lui offrir aujourd'hui un Iravail
d'un caractère plus général ; il est intitulé Fossiles de Patagonie, PJtiide
sur une portion du monde antarcUque.
Jusqu'à présent, malgré les recherches des plus vaillants explorateurs,
nous ne savions presque rien du continent antarctique. La Patagonie va
sans doute contribuer à nous en donner une idée, car les faunes terrestres,
nombreuses et gigantesques, qui l'ont habitée pendant les époques
éocène, miocène et pampéenne, sont inexplicables, si la Patagonie n'a pas
été une portion d'un vaste continent, maintenant caché parles mers et les
glaces antarctiques.
Sauf à l'âge de Casamayor et du Gerro Negro, qui paraissent représenter
l'aurore du Tertiaire, les Mammifères terrestres de la Patagonie sont très
éloignés de ceux de l'hémisphère boréal. Tous les genres sont distincts,
et I3 plupart le sont à tel point qu'on ne peut les faire rentrer dans les
Ordres qui ont été établis pour les Mammifères de nos pays.
-Xon seulement les genres diffèrent, mais la marche de l'évolution n'a
pas été la même. Dans mon Essai de Paléontologie philosophique, j'avais
cherché en quoi ont consisté surtout les progrès du monde animal et
j'avais considéré les progrès suivants : agrandissement du corps, multi-
plication des individus, difl'érenciation des organes, augmentation de l'ac-
tivité, de la sensibilité et de l'intelligence. Dans le mémoire que je pré-
sente aujourd'hui à T. Vcadémie, je tâche de montrer qu'on ne peut constater
ces progrès en Patagonie depuis l'Eocène jusqu'à la fin du Miocène.
Tandis que la paléontologie de l'hémisphère boréal nous offre le spectacle
d'un progrès continu, r.4mérique australe montre un arrêt de développe-
ment. \ l'époque miocène, aucun animal n'y est devenu Ruminant, Pachy-
derme à doigts pairs, Solipède comme nos Chevaux, Proboscidien, Carni-
vore placentaire (Ours, Hyène, Chien, Chat), Singe anthropomorphe.
Cela a duré jusqu'à l'époque actuelle; car les Mastodontes, les Chevaux,
les Cerfs, les Ours, les Machairodus, qui ont laissé leurs débris dans les
couches pampéennes à côté des descendants des animaux tertiaires de
la Patagonie, s'en éloignent trop pour qu'ils en aient été des transforma-
tions ; il n'est pas douteux qu'ils sont arrivés du Nord. Les faunes for-
mées sur le sol d-e la Patagonie ne se sont pas laissé influencer par les
nouveaux venus ; plutôt que de se modifier, plusieui's de leurs espèces
sont mortes, attestant jusqu'à la fin la séparation du monde austral et du
monde boréal.
lJ()4 ACADIOMIi: DES SCIENCES.
Des faits analogues ont dû se passer en Australie, attendu que ses
Mammifères nont guère dépassé les stades de nos genres éocènes. Eux
aussi, quoique pour la plupart différents des types de la Patagonie, ils
n'ont pas été transformés en Pachj'dermes à doigts pairs, en Solipèdes,
en Fulminants, en Proboscidiens ; les animaux carnivores et herbivores
sont restés à l'état marsupial, c'est-à-dire à l'état où sont nos placentaires
dans les premières phases embryonnaires, l'allantoïde n'ayant pas eu un
développement suffisant pour former un placenta ; il n'y a eu ni Hyènes,
ni Ours, ni Chiens, ni Chats, ni Singes anthropomorphes.
Ainsi la surface terrestre se partagerait en deux parties : l'hémisphère
boréal où le progrès s'est continué jusqu'à nos jours et où la vie s'est
manifestée dans toute sa magnifi(;ence, les régions antarcticjues où le
monde animal a subi un arrêt de développement. Pourquoi? Nous l'igno-
rons. 11 y a là un nouveau problème (jui se pose devant les savants voués
;i l'histoire de l'évolution des Etres.
Mon mémoire fait partie du nouveau recueil qui vient de paraître sous
le titre d\iiii/nlc\s de Paléontologie.
CHIMIE ORGAMQUK. — Sur Vcmploi des oxydes métalliques comme cata-
lljseurs d'oxydation. Note de MM. Paul §abatii;r et Alphoa»*!:
MAILHE (').
MM. ^latignon et Trannoy ont publié dans les Comptes rendus du
ri8 mai 1906 une Note générale sur l'emploi des catalyseurs oxydants, où
ils mentionnent la possibilité d'employer divers oxydes métalliques
pour oxyder les substances organiques.
L'emploi des oxydes comme catalyseurs d'oxydation a été proposé déjà
dans un grand nombre de cas. Toutefois, la publication indiquée nous
oblige à dire quelques mots des recherches que nous poursuivons depuis
plusieurs mois sur un sujet analogue.
Si, sur une traînée d'oxyde de cuivre, disposée dans un tube sur une
grille, on dirige les vapeurs d'un carbure forménique entraînées par un
courant d'oxygène, en élevant progressivement la température de l'oxyde,
on voit, au-dessous de 200°, se manifester au début de la traînée d'oxyde,
une incandescence qui se maintient indéfiniment quand on continue à
(') Cl-Uu iiolc u cHi- di-[i()Srf à la séaiuc du j juin.
SKAKCE nu i8 .luiN 190G. I ^95
envoyer le mélange d'oxygène et d'iiydrocarljure et on peut, sans la sup-
primer, cesser de chaLid'er le tube.
L'oxydation se produit dans les mêmes conditions avec incandescence
pei'manente si on remplace l'oxyde de cuivre par l'oxyde de nickel, de
cobalt, etc.
L'expérience l'éussit bien avec le méthane, ainsi qu'avec les divers car-
Ijures liquides, pentane, hexane, lieptane. Le carliure lorménique se trouve
ainsi brûlé à peu j)rès complètement avec production d'eau et d'anhydride
carbonique : une petite portion est transformée en aldéhyde et acide formé-
niques correspondants, qui se condensent avec l'eau produite.
Nous continuons ce travail, en précisant les conditions du phénomène,
et en étudiant particulièrement l'oxydation des hydrocarbures incomplets.
MICROBIOLOGIE. — Production expérimentale de variétés transmissibles
du bacille de la Tuberculose et de vaccins antituberculeux.
Note de M. S. ARLOixt;.
I. On est bien convaincu aujourd'hui que le Ijacille île la tuberculose
subit dans la nature des influences intra ou extraorganiques c(ui créent des
variétés plus ou moins nombreuses et plus ou moins bien définies.
Même le bacille qui semble adapté à une espèce, le bacille humain, par
exemple, présente de grands changements dans son pouvoir tuberculisant
et infectant, comme je me suis etlbrcé de l'établir à diverses reprises
depuis i883.
Pourrait-on produire expérimentalement des variétés en partant d'un
bacille donné emprunté au groupe des bacilles humains ?
Sans doute, il est est possible d'obtenir des bacilles plus ou moins
aifaiblis par le vieillissement des cultures, par l'action de certains agents
physiques et chimiques. Mais l'affaiblissement est propre aux bacilles
soumis à l'influence modificatrice; il n'est pas régulièrement transmissible
par voie de génération ; en outre, il atteint rarement au même degré tous
les bacilles que l'on se propose de modifier; de là des inégalités et des
surprises lorsqu'on met les bacilles en rapport avec l'organisme vivant.
Je me suis efforcé de produire des vai'iations transmissibles par filia-
tion et aussi égales que possible chez tous les individus, par suite du
nombre considérable des générations qui se succèdent dans une longue
suite de cultures.
l'dC)6 ACADÉMIK DES SCIKNCKS.
II. J'ai parlé poui' la première fois, il y a huit ans, d'un bacille humain
que j'avais habitué à végétei' abondamment dans la masse d'un bouillon
glycérine.
La souche de ce bacille a été empruntée à une culture sur milieu solide
tout à fait caractéristique, tant au point de vue morphologique qu'au point
de vue pathogénique. Par une sélection opérée parmi les cultures filles,
j'ai fini par obtenir un bacille apte à vivre et à se multiplier dans la pro-
fondeur du bouillon.
Ce bacille s'est constamment entretenu dans mon laboratoire depuis 189S.
On l'appelle couramment bacille tuberculeux homogène, nom assez
impropre, se bornant à indiquer que ce bacille donne au bouillon où il
végète un trouble uniforme.
Il a suffi qu'il s'accoutume à vivre pendant quelques générations dans
ces conditions pour qu'il modifie profondément ses propriétés pathogé-
niques. J'ai beaucoup étudié ces propriétés seul ou en collaboration avec
plusieurs de mes élèves, notamment M. Paul Gourmont et MM. Fernand
Arloing et Stazzi. Elles ont été publiées partiellement. Je ne les rappellerai
pas toutes ici. Je pai-lerai simplement des remarques qui se rapportent ii la
production de l'immunité.
Or, ce bacille a perdu une très grande partie de son aptitude initiale à
provoquer des tubercules, surtout lorsqu'il est introduit dans les veines,
sous la peau ou dans les voies digestives.
A une dose déterminée, chez le veau, il provoque une réaction organique
passagère, dont on peut saisir l'existence par des examens histologiques
minutieux, et qui disparaît avec le temps. Bref, ce bacille réalise le
desideratum exprimé à propos de la vaccination antituberculeuse, c'est-à-
dire qu'il est entièrement résorbé dans l'organisme.
III. J'ai cherché ensuite si, partant de ce bacille, je ne pai'viendrais pas
à obtenir une sous-variété transmissibic aussi par voie' de génération, en
utilisant l'action d'une température dysgénétique sur le bacille humain.
Ma tentative a été couronnée de succès.
En habituant le bacille à végéter à des températures graduellement
croissantes, je suis parvenu à obtenir des cultures humaines homogènes
qui se propagent à* 43-44°'
Si on^ étudie sur le lapin le pouvoir pathogène de ces cultures compara-
tivement à celui des cultures qui se font à iJ^-SS", on observe une modi-
fication considérable dont la manifestation principale consiste en une
sÉ.vNCE m iH .iiiN ic)oG. l'iqy
survie de 80 à 100 jours du lapin inoculé dans le sang avec les nomeaux
bacilles. L'histologie démontre aussi des différences sur lesquelles je ne
puis insister aujourd'hui.
J'ai donc obtenu une seconde variété de bacille humain qui s'est fixée
dès la huitième génération, dont les propriétés ressemblent, sauf l'inten-
sité, à celles de la première.
l\. Dès 1902 et chaque année, j ai pratiqué la vaccination antitubercu-
leuse du veau à l'aide de ces bacilles avec autant de succès que par l'emploi
des bacilles spontanément affaiblis ou affaiblis individuellement. A raison
de leur mode d'obtention, de leur mode de propagation, de la modification
transmissible de leur virulence, ils possèdent les caractères des vaccins
tels qu'on les a conçus depuis les travaux de Pasteur sur l'atténuation du
bacillus aiithracis. Aussi, je me permets de les appeler des vaccins antitu-
berculeux.
Je reviendrai une autre fois av'ec plus de détails sur leur action vacci-
nante.
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'un corres-
pondant poia- la Section d'Astronomie, en remplacement de M. Struve.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 46,
M. Edniund Weiss obtient 4 ' \t>ix.
M. Kapteyn — '. —
II ) a un bulletin blanc.
M. Edmund Weiss est élu correspondanl de l'Académie.
PRÉSENTATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la formation d'une liste
de trois candidats qui devra être présentée à M. le Ministre du Commerce,
de l'Industrie et du Travail pour la chaire de Géométrie descriptive vacante
au Conservatoire des Arts et Métiers.
Au premier tour de scrutin, destiné à la désignation du premier candi-
^ial, le nombre des votants étant 55,
I39H ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. Maurice d'Ocagne obtient 28 voix.
M. Carlo Bourlet — i5 —
M. Lucien Lévy — 11 —
Il y a un bulletin nul.
Au deuxième tour de scrutin, destiné à la désignation du second candidat
le nombre des votants étant 54,
M. Carlo Bourlet obtient 87 voix.
M. Lucien Lévy — 16 —
11 y a un bulletin nul.
Au troisième tour de scrutin, destiné à la désignation du troisième can-
didat, le nombre des votants étant 5o,
M. Lucien Lévy obtient 27 voix.
11 y a 23 bulletins blancs ou nuls.
En conséquence la liste présentée à M. le Ministre du Commerce, de l'In-
dustrie et du Travail comprendra :
En première ligne, M. Maurice d'Ocagne.
En seconde ligne, M. Carlo Bouriet.
En troisième ligne, M. Lucien Lévy.
PLI CACHETÉ.
Sur la demande des auteurs, un pli cacheté, déposé le 16 novembre 1900,
est ouvert en séance par M. le Président.
Ce pli renferme la note suivante :
Sur l'allure du bassiu hoailler de Sarrebrùck et de son prolongement en
Lorraine française, par MM. ♦Iules Bkroero.\ et Paul Weiss.
Le bassin houiller de Sarrebriick forme une bande orientée sensible-
ment N.E.-S.O. Il s'étend de Nordfeld au N. jusqu'en Lorraine française
à Martincourt (Meurthe-et-Moselle) et probablement encore au delà. Le
terrain houiller n'affleure que dans la partie septentrionale, entre Benbach
et la vallée de la Sarre. II est recouvert en concordance au N. par le Per-
mien inférieur et moyen qui vient s'appuyer directement contre le versant
méridional du Ilunsriick constitué par le Dévonien. Vers le S. O. il dis-
parait sous le secondaire et n'est plus connu que par de rares exploi-
SÉANCE DU l8 JUIN I906. I ^99
talions et surtout par des sondages, dont les plus occidentaux sont ceux
de la Lorraine française. Vers le S. il est interrompu brusquement sui-
vant une ligne fictive passant par Neunkirchen et Sarrebriick. Cet accident
est considéré généralement comme dû à une faille qui mettrait le houiller
en contact avec les grès bigarrés.
Le bassin houiller de Sarrebriick n'a donc pas l'allure d'une cuvette,
comme c'est plus souvent le cas pour les bassins houillers.
Des études récentes nous ont permis d'expliquer cette allure. Dans la
concession de Frankenholz une galerie au rocher a rencontré sous le
houiller, et séparés de lui par un épais brouillage, des grès renfermant
des végétaux de l'étage autunien, d'après les déterminations de M. Zeiller.
Ces grès forment un anticlinal sur lequel repose le houiller de Sarrebriick.
Il y a là une disposition anormale, qui se rencontre d'ailleurs en plusieurs
autres points.
A Pelite-Rosselle, sous les couches inférieures du houiller qui plongent vers le N.,
une galerie au mur a traversé un épais brouillage, puis une puissante succession de
couches d'âge indéterminé, enfin la série houillère moyenne répétée deux fois avec un
plongement S. Il y a là encore recouvrement, mais cette fois ce sont des couches houil-
lères qui sont recouvertes par d'autres couches houillères plus anciennes. Il en est de
même à Merlenbach (concession de Sarre-et-Moselle). Enfin, à Abaucourl (Lorraine
française) un sondage a rencontré a une grande profondeur des couches stépha-
niennes ou westphaliennes supérieures, tandis que les sondages d'Atton et d Eply,
situés au N. du premier, ont traversé des assises du Westphalien inférieur et moyen, les
plusanciennes étantles plus rapproi'héesdu sondage d'Abaucourt. Etant données l'allure
des couches dans le liassin de Sarrebriick et les cotes relatives de ces différents étages, il
semble bien que les plusanciennes aient dû recouvrir les moins anciennes.
De cette série de faits, on peut tirer la conclusion que le bassin de
Sarrebriick dans toute son étendue n'est qu'une immense nappe de recou-
vrement. Son bord méridional correspondrait à la crête d'un anticlinal du
substratum; la nappe aurait persisté sur le flanc septentrional de (-et
anticlinal, tandis qu'elle aurait été enlevée par érosion sur son flanc
méridional.
Cette hypothèse est confirmée par un certain nombre de faits ; d'abord
l'allure des couches de houille et de schistes de la nappe : elles sont
plissées, laminées, étirées au voisinage du substratum à l'rankenholz.
Puis dans tout le bassin il y a un grand nombre de failles très longues,
traversant le bassin de biais et paraissant se rattacher à l'accident qui le
limite vers le Sud; elles déterminent ainsi une série de cassures obliques
C. R.. igo6, I»' Semestre. (T. C.XLII, N« 25.) l83
IlJoo académie des sciences.
frag-mentant le terrain houiller en lambeaux comme autant d'écaillés.
L'âge de la poussée est donné par le fait que la nappe comprend, outre
le houiller, du Permien inférieur ; d'autre part les grès bigarrés reposent
indifféremment sur le Westphalien, le Stéphanien et l'Autunien. Le
mouvement est donc anté-triasique. D'après M. Leppla, il y aurait eu des
dislocations sur le bord septentrional du bassin à la fin de l'Autunien. Il
est vraisemblable que c'est à ce moment que se serait produit le charriage.
Etant donnée la disposition du bassin, la nappe n'a pu venir que du
N. 0. ou du S. E. Dans la première de ces directions se trouve le Huns-
riick; on ne connaît sur le bord méridional de ce massif que le Dévonien
contre lequel s'appuie le Permien inférieur, sans interposition de carbo-
nifère ; de plus, ce même Permien repose en concordance de stratification
sur le houiller et a été charrié avec lui ; la nappe n'a donc pu venir du
N. 0. Par suite elle a dû venir du S. E.; on connaît en effet le Carbonifère
inférieur sur le versant occidental des \'osges, ce qui implique l'existence
d'une dépression dans cette région au commencement de l'époque carbo-
nifère. Il est vraisemblable qu'elle a persisté durant toute cette époque
et qu'il s'y est déposé des sédiments houillers. En tous cas, la dépression
qui aurait été occupée par le houiller s'est maintenue comme dépression
durant le Permien et le Trias et une grande partie du Jurassique, puisque
nous y trouvons les terrains correspondants.
Ces faits ont, au point de vue de la reclierche de la houille en Lorraine
française, une très grande importance puisqu'ils permettent d'espérer
retrouver au S. de la région houillère connue, la partie du bassin d'oii est
venu la nappe qui correspond au bassin de Sarrebriick.
CORRESPONDANCE.
M. le SEtRiÎT.viBK PFRPKTurx annonce à l'Académie le décès, survenu le
i4juin dernier, de M. G. Rayet, correspondant pour la Section d'Astro-
nomie.
M. le SECRÉTAIRE VKRPKTiEL signale, parmi les pièces imprimées delà
correspondance :
1° Le tome IV des Annales de /'Ohservaloirc intlional dW/hèiies,
publiées par JM. D. EciiNixis, directeur de l'Observatoire.
Cet ouvrage renferme les premières séries de mesures précises des
éléments de magnétisme terrestre dont la détermination a été inaugurée
SÉANCE DU l8 JLIN It)o6. l4oi
en Grèce en 1900, grâce à l'initiative de !M. Eginitis, et poursuivie depuis
lors d'une manière systématique. On y trouve l'exposé des méthodes
suivies pour donner au travail la plus grande exactitude et les résultats
obtenus dans cet ordre d'idées pendant les années 1900 à u)o3.
Ce volume contient en outre les observations météorologiques et séis-
mographiques accomplies à Athènes et dans un certain nombre d'autres
stations durant la même période.
2° Le tome YII de Vlnvenlaife général des richesses (Varl de Ut France,
Province, Monuments civils, publié par le ministère de l'Instraction publique.
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur la déformation de certaines surfaces
létraédrales. Note de M. fi. TziTZiac.v.
Les résultats que j'ai obtenus autrefois au sujet des surfaces tétraédrales
(i) A.rf +B^yT+Cr4= i
peuvent être complétés de la manière suivante. Posons pour un point
d'une surface (1)
F, Q, R étant des expressions linéaires par ra|>portà deux variables u et v.
L'élément linéaire de la surface aura la forme
(2) ds"- = [au -+- bv + c) du- -|- 2 (<-/,» + b^ v + c,) du dv + (r/^ m + c», c + r,) dv-,
avec les relations
(3) b — ^', = o, 6j — r/j = o.
11 en résulte que parmi les surfaces (i) il y en a 00^ applicables sur une
d'entre elles. Nous trouverons plus loin la l'elation entre A, B, G qui carac-
térise un groupe de ces 00 ^ surfaces (i) applicables les unes sur les autres.
Dans ce but nous simplifions l'élément linéaire (2), à l'aide des remarques
suivantes :
" A cause des relations (5) on peut écrire l'élément (i) sous la forme
Cl as- = -3— r du- -\- 1 —. — ;— du rfi' + —r-r ni'-,
du- ' du </i' ' dv-
OÙ 9 («,(•) est un polynôme du V degré en u el i', que 1 on peut arrêter aux ternies du
■x" degré.
■x" Pour appliquer à l'élément linéaire ( ', 1 la transformation
(5) u = %u'- + Se' + ••. i' = %' u' -+- &' i'' + y',
il suffit de l'appliquer à 0 {u, v.)
l402
ACADEMIE DES SCIENCES.
i" On peut il l'aide d'une transformation (j) réduire le groupe des termes du i" deo-ré
de 0 {il, cj à l'une des formes
("^ + ^■'),
— u- 1', -:- ir.
en choisissant convenablement y et •;' on peut par conséquent réduire l'élément (2)
ou (4) à l'une des formes
^ rfs- = î( f/rt- -|- 'A Cl rfM rff -(- (' û?l'-,
f C?S- =: U du- -f- '2 Cl du dv -\- c, dv-,
. rfs- = t' du- -(- -2 // (/« d\' -\- cj (/i'-,
(7)
' f/s- =: C du- -\- -1 Cl (/(( (/»! -)- Cj rfl'-. •
Comme la courbure des éléments linéaires de la dernière ligne est nulle, ce qui n'est
pas le cas des surfaces (i), on conclut que ces surfaces ont un éléujent de la forme (7)
ou (8), où Ci^o, c^^o. Dans (7') la constante Ci est essentielle, dans (8) on peut faire
disparaître c^, en posant, par exemple « ;=: Ui^c,, v =: ^^^. On aura donc (7) et
(8') ds- = i' du- -\- j. u du di' -f- dv-
comrae seuls éléments linéaires qui correspondent à des surfaces (i). Pour distinguer
maintenant parmi ces surfaces, celles dont l'élément linéaire réduit est (7) de celles dont
l'élément peut se réduire à (8'), nous remarquons d'abord que les expressions
a 1/ c
D
fli bi Cl
«., b.,C.^
n h
«1 bi
a b -
X
aj>^
a. b.
a,b.
se reproduisent, à la suite dune transformation (jj, umllipliées respectivement par
(a^' — ^ot')'', (aji' — |ia'/ ; il en résulte que
reste invariable pour toute transformation (5). On a pour (7), I = — "TT ; pour (8'),
1
A = I), donc 1=0; pour les deux D ^ o.
Calculons maintenant I à laide de A,B, G. On peut poser, par exemple,
dans (i)
.r = H - , y
C T
— A» — Bt'
et l'oriiier lélément (a) correspondant. Oii trouve ainsi
4 (A" + B» + C« — 2B-'C-'— aC^A' — -iA-'B")^
(9)
I =
gA-' B-' C'
Toutes les surfaces (i), pour lesquelles l'expression (9) de l'invariant I
a une même valeur différente de zéro, ont un même élément réduit (7) et
sont par conséquent applicables les unes sur les autres. De même, toutes
SÉANCE DU l8 JUIN 1906. l4o3
les surfaces (i) pour lesquelles on a
A^ + B' + C' — oB' C^ — 2G' A^' — 2 A' B' = o
ou
3 -> 'ï
A"2"+B"2" + Cy^=0
ont pour élément réduit (8) et sont aussi applicables les unes sur les
autres.
Ce qu'il y a d'important, c'est que l'on peut appliquer aux éléments (7)
et (8') la méthode de M. Weingarten. De plus, en posant dans (8)
U = u^ y/7, î' = i\ — ll\
on trouve
(Is- =^ ch'i -+- 2 {i\ — 3 iq) du\
qui rentre dans la classe des éléments linéaires étudiés i)ar M. Goursat
(Darhuux, Leçons, IV, p. Saô).
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les équations différentielles dont Vin^
légrale générale est uniforme. Note de M. G.vnniF.K, présentée par
M. Painlevé.
M. Painlevé a donne une méthode qui permet de former les équations
différentielles du second ordre à intégrale uniforme ou à points critiques
fixes, et il a appliqué explicitement cette méthode aux équations résolues
en y", pour lesquelles les divers cas à considérer sont déjà extrêmement
nomjjreux. Ayant commencé, sur les conseils de M. Painlevé, l'application
de sa méthode aux équations du second ordre et du second degré en y' ,
j'ai été conduit préalablement à faire une revision minutieuse du taljleau
dressé par M. Painlevé pour les équations du i"'' degré, et j'ai découvert
ainsi luie classe d'équations que M. Painlevé a laissé échapper dans son
énumération. Ces équations, transformées au préalable d'une façon conve-
nable, sont de la forme
(E) Y" =. (. _ J-) ^ + B (Y, XIY + C(Y,X),
où n est im entier supérieur ou égal à 2; j'ai énuméré complètement les
équations correspondantes. Un certain nombre d'entre elles sont telles
que, non seulement Y, mais aussi YT , est à points critiques fixes. Mais il
en est d'autres pour lesquelles celte restriction n'est pas remplie, et ce
l4o4 ACADÉMIE DES SCIE^■CES.
sont celles-là que M. Painlevé a omises dans l'application de sa méthode.
J'adopte ici les mêmes notations que M. Painlevé ; les lettres ah ..h
désignent des fonctions analytiques de X, À, a des combinaisons algébri-
ques de ab...h et de leurs dérivées jusqu'à un certain ordre ; a, [j des
constantes numériques et s le nombre o ou i .
L'équation (E), d'après un résultat de M. Painlevé, doit être de la l'orme
--(■
-^-^ Y ^ "^ Y
et l'on trouve, en appliquant les conditions ultérieures de M. Painlevé,
que, sauf pour les valeurs a, 3, j de l'entier 7?, a et cl ou bien sont nuls
tous deux, ou bien sont liés par la relation rf = — , — - — -,; de même saui
pour 7? = 2, c et 11 sont ou nids tous deux ou liés par la relation
h =
Pour n = 3, a et d sont ou liés par les mêmes relations ou bien par
l'une des deux suivantes : a nul, d quelconque ou bien d = —^ . Pour c
et ^, ils sont ou nuls tous deux ou bien c nul, h quelconque.
Pour // ^ 3, en dehors des cas généraux qui subsistent, on peut avoir
d^^= — et de même pour 7/ = 5, d= 5(i'.
En réunissant ces hypothèses, on est conduit à former i4 types d'équa-
tions dont l'étude conduit encore à regarder /7 = 4 comme valeur singu-
lière. En dehors d'équations intégrables ou réductibles aux transcendantes
définies par des équations différentielles du second ordre signalées par
^1. Painlevé, j'ai obtenu un type unique de transcendante nouvelle
y" =: 1^ + A ,f + ir>r -h 2 (.r^ _ a) ^ + ^ .
On peut dans cliaque cas, par une substitution Y :=: "a(X;^, .<; = [■'■[^),
ramener l'équation (E) à un nombre fini de types canoniques que je vais
énumérer ici pour // quelconque.
Premier type : n quelconque ; a=^ o, d = o. c ^ o h = o.
Ces relations entraînent e = o, sauf si n égale -i ou 'i, g = o, sauf si n = i.
On obtient dahorJles ', types indiqués par M. Painlevé, un pour/î quelconque, i pour
fi = i., puis les 'i tj'pes suivants correspondant à n :^ ', :
y" =: i- XI + -^q (x) 2/' 4- ■>,,/'- + i-iq' - 3^^) ,/
SÉANCE DU l8 JLIiN I906. l4o5
„ 3 y'- (/' (ri r., , , . -,
y" = - — + -77(7) ?/ + î ,_iy- + -^y-!/ + >]
1
Dans ces ,'1 équations y ' est aussi fonction à points critiques fixes; la transformation
;/ = :- donne ', équations qui rentrent précisément dans les types spéciaux ii n = -x.
Los 3 premières se ramènent aux fonctions elliptiques, la dernière à une équation
linéaire du 1" ordre.
"""
Deuxième tx/nc : n oiielconaiie, a ^^ — : ; ^ c =^ o h ^ o.
■" ' ' (" + 2)"
Ces relations entraînent g = o, sauf pour n = ',.
3 1/'- > )/" <i'
y = 7 ^ "•" ~ yy ~ y + ^7 '^ ^'•' + ''■' + '^■
La première se ramène à une équation de Riccati snivie d une équation linéaire du
i*"' ordre, la seconde à une équation linéaire du '>" ordre.
|Je rappelle ici que pour les valeurs exceptionnelles de «on trouve d'abord les mêmes
types que pour n quelconque, et en surcroît les types particuliers que je signale dans
chaque tableau.
i\c-
Troisii'inc type : n quelconque ^ i, a = o d ^ o /i =: — , ,j
Gela entraîne c= o sauf si n = ',.
y" = (■ - i) ir + ^^ 7" + '^ '•'' + ''^ + ''^ ~'i'
q et r sont liés par une relation où leurs dérivées figurent algébriquement jusqu'àl'ordre
n — -2 ; léquation s intègre par une équation de Riccali suivie dune équation linéaire.
On en a plus pour « = i :
y"^j^+-^l^ + ^)y'-^--'Y + ^y' + {^>^'-'>^'~'>i
y-:', s' (-^--f) -''.'-7
y =.-1-^ - ^-^ + w + (^ - -^ -U - ^- o>' 7 = 1-^ - " - ^
■' 4 ,'/ 7 ;/ ^ \47' 'i! '/- y ^
ï = 1 si s ^ o
.'/" = T^-y + *"^' 7" + ""y"' + '■■' '^y ~ ''"■ 'i" — -y- avec q" = Gry2 -}- ,r.
Les i premières se ramènent aux fonctions elliptiques et la dernière aux transcen-
dantes z" =: 6z^ -+- .V.
lia- iic-
.'1" type : n entier quelconque > y., n ^ ; — . ^ ,., ,li= —
(" + ■•')' ' {<>-
l4o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
r
(j, r, s sont liés par une relation où leurs dérivées figurent algébriquement jusqu'à
l'ordre n — a.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur Vcquation de La place à deux {•ariables.
Note de M. GKORGES I^ERY, présentée par M. Hiinibert.
I. Soit une courbe algébrique C, de degré n, dont l'équation s'écrit
en posant
Cette équation définit :;' comme une fonction 'Ç' (r.) ; ^ [:■') étant l'imagi-
naire conjuguée, on peut dire que le point î^ est l'image de :; par rapport
à C.
Un point z a n images ; si z vient sur C, une de ses images arrive à se
confondre avec lui : la fonction à n branches Z,' [z) — :;' a donc une déter-
mination nulle sur C. Ses points critiques sont les foyers et points mul-
tiples de G.
Soit z„ un pointdonné dans une région R, limitée par une branche C, de
la courjje ; la fonction
est une solution de l'équation de Laplace, simplement infinie en z^. Elle
sera nulle sur C, et uniforme dans R si l'on prend pour î^ l'image qui se
confond avec z sur C, et si cette détermination ^ (-') est uniforme dans R.
2. Supposons ces conditions remplies, et ([u'en outre l'équation
n'ait pas de racine dans R ; la fonction t qu'on vient de définir, introduite
dans la formule de Green, permettra de calculer-j — si l'on connaît U
sur G,.
Si l'équation précédente a des racines r./,..., ;',, dans R, on prendra
n (C - -J.) n (:' - -Ji)
En parlicidier, lorsque la courbe n'est pas circulaire,/; a pour valeur i ; la
sÉ.v^•CE DU i8 jui^ 1906. 1407
fonction précédente est régulière à l'infini et on peut l'utiliser même si la
région R contient le point à l'infini.
Par exemple, la région extérieure à une ellipse E ne contient pas de
foyers ; chacune des deux déterminations de Ç // est uniforme et l'on a
4- -T — = -yn—. r- / L -7— as
ou, plus simplement,
2^ i \ — = y, , , ' .. / Uc/ —_ ;— .
Ù-o Q' [-0] — Z i J^ _ — ,0
3. Dans l'intérieur de l'ellipse, 'Ç n'est plus uniforme ; les deux images
d'un point s'échangent quand il tourne autour d'un foyer. La solution est
la suivante : on définit une suite de points
• • . , s — /M * ' • •> ^ — Il -• î ^ 1 1 • • • * SyJ 1 • • • »
dont chacun est imaee des deux voisins. La série
. -o y ,1 -o ^ - 1 .nj \ -j ~o
est uniformément convergente dans l'ellipse, nulle sur la courbe, infinie
en z^ seulement. C'est la fonction cherchée.
On voit sur cet exem[)le f|uelles formes différentes prend o, suivant que
la région considérée contient ou non des foyers qui soient points critiques
pour î; [-z').
La même méthode s'applique à une courbe G quelconque ; toute la dif-
ficulté revient à l'étude de la suite de points à introduire et des points
limites de l'ensemble qu'ils forment.
PHYSIQUE. — Sur la pliotograpltic du spectre infra-rouge.
Note de ]\L G. Millociiau, présentée par M. Janssen.
Les résultats obtenus par M. Stefânilc, c|ui a pu observer visuellement le
spectre infra-rouge jusqu'à environ ai;j., en employant des écrans absor-
bant le plus possible les autres radiations, m'ont conduit à tenter l'étude
photographique de cette même région du spectre, en utilisant une pro-
priété bien connue des rayons infra-rouges.
J. Hei'schel, Draper, Fizeau, Claudel ont les premiers signalé que les radiations
infra-rouges détruisent l'action photographique produite sur une plaque sensible préala-
C. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N° 25) l84
I '|08 ACADÉMIE DES SCIENCES.
bleinent insolée. Waterhouse en 1875, puis Abney en 1878, ont étudié particulièrement
ce phénomène et Abney semble avoir démontré qu'il est dû à une action oxydante (').
En interposant entre la lentille de projection et la fente du spectroscope,
un écran rouge foncé constitué par une cuve, à lames parallèles, contenant
une solution alcoolique de chrysoïdine, de vert malachite et de violet d'ani-
line, j'ai pu obtenir facilement des photographies de spectre solaire infra-
rouge jusqu'à <t> ; les spectroscopes employés contenant beaucoup de pièces
optiques de verre, ne permettaient pas d'ailleurs de dépasser pratique-
ment cette limite.
J'ai l'honneur de présenter à l'Académie des épreuves fournies par des
spectroscopes de dispersions différentes.
Ces épreuves ont été obtenues en insolant des plaques de marques
diverses et en les exposant ensuite à l'aclion des rayons infra-rouges. Au
cours des essais, j'ai pu remarquer que l'action des rayons infra-rouges
est superficielle et ne semble pénétrer que très difficilement la couche de
gélatino-ljromure, alors que la lumière actinique qui sert à l'insoler la
pénètre très profondément. Les meilleurs résultats seraient donc obtenus
par l'emploi de plaques préparées spécialement, soit avec une couche très
mince d'émidsion sensible, soit avec des émulsions colorées en rouge ou
en jaune, afin d'empêcher la pénétration des rayons utilisés pour insoler la
plaque.
Des essais faits en colorant des plaques X avec une solution concentrée de chrysoï-
dine ont été concluants à cet égard et les temps de pose 'peuvent être alors considéra-
blement diminués.
L'emploi d'un écran rouge facilite beaucoup l'action spéciale des rayons infra-rouges,
en éliminant la lumière diffuse actinique du spectroscope et rend plus pratique l'emploi
de la photograpiiie dans l'étude du spectre de ces radiations.
La méthode signalée par M. StefAnik est donc absolument générale et
peut être employée non seulejnent à l'étude visuelle, mais aussi aux études
photographiques, dans le spectre entier.
(') Dans son ouvrage, La lumière, ses couses et ses effets (t. II, 1868, p. jy), E. Bec-
querel, après avoir passé en revue une série de recherches d'auteurs divers, sur l'action
chimique de la lumière, dit déjà : « Ainsi, les effets présentés par les matières colo-
rantes, comme par d'autres matières organiques, montrent que l'action de la lumière
détermine, en général, la combinaison de l'oxygène avec un ou plusieurs éléments
constituants de' la substance. »
SÉANCE DU l8 JUIN I90G. 14^9
PHOTOGRAPHIE. — Nouvelle méthode pour la photographie des médailles.
Note de M. En;. Demole, présentée par M. Lippmann.
Il est aisé de distinguer, grâce à la vision binoculaire, si un objet est en
creux ou s'il est en relief. L'objectif photographique est inhabile à établir
cette différence. La photographie d'un objet se présentant en relief et du
même objet se présentant en creux donnera deux épreuves où l'objet
paraîtra en relief. En faisant à la presse à copier l'empreinte d'une médaille
sur du papier de plomb mat et en photographiant cette empreinte du côté
creux, non pas avec une plaque, mais avec du papier au bromure d'argent,
on obtiendra le reproduction positive de la médaille, sans passer par le
cliché négatif. Il convient d'éclairer l'empreinte obliquement et d'arrêter
le développement lorsque la teinte de la surface de la médaille est suffi-
samment accentuée. Les parties en relief viennent seules en noir, tandis
que les parties creuses restent blanches.
Cette méthode est fort rapide, mais elle présente plusieurs autres avantages. Une
médaille peut rarement être photographiée directement, soit à cause des reflets, soit
surtout à cause des taches qui, sur l'épreuve, entravent la bonne lecture du sujet. L'em-
preinte de la médaille que l'on fait sur papier de plomh mat ne peut pas utilement être
photographiée du bon côté, par suite de l'épaisseur du métal et du manque de netteté
qui en résulte On est alors contraint de faire une empreinte-matrice, d'y couler du plâtre
délayé dans de l'eau, pour photographier enfin le double surmoulage qui en résulte :
méthode longue et difficile que l'on évite par celle que je propose.
Si l'on veut reproduire par la photographie, et en vue d'un catalogue, des coins de
médailles, de sceau.x ou de cachets-matrices, pour obtenir une épreuve où le sujet soit
redressé et lisible, on le photographiera avec du papier au bromure d'argent. Enfin,
pour la reproduction photocoUographique des médailles, destinée à l'édition, on fera
sur plaque la reproduction négative du côté creux des empreintes et l'on imprimera sur
gélatine bichromatée le cliché, sans avoir été obligé de procéder au renversement de la
couche. De la sorte, on gagnera une opération sur la méthode ordinaire.
Les épreuves que j'ai Ihonneur de soumettre à l'Académie sont des spécimens de ces •
divers travaux.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur la présence de l'or et de l'argent dans le Trias
de Meurthe-et-Moselle . Note de M. Fbaxcis Lalr, présentée par M. H.
Moissan.
Dans deux sondages que nous effectuons en Meurthe-et-Moselle à Rau-
court, près \omény et à Dieulouard, au sud de Pont-à-Mousson, nous
avons constaté d'une façon à peu près constante la présence à teneurs
faibles ou fortes des métaux précieux dans les sédiments.
I.|IO ACADEMIE DES SCIENCES.
Jusqu'ici, on n'avait pas constaté ce fait dans des formations aussi tran-
quilles et aussi épaisses sans apparence de fiions même situés à de très
grandes distances.
Le conglomérat du Transvaal seul, subordonné à la formation houil-
lère, avait fourni l'exemple bien net d'une formation aurifère et sédimen-
taire à la fois.
C'est dans le grès infraliasique du sondage de Raucourt appartenant à
la Société des Houillères de Lorraine n" i que l'argent est constaté pour la
première fois en janvier à une teneur faible de 28 gr à la tonne de roche.
A partir de cet étage, nous nous trouvons dans le Keiipev ou marnes irisées en pré-
sence d'une sorte de dépôt très puissant, d'origine chimique, à n'en pas douter. Les
sédiments colorés d'une façon intense en vert, jaune, rouge sang, violet, rose, ressem-
blent bien plutôt à des précipités au sein d'une grande cuvette géologique qu'à des
bancs charriés et classés par les eaux.
Des cristallisations se produisent au sein des masses argilo-siliceuses, tantôt c'est le
gypse formant des cloisonnements dans tous les sens au sein des argiles, tantôt l'anhy-
drite, la vulpinite, les petits cristaux de quartz, la glaubérlte, la magnésie, l'oxyde de
fer et l'acide titanique (d'une façon constante à i et 2 p. 100 de teneur) sans compter le
sel formant des bancs dont la somme atteint parfois îo".
Bref, cette cuvette saliférienne nous donne absolument l'impression
d'une mer geyserienne au sein de laquelle ont cristallisé et se sont déposés
une foule de minéraux durant l'évaporation.
On a dit ironiquement à propos de l'or qui se trouve dissous dans l'Océan que le
meilleur moyen de l'extraire serait d'évaporer la mer à siccité.
Or, la mer triasique salée si développée dans le sous-sol de Meurthe-et-Moselle a été
évaporée à siccité. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que nous rencontrions l'or et l'ar-
gent qui y étaient contenus en quantité dosable dans les dépôts.
En effet, à la profondeur de jiSo^iJo à Raucourt, au mur d'une couche de sel de j"'
d'épaisseur, nous avons fait analyser un échantillon découpé au fond et il a donné une
petite teneur en or et en argent :
Or, 4^'' par tonne ;
Argent, (J^'' par tonne.
Ce premier résultat théoriquement intéressant seulement n'en était pas
moins suggestif et nous avons continué à faire faire des analyses révélapt
toutes plus ou inoins la présence des métaux précieux en quantités dosables,
Comme nous avions observé que c'était dans les roches un peu siliceuses,
contenant des grains de quartz, que la teneur s'élevait, nous avons fait
analyser un calcaire gréseux à 382"' de profondeur dans le Muschelkalk
qui a donné l'analyse suivante :
SÉANCE DU l8 JUIN I906. l4ll
DOLOJIIK GKÈSEUSli, SSl luèlrCS.
Analyse sur minerai desséolïc à 100»
Silice 2Î,88 p. 100.
Oxyde de fer 0,18 —
Alumine iQ-^T —
Phosphore Traces.
Sulfate de chaux 7.85 p. 100.
Chaux 21,8-2 —
.Maguésie 0,20 —
Or et argent 0,2284 —
Perte à la calcinalion 26,64 —
Oii 39 gr. par tonne de minerai.
Akcext 24Ï gr. —
Certes une tenetir de 36'^'' d'or supérieure à celle des ^lines du Transvaal
oit Ton exploite des roches à 6 ou 8^' d'or est faite pour surprendre.
Mais la teneur en argent de 245'^' correspondant à la teneur d'un Ijon
plomb argentifère est également très curieuse.
Si l'on observe en effet que le minerai subit une perle à la calcination
de 26,64 P- '00) on pourrait par cette opération augmenter encore les
teneurs ci-dessus d'un quart et avoir 45°'' d'argent dans le minerai calciné,
<"'est-à-dire une roche valant ujo francs la tonne.
II faut bien nous garder de compter cependant sur de pareils résultats,
mais les autres analyses faites sur'des roches moins propices et à un niveau
plus lias ont toutes donné des indications intéressantes. Ainsi, toujours à
Raucourt (Lorraine n" i) :
. Or 6 grammes.
A 461 mètres. '
' Ai'genl I —
. .. ., , Or 4 —
A .|b7 mètres. '
' Argent traces.
Dans le sondage de Dieulouard, l'or n'a pas encore été constaté, mais
l'argent y existe en assez forte quantité.
Voici une analyse :
.*RCILKS KOUGKS DU SALIFÉKIEX
279 M. (DiEULOU.MId)
Analyse sui' minerai dessé«;hé a loo"
Silice 51,98 p. 100
Oxyde de fer i , o4 —
^Vlumine i6,86 —
Manganèse Traces.
Sulfate de chaux 16,78 p. 100
Sulfate de soude 7-49 —
Chlorure de sodium.' 12,09 —
i:|(2 ACADEMIE DES SCIENCES.
AliGILlib liOUGIiS DU SALIFERIE^
279 M. (DieULOUARd)
Analyse sur minerai desséché :i 100*
Chaux 4.5' —
Perte à la calcination 9.i<» —
Or et argent o.ooaBG —
Or Xéanl.
Argent v. ; jgr.parlonnedeminerai.
Il est à notre connaissance que dans d'autres sondages on a fait des
analyses qui ont signalé, d'une façon indubitable, ies métaux précieux.
En résumé, on ne peut dire encore aujourd'hui qu'une chose, c'est qu'il
existe de l'or et de l'argent d'une façon normale dans les sédiments tria-
siques en Meurthe-et-Moselle et en Allemagne au delà de la frontière.
A quel état sont ces minéraux ? Sont-ce des minéraux ou des sels ? (Le
chlorure de sodium lui-même a été reconnu argentifère.)
(^)uelles teneurs peuvent atteindre les roches ?
Ces questions ne peuvent être résolues avec des sondages qui apportent
du fond des quantités trop faibles de matériaux pour prélever des échan-
tillons un peu copieux. Néanmoins, nous avons cru intéressant d'attirer
l'attention des chimistes et des chercheurs sur cette question.
Nous attendons des indications peut-être plus précieuses de deux
horizons pyriteux qui existent dans le grès bigarré et dans le grès vosgien
en Meurthe-et-Moselle.
CHIMIE MINÉRALE. — Siw la rcdiictioii du scLéitiiire d'aiitùnoiiic. Note
de M. P. CiiRKTip.x, présentée par M. A. Ditte.
Dans une précédente Note('), j'ai étudié la décomposition du tri-séléniure
d'antimoine par un courant d'hydrogène, el j'ai décrit à cette occasion
deux composés nouveaux que j'ai préparés; les sous-séléniures Sb'Se' et
le séléniure salin Sb'Se' et j'ai examiné la courbe de fusibilité des mélanges
d'antimoine et de son sulfure.
M. Pélabon a publié récemmeiil (-) un travail en complet désaccord avec le mien.
Guidé en effet par l'existence probable et préalablement reconnue des sous-séléniures,
j ai fait varier les propoi'tions d'antimoine et de sélénium dans des limites très étroites
(') Comptes rendus, t. GXLII. p. iio).
(-) Comptes reiii/iis, I. CXIjII, p. /oj.
SÉAKCE DU l8 JUIN I906. l4l3
et cela m'a permis d'observer des élévations de température qui pouvaient très bien
échapper à un observateur non prévenu.
Pour les dissolutions dont la concentration varie de 1 1 à 3g p. loo de sélénium,
M. Pélaljon trouve deux températures de fusion àpeuprès constantes (jGG" et jiS»), sans
jamais avoir observé deux phases. On comprend difficilement l'existence de ces deux
températures s'il n'y a qu'une phase et il semble étrange que des dissoluticms dont les
concentrations varient dans d aussi grandes limites gardent un point de fusion constant.
En réalité voici ce (|iii se passe : lorsqti'à partir du point Sb' Se^ on ajoute
de l'antimoine, on ne tarde pas à observer deux températures de fusion,
mais ces deu.\ températures sont dTmportances inégales et variables; de
plus l'analyse de la masse, faite comme je l'ai indiqué, montre qu'il y a deux
dissolutions de concentrations très différentes. On trouve par exemple
dans une expérience
P.irtio moyenne. Extrémité infci'ieui'c. Températures de fnsion.
Se 32,1:'. p. 100 12,6g p. 100 023° et 56o°
L'existence de ces deux phases n'est due (jii'à un mélange défectueux.
J'ai en effet recommencé une nouvelle série de mesures en partant du point
SbSc avec un mélange intense d'antimoine et de sélénium finement pulvé-
risés. Je n'ai pas obtenu deux phases au début, une seule température de
fusion était observée ; mais, partant de ce point et ajoutant des proportions
croissantes d'antimoine, je n'ai pas lardé à retrouver les deux phases.
Recommençant alors plusieurs fois les mesures stir la même masse, chaque
fois pulvérisée, im des deux points de fusion n'était plus représenté à la
troisième opération que par un simple ralentissement dans la vitesse de
refroidissement: parce procédé on diminue progressivement la masse de
la phase la plus riche en antimoine, tandis que la richesse de l'atitre aug-
mente. En fait la différence des points de fusion du dissolvant et de l'an-
timoine est de 100" environ, le dissolvant fond d'abord, l'antimoine tombe
au fond du tube dans la partie conique, tine fois là, le tube protecteur du
couple, seul agitateur dont on dispose, est tout à fait insuffisant pour opérer
le mélange.
o^
CHIMIE GÉNÉRALE. — Oxydalioiis par Vaif. Problème de la comparaison
des vitesses. .Xote de M. A\dré Job, présentée par M, Troost,
J'ai signalé ici-même (5 janvier igoS) l'activité de quelques sels des terres
rares comme excitateurs d'oxydation vis-à-vis de l'hydroquinone. M. Fouard
l4l4 ACADÉMIE DKS SCIENCES.
la signale de nouveau dans une Note récente (->. i mai 1906) où il est visible
qu'il n'a pas eu connaissance de ma publication. Cela m'engage à indiquer
maintenant dans quel sens j'ai poursuivi mes recherches sur ce sujet.
J'avais montré pourquoi il était prématuré de tenter une comparaison quan-
titative entre les activités des sels de divers métaux : leur activité dépend
de leur dissociation hydrolytique, de sorte qu'il ne suffira pas de détermi-
ner les vitesses des oxydations qu'ils provo(juent, il faudra, en outre, pour
comparer utilement les résultats, les rapportera un même degré d'hydro-
lyse, ilais la détermination des vitesses constitue déjà un problème diffi-
cile qu'on n'a jamais résolu ; à vrai dire il est entièrement nouveau, car on
ne l'a même pas encore posé d'une façon précise.
Considérons un liquide (ju'on a saturé d'oxygène en présence de l'air et
supposons qu'on détermine tout à coup, au sein de ce liquide, une réaction
qui consomme de l'oxygène libre. De plus imaginons que, par une agita-
tion constante, on maintienne le liquide homogène et on favorise son con-
tact avec l'air. 11 se produit une absorption régulière d'oxygène et, si loi)
opère dans un appareil clos muni d'un manomètre, on peut mesurer une
vitesse apparente d'oxydation. Mais, pour que cette vitesse soit définie, il
nous manque une donnée essentielle, c'est la concentration de l'oxygène
libre dans le liquide. Cette concentration dépend à la fois du mode d'agita-
tion et de l'avidité du liquide pour l'oxygène'. Qu'on prenne un autre
liquide oxydable et qu'on l'agite dans les mômes conditions, on observe
encore une vitesse apparente d'oxydation, mais elle correspondra à une
autre concentration également inconime d'oxygène libre. Donc la compa-
raison de ces vitesses est illusoire et leur mesure n'est pas définie.
I^our éviter cette indétermination, /'/ faut arrifer à maintenir le liquide saturé d'oxij-
gènc dissous. On y parvient par une série d essais où Ion augmente de proche en p)'oclie
la surface d'agitation jusiju'à ce que la vitesse d'ai:)sorption du gaz atteigne une limite
indépendante d un nouvel accroissement-. Mais on est amené ainsi dans la plupart des
(') En effet, rien ne prouve que nous ayons remplacé dans la dissolution tout l'oxy-
gène consommé. Or, s'il y a un déficit d'oxygène dissous, la vitesse de réaction s'abaisse
aussitôt jusqu'à ce qu'il y ait égalité entre l'oxygène qui réagit dans un temps donné et
l'oxygène qui se dissout dans le même temps. Dès lors on observe bien une vitesse
apparente d oxydation, mais elle correspond à une concentration inconnue d oxygène
lii)re.
(-j II ne suffit pas, pour cela, d'agiter plus violemment ; il faut qu'on puisse augmenter
à coup sûr la surfa('e d'agitation. C'est ce qu on fait eu brisant le liquide avec un nombre
SÉANCE DU l8 JUIN I906. l4l5
cas, à produire une agitation extrêmement violente qui élève rapidement la température ;
pour que les mesures de pression restent praticables et aussi pour que la vitesse d'oxy-
dation soit rapportée à une température bien connue, on est obligé de compenser rigou-
reusement réchauffement en refroidissant l'appareil par un courant d'eau. Je décrirai
complètement dans un mémoire détaillé le dispositif que j'ai adopté.
Cette difficulté étant résolue, il reste ii écarter une autre cause d'indé-
termination. Quand on étudie de près une oxydation provoquée (exemple,
celle de l'hydroquinone sous l'influence de l'acétate de manganèse, on
s'aperçoit que, même dans un liquide saturé d'air, l'absorption d'oxj'gène
se ralentit dès le début de l'expérience. Si donc on veut saisir une vitesse
d'oxydation (caractéristique du liquide, il faut la déterminer à Vorigine du
pltcnomènc.
Cela exige encore une techniqu"e spéciale. — D'abord il est nécessaire que l'origine
du {ihénomène soit elle-mêuie définie. 11 faut donc faire le mélange de la solution d'hydro-
quinone avec son excitateur à l'instant même où les mesures commencent et assez brus-
quement pour que la durée de la diffusion soit négligeable. Ensuite il faut que les mesures
soient assez délicates pour qu'on puisse tracer avec certitude la courbe des pressions
en fonction du temps et trouver sa tangente à l'origine. On ne peut guère y parvenir par
l'observation directe, mais j'y ai réussi par l'inscription graphique. Un manomètre
enregistreur extrêmement sensible (exemple, une capsule de ^larey) est relié à l'appa-
reil d'agitation. Celui-ci étant clos, l'agitateur mis en mouvement et le régime de tem-
pérature établi, le manomètre indique une pression constante. Dès que le mélange des
réactifs est effectué il accuse aussitôt l'absorption d'oxygène et trace la courbe d'oxy-
dation.
D'après ce qui précède, on voit qu'il ne faut parler qu'avec une extrême
réserve des vitesses d'oxydation par l'air. Elles sont très difficiles à saisir.
Les mesures, même relatives et de simple comparaison, qu'on en l'ait le
plus souvent sont illusoires. Elles ne deviennent valables que si l'on s'im-
pose des règles très sévères qui exigent une technique expérimentale très
délicate. C'est ainsi que j'ai dû concilier les conditions suivantes : agitation
très violente du liquide avec l'air dans un appareil hermétiquement clos,
température rigoureusement constante, déclenchement brusque de la réac-
tion oxydante, inscription graphique extrêmement sensible des pressions.
En raison de ces difficultés et même après de très nombreuses expériences,
je ne donnerai pas encore de constantes numériques définitives. Mais les
variable de palettes disposées le long d'un axe qui, à l'étal tranquille, est situé dans le
plan du niveau.
C. R.. rgoG, i" Senieslre. (T. CXLII, X« 25.) ï85
l4l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
graphiques que j'ai obtenus sont très concordants (') et permettent une ana-
lyse très serrée des phénomènes; ils m'ont déjà révélé dans l'étude de
l'hydrolyse des données intéressantes. Aussi puis-je espérer que je n'ai pas
élaboré ni décrit inutilement cette nouvelle méthode de recherches.
CHIMIE PHYSIQUE. — Equilibres hétérogènes : Formation du chlorure de
phosplioniiim, du carbamate et du sulfhydrate d'ammonium. Note de
M. E. Bki\er, présentée par M. G. Lemoine.
Nous exposons ici les résultats des expériences faites pour vérifier les
considérations théoriques de la Note du 28 mai 1906 (p. i2i4), à laquelle
nous nous reportons pour les notations et l'appareil employé.
Les volumes des deux gaz mis en présence sont indiqués dans les deux
premières colonnes ; les trois colonnes suivantes contiennent la tempéra-
ture, la pression et le volume du système :
Sijstème (HGl + PH^).
IICI
cm*
t
p
mètres
de mercure Hg.
V
cm*
K .=p,p.
z=/.
■23,7
7
0»
6,40
3,08
7.0
5,3
id.
id.
II",2
11,81;
1,64
22,1
9,4
11,3
22,3
0"
5,97
3,35
7-4
5,4
9.7
22, 5
0»
6,19
3,38
7.9
5,6
La concordance entre les tensions de dissociation - du chlorure de phos-
phonium, calculées pour les trois mélanges à 0°, est satisfaisante, eu égard
aux nombreuses causes d'erreur. La clialeur q dégagée par la réaction :
(HCl gaz + PIF gaz = PH" T Cl sol. + q), déduite de la formule de van't
Hofl', est 16 cal.
Système (GO, + 2NH,,).
Gette réaction réversible n'a été étudiée par Horstmann et IsamJjert ("J
que sous des pressions inférieures à la pression atmosphérique. Nous
avons mesuré d'abord directement les tensions suivantes de dissociation -
(en mètres de mercure) du carbamate d'ammonium jusipi'à ^'-oo" environ.
Il fond vers i5a° : c'est donc le point triple de ce système.
{'■) Us accusent à -; — près, environ, la dose d'oxygène absorbée dans la première
minute de la réaction, niênie quand cette dose est inférieure à i'^"'-^ pour 100''"' de
liquide.
(-) Comptes rendus, t. XCVI, i883, p, 3'|<>; Lieb. Ann., t. CLXXXMl, p. ',8, 1877.
SÉANCE DU l8 JUIN I906. I^I?
t 77", 2 98°, 5 106» I 140.5 130", 2 1S2'' 1830 iggo
TT 2,27 6,4 9.6 14,2 29,2 63,3 119 167°
Voici les vérifications des relations théoriques :
CO^ NH'' t p V ^=P,pl 7t=v/iii^ 71 OBSERVÉ
mètres
cm^
cm^
de mercure
cm^
31.1
22, I
77°. 2
2,62
16,5
1,5
2,2
2,3
id.
id.
98°, 5
8,26
4,8
37,8
6,3
6,4
9
3 1,1
770,2
2,83
i3,i
1,7
2,2
2,3
id.
id.
98° v5
6,78
4,8
41,3
6,5
6,4
3
3o,o
77%2
2,71
10,4
1,5
2,2
2,3
Les valeurs de - observées et calculées concordent d'une façon satisfai-
sante. Il n'en est plus de même aux pressions supérieures, comme nous
l'ont montré d'autres mesures qui seront publiées ultérieurement. D'après
les développements de la Note précédente, cela s'explique par le fait
qu'alors la pression partielle des molécules gazeuses GO" (NHC)- n'est plus
négligeable.
Système : (NIF + H-S),.
Pour ce système ('), il faut distinguer les équilibres avec excès d'ammo-
niac de ceux avec excès d'hydrogène sulfuré. Ces derniers ne donnent
pas naissance à d'autre corps que le sulfhydrate et suivent les règles géné-
rales que nous avons indiquées : à partir d'une certaine pression, pv se
maintient constant et correspond à l'excès de H'S sur NH'HS. Lorsque
l'ammoniac est en excès, et si la pression est suffisante, le phénomène se
complique d'une absorption de Nfl' par le sulfhydrate formé, absorption
qui, dans les conditions de température où nous avons opéré, donne lieu
à la production d'un liquide (^).
Les tensions de dissociation du sulfhydrate déduites de l'observation du
minimum sont pour ^ :^ o° : - = 90™" ; pour / = 23", ti =^ 432""'".
Le point triple du système (point de fusion de NH'HS en tube scellé) est
à 120° environ.
Voici les vérifications des relations théoriques :
(') Ce système a été étudié par Isambert {Comptes rendus, t. XCII, p. 919; t. XCIV,
p. 958) aux pressions inférieures à i"''".
(-) Troost [Comptes .rendus, t. LXXXVIII, p. 1267) a signalé des composés (NH''
HS \- n NH') se formant à liasse température en présence d'un excès de XH\
l4l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
T. OBSEUVE
H^S
NH3
t
P
mètres
V
K
= PlP2
-=:V/4K
(Isambcrt)
cm'
cm'
de mercure
cm'
26,5
10
11"
0,582
29,3
0,04
0,41
0,41
id.
id.
34°
1,081
18,8
0.19
0,87
o,85
id.
id.
54°,
8
3,3
1,1
2,06
2,87
—
En raison de la ibrmation de composés (NIPHS + it NH^), les systèmes
avec excès de NH^ ne se prêtent pas aux vérifications théoriques.
CHIMIE PHYSIQUE. • — Sur kl pression osmotique dans le collo'ide liydrochlo-
rofcrrique. Note de M. G. Mai,fit.ixo, présentée par M. Emile Roux.
Quand l'on filtre une préparation de colloïde hydrochloroferrique, obte-
nue en chauffant à i i5"-i2o° pendant quinze minutes une solution de F- CP
à 5 p. 1000, il reste au fond du sac en coUodion, malgré la pression inté-
rieure correspondante par exemple à a"' d'eau, un résidu liquide ('). Si
après avoir maintenu la pression intérieure jusqu'à ce que le volume
devienne limite, on remet l'appareil à la pression ordinaire en laissant le
sac en contact par son extrémité inférieure avec le liquide filtré, celui-ci
rentre dans le sac et le niveau s'élève à l'intérieur.
M. Jacques Duclaux (') a conclu de ces faits que la micelle colloïdale a
une pression osmotique propre ; il a essayé de la mesurer en fonction de
la concentration et il a trouvé que la pression augmente de i à 80 quand la
concentralion varie seulement de i à 18.
La notion de pression osmotique dans les solutions est déduite des faits
expérimentaux suivants : 1° Une solution contenue dans une cellule à parois
semi-perméables plongée dans une quantité illimitée du dissolvant tend à
augmenter son volume ou sa pression. La pression est inversement pro-
portionnelle au volume, donc directement proportionnelle à la concentra-
tion ; 2° la pression développée par les molécules d'une matière donnée
est indépendante de la présence d'unités physiques de nature différente ;
3° Van't Ilofi' a montré le lien théorique qui existe entre la notion de pres-
sion des gaz et celle de pression osmotique des solutions. Dans un cas et
dans l'autre la pression est le résultat du mouvement qui anime les unités
physiques dans lesquelles les corps se divisent. Les ions et les molécules
Cj Comptes rendus, t. CXL, p. i'2',5; séance du 8 mai i;)ii>.
(-) Ibid , t. CXL, p. i5.'i4 ; séance du 5 juin 190.5.
SÉANCE DU l8 JUIN I906. I-^Ip
avaient été en effet reconnus expérimentalement. capaliles de se déplacer
librement par diffusion.
Nous allons chercher à vérifier dans les solutions du colloïde hydrochlo-
roferrique les laits expérimenlaux énoncés :
I. La micelle peut-elle diffuser dans son milieu intermicellaire.^ Quand
l'on filtre une solution assez étendue et par conséquent bien transparente,
on voit la matière colloïdale s'entasser au fond du sac où elle forme une
couche nettement distincte du reste de la liqueur. On peut laisser tout en
étaf, après un temps très long, rien n'est changé. Les micelles, bien
qu'elles soient riches en Cl et de petites dimensions, ne diffusent pas. II
suffit cependant d'agiter la préparation pour obtenir de_ nouveau une
liqueur homogène et indéfiniment stable. Un phénomène dont la signifi-
cation paraît la même se produit quand l'on filtre des .solutions assez
épaisses, les portions en contact avec la membrane se concentrent et le
liquide ne passe plus, la filtration reprend aussitôt que l'on mélange le
contenu du filtre.
La vitesse de diffusion de la micelle du colloïde hydrochloroferrique
n'est pas appréciable. Au moyen de l'ultra-microscope on a pu constater
que l'amplitude et la vitesse de déplacement des micelles de ce colloïde
sont de l'ordre du mouvement brownien (').
II. La pression développée par le colloïde hydrochloroferrique ne peut
être mesurée avec exactitude parce qu'elle n'est appréciable que dans le
cas de liquide très concentrés et ceux-ci doivent être agités constamment
l)our qu'ils restent homogènes quand \u\ déplacement du liquide intermi-
cellaire a lieu. Dans les licpiides moins concentrés elle devient inappré-
ciable, mais l'augmentation du volume du colloïde, si l'on a soin de main-
tenir le niveau intérieur égalau niveau extérieur, devrait être illimitée, bien
que de plus en plus lente.
Soit lin litre d'une préparation colloïdale oijtenue en partant de la solution primitive,
celle dont j'ai parlé en commençant, qu'on met à filtrer sous la pression de i™,îo d'eau.
L'on recueille d'une part le liquide interniicellaire qui est une solution de HCl voisine
de N et d autre part le colloïde très concentré contenant pour cent : 18'=''' de Fe
1 000 '^ '
et 1,7 de Cl et^aissant après dessiccation à io5°-i 10° un résidu sec de 'jiS''.
j„cm;i (jg gg colloïde contenu dans un sac en collodion plongé dans le liquide interuii-
cellaire résorbent assez rapidement le liquide extérieur ; au liout de '2','' les variations
(') Cotton et Mouton. Keviie générale des Sciences, i5 déc. igoj.
I_|20 ACADEMIE DES SCIENCES.
n'étant plus sensibles, l'écart de niveau est de ii"" et le volume intérieur de .28""^. On
rapproche alors le niveau intérieur de l'extérieur, ainsi une nouvelle quantité de liquide
entre et au bout de plusieurs jours bien que l'écart de niveau ait été maintenu autant
que possible égal à o, le volume intérieur ayant atteint 49*^"^ n'augmente plus.
De même une solution préparée en diluant a"^™^ du colloïde primitif avec 8"^"^ de son
liquide intermicellaire, placée dans les conditions sus-mentionnées, de façon que le niveau
intérieur soit aussi peu que possible plus élevé, ne résorbe pas du tout le liquide exté-
rieur, et le volume ne paraît pas varier d'une manière sensible, même après un temps
très long.
De sorte que la matière colloïdale dont la composition peut être représentée par la
atoines-o-rammes „ ^ ^
formule suivante en par litre 0,0991 [H(Fe-0^H*j2.-2] Cl -|- (i,<«)(ii HCl
n'exerce plus aucune pression. Ce résultat est remarquable si l'on songe surtout que la
solution : 0,4953 [H(Fe-0''H''j2.-2]Cl-|-o,oooi HCl, c'est-à-dire cinq fois plus forte en
colloïde, développe une pression d'au moins"i™,5o d'eau.
La pression développée par les micelles du colloïde hydrocliloroferrique
dans leur milieu diminue plus rapidement que la concentration, elle devient
nulle quand la quantité de micelles en solution est encore considérable.
III. La pression, ou mieux la capacité du colloïde hydrocliloroferrique
à retenir le liquide intermicellaire sous une pression donnée et à en résor-
ber si la pression diminue, dépend aussi bien de la composition des
micelles que de celle du liquide intermicellaire.
Toutes choses étant égales d'ailleurs, le volume limite occupé par ce
colloïde diminue avec la teneur en Cl des micelles. Le résidu de la filtra-
tion se laisse essorer d'autant mieux qu'il est plus pauvre en Cl et dans
mes expériences quand la composition des micelles est de , le résidu est
déjà pâteux.
Pour des micelles de mêmes compositions le volume limite diminue au
fur et à mesure que la concentration en liCl du liquide intermicellaire
augmente. Si l'on plonge des sacs contenant les mêmes quantités du même
colloïde dans des solutions de différentes concentrations en HCl on voit
que le liquide à rintérieur augmente d'autant plus que le liquide extérieur
est moins concentré.
L'on voit donc que la pression développée par le colloïde n'est pas indé-
pendante de la composition du milieu, comme cela se vérifie pour les
matières à l'état moléculaire.
Des faits que je viens d'exposer il résulte : 1° La pression ou mieux la
force d'expansion qui se manifeste dans les solutions concentrées de col-
loïde hydrocliloroferrique, séparées par une membrane semi-perméable du
SÉANCE DU l8 JUIN I906. l42I
lic[iiidc intermicellaire, ne paraît pas liée à la mobilité des micelles ; 2° cette
force d'expansion apparaît limitée ; 3° elle dépend de la quantité d'électrolyte
par retenue les micelles et de celle qui se trouve libre dans le liquide
intermicellaire.
J'envisage ces phénomènes de la façon suivante : les micelles restent
uniibrmément dispersées dans le liquide par la répulsion qu'elles exer-
cent les unes sur les autres, grâce à la charge de l'ion H qu'elles tiennent
englobé et aussi par l'attraction de l'ion Cl qui les accompagne ; naturelle-
ment cela autant que le couple HGl qui fait partie du colloïde peut rester
dissocié. La micello tend à occuper un volume donné du liquide qui est en
rapport direct avec sa richesse en Cl et en rapport inverse avec celle du
liquide intermicellaire. Si, par la filtration au travers d'une membrane semi-
perniéajjle, on diminue le volume occupé par la micelle une pression se
manifeste et celle-ci, pareillement à ce rjui se produit dans un ressort
tendu, augmente plus rapidement que la diminution de volume ne compor-
terait si l'on avait affaire à des unités physiques comme les ions ou molé-
cules qui agissent par leur force cinétique. Les résultats de l'examen
cryoscopique confirment la conception cpie je viens d'exposer.
CHIMIE LXDUSTIUIXLI:. — Recherches sur les aciers au cuivre. Note
de M. PiiîRRE Brevil, présentée par M. Maurice Levy.
Il n'a pas été lait, à notre connaissance, d'études méthodiques sur les
aciers au cuivre en vue de leur application à l'industrie. Mushet, Bail et
Wigham, Campbell, Arnold, Stead n'ont abordé que certains points spé-
ciaux de ces études. Nous nous "sommes attaché à les entreprendre sur les
conseils de M. Vanderheym et avec le généreux concours des Forges et
Aciéries de Firminy. Nos essais ont consisté à faire fabriquer et à étudier
des lingots à carburation progressive contenant des teneurs en cuivre
également progressives. Tous ces alliages sont actuellement fabriqués et
pour la plupart étudiés. Nous donnons ci-après les résultats que nous
avons obtenus avec les séries les moins carburées, les autres suivront sous
peu.
Les premières séries étudiées que nous appellerons A et B avaient la
composition suivante :
if^ll ACADÉMIE DES SCIENCES.
Série A
12345G78
Carbone 0,168 o,i58 o,i56 o,i56 o,i65 o,io3 0,173 o,i5o
Mangauèsi' ...... En aucun cas le mangauèse n'a été supérieur à o,23o, il oscillaii
généralement entre 0,10 et o,i5.
Silicium Teneur nia.\imum 0,3i6 Teneur moyenne 0.220
Phosphore — 0.02g — 0,020
Soufre — 0,018 — o,oi5
Cuivre (pied du lingot) . . 0,0 0,490 i,oo5 2,oi5 3,997 8,o5o 15,97 ^i.ga
— (tête du lingot) . . 0,0 non dosé non dosé non dose 3,960 7,9^0 i5,9i 32,
Série B
12345078
Carbone 0,336 0.390 0,400 0,389 o,368 0,372 0,412 0,282
Manganèse En aucun cas le manganèse n'a été sujjérieur à o,23o, il oscillait
généralement entre 0,10 et o,i5.
Silicium Teneur maximum o,3i6 Teneur moyenne 0,220
Phosphore — 0.029 — 0,020
Soufre — 0,018 — 0,01 5
Cuivre (pied du lingot) . . 0,0 o,5o5 i,oo5 2,025 4.009 7,960 i6,oi5 Voir
— (tète du lingot) . . 0,0 uondosé nondosé nondosé 3,985 7.910 i5,985 ci-après
Les analyses ont été faites en prenant des échantillons au pied et à ta tête des lingots et
on peut reconnaître parleurs résultats que pour l'acier doux (série A) le cuivre est uni-
forméiuent réparti dans chaque lingot ; il en est de luêrae pour la série B mi-dure sauf en
ce qui concerne le lingot à ii p. 100 de cuivre. Dans ce dernier on constatait une
liqualion très marquée ; le lingot se divisait à peu près en deux parties, l'une située près
de la tête contenait 34,'.* p. 100 de cuivre au centre et 21, 2 à fa surface, l'autre contenait
•■4,8 p. 100 de cuivre au centre et '24, '1 à la surface et était située vers le pied du lingot
qu'elle avait pu atteindre parce que plus riche en cuivre et par suite plus lourde que
l'autre.
Les cassures des lingots des deux séries ne contenant pas plus de 4 P- i"*' de cuivre
étaient sans aucune coloration ; à partir de 8 p. 100 de cuivre elles montraient une colo-
ration rouge d'autant plus intense que la teneur du cuivre était plus grande. Les cas-
sures de ces derniers lingots avaient une structure bacillaire près de leur surface que
les autres lingots ne présentaient pas.
Tous les lingots ne contenant pas plus de 4 p i"o de cuivre ont pu être laminés ; les
autres n'ont pu subir ce travail de façonnage, ils étaient rouverains. Ces faits concor-
dent avec les constatations de Stead et d'autres auteurs. La dureté de ces lingots déter-
minée par la méthode de Brinell croit avec la teneur en cuivre; les chilfres suivants sont
des moyennes :
SÉANCE DU 18 JUIN I90G.
1423
Série A
0 p. 100 Cu 143
0,5 —
1 —
2 —
4 —
5 —
16 —
32 —
143
0,5
160
I
.75
2
240
4
240
8
a55
16
217
32
Série B
o p. 100 Cu 200
— 195
— 207
— 25o
— 280
— 36o
— 3ii
. jii clans la partie acier.
( 80 il i3o dans la partie cui-
vreuse .
Le cuivi'e élève donc considérablement la dureté de l'acier ; les résul-
tats des autres essais le confirmeront.
Points singaliers. — Sauf les essais de M. Osmond nous ne connaissons
pas d'autres expériences relatives aux points singuliers de l'acier au
cuivre. iXous avons étudié à ce point de vue tous les précédents lingots
au moyen du couple thermoélectrique Le Ghatelier et avec un galvano-
mètre enrcQ-istreur Callendar. Les courbes dérivées des courbes de refroi-
dissement d'après la méthode de M. Osmond sont remplies de zigzags qui
ne sont pas dus au fonctionnement de nos appareils comme des essais
répétés nous l'ont prouvé. Si l'on tient compte seulement des points les
plus accusés on aboutit atix constatations suivantes :
Série A
0 p. 100 Cu AR — 2, vers 780". AR3, 870". AR4, lOoS"
1 — AR2, 7150. AR3, 850". AR4, 9S0.
2 — ARi, 655°. AR2, 73o°. AR3, 820". AR4, looo».
4 — ARi et AR2?, 670». AR3, 780".
8 — ARo, Sio". ARi, AR2, AR3 ??, 730° (point long) . AR4, 98o^
16 — Point très long à 740°. Les autres nous paraissent incompréhensibles. Point à
1040" correspondant k la fusion du cuivre libre ou d'un alliage cuivreux.
32 — Point très long à 675". Les autres nous paraissent incompréhensibles. Point à
1040" correspondant à la fusion du cuivre libre ou d'un alliage cuivreux.
Séi'ie B
0 p. 100 Cu AR3. 950". AR2, 780"
1 — AR3, 980". AR2, 725»
2 — AR3, 980". — 730"
4 — AR3, 9800. AR3i.(s, 872. AR2, 730°
8 — AR3, 975". — 865". — 700"
16 — AR3, 973". — 872". .—(67061700")
32 partie acier AR3, 975". — 85o°. — 680°
C. R., K,o6, I" Semestre. (T. CXLII, N- 25.)
ARi, 720" (court).
— 680° (pl.longqueleprécéd.)
— 680" —
678"
645^
63o"
660"
f oint vers 1040" cor-
É respoiidant à lafu-
' siondu cuivre libre
ou d'uu allia^'e de
"vi-eoL do fer 1res
fortement cuivreux
(ou
cui
fort
l86
ll\'2.l\ ACADÉMIE DES SCIENCES.
La série A ne nous permet pas de tirer des conclusions fermes, cepen-
dant le cuivre nous paraît faire grossir le point ARi et baisser AR3, con-
formément aux constatations de M. Osmond ; pour la série B, les essais
montrent nettement que le point ARi baisse beaucoup quand la teneur en
cuivre augmente et ce point grossit; le point trouvé à 975-980° pour tous
les aciers nous paraît correspondre à la séparation de la cémentite comme
Arnold le suppose pour les aciers ordinaires. AR2 baisse avec l'augmenta-
tion du cuivre. Tous ces alliages sont magnétiques à froid, même la partie
liquatée fortement cuivreuse de l'alliage de la série B à ii p. 100 de cuivre
(([ui l'est peu d'ailleurs).
CHIMIE ORGANIQUE. — Mélézitose et turanose.
Note de M. Georges Ta\ret, présentée par M. Armand Gautier.
Le mélézitose a été découvert en i858 par M. Berthelot (') et rangé par
lui dans la classe des saccharoses. En i889, M. Alekhine (-) a vu qu'il se
dédouble par hydrolyse faible en une molécule de glucose et une molécule
de turanose; celui-ci, à son tour, hydrolyse complètement, donnerait deux
molécules de glucose : le mélézitose serait ainsi formé de trois molécules
de glucose.
Quand on chauffe le mélézitose avec un acide minéral étendu, son pou-
voir rotatoire baisse peu à peu juscju'à n'avoir plus que celui du glucose :
comme à partir de ce moment la liqueur va en se colorant de plus en plus,
on en avait conclu que le mélézitose se transforme uniquement en glucose
et que la coloration produite était due à l'alléi'ation de ce dernier. Mais en
continuant à chauffer à 100° en matras scellé une solution de mélézitose
dans SO'H' à i p. 100 comparativement avec une solution semblable de
glucose, j'ai vu le pouvoir rotatoire du mélézitose s'abaisser au bout
de 5 heures jusqu'à moitié de celui du glucose, tandis que la rotation du
glucose n'avait pas changé sensiblement. La diminution de pouvoir rota-
toire n'était donc pas due à la destruction du glucose. D'autre part le
mélézitose inverti donnait de façon intense avec la résorcine et HCl la
réaction de Selivanoff caractéristique des cétoses : il y avait donc eu
vraisemblablement mise en liberté d'un sucre cétonique à pouvoir rota-
toire soit plus faible que celui du glucose, soit plutôt lévogyre. Ce cétosc,
(') Beuthelot, Comptes rendus, t. XLVII, p. 2'2/i.
(-) Alekhine, Annales de Physique et de Chimie, 6« série, t. XN'III, p. 't'it..
SÉANCE DU i8 .jvis igo6. 1425
que j'ai réussi à isoler, est le lévulose : il est contenu dans la molécule du
turanose.
Préparation du turanose. — L'hydrolyse ménagée du mélézitose par les acides miné-
raux étendus risque de dépasser le stade turanose : pour effectuer cette liydrolyse, j'ai
employé l'acide acétique. On chauffe donc le mélézitose pendant deux heures au bain-
marie bouillant avec de l'acide acétique à ao p. 100. On élimine l'acide par épuisement à
l'éther. Le mélange sucré est alors additionné de levure. La fermentation d'abord rapide
se ralentit brusquement : on la laisse encore se prolonger quelques jours, puis on l'arrête.
Le glucose est ainsi détruit le premier; et pendant qu'une petite partie du turanose est
consommée par la levure, les dernières traces de glucose disparaissaient. On passe au
noir ; on concentre en un sirop qu'on épuise d'abord à froid par un mélange d'alcool absolu
et d'éther pour enlever la glycérine et les acides gras formés, puis par l'alcool absolu
bouillant. L'alcool est concentré graduellement; il laisse par refroidiesement déposer
le turanose qu'on dessèche sur l'acide sulfurique.
Composition. Propriétés. — Le turanose ainsi obtenu se présente au microscope sous
l'aspect de grains arrondis, transparents, dépourvus de structure cristalline. Il est extrê-
mement hj-grométrique. C'est une combinaison de turanose et d'alcool. L'analyse du
corps desséché dans un courant d'air sec à 55-58°, sa perte d'alcool à 100°, sa cryoscopie
(qui donne le poids moléculaire d'un mélange d'alcool et de turanose) concourent pour
1
lui faire assigner la formule C'-H-'O",!' C-H'^0.
Cet alcoolate fond à 60-65°. A 100° il se boursouffle aussitôt en perdant son alcool.
Le sucre ainsi desséché a donné à l'analyse des nombres concordant avec la for-
mule C'-H^-O". La cryoscopie, faite avec des solutions à 8,', et a p. 100, a donné pour
son poids moléculaire les valeurs M = 3oi, 326 et 333 [M théorique : 342].
Le pouvoir rotatoire du turanose, rapporté au corps séché à 100° et pris en solutions
aqueuses de 5 à 10 p. 100, a été trouvé égal à [aju = -|- 71°, 8. Il n'y a pas de birotation.
Son pouvoir réducteur est de 60, celui du glucose étant 100.
Constitution. — Le turanose hydrolyse donne un mélange équimoléculaire de glucose
et de lévulose. A cause de l'altérabilité du lévulose par la chaleur et les acides, ce dédou-
blement est délicat à conduire : les détails en sei'ont donnés ailleurs. En principe, j'ai
hydrolyse incomplètement le turanose par des acides minéraux assez concentrés, mais
à température peu élevée, de manière à avoir le lévulose aussi peu altéré que possible,
et j'ai fait passer à l'état d'hydrazones le mélange des monoses formés ('). Son pouvoir
rotatoire, lévogyre, répondait à celui du sucre interverti qui a été régénéré de ses
hydrazones. Par passage à la chaux, on a eu du lévulosate, qui, décomposé par l'acide
carbonique a donné du lévulose : repris par l'alcool absolu bouillant, le lévulose a été
obtenu cristallisé. Quant au glucose provenant de l'hydrolyse du turanose, il a cristal-
lisé facilement.
Le turanose résiste à l'action des ferments solubles ordinaires (émulsine, diastase,
(') Charles Ta?s'uet, Bull. Sor. Chimique, 1902, 3° série, t. XXVII, p. 393.
l/jaG ACADÉMIE DES SCIENCES.
SUC d(,' levure, macération d'aspergillus). La levure Je bière le consomme en nature avec
une extrême lenteur.
Coiicliisious. — 1° Le tiiranose C'"H--0" n'est pas, comme on le croyait,
dédoublable en deux molécules de glucose : son hydrolyse le scinde en
I molécule de glucose et i molécule de lévulose.
9" Le mélézitose CH^'^O'" donnant par hydrolyse faible une molécule de
glucose et une molécule de turanose, est formé de 2 molécules de glu-
cose et de I molécule de lévulose.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur la nature véritable des leucéiiies et glucopro-
iéines obtenues par P. Schûtzenberger dans le dédoublement des matières
protéiques. Note de MM. HuciorxEXQ et A. Morel, présentée par
M. Armand Gautier (').
Dans son remarquable travail sur la constitution des substances albumi-
noïdes f), P. Schiitzenberger soumit les multiples albuminoïdes à une
décomposition hydrolytique par la baryte en présence de Teau à 2oo''-25o-'.
Des produits de la réaction il avait isolé, par les procédés habituels de
l'analyse immédiate, quelques acides amidés et un certain nombre de corps
azotés qu'il avait groupés en plusieurs catégories et auxquels il avait donné
les noms de leucines , en G"H-" + 'AzO' ; leucéines , en G"H-"~'AzO"
(h =r 4, 5, 6) ; Glueoprotéines, en G''H-''Az-0'' (h = 7, 8, 9, 10, 11 et 12) ;
enfin, corps vitreux amorphe.
Nous avons repris l'étude de cette question avec les nouvelles méthodes
qui permettent de récupérer et d'isoler les composés mono et diamidés
formés par l'hydrolyse régulière des matières albuminoïdes, afin de déter-
miner la nature véritable des complexes dont P. Schiitzenberger n'avait
pu à cette épocjue, faute de méthodes suflisantes, élucider la constitution.
Pour cela, i^'^,-?)-! d'albumine du blanc d'oeuf sèche fut attaqué pendant 72'' à l'ébul-
lition par 8''s de bar}'te et 6 litres d'eau. Après élimination de la baryte, nous avons
obtenu un résidu fixe pesant i 260 grammes. C'est ce résidu qui, traité suivant la tech-
nique de P. Schûtzenberger ('), nous a donné :
1° Leucines et leucéines î8() gr.
■i." Leucines et tyrosine 210 gr.
(') Noie présentée à la Séance du 1 i juin nj"'' .
(-) Ann. de Cllimic et de Physique, 5'^ série, t. XVL ^^'\), P- '^'1 à 'JG-.
SÉANCE DU l8 JLIN I906. 14^7
cj° Leucéines im gr.
4° Glucoprotéines 17'i gr.
5° Corps vitreux amorphe ioi gr.
Chacune de ces fractions à été soumise séparément à un traitement dont voici la marche
générale.
a) L'acide phosphotungstique a permis de séparer un premier précipité floconneux,
amorphe, d'où nous avons retiré des substances incristallisables, présentant tous les
caractères des polypeptides.
b) Ce même réactif a formé ensuite un second précipité granuleux, cristallin, dont on
a extrait 1,4 de lysine C°H"Az^O- p. 100 d'albumine. A côté de la lysine, on a trouvé
0,8 p. loo d'acide diamido-valérique C^H"A7,-0^ provenant du dédoublement parla baryte
de l'arginine C^H"Az''0- en urée et acide a-3-diamido-valérique. Pas d'histidine ou seu-
lement des traces douteuses.
c) L'eau mère débarrassée d'acide phosphotungstique et évaporée, a fourni un résidu
qui a été éthérifié à trois reprises par l'alcool absolu et l'alcool chlorhydrique. Les chlor-
hydrates d'éthers ont été soumis à l'action ménagée de la soude pour libérer les éthers
eux-mêmes. Ceux-ci ont été séparés ensuite par distillation fractionnée dans le vide, puis
saponiQés parla baryte afin d'isoler les acides correspondants.
Nous avons pu, de la sorte, faire la séparation des matériaux extraits par
P. Schiitzenberger et en retirer les produits suivants :
I. Leuciiies en CH-" '^^AzO-. — Ce groupe nous a fourni : alanine
C^H'AzOS 10 p. 100; Leucine C^H'^AzO", 4' P- «oo; Phénylalanine
G'H"AzO'-,2,8 p. 100 ; Acide aspartique C'H'AzO'', i p. loo; Acide gluta-
mique C»H'AzO%o,8 p. loo; Tyrosine C'H"AzO', 5 p. loo.
II. Leucéines cii C"II-" ^ 'AzO-. ■ — ■ Nous avons extrait de ce mélange :
Tyrosine, 0,27 p. 100; Alanine, 21 p. 100; Leucine, 3i p. 100; Acide pyrro-
lidine-carhonique ou prolineG^H^\zO-, 5,8 p. 100; Phénylalanine, 19 p. 100;
Acide asparlicjue, 3.9 p. 100; Acide glutamique, 1,9 p. 100.
III. Glucoprotéines en CH-^AzrO'. — Nous y avons trouvé : Alanine,
i3p. 100; Leucine, 12 p. 100; Proline, 0,2 p. 100; Phénylalanine, 7 p. 100;
Acide aspartique, 5 p. 100; Acide glutamique, 12 p. 100.
IV. Corps l'il/'ei/.r amorphe. — C'est un mélange de polypeptides dont
nous poursuivons l'étude et que nous pensons dédoubler en acides amidés
définis et bien cristallisés. A ces polypeptides s'ajoutent des traces de leu-
cine et de phénylalanine.
En résiuné, il résulte de ces recherches que :
1° Les albumines s'hydrolysent par les alcalis comme par les acides,
1428 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sauf quelques particularités telles que la destruction par la baryte de l'ar-
ginine, stable on milieu acide.
2" Les leucéines et glucoprotéines de P. Schiitzenberger ne sont autre
chose que des mélanges d'acides amidés. Les dénominations de leucéines
et de glucoprotéines doivent donc; disparaître du langage scientifique.
Les travaux du chimiste éminent, que nous venons de rappeler et
d'éclairer sensiblement grâce à nos méthodes modernes, n'en ont pas
moins ouvert la voie à l'étude rationnelle de ces corps albuminoïdes dont
les dédoublements et la constitution étaient à peu près entièrement
inconnus avant lui. Il a le premier établi que tous ces corps étaient cons-
titués par des enchaînements de radicaux, oxygénés, carbonés et azotés,
enchaînements aptes à se dédoubler par hydrolyse, et principalement, en
acides aminés relativement simples, pour la majeure part cristallisables.
PHYSIOLOGIE. — Influence du chocolat et du café sur l'acide urique. Note
de M. Pierre Faivel, présentée par Edmond Perrier.
J'ai montré dernièrement que les purines des légumineuses, se compor-
tant comme celles de la viande, augmentent notablement les purines uri-
naires, surtout V acide urique^ et rendent celui-ci facilement précipitable par
les acides. Il m'a paru intéressant de rechercher si les mélhylxanthines,
telles que la théobromine(diméthylxanlhine) etla caféine (triméthylxanthine)
ont une action analogue.
Le mèine sujet que préLédeinnient était mis d'abord, pendant plusieurs jours, au
régime strictement végétal et sans purines dont j'ai donné le menu quotidien, tous les
jours identique, comportant iîg à \o'^^ dalliuuiine et 2 000 calories environ par 2 '('' i^').
Après avoir ainsi déterminé son excrétion de purines et d acide urique endogènes j ai
remplacé, pendant j jours, •20^'' de biscuit, -jaw^' de pommes de terre et aoS'' de
beurre de coco de sa ration par loo''''' de chocolat de première qualité, de façon à main-
tenir au même cliillVe la quantité d'albumine et les calories.
La quantité de tiiéobromine ingérée quotidiennement était alors, en moyenne, de iS'',5.
Dans une autre expérience, toujours avec la même ration sans purines, dans laquelle,
seulement, loo^'' d'oranges avaient été remplacés par 1 joS'' de fraises et lo^"' de sucre,
le sujet absorba en deux jours consécutifs l'infusion de loo^'' de café torréfié, moulu fin,
soit '1 tasses le promiei-jour et ^î le deuxième, contenant '?« total \^\~i de caféine.
Le tableau suivant résume ces expériences.
(') Comptes rendus, 5 juin 1906.
SÉANCE DU l8 JUIN I906. 14^9
ACIDITÉ ALBU- PURINES XANTHO- ACIDE *CIDE
VOL. en tKÉi; mine ingé- . urique NaXll P-O'
SO'II^ ingénie. rées. i=kiQues unquc. p„,, hci_
2 jours sans puriiics.
Moyenne 845 0,93 12,69 39-I 0,00 0,410 0,298 traces. 8,20 1,06
Sjours-chocolat loogr.
Moyenne 684 i,i6 10,02 39,3 i,5o o,585 0,284 0,000 8,80 1,20
Différence — 161 -t-o,33 — 2,67 » -)-i,5o -{-0,171 — 0,014 » +0,61 -fo,i4
2 jours sans purines.
Moyenne 875 1,41 13,96 39,5 0.00 o,5oo 0.349 0,000 9,62 1,80
2 jours café noir.
Moyenne ii45 0,90 i3,58 4' 0,73 o,658 o,35o 0,000 12,10 1,18
Différence +270 — o,5i — o,38 » -I-0.75 -fo, i58 -(-0,001 » -j-2,48 — 0,62
Avec le chocolat raugmentalion jnoyenne, par ;>4'', ties xantho-uriqiies
a été de o,ij5, représentant à peu près 1/7 (i3,3 p. 100) des purines
ingérées sous forme de tlicobrojuine. L'acide uriqiie na pas atigmenlé et
pendant les premiers jours il a même notablement diminué (o,253), mais
une épreuve par le salycilate de soude semble indiquer qu'il s'agissait
d'une rétention quotidienne de 0,0:^6 des purines et de o,o3i d'acide
urique, analogue à celle que nous avons constatée avec les légumineuses.
Tandis que, même au régime sans purines, on obtient parfois de faibles
traces d'acide urique précipité par l'acide chlorhydrique, avec le chocolat
cette précipitation ne se produisit jamais.
La caféine se comporte sensiblement de la même façon dans l'organisme.
Si les xantho-uriques ont augmenté de 0,1 58 par jour avec le café, ce qui
correspond à un tiers environ (36p. 100) delà caféine ingérée, Vexcréliou
de Vacide urique n'a pas augmente'. Comme dans le cas précédent elle a
même diminué d'abord, semblant indiquer line rétention de 0,017 de
purines et de o,oj6 d'acide urique, le premier jour. Ce dernier point devra
être étudié plus spécialement. Vacide urique ne précipite plus par HCl.
Le travail musculaire (65 à 85*"" à bicyclette, dans la matinée) n'a produit
ni fatigue, ni raideur musculaire et n'a influencé en rien l'excrétion de
l'acide urique, ni avec le chocolat, ni avec le café; il n'en était pas de même
avec les haricots. Si nous comparons maintenant ces résultats à ceux de
nos expériences sur les légumineuses nous constatons que la moitié des
purines des haricots se retrouvent dans l'urine, l'rtCiV/c urique augmente dans
une proportion encore plus considérable et il précipite facilement par les
acides. Au contraire, un tiers seulement de la caféine et un septième de la
l43o ACADÉMIE DES SCIENCES.
tliéobromine se retrouvent dans l'urine sous forme de purines. Mais les
méthylxanthines n augmentent pas V acide uriqiie et celui-ci ne précipite plus
par HCl.
Si l'on ajoute, in vitro, de la théobromine pure à une urine dont l'acide
urique précipite facilement par l'acide clilorhydrique, on constate alors une
diminution très sensible de la quantité précipitée par cet acide. Il en est
de même si l'on ajoute de la théobromine à une solution titrée d'acide
urique pur, avant de la traiter par HCl.
La caféine a une action analogue, mais moins marquée et très variable sui-
vant les urines.
En résumé les méthylxanthines (théobromine et caféine) du chocolat et
du café augmentent sensiblement les purines urinaires (xantho-uriques),
pas du tout V acide urique et empêchent sa précipitation par les acides. Leur
influence, surtout pour la théobromine, est donc beaucoup moins perni-
cieuse pour l'organisme que celle des purines de la viande et des légumi-
neuses qui donnent une forte proportion d'acide urique précipitant
facilement.
Ces conclusions visent uniquement l'action de la théobromine et de la
caféine sur l'acide urique et les xantho-uriques et non leur influence sur la
digestion, la circulation et le système nerveux.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Loi de V accroissement en volume dans les arbres.
.Note de M. Fra.xcois Ko\ i:ssi, présentée par M. Gaston Bonnier.
Depuis plusieiu'S années déjà, nous avons étudié les lois de l'accroisse-
ment dans les arbres, et en général dans tous les végétaux. Tout dernière-
ment, nos études ont porté sur lui tronc de Robinia Pseudacacia dont la
croissance et les principaux facteurs biologiques avaient été observés
depuis sa plantation (1890).
Après avoir déraciné let arbre et en avou* fait des coupes transversales, de mètre en
mètre, afin de déterminer la marche de laccroissement en volume, nous avons, à l'aide
d'un planiraètre, mesuré là surlace des anneaux annuels correspondant à chaque coupe.
D'après ces mesures on trouve que le rayon du cercle limité par l'anneau
formé chaque année, ne s'accroît pas d'iuie façon constante, mais que
l'accroissement est une fonction linéaire du temps.
En outre, nous avons fait une section longitudinale du même tronc,
pour déterminer la croissance annuelle en hauteur, et nous en avons conclu
SÉANCE DU l8 JUIN I906. l4'^I
que celte croissance n'est pas rigoureusement proportionnelle au temps,
bien que, a priori, dans des conditions biologiques constantes, cette crois-
sance dût être représentée par une ligne droite.
En effet, si les conditions biologiques des cellules étaient constantes, et si la cellule
placée à la périphérie du rayon (ici l'assise génératrice, et le méristème terminal) don-
nait naissance pour chaque unité de temps à une cellule nouvelle, le nombre des cellules
s'accroîtrait en fonction linéaire, et si les cellules parvenaient toutes au même dévelop-
pement, le tronc présenterait un accroissement uniforme dans toutes les directions.
L'accroissement étant dans chaque direction linéaire, proportionnel au
temps, l'accroissement en volume est proportionnel au cube du temps dans
des conditions biologiques constantes :
V=M.f.
Si l'on considère maintenant ce qui se passe dans la nature oii les condi-
tions biologiques varient continuellement, la valeur M ne sera plus une
constante, mais sera elle-même une fonction du temps, et nous aurons la
formule plus générale sur l'accroissement du tronc :
V = M [t) . f.
V
ANNÉES t V V ^ [t] — -yT
1904 i5 82399,34'^ cm^ 82399,34200cm'* 1,000000
1903 14 70102,038 66993,71728 1,046397
1902 i3 536o4,4o2 53638, 92014 0)999357
1901 12 41292,916 42188, 46336 0,978773
1900 II 30381,098 32495,83922 0,941077
1899 10 23o83,449 244i4>620oo 0,943476
1898 9 16547,264 17798,23798 0,929715
1897 8 11090,207 12500,28544 0,887196
1896 -7 7388,773 8374,21466 0,882325
1895 6 3888,923 5273,55792 0,737439
1894 5 i863,38i 3o5i, 82750 0,610579
1893 4 909,242 1562,53568 0,581902
1892 3 343,980 639,19474 0,521820
1891 2 io5,432 195,31696 0,539800
1S90 I 12,894 24,41462 0,528127
Dans le tableau ci-joint V représente les volumes mesurés directement,
et V ceux calculés en multipliant le cube du temps par une constante Mj^
déduite de la formule M,, = —4^ =; 24,41462 et qui représente la valeur
'lô
moyenne de l'état biologique de i5 années. Le l'apport A(/) = -^t indique
la variation biologique annuelle.
C. R., 1906, 1" Semestre. (T. CXLII, N» 25.) I 87
l/|32 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Un conçoil que les fonctions M(/) et A(/) soient soumises à deux sortes de
variations, l'une fluctuante, l'autre décroissante. La fluctuation est causée
surtout par la variation des agents climatériques et la décroissance par la
pression constante, exercée par les anneaux extérieurs, Vers l'intérieur,
qui fait réduire ceux situés en dedans.
On voit qu'en déterminant la valeur générale M et la variation A(/) des
agents biologiques d'un tronc d'arbre, on pourra exprimer le volume de ce
tronc par la formule
V = A{l).M.t' (5)
le volume Vj, V^, V.,..., correspondant aux temps t^, l.,, t^...
Etant donné qu'on peut considérer chaque arbre comme un système
formé de plusieurs troncs, primaires, secondaires, tertiaires... développés
l'un sur l'autre, on peut appliquer à chacun d'eux séparément cette même
loi, qui se rapporte à l'arbre tout entier, en y ajoutant la loi de ramification
des arbres.
L'accroissement complet W de l'arbre sera donc dans ce cas :
N {t) N (0
A^' = V M {t) . i' ou de même W V A (/) . M . f
;=:0 i = o
où N(/) exprimera le nombre des branches, c'est-à-dire la loi de ramifica-
tion du tronc en fonction du temps.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — • Étude spcctiûscopiquc (les pigmeiils verls des
graines nii'ires. Note de M. ^V. LiLiitiMi;i\MO, présentée par M. Gaston
Bonnier.
M. jMonteverde(') et M. Greilach(-), par des reciierches speclroscopiques
sur les plantes étiolées, ont démontré que celles-ci contiennent une petite
quantité d'un pigment particulier qui est caractérisé par des bandes d'ab-
sorption dans la partie la moins réfrangible du spectre. Ces auteurs pen-
sent que le pigment, \^ protochlovophyUe [Monteverde] ou Vélioliiie [Grei-
lachj se transforme, sous l'influence de la lumière, en chlorophylle.
Cependant leurs expériences ne donnent pas assez de documents pour
(') Acta Nord PelropoliUini , voL XIII, n° 'a, 189',.
(-) Sitzungsbericlite d. Kaiserlich. Akadcniie d. ]f issensc/iaftcn, Wicii. Mal. nal. Kl.
Vol. CXHl, Al)t. I, Murz, 190',, p. 121-16.S.
SÉANCE DU l8 JUIN I906. 1433
légitimer suffisamment cette conclusion. C'est pourquoi il m'a paru inté-
ressant de chercher, dans la nature même, des cas où la chloropliyile se
forme à une obscurité plus ou moins grande. La formation de pigment
vert dans des parties de la plante verte où ne pénètre pas la lumière a une
importance évidente parce c[iril s'agit alors de conditions naturelles et non
pas d'un cas anormal comme dans l'étiolement. Tout d'abord j'ai eu l'idée
de faire l'étude spectroscopique des pigments verts des graines mûres. Je
me suis servi d'un spectroscope à vision directe. Pour faciliter l'élude des
solutions très étendues j'ai employé un appareil particulier au moyen
duquel j'ai pu faire varier à volonté l'épaisseur du liquide traversé de
o jusqu'à 21"". Au lieu de faire les observations directes des spectres
j'ai appliqué la photographie, supprimant ainsi toute erreur d'appréciation
personnelle.
En examinant au préalable des graines de 110 familles [de Dicotylédones, de Mono-
tylédons et de Gymnospermes] j'ai trouvé des embryons contenant des pigments verts
dans les familles suivantes : Dipsacées, Apocynées, Convolvulacées^ Malvacées, Gérania-
cécs, Acérinées, Stapliylcacées, Célastrinces, Crucifères, Méliacées, Anacardiacces et
Lcguinineuscs. Dans la plupart des cas, les embryons ont une couleur jaunâtre à cause
de prépondérance des pigments jaunes. Cependant les embryons de Cep/ialaria tatarica.
Géranium colninbinum, G.pratense et G. palustre, Acer plalanoides tlA.Pscudo-Platanus.
Stapiryhea pinnala sont colorés en vert très vif.
Je réduis en poudre les embryons desséchés et je les traite plusieurs fois par de la
benzine qui dissout dabord les huiles et les pigments jaunes avant que la chlorophylle
elle-même commence à se dissoudre. Puis je sèche la poudre sur du papier filtre et j'ex-
trais la chlorophylle par l'alcool absolu. La solution ainsi préparée présente une couleur
verte foncée avec une fluorescence jaune bleuâtre ; la fluorescence rouge, au contraire,
reste très faible. Les courbes ci-contre faites d'après des photographies des spectres
font comprendre quelles sont les radiations absorbées par les diverses solutions à des
épaisseurs différentes. Les abscisses représentent les longueurs d'ondes, les ordonnées
représentent les épaisseurs de liquide traversées par la lumière. Afin de préciser par
un exemple j'ai indicjué par des bandes noires, à des épaisseurs voisines, pour les trois
solutions, les régions oîi la lumière est absorbée..
_0n voit par l'examen de ces courbes que l'absorption par e. pigment des
embryons diffère de celle de la chlorophylle des feuilles : le caractère delà
bande est très varié entre les longueurs d'ondes 6021''' et 067 . Cette bande
est plus large et beaucoup moins profonde que la bande correspondante
(lu pigment des feuilles ; en outre elle se fond avec la bande &?>i^^-^oa^^ ,
de sorte qu'on ne peut pas voir ces deux bandes séparément comme on les
voit dans la chlorophylle des feuilles. Sous l'influence des rayons directs
i/,34
ACADEMIE DES SCIENCES.
(lu soleil, la dissolution alcoolique du pigment des embryons pertl complè-
tement sa couleur au bout de quelques heures.
|J
I
■S is^
■a içj
a
o
"^S^^I^^^i^S^.^S^III
Kpaisscurs îles solutions, on rcnliriièlres.
En deliors des embryons on trouve aussi des pigments verts
dans les
SÉANCE DU l8 JUIN I906. l435
cellules mortes des téguments des graines. Le pigment ainsi déposé dans
des graines de Cannabis saliva a présenté les mêmes caractères optiques
que le pigment des embrj'ons d'autres plantes. Au contraire, la couleur
verte des couches intérieures des téguments des Cucurbitacées [Ciictirbila,
Sicyosperma, Luffa, Trichosanthes] a paru tout à fait particulière. La dis-
solution alcoolique du pigment paraît dans ce cas identique extérieurement
à celle de la chlorophylle des feuilles; seulement la fluorescence rouge est
beaucoup plus forte. Mais l'absorption de lumière est bien différente. Dans
la partie comprise entre le rouge et le vert du spectre, on voit trois bandes
d'absorption au lieu de quatre pour la chlorophylle. La première est placée
juste entre les deux premières bandes de la chlorophylle; la seconde et la
troisième; au contraire, correspondent à peu près à la troisième et à la c[ua-
trième de la chlorophylle. La première bande correspond exactement à
celle de la protochlorophylle d'après les indications de ]M. Monteverde. Si
l'on expose la solution alcoolique assez concentrée à la lumière du soleil
elle perd sa fluorescence rouge et conserve une couleur verte d'une inten-
sité très atténuée. Le changement d'absorption de la lumière après cette
exposition au soleil est le suivant ; la première bande [640^:^-620:^1'] dis-
paraît, la deuxième [588:'''-565:':'] s'élargit beaucoup vers le rouge [jus-
qu'à 610:':'] et devient double ; la troisième reste à sa place. En outre appa-
raît une quatrième bande entre les longueurs d'ondes 661^':' et ôsi:*:',
c'est-à dire presque à la place de la première bande de la chlorophylle.
L'absorption du bleu et du violet est affaiblie, mais conserve le même
caractère.
Comme on le voit, les pigments verts formés dans des parties plus ou
moins soustraites à la lumière chez des plantes ayant poussé dans les con-
ditions normales diffèrent de la chlorophylle des feuilles. Sont-ils des pro-
duits de l'altération ou au contraire des stades de la formation de la chlo-
rophylle? C'est ce qui reste à élucider.
PATHOLOGllî VÉGÉTALE. — Sur Videiitité de Structure des galles involucrales
et des galles des pousses f"Aiillées chez les Euphorbes.
Note de M. C. HorARD, présentée par M. Gaston Bonnier.
Chez un certain nombre d'Euphorbes, les larves d'un diptère de la
famille des Cécidoniyidés, le Perrisia capsules Kieff., produisent deux
sortes de cécidies, les unes situées à l'extrémité des pousses feuillées, les
j/|3G ACADÉMIE DES SCIENCES.
autres engendrées aux dépens des involiu;res ('). Et comme les bractées
soudées involucrales ne sont autres que des feuilles adaptées à une fonc-
tion spéciale, il est intéressant de rechercher par la méthode anatomique
si le cécidozoaire agit de façon identique dans ces productions gallaires
formées toutes les deux aux dépens d'éléments ayant même origine.
i" Galle de l'involucre. — Cette galle a été signalée par divers auteurs
(Hieronymus, Massalongo, Gecconi, Baldrati, Hoiiard) sur Euphorhla
Cyparisfiias L., E. Esula L. et E. Piihyiisa L. Les cécidies des deux pre-
mières Euphorbes affectent la forme d'une bouteille allongée ou ventrue,
de 5 à 8""" de hauteur; celle delà dernière a l'aspect d'une corne effilée et
recourbée, atteignant jusqu'à iS'"" de longueur.
\J iiwolucrc normal d'Ji. Cyparissias possède, en coupe transversale, un contour poly-
gonal irrégulier, à côtes saillantes, et une paroi épaisse .d'un dizième de millimètre seule-
ment, garnie à l'intérieur d'un épidémie souvent muni de poils et à l'extérieur de cellules
surélevées en de courtes papilles.
Dans une galle jeune, Vinvolucrc parasité est à peu près circulaire et entoure une
grande cavité larvaire. Sa paroi possède des faisceaux libéro-ligneux hypertrophiés,
irrégulièrement espacés et une épaisseur assez considérable (un demi-millimètre environ)
due surtout aux cellules situées sous l'épiderme interne qui s'allongent en direction
radiale et se cloisonnent trois ou quatre fois parallèlement à la surface libre. L'intensité
de ce cloisonnement est tel qu'il provoque parfois l'apparition de cloisons dans l'épi-
derme. L'accroissement en largeur de la paroi tient à l'élirement tangentiel et au cloi-
sonnement perpendiculaire d'un grand nombre de cellules également sous-épidermiques.
Le résultat de tous ces cloisonnements est de donner naissance à de petites cellules,
serrées les unes contre les autres, au sein desquelles une différenciation active se pour-
suivant, se traduit, dans les cécidies âgées, par l'apparition de deux zones à caractères
histologiques bien tranchés :
1° Au bord de la cavilé larvaire, une large bande de tissu nourricier, comprenant les
plus internes des cellules cloisonnées et répidernie lui-môme ; le protoplasma abondant
de toutes ces cellules enveloppe un noyau irrégulier, toujours très hypertrophié, à
nucléole bien net, et sert à la nutrition des larves de l'crrisia contenues dans l'involucre
anormal ;
:i° En dehors de celte zone, une bande étendue de fibres courtes, scléreuses, à parois
épaisses et bien lignifiées, percées de nombreuses et larges ponctuations, constitue un
véritable lissii protecteur.
liCS mêmes zones nutritive et protectrice se retrouvent dans les galles de l'/T. h'su/n
(') On sait que dans le genre Euplwrbia, les pousses florifères sont terminées par une
ombelle composée dont les rayons portent des inflorescences entourées chacune par des
bractées soudées en un involucre.
SÉANCE UU l8 JUIN I90G. 14^7
et de 17i. Pithyusa ; dans cette dernière cécidie pourtant, les fibres scléreuses sont par-
ticulièrement bien développées.
2° Galle de la pousse feuillée. — • Les larves du Perrisia capsulœ engen-
drent à l'exlréniité des pousses feuillées de trois espèces d'Euphorbes
[E. Cyparissias. E. Esula et E. uicœensis Ail.) des cécidies cylindriques,
en forme de capsule brusquement rétréeie dans la région apicale. Ces
galles sont verdàtres, glabres, longues de lo à i5™'" et d'un diamètre trans-
versal de 3 à 5. On les connaît d'Autriche, d'Allemagne, d'Italie, de Por-
tugal, d'après H. Lôw, F. Lôw, Mik, Schlechtendal, Hieronymus, Massa-
longo, Tavares, etc.
L'aspect extérieur de la cécidie en capsule de \ l£. Cyparissias et les côtes longitudi-
nales en nombre variable qui ornent sa surface montrent déjà quelle résulte de con-
crescences foliaires. L'anatomie le prouve aussi, car, en section transversale, sous ces
petites côtes apparaissent de minimes cavités, restées parfois en relation avec l'exté-
rieur, qui indiquent la soudure incomplète d'une feuille avec la paroi gallaire constituée
par d'autres feuilles hypertrophiées et entièrement fusionnées. En outre, l'épiderme
externe de la galle possède des stomaaes espacés, à cellules arrondies et à ostioles lar-
gement ouverts, rappelant ceux que l'on rencontre à la face inférieure des feuilles hyper,
trophiées des cécidies en forme de bourgeon produites sur la même Euphorbe par des
diptères voisins (Perrisia capitigena, par exemple). La surface interne montre égale-
ment, de place en place, des stomates imparfaits, arrêtés dans leur développement.
La paroi de la galle atteint une grande épaisseur (parfois un millimètre) due surtout
à l'hypertrophie et au cloisonnement rapide des cellules situées sous l'épidémie interne.
Les cellules les plus rapprochées de la cavité larvaire possèdent un noyau hypertrophié
assez irrégulier et un protoplasma abondant : elles constituent avec l'épiderme une coiiclie
nourricière utile aux parasites. En dehors de cette zone, de grandes cellules riches en
grains d'amidon acquièrent des parois épaisses, fortement lignifiées et se différencient
peu à peu, dans les galles âgées, en une véritable couche proleciricc. Il est remarquable
de voir ces deux tissus si différents se constituer aux dépens de cellules destinées nor-
malement à évoluer en cellules de tissu palissadique, si l'action cécidogène ne s'était pas
fait sentir sur elles de très bonne heure.
La cécidie de V Euphorbia Esula possède la uiême structure.
En résumé, l'action cécidogène engendrée par les larves du Perrisia
capsulas agit de façon identique tant sur les feuilles de l'extrémité des
pousses des Euphorbes que sur les bractées soudées de leurs involucres,
et les transforme en galles. Dans les deux cas, la grande épaisseur des
parois gallaires tient au cloisonnement actif des cellules sous-épidermiques
internes ; dans les deux cas aussi, la différenciation précoce des nouvelles
cellules formées donne naissance à une couche nourricière (interne), voi-
lZ|38 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sine des parasites eLà une couche scléreuse proiectiice (extei'ne) en rapport
avec la région vasculaire.
BIOLOGIE. — Biologie larvaire et métamorphoses de Siphona Cristata Fahr.
Adaptation d'une Tachinaire à an hôte aquatique diptère : un nouveau
cas dU'ctoparasilisme interne. Note de M. E. Roubaud, présentée par
M. E.-L. Bouvier.
Les observations relatives au mode de vie larvaire des Diptères du
genre Siphona Meig. s'accordent à faire considérer ces Tachinaires
comme des parasites propres des Papillons. Cependant, par une exception
curieuse et inexpliquée, Siphona cristata Fabr., espèce antérieurement
obtenue par deux auteurs de chenilles de Lépidoptères, est signalée par
Beling (1886) comme provenant de larves de Tipjula gii^antea Schr. Un cas
de parasitisme aussi spécial pouvait être envisagé comme un fait accidentel.
Nous avons pu, cet hivei-, confirmer sur un abondant matériel cette
observation isolée et déceler d'intéressants rapports anatomiques, indi-
quant une adaptation spécifique de la larve de Muscide à son hôte aqua-
tique.
Les larves de Tipula gigantea Schr. vivent dans les ruisseaux, sous les
pierres, ne prenant contact avec l'air extérieur que par leur couronne
sligmatifère caudale, qui s'épanouit, par intervalles, à la surface de l'eau.
Au début de l'hiver, on peut déjà, chez Ijeaucoup d'entre elles, constater
par transparence la présence des Siphona. En ouvrant une larve infestée,
on aperçoit ces parasites sous forme de petits corps allongés, d'un jaune
orangé, d'environ i"'™, en relation constate avec les deux troncs princi-
paux du système trachéen métapneustique de l'hôte. A ce stade relativement
jeune, chaque parasite est encore complètement inclus dans un kyste
terme, membraneux, fixé au cordon trachéen par une sorte de calice chiti-
neux dont le fond s'ouvre dans la trachée.
Chez les larves plus âgées, en croissance active, le kyste, détruit anté-
rieurement, n'abrite plus que la région postérieure ; le calice chilineux
devenu plus épais emboîte étroitement l'extrémité postanale du parasite,
allongée en un court siphon respiratoire bisegmenlé. De la sorte, baignant
directement dans le sang de l'hôte, les larves de Sip/ioncr continuent à
vivre aux dépens de l'air de ses trachées.
Au moment de la nymphose, les parasites se détachent de leur organe de
SÉANCE DU l8 JUIN I906. 14^9
fixation, et perforant avec leur têle les téguments de leur hôte épuisé, se
répandent dans la terre humide. Leur sortie doit coïncider dans la nature
avec Fépoque où la larve de Tipule a quitté elle-même le cours d'eau pour
se transformer dans la terre. La nymphose s'effectue superficiellement et
dure environ 3 semaines.
II est logique de penser que les œufs de la Tachinaire sont déposés sur la couronne
stigmatifère de la Tipule, et qu'à leur éclosion les parasites s'introduisent par les stig-
mates dans le tronc trachéen qui leur fait suite ; là, leurs efforts propres, suivis de réac-
tion inflammatoire, amènent la formation d'une petite excroissance trachéenne, origine
du kyste et de son calj'ce.
La structure histologique de ces organes permet en effet d affirmer leur nature tra-
chéenne. A la base, les cellules hypodermiques sont abondamment développées et en
plusieurs couihes. La sécrétion chitineuse ne forme plus, par suite, un simple filament
spiral, mais une couche continue, épaisse et noire, de chitine : c'est cette région qui
constitue proprement le calyce.' Antérieurement, l'épaisseur de la paroi kystale s'atténue,
comme parétirement de la formation précédente, jusqu'à se réduire à une mince couche
chitineuse incolore où l'on ne distingue plus que quelques ilôts de cellules hypoder-
miques. Des débris de mues s'ajoutent à lensemble.
Le rapprochement s'impose entre le calyce des Siphoiia et les organes
de fixation décrits par divers auteurs pour d'autres Diptères entomo-
pliages('). Mais la constatation faite ici d'un kyste clos à l'état jeune,
permet une compréhension plus évidente de la nature de ces divers
organes ; elle sanctionne d'une manière heureuse la comparaison établie
par MM. Giard et Bonnier ('') : Le parisitisme larvaire des Siphoiui constitue
un nouvel exemple d'ectoparasitisme interne, en tous point homologue à
celui, bien connu, des Crustacés Entonisciens.
Par l'ensemble des caractères de spécialisation accentuée qui le définis-
sent, le parasitisme de Siphona cristata Fabr. chez les larves aquatiques
de Tipules, apparaît comme la condition normale du maintien de l'espèce.
Les cas de paratisme également signalés chez les Lépidoptères pour cette
même Tachinaire peuvent être dès lors interprétés comme des exemples
de suppléance parasitaire avec retour au mode de vie primitif de l'espèce,
quand les hôtes d'élection sont rares ou encore incomplètement déve-
loppés.
(') En particulier, le siphon décrit chez les Ocj'ptères par L. Dulour, et chez les
Gymnotomes par Kiinckel d Herculais ; le calyce fixateur étudié par Cholodkowsky chez
une Tachinaire parasite des Carabes.
(-) Contribution à l Etude des Bopyriens. Lille, 1887.
C. R., 190G, 1»' hemeslre. (T. C.XLII, N" 20.) ï88
l/|/|0 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ClllMlE PHYSIOLOGIQUE. —Influence de V acide pliospliorique, des phosphates
mono et trisodiqiies sur les échanges nutritifs. Note de M. A. Dës^obez et
de M"" BI-. GiEXDE, présentée par M. Bouchard.
L'étude de la dyscrasie acide nous a conduits à recher(>her encore, dans
les mêmes conditions d'expériences, l'influence exercée svir la nutrition
par l'acide phospliorlque et deux de ses sels, le phosphate acide et le phos-
phate neutre.
Nos expùriences ont jiurté sur quatre séries Je 0 cobayes en voie de développement,
de même âge et de sexe mâle. Tandis que les animaux de la première série servaient de
témoins, cliaque cobaye des trois autres séries a reçu, par la voie stomacale et sous
forme pilulaire, i>s',oj d'anhydride phosphorique, soit à l'état d'acide pur, soit à l'état de
phosphate mono ou trisodique. Les expériences, continuées pendant ^ mois sur les
munies animaux, ont été coupées par deux périodes de repos de quinze jours chacune.
Quant à la nourriture, elle était de même composition : pour cliaque lot, Goo^"' de choux
et du son à discrétion. 13icn qu'il (ùt donné en excès, les pesées ont montré que ce dernier
aliment était consommé en quantités à peu près égales par chaque série d'animaux.
Nous présentons, dans le tableau ci-dessous : i° les variations de poids
des cobayes depuis le i°'' novembre ipoS jusqu'au 28 mai 1906; 2" les
moyennes fournies par la mesure des volumes d'urine éliminés et les
dosages des princi|)aux éléments ; W" les rapports de ces divers éléinenls
entre eux(').
.VNIMAUX RECEVANT
— — — — — ïÉMOI^s
PO'H= PO'NaH^ PO'Na'
Variations de poids p. 100. . . . "5,4 82,7 81,9 86,8
Volumes d'urine p. liilog .... ii^'^^.o 40'"", o 30"^™'*. 9 4i'"'^'0
Azote total p. kit. et 2 i heures. . oB'',385 ob'',355 oB'',3o6 cii'',iii
Albumine détruite '^, >9 ^)39 'i.oG 1,02
Azote de l'urée 0,373 o,263 o,'2i7 0,173
Acide phosphorique 0,121 0,107 0,106 0,095
Soufre total en SO' 0,28g 0,273 0,234 0,284
Soufre peroxyde en SO^ 0,229 0,200 o.iSg 0,194
Soufre neutre 0,060 0,073 0,075 o,ogo
Uésidu sec 2,2g a, 12 2,25 2,33
Cendres 1,12 >>i7 i-oi 1,40
CoelTicienl azolurique 0,71 0,74 0,71 0,77
(') Avec la nature des aliments variable avec les saisons, ces rapports peuvent différer
chez le cobaye comme chez l'homme, d'où la nécessité d'avoir toujours une série de
t('i]iiiins pour l'expérience en cours.
SÉANCE
Dt
i i8
JUIN igoÉ
).
l'.'n
ANIMAUX Rlv
CEVANT
PO'ir
PO'Xall^
PO'.Na"
TKMOINS
o,3i
o,3o
0,34
0,42
Rapport ^^,
. .
.
0.75
0,76
0,76
1,25
l^-»PP°'-' sO""t.
(soufre
■ pc
rox.
0,80
0,73
0,77
0,72
Coeflicient de dcmiiK-ra
lisal
lion .
0.61
0,55
0,45
0,60
InlerpicUitloii des résultais. — 1° L'élaboration de la matière azotée est
augmentée par les trois composés minéraux du phosphore : à cet égard,
c'est le sel neutre qui a la moindre influence ; celle-ci augmente progressi-
vement avec l'acidité de la molécule. Le rapport azolurique indique une
élaboration moins parfaite de l'albumine quand celle-ci est détruite en
plus grande proportion. Comme les animaux prennent sensiblement la
même alimentation, il résulte, de cette destruction plus intense de l'albu-
mine, une moindre augmentation de poids atteignant son maximum avec
, . , . . P-0^ SO^
1 acide phosphorique. L'abaissement des rapports — j — ^^ ~â — paraît indi-
quer une épargne relative des albumines phosphorées et les plus riches
en soufre. Rappelons qu'avec l'acide chlorhydrique et les acides orga-
niques, nous avions obtenu un ralentissement de destruction de la matière
azotée, un abaissement du rapport azoturique et une désagrégation plus
intense des composés phosphores et sulfurés.
2° Le coefficient d'oxydation du soufre est augmenté par PO'H^ et un
peu moins par ses dérivés. Il ne suit donc pas les variations du rapport
azoturique, ce qui semble indiquer que la partie sulfurée de la molécule
albuminoïde ne se désintègre pas toujours par le même processus chi-
mique que sa partie azotée.
3° La déminéralisation de l'organisme n'a pas été augmentée par PO'H^
comme elle l'est par l'acide chlorhydrique et les acides organiques. Le
phosphate acide et, surtout, le phosphate neutre de soude diminuent, au
contraire, notablement la perte des éléments minéraux.
4° Les moindres volumes d'urine éliminés correspondent au phosphate
trisodique. L'alimentation étant la même, nous avons pensé que ce dernier
sel provoque une plus grande fixation d'eau par les tissus. Un mélange en
proportions équivalentes de foie, de muscle et de rein prélevé sur les
témoins et sur les animaux recevant le phosphate neutre a donné, à la
l4/|2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dessiccation, ^3 p. loo d'eau cliez le témoin et 74,63 chez Tanimal en expé-
rience.
PHYSIOLOGIE. — Influence de t ovaire sur la nutrition. Synergie thyro-ova-
rienne, par MM. Charrix et Jardry, présentée par M. d'Arsonval.
Au cours de la gestation les échanges nutritifs peuvent se modifier,
parfois légèrement se ralentir. C'est tantôt la graisse, qui insuffisamment
élaborée s'accumule et engendre l'oljésité; tantôt une incomplète consom-
mation du sucre provoque la glycosurie ; dans d'autres cas, l'accrois-
sement des acides est susceptible de solubiliser certains principes, de
déterminer des lésions du squelette et exceptionnellement de faire naître
l'ostéomalacie (').
Observation I. — Parmi beaucoup d'autres, quelques analyses d'urines nous ont
montré que, chez de jeunes femmes, au voisinage du terme et soumises à un régime
mixte, le volume quotidien de la sécrétion rénale peut dépasser 1600 (-) et la quantité
d'urée fléchir à 181^'', ij. Parallèlement, des personnes hors de l'état de grossesse et
placées dans des conditions d'existence comparables émettent, en général, moins de
i5oo, mais l'urée s'élève h ■10^'', à -xi^'.
Comme il s'agit de phénomènes en quelque sorte propres à la gestation,
on est conduit à rechercher si, parmi les organes subissant l'influence de
la conception, aucun n'agit sur la nutrition. A ce point de vue et pour
divers motifs, au premier rang figurent les ovaires, qui à leur rôle de
glandes externes de plus en plus paraissent ajouter des attributs de sécré-
tion interne localisés dans le corps jaune ou le tissu conjonctif (Frœnkel,
Prenant, Regaud, Ancel, Bouin, etc.). D'ailleurs, l'expérimentation met
en lumière l'influence de ces glandes surles échanges cellidaires.
Expérience A. — Chez i lapines on pratique une double ovariotomie (^) et, la gué-
rison achevée, on recueille leurs urines. Or, tandis que, par ■i'y^\ l'urée des fenudles
A;TJ
normales, vivant de la même façon, avoisine o,63 et . _,., 0,^8, les chiffres de ces opé-
rées sont respectivement o,5'i et, pour ce rapport, o,G^.
(') D'après nos recherches, semblables à celles de Zanda, c'est en partie à la démi-
néralisation du système nerveux qu'est attribuable l'excès de sensibilité des femmes
enceintes aux intoxications d'origine externe (strychnine) ou interne (éclampsie, etc.)
(-) A ce sujet, les causes de variations sont nombreuses; suivant l'espèce, le
régime, etc., il est possible de constater une faible oligurie.
(•') La persistance d'un minime fragment peut vicier le? résultats.
SÉANCE DU l8 JCIN I90G. l44'^
Dans l'espèce humaine cette doiiljle castration tend à enti'ainer des résul-
tats nettement comparables.
Observation II. — On impose les mêmes conditions d'existence à une femme de
•29 ans, pâle, plutôt grasse, ovariotomisée depuis 4 ans et, d'autre part, à l'une de ses
sœurs, âgée de ii ans, bien portante, sans tare appréciable.
L'analyse révèle que, chez la première, l'urée de la journée se maintient au-dessous
de 20 S"' et, chez la seconde, atteint 216'', 85.
Cette proportion ne dépasse pas iSs'' chez une seconde ovariotomisée, opérée depuis
2 ans et paraissant en bonne santé.
Ainsi, durant la gestation Factivilé des mutations nutritives s'atténue;
d'un autre côté la suppression des ovaires modifie ces mutations dans le
même sens. Par suite, comme au cours de la grossesse, ces ovaires sont
en cpielque sorte partiellement supprimés, il est permis de rapporter à
cette partielle disparition le ralentissement des échanges qu'on peut
observer pendant la gestation.
Du reste, grâce à une méthode inverse, où l'addition remplace la sous-
traction, il est possible de faire pour ainsi dire la preuve de la réalité de
ces phénomènes.
Expérience B. — Durant 8 jours, à 10 cobayes on injecte, sous la peau, 1'="^ d'une
solution aqueuse et salée d'extrait ovarien, soit 0,01 du parenchyme d'un ovaire de
jument. Chez % autres cobayes on fait pénétrer de semblables volumes de sérum artifi-
ciel (').
En dépit des excitations qu'imposent à la désassirailation les sels minéraux de ce
As. U.
sérum, par animal et par 2'|ii, l'urée de ces deux témoins se limite à oS'','i3, . J ,.,' à 0,70
et la perte de poids à 5^''. En revanche, tous supérieurs, les chiffres correspondants de
ces 10 cobayes traités s'élèvent à o,',2, pour le rapport azoturique à 0,7', et 3i pour
l'amaigri sseni en t.
En administrant de l'ovaire de vache (-), en 2 semaines et par tète, 3 cobayes ont
perdu g]^', pendant que des témoins, soumis à l'influence de l'eau salée, n'ont diminué
que de 76''.
(') Ce sérum est simplement, suivant l'usage, une solution aqueuse de matières miné-
rales (dans l'espèce r,.'» de chlorure de sodium par litre), mais, en dépit du terme sérum,
il ne contient pas d'albumine.
(-) La provenance des principes utilisés imprime parfois aux résultats quelques
variations, variations qui dépendent aussi d une série de facteurs (voies d'entrée, rapi-
dité, surtout nombre des injections ou ingestions, à d'autres égards état de la nutrition,
des réactions, etc., de la femme observée).
l444 ACADKMIK DES SCIENCES.
Chez la femme enceinte, Tingestion d'ovaire engendre de semblables
effets.
OnsEBVATiON III. — Toul eii iiiainlcnant le même régime, quotidiennement on fait
prendre à des femmes, près du terme, des produits ovariens. Or, durant les journées
qui suivent, l'urée passe de i8 (dose constatée avant ces ingestions) à ■j.'i^'' et le coeffi-
cient azoturique de o,83 à o,8g.
Donnée intéressante, au point de vue de cette action sur les échanges,
le corps thyroïde est apte à remplacer les glandes génitales.
Obseuvation IV. — Une femme enceinte ingère une dose quotidienne de 5?'' d'extrait
thyroïdien; dès la quatrième journée l'urée des a'i'' de i9S'',8o s'élève à 22S'',',5.
L'hyperfonctionneinent de ce corps thyroïde peut suffire à déterminer
de tels effets.
Obseuvation V. — Chez une femme au voisinage de l'accouchement et paraissant
en assez bonne santé, une maladie de Basedow a provoqué une légère hypertrophie thy-
roïdienne. Or, cette personne émet 236'', 70 d'urée, quantité quotidienne supérieure à la
moyenne habituellement enregistrée.
On voit donc que, si la mise au repos ou l'ablation des ovaires ralentis-
sent les mutations nutritives, par contre l'introduction dans l'économie de
proportions relativement considérables de tissu ovarien accélère ces
mutations. D'autre part, à cet égard, il est manifeste que le corps thy-
roïde est susceptible de suppléer ces organes.
Ces données trouvent leur application au cours de la grossesse, qui
naturellement amoindrit le fonctionnement ovarien, fréquemment atténue
l'activité de la nulrilion et fréquemment aussi s'accompagne d'une minime
hypertrophie ou tout au moins d'une sorte d'excitation physiologique de
l'appareil thyroïdien. D'après nos propres recherches, rapprochées des
travaux de Guiyesse et des faits de Théodossiew, il semble même que les
capsules surrénales peuvent prendre part à ce complexus (').
Ainsi, pour mieux accomplir leur mission relative au maintien de l'inté-
grité des mutations nutritives, ces organes, ces glandes internes, parais-
sent reliés par de véritables synergies.
(') A ce sujet, rappelons (notions encore vagues) qu'on a parfois signalé des modifi-
cations de l'hypophyse, du corps piluitairo (Fischera), en rapport avec l'état de l'apiia-
reil utéro-ovarien ; rappelons aussi qu'on a indiqué des relations du liiymus et des testi-
cules (Patoii, Anderson), etc.
SÉANCE DU l8 JUIN I906. l445
BOTAiMQUE FOSSILE. — Caractéristiques du stipe de ^'Adelophylon
Jutieri B. R. ('). Note de M. Paix Bertrand, présentée par M. R. Zeiller.
Les caractéristiques du stipe de VAdelojj/iytoii Jutieri B.R. peuvent
s'énoncer ainsi qu'il suit (•) :
I. — Un anneau libéro-ligneux normal discontinu; cet anneau est jalonné par
8 groupes anastomotiques, qui se succèdent dans l'ordre :
7! — G, n — i, n — 8, Il — 'j, n — ■->., n — ", n — î, n — i,
8
le cycle étant il = - — dexlre.
Le groupe n — i ne contient que du liber ; tous les autres groupes contiennent du bois
et du liber. A ces 8 groupes s'ajoutent 5 masses réparatrices simples exclusivement libé-
riennes, qui s'intercalent dans les intervalles : i, 'i, 1, G, 7 ; la seconde et la quatrième
sont unies respectivement à la droite de n — 8 et de n — 7 ; les autres sont isolées.
■1. — Il y a une trace foliaire complètement individualisée comme pièce sortante, à la
gauche de chaque groupe anastomotique. Son numéro d'ordre est celui de l'anastomose
diminué de 8 unités, d'nù la succession
n — I '1, n — -II, " — iG, n — i), n — 10, n — i 5, n — li, n — 9.
.3. — Chaque trace foliaire individualisée comprend une masse libérienne
et une masse ligneuse; le bois est placé en avant du liber sur le même
rayon; il consiste en 5 îlots de trachéides scalariformes : i médian posté-
rieur, 2 latéraux postérieurs, 2 latéraux antérieurs. Contrairement à l'indi-
cation du regretté Renault, il n'y a pas de trachées dans ces'groupes : ils sont
apolaires ; ils sont unis entre eux par des fibres primitives épaissies. Le
liber, séparé du bois par des éléments sclérifiés, l'orme un îlot unique, à
protophloème central, à éléments périphériques disposés en séries rayon-
nantes, donnant l'impression d'une zone cambiale ; cet alignement est déter-
miné par des conditions mécaniques : il n'y a ni bois, ni liber secondaires.
.|. Chaque ensemble anastomotique, à l'exception du groupe n — i, comprend une
masse libérienne et une masse ligneuse; la masse ligneuse représente la totalité du bois
d'une trace foliaire^ individualisé dans toutes ses parties, avec ses 5 îlots de trachéides
scalariformes. La masse libérienne est constituée par les masses réparatrices droite et
(') B. Renault, Sur un noui'cau genre de tige fossile. {Bulletin de la Société d' Histoire
Naturelle d'Autuu, 1900, pages /|0:j à \-i\, planches VI à X.)
(■-) Ces caractéristiques sont tirées des préparations i à 10 de la boîte 19'j de la col-
lection B. Renault, en particulier de la préparation i ; cette coupe du stipe a été collée
sur le slide par sa face supérieure et doit être être retournée pour l'examen.
l446 ACADÉMIE DES SCIENCES.
gauche, RJ et R* du liber de la trace foliaire. Ce n'est qu'à un niveau plus élevé, là où
elle quitte l'anneau libéro-ligneux, que le liber de la trace s'individualise définitivement.
Il y a -21 cordons libériens réparateurs à parcours sinusoïdal, savoir : 8 anastomoses de
■j. cordons et 5 cordons simples,
5. — Il n'y a qu'une seule masse réparatrice ligneuse; elle est isolée à
l'intérieur de lanneau libéro-ligneux ; elle est désignée parla lettre a sur
la figure i, planche VII, de Renault ; elle détache suivantle rayon une masse
ligneuse plus grosse que la portion restante : c'est le bois de la trace
foliaire n — i ; ce bois, déjà individualisé, viendra se placer devant le
groupe anasloinotique n — i, reproduisant ainsi la structure des 7 autres
groupes. La portion restante, comprise entre les lettres b ci c sur la
figure I, planche VIII, de Renault, est une masse de ])ois pleine, à éléments
scalariformes courts, à l'état d'apolairo, qui donnera successivement les bois
des traces foliaires /;, n -\- \, etc. Nous avons là un cordon ligneux répara-
teur unique à parcours hélicoïdal, qui tous les 137° 8' 34' émet le bois d'une
nouvelle trace foliaire. C'est encore, si l'on veut, un sympôde formé par le
prolongement et la fusion des bois de toutes les traces foliaires. Avant de
donner le bois de n — i, ce sympode avait donné le bois de n — 2,
désigné par la lettre a sur la iîgure i, planche VII, de Renault, celui de
n — 3, etc.
G. — Il n'y a pas de gaine casparj^enne caractérisée autour de l'ensemble de l'anneau
libéro-ligneux ou de ses parties constituantes.
^. — Le tissu central, qui remplit l'espace vide entre le synjpode ligneux réparateur
et l'anneau libéro-ligneux, est presque entièrement détruit. Il est différencié en cellules
vasiforines au conlact de l'anneau et des masses ligneuses intérieures.
8. • — L'anneau libéro-ligneux est revêtu extérieurement par une gaine
mécanique épaisse, qui forme le véritable tissu de soutien du stipe. Ses
éléments sont disposés radialement dans sa partie périphérique, oii ils for-
ment un liège interne diffus. La gaine mécanique se prolonge autour des
traces foliaires et les accompagne dans leur traversée des tissus corticaux.
Ces traces foliaires dessinent 8 hélices secondaires senestres, dont le qua-
trième et parfois aussi le troisième terme font saillie à la surface de la
gaine, donnant à celle-ci un contour étoile.
9. — La surface même du stipe n'est pas conservée ; on trouve seulement quelques
lambeaux de liège au fond des dépressions où viennent aboutir les traces loliaires. La
totalilc du lissu fondamental compris entre la gaine mécaniquf: et le liège superficiel est
un tissu aérifére étoile, indiquant une plante très aquatique.
SÉANCE DU l8 JUIN ipoG. l447
lo. — Aucune plante actuelle n'offre une organisation semblable, (^est
celle des Fougères qui s'en écarte le moins, justifiant par élimination le
rapprochement proposé par B. Renault. Cet exemple montre une indépen-
dance relative du bois et du liber, qui n'est atteinte nulle part ailleurs.
HÏDROLOGIE. — Sur la rapidité de l'érosion torrentielle.
Note de M. E.-A. Martel, présentée par M. Albert Gaudry.
J'ai noté dernièrement [Comptes rendus, 5 mars 1906) que le grand
canon du Verdon parait être très jeune et que son approfondissement se
poursuit encore rapidement.
Depuis longtemps, une autre localité m'avait frappé quant aux change-
ments manifestes qui s'y sont produits au cours de quelques années seu-
lement ; c'est la perte et la rivière souterraine de Bramabiau (Gard) que
j'ai décrites ici même [Comptes rendus 4 décembre 1888). Depuis 1884, je
m'y suis rendu dix fois et, dès 1897, avec mon collaborateur M. F. JMazauric,
j'avais remarqué des altérations fort nettes en divers points, principale-
ment à la sortie de la caverne, par où réapparaît le cours d'eau.
Ma dernière visite (28 mai 1906) m'a montré que, depuis 1900, en six
années, il est encore survenu desmodifications vraiment profondes.
A la partie supérieure, l'issue du tunnel de la Baume (depuis longtemps abandonné
par le torrentj a continué de se démolir si activement, par suite de 1 inliltration des
eaux fluviales, qu'on ne peut plus approcher du bord du précipice sur lequel il débouchait.
A la sortie de Bramabiau, un éboulement a emporté le sentier qui accédait à la grande
diaclase par où la rivière reçoit le jour ; dans cette diaclase, les crues souterraines ont
dégradé les strates formant corniches naturelles d'accès (sur -ioo" de profondeur;, où
l'on avait posé en 189g des mains-courantes et garde-fous en fer, qui n'existent déjà
plus ; enfin la grande cascade, par où le Bramabiau effectue son septième et dernier
bond souterrain n'est plus reconnaissable, si l'on conjpare les photographies de 1884 et
même de 189g avec celles de iyn6. 11 y a vingt-deux ans, cette chute s'épanchait en arc
de cercle par-dessus une saillie du rocher formant tablette convexe ; maintenant, et à
i'oluine égal d'eau, elle est logée tout entière dans une rigole en gouttière, profondément
excavée sur la rive droite de la saillie, tablette dont tout le surplus est à sec. La cascade
large tend à se transformer en rapide étroit.
Tout ceci n'a rien de particulier en ce qui touche les effets bien connus
de l'usure des roches par érosion mécanique : mais le point de vue nouveau
peut-être, c'est que la friabilité et la fissuration extrême des calcaires bruns
de l'infra-lias à Bratnablau permet à ces effets de se produire avec une
C. R., 1906, 1" Semeslie. [T. CXTll, Nogl.) 1 89
l44^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
rapidité très grande et qui n est pas plus exceptionnelle que celle des deux
classiques exemples du Simeto (Sicile) et du Niagara. Il importe en effet
de la mettre en parallèle avec ce qu'on a observé, en ces dernières années,
aux endroits suivants :
1° Marmites de la Maigrange à Fribourg (Suisse) creusées en aS ans
(1872-1897) dans la mollasse (/. Brunhes).
1° Canon de 98" de long sur i™,37 à 3", 7 de profondeur, creusé en
36 heures par un orage et une crue (i4-i5 avril 1900) dans les marnes et la
dolomie de la rivière Schlocke à Schmarden, près Riga [B. Dosz).
3° Enlèvement d'un énorme rocher au pont naturel de Ponadieu (Alpes-
Maritimes) par l'orage du 16 octobre 1886 (.1, Guébhard) .
4° Perte de plus en plus sensible du Danube à Immendingen [Quenstedt,
Enciriss, Penck).
5° Approfondissement de cent mètres, exécuté de 1850 à 1890, par le
torrent de Rovana (Tessin) au pied de la terrasse de Campo (prof. Heim).
6" Élargissement des fissures amont du gouffre de Gaping-Gliyll
(Yorkshire) qui, de iSgSà 1903, amis presqu'à sec (par érosion régi-esoive)
le puits principal de l'abîme oii s'engloutit le ruisseau de Fell-Beck
[Cuttriss).
7° Déblaiements réalisés, par les crues de 1903, dans les couloirs sou-
terrains de l'abîme d'EastwaterSwallet, près Wells, Som.evsQ\.{M.Balcli), etc.
Il serait facile de multiplier ces exemple^. Ceux-ci suffisent pour impo
ser la conclusion suivante.
S'il est des cas et des roches dures et homogènes, où les effets de
l'érosion demeurent pratiquement non enregistrables par les mesures de
temps humaines, il y a par contre nombre de sites, où la fissllité et
l'inconsistance de la pierre permettraient de constater matériellement ces
effets au cours même de quelques années.
Par conséquent, et comme on le l'ait depuis longtemps pour la recher-
che des crues et décrues des glaciers, il importerait d'établir, par des
moyens faciles à organiser, et là où les conditions lithologiques et hydrau-
liques s'y prêteraient le mieux, des stations d'observations photogra-
phiques et autres, sinon permanentes^ du moins périodiques pour les
altérations érosives des cours d'eau. Il est superflu d'insister sur les pré-
cieuses indications que de pareilles constatations fourniraient pour la
meilleure utilisation des torrents, des rivières torrentielles et de la fameuse
houille blanche, ainsi que pour la sauvegarde de certains travaux publics ;
SÉANCE DU l8 JUIN I906.
1449
en mainte circonstance notamment, on pourrait ainsi prévoir, éviter, cor-
riger les conséquences de changements de biefs, déplacements de cours,
obstructions de lits, destructions d'accès, transformations de débits, dis-
paritions de barrages naturels, etc. Bref ce serait un appoint de plus,
et précisément dans les points particulièrement préjudiciables par la rapi-
dité de leurs altérations, pour le plus complet asservissement économique
de Veau, cette rebelle et toute-puissante force, contre laquelle la lutte
industrielle et hygiénique doit se poursuivre de plus en plus opiniâtrement.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la polarisation du ciel pendant les éclipses du
soleil. Note de M. N. Piltscuikoff, présentée par M. Mascart.
J'ai trouvé que pendant la phase totale de l'éclipsé du 3o août igoo la
polarisation du ciel à Philippeville (Algérie), mesurée à 90" du soleil dans
le plan vertical qui passe par le soleil était nulle (').
Ce phénomène, qui parut au premier abord inexplicable, est très simple.
L'étude expérimentale des milieux troublés m'a donné des résultats en
parfait accord avec la théorie que je vais exposer.
Le photopolarimètre placé dans l'ombre de la Lune reçoit deux espèces
de faisceaux lumineux :
1° Le faisceau d'illumination transversale, provenant de l'éclairement
du cône d'ombre par la couronne. Ce faisceau est certainement polarisé ;
2° Le faisceau de diffusion, qui provient de l'atmosphère éclairée, en
dehors de l'ombre, dans la direction du polarimètre.
Ce faisceau est sensiblement neutre.
Mais on sait que l'intensité lumineuse de la couronne est de même ordre
que celle de la Lune; le premier faisceau est donc très faible.
D'autre part, l'éclairement par la lumière du ciel peut aller jusqu'à
10 p. 100 environ de l'éclairement direct du Soleil; le deuxième faisceau est
donc beaucoup plus intense.
La polarisation du premier faisceau est ainsi noyée dans une lumière
neutre et l'indication du polarimètre doit être approximativement nulle.
(') CompWs renf/iis, ', septembre i9o5.
X^^
XL.
/f<^^ -
,'.o,
^•^ô-^"
^1»
^/o ^
y
?-5
V-
Ml>
X/,!/,
-/ t»\
l45o ACADÉMIE DES SCIENCES.
A 4'' ï/2 l'Académie se forme en Comité secret.
COMITÉ SECRET.
La Section de Physique présente la liste suivante de candidats à la place
laissée vacante par le décès de M. Curie:
En première ligne M. Gernez.
„ , ,. .,,,-• ( M^^ Bouty.
Jin seconde hfine, par ordre alphabétique. . '
" ' ' ' ( Pellat.
' MM. André Broca.
En troisième ligne, par ordre alphabétique. ] Perot.
(
Les titres de ces candidats sont discutés.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
La séance est levée à 6 heures.
Villard.
M. B.
HRRA TA
(Séance du 5 juin 1906.)
Note de M. Em. VJgouroux : Action du chlorure de silicium sur le nickel.
Page i'^7i, ligne u, au lieu de Si''Cl lisez SiCl'.
— i5, — innueiire — ■ indillerence.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 23 JUIN 1906,
PRÉSIDENCE DE M. H. POINCARÉ.
MEMOIRES ET COMMUNlCAT!Oî\'.S
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
MM. J. Ja\ssex et H. Becquerel sont désignés pour représenter l'Aca-
démie aux fêtes du quatrième Centenaire de l'Université d'Aberdeen, qui
commenceront le 25 septembre 1906.
CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur la formation des combinaisons endothermiques
aux températures élevées ; par M. Berthelot.
1. C'est une vérité regardée jusqu'ici comme fondamentale en Chimie
que les combinaisons chimiques susceptibles d'être produites directement,
le sont en général avec dégagement de chaleur (combinaisons exother-
miques); tandis que sous l'influence d'une élévation progressive de tem-
pérature elles finissent par atteindre un point déterminé où toute combi-
naison (exothermique et endotherniique) se décompose : tantôt d'une
façon totale et sans retour, lente ou subite; tantôt par degrés, à mesure
que la température s'élève davantage, mais avec réversibilité (dissociation),
si la température vient ensuite à s'abaisser.
2. Cependant, dans ces dernières années, on a cru pouvoir conclure de
certaines formules de Thermodynamique, extrapolées beaucoup au delà
des limites où elles avaient été vérifiées par l'expérience, que les combi-
naisons chimiques formées avec absorption de chaleur et par voie indirecte
aux températures ordinaires, c'est-à-dire endothermiques, devraient « se
produire sous la seule influence des très hautes températures, et devenir
C. K., igoG, I" Semestre. (T. CXLII, N« 26.) I90
l452 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de plus en plus stables, tout en demeurant endothermiques, à mesure que
ces températures sont plus élevées ».
3. Cette hypothèse revient à admettre qu'il existerait deux ordres
opposés et inverses de stabilité en Chimie. Pour l'appuyer, on a publié
diverses observations relatives aux combinaisons formées, en réalité ou en
apparence, aux hautes températures, et que l'on a supposées, souvent sans
preuve, posséder à ce moment le même caractère endothermique qui les
caractérise à froid.
Quelle que soit l'opinion que l'on puisse avoir sur l'hypothèse, il est
indispensable d'examiner de plus près les faits allégués à son appui, et de
rechercher si ces faits, loin d'être inconciliables avec les notionscourantes de
la Thermochimie, ne sont pas au contraire conformes à ces notions ; et cela ,
sans sortir des lois et des explications présentées de la façon la plus expli-
cite depuis quarante ans comme déduites de l'étude des conditions de la for-
mation indirecte, constatée à basse température, des combinaisons endo-
thermiques.
4. Une première distinction essentielle doit être faite d'abord : celle des
combinaisons actuellement endothermiques, c'est-à-dire décompo sables
avec dégagement de chaleur en régénérant leurs éléments, tels qu'ils exis-
tent à la température ordinaire; mais qui sont au contraire ybr/ne'e^ avec
dégagement de chaleur, c'est-à-dire exothermiques, lorsqu'elles se produi-
sent à haute température.
Cette différence entre le signe des formations, suivant la température,
peut résulter, comme je l'ai prouvé, de l'intervention des quantités de cha-
leur mises en jeu : soit dans les changements purement physiques, tels que
fusion, volatilisation, variation des chaleurs spécifiques des composants et
des composés;
Soildans les changements chimiques et spécialement au cours des con-
densations moléculaires (polymérisations) et phénomènes inverses.
5. Tel est notamment le casde l'acétylène, l'exemple le plus éclatantd'nn
gaz dont la décomposition est exothermique aux basses températures, où il
régénère du carbone solide et polymérisé; tandis que sa synthèse directe
s'effectue au moyen du carbone gazeux et dépolymérisé, vers 3ooo°, condi-
tion susce|)tible de rendre la combinaison exothermique à haute tempéra-
ture ; toutes réserves faites en outre sur le rôle spécial que pourraient jouer
les énergies électriques concourant à son accomplissement.
En somme les propriétés de ce genre de composés, loin d'être en contra-
diction avec les lois thermochimiques ordinaires de la combinaison, en
SÉANCE DU 25 JUIN I906. l453
fournissent au contraire des vérifications remarquables. Aussi n'est-ce pas
sur ces composés qu'ont porté les observations invoquées aujourd'hui à
l'appui de la nouvelle hypothèse. En réalité les exemples cités ne concer-
nent que trois ou quatre corps, savoir l'eau oxygénée, l'ozone et deux
oxydes de l'azote.
6. Commençons par l'eau oxygénée : sa production aurait été observée
dans certaines conditions, en faible proportion d'ailleurs, pendant In com-
bustion de l'oxygène, de l'hydrogène et de divers composés carbonés. Sans
discuter de plus près ces conditions, encore controversées, il convient
d'écarter immédiatement l'exemple de la formation de l'eau oxygénée à
partir de ses éléments comme peu concluant.
En effet, l'eau oxygénée est formée en principe par les éléments
H--hO= = H=0-
avec un dégagement de chaleur notable positif :
-1-47'^=", 3
sous forme liquide; sous forme gazeuse ce chiffre serait voisin de -f- 37*^"',
d'après les analogies.
C'est seulement en supposant la formation de l'eau oxygénée, à partir
de l'eau ordinaire,
H'O-h O = H=0^ — 2iC''i,7
qu'elle deviendrait endothermique. Or, je ne sache pas que l'eau oxvgénée
ait jamais été formée simplement à haute température et sans l'interven-
tion d'énergies étrangères, électriques, ou chimiques simultanées, par
l'action directe de l'eau ordinaire et de l'oxvgène.
En réalité, dans les combustions, l'eau oxygénée (bioxyde d'hydrogène)
n'apparaît que comme produit accessoire à une formation principale d'eau
([)rotoxyde d'hydrogène) : ce qui rentre dans l'ordre des phénomènes
courants de la Chimie.
En effet, lors de la combinaison directe et rapide de deux éléments,
accomplie sans précautions spéciales et sous la pression ordinaire, on
observe presque toujours la formation simultanée de plusieurs des com-
binaisons binaires possibles et connues. Ainsi, dans la combustion du car-
bone par l'oxygène, même employé en excès, cette combustion étant
l454 ACADÉMIE DES SCIENCES.
accomplie sous la pression ordinaire, on obseive à la fois : de l'acide car-
bonique, formé avec dégagement de + 94*^"', 3 ('),
C + 0= = co-
et de l'oxyde de carbone, formé avec dégagement de + 26^^',! :
C + O = CO.
Dans la combustion directe du soufre ordinaire, enflammé à l'air libre,
on observe à la fois le gaz sulfureux prépondérant
S 4- 0>i z= SO^ +69=»', 3
l'anhydride sulfurique en dose notable,
S + 0»=SO^gaz +91='', 9
et même, dans certaines conditions, l'anhydride persuifurique
dont la formation a lieu avec un dégagement de chaleur moindre que
l'acide sulfurique. Ces relations sont, on le voit, comparables à celle de
l'eau oxygénée à l'égard du protoxyde d'hydrogène.
De même, le phosphore brûle en fournissant plusieurs oxydes simulta-
nément; de même le fer et un grand nombre de métaux, etc. C'est donc
là un phénomène très général.
7. Examinons maintenant la formation de l'ozone et celle des oxydes de
l'azote, en nous attachant aux conditions où elles ont été constatées, au
double point de vue physique et chimique.
La méthode employée pour faire ces constatations mérite d'abord atten-
tion : c'est d'ordinaire celle du refroidissement brusque provoqué, par
exemple, au contact du tube chaud et froid, employé autrefois par H.
Sainte-Claire Deville pour démontrer certaines dissociations.
Une certaine masse gazeuse, formée par un corps composé, étant portée
à la température la plus haute possible, on y place un tube métallique au
sein duquel circule un courant d'eau froide, et l'on aspire à l'intérieur de
ce tube, par très petites fractions, le gaz qui l'entoure; ou bien on déter-
mine, à la surface extérieure du tube froid, la condensation des produits
( ') CiiilKjiie diamanl.
SÉANCE DU 25 JUIN 1906. l455
liquides ou solides de la réaction. Dans tous les cas, le refroidissement
Ijrusque a pour objet de faire passer ces produits en un tenaps aussi court
que possible, depuis la haute température atteinte par la masse gazeuse
jusqu'à la basse température du liquide circulant au sein du tube.
Dans ces derniers temps on a imaginé de produire un refroidissement
plus brusque encore et plus profond, en faisant arriver les gaz incandescents
au contact même de l'air liquide.
C'est par ces méthodes que l'on a constaté la formation de l'ozone, et
celle (déjà connue) des oxvdes de l'azote, dans les gaz échaufFés et spécia-
lement au cours des combustions vives.
8. Avant de discuter les conditions chimiques complexes oîi se produisent
ces formations, spécialement dans les combustions, examinons d'abord la
signification thermodynamique véritable du phénomène, signification qui
ne paraît pas élre suffisamment définie pour justifier la préexistence sup-
posée aux hautes températures des produits observés après refroidissement.
J'ai déjà insisté sur ce point; mais, plusieurs observateurs ne paraissant
pas avoir compris la gravité des objections de principe que comporte la
méthode, il est opportun d'y revenir.
Pour obtenir des résultats concluants, il faudrait, je le répète, prendre
une masse gazeuse limitée, homogène, maintenue à une température cons-
tante et uniforme dans toutes ses parties, puis la porter brusquement dans
son ensemble à la basse température, à laquelle on se propose de constater
l'existence des combinaisons supposées préexistantes à une haute tempéra-
ture.
L'expérience n'a rien de chimérique, attendu qu'il s'agit précisément des
comjjosés que l'on constateexister, ou subsister, dans les couches refroidies
d'une faible portion de cette masse; tandis que les autres portions, à mesure
qu'elles sont plus éloignées du tube froid, continuent à présenter toutes
les températures intermédiaires depuis les plus élevées. Les seules expé-
riences approchant de cette condition d'homogénéité et d'uniformité de la
masse entière mise en réaction sont, je crois, celles que j'ai exécutées sur des
volumes gazeux limités, renfermés dans des tubes scellés en quartz, main-
tenus pendant quelque temps à une température constante et uniforme de
iSoo", puis portés subitement en un dixième de seconde de la température
de i3oo° à une température voisine de zéro (').
(') Annales de Chimie et de Physique, 8" série, t. VI, p. 177 et suivantes.
l/jSe ACADÉMIE DES SCIENCES.
Or, dans ces conditions, je n'ai observé ni la transformation de l'oxy-
gène en ozone, ni la formation des oxydes de l'azote, etc.
Quant à la méthode du tube chaud et froid, telle qu'elle a été pratiquée
jusqu'ici, tout ce qu'elle permet de constater, c'est un certain état des gaz
et autres matières recueillies à la plus basse température existant dans une
masse gazeuse considérable, qui n'est ni homogène, ni maintenue à une
température constante et uniforme, ni en équilibre de température dans
toutes ses parties, pendant la durée de l'expérience. Loin de là, elle est
constituée par un mélange tourbillonnant de gaz, offrant d'une façon conti-
nue et dans ses différentes régions toutes les températures comprises
depuis la plus élevée jusqu'à la plus basse.
Ce n'est pas tout d'ailleurs : non seulement il se développe au sein de
cette masse des variations d'état mécanique de toute nature; mais il s'y
produit en particulier des phénomènes électriques, tels que ceux qui ont
été signalés dans l'ionisation des flammes, ou bien encore, tels que ceux .
qui caractérisent l'effluve, phénomènes susceptibles de modifier l'état phy-
sique et chimique d'une portion des systèmes mis en expérience.
Les phénomènes électriques de cet ordre, en particulier, sont suscepti-
bles de provoquer à froid la formation de l'ozone au contact même de la
paroi froide, et non dans la partie portée à la température la plus élevée.
On conçoit d'ailleurs que l'intensité des effets soit, jusqu'à un cer-
tain point, |)roportionnelle à la chute de température entre les régions
extrêmes.
Ajoutons en passant que l'emploi des objets en platine, palladium ou
iridium (tubes, lames, fils), dans des recherches de ce genre ne saurait
guère conduire à des résultats incontestables, à cause des affinités toutes
spéciales que ces métaux possèdent à haute température pour l'oxygène et
les autres gaz et de leurs transformations isomériques multiples et mal
connues.
9. Les réactions chimiques constatées dans les combustions comportent
d'ailleurs d'autres interprétations, alors même que les ]>roduits préexiste-
raient dans les régions chaudes. En effet, au cours de la formation de ces
produits secondaires complexes, il se développe des composés primaires
principaux, qui sont précisément ceux qui engendrent la chaleur et les
hautes températures : tels que l'eau, dans le cas de l'hydrogène; l'acide
carbonicjue, dans le cas du carboneet de l'oxvde de carbone; l'eau et l'acide
carbonique, dans le cas des carbures d'hydrogène, etc. Or, comme on le
SÉANCE DU 2,T JUIN 1906. 1/(57
constate dans une mnllitude de réactions, accomplies soit à froid, soit à
chaud, sur les corps libres, ou sur les corps dissous, à côté des composés
fondamentaux, générateurs de l'énergie qui se manifeste sous forme de
chaleur, on observe qu'une portion de l'énergie chimique ainsi mise en jeu
concourt à former diverses combinaisons secondaires et corps accessoires
et simultanés, souvent endothermiques, corps produits par voie d'entraî-
nement. Ce sont alors les combinaisons primaires qui fournissent l'énergie
spéciale nécessaire, soit comme déterminante d'une autre combinaison
exothermique, soit comme auxiliaire d'une combinaison endolhermique
secondaire. L'intervention dans les combustions de ces mécanismes chi-
miques n'a rien d'exceptionnel ni d'anormal : ils sont, je le répète, du
même ordre que ceux qui interviennent dans la formation, à la tempéra-
ture ordinaire, d'une multitude de combinaisons endothermiques.
10. Soit en particulier la formation de l'ozone, c'est-à-dire la modification
isomérique de l'oxygène, observée dans les flammes.
Une semblable modification isomérique au moment de l'acte de la com-
binaison n'a rien d'exceptionnel; elle est du même ordre que celles
constatées dans les combustions du carbone et du soufre, et même dans les
oxydations de plusieurs métaux. On sait en effet qu'au moment de
sa combustion une portion du soufre prend un état isomérique spécial,
lequel est représenté, après refroidissement de la partie non brûlée, par le
soufre insoluble dans le sulfure de carbone : état que le contact du soufre
avec le gaz sulfureux suffit d'ailleurs à produire expérimentalement, d'après
mes observations. De même j'ai constaté que le carbone amorphe brûlé à
la pointe d'un jet de flamme fournit du graphite. La combustion du dia-
mant lui-même par loxygène pur produit simultanément un peu de carbone
amorphe, comme je l'ai observé après Lavoisier.
La modification isomérique d'un élément au moment de sa combinaison
n'est donc pas un fait anormal. Le changement d'un peu d'oxygène en
ozone l'est d'autant moins que les énergies électriques interviennent
dans un gaz en combustion, comme le prouve l'ionisation bien connue des
flammes. Or ce sont précisément les énergies électriques qui produisent
l'ozone dans l'effluve, et même dans l'arc et dans l'étincelle. Cette produc-
tion d'ozone n'est donc pas attribuableau simple échauffement de l'oxygène
à de très hautes températures, puisque dans les conditions observées
concourent à la fois des énergies chimiques simultanées, capables à elles
seules de former l'ozone par entraînement, et des énergies électriques ca-
l/,58 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pables d'ioniser les flammes : ce concours de diverses énergies se manifes-
tant tant dans les régions chaudes que dans les régions refroidies.
11. Examinons enfin la formation des oxydes de l'azote dans les com-
bustions (hydrogène, carbone, soufre).
Elle s'explique de la façon la plus nette par les mêmes considérations
qui viennent d'être développées. En aucun cas, la combinaison directe de
l'oxygène et de l'azote purs et isolés n'a pu être observée par l'action de
la chaleur seule.
Dans les cas connus où elle a été constatée, elle se produit : ou bien par
le concours des énergies électriques (étincelle, effluve) — phénomènes
d'un ordre différent de ceux que provoque la chaleur seule; — ou bien par
le concours des énergies chimiques simultanées, telles que celles qui inter-
viennent dans les combinaisons directes formées par combustion.
Aussi la combustion de l'hydrogène fournit surabondamment l'énergie
consommée dans l'association de l'azote et de l'oxygène en faibles doses.
Elle y concourt même directement dans une certaine mesure, en formant
l'acide azotique hydraté, que l'on recueille à froid au sein de l'eau con-
densée, lequel est produit avec dégagement de chaleur depuis les éléments.
La formation des oxydes de l'azote pendant la combustion du carbone
serait purement endothermique, s'il n'y avait d'autre énergie présente que
celle de la chaleur. Mais nous avons ici l'énergie énorme mise en jeu par
la formation du gaz carbonique, énergie dont une fraction, minime d'ail-
leurs, est consommée pour la combinaison simultanée d'une partie de
l'azote et de l'oxygène.
En outre, dans ces conditions, comme plus haut, les énergies électriques
sont présentes au sein de la flamme et, dès lors, leurs elfets manifestables
au sein des régions refroidies.
En résumé, aucune observation exacte ne peut être mise en avant pour
établir, en principe ou en fait, que les très hautes températures soient
susceptibles de donner lieu à un renversement des affinités chimiques, en
provoquant la formation directe des combinaisons endothermiques par
simple échauffement; c'est-à-dire sans le concours simultané des énergies
électriques ou chimiques.
SÉANCE DU 25 JUIN 1906. l459
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur le problème généralisé de Dirichlel
et r équation de M. Fredhnlm. Note de M. Emile Picard.
1. J'ai depuis longtemps (') fait l'étude du problème généralisé de
Dirichlet pour les équations linéaires du type elliptique
. , Ô''- U Ô^ Il Ou 7 Ou r
^ ^ dx- ôy- ox ÔY ■'
où a, b, c, f sont des fonctions de x et y. Récemment, M. Hilbert et ses
élèves ont rattaché ce problème à l'équation fonctionnelle de Fredholm.
Ils parlent, à cet effet, d'une certaine solution de l'équation différentielle
devenant infinie en un point. Je voudrais montrer que la question peut
aussi être traitée, sans introduire d'autre fonction que la fonction classique
de Green pour le contour donné.
2. Posons-nous, pour préciser, la question de trouver l'intégrale de
l'équation (i), continue ainsi que ses dérivées partielles des deux premiers
ordres dans un contour C et s'annulant sur C. Pour éviter quelques diffi-
cultés accessoires, je supposerai que C est régulièrement analytique.
Désignons par G(E, -/i; a?, y) l'i fonction de Green, relative au contour C,
c'est-à-dire la fonction harmoiuque en (E,r,) s'annulant sur le bord et
devenant infinie au point (^, y) comme log- (r étant la distance des deux
points). En supposant l'existence de la solution, on déduit de (i)
l X GÇi, rr, ■t,y) dldr, = A(a:, j).
f
oii l'on pose
K-^. y)=-~ fff('-^ ■'' )^-' (^- -^ : ^^ y) ^' ''■'-
L'équation (a) n'est pas une équation de Fredholm, mais on peut facile-
ment, au moyen d'intégrations par parties, passer de l'équation (y.) à
(') On trouvera une bibliographie de la question dans le dernier travail que j"ai
publié sur ce sujet {Acta mathematica, t. XXV).
C. R., 1906, I" Semestre. (T. 0-XLII, N° 26.) I9I
l46o ACADÉMIE DES SCIENCES,
l'équation
où l'inlégrale double a un sens et qui rentre dans le type de l'équation de
Fredholm.
Si nous ne sommes pas dans un cas singulier relatif à celte équation,
nous pourrons obtenir la solution unique répondant à (p). Mais une ques-
tion se présente ici qui demande quelque attention. Pourra-t-on de l'équa-
tion (p) remontera l'équation (a), puis de celle-ci à l'équation différen-
tielle (i)?
On voit facilement que la chose sera possible, si la fonction u(x, y) tirée
de (p) a des dérivées partielles du premier ordre restant finies dans C et
sur C et si elle a à l'intérieur de C des dérivées partielles du second ordre.
Il faut donc établir que la fonction u(x, y) tirée de l'équation fonction-
nelle (p) jouit de ces propriétés. Il en est bien ainsi, si les coefficients de (i)
admettent des dérivées jusqu'au second ordre. On peut le montrer, en
substituant à l'équation (p) une autre équation fonctionnelle qui en est la
conséquence. Posons
/•/ î- N \ (){aG) dil'G) ,/
et ensuite
/,(x,y; s, <:) = j j/{x,y; u, i')f(u, v; s, r,)du(lv.
Notre fonction u{x,y) satisfera à l'équation
( u{x, y)— I j /, (•Ï--, y; s, •;)«(*, a) ih dr,
(y) ,.,.
I = <\,(œ,y) — I J/(.r,y; s, '^)^(s, i) dsd^.
C'est de l'équation (y) que nous déduisons les propriétés indiquées rela-
tives aux dérivées premières et secondes de u, nous permettant de remonter
de l'équation fonctionnelle (p) à l'équation aux dérivées partielles (t). Le
problème |)roposé est donc résolu, si nous ne nous trouvons pas dans un
cas singulier pour l'équation (p).
3. De ce qui précède, on peut conclure que, en gênerai, il existe pour
l'équation (i) (un contour C étant donné) une intégrale ef une seule.
SÉANCE DU 2.5 JUIN 1906. l46l
continue ainsi que ses dérivées partielles des deux premiers ordres à l'inlé-
rieur de G et s'annnlant sur ce contour.
Le mot en général ?,e\'a complètement précisé si, au lieu de (i), on envi-
sage l'équation où figure un paramètre arbitraire k ;
/ N d-ii ô-ii , ( du 1 au ■ \ f
De ce qui précède, il résulte qu'il peut y avoir des valeurs singulières
de k, avec lesquelles le théorème précédent n'est pas exact pour l'équa-
tion (2). Ces valeurs sont les racines d'une Jonction entière. Le cas singulier
relatif à l'équation (i) est manifestement le cas où X- = i serait une des va-
leurs singulières de l'équation (2).
4. Un cas particulier des plus intéressants est celui de l'équation
à- Il d'- u , j.
s^ + j^ + '^^'^Z.
où c{x,y) est positif dans la région considérée. On sait que celte équa-
tion a fait l'objet des recherches de M. H. Weber, puis de M. Schwarz et
de M. Poincaré. En particulier, M. Poincaré a établi que toute intégrale
continue de cette équation prenant des valeurs données sur un contour
était une fonction méromorphe de k ayant des pôles simples en nombre
infini (d'ailleurs correspondant à des valeurs positives de k). Ce beau
résultat est aujourd'hui intuitif, si l'on rattache l'équation précédente à
l'équation fonctionnelle
u{x,y)— — I lc(ç,-i))u(l,-/])G(^,'ri;.T,y)(lldr, = <h(x,y).
La démonstration de l'existence d'un nombre infini de pôles k,, k^, ...,
k,,,, ..., est d'ailleurs immédiate, quand on est assuré à l'aAance que u,
regardée comme fonction de k, ne peut avoir que des pôles simples. On
peut suivre la même marche que j'ai suivie, pour le cas d'une seule va-
riable, dans le Tome III de mon Traité d'Analyse (p. I25). Aux différents
pôles kl correspontlent des intégrales de l'équation
d'^ u d'- u ,
-T—. -I- 1"^ + kjCU — o
d-r- Oy- '
s'annnlant sur le bord (et non nulles identiquement). J'ai montré autre-
fois, à ce sujet, qu'à la première valeur singulière k^ ne correspondait
(qu'une seule intégrale de celte nature (à un facteur constant près). On sait
l462 ACADÉMIE DES SCIENCES.
qu'il n'en est |)a.s nécessairement de même pour les autres valeurs singu-
lières (').
RADIOACTIVITÉ. — Sur la radioaclivité des gaz qui proviennent de l'eau des
sources thermales. Note de MM. P. Curie et A. Labordk, communiquée
par M. Lippmann.
Dans une publication antérieure (*), nous avions indiqué quelques
sources naturelles d'où se dégageaient spontanément des gaz radioactifs;
et nous avions classé ces sources d'après leur radioactivité qui avait été
déterminée quantitativement.
Nous avons étudié de nouvelles sources thermales, et, pour quelques-
unes de celles dont les gaz dégagés spontanément se sont montrés le plus
radioactifs, nous avons recherché la radioactivité de l'eau recueillie au
grilTon de la source.
La radioactivité des gaz a été déterminée par la méthode de mesure
électrique décrite antérieurement (').
Pour extraire des eaux l'émanation radioactive qu'elles renfermaient en
dissolution, nous avons fait bouillir ces eaux dans un ballon de 5' muni
d'un réfrigérant ascendant, de telle façon que les gaz chassés par ébuUi-
tion pussent être recueillis sur le mercure; quand l'eau étudiée était forte-
ment chargée d'acide carbonique, nous empêchions ce gaz de se dégager
en plaçant de la potasse dans le ballon.
Nous avons laissé bouillir ainsi les eaux pendant i heure environ, et, à
plusieurs reprises au cours d'une opération, nous avons fait passer dans le
ballon un courant d'air non radioactif qui avait pour but d'entraîner par
barbotage les dernières traces d'émanation qui pouvaient subsister dans le
liquide ou dans l'espace libre des tubes de dégagement. Les gaz ainsi
recueillis ont été introduits dans un condensateur cylindrique à anneau de
garde et leur radioactivité a été mesurée |)ar la méthode du quartz piézo-
électrique.
( ' ) J'avais déjà mentionné, dans une Note anlorieiire ( Comptes rendus, 9 avril 1906),
diverses applications à la Physique niathéniati(|ue de l'équation fonctionnelle tle
M. l'redholni. J'ai eu roccasion cette année dans mon Cours d'en indiquer encore
d'autres; je les développerai ailleurs.
( = ) Comptes rendus, t. CXXXVIIl, p. ii5o.
(') Loco cilalo.
SÉANCE DU 2.5 JUIN 1906. 1463
Nous avons pu dresser ainsi un Tableau dans lequel figurent les résultats
des anciennes et des nouvelles déterminations. Comme j)récédemment,
nous avons indiqué dans ce Tableau les valeurs du courant (« . 10^ en unités
électrostatiques) que l'on obtient dans un condensateur cylindrique déter-
miné 4 jours après que le gaz étudié a été recueilli à la source ; nous avons
également fait figurer dans ce Tableau des nombres qui définissent la
quantité d'émanation contenue dans les gaz ou dans les eaux étudiés :
cette quantité d'émanation est facile à connaître quand le condensateur
cvlindrique utilisé a été étalonné une fois pour toutes avec de l'émana-
tion du radium (' ).
Cet étalonnage a été effectué récemment dans de très bonnes conditions
par M""* Curie, au cours d'un travail qui n'est pas encore publié : les ré-
sultats obtenus par M™^ Curie nous ont conduits à modifier les nombres
fournis à ce sujet dans notre première communication, car ces nombres
avaient été déterminés à la suite d'expériences faites avec des solutions de
bromure de radium dont le titrage était, à notre insu, entaché d'erreur.
D'après M™^ Curie, i^ de bromure de radium pur dégage en i heure une
quantité d'émanation capable de provoquer, dans un condensateur cylin-
drique de 45o™' (longueur du condensateur : 12*^", 65; diamètre du cy-
lyndre extérieur : 6'^'"8; diamètre de la tige intérieure: ©''"',28), un courant
de saturation maximum (3 heures après l'introduction de l'émanation
dans le condensateur) de 1,21.10* unités électrostatiques. Ces mesures
ont été faites à i5° C. et à la pression atmosphérique normale.
A l'aide de ces données, nous avons pn calculer que, dans nos appareils,
un courant de saturation de i unité électrostatique est produit par la quan-
tité d'émanation que dégage i™^ de bromure de radium pur en 4-95 mi-
nutes, ce courant étant mesuré qnand l'émanation a atteint son état
d'équilibre de régime avec la radioactivité induite qu'elle crée.
Dans le Tableau ci-;iprès nous avons fait figurer :
A la colonne 1 : la dale de rexlraclion (mois et année);
A la colonne 2 : le courant de saturation j.io' produit par 45o'^'°° de gaz dans un
condensateur cylindrique de 45o'^"'', 4 jours après l'extraction, à i5°C. et à la pression
atmosphérique normale;
A la colonne 3 : le nombre («) de minutes pendant lequel il faudrait laisser séjour-
ner i"'ô de bromure de radium pur dans 10' d'air pour obtenir le même courant dans
notre appareil qu'avec les gaz étudiés;
(' ) Loco cltato.
l464 ACADÉMIE DES SCIENCES.
A la colonne k : le courant i^ X lo' produit dans notre appareil par l'émanation
extraite de lo' d'eau âgée de ^ jours;
A la colonne & : la quantité d'émanation présente dans lo' d'eau âgée de 4 jours,
cette quantité d'émanation étant exprimée comme dans le cas de la colonne 3 par le
temps (rt|) pendant lequel i^s de bromure de radium pur produirait cette émanation.
1.
Date
de
Nom de la source. l'extraclion.
Badgastein (Autriche): source Gra-
benbacker 4-04
/ Source Vauquelin .. . i-o4
» » ... 3-o5
Plombières i Trou des Capucins. . . 3-o4
(Vosges), j » »... 8-o5
Source n" 3 i-o4
» n° 5 i-o4
Galdellas (Portugal) 4-o5
Bains-les-Bains (Vosges) B-o4
Aix-les-Bains (Savoie) : source
d'Alun ( ' ) 2-0.5
Aix-les-Bains (Savoie) : source
d'Alun 8-o5
/ Source du Trou-
Dax (Landes). } des-Pauvres. . . . ii-o4
( Source la Néhe. . . ii-o4
Ax ( Ariège) : source Vignerie io-o5
Bagnères-de-Bigorre ( Hautes-Pyré-
nées) io-o5
Bourbon-Lancy (Saône-et-Loire) :
source Le Lymbe i-o5
Maiziéres (Saône-et-Loire) i3-o4
Luxeuil l Bain des Dames.. 2-o4
(Haute-Saône). ) Grand Bain 2-o4
Néris ( Allier) 3-o4
Bagnoles-de-l'Onie 2-o4
Salins-Moutiers (Savoie) i-o4
Contrexéville (Vosges) : source du
Pavillon 2-o5
La Roche Posay (Vienne) 3-o5
2.
3.
Gaz.
4. 5,
Eaux.
36o
47
52
21
»
28
'7
16
16
i3
i3,3
2,6
10,6
10,6
9,6
))
»
5,17
»
n
5,72
44,6
0,22
2,3l
))
»
»
94,5
0,46
3,19
»
»
3,08
»
»
.,82
»
»
.,76
»
))
1,76
56
0,27
1,43
3i,7
0, i5
1,46
»
)>
0,28
»
»
i,iO
»
»
16
9.3
i,o3
20, 12
0,099
6,78
0,74
»
»
5,70
0,62
))
»
2,3
0,20
»
»
4,2
0,46
»
»
3 , 3
o,36
))
»
3
0,33
)>
))
»
))
10
0,049
»
)>
10
0,049
(•) La radioactivité des sources d'Aix-les-Bains a été observée pour la première
fois pa>" M- G. -A. Blanc {Phil. Mag., janvier igoS).
SÉANCE DU 25 JUIN 1906. l465
Caulerels ( Haules-Pyrénées) : sources César, des OEufs, Le Bois, La Raillère; Eaux-
Chaudes (Basses-Pyrénées) ; Eaux-Bonnes (Basses-Pyrénées); Mont-Dore (Puy-de-
Dôme) : sources Bardon, Madeleine; Laraaiou (Hérault); Royat (Puy-de-Dôme);
Ogeu (Puy-de-Dôme); Source inlermillente (Ailier); Larderello (Italie) =; j^a^ dont
la radioaclu'ité correspond à j. io^-< 3.
Alet(Aude); Ciiàtel-Guyon (Puy-de-Dôme); Monlbrun-les-Bains; Pougues Saiiil-
Léger (Nièvre); Vichy (Allier) : sources Boussange, Gélestins, I^ucas, Hôpital,
Grande Grille, Chomel ; Forges-les-Eaux (Seine-Inférieure) ; Sainl-llonoré-les-Bains
(Nièvre); Spa (Belgique) ^^ gaz dont la radioactii,'ité correspond à i. io'<; i.
Vichy (Allier): sources Chomel, Grande Grille; Vittel (Vosges); Evian (Haute-
Savoie) : source (Rachat =: e««.i" dont la radioactivité correspond à ii-io^ ■<_?>.
Les nombres qui figurent aux colonnes 4 et 5 se rap|Jortent tous à des
eaux qui contiennent de l'émanation du radium au moment de leur extrac-
lion, mais qui ne contiennent pas de sel de radium en dissolution ; en
eflet, nous avons constaté qu'après avoir conservé ces eaux en vase clos
pendant plus de i mois, nous ne pouvions plus en extraire d'émanation
radioactive.
Comme nous avons indique la radioactivité des gaz et des eaux 4 jours
après leur extraction, on peut admettre qu'au griffon de la source elle
aurait été deux fois plus forte.
CHIMIE MINÉRALE. — Action de la vapeur cVeau sur les sulfures au rouge. —
Production de métaux natifs. — Applications aux phénomènes volcaniques .
Note de M Armand Gaijtieb.
La vapeur d'eau qu'émettent au ronge les roches crislalliniennes pro-
fondes (granits, porphyres, diorites, etc.) en attaquant, aussitôt qu'elle
devient libre, les matériaux métalliques de ces roches, en particulier leurs
silicates ferreux, peroxyde ces composés en dégageant de l'hydrogène ac-
compagné de divers autres gaz : oxyde de carbone, acide carbonique,
méthane, azote, etc. ('). Sans insister davantage sur l'origine de ces gaz,
et particulièrement de l'oxyde de carbone, je rappelle qu'en s'oxydant au
rouge aux dépens de l'eau, ce dernier donne de l'acide carbonique en
vertu d'une réaction d'ailleurs réversible (^).
(') Comptes rendus, t. CXXXII, p. 60 et 189.
('^) Comptes rendus, t. CXLII, p. iSSa. La réversibilité de celte réaction avait été
déjà signalée par M. Boudouard {Bull. Soc. chim., ?>" série, t. XXV, p. 48i) et par
l466 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Cette oxydation des silicates et de l'oxyde de carbone par la vapeur d'eau
m'a fait penser que celle-ci pourrait exercer aussi une action de m&me
nature sur les sulfures métalliques et sur l'hydrogène sulfuré lui-même et
donner ainsi naissance aux oxydes, à l'hydrogène sulfuré, à l'acide sulfu-
reux et au soufre lui-même, acide sulfureux et soufre, qui, on le sait,
sortent de la plupart de fumerolles volcaniques. C'est ce que l'expérience a
vérifié au delà même de mes prévisions.
A. Action de la vapeur d'eau, au rouge, sur les sulfures de fer. — S'il s'agit
de pyrites, elles se transforment d'abord par la chaleur en protosulfure Fe S
sur lequel agit la vapeur d'eau.
Dans un précédent travail ('), j'ai montré que le sulfure de fer FeS est
oxydé par la vapeur d'eau dès le rouge à peine naissant; il se change en
oxyde de fer magnétique Fe'O' taiulis que se dégage de l'hydrogène, de
l'hydrogène sulfuré et un peu de soufre provenant de la dissociation de H- S
par la chaleur. Celui-ci disparaît si l'on chauffe plus fortement, en même
temps qu'il se fait de l'acide sulfureux el que l'oxyde de fer se resulfure
en partie.
I^a réaction à température relativement basse est la suivante :
3FeS + 4H^0 = Fe^O* -+- 3H^S + H^
Au rouge à peine naissant, les gaz dégagés contenaient :
H = 76 à 65 ; H-S = 22 à 32.
Telle est l'une des origines de l'hydrogène sulfuré, et, à plus haute tem-
pérature, de l'acide sulfureux et du soufre qui se dégagent à la fois de
presque tous les terrains volcaniques. La vapeur d'eau mobilise donc au
rouse le soufre du sulfure de fer, et sans doute aussi de tous les sulfures
des métaux qui décomposent l'eau.
Nous reviendrons tout à l'heure sur la formation secondaire de l'acide
sulfureux que l'hydrogène sulfuré forme en s'oxydant aux dépens de l'eau.
B. Action de la vapeur d'eau, au rouge, sur les sulfures des métaux cpii ne
décomposent pas l'eau. — On a fait agir la vapeur d'eau sur de la galène
PbS placée dans des nacelles de biscuit. Tout l'appareil ayant été bien
privé ti'au-, on chauffe au rouge vif, en même temps qu'on lance dans le
0. IIahn {Zeitschrifl f. physikat. Chenue, t. XLII, p. 705 ; l. XLIV, p. 5i3, et
t. XLVIU, p. 735). J'y reviendrai.
(') Conijilcs rendus, t. CXXXII, p. 18g.
SÉANCE DU 2^ JUIN 1906. 1/167
tube un courant de vapeur d'eau surchaufTée. Le sulfure de plomb se vola-
tilise lentement, dès le rouge naissant, et va former en ;imont du tube de
belles lamelles de cristaux cubiques. Il ne se dégage sensiblement aucun gaz
sauf une très faible quantité d'acide sulfureux. De la vapeur de soufre
distille et se concrète dans les parties froides du tube.
Ajirès refroidissement dans la vapeur d'eau, on trouve dans les nacelles
du plomb métallique, mélangé d'un peu de sulfure (*).
Les portions de sulfure volatilisé les plus éloignées du foyer conte-
naient une très faible proportion de sulfate de plomb.
La réaction de la vapeur d'eau sur la galène peut donc s'exprimer
initialement par l'équation :
3PbS 4- -jH^O = 3Pb + 2H-S + SO=,
mais l'acide sulfureux (dont on a constaté d'ailleurs directement un très
léger dégagement durant toute la réaction) décompose l'hydrogène sul-
furé, à mesure qu'd se forme (-), suivant la réaction bien connue :
2H=S + S0= = 2H-0 + 3S.
En définitive, en présence delà vapeur d'eau, le sidfure de plomb semble
se dissocier, aux hautes températures en plomb métallique et soufre.
Toutefois, grâce à sa volatilité, une partie notable de sulfure de plomb
échappe à la réaction.
Quant à la très petite proportion de sulfate de plomb qui se dépose dans
les parties les moins chaudes du tube, il provient de l'action secondaire
PbS -f- 2 S0= = PbSO' 4- S,
qui explique le transport apparent de ce sulfate. On sait d'ailleurs, de]>uis
(') os, 4s de ce mélange adonné: l^b=:o,47i5; S^o,oo85; soit 98,2 pour 100
de plomb. Dans celle réaclion, il ne lend à se faire de l'oxyde de plomb que si la
silice ou les silicales sonl présents. On a PbS + H-0 + Si 0^=: PbSi 0^4- W- ■+- S.
(-) Bunsen dit avec raison {Annales de C hiniie et de Physique, 3"= série, l. XXXVIII
p. 268) : « Quoique l'acide sulfureux et le sulfide hydrique ne puissent pas se rencon-
trer sans se décomposer mutuellement, cependant on les retrouve assez souvent tout
près l'un de l'autre dans le même champ de fumerolles ». C'est aussi ce que nous
avons observé dans nos expériences, où le moindre changement du volume des deux,
gaz ou de la vapeur d'eau fait apparaître ou disparaître M- S et varier SO'.
C. K., if,c6, I" Semestre. (T. CXLII, N» 26.) I92
l468 ACADÉMIE DES SCIENCES.
longLemps, que le gaz sulfureux donne au rouge, en présence de la vapeur
d'eau, un peu de soufre et d'acide sulfurique (').
La production de cette faible quantité de sulfate de plomb est encore un
témoignage do la production passagère de l'acide sulfureux et par consé-
quent de l'acide sulfliydrique, ou de l'hydrogène et du soufre, dans l'action
de la vapeur d'eau sur la galène à la température du rouge.
En somme, celte curieuse réaction nous montre la production d'un
métal natif, en partant de son sulfure que la vapeur d'eau semble séparer,
au rouge, en ses deux constituants. L'absence complète de tout gaz (sauf
un peu d'acide sulfureux et une trace d'hydrogène) ne nous semiile ce-
pendant pas devoir faire admettre la simple dissociation du sulfure de
plomb par la vapeur d'eau, aux tem[)ératures élevées.
A ce dernier point de vue, aussi bien qu'à celui de la généralisation delà
réaction, il était intéressant de se demander comment les choses se passe-
raient avec d'autres sulfures de métaux ne décomposant pas l'eau. Il
importait particulièrement de savoir si la vapeur d'eau chasserait au rouge
le soufre des sulfures de cuivre ou d'argent, et mettrait ces métaux en
liberté tels qu'ils se rencontrent si souvent dans la nature, à l'état natif.
J'ai donc fait réagir au rouge vif la vapeur d'eau, sur le sulfure cuivreux
Cu-S, le seul qui soit stable à haute température. Il avait été mis dans une
nacelle de magnésie, placée elle-même dans un tube de porcelaine de
Berlin vernissé sur ses deux faces (-). Après avoir fait soigneusement le
vide dans tout l'appareil, on chauffa le tube au rouge blanc, et l'on y fit passer
un courant de vapeur d'eau surchauffée. Contrairement à ce qui se produit
avec la galène, on constata bientôt un abondant dégagement de gaz acide
sulfureux mélangé d'hydrogène, sans trace d'hydrogène sulfuré. Après
refroidissement, la nacelle fut trouvée contenir une matière noire fondue,
englobant une masse métallique hérissée de courtes aiguilles de cuivre
cristallisé qui venaient pointer à la surface. On put par un broiement
ménagé séparer les deux substances. La matière noire se pulvérise aisé-
ment, le cuivre métallique et brillant s'aplatit et peut être extrait à la
pince. C'est du cuivre rouge brillant cristallisé en feuilles de fougère.
(') DicUonnaire de Chimie pure et appliquée, de Wiirtz, l. II, p. 1607. Il semble
même se fiiire dans celle réaclion une Irace d'oxygène libre, ce qui pourrail expliquer
peul-ètre que, dans certaines conditions, on ait pu trouver un peu d'oxygène dans les
fumerolles volcaniques.
(^) Nous nous sommes assuré que nos lubes, spécialement fabriqués, étaient entiè-
rement imperméables, au rouge vif, aux gaz du foyer.
SÉANCE DU 2 5 JUIN 1906. 1469
La matière noire donna, pour i^, o52 : Cir =1,006; S =: 0,259, compo-
sition qui répond à la formule du sulfure de cuivre CirS dont nous étions
parti : la portion restante avait fondu et restait encore dans la nacelle.
Il s'ensuit que, dans cette réaction, il se fait du cuivre métallique, de
l'acide sulfureux et de l'hydrogène suivant l'équation :
Cu-S4-2H=0 = Cu^ + SO-+2H^ (').
Nous considérons comme certain, étant données les grandes analogies
de l'argent et du cuivre, que l'argyrose Ag^S et les autres sulfures d'argent
donnent naissance, en présence de la vapeur d'eau au rouge, à de l'argent
métallique en vertu de la même réaction. On sait d'ailleurs qu'on trouve
souvent l'argent à l'état natif accompagnant son sulfure, et, dans bien des
cas, il est même associé au cuivre natif, ces deux métaux s'étant produits
simultanément, sans aucun doute, par l'action de la vapeur d'eau au rouge
sur le mélange de leurs sidfures.
C. Action de la vapeur d'eau sur l'hydrogène sulfuré. — Généralisant ces
recherches, il nous a paru intéressant d'examiner l'action que la vapeur
d'eau peut exercer à haute température sur le sulfure d'hydrogène lui-
même. Quoiqu'on sache que ce dernier corps commence à se décomposer,
même un peu avant le rouge, en ses deux éléments, et que le soufre peut
s'oxvder par la vapeur d'eau dès qu'il entre en ébuUition, la présence de
l'hydrogène qui se produit en même temps que le soufre ne permet pas
de préjuger, a priori, des particularités de celte réaction.
A travers un tube de porcelaine ordinaire, muni à son extrémité d'un
petit ballon lubulé bien refroidi pour condenser la vapeur d'eau et rece-
voir le soufre qui peut se former, on fait passer au rouge vif un courant
d'hydrogène sulfuré pur ayàrit barboté îiu préalable dans l'eau bouillante.
Après que ce gaz a chassé à froid, puis à chaud, tout l'air de l'appareil, on
diminue la vitesse d'écoulement et on recueille les "az sur la cuve à mercure.
A la fin de l'expérience et en agissant avec toutes les précautions néces-
saires pour éviter l'accès de l'air, on retire du petit ballon placé à la sortie
du tube de porcelaine une solution d'acide sulfureux tenant du soufre en
partie en suspension à l'état colloïdal, en partie |jrécipité, mélangé d'une
très petite quantité d'acide sulfurique et de composés thioniques. I^es gaa
(') Il se forme en même temps un peu de soufre clù à la réaction connue :
S0^-l-2H«=2H-0 + S,
^àyo ACADÉMIE DES SCIENCES.
avaient la composition suivante, modifiée cvidemmeiU par la dissolution
dans l'eau de condensation d'une partie de l'acide sulfureux qui se forme :
Début. Fin.
SO' 17,0 9,9
H' 82,8 90,0
Azote Irace trace
Ainsi, dans ce cas, comme dans ccKii i!(i sulfure de cuivre, nous voyons
le soufre de l'hydrogène sulfuré qui oxyde au rouge la vapeur d'eau, passer
en majeure partie à l'état d'acide sulfureux, tandis que, dans les deux cas,
l'élément électronégatif est mis en liberté.
La présence de l'acide sulfureux dans les émanations volcaniques
s'explique donc, de la façon la plus simple, par le déplacement et l'oxyda-
tion au rouge du soufre des sulfures par la vapeur d'eau provenant elle-
même des roches, du moins en partie. Il n'est nul besoin, pour s'expliquer
la genèse de cet acide, défaire intervenir, comme on l'a fait le plus souvent
jusqu'ici, l'action de l'oxygène de l'air pénétrant dans les profondeurs et
allant oxyder les sulfures, l'hydrogène sulfuré et le soufre lui-même (').
C'est là une idée tout à fait inutile et inacceptable.
L'acide sulfureux est le produit principal de l'action de la vapeur d'eau
au rouge sur le soufre, sur les sulfures métalliques et sur' l'hydrogène
sulfuré lui-même. L'oxygène de l'eau et des oxydes suffit à la formation
de cet acide. Sa décomposition partielle à ces hautes températures et dans
ces conditions, avec formation d'une faible quantité d'acide sulfurique,
explique même l'existence assez fréquente de ce dernier acide à l'état
libre dans plusieurs eaux d'origine éruptive.
Ou remarquera que la formation d'hydrogène est complémentaire de
celle de l'acide sulfureux et que ces deux gaz se dégagent, en effet, à la
fois par tous les évents volcaniques.
( ' ) L'opinion que je combats ici était celle de Ch. Sainte-Claire Deville. C'est aussi,
encore aujourd'hui, celle de la plupart clos géologues. Je me bornerai à citer à ce propos
quelques lignes de E. Suess, dont personne ne méconnaît la grande autorité en biologie;
il écrit, dans une conférence assez récente, Ueber heissc Quellen, p. 10 : « C'est ainsi
qu'on arrive à la conclusion que les cheminées des volcans sont des régions dans les-
quelles se produisent en grand des phénomènes d'oxydation, et que c'est seulement
dans les horizons supérieurs que se forme une grande partie de ces composés chi-
mi(]ues que nous appelons produits volcaniques; ainsi de nièuie que Vacide sulfu-
reux, ll'acide chlorhydrique et autres combinaisons semblables se produisent seu-
lement au contact de l'atmosphère, ou du moins dans les zones les plus élevées de la
cheminée volcanique, c'est aussi le cas de l'eau, n
SÉANCE DU 25 JUIN 1906. l47I
CHIMIE ORGANIQUE. — Condensation de l'éther ^'^j-diméthylglycidique avec
l'éther malonique sodé. Synthèse des acides térébique et pyrotérébique. Note
de MM. A. Haller et G. Blanc.
Par suite de leur fonction, les éthers glycidiques de M. Darzens (') sont
susceptibles de se comporter à l'égard des composés raéthyléniques sodés
de la forme CHNa(^ _ comme l'oxyde d'éthylène et l'épichlorhydrine (-).
Dans le but de préparer l'éther cyané suivant,
[CH»]= = C - CHOH.CO-C*H'
\CO=C=H^
éther qui devait nous servir de matière première pour une autre synthèse,
nous avons condensé l'éther diméthylglycidique avec de l'éther cyanacé-
tique sodé. La réaction, lente à froid, est complète quand on chaulîe au
bain-marie pendant quelques heures. Malheureusement le produit obtenu,
après lavage et distillation, ne présente aucun des caractères d'un com-
jiosé défini; soumis à des rectifications répétées dans le vide, il bout sans
point fixe entre 100° et 3oo°, en laissant beaucoup de résine.
On réussit mieux en remplaçant l'éther cyanacétique par l'éther malo-
nique. On verse i44® d'éther diméthylglycidique dans de l'éther malonique
sodé, préparé en ajoutant une dissolution de 23^ de sodium dans 25os d'al-
cool à 160S d'éther malonique. Il ne se produit point de dégagement de
chaleur appréciable. Le mélange, après avoir été chauffé au bain-marie
pendant quelques heures, est distillé dans le vide pour chasser l'alcool,
puis additionné de i3os d'acide acétique à 5o pour 100.
Le liquide acidulé est épuisé avec de l'éther et la solution élhérée, agitée
avec du carbonate de soude et desséchée sur du sulfate de soude anhydre,
est distillée au bain-marie. Le résidu est finalement fractionné sous pression
réduite. Il passe d'abord un qiélange d'éther glycidique et d'éther malo-
(') Daiizens. Comptes rendus, t. CXXXIX, p. 1219.
(■-) M. Darzens a en effet constaté que l'éther diméthylglycidique se condense avec
l'éther benzoyiacétique sodé comme l'épichlorhydrine (Communication particulière).
l472 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nique, puis un produit bouillant à 174° sous 12™" et qui se forme avec
un rendement d'environ 3o pour 100.
En traitant les produits de tête, constitués par un mélange d'éthers
glyéidique et rtialonique non entrés en réaction, par une nouvelle quantité
d'éthylate de sodium, on récupère une seconde portion de produit bouil-
lant à 174". L'opération répétée une troisième fois permet d'avoir un ren-
dement final se rapprochant du rendement théorique.
La partie distillant à 174° se solidifie rapidement; on purifie la masse
dans un mélange fi'élher et d'éllier de pétrole et l'on obtient de gros prismes
fondant à 46°. Comme le montrent l'analyse et ses propriétés, ce corps,
de formule C'-H'^O", n'est autre chose que la l\-méthyl-i-Z-dicarhoxé-
thylpentanolide-[\ formée en vertu de la réaction :
O 0-OC — CH-C0^C=H5
En elïet, bouilli avec de l'acide chlorhydriqne, cet éther lacLone fournit
quantitativement un acide peu soluble dans l'eau, fusible à 1 73° et répon-
dant à la formule CH'^O*, qui est celle àeVacide térébique.
^ÎÎ'^C — CH - CO^C^Hs 4- H'O = JÎJ'^C CH - CO^H +C0^+ C^H^OH.
0-C — CH -CO'C^H» O — C — CH^
n 11
O O
Pour caractériser l'acide térébique nous l'avons soumis à l'action de la
chaleur et avons obtenu d'une pari de \ isocaprolaclone , CH'^O^ et, d'autre
part, son isomère, V acide pyrotérébique, dont nous avons préparé la phényl-
hydrazide fondant à 106° (').
La composition de l'acide C'H'"0* et l'ensemble de ses propriétés met-
tent hors de doute sa constitution telle qu'elle a été établie |)ar une autre
synthèse réalisée par M. Biaise (^). Elle confirme en outre celle du com-
posé C'^* H'» 0^
En résumé, dans la réaction de l'éther malonique sodé sur l'éther dimé-
thyglycidique, au lieu de se fixer au carbone (ï de ce dernier éther, le com-
(') MM. Biaise el Courtot ont préparé cette iiydrazide avec de l'acide pyrotéré-
bique obtenu par une autre voie et lui ont assigné le point de fusion io5" {Bull. Soc.
chim., 3" série, t. XXW , 1906, p. i54)-
(-) Blaisk, ISull. Soc. chim., 3" série, t. XIX, 1898, p. 275.
SÉANCE DU 20 JUIN 1906. l473
plexe malonique s'est fixé sur le carbone «, tandis que le groupe OH rat-
taché au carbone p a fourni une olide avec un des groupes carboxéthyle
préalablement saponifié de l'éther malonique.
La réaction présente quelque analogie avec celle que l'un de nous (')a
observée dans la condensation de l'épichlorhydrine avec l'éther benzoyla-
cétique sodé.
Le but que nous avons poursuivi n'a donc pas été atteint, mais l'étude
que nous venons de faire n'est toutefois pas sans intérêt, puisqu'elle fournit
une méthode facile de préparer, avec d'excellents rendements, Vacide téré-
bique et partant ses produits de décomposition Vacide pyrotérébique et X'iso-'
caprolactone .
En suivant une méthode analogue à celle qui lui a permis de faire l'acide
diméthylglvcidique, M. Darzensa réussi à préparer l'éther a-méthyl-^-dimé-
thylglycidique, en condensant l'éther a-chloropropionique avec l'acétone
en présence de l'étlivlate de sodium.
Dans l'espoir de réaliser la svnthèse de l'un ou l'autre des deux éthers
suivants ou de leurs oliiles
CH'\ ç/CW CH3\ ^oiI-GO=OIP
OH 1 /GO^G-^H^ J /CO^CMP
XGO^G^H^' XCO^G'-H»'
nous avons fait agir de l'éther malonique sodé sur l'éther «^p-triméthyl-
glycidique. Quelles que soient les conditions dans lesquelles on se place, on
n'arrive point à effectuer la condensation cherchée, et l'on retrouve les
deux éthers à peu près intacts.
Il semble qu'on se trouve en présence d'un cas d'empêchenaent stérique,
et que la nature tertiaire des deux atomes de carbone ot et p de l'éther «^fi-
triméthylglycidique s'oppose à une réaction additive de la part de l'éther
nialonic|ue.
(') A. Haller, Comptes rendus, l. GXXXII, p. 1459.
l/|74 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ÉNERGÉTIQUE BIOLOGIQUE. — Le Iravail exlérieur créé par /es actions sta/i-
ques et dynamiques du travail intérieur du moteur-muscle. Relations entre
l'énergie liée à ces actions et l'énergie qui passe dans le trcwail extérieur.
Note (le M. A. Chauveau.
'L'énergie qui se dépense dans le moteur-muscle, pend;iiit le soulèvement
d'un mobile, ne s'applique pas directement à la production du travail
extérieur. Celui-ci n'est qu'un résultat second du travail intérieur, c'est-à-
dire de la ybrce élastique que cette énergie dépensée crée dans le tissu mus-
culaire. En effet, l'énergie initiale se mobilise pour faire naître, dans le
muscle, la force qui engendre les actions statiques et dynamiques de la
contraction musculaire. Ce n'est qu'après avoir passé par ce stade intermé-
diaire que V énergie originelle ai rive à sa destination finale, qui est sa trans-
formation en chaleur ou en travail mécanique .
Le travail mécanique, considéré souvent comme la raison d'être du /rrt(W/
intérieur, ne constitue donc pas un fait dominateur dans la physiologie du
muscle. C'est le travail intérieur, au contraire, qui est l'acte essentiel,
nécessaire, évoluant toujours avec la plus grande constance et conservant
intégralement la simplicité des rapports qui lient à l'énergie irutiale les
actions statiques et dynamiques dont le travail intérieur se comp;)se.
T.es physiologistes n'en sont pas moins tenus de savoir comment le
travail mécanique du moteur-muscle procède de ce travail intérieur, ou
plutôt de {'énergie qui l'a créé.
Pour étudier les rapports de cette énergie créatrice avec les actions sta-
tiques ei dynamiques qu'elle engendre directement, il a fallu dissocier ces
deux sortes d'actions et les envisager séparément, ce qui était, du reste,
très facile. Il faut, au contraire, les laisser liées l'une à l'autre si l'on veut
étudier l'efet second qu'elles produisent en agissant de concert, c'est-à-
dire le Iravail extérieur qui dérive du travail intérieur. L'action statique ne
se sépare pas de Vaclion dynamique quand le moteur-muscle effectue du
travail mécanique en soulevant un mobde. Elles restent alors étroitement
conjuguées, ce qui ne les empêche pas de conserver chacune leur affec-
tation spéciale et de travailler ainsi respectivement pour leur propre
compte à l'œuvre commune de la production du travail extérieur.
On peut établir a priori les conditions de cette collaboration et les sou-
mettre ensuite à une vérification expérimentale.
SÉANCE DU 23 JUIN I906. 1473
Travail extérieur du muscle. — De la collaboralion des actions statique et
dynamique de \a force musculaire résultent la quantité de mouvement, m, v,
dont le mobile, mû avec une vitesse uni/orme, est en possession pendant
son soulèvement, et le travail mécanique, Ph, effectué par le mobile à la fin
de son parcours. Dans ces deux produits, mv et PA, le premier facteur, m
ou P, se relie à l'action statique, le second, v ou h, à l'action dynamique. Il
suffit de s'attacher surtout aux deux facteurs de PA.
L'action statique et l'énergie initiale qui l'engendre. — Que le mobile soit
fixe ou entraîné plus ou moins rapidement, la dépense inhérente à son
équilibration, c'est-à-dire la dépense statique, est toujours la même, tou-
jours proportionnelle au poids neutralisé : c'est là un fait absolument
acquis.
L'action statique et l'énergie finale qui y succède. — Quand le corps équi-
libré est immobile, toute l'énergie initiale consacrée à la création de la
force équilibrante se transforme en chaleur. Ce fait, qui n'est plus à démon-
trer, est le point d'où il faut partir pour arriver à se rendre compte de
l'origine énergétique du travail mécanique final.
Si le mobile reçoit de la vitesse, par accroissement de la force équili-
brante, le travail mécanique alors produit détourne à son profit une partie
plus ou moins importante de l'énergie statique, qui était entièrement trans-
formée en chaleur dans le cas de soutien simple du mobile.
Les actions dynamiques et l'énergie d'oit elles procèdent. — On sait que
ces actions dynamiques sont multiples. Mais il n'y a à tenir compte que de
la vitesse imprimée au mobile. Les autres actions, en effet, mise en train de
la contraction, neutralisation de la résistance que le muscle oppose à son
raccourcissement, annihilation des résistances de frottement, aboutissent
nécessairement à du travail perdu. Seule, V énergie (\u\ crée la vitesse peut
participer à la formation du travail mécanique final. Elle joue dans cette
formation le rôle essentiel. Avant que cette énergie spéciale intervienne,
celle qui s'est accumulée dans l'action staticiue est stérile au point de vue
mécanique. C'est l'énergie dynamique qui la rend féconde en créant le fac-
teur V du produit mv et le facteur h du produit PA.
A partir du moment où la tntesse entre en scène, l'énergie statique primi-
tive, destinée à la dissipation thermique, devient disponible pour du travail
utile.
Energie disponible liée à l'action statique. — Cette énergie disponible doit
être mise en vedette. Elle peut, suivant la vitesse imprimée au soulèvement
du mobile, concourir plus ou moins activement à la formation de la quan-
C. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N" 26.) ï 9^
1476 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tité de mouvement, mv, et devenir du travail mécanique, P/i, de plus ou
moins grande importance.
Avec la vitesse zéro, toute celte énergie disponible se transforme en
chaleur.
Avec unepetile vitesse, elleaboutit à de la chaleuret à unemininie quantité
de travail mécanique.
Avec une moyenne vitesse, Vénergie statique qui se change en travail
mécanique prend une valeur plus considérable.
Enfin, avec une grande vitesse, toute l'énergie d'origine statique peut se
trouver présente dans le travail mécanique final.
La courte analyse qui précède permet d'apprécier l'importance de cette
énergie disponible et la grande place occupée par le travail ou effort statique
qui en est l'origine dans la mécanique générale du muscle.
Vérification expérimentale. — Toutes les propositions qui figurent dans
cette analyse se déduisent logiquement des faits fondamentauxexposés dans
les études sur Y énergie liée aux actions statiques et dynamiques de la force
musculaire. Ces faits, plus particulièrement ceux qui concernent la dépense
d'énergie qu'entraîne la création de la vitesse communiquée aux mobiles
par la contraction dynamique, fournissent en outre une démonstration
directe de ces propositions par les renseignements qu'ils donnent sur les
caractères du rendement mécanique du moteur-muscle.
Du rendement mécanique du moteur-muscle d'après les expériences qui ont
établi les relations des actions dynamiques de la force musculaire avec la
dépense énergétique quelles entraînent. — Ces relations, remarquablement
simples, ont été mises en évidence dans deux séries d'expériences (voir
t. CXLII, p. 1 128 et suivantes). Il en faut tirer maintenant les relations
qui existent entre Vénergie initiale et le travail mécanique contenu dans
l'énergie finale.
Examinons successivement les deux séries dont il s'agit :
Première série. — Les expériences qu'elle comprend ont été faites sur un sujet
dont les muscles moteurs de l'avant-bras, fléchisseurs et extenseurs, étaient appliqués,
en alternance, par l'intermédiaire d'un commutateur spécial, au soulèvement continu,
plus ou moins rapide, de la même charge. Le travail était de très petite valeur et
efl'eclué dans des conditions très onéreuses. Mais on n'a pas, en ce moment, à se préoc-
cuper de ce point. Ce qui est visé, en effet, dans ces expériences, c'est l'influence de
la vitesse du déplacement du mobile sur le rendement du moteur-muscle en travail
mécanique. 11 n'y a alors que des comparaisons à faire entre les diverses valeurs,
quelles qu'elles soient, du rapport de ce travail final à la dépense initiale dudit
moteur soumis à des vitesses différentes.
SÉANCE DU 25 JUIN 1906. l477
Le Tableau ci-dessous donne les résultats obtenus, calculés pour une minute d'acti-
vité musculaire, avec traduction en kilogrammètres de l'énergie dépensée.
Travail eilérieiir.
Dépense énergétique en
P.
Trav.
1 ,5 X /4,/42 = 6,63
i,5x 8,84=i3,26
1,0 X 18,26= 19,89
1,5 X 17,68 = 26,52
0- absorbé,
cm'
i5o
198
244
kilogrammètres.
i8/i
287
467
Rendement
6,63
i84
8,84
287
'9.89
379
26,52
=: o,o36o
=::= 0,0462
=rO,o524
=: o , o568
On voit dans ce Tableau que le rapport du ircn-ail extérieur à la dépense énergé-
tique, c'est-à-dire le rendement, croît avec le tra^'ail ou la longueur du parcours du
mobile dans l'unité de temps, mais de moins en moins vite. Aussi prévoit-on que, si
l'on avait pu poursuivre les comparaisons au delà de la quatrième vitesse, on serait
arrivé presque immédiatement à la constance du rendement. En d'autres termes, on
aurait atteint le moment où la réserve d'énergie disponible liée à Vaclion statique de
la force musculaire n'a plus rien à donner pour améliorer le rendement en concou-
rant à la constitution du travail mécanique final.
Fis. I.
Fis. 2.
G
i- ffi
3
Kgm 6.63
::::::::-f:: + ::±:::::::::::i:::^;:::::;: 1::;;:::::-:.:
i <! -^- "X
:;.:;:::4:|:::;::::::::, ■!:::::::::::::::::::::::::::::::::
|;: ;:;;;||:!|;;|:;::;:::;;;;;;; ; ;:;:;;|
::;:::: + :::::;i!!::g::::±::::::::::..: i
i X X îÎ'^'i'Ît
— Lpi — -t-L -i" 1- -^4"
19,89
26,52
27700
La figure i donne une [représentation graphique très instructive de l'influence
qu'exerce la vitesse du déplacement du mobile sur l'utilisation, par le travail méca/-
nique final, de V énergie dépensée dans ï action statique.
l47^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
Dans ce graphique, la valeur du travail extérieur, en croissance régulière avec la
vitesse imprimée au mobile, figure en abscisse et le rendement mécanique en ordon-
nées. On y voit que la courbe du rendement présente tous les caractères que fait
prévoir le mode attribué à la constitution du travail mécanique final.
Deuxième série. — Il s'agit maintenant du sujet qui élevait son propre poids sur la
roue de Ilirn, avec une vitesse qui variait comme les nombres 3o2 , 43i, 554. Le ren-
dement, dans ces trois cas, a été établi d'après la dépense totale, ce qui en fait tomber
sensiblement la valeur. Mais la défalcation de la dépense au repos n'aurait guère
modifié la forme de la courbe de rendement, vu le petit poids du sujet qui servait aux
expériences.
Les documents d'après lesquels cette courbe est établie {fig. 2), pour une heure de
travail, sont contenus dans le Tableau ci-après :
Rendement.
l5loo
-ô^ r= 0,170
8607 1 '
2i55o
= O , 206
Travail extérieur.
P.
h.
Trav.
5ox
m
3o2=:
iSioo
kK
5ox
43.=
2l55o
5ox
554 =
27700
Dépense
: énergétique
en
0' absorbé.
kilogramniètres.
44!9
86071
53,4
104292
60,3
118691
104292
27700
II869I
:0,235
La représentation graphique de ces résultats {fig. 2) a été établie d'après les mêmes
principes que celle de la figure i. Gomme la courbe i, la courbe 2 montre la croissance
du rendement suivant la croissance du parcours du mobile et celle du travail
extérieur.
Mais cette courbe 2 laisse voir à peine quelque indice de l'aflaiblissement progressif
qu'aurait éprouvé le rendement, si la vitesse de la montée sur la roue avait continué
à s'accroître. Ceci tient à ce que les différences de vitesse ont ici beaucoup moins de
valeur ([ue dans les expériences de la première série. D'autre part, le sujet emmagasi-
nait dans son travail statique une quantité considérable d'énergie disponible., capable
d'alimenter, avant de s'épuiser complètement, une grosse valeur de travail extérieur,
dans le cas où de nouveaux accroissements auraient pu être imprimés à la vitesse de
la montée du sujet.
Conclusions. — Ainsi les deux séries d'expériences se complètent dans
leur signification pour expliquer, sans sortir du pur terrain i>h\'siologique,
les relations qui existent entre l'énergie liée aux actions statiques et dyna-
miques du travail intérieur du muscle et l'énergie qui passe dans le travail
extérieur.
Les faits, d'accord avec le raisonnement, démontrent que l'énergie
contenue dans le travail mécanique, Ph ou '-mv'- en puissance, efïectué par
le moteur-muscle qui soulève un mobile avec une vitesse imiforme, est
SÉANCE DU 25 JUIN 1906. l/j-jp
empruntée tout entière à Vénergie initiale nécessaire ;i In création des
actions statiques et dynamiques du travail intérieur ou physiologique.
C'est Vénergie liée à l'effort dynamique, créateur de la vitesse du soulève-
ment du mobile, qui, dans le produit PA, donne sa valeur au facteur h, en
s'y consacrant intégralement.
C'est avec Vénergie liée à l'effort statique, chargé d'annihiler le poids du
mobile et d'en libérer la masse, que le travail mécanique final complète sa
valeur. Mais celte énergie équilibrante ne passe dans le travail mécanique
qu'en proportion de la valeur du facteur h. Elle constitue une réserve (Vé-
nergie disponible qui, suivant la vitesse imprimée au mobile, peutse changer
totalement en chaleur ou en travail mécanique, ou aboutir à des combinai-
sons mixtes, dans lesquelles c'est tantôt la chaleur, tantôt le travail méca-
nique qui prédomine.
L'énergie attachée à la production de Vaction ou du travail statique joue
donc un rôle considérable dans la théorie du rendement final da moteur
muscle.
Ce rendement final croit avec la l'itesse que la contraction dynamique com-
munique au mobile, jusqu'à l'acquisition d'un certain optimum.
L'optimum correspond à l'épuisement de la provision d'énergie dispo-
nible accumulée dans le travail on Vaction statique de \a force élastique du
muscle.
Cet optimum est atteint plus tardivement avec les mobiles lourds, qui
emmagasinent plus d'énergie disponible qu'avec les mobiles légers.
Quand la réserve d'énergie disponible est épuisée, le rendement cesse de
s'améliorer parce que le muscle est obligé de fournir directement toute
l'énergie nécessaire à la production même du travail mécanique.
MICROBIOLOGIE. — Sur le traitement de la tuberculose pulmonaire par la
sérothérapie. Note de MM. La.vneloxgue, Achaud et Gaillard.
Les questions du vaccin et de la guérison de la tuberculose par des anti-
toxines spécifiques sont posées et poussées depuis quelque temps avec la
plus grande activité. On cherche partout, on donne des prémisses, ou
annonce des espérances, voulant, semble-t-il, rassurer l'humanité inquiète
et brûlant du désir d'apprendre qu'on la préservera ou qu'on la guérira dès
qu'elle se sentira frappée. Il y a encore peu d'années la confiance des
médecins et des savants était plus que médiocre, pour ne pas dire nulle,
l/l8o ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans un vaccin aussi bien que dans un remède spécifique. Et, comme le
péril universellement dénoncé avec éclat paraissait menacer l'espèce, on se
précipita avec force vers toutes les cures offertes par les climats, les alti-
tudes, les variétés d'atmosphère, l'isolement, le repos absolu, une alimen-
tation surabondante, etc. Un peu plus tard, car on marche vite à notre
époque, on comprit que, si guérir était difficile, on pouvait peut-être pré-
venir et empêcher; on se jeta à corps perdu, après les sanatorium, dans la
création des dispensaires, effort sérieux contre la misère, qui, à n'en pas
douter, rend l'homme plus résistant contre tous les fléaux morbides, y com-
pris celui de la tuberculose. Et en même temps partout on dénonçait la
contagion en recommandant les mesures les plus propres à l'empêcher.
Depuis sept à huit ans nous n'avons pas dévié de la voie qui consiste à
extraire du bacille une antitoxine efficace. Celle que nous avons obtenue a
été essayée dans la tuberculose pulmonaire du cobaye, animal doué comme
on le sait d'une très grande réceptivité pour le bacille humain et réagissant
à peu près comme l'homme à l'infection tuberculeuse. Tout porte à croire
que, si l'on guérit un cobaye atteint de tuberculose pulmonaire créée expé-
rimentalement, on guérira l'homme dans les mêmes conditions, tout comme
on le mettra à l'abri du mal le jour où Ton aura découvert le vaccin du
cobaye.
Après de nombreux essais antérieurs, deux expériences portant sur un
grand nombre d'animaux ont été faites. La première consistait à comparer
4 lots de 3o cobayes chacun, inoculés en même temps dans le poumon
avec la même dose de culture tuberculeuse virulente : le premier lot ser-
vait de témoin; le deuxième avait été traité, après l'inoculation, par l'in-
jection de sérum d'àne normal; le troisième avait été traité par le sérum
d'âne présumé antituberculeux, et le quatrième avait reçu de ce même
sérum mais seulement d'une façon préventive, avant l'inoculation virulente.
Or, un peu plus d'un an après cette inoculation (3^1 jours), lorsqu'on
mit fin à l'expérience en tuant les animaux qui survivaient, la mortalité
avait atteint 90 pour 100 pour le lot témoin, Sj pour le lot injecté avec le
sérum normal, 4o seulement pour le lot traité par le sérum antitubercu-
leux après l'inoculation, et 64 pour le lot traité seulement d'une façon
préventive.
Dans la deuxième expérience, nous avons comparé tout d'abord deux
lots (le 5o cobayes chacun, inoculés ensemble et avec la même dose de
virus tuberculeux, l'un servant de témoin, l'autre traité curativement par
le sérum de cheval présumé antituberculeux. Lorsque nous avons coni-
SÉANCE DU 2,5 JUIN 1906. l48l
muniqué nos résultats au Congrès de la tuberculose, 16 mois ^ après l'ino-
culation, la mortalité montait à 78 pour 100 dans le lot témoin, et 4^
seidement dans le lot traité. Nous avons mis fin à l'expérience le 24 jan-
vier 1906, soit 20 mois 4 après la tuherculisation, et la mortalité «'élevait
alors à 96 pour 100 dans le lot témoin, contre 76 dans le lot traité.
En outre, nous avions tuberculisé deux autres lots qui non seulement
subirent ensuite le traitement curalif, mais qui avaient, en outre, subi
auparavant un traitement préventif, consistant en injections de sérum
antituberculeux, puis de toxine, puis, pour l'un des lots, le quatrième, de
bacilles morts. Au moment du Congrès de la tuberculose, la mortalité
atteignait 55 pour 100 pour le troisième lot et 48 pour le quatrième. A la
fin de l'expérience, elle était de 72 pour le troisième et 78 pour le quatrième.
On voit, en somme, que dans les deux expériences les lots traités par le
sérum antituberculeux ont mieux résisté que les témoins ; de plus, l'inspec-
tion des courbes de mortalité montre que, dans la deuxième expérience,
le traitement préventif à l'aide de la toxine et des bacilles morts a été
plutôt nuisible, car il a provoqué une augmentation de la mortalité au dé-
but. Si, par la suite, les courbes de mortalité de ces lots se sont rapprochées
de celle du lot traité seulement par le séi'um curatif, c'est que, sans doute,
l'action du sérum auquel ils restaient soumis se faisait de plus en plus
sentir.
Nous nous sommes demandé si l'autopsie des animaux pourrait nous
donner des renseignements précis sur leur résistance dans les différents
lots. En réunissant dans chaque expérience les animaux qui avaient suc-
combé spontanément et ceux qui ont été sacrifiés à la fin, nous avons obtenu
les résultats suivants :
Lésions
localisées Pas de lésions
généralisées. au thorax. apparentes.
/Loti (témoin) 25(76»/„) 6(20»/„) i { 3%)
\ » II (sérum normal) 20 (66 » ) o (3o » ) i ( 3 » )
cpérience. ' \ / ^ \ / \ /
' ' ] " m (sérum curatif) ao (60 » ) 4 (36 » ) 6 (20 » )
» IV (sérum préventif). . . 17 (56 » ) 5 (16 » ) 7 (33 » )
Loti (témoin) ■... 34(68»/,,) 8(i6»/„) 8(i6°/„)
» Il (sérum curatif) 2/1 (48 » ) 21 (42 » ) 6 (10 » )
» m ((traitement préventif (21 (4a » ) 17 (34 » ) 11 (22 » )
» IV'iet sérum curatif)... |22(5i » ) 12 (27 » ) 9 (20 n )
1"= expérience.
expérience.
On voit que, dans les deux expériences, les lésions généralisées l'em-
portaient chez les témoins, alors que, chez les animaux traités, les lésions
1482 ACADÉMIE DES SCIENCES.
restaient beaucoup plus souvent circonscrites au thorax. Mais on ne peut
dire que l'absence de lésions apparentes dominait toujours chez les ani-
maux traités, puisque, dans la deuxième expérience, les témoins de cette
catégorie figurent pour une proportion un peu supérieure à ceux qui
avaient reçu le simple traitement curatif, et un peu inférieure à ceux qui
avaient été traités, à la fois, d'une façon préventive et curative.
Remarquons, du reste, que cette classification en 3 catégories n'est
qu'une mesure incertaine du degré de l'infection. Il est arrivé, en effet,
que des lésions graves étaient restées exclusivement circonscrites à la
cavité thoracique dans laquelle avait été faite l'inoculation, tandis que, chez
d'autres animaux, des lésions très légères étaient disséminées aussi bien
dans le thorax que dans les viscères abdominaux.
De plus, nous n'avons relevé que des altérations macroscopiques. Or
l'examen histologique montre que, dans la rate par exemple, alors qu'au-
cun tubercule n'est visible à l'œil nu, des altérations microscopiques
peuvent exister. Enfin, il faudrait aussi tenir compte des lésions susceptibles
de régression. C'est ainsi que l'examen histologique des organes, chez les
animaux sacrifiés à la fin de l'expérience, a pu montrer, dans le poumon
où l'inoculation avait été faite, des altérations de sclérose jeune, riche en
cellules et des nodules lymphoïdes périvasculaires et péribronchiques,
sans cellules géantes, ni caséification, ni bacilles colorables, c'est-à-dire
la cicatrisation et la guérison du foyer d'inoculation.
C'est donc, en somme, la mortalité qui permet le mieux d'apprécier la
marche de la tuberculose, dans nos expériences, et c'est surtout l'examen
des courbes de mortalité qui en donne une idée exacte, plutôt que les
chiffres (le la mortalité finale. Car, si l'expérience dure très longtemps, pour
des animaux dont la vie dans les laboratoires n'a pas une très longue durée,
il arrive qu'un certain nombre d'entre eux, dans chaque lot, parviennent
au terme habituel de leur existence et que le résultat final tende à s'éga-
liser dans les différents lots. C'est, du reste, pour cette raison que nous
avons cru devoir mettre fin à nos expériences en sacrifiant les animaux
survivants.
PATHOLOGIE. — Identification des Trypanosomes pathogènes. Essais de séro-
diagnostic. Note de MM. A. Laveran et F. Mesml.
Le problème de l'identification de certains trypanosomes pathogènes est
très difficile en raison des grandes ressemblances morphologiques qu'ils
SÉANCE DU 25 JUIN 1906. l483
présentent et de leur mode d'action |jresque identique sur beaucoup
d'espèces animales. Il faut tenir compte d'ailleurs des modifications morpho-
logiques et des variations de virulence que peut subir un même trypano-
some. Nous avons montré qu'un bon moyen de constater si ileux trypano-
somes donnés, A et B, appartenaient ou non à la même espèce, consistait à
inoculer le virus B à un animal ayant acquis l'immunité pour le virus A, à
rechercher si cet animal s'infectait ou non et réciproquement. Il est admis
en pathologie que des virus qui se vaccinent sont identiques. Cette méthode
n'a qu'un inconvénient, c'est qu'elle est longue et qu'il est difficile d'avoir
toujours à sa disposition des animaux immunisés. Une méthode plus
simple, plus rapide d'identification serait donc fort utile.
Nous avons établi en 1902 (') que le sérum d'Ovidés guéris de Nagana,
actif vis-à-vis du Trypan. Briicei, n'avait aucune action vis-à-vis du Trypan.
eqiiiniim. Rleine et Mollers(-) ont vu récemment qu'un sérum d'âne rela-
tivement très actif vis-à-vis du virus de Martini du Togo, n'influençait pas
le Trypan. Gambiense.
Ces faits nous ont amenés à nous demander quelle était la valeur de
cette séro-réaclion au point de vue de la différenciation des tiypanosomes.
Nous nous sommes servis du sérum de trois chèvres guéries : l'une de
Nagana du Zoulouland (chèvre N); la deuxième (chèvre NS) du même
Nagana, puis de Surra (virus indien); la troisième (chèvre S) du Surra
de Maurice, puis de la Irvpanosomiase des chevaux de Nha-Trang.
Voici les résultats obtenus :
1. Chèvre N. — Inoculée de Nagana le 8 juillet 1900, elle a été com-
plètement débarrassée de ses trypanosomes vers le i*'' novembre 1905.
Eprouvée le 1 1 janvier 1906, elle avait l'immunité.
Essais a\'ec le virus du Nagana. — Saignée du 27 novembre igoô. Le sérum pro-
tège les souris en mélange avec le virus (*) à la dose de o""\5 (non essayé à dose plus
faible).
Saignée du 8 décembre igoS. Le sérum protège à la dose de o*"', 20 (non essayé à
dose plus faible).
Saignée du 11 janvier 1906. Le sérum protège à la dose de o'^"'',i (non essayé à dose
plus faible ).
(') Comptes rendus, t. CXXXV, 1902, p. 838.
(^) Zeilschr. f. Hygiène, t. LU, 1906, p. 229.
(^) Dans toutes nos expériences, le mélange est fait dans un verre i ou 2 miaules
au plus avant l'iujeclion sous la peau de la souris.
C. R., 1906, I" Semestre. (T. GXLII, N» 28.) '9 '
l484 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Saignée du 17 février 1906. Le sérum protège à la dose de o™\ i (non essayé à dose
plus faible).
Le même sérum desséché, employé le 9 avril et le 2 mai, après redissolution dans
un volume convenable d'eau distillée, est encore actif à o™',25. Essayé le 9 avril à la
dose de o""',!, il donne 5 jours de retard.
Saignée du 6 avril 1906. Le sérum protège à la dose de o'^'"',23;à o*^"',!, il donne
3 jours et demi de retard.
Saignée du 2 mai 1906. Le sérum est desséché. Employé le 12 mai, il est actif à la
dose de o'-™', ■?..
A la date du 2 mai, la chèvre est inoculée avec le virus du Nagana du Togo (Schil-
ling), auquel elle succombe i mois plus lard ( v. infra).
En résumé, on voit que, pendant plus de 4 mois, le sérum de la chèvre
s'est montré doué de propriétés préventives manifestes quand on le mélan-
geait au virus naganique. Inoculé indépendamment du virus, ils'esl montré
notablement moins actif.
C'est ainsi que le sérum de la saignée du 1 1 janvier, inoculé 24 heures avant lesTrypan,
n'a sauvé qu'une souris sur deux à la dose de i'^™', et également i souris sur 2 à la
dose de o'^™',,'); — inoculé à la dose de o'^°'\5 en même temps que le virus, son action
a été à peu près nulle ; — inoculé à la dose de i"^"', 24 heures après le virus, il a produit un
retard s'élevant à 6 jours.
Essais avec le virus du Caderas. — Même à la dose de i"^""' en mélange avec le
Trypan. equinuin, les sérums des saignées des 11 janvier, 17 février et 6 avril n'ont
Montré aucune action protectrice.
Essais avec le virus indien du Surra. — Saignée du 11 janvier 1906. Le sérum
protège en mélange à la dose de o'^"', i contre un virus de passage par souris (exp. du
i3 janvier). — Ce même sérum, essayé de nouveau le 23 janvier (il était encore très
actif sur le Trypan. Brucei), n'a aucune action, même à la dose de o'^'"°,5, sur un
virus provenant d'une souris inoculée elle-même sur une chèvre infectée.
Saignée du 17 février. Le sérum, même à la dose de i"^"' et o'^°'',75, ne procure qu'un
retard insignifiant aux souris.
Saignée du 6 avril. La souris qui reçoit o""',75 de sérum présente un retard de
5 jours; celle qui reçoit o'^°'',5 un retard de 3 jours.
Saignée du 2 mai. A o'^™',75 le sérum ne protège pas.
En résumé, sauf avec le sérum de la saignée du 11 janvier, et encore
dans une seule expérience sur deux, l'action a été faible ou nulle.
Essais avec le virus de Nha-Trang. — Les sérums des saignées du 1 1 janvier et du
2 mai, même à la dose de i'^"'", n'ont aucune action sur le Trypan. de Nha-Trang.
Essais avec les virus du Togo. — Nous avons expérimenté avec les virus de Schil-
ling et de Martini, que nous devons à l'amabilité de ces savants. Même à la dose de
o""',75, les sérums des saignées du 17 février (employé desséché le 2 mai) et du 2 mai
(employé desséché le 12 mai) n'ont montré aucune action appréciable, le premier sur
SÉANCE DU 25 JUIN 1906. l485
le virus de Schilling, le second sur le virus de Martini (v. supra l'action de ces mêmes
sérums sur le Nagana du Zoulouland).
2. Chèvre NS. — Inoculée de Nagana le 24 décembre 1904, guérie vers
avril igoS ; son immunité pour le Nagana est éprouvée en juillet igoa.
Inoculée de Surra de l'Inde le 6 octobre igoS; guérie vers février-mars
1906 ; a l'immunité.
Essais avec le viras indien du Surra. — Saignée du 6 avril 1906. Le sérum protège
en mélange à la dose de o'^'"',25 (non essayé à dose moindre).
Saignée du 2 mai 1906. Le sérum protège à la dose de o™', 25; à celle de o'"', i, il
donne un relard de 3 jours.
Essais avec le virus du Nagana {Zoulouland). — Saignée du 6 avril 1906. A des
doses allant de o"^™', 25 à o™',75, le sérum donne des retards de i jour et demi à 3 jours.
Saignée du 2 mai. Le sérum, desséché, emplo^'é le 12 mai, protège à la dose de o'""', 75
(non essayé à dose moindre).
Essais avec des virus divers. — Le sérum du 2 mai, qui protégeait à la dose de o'^"'',25
contre le virus indien, s'est inontré dénué de toute action, même à la dose de o""', -5 contre
le virus de Nha-Trang.
Ce même sérum desséché, employé le 12 mai, n'exerce aucune action sur le virus du
Togo de Martini, même à la dose de o''"'',75 qui agit sur le Trypan. Brucei type.
3. Chèvre S. — Inoculée le 17 avril igoS avec le trypanosorae du Surra
de Maurice la chèvre s'infecte puis guérit. Le 2 août im chien reçoit dans
le péritoine 20*™' du sang de la chèvre, il ne s'infecte pas. La chèvre réino-
culée avec le virus du Surra de Maurice se montre réfractaire. — Le 6 no-
vembre 1905 la chèvre est inoculée avec le virus du Surra de Nha-Trang,
elle a une infection légère; à la date du 7 décembre elle est guérie. Le 26
janvier 1906 une nouvelle inoculation faite avec le virus du Surra de Nha-
Trang a un résultat négatif ( ' ).
.\u mois de janvier 1906 la chèvre avait donc l'immunité pour le Surra
de Maurice et le Surra de Nha-Trang.
Le 19 janvier 1906 le sérum frais de la chèvre est essayé, au point de vue de son
activité, sur les virus du Surra de Maurice, du Surra de Nha-Trang et du Nagana.
Essais avec le virus du .Surra de Maurice. Le sérum protège à la dose de o^'^^go
et de o''"'', 5o en mélange; à la dose de o"°',25 il produit un retard de 1 1 jours; à la
dose de 0'="'', 10 un retard de 4 jours.
Injecté 24 heures avant le virus, même à la dose de i''"", le sérum ne retarde la mort
que de 3 jours.
Essais avec le virus du Surra de Nha-Trang faits le ig janvier avec le même
sérum que celui qui a été utilisé pour les essais précédents et dans des conditioss
(') Ann. Inst. Pasteur, t. XX, avril 1906, p. 396.
i486 académie des sciences.
identiques. Dans aucun cas les souris n'ont survécu, mais les mélanges de virus avec
sérum o'^'jSo, o'^"'',25 et o'^'"', lo ont donné respectivement des retards de 8, 6 et
3 jours. Le sérum injecté 24 heures avant le virus aux doses de i"^™' et de o'''"',25 n'a
retardé la mort que de 24 heures.
Essais avec le virus du Nagana faits le 19 janvier dans les mêmes conditions que
les deux essais précédents. Le sérum inoculé en mélange s'est montré complétemenl
inactif même aux doses de o'^'igo et o''"°,5o.
Essais avec les virus du Surra de Maurice et de la Afbori. — Expérience du
8 mars avec le sérum frais de la chèvre S. Le sérum employé en mélange avec le virus
ilu Surra de Maurice se montre actif aux doses de o'^"^',go et de o'^"'',25; les souris
inoculées avec ces mélanges survivent.
A la dose de 0'™°, 10, le sérum relarde la mort de 4 jours.
Avec le virus de la Mbori les résultats sont très peu satisfaisants.
L'apparition des ti'jpanosomes dans le sang des animaux inoculés avec les mélanges
de sérum et de virus retarde de i à 2 jours seulement sur l'apparition des trypano-
somes dans le sang de la souris témoin et la mort n'est retardée que de i à 2 jours.
Une autre expérience faite le 4 avril 1906, avec le sérum desséché de la chèvre S,
donne les résultats suivants : le sérum se montre actif; en mélange avec le virus du
Surra de Maurice aux doses de o'^'"°,5o, o™',25 et même o'"'', 10 les souris survivent.
Avec le virus de la Mbori le sérum détermine seulement un léger relard dans l'appa-
rition des trypanosoraes, la mort n'est retardée que de 3 jours.
Essais avec le Surra de Maurice et le virus fort du Togo de Martini. — Expé-
rience faite le 10 mai 1906 avec du sérum frais de la chèvre S. Le sérum en mélange
avec le virus du Surra de Maurice se montre actif à la dose de o"^""', 5o; en mélange
avec le virus du Togo, il est tout à fait inactif.
Conclusions. — En général, le sérum d'un animal qui a acquis l'immu-
nité contre un trvpanosome se montre actif quand on l'emploie, à dose
suffisante, en mélange avec le sang contenant ce Irvpanosome, inactif quand
on fait le même essai avec d'autres trypanosomes; le sérum acquiert donc
souvent, à un degré asseï élevé, des propriétés spécifiques qui peuvent être
utilisées pour l'identification des trypanosomes; mais, dans l'application de
(■(■tie méthode, on se heurte à plusieurs difficultés. L'activité des sérums
fournis par les animaux immunisés est variable. C'est ainsi que la chèvre S
vaccinée contre le Surra de Maurice et le Surra de Nha-Trang a fourni un
sérum très peu actif contre le dernier. D'autre part, un sérum actif contre
un Irypanosome donné peut se montrer peu actif contre un trypanosome
•.jui constitue une simple variété du premier; c'est [probablement ainsi qu'il
faut interpréter les résidlats que nous avons obtenus dans nos essais com-
par.itifs avec les trypanosomes du Surra de Maurice et de la Mbori, d'autres
expériences ayant démontré que la Ubori et le Surra étaient des trypa-
nosomiases de même espèce.
SÉANCE DU 25 JUIN 1906. 1487
Inversement, l'exemple du sérum de la chèvre N qui, dans une expé-
rience, s'est montré très actif vis-à-vis du Trypan. du Surra, montre qu'il
faut être circonspect avant d'affirmer, par cette méthode, l'identité de
deux trv|)anosomes; il faudra toujours ié|)éter les essais, autant que pos-
sible avec des races différentes du même virus.
Tout en tenant compte des réserves exprimées ci-dessus, il y a néan-
moins lieu de penser que :
1° Le Trypanosome de Nha-Trang est différent de celui de l'Inde. Les
expériences que nous avons publiées antérieurement (/. c. ) ne sont pas en
contradiction avec cette conclusion;
2° Le virus du Togo de Schilling n'est pas le Nagana; celui de Martini
n'est ni le Nagana, ni le Surra. Poui- le premier de ces virus cette opinion
est confirmée par l'expérience suivante :
La chèvre N, ayant l'immunité pour le Nagana, est inoculée avec le Try-
pan. de Schilling (sang d'un cobaye envoyé directement par ce savant) en
même temps qu'un bouc qui sert de témoin. Les deux animaux s'infectent
et succombent, le premier en 34 jours, le second en 35 jours. Il s'agit donc
d'une race deTrypanosomes très virulente pour les caprins. Avecla même
race, Schilling ('), à Berlin, avait déjà tué deux chèvres en moins de deux
mois.
MICROBIOLOGIE. — Sur l'indication de la voie digestive pour la vaccination
antituberculeuse des jeunes ruminants. Note de M. S. Abloixg.
La Communication de MM. Calmetle et Guérin et celle de M. E. Roux,
à l'avant-dernière séance m'engagent à présenter cette Note, en attendant
les résultats des essais d'immunisation que les faits qu'elle renferme
m'avaient suggérés.
Au cours (le mes nombreuses expériences sur l'inoculabilité de la tuber-
culose par toutes les voies, j'avais été frappé de l'insuccès apparent de
quelques tentatives d'infection par les voies digestives sur certains jeunes
sujets de l'espèce caprine.
Pour appréiier l'importance de cette remarque, j'ai entrepris systémati-
quement des infections sur des chevreaux à la mamelle.
Quatorze sujets ont été consacrés à ces expériences.
(') Arb. a. d. 'Kaiserl. Gesundheitsamte, t. XXI, 1904.
l/|88 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Treize ont reçu des bacilles empruntés à des cultures pures: 6 fois, il
s'agissait de bacilles humains de diverses provenances; 4 fo's, de bacilles
bovins; i fois, du bacille du cheval; i fois, du bacille acidophile de Moeller
retiré du bœuf; i fois, de bacilles aviaires. T^e quatorzième a ingéré
successivement des bacilles humains et des bacilles bovins avec lesquels on
avait inoculé les mamelles de sa mère nourrice.
Sauf les cas d'alimentation naturelle où le nombre des tétées a été indé-
terminé pendant six jours, tous les chevreaux ont ingéré les bacilles qui
leur étaient destinés avec le lait stérilisé dont on chargeait leur biberon.
Le nombre des ingestions a été de cinq, échelonnées sur la longueur
d'un mois.
La virulence de chaque sorte de bacilles était essayée lors de la première
ingestion à l'aide d'inoculations faites à des lapins et à des cobayes; parfois,
à. des sujets de l'espèce caprine.
Sepl mois et demi après la première ingeslion, on a déterminé le pouvoir aggluti-
nant du sérum sanguin des chevreaux, pouvoir qui était nul au début de l'expérience;
puis, tous les chevreaux ont été soumis à l'épreuve de la tuberculine et, enfin, sacrifiés
pour permettre la recherche la plus scrupuleuse des lésions consécutives à l'introduc-
tion des bacilles dans leur organisme.
L'un d'entre eux a été conservé plus longtemps et étudié quinze mois après
l'infection.
Entre la première injection et le septième mois, le pouvoir agglutinant du sang
s'est développé chez tous les chevreaux, depuis | jusqu'à -Jj-; chez tous, la réaction à
la tuberculine s'est montrée depuis o°, 7, au minimum, jusqu'à 2", 2. Cependant, chez
le chevreau conservé pendant i5 mois, la sensibilité à la tuberculine avait disparu.
Selon l'habitude, on aurait pu s'attendre à trouver des lésions tubercu-
leuses à l'autopsie. Or on jugera par le résumé suivant qu'il a été bien
loin d'en être ainsi: à l'exception du chevreau Vil ayant ingérédes bacilles
bovins très virulents, lequel eut des lésions intestinales très étendues,
ainsi que des tubercules dans le poumon et la rate, et du chevreau V ayant
reçu des bacilles humains (celui-ci porteur d'une seule granulation tuber-
culeuse), aucun des douze chevreaux restants n'a présenté de lésions
macroscopiques.
Fidèle au principe que j'ai posé autrefois sur la recherche des sii^nes
anatomiqiies de l'infeclion tuberculeuse, j'ai prié un assistant bénévole de
mon laboratoire, M. Slozzi, aujourd'hui professeur à l'Ecole vétérinaire de
Milan, de procéder à l'examen histologique des organes capables de cacher
des lésions microscopiques.
SÉANCE DU 25 JUIN 1906. 1489
Je n'entrerai pas dans les détails de cet examen pour cliaque animal. Je donnerai
seulement les conclusions qui se dégagent de cette étude. L'histologie a confirmé le
développement du sjstème lymphatique chez tous les chevreaux, car elle a constaté
l'hypertrophie des follicules lymphatiques des ganglions mésentériques et celle des
petits nodules de tissu lymphadénoïde des parois bronchiques. Ces nodules sont
parfois si volumineux et si nets qu'ils en imposeraient pour des granulations tuber-
culeuses naissantes. Elle nous a montré, en outre, dans le poumon du chevreau qui
avait ingéré des bacilles bovins affaiblis par le vieillissement, des amasdecellules rondes
dans quelques rares cavités alvéolaires ressemblant à de très petits foyers de pneumonie
tuberculeuse hématogène. Enfin, sur le chevreau infecté avec des bacilles bovins en
culture homogène, elle a encore relevé une infiltration de cellules rondes, plus abon-
dante que de coutume, dans les espaces de Kierman ou autour de la veine sus-liépalique
intra-lobulaire, généralement regardée comme un mode de réaction du foie contre
l'infection tuberculeuse.
En résumé, l'étude nécropsique, rapprochée du développement du
pouvoir agglutinant et des caractères de la réaction à la tnberculine,
démontre que l'organisme du très jeune chevreau se défend efficacement
contre l'infection intestinale par toutes les variétés de bacilles tuberculeux
d'animaux à sang chaud, dont la virulence ne dépasse pas le pouvoir tuber-
culigène moyen du bacille humain.
La lutte ne s'établit pas seulement dans le système ganglionnaire de l'in-
testin. Quelle que soit l'étendue de son siège, elle peut finir par triompher
complètement, comme l'atteste le chevreau que nous avons conservé
quinze mois, chez lequel l'absence de lésion s'alliait à la disparition de la
susceptibilité à la tuberculine.
Il est donc logique de déduire de ces faits :
1° Que la voie digestive s'offre à nous pour produire l'immunisation
active, chez les tout jeimes ruminants, à l'aide de bacilles humains ou de
bacilles bovins convenablement modifiés. Il paraît même que l'expérimen-
tateur jouira d'une assez grande latitude dans le choix de ces bacilles.
2° Que la réaction à la tuberculine et le pouvoir agglutinant révèlent
avant tout l'infection tuberculeuse, puisqu'ils existent en l'absence de
lésions macroscopiques et même de lésions microscopiques certaines.
M. Emile Picard, en déposant sur le bureau le troisième fasciéule ter-
minant le Tome II de la Théorie des fonctions algébriques de deux variables,
qu'il a rédigé avec la collaboration de M. Simart, s'exprime comme il suit :
Les deux premiers fascicules de ce Volume ont paru en 1900 et 1904;
ce troisième fascicule termine celte publication qu'ont retardée diverses
l490 ACADÉMIE DES SCIENCES.
circonstances. Ces retards m'ont permis de compléter divers points de mes
recherches, en particulier la théorie des intégrales doubles de seconde
espèce, intimement liée à la périodicité de ces intégrales; elle tient nne
place importante dans ce Volume, et se trouve, je crois, fixée maintenant
dans ses parties essentielles. Sur des sujets aussi nouveaux, on ne s'éton-
nera pas de rencontrer de nombreuses questions qui ne sont qu'amorcées;
parmi elles, je signalerai, entre bien d'autres, ce qui concerne les intégrales
de différentielles totales de troisième espèce, où j'ai introduit un entiei- p
qui, considéré récemment par M. Severi sous un nouveau point de vue,
demandera une étude plus complète.
La théorie des fonctions algébriques de deux variables, tracée aujour-
d'hui dans ses grandes lignes, a fait dans ces derniers temps, surtout en
Italie, l'objet de recherches importantes. Le pomt de vue fonctionnel et le
point de vue géométrique se rejoignent en plusieurs endroits de la théorie ;
on en a des exemples dans les beaux travaux de M. Humbert, de MM. Cas-
telnuovo et Enriques, de M. Severi, et même dans la théorie des intégrales
doubles qui paraît d'abord bien éloignée de la Géométrie, où la recherche
du nombre des cycles à deux dimensions m'a conduit à un invariant relatif
déjà rencontré dans des études très différentes.
On trouvera à la fin de ce Volume quelques Notes où sont re|)roduites
des recherches que je n'ai pus achevées et qui paraissent pouvoir être uti-
lement poursuivies. Dans plusieurs Chapitres de cet Ouvrage, nous avions
étudié diverses théories géométriques ayant leur origine dans les mémo-
rables travaux de M. Nœther, qui fut là un précurseur, et de M. Zeuthen.
MM. Castelnuovo et Enriques ont bien voulu nous donner une Note extrê-
mement intéressante qui complète notre étude et donne sur toutes ces
questions l'état actuel de la Science. Nous les en remercions vivement;
leurs indications bibliographiques, jointes à celles du texte, seront eu
outre très utiles à ceux qui désireront s'occuper des fonctions algébriques
de deux variables et des surfaces algébriques.
M. le général Sebert en offrant à l'Académie un Ouvrage auquel il a col-
laboré s'exprime ainsi :
J'ai l'honneur d'offrir à l'Académie un exemplaire du Manuel complet du
répertoire bibliographique universel dont la rédaction est duc en grande
partie à la collaboration du Bureau bibliographique de Paris que j'ai l'hon-
neur de |)résider.
SÉANCE DU 25 JUIN I906. I/)9I
(]e volumineux Ouvrage, fruit d'un labeur de plus de dix années, con-
stitue un exj3osé complet des travaux de l'Institut international de biblio-
graphie qui a entrepris la publication du Répertoirebibliographique universel ,
consacré notamment au Catalogue des œuvres scientifiques et industrielles,
et qui par suite double et complète, sous certains rapports, Tceiivre de la
Société royale de Londres.
La plus grande partie du Manuel est occupée par les Tables de la Classi-
fication bibliographique décimale qui, en prenant pour point de départ
l'œuvre déjà aucienne de Melvil Dcwey, ont été complétées, considérable-
ment développées et mises à jour de façon à s'adapter aux progrès les plus
récents des sciences.
Ainsi complétées, et grâce à la présence de leur Index alphabétique qui
renferme plus de 40000 rubriques de classement, ces Tables [meuvent au-
jourd'hui être employées, avec la plus grande facilité, pour le classement
de toutes les œuvres intellectuelles sans exception.
Comme elles réunissent, dans un seul ensemble, l'universalité des con-
naissances humaines, elles peuvent servir à établir une relation entre tous
les systèmes de classement déjà proposés ou employés pour l'établissement
des répertoires bibliographiques divers.
Elles peuvent ainsi servir à constituer une classification documentaire
universelle et faciliter les moyens d'organiser, sur une large base, l'entente
et la coopération internationale d;ins les travaux de toute nature. Des dé-
marches diplomatiques sont déjà engagées pour constituer, d'un commun
accord entre divers gouvernements, un service international de documen-
tation générale, en prenant pour base ce mode de classification, suivant
des propositions qui ont été soumises au Congrès d'expansion économique
mondiale tenu à Mons l'an dernier.
Au point de vue international cette classification joue, eu effet, un rôle
similaire à celui qu'on attend de la langue internationale Espéranto, car de
même que celle-ci ne cherche pas à contrarier les langues particulières ni
à s'y substituer, mais uniquement à servir d'auxiliaire et lie complément
pour les relations extérieures, de même la classification bibliographique
universelle ne vise pas à se substituer aux classifications scientifiques
fragmentaires qui existent, mais uniquement à se juxtaposer à elles, afin
de créer un lien matériel de classement entre toutes les productions de
l'esprit.
L'emploi en est fait, dans cet ordre d'idées même, pour la publication
qui vient d'être entreprise des sommaires des Comptes rendus de l' Association
G. B., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N" 26.) I 9^
1492 ACADEMIE DES SCIENCES.
française pour l'avancement des Sciences dont les articles embrassent des
sujets trop variés pour que les tables fragmentaires adoptées déjà pour les
différentes branches de sciences et même celles du Catalogue de la Société
royale de Londres puissent leur convenir, car elles ne se trouvent pas
toujours suffisantes et, en tous cas, n'établissent pas une série unique et
convenablement coordonnée.
M. Charles Depéret fait hommage à l'Académie des versions espa-
gnole et française de deux Mémoires qu'il vient de publier en collabora-
Lion avec M. Louis Mariano Vidal : Les Vertébrés de l'oligocène injérieur
de Tarrega (^province de Lerida) et Contribution à l'étude de l'oligocène de la
Catalogne.
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'un Membre à
la place devenue vacante, dans la Section de Physique, par le décès de
M. Pierre Cune.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 56 :
M. D. Gernez obtient 3^ suffrages,
M. Bouty >i i5 »
M. André Broca » 3 «
M. Pellat » I »
M. D. Gernez, ayant obtenu la majorité des suffrages, est proclamé
élu.
Sa nomination sera soumise à l'approbation du Président de la Répu-
blique.
CORRESPONDANCE .
M. le Président de l'Association internationale pour l'étude des
RÉGIONS POLAIRES adrcssc divers documents imprimés relatifs au Congrès
international qui se tiendra à Bruxelles au mois de septembre 1906 et
invite les Membres de l'Académie à participer aux travaux de ce Congrès.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée qui comprend : M. le
Président, les Membres de la Section de Géographie et Navigation,
MM. Darboux et de Lapparent. )
SÉANCE DU 25 JUIN 1906. l493
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, l'Ouvrage suivant :
L'âge des derniers volcans de la France, par Marcellin Boule. (Présenté
par M. Gaudry.)
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur la déformation de certaines surfaces
tètraèdrales. Note de M. G. Tzitzéica.
On peut réduire l'élément linéaire de la surface
(i) Aa^^+K/+C2^=i
à l'une des deux formes suivantes :
(2) ds"^ = u du- -+- 2m du dv -+- c dv'' [m ^ consl. ),
(3) ^5^ = f du- + 2 M du dv -f- dv^,
selon que
A^+B^+C^7^o ou =0.
Occupons-nous de chacun de ces éléments linéaires.
1. Si l'on change dans (2) h en -> on trouve
ds- ^ — dii- — im —; du dv -\- v dv- .
Soit S une surface ayant cet élément linéaire, M(a-, y, z) un de ses
points. Posons
dx dy dz
\dj: ^dr ^dz
au ^ ou - au
Le point (a*,, y,, 5,) décrit une surface S,, dont 0C2, J'a» ^2 sont les co-
sinus de la normale. Il est aisé de prouver que S, est une surface à cour-
bure totale constante et que u et v ont des significations géométriques
simples. Il résulte de là que la déformation des surfaces (i) ayant un élé-
ment (2) se réduit à la recherche des surfaces à courbure totale constante.
l494 ACADÉMIE DES SCIENCES.
2. Si l'on remplace dans (3) ç -{ par u et u par i>\/i, on trouve
ds- = du- + 2(11 — 3f'-) dv'-,
dont la déformation se ramène (Darboux, Théorie des surfaces, t. IV,
p. 32G) à la recherche des surfaces pour lesquelles on a
(4) ? + ?' = hp,
p et p' étant les rayons principaux de courbure et p la distance de l'origine
au plan tangent, ce qui conduit à l'équation de Laplace
d"-!' _ 6/}
intégrable. Cependant, il n'est peut-être pas sans intérêt de remarquer que
les surfaces (4) se ramènent aux surfaces minima. Remplaçons en effet
p par p^ , le plan tangent restant parallèle, on trouvera que les surfaces
transformées vérifient la relation
(5) 04-p'^-^,
2<7 étant comme d'habitude le carré de la distance d'un point de la surface
à l'origine. Enfin /a podaire d'une surface (5) esi une surface minima.
GÉOMÉTRIE. — Un théorème sur les surfaces algébriques d'ordre n.
Note de M. G.-B. (juccia, présentée par M. Emile Picard.
1. Soit F„ une surface algébrique, quelconque, d'ordre n. Fixons arbi-
trairement dans l'espace : 1° un point P; 2° un |>lan 11^, ne passant pas
par P. Soient II, le plan tangent en P à la surface unique du faisceau (F„, II"),
qui liasse par P; Ilg le plan polaire de P par rapport à F„. Un quatrième
plan, 114, sera déterminé par la construction suivante : le faisceau (F„, K„)
(où K.„ désigne le cône de sommet P passant par la courbe intersection
de lia avec F„) contient une surface qui se décompose en 11^ et eu une sur-
face d'ordre n — \ ; F„_, [[)assant par la courbe gauche d'ordre n{n — i)
intersection résiduelle de F„ avec K„J. De mêuie, le faisceau (F„_,, K„_, )
(où K.„_, désigne le cône de sommet P passant par la courbe intersection
de lia avec F„_,) contient une surface qui se décompose en 11^ et en une
SÉANCE DU 25 JUIN 1906. I/JgS
surface d'ordre n — 2 ; F^^j, etc. On détermine ainsi n — \ surfaces : F„^,,
F„_j, .. ., F„_(„_,,, dont la dernière est un plan F„^(„_,,^II<.
Cela posé, il y a la proposition suivante :
Le point P et le plan IIj étant arbitrairement fixés dans l'espace : 1° les
quatre plans II,, IIj, IIj, II, passent par une même droite; 2° leur rapport an-
harmonique est constant et égal à n.
En effet, le point P et le plan K^ étant arbitrairement fixés dans l'espace,
soit X, = Xo ^ x^ = Xt =^ o un tétraèdre de référence dont un des sommets,
x, = x„z= X3 = o, coïncide avec P et la face opposée, Xi = o, avec Hj.
L'équation de la surface F„ pouvant être ramenée à la forme
F„^^"ç„ + a7';''<p, -h . . . ^ x^o„_, -+- (p„=o,
(po étant une constante et ip, (j =: i ,2, . . ., n) un polynôme homogène de
degré t en x,, x^, x^, l'on trouve
n,=S(p, = o, na^a:^ = o,
Iljssç, + Tiçpoa:;^ = o, U/.^ cp, -I- Ço^î^ = o;
d'où l'on reconnaît immédiatement que les quatre plans II,, U2, H,, II,
passent par une même droite (cp, = a;, ^ o) et que leur rapport auharmo-
nique est égal à — ^ =r n. c. q. f. d.
'■fo
Pour n ^1 (quadrique), on voit en particulier que : les quatre plans n,,
n,, IIj, n,, ainsi que les quatre plans IIj, II,, IIo, n, sont en situation harmo-
nique.
Le théorème que nous venons de démontrer et celui que l'on déduit par
dualité (au moyen desquels les invariants numériques ordre et classe d'une
surface sont exprimés respectivement comme rapports anharmoniques de
quatre plans d'un faisceau et de quatre points en ligne droite, bien déter-
minés) donnent lieu à plusieurs déductions et applications dans la théorie
des surfaces algébriques. D'autre part, leur généralisation dans la géomé-
trie à </(> 3) dimensions n'offre aucune difliculté (').
2. Bornons-nous à l'examen du cas particulier où l'on suppose que P
coïncide en un point (r)?'" (r <^ n — i) de la surface donnée. Écrivons F^"
à la place de F„ et II à la place de Hj. Soient : K^ le cône tangent eu P à la
surface F^f; R^^., le cône tangent en P à la surface, unique, du fais-
(') Pour d^2, voir ma Note précédente, dans ces Comptes rendus, t. CXLII,
séance du 5 juin 1906.
1496 ACADÉMIE DES SCIENCES.
oeau (F^;', R^, U"''), qui a un point (r -h i)p'^ en P; M^';!, la (n — /•— ly^me
polaire de P par rapport à F^'"'. Le faisceau (Fj[', L„) (L„ étant le cône de
sommet P passant par la courbe intersection de H avec F|['), contient une
surface qui se décompose en n et en une surface d'ordre n — i, Fj^, [pas-
sant par la courbe gauche d'ordre nÇn — i) intersection résiduelle de Fjf
avec L„]. De même, le faisceau (F^'2^, , L„_, ) (L„_, étant le cône de sommet P
passant par la courbe intersection de II avec F^",), contient une surface
qui se décompose enllet en une surface d'ordre n — 2, F^^l'^, etc. On déter-
mine ainsi n — r — 1 surfaces, F^^l,, Fj^l^, . . . , Fj,''l,„_^_,,, dont la dernière,
«-(H-;--)) r+i »
est une surface monoïde d'ordre r -+- i .
Cela posé, voici la proposition que l'on a dans ce cas particulier :
Le plan n étant arbitrairement fixé dans l'espace : 1° les quatre surfaces
d'ordre r -\- i : K;.^,, IIK^, M|.7,, F^'^, appartiennent à un même faisceau;
2" leur rapport anharmonique est égal an — r.
En etfet, le plan II étant arbitrairement fixé dans l'espace, soit
*X) 1 ^— — "-'o "^3 ~~' ^ -i ■ t)
un tétraèdre de référence dont un des sommets, x^=^ x^^= x^=. o,
est en P et la face opposée, x^ = o, en n. L'équation de la surface
donnée F^" pouvant être ramenée à la forme
(oc) F^'"' = a;';-"9,+ x",-"' (p^.^, +...-\-x, 9„^, + (p„ = o,
(p,(i = r, r -\- i , . . . , n) étant un polynôme homogène de degré i en x^t
Xi, X3, on trouve tout de suite
Rr+,5=(pr+. = o. nK,^a:^(pr= o,
M^'^, = <p^_H. + (« - 0^<?r= O» Fr+. = ?r+. +^4?, = o;
d'où l'on déduit immédiatement que les quatre surfaces d'ordre r-\-i,
K^+,, nKr, M^'^,, F^", appartiennent à un même faisceau et que leur rap-
port anharmonique est égal à n — r. c. q. f. d.
Pour r = « — 2 on a, en particulier, cet autre énoncé :
Les quatre surf aces^d' ordre n — i : R„_,, '^''"Z'^\ nK„_2, FJ"_~^', ainsi que
sont en situation harmonique.
SÉANCE DU 25 JUIN 1906. i^gj
3. Ailleurs [Bendiconti de Palerme, t. XVI (1902), p. 286-293], j'ai
appelé i"''', 2% ..., (^n — r -— ly*"™» conjointe de deuxième espèce de la sur-
face donnée FJ[', par rapport au point P et à un plan quelconque II de
l'espace, res|3ectivement les « — r — i surfaces (d'ordre n — i, n — a, .. .,
r+ i), F|[l, , F^''^^ F^'^'i que nous venons de déterminer dans le numéro
précédent, et i'^'''^, 1^, .., (« — r — ly!^™» conjointe de première espèce
de Fjf par rapport à P et à n, respectivement les n — r— i surfaces (du
même ordre n), F^f^", F;;^'', ..., F^"-" que l'on déduit de Fj;' par le
procédé suivant : Le faisceau (Fj[', K^II""'') (K^ étant le cône tangent
en P à la surface Fj") contient une, et une seule, surface douée d'un
point (/•+!)?'« en P : F;,'"". De même, le faisceau (F;;-"", K^^.H"-'"-') (R^^,
étant le cône tangent en P à la surface F,[*") contient une, et une seule,
surface douée d'un point {r + 2yP'* en P : F^""'. Et ainsi de suite, jusqu'à ce
que l'on parvienne à la surface monoïde Fj'^+"'-''-'"^Fj""".
Pour r^ o, il faut sous-entendre, dans ces deux défuiitions, que P soit
un point quelconque du plan.
Les surfaces conjointes des deux espèces jouissent de plusieurs pro-
priétés géométriques, dont j'ai déjà fait connaître quelques-unes dans
la Note citée. Pour ce qui concerne les cônes K et L, dont il est question
plus haut, a lieu la propriété suivante, R,^^L;.
Eidin, la surface donnée F^[', étant représentée par l'équation (ot),
d'après les précédentes constructions géométriques, on trouve tout de
suite pour les n — r —i surfaces conjointes de première et de deuxième
espèce, par rapport au point P(a;, = iCo = ^3^ o) et au plan W.(^x^=^ o),
respectivement les équations suivantes :
'''fr+i+l +...-I- J:^4?n-.
+ ?«
= 0
* ,,-i — ^/. ?r + '^ ,
'"'Or+i + . . • + a;, ç„..,-.
H + «P«-
i=o
(«■=1,2,..
., n — r — I , r ^ 0 ) .
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les équations différenlielles du deuxième
ordre et du premier degré dont l'intégrale générale est uniforme. Noie
de M. Gambier, présentée par M. Paiiilevé.
J'achève dans cette Note l'énumération des équations
I \ y'-
r={'-v,)j + Ky^^)y'+^iy>^)
à points critiques fixes.
I^\g8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les cas qui restent à traiter sont ceux où « = 2, 3 ou 5, lesquels four-
nissent 10 types nouveaux à joindre aux 4 Lypes de la Note précédeiile
(Comptes rendus, 18 juin 1906).
Cinr/uiéme type : « = 2, c = o, h = o, d = — • — Ces conditions entraî-
nent g =^ o. L'équation se ramène algébriquement à l'un des types
„ 5 m , ,. ., r , 3/«-
7) := Ti -\- b-t]- — ri m H
2 [2
7) = •/) -H
Y)"= 6Yl--f-^
par une substitution
y=y- + {r + q)y-iisr,
\l = t{x).
(<7 + 2/-) (3/- — g) r/'-y-nr'
25
Sixième type ; /^ = 2 ; c = o, A 7^ o, rf = — • — Ces conditions entraînent
/('
^=0; b=-:
„ y , q' , y^ -, \ q" ^q'- , '-'1
Y =- h Y y + — y + — + n'- + -^ -r- ^ r -] v
1.
y'
q el r sont liés par une relation analogue à celle du type précédent et une
substitution toute semblable ramène aux mêmes équations.
Septième type : n ^ o.; a = o, d^ o; c = o, A = o. — Ces conditions
entraînent ^ = o.
Si e = o on a deux équations déjà renconirées en étudiant /? = 4 :
y
yi
2y
2<77 +-/+(?' ---7-)/^
/-^\v
7
'J' ,/ L ^'Z,
y" = -^^ h -^ y' H — ^ ( y' -I- 4 y).
Si e ^ o, deux équations dont la première se ramène aux fonctions
elliptiques et la seconde fournit la transcendante nouvelle signalée :
..^y^_^q'_ ' /3
7" = ~ + -y + 4.x-r -+- ■^{^'' - «) j-
SÉANCE DU 25 JUIN 1906. l499
Huitième type : 72 = 2, a = o, d^o; c = o, h^o. — Ces conditions
entraînent ^ = o, 6 = — r-
Si e = o, on retrouve une équation obtenue pour « = 4 •
y = — + -- y + ? ( - >'■' + * V + -V,
•^ 2y 2^^^ ^\2-' - 2 y
Si e^o, on a deux équations jouissant des mêmes propriétés que les
correspondantes du numéro précédent
•>^' = S "+" î7/ y'^ ^ [l^' + ^''-y' +2^7 + 3;]'
j"= '7^ + ^y + 4^y + 2(0;^- a)j+ p^.
Neuvième type : n^ ■!; a ^ o, d = o; c ;= o, h^o. — Ces conditions
entraînent g^o, b ^ —y
Si e = o, on retrouve une équation obtenue pour « = 4 •
„ y"- h' , r II
y = - — I — tJ' -+-jy^ —
■^ 2 >■ 2 /< -^ •' ^ y
Si e ^ o, on obtient deux équations
y = ■- h -^ r + f/ v + «.y + - ,
"^ 2 y 2 (/ "^ L '^ J
y = -^ h y- + xa--y + -,
2 }* y
dont la première s'intègre par les fonctions elliptiques et la seconde se
ramène à la transcendante 7)"= 2-0' -+- c,-f\ -1- a.
Dixième type : n = -i; d=: — -k-; c = o, /* :^ o. — Ces conditions
/ l>'
entrament »■ = o, <^ == ^ :
y ='- + <iyy-^y'-^^r+/y-ry'
Cette équation est somme toute un cas particulier du quatrième ^type,
sur lequel je reviendrai ultérieurement.
2 2
Onzième type : n ^ i, d = ——; c = o, A = o. — Ces conditions entraî-
C. R.,' 1906, I" Semestre. (T. CXLII,;N« 26.) 19^
l5oo ACADÉMIE DES SCIENCES.
nent g^ = o :
,, 2 y'2 yy' , Y^ n [ , , 2( 7 -t- 2 /•) ( /■ — tv)"!
y"= 3 '^ + ZZ-^ ,/y + .^ + ry- + |^y'+ 2/-'+ ^^^^ f U ^y;
q et r vérifient une relation analogue à celle du cinquième type ; une
substitution semblable
ramène l'équation à l'un des types
7)"^ — 3mY|'+ 2yi' — Y)[m'4- 2m^],
•^"= —•/!'+ Wl2-/l^-+- -/)],
2 7/i ' J
Douzième type : n=^ 3, d^ —, h =■ ~ 3c*. — Il se passe ici des cir-
constances analogues à celles du numéro précédent; une substitution
analogue ramène soit aux trois mêmes équations, soit à
m'
v)"= ■ — •/)'+ m\ 2-/i'' -(- ar, + il,
lin ' '
Y]"= 1-n^ + in + a.
Treizième type ; « = 5, c? = 5a-, c = o, A = o. — Ces conditions entraî-
nent g ^z O.
Quatorzième type : n = 5, >/ = 5a-, /i = —■ — Ces deux types s'in-
tègrent par les fonctions elliptiques.
NAVIGATION. — Diminution de la vitesse et changement d'assiette des
navires par l'action réflexe de l'eau sur le fond. Note de M. E. Fournieb,
présentée par M. Bertin.
De récentes observations ont révélé que la vitesse et l'assiette longitu-
dinale des navires sont troublées par l'action réflexe de l'eau sur le fond,
quand la profondeur des bases sur lesquelles on les mesure est insuffisante.
C'est l'explication de ce phénomène et la détermination de la profondeur
SÉANCE DU 2.5 JUIN 1906. l5oi
limite H qu'il peut atteindre, selon la profondeur de carène et la vitesse
des bâtiments, que j'ai tenté de donner dans cette Note.
Considérons, pour faciliter l'exposition du sujet, un navire flottant, fixé
et orienté dans le lit d'un courant de vitesse v. Les filets liquides s'inflé-
chissent par réactions, en se heurtant à sa carène sous la charge du cou-
rant. Les plus élevés sont rejetés par cette réaction vers la surface libre
qu'ils dénivellent, et les autres s'engouffrent, au contraire, vers le fond,
autour et au-dessous de cet obstacle. Il en résulte une accélération de
ceux-ci par le resserrement de la section de débit du courant, et dont le
maximum est atteint, à la fois dans tous les niveaux, au-dessous du maître
couple, dans le prolongement du plan vertical de symétrie du navire.
Le maximum absolu de cette accélération a lieu dans le plus élevé des
filets descendants, après une double inflexion, dans le plan vertical de sy-
métrie, l'amenant, de son sommet suj)érieur de profondeur, So> jusqu'à
son sommet inférieur d'une profondeur, h, égale à celle du maître couple
immergé. C'est sur ce sommet que les molécules liquides de ce filet, seu-
lement alors affranchies de tout obstacle à leur cours naturel, reprennent
le parallélisme, l'horizontalité et l'uniformité de leur translation, en ac-
quérant, par réaction impulsive, une vitesse limite V plus grande que la
vitesse translatoire p du courant.
Dans ces conditions : la variation de la pression est nulle, le long de ce
sommet horizontal inférieur et, à cause de l'uniformité de l'écoulement
qui s'y produit, la réaction impulsive qui entrahie les molécules liquides
et les résistances qui lui sont opposées s'y font équilibre. La formule de
Bernoulli s'y réduit alors à son seul terme relatif à l'abaissement, h — ;„,
du niveau, du sommet supérieur au sommet inférieur du filet principal
considéré. Elle est donc
(0 H(v^-^'^) = ?(^'--)'
p étant la densité de l'eau.
Dans le même plan vertical de symétrie, les autres filets plus bas, se
modelant sur celui-ci, s'infléchissent de même, de l'un à l'autre, jusqu'à
une profondeur H, telle que l'écoulement de l'eau y soit assuré, depuis sa
section extérieure, de hauteur H, jusqu'à sa section intérieure, de hau-
teur R — h, avec un débit constant, Hc =(H — h) Or, de cette
égalité, on déduit la relation
Ii)02 ACADÉMIE DES SCIENCES.
En éliminant V entre cette équation et la précédente (i), on obtient alors
l'expression cherchée
(3)
H=/,V^
■^gjh — z-o) ^ ^
v/'
■>.g{h — i\)
qui croît avec ('jusqu'à l'infini, et avec z-^ jusqu'à la limite de cet élément.
Dans cette formule, z^ représente la profondeur immergée du centre d<'
figure (hi maître-couple, comprise, sur tous les navires, entremet -^car
c'est à ce point que l'on doit supposer appliquée la résultante horizontale
des impulsions de l'eau qui se trouve équilibrée, dans la translation uni-
forme du courant, par celle des réactions antagonistes de la carène déviant
les filets liquides au-dessus et au-dessous de la direction de cette résultante.
Il élait intéressant de donner à la formule théorique (3) la consécration
expérimentale. Or, je n'ai pu me procurer, à cet effet, que le résultat
d'une seule expérience, que jedois à une Communication de M. Bertin. On a
déduit, par comparaison, de mesures précises faites en Italie, que notre croi-
seur rapide, le JuriendélaGravière, devait sentir, à la vitesse de 23 nœuds,
l'action réflexe de l'eau sur le fond, jusqu'à une profondeur de 60™ envi-
ron. En appliquant la formule (3) à ce cas, on devait donc obtenir une
valeur voisine de cette profondeur, mais nécessairement plus grande. Or,
en calculant, par la formule (3), avec les caractéristiques de ce croiseur :
h = 5™, 7; ^0 = 2", 39, pour ^0 = 0,42^; on obtient la limite
H = 68-",4,
satisfaisant, en effet, à ces conditions.
Il est facile de se rendre compte que l'accélération horizontale acquise
par les filets liquides, au-dessous du maître-couple, tend à diminuer, au
delà, leur angle de redressement vers la surface libre sous l'effort de suc-
cion de l'arrière de la carène qui les sollicite dans ce sens, et cela d'autant
plus que cette accélération, V — v, est plus grande et augmente ainsi la
profondeur H. Or, il en résulte un effet nuisible au remplacement de
l'eau et accroissant donc, en augmentant la dépression à l'arrière du na-
vire, la charge du courant sur sa carène. On voit, en outre, qui si les filets
descendants, les plus bas, rencontrent le sol avant d'atteiniire leur proton-
deur limite, la vitesse de débit du courant, plus resserré entre cet obstacle
à leur inflexion et le dessous de la carène, augmente en conséquence de
SÉANCE DU 25 JUIN 1906. 1 5o3
ce resserrement. De plus, en se réfléchissant au choc sur le fond, ces filets
se redressent plus brusquement, par réaction verticale, vers la surface libre
où ils grossissent, par une partie de leurs apports, la vague d'étambot, et en
la rapprochant du maître-cou|jle, en même temps qu'ils soulèvent ainsi
davantage l'arrière du navire, ce qui fiiit plonger, au contraire, son avant
et augmente la charge du courant sur sa carène.
Ces résultats s'appliquent évidemment aussi au cas d'un navire en mar-
che dans une eau tranquille.
Le soulèvement de l'arrière d'un navire en marche, par action réflexe,
sur le fond, du courant rétrograde qu'il détermine au-dessous de lui par
la réaction de la résistance de l'eau, est à signaler aux commandants des
navires sous-marins, car il est de nature à contrecarrer l'effort de redres-
sement antagoniste du gouvernail de plongée, qu;uid ces petits bâtiments,
après avoir obliqué trop rapiilement et trop en pointe vers le fond, veulent
arrêter leur descente, ou revenir vers la surface. Dans ce cas, en effet, cette
action réflexe est d'autant plus redoutable pour eux qu'elle s'accroît pro-
gressivement, dans leur |)longée, à mesure qu'ils se rapprochent du fond
où elle prend point d'appui. C'est ainsi qu'on peut s'expliquer certains
faits jusqu'ici incompréhensibles et notamment le grave accident qui faillit
arrivera un de nos submersibles, le Silure, qui, il v a trois ans, a été entraîné,
malgré lui, sur ime inclinaison croissante, de 4o mètres vers le fond,
dans une plongée rapide trop en pointe, sans pouvoir arriver à arrêter sa
descente avec son gouvernail horizontal. Ce bâtiment n'a rénssi à éviter
une catastrophe qu'en se délestant brusquement de son poids de sécurité
et en stoppant son moteur, ce qui lui permit de revenir en surface.
ÉLECTRICITÉ. — Etude simplifiée des effets de capacité des lignes à courants
alternatifs. Note de M. A. Blo.ndel, présentée par M. Mascart.
Dans une précédente Note (' ) j'ai montré comment le régime des cou-
rants alternatifs en chaque point de la ligne peut être obtenu par la super-
position de deux épures relatives respectivement à la marche à vide et au
fonctionnement en court-circuit. J'ai représenté ce dernier dans deux
hypothèses : l'une correspondant à un décalage nul du courant à l'arrivée
(') Comptes rendus^ 7 mai 1906. Erratum : aux expressions de I et J ajouter le
facteur e-'Y.
l5o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
(courbe P des I, tracée en traits pleins), l'autre à un décalage (p, =37°
(cos «p, = 0,80) du même courant (courbe P^^ des I, tracée en traits poin-
tillés). Les courbes Qç_ et P^^ sont obtenues simplement en faisant tourner
de 37° les axes XOY.
L'épure se rapportait à une transmission triphasée projetée de 1 000*"° débitant
à l'arrivée un courant I, de 100 ampères par phase, à 25 périodes sous une tension
étoilée Uj de 60000 volts (correspondant à loSgoo volts entre fils). Les trois con-
ducteurs câblés de la ligne ont chacun 83™'"-, sous 11°"", 6 de diamètre extérieur;
leur écartement est de a™,5o, et leur hauteur moyenne, 6™ au-dessus du sol. Les
constantes kilométriques de chaque conducteur sont /• = o,2i5 ohm • l := ] ,2682 milli-
henry; c =^0,29257 ohm ; g a été pris égal à zéro, vu sa faible valeur, et à
défaut de chiflres d'expérience. On en a déduit : a =r 0,000229606 ; 6 = o,ooo524334 ;
»î. nr 5i 1 , 12 ; Y := aSoSS'SS". On lit sur l'épure toutes les valeurs intéressantes des
tensions et courants, obtenus par exemple tous les 100''". Notamment au point 1000'""
(départ), on obtient le régime à fournir par l'usine génératrice :
Pour costpi = I Pour 0059,= o,So
(9,= o). (ip,= 37").
Tension résultante Uo = 77 800''""* II'»— 8i6oo™p
Courant résultant Io=: ii5"'"i' !'„= 78™''
Projection de lo sur Uo ou U'o. . io7'""'',5 77™p,5
Facteur de puissance cosço 0,98 0,99
Puissance Uolo costpi, 25o9o'"'' 18972'"'
Puissance U,I, cos^j iSooo'"' ï44oo'"'
Rendement de la transmission.. 0)73 0,76
On remarquera sur l'épure que (pour ^=0) la courbe ON s'écarte peu de sa tan-
gente à l'origine, perpendiculaire à OX; de même la courbe OQ s'écarte peu de la
forme rectiligne et sa tangente à l'origine fait, avec OY, un angle égal à 27.
Cela m'a conduit à rechercher, d'une manière plus générale, pour ^^o,
des expressions approchées des différents vecteurs figurant dans l'épure et
de leurs projections intéressantes, sous forme de courtes séries ordonnées
par rapport aux valeurs croissantes de la distance x, prise comme variable.
En posant pour simplifier :
(i) p = ui-lc — ffr,
(2) fj = hier -h oïlg-,
j'ai trouvé ainsi les expressions suivantes :
Valeurs approchées. Valeurs exactes.
(3) Vecteur QM = u/. - ^..A + = U^i/î2}lIIt
(4) Projection sur 0X0= L1,M — -a'M-i-
3
SÉANCE DU 20 JUIN I906. i5o5
(5) Projection sur OYo= U, X -.r-( i — 4 2''")+-
(6) Vecteur ON = U, \/ g^ + 0/^ c'x(i — '^ .r A + . . . = ^ 4 /-
(7) Projection sur OXo= u/g-x— -^^ "^ "^^"^ xA + ■...
(S) » 0Y,= U, Ucx - "^ g " ^' x^
(9) Vecteur OQç,= I,-.r ( i — ^ .c- j h- = /nI,t/
(10) Projection sur 0X3, ^ Il ( /-.r — ■- — .r')+
(.i) .. OY,=I,(<u/,r-^i^^i^.r-)+....
Je n'indique que les expressions utiles pour les calculs usuels. Quant au
vecteur OPç_ et à ses projections, les expressions sont les mêmes que pour
OM en remplaçant U, par I, .
A ces expressions, il est intéressant pour les applications d'ajouter celles
des angles suivants :
Valeurs exactes. Valeurs approchées.
(12) MOXo= arc tangtanglina; tang/>j7 = arc tang -:r-| 1 h- ^a:-M + . . .
, '•> <;^^C^ sin 2 bx
(i3) NOPç.= - — arc tang ^T Oi — Y
^' sih2rtj: ■ '
, / V .<^C^ sin ibx
(.4) MOQ„=.-arctang ^^—- + o, + -i
(,5) XOV = X;pQ..= arctang ^^"^.^-^ - ^^ ^ arc tang ^"^- ^"^^' " 7^ "^^ + .
^ ' V V. vy, °tangha.r ' " ti,- — {pr + <^lq) x-
I a\ 1V1/-.V . tangua; Ç>i^c ~ {tacp — i>q)x-
(16) NOXo= arc tan g -. 1- y = arc tang-— ^^ 5_L^ . .__
tanghwa: ° &g — {gp + txicq)x-
Ces valeurs des vecteurs et des angles permettent d'effectuer rapidement
les calculs des vecteurs résultants par les formules :
QçM"=Qç,0'-i-OM'+2 0Qy_OMcosQç_OM,
P^ = P^Ô'' + on' - 2 0P,_ONcosNOPç,.
Elles permettent aussi de remplacer dans les calculs le vecteur OQ par
l5o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ses projections, en remplaçant simplement les valeurs ra; et to/a- qu'auraient
la résistance et l'induclance pour une ligne sans capacité par les valeurs
corrigéesdes équations (lo)et ( 1 1 ). Le calcul graphique des effets d'impé-
dance des lignes présentant de la capacité peut alors se faire, au moyen de
ces corrections de r et de oj/, comme pour les lignes sans capacité, en ajoutant
en outre, au vecteur U, de la tension à l'arrivée un petit segment correctif
XoM dont les projections se déduisent des valeurs données plus haut pour
les projections de OM : (4) et (5).
Ces formules approchées, qui dispensent des calculs de a el b et de
l'emploi des fonctions hyperboliques, donnent des résultats très suffisam-
ment exacts pour toutes les lignes aériennes ordinaires dont la longueur ne
dépasse pas Soo"^™ et pour les lignes souterraines usuelles jusqu'à jo''™;
au delà, il vaut mieux employer les formules complètes ou les expressions
plus simples données dans ma précédente Communication, et rapportées
à des axes auxiliaires.
OPTIQUE. — Photographie interfèrenlielle ; l'ariation de l'incidence ; lumière
polarisée. Note de M. Ponsot, présentée par M. Lippmann.
Je me suis proposé d'étudier expérimentalement les interférences de la
lumière polarisée réfléchie sur une surface plane de mercure : ces interfé-
rences se produisant dans l'épaisseur il'une couche transparente de géla-
tinobromure d'argent, en contact, dans toute son étendue, avec la sur-
face réfléchissante. C'est, en somme, répéter des expériences remarquables
de Wiener, en utilisant, pour faire varier les conditions expérimentales, le
dispositif de M. Lippmann pour la photographie interférentielle.
J'ai dû dabortl déterminer l'indice de réfraction de la gélatine, cette détermination
a été faite avec le réfractomèlre d'Abbe. L'indice de réfraction de la gélatine augmente
avec la dessiccation de cette substance; par suite l'indice de la gélatine séchée à l'air
libre dépend de l'état hygrométrique de l'air et de la température à laquelle elle est
portée. J'ai obtenu des nombres variant entre i,537 et 1,546; la gélatine étant séchée à
l'air libre el à la température ambiante voisine de 14°. En incorporant à la gélatine
du bromure d'argent el des substances sensibilisatrices, pour obtenir une émulsion iso-
chromatique, je n'ai pas remarqué de variation certaine de l'indice.
Je rappellerai, à ce sujet, que Kircliner (') avait trouvé dans ce cas: i,532 pour une
(') Untersuchungen iiber die optischen Eigenschaften entwickelter Lippmann-
scher Emulsionen. léna, 1908.
SÉANCE DU 2 5 JUIN I906. l5o7
émulsion séchée à l'air, dans l'obscurité; 1,587 pour uneémulsion séchée à l'air, mais
brunie par une exposition suffisante à la lumière ; 1 ,556 pour une même émulsion des-
séchée en présence de l'acide phosphorique, et 1,49 après un développement à l'ami-
dol ayant rendu l'émulsion vert olive.
Dispositif expérimental. — Un faisceau de rayons lumineux (arc électrique) très peu
convergent, est dirigé sur une fente recliligne verticale au foyer principal d'une len-
tille convergente. Le faisceau de rayons parallèles qui en sort traverse normalement la
surface d'un réseau sur verre (y^ de millimètre); à quelques centimètres les rayons
du premier spectre de dilTraction, dispersés à gauche dans un plan horizontal, traver-
sent l'objectif d'un appareil photographique et impressionnent une plaque sensible
exposée au foyer (dislance focale 36'="). Le châssis portant cette plaque est mobile au-
tour d'un axe horizontal. Pour polariser la lumière j'emploie un Foucault sur le trajet
des rayons lumineux, en avant de la fente qui limite leur faisceau. Comme il ne s'agit
pas de mesures, c'est à l'aide d'un prisme biréfringent placé sur le trajet des ravons
lumineux sortant normalement du réseau que je rends vertical ou horizontal le plan
de polarisation de la lumière ayant traversé le Foucault.
Expériences et résultats: \° Uumière non polarisée . — Je prends des pho-
tographies du spectre sous l'incidence norni;ile et eu augmentant l'angle
d'incidence, uolaminent pour une incidence (ie 45° dans l'air, ce qui cor-
respond à un angle d'incidence i^ dans la gélatine, voisin de 28°. Pour ob-
tenir une incidence de 45° dans la gélatine, j'utilise un prisme rectangle
isoscèle en crown-haryum (indice i,55 lumière jaune); avec de la gélatine
je fais adhérer sa face hypoténuse à la face nue de la plaque de verre dont
l'autre face est recouverte de Témulsiou sensible: le châssis dans lequel
est placée cette plaque étant incliné de 45° sur l'horizon, l'axe principal de
l'objectif est normal à la face verticale du prisme.
L'pxameu, en lumière blanche, sous une incidence normale, des photo-
graphies obtenues montre que les couleurs du spectre sont déplacées vers
le violet et d'autant plus que l'angle î, est plus grand. Lorsque i, est voisin
de 28° le rouge ne commence que dans la région de la plaque qui a été
impressionnée par le jaune; lorsque i, = 45°, le rouge ne commence que
dans le bleu indigo. A sa gauche, dans la région impressionnée par les
radiations les moins réfrangibles, on observe une plage, en général noir
bleuâtre.
Ces résultats sont prévus par la théorie des interférences dans les lames
minces : en un point impressionné par une radiation de longueur d'onde \
dans l'air, sous une incidence i, , on aura, sous une incidence normale, un
maximum lumineux pour une longueur d'onde V, telle que
V ^ \ : cos j , .
C. K., igofi, I" Semestre. (T. CXLII, N° 26.) I97
l5oS ACADÉMIE L>ES SCIENCES.
Si l'on examine la [)hotogra|3hie sous une incitlence cioissanle, les cou-
leurs se dé|)lacent vers le rouge : sous une incidence de 4'>° d;iiis l'air, la
couleur vue en un point est celle de la région du spectre qui a impressionné
la plaque sensible en ce point, sous la même incidence.
Ces résultats doivent être pris en considération pour le choix des objec-
tifs à utiliser dans la photographie interférentielle, pour la distance à
laquelle on doit se placer d'une photographie afin qu'on ait, autant que
possible, la sensation des couleurs impressionnantes, pour la projection des
photographies.
2° Lumière polarisée. — On observe des résultats identiques aux précé-
dents avec la lumière polarisée, du moins en ce qui concerne le déplace-
ment des couleurs spectrales: en outre, l'angle j, croissant :
Si la lumière est polarisée dans le plan d'incidence, les couleurs obser-
vées sont très brillantes, plus pures qu'avec la lumière non polarisée.
Si la lumière est polarisée dans un plan perpendiculaire au plan d'inci-
dence, les couleurs observées deviennent de plus en plus ternes, comme si
elles étaient sur un fond réflecteur incolore ou légèremt^nl jaune. Sous l'in-
cidence de 45° dans la gélatine, les couleurs onl disparu totalement : il n'y a
plus, à la place impressionnée par le spectre, qu'une teinte uniforme jau-
nâtre due à l'argent réfléchissant produit par le développement.
Le cliché, examiné par transparenc<s ne montre cependant aucune diffé-
rence avec celui obtenu lorsque la lumière est polarisée dans le ()lan d'inci-
dence. L'absence de couleurs est due à une répartition uniforme, dans la
gélatine, de l'argent produit par le développement : la lumière incidente
et la lumière réfléchie exerçant en tout point leur action d'une manière
indépendante, en un mot n'interférant pas.
On sait quelle conclusion on tire de ce fait expérimental relativement à
la diie('tion de la vibration dans la lumière polarisée.
3" Expériences sans miroir de mercure. — Toutes les expériences précé-
dentes ont été répétées en supprimant la surface réfléchissante de mercure ;
les résultats obtenus ont été analogues : sous l'incidence i', ^4^° il y a
réflexion totale sur la surface gélatine-air; avec la lumière polarisée
dans le plan d'incidence, la photographie du s|)eclre donne de belles
couleurs commençant dans la région impressionnée par le bleu; dans
l'autre cas, il n'y a pas de couleurs, mais une surface réfléchissante d'argent
jaunâtre.
J'ai remarqué que, dans les mêmes conditions d'exposition et de lumière,
les couleurs vues en un point d'une plaque ne sont pas les mêmes qu'avec
SÉANCE DU 25 JUIN 1906. I Sog
une surface réfléchissante de mercure ('). Pour mettre ce fait en évidence,
j'ai photographié un spectre dont la moitié inférieure seulement était
réfléchie par le miroir mercuriel ; la discordance des couleurs est mani-
feste; elle est considérablement atténuée en recouvrant la ph(>tographie de
benzine et d'un prisme d'un angle de 10°.
Il y a lieu d'étudier cette discordance avec la précision qui est possible
en faisant varier les conditions expérimentales.
PHYSIQUE. — Dispositif permetlant de mettre simultanément plusieurs
prismes au minimum de déviation. Noie de P. Lambert, présentée par
M. Lippmann.
Ayant eu besoin de monter un spectroscope composé de trois prismes et
de deux demi-prismes, dans lequel le rayon lumineux traversait une pre-
mière fois le système, puis revenait en sens contraire après s'être réfléchi
sur nn miroir M {fig. i), j'ai été amené à étudier la question de la mise
au minimum de déviation.
Fig. I.
On a proposé de nombreux mécanismes pour mettre simidtiméinent
(') Voir à ce sujet : Kkone. Die Darslelltmg der itatiirlichen Farben, i8q4. — V'a-
LENTA. Photographie in Farben. — RoiuÉ, Comptes rendus, oclobi e 1904 ; Société
française de PItysique, 16 décembie 1904.
I ) 1 o
ACADEMIE DES SCIENCES.
il 17 minimum de déviation plusieurs prismes; mais, dans le cas particulier qui
m'occupait, je n'ai pu employer aucun d'entre eux, car ils exigeaient trop
de place ou manquaient de précision; j'ai donc préféré employer le sys-
tème suivant qui, je crois, n'a pas encore été décrit.
Soit un train de trois prismes et deux demi-prismes dont les arêtes verti-
cales de la base coïncident. S'ils sont tous au minimum de déviation pour
ime certaine radiation, on sait que le polygone formé par les bases est
régulier et que les angles sont plus ou moins grands, suivant que le système
est au minimum de déviation pour une radiation rouge ou une radiation
violette.
Supposons que le premier demi-prisme de base ka {Jig. 2) soit fixe et
que le rayon entre normalement à sa face. La ligne œa sera le lieu géomé-
trique des cercles inscrits dans les polygones formés par les bases. Le
problème revient donc à trouver le moyen, en déplaçant le centre w sur la
ligne wa, d'agir sur les côtés du polygone de façon à les rendre toujours
tangents au cercle uta. On peut arriver à ce résultat par le moyen suivant.
Supposons en A, B, C, D,... des charnières et en co une colonne cylin-
drique montée sur un patin H guidé par deux glissières et pouvant se dé-
placer dans la direction coa. Deux poulies à gorge de très faible épaisseur c, d
peuvent tourner sur cette colonne. Un fil métallique souple et inextensible
est fixé en un point X, s'enroule de droite à gauche sur la poulie c, passe
sur la poulie e, puis vient s'enrouler de droite à gauche sur la poulie d et se
termine en Y oij il est fixé par l'intermédiaire d'un tendeur.
Si je déplace le point w au moyen de la glissière et si je le transporte en w' (Jlg- 2),
SÉANCE UC 20 JLIN ipoC).
I .)I (
le point o se sera approché du centre d'une quantité égale à tow', puisquee/'^e'y':^co(i)',
donc la distance w'o' sera toujours égale à co'ff.
11 est nécessaire d'employer un système formé de trois poulies et d'un fil double,
car, si le fil métallique, après avoir passé sur la poulie c, venait se fixer en o, la dis-
tance m' o' ne serait égale à w'ff que si le côté B'C restait parallèle à BC, ce qui n'a
pas lieu, car, en se rapprochant du centre, il change aussi d'orientation ; le fil s'enrou-
lerait donc sur un arc de la circonférence de la poulie correspondant à l'angle de rota-
tion et de ce fait la distance du point o' à co' serait plus petite que w'a. En employant
deu\ brins et une poulie en o, l'erreur produite sur le brin X est compensée par
l'erreur égale et de sens contraire produite sur le brin Y. Si l'on dispose des ressorts
capables d'éloigner les côtés du polygone du centre, le train de prismes peut être
conduit par des systèmes de fils métalliques semblables à celui décrit plus haut et
fixés aux côtés BC, CD, DF, etc. Cependant, afin de rendre l'ensemble plus stable, j'ai
préféré guider le mouvement des prismes.
Pour cela j'ai placé, sous les plates-formes qui les supportent, des pièces de bronze G
Kig. 3.
de ô""" à 7"" de longueur; chacune d'elles est percée d'un trou soigneusement alésé,
perpendiculairement au côté du polygone; dans ce trou passe une tige calibrée, ter-
minée par une bague qui peut tourner autour de la colonne w.
Dans ces conditions, les côtés seront toujours parfaitement perpendiculaires aux
tiges (0 0 ; de plus, il est facile de voir qu'il suffit d'employer un nombre de commandes
par fils égal à la moitié du nombre des prismes.
On peut construire les organes de ce mécanisme avec beaucoup de précision et
obtenir un mouvement très doux sans jeu ni retard.
ÉLECTRICITÉ. — Sur une méthode simple pour l'élude des mouvemenis des
vapeurs métalliques dans C étincelle oscillante. Note de M. G -A. Hem-
SALECH, [jrésenlée par M. Lippmann.
Dans une Note anlérieure (') j'ai montré qu'une seule oscillation est
capable de produire et de rendre lumineuse de la vapeur métallique. J'ai
(') Comptes rendus, t. CXLI, igoô, p. 1227.
l5l2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
constaté depuis, en photogra[)hiant des étincelles oscillantes sur une pelli-
cule mobile, que la vapeur métallique est produite uniquement par les
oscillations et que la décharge initiale n'en produit pas. C'est surtout la
première oscillation de chaque élinrelle qui est riche en vapeur métallique,
et lorsqu'on souffle l'étincelle elle donne lieu à cette traînée de vapeur
dont j'ai étudié le spectre (/. c).
Pour l'étude détaillée de cette première oscillation il est nécessaire de
l'isoler; à cet effet t)n introduit dans la bobuie de self-induction un cylindre
en lôle de fer : toutes les oscillations, sauf la première, sont alors dé-
truites ('). En soufflant maintenant l'étincelle on aperçoit, outre la
décharge initiale, l'oscillation et la trajectoire de projection de la vapeur
métallique. Je me suis proposé d'examiner de plus près ces trajectoires et
de déterminer les vitesses de projection pour différents métaux. La faible
lumière d'une seule oscillation ne m'ayant |)as permis d'employer la mé-
thode de la pellicule mobile (méthode employée par M. Schuster et moi-
même dans nos recherches sur l'étincelle ordinaire) j'ai eu recours à la
méthode suivante.
Deux, électrodes semblables, E et E' (fig. i), se lermiiiant en pointes sont fixées au
foyer du colliinaleur (longueur focale go"^™) d'un spectroscope auquel on a enlevé la
Fig. I.
fente. Les électrodes sont disposées de telle sorte qu'une droile reliant les pointes
coïncide exactement avec la position qu'occupait auparavant la fente.
Les électrodes sont reliées aux armatures d'un condensateur (capacité : 0,007 fnicro-
farad);(laiis l'une des deux branches du circuit est insérée une bobine de self-induction
(') IIkmsalecii, Comptes rendus, t. CXL, igoS, p. 1822.
SÉANCE DU 25 JUIN l(jo6. l5l.^
de 0,0125 heniv, reiireriuanl un cylindre en tôle de fer (diamètre 19"™, 5; longueur i™).
Lorsqu'on fiiit éclater une (-tincelle entre E et E' on aperçoit dans la lunette du
spectroscope le spectre du métal qui constitue les électrodes; ce spectre est composé
d'images monocliromatiques de l'étincelle et l'on peut y étudier la distribution de la
vapeur métallique pour une radiation quelconque, comme l'ont fait M. Lenard pour
l'arc et M. de Walteville pour les flammes. Dans une étincelle (longue de 6™™) pro-
duite dans les conditions dedécliarge énumérées plus haut on constate les faits sui-
vants : La vapeur métallique est projetée d'une des électrodes seulement; à l'autre
électrode on n'aperçoit que de petites taches de vapeur au voisinage immédiat de la
surface, mais il n'y a pas de projection. En outre on aperçoit à la surface de cette
électrode la bande de la gaine négative (tête de la bande à X =: 391^,4), d'où il résulte
que c'est l'électrode négative. La vajjeur métallique est donc projetée de l'électrode
positive. Le spectre de la décharge initiale n'est pas visible dans ces conditions. L'os-
cillation donne les bandes de l'azote, mais elles sont extrêmement faibles.
Si maintenant ou tait passer un cour.iiit d'air à travers au tube de verre
T i^fig. i), placé perpendiculairement à la direction de l'étincelle, et dont
le diamètre intérieur est un peu plus grand que la distance explosive (dis-
lance entre l'orifice du tube et l'étincelle : 3"™ à 5"""), la vapeur métallique
et l'oscillation sont déviées de leur direction originale, tandis que la
décharge initiale, devenue beaucoup plus marquée, reste droite. Ces trans-
formations sont admirablement inler[)rétées par le spectroscope. Dans le
spectre on aperçoit maintenant des raies droites et des raies courbes. Les
raies droites et faibles, traversant le spectre du haut en bas, sont dues à la
décharge initiale (trait de feu) et constituent le spectre de ligues de l'air.
Les raies courbes et lumineuses, provenant d'une des électrodes seule-
ment, sont dues à la vapeur métallique. Connaissant la vitesse du courant
d'air on peut déterminer la vitesse de projection de ces vapeurs pour une
radiation spectrale quelconque. Dans ce spectre on remarque encore une
faible bande de l'azote, également déviée, due à l'oscillation.
Maintenant une seule étincelle ne suffit pas [>our impressionner tous les
détails sur une plaque photographique et l'on est obligé d'employer une
série d'étincelles, lesquelles doivent se superposer exactement.
Pour cela on recouvre les électrodes d'un isolant et ne laisse exposée
qu'une surface minime du métal d'où peut jaillir l'étincelle. Le condensa-
teur est mis en dérivation sur le secondaire d'un transformateur alimenté
par le courant alternatif.
Pour faire une pose, on ferme momentanément le circuit primaire du
transformateur. Dans ces conditions, la vapeur métallique est projetée des
deux électrodes par suite des alternalions de la charge. Une de ces photo-
l5l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
graphies, agrandie, est reproduite (fig. 2); elle a été obtenue avec des
électrodes de plomb.
Fig. î.
Bètermination de la vitesse du courant d'air. — Le tube de verre T est
monté sur le déflagrateur à bords cunéiformes décrit dans une Note anté-
rieure (' ). On détermine ensuite les distances entre les oscillations données
par ce dispositif et produites par un système de capacité et self-induction
dont on a préalablement évalué la fréquence d'oscillation à l'aide de la
méthode de la pellicule mobile (^). Connaissant alors la fréquence d'oscil-
lation et la distance entre deux oscillations successives produites par le
courant d'air, on peut calculer la vitesse de ce dernier. Ainsi j'ai trouvé une
j , mètres , . i' • 1 ■ 1
vitesse de 47 t- pour le courant d air employé dans mes expériences,
d'oîi résulta pour les raies 1 = 4o58,o et >. ^ 3683,6 du plomb une vitesse
TYl ^ 1 1' ^ Q
t;ineentiellede 5o ^à la distance de 2™™ de l'électrode. Les vapeurs
° seconde '
(lu magnésium ont donné des vitesses beaucoup plus petites.
Je me propose de continuer ces recherches.
PHYSIQUE. — Sur des méthodes pour photographier les raies d' absorption
des matières colorantes du sang. JNole de MM. Louis Lewix, A. 3Iiethe
et E. Stexc.er, présentée par M. A. Laveran.
Aucun essai de photographier les spectres de toutes les matières colorantes du sang
n'a été publié, à notre connaissance, jusqu'à l'heure actuelle. Et pourtant de telles
tentatives étaient nécessaires depuis longtemps pour donner une base certaine aux
appréciations de leurs propriétés spectrales. C'est que certaines difficultés, que l'on
peut considérer à présent comme résolues, s'opposaient à une telle tentative.
(') lliîMSALECH, Comptes rendus, t. CXL, igoS, |). iio3.
C) IlEasAi.ECii, Comptes rendus, t. CXXXII, 1901, p. 917.
SÉANCE DU 25 JUIN 1906. l5l5
On n'estime pas toujours à sa juste valeur la méthode d'observation spectrogra-
phique, et justement à propos des spectres d'absorption, l'opinion généralement ré-
pandue est que la mesure du spectrogramnie ne donne pas de résultats plus exacts que
l'observation et la mesure à l'ieil nu. Cette manière de voir ne peut être admise,
comme nous l'avons démontré, à la fois pour le spectre visilile parce que, en disposant
convenablement les expériences, on peut mesurer avec la pins grande exactitude les
raies d'absorption, et aussi, cela va sans dire, pour la partie violette et ultra-violette
du spectre qui est très peu ou pas du tout visible à l'observation oculaire. En outre,
il est connu que beaucoup de réactions spectrales ont Heu justement à l'endroit où le
spectre est le plus réfrangible et que beaucoup de pliénonièncs caractéristiques dans
le domaine de l'analyse d'ai)sorption se passent dans le violet extrême et l'ultra-violet;
il suffit de mentionner ici les absorptions de corps organiques incolores-dans le violet
et l'ultra-violet. Nous avons également constaté dans nos recherches sur les matières
colorantes du sang que l'absorption qui a lieu dans cette région du spectre que Sorel
fixa le premier sur la plaque, il y a trente ans et que Gamgee représenta plus tard,
mais qu'il ne poursuivit pas dans toute sa valeur, est particulièrement sensible. A
cause de la facilité qu'on a de la recojinaître dans les plus petites quantités de sang, qui
ne peuvent être constatées d'une autre m.anière, cette absorption ne manquera pas
de rendre des services à la Toxicologie et à la Médecine légale.
Une (les raisons qui font que les mélhoJes pholographiques ont été si
peu employées dans l'analyse de l'absorption spectrale est que, avec les
plaques ordinaires, le champ spectral utilisable ne dépasse pas de beaucoup
le bien vert dans la direction de l'extrémité la moins réfrangible. C'est
seulement par l'utilisation des derniers progrès dans le domaine de la sensi-
bilisation des plaques qu'il a été possible de poursuivre les phénomènes
d'absorption jusqu'à l'extréinilé visible de la partie la moins réfrangible du
spectre.
Nos recherches ont été faites avec du sang d'hommes, de chevaux, de
porcs, de lapins, de grenouilles et de vers de terre ; puis avec de i'uxyhé-
nioglobine pure et les produits de transformation qu'on en relire ; enfin
avec des dérivés des matières colorantes du sang purs que nous avons
isolés nous-mêmes ou (pii nous ont été remis par des tiers (').
Nous nous sommes servisdes installations et appareils suivants : un spec-
Irographe à réseau de Thorp qui donne un spectre long d'environ 9'^"' entre
les longueurs d'onde 800 et 3oo nous a servi d'appareil spectroscopique.
Nous utilisâmes en outre un spectrographe à quartz pour l'ultra-violet quand
(') Nous adressons ici nos vifs remerciements à M™" Nadine Sieber de Saint-
Pétersbourg et à M. E. Salkowski de Berlin pour l'obligeance avec laquelle ils ont mis
à notre disposition divers produits.
G. R., :9o6, i" Semestre. (T. CXLII, N° 26.) I98
l5l6 ACADÉMip DES SCIENCES.
il nous parut nécessaire de constater si des raies d'absorption existaient au
delà de la longueur (l'onde 3oo.
Comme source lumineuse, nous avons employé des fds de magnésium
enflammés, qui fournissent non seulement une lumière vive très régulière,
surtout dans la partie violette et ultra-violette du spectre, mais aussi quel-
ques lignes 1res nettes sur le fond desquelles se détachent très fortement
les bandes d'absorption à constater. Dans quelques expériences nous nous
sommes servis de la lumière oxhydrique à zircone. Nous avons employé dans
la partie la moins réfrangible du spectre une lampe Nernst qui donne, de la
longueur d'onde 4oo jusqu'à la limite du spectre rouge visible, une bande
lumineuse absolument régulière. Tout en employant cette source lumineuse,
nous projetâmes des lignes de repère très fortes ilans le spectre. Les
recherches se faisaient ordinairement dans des cuves à faces parallèles nu
dans des éprouvettes d'un diamètre connu. Ces dernières agissaient en
même temps, si on le jugeait nécessaire, comme des lentilles convexes.
THERMOCHIMIE. — Sur la chaleur de formation de l'acide carbonylferro-
cyanhydrique . Note de M. «Ï.-A. Muller.
La chaleur de formation, depuis les éléments, de l'acide carbonyl-
ferrocyanhydrique ne peut se déduire que de sa chaleur de combustion,
car son mode de synthèse, à partir des ferrocyanures ('), ne se prête pas à
une autre méthode de détermination.
J'ai opéré cette combustion clans la bombe calorimétrique contenant 5'"' d'eau, en
eni|)loyant os,8 à 00,9 d'acide, en cristaux assez gros, que je brûlais direelement,
c'est-à-dire sans employer de combustible auxiliaire, dans un petit creuset en
porcelaine de Saxe, de 23""" de diamètre sur 20™™ de hauteur et pesant environ 3s, 5.
Malgré toutes les précautions prises, il y avait souvent projection de matière hors
du creuset, au moment de la combustion ; ce fait se produisait surtout quand les gros
cristaux étaient mélangés à un peu de poudre cristalline.
Mais dans les cas où il n'y avait pas eu projection de matière, les produits gazeux
de la réaction ne contenaient pas trace d'acide cyanhydviijue ni d'oxyde de carbone;
ils ne renfermaient pas non plus de vapeurs nitreuses. II est évident qu'aucune autre
méthode de combustion que celle par la bombe calorimétrique n'aurait peimis d'at-
teindre ce résultai.
Ce travail devant être publié in extenso dans uu autre Recueil, je ne
(') Comptes roic/iis, i. (]X.\VI, i8g8, p. i^ai.
SÉANCE DU 25 JUIN 1906. l5x7
donnerai ici que les chnleiirs de combustion définitives de i» d'acide
hydraté H'FeCOCAz, H-O, à volume constant, obtenues dans 7 combus-
tions où il n'y avait pas eu projection de matière. Les produits de la
combustion étant l'azoite, l'anhydride carbonique gazeux, l'eau liquide et
l'oxyde salin de fer, les nombres dont il s'agît sont les suivants :
Cal
3439
3455
3454
3434
3459
3435
3429
La moyenne arithmétique de ces nombres est égale à 344'i'^'''> ce qui
correspond à 809^"', 8 par mol.-gr. d'acide hydraté, à vol. const. et 808^"', 9,
à pression constante.
En appelant x la chaleur d'hydratation de l'acide carbonylferrocvan-
hydrique par l'eau liquide, avec formation de l'hydrate solide à une molé-
cule d'eau, on déduit du dernier nombre la chaleur de formation de l'acide
5
pur, H'FeCOCAz , depuis ses éléments, soit — (48^"', 6-1- a;).
La valeur de a;étanttrès probablement inférieure;! une vingtaine de Cal.,
la chaleur de formation de l'acide car{)onylferrocyanhydrique est donc
bien moins endothermique que celle de l'acide ferrocyanhydrique qui est
égale à — 1 22^"', o ( ' ).
Ainsi, tandis que le remplacement de CAzH par CO dans l'acide ferrocyan-
hydrique, avec formation d'acide carbonylferrocyanhydrique, n'a aucune
influence sur l'énergie acide des atomes d'hydrogène qui restent (-), cette
substitution, à cause de la chaleur de formation exothermique du carbonyle
comparée à celle du groupement CAzH qui est endothermique, a pour effet
d'augmenter la chaleur déformation de l'acide carbonylferrocyanhydrique
par rapport à celle de l'acide ferrocyanhydrique.
(') Berthelot, Thermochirnie, l. II, p. 294.
(^) Comptes rendus^ t. CXXIX, 1899, p. 962.
l5l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE PHYSIQUE. — Phosphorescence cathodique de teuropiiun dilué dans
la chaux. Etude du système phosphorescent ternaire : chaux- gadoline-eura-
pine. Note de M. i\. Urbain, présentée par M. A. Haller.
Dans une Note précédente (Comptes rendus, t. CXLII, 190G, p. 2o5) j'ai
établi l'existence de deux spectres de phosphorescence de l'europium pur.
J'ai employé comme diluant de l'europine, soit la gadoline, soit la chaux,
soit l'alumine. En faisant varier progressivement dans ces systèmes phos-
phorescents binaires la proportion d'eurojiine, on observe deux optima
successifs de phosphorescence, pour deux groupes de bandes spectrales
distinctes, mais attribuables tous deux au même élément excitateur euro-
pium. Je désignerai ce phénomène sous le nom de phénomène de dilution.
En étudiant, dans le diluant chaux, la phosphorescence des termes suc-
cessifs de mes fractionnements de terres eurojnfères, j'ai observé avec les
fractions, qui renferment simultanémentde l'europiumet du gadolinium, un
nouveau [)hénomène que j'ai pu reproduire synthétiquement, et qui montre
combien les radiations émises dans la phosphorescence sont susceptibles
do se modifier sous des influences de nature chimique relativement
faibles.
Pour environ 0^,200 de chaux, j'emploie quelques milligrammes d'oxydes
rares. L'ensemble est transformé en nitrates, où l'on verse d'abord un excès
d'ammoniaque, puis de carbonate d'ammoniaque. Lfes carbonates sont
calcinés sur un bec Bunsen.
Dans ces conditions les fractions successives d'europium pur ont donné
constamment le spectre suivant :
Spectre du système hinaire chaux-europine. — 607 faillie, diffuse; 634 t'"ès faible,
très ditTuse; 624,5 foile, éu-oite ; 618 moyenne, étroite; 6i5,5 moyenne, élroile; 612,8
extrêmement forte, étroite; 697 moyenne, étroite; SgS moyenne, étroite; 091 très
faible, étroite; 689,5 forte, assez étroite; 584,5 faible, diffuse, estompée vers les X forts;
582 faible, nébuleuse; 564,5 faible, dilïnse; 56i,5 faible, diffuse; 554,5 très faible,
diduse; 552,7 faible, dilïuse; 54o,5 assez foite, nébuleuse; 536,5 moyenne, nébuleuse;
528 moyenne nébuleuse; 5i8 faible, difl'use; 5i3 très faible, diffuse ; 491 moyenne,
diffuse; 4*^7^5 très faible, dilfuse; 475,5 assez forte, nébuleuse; 472 moyenne, nébu-
leuse; 468,5 forte, étroite; 466 assez forte, estompée vers les X faibles; 456 très faible,
diffuse; 449i assez forte, assez étroite, estompée vers les \ forts; 446,6 assez forte,
assez étroite; 437 très faible, diffuse; 433 faible, dilfuse, soudée à la suivante; 43i,5
moyenne, nébuleuse; 427,5 moyenne, étroite; 426 forte, étroite; 424-5 forte, étroite;
SÉANCE DU 25 JUIN 1906. 1019
421,5 très faible, diffuse; 4'9)5 1res forte, étroite ; 417. > fiible, nébuleuse; 4'6i forte,
étroite; 4i5 moyenne, étroite; 4i3,5 faible, diffuse; l^io faible, nébuleuse; 4o8
moyenne, étroite; 4o4i5 très faible, étroite; 4o2 très faible, nébuleuse.
Les fractions comprises entre rcurupiuiii et le gailoliuium présentent également ces
bandes. Dune manière générale, elle s'alialblissent à mesure que la proportion deuro-
pium diminue dans ces fractions. En même temps le phénomène de dilution se
manifeste : c'est ainsi que la bande 3g3 qui, dans leuropium pur. se montrait moins
forte que la bande ()i-.'.,8, devient plus forte que celle dernière dans les terres de plus
en plus pauvres en enropium. D'autre pari les bandes agi, 472, 466 et 4'6 subissent,
par rapport aux bandes voisines, un accroisscmenl sensible d'intensité relative.
Enfin, et c'e.sL là le phénomène le (îhis remarquable, îles bandes, qui ne
figurent pas dans le spectre décrit [)lus haut, a|)paraissent, augmentent
d'intensité et décroissent ensuite à mesure que la proportion tl'europium
diminue.
D'une manière générale ces bandes sont plus persistantes que celles du
spectre précédent. J'ai pu repérer les suivantes :
623 très diffuse; Gii étroite, frès brillante, très caractéristique; 5g5
très diffuse; 587,5 étroite.
Ce serait une grave erreur que d'attribuer ce spectre à un nouvel élé-
ment. Les longueurs d'onde de ces 4 bandes coïncident avec les longueins
d'onde de /j des ])lus caractéristiques des bandes que l'on observe dans le
système phosphorescent l>inaire gadoline-europine. Les bantles Bgi, 472.
466 et4i6 semblent coïncider dans les spectres des deux systèmes binaires
ciianx-europine et ga(k)iine-curopine. D.ms ce dernier spectrej'ai observé,
en effet, les longueurs d'onde suivantes : 5()2, 47-» 465 (il .\\6.
Ainsi, lorsque dans le système ternaire chaux-gadoline-europine, la
proportion de gadoline devient de l'ordre du centième, l'europium
choisit, de préférence à la chaux, la gadoline comme diluant, bien cpie la
chaux forme la prescjue totalité de la masse |)hosphorescente et que ce
dernier ait les caractères de l'iiomogénéilé (tlissolutions solides pho-plioi-es-
centes de M. Lecoq de Boisbaudran).
J'ai pu souinettre cette théorie au contrôle de l'expérience directe et
déterminer les limites de composition centésimale des trois corps entre les-
quelles le phénomène se produit.
A cet effet j'ai préparé des mélanges binaires de gadoline et d'europine pure. Dans
Eu-0^
les mélanges les plus riches, le rapport -=— ,- — •
, . Eu^O' 0,08
plus pauvres ce rapport était p i^/ >:,
'lait environ A- Dans les mélanees les
99.92
^•■- '
VC3t>
\'
W'
O'-^^^
l520 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Chacun de ces mélanges a été additionné, d'après le mode opératoire décrit plus
)^-t-E
CaO
. j • , , „ , Gd'-O^-t-Eu^O^ . . ,
haut, de proportions de chaux telles que le rapport r~r\ variait entre ^ï
et ^ environ.
Les mélanges les plus pauvres en europiuin donnent entre ces limites de dilution
dans la chaux, uniquement, bien que très faiblement, le spectre du système binaire
gadoline-europine.
Les mélanges les plus riches en europiuin donnent uniquement le spectre du système
Gd=0^4-Eu-0^ . „
chaux-europine tant que le rapport „ est intérieur a environ ^. Pour
les valeurs plus grandes de ce rapport les spectres des deux systèmes binaires sont
simultanément visibles.
Dans les mélanges successifs où j'ai pu constater nettement la présence du spectre
du système binaire gadoline-europine, j'ai observé également un indice certain du
phénomène de dilution ; les bandes 6i I et 587,5 appartenant au premier spectre du
système gadoline-europine et les autres bandes indiquées au deuxième spectre du même
système.
Je me propose de rechercher comment, dans le système ternaire précé-
demment étudié, la gadoline manifeste sa phosphorescence ultraviolette
caractéristiqtie.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur l'indice de réfraction des corps dissous dans
d'autres dissolvants que l'eau. Note de M. C Chéneveau, présentée
par M. A. Haller.
I, J'ai indiqué antérieurement, dans le cas de dissolutions aqueuses
(d'acides, de bases ou de sels minéraux), que la quantité A (') caractéri-
sant l'influence du corps dissous sur la propagation de la lumière est sen-
siblement proportionnelle à la concentration C (teneur en grammes par
litre).
J'ai effectué de nouvelles déterminations d'indices de réfraction et de
densités de solutions contenant un sel unique et un seul liquide, autre que
l'eau : par exemple, l'un des sels suivants liiCl, CaCl-, CuCl-, SnCl^,
MgCl- dissous dans l'alcool élhylique, LiCi tlans l'alcool méthylique, ZnCP
dans l'éther éthylique, AzH^Cl dans la glycérine.
(') A est la dilTérence entre l'indice de la dissolution et l'indice de l'eau (ou du sol-
vant) calculé d'après son état de dilution en admettant la loi de Gladstone ou celle de
Lorentz {Comptes rendus, t. CXXXVIII, p. i483).
ID11
SÉANCE DU 2T JUIN 1906.
En prenant toutes les précautions pour que les deux corps, sel et sol-
vant, se trouvent seuls en présence, le résultat des expériences est le sui-
vant : pour ces sels, la quantité A est sensiblement proportionnelle à la
concentration C et la constante de proportionnalité R diffère peu de celle
obtenue pour les dissolutions aqueuses des mêmes corps.
Le Tableau suivant montre, pour le chlorure de lithium, le degré d'ap-
proximation de la loi précédemment énoncée.
1° LiCI dans l'eau.
Gladstone
et Hibbert ('
Chéneveau.
Waller (»).
33,0 343
20,3 347
8,76 346
4,20 345
43,44
040
3o,3i
347
2" Série.
32,16
346
25, i5
347
17,32
349
9. '7
347
3' Se
ie.
16, 12
348
i3, 10
35o
9:99
35 1
8,39
35i
6,77
35i
3,44
352
Béer el
Kremers ( ').
p. K.io'"'.
40,09 342
24,53 347
Conrov (^).
4,i5 349
2,10 348
Dijken(«).
i,o5 346
0,26 344
2° LiCl dans quelques alcools.
Chéneveau.
p. K.io*.
CH'O
17,49 348
i3,.. 349
9'4i 349
5,12 35i
OWO
10, o4 343
7,69 35o
5,24 352
2,68 352
Gladslone
et Hibbert {'-).
p. K.io'^.
i" Série.
'9>44 344
I I , 76 35o
2" Série.
i3,7 35i
10,7 35o
8,1 353
3= Série.
l4,2 352
11,56 356
9,17 356
C'H'O
11,29 345
Andrews
et Ende(^).
p. K.io^.
6,46 349
5,71 353
5,o5 352
3,4o 35 I
2,57 354
II. Il ne faudrait pas croire, toutefois, que les résultats obtenus sont
(') /. o/c/,. s., t. LXVII, p. 83 1.
C-) J. ofch. S., t, LXXI, p. 822.
(3) Pogg. Ann., t. CI, p. i33.
(') Wied. 4nn., l. XXXVIII, p. 107.
(°) Proc. of Roy. Soc, t. LXIV, p. 3oS.
(«) Z.f.ph. cil., t. XXIV, p. 81.
V)Z.f. ph. Ch.. l. XVII, p. i4i.
Dans le Tableau ci-dessus, p représente la teneur en grammes pour loos de disso-
lution. Les valeurs de K ont été calculées, lorsque les densités n'étaient pas indiquées
par l'auteur, à l'aide des densités trouvées dans les Tables de Landolt et Bôrnstein;
elles se rapportent au cas où l'on a employé la formule de Gladstone.
t522 ACADÉMIE DES SCIENCES.
loiijoiirs conformes à la conclusion précédenU-. On peut constater des dif-
férences qui s'expliquent \r.\r la difficulté d'opérer avec des sels parfaite-
ment secs ou des solvanis bien anh\dres. Il sera cependant facile de ra-
mener les expériences, contradictoires en apparence, à leur véritable
signification, si l'on tient compte, au point de vue optique, de la quantité
d'eau, parfois appréciable, qui a été introduite dans la solution non
ac[ueuse du corps.
En général, cette correction |)ourra se faire en utilisant l'extension sni-
, vante de riiypolhèse déjà énoncée dans le cas d'un seul corps dissous:
quand dans une dissolution on a plusieurs corps en présence incapables de
réagir chimiquement l'un sur l'autre, l'influence exercée par la solution
sur la propagation de la lumière est sensiblement égale à la somme des
actions exercées par chacun des corps qui la constituent.
J'ai vérifié expérimentalement cette proposition dans des cas bien définis,
où la solution contient, en plus du sel et du solvant, une quantité connue
d'eau.
Par conséquent, si la solution étudiée contient une quantité inconnue
d'eau, on pourra déterminer son degré d'hydratation, éliminer l'influence
optique de l'eau et alors les écarts observés disparaîtront presque toujours.
in. Il y a cependant des dissolutions qui paraissent fore tout à fait
exception aux lois approchées précédentes. Mais, si on les étudie avec soin,
on voit que ce sont celles dans lesquelles les corps engagés sont trans-
formés par des actions chimiques.
Que les réactions soient com|)lètes ou limitées, si l'on peut préciser les
conditions de l'équilibre atteint dans la transformation, l'expérience montre
que la loi de proportionnalité de la quantité A à la concentration C est
applicable à l'un des constituants finaux quelconques de la solution,
lorsqu'on a tenu compte de l'influence optique de tous les autres.
Mais souvent ou ne peut mettre en évidence de composés définis dans
la solution. Dans ce cas, il y a lieu de penser que, puisqu'un changement
dans la constitution physique de la sohuion (ionisation) agit très peu sur'
la réfraction, l'anomalie optique doit bien élre encore envisagée comme
l'indice d'une modification chimique au sein de la dissolution.
SÉANCE DU 25 JUIN I()ofi, iSaS
CHIMIE GÉNÉRALE. — Variations d'état éprom'ées par le carbone amorphe,
sous l'influence d'une brusque variation de température. NdLc de M. O.
Manville, préseiilée par M. H. Aloissan,
Nous avons fait connaître (^' ) : les variations d'état éprouvées par le carbone
amorphe, sous l'influence de la température et sous l'influence d' oscillations de
/emy9e>fl/«/re. Mais nous avons fail remarquer que les proposilions en lesquelles
on pouvait traduire les résultats de nos expériences n'avaient de sens que
si le carbone avait été chauffé et refroitli lentement. Nous allons faire con-
naître maintenant ce qui se passe lorsque, après avoir chauffé lentement
un carbone amorphe, on vient à le refroidir brusquement.
Nos expériences ont porté sur du fusain préparé d'une façon identique à celle ({ue
nous avions adoptée dans nos recherches sur les variations d'état par refroidissement
lent. Les conditions expérimentales restant également les mêmes, ce charbon donne, par
combinaison directe avec l'oxygène, de l'anhydride carbonique CO^ à 87°. Porté dans
le vide à [\5o° et refroidi brusquement, il donne par combinaison directe avec l'oxygène
de l'anhydride carbonique CO- à 5o". Si on le soumet dans cet état à des osciilalions
de température comprises entre i5° et 350°, l'expérience constate que la température
de formation de CO-, 5o°, reste sensiblement invariable, du moins par l'effet des
7 ou 8 premières oscillations. Porté de nouveau à la température de 450° et soumis à
un refroidissement lent, il quitte cet élat invariable pour reprendre un nouvel état
V niable avec les oscillations de température auxijuelles on le soumet.
Ces faits ne sont pas particuliers à un carljone pris dans l'état initial ([ue nous
avons défini; ils se reproduisent pour un carbone ayant déjà subi des variations d'état
par échauffement et refroidissement lent.
Si l'on prend un carbone amorphe, dans un état limite caractérisé par la tempéra-
ture de formation de CO-^a^S" et qu'on le porte dans le vide à 450°, puis qu'on le
refroidisse briisrjiicment: la température de formation de CO- devient ii5°.
Si à partir de ce moment on effectue sur ce carbone des oscillations de température
comprises entre les limites i5°, i35"; celte température de réaction C0-=:ii5'' reste
sensiblement invariable, du moins dans les cinq ou six premières oscillations.
Si l'on augmente le nombre des oscillations, les limites restant les mêmes, cette
température de formation de CO- varie un peu et, après 20 oscillations, on
trouve un nouvel état limite caractérisé par la température CO-=i54°, à partir
duquel les oscillations de température auxquelles on soumet le carbone n'ont plus
qu'une action insensible.
Pris dans cet état et porté dans le vide à 45o° puis soumis à un refroidissement
(') Comptes rendus, t. CXLII, n" 22, 28 mai 1906, p. 1190.
C. R., 1906, 1" Semestre. (T. CXLII, N» 26.) 199
iSa^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
lent, ce carbone quille cet étal irn-ariahle pour reprendre un nouvel état variable
avec les mêmes oscillations de température.
Il résulte de l'ensemble de nos expériences qu'on peut énoncer à ce sujet
les propositions suivantes :
I. Etant donné un carbone amorphe, pris dans un état physique et chi-
mique bien déterminé, si on le porte dans le vide d'une température ini-
tiale T„ à une température finale Tj, puis qu'on le fasse brusquement
refroidir de cette température To à la température T,,, on obtient un état
de ce carbone qui jouit de la |)ropriéte suivante : placé dans un courant
d'oxygène bien réglé, ce carbone donne par combinaison directe de l'anhy-
dride carbonique, dont la température de formation demeure sensiblement
inK'anable lorsque, prenant ce carbone dans cet état, on le soumet à des
oscillations de température comprises entre les limites T„, T, (T, avant
une valeur inférieure à celle de T^).
II. Il existe une certaine valeur E de T, (6-< To) pour laquelle ce point
de réaction se déplace sensiblement lorsqu'on, fait croître le nombre des
oscillations; mais à cette valeur correspond une valeur T',, très voisine
de T,, pour laquelle cette variation du point de réaction de CO" redevient
insensible.
Si T|<^c, le carbone pris tlans l'état où il se trouvait après la pertur-
bation bruscjue Tj , Tq ne subit jilus les influences des oscillations de tem-
pérature ï„ , T, et garde un état sensiblement invariable, quel que soit le
nombre des oscillations T,, T, -auxquelles on le soumet à partir de ce
moment.
ni. Si un carbone pris dans un état sensiblement invariable, obtenu
par un refroidissement è/v/^^Me T2,To, est porté lentement de la tempéra-
ture T(, à la tem|)érature Tj et refroidi ensuite lentement de la température
To à la température T„ , il quitte l'état invariable dans lequel il avait été
fixé par le refroidissement brusque. Soumis à des oscillations de tempé-
ratiwe comprises entre les limites Tp,T, (T, <^ T^), il subit des variations
analogues à celles qu'il aurait subies s'il n'avait été soumis qu'à des
échauffements et à des refroidissements lents.
IV. Si un carbone amorphe est pris dans un étal invariable, obtenu par
un refroulissement brusque T^, To et porté dans le vide d'une température
initiale T^ à une température finale T,(T,<^ r>), [)our le laisser ensuite
refroidir lentement dans le vide fie la température T, à la température T^.
I" SiT,<5,
L'état de ce carbone est sensiblement invariable avec la température.
SÉANCE DU 25 JUIN 1906. I ^25
Pour une même lerapéralure t, comprise entre les limites J^, ï, , l'état
de ce carbone est sensiblement le même, qu'on le prenne soit dans la
phase d'échanffement, soit dans la phase de refroidissement.
2° SiT,>5,
L'état (le ce carbone varie sensiblement avec la température.
Pour une même température t, comprise entre les limites T„,'r, , l'état
de ce carbone n'est pas le même lorsque t se rapporte à la phase d'échanf-
fement, ou à la phase de refroidissement.
Enfin, il existe une température t dans la phase d'échauffement et une
température t', différente de z, dans la phase de refroidissement, pour
lesquelles les états de ce carbone donnent, avec un même courant d'oxy-
gène, la même vitesse de réaction.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur le sulfate double (l'iridium et de potassium
Ir^(SO*)'-l-3SO'K^
Note de M. .^Iarcel Delépine.
Comme je l'ai indiqué dans mv^ Note précédenle ('), la solution vert
foncé obtenue en faisant bouillir un chloroiridate avec de l'acide sulfii-
rique concentré contient des sels d'acides iridosulfuriques dont l'individua-
lité sera plus abondamment prouvée plus tard. L'existence de ces acides
m'a porté à |)enser que le corps décrit autrefois par M. I^ecoq de Boisbau-
dran (-) sous le nom de sulfate double d'iridium et de potassium
IrVSO")' + 3SO''K=
pouvait bien n'être que le sel potassique [r(SO'K)' d'un acide irulosulfu-
rique Ir(SO'H)^ et j'ai entrepris de le vérifier.
En eflecluanl l'expérience de M. Lecoq de Boisbaudran avec du cldoroirid.ile ou du
cldoroiridite d'ammonium (chauffé avec SO*KH) j'ai d'abord préparé un corps bien
cristallisé, entièrement composé de lamelles rectangulaires lirillanles d'une belle cou-
leur verte avec une pointe de bleu fort nette. Mais en employant du chloroiridate de
potassium, j'ai obtenu un produit répondant mieux aux indications de M. Lecoq de
Boisbaudran, i-'esl-à-dire des grains cristallins à contours mal définis, nVlaiil ianiais
(') M. Delêpiné, Comptes rendus, t. GXLII, igo6, p. 63i.
(^) M. Lecoq de Boisbaudran, Ibid.. t. XCVI, i883, p. i4o6.
lâaô ACADÉMIE DES SCIENCES.
aussi bien cristallisés que le produit issu des sels d'ammonium. Aussi ai-je laissé en
suspens la question d'identité des corps obtenus dans les deux cas et je ne porterai
momentanément mes investigations que sur le premier.
Avant observé qu'on l'obtient facilement et sans trop de perte en fon.lant les sels
animoni;icaux verts et brun olive avec du bisulfate de potassium, j'emploie le mode de
prépaialion suivant qui fournit jusqu'à 60 pour 100 (au lieu de 20 à 3o) d'un sel potas-
sique cristallisé, iioniogène :
On dissout dans un peu d'eau les chloroiriiiiles de |iot;issiiim ou d'am-
monium |)i-éparés comme je l'indiquerai ailleurs et on les fiiit bouillir dans
un ballon avec i5 ou 20 fois leur poids d'acide suiftirique additionné de sul-
fate d'ammonium qui précipite le platine s'il y en a. Après /( ou 5heur<\s, on
transvase la solution verte dans une ca|)sule et l'on y ajoute à chaud du sul-
fate neutre de potassium pulvérisé jusqu'à formation de bisulfate; le pro-
duit devient brun ; on le coule, puis on le cl'Tuffc dans un creuset de por-
celaine sur un bec Bunsen en élevant progressivement la température ;
à 470° la teinte devient verte, mais ce n'est qu'en poussant vers 52o°-53o"
qu'elle devient vert bleu (pour le produit froid); à ce moment on coule
la masse qui est changée totalement en S-O'K.- et même partiellement en
sulfate neutre. Le produit est pulvérisé, épuisé à l'eau froide ; il reste fina-
lement une poudre vert bleu, mélange de sel et d'iridium réduit. On
reprend |)ar 60 ou 80 parties d'eau bouillante et l'on filtre ; par refroidisse-
ment, il cristallise de belles lamelles brillantes.
Une |)réparation réussie doit fournir une solution que le chlorure de
baryutn décolore avec formation d'un précipité bleu vert. La présence de
sel vert non transformé est accusée par une coloration verte de la liipicur
après précipitation.
Le sel de potassium cristallise en lamelles rectangulaires, parfois liexagonales, plus
soi ubles à chaud qu'à froid ; insolubles dans l'alcool et l'eau chargée de sulfate de
potassium; il cristallise avec une molécule d'eau qu'il perd à 1 10°. L'analyse accuse la
l'ormule Ir (SO'K)^ -h M-O, correspondant bien au sel double déjà décrit; toutefois
les phénomènes de réduction relatés plus loin ainsi que la formation d'un produit violet
par les alcalis, dans des conditions peu compatibles avec celte formule et ce que l'on
sait des oxydes d'iridium, autorisent une légère réserve.
L'eau dissout environ -^^ de ce sel en se colorant en un beau vert bleu ; celle
solution saturée, soumise aux doubles décompositions salines, a donné les résultats
suivants :
Pas de jirécipitalion avec des solutions moyennement concentrées de sels de Na, Li,
Am, Gs, Ca, Mg, Fe, Ni, Go, Zn, Mn, Al, Ce (céreux), Gd, Gu; d'uranyle, de chlorure
mercurique; de chlorhydrates d'aniline, de cocaïne, de morphine et de sulfate d'atro-
pine ; reprécipilation du sel par l'alun de chrome.
SÉANCE DU 25 JUIN 1906. l527
Précipilalion incomplète avec persistance plus ou moins forte de la coloialiou de la
liqueur restante avec les sels do Rb, Sr ; les azotates mercureux et mercurique, l'acé-
tate de plomb; les azotates d'argent, de bismuth, de thailiuni, de thorium; le chlor-
hydrate de quinine et le sulfate de strychnine.
Précipitation à peu près absolue par le chlorure ou l'azotate de baryum.
Les précipités obtenus sont d'un vert plus ou moins bleu et plus ou moins fonce.
Quelques-uns sont cristallisés et feront l'objet d'une étude spéciale ; tous conslituenl'
autant de sels où le potassium est remplacé, tout ou partie, par un autre élément;
mais en aucun cas l'acide sulfurique du sel n'est décelable par le chlorure do baryum.
Ainsi le sel barylique lui-même est soluble dans les acides sans former de sulfate de
baryum, tout au moins si l'on n'évapore pas à sec à plusieurs reprises. Ces caractères
mettent suflîsarament en évidence la dissimulation du radical sulfurique.
D'une façon générale, comme l'a indiqué M. Lecoq de Boisbaiidran,
pour son sel potassique, la stabilité eu milieu acide est consirlcrable; par
contre l'ammoniaque, les alcalis et leurs carbonates j)rovoquent la forma-
lion de sidfates avec séparation de l'iridium sous forme d'un oxyde violet
plus ou moins charge d'alcali.
Voici enfin de nouvelles réactions fort inattendues : l'hydrogène sulfuré,
l'hvdrate d'hydrazine, le chlorure stanneiix, le zinc ou l'étain et l'acide
chlorhydrique changent les solutions vert bleu en solutions à peine Iciuloes
en jaune où l'acide sulfurique est encore dissimulé; les oxydants, acide azo-
tique, eau oxygénée, persulfates, eau de chlore, de brome, font réappa-
raître des couleurs d'un bleu intense particulièrement avec l'eau de chlore
et l'eau de brome. L'on ne trouve pas encore d'acide sulfurique dans les
liqueurs bleues, par le chlorure de baryum en présence d'acide chlorhy-
drique.
Ces réactions sont évidemment difficiles à expliquer avec la formule
Ir(SO*M)' et appellent de nouvelles expériences. Il semble que le sel
potassique décrit plus haut ne soit que le sel d'un des acides divers dérivés
(l'un acide fondamental, celui que fournit la réduction. A partir de celui-ci,
|)ar des oxydants variés, ou arriverait à d'autres sels noineaux.
En résuiiîé, j'ai voulu faire ressortir tout particulièrement le caractère
complexe du sulfate double d'iridium et de polassiiun; il se trouve que le
problème s'amplifie; je vais m'efforcerd'étuilier les cas nouveaux entrevus.
[528 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur les silicones. Note de M. Boudouard,
présentée par M. Troosl.
Les silicones sont des produits obtenus par l'action de l'acide chlorhy-
drique sur certains siliciures métalliques et présentant la propriété d'être
tiécomposés lentement par l'action de l'eau avec dégagement d'hydrogène.
BufF, Geulher, Wohler les considéraient comme des hydrates siliciqties
correspondant à des oxydes inférieurs à la silice SiO^.
MM. Friedel et Ladenburg, en étudiant l'action de l'eau sur le silichlo-
roforme et sur le sesquiiodure de silicium, ont décrit deux composés
ternaires parfaitement définis que, par analogie avec des composés sem-
blables (kl carbone, ils ont appelés anhydride siliciformique et hydrate
sdicioxalique ; MM. Troost et HauLefeuille ont obtenu les mêmes corps par
action de l'eau sur les composés chlorés du silicium.
Lorsqu'on attaque une fonte par l'acide chlorhydrique, on obtient un
résidu gris noirâtre qui contient une certaine quantité de silicone : les al-
calis, en effet, donnent un abondant dégagement d'hydrogène. Je me suis
proposé d'étudier les différentes silicones données par des aciers au silicium,
dont la composition était la suivante :
G. Si. S. P. Mn.
G. 2 0,209 0,982 o,030 0,024 traces.
G. 3 0,177 1,60 0,012 0,082 0,275
G. 5 0,277 5,12 0,09 o,o34 0,880
Les silicones sont obtenues lie la façon suivante: on attaque l'acier par
l'acide chlorhydrique à chaud jusqu'à complète dissolution du fer, on
recueille sur filtre le résidu insoluble, on lave complètement à I'cmu froide
aussi rapidement que possible, on sèche entre des feuilles de papier filtre
et l'on met le produit obtenu sur l'acide sulfurique, ou mieux dans le vide en
présence„d'aciile sulfurique. Au bout de quelques jours, on a une silicone
se^ présentant sous la forme d'une poudre amorphe; la couleur est assez
variable, allant du blanc à un gris plus ou moins foncé.
Les matières ainsi préparées retiennent toujours une certaine quantité
d'eau hygroscopique qui ne disparait pas complètement, même à ijo".
Elles ne renferment pas tout le silicium contenu dans les aciers traités.
SÉANCE DU 25 JUIN 1906. 1129
Les silicones obtenues ont été analysées par la méthode décrite par Friedel et La-
denburg; concurremment, j'ai fait des analyses par combustion. Les résultats sont
consignés dans le Tableau ci-dessous. Aux analyses des silicones préparées par attaque
des aciers cités plus haut, j'ai ajouté celles relatives à un anliydride siliciformique
impur provenant de la préparation du tétrachlorure de silicium, à une silicone obtenue
par attaque à froid de l'acier G. 5, à des silicones obtenues par attaque d'un siliciure
de fer préparé par l'aluniinothermie et contenant 10 pour 100 de silicium. L'attaque
de ce siliciure faite à chaud par l'acide chlorhjdrique a été très longue, et j"ai recueilli
en deux fois le produit obtenu pour voir si une action prolongée du réactif d'attaque
ne modifiait pas la composition du produit final.
H cor-
Eau
rigé {com-
H corrigé
Si corrigé
Si corrigé
Si
Désignation.
à i5o°.
Carbone.
bustion).
(par p
otasse).
(combustion).
(par aramon.) (
^mojenne)
Anh. silicif.
impur. . . .
0,88
»
1,76
2,62
1 ,3i
47,6
50,4-48,1-47,6
48,4
G.2
1,5
2,26
3,o3
1,69
0,85
47 >6
46,4-47,2
47.'
G.3
0,18
2 ,5l
',94
.,44
0,72
46,9
46,6—46,9
46,8
G.5
2,58
3,23
2,93
2 ,22
i,ii
50,98
02,1 — 52,4 — 5o,3
5i,5
G.5 (
(faite à froid) )
20,6
1,2
3,24
2,82
i,4i
5o
,0 — 5o, I — 5o,4
5o,7
5o,3
Aluminothe
rmie.
I" dépôt. . .
)i
0,84
1,63
0,61
0 , 3o5
44,6
44,2
44,5
2" dépôt...
0,72
0,34
1,32
0,62
o,3i
44,5
45,2
44,85
La composition centésimale des composés ternaires décrits par Friedel et Ladenburg
est la suivante :
Anh. siliciformique Si: 52,83 H: 1,88
Hydr. silicioxalique Si:45,90 H:i,64
Avec l'anhydride siliciformique, 'le volume d'hydrogène dégagé par action de la
potasse est double de celui existant réellement en combinaison; avec l'hydrate silici-
oxalique, il lui est égal. C'est pour celte raison que, dans la colonne donnant les
quantités d'hydrogène dégagé, j'ai mis deux nombres pour chacun des essais: le
premier correspond à la quantité d'hydrogène observée expérimentalement, le second
est égal à la moitié du précédent.
Les silicones sont des composés qu'il est difficile de préparer à l'état anhydre sous
l'action de la chaleur; à partir de 200°, il y a déjà transformation partielle et, à l'ébul-
lition du soufre, il y a altération profonde du produit initial.
Etant données les dilficultés d'obtention de produits absolument secs, à moins d'un
séjour extrêmement prolongé dans le vide sulfurique, les dosages volumétriques
d'hydrogène devront donc seuls être envisagés si l'on veut déterminer la composition
des silicones. Quant à la faible teneur en hydrogène des silicones obtenues avec le
siliciure de fer fait par aluminothermie, elle s'explique facilement en admettant que
l53o ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'action très prolongée à chaud de l'acide clilorliydrique doit décomposer le produit
obtenu initinlement.ia silicone G. 5 faite à froid contient plus d'hydrogène que la silicone
G- 5 faite à ^haud.
En rc.-.iinic, les siliconcs sont fies composés ternaires renfermant de
l'hydrogène; elles se rap|irochent beaucou|) des corps étudiés par Friedel
et Ladenburg et représentent des exemples de substances comparables anx
dérivés ternaires du carbone, avec substitution totale du siliciimi au
carbone. Celles ipie j'ai préparées peuvent être considérées comme des
mélanges d'anhydride siliciforiïiique et d'hydrate silicioxalicjue en propor-
tions variables; on n'arrive pas à des composés parfaitement définis par
suite de la difficnllé d'allaque des siliciures et du contact très prolongé
entre la silicone, l'acide et l'eau qui en est la conséquence immédiale.
CHIMIE MINÉRAUX. — Sur la cristallographie du fer. Note delNTiM. F. Osmoxd
et (i. Cartaud, présentée par M. H. Moissan.
Dans un Mémoire antérieur nous avons étudié les formes cristallines
obtenues en réduisant le chlorure ferreux à différentes températures, par
l'hydrogène ou la vapeur de zinc (').
La conclusion de ces recherches était r[iie les Irois variétés du fer, res-
pectivement stables, (X au-dessous de ^5o" environ, p entre ^jo" et 855",
À au-dessus de 855°, cristallisent également dans le système cubique (-).
Il est cependant [)en vraisemblable cjue des transformations allotropi-
ques, mises hors de doute par des faits décisifs, n'apportent pas aussi
f.uielque changement dans la slrncture cristallographique du raélal.
Du moment que les formes extérieures ne mettaient pas ces change-
ments en évidence, il devenait nécessaire di; s'adresser, poiu' trouver les
caractères différentiels probables, à des méthodes nouvelles, capables do
nous faire pénétrer plus [)rofondément dans l'architecture intime du \<.'v.
On peut utiliser particulièrement à cet effet les phénomènes de traiiNla-
tiiui et la position des macles, tant mécaniques cpie par recuit.
Mais il faut d'abord disposer de cristaux de volume suffisant.
(') Afin, (les Mines, 9' série, t. XVIII, 1900, p. ii3.
(') Pour l'homogénéité de nos publications, nous conservons les chiflTres de tempé-
rature déjà donnés. Mais ces chiffres devraient être notablement relevés si l'on lient
compte des inodihcations récentes apportées aux étalons de la pyrométrie.
SÉANCE DU 2$ JUIN 1906. l53l
Pourlefer n., nous avions ceux que nous avons décrits dans une Note précédente (').
Ces mêmes cristaux peuvent servir à l'étude du fer ^ entre 750° et SSo", le passage par
la transformation réversible n'entraînant pas de modifications permanentes de struc-
ture. Mais il n'en est plus de même pour la transformation supérieure : quand on passe
du fer 3 au fer •|', les cristaux du fer se recoupent en grains plus petits et maclés
d'orientations difTérenles. Il faut donc avoir recours aux alliages non magnétiques du
fer avec des proportions convenables de nickel, de manganèse, de chrome ou de car-
bone, alliages dont le fer garde l'état •,' à la température ordinaire. Nous avons utilisé,
grâce à l'obligeance de M. Iladfield, un acier manganèse brut de coulée et, aussi, un
acier au nickel et au chrome qui nous a été préparé gracieusement par les Aciéries
d'Imphy. Ce dernier, dont le grain naturel n'était pas suffisamment gros, a été déformé
et recuit au blanc.
Sur ces échantillons, on a taillé des faces p, 6', a' et, sur ces faces, préalablement
polies et débarrassées de toute peau écrouie, on a produit des figures de pression au
moyen d'une aiguille appliquée normalement et chargée de poids convenables (-).
Le contour général des figures de pression, caractéristique de l'orienta-
tion cristalline d'une face donnée, est le même pour les trois étals du fer,
ce qui confirme leur attribution commune au système cubique. Ce système
est le seul qui puisse donner sur deux faces/j adjacentes des figures à 4 ^ixes
de symétrie. Sur la face d'un rhomboèdre pseudo-cubique, comme celui du
bismuth, la figure de pression n'a qu'un axe de symétrie parallèle à une
diagonale du rhombe.
Les détails des figures, c'est-à-dire les lignes discontinues dont l'ensemble
compose la déformation continue, sont différentes suivant l'état du fer :
elles sont exclusivement droites sur le fer y. courbes sur le fer p, mixtes et
plus généralement courbes sur le fer a. Il en résulte que le fer y a des plans
de facile translation que nous avons trouvés parallèles aux quatre paires
de faces de l'octaèdre; le fer p n'a pas de plans de translation; dans le
fer (X, la translation est difficile et, d'ailleurs, comme l'ont annoncé
MM. Ewing et Rosenhaiii, parallèle encore aux faces de l'octaèdre, quand
elle se produit.
Les macles du fer a sont connues depuis longtemps sous le nom de lamelles de
JSeumann. Mais, comme la position et la loi de ces macles ont été très controversées,
il ne paraissait pas inutile de les examiner une fois de plus sur des échantillons très
{') Comptes rendus, t. CXLI, p. 122.
(^) Pour le fer p, l'intervalle de stabilité ne pouvant être étendu à la température
ordinaire, on est obligé d'opérer vers 800°. Il faut donc, pour conserver les surfaces
métalliques, se placer dans une atmosphère d'hydrogène ou d'azote. Le poinçon d'acier
trempé est remplacé par un poinçon de quartz fondu.
C. R., igof,, I" Semestre. (T. CXLII, N" 26.) 200
l532 ACADÉMIE DES SCIENCES.
favorables. Nos résultats ont confirmé les conclusions de Linck : la loi de macle est
probablement celle de la fluorine, mais le plan d'accolement est un plan «-. 11 ne se
produit pas de macles par recuit après déformation.
Dans le fer p, nous n'avons obtenu ni macles mécaniques, ni macles par recuit après
déformation.
Dans le fer f, comme dans le cuivre et ses alliages, le recuit après déformation donne
très facilement des macles. Pour en déterminer la loi, à défaut de cristaux isolés, on
fait une coupe au hasard sur un échantillon à gros grains et, sur cette coupe préala-
blement polie, on cherche, en s'aidant des lignes de translation et des figures de pres-
sion, un grain macléde diamètre suffisant qui présente approximativement une face/>.
A travers ce grain, on fait passer une coupe i' et l'on rectifie la taille, s'il y a lieu. La
macle est celle de la fluorine, avec «' pour plan de macle et plan d'accolement. On
obtient mécaniquement la même macle, pourvu que la déformation soit poussée assez
loin : la macle mécanique paraît donc être ici la limite de la translation dite simple,
qui ne laisse pas de traces reconnaissables après repolissage.
Finalement, les caractères cristallographiques distinctifs des trois variétés
du fer se résument dans le Tableau suivant :
a. p. T.
Translation parallèle à «', difficile absence «', facile
Lignes courbes dominantes exclusives absence
Macles l plan de macle «' , o*
<',,,, , absence ,
mécaniques ( plan d accolement . . . a- «■
Macles ( plan de macle , , a'
{ ^, ,, . absence absence ,
par recuit ( plan d accolement.. . rt
Comme terme de comparaison, nous avons fait aussi des expériences sur
le nickel.
Entre les deux états allotropiques de ce métal, nous n'avons pas trouvé
de différences crislallogra|)hiques. Si l'on pratique des déformations sur
un échantillon poli, d'abord à une température supérieure à celle de la dis-
parition du magnétisme, puis, sans rien effacer, à la température ordinaire,
on voit que les secondes déformations continuent simplement les premières.
Dans les deux cas, la translation est parallèle à a'. Le nickel p correspond
donc au fer y et le nickel a. au fer oc, à cela près que la déformation par
translation y est fondamentale et non accessoire.
SÉANCE DU 25 JUIN iyo6. l533
CHIMIE MINÉRALE. — Action de l'oxygène sur le rubidium-ammonium.
Note de M. E. Rexgade, présentée par M. H. Moissan.
Les oxydes de rubidium n'ont pas été étudiés d'une manière systéma-
tique. Beketoff(') a préparé le protoxyde Rb^O en combinant le métal
avec la quantité théorique d'oxygène. Quelques années plus tard, Erdmann
et Kothner (^) étudiant la combustion du rubidium dans l'oxygène, ont
préparé le composé RbO^ et ont cru pouvoir conclure de leurs expériences
que c'était le seul oxyde de ce métal qui existât réellement.
Cependant M. Joannis avait obtenu par l'oxydation du potassammo-
nium trois oxydes K^O%K^O% K'0*'(').
L'oxydation du caesium-ammonium (^) m'ayant donné une réaction ab-
solument analogue, avec formation des corps Cs^O^, Gs^O' etCs^O*, on
pouvait penser que le rubidium, dont les propriétés sont intermédiaires
entre celles du potassium et celles du cresium se comporterait d'une façon
L'e\périence n'a vérifié que parliellemenl ces prévisions : en oxydant rapidement du
rubidium dissous dans un excès d'ammoniac liquéfié il se produit, en même temps que la
couleur bleue de la solution disparaît, un précipité très volumineux, d'un blanc légè-
rement rosé, el dont la composition répond bien à la formule Rb-0^ (trouvé : aug-
mentation de poids à partir du métal, 19,4 pour loo au lieu de 18,7; oxygène actif
par milliatome de métal, 5'^™', 7 au lieu de 5'^"'',6). Cet oxyde, en suspension dans
l'ammoniac liquéfié, continue à absorber l'oxygène en passant peu à peu au jaune serin,
en même temps que son volume diminue beaucoup. Quand l'absorption est complète,
la composition du précipité répond à la formule Rb'-O' (trouvé : augmentation de
poids, 37,06 au lieu de 37,42; oxygène actif, iS''"', 7au lieu de i6'^"'',8).
Mais entre ces deux limites, la coloration du précipité en suspension dans l'ammo-
niac passe graduellement du blanc au jaune, sans qu'aucune teinte intermédiaire plus
foncée indique, comme dans le cas du potassium ou du caesium, la formation d'un
oxyde RbMD».
On voit ainsi qu'indépendamment du peroxyde Rb-0*, déjà préparé pat'
(') Beketoff, Bull, de l'Ac. de Saint-Pétersbourg, t. I, 1894, p. 117.
(-) Erdmann et Kothner, Llebig's Annalen, t. CCXGIV, 1S97, P- ■^■^•
(') Joannis, Comptes rendus, t. CXV'I, 1890, p. 1370. — Ann. de Clùniie et de
Physique, 8= série, t. Vil, 1906, p. 64.
(*) E. Rengade, Comptes rendus, t. GXL, igoj, p. i536.
l534 ACADÉMIE DES SCIENCES.
une autre voie, par Erdtnann et Rolhner, le rubidium forme un bioxyde
Rb=0=.
Quant à l'oxyde intermédiaire Rb^O', dont les analogies avec le caesium
et le potassium permettaient de prévoir l'existence, ou bien il ne se forme
pas dans ces conditions, ou bien sa couleur est intermédiaire enlre celles
déjà assez voisines de Rb^O= et Rb^O*, et il n'est pas possible de s'aperce-
voir directement de sa formation.
Il importe, du reste, d'opérer le plus rapidement possible, en agitant énergique-
ment, l'oxydation du métal ammonium. Il se produit en effet, comme dans le cas du
cœisum, une réaction secondaire entre le métal ammonium et le bioxyde déjà préci-
pité, avec formation d'hydrate RbOH et d'amidure. On obtient donc, si l'on n'opère
pas assez vite, un bioxyde mélangé d'amidure, et qui fait explosion quand on le
chauffe, avec dégagement d'azote et volatilisation de rubidium :
2RbAzH'+ Rb2 0''= 2 RbOH h- 2RbAzH%
RbAzH' + Rb'02= aRbOH + Rb + Az.
J'ai vérifié du reste que cette même réaction secondaire se produit avec le potas-
sium.
En définitive, on voit que les trois métaux potassium, rubidium, caesium,
dissous dans un excès d'ammoniac liquéfié, donnent, en présence de
l'oxygène, d'abord un bioxyde blanc, et en dernier lieu un tétroxyde jaune.
Mais le potassium et le caesium donnent, de plus, un trioxyde plus foncé,
dont on n'aperçoit pas la formation avec le rubidium.
Ces oxydes, pour être purs, doivent être formés très rapidement : une
oxydation lente donne un bioxyde mélangé d'hydrate et d'amidure, et, par
conséquent, des oxydes supérieurs mélangés des produits d'oxydation de
l'amidure : azotite et azotate.
CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur les pyrazolones. Nouvelles méthodes de
synthèse des pyrazolones. Note de MM. Cii. Moureu et I. Laze.vnec,
présentée par M. H. Moissan.
1. M. Rothenburg a montré que le phénylpropiolate d'éthyle, traité par
l'hydrate d'hydrazine ou la phénylhydrazine, donne des pyrazolones,
jmoi J'alcool étant éliminée, et que celles-ci sont identiques aux pyrazo-
lones obtenues à partir du benzoylacétate d'élhyle.
Nous avons généralisé celte observation : l'amylpropiolate d'éthyle
SÉANCE DU 23 JUIN 1906. l535
C5H'* — C = C — CO-C^H* elle caproylacétate d'éthyle
C^H" - CO - CH- - CO=C-H%
par exemple, nous ont fourni, avec la phénylhyrlrazine, C^H^AzH — AzH^,
la même amvlphénylpyrazolone fusible à 96°; pareillement l'hexylpropio-
lale d'élhyle C^H" — C = C — CO'C=H% et l'heptylylacetate de méthyle
C«H" — CO — CH" — CO^CH' conduisent à la même hexylphénylpyrazo-
lone, qui fond à 84°- 85".
Nous discuterons plus loin le mécanisme de la réaction dans le cas des
éthers acétyléniques.
2. En faisant réagir l'hydrazine sur les amides acétyléniques, nous avons
obtenu, avec élimination d'ammoniaque, encore les mêmes pyrazolones
qu'à partir des éthers acétyléniques ou des éthers p-cétoniques : la phé-
nylpropiolamide C°H' — C^C — COAzH-, par exemple, traitée à chaud
par l'hydrazine AzH^ — AzH^, fournit une pliénylpyrazolone fusible à 237°,
qui est identique à la phénylpyrazolone obtenue avec le phénylpropiolate
d'éthyle ou le benzoylacétate d'éthyle.
3. Enfin, nous avons trouvé un troisième nouveau mode de synthèse
des pyrazolones en faisant agir les hydrazines sur les éthers acryliques
P-oxyalcoylés, que l'un de nous a obtenus dernièrement par fixation directe
de molécules alcooliques sur la triple liaison des éthers acétyléniques (').
L'hydrate d'hydrazine et l'élher phényléthoxyacrylique
OH' — C(OG'iH=)rrCH — CO=C'H=,
par exemple, donnent ainsi, avec élimination de 2"°' d'alcool, une phénylpyrazolone;
celle-ci, fusible à 287°, est identique à la pyrazolone précédemment décrite, issue de
l'élher acétylénique, de l'éther p-cétonique, ou de Tamide acétjlénique.
Dé même la phénylhydrazine et l'éther phényléthoxyacrylique donnent naissance à
une diphényipyrazolone; mais le composé, qui fond à 256°, est nettement difTérent de
la diphényipyrazolone obtenue avec le phénylpropiolate d'éthyle ou le benzoylacétate
d'éthyle, laquelle fond à i36°; il est identique, par contre, à la dipiiénylpyrazolone
préparée par M. Knorr en soumettant à l'action de la chaleur la phénylhydrazine cin-
namique C^H»— CIJ = CH — CO AzH — AzH — CH^ {Berichte, t. XX, p. 1107).
Pareillement l'amylphénylpvrazolone issue de l'éther amyléthoxyacrylique, qui fond
vers 280°, et Ihexylphénylpyrazolone issue de l'élher hexyléthoxyacrylique, qui fond
vers 270°, sont dilïereates de l'amylphénylpyrazolone, et de l'hexylphénylpyrazolone
ci-dessus décrites, qui sont respectivement fusibles à 96° et à 84°, el qui proviennent
des éthers acétyléniques ou p-cétoûiques correspondants.
(') Ch. Moureu, Bull. Soc. chim., 3^ série, t. XXXI, p. 493.
l536 ACADÉMIE DES SCIENCES.
4. Expliquons maintenant le mécanisme de ces réactions :
1° En premier lieu, la diphényipyrazolone issue de l'élher phényl-
éthoxyacrylique, étant identique avec celle qui provient de la phényl-
hydrazine cinnamique, s'est nécessairement formée en deux phases, avec
élimination d'une molécule d'alcool dans chacune d'elles : il y a formation
d'une phényihydrazine dans la première phase, et la chaîne se ferme dans
la seconde :
a. aH=- G(0C=H5) = CH - COOC'H'h- H'Az - AzH - C^W
= C«H=-C(OC^H=) = CH — COAzH — AzH — C«H=+C2H^0H,
b. C«H5-C(OG'H5)=CH-COAzH — AzH — C«m
= G'H=OH.
CH
C^H^ — G
GO
AzH
Az — G«H=
1-5 Diphényl-3 Pyrazolone.
La même théorie s'applique naturellement à la formation des autres
pyrazolones par l'action des hydrazines sur les divers éthers acryliques
P-oxyalcoyIés; il se produit d'abord une hydrazine et celle-ci, en perdant
de l'alcool, donne une pyrazolone.
2° Quel est maintenant le mécanisme de la réaction des hydrazines sur
les éthers acétyléniques? M. Bûchner, qui a opéré sur la phényihydrazine
et l'éther de l'acide acétylène-dicarbonique, pense que l'hydrazine se fixe
d'abord sur la liaison acétylénique; la chaîne se fermerait aussitôt avec
élimination d'alcool (^Berichte, t. XXII, p. 2929). M. Rothenburg, au con-
traire, raisonnant sur l'hydrate d'hydrazine, admet que ce corps, en agis-
sant sur le phénylpropiolated'éthyle, fixe d'abord i""' d'eau sur ce dernier,
et le convertit ainsi en benzoylacétate d'éthyle; celui-ci donne ensuite la
réaction classique : élimination d'eau, puis d'alcool (Berichte, t. XXVI,
p. 1719).
Remarquons d'abord que la phényihydrazine agit fort bien en l'absence
de l'eau sur le phénylpropiolate d'éthyle et sur les autres éthers acétylé-
niques et qu'elle fournit ainsi les mêmes pyrazolones que les éthers ^-céto-
niques (voir plus haut); l'eau, quand elle est présente, n'intervient donc
pas dans la réaction des hydrazines sur les éthers acétyléniques.
On pourrait supposer que l'attaque de la molécule d'éther acétylénique
se fait par la fonction éther-sel; il y aurait ainsi, avec élimination d'alcool,
SÉANCE DU 25 JUIN 1906. iB'ij
formation momentanée d'une hydrazide acétylénique
R - C ^C - COAzH - AzHR',
qui s'isomériserait aussitôt en pyrazolone. Dans le cas de i'hydrazine
simple, AzH'— AzH', cette théorie pourrait, à la rigueur, se défendre;
car, par raison de symétrie, les pyrazolones monosubstituées obtenues
doivent être les mêmes, de quelque manière que l'hydrate d'hydrazine
attaque les éthers acétyléniques. Mais il n'en est plus ainsi avec la phényl-
hydrazine et les diverses hydrazines substituées; si, en effet, l'attaque se
faisait par la fonction élher-sel, les pyrazolones disubstituées obtenues
seraient identiques à celles qui proviennent du traitement des éthers
acryliques jî-oxysubstitués; or, celles-ci en diffèrent nettement; il faut en
conclure que c'est sur la liaison acétylénique que se porte d'abord l'action
des hydrazines quand on les met en présence des éthers acétyléniques :
C/H=- C s C - COOC=H»-> CHS- C = CH - COOC'HS-> CH
AzH C'H^— C
\
AzHCJW AzH
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les migrations phényliques chez les halohydrines
et chez les cn-glycols. Note de M. Tiffeneau, présentée par M. A. Haller.
A la suite de mes recherches sur les migrations phényliques qui accom-
pagnent la transformation des halohydrines (') en aldéhydes ou cétones, je
m'étais proposé d'étudier parallèlement la transformation des halohy-
drines et celle des glycols correspondants. J'avais ainsi montré que le
méthylphénylglycol dissymétrique et son homologue para se transforment en
méthylphénylacétaldéhyde et en méthylparatoluylaldéhyde (-) tandis que
les iodhydrines des mêmes glycols se transposent respectivement en phényl-
acétone et en paratolylacetone (').
Dans ce groupe des glycols primaires tertiaires, il me restait à examiner
comment se transforme le diphénylglvcol dissymétrique
(CU'y- COH-CH^OH
(') TiFFE.NEAU, Comptes rendus, t. CXXXIV, p. i5o5; t. CXXXVII, p. 989.
(') TiFFENEAU, Ihid.. t. CXXXVII, p. 1260.
(^) TiFFENEAU, Bulletin, Soc. cinm., 3' série, t. XXVI, p. 292.
l538 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dont l'iodliydrine se transpose comme je l'ai montré(') en désoxybenzoïne.
Ce glycol a été préparé par action du bromure de phénvlmagnésium sur le
glvcolate d'éthyle(^). Recristallisé dans l'alcool, on l'oblient pur fusible
à lao^-iai". Chauffé avec de l'acide sulfurique au cinquième, il se trans-
forme à peu près intégralement en diphénylacétaldéhyde, dont la semi-
carbazone recristallisée dans le benzène fond à. i6i°.
Dans le groupe des glycols primaires-secondaires, on sait que le phényl-
glycol ainsi que son iodhydrine C'H' — CHOH — CH"! se transforment
l'un et l'autre en phénylacétaldéhyde; mais pour chacun d'eux le méca-
nisme est différent :
G=H5 — CH = CHOH
CH' — CHOH-CH'OH^ ou ^ C^H^ — CfP — CHO
C^H' — G — CH^OH
C« H' _ CH OH — CH-I -> C« H= - CH OH — CH = -> CH O - CH' — G» H'
la transformation de l'iodhydrineest comme on le voit accompagnée d'une
migration du phényle.
Dans le groupe des glycols bisecondaires, on sait de même que l'iodhy-
drine de méthylphénylglycol symétrique dérivée du phénylpropylène se
transforme avec migration du phényle en aldéhyde hydralropique (Bull.
Soc. chim., 3° série, t. XXV, p. 276). Toutefois la transformation du gly-
col lui-même n'a pas encore été étudiée. Le méthylphénylglycol symétrique
C«H^— CHOH — CHOH — CH' a été préparé par ébullition du dibromo-
phénylpropylène avec une solution aqueuse de carbonate de potassium à
I pour 6 (ZiNCKE, Berichte, t. XVII, p. 710). Chauffé avec l'acitle sulfurique
au cinquième, ce glycol se transforme quantitativement en phénylacétone
(') TiFFENEAu, Comptes rendus, t. GXXXIV, p. i5o6.
(') Ge glycol vient d'être obtenu de la même façon et décrit par MM. Paal et
WeidenkafT dans les Berichte, n° 9, p. 2o63. J'avais déjà indiqué {Comptes rendus,
t. GXXXVIl, p. 1260) le parti que l'on peut- tirer des composés organomagné-
siens pour la préparation des aglycols. Depuis, dans un travail entrepris en collabo-
ration avec M. Dorlencourt, nous avons obtenu par ce procédé : le diéthylméthyl-
glycol etie diphénylmélhylglycol fusible à QÔ^paraction de G'H'MgBr et de G*H^MgBr
sur le lactate d'éthyle; lediéthylphénylglycol fusible à 89°, par action de G'H^MgBr sur
le phényiglycolate de méthyle; le diphényléthylglycol fusible à 117°, par action de
G^H'MgBrsur la benzoïne. Tous ces glycols ont été préparés en vue d'étudier le
mécanisme de la transposition de l'hydrobenzoïne. Aucun de ces glycols n'a fourni
jusqu'ici de transposition moléculaire.
SÉANCE DU 25 JUIN [906. iSSg
(semicarbazone fusible à 197°). On voit que les transformations du giycol
et de son iodliydrine sont tout à fait différentes et que l'une s'accomplit, au
contraire de l'autre, sans migration phénylique.
C''I15— (CHOH)^ — CH^-^C'H^ — G — CHOH-CH^^C«H5_CH2— CO — CH',
II
C«H»-CHOH— CHI - CH^ ->C«H* - CHOH — fc— CH' ^ CHO - CH<^5!.^\
Si maintenant nous groupons dans un t.ibleau les formules des alcools
intermédiaires (formules vinyliques ou formules avec valences pendantes)
nous pourrons constater ce qui différencie ces transformations.
A Icools in lermédiaires.
Dérivés des iodhydrines. Dérivés des glycols.
ChT/COH-CH=: (migration). ^j^*^'^C = GHOH (sans raigr.).
^'II'^GOH — CH= (migration). ^[j^^^G^GHOH (sans migr.)-
CH-'— GHOH— GH= (migration). G" H^ — GH = CHOH (sans migr.).
G^Hî^ — ClIOH— G — GH3 (migration). G«H- — G — GHOH — CH^ (sans migr.).
Il II
C« H* — GH OH — G — G" H^ (migration). G" H» — GH OH — G — G" H^ (avec migr.).
Il II
On voit en somme que la transformation des a-glvcols diffère de celle
des iodhydrines correspondantes en ce que l'élimination de H'O chez les
premiers s'effectue précisément à côté du C'H'^, alors que chez les iodhy-
drines considérées l'oxhydrde voisin du C® H' est laissé intact.
Or on conçoit que la transformation de l'hydrobenzoïiie s'effectue avec
migration phénylique comme chez ces iodhydrines, p lisque, quelle que
soit l'oxhvdrile éliminé, un oxhyilrile subsiste toujours au voisinage de
l'autre C''H\
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'acide cinnaménylparaconique.
Note de M. J. Iîougault, présentée par M. A. Halier.
I. Dans un travail assez récent, MM. Fitti^ et Batt (') ont étutlié la con-
densation de l'aldéhyde cinnamique avec le succinate de sodium en pre-
(') Liebig's Annalen, t. GGGXXXI, 1904, p. i5i.
C. R., 1906, 1" Semestre. (T. C.VLU, N» 26.) 20I
l54o ACADÉMIE DES SCIENCES.
sence d'anhydride acétique, espérant obtenir ainsi l'acide cinnaménylpa-
raconique
CO='H
I
CH» - CH = CH - CH - CH - CH^* - CO,
I I
O 1
et l'acide diéthylénique qui en dérive, l'acide cinnaménylisocrotonique
CH^ - CH = CH - CH = CH - CH= - CO=H.
Mais ils ont obtenu exclusivement ce dernier acide, accompagné de quan-
tités variables d'acide cinnamique et d'autres composés non acides dont je
n'ai pas à m'occuper ici.
Dans le but de me procurer cet acide cinnaménylisocrotonique dont j'ai
besoin pour un travail que je poursuis en ce moment, j'ai reproduit l'expé-
rience de ces savants, en suivant rigoureusement leurs indications. Mes
résultats ont été totalement diiï'érents : j'ai obtenu uniquement l'acide
cinnaménylparaconique (P. F. 145*^) et pas trace d'acide cinnaménylisocro-
tonique (P. f. 1 12°) que les auteurs cités avaient seul obtenu.
n. L'acide cinnaménylparaconique n'ayant jamais été préparé jusqu'ici,
je le décrirai rapidement.
Je renvoie pour sa préparation au travail de MM. Fittig et Balt, puisque, je le ré-
pèle, j'ai suivi leurs indications; en faisant observer toutefois qu'il est indispensable
de ne pas chaulTer l'acide libre en présence de l'eau, car il se déconapose dans ces
conditions comme on le verra plus loin.
La formule, indiquée plus haut pour représenter cet acide, est justifiée : i° par le
dosage de C et de H; 2° par le titrage acidimétrique : il se comporte comme un
acide monobasique quand on ajoute la soude peu à peu jusqu'à virage de laphtaléine,
et comme un acide bibasique, lorsque, après avoir ajouté un excès de soude, on revient
à la neutralité pai- l'acide sulfurique; 3° par la fixation de Bi" sur la double liaison.
111. L'acide cinnaménylparaconii[ue fond à i45° sans décomposition. Il est très peu
soluble dans l'eau, dans la benzine, dans l'éllier de pétrole, peu soluble dans l'éther,
dans le chloroforme, un peu plus dans l'alcool froid (os, 5o à os,6o pour 100), beaucoup
plus soluble à chaud.
Dissous à froid dans une solution aqueuse de carbonate de sodium, il en est immé-
diatement reprécipité par addition d'un acide fort; mais après dissolution, même à froid,
dans la soude, il n'est plus reprécipité par acidulation au moins immédiatement. La
reprécipitation ne se fait qu'au bout de plusieurs heures, sans doute après retour de
l'acide ciniiaménylitamalique soluble
00^ H
O^H^— CH = CH ~ CHOH — CH - GH^— CO^H
à l'acide cinnaménylparaconique insoluble.
SÉANCE DU 23 JUIN I906. t54l
La propriété la plus remarquable de cet acide est sa facile décomposi-
tion par ébullition avec l'eau. Une demi-heure d'ébullition suffit pour le
convertir en acide cinnaménylisocrotonique, acide que MM. Fittig et Batt
ont obtenu directement dans la condensation de l'aldéhyde cinnamique
avec le succinate de sodium, sans constater la formation préalable d'acide
cinnaménylparaconique que je démontre ici.
Peut-être une pareille décomposition a-t-elle eu lieu au cours des traite-
ments effectués par ces savants pour sortir l'acide de la masse noirâtre
épaisse, premier produit de la condensation. Ceci expliquerait la différence
de nos résultats.
En solution alcaline l'acide cinnaménylparaconique (ou plus exactement
l'acide cinnaménylitamalique qui se produit alors) est très stable, l'ébuUi-
tion ne l'altère pas après i heure.
IV. L'acide cinnaménylparaconique fixe facilement Br^ lorsqu'on addi-
tionne de brome l'acide pulvérisé, en suspension dans le chloroforme.
Le bibromure est cristallisé, fond à 2o5° en se décomposant. Il est fort
peu soluble dans les dissolvants usuels et se purifie le mieux par dissolution
dans l'alcool bouillant. La solution aqueuse de carbonate de sodium le
dissout à froid sans l'altérer; à chaud, il y a décomposition totale; tout le
brome passe à l'état de bromure de sodium ; il se forme, en outre, de l'aldé-
hyde benzoïque; les autres produits de décomposition n'ont pas encore
été étudiés.
CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur les relations entre groupements
fonctionnels en positions éloignées. Imines cycliques. Note de MM. E.-E.
Blaise et HouiLLON, présentée par M. A. Haller.
Si l'on considère une chaîne carbonée ouverte, les centres de gravité
des atomes de carbone peuvent se placer dans un même plan, tant que la
chaîne ne renferme pas |)lus de cinq atomes de carbone. Au delà de ce
nombre, ils ne peuvent se placer aue sur une hélice. Si l'on examine la
cyclisation des chaînes carbonées, on voit qu'elle peut se produire de
deux manières : ou bien les centres de gravité des atomes de carbone
se placent dans un même plan au prix d'une tension moléculaire qui
croît indéfiniment, ou bien, il y a cyclisation aux dépens des atomes de
carbone terminaux, sans que le reste de la chaîne carbonée perde sa
forme hélicoïdale. Dans cette dernière hypothèse, la facilité avec laquelle
l542 ACADÉMIE DES SCIENCES.
se produira la cyclisation sera une fonction de l'éloignement des atomes
de rarhone terminaux, et celte fonction sera périodique.
Il est facile de voir, en effet, que, si le nombre des atomes de carbone
intermédiaires s'accroît, la distance qui sépare les atomes de carbone
terminaux jiasse |iar une série de niaxima et minima conséciitits. S'il
s'ai^it (le la formation de chaînes liomocycliques carbonées, ce second
mode de cyclisation appa'aît comme infiniment peu probable; il semble,
en effet, que les spires inter|josées entre les carbones terminaux doivent
constituer un obstacle siérique insurmontable. S'il s'agit, au contraire,
de la fermeture de (haines hetérocycliques sur un atome d'oxygène ou
d'azote, le second mode de cyclisation n'apparaît plus comme invrai-
sembl.ible et, dès lors, il y avait lieu de se demander si l'expérience
pouriMil mettre en évidence l'existence d'une périodicité réelle dans la
fermeture des chaînes lietérorycliques. C'est dans ce but (|u'ont été
entreprises les retherches résumées dans la présente Note, et relatives
aux imines cycliques. On sait que ces imines se forment par action de
la chaleur sur les chlorhydrates des diamines, et l'existence de la décamé-
thylene-imine obtenue par MIM. Phookan et F. Kraffl semblait favorable à
l'idée de périodicité. Nous nous sommes adressés, de notre côté, à l'octo-
mélhylène-imuie. Le c^ilorhydrate de l'octométhvlène-diamine donne en
effet, par action de la chaleur, un carbure diéthylénique et une base
secondaire cyclique. Cette base devait être I oclométhylène-iraine. Toute-
fois, comme d'autres recherches, effectuées dans le même ordre d'idées,
et qui seront publiées ultérieurement, nous avaient déjà montré que la
cyclisation peut s'accompagner de transpositions moleculaiies, il était
nécessaire d'établir d'abord la constitution de la base obtenue. Guidés par
ces mêmes recherches, il nous parut possible que la base obtenue fût de
ra,-propvlpipéridiiie soit de l'a-w-butylpyrrolidme, soit, enfin, un
mélange de ces deux bases. Le produit obtenu par action de la chaleur sur
le chlorhydrate de l'octométhylène-diamine bout exactement au même
point que la conicine inactive; par contre, les dérivés qu'd donne sont
absolument diUérents de ceux que fournit la conicine. En particulier, il
nous a ét(' impossible d'obtenir la moindre trace d'un chloroplatinate
possédant les propriétés caractéristiques de celui que donne cette dernière
base. Restait donc à examiner l'hypothèse où la base eût été de nature
pyrrolidique. Comme il eiit été difficde d'établir analytiquemeu t l'existence
d'une chaîne |iyrroIi(lique, nous nous sommes adressés à la méthode syn-
thétique et nous avons préparé l'ot-w-butylpyrrolidine, non sans difficulté,
SÉANCE DU 25 JUIN I906.
1543
pai' la série des réaction'^ suivantes :
C'H»— CO — CH=— CH*— CO-H
CH-,
_^C'H'— ChI
CH"-
co
M
La btitylpyrrolidine ainsi obtenue est un liquide à odeur rappelant fortement celle
de la coniciiie, elle bout au même point que roctométhviène iioine présumée et cons-
titue une base forte. Elle e^t d'ailleurs identique à l'octométhylène imine, toutes deux
donnent le même chloroplatinale, fondant à laS", le même chloraurate, qui fond à 89°
et, enfin, la même urée qui fond à iSa". Il n'existe entre ces deux bases qu'une diftérence
de pureté, la base obtenue à partir de la diamine étant un peu moins pure que la base
synthétique.
La formation d'une base pyrrolidique à partir du chlorhydrate de l'octomélhylène-
dianiine met donc, d'une part, en évidence une migration intéressante, et, d'autre part,
elle montre que l'existence d'une périodicité dans la cyclisation des imines est infini-
ment peu probable.
En eflet, au point de vue stéréochimique, la formation de l'octométhylène-imine
serait comparable à celle de la triméthylène-imine; or cette dernière peut être obtenue
assez aisément, tandis que roctométhyléne-imine ne se forme pas. Nous nous p^opo-
sons, d'ailleurs, de préparer l'hexylpyrrolidine qui sera sans doute identique à la déca-
méthylène-imine de MM. Phookan et Kraffl, ce qui ôtera tout doute à ce sujet. Nous
ajouterons enfin que la réduction de la cyclohexanone-isoxime a donné à M. Wallach
une base qui est sans doute la véritable hexaméthylène imine. Il n'est pas étonnant
que celle base diffère de celle obtenue par M. Braun en partant de l'hexaméthyléne-
diamine, car celle-ci doit probablement être constituée par de l'a-élhylpyrrolidine
plus ou moins pure.
CHIMIE ORGANIQUE. — Basicilé de l'oxygène du xantliyle. Sels doubles
halogènes xanthyl-mèlalliques. Note de MM. R. Fosse eL L. Lesagk,
présentée par M. A. Haller.
I.e xanthyle ou diphénopyryle :
CH-
O
l544 ACADÉMIE DES SCIENCES.
radical non azoté, univalent, dérivé du xanlhane (') ou diphénopyrane,
peuL donner avec les halogènes (Cl, Br) et certains métaux, une série
assez riche de combinaisons, dont les formules sont, en général, compa-
rables aux sels doubles correspondants du potassium.
Chloroplallnate de xanthyle :
PiCl.+ ,|^CI-0(g^;)cH],
poudi-e orangée.
Bromoplalinale de xanthyle :
FtBr^.-.[B.--0<gi|;)cH],
précipité jaune orangé.
Cliloro-aurate de xanthyle
/C^H*\
AuGl^+Cl-0(^g^^CH,
cristaux microscopiques jaunes.
Bromo-aiirate de xanthyle :
AuBr3+Br-0/g|i;)cH,
petits cristaux rouge brique.
Chloiuie d' uranyle et de xanthyle :
UœC.+ .[ci-0<g5;>CH],
ci'istaux prisinaliiiues jaune d'oi'.
Bromure d'iiranyle et de xanthyle :
U02Br2-)-2
cristaux jaunes.
Bromoferrale de xanthyle ;
FeBr^ + Br-0(^^^/CH,
cristaux microscopiques rouge vif.
Bromure de zinc et de xanthyle :
ZnBr^-H2|^Br-0(g^)cH],
cristaux jaune orangé.
(') Improprement désigné xanthène.
4
SÉANCE DU 25 JUIN 1906. iS/jS
Bromure de cuhre el de xanlhyle :
CuB.-+2[B,-0(g^)cH],
petits cristaux violet sombre.
Bromure de cadmium et de xanlhyle :
CclBr^+a Bi-^OC
petits cristaux jaunes.
Bromure de plomb el de xanlliyle :
2PbBr^+Br-0c(g^)cH,
petits cristaux marron clair.
Bromure de mercure el de xanthyle :
SHgBr^-H^
cristaux jaune d'or.
BIOLOGIE VÉGÉTALE. — Production de feuilles en cornet par traumatismes.
Note de M. L. Blaringhem, présentée par M. Gaston Bonnier.
Les ascidies ou feuilles en cornet sont des anomalies relativement rares.
Bien connues et étudiées dans les genres Nepenlhes et Sarracenia où elles
prennent la valeur de caractères de familles, on les trouve parfois en abon-
dance sur quelques individus aberrants qui les produisent assez fidèlement
chaque année, s'ils sont vivaces ^Ficus de Calcutta ( ' ), Saxifraga crassifolia
et S. ciliata (^-) ,Cytisus candicans Altleyanus (^), divers Tilleuls, etc.]. D'autre
part, Hugo de Vries (') a montré l'hérédité partielle des ascidies par voie
de semis; mais jusqu'ici on ne sait rien sur l'origine des individus qui
présentent ces anomalies; de nombreuses observations et des expériences
me permettent d'attribuer leur pro(lucli(jn à des mutilations.
(') G. DE Candolle, Sur un Ficus à hypoascidies {Archires des Se. phys. et natur.
de Genève., [\^ période, l. XII, 1901, p. 623-63i).
('^) O. Fenzig, Pflanzenteratolog^ie, I, p. t\h&. (Les ascidies des Saxifrages ont été
étudiées récemment par H. de Vries, Maheu et Gillot, Monleniartini, Massalongo. )
(') H. DE Vries, Over de erfelykheid van Synfisen (résumé dans Botanisclier
Jahresberichl, XXIII, 2) et Ueber die Periodicitàt de r par lie lien Varialionen (Ber.
d. deut. bot. GeseL, t. XVII, p. 45-5i )•
l546 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La section de la tige principale des végétaux, ligneux et herbacés est d'ordinaire
suivie du développement rapide de nombreux rejets en partie anormaux. Les ascidies
en particulier se trouvent dans ce cas sur les pousses de Tilia sylvestres, Acer
Psetido-platamits, Fraxinus excelsior, Hibiscus Rosa-sinensis, Corylus Avellana ;
elles sont le plus souvent isolées ; toutefois, dans un taillis de Noisetiers dont les troncs
de 4'^°' à 6"" de diamètre avaient été coupés au ras du sol dans le mois de mars
de igoS, j'ai pu observer au mois d'août de la même année, sur 12 feuilles portées par
un rejet, 7 feuilles peltées ou ascidiformes, alors que les arbustes voisins non taillés
n'en présentaient aucune. On peut récoller aussi une bonne proportion de folioles en
cornets sur les feuilles à folioles multiples que donne le Trifoliuin pratense après la
seconde coupe.
Dans des essais faits en 1906 en vue de provoquer des fascies et des anomalies florales,
j'ai obtenu des ascidies sur les rejets fasciés ou non de Fagopyrum esculentum,
Œnothera biennis et Zea Mays.
Le Maïs, que j'étudie tout spécialement depuis 1901, m'a fourni le plus
grand nombre de feuilles en tube et j'ai pu en vérifier l'hérédité partielle
dans plusieurs lignées. Les premières gaines tubulées furent observées sur
des rejets dont la panicule mâle portait des graines femelles fertiles. La
descendance suivie depuis igo3, sans mutilation nouvelle, fournit des
variations de toutes sortes partiellement héréditaires (') et en particulier
les gaines tabulées rentrent dans cette catégorie.
Dans les cultures de igoS l'épreuve de l'hérédité fut très remarquable pour l'un des
lots. La plante mère, développée en 1904, ne portait qu'une seule gaine tubulée, cor-
respondant à la sixième feuille. Sur 23 descendants de cette plante, i3 présentèrent des
ascidies (plus de 5o pour 100) résultant de la suture des bords des feuilles ou même
des bractées d'enveloppe de l'inflorescence femelle, La fréquence de l'anomalie, consi-
dérablement acciue, permit d'en étudier la périodicité :
Les feuilles.. . 1 234-56789 10 (comptées à partir de la base)
fournissent... 0016 11 85120 ascidies
La suture des bords de la feuille se prolonge parfois au delà de la ligule. Comme
cas extrême observé, on peut signaler un tube de 42°"' de longueur dont 19''™ appar-
tiennent à la gaine; cette ascidie développée sous la panicule terminale la renfermait
comme dans une spathe, rendant presque impossible la dispersion du pollen. Le
caractère très singulier de cette sommité attirait les yeux à longue distance et il n'est
pas douteux que cette anomalie ne soit très rare, puisqu'on ne l'a jamais signalée à ma
connaissance.
Les gaines tubulées sont un caractère nouveau et aberrant pour le Zea
(') L. Blaringhem, Anomalies héréditaires provoquées par des traumatismes
{Comptes rendus, t. GXL, 6 février 1900).
SÉANCE DU 25 JUIN 1906. l547
Mays, mais ne sont pas inconnues dans la famille des Graminées. Depuis
longtemps Dupont, Trécul, Godron ont insisté sur la valeur de ce caractère
pour la diagnose des genres ou des espèces de Melica, Glycena, etc. Il ne
paraît pas impossible, d'après les résultats obtenus jusqu'ici dans les cul-
tures, de fixer la variation apparue dans le Maïs; quoi qu'il en soit, les faits
précédents montrentlerôle des mutilations dans la production de caractères
nouveaux et partiellement héréditaires.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Origine aes matériaux Utilisés par l'ovaire.
Note de M. Jeax\ Friedel, présentée par M. Gaston Bonnier.
. La capacité assimilatrice des carpelles verts de la plupart des plantes est
connue depuis longtemps. J'ai vérifié le fait sur un grand nombre d'espèces.
Dans une expérience sur le Ranunculus acris, j'ai constaté, chez les car-
pelles, une assimilation sensiblement égale au cinquième de l'assimilation
effectuée par le même poids de feuille. La capacité assimilatrice des car-
pelles peut donc être considérable. J'ai cherché à voir jusqu'à quel point
cette assimilation pouvait suffire au développement de l'ovaire et à la
production de graines.
Des fleurs épanouies, détachées de la plante, ont été conservées, le pédoncule plon-
geant dans une eau continuellement renouvelée. Au début, je déterminais le poids
sec moyen des ovaires d'un lot de fleurs témoins. Au bout d'un temps plus ou moins
long, des échantillons étaient prélevés pour déterminer les poids secs, d'autres ovaires
étaient conservés pour tenter d'obtenir des graines. De nombreuses expériences ont été
faites sur le Galanthus nivalis, le Leucoium verniim, le JVarcissus pseudonarcissus,
VOrnithogalurn unibellaliim.
Exemple : Galanthus nivalis. — Le 3i janvier, des fleurs épanouies ont été mises
en expérience. 16 ovaires témoins out eu un poids sec moyen de os,oo4i2.
Le 23 février, j'ai prélevé 4 ovaires : poids sec moyen, o", 00970.
Le 5 mars, j'ai prélevé 4 ovaires : poids sec moyen, os,oia5o.
Deux beaux ovaires choisis sur une plante enracinée el qui se sont développés pen-
dant le même temps ont donné, l'un, os,oii8o, et l'autre, o», 02100.
L'augmentation de poids est manifeste; les résultats ont toujours été concordants.
Des ovaires de ces diverses plantes, conservés à l'obscurité, n'ont jamais
présenté d'augmentation de poids sec; j'ai constaté parfois une légère dimi-
nution lorsque l'expérience avait duré très longtemps. Toutefois, l'aug-
mentation de poids observée à la lumière peut être due soit à l'assimilation
de l'organe lui-même, soit aux réserves du pédoncule.
C. R., .go<i, I" Semestre. (T CXLII, N° 26.) 2u2
l548 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Pour chercher à résoudre cette question, j'ai placé sur de la ouate humide des
ovaires avec ou sans pédoncule dans des tubes à essai qui ont été ensuite scellés à la
lampe. Dans ces conditions, l'assimilation chlorophyllienne a pour effet unique de
récupérer le gaz carbonique perdu par respiration. Or je n'ai jamais constaté d'aug-
mentation de poids sec chez les ovaires dépourvus de pédoncule maintenus en tubes
scellés, tandis que, chez des ovaires également en tubes scellés, mais pourvus d'un
pédoncule, j'ai observé fréquemment une augmentation de poids sec.
Exemple : JVarcissus pseitdonarcissus. — 26 mars. Poids moyen de 10 ovaires de
fleurs épanouies, o5,oi43. (Le poids le plus faible était de 08,0097; le plus fort, de
os, 0208.)
28 avril : obscurité, 05,0098; air confiné sans pédoncule, 08,0177; air confiné avec
pédoncule, 0^,0287; fleurs à l'air libre, oS,o456.
A l'air libre, l'augaientation de poids est très considérable ; elle est faible
dans l'air confiné.
Pour des ovaires à'Ornithogalum umbellatum pris dans la fleur épanouie, le poids
sec moyen était de 08, 255. (8 mai.)
Le 18 mai, un ovaire semblable muni de son pédoncule et conservé en tube scellé
avait atteint un poids sec de oe,o34o. Il y a ici une augmentation manifeste.
L'ovaire à'Ornitliogalam arabicuin est dépourvu de toute capacité assimilatrice
comme je l'ai montré dans une précédente Note {Comptes rendus, il\ mai 1906). L'un
de ces ovaires conservé avec un fort pédoncule a présenté une augmentation de poids
sec considérable.
Le 10 mai, l'ovaire d'une fleur épanouie avait un poids sec de 00,0280; le 3i mai,
un ovaire semblable avait atteint un poids sec presque double 0o,o4o8.
Ainsi, dans des conditions où l'assimilation n'intervient jjas, il peut y
avoir une augmentation de poids sec provenant uniquement des réserves du
pédoncule.
Plusieurs ovaires de fleurs coupées conservées à l'air libre pnt donné
des graines.
De cet ensemble de faits on peut tirer les conclusions suivantes :
ï° L'ovaire utilise à la fois les produits de l'assimilation qui lui est
propre et les réserves du pédoncule.
2° Si les conditions dans lesquelles il est placé suppriment l'un des deux
modes de nutrition, l'ovaire peut, en utilisant le mode qui lui reste, arriver
à son complet développement.
3° Les réserves du pédoncule ne peuvent être utilisées qu'à la lumière.
Il y a un rapprochement à faire entre ce dernier résultat et un fait semblable
constaté par M. Molliaid dans ses recherches sur les cidtures de Radis en
milieux nutritifs organiques et par M. Lefèvre dans ses recherches sur l'assi-
milation des aminés par les végétaux.
SÉANCE DU 25 JUIN [906. l549
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur la longévité des graines. Noie de M. Paul
Becquerel, présentée par M. Gaston Bonnier.
La durée de la faculté germirialive des graines de la plupart des phanéro-
games n'est pas encore très bien connue. Elle varie considérablement non
seulement d'une espèce à une autre, mais encore entre les individus d'une
même espèce, car elle dépend de la résultante des actions d'un grand
nombre de facteurs extérieurs ou internes que la graine subit selon son
mode de conservation. La température et l'hygrométricité de l'atmosphère,
l'air, l'eau, la lumière, l'enfouissement dans le sol, les bactéries, les ani-
maux, enfin le degré de perméabilité des téguments de la graine, la nature
de ses réserves nutritives et de son état de dessiccation sont autant de causes
qui agissent directement sur la vitalité de l'embryon.
Beaucoup de savants se sont déjà occupés de cette question et ont
apporté des observations sur des cas isolés, mais le seul travail d'ensemble
où se trouvent exposés les faits les plus nombreux et les plus précis est
encore celui d'Alph. de CandoUe. En 1846, il avait semé 368 espèces de
graines qu'il avait lui-même recueillies et conservées dans des sachets, à
l'abri de l'humidité et de la lumière, pendant i4 années. Il constata alors
que, sur les 368 espèces, 17 seulement conservèrent leur pouvoir germi-
natif très affaibli. Trois familles fournirent ces espèces : les Malvacées,
5 sur 10; les Légumineuses, 9 sur 45; les Labiées, i sur 3o (').
Grâce à l'extrême obligeance de M. Costantin, Professeur de culture
au Muséum, et au concours dévoué de M. Caille, chef du service de la
Graineterie, qui ont mis à ma disposition toutes les graines les plus vieilles,
dont la date d'arrivée au laboratoire était rigoureusement contrôlée, nous
avons repris le travail d'Alph. de CandoUe.
Nos recherches ont porté sur près de 55o espèces appartenant à 3o des
familles les plus importantes des Monocotylédones et des Dicotylédones,
et dont l'âge de la récolte variait entre 20 et i35 ans.
Les graines de chaque espèce, généralement au nombre minimum
de 10, étaient soigneusement lavées dans de l'eau stérilisée, puis en partie
décortiquées lorsque leur tégument paraissait trop imperméable. Ainsi
(') Alph. de Candolle, Sur la durée relatwe de la faculté des germes (Ann. se.
liai., série III, t. VI, p. 378).
l55o ACADÉMIE DES SCIENCES.
préjiarées, elles ctnient placées sur du coton hydrophyle aseptique humide
dans un cristallisoir recouvert d'une plaque de verre, que l'on portait dans
une étuve à la température constante de 28°.
Dans ces conditions levèrent chez les Légumineuses 18 espèces sur 90.
Ce furent : Cassia bicapsidaris de iSig; Cytisus biflorus de 1822 ; Leucœna leii-
cocephala de i835; Trifoliuin ari'ense de i838; Ervum Lens de i84i ; Dioclea pau-
ciflora de 1841 ; Cylisus austriacus de i843 ; Melilolus liitea de i85i ; Acacia dista-
chya de i853; Mimosa glomerala de i853; Crolatum ramosissimum de 1867;
Dolichos fusarius de 1868 ; Astragalus bi achyceras de 1868 ; .Yomismia nummu-
laris de 1869 ; Acacia cornigera de 1869 ; Trifolium cœspitosurn de 1878.
Dans la famille des Nélombées, nous avons obtenu la germination de trois espèces
de Nelombo : Nelumbium codophylhtm de i85o; N. asperifolium de i858 et
N. speciosuni de 1888 (').
Enfin nous avons eu une Malvacée sur i5 espèces : le Lavatera pseuclo-Olbia de
1842 et une Labiée sur i4, le Stachys nepetœfolia de 1829.
Par contre, les graines des espèces appartenant aux familles suivantes : Graminées,
Joncées, Liliacées, Urticées, Polygonées, Ghénopodiacées, Daliscées, Renonculacées,
Nymphéacées, Euphorbiacées, Crucifères, Papavéracées, Garyophyllées, Rosacées,
Saxifragées, Onagrariées, Araliacées, Plorabaginécs, Solanées, Borraginées, Convolvu-
lacées, Scrofularinées, Verbénacées, Plantaginées, Cucurbitacées et Caprifoliacées ne
fournirent aucune germination.
Parmi les graines qui ne levèrent pas et dont l'âge variait de 3o à 60 ans, il
nous faut signaler les graines de Polentilla Tormentilla, de Rubus idœus, de Galiiirn
anglicum, di'Euphorbia Lathyris, de Sinapis arvensis, de Chenopodium polysper-
mitin, de Sagina procumhens, de Papaver, de Corydalis clavicitlata, de Digilalis
purpiirea, de Verbascum Thapsus, de JVicoliana Tabacum et de Juncus bufonius.
Car ces graines ont été fréquemment citées par de nombreux observateurs, tels que
Michalel, Sirodot, Boisduval, Heldreich, Peler, Bureau, J. Poisson et P. Fliche, comme
pouvant conserver dans la terre, pendant beaucoup d'années et même plusieurs siècles,
la faculté de geimer. Le fait de les voir subitement apparaître, dans certaines localités
où il n'y en avait jamais eu auparavant, après des remaniements du sol, des coupes
de bois, des dessèchements ou des mises en eau d'étangs, ne suffit jias à légitimer
cette manière de voir. — Les changements de conditions de milieu et la multitude
infinie des apports par les eaux, le vent, les oiseaux, les animaux et les hommes
expliqueraient bien mieux cette arrivée subite d'espèces nouvelles. Et cela paraît
d'autant plus vraisemblable que l'examen de ces vieilles graines conservées dans des
sachets, à l'abri de la lumière, de l'eau, du froid et des moisissures, ce qui ne se ren-
contre pas souvent dans la nature, nous montre que, par suite de l'extrême perméa-
bilité de leur tégument, de l'oxydation de leurs réserves nutritives et la désorgani-
sation de l'embryon, elles ont perdu toute possibilité de vivre.
Seules les graines qui peuvent conserver leur pouvoir gerniiiiatif, pen-
(') M. J. Poisson a fait germer en 1902 des akènes de Nelumbium lulcain de 1848.
SÉANCE DU 23 JUIN I ()o6. l'ïSl
dant |j1us de 80 ans, comme celles de l'Acacia bicapsulans, de Cytisus
bijlorus (il de Leucœna leucocephala , aonl protégées par un tégument épais
et possèdent des réserves peu oxydables.
Par des expériences réalisées avec l'appareil déjà décrit ici il y a deux
ans('), nous avons pu nous rendre compte de ce fait très important au
point de vue de la biologie. C'est que dans ces graines l'imperméabilité de
toutes les parties du tégument aux gaz de l'atmosphère a été réalisée natu-
rellement d'une manière aussi parfaite que si elle avait été provoquée
arlificiellemenl par la dessiccation avec le vide, la baryte caustique et la
chaleur (^).
Par conséquent nous avons là un exemple remarquable de vie latente où,
pendant plus de 80 ans, c'est-à-dire depuis l'époque de la Restauration
jusqu'à nosjours, tous les échanges gazeux entre cesgraines et l'atmosphère
ont été complètement interrompus.
Si jamais, l'embryon enfermé dans son tégument hermétiquement clos a
respiré, il ne l'a fait que d'une manière imperceptible aux dépens d'une
quantité de gaz infinitésimale puisque au bout de ce grand intervalle de
temps il n'a pu encore utiliser tout ce qu'il devait y avoir d'oxygène dans
l'intérieur de ses cellules (^).
PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur la maladie des Platanes due au Gnomonia
veneta (Sacc. et Speg.) Klebahn [Glœosporium nervisequum [Fuck)
Saccardo] particulièrement dans les pépinières. Note de M. J. Beauverie,
présentée par M. Gaston Bonnier.
Comme il fallait s'y attendre, le printemps froid et humide que nous
avons subi a amené une recrudescence de la maladie des Platanes, qui
sont, au moins dans la région lyonnaise, dans un lanieulable état. Le
(') Paul Becquehel, Comptes rendus^ i9o4j P- i3i47-
(^) Dans ses recherches sur les téguments des graines présentées en igoS à l'Aca-
démie des sciences de Turin, Joseph Gola a démontré que, dans la nature, les graines
à tégument imperméable et qui ne se gontlent même pas dans l'eau, sont e\trêmement
fréquentes chez les Légumineuses et les Malvacées.
(^) Si dans ce travail nous n'avons pas mentionné les fameux cas de longévité de
graines antiques provenant des greniers de César, des sépultures mérovingiennes, des
sarcophages des Pharaons, c'est parce que de Candolle, Decaisne, et plus récemment
Gain, opérant sur des échantillons authentiques, ont anéanti cette légende.
Mt^-
l5?2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Glaeosporium devient de plus en plus actif au fur et à mesure de ses atta-
ques nouvelles. Nous avons antérieurement marqué les étapes de la noci-
vité du champignon du Platane ('). Avant igor, il ne s'attaque guère qu'aux
feuilles et n'attire pas l'attention en tant que parasite dangereux; en 1901,
nous signalons l'attaque des jeunes rameaux ; en igoS, après un prin-
temps froid et pluvieux, le champignon n'atteint plus seulement les jeunes
rameaux mais les grosses branches et le tronc lui-même; certains arbres,
placés dans des habitats particulièrement favorables au parasite, péris-
sent. Les années suivantes, grâce à de meilleures conditions cliraatériques,
le mal s'étend peu. Il n'en est pas de même pour l'année actuelle.
Nous ne reviendrons pas sur ce que nous avons dit antérieurement
concernant l'évolution de la maladie chez les arbres âgés, nous bornant à
constater que, souvent, actuellement, les feuilles an lieu de se désarticuler
à la base du pétiole, par suite de l'attaque directe des grosses nervures ou
du pétiole lui-même, peuvent être atteintes au niveau de la périphérie du
limbe, le mal gagnant la partie inférieure de la feuille qui peut brunir et se
dessécher sur place, sans tomber sur le sol; quelquefois, aussi, des
rameaux herbacés, rongés au niveau de leur insertion sur les rameaux
ligneux par le mycélium qui s'y trouvait déjà, tombent sur le sol avec
leurs feuilles encore vertes et indemnes.
Nous avons particulièrement suivi l'évolution de la maladie dans les
pépinières, où nous avons vu des carrés entiers ravagés; les victimes,
parmi les sujets de trois ans notamment, peuvent s'y compter par
centaines. La bienveillance de M. le professeur Gérard, directeur des cul-
tures de la ville de Lyon, a singulièrement favorisé notre enquête.
Il est facile, avec un peu d'expérience, de constater si un arbre, d'apparence
encore saine, possédant la plupart de ses feuilles en bon état, est condamné à périr
en peu de jours. Dans ce cas, rexlrème flèche est morte, le rameau qui la constitue
apparaît desséché; en regardant l'arbre attentivement nous voyons que quelques
rameaux de l'année précédente sont desséchés, morts et couverts de conceptacles du
Glœosporiinn. Nous avons fait la remarque importante que le mal part presque tou-
jours des rameaux taillés l'année précédente, beaucoup plus rarement des feuilles et
rameaux herbacés; de là le mal gagne les rameaux des années antérieures et enfin le
tronc lui-même. Au niveau du rameau mort on voit alors sur l'écorce une tache lie de
(') J. Beauvekie, Sur unej'oiiiicparliculièreinenl. grave Je la maladie des Pla-
tanes {Annales de la Soc. botanique de Lyon, igoi ). — La maladie des Platanes,
sa gra'.'ilê {L' Uurticullure noin'elle). Lyon, 1908. Avec figures. — La maladie îles
Platanes (Comptes rendus, 22 juin igoS).
SÉANCE DU 25 JUIN 1906. l553
yin, puis brune, qui ne tarde pas à s'étendre circulairement, l'arbre n'a plus alors que
peu de temps à végéter; ses feuilles sont encore saines, puis elles jaunissent. Sur la
tache, et au niveau des ienticelles, apparaissent les conceptaciea. Si l'on entaille
l'écorce du tronc à différentes hauteurs, et notamment à la base, on constate que les
tissus situés entre elles et le bois sont plus ou moins bruns, ce qui est l'indice de leur
mortificalion. Bientôt l'arbre entier meurt et ses feuilles se dessèchent brusquement
sur place; il présente alors l'aspect d'un arbre qui aurait subi l'asphyxie par le gaz
d'éclairage ^u niveau de ses racines. Une telle destruction du végétal s'explique faci-
lement : au niveau des taches brunes du tronc, le liber est détruit et l'on constate
aisément au microscope que son emplacement est représenté par un vide et que seuls
les rayons médullaires persistants relient le bois et l'écorce. La circulation de la sève
descendante est donc interrompue, l'entre-écorce de tout le tronc se dessèche petit à
petit, et de bonne heure vers la base, ce qui a fait croire à quelques praticiens que le
mal se propaget|it des racines à la partie aérienne, tandis que c'est l'inverse qui a lieu.
On constate dans les tissus de l'arbre, même dans des régions assez éloignées des
taches brunes, l'existence de très fins et rares filaments mycéliens qui cheminent sur-
tout par les cellules des ravons médullaires, en enpruntant leurs ponctuations; on peut
en trouver aussi dans les cellules de l'écorce. Il est alors véritablement parasite, exer-
çant vraisemblablement au loin son action par l'intermédiaire de diastases qui prépa-
rent la désorganisation du liber. Le mycélium est plus abondant dnns les parties tuées,
où il vit en saprophyte; il y produit ses stromas qui font saillie par les Ienticelles et se
creusent bientôt en conceptacles conidifères.
Quel traitement convient-il d'appliquer? Pour les gros arbres, l'élagage
(lesrameanx atteints, préconisé par M. LeclercduSablon, a donné les meil-
leurs résultats possibles et les arbres situés en rase campagne, qui n'ont pas
subi ce traitement, sont en général aujourd'hui (surtout dans les régions
basses et humides) bien plus atteints que ceux des villes. En pé[)inière,
on ne peut garder cet espoir puisque le mal tue l'arbre en quelques jours.
Il faudra dorénavant appliquer un traitement préventif. Les agents de
contamination sont : les ascospores, comnae l'a démontré Rlebahn, les
pycnospores et les conidies. Rlebahn a réussi l'inoculation à l'aide de ces
dernières obtenues en cultures artificielles; nous rappellerons que nous
avons été le premier à signaler l'existence des conidies libres à l'état
naturel; nous avons observé la présence de cet appareil conidien sous les
plaques de rhytidome de platanes morts. Toutes ces semences, transpor-
tées par le vent, les chenilles, etc. sur les jeunes platanes, peuvent germer
dès le commencement du printemps. Le mal débute presque toujours par
l'extrémité des rameaux de l'année précédente qui ont subi la taille. Il
faudra donc : 1° proléger dès l'hiver les plaies d'élagage, soit avec un des
mastics à greffer, soit en les badigeonnant avec une solution anticrypto-
ganiique, par exemple celle que l'on emploie pour le traitement d'hiver de
l554 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'anthracnose de la Vigne. Le mal débute quelquefois par les feuilles pour
gagner les rameaux herbacés, les branches, et progressivement le tronc;
il faudra donc : 2° procéder, dès l'apparition des premières feuilles, à des
pulvérisations d'une solution anlicryptogamique : bouillies cupriques,
verdet, etc., et, au besoin, faire une deuxième pulvérisation sur les feuilles
plus développées, si le temps reste humide. Lorsque le temps redevient
définitivement chaud et sec, il n'y a plus de danger. Il ne faut pas oublier
que ces traitements doivent être préventifs; il devient impossible d'atteindre
le champignon lorsqu'il a pénétré entre le bois et l'écorce; lorsqu'il a
gagné le tronc, l'arbre est condamné. Cependant le pépiniériste devra
encore surveiller les rameaux, particulièrement ceux qui ont subi la taille
l'année précédente, et les élaguer s'ils commencent à se dessécher vers
leur extrémité. Son objectif doit toujours être d'empêcher que le cham-
pignon arrive jusqu'au tronc où il produirait l'annélation fatale que nous
avons signalée.
Les boutures, provenant toujours d'arbres absolument indemnes, devront
subir les mêmes traitements : badigeonnage des sections avant la mise en
place, sulfatage des feuilles. Elles devront, autant que possible, être éta-
blies loin de tout platane contaminé. Enfin, la bouture étant une conti-
nuation (ie l'individu et non une régénération, il est possible que la perpé-
tuation du végétal par ce procédé ait amené un affaiblissement organique
entraînant sa moindre résistance au parasite. On pourra donc, enfin, tenter
de régénérer cette essence en instituant des semis, qui permettraient peut-
être, en outre, de trouver des variétés plus résistantes.
BOTANIQUE COLONIALE. — Asclèpiadèes nouvelles de Madagascar produi-
sant du caoutchouc. Note de MM. J. Costantix et I. Gallaud, pré-
sentée par M. Edmond Perrier.
M. Geay, voyageur du Muséum, qui parcourt en ce momont Mada-
gascar, nous a adressé, entre autres documents, des échantillons complets
de tiges, feuilles, fleurs et fruits, secs et conservés dans l'alcool, apparte-
nant à deux Ascléj)ia(lées nouvelles dont le latex fournit du caoutchouc (').
(') On ne connaît à Madagascar que trois Asclèpiadèes donnant du caoulcliouc. Ce
sont : le Cryptostegia madagascariensis, le Marsdenia verrucosa et un Secanione
SÉANCE DU 25 JUIN [906. l555
Ces deux plantes très abondantes dans les plaines alluviales de l'ouest et
du sud-ouest de Madagascar, où elles sont distinguées sous les noms de
Kompitsé et de Dangolora, sont deux lianes sarmeuteuses d'exploitation fa-
cile d'où les indigènes retirent du caoutchouc. Ce produit soumis à l'appré-
ciation de techniciens, notamment de M. Michelin, a été reconnu « utili-
sable et de bonne qualité moyenne ». Il est donc utile de faire connaître ces
plantes qui jusqu'à présent n'ont pas encore été signalées et qui pourront
prendre de l'importance dans l'exploitation fie notre colonie.
Kompitsé. — C'est une liane sarmenteuse, formant souvent buisson,
appartenant au groupe des Périplocées; elle constitue un genre nouveau et
une espèce nouvelle pour laquelle nous proposons le nom de Kompitsia
elaslica :
Feuilles opposées, à limbe quelquefois arrondi dans les feuilles de base des rameaux
mais le plus souvent étroit, allongé, de 7™ de long sur i"" de large en moyenne, aigu
au sommet et rétréci en coin à la base sur un court pétiole de quelques millimètres.
Inflorescences terminales ou axillaires, en cynies bipares, régulières, bien four-
nies. Calice vert à 5 dents étroites, recourbées en dehors vers la base de la Jleur.
Corolle rose à 5 dents étroites, allongées, de couleur plus vive que le tube, tordues
dans le bouton, recouvrant à droite et formant ainsi un bec allongé. Les dents de la
corolle étalée ont 1'='" de long, 3™"" de largeur médiane et surmontent un tube corol-
laire court, présentant 5 renflements ovalaires correspondant aux dents. Coronule
simple, formée de 5 dents triangulaires, saillantes à la gorge et s'insérant dans les
écliancrures de la corolle sur une base élargie par deux oreillettes latérales. Filets
staminaux soudés à la corolle depuis la base et ne s'en détachant que sur une faible
longueur. Anthères allongées, pourvues de deux auricules àla base. Pollen en tétrades.
Translateurs sans rétinacle, en forme de gouttière allongée avec partie terminale
d'abord étranglée puis étalée en pelle. Pistil caché dans le tube sous les dents de la
coronule; style renflé en mmue, pourvu de 5 saillies entre lesquelles sont pinces les
translateurs; tèie siigniatique conique courte. Fruit formé de 2 carpelles non soudés,
dans le prolongement l'un de l'autre à maturité complète, à surface glabre, pourvu de
côtes longitudinales; dimensions d'un carpelle : 70""" sur 5"°°". Graines à aigrette
caduque, couvertes de fins tubercules brun cacao et présentant un sillon longitudinal;
dans le fruit elles sont rangées en deux séries séparées par une lame parcheminée (').
Un certain nombre de ces caractères sont ceux des genres Cryptolepis,
(vafnniainty) signalé par M. JumeUe {Journal du caoutchouc et de la gutta-perc/ia,
10 juillet 1900).
(') Le Muséum vient de recevoir de M. de Vilmorin, sous le nom de Kopitso, des
graines dépourvues d'aigrette qui ressemblent de façon frappante à nos graines de
Kompitsé. lorsque l'aigrette est tombée. Elles ont été mises en culture dans les serres
du Muséum pour vérifier leur identité.
C. H., 190S, I" Semestre. (T. CXLU, N» 26.) 2o3
l556 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Stomaioslemma et Raphiacine. Toutefois dans le Kompitsé le Calice, le tube de
la corolle et siirlout la coroniile sont de forme différente, ce qui nous paraît
justifier la création d'un genre nouveau pour cette plante. Elle donne un
latex abondant renfermant du caoutchouc, mais d'ordinaire les indigènes
le mélangent au latex de l'autre Asclépiadée, le Dangolora. que nous décri-
rons prochainement et qui est voisine du genre Marsdenia. Le mélange du
latex des deux plantes donne le caoutchouc connu à Madagascar sous le
nom de Manomhy.
ZOOLOGIE. — Sur la biologie des Virgulaires. Note de M. Ch. Gravier,
présentée par M. Edmond Perrier.
I^a plupart des Alcyonaires de la famille des Virgulaires habitent les
fonds marins à des profondeurs plus ou moins considérables; les instru-
ments qui servent à les capturer les ramènent à la surface presque toujours
plus ou moins gravement mutilés. Il en résulte qu'on ne possède que fort
peu de renseignements sur l'habitat et la biologie de ces animaux.
Le type nouveau de cette famille dont j'ai indiqué récemment (') les
principaux caractères, vit à Djibouti, dans des sables vaseux découvrant
à toutes les marées; j'en ai recueilli d'assez nombreux exemplaires en place
et j'ai pu en observer quelques-uns que j'ai conservés vivants plusieurs
jours dans des cristallisoirs. A mer basse, ces Virgulaires se trouvent
enfoncées verticalement dans le sable, le pédoncule en bas, l'extrémité
libre du rachis étant à une distance de lo*^" à i^'^'^ de la surface. Toutes
celles que l'on retire ainsi du sable ont leurs polypes rétractés; la période
d'enfouissement correspond vraisemblablement pour ces animaux à une
phase de repos; les polypes ne s'épanouissent que dans l'eau de mer, où
l'activité vitale reprend toute son intensité.
Si l'on place hoiizontalemenl sur le sable dans lequel ils vivent et que l'on recouvre
d'une couche d'eau de mer de quelques centimètres d'épaisseur, quel((ues spécimens
intacts et bien vigoureux de ces Virgulaires, on voit au bout de (juehiues niinutes
l'exlrémilé en pointe mousse du pédoncule se recourl)er verticalement vers le bas pour
pénétrer dans le fond solide. Celle torsion dé la partie terminale du pédoncule se fait
chez tous les individus, quelle que soit la face en contact avec le sol. Pour s'enfoncer
dans ce sable assez compact, le pédoncule, dont la paroi est molle et llexible, doit
(') Voir Comptes tendus, séance du 38 mai 1906.
SÉANCE DU 25 JUIN 1906. l557
prendre une certaine rigidité. On peut suivre, à travers la paroi semi-transparente du
corps, le mouvement du liquide de la cavité générale aboutissant à une turgescence
suffisante pour permettre à la pointe de creuser une petite dépression dans le sol. Cet
afflux de liquide dans la cavité pédoncuiaire résulte de l'activité des fibres musculaires
longitudinales qui s'étendent dans toute l'étendue du corps. La turgescence peut être
maintenue, au gré de l'animal, grâce à la contraction des fibres circulaires que pos-
sède la région située immédiatement au-dessus du pédoncule; la cavité circonscrite
par celte partie du raciii-< peut être réduite à rien, de façon à maintenir la plénitude
du sac pédoncuiaire.
La turgescence dure peu; lorsqu'elle a été utilisée, le liquide accumulé à l'extré-
mité inférieure reflue vers le sommet du rachis. La pénétration dans le fond sableux
exige un temps assez long. Dans l'une de mes expériences, des Virgulaires placées dans
les conditions indiquées ci-dessus, à 4 heures de l'après-midi, avaient leur pédoncule
complètement enterré à 7 heures du soir; le lendemain malin, à 6 heures, l'extrémité
seule du rachis restait encore visible. 11 est nécessaire que, dans le récipient où l'on
fait l'expérience, le niveau de l'eau dans le cristallisoir soit assez élevé pour que la
partie non enfouie reste constamment baignée. Si l'on place ces Virgulaires sur le sable
maintenu simplement humide, le pédoncule peut commencer la perforation, mais
l'opération ne se poursuit pas pour le rachis qui conserve la position originelle et qui,
autrement, se trouverait à sec, dès que la région polypifère, soutenue par son axe rigide,
commencerait à se relever.
Si, avant que l'enfouissement soit complet, on abaisse graduellement et assez rapi-
dement le niveau de l'eau, de façon à mettre à nu le sommet du rachis, on constate
que la partie vivante se rétracte en glissant sur l'axe qui demeure à sec. Si la rétrac-
tion ne peut suivre la chute du niveau, la partie non immergée ne tarde pas à être
mortifiée.
C'est le pédoncule qui joue le rôle essentiel dans l'enfouissement; si on le sectionne
à un niveau quelconque ou si l'on pratique une incision dans sa paroi, l'animal mutilé
reste inerte à l'endroit où il a été placé.
J'ai essayé à plusieurs reprises de réaliser, dans une certaine mesure,
pour quelques-unes de ces Virgulaires, les conditions résultant du jeu nor-
mal des marées. Dans aucun cas, je n'ai pu observer de coïncidence entre
le mouvement d'ascension de ces animaux complètement enfouis et l'élé-
vation graduelle du niveau de l'eau dans le récipient, par plus que le mou-
vement en sens inverse dans le cas où le niveau de l'eau s'abaisse aussi
lentement que dans la mer. En est-il ainsi dans la nature où les conditions
biologiques sont tout autres? Je ne puis répondre à cette question. Malgré
toutes les précautions prises, il est très difficile d'éviter, sans installation
spéciale et surtout dans les climats torrides comme celui du Djibouti, l'élé-
vation de température dans l'eau de mer des vases en expérience et l'on
sait qu'une variation assez rapide de quelques degrés suffit à affaiblir sin-
gulièrement, sinon à tuer, une foule d'organismes marins.
l55S ACADÉMIE DES SCIENCES.
Quoi qu'il en soit, il est hors de doute que la mobilité, chez ces animaux,
est beaucoup plus grande que ne le soupçoniiait Dalyell, qui, en dehors des
mouvements propres des polypes, ne leur reconnaissait guère que la faculté
de se rétracter en se tordant autour de leur tige axiale rigide.
ZOOLOGIE. — Sur une forme nouvelle de Cirrhipède operculé (Pyrgopsis
Annandalei, n. g., n. sp.). Note de M. A. Gruvel, présentée par
M. E.-L. Bouvier.
M. le D'^ Annandale, Superintendantder7/îc^/arti>/M5e«/72 deCalcutta, nous
avaitdonné, l'année dernière, toute une collection de Cirrhipèdes operculés
qu'il ne nous à été possible d'examiner que tout récemment.
Cette collection contient plusieurs espèces nouvelles et très intéressantes
de Verruca et de Balanus, au sujet desquelles nous n'avons rien à dire ici.
Mais elle renferme en outre, ce qui présente beaucoup plus d'intérêt,
une forme curieuse qui ne se rapporte à aucune de celles connues, bien
que se rapprochant, à beaucoup de points de vue, du genre Pyrgoma.
Quand on examine un des échantillons par sa face supérieure, on trouve uueniLiraille
allongée dans le sens rosiro-caréiial, avec toutes les pièces soudées étroitement, sans
trace de suture extérieureet un orifice, à peu prèsde même forme que la muraille, lais-
sant apercevoir les pièces operculaires, parfaitement nettes, qui fermentcomplètemenl
l'orilice du test.
Les scuta et terga d'un même côté se laissent séparer avec la plus grande facilité.
Les premiers sont allongés et étroits, les seconds triangulaires et peu développés.
Tous ces caractères s'appliquent également au genre Pyrgoma; mais,
tandis que celui-ci possède une base calcaire nette, enchâssée plus ou
moins dans la masse calcaire d'un madrépore qui la masque en grande partie,
la forme nouvelle dont nous parlons se fixe librement sur son support p;ir
une base membraneuse bien dévelopjjée, sans exagération cependant, et qui
vient se rattacher à la périj)hérie de la muraille.
Non seulement la base est membraneuse, mais elle s'allonge pour former un véri-
table pédoncule qui prend, en partie du moins, les caractères histologiques de celui
des Pédoncules normaux.
Il se développe, en effet, au-dessous de la cuticule cliitineuse qui constitue son enve-
loppe extérieure, une couche musculaire formée par des faisceaux de fibres lisses, tout
à fait identiques à celles des Pédoncules, mais avec un développement beaucoup plus
restreint. La partie, supérieure de cette sorte de pédoncule renferme une partie des
SÉANCE DU 25 JUIN 1906. iSSg
ovaires qui se développent ensuite dans l'espèce de calice qui forme la base véritable.
Le muscle adducteur des scula est formé de fibres situées comme chez tous les Oper-
culés, sauf le genre Aenobalanus Steen^t.
Il n'y a ni branchies développées, ni appendices terminaux.
Le pénis est long et flexible, sans éperon à sa base.
On se trouve, en un mot, en présence d'un Pyrgoma pédoncule, et c'est
pour celte raison que je propose de donner à celte forme nouvelle le nom
de Pyrgopsis.
Nous avons montré ailleurs l'évolution régressive qui se manifeste chez
les Pédoncules, en ce qui concerne l'appareil de protection du pédoncule,
qui, d'abord complèlement cuirassé, se dépouille peu à peu de son enve-
loppe rigide, de f;içon à devenir de plus en plus mobile. Ce caractère évo-
lutif particulier se retrouve du reste dans des groupes beaucoup plus élevés
que celui dont nous nous occupons actuellement, et il constitue un progrès
véritable dans la biologie particulière des individus.
Ces phénomènes si nets chez les Cirrhipècles pédoncules sont au contraire
à peine indiqués chez les Operculés. On ne les rencontre, en effet, que dans
le seul genre Xenobalanus, où la muraille, très atrophiée, ne prolège plus
qu'une partie extrêmement réduite du corps proprement dit de l'animal.
Celui-ci s'est beaucoup dévelojipé, en dehors de son enveloppe calcaire, et
a acquis un grand nombre des caractères propres aux Pédoncules.
Chez les Pyrgopsis, l'évolution a pris un caractère tout autre : la muraille
est restée intacte, ainsi que les pièces operculaires, mais la base a perdu
entièrement son enveloppe calcaire et, pour augmenter encore sa mobililé
sur son support, la partie centrale de celte base membraneuse s'est allongée
de façon à constituer une sorte de pseudo-pédoncule qui a pris, en partie,
les caractères réservés jusqu'ici aux seuls Pédoncules, de la même façon
que nous l'avons montré ailleurs pour les Xenobalanus.
En même temps que s'est produit l'allongement particulier à sa base,
l'animal a quitté l'alvéole calcaire qui le protégeait chez les Pyrgoma, pour
se fixer, sans aucun autre intermédiaire, directement sur son support,
comme s'il s'agissait d'un Pédoncule véritable.
Nous ne pouvions mieux faire que de dédier la première espèce apparte-
nant à ce genre nouveau, au savant Directeur de V Indian Muséum, qui a
bien voulu nous charger de l'étude de son intéressante collection.
l56o ACADÉMIE DES SCIENCES.
ANTHROPOLOGIE. — Le préhistorique aux environs de Rayes {Soudan').
Note de M. Fn. de Zeltneh, présentée par M. Edmond l'errier.
En examinant, après la saison des pluies, les berges du Sénégal et de ses
affluents de la rive gauche, j'ai été amené à constater l'existence de nombreux
gisements d'instruments préhistoriques, répartis entre Bagouko, à ôo*"" en
amont de Rayes, et Alaïna, à lo''™ en aval.
L'aspecl de ces gisements esl uniformément le niênie et ils sont faciles à distinguer
de loin par la coloration rouge que présente ralluvion en ces endroits et aussi par
l'absence de végétation, qui tranche avec la brousse assez épaisse des alentours. Leur
situation est également identique: ils sont toujours situés à la partie supérieure des
berges. Quelquefois, mais plus rarement, sur leur liane, lorsque la pente est très faible :
parfois aussi ils sont placés au sommet d'une petite éminence, formant promontoire
dans l'ancien lit du cours d'eau voisin.
Leur étendue est souvent assez grande et tel d'entre eux se développe sur une lon-
gueur de Sco"" sur une largeur de iSo".
Les instruments se trouvent épars à la surface du sol, et sont la plupart du temps
répartis en groupes, suivant la nature de la roche dont ils sont formés: dans quelques
cas ils sont complètement mélangés et il est impossible d'y distinguer une distribution
basée sur la roche employée. 11 semble donc que, tantôt nous soyons en présence de vé-
ritables ateliers, avec nucléi et percuteurs et tantôt nous ayons devant les yeux des
vestiges d'habitations.
Si l'on examine les instruments en eux-mêmes, on est frappé d'abord
par la diversité de leurs formes; il est impossible, sauf pour quelques cas,
de les rapporter à nos types classiques européens. Il semble bien plus
probable au contraire que nous sommes en présence d'éclats naturels, que
des retouches judicieuses ont adaptés à des usages domestiques. Tels de
ces instruments étaient sans doute emmanchés, d'autres tenus directement
à la main ; mais dans l'un et l'autre cas, il est remarquable de voir avec
quelle perfection ils se prêtaient aux services qu'on attendait d'eux.
La plupart de ces pièces sont taillées à grands éclats et c'est exception-
nellement qu'on en trouve qui sont travaillées des deux côtés. D'ailleurs,
la nature de la roche employée à obligé les ouvriers préhistoriques à modi-
fier leur technique suivant les cas : parfois la pierre se laissait enlever de
longues lames dont l'utilisation pouvait être presque immédiate : d'autres
fois, c'est à la suite d'un laborieux martelage qu'on arrivait à lui donner la
forme voulue.
SÉANCE DU 20 JUIN 1906. l56l
Les roches employées sont assez nombreuses et, ,à l'heure actuelle,
abondent dans la région. C'est en première ligne le schiste, gris, verdàtre
ou brun, plus ou moins compact, plus ou moins chargé de fer. Bien que
sa dureté soit souvent très grande, il se prête mal aux retouches.
Il en est de même de certains grès à éléments très petits, qui ont fourni
un certain nombre de pièces souvent volumineuses et taillées à grands
éclats.
Au contraire, une quartzite rouge, extrêmement compacte, a permis
d'obtenir des pièces bien retouchées, qui peuvent soutenir la comparaison
avec les types européens.
Les minerais de fer à cassure nette, à grain très serré, qui abondent dans
la région n'ont guère, sauf quelques exceptions, été utilisés que comme
percuteurs.
D'autres roches ont également été employées, mais la détermination n'a
pu en être faite.
Quant à leur emploi, nos pièces soudanaises semblent devoir être rangées
presque toutes dans la catégorie des [grattoirs ou racloirs. Rares sont les
pointes de flèches, ainsi que les perçoirs. On peut considérer comme une
hache un fragment de grès à faces parallèles dont le tranchant a été poli
avec soin.
Je dois mentionner d'une façon spéciale deux fragments d'anneaux en
schiste gris, dont le trou porte des stries parallèles dues au perforateur. Le
perçage de la pierre est aujourd'hui inconnu dans la région de Kayes, et
les anneaux de pierre ne se portent plus que dans le nord de la boucle du
Niger ou chez les Touareg.
En ce qui concerne la date et l'origine à attribuer à ces instruments, il est
bien difficile de se former une opinion : les traditions locales sont muettes,
et aucun fossile n'accompagne les pierres taillées. Il estégalement hasardeux
de les comparer aux silex provenant du lac Rarar ou du Sahara, et aux
pièces trouvées par M. Desplagnes dans les tumuli de la boucle du Niger.
Toutefois certains grattoirs à bords épais et émoussés me rappellent nette-
ment des pièces analogues rapportées par moi du Sômal.
Seules des fouilles méthodiques pourront faire cesser cette incertitude
en amenant au jour les sépultures de la race inconnue qui peuplait aux
âges préhistoriques la rive gauche du Sénégal. Il me suffit d'en avoir signalé
l'existence.
:562
ACADEMIE DES SCIENCES.
PHYSIOLOGIE. — Un procédé d'isolement à l' étal de pureté des hématoblastes
du sang. Note de Mj\T. L. Le Sourd el Ph. Pagxiez. présentée par
M. Bouchard.
On sait que, quand on cenlrifuge du sang incoagulable, ou qu'on l'aban-
donne simplement à la sédimendation, les globules blancs se disposent
en une nappe à la surface des globules rouges, dont il est ainsi possible
de les séparer.
Le procédé que nous allons décrire est basé également sur l'emploi de
substances anticoagulantes et de la cenlrifugation. Voici comment nous
avons opéré.
On prélève sur un lapin quelques centimètres cubes de sang qui sont reçus dans une
quantité égale d'une solution isotonique de chlorure de sodium, additionnée d'oxalate
de potasse. Le mélange est fait de manière à oxalater le sang dans la proportion de
2 pour 1000. Ce sang ainsi rendu incoagulable est soumis à une série de centrifugations
et de soustractions successives (réalisées en enlevant avec une pipette les couches
profondes du sédiment) destinées à obtenir la partie superficielle du dépôt, c'est-à-dire
les leucocytes et les globules rouges immédiatement sous-jacenls. Ce dernier culot de
centrifugation est transvasé dans une pipette eflilée dont Fextiémité a été fermée à la
lampe. Après centrifugation de deu\ heures environ on constate dans l'effilure de ce
tube une sédimendation parfaite, et telle qu'on observe la superposition de trois cou-
ches : l'une inférieure rouge, l'antre moyenne rosée, enfin une troisième, supérieure,
absolument blanche et d'aspect velouté.
L'examen microscopique montre, comme on pouvait le penser, uniquement des
hématies dans la partie rouge du culot, el des leucocytes mêlés de quelques globules
rouges dans la partie rosée. Quant à la couche blanche superficielle, elle est composée,
sur la plus grande partie de sa hauteur, exclusivement de très petits éléments qui,
à l'état frais, se montrent serrés les uns contre les autres, réfringents, incolores, mesu-
rant environ it'à 21^- chacun, déforme tantôt arrondie, tantôt allongée ou raujeuse.
Etalés sur lame et desséchés, ces petits corpuscules présentent les réactions colorantes,
les dimensions, la forme, bref tous les caractères de ce qu'on a décrit sous le nom
àliémaloblastes ou plaquettes sanguines. Au milieu de ces éléments, qui, innombra-
bles, occupent tout le champ du microscope, on n'observe, quand les opérations ont
été bien conduites, aucun élément étranger : globule rouge ou globule blanc. Notre
constatation a eu le contrôle de M. J. Jolly.
Le procédé que nous venons de décrire permet donc d'obtenir chez le
lapin à l'état de pureté les éléments désignés aujourd'hui sous le nom
(ï hématoblastes. Même résultat peut être obtenu, comme nous nous en
sommes assuré, avec le sang humain. I/expérience réussit également en
SÉANCE DU 25 JUIN 1906. l5G3
remplaçant l'oxalale de polasse par le fluorure de sodium comme agent
anticoagulant.
Celle technique met à même de constater que les hémaloblastes, vus en
masse et sur une certaine épaisseur, sont absolument incolores ; elle établit
de plus qu'ils se différencient par leur densité des antres éléments cellu-
laires du sang. D'autre part il sera facile, en opérant par comparaison au
moyen d'un tube gradué, d'estimer le volume, et probablement le nombre
des plaquettes conteiuies dans une quantité déterminée de sang, comme
on apprécie par l'hématocrite lu quantité des hématies. Nous avons pu
constater chez un lapin, soumis quelques jours avant à une forte saignée,
une quantité à peu près double de celle obtenue d'un lapin témoin.
Enfin, indépendamment des recherches d'ordre purement histologique,
nous espérons qu'à un autre point de vue la méthoded'isolement que nous
venons de décrire permettra de préciser quelques points du rôle biologique
joué par les hémaloblastes, et en particulier l'importance de leur interven-
tion dans les processus de la coagulation, de la rétraction du caillot et de
la rénovation sanguine.
PHYSIOLOGIE. — Recherches sur rélectricilé animale.
Note de MM. Gikard et Victor Hkxki, présentée par M. Dastre.
1. Discussion générale. — Lorsqu'on détermine le courant de repos et le
coui'ant d'action d'un tissu ^■ivant quelconque, par exemple d'un muscle,
on réunit au moyen de deux électrodes impolarisables, identiques entre
elles, deux points A et B du lissu et l'on intercale dans le circuit un appareil
de nuîsiire : galvanomètre ou électromèlre capillaire. La différence de
|)OlenlieIs mesurée ainsi représente la somme algébrique des différences
de potentiel : 1° entre l'électrode et le point A du tissu ; 1° entre le
point B du tissu et la deuxième électrode ; 3" l'ensemble des différences
de polenliels entre les différentes parties successives du tissu, situées entre
les points A et B.
On admet généralement que les deux premières différences de poten-
tiels sont égales entre elles et de signe contraire, de sorte qu'elles s'éli-
minent dans la somme totale ; on en déduit donc que la différence de
potentiels mesurée représente réellement la différence de potentiels qui
existe entre les deux points A et B du tissu.
Cette hypothèse fondamentale qui constitue la base de toutes les recher-
C. R., i9od, 1" Semestre. (T. CXLII, N'^26.) 2o4
l564 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ches d'électricité animale, ne pourrait être vraie que dans le cas où les
deux points A et B seraient identiques entre eux, tant au point de vue de
leur structure qu'à celui de la concentration et de la nature des électro-
lytes qui s'y trouvent. Comme en réalité nous savons qu'il existe presque
toujours (les différences entre les deux points A et B du tissu, nous pou-
vons affirmer que les différences de potentiels entre les deux électrodes et
les deux points A et B ne sont pas égales entre elles, elles ne peuvent donc
pas s'éliminer complètement.
Pour déterminer la part qui est inhérente aux électrodes dans la diffé-
rence de potentiels mesurée et pour la réduire à son minimum, deux
méthodes générales peuvent être employées ; i" il faut mesurer les diffé-
rences de potentiels en faisant varier le liquide des électrodes impolari-
sables ; 2° il faut faire des mesures avec des électrodes dont le liquide
se rapproche le plus possible des liquides qui baignent le tissu étudié.
La première méthode appliquée aux muscles et aux membranes animales monlre
que la difTérence de potentiels mesurée varie et de s;randeur et même de signe lors-
qu'on remplace dans les électrodes impolarisables la solution à 8 pour 1000 de NaGl
par des solutions d'autres électrolytes. Ce résultat qui avait déjà été obtenu par
plusieurs auteurs ne peut pas être interprété d'une façon simple, puisque la solution
employée provoque en général une altération plus ou moins profonde du tissu vivant.
La deuxième méthode nous conduit à abandonner la solution de NaGl comme
liquide des électrodes; cette solution est en elTet toxique pour tous les tissus vivants,
ainsi que l'a montré Lœb. Il faut donc dans le cas de Vertébrés prendre comme liquide
des électrodes le sérum de l'animal lui-même ou un liquide qui s'en rapproche beau-
coup et, dans le cas des animaux marins invertébrés, prendie l'eau de mer comme
liquide des électrodes, puisque la teneur en électrolytes des liquides et tissus de ces
animaux est presque identique à celle de l'eau de mer.
II. Expériences sur les animaux marins. — Nous avons fait un grand
nombre de mesures sur les différents muscles, membranes et les cœurs des
animaux suivants :
Beroe ovata, Holoturia tubulosa, Stichopus regalis, Strongylocentrotus
lividus, Spatangus purpureus, Carcinus maenas, Carrugatus, Homarus
rulgaris, Aplysia, Octopus vulgaris, Salpa africana, Scyllium caniculalum.
An gui lia.
Les électrodes étaient formées de tubes recourbés remplis d'eau de mer,
à l'une des extrémités une mèche imbibée d'eau de mer était mise en
contact avec le tissu vivant, et dans l'autre extrémité du tube plongeait le
bec d'une électrode normale ordinaire au KCl ^n,HgCI,Hg. A titre de com-
SÉANCE DU 23 JUIN 1906. l565
paraison et de contrôle, nous faisions souvent, avec le même dispositif,
des mesures sur les muscles, le coeur et la peau de grenouille.
Résultat général. — Le résultat général qui ressort de toutes ces expé-
riences est que : le courant de repus et le courant d'action des muscles, cœurs
et membranes de tous les animaux marins étudiés, sont extrêmement faibles. Au
lieu des 3o à 5o millivolts que l'on obtient chez la grenouille, on n'obtient
que des différences de potentiels de 238 millivolts; souvent même ces
différences de potentiels étaient encore plus faibles.
Nous croyons que l'on doit attribuer celte faiblesse des phénomènes
électriques chez les animaux marins à la grande concentration saline de
l'eau de mer et des tissus de ces animaux. L'abaissement cryoscopique est,
en effet, égal, chez ces animaux à 2",24 (à Villefranche-sur-Mer), tandis
que les liquides et tissus de la grenouille ont un abaissement cryoscopique
égal environ à o°,6o. Comme, d'autre part, la force électromotrice des
piles liquides dépend, non pas des différences absolues entre les concen-
trations, mais de leurs différences relatives, il en résulte que la même
différence absolue entre les concentrations des liquides, qui composent les
différentes parties d'un tissu vivant, donnera lieu chez l'animal marin à
une différence potentielle bien plus faible que chez un animal terrestre.
Conclusions. — Il résulte de la discussion générale de la question et de
nos expériences que, pour la production et l'intensité des phénomènes
électriques dans les tissus vivants, trois facteurs principaux interviennent :
i" Concentration globale en électrolytes des liquides et tissus vivants
étudiés.
2° Variation de concentration, apparition d'électrolytes nouveaux et
dissymélrie de distribution des concentrations d'électrolytes dans le tissu
étudié.
3° Variations de perméabilité des membranes pour les différents ions et
formation des combinaisons d'absorption entre les colloïdes des tissus et
les ions des électrolytes qui les baignent.
PHYSIOLOGIE. — Râle des éléments cellulaires dans la transformation de
certains hydrates de carbone par le suc intestinal. Note de MM. H. Bierrv
et A. Froui\, présentée par M. Dastre.
On admet généralement que le suc intestinal est capable de transformer
divers hydrates de carbone : amidon, maltose, saccharose.
l566 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les auteurs qui ont établi ces faits ont employé soit le suc de fistules
temporaires, soit, le plus souvent, le produit de la macération intestinale.
On petit se demander d'une part, si en raison du traumatisme opératoire,
de l'excitation et des troubles circulatoires causés par les ligatures de
l'intestin, le stic de fistules temporaires présente le caractère de la sécré-
tion normale; et d'autre part si des propriétés des macéralions d'un organe
on peut conclure aux propriétés physiologiques de sa sécrétion. Enfin
pour ce qui a trait à l'action diastasique elle-même, si les résultats n'ont
pas été modifiés par la présence des microbes.
Nous avons repris cette question de l'action du suc intestinal sur di.nfé-
rents hydrates de carbone en nous servant de la sécrétion fournie par
des animaux porteurs de fistules permanentes de Thiry intéressant le duo-
dénum et le jéjunum ; les animaux étaient soumis à un régime mixte de
viande et de pain.
L'un de nous a établi antérieurement que ces animaux fournissent une
sécrétion spontanée qui est en rapport avec la période digestive et qui
se manifeste avec le maximum d'intensité 4 '^ 7 heures après le re-
pas ('). On peut même diviser la période sécrétoire en deux phases. Dans
les deux ou trois premières heures qui suivent le repas, le liquide qui
s'écoule de l'anse isolée est limpide et renferme à peine quelques débris
cellulaires; tandis que dans les heures suivantes le suc sécrété est trouble,
épais, et contient beaucoup d'éléments cellulaires provenant de la desqua-
mation lie la muqueuse intestinale.
Le liquide clair, alcalin, qui s'écoule au début de la période sécrétoire correspond
à la sécrétion physiologique; tandis que le suc trouble de la deuxième période ren-
ferme des débris cellulaires expulsés par les contractions de l'anse isolée. Il suffit en
effet de faire au préalable des lavages de l'anse intestinale isolée, pour obtenir en
général, pendant toute la période sécrétoire, un suc ne renfermant pas ou renfermant
peu de débris cellulaires.
Pour l'étude des propriétés diastasiques, les différents sucs sont recueillis au fur et
à mesure de leur écoulement dans un tube de verre entouré de glace.
Le liquide clair, débarrassé des quelques éléments cellulaires qu'il renferme par cen-
trifugation et filtré sur bougie Berkefeld, est capable d'Iiydrolyser le maltose et le
maltose seulement.
Bien que généralement les diastases hydrolysantes agissent mieux en milieu acide,
(') C. Df.lezemne et A. Frolin, La sécrétion physiologique du suc intestinal.
Action de Vacidc chlorhydrique sur la sécrétion duodénale {Soc. de Biol., t. LVl,
p. 819). — A. Frolik, Ihid., t. LVI, p. 417 et 46i.
SÉANCE DU 2D JUIN 1906. 1 567
on ne modifie pas notablement le pouvoir hydrolysant, du suc clair sur le maltose .et
on ne le rend pas actif vis-à-vis d'autres hydrates de carbone par neutralisation ou
acidification.
A rencontre du liquide clair, le liquide trouble fourni pendant les dernières heures
de l'activité sécrétoire, centrifugé et filtré dans les mêmes conditions, possède encore
d'autres actions diastasiques vis-à-vis des hydrates de carbone : non seulement il
dédouble le maltose, mais il transforme l'amidon en i;iucose et il intervertit le sac-
charose et le tréhalose {').
La différence d'action de ces deux sortes de sucs doit donc s'expliquer
par la macération des cellules exfoliées dans le liquide sécrété; en effet, si
l'on fait macérer pendant 6-12 heures, dans l'eau salée ou l'eau dis-
tillée à basse température, les cellules séparées par centrifugation du suc
épais, on obtient des liqueurs qui après fîUralion sur bougie possèdent
toutes les propriétés diastasiques du suc trouble, c'est-à-dire qu'elles sont
capables d'hvdrolvser le maltose, le tréhalose, le saccharose, et de trans-
former l'amidon en sucre. On remarque en outre que l'activité diastasique
de la macération faite dans l'eau salée est plus grande que celle de la macé-
ration faite dans l'eau distillée. Ce résultat permet deux hypothèses :
ou bien le sel ficilite la diffusion des diverses diaslases, ou bien il favorise
l'activité diastasique elle-même.
Pour résoudre la question nous avons dialyse le suc intestinal trouble
après centrifugation et filtration, comparativement en présence de NaCl à
9,5 pour 1000 et d'eau distillée.
Le suc dialyse en présence de iVaCI conserve toutes ses propriétés diastasiques;
tandis que le suc dialyse en présence d'eau distillée perd le pouvoir de saccharifier
l'amidon et d'intervertir le saccharose.
Il suffit d'ajouter au suc dialyse sur eau distillée de petites quantités de sels tels
que NaCl, KCi, CaCl-, pour qu'il manifeste de nouveau une activité diastasique sur
l'amidon et sur le saccliarose. I,a sucrase et l'amylase du suc intestinal ne peuvent
donc agir qu'en présence de sels.
Nous pouvons donc conclure de ces faits que :
1. Le liquide clair qui s'écoule de l'anse isolée représente la sécrétion
physiologique, puisqu'il est possible, après des lavages répétés de l'anse
intestinale, d'obtenir du suc clair pendant toute la période sécrétoire.
2. Le suc intestinal contient seulement de la maltase.
(') Le tréhalose nous a été obligeamment fourni par M. le P''Maquenne auquel nous
adressons tous nos remerciements.
l568 ACADÉMIE DES SCIENCES.
3. Les autres diastases qu'on y rencontre : amylase, sucrase, tréhalase
proviennent de la désintégration des cellules épithéliales ou de la diffusion
de leur contenu.
ÉNERGÉTIQUE BIOLOGIQUE, — Sur le problème dit du travail statique.
Note de M. Ernest Solvay.
La Note de M. Cliauveau (^Comptes rendus, ?)0 avril 1906) me suggère les
remarques qui suivent destinées à éclairer et à compléter mes Notes anté-
rieures sur le travail statique.
Vers 1898, je songeai y aborder, de conceil avec un officier distingué de l'armée
belge, des questions d'aviation. Je constatai, dès le début, l'importance extrême que
présente le problème dit du travail statique au point de vue de recherches de cette
nature et je dus me résoudre à l'étudier en principe avant de m'engager dans la voie
expérimentale. Ce sont les résultats de celle étude qui ont fait l'objet des Notes pu-
bliées dans les Comptes rendus des 24 mai et 27 juin 1904, i5 mai et 26 juin igo5.
J'ai pensé que ces résultats seraient de nature à mettre fin à l'interminable désaccord
de fond existant sur ce sujet entre les mécaniciens et les physiologistes; c'est du moins
le but que je poursuivis exclusivement et en dehors de toute question d'antériorité.
La méthode que j'ai suivie consiste essenliellemenl à considérer qu'une
masse M ne prend effectivement le caractère d'un poids, se multipliant alors
par ^, que lorsqu'on empêche sa chute, la qualité de poids disparaissant su-
bitement pour faire place à celle de masse en mouvement aussitôt que la
chute se produit réellement. Et c'est lorsque la chute est empêchée par
l'action antagoniste d'un jet fluide continu équivalent agissant directement
ou indirectement pour sustenter le poids, que celui-ci prend le plus exac-
tement sort caractère de masse en chute virtuelle, c'est-à-dire de poids néces-
sairement associé au temps du jet ô = t /^ ou à un multiple de ce temps
et représentant ainsi une somme de quantités de mouvement potentielles
égale à la somme des quantités de mouvement effectives produites par le jet
pendant le même temps. Par suite, ayant nécessairement «i 0 = M, m étant
la masse débitée pendant l'unité de temps et v la vitesse du jet, on obtient
les identités :
M§-.6 = mv.O = m()g.h.
C'est en partant de cette notion fondamentale que j'ai pu établir qu'une
sustentation donnée peut s'obtenir avec des jets d'énergie quelconque,
SÉANCE DU 25 JUIN I906. t56q
mais que, pour des jets de même vitesse, il existe nécessairement un rap-
port de proportionnalité entre l'énergie des jets et la valeur du poids sus-
tenté.
On arrive à la même conclusion si, au lieu de jets fluides, on envisage
des courants électriques produisant une sustentation électromagnétique :
il n'existe de rapport de proportionnalité eriLre l'énergie électrique en jeu
et la sustentation produite que si l'on a affaire à des courants électriques
de même force électromotrice pour tous les cas.
Si enfin la sustentation s'effectue par l'action de muscles en état de con-
traction et si l'on admet que ces appareils, à la façon du muscle artificiel
de d'Arsonval, sont actionnés par un courant électrique, ce rapport de pro-
portionnalité subsistera à la condition que ce courant soit toujours de même
force électroniolrice. Et c'est dans le sens de l'existence de ce rapport que
M. Chaiiveau interprète les résultats de ses nombreuses expériences.
OPTIQUE PHYSIOLOGIQUE. — Sur la sensibilité de la rétine pour les
radiations lumineuses. Note de M. Milan Stefanik, présentée par
M. J. Janssen.
Dans mes Notes précédentes j'ai attiré l'attention sur les avantages pro-
curés par l'emploi des écrans colorés dans les études spectrales, parce que
j'ai pu constater une loi générale, qui est que les écrans colorés, en absor-
bant la lumière parasite, favorisent la visibilité et la netteté de la portion
du spectre qui les traverse ('). J'ai ajouté que M. Janssen a reconnu,
en i86g, que les protubérances étaient mieux visibles lorsqu'il utilisait des
écrans colorés.
Au cours de mes recherches bibliographiques, j'ai trouvé qu'il a été fait
aussi d'autres tentatives dans cette voie.
Ed. Becquerel, dans son excellent Ouvrage La lumière, ses causes et ses effets (t. I,
1867, p. i3o), lecominaiide la mélliode de FraïuiholTer : se servir d'un verre coloré en
bleu par le coball afin de voir nettement le dédoublement de la raie A.
Cet écran était connu aussi par Melloni et, parait-il, j)ar Matliiessen en (844; il fut
employé plus tard par Brewster.
Mais ces auteurs n'ont pas tiré des écrans tous les avantages qu'ils peuvent donner
(') La visibilité maximum est obtenue lorsque l'écran ne se laisse traverser que par
une bande étroite du spectre.
l570 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pour les observations oculaires, puisque Ed. Becquerel déclare, comme résumé de ses
travaux, que la vision directe ne permet d'étendre que trèspeu lespectre au delà de A.
Il déclare aussi, une année plus tard, que malgré l'absorption causée sur les rayons
infra-rouges par les milieux de l'œil, il passe encore assez de ces rayons pour inlluencer
la rétine « si celle-ci était sensible à leur influence : comme le spectre lumineux se
limite au rouge extrême un peu en ileçà de la raie A, il faut donc admettre qu'au delà
d'une certaine longueur d'onde l'œil ne peut plus percevoir les impressions dues à la
transmission du mouvemiiit des molécules élliérées ». {La lumière, ses causes, etc.,
t. II, p. 34o.)
11 est donc clair que Ed. Becquerel pose la limite de sensibilité de la rétine pour les
radiations extrême rouge un peu au delà de la raie A.
Il ne paraît pas que l'on ail depuis mis en doute cette affirmation, puisque VAn-
nuaire du Bureau des Longitudes indique, comme limite du spectre visible, XygSo.
(1906, p. 556.)
J'ai signalé que l'emploi d'un écran convenable recule cette limite jusqu'à envi-
ron iV- (>).
Les propriétés des écrans ci-dessus indiqués pouvaient faire stjpposer a
^rîoa qu'ils favoriseraient également l'observation du spectre ultra-violet.
En effet, un écran, au violet d'aniline par exemple, a permis d'observer
fiicilement, avec le même spectroscope à pièces optiques de verre, jusqu'à
■X3830(L.), tandis que sans écran la limite est environ >,3930, limite
d'ailleurs indiquée par Y Annuaire du Bureau des Longitudes.
Lorsqu'on emploie l'écran coloré, la jjartie H el K est extrêmement
briihuite, et il reste encore assez de lumière diffuse violette pour gêner
l'observation au delà de la limite observée.
Lespectre jusqu'à X3830 est dans ces condilions si clairement visible
que toutes les raies peuvent en être mesurées.
Les résultats photographiques, obtenus par M. Millochau avec le même
appareil, ont montré que les limites photogra|)hique et visuelle sont les
mêmes. Il résulte donc de ces expériences, que la rétine s'est trouvée sen-
sible pour tontes les radiations lumineuses que laisse passer le' spectroscope.
L'emploi d'instruments moins absorbants pour les rayons extrêmes
permettra probablement de reculer encore les limites connues de la sensi-
bilité de la rétine.
Celte méthode simple est à recommander pour l'étude spectrale du
spectre de la chromosphèi e et de celui de la couche renversante qui sont
encore inconnus dans la région infra-rouge, puisqu'il est démontré que
l'œil peut percevoir assez facilement ces radiations.
(') Mes éludes ont été^faites avsc un spectroscope à pièces optiques de verre.
SÉANCE DU 25 JUIN 1906. 157I
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur le rôle du chlorure de sodium dans l'impré-
gnation hisLologique des tissus par l' argent. Note de MM. Ch. Aciiakd et
M. Aynai'd, présentée |);ir M. I,anrielongiie.
L'imprégnation des espaces inlercellulaires par l'argent, suivant la
technique bien connue en histologie, a été attribuée à la réduction du métal
sous l'influence des actions électro-capillaires étudiées par Becquerel.
Récemment M. Qninton a émis l'opinion qu'elle était due à la présence du
chlorure de sodium dans les espaces intercellulaires et à la formation d'un
précipité de chlorure d'argent qui noircit à la lumière.
Cette action duchlorure de sodium ne nous paraît pas douteuse. En effet,
l'imprégnation n'est plus possible lorsqu'on a déchloruré le liquide inter-
ceilulaire en immergeant la membrane dans une solution de sulfate de
soude ou desucreà un taux déconcentration inoffensif pour les cellules.
Mais elle redevient facile si l'on rechlorure ensuite la membrane en la
plongeant dans une solution salée au taux physiologique, avant de faire agir
le sel d'argent. On obtient alors, avec presque autant de netteté que sur
une pièce fraîche, le dessin en noir des contours cellulaires, dont les solu-
tions conservatrices de sulfate et de sucre ont respecté l'intégrité.
La même démonstration est applicable à une série d'images hislologiques fournies
par l'imprégnation d'argent. Ainsi la réduction du métal par la substance fonda-
mentale du cartilage, l'apparition dans les tubes nerveux, à myéline des croix latines au
niveaudesétranglements annulaires, celle des stries de Fromann sur le cylindre-axe sont
liées à rirabibition des éléments par un liquide salé.
Dans les conditions physiologiques, c'est lechlorurede sodium contenu naturellement
dans les tissus qui donne lieu à la réaction. Mais, dans les conditions artificielles de
l'examen histologique, on peut, dans le liquide d'imbibîtion, substituer au chlorure de
sodium d'autres chlorures ou même d'autres sels comme les bromures et iodures qui
forment avec l'argent un précipité noircissant à la lumière.
Ces faits n'éclairent pas seulement le mécanisme histo-chimique de
l'imprégnation d'argent. Us donnent aussi la raison de certains insuccès de
ce procédé technique, qui résultent d'une déchloruration accidentelle des
tissus, et en même temps ils fournissent le moyen de les éviter. Ils nous
paraissent encore susceptibles de quelques applications à l'anatomie
pathologique. Enfin ils contribuent à préciser la physiologie générale des
milieux vitaux, caria facilité avec laquelle les liquides intercellulaires se
C. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N« 26.) 2o5
iSjZ ACADÉMIE DES SCIENCES.
laissent déchloriirer elrechlorurer montre bien l'activitédes échanges osmo-
liques dans le domaine de la circulation inletslilielle, annexe et prolon-
gement physiologique de la circulation canalisée.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Méthode de recherche du fer dans les tissus vivants.
Note de M. A. Mouseyrat, présentée par M. H. Moissan.
L'étude des mutations du fera fait, de la part des chimistes et <les phy-
siologistes des divers pays, l'objet d'un très grand nombre de recherches.
Sans vouloir entrer ici dans de longs détails au sujet de la bibliographie
énorme de cette question, nous rappellerons en France les travaux de
M. Dastre et de M. Lapicque.
Malgré cependant une bibliographie considérable, une grande incerti-
tude règne au sujet de nos connaissances biologiques de ce métal, et l'on
ignore, en particulier, par quel mécanisme le fer passe de l'état minéral à
l'état biologique et inversement. Ayant fait connaître une méthode extrê-
mement sensible île recherche qualitative du fer, j'ai pensé qu'd était tout
d'abord nécessaire de savoir si ce métal est indispensable ou non à la
vitalité lies cellules ; autrement dit, s'il constitue ou non un élément
normal de toute cellule vivante. Or, les diverses méthodes de destruction
des tissus, employées jusqu'ici, ne permettent pas de trancher cette
question ; car dans tous ces procédés on introduit accidentellement du fer
par les réactifs.
Dans cette Note je désire faire connaître un procédé de destruction des
tissus, en vue de la recherche du fer, dans lequel tout apport accidentel de
métal est évité.
Ce procédé est basé sur la transformation des matières minérales de
ces tissus en sulfates et la destruction du charbon, au rouge dans une capsule
de platine, à l'aide d'un courant d'oxygène pur.
Pour mettre en œuvre celte méthode il faut commencer par se procurer
de l'acide sulfurique absolument exempt de fer.
J'y suis arrivé en souinetlanl à une série de distillations fractionnées l'acide
sulfiiri(|ue pui' et concenlié du coninierce, rejetant les premières et dernières portion»,
([ui passent, pour ne recueillir que les (raclions intermédiaires. Ayant ainsi de l'acide
sulfuri(]ue jjur, j'ai préparé de l'acide chlorhydrique également exempt de fer. Pour
cela on piend du chlorure de sodium pur qu'on soumet à une série de cristallisations
fractionnées jusqu'à ce qu'on ait un sel absolument exempt de fer. C'est ce sel purilié
SÉANCE DU 25 JUIN 1906. I ^^S
qui, traité par l'acide sulfuriqiie, précédemment obtenu, m'a fourni de l'acide chlorhy-
drique débarrassé de toute trace de fer.
En possession de ces deux acides voici comment on procède :
Les tissus, 20^ à 5otf, finement divisés à l'aide d'un couteau de platine, sont séchés,
dans une capsule également de platine, à l'éluve à laco-iSo", puis additionnés d'environ
le dixième de leur poids d'acide sujfurique purifié, qu'on chasse à feu nu. La masse
est lessivée à l'eau distillée, afin d'enlever la plus grande partie des sels. Le résidu
noir, non dissous, est de nouveau additionné d'acide sulfurique qu'on chasse à feu nu,
on lessive de nouveau et le charbon résiduel chaufTé au rouge dans la capsule est rapi-
dement brûlé à l'aide d'oxygène pur provenant d'une bombe. Le contenu de la capsule,
dissous dans l'acide chlorhydrique purifié, est ajouté aux lixivialions antérieures et
cette solution sert à la recherche et au dosage du fer.
Durant ces destructions, il est indispensable de se placer, ainsi que l'a indiqué
M. Lapicque (sur les mutations du fer chez les Vertébrés), dans une salle dont tous
les objets en fer sont recouverts de peinture.
La méthode de destruction des tissus que je viens d'indiquer peut servir
à la recherche de tous les métaux dont les sulfates ou oxydes sont stables à
U température du rouge.
MICROBIOLOGIE. — Étude sur la transmissibilité de la tuberculose par la
caséine alimentaire. Note de M. Marcel Guédras.
Les recherches du D"^ Calmette démontrant la virulence du lait d'origine
tuberculeuse, après ébullilion ou stérilisation, m'ont incité à rechercher
si les aliments, destinés aux enfants, que l'on trouve dans le commerce
sous les noms les plus divers et dont la base est la caséine du lail, ne sont
pas, eux aussi, des agents de transmission de la tuberculose. Si l'on prenl du
lait de vaches tuberculeuses, qu'on le passe à l'écrémeuse centrifuge, puis
que l'on traite le petit-lait pour en extraire la caséine, en se plaçant dans
les mêmes conditions que le traitement industriel, après dessiccation de la
caséine obtenue, on préparera l'un des principaux produits alimentaires
connus.
On constate que la caséine sert de véhicule aux germes tuberculeux.
Si l'on fait une dissolution de cette caséine alimentaire dans de l'eau
stérilisée, que l'on en fasse absorber à des cobayes sains, on constate,
comme le D"^ Calmette l'a déjà constaté lors de ses expériences avec du lait
stérilisé de provenance tuberculeuse, que les cobayes succombent entre le
l574 ACADÉMIE DES SCIENCES.
37" et le 38" jour. Chez des cobayes auxquels on a fait ingérer des bacilles
tuberculeux secs puis, i5 jours après, la solution de caséine alimentaire
tuberculeuse, on constate un amaigrissement rapide puis la mort survient
vers le /jo* ou le 4i*jf>ui',
Les bacilles tuberculeux résistent donc aux différentes manipulations
qui ont présidé à la préparation de la matière protéique du lait (préci-
pitation par un acide, redissolution par un alcali, nouvelle précipitation,
dessiccation, etc.).
Il 3' a donc lieu de n'employer pour la i^réparation des produits alimen-
taires caséines ou donnés au public comme étant à base d'albnminoïdes du
lait, que des caséines provenant de lait exempt de germes tuberculeux.
On ne saurait trop attirer l'attention des hygiénistes sur les différents
produits que l'on trouve dans le commerce, désignés sous des noms diffé-
rents, qui sont destinés aux enfants et qui ont pour base la caséine, aliment
riche et précieux mais qui peut être dangereux.
La caséine desséchée à basse température reste le véhicule des bacilles
de Roch.
GÉOl.OGIi:. — Sur l'extension de l'invasion marine du Sparnacien supérieur
aux environs de Paris. Note de M. Paui. Combes fds.
I^a première phase du dépôt de l'Argile plastique, dans la région pari-
sienne proprement dite, s'est effectuée dans l'eau douce.
Le « conglomérat de base », que l'on y rencontre sur une étendue assez
considérable, ne renferme, à tous ses niveaux, que des genres dulceaqui-
coles : Unio, Pliysa, Paludina, Trionyx, Crocodilus , etc. ; ou terrestres :
Gaslornis, Coryplwdon, Pac/iyhyœna, etc. ;
J^a masse d'argile azoique qui recouvre ce conglomérat semble égale-
ment s'être déposée sous le même régime.
Jusqu'à ces dernières années, aucune faune n'avait été rencontrée ilans
les Sables dits d'Auleud, séparant l'argile plastique proprement dite des
fausses glaises, ce qui rendait hypothétiques les conditions dans lesquelles
ces sables s'étaient stratifiés, lorsque, au mois de juin igoS, M. L. Cayeux
a annoncé, ici même ('), la présence d'une faune saumâtre dans les sables
(' ) L. Cayeux, Existence d'une faune saumùlre clans les; sables de Cargile plus-
ligue d'Issy (Seine) {Comptes rendus, t. C.\L, u6juin 1905, p. 1728).
SÉANCE DU 25 JUIN 1906. l575
de l'argile plastique, à Issy ; cette faune se compose de Cyrena {Corbicula)
cuneiformis Fér., Cyrena, Potamides et Mesalia sp.
Peu après, j'ai signalé (' ) la découverte d'une faunule marine à Ditriipa
et Membranîpora Blainv., dans des puits creusés rue des Vignes, n" 1'^, à
Passy, où l'on a atteint ces mêmes sables à l'altitude de 36"°.
Enfin, au début de cette année, M. P. -H. Fritel a publié (-) la décou-
verte qu'il a faite des Sables d'Anteuil à Arcueil (Seine), et la présence
dans leur masse de galets avellanaires en silex pvromaque et de bois de
conifères perforés par TereiUna cf. Oire/u' Desli., ce dernier fossile accu-
sant, sans nul doute, la présence d'un littoral marin.
Ces trois observations constatent la présence, à l'époque du dépôt des
Sables d'Auteuil, d'une mer sparnacienne s'étemlanL jusqu'au sud de
■Pjiris et dont on retrouve soit le lilloral, couvert de lagunes, soit des
estuaires dans les carrières d'Issy et d'Arcueil.
Une partie des fausses glai.ses qui surmontent les Sables d'Auteuil s'est
déposée dans la dépression parisienne, alors que continuait à se faire
sentir l'influence des eaux marines.
Cependant, cette mer est en régression sur celle qui l'a précédée ; en
effet, le |)oint le plus méridional où sa présence ait été constatée est
Auteuil, où les lignites supérieurs m'ont lourui des Cyrènes (rue Mozart).
Le somiage de Fouilleuse ('), près du Mont-Valérien, a rencontré, à la
partie supérieure de l'argile i)laslique, une couche ligniteuse, à faune
fluvio-marine, qui existe, avec les mêmes caractères, à Conflans-Sainte-
Honorine.
Enfin, vers Port-Mariy et Saint-Germain, les fausses glaises lenferment
les lossiles fluvio-marins, caractérisliques des Lignites du Soissonnais.
Hébert, après Brongniarl, les a éludié(S dans les fondations du viaduc, au
Val-Saint-Léger. Voici la liste, incomplète, des espèces constituant celte
faunule : Lepidotus Maxirniliani Agass., comm., Cerithium (^Potamides) funa-
tuin Mant., c, Melania (Melanatria) incpiinala Defr. , rare, Melanopsis hucci-
(') Faul Combes fils, Décomerte dans les sables d' Autenil d' une j'annule marine
{Bull. Soc. géol. de Fi\, 4° série, l. V, 1905, p. 745)-
(^) P.-H. Frmel, Sui' la présence des « Fausses glaises » dans la banlieue sud-
est de Paris {Bull, du Muséum d'Hist. nat., n°l, janvier 1906, p. 69-71. Voir aussi :
Ibid., Le Naturaliste, V avril 1906, n" '»..d8, p. 77-78, 2 fig. ).
(') G. -F. DoLLFUs el G. Ramonu, Le chemin de fer des Moulineau.r [lUtll. de la
Soc. d'Etudes scient, de Paris, 1889, p. 71 à 81).
1576 ACADÉMIE DES SCIENCES.
noidea Fer., r., Palndina sp. frag., r., Cyrena (Corbicitla) cuneiformis Fér.,
r., C. (C.) antiqua Fér., r., Cyrena^Tellinocyclas) teliinella Desli., r. , Cor-
bula (Agina) Arnouldi Nyst., c, Ostrea sparnacensrs Defr., r. 0. beUova-
censis Lk., c. (').
L'importance qui s'attache à la connaissance de l'extension et de la faune
des eaux marines du Sparnacien supérieur est d'autant plus considérable
que l'individualisation decet étage a été contestée; c'est ainsi que M. Leriche
avait proposé de réunir le Sparnacien au Thanétien pour en faire l'étage
landénien, en se basant sur l'identité des formes animales fossiles et sur
l'absence prétendue d'un épisode marin bien constaté.
Avec M. DoUfus (-), nous n'acceptons pas cette manière de voir que con-
tredisent les faits suivants : 1° Etablissement d'un régime continental entie
le Thanétien et le Sparnacien à l'époque des conglomérats de Meudon et
de (]ernay; 2" Extension d'une mer, avec fossiles spéciaux, du Soissonnais
jusqu'au sud de Paris, aux époques des Saules d'Auteuil et des lignites
supérieurs; 3° Faunes d'eau douce spéciales de Cuvilly et de Graûves;
4" Difîérenciation sensible de la flore d'une époque à l'autre.
GÉOLOGIE. — Sur l'existence du Crétacé dans les schistes d'Oran.
Note de MM. Ficheur et Doumergue, présentée par M. Michel Lévy.
Les schistes du massif d'Oran ont donné lieu à diverses interj>r'étations
et ont été successivement attribués, dans l'ensemble ou partiellement, aux
terrains primaire, triasique, jurassique, éocrétacique par les différents
auteurs (Renou, Pomel, Bleicher, etc.) qui les ont étudiés. Cette série
complexe et fortement plissée a été, en dernier lieu, subdivisée par
M. L. Gentil qui, dans son important travail sur la Tafna (') reconnaît
des assises se rapportant au primaire (Silurien?), au Lias supérieur, au
Callovien (schistes à posidonies) et à l'Oxfordien.
Les recherches poursuivies par l'un de nous, dans les schistes des Plan-
(') G. -F. DoLLFUS, Congrès géologique de Berlin, i885.
(-) G. -F. DoLLFus, Critique de la classijlcalion de V Eocène inférieur (Lettre à
M. Maurice Lericlie) {Ann. Soc. géol. du Nord, t. XXXIV, p. 878, séance du 6 dé-
cembre igoS).
(^) L. Gentil, Esquisse straligrapliique et pétrographique du bassin de la Tafna,
Alger, 1902.
SÉANCE DU 25 JUIN 1906. ï^']']
leurs d'Oran, avaient permis, dès novembre 1898, de réunir une faune
d'Ammonites caractérisant l'Oxfordien à Cardioceras cordatum ('), et de
fixer les caractères lithologiques de cette assise. De nouveaux gisements
de cet horizon ont été reconnus depuis en plusieurs autres points (Rose-
ville, Bou-Sfer, etc.) et tout récemment des posidonies avec un pen-
sphincles ont été extraits des schistes sur le sentier de la Corniche du port
d'Oran (jardin Welsfort). Une donnée nouvelle vient de se préciser, au
cours des études poursuivies pour l'établissement de la feuille géologique
détaillée d'Oran, par la découverte d'une faune du Crétacique inférieur.
Les fossiles recueillis par l'un de nous ont été étudiés à l'Ecole des
sciences d'Alger, et les faits constatés ont été contrôlés sur place par des
observations communes.
Dans le Djebel-Ahouo, entre Misserghin et Bou-Sfer, sur les (lancs du Cliabet
Dahlia, des scliistes calcaires jaunes, feuilletés, veinés de calcite, ont fourni une faune
assez abondante d'ammonites pyriteuses, généralement de très petite taille, souvent
déformées, parmi lesquelles on reconnaît : Phylloceras Rouyi d'Orb., Phyll. seruni
Oppel, Ph. cf. ErnestiMM'i^^ Lyloceras cf. crebisulcatum Uiil., Lyt. cf (juadrisul-
cittuin d'Orb., Lyt. cf. JauOerii d'Oih., Destnoceras cf. geluliniim Coq., Holcodis-
ctts algirus Sayn, Holcod. cf. Astieriformis Sayn, Macroscdphiles cf. Ficheuii Sayn,
Leptoceras Cirtœ Coq., de nombreux fragments à' Aptychus, de Belemnites {Duvnlia)
et de petits bivalves pyrileux : Leda sp., Nuculana Ouachensis Coq., etc.
Cette faune présente des affinités incontestables avec celle du liarrcinienAnsOuluA-
Ali (environs de l'Oued-Imbert) et celle du Djebel-Ouach. L'état de conservation des
échantillons sur des fragments de schistes jaunâtres rappelle absolument les fossiles
signalés par PomelC) à Arzeu, avec des plaquettes à Orbitolines. Les assises d'Âhoun
s'étendent vers l'Ouest jusqu'à l'Oued Taërziza, avec des gisements fossilifères notam-
ment au Chabet en-Mammar. Les petits bivalves pyriteu\ f^Leda., Nuculana), ont été
recueillis dans des schistes jaunes identiques, près du village d'Iil-Ançor. Enfin, un
autre gisement analogue d'Ammonites et bivalves pyriteux vient d'être reconnu par l'un
de nous au pied du versant nord du Djebel Ivahar (extrémité sud-ouest du massif
d' Arzeu).
Presque partout, les assises précédentes surmontent une puissante série de schistes
argileux et quartzites, en bancs parfois épais, qui s'étendent, avec des interruptions,
sur les deux ver-ants du Murdjadjo, et présentent leur plus grand développement à
l'ouest du Djebel-Ahoun jusqu'à la limite de la feuille d'Oran. Nous n'éprouvons
aucune hésitation, malgré l'absence de fossiles, à attribuer au Néocomien (s. I.) ces
assises qui rappellent entièrement les schistes et quartzites infracrétaciques du massif
(') L. Gemil, Eaquisse siratigruphique el pélrograpliùjae du bassin de la Tafna,
Alger, igoa.
(^) A. PoMEL, Description slraligrapldi/ue de l'Algérie, 1889.
1578 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'Arzeu, el ceux de même âge du massif de Blida. Elles se trouvent comprises entre
rOxfordien fossilifère et les schistes barrêmiens indiqués ci-dessus.
La région d'Ahoun a permis également de découvrir une nouvelle zone fossilifère
au-dessus de FOxfordien. A la tête du Chabet-el-Morarba, un petit banc de calcaire
rognonneux se montre pétri de moules calcaires d'Ammonites, généralement défor-
mées, parmi lesquelles dominent les Pciis/i/iinctcs. Nous avons pu reconnaître Peris-
pliincles cf. Lucingenais. Phylloceias mediterraneum, Ilaploceras cf. Eratn, Slino-
ceras sp., Oppelia sp. Neumayria sp.? Bien que très indéterminée, cette faune offre
des rapprochements avec celle des couches de Birmensdorf, et de VArgovien de
Trept. C'est un nouvel horizon jusqu'ici inconnu dans le littoral algérien.
De la comparaison des faciès, ainsi que de l'étude leclonique du chaînon
de Sanla-Cruz et du Santon de Mers-el-Kébir, nous sommes amenés à
conclure que les schistes et quartzites qui forment la majeure partie de la
falaise du Por^dOran appartiennent au Néocomien. On les voit en effet,
en dessous de la chapelle de Santa-Cruz, pinces dans un synclinal callo-
vien, synclinal qui se dédouble et s'élargit vers l'Est, avec abaissement
rapide de l'axe de manière à présenter une grande épaisseur de schistes et
quartzites dans la falaise artificielle.
Cette chaîne, indépendamment de la couverture miocène discordante,
se présente comme constituée par une série de dômes ou de plis aigus de
dolomies basiques, ou même de calcaires jaunes ou caicschistes du Lias
moyen et supérieur, plis déversés au Sud sur une série schisteuse étirée
pouvant comprendre le Lias supérieur, le Callovien, l'Oxfordien, le Néoco-
mien et le Biirrêmi<n.
Le Djebel Santon de Mers-el-Kébir se |)résente dans les mêmes condi-
tions tectoniques; un noyau dolomitique surtout développé à l'Ouest,
déversé sur des zones étirées de Lias supérieur, de Callovien et de Néoco-
mien, et passant au Nord, sous le Lias supérieur et le Néocomien, qui est à
son tour recou\ert par une écaille de dolomies et calcaires basiques, en
falaise démantelée sur le rivage.
L'analogie de structure du massif d'Oran avec le massif d'Arzeu se pré-
cise par le déversement des plis jurassiques sur le Néocomien, ainsi que
l'un de nous avait été conduit h l'ailmeltre dès 1898 (').
Le faciès schisteux tlu Crétacique inférieur se maintient ainsi d'une
façon remarquable dans les chaînes fortement plissées du littoral de l'Al-
gérie : dans le massif de Blida, la chaîne des Béni- Menacer, et dans l'est
( ') FicuEL'R, Noie sur la constitution géologique du massif d'Arzeu {A. F. A. S.,
1898).
I
•SÉANCE DU 25 JUIN 1906. l579
d'Alger, où nous l'avons reconnu dans la chaîne des Babors (massif de
Kerrata). Nous reprenons également à ce sujet une opinion émise par
nous en 1892, sur l'attribution au Néocomien d'une assise de schistes et
quartzites qui avoisine le Djebel Sfyaii dans les Trara.
Ainsi se vérifie de plus en plus la règle constante qui préside à la répar-
tition des faciès des différents étages crétaciques en Algérie suivant des
zones sensiblement parallèles au littoral.
GÉOLOGIE. — Sur les argiles yprésiennes de l'Aisne et les conditions climaté-
riques à Vépoque lutétienne. Note de M. Paul Fritel, présentée par
M. de Lapparent.
Les argiles qui se montrent, dans la partie méridionale du département
de l'Aisne, au sommet des sables vprésiens et qui atteignent dans cette
région une épaisseur de plusieurs mètres, peuvent être placées exactement
sur le niveau des grès de Belleu.
D'après mes observations, ces argiles s'amincissent vers le sud, jusqu'à
n'avoir plus que quelques décimètres à Croûy-sur-Ourcq, où l'on peut voir
leur contact : d'une part avec les sables yprésiens, de l'autre avec le cal-
caire grossier; et, des renseignements verbaux qu'a bien voulu me donner
M. Thomas, il appert que ce contact avec les sables sous-jacents s'observe
même à quelques centaines de mètres au sud-est de Troësnes.
Les empreintes végétales que l'on recueille dans ces argiles, et à l'élude
desquelles je me livre en ce moment, sont, pour la plupart, absolument
identiques à celles qui se rencontrent dans les grès de Belleu, mais, alors
que celles-ci sont d'une conservation ruilimentaire, celles de l'argile de
Troësnes, au contraire, ne laissent rien à désirer sous ce rapport. Cette
circonstance permet de préciser les caractères de cette flore mieux que ne
l'a faitWatelet.
Les espèces du gisement de Troësnes sont au nombre d'une vingtaine environ.
Parmi celles qui se rencontrent également dans les grès de Belleu, je citerai : le Cin-
namomuin Laiteli Wat. qui parait très répandu et se montre ici, comme à Belleu
d'ailleurs, assez polymorphe.
Le Cinnamomtun sezannense de Sap., représenté par une forme très voisine de
celle que Watelet avait nommée Daphnogene pedunculata et que de Saporta et
Marion rapportèrent |)ostérieurement à l'espèce de Sézanne.
Le Daphnogene elegans Wat.. que je crois reconnaître dans la base d'une feuille,
qui me laisse cependant des doutes.
C. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLII, N» 26 ) 2o6
l58o ACADÉMIE DES SCIENCES..
Plusieurs belles empreintes que l'on doit identifier aux formes citées par Watelet
sons les noms de Peisea Brongniarti et P. belenensis.
Le grand Ficus Deshayesi Wat., très caractéristique de Belleu, est également
représenté à Troësnes.
J'ajouterai qne la présence des Légumineuses, très communes à Belleu, est révélée
dans les argiles |)ar la découverte de foli(de5 d'une admirable conservation.
En dehors de ces espèces, communes aux deux gisements, il en est qui me paraissent
particulières aux argiles de Troësnes et dont je n'ai pu trouver les analogues dans
aucune des llores paléocènes de nos régions, décrites jusqu'à ce jour.
Enfin dans un troisième groupe viennent se placer quelques formes très voisines
d'espèces signalées dans des gisements ou plus anciens ou plus récents.
En résumé, par leur posilinn slraligraphique, comme par la composition
(le leur flore, ces argiles de Troësnes me paraissent devoir être considérées
comme un prolongement latéral dn grès de Belleu et seadilent ilémontrer
la persistance, jusqu'à l'Yprésien supérieur, du régime lagunaire qui pré-
vaut, dans le Nord de la France, à l'époque sparnacienne.
L'ampleur du feuillage des espèces qui constituent cette flore indique
certainement un climat chaud et humide, ce qui la différencie essentielle-
ment de celle du calcaire grossier supérieur {banc vert), qui lui succède
dans le temps, et dont j'ai constaté la présence dans la même localité.
Les formes rabougries et coriaces de la flore lutétienne attestent la
sécheresse du climat à cette époque, comme l'avait déjà constaté de
Saporta.
Enfui par l'étude de ces différents matériaux on est ainené à conclure
que, durant le laps de temps pendant lequel la mer du calcaire grossier
déposait ses sédiments, des changements sont survenus dans la géogra-
phie et partant dans les conditions climatériques, assez importants pour
modifier complètement, en un point donné de la région parisienne, les
caractères de la végétation.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur les trajectoires des corpuscules électriques dans
l'espace sous l'influence du magnétisme terrestre, ai'ec application aux
aurores boréales et aux perturbations magnétiques. Note de M. (].*rl
Stormf.r, présentée par M. H. Poincaré.
Comme on le sait, d'après M. Kr. Birkeland, les aurores boréales sont
dues à des rayons cathodiques ou analogues émanés du Soleil et aspirés
vers les pôles magnétiques de la terre. Pour vérifier cette hypothèse, il a
SÉANCE DU 25 JUIN 1906. l5Hî
fait quelques expériences remarquables en exposant une petite terrella
magnétique à un faisceau de rayons cathodiques.
Si l'on considère les rayons cathodiques comme formés de corpuscules
chargés d'électricité et se mouvant avec des vitesses énormes, on est con-
duit au problème fondamental de trouver les trajectoires de ces corpuscules
dans l'espace sous l'influence du magnétisme terrestre, problème ([ui peut
être traité par l'Analyse mathématique. Les résultats obtenus intéresseront
non seulement la théorie des aurores boréales, mais aussi celle des per-
turbations magnétiques, en supposant celles-ci dues à des courants de
corpuscules électriques en dehors de la terre.
Dans un Mémoire publié en 1904 j'ai donné les premiers résultats de
l'application de l'Analyse mathématique à ce problème, résultats qui
semblent vérifier l'hypothèse de M. Birkeland. Les recherches ont ctc
continuées depuis; en voici un court résumé :
Rappelons d'abord les équations dillérenlielles des trajectoires des rayons catho-
diques dans un cliamji mngnéti(|ue ; en prenant l'arc s de la t:;ijectoire comme variable
indépendante, ces équations difTérentieiles seront, en coonloiinées cartésiennes,
avec deux autres équations qu'on en peut déduire par symétrie.
Ici X, Y et Z sont les composantes de la force magnétique au point {x, y, z) et a
est une constante dépendant de la nature du corpuscule et de sa charge. Enfin, si la
charge est négative, il faut choisir le signe -H; si elle est positive, le signe — .
Quant au champ magnétique de la terre en dehors de celle-ci, X, Y el Z sont les
dérivées partielles d'un potentiel newtonien qui peut être développé en série conver-
gente; en particulier pour des distances de la terre plus grandes que i million de kilo-
mètres par exemple, le champ magnétique peut être considéré, avec une grande appro-
ximation, comme étant dû à un aimant élémentaire ayant pour moment environ
8,52.10-° unités magnétiques, placé au centre de la Terre avec son a\e le longde l'axe
magnétique de celle-ci.
On est donc conduit, comme première approximation, à traiter le problème en sup-
posant le champ magnétique coniniL' dii à un aimant éli'nieiit;iire. iJans ces conditions
le système (I) donne
1 d'^ c'- r,, dz ., ., , ,/r1
/IT^ ] d-y c- r „ dx ,, dzl
^ ' \ ds- r' ]_; ' ds ds J
— — — [sx-^— 3 -—1
s- /••' |_ " ds "'"dsy
dr_
ds-
e est une constante.
i582 'académie des sciences.
On peut, par un choix convenable des unités, supposer c = i.
Considérons donc le cas où c = i. En introduisant au lieu de .r et de j les coor-
données semi-polaires R et o, on trouve
) d^
\ ds"
\ ds^ r^ ds '
(III)
3
R^
' ,-3
R
(doy r-
— 3;^
-R$
ds
d-'R I dQ
ds' ~ 2 dR'
dH
ds'
I
2
dZ
/dRy
(-Y--
= Q.
n_._ r^
r
R
.r.
où Y est une constante d'intégration.
En éliminant -^ et en remarquant que ds' ^ dR' + dz' ^ R"- do' , on obtient
ds
(IV)
où l'on a posé
'- (R^+;^)'^-'
Or, en prenant ici pour un moment s comme étant le temps et R et s les
coordonnées cartésiennes d'un point matériel /> de masse i dans un plan,
le svslème (IV) représente les équations de mouvemeni de p sous l'in-
fluence d'une force dérivant de la fonction de force ^Q. Tous les résultats
connus relatifs à un tel système peuvent donc être ap|)liqiiés au système (IV)
ce qui donne des résultats correspondants sur les trajectoires dans l'espace.
Par exemple, la condition o<Q=i définit, pour chaque valeur de y, les
parties de l'espace qui ne peuvent contenir de trajectoires.
Quant à l'intégration du système (IV) elle se réduit à l'intégration d'une
équation différentielle du second ordre, de même forme que l'équation des
lignes géodésiques d'une surface, suivie d'une quadrature. Une nouvelle
quadrature donne l'angle cp, ce qui détermine la trajectoire dans l'espace.
Cependant, je n'ai pas réussi à intégrer l'équation tlii second ordre
mentionnée en dernier lieu : pour les applications physicjues cela n'est
même pas nécessaire; en effet, les méthodes d'intégration numérique
suffisent pour faire connaître les trajectoires avec assez d'approximation
pour en tirer des conclusions importantes.
Pour les applications aux aurores boréales, un problème fondamental
consistait à déleriuiner toutes les trajectoires venant de l'infini et passant
SÉANCE DU 2T JUIN 1906. l583
par l'origine. Par lu forme même de la parlie de l'espace où o^Q^i, on voit
d'abord que de telles trajectoires ne peuvent exister que pour — i<^y^o.
i'our y = o, on a comme solution évidente l'axe des :■. Pour les autres
valeurs de y, les intégrations numériques ont conduit au théorème suivant :
Pour chaque valeur négative de y, il existe deux courbes intégrales et deux
seulement, du système (\W) passant par l'origine.
En posant R = /■cos4', z = rsinJ/, ces deux courbes seront représentées
aux environs de l'origine par le développement asymptotique
r= — cos^ij; + ô-îi(cos '"(]/ + cos'^i]^ + -gCos"i|; + ^cos"'iJ/ + .. . j
où a^r= — 2y. La partie correspondante de la trajectoire dans l'espace
s'obtient en y associant cet autre développement asymptotique
, / ^ 3 , ^^' 1 4-'^3a' 36.3 1a''
± (? - ?o) = 76^- + ^r^ + ^^'' + J^
où 9„ est une constante d'intégration. Il faut choisir le signe + ou le
signe — selon que le corpuscule s'approche ou s'éloigne de l'origine.
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Sur deux plans en relief du Paringu et de
Soarhele {Karpates méridionales) exécutés d'après des levés topo graphiques
inédits. Note de M. E. dk Mauïonne, présentée par M. de Lapparent.
J'ai signalé en 1899 l'intérêt du massif du Paringu au point de vue de la
morphologie glaciaire et annoncé l'intention d'en exécuter im plan en
relief {Comptes rendus, t. CXXIX, p. 894). Des difficultés d'ordre matériel
ne m'ont permis de réaliser ce projet que tout récemment. La photo-
graphie présentée à l'Académie reproduit à l'échelle de j^^ environ le
relief a u^r-i^,.
La partie la plus éle^ée du massif du Paringu est seule représentée. Le point le plus
bas est à io5o" (gorge du Jielu), le plus élevé à 2529™ (V. Màndra). Les hauteurs ne
sont pas exagérées.
Le modèle en gradin a étéexéculé par M. Perron, de Genève, par le même procédé
que son relief de la Suisse au yôIt'ôTû' d'après ma Carte manuscrite au ^^l^„- Cette
Carte, où les courbes de niveau sont tracées de 10™ en 10'", est, pour la partie située
en territoire austro-hongrois, la reproduction des minutes au tsJô'ô ^^ ^^ Carte autri-
chienne, revues et complétées comme il était nécessaire pour les cirques. La plus
grande partie de la Carte (j environ) est un travail original. Les cirques de Gàuri,
i584 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Gàlcescu et Jesul ont été levés au Yifoôô ^ la planchette, avec la règle i'i écliinètie dii
colonel Goulier. Le reste du massif a fait l'objet d'une triangulation j^raphique e\é-
cutée au moyen de tours d'horizon, avec la règle à éclimètre. Chaque cirque a été
levé à la lioussole alidade et un grand nombre d'altitudes ont été déterminées baro-
métriquement.
Le rapprochement des courbes (représentées par une épaisseur de o™", 4 ) laissait
peu de champ à l'art dans le modelé du type à gradins. Il a cependant été soumis à
plusieurs revisions minutieuses. J'ai repris moi-même la plupart des détails caracté-
ristiques. De nombreuses photographies et dessins ont été utilisés.
Le relief du l'ariiigii permet de reconnaître tous les caractères essen-
tiels de la morphologie des hauts sommets des Karpates méridionales.
liC grand développement des cirques glaciaires frappe au premier coup
d'oeil. Ils entaillent de tous côtés le bloc montagneux aux formes lourdes.
On lit aisément sur la topographie l'extension des anciens glaciers, beau-
coup plus développés sur le versant Nord que sur le versant Sud. Ce con-
traste n'est pas diî seulement à l'exposition, mais à la pente générale, moins
raide sur le versant Nord, où les surfaces supérieures à 1900"° sont beau-
coup plus étendues que sur le versant Sud.
Un contraste plus curieux est celui entre les vallées exposées à l'Ouest et
à l'Est. Celles-ci ont été occupées |iar des glaciers importants, particuliè-
rement dans la partie orientale du massif où l'altitude moyenne est plus
élevée qu'on ne serait tenté de le croire, aucun point ne dépassant 2200".
Le développement plus ou moins grand des cirques détermine les carac-
tères de la topographie. Le versant Nord est découpé par eux en crêtes de
caractère alpin, tandis que le versant Sud garde les formes lourdes prégla-
ciaires.
J'ai indiqué l'origine de ces formes de hiuts sommets karpa tiques [Sur la
plate-forme des hauts sommets des Alpes de Transylvanie {Comptes rendus.
t. CXXX.VIII, 1904, p. i44o-i44^)]- On doit y voir la trace d'une surface
très voisine de l'étal de pénéplaine, dont le déplacement par rapport au
niveau de base date du Tertiaire. Le relief du Paringu permet de vérifier
l'exactitude des faits avancés.
On ne peut manquer d'èlre frappé par l'imiformité des points culminants
dans toute la partie orientale. C'est dans un véritable plateau que sont
découpés les cirques. La profouileur des vallées, l'énergie lie l'érosion qui
s'y exerce sont d'autre part en désaccord si manifeste avec cette topographie
sénile des hauteurs qu'il nous parait impossible d'échapper à la conclusion
que le modelé des sommets et celui des pentes inférieures ne sont pas du
même âge. La période glaciaire est venue s'emparer des hautes Karpates en
SÉANCE DU 20 JUIN 1906. J 585
pleine période de rajeunissement. Elle a singulièrement accéléré la dégra-
dation des sommets, mais sans cependant effacer entièrement leur caractère
original de plate-forme ondulée.
Telles sont les principales constatations auxquelles donne lieu l'examen
du relief du Paringu. Une élude attentive révélerait une foule de détails que
nous ne pouvons que signaler ici : roches moutonnées, lacs glaciaires, lacs
d'éboulis, erratique de névé, gorges postglaciaires, captures accomplies
ou imminentes. Les moraines ne sont pas bien conservées. C'est ce qui
nous a déterminé à exécuter le relief de Soarôe/e, dont une photographie
est soumise en même temps à l'Académie.
Soarbele est une vallée glaciaire située sur la froiilière, en territoire roumain près
des sources de la Cerna et du Jiu. J'j ai découvert en 1900 les plus belles moraines de
toute la région karpatique méridionale (voir Comptes rendtis , t. CXXXII, 1900,
p. 36o-363). En 1908 j'eu ai fait le levé lopograpliiquc au di\-miliiéiue à la planchette
et avec la règle à éclimètre. Les courbes étaient de 5™ en 5'". Le relief a été établi comme
celui du Paringu.
On dislingue au premier coup d'œil le cirque originaire du glacier, la
vallée en U où il s'est avancé, la gorge d'érosion en V qui lui fait suite,
et trois séries de moraines. La moraine externe descendant à 1400™ est la
plus ancienne, la plus considérable, mais aussi la moins bien conservée.
L'érosion y a déjà creusé deux sillons. La série moyenne présente une
topographie chaotique des plus frappantes. La dernière moraine a gardé la
forme du fer à cheval classique.
Les reliefs du Paringu et de Soarbele peuvent être considérés non seu-
lement comme des démonstrations scientifiques mais comme des moyens
d'enseignement. Ils permettent de faire saisir aux élèves les contrastes
entre la topographie glaciaire et la topographie d'érosion subaérienne ;
l'influence de l'exposition et du relief sur le développement des glaciers
locaux; le rôle joué par les cirques dans le développement des formes de
haute montagne; les caraclères d'une pénéplaine soulevée; enfin les for-
mes diverses des moraines stadiaires. C'est à ce litre qu'ils ont été distri-
bués à 25 musées et Instituts d'Universités en France, Belgique, Suisse,
Allemagne, Autriche-Hongrie, Roumanie et Etats-Unis.
A 4 heures et demie l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures.
G. D.
i588
ACADEMIE DES SCIENCES.
ERRATA.
(Séance du 21 mai jgo'ù.)
Noie (le M. Seguin, Sur l'identité d' Hemypigus ttiberculosus et iVHemici-
daris creniilaris :
Page 1167, la position des figures doit être la suivante :
Fig I. Fig. 3.
Fig. 3.
(Séance du 11 juin 1906.)
Noie de M. de Forcrand, Sur rortliogra|)he du mot ctesium :
Page i3i8, ligne 8 en remontant, ait lien de du casium, lisez de ca;sium.
Page iSig, ligne 4i «" /'f« de gros bleu, lisez gris bleu.
Même page, lignes 7 et 9, au lieu de monuments, lisez manuscrits.
Même page, ligne 8, au lieu de sont CcTtia, lisez ont ca'tia.
Même page, ligne i3, au lieu de lecture, lisez latin.
(Sé.ince du 18 juin 1906.)
Note de M. Berthelol, Recherches sur la synthèse directe de l'atide
azotique, etc. :
Page 1870, ligne 20, au lieu de 12''"'°, 6 d'oxygène, empruntés, etc., lisez :
gcm» d'oxygène, soit en tout 12*^'"', 6 de gaz, empruntés, etc.
Note de M. Armand Gautier, Action de l'oxyde de carbone, au rouge,
sur la vapeur d'eau et de l'hydrooène siu- l'acide carboni(|ue. Application
de ces réactions à l'analyse des phénoinè.nes volcaniques :
Page i385, ligne i4 en remontant, équation (C), lisez
3G02+ 3H= = GO + H-0 + 2ll-^+ aCO^
FIN DU TOME CENT QUARANTE-DEUXIEME.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
TABLES ALPHABETIQUES
JANVIER - JUIN 1906.
TABLE DES MATIERES DU TOME CXLIl.
Pages.
AcADÉMiK. — Élat der.Acadcmie au ■'"'jan-
vier 1906 j
— M. Troost, Président sortant, fait con-
naître à l'Académie l'état où so trouve
l'impression des liecucils qu'elle pu-
blie et les changements survenus par-
mi les Membres et les Correspon-
dants pendani le cours de l'année
1905 [ )
— M. le Secrétaire perpétuel annonce à
l'Académie que le Tome CXLI des
Comptes rendus est en distribution
an Secrétariat i '^(à-
— M. le Président annonce à l'xVcadémic
qu'en raison des fêtes de Pâques, la
séance du lundi 16 avril est remise
au mardi 17 S6 1
— Annonce à l'Académie qu'en raison des
fêtes de la Pentecôte, la séance du
lundi 4 juin est remise g.u mardi J . . 1 171
Voir Candidatures, Commissions, Con-
gres. Conservatoire des Arts et Mé-
tiers, Décès de Membres et de Corres-
pondants, élections, Muséum d'His-
toire naturelle.
C. P.., 1906, i" Semestre. (T. CXLII.)
Puges.
Acariens. — Sur l'analomie et l'histologie
des Ixodes; par M. A. Bonnet 296
Voir Zoologie.
Acides organiques. — Sur l'acide lacti-
que gauche; |)ar MM. M. Godr/iot et
E. Jungfleiscli 5 1 5
— Sur le dilactido de l'acide lactique
gauche; par MM. M. Godc/iot el E.
./ungj/eisc/i 637
— Stéréoisoniérie dans le groupe des
acides non saturés aS-acyliques; par
MM. E.-E. Biaise et P. Bagard 1087
— Sur les acides diméthyl- et diélhylami-
do-benzoylbenzoi'ques dlbromés et
leurs dérivés; par M. E. .Sei'crin. . . . i-i'j/i
— Snr la chaleur de formation de l'acide
carbonylferrocyanhydiiqup ; par M.
/.-A. Muller .'. liiô
— Sur l'acide cinnaménylparaconique;
par i\I. y. Bougault rJSg
\'oir Albuminoïdes, Camp/ires, Chimie
organique. Elliers.
Aciers. — liecherchos sur les aciers au
cuivre ; par .M. Pierre Breuil i .iai
Acoustique. — Qualités acoustiques de
207
JJ^^f
iSqo
Pages.
certaines !-alles pour la voix parlée;
par M. Marnge 878
— De la vibration sympalliiquo d'une
cordo grave à l'appel d'une corde
aiguë et des conséquences possibles
qui en découlent ; par M. Edmond
Bnilly 629
Voir EnseigiieniPiit.
Aéroplanes. — Sur la stabilité des aéro-
planes et la construction rationnelle
des plans sustentateurs : par M. Ed-
mond Scii.r -ç)
— Sur un mode de construction des plans
aéroplanes, permettant d'augmenter,
dans de notables proportions, leur
valeur sustentatricc; par M. E.Seiu-. 779,
— Sur l'atterrissage des aéroplanes; par
.M. Bouquet de lu Grye 121
Agrono.mie. — Traitement cuivrique des
semences; par M. E. Jircal 904
Voir Chimie agricole.
Air liquide. — Voir Changements d'état.
ALBUMixoiDEs. — Sur la soudure syn-
thétique des acides amidés dérivés
des albumines; par .MM. L. lliigou-
nenq et J . Morel 48
— Sur la nature véritable îles leucéines
et glucoprotéines obtenues par P.
Schlitzonberger dans le dédoublement
des matières protéiques; par MM.
Ilugounenq et A. Morel 1 ,2 >
Voir Chimie analytique. Chimie pliy-
siologiq((e.
Alcaloïdes. — \'oir Chimie végétale,
llordénine.
Alcools. — Décomposition du sulfate de
cuivre par l'alcool méthyli(|ue; par
M. f. Auger i -4-2
— Dérivés asymétriques de l'hexanediol
-1.6; étiier diélhylique et diiodure
de l'heplanediol- 1.7; par M. R. Dion-
neau i) 1
— Observations au sujet du conipo.sant
C(UH) des alcools tertiaires; ()ar M.
Louis Henry 1 )i)
— Synthèse du pentaméthyl-élhanol
<m
par M. Louis Henry io>,i
— Sur les uiiyraiions phényliques chez
les lialohydrines et chez les a-gly-
cols ; par M. Tiffeneau 1 V5-
TABLE DES MATIERES.
Pages.
Voir Amides, Camphres, Chimie orga-
nique, Cycloheœane, Nitrile.v, Oxy-
dation.
Aldéhydes. — Condensation glycidiq'ue
des aldéhydes avec l'éther oc-chloro-
propionique; par M. Georges Dar-
zens 214
— Préparation d'élhers glycidiques et
d'aldéhydes dans la série hexahydro-
aroinatique: par MM. Georges Dar-
zens et P. Leféhure 714
Voir Chimie organique.
.aldéhyde formiole. — Sur la présence
de l'aldéhyde formique dans les sub-
stances caramélisées; par M. A. Tril-
lat 454
Alisients. — Sur la maladie de la graisse
des vins : par MM. E. Kayser et E.
Miinceau 725
Voir \Aldéhyde formique. Chimie ana-
lytique, Lait, Tulierculdse, Vins,
.Vlizés. — Résultats des sondages aériens
dans la région des alizé.s; par.M.M. L.
Rotch et L. Teisserene de Bort 918
Voir Météorologie.
.Vi.LUGEs. — Sirr les laitons spéciaux;
par M. Léon Guillet 1047
Voir .Spectroscnpie.
Amides. — Condensation des amides acé-
tyléniques avec les phénols. Méthode
générale de synthèse d'amides éthy-
léniques |î-oxyphénolés : par M.M. /.
l^izennec et Ch. Moureiix 894
Voir Albumino'ides, Chimie organique.
Amidon. — Sur la rétrogradation et la
composition des amidons naturels
autres que la fécule; par M. Eug.
Ixou.r 95
— Influence de la réaction du milieu sur
l'activité de l'amylase et la compo-
sition des empois saccharitiés; par
M. L. Maquenne et Eug. Roiu- 124
— Sur les propriétés acides de l'amidon;
par M. E. Demoussy 933
— Sur la transi'ormatioii presque inté-
grale en maltosc des dextrines pro-
venant de la saccharification de l'ami-
don; par MM. A. Fembach et /.
Wolff • I2lfi
— Errata relatifs à celte communication. i36G
— Sur quelques nouvelles propriétés de
l'extrait de malt; par MM. L. Ma-
quenne et Eugène Jiou.r i 387
.\.MixEs. — Phosphites acides d'ainines cy-
TABLE DES
Pages,
cliques primaires; par M. P. Le-
moidt 1193
Voir Azolques, Chimie organique.
ÂMMONir.MS (métaux). — Voir Carbures
d'hydrogi'ne.
Analyse m\thém\tic>ie. — Sur les trans-
formations planes; par M. lladumnrd. 74
Voir Calcul des l'ariations. Ensembles,
Équations différentielles. Fonctions,
Formes, Groupes, Mathématiques.
Séries.
M. Emile Picard l'ait liommage à l'Acadé-
mie du Tome II de la " Théorie des
fonctions algébriques de deux varia-
bles » qu'il a rédigé en collaboration
avec M. Siinart 1489
Anatomie. — Voir Archéologie, Batra-
ciens, Nerfs.
Anatomie végétale. — Sur les canaux
.sécréteurs du bois des Diptérocar-
pées ; par M. P. Guérin 109.
Voir Botanique, Fougères.
Anesthésie. — Reclierches expérimen-
tales sur les proportions de chloro-
forme contenues dans l'organisme au
cours de l'anesthésie ehloroformi(|ue;
par M. y. V'issot 234
— Les proportions de chloroforme que
contient le sang artériel pendant l'état
d'anesthésie n'ont pas de rapport di-
rect avec les effets qu'elles produi-
sent ; par M. /. Tissât 35-2
Voir Chloroforme.
Annélides. — Sur la faune annélidienne
de la mer Rouge et ses affinités; par
M. Ch. Gravier 4 10
Voir Zoologie.
Anthropologie pbéhistoriqie. — Sur le
Congrès inlernalional d'anthropolo-
gie et d'archéologie préhistorique;
par M. Albert Gaudry 10-22
— Le préhistorique aux environs de Kayes
( Soudan j; par M. Fr. de Zeltner . . . i56o
Arachnides. — Nouvelles observations sur
les Pycnogonides recueillis dans les
MATIERES. iSpi
Pages,
régions antarctiques, au cours de la
campagne dirigée par M. Jean Char-
cot ; par M. F.-/.. Bouvier i5
Voir Zoologie.
Archéologie. — Recherches sur quelques
métaux et minerais trouvés dans les
fouilles du Tell de l'Acropole de Suse,
en Perse ; par M.M. Berthelot et G.
.Jndré 4^3
— Le cœur du roi Ramsès II (Sésostiis);
par .M. Lortet 828
Arithmétique. — Sur quelques consé-
quences arithmétiques de la théorie
des fonctions abéliennes ; par M. G.
Humhert 537
— Sur un carré magique; par M.M. G.
Tarrj 7)7
Voir Mathématiques.
ASTRONOMIE.
- Sur un nouveau dispositif de speetro-
héliogi'aphe; par M. G, Millochau
et Stejànik
Voir Comètes, Eclipses, Etoiles, Longi-
tude, Ne'buleuses, Observatoires.
Aurore boréale. — Sur l'aurore bo-
réale ; par M. P. f 'illard 1 33o
Voir Magnétisme terrestre.
Aviation. — Voir Aéroplanes.
Azo'i'ques. — Diazoïques des diamines (phé-
nylènes-diamines, benzidines); par
M. Léo Fignon i Sg
— Copulation benzidine-aniline, diphényl-
bidiazoaminobenzène et diphényldisa-
zoaminobenzène; par M. Léo T'ignon. âSa
— Recherches sur les azo'iques. Trans-
formation des azoïques orlhocarboxy-
lés en dérivés c-oxyindazyliques; par
M. P. Freundler 1 1 53
Voir Chimie organique. Cycles mi.rtes.
B
BACTÉRIOLOGIE.
^ Action de l'émanation du radium sur
les bactéries chromogènes; par MM.
Balthazard el Ch. Bouchard 819
— Culture du spirille de la fièvre récur-
rente africaine de l'homme (Tick-fe-
ver); par .M. C. Levadlti 1099
— Sur une méthode de prélèvemcnl de
l'eau de mer destiné aux études bac-
i592
TABLE DES MATIERES.
Pages.
tériologiques; par M.M. P. Potier et
/. lUrliarcl i l o<)
— Coiilributinn ù l'élude cylologique des
baelcries; par M. V. Guilliermond . . i-iSJ
Voir Chimie biologique. Histologie, Hor-
dénine, Lci'ures, ISitriJiealion, Tu-
//ercidove.
Ballons dirigeables. — Voii- E.iplnra-
tion .
Batraciens. — Sur le passae;e à travers
les ganglions spinaux de faisceaux
provenant dos racines motrices et se
rendant aux nerfs dorsaux, chez les
Batraciens; par M. P. ff'ititreliert.. .
Bibliographie. — M. Sehert offre à l'Aca-
déniie le " Manuel complet du réper-
toire l)ibliograplii(|ue » 1.(90
348
BIOLOGIE.
Vo'iv Jiionie'tnqiie, Embryogénie, Ener-
gétii/iic biologique, Pin siologie. Zoo-
lo"ie.
Bio.MÉTRioi E. — Tables de croissance
dressée on igo5 d'après la mensura-
lion de .i4oo enfants parisiens de i à
i5 ans; par MM. C/iaiimet el P^/iriol.
— Loi de l'accroissement en volume dans
les arbres; par M. François Kovessi.
faijes.
^99
430
BOTANIQUE.
- Sur les spores d'un Streptothrij:; par
MM. Brocq-Roitsseau el Piettre 1221
- Sur le genre Mascarenhasia; par M.
Marcel Dttbard 1089
- Note sur la végétation bryologicpie de
l'Antarctide; par M. Jules Cardot... 4^6
Voir agronomie, ./natomii- végétale.
Bactériologie, Bioinétriqite, Café,
Caoutcliouc, Cliampignons. Chimie
l'égétale. Flore tropicale. Fougères,
Graines, Levures, Physiologie végé-
tale.
Bulletin DiBLioGRAmiQui;. — 67, 1 18,
187, 247, 3i i, 417, '3i , 670, 81 4, 8j7,
921,970, ioo5, Il 18, i3«2, i364.
Café. — Les maladies du caféier au Congo
indépendant ; par M. F. de Wil-
deninn 1 093
Calcul des variations. — Sur un pro-
blème du calcul des variations; par
M. Erik Hohngren 33 1
Camphres. — Sur les alcools a- et p- cam-
pholytiques; par M. G. Blanc 9.8 i
— Synllièse totale de dérivés du cam-
phre. Isolaurolène, acide isaidiiurono-
lique; par M. G. Blanc 1084
— Sur les pouvoirs rotaloii-es des hexa-
hydi'obenzylidène et œnanthylidène-
caniphres el de leurs dérivés saturés
correspondanis, comparés aux mêmes
pouvoirs des benzylidène et benzyl-
camplires; par .M. ,/. Ilaller et V.
Mardi 3 1 (j
— Benzyl-et phénylbornéols et leurs pro-
duils de déshydratation, les benzyl- et
ph('nylcamphcnes; par . M.M. A'. Bnuer
et A. Ilntlcr (;--
— Sur des di[)liéiiylc ou alcoylphénylc
et
camphométhane et méthylène
\r'
c«
\co
CII
\co
par M.M. E. Jiauer et ./. Ilallrr .... 971
— Sur les produits de la réaction, à haulo
température, des isobutylale et pro-
pylate de sodium sur le camphre ; [lar
M. -/. Haller el /. Minguiii 1309
Voir Chimie organique.
Caoutchouc. — Asclépiadécs nouvelles de
Madagascar produisani du caout-
chouc; par .MM. ./. Constantin el /.
Gnllaud 1 5 ")4
Voir Botanique.
Candidatures. — Lisie des candidats pré-
sentés par la Section de Physique à
la place laissée vacante par le décos
TABLE DES MATIERES.
Pages,
de M. Pierre Curie : i"M. U. (icniez;
■1° MM. Boiity, Pellat; 3" .MM. Broca,
Perot, Villard i 15o
Voir Muséum. (Jbservatoire.i.
Capillarité. — Iiifluence de la eompres-
sibilité sur la formation des irouttes;
par M. //. Ollhier 836
— Propriétés des surfaces pour lesquelles
ran,L;le de raccordement appai'ent de
l'eau est nul; par M. //. OUh'icr . .. iid-
Carbone. — Variations d'état éprouvées
par le carbone amorphe sous l'in-
fluence de la température et sous
l'action d'oscillations de température;
par .M. O. Maui'ille 1 1<)0
— Variations d'état éprouvées par le car-
bone amorphe, sons l'influence d'une
brusque variation de température;
par M. O. Mfinvi/le l 'i^'i
Voir Chimie inorganique (C).
CARDinES d'iiydrogûnu:. — Sur les con-
ditions d'hydrogénalion par les mé-
taux-ammoniums de quelques dérivés
haloi:énés des carbures ijras : prépa-
ration des carbures étiiyléniques et
forméniqncs: par M. E. Clinbtny ... r)3
— Sur la cominislion de l'acétylène par
roxyi;éne: par M. l'aul Mauricheau-
Beaupré i G')
— Essais de réduction dans la série du
iliphcaylniéthane; par M. H. Duval . 34 i
— Sur laddition de l'acide chlorliydrique
à l'oxyde d'isobutylène
(1I3C)^<;.CH«:
\/
O
par M. Louis Hciir) 493
— Sur un nouvel octane, l'hexaméilivl-
cthane (HT.) - C, — ('. — ( CH» i^ ; par
M. Louis Henry 1070
— Sur quelques dérivés Indro-antliracé-
niques; par M. UarrrI Godrlioi i,).o2
Voir Chimie organique.
Catalyse. — Voir O.rfdation. l'iioto-
chimie.
CÉTACÉS. — Capture d'un Cachalot du
senre Kogia Gray, sur les côtes de la
Manche, à Koscoff; par M. Fce.v De-
l"gc 258
CÉTONES. — Sur les céloncs p-chluréthv-
lées et vinylées acycliques; par MM.
E.-E. niaise et 1/. l/<v//c 21 5
1593
Pages.
Voir Chimie iiiologique. Chimie orga-
nique.
Chaleur. — Voir Glace, Physique phy-
siologique. Quartz, Thermochimie.
Chaleurs spécifiques. — Discontinuité
des chaleurs spécifiques à saturation
et courbes de Thomson; par M. E.-
H. .4mag(it 1 1 20
— Errata relatifs à cette communication. i3o2
— Sur quelques points relatifs à l'étude
des chaleurs spécifiques et l'applica-
tion à celles-ci de la loi des étals cor-
respondants; par M. E.-H. Anuignl . i3o3
Champignons. — Symbioses d'Orchidées
et de divers Champi!»nons cndophy-
tes, par M. Noël Bernard J2
— Sur un nouveau i,'enre de Champiijnoiis
de l'Afrique orientale anglaise; par
MM. P. Hariol et iV. Patouillard . . . 224
— Nouveau Champignon parasite, Tre-
matovalsa Matruchoti, causant le
chancre du Tilleul; par M. Nicolas
Jacohesco 289
— Sur les levures sporulées de Champi-
gnons à périthèces (Chvosporium);
par M. Pacottet et P. Viala 458
\'oir Botanique, Viticulture.
Changements d'état. — Sur l'ébullition
de l'osniinni, du ruthénium, du pla-
tine, du palladium, do l'iridium et du
rhodium, par M. Henri Moissan ... . 189
— Sur l'ébullition et la distillation du
nickel, du fer, du manganèse, du
chrome, du molybdène, du tungstène
et de l'uranium; par M. Henri Mois-
san 4 '-5
— Sur la distillation du titane et sur la
température du Soleil; par M. Henri
\Loissan ("173
— Sur la production des vides élevés à
l'aide de l'air liquide; par MM. (Geor-
ges Claude et Kené-J . Lévy 87()
— Sur la liquéfaction de l'air par détente
avec travail extérieur; par M. Geor-
ges Claude 1 333
Chemins de fkr. — Sur les déformations
des voies de chemins de fer; par
M. C. Cuénot 770
Chimie agricole. — Sur l'absorption des
carboiuites alcalins par les compo-
sants minéraux du sol; par M. /. Du-
mont 345
— Sur l'absorption des carbonates alca-
lins par les composants minéraux
•594
{
TABLE DES MATIERES.
du sol. Observations relatives à une
Note de M. J. Dumonf. |)ar M. L.
Maqiieniie 3 iy
Voir Agronomie.
CHIMIE ANALYTIQUE.
- Sur une réaction qualitative du phos-
phore; par M. Mauriclieau- Beaupré. \io(>
- Sur le dosage de l'oxyde de carl)one
dans l'air par l'anhydride iodique: par
M. Arinaiid (uiulier i j
- Sur le dosage de l'oxyde de carbone
par l'anhydride iodique; par MM. Al-
hert-Lévf et ,•/. Pécoiil 162
- Sur quelques difficultés que présente
le dosage de l'oxyde de carbone dans
les mélanges gazeux; par MM. Clau.r-
niann et Armand Gautier 48 J
- Sur le dosage du cadmium; par M. H.
Baubignv D77
- Errata relatifs à celte communication. 672
- Mode opératoire pour le dosage du cad-
mium; par M. H. Bauhigny 792
- Dosage du cadmium dans un sel vola-
til ou organique; par M. H. Bmibi-
g".y 959
- Méthode de recherche et de dosage de
petites quantités de fer; par M. A.
Mouneyrat 1 049
- Sur la détermination des gaz rares
dans les mélanges gazeux naturels:
par M. Charles Moureu 44
- Le dosage des matières albuminoïdes
et gélatineuses au moyen de l'acétone ;
par M. /'. Bordai et Touplain i345
- .^lélhode de détermination des matières
étrangères contenues dans les cacaos
elles chocolats; par MM. F. Bordas
et Touplain 689
Voir Ahicin de jonnique. Chimie phy-,
siologiqiie. Chloroforme, Dixtillation,
Ethers, Farines.
Chimie biologique. — Sur un nouveau
microbe producteur d'acétone; par
M. L. Bréaudat 1 280
Voir Nitrifiratioit, Tourbe.
Chimie industrielle. — Sur un nouveau
modo d'extraction de l'huile de ba-
diane; par M. Ph. Eberhardt 407
Voir Farines.
Pages.
CHIMIE INORGANIQUE.
- .Action de la vapeur d'eau sur les sul-
fures au rouge. Production de métaux
natifs. Applications aux phénomènes
volcaniques: par M. Armand Gau-
tier 1463
Voir Volcans.
.4g. Voir Ca.
- Al. Nature de la décomposition d'une
solution aqueuse de sulfate de cuivre
par quelques alliages de l'aluminium;
par M. //. I'echeu.r 375
Voir Th.
As. Voir Chimie organique.
- Az, Action du peroxyde d'azote sur
l'ammoniac et quelques sels ammo-
niacaux; par MM. Besso/i et Rosset. . 633
• Recherches sur la synthèse directe de
l'acide azotique et des azotates par
les éléments, à la température ordi-
naire; par M. Berlhelot 1367
- Errata relatifs à cette communication. 1 588
Voir Ne, Nitriflcation.
Ha. Voir Bo. lodomereurates.
- Bo. Recherches sur les combinaisons
halogénées des borates de baryum et
de strontium; par M. L. Ouvrard.. . 281
- C. Sur les sous-oxydes de carbone; par
M. Berlhelot 533
Voir Carbone, Chimie analytique.
- (la. Sur la préparation industrielle de
l'hydrure de calcium; par M. Georges
F. Jaubert 788
- Réduction des chlorures d'argent et
de cuivre par le calcium; par M. L.
Hackspill 89
Voir lodomereurates. Métau.r rares.
Cd. Voir Chimie analytique.
Ce. Voir Métau.r rares.
- Cs. Sur l'oxydation directe du caesium
et sur quelques propriétés du per-
oxyde de ciEsium; par M. E. Ben-
gade 1 1 I9
- Sur l'orthographe du mot Cœsium: par
M. de Forerand • 1 3 1 8
- Errata relatifs à cette communication . 1 588
Co. Voir .S(.
Cu. Voir Al, Ca, Si. Aciers. Chimie
organique .
F. Voir Si.
Fe. Voir Mo. IF, Chimie analytique.
Chimie phj xiologiqne, Fer.
i
TABLE DES MATIERES.
I 793
Pages .
Gd. Voir Métaiu- rares.
H. Voir Ca.
- F. Préparation rapide des solutions
d'acide iodliydriqiie ; par XI. F. Bo-
drour, 279
Voir lodomcrcuratcs.
- Ir. Sur le sulfate double d'iridium el
de potassium Ir'^(SO'')^-t- 3S0*K'- .. i525
Voir Pt.
Li. Voir Tlicnnocliiniie.
K. Voir Ir.
Mt;. Voir lodomcrcuratcs .
- Mo. Sur les ferromolybdènes purs; par
M. Em. J'igouroux 889
- Sur les ferroraolyljdènes purs : contri-
bution à la recherche de leurs consti-
tuants ; par M. Em. Vigoaroux 928
- Ne. Action du gaz ammoniac sur le
chlorure de néodxme anhydre; par
M.\l. C. yiati'gnoii et R. Trannoj . . . \o\->.
- Ni. Rectification à une Note sur l'oxyde
salin de nickel; par M. H. Baubigny. i54
Voir Si.
- Ph. Sur l'existence des sulfures de
phosphore ; par M. //. (Uran 398
- Sur l'existence des sulfures de plios-
jihore : mixtes de phosphore et de
sesquisulfure de phosphore; par M.
K. Boiiloiicli 1045
- Sur les composés pyrophosphoriques;
par M. /. Cavalier 883
Voir Chimie analytique. Chimie physio-
logique.
- Pt. .\ction de l'acide sulfurique à chaud
sur les sels de platine et d'iridium, en
présence de sulfate d'ammonium; par
M. Marcel Delepitie 63 1
- Sur l'attaque du platine par l'acide sul-
furique; par M. L. Queiinessen . . . . \'y\{
- Rb. Action de l'oxygène sur le rubi-
dium-ammonium ; par M. E. Rengade. i j 33
Voir Thermochimie.
S. Voir Ph. Pt, Sb. .Su.
- Sb. Sulfure d'antimoine et antimoine;
par M-M. Clirétien et GuiucJtaiii 709
Voir Chimie organique. Cryoscoj/ie, .Se.
- Se. Sur la réduction du séléniure d'an-
timoine; par M. P. Chrétien. i3S9 et i4i?.
\'oir Crjoscojjie.
- Contribution à l'étude de l'anhydride
sélénieux; par M. OEchsner de Co-
ninck 371
Voir Sb, Su.
Si. Sur le siliciure cuivreux ; par
M. Em., J^igourou.r
- Sur le siliciure de cuivre et sur un
nouveau mode de formation du sili-
cium soluble dans l'acide lluorhy-
drique; par .M. Paul l.ebeau
- Action du chlorure de silicium sur le
cobalt; par M. Em. f'igouroii.r
- Action du chlorure de silicium sur le
nickel ; par M. Em. f^igourou.r
- Sur les silicones; par M. Boudouard.,
Voir Th.
■ Sn. Sur les sulfures, séléniures et
tellurures d'étain; par M. R. Péla-
hon
- St. Sur la préparation et les propriétés
du strontium ; par MM. Guntz et
Rœderer
Voir Todomercuralcx.
- Tb. Voir Uclau.r rares. Poids ato-
miques.
Te. Voir */.
- Th. Sur un siliciure de thorium: par
M. O. Hônigschmid
- Sur un alliage de thorium et d'alumi-
nium; par M. O. Hônigschmid
- Tl. Sur les combinaisons halogénéesdu
Ihallium : |)ar M. F. Thomas
- W. Contribution à l'étude des ferro-
lungstènes purs: par M. Em. Vigoti-
rou.r
- Errata relatifs à cette communication.
Voir Hydrologie. Métau.r rares. 0.i:y-
datioit. Poids atomiques et molécu-
laires.
âges.
87
.-.4
635
I 526
1147
400
137
280
838
'197
1366
CHIMIE ORGANIQUE.
- Action de quelques élhers d'acides
bibasiques sur les dérivés halogéno-
magnésiens des aminés aromatiques
primaires; par M. F. Bodroux Joi
- Sur un tartrate d'antimoine ; par
M. Bougault )85
- Sur l'action des leucoma'mes .xanliques
sur le cuivre; par M. N. Slomnesco. . 789
- Influence de la juxtaposition dans une
molécule de la fonction cétonique et de
la fonction acide; par M. L.-J. Simon. 892
- .Méthodes nouvelles de préparation de
quelques dérivés organiques de l'ar-
senic; \iàï U.. r. Juf^er ti5i
Voir Acides, Alhuminoides, Alcaloïdes,
Alcools, Aldéhydes, Amidon, Amides,
i59<3
TABLE DES MATIERES.
l'aî;cs.
.-/mines, .-tzoiqiicx, Caiiiplires, Car-
bures d'hydrogène, Cétoiies, Chimie
nnalf tique. Cliimie biolof^ique. Chimie
industrielle. Chimie physiologique,
Chloroforme, Cycles mi.rles, Cyclo-
hexane. Diastases, Equilibres chi-
miques, Ethers, Nilriles , Organo-
métaV.iques , Oxydation, P] ranique
(série ), Sucres.
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE.
- Sur la vitelline de l'œuf; par M. A.
llugounenq 1 7 >
- Nouvelles recherches sur les oxyda-
tions produites par les tissus ani-
maux en présence des sels ferreux ;
par M. F. Batelli et M"" L. Stcrn. ... (76
- Les ferments du placenta: par
MM. Chiirrin et Goupil 395
- Action de l'adrénaline sur la teneur
du muscle en glycogène; par M'"'^ X.
Gatin-Gruzetvska 1 i(J3
- Influence de l'acide piiosphorique, des
phosphates mono et trisodiques, sur
échanges nutritifs; par .M. J. Des-
grez et M"' Bl. Guende i '|3o
- Rôle des éléments cellulaires dans la
transformation de certains liydrates
de carbone, par le suc intestinal ; par
M.M. H. Bierry et A. Froidn i 56")
- Sur le rôle du chlorure de sodium dans
l'imprégnation liistologique dos tissus
par l'argent; par AIM. Ch. Achard el
M. Aytiaud i i)7 1
- Méthode de recherche du fer dans les
tissus vivants; par il. -:/. Mouneyrat. 1572
Voir Hordéniiic.
CHIMIE PHYSIQUE.
- Sur les solutions solides; par M. Frcd
W(dlerant 188
- Sur l'origine de la notion des solutions
solides; par M . Lecoq de Boishaudraii . 1 9 j
- Sur la constitution des sulfates chro-
miques; par M. Albert Colson 402
- Sur la formation des combinaisons
cndolhermi(iues aux tompéralurcs
élevées ; par M. Bcrthelot 1 4 m
Voir Colloïdes, Crlstallognqj/iic. Cryos-
copic, Equilibres chimiques, lodo-
mercurales. .Solutions. 'l'hermochimic.
i-ages.
•CHIMIE VÉGÉTALE.
- Sur la composition des liquides qui
circulent dans le végétal ; variations
de l'azote dans les feuilles; par M. G.
André 1 06
- Sur les variations de l'acide phospho-
rique et de l'azote dans les sucs des
feuilles de certains végétaux; par
M. G. André ajG
- Élude des variations de l'azote et de
l'acide piiosphorique dans les sucs
d'une plante grasse; par M. G.
André (jo2
- Nouvelles recherches sur les composés
alcalins insolubles contenus dans les
végétaux vivants : feuilles de chêne:
1)3 r M. Berthelot 249
- Sur l'existence des composés potas-
siques insolubles, dans le tronc et
l'écorce du chêne; par .M. Berthelot. 3i3
- Le Haricot à acide eyanhydrique, l'Iia-
seolus lunalus L; par M. J.. Guigncird. Jî5
- Étude chimique sur les graines dites
Pois de Java: par M. Emile Kolin-
Abrcst 386
- Formation et distribution des composés
terpéniques chez l'oranger à fruits
amers; par MM. Eug. Charabot et
G. ImIouc 798
- Errata relatifs à cette communication. 860
- Sur les principes de la gntta-percha du
Pidaquium Trciibi; par MM. E.
Juiigtleiseh el H. Lerou.v r.>. 1 8
- Sur l'action de quelques alcalo'ides à
l'égard des tubes polliniques; par
il. Henri Coupin S j i
Voir Agronomie. Chimie aoricolc.
Chirurgie. — La trépanation rolandiquc
et la ponction ventriculaire dans l'ar-
riération; par .M. O. Laurent j>6
— Hyperthermies opératoires aseptiques:
par M.M. Charrin et Jardry 806
Voir Anesthésie.
Chloroforme. — Dosage de petites quan-
tités de chloroforme ; son dosage :
r dans l'air; 2" dans le sang ou dans
un liquide aqueux; par .M. Maurice
TABLE DES MATIERES.
Pages.
?/'ii-loiix 1 63
— Sur l'aneslliésie elilororuniiiquc. Do-
sage du chloroforme avant, pen-
dant, après l'auesthésie déclarée et
quantité dans le sang au moment de
la mort; par M. Maurice JSicloux. . . 3oj
Voir Anesthésie.
Choléra. — Sur la toxine et l'antitoxine
cholériques ; par .\I.M. Brau et Denier. 728
Chrono.mrtbie. — Sur un moyen de con-
trôler un système d'horloges synchro-
nisées électriquement: par M. G.
Bi-fiiiir/an i^Gî
— Contrôle des horloges synchronisées
électriquement; par M. Jean Mas-
cart 1 263
Coelentérés. — Sur un ivpu nouveau
d'Alcyonaire de la famille des f'irgii-
laridœ: par M. C/i. Gravier 1290
— Sur la biologie des Virgulaires ; par
.\1. C/i. Gravier 1 556
(JOLLOÏDES. — Les propriétés des colloïdes
et l'interprétation dynamique de la
division cellulaire ; par M. Jngel Gal-
lardo 228
— Sur les variations do la grandeur mi-
cellaire dans le colloïde hydrochloro-
ferrique ; par ^L G. Malfita/io 1277
— Sur la pression osmotiqui; dans le col-
loïile liydrochloroferrique ; par M. G.
Malfiianit 1 1 1 8
Voii' AIoj^néto-opti<iiie. Osmose.
Comètes. — Ob.=ervations de la comète
Giacobini ( igoSe), faites à l'Observa-
toire de Toulouse, à l'équatoriul
Brunner-Henry de o^^SB par M. /•'.
Rossard 2<)
— Eléments provisoires de la comète Gia-
cobini ( 1905, déc. 6j ; par M. E.
J\Iaul>aiil 3o
— Observations de la comète Giacobini
(igojc) laites à l'équatorial Brunnor
(o'", 16) de l'Observatoire de Lyon ;
par .\L y. Guillaume 3 1
— Eléments provisoires di^ la comète
1906^; par iii. E. Maubaitt 028
— Observations de la comète Brooks
( 1906a) faites à l'Observatoire d'Al-
ger, à l'équatorial coudé de o'",3i8 ;
|)ar ALM. Ranibniid et Sf 382
— Observations de la comète Brooks
( 1906 (Y) > faites au grand équatorial
de l'Observatoire de Bordeaux ; par
.M. E. Esclaitj^on J98
C. R., 1906, I" Semestre. (T. CX-LIt.!
'597
t'ages.
- Observations de la comète 190IÎ b,
faites au grand équatorial de l'Obser-
vatoire de Bordeaux ; par M. E. Es-
clatigoit 625
— Observations de la comète Kopff
(19066; faites à l'équatorial coudé de
l'Observatoire de Lyon ; par M. J.
Guillaume 698
— Observations de la comète ( 1905 b )
faites à l'Observatoire d'Alger, à
l'équatorial coudé de o'", 3i8 ; par
M.M. .Sy et Villatle 699
— Sur les comètes et la courliure de la
trajectoire solaire ; par M. Emile Belot 72
Voir Mi'canique céleste.
Comité consultatif d'iiygiéne de France.
— \oir CoinniisKiniis.
CoMMissio.NS. — Comjnission chargée de
juger les concours du Grand Prix des
Sciences mathématiques et des prix
Francœur, Poncelet pour l'année
1906 : MM. Jordan, Poiiicaré, Emile
Picard, Paiidevé, Humhert, Maurice
Levy, Darbiyux, Boussiiiesq 264
— Commission chargée de juger les con-
cours du [)rix Montyon 1 Mécanique ),
et du prix Boileau pour l'année 1906 :
M M . Maurice Levy . Boussinesq ,
Deprez, Léaulé , Sehert, Vieille,
Poincaré, Halon de la Goupillière,
Sclilœsi/ig 2(>4
— Commission chargée de juger les con-
cours du Prix extraordinaire (Xaviga-
tionj, et du prix Plumey pour l'année
1906 : MM. Maurice Levy. Bouquet
de la Grye, Graiididier, Boussinesq,
Deprez, Léaute', Bassot, Guyou,
Sebert, Hait, Bertin, T'icilLe 264
— Commission chargée déjuger les con-
cours des prix Pierre Guzman, La-
lande, Valz, Janssen pour l'année
1906 : MM. Janssen, f.œn't . If^'olj.
Radau, Deslandres, Bigourdcui, Lipp-
ninnu, Poincaré, Darboux 2(i5
— Commission chargée de juger les con-
cours des prix Tchihatclief, Binoux,
Delalande-Guérineau pour l'année
1906 et de présenter une question
de prix Gay pour l'année 1909 :
MM. Bouquet de la Grye, Grandidier.
Bassot, Guyou, Hatt, Bertin, de Lap-
parent, Perrier, Van Tieghein 26)
— Commission chargée de juger les con-
cours des prix Hébert, ll'i;:lies pour
208
,598
TABLE DES MATIERES.
Paeiîs,
l'année 1906 : MM. Mascart, Lipp-
monn, Becquerel, Vlolle, Jinngat,
Curie, Maurice Lsi'y, Poincaré .... 265
Commission chargée de juger les con-
cours fies prix Jeeker, Cahours, Mon-
tyon (Arls insalubres) pour l'année
1906 : MM. Trnost, Gautier, Moi.isan,
Dit te, Lemni/ie, Ho/ 1er, Th. Sclilœ-
siug, Bert/ielol, Maquenne 327
Commission cliargoe de juger les con-
cours lies prix Desmazièros. Mon-
tagne, de C.oiiicy pour l'année igo6 :
MM. A''a« Tiegliein, Boruet, Guignard,
Bonitier, Prillieu.v, Zeiller, Pcrrier,
Cltatiti, Giard 327
Commission chargée déjuger les con-
cours des prix Savigny, Thore, Da
Gama Machado pour l'année 190G :
MM. Ram'ier, Perrier. Chu tin, Giard,
Delage. Bnut'icr, Laniieloiigue, Lave-
rau, Graiididier 327
Commission chargée de juger les con-
cours des prix Monlyon (Médecine el
Chirurgie), Barbier, BréanI, Godard,
du Baron Larrey, Bellion, Mègc pour
l'année 1906 : MM. Bouchard, Gujon,
d' Jrsonval, Lan/ielonguc, Laveran,
Dnstre, Roux, Brouardel, Chaaveau,
Labbé, Perrier 327
Commission cliargce de juger les con-
cours des prix Montyon (Physiologie
expérimentale), Philipeaux, Lalle-
mand, l'ourat, Martin Damourette,
pour l'année 1906 et de présenter une
question de prix Ponrat pour l'année
1909 : MM. Chaiiveau, Bouchard,
Du.ffre, Rou.r, Laveran, Giard 328
Commission chargée de juger ie con-
cours du prix Montyon (Statistique)
pour l'aimée 1906 : MM. Alfred
Picnrd , Brouardel, de Freyeiiiet ,
Huton de la Goupillière, Rouché,
Laussedat, Carriot 38o
Commission chargée de juger les
concours des médailles Arago, Lavoi-
sier, Bertlielot pour l'année 1906 :
MM. Poincaré, Chauveau, Darbou.v,
Bcrthelot 38o
Commission chargée do juger les con-
cours des prix Trémont, Gegnor, Liin-
nolongue, Jérôme Ponti pour l'année
190O : MM. Poincaré, Chauveau,
Darbou.T, Berllwlot, Maurice Levy,
Bornet 38o
38o
38o
Pages.
— Commission chargée de juger le con-
cours du prix Wilde pour l'année
1906 : M. M. Berthelot, Lœtvy, Mau-
rice Levy, Darboux, de Lnpparent ,
Mascart, Tronst 38o
— Commission chargée do juger le con-
cours du prix Saintour pour l'auuéc
1906 : MM. Darboux, Poincaré', Ber-
thelot. Zeiller, de Lapparent , Mois-
son, Giard
— Commission chargée de juger le con-
cours du prix lloullevigue pour l'an-
née 190(1 : MM. Darbou.T. l'oiiicarc,
Berthelot, Mascart, Emile Picard,
Maurice Levy, Giard
— Commission chargée de juger le con-
cours du prix Cuvicr pour l'année
1906 : .MM. Gaudry, Perrier, Bouvier,
Giard, Delage, Choliii, Borrois 38o
— Commission chargée de juger le con-
cours du prix Parkin pour l'année
1906 : MM. Bouchard, Brouardel,
Mascart, MiehelLcvy, Dastre, Chau-
veau, Moisson 38o
— Commission chargée de juger le con-
cours du prix Jean Reynaud poui-
l'année 1906 : MM. Gaudry, Poincaré,
Darboux, Laniielonguc , Bouquet de
la Grye, Berthelot, Chauveau
— (commission chargée de juger le con-
cours du prix du baron de Jnëstpour
l'année 1906 : MM. Berthelot, Dar-
boux, Bouquet de la Grye, Maurice
Levy, Poincaré, de Lapparent, Per-
rier
— Commission chargée de présenter mie
question de prix Bordin (Sciences
mathématiques) pour l'année 1909:
MM. Poincaré, Jordan, E. Picard,
Appel, Darbou.r, Painlevé, Humbert.
— MM. Plinile Picard et Moisson sont
nommés membres d'une Commission
chargée de la vérification des comptes
|)our l'année igoâ
— Commission chargée de former une
lisle de trois Membres pour une place
à attribuer à l'Académie dans le Co-
mité consullalif d'hygiôue publique
de France : ;\IM. les .Membres de la
.Section de Médecine et de Chirurgie :
MM. Brouardel, Labbé, Roux
CoNniicriiui.rrK klectrique. — Sur la
conductibilité du sulfate d'ammo-
niaque dans les mélanges d'acide
W-
443
2(i5
TABLE DES
Pages,
sulfuriquc el d'eau ; par M. Boizard. 1082
— Résistance des électrolyles pour les
courants de haute fréquence; par MM.
André Brnca et S. Turcliini 1 187
Voir Electricité.
Congrès. — M. le Président du troisième
Congrès de l'Association des Méde-
cins de langue française de l\l/né-
rique du Nord invile l'Académie à
se faire représenter ù ce Congrès, en
juin lyoG 62 j
— Communication de JI. /. Hicliard. rela-
tive au Coni^rès international d'Océa-
noi;rapliie et de Météorologie marine. 1 \'\i
— M. le Président de l'Jssociation inter-
nationale pour l'élude des régions
polaires invite l'Académie à participer
aux travaux du (^ongrès international
qui se tiendra à Bruxelles en sep-
tembre 190G i49'-»
CoNSERVATOinE DES AflTS ET MÉTIERS. —
M. le Ministre du Commerce, de l In-
dustrie et du Travail m\ile l'Académie
à lui présenter une liste do deux ou
trois candidats pour la cliaire de Géo-
métrie descriptive, vacante au Conser-
vatoire des Arts et Métiers, par suite
de la démission de M. Rouché 102S
— Liste de trois candidats présentée à
^L le Ministre du Commerce, de l'In-
dustrie el du Travail pour la chaire
de Géométrie vacante au Conser-
vatoire des Arts el Métiers : i' M.
Maurice d'Ocagne ; 1" I\L Carlo
Bourlet ^ 3° M. Lucien Lévy 1 397
Courant alternatif. — Application du
principe de la superposition a la trans-
mission des courants alternatifs sur
une longue ligne. Représentation
graphique; par M. J. Blondel io36
— Etude simplifiée des effets de capacité
des lignes à courants alternatifs ; par
M. A. Blondel i5o3
— Emploi de l'électro-diapason comme
générateur de courants alternatifs ;
par M. Devaux-C harhonnel 953
— Galvanomètre à cadre mobile pour
courants alternatifs ; par M. Henry
Abraham 993
MATIÈRES. 1699
Pages,
CRISTALLOGRAPHIE.
— Sur les cristaux mixtes d'azotates alca-
lins ; par ^L Fred Wallerant 168
— Sur une modification cristalline stable
dans deux intervalles de température;
par .M. Fred ff^allerant ix-j
— De l'influence des matières colorantes
d'une eau mère sur la forme des cris-
taux qui s'en déposent (acide phta-
lique ) ; par M. P. Gaubert ng
— • Sur l'état des matières colorantes dans
les cristaux colorés artificiellement ;
par M. P. Gaubert gîG
Voir Fer.
Crustacés. — Sur les Copépodes recueillis
par la mission Charcot et commu-
niqués par M. E.-L. Bouvier; par
M. Qiddor 54
— Errata relatifs à cette Communication. 188
— Sur un nouveau Copépode parasite
d'./mphiura squammata ; par M. E.
Hérouard 1 287
— Sur les Gennades ou Pénéides bathypé-
lagiques ; par M. E.-L. Bouvier 686
— Suite aux observations sur les Gen-
nades ou Pénéides bathypélagiques;
par M. E.-L. Bouvier 746
— Sur quelques larves de Macroures
eucyphotes provenant des collections
de S. A. S. le Prince de Monaco ; par
M. H. Coutière 847
— Sur les Isopodes de l'expédition fran-
çaise antarctique ; par M"' Hurriet
Ricliardson 849
— Sur une forme nouvelle de Cirrhipède
operculé [Pjrgopsis Annandalei, n.g.,
n.sp.); par M. ^. Gruvel i558
Voir Parasites, Zoologie.
Crvoscopie. — Sur les mélanges d'anti-
moine et de sélénium. Constante cryo-
scopique de l'antimoine ; par M. H.
Pe'lalion 207
Voir Hydrologie .
Cycles mixtes. — Méthoxytricliloropen-
tanol 1.5.4- et oc-trichloromélhyltétra-
hydrofurfurane ; par M. J.-L. Ha-
monet 210
— Recherches sur les pyrazolones. Nou-
velles méthodes de synthèse des
pyrazolones ; par MM. Ch. Moiircu cl
1. Lazennec 1 534
1 6oo
TABLE DES MATIERES.
Pages.
— Recherches sur les relations entre
groupements fonctionnels en positions
éloignées. Imines cyclii|ues ; par MM.
E.-E. Biaise et Houillon 1 54 1
— Basicité de l'oxygène du xanthyle. Sels
doubles halogènes xanthylmétalli-
ques; par MM. R. Fosne et L. Lesugc i "14;
Voii' Chimie orgnuiqiie.
Cku.ohexane et dérivés. — Sur la cyclo-
hexylacétone ; par M. P. Freundler.. 343
— Synthèses d'alcools tertiaires issus du
Pa(;es,
paramétliylcyclohexane ; par M.\l. ,/.
Maillie et Paul Sabaticv 138
- Synthèses de trois diméthyleyclo-
hexanols secondaires ; par MM. A.
Maillie et Paul Sahalier ')53
- Sur l'ï-chlorocyclohexane et ses dé-
rivés ; par MM. JSoinnuilt et /■'. Clie-
reau 1 oSfi
Voir Jldélivdes. Chimie organique.
Éthers.
D
DÉCÈS DE Membres et de Correspondants.
— M. le Président annonce la mort :
de M. Pierre Curie, Membre de la
Section de Physique gSg
— De M. Hapliaël Bisc/ioffsheim. Acadé-
micien libre 1119
— De M. le professeur f.anglej. Corres-
pondant de l'Académie pour la Section
d'Astronomie 925
— M. le Secrétaire perpétuel annonce
la mort: de M. Artjiur- François-Al-
phonse Bienajmé, Correspondant de
l'Académie pour la Section de Géogra-
phie et Navigation 497
— De M. G. Rayet. Correspondant de
l'Académie pour la Section d'Astro-
nomie 1 400
DÉCHARGES. — Contribution à l'étude de la
décharge inlermittente ; par M. G.
Millochau 7S i
— Sur une expérience de Hittorf et sur
la généraiité de la loi de Paschen; par
M.'i?. Bouiy 1 arv)
Voir Etincelle.
DiASTASES. — Iniluence de la réaction du
milieu sur l'activité des diasiases;
par M. A. Fernbach 285
— Sur le pouvoir antiprésuranl du sérum
sanguin d-es animaux inférieurs (Pois-
sons et Invertébrés): par M. /. Sel-
lier (09
— Sérum antioxydasique polyvalenl ; par
M. C. Gessard Il j 1
— Nouvelles recherches sur la sacchari-
fication diasiasique; |)ar MM. Ma-
quenne et Eugène Rou.r loSg
Voir Ferments.
Diffusion. — La diffusion des solutions ei
les poids moléculaires ; par M. yfichcl
Yégounoiv 954
Distillation. — Les basses températures
et l'analyse cliimique; parM.M. d'Ar-
soni'ol et Bordas io58
— Addition à la Note sur les basses tem-
pératures et l'analyse chimique; par
.MM. d Arsonwd et Bordas 1 179
Dynamique des fluides. — Sur l'impossi-
bilité des ondes de choc négatives
dans les gaz; par M. Gyôzo Zemplén \\2
— Sur les quasi-ondes de choc et la dis-
tribution des températures en ces
quasi-ondes; par M. P. Duheni 314
— Quelques lenimes relatifs aux quasi-
ondes de choc; par M. 1'. Duhem. . . . 377
— Sur une inégalité importante dans
l'étude des ipiasi-ondes de choc; par
M. P. Didiem, 49'
— Sur les quasi-ondes de clioc au sein
des fluides mauvais conducteurs de
de la chaleur; par M. /'. Duhem. ... 612
— Sur les quasi-ondes de choc au sein
d'un fluide bon conducteur de la clia-
leur; par M. P. Duhem 750
— Extinction de l'onde solitaire propagée
le long d'un tube élastique horizontal :
par M. ./. Boulanger 388
Sur l'accélération des ondes de chor
planes ; par M . Jougnet 83 1
- Sur l'accéiération des ondes de choc
sphériques; par M. .fouguet io34
TABLE DES MATIERES.
itiol
Pages.
ÉciiiNODERMES. — Siu' les Écliinodeimes
recueillis par l'expédition anlarctique
française du D' Cliarcol; par M. H.
Kœ/iler 1(3
— Stellosplicera mirabilis, nouvelle lar\'e
d'Astérie appartenant très vraisembla-
blement à une forme abyssale; par
MM. H. Kœliler et C. Vcincy 5-20
Voir Crustacés.
Éci.iPSKS. — Recherches sur le champ
électrique terrestre, exécutées à l'oc-
casion de l'éclipsé totale du 3o août
1905; par M. Charles Nordmaiin . . . \(>
— (.)bser\ations magnétiques faites à Sfax
I Tunisie) à l'occasion de l'éclipsé to-
tale de Soleil du ag-So août igoS ; par
AI. Deluilu 1 8(i
— Éclipse totale de Soleil du 3o août 190-3.
Protubérances solaires à deux cou-
leurs ; par M. /. Esquirol 707
— Observation de l'éclipsé de Lune du
9 février 1906 faite à l'Observatoire
de Paris (équalorial de la tour de
l'Est); par M. P. Salet. , 38 1
— Sur la polarisation du ciel pendant les
éclipses de Soleil; par .M. _A. Pilt-
scliikoff ■ 1449
Ébentés. — Les coupures génériques de
la famille des Brailjpodidœ (le genre
Heinibradrpus nov. g.) ; par M. R.
Anthony ■ic)>.
Élasticité. — Solution générale du pro-
blème d'équdibre dans la théorie de
l'élasticité, dans le cas où les dépla-
cements des points delà surface sont
donnés ; par M. ./. Korn 33.i
— Sur les \ ibrations d'un corps élastique
dont la surface est en repos; par
M. yl. Korn "loS
— Propagation du mouvement antourd'un
centre dans un milieu élastique, ho-
mogène et isotrope : étude de l'onde
corrélative aux variations de densité;
par M. /. Boussinesq jSo
— Propagation du mouvement autour d'un
centre, dans un milieu élastique, ho-
mogène et isotrope : étude de l'onde
produite sans changements de den-
sité; par M. /. Boussinesq 54>-
— Propagation du mouvement autour d'un
Pages.
centre, dans un milieu élastique, ho-
mogène et isotrope : caractères de
l'onde totale; par M. /. Boussinesq. . 609
■Voir Mctaii.v.
Élections de Membres et de Correspon-
D.WTS. — M. D. Cernez, est élu Mem-
bre de la Section de Physique, en
remplacement de .M. Pierre Curie. . . i49'>.
— Sir William Crookes est élu Corres-
pondant de l'Académie pour la Section
de Physique, on remplacement de
M. Ernest Bichal ....'. 38o
— M. Albert Heiin est élu Correspondant
■ de r.\cadémie pour la Section de Mi-
néralogie, en remplacement de M. de
Richlhùjen 497
— M. Charles Trépied est élu Correspon-
dant de l'Académie pour la Section
d'Astronomie, en remplacement de
M . y. Perrotin 11 82
— M. Edniund Weiss est élu Correspon-
dant de r.\cadémie pour la Section
d'Astronomie, en remplacement de
M. O. Slruve [397
ÉLECTRICITÉ.
- Sur une méthode permettant de déter-
miner la constante d'un électrodyna-
momètre absolu à laide d'un [ihéno-
mène d'induction; par M. G. Lipp-
mann 69
- Sur la répartition des courants élec-
triques dans un réseau : par M. /. Ré-
villiod 1 j I
- .Mesure de temps très courts par la dé-
charge d'un condenjalcur ; par M. Z)e-
vau.r-Charbonnel 1080
- Pouvoir inducteur spécifique et con-
ductibilité. Viscosité électrique: par
M . .Indre Brocn 1 328
Voir Conductibilité . Courant alternatif,
Décliarge, Etincelle, Ions. Rayons
cathodiques. Rayons X.
Électricité .\tmosphérique.
Eclipses.
Voir
i6o2
TABLE DES
I*ages.
■ Proparalion électrolyliquc
spongieux; par M. Tom-
Élecïhoi.vtiîs. — Voir Colloïdes. Cou
diiclihilui'.
Électroi.vsiî.
de rt'tain
masi
Voir CondiictiiiUité électrique.
Embryogkniiî. — Action de l'extrait Je
glande interstitielle du testicule sur
le développement du squelette et des
organes génitaux; par MM. P. Bmdn
et P. Ancel
— Sur l'effet des injections d'extrait do
glande inlerslitielle du testicule sur
la croissance; par MM. /'. Jncel eX
P. JloilL/l
— Iniprégnalion et l'cÈondation ; par M. Ji.
BaLaillon
Énergétique biologujie. — Sur les lois
de l'élasticité musculaire et leur appli-
cation à l'Énergétique; par M. Charles
Henry
— Rapports simples des actioiu siatitjues
du muscle avec l'énergie qui les pro-
duit; par .M. A. C/iniiw-ûu
— Rapports simples des actions dynami-
ques du mnscio avec l'énergie qui les
produit; par M. A. CItaiwcau
Voir Travail dn muscle.
Enseignement. — Conditions physiologi-
ques de l'enseignement oral; par
M. Pierre Bonnier
Ensembles. — Sur les ensembles discon-
tinus; pai' -M. /.. y.orctii
ÉQU.VnONS CARACTÉRISTIOIES. — SUT la
pression interne des fluides et l'équa-
tion de Clausius; par "W.É.-H. Imn-
§«'
ÉqVATIONS DIFl'ÉRENTIELLKS. — Sur leS
intégrales infiniment voisines des
équations- aux dérivées partielles;
par M. Ji. Goursat
— Sur la théorie des caractéristiques;
par M. /i. Coursât
— Sur les équations différentielles du se-
cond ordre dont l'intégrale générale
est uniforme ; par M. Cartihier
— Sur les équations différentielles dont
l'intégrale générale est uniforme; par
M. (jctinbier
— Sur les équation? différentielles du se-
cond ordre et du premier degré dont
l'intégrale générale est uniforme; par
M. Caiiibicr
— Sur quelques problénios de Physi(in(ï
SG
•j3-2
■i()S
729
977
7G3
371
107
760
■266
l.joj
' i97
MATIERES.
Pages.
mathématique se rattachant à l'équa-
tion de M. Fredholm; par M. Emile
Picard ïîG i
— Sur le problème généralisé de Diricli-
let et de M. Fredholm ; parM.^'/«;fc
Picard 1 1I "'Q
— Sur les transformations de systèmes
d'équations aux dérivées partielles dn
second ordre; par M. /. Clairin. . . . HG7
— Sur les singularités des solutions des
équations aux dérivées partielles du
type elliptique; par M. Set-j^c Bern-
slein 364
— Sur ré(iuaiion de Laplace à deux va-
riables; par M. Georges Lerr 95 1
— Sur l'équation de Laplace à deux va-
riables; par M. Georges Lery l'ioG
— Sur le problème du cylindre elliptique ;
par M. Mathias Lerch 1 3>.5
— Intégrales d'une équation différentielle
dans le voisinage d'un point dicri-
tique ; par M. H. Dulac ')o4
(CyuiLiBREs CHIMIQUES. — Sur uu nou-
veau type de réactions d'équilibre;
par M. L.-J . Simon 790
— Élude des équilibres hétérogènes
sous des pressions variables; par
M. E. Briller I2i4
— Équilibres hétérogènes : Formation du
chlorure de phosphonium, du carbo-
nate et du sulfhydrale d'ammonium:
par M. Briller 1 +1 5
Errata. — 68, 188, 420, 472, 672. 74<î>>
860, 924, 1238, i3o2, ii66, 1388.
États correspo.ndants. — Voir Chaleurs
spécifiques.
Éthers. — Réaction caractéristi(iue du
givoxylate d'éthyle. Action de l'am-
moniaque sur cet éther etses dérivés;
[lar MM. G. C/iamiitic et L.-.J.
Simon <,)3o
— Condensation de l'éther fi|i-diuiétliyl-
glycidique avec l'éther m.alomque
sodé. Synthèse des acides téri'biqne
et pyrolérébique; par .MM. A. Huiler
et G. Blanc 1471
Voir .Jlcools. Aldéhydes. Cliiiine orga-
nique.
Étincelle. — Sur une méthode simple
pour l'étude des mouvements des va-
peurs métalliques dans l'étincelle oscil-
lante ; par M. G. -A. Hem.ialcch l 'il l
Étoiles. — Découverte de mouvcmenls
propres d'étoiles, à l'aide de la mé-
TABLE DES MATIERES.
[t o3
Pages.
thode stéréoscopiqne do M. le D'' Max
\\'oll'; par M. Aœa;r 1007
Exploration. — Sur une expédition en
ballon dirigeable, projetée pour l'ex-
ploration du Pôle Nord; par M. ./.
Jan.s.feii ' ■ 77
— M. le Président de i .■Jssociation iiiter-
Pages.
nationale pour l'étude fies régions
polaires adresse divers documents
imprimés relalifs au Congres inlerna-
lional de Bruxelles el invile les
Membres de l'Académie à participer
aux travaux de ce Congrès 1 '192
Voir Métropltotograplne.
Farines. — Sur le blanchiment des farines
de blé ; par M. E. Fleurent 180
— Sur un nouveau procédé d'analyse
microscopique des farines et la
recherche du riz dans les farines de
blé ; par M. G. Gastine 1207
Fer. — Sur la cristallographie du fer; par
MM. F. Osmond et G. Cartaud iJSo
Voir Chimie inorganique ( Mo, W),
Chimie physiologique. Colloïdes. Mi-
néralogie.
Ferments. — Sur l'allure anormale do
quelques protéolyses produites par la
papaïne; par MM. C. Delezenne,
H. Mouton el E. Pozersld 177
— Action de l'ioverline dans un milieu
hétérogène; par M. Victor Henri. ... 97
Voir Chimie plirsiologitine, Dinsinsct.
Fibrine. — Régénération de la libriue et
dosages comparatifs de cotte sub-
stance dans différents territoires
vasculuiros, chez le chien, après la
défibrinalion;parMM. Doyon, A. Mo-
rel et N. Kareff. 1 1 0 1
Voir Foie.
Flore tropicale. — Le Khaya de Mada-
gascar; par MM. //. Jumelle et
H. Perrier de la Bathie 89g
Foie. — Démonstration de la fonction fibri-
nogéniquo du foie; par MM. Doion,
Claude Gautier el Albert Morel. . . . 854
Voir Fibrine.
Fonctions. — Sur les affixes des racines
d'un polynôme de degré « et du
polynôme dérivé; par M. J. Juhel-
RénoY 700
— Théorème sur les fonctions cnlières:
par M. Auric 34
— Sur les fonctions enlières, par M. Ed.
Maillet 384
— Sur l'indétermination d'une fouction au
voisinage d'une singularité transcen-
dante ; par M. Pierre Boutrou.x 499
— Sur les fonctions liyperlranscendanles;
par M. Ed. Maillet S29
— Sur les propriétés qui, pour les fonc-
tions d'une variable hypercom|dexe,
corres[)ondent à la monogénéité; par
M. Léon Autonne i i83
— Sur une classe particulière de fonc-
tions 6 ; par M. Henry Bourget . ... 1 18>
— Sur les fonctions qui dépendent d'autres
fonctions; par M. t'ilo Vollcrra. . . . 691
Formes. — Sur l'application de l'analyse
de Dirichlot aux formes quadratiques
à coefficients et à indéterminées
conjuguées; par M. P. Fatou 5o î
Fougères. — Contribution à l'analomie
systématique de quelques genres de
Fougères; parM. Ferdinand Pelourde. 642
Frottement. — Sur un effet singulier de
frollcment; par M. E. Gurou loj J
Gaz rares. — Voir Hydrologie.
Géodésie. — Détermination siuiullanée
de deux points, au moyen des cons-
iruclinns graphiques à grande échelle;
par M . Hatt 421
— Sur quelques résultats de la Iriangu-
gulation du massif Polvoux-Ecrins;
iiar M. Paul Helbronner 337
— Travaux géodésiques et magnétiques
aux environs do Tananarive; par
M. Ed.-El. Colin iiSg
— Cercle azimulal à microscopes du ser-
vice technique du cadastre; par
M. Ch. Lallemanil 1239
Voir Longitude. Physique du Globe.
1 6 o/|
TABLE DES MATIERES.
GEOLOGIE.
Pages
Sur l'extension de l'invasion marine (In
Sparnacien supérieur aux environs de
Paris; par M. Paul Combes fds 1574
Sur les argiles yprésiennes de l'Aisne
et les conditions climatériques à
l'époque lutélienne; par \\. Paul
Fritel I J79
Sur les schistes graphitiques du Morbi-
han ; par M. Pussenot 1 3i8
Sur la présence de l'or et de l'argent
dans le Trias de Meurthe-et-Moselle;
|)ar M. Francis Laur 1 109
Une ancienne chaîne volcanique au
nord-ouest de la chaîne des Puys ;
par M. PIt. (ilangcaud gK/j
Heconstilution d'un ancien lac oligo-
cène sur le versant Nord du massif
du Mont-Dore (lac d'Olby); par
M. Pli. Glanoeaud •;>.3()
Une chaîne volcanique miocène, sur le
bord occidental de la Liniagne; par
^L /'/(. Glnngeaud 600
Les volcans du Livradois et de la
Comté (Puy-de-Dôme); par M./'/;.
Glaiigeaud fili!
Sur la feuille de Gap an gôTôii-; par
M. Michel Lévy G90
Sur l'existence des brèches calcaires
et polygéniques dans les montagnes
situées au sud-est du mont Blanc;
par MM. Kilian et P. Lory. . : 3 )9
Sur la tectonique du massif de la
Dent-Blanche; par M. Emile Aigaiitl. Vj;
Sur la tectonique de la zone d'Ivrée et
de la zone du Strona; par M. Emile
Arganit C6()
Contribution à l'histoire du géosyncli-
nal piémontais ; par M. Emile -Irgaiid. 801)
Sur le bassin oligocène de l'Ebre et
l'histoire tertiaire de l'Espagne; par
MM. Ch. Depércl et L. T'idal jiv
Sur les relations tectoniques et strali-
graphiques de la Sicile et de la Tuni-
sie; par M. Emile Haug 110")
Sur l'existence du Crétacé dans les
schistes d'Oran ; par iMM. Ficlieur et
Douiiiergue 1 j 7( 5
Dscouvorle do deux horizons crétacés
reniar{|u;ililcs au Maroc; par MM. /..
Geutil et ff . Kilian (io';
Nouvelles observations sur la géologie
du Sahara ; par W. René Chmlcnu. . . ^.\ 1
- lyiférouane à Zinder; par M. 7Ï. C/ni-
deau
- Sur une molasse à Turrilelles et une
couche lignitifère à Congéries, de la
presqu'île d'Az\iero (Panama); par
M. E. Joukriivski
Voir Géograp/iie p/ijsitjue, Glaciers.
Houille, Hydrologie, Nappes de char-
riage, Paléontologie, Tourbe, Vol-
cans.
Pages.
i3o
961
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Coutiihution il
la géographie physique de l'Atlas
marocain ; par W. Louis Gentil 811
— I^es terrasses de la vallée du Bliône en
aval de Lyon; par M. de Lamothc . . . i ii)3
Gkométhie. — Sur une famille do réseaux
conjugués à une même congrneiice;
par M . E . Merlin 1 39
— Courbes algébriques à torsion cons-
tante ; par AL Eugène Fabrr 9 i 5
— Un théorème sur les courbes algé-
briques planes d'ordre n ; par
M. G.-B. Guccia 1 >. 'iO
— Un théorème sur les surfaces algébri-
ques d'ordre n\ par I\L G.-ft. Guccia. 1 '19;
— Sur la déformation des quadriques;
par M. C. Guichard -.'.i
— Sur certains systèmes de cercles et de
sphères qui se présentent dans la dé-
formation des quadriques; par .M. C.
Guichard '!> 1
— Sur les variétés doublement infinies
do points d'une quadrique de l'espace
à quatre dimensions ap[)licables sur
un plan; par .M. C. Guichard 983
— Sur la déformation des quadriques; par
M. Luigi Blanchi ")IJ''.
— Sur la formation de certaines surfaces
tétraédrales; par M. G. Tzitzéica : . . i4'>o
— Sur la déformation de certaines sur-
faces tétraédrales; par AL G. Tzit-
zéica I 19 '
Glace. — Sur la chaleur de fusion de la
glace ; par M. ./. Leduc 'fi
— Sur la densité de la glace; par M. .4.
Leduc I 19
Glaciers. — Sur les glaciers pléistocènes
dans les vallées d'Andorre; par AL
Marcel Chevalier <'iG-.>.
— ^/-mto relatifs à cetteComniunicalioii. -\o
— Sur les glaciers pléistocènes dans les
vallées d'Andorre et dans les hautes
TABLE DES MATIERES.
l6o5
Pages.
vallées espagnoles enviVonnantes ; par
M. Marcel C/iemlier gio
— Sur les conlradiclions de l'érosioii gla-
ciaire; par M. Jean Brunlies 1234
— Sur une application nouvelle du sur-
creusement glaciaire ; par M. Jean
Briinlie.i i 299
Grainks. — Action de l'acide carbonique
sur la vie latente de quelques graines
desséchées: par M. Paul Becquerel.. 8,'|3
— Sur la longévité des graines; par M.
Pages.
Paul Becquerel 1 5.(9
— Note préliminaire sur les globoïdes et
certaines granulations des graines,
ressemblant par quelques-unes de
leurs propriétés aux corpuscules
méta-chromaliques, ]iar MM. ./.
Beauveric et .-1. Guillterniond 897
Groupes. — Sur les groupes réductibles
de transformations linéaires et homo-
gènes; par M. Henry 'l'alier 948
H
HÉMOGLORixE. — Sur l'hématogèno et sur
la formation de l'hémoglobine: par
MM. L. Ilu<iounen(j et Albert Morel . Koj
HoRDÉNi.sK. — Sur l'hordénine; alcaloïde
nouveau retiré des germes, dits tnu-
raillons. de l'orge: par M. E. Léger. 108
— L'hordénine, son degré de toxicité.
symptômes de l'intoxication ; par M.
L. Camus 110
— Action du sulfate d'hordénine sur la
circulation ; par M. L. Camus 287
— Action du sulfate d'hordénine sur les
ferments solubles et sur les micro-
bes ; par M. /.. Camus 35o
Hoi'iLLH. -- Sur l'allure du bassin liouil-
1er de Saarbruek: et do son prolonge-
ment en Lorraine française; par MM.
Jules Bergeron et Paul Wciss 1898
Voir Paléontologie végétale.
Hydrologie. — Pro|)or;ionnalité directe
entre le point cryoscopiiiue d'une
eau minérale dans la classe des bicar-
bonatées et la composition de cette
eau exprimée on sels anhxdres et en
monocarbonates; par M. Lucien
Grau.r 1 6G
— />/■«/« relatifs à cette Communication. 4y>
— Sur l'existence des bicarbonates dans
les eaux minérales, et sur les préten-
dues anomalies de leur pression os-
molique. jiar MM. Lucien Graiu: et
L.-C. Maillard 4o4
— De la minéralisation des eaux souter-
raines et des causes de sa variation ;
par M. F. Diencrt 1 1 1 3
— Sur le degré de minéralisation des eaux
souterraines: par M. F. Dicnert . . . . i236
— Sur les gaz des sources thermales. Dé-
termination des gaz rares; présence
générale de l'argon et de l'hélium;
par M. Cliarles Moureii n55
— Sur le grand canon du Verdon (Basses-
Alpes), son âge et sa formation ; par
M. F.-.-i. Martel 6o5
— Sjr la rapidité de l'érosion torren-
tielle; par M. £.-.4. Martel i446
— Sur les grandes crues de saison froide
dans les bassins de la Seine et de la
Loire; par M. Eitmond Maillet 1 1 1 1
Hïi'ERELLiPTiQUE. — Sur un hessien hy-
perelliptique: par M. Louis Rem) . . . 386
— Sur les surfaces hyperellipliques défi-
nies par les fonctions intermédiaires
singulières; par M. /^ouis Remy 768
I
Insectes. — La nidification des abeilles à
l'air libre; par M. E.-L. Bom'ier... ioi5
— Remplacement des muscles vibrateurs
du vol par des colonnes d'adipocyles,
chez les Fourmis, après le vol nup-
tial ; par M. Charles Janet 1095
— Structure des cfecLims ou appendicws
filiformes de l'intestin moyen des
C. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLII.)
Phyllies (P/ijilium erurifolium Audi-
net Serville); par M. L. Bordas.... 649
Voir Parasites, Zoologie.
Interférences. — Sur les interférences
produites par un réseau limitant une
l^me mince; par M. Georges Meslin. 1089
I0D0MERCUUATES. — Sur les iodomcrcu-
rates de calcium; par M. A. Daboin.. 395
209
i6o(i
TABLE DES MATIERES.
Pa
— Sur les ioilomercurales do ciilciiiin et
(le slruiitiiini ; par M. J. Diilioin. . . .
— Sur les iodoinercurales do luuMiin;
par M. .4. Dahoin
— Sur les iodnmercurates de ma,i.'nésiMni
et de manganèse; par M. ^. Dnhoin .
ItoNS DANS LES GAZ. — Sur la reconibi-
naisori des ions des vapeurs salines:
par i\I. G. Moreaii
— Sur les forces électromolriees de con-
tact entre métaux et liquides et sur
ges.
\~ i
8S7
I j 'ils
392
un perfectionnement de l'ionographe;
par M. C/nirlcs JSordmann
— Errata relatifs à celte Comniunication .
Lait. — I)osaa;e de la matière albuminoïde
du lait; par JI.M. Sauton et Trillat. . .
— De la rapidité d'absorption des odeurs
par le lait; par MM. F. Bordas et
Tnupliiiii . . ._
— Contribution à l'étude des matières al-
bumino'ides solubles du laii; par MM.
L. ytniniann et IJmlct
Piiges,
6-26
1204
Levures. — Sur les kystes de Glrrospo-
riiim et sur leur rôle dans l'origine
des levures: par MM. P. Pncotict et
P. riala 5 18
Longitude. — Application du léléphone
et de l'astrolabe Claude-Driencourt à
la détermination de la loni:itude de
Brest : par M. E. Giijoii 1178
Lune. — Voir Eclipses.
M
Magnétisme. — Nouvelle résolution du
problème de l'induction mai<néti(|ue
pour une sphère isotrope: par M.
Tommaso Boggio 701
— Errata relatifs à cette Communication. 92/i
— Sur les propriétés magnétiques des
combinaisons du bore et du manga-
nèse; par M. Binet du Jassonnci.v . . l'iifi
— Sur la valeur des éléments magnétiques
à l'Observatoire du Val-Joyeux au
!'■' janvier 1906; par M. Tli. Mou-
reaiw 1 1)
— Résultats des observations magnétiques
faites à l'Observatoire d'Athènes pen-
dant les années 1 900-1903; par M. D.
Egiiiitis 3() I
— Observations magnétiques à Tanana-
rive ; par M. Ed. -El. Colin 1 17g
Voir aussi Géodésie.
— Sur les trajectoires des corpuscules
électriipies dans l'espace sous l'in-
lluencedu magnétisme terrestre, avec
application aux aurores boréales et
aux perturbations magnétiques; par
M. Cari .Stijrmer 1 jSo
Voir Aurore boréale. Eclipses.
Magnéto-oPtiqi E. — Nouvelles proprié-
tés magnéto-optiques des solutions
colloïdales d'Iiydroxyde de fer; par
MM. .-/. Cotton et H. M'outon 2o3
Sur les variations des bandes d'absorp-
tion d'un cristal dans un champ ma-
gnétique; par M. Jean Becquerel.. . . 775
Sur les variations des bandes d'absor[i-
tion d'un cristal dans un champ ma-
gnétique; par M. Jean Becquerel. . . . S74
Sur la corrélation entre les variations
des bandes d'absorption des cristaux
dans un champ magnétique et la pola-
risation rotatoire magnétique; par
M. Jcaii Becquerel 1 144
IVLVTHÉMATIQUES.
Voir Analfse mathématique. Arithmé-
tique. Calcul des variations, En-
sembles . Equations différentielles .
Fonctions, Formes, Géométrie .
Groupes, Hyperelliptique, Nomogra-
pliic, .Séries, Théorie des nombres.
MECANIQUE.
Voir .-Jéroplanes, Chemins dt; jcr. Frot-
tement, Méca/iique rationnelle, Véhi-
cules , T^rn tilalcn rs ,
1
1
I
I
i
TABLE DES
Pages.
MÉCANIQUE RATIONNELLE. — Ceiilies de
gravité de systèmes discontinus: par
.M. Haton de la Gnitpillière loSg
— Lieux géométriques de centres Aa gra-
vité; par M. Haton de la GoupiUiére. ii3o
— Centres de gravité de systèmes spi-
raloïdes; par M. Haton delà Goupit-
lière 1 1 72
— La réduction analytique d'un système
quelconque de forces en E„ ; par
M. P.-H. Sc/ioute S1O,
— Sur un théorème relatif aux dérivées
secondes du potentiel d'un volume at-
tirant; par M. .•/. Knr/i igij
— Sur le mouvement non slatiunnaire
d'un ellipso'ïde fluide de révolution
qui ne change pas sa figure pendaut
le mouvement; par M. fr.Steldoff'.. . 77
— Sur un cas particulier du problème
des II corps; par M. Tlindée Baiia-
cliiei\'icz 5 10
Errata relatifs à cette Communication . . (i-^
MATIERES.
160':
Voir Cliirur!.
lose.
MÉDECJNE.
!*. PatlioloLiie, Tiiherrit-
MÉ.MOlRES PRÉSENTAS. — W. Emcut Solvay
soumet au jugement de l'Académie un
.Mémoire « Sur l'organisation et la
possibilité de la self-organisation de
la réaction chimique > 6-25
Métaux. — Influence des vitesses sur la
loi de la déformation des métaux; par
MM. R. Lioiwillc et P. l'ieille 1067
MÉT.4UX RARES. — Un nou\ cau type de
composé dans le groupe des métaux
rares; par MM. E. Cazes et C. Mati-
gnon S3
— Les sulfates des mclaux rares; p;ir M.
Camille Matignnn a-G
— Kemarques snr les coinbinaisons des
métaux rares du groupe cérium et
sur leurs sulfates en particulier; par -
M. Camille Matignon 3g,'|
— Sur la phosphorescence calhodique de
l'europium; par M. G. Urbain -joj
— Sur l'isolement et sur divers caractères
atomiques du dysprosium; par M. G.
Urbain -35
— Poids atomi(iue et spectre d'étincelle
du terbium; par M. G. Urbain gS;
— Phosphorescence cathodique de l'euro-
pium dilué dans la chaux. Étude du
système phosphorescent ternaire :
chaux-gadoline-puropino: par M. G.
Urbain
Voir Oxydation.
Météorologie. — Sur une trombe de très
petites dimensions ; par M, 1A Lidzet.
— Sur les vents locaux du voisinage des
lies Canaries; par M. //. HergewU. . .
Voir -alizés. Océn/iograp/ni;, Folrmis
MÉTROPiioTotiRAPHiE. — Sur le relevé des
monuments d'archilei-ture , d'après
leurs photographies, pratiqué sur-
tout en Allemagne; par M. Jmiu-
sedal
— Sur plusieurs tentatives [loursuivies
dans la marine allemande pour utili-
ser la photographie dans les voyages
d'exploration; par M. J. Lmisxedat.
Microscope. — Évaluation de la puissance
des objectifs microscopiques ; par
M. /-. Mrilassez
— Évaluation des distances foco-faciales
des objectifs microscopiques; par
M. L. Malassez
agcs.
IJIS
470
i36o
435.
i3i3
1)26
-MINÉRALOGIE.
- Sur les faciès de variation de certaines
syénites néphéliniques des îles de Los ;
par M. A. Lacroix 68 1
Errata relatifs à cette Coinm\inicatiou.. Sfio
- Structure et origine probable du mi-
nerai de fer magnétique do Diéletlo
(Manche); par M. L. Careii.r -16
- Origine et mode de formation des mi-
nerais de for oolilhi(pio; par M. Sta-
nislas Meunier 855
- Genèse d'un minerai de fer par décom-
position de la glauconie; par M. L.
Cayen.r 890
- Sur la composition chimique de la
glauconie; par MAL L.-W. Collet el
G.- W. Lee ggC
V(jir Archéologie, Chimie agricole. Hy-
drologie, Volcans.
MoLLusoLEs. — Les glandes salivaii'es de
l'Escargot (Hrli.v pomaiia): par
MM. PacaiU et Vigier j 1 2
— Sur les Gastéropodes nudibranches .et
i6o8
TABLE DES MATIERES.
sur les Marséniadés de l'Expédition
anlarclique du D' Chareol; par M. -■/.
iiyssière.
Pages.
T\
-IS
— Sur le gisemenl luiUrier naturel de la
Macta (Algérie) el le régime d'écou-
lement de cette rivière; par M. /.
Bounhiol SgS
— Un genre de l.amellibranclies à bouclies
multiples; par M. Paul l'elscneer. . . . 722
— Une invasion d'Algues méridionales
(Colpomenia sinuosa) sur les huîtres
de la rivièrede Vannes; parM. Fabre-
Domergue i aa 3
— Sur l'état des muscles adducteurs pen-
dant la vie chez les Mollusques acé-
phales, par M. /''. Marceau 1294
Voir l'urusilcs. Perles fiurs.
Mrsci.E. — Voir Energétique biologique.
Alollusqucs. Travail du mufclc.
MisiiuM d'Histoire naturelle. — M. le
Ministre de l'Instruction publique in-
vite l'Académie à lui présenter une
liste de doux candidats à la chaire de
Zoologie (Mammifères et Oiseaux),
Pages.
devenue vacante au Muséum d'His-
toire naturelle, par suite du décès
de M. Oustalei 4^3
M. le Ministre de l'Instruction publique
invite l'Académie à lui présenter une
liste de deux candidats à la chaire de
Botanique (Classification et Familles
naturelles des Phanérogames), devenue
vacante au Muséum d'Histoire natu-
turelle par l'admission à la retraite
de M. Bureau 559
Liste de deux candidats présentés à
M. le Ministre de l'Instruction publi-
que pour la chaire de Zoologie ( Mam-
milères el Oiseaux), vacante au Mu-
séum d'Histoire naturelle : l'M. Guil-
laume Grarnlidier, a" M. Trouesscirt. Ctifi
Liste de deux candidats présentés à
M. le Minisire de l'Instruction publi-
que pour la chaire de Botanique (Clas-
sification et Familles naturelles des
Phanérogames), \acante au Muséum
d'Histoire naturelle : i" M. Henri Le-
eomle, a" M. Leclerc du Saldon 75(5
N
N.4PPES DE CHARRIAGE. — Sur l'exislenco
de phénomènes de charriage anté-
rieurs au Stéphanien dans la région
de Sainl-Ètienne; par MM. G.Friedcl
et P. Termier 100 3
— Sur de grands phénomènes de char-
riage en Sicile; par M.M. Emile Jr-
gand et Maurice Lugeoii g(5fi
— Sur la grande nappe de recouvrement
de la Sicile; par MM. E. Jrgaitd et
M. Lugeou inor
— La racine de la nappe sicilienne et
l'arc de charriage de la Calabre ; par
MM. Emile Argand et Maurice Lu-
geou I H)7
— Sur la nappe charriée du Péloponèse;
par M. Pli. Ne'gris 1 8a
— Sur les racines de la nappe de charriage
du Péloponèse; par M. P/i. Négris . . 3o8
XAvuiATiox. — Collimateur magnétique
penneltant de transformer une ju-
melle en instrument de relèvement;
par M. ./. ISergct i 14}
— Diminution do la vitesse et changement
d'assiette dos navires par l'action ré-
fiexe de l'eau sur le fond ; par M. E.
lùiurnier 1 joo
NÉBi-LEUSES. — Étude photographique de
la nébuleuse annulaire du Cygne
N. (j. C. 6894 ; par M. Gabriel TikliqH'. 32
— Observations de nébuleuses; par M. Di-
gourdaii G7J
Nerfs. — Origine concrète très précise
des nerfs; par M. J. Barbieri So3
Voir Batraciens.
NiTRiLEs. — Condensation des nitriles
acétyléniques avec les alcools. Mé-
thode générale do synthèse de nitriles
acryliques fl-substitués ^-oxyalcoylés ;
par M.M. /. Lazeiinee et Cli. Moureu. 338
— Condensation des nitriles acétyléniques
avec les iiliéuols. Méthode générale de
synthèse de nitriles acryliques p-oxy-
phénolés S-substitués; par MM. /.
lM:>cnnec et Ch. Moureu i )0
NiTRiFicATioN. — R('jlo do la matière orga-
uii|uedans la niirification; par MM. A.
Laine cl A. Miiniz 4->o
— L'utilisation des tourbières pour la pro-
duction intensive de nitrates; par
MM . E. Laine et ./. Miintz 1 '.39
NoMi.NATiONS. — M. D. Gernez est élu
Membre de l'Académie à la place de-
venue vacante, dans la Soclion de
Physique, par le décès de M. Pierre
TABLE DES MATIERES.
Pages.
Curie
NoMOGuAPEiiic. — Sur un llicurèiui^ do
Clark ; par M. Mnuriee d'Ocrii^nc.
'^09
• 1 iU-ï
1.
• 988
o
Obsicrvatoires. — Liste de deux candi-
dats présentée à M. le Ministre de
l'Instruction publique, pour une
place d'Astronome titulaire vacante à
l'Observatoire de Paris : r AL Boc-
quet; 2° M. Renan 4 4 1
— Présentation d'un fascicule du Cata-
logue pliotograplii([ue du Ciel ilo
l'Observatoire de Toulouse ; par
M. /.«iij Sfl'")
— Présentation du Tome XII des Jiuades
de rObseri'aloire de Bordeau.i:; par
M. Lœwy t ooS
— Sur les travaux récents accomplis à
l'Observatoire de Besançon : par
M. Lœwy 1171
Odkanoghaphie. — t^ourants marins pro-
fonds dans l'Allantiquo Nord: par
M. A. Chevallier 1 1 G
— Sur la circulation océanique; par
i\lM. A. Chevallier et /. Thoulet i'ô
— Le calcaire et l'argile dans les fonds-
marins; par M. /. Thoulel 738
— C.onlribution à l'étude chimique des
eaux marmes; par M. Tli.Srhtiesing. 32o
— Sur la seplième canifiagnc scientifique
de la Princesse- Jliee; par S. A. S. le
Prince Albert de Monaco 6'. 1
— Communication relative au premier
Congrès d'Océanographie et de Mé-
téorologie marine; par M. J. Richard. 1 1 ] j
OlsiîMX. — Sur le noyau des hématies du
.-ang des oiseaux: par MM. _)/.
Piettre et A. P'iala. ()o8
Ondes iîlkctriqvks. — Sur la résistance
d'émission d'une antenne ; jiar M. C.
Tiysot 70 3
OpTiorii. — Voir Photographie. Quartz.
Raronf cathodiques. Solutions. Spec-
troscopie.
Optique oÉOMÉriiiQUE. — Dispositif per-
metlant de mettre simultanément
plusieurs prismes au minimum de
déviation ; par .M. P. Lambert i Vkj
Voir Mierosropie.
OPTrQUE puvsiQUE. — Sur la polarisation
elliptique produite par les liqueurs
mixtes; par M. /. Chaudier ■jtoi
— Sur la mesure des portes de phase par
réflexion ; par .\l. ./. Perot jG6
— Sur l'emploi de la lampe Cooper-
Hewitt comme source de lumière
monochromalique; par MM. H. Bids-
son et Ch. Fabr\ 78.;
Voir Eclipses, Magnéto-optique.
Optique piiv.-iioLOGiQiE. — Sur la sensi-
bilité de la rétine pour les radiations
luiuiiieuses; par M. Milan Stefdnik. 1 j()i)
Orgvnométalliques (Composés). — .\ction
des imino-éthers et imino-chlorures
sur les dérivés organo-magnésiens;
par M. R. Marqins 711
— Combinaisons de l'iodure mercurique
et de la monométhylamine libre : par
M. Maurice François 1 11)9
Osmose. — Osmose gazeuse à travers une
membrane collo'idale; par ^\. Jules
.linar 779
— Osmose gazeuse à travers une ineni-
brane colloïdale; par M. Jules Ainar. %-■'.
OxvDATioN. — Sur l'action catalytique
exercée par les sels alcalins et alca-
lino-terreux dans la fixation de l'oxy-
gène de l'air par les solutions de
polyphénols; par M. E. Fouard 796
— Sur une réaction de type oxydasicpio
présentée par les composés halogènes
des terres rares; par M. /;'. Fouard.. 11 03
— Catalyseurs oxydants et généralisation
(le la lampe sans flamme: par.M.M. C.
Matigiwn et R. Trannoy i-2i(i
— Sur l'emploi des oxydes niélalliqiips
catalyseurs d'oxydation; par MM. Al-
phonse Mailhe et Paul Sabatier 1 3f)4
- Oxydations par l'air. Problème de la
comparaison des vitesses; par M. An-
dré Job 1 4 1 3
Voir Chimie plnsiologique.
i6io
TABLE DES MATIERES.
F
Pages.
Paléontoi.ogik AXiMALiî. — Sui' la forma-
lion du réseau des Nummulites réti-
culées; par M. Jean Boiissac 2i i
— Sur une fauned' Ammonites uéocrétacée
recueillie par i'ex|iédition antarc-
tique suédoise; par M. fV. Kilian. . iod
— Errntii relatifs à cette (lommunicalion. tyio
— i;év(ilulion des Mammifères tertiaires;
impui'lance des migrations ; par
i\l. Charles Depéret (i i ^^
— Nouvelles données paléontologiqucs
sur le Dévonien de l'Ahenel occidental
(Mission de MM. H. ChuJeau et E.-F.
Gautier ) ; par M. Emile Hatig y'i).
— Sur la faune du terrain huuiller infé-
rieur de Baudour (Hainaut); par
M. y. Cornet 7 '■ 1
— Sur l'identité d'fJemipt j^iis tuherciilosus
et à'Hemieidaris rrentdaris; par
M. Se^ncia i Kl;
— Errata relatifs à celle Communication . i J8t<
— Fossiles de Patagonie. Etude sur une
portion du monde antarctique; ])ar
M . Jllicrt Gaudry i 39.',
Palkontoi.ouie vKGKTALii:. — Sur les mula-
tions de <iuelques plantes fossiles du
terrain liouiller; par M. Grand' Fau-y- 1'^
— Sur la flore du terrain liouiller inférieur
de Baudour (Hainaut); ^àv W.Armand
Renier 736
— Coutrihulion à la flore terliaire du
Maroc septentrional : p;ir M. Ed.
lionnci 1) I '2
— (laraclcristiqnes du slipe de V.Jdc/o-
pliylon Jiitieri B. !(.; par M. Paid
Bertrand i '\.\b
Voir Grolof^ie. I!i>iiillr.
Parasitiîs. — Sur une Microsporidie nou-
velle, Pleistopliora macrospora, para-
site des Loches franclies du Dauphiné;
par M. Casimir Cépède "il)
— Sur une nouvelle nvaladie myxospori-
dienne do la Tridto indigène: par
M. L. J.é^er (i") j
— Sur la structure du la paroi sporale
des .Myxosporidi.es; par.M.M.C liesse
et A. I.r^ei- -■).()
— Sur une nouvelle iMy\os[ioridie de la
'i'a.iche conunune; par .M. Ijnds Léger. 1097
— Sur le Leposplidiis lalirel Wv-ssc. et sur
P;i|;e5.
la famille des l'Intichlli) dœ : par
M. J . Qitidor l'io
— Sur le mâle et l'appareil suceur du
Nieol/ioa Jstaci; par M. A. Qiiidor. 165
— Sur l'évolution des prétenduesCoccidies
des Céphalopodes; par M. T/i. Moroff. G5-i
Voir Critstacés. Palhologie. Perles
fines, Tr)panosomes.
— L'évolution des .ffffv/no des Glomeris;
par M.M. O. Duboscq et L. Léger. . . jgo
— Sur rév(jlntion des Grégarines gym-
nosporées des Crustacés; par .M.M. O.
Didioscq et L. Léger 1 >ii
— Sur la fréquence et le rôle étiologique
probable de VUnrinaria americana
dans le béribéri; par .M. E. Noc . . . . 1232
— Biologie larvaire et méiamorplioses de
Siptiona crisiata Fabr. Adaptation
d'une Tacliinaire à un hôte aquatique
diptère; nouveau cas d'Ectoparasi-
tismc interne; par M. /i. Roubaud . . i.iBy
Pathoi.ogik. — Contribution à l'étude de
l'analoniic pathologique des cancers
épilhéliaux de la prostate; par
ifl>L Mnjetvstd et Motz.. 'I'jS
— Mécanismes des modalités patholo-
giques spéciales à chaque organe au
cours d'une maladie générale ; par
M. ./. Charrin 41 i
- Recherches sur les rapports des états
émotifs et des étals d'infection; par
.M . Vaschlde (227
— Sur l'importance pathogénique des
adénopathics bronchiques: par M. Ga-
briel Arthaiid r»3 (
— .Motilité du scolex échinococcique; par
MM. P. Hiisnot, L. Mnrntcl et J.
Sabrazès 1 353
Voir Choiera, Parasites, Tr) panosomes,
Tubereulose.
Patuoi.ogie ANiHAi.ic. — Siu' la maladie
des chiens; par M. //. Carré 9(12
Voir Parasites, Tuberculose.
P.niioi.OGiiî VÉGÉTALE. — SuT l'idenlilé de
structure des galles involucrales et
des galles des pousses fouillées chez
les Euphorbes; par M. C. Iloiiard . . i 135
— Production do feuilles en eoriicl par
traumalismes ; par .M. L. Slaringhem. i i.'i 5
-- Sur la maladie des Platanes duc au
TABLE DES MATIERES.
ibl I
(inoinorno venetfi ( Sacc. et SjiP!:.).
Kleliiihn \ Clœosporiiiin iien'i.ieqiiiini
(Fuok) Sarcnrdol^. particulièrement
dans les iiépinières: par M. ./. Reaii-
vcric
Voir Filiciiitnrr.
Perles fines. — Sur un Cestoile parasite
des Hnîtres perlières déterminant la
production des perles fines aux îles
Gambier: par M. L.-G. Scnrat
Pajjcs.
Soi
PÉTROGRAPHIE.
- I^es rociies alcalines des envirims
d'Evisa ( Corse ) ; par M. Deprat idç)
Voir Miricralofiie, P'olcniix.
PnospiiouEscRNCE. — Siir les phénomènes
de phosphorescence; par M. /. De-
hicrnc J6.S
Voir Mctaii.r rares.
Photochimie. — Sur l'autocatalyse et dé-
composition d'un système photochi-
niique: par M. /U'Ia Szihird 1212
PiiOTOGRAPHiic. — Plioto;2;raphie interfé-
rcntielle; variation de l'ineidence ; lu-
mière polarisée; par M. Ponsot 1 Sof)
— Contribution à l'étude des écrans pho-
tographiques: [lar M. y. Rciiaiu- . . . . 38
— Sur la pholographie du speclre infra-
rouge; |iar ,M. (i. Mitlochaii 1407
— Nouvelle mélhode pour la phologra|ihie
des médailles; par .M. Ek-^. Deniok-. 140S
Voir Métaphotographie.
■ PHYSIOLOGIE.
Sur l'élasticité des tissus organiques;
par M. ^d. Coy n 58
Errata relatifs à cette Communication. IJ02
Sur la durée de persistance de l'acti-
vité du cœur isolé; par M. M. Imiii-
heri 5g-
Sur le débit urinaire; par M.M. Henry
Lainy et Jndré Mayer 171
Sur l'excrétion des purines (xantho-
uriques) et de l'acide urique endo-
gène; par M. Pierre Faavel 129?
Influence du chocolat et du café sur
l'acide urique; par M. Pierre Faiwel. 1427
Effets reconstituants de la viandte crue
après le jeiine; par M. CImrles Ri
chef
- Influence de l'ovaire sur la nutrition.
Synergie thyro-ovarienne: par MM.
Cliarriii el .lardry
Voir Sai\i'.
I*ages .
'1-1'
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE.
Structure des végétaux développés à
la lumière, sans gaz carbonique, en
présence de matières organiques; par
M. MoUiard '. 4;,
Épreuve générale sur la nuli'ition ami-
dée des plantes vertes en inanition de
gaz carbonique ; par M. Jules Lcjèvre. 287
Sur la respiration de la fleur; par M.
Mnigv I o4
Sur un cas d'organe vert ilé|)uurvu de
pouvoir assimilaleur; par M. /ea/i
Fricdel 1092
La fécondation nucléaire chez les Mu-
corinées ; par M. Dangcard G4 >
Origine des matériaux utilisés par
l'ovaire ; par M. Jean Friedel 1 547
Sur le mécanisme de chute de certains
bourgeons terminaux; par M. J. Tis-
son 222
Étude spectroscopique des pigments
verts des graines mûres; par M. If.
/jd)iiiien/(o 1432
PHYSIQUE.
- Sur la signification exacte du principe
de Carn-ot; par M. Louis Frcdcy . . . .
Voir Acoustique, Air Liquide, Aurore
boréale, CapilLarité. Cludeur. Cliro-
noDiétrie. Electricité, Equation ca-
ractéristique. Etats correspondants.
Frottement, Magnétisme. Optique,
Quartz, Rayons N. Therniodynaiid-
que, Trompe.
n3
PHYSIQUE DU GLOiSE.
- Les courbures du géo'i'de dans le luji-
nel du Siuiplon ; par .\I. Marcel Jlril-
lûuiii 916
Voir Glaciers, Météorologie. Océano-
graphie.
l6l2
TABLE DES MATIERES.
rages.
Physique M.viiiKMVTioi-t:. — Voii' Elasti-
cité, Mngiiétismc.
Physique physiologique. — Hayons X et
activité génitale; par M. F. Villeinin. yii
— Sur les chaleurs de combustion et la
composition des os du squelette, en
fonction de l'âge, chez les cobayes ;
par M. ./. 'J'ri/jol «joli
— Recherches sur l'électricité animale;
par MM. (,irnrd et Victor Henrv . . . . lifij
Voir Optique /i/ifsiolof^ifjtie.
Pus cvcHETÉs. — Ouverture d'un pli ca-
cheté relatif à un dispositif qui per-
met de faire fonctionner un gouver-
nail à distance au moyen d'une roue
à contacts alternatifs, commandée par
des ondes hertziennes ; par M. .■/. Le-
fraiic 117
— M. A. Corel demande l'ouverture d'un
pli cacheté relatif à un thermomètre
médical 1 1 4 >.
— Sur l'allure du i)assin houiller de Saar-
briick et de son prolongement en Lor-
raine française: par MM. /idcs lier-
fierait et Paul }f ciss
Poids ATOMIQUES et moléculaires. — Sur
le poids atomique absolu du terbium;
par M. C.-D. Hinric/is
Voir Dilfusion, Metau.r rares.
Poils. — Recherches sur le blanchiment
hivernal des poils et des plumes; par
M. El. \relchnikoff.
Présentations. — Voir Conservatoire des
Arts et Métiers, Miiséuiii d'Histoire
naturelle.
Pression artérielle. — De l'influence de
la vieillesse sur la pression artérielle;
par M. A. Motitier
Protozoaires. — Sur la structure intime
du protoplasma chez les Protozoaires ;
par M. Emmanuel Fauré-Fréniiet, . .
— Contribution à la morphologie géné-
nérale des Protozoaires supérieurs;
par MM. Ch. Gineste et ,/. Kunstlcr.
PïRANiQUE (série). — Rccherclies dans
la série du pyrane; par MM. E.-E.
Biaise et //. Gault
Voir Chimie organique.
'a^es.
ligS
1 1 1)6
1024
399
452
Quartz. — Sur les variations de quelques
propriétés du quariz; par M. //.
Buisson ,
R
Radioactivité. — Sur la diminution de
la radioactivité du polonium avec le
temps ; par M'"" Curie -.',7 3
— Sur quelques propriétés des rayons a
émis par le radium et par les corps
activés par l'émanation du radium;
par M. Henr) lieequcrcl .iCS
Voir Sources.
— Sur la radioctivilé des sources d'eau
potable; par M. /•'. Dienert S8j
— Sur la radioctivité des gaz qui provien-
nent de l'eau des sources Ihermales;
par MM. /'. Curie e[ A. Lnborde . . . i4(i2
Radiothérapie. — Ellets de la radiothéra-
pie dans un cas de sarcome (?; du
fémur chez un enfant; par M. -/. Im-
l>ert (Cd
Rayons cathodiquks. — Élude photogra-
phique de la durée de la décharge
dans un tube de CEookes; par MM.
André Broca et Turehiiii 445
— Sur le mécanisme de la liimiére posi-
tive ; par M. P. Villard 706
— Sur la valeur numérique la plus i)ro-
bable du rapport -^ de la charge à la
masse de l'électron dans les rayons
cathodiques; par M. Ot.-Eug. Guye. S33
- Dichroïsme, biréfrigérence et coiuluc-
tibililé de lames métalliques minces
obtenues par la pulvérisation eatho-
dique; par M. Cli. Maurain 870
Hayons N. — Sur les rayons N; par
M. E. Mascart 122
— Expériences photographiques sur l'ac-
tion des rayons N sur une étincelle
électrique; par M. C. Gutton i45
Hayons X. — Sur la durée de la décharge
dans un lube à rayons X; par M.
André Broca 27 1
TABLE DES MATIERES.
l6l3
Sur les durées comparées d'une émis
sion de rayons X et d'une étincelle
en série avec le tube producteur de
rayons; par M. Bernard Bninlics .. .
Sur un procédé pour la mesure de la
quantité totale de rayons X émis dans
un temps donné; par M. Gaiffe
Nouvelles recherches sur les ampoules
productives de rayons X; par M.
Pages.
50>
Pag.^s.
ISogicr ysî
— Tubes à rayons X, à régulateur auto-
matique; par .M. a. Berlemont 1 189
Voir Rayons calltodiqiies.
UESPinATioN. — Appareil respiratoire pour
l'exploration des milieux remplis de
gaz irrespirables: par M. (Uigliehni-
nctti (io
Sang. — Observations laites au mont
Blanc sur l'hypergloljulie des alti-
tudes; par MM. H. Cuillemard et ït.
Moog G i
— Sur l'acide glycuronique des globules
du sang; par M.M. Bouliid et R. /,e-
pine 196
— Etude des v'ariations de la toxicité du
contenu de l'intestin grêle. Modifica-
tions du sang; par MM. Charrin et
Le Play 5 >,4
— La réaction du sang, fonction de la nu-
trition (loi de physiologie générale 1 :
par M. Jean Gautrelet G 39
— Sur des méthodes pour photographier
les raies d'absorption des matières
colorantes du sang; par .MM. Z,o»w
Letvin, A. Miethe e.\. E. Stenger . . . . i5i.i
— Un procédé d'isolement à l'état de
pureté des hématoblastes du sang;
par M.M. L. Lesourd et Pli. Pagniez. 1562
Voir Aneslliésie, Chloroforme, Hémo-
globine, Oiseaii.r, Pression artérielle.
Séismes. — Extrait d'une lettre relative à
une secousse sismique ressentie à
l'Observatoire de l'Ebro, le 3 1 jan-
vier; par M. Cirera 3G:5
— Sur un mouvement microsismique
important; par M. Cirera loxi
— Kapport de M. Souliari, Ministre de
France à Bogota, sur un tremblement
de terre ressenti le 3i janvier 1906. . 1077
— M. le Ministre de l'Instruction publique
transmet à l'.^cadémie un l{a|)]iort de
M. le Directeur de l'Observatoire de
Cloaba (Bombay), relatif au tremble-
ment de terre du 26 mars 1906 1 1 j-;>
SÉRIES. — Sur la série deFourier; par
M. Léopold Fejér io i
— Sur le développement en série trigo-
nométrique des fonctions non inté-
C. K., 19D6, I" Semestre. (T. C\LII.)
grables ; par M. /■■. Faiou 765
— Sur la généralisai ion des séries Iri-
gonométriques'; par M. A. Buhl 1028
— Sur certaines séries asymptotiques ;
Jiar M. L. Schlesinger io3i
SiinoTHÉRAPiE. — Voir Tuberculose.
Soi.KiL. — Observations du Soleil faites à
l'Observatoire de Lyon (équatorial
Brunuer de o"',iG d'ouverture) pen-
dant le deuxième trimestre de 1903;
par .M. /. Guillaume 382
— Observations du Soleil faites à l'Obser-
vatoire deLyon (équatorial Brunner de
o"", 16), pendant le troisième trimestre
de igo5 ; par M. J. Guillaume 329
-" Observations du Soleil faites à l'Obser-
vatoire do Lyon (équatorial Brunner
de o"',i6 d'ouverture), pendant le
quatrième trimestre de 1903; par
.M. /. Guillaume 5Go
— Méthodes pour la recherche des parti-
cules lumineuses mêlées aux gaz
de la chromosphère et des protubé-
rances solaires. Application pendant
l'éclipsé de 1903; par M. H. Des-
Inndres -4 1
— Méthodes pour la recherche, en dehors
des éclipses, de particules brillantes,
mêlées aux gaz et aux vapeurs dans
la partie basse de l'atmosphère
solaire; par M. H. Deslandrcs 1009
— Sur une méthode susceptible de per-
mettre l'étude de la couronne solaire
en dehors des éclipses; par M. G.
Mitlochau et Slefdnik 945
— Observations d'ombres volantes au
lever et au coucher du Soleil: par
M. Cl. Roget 913
Voir Ellipses.
Solennités scientifiqurs. — .MM. Si/non
210
l6l4 TABLE DES
Pages.
Netvcomb et M. Agasnz, associés
élrangers, sont désignés par l'Acadé-
mie pour la rcpiésenler à la célébra-
tion du second centenaire de la
naiss incc de Franklin 7'» j
— M. Simon Ncivcomb écrit à l'Académie
pour lui rendre compte de la célébra-
tion du second centenaire de Franklin. io.jS
— Envoi d'une dép^'-clie à l'^wiewftH /;A(-
losopliical Society, à l'occasion des
fêtes du second centenaire de Fran-
klin • O'^
— M.M. /. ./(tiissiu et H. Jiecquercl sont
désigné.-; pour représenter l'Académie
au quatrième centenaire de l'Univer-
sité d'Aberdeen 1 i5i
SoLiTioNS. — Sur l'indice de réfraction
des corps dissous dans d'autres dis-
solvants que l'eau: par M. C. Clié-
neveau 1 5>.o
Spectroscopiiî. — Sur les variations avec
la température des spectres d'émis-
MATIERES.
Pages.
sien de quelques lampes électriques;
par M. /'. l'aillant. Si
— Sur le spectre de flamme du mercure:
par M. C. do Wàtteville :'.!iij
— Sur un nouveau dispositif pour la
spectroscopie des corps phosphores-
cents; par M. C. de Walteville injS
— Sur la théorie des s[)eclres; par
M. Ivar Fredholm. . , 'loO
— Contribution à l'étude du spectre infra-
rouge; par M. Milan Sttifdnik. ..... 98(1
— Sur les spectres des alliages; par
^LM. P.-B. Hiiber et /. de Koa^alski. 99!
Voir Métaux rares.
Si'ÉLÉoLOGiiî. — Sur lesabinies des Aban-
nets, de Nismés (Belgique); par
MM. E.-A. Martel et E. Fan den
Broek. 1 1 1 (>
Sucres. — Mélézitose et Turanosc; par
M. Georgr.K Tanret i.j «4
Voir Jiiiidons. Diasta.ir.w Tht'iinoclii-
inie.
T
Technologiiî. — Le chlorage delà laine; par
MM. /. Mollard. et Léo Fignon l'i^i
Terpénks.— Synthèse des acides pp-dimé-
ihyl et pjis-lrimcthyl piméliques; par
M. C. lilanr 996
Voir Chimie organique, Cliimie vé-
gétale.
Théorie des nombres. — • Sur les théo-
rèmes do Sylvester concernant le
quotient de Fermât; par M. Lercii.. 35
Thermocuimik. — Tlicrmochimie des hy-
drazones et des osazones, des dieé-
tones-x et des sucres réducteurs ;
par M. /'/(. [Mndrieu J.So
— Recherches sur la rubidine, la ceesine
et la lithine; par AL de Forcrand. . . \>ii.
TopoGR.iPHiE. — Sur doux plans en relief
du Parjngn et de Soarbele ( Karpates
méridionales) exécutés d'après les
levés topographiques inédits; par
M . E. de Martonite 1 583
Tourbe. — Les tourbes des plages bre-
tonnes au nord deMorlaix (Finistère);
par AL X. C(i)eu.x (68
Voii' Nilrifiration.
Trav.vii, Di: MUSCLE. — Lc trarail c.vtérieur
créi' [)ai'les aciions slatiquesel dyna-
miques du travail intérieur du moteur-
muscle. Relations entre l'énergie liée
à ces actions et l'énergie qui passe
dans le travail extérieur; par M. -/.
Cltaiweau 1 474
— Sur le problème dit du travail statique;
par M. Ernest Solvay 1 568
Voir Energétique biologique.
Trompe. — Sur la soupape parhydrique :
par M. /. de Rohan-Cliabot 1 53
Trïpanosomes. — Sur trois virus de Iry-
panosomiasc humaine do provenances
différentes : par M. À. Laveran io65
— Identification des Trypanosomes patho-
gènes. Essais de sérodiagnostic: par
MM. .-/. Laveran et F. Mesnil i48'2
— Sur l'infection expérimentale par le
Tripanosoma ISrucei. Destruction du
parasite dans la rate: par MM.,/. Ro-
det et G. Fallet 1 ii^)
Tuberculose. — Sur les dangers de l'in-
gestion de bacilles tuberculeux tués
par la chaleur chez les animaux tuber-
culeux et chez les ainmaux sains: i)ar
MM. Breton et A. Calrnette 4 i '
— Sur les effets de la tuborculine absor-
bée par le tube digestif chez les ani-
maux sains et chez les animaux tuber-
culeux : par MM. Breton et A. Cal-
TABLE DES MATIERES.
6^'
13
mette 616
Analyse des bacilles tuberculeux; par
M. G. JSinidran G >'"
Sur la |)atho.;;énie de la Uiberculose;
par M . H. FaUée 1 1 o 1
Origine iniestinale des adénopaliiies
trachéo-brunchiques tuberculeuses ;
par MM. A. Culmelle. C. Giwrin et
J. Déléarde 11 Wi
Sur la tuberculose [iiilnionaire du
tigre et la néoforniation d'un épilhé-
lium des terminaisons bronchiques:
par M. P. Achfilme 1 79(1
Sur la vaccination contre la lubereuloso
par les voies digestivcs : par MM. A.
Calmelte et C. (jucriii 1 3 1 f)
Production expcrimeulale de variétés
transmissibles du bacille de la tuber-
Pages.
culose et de vaccins antituberculeux ;
par M. .V. .Irlolng i Sgî
— Sur l'indication de la voie digivsiive
pour la vaccination anii-tuberculcuse
des jeunes ruminants; par .M. S.
Arloiiig 1 4s-
— - Sur le traitement de la tuberculose
pulmonaire par la sérnlliérapie: par
M.^f. Lnrinelo/igite, Ac/inrd et Gail-
liird 1479
— Étude sur la transmissibililé de la tu-
berculose par la caséine alimentaire;
par M. Marcrl Giuklras ... lijS
TtMciERs. — L'évolution des colonies de
Diplosoma spongijormp Giard et la
displanchtomie desascidiozoïdes; par
M. Antoine l'izoïi 463
Vaccin. — Voir Tuherciiloxe.
VÉHinur.Es. — Conditions d'établissement
et d'application d'un amortisseur pro-
gressif à la suspension des véhicules
sur route; par M. A. Krebs 143
Ventilateurs.— Surle résultat de l'étude
expérimentale d'un ventilateur centri-
fuge; par M.M. Henri qI Léon Bochet. 990
Vebs. — Sur les Némertiens bathypéla-
giques recueillis par S. A. le Prince
de Monaco : par '\\. L. Jouhin 1 349
— A propos de l'anatoraie comparée des
Sipunculides; |)ar M. Marcel-A.
Hêruhel 6 j i
Voir Perles fînrs.
Vin. — De l'inlluence de la greffe sur la
qualité du raisin et du vin et de son
emploi à l'amélioration systématique
des hybrides sexuels; par MM. Cartel
et Jurie 4*"
— Sur les caractères chimiques des vins
provenant de vignes atteintes par le
mildew; par M. E. Manceau J89
Viticulture. — Recherches sur le déve-
loppement du Botrytis Cinerea, cause
de la pourriture grise des raisins:
par M . G.-M. Guillon 1 346
Voir Fitt.
Volcans. — Sur l'origine vésuvienne du
brouillard sec observé à Paris dans
la matinée du 11 avril 1906; par
M. Stanislas Meunier 938
— Sur l'éruption du Vésuve et en [lartl-
culier sur les phénomènes explosifs;
par .M. A. Lacroix 941
— Errata relatifs à celte Communication. i238
— Les conglomérats des expulsions vulca-
niennes du Vésuve, leurs minéraux,
leur comparaison avec les conglomé-
rais trachytiques du MoiU-Dore: par
AL ./. Lacroix 1 020
— Errata relatifs à cette Ciuiimunicalion. i238
— Les avalanches sèches et les torrents
boueux de l'éruption récente du Vé-
suve ; par M. A. Lacroix i244
— Les cristaux desylvitedes blocs rejetés
par la récente éruption du Vésuve ;
par M. A. Lacroix |249
— Action de l'oxyde de carbone, au rouge,
sur la va[)eur d'eau et de l'hydrngène
sur l'acide carbonique. Application
de ces réactions à l'analyse des phé-
nomènes volcaniques: par M. Armand
Gantier i382
— ^7ToM relatifs à cette Communication. i588
Voir Chimie orgatiiqiie.
i6i6
TABLE DES MATIERES.
ZOOLOGIE.
Pages.
- Sur V Hytocliœrus Meinertz/iai^eni
0. Ths.: par iM.M. Henri Neuville cl
Maurice de Rolhschild
Voir Acariens, Annélides, Arachnides,
Batraciens , Cétacés, Cœlentérés,
64 G
Crustacés, Ecliinodermes, Edenlés,
Mollusques. Nerfs. Océanographie,
Oiseaux, Parasites. Pathologie ani-
male, Perles fines. Physiologie, Poils,
Protozoaires, Sang, Trjrpanosomes,
Tubcrcalote, Tuniciers, Tcrs.
l'ages.
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages.
ABRAHAM (Henri). — (ialvanomètre à
cadre mobile pour courants alterna-
tifs gc) J
ACADÉMIE BRITANNIQUE ( L' ) adresse à
l'Académie l'expression de sa sympa-
thie, à l'occasion de la mort de
M. Curie lojii
ACHALME ( P.). — Sur la tiilierciilose pul-
monaire du tigre et la néoformalion
d'un épithélium des terminaisons bron-
chiques i2gG
ACHARD (Ch.) et AYNAUD (M.). — Sur
le rôle du chlorure de sodium dans
l'imprégnation liistologique des tissus
par l'argent 1571
ACHARD (Cil.), lANNELONGUE et GAIL-
LARD. — Sur le traitement de la tu-
berculose pulmonaire par la sérothé-
rapie 1 479
AGASSIZ (M.) et NEWCOMB (Simon),
.Associés étrangers, sont désignés
par l'Académie pour la représenter à
la célébration du second Centenaire
de la naissance de Franklin 755
ALBERT DE MONACO ( S. A. S. le Prince ).
— Sur la septième campagne scienti-
fique de la Princesse-JUce 621
— Fait hommage à l'Académie du Fasci-
cule XXXI des Résultats des cam-
pagnes scieiitipque<: acuonipUen sur
son yoclit 1 36
— Fait hommage à r.\cadémie du Fasci-
cule LIX du K Bulletin du Musée
océanographique do Monaco » 625
ALBERT-LÉVY et PÉCOUL (A.). — Sur
le dosage de l'oxyde de carbone dans
l'air par l'anhydride iodique 162
AMAGAT (E.-H.). — Sur la pression In-
MM. Pages,
terne des fluides cl l'équation de
Clausius 371
— Errata relatifs à une Communication
du .'( mars 189J sur la pression inté-
rieure et le viriel des forces inté-
rieures dans les fluides 420
— Discontinuité des chaleurs spécifiques
à saturation et courbes de Thomson. 1120
— .ff;7-«/r( relatifs à cette Communication. i3o2
— Sur quelques points relatifs à l'étude
des chaleurs spécifiques et l'applica-
tion à celles-ci de la loi des états
correspondants 1 3o3
— Est élu membre de la Commission char-
gée de juger les Concours des prix
Hébert, Hughes pour l'année 1906.. . 265
AMAR (JiLES). — Osmose gazeuse à tra-
vers une membrane colloïdale 779
— Osmo.?e gazeuse à travers une mem-
brane colloïdale 872
AMMANN ( L.) et LINDET. — Contribu-
tion à l'étude des matières albumi-
noïdes solubles du lait 1282
ANCEL (P.) et BOUIN (P.). — Action de
l'extrait de glande interstitielle du tes-
ticule sur le développement du sque-
lette et des organes génitaux 232
— Sur l'effet des injections d'extrait de
glande interstitielle du testicule sur
la croissance «gS
ANDRÉ (G.). — Sur la composition des
liquides qui circulent dans le végétal ;
variations de l'azole dans les feuilles. 106
— Sur les variations de l'acide phospho-
rique et de l'azote dans les sucs des
feuiflcs de certains végétaux 226
— Étude des variations de l'azote et de
l'acide pliosphorique dans les sucs
i(iiK
TABLE DES AUTEURS.
MM. P
d'iiiio piaille grasse
ANDRÉ (G.) et BERTIIELOÏ. — Rechei-
ches sur quelques métaux el minerais
trouvés dans les fouilles liu Tell (le
rAcro|}cilc do Suse, en Perse
ANTHONY (H.). — Les coupures généri-
ques de la lamille des Bradypodidœ
(le genre llfinihradypus nov. g.) . . .
APPELL (P.) est élu niombrc de la Coui-
missiou chargée de juger les Con-
cours du Grand Prix des Sciences
matliémaliqiies et des prix Fiancœur,
Poncelcl pour l'année 1906
— Est élu membre do la Commission
chargée de présenter une question de
prix Boniin ( Sciences malhcmali(|nes)
pour l'année 1909
ARGANL) (Emile). — Sur la lectonupie
du massif de la Denl-Blanche
— Sur la tectonique de la zone d'Ivrée et
de la zone du Strona
— Contribution à l'iiisloire du géosyncli-
nal piémoulais
ARGAND (É5m.E)et LUGEON (Maurice).
— Sur de grands phénomènes de
charriage en Sicile )
— Sur la grande nappe de rccouvrenieni
de la Sicile
— La racine do la nap|)o sicilienne cl l'are
de charriage de la Calabre
ARLOING (S.). — Production expérimen-
tale de variétés transmissibles du ba-
cille de la luberculosc et de vaccins
antilubercnleux
— Sur l'indication do la voie digestive
pour la vaccination antituberculeuse
des jeunes ruminants
âges.
iJ02
■2(V2
2G/1
(•>(>(■)
S09
0(56
iSgS
1487
MM. Pages.
ARSONVAL (D') est élu membre des
Commissions chargées de juger les
Concours: des prix Monlyon (Méde-
cine ei Chirurgie), Barbier, Bréant,
Godard, Du Barron Larrey, Bellion,
Mége, pour l'année igoli '527
— Des prix Monlvon (Physiologie expé-
rimentale), Philipeaux, Lallemand,
Pou rat, Martin-Damourette, pour l'an-
née igo6
— Est élu membre de la Commission char-
gée de présenter une question de [irix
Pourat pour l'année 1909
ARSONVAL (D') et BOUDAS. — Les
basses températures et l'analyse chi-
mique
— .Vddilion à la Note sur les basses leni-
péralures et l'analyse chimique
ARTlIAUn (Gabriel). — Sur l'importance
pathogcnique des adénopalhies bron-
chiquos
AUGER ( V.). — Méthodes nouvelles de
préparation de quelques dérivés or-
ganicjues de l'arsenic 1 1 '' 1
— Décomposition du sulfate de cuivre par
l'alcool niélhylique Î272
AURII>. — Théorème sur les fonctions en-
tières 'i4
AUTONNE (LÉON). — Sur les propriétés
qui, pour les fonctions d'une variable
hypercomplexe, correspondent à la
monogénéité 1 i8j
AVNAUD(M.) et ACHARD (Ch.). — Sur
le rôle du chlorure de sodium dans
l'imprégnation histologique des tissus
par l'argent '57i
i-'S
:32«
lo"!»
1 179
I23l
B
BAGARl) (P.) et BLAISE (E.-F.). — Sté-
réoisomérie dans le groupe des acides
non saturés «(î-acyliques 111S7
liAlLLAUD (B.j et MATIHAS (E.). — Sur
la Carte magnétique des Iles Britan-
niques 5'V")
BAILLV (lioMoNu). — De la vibration
sympatliiciue d'une corde ^j/vn'e à l'ap-
pel d'une corde aiguë et des consé-
ipieuces possibles qui en découlent. . lin)
BALTIIAZAHD et BOUCHARD (Ch.). —
Action de l'émanation du radium sur
les bactéries chromogènes 819
BANACHIEWTCZ (Thadée). — Sur un
cas particulier du problème des //
corps âio
— Errata relatifs à celte Comuiunicalion . ('172
liARBIERI (N.-A.). — Origine concrète et
très précise des nerfs î^oB
B.\RROIS est élu membre de la Commis-
sion chargée déjuger le Concours du
prix Cuvier pour l'année njoij îSo
BASSOT. — Est élu membres des Com-
missions chargées de juger les Con-
cours : du prix extraordinaire do six
mille francs (Navigation) et du prix
TABLE DE
MM. I';l;;es.
Pliimey pour l'année 1906 264
— Dos prix Tcliiliatclief, Binoiix. Dela-
lande-GiK'iineaii pour l'année i<)oO.. -iGJ
— Esl élu membre de la Commission char-
gée de présenter une question de prix
Gay pour l'aimée 1909 ?.63
BATAILLON (E.)- —Imprégnation el fé-
condai ion I J ) I
BATELLI (F. ) et STEKN (M"" L.). — iNou-
velles recherches sur les oxydations
produites par les tissus animaux oi
présence des sels fnrreux 1-5
BAUBIGNY (IL). — Reclincalion ;i une
Noie sur l'oxyde salui île nickel i54
— Sur le dosagi! du cadmium 375
-^ ^/vrtïfï relatifs à celte Communication. 577
— Mode opératoire pour le dosage du
cadmium 792
— Dosage du cailinium dans un sel volatil
ou organiipie 939
BAUDUAN (G.). — Analyse des bacilles
tuberculeux 05;
BAUER (E.) el IIALLER (A.). — Benzyl-
et phénylboriréols et leurs produits
de déshydratation, les benzyl-et phé-
nylcamphèries G77
— Sur des diphéiiyle ou alcoylphénylc
camphométhane et méthylène
/CH — CHcfî!,
C»Uis/ I \U'
\co
et
Csili'( I \H . 97'
\co
BEAUVERIE (J.). — Sur la maladie des
Platanes due au Gnomonin iieneta
(Sacc. et Speg.) Klebahn [Glœo.ipo-
riiiiii noivixt'qHHiti (Fuck) Saccardo],
particuliéremenl dans les pépinières. i55i
BEAUVERIE (J) el GUILLIER.MOND (A.).
— Noie préliminaire sur les glo-
boïdes cl certaines granulalions des
graines, ressemblant par quelques-
unes de leurs iiropriélés aux corpus-
cules niélachromaliques 897
BECQUEREL (Hemii). — Sur quelques
|iro[iriélés des rayons a émis par le
radium et par les corps activés par
l'émaualion du radium 365
— Est élu membre de la Commission char-
gée de juger les Concours des prix
Hébert, Hughes, pour l'année i9of). . aGJ
617
'agC9.
l45l
874
S AUTEURS.
VI M. I
BECQUEREL (Henbi) et JANSSKN (J.)
sont désignés pour représenterl'Aca-
démie aux fêtes du quatrième Cente-
naire de rUniversilé d'Aberdecn. . . .
BECQUEKEL (Jean). — Sur les variaiions
des bandes d'absorption d'un cristal
dans un champ magnétique
— Sur les variaiions des bandes d'absorp-
lion d'un cristal dans un champ ma-
gnétique
— Sur la corrélation entre les variaiions
des bandes d'absor(iiinn des cristaux
dans un champ magnélique et la po-
larisation rolaloirc magnétique 1 144
BECQUEREL (Paul). — Action de l'acide
carbonique sur la vie latente de quel-
ques graines desséchées .S43
— Sur la longévité des graines 1 549
BELOT (Emile). — Sur les comèles et la
courbure de la trajectoire solaire ... 72
BERGEllON (Jules) et Weiss (P.\i l). —
Sur l'allure du bassin houiller de
Saarbriick elde soii prolongement en
Lorraine frani.'aise 1 398
BERGET (A.). — Collimaleiir magnélique
permcltantde transformer unejiimeilc
en instrument de relèvemeiil 1 143
BERTHELOT. — Nouvelles recherches sur
les composés alcalins insolubles con-
tenus dans les végétaux vivants :
feuilles de chêne.- 249
— Sur l'existence des composés potas-
siques insolubles dans le tronc et
l'écorce du chêne 3 1 3
— Les sous-oxydes de carbone 533
— Recherches sur la synthèse directe de
l'acide azotique et des azotates par les
éléments, à la toinj>érature ordinaire. 13G7
— A"rr«?rt relatifs à- cette Communication. i588
— Sur la formation des combinaisons en-
dothermiques aux températures éle-
vées i45i
— Est élu membre des Commissions char-
gées de juger les concours : des prix
Hébert, Hughes pour l'année 190G.. 265
— Des prix Jecker, Cahours. Monl\'on
(Arts insalubres) pour l'année 190G. 327
— Des médailles Arago. Lavoisier. Ber-
ihelot pour l'année 1906 38n
— Des prix ïrémont, Gegncr, Lanne-
longue, Jérôme Ponti pour l'année
1 90G 38o
— Du prix Wilde pour l'année (90G 38o
— Du prix Sainlour pour l'aimée 1906... 38o
1020
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages.
— Du pri.\ Hoiillevigiie ])our l'année 1906. 38o
— DLi|irix Jean Ueynaud pour l'année 1906. 443
— Dn prix du baron de Joëst pour l'année
ii)oG i45
— M. le Secrétaire pcrpcuicl annonce la
mort de Sir John Burdon Snndcrson .
correspondant de l'Académie pour la
Section de Médecine el Chirurgie. ... 265
— El la mort de M. G. Rayet, corres-
pondant pour la Section d'Astronomie. 1 400
— Annonce à l'.^cadémie que le tome CXLI
des « Comptes rendus » est en dis-
tribution au Secrétariat 1 567
— Signale : les deux premiers fascicules
des « Annales de Paléontologie )\ pu-
bliées sous la direclion de MarcclUn
Boule, i36 — Le tome XVI de 1 édi-
tion nationale des Opère di Gnlilen
Galitei, publiée sous les auspices de
Sa Majesté le Roi d'Italie. — Intro-
duction à l'élude de la Chimie, par le
D' Maurice de T/iier/ [présenlé par
M. Henri Moissan). — Description
géologique de l'île d'.4mbon,parM.7{.-
D.-M. Verheeek. — Description de la
faune jurassique du Portugal. Poly-
piers du Jurassique supérieur, par
M. /•'. Kohy, avec une Notice strali-
graphique, par M. Paul Choffal (pré-
senté par M. Albert Gaudry), 26 j. —
Le « XVIII" Bulletin de la Société
d'Histoire naturelle d'Aulun », :58i.
— Le « Précis de diagnostic chimiipie,
microscopique el parasitologi(|ue »
de MiM. Jules Guiart cl L. Grimbcri.
697. — Le « Cahier n° âS du Ser\ ice
géographique de l'Armée : .Matériaux
d'étude topologique pour l'Algérie et
la Tunisie (6'' série) ». 824. — Les
Industries de la conservation des ali-
ments, par M. X. Rocipws. 923. —
« .Meleorologischeoptik », von /.-.!/.
Pernter », 986. — Note sur le diri-
geable mixte « Wellman Chicago Re-
cord Herald Polar Expédition », 1 182.
— Leçons sur les séries trigonomé-
iriijues, par M. Henri Lebesgue. —
Etude sur laslabililé des trains el les
chemins de fer à voie de o"',6o, par
M. Péchot. — Sur l'aménagement et
la conservation des eaux, par M. J .
de Grnssouvrc. i256. — i" Le Tome IV
des '< Annales de l'Observatoire na-
tional d'Alhénes », par M. D. Egi-
MiM. l'ages.
nids. — 2" Le Tome VU de 1' <■ Inven-
taire des richesses d'Art de la France,
province. Monuments civils » 1400
BERTHELOT et ANDRÉ (G.). — Re-
cherches sur quelques méiaux et mi-
nerais trouvés dans les fouilles du
Tell de l'Acropole de Suse. en Perse. iyS
BERTHIEIl (A.) adresse une Note inti-
tulée : « Piles à gaz » 9C9
BERTIN (L.-E.) fait hommage à l'Aca-
démie d'une Brochure intitulée :
« Évolution do la puissance défensive
des navires de guerre » 327
— Fait hommage à l'Académie d'une
« Note sur la protection des navires
contre les torpilles automobiles »... 1 iSi
— Est élu membre des Commissions char-
gées de juger les concours : Du prix
extraordinaire de 6000'' ( Navigation)
et du prix Plumey. pour l'année 1906. 264
— Des prix Tchihatchef. Binoux. Dela-
lande-ljuérineau pour l'année ujolj.. 2G5
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question
de prix Gay pour l'année 1909 2G5
BERLEMONT (G.). — Tubes à rayons X,
à régulateur automatique 1 189
BERXaRD (Noël). — Symbioses d'Or-
eliidées et do divers champignons
endoplivtes J2
BERNSTEIN (Skiiue). — Sur les singu-
larités des solutions des équations aux
dérivées partielles du type elliplii|ue. JG.i
BERTRAND (Gabrikl). — Errata relalifs
à une Communication du 26 dé-
cembre 1903 : « Sur l'emploi favo-
rable du manganèse comme engrais ». GS
BERTRAND (P.\i l). — Caractéristiques du
slipe de l'Adclop/ijton Juiieri. B. R.. i jji
BESSON et ROSSET. — Action du per-
oxyde d'azote sur l'ammoniac el
quelques sels ammoniacaux G j3
BIANCHI (LriGi). — Sur la défonuaiion
des quadriques 'A->.
BIEXAYMÉ (.\HrnuR-FRANçois-.\Li>HONsii).
— Sa mort est annoncée à l'Académie. 49^^
BIERRY (H.) et FROUIN (A.). — Rôle
des éléments cellulaires dans la trans-
formation de certains hydrates de
carbone par le suc intestinal i ilGJ
BIGOURD.VN (GiiLLAiME). — Observa-
tions de nébuleuses G7 î
— Sur un moyen de contrôler un système
d'horloges synchronisées électrique-
TABLE DES AUTEURS.
1621
MM. Pages,
ment 865
— Est élu membre de la Commission char-
gée de ju^er les concours des prix
Pierre Guznian, Lalande, Valz. Janssen
pour l'année ii)o6 .',6ô
BIXET DU JASSONNEIX. — Sur les pro-
priétés magnétiques des combinaisons
du bore et du manganèse 1 336
BISCHOFFSIIEI.M (R.)': — Sa mort est
annoncée à l'Académie 1 1 19
BLAISE (E.-E.) et GAULT (H.). — Ke-
cherches dans la série du pvrane. . . . 452
BLAISE(E.-E.) etiMARIE(M.)."- Surles
eétones i-chloréthylées et vinylées
acvcliques a 1 5
BLAISË (E.-E. ) et BAGARD (P. ). — Sté-
réoisoniérie dans le groupe des acides
non saturés a3-acvliques loïij
BLAISE (E.-E.) et HOUILLON. — Re-
cherches sur les relations entre grou-
pements fonctionnels en positions
éloignées. Imines cvcliques 1 jji
BLANC (G.). — Sur les alcools a- et p-
eampholytiques lii'i
— Synthèse des acides [iS-diméthyl et
pfic-triméthyl piméliciiios
996
— Synthèse totale de dériws du camphre.
Isolaurolèae. acide isaulauronolique . 1084
BL.\NC (G. ) et H.\LLER ( A. j. — Conden-
sation de l'éther ii-diméthylglyci-
dique avec l'éllier malonique sodé.
Synthèse des acides térébiciue et py-
rotérébique 1471
BLARLNGHEM (L. ). — Production de
feuilles en cornet par iraumatismes . i545
BL.\SERNA adresse une dépêche à l'occa-
sion de la mort de M. Curie 94 i
BLONDEL (A.). — .4pplication du prin-
cipe de la superposition à la transmis-
sion des courants alternatifs sur une
longue ligne. Représentation gra-
phique io36
— Étude simplifiée des effets de capacité
des lignes à courants alternatifs 1 5o3
BLOT adresse un Mémoire « Sur un tur-
bino-moteur à vapeur » G69
BOCHET (Hkmu et Léon> — Sur le ré-
sultat de l'étude expérimentale d'un
ventilateur centrifuge 990
BOCQUET est présenté en première ligne
à M. le Ministre de l'Instruction pu-
blique, pour une place d'Astronome
titulaire vacante à l'Observatoire de
Paris 444 I
C. R., 1906, [" Semestre. (T. CXLH.)
M VI. Pages.
BODROUX (F.). — Préparation rapide des
solutions d'acide iodhydrique 279
— Action de quelques éthers d'acides bi-
basiques sur les dérivés halogéno-
niagnésicns des aminés aromatiques
primaires 4oi
BOGGIO (TosiMASo). — Nouvelle résolu-
lion du problème de l'induction ma-
gnétique pour une sphère isotrope.. 701
— A'/vaia relatifs à cette Comumnication. 924
BOIZAUD. — Sur la conductibilité du sul-
fate d'ammoniaque dans les mélanges
d'acide sulfurique et d'eau 1082
BONNET (A.). — Sur l'anatomie et l'his-
tologie des Ixodes 296
BONNET (Ed.). — Contribution a la flore
tertiaire du Maroc septentrional gii
BONNIER (Gastox) otTre à l'Acadéinie
plusieurs Ouvrages dont il est l'au-
teur 1256
— Est élu membre de la (^onmiission char-
gée de juger les concours des prix
Desmazières, Montagne, de Coincy
pour l'année 1906 3iy
BONNIER (Pierre). — Conditions phy-
siologiques de l'enseignement oral . . 3o2
BOUDAS \ F. ) et AllSON VAL ( d'). — Les
basses températures et l'analyse chi-
mique io58
— .\ddition à la Note « sur les basses
températures et l'analvse chimique ". 1179
BORDAS (F.j et TOUPLAÏN. — Méthode
de détermination des matières étran-
gères contenues dans les cacaos et les
chocolats 639
— De la rapidité d'absorfition des odeurs
par le lait 1 204
— Le dosage des matières albumino'ides
et gélatineuses au moyen de l'acé-
tone 1345
BORDAS (L.). — Structure des caecums
ou appendices filiformes de l'intestin
moyen des P/y/Z/e.v (l'Iivlliiim cruri-
folium Audinet Serville ) 649
BORNET. — Est élu membre des Com-
missions chargées de juger les con-
cours des prix Desmazières, Mon-
tagne, de Coincy, pour l'année 1906. 3-27
— Des prix Trémont, Geguer. Lanne-
longue. Jérôme Ponti pour l'année
1906 38o
BOUCHARD (Cu.) et BALTILAZARD. —
Action de l'émanation du radium sur
les bactéries chromogènes 819
211
1622
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages.
BOUCHARD (r.ii.) est élu membre des
Commissions chargées de juger les
coiieoiirs des prix Montyon (Méde-
cine ot Cliinirgie), Barbier, Bréant.
Godard, du l)aron Larrey. Bellion,
-Mège. pour l'année igolj 327
— Des prix Monlyon (Physiologie expé-
rimeniale). Philipeaux, Lallemand,
Poiiral. .Alartin-Damoiirette. pour
l'année 1 goti 5 -(S
— Du prix Parkin pour l'année 1906 .... 38o
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question du
prix Pouiat pour l'année 1909 35,8
BOUDOUAKD. — Sur les siliconcs i526
BOUGAULT. — Sur un tartrate d'anli-
moine 585
BOUGAULT (,L). — Sur l'acide cinuamé-
n^'lparaconique i Sjg
BOULN (P.) et AXCEL (P.). — Action de
l'extrait de glande inlerstilielle du
testicule sur le développement du
squelette et des organes génitaux . . . 232
BOUIN (P.) et ANCEL (P.). — Sur l'effet
des injections d'extrait de glande
interstitielle du testicule sur la crois-
sance 298
BOULANGER (A.). —Extinction de l'onde
'solitaire propagée le long d'un tube
élastique horizontal 388
BOULOUCH (U.). — Sur l'existence des
.sulfures de phosphore : mixtes de
phosphore et de sesquisulfure de
phosplnire lO-i "1
BOULUD et LÉPINE ( R.). — Sur l'acide
glycuronique des globules du sang . . 196
BOUNHIOL ( J.). — Sur le gisement hui-
trier naturel de la Macta (Algérie) et
le régime d'écoulcmeal de cette ri-
vière , . 5c)3
BOUQUET DE LA GRVE. — Sur l'atter-
rissage des aéroplanes 121
— Est élu membre des Commissions char-
gées déjuger les concours : du prix
extraordinaire de 10000'' (Naviga-
tion) et du prix Pluniey pour l'année
1 906 264
— Des prix Tclnhatche!. Binoux, Dela-
lande-Guérineau, pour l'année 1906 . 265
— Du prix ,)ean Roynaud pour l'année
1906 443
— Du prix du iiaron de .loëst pour l'année
1906 4 i 3
— Est élu membre de la Commission
MM. Pages,
chargée de présenter une question de
prix Gay pour l'année 1909 265
BOUQUET (E.) et DIENERT (F.). — Sur
la radioactivité des sources d'eau
potable 149
BOURGET (Henry). — Sur une classe
particulière do (onctions 0 1 185
BOURLET (Carlo). — Est présenté en
seconde ligne à M. le Ministre du
Commerce pour la Chaire de Géomé-
trie vacante au Conservatoire na-
tional des Arts et Métiers 1 897
BOUSSAC (JiîAN). — Sur la formation du
réseau des Nummulites réticulées. . . 243
BOUSSINESQ (.).). - Propagation du
niouvenicnl autour d'un centre dans
un milieu élastique, homogène et iso-
irope : étude de l'onde corrélalive
aux variations de densité 48o
— Propagation du mouvement autourd'un
centre, dans un milieu élastique, ho-
mogène et isotrope : étude de l'onde
produite sans changements de densité. 542
— Propagation dn mouvement autour d'un
centre, dans un milieu élastique, ho-
mogène et isotrope : caractères de
l'onde totale 609
— Est élu membre des Commissions char-
gées de juger les concours : du Grand
Prix des Sciences mathématiques et
des prix Francœur. Poncelet, pour
l'année 1 906 2G4
— Du prix Monlyon (-Mécanique) et du
prix Boileau pour l'année 1906 264
— Du prix extraordinaire de (1000'' (Na-
vigation ) et du prix Plumey pour
l'année 1 90G 264
BOUTROUX (Pierre), — Sur l'indéter-
mination d'une fonction au voisinage
d'une singularité transcendante 199
BOUTY ( E.), — Sur une expérience de
Hillorf et sur la généralilé de la loi
de Paschen 1265
— Est classé en seconde ligne parmi les
candidats à la place laissée vacante
par le décès de M. P. Curie i45o
B0UVE.4ULT et CHEREAU (F,). - Sur
l'a-chloroovclohcxanone et ses dé-
1086
BOUVIER (E.-L,), — Nouvelles observa-
tions sur les Pyenogonides recueillis
dans les régions antarctiques au cours
de la campagne (hrigée par M. Jreiii
CItanol
TABLE DES AUTEURS.
1623
MM. P
— Sur les Geniiacla.s ou Pénéides balhy-
pélagiques
— Suite aux observalions sur les Gcn-
iiadas ou Pénéides Ijallivpélaijiques..
-- La nidificalion (les aljcilk'S à l'air lil)re.
— Est élu membre des Commissions
chargées de juger les concours : des
prix Savigny, tliore. Da Gama Ma-
cliado. poui' l'année 1906
— Du prix' Cuvier pour l'année 1906 ....
BRAU et DEiMliR. — Sur la toxine et l'an-
titoxine cholériques
BRÉAL (E.). — Traitement cuivrique des
semonces .'
BRÉAUDAT (L.). — Sur nu nouveau mi-
crobe producteur d'acétone
BRETON (M.) et CALMETTE (A.). — Sur
les dangers de l'ingestion de bacilles
tuberculeux tués par la chaleur chez
les animaux tuberculeux el chez les
animaux sains
— Sur les effets de la tulierculine absorbée
par le lubc digosliC chez les animaux
tuberculeux
BREUIL (Pierre). — Recherches sur les
aciers au cuivre
BREVDEL(A.j.— Adresse une .Note « Sur
l'Électricité souterraine »
BRILLOULX ( Marcel). — Les courbures
du géo'ide dans le tunnel du Simplon.
BRLNER. — Equilibres hétérogènes: For-
mation du chlorure de [ihosphonium,
du carbonate et du sulfliydrate d'am-
monium
BRLNER (E.). - Étude des équilibres
liélérogènes sous des pressions va-
ri.ibles
BROCA (André). — Sur la durée de la
décharge dans un tube à rayons X. . .
— Pouvoir inducteur spécifique et con-
ductibilité. Viscosité électrique
— Est classé en troisième ligne parmi les
candidats à la place laissée vacante
par le décès de il. P. Curie
BROCA (André) el TUUCHINL — Étude
photographique de la durée de la dé-
686
ioi5
327
38o
728
r28o
616
liai
IO(J>
916
121 î
328
1 4 )i>
MM. P
charge dans un tulie de Crookes ....
— Résistance des électrolytes pour les
courants do haute fréquence
BKOCQ-ROUSSEAU et PIETTKE. - Sur
les spores d'un Strcptotlirix
BROXIEWSKl (WiTOLD). — Adresse une
Note (1 Sur la relation entre le chan-
gement de résistance et la dilatation
des solides mono-alomi(]ues ■>
BROUARDEL. — Est nommé membre d'une
Commission chargée de présenter à
M. le .Ministre de l'Intérieur une liste
de trois membres de l'Académie pour
une place dans le Comité consultatif
d'hygiène publique de France
— Est élu membre des Commissions char-
gées de juger les concours : des prix
Montyon (Médecine et Chirurgie),
Barbier. Bréant, Godard, du baron
Larrey, Bellion, Mège, |)our l'année
I yo6 ■
— Du prix Montyon ( Statisti(pic) pour
l'année 1900
— Du prix Parkin pour l'année iyo6 ....
ItRUMlES ( liERNARD). — Sur les durées
comparées d'une émission de rayons X
el d'une étincelle en série avec le
tube pi'odncteur de rayons
BRUiNUES (Jean). — Sur les conti'adic-
dictions de l'érosion glaciaire
— Sur une explication nouxelle du sur-
creusement glaciaire
liRUST (Alfred) adresse une Noie « Sur
un nouvel appareil destiné à dé-
montrer la rotation de la Terre »...
BUHL (.A.;. — Sur la généralisation des
séries trigonomélriqnes
BURDON SiVNDERSOX (Sir Joun). — Sa
mort est annoncée à l'Académie
BUISSOX (H.j. — Sur les variations de
quelques propriétés du quartz
BUISSOX (H.) et FABRY (Cii.). — Sur
l'emploi de la lampe Cooper-IIevvitt
comme source de lumière monochro-
matique
âges.
-145
1187
GoS
265
j8o
38o
391
1234
' -^99
118
io>8
265
881
7«4
CALMLÏTE I A.) et BRETON (M.j. — Sur
les dangers de l'ingestion de bacilles
tuberculeux tués par la chaleur chez
les animaux tuberculeux el chez les
annnaux sains ■. .
— Sur les effets de la tuberculino absor-
bée par le tube digestif cliez les ani-
maux sains et chez les animaux tuber-
441
1624
TABLE DES AUTEURS.
MM.
fi 16
culeux
CALMETTE (A ) et GUÉRIN (C). - Sur
la vaccination contre la tuberculose
par les voies digcstives iSkj
CALMETTE (A.i. GUÉRIN (C.) et DÉ-
LÉARDE (A.). — Origine intestinale
(les adénopathies traehéo-broncliiqnes
tuberculeuses 1 1 36
CAMUS (L.). — Action du sulfate d'hor-
dénine snr la circulation 217
— Action du sulfate d'iiordénine sur les
ferments solubles et sur les microbes. 35o
— L'iiordénine, son degré de toxicité,
symptômes de l'inioxication 110
CARDOT rJri.r:s). — Note sur la végéta-
tation bryologiquc de l'Antarctide... 4^6
CAIILES (■PiERiiE) adresse une Note trai-
tant « De l'obtention d'un soufre
mouillai lie » 1 169
C.\RNOT (Adolphe). — Est élu membre
de la Commission chargée de juger le
concours du prix Montyon (Statis-
tique) pour l'année 1906 38o
CARRÉ (H.i. — Sur la maladie des
cliiens ()G?
CARTAUD (G.) et OSMOND (F.). — Sur
la cristallographie du fer 1 53o
CARVALLO (.Im.iîs) adresse une « Étude
de la loi des variations de la tempé-
rature de ralmos|)hèrc en fonction de
la hauteur ■' 471
CAVALIER (.1.). — Sur les composés py-
rophosphoriques 885
CAYEUX (L.). — Les tourbes des plages
bretonnes, au nord de Morlaix (Finis-
tère) 468
— Structure et origine probable du mine-
rai de fer magnétique de Diélette
(Manche) 716
— Genèse d'un minerai de fer par décom-
position de la glaueonie 895
GAZES (E.) et MATIGNON (C). ~ Un
nouveau type .de composé dans le
groujie des métaux rares 83
CÉPÈDE (Casimir). — Sur une Microspo-
ridie nouvelle, Plcistopliora nutcro-
xpnrfi. parasite des Loches franclios
du Dauphiné 56
ClIABLAV (E.). -^ Sur les conditions d'hy-
drogénation, par les métaux-ammo-
niums, de quelques dérivés halogènes
des carbures gras. Préiiaration des
carbureséthylénicpicsclfDrnu'niques. 93
ClIARAlîOT (Ere.) et LALOUEiG.i. —
MM. Pages.
Formation et distribution des compo-
sés ter|iéniques chez l'oranger a fruits
amers 798
— Errata relatifs à cette Communication. 860
CHARRIN (A.). — Mécanismes des moda-
lités pathologiques S[)éciales à chaque
organe au cours d'une maladie géné-
rale 414
CHARRIN (A.) et GOUPIL. — Les fer-
ments du placenta 395
CHARRIN (A.) et .lARDRY. - Hyper-
iherniics opératoires aseptiques 806
— Influence de l'ovaire sur la nutrition.
Synergie thvro-ovarienno i443
CHARRIN (A.) et LE PLAY. — Étude des
variations de la toxicité du contenu
de l'intestin grêle. Modifications du
sang 524
CHATIN est élu membre des Conunissioiis
chargées déjuger les Concours : des
prix Desmazières, Montagne, deCoiney
pour l'année 1906 3-27
— Des prix Savigny. Thore, Da Gama
Machado pour l'année igofi 827
— Du prix Cuvier pour l'année 1906.. .. j8o
CHAUDIER (,!.). — Sur la polarisation
elliptique produite par les iiqueui's
mixtes 201
CHAUMET et VARIOT. — Tables décrois-
sance dressées en 1905 d'après les
mensurations de 44oo enfants pari-
siens de I à i5 ans 299
CHAUVEAU (A.). — Rapports simples des
aclioiix statique/: du muscle avec
l'énergie qui les produit 977
— Rapports simples des actions dynami-
ques du muscle avec l'énergie qui les
produit 1 12.5
— Le travail c.rtcricur créé par les actions
statiques et dynamiques du travail
intérieur du moteur-nuiscle. Relations
entre l'énergie liée à ces actions et
l'énergie qui |)asse dans le travail ex-
térieur 1474
— Est élu membre des Connnissions char-
gées de juger les Concours : des prix
Montyon (Médecine et Chirurgie),
Barbier, Bréant, Godard, du Rarou
Larrey, Bellion, Mège 'pour l'année
1906 327
— Des prix .Montyon (Physiologie expé-
rimentale), Philipeanx, Lallemand.
Poural, Martin-Damnuretic pour l'an-
née 1 90G 328
TABLE DES AUTEURS.
l6'25
MM. PagfS.
— Des médailles Arago, Lavoisier, Ber-
llielot pour l'année 1906 3So
— Des prix Trémont, Gcirnor. I.anneloii-
gue, Jérôme Ponli pour l'année 1906. 38o
— Du prix Parkin pour l'année 1906.... 38o
— l)n prix .lean Reynaud ponr l'année
1906 443
— Est éhi membre de la ( Juiimission char-
gée de présenter une question de prix
Pourat pour l'année 1909 3a8
CHAVANNE (G.) et SIMON (L.-L). —
Réaction caractéristique du glvoxylate
d'étliyle. Action de l'ammoniaque sur
cet étlier et ses dérivés gSo
CHÉNEVEAU (C). — Sur l'indice de ré-
fraction des corps dissous dans d'au-
tres dissolvants que l'eau i J20
CHÉHEAU (F.) et BOUVEAL'LT. — Sur
l'cz-clilorocyclohexane et ses dérivés. 1086
CHEVALIER ( .Marcel i. — Sur les glaciers
pléistocènos dans les vallées d'An-
dorre l'>6-i
— A>/'(7(o relatifs à celte Oummunication. 740
— Sur les glaciers pléistocènes dans les
vallées d'.Xndorre et dans les hautes
vallées espagnoles environnantes. ... 910
CHEVALLIER (.\.). — Courants marins
profonds dans l'Atlantique Nord 116
CHEVALLIER (A.) et TIIOULET. — Sur
la circulation océanique i^j
CHEYROTTIER {.\.) adresse une Note
« Sur une nouvelle combinaison or-
ganique d'iode 0 i3oi
CHliiÈTIEN (P.). — Sur la réduction du
séléniure d'antimoine i339
— Sur la réduction du séléniure d'anti-
moine 1 4 1 2
CHRÉTIEN (P.) et GUINCHANT. — Sul-
fure d'antimoine et aniimoine -o<)
CHUDE.\U (Re.né). — Nouvelles observa-
tions sur la géologie du Sahara 24 1
— D'Iférouane à Zinder 53<p
CIRERA. — Extrait d'une lettre relative
à une secousse sismique ressentie, à
rObsei'vatoire de l'Ebre, le 3i jan-
vier 1906 303
— Sur un mouvement microsismiquc im-
portant 1054
CL.VIRIN (.1.). — Sur les transformations
des systèmes d'équations aux déri-
vées partielles de second ordre 8G7
CL.\UI)E (Georges). — Sur la liquéfac-
tion de l'air par détente avec travail
extérieur 1 333
MM. Paces.
CLAUDE (Georges) et LEYV (Renk-J.).
— Sur la production des vides élevés
à l'aide de l'air liquide S76
CLAUSMANN et GAUTIER (Ahmano). —
Sur quekpies dil'licultés ([ue présente
le dosage de l'oxyde de carbone dans
les mélanges gazeux 48J
COLIN (Ed. -El.). — Travaux géodésiques
et magnétiques aux environs de Tana-
narive 11 19
— Observations magnétiques à Tanana-
rive 1 179
COLLET (L.-W.) et LEE (G.-W.). — Sur
la composilion chimique de la glau-
conie 999
COLSON I Aliikkt). — Sur la conslilutiou
des sull'ales clironuqucs ioa
COMBES fds (l'AiL). — Sur l'extension de
l'invasion marine du Sparnacien su-
périeur aux environs de Paris i574
GORET (A.) demande l'ouverture d'un pli
cacheté dé|iosi/ par lui le 17 mai r88(i,
relatif à un thermomètre médical.... 1142
CORNET (J.). — Sur la faune du terrain
inférieur de Baudour ( Hainaut) 734
COSIANTIN (J.) et GALLAUD (1.). —
Asclépiadées nouvelles do Madagascar
produisant du caoutchouc i554
COTTON (A.) et MOUTON (H.). — Nou-
velles propriétés magnéto-optiques des
solutions collo'idales d'hydroxule de
fer 2o3
COUPIN (Henri). — Sur l'action de quel-
ques alcaloi'des à l'égard des tubes
polliniques 84 1
COUTIÉRE(H.k — Sur quelques larves
de Macroures eucyphotes provenant
des collections de S. .V. S. le Prince
de .Monaco 847
CRELIER (L.) adresse une Note intitulée:
n Génération et construction des
courbes du (n -1- i)'^'"« degré et de la
(7! -I- i)"'™" classe » 1 363
CROOKES (Sir William) est élu Corres-
pondant de l'Académie pour hi Section
de Physique, en remplacement de
M. /irncst Biclint 3 80
CUÉ.NOT (C). — Sur les délurm:ilions
des voies de ciiemins de fer 770
CURIE (Pierre) est élu membre do la
Commission chargée de juger les Con-
cours des prix Ileberl. Hughes pour
l'année 1 90G 2()5
— Sa mort est annoncée à l'Académie. . . 939
1626
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages.
CURIE (Pii:iiun)clLABOKDE(A.). — Sur
!a radioactivité des siaz qui provien-
nciil de l'eau dos sources thoruiales. 1 \i>i
CURIE (M""). — Sur la diuiinution do la
radioactivité du polonium avec le
temps -'-73
MM. Pages.
CURTELeUURlE (A.). — De l'innuence
do la grelfe sur la qualité du raisin et
du vin et de son emploi à l'amélio-
ration systématique des hybrides
sexuels \Cii
D
DANGEARD. — La fécondai ion nucléaire
cliez les Mucorinées 615
DARBOUX est élu membre des Commis-
sions ehari;ées de juger les Concours :
du Grand Prix des Sciences nialhema-
liques et des prix Francœur et Ponce-
let pour l'aimée 1906 aOI
— Des prix Pierre (îuznian, Lalande, Valz.
Jansseu pour l'année 190O ^Gi
— Des médailles Arago, Lavoisier, Ber-
tlielol pour l'année 1906 3So
— Des prix Trémont, Gegner, Lannelon-
gue, Jérôme Ponti pour l'année 1906. 38o
— Du prix Wilde pour l'année 1906 38o
— Du prix Saintour pour l'année 1906.. . 3.So
— Du [H-ix Houllevigue pour l'année 190(5. 38o
— Du jirix Jean Reynaud pour l'année
190G. 'h3
— Du prix du l.iarun do Joëst pour l'année
1906 i43
— Est élu membre de la l'.ommission char-
gée de présenter une question de prix
Bordin (Sciences malhémaliques) pour
l'année 1909 443
M. \e .Secrélnire pcrpctiicl annonce U mort
de M. Jrl/iur - François - Alphonse
Bienaymé, Correspondanl de l'Acadé-
mie pour la Section de Géographie et
Navigation 497
— Signale, parmi les pièces imprimées de
la Corresiiondaiicc : Une nouvelle édi-
tion, conlonno à l'original, des Éludes
chimiques sur la végétation, de Jules
Raulin, 199. — Joseph Dambey, sa
vie, son œuvre, sa correspondance,
par le D' E.-T. Hamy, 199. — Le
Mexique et son évolution sociale, 199.
— Le Fascicule IV des Décades zoo-
logiques (Oiseaux), publiées par la
Mission scifnlifiqHc pcnnanfntc d '<•.;-
j)loration en Jndo-CItine, 414- — Ees
Tomes 1 et II des Leçons d'algèbre et
d'analyse à l'usage des élèves des
classes de mathématiques spéciales,
por.//;/e.« Tnnnerj. 498. — Précis de
Médecine légale, par J. Lacnssagne,
Deux Volumes de la Vie des ani-
maux illustrée, publiée sous la di-
rection de M. Edmond Perrier : Les
Mamniilères. par A. Ménégaux. 62 j.
— L'Électrométallurgie dos fontes,
fors et aciers, par M. Cinnilh' Ma-
tignon, 757. — The Seikirlv range,
par J.-O. W'hcrler. 737. — Le Fas-
cicule V (Oiseaux) des Décades zoo-
logiques, de la Mission scientifique
permanente d'e.rplorati(m en Indo-
Chine. 7J7. — Une Brochure publii'c
par V Association internationale des
Jcadéinies et plusieurs Brochures de
M. O. Lelimann, 867. — 19 feuilles
dos Cartes de France, de l'.Algorio et
de la Tunisie, 10^8. — Le chimiste
Dizô, par MM. //. Pillas et A. Bal-
la nd, 1028. — Le transformisme
appliqué à l'apiculture, 1028. — Ta-
bleaux logarithmiques A el Bétpiiva-
lanl à des Tableaux logarithmiques à
G et 9 décimales et Notice explicative
donnant la théorie le mode d'emploi
de ces Tableaux, par le D"^ A. Ctiit-
leniin, 1142. — Tratado de las curvas
especiales notables, par F. C.omes
Teixern, i\!\i. — Les prix Nobel en
1903, 1323. — Essai sur le carré ma-
gique de N à N nombres. \iùv Prosper
de Lafitte. i32J. — La Physique mo-
derne et son évolution, par Lucien
l'oinearé, i325. — L'âge des derniers
volcans de la France, par M Marcel-
lin Houle I i93
DARZENS (Georges). — Condensation
glycidique des aldéhydes avec l'élhor
a-ch!orn-propionique 214
DARZENS (Gkohges) et LEFÉBURE (P.)-
— Préparation d'éthers glycidiques et
d'aldéh\(les dans la série hexahydro-
aromali<iue 7 '4
TABLE DES AUTEURS.
MM. P
DASTUE est élu membre des Commissions
chargées do juger les Concours : des
prix Monlyon (Médecine et Chirur-
gie), Barbier, Bréant, Godard, du
Baron Larrey, Bellion, Mcge poui'
ranné<" igoCi
— Des prix Montyon (l'Iiysiologic expéri-
mentale), Pliilipeaux, Lallemand,
Pourat, Marlin-Damourelle pour l'an-
née I got;
— Du prix Parkin pour l'année 1906
— Est élu membre de la Commission
cliargco de présenter une question de
prix Pourat pour l'année 1909
DEBIERNE r A.)- — Sur les phénomènes
de phosphorescence
DEHALU. — Observations magnétiques
faites à Sfax (Tunisie), à l'occasion
de récli)ise totale de Soleil du 29-
3o août igoS
DELAGE (YvKS). — Capture d'un Cacha-
lot du genre Kogia Gray, sur les
côtes de -la Manche, à Koscolf
— Est élu membre des Commissions
chargées de juger les Concours : des
prix Savigny, Tliore, Da Gama Ma-
chado pour l'année 1906
— Du prix Cuvier pour l'année 1906 ....
DÉLÉARDE (A.), GUÉUIX (C.) et CAL-
METTE (A.). — Origine intestinale
des adénopathies trachéo-bronchiques
tuberculeuses
DELÉPINE ( Marce[,). — Action de l'acide
sulfuriquo à chaud sur les sels de pla-
tine et d'iridium en présence do sul-
fate d'anmionium
— Sur le sulfate double d'iridium et de
potassium
Ir2(SO»)3-4-3S04K2.
DELEZEWE (C), MOUTON (H.) et PO-
ZEUSKl (E.). — Sur l'allure anomale
de quelques proléolyses produites par
la papaïne
DE.MACHY annonce une découverte rela-
■ tive au siège du germe delà syphilis.
DEMOLE (EuG.). — ' Nouvelle méthode
pour la pliotographie dos médaillei
DEMOUSSY (E.).'~ Sur les propriétés
acides de l'amidon
DENIER et URAU. - Sur la toxine et
l'antiloxine cholériques
DEPÉRET (CH.4HLES). — L'évolution des
Mammifères tertiaires; importance
âges.
327
328
3 80
328
508
18G
258
327
38o
ii36
63 1
525
1627
. 618
740
408
g33
728
MM.
des migrations
— Fait hommage à l'Académie de deux
Mémoires intilulés : Les Vertébrés de
rOlii;ocviie injcricur de TV/rrrifa (pro-
vince de Lerida) et Contribulion à
l 'étude de ['(oligocène de la Cata-
lofi'ic 1492
DEPÉRIÎT (Ch.) et VIDAL ( L.). — Sur le
bassin oligocène de l'Èbre et l'his-
toire tertiaire de l'Espagne 752
DEPRAT. — Les roches alcalines des en-
virons d'Evisa (Corse) 169
DESPREZ (Marcel) est élu membre des
Commissions chargées de juger les
Concours: du prix Monlyon (Méca-
nique) et du prix Boileau pour l'an-
née igo6 264
— Du prix extraordinaire (Navigation) et
du prix Plumev pour l'année 1906. . . 2C4
DHSGREZ (A.) et ÂYRIGN-VC ( J.).'— De
l'inQuence du régime alimentaire sur
la valeur des coefficients urologiques
et sur le poids moyen de la molécule
élaborée 85 1
DESGREZ (A.) et GUENDE (M"'^^ Bl.). —
Influence de l'acide phosphorique, des
phosphates mono et trisodiques sur
les échanges nutritifs i43o
DESLANDRES (H.). — Méthodes pour la
recherche des pariicules lumineuses
mêlées aux gaz de la chromosphère et
des protubérances solaires, .\pplica-
tions pendant l'éclipsé de 1903 741
— Méthodes pour la rcclierche, en dehors
des éclipses, des amas de particules
brillantes, mêlés aux gaz et aux va-
peurs dans la partie basse de l'atmo-
sphère solaire 1 009
— Est élu membre de la Commission
chargée de juger les Concours des
prix Pierre Guzmann, Lalande, Valz,
janssen pour l'année 1906 265
DESLANDRES (H.) et BLUM (G.). —
Photographies des protubérances so-
laires avec des écrans colorés dans
l'éclipsé du 3q août igoi 817
DEVAUX-CHARBONNEL. — Emploi de
l'électro-diapason comme régénéra-
teur de courants allernaiil's giS
— Mesure de temps très courts par la dé-
charge d'un condensateur loSo
DlEXERT ( F.). — Sur la radioactivité des
sources d'eau potable 883
— De la minéralisation des eaux souter-
1628
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages,
raines et des causes do sa variation . 1 1 13
— Sur le degré de minéralisalion des eaux
souterraines 1*30
DIENERT (F.) et BOUQUET (E.). — Sur
la radioactivité des sources d'eau po-
talîie : 4 '19
DIONNEAU (R.)- — Dérivés asymétriques
de l'hexanediol-i .G ; éliier diélbylique
et diiodure de l'Iicfitanediol-i .7 91
DITTE est élu membre de la Commission
chargée de juger les Concours des
prix Jceker, Caliours, .Montyon (Arls
insalubics) pour l'année 1906 827
DOUMERGUE et FICllEUU. — Sur l'exis-
tence du Crétacé dans les schistes
d'Oran 1 576
DOYON, GAUTIER (Claude) et MOREL
(Amiiîrt). — Démonstration de la
fonction fibrinogénique du foie 8 J.|
DOYON, MOREL(ALBiatTi cl KAREFF(N.).
— Régénérateur de la fibrine et do-
sages comparatifs de cette substance
dans diflérents territoires vasculaires
cliez le chien après la défibrination. . iiOi
DUBARD (AUncEL). — Sur le genre AJox-
carenliasia io8g
DUBOIN (A.). — Sur les iodomercurates
de calcium SgS
— Sur les iodomercurates de calcium et
de strontium 573
— Sur les iodomercurates de baryum. . . 887
MM. Pnges .
— Sur les iodoraercuraios de magnésium
et de manganèse i338
DUBOSCO (0.) et LÉGEK (L.). — L'évo-
lution des Eccrbia des Glomeris. . . . 390
— Sur l'évolution des Grégarines gyrano-
sporées des Crustacés r2-25
DUHEM (P.). — Sur les quasi-ondes de
choc et la distribution des tempéra-
tures en ces quasi-ondes 824
— Quelques lemnies relatifs aux quasi-
ondes de choc 377
— Sur une inégalité importante dans
l'étude des quasi-ondes de choc '191
— Sur les quasi-ondes de choc au sein
des fluides mauvais conducteurs de
la chaleur 012
— Sur les quasi-ondes de choc au sein
d'un fluide lion conducteur de la
clialour 750
DULAC ( IL). — Intégrales d'une équation
diflérenlielle dans le \'oisinage d'un
point dicritique Jo4
DUiMONT (J.). — Sur l'absorption des
carbonates alcalins par les compo-
sants minéraux du sol 345
DUMOULIX (André) adresse une Note
intitulée : 0 Principe des dispositifs
d'organes pouvant contribuer à facili-
ter le dépari du sol des aéroplanes. » 3io
OUVAL (H.). — Essais do réduction dans
la série du di|ihénylmélliane 34 1
1
EBERIIARDT (Pu). -Sur un mode nou-
veau d'extraction de l'huile de ba-
diane 'I07
EGINITIS ( D.). — Résultats des observa-
tions magnétiques faites à l'Observa-
toire d'Athènes, pendant les années
1900-1903 36i
ESCLANGON (E.). — Observations de la
comète Brooks (igoGn), faites au
grand éqnatorial de l'Observatoire de
Bordeaux 498
— Observations de la comète (igoGi),
faites au grand éqnatorial de l'Obser-
vatoire de Bordeaux G25
ESQUIROL ( J.). — Éclipse totale de Soleil
du 3o août igoS. Protubérances so-
laires à deux couleurs "Sy
FABRE - DOMERGUE. — Une invasion
d'algues méridionales ( Colpomerua
sinuo.ta) sur les huîtres de la rivière
(le Vannes 1223
FARRY (Gii.) et BUISSON (H.).— Sur
rem|)loi de la lampe Cooper-Hevvitt
comme source de lumière monochro-
matique 784
FABRY (Eugène). — Courbes algébriques
à torsion constante 945
TABLE DES
MM. Pages.
FATOU (P.). — Sur l'applicalion de l'ana-
l5'se de Dirichlet aux formes quadra-
tiques à coefficients et à indéterminées
conjuguées 5o5
— Sur le développement en série trigo-
nométrique des fonctions non inté-
grales 765
FAURÉ FRÈMIET ( Em.mamie[.). — Sur la
structure intime du [irutoplasma cliez
les Protozoaires 58
FAUVEL (Pierre). — Sur l'excrétion des
purines (xantho-uriques) et de l'acide
urique endogènes 1292
— Iniluence du chocolat et du café sur
l'acide urique 1427
FEJÉR (LÉopoLn). — Sur la série de
Fourier .'jo i
FERNBACH (A.). — Influence de la réac-
tion du milieu sur l'activité des dias-
lases 285
— iF/va/rt relatifs à cette Communication. 366
FERNB.\CH (A.) et WOLFF (J.j. — Sur
la transformation presque intégrale en
maltose des dcxirines provenant de
la saccliarification de l'amidon 12 16
FICHEUR et DOU.MERGUE. — Sur l'exis-
tence du (Crétacé dans les schistes
d'Oran 1 576
FISCHER (Kmii.e) fait hommage d'un Vo-
lume intitulé « Untersuchungen iiber
Aminosaiiren, Polypeptide und Pro-
te'i'ne (1899-1906) > i325
FLEURENT (E.). — Sur le blanchiment
des farines de blé 180
FORCRAXD (de).— Recherches sur la
rubidine, la csesine et la lithinc i ibi
— Sur l'orthographe du mot cœsitiDi .... i3i8
— Errata relatifs à cette Communication. i588
FOSSE (R.) et LESAGE (L.}. — Basicité
de l'oxygène de xanthyle. Sels doubles
halogènes xanlhyl-raétalliques i543
FOUARD (E.). — Sur l'action catalytique
exercée par les sels alcalins et alca-
lino-terreux dans la fixation de l'oxy-
gène de l'air par les solutions de
AUTEURS. 1629
MM. , Pages,
polyphénols 796
— Sur une réaction de type oxydasique
présentée par les composés halogènes
des terres rares 1 163
FOURNIER (E.) adresse une Note intitulée
« Profondeur limite à partir de la-
quelle la vitesse d'un navire cesse
d'être diminuée par l'action réflexe
du fond > 1 3oi
— Diminution de la vitesse et change-
ment d'assiette des navires par l'ac-
tion réflexe de l'eau sur le fond 1 5oo
FRANÇOIS (.Maurice). — Combinaisons
de l'iodure mercurique et de la mo-
noniéthylamine libre 1 199
FREDEY (Louis). — Sur la signification
exacte du principe de Carnot 3i3
FKEDHOL.M (Ivar). — Sur la théorie des
spectres 5o6
FREUNDLER (P.). — Sur la cyclohexyl-
acétoue 343
— Recherches sur les azo'i'ques. Trans-
formation des azoïques orthocar-
bnxylés en dérivés c-oxyindazyliques. 1 1 53
FREVCINET (de) est élu membre de la
Commission chargée de juger le con-
cours du prix Montyon (Statistique)
pour l'année 1906 38o
FRIEDEL (G.) ol TERMIEH (P.). — Sur
l'existence de phénomènes de char-
riage antérieurs au Stéphanien dans
la région de Saint-Étienne ioo3
FRIEDEL (Jean). — Sur un cas d'organe
vert dépourvu de pouvoir assimila-
teur 1092
— Origine dos matériaux utilisés par
l'ovaire 1 547
FRITEL (Paul). — Sur les argiles ypré-
siennes de l'Aisne et les conditions
climatériques à l'époque lutétienue. . 1579
FRUUIN (A.) et lilERRV ( H.). — Rôle des
éléments cellulaires dans la transfor-
mation de certains hydrates de car-
bone par le suc intestinal 1 565
GAIFFE. — Sur un procédé pour la me-
sure de la quantité totale de rayons X
émis dans un temps donné 447
GAILLARD, .\CHARD (Cn.) et L.VNNE-
LO.NGUE. — Sur le traitement de la
C. K., 1906, I" Semestre. (T. CXLIL)
tuberculose pulmonaire par la séro-
thérapie 1479
GALL.\RDO (.\ngel). — Les propriétés
des collo'tdes et l'interprétation dyna-
mique de la division cellulaire 228
2 I 2
ii6j() table des
M \I . Pages .
GALLAUD (.1.) et COSTANTLN (.!.)• —
Asclépiadées nouvelles de Madaiiascai'
prodiiisaiU du caoutchouc i55'(
GAMBIEI!. — Sur les équations difl'éren-
lielles du second ordre dont l'intc-
srale générale est uniforme 2<î6
GAJVIBIEK (E.). — Sur les équations dif-
férentielles dont l'inlégralo générale
est uniforme i4o3
— Sur les équations dill'érentielles du
deuxième ordre et du premier degré
dont l'intégrale gônérnlo est uniforme, i .iij7
GASTINE(G.). — Sur un nouveau pro-
cédé d'analyse microscopique des
farines ei la reclierclie du riz dans
les farines de blé 1207
GATIN-GRUZE\\SKA ( M""' Z.)- — Action
de l'adrénaline sur la teneur du
muscle en glycogène 1 165
GAUBEHT (P.). — De l'inQuence des ma-
tières colorantes d'une eau mère sur
la forme des cristaux qui s'en dé-
posent (acide phtalique) 219
— Sur l'état des matières colorantes dans
les cristaux colorés artificiellement.. 9'56
G.VUDKV (Albiîrt). — Sur le Congrès
international d'Anthropologie et d'Ar-
chéologie préhistorique i02'2
— Fossdes de Patagonie. Étude sur une
portion du monde antarctique 1^92
— Est élu membre des Commissions char-
gées déjuger les concours : du prix
Cuvier pour l'année 1906 58o
— Du prix Jean lieynaud pour l'année
1906 Mo
GAULT (H.) et BLAISE (E.-E.). — Ke-
cherches dans la série du pyrane 152
GAUTIER (Ahmand). — Sur le dosage de
l'oxyde de carbone dans l'air par
l'anhydride iodique i5
— Action de l'oxyde de carbone, au rouge,
sur la vapeur d'eau et de l'hydrogène
sur l'acide carbonique. — Application
de ces réactions à l'analyse des phé-
nomènes volcaniques 1 182
— Errata relatifs à celle Communication. 1 ISS
— Action de la vapeur d'eau sur les sul-
fures au rouge. — Production do mé-
taux natifs. — Applications aux phé-
nomènes volcaniques 1 465
— Fait hommage d'une brochure inti-
tulée : « La genèse des eaux ther-
males et ses rapporte avec le vol-
canisme » 1824
AUTEUR .
MM. Pages'
— Est élu membre de la Commission
chargée de juger le Concours des prix
.lecker, Cahours, Montyon (Arts insa-
lubres) pour l'année 190G 327
GAUTIER (Armand) et CLAUSMANN. —
Sur quelques difficultés que présente
le dosage de l'oxyde de carbone dans
les mélanges gazeux 485
GAUTIER (Claude), Din'EN et MOREL
(Albert). — Démonstration de la
fonction fdDrinogénique du foie. .... 854
GAUTRELET (.Iean). — La réaction du
sang, fonction de la nutrition ( loi de
physiologie générale) 639
GENTIL (Louis). — Contribution à la
Géogra[)hie phvsique de l'Atlas ma-
rocain 811
(JENTIL (L.) et KILIAX (\V.). - Décou-
verte de deux horizons crétacés re-
marquables au Maroc 6o3
GERXEZ (DÉSIRÉ) est classé en première
ligne parmi les candidats à la place
laissée vacante par le décès de M.
P. Curie 1 45o
— Est élu membre de la section de Phy-
sique 1 492
GESSARD (C). — Sérum antioxydasique
polyvalent 64 1
GlARD est élu membre des Commissions
chargées de juger les Concours : des
prix Desmazières. Montagne, de Coincy
pour l'année 1906 827
— Des prix Savigny, Thore. Da Gama
Machado pour l'année 1906 327
— Des prix Montyon ( Physiologie expé-
rimentale), Philipeaux. Lallemand.
Pourat, Martin Damouretle pour
l'année 1 906 828
— Du prix Saintour pour l'année 1906... 38o
— Du prix Houllevigue pour l'année 190G. 3Ho
— Du prix Cuvier pour l'année 1900 .... 38o
— Kst élu membre de la Commission
chargée de présenter une question
de prix Pourat pour l'année igoti . . . 828
GINESTE (Ch.) et KUNSTLEU (J.). —
Contribution à la morphologie géné-
rale des Protozoaires supérieurs .... 294
GIRAN(H.). — Sur l'existence des sul-
fures de phosphore 898
GIRARD et HIÎXRV (Vicrou). — Ke-
cherches sur l'électricité animale. . . . i5()3
GLANGEAUD (Pu.). — Une ancienne
chaîne volcanique an nord-ouest de
la chaîne des Puys 1 84
TABLE
MM. P
— Reconstitulion d'un ancien lac oligo-
cène sur le versant nord du massil'
du Mont-Dorc (lac d'Olby )
— Une chaîne volcanique miocène sur le
bord occidental de la Limagne
— Les volcans du Livradois et de la Comté
( Puy-de-Uôme )
GODCHOT ('Marcel). — Sur quelques dé-
rivés livdro-anthraccniqnes
GODCHOT (M.) et Jl'NGKLEISCH (E.). —
Sur l'acide lactique gauclie
— Sur le dilactide de l'acide laoticiue
gauche
GOUPIL et CHAURLV. — Les ferments du
placenta
GOURSAT (E.). — Sur les intégrales infi-
niment voisines des équations aux dé-
rivées partielles
— Sur la théorie des caractéristiques . . .
GOY (Ad.). — Sur l'élasticité des tissus
organiques
— Errata relatifs à cette Communication.
GRABY (A.> annonce à l'Académie qu'il
est arrivé à une solution très simple
du problème de la photographie des
couleurs
GRAXD'EURY. — Sur les mutations de
quelques plantes fossiles du terrain
houiller
GRAXDIDIER (Alfred). — Est élu mem-
bre des Commissions chargées de ju-
ger les Concours du Prix extraordi-
naire (Navigation) et du prixPlumey
pour l'année 1 906
— Des prix Tchihatchef, Binoux, Dela-
lande-Guérineau pour l'année 1906.
— Des prix Savigny, Thore, Da Gama
Machado pour l'année 1906
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question de
prix Gay pour l'année 1909
GRANDIDIER (Guillaume) est présenté
en première ligne à M. le Ministre de
l'Instruction publique, pour la chaire
de Zoologie (Mammifères et Oiseaux)
vacante au Muséum d'Histoire natu-
relle
GRAUX (Lucien). — Proportionnalité di-
recte entre le point cryoscopique
d'une eau minérale de la classe des
bicarbonatées et la composition de
cette eau exprimée en sels anhydres
et en monocarbonates
— Errata relatifs à celte Communication.
DES AUTEURS.
[63l
âges.
259
600
665
1202
5i5
637
595
i37
760
ii58
l302
^4
264
265
327
26 J
696
166
472
MM. Pages.
GRAUX (Lucien) et M.\ILLARD ( L.-C).
— Sur l'existence des bicarbonates
dans les eaux minérales et sur les
prétendues anomalies de leur pres-
sion osmotique 4o4
GRAVIER (Ch.). — Sur la faune annéli-
dienne de la mer Rouge et ses affini-
tés ' 410
— Sur un type nouveau d'Alcyonaire de
la famille des Firgiilarid/c 1290
— Sur la biologie des Virgulaires 1556
GRENIER adresse une Note « Sur le trai-
tement de l'épilepsie e^senlielle et
sur le traitement aboriil de la pneu-
monie » ioo5
GRUVEL (A.). — Sur une l'orme nouvelle
de Cirrhipède operculé (Pjrgopsis
Jniiandalei, n. g., n. S[).) i 558
GUCCIA (G.-B.). — Un théorème sur les
courbes algébriques planes d'ordre n. i256
— Un théorème sur les surfaces algébri-
ques d'ordre n 1 494
GUÉDRAS (Marcel). — Étude sur la
transmissibilité de la tuberculose par
la caséine alimentaire 1673
GUEXDE (M'" Bl.) et DESGREZ (A.). —
Influence de l'acide phos|ih(u'ii]ue, des
phosphates mono el trisodiques sur
les échanges nutritifs 1439
GUÉRIN (C), CALMETTE (A.) et DÉ-
LÉARUE (A.). — Origine intestinale
des adéuopathies trachéo-broncliiques
tuberculeuses 1 1 36
GUÉRIN (P.). - Sur les canaux sécré-
teurs du bois des Uiptérocarpées. . . . 102
GUGLIEL.MIXETTI. — Appareil respira-
toire pour l'exploration des milieux
remplis de gaz irrespirables 60
GUICHARD (C). — Sur la déformation
des quadriques 22
— Sur certains systèmes de cercles et de
sphères qui se présentent dans la dé-
formation des quadriques 261
— Sur les variétés doublement infinies de
points d'une quadrique de l'espace à
quatre dimensions applicables sur un
plan 982
GUIGNARD (L..). — Le Haricot à acide
cyauhydrique, Pliaseolus /iinfiiut L. . 545
— Est élu membre de la Commission char-
gée de juger les Concours des prix
Desmazières, Montagne, de Coincy
])0ur l'année 1906 327
GUILLAUME (J.). - Observations de la
l632 TABLE DES
MM. Pages,
comète Giacobini ( igoS c) faites à
l'éqnatorial Briinner (o"',i()) de l'ob-
servatoire de Lyon 3i
— Observations du Soleil laites à l'obser-
vatoire de Lyon (éqiiatorial Brunnor
de o^.iô) pendant le troisième tri-
mestre de 1905 j29
— Observations du Soleil faites à l'obser-
vatoire de Lyon (équatorial Bruniier
de o",i6 d'ouverture) pendant le
deuxième trimestre de 1905 38?,
— Observations du Soleil faites à l'Obser-
vatoire de Lyon (équatorial lirunner
de o'",i6d'ouverture) pendant l.e qua-
trième trimestre de 1905 56o
— Observations de la comète Kopff
( 190O l>) faites à l'équatorial coudé de
l'Observatoire de Lyon tigS
GUILLEMARD(H.) et MOOG (IL). — Ob-
servations faites au mont Blanc sur
riiyperglobulic des altitudes 64
GUILLÉT (Lkon). — Sur les laitons spé-
ciaux 104-
GUILLIERMOND (A.). — Contribution à
l'étude cytologique des bactéries. . .. i'>.X5
GUILLIERMOND ( A.) et BE.\UVERIE (J.).
— Note préliminaire sur les globoïdes
et cerlaines granulations des graines,
ressemblant par quelques-unes de
leurs propriétés aux corpuscules mé-
tachromatiques !^97
GUILLON (G. -M.). — Recherches sur le
développement du Botrjtis Cinerea.
cause de la pourriture grise des rai-
AUTEURS.
MM. Pages.
sins 1 346
GUI^CHA^•T et ('.IIRÉTIEX. — Sulfure
d'antimoine et antimoine 709
GUNTZ et RŒDEREIL — Sur la prépara-
lion et les propriétés du strontium.. 400
GUTTON (C). — Expériences photogra-
phiques sur l'action des rayons N sur
une étincelle électrique i45
GUYE (Ch.-Eug.). — Sur la valeur nu-
mérique la plus probable du rapport
— de la charge à la masse de l'élec-
trou dans les rayons cathodiques 833
GUYON est élu membre des Commissions
chargées de juger les Concours : 'des
prix Monlyon (Médccincet Chirurgie),
Barbier, Bréant, Godard, du Baron
Larrey, Bellion, Mège pour l'année
1900 327
GUYOU(E.). — Sur un efl'et singulier du
frottement io55
— Application du téléphone et de l'astro-
labe Claude-Driencourt à la détermi-
nation de la longitude de Brest 1378
— Estélu membre des Commissions char-
gées de juger les Concours : du Prix
extraordinaire ( Navigation ) et du prix
Plumey pour l'année 1906 . 264
— Des |irix Tcliihatclief. Binoux, Dela-
lande-Guérincau pour l'année igoO.. 265
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question de
prix (iay pour l'année 1909 265
H
HACKSPILL (L.). — Réduction des chlo-
rures d'argent et de cuivre par le cal-
cium 89
HADAMARD. — Sur les transformations
planes 74
H.VLLER (A.) fait hommage à l'Académie
d'une Brucliuro de M. François Mer-
klen 1 1 8 1
— Est élu membre de la Commission
chargée de juger les Concours des
prix Jec^er, Cahours, Montyon (Arts
insalubres i pour l'année igoG '^27
HALLEU (A.) et IIAUEK ( E.). — Benzyl-
et phénylbornéuls et leurs produils
de déshydratation, les benzyl- etphé-
nylcam[)hènes G77
^ Sur des diphényle ou alcoylphényle
caui|ihomélhane et méthylène
/CH - CH<^1^,
C8H'*< I \H
\C0
et
C = c-^^
C8|iu/|' \R'.
\co
HALLER (A.) et BLANC (G.). — Conden-
sation de l'élher (î^-diniéthylglyci-
di(pie avec l'éther malonique sodé.
Synthèse des acides térébique et py-
rolérébique
HALLER (A.) et MARCII (F.). — Sur les
971
' i7'
TABLE DES AUTEURS.
16 33
MM. Pages.
pouvoirs rotatoires des liexaliyiJro-
Ijenzylidèiio et œnantliylidèneciim-
plires cl de leurs dérivés saturés cor-
respondants, comparés aux mêmes
pouvoirs des benzylidène et benzyl-
camplires 3 16
HAIXER (A.) et MINGUIN (.1.). — Sur
les produits de la réaction, à haute
température, des isobutylale et pro-
pylate de sodium sur le camphre. . . . iJo;»
HAMÔNET (labbc J.-L.). — Métlioxytri-
chloropeutauol i.5.-l cl ^(-trichloro-
uiétiivllétrahvdrol'urluraiie 9. ro
HAllIOT (P.) et P.MOUILLAIU) (N.i. —
Sur un nouveau trenre de Champi-
gnons (le l'Afrique orientale anglaise. 224
HATOX DE LA GOUI'ILLIÈRE. — Centres
de gravité de systèmes discontinus. . rofi;)
— I.'eux géomélriques de centres de gra-
vité ii3o
— Centres de gravité de systèmes spira-
loïdes 1 1 72
— Est élu membre des Commissions char-
gées de juger les Concours : du prix
.Montyon (Mécanique ) et du prix Doi-
Icau pour l'année 1906 16 f\
— Du prix Montyon (Statistique) pour
l'année igoO , 38()
HATT. — Détermination simultanée de
deux points au moyen dos construc-
tions graphiques à grande échelle. . . 121
— Est élu membre des Commissions
chargées de juger les Concours : du
l'rix extraordinaire (Navigation) et
du prix Pluiney pour l'année 190O. . . 2Gi
— Des prix Tchihatchef, Binoux, Dela-
lande-Guérineau pour l'année 190G . 265
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question de
prix Gay pour l'année 1909 265
HACG (Emile). — Xouvelles données pa-
léontologiques sur le Dévonien de
r.Alienet occidental (Mission de MM.
n. Cluidciiu ci E.-F. Gautier) 732
— Sur les relations tectoniques et stra-
ligraphiques de la Sicile et de la Tu-
nisie I io5
UEIM (Albert) est élu Correspondant de
l'Académie pour la Section de Miné-
ralogie on remplacement de M. dr
Riclilhofcn 197
HELBllO.XNÈK (Paul). — Sur quelques
résultats de la triangulation du mas-
sif Pelvoux-Ecrins 337
MM. Pages.
HEMSALECH ( G. -A.). — Sur une méthode
simple pour l'étude des mouvements
des vapeurs métalliques dans l'étin-
celle oscillante 1 Ji 1
HENRI (Victor). — Action de l'invertine
dans un milieu hétérogène 97
HENRI (Victor) et GIRARD. — Recherches
sur l'électricité animale 1 563
HENRY (Charles). — Sur les lois de
l'élasticité musculaire et leur appli-
cation à l'Énergétique. 729
HENRY (Louis). — Observations au sujet
du composant C(OH) des alcools ter-
tiaires 129
— Sur l'addition de lacide chlorhydrique
àroxvded'isobutylène(H'C)2.C.CH''!. .-193
\/
0
— Synthèse du pentaméthyléthanol
(H=C)'-C — C — (CH^)'.... 1023
OH
— Sur un nouvel octane, l'hexaméthyl-
éthane (IPCj^ — C — C( CH')^ 1075
HERGESELL( II. ). — Sur les vents locaux
du voisinage des iles Canaries i36o
HÉltOUARD (E.). — Sur un nouveau Co-
pépode parasite d! Jinpliiura squam-
mata 1 287
HÉRUBEL (Marcel-A.). — A propos de
l'anatomie comparée des Sipunculides. ôîi
HESSE (E.) et LÉGER (L.). — Sur la
structure de la paroi sporalo des
Myxosporidies 720
HIXRICHS (G.-D.). — Sur le poids ato-
mique absolu du terbium 1196
HOLMGKEN (Erik). — Sur un problème
du calcul des variations 33 1
HUNIGSCIIMID (0.). - Sur un siliciure
de thorium 157
— Sur un alliage de thorium et d'alumi-
nium 280
IIOUARD (C). — Sur l'identité de struc-
ture des galles involucralcs et des
galles des pousses feuillées chez les
Euphorbes i435
HOUILLOX et RLAISE (E.-E.). — Re-
cliorches sur les relations entre grou-
pements fonctionnels en positions éloi-
gnées. Imines cycliques i ")_i i
HUBER (P.-B.) cl KOWALSKI M. ]iei.—
Sur les spectres des alliages 1)94
HUGOUNENQ (L.). — Sur la vitclhne de
i6V
TABLE DES AUTEURS.
MM.
l'œuf .
■73
HUGOUNENQ (L.) et MOUEL (Alheut).
— Sur la soudure synllictiqiie des
acides aniidés dérivés des iilbuinines. 4*^
— Sur l'iiémalogène et sur la formation
de riiémoglobine So j
— Sur la nature véritable des leucéines
et glucoprotéines obtenues par P.
Scliiitzenberger dans le dédoublement
des matières protéiques i^iJ
HUiMBEHT (G.). — Sur quchpies consé-
quences arithmétiques do la théorie
des fonctions abéliennes J'iy
MM. Pii(;i>s.
— Est élu membre de la Commission
chargée de juger les concours du
Grand Prix des Sciences maihéma-
ti(iuos et des prix Francœur. Pon-
celet pour l'annéf içjoCi 7.64
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question de
prix Bordin (Sciences mathématiques)
pour l'année 1909 i43
HUSNOT (P.), MÙRATEE (L.) et SA-
BRAZÈS fJ.). — Motilité du scolex
échinococcique iS53
I.MBERT (A.). — Effets de la radiothé-
rapie dans un cas de sarcome (?) du
fémur chez un enfant i356
JACOBESCO (Nicolas). —Nouveau cham-
pignon parasite, Tremato\.-al.sa Ma-
truc/ioii, causant le chancre du Til-
leul 289
JANET (Chari.es;. — Hemplaceraent des
muscles vibrateurs du vol par des
colonnes d'adipocytes, chez les Four-
mis, après le vol nuptial 1093
.lANNIN (.\lfrei)) adresse une Note inti-
tulée : « L'asphyxie conjurée, lors du
foulage du raisin dans les cuves, par
le soutirage de l'acide carbonique « . i3oi
JANSSEN (J.). — Sur un nouveau dispo-
sitif de speclrohéliographe. Re-
marques relatives à une Note de
MM. MUlochau et Stefànik 8a6
— Sur une expédition en ballon diri-
geable, projetée pour l'exploration
du pôle Nord 1 1 77
— Est élu membre de la Commission
chargée de juger les concours des
prix Pierre Guzman. Lalande, Valz,
Janssen pour l'année njofi 263
JANSSEN (J.j et BECQUEREL (II. ) sont
désignés pour représenter l'Académie
aux fêtes du quatrième centenaire de
l'Université d'Aberdeeii i45i
JARDRY et CIlAIllilN (A.). - Hyper-
thermies opéialoiros aseptiques 806
— Influence de l'ovaire sur la luilrilion.
S\nergie thyro-ovaricnno i443
J.A.UBERT (Georges-F. ). — Sur la pré-
paration industrielle de l'hydrure de
calcium 78S
JOB (André). — Oxydations par l'aii-.
Problème de la comparaison des vi-
tesses 1 4 1 3
JOLY (Charles) adresse un Mémoire inti-
tulé : « Phénomènes sismi(pies in-
connus » 1 o54
JORD.AN est élu membre de la Commis-
sion chargée déjuger le concours du
Grand Prix des Sciences maihéma-
tiques et des prix Francœur, Poncelet
pour l'année i9o'5 264
— Est élu membre de la Commission
chargée do présenter une question do
prix Boulin (Sciences mathématiques)
poui' l'amiée 1909 443
JOUBIN (L. ). — Sur les Némerliens ba-
ihypélagiques recueillis par S. A. le
Prince de .Monaco i349
JoUGUET. — Sur l'accéléralion des ondes
de choc planes 83 1
— Sur l'accélération des ondes de choc
sphériques 1 o34
JOUKOWSK'i' (E.). — Sur une molasse à
Turrilelles et une couche lignilit'ère à
Congéries de la pres(prîle d'Azuero
( Panama ) 964
JUHEL-RÈNOY (J.). — Sur les afiixesdes
racines d'un polynôme de degré n et
TABLE DES AUTEURS.
l635
MM.
Pages.
du polvnome dérivé 70(1
JUMELLE (IL) et PERRIER DE LA \i\-
THIE ML). - Le K/tm a de Mada-
:;asear 8911
JUNGFLEISCH (E.) el GODCHOT (M.).—
Sur l'acide lactique gauche îi5
— Sur le dilaclide de l'acide lactique
cauclie (Vi-
MM. Pagus.
JUNGFLEISCH (E. ) et LEROUX (H.). —
Sur les principes de la i;utla-perclia du
Palaquitiin Treubi 1218
JURIE (A.j et CURTEL. - De l'innucnco
de la greffe sur la qualité du raisin et
du vin et de son emploi à l'amélio-
ration systématique des hybrides
sexuels 461
R
KAYSER (E. ) et MANCEAU (E.). — Sur
la maladie de la graisse des vins. . . . -ib
KILIAX ( W.). — Sur une faune d'Ammo-
nites néocrétacéo recueillie par l'ex-
pédition antarctique suédoise 3o6
— /w7V(/c( relatifs à cette Communication. '\%o
KILIAN (W.) et GENTIL (L.). - Décou-
verte de deux horizons crétacés re-
marquables au Maroc 6o3
KILIAN et LORY (P.). — Sur l'existence
de brèches calcaires et polygéni(juos
dans les montagnes situées au sud-
est du mont Blanc Jig
KILUN et PAULIN. — Dépèche relative à
une secousse sismiquc ressentie le
3 1 janvier 364
KLEIN (F.) présente à l'Académie deux
fascicules de l'édition allemande et
un fascicule de l'édition française de
\ Encyclopédie des Sciericcx ninthc-
iiiatiques pures et appliquées 756
KŒHLER (R.). — Sur les Echinodernes
recueillis par l'expédition antarctique
française du D' Charcol 1 1 3
KG'IILËR (R.) et VANEY (C.). — Slello-
spliirni tttiniliilis. nouvelle larve
d'Astérie appartenant très vraisem-
blablement à une forme abvssale.. . . 520
KOHN-ABREST (É.mh.k). — Étude chi-
mique sur les graines dites Pois de
Java 580
KORN (A.). — Sur un théorème relatif
aux dérivés secondes du potentiel
d'un volume atliranl 199
— Solution générale du problème d'équi •
libre dans la théorie de l'élasticité,
dans le cas où les déplacements des
t)oints de la surface sont donnés .... 334
— Sur les vibrations d'un corps élastique
dont la surface est en repos 5o8
KOV'ESSI (François). — Loi de l'accrois-
sement en volume dans les arbres. . . i43o
KOWALSKI (J. DE) et HUBER (P.-R.).
— Sur les spectres des alliages 994
KREBS (A.). — Conditions d'établisse-
ment et d'application d'uu amortis-
seur progressif à la suspension des
véhicules sur route. i43
KUNSTLER (J.)etGlNESTE (Cn.). — Con-
Iributiiin à la morphologie générale
des Protozoaires supérieurs 294
L
LABBÉ est nommé membre d'une (jommis-
sion chargée de présenter à M. le .Mi-
nistre de l'Intérieur une liste de trois
membres de l'Académie, pour une
place dans le Comité consultatif d'hy-
giène publique de France 265
— Est élu membre de la Commission
chargée de juger les Concours des
prix Monly^on (Médecine et Chirurgie),
Barbier, Bréant. Godard, du baron
Larrey, Bellion, iMège pour l'année
1906 327
LABOHDE (A.) et CURIE (P.). — Sur le
radioactivité des gaz qui proviennent
de l'eau des sources thermales 1462
LACROIX (A.). — Errata relatifs à une
Communication du 26 décembre igoS,
sur un nouveau type pétrographique
représentant la forme de profondeur
de certaines leucotéphrites de la
Somma 08
— Sur les faciès de variation de certaines
syénitesnéphéliniques des îles de Los. 681
Errata relatifs à celte Communication.. . 860
l63G TABLE DES
MM. • P.lj;cs.
— Sur l'éruption du Vésuve et en parti-
culier sur les phénomènes explosifs.. ;)4i
— iP/va^/ relatifs à cette Communication. i238
— Les conglomérats des explosions vulca-
niennes du Vésuve, leurs minéraux,
leur comparaison avec les conglomé-
rats tracliytiques du Mont-Dore 1020
— .^/va/o relatifs à cette Communicaliiiii. i-i3S
— Les avalanches sèches et les torrents
boueux de l'e'ruption récente du Vé-
suve 1244
— Les cristaux do sylvite des blocs rejetés
par la récente éruption du Vésuve . . 1249
LAINE (E.) et MÛNTZ (A.). — Rôle de la
matière organique ilans la nitrifica-
tion 4^0
— L'utilisation des tourbières pour la
production intensive des nilratcs .. . 1239
L.\LLE.MAXD (Cu.). — Cercle azimutal à
microscopes du service technique du
cadastre 1269
LALOUE (G.) et CHAHABOT (Eli;.). —
Formation et distribution des com-
posés lerpéniques cliez l'oranger à
fruits amers 798
Errata relatifs à cette Communication. . . «60
LAMBERT (M.). — Sur la durée de per-
sistance de l'activité du coeur isolé.. 597
LAMBERT (P.). — Dispositif permetlant
de mettre simultanément ])lnsieurs
prismes au minimum de déviation... i'3o9
LAMOTHE (DE). — Les terrasses de la
vallée du Rhône en aval de Lyon.. . . 1 io3
LAMY (Henry) et MAVER (Andbé). —
Sur le débit urinaire 171
LANDRIEU (Pu.). — Thermochimie des
hydrazones et des osazones, des di-
célones-a et des sucres réducteurs.. 58o
LANGLEY. — Sa mort est annoncé à
l'Académie 925
LANNELÛNGUE (O.-M.) fait hommage à
l'Académie de ses Leçons de CUinquc
chirurj^iciile 69(1
— Est élu membre des Commissions
chargées de juger les Concours : des
prix Savigny, Thore, Da Gama Ma-
chado pour l'année i9o('i 327
— Des prix Moutjon (.Médecine et (Chirur-
gie), Barbier, Bréant, Godard, du
baron Larrey, Belliou, Mège p(uir
l'année 190(1 327
— Du [irix Jean Revnaud pourl'année 190O. 4'|3
LANNEl.ONGUE (O.-.M.), ACHARd' cl
GAILLARD. — Sur le traitement de
AUTEURS.
MM. Panes.
la tuberculose pulmonaire par la séro-
thérapie 1 479
LAPPARENT (.\. DE) fait hommage à
l'Académie d'un volume de M. F. de
Alonte.fsii.s de Ballore, intitulé : « Les
tremblements de terre. Géographie
séismologique » 264
— Est élu membre des Commissions
chargées de juger les Concours ; des
prix Tchihatchef. Binoux, Delalande-
Guérineau pour l'année 190(5 2(J5
— Du prix Wilde pour l'année 1906 38o
— Du prix Sainlour pour l'année 1906 . . 38o
— Du prix du baron de Jo(?st pour l'année
1906 4 i5
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question de
prix Gay pour l'année 1909 26a
LAUR (Francis). — Sur la présence de
l'or et de l'argent dans le Trias de
Meurlhe-el-Moselle 1409
LAURENT (0.). — La trépanation rolan-
dique et la ponction ventriculnire dans
l'arriération 356
L.VUSSEDAT (A-)- — Sur le relevé des
monuments d'architecture, d'après
leurs photographies, pratiqué surtout
eu Allemagne 435
— Sur plusieurs tentatives poursuivies
dans la marine allemande pour uti-
liser la |)holûgraphie dans les voyages
d'exploration i3i3
— Est élu membre de la Commission
chargée de juger le concours du prix
Montyon (Statistique) pour l'année
1906 38o
L.WERAN (A.). —Sur trois virus de try-
panosomiaso humaine de pfo\enances
difl'ércnles io65
— Est élu membre des Commissions
chargées de juger les Concours : des
prix Savigny, Thore, Da Gama .Ma-
chado pour l'année 1906 827
— Des prix Montyon (Médecine cl Chi-
rurgie), Barbier, Bréant, Godard, du
baron Larrey, Bellion, Mège pnur
l'année 1906 827
— Des prix .Montyon ( Physiologie cx|)éri-
mentale), Pliilipeaux, Lallemand, Pou-
rat, Marlin-Damouretle pour l'année
1 906 3 ?.8
— Est élu membre de la Coniniissiun
chargée de présenter une question do
prix Pourat |iour l'année 1909 328
TABLE DES
MM. Pages.
L.4VEU.\N (A.) el MESXIF. (P.). — lijeii-
tificalioii des Trypanosomes palho-
gèiies. Essais de sérodiagnoslic i^Si
LAZÈNNEC (l.) et MOUllEU (Cii.'i. —
(loiidensalioii des nitriles acélylé-
niques avec les alcools. .Méthode gé-
nérale de synthèse de nitriles acry-
liques 3-siibstitués ^-oxyalcoylés.. . . 338
— Condensation des nitriles acétyléniques
avec les phénols. Méthode générale
de synthèse de nitriles acryliques
S-oxypIiénolés et [i-suhstitnés 45o
— Condensation desamides acétyléniques
avec les phénols. Méthode générale
de synthèse d'amides élhyléniques
3-oxyphénolcs 89.I
— Recherches sur les pyrazolones. Nou-
velles inélhudes de synthèse des pv-
razolones 1 534
LÉ.VUTE est élu membre des Commissions
chargées de juger les Concours : du
prix Montyon (Mécanique^ et du prix
Boileau pour l'année 1906 26.(
— Du prix extraordinaire ( Navigation ) el
du prix Plumoy pour l'année 1906. . . 2GI
LEBEAU (P.\ui.). — Sur le siliciure de
cuivre et sur un nouveau mode de
formation du silicium soluble dans
l'acide lluorhvdique i54
LECLEUC DU SABLON est présentée en
deuxième ligne à M. le Minisire de
riuslruclion publique, pour la chaire
de Botanique (Classification et familles
naturi'llesdes Phanérogames) vacante
au Muséum d'Histoire naturelle ySô
LECOMTE (llKNitii est présenté en pre-
mière ligue à M. le .Ministre de l'Ins-
truction |)ublique, pour la chaire de
Botanique (Classification et familles
naturelles des Phanérogames) vacante
au .Mtiséinu d'Histoire naturelle 756
LECOg DE BOISBAUDBAN. — Sur l'ori-
gine de la notion des solutions solides, 193
LEDUt; (A.;. — Sur la chaleur de fusion
de ia glace i6
— Sur la densité de la glace i je;
LEE ( G.-W.) et COLLET ( L.-\V.). - Sur
la composition chimiipnj delaglauco-
iiie 999
LEEÉBUHE ^ P-) cl DAUZEiNS (Georges).
— Préparation d'cthers glycidi(]ues
et d'ahJehydes dans la série hexalhy-
droaromalique 714
LEFÈVliE (JiLES). — Épreuve générale
C. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLH.)
AUTEURS. 1637
MM. Pages,
sur la nutrition amidée des plantes
vertes en inanition de gay; carbo-
nii|uc 287
LEFUANC (A.). — Ouverture d'un pli
cacheté relatif à un dispositif qui
permet de faire fonctionner un gou-
vernail à distance au moven d'une
roue à contacts alternatifs, comman-
dée par des ondes hertziennes 117
LÉGER (E.). — Sur l'hordénino, alcalo'ide
nouveau retiré des germes, dits tou-
raillons. de l'orge mS
LÉGER (Louis). — Sur une nouvelle ma-
ladie myxosporidienne de la Truite
indigène 655
— Sur une nouvelle Myxosporidie de la
Tanche commune 1097
LEGER (L.) et DUBOSt:Q (O.). — L'évolu-
tion des Eccrina des Glnmeris Sgo
— Sur l'évolution des Grégarines gymno-
sporées des Crustacés iiï't
LÉGER (L.) et HESSE (E.). — Sur la
structure de la paroi sporale des
Myxûsporidies 7.?o
LEMOINE (Georges) est élu membre de
la Commission chargée de juger les
Concours des prix Jecker, Cahours.
Montyon (Arts insalubles) |)Our
l'année 1 906 3)7
LEMOULT (P.). — Phosphites acides
d'aminés cycliques primaires i igS
LÉPINE (R.) et'BOULUD. — Sur l'acide
glycuronique des globules du sang., njfl
LE PLAY et CHARRIN."— Étude des va-
riations de la toxicité du contenu de
l'intestin grêle. Modilkations du sang. V24
LERCH (iMathias). — Sur les théorèmes
de Sylvester concernant le quotient
de Fermât 35
— Sur leproblème du cylindre elliptique. i3-25
LEROUX (H.) el JUNGFLEISCII (E.i. —
Sur les principes do la gutta-percha
du Palaquiitin Treubi 1218
LÉRY (Georges). — Sur l'équation de
Laplace à deux variables \)'>i
-' Sur l'équation de Laplace à deux va-
riables 1 406
LESAGE (L.)et FOSSE (R.i. — Basicité
de l'oxygène du xanthyle. Sels doubles
halogènes xanthyl-métalliques 1 543
LE SOURD (L.) et P.VGNIEZ (Ph.).— Un
procédé d'isolernenl à l'étal de pureté
des hémaloblastes du sang 1 51)2
LEVADITI (C). — Culture du spi rifle de
3l3
638
TABLK DES AUTEURS.
MM. Pages,
la fièvre réciirreiUo africaine de
l'homme ( Tirk-fevrr ) 1 099
LÉVV ('LiiciKN ) esl (irésonté en troisième
ligne à M. le Ministre du Commerce
pour la chaire de Géométrie vacante
au Conservatoire des Arts et Métiers. iSgy
LEVY (Maurice) est élu membre des
Commissions chargées de juger les
concours : du Grand Prix des Sciences
mathéniatii|nes et des prix Francd'ur,
Poncelet pour l'année igofi atii
— Du prix Montyon (Mécanique) et du
prix liuileau pour l'année rgoG '.(V")
— Du prix exiraordinaire (Navigation) et
du prix Pluiney pour l'année 1906 .. iliil
— Des prix Hébert, Hughes pour l'année
1906 (G)
— Des prix Tréniont, Gegner, Lanne-
longue, Jérôme Ponti pour l'année
igo6 3So
— Du prix Wilde pour l'année igofi 38o
— Du prix Houllevigue pour l'année igoli. '58o
— Du prix du baron de. loëst pour l'année
igotj i43
LÉVY (Michel). — Sur la feuille de Gap
au fôWô I^'OO
— Est élu membre de la Commission
chargée de juger le concours du prix
Parkin pour l'année 1906 38o
LÉVY (UEMK-.T.) et CLAUDK (Georges). -
Sur la production des vides élevés à
l'aide de l'air liquide 876
LEWIN ( I.oi;is), MIETHE ( A.) et STENGER
(E.). — Sur des méthodes pour pho-
tographier les raies d'absorption des
matières colorantes du sang i5i (
LINDET et AMMANN (L.). — Contribu-
tion à l'étude des matières albumi-
noïdes solublos du lait r.î8:>.
I.IOUVIIXE (H.) et VIEILLE (P.). - In-
fluence des vitesses sur la loi de la
MM. P;
déformation des métaux
LIPPMANN ( G.). — Sur une méthode per-
mettant de délerniiner la constante
d'un électrodydamomètre absolu à
l'aide d'un phénomène d induction. . .
— Est élu membre des Commissions
chargées déjuger les concours : des
prix Pierre Gnzman, Lalande, Valz,
Janssen pour l'année 1906
— Des prix Hébert, Hughes pour l'année
C906
LCEWY. — Présentation d'un fascicule du
« Catalogue photographique du Ciel »
de l'Observatoire de Toulouse
— Découverte de mouvements propres
d'étoiles à l'aide de la méth(Mle slé-
réoscopique de M. le D' Mn.r IVolf.
— Présentation du Tome XII des « An-
nales de l'Observatoire de Bordeaux».
— Sur les travaux récents accomplis à
l'Observatoire de Besançon
— Est élu membre des Commissions
chargées de juger les concours : des
prix Pierre Gnzman, Lalande, Valz,
.lajissen pour l'année igoCi
— Du prix Wilde pour l'année igoli ....
I/)RTET. — Le cœur du roi Hamsès II
("Sésostris)
LUBIMLNKO (W.). — Étude spectrosco-
pique des pigments veris des graines
mûres
LUGEON (Mairicu) etARGAND (Emile).
— Sur les grands phénomènes de
charriage en Sicile
— Sur la grande nappe de recouvrement
de la Sicile
— La racine de la nappe sicilienne et l'arc
de charriage de la Calabre
LUIZET (M.). — Sur une trombe de très
petites dimensions
iges .
10 'iv
7 G'.
■.(;5
K(5(;
1 171
■)f)5
3 80
8 ..S
1 4 32
gOO
M
MAIGK. — Sur la respiration de la Heur . lo/i
MAILHE (Alphonse) etSABATIER (Pai;l).
— Synthèses d'alcools tertiaires issus
du paraniéthylcycliihexane 438
— Synthèse de trois diméthyleyclohexa-
nols secondaires 553
— Sur l'omploi des oxydes métalliques
comme catalyseui-s d'oxydation i3g4
MAILLARD (L.-C.) et GRAUX (Li;cii;.\).
— Sur l'existence des bicarbonates
dans les eaux minérales et sur les
prétendues auom^ilies de leur pres-
sion iisniotique 4"4
MAILLET (Edmond). — Sur les fonctions
entières 38 j
— Sur les fonctions hypertranscendantes. 829
TABLE DES AUTEURS.
1639
MM,. Pages.
— Sur les grandes crues de saison froide
dans les bassins de la Seine el de la
Loire 1 1 1 1
MAIRE (M.) et BLAISE ( E.-E.j. — Sur les
cétoiies j3-chloréthylées el vinylées
acycliques 21 3
MA.IEVVSKI et MOTZ. — Contribution à
rétudede l'anatomie pathologique des
cancers épithéliaux do la prostate. . . 355
MALASSEZ (L.). — Evalnation de la puis-
sance des objets microscopiques .... 773
— KvaluatioM des distances foco-faciales
des objectifs microscopiques 92')
— Adresse une Kole intitulée « Évalua-
tion des grossissements produits par
les objectifs microscopiques à laide
d'une nouvelle notation » 969
MALFITAXO ( fi ). — Sur les variations
de la grandeur micellaire dans le col-
loïde liydrochloroferrique 1277
— Sur la pression osmolique dans le col-
loïde liydi'ochloroferrique i .i 1 >i
MANCEAU (E.). — Sur les caractères
chimiques des vins provenant de
vignes atteintes |.>ar le niildew 689
MANCEAU (E.; et KAVSER ( !•:.). — Sur
la maladie de la graisse des vins .... 723
MANVILI.E (0. ) — Variations d'état éprou-_
vées par le carbone amorphe sous
l'inlluence de la température et sous
l'action d'oscillations de température. 1190
— Variations d'élal éprouvées par le car-
bone amorphe sous l'influence d'une
brusque variation de température... i5'23
MAQUENNE (L.). — Sur l'absorption des
carbonates alcalins par les compo-
sants minéraux du sol. Observations
relatives à une Xole de M. /. Du-
moni 347
— Est élu mendjre de la Commission char-
gée de juger les concours des prix
.lecker, Cahours, Monlyon (Arts in-
salubres) pour l'année 1900 327
MAOUENNK ( L.) et ROUX (Ei(;k.\e). —
Intluence de la réaction du milieu sur
l'activité de l'araylase et la composi-
tion des empois saccharifiés 124
— Nouvelles recherches sur la sacchari-
lication diastasique lojç)
— Sur quelques nouvelles propriétés de
l'extrait de malt 13X7
MARA(jE. — Qualités acoustiques de cer-
taines salles pour la voix parlée 878
MARCEAU (F.). — Sur l'état des muscles
MM. Pages.
adducteurs pendant la vie chez les
Mollusques acéphales 1294
MARCH (F.) et HALLKR (A.). — Sur les
pouvoirs rotatoires des hexahydro-
benzylidène et œnantliylidènecam-
phres et de leurs dérivés salures
correspondants comparés aux mêmes
pouvoirs des benzylidène et des ben-
zylcamphres 3 16
MARQUIS (R.). — Action des imino-éthers
et imino-chlorures sur les dérivés
organo-raagnésiens 7 "
MARTEL fL.-A.i. — Sur le grand canon
du Verdon ( Basses-Alpes), son âge
et sa formation 6o5
— Sur la rapidité de l'érosion torren-
lielle 1446
MARTEL ( E.-A.) et V.\N DKN BRUEK (E.).
— Sur les abimes des Aljannets, de
Nismes ( Belgique ) 1 1 16
MARTONNE tF. de). — Sur deux plans
en relief du Paringu el de Soarbele
(Karpates méridionales) exécutés
d'après des levés topographiques iné-
dits ' i583
MASCART (E.). — Sur les rayons -N 122
— F'ait hommage à l'Académie de deux
fascicules des « Annales du Bureau
central météorologique » 72
— Fait hommage à l'Académie de deux
fascicules des « Annales du Bureau
central météorologique » 096
— Est élu membre des Commissions
chargées déjuger les concours : des
prix Hébert, Hughes pour l'année
I go6 265
— Du prix Wilde pour l'année 1906 38o
— Du prix Houllevigue pour l'année igol). 38o
— Du prix Parliin pour l'année igoG. . . . 38o
iMASCART (Jeam. — Contrôle des hor-
loges synchronisées électriquement . 1 203
MATlilAS (E.) et BAILLAUD (B.). — Sur
la Carte magnétique des Iles Britan-
niques 555
MATIGNON (Camille). — Les sulfates
des métaux rares 276
— Remarque sur les combinaisons des
métaux rares du groupe cérium el
sur leurs sulfates en particulier.... 394
MATIGNON (C.) el GAZES (E. ). — Un
nouveau type de composé dans le
groupe des métaux rares 83
MATIGNON (C.) el TRANNOY (R.). —
Action du gaz ammoniac sur le chlo-
iG4o
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages,
ruro de néodyme anlivdre 1042
— Catalyseurs oxydants et généralisation
de la lampe sans flamme liio
MAUBANT(E.). — Éléments provisoires
de la comète Giacobini ( igoS, déc. 6 ). 3o
— Éléments provisoires de la comète
1906 a 328
MAURAIN (Cil). — Dicliroïsme, biré-
fringence et conductibilité de lames
métalliques minces obtenues par pul-
vérisation cathodique S70
MAURICHEAU-BEAUPRÉ (Pall). —Sur
la combustion de l'acétylène par
l'oxygène i6'i
— Sur une réaction qualitative du phos-
phore I :>.o6
MERLIN (E.). — Sur une famille de ré-
seaux conjugués à une même con-
gruence 1 I9
MESLLV (Geoiicjes). — Sur les interfé-
rences produites |iar un réseau limi-
tant une lame mince 1039
MESNIL (F. ) et LAVERAN (A. )■ - Iden-
tification des Trypanosomes patho-
gènes. Essais de sérodiagnostic liSi
METCHNIKOFF(El. ). — Recherches sur
le blanchiment hivernal des poils et
des plumes 1 02 {
MEUNIER (Stanislas). — Origine et mode
de formation des minerais de fer ooli-
thique 8 j >
— Sur l'origine vésuvienne du brouillard
sec observé à Paris dans la matinée
du mercredi 1 1 avril 1906 938
MIETHE (A.), LEWIN (Louis) et STEN-
GER (E.). — Sur des méthodes pour
photographier les raies d'absorption
des matières colorantes du sang .... i 5i4
MILLOCHAU (G.). — Contribution i
l'étude de la décharge intermittente. 781
— Sur la photographie du spectre infra-
rouge I .(o;
MILLOCHAU (G.) et STEFANIK (Milan).
— Sur un nouveau dispositif de spec-
Irohéliographe S «5
— Sur une méthode susceptible de per-
mettre l'étude de la couronne solaire
on dehors des éclipses 940
MINGUIN (J.) et IIALLER (A.). -Sur
les produits de la réaction, à haute
température, des isobutylate et pro-
p\latc de sodium sur le camphre ... i3o9
MINISTRI' DC COM.MERCI': (M.i,E)invile
MM. Pages.
l'Académie à lui présenter une liste
de candidats, pour la chaire de Géo-
métrie descriptive vacante au Conser-
vatoire des .\rts et Métiers ioîS
MLNISTRE DE L'INSTRUCTION PURUQUK
(M. LE) invite l'-Académio à présenter
une liste de deux candidats à la chaire
de Zoolog*e (Mammifères et Oiseaux)
devenue vacante au Muséum d'His-
toire naturelle, par suite du décès de
M. Uiistalet 498
— Invite l'Académie à présenter une liste
de deux candidats à la chaire de Bo-
tanique (Classification et Familles
naturelles), devenue vacante au Mu-
séum d'Histoire naturelle, par l'ad-
mission à la retraite de M. Bureau. . 09
— Transmet à l'Académie un Rapport
adressé à M. le Ministre des Affaires
étrangères à la date du 4 février 1906,
par AL Souliai-t, ministre de France
à Bogota 1077
— Transmet un Rapport du Directeur de
l'Observatoire de Colaba, relatif à un
tremblement de terre M4i
— Communique une Lettre de M.leConsul
général de France à Naples, relative
à l'éruption du Vésuve 1 182
MINISTRE DE LINTÉRIEUR (M. le) in-
vite l'Académie à lui présenter une
liste de trois de ses Membres pour la
place à attribuer à l'Académie dans
le Comité consultatif d'Hygiène pu-
blique de France ' 265
MOISSAN (Henri;. — Sur l'ébullition de
l'osmium, du ruthénium, du platine,
du palladium, de l'iridium ei du rho-
dium 189
— Sur l'ébullition et la distillation du nic-
kel, du fer, du manganèse, du chrome,
du molybdène, du tungstène et de
l'uranium 423
— Sur la distillation du titane et sur la
température du Soleil r)73
— Présente à r.\cadémie le Tome V du
« Traité de Chimie minérale » publié
sous sa direction 696
— Est élu membre des Commissions
chargées de juger les concours : des
prix Jecker, Cahours, Montyon (Arts
insalubres) pour l'année 190G 327
— Du prix Saintour pour l'année 1906... 38o
— Du prix Parkin pour l'année igoO .... 38o
— l'^st nommé membre de la Commission
TABLE DES
MM. Pages,
de véi'ificalion des comples 118-2
MOLLARD (.1.) et VIGNOX (Lko). - Le
clilorage de la laine i343
iMOLLIARD. — ■ Structure des végétaux
développés à la lumière, sans sa/,
carbonique, en présence de matière.s
organiques 4()
MOOGiR. ) et GUILLKMARI) (H.i. —
Observations faites au mont Rlancsiir
l'hyperglobulie des altitudes 6 i
iMOREAÙ (G. ). — Sur la recombinaison
des ions des vapeurs salines 'i;)'.
MOREL (Albert), GAUTIER (Ci.au.ki cl
DOYUN. — Démonslratiou ûf la l'unc-
tion fibrinogénique S5i
MOREL (Albert) et HUGOUNE.NQ (L.).
— Sur la soudure svnlliétique des
acides amidés dérivés des albumines. 4*^
— Sur l'hématogène el sur la foi'mation
de l'hémoglobine Soi
— Sur la nature véritable des leucéines
et glucoprotéines obtenues par P.
Schuizenberger dans le dédouble-
ment des matières protéiquos i4-'">
MOROFF (Th.). — Sur l'évolution des
prétendues Coccidies des Céplialo-
podes Oâ'i
MOTZ et MAJEWSKl. — Contribulion à
l'étude de l'anatomie pathologique
des cancers épitliéliaux de la pros-
tate 35î
MOUNEYRAT (A.j. - Méthode de re-
cherche el de dosage de petites quan-
lités de fer 1049
— Méthode de recherche du fer dans les
tissus vivants 1 572
MOUREAUX (Th.). — Sur la valeur des
élémenls magnétiques à l'Observa-
toire du Val-Joyeux au 1"' jauv. igoti. i lâ
MOUREU (Ch.4hles). — Sur la détermi-
nation des gaz rares dans les mé-
N
NÈGRE (Georges) demande l'ouverture
d'un pli cacheté déposé par lui le
24 juillet igoj 1 363
NEIïRIS (Pu. ). ~ Sur la nappe charriée
du Péloponèse 1 82
— Sur les racines de la nappe de char-
riage du Péloponèse SoS
NEUVILLE (Henri) et ROTHSCHILD (Mau-
rice de). — Sur V Hytor/iœrus Mei-
auteurs. f64i
MM. Pages.
langes gazeux naturels 44
— Sur les gaz des sou i ces thermales. Dé-
termination des gaz rares; présence
générale de l'argon et de l'hélium. . . 11 ))
MOUREU (Ch.) et" L-VZENNEC d). -
Amides et nitriles acétyléniques .... 211
— Condensation des nitriles acétyléniques
avec les alcools. Méthode générale de
synthèse de nitriles acryliques p-
subslitués ji-oxyalcoyiés 338
— Condensation des nitriles acétyléniques
avec les phénols. Mélliodc générale de
synthèse de nitriles acryliques ^-
oxyphénolés et p-subslilués , 'i")o
— Condensation des amides acétyléniques
avec les phénols. Méthode générale
de synthèse d'amides éihyléniques
^■oxyphénolcs Sgj
— Recherches sur les pyrazolones. Nou-
velles méthodes do synthèse des py-
razolones 1 53 ;
.MOUTIER (A.). — De l'innueuce de la
vieillesse sur la pression artérielle . . 5gg
MOUTON (H.) et COTTON (A.). — Nou-
velles propriélés magnéto-optiques
des solutions colloïdales d'hydroxyde
de fer 203
MOUTON (IL ), DELEZENNE (C. ) el PO-
ZERSKI (E.). — Sur l'allure anomale
de quelques proléolyses produites par
la papaïue 1 77
MULLER (.I.-A.;. — Sur la chaleur do
formation de l'acide carbonylfcrro-
cyanhydrique i i i <>
MÛNTZ (A.) et LAINE ( E. ). — Rôle de la
matière organique dansia nitrification. 43o
— L'utilisation dos tourbières pour la
production intensive des nitrates. . . . i23g
MURATET (L. ), SABILVZÈS (.1. 1 et HUS-
NOT (P. ). — .Molililé du scolox éclii-
nococciquo l'îâj
nertzluigeni 0. Ths 'J4(>
NEWCOMB (Simon) adresse une Lettre
pour rendre compte de la célébra-
tion du bicentenaire de la naissance
de Franklin 1028
NEWCOMB (Simon) el AGASSIZ (.M.).
Associés étrangers, sont désignés par
r.Vcadémie pour la représenter à la
célébration du second centenaire de
i64-.
TABLE DES AUTEURS.
MjM. Pn^^es.
la naissance de Franklin -'>'>
NIC.LOUX (Maurice). — iJosage île pelites
qiianlitôs de ehlorofornie; son dosage :
i" (l<ins l'air: 2° dans le sang ou dans
un li(|uide aqueux ifi'î
~ Sur l'aneslhésie clilororornii(|ne. Dosage
du chloroforme avant, pendant, après
l'atK^siliésie déclarée el quantité dans
le sang au moment de la mort 'ioo
NOC (F.). — Sur la fréquence et le rôle
étiologique probable de V Unchinrin
arnericana dans le béribéri ii'ii
iNOÉ (J.) adresse une Note relative à un
aéronat dirigeable 187
IVIM. l'ages.
NOËL (Léon) adresse une Note relative à
la (c Mesure exacte du pouvoir éniissif
des matières radioactives » '5 1 1
NOGIER. — Nouvelles reclierclies sur les
ampoules productrices de rayons X. 7S3
XORDMANN' ( Chahles ). — llecherclies
sur le champ électri<|ue terrestre,
exécutées à l'occasion de l'éclipsé
totale du 3o août i<)o> lo
— Sur les forces électromotrices de con-
tact entre métaux et liquides et sur
un perfectionnement de l'ionograplie. rt.>.i'>
— £>/'a<a relatifs à cette Communication. 7 lu
O
OCAGNE ( Maibice d' ). — Sur un théo-
rème de .f. Clark gSS
— Est présenté en première ligne à M. le
Ministre du Commerce pour la chaire
de (jéomélrie vacante au Conserva-
toire national des Arts et Métiers . . . i3g7
ODIRR (UoBKRT) adresse une Note « Sur
le tiaiteuient des tumeurs malignes
en particulier et des tumeurs en voie
de développement par l'injection de
liquides organiques riclies en ferment
glycoly tique » 1 1 7
OKCHSNEli DE COXLXCK. —Contribution
à l'étude de l'anhydride sélénieux. . . 171
OLLIVIER (IL). — In'lluence de la eom-
]iressii)iiité sur la formation des
gouttes .sj!(i
— Propriétés des surfaces |)Our lesquelles
l'angle de raccordement apparent de
l'eau est nul 1 1167
OSMOND (F.) et CART.AUD (G.). — Sur
la cristallographie du fer 1 Vio
OUVRARD (L.)". — Recherches sur les
combinaisons halogénées des borates
de barvum et de strontium ■i'ii
PAC.VUT et VIGILR. - Les glandes sali-
vaircsdo l'Escargot (//e/f.ryjowa^j'a). !\\-?.
l'ACOTTET (P.)et VIALA (P.). — Sur les
levures sporulées de Champignons à
périlhèoes ( Glœosporium ) i )8
— Sur les kystes de Glœosporium et sur
leur rôle dans l'origine des levures.. 'iiS
PAGNIEZ (Ph.) et LE SOURD ( L.). — Un
procédé d'isolement à l'élat de pureté
des hématoblastes du sang i )()J
PAINLEVÉ (Paul) est élu membre de
la Commission chargée de juger les
Concours du Grand Prix des Sciences
mathémi\ti(|ues et des prix Francœur,
l'oncelet pour l'année i()ci() 'fil
— Kst élu membre de la Commission
chargée de présenter une question de
prix Bordin (Sciences mathémati-
ques) pour l'année \',)i'\) i43
P.VroUlLLARD (X.) et HARIOT (P.). —
Sur un nouveau genre de Champi-
gnons de l'Afrique orientale anglaise, vi^
PÉCOUL(A.)et ALBFRT-LÉVY. — Sur
le dosage de l'oxyde de carbone dans
l'air par l'anhydride iodique itS-i
PÉL.ABONdL). — Sur les mélanges d'an-
timoine et de sélénium. Constante
cryoscopique de l'antimoine -.(oy
— Sur les sulfures, séléniures et lelhi-
rures d'élain 1 1 (7
PELLAT est classé en seconde ligne parmi
les candidats à la place laissée va-
cante par le décès de M. P. Curie.. . 1 ','>i>
PELOURDC ( Ferdinanu ). — Contril)uti(jn
à l'analonue systématique de (]ucl-
ques genres de Fougères t'-i'^i
PELSEXEEit (Paul). — Un genre de La-
mellibranches à bouches multiples. . -'ri
TABLE DES AUTEURS.
lG4«
\1M. Pa
PEliOT (Alfred i. — Sur la mesiiie des
perles de pliase par réflexion
— Est classé en troisième ligne parmi les
candidats à la place laissée vacante
par le décès de M. /'. Curie
PHlUilKR ( Eduioxd). — Est élu membre
des (^.ommissions charjiées de jnger
les Concours : des prix Tcliilialchef,
Binoux, Delalande-Guérineau iiour
l'année 1906
— Des prix Dcsniazières, Montagne, de
C.oincy pour l'année ifloti
— Des prix Savigny, Thore, Da Gaina
Macliado pour l'année 1906
— Des prix Montyon (Médecine et Chirur-
gie ), Barbier, Bréant, Godard, du ba-
ron Larroy, Bellion, Mège pour l'an-
née 1 906 ■ .
— Du prix Cuvier pour l'année 1906....
— Du prix du baron de .loë-l pour l'année
1906
— Kst élu membre de la Coniuii-;sion
chargée de présenter une (piestion de
prix Gay pour l'année 1909
l'ERlUEU DE LA BATHIE (H.) et JU-
MELLE (H.). — Le Khara de Mada-
gascar
PETIT (Paul) cl COURTET (H.). — Les
sédiments à Diatomées de la région
du Tchad
PEYRUSSON (EDOUARD) adresse une Noie
n Sur la température du Soleil » . . . .
PICARD (Alfred) présente le premier
Volume de son Ouvrage ; « Le bilan
d'un siècle » '
— Est élu membre de la Commission
chargée do juger le Concours du prix
Monlyon (Statistique) pour l'année
1906
PICARD (É.MiLiî). — Sur tpielqucs pro-
blèmes de Physique mathématique se
rattachant à l'équation do M. Fred-
holm
— Sur le problème généralisé de Diri-
chlel et l'équation de M. Fredholm. .
— Fait hommage du troisième Fascicule
du Tome II de la « Théorie des fonc-
tions algébriques de deux variables ».
— Est élu membre des Commissions
phargées de juger les Concours : du
(îrand Prix des Sciences mathémati-
ques et des prix Francœur, Poncelet
pour l'année 190G
— Du prix Houllevigue pour l'année igolj.
ges.
->firi
14Î0
'.()")
y>-
26 j
97.1
■ ■J ».'i
3So
8(u
ii«9
■jSo
MM. Pages.
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question de
prix Bordin( Sciences malhémaliques)
pour l'année 1909 4i '
— Est nommé membre do la Connuission
de vérilicaliou des comptes 1182
PIETTRE et lîRCK'.U-ROUSSEAU. — Sur
les spores d'un Slrr/ttot/irix r>2i
PIETTRE (M.) et VILA (A.). — Sur le
noyau des hématies du sang des oi-
seaux 908
PILT.SCIIIKOFF (X.). — Sur la polarisa-
tion du ciel pendant les éclipses du
Soleil M I9
PIZON (.\ntoine). — L'évointion des co-
lonies de Diplosoma spongiformc
Giard et la displanchtomie des asci-'
diozo'ides 1<i3
POIN'CARÉ ( Henri 1 est élu niendjrc des
Commissions chargées de juger les
concours : du Grand Prix des Sciences
mathématiques et des prix Francœur,
Poncelet pour l'année 1906 264
-- Du prix Monlyon (Mécanique) et du
prix Boileau pour l'année 1906 a(54
— Des prix Pierre Guzman , Lalande,
Valz, Janssen pour l'année 1906 2(5 ^
— Des prix Hébert, Hughes pour l'année
190(5 2.65
— Des médailles Arago, Lavoisier, tier-
thelot pour l'année 190G 3Sn
— Des prix Trémont, Gegner, Lannelon-
gue, Jérôme Ponti pour l'année 190(5. 38o
— Du prix Saintour pour l'année igoii... 3iSo
— Du prix Houllevigue pour l'année 1906. 38o
— Du prix Jean Reviiaud pour l'année
1 90(5 (43
— Du prix du baron de Joësl pour l'année
1906 143
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter unecpiestion de
prix Bordin ( Sciences mathématiques )
pour l'année 1909 44^
M. le Président annonce à l'Académie
qu'en raison des fêtes de Pâques, la
séance du lundi 16 avril est remise
au mardi 17 KG i
— Annonce lo décès de .M. le prolésseur
La7igle\- 9î >
— Annonce le décès de -M. l'icrre Curie. 939
— Communique une dé|)èc'he de M. Blci-
serna. |)résident de W/remieiuin dci
Lincei 94 1
— \nnonce le décès de .M. R. Bisrlmlf-
i64'i
TABLE DES AUTEURS.
iVlM.
Pages.
1119
slieim
— Annonce à l'Académie qu'en raison des
fêtes de la Pentecôte, la séance du
lundi \ juin est remise au mardi 5.. 1171
PONSOT (Auguste). — Photographie in-
lerférentielle ; variations de l'inci-
dence ; lumière polarisée i Jo6
POPOFK (K.) adresse une Note intitulée :
« Nouvelle méthode pour la détermi-
nation de la déviation de la verticale
vers l'est ou vers l'ouest par les pas-
Siiires de la polaire » 1118
PORTIER (P.) et RR'.HARD (J.)- — Sur ■
une méthode de prélèvement de l'eau
de nier destinée aux études bactério-
logiques I i'i9
POZEIi'SKl (E.), MOUTON (H.) et DELE-
ZEXNE {C). — Sur l'allure anomale
de quelques protéolyses produites
MM. p
par la papaïnc
PRÉSIDENT (Le) DU TROISIÈME l'.ON-
GRÈS de r.4ssociation dos .Médecins
de langue fran(;aise de l'Amérique du
Nord invite l'Académie à se faire re-
présenter à ce Congrès, en juin 1906.
PRÉSIDENT i ( Le ; DE L'ASSOCIATION
INTERNATIONALE POUR L'ÉTUDE
DES RÉGIONS POLAIRES adresse
divers documents imprimés relatifs
au Congrès international de Rruxelles
et invite les Membres clo l'Académie
à participer aux travaux de ce Congrès.
PIULLIEU.\ est élu membre de la Com-
mission chargée de juger les Con-
cours des prix Desmazières, Monta-
gne, de Coincy pour l'année 1906 . . .
PUSSENOT. — Sur les scliistes graphiti-
ques du Morbihan
ges.
'77
C.ïi
I 19*
.27
I ;3s
Q
QUENNESSEN (L.). — Sur l'attaque du
platine par l'acide sulfurique li 1 1
(JUIDOR (A.). — Sur les Copépodes re-
cueillis par la mission Charcot et com-
muniqués par M. E.-L. Bouvier 54
— /wTrt/rt relatifs à celle Comnuinicalion.
— Sur le Lrpnsp/iilux lahrei Hesse et sur
la famille des Philichthydd'
~ Sur le mâle et l'appareil suceur de ^t-
cotlioa .tstacl
188
i(i"'
w
RAD.\U présente à l'Académie la « Con-
naissance des Temps » pour l'an 190S. -■>.
— Est qIu membre de la Commission
chargée de juger les Concours des
prix Pierre Guzinim. I.alaude, Valz,
Janssen pour l'année 1906 '^tij
RAMR.\UD et SY. — Observations de la
comète Rrooks (1901) a) laites à l'Ob-
servatoire d'Alger, à l'éciuatorial
coudé de o'", 3 1 8 j8-2
RANVIEU est élu membre de la Commis-
sion chargée de juger les Concours
des prix Savigny, Thure, Da Gama
.Machado pour l'année 190(1 'V>-
R.VYET (G.). — Sa mort est annoncée à
l'Académie i.ioo
REMY (LoL'is). — Sur uu hessien liyper-
ellipiique 386
— Sur les surfaces hyperelliptiques déli-
nies par les fonctions intermédiaires
singulières 7G8
RENAN est présenté en deuxième ligne à
M. le Ministre de l'Insti'uelion publi-
que, pour une place d'astronome titu-
laire vacante à l'Observatoire do Pa-
ris 44 i
RENAUX (.).). — Contribution à l'étude
des écrans photographiques 38
RENGADË ( E.). — Sur l'oxydation directe
du caesium et sur quelques propriétés
du peroxyde de cœsium 1 149
— Action de l'oxygène sur le rid^idiinn-
ammonium i ")33
RENIER (An.M.\ND). — Sur la llore <lu
terrain houiller inférieur de Baudour
( llainaul 1 7 'l!
RÉVILLIOD ( I.). — Sur la répartition dos
courants électriques dans un réseau, lii
RICCI ARDI (Leon.\iu)0) adresse une Note
sur La C/iiiuic dans la ffenèse et
dans lu chronologie des roches ériip-
lives 739
RICHARD (J.). — (Communication relative
au piemior Congrès international
TABLE DES
MM; Pages.
(i'Océaiiograpliie cl de Méléorologie
marine i i-i .«
RICHARD (J.) et PORTIER (P.)- — Sur
une méthode de prélèvement lie l'eau
de mer destinée aux études Ijaclériolo-
giqucs 1 109
RICHARDSON (Harriet M"°^. — Sur les
Isopodes de l'expédition française an-
tarctique 8(9
RIGHET (Charles). — Effets reconsti-
tuants de la viande crue après le
jeûne J?-.'.
RIVIÈRE (G.) et HAILHACHE (G.). —
Contribution à la physiologie de la
greffe. Influence du porte-greffe sur
le greffon .s j j
RODET (A.) et VALLET (G.). - Sur l'in-
feclion expérimentale par le Tiypa-
nosoma Brucei. Destruction du para-
site dans la rate 1229
ROÎDERERet GUNTZ. — Sur la prépara-
tion et les propriétés du strontium. . 4°"
ROHAN-CH.\BOT (.1. de). — Sur la sou-
pape parhydrique 1 33
RO.MANET DU CAILL.\UD (F.) adresse ;i
l'Académie une lettre dans laquelle il
propose l'adoption internationale du
méridien de Bethléem i363
R0SS.4RD (F.). — Observations de la co-
mète Giacobini ([905c), faites à l'Ob-
servatoire de Toulouse, à l'équalorial
Brunner-Henry de o"', 38 29
ROSSET et BESSON. — Action du per-
oxyde d'azote sur l'ammoniac et quel-
ques sels ammoniacaux fi33
ROTCH (L.) et TEISSERENC DE BORT
(L.). — Résullats des sondages aériens
dans la région des alizés 918
ROTHSCHILD (Maurice de) et NEUVILLE
(Henri). — Sur Y Hylochœnis Afei-
nenzliageni, 0. Ths 646
ROUB.\UD (E.). — Biologie larvaire et
métamorphoses de Siphonn cristata,
Fabr. Adaptalion d'une Tachinaire à
SABATIER (Paul) et M.4ILHE (Alphonse).
— Synthèses d'alcools tertiaires issus
du paramélhylcyclohexane 438
— Synthèse de trois dimélhylcyclohexa-
nols secondaires 553
— Sur l'emploi des oxydes métalliques
C. R., 1906, I" Semestre. (T. CXLH )
AUTEURS. 1645
Mi\l. l'ajes.
un hôte aquatique diptère; nouveau
cas d'Iîctoparasilisme interne 14^7
ROUCIIÉ est élu membre de la Commis-
sion chargée de juger le concours du
prix Montyon (Statistique) pour
l'année 190G 38o
ROUX (Emili;). — Sur la vaccinalion
contre la tuberculose par les voies
digeslives. Remarques relatives à une
Note de MM. .^. Calmrllc et C. Giir-
rin 1 322
— Est nommé membre d'une Commission
chargée de présenter à M. le Ministre
de l'Intérieur une liste de trois
membres de l'Académie pour une
place dans le Comité consulialifd'Hy-
giène publique 265
— Est élu membre des Commissions
chargées de juger les Concours : des
prix Montyon (Médecine et Chirur-
gie), Barbier, Bréant, Godard, du
baron Larrey, Bellion, Mège pour
l'aruiec 190G 327
— Des prix Àloutyon (Physiologie expé-
l'imentale), Philipeaux, Lallemand,
Poural, Martin-Damourelle pour l'an-
née I go6 328
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question de
prix Pourat pour l'année 1909 328
ROUX (Ei'GÈNE). = Sur la rclrogradatiou
et la composition des amidons naturels
autres que la fécule g"»
ROUX (EuG.) et MAQUENNE (.L.). - In-
fluence de la réaction du milieu sur
l'activité de l'amylasc et la composi-
tion des empois saccharifiés 124
— Xouvelles recherches sur la sacchari-
lication diaslasique lojg
— Sur quelques nouvelles propriétés de
l'extrait de malt i387
ROZET (Cl.). — Observations d'ombres
volantes au lever et au coucher du
Soleil '.)''i
comme catalvseurs d'oxydation 1594
SÂBRAZÈS (J.), MURATEL "(L.) et IIUS-
NOT (P.). — Molilité du scolfx érlii-
nococcique '3 33
S.\LET (P.). — Observation de l'éclipsé
de Lune du 9 février 1906, faite à
2l4
l64fj TABLE
MM. P
l'Observatoire de Paris (équatorial de
la lour de l'Est)
SALTZMANN (C.-A.) adresse un Projet
de marJiirte -volante
SAUTOX et TRILLAT. — Dosage de la
matière albiimino'ide du lait
SCHLESIXGER (L. ). — Sur certaines séries
asvm|)totiques
SCHLœSING (Th.). — Contribnlion à
l'étude chimique des eaux marines . .
— Est élu membre des Commissions
chargées de juger les Concours : du
prix Montyon (Mécanique), et du prix
Boileau pour l'année 1906
— Des prix .lecker, Cahours, Montyon
(Ans insalubres) pour l'année 1906.
SCHOUTE (P.-H.). — La réduction analy-
tique d'un système quelconque de
forces en E„
SEBERT ( le général) fait hommage à l'Aca-
démie d'un exem|ilaire du n Manuel
complot du répertoire bibliographique
universel »
— Est élu membre des Commissions
chargées de juger les Concours : du
prix Montyon (Mécanique) et du prix
Boileau pour l'année 190G
— Du prix extraordinaire (Navigation) el
du prix Plumey pour l'année 1906. . .
SECTION DE MÉDECINE ET CHIKUKGIE
(La) fait partie d'une Commission
chargée de présenter à M. le Minisire
de l'Intérieur une liste de trois
membres de l'Académie pour une
place dans le Comité consultatif
d'Hygiène publique de France
Seguin'. — sur ridentilé d'Hemipygus
tubercolosus et d' Hemicidaris crenii-
larix
Errata relatifs h cette Communication. . .
SELLIER (J). — Sur le pouvoir antipre-
suraul du sérum sanguin des animaux
inférieurs (Poissons et Invertébrés) .
SEURAT (L.-G.). — Sur un Cestode para-
site des Huîtres perlières déterminant
la production dès perles fines aux iles
Gambier
SEUX (Edmond). — Sur la stabilité des
aérofUanes et la construction ration-
nelle des plans sustentateurs
— Sur un mode de construction d(!s
plans aéroplanes, permettant d'aug-
menter, dans de notables proportions,
leur valeur suslentatricc
DES AUTEURS.
38i
85-
79-i
io3i
320
■264
327
826
1490
264
264
265
1 lii;
i588
409
801
MM. P
SEVERIX ( E.). — Sur les acides dimélhyl
eldiéthylamido-benzoylbenzo'iquesdi-
liromés et leurs dérivés
SEYEWETZ (A.) et BLOCH. — Obtention
des .'iulfamates aromatiques par réduc-
tion des dérivés nitrés avec l'hydro-
sulfite de soude
Sl.MOX (L.-.I.). — Sur uu nouveau type
de réactions d'équilibre
— Influence de la juxtaposition dans une
même molécule de la fonction céto-
nique et de la fonction acide
SIMON (L.-J.) et CHAVANNE (G.). —
Réaction caractéristique du glyoxy-
late d'éthyle. Action de l'ammoniaque
sur cet élher el ses dérivés
SIMONI adresse une Théorie de l'aé-
roplane, dans son application à la
navigation aérienne
SLOMXESCO (M.). — Sur l'action des
leucoma'i'nes xantiques sur le cuivre.
— Adresse une Note relative à Vartion de
ta caféine sur les métaux et métal-
loïdes
SOLVAY (Ernest) présente un Mémoire
« Sur l'organisation et la possibilité
de la self-organisation de la réaction
chimique »
— Sur le problème dit du travail sta-
tique
STEFÂNIK (Milan). — Contribution à
l'étude du spectre infra-rouge
— Sur la sensibilité de la rétine pour les
radiations lumineuses
STEFÂNIK (MIL.4N) et MILLOCHAU (G.).
— Sur un nouveau dispositif de
speclrohéliographe
— Sur une méthode susceptible de per-
mettre l'étude de la couronne solaire
en dehors des éclipses ,• ■ • •
STEKLOFF (W.). — Sur le mouvement
non slationnaire d'un ellipsoïde lluide
de révolution qui ne change pas sa
figure pendant le mouvement
STENGER (E.), LEWIN (Loris) el
MIETHE (A.). — Sur des méthodes
pour |ihotographier les raies d'absorp-
tion des matières colorantes du sang.
STERN (M"° L.) et BATELLI ( F.). - Nou-
velles recherches sur les oxydations
produites par les tissus animaux en
présence des sels ferreux
STOHMER (Carl). — Sur les trajectoires
âges.
274
79"
892
930
364
789
857
625
i568
986
1569
825
77
i5i4
175
TABLE DES AUTEURS.
1647
MM. Pages.
des corpuscules électriques dans
l'espace sous l'intluence du magné-
tisme lerrestre, avec application aux
aurores boréales et aux ])erturbalions
magnéliques 1 58o
SY et RAMBAUD. — Observations de la
comète Brooks (19060), faites k l'Ob-
MM. Pages.
servatoire d'Alger, à l'équatorial coudé
de o"', 518 382
SY et VILLATTE. — Observations de la
comète (19004), faites à l'Observa-
toire d'Alger, à l'équatorial coudé de
o"',3i8..r 699
SZILARD (BÊLA). — Sur l'aulocatalyse et
décomposition d'un système photo-
chimique 1212
TABER (Henry). — Sur les groupes ré-
ductibles de transformations linéaires
et homogènes 948
TANRET (Georges). — Mélézitose et Tu-
ranose 1423
TARRY (G.^ — Sur un carré magique . . 757
TEISSERENC DE BORT ( L.) etROTCH
(L.). — Résultats des sondages
aériens dans la région des alizés .... 918
TER.MIER (P.) et FRIEDEL (G.). - Sur
l'existence de phénomènes de char-
riage antérieurs au Stéphanien dans
la région de Saint-Etienne ioo3
THOMAS (V.). — Sur les combinaisons
halogénées du thallium 838
THOULET(J ). — I.e calcium et l'argile
dans les fonds marins 738
THOULET et CHEVALLIER (A.) - Sur la
circulation océanique 243
TIFFENEAU. — Sur les migrations phé-
nyliques chez les lialohydrines et chez
les a-glycols 1537
TIKHOFF (GABiuiiL). — Étude phologra-
pliique de la nébuleuse annulaire du
Cygne N,G.C.6894 32
TISON (A.). — Surle mécanisme de chute
do certains bourgeons terminaux.. . . 222
TISSOT (C). — Sur la résistance d'émis-
sion d'une antenne 703
TISSOT (J.). — Recherches expérimen-
tales sur les proportions de chloro-
forme contenues dans l'organisme au
cours de l'aneslhésie chloroformique. 234
— Les proportions de chlorofdi-me que
contient le sang artériel pendant l'état
d'anesthésie n'ont pas de rapport di-
rect avec les effets qu'elles pro-
duisent 352
TOMMASI. — Préparation électrolytique
de l'étain spongieux 86
TOUPLAIX et BORDAS. — iMéthode do
détermination des matières étran-
gères contenues dans les cacaos et
les chocolats GSg
— De la rapidité d'absorption des odeurs
par le lait 1 204
— Le dosage des matières albuminoides
et gélatineuses au moyen de l'acétone. i345
TRANNX)Y (R.) et iMATIGNON (C.). —
Action du gaz ammoniac sur le chlo-
rure de néodyme anhydre 1042
TRÉPIED (Charles) est élu Correspon-
dant de l'Académie, pour la Section
d'Astronomie, en remplacement de
M. /. l'errotin 1 1 82
TRIBOT (J.). — Sur les chaleurs de com-
bustion et la composition des os du
squelette, en fonction de l'ûge, chez
les cobayes 906
TRILLAT (A.). — Sur la présence de l'al-
déhyde forraique dans les substances
caramélisées 454
TRILLAT (A.j et SAUTON. — Dosage de
la matière albuminoïde du lait 794
TROOST (L.), Président sortant, fait con-
naître à l'Académie l'état où se trouve
l'impression des Recueils qu'elle pu-
blie et les changements survenus
parmi les Membres et les Correspon-
dants pendant le cours de l'année
1905 i3
— Est élu membre des Commissions char-
gées de juger les concours : des prix
Jecker, Cahours, Montyon (Arts insa-
lubres), pour l'année 1906 327
— Du prix Wilde pour l'année 1906 38o
TROUESSART est présenté en deuxième
ligne à M. le Jlinislre de l'Instruction
publique pour la chaire de Zoologie
( Manuiiil'ères et Oiseaux) vacante au
Muséum d'Histoire naturelle G96
TURCHIM (S.) et BROCA (André). —
Étude photographique de la durée de
i648
MM.
TABLE DES AUTEURS.
Pages.
la décharge dans un tube de C.i'ookes. 4ij'j
— Résistance des électrolytes pour les
courants de haute fréquence 1 1H7
TZ1TZÉ1C.4 (G.). — Sur la formation de
MM. Pages.
certaines surfaces tétraédrales 1400
— Sur la déformation de certaines sur-
faces tétraédrales ilgS
URBAIN (G.). — Sur la phosphorescence
cathodique de l'europium
— Sur l'isolement et sur les divers carac-
tères atomiques du dysprosium
— Poids atomique et spectre d'étincelle
u
du terbium 957
Phosplioroscence cathodique de l'euro-
pium dilué dans la chaux. Étude du
système pliosphorescent ternaire :
chaux-gadoline-europinc i!Ji8
VAILLANT (P.). — Sur les variations avec
la température des spectres d'émis-
sion de quelques lampes électriques. 81
VALLÉE (A.). — Sur la pathoiiénie de la
tuberculose 1 101
VALLET (G.) cl RODIÎT (A.). — Sur lin-
feclion expérimentale par le Trypa-
nosoma Briicei. Destruction du para-
site dans la rate r2>9
VANEV (C.) et KOKULER (R.).— Slellos-
phœra nurabuUx, nouvelle larve
d'Astérie appartenant très vraisem-
blablement à une forme abyssale.. . . 'yia
VAN DEN BROECIv (E.) et MARTEL
(E.-A.). — Sur les abîmes des .4ban-
nets, de Nismes (Belgique) 1 1 iG
VAN DER MENSBRUGGHE ( G.) adresse
une Note « Sur le danger des pous-
sières dans les galeries de mines». . 814
VAN TIEGHEiM est élu membre des com-
missions chargées de juger les con-
cours des prix Tchihatchef, Binoux,
Delalande-Guérineau, pour l'année
1906 .)(i5
— Des prix Desniazières, Jluntagne, de
(^oincy, (lour l'année igoG 3>7
— Est élu membre de la (lommissiou
chargée de présenter une question de
|)rix Gay pour l'année 1909 263
VARIOTetCllAU.VIKT. —Tables de crois-
sauce dressées en 190) d'après les
mensurations de 4 io" enfants pari-
siiMis de 1 à i5 ans -^99
VASCHIDE. — Recherches sur les rap-
ports des étals émotifs cl des étals
d'infection 1227
VAYSSll^KE (A.j. — Sur les Gastéropodes
nudibranches et sur les Marséniadés
de l'expédition antarctique du D'
Charcot 718
VI.4LA (P.) et PACOTTET (P.). -Sur les
levures S|)orulées de Champignons à
périthèces {Glœosporiuni) 458
— Sur les kystes des Gtœosporium et sur
leur rôle dans l'origine des levures. . 5i8
VIDAL (L.) et DEPEUET (Cii.). — Sur le
bassin oligocène de l'Ebre et l'histoire
tertiaire de l'Espagne 712
VIEILLE est élu membre des Commissions
chargées de juger les concours : du
prix Montyon (Mécanique) et du prix
Boileau pour l'année 1906 264
— Du prix extraordinaire (Navigation) et
et du prix Pluniev pour l'année 1906. 264
VIEILLE (P.) et LIOÙVILLE (R.). — In-
fluence des vitesses sur la loi de la
déformation des métaux 1057
VIGIER et PACAUT. — Les glandes sali-
vaircs de l'Escargot {ffelix pomatia). 412
VIGNON (LÉO). — Diazo'i'ques des di-
amines ( phénylènes-diamines, benzi-
dines) i59
— Copulation benzidiue-aniline, diphényl-
liidiazoaminobcnzène et diphényldi-
sazoaminobenzène 582
VIGNON (LÉO) et MOLLARD (J.). — Le
chlorage de la laine i'343
VIGOUROUX (Eu.). — Sur le sillciure
cuivreux 87
— Action du chlorure de silicinui s-ur le
cobalt G35
— Sur les ferromolybdcnes purs 889
— Sur les ferromolybdcnes purs : contri-
bulion à la recherche de leurs consti-
TABLE DES AUTEURS.
MM. P
luants
— Contribution à l'étude des ferrotung-
stènes purs
— Errata relatifs à cette Communication.
— Action du chlorure de silicium sur le
nickel
VILA (A.) et PIETTRE (M.). — Sur le
noyau des hématies du sang des
oiseaux
VILLARD (P.). — Sur le mécanisme de la
lumière positive
— Sur l'aurore boréale
— Est classé en troisième ligne parmi les
candidats à la place laissée vacante
par le décès de M. P. Curie
VILLATTE et SY. — Observations de la
comète (1906e) faites à l'Observatoire
âges.
928
i'97
i366
908
706
i33o
1430
1649
Pages.
MM.
d'Alger, à l'équatorial coudé de
o'", 3 [ 8 69g
VILLEAilN (F.). — Hayons X et activité
génitale 723
VIOLLK (J.) est élu membre de la Com-
mission chargée déjuger les concours
des prix Hébert et Hughes pour l'an-
née 1 90G 265
VIVIEN (Armand) adresse une Note trai-
tant do deux cas de guérison de l'al-
buminerie chez des femmes enceintes
par le phosphate de fer et d'un cas
de guéri^^du de diabète par le phos-
phate de soude 1288
VOLTERRA (Vrro). — Sur les fonctions
qui dépendent d'autres fonctions .... C91
w
WALLERANT (Fred). — Sur les solu-
tions solides 100
— Sur les cristaux mixtes d'azotates alca-
lins 1 68
— Sur une modification cristalline stable
dans deux intervalles de température. 217
WATTEVILLE (C. de). — Sur le spectre
de flamme du mercure 269
— Sur un nouveau dispositif pour la
spectroscopie des corps phosphores-
cents T078
WEISS (Ed.m.j est élu Correspondant de
l'Académie, pour la Section d'Astro-
nomie, en remplacement de M. O.
Strin'e 1 397
WILDEMAN (E. de). — Les maladies du
caféier au Congo indépendant 1093
WINTREBERT (P.). — Sur le passage à
travers les ganglions spinaux de fais-
ceaux provenant des racines motrices
et se rendant aux nerfs dorsaux chez
les Batraciens 348
WOLF est élu membre de la Commission
chargée de juger les concours des
prix Pierre Guzman, Lalande, Valz,
Janssen, pour l'année 1906 265
WOLFFM.) et FERNBACH"(A.). - Sur
la transformation presque intégrale
en maltose des dextrines |)rovenant
de la saccharification de l'amidon. ... 1216
— Errata relatif à cette Communication. i366
YÉGOUNOW (AIichel). ~ La diffusion des solutions et les poids moléculaires 954
ZEILLER est élu membre des Commis-
sions chargées déjuger les concours :
des prix Desmazières. Montagne, de
Coincy, pour l'année 1906 327
— Du prix Saintour pour l'année 1906. . . 38o
ZELTNER (Frédéric de). — Le préhisto-
rique aux environs de Kayes (Sou-
dan ;.
i56o
ZEMPLÉN (Gyozu). — Sur l'impossibilité
des ondes de choc négatives dans les
Cr^^
ZORÊtTI (L.).
continus . .
Sur les ensembles dis-
142
:63
PARIS. — IMPRIMERIE GAUTHIER-VILLARS
37835 Qusi des Grands-Auguslins 55.
-\
>:f^y:<
^ 1>
€^ ^
%^
m^
0*_jsr
*!^er*l^
( - ^K
^^
. .-HT; t
. ^^l2 s* ^4
9,'-:>t*
■t-.*^