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Full text of "Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences"

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COMPTES   RENDUS 


HEBDOMADAIRES 


DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


PARIS.    —    IMPRIMERIE   GAUTIlIIiR-VILLARS,    QUAI    DES    GRANI)S-A  IGIISTINS,    55. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES   SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 

PLI>1.IKS, 

CONFORMÉMENT  A  UNE  DÉCISION  DE  L'ACADÉMIE 
PAR    MM.    LES    SECRÉTAIRES    PERPÉTUELS. 


TOME  CENT  QUAUAIVTE-DEUXIEIVIE. 

JANVIER  -  JUIN  1906. 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS.  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

(Juai  des  Graiids-Augustins,  55. 

1006 


ETAT  DE  L'ACiDÉMIE  DES  SCIENCES 

Al  1"  JANVIER  i90(i. 


SCIEIVCES  MATHEMATIQUES 
Section  I".    —    Géométrie. 

Messieurs: 

Jordan  (Marie-Ennemond-Camille)  (o.  *). 

POINCARÉ  (Jules-Henri)  (c.  *). 

Picard  (Charles-Emile)  (O.  *). 

Appell  (Paul-Émile)(c.  *). 

Painlevé  (Paul)  *. 

HUMBERT  (Marie-Georges)  *. 

Section  II.    —  Mécanique. 

Levy  (Maurice)  (o.  ft). 

BOUSSINESQ  (Valentin-Joseph)  (o.  *). 

Deprez  (Marcel)  (o.  *). 

LÉAUTÉ  (Henry)  (o.  *) 

Sebert  (Hippolyte)  (c.  «). 

Vieille  (Paul-Marie-Eugène)  (o.  *). 

Section  HI.  —  Astronomie. 

Janssen  (Pierre- Jules-César)  (c.  «;, 
Lœwy  (Maurice)  (c.  ft). 
WOLF  (Charles-Joseph-Étienne)  (O.  *). 
Radau  (Jean-Charles-Ro(lolphe)  ». 
Deslandres  (Henri-Alexandre)  «i. 
BiGOURDAN  (Guillaume)  «. 

Section  IV.  —  Géographie  et  Navigation, 

Bouquet  de  la  Grye  (Jean-Jacques-Anatole)  (c.  *). 

GRANDIDIER  (Alfred)  (o.  *). 

Bassot  (Jean-Léon-Antoine)  (C.  *). 

GUYOU  (Emile)  (c.  «). 

Hatt  (Philippe-Eugène)  (o.  *). 

Bertin  (Louis-Émilc)  (c.  *). 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 
Section  Y.  —  Physique  générale. 

Messieurs  : 

Mascart  (Élenthère-Élie-Nicolas)  (g.  O.  *). 
LiPPMANN  (Gabriel)  (c  *). 
Becquerel  (Anloine-Heiiri)  (o.  «). 
Violée  (Lonis-Juies-Gabriel)  (o.  *). 
AmAGAT  (Émile-Hilaire)  *. 
Curie  (Pierre). 

SCIENCES  PHYSIQUES. 

Section  YI.  —  Chimie. 

Troost  (Louis-Joseph)  (c.  «). 
Gautier  (Émile-Justin-Armand)  (o.  *). 
MoiSSAN  (Henri)  (c.  *). 
DiTTE  (Alfred)  (o.  *). 
Lemoine  (Georges)  (o.  *). 
HaLLER  (Albin)  (o.  *  ). 

Section  Ylï.  —  Minéralogie. 

Gaudry  (Jean-Albert)  (c.  *). 
Bektrand  (Marcel-Alexandre)  (o.  *). 
LÉVY  (Augusle-Michel)  (o.  *). 
J^APPARENT  (Albert-Auguste  DE)  *. 
Lacroix  (François-Autoine-Alfred)  *. 
Baruois  (Charles-Eugène)  (o.  «). 

Section  Yiïl.  —  Botanique. 

Van  Tieghem  (Philippe-Édouard-Léon)  (o.  »). 
BORNET  (Jean-Baptiste-Édouard)  (o.  *). 
GUIGNARD  (Jean-Louis-Léon)  (o.  *). 
lîONNlER  (Gastoii-Eugène-Marie)  #. 
PrillIEUX  (Édouard-Ernest)  (o.  *). 
Zeiller  (Charles-René)  (o.  *). 


ÉTAT    DE    l'académie    AU    I*''   JANVIER    1906. 
Section  IX.  —  Économie  rurale. 

Messieurs  : 

SCHLŒSING  (Jean-Jacques-Théophile)  (c.  *). 
Chauveau  (Jean-Baptiste-Auguste)  (c.  *). 
MUNTZ  (Charles-Achille)  (o.  *). 
Roux  ( Pierre- Paul-Émile)  (c.  *). 
SCHLŒSlNG  (Alphonse-Théophile)  *. 
Maquenne  (Léon-Gervais-Marie)  *. 

Section  X.  —  Analomie  et  Zonloaie. 


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Ranvier  (Louis-Antoine)  (o.  *). 
Perrier  (Jean-Octave-Edmond)  (o.  «). 
Chatin  (Joannès-Charles-Melchior)  *. 
GlARD  (Alfred-Mathieu)  «. 
Delage  (Marie- Yves)  *. 
Bouvier  (Louis-Eugène)  *. 

Section  XI.  —  Médecine  et  Chirurgie. 

Bouchard  (Charles- Jacques)  (c.  *). 
GUYON  (Jean-Casimir-Félix)  (o.  *). 
Arsonval  (Arsène  d')  (o.  *). 
Lannei.oNGUE  (Odilon-Marc)  (c.  ft). 
Laveran  (Charies-I^ouis-Alphonse)  (o.  *). 
Dastre  (Alhert-Jules-Frank)  *. 


SECRETAIRES  PERPETUELS. 

Darboux  (Jean-Gaston)  (c.  *),  pour  les  Sciences  mathéma- 
tiques. 

Berthelot  (Marcelin-Pierre-Eugène)  (g.  c.  «),  pour  les  Sciences 
physiques. 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

ACADÉMICIENS  LIBRES. 

Messieurs  : 

Freycinet  (Charles-Louis  DE  Saulses  de)  (o.  s). 

Hatonde  la  Goupillière  (Julien-Napoléon)  (g.  o.  *). 

Cailletet  (Louis-Paul)  (o.  *). 

BiSCHOFFSHElM  (Raphaël-Louis)  *. 

Brouardel  (Paul-Camille-Hippolyte)  (g.  o.  «). 

Laussedat  (Aimé)  (G.  O.  *). 

Carnot  (Marie-Adolphe)  (c.  «). 

ROUCHÉ  (Eugène)  (o.  *). 

Picard  (Alfred-Maurice)  (g.  C.  *). 

LabbÉ  (Léon)  (c.  *). 


ASSOCIES  ETRANGERS. 

Kelvin  (Sir  William  Thomson,  Lord),  à  Glasgow  (g.  o.  s). 

Lister  (Lord),  à  Londres. 

Newcomb  (Simon)  (o.  *),  à  Washington. 

SUESS  (Edouard),  à  Vienne. 

HOOKER  (Sir  Joseph-Dalton),  à  Rew. 

SCHIAPARELLI  (Jean-Virginius),  à  Milan. 

.KOCH  (Robert),  à  Berlin. 

Agassiz  (Alexandre)  (o.  *),  à  Cambridge  (Massachusetts). 


CORRESPONDAXTS. 

SCIENCES  MATHÉMATIQUES. 

Section  P*.    —    Géométrie  (lo). 

Schwarz  (Hermann-Amandus),  à  Griinewald,  près  Berlin. 
Klein  (Félix),  à  Gœttingue. 

MÉRAY  (Hugues-Charles-Robert)  (o.  *),  à  Dijon. 
Zeuthen  (Hieronymus-Georg),  à  Copenhague. 
MittAG-Leffler  (Magnus-Gustaf)  (o.  *),  à  Stockholm. 


ÉTAT   DE    l'académie    AU   l"   JANVIER    1906.  9 

Messieurs  : 

Dt:DEKiND  (Jiilius-Wilhelm-Ric-hard),  à  Brunswick. 

NCETiiEU  (Max),  à  Ei-lani;en. 

VOLTERRA  (Vilo),  à  Rome. 

GuiCHARD  (Claude),  à  Clermont-Ferrand. 

GORDAN  (Paul),  à  Erlangen. 

Section  II.  —  Mécanique  (10). 

SiRE  (Georges-Etienne)  *,  à  Besançon. 

Considère  (Armand-Gabriel)  (o.  ft),  à  Quimper. 

Amsler  (Jacob),  à  Scliafflioiise. 

Vallier  (Frédéric-Marie-Emmanuel)  (o.  *),  à  Versailles. 

BOLTZMANN  (Louis),  à  Vienne. 

Dwelshauvers-Dery  (Victor-Auguste-Ernest)  *,  à  f.iége. 

Bazin  (Hcnry-Émile)  (o.  «),  à  Chenôve  (Côte-d'Or). 

DUHEM  (l'ierre),  à  Bordeaux. 

Zeuner  (Guslav-Anlon),  à  Dresde. 

HOFE  (Jacobiis-Henricus  VAN't)  •fs,  à  Berlin. 

Section  III.  —  Astronomie  (16). 

Struve  (Otlo-Wilhelm)  (g.  o.  *),  à  Carlsruhe. 

LOCKYER  (Sir  Joseph-Norman),  à  Londres. 

HUGGINS  (Sir  William),  à  Londres. 

Stephan  (Jean- Marie-Edouard)  (o.  *),  à  Marseille. 

Hall  (Asaph)  ;»,  à  Washington. 

Langley  (Samuel-Pierpont),  à  Washington. 

AUWERS  (Arthur),  à  Berlin. 

Kayet  (Georges-Auloine-Pons)  (o.  a),  a  Bordeaux. 

Backlund  (Oskar),  à  Poulkova. 

GiLL  (Sir  David),  au  Cap  de  Bonne-Espérance. 

Bakhuyzen  (Van  de  Sande)  (o.  «),  à  Leyde. 

Christie  (William-Henry),  à  Greenwich  (Angleterre). 

André  (Charles-Louis-T'Vançois)  *,  à  l'Observatoire  de  Lyon. 

Baillaud  (Edouard-Benjamin)  (o.  *),  à  l'Observatoire  de  Toulouse. 

HiLL  (George-William),  à  West-Nyack. 

N 

C.  K.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXUI,  N'  1.)  2 


lO  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

Section  IV.  —  Géographie  el  Navigation  (lo). 

Messieurs  : 

TeffÉ  (le  baron  DE),  à  Rio-de-Janeiro. 

Grimaldi  (Albert-Honoré-Charles)  (g.  C.  *),  prince  souverain  de 

Monaco,  à  Monaco. 
Nansen  (Fridtjof)  (c.  «),  à  Bergen  (Norvège). 
Helmert  (Frédéric-Robert),  à  Potsdam. 
Colin  (le  R.  P.  Édouard-Élie),  à  Tananarive. 
Gallieni  (Joseph-Simon)  (g.  o.  *),  à  Saint-Raphaël  (Var), 
BlENAYMÉ  (Arthur-François-Alphonse)  (c.  *),  à  Toulon. 
Normand  (Jacques-Augustin)  (o.  *),  au  Havre. 
Davidson  (George),  à  San-Francisco. 
OUDEMANS  (Jean-Abraham-Chrétien),  à  Utrecht. 

Sectio\  V.  —  Physique  générale  (lo). 

Crova  (André-Prosper-Paul)  (o.  *),  à  Montpellier. 

Rayleigh  (John-William  StrUTï,  Lord)  (g.  *),  àEssex. 

Blondlot  (René-Prosper)  ^,  à  Nancy. 

HiTTORF  (Wilhem),  à  Munster  (Prusse). 

Van  der  Waals  (  Johannes-Diderik),  à  Amsterdam. 

Michelson  (Albert-A.),  à  Chicago. 

GOUY  (Georges-Louis),  à  Lyon. 

Benoit  (Justin-Miranda-René)  *,  à  Sèvres. 

LORENTZ  (Hendrik-Anton),  à  Leyde. 

N 

SCIENCES  PHYSIQUES. 

Section  VI.  —  Chimie  (lo). 

Lecoq  de  BOISBAUDRAN  (Paul-Émile  dit  François)  *,  à  Cognac. 

Baeyer  (Adolf  von),  à  Munich. 

ROSCOÉ  (Sir  Henry-Enfield)  (o.  -k),  à  Londres. 

Cannizzaro  (Stanislas)  (o.  ft),  à  Rome. 

Ramsay  (William)  (o.  *),  à  Londres. 

Mendeleee  (Dmitry-Iwanowitch),  à  Saint-Pétersbourg. 

Fischer  (Emile),  à  Berlin. 


ÉTAT    DE    l'académie    AU    I«''   JANVIER    1906.  Il 

Messieurs  : 

Sabatier  (Paul),  à  Toulouse. 

FORCRAND  (Hippolyte-RobertDE),  à  Montpellier. 

Hexry  (Louis),  à  Louvain. 

Section  VII.   —  Minéralogie  (10). 

GOSSELET  (JuIes-Auguste-AIexandre)  *,  à  Lille. 

Geikie  (Sir  Archibald),  à  Londres. 

TscHERMAK  (Gustav),  à  Vienne. 

Depéret  (Charles-Jean-Julien)  *,  à  Lyon. 

ROSENBUSCH  (Harry),  à  Heidelberg. 

Peron  (Pierre-Alphonse)  (c.  «),  à  Auxerre. 

OEhlert  (Daniel)  *,  à  Laval. 

Klein  (Johann-Friedrich-Garl),  à  Berlin. 

Brôgger  (Wlademar-Christoferj,  à  Christiania. 

N 


Section  VIII.  —  Botanique  (10). 

Clos  (Dominique)  *,  à  Toulouse. 

Grand'Eury  (François-Cyrille)  *,  à  Saint-Étienne. 

MasïeRS  (Maxwel-Tylden),  à  Londres. 

Treub  (Melchior)  *,  à  Buitenzorg,  près  Batavia  (Java). 

Schw^ENDENER  (Simon),  à  Berlin. 

Pfeffer  (Wilhelm-Friedrich-Philipp),  à  Leipzig. 

Strasburger  (Edouard),  à  Bonn. 

Warming  (Johannes-Eugenius-Beilow),  à  Copenhague. 

Flahault  (Charles-Henri-Marie)  *,  à  Montpellier. 

Bertrand  (Charles-Eugène)  «,  à  Lille. 

Section  IX.  —  Économie  rurale  (10). 

HOUZEAU  (Auguste)  (o.  *),  à  Rouen. 
Arloing  (Saturnin)  (o.  «),  à  Lyon. 
Pagnoul  (Aimé),  ù'Arras. 

Gayon  (Léonard-Ulysse),  (O.  *),  à  Bordeaux. 
KUEHN(Jnlius),  à  Halle. 


12  ACADEMIE   DES   SCIENCES. 

Messieurs  : 

WiNOGRADSKI  (Serge),  à  Sainl-Pétersbourg. 
YermoLOFF  (Alexis)  (c.  *),  ;i  Sainl-Pétersboiirg. 
Tisserand  (r.ouis-Eugène)  (g.  O.  *),  à  Vaucresson. 
Fliche  (Paul)  ft,  à  Nancy. 
N 

Seotiox  X.  —  Anatomie  et  Zoologie  (lo). 

Fabre  (Jean-Henri)  *,  à  Sérignan  (Vaucluse). 

SabaTIER     Armand)  (o.  *),  à  Montpellier. 

Retzius  (Gustave),  à  Stockholm. 

Bergh  (Ijuclwig-Rudolph-Sophus),  à  Copenhague. 

Lankester  (Edwin-Ray),  à  Londres. 

Lortet  (Louis)  (o.  *),  à  Lyon. 

Maupas  (Émile-François),  à  Alger. 

Van  Beneden  (Edouard),  à  Liège. 

Metchnikoff  (Élie)  (o.  *),  à  Sèvres. 

Waldeyer  (Henri-Guillaume-Godefroi),  à  Berlin. 

Section  XI.  —  Médecine  et  Chirurgie  (lo). 

LÉPINE  (Jacqiies-Raphaël)  (o.  *),  à  Lyon. 

Herrgott  (François-Joseph)  (o.  *),  à  Nancy. 

Engelmann  (Théodor-Wilhelm),  à  Berlin. 

Leyden  (ErnstVON),  à  Berlin. 

MOSSO  (Angelo),  à  Turin. 

BurdoN-SanderSON  (Sir  John),  à  Oxford. 

ZambaCO  (Déuiélrius-Alexandre)  (o.  *),  à  Constantinople. 

Czern Y  (Vincent-Joseph),  à  Heidelberg. 

Baccelli  (Giiido),  à  Rome. 

Calmette  (LéonCharles-Albert)  (o.  ^),  à  Lille. 


COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


SKANCE   DU   MARDI  2   JANVIER    1906. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  H.  POINCARÉ. 


M.  Troost,  Président  sortant,  fait  connaître  à  l'Académie  l'état  oii  se 
trouve  l'impression  des  Recueils  qu'elle  publie  et  les  changements  sur- 
venus parmi  les  Membres  et  les  Correspondants  pendant  le  cours  de 
l'année  igoS. 


État  de  l'impression  des  Recueils  de  l'Académie  au  \"  janvier  \  906. 

Volumes  publiés. 

Comptes  rendus  des  séances  de  l' Académie.  —  Les  Tomes  CKXXVIII 
(i*"'  semestre  1904),  CXXXIX  (2*  semestre  i()o4),  CXL  (i"  semestre  1903) 
ont  paru  avec  leurs  Tables. 

Les  numéros  de  l'année  igoS  ont  été  mis  en  distribution,  chaque 
semaine,  avec  la  régularité  habituelle. 

Mémoires  de  l' Académie.  —  Le  Tome  XLVIII  a  été  mis  en  distribution  au 
mois  de  novembre  igoS. 


l4  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

Changements  survenus  parmi  les  Membres 
depuis  le  \"  janvier  igoS. 

Membre  décédé. 
Section  de  Physique  générale  :  M.  Potier,  le  8  mai. 

Membre  élu. 

Section  de  Physique  générale  :  M.  Cirie,  le  3  juillet,  en  remplacement 
de  M.  Potier. 


Oiangements   survenus  parmi  les  Correspondants 
depuis  le    i"  janvier   igoô. 

Correspondants  décédés. 

Section  de  Physique  générale  :  M.  Bichat,  à  Nancy,  le  26  juillet. 
Section  de  Minéralogie  :  M.  De  Richtiiofen,  à  Berlin,  le  6  octobre. 

Correspondants  élus. 

Section  de  Mécanique  :  M.  Vax't  Hoff,  à  Berlin,  le  27  mars. 
Section  de  Chimie  :  M.  Louis  Hexry,  à  Louvain,  le  i5  mai. 

Correspondants  à  remplacer. 

Section  d' Astronomie  :  M.  Perrotin,  à  Nice,  décéilé  le  29  février  1904. 

Section  de  Physique  générale  :  M.  Bichat,  à  Nancy,  décédé  le  26  juil- 
let 1905. 

Section  de  Minéralogie  :  M.  De  Richthofex,  à  Berlin,  décédé  le  6  oc- 
tobre 1905. 

Section  d' Economie  rurale  :  M.  Laurext,  à  Gembloux,  décédé  le  20  fé- 
vrier 1904. 


SÉANCE  DU  2  JANVIER  1906.  l5 

MÉMOIRES  ET  COMMUIVIGATIOIVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS     DE    L'ACADÉMIE. 

CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Sur  le.  dosage  de  l'oxyde  de  carbone  dans  l'air 
par  r anhydride  iodique.  Note  de  M.  Armaxd  Gautier. 

Dans  une  courte  Note  insérée  au  dernier  numéro  des  Comptes  rendus  (  '  ), 
M.  G.  Jaiiberl  annonce  que  l'acétylène  agit  sur  l'anhydride  iodique  à  la 
façon  de  l'oxyde  de  carbone  et  que  c'est  là  une  cause  d'erreur  méconnue 
dans  cette  méthode  de  dosage. 

Ce  n'est  pas  là  un  fait  nouveau.  En  étudiant,  en  1898,  les  conditions 
d'extrême  sensibilité  et  d'exactitude  de  cette  méthode  de  dosage  de  l'oxyde 
de  carbone,  je  me  suis  préoccupé  de  l'action  des  gaz  réducteurs,  et  en 
particulier  de  l'acétylène,  sur  l'anhydride  iodique.  J'ai  montré  que  ce  gaz 
réduit  déjà  ce  corps  à  35°  (").  J'ai  donné  aussi  le  moyen  de  corriger  l'er- 
reur commise  cpiand  il  y  a  lieu  ('). 

Ji'acétylène  n'existe  jamais  dans  l'air  des  rues  en  quantité  appréciable, 
même  par  cette  méthode  très  délicate. 

ZOOLOGIE.  —  Nom'elles  ohseivations  sur  les  Pycnogonides  recueillis  dans  tes 
régions  antarctiques  au  cours  de  la  campagne  dirigée  par  M.  Jean  Charcol. 
Note  de  M.  E.-L.  BorviEK. 

La  campagne  longue  et  pénible  effectuée  par  le  Français  dans  les  mers 
australes  a  été  singulièrement  fructueuse  au  point  de  vue  zoologique.  Grâce 
au  zèle  de  M.  Charcot  et  à  l'activité  de  son  collaborateur  pour  la  biologie, 
M.  Turquet,  la  faune  antarctique  nous  révèle  quelques-uns  de  ses  mvs- 
tères  :  une  grande  richesse  de  formes,  des  espèces  remarquables  par  leur 
abondance  ou  par  leur  taille  et,  dans  beaucoup  de  groupes,  des  types  rares 
ou  insoupçonnés.  Ce  qui  donne  aux  récoltes  du  Français  une  valeur  parti- 
culière, c'est  qu'elles  sont  tout  à  fait  caractéristiques  de  la  faune  subpolaire, 
ayant  été  recueillies  dans  les  zones  littorales  et  sublittorales,  et  par  consé- 


(')   Séance  du  0.6  décembre  igo.j,  t.  CXLI,  p.  i233. 

(^)  Comptes  rendus,  t.  CXXVl,  p.  986  et  i3o3. 

(^)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique.  7°  série,  l.  WII,  p.  afi,  -i  ei  -3. 


l6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

quent  aux  points  où  se  fait  sentir,  clans  toute  sa  rigueur,  le  dur  climat  de 
ces  régions  glacées.  Il  convient  d'adresser  un  juste  hommage  de  recon- 
naissance à  M.  Charcot  qui  nous  a  doté  de  semblables  richesses  et  au  col- 
laborateur qui  l'a  secondé  dans  sa  tâche. 

Les  observations  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  sont  rela- 
tives aux  Pycnogonides  recueillis  durant  la  campagne;  elles  sont  la  suite 
et  le  complément  de  celles  que  j'ai  fait  paraître  dans  le  Bulletin  du  Muséum  (') 
au  mois  de  juillet  dernier,  et  que  je  dus  momentanément  interrompre  pour 
suivre  S.  A.  le  Prince  de  Monaco  à  bord  de  la  Princesse- Alire.  Par  leur 
variété  et  par  l'intérêt  qu'elles  donnent  à  un  groupe  zoologique  des  plus 
restreint,  on  pourra  estimer,  à  sa  juste  valeur,  l'importance  des  récoltes 
mises  à  la  disposition  de  la  Science  par  les  vaillants  pionniers  du  Français. 

Pycnogonides  décapodes.  —  Jusqu'à  l'année  dernière,  les  Pycnogonides 
ont  été  considérés  comme  des  Arthropodes  à  huit  pattes,  et  c'est  pour 
une  bonne  part  en  raison  de  ce  caractère  que  beaucoup  de  zoologistes  les 
rapprochent  des  Arachnides.  Pourtant,  un  Pycnogonide  décapode  fut  très 
exactement  décrit  et  figuré  par  Eights  (-)  en  1837,  mais  cette  observation 
resta  lettre  morte  en  dépit  de  son  importance  et  il  y  a  un  an  à  peine  qu'on 
l'a  exhumée  de  son  recueil  pour  la  livrer  à  la  discussion.  Au  mois  de 
juin  dernier,  un  spécialiste  des  plus  compétents,  M.  Loman  C),  la  tenait 
encore  pour  inexacte  et  considérait  la  Decalopoda  australis  de  Eights  comme 
une  simple  Colossendeis  faussement  décrite  et  figurée  avec  cinq  paires 
de  pattes.  Mais  Loman  ignorait  alors  la  capture,  par  l'expédition  antarctique 
écossaise,  lie  quinze  exemplaires  d'un  Pycnogonide  décapode,  et  l'idenlifi- 
cation,  établie  par  M.  Hodgson  ('),  de  cette  curieuse  forme  avec  la  Decalo- 
poda australis  ( '') . 


(')  Iv-L.  Bouvier,  Observations  préliminaires  sur  les  Pycnogonides  recueillis 
dans  la  région  antarclique  par  la  mission  du  l^'raiiçais  [Bulletin  du  Muséuni,  iQoS, 
p.  294). 

('-)  J.  EiuHTS,  Description  of  a  new  animal  belonging  lo  Ihe  Arachnides,  disco- 
vered  in  ihe  sea  alo/ig  the  shorcs  of  Ihe  Netv  South  Shetland  Islands  {Boston 
Journ.  Soc.  Nui.  Hist..  Vol.  I,  1887,  p.  aoS-'îoS,  PL  V). 

(')  J.-J.-G.  Loman,  Decab'pcda  lîiylhs  oder  Colossendeis  Jar.  {Zoolog.  Anz., 
B.  XXVIII,  190.J,  p.  722-723). 

(*)  E.-W.  lIoixiSON,  Scotia  Collections.  On  Decalopoda  australis  Kiglits  {Proc. 
Roy.  physic.  Soc.  Edinburgh.  Vol.  X\'I,  janvier  190.5,  p.  35-42,  PL  III .  IV). 

{■' )  A  l'exemple  de  M.  Ilodgsoii,  je  remplace  le  nom  de  Decalopoda  par  celui,  plus 
correcl,  de  Decalopoda. 


SÉANCE  DU  2  JANVIER  1906.  l'j 

J'étais  dans  la  même  ignorance  que  M.  Loman  lorsque  je  publiai  ma  pre- 
mière Note,  et  c'est  pourquoi  je  considérai  comme  une  anoma  lie  sans  grande 
valeur  la  présence  de  dix  pattes  dans  l'unique  spécimen  d'une  espèce  nou- 
velle que  je  décrivis  alors  sous  le  nom  de  Colossendeis  anlarctica.  Mais 
une  circonstance  heureuse  modifia  bientôt  cette  manière  de  voir  :  au  cours 
du  mois  de  novembre,  M.  Lahiile,  du  Muséum  d'Histoire  naturelle  ar- 
gentin, me  soumit,  pour  en  faire  l'étude,  un  Pycnogonide  assez  semblable 
à  la  Colossendeis  antarclica,  et  muni  comme  elle  de  cinq  paires  de  pattes. 
C'est  alors  que  je  pris  connaissance  du  travail  de  M.  Hodgson,  et  il  ne  me 
fut  pas  difficile  de  reconnaître  que  le  spécimen  de  M.  Lahiile  était  une 
Decalopoda  australis  des  plus  typiques.  Après  le  travail  de  M.  Hodgson,  on 
ne  pouvait  plus  mettre  en  doute  l'existence  du  Pycnogonide  à  cinq  paires 
de  pattes  décrit  par  Eights  ;  aujourd'hui  on  doit  ajouter  que  cette  espèce 
est  assez  largement  répandue  dans  les  régions  littorales  et  sublittorales  des 
mers  antarctiques  :  les  spécimens  de  Eights  provenaient  des  Shetlands  du 
Sud,  ceux  de  l'expédition  écossaise  ont  été  capturés  non  loin  de  là,  aux 
Orkneys  du  Sud  (Scotia  Bay,  par  9-10  brasses  de  profondeur);  enfin 
l'exemplaire  de  M.  Lahiile  a  été  recueilli  près  du  rivage  de  l'île  Laurie, 
dans  les  Orcades  d  u  sud . 

En  comparant  le  Colossendeis  anlarctica  au  spécimen  de  M.  Lahiile  et  à  la  très 
soigneuse  description  de  M.  Hodgson,  j'ai  pu  me  convaincre  que  ce  Pjcnogonide  est 
bien  une  Décalopode,  mais  qu'il  dilTère  de  la  D.  australis  par  tous  ses  caractères  spé- 
cifiques essentiels  :  le  tronc  n'ollre  plus  de  sillons  segmentaires  et  sa  face  ventrale  est 
tout  à  fait  plate,  les  palpes  ont  9  articles  au  lieu  de  10,  les  chélicères  sont  autrement 
conformés  que  ceux,  de  la  D.  australis,  avec  l'article  basilaire  beaucoup  plus  long,  et 
une  pince  plus  étroite  dont  la  portion  palmaire  égale  au  moins  la  moitié  de  la  longueur 
des  doigts,  la  trompe  est  également  plus  allongée  que  celle  de  la  D.  australis  et 
d'ailleurs  totalement  dépourvue  d'épines;  quant  aux  pattes,  elles  sont  beaucoup  plus 
longues  et  plus  grêles.  J'ajoute  que  ces  dernières  ne  présentent  pas  d'épines  sur  la  face 
dorsale  de  leur  article  basilaire  et  qu'elles  sont  autrement  ordonnées  que  celles  du 
D.  australis,  quant  à  leur  longueur  relative  :  dans  cette  dernière  espèce,  en  efifet, 
celles  de  la  deuxième  paire  sont  les  plus  longues,  et  celles  des  troisième,  quatrième,, 
première  et  cinquième  paires  viennent  ensuite  en  ordre  décroissant  ;  dans  notre 
espèce,  au  contraire,  les  pattes  de  la  troisième  paire  sont  les  plus  longues,  et  les 
autres  se  groupent  dans  un  ordre  tout  autre  :  quatrième,  deuxième,  première  et  cin- 
quième paire.  Dans  la  D.  australis  la  région  céplialique  est  large,  le  tubercule  ocu- 
laire fort  réduit,  et  le  second  article  tibial  à  peine  plus  long  que  le  premier;  dans, 
l'espèce  rapportée  par  M.  Charcot,  la  région  céphalique  apparaît  relativement  étroite, 
envahie  presque  aux  deux   tiers  par   un  haut  tubercule  oculaire    pyramidal,    et   le 

G.  R.,  1906,  1"  Semestre.  (T.  CXLII,  N°  1.)  3 


iS  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

deuxième  tibia   présente  des   dimensions  beaucoup  plus  grandes  que  le  premier.  Le 
Tableau  suivant  donnera  une  idée  très  nette  des  dimensions  relatives  des  deux  espèces. 

Decalopoda  auslralis. 

~^ — -~ — — ^ —  D.antarctica. 

Exemplaire  Exemplaire  Type 

figuré  par  M.  Hodgson.  de  M.  Laliille.      du  Français. 

mm  mm  mm 

Longueur  totale  du  corps  (saus  la  trompe). .  i6  i/J  i8 

»         du  tronc  avec  la  partie  céphalique.  10,2  9,5  12, 5 

Largeur  de  la  région  céphalique 4)9  4,8  4>9 

»      du  tronc  au  niveau  des  pattes  3 10,1  8,3  10, 5 

Longueur  de  la  trompe Un  peu  plus  de  10,2  9,7  17 

»         du  premier  article  des  chélicères..  .  5  4)2  9,1 

»  du  fémur  des  pattes  i 17  i4)7  24 

»  »  2 19)5  1 5 , 5  26,3 

»  »  3 19  i5  26 

»                             »               4 18)  4  i4)9  25,6 

»                             »               5 16  i4,3  23,5 

Longueur  totale  des  pattes  2 86  »  i35 

»          du  i"'  tibia  des  pattes  2 19  »  28 

»          du  1^  tibia  des  pattes  2 20  »  35 

Ainsi,  dans  l'exemplaire  de  M.  Charcot,  le  premier  article  des  chélicères 
égale  au  moins  la  moitié  de  la  longueur  totale  du  corps,  et  la  patte  2  éten- 
due à  peu  près  1 1  fois  la  longueur  du  tronc;  tandis  que,  dans  la  D.  auslra- 
lis, le  premier  rapport  se  réduit  au  tiers  de  la  longueur  totale  et  le  second 
à  un  peu  plus  de  8  fois  celle  du  tronc.  Il  est  bien  difficile  d'attribuer  ces 
différences,  et  toutes  les  autres  non  moins  grandes,  aux  dimensions  un  peu 
plus  considérables  de  notre  spécimen.  Aussi  doit-on  considérer  la  Colos- 
sendeis  antarctica  comme  le  type  d'une  Décalopode  nouvelle  qui  recevra 
naturellement  le  nom  de  Decalopoda  antarctica. 

Cette  seconde  espèce  habite  des  régions  plus  voisines  du  pôle  que  la 
D.  australis;  elle  fut  capturée  sur  un  fond  de  4o™,  dans  les  parages  de  l'île 
Wandel  (baie  Carthage),  soit  par  64°  long.  W.  et  65°  lat.  S.  On  sait  que  les 
Shetlands  du  Sud,  qui  semblent  être  le  centre  de  la  D.  australis,  se  trou- 
vent plus  au  Nord,  par  60°  environ  de  long.  W.  et  63°  lat.  S. 

Quelques  semaines  avant  la  publication  de  ses  recherches  sur  la  D. 
australis,  M.  Hodgson  avait  décrit  et  figuré  un  autre  Pycnogonide  décapode 
bien  différent,  le  Pentanymphon  antarcticum  (')  capturé  en  assez  grand 

(')  T.-V.  Hodgson,  On  a  new  Pycnogonid  from  tlie  Soulli  Polar  Régions  (Ann. 
and  Mag.  Nat.  Hist.,  7=  série,  vol.  XIV,  p.  458-462,  PI.  JTIV). 


SÉANCE    DU    2    JANVIER    I906.  I9 

nombre  par  la  Discovery  dans  la  baie  Me  Murdo.soitàpeuprèspar  yS^lat.S. 
et  168°  long.  E.  Cette  espèce  semble  répandue  partout  dans  les  régions 
antarctiques,  car  M.  Hodgson  en  signale  un  exemplaire  recueilli  par 
l'expédition  écossaise  dans  la  mer  de  Weddell,  c'est-à-dire  en  un  point 
presque  diamétralement  opposé.  Je  rapporte  à  la  même  espèce  trois  spé- 
cimens capturés  par  M.  Turquet  à  l'île  Wandel,  deux  par  20™  de  profon- 
deur, et  le  troisième  entre  les  galets  sur  la  plage.  Les  types  de  la  Discovery 
avaient  été  pris  entre  12  et  1 25  brasses. 

Les  trois  exemplaires  du  Français  sont  adultes  quoique  de  taille  assez  dif- 
férente; ceux  capturés  par  20  brasses  sont  plus  petits  que  l'exemplaire 
type  de  la  Discovery  et  en  diffèrent  par  leurs  pattes  sensiblement  plus 
courtes;  celui  qui  provient  du  littoral  est  au  contraire  plus  grand,  ses 
cuisses  sont  plus  renflées  et  les  épines  de  ses  pattes  ovigères  présentent  un 
moins  grand  nombre  de  denticules  avec  une  partie  terminale  assez  obtuse. 
Autant  que  j'ai  pu  le  voir  jusqu'ici,  il  n'y  a  pas  d'autres  différences  entre  les 
exemplaires  du  Français  et  ceux  de  la  Discovery,  de  sorte  que  je  les  attribue 
à  la  même  espèce.  Ainsi  le  Pentanymphon  antarcticum  peut  être  considéré 
comme  un  type  caractéristique  de  la  faune  antarctique,  et  semble  être  repré- 
senté en  plus  grande  abondance  à  mesure  qu'on  se  rapproche  du  pôle 
austral. 

Pycnogonides  octopodes.  —  Dans  le  groupe  des  Pycnogonides  normaux 
ou  octoj>odes,  les  récoltes  du  Français  se  divisent  entre  les  deux  familles 
des  Pallénides  et  des  Ammothéides,  un  exemplaire  appartenant  au  genre 
Cordylochete  qui  dépend  de  la  première  de  ces  familles,  et  tous  les  autres, 
fort  nombreux,  au  genre  Ammothea  ou  à  quelque  forme  très  voisine. 

Le  genre  Cordylochete  paraissait  limité  jusqu'ici  aux  régions  boréales,  où 
on  en  a  décrit  trois  espèces.  Il  est  représenté  dans  la  collection  Charcot 
par  la  C.  Turqueti  Bouv.  dont  un  bel  exemplaire  fut  capturé  dans  la  baie 
Carthage.  J'ai  donné  précédemment  la  description  de  cette  jolie  espèce. 

De  la  baie  Carthage  proviennent  également  deux  espèces  nouvelles 
décrites  en  même  temps  que  la  précédente  :  V Ammothea  antarctica  Bouv. 
remarquable  par  la  saillie  conique  de  son  segment  caudal  et  de  son  tuber- 
cule oculaire  et  la  Colossendeis  ?  Charcoti  Bouv.  dant  les  affinités  sont  mul- 
tiples. J'ai  rangé  provisoirement  cette  dernière  espèce  dans  le  genre  Colos- 
sendeis parce  qu'elle  se  rapproche  beaucoup  de  la  Colossendeis  gibbosa 
Mobius  dont  la  Valdivia  recueillit  deux  jeunes  exemplaires  dans  les  parages 
de  l'île  Bouvet,  par  439"  et  567""  de  profondeur.  Mais,  comme  je  l'ai  fait 
observer,  l'une  et  l'autre  formes  se  rapprochent  davantage  des  Ammo- 


20  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

théides  par  l'absence  de  griffes  terminales  sur  leurs  appendices  ovigères, 
par  le  développement  de  griffes  auxiliaires  énormes  sur  leurs  pattes  ambu- 
latoires et  par  la  réduction  extrême  du  tarse  de  ces  appendices.  En  fait  la 
Colossendeis?  antarctica  tient  des  Colossendéidés  par  sa  grande  taille,  et  des 
Ammothéidés  |)ar  la  très  grande  majorité  de  ses  caractères  essentiels;  c'est 
plutôt  une  Ammolhea  qui,  dans  ce  genre  où  les  espèces  sont  petites,  occupe 
une  place  toute  spéciale  à  cause  de  sa  taille  relativement  énorme  :  la  trompe 
a  i^"""  de  longueur,  le  tronc  avec  la  queue  16"""  et  les  pattes  de  la  deuxième 
paire  ne  mesurent  pas  moins  de  68™™.  Déjà  X Ammolhea  antarctica  se  faisait 
remarquer  par  des  dimensions  au-dessus  de  la  normale. 

Les  autres  Ammolhéides  capturés  au  cours  de  la  campagne  sont  bien 
plus  normaux  en  ce  sens  que  leurs  dimensions  rentrent  dans  la  règle  ordi- 
naire. Ils  sont  représentés  par  deux  espèces  nouvelles,  l'une  très  répandue 
dans  les  parages  de  l'île  Wandel  et  que  j'appellerai  pour  cette  raison 
Ammothea  communis,  l'autre  plus  rare  et  qui  mérite  le  nom  à! A.  curculio  à 
cause  de  son  long  rostre  arqué  et  tubuliforme. 

L'/i.  communis  a  une  puissante  trompe  ovoïde,  les  segments  moyens  du  tronc 
séparés  par  des  lignes  et  des  bourrelets  suturaux  très  aj)parents,  un  pédoncule  oculaire 
élevé  et  obtus  à  son  sommet  que  couronnent  les  yeux,  l'abdomen  conique  et  presque 
verticalement  dressé.  Le  segment  céplialique  forme  en  avant  une  paire  de  protubé- 
rances sulsaiguës;  des  protubérances  analogues,  et  plus  ou  moins  saillantes  suivant  les 
individus,  se  trouvent  par  paires  à  Texlrémilé  des  prolongements  latéraux  du  tronc  et 
de  chaque  article  coxal.  Les  cliélicères  sont  bien  plus  courtes  que  la  trompe  et  se 
terminent  par  une  pince  imparfaite;  les  palpes  ont  neuf  articles  (peut-être  dix),  l'ar- 
ticle prominai  étant  fort  petit  et  précédé  par  un  long  article  suivi  de  trois  autres  plus 
réduits  et  subégaux;  les  appendices  ovigères  ont  dix  articles,  dont  un  terminal  de 
petites  dimensions  et  muni  de  deux  soies  denticiilaires,  les  trois  articles  qui  précédent 
étant  subégaux  et  munis  chacun  d'une  ou  deux  soies  identiques;  les  fémurs  sont  ren- 
flés et  à  peu  près  aussi  longs  que  le  premier  tibia  qui  est  un  peu  plus  court  que  le 
second,  les  griffes  des  pattes  sont  puissantes  et  accompagnées  de  deux  griffes  auxiliaires 
qui  en  dépassent  le  milieu.  Celte  espèce  fut  trouvée  en  très  grand  nombre  dans  les 
parages  de  l'île  Wandel,  sur  la  côte  ou  à  de  faillies  profondeurs;  longueur  moyenne 
du  corps  1™"',  5,  d'une  patte  5"^^™. 

L'v-i.  curculio  est  représentée  par  trois  exemplaires  recueillis  à  l'île  Wandel,  sur  un 
fond  de  4o™. 

Elle  est  remarquable  par  sa  trompe  cylindrique,  un  peu  dilatée  à  la  base,  légèrement 
infléchie  et  dirigée  eu  avant,  d'ailleurs  beaucoup  plus  longue  que  le  corps  tout  entier. 
La  segmentation  du  corps  est  très  nette,  indiquée  en  dessous  par  des  bourrelets 
transversaux  très  saillants,  en  dessus  par  des  bourrelets  analogues  au  centre  desquels 
s'élève  une  saillie  subconique;  l'abdomen  présente  une  forme  analogue  et  se  dirige  un 
jjeu    obliquement    en   arriére;   la  saillie  oculaire,    très  développée,   est  un   peu   plus 


SÉANCE  DU  2  JANVIER  1906.  21 

obtuse.  Les  pattes  sont  plutôt  courtes  et  trapues,  garnies  d'un  certain  nombre  de 
saillies  spiniformes;  le  fémur  est  un  peu  plus  court  que  le  premier  tibia,  lerfuel  est 
lui-même  moins  allongé  que  le  second;  les  griffes  ont  plus  de  la  moitié  de  la  longueur 
du  tarse  terminal  et  leurs  griffes  auxiliaires  ne  sont  pas  moins  développées  que  dans 
l'espèce  précédente,  qui  semble  être,  d'ailleurs,  à  peu  prés  de  même  taille.  Aucun  des 
exemplaires  n'est  adulte;  dans  le  plus  jeune,  les  pattes  postérieures  sont  réduites  à 
l'état  de  bourgeons  parallèles  à  l'abdomen;  dans  les  deux  autres,  ces  appendices  ont 
acquis  une  structure  presque  normale,  mais  le-;  pattes  ovigères  se  réduisent  à  des  bour- 
geons courts.  Les  chélicères  portent  des  pinces  très  parfaites  et  les  palpes  ne  pré- 
sentent pas  plus  de  5  articles,  ce  qui  est  probablement  le  résultat  d'un  développement 
incomplet. 

Conclusion.  —  Il  résulte  de  ce  qui  précède  :  i"  que  les  Pycnogonides 
décapodes  semblent  communément  répandus  dans  les  régions  australes, 
où  ils  sont  représentés  par  deux  types  bien  différents,  les  Decalopoda  et 
les  Pentanymphon  ;  2°  que  le  genre  Decalopoda  nous  offre  deux  espèces, 
la  D.  australis,  assez  commune  dans  les  parages  des  Shetlands,  et  la  D.  an- 
tarclica,  trouvée  plus  près  du  pôle  par  la  mission  Cliarcot;  3°  que  le  genre 
Pentanymphon  se  trouve  sur  tout  le  pourtour  du  continent  austral,  où  il  est 
représenté  par  le  P.  antarcticum  qui  semble  devenir  plus  abondant  à  me- 
sure qu'on  avance  vers  le  pôle;  4"  que  'es  Pycnogonides  octopodes  des 
genres  Cordylochele  et  Ammothea  ne  sont  pas  propres  à  l'hémisphère  sep- 
tentrional, mais  se  rencontrent  également  dans  les  régions  antarctiques; 
5°  que  les  Ammothéides  sont  particulièrement  répandus  dans  ces  mers,  où 
plusieurs  de  leurs  représentants  se  font  remarquer  par  leurs  dimensions 
très  grandes. 

Plusieurs  de  ces  conclusions,  cela  va  sans  dire,  sont  le  résultat  des 
recherches  de  M.  Hodgson  combinées  avec  celles  que  j'ai  faites  sur  les 
matériaux  recueillis  par  le  Français. 

Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  d'insister  sur  les  conséquences  de  la  découverte 
des  Pycnogonides  décapodes,  et  je  me  contenterai  de  dire  que  les  observa- 
tions présentées  sur  le  même  sujet  par  M.  Cole  sont,  en  général,  excel- 
lentes (').  Pourtant,  il  ne  me  paraît  pas  juste  de  considérer  le  genre 
Decalopoda  comme  analogue  aux  formes  primitives  d'où  sont  issues  les 
Pentanymphon  et  les  Pycnogonides  octopodes.  La  segmentation  du  corps 
a  totalement  disparu,  ou  à  peu  près,  dans  les  Décalopodes,  tandis  qu'elle 
persiste,  très  évidente,  dans  les  Pentanymphon  et  dans  beaucoup  de  Pycno- 
gonides octopodes. 

(')  L.-J.  Cole,  Ten-legged  Pycnogonides,  with  remarks  on  tlic  classification  of 
the  Pycnogonida  (Ann.  and  Mag.  i\at.  Hiit.,  7"=  série,  Vol.  XV,  avril  1905 ). 


2  2  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

Si  bien  qu'il  paraît  plus  logique  de  considérer  les  Pentanvmphons  et  les 
Décalopodes  comme  des  formes  voisines  de  la  souche  primitive,  mais  à 
évolution  indépendante;  les  Décalopodes  conduisent  aux  Colossendéo- 
raorphes  et  notamment  aux  Colossendeis  dont  ils  se  rapprochent  étrange- 
ment, ainsi  que  l'a  observé  M.  Hodgson;  et,  d'autre  part,  les  Pentanyni- 
phons  servent  de  souche  aux  Nymphonides,  et  par  ces  derniers  au\ 
PycnogomOrphes  de  M.  Cole. 


GÉOMÉTRIE  INFINITÉSIMALE.  —  Siw  la  déformation  des  quaclriques. 
Note  de  IVI.  C.  Guichard. 

1.  Une  congriience  G  orthogonale  à  un  réseau  de  la  quadrique 

(i)  ir;(i +/>^)-+-a:^(n- f/=)  +  a;',  =  I 

est  une  congruence  30  ;  les  paramètres  X,,  Xj,  X,  de  G  sont 

(2)  X,  =  a7,(i -f-p-),  X2  =  j:-,(t  +  <7*),  X,  =  .t,. 

Les  paramètres  complémentaires  qui  rendent  les  congruences  30  sont 

A  cette  congruence  G  on  peut,  par  homographie,  faire  correspondre 
une  congruence  H(X',,  X^,  X^)  qui  est  O  en  posant 

(4)  ^'.=  7=1'       ^'^=l=i'       ^3  =  X,. 

Si  le  réseau  tracé  sur  la  quadrique  est  C,  il  en  est  de  même  de  la 
congruence  G.  La  congruence  H  est  O,  3C,  les  deux  paramètres  complé- 
mentaires qui  la  rendent  3C  sont  pX.\  et  5^X5. 

Réciproquement,  la  déformation  de  la  quadrique  revient  à  trouver  les 
congruences  H  qui  possèdent  ces  propriétés. 

2.  Ces  congruences  H  sont  précisément  celles  que  j'ai  signalées  en  1897 
ySur  la  déformation  des  quadriques  {Comptes  rendus,  2*  semestre)].  Consi- 
dérons, en  effet,  un  réseau  M.(^x^X2X^)  de  la  quadrique  applicable  sur  un 
réseau  N(j,j'2r,.,);  coupons  N  par  un  plan  isotrope,  il  y  correspond  une 
congruence  (X,\aX3)  harmonique  à  M;  cette  congruence  sera  O  d'après 


SÉANCE  DU  2  JANVIER  1906.  23 

la  théorie  générale,  elle  sera  3C  puisque  M  est  30;  les  coordonnées  com- 
plémentaires de  M  étantyoa;,  et  qxn,  celles  de  la  congruence  seront  ^X,, 
^Xo;  cette  congruence  rentre  donc  bien  dans  le  type  des  congruences  qui 
viennent  d'être  définies  (§  1). 

Soit  H  la  congruence  ainsi  définie,  par  la  droite  H  menons  le  second  plan 
tangent  à  la  quadrique;  si  M'  est  le  point  de  contact.  M'  décrit  un  réseau, 
qui,  étant  harmonique  à  une  congruence  O,  est  C.  Si  la  congruence  H  se 
déplace  parallèlement  à  elle-même,  le  point  M'  se  déplace  sur  une  conique. 
En  invoquant  maintenant  la  loi  de  parallélisme  des  éléments  on  peut 
énoncer  le  résultat  suivant  : 

Il  y  a  ce'  réseaux  N  qui  sont  C  et  parallèles  à  un  réseau  de  la  quadrique  Q, 
harmoniques  à  chacune  des  congruences  H  qui  ont  été  définies  §  1. 

3.  Si  l'on  connaît  seulement  un  tel  réseau  N,  il  faudra  résoudre  une 
équation  de  Riccati  pour  en  déduire  une  déformée  de  la  quadrique;  ce  qui, 
pratiquement,  ne  permettrait  pas  de  suivre  analytiquement  cette  transfor- 
mation que  j'ai  indiquée  en  1897.  Je  vais  montrer  comment  on  peut  lever 
la  difficulté. 

Tout  d'abord  la  congruence  H  étant  homographique  à  une  con- 
gruence G  (§  1),  les  réseaux  N  sont  homographiques  à  des  réseaux  O,  har- 
moniques à  G.  Les  points  qui  décrivent  ces  réseaux  sont  situés  sur  un 
cercle  dont  l'axe  est  G.  A  une  quadrature  près,  la  recherche  de  la  déformée 
de  la  quadrique  revient  à  celle  du  réseau  O  de  l'espace  à  cinq  dimensions 
qui  est  applicable  sur  un  réseau  O  harmonique  à  G.  C'est  cette  transforma- 
tion que  je  vais  étudier. 

4.  Transformation  du  problême.  —  Je  prends,  comme  point  de  départ, 
les  fonctions  Y  et  X  qui  ont  été  définies  dans  ma  Note  du  4  décembre  (§  5). 
Je  pose  ensuite 


(5)  x;  =  x3,      x;  =  v'i  +  fx,,      x;=s/i  +  y'x„ 

puis 

(6)  x;  =  i(x-+x;  +  x^-o,       x;=.i(xy=  +  x-  +  x;;  +  i). 

On  aura  alors 

(7)  E^Ï  =  2X^=o         et         ^Y\=.^aXl 


24 

avec  les  conditions 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


(8) 


Y, 


^/' 


:x:, 


Y  -  -^!- 

5  / 


:X', 


Menons  par  l'origine  O  les  droites  L  et  R  qui,  dans  l'espace  à  cinq  dimen- 
sions, ont  pour  paramètres  directeurs  respectifs  les  fonctions  Y  et  X'.  Ces 
droites  décrivent  des  congruences  applicables;  ce  sont  des  systèmes  I,  3  0. 
Si  0  est  une  solution  quelconque  de  l'équation  de  Laplace  à  laquelle  satis- 
font les  fonctions  Y  et  X',  les  points  qui  ont  pour  coordonnées 


JA=X 


et 


X, 


X, 


décrivent  des  réseaux  O  applicables. 

Prenons,  une  première  fois,  pour  0  une  combinaison  linéaire  et  isotrope 
de  Y|,  Yj,  Y3,  par  exemple  0  =  Y,  -l-  «Y,.  On  obtient  ainsi  un  réseau  A  (qui 
peut  être  considéré  comme  app;irtenant  à  l'espace  à  trois  dimensions 
puisque  jK,  +iy^  =  i)  de  la  droite  L  applicable  sur  un  réseau  A'  de  la 
droite  k. 

Prenons,  une  deuxième  fois,  pour  0  une  combinaison  linéaire  isotrope 
quelconque  de  X,,  X2,  X3.  On  obtiendra  sur  la  droite  L  un  réseau  B  appli- 
cable sur  un  réseau  B'  (qui  appartient  à  l'espace  à  trois  dimensions)  de  la 
droite  K. 

Les  réseaux  A  et  B,  d'une  part,  ont  en  commun  une  droite  G,,  les  ré- 
seaux A'  et  B',  d'autre  part,  ont  en  commun  une  droite  G',  ;  ces  droites  G, 
et  G'i  décrivent  des  congruences  qui  possèdent  la  propriété  indiquée  (§  1). 

Au  lieu  de  la  congruence  G,,  nous  considérerons  la  congruence  paral- 
lèle G  obtenue  en  coupant  le  réseau  A  par  le  réseau  du  point  mené  par  l'ori- 
gme  parallèlement  au  réseau  B.  Cette  congruence  G,  située  dans  un  espace 
a  trois  dimensions,  est  l'axe  d'un  cercle  de  Ribeaucour  passant  par  A.  On 
sait  (voir  mon  Mémoire  Sur  les  systèmes  cycliques  et  orthogonaux,  i"  Partie) 
que  tous  les  réseaux  O  harmoniques  à  G  peuvent  être  obtenus  ainsi.  On 
forme  un  déterminant  orthogonal  à  cinq  lignes  : 


(!)) 


Xf 

X-, 

7.      •• 

75 

"  i 

2.5 

l.      ■■ 

l. 

ri, 

''i5 

SÉANCE  DU  2  JANVIER  1906.  aS 

OÙ  les  deux  dernières  lignes  ç  et  r,  sont  formées  par  les  cosinus  directeurs 
des  tangentes  au  réseau  B  et  où  Xt,  -+-  iy^  sont  les  coordonnées  de  B  ;  on  peut 
donc,  à  l'aide  de  quadratures,  former  ce  déterminant  A. 

Cela  posé,  formons  une  combinaison  linéaire  isotrope  de  x,  y,  :•  : 

(10)  Ïa-  =  aa-yt-r  [ijA-  +  y:;a-,  y-'  +  ï'  +  f  =  "• 

Un  réseau  E  du  cercle  de  Ribeaucour  est  un  réseau  O  harmonique  à  b; 
un  point  de  ce  réseau  a  pour  coordonnées 

T3  T,  T, 


T,  +  <Tj       T,-i-/T,       T,-i-iT, 

Il  y  correspond,  dans  l'espace  à  cinq  dimensions,  un  réseau  E'  qui  a  pour 
coordonnées  T,,  T^,  T3,  T,,,  T5.  Ce  réseau  E'  étant  parallèle  au  réseau  B 
applicable  sur  B',  on  pourra  à  l'aide  d'une  seule  quadrature  trouver  dans 
l'espace  à  trois  dimensions  un  réseau  F' (s,,  z^,  z^)  applicable  sur  E'. 

Cela  posé,  le  réseau  F  de  l'espace  à  cinq  dimensions  dont  les  coor- 
données sont 

T,-(-rr,'     T.-hiT,'     'l\-\riT,'       T,  +  /To'     T,  +  jT^ 

est  applicable  sur  le  réseau  E.  C'est  le  réseau  que  nous  devions  trouver 
pour  continuer  Iq  transformation. 

5.  Remarque.  —  La  somme  des  carrés  des  coordonnées  du  réseau  F  est 
nulle;  le  système  formé  par  les  réseaux  E  et  F  est  donc  analogue  à  celui 
qui  nous  a  servi  de  point  de  départ.  On  voit,  par  conséquent,  comment, 
en  partant  des  éléments  fixés  (§  6)  on  peut  suivre,  à  l'aide  de  quadratures 
seulement,  la  transformation  dont  j'ai  indiqué  l'origine  géométrique  dans 
ma  Note  de  1897. 

On  voit  de  plus  comment  cette  transformation  se  rattache  analy- 
tiquement  à  celle  que  j'ai  indiquée  dans  ma  Note  du  4  décembre. 


PALÉONTOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  les  mutations  de  quelques  plantes  fossiles 
du  terrain  houiller.  Note  de  M.  Grand'Eiry. 

A  la  veille  de  cesser  mes  recherches  sur  le  terrain,  je  résume  d'ans  cette 
Note  les  observations  que  j'y  ai  faites  à  ce  sujet  dans  les  dix  dernières 
années. 

C.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  1.)  4 


20  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Vovons  d'abord  dans  quelles  conditions  de  durée,  de  milieu,  de  vie,  a 
évolué  la  flore  fossile. 

1°  En  liniilant  la  période  houillère  propremenl  dite  au  Ciilni  et  au  Permien,  il  pa- 
raît possible  déjuger  de  sa  durée  en  raison  de  la  puissance  des  terrains  charbonneux 
qui  la  représentent  et  du  temps  de  formation  des  lits  de  houille.  En  France,  ces  ter- 
rains sont  les  bassins  bien  connus  de  Valenciennes  et  de  Saint-Etienne;  entre  ces  bas- 
sins, la  difl'érence  des  flores  dénote  une  importante  lacune  de  dépôts  qui  me  parait 
comblée  en  partie  par  le  système  des  couches  de  Louisenlhal  (rive  droite  de  la  Sarre)  ; 
de  plus,  le  Sléphanien  n'est  pas  complet  dans  la  Loire  où  la  formation  charbonneuse 
s'est  arrêtée  pendant  que  continuait  à  se  développer,  parallèlement  aux  poudingues  de 
Rive-de-Gier  et  de  Saint-Chamond,  la  série  épaisse  de  plus  de  i4oo™  des  couches  très 
nombreuses  du  bassin  de  la  Cèze  (Gard).  Ajoutées  les  parties  charbonneuses  superpo- 
sées de  ces  terrains  forment  bien  un  total  de  6000™  de  dépôts  productifs,  lequel  est  un 
minimum,  les  bassins  susdits  ne  descendant  pas  jusqu'au  Gulm  et  ne  s'élevant  pas  jus- 
qu'au Permien.  Or  il  résulte  de  nombreuses  coupes  géobotaniques  à  publier  que  les 
dépôts  charbonneux  se  sont  accumulés  avec  une  extrême  lenteur.  On  peut  donc  ad- 
mettre c(ue  la  période  houillère  a  eu  une  énorme  durée,  comme  en  témoignent,  d'autre 
jjarl,  les  calcaires  houillers  de  toute  espèce  que  j'ai  eu  à  examiner  (  ')  dans  l'Oural  cen- 
tral où  ils  forment  un  massif  d'un  millier  de  mètres  au  milieu  d'autres  roches  interpo- 
sées entre  le  Culni  et  le  Permien. 

2°  Relativement  au  milieu,  on  sait  que  le  climat  était  chaud,  humide  et  uniforme, 
et  je  suis  de  plus  en  plus  persuadé  ("-)  que  les  plantes  ordinaires  du  terrain  houiller 
habitaient  des  marais  :  deux  circonstances  si  peu  favorables  aux  mutations  que  le  Stig- 
maria  ficoides  Br.  n'a  pas  sensiblement  varié  durant  la  période  de  peut-être  un  mil- 
lion d'années;  de  même,  tout  au  moins  de  forme,  les  feuilles  de  Lépidophytes;  à  la  sur- 
face, leurs  tiges  ont  beaucoup  plus  changé;  au  fond,  ce  sont  encore  leurs  cônes  qui  se 
sont  le  plus  dill'érenciés.  Le  Calamités  Suckowiiliv.,  le  type  par  excellence  des  plantes 
fossiles  palustres,  a  seulement  acquis  dans  le  même  temps,  vers  la  fin  de  la  période, 
un  port  un  peu  plus  robuste. 

En  faveur  d'un  léger  changement  de  climat,  j'ai  remarqué  que  les  mêmes  plantes 
sont,  en  général,  plus  petites,  plus  herbacées,  moins  ligneuses,  et  leurs  feuilles  moins 
grandes  et  moins  coriaces  dans  le  Westphalien  que  dans  le  Stéphanien.  Dans  la  mesure 
de  ces  difterences,  le  Linopteris  Broagniarti  Gut.  semble  être  descendu  en  droite 
ligne  du  Lin.  obliqua  Bun.  {siib  Brong/iiarti);  toutefois,  ces  deux  espèces,  rap- 
pelant les  Dictyozamites,  n'ont  pas  les  même  graines. 

3°  La  guerre  d'occupation  que  se  livrent  les  plantes  sociales  a  causé  des  déplace- 
ments d'espèces  si  importants  et  ?i  durables  ((ue  la  végétation  fossile  change  parfois 
complètement  d'une  couche  de  houille  à  la  suivante.  Ainsi,  à  Saint-Jean-de-Bonne- 
fonds  (Loire)  la  onzième  couche  est  accompagnée  et  formée  de  Pecopteris,  la  douzième 
de  Cordailes;  à  Bert  (Allier),  le  contraste  sous  ce  rapport  est  complet  entre  la  couche 


(')  Comptes  rendus,  1881,  p.  1090. 
(^)   Comptes  rendus.  U|o4,  p.  066. 


SÉANCE    DU    2    JANVIER    1906.  27 

des  Mandins  formée  exclusivement  de  Cryptogames  et  la  couche  du  Plateau  située  à 
100"  au-dessus,  laquelle  est  formée  partie  de  Cordaites,  partie  de  Callipleris  con- 
ferta  St.  avec  leurs  graines  (celles  associées  aux.  Callipterà  ressemblent  à  de  très  pe- 
tites baies  ellipsoïdales).  Mais,  après  des  absences  souvent  fort  longues,  les  espèces 
éniigrées  reviennent  sans  changement  appréciable,  comme,  par  exemple,  le  IVeiiop- 
Itris  flexuosa  St.  dans  le  Gard  où  cette  espèce  abonde  à  deux  niveaux  distants  de  plus 
de  1000'",  sans  aucune  apparition  dans  l'intervalle. 

Ces  diverses  causes  de  changement  ne  paraissent  pas  avoir  produit  d'importantes 
mutations. 

Pourtant,  on  ne  saurait  douter  que  les  variétés,  espèces  et  types  endémiques  ne 
soient  dus  à  l'action  continuée  des  causes  locales,  encore  que  les  genres  propres  à 
cliaque  bassin  houiller  se  montrent  dès  sa  base  tout  formés,  tels  que  les  Codonosper- 
riii/ni  dans  la  Loire,  les  Cingtilaria  à  Sarrebruck. 

Voyons  ensuite  de  quels  moyens  on  dispose  pour  aborder  une  question 
aussi  difficile  et  semée  d'écueiis,  que  celle  des  mutations  spécifiques. 

Les  lacunes  de  dépôts  précitées  brisent  les  liens  qui  unissent  les  flores  des  différentes 
formations  charbonneuses  et  les  alternances  de  végétation  empêchent  de  suivre  les 
espèces  du  commencement  à  la  lin  de  leur  existence  et,  si  je  n'avais  commencé  à  réunir 
les  matériaux  d'un  premier  essai  d'une  histoire  généalogique  de  quelques  plantes  fos- 
siles,.je  ne  disposerais  que  d'organes  séparés  et  seulement  de  leurs  empreintes. 

Dans  cette  situation,  il  est  heureux  qu'un  de  ces  organes  se  présente  qui  soit  plus 
connu,  mieux  conservé  et  susceptible  d'une  détermination  plus  exacte  que  les  autres  : 
c'est  la  feuille  qui,  étant,  a-t-on  vu,  dans  le  terrain  houiller  (')  en  même  temps  plus 
constante  que  les  organes  de  reproduction,  offre  le  moyen  de  savoir  si,  par  cet  impor- 
tant organe,  les  plantes  du  monde  primitif  ont  varié  d'une  manière  continue  comme  le 
veut  le  transformisme,  ou  par  soubresauts  conformément  aux  expériences  de  M.  Hugo 
de  Vries. 

Cela  exposé,  un  fait  notoire  domine  tous  les  autres,  la  permanence  des 
espèces  durant  la  majorité  ou  la  presque  totalité  de  leur  existence.  Venu  il 
y  a  25  ans  à  Saint-Etienne,  avec  l'idée  contraire  que  les  espèces  ont  varié 
d'une  manière  continue,  D.  Stur  me  conseilla  de  m'en  assurer  sur  le 
terrain.  Au  lieu  de  cela,  dans  des  dépôts  ininterrompus  qui  auraient 
conservé  les  formes  graduées  d'espèces  variables,  je  n'ai  rencontré  que  les 
débris  d'espèces  constantes;  à  l'appui  de  ce  dire,  il  me  serait  facile  de  citer 
plus  de  dix  espèces  communes  aux  deux  grands  bassins  houillers  français, 
plus  de  dix  espèces  immuables  de  la  base  au  sommet  du  bassin  de  la  Loire, 
et  plus  de  dix  autres  espèces  traversant  sans  changer  la  moitié  supérieure 
(le  ce  bassin. 


(')  Comptes  rendus,  V  semestre  1900,  p.  8r2. 


28  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

Que  les  espèces  soient  néanmoins  issues  les  unes  des  autres,  cela  paraît 
probable  lorsqu'on  les  voit  vers  leur  origine  succéder  à  des  espèces  qui 
leur  sont  alliées  de  très  prés,  comme  le  Pecopteris  imita  Br.  au  Pec.  longi- 
folia  Br.;  ou  mieux  lorsque  diverses  espèces  comme  Peco/;/em  liiotiiYtw, 
Schlotheimii  G6\> . ,  Sphenophylluin  oblongifolium  Ger.,  remplacent  dans  la 
Loire,  le  Gard,  à  Singles,  au  même  niveau,  sans  mélange  des  unes  avec  les 
autres,  les  espèces  ancestraies  Pec.  dentata  Br.,  arborescens  Br.,  Sphen. 
filiculme  Lesq.  Dans  tous  les  cas,  VOdontopTeris  minor  Br.  continue 
VOd.  Reichiana  Gut.,  dont  il  est  l'espèce  succédanée.  A  Saint-Etienne,  en 
effet,  ces  Odontopteris  sont  abondamment  répandus  à  travers  des  dépôts  de 
même  provenance,  épais  de  plus  de  looo",  et,  chaque  fois  que  des  travaux 
démine  m'en  ont  offert  l'occasion,  j'ai  constaté  et  vérifié  que,  dès  la  septième 
couche,  VOd.  Reichiana  manifeste  une  tendance  à  prendre  des  pinnules 
plus  aiguës,  et  qu'au-dessus  de  la  troisième,  cette  espèce,  après  cette  légère 
modification  d'acheminement,  passe  à  VOd.  minor  pour  ainsi  dire  tout  à 
coup  dans  toute  l'étendue  du  bassin  de  la  Loire,  sinon  sur  tout  le  Plateau 
central  de  France. 

Les  espèces  affines,  comme  dans  le  monde  vivant,  paraissent,  au  point 
de  vue  de  leur  origine,  inséparables  les  unes  des  autres,  et  il  est  plus  que 
probable  qu'elles  procèdent  aussi  de  la  même  souche,  car  les  genres  les 
plus  naturels  commencent  par  peu  d'espèces  (les  Pecopteris  dans  le  Westpha- 
lien),  ou  plutôt  par  l'espèce  type  isolée  (les  Odontopteris  à  Rive-de-Gier, 
les  Sigillaires  planes  à  Douai  au  milieu  des  Sigillaires  costulées).  Vers  leur 
point  de  départ,  les  espèces  filiales  de  Pecopteris  sont  peu  distinctes  et 
mélangées;  une  fois  fixées,  elles  se  séparent  et  ne  changent  pour  ainsi  dire 
plus. 

La  permanence  des  espèces  et  les  transitions  rapides  qui  néanmoins  les 
relient  entre  elles  suggèrent]  l'idée  que  leurs  mutations  se  sont  opérées  à 
la  manière  des  métamorphoses,  ou  peut-être  même,  en  opposition  à 
l'axiome  que  l'on  sait,  par  sauts,  certaines  formes  consécutives  présentant 
des  caractères  différents  entre  lesquels  l'esprit  ne  conçoit  pas  de  terme 
milieu;  les  cas  de  changements  brusques  ne  sont  d'ailleurs  pas  rares. 

Après  loul,  ne  pourrait-on  imaginer  que,  comme  l'insecte  vis-à-vis  de  ses  métamor- 
phoses, de  même  l'espèce  végétale  possède  en  elle-même  une  force  directrice,  principe 
de  ses  transformations  principales?  On  comprendrait  alors  que  les  agents  extérieurs 
aiienl  si  peu  et  si  inégalement  contribué  aux  mutations,  et  l'on  n'aurait  pas  besoin  de 
faire,  je  crois  en  vain,  appel  à  la  concurrence  vitale  pour  expliquer  que  des  plantes, 
de  même  habitat  sinon  de  même  port,  aient  varié  daxantage  par  les  organes  de  repro- 


SÉANCE    DU    2    JANVIER    1906.  29 

iliictioii  que  par  ceux  de  végétation.  La  transmutation  incroyable  de  Ions  les  indivi- 
dus à  la  fois,  dans  un  court  espace  de  temps,  de  VOdontopteris  jReichiana  en  Od. 
niinor.  est  en  tout  cas  un  phénomène  de  solidarité  étranger  au  monde  extérieur.  Il 
est  même  difficile  de  considérer  comme  fortuite  l'apparition  de  certaines  espèces  au 
même  niveau  en  des  pays  éloignés,  comme  celle  de  YAletfi.  aquilina  Br.  au  milieu 
du  Stéphanien  à  Saint-Ghamond  (Loire),  Grand'Conibe  (Gard),  Bassin  de  Léon 
(Espagne). 

Au  reste  on  est  toujours  ramené  à  l'idée  que  la  flore  fossile  a  obéi  à  un  ordre  de 
développement  lorsque,  après  des  écarts  variables  d'une  province  botanique  à  une 
autre,  on  la  voit  revenir  à  l'unité  universellement  dans  le  Permien,  le  Rhétien;  autre- 
ment, livrée  sans  régulateur  à  la  sélection  naturelle,  ses  écarts  auraient  naturellement 
progressé,  et  l'ensemble  de  la  végétation  terrestre  offrirait,  dans  ces  étages,  d'un  pays 
à  un  autre,  des  différences  profondes  qui  n'existent  pas. 


CORRESPONDANCE . 


ASTRONOMIE.  —  Observations  de  la  comète  Giacobini (igoS  c),  faites  à  l'Obser- 
vatoire de  Toulouse,  à  l'équalorial  Branner-Henry  de   o™,38.  Noie   de 

M.   F.  ROSSARD. 

Etoile  Nombre 

Dates.  de  de 

1905.  comparaison.  ia.  AS.  comparaisons. 

m       s  ,  , 

Décembre  18 a  —  2.52,  lo  —  5.44)4  17:20 

18 b  —  2.42,99  -t-  3.17,5  18:20 

22 c  —   1.48,34  — 12.  3 1,2  18:20 

d  —  0.39,76  —  7.41,4  18:20 


22 . 


Positions  des  étoiles  de  comparaison. 

Asc.  droite  Réduction  Déclinaison  Réduction 

moyenne  au  moyenne  au 

■*•.             Gr.                 1905,0.  jour.  1905,0.  jour.                  Autorités, 

h        ni       s  s  0          '         .  . 

a...      7,8       15.27.18,48  +0,87  +14.34.59,9  — 5,5       Leipzig  I,  54i2 

b...      7,8       15.27.18,72  +0,87  -1-14.24.21,1  —5,5       Leipzig],  5416 

c . . .     7,8       i5. 50.19,32  -1-0,93  -+-11.47-32,8  —3,8       Leipzig  I,  5533 

<■/...     8,7       10.49.10,79  -(-0,93  -1-11.42.49,7  —3,9       Leipzig  I,  5529 


3o 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


Positions  apparentes  de  la  comète. 


Temps 

Ascension 

Dates. 

mo}'en 

droite 

Log.  fact. 

Déclinaison 

Lug.  fact, 

1905. 

de  Toulouse. 

apparente. 

parallaxe. 

apparente. 

parallaxe, 

Décembre  i8. . . 

h       m      s 
16.46.22 

h        m       s 
l5. 24 .23,20 

1,571,, 

0      / 
+  14.29.10,0 

0,700 

i8... 

17.55.   0 

15.24. 36, 60 

î,625„ 

-f-i4 .  27 .33, 1 

0,732 

22..  . 

.     i6.58.4o 

i5. 48. 31,91 

T,6i6„ 

4-1 1 .34.57,8 

0,743 

22..  . 

.      i6.58.4o 

15.48.31,96 

7,6i6„ 

+  1 1 .35.   4 14 

0,743 

ASTRONOMIE.  —  Élétnents  provisoires  delà  comète  Giacobini  (igo5,  déc.  6)'. 
Noie  de  M.  E,  Maubant,  présentée  par  M.  Lœwy. 

Les  observations  utilisées  sont  les  suivantes  : 

Dates.  Temps  moyen  Ascension  droite  Déclinaison 

1905.  local.  apparente.  apparente. 

h        m       s  o       f        I,  li        ,        ,f 

Dec.    6 16.53.40  2i5. 24.51  +20.59.29  Nice, 

8 17.16.30  2i8.i4.3o  +19.55. 36  Monl-Hamilton. 

Il 16.36.42  221.28.18  +18.39.14  Vienne. 

En  tenant  compte  des  corrections  d'aberration  et  de  parallaxe,  on  a  ob- 
tenu les  éléments  que  voici  : 

T  :=  1906  janvier  21,2773,  temps  moy.  de  Paris. 
Q=    92.   7'.i4"j 

(D  =:  201  .54.31    \    1905,0 

i^    43.43.21  ) 

108^  =  9.28167. 

T>  •       .     ■•  ^       ^  (  cos^rfX  =  + 7", 

Représentation  du  lieu  moyen  :  O  —  C 

(  d^=z — 2. 

De  ces  résultats   on  a  déduit  l'éphéraéride  suivante  pour  12'',  temps 
moyen  de  Paris  : 


Dates. 

1905  Dec.    16. 
18. 


1906  JanA 


20. 
22. 

24- 

26. 
28. 

3o. 
1. 


SEANCE    DU    2    JANVIER    1906. 

Ascension 

droite  Déclinaison 

apparente.  apparente.  Log;-. 

h       m       â  o       / 

-i-i5. 53, 1  0,01 58 

+  14.35, 1 
+ 1 3 .  t  o ,  5 


3i 


i5. II .58 
i5 .23.27 
1 5. 35. 23 
15.4/ -46 
16.  0.37 
i6.i3.54 
16.27.39 
i6.4i .52 
16. 56, Sa 


+  11.39,6 
+  10.  1,7 
+  8.16,9 
+  6.25, I 
+  4-26,4 
-h  2.20,6 


9'977'i 
9,9337 
9,883i 


9,8232 


LogA. 
O, 1067 

o,o848 

o , o655 

o,o497 

o,o388 


Kclat. 
1,88 

2,48 

3,3i 
4,50 
6,23 


L'éclat  du  6  décembre  a  élé  pris  comme  unité. 


ASTRONOMIE.  —  Observation  de  la  comète  Giacobini  (ipoS  c)  faite  à  l'équa- 
toriat  Brunner  (o'" ,16)  de  l' Observatoire  de  Lyon.  NotedeM.  J.  Guillaume, 
présentée  par  M.  Lœwy. 


I—  4. 


Date. 

1905. 


Etoile 
de  comparaison. 


Dec.  12 BD  + 18.2955  (8,0) 


+0.39,27         +o.3o,3 


Nombre 

de 

comparaisons. 

10:  12 


Positions  de  l'étoile  de  comparaison. 


Asc.  droite 

Réduction 

Déclinaison 

Réduction 

moyenne 

au 

moyenne 

au 

1905,0. 

jour. 

1905,0. 

jour. 

Autorités. 

h       m      s 
4.50.43, 17 

s 

+  o>79 

+  18"    5'.  19', 

0 

—  8'!i 

Â.G.  Berlin  Â  SSgo 

Position  apparente  de  la  comète. 


Date. 

1905. 


.Vscension 

Temps  moyen 

droite 

Log.  fact. 

Déclinaison 

Log.  fact. 

de  Paris. 

apparente. 

p»rallaxe. 

apparente. 

parallaxe. 

Il        m        s 

Il       m       s 

„       , 

Dec.   12 17.15.14        14. 01.23, 23         9,574^         +18.    5.4i,2 


0,700 


Remarques.  —  Pleine  Lune  gêne  et  le  passage  de  cirrus  efface  parfois  la  comète 
dont  l'apparence  est  celle  d'une  nébulosité  diffuse  de  3o"  à  4o"  de  diamètre. 


32  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Ètude  photographique  de  la  nèhuleuse  annulaire 
du  Cj'g^/je  N.  G.  C.  6894.  Note  de  M.  Gabriel  Tikhoff,  présentée  par 
M.  J.  Janssen. 

La  nébuleuse  annulaire  du  Cygne  est  un  objet  très  difficile  à  observer  à 
cause  de  sa  faiblesse. 

Elle  a  été  découverte  par  William  Herschell  le  17  juillet  1784,  qui  Ta  décrite  dans 
les  termes  suivants  :  «  Nébuleuse  assez  faible,  exactement  ronde,  de  lumière  uniforme 
avec  des  bords  assez  bien  définis.  »  {Philosophical  Transactions  pour  l'an  1786,  p.  492)' 

En  1825  John  Herschel  a  remarqué  que  cette  nébuleuse  est  annulaire  avec  le  maxi- 
mum de  clarté  au  Nord.  {Philosophical  Transactions  pour  l'an  i833,  p.  466.) 

En  i855  lord  Rosse  a  découvert  une  étoile  sur  le  bord  intérieur  de  l'anneau  au  Nord- 
Ouest.  Il  croit  que  toute  cette  partie  de  la  nébuleuse  est  résoluble  en  étoiles.  {Philo- 
sophical Transactions  pour  l'an  1861,  p.  733.)  Plus  tard  lord  Rosse  a  lrou\é  que  la 
nébuleuse  est  légèrement  elliptique. 

Dernièrement  M.  Antoniadi  a  observé  cette  nébuleuse  avec  la  grande  lunette  de 
l'Exposition  et  il  a  ajouté  aux  faits  déjà  connus  l'existence  d'un  noyau  central  très 
faible.  {Bulletin  de  la  Société  astronomique  de  France  pour  l'an  1900,  p.  386.) 

11  est  à  noter  que  MM.  Ailken  et  Keeler  n'ont  pas  pu  voir  avec  certitude  le  noyau 
de  la  nébuleuse,  en  l'observant  avec  la  lunette  de  36  pouces  de  l'observatoire  Lick. 

Tels  sont  les  résultats  obtenus  par  les  observations  directes,  et  c'est  seu- 
lement la  Photographie  qui  a  pu  donner  des  renseignements  plus  détaillés 
et  tout  nouveaux  sur  la  constitution  de  la  nébuleuse  en  question. 

Les  premières  photographies  ont  été  faites  au  mois  d'août  de  1899  à  l'ob- 
servatoire Lick  par  le  regretté  James  Keeler.  11  se  servait  du  télescope 
Crossley  qui  a  92'='"  d'ouverture  et  535'='"  de  foyer.  C'est  la  photographie  de 
2  heures  de  pose  qui  a  servi  à  Keeler  pour  des  éludes  très  intéressantes 
{Astroph.  Journal,  vol.  X,  p.  267).  Keeler  ne  reproduit  pas  la  photographie 
et  donne  seulement  sa  description  à  laquelle  nous  empruntons  les  passages 
principaux  que  voici  : 

«  La  nébuleuse  est  un  anneau  elliptique,  presque  rond ,  qui  n'est  pas  tout 
à  fait  régulier  dans  sa  forme  et  qui  est  limité  assez  nettement  à  l'extérieur, 
Les  dimensions  extérieures  sont  : 

Grand  axe 42",  5 

Petit  axe 4o",5 

»   On  voit  très  bien  l'étoile  de  lord  Rosse  et  le  noyau  central. 


SÉANCE  DU  2  JANVIER  1906.  33 

»  De  quelques  points  de  l'anneau  parlent  vers  le  centre  des  rayons  qui 
s'interrompent  à  une  certaine  distance  du  centre.  Ces  rayons  sont  un  peu 
plus  brillants  que  le  fond  et  forment  une  disposition  assez  analogue  à  des 
raies  imparfaites.  Le  plus  brillant  de  ces  rayons  est  situé  sous  l'angle  de 
position  de  90°  par  rapport  au  noyau.  » 

Dernièrement  nous  avons  entrepris  à  l'observatoire  de  Meudon  l'étude 
photographique  de  la  nébuleuse  du  Cygne,  au  moyen  du  télescope  de  1™ 
d'ouverture  et  de  3™  de  foyer.  Parmi  les  quatre  clichés  de  longue  j)ose,  les 
meilleurs  sont  ceux  du  27  septembre  et  du  27  octobre  1900  avec  des  poses 
correspondantes  de  2  heures  20  minutes  et  de  3  heures. 

Le  27  septembre,  le  ciel  était  eKceptionnellemenl  transparent,  et  les  détails  sur  la 
plaque  sont  très  nets.  Plusieurs  de  ces  détails  se  trouvent  aussi  sur  le  cliché  du 
27  octobre,  et  c'est  en  comparant  ces  deux  photographies  qu'on  peut  distinguer  les 
détails  réels  des  détails  accidentels. 

La  description  qui  suit  est  faite  d'après  l'étude  des  clichés  originaux, 
car  plusieurs  de  ces  détails  ne  sont  pas  venus  dans  la  reproduction 
présentée  : 

La  nébuleuse  en  question  a  la  forme  d'un  anneau  elliptique  avec  une  condensation 
au  centre.  L'espace  entre  l'anneau  et  le  noyau  est  assez  brillant. 

Les  extrémités  du  grand  axe  sont  assez  nettes,  tandis  (jue  celles  du  petit  axe 
possèdent  plusieurs  appendices  assez  faibles.  Les  mesures  microuiétriques  du  cliché 
original  du  27  septembre  nous  ont  donné  les  dimensions  suivantes  : 

Grand  axe 44", 8 

Petit  axe 37", 3 

Petit  axe  avec  les  appendices  5o",  8. 

La  longueur  du  grand  axe  sur  le  cliché  original  est  de  o^'^jOG. 

La  nébuleuse  est  composée  plutôt  de  deux  anneaux  dont  le  plus  large  est  à  l'exté- 
rieur et  le  plus  mince  à  l'intérieur.  C'est  seulement  sur  la  partie  nord-ouest  que  ce 
dédoublement  se  trouve  interrompu  par  l'étoile  brillante  de  lord  Rosse. 

Sur  l'anneau  extérieur  il  y  a  plusieurs  condensations  dont  deux,  les  plus  grandes, 
sont  presque  opposées  à  l'étoile  de  lord  liosse. 

Nous  voyons  sur  nos  clichés  toutes  les  étoiles  voisines  de  la  nébuleuse  mesurées  par 
Keeler,  mais  son  étoile  e  (angle  de  position  par  rapport  au  noyau  278°,  8  et  distance  24") 
est  tout  à  fait  liée  avec  lanneau  par  la  nébulosité  et  elle  représente  plutùt  une  des 
condensations  de  la  nébuleuse. 

Tous  les  observateurs  depuis  John  Herschel  ont  été  frappés  de  la  ressem- 
blance de  cette  nébuleuse  avec  la  nébuleuse  annulaire  de  la  Lyre  ;  si  Von. 
ne  voyait  pas  le  novau  central,  on  soupçonnait  sa  présence. 

G.  R.,  1906,  1"  Semestre.  (T.  CXLII,  N"  1.)  ^ 


34  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Eu  j)rouvanl  une  fois  de  plus  l'analogie  de  deux  nébuleuses  la  photogra- 
phie montre  en  même  temps  que  ces  deux  formations  sont  à  des  degrés 
différents  de  leur  développement.  La  nébuleuse  du  Cygne  a  donné  nais- 
sance à  plusieurs  condensations,  tandis  que  celle  de  la  Lyre  est  encore  très 
uniforme  dans  sa  structure. 

La  nébuleuse  du  Cvgne  paraît  donc  plus  avancée  dans  son  existence  que 
la  nébuleuse  de  la  Lyre. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Théorème  sur  les  fonctions  entières. 
Note  de  M.  Acnic,  présentée  par  M.  Jordan. 

On  sait  que  deux  polynômes  entiers  A,  B,  premiers  entre  eux,  étant 
donnés,  il  est  toujours  possible  de  trouver  deux  polynômes  C,  D,  de  degrés 
inférieurs  aux  précédents,  et  tels  que  l'on  ait  la  relation 

AD  — BC  =1. 

Est-il  possible  de  généraliser  ce  théorème  en  l'appliquant  aux  fonctions 
entières  ou  quasi-entières? 

Nous  allons  voir  que  cette  généralisation  n'est  possible  que  dans  les  cas 
où  sont  réalisées  les  conditions  d'exception  du  théorème  de  M.  Picard. 
Considérons  deux  fonctions  quasi-entières  F,  G  aux  deux  points  essentiels 
o  et  3o;  si  nous  réduisons  en  fraction  continue   la  fonction  quasi-méro- 

morphe  p  nous  obtiendrons  la  relation 

l'-l  ^ 
F  _  t'oS-IpR    _      "       "S 

G-  J',S-I,R  -  R' 

dans  laquelle  P^,  I„,  P,,  I,,  S,  R  sont  des  fonctions  quasi-entières  dont  les 
quatre  premières  satisfont  à  la  relation 

P„I.-T„P.  =  .. 

Si  F  et  G  n'ont  aucun  zéro  commun,  nous  pourrons  écrire  à  un  facteur 
exponentiel  près 

F  =P„S-I„R, 
G  =  P.S  -  I,R, 


SÉANCE  DU  2  JANVIER  I906.  35 

d'où 

S  =  I,F-IoG, 

R=P,F-P„G, 

relations  qui  montrent  que  P„,  I„,  P,,  I,  ont   un  ordre  apparent  au  plus 
égal  à  ceux  de  F,  G,  R,  S. 

Dans  le  cas  général  ^  sera  une  fonction  quasi-méromorphe  et  le  théo- 
rème ci-dessus  n'est  pas  susceptible  de  généralisation. 

Si  ë^  est  une  fonction  quasi-entière,  nous  nous  trouvons  dans  le  premier 

p 
cas  d'exception  de  M.  Picard,  puisque  ^  est  équivalente,  au  sens  de  Dede- 

kind,  à  une  fonction  quasi-entière;  on  pourra  poser  S  =  i  et  la  relation 

[,F-[„G=.i 

constituera  la  solution  cherchée. 

Si  ë  est  une  exponentielle  e       '   ^    nous  aous  trouverons  dans  le  second 

cas  d'exception  de  M.  Picard  et  en  faisant  entrer  les  exponentielles  dans 
les  fonctions,  on  aura  les  deux  solutions 

I.F  — l„G-i, 
P,F— P„G=i. 

D'une  manière  générale,  les  équations  exceptionnelles  de  M.  Picard,  si 
elles  existent,  seront,  dans  tous  les  cas, 

I.  F-I„G  =  S, 
P,F-P„G  =  R. 


THÉORIE  DES  NOMBRES.  —  Sur  ks  théorèmes  de  Sy/vester  concernant  le  quotient 
de  Fermât.  Note  de  M.  Lerch,  présentée  par  M.  Emile  Picard. 

M.  Mirimanov  a  donné  un  théorème  qui  rectifie  et  restitue  en  partie 
quelques  propositions  de  Sylvesler  concernant  le  quotient  de  Fermât 
(Comptes  rendus,  t.  I^II) 


«"  —  I  •t-1  V  ;«  /  \    '" 


36  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Pour  généraliser  le  ihéorème  de  Mirimanov,  j'envisage  un  module  quel- 
conque m,  puis  l'entier  positif  a  premier  avec  m,  et  j'observe  que  l'on  a 
identiquement 

;  >  ^ — -^7^ — -         (  mod  m), 

v  =  i      a' —  m\  — 

V  m 

l'exposant  d  étant  un  tliviseur  de  (p(w)  tel  que 

a''^  [  (niod  in). 

Posant  de  =  9(»0'  "'^  aura,  en  effet, 

<y(«,'«  == ^e- (mod  m), 

et  il  s'ensuit 

(0  — 7r-^^2p' 

P  parcourant  les  restes  des  différentes  puissances  de  a,  et  les  a  étant  déter- 
minés par  la  condition 

mx  +  ^^o     (mod  fl\  o5a.  <^rt. 

Mais  la  formule  de  Mirimanov  ne  possède  le  type  des  théorèmes  de  Syl- 
vester  que  dans  les  cas  particuliers.  Afin  de  restituer  les  théorèmes  du 
savant  anglais,  j'ai  établi  la  congruence 

V  parcourant  les  <!^{tn)  nombres  premiers  avec  m  et  plus  petits  que  m.  Cette 
congruence  se  vérifie  en  développant  le  premier  membre  de  l'équation 
identique 

nh-»(ïï)]=n- 

V 

La  formule  (2)  rend  les  mêmes  services,  et  est  peut-être  plus  commode 
que  les  formules  de  Sylvester,  mais  elle  permet  aussi  d'établir  ces  dernières 
rectifiées.  Les  formules  en  question  s'écrivent 

(3)  y'v-.^^T^-^T        [^^oàm). 


SÉANCE    DU    2    JANVIER     1906.  Sy 

V  |);u'courant  les  mêmes  valeurs  que  dans  la  formule  (-2),  puis 

///r,  +  V  i^  o ,  mri,  —  vs^o     (moda);  o^r.,<^a,  o<^r^'£a. 

Désignons  ensuite  par  E  les  différentes  racines  de  l'équation 

j?'"'—  I 
=  o, 

posons 
puis 


q(a,c)  =  y 


les  deuK  entiers  de  signes  quelconques  a  et  c  étant  supposés  premiers 
avec  m.  Désignant  enfin  par  C(a,  c)  la  quantité 

/        V'  /0<v<w;      (^/,m)'^i\ 

où  l'on  admet  a,  p  =  r ,  2,  3,  . . .  cl  même  p  =  o  pour  c  <[  o,  on  aura  la  con- 
gruence  suivante 

(4)  Q(a,  c)^^aC(a,  c) -i- cq(a)  —  c(/(c)         (mod/«). 

Pour  c  =  i  et  /n  premier,  cette  dernière  s'établit  directement  en  multipliant 
entre  eux  les  développements  des  binômes  (i  —  ^y,  ce  qui  est  un  procédé 
analogue  à  la  méthode  d'Eisenslein. 

Mais  il  y  a  des  procédés  plus  avantageux  pour  déterminer  q(a,  m) 
lorsque  7?2  est  lui  prodiùl  m ^rn.^m^  .. .  de  facteurs  t??.,.  premiers  relatifs  deux 
à  deux.  Posons  à  cet  effet  m=^m,,n.,  et  déterminons  les  «,,  conformément 
aux  congruences  n'^n^^^i  (mocl  m.j);  alors  on  a  comme  cela  se  vérifie  tout 
à  l'heure 

(5)  (/(^a,  m)EE^'^/h,nl(^(n,/)q(a,  m^)         (modm). 

V 

Ainsi  la  recherche  directe  du  reste  du  quotient 


38  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

serait  pénible.  Mais  comme  ici  w  =  5.7.11,  on  a  les  valeurs  respectives 
m,,  =  5,  7,11,  n[,  =  —  i,j,3,  ^(/iv)  =  60,  4o,  24,  7(2,  m,,)  =  3,  2,  5  et 
Ton  trouve  sans  aucune  peine 

9(2)  =  6o         (mod385). 

Un  procédé  avantageux  relatif  aux  modules  puissances  de  nombres  pre- 
miers reste  cependant  à  découvrir. 


-   PHOTOGRAPHIE.  —  Contribution  à  l'étude  (les  écrans  pholographiques. 
Note  de  M.  J.  Restaux,  présentée  par  M.  Lœwy. 

Le  but  de  cette  Note  est  de  montrer  tout  le  parti  que  l'on  peut  tirer  de 
l'emploi  judicieux  de  certains  colorants  pour  la  fabrication  des  écrans 
photographiques. 

Soient  L  et  /  les  luminosités  d'une  même  radiation  avant  et  après  l'in- 
terposition d'un  écran  sur  le  trajet  d'un  faisceau  de  lumière  dispersée.  Le 
rapport  de  L  à  /,  ^  i ,  présente  une  plus  petite  valeur,  R,  soit  pour  quelques 
radiations  isolées,  soit  pour  un  ou  plusieurs  intervalles,  domaine  de  trans- 
parence dans  lequel  les  valeurs  relatives  des  luminosités  sont  conservées. 
K  est  le  coefficient  de  luminosité  de  l'écran.  Dans  le  domaine  d'absorption, 
le  rapport  de  L  à  /  est  égal  à  RA;  A,  >  i,  est  par  définition  le  coefficient 
d'absorption. 

Négligeons  les  réflexions  et  absorptions  légères  par  les  verres  des  glaces;  concevons 
la  couche  colorée  comme  découpée,  parallèlement  aux  faces,  en  un  nombre/»  d'écrans 
partiels  et  identiques,  avec  même  définition  symbolique  K(Â,,  Aj,  ...,  A,.),  si  l'on 
suppose  (ce  qui  est  parfaitement  réalisable)  une  répartition  homogène  flu  colorant. 

L'écran  total  est  défini  par  R''(A'|,  A{;,  ...,  A^.),  où  l'exposant  entier /j 
désigne  le  poids  de  colorant  par  centimètre  carré,  l'unité  étant  le  poids 
pour  la  même  surface  de  l'écran  partiel.  Mais  plus  généralement,  si/?,, 
p.,,  p^,  . . .  sont  des  poids  quelconques  de  colorants  différents,  employés  en 
couches  superposées,  l'écran  résultant  est  défini  par 

R'j'R'^ . .(A',",  B';%  C';%  . . .,  A'/',  w;-,  Cf, ...). 

Si  une  plaque  ortliocliromatique,  définie  par  (S,,  S.j,  ...,  S,.),  c'est-à-dire  ayant 
des  coefficients  de  sensibilité  S,,  S,.  .  .  .,  S,,  dans  un  inter\alle  déterminé  du  spectre, 
est  utilisée  avec  un  écran  K(A,,  A,,  .  . . ,  A,.),  le  résultat  est  le  même  que  si  Ton  opérait 
directement  avec  une  plaque  fictive  (IiA,Si,  KAjSs,  .  .  .,KA,.S,). 


SÉANCE  DU  2  JANVIER  T906.  3g 

Et  alors,  pour  le  domaine  de  transparence  seul,  les  sensibilités  relatives 
sont  conservées.  Le  coefficient  de  pose  est  le  coefficient  de  luminosité  de 
l'écran. 

Si  l'on  appelle  plaque  parfaite  celle  dont  le  coeflicieut  général  de  sensihililé  2  est 
une  fonction  de  la  longueur  d'onde  1.,  choisie  d'avance  d'après  une  loi  déterminée,  on 
peut  dire  que  la  plaque  orthocliromafique  usuelle  n'est  jamais  parfaite.  Mais  en  dési- 
gnant par  S  son  coefficient  g(''néral,  qui  peut  être  connu  pour  une  émulsion  donnée,  la 
plaque  fictive,  qui  résulte  de  scjn  emploi  avec  un  écran  convenable,  est  parfaite,  pour 

.   ,                        .            ,,              KAS       KA„S,,  „ 

un  intervalle  détermine,  si  dans   tout  cet  intervalle  on  a  =;  ^— ri:  const.   lit. 


S  S  ,. 

en  choisissant  pour  —  la  plus   grande  valeur  de  —  dans  l'intervalle   considéré,   Aj   est 

2,,  a 

,   .  .  S,-   a 

égal  a  1  et  A  ^  — ^  ^  >  i . 

Ainsi  A,  entièrement  déterminé,  caractérise  le  coefficient  général  d'absorption  du 
colorant  susceptible  d'être  utilisé,  mais  dont  l'existence  n'est  que  théorique.  Néan- 
moins, on  peut  dans  la  prali([ue  résoudre  le  problème  avec  une  approximation  suffi- 
sante. Supposons,  en  effet,  qu'il  existe  des  colorants,  à  domaines  d'absorption  très 
étroits  n'empiétant  pas  les  uns  sur  les  autres,  simplement  juxtaposés  et  comprenant, 
par  leur  ensemble,  toute  la  région  considérée  du  spectre,  sauf  une  bande,  domaine  de 
transparence,  correspondant  à  A|,=z:i.  Chaque  colorant  employé  peut  être  considéré 
comme  ne  possédant  (en  plus  de  K^  coefficient  connu  de  luminosité)  qu'un  seul  coeffi- 
cient d'absorption,  «,,,  provenant  de  sa  bande  unique  caractérisée  par  l'indice  q.  Le 
poids/)  de  matière  Ji  utiliser  est  alors  déterminé  par  la  relation  a^=:Aj  et  I  écran 
résultant  K'j'KÇ'.  .  .(«'1',  .  .  .,  a'^!')  répond  pratiquement  au  but  proposé. 

En  réalité,  les  domaines  d'absorption  peuvent  être  moins  étroits  et  empiéter  légè- 
rement les  uns  sur  les  autres.  Cherchons,  en  eU'et,  à  réaliser  une  plaque  fictive  de  sen- 
sibilité comparable  à  celle  de  Toeil.  Soit  une  plaque  orthochromatique  (S,,  Sj,  S3,  S»), 
définie  pour  quatre  radiations  >.,,  1,,  I3,  1^  :  la  première  dans  la  région  du  maximum 
(jaune  verdâtre),  la  deuxième  dans  la  région  du  minimum  (vert)  de  la  plaque  ortho- 
chromatique,  la  troisième  dans  la  région  du  maximum  ordinaire  (bleu  violet)  et  enfin 
la  quatrième  plus  loin  dans  le  violet. 

De  plus,  la  plaque  est  supposée  ne  posséilor  que  des  maxima  et  mininia  secondaires 
faibles  et  négligeables,  de  sorte  que  l'allure  de  la  fonction  S,  coefficient  de  sensibilité, 
est  suffisamment  caractérisée  par  les  quatre  valeurs  données.  La  plaque  de  sensibilité 
comparable  à  celle  de  l'œil  est  définie  par  (i,  stj,  a,,  a^). 

Ces  coefficients,  différents  suivant  que  l'on  opère  au  moyen  d'une  chambre  spectro- 
graphique  ou  par  l'interniédiaire  d'une  échelle  de  teintes,  satisfont  aux  conditions 
i<='2<«3<ai.  Ordinairement,  il  va  lieu  d'atténuer,  pour  la  plaque  orlhochroma- 
lique  usuelle,  le  jaune,  le  bleu  et  le  violet  par  rapport  au  vert,   de  sorte  que  l'on  doit 

"■■"■"  ■       >  — )— ^>— ,  —  >— ^-  Considérons  alors  trois  écrans  partiels,  Iv^'(«',',  i,  1,  i); 


a.,  1 


•'3 


K?(i,  i,  b^,  c7,)\  1X3(1.  I,  i'j,  c'j  );  le  premier  absorbe  le  jaune  et  le  veit  jusqu'à  1^,  avec 
un  domaine  de  transparence  de  '/.,_  au  delà  de  1^;  les  autres,  avec  même  domaine  de 


4o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

iranspareoce  de  )>,  à  À,,  absorbent.  le  deuxième  de  X^  jusfju'à  !■,  et  très  légèrement  au 

delà,  et  le  troisième,  l'ultra-violet  et  le  violet  jusqu'à  I3.  Il  y  a  lieu  de  remarquer  que 

lie  pareils  colorants  existent.  L'écran  résultant  conduit  à  une  plaque  fictive  parfaite  si 

1  1-  ■  „        S.i    I  ,  „  ,  ,.        S.,  Cf.,  s.,  a,  ,.  ■  1 

les  conditions  «',  =  — :  ^^  >  i ,  o!(i('  =r  ^  — -  >  i,  c^c,  r=  — p^>i,  déterminent  des 

2,    S,  -     •'        a,    ba  -  a,    S. 

valeurs  positives  de  p,  </,  /■.  Il  en  est  toujours  ainsi  pour  p  et  pareillement  pour  </  et  r 
si  C2=  63^1,  ou  bien  si  c.>  et  bz  sont  suffisamment  approchés  de  l'unité. 

Le  problème  est  donc  résolu   et  l'importance  tles  colorants  à  bandes 

d'absorption   étroites   est  manifeste.   Mais   l'écran   résidtant   ne   convient 

qu'aux  plaques  pour  lesquelles  il  a  été  calculé  el,   si  l'on  fait  le  même 

calcul  pour  des  plaques  d'une  autre  marque,  définies  par  (  c, ,  cr^,  (73,  17,),  le 

g 
rapport  des  temps  de  poses,  R'|'~^'K;{~'''K!,~''  — ,  est  une  constante  qui, 

étant  indépendante  de  a^,  «3,  oc,,  l'est  aussi  par  suite  des  réductions  équi- 
valentes effectuées  de  part  et  d'autre  sur  les  sensibilités.  Celte  proposition 
subsiste  pour  un  nombre  quelconque  de  colorants  et  permet,  en  pratique, 
de  comparer  les  valeurs  respectives  des  différentes  marques. 


PHYSIQUE.  —  Recherches  sur  te  champ  électrique  terrestre,  exécutées  à  l'occa- 
sion de  l'éclipsé  totale  du  3o  août  igoS.  Note  de  M,  Charles  Nordmaxn, 
présentée  par  M.  Lcewy. 

I.  J'ai  enregistré  photographiquement  à  Philippeville,  d'une  manière 
continue,  du  7  août  au  21  septembre  igoS,  les  variations  du  champ  élec- 
trique de  l'atmosphère,  au  moyen  de  la  méthode  de  lord  Kelvin  (collecteur 
à  écoulement  d'eau),  des  isoloirs  à  acide  sulfuriqiie  et  d'un  électromèlre 
Mascart,  auquel  les  modifications  si  ingénieuses  dues  à  M.  Chauveau  assu- 
raient un  zéro  parfaitement  stable. 

La  prise  de  potentiel  se  faisait  sur  la  façade  Nord  du  bâtiment  ser- 
vant de  corps  de  garde,  qui  se  trouve  sur  le  petit  plateau  couronnant  le 
sommet  du  Djebel  Skikda  (160™  d'altitude  et  à  environ  So"  seulement  de 
la  mer  à  vol  d'oiseau),  en  un  point  situé  à  o™,^.?  du  mur  du  bâtiment  et  à 
a'",4o  du  sol. 

Les  courbes  obtenues  pendant  ces  quarante-trois  jours  d'observation 
présentent  (sans  doute  par  suite  de  l'extrême  régularité  en  cette  saison, 
sur  la  côte  d'Algérie,  de  la  variation  diurne  des  divers  éléments  météoro- 
logiques) une  uniformité  et  une   régularité  d'aspect   exceptionnelles,   et 


SÉANCE  DU  2  JANVIER  1906.  4l 

telles   qu'un    très   grand   nombre   des  courbes  diurnes   obtenues  sont  en 
quelque  sorte  superposables. 

Je  me  bornerai  dans  cette  Note  à  exposer  succinctement  quelques-uns 
des  faits  particulièrement  nets  qui  se  dégagent  des  courbes  obtenues,  ré- 
servant les  conclusions  théoriques  qui  semblent  en  découler  pour  un 
Mémoire  détaillé.  On  remarquera  néanmoins  que,  le  lieu  d'observation 
étant  au  bord  de  la  mer  et  exposé  régulièrement  pendant  les  heures  du 
jour  au  vent  de  mer  et  la  nuit  au  vent  de  terre,  les  résultats  obtenus 
semblent  permettre  d'examiner  d'un  point  de  vue  nouveau,  à  la  lumière 
des  faits  constatés  dans  ces  conditions  particulières,  quelques-unes  des 
théories  les  plus  récentes  du  champ  électrique  de  l'atmosphère  :  celle  de 
Leiiard,  qui  invoque  l'électrisation  de  l'air  par  les  liquides  en  mouvement; 
celle  d'Elster  et  Geitel,  celle  d'Ebert  et  celle  de  Gerdien,  qui  attribuent  de 
diverses  manières  ce  champ  aux  ions  provenant  du  sol. 

II.  Caraclèies  de  la  variation  diurne.  —  Le  Tableau  ci-dessous  représente,  eu 
volts,  d'après  les  courbes  les  plus  calmes,  les  excès  positifs  ou  négatifs  moyens  de  la 
valeur  du  champ  par  rapport  à  la  moyenne  diurne,  à  toutes  les  heures  du  jour  et  de  la 
nuit  : 

Excès  horaires  par  rapport  à  la  moyenne. 


Minuit.  .  . 

—  1  ■>. 

6'' 

m . .  .  . 

.      —20 

Midi.... 

■  •      +7 

6'' s 

1  ''  m 

— i.j 

J 

—  20 

I  ''  s 

-MI 

ni. 

/ 

2''        .  .  .  . 

•     — '7 

8'' 

—  I- 

2''    

-\-\h 

81' 

3''       .... 

—  20 

9'' 

.     —  6 

3'-    

■  ■     -i-19 

9" 

4»      . . . . 

— 21 

10'' 

—  2 

4''   

..      +2- 

10'' 

5I'      . . . . 

— 22 

1 1'' 

-^   I 

■5''    

M-26 

II'' 

-i-24 
-+-26 
+  '9 

H-    7 

—  2 

-  9 


Moyenne  diurne  H  ^  42  volts. 

Il  résulte  de  ces  chiffres  les  conclusions  suivantes  (dont  chacune  ressort  non  seule- 
ment de  ces  moyennes,  mais  de  l'étude  individuelle  des  courbes)  : 

1"  La  variation  diurne  est  caractérisée,  dans  son  ensemble,  par  une  oscillation 
simple  avec  un  maximum  vers  4*"  du  soir  et  un  minimum  vers  b^  du  matin. 

Il  faut  remarquer  en  outre  que  les  divers  excès  horaires  égaux  et  de  signes  contraires 
sont  sensiblement  équidislants  de  12  heures,  de  sorte  que  la  loi  de  variation  est  assez 
bien  représentée  par  une  onde  sinusoïdale  à  période  de  24  heures.  Ces  résultats  consti- 
tuent une  confirmation  très  nette  des  conclusions  remarquables  auxquelles  est  arrivé 
M.  Chauveau,  dans  ses  riicherches  classiques  à  la  tour  EilTel,  relativement  à  la  loi  géné- 
rale de  la  variation  diurne  du  champ.  M.  Chauveau  a,  en  ellet,  attribué  à  uneinduencc 
indirecte  sur  Tair.  du  voisinage  du  sol,  la  double  oscillation  de  jour  généralement 
observée,  et  au  lieu  d'observation,  à  Philippeville,  l'air  pendant  la  journée  n'a  précisé- 
ment pas  passé  sur  le  sol  mais  provient  directement  de  la  mei'. 

2°  L'amplitude  de  la  variation  diurne  relnlivemenl  à   la  valeur  moyenne  du  champ 

C.  R.,   190G,  I"  Semestre.  (T.  CXMI,   N»  1.)  b 


42  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

est  relalivement  élevée  el  voisine  de  1,2.  En  outre,  l'examen  des  courbes  montre  nette- 
ment que  les  amplitudes  des  petites  oscillations  secondaires  et  rapides  du  champ  sont 
d'autant  plus  grandes  que  celui-ci  est  plus  fort,  c'est-à-dire  qu'elles  sont  i)ien  plus 
notables  le  jour  que  la  nuit. 

3°  11  n'y  a  aucun  rapport  apparent  à  Philippeville  entre  la  variation  diurne  du 
champ  qui  est  simple  el  la  double  oscillation  du  baromètre  enregistrée  au  lieu  d'ob- 
servation et  qui  s'y  montre  chaque  jour  nettement.  Rappelons  à  ce  propos  que  l'on  a 
fréquemment  invoqué,  et  récemment  encore  Ebert,  un  rapport  c(ui  existerait  entre  la 
double  oscillation  du  baromètre  et  l'oscillation  diurne  du  champ  qui,  dans  beaucoup 
de  stations,  est  également  double. 

4"  Enfin,  l'examen  individuel  des  courbes,  comme  aussi  le  Tableau  ci-dessus, 
montre  Vexistence  d'un  petit  maximum  secondaire  vers  7''  du  soir,  c'est-à-dire 
moins  d'une  heure  après  le  coucher  du  soleil.  Or  j'ai'  constaté  que  l'existence  d'un 
maximum  relatif  ou  absolu  peu  après  le  coucher  du  Soleil  résulte  également  des  obser- 
vations du  Parc  Saint-Maur,  du  Bureau  central  météorologique,  de  Ljon,  du  cap 
Thorzen,  de  Lisbonne,  de  la  tour  EilTel,  etc.,  c'est-à-dire  de  stations  oii  la  variation 
diurne  a  des  caractères  très  dissemblables  par  ailleurs.  D'ailleurs,  dans  toutes  ces 
stations,  ce  maximum  suit  en  quelque  sorte  l'heure  du  coucher  du  Soleil,  c'est-à-dire 
qu'il  a  lieu  plus  tard  en  hiver  qu'en  été.  La  généralité  de  ce  fait,  qui  paraît  constituer 
un  caractère  commun  à  la  vaiiation  diurne  dans  toutes  les  stations,  n'avait,  à  ma 
connaissance,  pas  encore  été  signalée. 

III.  Phénomènes  observés  pendant  l'éclipsé  du  3o  août.  —  La  courbe  du  3o  aovit 
présente  les  caractères  suivants  : 

Rappelons  d'abord  que  le  temps  a  été  ce  jour-là  très  beau  et  normal  jusqu'au  soir, 
el  que,  pendant  les  heures  de  l'éclipsé,  le  vent  n'a  cessé  de  souffler  de  la  mer  comnie 
d'habitude.  Le  Tableau  ci-dessous  représente  en  volts,  par  rapport  aux  valeurs 
moyennes  correspondantes  des  beaux  jours  voisins  de  l'éclipsé,  les  excès  positifs  ou 
négatifs  des  ordonnées  de  la  courlie  du  3o  août,  de  9''  du  matin  à  5'>  du  soir  (heure  à 
laquelle  le  ciel  est  devenu  nuageux)  : 


1 

"  contact. 

Totalité. 

4 

°  contact. 

9" 

lo'' 

ni' 

12'' 

l1^[^0^^ 

il' 

,h3Qm       2I1 

2''3o'" 

2'' 43" 

3'' 

3"i6"> 

4" 

5I' 

— 2 

— 2 

4-1 

— 5 

-3 

+7 

-1-5     -i-i  I 

+  i3 

+  32 

-+-7 

—  3      ■ 

-i3 

— 14 

Il  ressort  de  ce  Tableau,  el  mieux  encore  de  l'aspect  de  la  courbe,  que  le  champ 
(jui  /tiS(ju'au  début  de  réclipse  était  voisin  de  sa  valeur  habituelle,  et  plutôt  légè- 
rement plus  faible,  a  commencé  à  s'élever  et  à  dépasser  celle-ci  dès  le  premier  con- 
tact pour  se  maintenir  au-dessus  de  sa  valeur  habituelle  moyenne  pendant  toute  la 
durée  du  phénomène  et  jusqu'au  dernier  contact.  Le  fait  que  les  excès  sont  tous  posi- 
tifs pendant  l'éclipsé  el  au  contraire  négatifs  avant  et  après  semble  assez  caracté- 
rislique. 

Mais  le  caractère  le  plus  remarquable  de  la  courbe  est  l'existence  d'un  maximum 
extrêmement  accentué  qui  est  le  maximum  maximorum  de  toute  la  journée  et  qui, 
dans  la  limite  des  erreurs  de  pointage  des  courbes,  c'est-à-dire  à  moins  de  i  minute 
près  certainement,  a  coïncidé  avec  le  minimum  absolu  relevé  d'autre  part  sur  ta 
courbe  des  ions  positifs. 


SÉANCE    DU    2    JANVIER    1906.  i\3 

Il  faut  regretter  que  des  circonstances  météorologiques  très  défavo- 
rables aient  masqué  l'allure  exacte  du  phénomène  aux  observateurs 
(MM.  Ebert,  Elster  et  Geitel,  Le  Cadet  notamment)  qui,  en  d'autres  sta- 
tions, s'étaient  proposé  d'étudier  l'action  possible  de  l'éclipsé  sur  le  champ 
terrestre.  Il  faudra  donc  attendre  d'éclipsés  ultérieures  la  confirmation  ou 
l'infirmation  des  faits  relatés  ci-dessus.  Aussi,  c'est  avec  toute  la  réserve 
que  commande  le  caractère  isolé  de  mes  observations,  que  j'ajoute  au  sujet 
des  phénomènes  enregistrés  à  Philippeville  pendant  l'éclipsé  les  remarques 
suivantes  : 

1"  Le  sens  des  phénomènes  observés,  c'esL-à-dire  l'augmentation  relative 
du  champ  pendant  l'éclipsé,  et  notamment  le  maximum  absolu  coïncidant 
avec  le  minimum  de  la  courbe  des  ions  positifs,  est  bien  d'accord  avec  ce 
Cjue  permettait  de  prévoir  celle-ci.  En  effet,  toutes  choses  égales  d'ailleurs, 
comme  l'ont  montré  Elster  et  Geitel,  toute  diminution  momentanée  de  la 
conductibilité  de  l'atmosphère  doit  correspondre  à  une  augmentation  du 
champ. 

2"  L'inverse  n'est  pas  vrai  en  ce  qui  concerne  les  ions  positifs,  c'est- 
à-dire  que  l'augmentation  constatée  du  champ  aurait  dû  accroître,  toutes 
choses  égales  d'ailleurs,  la  densité  des  ions  positifs  près  du  sol.  Autrement 
dit,  la  modification  observée  du  champ  peut  être  l'effet,  mais  non  la  cause 
de  celle  qui  a  été  enregistrée  pour  les  ions  positifs  de  l'air. 

3"^  L'interception  des  rayons  solaires  par  la  Lune  a  été  accompagnée 
d'une  modification  du  champ  de  même  sens  que  celle  qui  accompagne 
d'habitude  leur  disparition  derrière  l'horizon.  De  même,  en  effet,  que  l'al- 
lure descendante  de  la  courbe  diurne  du  champ  est  interrompue  par  un 
maximum  relatff  moins  d'une  heure  après  le  coucher  du  Soleil,  de  même  le 
maximum  absolu  du  champ  pendant  l'eclipse  s'est  produit  45  minutes 
après  la  totalité,  et  toute  l'éclipsé  s'est  traduite  par  un  accroissement  du 
champ. 

4°  On  peut  remarquer  encore  que  la  variation  annuelle  observée  dans 
toutes  les  stations  est  telle  qu'en  un  lieu  donné  et  aux  mêmes  heures  le 
champ  est  plus  grand  en  hiver  qu'en  été.  La  diminution  du  rayonnement 
solaire  s'accompagne,  à  ce  point  de  vue  encore,  d'une  modification  du  champ 
dont  le  sens  est  le  même  que  celui  qu'on  a  observé  pendant  l'éclipsé. 


44  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


SPECTROSCOPIE.  —  Sur  la  détermination  des  gaz  rares  dans  les  mélanges 
gazeux  naturels.  Note  de  M.  Charles  Moureu,  présentée  par  M.  Des- 
landres. 

J'ai  publié  à  diverses  reprises,  depuis  iSgS,  des  recherches  sur  les  gaz 
rares  (les  sources  thermales.  De  nouveaux  résultats  seront  communiqués 
prochainement.  En  attendant,  je  répondrai  au  désir  qui  m'en  a  été  ex- 
primé par  plusieurs  savants  en  décrivant  sommairement  la  technique  de 
mes  expériences.  Le  mode  opératoire  suivant,  que  j'ai  adopté  après  un 
grand  nombre  de  tâtonnements,  et  en  mettant  à  profit  les  études  anté- 
rieures faites  sur  l'argon  ou  les  autres  gaz  rares  par  divers  expérimenta- 
teurs, notamment  par  MM.  Ramsay  et  Travers,  Bouchard  et  Troost,  Des- 
jandres,  Dewar,  Schlœsing  fils,  Maquenne,  Moissan,  permet  de  doser  rapi- 
dement en  bloc  les  gaz  rares  contenus  dans  les  mélanges  gazeux  naturels, 
et  d'en  faire  l'étude  spectrale  dans  de  bonnes  conditions. 

En  principe,  le  gaz  naturel,  après  avoir  longtemps  séjourné  sur  de  la  potasse 
aqueuse,  puis  sur  de  la  potasse  fondue,  est  chaufTé  au  rouge  en  présence  d'un  mélange 
intime  de  chaux  anhydre  et  de  magnésium  (mélange  Maquenne),  qui  fixe  à  la  fois 
l'azote  et  l'oxygène.  Les  gaz  ou  vapeurs  coml>ustib]es  ?onl  brûlés  par  de  l'oxyde  de 
cuivre;  on  absorbe  les  produits  de  la  combustion  par  de  la  chaux  sodée  et  de  l'anhy- 
dride phosphorique.  Le  résidu  gazeux  est  constitué  par  les  gaz  rares. 

Description  de  l'appareil.  —  La  partie  de  droite  (côté  Maquenne)  sert  au  dosage 
des  gaz  rares,   et  la  partie  de  gauche  (côlé  Plucker)  à  leur  examen  speclros,copique. 

Une  clociie  verticale  C,  haute  de  o"',  90,  est  disposée  sur  une  petite  cuve  à  mer- 
cure; outre  l'ajutage  acn  (voir  plus  loin),  elle  se  continue  par  un  tube  ÂB.  Puis, 
viennent  successivement  trois  tubes  à  chaux  sodée  ou  à  anhydride  phosphorique;  le 
tube  GaO  +  Mg  (cliaux  vive  5s,  magnésium  3b)  et  un  tube  à  oxyde  de  cuivre  GuO. 
l'un  et  l'autre  étant  disposés  sur  une  grille  à  gaz;  de  nouveaux  tubes  à  chaux  sodée; 
et  enfin,  d'un  côté,  une  trompe  à  mercure  T,  dont  on  peut  faire  déboucher  le  tube  ab- 
ducteur S,  par  un  léger  déplacement  latéral,  sous  la  cloche,  et,  de  l'autre,  un  tube  bd 
qui  met  en  relation  le  côté  Maquenne  avec  le  côté  Plucker. 

Celui-ci  représente,  dans  ce  qu'il  a  d'essentiel,  une  réduction  du  premier.  Il  com- 
prend de  petits  tubes  à  chaux  sodée,  à  anhydride  phosphorique  et  à  oxyde  de  cuivre; 
un  tube  à  calcium  métallique,  contenu  dans  une  nacelle  en  argent;  et  enfin,  tout  près 
du  tube  de  Plucker,  un  tube  rempli  de  sélénium  en  menus  grains,  qui  absorbera  les 
vapeurs  mercurielles. 

L'appareil  est  muni,  en  outre,  de  divers  robinets  à  vide  R,  R',  R",  r,  /•',  et  de  deux 
manomètres  M  et  m.  Entièrement  en  verre,  les  diverses  parties  en  sont  réunies  par  des 
soudures  directes. 


SÉANCE  DU  2  JANVIER  I906.  45 

Marche  d'une  opération.  —  On  fait  le  vide  dans  l'appareil,  d'abord  à  froid,  puis  à 
chaud  (le  mélange  Maquenne  et  les  Uibes  à  CuO  étant  portés  au  rouge  sombre).  La 
pression   finale  est  le  plus  souvent  voisine  de  0™°",:),   la  production  indéfinie,  par  le 


mélange  CaO  H-  Mg,  de  traces  d'hydrogène  à  chaud,  empêchant  de  faire,  en  général, 
un  vide  plus  avancé,  d'ailleurs  inutile  pour  le  moment  dans  le  côté  Maquenne. 

Par  contre,  on  peut  et  l'on  doit  dés  maintenant  faire  le  vide  complet  dans  le  côté 
Plucker.  A  cet  effet,  sans  cesser  nulle  part  de  chauffer,  on  isole  les  deux  côtés  en  fer- 
mant R  et  R',  et,  pendant  que  la  décharge  d'une  forte  bobine  d'induction  passe  dans 
le  tube  de  Plucker  (afin  de  purger  les  électrodes),  on  continue  la  manœuvre  de  la 
trompe  jusqu'à  claquement  sec  de  la  chute  mercurielle. 

L'appareil  étant  ainsi  préparé,  on  ferme  /•  et  /•',  on  arrête  la  trompe  et  la  décharge, 
on  ferme  R,  on  ouvre  R',  et  l'on  introduit  dans  la  cloche,  au  moyen  d'une  pipette 
spéciale,  Soo'^'"'  de  gaz.  On  ouvre  ensuite  très  légèrement  R,  de  manière  que  le 
gaz  arrive  lentement  dans  le  tube  CaO  -1-  Mg.  Vers  la  fin,  on  ouvre  en  plein  R,  on  dis- 
pose l'extrémité  de  S  sous  la  cloche,  et  l'on  recommence  le  jeu  de  la  trompe.  On  pro- 
duit ainsi  une  circulation  continue  de  gaz,  qu'on  prolonge  jusqu'à  pression  constante 
pendant  une  heure  (on  a  cessé  de  chaulTer  le  tube  CaO  ■+-  Mg  une  demi-heure  avant 
la  fin). 

Imi  ouvrant  maintenant,  pendant  un  instant,  /•  et  /•',  on  fait  passer  un  peu  de  gaz 
dans  le  côté  Plucker,  où  sa  purification  complète  s'opère  rapidement.  Dès  que  le  spectre 
des  gaz  rares  (le  mieux  sous  4™")  apparaît  exempt  des  lignes  ou  bandes  parasites  du 
début,  on  sépare  par  un  trait  de  chalumeau  le  tube  de  Plucker.  L'étude  spectrosco- 
pif|ue  sera  faite  ensuite  à  loisir. 

Il  ne  reste  plus  qu'à  mesurer  le  gaz  résiduel,  ce  que  l'on  fait  en  l'aspirant  dans  une 
éprouvetle  graduée  sur  la  cuve  à  mercure,  tous  robinets  ouverts.  Si  l'on  y  ajoute  celui. 


46  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

calculé  d'après  la  capacité  et  la  pression,  qui  a  été  enfermé  dans  le  tube  de  Plucker, 
on  a  le  volume  total. 

Le  rôle  du  calciuui  métallique  Ga  (côté  Plucker)  est  de  fixer  éventuellement  (au 
rouge)  des  traces  d'azote  qui  auraient  pu  échapper  à  l'action  du  mélange  CaO  H-  -Mg. 

Quant  à  l'ajutage  aca  dont  la  forme  spéciale  trouve  son  utilité  lors  de  l'introduction 
du  gaz  à  étudier  dans  la  cloche,  il  permettra  l'extraction  totale  du  gaz  résiduel  dans 
les  cas  d'obstruction  accidentelle  du  tube  CaO  4-  Mg. 


PHYSIQUE.    —   Sur  la  chaleur  de  fusion  de  la  glace.  Note  de  M.  A.  Leduc, 

présentée  par  M.  Lippmann. 

La  chaleur  de  fusion  de  la  glace,  malgré  sa  grande  importance,  n'est 
connue  qu'avec  une  approximation  bien  médiocre. 

Pour  ne  parler  que  des  travaux  les  plus  classiques,  on  sait  que  Bunsen 
donne  comme  résultat  moyen  80, o3,  tandis  que  Laprovostaye  et  Desains 
ont  trouvé  79,25,  nombre  confirmé  par  Regnault. 

L'écart  de  ces  deux  nombres,  très  voisin  de  i  pour  100,  semblait  s'exa- 
gérer encore  très  notablement  par  ce  fait  que  l'unité  de  Bunsen  était  plus 
grande  que  celle  de  ses  prédécesseurs.  On  admettait  en  effet,  il  y  a 
quelques  années  encore,  d'après  Regnault,  que  la  chaleur  spécifique  de 
l'eau  croissait  très  lentement  de  0°  à  20°  et  que  la  chaleur  spécifique 
moyenne  entre  0°  et  100°  (calorie  de  Bunsen)  était  i,oo5  en  fonction  de 
la  calorie  à  12°. 

D'après  cela,  on  pouvait  considérer  les  anciens  nombres  comme  ex- 
primés indifféremment  en  calories  à  o",  à  12°  ou  à  i5°,  tandis  qu'il  fallait 
multiplier  par  i  ,oo5  le  résultat  de  Bunsen.  C'est  ainsi  que  Bertin  (  '  ),  ana- 
lysant l'important  Mémoire  de  ce  savant,  est  conduit  au  nombre  80, 43. 

Mais,  depuis  que  Rovsland  a  montré  l'existence  d'un  minimum  de  cha- 
leur spécifique  de  l'eau  vers  38",  de  nombreuses  expériences  ont  été  faites 
sur  ce  sujet. 

Résumant  ces  travaux  au  Congrès  de  1900,  M.  Griffiths  (-)  propose 
d'admettre  que,  conformément  aux  expériences  de  Callendar  et  Barnes, 
la  chaleur  spécifique  moyenne  de  l'eau  entre  0°  et  100°  est  égale  à  sa  cha- 
leur spécifique  vraie  vers  i5°  (  i3°,  3  ou  16°  suivant  la  formule  adoptée). 


(')  Aimalcs  de  Chimie  et,  de  Physique.  4"'  série,  t.  XXIIl,  p.  61  et  suiv. 

(^)  Rapport  présenté  au  Congrès  international  de  Physique  réuni  à  Paris  en  1900. 


SÉANCE  DU  2  JANVIER  1906.  4^ 

Si  l'on  prend  celle-ci  pour  unité,  la  chaleur  spécifique  vraie  à  0°  devient 
I,  oo4  d'après  M.  Barnes. 

Adoptant  cette  unité,  qui  est  celle  de  Bunsen,  en  tenant  compte  des 
températures  extrêmes  du  calorimètre  dans  les  expériences  de  Laprovos- 
taye  et  Desains,  on  trouve  que  le  nombre  de  ces  derniers  doit  être  ramené 
à  79,17.  La  réduction  est  insignifiante,  les  auteurs  eux-mêmes  admettant 
comme  limite  d'erreur  ±  o,  3. 

La  modification  apportée  aux  résultats  de  Regnault  est  du  même  ordre 
et  en  sens  inverse. 

En  résumé,  l'écart  brut  de  i  pour  100  constaté  au  début  subsiste  pure- 
ment et  simplement  si  l'on  tient  compte  des  expériences  récentes  sur  la 
chaleur  spécifique  de  l'eau. 

Or  ou  n'aperçoit,  ni  dans  la  méthode  des  mélanges,  ni  dans  celle  du 
calorimètre  à  glace,  de  causes  d'erreur  capables  d'expliquer  cette  diver- 
gence. 

Mais  il  faut  remarquer  que,  dans  la  méthode  de  Bunsen,  la  chaleur 
latente  est  donnée  par  la  formule 


>.= 


Q  ("'-«) 


nv 


dans  laquelle  11'  et  u  désignent  les  volumes  spécifiques  de  la  glace  et  de 
l'eau  à  0°,  et  Q  le  nombre  de  calories  qui,  versées  dans  le  calorimètre,  font 
rétrograder  la  colonne  de  n  divisions  de  volume  v. 

Une  erreur  très  faible  sur  m'  produit  une  erreur  relative  très  importante 
sur  (u'  —  u). 

Or  j'ai  établi  que  la  masse  spécifique  de  la  glace  à  0°  est  0,9176  au  lieu 
de  0,91674  trouvée  par  Bunsen. 

On  en  déduit  u'  —  u  =  0,0897  ^"  '^^^  ^^  0,09069  et 

>.  =  79,1 5  calories  à  lo". 

Comme  on  ne  peut  affirmer  que  l'erreur  sur  u'  —  u  soit  inférieure  à  7^, 
il  est  illusoire  de  conserver  la  deuxième  décimale. 

Il  en  est  de  même,  à  plus  forte  raison,  des  résultats  anciens,  sans 
compter  qu'il  faudrait  encore  réduire  les  températures  à  l'échelle  normale. 

Pour  tenir  compte  seulement  de  ce  que  les  expériences  de  Regnault  con- 
duiraient à  une  valeur  légèrement  supérieure,  je  propose  d'admettre  que 


ïm 


/|8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

conformément  aux  expériences  de  Laprovostaye  et  Desains,  confirmées  par 
celles  de  Regnault  el  de  Bunsen,  la  chaleur  de  fusion  de  la  glace  est 

1^79,2   calories  à  i5°. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  soudure  synthétique  des  acides  amidés  dérivées 
des  albumines.  Note  de  MM.  L.  Hugovnenq  et  A.  Morel,  présentée  par 
M.  Armand  Gautier. 

Dans  nos  précédentes  Communications  (' ),  nous  avons  insisté  sur  l'in- 
térêt que  présente,  pour  l'étude  de  la  structure  moléculaire  des  albumines, 
la  réalisation  synthétique  de  la  soudure  des  acides  amidés  dérivés  des 
matières  protéiques.  Dans  cette  voie,  nous  nous  sommes  attachés  à  fixer 
les  fonctions  aminés  de  ces  acides  à  un  groupement  CO,  c'est-à-dire  à  les 
taire  entrer  dans  une  molécule  d'urée  substituée,  comme  il  en  existe  dans 
les  albumines  naturelles.  C'est  ainsi  que  nous  avons  été  amenés  à  préparer 
l'urée  symétrique  de  la  leucine  ou  acide  amino-caproïque  : 

/AzH  -  C'H'"-  CO-H 
\A  H  — C^H'»- GO-H" 

1.  Ces  recherches  ont  été  poursuivies  avec  la  tyrosine  qui  est,  avec  la 
leucine,  un  des  termes  les  plus  importants  du  dédoublement  des  substances 
albuminoïdes.  Elles  nous  ont  conduits  aux  résultats  suivants  : 

1°  Au-dessous  de  100°,  l'oxychlorure  de  carbone  est  sans  action  sur  la 
tyrosine;  vers  i5o°,  en  tube  scellé,  la  réaction  s'accompagne  de  la  forma- 
tion de  produits  goudronneux  ; 

2°  A  froid,  COCP  réagit  sur  le  sel  de  soude  de  la  tyrosine  dissous  dans 
l'eau,  en  donnant  l'urée  symétrique  de  la  tyrosine 

CO-H 

/AzH  -GH  — C[P-  G^H'.OH 
\AzH  -  GH  -  GH-  -  G«H''. OH" 

CO^H 


(')  Comptes  rendus,  l.  CXL,  igoâ,  p.  i5o,  5o5,  Sog. 


SÉANCE  DU  2  JANVIER  1906.  ,        49 

Préparation.  —  On  dissout  2"°'  de  lyrosine  dans  l'eau  renferuianl  2™°'  de  soude  : 
on  dirige  dans  la  solulion  un  courant  très  lent  de  COCl-  :  on  voit  se  déposer  un  pré- 
cipité blanc,  en  même  temps  que  la  liqueur  devient  acide.  Ce  précipité,  formé  d'urée 
de  la  tvrosine  avec  un  peu  de  chlorhydrate  de  tvrosine,  est  lavé  à  l'eau,  dissous  dans 
Falcool  et  reprécipité  de  la  solulion  alcoolique  par  un  excès  d'eau.  On  peut  le  purilier 
par  une  redissolulion  dans  l'eau  alcaline  suivie  d'un  traitement  par  un  acide  qui  inso- 
lubilise ce  produit.  L'analyse  donne  des  chillVes  très  concordants  avec  la  théorie. 

L'urée  de  la  tvrosine  est  très  peu  soluble  dans  l'eau,  plus  soluble  dans  l'alcool. 
Obtenue  par  précipitation  au  sein  de  l'eau  de  sa  solution  alcoolique,  elle  se  dépose 
sous  forme  de  ilocons  ressemblant  à  de  l'albLiniine  et  qui,  desséchés,  donnent  une 
poudre  blanche  brunissant  vers  i.ïo"  et  fondant,  avec  décomposition,  à  240°.  Le  réactif 
de  Millon  colore  ce  corps  en  rouge,  comme  on  pouvait  s'y  attendre,  la  fonction  pliéno- 
lique  étant  rejtée  intacte. 

IL  Les  carbimides  réagissent  sur  la  lyrosine  dissoute  dans  l'eau  alcaline 
en  donnant  naissance  à  des  urées  mixtes  de  la  tyrosine  et  des  amitiés,  ce 
qui  peitnet  de  préparer  des  urées  mixtes  de  deux  acides  atnidés  différents. 
Nous  nous  bornerons  aujourd'hui  à  indiquer,  comme  exemple,  l'urée  mixte 
de  la  tyrosine  et  de  l'aniline 

/AzH-C"H^ 

\AzH  -  CH  -  GH^CPl^OH. 
I 
CO-H 

Préparation.  —  On  dissout  dans  l'eau  1"°'  de  soude  et  i""»'  de  tyrosine.  Dans  la 
dissolution  refroidie  par  la  glace,  on  fait  tomber  goutte  à  goutte  1°'°'  d'isocyanate  de 
phényle,  en  agitant.  On  laisse  la  tem|jérature  s'élever  lentement  :  de  la  diphényiurée 
se  précipite,  on  la  sépare  et  l'on  acidifie  la  li([ueur  alcaline  filtrée.  Le  corps  qui  se 
dépose  est  purifié  par  deux,  ou  trois  redissolulions  dans  les  alcalis,  suivies  de  précipi- 
tations par  un  acide  minéral.  On  termine  par  une  cristallisation  dans  l'alcool. 

L'analyse  élémentaire  donne  des  chififes  qui  correspondent  à  la  formule  ci-dessus. 

L'urée  mixte  de  la  tyrosine  et  de  l'aniline  est  très  peu  soluble  dans  l'eau,  plus 
soluble  dans  l'alcool.  C'est  une  poudre  cristalline  blanche  fondant  à  194°,  en  se 
décomposant.  Elle  donne  la  réaction  de  Millon. 


BOTANIQUE.  —  Slrticlure  des  végétaux  développés  à  la  lumicre,  sans  gaz 
carbonique,  en  présence  de  matières  organiques.  Note  de  M.  Molliard, 
présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

J'ai  précédemment  montré  (^Comptes  rendus,  i4  août  igoS)  comment  des 
végétaux  supérieurs,  pourvus  de  chlorophylle,   pouvaient  se  développer 

G.   K.,   1906,   I"  .Semestre.  (T.  CXLII,  N°  1.)  7 


5o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dans  une  atmosphère  confinée,  pourvu  qu'on  mette  à  la  disposition  de  leurs 
racines  diverses  substances  organiques.  Dans  ces  conditions  de  végétation 
les  plantes  acquièrent  un  ensemble  de  caractères  anatomiques  très  spécial. 

Pour  donner  une  idée  générale  de  ceux-ci,  je  me  contenterai  ici  de  deux 
exemples  particuliers  s'appliquant  tous  deux  au  Radis. 

Le  premier  est  relatif  à  des  plantes  développées  sur  une  solution  miné- 
rale additionnéede  lopourioo  desaccharose;  l'un  des  individus  est  resté  en 
relation  avec  l'atmosphère  pendant  tout  le  temps  de  sa  végétation,  c'est-à- 
dire  du  19  avril  au  8  août;  à  ce  moment  plusieurs  fleurs  s'étaient  constituées 
et  quelques-unes  d'entre  elles  avaient  abouti  à  la  formation  de  fruits;  l'in- 
dividu que  nous  voulons  lui  comparer  était  resté  en  communication  avec 
l'atmosphère  du  19  avril  au  28  juin,  date  à  laquelle  le  tube  a  été  fermé;  les 
deux  individus  étaient  alors  parfaitement  comparables  et  leur  tige  ne  pré- 
sentait encore  aucun  long  entrenoeud  visible;  en  atmosphère  confinée  la 
seconde  plante  a  vite  penhi  ses  premières  feuilles  et  a  donné  naissance  à 
une  tige  florifère  pourvue  de  nouvelles  feuilles  très  petites  et  crépues  et  de 
fleurs  dont  aucune  ne  s'est  épanouie. 

La  comj)araison  de  la  slructiire  de  la  tigeel  du  pétiole  peiniel  d'établir  les  dillérences 
essentielles  suivantes  :  l'écoice  est  sensiblement  plus  épaisse  dans  les  organes  déve- 
loppés en  atmosphère  confinée;  le  nombre  des  cellules  reste  d'ailleurs  le  même,  il  y 
a  donc  augmentation  dans  les  dimensions  des  éléments;  les  formations  secondaires 
libéroligneuses  sont  plus  abondantes  et  leur  aspect  très  dill'érent;  les  vaisseaux  du  bois 
ont  un  calibre  sensiblement  moindre;  ils  sont  très  réguliers,  de  section  circulaire,  et 
non  polygonale  comme  dans  les  conditions  normales;  ils  sont  très  sensiblement  égaux. 
Enfin,  leur  paroi  est  très  faiblement  lignifiée;  lapprochons  de  cette  dernière  modifica- 
tion le  fait  que  le  sclérencliyme  ijui  se  trouve  normalement  adossé  au  liber  primaire 
ne  se  constitue  pas;  le  liber  secondaire  est  beaucoup  plus  développé  et  les  tubes  criblés 
plus  ncmibreux. 

D'autre  part,  tous  les  parenchymes  différenciés  présentent  une  grande 
quantité  d'amidon,  alors  qu'il  n'y  en  a  pas  trace  dans  la  tige  ni  le  pétiole 
de  la  plante  restée  en  relation  avec  l'atmosphère;  pour  le  pétiole  l'amidon 
est  surtout  abondant  dans  les  deux  ou  trois  assises  sous-épidermiques  et 
dans  les  cellules  entourant  les  faisceaux;  mais  il  existe  dans  tout  le  paren- 
chyme et  apparaît  même,  bien  qu'en  faible  quantité,  dans  les  cellules  épi- 
dermiques  qui,  on  le  sait,  en  sont  normalement  dé[)Ourvues,  même  dans 
les  espèces  où  il  existe  une  réserve  amylacée  figurée. 

liC  limbe  présente  une  épaisseur  réduite  d'environ  ~  dans  les  tubes 
fermés;  les  cellules  des  tissus  [palissadique  et  lacuneux  restent  serrées  les 


SÉANCE  DU  2  JANVIER  1906.  5l 

unes  contre  les  autres,  le  système  aérifère  ne  se  développant  que  d'une 
manière  rudimentiiire;  les  assises  palissadiques  qui,  dans  les  deux  cas,  sont 
au  nombre  de  trois  sont  constituées  par  des  cellules  relativement  plus 
allongées  dans  le  sens  perpendiculaire  à  la  surface  du  limbe.  Ici  encore 
toutes  les  cellules  sont  bourrées  d'amidon  dans  l'échantillon  du  tube  fermé, 
alors  qu'on  n'en  observe  pas  trace  dans  celui  qui  sert  de  terme  de  compa- 
raison ;  les  cellules  épidermiques  n'échappent  pas  à  cette  transformation, 
surtout  celles  de  la  face  inférieure  qui  contiennent  toujours  plus  de  leucites 
amylacées  que  celles  de  la  face  supérieure. 

Les  faits  relatifs  au  limbe  foliaire  correspondent  à  une  différenciation 
moins  grande;  les  tissus  gardent  des  caractères  embryonnaires,  ce  qui 
cadre  bien  avec  le  faible  développement  que  la  feuille  est  susceptible 
d'acquérir  dans  ces  conditions.  Quant  aux  caractères  nouveaux  que  pré- 
sentent la  tige  et  le  pétiole,  on  peut  remarquer  qu'Us  sont  très  semblables  à 
ceux  qu'on  observe  pour  les  organes  souterrains,  comparés  aux  organes 
homologues  aériens  du  même  individu  (Costantin);  en  supprimant  la  fonc- 
tion chlorophyllienne,  ou  tout  au  moins  en  empêchant  celle-ci  de  donner 
à  la  plante  plus  de  carbone  qu'elle  n'en  perd  par  la  respiration,  on  obtient 
donc  à  la  lumière  une  structure  analogue  à  celle  qui  s'observe  naturelle- 
ment dans  le  milieu  souterrain;  ajoutons  que  la  formation  d'une  grande 
quantité  d'amidon  dans  les  plantes  développées  en  atmosphère  confinée 
paraît  montrer  que,  dans  ces  conditions,  l'utilisation  des  substances  orga- 
niques est  plus  considérable  qu'à  l'air  libre,  ce  que  vérifie  la  comparaison 
des  poids  secs  qui  sont  toujours  plus  élevés  pour  les  individus  des  tubes 
fermés. 

Si  l'on  ferme  le  tube  après  avoir  pris  soin  de  provoquer  le  développe- 
ment d'une  moisissure  à  côté  du  Radis,  les  caractères  de  ce  dernier  restent 
ceux  qu'ils  sont  en  tube  ouvert;  c'est  donc  bien  à  l'absence  de  gaz  carbo- 
nique et  non  à  d'autres  conditions  telles  qu'un  degré  hygrométrique  plus 
élevé  que  sont  dues  les  modifications  que  nous  venons  de  signaler.  Tout  se 
passe  comme  s'il  se  produisait  dans  la  plante  un  changement  complet  dans 
la  circulation  des  matériaux  nutritifs,  cheminant  dans  les  conditions  nor- 
males des  parties  aériennes  vers  les  parties  souterraines,  et  allant,  dans  le 
cas  des  tubes  fermés,  de  la  racine  vers  les  organes  supérieurs. 

Le  second  exemple  se  rapporte  à  des  Radis  développés  dans  une  solu- 
tion minérale  à  laquelle  il  était  ajouté  5  pour  100  de  glucose  et  2  pour  100 
d'asparagine;  mais  ici  les  tubes  étaient  fermés  dès  le  début  du  développe- 
ment; nous  retrouvons  l'ensemble  des  caractères  différentiels  précédents. 


52  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

Mais  signalons,  en  outre,  un  fail  relatif  aux  cellules  de  Técorce  de  l'axe  hypocolylé; 
en  même  temps  que  celles-ci  augmentent  de  volume,  leur  noyau  se  divise  très  fré- 
quemment et  il  n'est  pas  i-are  d'observer  des  cellules  corticales  pourvues  de  2,  3  ou 
4  noyaux,  sans  qu'il  se  soit  constitué  de  membranes  cori  espondautes;  de  plus,  les 
noyaux  subissent  une  liyperlropliie  et  une  dégénérescence  en  tout  semblables  à  celles 
qui  ont  été  décrites  pour  les  cellules  soumise?,  soit  à  la  clialeui- (Prillieux  |,  soll  à 
une  action  parasitaire;  il  est  particulièrement  frappant  de  comparer  les  transformations 
cellulaires  auxquelles  je  fais  allusion  à  celles  que  préseiiient  les  cellules  des  sépales  du 
Rapltantis  Rapltanislium  L.  lorsqu'elles  ont  subi  l'action  Au  Dasyneura Raplianistri 
Kielier.  Chaleur  rt  parasites  paraissent  ainsi  n'intervenir  que  pour  amener  dans  la 
cellule  des  modilicalions  de  nutrition  analogues  à  celles  que  nous  avons  réalisées  di- 
rectement. 

En  somme,  structure  semblable  à  celle  des  organes  souterrains  et  parfois 
foriTiation  de  tissus  à  cellules  plurinucléées,  comme  dans  certaines  galles; 
tels  sont  les  caractères  essentiels  présentés  par  les  végétaux  cultivés  dans 
les  conditions  que  nous  avons  définies. 


BOTANIQUE.  —  Symbioses  d'Orchidées  et  de  divers  champignons  endophytes . 
Note  de  M.  ï\oki.  Bernard,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

Dans  une  Note  précédente  (^Comptes  rendus,  (S  mai  1903)  j'ai  désigné 
provisoirement  par  les  termes  d'endophvte  de  Callleya,  endophyte  de 
Phalœnopsis,  endophyte  iVOdontog/ossum,  trois  espèces  bien  distinctes  de 
champignons  endophytes  d'Orchidées.  11  existe  d'autres  espèces,  dont  j'ai 
dès  à  présent  isolé  quelques-unes,  mais  il  sera  surtout  question  ici  d'expé- 
riences faites  avec  les  trois  premières,  dont  mes  publications  antérieures 
ont  fait  connaître  en  partie  les  caractères  et  les  propriétés. 

J^orsqu'on  introduit  comparativement  ces  divers  endophytes  dans  des 
semis  aseptiques  de  graines  provenant  d'un  même  fruit  d'Orchidée,  on 
observe  des  phénomènes  assez  variés.  En  général,  dans  des  conditions  bien 
déterminées  de  culture,  un  champignon  convient  mieux  que  les  autres 
pour  la  germination  des  graines.  Certaines  symbioses  (comme  celles  des 
Phalœnopsis  ou  Vanda  avec  l'endophyte  de  Callleya)  m'ont  |)aru  impossibles 
à  réaliser.  Cependant,  au  cours  de  nombreux  essais,  j'' ai  réussi  parfois  à 
faire  développer  en  symbiose  des  embryons  d'une  même  espèce  de  graines  avec 
l'un  ou  l'autre  de  deux  champignons  différents. 

Des  graines  lij  brides  de  Lœlia  Mozart  ,<  Brassavola  Digbyana  ont  été  semées  asep- 
tiquemenl  soit  sur  du  coton  hydrophile  imbibé  d'une  décoction  de  salep,  soit  sur  la 


SÉANCE  DU  2  JANVIER  1906.  53 

surface  d'une  gelée  obtenue  en  ajoutant  i  pour  100  de  gélose  à  la  même  décoction. 
A  la  suite  de  rinli-oduntion  dans  ces  cultures  de  l'endophyle  de  CcUtlcva  (que  celte 
introduction  ait  lieu  tôt  ou  tai'd  pendant  les  premiers  mois  après  le  semis),  un  grand 
nombre  des  graines  semées  sur  gélose  germent  et  progressent  régulièrement,  mais 
les  graines  semées  sur  coton  ne  montrent  qu'un  progrès  pres(|ue  insensible.  J'ai 
signalé  déjà  ce  fait,  général  pour  toutes  les  graines  d'Orchidées  épiphyles  appartenant 
au  groupe  naturel  formé  par  les  genres  CciUlcya,  Lœlia  el  Brassacola.  h'inliodi^\clion 
de  l'endophyte  de  Phalœnopsis  peut,  au  contraire,  provoquer  la  germination  de  graines 
semées  sur  coton,  d'autant  plus  facilement  que  ce  champignon  est  introduit  dans  la 
culture  plus  tôt  après  le  semis  des  graines.  J'ai  obtenu  dans  ces  conditions  des  plantules 
qui  avaient  formé  quatre  ou  cinq  feuilles  et  deux  ou  trois  racines  après  7  mois 
de  culture.  Les  semis  sur  gélose,  avec  ce  même  endophyte,  piogressent  d'abord  très 
vite,  mais  les  plantules  meurent  inévitablement,  après  environ  3  mois  de  culture,  dès 
que  les  tubercules  embryonnaires  et  les  deux  premières  feuilles  sont  formés.  On 
trouve  alors  ces  planlules  complètement  envahies  par  le  champignon  à  l'invasion 
duquel  elles  n'oflfrenl,  dans  ces  conditions  do  culture,  qu'une  résistance  phagocytaire 
insuffisante. 

Des  essais  de  même  nature,  faits  d'une  part  a\ec  des  graines  à'' OdoiUoglossitrn  et 
les  endophytes  de  Phalœnopsis  ou  d''Oc/onlnglossiim,  d'autre  part  avec  des  graines  de 
Va/ida  et  les  deux  mêmes  endophytes,  m'ont  également  montré  que  la  possibilité 
d'une  symbiose  avec  chaque  champignon  dépend  surtout  ;  1°  du  choix  d'un  sub- 
stratum  convenable  pour  le  semis  (colon,  gélose,  moelle  de  sureau,  etc.)  sans  qu'il 
soit  d'ailleurs  nécessaire  de  changer  le  liquide  nutritif  employé  dans  les  divers  cas; 
1"  de  la  date  d'introduction  de  l'endophyte  après  une  période  d'attente  plus  ou  moins 
prolongée.  Aii  ])ri\  de  précautions  de  cette  nature,  j'ai  pu  élever  pendant  plusieurs 
mois  comparativement  des  plantules  de  chaque  espèce  avec  l'un  on  l'autre  de  deux 
champignons.  Il  est  prati(|uement  difficile  de  poursuivre  très  longtemps  ces  cultures 
dans  des  conditions  expérimentales  précises  el  l'on  sait  que  le  développement  complet 
d'une  Orchidée  demande  au  moins  quatre  ou  cinq  ans.  Mais  c'est  surtout  la  contami- 
nation accidentelle  des  cultures  par  des  moisissures  banales  qui  force  à  anéter  les 
expériences;  il  ne  paraît  pas  logiquement  impossible  qu'elles  puissent  être  poursuivies 
plus  longtemps. 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  rapidité  el  le  mode  même  du  développement  dépendent 
de  la  nature  de  l'endophyte  vivant  avec  les  plantules.  Pour  les  grtiines  de 
Lcdiax-lirassavola  citées  plus  haut,  l'infeslatioa  est  plus  étendue  et  le  déve- 
loppement plus  rapide  avec  l'endophyte  àe  Phalœnopsis  qu'avec  l'endophyte 
de  Cattleya;  les  tubercules  embryonnaires  sont  plus  volumineux;  les  poils 
absorbants  plus  nombreux  et  plus  serrés. 

Des  semis  de  Vanda  tricolor  m'ont  montré  des  différences  plus  considé- 
rables et  d'autant  plus  intéressantes  qu'il  s'agit  de  graines  d'espèce  pure  et 
non  de  graines  hybrides.  Les  plantules  cultivées  sur  moelle  de  sureau  avec 


54  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

l'enHophyte  de  Phalœnopsis  sont  d'un  type  normal.  L'embrvon  infesté  se 
développe  en  un  tubercule  embryonnaire  ayant  la  forme  d'une  corne  à 
pointe  recourbée,  amincie  dorsalement  en  crête;  dès  la  fin  du  troisième 
mois,  ce  tubercule  embryonnaire  peut  atteindre  son  complet  développe- 
ment (4"'"  de  longueur),  les  premières  feuilles  apparaissent  alors  à  son 
sommet  végétatif.  Une  plantule  élevée  pendant  j  mois  dans  ces  condi- 
tions a  déployé  trois  feuilles  et  produit  sa  première  racine.  J'ai  obtenu,  avec 
des  graines  du  même  fruit,  des  germinations  sur  coton  en  symbiose  avec 
l'endophyte  à' Odontoglossutn.  Le  développement  débute  de  la  même  ma- 
nière et  se  poursuit  normalement  pendant  les  premiers  mois;  mais  la 
période  de  tubérisation  se  prolonge  ensuite  d'une  manière  tout  à  fait  anor- 
male. Après  5  mois  de  culture  je  n'ai  obtenu  aucune  plante  feuillée;  sur 
une  douzaine  de  tubercules  embryonnaires  développés  à  ce  moment,  l'un 
était  trifurqué  et  avait  trois  sommets  végétatifs,  un  autre,  élevé  jusqu'à 
']  mois,  a  atteint  le  double  de  la  taille  normale,  sans  montrer  encore 
aucune  ébauche  foliaire. 


ZOOLOGIE.  —  Sur  Ips  Copépodes  recueillis  par  la  mission  Charcol  et  com- 
muniqués par  M.  E.-L.  Bouvier.  Note  de  M.  Quidok,  présentée  par 
M.  Yves  Delage. 

La  mission  Charcot,  dit  une  voix  autorisée  ('),  a  recueilli  des  richesses 
zoologiques  d'une  valeur  inestimable  destinées  à  combler  bieu  des  lacunes 
dans  les  collections  du  Muséum.  Cette  appréciation  générale  de  la  pénible 
et  fructueuse  campagne  du  Français  s'applique,  en  particulier,  au  groupe 
des  Copépodes  étudié  dans  cette  Note. 

Il  a  été  recueilli  dans  le  voisinage  de  l'île  Wandel  quelques-unes  des 
espèces  trouvées  précédemment  par  l'expédition  de  la  Belgica  :  Balanus 
propincpius  (Brady),  Euchœta  antarclica  (Giesbrecht),  Harpacticus  breçi- 
cornis(0.-V.  Millier). 

La  mission  rapporte,  en  outre,  quatre  espèces  nouvelles.  L'une  péla- 
gique capturée  par  le  filet  de  surface,  Phyllopus  Turqueti  (  n.  s.)  ;  deux  autres 
draguées  dans  la  baie  de  Carthage  par  une  profondeur  de  20"  ;  Porcellidium 
Charcoti  (n.  s.)  et  Porcellidium  affinis  (n.  s.);  enfin  une  espèce  parasite 

(')  M.  E.-lj.  BoLViEK,  Rullelin  du  A/uséitm  d' Ilisloirc  naturelle,  igoS,  n°  5,  p.  294. 


SÉANCE  DU  2  JANVIER  1906.  55 

Aiichorella  intermedia  (n.  s.)   Iroiivée  dans  la  cavité  buccale  d'un  Notho- 
stenia. 

Si  Balanus propinquus (Bradx)  el Euchœta  antarctica  (Gieshrechl)  ne  sont 
tous  lieux  représenlés  que  par  un  seul  exemplaire  femelle,  il  n'en  est  pas 
de  même  de  Hcwpacticus  brevicornis  (F.  Mùller)  qui  |)ullule  parmi  les  algues 
du  littoral.  Mâles,  femelles,  parfois  accouplés,  jeunes  à  différents  stades 
ont  fourni  d'abondantes  récoltes. 

On  ne  connaissait  jusqu'ici  qu'une  espèce  de  Phyllopns,  P.  bidentalus 
(Bradv)  recueilli  par  le  Challenger  au  sud-e;>t  de  Buéuos-Ayres  à  une 
profondeur  de  485o"  el  représenté  par  un  seul  exemplaire  femelle.  Un 
autre  spécimen,  également  femelle,  étudié  par  Giesbrecht,  fut  récolté  près 
de  l'équateur  au  sud-est  des  îles  Galapagos  à  une  profondeur  de  1800™. 
Or,  la  capture  de  Phyllopus  Turqiie/i  (n.  s.)  par  le  fdet  de  surface,  près  de 
l'île  Wandel,  montre  une  fois  de  plus  que  la  faune  abyssale  des  régions 
équatoriales  a  de  grandes  affinités  avec  la  faune  australe  de  surface. 

Il  était  d'ailleurs  intéressant  de  connaître  le  mâle  de  cette  espèce.  Le 
nom  de  genre  est  en  effet  tiré  de  la  structure  de  l'article  terminal  de  la 
cinquième  patte  de  la  femelle.  Or,  le  dimorphismc  porte  précisément  sur 
la  structure  de  ce  dernier  article  à  l'extrémité  duquel  s'insèrent,  chez  le 
mâle,  trois  épines  longues  et  fortes,  absentes  chez  la  femelle.  L'antenne 
gauche  du  mâle  est  d'ailleurs  géniculée  au  tiers  de  sa  longueur. 

Le  genre  PoirelUdium,  si  nettement  défini  ()ar  la  foi'me  générale  du  corps 
et  la  structure  de  ses  appendices,  est  représenté  par  deux  espèces  nouvelles 
fort  intéressantes.  L'une,  Porcellidium  affinis  (n.  s.),  dont  un  seul  exem- 
plaire femelle  a  été  recueilli,  se  distingue  de  tous  les  autres  Porcellidium 
par  ses  antennes  antérieures  à  7  articles  au  lieu  de  5  et  par  une  seconde 
maxille  rudimentaire.  L'autre,  Phyllopus  Charcoti  (n.  s.),  est  représenté  par 
deux  individus,  l'un  mâle,  l'autre  femelle,  dont  le  dimorphisme  sexuel 
porte  non  seulement  sur  le  rostre,  la  ligne  frontale  et  les  antennes  anté- 
rieures, mais  encore  sur  l'organe  visuel.  On  observe  en  effet,  chez  le  mâle, 
deux  yeux  lenticulaires  distincts  et  bien  développés,  tandis  que  la  femelle 
ne  présente  que  deux  petits  yeux  médians  accolés  par  leur  face  médiane. 

Le  matériel  d'Anchorella  intermedia  (n.  s.)  est  des  plus  précieux,  tant 
par  le  nombre  que  par  la  variété  des  individus  récoltés. 

La  femelle  adulte  mesure  iS""""  des  antennes  à  l'extrémité  des  ovisacs. 
C'est  une  forme  très  intéressante,  car  elle  est  interméiiiaire  entre  les  I3ra- 
chielles  et  les  Anchorelles.  Les  secondes  pattes-màcboires  ne  sont,  en  elFet, 


56  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

soudées  qu'à  leur  extrémité  distale  comuie  chez  les  Rrachielles;  mais  elles 
restent  courtes  et  trapues,  et  le  mâle  se  distingue  nettement  des  mâles  des 
Brachielles  par  l'absence  d'abdomen  segmenté. 

L'homologie  des  appendices  locomoteurs  du  mâle  et  des  pattes-mâchoires 
de  la  femelle  a  pu  être  établie  de  nouveau,  et  d'une  façon  certaine,  par 
l'examen  d'une  jeune  femelle  dont  la  taille  ne  dépassait  pas  4°""»  5.  Le  cou 
et  le  thorax  mesuraient  respectivement  3"""  et  i™™,5.  Les  pattes-mâchoires 
antérieures  et  postérieures  n'étaient  pas  encore  complètement  adaptées  à 
leurs  nouvelles  fonctions  :  elles  ne  laissaient  aucun  doute  sur  le  rôle  actif 
joué  par  elles  dans  le  déjilacement  de  l'animal  avant  sa  fixation. 

Il  est  d'ailleurs  intéressant  de  noter  la  présence  de  deux  diatomées  dans 
le  tube  digestif  de  ce  jeune  parasite. 


ZOOLOGIE.  —  Sur  une  Microsporidie  nouvelle,  Pleistophora  macrospora, 
parasite  des  Loches  franches  du  Daupliiné.  Note  de  M.  Casimir  Cépède, 
présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

]-.'espèce  qui  fait  Tobjel  de  la  présente  Coiiinuinicatlon  appartient  au  «groupe  des 
Microsporidies  de  Balbiaiii  ou  M)\osporidies  ci^yptocysles  de  Giiiley.  Le  parasite  est 
très  rare.  Je  ne  l'ai  l'enconlré  f[u'nne  seule  fois  bien  que  j'aie  examiné  pendant  ces  trois 
dernières  années  de  très  noinjjreux  Cobilis  harhalula  L.  provenant  de  stations  diverses 
de  la  région  du  Grési\'audan  à  des  époques  dilTèrcnles  de  Tannée. 

L'uni([ue  I^oclie  parasitée  provenait  de  l'étang  de  Jarrie,  près  de  Grenoble.  Elle  attei- 
gnait une  longueur  de  7""  environ  y  eom|)ris  la  nageoire  caudale.  Elle  m'a  montré  une 
tumeur  unique  intramusculaiie  de  la  paroi  latérale  de  l'abdomen  au  voisinage  de  l'anus. 
De  forme  ellip^oïde,  elle  apparaissait  en  blanc  jaunâtre  par  Iransjiarence  à  travers  les 
téguments  fortement  distendus  par  elle.  Son  diamètre  était  de  3"""  environ  et  son  boni 
supérieur  à  i""'',.o  au-dessous  de  la  ligne  latérale. 

Légèi'ement  fendue  jiour  favoriser  la  pénétration  des  réactifs  fixateurs,  la  tumeur 
laissa  sortir  un  peu  de  son  contenu  blanchâtre.  Cette  bouillie  était  presque  exclusi- 
vement constituée  par  d'innombraliles  sjiores,  relativement  grosses,  d'une  Microspo- 
i-idie.  Certaines  de  ces  spores  étaient  isolées;  les  autres,  beaucoup  plus  nombreuses,  à 
divers  états  de  maturation,  étaient  encore  renfermées  dans  l'enveloppe  très  nette  el 
assez  épaisse  du  pansporoblaste.  Çà  et  là,  on  pouvait  observer,  en  outre,  quelques  pan- 
sporoblastes,  très  rares,  à  des  stades  divers  de  la  sporogenèse. 

Cette  bouillie  servit  à  faire  les  oliserv.uions  in  vi\-o  et  l'étude  à  l'aide  de  frottis  dont 
les  uns  furent  fixés  au  sublinié-acétique-alcool,  les  autres  soit  à  lalcool-éllier,  soit  à 
l'alcool  absolu.  Ces  frottis  furent  colorés,  ceux-là  à  l'aide  de  l'iiématoxyline  ferrique, 
ceux-ci  au  bleu  de  méthylène-éosine,  d'après  les  méthodes  de  Roniano\sky  et  de 
Gi(>msa.  J'ai  en  outre  et   surtout  étudié  celte  Microsporidie  sur  des  coupes  sériées  de 


i 


SÉANCE  DU  2  JANVIER  1906.  57 

la  tumeur.  Je  me  bornerai  ici  à  une  description  très  sommaire  de  cette  espèce,  me 
proposant  d'en  faire  une  étude  détaillée  dans  un  Mémoire  ultérieur  accompagné  de 
figures. 

La  tumeur  contient  d'innombrables  pansporoblastes  qui  parfois  ont  transformé  les 
muscles  en  une  véritable  masse  microsporidienne.  Le  plus  souvent  toutefois  on  observe 
l'invasion  d'une  partie  seulement  du  faisceau  musculaire. 

In  vivo  les  pansporoblastes,  dont  la  lailie  moyenne  varie  peu  autour  de  251^3  Soi'-  de 
diamètre,  sont  sphériques  ou  subsphériques  et  montrent  une  paroi  très  nette,  à  double 
contour.  Leur  contenu  varie  selon  l'état  plus  ou  moins  avancé  de  la  sporogenèse.  Le 
plus  souvent,  ils  renferment  des  spores  nombreuses  dont  l'épaisseur  plus  ou  moins 
grande  de  la  paroi  indique  l'élat  de  maturation.  Parfois,  mais  rarement,  le  pansporo- 
blaste  renferme  un  contenu  cyloplasmique,  très  pâle,  finement  granuleux,  occupant 
toute  la  cavité  pansporoblaslique  ou  laissant  libre  une  partie  de  cette  cavité.  Au  sein 
de  ce  cytoplasme  se  voient,  diversement  disposées,  des  plages  plus  claires  :  ce  sont  les 
noyaux  du  sporoblaste. 

La  présence  d'une  membrane  pansporoblaslique  et  le  nombre  très  grand  et  variable 
des  spores  contenues  dans  un  même  pansporoblaste  dclinissenl  cette  microsporidie 
comme  appartenant  au  genre  Pleistophora  Gurley.  Je  la  nomme  Pleislopho/ a  macro- 
spora  n.  sp.,  en  raison  de  la  grande  taille  relative  de  ses  spores,  qui  mesurent  in  vivo 
81^,00  de  longueur  et  '^^,20  environ  dans  leur  plus  grande  largeur. 

Ces  spores,  étudiées  in  vivo,  ont  des  aspects  très  dillérents  peut-être  en  relation 
avec  le  degré  plus  ou  moins  avancé  de  leur  maturation.  Mes  recberclies  n'ont  pas  pu 
être  assez  poussées  dans  ce  sens  à  cause  de  l'insuffisance  du  matériel  pour  me  per- 
mettre une  interprétation  quelconque.  Certaines  spores,  nettement  ovoïdes,  montrent 
à  chacune  de  leurs  extrémités  deux  espaces  clairs  délimitant  une  masse  cytoplasmi(|ue 
intermédiaire,  granuleuse,  moins  réfiingente.  La  paroi  sporale  est,  dans  ces  cas,  à 
jieine  visible.  D'autres  spores  montrent  une  unique  cavité  claire  placée  à  l'un  des  pôles 
et  dans  laquelle  se  voit  nettement  le  filament  spiral.  Le  pôle  opposé  à  la  capsule  est 
occupé  par  un  cytoplasme  très  clair  et  finement  granuleux. 

J'ai  réussi  à  faire  dévaginer  le  filament  spiral  après  un  séjour  des  spores  pendant 
une  heure  environ  dans  le  liquide  physiologique.  Ce  filament  alteiol  la  taille  consi- 
dérable de  225!^.  Son  épaisseur  va  en  s'atténuant  insensiblement  au  fur  et  à  mesure 
qu'on  s'approche  de  son  extrémité  libre. 

Les  spores  à  filament  dévaginé  se  présentent  aussi  sous  des  aspects  très  divers. 
Tandis  que  les  unes  montrent  un  contenu  granuleux  clair  qui  occupe  toute  la  spore, 
laissant  voir  seulement  à  son  intérieur  un  arc  et  un  point  circulaiie  plus  réfringents, 
d'autres  montrent  un  grand  espace  réfringent  unique  qui  occupe  presque  tout  leur 
intérieur,  entouré  par  une  zone  périphérique  très  faiblement  colorée  en  jaune  pâle, 
transparente,  plus  épaisse  aux  deux  pôles  de  la  spore. 

Mes  colorations  des  spores  par  l'hématoxyline  ferrique  rappellent  le  plus  souvent 
d'une  façon  frappante  les  figures  données  par  Stempell  (1904)  pour  i\osema  ano- 
malum  Meniez. 

Par  les  méthodes  de  Romanovsky  et  de  Giemsa,  certaines  spores  montrent  leur 
capsule  polaire  occupant  la  partie  la  plus  étroite  de  la  spore.  Vers  le  sommet,  mais  un 
peu  déjeté  sur  le  côté,  j'ai  vu  l'orifice  capsulaire  parfois  occupé  par  une  masse  légère- 

G.  R.,  1906,  i"  Semestre.  (T.  CXLll,  N"  1.)  8 


58  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

inenl  colorée  en  bleu.  Autour  de  la  capsule  séparant  celte  dernière  de  l'enveloppe 
sporale  se  voit  un  contenu  faiblement  coloré  soit  en  bleu  ciel,  soit  en  bleu  ciel  et 
rose,  soit  enfin  en  rose  et  violet  pâle.  Au  sein  de  ce  contenu,  que  je  crois  être  le 
plasma  sporal,  on  distingue  assez  souvent  de  fins  grains  chron>atiques  rouge  vif.  Dans 
d'autres  spores,  on  aperçoit  quelques  taches  de  même  teinte,  mais  plus  '.'olumineuses. 
En  un  point  de  ce  contenu  sporal  on  met  nettement  en  évidence  un  espace  clair,  séparé 
du  contenu  environnant  plus  coloré  par  une  mince  membrane  chromatique  contre 
laquelle  viennent  s'appuyer  parfois  deux  grosses  masses  chromatiques  violettes  qui, 
parfois  aussi,  baignent  librement  dans  l'espace  clair.  Dans  certaines  spores,  je  n'ai  pas 
réussi  à  voir  de  paroi  autour  des  deux  masses  chromatiques  violettes  et  j'ai  observé 
en  outre  dans  le  contenu  sporal  une  area  plus  claire  séparée  du  plasma  par  une  mem- 
brane assez  nette  contre  laquelle  sont  appuyés  quelques  grains  chromatiques  inten- 
sément colorés. 


CYTOLOGIE.  —  Sur  la  Structure  intime  du  protoplasina  chez  les  Protozoaires. 
Note  de  M.  Emihanuei.  Fauké-Fremieï,  présentée  p;ir  M.  Alfred  Giard. 

J'ai  montré,  dans  quelques  Notes  publiées  en  1904  à  la  Société  de  Bio- 
logie, que  chez  les  Protozoaires,  les  structures  réticulées  de  Fabre- 
Domergiie  et  les  structures  sphérulaires  de  Runstler  n'étaient  nullement 
exclusives  Tune  pour  l'autre  et  coexistaient  le  plus  souvent  (Infusoires 
ciliés).  Je  résumerai  ici  le  résultat  d'observations  nouvelles  et  les  conclu- 
sions qui  en  découlent. 

Sphéroplastes.  —  Je  nommerai  sphéroplastes  les  éléments  sphérulaires, 
sphérules  plasmatiquesou  encore  sphérules  trophoplasmiques  de  Ktinstler. 
Il  existe  des  sphéroplastes  à  sécrétion  interne  et  des  sphéroplastes  à  sécré- 
tion externe. 

Sphéroplastes  à  sccrélion  interne.  —  Ces  éléments  se  présentent  chez  Paraniœciuni 
sous  forme  de  sphérules  très  petites  (cl'-,  3-4),  peu  colorables,  à  paroi  très  mince,  sans 
aucune  inclusion.  Si  l'on  en  juge  d'après  la  série  de  formes  que  l'on  peut  observer, 
ces  petites  sphérules  peuvent  s'accroître  jusqu'à  atteindre  aH-  et  3l^  en  même  temps 
que  des  granulations  nombreuses  et  fortement  fuchsinophiles  se  forment  dans  le  suc 
sphérulaire;  parvenues  à  cet  état,  elles  ne  peuvent  plus  se  diviser  et  sont  destinées  à 
se  désagréger.  Chez  Nassula  aurea  et  chez  Canipanella  unibetlaria  ces  sphéroplastes 
sont  nombreux,  volumineux  et  produisent  diverses  granulations  fuchsinophiles,  des 
cristalloïdes,  des  globules  graisseux  et  une  substance  colorante. 

Spliàroptastes  à  sécrétion  externe.  —  Ces  sphéroplastes  peuvent  former  de  véri- 
tables tissus,  tels  que  la  couche  alvéolaire  de  Butschli  chez  les  Infusoires,  la  paroi  du 
réservoir  de  la  vésicule  et  le  cordon  plasmatique  du  pédoncule  chez  les  Vorticelles,  la 
couche  granuleuse  du  tentacule  des  Nocliluques.  La  structure  de  ces  sphérules  est 


SÉANCE  DU  2  JANVIER  igo6.  5g 

coni|iIe\e  comme  Fa  montré  Kiinstler.  Cliez  Paramcrciiim  les  sphéroplastes  à  sécré- 
tion externe  sont  constitués  par  une  fine  membrane  présentant  quelques  épaississe- 
ments  internes  auxquels  viennent  s'aboucher  les  trabécules  d'un  réseau  très  délicat 
baigné  par  le  suc  sphérulaire;  ce  réseau  présente  des  nodosités  et  des  épaississements 
et  supporte  souvent  une  on  plusieurs  granulations  centrales  dont  le  nombre  et  l'exis- 
tence même  n'ont  rien  de  constant.  La  colorabilité  de  ces  éléments  est  très  faible. 

Suivant  Kuiisller,  les  sphéroplaslcs  joueraient  un  rôle  important  dans 
les  phénomènes  d'hylogenèse  et,  chez  Opalina,  le  réseau  intérieur  des  sphé- 
rules  trophop!asmiques  ■Aiira.\\,  un  véritable  appareil  sécréteur.  Je  suis  arrivé 
à  la  même  conclusion,  tout  en  admettant,  au  moins  |)our  les  sphéroplastes 
à  sécrétion  externe,  un  schéma  diHerent.  Il  faut,  je  crois,  distinguer  dans 
l'évolution  d'un  S|>héioplasle  l'clat  d'activité  élaboratrice  et  l'état  d'activité 
cinétique. 

Pendant  l'état  cinétique,  c'est-à-dire  au  moment  de  la  division  du  sphé- 
ro|)laste,  la  colorabilité  de  celui-ci  est  très  fiiible;  mais  j'ai  constaté  l'exis- 
tence d'un  corpuscule  pariétal  extrêmement  petit,  fortement  sidérophile, 
qui  semble  jouer  un  rôle  dans  la  division  sphéruhiire,  car  je  l'ai  vu  simple 
ou  double  et,  dans  ce  dernier  cas,  les  tieux  corpuscules  étaient  aux  deux 
pôles  du  sphéroplaste  qui,  le  plus  souvent,  était  allongé.  L'existence  de  ce 
kinosome  demande  encore  une  sérieuse  confirmation. 

Pendant  l'activité  élaboratrice,  il  se  forme  à  la  surface  externe  du  sphé- 
roplaste une  substance  homogène,  fixant  énergiquement  la  fuchsine  et 
l'hématoxyline  ferrique;  disposée  tout  d'abord  en  une  petite  calotte  assez 
épaisse,  cette  substance  envahit  bientôt  toute  la  surface  du  sphéroplaste  qui 
apparaît  alors  comme  une  sphérule  homogène  colorée  avec  intensité;  je  ne 
sais  ce  que  devient  ce  produit  d'élaboration. 

Chez  les  Vorticellidœ,  les  sphéroplastes  à  sécrétion  externe  possèdent  quelquefois 
une  ou  plusieurs  granulations  centrales  qui  peuvent  manquer  entièrement,  et  ne  jouent 
aucun  rôle  dans  la  division  sphérulaire. 

Chez  Arcella.  il  existe  dans  le  cvtosome  uu  grand  nombre  de  sphéroplastes  mesu- 
rant il'-, 5  de  diamètre;  ils  sont  constitués  par  une  tine  paroi  qui  porte  en  un  point  une 
sorte  de  petite  calotte  plus  épaisse.  Celle-ci  correspond  à  la  coque  fuchsino))hile  et 
sidérophile  de  la  Paramœcie;  elle  fixe  les  colorants  avec  énergie.  Je  n'ai  jamais  observé 
la  bipartition  des  sphéroplastes  de  l'Arcelle,  mais  j'ai  trouvé  toutes  les  transitions 
entre  les  sphérules  ordinaires  et  d'autres  plus  volumineuses,  qui  semblent  subir  une 
segmentation  d'abord  partielle,  mais  dont  le  résultat  serait  la  formation  d'une  petite 
blastula  de  sphéroplastes;  ces  blastnla  semblent  ensuite  se  désagréger,  ce  qui  donne 
naissance  à  des  amas  sphérulaires  irréguliers  ('). 

(')  Kunstler  a  déjà  décrit  des  blastula  de  sphérules. 


6o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Cytoplasma.  —  Lecvtoplasma  proprement  dit  des  Protozoaires  comprend 
deux  substances  principales  :  le  hyaloplasma  et  le  paraplasma;  suivant  le 
ty|)e  organique  auquel  on  s'adresse,  ces  deux  substances  peuvent  revêtir 
des  dispositions  varinbles  :  structures  vacuolaires,  réticulées,  filaires. 

J'fii  observé  in  vivo,  chez  quelques  Infiisoires  tels  que  Stentor  et  Nassula  légèrement 
comprimés  enire  lame  et  lamelle,  une  structure  filaireou  réliculu-filaire  loul  à  fait  sem- 
blable au\  structures  bien  connues  décrites  par  Flemming.  On  voit  des  courants  pro- 
toplasmiques  constitués  par  des  fibrilles  hyaloplasmiques  plus  ou  moins  fusiformes  qui 
semblent  couler  dans  une  même  direction  à  la  manière  des  ondes  qui  parcourent  un 
jet  liquide;  dans  la  région  eetoplasmique  ces  fibrilles  sont  moins  mobiles  et  s'anasto- 
mosant  entre  elles  forment  un  véritable  réseau. 

Je  n'ai  jamais  pu  fixer  ces  structures,  qui  sont  sans  doute  lemporaiies,  et  que  je 
comparerai  à  un  état  physique  particulier  d'agrégation  du  protoplasma,  plutôt  qu'à 
une  organisation  réelle  de  la  matière  vivante. 

Structure  du  protoplasma.  —  Le  cylosome  d'un  Protozoaire  comprend, 
d'après  ce  qui  précède,  deux  sortes  d'éléments  :  le  cytoplasma  proprement 
dit  et  les  sphéroplastes.  Les  sphéroplastes  sont-ils  des  unités  primitives 
plus  sim|)les  que  la  cellule,  ou  le  résultat  d'une  longue  différenciation? 
cetle  question  est  encore  insoluble.  Représentent-ils,  comme  le  veut 
Kunstler,  la  structure  même  du  protoplasma?  Je  ne  puis  admettre  cette 
conception.  Les  sphéroplastes  sont  des  organites  complexes  que  l'on  peut 
mettre  en  |)arallèle  avec  les  leucites  des  végétaux  et  le  noyau  cellulaire, 
toute  réserve  étant  faile  quant  à  la  valeur  phvsiologique  et  fonctionnelle  de 
ces  éléments.  Au  point  de  vue  morphologique,  ces  organites  ont  les  mêmes 
attributs;  tous  ont  une  certaine  individualité,  tous  se  multiplient  par  divi- 
sion, tous  élaborent  des  prodinls  nécessaires  ou  indispensables  à  la  vie 
cellidaire;  leur  structure  peut  souvent  être  comparée.  Or,  personne  n'ose- 
rait dire  que  les  chloroleucites  d'un  végétal  ou  le  noyau  cellulaire  repré- 
sentent la  structure  du  protoplasma. 


PHYSIQUE  APPLIQUÉE.  —  Appareil  respiratoire  pour  l'exploration  des  milieux 
remplis  de  gaz  irrespirables.  Note  de  M.  Guglielmixetti,  présentée  par 
M.  d'Ârsonval. 

C'est  un  appareil  respiratoire  autonome,  c'est-à-dire  qui  rend  l'homme 
indépendant  de  l'air  extérieur,  en  mettant  à  sa  disposition  une  quantité  d'air 
largement  suffisante,  non  seulement  pour  séjourner,  mais  pour  travaille 


SÉANCE  DU  2  JANVIER  I906.  61 

pendant  2  heures  dans  un  milieu  irrespirable,  sans  le  moindre  inconvé- 
nient. Il  est  basé,  à  cet  effet,  sur  la  régénération  d'air  par  absorption  de 
l'acide  carbonique  éliminé  par  les  i)oumons  et  remplacement  de  l'oxygène 
consommé  par  le  sang  d'après  les  expériences  classiques  de  Regnault  et 
Reiset.  En  même  temps  que  l'acide  carbonique,  les  ptomaïnes  sont  absor- 
bées par  la  potasse.  Cet  appareil  vient  d'être  approuvé  par  la  Commission 
du  Grisou  ii  la  suite  d'un  rapport  présenté  par  M.  Lebreton,  Ingénieur  en 
chef  des  Mines  ('  ). 

Fis;.   I. 


Oxhydrique  Trançaise  Constr'- 
■   PABiS 


Comme  l'indique  le  schéma  (fig-  1),  le  masque  emboîtant  le  visage  est 
absolument  étanche  grâce  à  une  garniture  pneumatique,  dont  le  gonfle- 
ment se  fait  par  un  petit  ballonnet  en  caoutchouc  et  forme  ainsi,  devant  la 
figure  de  l'homme,  une  sorte  de  petite  chambre  hermétiquement  close, 
qui  communique  avec  les  organes  respiratoires. 

L'air  expiré  dans  cette  chambre  passe  à  travers  un  régénérateur  qui  en 


(')   Voir  Annales  des  Mines,  livraison  de  juin  igoS. 


62 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


absorbe  l'acitle  carbonique  et  les  ploinaïnes  el  retourne  ainsi  purifié,  en 
passant  par  un  réfrigérateur,  de  nouveau  dans  le  masque.  Mais  en  route  il 
est  additionné  par  minute  de  2'  d'oxvgène  sortant  sous  pression. 


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Fig.  3. 


Fig.  4. 


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L'appareil  comprend  trois  parties  : 
1°  La  bouteille  d'oxygène  comprimé; 
2"  Le  régénéraleur  et  le  réfrigérateur; 
3°  Le  masque  ou  casque  respiratoire. 

La  bouteille  d'oxygène  est  munie  d'un  petit  manomètre  indiquant  à  chaque  instant 
la  quantité  de  gaz  restant  dans  la  bouteille  et  d'un  détendeiir-régiilaleur ,  déjà 
présenté  à  l'Académie  par  M.  dWrsonval  (Sur  l'appareil  à  inhalation  d'oxygène  Gugliel- 
niinetti-Dra^ger),  le  même  détendeur  que  M.  Rolh  utilise  sur  son  appareil  à  cliloroformi- 
salion.  La  bouteille  contient,  sous  une  pression  de  120"'"%  120'  d'oxygène  qui,  à  raison 
de  3'  à  la  minute  (débit  pour  lequel  est  réglé  le  détendeur),  s'écoule  automatiquement 
dans  le  mascjue,  ce  qui  correspond  à  une  durée  de  fonctionnement  de  i  heure  par 
bouteille  el  2  heures  si  l'on  emploie  deux  bouteilles. 

Le  rcgènévaleur  est  formé  par  deux  cylindres  en  tôle  {fig-  3),  nommés  cartouches, 
contenant  chacun  20os  de  potasse  caustique  en  petits  morceaux  sur  une  série  de 
24  corbeilles  disposées  de  telle  sorte  que  l'air  est  obligé  de  suivre  un  chemin  en  ser- 
pentant entre  ces  plateaux  et  de  lécher  successivement  toutes  les  surfaces  absorJjantes 
(environ  23oo'''"' )  et  de  se  débarrasser  complètement  de  son  acide  caibonique.  Une 
feuille  de  papier  l)u\ard  placée  au  fond  de  chaque  corbeille  sur  le  treillis  métallique 
aiisorbe  l'humidité  en  excès. 


SÉANCE  DU  2  JANVIER  igo6.  63 

L'air  s'échaulle  par  cette  régénération;  pour  le  refroidir,  on  le  fait  passer  dans  un 
cylindre  en  tôle  à  double  paroi. 

Le  tuyau  de  sortie  de  l'air  (purifié  et  rafraîchi ),  qui  est  en  métal  flexible,  vient 
s'embrancher  sur  le  tuyau  d'amenée  d'oxygène  pur,  s'échappant  sous  pression  par  un 
orifice  de  très  petit  diamètre,  qui  fait  office  d'injecteur  et  détermine  comme  un  Gif- 
fard  un  appel  d'air  à  travers  l'appareil,  de  sorte  que  l'iiomme  n'a  aucun  eflorl  respira- 
toire à  faire  et  respire  librement. 

Un  masque  ou  casque  protège  le  visage  et  s'adapte  {fig-  4)i  gi'âce  à  une  garniture 
pneurnati(]ue,  liermétiquement  sur  toute  la  partie  antérieure  de  la  face.  Une  fenêtre 
en  mica  permet  de  voir. 

A  sa  partie  inférieure  le  casque  porte  deux  sacs  plats  et  imperméables,  l'un  formant 
trop-plein  pour  l'air  expiré,  qui  se  dirige  vers  le  régénérateur,  l'autre  sac  commu- 
nique avec  le  tuyau  d'amenée  d'air  et  d'oxygène,  formant  ainsi  réservoir  d'air  à  inspirer-; 
deux  soupapes  1res  légères  en  mica,  placées  entre  les  sacs  et  le  masque  et  s'ouvrant  en 
sens  inverse,  isolent  l'un  et  l'autre  des  deux  courants. 

Le  fonctionnement  de  l'appareil  est  excessivement  simple,  on  n'a  qu'à 
ouvrir  la  bouteille  d'oxygène  par  sa  soupa|)e  de  fermeture  et  tout  le  reste 
se  fait  automatiquement. 

Quant  à  la  quantité  d'air  qu'il  faut  à  un  homme  qui  fait  de  grands  efforts 
muscidaires,  MM.  Guglielminelti  et  Draeger  ont  trouvé  qu'il  faut  au  même 
homme,  qui  au  repos  ne  respire  que  8' d'air  par  minute,  plus  de  i5'  dès 
qu'il  fait  une  marche  de  5oo"'  et  3o'  lorsqu'il  fait  un  pas  de  course  de  25o™, 
3o'  aussi  à  chacun  de  deux  hommes  qui  portent  un  troisième,  et  5o'  d'air 
par  minute  à  un  homme  après  une  course  de  aSo"  en  [\o  secondes. 

L'appareil  donne  cette  quantité  d'air  considérable  pendant  toute  la  durée 
de  2  heures  de  la  façon  suivante  :  au  moment  où  l'homme  en  fermant  son 
casque  coupe  toute  communication  avec  l'air  extérieur,  il  possède  environ 
6'  d'air  dans  ses  poumons  et  dans  le  tuvautage  de  l'appareil.  La  largeur  des 
tuyaux  et  la  force  vive  de  l'oxygène  comprimé  sont  calculés  de  telle  façon 
que  ces  6'  d'air  peuvent  facilement  faire  huit  à  dix  fois  par  minute  tout  le 
tour  de  l'appareil  (des  poumons  à  travers  le  régénérateur  et  retour  aux 
poumons)  et  à  chaque  tour  tout  l'acide  carbonique  éliminé  ainsi  que  les 
ptoniaïnes  sont  absorbés  par  la  potasse.  Le  poids  de  l'appareil  total  est 
de  iS^^e. 


64  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PHYSIOLOGIE.  —  Observations  faites  au  mont  Blanc  sur  V hyper glohulie 
des  altitudes.  Note  de  MM.  H.  Goiillemard  et  R.  Moog,  [jrésenlée  par 
M.  J.  Janssen. 

Les  recherches  dont  nous  nous  proposons  d'exposer  les  résultats  dans 
cette  Note  ont  été  effectuées  au  cours  de  notre  expédition  de  juillet  der- 
nier au  mont  Blanc  ('  ). 

Étant  donné  ce  fait  que  la  répartition  des  hématies  n'est  pas  uniforme 
dans  les  différents  territoires  vasculaires,  la  seule  numération  des  globules 
dans  le  sang  prélevé  par  piqûre  de  la  peau  ne  permet  pas  de  conclure  à  une 
hypergiobulie  véritable  et  ne  présente  que  peu  d'intérêt;  aussi  nous 
sommes-nous  adressés  à  des  animaux,  cobayes  et  rats  blancs,  sur  lesquels 
il  est  aisé  de  prélever  soit  du  sang  périphérique  par  piqûre  de  l'oreille, 
soit  du  sang  central  par  ponction  du  cœur  à  l'aide  d'une  seringue  à  aiguille 
très  fine.  Nos  expériences  ont  porté  sur  quatre  cobayes  et  six  rats  blancs, 
dont  quatre  étaient  splénectomisés;  elles  ont  été  effectuées  à  Paris,  à  Cha- 
monix,  au  mont  Blanc  (observatoire  de  M.  Janssen)  et,  au  retour,  à  l'Ob- 
servatoire des  r.rands-Mulets.  Les  numérations  de  globules  ont  été  faites  à 
l'aide  de  l'hématimètre  de  Hayem  et  les  dosages  d'hémoglobine  par  la  mé- 
thode de  M.  Lapicque  à  l'aide  d'un  colorimétre  de  Dubosq.  Les  résultats 
sont  résumés  dans  le  Tableau  suivant  : 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXLI,  20  novembre  igoo,  p.  843. 


SÉANCE  DU  2  JANVIER  1906. 


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C.  K.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  1.) 


66  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Nous  désignons  dans  ce  Tableau,  sous  le  nom  de  valeur  globulaire,  le 
rapport  du  poids  d'hémoglobine  par  litre  au  nombre  de  globules  contenus 
dans  1°"°'  de  sang,  le  million  étant  pris  pour  imité;  les  chiffres  obtenus 
sont  évidemment  proportionnels  à  la  teneur  moyenne  de  chaque  globule 
en  hémoglobine. 

Les  conclusions  suivantes  se  dégagent  de  l'examen  des  chiffres  contenus 
dans  ce  Tableau. 

1.  L'hyperglobulie  périphérique  est  constante  et  se  manifeste  dès  le  second  jour  de 
l'arrivée  au  sonnmet. 

2.  L'Iiypoglobulie  centrale  a  été  observée  dans  tous  les  cas,  sauf  un  (Rat  2)  où  l'on 
a  observé  une  hyperglobulie  à  la  fois  centrale  et  périphérique  ;  dans  ce  cas,  on  peut 
donc  conclure  qu'il  y  a  eu  hyperglobulie  totale  au  bout  de  4  jours  d'altitude.  Dans 
tous  les  autres  cas,  il  est  impossible  de  conclure  par  la  simple  numération  des  glo- 
bules soit  à  l'hyperglobulie,  soit  à  l'hypoglobulie  totales,  puisque  nous  n'avons  aucun 
moyen  de  savoir  dans  quelle  mesure  l'hyperglobulie  périphérique  peut  compenser  l'hy- 
poglobulie centrale. 

3.  Dans  tous  les  cas,  sauf  un  (Rat  2),  il  y  a  diminution  de  l'hémoglobine  dans  le 
sang  central  conco'rdanl  avec  l'hypoglobulie  constatée. 

4.  Dans  tous  les  cas,  la  valeur  globulaire,  c'est-à-dire  la  quantité  moyenne  d'hé- 
moglobine fixée  sur  chaque  globule,  a  diminué  sous  l'intluence  de  l'altitude.  Ce  fait, 
qui  peut  surprendre  au  premier  abord,  nous  paraît  digne  de  fixer  l'attention.  On  ne 
peut  en  effet  expliquer  cet  appauvrissement  apparent  des  globules  en  hémoglobine 
qu'en  admettant  une  active  néoformation  d'hématies  ;  on  sait  que  les  microcyles  de 
nouvelle  forjnation  ne  fixent  que  peu  à  peu  l'hémoglobine,  il  doit  nécessairement  ré- 
sulter de  leur  mélange  avec  les  hématies  normales  un  abaissement  de  la  valeur  globu- 
laire moyenne.  Il  serait  en  effet  bien  difficile  d'admettre,  pour  expliquer  cette  dimi- 
nution de  la  valeur  globulaire,  que  l'altitude  provoque  un  appauvrissement  des 
hématies  en  hémoglobine.  Remarquons  d'ailleurs  que  le  Rat  2  a  présenté  uneaugmen  - 
talion  très  notable  des  globules  centraux,  tandis  que  la  teneur  du  sang  en  hémoglobine 
restait  fixe;  ce  fait  indique  bien  que  les  hématies  de  nouvelle  formation  présentent 
une  moindre  teneur  en  matière  colorante.  On  sait  enfin  que,  chez  un  sujet  qui  a  subi 
une  forte  saignée,  on  constate  une  régénération  bien  plus  active  des  corpuscules  san- 
guins que  de  l'hémoglobine.  Nous  voyons  là  un  argument  très  probant  en  faveur  d'une 
hyperglobulie  totale,  argument  d'autant  plus  précieux  que  les  seules  numérations  de 
globules  ne  permettent  presque  jamais  de  conclure. 

5.  Au  point  de  vue  du  rôle  de  la  rate  dans  l'hématopoièse  nous  ferons  remarquer 
que  le  seul  des  animaux  examinés  qui  ail  présenté  une  hyperglobulie  à  la  fois  péri- 
phérique et  centrale  dans  un  temps  relativemenl  court  était  précisément  un  rat  splénec  — 
tomisé  (Rat  2),  tandis  qu'un  des  témoins  (Rat  3)  a  présenté  de  l'hypoglobulie  centrale. 
Ce  fait  semblerait  indiquer  que  la  rate  ne  joue  pas  un  rôle  prépondérant  dans  l'héma- 
topoièse. Notons  aussi  que  les  rats  splénectomisés,  quoiqu'en  parfait  état  au  départ,  se 
sont  montrés  moins  résistants  que  les  deux  témoins  et  sont  tous  morts  au  cours  du 
voyage. 


SÉANCE  DU  -2   JANVIER  1906.  67 

6.  Il  faut  noter  encore,  au  point  de  vue  de  la  répartition  des  hématies  dans  le  sang, 
que,  même  en  plaine,  le  nombre  des  globules  centraux  est  presque  toujours  inférieur  à 
celui  des  globules  périphériques. 

En  résumé,  l'action  des  hautes  altitudes  sur  le  sang  se  traduit  toujours 
et  dès  le  second  jour  au  moins  par  une  hyperglobulie  totale  attestée  par 
une  diminution  delà  valeur  globulaire  et  coïncidant  avec  un  déplacement 
considérable  des  hématies  vers  la  périphérie. 

,    La  séance  est  levée  à  3  heures  et  demie. 

G.   D. 


BULLETIN    BIBI.IOGKAPHIQUE. 


Outrages  reçus  dans  la  séance  du  ii  décembre  igoS. 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  Séances  de  l'Académie  des  Sciences,  publiés 
par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels;  Tome  CXL,  janvier-juin  igoS.  Paris,  Gaulhier- 
Villars,  1905  ;  i  vol.  in-4°. 

Institut  de  France.  Académie  des  Sciences.  Bulletin  du  Comité  international  per- 
manent pour  l'exécution  photographique  de  la  Carte  du  Ciel  ;Tom&lV ,  fascicule  2. 
Paris,  Gauthier-Villars,  igoS;  i  vol.  in-4''. 

Documents  scientifiques  de  la  Mission  saharienne,  Mission  Foureau-Lamt,  d'Alger  au 
Congo  par  le  Tchad,  par  F.  Foureau,  Chef  de  la  Mission,  Lauréat  de  l'Institut;  2^  fas- 
cicule :  Orographie,  dunes  et  phénomènes  éoliens;  hydrographie;  Topographie; 
Botanique  (avec  une  Note  de  M.  le  D"'  Bonnet).  3=  fascicule  :  Géologie;  Pétrogra- 
phie, par  M.  L.  Gentil;  Paléontologie,  par  M.  E.  Haug  ;  Esquisse  ethnographique  ; 
Note  sur  la  Faune;  Préhistorique  (avec  une  Noie  de  M.  le  D'"  Hamy  et  une  Note  de 
M.  le  D'  Verneau);  Aperçu  commercial;  Conclusions  économiques  ;  Glossaire;  Index. 
—  Cartes.  Paris,  Masson  et  C'=,  igo5;  2  vol.  et  1  atlas  in-4°.  (Présenté  par 
M.  Berthelol.) 

Détermination  de  la  hauteur  d'un  astre  quand  l'horizon  n'est  pas  visible,  par 
E.  Décante.  Paris,  R.  Chapelot  et  G'",  igo5;  i  fasc.  in-S". 

La  Carte  bathymélrique  des  Océans  et  l'œuvre  de  la  Commission  internationale 
de  Wiesbaden,  parEaM.  de  Margerie.  Paris,  Armand  Colin,  igoS;  i  fasc.  in-8°. 

La  théorie  moderne  des  phénomènes  physiques,  radioactivité,  ions,  électrons,  par 
Auguste  Righi;  traduction  libre  sur  la  1"  édition  italienne  et  Notes  additionnelles,  par 
Eugène  Néculcéa;  Préface  de  G.  Lippmann,  Membre  de  l'Institut.  Paris,  édité  par 
L'Eclairage  électrique,  1906;  i  fasc.  in-S". 


68  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Le  nouveau  'bassin  houiller  de  la  Lorraine  française,  par  Francis  Laur.  Liège, 
H.  Vaillant-Carmanne,  igoS;  i  fasc.  in-8°. 

La  Géologie  économique  de  l' Indo-Chine,  par  J.-M.  Bel.  Paris,  Alcan-Lévy,  igoS; 
I  fasc.  in-S». 

Anatomie  de  la  tête  du  «  Lasius  niger  »,  par  Charles  Janet.  Limoges,  Ducourtieux 
et  Goût,  igo5;  i  fasc.  in-S". 

Les  erreurs  de  la  Science,  par  Louis-Charles- Emile  Vial.  Paris,  chez  l'Auteur,  igo5; 
I  voL  in-8°. 

Le  triomphe  de  la  Science  :  loi  mécanique  qui  régule  (sic)  l'Univers  dans  toutes 
ses  manifestations,  par  Ricahdo  Lucio  Arnaiz.  Madrid,  igo5;  i  fasc.  in-8°. 


ERRATA. 


(Tome  CXLI,  séance  du   26  décembre   iQoS.) 

Note  de  M.  A.  Lacroix,  Sur  un  nouveau  type  [élrographique  représen- 
tant la  forme  de  profondeur  de  certaines  leucotéphrites  de  la  Somma  : 

Page  1191,  ligne  i3,  au  lieu  de  Fe'SiO",  lisez  FeSiO'. 


Noie   de  M.   Gabriel  Bertrand,    Sur   rem|)loi   favorable  du   manganèse 
comme  engrais  : 

Page  1255,  ligne  3,  au  lieu  de  oxydants,  lisez  oxydases. 
Page  1256,  ligne  4i  ou  lieu  de  Hill,  lisez  Hills. 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

SÉANCE   DU   LUNDI  8   JANVIER    1906, 
PRÉSIDENCE  DE  M.  H.  POINCARÉ. 


MEMOIRES  ET  COMMUI\ICATIO.\M 

DES    MEMBRES    ET     DES    CORRESPONDANTS     DE    L'ACADÉMIE. 

ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  une  méthode  permettant  de  déterminer  la  constante  d'un 
électrodynamomètre  absolu  à  l'aide  d'un  phénomène  d'induction.  Noie  de 

M.   G.  LiPPMAXN. 

On  a  toujours  déterminé  la  constante  d'un  éleclrodynamomètre  absolu 
par  le  calcul.  Ce  calcul  est  très  long.  En  outre,  la  précision  du  calcul  im- 
plique l'emploi  de  bobines  solides,  de  grandes  dimensions,  et  à  une  seule 
couche  de  fil;  la  sensibilité  de  l'appareil  exige  l'emploi  de  bobines  mobiles 
légères,  et  à  plusieurs  couches  de  fil;  il  y  a  donc  incompatibilité  entre  ces 
conditions  diverses,  et  c'est  là  ce  qui  rend  difficile  la  construction  d'un 
bon  éleclrodynamomètre  absolu. 

Méthode.  —  Supposons  qu'il  s'agisse  d'un  électrodynamomèlre-balance, 
composé  d'un  système  de  bobines  mobiles  en  présence  de  bobines  fixes.  On 
veut  connaître  la  constante  de  l'appareil,  c'est-à-dire  la  force  due  au  passnge 

dP 
d'un  courant  égal  à  l'unité.  On  sait  que  cette  constante  est  égale  à  -j—y 

P  étant  le  potentiel  du  système  fixe  sur  le  système  mobile,  et  ,r  étant  le 
déplacement  de  ce  dernier. 

Pour  déterminer  la  constante,  il  suffit  de  connaître  la  valeur  de  P 
pour  une  valeur  quelconque  de  x.  A  cet  effet,  supposons  que  l'on  ait 
construit  un  appareil  à  induction  voltaïque  dont  la  constante  L  soit  bien 
connue  :  L  est  le  potentiel  réciproque  des  deux  bobines  de  l'appareil  à  in- 

0.  R.,  igofi,  i"  Semestre.  (T.  G\LII,  N°  2.)  'O 


yo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

duction.  On   mesure  exactement  le  rapport  de  P  à  L,  et  par  conséquent 

l'on  connaît  P.  On  détermine  ainsi  la  valeur  P„  que  prend  P  quand  l'élec- 

trodynamomètre  est  au  zéro;  puis  la  valeur  P^  correspondante  qui  a  lieu 

quand  le  système  mobile  a  été  déplacé  de  â*=". 

p p  jp 

Le  quotient  -^ — -  est  égal  à  -r-  >  c'est-à-dire  à  la  constante  de  i'électro- 

dynamomètre-balance. 

Au  lieu  d'un  électrodynamomètre  balance  où  l'équilibre  est  établi  par 
une  force,  on  peut  vouloir  graduer  un  électrodynamomètre  à  bobine  incli- 
nante, où  l'équilibre  est  établi  par  le  moment  d'une  force  (').  Il  faut  alors 
mesurer  la  valeur  P^  que  prend  P  quand  l'appareil  est  au  zéro,  puis  la 
valeur  P^  qui  a  lieu  quand    la   bobine  mobile  est  maintenue  déviée  d'un 

, est  eç^al  a  -p- 

l'électrodynamomètre,  ou  au  moment  développé  par  l'unité  de  courant 

P 
L 


angle  oo.  Le  quotient—^ ^  est  éçal  à  -t->  c'est-à-dire  à  la  constante  de 

loppé  par  l'unité  d 

P 
Il  reste  à  indiquer  comment  on  peut  mesurer  le  rapport  j  et,  d'autre 


part,  comment  on  peut  connaître  exactement  la  valeur  de  L. 

p 
Mesure  du  rapport  y  •  La  mesure  de  ce  rapport  peut  se  faire  avec  une  très  grande 

précision  par  une  méthode  de  zéro  qui  est  la  suivante.  Un  courant  de  pile  est  envoyé 
dans  la  lujbine  inductrice  de  l'appareil  à  induction  et  interrompu  n  fois  par  seconde. 
Si  l'on  fait  passer  les  courants  induits  de  rupture  à  travers  un  circuit  de  résistance  R, 

la  quantité  totale  d'électricité  induite  par  seconde  est  —5—)  1  étant  l'intensité  maxima 

du  courant  inducteur.  Faisons  passer  en  même  temps  le  courant  inducteur  à  travers 
les  bobines  fixes  de  l'éleclrodynamomètre  et  fermons  la  bobine  mobile,  qui  fonctionne 

rtP 

comme  bobine  induite,  sur  une  résistance  R';  la  quantité  d'électricité  induite  est  -rrr' 

Les  deux  circuits  induits  comprennent  les  deux  bobines  d'un  galvanomètre  différentiel; 
on  dispose  de  R  et  de  R'  de  manière  que  le  galvanomètre  reste  au  zéro. 
La  condition  d'équilibre  est 

nh\  _  n  PI 

Les  valeurs  de  ti  et  de  I  sont  les  mêmes  de  part  et  d'autre;  ces  grandeurs  dispa- 
raissent donc   de   l'équation;  on  n'a  pas   à    s'en   occuper   et   l'équation   d'équilibre    se 

(')  J'ai    proposé    l'emploi   de  ces  appareils  en    1882    {Comptes    rendus,    t.   XCV, 
p.  i348). 


SÉANCE  DU  8  JANVIER  1906.  71. 

réduit  à 

P_Lx  j^. 

r> 

Le  rapport  des  résistances  —  est  donc  seul  à  mesurer;  il  est  donné  avec  une  grande 
approximation  par  un  pont  de  Wheatstone. 

Détermination  de  la  constante  L.  —  La  constante  L  est  le  potentiel  réci- 
proque de  deux  bobines  fixes,  inductrice  et  induite. 

Ces  appareils  étant  fixes,  on  peut  leur  donner  de  grandes  dimensions, 
qui  se  prêtent  à  une  détermination  exacte  de  L.  C'est  là  précisément 
l'avantage  de  la  méthode  que  j'ai  l'honneur  de  proposer.  Ou  peut  de  plus 
leur  donner  une  forme  qui  rende  le  calcul  de  L  singulièrement  simple. 

Tel  est  le  dispositif  imaginé  par  M.  A.  Guillet  ('  )  : 

L'inducteur  est  une  bobine  de  longueur  l;  l'induit  se  compose  de  n  bobines  conaxiales 
avec  l'inducteur,  et  dont  chacune  est  distante  de  la  précédente  d'une  longueur  /.  Ce 
système  équivaut  à  une  seule  bobine  induite  actionnée  par  un  inducteur  de  lon- 
gueur ni.  On  prend  ni  assez  grand  pour  que  le  calcul  de  L  se  fasse  très  aisément. 

Cas  d' un  électroaynamométre  symétrique.  —  La  méthode  indiquée  plus 
haut  est  applicable  à  un  électrodvnamomètre  quelconque.  Lorsqu'on  a  le 
soin,  comme  on  le  fait  d'ordinaire,  de  donner  à  l'instrument  une  forme 
symétrique,  l'application  de  la  méthode  est  simplifiée.  En  raison  de  la  sy- 
métrie, Po  est  nul.  Il  suffit  donc  de  mesurer  Pyj,  et  de  diviser  par  h,  pour 
obtenir  la  constante  cherchée. 

Pa  croissant  avec  h  à  partir  de  zéro,  on  peut  profiter  de  cette  circon- 
stance pour  opérer  comme  il  suit  :  faire  croître  graduellement  P;^,  en  aug- 
mentant h,  jusqu'à  ce  que  Pa=  L;  pour  constater  cette  égaillé,  mettre  les 
deux  induits  à  comparer  dans  le  circuit  d'un  galvanomètre  ordmaire,  et 
disposer  de  h  pour  que  le  galvanomètre  reste  au  zéro. 

L'électrodynamomèlre  à  bo  îine  inclinante  est  symétrique.  On  a  encore 
Po^o.  Il  suffit  donc  d'incliner  graduellement  la  bobine  jusqu'à  ce  que 
le  galvanomètre  reste  au  zéro,  et  à  mesurer  l'angle  a. 

En  résumé,  pour  déterminer  la  constante  d'un  électrodynamomètre  sy- 
métrique, l'expérience  de  mesure  consiste  à  constater  l'équilibre  d'un  gal- 
vanomètre, puis  à  mesurer  soit  un  angle,  soit  une  longueur. 

(')    Thèse  de  Physique,  Paris,  i8gy  {Journal  de  Physique,  1899). 


72  ACADÉMIE  DES   SCIENCES. 

AT.  Radai',  Président  du  Bureku  des  Longitudes,  présente  à  l'Académie 
la  Connaissance,  des  Temps  pour  Tan  1908. 


M.  Mascart  fait  hommage  à  l'Académie  de  deux  fascicules  des  Annales 
du  Ihireau  central  météorologique,  qu'il  publie  en  qualité  de  Directeur  du 
Bureau. 


CORRESPONDANCE. 

MM.  Emile  Borel,  J.  Costaxti.v,  J.  Dechery,  Gallaud,  Gossot,  Kap- 
TEYN,  LiecviLLE,  Louis  Lapicque  et  M™*  Lapicque,  Laurent,  Paul  Saba- 
TiER,  J.-B.  Senderens  adressent  des  remercîments  à  l'Académie  pour  les 
distinctions  accordées  à  leurs  travaux. 


ASTRONOMIE.  —  Sur  les  comètes  et  la  courbure  de  la  trajectoire  solaire. 
Note  de  M.  Emile  Belot,  présentée  par  M.  Poincaré. 

D'après  Schiaparelli,  une  masse  agissant  par  attraction  différentielle  sur 
les  molécules  d'un  nuage  cosmique  peut  le  résoudre  en  traînées  allongées 
vers  la  masse  attirante.  On  voit  de  ces  traînées  dans  les  Pléiades  et  dans 
Orion. 

Supposons  que  les  comètes  proviennent,  entre  certaines  limites  de 
distance  au  Soleil,  de  traînées  semblables  T,,  T^  dirigées  le  long  de  la  tra- 
jectoire solaire  vers  l'apex  et  l'anti-apex. 

Soit,  pour  fixer  les  idées,  p  =  400000  la  distance  moyenne  au  Soleil  des 
comètes  actuellement  visibles  lorsqu'elles  étaient  à  l'origine  dans  ces  traî- 
nées :  p  est  de  l'ordre  des  dislances  des  étoiles  les  plus  voisines. 

Une  comète  partant  de  la  distance  p  sans  vitesse  relative  a  mis  45  millions 
d'années  à  nous  parvenir.  Si,  à  la  distance  p,  elle  avait  une  vitesse  relative 
de  3"""  par  seconde,  elle  a  mis  moins  de  640000  ans  à  parvenir  au  Soleil 
en  parcourant  une  orbite  à  peine  hyperbolique  dont  le  demi-axe  réel  est 
égal  à  100.  Une  comète  nettement  hyperbolique  parviendrait  au  Soleil  de 
la  dislance  p  en  moins  de  3oo  000  ans. 

Ainsi,  toute  comète  hyperbolique  a  dû,  dès  l'origine,  disparaître  rapide- 


SÉANCE  DU  8  JANVIER  1906.  78 

ment,  absorbée  soit  par  le  Soleil  non  encore  condensé,  soit,  lorsqu'elle 
s'en  éloignait,  par  les  masses  cométaires  qui  s'en  rapprochaient. 

L'absence  de  comètes  hyperboliques  s'expliquerait  ainsi  par  la  sélection 
naturelle  opérée  par  le  temps  entre  elles  et  les  comètes  paraboliques. 

Une  autre  conséquence  peut  se  déduire  de  l'hypothèse  précédente  :  les 
comètes  paraboliques  actuelles  doivent  pouvoir  nous  renseigner  sur  la 
direction  qu'avaient,  il  y  a  45  millions  d'années,  les  traînées  jalonnant  la 
trajectoire  solaire. 

Je  me  suis  servi  de  la  Table  de  iM.  Holelschek  contenant  les  éléments  elliptiques  de 
355  comètes  dont  il  suffit  de  corriger  les  t.  de  la  valeur  de  la  précession.  En  désignant 
par  D  les  comètes  directes,  R  les  rétrogrades,  et  répartissant  les  périhélies  ir  sur  le 
cercle  de  l'écliptique,  on  irouve  les  groupements  indiqués  au  Tableau  suivant  dont  les 
deux  dernières  colonnes  donnent  les  '^  des  maxima  et  minima  constatés  sur  un  arc  de 
longitude  de  20°  : 


CciUrcs 

Arcs  ^. 
0              0 

3i5  —    45-  •  ■ 

Nombre  des  n. 

.       83 

de  gravite 

des  T. 

» 

Ma\ima. 
.1^,=    fo"34:T 

Minima. 

■'.Il 

=  3o 

0                                  1 
,  I  it:      J^3=35o 

45  —  i35.  . . , 

io7(  6iDh-46R) 

89.24 

-'^  2  =    1  00  ,  3  I  ÎT 

» 

1   l35  223.  . . , 

,       60 

» 

» 

4^2  =  180°,  iot: 

'  225  —  3i5. . . 

io5(  46D  -+-  59 H) 

•270.26 

.'^3=  275,86^ 

)) 

j    90-270... 

.      i62(  82D-1-80U) 

» 

» 

» 

i  270—    90... 

i93(io3D  +  goli) 

» 

» 

» 

L'existence  des  deux  traînées  Tj,  T2  paraît  confirmée  par  l'accumulation  des  7:  dans 
les  quadrants  (225°-3i5°)  et  (45''-i35°)  contenant  les  longitudes  de  l'apex  et  de  l'anli- 
apex,  ainsi  que  par  la  position  des  maxima  -i^j,  4^3. 

Le  maximum  .P,=:io  compris  entre  les  minima  .^,=  3o  et  -^3^350°  est  dû  à 
Jupiter,  dont  la  longitude  du  périhélie  est  ii''55'. 

La  position  des  centres  de  gravité  des  t.  vers  l'apex  et  l'anti-apex  permet  seulement 
de  conclure  que  l'angle  des  tangentes  actuelle  et  ancienne  à  la  trajectoire  solaire  est 
faible  et  voisin  de  1°  puisque  270°26'  et  89° 24'  difTèrent  de  i78''46'.  Mais  on  peut,  en 
outre,  définir  le  sens  de  la  courbure  ancienne  de  la  trajectoire  solaire. 

Soient  '^=  270° —  a  la  longitude  actuelle  de  l'apex  ;  J^  =  270°  celte  longitude,  il  y  a 
environ  45  millions  d'années,  lorsque  les  comètes  actuelles  étaient  dans  les  traînées  T,,T2 
à  la  distance  p.  Construisons  aux  points  4^^  270°,  /  =  90°  les  vitesses  relatives  V,,  V, 
de  pénétration  des  comètes  dans  la  sphère  de  rayon  p  en  supposant  à  celle-ci  la  direc- 
tion de  translation  de  la  sphère  acluelle  p,.  La  vitesse  absolue  des  comètes  de  la 
traînée  Tj  est  plus  petite,  et  celle  des  comètes  de  la  traînée  T2  plus  grande  que  la 
vitesse  de  la  translation  solaire,  puisque  ces  deux  traînées  se  raccourcissent  vers  le 
Soleil. 


74  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Il  en  résulte  que  la  vitesse  V,,  issue  de  ^^  270°,  sera  déviée  à  droite  de 
la  ligne  90°-270°  dans  le  sens  des  orbites  directes  dont  les  -k  seront  en 
majorité  vers  la  longitude  opposée  (90°);  de  même  Vj,  issue  de  4^=  90°, 
sera  déviée  à  droite  de  la  ligne  (90°-27o°)  dans  le  sens  des  orbites  rétro- 
grades, dont  les  tt  seront  en  majorité  vers  la  longitude  opposée  (270°). 

Une  autre  conséquence  est  que  les  comètes  visibles  ont  pénétré  dans  la 
sphère  p  par  des  points  dont  4^>90°  ou  4^  <!  270°,  ce  qui  produira  une 
accumulation  des  TC  dans  le  demi-cercle  (270°-9o''). 

Or,  le  Tableau  montre  cette  accumulation  des  tu  :  igSw  de  270"  à  90", 
et  i627r  seulement  de  90°  à  270°.  En  outre,  le  quadrant  i35°-2i5''  est  de 
beaucoup  le  plus  pauvre  en  périhélies  (ôotu). 

Enfin,  dans  le  quadrant  45°-i35°,  il  y  a  prédominance  des  comètes  D 
(61  D  contre  46R),  tandis  que  la  prédominance  inverse  (SgR  contre  46  D) 
existe  dans  le  quadrant  opposé  (225°-3i5°)  comme  la  théorie  nous  l'in- 
dique. 

Si  la  longitude  de  l'apex  a  été  de  270°  dans  le  passé,  et  si  elle  est  actuel- 
lement 270°  —  a,  on  en  conclut  que  le  centre  de  courbure  de  la  trajectoire 
solaire  a  été,  anciennement,  dans  le  plan  de  l'écliplique  vers  ^=  180". 

L'hypothèse  par  laquelle  nous  avons  admis  que  les  masses  cométaires 
provenaient  de  traînées  T,,  T^  jalonnant  la  trajectoire  solaire  est  la  consé- 
quence immédiate  de  la  théorie  présentée  diins  la  Note  insérée  aux  Comptes 
rendus  (4  décembre  1905,  p.  937)  qui,  par  la  considération  de  la  vitesse  V^, 
laissait  encore  indécise  la  question  de  savoir  si  le  centre  de  courbure  de 
la  trajectoire  solaire  avait  été  anciennement  vers  4^^  o  ou  ^=  180°. 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.    —  Sur  les  transformations  planes. 
Note  de  M.  Hada.^iard,  présentée  par  M.    Painlevé. 

1.  Soient  X  et  Y  deux  fonctions  des  variables  x  et  y,  définissant  une 
transformation  ponctuelle  plane.  L'inversion  est-elle  possible  et  univoque  ? 
Autrement  dit,  les  équations  de  transformation,  considérées  comme  défi- 
nissant X  et  j,  en  fonction  deX  et  Y,  admettent-elles  (lorsque  X  et  Y  ont 
des  valeurs  données  quelconques): 

a.  Toujours  une  solution  ?  (Possibilité.) 

b.  Jamais  plus  d'une  solution  ?  (Unicité.) 

Cette  question  tout  élémentaire  a  reçu,  à  maintes  reprises,  une  réponse 
inexacte.  On  a  souvent,  en  eflet,  considéré  comme  condition  suffisante  le 
non-évanouissement  du  déterminant  fonctionnel. 


SÉANCE  DU  8  JANVIER  1906,  75 

2.  Pourtant,  dès  le  cas  d'une  seule  variable  x  et  d'une  seule  fonction 
X  =/(ir),  le  fait  que  la  dérivée/'  soit  différente  de  zéro,  suffisant  pour 
l'unicité,  n'assure  pas  à  lui  seul  la  propriété  (a).  Il  faut  encore  que  l'inté- 
grale //'  dx  soit  infinie  pour  x'  =  ±  ao. 

Dans  le  cas  de  njs  dimensions,  il  est  d'ailleurs  visible  qne  le  rôle  de  la 
dérivée  ne  doit  plus  être  joué,  à  ce  point  de  vue,  par  le  déterminant  fonc- 
tionnel, mais  pir  le  petit  axe  m  de  l'ellipse  de  déformation,  c'est-à-dire, 
pour  n  =  2,  par  la  plus  petite  val-eur  du  rapport 


sl(dX^  +  dY^)\(dx''  +  dy'), 

celle-ci  devant  vérifier  la  condition  suivante  : 

«  Condition  (^m).  —  La  quantité  m  ne  s'annule  jamais  à  distance  finie. 
A  l'infini,  ou  bien  elle  reste  supérieure  à  un  nombre  positif  fixe,  ou,  si  elle 

peut  devenir  infiniment  petite  en  même  temps  que-  («  =  \Jx^  +  J*)>  l'in- 
tégrale imdt  est  infinie,  w 

3.  Mais,  en  même  temps,  une  difficulté  nouvelle  apparaît  en  ce  qui 
regarde  la  condition  (è).  On  sait,  en  effet,  que  le  non-évanouissement  du 
déterminant  ne  suffit  plus  (pour  n  =^  1)  à  assurer  l'unicité  dans  une  région 
finie  quelconque  du  plan. 

Les  fonctions  X,  Y  étant  définies  pour  toutes  les  valeurs  de  x,  y  inté- 
rieures à  un  certain  cercle  C,  de  manière  que  leur  déterminant  fonctionnel 
reste  toujours  positif  et  supérieur  à  un  nombre  fixe,  il  peut  néanmoins 
arriver  que  deux  ou  plusieurs  systèmes  de  valeurs  de  x  et  de  y  fournissent 
le  même  système  de  X  et  de  Y  ('). 

4.  Ce  fait  donnera  peut-être  quelque  intérêt  à  la  remarque  suivante  : 
Si  la  condition  (m)  (n°  2)  est  vérifiée  dans  tout  le  pl.vn  des  xy,  les  deux 

conditions  (a)  et  (b)  sont  remplies  :  l'inversion  est  possible  et  univoque. 

Ainsi,  une  transformation  peut  se  comporter,  à  l'intérieur  d'un  cercle  C, 
comme  il  vient  d'être  indiqué  au  n"  3;  mais  une  telle  transformation  ne 
saurait  être,  de  quelque  manière  que  ce  soit,  prolongée  indéfiniment  en 
dehors  de  C,  si  l'on  veut  satisfaire  à  la  condition  (m)  tant  à  distance  finie 
qu'à  l'infini. 

5.  La  démonstration  est  très  simple,  au  moins  dans  son  principe  :  il  suf- 
fit de  suivre  la  déformation  du  contour  S(/)  qui,  dans  le  plan  des  XY,  cor- 

(')  Voir  GoukSAT,  Cours  d'Analyse,  l.  I,  p.  299;  et,  à  un  autre  point  de  vue,  les 
travaux  de  Lipschilz,  Kneser,  Arzelà. 


76  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

respond  à  la  circonférence  de  rayon  t  du  plan  des  xy.  Si,  à  partir  d'une 
valeur  /„  de^,  la  transformation  cesse  d'être  bi-univoque,  S  présentera  au 
moins  une  boucle,  c'est-à-dire  un  contour  partiel  n  se  fermant  sur  lui-même 
par  un  point  anguleux  unique. 

Tout  point  double/»  d'un  contour  le  divise  en  deux  boucles,  l'une  exté- 
rieure, c'est-à-dire  telle  que  les  points  compris  dans  un  angle  au  sommet 
ont,  par  rapport  à  S,  un  indice  plus  petit  que  les  autres  points  voisins  de  p  ; 
l'autre  intérieure,  où  l'inverse  a  lieu. 

Tout  contour  fermé  qui  a  des  points  doubles  présente  au  moins  une 
houc\e  simple,  c'est-à-dire  ne  se  coupant  pas  elle-même  et  délimitant,  par 
conséquent,  une  aire  déterminée. 

6.  Suivons  maintenant  la  déformation  de  S.  Supposons,  pour  simplifier, 
les  fonctions  X,  Y  analytiques  et  sans  singularités  réelles  à  distance  finie. 
Alors  les  points  doubles  de  S  seront  en  nombre  fini  et  ne  changeront  de 
nombre  ou  de  disposition  qu'un  nombre  fini  de  fois  |)our  t  fini. 

Ces  points  doubles  ne  pourront  pas,  comme  il  arrive  dans  d'autres  cas, 
naître  ou  disparaître  par  des  boucles  évanescenles  (lesquelles,  pour  se  ré- 
duire à  des  points,  devraient  avoir  une  courbure  infinie,  contrairement  à 
nos  hypothèses),  mais  seulement  \^Ar  àes,bi angles  (contours  fermés  partiels 
à  deux  points  anguleux)  évanescents  extérieurs  ou  intérieurs  (au  même 
sens  que  précédemment).  En  supprimant  de  S  un  biangle  extérieur  ou  inté- 
rieur, il  reste  deux  boucles  intérieures  dans  le  premier  cas,  extérieures 
dans  le  second. 

Il  résulte  de  là  qu'un  contour  se  déformant  comme  S  (c'est-à-dire  de 
manière  que  les  indices  aillent  toujours  en  croissant)  ne  peut  avoir  de 
boucle  simple  intérieure. 

7.  Prenons  alors  la  boucle  simple  a,,  extérieure  au  sens  précédent,  mais 
intérieure  au  sens  vulgaire  du  mot,  que  présente  le  contour  S(/o).  On 
constatera  aisément  que  cette  boucle  (qui,  nous  l'avons  vu,  ne  peut  déjà 
pas  disparaître  en  se  réduisant  à  un  point)  ne  peut  être  détruite  d'aucune 
façon.  Tous  les  contours  successifs  S(^)  présenteront  des  boucles  simples  a, 
variant  quelquefois  discontinùment,  mais  intérieures  les  unes  aux  autres. 
Dès  lors  il  existera,  dans  le  plan  des  XY,  un  point  P  intérieur  à  tous  les 
contours  n.  Or  c'est  ceci  qui,  à  l'infini,  est  incompatible  avec  la  condi- 
tion {m),  comme  on  le  reconnaît  immédiatement  en  joignant  P  à  un  point 
de  (7o,  et  considérant  l'intersection  (y)  de  la  ligne  ainsi  obtenue  avec 
chaque  ligne  c,  ainsi  que  l'image  de  q  dans  le  plan  des  xy- 

8.  L'hypothèse  de  la  non-analyticité  de  X,  Y  introduit  une  difficulté, 
mais  toute  superficielle.  Les  points  doubles  peuvent  être  en  nombre  infini 


SÉANCE  DU  8  JANVIER  1906.  y  7 

et  se  modifier  une  infinité  de  fois.  Mais  il  est  possible  de  les  pnrlager  en 
groupes  dont  chacun  joue,  dans  les  raisonnements,  le  rôle  d'un  ou  de  deux 
points  doubles,  et  qui  sont  en  nombre  fini. 

9.  Il  est  aisé^de  voir  ce  que  devient  la  propriété  précédente  pour  des  va- 
riétés à  connexion  multiple.  Il  n'est  pas  douteux  non  plus  qu'elle  ne 
s'étende  aux  espaces  à  trois  ou  plus  de  trois  dimensions.  Mais  les  considé- 
rations d'Analysis  situs  deviendraient  alors  plus  compliquées. 


MÉCANIQUE.  —  Sur  le  mouvement  non  stationnaire  d'un  ellipsoïde  fluide  de 
révolution  qui  ne  change  pas  sa  figure  pendant  le  mouvement.  Note  de 
M.  W.  Stekloff,  présentée  par  M.  Emile  Picard. 

Nous  allons  indiquer  le  deuxième  et  dernier  cas  possible  du  mouvement 
non  stationnaire  d'un  ellipsoïde  fluide  de  révolution,  lorsqu'il  ne  change 
pas  sa  figure  pendant  le  mouvement. 

Le  mouvement,  comme  dans  le  cas  signalé  dans  mes  Notes  précédentes 
(11  déc.  et  26  déc.  igoS),  se  décompose  en  mouvement  d'entraînement, 
se  réduisant  à  la  rotation  de  l'ellipsoïde,  comme  s'il  était  un  cojps  solide 
[système  (A)],  autour  de  son  centre  et  en  mouvement  relatif  du  liquide 
par  rapport  à  ce  système  (A). 

1.  Mouvement  d'entraînement.  —  La  composante  r  de  i2  (voir  Notes 
citées)  peut  être  donnée  à  l'avance  en  fonction  arbitraire  de  t. 

La  composante  w  reste  constante  pendant  le  mouvement. 

Désignons  par  17'  la  racine  positive  de  l'équation 

,      <r-+-i  10  7-  —  3t  —  4 

lOÛ 


I  \ji- — oi- — gj-i-i 


qui  n'admet  qu'une  seule  racine  positive  comprise  dans  l'intervalle  (i,  |) 
(en  faisant  l'abstraction  de  la  racine  u  =  -h  oo). 
Posons 


J.(.)  =  .(.4-.)(c^-l)^^^^logl^-3 
Le  mouvement  est  impossible  si 

C.  R,,  190G,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  2.)  I  I 


78  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Si 


il  faut  distinguer  deux  cas  différents 


1°  Si 


^  ^  '"^  ^   ^ 
°<T<75' 


l'équation 

n'admet  qu'une  seule  racine  réelle  r,^  et  rien  qu'une. 

A  chaque  valeur  co„  de  co,  prise  dans  l'intervalle  (o,  ^),  correspond  un 
seul  ellipsoïde  dont  les  axes  sont  déterminés  par  les  équations 


2°  Si 


I.  2  v/c  ^ 

V  c  —  a 


l'équation  (i)  admet  deux  racines  réelles  et  positives  fr,  et  i7o. 

A  toute  valeur  oj„  de  w  satisfaisant  aux  inégalités  précédentes  corres- 
pondent deux  ellipsoïdes  différents  dont  les  demi-axes  ya,,  ye,  et  yo^,  yôa 
sont  déterminés  par  les  équations 

cii  =  h„         arci  =  v^,  '      =  -7,-,  r, >  a,         (1  =  1,2). 

\JCi—ai 

Les  composantes  /),  q,  r  de  la  vitesse  angulaire  Q.  s'expriment  en  fonc- 
tions de  t  comme  il  suit  : 

p  =z  oj,|  cosT,  q  =:±  ojp  sinx,  /■  =  fonction  donnée  de  t, 

où 

T  =  ^:  I  rdt  +  consl. 

2.  Moiwemenl  relatif.  —  Les  composantes  u^,  c,.,  w,-  de  la  vitesse  relative 
d'un  point  quelconque  ^,  n,  C  du   liquide  s'expriment  en  fonctions  de  / 


comme  il  suit 


SÉANCE    DU    8    JA^fVIER    1906.  jg 


dk  ,    vf-i(i  — cf)    • 

_i=:M,.  =        rri±Q SUIT, 

dt  <^ 


^    ■'  .  dt  '  ' 


dt  io(j     .  c    •      \ 

dt  '  1  +  7  ^ 


où  il  faut  remplacer  t  par  l'une  des  quantités  To,  t,  et  Co. 
Les  équations  (2)  admettent  toujours  l'intégrale  suivante  : 


H —  =  const. 

a  c 


Il  importe  de  remarquer  que  les  trois  cas  du  mouvement  d'un  ellipsoïde 
fluide  de  révolution,  signalés  dans  cette  Note  et  dans  les  deux  Notes  précé- 
dentes, sont  les  seuls  possibles,  de  sorte  qu'il  n'existe  aucun  cas  digèrent  de 
ceux-ci. 


MÉCANIQUE.  —  Sur  la  stabilité  des  aéroplanes  et  la  construction  rationnelle 
des  plans  sustentateurs.  Note  de  M.  Edmond  Seux,  présentée  par  M.  d'Ar- 
sonval. 

Tout  le  problème  de  l'aviation  se  réduit  à  la  recherche  de  la  stabilité 
longitudinale.  La  valeur  sustentatrice  des  aéroplanes  actuels  nous  paraît 
suffisante  pour  permettre  de  se  lancer  dans  les  airs,  mais  avec  danger  de 
voir,  à  chaque  instant,  se  rompre  l'équilibre  et  dès  lors  chuter,  tel  un 
oiseau  mort. 

Tous  les  efforts  des  chercheurs  doivent  donc  tendre  vers  l'équilibre  lon- 
gitudinal automatique,  qui  seul  nous  fait  espérer  de  maintenir  dans  une 
certaine  amplitude  les  oscillations  de  l'appareil,  en  limitant  les  variations 
des  centres  de  pression  et  de  gravité,  ces  deux  centres  éminemment 
variables,  suivant  la  pression  de  l'air  et  la  vitesse  de  translation. 

En  se  reportant  aux  travaux  théoriques  et  pratiques  d'Alphonse  Penaud, 
l'inventeur  français  qui,  le  premier,  en  1872,  a  donné  la  théorie  d'un  gou- 
vernail lie  stabilité  et  fait  fonctionner  le  premier  aéroplane  équilibré, 
travaux  que  l'on  semble  avoir  perdus  de  vue,  et  qui  pourtant  ont  une  réelle 
valeur,  en  ce  sens  que,  à  peu  de  chose  près,  tout  ce  qui  fera  la  navigation 
aérienne  par  l'aéroplane  y  est  étudié  avec  le  plus  grand  soin,  on  remarque 


8o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

que  Penaud  place  son  gouvernail  réguiaLeur  à  l'arrière,  avec  jusle  raison; 
celui-ci  agil  alors  sur  un  plus  grand  levier,  son  attaque  sur  l'air  est  moins 
brusque  et  il  offre  une  moindre  résistance  à  l'avancement. 

Nos  études  personnelles  nous  ont  suffisamment  démontré  que  ce  gou- 
vernail régulateur  ne  doit  pas  être  fixé  à  un  angle  donné,  mais  doit  pouvoir, 
sous  la  pression  de  l'air,  céder  dans  une  certaine  mesure,  au-dessus  ou 
au-dessous  de  sa  position  normale,  suivant  que  l'air  le  frappe  sur  sa  sur- 
face inférieure  ou  supérieure;  action  d'autant  plus  efficace  que  la  vitesse 
de  l'appareil  est  plus  grande. 

Si  nous  admettons  que  les  courants  aériens  sont  généralement  ascen- 
dants (quelques  observateurs  admettent  un  angle  de  2°  à  3°),  on  voit 
aussitôt  la  nécessité,  pour  le  gouvernail  de  stabilité,  d'être,  dans  sa 
position  moyenne  ou  normale,  incliné  de  quelques  degrés  sous  le  plan 
sustentateur.  Dans  ce  cas,  l'angle  d'attaque  de  l'air  par  les  plans  est  donné 
par  ce  gouvernail  qui  fend  l'air  par  la  tranche  et,  pour  qu'il  y  ait  sus- 
pension, l'angle  que  celui-ci  forme  avec  les  plans  ne  doit  jamais  être  nul. 

Ce  gouvernail  peut  n'être  pas  entièrement  rigide.  Il  serait  bon,  au 
contraire,  que  les  angles  postérieurs  et  les  extrémités  latérales  puissent  se 
relever  légèrement  au-dessus  de  leur  plan  moyen,  ce  qui  ajouterait  à  la 
stabilité  générale  du  système. 

On  s'acharne  de  nos  jours  à  construire  des  aéroplanes  d'une  rigidité 
absolue,  avec  lesquels  il  est  difficile,  pour  ne  [)as  dire  impossible,  d'obtenir 
un  équilibre  parfait.  Il  nous  paraît  utile  de  rappeler  que,  même  dans  le  vol 
plané  où  à  voile,  où  les  ailes  semblent  immobiles,  c'est  encore  et  surtout 
V élasticité  qui  \oi\e  le  plus  grand  rôle. 

D'après  de  longues  observations  que  nous  avons  faites  en  Algérie  et  en  Tunisie  sur 
le  vol  des  oiseaux  voiliers  et  sur  les  oiseaux  de  mer,  observations  portant  sur  une 
période  de  cinq  années,  nous  sommes  à  même  de  prouver  que  l'aile,  dans  le  vol  plané 
et  à  voile,  n'est  à  aucun  moment  complètement  immobile,  au  moins  dans  ses  parties 
latérales  extrêmes;  celles-ci,  selon  la  vitesse  du  courant  aérien,  fléchissent  et  se 
tordent  à  chaque  instant  sur  leur  axe,  euregistranl  toutes  les  variations  du  vent,  ce  qui, 
à  notre  avis,  doit  procurer  à  l'oiseau  un  pouvoir  sustentateur  extraordinaire. 

Chez  l'oiseau,  le  moindre  mouvement  des  ailes  est  évidemment  l'eflet  d'un  travail 
des  muscles,  mais  l'énergie  musculaire  ne  se  transforme  pas  directement  en  locomotion; 
le  mouvement  de  l'aile  met  d'abord  en  jeu  Vélasticilé. 

Cette  action  élastique  qui,  dans  le  vol  à  voile,  semble  être  indépendante  de  la 
volonté  de  l'oiseau,  peut  être  comparée  à  celle  des  ressorts  qui  ploient  sous  l'influence 
d'une  force  convenable  et  reprennent  ensuite  leur  forme  primitive,  en  surmontant,  dans 
ce  retour,  les  résistances  plus  ou  moins  grandes  que  l'on  pourrait  leur  opposer. 

Dés  lors,  il  nous  paraît  tout  indiqué  de  tenir  compte  des  enseignements  de  l'oiseau, 


SÉANCE  DU  8  JANVIER  1906.  81 

enseignements  qui  peuvenl  très  bien  être  appliqués  à  l'appareil  humain,  et  de  s'atta- 
cher à  coiisti'uire  des  néro|)lanes  semi-rigides,  semi-flexibles,  les  parties  flexibles  étant 
placées  à  chaque  e\trémilé  latérale,  et  pouvant,  sous  l'effort  naturel  de  ressorts  conve- 
nablement disposés,  avoir  deux  mouvements  distincts  :  flexion  de  bas  en  haut  et  torsion 
sur  leur  axe. 

Si  l'on  suit  attentivement  les  travaux  des  Américains,  on  remarque  que  les  frères 
^\'right  n'ont  obtenu  de  réels  résultais  que  depuis  qu'ils  ont  construit  et  expériraenlé, 
en  1908,  un  appareil  possédant  des  articulations  à  charnière  peimellaiit  aux  surfaces 
formant  les  ailes  ou  à  des  parties  de  celles-ci  de  se  tordre  ou  de  se  plier  en  dehors  de 
leurs  plans  normaux,  mouvement  donné  de  la  nacelle  par  l'aviateur  au  moyen  de 
cordes  de  manœuvre  montées  sur  un  système  de  poulies. 

L'ensemble  de  nos  recherches  nous  amène  à  conclure  que  l'aéroplane 
devra  posséder  : 

1°  Un  appareil  de  réglage  automatique  de  stabilité  longitudinale,  qui 
sera  vraisemblablement  un  plan  régulateur  placé  à  l'arrière  et  mobile  sur 
son  axe,  se  mouvant  d'un  certain  degré  au-dessus  et  au-dessous  de  son 
plan  normal,  ce  plan  normal  relevé  de  quelques  degrés  au-dessus  de  l'ho- 
rizontale. 

2°  Un  ou  deux  plans  sustentateurs  semi-rigides,  semi-flexibles.  Les  par- 
ties latérales  extrêmes  de  ceux-ci  pouvant,  automaliquement  et  selon  leur 
pression  plus  ou  moins  forte  sur  l'air  ambiant,  se  relever  au-dessus  de 
leur  plan  normal  et  reproduire,  en  même  temps,  le  mouvement  de  torsion 
des  extrémités  de  l'aile,  lequel,  chez  l'oiseau  qui  plane  ou  vole  à  voile,  est 
une  des  causes  essentielles  de  sa  sustentation  et  de  son  équilibre. 

Sans  entrer  dans  des  détails  de  construction  qui  nous  entraîneraient  trop 
loin,  il  nous  paraît  suffisamment  démontré  par  l'expérience  que  les  appa- 
reils les  plus  simples  de  construction  donneront  le  meilleur  rendement,  la 
puissance  nécessaire  à  Itur  propulsion  étant  réduite  dans  de  notables  pro- 
portions. 


PHYSIQUE.  —  Sur  les  variations  avec  la  température  des  spectres  d  émission 
de  quelques  lampes  électriques.  Note  de  M.  P.  Vaillant,  présentée  par 
M.  J.  VioUe. 

A.  Lampe  Cooper-Hewitt.  —  Une  lampe  de  11  o  volts  absorbe,  en  régime 
normal,  abstraction  faite  du  rhéostat  de  réglage,  une  puissance  de  200  watts. 
Cette  puissance  peut  être  progressivement  abaissée  à  99  watts  avant  que  la 
lampe  s'éteigne.  Pour  chaque  valeur  de  la  puissance,  lorsque  le  régime 


82  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

permanent  des  intensités  lumineuses  est  établi,  la  température  de  la  vapeur 
peut  être  considérée  comme  constante.  La  lampe  permet  donc  de  comparer 
commodément,  à  diverses  températures,  les  intensités  des  diverses  radia- 
tions simples  de  la  valeur  de  mercure. 

Les  résultats  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie  sont  relatifs 
aux  radiations 

(077  -  ç)f^,         .546^''',         /|92i^!*. 

Les  radiations  61 S*^**  et  4^S^^  étaient,  la  première  trop  faible,  la  seconde 
trop  intense  par  rapport  à  la  source  de  comparaison  (lampe  de  1 10  volts  à 
filament  de  carbone)  pour  se  prêtera  des  mesures  photométriques  précises. 

Intensités  lumineuses 
Puissance                                      (on  a  pris  pour  unités  les  intensités 
consommée                                                     en  régime  normal) 
dans  la  lampe  — — '- — 

(en  watts).  577  —  Oi'i'.  5i(;:':\  492w. 

200 1  I  I 

lyS o,855  o,863  0,871 

i5j o,j5q  0,766  0,776 

1/42 0,643  0,660  0)679 

128 0,549  o,583  0,608 

118 0,456  0,545  0,578 

108 0,392  0,455  o,5i5 

99 "'34i  0,398  0,449 

Les  écarts  observés  dépassent  les  limites  d'erreur  photométrique.  On 
doit  en  conclure  que  l'énergie  fournie  à  la  lampe,  dont  une  partie  se  trans- 
forme en  énergie  lumineuse,  se  répartit  inégalement  suivant  la  température, 
l'intensité  lumineuse  croissant  d'autant  plus  rapidement  avec  la  puissance 
fournie  que  la  longueur  d'onde  est  plus  grande. 

On  sait  que,  dans  le  spectre  d'émission  d'un  solide,  l'intensité  croît  d'au- 
tant plus  vite  avec  la  température  que  la  longueur  d'onde  est  plus  courte. 
Il  semble  que  la  vapeur  de  mercure  se  comporte  de  façon  opposée.  En  fait, 
la  masse  de  mercure  vaporisée  diminue  avec  le  nombre  de  watts  appliqués 
à  la  lampe,  et  il  peut  se  faire  que  la  vapeur  soit  d'autant  plus  chaude  que 
ce  nombre  de  watts  est  plus  faible,  ce  qui  expliquerait  l'anomalie  observée. 

Le  courant  fourni  aux  lampes  était  emprunté  à  une  batterie  de  60  accu- 
mulateurs. Un  rhéostat  de  réglage,  en  série  avec  la  lampe  de  comparaison, 
permettait  de  maintenir  à  110  volts  la  différence  de  potentiel  entre  les 
bornes  de  celle-ci. 


C   1/î 

a;  -aj 


c 


SÉANCE  DU  8  JANVIER  1906.  83 

B.  Lampe  à  filament  de  carbone,  lampe  au  tantale  et  lampe  Nemst.  —  Je 
me  permets  de  joindre  iiiix  résultats  qui  précèdent  quelques  chiffres  obte- 
nus sur  3  lampes  de  i  10  volts,  de  constitution  différente  et  auxquelles  on  a 
appliqué  des  différences  de  potentiel  variant  de  120  à  82  volts.  Ces  chiffres 
mettent  en  évidence  les  variations  de  composition  et  d'intensité  de  la  lu- 
mière avec  le  nombre  de  watts.  On  a  pris  pour  unités  les  intensités  en 
régime  normal. 

Lampe  au  carbone  Lampe  au  tantale  Lampe  Nernst 

de  16  bougies.  de  35  bougies.  de  3o  bougies. 

Volts 120     100     90     82      120     100     90      82      120     100      92     90 

Ampères...             0,69  o,48  0,43  o,38  o,35  o,3o  0,28  0,26  o,34  0,22  0,17 

1    459l^'^---      -■  f    1,82  0,49  0,26  0,12  1,46  0,61  0,35  0,20  2,47  0,32  0,10 

1488....      il   1,76  0,53  0,28  o,i5  1,39  0,62  o,36  0,20  2,35  0,32  0,12  ^ 

.  1  523  ... .     ~  )  1 ,73  0,54  0,29  o, i5  1 ,33  0,62  0,37  0,21  2,24  0,34  0,17  a 

\  570 i  j   1,73  o,56  0,02  0,16  i,3i  o,63  o,38  0,21  2,o4  0,37  0,18  g 

I  638....      si   1,71  0,57  0,33  0,17  i,3i  0,68  o,4i  0,26  2,01  o,38  0,19  — 

\    760....        -         1,60       0,59       0,37       0,20  1,22       0,72       0,47        0,3o  1,82       0,42       0,23      J 

Inlens.moy.  1,72     0,oi)     0,31     0,1G       ],:îV     0,()'i     0,39     0,23       2,16     0,36     0,17 

Enfin,  si  l'on  compare  les  trois  lampes  en  régime  normal,  en  égalant  leurs 
intensités  moyennes,  on  a  : 

X  en  ijtu. 459  488  523  570  638  760 

Carbone  ....  1  i  i  1  i  l 

Tantale 1,18  1,17  1  ,o3  0;94  0,78  0,62 

Nernsl 0,92  1,07  i,o4  i,o3  1,02  0,91 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Un  nouveau  type  de  composé  dans  le  groupe 
des  métaux  rares.  Note  de  MM.  C.  Matigxo.\  et  E.  Gazes. 

I^e  chlorure  anhydre  de  samarium  SmCP(Sm=  i5o),  préparé  par  l'un 
de  nous  ('),  possède  la  propriété  d'être  réduit  par  l'hydrogène  en  donnant 
naissance  à  un  sous-chlorure,  le  chlorure  samareux. 

I.  La  réduction  exige  une  température  assez  élevée.  On  opère  dans  un 
tube  épais  en  verre  d'Iéna  fortement  chauffé;  la  matière  noircit  quand  la 
réduction  commence  et  le  système  binaire  des  deux  chlorures  fond  aussitôt 
en  un   liquide  épais  qui  bouillonne  par  suite   du  départ  du  gaz  chlorhy- 

(')   Coni/iles  rendus,  t.  C WXI\  ,  1902,  p.  427,  el  t.  CXL,  1905,  p.  1181. 


8'i  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

drique.  La  substance  est  placée  dans  une  nacelle  en  porcelaine  ou  mieux 
en  platine  à  cause  de  la  difficulté  de  détacher  la  substance  fondue  du  vase 
en  porcelaine.  On  réduit  de  préférence  une  quantité  de  chlorure  assez 
faible  par  suite  de  la  lenteur  de  la  réaction  qui  n'est  pas  éloignée  des  con- 
ditions limites  de  sa  possibilité. 

Dans  une  première  opération,  qR.Sîôs  de  SniGI^  ont  perclu  05,0789;  dans  une 
seconde,  08,2720  ont  abandonné  00,0377.  Les  résidus  analysés  ont  donné  les  valeurs 
suivantes  en  chlore  et  en  saniarium  : 

Trouvé. 

- — -." ~  Calculé 

I.  II.  pour  SmCl". 

Chlore 82,12  82,11  82,12 

Samarium 67198  67,84  67,87 

Les  pertes  de  poids  concordent  aussi  avec  la  transformation  de  SmCI'  en  SraCI^  : 

Perle  trouvée.  Calculée. 

1 i4>o4  18,82 

Il t8,83 

La  réaction  qui,  dans  les  conditions  oîi  elle  se  produil,  est  réversible, 
peut  s'écrire 

SmCl'-|-^iH=^SmCI-+  HCl. 

IL  Nous  avons  pensé  activer  la  réduction  en  remplaçant  l'hydrogène 
par  le  gaz  ammoniac.  Cette  substitution  présente  un  double  avantage.  La 
réaction  est  légèrement  activée  et,  en  outre,  le  gaz  ammoniac  liquéfié  et 
abandonné  longtemps  au  contact  de  la  potasse  ou  de  la  soude  fondue  pré- 
sente toutes  les  garanties  de  dessiccation  indispensables  au  maniement  des 
chlorures  anhydres  des  métaux  rares. 

Quand  la  réaction  est  terminée,  on  laisse  refroidir  le  chlorure  dans 
l'hydrogène  pour  éviter  la  formation  de  composés  d'addition  avec  l'am- 
moniaque. Le  chlorure  samareux  reste  seul  dans  la  nacelle  séparé  du 
chlorure  d'ammonium  volatil 

3Sm(:l'  +  4AzH^  =  3.SmCl--f-3AzH*Cl+ Az. 

III.  Avec  l'ammoniaque,  la  transformation  est  encore  lente.  On  a  cherciié  à  amé- 
liorer la  préparation  de  ce  chlorure  intéressant  en  enlevant  l'alome  de  chlore  par 
l'aluminium.  La  volalilité  du  chlorure  d'aluminium  rend  l'opération  particulièrement 
commode.  Le  chlorure  est  mélangé  intimement,  à  l'abri  de  l'humidité,  avec  la  quan- 
tité calculée  d'aluminium  en  poudre;  le  mélange  est  ensuite  chaufï'è  fortement  dans  un 


I 


SÉANCE  DU  8  JANVIER  1906.  85 

courant  lent  d'hydrogène.  On  obtient  un  résidu  de  sous-chlorure  pur 

3SniCl'+  Al=  A1CH4-  SSmCl^ 

Quel  que  soit  le  mode  opératoire  suivi,  la  préparation  est  toujours  délicate  et  exige 
un  courant  gazeux  rigoureusement  sec;  comme  l'opération  est  lente,  la  moindre  trace 
d'humidité  finit  à  la  longue  par  décomposer  une  partie  du  produit  en  donnant  un  peu 
d'oxjchlorure  qui  cristallise  dans  le  chlorure  samareux  : 

SmCl^+ 11^0  =  SmClO -h  2ÏICI, 
SmCl-+  11-0  =  SmClO  -t-     HGl  H-  II. 

IV.  Le  chlorure  samareux  se  présente  sous  la  forme  d'une  masse  cristalline  brun 
foncé,  dont  la  poudre  est  louge  brun.  Examinée  au  microscope,  la  poudre  est  rouge, 
transparente  et  cristalline.  Sa  densité  a  été  trouvée  égale  à  3,68-  à  22". 

Le  sulfure  de  carbone,  le  benzène,  le  toluène,  le  chloroforn)e,  la  pyridine,  etc.  ne 
dissolvent  parle  chlorure  samareux.  L'alcool  absolu  qui  dissout  si  facilement  les  chlo- 
rures anhydres  des  métaux  rares  (')  ne  dissout  pas  le  chlorure  samareux  et  reste  sans 
aciion  sur  lui  à  la  température  ordinaire.  J'appelle  l'attention  sur  cette  propriété  qui' 
sera  utilisée  pour  la  séparation  des  métaux  rares. 

L'eau  dissout  immédiatement  ce  sous-chlorure  en  donnant  une  liqueur  rouge  brun 
très  foncée,  mais  en  même  temps  il  y  a  dégagement  d'hydrogène  et  peu  à  peu  la  liqueur 
se  décolore.  L'agitation  active  la  décoloration.  Il  reste  finalement  dans  l'eau  un  résidu 
insoluble,  légèrement  jaune.  La  liqueur  séparée  du  résidu  contient  tout  le  chlore  tandis 
que  la  partie  insoluble  est  formée  par  île  l'oxyde  de  saniariuin  soluble  dans  l'acide 
chlorhj'driqiie  étendu. 

Exposé  à  l'air,  le  chlorure  samareux  attire  rapidement  1  humidité  de  l'air  en  prenant 
une  teinte  rouge  sang,  puis  il  éprouve  la  transformation  indiquée  et  laisse  finalement 
un  résidu  jaune. 

Dans  les  conditions  où  rhvtlrogène  et  le  gaz  ammoniac  réduisent  le  chlo- 
rure saniarique,  Ils  restent  sans  action  sur  les  chlortires  de  praséodyme  et 
de  néodyrae.  Comme  conséquence  des  propriétés  précédentes,  on  entre- 
voit immédiatement  des  méthodes  pour  l'analyse  et  1^  séparatioa  du. saHia» 
rium  contenu  dans  un  mélange  de  praséodvme  et  de  néodyme. 

Il  parait  probable  que  le  praséodyme  et  le  néodyme  sont  susceptibles 
dans  des  conditions  convenables  de  donner  aussi  naissance  à  un  sous-chlo- 
rure; c'est  du  moins  ce  que  paraissent  indiquer  certaines  propriétés  du 
métal  néodyme  isolé  par  l'un  de  nous  (-).  ""- 

L'étude  des  applications  signalées  précédemment  est  continuée  ainsi 
que  la  recherche  des  sous-chlorures  des  autres  métaux  rares. 

TTTT    /V- 

(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXIII,  1901,  p.  289  et  t.  CXXXIV,  1902,  p.  427. 
(-)  Comptes  rendus,  t.  CXXXIII,  1901,  p.  289. 

C.  R.,  1906,   I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N°  8.)  Ï2 


b6  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Préparation  électrolylique  de  l'étain  spongieux. 
Note  de  M.  D.  Tommasi,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

L'électrolyseur  à  l'aide  duquel  on  prépare  l'étain  spongieux  se  compose 
d'une  cuve  rectangulaire  contenant  la  solution  suivante  :  eau,  5o  parties; 
chlorure  stanneux,  lo  parties;  acide  chlorhvdrique,  i  partie. 

Dans  ce  bain  plongent  deux  anodes  en  élain;  au  milieu  de  ces  anodes  est  disposée  la 
cathode,  laquelle  est  constituée  par  un  disque  en  cuivre  fixé  par  son  centre  à  un  arbre 
en  bronze  jsouvant  être  animé  d'un  mouvement  de  rotation. 

j^Un  segment  seulement  du  disque  plonge  dans  le  bain,  de  telle  sorte  que  chaque 
section  de  la  zone  plongeante  du  disque  se  trouve  alternativement  dans  l'air  et  dans 
le  liquide  qui  sert  d'électroljte. 

La  parlie  du  disque  qui  émerge  du  liquide  de  la  cuve  passe,  par  suite  de  son  mou- 
vement de  rotation,  entre  deux  frotteurs  en  forme  de  racloirs  mobiles,  lesquels  ont 
pour  but,  non  seulement  d'enlever  le  dépôt  d'étain  spongieux  au  fur  et  à  mesure  de 
sa  production,  mais  encore  de  dépolariser  la  surface  du  disque. 

Ces  racloirs  sont  formés  par  deux  lames  en  laiton  disposées  de  telle  façon  que,  par 
un  simple  jeu  de  manivelle,  elles  puissent  se  rapprocher  ou  s'éloigner  des  faces  du 
disque. 

Des  rigoles  convenablement  disposées  rassemblent  et  reçoivent  l'étain  détaché  et 
l'amènent  dans  un  récipient  où  il  est  recueilli.  L'étain  est  égoutté  et  puis  lavé.  Le 
liquide  qui  s'écoule  est  évaporé  jusqu'à  ce  qu'il  ait  atteint  sa  densité  primitive  et,  après 
refroidissement,  il  est  introduit  dans  l'électrolyseur. 

Parmi  les  nombreuses  expériences  que  nous  avons  faites  avec  un  petit  électrolyseur 
dont  le  disque  avait  So"^™  de  diamètre,  nous  citerons  la  suivante  qui  peut  être  consi- 
dérée comme  une  bonne  moyenne  et  qui  va  nous  fournir  la  quantité  d'étain  libérée 
par  arnpère-heure  pour  une  puissance  donnée  : 

îhterisi'té':  {\6  atrif)ères  ; 'forcé  électromotrice  :  3  volts;  puissance  ;  120  watts;  durée 
de il'expéi'ience' :■  1 'heure'.  '  ■  '         '■    :     :    ;      ij 

.   ■  m  /  !  ■  o  ■  >  •  :  ')'.••'       ■'■'■'      " c 

„.,,,,,.     ^      ,  trouve 70 

• •.^ur<;:^R>à,Je.^^\miP^^^  î  calculé'.;  ;::;VI.V1. •'■'!■  •'■'SS" 


-t  » 


iii'i-.  III'.;!,!!!.'  '■,■,<'"■;•'"■,'■'{'-,      I!  -'(  iroîivé  •(à).;:'-/tii.->  .'280  !i''ii<''  •^■"• 

Ltam  dépose  par  cheval-heure  {,,.,,,  ,,        , 

I      •<'•■,.-.,,.. ii|    , -.11.1  fi-.-v  iMipi'  ni   !,  ■iÇalç.ula(6),j.,  •,-,  j-.^Me  l'i-  !^'>  ■> 


•.;!,i!i.'   1^  -.l'M;  ',,     -:i  1;  '    .  ii>,   .     I!  ;;<( 
Ltam  dépose  par  cheval-heure  < 


.1, 


Avec  un  electrolyseur  ayant  un  disque  de  j,    de  dian(ietr)S,  on  pourrait 
donc  déposer  44oo^  d  etain  par  cheval-heure,  soit  loa'^s  par  journée  de 

24  heures. 

■  •.;    .|  ,.  .,,,1  .71// /:  1   1  I  .,■■■■    M  .'■•<■■  -'"^ '' ^' '    •  ,>^,v.v.'i 

.(i>;r  .l•^  ,ir>(ii    ,lll///.>  ,1  ,;\v\>«>\  ;^\'\m'.   >    ■     > 


I. 

II. 

89,60 

88,47 

9,30 

10 

)) 

» 

SÉANCE  DU  8  JANVIER  1906.  87 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  le  siliciure  cuivreux.  Note  de  M.  Em.  Vigouroux, 
présentée  par  M.  H.   Moissan. 

Depuis  plusieurs  années  nous  poursuivons  nos  recherches  sur  le  siliciure 
de  cuivre  et,  dès  1901,  nous  avons  publié  qu'  «  en  traitant  un  siliciure  de 
cuivre  à  faible  teneur  (moins  de  5  pour  100  de  silicium  io\.a.\)  par  le  silicium 
en  excès,  nous  obtenons  un  lingot  qui,  dépouillé  par  la  soude  de  l'excès  de 
métalloïde  non  entré  en  réaction,  renferme  une  proportion  de  silicium 
combiné  voisine  de  10  pour  100.  Telle  est  la  quantité  maxima  de  silicium 
susceptible  de  rester  combinée  avec  le  cuivre,  dans  nos  conditions  expéri- 
mentales. ..»(').  Voici,  en  effet,  les  chiffres  trouvés  en  attaquant  cette  ma- 
tière par  l'eau  régale  et  en  dosant  le  cuivre  par  électrolyse  : 

Cuivre  pour  100 

Silicium        »        

Impureté      »        

98,80         98,47 

L'impurelé,  analysée  à  part,  renfermait  du  fer  et  des  essais  effectués 
dans  la  suite  nous  ont  convaincu  que  ce  métal  était  apporté  par  le  silicium 
cristallisé  (préparé  par  son  fluorure  et  l'aluminium).  Pour  le  rendre  chimi- 
quement pur,  il  a  fallu  le  pulvériser  et  lui  faire  subir  successivement  des 
attaques  énergiques  à  l'eau  régale  et  à  l'acide  fluorhydrique  concentrés.  Ce 
n'est  que  lorsque  la  pulvérisation  a  amené  les  cristaux  a  prendre  l'aspect 
franchement  marron  que  l'eau  régale  d'attaque  ne  décèle  plus  trace  de  fer 
au  ferrocvanure. 

Avec  ce  silicium  très  pur  et  du  cuivre  électrolytiqae  nous  avons  préparé 
un  certain  nombre  de  siliciures,  exempts  de  fer,  plus  ou  moins  chargés  de 
silicium  libre.  Après  élimination  de  ce  dernier  par  la  potasse,  le  résidu  que 
nous  obtenions  et  qui  renfermait  toujours  une  moyenne  de  10  pour  100  de 
silicium  combiné  ne  présentait  généralement  qu'une  forme  conchoïdale, 
surtout  lorsque  le  culot  était  fortement  chargé  de  ce  métalloïde.  Nous 
sommes  arrivé  à  préparer  un  siliciure  à  forme  cristalline  plus  caractérisée 
en  prenant  :  silicium,  10  parties;  cuivre,  90  parties.  Poids  total  :  loo^au- 


('  )  Procès-verbaux  des  séances  de  la  Société  des  Sciences  physiques  et  naturelles 
de  Bordeaux,  iS  juillet  1901. 


88  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

quel  nous  ajoutions  7  à  8  parties  du  métalloïde  libre.  Nous  mélangeons  ces 
substances  et  les  plaçons  dans  une  nacelle  en  porcelaine,  revêtue  intérieu- 
rement de  silice  et  les  fondons  dans  un  tube  en  porcelaiae  parcouru  par  un 
courant  d'hydrogène  Le  culot  formé  est  très  cassant,  (ras|>ect  blanchâtre, 
mais  ne  tarde  pas  à  se  nuancer  de  rouge.  Il  renferme  /\,3i  pour  100  de  sili- 
cium libre,  que  nous  enlevons  par  une  solution  chaude  de  soude  à 
5  pour  100.  Nous  lavons  le  résidu  successivement  à  l'eau,  à  l'alcool,  à  l'éther 
et  le  séchons  dans  l'hydrogène,  après  avoir  séparé,  par  lavage  rapide  à 
l'acide  fhiorhydrique  étendu,  le  peu  de  silice  qui  le  souille  parfois  ;  il  répond 
sensiblement  à  la  formule  Cu'Si  qui  est  celle  du  siliciure  cuivreux. 

Cet  alliage  prcsenle  l'éclat  mélallique  ;  il  est  dur,  cassant,  se  laisse  piler  aisément. 
Sa  couleur  est  blanc  d'argent,  mais  il  se  ternit  rapidement  et  passe  successivement  du 
jaune  pâle  au  rouge  brique.  En  le  refondant  dans  l'hydrogène,  nous  avons  jju  obtenir 
un  petit  culot  francliemenl  blanc  d'argent,  liés  brillant  et  sillonné  de  très  nombreuses 
stries  cristallines  parfaitement  discernables  à  l'œil  nu.  Sa  densité,  prise  à  zéro,  est 
de  7,48  (');  celle  du  corps  fondu  est  de  7,58.  Le  chlore  l'attaque  facilement  avant  le 
rouge,  celle  propriété  nous  a  servi  à  le  doser. 

L'acide  chlorhydrique  étendu  froid  agit  à  peine;  lorsqu'il  est  concentré,  son  action 
est  un  peu  plus  sensible,  surtout  à  chaud.  L'acide  iluorhydrique,  étendu  ou  concentré, 
ne  produit  de  même  qu'un  efl'el  très  faible.  L'acide  sulfurique  agit  difiicilement  lorsqu'il 
est  étendu  et  froid;  lorsqu'il  est  concentré  et  chaud,  il  se  colore  assez  facileraenl  en 
bleu.  L'acide  azoli(|ue  étendu,  même  en  solution  à  i  pour  100,  l'attaque  facilement  et 
complètement,  surtout  à  chaud;  l'acide  concentré  fournit  le  même  résultat.  L'eau 
régale  forme  un  dépôt  de  silice  (|ui  entra\e  l'action  ulléiieure.  Le  mélange  d'acide 
Iluorhydrique  et  d'acide  azotique  le  dissout  en  totalité.  Les  solutions  alcalines  ne 
l'altaquenl  ([ue  ti'ès  faiblement,  même  à  chaud,  surtout  si  elles  sont  étendues. 

Analyse.  —  Dés  le  début,  nous  l'allaquioiis  par  le  chlore  sec,  dans  un  tube  hori- 
zontal; les  chlo'urcs  formés  se  condensaient  partie  dans  le  tube,  partie  dans  de  l'alcool 
placé  à  la  suite.  I^lus  tard,  nous  avons  utilisé  l'eau  régale  qui  a  permis,  comme  le  pro- 
cédé suivant,  de  déterminer  séparément  le  siliriuni  libie  et  le  silicium  combiné. 
Actuellement  nous  préférons  l'attaquer  par  une  solution  étendue  d'acide  azotique  (ne 
dépassant  pas  5  jjour  100).  Nous  insolubilisons  et  dans  le  résidu  nous  trouvons  le  sili- 
cium libre  et  la  silice  que  nous  séparons  par  l'acide  nuiu"hydri(|ue.  Le  cuivre  est  dosé 
par  éleclrolyse  : 

l''ormule  Silicium  isole  piirla  potasse. 

Cu^Si.                                      I.  II. 

Cuivre  pour  loo 89)90  8g, 35  89,60 

Silicium        »       10,04                            9)50  9,45 

100,00  98,85  99î05 

(')  Nous  avons  obtenu  7,47  dans  un  premier  essai  et  7,49  dans  un  second;  mais  ce 
corps,  en  contact  avec  l'eau  du  llacon  à  densité,  où  l'on  avait  fait  le  vide,  dégageait 
longtemps  des  gaz. 


SÉANCE  DU  8  JANVIER  1906.  89 

Conclusions.  —  1°  Nous  avons  confirmé  nos  précédentes  expériences,  à 
savoir  que,  dans  les  siliciiires  de  cuivre  purs,  la  teneur  en  silicium  com- 
biné est  très  voisine  de  10  [)our  100;  2°  nous  avons  isolé  le  siliciure  cui- 
vreux Cu'Si;  3°  nous  avons  déterminé  ses  principales  propriétés. 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Ràhtction  des  chlorures  d'argent  et  de  cuivre  par  le  cal- 
cium. Note  de  M.  L.  IIackspill,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

Dans  une  Note  précédente  (')  nous  avons  indiqué  une  préparation  rapide 
du  rubidium  et  du  caesium,  basée  sur  la  réduction  des  chlorures  correspon- 
dants par  le  calcium. 

Avec  le  lilhium,  qui  est  beaucoup  moins  volatil,  nous  avons  obtenu  un 
alliage  de  ce  métal  avec  l'excès  de  calcium. 

C'est  ce  qui  se  produit  également  dans  la  réduction  des  chlorures  d'ar- 
gent et  de  cuivre. 

Alliages  de  calcium  et  d'argent.  —  En  cIiaulTiint,  flans  un  tube  de  porcelaine  vide 
d'air,  une  nacelle  de  fer  contenant  des  proportions  variables  de  chlorure  d'argent  et  de 
tournure  de  calcium,  nous  avons  obtenu  des  alliages  dont  la  teneur  en  calcium  jjouvait 
aller  jusqu'il  45  pour  100: 

2ÂgCl  -t-/iCa  =CaCP-h(/i-  i)Ca  +  2Ag. 

Le  chlorure  d'argent  était  fundu,  pulvérisé  et  iiiliniement  mélangé  au  calcium  eu 
tournure  fine. 

Le  tube  de  porcelaine,  relié  à  une  extrémité  à  une  trompe  à  mercure,  était  fermé  de 
l'autre  côté  par  un  morceau  de  veric  plan,  fixé  au  mastic  Golaz,  ce  qui  permettait  de 
suivre  l'opération. 

La  réaction  se  produisait  dés  que  la  nacelle  était  au  rouge  sombre;  on  cessait  de 
chaulTer  peu  après. 

Voici  ce  que  nous  ont  donné  quatre  expériences  : 

Avec  7  AgCl  cl  2   de   Ca    l'alliage  conleiKiii 6,3  pour  100  de  Ca 

')       7       »  3        »  »  i3,3  « 

»       7       "  5       "  »  44,9 

»       7       »  10       «  n'est  pas  homogène 

Les  deux  premiers  alliages  étaient  bien  homogènes  et  recouverts  d'une  couche  de 
chlorure  de  calcium.  Celui  à  44i9  pour  100  était  spongieux;  le  dernier  était  formé  de 
globules  de  calcium  et  d'alliage  riche  en  calcium  sépaiés  par  du  chlorure. 

(')   Comptes  rciidas.  t.  CALi,  ujo.j,  p.  loG. 


go  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

Nous  avons  pensé  que  celte  couche  protectrice  de  chlorure  de  calcium  qui  recou- 
vrait les  alliages  à  faible  teneur  pourrait  permettre  de  les  préparer  en  plus  grande 
quantité  dans  un  creuset. 

Nous  avons  opéré  dans  un  creuset  de  fer  brasqué  à  la  magnésie  et  fermé  par  un 
couvercle  à  vis. 

Dans  Tin  premier  essai,  nous  prîmes  75s  de  chlorure  d'argent  fondu  et  l\o'  de  calcium 
en  tournure.  Dès  que  le  creuset  fut  au  rouge,  on  cessa  de  chauffer.  Il  contenait  sous 
une  épaisse  couche  de  chlorure  un  culot  très  cassant  qui  se  détachait  au  ciseau. 

Sa  composition  était  pour  100  :  argent,  83,2  et  calcium,  16,0. 

En  cherchant  à  augmenter  la  proportion  de  calcium,  par  exemple  en  prenant  :  chlo- 
rure d'argent  6os  et  calcium  5os,  on  n'obtient  plus  qu'une  niasse  spongieuse  contenant 
une  forte  proportion  de  chaux. 

Propriétés.  —  Les  alliages  d'argent  et  de  calcium  (même  celui  à 
6,3  pour  100)  ont  un  aspect  tout  différent  de  celui  de  l'argent.  Ils  sont 
gris,  leur  cassure  est  cristalline;  on  peut  les  réduire  facilement  en  poudre. 

Chauffés  à  l'air,  ils  s'oxydent  rapidement  même  avant  de  fondre.  Après 
une  fusion  prolongée  à  l'air  tout  le  calcium  transformé  en  chaux  vient 
flotter  à  la  surface  de  l'argent. 

Si  l'on  cherche  à  doser  l'argent  par  coupellation,  on  ne  peut  pas  séparer 
complètement  le  bouton  d'argent  de  la  scorie  de  chaux,  et  la  pesée  donne 
un  résultat  trop  fort. 

L'alliage  riche  en  calcium  chauffé  vers  900°  dans  le  vide  s'enrichit  rapi- 
dement en  argent;  mais  si  l'on  chauffe  trop  fort  ou  trop  longtemps  on  ne 
retrouve  plus  rien  dans  la  nacelle,  l'argent  se  volatilisant  dans  le  vide  à 
partir  de  680°  ('). 

C'est  ainsi  que  l^^  d'alliage  à  16  pour  100,  chauffés  3  heures  vers  1000°, 
ne  nous  ont  laissé  qu'un  résidu  peu  abondant  contenant  surtout  de  la 
chaux. 

Tous  ces  alliages  sont  attaqués  à  froid  par  l'eau.  L'alliage  à  44.9  '^'^  ^^'~ 
cium  est  attaqué  lentement  par  l'alcool  à  g5°  à  l'ébullition.  Après  4  heures 
le  résidu  noir  pulvérulent  obtenu  contenait  encore  18  pour  100  de  calcium 
et  12,3  pour  100  après  8  heures. 

Alliage  de  cuivre  et  de  calcium.  —  M.  Setlick  a  déjà  décrit  (-)  un  alliage  de 
cuivre  et  de  calcium  qu'il  prépare  directement  en  fondant  les  deux  métaux  ensemble. 
11  ne  peut  dépasser  ainsi  la  teneur  i3,4  de  calcium;  de  plus  son  produit  n'est  j)as 
homogène. 


(')  Krafft,  Berichte,  t.  XXXVIII,  igoS,  p.  26g. 
(^)  Sktlick,  Ch.  Zcit.,  igo5,  p.  218. 


SÉANCE  DU  S    JANVIER  1906.  91 

En   réduisant  le  chlorure  de  cuivre  par  le  calcium  nous  avons  pu  obtenir  un  alliage 
homogène  contenant  18  pour  100  de  métal  alcalino-terreux. 
La  réaction  peut  s'exprimer  ainsi  : 

Cu'Cl-  -t-  «Ca  ^  CaCl--i-  2Cu  -t-  (/;  —  i)  Ce. 

On  opère  exactement  comme  pour  la  réduction  du  chlorure  d'argent. 

Le  chlorure  cuivreux  préparé  par  réduction  du  chlorure  cuivrique  par  le  cuivre, 
était  séché  dans  le  vide  et  fondu  au  préalable  dans  un  courant  de  gaz  acide  chlor- 
hydrique. 

En  prenant  loo?  de  clilorure  pulvérisé  et  4©^  de  calcium  en  tournure,  nous  avons 
obtenu  un  culot  jaune  orangé  très  cassant. 

Deux  analyses  faites  sur  des  parties  différentes  de  ce  culot  nous  ont  donné  : 
cuivre  :  78,1,  80,0;  calcium  :  18,8,  18,  3  et  silicium  :  i,  2  et  0,9. 

Le  silicium  était  dosé  à  l'état  de  silice,  le  cuivre  par  électrolyse  et  le  calcium  à  l'état 
de  chaux  vive. 

Les  propriétés  de  cet  alliage  sont  absolument  comparables  à  celles  de  l'alliage 
d'argent.  M.  Setlick  estime  qu'il  pourrait  être  employé  à  la  purification  du  cuivre, 
tout  au  moins  quand  on  l'obtiendra  totalement  exempt  de  silicium. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Dérives  asymétriques  de  V hexanediol.-i  .6;  éther 
diélhylique  el  diiodure  de  l'heplaiiediol-i.'].  Note  de  M.  R.  Dioxxeau, 
présentée  par  M.  A.  Haller. 

Récemment  ('),  M.  Hamonet  a  décrit  une  méthode  qui  permet  d'obtenir 
un  glycol  normal  biprimaire,  HO(CH-)"OH,  quand  on  possède  un  éther- 
oxvde,  RO(CH-)"~' OR,  de  l'homologue  inférieur.  Je  me  suis  proposé 
d'appliquer  cette  méthode  à  la  préparation  du  glycol  heptaméth\lénique, 
jusqu'ici  inconnu. 

Sur  les  éthers-oxydes  de  l'hexanediol-i.ô,  je  fais  agir  le  gaz  bromhy- 
drique  à  froid,  2™°'  d'acide  pour  une  d'éther,  afin  d'avoir  la  réaction 
unilatérale  : 

(x)  R0(CH2)''0R  +  2HBr  =  RO(CH=)''Br  +  RBr  +  H-O. 

En  fait,  l'action  est  plus  complexe  :  à  côté  de  l'éther  non  transformé, 
du  monobromure  cherché,  du  dibromure  résultant  de  la  réaction  bilaté- 
rale, on  a  des  corps  à  fonction  alcool,  parmi  lesquels  le  glycol  hexamélhy- 
lénique  a  été  isolé  et  caractérisé  par  son  point  de  fusion. 

(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXVIII,  p.  97.5  et  Dul.  Soc.  chiin.,  t.  XXXIII,  p.  235. 


92  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Outre  la  réaction  (i)  qui  produit  sur  le  groupe  hexaméthylénique  la 
fonction  bromure,  il  y  en  a  donc  une  seconde  qui  donne  naissance  à  la 
fonclion  alcool 

(2)  RO(CH2)''OR  +  HBr  =  RO(CH2)«OH  +  RBr 

On  doit  prévoir  toutes  les  combinaisons  qui  résultent  de  la  substitution 
complète  ou  imcomplète  de  la  fonction  alcool  ou  de  la  fonction  bromure  à 
la  fonction  éther-oxyde.  Un  tel  mélange  ne  peut  être  séparé  que  par  de 
nombreuses  distillations. 

Quand  on  emploie  l'éther  dimétbylique,  la  réaction  (2)  est  tout  à  fait 
prédominante;  la  réaction  (i)  semble  se  produire  d'autant  mieux  que  le 
radical  R  est  plus  lourd. 

Ethoxybromoliexane-i  .6  :  C-11^0(CH-)'''Bi'.  —  Le  mùluiige  produit  par  l'aclion  île 
l'acide  bromhydriqiie  sur  l'éther  diéthylique  est  lavé  et  rectifié.  La  principale  fraclion 
se  concentre  à  i2i°-i  28°,  sous  la  pression  35'"";  elle  contient  rélhoxybromolie\ane  1.6, 
mais  impur.  La  diétliyline  qui  reste,  bouillant  à  112°  sous  la  même  pression,  n'a  pu 
être  séparée  complètement,  ù  c^iuse  du  peu  de  différence  des  points  d'ébullition.  Pour 
résoudre  celte  difficulté,  je  transforme  l'élhoxybromoliexane  en  éthoxyiodohexane,  qui 
bout   notablement   plus   haut  et  se  sépare  facilement   du  diélher. 

Ethoxyiodohexane-i.().d^\i^O{GY{-Y\.  —  Ce  corps  s'obtient  en  faisant  bouillir 
l'élhoxybromohexane  avec  une  solution  alcoolique  d'iodure  de  sodium.  C'est  un  liquide 
légèrement  coloré  par  des  traces  d'iode,  bouillante  i38"-i39°,  sous  35""'.  DJ';=  1,079. 

Dlélhoxyhepiane-i .']  :  C-H'0(CH-)''OC-H^.  —  L'élhoxyiodohexane-i  .6  forme, 
avec  le  magnésium,  un  dérivé  C-Il'*0(CH-)'"'MgI,  qui,  traité  par  l'éther  iodomélhyl- 
éthylique,  ICII-OC'H',  donne  le  diétho\yheptane-i  .7, 

C^H»0(CH^)»Mgl  +  ICrr^OC2H==G^H'iO(CIP)"OC--'H»4-MgP. 

Le  diéthoxyheplane-i  .7  est  un  liquide  incolore,  à  odeur  de  fruits,  bouillant  à  129° 
sous  SS"""",  et  à  225°  sous  la  pression  ordinaire.  DJ'^o,853. 

Diiodoheplane-i  .j  :  l(C\l-yi.  —  Le  cor]is  précédent,  salure  d'acide  iodhvdri((ue 
et  chaufle  à  100"  en  tube  scellé,  se  décompose  très  régulièrement  en  iodure  d'éthyle  et 
diiodoheptane.  Le  diiodoheplane-i  .7  est  un  liquide  bien  stable,  à  peine  coloré  d'iode, 
bouillant  à  178°  sous  la  pression  de  20'"'".  Porté  dans  le  mélange  glace  et  sel,  il  se 
prend  en  une  masse  de  cristaux  incolores,  qui  fondent  vers  0°.  D*  =  1,943. 


SÉANCE  DU  8  JANVIER  1906.  93 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  les  conditions  d'hydrogénation,  par  les  mctaux- 
wnmoniunis,  de  quelques  dérivés  halogènes  des  carbures  gras  :  Préparation 
des  carbures  éthyléniques  et  forméniques.  Note  de  M.  E.  Chabi>ay,  pré- 
sentée par  M.  A.  H;<ller. 

Dans  une  précédente  Communication  (' )  nous  avons  montré  que  les 
ammoniums  alcalins  réagissent  sur  le  dérivé  halogène  monosubstitué  d'un 
carbure  forménique,  pour  régénérer  ce  carbure,  avec  formation  de  l'aminé 
primaire  correspondante  d'après  l'équation  générale 

2R.CI  H-  2AzH'  -  Na  =  R.II  +  R.  AzH=-f-  2NaCl  -h  AzH\ 

Nous  faisions  remarquer  dans  la  même  Note  que  l'action  hydrogénante  des 
métaux-ammoniums  se  poursuivait  avec  les  dérivés  polysubstitués  du  mé- 
thane, chloroforme,  tétrachlorure  de  carbone  qui  tionnent  également  le 
formène,  mais  en  fournissant  des  réactions  moins  simples  que  la  précé- 
dente. Il  était  donc  intéressant  de  voir  si  ces  mêmes  actions  ont  lieu  avec 
les  dérives  polysubstitués  des  carbures  su]iérieurs  au  mélhane.  Nous  don- 
nerons dans  cette  Note  nos  résultais  concernant  les  dérives  bisubstitués. 

On  sait  que  ces  dérivés  ont  pour  foruude  générale  C"H-"X-  et  présen- 
tent diverses  variétés  isomériques  suivnnl  la  position  relative  des  groupes 
substituants.  D'après  les  résultats  que  nous  avons  obtenus,  il  v  a  lieu  de 
diviser  ces  composés  en  deux  groupes  correspondant  respectivement  aux 
deux  premiers  types  : 

CH^X  — CH^X     et     CH^-CHXî. 

Dérivé  Uéi-ivé 

de  réthjlèiic.  de  l'éthylidéne. 

Avec  les  métaux-ammoniums  les  dérivés  de  l'éthylène  fournissent  des 
carbures  éthyléniques;  leurs  isomères  éthylidéniques donnent  des  carbures 
forméniques. 

CH^X 

Premier  groupe  :  Type   \  .   Chlorure  d'éthvlène.   —   Nous   avons  employé  le 

CH^x 

môme  appareil  que  celui  qui  a  été  décrit  à  propos  des  alcools;    la   matière   étant   li- 

(')  E.  CiiABi.AY,  Comptes  rendus,  t.  CXL,  p.  1262.  —  Voir  aussi  Paul  Lebeau, 
Comptes  rendus,  t.  CXL,  p.  iiQ!\. 

C.   R.,   igoli,   1"   Semestre.  (T.  CXLII,  N»  2.)  l3 


94  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

quide,  nous  l'enfermons  dans  une  petite  ampoule  de  verre,  préalablement  tarée,  avant 
de  l'introduire  dans  l'une  des  branches;  on  brise  ensuite  cette  ampoule  pai- une  légère 
secousse  de  l'appareil  au  moment  de  faire  la  réaction.  Ce  mode  opératoire  nous  a 
fourni  d'excellents  résultats,  car  il  permet  d'opérer  sur  un  poids  très  exactement  connu 
de  substance.  Le  chlorure  d'éthylène  nous  a  fourni  de  l'élhylèiie  avec  un  rendement 
théorique  :  une  molécule  de  gaz,  pour  une  molécule  de  chlorure  employé.  La  réaction 
peut  être  exprimée  par  l'équation  suivante  : 

2NaCI  +  C'H*+2AzH^ 


CH^- 

-Cl 

1 

-+-2A2H^- 

■  Na 

CH^- 

-C! 

L'analyse  eudiométrique.  l'absorption  par  le  brome,  le  dosage  du  chlorure  de  sodium 
et  la  perte  de  poids  subie  par  l'appareil  justifient  parfaitement  cette  formule. 

Comme  autres  corps  de  ce  groupe,  nous  avons  choisi  les  bromures  de  propylène,  de 
pseudobutyléne  et  d'isobutylène  qui  nous  ont  fourni  le  propylène,  le  pseudobutylène 
et  l'isobutylène;  les  rendements  sont  moins  bons  qu'avec  le  chlorure  d'éthylène  par 
suite  d'une  réaction  secondaire  sur  laquelle  nous  reviendrons. 

Bromure  de  triméthylène.  —  Le  bromure  de  irimélliylène  nous  a  fourni  également 
du  triméthylène,  mais  dans  la  proportion  de  o™°',5  de  gaz  pour  i"'"'  de  bromure  seu- 
lement. 

Les  métaux-ammoniums  se  comportent  donc,  avec  ces  différents  corps,  comme  les 

métaux  alcalins  correspondants  et  fournissent  un  carbure  élhjlénique. 

CFP 
Deu.xième  groupe  :    Tvpe    l  .  —  Les  composés  de  ce  groupe  isomères  des  précé- 

Ji      CHX^ 

dents,  où  les  substitutions  sont  faites  sur  le  même  atome  de  carbone,  fournissent  avec 
les  métaux-ammoniums  le  carbure  saturé  correspondant,  tandis  que  les  métaux  alca- 
lins seuls  donnent  un  carbure  étliylénique. 

Nous  avons  opéré  sur  les  chlorures  de  méthylène,  d'éthylidène,  de  propylidène  et 
sur  le  chloracétol,  qui  nous  ont  fourni  le  méthane,  l'éthane  et  le  propane  dans  la  pro- 
portion de  o™°',5  de  gaz  pour  i™°'  de  chlorure.  Il  se  produit  en  outre  des  réactions 
secondaires  qui  donnent  lieu  à  la  production  d'une  certaine  quantité  de  carbure  éthy- 
lénique.  Les  dérivés  de  la  série  homologue  suivante  : 

H-CH— Cl^        CH'-CH  =  C12        CH'-CH^  — CH  =  Ci^        CH'— CCP— CH' 

Clilorure  Chlorure  Chlorure  Chloracétol. 

de  méthylène.  d'éthUitlène.  de  propylidène. 

se  comjjortent  donc  de  la  même  manière  vis-à-vis  des  métaux-ammoniums  dont  la  mo- 
lécule agit  à  la  fois  par  son  sodium  et  son  hydrogène. 

Cette  action  hydrogénanté  se  poursuivant  avec  tous  les  dérivés  substitués  du  mé- 
thane, il  est  très  probable  qu'elle  aurait  lieu  également  avec  les  dérivés  de  la  forme 
CIP — CX^,  et  nous  tirons  de  ces  faits  d'expérience  les  conclusions  suivantes  : 

1°  La  moléciile  d'im  métal-ammonium  alcalin  réagit  comme  hydrogé- 
nanté sur  les  dérivés  halogènes  bisiibslitués  et,  par  extension,  sur  les  déri- 


SÉANCE  DV    8  JANVIER  1906.  gS 

vés  trisubstitués,  à  condition  que  toutes  les  substitutions  soient  faites  sur  le 
même  atome  de  carbone, 

2°  Elle  réagit  au  contraire  simplement  par  son  métal  alcalin  lorsque  les 
deux  substitutions  sont  faites  sur  des  carbones  différents.  L'exemple  du 
bromure  de  trimélhyléne  semble  indiquer  que  les  réactions  ont  un  carac- 
tère spécial  de  simplicité  lorsque  la  double  substitution  est  faite  sur  deux 
atomes  de  carbone  voisins. 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  la  rétrogradation  et  la  composition  des  amidons 
naturels  autres  que  la  fécule.  Note  de  M.  Eug.  Roux,  présentée  par 
M,  Maquenne. 

Dans  une  Note  précédente  (')  nous  avons  établi,  M.  Maquenne  et  moi, 
que  la  fécule  de  pommes  de  terre  est  un  mélange  de  deux  substances  prin- 
cipales. L'une,  que  nous  appelons  amylose,  ne  diffère  de  l'ancienne  amylo- 
cellulose  des  auteurs  que  par  son  plus  grand  état  de  pureté;  c'est  elle  qui 
forme  la  majeure  partie  du  grain  de  fécule  naturel,  qui  lui  donne  la  pro- 
priété de  bleuir  par  l'iode  et  qui  se  change  en  maltose  par  saccharification 
diastasique.  L'autre  substance,  que  nous  avons  provisoirement  appelée 
aniylopectine,  est  celle  qui  donne  à  l'empois  sa  consistance  mucilagineuse  : 
sous  l'action  du  malt  elle  se  dissout  et  se  dextrinifie,  sans  paraître  fournir 
de  sucres,  au  moins  dans  les  conditions  ordinaires;  sa  véritable  nature  chi- 
mique et  la  proportion  dans  laquelle  elle  se  trouve  mélangée  à  l'amylose 
nous  sont  également  inconnues. 

C'est  au  moyen  de  ces  considérations  que  nous  avons  expliqué  pourquoi 
la  diastase  ne  transforme  qu'incomplètement  l'empois  de  fécule  en  maltose, 
tandis  qu'au  contraire  l'amylose  pure  donne  un  rendement  en  sucre 
presque  quantitatif. 

Nous  avons  également  fait  connaître  la  méthode  qui  permet  d'extraire 
l'amylose  des  empois  de  fécule,  par  rétrogradation  spontanée,  et  de 
l'amener  à  un  état  de  pureté  sensiblement  complète;  nous  nous  proposons 
d'exposer  dans  cette  Note  les  résultats  que  nous  avons  obtenus  en  étudiant 
de  la  même  manière  les  autres  amidons  naturels. 

Nous  avons  d'abord  reconnu  que  tous  les  empois,  quelles  que  soient  leur 
consistance  et  l'origine  de  l'amidon  qui  sert  à  les  préparer,  rétrogradent 

(')  Maquenne  et  Roux,  Comptes  rendus,  t.  GXL,  p.  i3o3. 


96  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

par  le  repos  à  basse  température  comme  l'empois  de  féciiie,  et  d'aulatit 
plus  vile  qu'ils  sont  plus  concentrés.  Le  phénomène  de  la  rétrogradation 
est  donc,  ainsi  qu'on  pouvait  le  prévoir,  d'ordre  absolument  général. 

Nous  avons  ensuite  déterminé  le  rendement  en  maltose  que  fournissent 
ces  différents  empois  par  saccharification  diastasique,  en  nous  plaçant 
dans  les  conditions  que  l'on  admet  actuellement  être  les  plus  favorables 
à  sa  production. 

On  a  opéré  sur  des  empois  renfermant  os,  35  d'amidon  pour  3o'^"''  d'eau,  gélifiés  soit 
dans  l'eau  bouillante  à  joo°,  soit  au  bloc,  en  tube  scellé,  par  unechaufFe  de  i5  minutes 
à  120°  ou  i5o°.  Les  saccharifications  ont  été  faites  par  addition  de  5'"'  d'extrait  de 
malt,  obtenu  par  macération  de  los  de  malt  moulu  dans  too?  d'eau  distillée  pendant 
I  heure.  Le  malt  a  été  ajouté  aussi  tôt  que  possible,  de  manière  à  éviter  tout  phéno- 
mène de  rétrogradation;  les  fioles  ont  été  chauffées  simultanément  pendant  5  heures 
à  56°,  puis  abandonnées  à  elles-mêmes  jusqu'au  lendemain,  en  présence  de  toluène 
comme  antiseptique. 

Après  avoir  dosé  le  maltose  dans  une  portion  des  liqueurs  filtrées,  on  a  additionné 
celles-ci  de  i,5  pour  loo  d'acide  sulfurique,  puis  on  les  a  chauflees  pendant  3o  minutes 
à  120°  et  l'on  a  dosé  le  glucose  total  produit,  de  manière  à  connaître  le  poids  réel  de 
l'amidon  solubilisé  sous  l'influence  de  i'amylase. 

Les  amidons  de  riz  et  de  maïs,  étudiés  dans  ce  travail,  sont  des  produits  commer- 
ciaux; ceux  de  blé  et  de  pois  ont  été  préparés  au  laboratoire  avec  les  farines  correspon- 
dantes. Les  uns  et  les  autres  ont  été  lavés  soigneusement  à  Feau  ordinaire  et  tamisés. 


'(ï> 


Maltose  pour  100  d'amitloii  solubilisé 
liuipois  préparés  ii inn".  lao".  i5o°. 

Fécule 83,0  »  82,8 

Maïs 85,3  85, 1  86,0 

IMé »  »  8j ,  I 

Riz 85,2  83,8  83,8 

Pois 83,8  82,2  82,9 

Manioc(') 81, 5  79,1  79,1 

En  préparant  des  empois  à  120°  et  surtout  à  i5o'^  ou  se  proposait  de  solubiliser  la 
partie  de  l'amylocellulose  qui  aurait  pu  s'y  trouver  à  l'état  non  saccharifiable,  comme 
dans  l'amidon  rétrogradé.  Cette  hypothèse  n'était  pas  fondée,  puisque  la  pioportion  de 
maltose  est  restée  sensiblement  constante,  même  plutôt  un  peu  plus  forte  à  100° 
qu'à  iDO",  par  rajiport  au  poids  de  l'amidon  dissous. 

Les  résultats  ci-dessus  mentionnés  montrent  que  les  divers  amidons  et 

(')  Echantillon  très  pur  obligeamment  offert  par  M.  Dybowsky,  à  qui  nous  sommes 
heureux  de  pouvoir  adresser  nos  plus  sincères  remerciements. 


SÉANCE    DU    8    JANVIER    l(jo6.  C)'j 

fécules  naturels  renferment  une  quantité  d'amylose  sensiblement  égale  à 
celle  que  l'on  rencontre  dans  la  fécule  de  pommes  de  terre;  il  nous  restait 
à  établir  que  cette  amylose  est  partout  une  seule  et  même  matière. 

A  cet  elïct  nous  avons  soumis  à  la  rétrogradation  les  empois  des  divers 
amidons  précédents,  puis,  par  la  méthode  que  nous  avons  décrite  dans  une 
Communication  précédente  {Comptes  rendus,  t.  CXL,  p.  44o)»  nous  en 
avons  extrait  l'amylose  et  nous  l'avons  purifiée  par  plusieurs  traitements 
successifs  à  l'eau  surchauffée,  vers  loS". 

Tous  les  produits  obtenus  présentent  le  même  aspect  microscopicjue 
qu'offre  l'amidon  artificiel  dérivé  de  la  fécule.  Comme  celui-ci  ils  sont 
saccharifiables  en  totalité  par  le  malt  quand  ils  ont  été  d'abord  dissous 
dans  l'eau  à  i5o°.  En  dosant  le  maltose  obtenu  et  rapportant  ce  nombre  à 
la  quantité  de  matière  sèche  dissoute,  calculée  comme  précédemment  en 
amidon,  nous  a\ons  obtenu  les  chdfres  suivants  qui  sont  à  peu  près  égaux  : 

Maltose  pour  loo  d'amidon  solubilisé  (  -r  )  • 

Fécule 100,2  Pois lOo,  i 

Blé 101,9  Manioc 102,0 

Piiz 100,2 

En  résumé,  nous  pouvons  dire  que  tous  les  amidons  naturels  examinés 
par  nous  sont  essentiellement  constitués  [)ar  de  l'amylose,  comme  la  fécule 
ordinaire,  et  qu'ils  en  renferment  à  peu  près  la  même  proportion.  La  pro- 
priété qu'ils  possèdent  de  former  des  empois  avec  l'eau  bouillante 
montre  qu'ils  renferment  en  outre  de  l'amylopectine. 

Toutes  les  observations  faites  jusqu'à  présent  sur  la  fécule  sont  donc 
applicables  aux  autres  amidons  naturels. 


PHYSICO-CHIMIE.  —  Action  de  t' invertine  dans  un  milieu  hétérosène. 
Note  de  M.  Victor  Hexki,  présentée  par  M.  Dastre. 

Les  ferments  solubles  sont  contenus,  en  général,  à  l'intérieur  des 
cellules;  ils  sont,  comme  on  dit,  endocellulaires  ;  les  substances  transfor- 
mées par  ces  ferments  sont  apportées  du  dehors  avec  les  liquides  orga- 
niques, il  en  résulte  donc  que  ces  substances  doivent  d'abord  pénétrer  à 
l'intérieur  des  cellules  par  diffusion,  et  ce  n'est  qu'alors  qu'elles  peuvent 


pS  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

être  digérées  par  les  ferments.  Parmi  les  produits  de  digestion,  certains 
restent  dans  les  cellules,  d'autres  sortent  au  dehors  dans  les  liquides  de 
l'organisme.  Pour  pouvoir  analyser  les  lois  d'actions  des  ferments  inclus  à 
l'intérieur  des  cellules,  il  est  important  de  réaliser  artificiellement  des  con- 
ditions qui  se  rapprochent  le  plus  possible  de  celles  que  l'on  trouve  dans 
les  organismes.  C'est  ce  travail  d'ensemble  que  j'ai  entrepris  pour  toute 
une  série  de  ferments  différents.  Je  ne  présente  maintenant  que  les  résul- 
tats relatifs  à  l'action  de  l'invertine  sur  le  saccharose. 

Technique.  —  On  fait  un  mélange  de  gélatine  dialysée  à  lo  pour  joo  et 
d'invertine;  ce  mélange  est  obtenu  liquide  à  42°,  lorsqu'on  opère  avec  de 
la  gélatine  chauffée  à  100°  et  refroidie  à  42";  dans  ces  conditions,  la  géla- 
tine met  un  temps  assez  long  pour  se  gélifier  et  c'est  pendant  cet  intervalle 
que  l'on  fait  le  mélange.  On  verse  ensuite  cette  gélatine  contenant  le  fer- 
ment dans  un  vase  à  fond  large  et  on  laisse  gélifier  à  la  température  du 
laboratoire.  Les  vases  que  j'ai  employés  ont  un  fond  plat  de  170'"'  de  sur- 
face et  je  versais  35*^"'  du  mélange  de  gélatine  et  d'invertine.  Lorsque  la 
gélification  s'est  bien  produite,  on  verse  au-dessus  une  faible  quantité  de 
gélatine  pure  un  peu  plus  concentrée,  qui  se  répartit  ainsi  en  couche  mince 
au-dessus  de  la  gélatine  contenant  le  ferment  et  forme  ainsi  une  membrane 
protectrice.  J'ai  employé  dans  les  vases  précédents  i^™'  de  gélatine, 
l'épaisseur  de  la  membrane  était  donc  égale  à  i™".  Le  rôle  de  cette  mem- 
brane est  d'empêcher  le  ferment  de  passer  en  solution,  de  la  couche  infé- 
rieure dans  le  liquide  versé  au-dessus. 

On  laisse  gélifier  la  membrane,  puis  on  lave  à  l'eau  le  vase  et  la  couche 
de  gélatine,  on  met  à  l'étuve  et,  lorsque  la  température  est  atteinte,  on  verse 
dans  le  vase  un  volume  déterminé  d'une  solution  de  saccharose  pur  portée 
à  la  température  de  l'étuve.  On  prélève  de  temps  en  temps  le  liquide  dans 
le  vase  et  l'on  dose  la  quantité  de  sucre  interverti.  On  doit  faire  des  expé- 
riences témoin  avec  la  même  quantité  de  gélatine  sans  ferment  pour  savoir 
comment  varie  le  titre  de  la  solution  de  sucre  par  suite  de  la  diffusion  du 
sucre  de  la  solution  dans  la  couche  de  gélatine. 

Résultats.  —  1°  La  vitesse  d'inversion  est  presque  proportionnelle  à  la  concen- 
tration de  la  solution  de  saccharose.  Je  rappelle  que,  si  l'on  opère  dans  un  milieu 
homogène,  c'est-à-dire  si  le  ferment  est  dissous  dans  le  liquide  qui  contient  le  sucre, 
la  vitesse  d'inversion  est  presque  indépendante  de  la  concentration  de  la  solution  (à 
condition  que  les  concentrations  soient  comprises  en  0,1  et  i  normale  en  sucre). 
Voici  quelques  exemples  numériques  pour  deux  solutions  de  sucre  contenant  178,1  de 
saccharose  pour  100  (o,5  normale)  et  65,84  pour  100  (o,a  normale  ).  La  température  était 
égale  à  35°. 


SÉANCE  DU  8  JANVIER  1906.  99 

Iiiçertine  inclue  dans  la  gélatine. 

Saccharose  17»',!     pour  100  interverti  en  4'  rnin.  35,20  en  72  min 4°ii 

Saccharose     6^,84  pour  100  »  89      »      is,33    »    75    »    2S,o 

Invertine  contenue  dans  la  solution. 

Saccharose  17?,!     pour  100  interverti  en  4^  min.  is,68  en  86  min 3s,32 

Saccharose     6s, 84  pour  100  »  45      »      is,56  »    81     »    3s, o 

On  voit  donc  que  la  loi  d'action  de  Tinverline  est  absolument  difTérente  dans  ces 
deux  cas. 

Cette  dilTérence  d'action  est  facile  à  comprendre.  En  effet,  lorsque  l'invertine  est 
contenue  dans  la  couche  de  gélatine,  le  saccharose  doit  d'abord  pénétrer  par  diffusion 
de  la  solution  dans  cette  couche,  et  seulement  à  ce  moment  il  peut  être  transformé 
par  l'invertine.  La  vitesse  de  la  réaction  se  décompose  donc  en  deux  temps  :  d'une 
part  la  vitesse  de  diffusion  du  sucre  et  d'autre  part  la  vitesse  de  la  réaction  chimique 
elle-même.  La  vitesse  de  diffusion  est  proportionnelle  à  la  concentration  de  la  solution 
de  sucre,  la  vitesse  totale  variera  donc  avec  la  concentration.  Dans  les  expériences 
précédentes  le  ferment  contenu  dans  la  gélatine  était  très  actif,  par  conséquent  la 
vitesse  de  la  réaction  est  presque  proportionnelle  à  la  concentration  de  la  solution, 
puisque  c'est  surtout  le  facteur  diffusion  qui  importe. 

2°  La  variation  de  température  influe  beaucoup  moins  sur  la  vitesse  d'im'ersion 
lorsque  le  ferment  est  contenu  dans  la  gélatine  que  dans  le  cas  où  il  se  trouve 
réparti  dans  le  liquide  tout  entier.  Voici  quelques  exemples  : 

Invertine  contenue  dans  la  couche  de  gélatine. 

Saccharose  170,1  pour  loo;  inversion  à  25°  de  3s, 26; 
à  87°  de  4^,  6,  rapport  des  deux i ,  4 

Invertine  contenue  dans  la  solution. 

Saccharose  178,1  pour  100;  inversion  à  25°  de  ie,68; 
à  87°  de  3s,  26,  rapport 1,9 

Ce  résultat  peut  aussi  s'expliquer  simplement;  en  effet,  on  sait  que  l'élévation  de 
la  température  de  10°  augmente  la  vitesse  d'une  réaction  chimique  quelconque  environ 
du  double,  tandis  que  la  vitesse  de  diffusion  se  trouve  augmentée  seulement  environ 
d'un  quart.  Par  conséquent,  dans  l'expérience  précédente,  où  le  ferment  est  contenu 
dans  la  gélatine,  l'élévation  de  la  température  fait  varier  beaucoup  moins  la  vitesse  de 
diffusion  du  sucre  qu'elle  ne  le  fait  pour  la  vitesse  de  la  réaction  chimique  elle-même; 
il  en  résulte  évidemment  que  la  vitesse  d'inversion  du  sucre  sera  bien  moins  influencée 
dans  cette  expérience  que  dans  celle  où  le  ferment  est  réparti  dans  le  liquide  tout 
entier. 


lOO  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

Conclusion.  —  Il  résulte  de  ces  expériences  que  le  mode  de  répartition 
du  ferment  a  une  importance  très  grande  pour  la  loi  d'action  de  ce  ferment. 
La  concentration  des  substances  triinsforniées  par  le  ferment  aura  une 
influence  sur  la  vitesse  de  digestion  lorsque  les  ferments  sont  endocellu- 
laires  et  elle  n'exercera  presque  pas  d'influence  sur  cette  vitesse  pour  des 
ferments  répandus  dans  les  liquides  de  l'organisme. 


MINÉRALOGIE.  —  Sur  les  solutions  solides. 
Note  de  M.  Fuéd.  Walleuant,  présentée  par  M.  de  Lapparent. 

S'ajjpuyant  sur  ce  que  les  propriétés  physiques  des  mélanges  isomorphes, 
comme  celles  des  solutions,  varient  d'une  façon  continue  avec  la  compo- 
sition, van't  IlolT  émit  l'opinion  que  les  mélanges  isomorphes  pouvaient 
être  considérés  comme  résultant  de  la  dissolution  de  l'un  des  corps  dans 
l'autre,  (^ette  conception,  qui  permettait  d'étendre  à  ces  mélanges  les  ré- 
sultats fournis  par  l'étude  des  solutions,  suscita  de  nombreuses  discussions 
et  l'on  fit  remarquer,  en  particulier,  que  ni  la  diffusion  accompagnant  la 
dissolution  d'un  corps,  ni  la  cristallisation  accompagnant  la  concentration 
en  un  point  tlu  corps  dissous,  n'avaient  été  constatées  dans  les  mélanges 
isomorphes.  Tout  au  plus  pouvail-on  citer  la  diffusion  dans  les  métaux, 
dont  l'opacité  ne  permet  pas  une  étude  assez  approfondie,  pour  que  l'on 
puisse  en  affirmer  l'homogénéité.  D'antre  part,  M.  Bodlander  a  fait  très 
justement  observer  que,  clans  les  roches  éruptives,  bien  des  cristaux  pré- 
sentent des  zones  concentriques,  constituées  par  des  mélanges  isomorphes 
de  composition  différente,  zones  qui  auraient  dû  disparaître  si  les  cristaux 
avaient  été  le  siège  de  diffusions.  La  question  était  donc  encore  entière. 
Or  je  suis  h  même  de  citer  deux  cas  très  nets,  l'un  de  diffusicni,  l'autre  de 
cristallisation  en  milieu  solide.  Si  l'on  mélange  par  fusion  ignée  de  l'azo- 
tate de  potassium  et  de  l'azotate  d'ammonium,  dans  des  proportions  pou- 
vant varier  entre  80  et  g3  pour  100  d'azotate  d'ammonium,  on  obtient,  au- 
dessus  de  104°,  un  conglomérat  de  deux  espèces  de  cristaux,  les  uns 
isomorphes  de  l'azotate  de  potassium  et  renfermant  80  pour  100  d'azotate 
d'ammonium  et  les  autres  quadratiques  renfermant  98  pour  100  du  même 
sel.  A  104°,  la  préparation  se  trouble,  les  cristaux  deviennent  indiscer- 
nables et,  à  en  juger  par  les  variations  des  teintes  de  |)olarisation,  des  mou- 
vements vermiculaires  se  produisent  dans  la  masse.  Puis,  peu  à  peu,  sans 
que  l'on  pinsse  préciser  le  début  du   phénomène,   on  voit  apparaître  des 


i 


SÉANCE  DU  8  JANVIER  I906.  lOI 

plages  cristallines,  qui  s'individualisent  progressivement  et  dont  l'homogé- 
néité devient  parfaite.  Chacanede  ces  plages,  qui  appartiennent  à  des  cris- 
taux monocliniques,  s'est  constituée  aux  dépens  de  plusieurs  cristaux,  les 
uns  quadratiques,  les  autres  orthorhombiques,  et  de  compositions  diffé- 
rentes; il  y  a  donc  eu  destruction  de  deux  édifices  cristallins,  diffusion  de 
la  matière  et  reconstitution  d'un  nouvel  édifice,  dont  la  composition  est  in- 
termédiaire à  celle  des  deux  premiers.  Je  dois  dire  que,  dans  certains  cas, 
l'homogénéité  est  parfaite,  l'orientation  optique  étant  unique,  dans  d'autres 
l'extinction  moirée  et  les  variations  dans  les  teintes  de  polarisation  indi- 
quent que  l'édifice  cristallin  n'est  pas  parvenu  à  l'état  parfait. 

Le  phénomène  inverse  s'observe  dans  les  cristaux  niixles  renfermant  2  d'azotate 
d'ammonium  pour  1  d'azotate  de  csesiuiii.  Le  mélange  fondu  par  la  chaleur  donne  en 
se  consolidant  des  cristaux  cubif[ues  qui^,  par  refroidissement,  se  transforment  en 
cristaux  rhomboédriques,  quasi-cubiques,  isomorphes  des  cristaux  de  cscsium.  A  leur 
tour  ces  derniers  donnent  naissance  par  Iraiisformalion  lente  à  un  conglomérat  de 
deux  espèces  de  cristaux,  ies  uns  quadratiques,  les  autres  rhomboédriques.  Les  pre- 
miers sont  des  cristaux  mixtes  des  deux  azotates,  isomorphes  de  la  modification  qua- 
dratique de  l'azotate  d'ammonium,  stable  entre  S-î"  et  125°  quand  l'azotate  est  pur, 
mais  qui  de\ient  stable  à  la  lem|)érature  ordinaire  dans  les  mélanges  avec  l'azotate  de 
cïesium.  Les  seconds  sont  également  des  cristaux  mixtes,  isomorphes  de  l'azotate 
de  ca'sium,  mais  de  composition  diflférenle  de  celle  des  cristaux  rhomboédriques  pri- 
mitifs. Le  conglomérai  présente  une  particularité  intéressante  :  les  cristaux  qua- 
dratiques, sous  forme  de  filaments,  sont  inclus  dans  les  cristaux  rhomboédriques 
et,  comme  leur  orientation  est  déterminée  relativement  «  ces  derniers,  il  en  résulte 
qu'ils  sont  orientés  parallèlement  entre  eux  et  que  le  conglomérat  constitue  une 
véritable  micropegmatite. 

Nous  voyons  ilonc  se  produire  dans  les  mélanges  isomorphes,  comtTie 
dans  les  solutions,  les  deux  phénomènes  de  la  diffusion  et  de  la  crislal- 
lisation;  mais  il  ne  faut  pas  oublier  que  ces  phénomènes  se  produisent 
au  moment  des  transformations  ])olymorphiques,  c'est-à-dire  au  moment 
où  disparait  la  structure  de  l'édifice  cristallin,  structure  qui  précisément 
dislingue  cet  édifice  d'une  solution.  On  est  donc  en  droit  de  se  demander 
si  ces  faits  ne  viennent  pas  à  l'encontre  de  l'opinion  émise  sur  l'analogie 
des  solutions  et  des  cristaux  mixtes,  puisque  c'est  au  moment  où  le  carac- 
tère essentiel  de  ces  dernieis  disparaît  que  l'on  constate  les  caractères 
communs  à  l'état  solide  et  à  l'état  liquide. 


C.  R,,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N°  2.)  .  l4 


102  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


BOTANIQUE.  —  Sur  les  canaux  sécréteurs  du  bois  des  Dipterocarpées. 
Note  de  M.  P.  Guérin,  présentée  par  M.  Guignard. 

L'époque  d'apparition  des  canaux  sécréteurs  dans  le  bois  de  la  tige  des 
Dipterocarpées  et  leur  répartition  durant  les  premières  périodes  de  la  végé- 
tation subissent,  suivant  les  genres,  souvent  même  d'une  espèce  à  l'autre, 
des  variations  dont  ne  font  pas  mention  les  auteurs  qui  nous  ont  précédé 
sur  le  même  sujet,  et,  en  particulier,  Van  Tieghem  (')  et  Solereder  (-). 
Sans  doute  faut-il  en  chercher  la  cause  dans  le  fait  qu'ils  n'ont  eu  à  leur 
disposition  que  des  échantillons  trop  jeunes  ou  des  espèces  en  nombre 
trop  restreint  (').  En  ce  qui  nous  concerne,  les  recherches  ont  porté  sur 
plus  de  soixante  espèces  (')  a|)partenant  à  treize  genres  différents  :  Diptero- 
carpus,  Anisoptera,  Dryobalanops,  Doona,  Hopea,  Pentacme,  Sliorea,  Isoplera, 
Balanocarpus ,  Colytelohium,  Valica,  Pachynocarpus,  Monoporandra.  Toutes, 
mais  à  des  degrés  divers,  se  sont  montrées  pourvues  de  canaux  sécréteurs 
dans  le  bois  secondaire  de  leur  tige. 

Considérée  au  moment  où  elle  a  atteint  2*^'", 5  environ  de  diamètre  (^),  la  tige  est 
riche  en  éléments  sécréteurs  chez  les  Dipterocarpus,  Valica,  Cotylelobiuin,  Pachy- 
nocarpus, cei'tains  Sliorea  (5.  mollis,  selanica,  exirnia,  scaberrima,cochincliinensis, 
Maranti)  et  Hopea  {H.  multijlora,  Mengarawan).  Au  même  état  de  développement, 
les  Dryobalanops  et  plusieurs  Sliorea  n'offrent  au  contraire  qu'un  très  petit  nombre 
de  canaux  et  de  très  faible  diamètre. 

Les  canaux  se  montrent  tantôt  dispersés  et  sans  ordre  apparent  à  l'intérieur  du 
corps  ligneux  (plusieurs  Z'//)/e/-orff//j«.v,  Anisoptera.  Vatica.  Pacliynovarpus.  Coty- 
lelobiani),  tantôt,  au  contraire,  en  cercles  concentriques  (^)  plus  ou  moins  complets, 


(')  .Inn.  Se.  nal.,  ']'  série,  t.  1,  i885,  p.  65. 

(-)  Holzstructur,  Munich,  i885,  p.  8i. 

(')  C'est  en  ne  considérant  qu'une  seule  espèce,  le  Shorea  robitsta,  (|ue  Solereder  a 
pu  croire  (|ue  les  canaux  du  bois  sont  peu  nombreux  chez  les  Shorea.  Nous-même 
avions  émis  primitivement  même  opinion  en  n'étudiant  que  le  Shorea  liypochra. 

(*)  La  plupart  proviennent  de  Bnilenzorg  et  sont  dues  à  l'extrême  obligeance  de 
M.  le  D--  Treub. 

{')  Les  observations  ont  presque  toujours  été  faites  sur  des  tiges  d'un  diamètre 
de  2™,  5  à  3'^™. 

(")  Le  nombre  des  cercles  de  canaux  varie  souvent,  dans  le  même  genre,  non  seule- 


SÉANCE  DU  8  JANVIER  1906.  Io3 

dont  rapparitioD,  en  rapport  avec  celle  de  parenchyme, -semble  correspondre  aussi  à 
une  période  nouvelle  de  végétation  [Doona,  Hopea.  Pentacme,  S/iorea,  Isoptera, 
Balanocarpus).  Paifois  encore  on  les  trouve  répartis  en  très  petit  nombre  sur  une 
portion  de  cercle  (Dryobalanops). 

S'il  est  vrai  que,  chez  cerlaines  espèces,  les  canaux  ne  se  montrent  que 
tardivement,  il  est  inexact  de  dire,  comme  l'ont  fait  certains  auteurs,  que 
ces  éléments  n'apparaissent  que  dans  le  vieux  bois  ou  dans  les  tiges  âgées. 
Dans  certains  Dipterocarpus  (D.  turbinatus,  intricatus,  hispidus,  banca- 
nus,  etc.),  les  canaux  font  en  effet  leur  apparition  de  très  bonne  heure 
dans  le  bois,  on  pourrait  presque  dire  en  même  temps  que  les  formations 
secondaires  (').  Il  en  est  de  même  chez  certains  Shorea  (5.  mollis  en  parti- 
culier) et  chez  les  Vatica,  où  le  V.  Lamponga  en  possède  déjà  un  très  grand 
nombre,  alors  que  la  tige  a  atteint  à  peine  s™""  de  diamètre. 

Chez  les  espèces  oii  la  région  cambiale  se  prèle  à  une  observation  de  ce  genre  (.4 /h- 
soplera  marginata,  Vatica  moluccana.  Shorea  sclanica,  Colylelohium  Jla\nm,  plus 
particulièrement),  nous  avons  remarqué  que  les  canaux,  du  bois  oflrent  un  mode  de 
développement  absolument  analogue  à  celui  que  nous  avons  signalé  précédemment 
chez  les  Dipterocarpus  ('). 

Chez  presque  tous  les  genres,  d'ailleurs,  il  existe,  à  côté  de  canaux  beaucoup  plus 


ment  d'une  espèce  à  l'autre,  mais  aussi  dans  la  même  espèce,  pour  une  lige  d'un  égal 
diamètre. 

Une  tige  de  2™,  5  de  diamètre  possède  habituellement,  chez  les  Doona.  deux  à  trois 
cercles  de  canaux. 

Chez  V Hopea  midtijlora,  on  trouve  les  canaux  répartis  sur  cinq  à  six  cercles,  alors 
que  chez  les  H.  Pierreiel  H.  ovalifolia  on  n'en  observe  que  quelques-uns  en  un  cercle 
incomplet. 

Mêmes  variations  chez  les  Shorea. 

Il  n'est  d'ailleurs  pas  jusqu'à  la  présence  elle-même  de  canaux  sécréteurs  qui  ne  soit 
sujette  à  variation  et  tel  entre-nœud  d'une  tige  s'en  montre  dépourvu,  alors  qu'on 
les  rencontre  dans  l'entre-nceud  voisin.  On  voit  ainsi  à  quelles  conclusions  inexactes 
on  pourrait  aboutir  si  l'on  ne  faisait  un  nombre  suffisant  d'observations. 

(')  L'apparition  plus  ou  moins  hâtive  de  ces  canaux  ligneux  est  aussi  très 
variable  dans  la  même  espèce,  pour  des  échantillons  d'une  même  provenance.  Ainsi 
s'expliquerait  peut-être  la  raison  pour  la(juelle  A.  Bécheraz  {Mittheit.  der  Nalurf. 
Gesellsch.  in  Bern,  1898,  p.  io3)  et  M.  Stepowski  (  Vergleicliend.  anatom.  Untersii- 
cliung.  iil)er  die  olierirdischen  Vegetalionsorgane  der  Biu seraceœ,  Dipterocarpeœ 
and  Guttiferce,  etc.  :  Inaug.  Dissert.,  Bern,  igoS)  n'en  font  pas  mention  dans  la  tige 
de  Vatica  moluccana.  Il  est  vrai  que  ce  dernier  auteur  ne  signale  de  canaux  dans  le 
bois  chez  aucune  Diptérocarpée,  pas  même  chez  les  Dipterocarpus. 

(-)  Comptes  rendus,  t.  CXL,  p.  .j2o. 


Io4  ACADÉMIE    DES    SCIEN'CES. 

développés,  de  petits  canaux  réduits  encore  à  leur  méat  primitif  et  dont  la  forme 
rappelle  suffisamment  leur  origine.  Aussi  senihle-t-il  permis  de  conclure  que,  d'une 
façon  générale  cliez  les  Diptérocarpées,  les  canaux  sécréteurs  du  bois  prennent  nais- 
naissance  dans  le  cambium,  à  la  façon  de  ceux  des  Copaifera  et  des  Daniellia  étudiés 
par  M.  Guignard. 

Quel  que  soit,  à  l'origine,  le  diamèlre  du  canal,  il  ne  se  motlifie  guère  avec 
l'âge,  si  ce  n'est  par  disparition  plus  ou  moins  complète  des  cellules  de 
bordure.  Exceptionnellement  dans  nos  échantillons  (^Balanocarpus  banca- 
nus),  mais  le  fait  doit  être  plus  fréquent  daus  les  tiges  plus  âgées,  nous 
avons  rencontré  (les  cavités  plus  volumineuses  indiquant  qu'il  peut  y  avoir, 
à  un  moment  donné,  non  seulement  disparition  des  cellules  de  bordure, 
mais  aussi  résorption  des  tissus  environnant  le  canal  primitif. 

L'analogie  signalée  plus  haut  entre  les  Copaijera  et  Daniellia  d'une 
part,  les  Diptérocarpées  iraiitre  part,  se  poursuit  jusque  dans  la  façon 
même  dont  ces  canaux  effectuent  leur  course  à  l'intérieur  du  corps  ligneux. 
En  effet,  la  fusion  de  deux  ou  plusieurs  canaux  voisins,  toujours  évidente 
en  section  transversale  chez  tous  les  genres  considérés,  s'affirme  d'une 
façon  beaucoup  plus  apparente  chez  certaines  espèces  en  seclion  longitu- 
dinale et,  à  l'instar  de  ceux  des  Diplerocarpus,  les  canaux  tles  S/iorea,  Va- 
tica,  Hopea,  Doona,  Isoptera,  confluent  en  un  réseau  à  mailles  plus  ou  moins 
inégales,  rappelant  surtout  celui  des  Daniellia. 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  la  respiration  de  la  fleur.  Note  de  M.  Maige, 
présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

De  Saussure  est  le  premier  physiologiste  qui  ait  étudié  les  variations  de  l'intensité 
respiratoire  de  la  fleur  au  cours  de  son  développement;  les  résultats  de  ses  expériences 
sur  les  Heurs  des  C ucurbila  Melo-Pepo,  Hibiscus  speciosus  el  Passijlora  serralifolia 
sont  actuellement  devenus  classiques  et  il  est  admis  très  généralement  que  c'est  au 
moment  de  l'épanouissement  que  l'intensité  respiratoire  de  la  lleur  est  le  plus  grande. 
Plus  tard  Cahours,  en  i864,  signala,  sans  indiquer  les  espèces  sur  lesquelles  il  opé- 
rait, que  la  lleur  qui  commence  à  se  développer  dégage  plus  de  gaz  carbonique  et 
consomme  plus  d'oxygène  que  celle  qui  a  atteint  son  complet  développement  et 
Gurtel,  en  1899,  expérimentant  sur  les  Iris  sambucina,  Linaria  vulgaris,  Anémone 
Japonica,  arriva  à  cette  conclusion  que  les  boutons  de  ces  trois  plantes  respirent 
individuellement  avec  plus  d'intensité  que  les  fleurs  épanouies,  bien  que  présentant  un 
poids  notablement  moindre. 

Il  y  a  une  contradiction  évidente  entre  les  résultats  obtenus  par  ces  deux  observa- 
teurs et  ceux  des  expériences  de  de  Saussure, 


SÉANCE  DU  8  JANVIER  1906.  Io5 

J'ai  repris  l'élude  de  la  question,  en  opérant  sur  vingt  espèces,  appartenant 
aux  familles  les  plus  diverses,  prises  au  hasard  parmi  les  plantes  qui  fleu- 
rissaient pendant  les  mois  d'août  et  se[>tembre  au  laboratoire  de  Biologie 
végétale  de  Fontainebleau  et  pendant  le  mois  de  décembre  à  Alger. 

Je  prélevais,  pour  chaque  espèce,  en  général,  quatre  lots  de  fleurs  à  dif- 
férents stades  de  développement,  que  je  pesais  et  introduisais  successive- 
ment dans  quatre  éprouvettes,  contenant  un  volume  déterminé  d'air  atmo- 
sphérique normal  et  placées  ensuite  à  l'obscurité.  Au  bout  de  quelques 
heures,  je  faisais  successivement  une  prise  de  gaz  dans  chacune  des  éprou- 
vettes et  j'en  dosais  le  gaz  carbonique  à  l'aide  de  l'appareil  de  Bonnier  et 
Mangin.  Au  moyen  de  ces  données,  il  était  facile  de  déduire  le  volume  de 
gaz  carbonique  dégagé  en  i  heure  dans  chacun  des  quatre  lots,  soit  par 
i^  de  fleurs,  soit  par  une  fleur  prise  individuellement. 

Voici  les  résultats  obtenus  pour  l'intensité  respiratoire  rapporlée  au 
gramme-heure. 

Sur  les  vingt  espèces  élLidiées,  di\-sept  (Verbasctini  Tliapsus,  Aloe  arborescens,  etc.) 
ont  présenté  une  inlensilé  respiraloiie  décroissant  régulièremenl  depuis  le  bouton  très 
jeune  jusqu'à  la  ileur  fraîchement  épanouie;  pour  une  seule  {Reseda  lulea),  l'intensité 
respiratoire  est  restée  sensiblement  constante  et,  pour  deux  autres  enfin  {Ciicurbila 
maj-ima,  MaU-miscus  mollis),  l'intensité  resjjiratoire  est  allée  en  croissant  jusqu'à 
l'épanouissement.  Il  est  à  remarquer  que  ces  deux  espèces  sont  voisines  de  celles  étu- 
diées par  de  Saussure  (Ciicurbila  Melo-Pepo,  Hibiscus  speciosi/s)  et  que,  par  cojisé- 
quent,  mes  résultats  concordent  avec  les  siens  sur  ce  point. 

Chez  les  dix-sept  espèces  où  l'intensité  respiratoire  de  la  fleur  va  en  diminuant  au 
cours  de  son  développement,  la  rapidité  de  celle  décroissance  peut  être  caractérisée 
par  le  rappoit  des  intensités  respiratoires  respectives,  des  boulons  cueillis  au  stade  le 
plus  jeune  et  des  fleurs  fraîchement  épanouies.  Ce  rapport  varie  dans  une  même  plante, 
dans  une  mesure  assez  grande  avec  la  teneur  en  eau  de  la  fleur;  mais  mes  expériences 
ayant  été  faites  pendant  des  périodes  très  pluvieuses,  les  fleurs  sur  lesquelles  j'ai  expé- 
rimenté étaient,  à  ce  point  de  vue,  dans  des  conditions  liés  comparables. 

Le  rapport  varie  beaucoup  d'une  espèce  à  une  autre;  dans  les  conditions  de  mes 
expériences,  il  a  été  de  3,2  dans  le  Verbascuin  Tliapsus,  3,8  chez  V  Aloe  arborescens, 
2,5  dans  le  Tecoma  Capensis,  1,9  chez  le  Linaria  vulgaris,  i,5  chez  le  Narcissus 
Tazetta,  1,4  chez  VHypericum  perforalum,  1,16  dans  le  Riciiius  communis,  1,09 
dans  VAchillea  Millefolium. 

En  considérant  maintenant  l'intensité  respiratoire  rapporlée  à  la  fleur  prise  indivi- 
duellement, j'ai  trouvé  que  les  vingt  espèces  étudiées,  sans  exception,  présentaient  une 
intensité  respiratoire  croissant  régulièrement  depuis  les  stades  les  plus  jeunes  jusqu'à 
l'épanouissement. 

En  résumé,  on  peut  formuler  les  conclusions  suivantes  : 

1°  Chez  la  plupart  des  plantes,  l'intensité  respiratoire  {lappartée  au  poids 


Io6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

frais  et  au  gaz  carbonique  dégagé)  va  en  décroissant,  d'une  manière  régu- 
gulière,  depuis  les  stades  les  plus  jeunes  jusqu'à  l  épanouissement. 

2°  Chez  un  très  petit  nombre  d'espèces,  l'intensité  respiratoire  va,  au  con- 
traire, en  croissant,  au  cours  du  développement  de  la  fleur,  pour  être  le  plus 
grande  dans  la  fleur  épanouie.  Entre  ces  espèces  et  les  précédentes  on  trouve 
tous  les  intermédiaires. 

3°  La  respiration  de  la  fleur  prise  individuellement  va  toujours  en  croissant 
depuis  les  stades  les  plus  jeunes  jusqu  à  C épanouissement . 

On  peut  rapprocher  la  marche  décroissante  de  l'intensité  respiratoire 
(rapportée  au  poids  frais)  de  la  fleur,  au  cours  de  son  développement,  de 
celle  que  présente  la  feuille.  Les  expériences  de  Garreau,  Moissan,  Bonnier 
et  Mangin  ont  montré  qu'à  poids  égal  les  feuilles  jeunes  des  bourgeons  en 
voie  de  développement  respiraient  avec  plus  d'intensité  que  les  feuilles 
adultes;  il  n'est  pas  étonnant  qu'il  en  soit  de  même  chez  les  fleurs,  qui  ne 
sont  que  des  groupes  de  feuilles  adaptées  à  un  rôle  spécial. 


CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  la  composition  des  liquides  qui  circulent 
dans  le  végétal;  variations  de  l'azote  dans  les  feuilles.  Note  de 
M.  G.  André. 

L'extraction  directe,  à  l'aide  d'une  pression  convenable,  des  liquides  que 
renferme  la  plante  permet  d'étudier  la  nature  et  la  forme  même  des  élé- 
ments essentiels  à  la  nutrition  qui  circulent  dans  ses  tissus.  On  ne  peut 
songer,  même  en  employant  une  pression  très  énergique,  à  retirer  d'un 
végétai  tous  les  liquides  que  celui-ci  contient,  Connaissant  la  teneur  totale 
de  la  plante  ou  des  parties  de  la  plante  en  eau,  d'une  part;  la  quantité  de 
liquide  retiré  par  expression  et  le  poids  de  l'extrait  sec,  d'autre  part,  on 
peut  calculer  quelle  est  la  quantité  totale  du  liquide,  chargé  de  matières  en 
dissolution,  qui  est  présente  dans  le  végétal.  Ceci  suppose  que  la  concen- 
tration des  sucs  est  la  même  dans  la  partie  du  liquide  extrait  directement 
et  dans  celle  qui  demeure  dans  les  débris  végétaux.  Cette  supposition  n'est 
pas  absolument  exacte,  ainsi  que  je  l'ai  vérifié  par  des  expressions  succes- 
sives :  l'erreur  n'est  cependant  pas  très  forte  et  j'admettrai,  comme  pre- 
mière ap[)roximation,  l'identité  de  composition  des  sucs  extraits  avec  ceux 
qui  demeurent  dans  le  végétal.  Les  chiflres  qui  figurent  plus  loin  se  rap- 
portent à  ce  liquide  total. 

En  procédant  ainsi  que  je  viens  de  le  dire,  pour  retirer  les  sucs  d'une 


—  > 


SÉANCE  DU  8  JANVIER  1906.  IO7 

|)!ai)te,  on  peut  connaître,  dans  des  conditions  assez  satisfaisantes,  leur 
composition  réelle  à  un  moment  donné,  sans  l'intervention  d'aucun  réactif  : 
il  suffit  de  filtrer,  au  bout  de  24  heures  de  repos,  le  liquide  conservé  dans 
un  vase  fermé,  en  présence  de  quelques  gouttes  de  toluène.  J'examinerai 
aujourd'hui  les  différences  décomposition  que  présentent  les  sucs  extraits  : 
1°  des  feuilles  d'une  plante  annuelle  à  végétation  rapide  :  Papaver somni- 
ferum:  1°  des  feuilles  d'une  plante  à  souclie  vivace  :  Pyreihrum  halsamila, 
depuis  le  début  de  la  végétation,  jnsc]u'au  moment  de  la  floraison,  c  est- 
à-dire  pendant  toute  la  période  de  la  vie  active  de  la  feuille. 

iitci  parlics  lie  maliùro      Sur  des 

stérile  conlicnnenl  :       feuilles  Phospliore 

— ■■■■      -^ — ^^ — -       rorres-  Azole  tolal  v\zole          lolal  calcule 

Eau  dans                        Pliosptiore  pontiant  à  organique,     des  nitrates,     en  PO^H^. 

100  parties  total  ni.>  parties .^ -^^ — ^ — 

de  matière        Azote         calculé  de  matière  contenu  dans  le  sue  des  feuilles  corres- 

huniide.           total.      enPOUi*.      sèclie.  pondant  a  loo  parties  de  matière  sèche. 

I.  3  mai  igoS 89,6.''!  3,83        2,01  906  0,941-^        o,  1082  » 

II.  17  mai 8g, 44  3,37         1,81  887  0,8710        0,0827         i,i238 

III.  ()  juin.  Apparition  A<:  quelques  tiges  poftant  des 

boulons  floratix 8S,oi  3,o5         i,47  766  0,494^        0,0283        0,8702 

IV.  3o  juin.  Apparition  des  ileiiis 86,33  2,.j3         1,46  667  0,454^        "lOM?        0,9838 

I.  i4    juin.    Avant    apparition    des    boutons    flo- 

raux      89,88  3,93         2,Gi  93i  1,4^9^        Oj-^49'         i,8t52 

II.  38  juin.  Formation  des  boutons  floraux 86,92  3,82         2,48  716  i,386o        o,o636         1,8930 

III.  10  juillet.  Floraison 84, i5  3,24        ^1-6  575  i,i465        0,0986         i,i3i.'j 

Tous  les  dosages  de  l'acide  phosphoriqiie  ont  été  effectués  par  la  pesée 
du  phosphomolvbdate  d'ammonium  (méthode  au  citrate  de  H.  Pellet).  On 
peut  ainsi  apprécier  avec  une  grande  précision  de  très  faibles  quantités 
d'acide  phosphorique  contenues  dans  certains  liquides. 

La  comparaison  des  nombres  inscrits  dans  le  Tableau  précédent  conduit 
à  formuler  les  remarques  suivantes  : 

I.  A  mesure  que  les  feuilles  se  déshydratent  par  suite  des  progrès  de  la 
végétation,  la  quantité  d'azote  total  contenu  dans  100  parties  de  suc  diminue 
chez  les  feuilles  de  Pyrèthre  :  elle  est  égale  à  o^,  io3  et  ©""^ogS  aux  deux 
premières  prises  d'échantillon;  elle  s'abaisse  à  0^,064  et  o*»', 068  aux  deux 
prises  suivantes.  La  quantité  ti'acide  phosphorique  total  augmente  au  con- 
traire. Chez  les  feuilles  de  Pavot,  dont  la  déshydratation  est  cependant 
plus  rapide  que  celle  des  feuilles  de  Pyrèthre,  la  quantité  de  l'azote  total 
contenu  dans  100  parties  de  suc  est  égale  successivement  à  0^,159,  0^,193, 
o",  199,  tandis  que  la  proportion  de  l'acide  phosphorique  total  est  maxima 
à  la  deuxième  prise  d'échantillon,  à  laquelle  correspond  la  formation  des 
boutons  floraux.  La  concentration  des  sucs  en  azote  et  acide  phosphorique 


Io8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

solubles  est  notablement  plus  élevée  chez  les  feuilles  de. la  plante  annuelle, 
à  végétation  rapide,  que  chez  celles  de  la  plante  vivace. 

II.  Si  l'on  prend  le  rapport  entre  l'azote  total  dii  suc  correspondant  à 
loo  parties  de  matière  sèche  et  l'azote  total  contenu  dans  loo  parties  de 
matière  sèche,  on  trouve  que  ce  rapport,  égal  à  -j^  environ  aux  deux  pre- 
mières prises  d'échantillon  des  feuilles  de  Pyrèthre,  s'abaisse  à  ~  aux  deux 
dernières  prises.  Chez  les  feuilles  de  Pavot,  ce  rapport,  notablement  plus 
élevé,  est  à  peu  près  constant  et  égal  à  ^.  Par  suite  de  l'évolution  rapide 
de  cette  dernière  plante,  des  quantités  considérables  d'azote  soluble,  éla- 
borées dans  la  feuille,  sont  mises  en  circulation,  afin  de  pourvoir  aux 
besoins  de  la  fi-uctification. 

L'élaboration  de  la  matière  azotée  dans  la  feuille  aux  dépens  des  nitrates 
trouve,  dans  les  chiffres  du  Tableau,  une  démonstration  très  nette,  surtout 
dans  le  cas  des  feuilles  de  Pavot,  et  sur  laquelle  il  est  superflu  d'insister. 
On  notera  seulement  que  la  disparition  des  nitrates  chez  ces  dernières 
feuilles  est  beaucoup  plus  rapide  que  chez  les  feuilles  de  Pyrèthre. 

Les  faits  qui  précèdent  traduisent,  en  ce  qui  concerne  l'azote,  la  diffé- 
rence qui  existe  entre  le  travail  physiologique  des  feuilles  d'une  plante  à 
souche  vivace  et  celui  des  feuilles  d'une  plante  annuelle,  remarquable  par 
la  rapidité  de  son  évolution.  L'examen  des  variations  simultanées  de  l'acide 
phosphorique  et  de  l'azote  conduit  à  des  constatations  analogues. 


CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  l'hordénine  :  alcaloïde  naiweau  retiré  des  germes, 
dits  touraillons,  de  l'orge.  Note  de  M.  E.  Léger,  présentée  par  M.  Gui- 
gnard. 

Par  la  méthode  de  Stas  j'ai  pu  extraire  des  touraillons  d'orge  un  alca- 
loïde nouveau  que  je  propose  de  nommer  hordénine. 

En  pratiquant  la  méthode  sus-indiquée,  l'alcaloïde  est  obtenu  en  solution 
élhérée;  celle-ci,  évaporée  à  sec,  abandonne  la  base  sous  forme  d'une 
matière  poisseuse  qui  ne  tarde  pas  à  se  prendre  en  une  masse  de  cristaux. 
Le  produit  est  purifié  par  des  cristallisations  répétées  dans  l'alcool. 

Ainsi  obtenue,  l'hordénine  forme  des  prismes  assez  volumineux,  inco- 
lores, anhydres,  presque  insipides,  fusibles  à  +117°, 8  (corrigé)  en  un 
liquide  incolore.  Maintenue  pendant  longtemps  à  cette  température  ou 
mieux  à  i4o-i5o°,  elle  se  volatilise  et  peut,  sans  altération  sensible,  être 
sublimée  à  la  façon  du  camphre.  Sa  solution  alcoolique  est  sans  action  sur 


SÉANCE  DU  8  JANVIER  1906.  109 

la  lumière  polarisée;  il  en  est  de  même  de  la  solution  aqueuse  du  sulfate. 

M.  WyroubofF,  qui  a  bien  voulu  examiner  les  cristaux  d'hordénine,  a 
constaté  que  ce  sont  des  prismes  orthorhombiques  plus  ou  moins  allongés, 
très  fortement  biréfringents;  le  rapport  des  axes  étant  0,5257:  i  :o,355i. 

L'hordénine  se  dissout  abondamment  dans  l'alcool,  le  chloroforme, 
l'éther,  moins  dans  le  benzène,  et  peut  cristalliser  de  ces  divers  solvants. 
Elle  se  dissout  à  peine  dans  le  toluène  et  encore  moins  dans  le  xylène  com- 
mercial. Sa  solubilité  dans  les  carbures  du  pétrole  est  à  peu  près  nulle  à 
froid. 

L'hordénine  est  une  base  forte,  qui  non  seulement  bleuit  le  tournesol 
rouge,  mais  encore  rougit  la  phtaléine  du  phénol  et  déplace,  à  froid,  l'am- 
moniaque de  ses  sels.  L'acide  sulfurique  concentré  ne  la  colore  pas.  Elle 
est  à  peine  attaquée  par  la  potasse  en  solution  concentrée  et  à  chaud,  ni 
même  par  la  potasse  en  fusion.  Par  contre  elle  réduit,  à  froid,  le  perman- 
ganate de  potassium  en  solution  acide  et,  à  chaud,  l'azotate  d'argent  am- 
moniacal ainsi  que  l'acide  iodique,  ce  dernier  avec  précipitation  d'iode. 

La  composition  de  l'hordénine,  ainsi  que  son  poids  moléculaire,  corres- 
pondent à  la  formulé  (')  CH'^NO.  Elle  est  donc  isomérique  avec  l'éphé- 
drine;  mais,  tandis  que  celle-ci  est  une  base  secondaire,  l'hordénine,  ainsi 
que  nous  le  verrons  plus  loin,  est  une  base  tertiaire.  C'est,  de  plus,  une 
base  monoacide,  ne  formant,  par  conséquent,  qu'une  seule  série  de  sels. 
Ceux  que  j'ai  préparés  sont,  en  général,  très  solubles  dans  l'eau;  mais 
tous,  à  l'exception  du  chlorhydrate,  cristallisent  facilement  en  solution 
aqueuse. 

Sels.  —  Le  sulfate  (C"'H'°NO)^SO*H--f- H^O  cristallise  en  aiguilles  prismatiques 
brillantes,  facilement  solubles  dans  l'eau,  très  peu  solubles  dans  l'alcool  à  gS". 

Le  chlorhydrate  C'H'^iNO,  HCl  cristallise  dans  l'alcool  à  90°  en  fines  aiguilles 
anhydres. 

X^e.  brom hydrate  C'"H'''NO,HBr  forme  de  très  longues  aiguilles  prismatiques, 
brillantes,  anhydres,  très  solubles  dans  l'eau,  moins  solubles  dans  l'alcool  à  90°. 

Uiodhydrate  C'H'^NO,  HI  cristallise  en  prismes  allongés,  anhydres,  un  peu  moins 
solubles  dans  leau  que  le  bronihydrate,  peu  solubles  dans  l'alcool  à  90°. 

Dérivé  alcoylé.  —  Viodoniéthylate  C"'H'^N0,GH^1  s'obtient  :  soit  en  chaullant 
à  110°,  en  tube  scellé,  la  base  avec  CH^I;  soit  en  abandonnant,  à  froid,  une  solution 
éthérée  ou  alcoolique  de  base  additionnée  de  CH^  L  Dans  tous  les  cas,  même  avec  un 
grand  excès  de  CH^I,  le  produit  obtenu  est  le  même.  L'hordénine  ne  pouvant  liver 
qu'une  seule  molécule  de  CH'l  est  donc  bien  une  base  tertiaire.  L'iodométhylate  cris- 


(')  Les  analyses  seront  publiées  ailleurs. 

C.  B.,  igoU,  I"  Semestre.  (T.  CM.II,  N»  2.) 


i5 


\cc 


IIO  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

tallise  dans  l'eaii  en  prismes  incolores,  anhydres,  beaucoup  plus  solubles  à  chaud  qu'à 
froid. 

Dérivé  acidylé.  —  XJacétylhordcnine  s'obtient  en  chauffant  pendant  3  à  /j  heures, 
à  loo",  la  base  avec  un  excès  d'anhydride  acétique.  Après  décomposition  de  l'excès 
d'anhydride  au  moyen  de  l'eau,  on  met  le  dérivé  acélylé  en  liberté  par.  NH^  et  l'on 
extrait  à  l'élher.  L'acétylhordénine  reste,  après  évaporalion  de  l'étlier,  sous  la  forme 
d'un  liquide  sirupeux,  incrislallisable.  C'est  un  corps  basique,  dont  le  sulfate,  très 
soluble  dans  l'eau  et  l'alcool,  iie  cristallise  pas.  L'iodhydrale,  au  contraire,  est  très  peu 
soluble,  à  froid,  et  cristallise  avec  facilité. 

Z,'/oû?/iy<i/'aie  c?'«ce7j/Aors?e'«//ie  C"H"(C-H'0)NO,  HI  s'obtient  en  ajoutant  à  la 
solution  aqueuse  concentrée  du  sulfate  d'acétjlhordénine  une  quantité  équivalente  de 
Nal  en  solution  concentrée.  Il  se  forme  un  abondant  précipité  cristallin  qui,  après 
lavage  et  dessiccation,  est  cristallisé  successivement  dans  l'âlcooi  à  90°  et  dans  l'eau.  Il 
forme  ainsi  des  cristaux  tabulaires,  blanc  jaunâtre,  anhydres,  très  solubles  dans  l'alcool, 
surtout  à  chaud. 

Nous  avons  tenté  des  expériences  en  vue  de  rechercher  la  constitution 
de  l'hordénine.  Dès  maintenant,  il  est  établi  que  son  atome  d'azote  est  ter- 
tiaire et  que  son  atome  d'oxygène  existe  dans  la  molécule  à  l'état  d'oxhy- 
drile.  L'hordénine  présente,  en  outre,  un  caractère  phénolique  très  accen- 
tué; elle  se  dissout  dans  les  alcalis  caustiques  et  ceux-ci  ne  précipitent  pas 
les  soltitions  de  ses  sels;  la  solution  de  son  sulfate  se  colore  faiblement  en 
violet  bleu  par  le  perchlorure  de  fer. 

A  la  suite  d'une  observation  faite  par  M.  G.  Roux,  de  Lyon,  qui  reconnut 
que  le  bacille  du  choléra  est  incapable  de  se  développer  dans  le  bouillon 
de  touraillons,  MM.  Lauth,  de  Carcassonne,  provoquèrent  des  expériences 
ayant  pour  but  de  rechercher  la  valeur  thérapeutique  de  ce  produit. 

Les  essais  cliniques  qui  suivront  les  recherches  physiologiques  faites  par 
M.  L.  Camiis  sur  l'hordénine  (')  établiront  si  cet  alcaloïde  agit  stir  l'orga- 
nisme dans  le  même  sens  que  le  touraillon  et  s'il  ne  doit  pas  lui  être  avan- 
tageusement substitué. 


PHYSIOLOGIE.   —   L'hordénine,    son  degré  de  toxicité,  symptômes 
de  l'intoxication.  Note  de  M.  L.   Camus,  présentée  par  M.  Guignard, 

J'ai  entrepris  à  la  demande  de  M.  Léger  l'étude  physiologique  d'un  alca- 
loïde nouveau,  l'hordénine  (-),  qu'il  vient  d'isoler  des  touraillons  d'orge. 

(')  Voir  ci-dessous. 

(-)  Voir  ci-dessus,  p.  108. 


SÉANCE  DU  8  JANVIER  Î906.  Ill 

Le  produit  qui  m'a  été  confié  est  le  sulfate  d'hordéninp;  c'est  un  corps  bien 
blanc,  d'aspect  cristallin  et  d'une  grande  solubilité  dans  l'eau. 

Avant  d'entreprendre  cette  recherche  je  me  suis  demandé  si  les  propriétés  de  cette 
substance  n'avaient  pas  été  au  moins  partiellement  entrevues  par  les  expérimentateurs 
qui  ont  étudié  l'orge.  Or,  voici  ce  que  l'on  sait  jusqu'ici  des  propriétés  thérapeutiques 
de  l'orge  (relativement  à  Thordénine),  et  c'est  je  crois  la  connaissance  de  ces  propriétés 
qui  a  conduit  M.  E.  Léger  à  sa  découverte. 

En  1890,  M.  G.  Roux  (')  faisait  connaître,  dans  un  travail  sur  les  touraillons  d'orge, 
que  ce  produit  employé  comme  milieu  de  culture  est  parfois  très  nuisible  au  dévelop- 
pement de  certains  microbes  et  en  particulier  des  vibrions  cholériques.  Cette  remarque 
fut  sfiivie  d'un  certain  nombre  d'applications  médicales. 

Plusieurs  médecins  du  midi  de  la  France  essayèrent  les  infusions  et  macérations  de 
tourailloû  dans  la  dysenterie  et  les  adeclions  cholériformes  ;  les  résultats  furent  encou- 
rageants et  quelques  médecins  des  colonies,  qui  firent  ensuite  usage  de  ce  produit, 
obtinrent  aussi  pour  la  plupart  d'excellents  résultats.  Le  Conseil  supérieur  de  santé 
de?  colonies,  appelé  à  donner  son  appréciation,  fit  toutefois  quelques  réserves  ;  il  recon- 
nut que  les  touraillons  rendent  des  services,  mais  qu'il-  ne  sont  pas  à  la  hauteur  des 
préparations  d'ipéca  et  de  sulfate  de  soude  qui  restent  les  véi  itables  spécifiques  de  la 
dysenterie.  La  restriction  dans  celte  appréciation  tenait  à  quelques  insuccès  qui  furent 
expliqués  par  G.  Roux,  par  Fabre  ainsi  que  par  les  travaux  de  Kayser  (-)  qui  mon- 
trèrent que,  suivant  le  mode  de  préparation,  le  touraillon  subit  des  altérations  plus  ou 
moins  considérables.  Le  séchage  dans  les  tourailles  ordinaires  fait  perdre  à  l'orge  ses 
propriétés  bactéricidee,  alors  que  le  séchage  dans  la  touraille  Lauth  laisse  subsister 
ces  propriétés  et,  par  conséquent,  les  qualités  thérapeutiques.  L'alcalo'ide  isolé  par 
M.  Léger,  très  volatil  aux  températures  qui  modifient  le  touraillon,  a  justement  été 
extrait  des  produits  reconnus  actifs. 

Depuis  1901,  époque  à  laquelle  Boinel  (^)  publiait  le  résumé  des  tentatives  théra- 
peutiques faites  jusqu'alors  avec  le  touraillon,  ainsi  que  le  résultat  de  ses  recherches 
personnelles,  conformes  d'ailleurs  à  celui  du  Conseil  supérieur  de  santé  des  colonies, 
il  n'a  pas  été  fait  de  travaux  importants  sur  la  question. 

Nous  nous  trouvons  donc  aujourd'hui  en  face  du  problème  suivant  :  quelles  sont  les 
propriétés  physiologiques  de  l'alcaloïde  extrait  des  touraillons  et  dans  quelles  limites 
peut-on  en  essayer  l'action  thérapeutique'.'  L'étude  que  je  poursuis  donnera  à  brève 
échéance  la  réponse  à»ces  questions;  pour  l'instant  je  me  bornerai  à  faire  connaître  les 
propriétés  toxiques  et  le  degré  de  toxicité  de  la  substance. 

J'ai  étudié  la  toxicité  en  pratiquant  des  injections  intra-veineuses,  des 


(')  G.  Houx,  Société  médicale  de  Lyon  {Lyon  médical,  t.  XLIV,  1890,  p.  476-478). 

(')  Kayser,  Etude  des  mails  de  brasserie  {Annales  de  l'Institut  Pasteur,  1890, 
p.  484-499). 

(')  BomiiT,  Du  touraillon  d'orge  en  thérapeutique  {Marseille  médical, 
t.XXXVlII,   i5  novembre  i90i,p.  673-681). 


112  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

injections  sons-cutanées  et  en  faisant  ingérer  des  solutions  de  sulfate  d'hor- 
dénine;  les  solutions  employées  ont  toujours  été  des  solutions  aqueuses, 
tantôt  à  I  pour  loo,  tantôt  à  i  pour  20  et  quelquefois  à  i  pour  4o.  Les 
animaux  expérimentés  ont  été  le  cobaye,  le  lapin,  le  chien  et  le  rat.  Chez 
le  cobaye,  le  lapin  et  le  chien  j'ai  étudié  l'effet  toxique  des  injections  intra- 
veineuses et  chez  le  cobaye  et  le  rat  celui  des  injections  sous-cutanées; 
enfin,  chez  le  chien,  j'ai  étudié  l'effet  de  l'ingestion. 

D'une  façon  générale  la  toxicité  du  sulfate  d'hordénine  est  faible,  la  dose 
minima  mortelle  pour  le  chien  et  le  cobaye  est  de  ok,3o  par  kilogramme 
en  injection  intra-veineuse;  elle  est  un  peu  plus  faible  pour  le  lapin,  o^,  aS 
seulement.  En  injection  sous-cutanée  chez  le  cobaye  la  dose  mortelle  mi- 
nima par  kilogramme  est  de  2^;  chez  le  rat  elle  semble  un  peu  plus  faible, 
i^  environ,  mais  les  rats  sur  lesquels  j'ai  expérimenté  étaient  assez  jeunes 
et  leur  faible  poids  ne  me  permet  pas  de  donner  cette  dernière  valeur 
comme  très  précise.  Enfin  le  chien  meurt  après  l'ingestion  de  2^  par  kilo- 
gramme. Tous  ces  chiffres  sont  le  résultat  de  plus  de  60  expériences  que 
je  ra])porterai  ailleurs  en  détail. 

L'intoxication  s'accompagne  principalement  de  manifestations  ner- 
veuses; les  symptômes  observés  sont  surtout  caractéristiques  d'actions 
corticales  et  bulbaires.  C'est  d'abord  une  excitation  plus  ou  moins  forte 
suivie  d'une  phase  de  paralysie;  les  hallucinations  tiennent  une  place  impor- 
tante dans  la  première  phase.  Ce  sont  ensuite  des  phénomènes  convulsifs 
qui  se  traduisent  par  une  série  d'attaques  cloniques  et  toniques  plus  ou 
moins  marquées  suivant  l'espèce  animale;  enfin  apparaît  la  paralysie.  Les 
réactions  bulbaires  sont  aussi  très  précoces,  elles  se  montrent  dès  le  début 
de  l'intoxication  sous  forme  de  troubles  respiratoires,  on  constate  toujours 
une  polypnée  plus  ou  moins  dyspnéique,  suivie  d'une  phase  plus  ou  moins 
prolongée  d'apnée.  Les  vomissements  sont  également  constants  après 
l'ingestion  d'une  dose  mortelle.  La  mort  est  la  conséquence  d'une  action 
de  la  substance  sur  le  bulbe,  elle  est  due  à  un  arrêt  de  la  respiration;  si 
l'on  ouvre  le  thorax  d'un  animal  qui  a  cessé  de  réagir,  on  constate  que 
le  cœur  continue  à  battre  encore  pendant  quelque  temps.  La  respiration 
artificielle  retarde  ou  empêche  la  mort.  Il  importe  aussi  de  remarquer  que 
la  phase  de  l'intoxication  pendant  laquelle  la  mort  peut  survenir  est  tou- 
jours très  courte;  si  l'animal  surmonte  cette  phase,  il  se  remet  vite  et  com- 
plètement sans  présenter  de  troubles  consécutifs.  A  la  suite  d'une  injection 
intraveineuse,  je  n'ai  jamais  vu  la  mort  survenir  passé  une  dizaine  de 
minutes  et  après  45  minutes  pour  une  injection  sous-cutanée.  Dans  quelques 


SÉANCE  DU  8  JANVIER  igo6.  Il3 

expériences  je  me  suis  préoccupé  du  sort  de  la  substance  dans  l'économie 
et,  d'après  quelques  analyses  pratiquées  par  M.  Léger,  je  puis  dire  qu'une 
partie  de  celte  substance  s'élimine  par  les  urines. 

En  résumé,  le  sulfate  d'hordénine  est  une  substance  peu  toxique;  elle 
donne  lieu,  quand  elle  est  injectée  ou  ingérée  à  forte  dose,  à  des  manifesta- 
tions d'origine  corticale  et  bulbaire.  Quand  la  mort  se  produit,  elle  est 
déterminée  par  un  arrêt  de  la  respiration.  Si  l'animal  survit  après  avoir  été 
fortement  intoxiqué,  il  se  remet  complètement  et  très  rapidement;  dans  les 
jours  qui  suivent,  son  poids  n'est  pas  sensiblement  modifié. 


ZOOLOGIE.    —  Sur  les  Échinodermes  recueillis  par  l'expédition  antarctique 
française  du  D'^  Charcot.  Note  de  M.  R.  Kœhler,  présentée  par  M.  Alfred 

Giard. 

M.  le  professeur  Joubin  a  bien  voidu  me  confier  l'étude  des  Stellérides, 
Ophiures  et  Échinides  recueillis  dans  l'océan  Antarctique  par  l'expédition 
du  D''  Charcot.  La  collection  qui  m'a  été  remise  n'est  pas  très  considé- 
rable, mais  elle  renferme  des  formes  ayant  un  grand  intérêt,  notamment 
parmi  les  Astéries  qui  m'ont  offert  non  seulement  plusieurs  espèces  nou- 
velles, mais  encore  un  genre  nouveau  et  même  une  famille  nouvelle.  Les 
Ophiures,  assez  pauvrement  représentées,  ont  fourni  une  espèce  nouvelle. 
Quant  aux  Échinides,  ils  ajjpartiennent  à  trois  espèces  déjà  connues. 

Voici  l'énuméralion  des  espèces  recueillies  : 

Stellérides. 

AnriHASTÉRiDÉES  :  Riposter  CliarcoLi  nov.  gen.,  nov.  sp. 

Odonlaslcr  validas  nov.  sp. 

Odontaster  tennis  nov.  sp. 
Gyjixastéru)êes  :  Porania  aiUarctica  Smith. 
Stichastéridées  :  Granasler  biseriatus  nov.  sp. 
AsTÉRiADÉES  :  Anaslerias  tenera  nov.  sp. 

Diplasteriai  Tur(iueti  nov.  sp. 
Diplasterias  papillosa  nov.  sp 
Brisixgidées  :  Lahidiaster  radiosits  Lïitken. 
Crvastéridées  nov.  fam.  :  Cryasler  anlarclicus  nov.  gen.,  nov.  sp. 

Ophiures. 
Ophioglypha  innoxia  nov.  sp. 
Ophionoltis  Victoriœ  Bell. 


Il4  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

Échinides. 

Arbacia  Diifresnii  (BWmy'Me). 
Echinus  magellanicuit  (Pliilippi). 
Echi/itis  inargariLàceus  (Lamarck). 

La  seule  inspeclion  de  cette  liste  montre  que  la  faune  échinologique 
observée  par  l'expédition  Cliarcol  est  notablement  difTérente  de  celle  qu'ont 
rencontrée  d'autres  explorateurs  antarctiques,  celles  de  la  Belgica  et  de  la 
Southern-Cross,  par  exemple. 

Parmi  les  Astéries,  deux  formes  seulement  appartiennent  à  des  espèces 
déjà  connues  et  d'ailleurs  abondamment  répandues  vers  la  pointe  méri- 
dionale de  l'Amérique  du  Sud  :  ce  sont  Xqs  Porania  antarctica  e\.  Labidiaster 
radiosus.  Les  huit  autres  sont  nouvelles  et  appartiennent  pour  la  plupart  à 
des  genres  bien  représentés  dans  les  mers  australes  :  Odontaster,  Granaster, 
Anasterias  et  Diplasterias.  J'ai  dû  créer  le  genre  nouveau  Ripasler  pour  une 
Arrhasléridée  caractérisée  par  la  minceur  des  plaques  marginales.  Enfin, 
une  dernière  forme,  remarquable  p;ir  l'absence  complète  de  squelette 
dorsal,  ne  peut  rentrer  dans  aucune  famille  connue  de  Cryptozonia  et  doit 
faire  le  type  d'une  famille  nouvelle,  celle  des  Cryastéridées,  voisine  des 
Echinastéridées. 

Les  Ophiures  renferment  une  Ophioglypha  nouvelle  voisine  de  l'O.  Sarsi 
et  plusieurs  exemplaires  à' Opliionotus  Victorice,  espèce  découverte  récem- 
ment dans  les  mers  australes  par  la  Southern-Cross  et  remarquable  par  le 
morcellement  des  plaques  brachiales  latérales. 

Les  trois  Echinides,  que  j'ai  mentionnés  plus  haut,  ont  déjà  été  rencon- 
trés plus  ou  moins  fréquemment  sur  les  côtes  de  la  Patagonie  et  dans  les 
parages  du  cap  Horn.  \J Echinus  margaritaceus  est  représenté  par  de  nom- 
breux échantillons  qui  m'ont  permis  de  compléter  la  description  et  de 
rectifier  la  synonymie  de  cette  espèce. 

Toutes  ces  formes  seront  décrites  et  figurées  dans  un  Mémoire  accom- 
pagné de  planches. 

La  composition  de  la  faune  échinologique  antarctique  observée  par  l'ex- 
pédition Charcot  est  complètement  différente  de  celle  que  l'on  rencontre 
dans  les  mors  arctiques  et  son  étude  viendrait  encore,  si  cela  était  néces- 
saire, apporter  un  nouvel  argument  contre  la  théorie  de  la  bipolarité  des 
faunes  arctique  et  antarctique.  Cette  théorie  a  déjà  été  combattue  par 
plusieurs  zoologistes  et  par  moi-même  :  plus  les  observations  se  multi- 


SÉANCE  DU  8  JANVIER  1906.  Il5 

plient,  plus  les  différences  se  montrent  nombreuses  et  accentuées  entre  les 
faunes  des  régions  arctic[ue  et  antarctique  de  notre  globe. 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  la  valeur  des  éléments  magnétiques  à  l' Obser- 
vatoire du  Val-Joyeux  au  \"  janvier  1906.  Note  de  M.  Th.  Muukeaux, 
présentée  par  M.  Mascart. 

Aucune  modification  n'a  été  apportée,  en  igoS,  à  la  marche  du  service 
magnétique  établi  depuis  1902  à  l'Observatoire  du  Val-Joyeux;  comme  les 
années  précédentes,  les  observations  ont  été  faites  par  M.  J.  iLié,  avec  les 
mêmes  apjjareils,  et  réduites  d'après  les  mômes  méthodes. 

Les  valeurs  des  diflérenls  éléments  au  i"  janvier  1906  résultent  de  la 
moyenne  des  valeurs  horaires  relevées  au  maguétographe  le  3i  décembre 
igoS  et  le  i""^  janvier  1906,  rapportées  à  des  mesures  absolues  faites  le 
3o  décembre  et  le  2  janvier. 

La  variation  séculaire  est  déduite  de  la  comparaison  entre  les  valeurs 
actuelles  et  celles  qui  ont  été  données  pour  le  i*''  janvier  1903  ('). 

Valeurs  absolues  et  variation  séculaire  des  éléments  magnétiques 
à  t' Observatoire  du    Val-Joyeux. 

Valeurs  absolues 

au  Variation 

Elcmenls.  1"janvier  19U(i.  séculaire. 

Déclinaison  occidentale i4. 53,73  — 2,96 

Inclinaison 64.48,8  — 2,3 

Composante  horizontale 0,1972g  H-o,oooo5 

Composante  verticale o,  iigoi  — 0,00064 

Composante  Nord o,  19066  -1-0,0001  i 

Composante  Ouest 0,06071  — o,ooo3i 

Force  totale 0,46359  — o,ooo55 

La  station  du  Val-Joyeux  est  située  à  Villepreux  (Seine-et-Oise),  par 
o°i9'23"  de  longitude  Ouest,  el4»°49'i6"  de  latitude. 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXL,  1905,  p.  107. 


Il6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


OCÉANOGRAPHIE.  —  Courants  marins  profonds  dans  V Atlantique  Nord. 
Note  de  M.  A.  Chevallier. 

Pendant  la  campagne  faite  par  S.  A.  S.  le  prince  de  Monaco,  à  bord  de 
la  Princesse- Alice,  en  1904,  des  échantillons  d'eaux  en  série  verticale,  avec 
détermination  de  leur  température  in  situ,  ont  été  recueillis  en  quatre 
points  situés  entre  les  Açores  et  les  Canaries. 

Lat.  N.  I-ong.  W.  Profondeur, 

o        /  n        ,  m 

A 33.06  25.07  4904 

B 31.46  25.01  5428 

G 32.18  23.58  5422 

D 3 1.06  24.06.80"  5ooo 

Les  analyses  de  ces  échantillons,  et  en  particulier  la  mesure  des  densités 
S°  et  s",  ont  été  exécutées  par  M.  Allemandet,  chimiste  du  Prince  à 
Monaco. 

Ces  données  m'ont  servi  à  établir  les  éléments  de  la  circulation  sous- 
marine,  d'après  la  méthode  de  M.  Thoulet  (Comptes  rendus,  t.  CXXXVIII, 

p.  527> 

J'qi  trouvé  les  résultats  suivants  entre  25"°  et  3oo™  de  profondeur, 
rapportés  aux  points  M  (lat.  =  32°23' N,  long.  =  24''4i' W)  et  N 
(lat.  =  3i°43'N,  long.  =:  24''22'W),  centres  respectifs  des  triangles  ABC 
et  BCD.  Les  valeurs  formant  un  Table;iu  complet  de  la  circulation  océa- 
nique ont  été  ensuite  calculées  et  représentées  graphiquement  jusqu'au 
fond . 

M.  N. 

Prufoiuleur.  Dircntion.  Intciisilé.    Inclinaison.        Direction.  Intensilé.       Inclinaison. 

25™ S.  32"  E.  66  58"  S.  3o"  E.  61  28" 

5o S.  SaoE.  175  36"  S.  65°  E.  87  34" 

,oo S.  48°  E.  14      »  S.  82°  E.  3o  » 

i3o S.  82°  W.  i5      »         »  »  » 

i5o S.  55"  W.  19      »  S.  i6"W.  81  » 

175 S.  82"  E.  4      »        "  "  » 

200 N.42°E.  20      »  S.  35"  E.  102  3' 28" 

3oo., ....  N.  28"  E,  9      ))        »  »  » 


SÉANCE  DU  8  JANVIER  1906.  II7 

Les  courants  dont  l'intensité  est  représentée  pai'  un  chiffre  égal  ou  inférieur  à  5  ré- 
sultent de  différences  de  densité,  entre  les  trois  points  considérés,  égales  aux  erreurs 
expérimentales  commises  dans  la  mesure  de  ces  densités;  ils  peuvent  donc  être  consi- 
dérés comme  nuls. 

Ces  résultats  sont  susceptibles  d'être  mis  sous  forme  de  graphiques  permettant 
d'apercevoir  d'un  seul  coup  d'oeil  les  conditions  de  la  circulation  à  une  profondeur 
quelconque,  depuis  la  surface  jusqu'au  fond,  le  long  des  verticales  des  points  M  et  N. 

Sur  une  droite  verticale  et  aux  diverses  profondeurs,  indiquées  à  l'échelle,  où  ont 
lieu  les  variations  maxima  des  courants,  on  imagine  que  le  courant  est  figuré  en 
vraie  direction  par  une  droite  de  longueur  proportionnelle  à  son  intensité  ou  gradient 
sur  un  plan  perpendiculaire  à  la  verticale,  c'est-à-dire  horizontal,  orienté  :  l'Est  à 
droite,  l'Ouest  à  gauche,  le  Nord  et  le  Sud  en  face  du  spectateur.  On  rabat  ensuite 
tous  ces  plans  le  long  de  la  verticale,  de  manière  que  leur  nouvelle  orientation  soit 
absolument  celle  d'une  carie  géographique. 

Une  construction  graphique  très  simple  permet  d'abréger  considérablement,  tout 
en  conservant  la  même  rigueur,  les  calculs  trigonométriques  de  la  méthode  de 
M.  Thoulet. 

L'examen  des  deux  schémas  montre  que  : 

1°  La  circulation  océanique  est  notablement  plus  active  au  voisinage  de 
la  surface  que  dans  les  profondeurs  où  elle  diminue  d'intensité  jusqu'à 
devenir  sensiblement  nulle; 

2°  Les  courants,  suivant  une  même  verticale,  quoique  souvent  très  rap- 
prochés l'un  de  l'autre,  peuvent  manifester  des  directions  notablement 
différentes; 

3°  Dans  la  région  comprise  entre  les  Açores  et  les  Canaries,  les  cou- 
rants superficiels  donnent  une  direction  qui  est  bien  celle  connue  prati- 
quement à  cette  place  du  grand  courant  tropical  et  équatorial. 

Cette  concordance  prouve  l'exactitude  de  la  méthode  de  M.  Thoulet. 
Elle  permettra  dans  l'avenir,  lorsqu'un  nombre  suffisant  de  points  auront 
été  déterminés,  de  reconnaître  le  plan  limite  inférieur  d'un  courant,  c'est- 
à-dire  en  quelque  sorte  le  sol  liquide  sur  lequel  il  progresse  et,  en  outre, 
de  passer  de  la  connaissance  de  l'intensité  d'un  courant  évalué  en  gradient, 
à  son  intensité  évaluée  eu  mètres,  c'est-à-dire  à  sa  vitesse  réelle. 


M.  A.  Le  FRANC  a  déposé  à  l'Académie,  le  1  5  juillet  1902,  un  pli  cacheté. 
Sur  la  demande  de  l'auteur,  ce  pli  a  été  ouvert  à  la  séance  du  23  oc- 
tobre 1905  et  renvoyé  à  l'examen  de  MM.  Mascart  et  Cailletet. 

M.  Lefranc  décrit,  dans  sa  Note,  un  dispositif  qui  permet  de  faire  fouc- 

C.  R.,  190G,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N"  3.)  lO 


TiS  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

tionner  un  gouvernail  à  distance  au  moyen  d'une  roue  à  contacts  allerna- 
tifs,  commandée  par  des  ondes  herlziennes. 


M.  Alfred  Iîkust  ailrcsse  nneNote  sur  un  Nouvel  appareil  destine  à  dé- 
montrer 1(1  rotation  de  la  Terre. 


La  séance  est  levée  à  3  heures  trois  quarts. 

G.   !). 


BUI.I.KTIN     BIBI.IOGKAPHIi^UE. 


Ouvrages  reçus  oans  la  séance  du  26  décembre   igoô. 

Institut  de  France.  Obsen'atoire  d' Abbadia.  —  Observations ;'ïo\ïie\\\  :  Obsen'a- 
tions  faites  au  cercle  méridien  en  1902  et  igoS,  par  MM.  Versciiaffel,  Lahourcade, 
SouGARRET,  Bergara  et  SoRREGUiETA,  publiées  par  M.  l'Abbé  Verscuaffel,  Directeur  de 
l'Observatoire.  Ascain,  imprimerie  de  l'Observatoire  d'Abbadia,  igoS;  i  vol.  in-4°. 

Ministère  des  Travaux  publics.  Carte  géologique  de  la  France,  à  l'échelle  du 
millionième,  exécutée  en  utilisant  les  documents  publiés  par  le  Service  de  la  Carte  géo- 
logique détaillée  de  la  France,  sous  la  direction  de  M.  Michel  Lévy,  Membre  de  l'Ins- 
titut. Paris,  igoS;   i  feuille,  sur  toile,  in-plano.  (Présenté  par  M.  Michel  Lévj.  ) 

Mission  scientifique  permanente  d'Exploration  en  Indo-Cliine.  Décades  zoologiques  : 
Oiseaux  ;  n°  3.  Hanoï,  1906  ;  i  fasc.  in-S".  (Ex.emplaire  n"  16.  )  (Présenté  par  M.  Delage.  ) 

Service  géographique  de  l'Armée.  Rapport  sur  les  travaux  exécutés  en  igo4.  Paris, 
igo5  ;  I  fasc.  in-8". 

Cours  de  Chimie  organique,  par  Armand  Gautier,  Membre  de  l'Institut,  et  Marcel 
DeléPini!  ;  3"  édition,  mise  au  courant  des  travaux,  les  plus  récents.  Paris,  Masson  et  C"^, 
1906.   I  vol.  in-8°.  (Hommage  des  auteurs.) 

L'année  biologique.  Comptes  rendus  annuels  des  travaux  de  Biologie  générale, 
publiés  sous  la  direction  de  M.  Yves  Delage,  Membre  de  l'Institut;  8"  année,  igoS. 
Paris,  H.  Le  Soudier,  igo5;  i  vol.  in-8".  (Hommage  de  iM.  Delage.) 

Résultat  des  campagnes  scientifiques  accomplies  sur  son  yacht  par  Albert  1"", 
Prince  souverain  de  Monaco,  publiées  sous  la  direction  et  avec  le  concours  de  M.  Jules 
Richard.  Fascicule  XXXI  :  Description  des  encéphales  de  Grampus  griseus  Cuv.,  de 
Sleno  frontalus  Cuv.,  ei  <^e  Gljbicephalus  mêlas  Fraill,  provenant  des  campagnes 
de  la  «  Princesse-Alice  ii,  parAuGUSTE  Pettit;  avec4  planches.  Imprimerie  de  Monaco, 
igoS;  1  fasc.  in-4°. 

Les  Rudistes   urgoniens,    deuxième   Partie,   par  V.    Paquier;    planches    VII-XHL 


SÉANCE  DU  S    JANVIER  1906.  I  I9 

(Mémoires  de  la  Société  géologique  de  France  :  Paléontologie;  Tome  XIII,  fasc.  4-.) 
Pari^,  190,5  ;  i  fasc. 'in-4". 

L' Inversion  pkolographiijae,  pai-  A.  Guébhard.  (Extrait  de  la  Revue  des  Sciences 
pliotographii.Kes,  1904-1900.)  Paris;  i  fasc.  in-4°. 


OuVRA'iKS    KKÇUS    UAlN'i     LA    SÉA.'Vc:K    DU    2    JANVIER     I906. 

Travaux  du  Laboratoire  de  Géologie  de  la  Faculté  des  Sciences  de  l'V niversité 
de  Grenoble,   1904-1905;  t.  VII,  fasc.  2.  Grenoble,  1905  ;  i  vol.  in-8°. 

Mémoires  de  l' Académie  des  Sciences,  Inscriptions  et  Belles-Lettres  de  Toulouse, 
2"  série,  t.  V.  Toulouse,  igoS;  i  vol.  in-S". 

Bulletin  de  la  Société  d'Agriculture,  Sciences  et  Arts  de  la  Sarttie,  2"  série, 
t.  XXXII,  années  igoS  et  1906,  2"  fascicule.  Le  Mans,  1900;  i  vol.  in-8°. 

Teoria  délie  transformazioni  délie  super ficie  applicabili sulle  quadriche  rotonde; 
Memoria  del  socio  LuiGi  Bianchi.  Rome,  igoô;  i  fasc.  in-4".  (Hommage  de  l'auteur.) 

Méthodes  de  calcul  graphique  en  usage  à  V Observatoire  royal  de  Lisbonne,  par 
Frederico  Oon.  Lisbonne,  igoS;  i  fasc.  in-S". 

Algunas  consideraciones  sobre  las  cor rienteselectricas,  por  IcNACro  Virge.n.  Golima, 
1906  ;  I  fasc.  in- 12. 

De  l'enseignement  de  la  Géologie  et  de  la  Géographie  industrielles  aux  ingénieurs 
et  aux  agents  coloniaux,  par  J.-M.  Bel.  Bruxelles,  igoS;  i  fasc.  in-8°.  (Hommage 
de  l'auteur.  ) 

Origin  of  petroleum  and  coal,  by  a  Californi;i  oil-vell  driller.  Wliittier,  igoS  ; 
1  fasc.  in-i2. 

/Votes  on  tlie  life  hislory  of  britisli  flo^vcriag  planfs,  bv  Lord  Avebuhv.  Londres, 
igo5;  I  vol.  in-S".  (Hommage  de  l'auteur.) 

Remarques  sur  l'ornithologie  de  l'Etat  indépendant  du  Congo,  suivies  dhine  liste 
des  espècc'i  recueillies  jusqu'ici  dans  cet  Etat,  par  le  D'"  Alph.  Dubois;  t.  I,  fasc.  1. 
{Annales  du  Musée  du  Congo  :  Zoologie;  série  IV.)  Bruxelles,  igo5  ;  i  fasc.  in-f". 

The  dietetics,  hy  E.-J.  David.  San-Francisco,  igoS;  i  fasc.  in-8°. 

Das  Versuchs-Kornhaus  und  seine  wissenschaftlichen  Arbeiten,  von  J.-F. 
Hoffmann;  Berlin,  1904;  i  vol.  in-S".  (Hommage  de  l'auteur.) 

Beitràge  zur  Théorie  und  Praxis  der  Trncknung  von  Getreide  und  anderen  . 
Kôrpern,  von  J.-F.  Hoffmann.  Berlin,  igoS;  5  fasc.  in-4''. 

Transactions  of  the  clinical  Society  of  f^ondon;  vol.  XYXVIII.  Londres,  igo5  ; 
I  vol.  in-S". 

Transactions  of  the  Academy  of  Sciences  of  Saint-Louis;  vol.  XV,  n°=  1-3. 
Saint-Louis,  igo5;  i  vol.  et  4  fasc.  in-8°. 

Ouvrages  reçus  dans  la  séance  uu  8  janvier   1906. 

Connaissance  des  Temps  ou  des  mouvements  célestes,  pour  le  méridien  de  Paris, 
à  l'usage  des  astronomes  et  des  navigateurs,  pour  l'an  igoS,  publiée  par  le  Bureau 
DES  Longitudes.  Paris,  Gautliier-Viliars,  igo5;  i  vol.  iu-8".  (Présenté  par  M.  Radau.  ) 


'I20  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

Annales  du  Bureau  central  météorologique  de  France,  publiées  par  E.  Mascart, 
Membre  de  l'Institut;  année  1903  :  II.  Observations;  année  igoS  :  III.  Pluies  en 
France.  Paris,  Gauthier-Villars,  igoS;  2  vol.  in-4°.  (Présenté  en  hommage  par 
M.  Mascart.  ) 

Recherches  sur  l'épuration  biologique  et  chimique  des  eaux  d'égout,  effectuées  à 
l'Institut  Pasteur  de  Lille  et  à  la  station  expérimentale  de  la  Madeleine,  par  le 
D'  A.  Galmette,  Correspondant  de  l'Institut;  t.  I.  Paris,  Masson  et  G''=,  igoS;  i  vol. 
in-S".  (Hommage  de  M.  le  D"'  A.  Galmette.) 

La  greff'e  en  sève  active  pour  la  transformation  des  vieilles  souches  en  cépages 
productifs,  par  A.  Detroyes.  Bar-sur-Seine,  imp.  V'*  G.  Saillard,  1906;  i  fasc.  in-12. 

Bévue  scientifique,  paraissant  le  samedi.  Directeur  :  D''  Toulouse;  5"  série,  t.  V,  n"  1 , 
6  janvier  1906.  Paris;  i  fasc.  in-4''. 

La  Nature,  Revue  des  Sciences  et  de  leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie, 
journal  hebdomadaire  illustré  ;  34°  année,  n°  1702,  6  janvier  1906.  Paris,  Masson  et  G'=, 
I  fasc.  in -4°. 

Bulletin  de  V Académie  de  Médecine,  publ.  par  S.  Jacoud  et  A.  Motet;  3=  série, 
t.  LV,  n"  1,  2  janvier  1906.  Paris,  Masson  et  G'=;  i  fasc.  in-8°. 

Le  Progrès  médical,  journal  hebdomadaire;  3=  série,  t.  XXII,  n"  1,  6  janvier  1906. 
Paris,  I  fasc.  in-4°. 

{A  suivre.) 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU   LUNDI  13  JANVIER    1906, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  H.  iPOINCARÉ. 


MEMOIRES   ^:T  COMMlIIVlCATlOrMS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS     DE    L'ACADÉMIE. 


AÉRONAUTIQUE.    —   Sur  l' atterrissage  des  aéroplanes. 
Noie  de  M.  Bouquet  de  la  Grye. 

A  l'heure  actuelle  toutes  les  parties  des  aéroplanes  ont  été  étudiées  sépa- 
rément ;  machines,  hélices,  plans  ont  subi  les  épreuves  delà  pratique  et 
l'on  peut  affirmer  que  la  solution  définitive  va  être  donnée  à  bref  délai. 

Une  double  difficulté  reste  pourtant  à  vaincre,  celle  du  départ  et  celle 
de  l'atterrissage.  La  dernière  a  été  résolue  par  l'emploi  des  parachutes 
et  une  solution  analogue  me  paraît  devoir  être  appliquée  aux  aéroplanes. 

Le  schéma  suivant  indique  les  dispositions  qui  me  semblent  devoir  être 
adoptées;  des  expériences  en  petit  m'en  ont  montré  l'efficacité. 


F/. 


a/7  supérieur- 


Surfai 


i/àire 


La  surface  alaire,  qu'elle  se  compose  d'un  ou  de  plusieurs  plans  étages, 
est  percée  à  son  centre  d'une  large  ouverture  et  au-dessus  à  une  certaine 

C.  R.,  1906,  1"  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  3.)  I7 


122  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

hauteur  est  placé  un  autre  plan.  I^a  nacelle  est  fixée  au-dessous  de  la  sur- 
face alaire,  elle  contient  avec  les  voyageurs  la  provision  de  combustible. 

La  machine  est  fixée  aux  ailes. 

Trois  bambous  formant  itripode  permettent  le  jeu  de  l'hélice.  Ils  sont 
relevés  pendant  la  marche. 

Le  plan  supérieur  a  une  certaine  mobilité,  servant  de  gouvernail  hori- 
zontal pour  monter  ou  descendre. 

Si  l'on  a  deux  hélices  un  gouvernail  horizontal  est  inutile. 

Dans  ces  conditions,  l'air  frappant  à  la  descente  le  plan  supérieur  tend 
à  maintenir  l'aéroplane  horizontal,  ce  à  quoi  contribue  aussi  la  nacelle. 

Je  me  suis  occupé  il  y  a  longtemps  de  cette  question  et,  en  i853,  j'ai  fait 
circuler  un  aéroplane  à  l'aide  de  fusées.  Si  je  n'ai  pas  continué  des  essais 
lorsque  les  machines  des  automobiles  ont  été  inventées,  c'est  qu'au  point 
de  vue  commercial  il  me  semblait  que  l'aéroplane,  ne  pouvant  transporter 
des  poids  lourds,  était  peu  utile.  Il  ne  rendra  jamais  les  services  d'un 
chemin  de  fer. 

Une  solution  heureuse  constituera  un  tour  de  force  mis  à  l'actif  du 
XX*  siècle,  peut-être  un  nouveau  sport;  il  pourra  être  aussi  utilisé  en 
temps  de  guerre,  mais  n'ajoutera  que  peu  de  chose  au  progrès  en  général 
et  à  la  civilisation. 


PHYSIQUE.  —  Sur  les  rayons  N.  Note  de  M.  Mascart. 

La  découverte  des  ravons  N  par  M.  Blond  lot  a  provoqué  d'abord  de 
nombreuses  expériences,  publiées  parfois  trop  hâtivement,  et  soulevé 
ensuite  des  objections  qui  ont  été  jusqu'à  la  mettre  en  doute.  Dans  des 
observations  aussi  délicates,  il  est  permis  de  penser  que  les  résultats  néga- 
tifs ne  constituent  pas  des  arguments  scientifiques  et  peuvent  être  attribués 
à  l'insuffisance  des  appareils  ou  au  défaut  de  préparation  des  opérateurs. 

Dès  le  début,  j'avais  eu  l'occasion  de  constater  quelques-uns  de  ces  phé- 
nomènes, sans  faire  de  mesures,  et  j'ai  demandé,  il  y  a  quelques  jours,  à 
M.  Blondiot  de  vouloir  bien  répéter,  avec  des  précautions  particulières, 
l'expérience  tle  la  réfraction,  dans  un  prisme  d'aluminium,  des  rayons  N 
émis  par  une  lampe  Nernst. 

Le  spectre  de  réfraction  présente  un  certain  nombre  de  maxima  d'inten- 
sité, assez  larges  d'ailleurs  en  raison  des  conditions  de  l'expérience,  et  qui 
ne  comportent  pas  la  précision  des  mesures  optiques. 


SÉANCE  DU  l5  JANVIER  I906.  123 

L'écran  qui  porte  la  ligne  de  sulfure,  préalablement  éclairé,  était  monté 
sur  le  chariot  d'une  machine  à  diviser;  on  inscrivait  le  nombre  marqué  par 
l'index  sur  la  règle  chaque  fois  que  l'observateur  arrêtait  le  mouvement  sur 
un  maximum  d'intensité.  Voici  les  résultats  obtenus  par  quatre  observateurs 
différents  dans  une  même  région  : 

Blondlot.  Guttoa.  V'irlz.  Mascart.  Moyenne. 

382.4  »  38i  383,4  382,4 

»  38-, 2  386,9  387  887,03 

391.5  393  39a  891  391,9 
398 , î             399                398 , 2             397  398 , I 5 

Dans  une  autre  expérience,  la  machine  a  été  déplacée  de  façon  que  le 
mouvement  du  chariot  fût  à  peu  près  perpendiculaire  aux  rayons  réfrac- 
tés. Il  a  été  convenu  que  l'opérateur  ferait  d'abord  les  pointés  en  marchant 
dans  un  sens,  puis,  après  quelques  tours  de  vis  supplémentaires,  revien- 
drait en  sens  contraire  sur  le  même  chemin.  A  chaque  arrêt  sur  un  maxi- 
mum, je  lisais  la  division  de  l'index  à  l'insu  de  l'observateur. 

M.  Blondlot  a  ainsi  obtenu  : 

->     387,5         382,3  374  368,3         36o,2         358  353,2 

<-     386,1         38i,2  374,3  368,2         36o,a         358,2         353,2 

Moy.     386,8         881,75         874,15.      868,2         36o,2         358, i         853,2 

La  lampe  Nernst  s'étant  ensuite  éteinte  par  rupture  du  circuit,  cette 
série  a  été  interrompue;  elle  comportait  d'ailleurs  trop  de  lectures  pour 
des  personnes  moins  exercées. 

Ije  prisme  a  été  réglé  sensiblement  au  minimum  de  déviation  relatif 
à  une  nouvelle  position  de  la  machine,  et  l'on  a  réduit  l'étendue  de  la 
région  explorée,  afin  tl'éviter  la  fatigue  des  observateurs. 

Les  lectures  ont  donné  alors  : 

Blondlot....    (  — >-       875,6  870,4  868,4  356,2 

»       ....(-«-      875,3  870,3  863,4  356,2 

Moyenne..       875,40      870,85      368,4      356,2 

Giitlon I  -^  h  371,4  864,2  356,1 

»       1^       874,8  367,4  36i,3  356,6 

Moyenne..  874,8  869,4  862,75  856,85 

Virtz l^       374,9  869,8  364,6  357,6 

»    I  -^      874,6  871,6  364,3  858,2 

Moyenne..       374,70     370,7      864,45     357,9 


124  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Mascart .  . . .   \  ^  »  872  »  356 

»        . . . .   i  <—      876,5  .170  »  356 

Moyenne..  376,5  871  356 

Pour  donner  une.  idée  de  l'exactitude  des  expériences,  j'ajouterai  que, 
dans  le  dernier  cas,  la  déviation  était  voisine  de  3o°  et  que  i™""  de  l'échelle 
correspondait  à  4'  environ.  Les  conditions  étaient  de  même  ordre  dans  les 
autres  séries.  Les  pointés  de  M.  Blondiot,  en  particulier,  sont  toujours  con- 
cordants à  moins  d'un  demi-millimètre,  sauf  deux  exceptions,  de  sorte 
que  la  position  de  chaque  maximum  était  déterminée  à  moins  de  2'  près, 
soit  ^  de  la  déviation. 

C'est  seulement  à  titre  d'indication  que  j'ai  reproduit  mes  observations 
personnelles,  faites  à  l'improvistc;  il  v  faut  en  réalité  une  excellente  vue  et 
un  apprentissage  spécial.  Sur  l'ensemble  des  résultats,  je  m'abstiens  de 
commentaire,  laissant  à  chacun  le  soin  de  se  former  une  conviction. 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Influence  de  la  réaction  du  milieu  sur  l'activité  de 
l'amylase  et  la  composition  des  empois  saccharifiés .  Note  de  MM.  L. 
Maquenne  et  EuG.  Roux. 

On  sait  que  l'addition  progressive  d'un  acide  à  l'empois, d'amidon  com- 
mence par  favoriser  sa  saccharification  diastasique,  |)uis  la  ralentit  et  l'em- 
pêche; mais  on  est  encore  dans  l'ignorance  absolue  delà  grandeur  que  doit 
avoir  l'acidité  ou  l'alcalinité  du  mélange  pour  que  la  vitesse  de  la  sacchari- 
fication y  atteigne  sa  valeur  maxima. 

Cette  vitesse,  dans  les  conditions  ordinaires,  est  très  variable,  à  ce  point 
qu'une  saccharification  de  fécule  étant  terminée  en  3o  à  45  minutes,  celle 
de  l'amidon  de  riz  du  commerce,  toutes  choses  égales  d'ailleurs,  est  encore 
incomplète  après  trois  jours. 

C'est  en  recherchant  la  cause  de  ces  irrégularités  que  nous  avons  été 
conduits  à  examiner  de  plus  près  l'influence  qu'exerce  la  réaction  du  mi- 
lieu sur  l'activité  de  l'amylase. 

La  raison  pour  laquelle  cette  influence  est  encore  mal  définie  tient  à  ce 
que  la  plupart  des  auteurs  qui  se  sont  occupés  de  celte  question  ont  em- 
ployé comme  indicateur  la  phtaléine  du  phénol,  réactif  beaucoup  trop  sen- 
sible en  pareille  circonstance,  |)uisqu'il  ne  permet  pas  de  distinguer  les 
corps  inertes,  comme  l'acide  carbonique,  île  ceux  qjni,  comme  les  acides 
puissants,  sont  capables  à  eux  seuls  d'hydrolyser  l'amidon. 


SÉANCE  DU  l5  JANVIER  1906.  12S 

L'emploi  de  l'hélianthine  s'impose  ici,  comme  toutes  les  fois  qu'il  s'agit 
de  mesurer  une  alcalinité  ou  une  acidité  forte;  en  fait  il  nous  a  conduits  à 
des  résultats  nouveaux,  d'une  netteté  remarquable  et  surtout  des  plus 
inattendus. 

I.  Tous  les  amidons  et  tous  les  extraits  de  malt  que  nous  avons  eus  jus- 
qu'à présent  entre  les  mains  possèdent  une  réaction  alcaline,  variable,  pour 
is  d'amidon  gélifié  dans  5o™'  d'eau  pure,  depuis  2  gouttes  (blé,  maïs,  pois) 
jusqu'à  3o  gouttes  (riz  commercial)  d'acide  sulfurique  décinormal.  Ces 
quantités  correspondent  lespectivement  à  9"^,  8  et  147™^  de  SO*H-  par 
litre  d'empois  à  2  pour  100. 

L'alcalinité  de  l'amidon  est  en  grande  partie  due  à  la  chaux  qu'il  absorbe 
pendant  sa  préparation;  pour  l'amidon  de  riz,  dont  nous  venons  de  parler, 
elle  a  pu  être  réduite  à  une  goutte  d'acide  décime  par  gramme,  à  la  suite 
d'une  simple  digestion  dans  l'acide  chlorhydrique  dilué  (i  pour  100  de 
HCl).  A  l'état  normal,  cet  amidon  renfermait  0,96  pour  100  de  matières 
minérales;  après  décalcification  il  n'en  contenait  plus  qu'une  trace  indo- 
sable,  mais  en  a  repris  0,1  pour  100  j)ar  immersion  dans  l'eau  ordinaire. 
Cet  amidon  recalcifié  présentait  alors  une  alcalinité  équivalente  à  5  gouttes 
d'acide  décinormal  par  gramme. 

En  général,  les  empois  neutralisés  exactement  par  l'acide  sulfurique  se 
saccharifient  mieux  que  les  empois  normaux,  mais  on  est  encore  loin  de 
l'optimum,  ainsi  que  l'on  peut  s'en  convaincre  en  augmentant  avec  précau- 
tion la  dose  d'acide  ajouté  :  la  vitesse  de  saccharification  s'accroît  alors 
rapidement,  pour  diminuer  bientôt,  lorsqu'on  s'approche  du  moment  où  le 
mélange  empois  +  malt  devient  exactement  neutre  à  l'hélianthine.  Dès  que 
ce  mélange  présente  une  réaction  acide,  la  saccharification  s'arrête  :  un 
premier  pointacquis  est  donc  que  celle-ci  ne  peut  s'accomplir  qu'en  milieu 
franchement  alcalin. 

Il  est  facile,  par  un  petit  nombre  de  tâtonnements,  de  déterminer  le 
point  où  la  vitesse  de  saccharification  atteint  sa  valeur  maxima;  le  Tableau 
suivant  résume  les  essais  que  nous  avons  poursuivis  dans  cette  voie  sur 
différentes  espèces  d'amidons,  en  nous  aidant  de  l'iode  pour  reconnaître 
l'état  d'avancement  de  la  réaction. 

Chaque  expérience  a  porté  sur  So*^""'  d'empois  à  2  pour  100  d'amidon, 
additionnés  de  10'°''  d'extrait  de  mail  à  10  pour  100  et  saccharifiés  vers  5o°, 
dans  un  bain  d'eau  maintenu  à  température  constante;  l'alcalinité  du  malt 
seul  correspondait  exactement  à  6  gouttes  d'acide  décinormal  pour  lo"""', 


126  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

soit  o^^'iS.  Les  lettres  font  connaître  la  coloration  fournie  p;ir  l'iode  dans 
chaque  échantillon  au  bout  du  temps  indiqué. 

Fécule.  Manioc.  Pois.  Maïs.  Blé. 

Cendres  pour  loo o,36  0,20  0,06  0,08  0,12 

Alcalinilé  pour  is 3  gouttes  3  gouttes  2  gouttes  2  gouttes  2  gouttes 

Durée  de  l'expérience 20  min.  30  min.  20min.  ili.i.5m.  2h.3om. 

I     o...  R  JR  JR  R  R 

]^                   i     3...  RJ  JR  J  J  J 

Acide  —  ajouté,      |     5...  JR  J  J  RJ  J 

en  gouttes  de  o™',  0.5  j     "•••  J  J^  JR  R  R 

I     9...  JR  R  R  V  RV 

'11...  RJ  RV  RV  VB  VB 

Dose  d'acide  la  plus  favorable.      7  gouttes     5  gouttes     4  gouttes     3  gouttes     4  gouttes 

Riz 

commercial.                                                           décalcilié.  recalcifié. 

Cendres  pour  100 0.96                                                                  0,00  0,10 

Alcalinité  pour  i3 3o  g.  .                           1  g.  5  g. 

Durée  de  l'expérience 45niin.                                                         20  min.  20min. 

j    28...      RV                                              /     o...        R  B 

^  \  3o...        R  .       N     .  l     3-.-        J  R 

Acide  —  ajouté,       )  32...       JR  Acide — ajouté,      ]     5...        l\  JR 

en  ooi,itesdeo''"'',o.5  j     "*■  •  ■  en  gouttes  de  o™',o.">  1     '■■"  '' 

'        /  36...       JR  ^  /     9...        V  R 

'   38 . . .        R  1    l 'i .  . .       VB  V 

Dose  d'acide  la  plus  favorable.     34  g.  3  g.  7  g. 

Si  l'on  fait  la  somme  de  tous  ces  nombres,  on  trouve  que  la  quantité 
d'acide  nécessaire  pour  obtenir  le  plus  rapidement  possible  la  teinte  jaune 
limite  a  été  de  67  gouttes,  alors  que  la  neutralisation  exacte  des  huit  échan- 
tillons d'empois  n'en  exigeait  que  l\8.  La  différence  19  représente  les  o.Sg 
de  la  quantité  d'acide  saturant  les  80*^°''  d'extrait  de  malt  employé;  on  peut 
donc  dire  que,  pour  avoir  une  saccharification  rapide,  il  faut  d'abord  saturer 
l'empois,  puis  ajouter  au  malt  une  quantité  d'acide  suif urique  égale  au  '-  ou 
aux  \  de  celle  qui  pourrait  le  neutraliser  complètement.  Celte  conclusion  est 
d'accord  avec  les  résultats  obtenus  dans  chacun  des  cas  particuliers  dont 
nous  venons  de  donner  le  détail. 

L'expérience  conduite  suivant  ces  prescriptions  sur  des  empois  d'amidon 
de  riz  à  i,  2  ou  3  pour  100  nous  a  permis  de  faire  en  moins  d'une  heure 


SÉANCE    DU    l5    JANVIER    igofi.  \-l'] 

des  saccharifications  qui,  autrement,  auraient  exigé  plusieurs  jours.  Ajou- 
tons que  l'acide  sulfurique  peut  être,  sans  inconvénient,  remplacé  par  de 
l'acide  chlorhydrique,  mais  non  par  de  l'acide  acétique,  dont  la  réaction 
sur  l'hélianthine  n'est  pas  suffisamment  nette  pour  donner  lieu  à  des 
mesures  précises. 

Ces  résultats  montrent  qu'on  arrive  ainsi  à  produire  une  surexcitation 
manifeste  de  l'activité  diastasique;  ceux  qu'il  nous  reste  à  exposer  vont 
nous  apprendre  que  cette  hyperactivité  ne  se  traduit  pas  seulement  par  un 
accroissement  de  vitesse  de  la  saccharification,  mais  qu'elle  a  aussi  pour 
effet  de  modifier  profondément  son  processus  chimique. 

II.  O'  Sullivan,  puis  Brown  et  Morris,  ont  fait  voir  que  la  proportion  de 
maltose  qui  se  forme  dans  l'action  du  malt  sur  l'empois  dépend,  entre  cer- 
taines limites  de  température,  de  l'énergie  de  la  diastase,  ou  plutôt  de  la 
dextrinase  qui  s'y  trouve.  Jusque  vers  60°  cette  proportion  reste  à  peu  près 
constante  et  voisine  de  80  pour  100,  ainsi  que  nous  avons  eu  maintes  fois 
l'occasion  de  le  vérifier  nous-mêmes,  lorsque  l'empois  et  le  malt  sont  pris 
à  l'état  normal.  Mais,  ainsi  que  nous  venons  de  le  montrer,  l'énergie  de 
ces  diastases  est  encore  accrue  par  une  légère  addition  d'acide;  il  était,  par 
suite,  à  prévoir  que  la  proportion  de  maltose  devait  en  être  affectée  dans 
le  même  sens. 

L'expérience  montre  qu'en  effet  elle  augmente  considérablement. 

Si  l'on  répète  avec  un  extrait  de  malt  activé,  c'est-à-dire  mis  en  présence 
de  la  quantité  d'acide  sulfurique  reconnue  nécessaire  pour  obtenir  la 
vitesse  de  saccharification  maxima,  les  expériences  qui  ont  permis  à  l'un 

M 

de  nous  de  déterminer  la  valeur  du  rapport  -^  pour  les  principales  variétés 

d'amidons  naturels,  on  arrive  aux  résultats  suivants  que,  pour  faciliter  la 
comparaison,  nous  mettons  en  regard  de  ceux  qu'on  obtient,  à  la  même 
température  et  pour  la  même  concentration,  avec  des  empois  et  des  ex- 
traits de  malt  normaux.  La  marche  suivie  dans  ces  essais  a  été  d'ailleurs 
exactement  la  même  que  celle  qui  a  été  décrite  dans  une  de  nos  précé- 
dentes Communications  ('). 

Maltose  formé  Amidon  maltosiflé 

pour  100  d'amidon  sec.  pour  loo  d'amidon  dissous. 

Malt  ordin.  Mail  activé.  Malt  ordin.  Malt  activé. 

Fécule 82,8  96,8  78,5  9'!7. 

Riz 83,8  93,0  79,4  88,1 

(')  El'g.  Rolx,  Comptes  rendus,  t.  CXLII,  p.  9.5. 


Malt  activé. 

M 

ait  ordin. 

Malt  activé. 

94,0 

81,5 

89,' 

97,3 

7.5,0 

92,2 

90,4 

82,5 

85,7 

96,6 

78,6 

91,5 

12S  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

.Maltose  formé  .Vniidon  iiialtosilié 

pour  100  d'amidon  sec.  pour  ino  d'amidon  dissous- 

Malt  ordin. 

Maïs 86,0 

Manioc 79,  i 

Blé 87,1 

Fois 82,9 

Partout,  et  surtout  quand  la  réaction  s'accomplit  rapidement,  la  quan- 
tité de  sucre  formé  est  plus  grande  avec  la  diastase  activée  qu'avec  la  dias- 
tase  normale,  tellement  que,  dans  le  cas  du  manioc,  la  saccharification  a 
|)u  atteindre  les  0,922  de  la  matière  mise  en  œuvre. 

Un  pareil  accroi.ssement  des  produits  réducteurs  ne  peut  s'expliquer 
que  par  les  trois  hypothèses  suivantes  :  ou  bien  l'amidon  renferme  plus 
de  80  pour  100  d'amylose,  ou  bien  les  substances  qui  accompagnent  celle-ci 
(amylopectine  et  autres)  sont  transformables  comme  elle  en  maltose 
lorsque  la  diastase  possède  son  maximum  d'énergie,  ou,  enfin,  le  maltose 
qui  se  forme  d'abord  est  hydrolyse  à  son  tour  par  quelque  diastase  parasite 
(maltase?)  dont  la  présence  resterait  masquée  dans  l'extrait  de  malt  ordi- 
naire. 

L'absence  complète  de  glucose  dans  les  produits  obtenus  prouve  que 
cette  dernière  manière  de  voir  n'est  pas  exacte.  Le  sucre  qui  se  forme 
paraît  être,  d'après  l'aspect  de  ses  cristaux  et  ceux  de  son  osazone,  uni- 
quement constitué  par  du  maltose,  identique  à  celui  que  l'on  retire  d'un 
empois  saccharifîé  quelconque;  le  phénomène  qui  se  passe  ici  est  donc  du 
même  ordre  que  celui  qui  s'observe  lorsqu'on  compare  deux  saccharifica- 
tions  faites,  la  première  à  'jo",  la  seconde  à  60°,  par  exemple,  d'oii  il  suit 
qu'ils  doivent  l'un  et  l'autre  résulter  d'une  même  cause  primordiale  :  un 
accroissement  d'activité  de  la  diastase.  C'est  ainsi  que  nous  sommes  amenés 
à  admettre  la  première  hypothèse,  comme  paraissant  la  plus  vraisemblable, 
la  plus  simple  et  la  plus  conforme  aux  faits  observés;  elle  vient  notamment 
confirmer,  de  la  façon  la  plus  heureuse,  le  principe  de  la  pluralité  des 
amyloses  sur  lequel  notis  avons  déjà  insisté  à  plusieurs  reprises. 

En  dehors  des  applications  que  ce  nouveau  mode  opératoire,  en  augmen- 
tant notablement  la  production  du  sucre,  peut  trouver  dans  les  industries 
qui  ont  pour  base  la  saccharification  de  l'amidon,  les  résultats  que  nous 
venons  d'exposer  entraînent  des  conséquences  fort  importantes  en  ce  qui 
concerne  la  constitution  de  l'amidon  naturel.  Nous  avions  déjà  démontré 
que,  loin  d'être  une  impureté,  comme  on  le  croyait  avant  nous,  l'amylose 


SÉANCE  DU  l5  JANVIER  1906.  129 

constitue  la  partie  essentielle  de  la  matière  amylacée  et  nous  en  avions 
évalué  la  proportion  à  80-82  pour  100,  en  nous  fondant  sur  les  données 
universellement  admises.  Nos  dernières  recherches  nous  conduisent  à 
élever  cette  proportion  jusqu'à  go  et  même  92  pour  100,  chiffres  qui  se 
rapprochent  de  ceux  que  donne  l'amidon  artificiel  ou  amylose  purifiée. 

De  pareilles  variations  dans  le  taux  du  sucre  formé  condamnent  évidem- 
ment tous  les  procédés  de  dosage  de  l'amidon  qui  reposent  sur  la  détermina- 
lion  du  maltose  contenu  dans  ses  produits  de  saccharification  diastatique. 

Ces  mêmes  variations  s'observent  avec  toutes  les  variétés  d'amidon,  ce 
qui  confirme  les  conclusions  de  notre  dernière  Note,  relatives  à  l'unité 
naturelle  de  cette  substance  (Roux,  loc.  cit.);  il  résulte  enfin  de  là  que 
l'amylopectine  ou  mucilage  de  l'empois  ne  s'y  rencontre  qu'en  quantité 
relativement  faible,  à  moins  pourtant  que  cette  amylopectine  ne  soit  elle- 
même  une  combinaison  complexe  renfermant  de  l'amylose,  que  la  diaslase 
arrive  à  dédoubler  quand  elle  est  devenue  suffisamment  active. 

L'existence  de  ce  corps  gélatineux  reste  établie  par  le  fait  expérimental 
que  la  potasse  ne  dissout  qu'en  partie  l'amidon  naturel,  alors  qu'elle 
dissout  en  totalité  l'amylose  pure;  nos  conclusions  antérieures  sur  la  con- 
stitution de  l'empois  ne  sont  donc  aucunement  infirmées  par  ces  nouveaux 
résultats,  dont  l'intérêt  est  surtout  d'ordre  quantitatif. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Observations  au  sujet  du  composant    0(011) 
des  alcools  tertiaires.  Note  de  M.  Louis  Hexky. 

I,  La  fonction  alcool  réside,  dans  son  expression  la  plus  simple,  dans  le 
composant  0(011)  des  alcools  tertiaires  et  notamment  du  trimélhyl- 
carbinol  (H' 0)'  0(011),  le  type  parfait  de  cette  classe  de  composés. 

Oes  alcools  sont  assimilables  aux  alcalis  caustiques  R-OH  et,  à  ce  titre, 
peuvent  servir  aussi  de  trait  d'union  entre  la  Chimie  minérale  et  la  Chimie 
organique. 

Pour  justifier  ce  rapprochement  et  caractériser  fonctionnellement  les 
alcools  tertiaires,  deux  corps  sont  particulièrement  à  signaler,  Vacide 
chlorhydrique  HCl  et  le  chlorure  d'acélyte{R^C  —  CO)Cl. 

L'action  salifiante  de  l'acide  HOi  sur  un  alcali  libre  est  rapide  jusqu'à 
être  instantanée  et  complète.  Avec  le  chlorure  d'acétyle,  un  alcali  fournit 
un  chlorure  et  de  l'acide  acétique. 

Il  en  est  de  même  du  trimélhylcarbinol  (H'O)' —  C(OH)  que  je   pren- 

C.  R.,   1906,   I"  Semestre.  (T.  C\LII,  N°  3.)  '^ 


l3o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

drai  comme  exemple  d'alcool  tertiaire.  On  sait  avec  quelle  rapide  intensité 
il  s'éthérifie  par  l'acide  H  Cl  gazeux,  dès  la  température  ordinaire.  Introduit 
dans  l'acide  H  Cl  aq.  fumant  ('),  il  s'y  dissout  d'abord  pour  s'en  séparer  peu 
après  à  l'état  d'élher  chlorhydrique  (H' C)'- CCI  constituant  une  couche 
liquide  surnageante.  Avec  le  chlorure  d'acétyle,  le  friméthyl-carbino!  se 
transforme,  comme  l'on  sait,  en  éther  chlorhydrique,  avec  formation  d'acide 
acétique  libre. 

S'il  le  fallait,  on  pourrait  trouver  une  nouvelle  analogie  entre  les  alcalis 
caustiques  et  les  alcools  tertiaires  dans  l'action  des  métaux  alcalins;  la  dif- 
ficulté extrême  qu'il  y  a  à  faire  le  trimélhyl-carbinol  sodé,  par  l'action 
directe  du  sodium  libre,  rappelle  bien  l'inertie  absolue  de  ce  métal  sur  son 
hydroxyde  Na-OH,  la  soude  caustique. 

II.  La  présence  d'éléments  ou  radicaux  étrangers  fixés  sur  le  carbone  du 

composant  •C(OH)  modifie  profondément  la  nature  fonctionnelle  de  l'hy- 

droxyle  —  OH  «  alcool  ». 

J'ai  spécialement  en  vue,  en  ce  moment,  la  présence  de  l'hydrogène.  On 
peut  en  fixer  un,  deux  et  jusqu'à  trois  atomes  pour  constituer  les  systèmes 

HC(OH), H-C(OH)    dans    les    composés    polycarbonés ,    respectivement 

alcools  secondaire  i^l  primaire,  et  la  molécule  H'C -(OH),  dans  les  com- 
posés monocarbonés,  l'alcool  mélhylique  lui-même. 

La  présence  de  l'hydrogène  dans  le  voisinage  immédiat  de  Vhydroxyle 
rapproche  fonctionnellement  celui-ci  de  l'état  dans  lequel  il  se  trouve  dans 
l'eau  elle-même  HOH  et  c'est  à  Veau  plutôt  qu'aux  alcalis  caustiques  qu'il 
faut  rattacher  prochainement  l'alcool  mélhylique  H'C- OH  ainsi  que  ses 
dérivés  mono-  et  bi-substitués,  les  alcools  primaires  et  secondaires. 

L'acide  chlorhydrique  HCl  s'y  fixe  en  effet,  comme  il  se  fixe  sur  l'eau  (-) 
et  ce  n'est  que  sous  l'effort  de  la  chaleur,  d'une  chaleur  plus  ou  moins 
intense  et  plus  ou  moins  prolongée,  que  se  produit  \ èlhèrificalion  chlorhy- 
drique. 

Avec  le  chlorure  d'acétyle  ('),  ces  alcools  réagissent  vivement,  dégagent 
du  gaz  acide  HCl  et  se  transforment  en  éthers  acétiques,  la  réaction  est  assez 


(')  A.  4o  pour  100  environ. 

C)  On  connaît  des  hydrates  cristallins  répondant  aux.  l'orniules  HCl,  2H-O  et 
HBr,  aH^O.  Il  est  bien  remarquable  que  l'acide  bromliyJrique  forme  avec  la  molécule 
des  gljcols  étiiylénique  et  triniéthjlénique  des  combinaisons  cristallines  répondant  à 
ce  type,  i""'  de  glycol  équivalant  à  2"°'  d'eau  (  W.  Mokiewsky). 

{■')  Et  en  général  avec  les  chlorures  négatifs  —  CO-Cl. 


SÉANCE  DU  l5  JANVIER  [906.  l3l 

nette  pour  constituer  une  méthode  de  préparation  fort  expéditive  de  cette 
classe  d'éthers. 

III.  On  sait  combien  sont  modifiées  les  aptitudes  réactionnelles  des 
alcools  primaires  et  des  alcools  secondaires  par  le  voisinage  de  composants 
carbonés  renfermant  des  éléments  négatifs.  L'acide  et  l'anhydride  acé- 
tiques fjui  ont  servi  à  mesurer  l'intensité  de  cette  modification  ne  sont  pas 
susceptibles  de  nous  renseigner  sur  cet  objet,  quant  aux  alcools  tertiaires, 
à  cause  de  l'instabilité  relative  de  ceux-ci,  dans  les  conditions  de  tempéra- 
ture où  se  réalisent  ces  réactions.  Et  cependant  le  composant     0(011)  est 

aussi  affecté,  et  parfois  puissamment,  dans  sa  manière  d'agir,  par  ce  voisi- 
nage. 

Je  ne  m'occuperai  ici  de  cette  question  qu'en  ce  qui  concerne  le  chlore, 
l'azote  et  l'oxveène. 

a.    Voisinage  des  composants  chlorés  :    CH^Cl,  HCCl^,  HCCl,    CCI*,  etc. 

—  En   général,  le  voisinage  immédiat  d'un   composant   chloré   déprime 

l'aptitude  à  l'éthérification  chlorhydrique  directe  du  composant    0(011), 

alcool  tertiaire.  Cette  influence  est  d'autant  plus  puissante  qu'elle  s'exerce 
par  un  nombre  d'atomes  de  chlore  plus  considérable. 

On  s'assure  de  la  vérité  de  ces  propositions  en  comparant  l'action  de 
l'acide  chlorhydrique  fumant  sur  le  triméthyl-carbinol  (H'C)  0(011) 
intact  avec  celle  qu'en  subissent  ses  trois  dérivés  chlorés  (')  : 

H^C  CH'  H='C  CH'  H^C  GH* 

\/  \/  \/ 

C(OH)  C(Oli)  C(OH) 

CH^CI  GHCl^  i& 

Éb.  i28°-i29°  Éb.  i5i"  Éb.  167° 

L'acide  HCl  aq.  fumant  dissout  encore  d'une  manière  permanente  le 
dérivé  monochloré;  mais,  pour  en  déterminer  l'élhérification  chlorhy- 
drique, il  faut  un  certain  degré  d'échauffement,  en  dessous  de  100°;  la  di- 
chlorhydrine  isobutylénique  formée  (H*C)^- CCI  —  CH-OI,  éb.  lou^-iog", 
apparaît  sous  forme  d'une  couche  soluble  surnageante  (^). 

(')  Ces  trois  dérivés  chlorés  s'obtiennent  tout  aussi  aisément,  par  la  réaction  de 
Grignard,  à  l'aide  des  dérivés  chlorés,  mono,  bi  et  tri  de  l'éther  acétique,  qu'à  l'aide 
des  dérivés  chlorés  correspondants  de  l'acétone  biméthylique.  Je  n'ai  pas  eu  à  ma 
disposition  jusqu'ici  de  l'acétone  trichlorée  CCI'  —  CO.CH' ;  c'est  la  seule  que  je  n'aie 
pas  pu  mettre  en  réaction. 

^-;  On   sait  quelle  résistance  puissante  ollreiit  à  réthérification  chlorhydrique  di- 


l32  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Quant  aux  triméthyl-carbinols  bichloré  HCCl^  et  trichloré  CCI',  ils  ne 
sont  plus  directement  éthérifiables  par  l'acide  chlorhydrique;  ils  se  sé- 
parent de  l'acide  H  Cl  aq.  tout  chargés  de  cet  acide. 

La  répartition  de  deux  atomes  de  chlore  sur  deux  groupements  méthyle, 

voisins  de  0(011),  détermine  dans  la  manière  d'agir  de  cet  hydroxyle  la 

même  modification  que  le  composant  unique  bichloré  CHCl".  Sont  dans 
le  cas  les  dichlorhydrines  glycériques  méthylée  et  éthylée  (')  : 

n  rH'\ 

^,^jj3^C(0H)  -  CH^-  CH' Éb.  .89» 

L'acide  chlorhydrique  fumant  dissout  encore  temporairement  les  di- 
chlorhydrines, mais  elles  s'en  échappent  sous  forme  d'un  liquide  huileux, 
insoluble  et  plus  dense  que  l'eau. 

Il  existe,  comme  je  l'ai  indiqué  plus  haut,  une  sorte  d'antagonisme  entre 
l'action  de  H  Cl  et  celle  du  chlorure  d'acétvle.  C'est  ainsi  que,  soumises  à 
l'action  du  chlorure  d'acétyle,  les  dichlorhydrines  glvcériques  méthylée 
et  éthylée  sont  transformées  en  leurs  acétates,  de  même  que  les  alcools 
pseudobutyliques  bi  et  trichlorés 

^j^3^C(0H)CHCl-         et         J^j^3^C(0H)CCl^ 

Ainsi  ont  été  obtenus  les  acétates  suivants  : 

j^p^/ClO-Âc)  -  CHCl-^  Ç-) Éb.  .74°-i75o 


Jj3^)c(0Ac)-CCP Éb.  .9.0  ( 

P1PH2\ 


recle  les  composants  H'-C(OH)  et  CH(OH)  du  glycol  éthylénique  et  du  glycol  pro- 

pyléniqiie  en  présence  de  H'CI.CI  dans  les  nionochlorhydiines  de  ces  deu\  glycols. 
Cette  didéience  met  bien  en  lumière  combien  un  hydroxyle  -OH  alcool  tertiaire 
dilTère  d'un  hydroxyle  alcool  primaire  et  alcool  secondaire. 

(')  Ces  corps  résultent  de  la  réaction  de  CH'-Mg-Br  ou  C'-Ii'-MgBr  sur  Tacétone 
bichlorée  symétrique  Cl  CH=—  CO  —  CH=CI. 

(^)  Aci^CH»— GO. 

C)  Willgerodt. 


SÉANCE  DU  l5  JANVIER  1906.  l33 

Mais  cette  influence  modificatrice  ne  s'exerce  que  dans  un  rayon  d'une 
étendue  fort  restreinte,  du  moins  en  ce  qui  concerne  le  composant  CH^CI, 
le  seul  que  j'aie  pu  apprécier  expérimentalement  sous  ce  rapport.  L'inter- 
calation  dans  le  complexe  >C(OH)  —  CH^Cl  d'un  seul  atome  de  carbone 
qui  en  écarte  les  deux  composants  suffit  déjà  pour  la  faire  disparaître, 
sinon  totalement,  tout  au  moins  en  sfrande  partie.  C'est  ce  que  montre 
d'une  manière  intéressante  la  monochlorhydrine  en  C"  de  formule 

^3^NC(0H)  — CH^— CH^CI Éb.  166" 

qui  provient,  par  la  réaction  de  Grignard,  des  éthers  de  l'acide  i^-chloro- 
propionique  CICH-  CH^  ■  CO(OH).  Dissoute  dans  l'acide  HCl  aq.  fumant, 
elle  s'en  sépare  après  peu  d'instants,  subissant  déjà  à  froid  l'éthérification 
chlorhydrique,  alors  que  son  isomère,  le  dérivé  continu 

JJ^^^C(0H)-CHC1.CH', 

qui  provient  de  l'acide  ot-chloropropionique  H'CCHClCO(OH),  nécessite, 
pour  s'éthérifier,  une  chaleur  d'environ  60". 
La  chlorliydrine  discontinue  en  C% 

[J'^^C(OH)-CH^-CFP.GIPCI  ('), 

qui  provient  de  l'acide  butyrique  normal  ycliloré  ClCH-(CH''')-CO(OH) 

et  où  les  deux  composants  •  C(OH)  et  H^CCl  sont  séparés  par  deux  atomes 

de  carbone,  subit  l'action  éthérifiante  de  HCl  aq.  fumant  plus  facilement 
encore  que  son  homologue  en  C^ . 

IV.  Le  composant  nitrilique  CN  est  l'équivalent  du  composant  chloro- 
fonnique  CCI'.  Aussi  les  nitriles-alcools  tertiaires  renfermant  le  système 
double  NC  — C(OH)<|  sont-ils  aussi  insensibles,  quant  au  composant 
alcool  —  C(OHj  <^,  à  l'action  de  l'acide  chlorhydrique  fumant  qui  affecte 
exclusivement  le  composant  CN  et,  en  présence  du  chlorure  d'acétyle, 
ils  se  transforment,  en  dégageant  du  gaz  HCl,  en  acétates,  composés  distil- 
lables  comme  tels  alors  que  leurs  correspondants  alcools  ne  le  sont  nuUe- 

(')  Celle  chlorhydrino  n'est  pas  distillable;  chauffée,  elle  se  transforme  principale- 
ment en  j  '    Nc  =  CH  — GH-— CH-Gl.  Éb.  i35°. 


l34  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ment.  Voici  les  composés  de  cette  espèce  signalés  dans  mon  Mémoire  Sur 
les  nitriles-alcools  (  '  ) . 

^3^^C(0-Ac)-C1N  (2) Éb.  iSoo-iSa" 

H'C-cï)^^^'^"^^*^^ ^^-  '9^° 

H^C-CH=)^^^'^'^  -  CN Éb.  212' 

^'(^\r»y^^^'^^^-^'^ Éb.  2,2° 

Aucun  nitrile-alcool  tertiaire  discontinu  NC  —  (C)"— C(OH)  <|  n'est 
connu  aujourd'hui. 

V.  J'arrive  à  l'influence  modificatrice  de  l'oxygène. 

Le  cas  le  plus  simple  à  considérer  serait  celui  des  alcools  tertiaires  acé- 
toniques  renfermant  le  complexe 

>C(OH)-CO-     et     >C(OH)-(C)"— CO-. 

Je  crois  qu'il  n'existe  en  ce  moment  aucun  composé  de  cette  nature,  mais 
on  en  possède  renfermant  d'autres  systèmes,  analogues  en  une  certaine 
manière,  susceptibles  de  démontrer  la  puissante  influence  des  composants 
oxygénés  sur   les  qualités   fonctionnelles   du   composant  alcool   tertiaire 

•C(OH)  voisin.  Ce  sont  les  éthers  des  acides  alcools  tertiaires  continus, 

correspondant  aux  nitriles-alcools  NC  —  C(OH)  <^  qui  résultent  de  l'addi- 
tion de  HCNauxcétones.  Comme  leurs  nitriles  NC  —  C(OH)  <;,  ces  éthers 
(C"H-""^'0)CO  —  C(OH)<^  sont  inertes,  dans  les  conditions  ordinaires 
vis-à-vis  de  l'acide  HCl  aq.  fumant,  du  moins  quant  au  composant 
•C(OH)  et,  en  présence  du  chlorure  d'acétyle,  ils  se  transforment  labo- 
rieusement en  acétates  (C"H=""^'0)CO  —  C(OAc)  <  avec  dégagement  de 
gaz  HCl. 

L'exemple  le  plus  intéressant  et  en  même  temps  le  plus  ancien  de  ce  fait 
nous  est  fourni  par  l'acide  citrique  dont  l'élher  triéthylique  est  transformé 
par  le  chlorure  d'acétyle  en  son  acétate 

(Ac-0)C-C0(0G=H5)  (3). 

\C1P— CO(OC-tP) 

(')  Tome  LVII  des  Mémoires  in-8"  de  l' Académie  royale  de  Bruxelles. 

(2)  Ac  =  CO-CH-\ 

(3)  Wislicenus  en  i864. 


SÉANCE  DU  l5  JANVIER  I906.  l35 

Le  diéthylglycolated'éthyle^^''^||^^C(OH)  -  rO(OCrH»)  se  com- 
porte de  la  même  manière,  alors  que  l'alcool  tertiaire  simple,  le  dièthylmè- 

{  H'^  •  ('H"\ 
thylcarbinol  _.,  ^C(OH)  —  CH',  qui  correspond  à  ces  deux  com- 

posés, fournit  avec  le  même  réactif  son  éther  chlorliydrique 

(Éb.  1 19°)  et  de  l'acide  acétique. 

On  est  autorisé  à  admettre  que  le  rayon  d'influence  du  composant  car- 
boxyle  OC  —  OH  est  restreint  au  voisinage  immédiat  du  composant  alcool 

•C(OH).  On  sait  en  effet  que  l'acide  trirnèlhyl-éthylène-lactique 

s'éthérifie  déjà  à  froid  |)ar  l'acide  bromhvdrique  HBr  en  formant  l'acide 

H'C\  /("H' 

bromodimèthylhulyrique  ^CBr  —  CH^    p^/p,TTS  (')• 

Ce  sont  ensuite  les  acides  eux-mêmes,  dans  leur  composant  caractéri- 
stique   le    carboxyle     V.^         •  J'ai  surtout  en  vue  en  ce  moment  le  plus 

\OH 

simple   d'entre    eux   parmi    les    polycarbonés,    à   savoir   Yacide    acétique 

H'C  — C.  ■  Ici  l'influence  du  voisinage  si  prochain  de  l'oxygène  sur 

l'hydroxyle     OH  est  assez  puissante  pour  en   changer  le  signe  fonction- 
nel et  de  cet  hydroxyle  «  alcool  »  faire  de  l'hydroxyle  «  acide  ». 

A  l'instar  des  alcools  primaires  et  notamment  de  son  correspondant, 
l'alcool  éthylique  H'C  —  CH-(OH),  l'acide  acétique  réagit  intensément 
avec  le  sodium;  il  s'ajoute  aux  hydracides  halogènes  HCl,  HBr  qui  s'y  dis- 
solvent et  qui  l'éthérifient,  c'est-à-dire  le  transforment  en  son  chlorure 
CH^ —  COCl,  etc.,  en  présence  d'un  agent  susceptible  d'absorber  l'eau, 
tel  que  P-O^;  enfin,  avec  le  chlorure  d'acétyle,  il  dégage,  comme  l'alcool 
lui-même,   de  l'acide  HCl  gazeux  et  se  convertit  en  son  éther  acétique, 

ce^i-k-àire  ei\  anhydride  acétique  W^C  —  C\  -  ,• 

On  le  voit,  le  parallèle  est  complet. 

(')  Voir  Beilstein,  Supplément,  t.  l,  p.  228. 


l36  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

VI.  On  a  qualifié  autrefois  les  alcools  tertiaires  de  «  pseudo-alcools  »,  c'est- 
à-dire  de  faux  alcools.  Si  sous  le  nom  d'cc  alcools  »  il  faut  entendre  les  bases 
hydroxylées  formées  par  le  carbone,  on  peut  se  demander  si  ces  pseudo- 
alcools ne  sont  pas  les  véritables  alcools,  puisque  seuls  ils  sont  fonction- 

nellement  analogues  et  équivalents  aux  alcalis  caustiques  R.OH,  les  bases 
«  par  excellence  »  de  la  Chimie  minérale.  Cela  étant,  ne  sont-ce  pas  les  al- 
cools tertiaires,  dans  leur  représentant  le  plus  simple,  le  triméthylcarbinol 
(H^C)'-C(OH),  qui  méritent  de  porter  le  titre  d'alcools  «  par  excellence  », 
selon  le  langage  d'Hofmanii,  avec  plus  de  droits  que  l'alcool  méthvlique 
H'C  — OH,  l'alcool  éthyliqueH'C—CH2(OH),  etc.? 

Si  l'on  tient  compte  des  faits  que  je  viens  de  relater  et  sur  lesquels  j'at- 
tire l'attention  des  chimistes,  on  peut  se  demander  aussi  si  l'acide  acétique 
et  son  anhydride  sont  vraiment  les  réactifs  les  mieux  appropriés  et  par 
conséquent  les  réactifs  à  choisir  pour  apprécier,  déterminer  et  préciser 
l'intensité  du  caractère  «  alcool  »  dans  la  classe  si  importante  des  nombreux 
composés  qui  portent  ce  nom. 

S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco  fait  hommage  à  l'Académie  du  Fasci- 
cule XXXI  des  Résultats  des  campagnes  scientifiques  accomplies  sur  son  yacht, 
par  Albert  \",  Prince  souverain  de  Monaco,  publiés  sous  sa  direction, 
avec  le  concours  de  M.  Jules  Richard. 

Ce  fascicule  a  pour  titre  :  Description  des  encéphales  de  Grampus  griseus 
Cuv.,  de  Sténo  fronlatus  Cm>.,  et  de  Globicephalus  mêlas  Traill,  provenant 
des  campagnes  du  yacht  Princesse-Alice,  par  Auguste  Petit. 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

Les  deux  premiers  fascicules  des  Annales  de  Paléontologie,  publiées  sous 
la  direction  de  Maucellin  Boule.  (Présenté  par  M.  A.  Gaudry.) 

MM.  A.  LiEBEN  et  A.  Binet  du  Jassonneix  adressent  des  remercîments 
à  l'Académie  pour  les  distinctions  accordées  à  leurs  travaux. 


SÉANCE  DU  l5  JANVIER  1906.  l'i'j 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  intégrales  infïnimenl  voisines  des  équations 
aux  dérivées  partielles.  Noie  de  M.  E.  Goursat. 

1.  Quand  on  cherche  à  étenche  aux  équations  aux  dérivées  partielles 
les  théorèmes  établis  par  M.  Poincaré  pour  les  équations  difTérentielles 
ordinaires  {Les  méthodes  nouvelles  de  la  Mécanique  céleste,  1. 1,  Chaj).  II),  on 
est  arrêté  tout  d'abord  par  des  dilficultés  tenant  à  ce  que  les  coelOcients  des- 
séries que  l'on  veut  obtenir  sont  déterminés  par  des  équations  linéaires 
aux  dérivées  ])artie1les  et  non  par  des  équations  difTérentielles  linéaires  à 
une  seule  variable  indépendante.  Mais  les  plus  grosses  difficultés  dispa- 
raissent si  les  intégrales  supposées  connues,  qui  correspondent  à  des  valeurs 
nulles  des  paramètres,  sont  rapportées  à  leurs  lignes  caractéristiques.  En 
supposant  remplie  cette  condition,  on  obtient  des  propositions  analogues 
aux  théorèmes  de  M.  Poincaré,  que  j'énoncerai  en  me  bornant  d'abord  aux 
fonctions  analytiques. 

2.  Soit 

(i)        ^  =  t''(-^..>'.'V. .v„,  =.'/,.  y. v».  ">•).       '7'  =  jt; 

une  équation  aux  dérivées  partielles  oùa-,  v,,  j'o,  . . .,  v„  sont  des  variables^ 
indépendantes  et  X  un  paramètre  variable.  On  suppose  que  le  second 
membre  de  cette  équation  peut  être  développé  en  série  entière,  ordonnée 
suivant  les  puissances  de  z,  y,,  q.^,  .  . .,  q„,  a,  dont  les  coefficients  sont  des 
fonctions  holomorphes  des  variables  x,y^,y.^,  . . .,  y„,  lorsque  ces  variables 
décrivent  respectivement  dans  leurs  plans  des  domaines  connexes  Dj». 
D,_,  ...,  D,  •,  de  plus  cette  série  est  convergente,  quelles  que  soient  les 
valeurs  de  x,y,,y.^,  ...,  y„  dans  ces  domaines,  pourvu  que  les  modules 
de  z,  q,,  q^,  ..  .,  q„,  \  ne  dépassent  pas  un  nombre  positif  r,  ;  elle  ne  ren- 
ferme aucun  terme  indépendant  de  z,  q^,  q.^,  ...,  y„,  a,  et  les  termes  du. 
premier  degré  ne  renferment  que  ;  et  a.  On  peut  alors  se  proposer  de 
développer  suivant  les  puissances  de  >.  l'intégrale  de  l'équation  (i)  qui 
s'annule  pour  a;  =  o,  quelles  que  soient  les  valeurs  de  ^v, ,  Vo.  . .  •,  v«.  A, 
et  l'on  trouve  une  série 

satisfaisant  formellement  à  l'équation  (i),  et  dont  tons  les  coefficients  sont 

G.  R.,  1906,   1"   Semestrr.  (T.  CXLII,  N°  3.)  ^9 


l38  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

(les  fonctions  holoiuorphes  des  variabh^sj:,  y,,  >%,  . .  .,  x„,  dans  les  domaines 
considérés,  pourvu  (|ue  D^.  soit  simpleinenl  connexe.  \a  convergence  de  ce 
développement  résulte  de  Va  jîroposition  suivante  : 

A  tout  système  de  domaines  D,.,  D' ,  . . . ,  D|  ,  intérieurs  respectivement  aux 
domaines  D^,  D,  ,  ...,  D,.  ,  on  peut  faire  correspondre  un  nombre  positif  r, 
tel  que  l'intégrale  en  question  soit  une  fonction  holomorphe  des  variables  x, 
y\ ,  y.^,  . . .,  )'„,  \,  lorsque  les  variables  x,  y ,,  y.,,  . . .,  }'„  décrivent  respective- 
ment les  domaines  D, ,  D[  ,  . . .,  D^  _,  pourvu  que  le  module  de  \  reste  inférieur 
rt  •/). 

Le  théorème  s'étend  aussi  aux  systèmes  d'équations  simultanées  du  pre- 
mier ordre  et,  au  lieu  d'un  seul  paramètre,  on  pourrait  en  supposer  un 
nombre  quelconque. 

3.  Considérons  encore  une  équation  aux  dérivées  partielles  du  second 
ordre 

(3)  s  =  Y{x,y,z,p,q,r,t,\) 

à  deux  variables  indépendantes,  dont  le  second  membre  peut  être  déve- 
loppé en  série  entière  ordonnée  suivant  les  puissances  de  :;,  p,  q,  r,  l,  a, 
dont  les  coefficients  sont  des  fonctions  holomorphes  des  deux  variables  x 
et  y  lorsque  ces  variables  décrivent  respectivement  dans  leurs  plans  des 
domaines  simplement  connexes  D^.  et  -D^..  Cette  série  est  convergente, 
quelles  que  soient  les  valeurs  de  x  et  ùe y  dans  ces  deux  domaines,  pourvu 
que  les  modules  de  z,  p,  q,  r,  t,  1  ne  dépassent  pas  certaines  limites,  et  elle 
ne  renferme  aucun  terme  indépendant  ni  aucun  terme  dti  premier  degré 
en  /•  et  /,  de  façon  que  les  droites  x  =  C,  y  =  C  forment  les  deux  systèmes 
de  caractéristiques  de  l'intégrale  particulière  3  =  0,  qui  correspond  à  la 
valeur  X  ^=:  o  du  paramètre.  Dans  ces  conditions,  on  peut  se  proposer  de 
développer  suivant  les  puissances  de  )i  l'intégrale  de  l'équation  (3)  qui  se 
réduit  à  zéro  pour  x  =  o,  quels  que  soient  y  et  1,  et  qui  est  nulle  aussi 
pour  y  =  o,  quels  que  soient  x  et  1;  on  obtient  un  développement  qui 
satisfait  formellement  à  l'équation  (3)  et  dont  tous  les  coefficients  sont  des 
fonctions  holomorphes  de  x  et  àey,  lorsque  ces  variables  décrivent  res- 
pectivement les  domaines  D^.,  D^.  La  convergence  de  ce  développement 
résulte  encore  de  la  proposition  suivante  : 

Soient  D,,  el  D^.  deux  domaines  intérieurs  respectivement  à  D^.  et  à  D^  ;  on 
peut  leur  faire  correspondre  un  nombre  positif  r,  tel  que  Cinlc^rale  précédente 
suit  une  fonction  holomorplw  <ie  x,  y,  a,  lorsque  les  variables  x  et  y  décrivent 
respectivement  les  domaines  D^,  D^,  pourvu  que  |  \  \  soit  inférieur  à  Y]. 


SÉANCE    DU    13    JANVIER    [t)o6.  l 'k) 

].a  démonstration  de  ces  théorèmes  et  d'autres  plus  généraux  sera  déve- 
loppée dans  un  Mémoire  plus  étendu. 


GÉOMÉTRIE  INFINITÉSIMALE.  —  Sur  une  famille  (le  réseaux  conjugues 
à  une  même  congruence.  Note  de  M.  E.  Merlin. 

Considérons,  dans  l'espace  à  n  dimensions,  deux  réseaux  tels  que,  aux 
points  correspondants  A  et  B,  les  tangentes  aux  courbes  correspondantes 
se  coupent  en  deux  points  variables  P  et  Q.  On  peut  choisir  les  coordon- 
nées homogènes  a;,  et  v,  de  A  et  B,  de  manière  que  l'on  ait  (^  '  ) 

-   '  Ou  au  <Jv  dv  ^  ^ 

Il  existe  une  co'  de  réseaux  conjugués  à  la  congruence  des  droites  A  et  B 
et  tels  que,  en  un  des  points  C(^,)  d'intersection  avec  AB,  le  plan  tangent 
à  l'un  quelconque  des  réseaux  passe  par  PQ.  On  a  en  effet 

;/=  r,-f- aj:\,  a  =  constante. 

Nous  nous  sommes  proposé  de  chercher  combien,  parmi  les  réseaux  <lo 
la  famille  considérée,  il  peut  y  en  avoir  à  invariants  égaux.  Nous  ne  parh^- 
rons  pas  des  cas  évidents  où  les  droites  AB  sont  concourantes,  ou  engen- 
drent une  congruence  dont  les  deux  nappes  focales  se  réduisent  à  d^s 
lignes. 

A.  —  Le  lieu  des  arêtes  de  rebroussement  des  développables  u  =^  const.. 
par  exemple,  se  réduit  seul  à  une  ligne.  Trois  cas  peuvent  seulement  se 
présenter  : 

i"  Tous  les  réseaux  sont  à  invariants  égaux.  —  Ils  sont  formés  par  des 
courbes  de  contact  de  cônes  ou  de  cylindres  circonscrits. 

2"  Le  réseau  (A),  par  exemple,  est  seul  à  invariants  égaux.  —  (A)  est 
formé  de  courbes  de  contact  de  cônes  ou  de  cylindres  circonscrits.  Sur  les 
autres  réseaux,  les  lignes  u  =  const.  sont  des  courbes  de  contact  de  cônes 
ou  de  cylindres  circonscrits  et,  le  long  des  lignes  t'  =  const.,  les  plans 
osculatenrs  aux  lignes  u  =  const.  passent  par  un  point  fixe. 

3"  Aucun  réseau  n'est  à  imariants  égaux. 

B.  —  Aucune  nappe  focale  ne  se  réduit  à  une  ligne.  En  général,  les  fa- 

(  ')   \  oir  G.  Darboix,  Leçons  sur  la  théorie  générale  des  surfaces,  l.  II,  p.  228. 


I/JO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

milles  considérées  ne  possèdent  pas  de  réseaux  à  invariants  égaux.  Elles 
peuvent  toute  fois  eji  posséder  un ,  deux,  trois,  quatre  ou  cinq .  S'il  en  existe  cinq, 
tous  les  réseaux  de  la  famille  sont  à  invariants  égaux. 

Indiquons  les  résultais  que  nous  avons  obtenus  quand  un  ou  plusieurs 
reseaux  sont  à  invariants  égaux. 

1°  Un  réseau  (A),  par  exemple,  est  à  invariants  égaux.  —  On  choisit  (A); 
le  problème  s'achève  par  quadratures,  si  l'on  connaît /i  et /,  dont  les  valeurs 
les  plus  générales  dépendent  de  l'intégration  de  l'équation  de  Laplace  rela- 
tive à  (A). 

2°  Deux  réseaux  au  moins,  (A)  et  (B)  par  exemple,  sont  à  invariants 
égaux.  Posons 

6,  désignant  une  solution  quelconque  de  l'équation 

'^''  ï-dtidv  ~  7^  àndv' 

On  aura,  pour  déterminer  y,-  à  l'aide  de  (i), 

/i  =  \J(u).ey-  "f,  l=V(v).ey-  ^ 

■/  et  (p  sont  des  fonctions  convenablement  choisies.  On  doit  distinguer 
trois  cas  : 

a.    U(«)  =  H,  V(t')  =  V.   —  Soit  -(u,  v)  la  solution  la  plus  générale  de 

l'équation  El >  —  -  j  =  o,  dont  dépend  la  détermination  des  surfaces 

qui  admettent  pour  représentation  sphérique  de  leurs  lignes  de  courbure 
deux  systèmes  de  coniques  homofocales  ('  ),  «p  et  /  seront  définies  par  les 
formules 

?=         àudv       ' 

'■        a         Ou  Ov  II  <)ii  r         ()//  (){■  r  Ov 

Pour  achever  le  problème  à  l'aide  de  quadratures,  il  restera  à  intégrer 
J'équation  ('?.),  où  (p  a  la  valeur  précédente. 
/}.   U(m)  =  u,  V(i')  ^1.  —  On  trouve 

<(3)        y  =  \'>(v)       "       -h  v''('</),  y  =  X>iv)       '        +  uv'(u)  —  v(u). 

y  11^  —  I  '  '  '      \'ii- —  I 

(  ')   Voir  (i.  Darboix,  Leçons  sur  la  t/icorie  générale  ik's  surfaces,  t.  II,  p.  70. 


SÉANCE    DU    l5    JANVIER    1906.  l4f 

Xi  et  Vi  s'obtiendront  p;ir  quadratures,  si  l'on  sait  intégrer  (2)  où  ç  a  la 
Ibrme  (3  J. 

c.   L'(u)  =  a,   V((')  =  6,  a  et   h  désignant    des   constantes    distinctes. 
—  On  obtient 

o  =;  CH'  —  bu,  y  =  Iw  —  au. 

L'équation  (2)  se  ramène  à  l'équation  connue  y— y^  =  -• 

3°   Trois  réseaux  et  trois  seulemenl  sonl  à  invariants  inégaux.  —  On  choi- 
sira pour  les  coordonnées  x,  du  point  A  des  solutions  de  l'équation 

d-j:  sin«co3«      ().v  sinccosc       dx 

=  O, 


àtiov         sin'«  —  sin-f  du         sin-(/  —  siii-i'  ai 

qui  se  ramène  à  l'équation  harmonique  suivante  : 

J-0 


Ou  'Je         .'1 


siii-(«  —  c)  sin^(  Il  +  \'  ) 


0=  o. 


Les  coordonnées  j',  de  B  s'obtiendront  ensuite  par  quadratures,  à  l'aide 
des  équations  (i),  où  l'on  fera 


h  = 


4°  Quatre  réseaux  et  quatre  seulement  sont  à  imariants  égaux.  —  x^  et  y, 
seront  définies  par  les  formules 

//  (V--j(ii-,  i.-"-)  1    à~i(ii',  {■•)         Il  i)--,{ir.  i'-)         I   f)-,(  M-,  f^) 

y  i  —  7^ 


.         Il      T- 

~  » 

.     (/  4-  c 

2 

/                              ^ 

H  —  C 

ros 

a  —  c 

cos  • 

X: 


Yr 


1)11  l)\'  Il  Ôll  C  <)ii  df  i'  'Vc 

<)'--, \U\   !•-)_ 

Ou  0^-        ' 


-,(«,  t')  désignant  une  solution  quelconque  de  l'équation  E( ,  —  -  )  =  o. 

Les  points  correspondants  fie  deux  des  réseaux  à  invariants  égaux  divisent 
harmoniquement  le  segment  formé  par  les  points  correspondants  des  deux 
autres. 

5°  Tous  les  réseaux  sont  à  invariants  égaux.  —  /;,  /  et  z-i  peuvent  prendre 
la  forme  simple  suivante  : 

h  =u,         l=v;         z,=  {u-hl)V'.{u)  -  Ui(u)^(v-hl)\](v)  -  V,(v). 


l4-  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Les  lii^nes  qui  composent  les  divers  réseaux  sont  des  courbes  de  contact 
de  cônes  on  de  cylindres  circonscrits,  dont  les  sommets  ne  changent  pas 
d'un  réseau  à  l'autre. 

MÉCANIQUE  RATIONNELLE.  —  Sur  l' impossibilité  des  ondes  de  choc  négatives 
dans  les  gaz.  Note  de  ,M.  Gyozo  ZeiMpléx,  présentée  par  M.  Appell. 

Dans  une  Note  récente  (')  relative  à  mes  développements  (-)  sur  les 
ondes  de  choc,  M.  Duhem  me  reproche  d'avoir  invoqué  «  la  cJialeur  du 
frottement  interne  enlre  les  |)arties  du  gaz  douées  de  vitesses  dilïérenles 
aux  deux  côtés  de  l'onde  »,  caria  supposition  du  frottement  interne  exclut, 
selon  lui,  la  propagation  des  ondes  de  choc. 

J'espère  pouvoir  réfuter,  par  les  remarques  suivantes,  l'objection  de 
M.  Duhem  : 

i"  Le  théorème  démontré  par  M.  Duhem  est  le  suivant  : 

Au  sein  d'un  fluide  doué  de  frottement  interne  ou  de  viscosité,  et 
pourvu  que  l'on  regarde  comme  générales  les  expressions  des  actions  de  visro- 
sité  reçues  dans  le  cas  où  les  dérivées  partielles  des  composantes  de  la  vitesse 
ne  surpassent  pas  certaines  limites,  aucune  onde  de  choc  ne  peut  se  propager. 

Or,  mes  dévcloj)pements  se  rajjpoilenl  à  une  onde  de  choc  compatiiile 
avec  les  équations  du  mouvement  des  liquides  dénués  de  frottement  interne . 
Cependant,  même  dans  le  cas  où  l'on  sujipose,  dans  la  pirlio  coutimn'  ihi 
mouvement,  toutes  les  composantes  de  la  viscosité  égales  à  zéro,  le  travail 
de  la  viscosité  ne  sera  nullement  à  négliger  dans  l'onde  de  choc  elle-même, 
vu  qu'il  y  a  dans  celle-ci  un  changement  brusque  des  vitesses  (un  coeffi- 
cient de  viscosité  infiniment  petit,  multiplié  par  une  fonction  de  la  dérivée 
de  la  vitesse  infiniment  grande,  peut  donner  un  produit  fini). 

Le  théorème  de  M.  Duhem  ne  serait  donc  pas  à  appliquer  dans  ce  cas, 
car  ce  théorème  se  rapporte  à  des  ondes  de  choc  compatibles  avec  les 
équations  de  l'Hydrodynamique  corrigées  en  ayant  égard  à  la  viscosité. 

2"  Le  théorème  de  M.  Duhem  est  basé  sur  une  hypothèse  à  part  (la  gé- 
néralisation, citée  plus  haut,  des  expressions  des  actions  de  viscosité  pour 
les  ondes  de  choc),  qui  peut  être  adoptée  ou  rejetée  ad  libitum,  et  c'est 
pourquoi  je  suis  de  l'avis  qu'avec  ce  théorème  on  ne  pourra  réfuter  des  ré- 
sultats obtenus  indépendamment  de  cette  hypothèse. 

(')   I*.  DiiiRii,  Comptes  rendus.  1.  ('\L1,  igoS,  p.  Nii. 
(^)  G.  Zempi.én,  Comptes  rendus,  t.  (ALI.  i()o5,  p.  710. 


SÉANCE    DU    l5    JANVIER    1906.  1^3 

Enfin,  qu'il  me  soil  permis  île  remarquer  que,  dans  ma  Noie  citée  plus 
liaul,  j'aurais  dû  ciler  les  Notes  de  iM.  Jouguet,  où  la  même  question  a  été 
traitée  en  faisant  intervenir  le  potenlie!  thermodynamique  ('),  puis  pom- 
(ics  discontinuités  pas  trop  grandes  (-)  et  pour  des  quasi-ondes  de  choc  (^). 


MKCAMQUE.  —  Conditions  d'établissement  et  d'application  d'un  amortisseur 
progressif  à  la  suspension  des  véhicules  sur  roule.  Note  de  M.  A.  Krebs, 
présentée  par  M.  Léauté. 

Les  véhicules  circulant  sur  route  rencontrent  des  dénivellations  qui 
peuvent  être  rangées  en  deux  catégories  :  les  courtes  et  les  longues.  Les 
courtes  sont  les  pierres  ou  obstacles  analogues  qui  sont  facilement  fran- 
chis par  des  roues  à  jantes  très  élastiques  se  moulant  sur  l'obstacle  sans 
déplacer  l'essieu  verticalement.  Il  n'en  est  pas  de  même  avec  les  longues  qui, 
déplaçant  verticalement  l'essieu,  mettent  en  jeu  les  ressorts  de  suspension 
de  la  caisse.  Lorsqu'une  dénivellation  longue  se  présente,  la  roue,  en  la 
franchissant  rapidement,  comprime  le  ressort  en  modifiant  sa  flèche  d'une 
longueur  égale  sensiblement  à  la  hauteur  de  celte  dénivellation. 

M.  Georges  Marié,  dans  un  savant  Mémoire  présenté  à  l'Académie  des 
Sciences  sous  le  titre  :  Les  dénivellations  de  la  voie  et  les  oscillations  du  ma- 
iciiel des  chemins  de  fer,  a  monlré  l'action  bienfaisante  du  frottement  des 
lames  de  ressorts  et  de  leurs  menottes. 

Dans  les  véhicules  sur  route,  ces  mêmes  frottements  existent  et  amor- 
tissent les  petites  oscillations;  mais  ils  sont  absolument  insuffisants  dès  que 
la  variation  de  flèche  (A)  dépasse  2"'"  environ. 

Nous  délermiiions  celte  valeur   limite  de   (/'),  donnée  par  l'équation 

/(  =  2cpa,  qu'on  peut  écrire  A  =  2o-->  comme  l'établit  M.  Georges  Marié 
pour  les  véhicules  de  chemins  de  fer,  équation  dans  laquelle  -  est  la  flexi- 

bdité  du  ressort  et  tt  le  poids  de  la  caisse. 

On  a  cherché  à  obtenir  des  frottements  amortisseurs  au  moyen  d'or- 
ganes convenablement  dis|)osés;  mais,  d'une  façon  générale,  les  frotte- 
menls  ainsi  obtenus,  qu'ils  [jroviinnent  des  ressorts  ou  qu'ils  viennent  s'y 

(')   Comptes  rendus,  t.  CXXXIl,  iS  mais  1901. 

(,-)   (Comptes  rendus,  t.  CXXXIX,  14  iio\fmbi-e  1904. 

l/j   Comptes  rendus,  l.  CXXWill,  27  juin  1904. 


l'i/j  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ajouler,  donnent  un  effort  sensiblement  constant  répondant  à  une  variation 
de  flèche  donnée.  Pour  une  variation  plus  petite,  le  frottement  sera  trop 
grand  et  la  suspension  sera  dure;  pour  une  plus  grande,  toute  l'énergie 
emmagasinée  par  le  ressort  ne  sera  pas  amortie  dans  la  première  dénivel- 
lation. 

Nous  montrons  dans  cette  étude  que,  pour  obtenir  l'amortissement  des 
oscillations  dans  tous  les  cas,  l'effort  de  frottement  à  produire  doit  être  à 
chaque  instant  sensiblement  proportionnel  à  la  variation  de  flèche  que 
possède  le  ressort.  Comme,  d'autre  part,  le  frottement  des  lames  de  ressort 
et  de  leurs  menottes  suffit  dans  les  petites  oscillations,  nous  sommes  con- 
duits à  ne  faire  intervenir  le  frottement  additionnel  qu'à  partir  de  la  valeur 
de  cette  variation  :  h  =  ia^a.  Enfin,  pour  ne  pas  rendre  la  suspension  plus 
dure  dans  le  passage  des  grandes  dénivellations,  nous  sommes  conduits  ;i 
augmenter  la  flexibilité  des  ressorts. 

En  appelant  —  la  flexibililé  cliercliée,  nous  établissons  que  sa  valeur  en  fonction  de 
la  llexihilité  primitive  —  sans  amortisseur  est  la  suivante  : 


en  donnant  à  (/))  ses  deu\  valeurs  extrêmes  :  /t::=2(pfl  et  //  =  ce,  et  en  prenant  la 
moyenne  arithmétique  des  deux  valeurs  de  (y)  qu'on  en  déduit,  nous  obtenons  fina- 
lement pour  Y  : 

y  = 


\i  ,0  -I-  tp  H-  I  , 0 ç  -H  ' 

Xous  arrivons  également  a  éialilir  f(ue  l'edort  de  frottement  (;r)  à  développer  pour 
une  modification  [h)  de  la  flèclie  du  ressort  est 

./•=  -/,(,  — o)_o7:. 

Cette  équation  montre  i[ue  Tellort  de  frottement  nécessaire  pour  donner  l'amortis- 

.  .      y 
sèment  complet  vaiie  en  raison  inverse  de  la  llexibililé  ^  et  croit  comme  la  \arialiiin 

de  llèche  du  ressort  (/()  diminuée  de  la  petite  quantité  o-  ([ui  représente  l'efioit  de 
frottement  provenant  des  ressorts.  Il  est  aussi  1res  sensiblement  indépendant  du  poids 
de  la  caisse  et,  toutes  choses  égales  d'ailleiu's,  décroît  lorsque  le  poids  de  cette  dernière 
augmente. 

Le  problème  pratique  consiste  donc  à  réaliser  un  appareil  qui,  par  le 


SÉANCE  DU  l5  JANVIER  1906.  l45 

déplacement  relatif  de  ses  organes  dans  un  sens  ou  dans  l'autre  à  partir 
d'une  position  donnée,  produise  d'abord  un  effort  sensiblement  nul  pour 
un  certain  écart  et  allant  ensuite  en  croissant  dans  un  sens  ou  dans  l'autre, 
proportionnellement  au  chemin  parcouru.  En  outre,  cet  effort  doit  être 
indépendant  de  la  vitesse  avec  laquelle  les  organes  de  l'appareil  sont 
déplacés. 

Cette  dernière  condition  fait  rejeter  a  priori  tout  dispositif  empruntant 
•  un  fluide  quelconque,  liquide  ou  gazeux,  forcé  de  s'écouler  à  travers  un 
orifice  de  section  variable. 

L'appareil  se  compose  d'une  boîie  cylindiitiiie  dans  laquelle  peul  osciller,  suivant 
son  axe,  un  auU-e  cylindre  plus  petit  laissant  un  intervalle  annulaire  dans  lequel  sont 
empilées  des  lames  minces  circulaires  rendues  alternativement  solidaires  de  la  boite  et 
du  cylindre  intérieur. 

Sur  ces  lames  viennent  se  placer  deux  disques  solidaires  aussi,  l'un  du  cylindre 
intérieur,  l'autre  de  la  boîte.  Les  faces  extérieures  des  disques  sont  planes  et  parallèles, 
tandis  que  leurs  surfaces  de  contact  sont  taillées  suivant  deux  surfaces  hélicoïdales 
inverses  réunies  par  des  éléments  de  surfaces  planes.  Enfin,  sur  le  dernier  disque, 
repose  un  ressort,  convenablement  di>posé  entre  ce  disque  et  le  couvercle  de  la  boîte 
pour  n'exercer  aucune  pression  lorsque  les  saillies  produites  par  les  rampes  hélicoïdales 
inverses  sont  en  contact  avec  les  éléments  plans. 

En  faisant  osciller  angulairemenl  le  cylindre  intérieur,  à  droite  ou  à  gauche  de  cette 
position  moyenne,  les  rampes  des  disques  viennent  en  contact  après  un  certain  écart 
pendant  lequel  les  lames,  n'étant  pas  pressées  les  unes  contre  les  autres,  glissent  sans 
opposer  d'efl'ort  sensible.  I^orsque  l'amplitude  de  l'oscillation  dépasse  celle  limite,  les 
rampes  montant  l'une  sur  l'autre,  les  faces  extérieures  des  disques  s'écartent  en  com- 
primant dune  pari  le  ressort  et  en  exerçant  d'autre  part  sui'  les  lames  une  pression 
égale  à  celle  de  ce  ressort. 

La  boîte  cylindrique  étant  fixée  à  la  caisse  de  la  voiture  et  le  cylindre  intérieur  élant 
relié  à  l'essieu  au  nioven  d'une  manivelle  et  d'une  bielle,  chaque  fois  qu'une  variation 
dans  la  flèche  du  ressort  de  la  voilure  se  produira,  l'appareil  fera  intervenir,  à  partir 
d'un  certain  écart,  un  eftorl  de  frottement  à  chaque  instant  sensiblement  proportionnel 
à  cette  variation  de  flèche. 

Nous  ajouterons,  pour  terminer,  que  toutes  les  considérations  qui  pré- 
cèdent ont  été  pleinement  confirmées  par  la  pratique. 

PHYSIQUE.  —  Expériences  photographiques  sur  l' action  des  rayons  N 
sur  une  étincelle  oscillante.  Note  de  M .  C  Ginox,  présentée  par  M.  Mascart. 

Il  Si,  sur  l'étincelle  primaire  d'un  oscillateur  hertzien,  on  fait  tomber 
lies  rayons  N,  l'étincelle  secondaire  diminue.  Il  résulte  de  là  que  l'action  des 

C.  l\.,  1906,  I"  Semestre.   (T.  CXIJI,  N"  3.)  20 


x46  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ravons  N  sur  l'étincelle  modifie  le  phénomène  électric[ue  lui-même  (' ).  » 
En   annonçant  ce  phénomène,  M.  Blondlot  ajoute   que   la   diminulioa 
d'éclat  de  l'étincelle  était  très  dilticile  à  observer  à  cause  de  l'irrégularité 
de  l'étincelle  secondaire. 

Comme  ce. fait  prouve  une  modification  inlinie  de  l'étincelle  par  les 
rayons  N,  il  y  avait  intérêt  à  chercher  à  rendre  la  diminution  d'éclat  plus 
visible  et  surtout  à  l'enregistrer  par  la  photographie.  Il  m'a  été  possible 
d'obtenir  une  étincelle  secondaire  régulière  en  la  faisant  jaillir  entre  deux 
pointes  d'un  métal  plus  volatil  que  le  platine.  Après  quelques  essais,  je  me 
suis  arrêté  au  laiton,  qui,  d'une  part,  est  suffisamment  dur  pour  permettie 
de  faire  des  pointes  régulières  et,  d'autre  part,  à  cause  de  la  présence  du 
zinc,  donne  une  étincelle  riche  en  rayons  photographiques.  Les  pointes 
ont  été  faites  à  la  lime  à  l'extrémité  de  deux  tiges  de  laiton  deo^'^.S  de 
diamètre  et  de  S'™  de  longueur,  puis  polies  en  les  roulant  sur  du  papier 
d'émeri  très  fin.  Il  est  nécessaire  de  s'assurer  avec  un  microscope  à  faible 
grossissement  que  les  pointes  sont  régulièremeut  coniques  et  leurs  extré- 
mités légèrement  arrondies. 

Ij'excilaleur  primaire  {Jlg.  i)  est  conslilué  par  deux  petits  couclensateurs  cylin- 
driques dont  les  armalures  internes  sont  des  tiges  de  laiton  de  y'''"  de  long  et  o"",.5  de 
diamètre  et  les  armatures  externes  des  tubes  de  laiton  de  4"^"%  3  de  long  et  i'™,  2de 
diamètre.  Les  deux  armatures  sont  séparées  par  un  tube  de  verre.  Les  deux  conden- 
sateurs sont  fixés  dans  le  prolongement  l'un  de  l'autre  aux  deux  branches  d'une  pince 
en  bois.  Aux  extrémités  des  armalures  internes  sont  soudées  deux  boules  en  laiton  de 
o'"",8  de  diamètre  partiellement  recouvertes  par  des  lames  de  platine.  L'étincelle  pri- 
maire jaillit  entre  ces  den\  boules;  sa  longueur  se  règle  en  écartant,  à  l'aide  d'une  vis, 
les  exlréinités  des  brandies  de  la  pince;  un  anneau  en  caoutchouc  maintient  l'une  des 
branches  fortement  appliquée  contre  l'extrémilé  de  la  vis.  Les  deux  armatures  in- 
ternes sont  respectivement  l'eliées  aux  deux  pôles  d'une  machine  de  Ilollz,  d<uU  l'un 
des  pôles  est  au  sol  et  i|ui  est  entraînée  à  vitesse  constante  jiar  un  moteur  électiique. 
Les  armatures  externes  cômniuni([uenl  entre  elles  par  un  tube  de  ■/erre  plein  d'eau 
qui  leur  permet  de  se  charger.  La  longueur  de  l'étincelle  mesurée  après  les  expériences 
a  été  trouvée  de  o"",07.  La  machine  de  Holtz  donnait  environ  160  élincelles  par  se- 
conde entre  les  boules  de  l'excitateur.  Cette  machine  était  installée  assez  loin  pour 
éviter  toute  inlluence  de  la  lumière  des  aigrettes  sur  l'élincelle. 

Deux  fils  de  2™,5'>  de  long  attachés  aux  armatures  externes  conduisent  les  ondes 
hei'lziennes,  produites  par  la  déi-harye  tle  l'excitateur,  au  micromètre  à  étincelles  secon- 


(  '  )  IL  lii.o.NDi.OT,  Noiii'clles  cxpciiences  sur  L'cnrcgistieinciii.  au  moyen  de  la  plw- 
tngrapliic.  (le  /'ficlinn  exercée  par  les  rayons  N  sur  u ne  étincelle  électrique  {^d^ncy , 
i'^''  mars  190J,  p.  .5,  et  Revue  générxxle  des  Sciences,  3o  août  igoô,  p.  727). 


SÉANCE  DU  l5  JANVIER  190G.  14" 

claires  {fig-  2)  formé  des  deux  poiiUes  en  laiton  précédemmenl  décrites.  Ces  pointes 
sont  fixées  aux  branches  d'une  pince  en  bois  noirci,  analogue  à  celle  qui  sert  à  régler 
l'étincelle  primaire.  Les  deux  pointes  du  micromètre  doivent  être  exactement  en 
regard.  La  longueur  de  Fétincelle  secondaire  était  d'environ  J„-  à  -^^  de  millimètre.  Le 


Fi; 


l-i; 


micromètre  est  enfermé  dan-  une  boîte  en  carton  noir  1  {Jig.  3)  fixée  à  la  pince;  la 
partie  antérieure  de  cette  boîte  est  formée  d'une  lame  de  verre  dépoli  recouverte  d'un 
papier  noir  percé  en  face  de  rélincelle  d'une  ouverture  circulaire  de  )'^™,2  de  dia- 
mètre. La  lumière  de  l'étincelle  dill'usée  par  le  verre  dépoli  à  travers  cette  ouverture 


Fis-  -i- 


impressionne  une  plaque  photograpliiiiue  f.  La  dislance  de  l'étincelle  au  verre  dépoli 
est  de  a"^"",  celle  du  verre  dépoli  à  la  plaque  P  de  3'^'", 8.  Une  caisse  en  bois,  dont  la 
partie  antérieure  est  fermée  par  un  voile  noir,  renferme  le  micromètre  à  étincelles  et 
le  chfissis  qui  porte  la  plaque  pliotogiapliique.  Ce  dernier  peut  être  déplacé  latéra- 
lement dans  une  glissière  à  l'aide  d'une  tige  T,  sa  course  est  limitée  par  deux  butoirs 
a  et  h. 


La  source  de  rayonsNest  une  lampe Nernst  (1  ampèie,  220  volts)  placée 
à  45''"  en  arrière  de  l'étincelle  primaire.  Celte  lampe  est  enfermée  dans 


l48  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

une  lanterne  de  tôle.  Avant  d'atteindre  l'excitateur  E,  les  rayons  N  tra- 
versent une  planche  B  de  i'^'",5  d'épaisseur,  deux  écrans  en  papier  C  et 
une  lame  d'aluminium  D  reliée  électriquement  au  sol  (').  En  M  est  figuré  un 
écran  de  zinc  recouvert  de  papier  filtre  mouillé  et,  par  conséquent,  opaque 
pour  les  rayons  N;  en  retirant  ou  en  mettant  en  place  cet  écran,  on  peut 
à  volonté  laisser  passer  ou  arrêter  les  rayons  N  qui  doivent  agir  sur  l'étin- 
celle primaire.  Un  écran  en  bois  H,  garni  de  plomb  sur  ses  deux  faces, 
empêche  les  rayons  d'atteindre  l'étincelle  secondaire. 

Pour  faire  une  expérience,  on  règle  l'étincelle  secondaire  de  façon  que 
la  lumière  diffusée  par  le  verre  dépoli  soit  régulière  et  l'on  s'assure  à  l'œil 
que  l'éclat  diminue  notablement,  lorsque  les  rayons  N  tombent  sur  l'étin- 
celle primaire.  Cette  diminution  d'éclat  est  très  visible  lorsque  l'étincelle 
est  bien  réglée.  La  plaque  sensible  est  alors  placée  dans  un  châssis  appliqué 
d'abord  contre  le  butoir  a.  L'étincelle  primaire  recevant  les  rayons  N,  on 
laisse  la  lumière  de  l'étincelle  secondaire  agir  sur  la  plaque  pendant  i  mi- 
nute. On  pousse  ensuite  le  châssis  contre  le  butoir  b,  en  même  temps  qu'un 
aide  intercepte  les  rayons  N  au  moyen  de  l'écran  de  papier  mouillé  M.  Une 
autre  portion  de  la  plaque  est  alors  impressionnée  pendant  i  minute. 
Après  développement,  on  constate  sur  la  plaque  deux  taches  dont  l'une  est 
beaucoup  plus  faible  que  l'autre.  La  tache  la  plus  faible  est  celle  qui  a  été 
produite  jjendant  que  les  rayons  N  agissaient  sur  l'étincelle  primaire.  Pour 
corriger  l'influence  d'une  variation  possible  du  débit  de  la  machine  de 
Holtz,  chacun  des  temps  de  pose  a  été  fractionné  en  deux  poses  de  3o  se- 
condes, les  deux  poses  qui  correspondent  à  l'une  des  positions  de  la  plaque 
alternant  avec  les  deux  poses  correspondant  à  l'autre  position.  On  a  laissé 
les  rayons  N  agir  tantôt  pendant  la  première  et  la  troisième  pose  île  3o  se- 
condes, tantôt  pendant  la  seconde  et  la  quatrième.  Les  mouvements 
à  donner  au  châssis  et  à  l'écran  M  étaient  réglés  par  les  battements  d'un 
métronome.  Pendant  l'ouverture  et  la  fermeture  du  châssis,  celui-ci  était 
placé  à  égale  distance  des  butoirs  a  et  &;  on  évite  ainsi  que  les  durées  d'ou- 
verture et  de  fermeture  interviennent  dans  le  temps  de  pose.  Ces  durées 
étaient  d'ailleurs  trop  petites  pour  donner  une  impression  visible  au  centre 
de  la  plaque. 

37  expériences  ont  été  faites  par  ce  procédé  et  tous  les  clichés  obtenus 
ont  montré  que  l'étincelle  secondaire  diminue  d'éclat  lorsque  l'élinceile 

(')  A  cause  des  grandes  dimensions  de  l'appareil,  les  dirterentes  parties  de  la  figure  3 
n'ont  pu  être  représentées  à  la  même  échelle. 


SÉANCE  DU  l5  JANVIER  1906.  l49 

primaire  reçoit  des  rayons  N.  Les  étincelles  altérant  assez  vite  les  pointes, 
il  faut  les  limer  et  les  polir  à  nouveau  après  6  ou  8  expériences.  Pour 
obtenir  de  bons  résultats,  l'éclairement  de  la  plaque  par  la  lumière  de 
l'étincelle  secondaire  doit  être  voisin  de  l'éclairement  le  plus  faible  qui 
commence  à  impressionner  la  plaque  (').  Les  plaques  employées  sont  des 
plaques  Jougla  (bande  verte),  ou  des  plaques  Lumière  (bande  bleue). 

En  résumé,  les  expériences  précédentes  confirment  l'observation  faite 
par  M.  Blondlot,  elles  démontrent  une  modification  intirfle  de  l'étincelle 
par  les  rayons  N.  Cette  modification,  comme  le  fait  remarquer  M.  Blon- 
dlot, explique  pourquoi  l'étincelle  électrique  se  prête  bien  à  l'enregislre- 
nient  photographique  des  rayons  N. 


CHALEUR.  —  Sur  la  densité  de  la  glace.  Note  de  M.  A.  Leduc, 
présentée  par  M.  Lippniann. 

La  densité  de  la  glace  a  été  déterminée  bien  des  fois.  Les  résultats  ont 
varié  entre  0,903  et  0,900.  Les  plus  concordants  sont  ceux  de  Brunner 
(0,918),  de  Thomson,  de  Plûcker  et  Geissler  (0,920),  et  de  Louis  Dufour 
(0,914  à  0,922  :  moyenne  0,9177). 

Enfin  Bunsen,  par  une  méthode  fort  ingénieuse,  a  obtenu  0,91674.  La 
glace,  formée  dans  un  tube  d'ailleurs  passablement  étroit,  était,  affirme-t-il, 
parfaitement  transparente  et  exempte  de  bulles. 

Je  n'ai  pas  été  aussi  heureux,  malgré  tout  le  soin  apporté  à  cette  expé- 
rience, et  cependant  les  nombres  obtenus  ont  toujours  été  >  0,9172.  Afin 
de  rendre  négligeables  certaines  erreurs,  j'ai  opéré  sur  une  masse  de  glace 
voisine  de  loo^. 

Première  e.rpériencc.  —  Un  flacon  semblable  à  ceux  employés  par  Regnaiilt  pour 
les  densités  de  liquides,  mais  beaucoup  plus  yiand  (108'^"'')  est  à  peu  près  rempli  d'eau 
distillée  longuement  bouillie  et  encore  très  chaude.  Je  la  fais  bouillir  à  nouveau  dans 
le  llacon,  en  y  faisant  le  vide  au  moyen  dune  pompe  de  Fleuss,  puis  j'entoure  celui-ci 
d'un  mélange  de  glace  et  de  sel. 

Par  une  manœuvre  dont  le  détail  sera  décrit  ailleurs,  je  conduis  la  solidification 
depuis  le  fond  du  llacon  jusqu'au  repère  tracé  sur  le  col  capillaire.  Ayant  enlevé  l'eau 
qui  dépasse  ce  repère,  je  fais  refondre  la  glace,  puis  je  pèse  l'eau  qui  en  provient,  avec 
les  précautions  d'usage.  Je   trouve,  toutes  corrections  faites   :   988,9679  à   quelques 

(M   \oir  C.  GuTTOX.  Cdiiipirs  reiulus.  o,j  f(jvrier  igoj. 


l.)0  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

diviènies  du  milligroninie   près.  La  masse  d'eau  distillée  bouillie  qui  lemplil  ce  )iièinc 
llacoii  juscfu'au  repèvo,  à  o",  est  lojïjSSiS. 

On  en  (Icduiniit  pour  la  masse  spécifique  de  la  glace  à  o°  :  o,gi'j'25. 
^!ais,  tandis  que  la  première  moitié  environ  de  la  glace  est  parfaitement 
transparente,  on  voit  apparaître  dans  celle  qui  se  forme  ensuite  des  traînées 
de  bulles  gazeuses  très  fines  et  même,  dans  la  partie  supérieure,  des  bulles 
assez  grosses  ]mur  être  distinguées  à  l'œil  nu.  La  densité  est  donc  trop  faible 
de  ce  chef. 

Elle  l'est  encore  pour  un  autre  motif.  Le  flacon  étant  plongé  dans  un 
réfrigérant  dont  la  température  varie  entre  —  5°  et  —  lo''  environ,  sa  capa- 
ciic  est  plus  faible  qu'à  o". 

Il  faut  remarquer  toutefois  que  le  phénomène  est  rendu  très  complexe 
par  ce  fait  que  la  couche  de  glace  en  formation  est  nécessairement  à  o°. 
Tout  ce  que  l'on  peut  affirmer,  c'est  que  l'erreur  est  de  l'ordre  du  dix- 
millième. 

I^our  ces  deux  raisons,  le  nombre  0,^1^2  ne  peut  donc  être  approché  (/ne 
par  défaut. 

Expérience  finale.  —  Après  plusieurs  periectioniicmenls  (|ui  avaient  élevé  pro- 
gressivement le  résultat,  j'ai  disposé  l'expérience  de  manière  à  é'.ncuer  par  plusieurs 
congélations  successives  dans  le  vide  les  gaz  retenus  par  l'eau  bouillie,  et  à  produire 
une  dernière  congélation  assez  lente  (durée  6  heures)  d'abord  dans  le  vide,  jusqu'à  ce 
que  l'eau  ait  déj)assé  le  col  capillaire  Au  llacon,  puis  sons  la  pression  alniospln'rique, 
mais  en  isolant  l'eau  de  l'atmosphère  par  une  colonne  d'huile  de  vaseline,  elle-même 
bouillie  dans  le  vide  et  sur  place,  étroite  et  longue  de  (3o'="'  environ. 

A  cet  effet,  j'ajuste  siu-  le  flacon  à  densités  un  système  de  deux  flacons  laveui's  de 
Cloez  A  et  B;  ce  dernier,  beaucoup  plus  grand  que  A  et  plus  éloigné  du  (lacon  à  eau, 
renferme  la  provision  de  vaseline.  On  peut  faire  le  vide  simultanément  ou  séparément 
par  deux  tubulures  à  robinet,  situées  l'une  à  la  sortie  de  B,  l'autre  en  amont  de  A. 

Au  moment  où  l'on  rétablit  la  pression  almosphéiiqiie  j)ar  la  jiremière  tubulure, 
l'huile  vient  i-emplir  ])arfaitenient,  c'est-à-dire  sans  la  moindre  bulle,  les  divers  tubes 
et  cavités,  y  compris  la  partie  du  flacon  à  densités  non  occupée  par  l'eau. 

Un  frappeur  automatique  secoue  conlinuellenient  le  llacon  afin  de  faciliter  le  dépari 
des  bulles. 

Malgré  toutes  ces  précautions,  la  glace,  congelée  pour  la  troisième  fois,  n'est  pas 
encore  parfaitement  transparente  dans  la  partie  supérieure  :  le  dei-nier  quart  présente, 
surtout  dans  la  région  médiane,  une  sorte  de  néi>ulosilé  lilamenteuse  qui  s'accentue  au 
voi'^inage  du  col  capillaire. 

IjH  masse  de  glace  remplissant  cette  fois  le  flacon  jusqu'au  repère  est 
98^,9968,  d'où  la  iTiasse  spécifique  de  la  glace  :  0,91^52. 

Une  dei"nière  expérience,  dans  laquelle  l'eau  a  été  congelée  quatre  fois, 


SÉANCE    DU    l.T    JANVIÎÎR    191:6.  I  '  I 

a  donné  un  résultat  pratiquement  identique.  Je  suis  porté  à  croire  que  la 
disparition  complète  de  la  nébulosité  n'altérerait  que  faiblement  la  der- 
nière décimale. 

Il  est  clair  qu'il  faut  bien  se  garder  de  prendre  la  moyenne  tles  nombres 
obtenus,  qui  croissent  faiblement  mais  systématiquement  à  mesure  cpic 
l'expérience  se  perfectionne  :  le  plus  grand  de  ces  nombres  est  certainement 
approché  par  défaut.  Pour  tenir  compte  dans  une  certaine  mesure  de  l'er- 
reur due  à  la  contraction  de  l'enveloppe,  je  propose  d'admettre  que  la  masse 
spécifique  de  la  glace  à  o"  est 

0,9176. 

Remarque  rclalive  à  t'analyse  des  gaz  en  dissolution  dans  l'eau.  —  On  voit, 
par  ce  qui  précède,  que  l'eau  longuement  bouillie  retient  une  quantité  de 
gaz  fort  appréciable,  qu'elle  abandonne  au  moins  partiellement  en  se  con- 
gelant. 

J'ai  eu  déjà  l'occasion  de  faire  la  même  remarque  au  sujet  du  protoxyde 
d'azote  liquiile,  qui,  solidifié  en  neigeet  maintenu  dans  un  vide  très  avancé, 
dégage  la  majeure  partie,  mais  non  la  totalité  de  l'azote  qu'il  tient  en  dis- 
solution. 

Il  en  résulte  que  l'analyse  des  gaz  de  l'eau,  telle  qu'elle  se  pratique  toujours, 
est  incomplète  et,  par  suite,  ine-racle. 

Si  l'on  admet  que  l'écart  entre  le  nombre  de  Bunsen  et  le  mien  est  Jù 
uniquement  à  ce  que  ce  savant  a  solidifié  complètement  de  l'eau  simple- 
ment privée  de  gaz  par  ébullition  prolongée,  on  arrive  à  cette  conclusion 
que  cette  eau  renfermait  encore  près  de  i""'  de  gaz  par  litre  (mesuré  sous  la 
pression  atmosphérique). 

Je  n'ai  fait  jusqu'ici  qu'une  seule  expérience  en  vue  de  contrôler  ce 
résultat  :  elle  a  été  satisfaisante  mais  non  décisive  au  point  de  vue  quan- 
titatif. 

Je  me  propose  d'ailleurs  de  rechercher  la  nature  des  gaz  retenus  par 
l'eau  bouillie. 


ÉLECTRlcrn':.  —  Sur  la  répartition  des  cintrants  électriques  dans  un  réseau. 
Note  de  M.  1.  Révilliod,  présentée  par  M.  Lippmann. 

Dans  tout  réseau  conducteur  alimenté  par  des  sources  d'électricité,  le 
double  du  travail  de  ces  sources  diminué  de  l'effet  Joule  total  est  maximiun. 


132  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

Soil  un  réseau  conducteur  quelconque,  coiUenanl  les  sources  d'électricilé  de  force 
électromotrice  El,  Ej,  ...  (  E/^  étant  la  somme  algébrique  des  forces  électromotrices 
de  la  branche  k,  comptées  dans  un  sens  déterminé).  Soient  /',,  r^,  ...  les  résistances; 
i,  /j,  ...  les  intensités  des  branches  1,2,  .... 

Il  est  à  démontrer  que  les  courants  se  répartissent  de  façon  que 

(1)  i:(2Ei4-'>^!) 

soit  maximum,    en    tenant   compte    naturellement   des   relations  ^ir^^o  pour  chaque 
point  de  croisement,  conformément  à  la  première  loi  de  Kirchlioll'. 
Dili'érentions  l'expression  (1),  nous  aurons 

(9.)  I.(2E, -■?.!■, i,)di,. 

Etablissons  les  équations  qui  rendent  l'expression  (i)  maximum,  c'est-à-dire  (2) 
nulle. 

Considérons  pour  cela  dans  le  réseau  un  circuit  fermé  quelconque,  jiar  exemple  le 
quadrilatère  ABCD,  et  sur  chacun  de  ses  côtés  un  sens  positif. 

Les  quatre  relations  Z.iri  =  o  pour  les  points  A,  B,  C,  D  permettent  d'éliminer  trois 
des  variables  «'«•  Eliminons  ('2-  '31  4  comme  suit  :  de  B  nous  lirons 

'2  =  '1  +  4  -4-  4  =  '  1  ±  •  •  • . 
deC 

h  =  —  ii+ii^—  'i±.--> 
deD 

h  =      4  —  «9  =  —  «  I  ± 

Les  points  remplacent  des  variables  /^  pour  a  >  4- 

Cette  élimination  faite,  tous  les  autres  courants  peuvent  être  considérés  comme  des 
variables  indépendantes  ou  des  fonctions  des  /«  pour  lesquelles  a  >  '|. 
Donc,  dans  l'expression 

-(E/,—  o,ù)  (ii/,, 

les  seuls  termes  contenant,  toute  élimination  faite,  la  diflërentielle  di\  sont  les  quatre 
premiers. 

Ces  termes  sont 

(  l'^i  —  '-1  '1  )  f/'i  +  (  E,  -  r,  i,  )  (      .//,  ±...) 

+  (E,-  r,i,){-  d,\±.  .  .)  +  {K,-  r..i,)  {-  di,±.  .  .). 

Les  variables  étant  alors  toutes  indépendantes,  le  coefticient  de  di\  doit  être  nul. 
Nous  avons  donc 

El—  '■l'i-l-  E2—  /-o/j—  (E-i—  r-ji,,)  —  (E4—  r.,c\)  —  o, 

équation   idenli(|ue  à  celle  fournie  par   la  deuxième   loi  de  KirchholV,  appliquée  au 
quadrilatère  ABCD 


SÉANCE  DU  1.5  JANVIER  1906.  iSS- 

Les  coefficients  des  autres  difTérentielles,  égalés  à  zéro,  donneraient  des  équations- 
analogues. 

La  condition  de  maximum  énoncée  au  début,  équivalant  aux  équalioi.s 
de  Rirchhofï,  correspond  à  la  répartition  des  courants. 

On  voit  qu'il  s'agit  d'un  maximum,  et  non  pas  d'un  minimum,  en  appli- 
quant la  loi  au  courant  fourni  par  une  pile  unique  sur  un  circuit  unique. 
Dans  ce  cas,  en  effet,  2E/  —  ri-  est  maximum. 


PHYSIQUE.  —  Sur  la  soupape  parhydrique.  Noie  de  M.  J.  de  Rohax  Chabot^ 

présentée  par  M.  A.  Ditle. 

La  soupape  par/iydrique  est  un  appareil  qui  a  pour  but  d'éviter  les  reloius- 
d'eau,  lorsque  l'on  fait  le  vide  au  moyen  de  la  trompe  à  eau  : 

Il  arrive  fréquemment,  en  eflet,  que  la  pression  d'eau  haisse  dans  la  canalisation  sur 
laquelle  est  branchée  la  trompe;  si  le  vi<le  est  <léjà  à  ce  moment  poussé  un  peu  loin,, 
l'eau  ne  manque  pas  de  rentrer  dans  les  cloches  ou  récipients  à  vide  et  de  les  inonder, 
procurant  des  ennuis  qui  peuvent  être  graves,  si  l'on  n'exerce  une  surveillance  conti- 
nuelle. 

Four  éviter  ces  sortes  d'accidents  deux  systèmes  sont  généralement  adoptés. 

Le  premier  consiste  à  intercaler,  sur  la  canalisation  à  vide,  un  llacon  qui  sert  de 
réservoir  préventif;  ce  flacon  a  le  double  inconvénient  d'allonger  la  durée  de  l'opéra- 
lion  et  d'être  insuffisant  si  la  dépression  dure  trop  longtemps. 

Le  deuxième  consiste  à  intercaler  une  soupape. 

Les  soupapes  employées  généralement  jusqu'ici  ont  l'inconvénient  d'être  fi'agile-_ 
puisqu'elles  sont  tout  en  verre;  d'être  assez  coûteuses  et  de  ne  pas  toujours  voir  leur 
clapet  se  décoller  convenablement  lorsque  l'eau  revient  à  sa  pression  primitive. 

La  soupape  parhydrique  a  l'avantage  d'éviter  ces  différents  embarras.- 
D'une  construction  très  simple  et  d'un  prix  très  modique,  elle  fonctionne 
d'une  façon  assurée,  grâce  aux  soins  apportés  par  la  maison  Fontaine  à  s;^ 
construction. 

Elle  est  constituée  dans  sa  partie  essentielle  par  un  flotteur  légèrement' 
concave  à  sa  partie  supérieure  et  recouvert  d'une  membrane.  La  pressioi> 
venant  à  diminuer  dans  la  canalisation,  l'eau  remonte  nécessairement  dan - 
l'ajipareil  et  le  flotteur  vient  mettre  en  conlact  la  membrane  avec  un  tuije 
rodé  qui  s'applique  exactement  et  qui  arrête  l'eau  dans  son  mouvement 
ascendant.  Le  haut  du  tube  rodé  porte  une  boule  soufflée  dans  la  masse^ 
pour  le  cas  où  la  membrane  laisserait  passer  quelques  cenlimètres  cubes 
d'eau.  Au  repos,  le  flotteur  s'appuie  sur  des  pointes  de  verre  repoussées- 

C_  B^  ,go(3_  ,„  Semestre.  (T.  CXLII,  N°  3.1  21 


l54  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dims  la  masse,  sans  pouvoir  jamais  boucher  le  tube  inférieur  de  l'appareil. 
Il  existe  deux  modèles  de  ces  soupapes,  l'une  qui  est  démontable  et  dont 
on  peut  en  quelques  instants  remplacer  le  flotteur  au  cas  où  il  viendrait  à 
se  détériorer,  l'autre  qui  est  d'une  seule  pièce.  L'un  ou  l'autre  de  ces 
modèles  se  recommande  suivant  que  l'on  a  à  évaporer  des  solutions  nui- 
sibles ou  non  à  la  membrane. 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Reclijication  à  une  Note  sur  l'oxyde  salin  de  nickel. 

Note  de  M.  H.  Bacbigny. 

N'ayant  pu  me  procurer  le  Mémoire  original  de  Bellucci  et  Clavari  sur 
Y  oxyde  supérieur  de  nickel,  je  me  suis  fié,  pour  son  contenu,  à  la  traduction 
qu'en  a  donnée  le  Cheinisches  Centralblatl.  Par  l'envoi  que  Bellucci  et  Cla- 
vari me  font  de  leur  publication,  je  constate  que  le  texte  allemand  énonce 
des  faits  qui  ne  sont  pas  exprimés  dans  le  travail  des  savants  italiens. 

Ma  Note  aux  Comptes  rendus  du  26  décembre  190.5  (p.  i23o),  faite  pour 
affirmer  l'existence  formelle  de  l'oxyde  salin  de  nickel,  ne  peut  donc  plus 
être  opposée  à  Bellucci  et  Clavari,  ces  auteurs  discutant  dans  leur  Mémoire 
seulement  la  constitution  de  cet  oxyde  sans  en  nier  l'existence. 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  le  siliciure  de  cuivre  et  sur  un  noweau  mode  de 
formation  du  silicium  soluble  dans  l'acide /luorhydriqae.^ote àeM.  Paul 
Lebeau,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

Dans  une  précédente  Communication  {'  )  nous  avons  reconnu  que  la 
limite  de  combinaison  du  cuivre  et  du  silicium  dans  un  cuprosiliciuni  indus- 
triel renfermant  de  5o  à  Go  pour  100  de  silicium  total  ne  dépassait  pas 
10  pour  100,  et  semblait  correspondre  à  la  production  d'un  composé  défini 
ayant  pouribrmule  SiCu'.  Nous  avons  recherché  quelle  influence  pouvaient 
avoir  la  vitesse  du  refroidissement  d'un  mélange  fondu  de  cuivre  et  de 
silicium,  et  aussi  la  teneur  en  silicium  total,  sur  cette  limite  de  siliciuration. 

Influence  de  la  vitesse  de  refroidissement.  —  Un  mélange  formé  de  parties  égales 
de  silicium  cristallisé  très  lin  et  de  cuivre  réduit  pur.  est  fondu  au  four  électrique  dans 
un  creuset  de  charbon.  Dans  une  première  expérience,  on  solidifie  lirusfpieiuenl  le  pro- 

(')   Paul  Ledeai;,  Comptes  rendus,  t.  C\L1.  1900,  p.  8S9. 


SÉAKCE    DU     l5    JANVIER    Icii.G.  l55 

(luil  roiulii  en  le  plongeant  dans  l'eau  froide  el,  dans  une  deuxième,  on  laisse  le  culot 
revenir  lentement  à  la  temp^^rature  ordinaire  dans  l'intérieur  même  du  foui-. 

L'analyse  faite  sur  des  échantillons  moyens  a  donné  pour  le  premier  culot  43, 'ï 
pour  100  de  silicium  total  el  41,9  pour  le  deuxième.  Le  silicium  libre  a  été  éliminé  par 
raclion  prolongée  <Ie  la  lessive  de  soude  à  10  [unir  100  el  les  résidus  obtenus  ont  été 
analysés.  L'acide  azotique  les  attaque  facilement  et  l'on  peut  après  évaporation  et  inso- 
lubilisalion  séparer  et  peser  la  silice.  Après  calcination  cette  silice  était  toujours 
grisâtre  el  abandonnait,  après  traitement  à  l'acide  fluorhydrique,  une  pelile  quanlilé 
de  silicium.  Ce  résidu  de  silicium  était  pesé  et  son  poids  retranché  de  celui  de  la  silice. 
Nous  avons  obtenu  les  résultats  suivants  : 

Silicium  combine  pour  luo. 

Siliciure  du  produit  refroidi  brusquement. .      12,89  12,93  i'i,64 

Siliciure  du  produit  refroidi  lentement  ....      ri,3i  11, 36  » 

On  esl  ainsi  conduit  à  conciiire  qu'un  mélange  de  cuivre  et  de  silicium 
fondu,  puis  refroidi  brusqueiuent,  reiifemic  une  quanlilé  lie  silicium  com- 
biné supérieure  à  celle  que  contiendrait  un  produit  de  composition  à  j)eu 
près  identique  refroidi  lentement. 

Influence  de  la  teneur  en  silicium  total.  —  Si  nous  rapprochons  ces  résul- 
tats des  analyses  antérieures  concernant  le  siliciure  de  cuivre  industriel  à 
5o  pour  100  de  silicium  lolal,  nous  sommes  déjà  tenté  d'admettre  que 
l'abaissement  de  la  teneur  en  siliciimi  total  entraîne  une  limite  de  siliciu- 
ratioti  plus  élevée  du  silicium.  D'autre  part,  si  l'on  soumet  à  l'analyse,  en 
suivant  la  même  méthode,  des  enivres  siiiciés  plus  pauvres,  cette  inler- 
prétation  semble,  à  première  vue,  se  conlirmer. 

Si  libre. 
2,40 
2,39 
1,36 

3,23 

'>77 

L'examen  de  ces  nombres  ne  permet  de  formuler  aucune  loi.  En  outre, 
lorsque  nous  avons  dosé  le  silicium  et  le  cuivre  sur  un  même  échantillon, 
l'analyse  n'a  jamais  été  satisfaisante;  il  manquait  i,5  à  2  |)Our  100,  alors 
(pie  l'analyse  qualilalive  ne  décelait  pas  d'impuretés  dosabies. 

Ces  anomalies  s'expliquent  si  l'on  se  Irouve  en  présence  de  la  variété  de 
silicium  sohible  dans  l'acide  fluorhydrique  découverte  par  MM.  Moissan 
cl  Siemens.  On  [leuL  reconnaître  qualitativement  ce  silicium  en  repre- 
nant le  mélange  de  silice  et  de  silicium  par  l'acide  fluorhydrique  dilué,  la 


Teneur  en  Si 

total 

des  lingots  analysés. 

Si 

combiné, 

1  i ,  6.j 

1  2  ,  o5 

15,27 

12,88 

12,5.5 

II ,217 

14.24 

11,01 

ID,  12 

11,35 

1  'jb  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

silice  se  dissout  rapidement  et  il  reste  un  mélange  de  cristaux  de  silicium 
dont  une  partie  se  maintient  en  suspension  et  disparaît  ensuite  par  l'addi- 
<lilion  d'acide  fluorhydrique  concentré.  Le  procédé  analytique  que  nous 
-avions  suivi  jusqu'ici  comportait  donc  une  cause  d'erreur,  le  résidu  de  sili- 
cium après  l'action  de  l'acide  fluorhydrique  ne  nous  fournissant  qu'une 
])arlie  du  silicium  libre,  le  silicium  soluble  étant  compté  comme  silice. 

Pour  évaluer  le  silicium  libre  total  nous  avons  converti  le  mélange  pesé 
■de  silice  et  de  silicium,  provenant  de  l'attaque  par  l'acide  azotique,  en  sili- 
cate de  potassium  dans  lequel  nous  avons  dosé  la  silice.  L'augmentation  do 
poids  était  due  à  l'oxygène  fixé  sur  le  silicium  libre,  ce  qui  nous  permettait 
<le  calculer  le  poids  de  ce  dernier.  Eu  opérant  ainsi  nous  avons  pu  constater 
que  le  rap[)ort  du  cuivre  au  silicium  combiné  était  toujours  voisin  de  SiCu''. 

L'examen  métallographique  des  surfaces  polies  de  cuivres  siliciés,  renfer- 
mant de  I  à  20  pour  100  de  silicium,  nous  a  permis  de  reconnaître  la  pré- 
sence du  silicium  libre  à  partir  de  10  pour  100  de  silicium  total.  Sur  une 
surface  polie  d'un  lingot  à  i4,4  de  silicium  total,  après  attaque  à  la  potasse, 
Jes  cristaux  de  silicium  apparaissent  en  creux  ;  on  distingue  aussi  très  net- 
tement l'eutectique  silicium  et  siliciure  de  cuivre.  La  mélallograpliie  nous  a 
été  également  d'un  grand  secours,  pour  mettre  en  évidence,  in  situ,  la  pré- 
sence du  silicium  libre  soluble  dans  l'acide  fluorhydrique. 

L'acide  fluorhydrique  est  presque  sans  action  sur  le  siliciure  de  cuivre.  Une  surface 
jjolie  d'un  lingot  à  \!\  pour  100  de  silicium,  maintenue  en  présence  de  cet  acide  con- 
centré et  bouillant,  ne  cliange  pas  d'aspect;  on  reconnaît  seulement  que  des  cristaux 
•de  silicium  ont  été  détruits  ou  corrodés  superficiellement.  Ces  cristaux  de  silicium 
soluble  entourent  et  pénètrent  les  cristaux  de  silicium  ordiiiaiie  (|ui  restent  inaltérés 
et  conservent  tout  leur  brillant. 

La  limite  de  siliciuration  du  cuivre  correspond  bien  à  SiCu\  mais  elle  ne 
peut  être  établie  qu'en  tenant  compte  de  l'existence  de  la  variété  de  sili- 
cium soluble  de  iMM.  Moissan  et  Siemens  (').  Le  siliciure  de  cuivre  peut 
être  préparé  pur  par  union  directe  du  cuivre  ou  du  silicium,  en  propor- 
tions correspondant  à  la  formule;  afin  d'être  certain  de  sa  composition  il 
est  préférable  d'ajouter  du  cuivre  à  un  cuivre  silicié  plus  riche  et  rigou- 
reusement analysé.  Ce  siliciure  fond  vers  800"  et  se  solidifie  par  refroidis- 
sement lent  en  une  masse  à  cassure  conchoïdalc  très  fragile  dont  l'examen 
d'une  surface  polie  révèle  l'honiogénéilé.  La  courbe  de  fusibilité  que  nous 


(')   11.  iMoissAN  et  SiEMiiNs,  Comptes  rendus,  t.  CWWIII,  1901,  p.  Go;  et  layg- 


SÉANCE  DU  l5  JANVIER  1906.  iSj 

avons  établie  pour  les  cuivres  siliciés  jusqu'à  3o  pour  100  de  silicium  con- 
firme l'existence  de  ce  composé. 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  5m/'  un  siUciure  de  thorium. 
Note  de  M.  O.  Ho.mgschmid,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

Il  était  à  prévoir  que  l'oxyde  de  thorium  serait  réduit  par  le  silicium  à  la 
haute  température  du  four  électrique.  J'ai  effectué  quelques  essais  dans 
cette  voie,  espérant  obtenir  le  siliciure  de  thorium,  qui  n'a  pas  encore  été 
préparé.  D'une  façon  constante,  même  avec  un  grand  excès  de  silicium 
(4"'  de  silicium  pour  1"°'  de  ThO-)  une  notable  proportion  d'oxyde  reste 
inattaquée.  Le  mélange  d'oxvde  et  silicium  aggloméré  en  pastilles  est 
chauffé  dans  une  nacelle  de  magnésie  au  four  électrique  à  tube  décrit  par 
M.  Moissan.  Avec  un  courant  d'environ  700  ampères  sous  100  volts,  la 
réaction  se  produit  après  5  à  6  minutes;  la  température  s'élève  au  point 
que  la  nacelle  de  magnésie  fond.  Le  produit  obtenu  présente  l'aspect 
métallique  du  silicium  fondu.  Lin  traitement  par  la  lessive  de  potasse 
permet  d'enlever  l'excès  de  silicium  et  il  reste  une  poudre  grise  qui,  sous 
le  microscope,  paraît  composée  de  fragments  cristallins  et  d'oxyde  non 
réduit. 

La  partie  métallique  est  attaquée  par  tous  les  acides  minéraux;  il  est 
impossible  de  la  séparer  de  l'oxyde  que  seulement  l'acide  sulfurique  con- 
centré et  chaud  peut  dissoudre. 

L'emploi  de  l'aluminium,  qui  dissout  le  silicium  sans  entrer  en  combi- 
naison avec  lui,  m'a  permis  de  préparer  le  siliciure  de  thorium  cristallisé.  Il 
se  forme  en  même  temps  un  alliage  de  thorium  et  d'aluminium  d'une  forme 
cristalline  différente. 

Préparation.  —  J'ai  d'abord  cliaufte  dans  ie  vide  un  mélange  d'aluminium,  de  sili- 
cium et  de  thorium  métallique  en  poudre;  celui-ci  provenait  de  la  réduction  du  chlo- 
rure par  le  sodium.  Au  voisinage  de  1000°,  il  se  sépare  des  globules  métalliques 
brillants  d'aluminium  saturés  de  cristaux,  quadratiques,  pendant  que  l'excès  de  sili- 
cium et  l'oxyde  de  thorium  qui  souillait  le  métal  restent  dans  la  scorie. 

Pour  éviter  la  préparation  tlu  thorium  métallique,  j'ai  ensuite  essayé  de  mettre 
en  présence  le  silicium  et  le  thorium  dans  les  conditions  où  ils  prennent  naissance. 
Dans  un  creuset  de  terre  réfraclaire,  on  mélange  i5s  de  fluorure  double  de  thorium  et 
de  potassium  avec  6os  de  fluosilicate  de  potassium,  on  dissémine  dans  la  masse  5os 
d'aluminium  en  fragments  et  l'on  chaufl'e  le  tout  pendant  une  demi-heure  au  voi- 
sinage de   1200".  Ajirès  un  refroidissement  lent,  il  reste  au  fond  du  creuset  un  culot 


l58  ACADÉMIE    UliS    SCIENCES. 

régulier  (raliiuiiniiim  ilaiis  la  masse  (luf|iiel  se  Iroment  en  aliouilance  .'les  cri>tau\ 
lamellaires  quadratiques.  <)n  y  remarque  aussi  .-ouvenl  quelques  cristaux  prisuiatiques 
hexagonaux  1res  allongés,  d'un  aspect  tout  dillérenl.  Un  traitement  pi-olongé  par 
la  lessive  de  potasse  dissout  l'aluminium  et  le  silicium  libre.  Le  siliciure  de  thorium 
cristallisé  reste  inattaqiié. 

Propriélcs  physiques.  ■-^  Le  siliciure  de  thorium  se  présente  en  lamelles  quadra- 
tiques dont  la  couleur  et  l'éclal  gras  rappellent  le  graphite  très  |)ur.  Sa  densité  à  i6° 
est  de  7,9(3. 

Propiiélcs  clninir/ues.  —  Le  siliciure  de  thoriuui  n'est  pas  attaqué  au  rouge  par 
l'hydrogène.  Il  brûle  avec  incandescence  dans  le  flnoi-  quand  on  le  cliaufle  légèrement, 
et  dans  le  chlore  au-dessous  du  rouge;  à  une  température  plus  élevée  le  brome  et  Fiode 
l'attaquent  sans  incandescence. 

Chauflé  dans  l'oxygène  il  s'oiLydfe  en  produisant  une  lumière  éblouissante. 

Il  s'entlanime  à  l'air  au  rouge  seulement  lorsqu'il  est  finement  pulvérisé. 

Il  brûle  avec  incandescence  dans  la  vapeur  de  soufje  et  la  vapeur  de  sélénium  au 
point  débullilion  de  ces  corps  ainsi  que  dans  le  gaz  chlorliydrique  au-dessous  du 
ronge. 

Les  hydracides  en  solution  étendue  ou  concentrée  le  dissolvent  lentement  à  froid, 
vivement  à  cliaud.  Dans  l'acide  fluorhydri(jue,  la  formation  du  lluorure  de  thorium 
insoluble  et,  dans  l'acide  cldorbydrique,  le  dépôt  de  silice  ralentissent  bientôt  l'attaque. 

Il  se  dissout  lentement  dans  l'acide  azotique  étendu  ou  concentré  et  plus  diffici- 
lement encore  dans  l'acide  sulfuiique  concentré.  L'acide  sulfuiique  étendu  agit  comme 
l'acide  chloihydrique. 

Le  siliciure  de  thorium  n'est  pas  altéré  ])ar  des  solutions  alcalines,  mais  la  potasse 
ou  la  soude  fondantes  ralta(iuent  avec  incandescence.  Le  bisulfate  de  potasse  le  dissout 
très  lentement  au  rouge. 

Analyse  :  Première  mélhode.  —  Un  poids  déterminé  du  produit  est  dissous 
d'ans  l'eau  régale  ;  la  solution  est  évaporée  à  sec  pour  insolubiliser  la  silice  ; 
Ife  thorium  repris  par  l'acide  chlorliydrique  élendu  est  ])récipité  par  l'acide 
oxalique  et  pesé  à  l'état  d'oxyde;  la  silice  calcinée  traitée  par  l'acide  fluor- 
hydrique  laisse  un  faible  résidu  d'oxyde  de  thorium  qui  est  ajouté  ii  la  jjartie 
princi[)ale.  Après  la  précipitation  du  ihorium  on  Irouve  encore  une  petite 
quantité  d'aluminium. 

Deuxième  mélhode.  —  Uu  poids  déterminé  du  produit  est  dissous  dans  tm 
mélange  d'acide  tluoihydritpieet  d'acide  azotique.  Cette  méthode  ne  donne 
le  siliciuiTi  que  par  différence. 

Troisième  méthode .  —  Un  poids  déterminé  du  produit  finement  pulvérisé 
est  chauffé  dans  un  creuset  d'argent  axec  des  fragments  de  soude  causiicjue 
humectés  de  quelques  gouttes  d'eau;  la  décomposition  qui  serait  très  vive 
avec  la  soude  fondue  s'effectue  ainsi  à  une  température  assez  basse  pour 
que  l'hydrate  de  thorium  ne  soit  pas  transformé  en  oxyde  insoluble.  I^es 


SÉANCE    DU    l5    JANVIER    [906  log 

condilinns  exactes  d'une  altaque  totale  sont  difficiles  à  réaliser  :  tantôt  un 
peu  de  silicinre  reste  inattaqué,  tantôt  l'attaque  est  trop  vive  et  une  partie 
de  riivdrate  passe  à  l'état  d'oxyde  insoluble. 

Ces  différentes  méthodes  d'analyse  ont  donné  les  résultats  suivants  : 

Théorie  pour  Tli  Si-. 

Th 80,3  80,2  80,4  80,4  80,4 

Si '9i'  18,5  »  »  i9>6 

Al 0,5  0,6  0,9  1,5  » 

La  composition  du  siliciure  de  thorium  répond  donc  à  la  formule  Th  Si". 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Diazoiques  des  diamines{phénylènes-diamines, 
henzidine).  Note  de  M.  Léo  Vigxo.v,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

Ijes  diazoïqties  des  phénylèues-diamines  m.  et  p.  sont  connues  depuis 
longtemps,  quelques-uns  de  leurs  dérivés  de  copulation  sont  préparés 
industriellement.  Les  composés  diazoaminés  qui  peuvent  prendre  nais- 
sance par  copulation  avec  d'autres  aminés  n'ont  pas  été  étudiés. 
Voici  les  expériences  que  j'ai  faites  sur  cette  question  : 
Phénylênes-diainines.  —  Je  n'ai  pas  réussi  à  faire  réagir  les  diazoiques 
des  phénylènes-diamines  m.  et  /;.  sur  l'aniline,  en  vue  tie  l'obtentiofl  du 
diazoaminé 

Xn^nh.ch»" 

(Griess  avait  préparé  un  aminoazoïque  en  copulant  le  sel  doiJ^le  de 
l't  du  chlorure  de  tétrazobeuzène  m.  et  p.  avec  le  chlorhydrate  d'aniline.) 

Pour  utiliser  la  propriété  migratrice  du  groupement  diazoïque 
(—  N  =:  N  —  ),  qui  peut  se  transposer  d'un  noyau  aromatique  à  un  autre, 
suivant  les  faits  signalés  par  Griess  et  Schraub  et  par  Sclimidt,  j'ai  tenté 
de  faire  agir  le  chlorure  de  diazobenzène  sur  les  trois  phénvlènes-diamines. 

En  employant  les  proportions  suivantes  : 

Quantités 
Tliéoi'ie.  employées. 

Aniline • 5,16  5,16 

.Nitrite  Na  85  pour  100 4j5o  5,o 

HClaa'B 9,8  i2,5 

Eau 5o ,  o  00  ^o 


l6o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

le  chlorure  du  diazobenzène  formé  à  o"  était  versé  dans  une  solution 
alcoolique  de  la  phénylène-diamine  en  présence  de  carbonate  de  pot;!s- 
sium  ;  soit  : 

Quantités 

Théorie.  employées. 

.  s  B 

Carbonate  de  potassium 4  8 

I».   >   l'hénylène-diamine 3  3 

p.     \ 

Alcool 300  aoo 

Les  résultats  sont  différents  suivant  la  diamine  mise  en  œuvre. 

o.- Phénylène-diamine.  —  Une  solution  de  cliloriire  de  diazobenzène  à  o",  versée 
dans  la  solution  alcoolique  d'o. -phénylène-diamine,  amène  la  formation  d'un  corps 
solide,  goudronneux,  qui  se  dépose  en  se  décomposant  immédiatement. 

La  substitution  de  l'acétate  de  sodium  au  carbonate  de  potassium  améliore  le 
résultat  :  on  obtient,  sous  forme  de  goudron,  très  peu  stable,  ne  pouvant  être  purifié, 
ni  analysé,  un  corps  solide,  dégageant  beaucoup  d'azote  avec  les  acides,  qui  est  \rai- 
semblablemenl 

\(2)  Nil  —  \'-—CH\^' 

m.-Phénylcne-diamine.  —  La  réaction  est  pltis  nette.  En  présence  d'acétate  de 
sodium,  on  obtient  un  beau  précipité  louge  qui  goudronne  peu  à  peu,  en  se  transfor- 
mant en  magma  rouge  brun.  Par  lavage  à  l'alcool  et  cristallisation  dans  l'eau,  on 
obtient  finalement  des  cristaux  jaune  rouge  fondant  à  ii5°-ii6°,  constitués  par  de  la 
chr^soïdine  :  le  diazoaminé  n'a  été  qu'un  terme  de  passage,  non  isolable. 

/IVII  1V2    ("'6  ij-, 

riiazoamiiié  inslalile. 

^  '^  \NH  -  N^ C=  H^  ^  "  ^  ^  ^  "  •  '^  .T.  ^  "  \NM^  +  C«  H^ .  OH  -\-  N^  " 

Chrysoidine. 

p. -Phénylène-diamine.  —  Je  n'ai  pas  pu  obtenir  la  copulation  du  diazobenzène  it 
de  la  parapliénylène-diamine  :  malgré  toutes  les  variantes  introduites  dans  le.s  condi- 
tions employées,  le  diazobenzène  se  décompose  avec  violence  sans  réagir. 

Les  résultats  négatifs  ou  peu  satisfaisants  que  j'ai  obtenus  dans  les  réac- 
tions précédentes  doivent  être  attribués  au  défaut  de  stabilité  des  dérives 
diazoïques  des  phénylènes-diamines  (jn.)  et  {p.).  On  sait,  d'autre  part,  que 
la  j)hénylène-diamine  (o.)  n'est  pas  diazotable  et  qu'elle  se  transforme  par 


SÉANCE    DU    l5    JANVIER    1906.  161 

l'action  île  l'acide  nilreux  en  dérivé  azimidé  de  la  forme 

P6TT4/     ■'■^        V|\J 

La  diazotation  des  phénylènes-diamines  n'est  pas  assimilable  à  celles  des 
monamines  telles  que  l'aniline.  Celte  diazotation,  en  effet,  est  nulle  avec 
la  modification  ortho;  elle  aboutit,  avec  les  modifications  meta  et  para,  à 
des  composés  très  instables,  réagissant  avec  difficulté,  et  paraissant  réfrac- 
taires  à  certaines  copulations  qui  se  réalisent  très  facilement  avec  les 
diazoïques  des  monamines. 

En  cherchant  les  causes  des  différences  que  présentent,  au  point  de  vue 
de  la  diazotation,  les  monamines  et  les  phénylènes-diamines,  j'ai  pensé 
qu'elles  pouvaient  être  attribuées  à  ce  fait  que  deux  chaînes  NH-,  liées  au 
même  noyau  benzénique,  étaient,  par  ce  fait  même,  difficilement  diazotables, 
et  que,  lorsque  les  deux  chaînes  étaient  voisines  comme  dans  la  modification 
ortho,  la  diazotation  devenait  impossible. 

Pour  vérifier  cette  explication,  j'ai  étudié  la  diazotation  de  la  benzidine 
et  les  propriétés  des  dérivés  diazoïques  obtenus. 

(0  C'H'  — Ntr-  (4) 

Diazolalioii  de  la  henzidine.  —    La  benzidine  -^e  iliazole  au 

(i)  C«H^'-NH"-  (4) 

contraire  avec  la  plus  grande  facilité:  le  diazoïque  obtenu  par  transformation  des  deux 

groupes  NH-  en   groupements  ( — N^ — )  est  très  stable,  et  se  copule  aisément  avec  les 

aminés  et  les  phénols.  On  sait  qu'un  grand  nombre  de  matières  colorantes  dites  sub- 

stantii'es  sont  obtenues  par  ces  copulations. 

J'ai  pu  obtenir,  par  copulation  avec  l'aniline,  une  série  de  composés 
nouveaux. 

Je  me  borne  ici  à  poser  cette  règle  relative  à  la  diazotation  des  diamines 
aromatiques  : 

La  diazotation  des  deux  groupes  NH"  des  diamines  s'accomplit  comme 
celles  des  monamines  quand  les  groupes  NH-  sont  liés  à  des  noyaux  ben- 
zéiiiques  distincts.  Quand  les  deux  groupes  sont  liés  au  même  noyau,  la 
diazotation  ne  s'effectue  pas  (dérivés  o.)  ou  elle  donne  des  dérivés  diazoïques 
très  instables  (dérivés  m.  et  p.)  ne  se  prêtant  pas  à  certaines  copulations  et, 
en  particulier,  à  la  formation  de  dérivés  diazoaminés. 


C.  R.,  1906,  !"  Semestre.  (T.  CXLU,  N-  3.)  22 


l62  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


CHIMIE  ANALYTiQUi;.  —  Su/'  le  dosage  de  t'oxyde  de  carbone  dans  l'air  par 
r  anhydride  indique .  Noie  de  MM.  Ai.bert-Lévy  et  A.  Pécoul,  présentée 
par  M.  Armand  Gautier. 

Dans  ses  importantes  recherches  sur  les  gaz  combustibles  de  Tair,  re- 
cherches devenues  classiques,  M.  Armand  Gautier  a  bien  établi  : 

«  1°  Que  l'oxyde  de  carbone  mélangé  d'air  réagit  en  totalité  sur  l'an- 
hvdride  iodique  chauffé  à  ôS'^-jo",  quelle  que  soit  sa  dilution  et  jusqu'à  la 
plus  infime  parcelle .    » 

»  2°  Que  l'acétylène  agit  bien  sur  l'anhydride  iodique,  même  à  35°, 
mais  que  la  réaction  est  incomplète.  Avec  des  dilutions  de  lo  à  20  volumes 
pour  loooo  volumes  d'air  on  n'oxyde  qu'une  fraction  variant  entre  i 
a  2  dixièmes.    » 

Nos  expériences  montrent  qu'à  des  dilutions  plus  grandes  encore  la 
fraction  d'acétvlène  oxydée  continue  à  diminuer;  par  exemple,  un  mélange 
de  4  volumes  d'acétvlène  dans  loooo  d'air  ne  nous  donne  avec  le  chloro- 
forme  qu'une  teinte  insensible  qui  ne  correspond  même  pas  à  un  ilemi-cent 
millième  de  notre  gamme  colorée. 

Dans  ces  mêmes  conditions,  le  passage  d'un  même  volume  d'air  (3',  5) 
contenant  un  seul  dix-millième  d'oxyde  de  carbone,  c'est-à-dire  une  dilu- 
tion quatre  fois  plus  grande,  nous  donne  une  coloration  intense. 

Un  mélange  de  i  volume  d'acétylène  dans  loooo  volumes  il'air  ne  pro- 
duit aucune  coloration. 

Donc,  dans  les  conditions  oîi  nous  utilisons  notre  appareil  avertisseur 
d'oxyde  de  carbone,  l'aclion  de  l'acétylène,  en  admettant  même,  ce  qui  est 
douteux,  qu'on  constatât  sa  présence  dans  les  locaux  habités,  n'influerait 
en  rien  sur  la  détermination  quantitative  et  même  qualitative  de  l'oxvde  de 
carbone. 

Si  cet  appareil  devait  servir  a  des  déterminations  industrielles,  d  con- 
viendrait de  faire  ce  cpie  nous  faisons  dans  le  laboratoire,  c'est-à-dire  d'oii- 
miner  non  seulement  l'acélyléne,  mais  tous  les  gaz  ;( hydrogène  sulfuré, 
vapeurs  nitreuses,  etc.)  qui,  dans  ces  cas  ])articuliers,  peuvent  exister  acci- 
dentellement dans  l'atmosphère  examinée.  Dans  le  laboratoire  et  quand 
nous  avons  besoin  d'une  extrême  précision,  ce  n'est  [)lus  dans  le  chloro- 
forme, mais  dans  une  solution  de  potasse  que  nous  recevons  l'iode  dégagé 
( modification  Rahounli ii-Nicloux). 


SÉANCE    DU    I.^    JANVIER    IQof).  i63 


CHI.MIE  ANALYTIQUE.  —  Dosasse  (le  petites  quantités  de  chloroforme:  son 
dosage  :  \"  dans  F  air:  2°  dans  le  sang  ou  dans  un  liquide  aqueux.  Noie 
(ie  M.  3lAi'i!iCE  NiCLoux,  présentée  par  M.  Armand  Gautier. 


On  connaît  la  réaction  classique  de  J.-P>.  Dumas  : 

CHC!'-h4KOH  =  3KC1  M-  HCO'K+  fl^O. 

Un  certain  nombre  d'auteurs  se  sont  déjà  servis  de  cette  décomposition 
du  chloroforme  par  la  potasse  en  vue  du  dosage  de  quantités  notables. 
G.  Chancel  et  P.  Parmenlier,  les  premiers,  l'ont  emplovée  au  cours  de 
leurs  recherches  sur  l'hydrate  de  chloroforme  et  sur  la  solubilité  du  chlo- 
roforme dans  l'eau;  |iuis  viennent  clans  l'ordre  chronologique  :  L.  de  Saint- 
Martin,  A. -P.  Saunders,  Puckner(').  Tous  ont  reconnu  qu'en  opérant  en 
tube  ou  en  vase  scellé,  la  réaction  ci-dessus  est  quantitative  et  peut  servir, 
par  la  détermination  tlu  chlore,  au  dosage  du  chloroforme;  ils  ont  o|)éré 
sur  des  quantités  variant  de  0^,2  à  2^. 

Cette  réaction  peut-elle  s'appliquer  aux  petites  quantités  de  chloroforme 
(maximum  :  o«,  i)  et  peut-on  éviter  la  complication  du  tube  scellé?  J'y  suis 
arrivé  de  la  façon  suivante  : 

Dans  un  ballon  muni  d'un  bouchon  de  liège  dans  lequel  passe  l'exlréiiiilé  d'un  réfri- 
gérant énergique  à  reflux,  on  introduit  un  certain  volume  d'une  solution  alcoolique 
titrée  de  chloroforme  (préparée  en  brisant  an  sein  de  laicool  une  ampoule  de  verre 
contenant  un  poids  connu  de  chloroforme),  puis  de  l'alcool  pour  compléter  le  volume 
de  60^°'',  et  enfin  10'^^'"'  de  potasse  alcoolique  à  10  pour  100,  exempte  de  chlorures.  On 
porte  à  l'ébullilion  3o  à  45  minutes  et,  pour  plus  de  sûreté,  i  heure  pour  les  ([uantités 
supérieures  à  5o™s.  On  refroidit  alors  le  ballon,  on  ajoute  une  petite  quantité  d'eau  (i5'='"'), 
et  l'on  neutralise  exactement  en  se  servant  de  la  phlaléine  comme  indicateur;  il  se  préci- 
pite du  sulfate  de  potasse;  dans  le  liquide  exactement  décoloré,  on  ajoutechi  chromate 
neutre  de  potasse,  et  l'on  titre  avec  une  solution  de  nitrate  d'argent  renfermant  Se,  535 
de  ce  sel  par  litre,  dont  i^"''  représente  2"'s  de  chloroforme.  Un  demi-dixième  de  cen- 
timètre cube  de  la  solution  d'argent  produisant  le  \irage  (-),  la  c(uantité  de  chloro- 
forme est  donc  déterminée  avec  une  erreur  absolue  qui  ne  dépasse  pas  o™s,  i  :  l'erreur 

(')  On  trouvera  les  indications  bibliographiques  complètes  dans  les  Comptes  rendus 
de  la  Société  (Je  Biologie,  séance  du  i3  janvier  1906. 

(-)  En  preuanl  f|iielf|ues  précautions  dont  on  trouvera  les  détails  dans  les  C.  B. 
de  la  Société  de  Biologie,  séance  du  i3  janvier  1906;  la  sensibilité  est  de  même  ordre 
par  la  méthode  au  sulfocyanure. 


l64  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

relative  est  de  :  i  pour  loo  environ,  la  quantité  de  chloroforme  oscillant  autour  de  10™=  ; 
de  0,2  pour  100,  quand  cette  quantité  est  de  5o™s. 
Voici  les  résultats  de  quelques  expériences  : 

Première  série.  Deuxième  série. 

Chloroforme  mis  en  milligrammes.  ...      5     10         no         100       4     10         ^o         4o 
Ghloioforme  retrouvéen  milligrammes.      5       9,8      19,4       96       4       9,9      19,7     39,4 

Ces  chiffres  montrent  l'exaclitude  de  la  méthode;  on  peut,  il  est  vrai, 
constater  une  erreur  en  moins  de  i,5  à  2  pour  100;  mais,  cette  erreur  se 
reproduisant  constamment  dans  tous  les  essais,  je  la  suppose  systéma- 
tique ('). 

En  possession  de  cette  méthode  j'ai  cherché  à  l'appliquer  à  la  recherche 
du  chloroforme  dans  quelques  conditions  intéressantes  aux  points  de  vue 
physiologique  et  médico-légal,  savoir  :  dosage  du  chloroforme  dans  l'air, 
dosage  dans  le  sang  ou  dans  un  liquide  aqueux  quelconque. 

a.  Dosage  du  chloroforme  dans  rair.  —  Pour  amener  tout  le  chloroforme 
en  vapeur  dans  l'air  à  l'état  de  dissolution  dans  l'alcool,  j'opère  comme  il 
suit  : 

On  fait  passer  l'air  contenant  le  chloroforme  dans  deux  barboteurs  à  analyse  orga- 
nique placés  à  la  suite  l'un  de  l'autre  et  contenant  de  l'alcool  à  gS".  Le  second  sert  de 
témoin;  on  constate  que,  si  le  courant  de  gaz  n'est  pas  trop  rapide  (i'  en  3o  minutes), 
le  premier  tube  suffit  à  lui  seul  à  arrêter,  pour  la  plus  grande  partie,  la  vapeur  de  chlo- 
roforme. 

Pour  justifier  ce  mode  opératoire  si  simple,  j'ai  institué  un  certain  nombre  d'expé- 
riences de  contrôle  dont  on  trouvera,  par  ailleurs,  le  mode  opératoire  et  les  résultats  (  '). 

h.  Dosage  du  chloroforme  dans  le  sang  ou  dans  un  liquide  aqueux  quel- 
comjue  (-).  —  Pour  faire  la  substitution  du  milieu  alcoolique  au  milieu 
aqueux,  il  suffit  d'opérer  ainsi  : 

On  ajoute  au  sang  ou  au  liquide  aqueux  cinq  fois  son  volume  d'alcool  à  So^-gS"  acidifié 
d'acide  tartrique  (oS,25).  On  place  le  tout  dans  un  ballon,  on  distille  dans  l'appareil 
de  Schlœsing  qui  fonctionne  comme  appareil  à  distillation  fractionnée  et  l'on  recueille 
le  liquide  distillé  dans  10'''"'  d'alcool  à  95°,  placé,  avant  toute  distillation,  dans  l'éprou- 
vette  qui  recevra  le  li(|uide  distillé;  on  distille  le  tiers  du  volume   total  qui  renferme 


(';  ,1e  note,  eu  passant,  que  cette  erreur  a  été  signalée,  et  justement  pour  celte  mèmr 
valeur  de  2  pour  100,  par  L.-G.  de  Saint-Martin. 

(-)  Socitté  de  Biologie.  Séance  du  i3  janvier  1906.  On  \  trouvera  la  technique  de 
ces  expériences. 


SÉANCE  DU  l5  JANVIER  1906.  lC)5 

alors  la  totalité  du  cliloroforrae,  en  dissolution  dans  l'alcool,  et  Ton  termine  le  dosage 
comme  il  a  été  dit  plus  haut  ('). 

Je  donnerai  ici  quelques-uns  des  résultais  : 

Chloroforme  ajouté  à  20*^°'' de  sang. .  .      5"'s  io°s  i5"'s  ao^s 

Chloroforme  retrouvé 4'"^9  Ç)""!?         i4"'°>4  iQ^^G 

C'est,  comme  on  le  voit,  à  peu  de  chose  près,  la  même  erreur  systéma- 
tique, de  2  pour  100  environ,  déjà  signalée  plus  haut  pour  le  chloroforme 
pur. 

En  résumé,  les  méthodes  de  dosage  que  je  viens  d'exposer  donnent  la 
possibilité  au  physiologiste  et  au  médecin  légiste  d'effectuer  le  dosage  du 
chloroforme,  par  l'emploi  d'une  technique  simple,  rapide,  d'une  très 
grande  exactitude. 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Sur  la  combustion  de  l'acétylène  par  l'oxygène. 
Note  de  M.  Paul  .Hairicheau-Beauprk,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

On  sait  depuis  longtemps  que  l'azote  peut  s'oxyder  par  entraînement 
dans  toutes  les  combustions  à  l'air;  M.  Berthelot  a  précisé  les  conditions 
de  cette  oxydation  (-). 

Avant  eu  à  étudier  la  combustion,  par  des  appareils  tels  que  le  chalu- 
meau oxy-acétylénique,  de  l'acétylène  avec  l'oxygène,  j'ai  constaté  que  la 
grande  vitesse  des  gaz  pratiquement  nécessaire  pour  empêcher  le  retour 
delà  flamme,  la  haute  température  de  celle-ci  et  son  faible  volume  pro- 
duisaient dans  l'air  des  quantités  notables  d'ozone  et  de  composés  oxygé- 
nés de  l'azote,  quantités  variables  d'ailleurs  avec  les  autres  conditions  de 
l'expérience. 

Ces  gaz,  dilués  dans  les  produits  de  la  combustion,  vapeur  d'eau  et  gaz  carbonique, 
agissent  sur  l'iodure  de  potassium,  décolorent  l'indigo,  brunissent  l'oxyde  de  thalliuin 
et  présentent  an  tournesol  une  réaction  nettement  acide.  Si  l'on  absorbe  les  composés 
oxygénés  de  l'azote  par  des  lavages  successifs  à  l'acide  sull'urique  pur  et  à  la  potasse, 
on  décèle  la  présence  de  l'ozone,  en  constatant  par  exemple  que  l'iodure  de  potassium. 


(')  M.  Armand  Gautier  a  déjà  donné  une  méthode  de  dosage  qui  consiste  à  déplacer 
le  chlorotbrme  du  sang,  porté  à  60°,  par  un  courant  d  hvdrogène.  à  faire  passer  le  mé- 
lange gazeux  dans  un  tube  au  rouge  et  à  doser  par  l'argent  l'acide  chlorhydrique  formé 
(voir  son  Cours  de  Chimie.  2"  édition,  p.  62). 

(-)  Comptes  rendus,  t.  CXW,  1900,  p.  i345,  1662,  et  surtout  Annales  de  Chimie, 
-'  série,  t.  X\I,  p.  i44  à  201. 


l66  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

qui  esl  encoro  .'iltéié  jiar  les   gaz  reslanls,  cesse  de  l'êlre  aussitôt  ((ue  ceux-ci  'nit  été 
cliaufFés  à  200°. 

J'ai  vérifié  en  outre  que  les  composés  oxygénés  de  l'azote,  dans  les  conditions  clii- 
miques  et  dans  l'étal  de  dilution  où  ils  se  présentent  à  la  suite  de  combustions  vives 
telles  que  celles  du  magnésium,  de  l'hydrogène  ou  de  l'acétylène  dans  Fair,  ont  une 
action  réductrice  marquée  sur  l'anhydride  iodique  cliaufTc  à  80°.  et  qu'il  en  esl  de 
même  de  l'air  qui  a  subi  une  série  d'étincelles  électriques. 

On  peut,  inôme  dans  le  cas  où  les  ntmosphères  industrielles  contiennent 
des  vapeurs  nitrenses,  utiliser  ra|ipareil  si  pratique  de  MM.  Albert-Lévy 
et  Pécoul,  à  la  condition  d'arrêter  au  préalable  les  composés  oxygénés  de 
l'azote.  J'v  suis  arrivé  (par  un  procédé  analogue  à  celui  employé  par 
M.  Armand  Gautier  ])Our  arrêter  les  gaz  acides  de  l'atmosphère)  en  faisant 
passer  les  gaz  jjrovenant  de  la  combustion  de  l'acélNlcne  avec  l'oxygène 
dans  Une  série  de  Inbes  contenant  de  petits  cristaux  de  sulfate  ferreux, 
imprégnés  de  potasse  concentrée;  dans  ces  conditions,  l'appareil  de 
MM.  Albert-Lévy  et  Pécoul  témoigne  que  la  quantité  d'oxvde  de  carbone 
est  inférieure  à  ,„„'„„„. 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Proportionnalité  directe  entre  le  point  cryoscopique  d'une 
eau  minérale  de  la  classe  des  bicarbonatées  et  la  composition  de  cette  eau 
exprimée  en  sets  anhydres  et  en  monocarbonates.  Note  de  M.  Liciex  Gkai'x. 

I^es  recherches  que  j'ai  faites  depuis  plus  d'une  année  sur  la  cryoscopie 
des  eaux  minérales  m'ont  permis  de  déterminer  d'une  façon  rigoureuse  la 
relation  existant  entre  le  point  cryoscopique  d'une  eau  minérale  de  la 
classe  des  bicarbonatées  et  sa  composition. 

Les  analyses  des  eaux  minérales  sont  rédigées  habituellement  en  bicar- 
bonates. Il  n'existe  alors  aucune  relation  entre  le  chiffre  total  de  leurs 
minéralisations  et  celui  de  leurs  points  cryoscopiques. 

C'est  ainsi  que  l'analyse  de  l'eau  de  Chàtel-Guyon  se  présente  avec  un  total  de 
8B,3g86.  Or,  son  point  ciyoscopique  est  :  A  = —  o,338. 

<Jn  sait  d'autre  part  que  le  point  cryoscopique  il'une  solution  isotonique  (c'est- 
à-dire  de  98  par  litre)  esl  A  =  —  0,060. 

l^e  rapport  des  pninis  cryosc<jpiques  esl  : 

— o,Ô6o 

TZZ   I   ,600. 


—  o,35o 
>e  lapporl  des  minéralisations  de  l'eau  de  Chàtel-Guyon  et  de  la  solution  isotonique 


SÉANCE    DU    1.1    JANVIER    I()o6.  I O7 

est  alors  ine\jilicalilc  : 

Q 

-2^   =I,030. 

8,09 

J'ai  recalculé  celte  analyse  en  mon<icarl)onates  :  le  total  oljteiiu  est  de  5s, 832. 
Le   rapport   des   minéralisations  concorde   cette   fuis   d'une   façon   tré-   salislaisante 
avec  celui  des  points  crvoscopiques  : 

n 

;  I  ,040. 


5,832 

Il  en  est  de  même  pour  les  autres  eaux  bicarbonatées.  A  Royal,  par  exemple,  le 
chiffre  total  de  la  minéralisation  est  de  Ss.S'i;  au  lieu  de  5s, 623  el  à  ^  iciiy  (Célestins) 
de  4'-863ç)  au  lieu  de  8s,  244,  etc. 

Dans  toutes  les  eauv  observées  le  point  cryoscopique  était  proportionnel  au  cbiffre 
total  exprimé  en  monocarbonates  et  entièrement  hors  de  proportion  avec  celui  de  la 
minéralisation  livpoiliétique  des  bicarbonates. 

Voulant  préciser  la  façon  dont  se  comporte  dans  une  eau  minérale  l'acide 
carbonique  dit  demi-libre,  j'ai  expérimenté  avec  des  solutions  pures  de  car- 
bonate et  de  bicarbonate  de  soude. 

Le  point  cryoscopique  d'une  solution  contenant  par  litre  un  dixième  de 
la  molécule-gramme  de  carbonate  de  soude,  c'est-à-dire  10^,6,  est  — o,'\^^. 

Celui  d'une  solution  contenant  par  litre  un  dixième  de  molécule-grainme 
de  bicarbonate  de  soude  pur,  c'est-à-dire  8^,4,  est  — 0,389. 

Or  le  point  cryoscopique  d'une  solution  contenant  une  demi-molécule- 
gramine  de  carbonate  bisodique  (soit  5,3  de  carbonate)  est  —  o,356, 
c'est-à-dire  un  chiffre  sensiblement  le  même  que  celui  de  la  solution  pré- 
cédente. 

Il  s'ensuit  que,  dans  une  solution  de  bicarbonate  sodique,  seule  la  molé- 
cule de  carbonate  influe  sur  la  pression  osmolique.  L'acide  carbonique 
demi-libre  ne  se  comporte  pas  autrement  au  point  de  vue  crvoscopique  que 
s'il  était  entièrement  libéré. 

J'ai  donc  le  droit  de  concku'e  des  recherches  précédentes  qu'il  serait 
rationnel  de  présenter  les  analyses  des  eaux  minérales  sous  forme  de  mono- 
carbonates. 

On  peut  formuler  ainsi  la  loi  que  j'ai  déterminée  : 

IL  existe  une  proportionnalité  directe  entre  le  point  cryoscopique  d'une  eau 
minérale  de  La  classe  des  bicarbonatées  et  la  composition  de  cette  eau,  exprimée 
en  sels  anhydres  et  en  monocarbonates. 


l68  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


MINÉRALOGIE.  —  Sur  les  cristaux  miœtes  d' azotates  alcalins . 
Note  de  M.  Fkéd.  Walleraxt,  présentée  par  M.  de  Lapparent. 

J'ai  déjà  entretenu  l'Académie  des  |)ropriétés  des  cristaux  mixtes  de  cer- 
tains azotates  alcalins.  Je  voudrais  aujourd'hui  lui  signaler  les  particularités 
les  plus  intéressantes  des  cristaux  mixtes  des  autres  azotates. 

Considérons  d'abord  ceux  qui  résultent  de  la  cristallisation  simultanée 
des  azotates  d'ammonium  et  de  rubidium.  Ces  deux  sels  se  mélangent  en 
toutes  proportions  pour  cristalliser,  mais  s'il  y  a  continuité  entre  les  cris- 
taux mixtes  au  point  de  vue  de  la  composition,  sous  le  rapport  des  pro- 
priétés physiques,  ils  se  répartissent  en  trois  séries  absolument  distinctes. 
Les  cristaux  de  l'une  sont  rhomboédriques  quasi-cubiques,  isomorphes  des 
cristaux  d'azotate  de  rubidium  pur;  les  cristaux  d'une  deuxième  série  sont 
isomorphes  des  cristaux  d'azotate  d'ammonium;  mais  ce  sont  les  cristaux 
de  la  troisième  série,  placée  entre  les  deux  autres,  qui  présentent  de  l'inté- 
rêt. Pour  pouvoir  le  mettre  en  évidence,  il  me  faut  rappeler  les  propriétés 
de  l'azotate  de  tballium.  Ce  dernier,  orlhorhombique,  cristallise  presque 
toujours  en  octaèdres,  dont  les  faces  ont  reçu  les  caractéristiques  (m);  il 
en  résulte  pour  les  paramètres  les  valeurs  o,  5 1 1  :  i  :  o,  65 1 ,  qui  sont  très  voi- 
sines des  valeurs  des  paramètres  de  l'azotate  de  potassium.  On  en  concluait 
cjue  les  deux  sels  étaient  isomorphes  et,  comme  les  angles  des  faces  m  sont 
de  1 1 8°52'  dans  l'azotate  de  potassium  et  de  i25°52'  dans  l'azotate  de  thal- 
lium,  il  en  résultait  que,  dans  deux  cristaux  isomorphes,  les  différences 
entre  les  angles  pouvaient  s'élever  à  7°.  Or  il  n'y  a  en  réalité  aucun  rapport 
entre  les  formes  cristallines  de  ces  deux  azotates.  Si  en  effet  on  comprime 
une  section  de  TlAzO%  parallèle  à  p,  c'est-;i-dire  perpendiculaire  à  la  bis- 
sectrice aiguë  des  axes  optiques,  on  détermine  la  formation  de  quatre  sys- 
tèmes de  macles  dodécaédriques,  c'est-à-dire  dont  les  plans  sont  orientés 
comme  les  quatre  plans  6'  d'un  cristal  quadratique  :  les  traces  des  plans  de 
macles  font  en  effet  des  angles  très  voisins  de  45°  avec  les  traces  des  plans 
de  symétrie. 

Les  cristaux  d'azotate  de  thallium  sont  donc  quasi-quadratiques,  ce  qui 
se  comprend,  car  si  l'on  multiplie  par  2  le  premier  paramètre,  on  obtient 
les  valeurs  i ,  022:  i  :  o,65i ,  voisines  de  1  :  i  :  0,702,  paramètres  d'un  cristal 
cubique  ra|)porté  à  deux  axes  binaires  et  à  un  axe  quaternaire.  Il  n'y  a  donc 
aucun    rapport    entre   ces    cristaux    quasi-quadratiques    et    les   cristaux 


SÉANCE    DU    l5    JANVIER    Tf)o6.  1 69 

de  KAzO%  qui  sonl  quasi-ternaires,  comme  le  montre  la  présence  de 
macles  dont  les  plans  font  entre  eux  des  angles  voisins  de  120°.  Cela  posé, 
les  cristaux  mixtes  de  la  troisième  série  présentent  tons  les  caractères  phy- 
siques des  cristaux  de  TlAzO'  :  mêmes  macles,  orientées  de  la  même  façon 
relativement  aux  axes  optiques,  même  angle  pour  ces  axes,  même  signe 
optique,  même  biréfringence  moyeune  et  même  dispersion  :  de  telle  sorte 
qu'il  est  impossible  de  distinguer  les  préparations  des  deux  espèces  de  cris- 
taux. On  est  donc  amené  à  cette  conclusion  que  les  azotates  d'ammonium 
et  de  rubidium,  qui  ne  sont  ni  l'un  ni  l'autre  isomorphes  de  l'azotate  de 
thalliura,  donnent  par  leur  mélange  des  cristaux  possédant  cette  iso- 
morphie. 

A  la  température  ordinaire,  les  azotates  de  potassium  et  d'ammonium 
donnent  également  trois  séries  de  cristaux  mixtes  :  la  première  comprenant 
des  cristaux  orthorhombiques,  isomorphes  du  KAzO^;  la  seconde,  séparée 
par  une  lacune  de  la  précédente,  comprenant  des  cristaux  monocliniques; 
et  la  troisième,  en  continuité  de  composition  chimique  avec  la  précédente, 
comprenant  des  cristaux  isomorphes  du  AmAzO'.  Quand  on  augmente  pro- 
gressivement la  quantité  deRAzO',  on  constate  que  la  modification  du 
AniAzO%  stable  entre  32°  et  82°,  devient  stable  dans  les  mélanges  à  des 
températures  de  plus  en  plus  basses  et  que  c'est  à  cette  modification  qu'ap- 
partiennent les  cristaux  monocliniques  de  la  seconde  série;  dans  ces  cris- 
taux, l'angle  des  axes  optiques  va  en  augmentant  et  devient  supérieur  à  90°, 
de  sorte  que  les  cristaux,  d'abord  positifs,  sont  ensuite  négatifs.  En  outre, 
il  faut  signaler  que  la  modification  rhoinboédrique  du  KAzO'  devient  biaxe 
dans  les  cristaux  mixtes,  l'angle  des  axes  augmentant  avec  la  teneur 
en  AmAzO'. 

Enfin,  je  terminerai  en  faisant  remarquer  qu'à  la  température  ordinaire 
il  n'y  a  que  deux  azotates  alcalins  qui  soient  isomorphes,  les  azotates  de 
rubidium  et  de  caesium.  I^es  autres  ne  sont  isomorphes  qu'à  des  tempéra- 
tures plus  élevées  et  en  général  dans  un  intervalle  limité. 


MINÉRALOGIE.  —  Les  roches  alcalines  des  environs  d'Evisa  ÇCorse). 
Note  de  M.  Deprat,  présentée  |)ar  M.  A.  Lacroix. 

Nous  avons  consacré  cette  année  une  assez  longue  période  à  l'étude  des 
roches  alcalines  signalées  sur  la  feuille  de  Vico  par  iMM.  Le  Verrier  et  Nen- 

C.   R.,  igoli,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N°  3.)  23 


lyo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

tien(').  Ces  auteurs  indiquent  l'existence  de  granulites  sodiques  dans  le 
massif  des  Calanques  de  Piana.  M.  Nentien,  qui  a  plus  spécialement  étudié 
la  question,  localise  ces  roches  dans  la  gorge  de  la  Speluncata  entre  Ovisa 
et  Ota,  sur  une  longueur  de  i"""  pour  200™  à  Soo™  de  large;  en  outre,  il 
considère  comme  appartenant  au  même  type,  mais  altéré,  les  granulites 
des  Calanques  de  Piana.  Des  recherches  détaillées  nous  ont  fait  voir  que 
les  granulites  des  Calanques  sont  des  granulites  à  biotite  n'appartenant 
pas  à  cette  série.  Quant  au  gisement  des  roches  sodiques  d'Évisa,  il  est  plus 
considérable  qu'on  ne  le  supposait  :  il  a  12'""  environ  de  longueur  et  6'"°  de 
largeur. 

Les  crêtes  de  la  Scalella,  du  Forcelle,  le  Capo  alla  CucuUa,  toute  une 
partie  de  la  vallée  de  Lonca  (versant  Sud),  le  Capo  al  Frassello  sont  occu- 
pés par  ce  type  spécial;  de  sorte  que  le  gisement  couvre  une  superficie  de 
75"""'  environ.  Ces  roches,  loin  d'être  un  type  rare,  sont  donc,  au  contraire, 
abondantes  en  Corse. 

L'étude  minéralogique  d'une  partie  de  ces  roches  a  été  faite,  il  y  a 
quelques  années,  par  M.  A.  Lacroix  d'après  des  échantillons  recueillis  dans 
la  Spelunca  par  M.  Nentien.  Nos  études  sur  le  terrain  nous  ont  permis  de 
recueillir  des  types  très  variés  montrant  une  succession  d'injections  filo- 
niennes  d'acidité  décroissante  dans  la  masse  principale. 

Cette  dernière  est  constituée  par  les  granulites  à  riébeckite  et  œgyrine  du  type 
normal  décrites  par  M.  A.  Lacroix,  riches  en  anovlhose  et  albile.  La  teneur  en  SiO^  est 
élevée  de  76  pour  100  environ;  le  quartz  est  très  abondant.  Tous  les  types  de  struc- 
ture des  roches  de  ce  groupe  sont  représentés  :  modes  granitique,  granuiitique, 
peguialoïde,  micropegmatoïde,  microgranulitique.  Les  pegmatites  ont  été  indiquées 
par  M.  Nentien  près  du  pont  génois  de  la  Sj)elunca,  nous  en  avons  trouvé  des  gise- 
ments plus  beaux  et  plus  étendus  dans  le  massif  de  la  Cuculla,  notamment  au  col  de 
Salto  où  l'on  peut  recueillir  des  cristaux  de  riébeckite  de  20'^"'  de  longueur.  La  compo- 
sition normale  de  ces  roches  est  la  suivante  :  quartz,  ortho'^e,  anorthose,  albite,  rié- 
beckite, parfois  œgyrine,  asti'ophyllile  rare,  zircon  abondant,  parfois  fluorine.  Ces 
roches,  qui  forment  le  type  le  plus  ordinaire,  sont  traversées  par  des  filons  dans  les- 
quels l'fegyrine  prédomine  et  parfois  existe  seule,  en  fait  d'élément  coloré.  Nous  avons 
recueilli  de  beaux  échantillons  dans  lesquels  ce  minéral  en  prismes  de  3''™  de  longueur 
est  uniquement  accompagné  de  quartz,  d'orthose,  anorthose  et  albite. 

Les  filons  d'âge  plus  récent  sont  surchargés  de  riébeckite;  au  Capo  alla  Cuculla,  ce 


(')  Le  Verrier,  Comptes    rendus,   t.   CIX,  1889,  p.   38.  —  Nentien,   Étude  sur   la 
eonstilution  géologique  de  la  Corse,  1897.  l'ai'is)  Imprimerie  nationale. 


SÉANCE  DU  l5  JANVIER  1906.  I7I 

minéral  forme  plus  des  deux  tiers  de  la  roche;  l'acidité  de  celle-ci  est  alors  beaucoup 
plus  faible;  enfin  certains  échantillons  sont  presijiie  uniquement  composés  de  riébec- 
kite  et  parfois  d'un  peu  d'œgyrine. 

Sur  la  bordure  du  massif,  dans  les  gorges  de  Lonca,  nous  avons  observé  des  filons 
d'une  roche  formée  de  longs  microlites  d'albite  et  d'anorthose  avec  rlébeckite  et  œgy- 
rine  et  injectés  dans  des  tufs  probablement  carbonifères;  le  quartz  y  est  plus  rare,  et 
la  roche  passe  parfois  à  de  véritables  syéniles  à  aîgyrine. 

Les  filons  aplitiques  perçant  le  granité  sont  abondants;  M.  Nentien  en  a  signalé 
quelques-uns.  Nous  en  avons  recueilli  un  près  d'Ota,  ne  renfermant  que  du  quartz,  de 
l'anorthose  et  de  l'segyrine,  en  prismes  fins  et  allongés. 

En  résumé,  les  roches  alcalines  à  riéheckite  et  œgyrine  d'Évisa  appar- 
liennent  à  un  magma  spécial  qui  paraît  avoir  donné  au  début  de  puissantes 
masses  inlrusives  très  acides,  assez  riches  en  soude,  mais  dont  l'acidité  a 
été  en  décroissant,  tandis  que  l'enrichissement  en  soude  allait  croissant,  de 
sorte  que  les  derniers  types,  les  plus  récents,  sont  des  roches  de  couleur 
foncée,  avec  alcalis  en  excès  (soude  dominante).  Nous  avons  désiré  surtout 
mettre  ce  fait  en  lumière  dans  la  présente  Note.  L'étude  détaillée  des  diffé- 
rents types  sera  faite,  au  point  de  vue  minéralogique  et  chimique,  dans  un 
Mémoire  spécial,  oîi  nous  chercherons  à  mettre  en  relief,  par  les  résultats 
de  l'analyse  chimique,  l'évolution  du  magma  qui  leur  a  donné  naissance. 

Quant  à  la  question  d'âge,  nous  croyons  que  la  mise  en  place  des  types 
les  plus  acides  est  antécarbonifère;  elle  a  dû  se  terminer  vers  la  fin  de  cette 
période  pour  les  ty|)es  les  plus  basiques  ('). 

Nous  avons  recueilli  dans  les  granulites  sodiques  d'Evisa  des  enclaves  de 
cornéennes,  dans  lesquelles  l'action  du  magma  a  fait  naître  en  abondance 
la  riébeckite,  et  une  hornblende  sodique  verte. 


PHYSIOLOGIE.  —  Sur  le  débit  urinaire.  Note  de  MM.  Henri  Lamy 
et  André  Mayer,  présentée  par  M.  Dastre. 

Dans  une  Communication  précédente,  développée  dans  un  Mémoire  plus 
détaillé  (*),  nous  avons  montré  qu'il  n'y  a  pas  de  rapport  direct  et  simple 
entre  les  variations  de  composition  du  sang  et  celles  de  l'urine;  la  compa- 


(')  Concurremment  peut-être  avec  les  trachytes  et  andésites  d'Osani. 
(/■)  Comptes  rendus,  t.  CXL,  igoS,  p.  683  et  Journal  de  Physiologie  et  de  Patho- 
logie générales,  4°  série,  t.  VII,  p.  679. 


172  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

raison  des  concentrations  de  chaque  substance  dans  le  sang  et  dans  l'urine 
montre  que  le  rein  accomplit  un  Iravail  actif  de  sélection. 

Nous  nous  sommes  demandé  si  un  phénomène  analogue  se  produit  en  ce 
qui  concerne,  non  plus  la  com[)Osition,  mais  la  quantité  d'urine.  En  préci- 
sant la  question,  il  s'agit  de  savoir  quel  rapport  existe  entre  le  débit  de 
l'urine  (ou  mieux  de  l'eau  de  l'urine)  et  le  débit  du  sang  (ou  mieux  de  l'eau 
du  sang)  dans  le  rein. 

Opérations.  —  Le  débit  de  l'urine  se  mesure  directement.  La  quantité  d'eau  con- 
tenue dans  le  !-ang  à  chaque  moment  peut  être  connue  en  cherchant  le  poids  sec  d'une 
quantité  donnée  de  sang.  La  connaissance  du  débit  du  sang  dans  le  rein  nécessite  une 
technique  particulière  :  les  animaux  (chiens  de  grande  taille)  sont  chloralisés.  On 
fait  rapidement  une  laparoiomie;  un  passe  sous  la  veiue  cave,  à  un  niveau  un  peu  su- 
périeur à  celui  de  l'abouchement  des  veines  rénales,  un  gros  fil  souple.  Puis  on  lie 
l'une  des  veines  iliaques  primitives  et  toutes  les  veines  affluenles  dans  l'autre  iliaque. 
On  suture  la  paroi  intestinale.  On  découvre  alors  la  veine  fémorale  à  la  cuisse;  on 
l'incise.  L'animal  est  prêt  pour  l'expérience  :  chaque  fois  que  l'on  veut  mesurer  le  débit 
du  sang  dans  le  rein^  par  l'ouverture  de  la  fémorale  on  introduit  un  gros  tube  d'étain 
dans  la  veine  cave,  jusqu'au-dessous  des  rénales.  On  tend  le  fil  placé  sous  la  cave,  au- 
dessus  des  rénales  :  le  sang  des  rénales  s'écoule  tout  entier  par  le  tube  d'étain  dans 
une  éprouvette  graduée,  et  l'on  en  mesure  le  débit  au  chronographe.  D'autre  part,  on 
recueille  à  ce  moment  une  certaine  quantité  de  sang  carotidien  qu'on  pèse  immédiate- 
ment et  qu'on  pèse  de  nouveau  après  l'avoir  desséché  3  jours  dans  une  étuve  à  120°. 

Les  variations  de  compo'^ition  et  le  débit  du  sang  sont  obtenus  par  l'in- 
jection intraveineuse  de  chlorure  de  sodium,  de  sulfate  de  soude,  de  sucres 
et  d'urée.  On  suit  parallèlement  le  débit  et  la  composition  du  sang  et  de 
l'urine.  L'étude  des  protocoles  d'expérience  permet  de  dégager  les  faits 
suivants  : 

L  Lorsqu'on  fait  des  injections  de  solutions  très  concentrées  de  sucres 
ou  de  saccharose  on  constate  un  certain  parallélisme  entre  le  débit  de  l'eau 
du  sang  dans  le  rein  et  le  débit  de  l'urine.  Mais,  même  dans  ces  cas  de  paral- 
lélisme apparent,  un  certain  nombre  d'obser\ations  s'imposent. 

\°  Il  n'y  a  pas  de  rapport  entre  les  chiures  absolus  de  l'accélération  du  débit 
de  l'eau  du  sang  à  travers  le  rein,  et  du  débit  urinaire  :  Après  l'injection  d'une 
même  dose  de  saccharose,  le  débit  de  l'eau  dans  le  rein  devient  dans  une 
expérience  i,5  fois,  dans  une  autre  2  fois  plus  rapide;  le  débit  de 
l'urine  devient  200  fois  plus  fort  dans  la  première,  /jo  fois  dans  la  seconde. 

2°  Les  différentes  substances  qui  accélèrent  également  le  débit  du  sang  Ti  ac- 
célèrent pas  également  le  débit  urinaire  :  Par  exemple,  l'injection  d'une  cer- 


SÉANCE    DU    (5    JANVIER    1906.  l'^S 

taine  dose  de  NaCl  et  celle  d'une  certaine  close  de  saccharose,  accélèrent 
tontes  deux  1,02  fois  le  débit  de  l'eau  du  sang  dans  le  rein.  Mais  la  pre- 
mière accélère  le  débit  urinaire  6  fois,  la  seconde  46  fois.  D'ailleurs  d'une 
façon  générale,  les  sucres  accélèrent  beaucoup  plus  (5  à  to  fois)  le  débit 
urinaire  que  le  chloruie  de  sodium. 

3°  I  heure  environ  après  l'injection  du  sucre,  le  débit  de  l'eau  du 
sang  et  le  débit  urinaire  diminuent,  mais  non  parallèlement.  Le  débit  du 
sang  diminue  beaucoup  plus  vite.  Dans  certains  cas,  le  débit  du  sang  peut 
devenir  moitié  moindre  de  ce  qu'il  était  avant  l'injection,  le  débit  de  l'urine 
étant  encore  20  fois  plus  fort. 

II.  Mais  toute  une  série  d'expériences  apporte  à  la  question  qui  nous 
occupe  une  réponse  beaucoup  plus  décisive.  A  la  suite  d'injections  de  solu- 
tions de  concentration  moyenne  (i^  par  kilogramme  d'animal)  de  NaCl,  ou 
de  saccharose  et  à  la  suite  d'injection,  même  à  haute  dose,  d'urée,  le  débit  de 
l'eau  du  sang  à  travers  le  rein  diminue,  le  débit  urinaire  augmente. 

Exemple  : 

La  première  colonne  indique  la  durée  de  l'observation.  Tous  les  débits  sont  calculés 
pour  10  minutes.  L'eau  est  exprimée  en  millilitres,  l'urée  en  milligrammes.  Dosage 
de  l'urée  dans  l'urine  par  la  méthode  de  Moreigne,  dans  le  sang  par  celle  de  Gréhant. 
(g  décembre  igoS.  Bâtard  caniche  iS'^s.) 

Déliit  du  sang.  Débit  de  l'urine. 

DiiTL-c.  San;,'  lolal.  Eau.  Urée.  Eau.  Urée, 

niîii 

20 0000  ?.hi  I  252  5  33 

Injection  de  3os  d'urée  dans  100'^'"'  d'eau  en  [\  minutes. 

i5 1980      i5;2      2376  266     58.5 

3o 1 080      852      1 404  70     207 

40 840      656      907  5      12 

CONCLUSIONS.  —  Le  débit  urinaire  ne  dépend  directement  ni  du  débit  du 
sang,  ni  du  débit  de  l'eau  du  sang  dans  le  rein.  Les  cellules  rénales  jouent  dans 
l'excrétion  de  reau  un  rôle  actif. 


CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Sur  la  vitelUne  de  iœuf. 
Note  de  M.  L.  Hugounenq,  présentée  par  M.  Armand  Gautier. 

Le  vitellus  de  l'œuf  des  oiseaux  contient  plusieurs  principes  immédiats 
d'une  grande  importance  dans  rédificalion  des  tissus  de  l'embryon  :  les 


174  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

graisses,  les  lécithines,  l'hématogène,  cette  nucléoprotéide  que  nous  avons 
récemment  étudiée  (')  et  où  s'accumulent,  en  même  temps  que  le  fer  du 
sang,  la  plupart  des  éléments  minéraux  :  le  phosphore,  le  soufre,  la  chaux, 
la  magnésie.  De  tous  ces  principes  immédiats  du  vitellus  le  plus  important 
par  sa  masse  est  la  matière  albnminoïde  combinée  à  la  nucléoprotéide,  la 
vitelline  proprement  dite.  C'est  cette  matière  que  j'ai  soumise  à  une  hydro- 
lyse énergique  pour  étudier  ses  produits  de  dédoublement. 

i''B  de  vitelline  de  l'œuf  de  poule  préparée  par  les  procédés  ordinaires  a  été  traité  à 
l'ébullitlon,  pendant  i6  heures,  par  de  l'acide  sulfurique  dilué  de  2'°'  d'eau.  Pour  i''s 
de  vitelline  on  a  employé  6''s  d'acide  étendu,  en  ayant  soin  d'ajouter  loos  de  chlorure 
de  sodium  pour  assurer  une  destruction  plus  complète  de  la  substance  albnminoïde. 

Du  liquide  noir  ainsi  obtenu,  on  a  isolé  les  diamines  par  l'acide  phospliotungslique 
et  on  les  a  séparées  ensuite  par  la  méthode  de  Kossel  et  Kutscher.  L'eau  mère,  privée 
d'acide  jjhosphotungstique  par  la  baryte,  contient  les  monoamides  :  on  l'évaporé;  les 
acides  monoamides  sont  éthérifiés  par  l'alcool  et  l'acide  chlorhydrique  ;  on  sépare  les 
élhers  par  distillation  fractionnée  sous  pression  réduite  et  on  les  saponifie  par  la 
baryte  :  les  acides  devenus  libres  sont  enfin  isolés  grâce  à  une  longue  série  de  cris- 
tallisations. 

De  ce  dédoublement  de  la  vitelline  nous  avons  pu  extraire  et  carac- 
tériser les  composés  suivants  : 

Arginine  C''H"Az'0^ i       pour  100  de  vitelline 

Hi.-tidine  C^H'Az^O^ 2,2  » 

Lysine  G«H'*Az20- 1,2  » 

Tyrosine  C'H"  AzO' 2,0  » 

Leucine  droite  G'' II'^AzO- 6,8  » 

Acide  amino-valérique  C'H"AzD- t  ,5  » 

Acide  jtyrroiidine-carbonique  C''H''AzO'-.  .  .  .  moins  de  o,5  pour  100 

Alanine  G^H"  AzO- »         o,5  » 

Glycocolle  C^H^AzO- >>         0,2         » 

Serine  C'H'AzO^ >>  0,2  » 

Phénylalanine  G''H"AzO- 0,7  pour  100 

Acide  glutamique  G^H'AzO- 0,9         » 

Acide  asparlique  G'H'AzO- 0,7  » 

Ajoutons,  à  ces  composés,  des  matières  humiques  en  abondance,  de 
l'ammoniaque  et  une  base  non  déterminée  précipitable  par  l'acide  phos- 
pholungslique  et  dont  le  picrate,  fusible  à  gS",  était  en  quantité  trop  faible 
pour  qu'on  ait  pu  la  caractériser. 


(')  L.  IksiOUNENQ  et  .\lbert  Morel,  Comptes  rendus,  10  avril  et  20  novembre  igo,"). 


SÉANCE  DU  l5  JANVIER  1906.  I-yS 

Il  est  à  remarquer  que  la  caséine,  comme  la  viteliine,  ne  donne  que  très 
peu  (le  glycocolle,  en  admettant  même  que  ce  glycocoUe  ne  j)rovienne  pas 
d'une  impureté. 

La  caséine  et  la  viteliine  donnent  les  mêmes  produits  de  dédoublement 
et,  autant  qu'on  puisse  s'en  rendre  compte,  les  proportions  respectives  des 
acides  amidés  sont  de  même  ordre. 

La  matière  albuminoïde  fondamentale  du  lait  et  celle  du  jaune  de  l'œuf 
sont  manifestement  très  voisines  :  elles  sont  formées  l'une  et  l'autre  par 
l'union  d'une  albumine  avec  une  paranucléine.  Les  paranucléines  diffè- 
rent; mais  les  albumines  se  comportent  à  l'hydrolyse  comme  si  elles 
étaient  constituées  de  la  même  façon. 

A  l'analogie  des  fonctions  physiologiques  correspond  une  analogie  de 
structure  ('). 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Nouvelles  recherches  sur  les  oxydations  produites  par 
les  tissus  animaux  en  présence  des  sels  ferreux .  Note  de  M.  F.  Battelli  et 
de  M"'  L.  SteriV,  présentée  par  M.  A.  Chaiiveau. 

Nous  avons  démontré  que  les  émulsions  de  muscles  de  cheval  ou  de  chien 
mises  en  présence  des  sels  ferreux  décomposent  énergiquement  l'acide  lac- 
tique avec  dégagement  de  CO".  Nous  avons  émis  l'hypothèse  que  cette  oxy- 
dation de  l'acide  lactique  serait  due  à  l'action  combinée  du  sulfate  ferreux 
et  du  peroxyde  d'hydrogène.  Ce  dernier  se  formerait  dans  les  tissus 
lorsqu'on  les  met  en  contact  avec  de  l'oxygène.  Quant  au  sel  ferreux,  il 
serait  représenté  dans  l'organisme  par  l'anlicatalase. 

L'organisme  animal  brûle  complètement  les  hydrates  de  carbone,  les 
graisses,  les  acides  gras,  etc.,  mais  chez  les  mammifères  l'azote  est  éliminé 
principalement  sous  forme  d'urée.  Nous  avons  recherché  si  le  svstème 
peroxyde  d'hydrogène-sel  ferreux  oxyde  l'urée.  Nous  avons  constaté  que 
cette  oxydation  ne  se  fait  pas  ou  que  du  moins  il  n'y  a  pas  formation  de  CO". 
On  sait  au  contraire  que  ce  même  système  (peroxyde  d'hvdrogène-sel  fer- 
reux) oxyde  complètement  jusqu'à  formation  de  CO^  et  d'eau  les  hydrates 
de  carbone  et  les  acides  de  la  série  grasse.  Nous  a^ons  ainsi  une  nouvelle 
analogie  entre  les  oxydations  qui  ont  lieu  dans  l'organisme  animal  et  celles 

(')  J'ai  été  aidé,  dans  ces  recherclies,  par  mon  préparateur,  M.  J.  Galimard,  que  je 
tiens  à  remercier. 


176  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

qui  peuvent  être  produites  par  le  peroxyde  d'hydrogène  en  présence  d'un 
sel  ferreux. 

Dans  nos  premières  recherches  nous  avions  constaté  que  les  émulsions 
de  muscles  mises  en  présence  de  sulfate  ferreux  ne  décomposent  pas  l'acide 
lactique  en  l'absence  d'oxygène.  Les  émulsions  de  rein  de  cheval  se  com- 
portent de  la  même  manière.  Ce  résultat  nous  amène  à  supposer  qu'il 
existe  dans  les  tissus  animaux  une  substance  qui,  en  présence  de  l'oxygène, 
donne  lieu  à  la  formation  de  peroxyde.  Nons  aurions  ainsi  dans  les  tissus 
un  peroxydogène  qui  produit  du  peroxdye  d'hydrogène  lorsqu'il  se  trouve 
en  contact  avec  de  l'oxygène  libre  ou  très  faiblement  lié. 

Nous  avions  en  outre  constaté  qu'après  la  mort  les  muscles  perdent  rapidement  la 
propriété  d'oxyder  l'acide  lactique  en  présence  du  sel  ferreux.  On  peut  supposer  que 
cela  est  dû  à  une  altération  du  peroxydogène.  Or,  nous  avons  trouvé  que  le  peroxydo- 
gène se  garde  beaucoup  plus  longtemps  si  l'on  a  soin  d'aicaliniser  les  extraits.  Nous 
procédons  de  la  manière  suivante.  Les  tissus  sont  pris  immédiatement  après  la  mort  de 
l'animal.  On  les  broie.  On  ajoute  un  égal  volume  d'une  solution  d'hydrate  de  sodium  à  i 
pour  1000.  Lorsqu'il  s'agit  de  muscles  il  est  souvent  nécessaire  d'ajouter  après  quelques 
heures  une  nouvelle  quantité  d'hydrate  de  sodium,  parce  que  la  formation  d'acide 
dans  les  muscles  après  la  mort  est  plus  considérable  que  dans  les  autres  tissus. 

Ces  émulsions  alcalinisées.  gardées  à  très  basse  températuie,  conservent  leur 
peroxydogène  pendant  plusieurs  jours.  Le  peroxydogène  paraît  au  contraire  se  dé- 
truire rapidement  en  milieu  acide.  Si  l'on  acidifie  légèrement  par  un  acide  organique 
(j  pour  1000  d'acide  acétiijue  par  exemjjle)  les  émulsions  de  tissus,  ces  émulsions 
perdent  très  vite  la  propriété  d'owder  l'acide  lactique  en  présence  d'un  sel  ferreux. 

Les  émulsions  de  rein  de  cheval  donnent  une  décomposition  de  l'acide  lacti(|ue 
beaucoup  plus  considérable  que  celle  produite  par  les  muscles.  Nous  préférons  actuel- 
lement employer  les  émulsions  de  rein. 

Dans  nos  expériences  précédentes,  la  quantité  de  sulfate  ferreux  ajoutée  à  l'émul- 
sion  de  tissus  était  toujours  la  même.  Elle  correspondrait  à  os,5o  de  sulfate  pour  100'™' 
d'émulsion.  Nous  avons  recherché  l'inlluence  de  la  concentration  du  sulfate  ferreux 
sur  l'oxydation  de  l'acide  lactique  par  les  émulsions  de  rein.  Nous  avons  tiouvé  qu'il 
existe  une  concentration  optima,  (|ui  est  représentée  par  une  solution  de  i  pour  000 
environ  de  sulfate  ferreux.  Avec  une  concentration  de  1  pour  100,  on  a  un  dégagement 
de  CO-  beaucoup  plus  faible  qu'avec  la  concentration  de  1  pour  5oo.  Cette  action 
retardatrice  pourrait  être  expliquée  par  le  fait  que  le  sulfate  ferreux  concentré  décom- 
pose le  peroxyde  d'hydrogène  avec  dégagement  d'oxygène,  en  agissant  ainsi  comme  la 
catalase.  Par  conséquent,  une  partie  seulement  du  peroxyde  formé  dans  les  tissus 
pourrait  être  utilisé  dans  l'oxydation  de  l'acide  lactique. 

Nous  avons  aussi  étudié  l'influence  de  la  température  sur  l'oxydation  de  l'acide  lac- 
tique produite  par  l'émulsion  de  rein  en  présence  du  sulfate  ferreux.  Nous  avons  con- 
staté qu'à  une  température  inférieure  à  15°  l'acide  lactique  n'est  pas  oxydé  ou  du 
moins  il  ne  l'est  pas  d'une  manière   appréciable.  A  mesure  que  la  température  s'élève 


SÉANCE    DU    l5    JANVIER    If)o6.  177 

roNvclatioii  de  Tacide  lactique  augnienle,  mais  nous  n'avous  pas  encore  pu  déterminer 
la  lempéralurc  optima.  Celle-ci  paraît  varier  avec  les  dilTérenles  préparations.  L'oTiy- 
dation  ne  se  produit  plus  si  l'on  atteint  une  température  de  65°  environ.  Un  pourrait 
donc  supposer  que  le  peroxydogène  est  détruit  à  une  température  élevée. 

Ces  recherches  nous  amènent  aux  conclusions  suivantes  : 

Le  peroxyde  d'hydrogène  n'oxyde  pas  l'urée  en  présence  du  sulfate  fer- 
reux. Ce  fait  constitue  une  nouvelle  preuve  de  l'analogie  qui  existe  entre 
les  oxydations  qui  ont  lieu  dans  l'organisme  animal  et  celles  produites  par 
un  système  peroxyde  d'hydrogène-sulfate  ferreux. 

L'oxydation  de  l'acide  lactique  par  les  émulsions  de  tissus  en  présence 
de  sulfate  ferreux  n'a  pas  lieu  en  l'absence  d'oxygène.  On  pourrait  admettre 
que  dans  les  tissus  il  existe  un  peroxydogène  qui,  en  présence  d'oxygène 
libre,  produit  du  peroxyde.  Le  peroxydogène  se  garde  bien  en  milieu 
alcalin  et  est  rapidement  détruit  en  milieu  acide. 

Il  existe  une  concentration  optima  du  sulfate  ferreux  pour  obtenir  le 
maximum  d'oxydation  de  l'acide  lactique  en  présence  des  émulsions  de 
tissus. 

L'oxydation  de  l'acide  lactique  par  les  émulsions  de  tissus  en  présence 
du  sulfate  ferreux  n'a  pas  lieu  à  une  température  inférieure  à  i5°  ou  supé- 
rieure à  65°.  On  pourrait  admettre  que  le  [)eroxydogène  se  détruit  à  une 
température  élevée. 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  T allure  anomale  de  quelques  protéolyses  produites 
par  la  papaïne.l^o[ei\e^H].  C.  Delkzexxe,  H.  Hlourox  etE.  Pozerski, 
présentée  par  M.  Dastre. 

L  Si  l'on  ajoute  une  solution  de  papaïne  (')  à  de  l'ovalbumine  crue  ou 
à  du  sérum  sanguin  naturel  et  que  l'on  porte,  aussitôt  après  mélange,  le 
liquide,  légèrement  acidulé  par  l'acide  acétique,  à  la  température  de  100", 
on  constate  que,  pour  une  dose  convenable  de  ferment,  la  plus  grande 


{')  La  papaïne  dont  nous  nous  sommes  servis  pour  ces  expériences  provenait  soit  de 
sucs  secs  recueillis  par  nous-mêmes  sur  des  papajers  {Carica  fjitercifolia),  mis  très 
obligeamment  à  notre  disposition  par  M.  Guignard,  Directeur  de  l'Ecole  de  Pharma- 
cie, soit  des  produits  fournis  par  la  maison  Merck  sous  le  nom  de  papaïne  ou  «  suc 
sec  de  Carica  paj)a)a  ».  La  préparation  vendue  par  la  même  maison  sous  le  nom 
de papayotine  ne  nous  a  que  très  rarement  donné  de  bons  résultats. 

C.  lî.,  i(,o6,   I"  Semestre    (T.   CM, II,  N"  3.)  2/î" 


178  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

partie  des  matières  albiiminoïdes  est  devenue  tout  à  fait  incoagulable 
par  la  chaleur. 

Nous  n'avons  pas  réussi  à  assigner  de  temps  minimum  à  cette  réaction  : 
si  rapidement  qu'on  procède  avi  mélange  des  liquides  et  au  chauffage  con- 
sécutif, la  transformation  est  effectuée.  On  obtient  d'ailleurs  des  résultats 
du  même  ordre,  soit  que  les  mélanges  aient  été  faits  à  la  température  du 
laboratoire,  soit  que  les  liquides,  avant  d'être  mélangés,  aient  été  amenés 
isolément  à  une  température  quelconque  comprise  entre  0°  et  40°. 

En  opérant  dans  ces  conditions  on  observe  que  la  quantité  de  matières 
transformées  varie  d'une  façon  sensiblement  proportionnelle  à  la  racine 
carrée  de  la  quantité  de  ferment  ajouté,  c'est-à-dire  suivant  la  loi  de 
Schûtz-Borissow. 

Il  est  bien  entendu  qu'aucune  transformation  ne  se  produit  si  la  papaïne, 
avant  d'être  ajoutée  aux  matières  albuminoïdes,  a  été  portée  pendant 
quelques  minutes  à  la  température  d'ébuUition. 

Le  liquide,  filtré  après  précipitation  complète  des  substances  albumi- 
noïdes coagulables  par  la  chaleur,  fournit  les  réactions  caractéristiques 
des  protéoses  et  des  peptones.  Précipité  par  le  sulfate  d'ammoniaque  ou 
le  sulfate  de  zinc  à  saturation,  ce  liquide  donne  encore  une  réaction  du 
biuret  très  intense.  Il  s'agit  donc  bien  d'une  véritable  digestion  donnant 
en  quelques  instants,  ainsi  que  nous  le  montrerons  en  détail  un  peu  plus 
tard,  des  produits  de  transformation  relativement  avancés  :  aibumoses 
secondaires  et  peptone  vraie,  les  premières  formant  habituellement  les  |  ou 
les  I  de  la  masse  totale. 

II.  Si  l'on  abandonne  pendant  un  certain  temps,  à  la  température  du 
laboratoire  (i5°-2o")  ou  même  à  celle  de  l'étuve  (40")»  les  mélanges  d'al- 
bumine et  de  papaïne,  avant  de  les  porter  à  100°,  on  constate  que  la 
réaction,  loin  de  progresser  comme  l'on  pourrait  s'y  attendre,  paraît  au 
contraire  subir  un  7elour  en  arrière.  La  quantité  de  matière  coaguiable 
par  la  chaleur  augmente  progressivement  en  effet  avec  le  temps  de  contact 
préalable  de  l'albumine  et  du  ferment.  On  observe  par  le  fait  une  diminu- 
tion parallèle  de  la  quantité  de  substance  digérée  :  après  un  contact  préa- 
lable de  4  ou  5  heures  à  la  température  du  laboratoire  il  n'est  pas  rare, 
par  exemple,  que  cette  quantité  soit  inférieure  à  la  moitié  de  celle  que 
donne  une  expérience  de  courte  durée. 

L'im[)ortance  de  cette  régression  apparente  varie  d'ailleurs  dans  des 
limites  assez  étendues,  soit  avec  la  nature  de  la  matière  à  digérer  (albumine 
d'œiif,   sérums  de  différentes  origines),   soit  avec  la  quantité  de  ferment 


SÉANCE  DU  t5  janvier  I906.  179 

utilisé.  Nous  pouvons  ajouter  que  ce  phénomène  n'a  rien  de  commun  avec 
celui  qu'ont  observé  Danilewski  et  ses  élèves  dans  leurs  recherches  sur  la 
plastéine  et  les  coaguloses. 

L'expérience  suivante  mettra  nettement  en  évidence  les  faits  essentiels 
que  nous  venons  de  rapporter. 

Sohition  de  papaïiie  (suc  sec  de  Carica papaya)  à  2  pour  100  dans  l'eau  physiolo- 
gique. Sérum  de  moulon  étendu  de  2'°'  d'eau  physiologique.  Dans  une  série  de  (laçons 
on  distribue  i5""'  de  sérum  dilué  auxquels  on  ajoute  2'^'"'  de  la  solution  de  papaïne. 
A  l'un  des  flacons  on  ajoute,  aussitôt  après  mélange,  2  gouttes  d'acide  acétique  et  l'on 
porte  immédiatement  à  100°.  Les  autres  échantillons  sont  maintenus  à  la  température  du 
laboratoire  et  soumis  au  même  traitement  5,  10,  i5,  3o  minutes,  etc.  plus  tard.  Après 
coagulation,  les  liquides  sont  jetés  sur  des  filtres  tarés,  les  précipités  soigneusement 
lavés  à  l'eau  acidulée,  puis  desséchés  à  110°  jusqu'à  constance  de  poids.  On  fait  un 
échantillon  témoin  en  ajoutant  à  iS""''  de  sérum  dilué  2'^'"'  de  papaïne  préalablement 
portée  à  100°  pendant  5  minutes. 


Temps 

de 

contact 

Poids 

avant 

des  matières 

Quantité 

Sérum 

Papaïne 

coagulation 

albuminoïdes 

de  substance 

dilué  au  J. 

à  2  pour  100. 

par 

la  clialeur. 

toagulables. 

transformée. 

cm' 

i5 

2  (bouillie) 

» 

o,4oa 

0  (  témoin  ) 

)) 

2 

I  mi  11 

0,181 

0,224 

» 

» 

5 

0, 182 

0,223 

» 

» 

10 

0,198 

0,207 

» 

)> 

i5 

0,216 

0,189 

)> 

» 

3o 

o,23o 

0,175 

)) 

» 

ih 

0,254 

0,  i5i 

» 

» 

2 

0,263 

0,142 

» 

» 

4 

0,276 

0,129 

Nous  aurons  à  étudier  ultérieurement,  par  différents  procédés,  dans 
quelles  conditions  précises  se  produit  la  digestion  que  nous  venons  de 
signaler  et  à  quoi  correspond  l'apparente  régression  observée.  Nous  vou- 
lons seulement  ici  insister  sur  le  phénomène  nouveau  d'une  protéolyse  très 
brusque  produite  par  un  ferment  et  sur  l'apparence  paradoxale  d'une 
digestion  d'autant  moins  intense  que  le  ferment  et  la  matière  à  digérer 
ont  été  laissés  plus  longtemps  en  contact. 


[8o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —   Sur  le  blanchiment  des  farines  de  blé. 
Note  de  M.  E.  Fleurent,  présentée  par  M.  Th.  Sclilœsing. 

J'ai  l'honneur  de  présenter  i\  l'Académie  le  résultat  des  recherches  que 
j'ai  poursuivies  au  cours  de  l'année  igoS  sur  le  blanchiment  des  farines  de 
blé. 

l.  Tout  d'abord,  l'expérience  montre  que  seuls  ont  une  valeur  indus- 
trielle les  procédés  basés  sur  l'utilisation  du  peroxyde  d'azole  préparé  soit 
par  voie  chimique,  soit  par  l'action  d'un  arc  à  flamme  sur  l'air  atmosphé- 
rique; l'oxygène  pur,  ozonisé,  n'a  aucune  action  sur  la  couleur  des  farines 
et  si  l'air  ozonisé  les  blanchit,  ce  n'est  que  dans  le  cas  où,  par  suite  d'une 
action  simultanée,  il  s'est  chargé  de  produit  nitreux;  de  plus,  les  farines 
traitées  par  l'ozone  prennent  une  odeur  repoussante  qui  détruit  absolu- 
ment leur  valeur  commerciale. 

2.  Calculée  en  bioxyde  d'azote,  la  quantité  de  produit  nitreux  utilisé 
dans  le  blanchiment  varie,  avec  la  nature  des  farines,  de  i5""'  à  /to""'  (à  o° 
et  à  760""")  par  kilogramme  de  farine.  Les  farines  ainsi  blanchies  ne  su- 
bissent pas  de  modification  sensible  dans  leur  composition  chimique  et,  par 
suite,  dans  leur  valeur  boulangère,  comme  le  montre  le  Tableau  suivant  : 

Procédé  cliiinique.  Procéilé  élecliiqiR'. 

Avatil.  Après.  Avant.  Après. 

Acidiié o,o33           o,o33  o,o38  o,o38 

Matières    grasses....  o,f;8             0.61  1.03  i,o3 

(rliiien 8,16              8,08  11,42  '",34 

Gliadine 69,70  70,62  ^9,28  60,28 

Elles  donnent  un  pain  dont  la  nuance  jaunâtre  est  plus  ou  moins  atté- 
nuée. 

3.  Ainsi  que  je  l'ai  montré  le  premier  en  1904  ('),  l'action  du  peroxyde 
d'azote  se  porte  sur  la  matière  grasse,  huile  jaunâtre  qui  donne  aux  farines 
leur  teinte  plus  ou  moins  crémeuse;  mais  cette  action  n'est  pas,  comme  on 
l'avait  cru,  une  destruction  de  la  couleur  par  oxydation.  Le  Tableau  sui- 

(')  Congrès  nalional  de  la  Meunerie.  octol)re  190/4- 


SÉANCE  DU  l5  JANVIER  1906.  181 

vanl  montre  que  le  blanchiment  coïncide  avec  une  diminution  de  l'indice 
d'iode  : 

Avant.  Après. 

Échantillon  1  :  Indice  d'idtle 86,44  80,79 

j>  2  »  81  ,70  65,20 

»  3  »  86,  10  56,70 

Il  s'ensuit  que,  par  voie  d'addition,  le  peroxyde  d'azote  est  fixé  sur  la 
matière  grasse  dont  la  teinte  passe  au  jaune  orangé.  Aux  doses  indiquées 
précéilemment,  cette  fixation  a  pour  effet  de  diminuer  le  pouvoir  absor- 
bant de  l'huile  pour  les  rayons  Itimineux,  autrement  dit,  de  rendre  phis 
transparente  la  pellicule  grasse  qui  recouvre  chaque  grain  d'amidon,  de 
sorte  aue  la  blancheur  de  celui-ci  apparaît  plus  nettement  dans  les  farines 
soumises  au  traitement  que  dans  les  autres.  Le  blanchiment  par  traitement 
chimique  se  différencie  donc  du  blanchiment  par  vieillissement,  celui-ci 
étant  dû  à  la  formation,  i)ar  oxydation,  d'acides  gras  fixes,  blancs,  qui,  se 
précipitant  au  sein  de  la  matière  grasse,  en  diminuent  la  coloration  appa- 
rente. 

L'action  de  l'ozone  est  nettement  différente  de  l'action  du  peroxyde 
d'azote  et  de  l'action  lente  de  l'oxygène  de  l'air.  Le  Tableau  suivant  montre 
en  effet  :  1°  une  augmentation  de  l'indice  d'iode  au  lieu  d'une  diminution; 
2"  une  formation  d'acides  volatils  qui  n'a  pas  lieu  avec  le  peroxyde  d'azote; 
3°  la  stabilité  de  l'acidité  totale  au  lieu  de  l'augmentation  du  simple  au 
double  qu'on  observe  toujours  dans  les  quatre  mois  qui  suivent  la  fabrica- 
tion. Ce  Tableau  se  rapporte  à  une  huile  de  germes  qui  a  été  traitée, 
pendant  3  jours,  au  moyeu  d'un  courant  d'oxygène  ozonisé  dans  un  appa- 
reil à  effluve  de  Bertlielot  : 

.\prés 

\vaiil.                      a.'i  lieurcs.  i  jours. 

Acidité  totale 12,7                        12,7  12,8 

1)        volatile o                               0,8  2,7 

Indice  d'iode 1  iS                           120  120 

4.  La  fixation  du  peroxyde  d'azote  sur  la  matière  grasse  de  la  fiu'ine 
permet  l'établissement  d'une  réaction  caractéristique  des  farines  blanchies, 
réaction  basée  sur  la  différence  de  coloration  des  savons  obtenus  avec  la 
matière  grasse  avant  et  après  nitration. 

<Jn  extrait,  au  moyen  de  la  benzine,  la  matière  grasse  de  5os  de  la  farine  suspecte. 
Après  évaporation    du   dissolvant   à   basse   température,  on  redissoul  l'Iiuile  dans  3'"'' 


iSa  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

d'alcool  amylique,  on  transvase  dans  un  tube  à  essai  et  l'on  ajoute  i'^"'  d'alcool  dans 
lequel  on  a  dissous  los  de  KOH  par  litre.  Dans  le  cas  d'une  farine  normale,  on  n'ob- 
serve aucun  changement  de  la  coloration  jaune;  dans  le  cas  de  la  farine  blanchie,  la 
couleur  passe  au  rouge  orangé  d'autant  plus  foncé  que  la  farine  a  fixé  plus  de  peroxyde 
d'azote.  Cette  réaction  est  assez  sensible  pour  déceler  l'addition  de  5  pour  loo  de 
farine  blanchie  à  de  la  farine  normale. 

6.  L'élude  de  l'action  du  peroxyde  d'azole  sur  les  produits  de  la  mouture 
montre,  par  l'abaissement  de  l'indice  d'iode,  que  la  quantité  de  gaz  fixé  et 
par  suite  l'intensité  du  blanchiment  est  d'autant  plus  grande  que  la  farine 
est  plus  pure.  C'est  ce  que  montre  le  Tableau  suivant,  obtenu  à  l'aide  de 
farines  provenant  du  même  blé  : 

Indice  d'iode. 

Avant.        Après.  Différence. 

Farine  supérieure 86,1  56,7  29,4 

»       première 86,6         82,1  /Jj^ 

»       deuxième 88,8         88,1  0,7 

L'expérience  prouve,  en  effet,  qu'au  fur  et  à  mesure  que  les  farines  s'en- 
richissent en  débris  cellulosiques,  c'est  sur  ces  débris  que  se  porte  l'action 
du  gaz;  par  suite,  on  ne  doit  soumettre  au  blanchiment  que  des  produits 
aussi  exempts  que  possible  de  particules  d'enveloppe  et  de  germe. 

6.  Les  expériences  relatées  dans  le  Mémoire  complet  montrent  que  le 
blanchiment  est  sans  action  sur  les  diastases  et  les  ferments  spéciaux  de  la 
farine,  mais  que  la  matière  grasse,  après  traitement,  s'acidifie  d'autant  plus 
lentement  qu'elle  a  fixé  plus  de  peroxyde  d'azote.  C'est  dans  ce  sens  seule- 
ment qu'on  peut  dire  qu'il  y  a  stérilisation  et  par  conséquent  augmentation 
du  pouvoir  de  conservation  par  le  blanchiment. 


GÉOLOGIE.  —  Suf  la  nappe  charriée  du  Péloponése.  Note  de  M.  Pu.  Nègris, 
présentée  par  M.  de  Lapparent. 

M.  Cayeux  a  avancé,  avec  raison,  que  les  couches  d'Olonos  de  M.  Philipp- 
son,  dans  le  Péloponése,  apparliennent  à  nue  grande  nappe  de  charriage. 
Cette  nappe  présente  une  discordance  tectonique  très  marquée  avec  les 
couches  qu'elles  recouvre.  La  surface  de  recouvrement  offre  souvent  de 
larges  ondulations,  tandis  qu'au  contraire  les  formations  qu'elle  sépare 
sont  fortement  plissées.  D'autre  part,  les  couches  de  chevauchement 
portent  les  traces  évidentes  d'efforts  mécaniques  énormes  :  les  calcaires 


SÉANCE  DU  l5  JANVIER  1906.  l83 

sont  divisés  par  des  fissures  nombreuses  ressoudées;  les  jaspes  aussi  sont 
fendillés  et  souvent  donnent  un  sol  grésilleux.  Les  rognons  de  silex  en- 
globés dans  les  calcaires  sont  fréquemment  aplatis,  hachés  et  réagrégés 
par  des  filets  calcaires. 

D'aulre  part,  tandis  que  la  composition  de  la  nappe  varie  peu,  le  substratum  est  très 
variable.  C'est  ainsi  qu'au  inonl  Voïdias  il  est  formé  de  grès  surmonté  de  calcaire.  Du 
haut  du  Chelmos  on  distingue  nettement  la  région  de  grès,  avec  lambeaux  calcaires, 
au  milieu  de  la  nappe  chevauchante,  à  l'est  de  la  première  montagne.  De  même  au  nord 
de  rOlonos,  on  voit,  des  hauteurs  de  Hagios  Vlassis,  le  grès  avec  lambeaux  calcaires 
affleurer  dans  les  mêmes  conditions.  Le  grès  avec  .calcaire  apparaît  encore  plus  au  Sud 
sur  le  mont  Astras  et  se  continue  à  l'Est  par  l'Erymanthe  jusqu'au  village  de  Velimachi 
et  au  delà,  avec  la  direction  NE  du  plissement'crétacé  {Comptes  rendus  du  27  no- 
vembre igoS,  p.  919). 

Il  apparaît  encore  à  Strezova  où  il  est  surmonté  de  calcaire  grumeleux  (rendu  tel  à 
la  suite,  sans  doute,  des  eflbrts  de  chevauchement),  puis  sur  le  chemin  de  Strezova  à 
Toporitsa  avec  calcaire  grumeleux  au-dessus,  puis  entre  Toporitsa  et  Glokova  sur  la 
rive  droite  du  ravin  de  Valteziniko,  avec  la  direction  encore  ici  NE  des  plis  crétacés. 
Ce  grès  plus  au  Sud,  en  face  de  Kerpini,  est  encore  recouvert  de  calcaire  qui  ici  est 
surmonté  par  du  flysch  éocène  avec  fossiles  du  lutétien  moyen  (Note  déjà  citée).  Dans 
toutes  Ci's  régions  la  nappe  chevauchante  recouvre  tantôt  lesvstèmede  grès  et  calcaire, 
tantôt  le  flysch  éocène,  la  ligne  de  discontinuité  étant  légèrement  ondulée,  tandis  que 
les  couches  sous-jacentes  sont  fortement  plissées  et  redressées. 

Ailleurs,  le  substratum  est  formé  par  le  calcaire  de  Tripolitsa  (éocène-crétacé), 
comme  au  Chelmos,  au  Ziria  et  sur  la  chaîne  orientale  de  l'Arcadie.  Du  flysch  souvent 
s'intercale  entre  deux;  comme  ce  dernier  alterne  souvent  avec  le  calcaire  de  Tripolitsa, 
il  a  dû  se  déposer  sur  ce  calcaire  pendant  que  se  préparait  l'émersion  de  ce  dernier, 
avant  le  plissement  final  éocène  et  le  chevauchement  qui  s'ensuivit. 

Enfin,  à  l'Ouest,  le  substratum  est  formé  par  le  flysch,  contre  le  mont  Voïdias,  puis 
contre  l'Olonos,  où  le  flysch  tient  des  fossiles  de  la  fin  du  lutétien  moyen  (Note  déjà 
citée),  puis  contre  les  monts  de  la  Messénie,  où  j'ai  observé  ce  recouvrement  à  l'ouest 
du  mont  Lycodimo  et  contre  les  monts  de  Kyparissia.  Les  conglomérats  puissants,  qui 
ici  encore  surmontent  ce  flysch,  sont  adossés  à  la  nappe  de  charriage  et  sont  formés  de 
galets  de  calcaire  et  de  jaspes  provenant  de  cette  nappe. 

Dans  toute  la  région  chevauchée  on  observe  dans  le  substratum  l'orien- 
tation pyrénéenne  ONO,  qui  interfère  avec  l'orientation  crétacée  NE.  Les 
couches  de  recouvrement,  surtout  au  Nord,  prennent  aussi  l'orientalion 
ONO,  comme  an  Chelmos,  au  Ziria.  Cependant  contre  les  plis  crétacés  NE 
les  plis  pyrénéens  s'infléchissent  vers  l'EO  et  l'ENE,  comme  à  l'est  de 
1  Olonos,  puis  à  l'ouest  du  Chelmos  contre  le  pli  crétacé  venant  de  Livadie, 
puis  contre  le  pli  crétacé  passant  entre  le  Chelmos  et  le  Ziria,  puis  à  l'est 
du  Ziria  contre  le  pli  crétacé  venant  du  Parnès  (Note  déjà  citée).  Ainsi  les 


l84  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

plis  pyrénéens  sont  tronçonnés  et  les  tronçons  enveloppés  par  la  nappe 
(le  charriage  forment  des  dômes  allongés,  comme  en  Provence.  M.  Marcel 
Bertrand  a  fait  voir  ici  que  les  plis  éocènes  sont  aussi  séparés  [tar  des 
bandes  transversales  ENE;  ces  bandes  représentent,  sans  doute,  des  plis 
crétacés  disloqués  et  démantelés  à  la  suite  du  plissement  éocène,  tandis 
que  les  plis  éocènes,  eux-mêmes  tronçonnés,  sont  disposés  en  dômes  et  en 
chapelet. 

Cependant,  en  Grèce,  la  nappe  de  charriage  a  été  aussi  affectée  parle 
plissement  plus  récent  pindique  NNO.  Ces  plis  nouveaux  s'infléchissent 
encore  contre  les  plis  NE  en  passant  de  la  direction  NNO  à  la  direction  NS 
et  NNE.  C'est  ce  qui  arrive  aux  plis  d'OEtolie  qui,  passant  par  le  Voïdias, 
s'infléchissent  contre  la  chaîne  d'Olonos.  Au  point  de  plus  grande  inflexion, 
au  golfe  de  Patras,  ils  ont  été  rompus  et  démantelés.  De  même,  les  monts 
de  la  Messénie  NNO  passent  au  Nord  à  la  direction  NNE,  contre  le  pli  cré- 
tacé que  nous  avons  reconnu  à  Toporitsa,  en  prolongement  de  celui  qui 
passe  entre  le  (Ihelmos  et  le  Ziria.  Ici  encore,  au  point  de  plus  grande 
inflexion  des  plis,  se  présente  une  dépression  transversale  passant  par 
Kokia,  au  nord  de  Rvparissia,  provenant  encore  de  la  fracture  des  plis  à  la 
suite  de  l'inflexion  et  de  leur  dislocation  qui  facilita  le  démantèlement. 


GÉOLOGIE.  —   TTne  ancienne  chaîne  volcanique  au  nord-ouest  de  la  chaîne 
des  Pays.  Note  de  M.  Ph.  Glangeaud,  présentée  par  M.  Lacroix. 

Il  existe  au  nord-ouest  de  la  chaîne  des  Puys,  aux  environs  de  Pontgi- 
baud  et  de  Manzat,  une  série  de  collines  constituées  par  des  lambeaux  de 
coulées  basaltiques,  parfois  de  plusieurs  kilomètres  de  long  (jusqu'à  5'"™) 
dont  on  ignorait  l'origine. 

Elles  forment  comme  une  série  de  tables,  plus  ou  moins  inclinées,  de  20'° 
à  80™  de  haut,  dominant  une  région  de  roches  cristallines  et  orthophy- 
riques,  à  laquelle  elles  donnent  une  physionomie  très  spéciale. 

Ces  coulées,  issues  de  volcans,  en  partie  démantelés  à  cause  de  leur 
ancienneté,  et  qui  s'échelonnent  sur  plus  de  20'^™,  ne  sont  pas  disposées  sans 
ordre;  elles  sont  alignées  suivant  une  direction  générale  NE.  J'ai  retrouvé 
et  reconstitué  huit  des  bouches  de  sortie  qui  les  ont  vomies.  L'une  d'elles  a 
été  figurée  par  M.  Michel  Lévy.  Leur  ensemble  s'aligne  aussi  sur  des  cas- 
sures de  direction  NIi.  Elles  sont  d'ailleurs  assez  bien  marquées  au  point 
de  vue  topographique,  car  elles  forment  des  éminences  plus  ou  moins  arron- 


SÉANCE  DU  l5  JANVIER  1906.  l85 

<lies,  constiluées  par  des  projections  stratifiées,  entremêlées  parfois  de 
■coulées. 

La  cassure  principale  sur  laquelle  s'alignent  ces  appareils  volcaniques 
passe  par  Haute-Roche  près  de  Bromont-Ia-Mothe,  Barbecot,  T^c  Cheix, 
Fraisse,  la  Vierge  de  Beaufort,  James,  la  Botte,  la  Chaussée  et  Puy- 
Fanghoux. 

Il  existe  d'autres  cassures  parallèles,  passant  à  louest  de  Villelongue  et 
deSanterre. 

La  cassure  principale  est  celle  qui  est  jalonnée  également  par  les  célèbres  filons  de 
plomb  argentifère  de  Pontgibaud  (de  la  Brousse  et  de  Barbecot),  filons  dont  j'ai 
trouvé  le  proloiigeinenl  jusque  sur  la  feuille  de  Gannal.  Une  autre  cassure  est  aussi 
jalonnée  par  des  filons  identiques,  non  signalés  jusqu'ici,  à  ma  connaissance. 

Or  on  sait  que  ces  filons  sont  d'anciennes  cassures  hercyniennes,  remplies  plus  tard 
par  des  émanations  métallifères  ('). 

Les  bouches  de  sortie  des  volcans  basaltiques  dont  je  parle  étant  situées  sur  ces 
filons  ou  sur  leur  prolongement,  il  s'estproduit  à  l'époque  tertiaire  un  phénomène 
des  plus  intéressants.  Sous  l'influence  des  mouvements  du  sol,  si  marqués  en  Auvergne 
à  cette  époque,  ces  cassures  ont  rejoué  de  nouveau,  se  sont  élargies  par  places  sous 
forme  de  fentes  éruptives  en  donnant  naissance  à  des  cônes  el  à  des  coulées  volcaniques, 
que  le  temps  et  les  dislocations  postérieures  ont  démantelés. 

En  maints  endroits,  à  Bromont-la-Molhe,  à  Montagnol,  à  la  Vierge  de  Beaufort,  à 
James,  à  la  Mothe,  etc.,  on  peut  relever  deux  ou  plusieurs  coulées  alternant  avec  des 
couches  de  projections  agglutinées,  décomposées,  comparables  aux  pépérites  de  la 
Limagne.  Quatre  de  ce^  coulées  reposent  sur  des  sables  argileux  qui  rappellent  les 
dépôts  oligocènes.  Ces  dépôts  et  les  projections  agglutinées  devenues  argileuses  consti- 
tuent un  niveau  très  important  dans  la  région,  car  ils  servent  de  couches  aquitères. 
11  sort  en  effet  de  nombreuses  sources,  à  leur  contact,  sous  les  coulées. 

Toutes  les  dislocations  suivant  lesquelles  sontalignés  ces  anciens  volcans 
sont  parallèles  :  1°  à  la  faille  qui  fait  buter  les  tufs  orthophyriques  et  le 
granité  sur  la  feuille  de  Gannat  (cassure  étudiée  par  jM.  deLaunay);  2°  à 
de  très  nombreux  fdons  de  porphyre  et  degranulite  affleurant  au  Nord,  à 
l'Est  et  à  l'Ouest;  3"  à  des  cassures  de  même  direction  jalonnées  par  des 
sources  minérales;  4°  i'  la  grande  traînée  houillère  qui  traverse  le  Massif 
central  en  écharpe,  etc. 

En  résumé,  on  peut  dire  que  ce  sont  d' anciennes  dislocations  hercyniennes 
qui  ont  rejoué,  à  plusieurs  reprises,  devant  le  Tertiaire. 


(')  11  est  permis,  cependant,  de  penser  que  le  remplissage  a  pu   s'effectuer  à  la 
suite  des  éruptions  volcaniques  dont  il  est  question  ici. 

G.   R,,   11,06,   I"   SemexTe.  (T.  CXLII,  N°  3.)  25 


\CC 


V^. 


l86  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Ce  n'est,  pas  là  d'ailleurs  un  fait  isolé,  car  on  le  constate  fréquemment 
dans  le  Puy-de-Dôme. 

Quel  est  l'âge  des  volcans  de  cette  ancienne  chaîne  éruptive?  Je  les  crois 
assez  anciens,  à  cause  de  leur  démantèlement.  L'érosion,  qui  a  fait  dispa- 
raître en  grande  partie  leur  iqipareil  éruptif,  a  creusé  au  pied  de  certains 
d'entre  eux  des  vallées  de  près  de  iSo™  de  profondeur  (vallée  de  la  Sioule). 
Comme,  d'autre  part,  les  coulées  sont  morcelées  par  des  failles,  et  que  le 
pliénomène  des  failles  en  Auvergne  s'est  surtout  fait  sentir  au  Miocène 
supérieur  et  au  commencement  du  Pliocène,  il  est  permis  de  penser  que 
ers  volcans  sont  d'âge  miocène  supérieur  ou  pliocène  inférieur. 

\Lr\  un  mot,  il  a  existé,  à  l'une  <le  ces  époques,  une  chaîne  volcanique, 
siiuée  sur  des  cassures  hercyniennes,  chaîne  qui  devait  être  remplacée  plus 
tard  et  plus  à  l'Est  par  la  chaîne  des  Puys. 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Observations  magnétiques  faites  à  Sfaac  (Tunisie)  à 
l'occasion  de  l'éclipsé  totale  de  Soleil  du  2g-3o  août  igo5.  Note  de 
M.  Dehalu,  présentée  par  M.  G.  Bigourdan. 

Nous  donnons  ici  les  principaux  résultats  obtenus  à  la  station  magnétique 
temporaire  établie,  du  (9  août  au  '7  septembre,  à  Sfax  (Tunisie),  à  l'occa- 
sion de  l'éclipsé  totale  de  Soleil  du  29-80  août  dernier,  et  dont  M.  Bigour- 
dan  avait  bien  voulu  nous  confier  l'organisation. 

Des  trois  appareils,  déclinomètre,  bifdaire  et  balance,  les  deux  premiers^ 
fonctionnèrent  d'une  manière  satisfaisante,  mais  il  n'en  fut  pas  de  même 
de  la  balance,  qui  eut  de  très  grandes  irrégularités  de  marche. 

L'étude  des  courbes  du  déclinomètre  et  du  bifilaire  nous  a  permis  d'éta- 
blir les  courbes  normales  des  variations  diurnes  de  la  déclinaison  et  de  la 
composante  horizontale  du  magnétisme  terrestre  pour  la  période  indiquée. 

La  première  présente  un  minimum  vers  7'',  un  maximum  vers  midi  et  un  minimum 
secondaire  très  faible  vers  20*^.  L'amplitude  de  la  variation,  du  minimum  absolu  au 
maximum,  est  de  8',i. 

La  seconde,  quoique  moins  certaine  à  cause  de  la  petitesse  des  variations,  présente 
un  minimum  bien  marqué  vers  10''  et  un  maximum  vers  21''  :  l'amplitude  de  la  varia- 
tion est  de  o,ooo4o  G. G.  S.  Quelques  miiiima  secondaires  qu'on  distingue  sur  cette 
courbe  sont  moins  bien  déterminés. 

Du  i8  au  26  août,  les  courbes  magnétiques  ont  été  presque  absolument  calmes;, 
mais,  du  27  au  3i,  elles  furent  légèrement  troublées. 


SÉANCE  DU  l5  JANVIER  1906.  187 

Le  jour  cli^  l'éclipsé,  de  10''  à  iS"",  on  ne  relève  que  de  très  légères  ondu- 
lations qui  varient  de  i  à  3  minules  pour  la  déclinaison  et  de  0,00010  à 
0,00020  C.  G.  S.  pour  la  composante  horizontale. 

Une  étude  plus  approfondie  montre  que,  ce  jour-là,  l'amplitude  de  la 
déclinaison  a  été  moindre  que  la  normale  de  2', 2.  Cet  écart  c^ui,  à  première 
vue,  pourrait  être  attribué  à  l'influence  de  l'éclipsé,  n'est  peut-être  qu'acci- 
dentel, car  la  déclinaison  du  27  août  présente  un  caractère  analogue,  avec 
un  écart  plus  accentué. 

Mais  un  fait  qui  résulte  de  l'examen  des  courbes,  et  dont  nous  ne  trou- 
vons actuellement  aucune  explication,  est  la  non-concordance  des  troubles 
enregistrés  à  Sfax  et  en  Europe  pendant  toute  la  durée  des  observations; 
aussi  nous  ne  pouvons  tirer  aucun  parti  de  la  comparaison  des  courbes  obte- 
nues le  3o  août  en  ces  deux  endroits. 

Nos  observations  ne  font  donc  pas  ressortir  avec  certitude  l'influence  de 
l'éclipsé  sur  les  éléments  magnétiques,  mais  elles  dévoilent  un  phénomène 
intéressant  pour  l'étude  du  magnétisme  terrestre. 

M.  Heshi  i\licHEELS  adrcssc  un  Mémoire  intitulé  :  Sur  les  stimulants  de  la 
nutrition  chez  les  plantes. 

M.  J.  IVoÉ  adresse  une  Note  relative  à  un  Aéronat  dirigeable, 
(Renvoi  à  la  Commission  d'Aéronautique.) 

A  4  heures  et  quart  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  trois  quarts. 

M.   B. 


BULLETIK     BIBt.HlUKAPMIQUl!.. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séAiNce   uu  8  janvier   1906. 
(Suite.) 

Gazette  des  liâpilaux  civils  et  militaires,  paraissanl  trois  fois  par  semaine;  'jg'^  année, 
n°  1,  janvier  1906,  Paris;  i  fasc.  in-4°. 


l88  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

La  Tribune  médicale,  paraissant  le  samedi;  série  nouvelle,  n°  1,  6  janvier  1906; 
I  fasc.  in-f". 

Journal  d' Agriculture  pratique,  moniteur  des  comices,  des  propriétaires  et  des 
fermiers.  Rédacteur  en  chef  :  L.  Grandeau;  70'=  année,  nouvelle  série,  t.  XII,  /j  janvier 
1906.  Paris;  1  fasc.  in-4°. 

Moniteur  industriel,  économique,  commercial,  financier,  paraît  le  samedi;  SS^année, 
H"  1,  samedi  6  janvier  1906;  i  fasc.  \\\-L°. 

Corrections  to  the  apparent  places  of  «  Nautical  A  Inianac  d  stars  visible  at  Green- 
wich,  deduced  from  the  Paris  conférence  (  1896)  constants  so  as  to  obtain  apparent 
places  corresponding  to  tlie  Str in'e-Peters  constants.  (Appendix  to  Nautical  Almanac, 
1906.)  I  fasc.  in-8°. 

Annual  report  of  the  C  urator  of  the  Muséum  of  comparative  Zoôlogy  at  Harvard 
■Collège,  for  igo^-igoS.  Cambridge,  Mass.,  1906;  i  fasc.  in-8°. 

List  of  t lie  Geological  Society  of  London,  november  iS"",  1905.  Londres;  i  fasc. 
in-8°. 

Tlie  geographical  Journal,  including  the  Proceedings  of  the  Royal  geographical 
•Society;  vol.  XXVII,  n°  1,  january  1906.  Londres;  1  fasc.  in-8°. 


ERRATA. 


(Séance  du  2  janvier  1906.) 

Note  de  M.  Quùior,  Sur  les  Copépodes  recueillis  par  la  mission  Charcot 
et  communiqués  par  M.  E.-L.  Bouvier  : 

Page  54,  lignes  26  et  27,  au  lieu  de  Balanus  propinquus,  lisez  Calanus  propin- 
guus. 

Page  55,  ligne  12  en  remontant,  au  lieu  rfe  à  7  articles  au  lieu  de  5,  lisez  à  7  articles 
au  lieu  de  6. 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU   LUNDI  22  JANVIER    1906. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  H.  'POINCARÉ. 


MEMOIRES  ET  COMMUIMCATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS     DE    L'ACADÉMIE. 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  l  ébidlition  de  l'osmium,  du  ruthénium.,  du  platine, 
du  palladium,  de  l'iridium  et  du  rhodium.  Note  de  M.  Hexri  Moissax. 

La  méthode  industrielle  employée  aujourd'hui  pour  la  séparation  des 
différents  métaux  de  la  famille  du  platine  est  à  peu  de  chose  près  celle  qui 
a  été  indiquée  par  WoUaston  ('),  mais  la  fusion  du  platine  dans  un  four  en 
chaux  au  moyen  d'un  chalumeau  alimenté  par  le  gaz  d'éclairage  et  l'oxy- 
gène, fusion  indiquée  par  Deville  et  Debray  (-),  a  rendu  très  facile  le 
travail  du  platine  et  de  ses  alliages.  Cette  méthode  a  permis  de  fondre  le 
platine  en  évitant  la  présence  du  silicium  et  d'étudier  aussi  la  fusion  et  la 
volatilité  des  différents  métaux  de  cette  famille.  Ces  savants  ont  reconnu 
ainsi  que  le  palladium  était  plus  fusible  que  le  platine  et  que  le  rhodium 
et  l'iridium  (')  pouvaient  être  fondus  aussi  dans  les  mêmes  conditions  bien 
qu'avec  plus  de  difficulté.  Nous  tenons  à  rappeler,  pour  montrer  l'impor- 
tance de  ce  procédé,  qu'il  a  permis  d'obtenir  les  nombreux  échantillons 
en  platine  iridié  préparés  par  la  Commission  internationale  du  mètre. 


(')  WoLLASTON,  Transactions  philosophiques,  1819,  el  Annales  de  Chimie  et  de 
Physique,  2'  série,  t.  XLI,  1829,  p.  4o3. 

(-)  Deville  el  Debray,  Du  platine  et  des  métaux  qui  l'accompagnent  {Annales  de 
Chimie  et  de  Physique,  3°  série,  t.  LVI,  iSSg,  p.  385). 

(^)  Deville  et  Debray,  De  la  métallurgie  du  platine  et  des  métaux  qui  l'accom- 
pagnent {Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  3"  série,  t.  LXI,   1861,  p.  5). 

G.  R.,  1906,  1"  Semestre.  (T.  CXLII,  N°  4.)  26 


igo  ACADÉMIE    DKS    SCIENCES. 

Depuis  les  recherches  de  Devilie  el  Debray,  Joly  et  Vèzes  (')  ont  pu 
fondre  l'osmium  considéré  longtemps  comme  infusible,  grâce  à  l'emploi  de 
l'arc  électrique.  De  même,  Joly  (-)  a  obtenu  la  fusion  du  ruthénium  et  il 
a  remarqué  que,  dans  les  conditions  où  il  s'était  placé,  la  volatilisation  était 
insignifiante. 

La  température,  fournie  par  le  chalumeau  oxhydrique,  a  été  impuissante 
pour  fondre  ces  deux  métaux.  C'est  qu'en  effet,  lorsqu'il  s'agissait  de  mé- 
taux réfractaires  facilement  oxydables,  comme  l'osmium  ou  le  ruthénium, 
lechalumeau  oxhydrique  ne  pouvait  plus  être  employé. 

La  combustion  de  l'hydrogène  dans  l'oxygène  foui'nit  de  la  vapeur  d'eau, 
c'est-à-dire  un  milieu  oxydant  qui  intervient  dans  un  grand  nombre  de 
réactions.  Au  contraire,  lorsque  l'on  emploie  un  arc  électrique  puissant,  au 
milieu  d'un  four  en  chaux,  il  se  dégage  d'une  façon  constante  des  torrents 
d'hydrogène,  de  vapeurs  de  calcium,  une  certaine  quantité  d'oxyde  de  car- 
bone et  l'on  obtient  ainsi  un  milieu  réducteur.  De  plus,  la  température  de 
l'arc,  étant  beaucoup  plus  élevée  que  celle  du  chalumeau  oxhydrique,  nous 
permettait  de  pousser  plus  loin  cette  étude. 

Nos  expériences  ont  été  réalisées  au  moyen  de  notre  modèle  de  four 
électrique,  sans  enceinte  de  charbon,  présenté  à  l'Académie  le  12  dé- 
cembre 189a  ('),  modèle  qui  n'a  pour  lui  que  son  extrême  simplicité,  et 
nous  n'avons  pas  utilisé  le  four  électrique  décrit  en  collaboration  avec 
M.  Violle  le  i3  mars  i8g3,  et  plus  spécialement  réservé  à  des  expériences 
de  Physique  (*). 

Osmium.  —  loo^  d'osmium  ont  été  placés  dans  le  creuset  en  charbon  de 
notre  four  électrique  en  présence  d'un  tube  froid  qui  servait  à  condenser 
les  vapeurs  métalliques.  La  première  expérience  a  été  faite  avec  un  courant 
de  5oo  ampères  sous  iio  volts  pendant  une  durée  de  4  minutes.  Sur  le 
tube  froid,  on  a  recueilli  une  très  petite  quantité  d'osmium  distillé  sous 
forme  de  gouttelettes,  mais  les  fragments  métalliques,  disposés  dans  le 
creuset,  n'ont  pas  pris  l'état  liquide;  la  paitie  supérieure  de  ces  fragments 
était  simplement  arrondie  par  un   commencement  de  fusion.  La  même 


(')  Joly  et  Vèzes,  Comptes  rendus,  t.  CXVI,   1898,  p.  077. 

(^)  Joly,  Comptes  rendus,  i.  CXVI,  189.3,  p.  43o. 

(^)  MoiSSAN,  Description  d'un  nouveau  four  électrique  {Comptes  rendus,  l.  CXV, 
p.  io3i,  12  décembre  1893). 

(*)  11.  MoissAN  el  J.  Violle,  Sur  un  four  électrique  {Comptes  rendus,  l.  CWl, 
p.  549,  i3  mars  iSgS  ). 


SÉANCE  DU  22  JANVIER  tgoP.  iqi 

expérience  a  été  répétée  avec  un  courant  He  Goo  ampères  pendant  5  mi- 
nutes. La  fusion  du  métal  est  partielle,  mais  une  parlie  notable  a  été  vola- 
tilisée et  il  en  a  distillé  16^,5. 

Cette  expérience  est  reprise  avec  i5o^  d'osmium,  sur  lequel  on  a  fait 
agir  l'arc  fourni  par  un  courant  de  700  ampères  sous  iio  volts  pendant 
5  minutes.  Dans  ces  conditions,  Tosmium  a  été  entièrement  fondu,  est  entré 
en  ébullition  et  l'on  en  a  volatilisé  p.f)».  Le  métal  restant  dans  le  creuset 
présente  l'nspect  d'une  fonte  brillante,  est  cassant  et  renferme  des  cristaux 
très  nets  de  graphite.  L'analyse  de  cet  osmium  nous  a  donné  pour  100  : 
graphite,  3,89  et  3,97.  En  cassant  ce  métal  on  trouve  à  l'intérieur  de 
quelques  géodes  des  chapelets  de  petits  octaèdres  microscopiques  de  forme 
très  régulière. 

Cette  expérience  a  été  répétée  sur  un  échantillon  de  16^  placé  dans  une 
nacelle  de  graphite  au  milieu  d'un  tube  de  charbon,  chauffé  dans  notre 
four  électrique.  La  fusion  et  l'ébullition  de  l'osmium  se  sont  produites  avec 
la  même  netteté. 

SiH-  le  tube  froid,  on  a  recueilli  de  nombreuses  gouttelettes  dont  la  sur- 
face est  tantôt  brillante  et  tantôt  bleutée  et  enfin  des  lames  cristallines 
présentant  souvent  la  forme  de  petits  cubes. 

Cet  osmium  renfermait  une  petite  quantité  d'or  qui  a  été  volatilisée  dès 
le  début  de  l'expérience  et  qui  nous  a  donné  au  contact  de  la  chaux  la  cou- 
leur pourpre  indiquée  par  nous  précédemment  ('). 

Ruthénium.  —  i5os  de  ruthénium  ont  été  placés  dans  notre  creuset  et 
chauffés  pendant  3  minutes  avec  un  courant  de  700  ampères  sous  1 10  volts. 
Le  métal  a  parfaitement  fondu,  puis  est  entré  en  ébullition  et  16^, 5  ont  été 
distillés.  Le  culot  métallique  renferme,  après  l'expérience,  ZjjS  pour  100 
de  graphite.  Autour  du  creuset,  dans  la  chaux  fondue,  on  trouve  de  nom- 
breuses gouttelettes  et  quelques  i^etites  masses  grises  irisées  formées  de 
cristaux  microscopiques.  Certains  de  ces  cristaux  présentent  nettement  l'ap- 
parence de  trémies  cubiques.  Quelques  fragments  un  peu  plus  gros,  dont 
les  contours  sont  fondus,  présentent  l'aspect  des  pépites  de  platine. 

Une  autre  expérience  dans  laquelle  on  a  chauffé  ido^  de  ruthénium  pen- 
dant 5  minutes  avec  un  courant  de  5oo  ampères  sous  1 10  volts  nous  a 
donné  une  volatilisation  de  iok. 

Le  métal,  condensé  sur  le  tube  froid  et  séparé  de  la  chaux  volatilisée 
par  un  traitement  à  l'acide  acétique,  fournit   de  nombreuses   sphérules 


(')  II.  Moisson,  Comptes  rendus,  t.  CXLI,  igoS,  p.  977. 


192  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ayant  l'aspect  du  vieil  argent  et  quelques  lamelles  minces  recouvertes  de 
cristaux  microscopiques.  La  chaux  fondue  est  colorée  en  gris  et  même  en 
noir  par  la  vapeur  de  ruthénium  et,  sur  les  électrodes,  on  recueille  des 
globules  métalliques  d'un  rouge  vineux  et  une  poudre  noire  qui  ne  ren- 
ferme pas  d'azote.  L'ébullition  de  ce  métal  est  plus  difficile  à  obtenir  que 
celle  du  platine;  son  point  d'ébullition  est  compris  entre  celui  de  ce  der- 
nier métal  et  celui  de  l'osmium. 

Platine.  —  Nous  avons  déjà  eu  l'occasion  de  démontrer  que  le  platine, 
chauffé  dans  notre  four  électrique,  entrait  facilement  en  ébullition.  Dans 
une  première  expérience  au  sujet  de  la  préparation  du  graphite  foisonnant, 
nous  avons  amené,  en  quelques  minutes,  400*^  de  platine  à  l'ébullition 
avec  un  courant  de  45o  ampères  sous  60  volts  (').  Dans  d'autres  expé- 
riences sur  quelques  propriétés  de  la  chaux  en  fusion,  So^  de  platine  ont 
été  portés  à  l'ébullition  au  milieu  de  la  chaux  fondue  (-). 

i5o^  de  platine  ont  été  chauffés  dans  notre  creuset  avec  un  courant  de 
5oo  ampères  sous  1 10  volts  pendantS  minutes  :  12^  ont  été  volatilisés.  La 
même  expérience,  répétée  avec  le  même  poids  de  ce  métal  pendant 
5  minutes  3o  secondes,  nous  a  donné  une  volatilisation  de  19s.  Cette 
ébullition  du  platine,  que  nous  avons  répétée  dans  des  contlitions  très 
variées,  se  fait  toujours  avec  une  grande  régularité.  Le  métal  liquide  dis- 
tille avec  la  même  facilité  que  de  l'eau  portée  à  100°. 

Après  refroidissement,  le  platine  restant  dans  le  creuset  renferme  du 
graphite  foisonnant,  ainsi  que  nous  l'avons  indiqué  précédemment.  Le 
métal  présente  des  géodes  provenant  de  dégagements  gazeux  et  quelques- 
unes  sont  tapissées  de  petits  cristaux  métalliques. 

On  rencontre  souvent,  sur  les  parois  graphitées  du  creuset,  une  couche 
grise  de  petits  globules  et  de  petits  cristaux  cubiques  microscopiques.  La 
matière  condensée  sur  le  tube  froid,  après  traitement  par  l'acide  acétique 
étendu,  fournit  de  nombreuses  gouttelettes  et  parfois  de  petites  lamelles 
brillantes  cristallines. 

La  chaux  fondue  qui  entoure  le  creuset  est  colorée  en  gris  foncé  et  les 
parois  du  four  présentent  des  gouttes  plus  ou  moins  grosses  ayant  l'aspect 
de  pépites  possédant  des  pointements  cristallins  dont  les  extrémités  sont 
arrondies.  Certaines  de  ces  gouttes  présentent  l'apparence  d'une  matière 
pâteuse  en  voie  de  cristallisation. 

(')  H.  MoissAiN,  Comptes  rendus,  t.  G?^Vi,  iSgS,  p.  G08. 
(')  H.  MoissAN,  Comptes  rendus,  t.  CXXXIV,.  iyo2,  p.  i36. 


SÉANCE  DU  22  JANVIER  1906,  IqS 

Palladium.  —  Ce  métal,  qui  a  été  fondu  par  Deville  et  Debray  au  moyen 
du  chalumeau  à  gaz  d'éclairage  et  à  air,  a  été  volatilisé  par  eux  au  chalu- 
meau oxhydrique. 

23^  de  palladium  ont  été  chauffés  au  moyen  d'ua  courant  de  5oo  ampères 
sous  70  volts  pendant  2  minutes.  Le  métal  entre!  rapidement  en  fusion, 
puis  en  ébullition  et  3^,2  ont  été  volatilisés  avec  la  plus  grande  facilité.  Le 
métal  restant  dans  le  creuset  a  été  saturé  de  carbone  et  sa  surface  est 
recouverte  de  cristaux  de  graphite.  Autour  du  creuset  et  dans  le  four,  la 
chaux  est  colorée  en  noir;  elle  contient  à  une  certaine  tlistance  du 
creuset  de  nombreuses  sphères  métalliques  présentant  souvent  l'aspect 
d'un  amas  de  cristaux.  On  rencontre  aussi  dans  ces  sphérules  des  géodes 
remplies  de  petits  cristaux.  Enfin,  sur  le  tube  froid  après  traitement  par 
l'acide  acétique,  on  obtient  une  poussière  nuire  très  ténue  de  nombreux 
globules  et  des  cristaux  microscopiques. 

Dans  une  autre  expérience,  iSo^de  palladium  ont  été  chauffés  5  minutes 
avec  un  courant  de  5oo  ampères  sous  1 10  volts.  Le  métal  fond  rapidement, 
mouille  la  paroi  de  charbon,  dissout  du  carbone  et  enfin  entre  en  ébulli- 
tion tranquille.  La  vapeur  vient  se  condenser  sur  le  tube  froid  et  sort  par 
les  cavités  qui  donnent  passage  aux  électrodes.  Il  s'est  volatilisé  dans  cette 
expérience  9^,63  de  palladium.  La  chaux  fondue  qui  se  trouve  à  une  cer- 
taine distance  du  creuset  est  colorée  en  noir. 

Si  l'on  sort  du  four  électrique  un  culot  de  i5o^  de  palladium  liquide  sa- 
turé de  carbone  et  qu'on  le  laisse  refroidir,  du  graphite  monte  à  la  surface 
et  la  recouvre  de  cristaux  lamelleux  superposés.  Puis,  lorsqu'une  croûte  so- 
lide s'est  formée,  on  entend  des  craquements  secs,  la  surface  du  métal  se 
fendille  et  il  sort  çà  et  là  des  gouttes  brillantes  de  métal  fondu  et  des  cham- 
pignons cristallins  plus  foncés.  I^a  surface  du  métal  possède  une  couleur 
bleutée  à  reflets  irisés  et  présente  des  dendrites  à  angles  droits  el  des  cris- 
tallisations confuses. 

Sur  le  tube  froid  on  trouve  un  feutrage  de  très  petits  cristaux,  mélangé 
de  sphérules  métalliques. 

Iridium.  —  i5os  de  métal  ont  été  chauifés  5  minutes  avec  un  courant  de 
5oo  ampères  sous  1 10  volts.  Dès  qu'il  est  liquide,  le  métal  mouille  le  creu- 
set, dissout  du  carbone,  puis  distille  régulièrement.  En  5  minutes,  on  a 
distillé  9S  d'iridium.  Par  refroidissement,  il  roche  et  fournit  un  métal  dur 
qui,  cependant,  se  lime  assez  bien.  La  surface  du  métal  est  parfois  cristal- 
line et  présente  en  quelques  points  de  l'iridium  filiforme.  Il  contient  2,80 
pour  100  de  graphite  et  se  brise  sous  le  choc. 


194  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Nous  avons  recueilli  sur  le  tube  froid  une  couche  métallique  de  couleur 
bleue,  formée  de  goutteleltes  et  de  cristaux  microscopiques. 

Rhodium.  —  La  première  expérience  de  distillation  de  ce  métal  a  été 
faite  dans  un  four  à  tube  de  charbon.  5^  de  rhodium  étaient  placés  dans 
une  nacelle  de  graphite  et  un  tube  de  cuivre,  traversé  par  un  courant 
d'eau,  était  disposé  au-dessus  de  cette  nacelle  suivant  l'axe  même  du  tube 
de  charbon.  La  partie  inférieure  du  tube  était  chauffée  extérieurement  par 
l'arc  électrique  dans  notre  four  en  chaux.  On  a  chauffé  pendant  i  minute 
3o  secondes  avec  un  courant  de  5oo  ampères  sous  i  lo  volts,  mais  les  con- 
ditions de  la  chauffe  ne  sont  plus  comparables  à  celles  des  expériences 
précédentes.  Après  3o  secondes  de  chauffe,  le  métal  était  fondu,  entrait 
en  ébuUition  et  l'on  voyait  des  vapeurs  bleues  se  déposer  sur  le  tube 
froid.  Après  l'expérience,  on  recueille  sur  le  tube  un  métal  brillant  à  reflets 
parfois  bleutés,  recouvert  d'un  amas  de  fines  gouttelettes  et  de  petits  cris- 
taux prismatiques.  Autour  de  la  nacelle  et  sur  la  paroi  du  tube  de  charbon, 
on  trouve  aussi  de  petits  groupes  confus  de  cristaux. 

i5os  (le  rhodium  ont  été  chauffés  avec  un  courant  de  5oo  ampères  sous 
lio  volts  pendant  4  minutes.  Le  métal  a  fondu,  puis  est  entré  en  ébuUi- 
tion. Il  a  distillé  4^  àe  rhodium.  Mais  avant  la  fin  de  l'expérience  le  creuset 
s'est  cassé  et  le  métal  liquide  a  coulé  dans  la  chaux  fondue.  Ce  rhodium 
a  été  affiné  et  a  fourni  un  mêlai  brillant  qui  se  limait  avec  facilité.  A  la 
surface  du  lingot  se  rencontraient  quelques  cristaux  et  du  rhodium  fili- 
forme. 

La  même  expérience  a  été  répétée  sur  iSo^  de  métal  et  a  fourni  une  dis- 
tillation de  6^,1  de  rhodium.  Le  culot  renfermait  alors  2, 19  pour  100  de 
graphite.  Le  métal  condensé  sur  le  tube  froid  présentait  une  surface  cha- 
grinée, formée  par  un  feutrage  de  très  petits  cristaux  mélangés  de  globules 
plus  brillants. 

Enfin,  i5o^  de  rhodium  ont  été  chauffés  avec  le  même  courant  pendant 
5  minutes  et  ils  ont  perdu  par  distillation  10^,2.  Dans  cette  dernière  expé- 
rience, le  bas  du  lingot  métallique  fondu  était  recouvert  de  fines  aiguilles 
de  métal  cristallisé. 

Conclusions.  —  Tous  les  métaux  de  la  famille  du  platine  sont  rapidement 
fondus,  puis  portés  à  l'ébullition  dans  noire  modèle  de  four  électrique 
avec  des  courants  qui  varient  de  5oo  à  700  am])ères  sous  1 10  voltîf.  Si  nous 
partons  de  ijo^  de  métal,  la  fusion  s'opère  en  i  ou  2  minutes  et  l'ébulli- 
tion régulière  est  atteinte  avant  4  minutes.  On  recueille  sur  le  tube  de 
cuivre  traversé  par  un  rapide  courant  d'eau  froide  qui  se  trouve  au-dessus 


SÉANCE  DU  2  2  JANVIER  1906.  igS 

du  creuset  des  sphérules  métalliques,  des  lames  cristallines  et  le  plus  sou- 
vent un  feutrage  de  très  petits  cristaux  visibles  seulement  au  microscope. 
Tous  ces  métaux  liquides  dissolvent  du  carbone  qu'ils  abandonnent  par  le 
refroidissement  sous  forme  de  graphite.  Le  plus  difficile  à  distiller  de  tous 
ces  métaux  est  l'osmium.  Le  palladium  qui  est  plus  facilement  fusible  que 
le  platine  ne  paraît  pas  plus  volatil  que  le  platine  ou  le  rhodium. 

Le  Tableau  suivant  résume  les  expériences  comparables  de  nos 
recherches  : 

Poids.  Temps.  .\mpères.  Volts.  Métal  distillé, 

g  m  e 

Osmium IDO  5  700  i  lo  29 

Ruthénium lûo  5  000  110  '    lo 

Platine i5o  5  ôoo  iio  12 

Palladium i5o  5  5oo  iio  9)6o 

Iridium 100  5  5oo  iio  9 

Rhodium.... i5o  5  5oo  iio  10,20 

En  terminant  l'exposé  de  ces  études,  il  nous  reste  un  devoir  agréable 
à  remplir,  celui  de  remercier  M.  G.  Malthey,  de  Londres,  qui  a  eu  la  bien- 
veillance de  mettre  à  notre  disposition  les  échantillons  coûteux  de  ces 
métaux  rares  dont  une  partie  a  été  volatilisée  dans  nos  expériences.  Notre 
étude  n'a  été  possible  que  grâce  à  son  aimable  intervention. 

PHYSIQUE.  —  Sur  l'origine  de  la  notion  des  solutions  solides. 
Note  (le  M.  Lecoq  de  Boisbaudran. 

Dans  les  Comptes  rendus,  8  janvier  1906,  page  100,  M.  Wallerant  s'ex- 
prime ainsi  :  «  Van't  Hoff  émit  l'opinion  que  les  mélanges  isomorphes  pou- 
vaient être  considérés  comme  résultant  de  la  dissolution  de  l'un  des  corps 
dans  l'autre.  » 

Je  demande  la  permission  de  rappeler  que  j'ai  proposé  cette  vue  il  y  a 
fort  longtemps  et  que,  plus  tard,  j'ai  couramment  employé  l'expression 
dissolutions  solides,  au  cours  de  mes  recherches  sur  les  fluorescences  (de 
1886^1890). 

J'ai  très  clairement  exprimé  mes  idées  sur  l'analogie  entre  l'isomor- 
phisme  et  l'état  de  solution,  dans  une  Note  du  21  août  1866,  dont  le  titre 
seul  fut  imprimé  dans  les  Comptes  rendus,  le  27  août  1866.  Je  demandai 
ultérieurement  à  l'Académie  de  vouloir  bien  accepter,  pour  les  Comptes 
rendus,  un  extrait  textuel  de  ma  Note  de  1866;  cet  extrait  a  paru  le  i4  dé- 
cembre 1891  (p.  834).  Voici  les  passages  qui  se  rapportent  aux  solutions 
solides  : 


196  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

«  Il  est  à  remarquer  que  deux  corps  qui  se  mélangent,  intimement,  qui  se 
dissolvent,  peuvent  être  considérés  comme  isomorphes  ;  il  faut  en  effet, 
pour  que  le  mélange  intime  ait  lieu,  que  leurs  particules  ne  soient  pas 
trop  dissemblables  de  forme  ni  de  grandeur. 

»  L'isomorphisme  des  corps  solides  n'est  donc  qu'approché  et  l'on  con- 
çoit que  ses  limites  puissent  varier  par  suite  d'un  changement  profond  dans 
les  positions  relatives  des  molécules. 

»  Je  n'hésite  pas  à  attribuer  à  la  même  cause,  c'est-à-dire  à  un  isomor- 
phisme  approché,  les  phénomènes  suivants  : 

»  1°  I.a  dissolution  de  certains  solides  les  uns  dans  les  autres  (isomor- 
phismede  Mitscherlich); 

)>   1"  La  dissolution  de  beaucoup  de  liquides  les  uns  dans  les  autres; 

»  3°  La  dissolution  de  toutes  les  vapeurs  les  unes  dans  les  autres  (Note 
du  21  août  1866).    » 

A  une  époque  postérieure,  mais  déjà  assez  ancienne  aujourd'hui,  je 
considérais  les  fluorescences  que  j'étudiais  comme  produites  par  de  petites 
quantités  de  corps  actifs  (interceptant  les  radiations  lumineuses  ou  ultra- 
violettes) existant  au  sein  de  dissolvants  solides  (transparents  et  pouvant 
d'ailleurs  être  cristallins  ou  amorphes). 

CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  l'acide  glycuronique  des  globules  du  sang. 
Note  de  MM.  R.  Lépixe  et  Boulud. 

Nous  avons  montré  {Comptes  rendus,  4  mai  igoS;  17  juillet  et  4  sep- 
tembre 1905)  que,  dans  le  sang  d'un  chien,  à  l'état  normal,  les  conjugai- 
sons de  l'acide  glycuronique  qui  ne  deviennent  réductrices  qu'après  le 
chauffage  de  l'extrait  du  sang  en  présence  d'un  acide,  sont  localisées  dans 
les  globules,  île  telle  sorte  qu'on  n'en  trouve  qu'une  proportion  assez 
faible,  parfois  même  nulle,  dans  le  plasma  (et  le  sérum).  Voici,  pris  au 
hasard,  un  de  ces  cas  normaux  : 

Chien  2502  {sang  artériel). 


„.  \  couche  supérieure, 

berum      •,  i      •    î.   • 

j  couche  inférieure  . 

„,   ,     ,       (   couche  supérieure. 
Globules  \  ,      .    ',   . 

couclie  inieneure. 


Po 

uvoir 

réducteur 

Acide  gly 

curonique 

(en  gl 

ucose). 

- — — — 

— - 

— — ■ 

. — - — _ 

.^^ 

absolu. 

po 

ur  100. 

K 

s 

K 

1 ,3o 

1 ,  3o 

0 

G 

1,23 

1,24 

0,02 

1,6 

o,56 

0,62 

0,06 

9. G 

o,4o 

0,48 

0,08 

16,6 

SÉANCE    DU    22    JANVIER    1906.  197 

Ainsi,  la  couche  du  sérum  la  plus  éloignée  des  globules  ne  renferme  pas 
de  conjugaisons  glycuroniques  réductrices  avant  le  chauffage;  la  couche 
inférieure  en  renferme  une  faible  proportion.  Si  cette  dernière  couche  est 
moins  riche  en  sucre,  c'est  aussi  à  cause  du  voisinage  des  globules  qui  ont 
produit  de  la  glycolyse  (').  Si,  des  deux  couches  de  globules,  la  supérieure 
est  de  beaucoup  la  plus  riche  en  sucre,  c'est  parce  qu'elle  est  souillée  par 
une  certaine  proportion  de  sérum,  lequel  fait  défaut  dans  la  couche  infé- 
rieure. Si  elle  est  relativement  pauvre  en  acide  glycuronique,  c'est  que  la 
glycolyse,  à  cause  de  la  présence  des  globules  blancs  dans  la  couche  supé- 
rieure, y  est  plus  mtense  et  qu'elle  s'est  exercée  particulièrement  sur 
l'acide  glycuronique,  certaines  conjugaisons  de  cet  acide  étant  plus  facile- 
ment glycolysées  que  le  glucose. 

Dans  certains  cas,  d'adleurs  exceptionnels,  la  glycolyse  dans  les  globules 
est  assez  intense  pendant  la  durée  de  la  centrifugation,  pour  y  faire  dispa- 
raître complètement  l'acide  glycuronique.  Voici  un  de  ces  cas.  Le  chien 
(2532)  était  sain  et  à  jeun  : 

Sanff  artériel. 

Reçu  dans  le  nitrate  acide  de  mercure.     0,80  0,88  0,08  9,1 

Sérum i,i6  1,18  0,02  1,7 

Globules 0,46  0,46  o 

Sanff  de  la  jugulaire. 


B 


Reçu  dans  le  nitrate  ac.  de  mercure.      0,76  0,84  0,08  9,5 

Sérum i,o4  i,o8  o,o4  3,7 

Globules o,4o  0,52  0,12  23 

Ainsi  le  sang  artériel  renfermait,  au  sortir  du  i^aisseau,  9,1  d'acide  glycu- 
ronique pour  100  de  matières  sucrées.  Or,  après  la  centrifugation,  on  n'en 
a  retrouvé  qu'une  trace  (dans  le  sérum).  Il  est  évident  que  sa  disparition 
(complète  dans  les  globules)  nVst  explicable  que  par  la  glycolyse  qui  s'est 
faite  pendant  la  centrifugation.  D'ailleurs,  le  calcul  [en  utilisant  la  formule 
indiquée  dans  une  Note  antérieure  (Comptes  rendus,  i  7  juillet  igoS)  et  en 
tenant  compte  du  fait  que  la  couche  des  globules  était  souillée  par  une  cer- 
taine quantité  de  sérum]  montre  que  la  glycolyse  y  a  été  mtense.  Le  cal- 
cul nous  apprend  de  plus  que,  dans  la  couche  globulaire  du  sang  de  la 

(')   On  sait  que  le  sérum  est  dépourvu  de  tout  pouvoir  glycolytique. 

G.  K.,  190G,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  4.)  ^7 


198  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

jugulaire,  il  y  a  eu  aussi  de  la  glycolyse,  mais  à  un  moindre  degré  et  qu'en 
raison  de  la  présence  d'une  certaine  quantité  de  sérum  dans  celte  couche, 
le  proportion  d'acide  glycuronique  trouvé  par  le  dosage  est  trop  faible  :  en 
réalité  elle  devait  être  de  3o  j)our  100  (au  lieu  de  23). 

Si,  pendant  la  durée  d'une  centrifugation,  il  se  détruit  de  l'acide  glycu- 
ronique, il  peut,  d'autre  part,  s'en  produire  et  la  quantité  produite  est 
supérieure,  dans  certains  cas,  à  celle  qui  est  détruite  par  la  glycolyse. 
C'est  ce  que  nous  avons  maintes  fois  constaté,  notamment  chez  le 
chien  2495  qui,  2  heures  avant  la  saignée,  avait  ingéré  5*^  (par  kilogramme 
de  poids  vif)  d'alcool  absolu,  additionné  de  2  parties  d'eau. 

Sang  artériel. 


Se 


erum. 


Couche  supérieure 1,06  1,60  o,o4  2 

Couche  inférieure 1,28  1,60  0,82  20 

Globules  :  Couche  inférieure o,56         i,o4  o,48  46 

Dans  ce  cas,  peut-être  à  cause  de  l'intoxication  alcoolique,  il  n'y  a  pas  eu 
trace  de  glycolyse  dans  la  couche  inférieure  du  sérum  (1,60  =  1,60), 
malgré  le  voisinage  des  globules;  mais  ceux-ci  y  ont  déterminé  une  forte 
projjortion  d'acide  glycuronique  (20  pour  100). 

Chez  un  autre  chien  qui,  par  exception,  n'avait  point  d'acide  glycuro- 
nique dans  le  sang  au  sortir  du  vaisseau  (ainsi  que  l'a  montré  le  dosage 
des  matières  sucrées  du  sang  recueilli  dans  le  nitrate  acide  de  mercure) 
nous  avons  trouvé  plus  de  8  pour  100  d'acide  glycuronique  dans  le  sérum 
obtenu  avec  le  sang  recueilli  dans  un  tube  plongé  dans  la  glace  et  plus  de 
)4  pour  100  dans  le  sérum  du  même  sang  défibriné  à  la  température  du 
laboratoire. 

Ainsi,  les  chiffres  d'acide  glycuronique  obtenus  par  le  dosage  de  matières 
sucrées,  soit  dans  le  sérum,  soit  dans  les  globules,  doivent  être  sévèrement 
critiqués  et  contrôlés  en  se  servant  de  la  formule  sus-indiquée,  attendu 
qu'ils  sont,  presque  toujours,  gravement  faussés,  soit  par  une  destruc/ ion, 
soit  par  une  production  de  cet  aci  le,  consécutives  à  la  sortie  du  sang  du 
vaisseau.  Indépendamment  de  ces  deux  causes  perturbatrices,  il  faut  aussi 
tenir  grand  compte  de  l'erreur  résultant  de  la  présence  d'une  certaine 
quantité  de  sérum  dans  la  masse  globulaire,  à  moins  que  l'on  n'ait  employé 
pour  le  dosage  que  la  couche  tout  à  fait  inférieure,  ce  qui  n'est  pas  toujours 
possible. 

Dans  les  globules  du  sang  veineux  de  l'homme  la  proportion  de  l'acide 


SÉANCE    DU    -22    JANVIKK    (906.  199 

glycuronique  nous  a  paru  égaler  celle  que  l'on  observe  chez  le  chien  : 
chez  un  sujet  saigné  pour  une  congestion  cérébrale  apyrétique  elle  attei- 
gnait 21  pour  100  des  matières  sucrées,  et,  chez  un  autre,  affecté  de  conges- 
tion puhiionaire,  20  pour  100.  Lorsque  le  sang  est  reçu  dans  un  tube 
plongé  dans  la  glace,  le  sérum,  en  général,  ne  renferme  pas  d'acide  glycu- 
ronique. 

CORRESPONDANCE . 

M.  le  Secrétaiiie  peupétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  les  Ouvrages  suivants  : 

1°  Une  nouvelle  édition,  conforme  à  l'original,  des  Études  chimiques  sur 
la  végétation  de  Jules  Raulin.  (Présenté  par  M.  Roux.) 

1"  Joseph  Dombey,  sa  vie,  son  œuvre,  sa  correspondance,  |)ar  le  D''  E.-T. 
Hamy.  (Présenté  par  M.  Edmond  Perrier.) 

3°  Le  Mexique  et  son  évolution  sociale.  (Remis,  de  la  part  du  Ministre  du 
Commerce  et  de  l'Imlustrie  à  Mexico,  par  la  Légation  du  Mexique.) 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  un  théorème  relatif  aux  dérivées  secondes 
du  potentiel  d'un  volume  attirant.  Note  de  M.  A.  Korn,  [)résentée  par 
M.  Emile  Picard. 

Soit  6  une  fonction  donnée,  définie  en  tout  point  de  la  surface  d'une 
sphère  (R),  uniforme  et  continue  de  telle  manière  que  pour  deux  points 
I  et  2  dont  nous  désignons  la  distance  par  r,^  : 

(i)  |ë,-ê,|^Ar'„  (o  =  r,,55), 

A  étant  une  constante,  <j  une  longueur  finie,  y.  un  nombre  positif  différent 
de  zéro.  Nous  pouvons  facilement  calculer  la  solution  0  du  problème  de 
Dirichlet  pour  l'intérieur  de  la  sphère,  qui  prend  les  valeurs  limites  G  à  la 
surface  de  la  sphère.  Formons  le  potentiel 

(2)  y^lf^ 

du  volume  intérieur  de  la  sphère,  alors  on  démontre  facilement  à  l'aide  des 


200  ACADEMIE   DES    SCIENCES. 

fonctions  sphériques  l'identité  suivante  à  la  surface  de  la  sphère 


(3)     "^-î 


d"-y 


(9v2 


2R    (}v 


Atc  i 


cos(/-\ 


ds 


/-.  cos(rv)   , 


en  désignant  par  v  la  normale  intérieure  de  l'élément  ds. 

Ce  lemme  permet  de  démontrer  un  théorème  important  pour  la  théorie 
de  l'élasticilé  : 

Soit  0  une  fonction  donnée,  définie  en  tout  point  d'une  surface  fermée  co 
possédant  en  chacun  de  ses  points  un  plan  tangent  unique  et  deux  rayons 
de  courbure  principaux  bien  déterminés.  Supposons  que  la  fonction  9  soit 
uniforme  et  continue  sur  co  de  la  manière  exprimée  par  la  condition  (i). 
Formons  le  potentiel 

(4)  ^=X4 

du  volume  intérieur  en  désignant  par  0  la  solution  du  problème  de  Diri- 
chlet  pour  l'intérieur  de  w,  qui  prend  les  valeurs  limites  0  à  la  surface  u. 
Alors  on  aura,  en  posant 


(5) 


'  T. 


l'inégalité  suivante  pour  deux  points  i  et  2  de  la  surface  w  dont  la  dis- 
tance est  désignée  par  i\^  : 


(6)       1^.-^. 


s^A  H max. 

egc; 


jbs.6 


¥- 


[o<^o-(t(i-S)]. 


Dans  cette  inégalité  S  représente  un  nombre  aussi  petit  que  l'on  veut, 
c  une  constante  finie,  sg  étendes  constantes  finies  aussi  longtemps  que  S  et  c 
sont  différents  de  zéro,  mais  convergeant  respectivement  avec  S  et  t  vers 
zéro. 

On  peut  se  servir  de  ce  théorème  pour  arriver  à  une  solution  générale 
du  problème  d'équilibre  dans  la  théorie  de  l'élasticité. 


SÉANCE    DU    22    JANVIER    I906.  20I 


OPTIQUE.   —  Sur  la  polarisation  elliptique  produite  par  les  liqueurs  mixtes. 
Noie  de  M.  J.  Chaudieu,  jjrésenlée  par  M.  Mascart. 

Dans  une  Note  précédente  ('),  j'ai  indiqué  que  certaines  substances  cris- 
tallisées, disséminées  sous  forme  de  particnles  très  petites  dans  des  liquides 
mauvais  conducteurs,  constituaient  des  liqueurs  mixtes  qui,  placées  dans 
un  champ  électrique  uniforme,  polarisaient  elliptiquement  la  lumière. 

Ce  phénomène  peut  encore  être  observé  dans  un  champ  magnétique 
uniforme  (-);  il  se  produit  aussi,  spontanément,  sous  la  seule  influence  de 
la  pesanteur  ("). 

Afin  d'opérer  dans  des  conditions  comparables,  j'ai  préparé  les  liqueurs  en  associant 
un  même  poids  du  corps  solide  pulvérisé  et  finement  tamisé  à  des  volumes  égaux  des 
divers  liquides  employés.  J'ai  mesuré  d'abord  l'action  de  la  pesanteur,  puis,  successi- 
vement, l'action  d'un  champ  électrique  et  d'un  champ  magnétique,  de  façon  à  rappro- 
cher les  effets  communs  et  à  différencier  les  effets  spéciaux  à  chacun  de  ces  champs. 

Je  me  suis  servi,  dans  mes  expériences,  d'un  polariscope  de  Bravais  pour  reconnaître 
si  les  vibrations  de  la  lumière  qui  a  traversé  la  liqueur  sont  rectilignes  ou  elliptiques. 
Les  retards  étaient  mesurés  au  compensateur  à  teintes  plates,  préalablement  gradué 

en  longueurs  d'onde  du  sodium  (le  tambour  du  compensateur  est  divisé  en  100  parties 
égales,  et  un  tour  du  tambour  correspond  à  un  retard  de  — 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXVIl,  igoS,  p.  248. 

(^)  La  biréfringence  magnétique  a  été  constatée  en  1902  parMajorana  sur  des  solu- 
tions d'hydro\yde  de  fer.  MM.  Cotton  et  Mouton  {Comptes  rendus,  t.  CXLI,  igoS, 
p.  817  et  349)  ont  répété  ces  expériences  en  les  variant  et  en  précisant  les  circonstances 
de  production  du  phénomène,  qu'ils  ont  également  observé  avec  certaines  substances 
colloïdales  et  aussi  avec  une  liqueur  formée  de  carbonate  de  calcium  et  d'eau.  Démon 
côté,  à  la  suite  de  mes  expériences  sur  la  biréfringence  électrique  (1908),  j'avais 
étudié  l'action  du  champ  magnétique  sur  les  liqueurs  actives  dans  le  champ  électrique, 
et,  en  opérant  avec  un  champ  intense  et  des  liqueurs  à  particules  cristallines  plus  fine- 
ment pulvérisées,  j'avais  constaté  (mars  1904)  la  production  de  biréfringence  magné- 
tique. La  publication  des  travaux  de  MM.  Cotton  et  Mouton  m'engage  à  faire  connaître 
les  résultats  de  mes  expériences  relativement  au  champ  magnétique. 

(')  M.  Meslin,  qui  s'est  spécialement  occupé  du  dichroïsme  produit  sous  l'influence 
des  mêmes  causes  {Comptes  rendus,  t.  CXXXVl,  igoS,  p.  1641),  a  appelé  dichroïsme 
spontané  le  phénomène  de  polarisation  dû  à  l'orientation  des  particules  cristallines 
des  liqueurs  mixtes  sous  l'action  de  la  pesanteur  :  il  n'a  pas  observé  de  biréfringence 
spontanée. 


202  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

1°  Champ  de  la  pesanteur.  —  Bien  qu'un  grand  nombre  de  particules 
cristallines  échappent  à  l'action  de  ce  champ  peu  intense,  la  polarisation 
elliptique  est  nettement  indiquée  par  le  polariscope  et  j'ai  pu  mesurer  des 

retards  correspondant  à  5o  divisions  du  tambour,  c'est-à-dire  à  -^• 

2°  Champ  électrique.  —  J'ai  mesuré,  dans  un  champ  électrique  uniforme, 
les  différences  de  marche  des  deux  composantes  des  rayons  lumineux 
parallèles  et  perpendiculaires  au  champ  pour  un  certain  nombre  de 
liqueurs;  les  résultats  qui  suivent  ont  été  obtenus  en  associant  l'acide 
borique  à  des  liquides  organiques. 

a.  Le  retard  S^  est  proportionnel  à  l'épaisseur  de  liqueur  traversée  par 
la  lumière  et  soumise  à  l'action  du  champ. 

Ainsi,  avec  la  liqueur  constituée  par  l'acide  borique  et  le  térébène,  on 
obtient,  selon  l'épaisseur  de  la  couche  traversée,  les  valeurs  suivantes 
de  Sg  : 

Epaisseur  en  centimètres i  2.5  [\ 

0^.  en  divisions  du  tambour....      43  ro5  170 

h.  S,,  croit  rapidement  avec  l'intensité  du  champ  et  se  fixe  à  une  valeur 
constante.  En  opérant  sur  la  liqueur  précédente,  les  plateaux  du  conden- 
sateur étant  distants  de  6'=™,  2,  on  trouve  ; 

Diiférences  de  poLentiel  des  plateaux 
en  unités  électrostatiques  C.G.S.  8^.  en  divisions  du  tambour. 

10  85 

16,1  160 

27.5  210 
87,3  2j5 

54.6  220 
77,0      '  225 

84.7  225 
91,0  280 

97.8  23o 
io4,5  23o 

Au  delà  d'une  différence  de  polenticl  de  91   unités,  S^  reste  constant;  sa 

valeur  en  1  du  sodium  est  alors  ^^—  x  -rr  =  o,  iH>. 

100         10 

Les  iriesures  ultérieures  ont  été  faites  tlans  un  champ  assez  intense  pour 
que  Se  ait  atteint  .sa  valeur  c(.)u^tanle. 

c.  S^  varie  avec  le  constituant  liquide,  quand  on  associe  un  même  solide 
à  des  liquides  dilférents.  En  étudiant  les  liqueurs  obtenues  par  le  mélange 


SÉANCE  DU  22  JANVIER  1906.  2o3 

de  0^,3  d'acide  borique  et  So""'  de  divers  liquides,  j'ai  observé  des  retards 
dont  les  valeurs  (en  divisions  du  tambour)  sont  inscrites  dans  le  Tableau 
suivant  : 

Liifuides.  Indices.  6^.  S^. 

Sulfure  de  carbone i  ,633  35  3o 

Benzène i,5o4  i85  160 

Pseudocuinène. i  ,5oo  220  200 

Térébène i ,  472  280  220 

Tétrachlorure  de  carbone. .  .  i,463  38o  4oo 

Chloroforme i  ,444  38o  4ïo 

Pétrole 1,443  260  2 1 5 

Acétate  d'amyle ijSgS  140  160 

Ether  sulfurique i  ,356  3o  4o 

Avec  le  chloroforme  et  le  tétrachlorure  de  carbone,  S^  est  exprimé  par  le 

3 
nombre  38o,  soit  — \  environ. 

10 

3°  Champ  magnétique.  —  Les  variations  du  retard  S„;  sont  semblables 
à  celles  de  S^;  le  Tableau  précédent  montre  que  les  valeurs  de  S„,  inscrites 
dans  la  dernière  colonne  sont  très  voisines  des  valeurs  correspondantes 
de  ^e  6t  varient  dans  le  même  sens. 

Conclusions.  —  Les  mêmes  liqueurs  mixtes,  placées  dans  un  champ  élec- 
trique ou  magnétique  uniforme,  polarisent  elliptiquement  la  lumière  et  dans 
les  mêmes  proportions;  les  effets  de  la  pesanteur  sont  analogues  mais  beau- 
coup plus  faibles  et  ne  peuvent  être  déterminés  que  qualitativement. 

L'action  commune  des  champs  étudiés  semble  donc  être  une  action 
directrice,  et  l'orientation  des  particules  solides  est  due  à  leur  structure 
cristalline  et  à  leur  forme. 


PHYSIQUE.  —  Nouvelles  propriétés  magnéto-optiques  des  solutions  colloïdales 
d'hydroxyde  de  fer.  Note  de  MM.  A.  Cottox  et  H.  Mouton,  présentée 
par  M.  J.  VioUe. 

Nous  avons  étudié  antérieurement  ('  )  la  biréfringence  magnétique  (phé- 
nomène de  Majorana)  que  présentent  certaines  solutions  colloïdales  d'hy- 
droxyde de  fer,  lorsqu'elles  sont  placées  dans  un  champ  magnétique  et 


(')   Comptes   rendus,  t.  CXLI,  1900,  p.  3 17  et  349-  —  Société  française  de  Phy- 
sique, 17  novembre  igo5. 


2o4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

qu'elles  sont  traversées  par  un  faisceau  lumineux  normal  aux  lignes  de 
force.  En  poursuivant  et  complétant  cette  étude,  nous  avons  été  conduits 
à  étudier  ce  qui  se  passe  lorsque  la  lumière  se  propage  parallèlement  au 
champ.  Nous  avons  observé  ainsi  les  faits  suivants  : 

I.  Si  l'on  mesure  (avec  la  lumière  jaune  de  l'arc  au  mercure)  le  pouvoir  rolatoire 
magnétique  de  ces  solutions,  on  trouve  qu'en  général  il  ne  difl'ère  pas  sensiblement 
de  celui  de  l'eau,  même  si  l'on  prend  des  solutions  concentrées.  Mais  il  y  a  certains 
échantillons  d'hjdroxyde  de  fer  colloïdal  qui  donnent  des  résultats  tout  dilTérents. 
Tel  est  le  cas  d'un  liquide  à  biréfringence  magnétique  négative,  et  surtout  d'un  liquide 
à  biréfringence  positive  dont  nous  indiquerons  ailleurs  le  mode  de  préparation  et  les 
propriétés  (' ).  La  matière  en  suspension  dans  ces  liquides  a  un  pouvoir  rotaloire 
magnétique  très  net;  ce  pouvoir  rotaloire  est  négatif,  de  sens  opposé  à  celui  de  l'eau. 
Une  solution  concentrée  donne  en  effet  des  rotations  négatives  qui,  dans  les  mêmes 
conditions,  s'annulent,  puis  deviennent  positives  quand  on  dilue  le  liquide. 

II.  La  loi  de  Verdet  (proportionnalité  des  rotations  au  champ  magnétique),  qui  se 
vérifie,  comme  on  sait,  avee  tous  les  liquides  (')  étudiés  jusqu'ici,  que  les  rotations 
soient  positives  ou  négatives,  ne  s'applique  pas  à  ces  liquides.  Le  pouvoir  rotaloire 
magnétique  propre  du  colloïde  croît  d'abord  rapidement  dans  des  champs  très  faibles, 
puis  bientôt  n'augmente  plus  que  très  lentement  (ce  caractère  étant  beaucoup  mieux 
marqué  avec  le  liquide  à  biréfringence  positive).  Il  en  résulte,  par  exemple,  qu'un 
liquide  étant  assez  dilué  pour  donner  dans  un  champ  intense  une  rotation  positive, 
donne  une  rotation  nulle  si  l'on  affaiblit  le  champ  suffisamment  et  une  rotation  néga- 
tive dans  des  champs  plus  faibles  encore. 

III.  Ce  pouvoir  rolatoire  magnétique  négatif  est  accompagné  d'un  dickroïsme 
circulaire  magnétique  :  les  vibrations  circulaires  parallèles  aux  courants  d'Ampère, 
qui  se  propagent  moins  vite  que  les  vibrations  de  sens  inverse,  sont  plus  affaiblies  en 
traversant  le  liquide.  L'angle  dont  la  tangente  mesure  le  rapport  des  axes  de  la  vibra- 
tion elliptique  émergente  et  qui  mesure  ce  dichroïsme  augmente  lui  aussi  très  lente- 
ment avec  le  champ  lorsque  celui-ci  n'est  pas  très  faible. 

IV.  Ajoutons  un  peu  de  gélatine  au  liquide,  à  biréfringence  positive,  qui  possède 
le  plus  nettement  ces  propriétés,  enfermons-le  dans  une  petite  cuve  et  laissons  la  solu- 
tion, placée  dans  le  champ  magnétique  d'un  électro-aimant,  se  prendre  en  gelée  : 
La  cuve,  une  fois  soustraite  à  l'action  du  champ  magnétique,  agit  encore  sur  la 
lumière  polarisée.  La  rotation,  mesurée  au  bout  de  plusieurs  jours,  n'a  que  très  peu 
diminué.  Cette  rotation  se  dislingue  d'ailleurs  de  celle  d'un  corps  naturellement  actif  : 
si  l'on  retourne  la  cuve  face  pour  face,  le  pouvoir  rolatoire  change  de  signe,  ce  qui 

(')  La  loi  de  variation  de  la  biréfringence  avec  le  champ  est  analogue  à  celle  que 
nous  avons  trouvée  pour  le  fer  de  Bredig. 

(^)  La  seule  exception  connue  jusqu'ici  à  cette  loi  est  celle  que  présente  le  fer  lui- 
même  en  lames  minces.  11  est  bon  de  rappeler  que,  dans  ce  cas,  une  vibration  inci- 
dente tourne,  en  traversant  la  lame,  dans  le  .lens  des  courants  d' Ampère  et  qu'elle 
acquiert  une  faible  ellipticilé  dans  le  même  sens. 


SÉANCE  DU  22  JANVIER  1906.  2o5 

est  conforiue  aii\  conditions  de  symétrie  du  cliamp  magnétique.  Le  sens  de  la  rotalioii 
est,  dans  tous  les  cas,  inverse  de  celui  dans  lequel  circulaient  les  courants  d'Ampère, 
dans  le  champ  magnétique  où  la  cuve  était  placée. 

Si  le  même  mélange  de  gélatine  et  de  colloïde  est  placé  dans  une  cuve  où  on  le  laisse 
faire  prise  en  dehors  de  l'éleclro-aimant,  le  champ  magnétique  est  encore  capable  d'y 
produire  un  pouvoir  rotaloire  résiduel,  de  môme  sens  que  précédemment,  mais  plus 
faible. 

V.  Les  liquides  coUoïdaux  possédant  ces  propriétés  renferment  des  particules  ultra- 
raicroscopi([ues,  mais  relativement  grosses.  On  peut  voir  facilement,  sans  microscope, 
que  ces  particules  sont  magnétiques  :  si  l'on  étend  une  goutte  de  liquide  sur  une  lame 
de  verre  placée  horizontalement  dans  un  champ  magnétique  non  uniforme,  les  parti- 
cules viennent  former  des  amas  Ijien  visible?,  dans  les  régions  où  le  champ  varie  très 
rapidement. 

Tous  ces  faits,  comme  nous  le  montrerons  ailleurs,  permellent  de  pré- 
ciser l'explication  (déduite  de  l'aimantation  et  de  l'orientation  des  parti- 
cules) des  phénomènes  de  biréfringence  observés  normalement  au  champ. 
Certains  d'entre  eux  montrent  en  particulier  que  ces  particules  ont  une 
forme  allongée  et  peuvent,  dans  certains  cas,  acquérir  une  aimantation 
permanente. 

CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Sur  la  phosphorescence  cathodique  de  l'europium. 
Note  de  M.  G.  Uiibaix,  présentée  par  M.  P.  Curie. 

Par  une  méthode  nouvelle,  nous  avons  extrait,  M.  H.  Lacombe  et  moi 
{Comptes  rendus,  t,  CXXXVIII,  p.G3i),  l'europium  des  terres  de  la  mona- 
zite.  Six  fractions  consécutives  de  cette  terre  ont  présenté  des  caractères 
constants:  mêmes  poids  atomiques,  mêmes  spectres  d'absorption,  mêmes 
spectres  de  fluorescence  des  solutions  aqueuses,  mêmes  spectres  d'étin- 
celle. 

J'ai  extrait  depuis  l'europium  du  xénotime  et  de  la  pech-blende  qui 
m'ont  donné  les  mêmes  résultats. 

La  terre  préparée,  à  partir  de  minéraux  très  différents,  par  le  frac- 
tionnement des  nitrates  doubles  magnésiens  en  présence  d'un  excès  du  sel 
Lsomorphe  de  bismuth,  présente  donc  la  constance  de  propriétés  qui  est, 
en  général,  la  caractéristique  des  éléments  définis. 

J'ai  abordé  alors  l'étude  de  la  phosphorescence  cathodique  que  l'euro- 
pium excite  par  dilution  à  des  degrés  divers  dans  les  oxydes.  Les  princi- 
paux résultats  de  cette  recherche  sont  les  suivants  : 

1°  L'oxyde  pur  d'europium  n'est  pas  phosphorescent  dans  les  conditions  où  j'opère. 
G.  K.,  ,906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N°  4.)  28 


2o6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

2°  Diluées  dans  la  cliaux,  dans  la  proportion  de  i  de  Eu^O'  pour  99  de  CaO,  mes 
diverses  fractions  de  terre  pure  ont  donné  la  même  phosphorescence  rouge,  sans  pré- 
senter aucune  difl'érence  spectrale. 

3°  Les  termes  successifs  de  mes  fractionnements,  compris  entre  Teuropium  pur  et 
legadolinium  pur,  sont  phosphorescents  sans  addition  d'aucune  terre  diluante.  L'oxyde 
d'europium  fonctionne  alors  comme  excitateur  et  la  gadoline  comme  diluant. 

La  phosphorescence,  rl'abord  rouge  pour  les  terres  riches  en  europium,  devient  rose 
pour  les  fractions  suivantes  sans  diminuer  d'éclat.  Elle  vire  de  plus  en  plus  au  blanc 
dans  la  gadoline  presque  pure,  en  même  temps  que  s'afl'aiblit  l'intensité  de  la  lumière, 
l'excitation  cathodique  demeurant  constante. 

Les  spectres  de  ces  fractions  consécutives  subissent  graduellement  des  modifications 
exactement  comme  si  l'europium  était  un  mélange  d'au  m.oins  deux  terres  phos- 
pliorescentes,  cpii  dans  mes  fractionnements  auraient  déjà  subi  un  commencement  très 
net  de  séparation. 

J'ai  cherché  alors  si  les  mêmes  variations  spectrales  ne  se  produisaient  pas  en  exa- 
minant le  même  europium  à  divers  étals  de  dilution. 

J'ai  obtenu  les  résultats  suivants  : 

4°  Le  même  échantillon  d'europium  pur,  dilué  dans  des  proportions  croissantes 
de  même  échantillon  de  gadoline /j«/'e,  a  permis  de  reproduire  toutes  les  particularités 
spectrales  observées  dans  la  gadoline  europifére  des  fractionnements. 

Le  spectre  qui  s'observe  d'abord  dans  les  terres  très  riches  en  europium  présente 
uniquement  des  bandes  dans  le  rouge  et  le  jaune.  Les  plus  caractéristiques  sont  :  63i; 
6i3,5;  611  [SS  de  sir  W.  GrooKes]  la  plus  forte  du  spectre;  et  587,5. 

Le  sjaectre  qui  apparaît  ensuite  et  qui  se  renforce  à  mesure  que  le  premier  s'aflfaiblit 
renferme  un  très  grand  nombre  de  raies  depuis  094,8  jusqu'à  4oo,o.  Les  plus  caracté- 
ristiques sont  :  dans  le  jaune  694,8;  592,0;  58i,5;  dans  le  vert  537  et  533;  dans  le 
bleu  489;  479 1 '5;  473,8  et  472  ;  dans  l'indigo  468;  465  et  45i  ;  dans  le  violet  436;  428,7 
et  426,5;  dans  l'ultra-violel  421  ;  417,0;  4 '6, 2  ;  4i4,  '  ",  4 12,0  et  4o3,7.  ,(|o'„^^  d'eu- 
rojiinm  donne  à  la  gadoline  une  phosphorescence  très  appréciable  où  le  second  spectre 
l'emporte  notablement  sur  le  premier.  Un  uïélange  d'europium  et  de  gadoiine  renfer- 
mant environ  o,4  pour  100  d'oxyde  d'europium  présente  une  très  vive  phosphorescence 
où  les  deux  spectres  se  manifestent  simultanément  et  sont  également  beaux. 

5°  L'europium  pur  dilué  dans  des  proportions  croissantes  de  chaux  ou  d'alumine 
donne  également  lieu  à  des  variations  spectrales  analogues.  Le  phénomène,  très  net 
dans  la  chaux,  l'est  beaucoup  moins  dans  l'alumine.  Dans  la  chaux  riche  en  europium, 
la  bande  6i3  est  beaucoup  plus  intense  que  la  bande  093;  dans  la  chaux  ne  renfermant 
que  des  traces  d'europium,  la  bande  093  l'emporte  notablement  sur  la  bande  6i3. 
Beaucoup  d'autres  bandes  se  comportent  de  même.  D'une  manière  générale,  les 
bandes  vertes,  bleues,  violettes  et  ultra-violettes  du  spectre  se  comportent  comme 
la  bande  SgS;  la  plupart  des  bandes  louges  et  jaunes  se  comportent  comme  la 
bande  61 3. 

Dans  l'alumine,  le  premier  sjieclre  est  toujours  très  brillant,  tant  que  la  teneur  en 
europium  est  suffisante  pour  donner  au  mélange  une  phosphorescence  aisément  obser- 
vable; le  second  spectre  ne  commence  à  apparaître  qu'avec  des  terres  peu  j)hospho- 
rescentes  et  ne  renfermant  que  des  traces  d'europium. 


SÉANCE  DU  22  JANVIEB  1906.  207 

Ces  expériences  de  contrôle  montrent  que,  malgré  les  apparences  spec- 
trales observées  dans  les  termes  intermédiaires  de  mes  séparations  de 
gadolinium  et  d'europiuni,  l'europium  n'a  pas  nécessairement  subi  un 
commencement  de  scission;  mais  de  nouvelles  recherches  sont  indispen- 
sables jjour  décider  si  l'eurojjium  doit  être  considéré  comme  un  mélange 
de  deux  éléments  phosphorescents  distincts,  ou  si  les  différences  que  pré- 
sente le  spectre  de  l'europium  à  des  degrés  divers  de  dilution  doivent  être 
imputées  à  une  cause  purement  physique  indépendante  de  toute  complexité 
élémentaire. 


CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  Sur  tes  mélanges  cV antimoine  et  de  tellure,  d' antimoine 
et  de  sélénium.  Constante  cryoscopique  de  l'antimoine.  Note  de  M.  H.  Pé- 
i-ABON,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

Sous  l'action  de  la  chaleur,  le  tellure  se  combine  directement  à  l'anti- 
moine, de  sorte  qu'un  mélange  quelconque  des  deux  corps  donne  du  tel- 
lurure  d'antimoine  accompagné  d'un  excès  de  l'un  ou  l'autre  des  éléments. 
Les  mélanges  ainsi  obtenus  fondent  à  des  températures  qui  ne  dépassent 
pas  620"  et  donnent  des  liquides  homogènes  qui,  contrairement  à  ce  qui 
arrive  avec  le  sulfure  d'antimoine  ('),  ne  se  séparent  pas  en  deux  couches 
superposées. 

Nous  avons  étudié  la  solidification  de  ces  liquides  et  nous  avons  pu 
tracer  complètement  la  ligne  de  fusibilité  en  portant  en  abscisses  les 
valeurs  R  du  rapport  de  la  masse  de  tellure  à  la  masse  totale  du  mélange 
(R  est  exprimé  en  centièmes),  en  ordonnées  les  valeurs  correspondantes 
de  la  température  de  la  solidification  commençante. 

Comme  le  montre  la  figure,  la  ligne  de  fusibilité  comprend  quatre  por- 
tions de  droites  dessinant  un  W.  Ces  droites  sont  déterminées  par  les  coor- 
données suivantes  de  deux  de  leurs  points  : 

T. 

A 63-2" 

B 544 

C 538 

D 595 

E 563 

F 425 

G 4^2 


R. 

0 

,00 

24. 

1  2  j 

34 

,60 

54: 

,42 

72: 

,66 

90  : 

,  50 

100. 

,00 

(')  H.  Pélabon,  Comptes  rendus,  i.  CXXXVIII,  p.  277. 


208 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


Les  trois  premières  droites  sont  reliées  par  deux  lignes  courbes  BC 
et  DE.  Il  existe  donc  un  maximum  de  la  température  de  solidification  :  c'est 
le  point  de  fusion  de  la  combinaison  répondant  à  la  formule  Sb^Te'.  Il  y  a 
deux  minima  de  la  température  de  soliilification  :  l'un  est  relatif  au  mélange 
dont  la  composition  est  voisine  de  Sb'Te-,  l'autre  représente  l'ordonnée  du 
point  anguleux  F,  l'eutectique  correspondant  a  une  composition  voisine 
deSbTe'".  La  ligne  de  fusibilité  part  du  point  A  dont  l'ordonnée  repré- 
sente la  température  de  fusion  de  l'antimoine  (632"),  elle  aboutit  en  G 
dont  l'ordonnée  est  la  température  de  fusion  du  tellure  (452°). 

Le  séléniuie  d'antimoine  fondu  se  mélange  de  même  parfaitement,  soit  à  l'antimoine, 
soit  au  séléniure  également  fondus.  Quelles  que  soient  les  masses  de  séléniure  et  d'an- 
timoine en  présence,  on  n'observe  pas  deux  couches  liquides  nettement  séparées  comme 
cela  se  produit  avec  le  sulfure  en  présence  d'un  excès  soit  d'antimoine,  soit  de  soufre. 
Cependant,  au  point  de  vue  de  la  fusibilité  et  pour  certaines  compositions  des  mélanges, 


tout  se  passe  comme  s'il  existait  deux  liquides  bien  déterminés  se  solidifiant  l'un  après 
l'autre  aux  températures  566°  et  5i8°.  En  efl'et,  avec  tous  les  mélanges  potu-  lesquels  le 
rajiport  R  (de  la  masse  de  séléniure  à  la  masse  totale  du  mélange)  reste  compris  entre 
II  et  og,  on  observe  que  la  solidification  commençante  et  la  solidification  finissante  se 
produisent  à  ])eu  prés  respectivement  à  ces  deux  températures.  Entre  ces  limites  la 
ligne  de  fusibilité  comprend  les  deux  droites  Jlv  et  LM  presque  parallèles  à  l'axe  des 
abscisses.  En  deliors  de  ces  limites,  on  a  deux  lignes  AJ  et  MN  qui  sont  presque  droites. 
En  N   l'ordonnée  est  maximum   et  représente  la   température  de  fusion    du  séléniure 


I 


SÉANCE  DU  11   JANVIER  1906.  209 

(r.iiilinioiiie  de  formule  Sb'Se'  (6o5").  Les  mélanges  de  séléniure  et  de  sélénium 
donnent  la  ligne  de  fusibilité  NPOQR  qui  comprend  deux  parties  presque  reclilignes 
réunies  par  une  portion  de  courbe  présentant  une  inllexion  pour  la  valeur  76,70  du 
rajjporl  R. 

Le  mélange  correspondant  a  pour  constitution  Sb-Se".  Remarquons  que  le  point 
anguleux  M  de  la  ligne  de  fusibilité  correspond  au  mélange  de  i"'  de  sélénium  et  de 
l"'  d'antimoine. 

Constante  cryoscopique  de  V antimoine .  —  Si  l'on  détermine  très  exacte- 
ment les  points  des  deux  lignes  AB  et  AJ,  on  peut  calculer  la  constante 
cryoscopique  de  l'antimoine;  en  effet,  connaissant  la  valeur  du  rap|)ort  R 
pour  un  point  de  ces  lignes,  on  déduit  facilement  le  poids  P  de  séléniure 
ou  de  tellurure  dissous  dans  loo^  d'antimoine,  l'ordonnée  correspondante 
permet  de  calculer  l'abaissement  du  point  de  solidification.  Nous  avons 
trouvé,  de  cette  manière  : 

Tellurure  d'antimoine  (poids  moléculaire  628). 

P 5,;4  19,32  28,8 

C 9  32  Wx 

p 1,7^  1.65  '>53 

L'abaissement  à  l'origine  a  pour  valeur  (  -  )  =  2  et  la  constante  cryo- 
scopique 

K  =  (  p)  M  =  3  X  623  =  1246. 

Séléniure  d'antimoine  (poids  moléculaire  478)- 

P 6,62  i3,23  19,88 

C i5  27  36 

p 2,26  2,o3  1,82 

ce  qui  donne 

K=  (p)  M  =  2,58x  478  =  1233. 

On  |)eut  prendre  pour  valeur  de  la  constante  cryoscopique  le  nombre  1240. 

Comme  je  l'ai  montré,  le  sulfure  d'antimoine  Sb^S'  se  dissout  très  peu 
dans  l'antimoine  liquide.  La  solution  est  déjà  saturante  pour  R  =  r,5, 
c'est-à-dire  quand  elle  renferme  5^,53  de  sulfure  pour  loo^  d'antimoine;  elle 
se  solidifie  alors  à  61 5°.  Il  est  très  difficile  de  déterminer  avec  précision  la 


2IO  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

lii;iie  de  fusibilité  pour  les  valeurs  de  R  comprises  entre  o  et  r,5.  Si  l'on 
admet  qu'elle  se  confond  avec  une  droite  A  a,  on  peut  calculer  la  constante 
cryoscopique  qu'on  trouve  égale  à  1228,  nombre  assez  rapproché  des  pré- 
cédents. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Méthoxytrichloropentanol  1.3.4  e/  v.-trichhromé- 
thyltétrahxdrofurfurane.  Note  de  M.  l'abbé  J.-L.  Hamo.vet,  |)résentée 
par  M.  G.  Lemoine. 

Mélhoxytrichloropentanol .  —  Pour  continuer  mes  recherches  sur  les  éthers 
oxydes  halogènes  RO(CH-)"X  ('),  j'ai  fait  agir  le  chloral  anhydre  sur  le 
dérivé  magnésien  du  méthoxypropane  iodé  i  .3. 

Le  produit  principal  de  la  réaction  est  le  méllioxyiricliloropenlanol  1.0.4 

CH=o.CH^CH^Cll^CHOH.ccl^ 

Par  distillation  ee  corps  est  facilement  séparé  des  composés  qui  l'accompagnent.  Il 
bout  à  i42''-i'î3°  sous  ly™™  de  pression  et  se  prend  parfois  en  cristaux  dans  le  réfri- 
gérant. I^urillé  par  deux  ou  trois  cristallisations  dans  l'éther,  il  a  donné  à  l'analjse  : 
Cl  pour  100,  /18,o,î  et  48, o5;  calculé  pour  C«H"O^CP  :  48,08. 

Le  métlioxypentanol  1.5.4  est  un  corps  solide,  incolore;  il  fond  à  Sg"  et  jjeuV  rester 
en  siirfusion  pendant  plusieurs  jours  à  la  température  ordinaire.  Il  possède  une  faible 
odeur  camphrée,  une  saveur  amère.  Il  est  insoluble  dans  l'eau,  mais  très  soluble  dans 
l'alcool,  l'éther,  le  chloroforme.  De  sa  solution  éthérée  il  se  dépose  en  lames  liiréfrin- 
gentes  parallèles  à  la  base  p  et  limitées  par  les  faces  m  et  «'  d'un  cristal  clinorhom- 
bique,  dont  l'angle  ^  =  108°  2.5' et  les  paramètres  «:6:c  =:=  i  ,008:  i  :  1 ,7.5  (Er.  Porcher). 

11  ne  réduit  pas  la  solution  alcoolique  de  nitrate  d'argent,  même  additionnée  d'am- 
moniaque; mais  il  réduit  très  facilement  la  liqueur  de  Fehling  et  aussi  l'oxyde  d'argent 
précipité  par  un  alcali.  On  peut  admettre  que  sous  l'action  de  la  potasse  il  se  trans- 
forme en  un  acide  de  la  série  lactique  CH'O.CII-.CM-.CII-.CHOII.CO'M,  qui  agit 
comme  réducteur,  car  cette  propriété  ne  se  retrouve  plus  quand  on  enlève  la  fonction 
alcool,  comme  on  le  verra  dans  le  dérivé  suivant. 

^-Trichlorométhyltélrahydrofurfarane.  —  En  distillant  le  mélange  de  méthoxy- 
trichloropentanol et  d'anhydride  phosphorique  dans  le  vide,  au  bain  de  paraffine, 
j'espérais  enlever  une  molécule  d'eau  et  obtenir  le  méthoxytrichloropentène  1.5.3 

ClI'^  0 .  CH^  CH^  Cil  :  Cil .  CCI'. 
Dernièrement  Eduardo   N'ictoria  a  transformé  par  ce  moyen  le  trichloroisopropanol 

(')  Voir  Complus  rendus, \.  CXXXVIII,  p.  975  et  1609,  et  t.  CXLI,  26  décembre  1 900, 
p.   \'\\\. 


SÉANCE  DU  2.\    JANVIER  1906.        .         211 

en  lilrliloi'n|iropène  (').  Mais  le  corps  que  j'ai  obtenu  ne  prend  pas  le  brome  et  le 
dosage  du  clilore  (56, o5  pour  100)  correspond  à  C'Il'OCP,  qui  demande  Cl  pour  100  1 
56, 20. 

C'est  donc  une  molécule  de  méthnnol  qui  a  été  enlevée,  non  une  molé- 
cule d'eau  et  il  s'est  formé  rz-trichlorométhyltétrahydrofurfurane 

CH^- CH- 

CH^         en  -  CCI'. 

Ce  corps  est  un  liquide  très  mobile,  incolore,  à  vive  odeur  camphrée,  à 
saveur  amère  et  brûlante.  Densité  à  18°  :  1,42.  Il  bout  à  9o°-9i"  sous 
jrjmm  g(-  ;,  2o3°-2o4''  SOUS  la  prcssiou  ordinaire  (^aS""")  en  se  décomposant 
un  peu.  Il  est  insoluble  dans  l'eau,  soluble  dans  l'alcool  ou  l'éther.  Il  ne 
réduit  ni  la  solution  alcoolique  de  nitrate  d'argent,  ni  la  liqueur  de  Fehiin». 
T>a  solution  alcoolique  de  soude  l'attaque  même  assez  difficilement.  Je  ne 
désespère  pas  c«ipendant  de  le  transformer  en  l'acide  inconnu  tétrahydro- 
])Yi'omucique 

CH- CH^ 

CH^         CH-CO-H. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Amides  et  nitriles  acétyléniques. 
Note  de  MM.  Cm.  Moureu  et  I.  Lazkxi\ec,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

L'un  de  nous,  seul  ou  en  commun  avec  M.  Delange,  M.  Desmots  ou 
M.  Brachin,  a  mis  en  lumière,  dans  des  Mémoires  antérieurs  sur  diverses 
séries  de  corps  à  fonction  acétylénique,  la  grande  activité  chimique  de  la 
plupart  de  ces  composés.  Comme  suite  à  ces  recherches,  nous  avons  entre- 
pris l'étude  des  amides  acétyléniques  R  —  C^C  —  COAzH'  et  des  nitriles 
acétyléniques  R  —  C^C  —  CAz. 

Nous  avons  reconnu  que  ces  substances,  grâce  au  voisinage  immédiat  de 
la  liaison  acétylénique  et  de  la  fonction  amide  ou  nitrile,  se  prêtent  égale- 
ment;! des  réactions  variées,  où  entrent  en  jeu  tantôt  l'un  ou  l'autre,  tantôt 

(')   lUiUtUn  de  V Académie  royale  de  Belgique,  1904,  p-  ;io5. 


212  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

l'un  el  l'autre  des  deux  groupements  fonctionnels.  Nous  ferons  connaître 
prochainement  les  principaux  résultats  de  nos  ex|)ériences.  Nctre  inten- 
tion est  simplement,  dans  cette  Note  préliminaire,  d'indiquer  la  prépa- 
ration et  les  propriétés  générales  des  corps  sur  lesquels  nous  avons  opéré. 

Amides  acélyléiiiques  R  —  C  ^  C  —  COÂzH"^  —  L'amide  amylpropiolique  a  déjà 
été  préparée  par  MM.  Moureu  et  Delange  {Bul.  Soc.  chim.,  3'  série,  t.  XXIX,  p.  ôSy) 
et  l'amide  phénylpropioliqiie  par  MM.  Stockhausen  et  Galtermann  {Bericlite.  t.  XXV, 
p.  3537)  en  faisant  agir  l"aninioniar|ue  ou  le  carbonate  d'ammoniaque  sur  le  chlorure 
d'acide  correspondant. 

Nous  obtenons  les  amides  acétyléniques,  très  facilement,  avec  des  rendements  sensi- 
blement théoriques  et  à  l'état  immédiatement  pur,  en  attaquant  à  froid  les  éthers-sels 
par  l'ammoniaque  en  solution  aqueuse  concentrée. 

L'amide  amylpropiolique  CH' —  (CH-)'  —  C  ^e  C  —  CQAzH'  fond  à  91°,  l'amide 
liexylpropiolique  CH' — (CH'-)"' — C^C  —  COAzH-  à  92°,  et  l'amide  phénylpropio- 
lique  C'H^— C  =  C  — COAzH'i  à  joe"  (le  produit  de  MM.  Stockhausen  et  Galter- 
mann fondait  à  99''-ioo°).  Ces  trois  corps  se  présentent  en  lamelles  blanches,  légères, 
plus  ou  moins  brillantes;  ils  se  dissolvent  facilement  dans  l'alcool,  l'alcool  méthylique 
et  le  chloroforme;  ils  sont  moins  solubles  dans  l'éther  et  peu  solubles  dans  leau. 

La  potasse  alcoolique  saponifie  à  chaud  ces  amides  en  donnant  l'acide 
acélylénique  correspondant  R  —  C;^C  —  CO^H.  Celui-ci  se  transforme 
ensuite  plus  ou  moins  complètement,  par  hydratation,  en  acide  [B-cétonique 
R  _  CO  —  CH^—  CO^H,  puis  en  acétone  correspondante  R  —  CO  —  CH' 
ouacideR-CO^H. 

Si  l'on  dissout  l'amide  phénylpropiolique  dans  l'acide  sulfurique  con- 
centré et  qu'on  verse  la  solution  dans  l'eau,  on  obtient,  par  fixation  d'eau 
sur  la  liaison  acétylénique,  la  benzoylacétamide 

C«H' -  CO  -  CH- -  COAzH^ 

Ce  composé,  qui  fond  à  11  i°-i  i3°,  a  été  préparé  par  Obréggèa  (Li'eh.  Anri.f 
t.  CCLXVI,  p.  332)  en  hydratant  de  même  la  cyanacétophénone 

C»H»-  CO-  CH--  CAz 

par  l'acide  sulfurique  concentré  ;  sa  solution  alcoolique  se  colore  forte- 
ment en  rouge  par  le  perchlorure  de  fer.  Par  contre,  les  deux  amides  de 
la  série  grasse  résistent  à  froid  à  l'action  de  l'acide  sidfurique;  l'ainide 
se  retrouve  intacte  après  le  traitement  de  la  solution  sulfurique  par  l'eiiu. 
À  chaud,  il  y  a  attaque  partielle;  mais  la  molécule  se  dédouble  el  Ion 
observe  la  formation  d'acétone  R  —  CO  —  CH\ 


SEANCE  DU  22  JAXVIER  190b.  2l3 

N  it  ri  lex  ace  ly  lé  niques  Vx  —  C^C  —  CAz.  —  MM.  Moiueii  el  IJelange  ont  obtenu 
antérieurement  le  nilrile  pliénvlpropiolique  C"H^ — G^C — CAz  dans  l'action  du 
cj'anogène  sur  le  phénylacétvlure  de  sodium  C^W  —  C^CNa  {Bull.  Soc.  c/iirn., 
3"  série,  t.  XXVI,  p.  99).  Ayant  repris  l'étude  de  cette  réaction,  intéressante  par  sa 
simplicité,  nous  n'avons  pu  réussir  à  la  rendre  pratique  dans  l'application. 

Nous  préparons  très  aisément  les  nitriles  acétyléniques,  au  ^contraire,  en  déshydra- 
tant, suivant  le  procédé  classique,  les  amides  par  l'anhydride  phosphorique. 

Le  nitrile  amylpropiolif(ue  CH' — (CH^)'* — C^G —  GAz  distille  à  I94''-I96'' 
(corr.)  sous  la  pression  normale,  et  à  8o°-8i"  sons  i3"""  : 

Df=o,85o8;         /i,V  =i./i553. 

Le  nitrile  hexylpropioliquc  CH'— (CH-)'— G  =  G  —  G Az  ))outà  :\\?.''-2\>  (corr.) 
sous  la  piession  normale,  et  à  gô^-gô"  sous  i3'""'  : 

d;î''*=:  0,8493,      «i,- ■■•  =  1,4.5637. 

Le  nitrile  phéiiylpropioli(|ue  GMF— G^G  —  GAz  fond  à  4'°,  et  distille,  sous  la 
pression  normale  à  23S''--229''  (corr.),  et  sous  i3'""\à  io.5°-io6°  : 

Dî-'''^  1.0046,         «,','■"==1,58535; 
sa  vapeur  est  très  irritante. 

La  potasse  alcoolique  agit  énergiquement  sur  les  nitriles  acétyléniques. 
Outre  l'acide  acétylénique  provenant  de  la  saponification  et  ses  produits 
d'hydratation  et  de  dédoublement,  on  observe  la  formation  de  composés 
résultant  de  l'addition  li'alcool  au  nitrile,  tel  le  corps 

CE'  -  C(OC^H^  )  =  CH  -  CAz. 

Si  on  laisse  pendant  quelques  jours  le  nitrile  amylpropiolique  en  contact 
avec  10  parties  d'acide  sulfurique  concentré  et  qu'on  verse  ensuite  la 
liqueur  dans  l'eau  glacée,  l'amide  correspondante  se  précipite,  la  fonction 
nitrile  ayant  seule  été  attaquée;  la  réaction  est  analogue  avec  le  nilrile 
hexylpropiolique  CH"  —  Ce^C  —  CAz.  En  soumettant  au  même  traite- 
ment le  nitrile  phénylpropiolique  CH^ — C:^C  —  CAz,  on  produit,  au 
contraire,  la  benzoylacélamide  C"H' — CO  —  CH^  —  COAzIl-,  qui  résulte 
(le  la  fixation  d'eau  à  la  fois  sur  la  fonction  nitrile  et  sur  la  fonction  acélv- 
lénique. 

L'inégalité  d'action  de  l'acide  sulfurique  sur  les  amides  ou  nitriles  acé- 
tyléniques, suivant  qu'ils  appartiennent  à  la  série  grasse  ou  à  la  série  aro- 
matique, est  à  rapprocher  de  l'observation  analogue  qui  a   été  faite  par 

C.  K.,   1906,  1"  Semestre.  (T.  GXLII,   N°  4.)  2g 


2l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

MM.  Moureu  et  Delange  dans  le  cas  des  acides  et  des  élhers-sels  acétylé- 
niques  {Bull.  Soc.  chim.,  3*  série,  t.  XXIX,  p.  66(3). 

La  réfraction  moléculaire  des  aniides  et  des  nitriles  acétvléniques  pré- 
sente des  exaltations  pins  on  moins  fortes.  Nous  nous  bornons  à  rappeler 
ce  fait,  que  l'un  de  nous  a  relaté  tout  dernièrement  dans  un  travail  d'en- 
semble sur  la  réfraction  des  composés  acétvléniques.  {Comptes  rendus, 
i-j  novembre  1905). 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Condensation  glycidique  des  aldéhydes  avec 
l' èther  y.-chloropropioni//iie .  Note  de  M.  Geor<;f,s  Darzkxs,  présentée 
par  i\I.  A.  Halle!'. 

Après  avoir  indiqué  une  méthode  générale  de  préparation  des  éthers  gly- 
cidiques  ap  substitués  par  condensation  des  cétones  avec  l'éther  a-chloro- 
propionique  (  '),  il  était  miporlant  de  rechercher  si  cette  réaction  pouvait 
être  appliquée  aux  aldéhydes. 

La  condensation  des  homologues  de  l'acide  chloracétique  avec  les  aldé- 
hydes est  beaucoup  moins  générale  que  la  même  condensation  avec  les  cé- 
tones. Il  est  toutefois  fort  remarquable  qu'elle  donne  des  résultats  dans  le 
cas  oîi  cette  réaction  échoue  complètement  avec  l'éther  monochloracé- 
tique. 

Dans  la  série  grasse  j'ai  pu  préparer  des  éthers  glycydiques  x^  disubstitués 
du  type 


(>) 

en  condensant  l'acélaldéhyde,  l'aldéhyde  propvlique  et  l'aldéhyde  isovalé- 
rique,  mais  les  rendements  sont  toujours  très  faibles  (20  à  3o  pour  100  au 
plus). 

La  saponification  de  ces  éthers  donne  des  acides  relativement  stables  dont 
la  décomposition  pyrogénée  est  fort  complexe  et  ne  m'a  pas  permis  de  pré- 
[)arer  des  cétones. 

Le  trioxyméthylène  se  condense  également  et  [lermet  d'obtenir  l'éther 
y.-méthylolycidique  préparé  antérieurement  par  MeliUoff. 

(')  Ghoik.es  Darzens,  Com/>les  rendus,  i.  CXLl,  p.  760. 


SÉANCE  DU  22  JANVIER  1906.  2l5 

Les  aldéhydes  aromatiques  donnent,  au  contraire,  de  très  bons  rende- 
ments et  les  acides  glvcidiques  ainsi  préparés  se  décomposent  nettement 
en  acide  carbonique  el  cétones  du  type  R  —  Cil-  —  CO  —  CIP. 

Ualdihyde  henzoïque  donne  avec  un  rendement  de  5o  pour  100  l'étlier  2-inélhyl-|3- 
phénvlglvcique,  liquide  bouillant,  à  ioSo-fS^"  sous  i8™"\  L'acide  libre  se  décompose 
par  distillation  dans  le  vide  en  acide  carbonique  el  métliylbenzylcétone  qui  a  été  carac- 
térisée par  sa  semicarbazone. 

h'aldéhyde  anisique  donne  Tétlier  3:-mélliyl-[i-anisvlgl_vcidique  bouillant  à  iSg-'-igo" 
sous  20™"".  Le  sel  de  soude  se  décompose  par  simple  ébul'Iition  de  sa  solution  en  bicar- 
bonate de  soude  et  anisylacétone  caractérisée  pai-  sa  semicarbazone  et  son  oxyme. 

Le  piperonal  donne  un  élher  glycidique  bouillant  à  soj^-iio"  sous  20"".  Le  sel  de 
soude  se  décompose  également  par  la  simple  ébullilioii  de  sa  solution  en  donnant  la 
pipéronj'lacétone. 

Lefiirfiirol,  dont  on  connaît  les  analogies  avec  les  aldéli\des  aromatiques,  m'a  per- 
mis de  préparer  très  facilement  avec  un  rendement  de  5o  pour  100  environ  ï-méthyl-^ 
lurfurylglycidate  d'élliyle,  li([ui(Ie  incolore  bouillant  à  loC-iSi"  sous  3o' 


-vmm 


Cet  étlier  glycidique  se  saponifie  facilement  par  la  soucie  en  solution 
aqueuse,  et  l'ébullition  de  quelques  minutes  de  cette  solution  suffit  pour 
amener  la  séparation  du  bicarbonate  de  soude  et  la  formation  de  furftiryl- 
acétone 


Cil  C  — CH=-C0-C1P 


CH CH 


Cette  célone,  qui  n'était  pas  encore  connue,  se  présente  sous  l'aspect 
iïun  liquide  incolore  bouillant  à  i^p^-iSo"  et  ayant  une  odeur  de  raifort. 

La  semicarbazone  fond  à  i']3"-i']^[°,  son  oxime  est  liquide  et  distille 
vers  i35°-i4o°  sous  25""". 

Ainsi  que  cela  avait  été  déjà  observé  par  MM.  Bouveault  et  Béhal  pour 
des  cétones  de  constitution  voisine,  la  fiirfurylacétone  est  soluble  dans  de 
l'acide  chlorhvdrique  étendu  de  son  volume  d'eau. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  les  céloTies '^•chloréthYlées  el  rùiy/ées  ocycliques. 
Note  de  MM.  E.-E.  Blaise  et  31.  Maire,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

Tandis  que,  dans  un  grand  nombre  de  composés  naturels,  on  rencontre 
la  liaison  éthylénique  aux  extrémités  des  chaînes  carbonées,  les  corps  syn- 
thétiques répondant  à  ce  type  sont  très  rares.  Aussi  avons-nous  cherché  a 


2l6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

préparer  les  composés  vinylés  el,  en  particulier,  les  alcoyl-vinylcétones. 
Ces  cétones,  ainsi  que  les  cétones  [i-chlorélhylées  correspondantes,  sont 
actuellement  inconnues  et  nous  avons  trouvé  une  méthode  synthétique 
qui  permet  de  préparer  avec  facilité  ces  deux  groupes  de  composés.  Les 
cétones  [i-chloréthylées  s'obtiennent  aisément  en  faisant  réagir  le  chlorure 
de  ^-chloropropionyle  sur  les  dérivés  organométalliques  mixtes  du  zinc. 
Ces  cétones  halogénées  constituent  des  liquides  à  odeur  peu  prononcée 
lorsqu'elles  sont  pures.  Elles  renferment  fréquemment  une  |)etite  quantité 
de  cétone  vinylée  qui  leur  communique  une  odeur  extrêmement  piquante. 
La  p-chlorélhyl-éthylcétone  bout  à  68°  sous  ao™"",  la  cétone  propylée,  à 
73"  sous  lo™'"  et  la  cétone  isobutylée,  à  80°  sous  12°"".  Ces  cétones  halo- 
génées donnent  immédiatement  les  semi-carbazones  correspondantes,  mais 
celles-ci  sont  très  peu  stables.  Par  action  de  l'acétate  de  sodium,  en  solu- 
tion aqueuse  et  à  l'ébuUilion,  elles  se  transforment  en  carbamylpyrazolines, 
par  suite  de  la  fermeture  de  la  chaîne,  avec  élimination  d'hvdracide  : 

ClI^CI  — Cir^— C  — li  cii^— C  — li 

Il  ->         I  II 

Nll2_co  — x\H  — N  CH^       N 

\/ 
IV_CO  — INtP 

Les  cétones  vinylées  se  préparent  sans  difficulté  et  avec  des  rendements 
satisfaisants,  à  partir  des  cétones  p-chloréthylées.  Il  suffit,  en  effet,  île 
taire  bouillir  les  dernières  avec  de  la  diéthylaniline,  dans  des  conditions 
convenables  : 

CH^CI  — CH-— CO— K         -^        Cli-=CI1  — CO  — R. 

Les  alcoylvinylcétones  coiislilueut  des  liquides  mobiles,  à  odeur  extrèuieuienl  in- 
tense et  piquante.  La  vinyléthylcétone  bout  à  3i°  sous  47'""\  'a  vinjlpropylcétone  à 
24°  sous  lo""",  et  la  vinjlisobutylcétone  à  32°  sous  10'""'.  Ces  composés  se  polymérisent 
spontanément,  au  bout  d'un  certain  temps,  et  très  rapidement  sous  l'inlluence  de  la 
chaleur  et  des  agents  alcalins.  Elles  doivent  toujours  être  distillées  à  la  plus  basse  tem- 
pérature possible. 

Les  cétones  vinylées  sont  remarijuables  par  leur  grande  affinité  chimique.  Elles 
réagissent  aussi  facilement  par  leur  liaison  éthylénique  que  par  leur  fonction  cétonique. 
La  semicarba/ide  ne  donne  pas  de  semicarbazone  simple,  mais  une  seniicarbàzo-semi- 
carbazone;  de  même,  l'hydro-^ylamine  donne  directement  une  hydroxylaminooxime. 
Les  isoxazolines  correspondant  aux  cétones  vinylées  s'obtiennent  par  action  de  Ihy- 
droxylamine  sur  les  cétones  chlorélhyiées  correspondaïUes.  Ce  sont  deslii[uides  bouil- 
lant sans  décomposition  dans  le  vide  et  ne  possédant  que  des  propriétés  basiques 
exliêmement  faiides.    La   idiénylhydrazine   et  l'hydrazine   réagissent  également  avec 


SÉANCE  DU  22  JANVIER  1906.  217 

facilité  sur  les  cétones  vinviées  en  domianl  les  pyrazolines  et  phénylpjiazoliiies  cor- 
respondantes. Les  phényipyrazolines  sont  colorées  en  ronge  violet  intense  par  une 
trace  d'acide  azotique. 

Les  pvrazolines  simples  sont  des  liquides  basiques  qui  donnent  des  sels,  des  cliloro- 
platinates,  des  picrates  et  des  phénylurées.  Parmi  les  réactions  d'addition  les  plus 
remar([uable5  des  cétones  vinylées,  il  faut  citer  la  fixation  des  bases  secondaires  sur 
leur  double  liaison.  La  fixation  se  produit,  en  elTet,  avec  une  extrême  facilité,  il  suffit 
de  mélanger  les  composants,  en  présence  d'un  peu  d'éther,  pour  obtenir  presque 
immédiatement  et  quantitativement  l'aminocétone  correspondante 

CH-  =  CH  -  Crt  -  H  +  (C^H»)2NH  =  [^'jji/^'  —  CH--  CII^—  CD  _  [{. 

La  réaction  peut  être  comparée,  dans  une  certaine  mesure,  au  titrage 
d'un  acide  par  un  alcali.  La  ^-diéthylaminoéthyl-éthylcétone  bout  à  80°, 
sous  lo""'",  et  la  (3-pipéridinoéthyl-éthyIcétone,  à  107°,  sous  11""".  Ces  com- 
posés sont  basiques  et  donnent  des  picrates  et  des  chloroplalinates.  Leur 
fonction  cétonique  réagit  avec  facilité  et  l'on  obtient,  dans  les  conditions 
ordinaires,  les  semi-carbazones  correspondantes. 

Enfin,  les  dérivés  sodés  se  fixent  également  sur  la  liaison  élhylénique  des 
cétones  vinylées,  mais  il  y  a  toujours  polymérisation  partielle  de  la  cétone. 
Il  est  préférable  de  partir  de  la  cétone  jî-chloréthylée  correspondante. 
L'acélylacétate  d'éthyle,  par  exemple,  donne  des  éthers  dicétoniqiies  et  la 
saponification  de  ces  derniers  constitue  une  méthode  intéressante  de  pré- 
paration des  alcovlcyclohexanones.  Nous  nous  proposons  de  poursuivre 
l'étude  des  cétones  Ci-chloréthylées  et  vinylées. 


MINÉRALOGIE.  —  Sur  une  modification  cristalline  stable  dans  deux  intervalles 
de  température.  Note  de  M.  Fiiéd.  W.vlleraxt,  présentée  par  M.  A.  de 
Lapparent. 

L'azotate  d'ammonium  fondu  cristallise  par  refroidissement  en  cristaux 
cubiques  qui,  à  la  température  de  I.'^5",  se  transforment  en  cristaux  quadra- 
tiques, positifs.  C'est  celte  modification,  stable  jusqu'à  82°,  qui  réappamîL 
à  la  température  de  — 16°,  pour  subsister  jusqu'aux  températures  les  plus 
basses. 

A  82°,  les  cristaux  quadratiques  se  transforinent  en  cristaux  non  orlho- 
rhombiques,  mais  monocliniques,  comme  le  démontre  la  présence  de  trois 
systèmes  de  macles  artificielles,  et  à  32°  apparaissent  des  cristaux  orlho- 
rhombiques  quasi-quadratiques.   Si,    en  effet,  on  comprime  une  section 


1l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

parallèle  au  plan  des  ;ixes  optiques,  on  fait  naître  quatre  systèmes  demacles 
dodécaédriques,  orientées  comme  les  macles  sur  les  quatre  arêtes  />'  dun 
cristal  quadrulique,  les  directions  d'extinction  étant  à  4^°  t'es  traces  des 
plans  de  macle.  Comme  on  le  sait,  il  est  facile  de  passer  directement  de  la 
modification  quitdratique  à  cette  modification  orthorhombique;  il  suffit 
pour  cela  de  comprimer  légèrement  les  cristaux.  O.i  constate  alors  qu'il  y  a 
une  relation  immédiate  entre  les  deux  modifications  :  l'axe  optique  des 
cristaux  quadratiques  devient  l'axe  moyen  des  cristaux  orthorhombiques,  les 
traces  des  plans  de  macle,  c'est-à-dire  des  plans  6',  étant  parallèles  dans 
les  deux  espèces  de  cristaux. 

Si  l'on  refroidit  les  cristaux  orthorhombiques,  à  parlir  de  —  i6',  ils  se  transfornieiil 
en  cristaiiv  uniaxes,  positifs,  et  cela  par  un  processus  inui  particulier  :  sous  l'influence 
de  la  contraction,  les  cristaux  se  clivent  suivant  deux  systèmes  de  plans  et,  parmi  les 
minces  lamelles  ainsi  séparées,  les  unes  se  transforment  tandis  que  d'autres  restent 
intactes.  Il  en  résulte  que  les  lamelles  transformées  prennent  ti>ntes  les  apparences  de 
lamelles  hémitropes  et,  de  la  disposition  de  ces  lamelles,  j'avais  conclu  que  les  cristaux 
uniaxes  étaient  rhomhoédriques,  alors  qu'ils  sont  (|uadrrtliques,  car  on  constate  faci- 
lement que  dans  la  transformation  l'axe  quasi-quadrati((ue  des  cristaux  i>rthorhom- 
biques  devient  Taxe  optique  des  nouveaux  cristaux.  Ces  nouveaux  cristaux  qiiadia- 
tiques  sont  donc  orientés  comme  les  premiers,  ce  qui  ne  saurait  nous  étonner,  car 
Mallard  et  I^e  Chalelier  dans  le  quartz,  moi-même  dans  l'azotate  de  potasse,  avons 
constaté  l'existence  de  deux  modifications  rhomboédriques  orientées  parallèlement. 
Mais,  bien  plus,  dans  l'azotate  d'ammonium,  il  n'j'  a  qu'une  modification  quadratique, 
comme  cela  résulte  des  faits  suivants.  Si  l'on  ajoute  à  l'azotate  d'ammonium  une  petite 
quantité  d'azotate  de  cœsium,  la  modification  quadratique,  résullant'"de  la  transfor- 
mation cubique,  est  stable  non  seidemenl  à  la  température  ordinaire,  mais  encore  aux 
températures  les  plus  basses;  par  contre,  il  suffit  de  comprimer  la  préparation  avec  la 
pointe  d'un  scalpel,  pour  que  le  cristal  comprimé  se  transforme  en  un  cristal  ortho- 
rhombi((ue,  i|ui  ne  subsiste  ([ue  tant  que  la  pression  se  fait  sentir,  de  telle  sorte  que, 
si  la  jioinle  du  scalpel  se  déplace  à  la  surface  de  la  préparation,  il  en  est  de  même 
de  la  plage  transformée.  Si  l'on  diminue  la  quantité  d'azotate  de  caesium,  les  plages 
orthorhombiques  obtenues  par  compression  subsistent  quand  la  pression  cesse  de 
s'exercer,  mais,  soit  en  les  réchauffant,  soit  en  les  refroidissant,  on  retransforme  ces 
plages  en  cristaux  quadratiques  orientés  comme  précédemment. 

Ces  faits  s'expliquent  de  la  façon  suivante  :  si  l'on  porte  sur  un  axe  des  œ 
la  pression  et  sur  un  axe  des  y  la  température  de  transformation,  dans  le 
premier  cas  la  modification  orthorhombique  est  stable  à  l'intérieur  d'une 
courbe  tournant  sa  convexité  vers  l'axe  âesy,  mais  ne  coupant  pas  cet  axe  : 
il  faut  donc  comprimer  légèrement  le  cristal  pour  l'amener  dans  les  condi- 
tions de  température  et  de  pression  nécessaires  à  la  stabilité  de  la  modifica- 


SÉANCE  DU  22  JANVIER  1906.  219 

tion  orlhorhombique;  dans  le  second  cas,  la  courjje  coupe  l'axe  des  y  en 
deux  points  rapprochés,  de  sorte  que  la  modification  orlhorhombique  n'est 
stable  que  dans  un  intervalle  de  température  très  restreint,  sous  la  pression 
ordinaire  et  qu'd  suffit  d'un  réchauffement  ou  d'un  refroidissement  assez 
faible  pour  la  faire  disparaître.  Cet  intervalle  de  température  augmente  à 
mesure  que  la  quantité  d'azotate  de  ctesium  diminue  et,  pour  l'azotate 
d'ammoninm  pur,  il  s'étend  de  —  16°  à  une  température  voisine  de  —  4o°  ; 
pour  une  certaine  valeur  négative  de  la  pression,  c'est-à-dire  pour  une 
certaine  traction,  il  y  a  continuité  entre  la  modification  quadratique  stable 
aux  hautes  températures  et  celle  qui  n'est  stable  qu'aux  basses  tempéra- 
tures. On  se  trouve  en  présence  d'un  phénomène  analogue  à  celui  que 
nous  offre  le  mélange  de  nicotine  et  d'eau,  substances  qui  sont  miscibles  en 
toutes  proportions  au-dessous  de  60°  et  au-dessus  de  210",  mais  dont  le 
mélange  se  sépare  en  deux  couches  entre  ces  deux  températures. 

En  outre  de  la  forme  de  la  courbe  précédente,  on  déduit,  grâce  à  la  foi- 
mide  de  Clapeyi'on,  que,  quand  on  passe  de  la  modification  quadratique  a 
la  modification  orthorliombique  par  échauffement,  il  doit  y  avoir  contrac- 
tion ;  c'est  ce  que  j'ai  pu  vérifier  expérimentalement  au  moyen  du  dilato- 
mclre  de  van'  t  Hoff. 


MixÉRALOGiE.  —  De  Vinjlaence  des  matières  colorantes  d'une  eau  mère  sur 
la  /orme  des  cristaux  qui  s'en  déposent  (^acide  phtalique).  Note  de  M.  P. 
Gaubert,  présentée  par  m.  A.  Lacroix. 

L'uifluence  que  possèdent  certaines  substances,  en  solution  dans  une 
eau  mère,  sur  les  formes  des  cristaux  qui  prennent  naissance  dans  celle-ci, 
a  été  reconnue  depuis  longtemps  et  a  été  l'objet  de  nombreux  travaux. 
Mais  on  s'est  généralement  borné  à  constater  les  variations  de  forme  dues 
à  la  présence  des  matières  étrangères  sans  rechercher  leur  cause.  Une 
tentative  d'interprétation  du  phénomène  a  seulement  été  faite  par  M.  Be- 
rent,  ilans  le  but  de  vérifier  expérimentalement  la  théorie  de  M.  Curie  sur 
le  développement  des  faces. 

J'ai  repris  l'étude  de  cette  question  et,  comme  matière  étrangère,  j'ai 
employé  des  substances  colorantes  solubles  dans  l'eau  mère.  Les  expé- 
riences faites  avec  les  nitrates  de  plomb,  d'urée,  etc.  m'ont  fourni  des 
résultats  assez  inattendus  :  les  cristaux  de  ces  substances  peuvent,  au 
cours  de  leur  accroissement,  absorber  une  certaine  quantité  de  bleu  de 


220  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

méthylène  et,  dans  ce  cas,  leur  coloration  est  accompagnée  de  modifica- 
tions dans  leurs  formes  cristallines.  En  outre,  d'une  manière  générale,  la 
fixation  de  la  matière  colorante  se  produit  inégalement  suivant  les  diverses 
faces  et  ce  sont  celles  qui  ont  la  faculté  d'absorber  le  plus  de  matière  colo- 
rante qui  prennent  alors  le  plus  grand  développement. 

Un  nouvel  exemple  de  ces  deux  propriétés  connexes  est  fourni  par  Vacide 
phialique  [C'H*  (CO'H)^]  qui  est  remarquable  par  la  facilité  avec  laquelle 
il  laisse  pénétrer  les  matières  colorantes  dans  son  réseau  cristallin.  M.  O. 
Lehmann  a  bien  coloré  artificiellement  les  cristaux  de  cette  substance, 
mais  je  me  propose  de  montrer  qu'en  outre,  de  même  que  pour  certains 
des  corps  antérieurs  étudiés  par  moi,  l'introduction  de  ces  matières  colo- 
rantes entraîne  des  modifications  dans  leurs  formes. 

La  nature  et  le  développement  relatif  des  faces  que  prennent  les  cris- 
taux d'acide  phtalique  sont  très  sensibles  aux  conditions  de  la  cristallisa- 
tion (Muthmann  et  Ramsay);  aussi,  pour  mettre  en  évidence  les  modifica- 
tions réellement  dues  aux  matières  étrangères,  est-il  indispensable  de 
préparer  les  cristaux  étudiés  dans  des  conditions  strictement  identiques. 

Dans  une  série  d'expériences,  ces  derniers  ont  été  obtenus  en  laissant 
refroidir  lentement  une  solution  aqueuse,  bouillante,  saturée. 

Je  rappellerai  d'abord  que  l'acide  phialique  est  monoclinique  et  qu'il 
possède  un  clivage  très  facile  suivant  (2  i  2).  D'après  mes  observations,  il 
en  existe  en  outre  un  autre  beaucoup  moins  net,  parallèle  à  une  face  de 
la  zone  pg*  (e'  ou  p)  et  les  cristaux  sont  héniiédriques.  Les  propriétés 
optiques,  les  traces  de  clivages  et  les  figures  de  corrosion  dont  l'allonge- 
ment est  parallèle  à  l'arête y;^'  (éther,  alcool)  ou  à  l'axe  vertical  (eau), 
permettent  d'orienter  les  petits  cristaux  qui  ne  peuvent  être  observés  qu'au 
microscope. 

Les  cristaux  obtenus  d'une  solution  dans  l'eau  distillée  pure  sont  aplatis  suivant  g^ . 
allongés  parallèlement  à  l'axe  vertical  et  montrent  latéralement  les  faces  /)(ooi). 
e'(o  I  1),  /<'(  2  I  o),  très  étroites,  ainsi  que  (212)  et  (212),  peu  développées. 

Ceux  qui  sont  produits  dans  une  solution  colorée  par  une  matière  colorante  oriia- 
nique  sont  toujours  difl'érents  de  ce  type  normal  et,  suivant  la  nature  du  colorant,  ils 
présentent  des  formes  particulières  pou\ant  être  ramenées  aux  trois  types  suivants  : 

Pi  entier  type.  —  Avec  le  bleu  de  mélhylène,  les  cristaux  sont  toujours  aplatis  sui- 
vant i,'';  mais  ils  sont  beaucoup  plus  minces  que  le  tvpe  normal  et  allongés  parallèle- 
mciil  à  l'axe  antéroposlérieur  a;  les  faces  p{oo\),  (2i2)(2i2)  manquent  ou  scml  à 
|)eine  développées.  La  structure  en  sablier,  si  fréquente  dans  certains  minéraux,  s'ob- 
serve toujours;  les  secteurs  correspondant  aux  faces  e'(oii)  sont  plus  colorés  ([ue 
ceux  (|ui  sont  relatifs  à  /('(a  10). 


SÉANCE    DU    22    JANVIER    1906.  221 

La  fuchsine,  la  rosaniline,  le  brun  Bismark,  Vécarlate  de  Bifb/ic/i  donnent  des 
cristaux  dont  les  formes  sont  voisines  de  celles  produites  par  l'addilion  du  bleu  de 
méthylène.  Avec  la  première  de  ces  substances,  les  cristaux  sont  cependant  plus  épais 
et  se  rapprochent  un  peu  de  ceux  obtenus  dans  une  eau  mère  pure. 

Deuxième  type.  —  Le  deuxième  type  est  fourni  par  les  solutions  colorées  par  le 
vert  jnalachile.  Les  cristaux  sont  caractérisés  par  leur  allongement  suivant  l'arête 
(o  I  o)  (2  I  2).  Ils  sont  aplatis  suivant  ^'(o  i  o),  limités  latéralement  par  e'(o  r  i)  et  (2  i  2)- 
11s  sont  toujours  très  petits  et  atteignent  à  peine  quelques  millimètres,  alors  qu'en 
présence  du  bleu  de  méthylène  ils  dépassent  2'^"'.  Eu  outre  ils  ofTrenl  de  beaux 
exemples  de  la  structure  en  sablier.  Les  secteurs  colorés  correspondent  aux  faces 
e'(oi  i)  et  les  secteurs  incolores  à  (212). 

En  présence  du  vert  de  méthyle  et  du  violet  de  méthyle,  les  cristaux  se  rapportent 
au  même  type,  mais  ceux  qui  sont  colorés  avec  le  second  de  ces  corps  montrent  souvent 
les  faces  (212)  et  (  00  i). 

Troisième  type.  —  Avec  le  bleu  da  diphénylamine,  les  cristaux,  toujours  petits, 
sont  associés  en  grand  nombre  à  axe  vertical  parallèle,  de  telle  sorte  que  leur  groupe- 
ment a  l'aspect  cristallitique,  La  face  ^'(010)  est  très  peu  développée  sur  les  cristaux 
élémentaires  qui  présentent  les  formes  e'(oi  i)  et  (212),  mais,  par  suite  du  groupe- 
ment régulier  d'un  grand  nombre  d'individus,  elle  simule  une  face  d'aplatissement. 

Tous  ces  cristaux,  colorés  arlificiellement,  sont  pléochroïques.  L'absorp- 
tion maximum  se  fait  toujours  suivant  /?^,  mais  son  intensité  varie  d'une 
matière  colorante  à  une  autre;  elle  est  minimum  dans  les  cristaux  colorés 
par  le  vert  malachite. 

La  quantité  de  matière  étrangère  passant  dans  le  cristal  est  assez  faible^ 
J'ai  en  effet  trouvé,  pour  les  quantités  maxima  :  violet  de  méthyle,  ^; 
bleu  de  méthylène,  7^;;;  safranine,  ~;  brun  Bismark,  ^.  Aussi  n'in- 
fluence-t-elle  d'une  manière  sensible  ni  la  densité,  ni  le  point  de  fusion^ 
non  plus  que  la  valeur  des  angles  des  cristaux. 

En  résumé,  les  cristaux  d'acide  pbtalique  peuvent  absorber,  pendant 
leur  accroissement,  une  certaine  quantité  de  matière  étrangère  qui  exerce 
une  influence  sur  leurs  formes  et  sur  leur  grosseur.  Les  différentes  faces 
n'ont  pas  la  même  faculté  de  se  laisser  pénétrer  par  ces  substances,  aussi 
les  cristaux  montrent-ils  la  structure  dite  en  sablier,  connue  dans  plusieurs 
minéraux  et  dont  la  signification  est  ainsi  fixée. 

Ces  diverses  conclusions  s'appliquent  à  d'autres  corps  et  permettent 
d'expliquer  certaines  particularités  que  présentent  de  nombreux  minéraux, 
rencontrés  dans  la  Nature. 


G.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N°  4.)  3o 


222  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


BOTANIQUE.  —  Sur  le  mécanisme  de  chute  de  certains  bourgeons  terminaux. 
Note  de  M.  A.  Tison,  présentée  par  M.  Guignard. 

On  sait  que,  chez  un  certain  nombre  de  plantes,  le  bourgeon  terminal  des 
pousses  tombe  et  est  remplacé  dans  sa  position  terminale  par  le  bourgeon 
axillaire  de  la  feuille  voisine. 

La  partie  caduque  est  le  plus  souvent  réduite  au  bourgeon  terminal  seul 
ilJlmus  campeslris,  Salix,  Myrica  Gale,  Carpinus  Betulus,  Betula  alba,  Pla- 
tanus  occidentalis ,  Pirus  Malus,  Celtis  occidentalis ,  Corylus  Avellana,  etc.). 
Parfois,  cependant,  elle  comprend  en  outre  un  ou  plusieurs  entre-nœuds 
plus  ou  moins  courts,  avec  une  ou  plusieurs  petites  feuilles  arrêtées  dans 
leur  dévelop|)ement  (^Kœlreuteria  paniculata,  Ptelea  trifoliata,  liroussonetia 
papyrifera,  Gymnocladus  canadensis,  Cladrastis  tinctoria,  Cercis  siliquastrum 
et  canadense,  Morus  alba,  Robinia  hispida  et  pseudo- Acacia,  etc.) 

Les  premiers  signes  de  dépérissement  des  parties  caduques  sont  la  déco- 
loration qui  commence  avant  le  développement  complet  de  la  dernière  feuille 
normale  sous-jacente.  Cette  décoloration  progresse  vers  le  sommet  à  partir 
d'une  ligne  de  démarcation  très  nette,  qui  s'établit  un  peu  au-dessus  de  la 
dernière  feuille  normale  et  qui  correspond  à  la  position  d'une  couche  sépa- 
ratrice de  même  nature  et  de  même  fonctionnement  que  la  couche  sépara- 
trice automnale  des  feuilles  ('  ). 

En  ce  qui  concerne  la  cause  première  du  dépérissement  des  organes 
caducs,  les  méthodes  anatomiques  et  histologiques  ne  m'ont  fourni  aucune 
indication,  ni  dans  l'appareil  contlucteur,  ni  dans  le  contenu  cellulaire. 

L'époque  de  la  chute  des  bourgeons  terminaux  est  en  rapport  avec  celle 
à  laquelle  les  pousses  cessent  de  se  développer;  aussi  cette  chute  s'accom- 
plit-elle plutôt  sur  les  petites  pousses  latérales  que  sur  les  principales. 
C'est  ordinairement  dès  le  mois  de  juin  qu'elle  s'effectue,  quelquefois  même 
avant  que  la  décoloration  n'ait  atteint  le  sommet  du  bourgeon. 

Dans  la  majorité  des  cas,  le  fonclionneraerit  de  la  couche  séparatrice  est  lent,  car  il 
n'est  pas,  comme  dans  la  chute  automnale  des  feuilles,  aidé  par  la  traction  due  à  la 
masse  de  l'organe   caduc,    ni  surtout  par  l'action  des  alternances  de  gel  et  de  dégel. 

(')  Voir  A.  Tison,  Recherches  sur  la  chiile  des  feuilles  chez  les  dicotylédones 
{Mém.  de  la  Soc.  lin.  de  Normandie,  l.  XX,  1900,  p.  121). 


SÉANCE  DU  2V.  JANVIER  1906.  223 

Souvent  le  bourgeon,  quoique  détaché,  est  retenu  quelque  temps  en  place  par  les  sti- 
pules de  la  dernière  feuille  {Betiila  alba,  Corylus  Avcllaiia.  Plntaiius  occiden- 
talLt,  etc.  ). 

Ordinairement,  quand  la  partie  caduque  comprend,  outre  le  bourgeon  terminal, 
([uelques  nœuds  sous-jaceuts,  sa  chute  est  précédée  de  celle  des  petites  feuilles  qu'ils 
portent.  Chez  les  plantes  à  feuilles  composées  (particulièrement  Robinia  Idspida  et 
Sopitora  Japonica),  quand,  sur  lesdites  petites  feuilles,  les  folioles  sont  bien  déve- 
loppées, celles-ci  tombent  au  préalable.  Ces  chutes  partielles  sont  produites  par  autant 
de  couches  séparatrices  normales;  les  unes  et  les  autres  se  produisent  de  la  base  au 
sommet  des  parties  considérées.  On  rencontre  même,  mais  |)lus  rarement,  des  ébauches 
de  couches  séparatrices  dans  la  base  des  feuilles  extérieures  du  bourgeon.  En  résumé, 
sur  ces  petites  sommités  caduques,  l'ordre  d'apparition  des  couches  séparatrices  dans 
les  appendices  est  le  même  qu'à  l'automne  sur  les  pousses  entières;  mais  il  est  à  noter 
que  ce  phénomène  se  passe  e«  pleine  période  de  végétation. 

La  cicatrisation  de  la  plaie  occasionnée  pav  la  chute  des  sommités  ca- 
duques rappelle  en  tous  points  celle  des  coussinets  foliaires. 

Chez  la  plupart  des  plantes  à  bourgeon  terminal  caduc,  c'est,  comme  on 
le  sait,  le  bourgeon  axillaire  devenu  terminal  qui  se  développe  pour  conti- 
nuer la  pousse  de  l'année  précédente.  Toutefois,  chez  certaines  espèces,  il 
arrive  très  régulièrement  que.  dès  le  début  île  la  végétation  suivante,  ce 
bourgeon  axillaire,  ainsi  qu'un  ou  plusieurs  entre-nœuds  sous-jacents,  se 
dessèchent  sans  tomber  et  sans  cjuil  se  produise,  même  à  leur  base,  aucune 
trace  de  couche  séparatrice.  C'est  alors  le  bourgeon  axillaire  situé  immédia- 
tement au-dessous  de  cette  partie  morte  qui  se  développe  latéralement 
(Broussonetia  papyrifera,  Mvrica  gale,  Morus  alba,  Sophora  japonica,  Kœl- 
reuteria  paniciilata .,  etc.).  Chez  d'autres  espèces,  les  deux  dispositions 
peuvent  coexister  sur  la  même  plante  (Ce/lis  occidentalis,  Robinia  hispida, 
Platanus  occidentalis,  Ti  lia  grand  if 0  lia,  etc.). 

Dans  le  premier  cas,  le  plus  habituel,  les  divers  tissus  du  bourgeon 
axillaire,  devenu  terminal,  se  mettent  peu  à  peu  dans  le  prolongement  de 
ceux  de  l'entre-nœud  sous-jacent.  Toutefois,  son  cambium  ne  peut,  pendant 
quelque  temps,  s'étendre  du  côté  op|iosé  à  la  feuille  axillante,  la  route  lui 
étant  barrée  par  le  cylindre  central,  déjelé  de  ce  côté,  du  bourgeon  ter- 
minal tombé.  Il  ne  le  fera  que  plus  tard  en  traversant  le  bois  et  la  moelle  de 
ce  cylindre  central  ;  ce  sera,  quelquefois,  avant  l'hiver;  mats,  le  plus  sou- 
vent, au  début  de  la  végétation  suivante  quand  le  bourgeon  axillaire  se 
développera  en  pousse.  L'extension  du  cambium  à  travers  le  bois  du  bour- 
geon tombé  résulte  du  recloisonnenient  de  tous  les  éléments  vivants  de 


224  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ce  tissu  et  rappelle  complètement  la  façon  dont  le  cambium  caulinaire 
coupe  le  bois  des  traces  foliaires  après  la  chute  des  feuilles  (  '  ). 

BOTANIQUE.  —  Sur  un  nouveau  genre  de  Champignons  de  l'Afrique  orientale 
anglaise.  Noie  de  MM.  P.  Hariot  et  N.  Patouii.lard,  présentée  par 
M.  Bornet. 

Le  Muséum  a  reçu  de  M  Maurice  de  Rothschild  un  certain  nombre 
de  Champignons  recueillis  au  cours  de  son  voyage  d'exploration  dans 
l'Afrique  orientale  anglaise.  Un  d'entre  eux  est  particulièrement  intéres- 
sant en  raison  des  caractères  spéciaux  qu'il  présente.  C'est  l'étude  som- 
maire de  ce  Champignon  qui  fait  l'objet  de  cette  Note. 

Il  se  présente  sous  l'aspect  d'une  masse  sensiblement  liémisphérique,  creuse,  qui,  à 
l'état  sec,  mesure  environ  17'^™  de  diamètre,  sur  une  épaisseur  de  2'°'  à  3"^™.  Sa  surface 
est  marquée  de  crêtes  très  saillantes  (2"='"  à  3''™),  dirigées  d'une  façon  sensiblement 
•régulière  d'un  pôle  à  l'autre  et  séparées  par  des  sillons  larges  de  2'^'"  à  3''".  En  exami- 
nant ces  crêtes  de  plus  près,  on  remarque  qu'elles  délimitent  de  grandes  alvéoles,  très 
lirrégulières,  marquées  elles-mêmes  de  sillons  rayonnants  séparés  les  uns  des  autres  par 
-des  crêtes  secondaires  qui  descendent  toutes  des  crêtes  primaires  dans  une  direction 
perpendiculaire  à  ces  dernières.  Ces  crêtes  secondaires  aboutissent  plus  ou  moins  près 
■du  fond  des  sillons  sans  jamais  l'alteindre. 

La  coloration  de  toutes  les  parties  saillantes  (crêtes  primaires  et  secondaires)  est 
blanchâtre  tandis  que  celle  des  parties  profondes  des  sillons  est  noirâtre.  La  consi- 
stance générale  du  Champignon  desséché  est  dure  mais  paraît  avoir  été  franchement 
charnue  sur  le  vivant.  La  couleur  de  la  trame  est  semblable  à  celle  des  crêtes  et  ta 
texture  est  manifestement  rayonnante. 

Sur  une  coupe  transversale,  on  remarque  une  série  de  bandes  noires  disposées  en  fer 
à  cheval,  larges  de  2'"™  à  3™",  immergées  dans  la  trame  générale  blanchâtre  près  de  la 
face  supérieure,  mais  séparées  d'elle  par  une  bande  de  stroma  blanchâtre  d'environ 
un  demi-millimètre  d'épaisseur.  Ces  bandes,  qui  correspondent  à  la  portion  noirâtre 
de  la  région  déclive  des  sillons  (tandis  que  les  parties  blanches  qui  les  séparent  corres- 
pondent aux  crêtes)  sont  entièrement  formées  de  périthèces  charnus  et  noirs,  fortement 
pressés  les  uns  contre  les  autres,  disposés  sur  trois  ou  quatre  rangées.  La  forme  de  ces 
périthèces  est  celle  d'une  bouteille  large  d'environ  un  tiers  de  millimètre,  surmontée 
d'un  col  grêle  qui  vient  s'ouvrir  à  la  surface  par  un  ostiole  à  peine  saillant.  Ces  ostioles 
sont  réunis  par  une  portion  de  tissu  très  mince  qui  donne  la  coloration  noire  du  fond 
des  alvéoles. 

(')  A.  Tison,  Sur  le  mode  (l'accroissement  de  la  lige  en  face  des  faisceaux  fo- 
liaires, après  la  chute  des  feuilles  {Mcni,  de  la  Soc.  lin.  de  .Normandie,  t.  XXI, 
1902,  p.  7). 


SÉANCE  DU  22  JANVIER  1906.  22^ 

Le  noyau  des  périthèces  est  noirâtre  et  composé  d'asques  à  huit  spores  noires,  sépa- 
rées par  des  paraphyses.  Les  spores  sont  simples,  ovoïdes,  légèrement  inéquilatérales, 
et  munies  à  cliaque  extrémité  d'un  petit  appendice  arrondi,  hyalin,  gélatineux. 

Par  cet  ensemble  de  caractères,  ce  Champignon  s'éloigne  de  tous  les 
genres  de  Sphériacées  actuellement  connus  et  constitue  un  type  que  nous 
sommes  heureux  de  dédiera  M.  le  professeur  Maiigin  qui  a  mis  très  olili- 
geamment  les  matériaux  d'étude  à  notre  disposition. 

CoLLETOMANGiNiA.—  Xovtim  geiius  Hypocrcaceanim.  —  Major,  lignoso-car- 
nosa,  superficie  cristalo-aheolala  ;  cristis sterilibus  sporiferam  parlem  in  alveolis 
dispositam  circumscrihenlibus ;  perilheciis  immersis  ;  ascis  octosporis,  paraphy- 
satis;  sporis  continuis,  atris. 

C.  paradoxa  ii.  sp.  —  Convexa,  sabhemisphœrica,  17  cent,  lala,  cristis 
albido-ligneis,  alveolis  amplis  brunneo-atris ;  perilheciis  3-4  stichis,  atris;  ascis 
cylindricis,  octosporis,  igoij. -\-  20^.,  /iliformi-parap/iysatis,  obturaculo  iodi 
ope  cœrulescente  prœditis;  sporis  rnonostichis,  pritmtus  hyalinis,  dein  fultgineis, 
demiim  atris,  opacis,  ovoideis,  leviter  inecpiilateralibus,  i8-24;-'- -I-  I2-i5[a, 
appendiculo  hyalino,  subgelatinoso  rotundato  utraquefine  donatis. 

Ilab.  in  ditione  anglica  Africœ  orientalis. 

Par  sa  consistance  charnue,  le  genre  Colle lomanginia  appartient  indis- 
cutablement aux  Hypocréacées  de  Saccardo  et  par  ses  spores  noires  il  se 
rattache  à  la  section  Melanosporae.  Néanmoins,  si  nous  faisons  abstraction 
du  caractère  tiré  de  la  consistance  charnue,  il  est  extrêmement  voisin  des 
Hypoxylées,  ou  Sphériacées  phéosporées,  par  la  forme  inéquilatérale  des 
spores  qui  rappelle  celle  de  la  plupart  des  Hypoxylon  et  des  Xylaria,  ainsi 
que  par  les  appendices  gélatineux  tle  ces  spores  que  l'on  retrouve  dans 
quelques  Xylaria,  dans  les  Rosellinia  et  surtout  dans  tout  le  groupe  des 
Sordariées.  I.e  bleuissement  par  l'iode  d'un  point  situé  près  du  sommet  de 
l'asque  est  également  du  caractère  de  Sphériacées.  Ajoutons  que,  dans  ce 
dernier  groupe,  les  espèces  du  genre  Penzigia  ont  une  consistance  inter- 
médiaire entre  le  tissu  carbonacé  des  Hypoxylon  et  la  trame  charnue  des 
Hypocréacées. 

D'un  auire  côté,  nous  devons  faire  observer  l'homologie  très  grande  de 
constitution  qui  existe  entre  notre  plante  et  le  réceptacle  des  Ascomycètes 
du  genre  Morchella.  On  sait  que,  dans  les  Morilles,  l'hyménium  est  localisé 
dans  des  alvéoles  concaves  délimitées  par  des  crêtes  d'ordre  primaire  ou 
secondaire  stériles.  C'est  une  disposition  du  même  genre  qui  se  retrouve 
dans  le  Colletomanginia,  avec  cette  différence  qu'au  lieu  d'un  hyménium 
d'asques,  nous  avons  ici  un  groupement  de  périthèces.  Le  genre  Colleta- 


ti 


226  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

jnanginia  est  donc  une  sorte  iVHypoxYlon  composé,  au  même  titre  que  le 
réceptacle  d'une  Morille  est  une  agrégation  de  Pé/.izes. 

Ce  sont  ces  particularités  remarquables  qui  nous  ont  engagé  à  faire  con- 
n;iître  ce  nouveau  genre  de  Pyrénomycètes. 


CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  les  imriations  de  l'acide  phosphorique  el  de  l'azote 
dans  les  sucs  des  feuilles  de  certains  l'égétaux.  Note  tie  M.  G.  Axdré. 

J'ai  fait  voir  récemment  (Comptes  rendus,  t.  CXLII,  p.  106)  le  parti  que 
l'on  pouvait  tirer  de  l'analyse  des  sucs  extraits  des  feuilles  pour  connaître 
la  nature  et  les  variations  de  quelques-unes  des  substances  solubles  qui  se 
rencontrent  dans  ces  organes  à  divers  moments  de  leur  évolution. 

Je  vais  signaler  quelques  relations  nouvelles  concernant  les  variations 
(le  l'acide  phosphorique  du  suc  des  feuilles  de  pyrèthre  et  de  pavot  précé- 
demment étudiées.  Dans  le  Tableau  suivant,  je  reproduis  en  partie  les 
chiflres  que  j'ai  donnés  dans  ma  dernière  Note  :  ces  chiffres,  calculés  au 
moyen  de  l'hypothèse  que  j'ai  faite  dans  cette  Note,  se  rapportent  au  li- 
quide total  contenu  dans  les  feuilles.  Je  désigne  ici  par  azote  amidé  soluble 
celui  qui  reste  dissous  lorsque  le  suc  extrait  de  la  plante  a  été  débarrassé 
par  l'acide  acétique  étendu  et  froid  d'abord,  puis  ensuite  par  l'ébuUition, 
de  toutes  les  matières  albuminoïdes  précipitables  dans  ces  conditions.  La 
dernière  colonne  du  Tableau  représente  l'acide  phosphorique  des  phos- 
phates précipitables  directement  du  liquide  par  la  mixture  magnésienne  : 
le  précipité,  une  fois  rassemblé,  est  recueilli,  séché  et  calciné.  On  dose 
l'acide  phosphorique  dans  les  cendres  ainsi  obtenues. 

Ari.lr 

ino  parlies  |ilio' 

(lo  mntuTe  sèclie  Sur  IMinsiiboro         plioriiiiK- 

ronlionnetil  ;  lies  feuilles  Azole               Azole                 lolal                    (ies 

-^^ — -^ — —^ — ^  eon-es-  lulal               aoiitiê             caienié          pitoslilialr- 

Pliosplioie  poniiani  )>rgaTn(|uc.         soiuiile.        en  PO^U'^     pii'C\isl;.rii- 

lolai  à  1(H)  parlies                — .«^ ^              ^mh         

Azote          caleulé  lie  iiialièie  eoiilcim  iliiiis  le  sue  îles  reuilies  eorri-iiiiiil:i  i: 

lolal.       enPDHi'.  sèeiie.  a  imi  parlies  lie  iiialière  sèilie. 

I.  o  mai  igo.') 3,So        3,01  90G  0,941')        o,(ji)42  ><  " 

II.  17  mai 3,37        1,81  887  0,8710        0,5854        i,i23S 

III.  ()  juin.  Appai-iLion  de  quelque?  tiges  por- 

tanl  (les  boulons 3,o5        1,-^7  ~fi^  "i^O^"''        o>3!)'>7        0,8732        0,84,17 

1\".    '11  juin.    Vpparilion  des  ileuis 2,5.3  r , '|fi    .  (167  n.4)'|8         n,'|o5'|         0,9838         o,85.5.) 

I.  ij   juin.    .Vvanl    l'apparition    di-s  bouions 

floraux 3,93         2,Gr  pSi  ii4^9-'         i,i'i35         i,8i52         ijiï;! 

II.  iS  juin.  Foniialion  ries   boulons  Moraux..       3,82         2, /(S  716  i,386o        o,9S5i         1,8930         'iTO'^i 

III.  10  juillet,   rloraison 3,a'|         2,2fi  57')  i,i465         1,022.1         i.i3i.'i         i,o'i7ii 


SÉANCE  DU  22  JANVIER  T906.  227 

Le  rapport  entre  l'acide  phosphorique  total  contenu  dans  le  suc  des 
feuilles  correspondant  à  100  parties  de  matière  sèche  et  l'acide  phospho- 
rique total  de  100  parties  de  matière  sèche  est  maximum  (1^)  à  la  qua- 
trième prise  d'échantillon  chez  les  feuilles  de  pyrèthre;  ce  rapport  ne  subit 
d'ailleurs,  jiendant  toute  la  période  de  végétation  que  j'ai  examinée,  que 
des  variations  beaucoup  plus  faibles  que  celles  qu'il  éprouve  dans  le  cas 
des  feuilles  de  pavot.  Dans  ce  dernier  cas,  le  rapport  en  question  est  égal 
à  j^  lorsqu'd  n'existe  pas  encore  de  boutons  floraux;  il  s'élève  à  ^^  au 
moment  de  l'apparition  de  ceux-ci  et  tombe  finalement  à  —  lorsque  la 
floraison  est  complète.  La  différence  qui  existe  entre  ces  derniers  rapports 
et  ceux  que  j'ai  signalés  dans  ma  précédente  Note  entre  l'azote  total  du 
suc  des  feuilles  correspondant  à  100  parties  de  matière  sèche  et  l'azote 
total  de  100  parties  de  cette  matière  sèche,  ra|>ports  à  peu  près  constants 
(7^),  montre  qu'il  n'y  a  pas  une  relation  absolue  entre  la  migration  de 
J'azote  et  celle  de  l'acide  phosphorique.  Celui-ci  semble,  dans  le  cas  d'une 
plante  annuelle,  telle  que  le  pavot,  émigrer  plus  vite  hors  de  la  feuille  qwe 
l'azote  lui-même.  C'est  ce  que  l'on  voit  nettement  quand  on  prend  les 
rapports  entre  l'acide  phosphorique  total  du  suc  et  l'azote  total  de  ce  même 
suc,  d'une  part,  entre  l'acide  phosphorique  total  du  suc  et  l'azote  amidé, 
d'autre  part.  Ces  rapports  sont  égaux  respectivement  à  njïï  et  J^  à  la 
deuxième  prise  d'échantillon;  ils  s'abaissent  à  nni  et  f;^  à  l'époque  de  la 
floraison  complète  du  pavot. 

L'acide  phosphorique  des  phosphates  préexistants  dans  le  suc  des 
feuilles  du  pavot  représente  d'ailleurs  les  j^,  environ  de  l'acide  phospho- 
rique total  de  ce  suc  aux  deux  dernières  prises  d'échantillon.  Ce  rapport 
est  un  peu  moins  élevé  chez  les  feuilles  de  pyrèthre. 

On  peut  donc  admettre  que,  chez  la  plante  annuelle,  une  partie  de 
l'acide  phosphorique  quitte  la  feuille  et  se  dirige  vers  l'ovule  à  l'état  de 
phosphate  minéral  soluble,  une  autre  partie  se  déplaçant  de  son  côté  à 
l'état  de  combinaison  avec  la  matière  azotée. 


228  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


BIOLOGIE  GÉNÉRALE.  —  Les  propriétés  des  colloïdes  et  Vinlerprélation  dyna- 
mique de  la  division  cellulaire.  Noie  de  M.  Angel  Gallardo,  présentée 
par  M.  Alfred  Giard. 

Le  proloplasma  comme  toute  solution  colloïdale  est  formé  de  granules 
plus  gros  que  les  molécules  (puisqu'ils  diffusent  la  lumière)  et  portant  une 
charge  électrique  (  '  ). 

Lillie  a  constaté  expérimentalement  que  les  cellules  et  noyaux  libres  se 
déplacent  dans  un  champ  électrique,  les  noyaux  libres  et  les  sperma- 
tozoïdes montrant  une  forte  tendance  à  suivre  le  courant  négatif,  ce  qui  fait 
croire  que  les  granules  coUoïdaux  qui  forment  la  chromatine  nucléaire 
portent  des  charges  négatives.  Les  cellules  à  cytoplasma  volumineux 
(comme  les  cellules  de  Sertoli)  marchent  dans  la  direction  contraire  en 
montrant  l'électrisation  positive  des  particules  colloïdales  cytoplas- 
miques  (-).  Cette  différence  de  charge  entre  la  chromatine  et  le  cvto- 
plasma  est  d'accord  avec  leurs  propriétés  chimiques  et  l'action  des  colo- 
rants. 

Nous  pouvons  donc  admettre  que  les  chromosomes  du  noyau  portent 
une  charge  négative  qui  augmente  par  influence  la  charge  positive  du  cyto- 
plasma. 

A  la  limite  entre  le  noyau  et  le  cytoplasma,  il  doit  se  former  une  mem- 
brane (la  membrane  nucléaire)  par  la  coagulation  qui  se  produit  quand 
deux  solutions  de  signe  contraire  se  trouvent  en  présence.  Or,  comme  le  fait 
remarquer  Lillie,  l'acidité  de  la  chromatine  augmente  à  l'approche  de  la 
division,  ce  qui  entraîne  une  plus  grande  différence  de  potentiel.  La  redis- 
solution  de  la  membrane  est  probablement  en  relation  avec  cette  plus  forte 
acidité,  puisque  à  mesure  que  l'on  ajoute  un  colloïde  négatif  à  un  colloïde 
|)0sitif,  la  précipitation  est  d'abord  partielle,  puis  totale  on  maxima  et,  si 
l'on  continue  à  ajouter  ilu  colloïde,  on  voit  le  précipité  se  redissoudre  et 
disparaître. 

La  disposition  des  chromosomes  dans  la  plaque  équaloriale  est  aisément 
interprétée  par  cette  théorie,  comme  l'a  fait  Lillie  ('). 

(')  J.  I*ERRIN,  Comptes  lendiis,  l.  CWWll,  |).  5(34. 

(-)  H. -S,  Lillie.  American  Journ.  of  l'IiysioL.,  t.  VIII,  igoS,  p.  273-288. 

{'')  R.-S.  Lillie,  ISiol.  Bull.,  t.  Mil,  igoô,  p.  igS-ao^. 


SÉANCE  DU  -22    JANVIER  1906.  229 

En  admeltanl  donc  les  charges  électriques  contraires  des  chromosomes 
et  du  cytoplasma  polarisé  aux  centrosomes,  nous  avons  une  distrihulion 
des  équipotentielles  et  des  lignes  de  force  qui  coïncide  avec  la  forme  de 
l'amphiaster. 

J'ai  vérifié  expérimentalemenl  cette  distribution  au  moyen  de  la  figura- 
tion électrochimique  des  équipotentielles  de  Guébhard,  en  employant 
deux  iiiguilles  à  charge  positive  pour  représenter  les  centrosomes  et  une 
lame  à  charge  négative  pour  la  plaque  équatoriale  chromatique  ('). 

Pour  comprendre  la  segmentation  longitudinale  des  filaments  cliroma- 
liques,  il  suffit  d'appliquer  la  théorie  des  solutions  colloïdales  de  î.  Perrin. 

Un  germe  colloïdal,  d'abord  extrêmement  petit,  ne  portera  presque  ja- 
mais de  charge  et  il  grossira,  favorisé  par  la  tension  superficielle  et  par  la 
cohésion;  puis,  au  delà  d'une  certaine  taille,  il  portera  en  moyenne 
un  électron  et  nulle  cause  encore  ne  l'empêchera  de  grandir;  puis  il  portera 
deux  électrons,  qui  se  repousseront  et  qui  distendront  le  granule  formé. 

Cette  répulsion  pourra  être  assez  grande  pour  amener  la  segmentation 
du  granule  (-).  Chaque  chromosome  étant  formé  d'une  série  de  granula- 
tions chromatiques  ou  chromomères,  nous  pouvons  taire  pour  chaque 
chromomère  le  raisonnement  de  Perrin  et  expliquer  ainsi  la  segmentation 
longitudinale  du  chromosome. 

Ces  deux  groupes  de  moitiés  jumelles  marchent  vers  les  pôles  de  la  cel- 
lule, suivant  les  lignes  de  force  du  champ,  sous  la  double  impulsion  de  leur 
répulsion  mutuelle  et  de  l'attraction  des  centrosomes. 

A  mesure  qu'augmente  la  séparation  des  deux  groupes  chromatiques,  le 
champ  de  force  se  modifie  aux  environs  de  l'équateur  de  la  cellule.  Les 
équipotentielles  entre  les  deux  groupes  de  charge  électrique  de  même 
nom  tendent  h  devenir  des  lemniscates  et,  quand  les  nouveaux  noyaux  se 
reforment,  nous sommesarrivés  au  cas  de  la  distribution  des  équipotentielles 
entre  deux  pôles  ou  deux  sphères  de  même  nom.  Comme  on  sait,  ces  équi- 
potentielles forment,  pour  les  potentiels  élevés,  deux  systèmes  de  courbes 
fermées  autour  de  chaque  pôle  suivis  pour  les  potentiels  décroissants  de 
lemniscates  qui  enveloppent  les  deux  centres,  puis  par  des  courbes  ellip- 
tiques de  plus  en  plus  grandes. 

l^ippmann  a  fait  voir  l'influence  des  différences  de  potentiel  sur  la  ten- 


(')  An.  Mus.  Nac.  Buenos-Aires,  i"  série,  t.  V,  p.  259-276. 
(^)  J.  I^ËRRiN,  Comptes  rendus,  t.  CXXXVII,  p.  565. 

C.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N'  4.)  ^I 


23o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

sioii  superficielle,  et  Lillie  a  liié  parti  de  ces  études  pour  expliquer  les 
changements  de  forme  de  la  cellule  en  division  ('  ). 

La  surface  de  la  cellule  prend  approximativement,  avant  la  division,  la 
forme  d'une  équipotentieile  ellipsoïdale.  Bientôt,  et  par  l'écartement  des 
deux  noyaux  segmentés,  il  se  produit  à  l'équateur  de  la  cellule  une  chute 
de  potentiel  qui  se  traduit  par  la  formation  d'équipotentielles  en  forme 
de  haltères  ou  lemniscates.  Celte  différence  de  potentiel  doit  déterminer  un 
changementde  tension  superficielle.  Si  cette  tension  superficielle  augmente, 
nous  aurons  à  l'équateur  de  la  cellule  une  zone  de  constriction  qui  produit 
le  clivage  de  la  cellule  tout  en  moulant  sa  surface  à  peu  près  selon  la  forme 
des  équipotentielles  à  potentiel  successivement  croissant. 

J'ai  étendu  celte  étude  aux  cas  des  monasters,  triasters  et  polyasters  et, 
quoique  la  force  karyocinétique  ne  soit  pas  l'électricité  (^),  elle  est  sans 
doute  une  force  centrale  bipolaire  dont  les  figures  achromatiques  cellu- 
laires extériorisent  les  lignes  de  force  au  moyen  de  granulations  orientées 
sous  forme  de  chaînes  de  force,  tandis  que  la  surface  de  la  cellule  suit 
approximativement  la  forme  des  équipotentielles. 

Celte  interprétation  engagera  peut-être  à  faire  des  expériences  sur  les 
champs  de  force  créés  entre  colloïdes  de  signe  contraire,  expériences  qui 
seront  utiles  autant  pour  la  cytologie  que  pour  la  connaissance  des  solu- 
tions colloïdales. 


ZOOLOGIE.    —    Sw  le  Leposphilus  labrei   Hesse   cl  sur  la  famille  des 
Philichthydae.  Note  de  M.  A.  Quidor,  présentée  par  M.  Y.  Delage. 

Leposphilus  labrei  Hesse  vit  en  parasite  dans  les  écailles  de  la  ligne 
latérale  du  crénilabre  (^Labriis  Donovani).  La  femelle  adulte  fut  découverte 
et  décrite  par  Hesse  (')  et  le  mâle  par  Cari  Vogt  (  '). 

Cette  étude  faite  à  Roscoff,  au  laboratoire  Lacaze-Duthiers,  a  pour  objet 
de  reclifier  la  description  du  mâle  et  de  contribuer  à  l'étude  du  développe- 


(')  H. -S.  LiLUE,  Biol.  JSiilL.  t.  I\,  1900,  p.  164-178. 

(-)  Cette  opinion  me  paraît  plus  prudente  que  celle  que  j'ai  émise  antérieurement 
{An.  Soc.  Cienl.  Arg.,  t.  XLlll,  1896,  p.  19). 

(')  Annales  des  Sciences  naturelles.  5"=  série,  t.  ^.  PI.  /A,  1866. 
(*)    Cnistaccs parasites  des  l'oissons.  Genève,  1879. 


SÉANCE    DU    2  2    JANVIER    1906.  23 1 

ment  de  la  femelle  dont  le  nanpliiis  seul  était  connu.  Elle  modifie  sensi- 
blement les  caractères  des  Phi/ic/ithvdœ  et  montre  les  effets  du  parasitisme 
sur  leur  morphologie  externe. 

Dans  la  description  qu'il  en  donne,  Cari  Vogt  attribue  au  mâle  un  bou- 
clier céphalique  avec  œil  médian,  deux  anneaux  thoraciques  et  huit 
anneaux  abdominaux.  Sur  les  côtés  du  second  anneau  abdominal  seraient 
les  orifices  génitaux.  Or,  ceux-ci  se  trouvent  en  réalité  sur  la  face  ventrale 
du  quatrième  anneau  abdominal,  à  la  base  d'une  large  éminence  conique 
latérale  terminée  par  une  soie.  Cet  anneau  génital  est  donc  le  premier 
segment  abdominal  et  ceux  qui  le  précèdent  sont  des  segments  thoraciques. 

D'autre  part,  le  mâle  de  Philichlhys  Xiphiœ  Steenstrup,  pai'asite  des 
canaux  muqueux  de  l'Espadon  (Xiplnas  ^j/adiiis),  est  presque  identique  à 
celui  de  Leposphilus  labrei.  Il  possède,  dit  Bergsœ  ('),  un  céphalothorax 
{cephalon),  deux  anneaux  abdominaux  {les  deux  premiers  segments  ihora- 
ciques)  et  une  queue  formée  de  huit  anneaux  {^abdomen  pour  Vogt)  dont  le 
quatrième  porte  de  chaque  côté  une  soie  très  nette.  Les  orifices  sexuels, 
placés  par  Bergsœ  sur  le  premier  segment  caudal,  ce  que  conteste  d'ail- 
leurs Vogt,  sont  certainement  dans  le  voisinage  de  ces  soies  et  le  segment 
qui  les  porte  devient,  comme  chez  le  Leposphilus,  le  premier  segment  ab- 
dominal. 

Chez  les  Philichthyike  donc,  le  corps  des  mâles  comprendrait  un  céphalon, 
cincj  segments  thoraciques  et  cinq  segments  abdominaux. 

L'élude  des  formes  larvaires  femelles  du  Leposphilus  labrei  H.  confirme  celle  iiiler- 
prélation.  La  plus  petite  qui  put  être  étudiée  tiiesurait  C'^jS.  Le  cepiialou  portail 
deuK  petits  yeu\  rouges  latéraux  qui,  par  leur  fusion,  foruienl  l'œil  impair  de  l'adulte. 
L'abdomen  ne  comprenait  que  deux,  segments  dont  le  dernier,  beaucoup  plu^  grand, 
portail  une  furca  bien   développée. 

Une  forme  larvaire,  trouvée  seule  dans  une  légère  tumeur,  mesurait  o™™,  8  et  avait 
l'aspect  du  niàle.  Mais  si  les  deux  orifices  sexuels  se  trouvaient  à  la  partie  inférieure 
du  premier  segment  abdominal,  ce  dernier  ne  portait  aucune  trace  des  éminenees 
coniques  et  des  soies  observées  chez  le  mâle.  De  plus,  chaque  branche  de  la  furca  ((ui, 
chez  ce  dernier,  présente  une  soie  latérale  et  ([uatre  soies  distaies,  ne  porte  ici  que 
trois  soies  terminales. 

Aux  orifices  circulaires  aboutissent  deux  longues  poches  plissées  qui  s'étendtnl,  en 
s'amincissant,  jusque  dans  la  partie  postérieure  du  troisième  segment  thoracique  où 
se  trouve   une  petite  masse  ovalaire  analogue  à  celle  que  N  ogt  considère  comme  un 

(')  Monographisk  Fremstillet  of  V.  Bergsœ.  Kjobenhavn,  1866. 


232  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ovaire  chez  la  femelle  adulte.  A  celle  portion  ascendante  fait  suite  un  canal  qui  s'ouvre 
également  dans  le  premier  segment  abdominal,  mais  dans  sa  partie  supérieure  et  laté- 
ralement, en  un  point  où  s'insèrent  précisément  les  ovisacs  (')  chez  la  femelle  adulte. 
On  est  cerlainement  en  présence  d'une  jeune  femelle.  Aux  orifices  ventraux  qui  servent 
à  la  copulation  aboutissent  les  réceptacles  séminaux  et  aux  orifices  de  ponte  les  ovi- 
ductes. 

En  résumé  les  Philichtydœ.  par  leur  céphalon,  leurs  cinq  segments  iho- 
raciques,  leurs  cinq  segments  abdominaux,  sont  des  copépodes  typiques.  T.a 
simplicité  de  leur  organisation,  la  régularité  de  la  segmentation  observée 
chez  les  mâles  connus,  le  faible  dimorphisme  sexuel  entre  le  mâle  et  la 
jeune  feinelle,  tout  au  moins  chez  Leposphilits  labrei  H.,  permettent  de 
considérer  cette  famille  comme  très  voisine  des  formes  ancestrales  des 
copépodes.  Le  parasitisme  a  déterminé  la  régression  des  appendices  loco- 
moteurs qui,  réduits  à  trois  paires  chez  les  mâles,  disparaissent  complète- 
ment chez  la  femelle  adulte  de  Leposphiiiis  labrei  H.  et  sont  remplacés  par 
un  nombre  variable  d'appentiices  mous  et  inarticulés  chez  les  femelles 
adultes  des  autres  Philichlhydœ  dont  la  segmentalion  devient  alors  moins 
nette. 


EMBRYOGÉME.  —  Aclion  de  l'exlrait  de  glande  inlerstiticlle  du  teslicide  sur  le 
développement  du  squelette  et  des  organes  génitaux.  Note  de  MM.  P.  lîoci.v 
etP.AxcEL,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

La  sécrétion  interne  du  testicule  prend  uniquement  sa  source  dans  les 
éléments  situés  entre  les  tubes  séminifères  et  dont  l'ensemble  constitue  la 
glande  interstitielle.  Celle-ci  possède  seule  l'action  sur  l'organisme  re- 
connue jusqu'ici  au  testicule  tout  entier.  Telle  est  la  conclusion  à  laquelle 
nous  ont  amenés  une  série  de  recherches  antérieures.  Nous  avons  pu  l'éta- 
blir en  démontrant  que  les  sujets  chez  lesquels  la  glande  interstitielle  est 
normalement  développée  et  chez  lesquels  la  glande  séminale  est  absente 
possèdent  tous  les  caractères  des  entiers  :  tels  sont  par  exemple  certains 
cryptorchides  ou  des  sujets  ayant  subi  une  sténose  expérimentale  ou  patho- 
logique des  voies  excrétrices  du  sperme. 

Des  injections  prolongées  d'extraits  de  glande  interstitielle  à  des  animaux 


(')  Ces  ovisacs  sont  temporaires  et  n'avaient  pas  été  oljser\es  jusi[i 


SÉANCE  DU  2  2  JANVIER  1906.  2.33 

castrés  jeunes  nous  ont  donné  des  résultats  qui  fournissent  une  preuve  di- 
recte du  bien  fondé  de  cette  manière  de  voir.  Ces  extraits  ont  été  obtenus 
en  épuisant  par  la  glycérine  et  l'eau  des  testicules  ectopiques  de  divers 
orands  mammifères.  Pour  être  sûrs  d'obtenir  un  extrait  de  glande  intersti- 
tielle pure,  nous  avons  examiné  chaque  organe  au  microscope  et  nous 
avons  utilisé  seulement  ceux  qui  ne  possédaient  pas  de  glande  séminale  et 
qui  renfermaient  une  glande  interstitielle  bien  développée. 

Les  animaux  mis  en  expérience  étaient  des  Cobayes  mâles,  âgés  de  2  à  4  semaines, 
au  nombre  de  9.  Ils  ont  été  partagés  en  trois  séries  de  trois  animaux  chacune.  Les 
Cobayes  de  la  première  ont  été  castrés  et  gardés  comme  témoins;  ceux  de  la  seconcie 
n'ont  subi  aucune  opération  et  ont  été  également  conservés  comme  témoins;  ceux  de 
la  dernière  ont  été  castrés  et  ont  reçu  tous  les  deux  jours,  en  injections  sous-cutanées, 
jcmï  d'extrait  dilué  au  |  avec  de  l'eau  bouillie.  Ces  injections  ont  été  faites  régulière- 
ment pendant  9  mois. 

Parmi  les  résultats  que  nous  ont  fournis  ces  injections,  nous  retiendrons  seulement 
ceux  qui  concernent  les  organes  sur  lesquels  la  castration  retentit  d'une  façon  toute 
spéciale,  c'est-à-dire  les  os  et  les  organes  génitaux.  Ces  résultats  peuvent  êlre  con- 
densés dans  le  Tableau  suivant  : 

Série  1.  Série  1.  Série  3. 

Cobayes  normaux  Cobayes  castrés  Cobayes  castrés 

témoins.  injectés.  lémoins. 

Cob.  1.       Coll.  2.       Coll.  .1.  Cob.  4.       Cub.  5.       Cob.  6.  Ciib.  7.       Coll.  8.       Cob.  ■.'. 

cui  cm  cm  cm  cm  cm  cm  rui  cm 

Fémur  (long.) 4.4°  4i4o  4;3o  4)3o  4,3o  4j4''  4j5o  4>45  '^,■''^> 

Tibia  (long.) 4i70  4,5o  4)5o  4)6o  4,5o  .'1,70  ^,Ho  4,70  4 1 7'> 

Os  nasaux  (long.) 1,9  2,00  1,90  2,10  2,00  2,10  2,25  3,20  2,3ô 

l  (long.) 3,-0  3,70  3,80  3,20  3,00  3,4o  2,20  2,00  2,00 

Verge  (')             ."  ?_„  s  s  b  s    .  e  e  «    „ 

(  (poids 0,55  0,60  0,60  o,4o  0,35  o,5o  0,20  o,i5  0,18 

cm  cm  cm  cm  cm  cm  cm  cm  ici 

Vésicules  séminales  (long.). .      5,5       6,00     6,00  3, 20     2,5o     5, 00  i,4o     1,20      i..J.o 

La  lecture  de  ce  Tableau  montre  tout  d'abord  que  les  fémurs  et  les 
tibias  des  animaux  castrés  sont  plus  longs  que  ceux  des  Cobayes  normaux. 
Ce  fait  est  bien  connu  et  l'on  sait  que  l'ablation  des  testicules  chez  les 
jeunes  sujets  détermine  la  persistance  des  cartilages  de  conjugaison  et,  p;ir 
conséquent,  l'augmentation  de  la  longueur  des  os.  Noire  Tableau  montre 
aussi  que  les  os  des  castrés  injectés  sont  moins  longs  que  ceux  des  castrés 
témoins  et  se  rapprochent  sensiblement  des  os  des  normaux  témoins.   Les 

(')   Mesurée  de  l'extrémité  du  gland  à  la  symphyse  pubienne. 


234  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

mêmes  observations  sont  à  faire  au  sujet  des  os  nasaux  qui  ont  subi  chez 
les  castrés  injectés  un  allongement  moins  considérable  que  chez  les  castrés 
témoins. 

Les  différences  les  plus  sensibles  se  manifestent  sur  les  organes  génitaux, 
verge  et  vésicules  séminales.  Tandis  que  ces  organes  ont  conservé  chez  les 
castrés  témoins  la  longueur  et  le  poids  (|u'ils  possèdent  chez  les  animaux 
très  jeunes,  ils  se  sont  au  contraire  développés  chez  les  sujets  castrés  et 
injectés;  leurs  dimensions  se  rapprochent  des  dimensions  présentées  par 
les  mêmes  organes  chez  les  sujets  normaux. 

Ces  résultats  tendent  à  faire  admettre  les  conclusions  suivantes  : 

1°  Les  effets  de  la  castration  sur  le  squelette  et  les  organes  génitaux 
peuvent  être  atténués  par  des  injections  sous-cutanées  d'extrait  de  glande 
interstitielle  du  testicule; 

1°  Cet  extrait  agit  sur  le  Cobaye  bien  que  provenant  de  testicules  de 
grands  mammifères. 


PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  Recherches  expérimentales  sur  les  propor- 
tions de  chloroforme  contenues  dans  l'organisme  au  cours  de  l'ancsthésie 
chloroformique.  Note  de  M.  J.  Tissor,  présentée  par  M.  Chauveau. 

J'ai  étudié  successivement  les  proportions  de  chloroforme  contenues 
dans  l'organisme  au  moment  oîi  survient  l'anesthésie,  au  moment  de  la 
mort  par  le  chloroforme,  et  pendant  le  cours  régulier  de  l'anesthésie. 

Valeur  de  la  dose  aneslhésique.  —  Suivant  Gréhant  et  Quinquaud  la  dose 
anesthésique  de  chloroforme  serait  de  So'"*'  environ  pour  loo'^"'  de  sang. 
Mes  déterminations  m'ont  iriontré  les  faits  suivants  : 

1°  Chez  les  animaux  rapidement  anesthésiés,  la  valeur  de  la  proportion 
de  chloroforme  contenue  dans  le  sang  artériel  au  début  de  l'anesthésie 
est  toujours  assez  considérable  et  peut  même  notablement  dépasser  la  pro- 
portion de  So^s  pour  loo'"''  de  sang.  Elle  est  d'autant  plus  considérable  que 
l'anesthésie  se  produit  avec  plus  de  rapidité.  Elle  peut  atteindre  yo"^ 
à  8o™^,  c'est-à-dire  une  valeur  notablement  supérieure  à  la  dose  qui,  plus 
tard,  sera  suffisante  à  déterminer  la  mort. 

2°  Plus  l'anesthésie  est  obtenue  lentement,  plus  la  dose  nécessaire  à  la 
produire  est  faible  dans  le  sang  artériel.  La  proportion  de  chloroforme 
s'abaisse  à  34™^  et  35'"'''  pour  loo'""'  de  sang  chez  les  animaux  très  lente- 


SÉANCE  pu  -21    JANVIER  I906.  235 

ment  aneslhésiés,  alors  qu'elle  s'élève  à  43™^  et  45"^,  dans  le  cas  d'aneslhé- 
sie  de  rapidité  moyenne. 

Valeur  de  la  dose  mortelle.  —  D'après  Gréhant  et  Quinquaud,  cette  dose 
serait  très  voisine  de  la  dose  anesthésique. 

En  recherchant  la  valeur  de  la  dose  mortelle  de  chloroforme  dans  le  sang 
artériel,  j'ai  été  amené  à  constater  que  la  proportion  de  chloroforme 
diminue  progressivement  dans  le  sang  artériel  depuis  le  début  de  la  syn- 
cope mortelle  jusqu'à  l'arrêt  du  coeur  et  que  la  valeur  de  cette  diminution 
dépend  de  la  durée  de  survie  du  cœur.  Voici  un  exemple  des  résultais 
obtenus  en  prélevant  le  sang  au  début  et  à  la  fin  de  la  syncope  mortelle  : 

Sang  artéiiel  immédiatement  au  début  de  la  syncope  mortelle.  .  .  67,2 

Sang  veineux                                  >'                                »                      ...  43,5 

Sang  du  nœui'  gauche  à  l'arrêt  du  cœur ^0,9 

Ce  fait  est  absolument  constant.  On  peut  en  tirer  les  conclusions  sui- 
vantes : 

i"  La  proportion  de  chloroforme  contenue  dans  le  sang  du  cœur  gauche  au  moment 
de  l'arrêt  du  cœur  ne  représente  pas  la  proportion  qui  a  déterminé  les  accidents  mor- 
tels; elle  est  plus  faible  que  celte  proportion. 

1°  Si  Ton  veut  connaître  exactement  la  proportion  de  chloroforme  qui  détermine  la 
mort,  il  faut  prélever  le  sang  immédiatement  au  début  de  la  syncope  mortelle. 

Des  recherches  très  nombreuses  sur  la  proportion  de  chloroforme  con- 
tenue dans  le  sang  artériel  au  début  de  la  syncope  mortelle  m'ont  permis 
d'observer  les  faits  suivants  : 

1°  La  proportion  de  chloroforme  dans  le  sang  artériel  au  début  de  la  syncope  mor- 
telle est  excessivement  variable.  Elle  est  d'autant  plus  considérable  que  la  mort  par  le 
chloroforme  e^st  plus  rapide;  dans  le  cas  de  mort  rapide  au  début  de  l'anesthésie  ou 
pendant  la  période  d'excitation,  elle  est  toujours  supérieure  à  70'""  pour  100'^"'  de 
sang.  Lorsque,  au  contraire,  on  tue  très  lentement  les  animaux  par  une  dose  croissante 
de  chloroforme,  on  trouve  que  la  proportion  oscille  le  plus  souvent  entre  5j™s  et  70"'s. 

2°  Il  y  a  un  écart  considéralile  entre  la  dose  juste  suffisante  à  provoquer  l'anesthésie 
et  à  la  maintenir  et  la  dose  minima  qui  peut  provo([uer  la  mort; 

?>°  On  peut  trouver  dans  le  sang  artériel  une  dose  de  chloroforme  1res  supérieure 
à  la  dose  mortelle  sans  que  la  mort  survienne  immédiatement.  Celte  dose  ne  deviendra 
mortelle  que  lorsque  la  proportion  de  chloroforme  aura  atteint  dans  le  cerveau  une 
valeur  équivalente  à  la  dose  qui  pour  lui  est  mortelle. 

Ce  dernier  fait  montre  que  la  proportion  de  chloroforme  dans  le  sang 


236  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

artériel  ne  suffit  pas  à  renseigner  à  elle  seule  sur  les  causes  de  la  mort,  ou 
sur  la  valeur  exacte  de  la  dose  mortelle.  Ce  n'est  donc  pas  dans  le  sang 
qu'il  faut  chercher  la  dose  mortelle,  c'est  dans  le  cerveau.  Le  Tableau  sui- 
vant renseigne  sur  les  proportions  de  chloroforme  respectivement  con- 
tenues dans  le  cerveau,  le  sang  veineux  et  le  sang  artériel,  pour  loo™'  de 
sang  ou  loo'^  de  cerveau. 


Cerveau  après  arrêt  du  cœur 'i8,o3 

Sang  artériel  au  début  de  la  syncope  mortelle..  .  .  56, o5 

Sang  veineux  >;  ....  5 1,7 

Sang  du  cœur  gauclie  après  l'arrêt  du  cœur » 

Mes  déterminations  m'ont  permis  de  tirer  les  conclusions  suivantes  : 

1°  Pendant  l'anestliésie,  la  proportion  de  chloroforme  dans  le  cerveau  tend  à  se 
mettre  en  équilibre  avec  la  proportion  que  contient  le  sang  artériel; 

2°  Le  cerveau  contient  au  niimient  de  l'arrêt  du  cœur  une  proportion  de  chloroforme 
inférieure  à  celle  que  contenait  le  sang  artériel  au  début  de  la  syncope  mortelle; 

3°  Après  l'arrêt  du  cœur,  le  cerveau  contient  souvent  plus  de  chloroforme  que  le 
sang  du  cœur  gauche;  il  en  contient  toujours  autant  ou  plus  que  le  sang  veineux  en 
contenait  au  début  de  la  syncope  mortelle. 

J'ai,  en  outre,  constaté  ce  fait  important  que  le  cerveau  fixe  une  pro- 
portion de  chloroforme  beaucoup  plus  grande  que  les  autres  tissus.  Voici 
un  exemple  de  ce  fait  : 


Exp( 

îriences 

11. 

III. 

IV. 

v. 

m? 

m;; 

m? 

me 

67,7 

64,8 

07,1 

4«,6 

I  o5 ,  9. 

77.' 

60 

60,3 

57,3 

47,5 

46,5 

» 

76 

47,7 

53,4 

42,7 

Sang 

Tissu 

artériel. 

Cerveau. 

Foie. 

M  uscle. 

graisseux. 

5o"'s,7 

(') 

48"-«,7 

25™s,8 

2  7">s,6 

20"'s,6 

Chloroforme  pour  loos 5o"'s,7  (' 

Variations  de  la  dose  de  chloroforme  pendant  le  sommeil  anesthèsiqiie.  — 
Les  nombreuses  déterminations  faites  pendant  le  sommeil  anesthésiqiie 
m'ont  amené  aux  constatations  suivantes  : 

i''  La  proportion  de  chloroforme  contenue  dans  le  sang  artériel  s'accroît 
immédiatement  dès  qu'il  se  produit  une  augmentation  de  la  ventilation 
pulmonaire,  pendant  l'anesthésie  avec  les  mélanges  titrés  de  chloroforme 
et  d'air,  ou  par  d'autres  procédés; 


(')  Sang  prélevé  an  moment  exact  de  la  syncope  cardiaque. 


SÉANCE  DU  22  JANVIER  I906.  237 

2°  Pendant  l'anesthésie,  à  quelque  moment  que  ce  soit,  il  y  a  toujours 
plus  de  chloroforme  dans  le  sang  artériel  que  dans  le  sang  veineux; 

3°  Pendant  une  syncope  respiratoire,  le  chloroforme  diminue  assez 
notablement  dans  le  sang  artériel  ; 

4°  Il  n'existe  aucun  rapport  direct  entre  les  proportions  de  chloroforme 
du  sang  artériel  et  l'effet  qu'elles  produisent;  cet  effet  dépend  de  la  durée 
du  contact,  de  la  proportion  de  chloroforme  dans  le  cerveau  et  de  la  vitesse 
de  la  circulation  du  sang. 


PHYSIOLOGIE.  —  Action  du  sulfate  d'hordénine  sur  la  circulation.  Note  de 
M.  L.  Camus,  présentée  par  M.  Guignard. 

Dans  une  précédente  Note  ('),  j'ai  résumé  mes  recherches  sur  la  toxicité 
de  l'hordénine  pour  différentes  espèces  animales;  j'ai  aussi  étudié  l'action 
de  cette  substance  sur  le  sang  (^)  et  j'ai  montré  d'une  part  qu'elle  n'est  pas 
hémolytique  et  d'autre  part  qu'elle  peut  relarder  la  coagulation  du  plasma 
et  du  sang  total. 

Je  désirerais  maintenant  faire  connaître  le  résultat  de  mes  recherches  re- 
latives à  l'action  de  cet  alcaloïde  sur  la  circulation. 

Les  expériences  ont  été  faites  sur  le  chien  et  sur  le  lapin.  J'ai  employé  le  plus  sou- 
vent le  cliloralose  comme  anesthésique  et,  d'une  façon  exceptionnelle,  le  chloroforme. 
Le  sulfate  d'hordénine  a  été  administré  presque  toujours  par  injection  intraveineuse, 
soit  dans  la  veine  saphène,  soit  dans  la  veine  marginale  de  l'oreille  ;  dans  quelques  expé- 
riences seulement,  j'ai  suivi  et  enregistré  l'efTet  de  l'ingestion.  Les  solutions  d'hordé- 
nine ont  été  faites  avec  l'eau  distillée.  Les  modifications  circulatoires  ont  été  enre- 
gistrées au  moj'en  du  manomètre  inscripteur  de  François-Franck  et,  sur  les  tracés, 
j'ai  fait  le  relevé  de  la  hauteur  de  la  pression,  du  nombre  des  pulsations,  de  leur  am- 
plitude et  du  nombre  des  respirations.  Ne  pouvant  rapporter  ici  le  protocole  des  expé- 
riences ni  donner  la  reproduction  des  graphiques,  je  résumerai  simplement  les  résultats. 
Le  phénomène  qui  se  produit  toujours  après  l'introduction  dans  le  torrent  circula- 
toire de  quelques  centigrammes  de  sulfate  d'hordénine  consiste  dans  une  élévation 
importante  de  la  pression  sanguine,  accompagnée  de  modifications  du  rythme  et  de 
l'amplitude  des  pulsations;  il  est  fréquent  de  voir,  par  exemple,  la  pression  de  l'artère 
fémorale  passer  de  12'=™  à  26'^"  de  mercure  en  l'espace  d'une  minute.  Ce  sont  en  général 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXLIl,  8  janvier  1906,  p.  iio-n3. 

Ç-)  Comptes  rendus  de  la  Société  de  Biologie,  t.  LX,  20  janvier  1906. 

C.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N"  4.)  3: 


238  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

les  doses  de  os, oi  à  os, lo  par  kilogramme,  qui  donnent  ces  fortes  élévations  de  la 
pression.  Des  doses  plus  faibles,  voisines  de  os,  ooi  par  kilogramme,  modifient  beaucoup 
moins  la  pression,  mais  elles  donnent  naissance  à  des  changements  importants  dans  le 
nombre  et  l'amplitude  des  pulsations. 

Quand  on  injecte  une  forte  dose,  il  se  produit  en  général  une  forte  accélération  car- 
diaque avec  une  diminution  de  l'amplitude  des  pulsations  ;  après  l'injection  d'une  faible 
dose,  c'est  l'inverse  que  l'on  constate,  le  cœur  se  ralentit  et  les  pulsations  augmentent 
beaucoup  d'amplitude. 

J'ai  cherché  à  élucider  le  mécanisme  de  cette  action  et  j'ai  reconnu  qu'il  est  surtout 
d'origine  nerveuse. 

Si,  ayant  injecté  une  faible  dose  d'hordénine  et  ayant  obtenu,  en  même  temps 
qu'une  légère  élévation  de  la  pression,  un  ralentissement  cardiaque  et  une  augmenta- 
tion d'amplitude  des  pulsations,  on  vient  à  sectionner  les  deux  nerfs  pneumogastriques, 
on  voit  la  pression  s'élever  davantage,  l'amplitude  des  pulsations  diminuer  et  leur 
rythme  devenir  plus  fréquent.  L'intégrité  des  pneumogastriques  n'est  cependant  pas 
indispensable  à  la  production  de  ce  ralentissement  du  cœur.  Si,  à  un  animal  qui  a  les 
nerfs  pneumogastriques  sectionnés  depuis  un  certain  temps,  on  fait  une  injection 
d'hordénine,  on  obtient  encore  le  ralentissement  cardiaque  et  l'augmentation  d'am- 
plitude des  pulsations. 

J'ai  étudié  encore  les  modifications  d'excitabilité  des  nerfs  cardiaques  et  vasculaires 
après  une  injection  de  sulfate  d'hordénine.  J'ai  vu  que  le  pneumogastrique  a  son  exci- 
tabilité diminuée  et  même  supprimée  par  certaines  doses  d'hordénine;  l'effet  n'est 
jamais  très  persistant  et,  après  un  certain  temps  de  repos,  on  voit  l'excitabilité  repa- 
raître. Non  seulement  le  bout  périphérique  du  nerf  peut  perdre  son  action  sur  le  cœur, 
mais  le  bout  central,  et  en  particulier  le  dépresseur,  peut  aussi  être  influencé  par  l'hor- 
dénine. 

Ce  très  court  résumé  permet  de  se  faire  une  idée  du  mode  d'action  de  l'hordénine  et  de 
comprendre  les  différentes  réactions  observées  suivant  la  quantité  de  substance  injectée. 
A  la  suite  d'une  injection  d'une  faible  dose  d'hordénine,  soit  o",  ooi  par  kilogramme, 
il  se  produit  une  excitation  bulbaire  qui  se  traduit  par  des  troubles  respiratoires  anté- 
rieurement signalés  et  par  des  troubles  cardio-vasculaires  où  le  système  nerveux  a  un 
rôle  important.  Le  ralentissement  cardiaque  et  l'augmentation  d'amplitude  des  pulsa- 
tions sont  commandés  par  le  bulbe  et  par  le  système  pneumogastrique.  La  pression 
sanguine  s'élève  peu  en  raison  même  des  modifications  cardiaques  que  nous  venons  de 
signaler,  ce  qui  permet  de  considérer  celles-ci  comme  des  réactions  compensatrices. 

L'injection  de  doses  fortes,  os, oi  et  surtout  oS,io  par  kilogramme,  supprime  au 
contraire  l'excitabilité  nerveuse  et,  par  suite,  le  mécanisme  compensateur;  aussi,  dans 
ces  conditions,  le  cœur  s'accélère,  les  pulsations  diminuent  d'amplitude  et  la  pression 
s'élève  beaucoup. 

Voilà  donc  expliqués  les  résultais  Jifférents,  presque  inverses,  oblentis 
avec  (les  doses  faibles  et  fortes  de  sultale  d'hordénine.  C'est  un  nouvel 
exemple  de  celle  loi  très  générale  et  très  connue  en  Physiologie  :  «  Une 


SÉANCE  DU  22  JANVIER  I906.  289 

substance  qui  provoque  à  dose  faible  une  excitation  amène  de  la  paralysie 
à  dose  forte.  »  Avec  une  faible  dose,  le  système  pneumogastrique  est  excité, 
le  ralentissement  du  cœur,  l'augmentation  d'amplitude  des  pulsations  se 
produisent;  avec  une  forte  dose,  le  système  pneumogastrique  est  supprimé, 
le  cœur  s'accélère,  les  pulsations  diminuent  d'amplitude. 

J'ajouterai  encore  que  la  durée  de  l'action  de  l'hordénine  est  assez  pas- 
sagère et  variable  avec  la  dose  injectée;  dans  quelques  cas,  j'ai  aussi  ob- 
servé que  son  effet  sur  la  pression  se  trouvait  très  atténué  quand  l'animal 
avait  reçu  plusieurs  injections  assez  rapprochées  de  doses  fortes. 

Enfin,  relativement  à  l'effet  de  l'ingestion  de  doses  de  0^,01  et  de  0^,11 
par  kilogramme  de  sulfate  d'hordénine  données  sous  forme  de  pilules  kéra- 
tinisées,  je  dois  dire  que  je  n'ai  observé  du  côté  de  la  pression  sanguine  que 
des  modifications  insignifiantes,  bien  que  les  expériences  aient  eu  une 
durée  de  7  à  8  heures.  L'introduction  dans  l'estomac  d'une  solution 
aqueuse  renfermant  is  de  sulfate  d'hordénine  par  kilogramme,  détermine 
pendant  les  heures  qui  suivent  une  élévation  de  la  pression  sanguine  avec 
accélération  du  cœur. 


GÉOLOGIE.  —  Reconstitution  d'un  ancien  lac  olisocène  sur  le  versant  nord 
du  Massif  du  Mont-Dore  (lac  d'Olby).  Note  de  M.  Pn.  Glaxgeaud, 
présentée  par  M.  Albert  Gaudry. 

Si  l'on  jette  un  coup  d'œil  sur  une  carte  du  massif  du  Mont-Dor«%  on  ne 
peut  manquer  d'être  frappé  de  ce  fait  que  les  huit  cours  d'eau  qui  des- 
cendent des  hauteurs  du  versant  nord  de  ce  massif  depuis  la  Banne-d'Or- 
danche,  la  Roche-Tuilière,  jusqu'au  Puy-de-l'Aiguille,  ont  d'abord  tous 
une  direction  générale  N.-S.  Mais,  à  la  hauteur  de  Saint-Pierre-Roche,  ces 
cours  d'eau  convergent  dans  une  région  basse,  entre  Olby  et  la  gare  de  la 
Miouse,  pour  se  réunir  finalement  dans  la  Sioule,  près  de  cette  dernière 
localité. 

Ce  phénomène  de  convergence  de  huit  rivières,  auxquelles  il  faut  ajouter 
le  cours  d'eau  issu  de  la  chaîne  des  Puys  et  passant  par  Ceyssat,  n'est  pas 
accidentel;  il  est  dû  à  des  causes  d'ordre  géologique  et  il  est  nécessaire  de 
remonter  à  une  époque  relativement  ancienne  pour  bien  le  comprendre: 

A  l'époque  oligocène,  à  la  suite  des  mouvements  du  sol  qui  amenèrent 
la  iormalirn  des  bassins  tertiaires  du  Massif  Central,  il  s'établit  unedépres- 


24o  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

sion,  qui  se  transforma  bientôt  en  un  lac,  au  nord  du  socle  cristallin  sur 
lequel  devait  plus  tard  s'édifier  le  massif  volcanique  du  Mont-Dore. 

Les  cours  d'eau,  qui  descendaient  des  hauteurs  dominant  cette  cuvette,  la 
comblèrerrt  peu  à  peu,  probablement  à  l'époque  stampienne.  Elle  n'en 
resta  pas  moins,  après  cette  époque,  une  région  basse,  dont  la  surface 
asséchée  fut  sillonnée  plus  tard  par  des  cours  d'eau  miocènes  et  pliocènes, 
puis  par  les  coulées  volcaniques  issues  des  deux  centres  éruptifs  de  la 
Banne-d'Ordanche  et  du  Puy-de-l' Aiguille. 

J'ai  pu  reconstituer  l'histoire  et  l'étendue  de  ce  lac  oligocène  et,  depuis 
le  Miocène  jusqu'à  nos  jours,  suivre  l'évolution  du  réseau  hydrographique 
qui  l'a  parcouru. 

Ce  lac,  que  je  propose  d'appeler  lac  cl'Olby,  du  nom  de  la  localité  où  il 
était  le  plus  profond  (plus  de  loo™  de  profondeur)  avait  comme  dimen- 
sions :  lo"""  de  long  et  lo"^"  de  large.  Les  rives  peuvent  être  jalonnées  par 
les  localités  suivantes  :  Ceyssat,  Nébouzat,  Aurières,  Vernines,  Orcival, 
Rochefort,  Massages,  la  Miouse  et  Mazayes.  Un  cap  s'étendait  en  face  de 
Saint-Martin-de-Tours  et  lui  donnait  une  forme  trilobée.  La  vallée  du 
Sioulot  ne  présente  pas,  en  effet,  d'oligocène  jusqu'à  Saint-Martin,  tandis 
que  cette  formation  s'étend,  tout  le  long  de  la  vallée  de  la  Sioule,  jusqu'au 
pied  du  volcan  de  Servières. 

L'existence  de  rares  dépôts  oligocènes  dominant  la  vallée  de  la  Miouse, 
vers  Bourgeade  et  Haut-Angle,  permet  de  penser  qu'ils  se  sont  déposés 
dans  un  prolongement  peu  profond  du  lac  d'Olby. 

La  superficie  du  lac  dépassait  celle  de  Paris.  Au  centre  de  la  dépression, 
les  dépôt»  oligocènes  atteignent  près  de  loo™  d'épaisseur,  tandis  qu'ils  se 
terminent  en  biseau  sur  les  bords. 

Les  sédiments  oligocènes  sont  constitués  :  à  la  base,  par  des  sédimeuts 
grossiers  (poudingues,  grès,  sables)  chargés  de  bauxite,  et,  à  la  partie  supé- 
rieure, par  des  argiles  sableuses,  parfois  ferrugineuses,  présentant  de  rares 
inlercalations  de  lits  calcaires.  Cette  constitution  rappelle  celle  des  dépôts 
du  même  âge  du  Livradois  et  d'une  partie  de  la  Limagne. 

L'altitude  actuelle  des  dépôts  du  lac  d'Olby  varie  entre  700"  et  900", 
mais,  en  quelques  points,  elle  s'élève  jusqu'à  io5o™,  probablement  par 
failles. 

Le  lac  d'Olby,  qui  ne  semble  pas  avoir  communiqué  avec  le  grand  lac  de  la  Limagne, 
dont  il  n'était  séparé  cependant  que  par  10'"»  (Prades),  avait  son  déversoir  dans  la 
direction    Pierre-Chastel.  C'est  par   là  qu'il   acheva   de  se  vider  à  la  fin  de  l'oligo- 


SÉANCE  DU  22  JANVIER  1906.  2^i 

cène  et  ce  fut  d'abord  le  chemin  suivi  par  la  Sioule  miocène  et  pliocène  inférieur, 
ainsi  que  l'indiquent  les  alluvions  de  Couhèr,  signalés  par  M.  Michel  Lévy.  Au 
pliocène  moyen,  deux  vallées  se  creusèrent  à  l'est  et  à  l'ouest  de  cette  dernière  : 
1°  suivant  Saint-Bonnet,  Polagnat-Mazayes  (vallée  de  la  Sioule);  2°  suivant  Moncheret, 
Saint-Pierre-Roche,  Le  Bouchet,  Pierre-Chastel  (vallée  du  Sioulot).  Ces  anciennes 
vallées,  dont  le  thalweg  est  parfois  bien  conservé,  furent  comblées,  à  leur  tour,  au  plio- 
cène moyen ,  par  des  coulées  volcaniques  de  25'""  de  long.  Ces  coulées  rejetèrent  ainsi 
les  anciens  cours  d'eau  Sioule  et  Sioulot  plus  à  l'Est  et  plus  à  l'Ouest  et  les  obligèrent 
à  creuser  leur  nouveau  lit  dans  la  direction  Olby-Pierre-Chaslel  et  Massages-Pierre 
Chastel. 

Au  pléistocène,  la  Sioule  ne  peut  plus  passer  par  Mazayes,  car  la  vallée  pliocène  est 
barrée  par  le  front  de  la  coulée  du  Puy-de-Côme.  Elle  est  donc  rejetée  vers  l'Ouest  et 
elle  se  fraye  un  chemin  à  travers  plus  de  80™  de  sédiments  oligocènes  et  se  réunit  au 
Sioulot  près  de  Monteillet. 

En  résumé,  l'histoire  du  lac  d'Olby  et  du  réseau  hydrographique  de  la 
Sioule  constitue  un  chapitre  intéressant  de  la  Géologie.  Elle  montre  une 
fois  de  plus  la  liaison  étroite  de  cette  science  et  de  la  Géographie  physique. 


GÉOLOGIE.  —  Nouvel/es  observations  sur  la  géologie  du  Sahara.  Note  de 
M.  Rexé  Chudeau,  présentée  par  M.  Altred  Giarti  ('). 

De  Tamanghanat  à  In  Azaoua,  le  capitaine  Dinaux  et  moi  avons  suivi 
un  itinéraire  entièrement  nouveau.  D'[n  Azaoua  à  Iferouana  nous  sommes 
restés  au  voisinage  de  celui  de  Foureau. 

Le  sud  du  Hoggar  est  constitué  par  une  pénéplaine  archéenne  et  silu- 
rienne sur  laquelle  se  greffent  des  accidents  volcaniques  importants  qui 
forment  les  seuls  reliefs  notables  de  la  région  :  l'Aguellelal  est  un  plateau 
archéen  (230™  au-dessus  des  vallées  voisines)  protégé  par  un  manteau  de 
laves,  épais  d'une  centaine  de  mètres.  L'AdrarArrigan  est  une  crête  (-f-45o") 
due  à  un  fdon  porphyrique  d'orientation  NNE.  Jusqu'à  l'Oued  Iganghar 
(celui  du  Sud)  des  plateaux  et  des  crêtes  analogues  (liions  de  quartz  ou  de 
porphyre),  de  relief  moindre  mais  d'orientation  identique,  sont  fréquents. 
On  trouve  toujours  au  voisinage  des  filons  verticaux  des  coulées  fort  nettes, 
de  sorte  que  l'expression  de  pénéplaine  ne  convient  pas  tout  à  fait  à  cette 
région. 


(')  Extrait  d'une  lettre  datée  d'iferouana,  29  septembre  igoS. 


242  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

A  partir  de  l'Ighanghar,  filons  et  coulées  deviennent  plus  rares  et  cette 
concordance  dans  la  distribution  géographique  est  une  des  raisons  qui  me 
fait  attribuer  aux  uns  comme  aux  antres  une  origine  volcanique  relative- 
ment récente. 

Le  Tassili  Tan  Tadjerira  est  formé  de  grès  bien  semblable  à  ceux  de 
Timissao  (dévonien?).  Ce  plateau  est  limité  au  Nord  par  une  falaise  d'une 
soixantaine  de  mètres,  puis  il  s'abaisse  progressivement,  la  formation 
gréseuse  ne  cessant  qu'au  delà  d'In  Azaoua  où  aucun  relief  sensible  ne  le 
sépare  du  silurien,  fes  Touaregs  réservent  le  nom  de  Tassili  à  la  partie 
nord  de  ce  plateau  qui,  sur  une  longueur  de  aS**"  environ,  est  accidenté 
et  peu  favorable  à  la  marche.  Le  plateau,  couvert  de  dalles  gréseuses,  qui 
vient  ensuite  et  qui  pour  les  Arabes  serait  certainement  un  Hamada  avec 
quelques  bandes  àe  Reg,  est  pour  eux  un  Tiniri,  c'est-à-dire  une  région 
plate  où  la  marche  est  facile;  c'est  de  plus  un  Tanezroufl  puisque  les  cara- 
vanes qui  le  traversent  ne  trouvent,  pendant  quatre  jours,  ni  eau  ni  pâtu- 
rage. I^a  partie  la  plus  basse  de  ce  plateau  semble  correspondre  à  In  Azaoua  : 
ce  point  d'eau  célèbre  serait  ainsi  alimenté  par  la  nappe  aquifère  de  ces 
grès  perméables  (il  pleut  sur  le  Tassili  où  l'eau  n'est  pas  rare)  et  par  l'Oued 
Tafassasset.  Il  semble  que  des  puits  creusés  dans  ces  grès  donneraient  un 
résultat,  mais  la  chose  est  impossible  aux  Touaregs  qui  ne  disposent  que 
d'un  outillage  rudimentaire.  Le  Tanezrouft  n'Ahnet  constitué  par  des 
terrains  imperméables  paraît  au  contraire  impossible  à  améliorer. 

Quant  à  l'âge  de  ces  grès  je  les  considère  provisoirement  comme  dévo- 
niens,  bien  que  les  bancs  supérieurs  aient  un  aspect  très  jeune  et  rappellent 
presque  exactement  les  grès  de  la  Chambre  d'Amour  à  Biarritz.  Peut-être 
la  vue  des  grès  à  bois  silicifié  (comme  tians  le  crétacé  du  Touat)  que  Fou- 
reau  signale  entre  Agadès  et  Zinder  me  fera-t-elle  changer  d'avis. 

Au  sud  de  ce  dévonien  et  jusqu'à  Iferouana  nous  avons  recoupé  une 
série  débandes  archéennes  et  siluriennes  qui  forment  une  pénéplaine  sem- 
blable à  celle  que  je  signale  au  sud  du  Hoggan.  L'analogie  se  poursuit 
jusque  dans  les  manifestations  volcaniques  qui  m'apparaissent  au  nord  de 
l'Air.  A  iS"""  au  nord-ouest  d'Iferouana,  l'Oued  Radamellt  traverse  une 
belle  coulée  qui  semble  venir  de  l'Adnar  Adesnou.  L'Adesnou  et  l'Ohrsana, 
lui  aussi  en  relation  avec  des  coulées,  me  semblent  être,  comme  l'Arrigaii, 
des  crêtes  formées  par  des  fdons  verticaux  contemporains  des  éruptions 
tertiaires. 

La  ligne  de  hauteurs  à  l'est  d'Iferouana,  dernier  contrefort  du  Timgué,  a 


SÉANCE  DU  22  JANVIER  iqo6.  243 

certainement  la  même  structure,  bien  visible  sur  le  mamelon  qui  la  termine 
au  Nord.  D'après  sa  silhouette,  le  Timgué  est  bien  probablement  lui  aussi 
un  massif  archéen  (ou  silurien)  consolidé  par  des  éruptions  plus  récentes. 


PALÉONTOLOGIE.  —  Sur  la  formation  du  réseau  des  Nummulùes  réticulées. 
Note  de  M.  Jean  Boussac,  présentée  par  M.  A.  de  Lapparent. 

J'ai  pu  suivre  l'évolution  ontogéiiique  d'un  certain  nombre  de  nummu- 
lites  réticulées  et  voir  comment  se  l'ormait  le  réseau  dans  Nummulites  Fa- 
bianii  Piever,  N.  intermedius  d'Arch.,  N.  Lœvigatus  Lanik.,  A^.  Brongniarti 
d'Arch.  et  H. 

1°  TV.  Fabianii  Prev.  —  Les  formes  A  et  les  jeunes  formes  B  oat,  jusqu'à  une  taille  de 
4"™  et  5"™,  des  filets  rayonnants,  grossièrement  rectilignes,  ni  bifurques,  ni  réticulés; 
leur  trajet  est  tremblé  et  indécis  et  ne  ressemble  pas  du  tout  à  celui  des  filets  des  ra- 
diées. Il  existe  en  outre  un  second  système  intersqueleltique,  constitué  par  une  série 
de  piliers  partant  du  cordon  spiral  de  chaque  tour  et  s'élevant  perpendiculairement  à 
la  surface,  réunis  entre  eux  par  une  lame  calcaire  continue  ;  l'ensemble  est  donc  disposé 
en  spirale  et,  vu  de  face,  constitue  une  ligne  blanche  spirale,  qui  part  du  centre,  pré- 
sente des  renflements  correspondant  aux  piliers  et  décrit  un  nombre  de  tours  égal  au 
nombre  de  tours  de  la  nummulite.  J'appellerai  cette  formation  lame  transverse,  en 
raison  de  ce  qu'elle  est  perpendiculaire  à  la  fois  à  la  lame  spirale  et  à  la  direction  des 
filets.  En  elTet  les  filets,  rayonnants,  coupent  à  angle  droit  cette  lame  tiansverse,  dé- 
terminant ainsi  des  mailles  rectangulaires.  Nous  avons  alors  un  stade  jeune,  où  le  ré- 
seau est  constitué  par  deux  sortes  de  formations  inlersquelettiques,  les  filets  et  la 
lame  transverse  ;  c'est  le  stade  à  réseau  mixte. 

Chez  les  individus  plus  âgés,  on  voit  les  filets  prendre  une  allure  de  plus  en  plus 
irrégulière,  émettant  à  droite  et  à  gauche  des  ramifications  qui  vont  rejoindre,  ou  bien 
la  lame  iransverse,  ou  bien  un  autre  filet;  il  en  résulte  un  autre  réseau,  qui  se  super- 
pose au  premier  et  le  rend  de  moins  en  moins  visible.  Le  processus  s'accentuant,  la 
lame  Iransverse  finit  par  disparaître,  et  chez  les  formes  tout  à  fait  adultes,  on  ne  voit 
plus  que  les  filets,  qui  sont  plus  ou  moins  disposés  en  tourbillon;  ils  forment  un  réseau 
à  mailles  allongées,  contournées,  irrégulières.  Nous  avons  donc  un  stade  adulte,  où  les 
filets  seuls  contribuent  à  la  formation  du  réseau  :  c'est  le  stade  à  réseau  pur. 

2°  Num.  intermedius  d'Arch.  — L'évolution  du  réseau  de  cette  espèce  est  identique  à 
ce  qui  a  été  décrit  pour  N.  Fabiani  Prev.  Le  stade  à  réseau  mixte  avait  déjà  été  décrit 
par  La  Harpe  pour  N.  Fichteli  Mich.,  mais  cet  auteur  avait  cru  à  un  caractère  spéci- 
fique et  n'avait  pas  reconnu  qu'il  avait  affaire  à  un  stade  du  réseau  de  N.  intermedius. 
La  seule  différence  avec  N.  Fabiani  consiste  en  ce  que  la  lame  transverse  ne  possède 
pas  de  piliers.  L'adulte  possède  également  un  réseau  pur,  mais  les  mailles  sont  arrondies 


2/|4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ou  polygonales,  jamais  allongées  et  contournées  comme  dans  A'.  Fabiani.  Enfin  il  n'y 
a  pas  de  granules. 

3°  Num.  lœvigalus  Lk.  —  Chez  les  plus  jeunes  échantillons  que  j'ai  pu  observer,  les 
filets  partent  en  rayonnant  d'un  gros  pilier  central;  ils  sont  épais  et  présentent  sur  leur 
trajet  de  nombreux  granules;  les  filets  qui  courent  côte  à  côte  sont  unis  entre  eux  par 
de  nombreux  et  fins  trabécules  transverses,  qui  représentent  sans  doute  les  fines  inden- 
tations  perpendiculaires  aux  cloisons  découvertes  par  M.  H.  Douvillé  dans  cette  espèce. 
Puis,  chez  les  individus  plus  âgés,  les  filets  prennent  un  trajet  contourné,  irrégulier,  se 
ramifient  et  leurs  ramifications  forment  un  réseau;  mais,  arrivés  à  une  certaine  dis- 
tance de  la  périphérie,  les  filets  vont  directement  rejoindre  le  bord  de  la  coquille  sans 
s'anastomoser  et  présentant  toujours  leurs  indentations  transversales;  celles-ci  ne 
prennent  donc  pas  part  à  la  constitution  du  réseau,  qui  est  constitué  seulement  par  les 
ramifications  des  filets.  A  ce  stade,  le  réseau  normal  de  TV.  lcevigalus\A..  est  constitué, 
et  l'animal  n'a  plus  qu'à  grandir. 

4°  N.  Brong-niarti  d^Arch.  et  H.  —  Dans  cette  espèce,  le  réseau  se  constitue  à  peu 
près  comme  dans  TV.  lœi'igatus  Lk.  ;  les  filets,  simplement  rayonnants  au  début, 
prennent  un  trajet  contourné,  se  ramifient  et  leurs  ramifications  constituent  un  réseau 
très  irrégulier,  qui  s'étend  jusqu'au  bord  de  la  coquille;  les  filets  sont  très  fins,  à  peine 
visibles  chez  l'adulte,  mais  présentent  de  nombreux  et  forts  épaississements  correspon- 
dant aux  piliers. 

En  résumé,  il  existe  deux  modes  fondamentalement  différents  de  forma- 
tion du  réseau;  dans  l'un,  le  réseau  adulte  se  constitue  par  l'intermédiaire 
d'un  stade  caractérisé  par  le  développement  d'une  lame  transverse;  dans 
l'autre,  cette  lame  transverse  n'existe  pas  et  le  réseau  se  constitue  direc- 
tement par  les  ramifications  des  filets. 

Il  semble  donc  qu'on  puisse  distinguer,  dans  les  numraulites  réticulées, 
deux  phylums,  l'un  contenant  iVwm.  FahianiPrev.  eiN.  i n termedius d' Arch .; 
l'autre,  contenant  N.  lœvigatus  Lk.  et  N.  lirongniarli  d'Arch.  et  H.  N.  Fa- 
biani, des  couches  de  Priabona,  aurait  donné  naissance,  en  perdant  ses 
granules  et  en  modifiant  légèrement  son  réseau,  à  A^.  intermedius  d'Arch. 
des  couches  de  Cassinella  et  de  Biarritz,  tandis  qu'on  pourrait  considérer 
N .  lœvigatus  lÀ'i.  du  Lutétien  intérieur  comme  l'ancêtre  de  A^.  Brongniarti 
d'Arch.  et  H.,  qui  en  diffère  par  sa  taille  plus  grande  et  son  réseau  plus 
complet. 


SÉANCE  DU  22  JANVIER  1906.  245 


OCÉANOGRAPHIE.  —  Sur  la  circulation  océanique. 
Note  de  MM.  Thoulet  et  Chevallier. 

Des  échantillons  d'eaux  de  mer  ayant  été  recueillis  en  série  verticale 
depuis  la  surface  jusqu'au  fond  en  trois  localités,  A,  B  et  C  médiocrement 
éloignées  les  unes  des  autres,  l'analyse  chimique,  et  plus  particulièrement 
la  connaissance  de  la  densité  absolue  S°  de  chacun  des  échantillons  et  de 
sa  densité  in  situ  nS\,  c'est-à-dire  du  poids  de  l'unité  de  volume  d'eau  à  la 
température  qu'il  possédait  et  avec  la  compression  qu'il  éprouvait  à  la  place 
même  qu'il  occupait  au  sein  de  l'Océan  au  moment  de  sa  récolte,  per- 
met de  se  rendre  compte  de  l'économie  de  la  circulation  océanique  à 
n'importe  quelle  hauteur  de  la  colonne  d'eau  de  forme  prismatique  trian- 
gulaire comprise  entre  les  trois  verticales  de  A,  de  B  et  de  C. 

La  méthode  (Comptes rendus ,  t.  CXXXVIII,  22  février  1904,  p.  Say-Sag) 
s'appuie  sur  les  considérations  suivantes  : 

Par  tout  point  des  arêtes  du  prisme  triangulaire  on  peut  imaginer  une  section  trian- 
gulaire géométriquement  parallèle  à  la  surface  des  eaux,  c'est-à-dire  horizontale  et 
par  conséquent  d'équilibre  géométrique  mais  non  d'équilibre  mécanique  puisque  les 
trois  sommets  du  triangle  n'ont,  en  cas  de  courant,  pas  la  même  densité  in  situ  nS\. 
Les  molécules  aqueuses  occupant  la  surface  de  ce  triangle  y  sont  animées,  en  vertu  du 
principe  des  vases  communiquants,  d'un  mouvement  dans  le  sens  du  plus  faible  /iSj 
vers  le  plus  fort  /iS^.  Or,  par  le  sommet  du  plus  fort  nSl  de  ce  triangle,  il  est  toujours 
possible  aussi  de  considérer  une  seconde  section  triangulaire  du  prisme  passant  par 
trois  points  des  arêtes  ayant  au  contraire  même  valeur  absolue  de  nS\.  Ce  triangle 
sera  géométriquement  incliné  mais  mécaniquement  d'équilibre  ou  de  niveau  par  ce 
motif  que  la  valeur  de  n  S'j  sera  identique  pour  les  trois  sommets  bien  que  pour  chacun 
d'eux  le  n  (correction  de  compressibilité  à  la  profondeur  de  n  mètres)  et  le  0  (tempé- 
rature in  situ)  soient  différents.  Ce  triangle,  quoique  penché,  est  le  plan  de  niveau 
mécanique  vers  lequel  tend  la  nappe  d'eau  courante  figurée  par  le  plan  du  premier 
triangle.  L'inclinaison  mutuelle  des  deux  triangles  donne  la  pente,  c'est-à-dire  l'incli- 
naison du  courant. 

Or  le  triangle  géométriquement  incliné,  mécaniquement  de  niveau,  est  toujours 
placé  plus  bas  dans  le  prisme  que  le  triangle  géométriquement  de  niveau,  mais  méca- 
niquement incliné,  qui  correspond  au  mouvement  des  molécules  d'eau;  ces  deux 
triangles  se  touchant  d'ailleurs  par  un  sommet  commun,  celui  de  plus  fort  nS\. 

En  effet,  dans  la  valeur  prise  en  bloc  7iS'l  des  sommets  du  second  triangle,  le  coeffi- 
ficient  relatif  à  la  compressibilité  n  augmente  beaucoup  plus  rapidement,  lorsque  la 
profondeur  augmente,  que  le  S^,  car   la  température  décroît  généralement  très  lenle- 

C.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  4.)  33 


246  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ment  avec  la  profondeur.  Les  «S^  sur  une  même  arête  du  prisme  augmenteront  avec 
la  profondeur.  Pour  trouver  sur  les  deux  arêtes  autres  que  celle  portant  le  plus 
fort  nSl  des  valeurs  égales  à  ce  nS\,  il  faudra  nécessairement  descendre  au-dessous 
des  sommets   du  triangle  horizontal. 

Il  en  résulte  que  le  courant  se  dirigeant  du  côté  du  plus  fort  nS^  en  sor- 
tant du  prisme  cherche  le  plan  de  son  équilibre,  lequel,  en  dehors  du  prisme, 
remonte  vers  la  surface  dans  le  sens  de  ce  point  de  plus  fort  nS].  Uremonte 
donc,  lui  aussi,  vers  la  surface.  En  d'autres  termes,  le  lit  liquide  d'un  cou- 
rant marin  se  rapproche  de  plus  en  plus  de  la  surface.  Le  fait,  constaté 
directement  sur  le  Gulf-Stream,  est  donc  général.  Les  courants  marins 
coulent  à  contre-pente  géométrique  sur  un  lit  liquide  montant,  contraire- 
ment aux  courants  d'eau  continentaux  (ruisseaux,  rivières  et  fleuves)  qui 
tous  coulent  suivant  la  pente  géométrique,  c'esl-à-dire  sur  un  lit  des- 
cendant. 

Il  est  évident  que,  lorsque  deux  courants  marins  de  surfice  se  rencon- 
trent obliquement,  l'un  d'eux  doit  passer  par-dessous  l'autre  et,  par  con- 
séquent, descendre.  A  importance  égale,  celui  dont  l'eau  possède  le  plus 
faible  S^,  continue  sa  roule  après  avoir  été  plus  ou  moins  troublé  dans  sa 
marche  tandis  que  celui  de  plus  fort  S'^,  d'eau  plus  lourde,  est  forcé  de 
plonger.  Il  en  est  ainsi  sur  l'emplacement  des  bancs  de  Terre-Neuve  oîi  le 
Gulf-Slream,  transformé  en  courant  de  dérive,  poursuit  sa  roule  vers  l'Eu- 
rope après  sa  rencontre  avec  le  courant  polaire  froid. 

On  pourrait,  pour  faire  saisir  le  paradoxe  apparent  d'un  liquide  coulant 
à  contre-pente,  comparer  lui  courant  marin  à  un  système  de  deux  vases 
situés  l'un  au-dessus  de  l'autre  et  dont  le  liquide  se  déverserait  du 
supérieur  dans  l'inférieur,  conformément  aux  lois  de  la  pesanteur,  le 
système  étant  placé  sur  une  i)lanchette  qu'on  élèverait  d'une  façon  ré- 
gulière. 

Ce  caractère  de  la  circulation  marine  résulte  très  probablement  d'une 
sorte  de  soulèvement  général  de  la  masse  des  eaux  océaniques  par  enlève- 
ment continuel  de  la  couche  superficielle  liquide  due  à  l'évaporation  plus 
énergique  dans  les  régions  tropicales,  action  modifiée  et  compensée  par 
l'afflux  d'eau  douce  (pluie,  neige,  icebergs  de  glaciers,  eaux  continen- 
tales) plus  abondant  au  contraire  dans  les  hautes  latitudes. 

La  connaissance  des  lois  combinées  de  l'évaporation  et  de  l'apport  d'eau 
douce  à  l'Océan,  la  répartition  géographique  de  ces  données  éclairciraient 
considérablement  le  problème  de  la  circulation  océanique. 


SÉANCE  DU  22  JANVIER  1906.  247 

A  3  heures  trois  quarts  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  \  heures  et  quart. 

G.  D. 


BULLETIN    BIBI.IOCKAPHIQUR. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du   i5  janvier  1906. 

L'œuvre  de  Paul  Tannery  comme  historien  des  Mathématiques,  par  H. -G. 
Zeuthen,  Correspondant  de  l'Institut.  Copenhague,  igoS;  i  fasc.  in-8°.  (Hommage  de 
l'Auteur.) 

Annales  de  Paléontologie,  publiées  sous  la  direction  de  Marcellin  Boule;  t.  I, 
fasc.  1  et  2,  janvier  1906.  Paris,  Masson  et  C'';  i  fasc.  in-4''.  (Présenté  par  M.  Albert 
Gaudry.  ) 

Notice  sur  les  instruments  de  précision  appliqués  à  l'Œnologie  construits  par  J. 
Dujardin,  successeur  de  Salleron;  4"  édition.  Paris,  1903;  i  vol.  in-8°.  (Hommage 
de  M.  J.  Dujardin.) 

Etude  sur  le  Glacier  Noir  et  le  Glacier  Blanc,  par  MM.  Charles  Jacob  et  Georges 
Flusin,  et  Rapport  sur  les  observations  rassemblées  en  août  1904  dans  les  Alpes  du 
Dauphiné.  Grenoble,  1906;  i  fasc.  in-8".  (Hommage  de  la  Commission  française  des 
Glaciers.) 

Essai  sur  la  mentalité  de  l'homme  aux  temps  quaternaires.  Diluvium  de  la  Seine 
et  de  l'Oise,  par  G.  Alix.  Le  Mans,  igoS;  i  fasc.  in-8°. 

Annales  de  l'Institut  national  agronomique;  a"  série,  t.  IV,  fasc.  2.  Paris,  igoS; 
I  vol.  in-8°. 

Revue  bryologique,  bulletin  bimestriel  consacré  à  l'étude  des  Mousses  et  des  Hépa- 
tiques; 33"  année,  1906,  n°  1.  Cahan,  par  Alhis  (Orne),  T.  Ilusnol;  i  fasc.  in-S°. 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  la  Société  de  Biologie,  publiés 
le  vendredi  de  chaque  semaine;  t.  LX,  n°  l,  12  janvier  J906.  Paris,  Masson  et  C'=; 
I  fasc.  in-8°. 

Archives  de  Médecine  et  Pharmacie  militaires,  publiées  par  ordre  du  Ministre  de 
la  Guerre,  paraissant  une  fois  par  mois;  tome  XLVI.  Paris,  igoS;  i  vol.  in-8°. 


Groups  of  order  p'"  tvhich  contain  cyclic  subgroups  of  order  p™^^,  bv  Lewis 
Irving  Neikirk.  (Publications  of  the  University  of  Pennsylvania ;  séries  in  Mathe- 
inatics,  n°  3.)  Philadelphie,  igoS;  i  fasc.  in-8°. 


248  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Léo  Errera,  iSSS-igoS,  par  Jean  Massart.  Bruxelles,  Hayez,  igoS;  i  fasc.  in-S". 
(Hommage  de  M°"  V''"  Errera.) 

Sur  les  caractères  hétérostyliques  secondaires  des  Primevères,  par  L.  Errera. 
Bruxelles,  igoS;  i  fasc.  in-8°. 

Glycogène  et  paraglycogène  chez  les  végétaux,  par  L.  Errera.  Bruxelles,  igoS; 
I  fasc.  in-S". 

MM.  H.  MicBEELS  et  P.  de  Heen  adressent  en  hommage  six  Opuscules  sur  divers 
sujets  de  Chimie  végétale. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  22  janvier  1906. 

Joseph  Domhey,  médecin,  naturaliste,  archéologue,  explorateur  du  Pérou,  du 
Chili  et  du  Brésil,  1778-1785.  Sa  vie,  son  œuvre,  sa  correspondance,  avec  un  choix 
de  pièces  relatives  à  sa  Mission,  une  carte  et  cinq  planches  hors  texte,  parle  D""  E.-T. 
Hamt,  Membre  de  l'Institut.  Paris,  E.  Gniimoto,  igoS;  i  vol.  in-S".  (Présenté  par 
M.  Edmond  Perrier.) 

Etudes  sur  la  végétation,  thèse  pour  le  Doctorat  es  Sciences  physiques,  soutenue 
devant  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris  le  22  mars  1870,  par  Jules  Raulin,  avec  une 
planche  hors  texte,  nouvelle  édition  conforme  à  roriginal,  Paris,  Masson  et  G'°,  igoS; 
I  vol.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Roux.) 

Le  Mexique,  son  évolution  sociale;  Tomes  I  et  II.  Mexico,  J.  Ballesca  et  C'",  1900- 
1902  ;  2  vol.  in-f°.  (Ofiert  par  le  Ministre  du  Commerce  et  de  l'Industrie  à  Mexico  et 
transmis  par  la  Légation  du  Mexique  à  Paris.) 

{A  suivre.) 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU   LUNDI  29  JANVIER    190G. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  H.  POINCARÉ. 


MEMOIRES  ET  GOMMUrVICATlONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS     DE    L'ACADÉMIE. 

CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Nouvelles  recherches  sur  les  composés  alcalins  insolubles 
contenus  dans  les  végétaux  vivants  :  feuilles  de  chêne;  par  M.  Berthelot. 

L'existence  de  composés  insolubles  du  potassium  et  des  métaux  alcalins 
dans  les  végétaux  vivants,  dans  leurs  débris  morts  et  dans  les  matières 
humiques  et  charbonneuses  qui  en  dérivent,  offre  un  grand  intérêt,  en  rai- 
son des  échanges  et  migrations  de  cet  ordre  de  composés,  aux  différentes 
périodes  de  la  végétation  et  dans  ses  différents  organes,  entre  les  eaux  sou- 
terraines et  entre  les  matériaux  solubles  et  insolubles  des  engrais,  du  sol 
cultivé  et  du  sol  forestier,  opposés  aux  principes  immédiats  et  tissus  des 
plantesj  arbres  ou  herbes,  qui  s'y  développent.  J'ai  présenté  à  l'Académie 
plusieurs  Mémoires  au  cours  de  l'année  igoS  (')  sur  ce  sujet,  aussi  vaste 
qu'important  pour  l'agriculture. 

Je  me  propose  d'exposer  aujourd'hui  des  expériences  exécutées  sur  un 
arbre  forestier,  le  chêne  (feuilles  caduques,  bois  et  écorce),  étudié  com- 
parativement avec  des  graminées  annuelles  (  Fesiuca  et  herbes  du  foin), 
ainsi  qu'avec   les  feuilles  mortes  du  chêne,  étudiées  précédemment.  J'ai 

(')  Comptes  rendus,  séances  du  4  septembre  igoS;  du  20  novembre  igoS;  du  26  dé- 
cembre 1905. 

C.  R.,  1906,  1"  Semestre.  (T.  CXLII,  N'  5.)  34 


230  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

étendu  mes  analyses  non  seulement  aux  composés  insolubles  du  potassium 
et  du  calcium,  mais  à  ceux  du  sodium  et  du  magnésium. 


I.  —  Feuilles  de  chêne  fraîches  :  État  initial. 

Le  i8  se|)lembre  igoS,  on  a  récolté  5  kilogrammes  de  feuilles  de  chêne 
vertes  en  bon  élal;  on  les  a  séparées  des  pétioles  et  l'on  a  découpé  les 
limbes,  par  4  ou  6  sections  normales  à  l'axe.  On  a  opéré  un  mélange  aussi 
homogène  que  possible,  dans  l'espace  d'une  demi-heure.  Ces  feuilles,  trai- 
tées par  l'hydrate  de  chaux  à  froid,  n'ont  pas  fourni  d'ammoniaque. 

Leur  distillation  avec  de  l'eau  pure  développe  une  odeur  aromatique 
spéciale.  Le  liquide  dislillé  dans  les  premiers  temps,  c'est-à-dire  en  pré- 
sence d'un  grand  excès  d'eau,  est  neutre  et  il  ne  contient  pas  de  furfurol, 
mais  seulement  une  trace  d'un  composé  capable  de  réduire  l'azotate 
d'argent  ammoniacal. 

Voici  le  résultat  de  l'analyse  de  ces  feuilles. 

En  chauffant  à  l'étuve  à  i  io°,  on  obtient  :  loo^  matière  sèche  +117S 
eau  (perte). 

La  matière  sèche  à  son  tour,  brûlée  dans  une  nacelle  par  un  courant 
lent  d'oxygène  et  une  colonne  d'oxyde  de  cuivre,  a  fourni,  pour  io4",8  : 
loos  de  matière  organique  +  4^,8  matière  minérale  ('). 


(')  Ce  poids  représente  le  poids  réel  observé,  diminué  du  poids  de  l'acide  carbo- 
nique qui  y  était  combiné.  Voici  comment  j'opère  : 

La  matière,  séchée  à  110°  et  pesée,  est  disposée  dans  une  nacelle  de  porcelaine,  que 
l'on  glisse  à  l'extiémilé  d'un  tube  à  analyse  organique,  en  arrière  d'une  longue  colonne 
d'oxyde  de  cuivre.  On  opère  la  combustion  dans  un  courant  lent  d'oxygène  et  Ion 
recueille,  comme  à  l'ordinaire,  l'acide  carbonique  et  l'eau.  Cela  fait,  on  pèse  la -nacelle, 
qui  contient  les  cendres  carbonalées.  On  y  dose  l'acide  carbonique,  en  les  traitant  par 
un  acide  étendu  et  pesant  cet  acide. 

D'une  part,  le  poids  de  cet  acide  est  retranché  du  poids  des  cendres  trouvées  d'abord  ; 
et,  d'autre  part,  on  ajoute  le  carbone  qu'il  renferme  à  celui  qui  a  été  recueilli  dans 
l'analyse  organique  proprement  dite. 

D'après  ces  indications,  on  voit  que  le  poids  indiqué  dans  le  présent  Mémoire  pour 
la  matière  minérale  représente  le  poids  de  cendres  trouvé,  diminué  du  poids  de 
l'acide  carbonique  qu'elles  renferment.  On  sait  que  ce  poids  ne  répond  pas  exacte- 
ment à  l'équivalence  des  alcalis,  en  raison  de  la  décomposition  partielle  des  carbonates 
de  magnésie,  de  chaux,  etc.  Cette  méthode  d'analyse  s'applique  à  tous  les  nombres 
indiqués  dans  le  présent  Mémoire. 


■SÉANCE    DU    29   JANVIER    1906.  25 1 


Knsemljle 

des  composés  organiijiies 

Matières  minérales. 

100=, 

'l^8  +  C0'. 

SiO'  =  y, 32 

G   =5i,9 

GaO  =1,36 

H   =    5,7 

MgO  =r  o,4o 

Az  =:    1,6 

K-0  =0.88 

0  =39,8 

Na-0  =  o,o5  à  0,10  (') 

100,0 

4,0 

Divers  :   0,8 

4,8 

On  voit  que  la  soude  ne  forme  qu'une  faible  fraction,  comparée  à  la 
potasse.  La  magnésie  est  notable. 

II.  —  Action  de  l'eau. 

Un  échantillon  des  feuilles  fraîches  a  été  traité  par  macération,  dans  les 
conditions  décrites  précédemment  (séances  du  4  septembre,  p.  439,  et  du 
20  novembre,  p.  79^)  en  parties  solubles  et  parties  insolubles,  qui  ont  été 
analysées  séparément.  On  a  opéré  par  macération  à  froid  et  par  macération 

à  chaud. 

1°  Macération  à  froid. 

100*^  de  l'échantillon  frais  ont  fourni  : 

Partie  insoluble  (sécliée  à  1 10°) 37,0 

l'artie  soluble  (séchée  à  1 10°) 5,3 

Total 42,3 

Soit  pour  100  de  matière  séchée  à  110°,  en  portions  séparées  : 

Partie  insoluble 87  , 5 

Partie  soluble 1 2 , 5 


(')  On  a  dosé  la  potasse  et  la  soude  par  deux  méthodes  difTérenles  :  l'une  consis- 
tant à  amener  ces  deux  bases  réunies  à  l'état  de  sulfates  et  à  déterminer  le  poids  de 
l'acide  sulfurique  SO',  contenu  dans  un  poids  connu  des  mélanges.  L'autre  consiste  à 
précipiter  de  ce  mélange  la  potasse  à  l'état  de  cliloroplatinate,  après  l'avoir  changé 
en  chlorure  par  le  chlorure  de  baryum  et  à  peser  le  chlorure  de  sodium  contenu  dans 
l'eau  mère  débarrassée  de  platine  par  l'hydrogène  sulfuré. 

En  opérant  avec  soin,  les  résultais  sont  suffisamment  concordants.  On  a  pris  la 
moyenne. 


2.^2 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


La  pallie  soliib/c  cniirenail  pour  loos  de  inalière  or- 
ganique : 


C. 
H.. 
Az. 
O. 


46, 60 

4,85 

0,59 

47>96 

100,0 


Mat.  miii 
SiO^  ... 
CaO.... 


MgO  ... 


K^O.. 
Na^-0. 


10,8 +  C0'- 
0,9 

9,3 

I  ,o5 

6,0 

0,17 


10, 4a 


La  partie  insoluJ}lc  contenait  pour  loos  de  matière 
organique  : 


C. 
H. 
Âz. 
O. 


53,4 
6,3 
3,4 

36,9 


Mat.  min 

4,3  + GO' 

SiO^  ... 

1,47 

CaO.... 

.,40 

MgO  ... 

o,3o 

K^O.  ... 

0,17 

Na'-O... 

à  peu  près  nulle 

D'après  ce.s  chiffres,  la  nature  organique  soluble  est  sensiblement  plus 
pauvre  en  carbone  et  plus  riche  en  oxygène  que  la  matière  insoluble;  ainsi 
qu'on  pouvait  s'y  attendre.  Le  rapport  de  l'hydrogène  au  carbone  est  un 
peu  plus  fort  dans  la  matière  insoluble;  mais  la  différence  porte  surtout  sur 
l'azote,  concentré  en  presque  totalité  dans  la  matière  insoluble. 

Cette  dernière  contient  plus  de  matière  minérale  en  poids  absolu,  mais 
moitié  moins  en  proportion  relative.  La  potasse  et  la  soude  se  concentrent 
dans  la  partie  soluble;  la  magnésie  et  même  la  chaux  y  sont  plus  fortes 
relativement,  mais  non  en  poids  absolu.  La  soude  est  à  peu  près  nulle  dans 
la  portion  insoluble. 

On  remarquera  encore  qu'il  y  a  une  dose  notable  de  silice  dans  la  partie 
soluble;  quoique  cet  oxyde  domine  dans  la  partie  insoluble. 

2"  Macération  à  chaud. 
looô,  échantillon  frais,  ont  fourni  : 

Partie  insoluble  séchée  à  1 10° 33 ,  i 

Partie  soluble  séchée  à  1 10° 1 1 ,  "2 

Total 44,3 

Soit  pour  ioqb  sèches  à  110°,  en  deux  parties  séparées  : 

Partie  insoluble 74>^ 

Partie  soluble 2.5,2 

La  quantité  relative  de  matière  solubilisée  a  donc  été  à  peu  près  doublée 
en  opérant  à  chaud. 


il 


SÉANCE  DU  29  JANVIER  1906. 


253 


La  partie  soluble  contenait  pour  100  de  matière 
organique  : 


c. 
n. . 

Az. 

0.. 


49>2 
5,3 

0,82 

4417 
100,0 


Mat.  min.     S.G-^-CO-^ 


SiO^  .. 

.      1,0 

CaO.  .. 

I  ,i5 

MgO... 

.     0,8 

K'iO... 

3,56 

Na^O.  . 

.     0,25 

La  partie  insoluble  contenait  pour  100  de  ma- 
tière organique  : 


C. 
H.  . 
Az. 

O.  . 


53,2 

Mat.  min. 

4, 3  + GO' 

6,1 

SiO-^... 

1,4 

3,3 

CaO.  ... 

1 ,55 

37,4 

MgO.... 

0,24 

100,0 

K^O 

Na^O  .  . . 

0,20 
insensible 

Les  résiiltaLs  de  la  macération  à  chaud  sont  analogues  à  ceux  de  la 
macéralion  à  froid;  avec  cette  différence  toutefois  que  la  dose  de  ma- 
tière soluble,  tant  organique  que  minérale,  étant  accrue,  la  compo.sition 
de  ces  deux  portions  tend  à  se  rapprocher  de  celle  de  la  matière  inso- 
luble. Cette  dernière  est  à  peu  près  la  même  dans  les  macérations  à  chaud 
et  à  froid. 

Si  l'on  compare  ces  résultats  avec  l'analyse  des  feuilles  de  chêne  mortes 
(séance  du  4  septembre  igoS,  p.  438,  439).  on  remarque  que  la  composi- 
tion de  la  matière  organique  totale  y  était  à  peu  prés  la  même  que  celle  de 
la  matière  insoluble  des  feuilles  fraîches;  sauf  perte  de  près  de  la  moitié  de 
l'azote.  Mais  les  matières  minérales,  la  silice  surtout,  y  étaient  beaucoup 
plus  abondantes  :  circonstance  attribuable  en  grande  partie  au  contact  des 
feuilles  mortes  avec  le  sol  qui  y  adhère.  La  dose  de  la  potasse  demeurée 
insoluble  est  d'ailleurs  à  peu  près  la  même. 

Les  feuilles  mortes  ont  fourni  à  la  distillation  du  furfurol,  qui  n'a  pas  été 
observé  avec  les  feuilles  fraîches. 

Avec  les  feuilles  vivantes  de  Festuca  (graminées;  séance  du  20  no- 
vembre igoS,  p.  7g4)  la  composition  de  la  matière  organique  soluble  a  été 
trouvée  à  peu  près  la  même  que  celle  de  la  matière  insoluble,  contrairement 
aux  feuilles  de  chêne.  La  potasse,  dans  les  portions  solubles  et  insolubles, 
était  à  peu  près  la  même  que  pour  les  feuilles  de  chêne;  mais  la  dose  de 
silice  est  beaucoup  plus  considérable,  comme  on  le  sait  d'ailleurs. 


111. 


FkUILLES    de    CHftNE    FRAICHES.    —    DOUBLES    DÉCOMPOSITIONS    SALINES. 


Ces  expériences  ont  été  exécutées  dans  les  conditions  décrites  pour  le 
foin  (séance  du  20  novembre  1903,  p.  795  et  suivantes). 


î?,54  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

Voici  le  Tableau  des  résultats  : 

1.   —  Action  de  l'acétate  de  potassium. 

Macération, 

État  naturel.  à  froid.       à  chaud. 

Soluble solution  saline.      2,54  +  0,67  =:  3  ,21  3,o  3,o 

Matière  insoluble 0,16         o,3  0,28 

K=0 3,37         3,3  3,23 

Soluble 0,10        0,22         0,23 

Matière  insoluble 1,23  i,i3         1,12 

CaO 1,32         1,35         r,35 

Soluble 0,11  0,17 

Matière  insoluble 0,26  0,18 

MgO 0,37  0,35 

Na^O  soluble  :  0,00.  Variations  non  mesurables. 

La  dose  de  potasse  insoluble  a  un  peu  augmenté.  La  chaux  et  la  magné- 
sie ont  été  au  contraire  solubilisées  pour  une  faible  dose  ;  tous  résultats  con- 
formes à  la  théorie  générale  des  équilibres  résultant  de  la  double  décom- 
position. 

Des  faits  et  des  lois  analogues  ont  été  signalés  dans  mes  précédentes 
Communications  (notamment  séance  du  4  septembre  1900,  p.  h\t\,  séance 
du  20  novembre  iqoS,  p.  196-197  et  passirn),  ainsi  que  leurs  conséquences 
en  Physiologie  végétale  et  en  Agriculture. 

2.   —   Action  de  l'acétate  de  sodium. 

Etat  Macération 

initial.  à  chaud. 

Soluble solution  saline.      i,70-)-o,o5  1,5 

Matière  insoluble 0,00  0,1 

Na'-0 7^5  ~7^ 

Soluble 0,67  0,74 

Matière  insoluble 0,16  0,1 3 

K=0 0^83  ^^7 

Soluble o,  10  0.30 

Matière  insoluble 1,22  1,1 5 

CaO 7732  1,35 


SÉANCE    DU    29   JANVIER    1906.  255 

Soluble 0,11  o,io 

Matière  insoluble 0,26  o,25 


MgO 0,87  ^  0,35 

Une  petite  quantité  de  soude  est  devenue  insoluble;  tandis  que  la 
potasse  et  la  chaux  ont  été  solubilisées  en  faible  dose. 

Ces  résultats  sont  susceptibles  d'applications  à  la  végétation  dans  les 
terrains  salés,  à  la  condition  de  faire  intervenir  les  réactions  qui  changent 
une  partie  du  chlorure  de  sodium  en  carbonate  et  autres  sels  d'acides 
faibles. 

3.   —  Action  de  l'acétate  de  calcium. 
État  initial. 

Soluble solution  saline.        i,33-t-o,i6 

Matière  insoluble 0,71 


CaO 2,19 

Soluble 0,67 

Matière  insoluble 0,16 


K-^0 0,83 

Soluble 0,11 

Matière  insoluble 0,26 


:ération  à  chaud. 

0 

.67 

I 

M 

2 

,08 

0 

,86 

0, 

,04 

0 

>90 

0 

,25 

0, 

,i5 

MgO 0,37  o,4o 

Une  proportion  notable  delà  chaux  est  devenue  insoluble;  tandis  que 
la  potasse  et  la  magnésie  ont  été  en  partie  solubilisées. 

Ces  résultats  peuvent  trouver  leur  application  aux  végétaux  développés 
dans  les  terrains  calcaires. 

k.   —  Action  de  l'acétate  de  magnésium. 


Etat  initial. 

Macération  à 

Soluble sol 

ulion  saline.        i,54-f-o,ii 

1,27 

Matière  insoluble. .  . 

MgO... 

0,26 

0,43 

1,91 

i,7Q 

Soluble 

0,67 

o,83 

Matière  insoluble  .  . . 

K^O. .. 

0,  16 

o,o3 

. .       0,83 

0,86 

Soluble 

0,10 

0,33 

Matière  insoluble. . . 

CaO... 

1 ,22 

1,06 

1,32 

i,3q 

2>b 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


La  dose  de  magnésie  insoluble  s'est  accrue;  tandis  que  la  potasse  et  la 
chaux  ont  été  en  partie  solubilisées  :  toujours  conformément  à  la  théorie 
générale. 

Ces  résultats  sont  applicables  aux  végétaux  développés  dans  des  terrains 
contenant  de  l'eau  de  mer,  dont  on  connaît  la  richesse  en  sels  magnésiens, 
ainsi  qu'aux  terres  dolomitiques. 

IV.  —  Traitement  par  l'acide  chlorhydrique. 

Voici  maintenant  les  résultats  comparatifs  obtenus  en  traitant  un  même 
échantillon  de  feuilles  de  chêne,  séchées  à  iio"  d'abord,  successivement 
par  l'eau  pure  et  par  l'acide  chlorhydrique  étendu;  puis  en  faisant  agir 
l'acétate  de  potassium.  Ces  expériences  avaient  pour  objet  d'examiner  la  na- 
ture du  composé  acide  formant  avec  la  potasse  un  composé  insoluble 
(séance  du  26  décembre,  p.  i  io3  et  suiv.  :  étude  du  charbon  de  bois). 


Partie  soluble  séchée  à  1 10°. 


Macération 
à  froid. 

18,3 


Partie  insoluble  séchée  à  1 1 0° 8  '  >  7 


Matière  minérale. 


Pour  loos  de  l'exlrait  soluble  séché  à  i  io°. 

SiO^ 1,35 

CaO 0,72 

MgO G, 63 

K'0 4,1' 


loosde  la  partie  insoluble  séchée  à   iio°. 

SiO^ i,4o 

CaO 1,46 

MgO 0,24 

K-0 0,07 


La  partie  insoluble  dans  l'eau  a  été  traitée  à  froid  par  l'acide  chlorhy- 
drique étendu. 

loos  de  cette  matière  ont  fourni  ensuite  : 

Produit  insoluble 9^,2 

Produit  soluble 4,8 


Matière  minérale. 


Pour  100»  de  l'extrait  soluble. 

Si0= 0,39 

CaO '5,70 

MgO 5,2 

K'0 2,1 


Pour  ioqs  de  matière  insoluble. 

SiO^ i,r, 

CaO 0,88 

MgO traces 

K^O nulle 


SÉANCE  DU  29  JANVIER  1906.  9.5'] 

On  voit  que  toute  la  potasse  et  presque  toute  la  magnésie  ont  été 
dissoutes;  une  fraction  sensible  de  la  chaux  demeurant  insoluble. 

La  matière  restée  insoluble,  après  traitements  successifs  par  l'eau  et  par 
l'iicide  chlorhydrique  étendu,  a  été  lavée  jusqu'à  absence  d'acidité  de  l'eau  ; 
puis  desséchée  à  110°  et  traitée  ensuite  par  une  solution  d'acétate  de 
potassium. 

La  liqueur  distillée  a  fourni  une  dose  notable  d'acide  acétique  mis  en 
liberté,  constaté  par  sa  transformation  successive  en  acétate  de  baryum 
et  éther  acétique. 

Sur  un  autre  échantillon,  étudié  sans  distillation,  on  a  dosé  la  potasse 
et  la  chaux  dans  la  portion  soluble  et  dans  la  matière  restée  insoluble. 

Voici  les  résultats  du  traitement  par  l'acétate  de  potassium  : 

Etal  Vprès  iiiacéiMlion 

inilial.  à  fniid. 

Potasse  soluble 2,3  1,- 

Matière  insoluble 0,0  o,5 

K-0 2,3  2,2 

Potasse  soluble 0,0  o,o36 

Matière  insoluble <),S6  0,81 

CaO 0,86  0,80 

On  voit  que  le  quart  environ  de  la  potasse  a  régénéré  un  sel  insoluble; 
une  partie  de  la  chaux  avant  été  solubilisée. 

Il  résulte  de  l'ensemble  de  ces  observations  que  la  matière  traitée  par 
l'acide  chlorhvdrique  renfermait  un  véritable  acide  insoluble,  dont  l'exis- 
tence explique  les  faits  observés. 

Ces  résultats  sont  différents  de  ceux  qu'on  observe  avec  la  matière  noire 
constitutive  du  charbon  de  bois;  laquelle  après  traitement  chlorhydrique 
ne  renferme  plus  d'acide  susceptible  de  faire  la  double  décomposition  avec 
les  sels  de  potassium  (séance  du  26  décembre  1905,  p.  11 86).  Elle  retient 
d'ailleurs  une  certaine  dose  de  potasse  insoluble,  même  après' ce  traite- 
ment; ce  que  ne  font  pas  les  feuilles  de  chêne.  Ce  double  caractère  dis- 
tingue donc  les  composés  potassiques  insolubles  existant  dans  la  feuille 
vivante  et  ceux  du  charbon  de  bois.  De  là  résulte  une  certaine  lumière  sur 
la  constitution  et  l'énergie  relative  des  acides  insolubles  formant  des  com- 
posés alcalins  insolubles  dans  les  végétaux. 

C.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N°  5.)  35 


a58  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


ZOOLOGIE.    —    Capture  d'un  Cachalot  du  genre  Kos,in  Gray  sur  les  côtes 
de  la  Manche  à  Roscoff.  Note  de  M.  Yves  Delage. 

Le  27  décembre  dernier  un  petit  Célacé  de  2"*, 2,5  de  long  est  venu 
s'échouer  vi^  ant  sur  la  grève  sablonneuse  de  Siec  à  G'^™  environ  de  Roscoff. 
Il  eût  été  facile  de  le  capturer  et  de  l'apporter  vivant  au  Laboratoire  où  on 
eût  pu,  pendant  quelque  temps  au  moins,  l'observer  dans  son  élément 
naturel,  dans  le  grand  vivier  du  Laboratoire  qui  mesure  presque  1000"°' 
de  surface.  Malheureusement  l'animal  a  été  aperçu  non  par  le  personnel 
de  la  Station,  ni  par  des  pêcheurs  habitués  à  nous  apporter  les  animaux 
rares  ou  curieux,  mais  par  des  paysans  qui  l'ont  immédiatement  assommé  à 
coups  de  bâton,  traîné  dans  un  champ  où  ils  l'ont  lacéré  de  coups  de 
couteau  et  finalement  abandonné  aux  chiens,  qui  ont  pu  s'en  repaître  à 
leur  aise. 

La  tête  cependant  avec  le  cou  a  été  séparée  du  tronc  et  portée  au  bureau 
de  la  Marine  à  Roscoff  en  vue  de  la  prime  de  S*^""  accordée  par  l'adminis- 
tration de  la  Marine  pour  la  capture  des  Cétacés. 

C'est  alors  seulement  que  le  personnel  du  Laboratoire,  informé  de  la 
capture,  a  pu  acquérir  la  tète  et  ce  qui  restait  du  tronc  :  le  squelette  à  peu 
près  entier,  le  pénis  avec  la  région  avoisinante  et  quelques  débris  de  vis- 
cères plus  ou  moins  endommagés. 

L'examen  de  la  tête,  dont  les  photogravures  ci-contre  représentent  les 
faces  dorsale  et  ventrale,  m'a  permis  de  reconnaître  que  l'animal  est  un 
Cachalot  nain  du  genre  A'o^m  (Gray)  à  peu  près  sinon  tout  à  fait  adulte. 

La  déleniiinalion  générique  ne  présente  point  d'incertitude.  L'animal  se 
dislingue  en  effet  du  grand  Cachalot  ordinaire  Physeter  par  sa  taille  beau- 
coup plus  petite,  par  sa  tête  beaucoup  plus  courte  relativement  à  la  lon- 
gueur du  corps,  par  son  museau  conique  au  lieu  d'être  arrondi  en  forme 
de  dé  à  coudre,  par  sa  bouche  très  petite  et  très  reculée  vers  l'arrière,  enfin 
par  son  évent  arciforme,  transversal,  asymétrique,  dévié  à  gauche  et  situé 
un  peu  en  avant  des  yeux  au  lieu  d'être  longitudinal,  sigmoïde  et  presque 
terminal  comme  chez  le  grand  Cachalot.  Sa  couleur  est  d'un  gris  ardoisé, 
foncé  sur  le  dos  et  d'un  blanc  sale  tacheté  en  dessous.  Comme  la  plupart 
des  Cachalots  recueillis  dans  des  circonstances  analogues,  celui-ci  est  un 
mâle. 


26o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

L'intérêt  de  celte  capture  consiste  dans  la  rareté  très  grande  de  cet  ani- 
mal dont  on  n'a  pu  observer  jusqu'ici  qu'un  nombre  fort  restreint  d'exem- 
plaires et  surtout  dans  le  fait  qu'on  ne  l'avait  jamais  rencontré  jusqu'ici 
dans  les  mers  d'Europe  ni  à  une  latitude  aussi  septentrionale.  Les  exem- 
plaires précédemment  recueillis  jjrovenaienl  Ions  lie  l'hémisphère  antarc- 
tique (Atlantique,  Pacifique  et  Océan  Indien)  et,  en  ce  qui  concerne  l'hé- 
misphère nord,  de  la  côte  atlantique  des  Étals-Unis,  à  près  de  10°  plus  au 
Sud. 

En  ce  qui  concerne  la  détermination  spécifique,  une  l'éponse  positive  ne 
pourra  être  fournie  qu'après  l'étude  de  certaines  particularités  du  squelette. 

11  semble  cepemlanl,  d'après  l'examen  des  caractères  extérieurs,  que  l'on 
puisse  éliminer  le^.  simus,  |)ourvu  d'une  paire  de  dents  à  la  mâchoire  supé- 
rieure et  de  g  paires  à  la  mâchoire  inférieure,  tandis  que  le  nôtre  en  a 

12  paires  à  la  mâchoire  inférieure  et  aucune  à  la  supérieure.  Ce  pourrait 
être  un  Kogia  breviceps  (de  Blainville)  bien  que  ce  dernier  soit  donné 
comme  pourvu  de  i4  à  i5  paires  de  dents  à  la  mâchoire  inférieure..  Quant 
aux  A'.  Floweri,  Grayi  et  Poltsi  leurs  caractères  sont  bien  insuffisamment 
connus,  si  tant  est  même  qu'ils  soient  de  véritables  espèces. 

Pour  tirer  le  meilleur  parti  possible  de  cette  importante  capture  je  me 
suis  assuré  le  concours  de  |)ersonnes  en  état  d'en  faire  une  étude  fruc- 
tueuse. Comme  les  autres  Cachalots  l'animal  est  leuthoph  ige.  L'estomac  de 
celui-ci  contenait  un  grand  nombre  de  becs  de  Céphalopodes  que  M.  le 
professeur  Joubin  a  bien  voulu  se  charger  d'examiner.  L'intestin  contenait 
une  grande  quantité  de  Nématodes  et  deux  Cestodes  singuliers  à  tète  en 
cornet  d'oublié.  M.  Guiart,  du  Laboratoire  de  Parasitologie  de  l'École  de 
Médecine,  a  bien  voulu  se  charger  de  leur  étuile.  Enfin  M.  Hérubel,  prépa- 
rateur au  Laboratoire  de  Zoologie  de  la  Sorbonne,  fera  l'étude  anato- 
mique  aussi  complète  que  possible  de  la  tête.  Cette  dernière  fournira  sans 
doute  des  documents  intéressants  sur  l'anatomie  des  organes  qu'elle  con- 
tient :  encéphale,  bouche,  langue,  voile  du  palais,  fosses  nasales,  cavités 
du  sperma  ceti,  pharynx,  larynx,  oreille  (les  yeux  malheureusement  ont 
été  crevés). 


SÉANCE  DU  29  JANVIER  I906.  261 

GÉOMÉTRIE  INFINITÉSIMALE.  —  Sur  certains  systèmes  de  cercles  et  de  sphères 
qui  se  présentent  dans  la  déformation  des  quadriques.  Note  de  M.   C 

GuiCUARD. 

1.  Soient  Q'  une  surface  applicable  sur  une  quadrique  Q,  M  et  M'  deux 
points  correspondants  de  ces  surfaces  que  nous  supposons  rapportées  à 
leur  système  conjugué  commun.  Soient  I  un  point  fixe,  S  la  sphère  qui  a 
pour  centre  M'  et  pour  rayon  MI;  cette  sphère  touche  son  enveloppe  en 
deux  points  I'  et  1',  symétriques  par  rapport  au  plan  tangent  en  M';  l'un  de 
ces  points  F  est  la  position  que  vient  occuper  le  point  I  quand  on  fait  rouler 
Q  sur  Q'. 

Désignons  par  j,,y2»  J'a  'es  coordonnées  de  M',  pai-  X,,  X.,,  X,  celles 
de  M,  l'origine  étant  en  I.  Les  coordonnées  (Y,,  ...,  Y5)  de  la  sphère  S 
sont  : 

(1)  Y,=j,,     Y,  =  j„     Y3  =  j„     Y,-f-jY.=  i,     Y,,-/Y,=  2X='-2j='. 
Cette  sphère  est  O,  car 

(2)  2Y'=:=2X-         et         ldY-  =  1d\-. 

Si  maintenant/(X)  est  l'équation  de  la  quadrique,  on  aura 

(3)  i/(x)  =  X;  +  X^+\^+P;+P^+...  +  P;:==o, 

P,,  Pj,  ...,  P„  étant  des  fonctions  linéaires  des  X;  par  conséquent  la 
sphère  S  est  («4-i)I,  les  coordonnées  complémentaires  étant  P,, 
P  P 

Pour  réduire  n  au  minimum,  il  faut  placer  le  point  I  sur  une  focale; 
l'équation  de  la  quadrique  rapportée  à  ses  axes  étant 

(4)  {i+p^)x\  +  {i-^f)xl  +  xl~i  =  o. 
La  focale  du  plan  XfX.^  a  pour  équation 

Le  point  I(^,,  ^o,  o)  étant  supposé  sur  cette  focale,  on  aura 

(6)    /(X)  =  X;  +  X^  +  X^  +  (/.X.  +  -^^.)V(yX,+  -^^,)\ 


262  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

La  sphère  S  est  donc  31;  les  coordonnées  complémentaires  Z,  et  Z^  sont 

(7)  Z.=,^X,^A^;,.         Z,  =  7X,+  ^^,. 

Le  point  I  étant  toujours  sur  la  focale,  on  a  aussi 

l/(\)  =  X;  +  X^+  X^  +  U(,4-^-')_,x.  +  -^^^±g^Y 


(8) 


+  (V>.  -  I  X, 


en  sup|)Osant  que  1  soit  racine  de  l'équation 

L'équation  (9)  admet  toujours  les  racines  X  =  1  ;  elle  admet,  en  général, 
une  autre  racine  distincte  de  o  ou  de  i;  c'est  cette  racine  qui  figure  dans 
l'équation  (8);  il  en  résulte  que  la  sphère  S  décrit  un  système  4L  les  coor- 
données complémentaires  T,,  T^,  T,  ayant  les  valeurs  suivantes  : 

\    T:,  —   \/a  —   I  X  3 . 

2.   Cercles  conjugués.  —  Soit  9  une  solution  quelconque  de  l'équation  de 

Laplace  à  laquelle  satisfont  les  fonctions  X  et  Y.  Le  point  de  l'espace  à 

Y 
cinq  dimensions,  qui  a  pour  coordonnées  -t^j  décrit  un  réseau  ;  il  y  corres- 
pond un  système  de  cercles  (C)  conjugué  aux  sphères  (S).  Le  cercle  C 
passe  par  les  points  F,  I',  oîi  la  sphère  S  louche  son  eiivelop|)e:  si,  de  [)lus, 
0  es!  une  fonction  linéaire  de  X,,  X^,  X.,,  l'axe  du  cercle  C  est  la  droite  du 
plnn  tangent  en  M'  qui  correspond,  par  roulement  de  Q  sur  Q',  à  la  dmile 
d'intersection  du  plan  tangent  en  M  avec  le  plan  dont  l'équation  est  0  =  o. 
Nous  allons  donner  des  exemples  : 

Y 

i"  O^Z.-i-f'Zj.  —  Le  système  de  cordes  C  est  0;  il  est  en  général  31,  le  rése^iu  — - 

de  l'espace  à  cinq  dimensions  étant  applicable  svir  le  réseau  —  de  l'espace  à  trois;  il 
pourra  se  produire   une  réduction   si  0  est  une  combinaison  homogène  de  X,  et  de  X^, 


SÉANCE    DU    29    JANVIER    lgo6.  263 

cest-à-dire  si 

—  I,  +  i '—  i,  =  o. 

p  n 

Le  point  I  est  alors  un  ombilic;  l'équation  (9)  admet  la  racine  X  =  0;  le  système  S 
ne  peut  plus  ètie  considéré  comme  un  système  41;  le  système  de  cercles  C  est  O,  2I; 
les  pôles  d'un  tel  cercle  décrivent  des  surfaces  isothermiques;  on  voit  facilement  que 
ces  pôles  correspondent  aux  points  d'intersection  du  plan  tangent  en  M  avec  les  géné- 
ratrices menées  en  I  sur  la  qiiadrique  (Daiibolx,  Comptes  rendus,  1S99). 

2°  0=:X,-|-  fX,.  —  Le  système  C  est  I,  il  est  en  général  30,  les  coordonnées  com- 
plémentaires élanl  —  )  -^-  Il  se  produira  une  réduction  si  6  est  une  combinaison  homo- 
gène  de  c,  et  ;.,,  c'est-à-dire  si 

^  +  p- ,        .i+i/-. 


Le  point  S  est  le  point  de  contact  d'une  tangente  isotrope  à  la  focale.  L'équation  (9) 
admet  la  racine  double  X  =:  i;  le  système  G  est  I,  2O. 

3°  Nous  allons  montrer  qu'on  peut  former  une  combinaison  isotrope  de  T,,  T,,  T3 
qui  est  en  même  temps  une  combinaison  isotrope  de  X,,  X2,  Xj.  Posons  en  efl'el  : 

e  =  ïT,  +  ?  T.,  4-  yTj.         X-  H-  V  -V  ■;'-  —  o. 
Pour  que  6  soit  homogène  par  rapport  à  X,,  X,,  X3  il  faut  (nendre 

„_     (■  +  v-);2  „_         (n-/'-);i 


P^ 


on  aura  ensuite 


X(. 


On  aura  alors 

0  =  ï  ^Xi^i^pi-)—  ,X,  4-  3  v/X(n-<7'-)  — iXo  4-  Y  v^^.  -  I X3. 
Pour  que  0  soit  une  combinaison  isotrope  de  X,,  X,,  X3,  il  faut  que 
a"-[X(i-^/.')-,]  +  p-^[X(,  +  r/)-,]4-Y=(X-i)  =  o 
et,  en  remplaçant  «'-,  fi-,  y"  par  leurs  valeurs,  on  trouve,  après  réductions,  la  condition 


X(,+/yO-.''^X(H-y^)-,^^ 


qui  est  une  conséquence  immédiate  des  équations  (5)  et  (9). 

0  étant  une  combinaison  isotrope  des  X,  le  système  C  est  I;  de  même  Ô 


264  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

étant  une  combitiiiisoii  isolro|)e  deT,,  T^,  T.,  le  système  sera  20;on  obtient 
encore  des  systèmes  I,  2  O. 

On  vérifie  facilement  que  le  jilan  dont  l'équation  est  0  =  o  est  un  plan 
isotrope  mené  par  la  tangente  en  là  la  focale;  ce  plan  contient  une  normale 
isotro|)e  à  la  focale  au  point  I;  cette  normale  est  une  génératrice  de  la 
développable  circonscrite  à  la  qnadrique  et  au  cercle  à  l'infini.  On  a  donc 
le  théoième  suivant  : 

Soient  G  une  génératrice  (non  située  sur  la  qnadrique)  de  fa  développable 
circonscrite  à  la  qnadrique  Q  et  au  cercle  à  l'infini,  P  le  point  où  G  rencontre 
le  plan  tangent  en  M  à  la  qnadrique;  si  l'on  fait  rouler  la  qnadrique  Q  sur  une 
de  ses  déformées  Q',  le  point  P  vient  occuper  une  position  F';  le  point  P'  décrit 
une  surface  I,  2O. 

J'ai  indiqué  les  principales  propriétés  des  surfaces  I,  2O  dans  mon 
Mémoire  Sur  les  systèmes  orthogonaux  et  les  systèmes  cycliques  (^Annales  de 
l' Ecole  Normale  supérieure .  1903,  §94);  ces  surfaces  jouent  un  rôle  impor- 
tant dans  la  recherche  des  surfaces  isothermiques. 


M.  A.  DE  Lapparent  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  Volume  de  M.  F. 
DE  MoNTEssus  DE  Ballore,  intitulé  :  Les  tremblements  de  terre.  Géographie 
séismologique.  Ouvrage  dont  il  a  écrit  la  Préface. 


NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  Com- 
missions de  prix  chargées  déjuger  les  concours  de  l'année  igo6. 
Le  dépouillement  du  scrutin  donne  les  résultats  suivants  : 

Mathématiques  :  Grand  prix  des  Sciences  mathématiques.  Prix  Francœur, 
Poncelet.  —  MM.  Jortlan,  Poincaré,  Emile  Picard,  Aj)pell,  Painlevé, 
Humbert,  Maurice  Levy,  Darboux,  Boussinesq. 

Mécanique  :  Prix  Monlyon,  Boileau.  —  MM.  Maurice  Levy,  Boussinesq, 
Deprez,  Léauté,  Sebert,  Vieille,  Poincaré,  Haton  de  la  Goupillière, 
Schlœsi  ng. 

Navigation  :  Prix  extraordinaire,  Plumey.  —  MVL  Maurice  Le\y,  Bou- 
quet de  la  Grye,  Grandidier,  Boussinesq,  Deprez,  Léauté,  Bassot,  Guyou, 
Sebert,  Hatt,  Bertin,  Vieille. 


SÉANCE  DU  29  JANVIER  1906.  265 

Astronomie  :  Prix  Pierre  Guzman,  Lalande,  Valz,  Janssen.  —  MM.  Jans- 
sen,  Lœwy,  Wolf,  Radau,  Deslandres,  Bigourdan,  Lippmann,  Poincaré, 
Darboux. 

GÉOGRAPHIE  :  Prix  Tchihatchef,  Binoux,  Delalande-Guérineau.  — 
MM.  Bouquet  de  la  Grye,  Grandidier,  Bassot,  Guyou,  Hatt,  Berlin, 
de  Lapparent,  Perrier,  Yan  Tieghem. 

Celte  Commission  est  également  chargée  de  présenter  une  question  de 
Prix  Gay  pour  l'année  190g. 

Physique  :  Prix  Hébert,  Hughes.  —  MM.  Mascart,  Lippmann,  Becquerel, 
Violle,  Amagat,  Curie,  Berthelot,  Maurice  Levy,  Poincaré. 


CORRESPONDANCE . 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  la  mort  de  Sir  John  Burdon  Sander- 
son.  Correspondant  de  l'Académie  pour  la  Section  de  Médecine  et  Chi- 
rurgie. 

M.  le  Ministre  de  l'Intérieur  invite  l'Académie  à  lui  présenter  une  liste 
de  trois  de  ses  Membres  pour  la  place  à  attribuer  à  l'Académie  dans  le 
Comité  consultatif  d'hygiène  publique  de  France.  Cette  place  est  actuelle- 
ment occupée  par  M.  Emile  Roux,  dont  les  fonctions  expirent  le  18  fé- 
vrier 1906. 

L'Académie  nomme  une  Commission  formée  des  membres  de  la  Section 
de  Médecine  et  de  Chirurgie  auxquels  sont  adjoints  : 

MM.  Brouardel,  Labbé,  Roux. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  les  Ouvrages  suivants  : 

1"  Le  Tome  XVI  de  l'édition  nationale  des  Opère  di  Galileo  Galilei,  pu- 
bliée sous  les  auspices  de  Sa  Majesté  le  roi  d'Italie. 

1°  Introduction  à  Cétude  de  la  Chimie,  par  le  D''  Maurice  de  Thierry. 
(Présenté  par  M.  Henri  Moissan.) 

3°  Description  géologique  de  l'île  d'Ambon,  par  R.-D.-M.  Verbeek. 

4°  Description  de  la  Jaune  jurassique  du  Portugal.  Polypiers  du  jurassique 
C.  R.,  1906,  1"  Semestre.  (T.  CXLII,  N°  5.)  ^<j 


266  .      ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

supérieur,  par  F.  Roby,  avec  une  notice  stratigraphique  par  Paul  Choffat. 
(Présenté  par  M.  Albert  Gaudry.) 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  équations  différentielles  du  second  ordre 
dont  l'intégrale  générale  est  uniforme.  Note  de  M.  Gambier,  présentée 
par  M.  Painlevé. 

Je  me  suis  proposé  d'étudier  les  équations  différentielles  du  second  ordre 

V(y',y',Y,x)  =  o 

oîi  P  est  un  polynôme  du  second  degré  en  y",  rationnel  en  y',  algébrique 
en  y  et  analytique  en  x,  dont  l'intégrale  générale  est  ou  fonction  uniforme 
de  X  ou  fonction  à  points  critiques  fixes. 

J'applique  pour  cela  une  méthode  développée  par  M.  Painlevé  pour  les 
équations  du  premier  degré  en  y" . 

On  sait,  d'après  les  résultats  obtenus  par  M.  Painlevé,  que  l'équation, 
résolue  en  y",  est  nécessairement  de  la  forme 


y"=  A,y^  +  A.y'-i-  A3+  v/A^y"'+  Aj/M-  A„/-+  A7/+  A, 

où  les  A  sont  algébriques  en  y  et  analytiques  en  x,  et  qu'une  transforma- 
tion élémentaire  permet  de  supposer,  pour  x  quelconque,  les  A  rationnels 

en  y  ou  bien  rationnels  en  y  et  \ly{y  —  OLJ"  ^(^'jj'  ^^  qu'enfin,  si 
y' ^  (p(j',a7)  est  racine  impaire  du  polynôme  en  j''  sous  le  radical,  l'équa- 
tion différentielle jk' —  <p(k,  a;)  =  o  définit  un  ensemble  particulier  d'inté- 
grales de  l'équation  proposée. 

Ces  premières  conditions  acquises,  poursuivons  l'étude  des  conditions 
nécessaires  en  faisant  la  substitution  de  M.  Painlevé  :  a;  ^  a?,  +  a  K  et  an- 
nulant a,  d'où  l'équation 

y"  =  y  [a,  (x„  y)  +  \/k,(x„y)] 
dont  l'intégrale  générale  doit  être  uniforme;  si  nous  posons  alors 


z  =  A,{x,y)-hs/-'^A{^^.y), 

z  et  j'  sont  liés  par  une  relation  algébrique  et  l'on  est  nécessairement  dans 
l'un  des  trois  cas  suivants  : 

1°  Ou  bien  les  deux  valeurs  de  c  sont  rationnelles  enj'; 

2"  Ou  bien  la  relation  entre  y  et  z  est  unicursale; 

3°  Ou  bien  cette  relation  est  de  genre  i. 

Bornons-nous,  dans  ce  qui  suit,  au  cas  où  P  est  rationnel  en  y. 


SÉANCE  DU  29  JANVIER  1906.  267 

Quand  les  deux  valeurs  de  z  sont  rationnelles  en  y,  on  peut  su[)poser, 

erace  a  une  transformation  y  =    \    '    . j-^  eliectuee  sur  1  équation  pri- 

mitive,  que  l'une  d'elles  coïncide  avec  une  des  huit  expressions  inliquées 
par  M.  Painlevé  à  la  page  3o  du  Tome  XXV  des  Acta  nialheinatica  (Mé- 
moire Sur  les  équations  différenlielles  dont  l'intégrale  générale  est  uniforme) 
et  l'autre  avec  une  des  neuf  expressions  indiquées  à  la  page  29  du  même 
Mémoire;  en  tout  soixante-douze  cas  à  examiner. 

Si  la  relation  entre  j  et  ^  est  unicursale,  on  peut,  après  une  transforma- 
tion analogue  sur  y,  supposer  que  l'on  a  exprimé  j  et  =  au  moyen  d'un 
paramètre  6  par  les  formules 

j  =  6-,  202:;  +  i  +  0/(0)  =  o, 

où  /(O)  coïncide  avec  l'une  quelconque  des  huit  dernières  expressions 
indiquées  à  la  page  29  du  même  Mémoire  (où  j  a  été  remplacé  par  6); 
d'où  huit  cas  à  examiner. 

Si  la  relation  entre  j-  et  z  est  de  genre  i,  on  peut,  moyennant  une  trans- 
formation algébrique,  supposer  que  cette  relation  est 


02 


.4/^  -  g,y  -  g^       oV4  j^  -  g^.y  -  g^^ 
{g.,y  g:t  constantes  numériques,  2(o  période  quelconque  depÇu,  g^,  g,). 

Ces  conditions  sufiisent  pour  donner  un  nombre  limité  de  valeurs 
possibles  pour  A,  et  Aj.  D'ailleurs  on  démontre  aisément  que  tout  pôle 
de  A,  et  A3  est  simple  et  pôle  de  A,,  que  tout  pôle  de  A.i,  A5,  A^,  Aj,  Ag  est 
double  au  plus  et  pôle  de  A,.  Ces  résultats  s'étendent  au  point/  =  00  par 

la  transformation  y=  y  et  appliquant  au  pôle  Y  =  o  s'il  y  a  lieu.    Cela 

limite  le  degré  des  A  en  y. 

Le  cas  le  plus  simple  est  donc  celui  où  les  deux  valeurs  de  ^  se  réduisent 
à  zéro  :  A,^o,  A.^o.  Dans  ce  cas,  on  trouve  immédiatement  que  les  A 
sont  des  polynômes  en  r,  de  degré  en  y  égal  respectivement  à 

Ao     A3     A5     Afi     A,     Ag 
I       3       0246 

J'étudie  complètement  dans  cette  Note  le  cas  où  A,^o,  A^^o  e/  où,  de 
plus,  le  polynôme  en  y'  sous  le  radical  n'a  qu'une  racine  triple. 
L'équation  est  nécessairement  de  la  forme 

y"  =  y(ay  -f-  Z-)  +  (Ay'  ■+-  2  \^y  -f-  C)  [(2A  — «)y  4-  al3  -  />| 

■+-  A'j*  +  2 B' 7  +  C  -i-  g{x)  {y'  -  Ay'  -  2  Bj  —  C)% 


208  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

OÙ  a,  b,  A,  B,  C  sont  des  fondions  analytiques  de   x.  A',  B  ,  C  sont  les 
dérivées  de  A,  B,  C  par  rapport  à  x. 

Une  telle  équation  peut  se  ramener  par  une  substitution 

y  =  \{x)Y^lJ.{x),  X  =  ç(a7). 

Si  A ^o,  à  la  forme 

Y"=Y'(a,Y+è,)-t-Y'^ 

>.,  ^.,  (p  s'obtenant  par  trois  quadratures. 
Si  A  ^  o,  à  la  forme 

Y"=Y'(a,Y  +  i,)  +  (2--«.)Y^-^.Y^-+-5-.(X)(Y'-Y^/, 

[A  s'obtenant  par  une  équation  de  Riccati,  \  ot  cp  par  deux  quadratures. 

lia  transformation  algébrique  Y'=  Y-u-  ou  Y'  —  Y- =  Y-u-,  suivant  que 
l'on  est  dans  le  premier  cas  ou  dans  le  second,  conduit  à  une  équation  en  u 
du  second  ordre,  du  premier  degré  en  u"  et  rationnelle  en  u'  et  u;  en  se 
reportant  aux  résultais  de  M.  Painlevé,  on  reconnaît  que  l'équation  en  Y 
coïncide  nécessairement  avec  l'un  des  types  suivants,  dont  l'intégrale  est 
d'ailleurs  uniforme  :  fraction  rationnelle  en  X  ou  en  e'"^  ou  fonction  ellip- 
tique de  X, 

Y"=Y'"-, 

Y"=6YY'— 4Y^  +  A(Y'- Y-f ,      /*  constante, 

^'      (Y'— Y^f,  /2  entier  >i, 

2/(Y'-Y^)i 
Y"=  -  4  YY'  + 6Y' +  4^(  Y' -  Y-)^ 

Y"==  -  8YY'+  ioY'  +  î:v/2(Y'— Y=)^ 

Y"  =  — 2YY'+4Y»+  ^(Y'- Y-f, 

s/S 

Y"  =  2  Y'  -  44:  (  Y'  -  Y=  Y . 

On  sait  reconnaître  à  l'avance  sur  l'équation  donnée,  au  moyen  de  rela- 
tions algébriques  entre  les  coefficients,  si  la  réduction  à  l'une  de  ces  formes 
est  possible  et  alors  \,  [j.,  çp  s'obtiennent  : 

Dans  le  premier  cas  par  trois  quadratures; 

Dans  le  second,  \i-  par  une  équation  de  Riccati  irréductible  et  7^  et  <p  par 
deux  quadratures; 


SÉANCE  DU  29  JANVIER  1906.  269 

Dans  lous  les  autres  cas,  y.  est  une  fonction  ralionnelle  de  A,  B,  C  et  i; 
1  et  (p  s'obtiennent  par  deux  quadratures. 

Donc  le  cas  où  A,^o,  A^^o  et  où  en  même  temps  le  radical  n'a  qu'une 
racine  triple,  ne  conduit  qu'à  des  équations  intégrables;  mais  ce  n'est  que 
le  plus  simple  des  cas  nombreux  qui  existent  et  dont  je  me  propose  de  pour- 
suivre l'étude. 


PHYSIQUE.  —    Sur  le   spectre  de  flamme  du  mercure.   Note  de 
M.  C.  DE  Watteville,  présentée  par  M.  Lippmann. 

Tandis  que  la  plupart  des  métaux  donnent,  soit  dans  la  flamme  du 
mélange  de  gaz  d'éclairage  et  d'air,  soit  dans  celle  du  chalumeau  oxhy- 
drique, un  spectre  plus  ou  moins  riche  en  raies,  le  mercure  semblait  être 
l'un  des  rares  d'entre  ceux  qui  ne  possèdent  pas  cette  propriété.  Au  cours 
de  leurs  beaux  travaux,  MM.  Hartley  et  Ramage  n'ont  pu  photographier 
ni  raies,  ni  bandes  du  mercure  en  en  chauffant  l'oxyde  dans  la  flamme 
oxhydrique  (').  M.  Gouy  était  arrivé,  par  l'emploi  de  son  pulvérisateur,  à 
la  même  conclusion  négative  (-).  De  mon  côté,  je  n'avais  obtenu,  avec  le 
dispositif  de  M.  Gouy,  aucun  élément  du  spectre  du  mercure,  en  me  ser- 
vant soit  du  bichlorure  dissous  dans  l'eau,  soit  de  mercure  dissous  dans 
l'acide  nitrique.  Les  recherches  précédentes  avaient  d'ailleurs  été  faites  au 
moyen  de  prismes  en  verre  et  les  miennes  à  l'aide  d'un  réseau  concave 
de  Rowland. 

On  pouvait  attribuer  l'insuccès  de  ces  tentatives  à  la  difficile  décomposi- 
tion des  sels  utilisés;  j'ai  essavé  récemment  l'emploi  des  composés  orga- 
niques tels  que  l'acétate  et  le  cyanure  de  mercure.  (Ces  corps  étaient  dis- 
sous dans  l'eau  distillée  et  mélangés,  à  l'état  de  poussière,  au  gaz  d'éclairage 
par  l'appareil  de  M.  Gouy.)  J'ai  réussi  à  obtenir  ainsi,  à  l'aide  d'un  spec- 
trographe  en  quartz,  un  spectre  du  mercure  qui  se  compose  de  la  seule 
raie  2536,72  mesurée  par  MM.  Rayser  et  Runge  dans  le  spectre  d'arc  du 
mercure,  où  elle  se  trouve  très  forte  et  renversée.  Cette  raie  est  d'ailleurs 
extrêmement  intense  dans  la  flamme,  puisqu'une  pose  de  i  heure  est 
plus  que  suffisante  pour  la  faire  apparaître  d'une  manière  très  marquée  sur 
la  plaque.    J'ai  essayé    sans    effet,    en   prolongeant    la    pose  au  delà  de 

(')  Scient.  Traiis.  of  tlif  Roy.  Dublin  Soc,  vol.  ^  11,  igoi,  p.  oSg. 
(■-)  .4nn.  de  Cliini  et  de  Pliys.,  5"  série;  t.  XVIII,  1879. 


270  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

lo  heures,  d'obtenir  quelque  autre  raie  du  mercure  dans  les  mêmes  con- 
ditions. 

Ayant  répété  l'expérience  avec  le  nitrate  mercurique  en  solution  dans 
l'eau,  j'ai  trouvé  un  résultat  identique  au  précédent,  c'est-à-dire  l'enregis- 
trement de  cette  raie  2.536,72  à  l'exclusion  de  toute  autre.  Je  n'ai  pu,  soit 
avec  l'œil,  soit  par  la  photographie,  dans  le  cas  des  trois  sels  employés 
(acétate,  cyanure,  nitrate),  observer  aucune  trace  des  raies  547  '^M^S  que 
Mitscherlich  dit  avoir  vues  en  introduisant  du  cyanure  de  mercure  dans  la 
flamme  ('). 

Ce  fait  me  semble  intéressant  à  deux  points  de  vue  : 

1°  Les  spectres  de  flamme  des  six  métaux  suivants  du  second  groupe  de  MendéléeiT  : 
magnésium,  calcium,  zinc,  strontium,  cadmium,  baryum,  sont  caractérisés  par  la  pré- 
sence, dans  chacun  d'eux,  d'une  raie  qui  surpasse  les  autres  de  beaucoup  en  éclat,  et 
qui  est  émise  par  la  flamme  dans  toute  sa  hauteur.  L'aspect  de  ces  raies  est  même  si 
frappant  que  j'avais  été  amené  à  les  rapprocher  les  unes  des  autres  (-),  sans  avoir  eu 
connaissance  du  travail  de  M.  Ramage  (^)  oii  ce  savant  établit  des  relations  entre  les 
longueurs  d'onde  de  ces  raies  et  le  poids  atomique  des-  métaux  dont  le  spectre  les 
renferme.  Si  l'on  prolonge  la  droite  qui  joint  à  peu  près  les  trois  points  obtenus  en 
prenant  comme  coordonnées  les  valeurs  de  la  longueur  d'onde  (2802,  SoyS,  8261)  delà 
raie  et  celles  du  poids  atomique  (24,36;  65,4;  'i2,4)  des  métaux  (Mg,  Zn,  Cd)dans 
le  spectre  desquels  chacune  de  ces  raies  se  trouve,  on  peut  remarquer  que  la  raie 
analogue  pour  le  mercure  devrait  être  la  raie  365o,3i  qui  est  très  forte  dans  l'arc.  Or, 
comme  on  l'a  vu,  cette  raie  n'existe  pas  dans  le  spectre  du  mercure  que  j'ai  obtenu  en 
me  plaçant  dans  les  mêmes  conditions  que  pour  les  métaux  précédents.  En  outre, 
malgré  le  poids  moléculaire  élevé  du  mercure,  la  raie  unique  trouvée  a  une  longueur 
d'onde  (2536)  bien  plus  courte  que  la  raie  2862  du  magnésium,  la  plus  réfrangible  de 
celles  que  j'ai  observées  dans  la  flamme  pour  les  six  métaux  étudiés  du  second 
groupe. 

2°  On  peut  remarquer  aussi  que  le  spectre  solaire  ne  renferme  pas  de  raies  du 
mercure.  Or,  si  ce  métal  se  trouve  placé  dans  le  Soleil  dans  des  conditions  telles  qu'il 
ne  puisse  également  émettre  que  l'unique  raie  2536,72,  celle-ci  serait  située  dans  la 
partie  du  spectre  qui  est  absorbée  par  l'atmosphère  terrestre.  Il  en  résulterait  que 
l'absence  du  mercure  dans  le  Soleil  ne  serait  pas  liée  forcément  à  celle  des  raies  de  ce 
métal  dans  le  spectre  solaire. 


(')  Ffiil.  Mag.,  1864,  p.  178. 

(  =  )  Pliil.  Trans..  sér.  A,  Vol.  CCIV,  p.  iS.",. 

(^)  Proc.  Roy.  Soc,  Vol.  LX\,  1902,  p.  1. 


SÉANCE  DU  29  JANVIER  1906.  27 1 


PHYSIQUE.   —  Sur  la  durée  de  la  décharge  dans  un  tube  à  rayons  X. 
Note  de  M.  André  Broca,  présentée  par  M.  H.  Becquerel. 

Des  mesures  purement  électriques  m'ont  permis  d'arriver  à  quelques 
notions  approximatives  sur  la  durée  de  la  décharge  dans  un  tube  de  Crookes. 
Je  donne  d'abord  le  principe  de  la  méthode. 

Le  tube  en  expérience  est  mis  en  série  avec  une  soupape  de  Villard  et 
excité  au  moyen  d'une  bobine  d'induction.  Dans  ces  conditions,  l'onde  de 
rupture  seule  passe  dans  le  circuit.  Le  milliampèremètre  de  secondaire  à 
cadre  mobile  de  MM.  d'Arsonval  etGaiffe  permet  alors  de  mesurer  l'inten- 
sité moyenne  qui  traverse  le  tube.  Soit  n  le  nombre  d'interruptions  par 
seconde  du  courant  primaire,  cet  instrument  nous  donne 


(i)  n  /     idt  =  £, 


£  étant  la  lecture  faite  pendant  le  fonctionnement  et  9  la  durée  d'une 
décharge  élémentaire.  Avec  l'interrupteur-turbine,  exclusivement  employé, 
la  régularité  de  fonctionnement  est  assez  grande  pour  permettre  une  lec- 
ture convenable. 

Supposons  maintenant  que  nous  mettions  en  circuit  avec  le  milliampère- 
mètre à  cadre  mobile  un  appareil  de  mesure  de  courants  alternatifs;  celui-ci 
nous  donnera  une  indication  correspondant  à  celle  que  donnerait  un  cou- 
rant continu  e,  et  nous  aurons 


(2)  nf 


i-  dl  =  £? 


Si  l'on  connaissait  la  forme  de  la  fonction  i  =  (f(t)  les  deux  expres- 
sions (i)  et  (2)  seraient  des  fonctions  de  0  et  de  l'intensité  maxima  l,  qui 
détermineraient  ces  deux  quantités.  Dans  l'ignorance  où  nous  sommes  de 
la  fonction  ip,  nous  allons  faire  une  hypothèse  sûrement  erronée,  mais  qui 
nous  donnera  tout  au  moins  l'ordre  de  grandeur  de  I  et  de  0;  nous  allons 
supposer  i  constant  et  égal  à  I  pendant  le  temps  d'une  décharge.  Il  est 
certain  que  l'établissement  du  courant  dans  le  tube,  qui  est  un  phénomène 
disruplif,  est  très  brusque;  je  dois  avouer  que  nous  n'avons  pas  de  données 
sur  la  façon  dont  l'intensité  revient  à  zéro,  mais  il  est  probable  que  ce 


272  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

retour  se  fait  asymptotiquemcnt,  la  courbe  descendant  brusquement  au 
début.  Dans  ces  conditions,  l'hypothèse  faite  doit  être  peu  erronée.  Les 
équations  deviennent 

Ine—  E,  r-n(l  =  t\,  d'où  1=^,  0  =  -^- 

£  Ht . 

La  difficulté  était  d'avoir  un  appareil  étalonné  donnant  des  indications 
en  r  et  assez  sensible  pour  fonctionner  sur  le  secondaire  de  la  bobine.  On 
pourrait  prendre  un  électromèlre  idiostatique  aux  bornes  d'une  résistance 
convenable  ou  un  appareil  de  Duddell;j'ai  préféré  prendre  un  simple  fil 
d'alliage  de  platine  et  cuivre  de  i"  de  long,  o"'",02  de  diamètre  et  de 
2000  ohms  de  résistance  environ,  le  tendre  légèrement  dans  un  conducteur 
creux  et  mesurer  ses  variations  de  flèche  avec  un  microscope  à  grande 
distance  frontale.  Pour  avoir  un  grossissement  suffisant  en  respectant  cette 
dernière  condition,  indispensable  pour  éviter  les  perturbations  statiques 
dues  au  verre  de  l'objectif,  l'oculaire  doit  être  placé  sur  un  support  éloigné 
de   2™,5o  de  l'objectif.  Ce  calorimètre  a  été  étalonné   préalablement  au 

moyen  du  milliampèremètre  même  qui  sert  à  la  mesure  de   /  idt. 

Le  nombre  n  d'interruptions  par  seconde  est  donné  au  moyen  d'un  dis- 
positif stroboscopique. 

J'ai  commencé  par  prendre  un  tube  Chabaud-Viilard  anaené  à  12'^™  d'étincelle  équi- 
valente et  J'ai  fait  varier  la  fréquence  des  interruptions.  J'ai  eu  les  chillres  suivants  : 


milliampt^re 

84 1  25  7,5 

42 I  5o  i5 

21 I  100  3o 

p  est  le  nombre  de  divisions  du  micromètre  oculaire,  duquel  on  déduit  la  valeur 
de  Ej. 

La  bobine  employée  dans  celte  expérience  est  une  bobine  de  45""  d'étincelle,  dont 
la  période  d'oscillation  propre  est  d'environ  0,002  de  seconde.  J'ai  ensuite  pris  une 
petite  bobine  de  25"^"  d'étincelle  et  j'ai  eu  e'j  =  5o  pour  «  =  4^  et  s  ^  1,  ce  qui  donne 
encore  6  =  o'"'",ooo5.  La  période  d'oscillation  de  cette  bobine  est  cependant  comprise 
entre  o^",ooi  et  o""^,  0007,  beaucoup  plus  courte  que  la  précédente,  et  le  temps  pen- 
dant lequel  passe  la  décharge  dans  le  tube  reste  le  même. 

Ce  temps,  qui  n'est  changé  ni  par  la  valeur  de  I,  ni  par  la  période  de  la  bobine, 
semble  donc  être  une  caractéristique  d'un  tube  donné. 

J'ai  alors  pris  la  grosse  bobine  et  la  fréquence  de  42  interruptions  par  seconde  et 


m 

18 
36 

illiamp^ITs 

sec 

o,ooo5 
o,ooo5 

72 

0 

,ooo5 

SÉANCE  DU  29  JANVIER  1906.  273 

j'ai  étudié  ce  que  devient  le  temps  8  quand  l'étincelle  équivalente  change;  les  chifTres 
obtenus  sont  les  suivants  : 

cui  sec 

Etincelle  équivalente 6  6  =  0,00067 

»                  »              8  6  =  0,  ooo58 

»                  »              9  6  :=  o ,  ooo54 

»                  »              10  6^0, 0000 

Au  delà  et  jusqu'à  20'^™  d'étincelle  équivalente,  limite  extrême  de  ce  qu'on  peut 
atteindre  sans  danger  pour  le  tube,  le  temps  8  reste  ensuite  constant,  au  moins  dans 
la  limite  des  erreurs  d'expérience. 

M.  Tiirchini  (^Comptes  rendus,  i5  mai  iQoS)  a  établi  qu'an  tube  à 
rayons  X  atteignait,  à  partir  de  lo'^"  d'étincelle  équivalente,  un  régime 
permanent  de  puissance,  au  point  de  vue  de  la  radioscopie  et  de  la  ra- 
diographie, c'est-ii-dire  que  la  puissance  des  rayons  X  qui  en  émanent, 
pour  une  intensité  moyenne  constante,  est  indépendante  de  l'étincelle 
équivalente  au  delà  de  10'™. 

Les  faits  que  je  |)résenle  aujourd'hui  prouvent  que  celte  constance  des 
effets  extérieurs  dus  aux  rayons  X  est  intimement  liée  à  une  constance 
analogue  du  régime  intérieur  relatif  à  la  décharge  cathoilique.  Il  est  pro- 
bable que  c  est  seulement  pour  l'étincelle  équivalente  de  10'^"  que  le  phé- 
nomène cathodique  pur  se  produit.  A  partir  de  ce  moment  le  tube 
semble  être  caractérisé  par  un  régime  de  décharge  aussi  bien  délerminé 
que  celui  d'un  circuit  de  condensateur. 

Il  semble  que  le  tube  à  rayons  X  résiste  jusqu'à  ime  certaine  valeur  du 
potentiel  dépendant  de  son  degré  de  vide,  puis  qu'il  se  produit  un  phéno- 
mène disruplif  qui  déclenche  le  tourbillonnement  de  l'afflux  cathodique 
et  des  rayons  cathodiques.  Ce  tourbillonnement  semble  doué  d'une  pé- 
riode propre,  à  peu  près  indépendante  du  degré  de  vide  à  partir  du  mo- 
ment oit  la  décharge  cathodique  est  pure. 


RADIOACTIVITÉ.  —  Sur  la  diminution  de  la  radioactivité  du polonium  avec 
le  temps.  Note  de  M""*  Curie,  présentée  par  M.  P.  Curie. 

J'ai  entrepris  depuis  environ  dix  mois  une  série  de  mesures  en  vue  de 

déterminer  la  loi  de  la  diminution  de  l'activité  du  polonium  avec  le  temps. 

Le  polonium  qui  a  servi  pour  cette  étude  a  été  préparé  suivant  la  méthode 

c.  R.,  1906,  I"  Semestre.   (T.  CXLII,  N°  5.)  Sy 


274  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

qui  a  été  indiquée  dans  la  première  publication  relative  à  sa  découverte  (  '  ) 
et  décrite  plus  en  détail  dans  ma  Thèse  de  doctorat.  Il  s'agit  tout  d'abord 
d'extraire  du  minerai  le  sel  de  bismuth  qui  y  est  contenu.  Pour  cela  on  préci- 
pite la  solution  chlorhydrique  du  minerai  par  l'hydrogène  sulfuré,  on  sépare 
les  sulfures,  on  les  lave,  on  les  dissout  dans  l'acide  azotique  dilué  et  l'on 
précipite  la  dissolution  par  l'eau.  Le  mélange  de  sous-nitrales  et  d'oxydes 
ainsi  obtenu  est  traité  par  une  solution  de  soude  à  l'ébuliition  qui  enlève 
le  plomb,  l'arsenic  et  l'antimoine.  Eu  répétant  les  divers  traitements  indi- 
qués on  peut  obtenir  un  oxvde  de  bismuth  polonifère  très  pur.  Pour  con- 
centrer le  polonium  on  dissout  cet  oxyde  dans  l'acide  azotique  et  l'on 
entreprend  une  série  de  précipitations  fractionnées  par  l'eau,  les  [îortions 
précipitées  le  plus  facilement  étant  celles  où  se  concentre  l'activité. 

Une  quanlilé  convenable  d'oxyde  de  bisnuUh  polonifère  d'activité  moyenne  (aSo  fois 
plus  actif  que  l'uranium)  a  été  disposée  dans  une  cavité  circulaire  très  peu  profonde 
ménagée  dans  Ja  partie  centrale  d'un  disque  métallique  circulaire.  La  poudre  d'oxyde 
qui  remplit  la  cavité  occupe  ainsi  sur  le  disque  une  surface  bien  déterminée.  Le  pla- 
teau radioactif  ainsi  constitué  est  soigneusement  conservé  et  sa  radioactivité  est 
mesurée  à  des  intervalles  de  temps  convenables.  L'intensité  du  rayonnement  est  éva- 
luée par  le  courant  de  saturation  produit  dans  un  condensateur  à  plateaux  et  l'inten- 
sité de  ce  courant  est  mesurée  par  notre  méthode  ordinaire  au  moyen  d'un  électro- 
mètre accompagné  d'un  quartz  piézoélectrique. 

Voici  les  premiers  résultats  de  ces  mesures  :  l'intensité  du  rayonnement 
diminue  en  fonction  du  temps  suivant  une  loi  exponentielle  simple.  En 
désignant  par  lo  l'intensité  initiale,  par  I  l'intensité  au  temps  t,  par  a  une 
constante,  on  trouve 


(l)  l  =  Io''- 


<lt 


si/  est  exprimé  en  jours,  on  a  a  =  o,oo495;  d'après  cette  relation  l'inten- 
sité du  rayonnement  diminue  de  la  moitié  de  sa  valeur  en  un  temps  égal  à 
i4o  jours.  Les  écarts  entre  cette  loi  et  les  mesures  ne  dépassent  pas 
3  pour loo. 

La  représentation  graphique  des  résultats  est  donnée  par  la  figure  ci- 
contre.  La  courbe  Vde  cette  figure  a  été  obtenue  en  portant  en  abscisses  le 
temps  et  en  ordonnées  logL  Cette  courbe  est  une  droite  à  l'approximation 
qui  vient  d'être  indiquée. 

(')  Curie,  Comptes  rendus,  juillet  1898. 


SÉANCE    DU    29   JANVIER    1 906.  275 

Il  est  à  remarquer  que  les  constantes  qui  définissent  les  propriétés  radio- 
actives des  corps  jouent  un  rôle  absolument  comparable  à  celui  des  lon- 
e^nenrs d'onde  des  raies  dans  les  spectres  des  éléments.  Quand  une  matière 
radioactive  est  en  très  petite  quantité  mélangée  à  une  matière  inactive,  les 
constantes  déduites  de  l'étude  de  son  rayonnement  peuvent   servir  à   la 


1  5 

X 

K 

\ 

\ 

V 

\ 

\, 

k 

\ 

[>! 

\ 

\ 

\ 

\ 

\ 

X 

7  » 

1 

\, 

^ 

\ 

V 

\ 

X 

rx 

\i 

\ 

\ 

\ 

X 

\ 

\ 

X 

\ 

\ 

\ 

•\ 

X 

\ 

1 

N 

\ 

\ 

N' 

0 

■ 

\ 

N 

llo  80  12.0 

T&mps  en^  jours 


160 


îlfo 


320 


caractériser  sans  ambiguïté.  La  constante  a  de  la  formule   (i)  est  donc 
caractéristique  du  polonium. 

La  constante  de  temps  que  je  viens  de  trouver  pour  le  polonium  apporte 
la  preuve  certaine  que  le  corps  étudié  par  AL  Marckwald  sous  le  nom  de 
radiotelluve  est  identique  avec  le  polonium.  Cette  identité  paraissait  à  peu 
près  évidente  d'après  toutes  les  publications  de  M.  Marckwald  sur  les  pro- 
priétés du  radiotellure .  Elle  est  rendue  certaine  par  ce  fait  que  la  constante 
que  j'ai  trouvée  pour  le  polonium  est  bien  la  même  que  celle  que  M.  Marck- 


276  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

wald  a  rccemment  déterminée  pour  son  radiotellwe.  M.  iVIarckwald  a 
trouvé  en  effet  a  ^  0,00497  po"''  la  valeur  de  a  dans  la  formule  ('). 

Le  poloniiim  et  le  radiotellure  sont  donc  bien  une  seule  et  même  sub- 
stance, et  c'est  évidemment  le  nom  de  polonium  qui  doit  être  employé,  le 
polonium  étant  non  seulement  bien  antérieur  au  radiotellure,  mais  étant 
même  la  première  substance  fortement  radioactive  découverte  par  M.  Curie 
et  moi  au  moven  d'une  méthode  de  recherches  nouvelle. 

J'ai  aussi  utilisé  la  méthode  de  concentration  employée  par  M.  Marck- 
wald,  cette  méthode  est  très  commode.  Elle  consiste  à  plonger  une  lame 
de  bismuth  dans  une  solution  chlorhydrique  de  sel  de  bismuth  radioactif. 
Le  polonium  vient  se  déposer  sur  cette  lame.  J'ai  employé  des  lames  de 
platine  recouvertes  d'une  couche  mince  de  bismuth  par  éleclrolyse,  et  j'ai 
concentré  le  polonium  sur  ces  lames.  Elles  sont  très  commodes  pour 
l'étude  de  la  radioactivité,  car  elles  ne  nécessitent  pas  les  mêmes  précau- 
tions que  les  plaques  recouvertes  d'oxyde  en  poudre.  Les  droites  L  II,  IV 
de  la  figure  ont  été  obtenues  avec  de  telles  lames.  La  droite  III  est  rela- 
tive à  une  lame  active  enveloppée  dans  une  feuille  d'aluminium  de  o™'",oi 
d'épaisseur;  elle  indique  donc  la  baisse  avec  le  temps  des  rayons  qui  tra- 
versent cette  épaisseur  d'aluminium.  Toutes  ces  droites  sont  parallèles. 

Remarquons  enfin  qu'on  ne  peut  nullement  prétendre  que  le  polonium 
ait  les  réactions  du  tellure  jjlulôt  que  celles  du  bismuth.  Il  est  vrai  qu'en 
solution  chlorhydrique  il  précipite  partiellement  par  le  protochlorure 
d'étain,  mais  d'un  autre  côté  en  présence  du  bismuth  son  sulfure  est  inso- 
luble dans  le  sulfure  d'ammonium  et  l'oxyde  est  insoluble  dans  une  solution 
de  soude  bouillante.  Pour  connaître  les  réactions  du  polonium,  il  faudrait 
l'avoir  à  l'état  pondérable.  Aujourd'hui  on  peut  dire  seulement  quelles  sont 
ses  réactions  quand  il  est  noyé  dans  certaines  matières  qu'il  accompagne 
d'ordinaire. 


CHIMIE  MINÉRALE.—   Les  Sulfates  des  métaux  rares. 
Note  de  M.  Camille  Matignon. 

Dans  le  but  de  comparer  quantitativement  les  propriétés  des  sulfates  des 
métaux  rares  avec  celles  des  sulfates  mieux  connus,  j'ai  déterminé  la  cha- 


(')  MarCkwald,  Jahrbuch  der  fiadioactivitàt,  juillet  igoS. 


SÉANCE  DU  29  JANVIER  1906.  277 

leur  de  formation  de  quelques-uns  de  ces  sulfates  à  partir  de  l'acide  et 
l'oxyde  générateurs. 

Préparation  des  oxydes.  —  Les  oxydes  de  lanthane,  praséodyme,  néo- 
dvme  et  samarium,  nécessaires  pour  ces  déterminations,  ont  été  préparés 
à  partir  des  oxalates  correspondants. 

On  n'obtient  ces  produits  purs  qu'en  prenant  certaines  précautions.  Il 
est  nécessaire  de  précipiter  l'oxalale  dans  une  solution  de  nitrate  et,  de 
préférence,  en  liqueur  légèrement  nitrique;  un  oxalate  formé  |)ar  double 
décomposition  avec  un  chlorure  donnera  toujours  un  oxyde  contenant  des 
traces  de  chlore  (par  suite  de  la  formation  d'oxalochlorures  intermé- 
diaires).La  calcination  des  oxalates  dans  un  moufle  vers  800°  laisse  un  résidu 
d'oxyde  souillé  par  de  petites  quantités  d'anhydride  carbonique,  très  diffi- 
ciles à  éliminer  complètement  sous  la  seule  influence  de  la  chaleur;  de  là 
la  nécessité  de  chauffer  préalablement  ces  oxydes  dans  un  courant  d'hy- 
drogène pur.  Avec  le  lanthane,  qui  retient  énergiquement  ce  gaz  carbo- 
nique résiduel,  je  n'ai  pas  trouvé  une  composition  constante  pour  le  car- 
bonate très  basique  obtenu. 

Préparation  des  sulfates.  —  Les  sulfates  anhydres  s'oblienneiU  commodément  et 
sûrement  en  portant  progressivement  à  la  température  du  rouge  sombre  les  oxydes 
mêlés  avec  un  léger  excès  d'acide  sulfurique.  La  marge  de  stabilité  de  ces  sulfates 
auhydres  entre  4oo°  et  800°  rend  l'opération  commode  et  permet  d'éviter  toute  trace 
de  sel  acide  ou  de  sel  basique.  Il  en  résulte,  comme  je  l'ai  fait  remarquer  depuis  long- 
temps, que  le  dosage  de  ces  éléments  rares  sous  forme  de  sulfate  constitue  une  méthode 
fort  simple  et  très  précise. 

Chaleur  de  dissoltilion  des  sulfates.  —  Les  sulfates  anhydres  bien  pulvérisés  et 
tamisés  se  dissolvent  rapidement  dans  une  grande  quantité  d'eau.  Leur  dissolution 
dans  le  calorimètre  a  été  eftectuée  vers  i5°  avec  un  écart  maximum  de  2°  en  dessus  ou 
en  dessous. 

Voici  les  résultats  obtenus  : 

Cal 

(SO*)^La-  soI.  +  Aq=:(SO')^La"-  diss +34,6 

(SO')3I^r2  S0I.  + Aq  =  (SO*)'Pr2  diss... +36 

(S04)-'i\d5  sol.  +  Aq  =  (SO*)'Nd=  diss +36,5 

(SO')'Sm'sol.  +  Aq  ==  (S0*)3Sm^diss +38,8 

Chaleur  de  dissolution  des  oxydes  dans  SO'H-  étendu.  —  Les  oxydes  se  dissolvent 
facilement  dans  une  liqueur  sulfurique  au  quart  de  molécule  par  litre.  Les  chaleurs  de 
dissolution  trouvées  expérimentalement  vers  i5"  sont  les  suivantes  : 

Cal 

La'-02sol.+  3SO*H2diss.=  {SO*)'La-diss.+  3H^0 +117,6 

Pr^O'  sol.  +3S0'H--diss.=:(S0*fPr-  diss.  +3H^0 +  ro6,5 

Nd^Q!*  sol. +  3S0'H,  diss.  =  (SO*)3Nd2  diss.  +3H-0 +  io6,4 

Sm^O' sol. +  3SO'H2  diss.  =  (SO*)^Sm^  diss. +  3H-^0 +    97,4 


278  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Les  deux  groupes  de  résultats  précédents  permettent  de  tirer  les  conclu- 
sions suivantes  : 

Cal 

3SO*H2  -ol.-HLn'O'  sol.  =::(SO'')'La^sol.  -hSWO  sol +  i38,2 

3S0*H=  sol.-hPr'-O'  sol.  =(SO')3Pr-sol.  +  SH^O  sol -t-  135,7 

3S0'H=  sol.  +  Nd^O^  sol.=(SO*)'Nd^sol.  +  3H^O  sol -+-  i2.5,i 

SSO'H^  sol.  +  Sm^O'  sol.  =  (SO»)'Sra2sol.  +  3IP0  sol H-  ii3,8 

La  fonction  basique  s'affaiblit  depuis  le  lanthane  jusqu'au  samarium;  elle 
diminue  quand  la  masse  atomique  de  l'élément  métallique  augmente. 

Les  oxydes  des  métaux  rares,  au  point  de  vue  de  leur  fonction  basique, 
sont  intermédiaires  entre  les  oxydes  alcalino-terreux  et  la  magnésie;  ils  se 
rapprochent  de  l'oxyde  de  plomb. 

En  désignant  par  Q,  et  Qj  les  quantités  de  chaleur  suivantes  rapportées 
à  des  quantités  de  sulfate  contenant  deux  valences  de  l'élément  métallique, 
on  a  pu  dresser  un  tableau  comparatif: 

SO^ H^  sol.  +  MO  sol.  =  SO' M  sol.  +  H^" O  sol.  -f-  Q, , 
SO'  sol.  +  MO  sol.  =SO"M  sol.  +  Q^. 

Q..  Qr 

Cal  Cal 

Lanthane 46 ,  i  65 ,  i 

Praséodyme 41:9  60,9 

Néodyme 4'i7  60j7 

Samarium ^7,9  56,9 

Calcium 63,2  82,2 

Barviim 83,3  102, 3 

Plomb 42)3  61,1 

Argent 36,4  55,4 

Si  l'on  coni[)are  les  nombres  de  la  deuxième  colonne,  qui  mesurent  en 
quelque  sorte  la  stabilité  des  sulfates  sous  l'influence  de  la  chaleur,  on  voit 
que  les  points  correspondants  dans  les  courbes  de  dissociation  en  système 
monovariant  des  sulfates  de  lanthane  et  praséodyiTie  d'une  part,  de  néodyme 
et  de  samarium  d'autre  part,  doivent  présenter  un  écart  de  température  se 
rapprochant  de  70°  à  80°. 


SÉANCE  DU  29  JANVIER  1906.  2-79 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Préparation  rapide  des  solutions  d'acide  iodhydrique. 
Note  de  M.  F.  Bodroux,  présentée  par  M.  Troost. 

On  prend  un  certain  poids  d'iode  que  l'on  divise  en  deux  parts  égales. 
La  première,  traitée  en  présence  de  l'eau  par  le  bioxyde  de  baryum,  est 
transformée  en  iodure  de  baryum  (Brodie) 

BaO-+I^  =  BaI-+0-. 

La  deuxième  portion  d'iode  ayant  été  dissoute  dans  le  liquide  obtenu,  on 
fait  passer  dans  celui-ci  un  courant  d'anhydride  sulfureux  jusqu'à  décolo- 
ration. Il  y  a  formation  d'acide  iodhydrique  et  de  sulfate  de  baryum,  qu'il 
est  facile  de  séparer  : 

BaP+  P-l-  SO--f-  2H^0  =  SO*Ba  -+  4HI. 

Voici  un  mode  opératoire  qui  m'a  donné  de  bons  résidtats  : 

Dans  1005  d'eau  distillée  tiède,  tenant  en  suspension  6os  de  bioxyde  de  baryum, 
j'introduis  de  l'iode  par  portions  de  4^  ou  5e  jusqu'à  décoloration  et,  s'il  est  néces- 
saire, pour  activer  celle-ci,  je  cliaufTe  doucement  le  mélange.  Lorsque  5o8  d'halogène 
sont  entrés  en  réaction,  je  filtre  à  la  trompe  et  je  lave  à  plusieurs  reprises  le  ballon  et 
l'excès  de  bioxyde  de  baryum  avec  une  petite  quantité  d'eau  distillée  (en  tout,  808 
environ). 

Dans  une  éprouvette  haute  et  étroite,  je  place  la  liqueur  recueillie  et  5oô  d'iode  qui, 
par  agitation,  se  dissolvent  rapidement.  Je  fais  passer  dans  le  liquide  noir  obtenu  un 
courant  d'anhvdride  sulfureux,  fourni  par  l'un  de  ces  cylindres  métalliques  que  livre 
actuellement  l'induslrie.  La  masse  s'échaufi'e  légèrement  et  la  décoloration  est  réalisée 
au  bout  d'une  demi-heure. 

Je  filtre  à  la  trompe  sur  du  papier  :  la  solution  contient  la  presque  totalité  de  l'iode 
mis  en  expérience  (teneur  en  acide  iodhydrique  :  35  pour  loo  environ)  et  des  traces 
d'acide  sulfurique;  on  la  concentre  par  distillation. 

Dans  les  conditions  précédentes,  la  durée  totale  des  manipulations  ayant 
été  de  3  heures,  j'ai  obtenu  1  4o^  de  l'hydrate  bouillant  à  ii'j°(^d  =  i ,  67). 
Cet  hydrate  ne  peut  être  préparé  sans  avoir  recours  à  la  tiistillalion.  En 
effet,  la  solution  iodurée  d'iodure  de  baryum  qui  devrait  lui  donner  nais- 
sance étant  trop  concentrée,  la  réaction  ne  se  produit  pas  normalement. 
Le  liquide  s'épaissit,  devient  visqueux  et  dissout  abondamment  l'anhy- 
dride sulfureux  tout  en  restant  chargé  d'iode.  La  décoloration  est  seule- 


28o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ment  produite  par  une  addition  d'eau,  mais  il  est  impossible  de  séparer 
l'acide  iodhydrique  formé  de  l'acide  sulfureux  qui  l'accompagne. 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  lin  alliage  de  thorium  et  d'aluminium.  Note  de 
M.  O.  HôNiGSciiMiD,  présentée  par  M.^H.  Moissan. 

A  la  suite  de  recherches  sur  la  préparation  du  siliciure  de  thorium 
ThSi^  ('),  j'ai  été  conduit  à  rechercher  s'il  ne  pouvait  pas  se  produire  en 
même  temps,  dans  les  conditions  de  mes  expériences,  un  alliage  de  tho- 
rium et  d'aluminium.  L'étude  microscopique  des  culots  obtenus  dans 
l'action  de  l'aluminiain  sur  le  mélange  de  fluosilicate  de  potassium  et  de 
fluorure  double  de  potassium  et  de  thorium  a  montré,  à  côté  de  lamelles 
quadratiques  de  siliciure,  des  cristaux  prismatiques  hexagonaux  allongés 
en  fines  aiguilles.  Les  essais  directs  m'ont  permis  de  préparer  ces  cristaux 
en  plus  grande  quantité,  soit  par  combinaison  directe  de  l'aluminium  et 
du  thorium  dans  le  vide  à  haute  température,  soit  par  réduction  au  moyen 
de  l'aluminium  du  fluorure  double  de  thorium  et  tle  potassium.  On  les  ob- 
tient aussi  par  la  réduction  de  l'oxyde  de  thorium  par  l'aluminiiun  au  four 
électrique. 

Les  cristaux  obtenus,  séparés  de  l'aluminium  par  l'action  de  la  potasse,  présentent 
l'éclat  métallique  et  la  couleur  de  l'aliimininra. 

Ils  brident  dans  le  fluor  et  le  chlore  et  sont  attaqués  par  le  brome  et  l'iode  sans  in- 
candescence. Inaltérables  à  l'air,  ils  s'oxydent  au  rouge  et  brûlent  avec  un  vif  éclat. 
Ils  sont  attaqués  par  tous  les  acides  minéraux;  les  solutions  alcalines  sont  sans  action 
sur  eux,  mais  ils  sont  oxydés  avec  incandescence  par  la  potasse,  la  soude  et  les  carbo- 
nates alcalins  en  fusion. 

Analyse.  —  Une  certaine  quantité  de  ces  cristaux  est  dissoute  dans  l'acide  chlor- 
hydrique  et  le  thorium  précipité  par  l'acide  oxalique  est  pesé  à  l'élal  d'oxyde;  l'alu- 
minium est  précipité  de  la  solution  filtrée  par  l'ammoniaque  après  destruction  de 
Tacide  oxalique.  Les  résultats  obtenus  ont  été  les  suivants  : 

I.  II.  l'héorie  pour  ThAP. 

Th 70,9  74,3  74,1 

Al •î5,7  u5,.ii  25,9 

La  composition  de  cet  alliage  répond  donc  à  la  formule  Th  Al^. 

La  présence  de  petites  quantités  de  cet  alliage  dans  le  siliciuie  de  thorium,  dont  il 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXLU,  p.  157. 


SÉANCE  DU  29  JANVIER  1906.  28 1 

est  impossible  de  le  séparer  par  suite  de  la  similitude  de  leurs  propriétés,  explique  les 
chiffres  un  peu  faibles  trouvés  dans  les  analyses  pour  le  silicium. 

Conclusions.  —  En  résumé,  ninsi  que  je  l'ai  montré  nntérienrement,  la 
réduction  au  four  électrique  de  l'oxyde  de  thorium  par  le  silicium,  la  com- 
binaison directe  du  siliciure  et  du  thorium  en  présence  de  l'aluminium  dans 
le  vide  à  1000°  et  enfin  la  réduction  par  l'aluminium  d'un  mélange  de  fluo- 
silicate  de  potassium  et  de  fluorure  double  de  thorium  et  de  potassium  per- 
mettent de  préparer  un  siliciure  de  thorium  cristallisé  en  lamelles  quadra- 
tiques dont  l'aspect  rappelle  le  graphite  très  pur  et  dont  la  composition 
répond  à  la  formule  ThSi^. 

Dans  des  conditions  analogues,  la  réduction  de  l'oxyde  de  thorium  par 
l'aluminiinn  au  four  électrique,  la  combinaison  directe  de  l'aluminium  et 
du  thorium  dans  le  vide,  ainsi  que  la  réduction  par  l'aluminium  du  fluorure 
double  de  potassium  et  de  thorium  permettent  de  préparer  un  alliage  de 
thorium  et  d'aluminiure  cristallisé  en  longues  aiguilles  prismatiques  hexa- 
gonales, possédant  la  couleur  et  l'éclat  métalliques  de  l'aluminium  et  dont 
la  composition  répond  à  la  formule  ThAl'. 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Recherches  sur  les  combinaisons  halogènèes  des 
borates  de  baryum  et  de  strontium.  Note  de  M.  L.  Ouvr.4rd,  pré- 
sentée par  M.  Ditle. 

Les  borates  de  baryum  et  de  strontium,  pas  plus  d'ailleurs  que  ceux  de 
calcium,  ne  donnent  avec  les  halogènes  de  combinaisons  analogues  à  celles 
que  fournissent  les  métaux  de  la  série  magnésienne  et  dont  la  boracite 
naturelle  est  le  type. 

Tous  nos  essais  pour  obtenir  avec  les  alcalino-terreux  des  composés  cor- 
respondant aux  boracites  ont  échoué,  mais  par  contre  nous  avons  pu  pré- 
parer des  borates  halogènes  présentant  une  composition  plus  simple. 

Strontium.  —  Quand  on  soumet  à  la  fusion,  à  l'abri  de  l'air  et  surtout  de 
la  vapeur  d'eau,  un  mélange  d'anhvdride  borique  et  de  chlorure  de  stron- 
tium bien  desséché,  la  masse  soumise  à  un  lent  refroidissement  laisse 
apparaître  de  fines  aiguilles  que  l'on  sépare  aisément  par  lavage  à  l'eau 
froide.  Ces  aiguilles  sont  peu  altérables,  même  par  l'eau  chaude,  et  résistent 
à  l'action  de  l'acide  acétique  étendu.  Elles  agissent  vivement  sur  la  lumière 
polarisée  et  présentent  des  extinctions  longitudinales.  Elles  répondent  à  la 

G.  R„  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  5.)  38 


282  ACADÉMIE   DES   SCIENCES, 

formule 

^B^0^3SrO,8rCl^ 

L  addition  au  mélange  précédent  d'oxyde  de  strontium,  dans  une  pro- 
portion qui  ne  dépasse  pas  1'°°'  pour  1"°'  d'anhydride  borique,  donne 
encore  le  même  produit,  mais,  le  bain  gagnant  en  fusibilité,  les  aiguilles  se 
développent  en  prismes  atteignant  plusieurs  millimètres  de  longueur. 

Mais  si  l'on  vient  à  augmenter  la  quantité  d'oxyde  de  strontium,  on  voit 
se  former  pendant  le  refroidissement  de  larges  lamelles,  beaucou[)  plus 
altérables  que  les  cristaux  précédents,  que  l'on  ne  peut  dégager  qu'en 
partie  par  l'eau  froide  et  qui  ne  tardent  pas  à  perdre  leur  transparence  et 
à  changer  d'aspect,  avant  que  l'on  ait  pu,  par  des  lavages  suffisants,  les 
débarrasser  du  chlorure  de  strontium  qui  les  imprègne. 

On  peut,  il  est  vrai,  remplacer  l'eau  par  l'alcool  qui  ne  les  altère  pas,  mais,  étant 
donnée  la  faible  solubilité  du  chlorure  de  strontium  dans  ce  dissolvant,  l'opération  se 
prolonge  au  delà  de  toute  mesure.  Un  antre  moyen  plus  pratique  nous  a  réussi.  La 
masse  à  désagréger  est  suspendue  dans  un  vase  plein  d'eau,  à  l'abri  de  l'air  pour  éviter 
l'action  de  l'acide  carbonique,  et  le  fond  du  vase  est  recouvert  d'une  couche  suffisam- 
ment épaisse  d'un  liquide  plus  dense  que  l'eau  et  n'exerçant  aucune  action  sur  le  com- 
posé formé,  comme  par  exemple  la  glycérine.  Les  cristaux  se  désagrègent,  tombent  au 
fond  du  vase  et  sont  soustraits  par  la  glycérine  à  l'action  hydratante  du  dissolvant. 

Il  suffit  ensuite  de  recueillir  les  cristaux,  de  les  laver  rapidement  à  l'eau  froide  pour 
les  débarrasser  de  la  glycérine  et  des  dernières  traces  de  chlorure  et  de  les  sécher  à 
l'abri  de  l'air. 

Ce  procédé  simple  et  rapide  nous  a  permis  d'isoler,  sans  altération  no- 
table, des  lamelles  du  borate  B^'O',  SrO.  Elles  sont  altérables  par  l'eau  et 
très  solubles  même  dans  l'acide  acétique  dilué.  Si  l'on  n'a  pas  le  soin  de 
soustraire  ces  lamelles  à  l'action  de  l'eau  dans  le  temps  nécessaire  à  leur 
séparation,  on  voit  leur  aspect  changer  ra[)idement  et  eu  quelques  heures 
leur  masse  se  transforme  en  prismes  volumineux,  transparents,  se  ternis- 
sant à  l'air  et  qui  sont  constitués  par  un  borate  hydraté 

B=0',SrO,2H=0. 

Eu  portant  la  dose  d'oxyde  de  strontium  à  3°*°',  ou  isole,  au  moyen  de 
la  glycérine,  le  sel  B^O',2SrO  en  assez  beaux  prismes,  très  solubles  dans 
les  acides.  L'eau,  à  leur  contact,  devient  alcaline  en  se  chargeant  d'iiy- 
drale  de  slrontiane  et  les  transforme  en  cristaux  d'un  nouvel  hydrate  : 

B='0%SrO,4H=0. 


SÉANCE  DU  29  JANVIER  1906.  283 

En  remplaçant  dans  les  essais  précédents  le  chlorure  de  strontium  par  le 
bromure,  on  obtient  des  résultats  tout  à  fait  comparables,  c'est-à-dire  la 
production,  suivant  les  proportions  d'oxyde,  des  composés  : 

5B20',3SrO,  SrBr^     et     B=0%SrO     ou     B-0',2SrO, 

les  deux  derniers  se  transformant  sous  l'action  de  l'eau  en  hydrates, 
comme  nous  venons  de  le  voir  précédemment. 

L'iodure  de  strontium,  chauffé  à  l'abri  de  l'air  avec  les  précautions  néces- 
saires pour  limiter  le  plus  possible  sa  décomposition,  ne  nous  a  fourni 
aucun  composé  iodé.  Nous  avons  eu  seulement  les  sels  mono  et  bistron- 
tiqiies. 

Baryum.  —  Le  baryum  nous  a  donné  des  produits  analogues  à  ceux  du 
strontium,  à  cela  près  qu'ils  cristallisent  moins  facilement  et  semblent  plus 
altérables. 

Avec  le  chlorure  de  baryum  nous  avons  obtenu  5B^0',  3BaO,  BaCI^,  en  belles 
aiguilles,  inaltérables  par  l'eau  et  solubles  dans  les  acides. 

En  faisant  varier  les  proportions,  on  peut  séparer  au  moyen  de  la  glj'cérine  les  sels 
B^O\BaO  et  B^OSaBaO,  que  l'eau  transforme  en  hydrates  B^O^BaO,2H-0  et 
B2OSBaO,4H-0. 

Le  brome  a  donné  de  même  oB'O^,  3BaO,  BaBr^,  et  les  borates  mono  et  bibasiques. 

Enfin,  avec  l'iodure  de  baryum,  nous  n'avons  eu  aucun  composé  iodé. 

En  résumé,  les  borates  de  baryum  et  de  strontium  semblent  entrer  en 
combinaison  avec  le  chlore  et  le  brome  moins  facilement  que  les  sels 
correspondants  de  calcium,  puisque  nous  n'avons  pu  obtenir  avec  chacun 
d'eux  qu'un  seul  composé  halogène. 

Quant  aux  iodures  alcalino-terreux,  leur  peu  de  stabilité  semble  leur 
interdire  d'entrer  en  combinaison  avec  les  borates  de  ces  mêmes  métaux, 
du  moins  dans  les  conditions  de  nos  expériences. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  les  alcools  a-  et  ^-campholy tiques. 
Noie  de  M.  G.  Bla.\c,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

Le  présent  travail  complète  les  données  que  j'ai  fournies  il  y  a  plusieurs 
années  sur  la  réduction  de  l'éther  |î-campholytique  (isolauronolique)  dans 
diverses  conditions  ('). 

(')  Thèse  de  Doctorat,  Paris,  1899. 


284  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

1°  Alcool  ^-campholylique  : 

CH'     CH' 

C 
CH2 C  — Cil- OH. 


Cet  alcool  ne  se  forme  que  dans  la  réduction  de  l'éther  par  le  sodium  en 
milieux  aqueux  comme  je  l'ai  déjà  annoncé.  Dans  ces  conditions,  bien  que 
la  double  liaison  soit  en  ap  par  rapport  au  groupe  CO^C-H',  elle  n'est  pas 
sensiblement  hydrogénée.  Je  confirme  le  point  d'ébullition  197°  donné 
pour  cet  alcool. 

2°  Alcool  ^-dihy drocampholy tique .  —  Celui-ci  s'obtient  par  rétluction  de 
l'éther  par  le  sodium  et  l'alcool  avec  un  rendement  d'environ  60  pour  100. 
L'acide,  régénéré  de  la  solution  sodique,  est  constitué  intégralement  par 
l'acide  dihydro-[i-campholytiqne.  Dans  ce  cas,  la  double  liaison  a  subi  la 
réduction  à  laquelle  on  devait  s'attendre  en  vertu  de  sa  position  par  rapport 
au  carboxéthyle. 

On  obtient  encore  l'alcool  dihydro-p-campholytique  par  la  réduction  de 
l'amide.  Le  rendement  est  beaucoup  moins  avantageux  (20  à  23  pour  loo). 
L'amide  non  réduite  se  retrouve  à  l'état  d'amide  dihydro-^-campholvtique 
fusible  à  i65°  et  dans  la  solution  sodique  on  trouve  également  une  très 
petite  quantité  d'acide  dihydro-|3-campholytique. 

L'alcool  dihydro-p-campholytique  est  un  liquide  légèreraenl  visqueux,  incolore, 
bouillant  à  198°  : 

«„  (à  21°, 5)=:  i,464i,         D*,,5=o,9o56. 

On  en  déduit  pour  valeur  de  la  réfraction  moléculaire  le  nombre  43,25.  Calculé  4^,95. 

Le  pyruvate  C'H''.CH^.O.CO.COCH^  est  un  liquide  mobile,  d'odeur  pénétrante 
et  peu  agréable,  bouillant  à  i4o°-i42°  (H  ^  17™™).  Sa  seniicarbazone  cristallise  fort 
bien  dans  l'alcool  et  fond  nettement  à  i58°. 

Le  chlorure  C*H'^.CH-Cl  s'obtient  avec  un  rendement  médiocre  par  l'action  à  froid 
du  pentaciilorure  de  phosphore  sur  l'alcool.  Il  bnut  à  i-5°.  Dans  aucune  condition  il 
n'a  pu  fournir  de  dérivé  magnésien,  dont  l'obtention,  pour  des  travaux  de  synthèse  par- 
tielle, était  le  principal  but  de  cette  étude. 

3°  Alcool  ix-campholytiq lie  : 

C 


CH^OH.CIl 
CH^ 


C  -  CH' 
CH 


SÉANCE  DU  29  JANVIER  1906.  280 

Cet  alcool  s'obtient,  soit  par  réduction  de  l'éther,  soit  par  réduction  de 
l'amide  par  le  sodium  et  l'alcool.  Le  premier  procédé  est  de  beaucoup  pré- 
férable. Dans  les  deux  cas  la  double  liaison  reste  intacte,  ainsi  que  le  pré- 
voit la  théorie.  L'alcool  oc-campholytique  est  un  liquide  visqueux  bouillant 
à  200° : 

«B  (à  23°)  =  1,4762, 

Do3  =  0.9273- 

D'où  Rm=  42,60.  Calculé  42,55. 

Son  pyruvate  C«H"CH^  O  .CO  .CO.CH'  ressemble  au  précédent;  il 
bout  à  i43°-i44°  (H  =  17™"*).  Sa  seinicarbazone,  caractéristique  comme 
celle  du  pyruvate  précédent,  fond  nettement  à  137°. 

CHIMIE  BIOLOGIQUE.   —  Influence  de  la  réaction  du  milieu  sur  l'activité  des 
diastases.  Note  de  M.  A.  Fernbach,  présentée  par  M.  L.  Maqiienne. 

La  Note  présentée  récemment  à  l'Académie  par  MM.  L.  Maquenne  et 
E.  Roux  (Comptes  rendus,  t.  CXLII,  p.  124)  m'amène  à  rappeler  que  j'ai 
signalé  à  plusieurs  reprises  l'influence  capitale  de  la  réaction  du  milieu  sur 
l'activité  des  diastases  ('),  et  à  insister  particulièrement  sur  ceux  de  mes 
travaux  relatifs  à  la  saccharification  de  l'amidon  qui  semblent  le  moins 
connus. 

Dès  1896  (Journ.  of  the  fed.  Inst.  of  Brewing,  mars  1896),  j'avais  attiré  l'atten- 
tion sur  l'emploi  de  l'Iiélianthine  comme  moyen  d'étudier  la  réaction  de  l'extrait  de 
malt  et  montré  que  cet  extrait,  acide  à  la  phtaléine,  alcalin  à  l'héliantliine,  se  com- 
porte vis-à-vis  de  ces  réactifs  comme  le  ferait  un  mélange  de  phosphate  primaire  et 
de  phosphate  secondaire  de  potasse. 

Revenant  sur  cette  question  en  1899  {Ann.  de  la  Brasserie  et  de  la  Distillerie, 
5  septembre,  10  et  aS  octobre  1899),  je  montre  l'inlhience  considérable  de  la  réaction 
à  l'hélianthine  dans  la  saccharification  par  l'extrait  de  malt.  Comme  viennent  de  le 
faire  MM.  Maquenne  et  Roux,  j'avais  constaté  dans  ces  recherches  que,  lorsqu'on  fait 
agir  de  l'extrait  de  malt  sur  de  l'amidon,  la  réaction  naturelle  est  loin  d'être  la  plus 
favorable  et  que  c'est  en  modifiant  l'alcalinité  à  l'hélianthine  par  addition  d'acide  qu'on 
arrive  à  activer  la  transformation. 

Mais,  tandis  que  MM.  Maquenne  et  Roux  ont  eu  pour  but  principal  la 
production  de  la  vitesse  maxima  pour  des  empois  de  diverses  origines  et 

(')  Voir  ma  Thèse  de  doctorat,  Becherches  sur  la  sucrase,  1890, 


286  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ont  fait  agir  un  grand  excès  d'un  même  extrait  de  malt  sur  une  quantité 
d'amidon  faible,  je  m'étais  surtout  attaché  à  étudier  la  vitesse  de  la  réaction 
d'une  très  petite  quantité  d'amylase  sur  un  excès  d'amidon,  dans  des  con- 
ditions qui  ne  m'ont  pas  permis  d'observer  le  fait  capital,  mis  en  lumière 
par  MM.  Mnquenne  et  Roux,  d'une  augmentation  considérable  dans  la 
proportion  de  maltose  produit. 

Cette  grande  différence  des  conditions  d'expérimentation  explique  peut- 
être  ])ourquoi  nous  n'arrivons  pas  exactement  au  môme  résultat  pour  le 
point  auquel  nous  fixons  la  réaction  optima;  en  effet,  tandis  que  j'avais 
indiqué  pour  cette  réaction  la  neutralité  exacte  à  l'hélianlhine,  MM.  Ma- 
quenne  et  Roux  montrent  qu'en  employant  beaucoup  d'extrait  de  malt 
une  réaction  franchement  alcaline  est  la  plus  favorable. 

Ij'observation  de  l'influence  favorisante  exercée  par  l'addition  d'un  acide 
sur  la  marche  de  la  saccharification  par  l'extrait  de  malt  est  due  à  Kjeldahl, 
qui  a  indiqué  l'existence  d'une  dose  d'acide  optima;  mais  je  crois  avoir  le 
premier  fourni  l'explication  de  l'existence  de  cet  optimum  en  montrant 
qu'il  correspond  presque  exclusivement  à  la  transformation  par  l'acide  de 
phosphates  secondaires  gênants  en  phosphates  primaires  favorisants.  En 
l'absence  de  ces  sels,  la  moindre  trace  d'acide  ou  d'alcali  devient  gênante. 

L'intérêt  du  rôle  capital  joué  par  la  réaction  vis-à-vis  de  l'hélianthine, 
c'est  qu'il  se  présente  avec  un  certain  caractère  de  généralité.  En  effet,  il 
n'est  pas  limité  à  la  saccharification  de  l'amidon  par  l'amylase.  Je  l'ai  signalé 
en  1900  avec  M.  L.  Uuherl  [Comptes  rendus,  t.  CXXX,  p.  1783  et  t.  CXXXI, 
p.  2g3)  dans  l'action  de  la  diastase  protéolvtique  du  malt;  là  aussi,  comme 
d'autres  l'ont  vérifié  api-ès  nous  (*),  c'est  la  neutralité  à  l'hélianthine, 
correspondant  à  la  transformation  intégrale  des  phosphates  secondaires  en 
phosphates  primau-es,  qui  représente  la  réaction  optima. 

J'ajouterai  enfin  que,  ces  notions  nous  étant  tlevenues  depuis  longtemps 
familières,  nous  n'avons  eu  garde,  M.  Wolf  et  moi,  dans  nos  recherches 
sur  la  coagulation  de  l'amidon  par  l'amylocoagulase,  d'omettre  l'étude  de 
l'influence  de  la  réaction  à  l'hélianlhine  et  que  nous  avons  également 
constaté  qu'elle  joue  là  encore  un  rôle  des  plus  importants. 

(')  Voir  Fr.  Wkis,  Compte  rendu  du  laboratoire  de  Carslberg,  1908,  t.  V,  3'' iivr. 


SÉANCE  DU  29  JANVIER  1906.  287 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Epreuve  générale  sur  la  nutrition  arnidce  des 
plantes  vertes  en  inanition  de  gaz  carbonique.  Note  de  iVI.  Jules  Lefèvre, 
présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

Dans  une  série  de  Communications  récentes,  j'ai  mis  en  évidence  la 
croissance  des  phanérogames  vertes  à  l'abri  de  CO",  en  sol  amidé  à  dose  non 
toxique  (');  puis  j'ai  prouvé  la  réelle  inanition  des  plantes  en  gaz  car- 
bonique sous  l'influence  de  la  baryte  (-),  l'inutilisation  de  ce  gaz  par  les 
racines  ('),  l'augmentation  de  poids  sec  qui  pronve  la  synthèse  des  amides 
par  la  plante  verte  (^),  enfin  l'arrêt  de  la  croissance  et  de  l'augmentation 
du  poids  sec,  c'esl-à-clire  delà  synthèse  amidée,  à  l'obscurité  (' ). 

Il  convenait  dès  lors  de  giouper  et  de  synthétiser  tous  ces  importants 
résultats  dans  une  même  expérience  qui  fût,  en  quelque  sorte,  le  schéma 
décisif  et  l'expression  frappante  de  ce  nouveau  Chapitre  de  la  Physiologie 
végétale.  C'est  ce  que  je  viens  de  tenter  et  de  réussir  dans  une  épreuve 
générale  effectuée  pendant  le  mois  de  décembre  igoSet  la  première  moitié 
de  janvier  igo6. 

L'étude  nouvelle  que  je  présente  a  été  réalisée  sur  la  Capucine  naine 
{Tropœoium  majus ,  var.  nanum). 

Trois  pots  de  culture  A,  B,  C  sont  préparés.  Ils  ont  été  stérilisés  par  un  séjour  pro- 
longé dans  le  four  à  4oo°.  Chaque  pot  reçoit  700?  de  sable  siliceux,  de  mer,  lavé  aux 
acides,  puis  à  l'eau  distillée  et  calciné  au  fourneau  à  moulle.  Dans. les  terres  de  A  et  B 
on  ajoute  os, 9  d'amides,  à  savoir  :  tyrosine  oS,o6;  oxaniide  o5,o6;  glycocolle  08,87  ; 
alanine  00,37;  leucine  os,o4-  Enfin,  chacune  des  terres  A,  B,  C,  détrempée  à  l'eau 
distillée  bouillie,  est  minéralisée  par  la  formule  de  Detmer  (o5,86  par  pot).  Au  total 
A  et  B  sont  amidées  ;  C  ne  l'est  pas. 

D'autre  part  on  a  fait  quatre  lots  de  graines  de  même  poids,  aussi  identiques  que 
possible. 

Les  trois  premiers  lots  servent  à  ensemencer  A,  B,  C.  Le  quatrième  servira  de 
témoin  de  pesées  à  la  fin  de  l'expérience. 

Les  trois  pots  de  culture  ensemencés  sont  aussitôt  mis  sous  cloche  en  présence  de 


(')  J.  Lefèvre,  Comptes  rendus,  17  juillet  igoS. 
(-)  J.  Lefèvre,  Comptes  rendus,  i6  octobre  1900. 
(')  J.  Lefèvre,  Comptes  rendus.  16  octobre  igoS. 
(')  J.  Lefèvre,  Comptes  rendus,  20  novembre  igoo. 
{^)  J.  Lefèvre,  Comptes  rendus,  ii  décembre  igoô. 


288  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

la  baryte  (').  Cloches,  crista'llisoirs,  plaques  de  verre  onl  été  préalablement  lavés  au 
sublimé.  Pendant  toute  la  durée  de  l'expérience  (6  semaines)  il  n'y  aura  pas  trace  de 
moisissure. 

Au  neuvième  jour,  les  germes  sortent  de  terre  à  la  fois  dans  les  trois  pots.  On 
commence  l'alimentation  des  cloches  en  oxygène  et  l'on  suit  la  marche  de  la  végéta- 
lion,  les  mesures  de  taille  se  faisant  sur  l'échelle  annexée  à  chaque  cloche.  Voici  ce 
qu'on  observe  : 

A  et  B  (amidés)  suivent  un  développement  normal;  au  contraire,  au  bout  de 
quelques  jours,  le  lot  C  (non  amidé)  ralentit  sa  marche  :  la  plupart  des  plantes  restent 
naines,  quelques-unes  seulement  s'allongent  en  filaments  grêles  avec  feuilles  minus- 
cules (-). 

D'ailleurs,  au  vingl-qur/ti'icme  juur  (c'est-à-dire  après  lo jours  sous  cloche)  les  trois 
lots  présentent  les  caractères  suivants  : 

A,  plantes  robustes,  bien  proportionnées;  taille  lo'^'";  chacune  a  5  à  6  belles  feuilles, 
larges  et  bien  vertes; 

B,  id.,  taille  9""  à  10'^™;  5  belles  feuilles  par  pied; 

C,  plantes  grêles,  naines  ou  mal  projjortionnées;  4'^'"  à  S''"';  sur  chaque  pied  2  feuilles 
naines. 

On  met  alors  B  à  l'obscurité;  A  et  C  restant  à  la  lumière. 

Au  bout  de  16  jours  (c'est-à-dire  au  quarantième  jour  de  l'exjiérience  totale)  : 
A  (amidé,  à  la  lumière)  mesure  iS*^™  et  possède  8  belles  feuilles; 
B  (amidé,  à  l'obscurité)  a  refusé  de  grandir  et  commence  à  se  flétrir; 
C  (sans  amides,  lumière)  a  allongé  quelques  tiges  grêles,  sans  augmenter  ni  le  nombre 

ni  la  taille  de  ses  feuilles. 

On  arrête  l'expérience.  Les  lots  de  plantules  A;  B,  C,  sont  sortis  de  terre,  toutes  les 
racines  et  les  graines  avec  leurs  téguments  étant  soigneusement  conservées.  On  les  met 
à  l'étuve  sèche  à  5o°  pendant  6  jours  en  même  temps  que  le  lot  de  graines  lémoiii 
réservé  depuis  le  début  de  l'expérience  (lot  D). 

Ces  quatre  lots,  pesés  au  milligramme,  donnent  les  chiffres  suivants  (')  : 

Poids  secs  de  5  graines  ou  de  3  plantules  avec  leur  graine. 

Lot  témoin  D 0,820  Poids  initial. 

Lot  C  (sans  amides,  lumière) 0,270  Perte  de  poids. 

Lot  B  (amidé,  obscurité) o,  33o  Poids  stalionnaire. 

Lot  A  (amidé,  lumière) 0,890  Augmentation  de  poids. 

C)  En  raison  de  l'abondance  de  ces  graines  en  albumen,  les  plantules  n'exigent  pas 
de  phase  de  développement  à  l'air  libre. 

(-)  Il  apparaît  ainsi  que,  pendant  la  phase  même  de  nutrition  par  un  albumen  riche, 
la  plantule  ne  peut  se  passer  entièrement  d'une  source  extérieure  de  carbone.  Ici 
les  amides  du  sol  suffisent,  pendant  cette  phase,  pour  permettre  le  dévelo|ipemenl  de 
feuilles  normales. 

(')  Notons  que  ces  poids  contiennent  le  poids  mort  très  important  des  enveloppes  et 
des  résidus  de  la  graine. 


SÉANCE  DU  29  JANVIER  1906.  289 

Cet  ensemble  de  faits  et  de  résultats  conduit,  sans  équivoque,  aux  im- 
portantes conclusions  suivantes  : 

1°  Privées  d'amides  et  de  gaz  carbonique  (lot  C)  les  plantides  perdent  une 
notable  proportion  de  leur  poids  mj<m/(  poids  des  grame^).  Cette  perte  est  celle 
de  la  respiration . 

2°  Absorbé  par  la  baryte,  le  CO"  de  la  respiration  échappe  à  l'assimilation 
chlorophyllienne  ;  la  baryte  tient  donc  bien  les  plantes  en  inanition 
deCO^('). 

3°  Pendant  ce  temps,  en  sol  amidé  et  à  la  lumière  (lot  A),  malgré  l'ina- 
nition de  CO-,  les  plantules  se  développent,  augmentent  leur  poids  sec,font  une 
importante  synthèse  de  principes  immédiats  aujc  dépens  des  amides  du  sol. 

La  recette  nette  apparaît  ici  égale  à  0^,390  —  os,320  =  0^,07.  Mais  la 
recette  qui  nous  intéresse  ici,  c'est  la  recette  brute  aux  dépens  des  amides, 
qui  s'obtient  en  ajoutant  à  la  précédente  la  perle  respiratoire.  Celle  recette 
brute  atteint  et  dépasse  même  0^,390  —  0^^,270  ou  0^,120  (-). 

4°  Au  contraire,  bien  que  développées  encore  en  sol  amidé,  mais  mises  à  /'obs- 
curité après  quelques  Jours  de  lumière,  les  plantules  n'augmentent  ni  leur  taille 
ni  leur  poids  sec  (').  La  synthèse  des  amides  exige  donc  la  lumière  et  apparaît 
ainsi  comme  un  travail  chlorophyllien . 


PATHOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Nouveau  Champignon  parasite,  Trematovalsa 
Matruchoti,  causant  le  chancre  du  Tilleul.  Note  de  M.  ]\icolas  Jacobesco, 
présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

Le  Tilleul  argenté  (Tilia  argentea)  des  forêts  de  la  plaine  de  Valachie 
est  actuellement  ravagé  par  un  redoutable  Champignon  parasite  qui,  à  ma 


(')  Nous  avons  déjà  vu  {Comptes  rendus,  16  octobre  igoS)  que  cette  efficacité  de 
la  baryte  s'affirme  encore  alors  même  que  la  terre  dégage  une  certaine  quantité  de  gaz 
carbonique. 

(-)  La  recette  dépasse  oR,i2o,  parce  que  la  perte  respiratoire  du  lot  A  dépasse  cer- 
tainement la  perle  respiratoire  du  lot  témoin  C  qui  est  resté  chélif. 

(')  Elles  ont  cependant  conservé  et  même  légèrement  augmenté  leur  poids  initial, 
en  d'autres  termes  la  perte  respiratoire  a  été  compensée  par  les  recettes  faites  pendant 
la  phase  d'exposition  à  la  lumière.  Des  épreuves  antérieures  {Comptes  tendus,  11  dé- 
cembre 1905)  nous  ont  déjà  montré  d'ailleuis  que,  pendant  l'obscurité  même,  le  bilan 
du  poids  sec  se  chiflTre  non  par  un  gain,  mais  par  une  perte  légère. 

C.  B.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N°  5.)  ^9 


290  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

connaissance,   n'a   pas  encore  élé  signalé  et  décrit,  et   dont  je  poursuis 
l'étude  depuis  plus  de  deux  années. 

Ce  parasite  est  un  Ascomycète  du  groupe  des  Sphaeriacées;  comme  il 
présente  des  caractères  intermédiaires  entre  les  Trematosphœria  et  les 
Pseudovalsa,  je  suis  amené  à  en  faire  le  type  d'un  genre  nouveau  Tremato- 
valsa,  et  je  donne  à  l'espèce  qui  fait  l'objet  de  cette  étude  le  nom  de  Tre- 
matovalsa  Matruchoti. 

Sur  le  Ironc  des  arbres  qui  n'ont  jjas  encore  leur  rliytidome,  ainsi  que  sur  les 
grosses  branches,  apparaissent  d'abord  de  petites  fentes  longitudinales,  en  forme  de 
boutonnière,  noires  en  leur  milieu.  La  fente  s'élargit  de  plus  en  plus  et  d'autres  appa- 
raissent à  côté  d'elles;  ensuite,  comme  le  bois  s'iiyperlrophie,  l'écorce  crève  perpendi- 
culairement à  la  direction  des  fentes  et  le  chancre  prend  naissance. 

Situé  d'abord  d'un  seul  côté  du  tronc,  à  la  fin  il  devient  circulaire;  à  cet  état,  toute 
la  surface  du  chancre  est  recouverte  de  tissus  nécrosés  noirs.  Puis  la  nécrose  de 
l'écorce  gagne  le  bois,  progressant  de  la  périphérie  vers  le  centre;  il  en  résulte  qu'au 
point  attaqué  l'arbre  oflVe  de  moins  en  moins  de  résistance  aux  chocs  ou  à  l'action  du 
vent,  et  qu'il  s'abat  à  la  moindi'c  poussée.  La  section  du  tronc  à  l'endroit  du  chancre 
ressemble  beaucoup  à  celle  du  chêne  mort  à  la  suite  de  l'attaque  de  V Aglaospora 
taleola. 

Le  parasite  s'introduit  aussi  par  les  branches  brisées  ou  coupées  dans  les  élagages  et 
provoque  l'hypertrophie  du  bois  du  tronc  à  l'endioit  delà  blessure.  L'emplacement  de 
celle-ci  se  creuse  en  entonnoir,  et  le  tissu  de  néoformation  de  l'écorce  limite  un 
chancre  qui  va  se  creusant  et  s'élargissant  de  plus  en  plus. 

Dans  les  petites  lentes  et  surtout  clans  les  chancres,  on  observe  un  abon- 
dant mycélium  jaune  de  miel.  Ce  mycélium  donne  naissance  à  diverses 
formes  imparfaites  de  reproduction,  mais  aussi,  au  printemps,  surtout  sur 
les  bords  des  chancres  âgés,  à  des  groupes  de  pustules  noires,  qui  sont  le 
s/ro/fta  à  périthèces. 

11  y  a  des  périthèces  profonds,  de  forme  irrégulière,  terminés  pai'  un  long  col  cylin- 
drique qui  ne  fait  pas  saillie  au-dessus  du  tissu  attaqué  ;  mais  ils  peuvent  devenii'  super- 
ficiels et  sont  alors  de  forme  plus  ou  moins  globuleuse,  à  col  très  court  en  forme  de 
papille  ou  mamelon,  ou  même  dépourvus  de  col.  L'ostiole,  ronde,  est  creusée  en  enton- 
noir. La  paroi,  noire,  charbonneuse,  d'épaisseur  inégale,  peut  dans  les  périthèces  pro- 
fonds devenir  nifinbianeuse  et  d'un  brun  très  clair  ou  même  man(|uer  totalement  à  la 
partie  inférieure. 

Les  périthèces  sont  tantôt  isolés  et  alignés  l'un  à  côté  de  l'autre,  ayant  l'aspect  de 
niches  s'ils  sont  piolonds,  de  petites  poires  s'ils  sont  superficiels,  tantôt  réunis  plusieurs 
ensemble,  au  moins  à  la  base,  par  un  stroma  charbonneux  très  réduit,  tantôt  enfin 
complètement  soudés,  à  cavités  conlluentes  mais  à  cols  séparés. 


SÉANCE  DU  29  JANVIER  1906.  291 

Les  asqiies  sont  cylindriques,  à  double  contour,  accompagnés  de  paraphyses;  ils 
renferment  luiit  spores  fusiformes,  d'un  brun  olivâtre  ou  jaunâtre,  divisées  transver- 
salement en  quatre  cellules  contenant  chacune  une  grosse  goutte  d'huile. 

A  ces  caractères  de  genre,  il  convient  de  joindre  les  caractères  suivants 
de  l'espèce  T.  Matruchoti  : 

Les  périthèces  formés  dans  les  crevasses  du  tissu  hospitalier  nécrosé  en  épousent  le 
contour  irrégulier,  et  présentent  souvent  un  col  aussi  long  que  le  ventre,  parfois  oblique 
par  rapport  à  celui-ci.  Les  périthèces  superficiels  sont  plus  ou  moins  en  forme  de  poire 
ou,  sur  la  section  longitudinale,  en  losange.  Les  dimensions  du  périthéce  sans  col  sont  : 
hauteur  9o"-3?ol^,  largeur  SoC-23oS'-;  épaisseur  de  la  paroi  carbonacée  loi^en  moyenne. 
Les  asques,  formés  sur  tout  le  pourtour  de  la  paroi  et  confluant  vers  le  centre  de  la 
cavilé,  ont  6.5t'--8oi'-  sur  QV-,  Les  paraphyses  sont  filiformes,  de  longueur  égale  ou  supé- 
rieure à  celle  des  asques. 

Les  spores  ont  i^'^'-iô!'-. 

Sur  les  mêmes  arbres,  à  la  surface  des  tissus  de  néoformalion  des 
chancres  et  dans  leur  voisinage,  après  la  disparition  des  périthèces,  j'ai 
observé  la  forme  spermagouiale  (P/wma  Tiliœ)  et,  à  la  surface  de  l'épiderme 
des  branches  mortes  portant  des  chancres,  la  forme  à  pycnides  (Cyiospora 
Tiliœ)  formant  de  petites  pustules  ponctiformes  brunes. 

Par  la  structure  du  périthéce  et  des  spores  et  aussi  par  l'existence  de  péri- 
thèces réunis  plusieurs  ensemble  par  un  stroma  noir,  le  genre  nouveau 
Trematovalsa  ressemble  aux  Pseudovalsa  à  spores  sans  appendices  ('  ). 

Par  la  présence  des  pycnides,  le  Champignon  ressemble  aux  Valsées  et 
au  genre  Vaharia  des  Mélanconidées. 

Enfin,  par  la  variété  des  périthèces  sans  stroma  et  surtout  par  le  carac- 
tère qu'ils  ont  de  devenir,  de  profonds,  superficiels,  il  se  rap[)roche  beau- 
coup du  genre  Trematosphœria.  Ainsi,  par  la  forme  des  asques  et  des  spores 
et  aussi  par  l'arrangement  de  ces  dernières  dans  l'asque,  le  Tremaiovalsa 
Matruchoti  ressemble  au  Trematosphœria  pertusa  Fuck. 

Il  pourrait  donc  être  regardé  comme  une  forme  de  transition  entre  trois 
familles  du  groupe  des  Sphseriacées  :  les  Mélanconidées,  les  Valsées  et  les 
Amphisphteriacées. 


(')  A  la  vérité,  je  n'ai  pas  encore  observé  la  forme  Méianconiée  qui  caractérise  ce 
genre;  cependant,  sur  le  bord  d'un  chancre  à  périthèces,  sous  le  périderme  de  l'écorce, 
j'ai  vu  se  former  un  réceptacle  qui  n'a  pas  encore  produit  de  spores,  mais  qui  est  plein 
d'un  stroma  blanc  olivâtre  très  fin,  dense,  à  fond  noir.  J'ignore  encore  si  c'est  un  début 
de  forme  Méianconiée. 


292  ACADÉMIE    DKS    SCIENCES. 


ZOOLOGIE.  —  Les  coupures  génériques  de  la  famille  des  Bradvpodidae 
{le  génie  Hemibradypus  nov.  g.).  Note  de  M.  R.  Anthony,  présentée 
par  M.  Edmond  Perrier. 

On  divise  actuellement  la  famille  des  Bradypodidœ  ou  Paresseux  en  deux 

genres  caractérisés  ainsi  : 

Cholocpus  Illig.  :  Extrémités  antérieures  munies  de  deux  grifl'es;  extrémités  posté- 
rieures munies  de  trois  grifTes.  Molaires  antérieures  de  grande  taille,  isolées  par  un 
diastème,  ajant  la  forme  de  canines.  Perforation  sus-épitiocidéenne  à  l'iuiméius. 

Bradypus  Linné  :  Extrémités  antérieures  et  postérieures  munies  de  trois  grifles; 
molaires  toutes  semblables,  les  antérieures  plus  petites.  Pas  de  perforation  sus-épilro- 
cliléenne  à  l'iiuniérus. 

En  1849.  Gray  \Notesonthe genus^rai\\\mshin\\x\is{Proceed.  zool.  Soc.y] 
constitua  aux  dépens  du  genre  Bradypus  Linné  un  troisième  genre  de  Bra- 
dypodidœ, le  genre  Arc fopi/hecus  Gray ,  qu'il  différencia  par  ses  ptérygoides 
compacts  et  comprimés  des  genres  Cholœpus  Illig.  et  Bradypus  Linné  dont 
les  ptérygoides  sont  renflés  et  vésiculaires.  A  ce  genre,  Gray  rapporta  la 
presque  totalité  des  Paresseux  à  trois  doigts  limitant  à  deux  espèces  (qui 
très  vraisemblablement  rentrent  toutes  deux  dans  le  Bradypus  torqualus 
Illig.)  le  genre  Bradypus  Linné.  La  subdivision  du  genre  Bradypus  Linné 
proposée  par  Grav  n'est  plus  admise  aujourd'hui  (Flower  et  Lyddekker, 
Mammals  living  and  extinct ;  London,  1891.  —  Trouessart,  Calahgus 
manimalium,  etc.)  et  l'on  s'en  tient  aux  deux  seuls  genres  énoncés  au  début. 

Avant  entrepris  depuis  1902  des  recherches  sur  les  Edentés,  j'ai  eu  l'oc- 
casion d'étudier  un  jeune  Paresseux  à  3  doigts  que  m'avait  confié  mon 
maître  Marey  et  qui  faisait  partie  de  la  petite  réserve  de  matériaux  destinés 
aux  études  anatomiques  que  possédait  son  laboratoire.  Je  n'ai  jamais  pu 
savoir  sa  provenance  exacte.  Cet  animal  était  de  sexe  mâle;  il  mesurait,  en 
extension  maximum,  du  trou  auditif  à  la  terminaison  du  coccyx,  i^S"".  Ses 
caractères  principaux  étaient  les  suivants  :  1°  fourrure  composée  de  poils 
très  longs,  surtout  dans  la  région  dorsale,  d'une  couleur  jaime  brun  à  peu 
près  uniforme;  1°  ptérygoides  renflés  et  vésiculaires;  3"  perforation  sus- 
épilrochléenne  de  l'humérus  livrant  passage  à  un  nerf  et  à  des  vaisseaux; 
4°  réduction  très  marquée  du  doigt  4-  Un  squelette  de  jeune  Paresseux  à 
3  doigts,  à  peu  près  de  même  taille,  monté  aux  galeries  d'Anatomie  com- 
parée du  Muséum,  étiqueté  Bradypus  tridactylus  Linné  (A.3i  17),  présente 


SÉANCE  DU  29  JANVIER  1906.  29^^ 

ces  mêmes  caractères  qu'on  ne  retrouve  pas  chez  les  autres  Paresseux  à 
3  doigts,  de  même  âge  ou  même  paraissant  plus  jeunes. 

Le  fait  que  la  subdivision  du  genre  liradypus  parGray  n'est  basée  que 
sur  un  détail  anatomique  du  cràiie  (ptcrygoïdes)  l'a  fait  rejeter  par  la 
presque  unanimité  des  auteurs.  On  peut  en  outre  reprocher  à  Gr:iv  le  choix 
des  noms  qu'il  donne  aux  genres  qu'il  a  établis;  il  semble  en  effet  évident 
que  l'animal  décrit  par  Linné  sous  le  nom  de  Bradypus  tridaclyltis (Syslema 
Naturel',  12*  édit.,  1766,  p.  5o-5i)  était  bien  nettement  ce  que  Grav  a 
appelé  Arctopilhecus.  On  ne  voit  pas  le  motif  qui  a  pu  lui  faire  changer  la 
dénomination  donnée  par  Linné  surtout  pour  la  remplacer  par  celle  d' Arc- 
lopithecus  employée  la  première  fois  par  Gesner  (Icon.  Anim.  Quadr.,  i56o) 
qui  croyait  avoir  affaire  à  un  singe  et  n'a  donné  d'ailleurs  sur  le  Paresseux 
à  3  doigls  aucun  détail  précis. 


Membre  .intérieur  droit  à'Heinibiaclypus  nov.  gen. 
I.'liurjiéius  iiiciiilre  sa  perforation  sus-épilrochléenne.  La  deiixicme  phalange   du   doigt  !^   montre  sa 

réduction  de  diamètre. 

Les  coupures  génériques  que  nous  proposons  pour  la  famille  des  Brady- 
podidœ  sont  les  suivantes  : 

I"  Cliolaepus  lllig.  Extrémités  antérieures  imiiiies  de  2  grifTes;  extrétnités  posté- 
rieures munies  de  3  grifTes.  Molaires  antérieures  de  grande  taille,  isolées  par  un  dias- 
tème,  ayant  la  forme  de  canines.  Ptérygoïdes  renllés  et  vésiculaires.  Perforation 
sus-épitrochléeune  à  l'humérus.  Fourrure  longue  de  couleur  foncée  sans  tache  de  feu 
entre  les  épaules. 


294  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

2°  Ileinlbradyj)us  nov.  geii.  :  Extrémités  antérieures  et  postérieures  munies  de 
3  grifTes.  Molaires  toutes  semblables,  les  antérieures  petites.  Ptérygoïdes  renflés  et  vé- 
siculaires.  Perforation  sus-épitrocliiéenne  à  riiumérus.  Réduction  très  marquée  du 
doigt  [\.  Fourrure  longue  de  couleur  assez  foncée,  sans  tache  de  feu  entre  les  deux 
épaules  (voyez  figure). 

A  ce  genre  doit  être  identifié,  à  mon  avis,  le  genre  Bradypus,  établi  par 
Gray  d'après  les  seuls  caractères  crâniens.  Le  Muséum  d'Histoire  naturelle 
de  Paris  ne  possédant  pas  de  squelette  de  Bradypus  lorqualus  Hlig.,  la  seule 
espèce  constituanl  vraisemblablement  ce  genre,  et  aucune  figuration  n'en 
existant,  à  mon  su  du  moins,  i'ideutification  absolument  certaine  ne  peut 
être  faite.  La  question  ne  sera  définitivement  tranchée  que  lorsqu'on  con- 
naîtra le  squelette  du  metnbre  antérieur  du  Bradypus  lorqualus  \\\\^.  (Il 
n'est  pas  tenu  compte  du  genre  Scaeopus  Peters,  insuffisamment  caracté- 
risé). 

3°  Bradypus  Linné  :  Extrémités  antérieures  et  postérieures  munies  de  3  griftes. 
Molaires  toutes  semblables,  les  antérieures  petites.  Ptérygoïdes  comprimés  et  compacts. 
Pas  de  perforation  sus-épitrochléenne.  Les  trois  doigts  sensiblement  égaux.  Fourrure 
plus  courte,  d'un  ton  plus  clair,  présentant  souvent  (au  moins  chez  le  mâle,  d'après 
Gray)  une  tache  de  feu  à  poils  courts  entre  les  deux  épaules. 

Il  répond  à  V Arctopithecus  de  Gray. 

Par  l'ensemble  de  ses  caractères,  le  genre  Hemibradypus  nov.  gen.  fait, 
ainsi  que  j'ai  voulu  l'indiquer  en  le  nommant,  le  passage  très  net  du  Cho- 
lœpus\\\\^.  au  Bradypus  \Àxvnk. 


ZOOLOGIE.  —  Conlribuiion  à  la  morphologie  générale  des  Protozoaires  supé- 
rieurs. Note  de  MM.  J.  Kiinstleu  et  Ch.  Gi.veste,  présentée  par 
M.  Alfred  Giard. 

La  famille  des  Opalinides  a  été  créée,  en  1867,  par  Stein,  aux  dépens  de 
remarquables  Infusoires  holotriches,  dépourvus  de  bouche,  de  tube  |)h;iryn- 
gien  et  d'anus.  Le  gem'e  Opalina  Purkinje  et  Valentiu  (i835),  type  de  cette 
famille,  est  constitué  par  onze  espèces  diverses. 

IJ Opalina  dimidiata  Stein  se  dérobe  au  critérium  familial  ;  il  possède  une 
constitution  eu  désaccord  avec  la  caractéristique  rappelée  plus  haut. 

Cet  être  pleuronecte  présente,  à  l'extrémité  antérieure  de  son  bord  ventral,  une  pe- 
tite dépression  prostomienne,  à  laquelle  aboutissent  les  séries  longitudinales  de  cils,  et 


SÉANCE  DU  29  JANVIER  1906.  2.g5 

qui  peut  être  plus  ou  moins  lierrnéliquement  fermée  par  contraction.  A  cette  fente 
externe  fait  suite  un  tube  œsophagien,  dont  la  paroi  est  d'une  extrême  minceur,  et  qui 
se  dirige  vers  Taxe  du  corps  pour  s'enrouler  rapidement  en  spirale.  'Vu  la  délicatesse 
de  cet  appareil,  il  est  fort  difficile  de  le  bien  voir.  En  avant  de  la  fente  buccale  et,  par 
conséquent,  plus  près  de  l'extrémité  rostrale  antérieure,  mais  en  contact  avec  elle, 
existe  une  dépression  ctipulaire,  au  fond  de  laquelle  s'insère  un  certain  nombre  de  très 
longs  cils,  d'aspect  flagelliforme,  caractéristiques  de  la  région  antérieure  de  l'Opaline. 
En  un  point  du  fond  de  la  cupule  se  voit  fréquemment  l'origine  d'un  conduit  membra- 
neux et  délicat  qui  semble  aller  en  se  ramifiant  dans  le  corps  et  dont  le  rôle  est,  sans 
doute,  excréteur.  Enfin,  à  la  base  de  cette  dépression  et  avec  une  grande  constance,  se 
voit  un  corpuscule  très  cliromopliile  qui  semble  être  traversé  en  partie  par  l'œsophage 
et  en  autre  partie  par  l'origine  du  conduit  ramifié.  A  l'extrémité  postérieure  du  corps 
se  voient  souvent  des  sortes  de  papilles  plus  ou  moins  saillantes  ou  rétractées,  parais- 
sant servir  à  la  fixation  et  au  milieu  desquelles  se  trouve  un  orifice  anal  d'où  part  un 
court  conduit  rectal. 

L'ensemble  de  ces  faits,  s'appliquant  à  une  Opaline,  ne  saurait  manquer 
de  présenter  un  sérieux  intérêt  qui  s'augmente  encore  de  la  constatation 
que  les  dispositions  signalées  ici  corroborent  d'une  manière  caractéristique 
certaines  données  de  morphologie  générale  que  l'un  de  nous  a  établies  autre 
part. 

Pour  certains  FhgeWés  (Cryp/omonas,  Trichomonas,  etc.),  l'on  sait  qu'à 
l'extrémité  antérieure  du  corps  se  trouve  une  cupule  flagellifére  recevant 
le  conduit  évacuateur  de  la  vésicule  contractile  sur  laquelle  se  trouve  même 
souvent  un  point  oculiforme.  Au-dessous  de  cette  cupule,  une  fente  buc- 
cale donne  entrée  dans  une  poche  ou  un  tube  œsophagien.  Enfin,  de  la 
poche  part  un  tractus  fibreux  aboutissant  à  l'extrémité  postérieure  du  corps, 
sur  la  véritable  nature  duquel  nous  avons  été  longtemps  hésitants.  Dès 
1889,  l'un  d'entre  nous  a  vu  ce  faisceau  se  décomposer  en  fibres  allant 
s'insérer  vers  les  lèvres  de  l'échancrure  buccale  (').  Récemment,  nous 
avons  découvert,  chez  le  Balantidium  entozoon  (-),  un  tractus  analogue, 
dont  le  rôle  nous  paraît,  du  reste,  ressortir  d'une  petite  expérience  facile 
à  faire  C*). 


(')  Bulletin  scientijique  de  la  Fiance  et  de  la  Belgique,  1889,  Pi.  VIII,  fig.  5. 

(^)  Simple  remarque  sur  la  constitution  du  Balenlidium  entozoon  {Comptes  ren^ 
dus  Soc.  bioL.  igoS). 

(')  En  essayant  des  coloralimis  \itales,  nous  avons  bien  vu  les  individus  observés, 
arrivant  au  contact  de  la  matière  colorante,  rétracter  violemment  leur  poche  prébuc- 
cale et  la  vider  par  un  véritable  tourbillon  projeté  en  avant.  Il  parait  probable  que  la 
Contraction  brusque  de  ce  réseau  libreu\  a  amené  cet  effet. 


296  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

D'après  ce  qui  précède,  non  seulement  certains  Flagellés  et  Ciliés  offrent 
une  constitution  fondamentale  plus  ou  moins  analogue,  mais  encore  les 
connexions  réciproques  des  diverses  parties  semblables  ne  paraissent  pas 
varier  d'une  façon  très  considérable.  Un  trait  d'union  nouveau  et  indé- 
niable est  ainsi  établi  entre  deux  grands  groupes  de  Protozoaires  qui  pa- 
raissaient séparés  par  une  lacune  difficile  à  franchir.  Les  Flagellés  et  les 
Ciliés  sons  unis  par  les  liens  d'une  étroite  parenté.  Nul  doute  qu'ils  ne 
dérivent  d'une  souche  commune  qu'il  ne  nous  paraît  pas  impossible  de 
reconstituer  d'une  façon  approchée.  Ces  importantes  considérations  trou- 
veront le  développement  qui  leur  convient  dans  un  prochain  Mémoire 
consacré  à  la  morphologie  des  êtres  inférieurs. 


ZOOLOGIE.  — Sur  l' anatomie  et  l'histologie  des Ixodes .^oi^  à^M. \..  Bonnet, 
présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

Cette  Note  se  rapporte  à  l'étude  de  l'œil  et  des  glandes  venimeuses  des 
Ixodidœ  ainsi  qu'à  celle  de  certains  organes  particuliers  de  ces  Acariens 
dont  la  signification  n'a  pas  encore  été  établie  jusqu'à  maintenant. 

I.  Aire  poreuse.  —  On  sait  qu'à  la  face  dorsale,  vers  la  base  du  rostre,  on 
trouve  chez  les  femelles  des  Ixodidœ  deux  dépressions  finement  ponctuées 
appelées  aires  poreuses .  Les  auteurs  se  sont  contentés  de  les  signaler  sans  en 
indiquer  la  nature  exacte;  je  crois  pouvoir  conclure  de  mes  observations 
que  ces  deux  fosselles  représentent  un  organe  sensoriel. 

Sur  les  coupes  l'aire  poreuse  se  inonlre  conslituée  par  une  série  d'ouvertures  ou 
pores  qui  traversent  la  chitine  de  part  en  part  et  dont  l'ensemble  rappelle  exactement 
l'aspectd'une  passoire.  Au-dessous  de  chaque  ouverture  se  trouve  une  cellule  nerveuse 
ovoïde  avec  un  noyau  central.  Les  cellules  nerveuses  se  terminent  du  côté  dorsal  par 
un  court  prolongement  en  forme  de  bâtonnet  qui  s'engage  dans  les  ouvertures  de  l'aire 
poreuse.  Par  leur  autre  extrémité  elles  se  rattachent  à  un  faisceau  de  fibrilles  ner- 
veuses qui  vient  s'étaler  largement  en  forme  d'éventail  à  la  face  inférieure  de  l'organe. 

Le  nerf  peut  se  suivre  assez  facilement  sur  des  coupes  en  série  jusquà  la  région 
latéro-antérieure  du  cerveau,  où  se  trouve  son  point  d'origine. 

En  raison  de  sa  structure,  il  ne  paraît  pas  douteux  que  l'aire  poreuse  ne 
représente  un  organe  sensoriel  qui  peut  être  rapproché  des  organes  lyri- 
formes  et  analogues  des  Arachnides.  Toutefois,  il  y  a  une  spécialisation 
plus  marquée,  puisque  cet  organe  n'existe  que  chez  les  femelles. 

IL   OEil.  —   Les  yeux  des  Ixodes  sont  du  Ivpe  des  yeux  simples,  c'est- 


SÉANCE  DU  29  JANVIER  1906.  297 

à-dire  qu'ils  sont  constitués  par  une  lentille  ou  cristallin,  un  corps  vitré  et 
des  cellules  rétiniennes. 

La  lentille  enchâssée  dans  la  chitine  de  l'écusson,  dont  elle  n'est  qn'une  simple  dif- 
férenciation, est  blanche,  hyaline  et  fortement  bombée;  chez  Hyalonuna  njjine  Neu- 
mann,  elle  mesure  i5o!^  d'épaisseur  sur  loot^  de  diamètre.  Elle  ne  présente  pas  de 
disposition  en  lamelles  concentriques,  mais  elle  offre  des  stries  perpendiculaires  à  sa 
surface,  qui  sont  nombreuses  et  accentuées  par  un  pigment  noir  contenu  dans  le  cris- 
tallin. 

Au-dessous  du  cristallin,  Fhypoderme  se  prolonge  pour  former  le  corps  vitré  con- 
stitué par  des  cellules  basses  comprimées.  Ce  corps  est  limité  par  une  zone  circulaire 
de  cellules  hautes  correspondant  à  la  zone  irisée  ou  tapis  des  Arachnides. 

La  partie  rétinienne  comprend  un  petit  nombre  de  cellules  nerveuses  ovoïdes,  de 
grandes  dimensions  (So!-"-  sur  20!*),  à  noyaux  postérieurs,  comme  dans  les  yeux,  noc- 
turnes des  Araignées  et  dans  ceux,  des  Opilionides. 

Je  n'ai  trouvé  de  pigment  coloré  ni  entre  les  cellules  rétiniennes,  ni  sur  les  bords 
du  corps  vitré,  comme  on  le  voit  d'une  façon  constante  chez  les  autres  Trachéates. 

On  voit  donc  que  les  yeux  des  Ixodes  s'écartent  par  certaines  disposi- 
tions de  ceux  des  Arachnides  et  qui  sont  caractérisées  :  1°  par  la  grande 
épaisseur  delà  lentille  et  la  forte  courbure  du  cristallin;  2°  par  la  présence 
de  pigment  noir  dans  le  cristallin  ;  3°  par  l'absence  de  pigment  entre  les 
cellules  rétiniennes  et  dans  la  zone  irisée;  4°  par  'a  grande  dimension  des 
cellules  nerveuses. 

III.  Glandes  venimeuses.  —  Entre  les  alvéoles  pluricellulaires  des  glandes 
salivaires  on  trouve  un  certain  nombre  de  cellules  pyriformes  volumi- 
neuses, qui  se  distinguent  des  autres  cellules  glandulaires  par  leur  affinité 
pour  les  colorants  acides. 

En  étudiant  ces  cellules  à  différents  stades,  j'ai  reconnu  qu'elles  constituent  des 
glandes  unicellulaires,  qui  débouchent  dans  les  conduits  salivaires  par  un  court  canal. 
Ces  glandes  sont  localisées  exclusivement  sur  les  gros  troncs  des  canaux  excréteurs. 
Je  considère  ces  éléments  hislologiques  comme  des  glandes  venimeuses;  elles  sont  du 
reste  beaucoup  plus  nombreuses  chez  Xe^i,  Argas  que  chez  les  Ixodes,  ce  qui  peut  expli- 
quer assez  aisément,  par  rapport  à  ces  derniers,  l'irrilation  plus  grande  que  cause  la 
piqûre  de  YArgas. 

A  l'état  de  repos,  c'est-à-dire  chez  des  individus  détachés  de  leur  hôte  depuis  un 
certain  temps,  le  noyau  de  ces  cellules  est  régulier,  arrondi  et  nettement  limité.  Au 
moment  de  l'activité  sécrétrice,  la  membrane  nucléaire  disparaît  et  le  noyau  émet  des 
prolongements  irréguliers  surtout  du  côté  de  l'ouverture  de  la  glande.  Ces  prolonge- 
ments se  détachent  de  la  masse  centrale  et  se  fractionnent  en  granulations  nucléaires 
qui  sont  tout  à  fait  identiques  aux  grains  vénogénes  observés  dans  les  glandes  à  venin 
des  Arthropodes  et  des  Ophidiens. 

Le  cytoplasme  est  éosinophile  et  finement  granuleux.  Toutefois,  autour  du  noyau  et 
C.  R.,  1U06,  I"  Semestre.  (T.  CXLU,  N»  5.)  4o 


298  ACADÉMIE    DES    SCÏENCES. 

des  granulations  nucliiaires,  il  présente  une  zone  hyaline  de  faible  densité  plasma- 
tique;  cette  zone  est  plus  ou  moins  étendue  suivant  l'importance  de  la  masse  de  cliro- 
matine  qui  y  est  contenue.  Les  granulations  chromatiques  paraissent  se  dissoudre 
dans  le  cytoplasme  et  le  modifier  en  vue  de  l'élaboration  des  substances  toxiques. 

Il  m'a  paru  intéressant  de  signaler  ces  émissions  nucléaires  qui  jouent 
sans  doute  ici  un  rôle  d'une  haute  importance  dans  les  phénomènes  de  la 
sécrétion,  et  participent  vraisemblablement  à  la  formation  du  venin  dans 
la  glande,  ainsi  que  l'a  montré  I.,aunoy  dans  ses  recherches  sur  les  glandes 
venimeuses. 


EMBRYOLOGIE.  —  Sur  Veffel  des  injections  d'exlraii  de  glanle  mlerstiticUe 
du  testicule  sur  la  croissance.  Note  de  MM.  P.  Axcel  et  P.  Bouix,  pré- 
sentée par  M.  Alfred  Giard. 

Les  animaux  dont  nous  nous  sommes  servis  pour  étuilier  l'effet  sur  la 
croissance  des  extraits  de  glande  interstitielle  du  testicule  ont  été  déjeunes 
cobayes  mâles,  au  nombre  de  12.  Nous  avons  divisé  ces  animaux  en  trois 
lots  de  4  cobayes  chacun.  Les  animaux  du  premier  lot  ont  été  conservés 
comme  témoins;  ceux  du  second  ont  été  castrés  et  ont  été  aussi  conservés 
comme  témoins;  ceux  du  troisième  ont  été  castrés  et  ont  reçu  tous  les  deux 
jours  une  injection  sous-cutanée  d'extrait  de  glande  interstitielle.  Ces 
expériences  ont  été  poursuivies  du  3i  mars  au  27  juin.  Les  cobayes  ont  été 
pesés  régulièrement  tous  les  8  ou  10  jours,  le  malin  et  à  jeun.  Ils  ont  tous 
vécu  ensemble  dans  une  grande  cage  et  se  sont  trouvés  dans  des  conditions 
absolument  identiques. 

En  comparant  la  courbe  des  poids  appartenant  aux  cobayes  pesant 
approximativement  le  même  poids  vers  le  début  de  l'expérience  (un  peu 
moins  de  200^),  nous  constatons  que  cette  courbe  diffère  dans  chaque  lot. 
Si  nous  établissons  des  moyennes,  nous  voyons  que  l'augmentation  de 
poids  a  été  de  Sao^  chez  les  normaux,  a66^  chez  les  castrés,  Soô^  chez  les 
castrés  injectés.  Les  pesées  ont  montré  que  la  croissance  s'est  faite  réguliè- 
rement; les  cobayes  n'ont  été  malades  ni  les  uns  ni  les  autres.  Ces  pre- 
mières constatations  nous  amènent  donc  à  formuler  ces  deux  conclusions  : 

j°  Le  développement  des  jeunes  cobayes  castrés  est  plus  lent  que  celui 
des  cobayes  normaux  de  même  âge; 

2°  Les  injections  d'extraits  de  gUunle  interstitielle  du  testicule  activent 
très  notablement  le  développement  des  jeunes  cobayes  castrés,  mais  celui-ci 
n'atteint  pas  la  normale. 


SÉANCE  DU  :>()   JANVIER  1906,  299 

Si  l'on  compare  l'augmentation  de  poids  des  cobayes  normaux  et  castrés 
à  partir  du  moment  où  ils  pèsent  400*  à  45os,  on  s'aperçoit  que  ce  sont  au 
contraire  les  cobayes  castrés  qui  augmentent  de  poids  le  plus  rapidement. 
Un  nouveau  facteur  intervient  alors.  On  sait  en  effet  que  les  animaux  cas- 
trés engraissent  plus  rapidement  que  les  entiers;  l'augmentation  de  poids 
ne  signifie  plus  croissance  rapide,  mais  accumulation  de  tissu  adipeux. 
Cette  accumulation  commence  à  se  manifester  chez  les  cobayes  pesant  400^ 
à  45o^.  Par  conséquent,  au-dessus  de  ces  chiffres,  les  poids  ne  traduisent 
plus  la  croissance.  C'est  ce  qui  explique  pourquoi  nous  avons  cru  devoir 
arrêter  nos  expériences  à  partir  de  ce  moment. 

Par  conséquent,  les  injections  d'extraits  de  glande  interstitielle  du  testi- 
cule faites  à  de  jeunes  cobayes  castrés  agissent  fortement  sur  la  nutrition 
générale  de  ces  sujets.  Elles  activent  la  croissance,  qui  devient  presque 
normale,  tandis  que  celle  des  cobayes  castrés  non  injectés  est  sensiblement 
plus  lente.  Elles  semblent  donc  pouvoir  suppléer,  en  partie  du  moins,  le 
testicule  absent. 


STATISTIQUE.  —  Tables  de  croissance  dressées  en  1903  d'après  les  mensu- 
rations de  l^lioo  enfants  parisiens  de  I  cir  i5  ans.  Note  de  MM.  Variot  et 
CiiAUMET,  présentée  par  M.  A.  Gautier. 

Il  n'existe  pas  en  France  de  Tables  de  croissance  d'ensemble  pour  les 
enfants  de  i  à  i5  ans.  Dans  le  but  d'obtenir  des  moyennes  stables  nous 
nous  sommes  astreints  à  mesurer  la  taille  et  le  poids  d'au  moins  100  enfants 
de  chaque  sexe  pour  chaque  année  d'âge.  Le  plus  souvent  le  chiffre  de  100 
a  été  fortement  dépassé  el  nos  moyennes  ont  été  calculées  d'après  un  plus 
grand  nombre  de  garçons  ou  de  filles. 

Toutes  les  mesures  pour  la  taille  et  le  poids  ont  été  enregistrées  à  l'aide 
d'un  pédiomètre  spécial  et  toujours  par  la  même  personne.  Cet  instrument 
se  compose  d'une  balance  à  curseurs  mobiles,  balance  sensible  à  lo"^  et 
pesant  jusqu'à  loo''^.  Elle  est  munie  d'une  toise  graduée  en  millimètres, 
fixée  sur  le  plateau  de  la  balance  et  mobile  par  une  articulation  de  manière 
à  permettre  de  mesurer  les  enfants  debout  ou  couchés.  Sauf  pour  les  enfants 
au-dessous  de  2  ans  la  taille  a  été  prise  debout. 

Nous  avons  éliminé  des  résultats  qui  suivent  les  sujets  étrangers,  les 
malades  et  les  anormaux.  Nos  recherches  de  pédiométrie  ont  porté  sur  les 
enfants  fréquentant  à  Paris  les  crèches,  les  dispensaires,  les  écoles  mater- 


3oo 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


nelles,  les  écoles  communales,  les  orphelinats,  les  enfants  assistés,  les 
consultations  des  hôpitaux,  les  écoles  professionnelles  pour  les  enfants 
de  12  à  i5  ans.  Nous  avons  pris  nos  mesures  dans  le  neuvième  arrondis- 


Courbes  représentant  l'accroissement  en  taille  et  en  poids  de  i  à  i6  ans, 
eliez  les  garçons  et  les  filles,  à  Paris. 


sèment  (quartier  aisé,  Opéra)  et  dans  le  vingtième  (quartier  populeux  de 
Belleville). 

r>a  grande  majorité  des  enfants  résidant  à  Paris  sont  nés  de  parents  venant 
de  toutes  les  parties  de  la  France.  Les  vrais  Parisiens  sont  en  minorité. 


SÉANCE  DU  29  JANVIER  I906. 


3or 


Tableau  A.  —  Tailles  cl  poids  moyens 

(44oo  enfants  des  écoles 

Tiiillc  en  m'iiliminres. 


de  la  première  à  la  seizième  année, 
de  Paris,  crèches,  etc.) 

Poids  ca  p[r<imnies. 


Accroisse- 

k 

^croissc- 

Ae 

croisse- 

Accroisse- 

ment 

ment 

nient 

ment 

Ages. 

Garçons. 

annuel. 

Filles. 

annuel. 

Ages. 

Garçons,     annuel 

Filles. 

annuel. 

an 

cm 

cm 

cm 

cm 

ans 

K 

ke 

s 

H 

T    à      2.. 

74,2 

» 

73,6 

> 

là    2. . 

9000 

» 

9800 

» 

2  à    3.. 

82,7 

8,5 

81,8 

8 

2 

2  à    3. . 

I  I  700 

2,2 

1  i4oo 

2,1 

3à   4.- 

8q,ï 

6,4 

88,4 

6 

6 

3  à    4.- 

i3ooo 

1,3 

I2  50O 

',' 

4  à    5. . 

96,8 

7  '  7 

95,8 

7 

4 

4  à    5.. 

i43oo 

1,3 

18900 

'.7 

5à    6.. 

io3,3 

6,5 

101,9 

6 

1 

5  à    6. . 

15900 

1,6 

l5  200 

1,3 

6à    7.. 

'09,9 

6,6 

108,9 

7 

0 

6  à    7.. 

17  5oo 

1,6 

17400 

2,2 

7  à    8.. 

ii4,4 

4,5 

n3,8 

4 

9 

7  à    8.. 

19000 

1,5 

19000 

1,6 

8  à    9.. 

i'9.7 

5,3 

119,5 

5 

7 

8  à    9.. 

21  100 

2,1 

21  200 

2,2 

9  a  10. . 

125, 0 

5,3 

124,7 

4 

8 

9  a  10. . 

28800 

2>7 

28900 

2>7 

}0  à  II.. 

i3o,3 

5,3 

129,5 

5 

2 

0  à  II.. 

2  5  600 

1,8 

26600 

2>7 

Il  à  12. . 

i33,6 

3,3 

■  34.4 

4 

9 

Il  à  12.. 

27700 

2,1 

29000 

2,4 

12  à  i3.. 

187,6 

4,0 

141,5 

7 

2  à  i3. . 

3o  100 

2,4 

33  800 

4,8 

i3  à  14. . 

145, 1 

7.5 

i48,6 

J 

I 

i3  à  i4.. 

35700 

5,6 

383oo 

4,5 

i4  à  i5.. 

i53,8 

S, 7 

i52,9 

4 

3 

i4  à  i5.. 

4 1 900 

6,2 

43  200 

4,9 

i5  à  16. . 

159,6 

5,8 

l54,2 

i 

3 

i5  à  16.. 

47500 

5,6 

46000 

3,2 

Tablea 

u  B.  —  Tableau  contenant 

nos  résultats, 

ceux  de  Quételet,  de  Bo 

ivditch  et  de  Rolch. 

Garçons. 

Variot 

Filles. 

V'ariot 

Quétel 

et  (>) 

*Bowditch 

Morg.Rotch.        et 

Bowditch 

Morg.Rotch.         et 

(Belgi 

que). 

(Massa- 

Harw.  Va'w 

.   Chaume 

(Massa- 

Harw.  Univ.   Chaumet 

. -ii^ 

~^— ~ 

Ages. 

chussets). 

(Boston) 

(Paris). 

chusscts) 

(  Boston  ) 

.      (Paris). 

.\ges.       Garçons 

Filles. 

an 

s                  cm 

cm 

cm 

cm 

cm 

cm 

ans                 cm 

cm 

là     2. . 

74,0 

73,8 

74, 

2 

70,8 

74,1 

73,6 

I. 

.         69,8 

69,0 

2  à    3.. 

.       83,4 

84,5 

82 

7 

80,2 

82,3 

8. ,8 

2. 

79.' 

78,1 

3  à    4.. 

92,1 

92,6 

89- 

i 

90,6 

90>7 

88,4 

3. 

.       86,4 

85,4 

4  à    5. . 

100,3 

98,2 

96 

8 

97'4 

97.0 

95,8 

4. 

■       92,7 

9'>5 

5à   6.. 

I  o5 , 6 

io3,9 

io3 

3 

io4,9 

io3,2 

101,9 

5. 

•       98,7 

97.4 

6  à    7.. 

1 1 1 . 1 

109,3 

109 

9 

1 10, 1 

108,3 

108,9 

6. 

.      io4,6 

io3, 1 

7  à    8.. 

1 16,2 

114,3 

1,4 

4 

1 15,6 

ii3,8 

ii3,8 

7- 

.      110,4 

108,7 

8à    9.. 

.      121,3 

i'9i4 

119 

7 

120,9 

118,9 

119,5 

8. 

116,2 

"4,2 

9  à  10.. 

126,2 

124.2 

125 

0 

125,4 

123,4 

'24-7 

9- 

.      121,8 

119,6 

10  à  II.. 

i3i  ,3 

129,2 

i3o 

3 

i3o,4 

128,3 

129,5 

10. 

.      127,3 

'24,9 

II  à  12. . 

.      i35,4 

i33,3 

i33 

6 

'35,7 

i33,5 

i34,4 

1 1. 

182,5 

i3o,  1 

12  à  i3.. 

.     i4o,o 

'37>7 

'37, 

6 

'4', 9 

'39.7 

i4i,5 

12. 

.      187,5 

i35,2 

i3  à  i4. . 

.     145,3 

143,0 

145 

1 

'47>7 

'45,4 

i48,6 

i3. 

.      142,3 

i4o,o 

i4  à  i5.. 

l52,l 

i49>7 

i53 

8 

i52,3 

'49,8 

'52,9 

'4. 

•      '46,9 

.44,6 

10  à  16.. 

.     i58,2 

» 

159 

6 

i55,2 

>j 

l54,2 

i5. 

i5i,3 

i48,8 

(')  Quételet  n'avant  mesuré  qu'un  petit  nombre  de  sujets  d'année  en  année,  ses 
Tables  ne  peuvent  être  comparées  aux  autres  Tables  qui  comportent  un  grand  nombre 
d'individus  compris  entre  deux  années  consécutives.  Les  Tables  de  Quételet  ont  été 
dressées,  il  y  a  plus  de  5o  ans,  à  Bruxelles,  sur  des  enfants  belges.  Elles  dérivent  d'une 
extrapolation  pour  l'âge  de  la  puberté. 


3o2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PHYSIOLOGIE.    —   Conditions  physiologiques  de  V enseignement  oral. 
Note  de  M.  Pierre  Bonnier,  présentée  par  M.  AlFred  Giard. 

Un  grand  nombre  d'instituteurs  et  de  professeurs  se  trouvent  tous  les 
ans  momentanément  ou  définitivement  arrêtés  dans  leur  carrière  par  des 
troubles  vocaux.  La  plus  grande  partie  des  aiïections  laryngées  observées 
sont  le  résultat  du  surmenage  et  du  malmenage  de  la  voix  dans  l'enseigne- 
ment journalier,  et  de  l'absence  d'éducation  professionnelle  de  la  voix  dans 
les  écoles  normales. 

Les  leçons  de  diction  que  reçoivent  les  futurs  professeurs  ne  développent 
que  les  qualités  extérieures  de  la  voix  et  de  la  parole,  mais  nullement  la 
résistance,  la  force  et  la  pénétration  de  l'outil  vocal,  qualités  qui  sont  pour- 
tant la  base  naturelle  de  l'enseignement  oral. 

La  voix  professionnelle,  dans  l'enseignement  et  dans  toutes  les  carrières 
vocales,  est  celle  qui,  sans  effort,  emplira  la  totalité  de  la  salle  dans  laquelle 
on  parle.  Il  suffit  à  l'orateur  de  saisir  la  sonorité  propre  de  la  salle  et  de  se 
servir  de  la  caisse  de  résonance  qu'elle  forme  en  l'ajoutant  aux  cavités  orga- 
niques où  se  fait  la  voix.  La  voix  est  alors  extériorisée  et  l'air  de  la  salle 
parle  avec  l'orateur,  que  tous  les  auditeurs,  les  plus  éloignés  comme  les 
plus  proches,  entendent  parfaitement.  Cette  voix  professionnelle  réunit  le 
maximum  d'effet  au  minimum  d'effort.  Elle  s'enseigne  facilement. 

Faute  de  savoir  utiliser  la  cavité  pneumatique  dans  laquelle  on  parle,  on 
pousse  sa  voix,  on  la  grossit,  on  la  tend  sans  la  porter  et  les  organes 
vocaux  se  fatiguent  rapidement  et  se  détériorent. 

Dans  deux  écoles  normales  d'instituteurs  et  d'institutrices  de  la  Seine, 
dont  j'ai  pu  examiner  à  ce  point  de  vue  les  élèves,  69  pour  100  des  filles 
et  78  pour  100  des  garçons  ne  savaient  pas  prendre  cette  voix  profession- 
nelle; presque  tous  y  sont  rapidement  parvenus  dès  que  je  la  leur  ai 
indiquée. 

Cet  enseignement  si  utile  peut  donc  facilement  être  donné  aux  futurs 
professeurs. 

D'autre  part,  j'ai  mesuré  la  capacité  auditive  utile,  scolaire  des  élèves 
de  5  à  i5  ans  des  écoles  annexes. 

I^ar  la  recherche  de  la  paracousie,  c'est-à-dire  de  l'exagération  de  l'au- 
dition par  contact,  au  moyen  d'un  diapason-étalon  vibrant  sur  le  genou, 
j'ai  évalué  la  proportion  d'enfants  qu'une  insuffisance  fonctionnelle  de 
l'oreille  force  à  doubler  l' effort  intellectuel  pour  comprendre  d' un  effort  ^enso- 


SÉANCE  DU  29  JANVIER  1906.  3o3 

riel  pour  entendre,  effort  qui  ne  sera  pas  longtemps  soutenu  :  53  pour  100 
des  filles,  65  pour  100  des  garçons  sont  paracousiques  d'une  ou  des  deux 
oreilles. 

Ce  procédé  d'évaluation  est  facile  et  peut  être  confié  à  l'instituteur  sans 
connaissances  médicales. 

C'est  donc  plus  de  la  moitié  des  enfants  qui,  au  point  de  vue  auditif, 
sont  au-dessous  du  niveau  scolaire  nécessaire.  Ici  encore  il  serait  facile 
d'indiquer  aux  maîtres  et  aux  maîtresses  comment  on  remédie  à  l'insuffi- 
sance auditive  en  combattant  les  quelques  causes  qui  la  provoquent. 

1!  y  aurait  donc  lieu,  dans  l'éducation  des  maîtres  et  des  élèves,  de  dimi- 
nuer cette  double  insuffisance  vocale  et  auditive  qui  stérilise  l'enseigne- 
ment oral  et  nuit  à  tant  de  carrières. 


PHYSIOLOGIE.  —  Sur  l'aneslhésie  chloroformique.  Dosage  du  chloroforme 
avant,  pendant,  après  Vanesthésie  déclarée  et  quantité  dans  le  sang 
au  moment  de  la  mort.  Note  de  M.  3Iaurice  Nicloux,  présentée 
par  M.  Dastre  ('). 

En  i883,  Gréhant  et  Quinquaud  (^)  ont  déterminé  la  quantité  de  chlo- 
roforme dans  le  sang  au  moment  de  l'anesthésie;  leur  méthode  était  basée 
sur  la  réduction  de  la  liqueur  de  Fehling  en  tube  scellé;  ils  ont  fixé  la  dose 
aneslhésique  dans  le  sang  du  chien  à  i  pour  2000,  soit  5o™°  de  chloroforme 
pour  loo^  de  sang. 

En  possession  de  la  méthode  de  dosage  du  chloroforme  dans  le  sang, 
décrite  précédemment  dans  les  Comptes  rendus  (^),  j'ai  pu  aborder,  avec 
la  plus  grande  facilité,  l'étude  de  la  même  question  et  la  compléter. 

D'une  façon  générale,  les  animaux  (chiens)  sont  soumis  à  l'action  du 
chloroforme  par  la  respiration  du  liquide  imprégnant  une  éponge  placée 
au  fond  d'une  conserve.  A  différentes  périodes  de  l'anesthé-iie  on  fait 
une  prise  de  sang  artériel  (i5""'  à  20'^°°)  pour  y  doser  le  chlorolorme; 
l'aneslhésie  une  fois  déclarée,  ou  bien  on  pousse  l'anesthésie  ii  fond  jus- 

(')  Celle  Noie  a  été  présentée  à  la  séance  du  22  janvier. 

(-)  GuÉUANT  et  QuiNQL'AUD,  Dosuge  du  chloroforme  dans  le  sang  d'un  aitimal 
anesthésià  {Comptes  rendus,  t.  XCMl,  1880,  p.  753). 

(^)  Macrice  A'icLOUX,  Sur  le  dosage  de  petites  quantités  de  cidoi  oj'urme,  son 
dosage  :  1°  dans  l'air;  2"  dans  le  sang  ou  dans  un  liquide  aqueux  {Comptes  ren- 
dus, t.  CXLIl,  1906,  p.  i63). 


3o4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

qu'à  la  mort  de  l'animal;  ou  bien  on  cesse  l'administration  du  chloroforme, 
on  laisse  les  animaux  revenir  à  eux  et  l'on  fait  périodiquement  des  prises 
de  20'"''  de  san";  pour  la  détermination  du  chloroforme.  Voici  les  résultats  : 
SÉRIE  I.  —  Dosage  du  chloroforme  dans  le  sang  avant  et  pendant  l'anes- 
thësie  /joussce  jusqu'à  la  mort  de  l'animal.  Je  réunis  les  expériences  sous 
forme  de  Tableau  : 


Temps  eomplé 

depuis  le   déliiil 

Clilorofornic 

de  la 

en  milligramtocs 

Numéros 

respiralion 

pour 

des  cxpcricnfcs. 

du  rldorofonue. 

loocm^  lie  sang. 

Expér.  I. 

(             ■"■" 

^ 

Chien  i^'b. 

(           3o" 

[-,"]  (') 

Expér.    II. 

\           '■5'" 

5o,.î 

Chien  I2''s. 

(           33» 

L6o,.=>] 

Expér.  HT 
Chien   jft'-e. 

'           68» 

1       s'r 

5o 

57.5 
[64] 

'             i».'5o' 

iS,.i 

Expér.  IV. 
Chien   io''e. 

1     ': 

1           30" 

56 
60 
07,5 

5o- 

[09.5] 

f            5- 

i5,5 

Expér.  V. 

.9" 

27 

Chien  f)''P,.5oo. 

35». 

47 

(           59" 

[']  =  ] 

[              i^-So- 

lA 

Expér.  VI. 
Chien   i8i<s. 

6» 

1                32" 

21,4 

4o 
48,5 

1                 28° 

[4i,5] 

1            5" 

i4 

,0". 

33,5 

Expér.  VII. 

]           ,4,,. 

63,5 

32- 

55,5 

f          Go"> 

58,5 

Observations  résumées. 
Période  préaneslhésique  très  rapide  ayant  duré  :)  minutes. 

Période  préanesthésique  lente,  durée  :   i5  minutes. 

Période  préanestliésique  lente,  durée  :  18  minutes.  Anesthésie 
profonde  et  régulière  pendant  toute  la   durée  de   l'expérience. 

Anesthésie  par  dose  massive  de  chloroforme.  Période  préanes- 
thésique extrêmement  réduite,  d'une  durée  de  2  minutes  3o  se- 
condes. Entre  la  9' et  la  10°  minute  arrêt  respiratoire  combattu 
par  la  respiration  artificielle  et  les  tractions  de  la  langue. 

L'animal  était  en  digestion.  Période  préanesthésique  de  longue 
durée:  19  minutes.  De  la  33"  à  la  34°  minute  arrêt  repiraloire, 
respiration  artificielle,  tractions  de  la  langue.  A  la  5o'  minute, 
perte  hémorragique  de  24o5  de  sang. 

Période  préanesthésique  rapide  :  6  minutes.  A  partir  de  la 
22"  minute  on  a  fait  obstacle  à  la  respiration  en  faisant  res- 
pirer l'animal  à  travers  une  muselière  à  chloroforme  renfer- 
mant une  éponge  très  serrée  largement  imbibée  de  chloro- 
forme. 

Période  préanesthésique  lente:  i4  minutes.  L'animal  était  encore 
un  peu  sensible  à  la  10"  minute,  quoique  à  ce  moment  la  quantité 
dans  le  sang  fût  de  33"«, 5,  l'animal  n'est  pas  mort;  il  fait 
l'objet  de  l'expérience  IV  de  la  série  d'expériences  suivantes 
(voir  plus  bas). 

L'examen  des  chiffres  de  ce  Tableau  montre  que  la  dose  anesthésique 
est  variable  avec  les  animaux;  elle  est  voisine  de  5o"'^  (Expér.  II  et  III),  ce 
qui  confirme  pleinement  le  chiffre  de  Gréhant  et  Quinquaud,  et  même  un 
peu  supérieure  dans  les  expériences  I,  IV,  VII;  voir  aussi  plus  bas  les  ex- 
périences II,  III,  IV et  V  de  la  série  d'expériences  suivante;  elle  est  très 
nettement  au-dessous  de  ce  chiffre  (Expér.  IV  et  V). 


(')  Les  chiffres  entre  crochets  représentent  les  quantités  de  chloroforme  au  moment 
de  la  mort. 


I 


SÉANCE  DU  29  JANVIER  1906.  3o5 

La  dose  mortelle  paraît  être  aussi  soumise  aux  mêmes  variations  :  élevée 
dans  les  expériences  I  et  IV,  moyenne  dans  l'expérience  II,  faible  dans  les 
expériences  V  et  VI;  dans  cette  dernière,  l'asphyxie  plutôt  que  le  chloro- 
forme a  été  le  facteur  prépondérant  de  la  mort. 

Enfin,  fait  important  à  signaler,  la  marge  entre  la  dose  aneslhésique  et 
la  dose  mortelle  est  rehitivement  très  faible, 

Série  II.  —  Dosage  du  chloroforme  dans  le  sang  après  Vaneslhèsie,  pendant 
la  période  de  retour.  —  Les  animaux  étant  anesihésiés,  on  fait  une  prise 
de  sang(i5'"°'à  20"°°');  à  ce  moment  précis,  on  cesse  l'administration  du 
chloroforme,  on  laisse  les  animaux  revenir  à  eux,  et  l'on  fait  périodique- 
ment des  prises  de  sang  de  20""'  pour  y  doser  le  chloroforme. 

Les  expériences  sont  résumées  dans  le  Tableau  suivant  : 


Expériei 

ace  I  i  '  1. 

Clilororoimc 

en 

milligrammes 

pour 

Toocm'  de  sang. 

Expcrî 

Temps 

compté 

depuis  la  lîn 

de 
raneslhésîe. 

ence  H. 

Cbloroforme 

en 
milligrammes 

pour 
joocm'  de  sang. 

E\pi 

LTïence 

lil. 

Expér; 

Temps 

compté 
depuis  la  fin 

de 
Tanesthcsie. 

ience  !V. 

Expér 

Temps 
compté 

depuis  la  fin 
de 

l'aiiestliésie. 

ience  V. 

Temps 
compté 

depuis  la  fin 
de 

l'ancsibésie. 

cûiurilé 
depuis  la 

de 
l'anesllK'; 

fin 
sie. 

Cljluniforrae 

en 
milliprnmmcs 

pour 
mocm'  (ie  sang. 

Cliloroforme 

en 
milligrammes 

pour 
100  cm'  de  sang. 

Clilorororme 

en 
milligrammes 
pour 
100  cm^  de  san-r. 

m 

0 

5 

mg 
5o 

23 

m 
0 

1 

35 

m 
0 

2.3o> 

mg 

37 

m 
0 

7 

mg 
08,5 
3i,5 

m 
0 

3o 

39,0 

23 

i3 

i4,5 

2 

29 

5 

28 

20 

■i5,5 

\^ 

16 

3o 

10 

5 

25,5 

i5 

22,5 

4o 

l'i 

â*- 

7.5 

» 

» 

i3 

20,5 

3o 

18 

l»» 

18 

7- 
» 

'i5 

» 

» 

3o 

18 

il' 

12,5 

2  h  3Q-n 

7-5 

)> 

» 

» 

60 

i3,5 

2h 

7-5 

)> 

» 

» 

1, 

De  cette  série  d'expériences  qui  se  complètent  mutuellement  on 
peut  conclure  que  le  chloroforme  s'élimine  très  rapidement  au  début, 
puisqu'on  5  minutes  la  quantité  de  chloroforme  baisse  environ  de  moitié, 
puis  la  disparition  du  chloroforme  se  fait  ensuite  plus  lentement.  Après 
3  heures  la  quantité  dans  le  sang  est  de  7™^  environ;  après  7  heures  le 
chloroforme  a  sinon  entièrement,  du  moins  presque  complètement  disparu 
du  sang. 


(•)  On  trouvera,  pour  celte  série  d'expériences,  quelques  détails  complémentaires 
sur  la  durée  de  la  péiiode  préaneslliésique  et  de  l'anesthésie  dans  les  Comptes  rendus 
de  la  Société  de  Biologie,  séance  du  20  janvier  1906. 


G.    R.,   iQr6,  1"   Semesire.   {T     CXLII    N"  5. 


/»! 


3ofi  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


GÉOLOGIE.  —  Sur  une  faune  d'Ammonites  nèocrèlacée  recueillie  par  l'expé- 
dition antarctique  suédoise.  Note  de  M.  W.  Kiliabî,  présentée  par  M.  A. 
de  Lapparent. 

L'étude  des  Céphalopodes  crétacés  réunis  en  1902  par  l'expédition 
antarctique  que  dirigeait  O.  Nordenskjôld  m'ayant  été  confiée  par  M.  J. 
Gunnar  Anderson,  géologue  de  l'expédition,  je  crois  devoir,  en  attendant 
l'achèvement  de  la  monographie  détaillée  que  je  prépare  avec  M.  P.  Re- 
boul,  signaler  les  faits  suivants  : 

Les  Ammonoïdes,  au  nombre  de  plus  de  280,  et  dont  quelques-unes 
sont  d'une  conservation  remarquable,  étant  encore  pourvues  de  leur  test, 
proviennent  d'une  série  de  localités  situées  entre  les  îles  Seymour  et  Snow- 
Hill,  près  de  la  côte  Nord-Est  de  la  terre  de  Graham.  Tous  ces  gisements 
appartiennent  à  la  même  formation  géologique  et  ont  fourni  une  faune 
assez  homogène. 

J'ai  pu  y  reconnaître,  outre  un  grand  nombre  d'espèces  nouvelles,  les  formes 
suivantes  : 

Nautilus  Bouchardianus  d'Orb.  —  BelemnUes  sp.  indéterminable  (un  phragmo- 
cone).  —  Phylloceras  cf.  Velledœ;  Ph.  raniosum  Meek;  Ph.  Surya  Forbes  sp.  — 
Lytoceras  (grande  taille).  ^-  Pseudophyllites  Indra  Stol  sp.  —  Gaudryceras  poli- 
tissimu/n  Kossmat  (beaux  échantillons);  G.  impériale  Yabe;  G.  m ultiplex uni  Kossra.; 
G:  Kayei  Forhes  sp.;  G.  (groupe  de  Sacya  Stol.);  G.  cf.  Striatum  Jimbo;  G.  ail'. 
Marut  Stol.;  Gaudryceras,  n.  sp.  —  Haniites  (voisin  de  //.  cylindraceus  d'Orb.) 
cf.  //.  {Diplomoceras)  nolabile  Whh.  de  Vancouver.  —  Desmoceras  (Puzosia)  aft. 
Sugata  Forbes  sp.  ;  D.  (Puzosia)  diphylloides  Forbes  sp.;  D.  afif.  Denisoni  SuA.  sp. 
—  Holcodiscus  cf.  Theobaldianus  Stol.  sp.  ;  II.  n.  sp.  alf.  Tlieobaldianus  Stol. 
sp.  (abondant);  //.  cf.  Karapaderisis  Siol.  sp.  ;  H.  Madrasinus  Stol.  sp.  ;  H.  Aimi- 
lianus  Stol.   sp.  ;  //.  n.  sp.  A  (abondant)  (•);  //.  n.  sp.  B  (^)  (assez  commun);  //.,n. 


(')  Holcodiscus  sp.  A  est  extrêmement  curieux  par  l'importance  que  prennent,  dans 
celte  espèce,  les  crénelures  des  côtes,  tellement  développées  dans  l'adulte  qu'on  croi- 
rait avoir  affaire  à  certains  Acanthoceras  du  groupe  de  Ac.  niamillalum. 

(-)  Holcodiscus  sp.  B  présente  tous  les  caractères  d'un  Holcod.  {II.  sparsico- 
status  Kossm.)  dans  les  tours  intérieurs,  tuais  se  modifie  enlièremeiil  dans  la 
partie  correspondant  à  la  loge,  où  apparaissent  des  tubercules  engendrant  une  orne- 
mentation très  analogue  à  celle  des  Neumayria,  de  certaines  Schlœnbachia  (Schl. 
rhonibifera).,  des  Prionocyclus  et  des  Barroisia.  D'aulres  formes  présentent,  dans 
les  tours  internes,  une  grande  analogie  avec  certains  Virgatites. 


SÉANCE    DU    2f)   JANVIER    iqo6. 


3o^ 


sp.  ;  H.  cf.  buddhaicus  Kossm.;  H.  Bhaïa/ii  Slol.  sp..;  //.  cf.  Mora\.-iatoorerisis 
Slol.  sp.  ;  H.  cf.  clii'eanus  Slol.  sp.  ;  //.  Kalika  Stol.  sp.  (très  abondant).  • —  Pacliy- 
discus  cf.  /o^a/f/iMS  Stol.  sp.;  P.  cf.  Golleville/isis d'Orh.  sp.,  voisic  de  P.  QiUriquinœ 
Steinra.  sp.,  et  de  P.  colligatus,  v.  Binck.  ;  P.  {Sonneratia)  sp.  ;  Pach.  gemmalus 
Hujjpé  sp.  (cette  espèce,  que  ses  cloisons  et  son  ornementation  me  font  ranger  sans 
hésitation  parmi  les  Pachydiscus  et  non  dans  le  genre  Holcodiscus,  est  bleu  repré- 
sentée à  l'île  Seymour). 

Cette  faune  est  remarquable  par  le  grand  développement  des  espèces 
(\\i  ^rou\^Q  âe  Holcodiscus  àon\  les  formes  en  constituent,  au  point  de  vue 
numérique,  l'immense  majorité. 

II  est  particulièrement  intéressant  d'assister  ici  à  l'épanouissement  de  ce 
groupe,  qui,  après  avoir  disparu  des  mers  européennes  à  l'époque  barré- 
mienne,  devient,  dans  les  mers  néocrétacées  indopacifiques,  le  point  de 
départ  d'une  multitude  de  formes,  chez  lesquelles  les  modifications  de 
l'ornementation  produisent  des  convergences  très  curieuses  avec  des  types 
appartenant  à  des  souches  fort  différentes.  Les  Holcodiscus  constituent 
l'élément  prédominant  de  la  faune  des  Snow-Hill-Beds  et  des  Seymour- Beds. 
La  pluparfde  ces  formes  sont  ou  identiques  ou  très  semblables  à  des  espèces 
caractéristiques  des  assises  de  Trichinopoly  (couches  supérieures),  d'Arya- 
loor  et  de  Valudayoor  dans  l'Inde,  c'est-à-dire  du  Sénonien;  quelques 
espèces  seulement  (Gaudryceras  cf.  Marut  Stol.  sp.,  Holcodiscus  cf.  Clivea- 
nus  Stol.  sp.,  Holc.  moraviatoorensis  Stol.  sp.  et  Pachydiscus  rotalinus 
Stol.  sp.),  du  reste  rares  et  isolées,  indiqueraient  un  niveau  inférieur, 
celui  des  couches  supérieures  d'Ootator  dans  l'Inde,  équivalentes  du 
Turonien  ;  mais  il  faut  remarquer  que  les  formes  les  plus  caractéristiques 
{Schlœnbachia,  Acanthoceras,  etc.),  de  ce  niveau  font  défaut.  Le  type  fau- 
nique  rappelle  à  un  haut  degré  celui  des  dépôts  néocrétacés  de  l'Inde, 
ainsi  qu'à  un  degré  un  peu  moindre,  mais  cependant  notable,  celui  du 
Crétacé  supérieur  (Nanainio-Group)  de  l'île  de  Vancouver,  de  la  côte 
pacifique  de  Californie,  du  Japon,  de  la  Patagonie,  du  Natal,  etc.  La  [iré- 
sence  de  Pachydiscus  ('  )  gemmatus  Huppé  sp.,  de  Lytoceras  Kayei  et  Phyll. 
ramosum  Meek  ainsi  que  celle  d'un  grand  Pachydiscus  voisin  de  P.  Quiri- 
quinœ  Steinm.  et  de  P.  colligatus  y.  Binck.,  à  l'île  Seymour,  évoquent  un 
rapprochement  avec  les  couches  de  Quiriquina  (Chili)  que  nous  ont  fait 
connaître  M.  Steinmann  el  ses  collaborateurs. 

Ainsi  le  type  indopacifique  du  Crétacé  supérieur  s'étend  jusqu'aux  con- 


(')  Attribué  par  M.  Steinmann,  à  lurL  suivant  nous,  au  genre  Holcodiscus. 


3o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

trées  antarctiques;  il  est  très  probable  qu'une  communication  marine 
reliait  par  cette  région,  et  en  passant  au  sud  du  Cap  de  Bonne  Espérance, 
le  bassin  pacifique  Sud-Oriental  avec  l'extrême  sud  de  l'Atlantique,  ainsi 
que  l'a  déjà  soupçonné  M.  Rossmat,  et  comme  l'indique  le  cachet  fau- 
nique  de  la  craie  du  Natal  (à  Gaudryceras).  Cette  communication  a  d'ail- 
leurs été  admise  sur  la  carte  paléogéographique  du  Crétacé  supérieur,  dans 
la  nouvelle  édition  du  Traité  de  Géologie  de  M.  deLapparent. 

La  i-éparlition  des  espèces  dans  les  divers  gisements  explorés  ue  permet  guère  de 
distinguer  plusieurs  faunes  correspondant  à  des  niveaux  distincts;  cependant  sur  l'île 
Sejniour  (local.  8)  paraissent  prédominer  les  formes  à  lest  bien  conservé  du  groupe 
d'Arjaloor  et  du  niveau  de  Quiriquina,  telles  que  Pachydiscus  gemmatus.  Pach.  cf., 
Gol/ei'ille/isis,  avec  Bolcodiscas  Bhai-ani,  H .  Aernilianus,  H.  Madrasinus.  Gaudry- 
ceras cf.  strialu/n. 

A  l'île  Cockburn  ainsi  que  dans  les  diverses  localités  de  l'île  Snow-Hill  (cap  Bod- 
man,  etc.)  on  observe  une  faune  unique  et  homogène,  caractérisée  par  les  Holcodisciis 
cités  plus  haut,  notamment  par  les  formes  nouvelles  A  et  B.  Les  espèces  rappelant 
l'horizon  plus  ancien  d'Ootator  n'ont  été  rencontrées  que  dans  certains  points  de 
Snow-IIill,  (  localités  2^' et  2""")  mais  mélangées  aux  formes  habituelles  du  niveau 
supérieur  (Snow-Hill-Beds-Ânderson,  Aryaloor  et  Tricliinopoly)  (couches  supérieures). 
Toutefois  la  localité  de  Snow-Hill  n'a  fourni  que  Pseudophyllites  Indra  Stol.  sp.  et 
des  Pachydiscus  et  paraît,  comme  celle  de  l'île  Seymour  (loc.  8),  appartenir  à  un 
liorizon  supérieur  du  Sénonien  (Older  Seymour  Insel,  Beds,  Anderson). 


GÉOLOGIE.  —  Sur  les  racines  de  la  nappe  de  charriage  du  Péloponése. 
Note  de  M.  Ph.  Négris,  présentée  par  M.  A.  de  Lapparent. 

Dans  une  Note  précédente  nous  avons  constaté  l'existence  d'une  nappe 
de  charriage  considérable  dans  le  Péloponése.  Les  endroits  de  la  Grèce 
continentale,  voisins  du  Péloponése,  où  l'on  retrouve  en  place  la  série  des 
couches  formant  cette  nappe,  sont  rares.  Citons  cependant  le  chaînon  du 
Phagas,  au  sud-est  du  lac  Copaïs.  Ce  chaînon,  du  côté  du  lac,  présente  des 
couches  minces  de  jaspes  bariolés,  alternant  avec  des  grès  et  des  schistes; 
le  tout  est  surmonté  par  une  crête  de  calcaire  gris  clair.  Les  jaspes,  au 
microscope,  sont  remplis  de  radiolaires,  d'après  la  détermination  qu'a 
bien  voulu  faire  M.  Cayeux.  On  retrouve  la  même  série  plus  au  Sud,  sur 
l'Hélikon  de  Zagora,  entre  le  couvent  de  Mak;u'iolissa  et  le  village  de  Dom- 
brena,  mais  ici  complètement  bouleversée  par  un  épanchement  serpen- 
tineux.  On  la  retrouve  encore  au-dessus  de  Galaxidi,  où  l'on  a  une  alter- 
nance de  calcaires  en   plaquettes  et  de  jaspes,  le  tout  surmonté  par  la 


SÉANCE  DU  29  JANVIER  1906.  3og 

masse  puissante  du  calcaire  de  Guiona.  Ces  exemples,  bien  que  rares, 
suggèrent  l'idée  que  la  série  devait  se  continuer  vers  le  golfe  de  Corinthe 
et  que  le  pli  dont  serait  issue  la  nappe  du  Péloponèse  aurait  eu  cette 
région  pour  origine.  On  retrouve  d'ailleurs  un  fragment  de  ce  pli,  repré- 
senté par  les  monts  Géraniens,  dans  l'isthme  de  Corinthe.  On  a  ici  un  pli 
pyrénéen  ONO,  qui  s'infléchit  vers  l'EO  et  l'ENE  de  part  et  d'autre  du  pU 
crétacé  NE  du  Parnès,  qui  traverse  l'isthme  suivant  son  axe  et  que  nous 
avons  retrouvé  à  l'est  du  Ziria  (Comptes  rendus,  t.  CXLI,  p.  919)  produisant 
la  même  déviation.  A  la  suite  de  cette  déviation  des  plis  Géraniens  et  des 
fractures  qui  en  furent  la  conséquence  inévitable,  eut  lieu  un  épanchement 
serpentineux  considérable;  aussi  Irouve-t-on  ici  sous  les  calcaires  des 
sommets  des  schistes  avec  jaspes  et  serpentines. 

A  l'Ouest  tout  est  effondré  dans  le  golfe  de  Corinthe,  jusqu'au  détroit  de 
Rhion,  où  l'on  retrouve  les  calcaires  et  jaspes,  non  plus  en  place,  mais 
déversés  au  Nord  sur  la  côle  continentale,  au  Sud  sur  le  Voïdias.  Dans  la 
Note  précitée  nous  avons  signalé  ici,  à  Naupacle,  un  pli  crétacé  NE  qui 
aurait  ainsi  arrêté  le  développement  du  pli  pyrénéen  du  golfe.  Ce  dernier, 
composé  essentiellement  de  couches  pélagiques  (boues  calcaires  à  globi- 
gérines  et  boues  siliceuses  à  radiolaires,  comme  le  montre  la  nappe  de 
charriage),  pressé  entre  les  plis  plus  rigides  du  Nord  et  du  Sud,  formés  en 
grande  partie  de  calcaires  puissants  construits  de  rudistes  et  coraux  au 
Nord,  de  rudistes  et  foraminifères  au  Sud,  se  développe  en  na()pe  grandiose 
tout  le  long  du  golfe,  parallèlement  à  la  direction  pyrénéenne  et  chevauche 
tous  les  plis  du  Sud  jusqu'au  cap  Gallo  sur  iSo"""  et  plus  peut-être.  Vers 
l'extrémité  ouest  la  nappe  est  arrêtée  par  les  plis  crétacés.  A  Naupacte 
même,  devant  l'obstacle  offert  par  ces  derniers,  le  chevauchement  a  lieu 
en  éventail,  les  plis  pyrénéens  chevauchant  au  Nord  et  au  Sud. 

Je  ne  me  dissimule  pas  qu'il  v  a  une  espèce  de  contradiction  entre  le 
développement  considérable  de  la  nappe  de  charriage,  et  l'espace  limité, 
compris  entre  les  montagnes  d'Achaïe  et  la  chaîne  du  Parnasse  et  de  l'Héli- 
kon,  entre  lesquelles  était  comprise  à  l'origine  toute  la  masse  charriée.  Mais 
l'objection  disparaît  si  l'on  admet  que  les  régions  entre  lesquelles  s'est 
produit  le  refoulement  étaient,  avant  ce  dernier,  beaucoup  plus  éloignées 
qu'aujourd'hui  et  que  sous  les  pressions  latérales  elles  se  sont  rapprochées 
considérablement,  en  refoulant  les  masses  relativement  plastiques  qui  les 
séparaient,  tout  en  subissant  elles-mêmes  des  gonflements  en  forme  de  plis 
moins  importants. 


3lO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

L'âge  des  couches  de  la  nappe  de  charriage,  ou  du  pli  du  golfe,  nous  est 
donné  par  l'âge  des  couches  des  monts  Géraniens,  du  mont  Phagas,  couches 
qui  sont  parallélisées  avec  celles  du  Parnasse,  où  Bittner  a  trouvé  dans  les 
horizons  inférieurs  des  fossiles  du  Néocomien  et  du  gault,  et  oîi  les  fossiles 
de  Caprena  assignent  aux  horizons  supérieurs  un  âge  supracrétacé.  Il  se 
pourrait  que  le  Juiassique  même  prenne  part  à  la  composition  de  la  nappe 
de  charriage,  comme  l'admet  M.  Cayeux.  En  effet,  M.  Deprata  trouvé  cet 
horizon,  avec  faciès  corallien,  il  est  vrai,  à  Chalcis,  mais  rien  n'empêche 
d'admeltie  que  plus  au  Sud  cet  horizon  devienne  péhigique.  En  tout  cas 
cas  dans  l'Attique  cet  horizon  serait  encore  calcaire,  il  serait  représenté  [)ar 
le  calcaire  crétacé  inférieur  de  Lepsius;  car  ce  calcaire  manque  souvent 
sous  le  schiste  supérieur  que  recouvre  le  calcaire  de  Parnès.  Il  semble  bien 
que  cela  soit  à  l'émersion  jurassique  qu'il  faille  attribuer  cette  érosion  du 
calcaire  compact  inférieur  de  l'Attique  :  c'est  ce  qui  nous  conduit  à  reculer 
son  âge  et  à  l'assimiler  au  calcaire  de  Cheli. 

A  la  suite  du  plissement  pyrénéen  et  du  charriage,  qui  eut  lieu  (comme 
nous  l'avons  démontré  dans  la  Note  précitée)  à  la  fin  du  Lutétieu  moyen, 
le  Péloponèse  émerge,  sauf  à  l'Ouest  où  continuèrent  à  se  former  tes  con- 
glomérats puissants  de  la  Messénie,  aux  dépens  de  la  masse  charriée, 
jusqu'à  ce  que  les  plis  pindiques  soulevassent  aussi  ces  ilé[)ôls.  Cependant 
l'ébranlement  produit  par  le  |)lissement  pindique  amena  des  effondre- 
ments considérables,  dans  lesquels  se  déposèrent  les  couches  pliocènes. 
C'est  alors  que  les  racines  de  la  masse  charriée  s'effondrèrent  dans  une 
fosse,  plus  large  et  plus  profonde  de  beaucoup  que  le  golfe  de  Coriiithe 
actuel,  où  se  déposèrent  des  masses  puissantes  de  marnes  levantines  et  de 
conglomérats.  Avant  le  Pliocène  supérieur,  à  la  suite  de  la  surrection  de 
l'écorce,  ces  dépôts  sont  soulevés  à  i^5g™,  mais  de  nouveaux  effondre- 
ments se  produisent  à  la  Qn  du  Pliocène,  sur  l'emplacement  des  premiers, 
et  le  golfe  de  Corinthe  se  forme,  marquant  l'em[)lacement  où  s'élevait 
jatlis  une  chaîne  probablement  plus  élevée  que  toutes  les  chaînes  qu'elle  a 
recouvertes. 


M.  André  Dumouliiv  adresse  une  Note  intitulée  :  Principe  des  dispositifs 
d'organes  pouvant  contribuer  à  faciliter  le  départ  du  sol  des  aéroplanes. 

(Renvoi  à  la  Commission  d'Aéronautique.) 


SÉANCE  DU  29  JANVIER  1906.  3lt 

M.  LÉoîT  NoiÈL  adresse  une  Note  relative  à  la  Mesure  exacte  du  pouvoir 
émissif  des  matières  radioactives. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Physique.) 

La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie. 

M.  B. 


BULLETIN    BIBMor.lt APillQUE. 


OuVBAr.ES    BFÇUS    DANS    LA    SÉAKOE    DU    22    JANVIER     I906. 

(Suite.) 

Revue  générale  des  Sciences  pures  et  appliquées;  Direcleur  :  LoCis  OtivifeR; 
1-"  année,  n°  1,  i5  janvier  1906.  Paris,  Armand  Colin;  i  fasc.  \n-(\°. 

Archives  de  Médecine  navale,  recueil  publii-  par  ordre  du  Mihistre  de  la  Marine; 
t.  LXXXV,  n°  1,  janvier  1906.  Paris,  Imprimerie  nationale;  t  fasc.  in-8°. 

Annales  d'Hygiène  et  de  Médecine  coloniales:  recueil  publié  par  ordre  du  Ministre 
des  Colonies;  t.  IX,  n°  1,  janvier  1906.  Paris,  Imprimerie  nationale;   i  fasc.  in-S". 

Recueil  de  Médecine  vétérinaire,  publié  à  l'Ecole  d'Alfort  le  1 5  et  le  3o  de  chaque 
mois;  t.  LXXXIII,  n°  1,   i5  janvier  1906.  Paris,  Asselin  et  Houzeau;  i  fasc.  in-S". 

Compte  rendu  des  séances  du  Conseil  d' Hygiène  publique  et  de  Salubrité  du 
département  de  la  Seine;  12''  année,  n"  1,  séance  du  .5  janvier  1906.  Paris,  imp.  Cliaix  ; 
I  fasc.  in-S". 


The  Aconites  of  India,  a  monograph  by  Otto  Stapf.  {Annals  of  the  Royal  bota- 
nic  Garden,  Calcutta;  vol.  X,  part  II.)  Calcutta,  Bengal  Secrétariat  press,  1900; 
I  vol.  in-f". 

Annual  Report  of  the  S mithsonian  Institution,  igo^-  Washington,  Government 
printing  Office,  i9o5;  i  vol.  in-S". 

Proceedings  of  the  United  States  national  Muséum;  vol.  XXVIII,  Washington, 
1905  ;  I  vol.  in-8°. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  29  janvier   1906. 

Le  opère  di  Galileo  Galilei,  edîzione  nazionale  sotto  gli  auspicii  di  Sua  Maestà  il  Re 
d'Italia;  vol.  XVI.  Florence,  igoS;  i  vol.  in-4''.  (Oflert  par  le  Ministre  de  l'Instruction 
publique  d'Italie.  ) 


Jl2  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

Introduclion  à  l'étude  de  la  Chimie,  par  le  D''  Maurice  de  Thierry,  avec  3o2  figures 
dans  le  texte.  Paris,  Masson  et  C'",  1906;  i  vol.  in-S".  (Présenté  par  M.  Moissan.) 

Description  de  la  faune  jurassique  du  Portugal.  Polypiers  du  Jurassique  supé- 
rieur, par  F.  KoBY,  avec  une  Notice  stratigraphie] ue,  par  PaulChoffat;  3o  planches, 
Lisbonne,  Imprimerie  de  TAcadémie  royale  des  Sciences,  1904-1905;  i  vol.  in-4°. 
(Présenté  par  M.  Albert  Gaudry.  ) 

Les  tremblements  de  terre,  Géographie  sisrnologique,  par  F.  de  Momessus  de 
Ballore,  avec  une  Préface  par  M.  A.  de  Lapparent,  Membre  de  l'Institut;  89  cartes  et 
figures  et  3  caries  hors  texte.  Paris,  Armand  Colin,  1906;  i  vol.  in-S".  (Présenté  en 
hommage  par  M.  de  Lapparent.) 

Considérations  sur  la  Biologie  marine,  par  S.  A.  S.  le  Prince  Albert  I"=''de  Monaco, 
Correspondant  de  l'Institut.  {Bulletin  du  Musée  océanographique  de  Monaco,  n"  56, 
25  décembre  igoS.)  i  fasc.  in-8°. 

Die  Kalksilikatfelse  von  der  Fehren  bei  Neustadl  i.  Schw,,  von  H.  Rosenbusch,  mit 
I  Tafel.  Heidelberg,  CarlWinter,  igoS;  i  fasc.  in-8°.  (Hommage  de  M.  H.  Rosenbusch, 
Correspondant  de  l'Institut.) 

l\ote  sur  les  minerais  radifères  de  Grury  (Saone-et-Loire),  par  M.  Hippolyte 
Marlot.  Auxerre,  Ch.  Milon,  1906;  i  fasc.  in-8°.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Description  géologique  de  Vile  d'Ambon,  par  R.-D.-M.  Verbeek;  édition  française 
du  Jaarboek  van  het  Mijmvezen  in  Nederlandsch  Oost-Indië,  t.  XXXIV,  igoS,  partie 
scientifique;  texte  et  atlas.  Batavia,  Imprimerie  de  l'Etat,  1900;  i  vol.  in-8°  et  1  fasc. 
in-f".  (Hommage  de  l'auteur.) 

Die  Orclndeen  von  Ambon,  von  J.-J.  Smith;  herausgegeb.  v.  Dep.  fur  Landwirt- 
schaft.  Batavia,  Imprimerie  de  l'Etat,  igoa;  i  vol.  in-8°. 

{A  suivre.) 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

SÉANCE   DU    LUNDI  li   FÉVRIER    1906, 
PRÉSiDENCE  DE  M.  H.  POINCARÉ. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICA  riO\^ 

DES    MEMBRES    ET     DES    CORRESPONDANTS     DE    L'ACADÉMIE. 

CHIMIE   VÉGÉTALE.  —  Sur  l'existence  des  composés  potassiques  insolubles 
dans  le  tronc  et  l'écorce  du  chêne;  par  M.  Bertiielot. 

I.   —    EcOltCE    DK   CHÊNE. 

Il  a  paru  intéressant  d'étendre  mes  recherches  aux  autres  parties  du 
vé£;étal,  et  notamment  au  tronc  et  à  récorce.  L'examen  de  la  sève  n'a  pu 
être  fait  en  raison  de  la  saison  (fin  de  l'automne);  mais  j'ai  opéré  sur  le 
tronc.  J'ai  mis  en  œuvre  le  chêne  aux  dépens  duquel  avaient  été  prélevées 
les  feuilles  :  c'était  un  arbre  de  27  ans,  bien  développé  et  que  j'ai  fait 
abattre  le  2  novembre  igoi.  On  a  écorcé  une  partie  du  tronc,  prise  à  une 
hauteur  notable  entre  le  sol  et  les  grosses  branches  :  l'opération  a  été 
exécutée  par  grattage,  au  moyen  d'un  couteau  mousse,  de  façon  à  isoler 
autant  que  possible  l'écorce  et  le  bois,  qui  ont  été  examinés  séparément. 

L'écorce,  séchée  rapidement  au  contact  de  l'air,  a  été  broyée  au  moulin 
et  mise  en  expérience;  séchée  à  110°,  elle  a  fourni, 

Pour  looB,  substance  sèche 18,0  d'écorce 

La  substance  sèche,  d'après  l'analyse,  a  donné 

100  matière  organique -l- 3,  i  matière  minérale  (GO-  déduit). 

G 54,8 

H 6,2 

Az 1,1 

O _37^ 

100,0 

C.  R.,   1906,   I"  Semestre.  (T.  CXLII,   ^■>  6.)  '\'^- 


3i4 

Action  de  l'eau. 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 
T^a  macération  à  froid  avec  l'eau  a  fourni 


Partie  insoluble. 
Partie  sohible  .  . 


La  matière  soluble  contenait 


Matière  organique. 

c 

H 

Az 

O 


52,4 

5,6 

2,55 

39,45 

100,00 


Matière  minérale. 

SiO^ 1,86 

K'0 4,18 

CaO 3,48 

Cendres,  CO- 

corapris. .  .  16,0 


97.4 
7,, 6 


100 
2,8 


100,0 

La  partie  insoluble  contenait 


Matière  organique. 


C. 
H. 
Az. 
O.. 


54,4 
6,2 

38,3 


Matière  minérale. 

SiO- o,85 

CaO 1,78 

K^O 0,01 

Divers o,36 

3,0-1-CO» 


On  voit  que  la  potasse  est  contenue  pour  les  fj,  c'est-à-dire  presque  en 
totalité,  dans  la  portion  soluble. 

Voici  les  expériences  de  double  décomposition  saline,  à  froid  : 


Acétate  de  potassium. 

État  initial. 

Soluble T  ,54 -T- 0,09  :=  I  ,63 

Insoluble 0,01 


K^O. 


«,64 


Après  réaction. 
I  ,5l  < 
o,o5 


1,56 


Acétate  de  calcium. 

État  initial. 

Soluble 0,84  -H  0,08  =  0,92 

Insoluble 1,65 

CaO v57 

Soluble 0,09 

Insoluble o,o) 


K^O. 


o,  10 


rès  r 

éact 

on 

0 

.94 

I 

63 

a 

57 

0 

" 

0 

,01 

0,12 


D'après  ces  indications  les  doses  de  calcium  et  de  potassium  insolubles 
n'auraient  éprouvé  que  des  variations  nulles  ou  faibles  et  ne  dépassant 
pas  les  erreurs  d'expérience;  surtout  si  l'on  envisage  les  variations  sensibles 
de  composition  des  échantillons. 

L'écorce  d'ailleurs  ne  renfermait  que  des  doses  de  potasse  insoluble 
excessivement  faibles. 


SÉANCE  DU  5  FÉVRIER  1906.  3l5 

L'acide  susceptible  de  former  des  sels  potassiques  insolubles  n'existe 
donc  qu'en  proportion  nulle  ou  douteuse  dans  l'écorce  de  chêne. 

2.  Troxc  de  chêne. 

Le  tronc  dépouillé  de  son  écorce  a  été  scié  normalement  à  l'axe,  sur 
une  série  de  points  distants  de  i'^"  environ  et  l'on  a  recueilli  plusieurs 
centaines  de  grammes  de  sciure  de  bois,  qu^  l'on  a  étendue  sur  une  grande 
surface  et  laissée  sécher  à  l'air  pendant  quelques  heures, 

L'analyse  de  cette  matière  a  fourni 

100  parties  séchées  à  i  io°+  29  eau. 
D'aiitre  part,  le  ti-onc  séc  a  fourni 

loos  matière  organique  +  0,48  matière  minérale  (CO''  déduit). 
Ou  remarquera  combien  ce  dernier  chiffre  est  faible. 

Matière  organique.  Matière  minérale. 

C 48,3  SiO> 0,24 

H... 6,25  CaO 0,11 

Az o,??  K'O 0,06 

0 45,3;5  Divers 0,07 


100,00 
La  macération  à  froid  avec  l'eau  a  donné 

Partie  soluble. 


Matière  organique. 


C. 
H.. 
Az. 
O.. 


Mat. 


5i,4 
4,8 
0,6 

43,2 

100,0 


Matière  minérale. 
Mal.  min.     7,9.5  +  CO^ 
Si02....      1,07 

K-0 3,00 

CaO 1,83 

Divers  ...      2,o3 


CO^ 


0,48 


Partie  insoluble. 


Matière  organique. 

C 48,5 

H 

Az 

O 


Mat.  min. 


6,3 

0,17 

45,  o3 

I 00 , 00 
0,3 


— i-  i    II  ,  ., 

Matière  minérale. 


0,26 
0,o5 


SiO' 

K^O. 

CaO. 


CO'^ 


Voici  les  expériences  de  double  décomposidori  saline  à  froid. 


Soluble 

Insoluble. .  .  . 

K'O. 


Soluble.. . 
Insoluble  . 


CaO 


Acétate  de 

potassium. 

État  initia 

1  ,60  -t-  0 

,  10  = 

:  I 

,70 

0 

00 

I 

.75 

0 
0 

,06 

,09 

Api 

es  réaction 

1.69 

traces 

0, 10 

0,04 

o,  la 


o,i4 


3l6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


Acétate  de  calcium. 


Soluble 0,91+0,06  =  0,97  i,o3 

Insoluble 0,09  0,07 

I ,06  1,10 

D'après  ces  résultats,  l'acide  capable  de  former  des  composés  potassiques 
insolubles  n'existe  qu'en  proportion  faible  ou  nulle  dans  le  tronc  du  chêne; 
la  dose  de  ces  composés  était  d'ailleurs  minime. 

Il  résulte  de  ces  o'oservations,  comparées  avec  celles  faites  sur  les 
feuilles  de  chêne,  que  les  composés  insolubles  du  potassium  et  les  acides 
qui  les  engendrent  existent  surtout  dans  les  feuilles,  de  préférence  au 
tronc  (bois  et  écorce)  :  les  feuilles  étant  d'ailleurs,  comme  on  sait,  le  ter- 
minus de  la  circulation  ascendante  des  liquides  dans  le  végétal. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  les  pouvoirs  rotatoires  des  hexahydrobenzylidène 
et  oznanthylidènecamplires  et  de  leurs  dérivés  saturés  correspondants,  com- 
parés aux  mêmes  pouvoirs  des  benzylidéne  et  benzylcarnphres.  Note  de 
MM.  A.  Haller  et  F.  Marcu. 

Soit  seul,  soit  en  collaboration,  l'un  de  nous  a  déjà  insisté  à  plusieurs 
reprises  sur  l'exaltation  que  subit  le  pouvoir  rotatoire  de  certaines  molé- 
cules quand  on  y  fixe,  par  l'intermédiaire  d'une  double  liaison,  certains 
radicaux. 

Parmi  les  corps  où  l'on  observe  le  plus  fortement  cette  exaltation,  nous 
rappelons  les  dérivés  benzylidéniques  et  analogues  du  camphre,  de  la 
p-méthylcyclohexanone,  de  la  ihuyone  ('),  etc. 

Nos  nouvelles  études  ont  pour  but  de  rechercher  quel  est  le  pouvoir 
rotatoire  de  molécules  actives  du  même  type,  dans  l'élaboration  desquelles, 
au  lieu  d'aldéhyde  benzoïque  CH'.CHO,  on  a  employé  son  liexahydrure 
C''H"CHO  ou  l'aldéhyde  œnanthylicjue  C'H''  — CHO  qui,  toutes  deux, 
renferment  le  même  nombre  d'atomes  de  carbone  que  l'hydrure  de  ben- 
zoyle,  la  première  appartenant  à  la  série  cyclique  saturée  et  la  seconde  à 
la  série  aliphatique  saturée. 

La  constitution  des  composés  obtenus,  comparée  à  celle  du  benzylidéne 
et  du  benzylcamphre,  peut  être  représentée  par  les  formules  suivantes  : 

(')  A.  Haller  cl  l'.-Tli.  Mlller,  Comptes  rendus,  t.  CXXVIII,  p.  1870;  t.  CXXIX, 
p.  ioo5;  A.  Halleb,  Comptes  rendus,  t.  GXXXVI,  p.  1222;  t.  CXL,  p.  1626. 


SÉANCE  DU  5  FÉVRIER  1906.  3l7 

Dérivés  aldéhy cliques. 

CH     CH 

Benzylidènecamphre C*H'*('  '  q^     qh 

Hexahydrobenzvlidènecamphre.  .      C*H"(^  '                            /  X/^ii" 

^  ^  ^  \C  =  CH-CH\ /<-'•■ 

/C=:CH-CH2-CH--CH2-CH2-CH--CH' 
OEnanlhvlidènecamphre G'H"C    1 

Dérivés  alcoylés  obtenus  par  hydrogénation. 

CH     CH 
^CH  —  CH2  -  C:^         ^CH 
Benzylcamphre ^'  ^^'  \G0  CH^H 

CO  CïP__GH2 

Hexahydrobenzylcamphrt; C*H"(^  '  _     /  Xr'us 

■^  ^         ^  \CH  — CH-— CH\ /^^ 

CH-     CH^ 

.CO 

OEnanthyl  ou  heptylcamphre C'H"(^  ' 

•^  ^  ^         ^  XCH-CH^-CH^-CH^-CH^-CH^-CH^-CH^ 

Eexahydrobenzylidènecamphre.  —  A  une  soliilion  de  25^  de  camphre 
dans  loo^  d'éther  anhydre  on  ajoute  6^,5  d'amidure  de  sodium  finement 
pulvérisé  et  l'on  chauffe  au  bain-marie  pendant  12  heures,  en  ayant  soin 
de  faire  passer  un  courant  d'hydrogène  sec  dans  le  ballon  pendant  toule 
la  durée  de  l'opération.  On  distille  ensuite  l'éther  et  l'on  chauffe  le  résidu 
au  bain  d'huile  à  i5o°,  pendant  i  heure,  pour  chasser  la  majeure  partie  de 
l'ammoniaque  restante.  Au  dérivé  sodé  obtenu  on  ajoute  ensuite  loo^ 
d'éther  anhydre  et,  peu  à  peu,  en  agitant  et  refroidissant,  38^  d'aldéhyde 
hexahydrobenzoïque  ('). 

Le  mélange,  après  avoir  été  abandonné  à  lui-même  pendant  24  heures, 
est  traité  par  l'eau  et  par  de  l'éther.  On  sépare  les  deux  couches,  et  le 
liquide  étliéré,  desséché  au  préalable  sur  du  sulfate  de  soude  anhydre,  est 


(')   Nous  devons  celle  aldéhyde  à  l'obligeance  de  M.  Darzens  qui  l'a  préparée  par  un 
procédé  qui  lui  est  spécial. 


3l8  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

distillé,  à  la  pression  ordinaire  d'abord  pour  éliminer  le  dissolvant  et 
enfin  dans  le  vide  partiel  de  iG""". 

On  obtient  trois  fractions,  l'une  passant  avant  184°,  la  principale  entre 
i84°-i86°,  et  la  troisième  entre  i86°  et  192°  sous  16'"™.  Ces  différentes 
fractions  ne  tardent  pas  à  se  solidifier.  On  les  étale  sur  des  plaques 
poreuses  et  on  les  fait  cristalliser  dans  l'éther  de  pétrole.  Après  une  série 
de  cristallisations,  on  retire  finalement  le  même  corps  qui  se  présente  sous 
la  forme  de  gros  cristaux  incolores,  fondant  à  49°>  très  solubles  dans 
l'éther,  l'éther  de  pétrole,  insolubles  dans  l'eau  et  dont  l'analyse  donne 
des  chiffres  correspondant  à  l'hexahydrobenzylidènecamphre  cherché. 

Hexahydrobenzylçamphre  :  C'H'*('   1  .    —   Ce  composé 

prend  naissance  quand  on  réduit  une  solution  alcoolique  du  dérivé  hexa- 
hydrobenzylidénique  par  de  l'amalgame  de  sodium  à  2  pour  100.  La  réduc- 
tion est  faite  à  froid  et  en  présence  d'acide  sulfurique  étendu. 

Après  un  traitement  approprié,  on  obtient  un  liquide  bouillant  à  192° 
sous  24™",  incolore  et  qui,  refroidi  dans  un  mélange  réfrigérant,  ne  cris- 
tallise pas.  A  l'analyse,  il  donne  des  chiffres  confirmant  la  formule  d'un 
dérivé  hexahydrobenzylé. 

Dérivés  œnanthyliques .  —  On  a  essayé  de  préparer  l'œnanthylidènecamphre 

par  la  même  voie  que  celle  qui  nous  a  permis  d'obtenir  le  dérivé  hexa- 

hydrobenzylidénique,  mais  le  produit  obtenu  est  constitué  principalement 

par  une  huile  jaune,  bouillant  de  189°  à   191°  sous  la™"",  ne  possédant 

qu'un  faible  pouvoir  rotatoire  [a]D=  +  42° 32',   et  fournissant  à  l'analyse 

des  résultats  très  éloignés  de  ceux  qui  répondent  à  la  formule  C"H-*0. 

Il  est  probable  que  ce  produit  renferme  des  dérivés  de  polymérisation  de 

l'oenanthol,  difficiles  à  séparer  du  vrai  composé  que  nous  cherchions.  Aussi 

avons-nous   essayé   de  préparer  ce  composé   par  un  autre  procédé  en 

passant  d'abord  par  l'œnanthylcamphre. 

VCH  — CH^(CH-)=CH' 
OEnanthylcamphre  :  C'H'  y    1  .  —  Ce  dérivé  a  été 

■^       ^  \co 

obtenu,  en  faisant  agir  de  l'iodure  d'heptyle  normal  (  *  )  sur  le  camphre  sodé 
préparé  dans  les  mêmes  conditions  que  pour  l'hexahydrobenzylidène- 
camphre. Toutefois,  au  lieu  de  faire  la  réaction  au  sein   de  l'éther,  on  a 


(')  M.    Moureu   nous  a  obligeamment  fourni   l'alcool  heptjlique  avec  lequel  nous 
avons  préparé  l'iodure. 


SÉANCE  DU  5  FÉVRIER  1906,  StQ 

opéré  en  présence  du  toluène  et  l'on  a  chauffé  le  mélangé  au  bain  d'huile, 
à  la  tem|>érature  d'ébuUition  du  toluène,  pendant  un  jour.  Le  produit  a 
ensuite  été  traité  par  de  l'eau,  on  a  séparé  les  deux  couches  et  distillé  la 
solution  toluénique.  Après  séparation  du  toluène,  il  passe  d'abord  du 
camphre  et  un  peu  d'iodure  non  entrés  en  réaction,  puis  le  thermomètre 
monte  rapidement  à  180°  sous  25°°'  et  l'on  obtient  jusqu'à  200°  une  frac- 
tion importante  qui,  rectifiée  dans  le  vide,  passe  en  majeure  partie  à  190° 
sous  25™™. 

L'œnanthylcamphre  constitue  une  huile  incolore  qui,  à  l'analyse,  donne 
des  chiffres  correspondant  à  la  formule  C'^H'^O. 

OEnanthylidènecamphre  :  C"H'-^0.  —  Le  procédé  employé  pour  la  pré- 
paraLion  de  ce  composé  est  le  même  que  celui  qui  a  servi  à  M.  Minguin 
pour  obtenir  les  méthylène-  et  éthvlènecamphres.  Il  consiste  à  traiter 
i'œnanlhylcamphre  (22^)  par  i^'^,  5  de  brome  (2"°')  et  à  chauffer  au  bain- 
marie  jusqu'à  ce  que  le  liquide  soit  décoloré.  On  lave  le  produit  avec  une 
solution  de  carbonate  de  soude,  on  décante  et  l'on  chauffe  le  dérivé  brome 
avec  3o^  de  diéthylaniline,  dans  le  but  de  lui  enlever  1™°'  d'acide  bromhy- 
drique.  L'opération  dure  environ  10  heures.  On  traite  la  masse  par  l'eau  et 
l'acide  chlorhydrique  et  l'on  épuise  avec  de  l'éther. 

Après  distillation  dans  le  vide,  on  obtient  finalement  un  liquide  épais, 
fortement  coloré  en  jaune,  passant  en  totalité  de  178°  à  184°  sous  20™™  et 
donnant,  à  la  suite  d'un  second  fractionnement,  une  huile  incolore  distillant 
à  i8o°-i82°  sous  20""",  et  dont  la  composition  correspond  bien  à  celle  de 
l'oenanlhylidènecamphre. 

Dans  le  Tableau  suivant  nous  donnons  les  pouvoirs  rotatoires  spécifiques 
de  tous  ces  corps  et  les  comparons  à  ceux  des  benzylidène-  et  benzyl- 
camphre.  Tous  ces  pouvoirs  ont  été  pris  à  une  température  de  i5°  et  avec 
des  solutions  alcooliques  des  substances. 

Pouvoirs  rotatoires  des  composés  non  saturés, 

o        , 

Benzylidènecamphre [ajj,  =1  -\-  425 . 1 1 

Hexatiydrobenzylidènecamphre »     ^-HiSi.Sg 

OEiianthylidènecamptire »    =-|-i36.4o 

Pouvoirs  rotatoires  des  composés  saturés,  des  alcoylcainphres. 

Benzylcamplire [ajo;:^-)-  i44-Oo 

Hexahydrobenzylcamphre »     ^-f-    55. 07 

OEnanthylcamphre »     :=  -)-    5 1 . 1 3 


320  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Ces  chiffres  nous  permettent  de  conclure  :  i°  que  les  pouvoirs  rotatoires 
spécifiques  des  nouveaux  composés  sont  de  beaucoup  inférieurs  aux  pou- 
voirs rotatoires  des  combinaisons  benzéniques  correspondantes;  2°  que  la 
rotation  des  dérivés  alcoylés  saturés  continue  à  rester  inférieure  à  celle  des 
dérivés  non  saturés  auxquels  ils  se  rattacbent  ;  3"  que  la  nature  des 
chaînes  latérales  saturées  C  H",  G"  H' %  qu'elle  soit  cyclique  ou  aliphatique, 
ne  semble  pas  modifier  sensiblement  le  pouvoir  rotatoire  dans  les  deux 
séries  respectives. 

Il  faut  en  conclure  que,  dans  le  benzylidènecamphre  et  dans  ses  ana- 
logues, comme  dans  les  benzylcamphres,  c'est  le  caractère  non  saturé  du 
noyau  benzénique  qui  exerce  son  action  sur  l'élévation  du  pouvoir  rota- 
toire de  la  molécule  asymétrique  à  laquelle  ce  noyau  est  fixé. 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Contribution  à  l'étude  chimique  des  eaux  marines. 

Note  de  M.  Th.  Schlœsing. 

L'analyse  de  l'eau  de  la  Méditerranée  puisée  le  12  juillet  1904  sur  le 
rivage  de  Tunisie,  près  de  l'ancien  port  de  Cartilage,  m'a  fourni  les  résul- 
tats suivants  : 

Densité i  ,0387 

Dans  un  litre  d'eau,  à  la  température  de  20"  : 

Alcalinité  exprimée  en  carbonate  de  chaux o,  126 

Acide  sulfurique 2,5i6 

Chlore 2 1  ,  676 

Brome 0,072 

Chaux  (non  compris  celle  afterenle  au  carbonate)..  0,617/4 

Magnésie 2 ,  365 

Soude 15,984 

Potasse 0,5 10 

Si  l'on  retranche  de  la  somme  de  ces  éléments,  43", 866,  la  quantité  d'oxy- 
gène équivalente  à  celles  du  chlore  et  du  brome  4''')892,  on  obtient  le  total 
38^,974  (l^s  sels  que  contient  l'eau  analysée. 

Ces  résultats  sont  très  voisins  de  ceux  qu'a  trouvés  Uriglio  ('),  auteur 
d'un  travail  très  estimé  sur  la  composition  de   l'eau  de  la  Méditerranée 


(*)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  3"  série,  t.  XXVII. 


SÉANCE  DU  5  FÉVRIER  1906.  321 

puisée  au  large  de  Celte.  Les  deux  analyses  diffèrent  cependant  beaucoup 
en  ce  qui  concerne  la  potasse  et  le  brome;  la  mienne  donne  un  chiffre  plus 
élevé  pour  la  potasse  et  beaucoup  moindre  pour  le  brome. 

J'ai  profité  d'une  récente  traversée  de  Bizerte  à  Marseille,  accomplie  du 
27  au  29  décembre  igoS,  pour  puiser  un  nouvel  échantillon  d'eau  de  mer 
en  pleine  Méditerranée,  peu  après  avoir  dépassé  la  moitié  de  la  route.  Je 
voulais  recommencer  mon  analyse  et  m'assurer  que  mes  dosages  de  potasse 
et  de  brome  étaient  exacts.  Je  me  proposais  en  outre  de  faire  une  étude 
comparée  des  eaux  de  la  Méditerranée  et  de  celles  de  l'océan  Atlantique, 
en  menant  les  deux  analyses  en  même  temps  et  à  l'aide  des  mêmes  pro- 
cédés. Je  dirai  de  suite  le  motif  de  cette  étude. 

Les  eaux  des  océans  sont  constamment  mêlées  par  des  courants  et  autres 
mouvements  causés  par  les  vents  ou  les  différences  de  densité;  il  en  résulte 
que  leurs  substances  minérales  auraient  formé  depuis  bien  longtemps  un 
mélange  constant  et  partout  identique,  si  elles  n'éprouvaient  ni  pertes  ni 
gains. 

Les  seules  différences  qu'on  pourrait  constater  porteraient  sur  le  degré 
de  salure,  c'est-à-dire  sur  les  proportions  relatives  de  l'eau  et  du  mélange 
minéral,  différences  tenant  à  la  diversité  des  conditions  climatériques  ou 
locales  qui  déterminent  soit  une  concentration  des  eaux  par  évaporation, 
soit  leur  dilution  par  les  pluies,  les  fleuves,  ou  la  fusion  des  glaces. 

Mais  la  constitution  chimique  des  mers  n'est  pas  invariable;  à  ne  consi- 
dérer que  les  apports  minéraux  par  les  eaux  fluviales,  il  est  bien  certain 
que  le  lavage  continu  des  sols  anciens  et  des  résidus  récents  de  la  destruc- 
tion des  roches  modifie  lentement  la  somme  et  les  rapports  respectifs  des 
minéraux  marins.  Faut-il  penser  que  les  modifications  ainsi  produites  dé- 
terminent, dans  les  diverses  mers,  des  différences  de  constitution  saisis- 
sables  par  l'analyse?  Faut-il  croire  qu'elles  sont  effacées  par  les  mouvements 
des  eaux  qui  tendent  sans  cesse  à  établir  une  homogénéité  générale?  Ces 
deux  questions  n'en  font  qu'une,  que  je  me  suis  posée  et  qui  peut  être 
énoncée  comme  suit  :  toutes  les  mers  qui  communiquent  entre  elles  pos- 
sèdent-elles un  seul  et  même  mélange  salin,  en  sorte  que,  l'analyse  de  ce 
mélange  ayant  été  une  fois  exactement  faite,  celle  d'une  eau  de  mer  quel- 
conque se  réduirait  à  une  prise  de  densité? 

Une  question  semblable  a  été  posée  et  résolue  au  sujet  de  l'atmosphère. 

Elle  aussi,  et  plus  que  les  mers,  est  sans  cesse  brassée  et  mêlée;  d'autre 

part,  elle  perd  et  gagne  des  gaz  dans  ses  rapports  avec  la  surface  du  globe, 

G.  R.,   1906,   I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  6.)  4^ 


322  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

et  rien  ne  prouve  que  sa  constitution  ne  varie  pas  au  cours  des  siècles.  Mais 
la  variation  est  tellement  dominée  par  l'action  des  vents  que  partout,  à  un 
moment  donné,  on  lui  trouve  la  même  composition. 

J'ie^nore  si  la  question  que  j'envisage  au  sujet  des  mers  a  déjà  été  étu- 
diée. En  tout  cas  mes  analyses  lui  seront  une  contribution  utile. 

Il  m'a  semblé  que  l'analyse  comparée  des  eaux  de  la  Méditerranée  et  de 
l'Atlantique  devait  être  particulièrement  instructive;  en  effet,  les  apports 
terrestres  aux  deux  mers  se  font  dans  des  proportions  extrêmement  diffé- 
rentes. L'Atlantique  appartient  à  un  ensemble  d'océans  couvrant  les  trois 
quarts  de  la  surface  du  globe  et  recevant  les  lavages  de  continents  qui  n'oc- 
cupent que  le  quart  de  cette  surface.  La  Méditerranée,  au  contraire,  la  mer 
Noire  comprise,  n'a  pas  la  moitié  de  la  superficie  totale  des  régions  qui  lui 
déversent  leurs  eaux.  Je  ne  conclus  pas  de  là  que,  à  volumes  égaux,  la 
Méditerranée  reçoive  six  fois  plus  de  sels  terrestres  que  les  océans  ;  ce  serait 
admettre  que  les  apports  par  les  fleuves  sont  proportionnels  aux  étendues 
de  leurs  bassins.  Je  dis  seulement  que  la  Méditerranée  reçoit,  relativement, 
beaucoup  plus  de  ces  apports  que  les  océans  et  que,  par  conséquent,  si 
ces  apports  sont  capables  de  modifier  la  constitution  d'une  mer  de  façon 
sensible  à  l'analyse,  c'est  bien  dans  la  Méditerranée  qu'on  pourra  saisir  le 
fait,  d'autant  mieux  qu'elle  n'a,  pour  lutter  contre  l'altération  de  sa  con- 
stitution, que  les  échanges,  relativement  restreints,  qu'elle  peut  faire  avec 
l'Océan  par  le  détroit  de  Gibraltar  ('). 

On  va  voir  que  ces  échanges  suffisent  pour  maintenir  dans  la  Méditer- 
ranée, au  moins  dans  sa  partie  antérieure  comprise  entre  la  France, 
l'Afrique,  l'Italie  et  l'Espague,  une  composition  très  voisine  de  celle  de 
l'Océan. 

Admettons  que  l'eau  de  la  Manche  n'est  autre  que  celle  de  l'Atlantique, 
je  me  suis  servi  d'un  échantillon  puisé  le  i5  janvier  1906  à  l'extrémité  de  la 
jetée  ouest  du  port  de  Dieppe,  une  heure  avant  la  pleine  mer. 

Voici  les  résultats  bruts  des  deux  analyses  simultanées  : 

Médilerranée.  Manche. 

Deniilé I  ,  0286  1 ,  0289 


('  )  Après  un  temps  suffisamment  prolongé,  le  volume  total  de  l'eau  de  Médilerranée 
passée  dans  l'Océan,  et  le  volume  total  de  l'eau  de  l'Océan  passée  en  Méditerranée  sont 
en  raison  inverse  des  salures  des  deux  mers. 


SÉANCE    DU    5    FÉVRIER    I()o6.  323 

i'  d'eau,  à  la  température  de  20°,  contient  : 

Méditerranée.  Manche. 

e  e 

Carbonate  de  chaux o,  127 

Acide  sulfurique 2,5ji 

Chlore 21, 376 

Brome  (') • 0,072 

Chaux  (non  compris  celle  du  carbonate) 0,099 

Magnésie 2,36i 

Soude 16,017 

Potasse o,5io 

43,6i3 

Oxygène  correspondant  au  chlore  et  au  brome.  . .        4 j 82/1 

Somme  des  sels  contenus  dans  1' 38,789  32,420 


0 

099 

2 

120 

17 

83o 

G 

060 

0 

519 

I 

993 

i3 

410 

0 

,4i3 

36,444 

4 

,024 

Pour  comparer  les  constitutions  minérales  des  deux  mers,  il  faut  chercher 
les  rapports  entre  les  quantités  respectives  des  diverses  substances  et  leurs 
totaux;  voici  ces  rapports  : 


Alcalinité 

Acide  sulfuriqui: 

Chlore 

Bronze 

Chaux 

Magnésie 

Soude 

Potasse 

Total  des  sels  .  . 


Manche 

Méditerranée 

\   Manche 

]   Méditerranée 

i  Manche 

(   Méditerranée 

Manche 

Méditerranée 

Manche 

Méditerranée 

Manche 

Méditerranée 

Manche 

Méditerranée 

Manche 

Méditerranée 

Manche 

Méditerranée 


0.099  _ 
0,127 


0,78 


2, 120 


2,55 

i7,83o 


=  o,83i 


21,376 
0,060 

0,072 

0,5lQ 


0,099 
'■993 

2,36i 


^  =  0,834 
o,833 
0,866 


=  o,844 


i3,4io     „ 

-g =0,837 

16,017 


o,4i3 

o,5io 

33,420 

387789 


:  0,810 

:o,836 


C^) 


(')  Un  même  accident  m'a  fait  perdre  les  deux  dosages  de  brome;  je  remplace  l'un 
par  celui  de  ma  première  analyse,  l'autre  par  le  nombre  6o"'8  que  je  trouve  dans  le 
Traité  d'Analyse  de  M.  A.  Carnot. 

(-)  Le  nombre  0,519  '^O''^  être  trop  faible.  Dans  ma  première  analyse  j'avais  trouvé 
le  nombre  0,617  qui  donnerait  le  rapport  0,84- 


32'î  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

On  remarquera  que  les  substances  les  plus  abondantes  et  dont  le  dosage 
esl,  par  suite,  plus  près  de  la  réalilé,  l'acide  sulfiirique,  le  chlore,  la  soude 
et  le  total  des  sels  donnent  des  rapports  très  voisins  compris  entre  o,83i 
et  0,887;  '^^  rapports  sont  moins  satisfaisants  pour  les  substances  en 
moindre  quantité,  carbonate  de  chaux,  chaux,  potasse,  mais  leurs  dosages 
sont  aussi  moins  précis.  Quant  au  brome,  j'attribue  à  un  hasard  heureux 
et  non  à  la  perfection  de  l'analyse  le  rapport  trouvé  o,833. 

Je  conclus  de  ces  résultats  : 

1°  Que  ma  première  analyse  est  confirmée,  surtout  en  ce  qui  concerne 
la  potasse  :  les  analyses  de  l'eau  de  la  Méiliterranée  prises  près  de  Car- 
thage,  ou  à  mi-chemin  entre  Bizerte  et  Marseille,  ou  dans  le  voisinage  de 
Cette  concordent  assez  pour  permettre  de  considérer  comme  homogène  la 
partie  de  cette  mer  comprise  entre  la  France  et  l'Afrique.  C'est  vers  le  fond 
de  la  Méditerranée  qu'ont  lieu  les  grands  apports  de  substances  minérales 
par  le  Nil  et  les  fleuves  de  la  Russie  méridionale  qui  se  déversent,  avec  le 
Danube,  dans  la  mer  Noire  et,  par  suite,  dans  la  Méditerranée.  Il  serait 
intéressant  d'étudier  des  échantillons  d'eau  puisés  entre  Tunis  et  Alexan- 
drie. 

2°  L'eau  de  la  Méditerranée  ne  diffère  guère  de  celle  de  l'Atlantique 
que  par  le  degré  de  salure  ;  les  constitutions  minérales  des  deux  mers  sont 
presque  identiques.  C'est  un  motif  de  présumer  que  tous  les  océans  pos- 
sètient  à  peu  près  le  même  mélange  salin,  avec  des  proportions  d'eau  va- 
riables. La  constitution  minérale  des  mers  serait,  comme  la  constitution 
gazeuse  de  l'atmosphère,  sensiblement  constante. 


MÉCANIQUE  RATIONNELLE.  —  Sur  les  quasi-ondes  de  choc  et  la  distribution 
des  températures  en  ces  quasi-ondes.  Noie  de  M.  P.  Duhem. 

Une  Note  récente  (')  de  M.  Gyôzô  Zemplén  m'avait  amené  à  rap- 
peler (')  ce  théorème  que  j'avais  démontré  autrefois  :  Dans  un  fluide 
affecté  de  viscosité,  il  ne  peut  se  produire  d'onde  de  choc.  A  la  vérité,  la 
démonstration  que  j'ai  donnée  suppose  l'emploi  des  formules  ordinaire- 
ment usitées  dans  l'étude  des  fluides  visqueux;  mais  on  peut  aisément  la 
généraliser  et  voir  qu'elle  suppose  seulement  cette  hypothèse:  Les  rapports 

(')  Ci.  Zempién,  Comptes  rendus,  t.  CXLI,  igoo,  p.  710. 
(-)   1'.  DliHEM,  Comptes  rendus,  l.  (IXl^I,   190Ô,  p.  Sii. 


SÉANCE    DU    5    FÉVRIER    tpoG.  3^5 

des  quantités  nommées  v  et  t  dans  mes  Recherches  sur  V Hydrodynamique 

aux  dérivées   partielles  -r-,  ••■,  des  composantes  u,  v,  w  de  la  vitesse  ne 

tendent  pas  vers  zéro  lorsque  ces  dérivées  partielles  croissent  au  delà  de 
toute  limite. 

En  une  nouvelle  Note  ('),  M.  G.  Zemplén  paraît  s'attacher  surtout  aux 
fluides  dont  la  viscosité  est  très  petite.  Ces  fluides  n'échappent  pas  à  la 
proposition  précédente;  on  n'y  peut  constater  d'onde  de  choc  véritable, 
c'est-à-dire  de  surface  de  discontinuité  pour  les  composantes  u,  v,  w  de  la 
vitesse  et  pour  la  densité  p;  mais  on  y  peut  observer  des  quasi-ondes  de 
choc,  c'est-à-dire  des  couches  très  peu  épaisses  au  travers  desquelles  les 
éléments  u,  v,  w,  p  varient  d'une  manière  très  rapide,  de  telle  sorte  que  la 
dilTérence  entre  les  valeurs  d'un  même  élément  aux  deux  surfaces  de  la 
couche  très  mince  ne  soit  pas  une  quantité  très  petite.  La  méthode  qui  sert 
à  démontrer  le  théorème  rappelé  au  début  de  la  présente  Note  permet  tout 
aussi  bien  de  démontrer  la  proposition  suivante  : 

Au  sein  d'un  fluide  très  peu  visqueux,  il  ne  peut  se  produire  de  quasi-ondes 
de  choc  dont  l' épaisseur  soit  très  petite  par  rapport  aux  coefficients  de  viscosité 
"k  et  (jl;  7?2ais  il  n'est  pas  impossible  qu'il  s'y  produise  une  quasi-onde  de  choc 
dont  l'épaisseur  serait  au  même  ordre  de  grandeur  que  \  et  j^.. 

Si  donc  on  veut  discuter  les  assertions  émises  par  M.  G.  Zemplén  au 
sujet  des  fluides  très  peu  visqueux,  on  doit  appliquer  ces  considérations 
non  pas  à  une  onde  de  choc  véritable,  reconnue  impossible,  mais  à  une 
quasi-onde  de  choc. 

Les  propriétés  d'une  telle  quasi-onde  ont  déjà  fait  l'objet  de  recherches 
très  intéressantes  de  M.  É.  Jouguet  (^).  Nous  voudrions  ajouter  quelques 
remarques  à  ces  recherches.  Nous  ferons  sans  cesse  usage  des  formules 
admises  depuis  Navier  pour  représenter  les  propriétés  des  fluides  visqueux, 
sans  rechercher  si  nos  conclusions  demeureraient  valables  dans  le  cas  où 
l'on  ferait  usage  de  lois  plus  générales;  nous  perdrons  ainsi  quelque  peu 
en  généralité,  mais  nous  gagnerons  peut-être  en  précision. 

Nous  commencerons  par  quelques  observations  au  sujet  de  la  distribu- 
tion qu'affectent  les  températures  au  sein  d'une  quasi-onde  de  choc. 


(')  G.  Zemplén,  Comptes  rendus,  t.  CXLII,  1906,  p.  i^a. 

(=>)  É.  Jouguet,  Comptes  rendus,  t.  CXXXVIII,  1904,  p.  i685;  t.  CXXXIX,  1904, 
p.  786.  —  Sur  la  propagation  des  réactions  chimiques  dans  les  gaz,  Ciiap.  III 
{Journal  de  Mathématiques  pures  et  appliquées,  6*  série,  t.  II,  1906,  p.  5). 


326 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


Prenons  pour  point  de  départ  la  relation  supplémentaire  mise  sous  la 
forme  générale  [Recherches  sur  l'Hydrodynamique,  Première  Partie,  équa- 
tion (94);  Première  série,  p.  33]  que  voici  : 


KAT 


(0 


dK 

dT 

m'H^ïHm 

dK/dT  d?        dT  dp        dT  d?\ 
dp  \dx  dx        dy  dy        dz  dz  ) 

T    à^K  /dT           dT          dT            dT\ 

E?dTAjx"^d:^'+-d-z'''-^^) 

T   2    d^l    (du         d\'         dw\ 
fJ  dpdT\dx    '    dy    '    dz) 

1  (du         di'         d^vy 
E  [dx  "^  dy  '^  dz) 

2^ 
E 

WduY       (dvy-       (divy-        (df        d» 
[\dx)'^[dy)^[dz)   -^[dz^  dy 

(  dw        du\-        (du     ,     dv\- 
■^[dx-^  dz)   -^[dy^  dx) 

Soit  h  l'épaisseur  très  petite  de  la  quasi-onde;  X  et  jx  sont  supposés  très 

,,,,,,  ...  L-^'     du    du    du     dp     dp     dp 

petits  de  1  ordre  de  h;  au  contraire,  les  six  quantités  j^,  -p,  -^,  ^,  ^>  -p 

sont,  en  général,  très  grandes  de  l'ordre  de  j- 


Peut-il  se  faire  que  les  quantités  - 


^T    dT    ^T 
dx    dy'  d 


-  soient  aussi  des  quantités 


très  grandes  de  l'ordre  de  j?  Il  faut,  en  tout  cas,  en  vertu  de  l'égalité  (i), 
que  la  quantité 

(-) 


dx\    dx)       dy\    dy) 


''^if) 


dz 


soit  Seulement  une  quantité  très  grande  de  l'ordre  de  ^• 

Si  le  coefficient  de  conductibilité  k  est  une  quantité  très  petite  au  moins  de 
l'ordre  de  h,  cette  condition  est  assurément  remplie;  la  quasi-onde  peut  être, 
et  est,  en  général,  une  quasi-surface  de  discontinuité  pour  la  température. 

Supposons  maintenant  que  le  coefficient  de  conductibilité  k  ne  soit  pas  très 
petit.  Sur  la  surface  S„  qui  limite  la  quasi-onde  eti  amont,  prenons  une 
aire  finie  Ao;  par  le  contour  de  cette  aire,  menons  des  normales  à  la 
surface  S„;  elles  forment  une  surface  réglée  C  et  découpent  une  aire  A, 
sur  la  surface  S,  qui  limite  la  quasi-onde  en  aval;  soit  U  le  volume,  infi- 


SÉANCE  DU  5  FÉVRIER  I906.  3'27 

niment  petit  de  l'ordre  de  h,  que  limitent  A„,  C,  A,.  Multiplions  l'expres- 
sion (i)  par  Tdvi  et  intégrons  pour  le  volume  U.  L'intégrale  tie  devra  pas 
avoir  une  très  grande  valeur.  Or,  celte  intégrale  peut  s'écrire 

n  étant  la  normale  extérieure  à  la  surface  s  qui  limite  le  volume  U.  Or 
l'intégrale  de  surface  est  finie  parce  que,  le  long  des  aires  Ao  et  A, ,  y-  est 

fini,  tandis  que  l'aire  C,  en  laquelle  ^  peut  prendre  des  valeurs  très  grandes 

de  l'ordre  de  j-,  est  très  petite  de  l'ordre  de  h.  L'intégrale  étendue  au  vo- 

1  TT    1    •      1  A         /•    •  1  -.A  ■  <9T     £>T     ()T  .      . 

lume  U  doit  donc  être  iinie:  cela  ne  saurait  être  si  -r— ,  -— >  -r-  pouvaient 

'  Ox     <Jy      0:   ' 

prendre  des  valeurs  très  grandes  de  l'ordre  de  j^  Au  travers  de  la  quasi- 
onde,  la  température  ne  peut  épromer  que  de  très  petites  variations. 


M.  L.-E.  Bertiîî  fait  hommage  à  l'Académie  d'une  brochure  intitulée  : 
Évolution  de  la  puissance  défensive  des  navires  de  guerre. 


NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  Com- 
missions de  prix  chargées  déjuger  les  concours  de  l'année  igo6. 
Le  dépouillement  du  scrutin  donne  les  résultats  suivants  : 

Chimie  :  Prix  Jecker,  Cahours,  Montyon  (Arts  insalubres).  —  MM.  Troost, 
Gautier,  Moissan,  Dilte,  Lemoine,  Haller,  Th.  Schlœsing,  Berthelot, 
Maquenne. 

Botanique  :  Prix-  Desmazières ,  Montagne,  dcCoincy.—MM.  VanTieghem, 
Bornet,  Guignard,  Bonnier,  Prillieux,  Zeiller,  Perrier,  Chatin,  Giard. 

Zoologie  :  Prix  Savigny,  Thore,  Da  Gania  Machado.. —  MM.  Ranvier, 
Perrier,  Chatin,  Giard,  Delage,  Bouvier,  Lannelongue,  Laveran,  Gran- 
didier. 

Médecine  et  Chirurgie  :  Prix  Montyon  (Médecine  et  Chirurgie),  Barbier, 


328  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Bréanl,  Godard,  du  Baron  Larrey,  Bellion,  Mège.—  MM.  Bouchard,  Guyon, 
d'Arsonval,  Lannelongue,  Laveran,  Dastre,  Roux,  Brouardel,  Chauveau, 
Labbé,  Perrier. 

Physiologie  :  Prix  Montyon  (^Physiologie  expérimentale^,  Phitipeaux, 
Lallemand,  Poural,  Martin  Damourette.  —  MM.  d'Arsonval,  Chauveau, 
Bouchard,  Dastre,  Roux,  Laveran,  Giard. 

Celte  Commission  est  également  chargée  de  présenter  une  question  de 
Prix  Pourat  pour  l'année  190g. 


CORRESPONDANCE . 

ASTRONOMIE.  —  Éléments  provisoires  de  la  comète  1906  a. 
Note  de  M.  E.  Maubant,  présentée  par  M.  Lœwy. 

Les  observations  utilisées  sont  les  suivantes  : 

Dates.  Temps  moyen  Ascension  droite  Déclinaison 

190G.  local.  apparente.  apparente. 

)i       m  o       ,       „  o       ,        „ 

Janv.  29 6.48,5  2/14-24-57  -h5i.    7.40  Strasbourg. 

3o i3.   9,6  244-   4-55  +53.19.37  Ulrecht. 

3i 16.59,5  243.42.28  -+-55.24.41  Lyon. 

On  en  a  déduit  la  parabole  que  voici  : 

T  =  1906  janv.  o,5686,  temps  moyen  de  Paris. 

S  =  289". 36. 38"  \ 

o)  =z  100.  57.37    >    1906,0 
J=:  124.59.31    ) 
logy  =  0,12409. 

COSpf/Xrrr— 5", 


Représentation  du  lieu  moyen  :   0  —  C 


(/?  =  +  i' 


Avec  ces  éléments  on  a  obtenu  léphcméride  suivante  pour  12'',  temps 
moyen  de  Paris  : 

Ascension 

Dates.  droite  Déclinaison 

190G.  apparente.  apparente.  Logr.  LogA.  Eclat, 

b       m       s  o        , 

Fév.  4 16.  7.  2  -f-62.46,0    o,i547    9,9550     i,i3 

6 15.59.55  -1-66.54,8    o,i58o    9,9463     1,16 


SÉANCE  DU  5  FÉVRIER  iqoG.  329 


Ascension 

Dates.  droite  Déclinaison 

190G.  apparente.  apparente.  Logr.  L^gA.  Kclat. 

h        m        s  o         / 

8 10.48. 49  +71.11,8  o,i6i4 

10 t5.3o.   8  -+-7.5.31,3  0,1649 


g.Q'^gg 

1,18 

9.9359 

1 1  '7 

9,9346 

>.'7 

9,9361 

1 , 1 4 

9.94o3 

1 ,  10 

12 14.54.44       '     -l-79-43,3  0,1686 

i4 i3.35.i2  -1-83.21,5  0,1723 

16 10.41.24  +84.55,8  0,1761 

L'éclat  (la  29  janvier  a  été  pris  comme  unité. 


ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Observations  du  Soleil  faites  à  i Observatoire  de 
Lyon  (équatorial  Brunner  de  o'",  16)  pendant  le  troisième  Irinieslre  de  1 900 . 
Note  de  M.  J.  Giim-aime,  présentée  par  M.  Mascart. 

Il  y  a  eu  44  jours  d'observation  (')  dans  ce  trimestre,  et  les  principaux 
faits  qui  en  résultent  peuvent  se  résumer  ainsi  : 

Taches.  —  Le  nombre  de  groupes  de  taches  notés  n'est  guère  plus  élevé  que  celui 
du  irimeslre  précédent  (58  au  lieu  de  54),  mais  l'aire  totale  a  considérablement  aug- 
menté :  on  a,  en  effet,  7421  millionièmes  au  lieu  de  3290. 

Quatre  groupes,  au  lieu  de  deux,  ont  été  visibles  à  l'œil  nu,  mais  les  groupes  d'aoùl 
sont  les  mêmes  que  ceux  de  juillet  ramenés  sur  le  disque  par  la  rotation  du  Soleil.  Ce 
sont  (Tableau  I)  : 

n 

Juillet 1 1 ,5  il  —  16  de  latitude 

»      16,6  + 1 3  » 

Août 7,0  — 17  » 

»     12,7  +12  » 

On  remarque,  enfin,  qu'une  nouvelle  diminution  dans  la  production  des  taches  s'est 
présentée  vers  la  fin  du  mois  de  juillet  (les  27  et  29  il  n'y  avait  qu'une  petite  tache), 
et  que  cette  accalmie  s'est  produite  sur  le  globe  solaire,  à  environ  180°  de  celle  enre- 
gistrée au  mois  de  mai  dernier. 

Régions  d'activité.  —  Ou  n'a  pu,  par  suite  du  temps  défavorable,  noter  que 
75  groupes  de  facules  avec  une  surface  totale  de  84,2  millièmes  (au  lieu  de  107  groupes 
et  122,5  millièmes  précédemment).  Leur  distribution  entre  les  deu\  hémisphères  est 
de  3.5  groupes  au  Sud  et  de  4o  au  Nord. 


(')    Pendant  mon  absence  de  l'Observatoire,  avec  la  mission  d'Espagne  pour  l'éclipsé 
totale  du  Soleil  du  3o  août,  les  observations  ont  été  faites  par  mon  collègue,  M.  Luizet. 


C.  R.,  1906,   I"'  Semestre.  (T.  CXLIl,  N°  6.) 


44 


3^o 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


Tableai;  I. 


Tacites. 


i>ate9      Nombre      Pass.      Latitudes  nioyonnes      Surfaces 

exlrêiiies  ti'ubsor-  au  mér.     — ■ — -^ — ""     "-  nioyennos 

il'uliserv.  Talions,    central.         S.  N.  rcduites. 


.luillcl   19<-i.5.  —  o.r>o. 


-lO 

-  4 

-  7 
-i3 


12- 

(i- 

1-2- 

("l- 
lo- 

i: 

10- 
■20- 

'9- 
)3- 
i5- 
'7- 
'9- 
■27- 
3i- 


•22 

■2-2 
24 
•11'. 
23 
■26 
25 

■■'•9 
I 


24  j. 


,'1,2 
5 ,5 
6,8 

7,C' 
8,0 

9>7 
10,0 
10,2 
II,') 
12,  S 
14,0 
16, c 

•8,4 
18,5 

'8,7 
20 , 2 

■22,7 

2  5,2 

3o ,  5 
3i,S 


Aûiil. 


—  1', 

—  iS 

—  18 

—  I'. 

—  iG 

—  i(i 


-H  28 

-+-  8 
-l-i  r 
-t-i3 

+  '4. 


—  I  I 
--1  i 


9 
8 
2 
128 
22 
3 

'9 

59a 

12 

j 

i".GJ 

432 
83 

V> 
i63 

2  3 

3 
1 1 


•  I  j",2 


4-  7 

2 

2,7 

+  8 

4 

- 

1 

3,2 

-1-22 

8 

7-  9 

2 

4,3 

+  17 

3 

31-10 

9 

5,8 

-*-I3 

i-J8 

1-  4 

4 

6,6 

—  12 

127 

1-12 

9 

7,0 

—  '7 

584 

2- 1 2 

8 

8,3 

7 

28 

4 

1 

8,7 

+  7 

■->~ 

7~'  4 
8 

6 

12,7 

l3,2 

— 21 

-T-12 

807 
4 

t»alos      Nurabre      l'ass.      Latiiudcs  aïoyennea    Surraces 
extréiues  d'obser-   au  niêr.  — — -    ..       — -   moyennes 

tl  obserT.    Talions,   cenlral.         S.  \.  réduites. 


8-14 

21 

21 

2 1 

21 

21 

21 
29-     > 


29-  5 
■29-  5 
29-  I 

29-  5 

3o 

5-1 1 

11-18 

1 1-18 

1 1-  18 

11-18 

18 

18 

24-29 

24 

24 

29 

29 

29 

29 


\oùt   (suite.) 

14,4 
18,3 

'9,8 

20,4       —  8 

23 , 4 
2"), 5 
3o,a 


+  14 

196 

-i-  6 

'95 

-T-  7 

62 

36 

+  i3 

'9 

-^   9 

'87 

-1-20 

39 

-l-iG 

io5 

I^J- 


-i3°,o 


SepLcnibre. 

2,6 

3,3 

3,6 

3,8 

4,6 

5.5 
10,4 
'3,4 

14.3 

i5,5 
ij,8 
18,5 

'8,7 
23,3 
24 ,  o 
■^">,9 
•^j,9 
■^9,' 
3o,2 
3o,8 


—  18 

—  33 


— 'i 

—  1  i 

—  1 2 
— 20 


-i3 

-i5 

-  8 


•14 


-'1 

-10 


117 

37' 
24 
3o 

120 
16 
75 
64 

187 

343 
67 

36 

63 

2 

3o 

43 
26 


—  '4 

—  14 


7J- 


— 18",4  -l-ii",6 


Tableau  II.   —   Distribution  des  taches  en  latitude. 

Sud.  Nord. 


Somme.  0*.      10*. 


9 
i3 
i  1 

33 


3  5 

5  7 

4  7 
12  19 


Totaux 
40*.      90°.     inpiisuels. 


20 

18 
20 


Surfai-os 
totale» 
réduitCà 

3  1  J  "1 
2489 

■797 

7421 


SÉANCE    DU    5    FÉVRIER    1906.  33 1 

Tableau  III.  —  Distribution  des  facules  en  latitude. 


Sud. 

Nord. 

Surfafes 

190â. 

M'. 

40-. 

30'. 

50'. 

10' 

.       0*. 

SoIn^l(^. 

Somme. 

0".   10 

•.      20'. 

30*. 

VO'. 

90'. 

monsaels. 

r«dait<s. 

Juillet •.  . 

I 

» 

3 

Il 

J 

i« 

20 

4 

1  2 

4 

» 

» 

38 

38,8 

\oiit 

» 

)) 

'\ 

') 

I 

9 

l3 

5 

6 

9, 

)) 

)) 

11 

25,1 

Sejrtcniljre. . 

t) 

r 

n 

; 

1) 

8 

7 

2 

4 

ï 

1) 

» 

I  > 

20,3 

Totaux  . .  . 

I 

I 

Cl 

23 

4 

35 

40 

1 1 

22 

/ 

» 

)> 

75 

«4,2 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  un  problème  (lu  calcul  des  variations. 
Note  de  M.  Erik  Hoi.mgren,  présentée  par  M.  Painlevé. 

I .   Dans  son  Mémoire  :  Grundzù.ge  einer  allgemeinen  Théorie  der  linearen 
Intégral gleichungen  (  '),  M.  Hilbert  pose  le  problème  suivant  : 
Trouver  les  fonctions  u(s)  qui  donnent  à  l'intégrale 


r''  r'' 

I(^u)=         /     K(s,  f)u(s)u(t)dsdt 


où  K(5,  t)  est  une  fonction  symétrique  des  deux  variables,  sa  plus  grande  ou 
sa  plus  petite  valeur  sous  la  supposition  que  l'égalité 


,-./' 


(i)  /    u-{sy-ds  =  i 

soit  vérifiée. 

M.  Hilbert  résout  ce  problème  à  l'aide  des  théorèmes  généraux  qu'il  a 
démontrés  sur  l'équation  intégrale  de  M.  Fredholm.  Je  me  suis  proposé  de 
le  traiter  par  le  calcul  des  variations  en  appliquant  le  principe  d'une  des 
méthodes  par  lesquelles  M.  Hilbert  a  réussi  à  faire  du  principe  de  Dirichlet 
un  mode  de  démonstration  rigoureux  (').  En  procédant  de  cette  manière 
on  arrive  aussi  facilement  aux  résultats  généraux  de  M.  Hilbert  sur  l'équa- 
tion de  M.  Fredholm,  ce  qui  est  intéressant  vu  la  généralité  de  la  méthode 
employée. 


(')  Eisle  Mitteilung.  p.  78  {Nachr.  der  k.  Gesellschaft  der  Wixs.  zu  Gdllin^fii. 
1904). 

{-)  \oii-  Ueber  das  Diricldel'schc Princip.  {Feslschri/t),  Gottingen,  1901  ou  Math. 
Ami ..  vol.  LIX. 


332  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

2.  I/iaégniité  bien  connue  de  M.  Schwarzfait  facilement  voir  qu'il  existe 
une  limite  finie  supérieure  et  une  limite  finie  inférieure  des  valeurs  que 
peut  prendre  l'intégrale  T(«)  ('). 

Désignons  pai'yTi]  une  de  ces  limites. 

Choisissons  une  série  infinie  de  fonctions  continues  ii,(s),  u..(s), 
ii.j(s),  . . .  vérifiant  l'égalité  (i)  et  telles  que 

;'ml("«)  =  yjr> 

(nous  supposons  ici  que  a"  soit  finie). 

Li;>niF.  —  Sup|)osoiis  que  n,(5),   ir2(.ç),   ...    soit  une  série   de  foDClions    conliiuies 
(jiii  véiillent  les  conditions 


1    I     u„{s)ir„{ 

i  r" 

[     /     '^'//  (•'*)"  f'^'''  <i  î^         0^1         1^  est  une  constante  positive. 


,{s)ds  =  o  («  =  ,.2,3,...), 

(2) 


Alors  nous  avons 

,'•     ./. 
(3)  lini    /      /     \\(s,  t)  i/„{.i)i\„[t)clsdl  =  o. 

Posons 

w„{.l)  — i- „(.■<)  —  Il „is)  j     ii„(t)i;,{l)dl, 


lin  portant  celte  expression  de  n',, (à)  dans  (3),  nous  trouvons  facilement 


(4) 


l\m  1    .■„{<)       /     „„(s)K{s,  t)ds—j^^iijt) 


dt  =  o. 


r'' 

Considérons  l'intégrale  /    i<„(^)K(^,/)f/5.D'après  l'inégalité  deM.Schwarz 

elle  reste  comprise  entre  deux  valeurs  réelles  indépendantes  de  n  et  de  /. 
Alors  nous  pouvons  supposer  que  les  fonctions  u,(s),  ti.j{s),  .  .  .  sont  telles 
que  cette  intégrale  a  une  limite  déterminée  pour  chaque  valeur  rationnelle 


(')  Nous  supposons  ici  que  K(.s-,  t)  [et  ii(s)]  sont  des  fonctions  continues;  mais  la 
méthode  reste  applicable  si  I\.(.ç,  t)  admet  des  singularités  sous  certaines  conditions 
qui  impliquent  les  singularités  traitées  par  M.  Hilberl. 


SÉANCE  DU  5  FÉVRIER  1906.  333 

(le  t.  Car  d'après  le  beau  procédé  publié  par  M.  Hilbert  dans  \e  Fesisc/vi/l, 
nous  pouvons,  parmi  les  fonctions  de  celte  série,  choisir  une  série  partielle 
qui  jouit  de  cette  propriété. 

L'expression '];"'(/)=  A'''linî  /    u,^(s)  \s.(s,f)ds  représente  alors  une  fonc- 

tion  uniforme  pour  les  valeurs  rationnelles  de  /.  L'inégalité  facilement 
obtenue 

1 0'"(/)  -  ■y"(0]-^<  a"^  f  "i  i^(*.  i')  - 1^(^.  OJ-'^^^ 

fait  ensuite  voir  que <];'''(/)  est  uniforme  et  continue  pour  toutes  les  valeurs 
de  t. 

Posons  maintenant,  dans  la  formule  (4  ).  t'„(0  =  ^C-^'  0- 

Nous  trouvons  l'équation 

(5)  ^'^s)  =  >.'•'  \'  Iv(^,  ;)  -iCC/)  di. 

*-  a 

Puis  posons  clans  (4)  *'«(^)=  /    ihii^)  K(^»  l^ds.  Nous  trouvons  alors 

(G)  r"j.("(/)^/,v  =  i; 

à  l'aide  des  équations  (5)  et  (6)  nous  déduisons  enfin  T(A''')  =  r-j^ >  ce  qui 

fait  voir  que  '|'"'(^)  est  une  solution  de  la  question  proposée.  C'est  une  des 
fonctions  fondamentales  {Eigcnf une  lion)  de  M.  Hilbert. 

Pous  démontrer  l'existence  des  autres  fonctions  fondamentales  et  éven- 
tuellement des  autres  solutions  du  problème,  on  modifie  le  problème  de  la 
manière  indiquée  dans  le  travail  de  M.  Hilbert  et,  en  appliquant  notre  mé- 
thode, on  arrive  à  prouver  l'existence  d'un  système  complet  de  ces  fonctions. 
Puis  on  démontre  facilement  le  résultat  sur  le  développement  de  l'inté- 

grale  /     /    K( s,  t )  u(s)  u  {/)  ds  dt  servant  de  base  à  la  théorie  générale  de 

M.  Hilbert. 


^V^/^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Solution  générale  du  problême d'équilihrr  dam 
la  théorie  de  l'élasticité,  dans  le  cas  oii  les  déplacements  des  points  de  la 
surface  sont  donnés.  Note  de  M.  A.  Korn,  présentée  par  M.  Emile  Picard. 

M.  Lauricella  (')  et  MM.  E.  et  F.  Cosserat(')  ont  déjà  essayé  d'appliquer 
la  méthode  des  approximations  successives  aux  équations  d'équilibre  dans 
la  théorie  de  l'élasticité  : 

Am  +  A-  ^^  =  A- ,  .... 
j                    ' 

^   '  '  ihi  0^'         dti' 

O.r  dy         àz 

dans  le  cas  oîi  u,  v,  w  sont  donnés  à  la  surface  w  du  corps  élastique  t  en 
question.  M.  Lauricella  a  cherché  un  développement  des  solutions  en 
séries  suivant  les  puissances  de  k,  MM.  E.  et  F.  Cosserat  suivant  les  puis- 
sances de  — ^■  >  en  donnant  aux  équations  (  i  )  une  autre  forme  : 

1  -I-  A  '  ^  ■' 

k    /do       ,   \         a; 


(2)  ^"+7^(jl--^" 

M.  Lauricella  a  le  mérite  d'avoir  essayé  le  premier  cette  application 
de  la  méthode  des  approximations  successives,  mais  ses  travaux  donnent 
lieu  à  des  objections  sérieuses;  MM.  E.  et  F.  Cosserat  ont  pu  trouver  un 
résultat,  qui  permet  au  moins  de  démontrer  la  convergence  de  leurs  séries 
à  l'intérieur  de  (o,  quand  on  se  tient  à  une  distance  finie  de  la  surface,  mais 
ils  n'ont  pas  abordé  la  question  de  la  convergence  dans  le  cas  où  l'on 
s'approche  indéfiniment  de  la  surface. 

Nous  donnons  aux  équations  (i)  la  forme  suivante  : 

(J)  Am  H 7    2-; ^u\  =  y,         ■■•; 

on  démontre  facilement  que  l'on  peut  réduire  notre  problème  de  l'équilibro 


(')  Lauricella,   Ann.  cletla  R.  Sciiola    \orm.  siip.  di  Pisa.  1894,  N.  C,  4'' série, 
t.  IX  et  X,  1899. 

{^)   E.  et  F.'CossERAT,    Comptes  rendus,   t.  CXXVI,   1898,   p.   1098;  I.   CXXXllI, 

190I.   p.    k'i-J. 


SÉANCE  DU  5  FÉVRIER  1906.  335 

à  celui-ci  de  trouver  trois  fonctions  u,  v,  w  continues  avec  leurs  dérivées 
premières  à  l'intérieur,  s'annnlant  à  la  surface  et  satisfaisant  aux  équa- 
tions (3),  si 

^  '  Oj;  ày  oz  d.v       ûy        az 

où  ;f,  (j,  3C  sont  des  fonctions  données  à  l'intérieur  de  oj  et  continues  de 
façon  que 

(■>)        |,1  — ,f,  |  =  const.  fin, /•',.,,        ...  (<)< /.  <i),   (o=;/-,3=cr), 

en  désignant  par  r^,  la  distance  de  deux  points  i  et  2,  par  a  une  longueur 
finie,  6  la  solution  d'un  problème  de  Dirichlet  pour  l'intérieur  de  w  avec 
des  valeurs  limites  0  données,  satisfaisant  à  une  condition  analogue  à  (5). 

En  posant  x  =  — '—r,  nous  trouvons  la  solution 

■  -2  -t-  A- 

(G)  n=yyJUj, 


(1) 


(""  =  4^X^Î-^'"- 


d- 


I      (I      ,  ,,        a- 


1,2.. 


en  appelant  Uj,  Yj,   Wj  les  solutions  du  problème  de  Dirichlet  avec  les 
Naleurs  limites 


(«)  ".=  f.^^-T'' 


La  convergence  des  séries  (7)3  l'intérieur,  aussi  longtemps  que  l'on  se 
tient  à  une  dislance  finie  de  la  surface,  peut  être  démontrée  par  une  mé- 
thode analogue  à  celle  imasjiiiée  par  MM.  E.  et  F.  Cosserat,  mais  on  peut 
maintenant  démontrer  aussi  la  convergence  des  séries  (7)  et  de  leurs  déri- 
vées premières  quand  on  s'approche  indéfiniment  de  la  surface.  On  trouve 
à  l'aide  des  équations  (7)  à  la  surface  co 


(h 


Hy. 


OÙ  Uj  représente  une  fonction  continue  sur  w  de  la  manière 

(10)  I  Hy  ,,  —  Hy,  l^-Tmax.  abs.6^_,  r,\, 


336  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

r  étant  une  constante  finie,  V  un  nombre  positif  ijuelconque  satisfaisant  à 
la  condition  o  ■<  A  <<  i ,  tous  les  deux  indépendanis  dey.  L'équation  (9)  et 
le  théorème  énoncé  dans  une  Note  récente  (voir  Comptes  rendus  du  i:>.  jan- 
vier 1906,  p.  199)  concernant  l'expression 


e.-,  -  z 


d-. 


£/«.-.? 


permettent  de  démontrer  dans  toute  l'étendue  du  domainr  t  les  relations 

I  vJ  max.  abs.  O;^const.  (in.  <iJ , 

I  /.^lO^,  — 9y,i  I    -<const.fin.;j.^>;\,  \o~i\.,,^n(x  -ly\, 

où  s  représente  un  nombre  que  l'on  peut  choisir  aussi  petit  que  l'on  veut, 
\t.  un  nombre  satisfaisant  à  la  condition  o  <<  a  <<  i .  On  parvient  ainsi  à 
démontrer  rigoureusement  la  convergence  de  la  série 

(12)  'J^^'-'-'^f/  (-■<>'.<  +  i) 

0 

et  sa  continuité  de  la  manière  suivante  : 

(i3)  |0,  —  9,  I  ^const.  fin.  r^,2  (o  ,Tr,.  ^cr'),      ('7<'7) 

d'où  découle  facilement  la  convergence  et  la  continuité  des  fonctions  //. 
V,  w  et  (le  leurs  dérivées  premières. 

Après  cette  démonstration  on  peut  faire  voir  que  les  développements  do 
Lauricella  sont  convergents  pour 

-I  <X<-)-i, 

ceux  de  MM.  E.  et  F.  Cosserat  pour 

-.<-r^<.      (-^<^<  +  -). 

Les  développements  (G)  sont  les  plus  généraux;  ils  comiirennent  l'inter- 
valle entier 

—  I  <•/.<+  I  (  —  I  <  /■  <  -t-  :>d) 

dans  lequel  le  problème  a  une  solution  uniqiie. 


SÉANCE  DU  5  FÉVRIER  igoô.  337 


GÉODÉSIE.  —  Sur  quelques  résultats  de  la  triangulation  du  massif  Pelvuux- 
Écrins.  Note  de  M.  Paui-  Hklbkosner,  présentée  par  M.  Michel 
Lévy. 

Dans  notre  Communication  du  i3  novembre  igoS  nous  avons  résumé 
l'ensemble  des  données  que  nous  avions  recueillies  au  cours  de  notre  der- 
nière campagne  géodésique.  Nous  présentons  aujourd'hui  l'un  des  quarante- 
cinq  panoramas  photographiques  pris  cet  été  sur  les  hautes  stations  de 
notre  réseau  et  destinés  à  compléter  le  travail  mathématique  des  points 
Irigononiétriques  par  les  méthodes  des  perspectives  photographiques  :  celui 
du  sommet  de  la  Barre  des  Écrins  (altitude  :  4ïo3"',  E.-M.)  exécuté 
le  9  août  igoS  au  cours  de  notre  station  géodésique. 

J.es  dix  épreuves  (jui  le  composent,  agrandies  et  juxtaposées,  donnent 
le  développement  complet  du  tour  d'horizon  sur  une  longueur  d'environ 
5™.  Nous  y  joignons  un  calque  explicatif,  à  échelle  réduite,  indiquant  les 
noms  de  vingt-cinq  de  nos  stations  géodésiques  de  sommets,  visibles  de  cette 
station  culminante  de  notre  réseau,  ainsi  que  leur  distance  approximative 
au  sommet  de  la  Barre  des  Écrins. 

En  partant  de  l'Est,  'ces  stations  |)rimaires,  en  général  reliées  avec  les 
Ecrins  par  visées  réciproques  et  oii  nous  avons  opéré  dans  l'une  de  nos 
trois  campagnes  de  1903,  190I,  190.5,  sont  : 

La  Tète  d'Amont,  la  l^oinle  Durand  du  Pelvoux,  la  Pointe  Puiseux  du  Pelvoux,  les 
Bans,  le  Sirac,  les  Rouies,  l'Aiguille  du  Cananl,  la  Grande  Roclie  de  la  Muzelle,  li- 
Taillefei-,  l'Aiguille  du  Plat  de  la  Selle,  le  Grand  Pic  de  Belledoniie,  le  Pic  de  la  Grave, 
le  I-'ic  de  l'Etendard,  la  Brèche  de  la  Meije,  le  lAoclier  Blanc  des  Sept  Laux,  la  Grande 
Fiuine,  le  Pic  du  Frêne,  le  Goléon,  le  Pic  des  Trois-Evèchés,  le  Col  du  Galihier,  la 
Boche  du  Grand  Galibier.  le  Pic  de  Conibevnot,  le  Pic  de  neige  Cordier,  le  Grand 
Arèa,  le  Pic  des  Agneaux. 

Parmi  les  chaînes  éloignées  on  distingue  celles  du  mont  Blanc  (laS""»  en  moyenne), 
de  Polset,  de  Péclel,  du  mont  Pourri,  de  la  Vanoise,  de  la  Grande  Casse,  du  Grand 
Comhin,  etc. 

Nous  avons  été  amené,  d'autre  part,  à  calculer  certaines  altitudes,  mais 
seulement  d'une  façon  provisoire;  caria  recherche  des  positions  planimé- 
triques  nécessaires  au  calcul  exact  des  altitudes  définitives  ne  peut  être 
terminée  avant  plusieurs  années. 

Quelques  cimes  notamment  avaient  été  depuis  longtemps  l'objet  de 
discussions  au  sujet  de  leur  altitude;  c'est  ainsi  que  le  grand  sommet  de 

C.  K.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII.  N»  6.)  4^ 


338  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

V  Aile  froide ,  un  des  plus  importants  du  massif,  était  coté  .Sgao"'.  Nos 
calculs  provisoires  nous  donnent,  par  plusieurs  départs  altimétriqnes,  des 
valeurs  comprises  entre  Sg'nS™  et  SqSi™.  Ce  résultat  avait  d'ailleurs  été 
pressenti  depuis  longtemps  :  M.  F. -F.  Tuckett  avait  même,  en  juillet  1862, 
indiqué,  pour  l'Ailefroide,  une  altitude  plus  considérable  \Explorations  in 
the  Alps  of  Dauphiné  {Alpine  Journal,  vol.  I,  i863-i864)]. 

De  même,  le  grand  sommet  des  Bans  était  coté  jusqu'à  présent  365  1'". 
Nos  calculs  provisoires  indiquent  un  chiffre  compris  entre  3674"^  613676'". 
Le  Sirac  était  évalué  3438™;  nous  trouvons  34")0™. 

Le  pic  de  la  Cavale,  porté  actuellement  sur  les  cartes  à  2897™  et  pris  par 
le  Dépôt  de  la  Guerre  comme  signal  du  troisième  ordre,  n'est  |3as  le  point 
principal  culminant  de  cette  chaîne;  celui-ci,  station  de  notre  réseau  pri- 
maire, s'en  trouve  en  effet  très  distinct  et  à  une  cote  notablement  plus 
élevée  (2980",  tandis  que  l'altitude  du  point  du  troisième  ordre  du  Dépôt 
de  la  Guerre  est  donné  à  2897"  dans  le  Recueil  des  positions  géographiques, 
feuNle  de  lîrianoon). 

Le  refuge  Tuckelt,  sur  la  rive  gauche  du  glacier  Blanc,  porte  actuelle- 
ment la  cote  25o4'°.  Nos  calculs  l'abaisseront  de  plus  de  '\o^. 

Le  col  Emile,  pic  porté  à  Sioa",  doit  être  ramené  à  une  cote  inférieure 
d'à  peu  près  20™. 

Bien  d'autres  points  présentent  de  notables  divergences.  Nous  ne  don- 
nons d'ailleurs  ces  exemples  qu'à  titre  provisoire.  Toutes  les  altitudes 
seront  en  effet  recalculées  lorsque  le  travail  planimétrique  des  compensa- 
tions graphiques  et  de  l'établissement  des  coordonnées  géographiques  sera 
terminé.  Il  se  peut,'d'ailleurs,  que  les  calouls  définilifs  donnent  des  écarts 
encore  plus  considérables;  car  les  modifications  que  nous  présentons  ont 
pour  base  les  cotes  de  plusieurs  points  géodésiqiies  du  Dépôt  de  la  Guerre, 
tandis  que  nos  calculs  définitifs  se  baseront  sur  les  repères  du  Service  du 
Nivellement  général  de  la  France  et,  par  suite,  pourront  amener  dans  leurs 
résultais  des  variations  venant  de  l'écart  entre  ces  deux  bases. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Condensation  des  nitriles  acétyléniques  a^cc  tes 
alcools.  Méthode  générale  de  synthèse  de  nitriles  acryliques  fi-subslilués 
'{'j-oxyalcoy/és.  Note  de  MM.  Cii.  Moi-reu  et  I.  Lazexxec,  présentée  j);ir 
AL  II.  Moissan. 

Lorsqu'on  met  un  nitrile  acétylénique  R  — C^bC  — CAz   en   contact 
avec  une  solution  de  méthylate  ou  d'éthvlate  de  sodium  (1'°"')  dans  l'alcool 


SÉANCE  DU  5  FÉVRIER  1906.  33i) 

correspondant,  une  vive  réaction  se  déclare  presque  aussitôt,  qui  se 
manifeste  par  un  dégagement  notable  de  chaleur,  pouvant  aller  jusqu'à 
provoquer  l'ébullition  de  la  liqueur.  Si,  après  avoir  chauffé  le  mélange  à 
reflux  pendant  i  ou  2  heures,  on  le  laisse  refroidir  et  qu'ensuite  on  le 
verse  peu  à  peu  dans  un  excès  d'eau  glacée,  il  se  précipite  une  huile  à  peine 
(olorée,  laquelle,  d'après  sa  composition  élémentaire  et  l'étude  de  ses 
réactions,  est  constituée  par  un  mélange,  en  proportions  variables  suivant 
les  conditions,  du  nitrile  éthylénique  [i-oxyalcoylé  et  du  nitrile  ^-acéta- 
tique,  qui  résultent  de  la  fixation  de  1'""'  ou  2'»°'  d'alcool  sur  la  liaison 
acélvlénique  du  nitrile  initial.  Le  nitrile  jibénylpropiolique 

C'H'— (;=(:  —  C.Az 

et  le  méthylate  de  sodium,  par  exemple,  fournissent  ainsi  un  liquide  distil- 
hint  vers  i65°  sons  2o™"\  qui  est  formé  d'un  mélange  de  nitrile  ^-phényl 
È-méthoxvacrylique  (p-mélhoxycinnamique)  C'H'—  C(OCH*)  =  CH  —  GAz 
et  de  diméthylacétal  de  la  cyanacétophénone 

C'H'-C(OCH=)--  (,H^-CAz. 

Il  est  extrêmement  difficile  de  séparer  complètement  par  rectification 
les  deux  composés  qui  ont  simultanément  pris  naissance,  en  raison  du 
voisinage  de  leurs  points  d'ébullition.  On  se  heurte  d'ailleurs  à  autant  de 
difficulté  quand  on  essaie  de  limiter  la  réaction  à  la  phase  nitrile  éthylé- 
nique p-oxyalcoylé,  ou  qu'on  veut  la  pousser  en  totalité  jusqu'à  la  phase 
nitrile  (3-acétalique. 

Nous  avons  trouvé,  au  contraire,  dans  l'emploi  des  solutions  alcooliques 
de  potasse  caustique,  agissant  sans  doute  par  l'alcool  potassé  qu'elles 
doivent  renfermer,  un  moyen  sûr  d'obtenir  exclusivement  les  nitriles 
éthyléniques  ^-oxyalcoylés.  Cette  circonstance  heureuse  nous  avait  déjà 
été  révélée  par  les  essais  de  saponification  des  nitriles  acétyléniques  à 
l'aide  de  la  potasse  alcoolique,  au  cours  desquels  nous  avions  reconnu  que 
toujours  une  partie  du  nitrile  traité  fixait  i™"'  d'alcool  {Comptes  rendus, 
■l'i  janvier  1906). 

11  convieiU  d'employer,  en  général,  pour  j"'"'  de  nitrile,  une  solution  de  2"'"'  de 
potasse  dans  10  à  i5  paities  d'alcool,  i.a  réaction  est  le  plus  souvent  énergique;  on 
l'acliève  en  chauffant  la  liqueur  à  relhix.  pendant  environ  i  heure;  après  refroidisse- 
ment, on  la  verse  dans  Teau  glacée,  on  agite  le  tout  avec  de  l'éther,  on  lave  et  sèche  la 
cou<lie  éthérée,  et,  après  avoir  évaporé  l'éther,  on  rectifie  le  résidu. 


34o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Les  nilriles  acryliques  p-substilués  p-oxyalcoyiés  suivants  ont  otù  ainsi  préparés  : 

Points  d'éluillitioii. 

Nitnlep-amyl-P-métlioxyacryli<|ue(C''ll")C(OCIP)r=ClI-CAz...  1 2.5°-i3i''(i.5'""') 

B  p-amyl-p-éthoxjacryiique(C'H")C(OC=H')  =  CII  — CAz...  i34<>-i35<'(n™"') 

»  p-liexyI-(3-mélhovyacrylique(C«IJ'^)C(OCH^)  =  CH  — CAz..  i38°-i42<'(i4-*'«') 

»  p-liexyl-P-élhoxyacrylique(CMI'3)C(OC=IP)  =  CH  — GAz...  i ',  i<'-i43°(i/r"') 

»  p-pliényl-j3-mé[hoxyacrylique(C/H^)G(OCH^)=CII— CA/..  i.>9''-i66o(i4"") 

)>  p-phényl-p-éthoxyàcrylique  (C«H6)C(0C=  11=)  =  CH— GA/..  166°- 173° {12°"") 

»  p-phényl-p-propoxyacrylique  (C«IP)G(OCMr)  =  GH  — CAz.  iS^o-igcCsa""") 

La  composition  élémentaire  île  ces  produits  répond  d'une  manière  très  satisfaisante 
à  leurs  formules  respectives.  Comme  cependant  ils  distillent  en  général  sur  plusieurs 
degrés,  il  est  possible  que  chacun  d'eux  soit  un  mélange  de  deux  stéréoisomères. 
Quoi  qu'il  en  soit,  leur  constitution  est  nettement  établie  par  l'hydrolyse. 

Si  l'on  traile  à  chatid  les  nitriles  oxyalcovlés  aromatiques  (obtenus  à 
partir  du  nitrile  phénylpropioliqiie)  par  l'acide  sulfurique  à  i  pour  100,  ils 
se  dédoublent  aisément  par  hydratation,  avec  formation  de  cyanacétophé- 
none  (identique  au  corps  obtenu  par  M.  Haller  dans  le  dédoublement  de 
l'acide  benzoylcvanacétique),  conformément,  par  exemple,  à  l'équalioii 
suivante  : 

(C''H*)(0C-H'')C  =  CH-CA7  +  H  =  0  =  C"U^-C0-Cn--CAz  +  C^H''0. 

Niti'ile  phénvléttioxyacriliquc.  Cyanarétnpliénone.  .\lcoo!. 

L'hydrolyse  des  composés  de  la  série  grasse  est  beaucoup  plus  difficile  à 
réaliser.  Le  nitrile  amyléthoxyacrylique  est  à  peine  attaqué  par  l'acide  sul- 
furique à  lo  pour  100.  L'action  de  l'acide  à  20  pour  100  est  encore  très 
lente.  Avec  l'acide  à  5o  pour  100,  le  nitrile  avait  complètement  disparu 
après  3  heures  d'ébullition.  Il  n'a  d'ailleurs  pas  été  |)ossible  d'isoler  le 
nitrile  p-cétonique  correspondant;  on  a  retrouvé  de  la  méthylamylcétone, 
produit  de  dédoublement  qui  a  pris  naissance  d'après  l'équation 

C^H"  -  C(OC-H^)  =  CH  — CAz  +  3H^0 

Nilrilc 
amyléthoxyacrylique. 

=  C=H"  -  CO  -  CH'-+-(PHH)H-HAzIP-f-CÔ-'. 

Méthylamylcétone. 

Nous  ferons  remarquer,  en  terminant,  que  ces  recherches  sont  à  rap- 
procher des  faits  analogues  qui  ont  été  observés  dernièrement  par  l'un  de 
nous  (Comptes  rendus,  i()o3  et  1904)  dans  l'étude  de  l'action  des  alcools 
sodés  sur  les  éthers-sels  acétyléniques  R  —  C^C  —  CO"R'. 


SÉANCE  DU  5  FÉVRIER  1906.  3\\ 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Essais  de  réduction  dans  la  série  du  diphénylméthanc . 
Note  de  M.  H.  Dlval,  présentée  par  M.  H.  Moissiin. 

Dans  ma  dernière  Communication  (^Comptes  rendus,  t.  CXLI,  iqoS, 
p.  198)  j'ai  indiqué  le  mode  de  préparation  de  l'azoxy-  et  de  l'azodiamino- 
diphénylméthane,  j'ai  étudié  depuis  l'influence  sur  ces  composés  des  agents 
de  réduction  et  de  benzidination. 

Le  chlorure  stanneux,  réunissant  en  solution  acide  les  deux  propriétés 
de  réducteur  et  de  benzidinant,  fut  d'abord  employé;  il  donna  naissance  à 
la  tétramine  correspondante,  provoquant  une  scission  dans  la  molécule 

NH--C''ri'^^~!f')c''H'— NH-+  2H- 
=  (NH^  )-  =  C»rF-  CH-  -  C/IF  ==  (NH  =  )-. 

Ce  produit  est  en  effet  identique  à  celui  obtenu  par  réduction  au  moven 
du  chlorure  stanneux  du  diorthonitrodiparaminodiphénylméthane;  il  four- 
nit en  outre  quantitativement  un  dérivé  tétrabenzoylé. 

La  réaction  change  si  l'on  emploie  la  poudre  de  zinc  en  solution  alcaline 
comme  réducteur  et  si  l'on  décante  la  solution  réduite  dans  un  excès 
d'acide;  dans  ces  conditions  il  se  forme  exclusivement,  au  bout  de  quelques 
minutes  de  chauffe  au  bain-marie,  un  dérivé  de  l'acridine  suivant  la  réac- 
tion : 

NH- -  CH'/^^  ":f  ^')(7H^  -  NH-  + HCI 
\      CH"      / 

=  NH'C1  +  NH^-C"H\      I      )C'■•i^'-NH^ 

\CH/ 

Je  n'ai  pas  encore  isolé  l'hydrazo  à  l'état  de  pureté  à  cause  de  son  oxy- 
dabilité  et  de  sa  solubilité  par  rapport  à  i'azo  correspondant,  mais  le  pro- 
cédé de  préparation,  l'oxydabililé  du  produit  obtenu  et  la  formation  d'azo 
qui  en  résulte,  enfin  l'impossibilité  d'obtenir,  dans  les  mêmes  conditions, 
un  dérivé  acridinique  en  p;irtant  de  la  tétramine  correspondante,  décrilc 
ci-dessous,  établissent  cette  façon  de  voir. 

Bien  que,  après  les  travaux  de  Clans,  de  Tiiuber,  de  Hinsberg  et  Gar- 
funkel,  de  WohI  et  Ane,  etc.  sur  le  diphényle,  la  question  semble  bie:i 
avancée,  je  me  propose  de  continuer,  sur  cette  série,  l'étude  de  l'influence 


34-2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

(les  liaisons  ou  des  chaînes  sur  la  benzidination  ainsi  que  sur  les  homologues 
Mipérieurs  du  diphénylmélhane  et,  en  particulier,  sur  les  produits  de  ré- 
duction du  dinitrodiphénylélhane. 

'rclraniiiiodiplu'nYlmt^'lhaiie.  —  <  )ii  fait  tomber  i°  d'azo  dissous  dans  un  peu  d'eau 
acidulée,  dans  une  capsule  chaufl'ée  au  bain-marie,  contenant  los  de  cldorure  stanneux 
dans  35s  d'acide  ciilorhydrique  concentré;  on  évapore  à  sec,  on  précipite  eji  solution 
aqueuse  tout  l'étain  par  Tliydrogène  sulfuré  (la  coloration  qui  s'est  formée  pendant 
l'évapuralion  est  entraînée  par  le  précipité  de  sulfure),  on  évapore  sous  pression  ré- 
duite, puis,  lorsqu'il  ne  reste  plus  que  peu  d'eau,  on  précipite  l'aniine  par  la  potasse, 
on  chaufFe  à  l'ébullition  pour  la  dissoudre,  ou  filtre  et  on  laisse  cristalliser.  Lavage  à 
réaction  neutre  à  l'eau  glacée  et  recristallisalion  dans  le  minimum  d'eau,  après  déco- 
loration au  noir  animal. 

Cristaux  incolores  solubles  dans  l'eau  et  l'alcool,  insolubles  dans  l'éther. 

(4)NH'/^  "        *^''*       '^  "  \NHM4')' 

Le  dérivé  tétrabenzoyié  s'obtient  quantitativement  en  dissulvant  l'aminé  dans  une 
solution  alcaline  et  traitant  par  un  excès  de  chlorure  de  benzoyie.  Après  lavage  à  l'eau 
et  au  carbonate  de  soude,  on  le  fait  cristalliser  dans  l'alcool  où  il  est  peu  soluble.  Inso- 
luble dans  l'eau,  il  fond  à  2-5°. 

Paradiamiiioacridine.  —  On  réduit  5s  d'azo  dans  20os  d'eau  et  20S  de  lessive  de 
potasse,  par  1 2»  de  poudre  de  zinc  ;  lorsque  la  solution  est  décolorée  on  la  laisse  leposer 
un  instant  et  on  la  décante  dans  2ao""'  d'acide  clilorliydrique  concentré;  la  solution 
s'échauft'e,  on  ajoute  à  nouveau  i5o""'  d'acide  puis  on  porte  au  bain-marie.  La  masse  se 
colore  bientôt  en  rouge  et,  au  bout  de  8  à  lo  minutes  de  chaufTe,  on  laisse  refroidir;  il 
se  dépose  alors  des  aiguilles  rouges  de  chlorhydrate  de  paraminoacridine,  on  essore, 
on  redissout  le  produit  dans  i5o'^"'' d'eau  tiède  contenant  un  peu  d'acide  chlorhydrique, 
on  filtre  et  l'on  ajoute  6o™'  d'acide  concentré  qui  détermine  la  précipitation  du  produit. 
En  précipitant  par  la  potasse  le  chlorhydrate  redissous  dans  l'eau  tiède,  on  obtient  la 
base  qui,  lavée  à  l'eau  à  réaction  neutre  et  cristallisé  dans  l'alcool  après  traitement  au 
noir  animal,  fournit  la  paradiaminoacridine  pure. 

Aiguilles  jaunes  solubles  dans  l'eau  bouillante,  dans  l'alcool  et  surtout  dans  la  pyri- 
dine,  fondant  à  284"  • 

(4)NIP— G«H^(      1    ^C«H3— Mr-i(4'). 

Les  sels  et  particulièrement  le  nitrate  sont  très  peu  solubles  dans  une  solution  aqueuse 
contenant  un  excès  d'acide. 

Cette  diamidoacridine  est  identique  à  celle  décrite  d'abord  par  Gram  puis  ensuite 
par  Schôpf. 


SÉANCE    DU    5    FÉVRIER    1906.  '3/i3 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  lacyelohexylcicètone.  Note  de  M.  P.  Freuxdi.ek, 

présentée  par  M.  H.  Moissan. 

J'ai  publié  récemment  avec  M.  Damond  (')  les  premiers  résultats  de 
recherches  entreprises  dans  le  but  de  préparer  la  cyclohexylacétone 

C''H".CH-.CO.CH^ 

Après  quelques  essais  infructueux,  je  ne  suis  parvenu  à  obtenir  celto 
cétone  qu'avec  un  rendement  médiocre;  aussi  le  corps  en  question  étaiit-il 
peu  intéressant  par  lui-même,  je  me  bornerai  à  exposer  les  quelques  obser- 
vations nouvelles  faites  au  cours  de  cette  étude  que  je  ne  compte  pas  pour- 
suivre. 

Les  méthodes  qui  n'ont  pas  fourni  de  résultat  sont  les  suivantes  : 

I.  Méthode  à  L'éther  acélylacétiqiic.  —  Nous  avons  montré,  M.  Damoml  et  moi 
(/oc.  cit.).  que  le  clilorocvcloliexane  et  riodocyclohexane  ne  se  condensent  pas,  ou  ne 
se  condensent  que  dans  des  proportions  minimes  avec  l'éther  acétylacétiqiie  sodé. 

II.  Méthode  de  M.  Tiffeneaii  (-).  —  Le  dérivé  magnésien  du  chlorocycloliexane  a 
été  traité  par  la  chloracétone  dans  les  conditions  dans  lesquelles  on  obtient  de  la 
benzylméthylcétone;  la  réaction  s'est  eflfeclnée  sans  donner  naissance  à  des  quantités 
appréciables  de  produits  cétoniques. 

m.  Méthode  de  M.  Biaise  (').  —  Cette  méthode  consiste  à  condenser  l'acétonitrile 
avec  le  dérivé  magnésien  du  chlorure  d'hexahydrobenz\de  ou  du  bromure  ou  de 
l'iodure  correspondants  : 

01I".GH2.MgI-hGn'.CAz— -C«H".CH^c/^„r'^^^', 
OII".CH-.C^^jj7  ^^§'  +  2H-0  =  C/II'.CtP.CO.GH^+  MgO  +  Azll'  1. 

Contre  toute  attente,  la  condensation  s'est  faite  d'une  façon  anormale  :  les  produits 
de  la  réaction,  qui  ne  renfermaient  pas  la  moindre  trace  de  cétone,  étaient  constitués 
à  peu  près  uniquement  par  du  inéthylcyclohexane,  bouillant  à  lOi^-ioS",  et  par  un 
carbure  C'H'"',  bouillant  à  263°-264";  ce  dernier  ne  peut  être  que  du  dicyclohexyl- 
éthane  formé  dans  la  première  phase  de  la  réaction  : 

2C«H".C1IM  +  Mg  =  Al-r-+ C'M1='\ 


(')   Comptes  rendus,  t.  CXLl,  p.  SgS. 

(-)  Communication  particulière. 

(■')    Comptes  rendus,  t.  C\XX,  p.   i322. 


3/|/i  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

T.e  seul  procédé  qui  m'ait  fourni  la  célone  cherchée  est  celui  qui  consiste 
il  condenser  l'iodure  d'hexahydrobenzyle-magnésium  avec  l'aldéhyde  acé- 
tique et  à  oxyder  ensuite  l'alcool  secondaire  ainsi  obtenu  par  le  mélange 
cinomique  : 

C»H^CH-.CHOH.CH'  +  0  =  H^O  +  C«H'.CH^CO.CH'. 

Cette  méthode  a  été  employée  par  M.  Bouveault  (')  pour  préparer 
l'homologue  inférieur,  l'hexahydro-acétophénone. 

Dans  ce  cas  encore,  les  résultats  n'ont  pas  été  très  satisfaisants. 

L'alcool  secondaire,  qui  se  forme  avec  un  rendement  de  /|0  pour  loo 
environ,  est  accompagné  de  produits  supérieurs,  bouillant  de  io5°  à  i3o° 
sous  9"™;  ceux-ci  renferment  vraisemblablement  du  dicyclohexylélhane  et 
(les  composés  résultant  de  la  condensation  du  magnésien  avec  l'aldol 
ou  l'aldéhyde  crotonique  résultant  de  la  polymérisation  de  l'aldéhyde 
employée. 

l'alcool  cydohexylpropylique  secondaire,  C*  H" .  CH^  CH  OH .  CH'  est  un 
liquide  d'odeur  assez  agréable,  peu  soluble  dans  l'eau,  bouillant  à  201-202" 
sous  la  pression  normale. 

La  cyclohexylacélone  bout  à  197°  et  possède  une  odeur  à  peine  cam- 
phrée; elle  forme  un  bisidfttique  très  peu  soluble  et  une  semicarbazone 
fusible  à  182",  5. 

La  préparation  des  dérivés  halogènes  employés  dans  les  deux  dernières  réactions 
a  présenté  quelques  difficultés. 

Le  chlorure  (Thexahydrobenzyle  se  forme  dans  une  certaine  projiorlion  lorsqu'on 
chaufl'e  l'alcool  liexalijdiobenzylique  avec  de  l'acide  chlorlivdrique  en  vase  clos;  mai-- 
bien  qu'il  distille  vers  161°  et  l'alcool  à  182°,  il  est  extrêmement  difficile  de  fractionner 
les  deux  corps.  D'autre  part,  l'action  du  perchlorure  de  phosphore  conduit  surtout 
à  des  produits  phosphores. 

Le  hiomure  ne  peut  pas  non  plus  être  obtenu  à  l'état  de  pureté  j)nr  la  méthode  au 
tribromure  de  phosphore  {loc.  cit.);  en  effet  les  phosphites,  qui  se  forment  en  même 
temps  en  assez  grande  quantité,  sont  partiellement  décomposés  par  l'eau  et  l'alcool 
ainsi  régénéré  empêche  absolument  de  rectifier  le  bromure  dont  le  point  d'ébullilion 
est  voisin  de  190°. 

Car  contre,  Viodure  d' liexahydrohenzyle,  C*H".CH'l,  se  prépare  assez  facilement, 
soit  au  moyen  du  Iri-iodure  de  phosphore  {loc.  cit.),  soit  en  employant  le  phosphore 

(')  Bull.  Soc.  cliim.,  3''  série,  l.  X\IX,  p.  loôi. 


SÉANCE    DU    5    FÉVRIER    rf)o6.  345 

rouge  et  l'iode.  Les  leiulemenls  olileiuis  sont,  dans  le  premier  cas,  de  76  pour  100, 
dans  le  second,  de  66  por.r  100  de  la  théorie;  la  seconde  méthode  est  la  plus  commode. 
L'iodure  distille  en  brunissant  légèrement  vers  97°-99°  sous  i8"""-i9™™. 

1^'alcool  hexahydrobenzylique  employé  dans  ces  recherches  a  été  préparé  par  la 
méthode  de  MM.  Sabatier  et  Senderens,  en  suivant  les  prescriptions  indiquées 
à  propos  de  la  pré])aralion  de  l'alcool  amylique  racémique  (').  Le  rendement  maxi- 
mum obtenu  a  été  de  66  pour  100  de  la  théorie  en  partant  du  bromocyclohexane. 


CHIMIE  AGRICOLE.  —  Sur  l'absorption  des  carbonates  alcalins  par  les  compo- 
sants minéraux  du  sol.  Note  de  M.  J.  Dumont,  présentée  par  iVL  L.  Ma- 
quenne. 

On  sait  que  la  terre  arable  jouit  de  propriétés  absorbantes  1res  actives 
à  l'égard  des  alcalis  et  de  certains  sels.  Mais,  si  l'expérience  montre  qu'une 
solution  alcaline  titrée  s'appauvrit  au  contact  <lu  sol  qui  la  reçoit,  il  ne 
s'ensuit  pas  que  l'absorption  se  manifeste  toujours  de  façon  identique. 
Abstraction  faite  des  cas  (Vinsolubilisation  ou  de  rétrogradation,  qui  sont 
dus  à  des  précipitations  chimiques,  il  y  aurait  lieu  d'établir  une  distinction 
fondamentale  entre  l'absorption  directe,  caractérisée  par  ce  fait  que  la  sub- 
stance est  fixée  ou  retenue  sous  son  état  primitif,  et  {'absorption  indirecte, 
qui  ne  se  manifeste  à  l'égard  des  alcalis  qu'après  une  dècouiposition  chi- 
mique préalable  du  sel  emplové,  nécessitant  la  présence  du  calcaire  ou 
d'autres  composés  terreux.  De  fait,  en  raison  même  de  ces  transfor- 
mations, on  peut  admettre  que  la  fixation  des  bases  alcalines  n'est  possible 
directement  que  si  elles  sont  libres  ou  carbonatées. 

Comment  s'effectue  l'absorption  des  carbonates  alcalins  par  les  compo- 
sants du  sol?  Le  sel  est-il  fixé  intégralement  ou  en  partie?  La  base  étant 
retenue  seule,  se  produit-il  un  dégagement  d'acide  carbonique?  Voilà  les 
questions  que  je  me  suis  d'abord  posées. 

Les  matières  humiques  libres  décomposent  les  carbonates  alcalins  à  la 
manière  des  acides  faibles,  les  éléments  minéraux  de  la  terre  agissent-il«  de 
même?  Pour  le  savoir  j'ai  effectué  une  série  de  recherches  avec  le  sable, 
l'argile,  le  kaolin,  la  silice,  l'alumine  et  l'hydrate  ferrique  (^). 


(')  Comptes  rendus,  t.  GXLI,  p.  83o. 

(^)  Le  sable  lin  et  l'argile  ont  été  extraits  d'une  terre  de  Grignon  ;  l'alumine  et 
l'hydrate  de  fer  ont  été  préparés  par  précipitation  à  l'ammoniaque;  on  a  obtenu  la 
silice  en  décomposant  un  silicate  alcalin  par  un  courant  de  gaz  carbonique. 

G.  R.,  1906,  1"  Semestre.  (T.  CXLII,  N«  6.)  46 


346 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


Les  détei'iniiialions  ont  élé  faites  sur  des  poids  connus  de  matière  la\ée,  puis  séchée 
à  douce  température;  à  part  le  sable  fin,  doiU  on  a  pris  20»,  tous  les  essais  ont  porté 
sur  4"  de  produit  sec. 

Celui-ci  était  placé  dans  un  petit  flacon,  muni  d'un  tube  à  robinet,  pouvant 
s'adapter  à  la  trompe  à  mercure;  après  avoir  ajouté  quebjues  centimètres  cubes  d'eau, 
pour  imbiber  la  matière,  on  introduisait  verticalement  dans  le  llacon  un  petit  tube 
bouché,  contenant  i'""'  d'une  solution  normale  de  carbonate  de  potassium  (i38s  par 
litre).  On  faisait  le  vide,  on  fermait  le  robinet,  puis  on  renversait  le  flacon  pour 
répandre  le  carbonate  de  potassium  sur  la  matière  humide.  Après  un  certain  temps  de 
contact  les  gaz  étaient  soigneusement  recueillis  à  la  trompe  et  l'on  y  dosait  l'acide 
carbonique. 

Il  a  été  eflectué  ainsi  cinq  déterminations  successives,  à  des  intervalles  de  temps 
compris  entre  2  heures  et  66  heures;  voici  les  résultats  obtenus  pour  l'ensemble  de 
nos  essais   : 

Acide  carbonique  reciteilli. 


.\rgile 

CiO 

Sable  fin. 

(20«). 

liaolin 

(4"-) 

Silice 

(4^)- 

H3dratc 

de  fer  (4e). 

.alumine 

normale. 

calcinée. 

normal 

lavé. 

(4M- 

2 

heures.. 

4,75 

8,4i 

0,00 

0,00 

lût; 

0,18 

mg 

1,08 

mu 
0,91 

2,18 

16 

» 

3,61 

6,54 

0,00 

0,36 

0,00 

0,74 

1,68 

•^,07 

24 

» 

3,3o 

1,69 

0,00 

0,00 

0,18 

0,55 

.,84 

5,90 

4o 

» 

1,70 

3,02 

0,00 

0,18 

0,00 

0,54 

2,60 

4,02 

66 

» 

2 ,62 

I  ,32 

0,00 

0,00 

0,00 

o,36 

2,77 

3,64 

Total.. 

1 5 ,  98 

20,98 

0,00 

0,54 

o,36 

3,27 

9,80 

19,81 

L'examen  de  ce  Tableau  montre  que  : 

1°  Les  éléments  sableux  du  sol,  séparés  par  les  méthodes  d'analyse  phy- 
sique, n'exercent  aucune  action  décomposante  sur  les  carbonates  alcalins  ; 

1°  Le  kaolin  réagit  très  faiblement,  contrairement  à  ce  que  l'on  aurait  pu 
supposer  de  prime  abord  ; 

3"  La  silice,  même  desséchée,  décompose  à  froid  le  carbonate  de  potassium, 
mais  à  un  moindre  degré  que  les  autres  éléments  colloïdaux; 

4°  Les  hydrates  de  fer  et  d'aluminium  réagissent  très  énergiquement  et 
l'action  particulière  de  l'alumine  est  de  tous  points  comparable  à  celle  de 
l'argile. 

Cette  expérience  présente  à  nos  yeux  un  double  intérêt.  D'une  part  elle 
fait  voir  que  le  pouvoir  absorbant  est  avant  tout  un  phénomène  d'ordre 
chimique,  comme  le  supposait  Way  et  comme  l'ont  admis  ensuite 
MM.  van  Bemmelen  et  de  Mondésir.  D'autre  part,  il  semble  que  l'argile  de 
nos  sols  arables,  telle  que  nous  l'en  séparons  par  lavage,  n'ait  qu'une  très 
lointaine  ressemblance  avec  le  kaolin,  au  moins  avec  celui  que  nous  avons 


SÉANCE  DU  5  FÉVRIER  1906.  347 

employé  :  nous  n'en  sommes  pas  aulremenl  surpris,  étant  données  les  con- 
ditions toutes  différentes  de  l'évolution  des  éléments  argileux.  Incorporé 
au  sol,  le  kaolin  ne  tarderait  sans  doute  pas  à  subir  de  profondes  modifica- 
tions physiques  qui  le  rapprocheraient  certainement  de  l'argile  agricole. 

Enfin  une^question  se  présente  encore  à  l'esprit  :  en  admettant  que  l'argile 
brute  soit  un  silicate  d'alumine  hydraté  impur,  contenant  des  composés 
ferriques,  de  l'alumine  libre  et  de  la  silice  à  l'étal  gélatineux,  pourquoi  son 
action,  à  égalité  de  masse,  dépasse-t-elle  en  intensité  celle  de  ses  compo- 
sants, pris  indivnduellement  ou  dans  leur  ensemble?  Y  a-t-d  encore  dans 
l'argile  agricole  une  substance  que  nous  ne  saisissons  pas?  Il  serait  témé- 
raire, présentement,  de  vouloir  expliquer  le  fait  en  lui-même  ;  je  me  contente 
de  le  signaler. 

Observations  sur  la  Note  précédente  de  M.  J.  Dumont,  par  M.  L.  Maquenxe. 

Il  nous  paraît  difficile  de  suivre  M.  Dumont  lorsqu'il  nous  dit,  en  termi- 
nant sa  très  intéressante  Communication,  qu'il  serait  téméraire  de  vouloir 
expliquer  les  faits  qu'il  signale  et  que  les  propriétés  absorbantes  de  l'argile 
peuvent  être  attribuées  à  quelque  autre  corps  que  nous  ne  saisissons  pas. 
Tout  porte  à  croire,  en  effet,  que  ces  propriétés  tiennent  à  la  constitution 
chimique  de  l'argile  et  en  sont  une  conséquence  nécessaire. 

Une  molécule  d'argile  renferme  quatre  oxhydryles  fixés  sur  l'aluminium, 
dans  la  même  situation  que  celle  qu'occupent  les  six  oxhydryles  de  l'alu- 
mine ordinaire  :  elle  doit  donc  forcément  posséder  encore  des  propriétés 
basiques  et  des  propriétés  acides,  celles-ci  dominant  sans  doute  sur  les  pre- 
mières à  cause  du  voisinage  d'un  groupe  pyrosilicique.  Ce  groupe,  en 
s'hydratant,  peut  à  son  tour  donner  naissance  à  deux  fonctions  acides  sup- 
plémentaires :  l'argile  doit  par  conséquent  pouvoir  contracter,  avec  les 
bases  et  avec  les  acides,  des  combinaisons  vraisemblablement  dissociables 
par  l'eau. 

Ces  considérations,  parfaitement  d'accord  avec  les  analogies  signalées 
par  M.  DumonI,  sont  aujourd'hui  classiques  et,  pour  ma  pari,  je  les  enseigne 
depuis  longtemps  pour  expliquer  les  |)ropriékés  absorbantes  de  l'argile 
vis-à-vis  de  la  potasse  et  de  l'acide  phosphorique  :  elles  intéressent  d'autant 
plus  la  Chimie  agricole  qu'elles  fournissent  une  interprétation  rationnelle 
du  rôle  régulateur  que  joue  la  terre  dans  la  distribution  aux  plantes  et 
l'abandon  aux  eaux  de  drainage  des  éléments  de  fertilisation  qui  s'y  trouvent 
ou  qu'on  lui  donne  sous  forme  d'engrais. 


3/f8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


ZOOLOGIE.  —  Sur  le  passage  à  travers  les  ganglions  spinaux  de  faisceaux  pro- 
venant des  racines  motrices  et  se  rendant  aux  nerfs  dorsaux,  chez  les  Batra- 
ciens. Note  de  P.  Wintrebert,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

L'existence  de  fibres  motrices  pénétrant  les  ganglions  spinaux  est  facile  à 
constater  au  moyen  de  coupes  en  série,  colorées  par  les  procédés  habituels, 
chez  les  Urodèles  et  chez  les  Anoures.  lille  surprend  d'abord  et  paraît 
s'opposer  à  la  conception  classique;  elle  s'ex}:<lique  si  l'on  prend  soin  de 
suivre  les  faisceaux  moteurs  à  travers  le  ganglion;  ils  restent,  en  effet,  suf- 
fisamment compacts  et  visibles  pour  qu'on  puisse  affirmer  leur  continuité 
avec  les  nerfs  dorsaux.  Dès  lors  la  structure  seule  du  ganglion  est  boule- 
versée; les  fibres  motrices  perforent  de  part  en  part  le  manteau  fermé 
(Lenhossèk)  ('  )  de  cellules  ganglionnaires  placé  autour  de  la  racine  sensi- 
tive  et  celte  racine  elle-même;  ils  se  rendent  à  leur  destination  périphé- 
rique par  la  voie  la  plus  directe,  comme  si  les  éléments  du  ganglion  n'exis- 
taient pas.  Les  fibres  sensitives  qui  vont  aux  mêmes  nerfs  se  rassemblent  en 
(les  roules  qui  convergent  aux  mêmes  points. 

On  connaît  liepuis  longtemps  i'olroile  liaison  de  la  racine  ventrale  et  du 
ganglion;  Lenhossèk  a  montré  l'empiétement  du  ganglion  sur  la  partie 
proximale  du  nerf  mixte. 

I.  Anourkb  :  A.  Rana  viiidis.  —  Les  faisceaux  inoleurs  allant  aux  ganglions  spi- 
naux peu\enl  présenter  des  aspects  diflerenls  suivant  leur  lieu  d'origine.  Le  plus 
souvent,  ils  se  tlétachent  des  racines  motrices  au  moment  du  contact  de  celles-ci  avec 
les  ganglions;  parfois  les  fibres  de  pénétration  s'isolent  déjà  en  une  branche  distincte 
juste  au-dessus  du  ganglion;  elles  peuvent  constituer  enfin  une  véritable  petite 
racine  accessoire  totalement  indépendante  depuis  la  moelle,  mais  qui,  dans  certains 
cas,  s'adosse  encore  dans  son  trajet  à  la  racine  principale.  L'origine  médullaire  de 
cette  racine  se  fait  à  la  partie  latérale  externe  de  la  zone  d'insertion  motrice;  son 
trajet  est  intermédiaire  aux  racines  dorsale  et  ventrale,  mais  situé  plus  près  de  celle-ci  ; 
sa  terminaison  a  lieu  à  l'extrémité  postérieure  du  ganglion  qu'elle  aborde  par  sa  face 
interne;  un  second  faisceau  ganglionnaire  tiès  court  peut  coexister  avec  elle. 

Dans  le  ganglion,  les  fibres  motrices  suivent,  en  général,  deux  chemins  distincts, 
l'un  postérieur,  l'autre  antérieur;  tous  deux  se  dirigent  eu  dehors  et  abou- 
tissent à  la  surface  dans  la  région  dorsale  de  la  face  externe.  Le  premier,  plus  larj^e, 
reste  cantonné  à  l'extrémité  postérieure;  l'autre,  né  parfois  du  premier,  mais  souvent 
distinct  depuis  la    racine  motrice,   se  rend  à  l'extrémité   antérieure   du   ganglion   cl 


(')  Arch.f.  iuil;r.  Anal.,  lid.  \X\1,  i8S6. 


SÉANCE  DU  5  FÉVRIER  1906.  349 

passe  souvent  à  travers  les  fibres  sensitives  de  la  racine  dorsale.  Les  deux  chemins 
aboutissent  aux  deux  nerfs  dorsaux;  ils  se  subdivisent  qnand  ceux-ci  sont  plus 
nombreux. 

Les  nerfs  dorsaux  montent  en  dehors  des  apophjses  articulaires,  dans  l'espace  inter- 
Iransversaire  ;  ils  donnent  des  fibres  au  muscle  intertransversaire  et  passent  dans  les 
cloisons  myomériques  antérieure  et  postérieure  qui  encadrent  le  myotome  correspon- 
dant. Les  nerfs  dorsaux  de  la  dixième  paire  qui  se  dirigent  en  arrière  passent  sous  le 
ganglion  sans  le  traverser. 

B.  Alytes  obsletricans.  —  On  observe  les  mêmes  pénétrations  et  sorties  de  fibres 
motrices.  La  racine  ventrale  est  plus  intimement  accolée  encore  au  ganglion,  et  l'on 
voit  des  cellules  ganglionnaires  insinuées  entre  ses  fibres.  La  racine  accessoire  peut 
pénétrer  le  ganglion  par  son  extrémité  antérieure.  En  arrière  du  faisceau  postérieur 
intraganglionnaire,  il  n'y  a  souvent  qu'un  petit  groupe  de  cellules  nerveuses. 

II.  Urodèles  :  A.  Salamandra  maculosa.  —  Au  niveau  du  plexus  lombosacré,  un 
faisceau  se  détache  souvent  de  la  racine  motrice  à  mi-chemin  de  la  moelle  et  du  gan- 
glion; il  plonge  dans  celui-ci  par  son  hile  interne;  mais  auparavant  il  envoie  une 
branche  au  nerf  dorsal  interne;  celui-ci  présente  souvent  des  cellules  ganglionnaires 
autonomes  et  se  place  entre  le  périoste  vertébral  et  le  myotome.  Dans  le  ganglion,  le 
faisceau  moteur  se  dirige  en  tiehors  et  passe  à  travers  les  fibres  de  la  racine  dorsale; 
il  se  divise  en  plusieurs  branches  qui  sortent  vers  l'angle  antérodorsal  de  la  face 
externe  pour  constituer  les  nerfs  dorsaux  externes.  Ces  nerfs  coupent  l'angle  antérieur 
du  myotome  correspondant  pour  rejoindre  la  cloison  mvomérique  adjacente. 

B.  Siredon  pisciforntis.  —  Chez  les  jeunes  larves  examinées,  on  suit  assez  bien  les 
libres  perforantes  jusqu'aux  nerfs  dorsaux  issus  des  ganglions. 

Conclusions.  —  1°  Il  existe  une  pénétration  partielle  des  racines  inotrices 
dans  les  ganglions  spinaux;  le  faisceau  perforant  peut  s'isoler  vers  la  moelle, 
chez  Rana  viridis,  jusqu'à  former  une  racine  ventro-latérale  accessoire, 
intermédiaire  avec  deux  autres  racines  et  dont  l'origine  médullaire  s'ob- 
serve à  la  partie  la  plus  latérale  et  la  plus  externe  de  la  région  motrice. 

2°  Les  faisceaux  perforants  subdivisent  la  substance  ganglionnaire  et 
traversent  souvent  la  zone  des  fdjres  sensitives.  Ils  constituent  ainsi  les 
racines  motrices  des  ner/sldorsaiix .  he  nerf  spinal  sous-ganglionnaire,  appelé 
nerf  mixte,  n'est  que  le  tronc  mixte  des  fibres  ventrales. 

3°  Les  fibres  qui  constituent  les  nerfs  dorsaux  ont  un  trajet  subordonné 
à  la  conservation  de  leurs  rapports  anatomiques;  la  traversée  du  ganglion, 
que  ne  gênent  point  les  groupes  de  cellules  nerveuses  orientés  latérale- 
ment, représente  la  voie  la  plus  directe  qu'elles  puissent  suivre  vers  Ifur 
terminaison  périphérique;  les  nerfs  antéro-externes  des  Urodèles  ne  par- 
viennent encore  à  la  cloison  myomérique  antérieure  qu'en  traversant  la 
corne  antérieure  du  myotome;  les  nerfs  postérieurs  des  Anoures,  malgré 
l'empiétement  du  ganglion  sur   le  nerf  mixte  (  f^enhossèk)   et  la   grande 


35o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

obliquité  du   myotome,  doivent  toujours  contourner  en  avant  l'apophyse 
transverse  qui^limite  en  arrière  l'espace  où  ils  sont  situés. 


PHYSIOLOGIE.  —  Action  du  sulfate  d' hordénine  sur    les   ferments  soluhles 
et  sur  les  microbes.  Note  de  M.  L.  Camus,  présentée  par  M.  Guignard. 

Le  sulfate  d'hordénine,  qui  agit  sur  l'appareil  cardio-vasculaire,  comme 
je  l'ai  précédemment  indiqué  ('),  influence  aussi  l'appareil  digestif  et  les 
sécrétions  digestives;  je  montrerai  ailleurs  que  les  systèmes  nerveux  glan- 
dulaire et  intestinal  réagissent  à  l'alcaloïde  comme  le  système  nerveux  car- 
diaque. Les  glandes  sécrètent  sous  l'influence  d'une  certaine  dose  d'alca- 
loïde et  cessent  de  réagir  à  leurs  excitants  habituels  quand  l'organisme  est 
sous  l'influence  d'une  dose  plus  considérable  de  cette  substance. 

J'indiquerai  présentement  les  modifications  que  subissent  les  fermen- 
tations et  les  cultures  microbiennes  quand  elles  sont  faites  en  présence  du 
sulfate  d'hordénine. 

L  Action  sur  les  ferments  solubles.  —  J'ai  étudié  l'action  du  sulfate  d'hor- 
dénine sur  les  fermentations  qui  se  font  par  l'intermédiaire  de  la  pepsine, 
de  la  trypsine,  de  la  présure,  del'invertine,  de  la  maltase. 

Pepsine.  —  La  digeslion  de  l'albuinine  coagulée  par  la  pepsine  est  retardée  par  la 
présence  du  sulfate  d'hordénine;  le  retard  augmente  avec  la  quantité  d'alcaloïde.  Si  la 
digestion  a  été  arrêtée  avec  une  certaine  dose  de  sulfate,  on  peut  la  faire  repartir  en 
augmentant  la  proportion  de  pepsine. 

Trypsine.  —  Le  sulfate  d'hordénine  agit  sur  le  suc  pancréatique  kinasé  comme  sur 
la  pepsine. 

Présure.  —  La  coagulation  du  lait  par  la  présure  est  aussi  entravée  par  la  présence 
du  sulfate  d'hordénine.  Une  solution  de  présure  capable  de  déterminer  en  3,  5  et 
-j  minutes  la  coagulation  d'une  certaine  quantité  de  lait  renfermant  i,  i,35,  a.Sopour 
100  de  sulfate  tl'hordénine  ne  fait  pas  coaguler,  même  en  24  heures,  une  égale  quan- 
tité de  lait  quand  la  proportion  de  sulfate  est  de  5  ou  de  10  pour  100.  L'incoagulabi- 
lité  du  lait  sulfaté  à  5  pour  100  n'a  rien  d'absolu;  par  exemple,  en  employant  o"^'"',  5 
de  présure  à  0,6  pour  100  au  lieu  de  o'^"'',  i,  on  voit  la  coagulation  se  faire  en  10  mi- 
nutes; si  l'on  fait  agir  i'"'  de  cette  même  solution  de  présure,  la  coagulation  se  fait  en 
4  minutes.  Il  y  a  donc  ici,  comme  dans  le  cas  de  la  pepsine  et  de  la  trypsine,  antago- 
nisme du  sulfate  d'hordénine  et  du  ferment  et  il  est  intéressant  de  déterminer  la  nature 
de  cet  antagonisme. 

J'ai  constaté  que  la  durée  du  contact  du  sulfate  d'hordénine  et  de  la  présure  n  in- 


(')  Comptes  rendus,  l.  GXLIl,  22  janvier  igofi,  p.  237-239. 


SÉANCE  DU  5  FÉVRIER  1906.  35 l 

lluence  pas  ractivité  de  celle-ci  et  de  même  que  la  durée  d'action  du  sulfate  sur   le 
lait  n'a  pas  d'effet  appréciable. 

On  devait  se  demander  ce  que  devient  le  fertïient  dont  l'action  sur  le 
lait  est  empêchée  par  une  quantité  convenable  de  sulfate  d'hordénine.  Si, 
par  exemple,  à  a*^""'  de  lait  sulfaté  à  5  pour  100  on  ajoute  o""',  i  de  ferment 
à  1 , 2  pour  100,  on  ne  voit  à  aucun  moment  la  coagulation  se  produire,  mais 
si,  après  3o  minutes  de  contact  à  (\o°,  on  prélève  i™'  du  mélange  et  qu'on 
l'ajoute  à  1"°'  de  lait  frais  porté  à  40",  on  obtient  la  coagulation  de  ce  nou- 
veau mélange  en  i  heure  38  minutes.  Le  ferment  n'a  donc  pas  été  détruit 
par  le  sulfate  d'hordénine,  il  est  resté  simplement  à  l'état  latent. 

La  température  optima  pour  l'action  du  sulfate  d'hordénine  et  celle  pour  l'action 
du  ferment  ne  coïncident  pas;  aussi  peut-on  aisément  constater  que  le  lait  sulfaté, 
incoagulable  à  4o",  se  coagule  si  l'on  abaisse  la  température  à  Se". 

Enfin  on  peut  constater  que  des  quantités  très  considérables  de  sulfate  d'hordénine 
sont  incapables  de  détruire  de  très  faibles  quantités  de  présure.  Après  avoir  soumis  à  la 
température  de  [\o°  un  mélange  de  présure  et  de  sulfate  d'hordénine  dans  le  rapport 
de  I  à  3oo,  on  constate  que  la  présure  est  toujours  capable  de  faire  coaguler  le  lait  si  le 
mélange  est  dilué  dans  une  quantité  suffisante  de  lait  pour  que  la  proportion  de  sulfate 
V  soit  assez  faible.  Le  sulfate  d'hordénine  n'altère  donc  pas  le  ferment  et,  s'il  l'empêche 
d'agir,  c'est  vraisemblablement  parce  qu'il  modifie  le  lait.  Du  reste  le  lait  sulfaté  de- 
vient coagulable  parla  chaleur  et,  à  la  température  du  laboratoire,  il  est  précipité  par 
une  proportion  de  .5  pour  100  de  ce  sel. 

En  résumé,  il  y  a  antagonisme  du  sulfate  d'hordénine  et  du  ferment, 
mais  cet  antagonisme  est  indirect,  en  ce  sens  que  la  coagulation  et  la  non- 
coagulalion  dépendent  de  la  prédominance  de  l'une  des  deux  substances 
sur  la  matière  coagulable. 

Uinvertine,  la  mallase,  la  lipaséidine  ne  sont  pas  arrêtées  dans  leur  action 
par  le  sulfate  d'hordénine. 

II.  Action  sur  les  microbes.  —  J'ai  recherché  pour  plusieurs  espèces  mi- 
crobieiuies  quelle  était  la  proportion  de  sulfate  capable  d'entraver  les  cul- 
tures. 

Les  espèces  étudiées  jusqu'à  présent  sont  le  Bacille  Coli,  le  B.  d'Eberth, 
le  Vibrion  de  Massaouah  et  le  V.  de  Finkler  eL  Prior.  L'ensemencement  a 
été  fait  dans  du  bouillon  renfermant  des  proportions  croissantes  de 
sulfate. 

Le  B.  Coli  et  le  V.  de  Massaouah  ne  cultivent  plus  en  présence  de 
4  pour  100  de  sulfate;  le  B.  d'Eberth  et  le  V.  de  Finkler  et  Prior  en  pré- 
sence de  5  pour  100  de  ce  sel. 

L'action  antiseptique  du  sulfate  d'hordénine  n'est  pas  due  à  une  modifi- 


352  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

cation  de  tension  osmotiqiie  du  milieu,  je  m'en  suis  assuré  par  des  expé- 
riences comparatives  faites  avec  (lu  chlorure  de  sodium;  tient-elle  à  une 
action  de  l'alcaloïde  sur  les  substances  assimilables  du  bouillon  ou  sur  le 
protoplasma  cellulaire? 

Quelques  expériences  sont  encore  à  réaliser  pour  résoudre  ces  questions, 
maison  peut  dès  maintenant  se  demander  si  la  thérapeutique  doit  fonder 
quelque  espoir  sur  l'emploi  de  l'hordénine. 

Je  puis  dire,  d'après  mes  recherches,  que,  bien  que  la  toxicité  du  sulfate 
d'hordénine  soit  très  faible  par  ingestion,  il  ne  semble  pas  que  l'on  puisse 
songer  à  réaliser  avec  cette  substance  l'antisepsie  absolue  du  tube  digestif. 
Un  effet  antiseptique  partiel  est  seul  à  espérer,  mais  on  doit  se  rappeler 
que  cet  alcaloïde  agit  aussi  sur  le  système  cardio-vasculaire,  sur  l'appareil 
digestif,  sur  les  sécrétions  et  que  ces  propriétés  pourront  peut-être  rendre 
d'excellents  services  dans  le  traitement  des  affections  intestinales. 

Les  études  cliniques  établiront  donc  la  valeur  thérapeutique  du  sulfate 
d'hordénine  en  tenant  compte  non  seulement  de  ses  propriétés  antisep- 
tiques, mais  encore  de  ses  effets  sur  l'ensemble  de  l'organisme. 

PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  Les  proporlions  de  chloroforme  que  contient 
le  sang  artériel  pendant  l'état  d'anesthésie  nont  pas  de  rapport  direct  avec 
les  effets  quelles  produisent.  Note  tle  M.  «5.  Tissot,  présentée  par 
M.  Chauveau. 

Pendant  l'état  d'anesthésie,  en  dehors  des  modifications  que  la  manière 
d'administrer  l'anesthésique  fait  subir  au  taux  de  chloroforme  dans  le  sang 
artériel,  on  observe  les  faits  suivants  : 

1°  Pendant  l'aneslhésie  avec  les  mélanges  titrés,  toute  augmentation  de 
la  ventilation  pulmonaire  a  pour  efïet  d'élever  rapidement  le  taux  du  chlo- 
roforme dans  le  sang  artériel. 

2"  Au  cours  d'une  syncope  respiratoire,  le  taux  du  chloroforme  diminue 
progressivement  dans  le  sang  artériel;  cette  diminution  est  fonction  du 
temps  et  de  la  vitesse  de  la  circulation  du  sang. 

3°  La  proportion  de  chloroforme  du  sang  artériel  peut,  sans  provoquer  la 
mort,  devenir  supérieure  pendant  12  à  i5  minutes  et  même  [)lus  à  la  dose 
mortelle  pour  le  cerveau  ou  à  la  dose  que  contiendra  le  sang  artériel  au 
moment  de  la  mort  par  le  chloroforme.  Voici  un  exemple  du  fait  : 

Sang  artériel  12  m.  3osec.  avaiil  la  syncope  mortelle.  .  .      58,5  pour  loo'''"'  de  sang 

»            6  minutes                            n                          ...      60  » 

Dose  mortelle  dans  le  cerveau 67       pour  loos  de  substance 


SÉANCE  DU  5  FÉVRIER  1906.  353 

4°  Il  n'y  a  pas  de  rapport  direct  entre  les  proportions  de  chloroforme  du 
sang  artériel  et  les  effets  (|u'elles  produisent. 

Exemple.  —  Dans  une  expérience,  une  proportion  de  6o'"s  de  cliloroforme  dans  le 
sans  a  déterminé  une  syncope  respiratoire  qui  a  disparu  spontanément,  tandis  que, 
6  minutes  plus  tard,  une  dose  de  Se"?, 7  provoquait  la  mort;  la  dose  mortelle  pour  le 
cerveau  était,  chez  cet  animal,  de  48™6,6. 

5°  Il  n'y  a  pas  de  rapport  direct  entre  les  proportions  de  chloroforme  dn 
sang  artériel  et  les  effets  qu'elles  exercent  sur  la?  pression  artérielle. 
Exemple  : 

Pression  artérielle i.VV"™  81"'"  60™'"  45"'"' 

Proportion  de  chloroforme  pour  ioo''"'de  sang.        44"°.2  66™s,2  54™5,2  60""? 

La  courbe  de  la  pression  artérielle  renseigne  donc  sur  le  degré  d'intoxi- 
cation des  centres  nerveux  mais  non  pas  sur  les  variations  des  proportions 
•de  cliloroforme  dans  le  sang. 

6°  Une  proportion  déterminée  de  chloroforme  dans  le  sang  artériel  met 
un  certain  temps  avant  de  produire  son  maximum  d'effet. 

On  vient  de  voir  que,  dès  le  début  d'une  syncope,  la  proportion  de 
chloroforme  diminue  dans  le  sang  artériel.  Or,  au  moment  de  la  mort, 
c'est  souvent  2  miuutes  seulement  après  l'arrêt  respiratoire  définitif  que 
se  produit  le  fléchissement  brusque  de  la  pression  artérielle  indiquant  que 
le  cœur  est  frappé  et  que  l'animal  va  mourir.  Ce  retard  de  2  minutes 
représente  le  temps  nécessaire  à  la  diffusion  du  chloroforme  du  sang  arté- 
riel aux  centres  nerveux  pour  la  production  de  l'effet  mortel. 

De  l'ensemble  de  ces  faits  et  de  ceux  contenus  dans  ma  Note  précédente 
résulte  la  proposition  suivante  : 

//  n'y  a  pas  de  rapport  direct  entre  tes  proportions  de  chloroforme  contenues 
dans  le  sang  artériel  et  les  effets  qu  elles  déterminent  ;  ces  effets  dépendent, 
non  pas  de  ces  proportions  elles-mêmes,  mais  de  la  i^aleur  des  quantités  de 
chloroforme  que  les  lois  de  la  diffusion  permettent  au  sang  artériel  de  céder  aux 
centres  nerveux. 

La  valeur  de  la  quantité  de  chloroforme  qui  diffuse  du  sang  aux  centres 
nerveux  est  fonction  de  quatre  facteurs  :  t"  du  temps;  2°  du  rapport  entre 
les  proportions  respectives  de  chloroforme  du  sang  et  des  centres  nerveux; 
3°  de  la  vitesse  de  la  circulation  du  sang;  4°  tle  la  nature  des  deux  milieux 
en  contact. 

c.  R.,  1906,   I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N"  6.)  4? 


354  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

L'influence  de  la  vitesse  cl  u  courant  circulatoire  est  démontrée  parle  fait 
suivant  : 

La  différence  entre  les  proportions  de  chloroforme  dans  le  san^  veineux 
et  le  sang  artériel  n'est  que  de  3'"*  à  5'"*^  au  début  de  l'anesthésie  et  lorsque 
la  pression  artérielle  est  élevée  ;  elle  monte  à  20""^  et  3o™s  lorsque  la  pres- 
sion artérielle  s'abaisse  à  un  niveau  très  bas.  Lorsque  la  pression  artérielle 
est  très  basse,  le  sang  cède  aux  tissus  une  quantité  plus  considérable  de 
chloroforme  parce  qu'il  v  séjourne  plus  longtemps  et  parce  que  la  quantité 
de  sang  (pii  y  passe  "pendant  l'unité  de  temps  est  beaucoup  plus  faible. 

Le  sensjdu  phénomène  de  diffusion,  qui  se  produit  du  sang  aux  tissus 
pendant  l'administration  du  chloroforme,  se  renverse  i  ou  2  minutes  après 
l'arrêt  de  l'inhalation  de  l'anesthésique  et  se  fait  dès  ce  moment  des  tissus 
au  sang.  L'expérience  suivante  le  démontre  : 

Expérience.  — ■  On  mainlient  un  animal  anesthésié  pendant  3o  minutes.  Avant  de 
cesser  radministration  du  chloroforme  on  fait  une  prise  de  sang  artériel  et  une  prise 
de  sang  veineux  ;  puis  on  cesse  immédiatement  après  l'inhalation  et  l'on  fait  des  prélè- 
vements de  sang  veineux,  et  de  sang  artériel  à  des  intervalles  de  plus  en  plus  éloignés. 
Voici  les  résultats  obtenus  : 

Avant  l'arrùt 
du  clilorof. 

Prop.dechlorol'.  |  sang  artériel.     53,3 
dans  loo*^"'  de  (  sang  veineux.     48,1 

Si  l'on  représente  ces  chiffres  par  deux  courbes,  on  voit  que  leur  inter- 
section, c'est-à-dire  l'inversion  du  phénomène  de  diffusion,  se  produit 
2  minut)es  après  l'arrêt  de  la  chloroformisation  et  que  la  proportion  de 
chloroforme  est  à  ce  inoment  de  39"^,  5  dans  le  sang  artériel  comme  dans 
le  sang  veineux. 

Ces  résultats,  joints  aux  faits  que  j'ai  déjà  signalés  dans  cette  Note  et 
dans  mes  Notes  précédentes,  nous  amènent  à  une  conclusion  pratique  im- 
portante. 

Pour  éviter  l'accumulation  du  chloroforme  dans  l'organisme,  le  meilleur 
procédé  est  de  donner  l'anesthésique  de  façon  intermittente;  ce  procédé 
est  précisément  celui  employé  actuellement  par  la  plupart  des  chirurgiens. 
La  iliminution  rapide  du  chloroforme  dans  le  sang  artériel  et  dans  le,  sang 
veineux  permet  ainsi  de  maintenir  la  proportion  de  chloroforme  dans  les 
centres  nerveux  à  un  taux  non  dangereux  et  d'en  éviter  l'accumulation. 
Les  faits  que  j'ai  exposés  expliquent  la  parfaite  innocuité  de  la  cbloroformi- 


'"apiVs 

j.^m 

45" 

!.>■ 

4''3o- 

10" 

"iirrrl. 

après. 

après. 

après. 

après. 

après. 

28,4 

m? 

.3,2 

5.,8 

in^ 

32,5 

16,2 

7.7 

4,9 

2,2 

I 

SÉANCE  DU  5  FÉVRIER  Î906.  355 

sation  pratiquée  de  cette  manière  et  montrent  que  l'on  évitera  fp.cileinent 
les  accidents  en  se  rappelant  : 

i"  Qu'il  fiiut  donner  l'anesthésique  avec  prudence  lorsqu'il  se  produit 
une  augmentation  de  la  ventilation  pulmonaire,  surtout  au  moment  de  la 
période  d'excitation; 

2"  Qu'il  faut  déterminer  l'aneslhésie  lentement; 

3°  Que,  lorsqu'on  administre  le  chloroforme  |iar  le  procédé  de  la  com- 
presse, il  faut  le  donner  régulièrement,  goutte  à  goutte. 


PATHOLOGIE.  —  Con/rihiiliofi  à  /'étude  de  l'anatomic  pathologique  des  cancers 
épithèliaux  de  la  prostate.  Note  de  MM.  Motz  et  Majewski,  présentée  par 
M.  Guyon. 

Les  tumeurs  épithéliales  de  la  prostate  sont  formées  soit  de  productions 
épilhéliales  alvéolaires  (cancer  alvéolaire),  soit  de  productions  plus  ou 
moins  alvéolaires,  mais  accompagnées  ou  précédées  d'une  néoformation 
de  culs-de-sac  glandulaires.  Les  glandes  néoformées  sont  ordinairement 
beaucoup  plus  petites  que  les  glandes  normales  de  la  prostate.  Leur  nombre, 
dans  certains  cas,  est  très  restreint  (adéno-carcinome);  dans  d'autres  cas, 
au  contraire,  \\  est  considérable  (adéno-épithélioma  d'Albarran  et  Halle). 
Ces  deux  dernières  variétés  constituent  la  grande  majorité  des  tumeurs 
épithéliales  de  la  prostate. 

Dans  le  cancer  alvéolaire  et  dans  l'adéno-carcinome,  le  stroma  conjonc- 
tive-musculaire de  la  prostate  devient  ordinairement  scléreux.  Dans 
l'afiéiio-épithélioma,  cette  transformation  fibreuse  ne  se  produit  pas  ou  se 
produit  irès  lentement.  Comme  le  diagnostic  clinique  de  la  carcinose  pro- 
slalique  se  fait  grâce  à  l'apparition  du  tissu  fibreux  dans  l'intérieur  de  la 
i^lande,  la  conservation  fréquente  de  la  consistance  normale  de  la  prostate 
rentl  impossible  le  diagnostic  clinique  d'un  grand  nombre  de  tumeurs 
prostatiques. 

La  propagation  ganglionnaire  des  tumeurs  delà  prostate  est  presque  con- 
stante. Mos  recherches  à  ce  point  tle  vue  nous  ont  donné  im  résultat  positif 
dans  vingt-cinq  cas  sur  vingt-six  cas  de  carcinose  prostatique  diagnostiquée 
cliniquement  dans  le  service  de  notre  maître,  M.  le  professeur  Guyon. 

Les  ini'iltrations  cancéreuses  des  vésicules  séminales  ont  été  constatées 
dans  vuigt  cas.  Elles  sont  souvent  beaucou-p  plus  prononcées  à  gauche  qu'a 
liioile. 


356  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Le  péritoine  a  été  envahi  par  des  productions  néoplasiques  dans  trois 
cas. 

Le  rectum,  qui  dans  la  carcinose  prostato-pelvienne  est  souvent  entouré 
de  masses  cancéreuses,  reste  ordinairement  intact. 

La  propagation  du  néoplasme  aux  vertèbres  et  au  pubis  n'est  pas  rare. 

La  vessie  présente  souvent  des  propagations  néoplasiques.  Nous  les 
avons  trouvées  dans  vingt  cas  sur  vingt-six  de  carcinose  prostatique  dia- 
gnostiquée cliniquement.  Cette  infiltration  peut  se  présenter  soit  sous  !a 
forme  larvée  visible  seulement  au  microscope,  soit  sous  la  forme  de  pro- 
ductions visibles  à  l'œil  nu.  Quand  la  tumeur  n'a  pas  pris  du  côté  de  la 
vessie  un  développement  considérable  elle  peut  se  présenter  sous  la  forme, 
soit  de  petites  nodosités  plus  ou  moins  ulcérées  et  disséminées  sur  le  tri- 
gone,  soit  sous  la  forme  des  gros  bourrelets  qui  soulèvent  la  muqueuse 
vésicale  dont  ils  sont  coiffés,  ou  enfin  de  petites  tumeurs  plus  ou  moins 
sessiles.  Dans  d'autres  cas  la  tumeur  infiltre  et  ulcère  largement  les  parois 
vésicales. 

La  propagation  uréthrale  a  élé  constatée  dans  sept  cas  :  dans  deux  cas  il 
n'y  avait  que  des  végétations  néoplasiques,  dans  quatre  cas  l'urèthre  posté- 
rieur était  profondément  ulcéré  et  dans  un  cas  il  était  presque  complè- 
tement détruit.  Le  corps  spongieux  était  envahi  dans  trois  cas. 

Les  métastases  ont  élé  trouvées  chez  cinq  malades  :  trois  fois  dans  1'' 
loie,  deux  fois  dans  la  plèvre  et  le  poumon,  une  fois  dans  le  rein  et  une  (bis 
dans  le  fémur. 


CHIRURGIE.  —  La  trépanaiion  rolandiqne  et  la  ponction  venlriculaiie 
dans  l'arriération.  Note  de  i^L  O.  Laurent,  présentée  par  M.  Lan- 
nelongue. 

Lorsque,  le  3o  juin  1890,  M.  le  professeur  Laniielongue  préconisait,  à 
l'Académie  des  Sciences,  la  trépanation  dans  la  microcéphalie,  il  rendait  le 
service  le  plus  signalé  en  projetant  de  la  lumière  sur  un  domaine  obscur, 
en  s'altaquant  au  domaine  si  réfractaire  de  l'arriération.  L'opinion  domi- 
nante du  jour  est  celle  de  l'abstention.  Mais,  si  nous  considérons  qu'actuel- 
lement une  large  trépanation  est  souvent  inoffensive,  que  le  diagnostic  de>. 
affections  cérébrales  est  fréquemment  imprécis  et  que  l'action  de  l'inter- 
vention chirurgicale  est  bien  nette  dans  certaines  lésions  inflammatoires 
d'ordre  divers,  nous  pouvons  déjà  conclure,  du  simple  examen  îles  travaux 


SÉANCE  DU  5  FÉVRIER  1906.  357 

parus  sur  l'arriération,  que  les  indications  de  la  nature  et  de  X étendue  de 
l'intervention  chirurgicale,  dans  ce  cas,  n'ont  pas  de  netteté  pratique  suffi- 
sante et  que  de  nouvelles  études  sont  nécessaires  pour  mettre  la  question 
tout  à  fait  au  point. 

Au  point  de  vue  pratique,  nous  pouvons  diviser  les  arriérés  (l'atrophie 
du  cerveau  étant  mise  a  part)  en  deux  grandes  classes  :  arrières  essentiels, 
justiciables  du  traitement  médico-pédagogique,  et  arriérés  lésionnels,  justi- 
ciables du  traitement  médico-chirurgical. 

La  différenciation  jjeut  être  très  difficile,  mais  il  suffira,  en  général,  de 
retrouver  les  signes  de  la  méningite  chronique,  surtout  de  la  méningite  rolan- 
dique,  de  l'hydrocéphalie  relativement  peu  développée,  de  l'exagération  réac- 
tionnelle  de  iécorce,  dont  la  contracture  musculaire  est  le  type,  et  do  Vatro- 
phie peu  marquée  du  cerveau. 

L'arriération  avec  troubles  seruitivo-moteurs  indique  la  trépanation  large  des 
deux  sillons  de  Rolando  :  celle-ci  décongestionne  la  région  dénudée  et  même 
le  cerveau  tout  entier,  décomprime  celui-ci,  atténue  ou  fait  cesser  une  pres- 
sion intra-crànienne  parfois  très  élevée;  elle  agit  à  titre  trophique  en  favo- 
iisant  le  développement  sensitivo-moteur  et  intellectuel  ;  la  taille  et  le  poids 
sont  favorablement  influencés. 

I.  La  ponction  et  le  lavage  ventriculaire ,  également  préconisés  par  Lan  ne- 
longue,  pourront  être  combinés  à  la  trépanation  dans  la  méningite  avec  Jiydro- 
céphalie:  la  ponction  diminue  la  pression  excentrique  et  fait  apparaître  les 
balteuîenls  du  cerveau.  Elle  doit  extraire  60^  et  même  loo*'  de  liquide. 
Nous  préconisons,  après  l'ablation  du  spina-bifida,  la  ponction  ventriculaire 
plus  ou  moins  fréquemment  répétée  à  titre  préventif  de  l' hydrocéphalie . 

Nous  avons  opéré  une  fille  de  4  mois  pour  spina-bifida  et,  dans  les  11  mois  consécu- 
tifs, nous  avons  jjratiqué  huit  séances  de  ponctions  du  cerveau.  Le  trocart  est  enfoncé 
par  la  fontanelle  antérieure,  à  droite  ou  à  gauche  de  la  ligne  médiane,  à  4°""  ou  6"^"',  5 
de  profondeur;  le  stylet  retiré,  nous  introduisons  dans  la  canule  du  trocart  une  fine 
sonde  en  caoutchouc  durci,  ce  qui  facilite  singulièrement  Técoulement  du  liquide.  Nous 
en  retirons  d'abord  3o8,  4os  ou  5os,  pour  injecter  ensuite  20e  à  3o8  d'eau  ou  de  sérum 
artificiel  tiède,  mélangé  do  deux  gouttes  de  teinture  d'iode  pour  200  de  sérum,  puis, 
seconde  extraction  de  3o3  à  oos  suivie  d'un  lavage  iodé,  20°  en\jron  de  celui-ci  étant 
laissés  dans  le  cerveau.  L'enfant  avait  une  légère  fièvre  j^endant  24  heures  et  tout  ren- 
trait dans  l'ordre  sans  convulsions. 

IL  La  trépanation  rolandique  bilatérale  peut  améliorer  considérablement 
la  maladie  de  Little  avec  athétose  et  tétanie  généralisée,  comme  le  prouve  notre 
deuxième  cas  : 

Nous  avons  trépané   toute  la  longueur  des  deux  sillons  de  Kolando  chez  un  garçon 


358  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

(le  près  de  lo  ans,  ([iii  n'a  jamais  pu  marchei'  et  qui  présentait,  depuis  la  naissance 
peut-on  dire,  des  contractures  spasmodiqnes  de  tous  les  muscles  volontaires  avec 
tétanie.  L'amélioration  est  très  marquée  aux  points  de  vue  physique  et  intellectuel  :  il 
s  exprime  avec  beaucoup  plus  de  netteté  et  de  facilité  et  ses  réparties  sont  parfois 
très  fines;  appuyé,  il  peut  se  tenir  debout,  de  lui-même.  Et,  avant  les  trépanations,  il 
était  contorsionné  dans  les  plus  étranges  attitudes  par  les  contractures  de  tous  ses 
muscles  volontaires  et  en  agitation  permanente.  Le  courant  électrique  appliqué  sur 
les  circonvolutions  rolandiques  pendant  la  séance  opératoire  a  fait  élever  le  membre 
supérieur  à  plus  de  3o'="'  ou  40"'". 

Dans  notre  cas  de  maladie  de  I^itlle,  il  existait  nettement  de  la  méningite  de  la  con- 
vexité; la  trépanation  bilatérale  et  large  a  atténué  d'une  façon  très  marquée  les  con- 
tractures et  amélioré  l'état  général. 


III.  Nous  avons  guéri  radicalement  un  enfant  de  i5  mois  atteint  d'hy- 
t'rocéphalie  avec  parésie  des  membres  inférieurs.  Nous  avons,  en  deux 
séances,  après  trépanation,  placé  et  laissé  à  demeure  deux  drains  dans  le 
cerveau,  de  manière  à  faire  communiquer  les  ventricules  latéraux  avec  la 
cavité  sous-arachnoïdienne,  drainage  ventriculo-sous-arachnoïdien  (Watson- 
Cheyne). 

Par  une  ouverture  du  crâne  et  de  la  dure-mère,  à  3'"'  au-dessus  et  en  arriére  du 
méat  auditif,  nous  avons  introduit  un  petit  écheveau  de  crins  de  Florence  d'un  côté 
et,  de  l'autre,  un  faisceau  de  catgut,  que  nous  regardons  comme  étant  moins  irritant. 
L'enfant  a  présenté  des  signes  de  réaction  légère;  puis  le  calme  s'est  rétabli  et  l'en- 
fant est  aujourd'hui  guéri  :  il  jjarle  bien,  marche  facilement  et  est  très  intelligent.  Ce 
cas  est  un  exemple  de  tolérance  du  cerveau  pour  les  corps  étrangers. 

iY.  La  trépanation  rolandiqiie  bilatérale,  avec  ponctions  ventriculaires,  est 
applicable,  à  titre  palliatif,  à  certaines  méningites  chroniques  graves  et  accom- 
pagnées de  cris  et  d'agitation  continue. 

Chez  un  enfant  de  5  ans,  atteint  de  méningite  chronique  et  d'hydrocéphalie  depuis 
l'âge  de  5  mois,  nous  n'avions  largement  trépané  les  deux  sillons  de  Rolando  que  dans 
le  seul  but  d'amener  la  disparition  des  convulsions,  de  l'agitation  continue  de  l'enfant 
f[ui  était  en  mou\'enient  perpétuel  pour  ainsi  dire,  et  la  disparition  des  cris,  tous  phé- 
nomènes rendant  la  vie  de  la  mère  intolérable.  Ce  résultat  a  été  atteint  immédiatement. 
Mais  il  y  a  plus  :  c'est  que  l'intelligence,  que  nous  avions  crue  à  jamais  fermée,  s'est 
(pielque  peu  ouverte  à  la  lumière,  car,  depuis  la  seconde  trépanation,  l'enfant  donne 
la  main  lorsqu'on  la  lui  demande  et  sourit.  Nos  interventions  ont  donc  provoqué  les 
premières  manifestations  intellectuelles.  Si  l'on  considère  que  cet  enfant,  âgé  de  5  ans, 
est  malade  depuis  l'âge  de  5  mois,  il  faut  regretter  que  l'intervention  ait  été  aussi 
tardive.  Combien  est  grand  aussi  le  relard  de  nos  interventions  chez  Charles  Toussaint, 
atteint  de  maladie  de  Little  cérébrale  et  soumis  à  nos  soins  vers  l'âge  de  10  ans  seule- 
ment. 

En  terminant,  je  souligne  une  observation  d'ordre  général  :  j'ai  vu  un 


SÉANCE  DU  5  FÉVRIER  1906.  SSq 

très  grand  nombre  d'enfants  atteints  de  troubles  psycho-moteurs  aux  degrés 
les  plus  divers  de  gravité  et  j'ai,  dans  certains  cas,  conseillé  une  interven- 
tion qui  n'a  pas  été  acceptée.  Il  m'est  arrivé,  d'autre  part,  d'intervenir  sans 
résultat  et  j'ai  eu  deux  morts.  J'ai  relaté  des  cas  fie  succès  ou  d'améliora- 
tion accentuée  ;  j'aurais  pu  en  relater  d'autres.  Et  cependant  ces  enfants  ont 
été  soignés  aux  Enfants  assistés,  oii  le  traitement  consécutif,  si  utile  :  éleclri- 
sation,  massage,  etc.,  a  été  forcément  irrégulier.  J'estime  donc  que  tout 
enfant  arriéré  doit  être  soumis  à  l'examen  très  minutieux  d'nn  neuropatho- 
logiste,  la  superbe  chirurgie  d'aujourd'hui  étant  assez  puissante  pour  arra- 
cher plus  d'un  de  ces  petits  déshérités  aux  misères  de  la  nuit  intellectuelle. 


GÉOLOGIE.  —  Sur  l'existence  de  brèches  calcaires  et  polygéniques  dans  les 
montagnes  situées  au  sud-est  du  mont  Blanc.  Note  de  MM.  Kïlian  et 
P.  LoRY,  présentée  par  M.  Michel  Lévy. 


De  récentes  explorations  dans  la  portion  des  chaînes  intra-alpines  qui 
s'étend  de  la  Tarentaise  au  Valais  et  qui  se  trouve  comprise  entre  la  Lée 
(l'Allée)  Blanche,  le  val  Veni,  les  vais  Ferret  italien  et  suisse  au  Nord- 
Ouest,  le  Petit  Saint-Bernard,  Courmayeur,  le  Grand  Saint-Bernard, 
Liddes  et  le  val  de  Bagnes  au  Sud-Est,  nous  ont  permis  de  constater  le 
grand  développement  que  prennent  dans  cette  zone  de  nos  Alpes,  entre  la 
Tarentaise  et  le  Valais,  des  formations  bréchoïdes  semblables  à  celles  que 
l'un  de  nous  a  décrites,  en  collaboration  avec  M.  Révil,  en  Maurienne  et 
dans  les  environs  de  Moutiers  en  Tarentaise. 

La  région  ainsi  délimitée,  à  laquelle  appartiennent  notamment  les  massifs 
du  Crammont,  du  mont  Chétif,  de  la  Saxe,  de  la  Grande  GoUiaz,  du  mont 
Ferret,  col  de  Fenêtres,  des  Échesses  et  du  Six-Blanc  possède  une  structure 
isoclinale  (avec  pendage  Sud-Est)  très  régulière  et  peut  être  considérée 
comme  une  zone  de  racines;  elle  est  comprise  entre  le  massif  cristallin  du 
mont  Blanc  au  Nord-Ouest  et  la  zone  houillère  k  sédiments  plus  ou  moins 
métamorphiques  (schistes  de  Casanna,  pseudogneiss,  etc.)  au  Sud-Est. 

Nous  avons  pu  y  reconnaître  dans  la  partie  Nord-Ouest  une  zone  de 
sédiments  k  faciès  dauphinois  et,  dans  la  partie  Sud-Est,  une  bande  pai-al- 
lèle  de  terrains  à  faciès  briançonnais ;  c'est  dans  cette  dernière  que  se 
montrent  d'importants  bancs  de  brèches  parmi  lesquels  il  y  a  lieu  île  dis- 
tinguer : 

a.  Des  brèches  à  ciment  calcaire  largement  développé  et  fragments  de  calcaires  jau- 


36o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

nàtres  et  noirâtres,  identiques  à  la  brèche  du  Télégraphe  dont  l'un  de  nous  a  établi  l'âge 
Uasique  en  Maurienne  et  Tarenlaise,  horizon  çlevenu  aujourd'hui  classique  dans  les 
Alpes  françaises.  Comme  celle  dernière,  ces  brèches  sont  indéniablement  liées  au  Lias 
avec  les  bancs  duquel  elles  alternent.  On  peut  les  observer  au  nord-ouest  du 
Ma^enlzet  de  Bagnes,  dans  la  partie  supérieure  de  la  Combe  de  Là,  sur  les  pentes  du 
mont  Ferrel,  près  d'un  des  lacs  de  Fenêtre,  elc. 

h.  Des  brèches  polygéniques,  remarquables  par  l'abondance  des  galets  de  mica- 
schistes et  de  roches  cristallines  associés  à  des  fragments  calcaires,  ainsi  que  par  un 
ciment  plus  siliceux.  Parmi  les  débris  englobés  figurent  quelques  fragments  de  cal- 
caire zoogène  probablement  liasiques. 

Ces  dernières  brèches  sont  identiques  à  celles  dont  l'âge  éogène  a  été  reconnu  aux 
environs  de  Moutiers  par  l'un  de  nous,  en  collaboration  avec  M.  Révil,  puis  confirmé 
par  M.  Marcel  Bertrand. 

Elles  se  montrent  très  développées  dans  le  massif  du  Crammont  (Arpvielle),  puis  à 
l'est  de  la  Seigne  et  des  Mollets.  Au  nord-est  des  Chapieux  elles  constituent,  avec  des 
alternances  de  schistes  et  de  calcaires  siliceux  d'aspect  gréseux,  une  puissante  masse 
(syiiclinale)  limitée  à  l'Ouest  par  des  dépôts  triasiques  (Jeloge)  et  à  l'Est  par  des 
schistes  liasiques  lustrés  avec  masses  de  roches  vertes  intercalées  (vallée  du  Versoyen  ). 
Une  étude  ultérieure  nous  montrera  si  celte  importante  formation  bréchoïde,  qui 
occupe  en  Italie  de  notables  surfaces  (Crammont)  et  qui  figure,  sans  doute  à  tort,  sur 
la  feuille  Albertville  de  la  Carte  géologique  de  France,  comme  schistes  lustrés  supé- 
rieurs ou  Jurassique  jnoyen,  doit  être  définitivement  rattachée  à  l'éogène. 

Si  l'on  réfléchit  qu'il  s'agit  ici  d'une  zone  de  racines  bien  caractérisée, 
dans  laquelle  l'existence  de  nappes  ou  de  lambeaux  de  recouvrement  peut 
être  a  priori  absolument  écartée,  et  que  l'on  rapproche  ce  fait  de  la  pré- 
sence de  deux  séries  de  brèches  fort  analogues,  sinon  identiques,  à  celles 
que  nous  venons  de  décrire,  dans  les  lambeaux  et  nappes  de  charriage  des 
zones  externes  des  Alpes  (massif  du  Sulens,  Chablais,  Préalpes  suisses), 
on  est  amené  à  conclure  que  vraisemblableinent  l'origine  (  '  )  d'une  partie 
au  moins  de  ces  nappes  à  brèches  exotiques  doit  être  cherchée,  soit  dans 
la  zone  de  racines  en  question,  située  entre  le  mont  Blanc  et  la  grande 
bande  houillère,  plus  ou  moins  métamorphique,  qui  court  du  Petit  au 
Grand  Saint-Bernard,  soit  dans  le  voisinage  immédiat  de  cette  même  zone. 


(')  On  ne  saurait  trop  se  pénétrer,  lorsqu'on  procède  à  la  recherche  des  racines 
des  nappes  charriées,  de  celle  considération  que  la  plupart  des  assises  qui  composent 
ces  nappes  ont  beaucoup  de  chances,  étant  les  plus  élevées  de  la  série,  de  ne  plus 
exister  dans  les  racines  anliclinales  profondément  décapées  par  l'érosion,  ou  de  ne  s'j' 
lenconlrer  qu'à  1  état  il'intercalations  svnclinales  secondaires  et  peu  importantes.  Les 
terrains  prédominants  appartiennent  nécessairement  dans  la  nappe  charriée  à  des 
élages  plus  récents  que  ceux  qui  prédominent  dans  la  zone  des  racines. 


SÉANCE  DU  5  FÉVRIER  1906.  j6i 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Résultats  des  observations  magnétiques,  faites 
à  l'Observatoire  d'Athènes,  pendant  les  années  1900-1903.  Note  de  M.  D. 
ËGiNiTis,  présentée  par  M.  Lœwy. 

Pendant  les  trois  derniers  siècles,  plusieurs  observateurs  étrangers,  de  passage  ou 
en  mission  scientifique  en  Grèce,  ont  efTectué  dans  différentes  régions  du  pays  bon 
nombre  d'observations  magnétiques.  Mais,  jusqu'au  milieu  de  Tannée  1899,  on  n'y  a 
jamais  poursuivi,  d'une  façon  régulière  et  continue,  la  détermination  des  éléments  du 
magnétisme  terrestre.  On  ne  possédait,  en  ellét,  jusqu'à  cette  époque,  que  de  rares 
déterminations  isolées,  faites  sur  quelques  ])oiiUs,  en  grande  partie  maritimes,  du 
pays.  Ces  observations,  effectuées  dans  un  but  qui  n'était  pas  purement  scientifique, 
non  seulement  n'étaient  pas  complètes  et  ne  s'étendaient  que  sur  une  partie  déterminée 
de  la  Grèce,  mais,  en  outre,  la  plu])ait  d'entre  elles  ne  possédaient  pas  l'exactitude 
nécessaire  à  une  étude  précise. 

Dans  la  seconde  moitié  du  siècle  passé  ou  a  effectué,  dans  plusieurs  points  de  la 
Grèce,  quelques  observations  magnétiques  complètes  et  précises;  on  doit  mentionner 
trois  missions  de  la  marine  française  et  un  petit  nombre  d'observateurs. 

Paimi  les  observateurs  étrangers,  MM.  de  Bernardières,  d'Abbadie  et  Hartl  sont  les 
seuls  qui  aient  fait  des  observations  complètes.  Les  observations  des  officiers  français, 
MM.  Lephay  et  Le  Cannellier,  qui  comprennent  la  déclinaison  et  la  composante  hori- 
zontale, sont  faites  de  même  avec  beaucoup  de  soin. 

En  1899  nous  avons  fondé,  à  l'Observatoire  d'Athènes,  un  service 
magnétique;  les  instruments  affectés  aux  mesures  des  valeurs  absolues 
sont  :  un  théodolite-boussole  et  une  boussole  d'inclinaison,  moven  modèle, 
fournis  par  M.  Chasselon  ;  pour  les  variations  des  éléments  magnétiques, 
nous  avons  installé  dans  un  pavillon  magnétique,  construit  sur  la  colline 
de  l'Observatoire,  le  magnéto  graphe  de  M.  Mascart,  fourni  par  M.  Car- 
pentier  ('). 

Nous  allons  donner  ici  un  résumé  îles  résultats  de  nos  observations 
{1900-J903). 

Moyennes  annuelles  des   éléments  magnélirjues. 

Éléments.  1900.  1901.  1902.  1903. 

Déclinaison .5°  42', 27  5°34',i4  5°  26', 65  5"-2o',i9 

Inclinaison 52°    -',7  52°    7', 4  52°    4', 7  52°    4'î2 


(')   Tous  ces  instruments  ont  été  construits  avec  beaucoup  de  soin,  sous  la  surveil- 
lance de  M.  Th.  Moureaux,  à  qui  nous  adressons  d'ici  même  tous  nos  remercirnents. 
C.   H.,   1906,   I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N-  6  I  ^8 


36a  ACADÉMIE  DES   SCIENCES. 

Éléments.  1900.  1901.                     190Î.  1903. 

Comp.  horizontale.  o,26o63  0,26090  0,26141  0,26114 

Comp.  verticale.  .  .  o,335i4  o,3354i  o,33.54i  o,335o8 

Comp.  Nord 0,25934  0,25967  0,26028  0,26001 

Comp.  Ouest.....  0,02691  0,02532  0,02480  0,02429 

Force  totale o, 42456  o, 42494  0,42536  0,42482 

Pour  délerminer  les  heures  précises  des  maxima  et  minima  diurnes  de 
la  déclinaison,  de  la  composante  horizontale  et  de  la  composante  verticale, 
nous  avons  pris  dans  chaque  mois  les  jours  calmes,  de  dix  à  quinze,  pour 
lesquels  les  courbes  des  enregistreurs  présentent  une  allure  bien  régulière; 
les  caractères  que  présente  la  marche  moyenne  diurne  des  difFérents  élé- 
ments magnétiques  sont  résumés  ci-après. 

La  déclinaison  présente  deux  maxima  et  deux  minima  diurnes.  Le 
maximum  principal  se  produit  vers  i3''  et  le  minimum  vers  S'', 5;  le 
maximum  secondaire  a  lieu  vers  3'',8  et  le  minimum  secondaire  vers  23'',  i. 
L'heure  du  maximum  principal  est  [)resque  constante  pendant  toute  l'année, 
tandis  que  celle  du  minimum  principal  varie  de  8''  environ  en  été  à9'\5 
environ  en  hiver.  L'heure  du  maximum  secondaire  est  presque  aussi  variable, 
tandis  que  celle  du  minimum  est,  au  contraire,  plus  constante.  L'ampli- 
tude de  l'oscillation  principale  est,  en  moyenne,  d'environ  6';  elle  varie  de 
8'  en  été  à  3'  en  hiver. 

\^A  composante  horizontale  présente  aussi  une  double  oscillation  diurne. 
Le  maximum  |)rincipala  lieu  vers  i3''  et  le  minimum  vers  g'^.S;  le  maximum 
secondaire  se  produit  vers  6'', 2  et  le  minimum  vers  \']^,S.  L'heure  du 
maximum  principal  est  très  variable;  de  lo''  en  été  à  lo'^  environ  en  hiver; 
les  heures  des  trois  autres  valeurs  extrêmes  sont  assez  constantes.  L'ampli- 
tude de  la  variation  principale  est  d'environ  o,ooo37  ;  elle  diminue  environ 
de  20  unités  du  5*  ordre  décimal  de  l'été  à  l'hiver. 

La  composante  verticale  présente  aussi  une  dt)uble  oscillation  diurne.  Le 
maximum  principal  a  lieu  vers  12''  et  le  minimum  vers  7''  ;  le  maximum 
secondaire  se  produit  vers  4"".^  <^t  le  minimum  vers  21'',  5.  Les  heures  de 
ces  valeurs  extrêmes  ne  sont  pas  très  variables;  surtout  celles  du  maximum 
principal  et  du  minimum  secondaire  sont  assez  constantes.  L'amplitude 
de  l'oscillation  principale  est  en  moyenne  deo,ooo32  environ;  elle  diminue, 
de  20  unités  à  [)eu  près  du  5"  ordre  décimal  de  l'été  à  l'hiver. 

Les  courbes  moyennes  de  ['inclinaison,  construites  d'après  les  valeurs 
moyennes  horaires,  montrent  un  maximum  vers  lo*"  et  un  minimum  vers 
minuit.  La  variation  diurne  de  l'inclinaison  est  en  moyenne  de  2'  environ; 
elle  diminue  de  2',  5  en  été  à  i',  5  en  hiver. 


SÉANCE  DU  5  FÉVRIER  1906.  363 

YjA  composante  iVbrû?  présente  une  double  oscillation  diurne.  Un  maximum 
principal  se  produit  vers  i3''  et  un  minimum  vers  iS**;  un  maximum  secon- 
daire a  lieu  vers  ô*"  et  un  minimum  vers  10''.  L'amplitude  de  l'oscillation 
principale  est  de  o,ooo4o;  elle  diminue  de  l'été  à  l'hiver  de  20  unités  à  peu 
près  du  5®  ordre  décimal. 

hdL  composante  Ouest  présente  une  double  oscillation  diurne.  Un  maximum 
principal  se  produit  vers  i3''  et  un  minimum  vers  ig*";  un  inaxim  um  secon- 
daire a  lieu  vers  l\^,  et  un  minimum  vers  minuit.  L'amplitude  de  l'oscilla- 
tion principale  est  de  o,ooo5o;  elle  diminue  de  4o  unités  du  5"  ordre  dé- 
cimal de  l'été  à  l'hiver. 

Yi^  force  totale  présente  une  double  oscillation  diurne.  Un  maximum  prin- 
cipal .se  produit  vers  iS*"  et  un  minimum  vers  iS*";  un  maximum  secondaire 
a  lieu  vers  G*"  et  un  minimum  vers  minuit.  L'amplitude  de  l'oscillation  prin- 
cipale est  d'environ  0,00093;  elle  diminue  d^  23  unités  à  peu  près  du 
5*  ordre  décimal  de  l'été  à  l'hiver. 

Depuis  le  28  oclobre  1902,  on  envoie  du  Phaleie  à  .Athènes,  au  moyen  d'un  conduc- 
teur aérien,  qui  passe  à  une  distance  de  35^™  de  PObservatoire,  un  courant  pour  l'éclai- 
rage électrique  de  cette  ville.  Le  transport  de  cette  énergie  électrique  n'a  produit  aucun 
trouble  sensible  sur  nos  courbes  magnétiques. 

Mallieureusenient  cet  état  de  choses  n'a  pas  continué;  le  chemin  de  fer  du  Pirée 
fui  remplacé,  en  1904,  par  un  tramway  électrique,  dont  le  courant  n'a  produit  aucun 
effet  sensible  sur  la  courbe  du  bifilaire,  mais  trouble  beaucoup  celle  de  l'enregistreur 
de  la  composante  verticale  et  un  peu  celle  du  déclinomèlre.  Les  courbes  de  la  compo- 
sante verticale  sont  inutilisables  pendant  tout  le  temps  du  fonctionnement  du 
tramway. 

Par  suite  de  cet  état  de  choses  nos  observations  magnétiques  directes  sont  faites 
vers  2*'  du  matin,  lorsque  le  tramway  ne  fonctionne  plus. 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Extrait  d'une  lettre  du  P.  CiRER.i. 

Le  mercredi  3i  janvier,  entre  3''47"i'  et  6''  p.  m.  temps  de  Greenwich,  le  micro- 
sismographe Vicentini  de  l'observatoire  de  l'Ebre  a  enregistré  un  tremblement  de 
terre. 

Les  grandes  oscillations  ont  eu  lieu  à  4''i5™  et  la  phase  maxima  à  4''2o™.  La  com- 
posante Est-Ouest  a  enregistré  les  oscillations  de  beaucoup  les  plus  grandes. 

Le  même  jour  on  a  enregistré  une  perturbation  magnétique  et  une  autre  parallèle  à 
celle-ci  dans  les  courants  lelluriques  ;  les  plus  grandes  déviations  se  sont  produites 
vers  10''  p.  m.  Ces  perturbations  seraient  en  rapport  avec  l'activité  remarquée  dans  le 
disque  solaire. 


364  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  MM.  KiLiAN  et  Paulin  adressent  de  Grenoble, 
à  la  date  du  3i  janvier,  la  dépêche  suivante  : 

Sismographe  Kilian-Paulin  a  enregistré  aujourd'hui,  à  4''4"3o*  soir  méridien  Paris, 
secousse  sismique  direction  Sud-Sud-Est. 

M.  Don  Simoni  adresse  une  Théorie  de  l'aéroplane,  dans  son  application  à 
la  navigation  aérienne. 

M.  Edmond  Seux  adresse  une  Note  5m/'  un  mode  de  construction  des  plans 
aéroplanes,  permettant  d'augmenter,  dans  de  notables  proportions ,  leur  valeur 
sustentatrice . 

(Ces  deux  Notes  sont  renvoyées  à  l'examen  de  la  Commission 

d'Aéronautique.) 

A  4  heures  et  cjuart,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 
La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie. 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

SÉANCE   DV    LUNDI  12   FÉVRIER    1906. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  H.  POINCARÉ. 


MEMOIRES  KT  C«KVn!lL\i<:A  r!0.\f« 

DES    MEMBRES     KT     DES    CORRESPONDANTS     DE    L'ACADÉMIE. 

PHYSIQUE.  —   Sur  quelques  propriétés  des  rayons  a  émis  par  le  radium  et  par 
les  corps  activés  par  V émanation  du  radium.  Note  de  M.  Henri  Becquerel. 

Il  y  a  quelques  mois  ('),  à  la  suite  d'un  travail  de  M.  Rutherford  sur 
l'observation  d'nn  ralentissement  qu'éprouvent  les  rayons  oc  en  passant  au 
travers  de  feuilles  minces  d'aluminium,  j'avais  fait  reprendre  d'anciennes 
expériences  sur  les  rayons  du  radium.  J'avais  fait  disposer,  en  particulier, 
une  expérience  différentielle  permettant  de  recevoir,  sur  une  même  plaque 
photographique,  un  faisceau  de  rayons  a  issu  d'une  source  linéaire,  traver- 
sant une  fente  parallèle  à  la  source  et  à  la  plaque,  et  dévié  par  un  champ 
magnétique,  faisceau  dont  une  moitié  n'avait  traversé  que  de  l'air,  tandis 
que  l'autre  avait  traversé  en  outre  une  ou  plusieurs  feuilles  minces  d'alumi- 
nium. Dans  ces  conditions  les  deux  bandes  parallèles  qui  sont  les  traces 
du  faisceau  dévié  pour  deux  sens  inverses  du  champ  magnétique  doivent 
être  plus  écartées  dans  la  partie  du  faisceau  qui  a  traversé  l'aluminium 
que  dans  l'autre.  Les  premières  épreuves  obtenues  avec  le  rayonnement  a. 
du  radium  n'avaient  pas  présenté  le  décalage  prévu. 

Aussitôt  mon  retour  à  Paris,  en  octobre  dernier,  j'ai  repris  ces  expé- 
riences en  employant  comme  sources,  soit  des  sels  de  radium,  soit  des  fds 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXLI,  ii  septembre  igoS,  p.  485- 

C.  R.,  1906,   1"  Semestre.  (T.  GXLII,   N-  7.)  49 


36b  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

activés  ()ar  l'émanutioii  du  r;nliiim,  que  M.  Curie  eut  l'oblii^eance  il'acliver 
dans  son  l;iboratoire.  f.es  résultats  obtenus  ont  été  conformes  au  fait 
annoncé  par  M.  Rutherford. 

Voici  du  reste  les  moyennes  de  mesures  faites  sur  quelques  épreuves  ; 

Double  déviation  du  faisceau 


Désignation 

des  épreuves.  source.  magnétique.  dans  l'air.  e  =  o"",oi5.  Rapport. 


au  travers 

Nature 

d'une  lame 

delà 

Champ 

l 'aluminium 

source. 

magnétique. 

dans  l'air. 

e  =  o"",oi5. 

1  activé 

9'5à9 

mm 

2,36o 

mm 

2,658 

ie  radium 

9659 

2,4l2 

2,671 

id. 

9384 

2,222 

2,428 

0.19-10-190.5...         fil  activé  9639  2,36o  2,658  1,122 

1 ,  107 
A.  24-10-1905...  id.  9384  2,222  2,423  1,090 

Ces  trois  épreuves  ont  été  obtenues  avec  le  même  appareil  (distance  de  |la 
source  à  la  fente  «=2='°, i45,  dislance  de  la  fente  à  la  plaque  6  =  1™, 940,  distance 
totale  « -t- A ^  4"", 085).  Le  champ  mngnétique  n'a  pas  varié  de  plus  de  3  à 
5  millièmes  pendant  la  durée  de  chaque  expérience. 

Depuis  l'époque  où  j'avais  obtenu  ces  épreuves,  VI.  Rulliôrf)rd  en  a 
public  de  seinblables  (')  et  il  a  montré  en  outre  le  fait  im|)ortant  que 
l'écartement  des  bandes  est  pbis  grand  dans  l'air  que  dans  le  vide. 

Ces  résultats  s'interprètent  en  admettant  que  la  plus  grande  déviabilité 
du  faisceau  correspond  à  une  augmentation  de  la  courbure  de  la  trajec- 
toire, augmentation  qui  serait  la  conséquence  d'une  diminution  de  la  vitesse 
des  particules  transportant  les  charges  électriques  positives,  qui  constituent 
les  rayons  oc.  Cette  diminution  de  vitesse  doit  du  reste  se  manife  ster  pro- 
gressivement le  long  de  la  trajectoire  dans  l'air. 

Je  me  suis  proposé  d'étudier  avec  plus  de  précision  que  je  ne  l'avais 
encore  fait  la  trajectoire  dans  l'air  des  rayons  oc  déviés  par  un  champ 
magnétique,  en  utilisant  une  méthode  photographique  que  j'avais  déjà 
employée  il  y  a  plusieurs  années. 

La  niétliode  consiste  à  recevoir  un  faisceau,  défini  par  une  source  linéaire  et  une 
fente  parallèle  située  à  une  distance  a,  sur  une  plaque  photographique  incliné  e  repo- 
sant sur  l'écran  qui  contient  la  fente  et  normale  au  plan  du  faisceau  non  dévié.  L'im- 
pression de  ce  faisceau  serait  une  droite;  mais,  s'il  est  dévié  parallèlement  à  la  plaque, 

(')  Philosop/iical  Magazine,  ianv'iev  1906,  p.  166. 


SÉANCE  DU  12  FÉVRIER  1906.  367 

d'abord  dans  un  sens,  puis  dans  l'autre,  Tlmpression  se  compose  de  deux  courbes 
divergentes  qui  se  coupent  au  point  de  contact  entre  la  fente  et  la  plaque.  La  distance 
d'un  point  de  la  plaque  au  bord  intérieur  est  proportionnelle  à  la  hauteur  j  du  point 
considéré  au-dessus  du  plan  sur  lequel  repose  la  plaque  et,  si  l'on  connaît  l'inclinaison 
de  celle-ci.  on  peut  déterminer  cette  hauteur.  On  mesure  d'autre  part  l'écartenieiit  2X 
de  deux  points  des  deux  courbes,  ayant  même  r,  et  l'on  peut  construire  par  points  la 
trajectoire  cherchée. 

La  plupart  des  nouvelles  épreuves  ont  été  obtenues  en  prenant  comme  source  un  (il 
de  platine  de  o™™,i  à  o"™,2  de  diamètre,  uniformément  activé  par  l'émanation  du 
radium.  On  a  généralement  opéré  de  la  manière  suivante  :  comme  l'intensité  de  la 
source  était  rapidement  décroissante,  on  renversait  le  champ  magnétique  de  5  en 
5  minutes  pour  égaliser  les  impressions  des  deux  faisceaux  déviés;  la  source  était 
d'abord  recouverte  d'une  lame  d'aluminium  deo°"",oi5  d'épaisseur,  puis,  au  bout  d'une 
demi-heure  environ,  on  enlevait  cette  lame  d'aluminium  et  l'on  déplaçait  latérale- 
ment la  jilaque  photographique  de  façon  à  obtenir  à  côté,  sur  la  même  épreuve  et 
pour  le  même  champ  magnétique,  les  trajectoires  de  rayons  n'ayant  traversé  que  de 
l'air. 

On  reconnaît  de  suite  que  les  r.iyons  qui  ont  traversé  raliiniiniiim 
impressionnent  la  plaque  moins  loin  que  les  autres. 

De  très  nombreux  pointés,  exécutés  avec  un  appareil  Miicrométrique 
<lonnant  le  jj^  de  millimètre,  ont  conduit  aux  raoyi^nnes  rapportées  ci- 
après.  Les  valeurs  de  l'écartement  2X  des  courbes  divergentes  étaient  rele- 
vées sur  les  plaques  à  desilistances  du  bord  inférieur  égales  à  des  nombres 
entiers  n  de  tours  de  la  vis  mesurant  les  coordonnées  verticales  et  dont  le 
pas  était  0""°, 94684.  Les  hauteurs  y  correspondantes  ont  été  calculées 
d'après  l'inclinaison  de  la  plaque  dans  chaque  expérience. 

Si  l'on  ttace  à  grande  échelle  un  relevé  graphique  des  observations,  on 
obtient  une  courbe  sinueuse  au  milieu  de  laquelle  passe  la  courbe  qui 
représente  la  trajectoire  véritable.  Théoriquement,  dans  un  champ  magné- 
tique uniforme  et  dans  le  vide,  celle  trajectoire  doit  être  circulaire.  J'avais 
reconnu  antérieurement  que,  pour  des  y  croissants,  les  circonférences  nor- 
males au  champ,  qui  passent  par  la  source,  la  partie  supérieure  de  la  fente 
et  un  point  de  la  trajectoire,  ont  des  rayons  progressivement  croissants,  et 
les  expériences  actuelles  confirment  ce  résultat.  Mais,  conmie  on  \a  le  voir, 
cette  conclusion  ne  s'applique  pas  au  rayon  de  courbure  de  la  trajectoire 
et  résulte  d'une  interprétation  inexacte  fondée  sur  la  connaissance  impar- 
faite de  la  véritable  dislance  de  la  fente  aux  divers  points  île  la  placjue  pho- 
tographique. 

Si  l'on  prend  comme  origine  des  coordonnées  l'intersection  du  bord  de 


368  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

la  plaque  et  de  la  bissectrice  des  deux  faisceaux,  on  observe  que  les  courbes 
ne  passent  pas  par  cette  origine,  mais  coupent  l'axe  des  j'  au-dessous  du 
bord  de  la  plaque.  Dififérents  essais  ont  montré  qu'on  peut  faire  passer 
au  milieu  des  points  qui  représentent  les  observations  un  arc  de  para- 
bole dont  le  rayon  de  courbure  varie  assez  peu  dans  les  limites  corres- 
pondantes, pour  que  l'on  puisse  le  confondre  pratiquement  avec  un  arc 
de  cercle. 

Soient  y  =  kn  la  hauteur  d'un  point  au-dessus  du  plan  sur  lequel  repose  la 
plaque  photographique,  ki  la  distance  de  la  fente  au-dessous  de  ce  plan, 
krif,  =  a  la  distance  de  la  source  au-dessous  du  même  plan,  l'équation  d'une 
parabole,  dont  l'axe  est  parallèle  à  l'axe  des  x  et  qui  passe  par  la  source, 
la  fente  et  le  point  x,  y  peut  s'écrire 

i^x  =  {y-^a){y  +  k'.){^) 
ou  encore 

il^x  —  k-{n -h  n^){n -\- z). 

On  a  calculé  les  valeurs,  en  ^  de  millimètre,  z  = qui  se  placent 

très  près  d'une  droite  z  ^  («  +  5)8,  d'où  l'on  déduit 

R  =  —  X  600, 

valeur  qui  se  confond  pratiquement  avec  celle  du  rayon  de  courbure  de  la 
parabole 


'-+-Ril.r 


Les  Tableaux  suivants  montrent  le  degré  de  concordance  entre  les  obser- 
vations et  le  mode  d'interprétation  qui  vient  d'être  exposé. 


(')  Sous  cette  forme  on  reconnaît  le  terme  principal  de  l'expression  qui  donne  le 
rayon  d'un  cercle  passant  par  les  trois  points 


R2=  f 


IX  2  4 


SEANCE    DU    12    FEVRIER    1 


906. 


^69 


Épreuve  C  19/10  1905. 
,■"-.15,       A-^0,920.       H=10  809 
dans  l'air  seul. 


Épreuve  A  17/11  1905. 

l"",  63,       A-  =  0,937,       H  =  12  U8 


dans  l'air  ~<eul. 


au  travers  de  l'alumiDium. 


8=1,55*6. 

£0  = 

:0.43. 

2.r 

1  n-t- 

£10 

n. 

obserTe . 

observé. 

calculé. 

1. 

57,5 

2,01 

>,98 

2. 

I05.2 

3,55 

3,54 

3. 

■57,4 

5,i4 

5,09 

4. 

210,2 

6,65 

6,65 

5. 

272,5 

8,35 

8,20 

6. 

333,0 

9-9' 

9-76 

7. 

39.,', 

■  .,3r 

11, 3i 

8. 

458,5 

12,87 

■  2,87 

9. 

529,8 

.4.47 

14.42 

10. 

602,7 

16,02 

i5,97 

11. 

681,3 

17.64 

17,53 

12. 

755,0 

19,06 

19,08 

13. 

829,6 

20,^2 

20,64 

14. 

925,0 

22,23 

22,19 

15. 

1018,7 

23,90 

23,75 

16. 

1096,2 

23,  U 

25, 3o 

17. 

1193,0 

26,74 

26,86 

18. 

1297,0 

28,43 

28,41 

19. 

1397,0 

29i97 

29.97 

20. 

1493,7 

3i  ,39 

3i,52 

21. 

// 

// 

// 

22. 

// 

II 

f/ 

23. 

// 

„ 

„ 

SO  =  I,ll. 


0  =  1,9334. 
2.r 


eo  =  i,39. 

i  n-t-El  0 


924 

'34,1 

166,3 

2o5,9 

252,  I 
294,6 

343. S 

395,2 
456,7 
519,2 
576,4 
644,3 

722,2 

79'. 3 
872,6 
950,8 
io34,5 
ii3i  ,3 
1233,3 
i3i8,7 
.437,0 


6,26 
8,5o 
9.92 
II  ,59 

■  3.44 

'4.9' 

16,55 

18, 16 
20.06 
21,85 
23,27 

25,01 

26,98 

28, 5o 
3o,34 

3i,94- 

33,62 

35,61 

37,63 

39,05 

41,24 


6,28 
8,01 

9,73 
11,46 
i3,i8 

■4,9^ 
16, 63. 

18,35 
20,08 
21,81 
23,53 

25,25 

26,98 
28,70 

3o,43 
32,1 5 
33,88 
35,60 
37,33 
39,05 
40,78 


■43,9 

9,  i3 

9. '3 

188,1 

11,22 

11,06 

233,2 

i3,i3 

■2,99 

285,1 

i5, 19 

14,93 

333,2 

16,86 

16,86 

392,5 

18,90 

■8,79 

45 1,4 

20,74 

20,73 

5i5,7 

22,65 

22,66 

584,1 

24,56 

24,59 

660,4 

26,66 

26,53 

7'-'4 ,  ■ 

28,10 

28,46 

790,'' 

29,52 

80,39 

888,7 

32,01 

32,32 

985,2 

34,26 

34,26 

Épreuve  A  16/11  1905. 
.1  =  2!"",  15,       A  =0,920.       H=12  1i8 


3. 

4. 

5. 

6. 

7. 

8. 

9. 
10. 
11. 
12. 


observé. 

72,9 
118. 3 
182,0 

233,9 
3o5,4 
371,8 
440,3 
5i6,6 

598,4 
678,0 

769,8 

842,7 


observé, 

2,55 

3.99 

5,94 

7.4» 

9,36 

1 1 ,  06 

12.75 

1 4 ,  5o 

16,34 

18,02 

■9,93 
21,27 


calculé. 
2,43 

4,^7 

5,90 

7.63 

9,36 

1 1 ,09 

12,83 

■  4,56 

16,29 

18,02 

'9,76 

2ï,49 


au  travers  <lc  l'aluminiaot. 
8  =  1,9037.  =6  =  0,84. 


Épreuve  A  18,6  1903 

I  rayons  du  radium  ). 

a  =  •20"",'*,      A  =0,983,      H  =  9955 

daus  l'air  seul. 


observé. 

obaorvé. 

calculé. 

8i,o 

2,83 

2,75 

■37,8 

4,65 

4,65 

204,3 

6,67 

6,55 

268,9 

8.5o 

8,46 

336,1 

10, 3o 

10, 36 

4.2,4 

12,26 

12,26 

486,5 

14.  o5 

■4,^7 

55 1,7 

■5,49 

16,07 

0  =  1,6808. 

£0  = 

1,07. 

2.r 

(«  + 

S)0 

observé. 

Observé. 

calculé. 

// 

// 

Il 

.o.,o 

4,44 

4,44 

14. ,3 

5,94 

6,12 

193,1 

7,80 

7,80 

245,7 

9,54 

9,48 

29^,9 

10,91 

11,16 

357,0 

12,86 

12,84 

4.7,6 

14,52 

14,52 

483,2 

16,24 

16,20 

55o,2 

17,88 

17,88 

624,5 

■9,67 

■9,57 

iyo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

On  reconnaît  d'abord  que  dans  l'intervalle  de  chaque  Tabl«iau,  c'est- 
à-dire  pour  une  longueur  de  2"=™  environ,  le  rayon  de  courbure  varie  peu, 
ou  du  moins  que  la  variation,  si  elle  existe,  est  de  l'ordre  des  erreurs  d'ex- 
périence. On  peut  résumer  ainsi  les  résultats  : 

Valeur  du  produit 
Champ  RU  _    ^'H.6oo 

Désignation  magnétique  6 

des  épreuves.  H.  a.  dans  l'air. 

ctu 

1.  A.  17/11  igoS 12148  i,i65  3,71.10^ 

2.  A.  18/6  190.? 9955  a,o4o  3,43.10^ 

3.  C.  19/10  1905 10809  2,5i5  3,53.10' 

?!-.  A.  16/11  1905 12148  2,5i5  3,56. 10' 

Les  deux  expériences  faites  avec  le  même  appareil,  el  dans  des  champs 
magnétiques  différents,  ont  donné  des  résultats  concordants.  Il  n'en 
est  pas  de  même  si  l'on  compare  deux  épreuves  faites  avec  des  dispositifs 
différents.  Il  semble  que  la  cause  de  la  divergence  soit  principalement  la 
connaissance  imparfaite  du  coefficient  k,  qui  intervient  par  son  carré  et 
qui  n'a  pu,  dans  ces  expériences,  être  déterminé  avec  autant  de  précision 
que  les  autres  données.  Sous  celte  réserve,  la  comparaison  des  épreuves  1 
et  4  du  Tableau  précédent  indiquerait  une  diminution  de  la  courbure  le 
long  de  la  trajectoire. 

J'appellerai  plus  particulièrement  l'attention  sur  le  Tableau  relatif  k 
l'ancienne  plaque  (A.  18/6  igoS),  faite  avec  les  rayons  du  radium  et  dont 
j'avais  déjà  publié  les  mesures.  On  voit  qu'en  tenant  compte  delà  distancée, 
les  nombres  correspondent  à  très  peu  près  à  une  trajectoire  circulaire.  On 
doit  donc  rejeter  définitivement  l'interprétation  que  j'avais  précédemment 
déduite  et  l'hypothèse  d'un  accroissement  du  rayon  de  courbure  le  long 
de  la  trajectoire. 

La  comparaison  des  trajectoires  des  rayons  qui  ont  traversé  une  lame 
d'aluminium  de  o^^jOiô  et  des  rayons  qui  n'ont  traversé  que  de  l'air  con- 
duit à  des  conclusions  identiques  à  celles  qui  ont  été  exposées  au  début  de 
cette  Note,  comme  le  montre  le  résumé  suivant  : 

Valeurs  de  3 

au  travers 
Désignation  de 

des  épreuves.  dans  l'air,     l'aluminium.  Rapport. 

A.  16/11  1905 1,7318    1,9037      1,099 

A.  17/11  igoS 1,7248    1,9334      1,121 


SÉANCE  DU  12  FÉVRIER  1906.  ^71 

J'ajouterai  enfin  que  des  mesures  faites  en  visant  les  bords  intérieurs  et 
les  bonis  extérieurs  des  images  déviées,  dans  le  but  de  mettre  en  évidence 
une  dispersion,  n'ont  pas  donné  de  différences  supérieures  aux  erreurs 
d'observation. 

En  résumé  les  mesures  dont  il  vient  d'être  question  confirment  l'existence 
d'un  ralentissement  des  rayons  a.  lorsqu'ils  traversent  une  feuille  d'alumi- 
nium, ainsi  que  l'avait  observ*'-  M.  Rtitlierford.  Les  rayons  a  du  radium  se 
sont  comportés  dans  ces  expériences  comme  les  rayons  «  des  corps  activés 
par  l'émanation. 

J'ai  été  obligeamment  aidé,  dans  ces  expériences,  par  M.  Matout,  pré- 
parateur au  Muséum. 


PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  la  pression  interne  des  fluides  et  l'équation 
de  Clausius.  Note  de  M.  E.-H.  Amagat. 

I,  On  donne  souvent  le  nom  de  pression  intérieure  aux  deux  expressions 
suivantes  [2r(p(r)  étant  le  double  viriel  des  forces  intermoléculaires]  : 

(i)  ^^U-p  =  T^^-p, 

D'autre  part  Clausius,  dans  le  cas  d'un  corps  soumis  à  une  pression 
uniforme  et  en  supposant  les  distances  intermoléculaires  très  grandes  par 
rapport  à  l'amplitude  des  mouvements  stationnaires  et  aux  dimensions  des 
molécules,  a  mis  l'expression  de  la  quantité  de  chaleur  absorbée  dans  une 
transformation  élémentaire  sous  la  forme 

(3)  dq  =  kf{t)dt  -h  \(p  -f-  7c')  di>. 

On  devrait  donc  avoir 

A(/?  +  tt')  = /,  d'où  ti:'=nT-j- — /j  ^  TT. 

Cependant,  le  calcul  m'a  conduit,  dans  le  cas  des  fluides,  à  des  valeurs 
numériques  de  t:  et  ir'  présentant  des  différences  de  plusieurs  milliers 
d'atmosphères  dans  les  limites  des  Tableaux  que  j'ai  donnés. 

Or,  pour  former  le  second  membre  de  la  relation  (3),  on  a  supposé  que 


372  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

l'énergie  intramoléculaire  (somme  des  énergies  potentielle  et  cinétique 
(les  atomes)  était  fonction  de  t  seul;  autrement  dit,  en  appelant  U  cette 
énergie,  au  lieu  de  la  différentielle  totale 

dV  =  -j-dt  -\-  -j-dv, 

dt  m' 

on  a  considéré  seulement  la  première  différentielle  partielle.  De  plus  on 
n'a  supposé  aucune  énergie  de  rotation  de  la  molécule.  Pour  simplifier  la 
notation,  je  supposerai  cette  énergie  rentrant  dans  U. 

Ceci  étant,  quelle  est  la  cause  du  désaccord  en  question?  Est-elle  dans 
les  hypothèses  restrictives  relatives  à  la  nature  du  mouvement  stationnaire, 
ou  dans  le  fait  d'avoir  négligé  la  différentielle  [)artielle  par  rapport  à  v,  de 
telle  sorte  que  la  relation  (3)  doive  s'écrire 

(4)  dq  =  kf{t)dt  +  X(^p  +  ^'  ^^-^)dvt 

II.  La  relation  fondamentale  bien  connue  qui  définit  la  température 
absolue  donne  pour  deux  points />o^o'  P^  d'une  même  isotherme 

(5)  KT  =  |p(^  +  i2/-ç(r)  =  |p„^'„  +  Î2^?(^> 

Supposons  dans  ce  qui  suit  les  isothermes  tracées  en  portant/?  en  abscisses 
&\.pv  en  ordonnées;  ûp^Vç,  est  l'ordonnée  initiale  de  l'isotherme  T,  v^  étant 
très  grand,  ir,,  9(^0)  sera  négligeable  et  l'on  aura 

(6)  2r(p(/-)  =  3(jDoÇ'„  — /*t') 
et,  par  suite, 

(7)  -'=^-P- 

C'est  avec  la  relation  (7)  qu'ont  été  calculées  les  valeurs  numériques 
de  tt';  ces  valeurs,  comme  on  le  verra  plus  loin,  pour  une  température 
donnée,  changent  de  signe  suivant  la  grandeur  de  la  pression;  ce  chan- 
gement de  signe,  et  du  reste  aussi  la  simple  explication  de  la  force  expan- 
sive  et  de  la  pression,  ne  sont  point,  dans  cette  théorie,  sans  présenter 
quelques  difficultés;  il  faut  admettre  un  changement  de  signe  de  9(/'),  ou 
considérer  deux  causes  antagonistes  :  l'attraction  intermoléculaire  et  une 
réaction  entre  les  molécules  difficile  à  concilier  avec  les  hypothèses  fonda- 


SÉANCE    DU    !2    FÉVRIER    1906.  3-i3 

mentales  d'une  théorie  qui  ne  f;iit  intervenir  ni  les  chocs  ni  la  notion  rlu 
covolume.  Mais  on  peut  arriver  très  simplement  à  l'expression  de-'  sans 
se  préoccuper  de  ces  hypothèses  et  de  ces  difficultés. 

Considérons,  en  effet,  sur  une  isotherme  T  (ABA'N)  {/ig-  i),  un  point 
B  de  la  ligne  d'égal  volume  OBCD  ;  le  fluide  est  ici  soumis,  sous  le  volume  v>, 

Fig.  1. 


/                B'   c/ 

A'/    / 

X-'                            1 

/     ^.  ' 
1     ■'  ' 

1  // 

''' 

,'  .'     1 

r                                                                                  i 

:         .TAWIER.IOOG           ■ 

!                     EH.A                         i 

i 

O.P E    ?        G  K  K  S    ï. 

à  une  pression  extérieure  p  (OE)  et  à  une  certaine  pression  intérieure;  si 
cette  pression  intérieure  n'existait  pas,  le  fluide  suivrait  la  loi  de  Mariotte, 
le  point  B  serait  en  B';  le  volume  r'  correspondant  à  la  ligue  d'égal  volume 
OB'  serait  plus  grand  que  t'.  Soit  donc  $  la  pression  intérieure  par  imité  de 
surface  qu'il  faudrait  ajouter  à  la  pression  extérieure  p  pour  ramener  le 
volume  de  v'  a  ç;  l'isotherme  étant  maintenant  AA'  parallèle  à  OP,  le  vo- 
lume sera  ramené  à  v  sous  la  j)ression  extérieure  OF  correspondant  au 
c.  K.,  .906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N°  7.)  5o 


\CQ 


V 


<d. 


■^y 


374  ACADÉMIE   DES   SCIENCES, 

point  C  de  la  ligne  OD  d'égal  volume  v;  et  l'on  aura,  p„v„  étant  l'ordonnée 
initiale  OA, 

d'où 

(S  =  Eiïl  _  „  =  ^'  =,  EF. 

Nous  retrouvons  donc  la  même  expression  qu'avec  la  théorie  du  viriel. 
La  pression  intérieure,  à  quelque  cause  qu'on  l'attribue  et  sans  faire  aucune 
hypothèse,  agit  comme  le  ferait  une  pression  extérieure,  par  unité  de 
surface  numériquement  égale  à  celle  dont  j'ai  calculé  les  valeurs. 

III.  Il  résulte,  des  consiilérations  qui  précèdent,  que  la  relation  (3)  doit 
bien  être  mise  sous  la  forme  (4);  niais  alors,  U  étant  fonction  de  v  et  de  t, 
la  dérivée  de  U  par  rapport  à  t  n'est  plus  forcément  fonction  de/  seuf,  et  il 
en  est  de  même  du  terme  A/(t)dt  qui  contient  cette  dérivée. 

Ces  conclusions  viennent  troubler  le  résultat  séduisant  auquel  conduit 
la  relation  (3);  celle-ci,  en  effet,  devient,  en  y  remplaçant  r'  par  sa  valeur 
tirée  de  (2)  et  (4), 

En  divisant  par  T,  on  obtient  une  différentielle  exacte  et  l'on  arrive  ainsi 
directement  au  principe  Carnot-Clausius. 

Pour  arriver  maintenant  au  même  résultat,  il  faudrait  admettre  que  la 
différentielle  de  U  par  rapport  à  ç  soit  de  la  forme  Tç(('),  ce  que  rien  ne 
justifie  a  priori;  il  faudrait  encore,  d'après  ce  qui  vient  d'être  dit,  admettre 
gratuitement  que  la  chaleur  spécifique  sous  volume  constant  ne  dépend 
que  de  t. 

IV.  On  sait  que  l'on  s'écarte  peu  de  la  constitution  des  fluides,  en  consi- 
dérant le  coefficient  de  pression  comme  fonction  du  volume  seul;  nous 
aurons  donc,  la  température  étant  donnée  par  le  thermomètre  à  gaz  parfait, 

t  =  '(■■). 

p  =  é(v)T  +  C,         o  =  #(t')T„-t-C, 

ï„  étant  la  température  pour  laquelle  la  pression  s'annulerait  si  la  loi  de 
distribution  des  isothermes  n'était  interrompue  en  arrivant  à  la  courbe  de 
saturation. 

Nous  aurons  donc 


SÉANCE  DU  12  FÉVRIER  1906.  S-J^ 

Revenons  maintenant  à  la  figure  (i),  divisons  OB  en  (T  —  T,,)  parties 
égales  et  prolongeons  la  division  jusqu'en  un  point  D,  tel  que  BD  con- 
tienne Tj  divisions  et  que,  par  suite,  OD  en  contienne  T.  La  longueur  des 
divisions  dépend  de  i',  le  lieu  des  points  D  est  une  courbe  ADMN  coupant 
l'isotherme  en  un  point  N  ramené  ici  dans  les  limites  de  la  figure,  mais  en 
réalité  correspondant  à  une  pression  beaucoup  plus  forte;  nous  pouvons 
écrire  de  suite  les  relations 

BB'  =  p,v,  -pv  =  l  [^i/-(p(/)],         EF  =  OF  -  OK  =  ^  -/,  =  t:', 

OF  =  ^^,  EG==T^-«  =  7r, 

f  dt         '^ 

OG  =  T#((')  =  T^  =  J/,  FG  =  7ï-^'=^. 

On  voit  de  suite  sur  la  figure  que  :  la  pression  croissant,  le  viriel  des 
forces  intermoléculaires  (deux  tiers  de  BB'),  après  avoir  passé  par  un 
maximum,  s'annule  en  A'  et  change  de  signe. 

La  pression  intérieure  7;'(EF)  s'annule  aussi  en  A'  et  suit  des  lois  ana- 
logues. La  figure  2  montre  pour  l'acide  carbonique  l'ensemble  des  valeurs 
de  7t' calculées  de  10°  en  10°  jusqu'à  260°  et  1000""°.  On  remarquera  l'in- 
version dans  l'ordre  des  courbes  après  leur  entrecroisement.  Les  lignes 
ponctuées,  arbitrairement  tracées  en  dehors  des  données  expérimentales, 
montrent  comment  iz'  finit  par  devenir  négatif  pour  des  pressions  de  plus  en 
plus  faibles  quand  la  température  croît.  (Pour  l'hydrogène,  x'  est  déjà 
négatif  aux  faibles  pressions  dès  la  température  ordinaire.) 

Enfin  on  voit  encore  que  7i;(EG)  de  même  que  tï',  après  avoir  passé  par 
un  maximum,  s'annule  et  change  de  signe  en  N,  mais  sous  des  pressions 
beaucoup  plus  considérables  que  pour  -'. 

On  remarquera  que,  dans  ce  qui  précède,  seule  la  représentation  de  tu 
dépend  de  la  loi  du  coefficient  de  pression. 

V.  Il  est  facile  de  déduire  des  relations  qui  précèdent  qu'on  a 

(a)  r.  =  -K{v),  {b)       .'=H.)T  +  X(.)     (<). 

Ainsi,  au  degré  près  d'approximation  de  la  loi  du  coefficient  de  pression 
dont  les  écarts  sont  hors  de  proportion  avec  les  différences  des  valeurs 


(')  Comptes  rendus,    t.    CXX,    p.  ^gi-  Pour  une  erreur  qui  s'y  est  glissée  dans  la 
transcription  du  calcul  de  ces  relations,  voir  aux  Errata  du  présent  fascicule. 


3^6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

numériques  de  tz  et7;',tIo'i  ^o't  q"e  ces  fonctions  sont  de  formes  très  diffé- 
rentes; les  lois  exprimées  par  les  relations  (a)  et  (b)  résidtent  immédiate- 
ment de  l'examen  de]mes  Tableaux. 

On  voit  facilement,  du  reste,  que  v:  ne  correspond  nullement  à  la  notion 

Fig.  2. 


PRESSION  INTERIEURE 
DES 

FLUIDES 


'0?.ATM»'MOO 


de  pression  intérieure  définie  plus  haut,  car  une  |)artie  du  travail  Tzeh  ne 
dépend  point  des  actions  pouvant  avoir  pour  effet  une  variation  de  volume  ; 
Tï',  au  contraire,  ne  dépend  que  de  ces  actions,  il  est,  par  sa  définition 
même,  tout  indiqué  comme  pression  intérieure  à  introduire  dans  l'équation 
li'état;  et  en  effet,  tandis  que  je  n'ai  pu  obtenir  une  équation  d'état  satisfai- 


SÉANCE  DU  12  FÉVRIER  1906.  877 

santé  en  y  introduisant  x,  j'ni  pu  avec  iz'  réussir  à  représenter  l'ensemble 
du  réseau  de  l'acide  carbonique,  tant  l'éLat  liquide  que  l'état  gazeux,  et  la 
courbe  de  saturation. 

Ces  dernières  considérations  suffiraient  pour  montrer  que  le  terme 
(^p  _|_  -')  est  inacceptable  même  indépendamment  des  vérifications  numé- 
riques; et,  quant  au  terme  kf{t)dt  qui  suppose  la  chaleur  spécifique  sous 
volume  constant  fonction  delà  température  seule,  sa  forme  entraînerait 
comme  conséquence  la  stricte  exactitude  de  la  loi  du  coefficient  de  pres- 
sion; or  cette  loi  ne  peut  jusqu'ici  être  considérée  que  comme  approchée, 
et  encore  faut-il  remarquer  qu'elle  est  évidemment  en  défaut  dans  le  cas 
de  corps  qui,  comme  l'eau,  pourraient  présenter  le  phénomène  du  maxi- 
mum de  densité. 


MÉCANIQUE  RATIONNELLE .  —  Quelques  lemmes  relatifs  aux  quasi-ondes  de  choc. 

Note  de  M.  P.  Duhem. 

Les  surfaces  qui  limitent  une  quasi-onde  de  choc  ne  sont  point  déter- 
minées avec  une  absolue  rigueur;  à  une  quasi-onde  donnée,  on  peut  toujours 
substituer  une  couche  dont  l'épaisseur  soit  du  même  ordre  de  grandeur 
que  celle  de  la  quasi-onde  et  qui  contienne  la  quasi-onde.  Il  en  résulte  que, 
s'il  s'agit  d'étudier  une  portion  limilée  de  la  quasi-onde  pendant  un  temps 
limité,  on  peut  toujours  supposer  que  les  surfacesSo,  S,  qui  la  comprennent 
sont  parallèles  entre  elles  et  que  leur  distance  A  ne  varie  pas  avec  le  temps. 
Ces  suppositions  simplifient  beaucoup  les  raisonnements. 

Désignant  par  M„  un  point  de  la  surface  S„,  nous  mènerons  à  cette  sur- 
face une  demi-normale  dans  le  sens  qui  va  vers  la  surface  S,  ;  cette  demi- 
normale  rencontrera  la  surface  S,  en  un  point  M,  tel  que  M^  M,  =  h.  Nous 
désignerons  par  /la  direction  de  cette  demi-normale  et  par  a,  p,  y  ses  cosi- 
nus directeurs. 

Soit  F  une  grandeur  qui  varie  très  brusquement  au  travers  de  la  quasi- 
onde;  au  point  M^  elle  a  la  valeur  Fo  et  au  point  M,  la  valeur  F,  ;  la  diffé- 
rence (Fo  —  F,)  n'est  pas  une  très  petite  quantité  de  l'ordre  de  A.  Il  en 
résulte  qu'eu  un  point  M,  intérieur  à  la  quasi-onde,  les  dérivées  par- 
tielles -3-,  -T-,  -r-  sont,  en  général,  très  grandes  de  l'ordre  de  7--  Par  le 
djc     dy     dz  °  ^  '-  h 

point  M,  menons  une  direction  parallèle  à  la  surface  So  ;  nous  supposerons 
que  la  dérivée  de  F  suivant  cette  direction  n'est  pas  une  quantité  très  grande 


378  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

de  l'ordre  de  v  •  Nous  pourrons  alors,  en  ne  tenant  compte  que  des  quantités 

très  grandes  de  l'ordre  de  t>  écrire  les  égalités 

o  h  ° 

Nous  admettrons  que  la  constitution  de  la  quasi-onde  n'éprouve  pas  de  va- 
riation brusque,  et  voici  ce  que  nous  entendons  par  là. 

Soit  X  la  vitesse  avec  laquelle,  au  point  M^,  et  à  l'instant  t,  la  quasi-onde 
se  propage  dans  l'espace.  Par  un  point  quelconque  M,  pris  sur  MoM,, 
menons,  dans  la  direction  /,  un  segment  MM'=  Sf(^dt;  le  point  M'  se  trouve 
au  sein  de  la  quasi-onde  à  l'instant  (<  -+-  dt);  il  y  est  le  correspondant  du 
point  M.  La  grandeur  qui  a  pour  valeur  F  au  point  M  et  à  l'instant  t  a  pour 
valeur  F'  au  point  M'  et  à  l'instant  (l-+-dl);  nous  admettons  que  la  diffé- 
rence (F'  —  F)  est  le  produit  de  dt  par  une  quantité  qui  n'est  pas  très 

grande  de  l'ordre  de  y 
Or  on  a 

Si  donc  on  ne  tient  compte  que  des  quantités  très  grandes  de  l'ordre  de-y> 

on  peut  écrire 

,    .  dF       dF 

(2)  3î,^  +  ^=o. 

On  remarquera  l'analogie  entre  les  égalités  (i)  et  (:?)  et  les  lemmes 
établis  par  Hugoniot  et  par  M.  J.  Hadamard  pour  les  ondes  proprement 
dites. 

En  un  point  quelconque  du  fluide,  on  a 

dF       ÔF  OF         OF  ÔF 

de         dx  oy  i)z  dt 

S'il  s'agit  d'un  point  M  pris  à  l'intérieur  de  la  quasi-onde  et  si  l'on  néglige 
les  quantités  qui  ne  sont  pas  très  grandes  de  l'ordre  de  ^  ^  on  peut  écrire 

d^       /         ,    c.  \<^F 


SÉANCE  DU  12  FÉVRIER  I906.  379 

OU  encore 

en  désignant  par 

(4)  -Ç  =  SZ  —  eu  —  Pc  — yw 

la  vitesse  de  propagation  de  la  qiiasi-onde  rapportée  à  l'élément  fluide  qui 
se  trouve  en  M  //  l'instant  t. 

Nous  aurons  parfois  à  évaluer  l'intégrale 

Si  nous  voulons  négliger,  par  rapport  à  la  valeur  finie  de  cette  intégrale, 
les  quantités  très  petites  de  l'ordre  de  h,  il  nous  suffira,  dans  l'évaluation 

de  -j->  de  tenir  compte  des  quantités  très  grandes  de  l'ordre  de  j,  en  sorte 

que  nous  pourrons  user  de  l'égalité  (3);  nous  aurons  donc,  awv  quantités 
prés  de  l'ordre  de  h,  l'égalité 

Supposons  maintenant  que  la  grandeur  F  ait,  le  long  du  segment  Mo  M,, 
un  sens  unique  de  variation  et  qu'il  en  soit  de  mênie  de  la  grandeur  t?  ; 
l'égalité  précédente  pourra  s'écrire,  en  négligeant  toujours  les  très  petites 
quantités  de  l'ordre  de  h, 

(6)  £''^dt=v>(F,-F,), 

tD  étant  une  valeur  comprise  entre 

vitesse  de  propagation  de  la  quasi-onde  rapportée  à  l'élément  fluide  qui  se 
trouve  en  M„  à  l'instant  t,  et 

(7  bis)  •<?,  =  iJt.  —  aM,  — pç',  —  yqy,, 

vitesse  de  propagation  de  la  quasi-onde  rapportée  à  l'élément  fluide  qui  se 
trouve  en  M,  à  l'instant  t. 

Dans  le  cas  où  t?  n'aurait  pas,  de  M^  à  !VI,,  un  sens  unique  de  variation. 


38o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

t)  serait  une  grandeur  comprise  entre  la  plus  grande  et  la  plus  petite  des 
valeurs  de  ■<>'>. 

Ces  diverses  formules  sont  d'un  grand  usage  dans  l'étude  des  quasi- 
ondes. 

N03IIIVATI0IVS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  l'élection  d'un  Correspon- 
dant pour  la  Section  de  Physique,  en  remplacement  de  M.  Ernest  Bichal. 
Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  4^. 

Sir  William  Crookes  obtient 44  voix 

M.  Ch.-Ed.  Guillaume     > i      » 

Sir  William  Crookes  est  élu  Correspondant  de  l'Académie. 


L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  Com- 
missions de  prix  chargées  de  juger  les  concours  de  l'année  1906. 
Le  dépouillement  du  scrutin  donne  les  résultats  suivants  : 

Prix  Montyon  {Statistique).  —  MM.  Alfred  Picard,  Brouardel,  de  Freyci- 
net,  Haton  de  la  Goupillière,  Rouché,  Laussedat,  Carnot. 

Médaille  Arago,  Médaille  Lavoisier,  Médaille  Berthelot.  —  MM.  Poincaré, 
Chauveau,  Darboux,  Berthelot. 

Prix  Trémont,  Gegner,  Lannelongue,  Jérôme  Ponti.   —  MM.  Poincaré, 
Chauveau,  Darboux,  Berthelot,  Maurice  Levy,  Bornet. 

Prix  Wilde.  —MM.  Berthelot,  Lœwy,  Maurice  Levy,  Darboux,  de  Lappa- 
rent,  Mascart,  Troost. 

Prix  Saintour.  —  MM.  Darboux,  Poincaré,  Berthelot,  Zeiller,  deLappa- 
rent,  Moissan,  Giard. 

Prix  Houllevigue.  —  MM.  Darboux,  Poincaré,  Berthelot,  Mascart,  Emile 
Picard,  Maurice  Levy,  Giard. 

Prix  Cuvier.  —  MM.  Gaudry,  Perrier,  Bouvier,  Giard,  Delage,  Chatin, 
Barrois. 

Prix  Parkin.—MM.  Bouchard,  Brouardel,  Mascart,  Michel  Lévy,  Daslre, 
Chauveau,  Moissan. 


SÉANCE  DU  12  FÉVKIEK  lyoG.  38l 


CORRESPONDANCE . 

M.  J.  Lefèvre  adresse  des  remercîments  à  l'Académie  pour  la  distinc- 
tion dont  ses  travaux  ont  été  l'objet  dans  la  dernière  séance  publique. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel   signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

Le  XVIIl"  Bulletin  de  la  Société  d'Histoire  naturelle  d'Autun.  (Présenté 
par  M.  Albert  Gaudry.) 


ASTRONOMIE.  —  Observation  de  l'éclipsé  de  Lune  du  9  février  i(^oÇ>  faite  à 
l' Observatoire  de  Paris  (^équatorial  de  la  tour  de  l'Est).  Note  de  M.  P. 
Salet,  présentée  par  M.  Lœwy. 

L'heure  de  l'entrée  de  la  Lune  dans  l'ombre,  déterminée  d'une  part 
directement  et  conclue,  d'autre  part,  d'une  série  de  mesures  de  la  flèche 
commune  de  l'ombre  et  de  la  Lune,  a  coïncidé  exactement  avec  les  don- 
nées de  la  Connaissance  des  Temps. 

Pour  l'èclipse  du  19  février  1903,  l'heure  de  la  sortie  de  l'ombre,  ob- 
servée delà  même  façon,  avait  été  trouvée  antérieure  à  l'heure  calculée 
de  o™,3.  Ces  deux  observations  concordent  donc  bien  avec  le  calcul  et  le 
diamètre  de  l'ombre  qu'on  en  tirerait  serait  plutôt  un  peu  inférieur  au  dia- 
mètre adopté  par  la  Connaissance  des  Temps. 

Au  contraire,  les  mesures  des  clichés  photographiques  d'une  troisième 
éclipse,  celle  du  i5  août  1905,  donnent  pour  grandeur  de  l'éclipsé  partielle 
o,3o  au  lieu  de  o,  292  et  conduiraient  donc  à  un  diamètre  de  l'ombre  légè- 
rement supérieur  au  diamètre  adopté. 

Cette  petite  différence  entre  les  observations  visuelles  et  les  résultats 
photographiques  s'explique  aisément  par  un  effet  d'irradiation  dû  à  l'éclat 
très  différent  du  bord  brillant  de  la  Lune  et  de  la  partie  voisine  du  bord  de 
l'ombre.  Le  diamètre  de  la  Lune  se  trouve  augmenté  de  ce  fait  dans  une 
plus  grande  proportion  que  la  largeur  de  la  partie  non  éclipsée. 


C.  R.,  iyu6,   i"  Semestre.   (T.   CXLll,  N"  7.)  ^' 


58ï 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


a. .  . 
b.... 


ASTRONOMIE.  —  Observations  de  la  comète  Brooks  (1906  a)  faites  à  l'Obser- 
vatoire d'Alger,  à  V équatorial  coudé  de  o™,3i8.  Note  de  MM.  Raiubaud 
et  Sy,  présentée  par  M.  Lœwy. 


Dates. 
1906. 

Janv.  3i. 

3i. 

Fév.      2. 

2. 


Étoile 

de 

comparaison. 

a 
a 
b 
b 


.<3  —  * 


Aa. 


A6. 


-0.26,49 
-0.27,43 

-2. i4)4o 

-2. i5,53 


—7.45,2 
— 6.i7>9 

^O.  l4jO 

+  1.36,9 


Nombre 

de 

comparaisons. 

i3  :  12 

12:12 

12  ;  12 

12  !  12 


Observ. 

R 

S 
R 

S     . 


Positions  des  étoiles  de  comparaison. 


Gr. 

9-1 

7>5 


Ascension  droite 

Inoyénne 

1906,0. 

I)        m        s 

16.  1.5.87,50 

16. 14. 10, 23 


Réduction 

au 

jour. 

-  l'43 

-  1,45 


Déclinaison 

tnôycnne 

1900,0. 

+55.°  7 '.43 "3 
+58.42.34,3 


Réduction 
au 

jour. 

// 

— -10,3 
—  Il  ,0 


Autorités. 

A.  G.,  Helsitigfors,  n°  8737 
Id.,  n'>8721 


Positions  apparentes  de  la  comète. 


Dates. 

1906. 

Janv.  3i. 

3i. 

Fév.      2. 

2. 


Temps  moyen 
d'Alger. 
Il        m       s 

I 1 .3o. 10 
11.49.25 
1 1 . 2  7 . 1 5 
11. 5i.   9 


Ascension 

droite 
apparente. 

h        m        s 

16. i5.  9,58 
16. i5.  8,64 
16. II. 54, 38 
16. II .53,26 


Log.  fact. 
parallaxe. 

î>849„ 
î ,  870,, 

ï;90'« 

T,923„ 


Déclinaison 
apparente. 

O  f  II 

+  54.59.47,8 
+55.  i.i5,i 
+58.42.  9,3 
+58.44-  0,2 


Log.  fact. 
parallaxe. 

2,5i3 
1,662 

î,388„ 
1,572 


Le  3i  janvier,  la  comète  a  l'apparence  d'une  nébulosité  ronde  avec  un  nojau  excen- 
trique dont  l'éclat  est  comparable  à  celui  d'une  étoile  de  11"  grandeur.  Le  diamètre  de 
la  nébulosité  est  d'environ  1'  d'arc. 

Le  2  février,  la  comète  est  très  faible  à  cause  de  la  Lune. 


ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Observations  du  Soleil  faites  à  l' Observatoire  de 
Lyon  (^équatorial  Brunner  de  o",i6  d' ouverture)  pendant  le  deuxième  tri- 
mestre de  1905.   Note  de  M.  J.  Guillausie,  |)résentée  par  M.  Mascart. 

Il  y  a  eu  56  jours  d'obsei'Vation  dans  ce  trimestre,  et  voici  lesprincfpaux: 
faits  qui  en  résultent  : 


Taches.  — Le  nombre   de   groujpes   est  plus  élevé  que  celui^  noté  précédemment; 


SÉANCE  DU  12  FÉVRIER  1906.  383 

mais  la  surface  tachée  est  moindre  :  on  a,  en  effet,  54  groupes  au  lieu  de  (fS  et  l'aire 
totale  est  de  8290  millionièmes  au  lieu  de  8018  (ce  dernier  nombre  se  réduit  à  385o  mil- 
lionièmes, si  l'on  retranche  les  deux  groupes  extraordinaires  de  février  et  mars). 
Les  deux  groupes  suivants  (Tableau  I)  ont  été  visibles  à  Fœil  nu  : 


Mai. 
Juin, 


17,0  a 

25,8 


i5  de  latitude 

■  7  >' 


D'autre  part,  il  y  a  un  ralentissement  remarquable  dans  la  production  des  taches 
vers  la  fin  du  mois  de  mai  :  le  24,  notamment,  au  moment  de  l'observation,  on  ne 
voyait  qu'un  petit  groupe  de  pores  gris  intermittents  à  -1-16°  de  latitude. 

Régions  d'activité. —  Le  nombre  de  groupes  de  facuies  a  un  peu  augmenté  (107  au 
lieu  de  98),  de  même  que  leur  surface  totale  (122  ,5  millièmes  a»  lieu  de  108,7).  Q"ant 
à  leur  distribution  entre  les  deux  hémisphères,  on  a  noté  6  groupes  en  moins  au  Sud 
(45  au  lieu  de  5i)  et  i5  en  plus  au  Nord  (62  au  lieu  de  47)- 

Tableau  L  —  Taches. 


DatPs     Nombre      Pass.      Latitudes  moyennes     Surfaces 

extrêmes  d'obser-   au  mer.  ™^ — -^"^     ^   moyennes 

d'observ.  vations.    central.         S.  N.  réduites. 


\vril  igt 

)5.  —  0 

00. 

Mai 

(suite.) 

29-  7 

5 

2,1 

-H18 

10 

1 2-2 1 

4 

'7,9 

— 15 

80 

3i 

t 

2,1 

-1-  2 

2 

13-19 

2 

18,1 

-(-12 

5 

3o-  3 

2 

3,0 

+  9 

4 

13-21 

3 

«9,5 

-^  7 

26 

3-i3 

6 

8,8 

-*-i9 

12G 

21 

1 

22,4 

-1-12 

4 

7 

I 

10,8 

—  9 

4 

25-27 

3 

23,3 

-l-i5 

16 

12-1 3 

2 

i,,6 

—  18 

3 

25-3 1 

6 

27,0 

-+-  5 

34 

I2-l5 

I 
3 

11,0 
i3,o 

-t-32 

3 

2 

1 

28,3 

—  II 

i3 

-+-24 

4 

I2-l5 

4 

14,4 

-+-  7 

'9 

igj- 

— 15°, 

4  -t-i3'',Q 

12-20 

6 

16,0 

— 20 

260 

Juin. 

—  0,00. 

18 

I 

10,3 

-1-20 

4 

12-18 

5 

18,1 

— 12 

ij 

3i 

1 

1,8 

—  r>. 

5 

18 

I 

19,6 

— 12 

4 

7-  9 

3 

4,4 

—  18 

36 

24-28 

5 

23,6 

—  18 

36 

3o-i  I 

9 

5,6 

-t-ii 

168 

20-29 

9 

26,0 

-H14 

180 

14 

I 

10,1 

—  18 

7 

29 

1 

27,6 

— 20 

4 

6-12 

6 

10,2 

—  8 

29 

23-27 

5 

28,8 

-hiS 

5i 

6 
7-iG 

I 

7 

10,6 

i3,o 

-16 

-Hl5 

6 

19J- 

-i5° 

6  -i-ie^s 

98 

8-16 

6 

14,0 

-H  20 

54 

Mai. 

—  o,o5 

8-16 
14-22 

6 
5 

14,3 
20,5 

— 15 
— 22 

16S 
39 

27-28 

2 

>,3 

-l-'9 

6 

21 

20,6 

-+-I2 

2 

2q-   3 
3-9 

2 
3 

3,1 
6,0 

— -15 

4 
4 

21-24 
20-26 

4 
4 

22,2 
22,6 

+  '7 

-h  5 

17 
6 

3-1 1 

/' 

6,3 

+22 

236 

22 

23,5 

+  16 

3 

9-1 1 
8-i3 

3 
6 

7>9 

8,3 

-19 

-m6 

9 
io5 

23-29 

5 

23,9 

— 13 

48 
5i3 

20-  I 

9 

25,8 

-f-  7 

8-i3 

6 

9>9 

-t-12 

3o5 

I-  4 

2 

29,9 

— 10 

17 

12 

I 

11,0 

+  7 

3 

I 

I 

3o,o 

-t-20 

4 

8-1 3 

6 

i3,5 

— 22 

'7 

4 

3o,4 

—  18 

1 1 

1 1-2 1 

5 
5 

16,3 
17,0 

— 15 

-i-i(i 

65 
376 

11-21 

i8j. 

— 15" 

0  -hi3'',7 

Dates  Nombre  Pass.  Latitudes  moyennes  Snrfaces 
exlrémes  d'obser-  au  mèr.  - — ^-^^ — — -  ■■  ■-  -  moyennes 
dobserr.    Talions,   central.  S.  N.  réduites. 


38i 


ACADRMIE    DES    SCIENCES. 


Tablkau  11.  —   Disiribiilion  des  taches  en  latitude. 

Sud.  Nord. 

1905.             90*.      40".       30%        20°.        10°.      0°.    Somme.  Somme.  0*.       10*.       20".      30".        40".      90". 

Avril »        u         u         6        I  7  lo  3        5        i          i        » 

Mai »       "        »         I        (')  7  11  3       7        i         «       » 

Juin ')       "        1         7        2  lo  9  2       7        »         »       " 

Totaux...       »       »         I        i4        9  24  3o  8     19        ^.         1       » 

Tableau  III,   —  Distribution  des  facules  en   latitude. 

Sfld.  Nord. 

1905.              90".    40".     30".    20".     10".     0".  Somme.  Somme.  0".    10".     20".     30".    40".   90". 

Avril I        »        5       7       »  i3  19             48702 

Mai «2671  16  22             497'' 

Juin 1)        »        j       g       4  '  '  I  31              3      1 2        5        I        » 

Totaux...        I       2     14     23       5  4'>  62  11     29     17       2       3 


Totaux 

totales 

mcnâuels. 

réduites. 

17 

751 

18 

i3o8 

'9 

I23l 

8290 


Surfaces 

Tûlaui 

totales 

mensuels. 

rcJuJtes. 

32 

37,5 

38 

43,3 

37 

4', 7 

107 

122,5 

ANALYSE    MATHÉMATIQUE.    —  Sur  les  fonctions  entières. 
Note  de  M.  Ed.  Maillet,  présentée  par  M.  Jordan. 


Voici  quelques  résultats  relatifs  aux  propriétés  des  fonctions  entières  : 

I.  Soit  une  fonction  entière 

/(»  =  c„  +  c,  ^ -t- . . .  +  c,,;."  +  .  .  . 

telle  qu'à  partir  d'une  certaine  valeur  de  n  on  ait,  b  étant  un  nombre  quel- 
conque, entier  ou  non,  ^  i,  et  s  un  nombre  positif  arbitraire,  très  petit  si 
l'on  veut. 

Il  y  a  une  infinité  de  valeurs  de  n  telles  que,  à  l'intérieur  d'un  cercle  de 
ravon  \c'"\  ayant  pour  centre  l'origine  dans  le  plan  complexe  (a  nombre 
positif  tixe  quelconque  il  i  et  indépendant  de  n),  le  nombre  N„  des  racines 
de/(z)  soit  précisément /î.  Autrement  dit,  il  y  a  exactement  n  zéros  dont  le 
module  est  inférieur  ou  au  plus  égal  à  \c,"\  pour  une  infinité  de  valeurs 
de  n. 

II.  Un  énoncé  semblable  est  vrai  pour  les  fonctions  entières  d'ordre 
zéro  et  d'indice  ki.i  (toutefois,  quand  k^  2,  a  —  i  doit  être  suffisamment 
petit). 


SÉANCE    DU    12    FÉVRIER    1906.  385 

HT.  J'ai  indiqué  antérieurement  la  classification  suivante  des  fonctions 


entières  : 

Soit  la  fonction  entière 


,(z)=y^a„,z"'; 


j'admets  qu'elle  possède  une  infinité  de  coefficients  a„^  tels  que,  si  petit 
que  soit  le  nombre  fixe  s,  dès  que  n,  est  assez  grand, 

les  autres  coefficients  étant  tels  que 

|ar|>(log,/ï)'P-^'« 

dès  que  n  est  assez  grand  :  je  conviens  de  dire  que  cette  fonction  est  d'ordre 
(k,p-')  [A- entier  positif,  nul  ou  négaùf,\o^,,x  —  e_^(x),  e,,{x)  =  e'i<-S^\  ..., 
e^{x)  =x]. 

Mais  l'on  peut  adopter  une  classification  différente  que  l'on  obtient  en 
remplaçant  dans  les  formules  précédentes 

(logjm  )'?="''"     par     (log^^mP*')"'; 

c'est  ce  que  j'appellerai  la  seconde  classification.  Elle  paraît  conduire  à  des 
résultats  analogues  à  ceux  de  la  première;  ainsi,  j'ai  établi  ces  théorèmes  : 


1°  La  série 


?(3)z=V  «„,-", 


où  Ton  a,  à  partir  d'une  certaine  valeur  de  «, 

(e  fixe  positif  aussi  petit  qu'on  veut)  a  son  module  au  plus  égal  à 

,.(logr)f 

(e,  analogue  à  e)  dès  que  [s]  ^  /■  est  assez  grand; 

2°  S'il  y  a  dans  0(3)  une  infinité  de  valeurs  n^  de  n  telles  que 


386  ACADÉMIE   DES    SCIENCES, 

il  y  a  une  infinité  de  valeurs  de  z  telles  que,  pour  [s]  =  r, 

|y(  =  )|>Hi°s'-)'     . 
La  définition  corrélative  de  la  croissance  régulière  de  ces  fonctions  est  immédiate. 

Pour  les  fonctions  entières  dites  d'ordre  fini  (k  ^=  o),  les  deux  classifi- 
cations se  confondent;  on  peut  les  combiner  dans  le  cas  général,  en  adop- 
tant par  exemple  la  première  pour  les  fonctions  où  k^o,  la  deuxième  pour 
celle  où  /"  <[  o  :  ce  sera  la  troisième  classification. 

Il  y  a  trois  classifications  similaires  pour  les  fractions  continues  arithmé- 
tiques; avec  la  troisième,  on  a  ce  théorème  : 

Toutes  les  irrationnelles  4t — ^  >  o  (P^  1>  p\  l'  entiers,  pq'  —  qp'  ^  o) 

sont  de  même  ordre  que  l'irrationnelle  I. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  un  hessien  hyper  elliptique. 
Note  de  M.  Louis  Remy,  présentée  par  M.  Humbert. 

M.  Hutchinson  (')  a  obtenu  un  cas  particulier  de  hessien  de  surface 
cubique  en  égalant  les  coordonnées  homogènes  d'un  pointée,  j,  ;;,  /à  quatre 
fonctions  6,(?/,  v),  ^o(u,  {>),  ^^(u,  c),  6,,(«,  i>)  d'ordre  4,  de  caractéristiques 
nulles,  paires,  s'annulant  (à  l'ordre  2)  pour  six  demi-périodes  formant  un 
sextuple  de  Weber.  De  cette  représentation  paramétrique  il  s'est  borné  à 
déduire  des  propriétés  susceptibles  d'être  étendues  au  hessien  général  : 
nous  nous  proposons  au  contraire  de  caractériser  ce  cas  hyperelliptique. 

A  chacune  des  six  demi-périodes  P,-  annulant  les  quatre  fonctions  6,,  O2, 
O3,  O4  correspond  sur  la  surface,  non  pas  un  point,  mais  une  conique  C,. 
D'autre  part,  on  peut  déterminer  les  constantes  X  de  manière  que  la  fonc- 
tion 0  =  X,  G,  4-  Xj  O2  +  X3  63  +  A4  64  s'annule  à  l'ordre  4  pour  la  période  Pj  : 
on  obtient  ainsi  six  autres  coniques  C^  .  Les  coniques  C,  et  C^  de  même 
indice  sont  situées  dans  un  même  plan  et  chacune  d'elles  rencontre  5  des 
droites  du  hessien. 

Inversement,  soit  le  hessien  représenté  par  l'équation 

a-         y-         c-         d-         e"- 

1 1 h—  +  -=0, 

X         y  z  tu 

('  )  Bulletin  of  the  american  mathematical  Society,  1°  série,  vol.  V,  11°  6. 


SÉANCE  DU  12  FÉVRIER  1906.  '5S*J 

avec 

et  supposons  que  le  plan 

Ax  -{-By  -i-Cz  -hBt  -i-Eu  =  o 

coupe  la  surface  suivant  deux  coniques'dont  l'une  rencontre  par  exemple 
les  droites  (xy),  (7=),  (^t),  (tu),  (ux).  On  en  déduit  les  relations  : 

a^  =  (B-E)(C  -D), 
è^  =  (C-A)(D-E), 

» 

e=  =  (A-D)(B -C) 

et,  par  suite,  la  condition  algébrique  indécomposable 

(i)  la" —  la*b^-h-2la-b-c-  =  o. 

On  peut  dire  également  que  les  paramètres  a%  h^,  .  .  .,  e'  sont  racines 
d'une  équation  du  cinquième  degré  de  la  forme 

X'  +  mX'  ■+-  nX'  ■+-  Ç(4«  -  m-)X''  -hpX-hq  =  o. 

Ce  hessien  ne  dépend  donc  que  de  trois  paramètres  au  point  de  vue 
projectif  et  la  surface  hyperelliptique  définie  plus  haut,  qui  dépend  de 
trois  modules,  peut  lui  être  identifiée.  D'où  ce  théorème  : 

Si  le  hessien  d'une  sur/ace  cubique  possède  une  conique,  il  en  possède  onze 
autres  et  il  est  hyperelliptique. 

Ces  douze  coniques  forment  deux  groupes  C,,  C^,  ...,  C^  et  C, » 
C!,,  .  .  . ,  Cg,  les  coniques  C,,  C^.  étant  dans  un  même  plan.  Les  coniques  C^, 
C;t  ne  se  rencontrent  pas;  les  coniques  C,,  C^  se  coupent  en  deux  points  et 
sont  situées  sur  un  cône  du  second  degré  tangent  au  hessien  le  long  de 
deux  droites. 

La  surface  possède  également  deux  groupes  de  six  cubiques  gauches  T,, 
Tj  transformées  respectivement  des  coniques  Cj,  C^  par  la  transformation 

qirationnelle  x  :  y  :  z  ;  t,  —'.  —  '.''—'.  y  Les  cubiques  r,,  r'^  sont  situées 

X       y       z        t 

sur  un  cône  du  second  degré  qui  coupe  en  outre  le  hessien  suivant  deux 
droites.  La  conique  C,  et  la  cubique  T^  sont  sur  une  quadrique  qui  coupe 
en  outre  le  hessien  suivant  trois  droites. 


388  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

On  peut  appliquer  les  résultats  précédents  à  la  déformation  du  pentagone 
plan.  Ecrivons  l'équation  du  hessien  sous  la  forme 

a  b         c         d  e   

X  "^  Y  "^  Z  "^  ï  "^  Û  ~  *^' 
avec 

aX  +  hX  +  cZ  +  ^/ï  -H  eU  =  o, 
et  posons 

X  =  e™,      .  .  . ,     U  =  é\ 

Les  relations  précédentes  expriment  les  conditions  de  fermeture  du 
pentagone  dont  les  côtés  ont  pour  longueurs  a,  b,  c,  d,  e  et  font  avec  une 
direction  fixe  les  angles  a,  p,  y,  S,  s.  D'où  cette  conclusion  :  lorsque  les 
côtés  a,  b,  .  .  . ,  e  d'un  pentagone  vérifient  la  relation  algébrique  (i),  la 
déformation  de  ce  pentagone  s'exprime  en  fonction  hyperelliptique  de  deux 
paramètres. 

Pour  obtenir  de  tels  pentagones,  il  suffit  de  se  donner  cinq  nombres 
quelconques  A,  B,  C,  D,  E  et  d'en  déduire  a,  b,  .  .  . ,  e  par  les  formules 
a-  =  (B  —  E)  (C  —  D),  etc.  Voici  un  exemple  de  pentagone  réel  : 


HYDRODYNAMIQUE.  —  Extinction  de  l'onde  solitaire  propagée  le  long  d'un 
tube  élastique  horizontal.  Note  de  M.  A.  Boulanger,  présentée  par 
M.  Boussinesq. 

Si  l'on  fait  abstraction  des  frottements,  l'énergie  d'une  onde  solitaire  pro- 
pagée dans  un  fluide  au  repos  dans  un  tube  élastique,  somme  de  la  force 
vive  actuelle  du  fluide  et  du  travail  que  produirait  l'intumescence  en  s'apla- 
tissant  sous  la  pression  de  l'envelop^jc,  a  pour  expression  (avec  les  nota- 
tions de  ma  Note  du  1 1  décembre  igoS  et  en  posant  Ix  =  R^n) 

La  valeur  de  C  caractérise,  tout  comme  celle  de  /,  une  onde  solitaire  et 
le  profil,  la  vitesse  de  propagation,  le  maximum  de  la  dilatation  radiale 
s'expriment  de  suite  en  fonction  de  c  au  heu  de  /.  On  reconnaît  il'Hiileurs 
la  stabilité  de  l'onde  en  suivant  la  méthode  donnée  par  M.  Boussinesq  à 
propos  de  l'onde  solitaire  des  canaux. 


SÉANCE  DU  12  FÉVRIER  igo6.  889 

Nous  nous  proposons  maintenant  d'indiquer  la  loi  du  lent  décroissement 
de  l'énergie,  de  la  vitesse  de  propagation  et  de  la  dilatation  radiale,  sous  l'in- 
fluence des  résistances  de  frottement,  localisées  dans  une  mince  couche, 
contiguë  à  la  paroi,  où  les  vitesses  longitudinales  varient  très  rapidement, 
sur  une  épaisseur  insensible,  depuis  la  valeur  zéro  jusqu'à  une  certaine 
valeur  îi„. 

L'étude  générale  de  telles  résistances  a  été  faite  par  M.  Boussinesq 
(Journal  de  Mathématiques,  1878);  le  travail  total  détruit  par  l'influence  du 
frottement  extérieur,  à  un  instant  donné  et  d'un  bout  à  l'autre  d'une  intu- 
mescence, s'évalue  comme  si  la  vitesse  à  la  paroi  était  ?<„  ^/(t)  et  que  le 
frottement  extérieur  valût  le  produit  de  cette  vitesse  par  le  coefficient  fictif 
de  frottement  extérieur 

,-      „         f     f(t)f'(t-,i^)dt 

»  t    0 


{t)dt 


c'est  dans  la  détermination  de  ce  coefficient  qu'est  incluse  la  difficulté  de 
l'étude  de  l'affaiblissement  graduel  des  intumescences.  Ici,  comme 


consl.   , 


si  l'on  pose  F(t)  =  e'^{é^ -\-  i)  -,  on  a 

j       V{-)¥'{-.-^r-)dz 


rr\.)d.=='^;  rF(,)v'(.-.^)d. 

l/  — 00  t/  _-, 


d- 


{ i -h  II) (6 -h 6 II -\- H-) 


Lo» ( I  +  a) 


3  ;<(;<  +  3) 


-+-3)1 


avec  u=^é'' —  i.  La  quantité  entre  crochets  est  la  différence  entre  Log(i  -\-u) 
et  la  quatrième  réduite  de  son  développement  en  fraction  continue  algé- 
brique donné  par  Gauss.  Soit  a(i  —  x)  =  ix  et 


y  = 


Log 


I  +  .r 


3  — .r- 


X' 


u  vient 


=  G(^); 


G.   R.,  19C6,  I"   Semestre.  (T.  CXLII,  N»  7.; 


02 


Sgo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

J'ai  dessiné  à  très  grande  échelle  et  fort  exactement  la  courbe  v  =  G{x), 
qui  part,  de  l'origine,  tangente  à  Oy,  s'infléchit  vers  Ox  et  s'élève  asymp- 
totiquement  à  a?  =  i ,  limitant  avec  y  =  o  et  a-  =  i  une  aire  finie  ;  j'ai  pro- 
longé l'arc  jusqu'à  ce  qu'il  soit  distant  de  a;  =  i  de  moins  qu'une  épaisseur 
de  trait;  j'ai  mesuré,  à  l'aide  d'un  planimètre  d'Amsler,  par  répétition, 
l'aire  ainsi  délimitée  et  obtenu  une  limite  supérieure  de  l'erreur  commise 

(eu  égard  à  la  branche  infinie).    /    G(x)dx  est  comprise  entre  o,448  et 

o,4''>2.  soit  o,45o  avec  une  erreur  en  plus  ou  en  moins  inférieure  à  deux 
millièmes. 

L'expression  de  s,  en  fonction  de  l'énergie  de  l'onde  t  à  un  instant  donné 

est  par  suite,  en  posant  il'  =  87t/R||:3v'  : 


L'équation  du  mouvement  amorti  est  alors 


Tt^JK/-'''' 


l  i^^  =  "'  9  V/  ^  V  P  '  =  ""^     K'^  =  Vt- 

/o  caractérisant  le  volume  d'eau  refoulé. 

Première  approximation.  —  v  croît  à  partir  de  v^  ;  si  l'unité  est  négligeable 

deviuit  v^'.  on  aura  v  =:=  v„  (  i  +  —  /  ) .  Par  suite 


Seconde  approximation.  —  Si  l'intumescence  a  une  masse  plus  impor- 
tante, on  emploiera  les  fonctions  elliptiques  d'invariants  g-o  =  i,  g^  ^  o.  On 
calcule  u„  par 


on  construit  deiix  courbes  d'ordonnées  respectives 

qui  se  déduisent  immédiatement  de  représentatives  bien  connues  ;  on  déter- 


SÉANCE    DU    12    FÉVRIER    1906.  Sçjl 

mine  v  à  iin  instant  t  donné  en  intercalant  entre  elles,  suivant  les  ordonnées, 
un  segment  mt  et  en  prenant  l'ordonnée  correspondante  de  la  première 
courbe;  d'où  le  graphique  de  v(/). 

Un  Mémoire  étendu  développera  les  conséquences  de  ces  résultats. 


ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  les  durées  comparées  d'une  émission  de  rayons  X  et 
d'une  étincelle  en  série  avec  le  tube  producteur  de  rayons.  Note  de  M.  Ber- 
nard Bruxhes,  présentée  par  M.  Mascart. 

Les  expériences  récentes  de  M.  André  Broca  (  '  )  ayant  ramené  l'attention 
sur  le  problème  de  la  durée  de  décharge  dans  les  tubes  à  rayons  X,  je 
demande  la  permission  de  rappeler,  en  la  complétant  sur  un  point,  la 
Communication  que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  dans  la 
séance  du  9  avril  1900  (-). 

J'ai  mesuré,  par  une  méthode  de  disque  tournant,  la  durée  d'émission 
de  divers  tubes  à  rayons  de  Rôntgen,  notamment  d'un  tube  Chabaud-Villard 
et  d'un  gros  tube  sphérique  livré  par  la  maison  Diicretet.  Un  disque  de 
fer  percé  de  nombreux  trous  circulaires  de  4"""  à  5°""  de  diamètre  étant 
interposé  entre  le  tube  et  un  écran  fluorescent,  les  trous,  visibles  sur 
l'écran,  apparaissent  allongés  dans  le  sens  du  mouvement  si  l'on  vient  à 
imprimer  au  disque  une  rotation  rapide. 

J'ai,  depuis  lors,  photographié  l'image  de  ces  trous,  en  ayant  recoins  à  une 
émission  unique  de  rayons  X,  et  en  ayant  .soin  de  photographier  en  même  temps, 
dans  un  autre  secteur  du  disque  tournant,  les  l/ous  identiques  éclairés  par  l'étin- 
celle d'un  micromètre  en  série  avec  le  tube  producteur  de  rayons.  Le  résultat 
constant  a  été  que,  tandis  que,  sur  la  plaque  éclairée  par  l'étincelle,  les  trous  ne  sont 
jamais  allongés  dans  le  sens  du  mouvement  d'une  façon  appréciable  (ce  n'est  là  qu'une 
variété  de  l'expérience  de  Wheatstone  et  d'Arago  sur  la  durée  de  l'étincelle  et  de 
l'éclair),  les  images  des  trous  éclairés  par  les  rayons  X  sont  allongées  dans  le  sens  du 
mouvement,  d'une  longueur  qui  conduit  à  des  valeurs  de  l'ordre  du  dix-millième  de 
seconde  pour  la  durée  de  l'action  des  raj'ons  X.  Il  serait  intéressant  de  répéter  les 
mesures  galvanométrique  et  éleclrodynamométrique  de  M.  Broca  sur  le  courant  qui 
actionne  le  tube  de  Rontgen  quand  il  y  a,  en  série  avec  le  tube,  un  micromètre  à  étin- 
celles. 


(')   Comptes  rendus,  t.  GXLII,  p.  271. 
(-)  Comptes  rendus,  t.  CXXX,  p.  1007. 


392  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

.l'ai  montré,  dans  la  même  Communication,  comment  on  peut  difl'érencier  l'action 
de  la  lumière  ullra-violelte  d'une  étincelle  et  l'action  d'une  émission  de  rayons  X  sur 
les  potentiels  explosifs,  en  montrant  que  l'expérience  de  M.  Swyngedauw  relative  à 
l'action  des  rayons  X  sur  une  étincelle  dynamique  réussit  encore  (|uand  on  place  le 
tube  de  Crookes  à  côté  de  l'excitateur  secondaire  au  lieu  de  le  placer  à  côté  de  l'exci- 
tateur primaire,  ce  qui  n'aurait  pas  lieu  si  les  étincelles  aux  deux  excitateurs  étaient 
provoquées  par  la  lumière  d'une  autre  étincelle.  La  conclusion  que  j'ai  tirée  de  celte 
expérience,  relativement  à  la  persistance  de  l'action  des  rayons  X,  qu'on  attribue  cette 
persistance  à  la  durée  de  l'émisson  des  rayons  X  ou  à  la  durée  de  l'état  d'ionisation 
que  provoque  leur  passage  sur  le  micromètre,  n'a  pas  été  acceptée  de  tous  les  physi- 
siciens.  11  peut  être  intéressant  de  noter  que,  dans  son  Livre  Conduction  of  Electri- 
city  troiigh  grises,  J.-J.  Thomson  déclare  qu'il  lui  paraît  bien  difficile  de  ne  pas 
admettre  cette  persistancede  l'action  des  rayons  X  sur  un  potentiel  explosif  ('). 


PHYSIQUE.  —  Sur  la  recombinaison  des  ions  des  vapeurs  salines. 
Note  de  M.  G.  More.vu,  présentée  par  M.  jMascart. 

Les  vapeurs  salines  ionisées  par  la  chaleur  justifient  par  toutes  leurs 
|)ropriétés  (courant  de  saturation,  mobilités)  l'hypothèse  que  les  charges 
séparées  y  sont  portées  par  un  nombre  fini  de  centres  électrisés,  les  uns 
positifs,  les  autres  négatifs,  avec  une  charge  égale  en  valeur  absolue  à  celle 
que  transporte  i"'  d'hydrogène  dans  l'électrolyse.  L'attraction  mutuelle  des 
ions  de  signes  contraires  provoque,  par  collisions,  une  recombinaison  pro- 
gressive des  charges  suivant  la  loi  d'action  des  masses 


(1)  -^  =  —  a//" 


dn_ 
~di 


oii  n  est  la  densité  des  charges  positives  ou  négatives,  oc  le  coefficient  de 
recombinaison,  indépendant  du  champ  électrique  qui  existe  dans  le  gaz. 

La  méthode  que  j'ai  employée  pour  mesurer  «  est  celle  que  Townsend  a 
utilisée  pour  les  gaz  ionisés  par  les  rayons  Rônigen  : 

Un  courant  d'air  traverse  une  solution  saline  M  où  il  se  charge  de  sel.  Ce  sel  se 
vaporise  et  s'ionise  dans  un  tube  de  porcelaine  chaullë  au  rouge  et  parcourt  ensuite 
un  lube  de  laiton  A.  On  détermine  les  densités  /(,  et  «o  des  charges  positives  ou  néga- 
tives en  deux  régions  du  lube  A,  assez  rapprochées  pour  que  les  températures  extrêmes 
ne  soient  pas  trop  dillérentes.  On  note  pour  cela  le  courant  de  saturation  entre  A  et 

(')  J.-J.  'i'iiOMSOX,  loc.  cil.,  p.  528. 


SÉANCE  DU  12  FÉVRIER  1906.  3g'à 

une  éleclrode  cylindrique  concentrique  B,  disposée  dans  cliaque  région.  Connaissant 
la  dislance  moyenne  des  électrodes  B.  le  débit  du  courant  gazeux,  on  déduit  a  de  la 
formule  (i).  En  modifiant  la  concentration  de  la  solution  M  et  éloignant  le  système 
(A,  B)  de  la  région  d'ionisation,  on  obtient  a  pour  des  concentrations  et  des  tempéra- 
tures dilTérentes  du  courant  gazeux. 

Voici  les  résultats  obtenus  aux  températures  de  80°  et  i.d". 
Les  concentrations  de  la  solution  sont  indiquées  en  inolécule  M  par 
litre  d'eau  et  les  valeurs  de  a  en  unités  électrostatiques. 

Concentration  — 

Kl \'i 

KCI *^? 

/    10 

KBr |^° 

K.\zO^ !^? 

HbCl '  ^? 

J(iv^crp) j  '^^ 

I.  De  ces  nombres  il  suit  : 

A  une  température  donnée,  le  coefficient  de  recombinaison  oc  varie  sen- 
siblement comme  Vini>erse  de  la  racine  carrée  de  la  concentration.  Il  diminue 
à  mesure  que  la  t('in[iérature  s'abaisse. 

I^our  interpréter  ce  résultat,  je  rappelle  que,  dans  une  communication  récente 
{Comptes  rendus,  26  décembre  1900),  j'ai  montré  que  les  ions  des  vapeurs  salines  sont 
plus  gros  que  ceux  des  gaz  ordinaires,  qu'ils  se  comportent  au  voisinage  de  100" 
comme  s'ils  étaient  formés  d'un  centre  électrisé  de  la  grosseur  de  1"°'  de  gaz,  entouré 
de  2  à  7  couches  de  molécules  et  qu'au  voisinage  de  i5°  le  nombre  des  couches  peut 
s'élever  jusqu'à  20.  Comparée  à  celle  des  gaz  ordinaires,  leur  vitesse  d'agitation  ther- 
mique sera  faible  et  la  plupart  des  collisions,  entre  ions  de  signes  contraires  sera 
suivie  de  recombinaison.  Dans  ce  cas  extrême,  le  coefficient  2  est  proportionnel  aux 
Ujobilités  et,  comme  j'ai  établi  que  celles-ci  dépendent  de  la  concentration  de  la  vapeur 

suivant    la   formule  K  = -^  où    «(  =  0,39,   il  suit  que  le  coefficient  ï  augmentera 

à  mesure  que  la  concentration  C  diminuera. 

En    raison  de  la  dilVérence  des  mobilités,  il  doit  être  plus  petit  que  celui  des  gaz 


.M 

M 

M. 

4' 

i6' 

a. 

oc. 

a. 

E. 

4.5 

795 

1024 

0 

,63 

78 

1.57 

» 

0 

.77 

4io 

811 

..576 

0 

,56 

106 

170 

» 

0 

,94 

42. 

843 

i552 

0 

,56 

84 

202 

Y) 

0 

.99 

348 

763 

i4o8 

0 

,65 

89 

200 

» 

I 

)) 

» 

1 216 

0 

.73 

» 

)) 

i4i 

0 

,89 

i46 

» 

» 

0 

,56 

196 

.  » 

)) 

0 

.74 

3ç)'^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ordinaires  (pour  l'air  ionisé  clans  les  conditions  normales  de  température  et  de  pression, 
ïz^S/jOg).  Pour  une  même  conceiitrnlion,  il  diminuera  (|ufind  la  masse  de  l'ion  aut;- 
menlera  ;  à  la",  où  les  ions  des  vapeurs  sont  comparaliles  à  des  gouttes,  il  sera  notable- 
ment plus  faible  qu'à  80°. 

II.   On  peut  d'ailleurs  calculer,  avec  la  formule  de  Laneevin  £  =^  ^r—r-  >  le 

rapport  i  du  nombre  des  recombinaisons  au  nombre  des  collisions  entre 
ions  de  mobilités  égales  R.  Théoriquement  t  ne  peut  dépasser  l'unité. 

Ayant  mesuré  R  à  différentes  températures,  j'ai  pu  établir  une  formule 
reliant  R  à  la  température  absolue,  calculer  ainsi  les  mobilités  aux  tempé- 
ratures d'observation  de  oc  et  déduire  e.  Les  nombres  obtenus  sont  indi- 
qués dans  la  dernière  colonne  du  Tableau  précédent.  Ils  correspondent 
à  des  mobilités  qui,  à  80°  pour  le  champ  de  1  volt-centimètre,  sont  com- 
prises entre  o""",  08  et  o*^'",  3 1  et,  à  iS",  entre  o"",oi3  et  o"",o3. 

On  voit  qu'à  80°  la  valeur  moyenne  de  0  est  0,61  c"est-à  dire  que  les  deux  tiers  des 
collisions  sont  suivis  de  recombinaison.  Ce  nombre  est  plus  élevé  que  pour  l'air 
ionisé  dans  les  conditions  ordinaires  de  température  et  de  pression  où  il  égale  0,27.  Il 
est  du  même  ordre  que  celui  des  gaz  issus  d'une  llamme  pour  lesquels  les  mobilités 
sont  aussi  comparables.  A  i5°,  £  est  voisin  de  l'unité  :  pour  les  t;ros  ions,  presque 
toutes  les  collisions  sont  suivies  de  recombinaison. 

En  résumé,  aussi  bien  par  les  valeurs  de  leurs  mobilités  que  par  celles 
de  leur  coefficient  a,  les  ions  des  vapeurs  salines,  pour  les  températures 
comprises  entre  170°  et  0°,  se  classent  entre  les  ions  des  gaz  ordinaires  et 
les  gros  ions  dus  à  l'oxydation  du  phosphore.  A  mesure  que  la  température 
s'élève,  leur  masse  diminue  et,  dans  une  flamme,  ils  deviennent  compa- 
rables, pour  l'ion  négatif,  aux  particules  cathodiques  et,  pour  l'ion  positif, 
à  l'atome  d'hydrogène. 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Remarque  sur  t'es  combinaisons  des  métaux  rares 
du  groupe  cériu/n  et  sur  leurs  sulfates  en  particulier.  Note  de  M.  Camille 
Matigxo.m. 

Je  demande  à  l'Académie  la  permission  de  rappeler  que  je  lui  ai  présenté 
depuis  l'année  1900  une  série  de  Notes  relatives  aux  combinaisons  des 
métaux  rares  du  groupe  cériiun,  lanthane,  praséodyme,  néodyme,  sama- 
rium.  Ces  publications,  au  nombre  de  quinze,  ont  paru  dans  les  Comptes 


SÉANCE  DU  12  FÉVRIER  1906.  ^96 

rendus  depuis  l'année  1900  jusqu'à  1906  (t.  CXXXI,  p.  837  et  891; 
t.  CXXXII,  p.  36;  t.  CXXXIII,  p.  289';  t.  CXXXIV,  p.  427.  637,  i3o8; 
t.  CXL,  p.  i4i,  1181,  1339  et  1637;  t.  CXLI,  p.  53  et  i23o;  t.  CXLII, 
p.  93  et  276).  Elles  ont  spécialement  pour  objet  l'étude  générale 
des  chlorures  et  des  sulfates  de  ces  divers  métaux  :  préparation,  pro- 
priétés physiques  et  chimiques,  conditions  de  décomposition  progressive, 
iherniochimie,  etc.  ;  toutes  études  effectuées  sur  plusieurs  centaines  de 
grammes  de  ces  coiîteuses  substances. 

M.  Otto  Brill  a  publié  dans  le  numéro  du  20  novembre  1905  du  Zeil- 
schrift  fur  anorgaiiische  Cheniie  (t.  XLVK,  p.  4^4)  "n  travail  particulier 
exécuté  sur  quelques  milligrammes  de  substance  et  relatif  à  certains  sul- 
fates de  ces  terres  rares,  c'est-n-;lire  à  une  question  dont  je  m'étais  déjà 
occupé  en  1902  (Comptes  rendus,  t.  CXXXIV,  p.  657)  et  sur  laquelle  j'ai 
publié  le  26  décembre  dernier  des  résultats  qui  avaient  fait  l'objet  de  mes 
propres  et  longues  études,  dans  le  cours  de  1905,  au  laboratoire  du  collège 
(ie  France  de  M.  Berthelot  qui  en  a  eu  continuellement  connaissance. 

Nous  nous  sommes  ainsi  rencontrés  sur  ce  point  spécial,  en  a\ant  tra- 
vaillé d'une  manière  indépendante.  M.  Brill  m'écrit  à  ce  sujet  pour  récla- 
mer, d'après  une  antériorité  d'un  mois  de  sa  publication,  laquelle  m'avait 
échappé,  la  priorité  et  le  monopole  des  études  dans  lesquelles  il  venait  de 
débuter.  Il  semble  d'ailleurs  avoir  ignoré  lui-même  mes  travaux  antérieurs 
sur  ces  métaux,  travaux  qui  me  paraissent,  suivant  les  usages  reçus  dans  la 
Science,  me  donner  le  droit  de  les  poursuivre  en  toute  liberté. 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  les  iodomercurales  de  calcium. 
Note  de  M.  A.  Dcuoi.v.  présentée  par  M.  L.  Troost. 

Depuis  le  travail  de  Polvdorc  Boullay  (')  qui  date  de  1827,  on  n'a  pas 
cherché  à  établir  la  constitution  des  iodomercurates  de  calcium. 

En  continuant  l'étude  des  liqueurs  lourdes  à  base  d'ioilure  de  mercure, 
j'ai  été  amené  à  trouver  trois  iodures  doubles  de  mercure  et  de  calcium 
nouveaux  dans  les  circonstances  suivantes. 

On  dissout  dans  de  l'eau  tiède,  aUernativennienl  et  jusqu'à  refus,  de  l'iodure  de  cal- 
cium l't  du  biiodure  de  mercure,  en  terminant  par  un  léger  excès  d'ioduie  dii  calcium. 


(')  Ann.  de  Chim.  et  de  J'Iiys.,  t.  XXXIV,  1827. 


SqG  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

La  solution  obtenue,  filtrée  à  i5°,9,  a  pour  densité  2,89;  elle  présente  la  composition 
suivante  : 

Fraclion  de  molécule. 

Calcium 3,63  »/o  3,58  "/o  0,0890 

Mercure 33,35  23,45  0,117 

Iode 53,17  53,20  0,418 

Eau(diir.  ) 19,85  19,77  '.229 

Cette  composition  peut  se  traduire  par  la  formule 

CaP,  i,3oHgP,  12, 3o  II-O. 

Abandonné  à  un  refroidissement  de  quelques  degrés,  elle  laisse  déposer 
des  cristaux  jaunes  très  volumineux;  je  n'ai  pu  en  déterminer  le  système 
cristallin,  car  ils  sont  extrêmement  déliquescents.  L'analyse  d'un  produit 
bien  débarrassé  de  son  eau  mère  conduit  à  la  formule 

CaP,HgP,  8H*0. 

Trouve. 
— . —  ^ — — Calculé. 

Calcium 4,60%  4,677»  4,484 

Mercure 21,74  21,78  22,421 

Iode 56,42  56,29  56,95o 

Eau )'                          »  16, 143 


Densité  :  Deux  déterminations  à  0°  ont  fourni  3, 258  et  3, 33 


/• 


Les  cristaux  obtenus  sont  solubles  sans  décomposition  dans  Teau,  dans  les  alcools 
métliylique,  élhylique,  amjlique,  butjlique,  isobulylique;  la  glycérine;  l'acétate 
d'éthyle,  les  propionales  de  méthyle  et  d'isobutyle;  l'iodure  d'allyle,  l'aldéhyde,  l'acé- 
tone, l'acide  acétique;  l'oxalate  d'étliyle,  l'aniline. 

Avec  le  nitrate  d'éthyle,  ils  fondent  et  il  reste  une  goutte  de  liquide  au  fond  du  tube 
à  expérience;  très  peu  solubles  dans  la  nilrobenzine  qui  prend  une  teinte  jaune  assez 
foncée.  Ils  paraissent  tout  à  fait  insolubles  dans  le  chloroforme,  le  tétrachlorure  de 
carbone,  l'iodure  d'éthyle,  le  bromure  d'élliylène,  la  benzine,  la  benzine  monochlorée, 
le  toluène,  etc. 

Deuxième  iodomercurale.  —  La  liqueur  qui  a  laissé  déposer  le  sel  précé- 
dent est  additionnée  d'iodure  de  mercure  et  portée  à  l'étuve;  par  refroidis- 
sement, au  voisinage  de  0°,  il  se  dépose  de  très  petits  cristaux,  parfaitement 
nets,  qui  diffèrent  des  précédents  par  une  déliquescence  moindre;  séchés 
sur  des  plaques  de  porcelaine  dans  l'air  sec,  ils  se  conservent  bien  lorsqu'on 
les  sort  de  la  cloche. 

Troisième  iodomercurale.  —  Si  l'on  abaisse  la  température  de  la  solution 


SÉANCE  DU  12  FÉVRIER  1906.  397 

au-dessous  de  0°,  on  voit  apparaître,  en  même  temps  qu'un  accroissement 
des  cristaux  précédents,  un  nouveau  produit  sons  forme  de  longs  prismes 
accolés  les  uns  aux  autres,  striés  dans  le  sens  de  leur  longueur  et  qui, 
ayant  i'^'"  ou  2'^"  de  longueur,  sont  faciles  à  séparer  des  précédents.  Si  l'on 
filtre  la  solution  et  qu'on  la  refroidisse,  on  voit  se  déposer  dans  la  liqueur 
claire  les  deux  espèces  de  cristaux.  J'ai  analysé  les  petits  cristaux,  qui,  plus 
petits  que  les  précédents,  avaient  une  teinte  jaune  plus  claire;  les  analyses 
III  et  IV  montrent  que  c'est  exactement  le  même  produit. 
Le  deuxième  iodomercurate  a  pour  formule 

GaP,5Hgt-,8H-0. 

Trouvé. 

I.  II.  m.  IV.  Calculé. 

Calcium i,46  i,52            1,44  1,43  ')477 

Merciue 37,27  37,i'J  37,27  37,09  36,927 

Iode j5,96  56,22  55,82  56, 16  56,277 

Eau »  »                  "                  »  5,817 

Le  produit  correspondant  obtenu  avec  l'iodure  de  strontium  a  pour  den- 
sité à  0°  :  4,7. 


Il  est  décomposé  et  donne  un  précipité  rouge  d'iodure  mercurique  par  l'eau,  les 
alcools  métliylique,  élliylique,  amylique;  la  glycérine,  l'aldéhyde,  l'acide  acétique, 
Tacélone. 

Il  se  décompose  lentement  avec  la  nitrobenzine  et  avec  l'oxalate  d'élliyle;  il  est 
insoluble  dans  la  benzine  monochlorée,  le  l(duéne,  le  chloroforme,  le  bromure 
d'élhylène. 

Le  troisième  iodomercurate  a  pour  formule 

3Cal%4Hgl-,2',  II-O. 

Trouvé. 
— >^ — ^ — ^ .  Calculé. 

Calcium 0,86  8,91                »  3,858 

Mercure 20,28  25,19  24,83  20,723 

Iode 06,62  56,32                »  56,527 

Eau »  »                    »  13,890 

Densité  à  0°  :  deux  déterminations  ont  donné  3,56  et  3,66. 

Ce  produit,  soluble  dans  l'eau  avec  précipitation  d'iodure  rouge  de  mercure,  donne 
également  ce  précipité,  mais  faiblement  et  disparaissant  rapidement  avec  l'acide  for- 
mique  et  l'acide  acétique. 

C.  li.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N«  7.)  ^J 


398  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Très  soluble  dans  les  alcools  mélliylique,  étliylique,  ani^lique  (qui  prend  une  teinte 
jaune),  bulylique,  isobutyli<|ue;  la  glycérine;  l'acétate  d'étliyle,  les  propionales  de 
métliyle,  d'isobutyle,  l'iodure  d'allyle;  l'aldéhyde,  l'acétone,  l'aniline,  l'oxalate 
d'étliyle.  Insoluble  ou  peu  soluble  dans  la  nitrobenzine. 

Avec  le  nitrate  d'étliyle,  les  cristaux  fondent  et  la  liqueur  jaunit  légèrement. 

Insoluble  dans  le  chloroforme,  le  chlorure  de  carbone,  le  bromure  d'éthylène,  l'io- 
dure d'éthy.le,  la  benzine,  la  benzine  monochlorée,  etc. 

En  résumé,  la  solution  saturée  d'iodure  de  mercure  dans  l'iodure  de 
calcium  est  intéressante  par  les  produits  qu'elle  peut  donner  avec  de  nom- 
breux composés  organiques. 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  l' existence  des  sulfures  de  phosphore.  Note  de 
M.  H.  GiRAN,  présentée  par  M.  Georges  Lemoine. 

L'existence  d'un  certain  nombre  de  sulfures  de  phosphore  est  encore 
discutée.  L'étude  des  températures  de  fusion  des  mélanges,  en  proportions 
diverses,  de  soufre  et  de  phosphore,  m'a  permis  d'apporter  quelques  don- 
nées précises  sur  cette  question. 

Déjà  M.  Boulouch  avait  étudié  par  une  méthode  analogue  (^Comptes  ren- 
dus, t.  CXXXV,  p.  i65)  les  mixtes  formés  par  le  soufre  et  le  phosphore 
au-dessous  de  loo**;  il  était  arrivé  à  cette  conclusion  que,  au-dessous  de 
celle  température  de  100",  il  n'existe  pas  de  sulfure  de  phosphore  comme 
composé  défini,  mais  seulement  un  eutectique  fusible  à  +9", 8. 

Les  recherches  qui  font  l'objet  de  la  présente  Note  ont  été  effectuées  sur 
des  mixtes  préalablement  chauffés  à  une  température  plus  élevée  et  telle  (/u'il 
y  avait  certainement  combinaison  des  deux  métalloïdes.  Dans  ce  but,  les  mé- 
langes étudiés  sont  enfermés  dans  de  petits  tubes  scellés  que  l'on  chauffe 
à  200°  environ  pour  provoquer  la  combinaison.  Après  solidification,  on 
^détermine  la  température  de  fusion  du  mélange,  qui  est  celle  où  disparaît 
le  dernier  cristal.  Les  résultats  sont  représentés  par  la  courbe  ci-contre, 
dans  laquelle  on  a  pris  pour  abscisses  les  températures  et  pour  ordonnées 
les  proportions  de  soufre  dans  le  mélange  : 

1°  Les  températures  de  fusion  présentent  quatre  niajriiitti  : 

-H167"  -1-396°  -1-272°  4-3i4" 

avec  les  ordonnées 

o,/'|36  0,608  0,721  o,S6i; 


SÉANCE    DU    I-.i    FÉVRIER    (906.  Sgg 

ces  nombres  indiquent  prérisément  les  proportions  tle  soufre  contenues  dans  les  sul- 
fures P*SS  P-S^  P^S=  et  PS'-'  ('). 

Ces  quatre  sulfures  seraient  donc  les  seuls  dont  l'existence,  à  haute  température, 
soit  réelle. 

a"  La  forme  de  la  courbe  au  voisinai;e  du  uiaxinium  qui  correspond  au  sesquisul- 
fure  P*S5  montre  qu'il  suffit  d'ajouter  à  ce  corps  de  faibles  quantités  de  soufre  ou  de 
phosphore  i)our  abaisser  notablement  sa   température  de  fusion,    ce  qui  explique  les 


-40°  -20°    0°     20°    40°    60°   80°    100° 


300°   320° 


résultats    peu  concordants  obtenus   par   les   divers  expérimentateurs  qui  ont  mesuré 
cette  température. 

i"  La  courbe  indique  aussi  quatre  points  de  fusion  miniina  : 


-4o" 


-46" 


-23o" 


avec  les  ordonnées 


o,5oo  0,675 


0,700; 


ils  correspondent  à  des  eutectiques  dont  les  compositions  sont  voisines  de  celles 
qu'auraient  les  sulfures  P^S,  PS,  PS^  et  PS^  En  particulier,  le  troisième  de  ces 
eutectiques  n'est,  sans  doute,  pas  autre  chose  que  le  sulfure  P'S''  signalé  par  Seller  et 
par  Ramme  comme  étant  un  composé  défini. 

Les  mélanges  de  soufre  et  de  phosphore  qui  sont  liquides  à  la  tempé- 
rature ordinaire  (^)  présentent,  à  un  haut  degré,  le  phénomène  de  la  sur- 


(')  Le  sulfure  PS'  n'a  pas  encore  été  isolé;  Dupré  et  Berzélius  ont  décrit  un  sul- 
fure i^'S'-  dont  l'existence  a  paru  très  douteuse  à  plusieurs  chimistes. 

(-)  Ces  mélanges  à  excès  de  phosphore  ayant  été  chaufTés  préalablement  vers  200° 
correspondent  à  des  mélanges  de  phosphore  et  de  sesquisulfure  P'S'  :  on  savait  déjà, 
par  les  expériences  de  M.  G.  Lemoine  (  Thèse  de  doctorat,  i865,  et  Comptes  rendus, 
t.  \CVI,  p.  1682 ),  que  ce  sesquisulfure  se  liquéfie  aux  températures  ordinaires  quand 
on  le  met  en  contact  avec  du  phosphore  solide. 


4oo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

fusion;  ceux  dont  la  composition  se  rapproche  de  celle  du  premier  eutec- 
tique,  c'esl-à-dire  dont  le  point  de  fusion  est  voisin  de  —  l^o°,  ne  peuvent 
être  solidifiés  que  dans  un  mélange  de  neige  carbonique  et  d'acétone. 

La  Note  récente  de  M.  Pélabon,  sur  les  mélanges  de  l'antimoine  avec  le 
sélénium  et  avec  le  tellure  (Comptes  rendus,  22  janvier  1906,  p.  207),  m';i 
déterminé  à  publier  cette  première  partie  de  mes  recherches.  Je  compte 
les  compléter  par  la  détermination  des  chaleurs  de  formation  des  sulfures 
de  phosphore. 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  la  prèparalion  et  les  propriétés  du  strontium. 
Note  de  MM.  Gl'ntz  et  Rœderer,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

Tjes  propriétés  du  strontium  sont  peu  connues  jusqu'ici  et  diffèrent  sui- 
vant les  auteurs  ;  comme  nous  n'avons  pu  trouver  d'analyse  des  divers  pro- 
duits obtenus,  il  nous  a  paru  intéressant  de  reprendre  l'étude  de  ce  métal. 
Nous  avons  pu  préparer  le  strontium  pur  en  employant  la  méthode  indi- 
quée par  l'un  de  nous  (  '  )  pour  le  baryum.  On  prépare  d'abord  de  l'hydrure 
de  strontium  exempt  de  mercure  par  l'action  de  l'hydrogène  à  refus  sur 
l'amalgame  du  strontium.  Dans  le  vide  de  la  trompe  à  mercure  vers  1000°, 
ce  composé  se  dissocie,  et  l'on  peut  condenser  facilement,  sur  un  tube  en 
acier  refroidi,  la  vapeur  de  strontium. 

Voici  quelques  propriétés  du  produit  obtenu,  qui  renfermait  99,43  de 
strontium. 

Métal  cristallisé,  blanc  d'argent,  se  ternissant  presque  instantanément  au  contact  de 
l'air;  il  fond  vers  800°  et  se  volatilise  à  une  température  plus  élevée.  I^'acide  carbo- 
nique sec  est  sans  action  à  froid;  au  rouge,  il  est  absorbé,  avec  formation  de  carbure 
et  de  slrontiane.  L'élher  de  pétrole,  le  benzène  secs  ne  l'altèrent  pas. 

11  n'en  est  pas  de  même  de  l'alcool  absolu  qui  le  dissout  facilement  avec  dégagement 
d'hvdrogène.  L'eau  est  également  décomposée^  il  y  a  formation  de  strontiane  dissoute. 

Nous  avons  également  déterminé  la  chaleur  d'oxydation  du  strontium,  en  dissolvant 
dans  une  solution  très  étendue  d'acide  chlorhydrique  un  poids  connu  du  métal. 

L'expérience  donne  pour  la  réaction  : 


Sr  solide  H-  //H Cl  étendu  =  Sr  Cf^  diss. -t- H^ _^.,28'»',o 

moyenne    de    trois    expériences    ayant    donné     (-t- 127''"'',  5,     -+- 1 27''-»',o,    + 

Thomsen  avait  trouvé  -(- i  i7''"',o5  en  partant  d'un  strontium  très  impur. 
(')  GiKTZ,  Comptes  rendus-,  t.  C\L1.  p.  la^o. 


SÉANCE  DU  12  FÉVRIER  1906.  4oi 

11  faut  donc  augmenter  toutes  les  chaleurs  de  formation  des  composés  du  strontium, 
calculées  à  partir  des  éléments,  de  -(-ii'^'',o. 

La  chaleur  d'oxydation  du  strontium  devient  alors  : 

Sr  métal  -+-  O  gaz  =  SrO  sol -f-!4i''"',2 

or,  comme  on  a  déjà  : 

Ca  sol.  -+-  O  gaz  =  CaO  sol +i5i'-'',9 

Ba  sol.  +  O  gaz~BaO  sol 4-i33f"'',4 

On  voit  que  la  chaleur  d'oxydation  du  strontium  est  intermédiaire  entre 
celles  de  Ca  et  de  Ba,  comme  le  faisaient  prévoir  les  analogies  chimiques. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  de  f/uelques  êlhers  d'acides  bihasiques  sur  les 
dérivés  halogé no-magnésiens  des  aminés  aromatiques  primaires.  Note  de 
M.  F.  BoDROux,  présentée  par  M.  Troost. 


Dans  une  précédente  Communication  (Comptes  rendus,  t.  CXL,  p.  1 108) 
j'ai  montré  que  le  carbonate  neutre  d'éthyle  réagit  sur  les  dérivés  halogéno- 
magnésiens  des  aminés  aromatiques  primaires,  en  donnant  naissance  à  des 
dérivés  monosubstilués  de  l'uréthane. 

Une  seule  des  fonctions  de  l'éther-sel  employé  entre  donc  en  réaction. 
Il  n'en  est  pas  de  même  lorsqu'on  opère  avec  l'oxalate  neutre  d'éthyle.  Le 
complexe  formé,  détruit  par  l'acide  chlorhydrique  étendu,  fournit  uneoxa- 
mide  disubstituée  symétriquement  : 


R— NH— Mgl 

/NH— R 

C-NH— R 

COOCMP 

R— NH— MffI 

\0— Mg— I                   ^^  ,, 

1                +                      = 

/0-Mg-l 

C00C-II5 

R_NI1-Mgl 

G- NH-R 

R_NH-MgI          \NH— R 

/NH-R 

G— NH-R 

\0-Mg- 

-I       H  Cl                                                 GO-NH-R 

+          =2Mg/j"  -haR— NH^-H   1 
-1       HCI                                                 GO-NH— R 

/0-Mg- 

C— NH-R 

\NH— R 

Même  avec  un  excès  d'oxalate  d'éthyle  cette  réaction  se  produit.  Quel- 


,|02  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

qnefois  cependant,  il  se  forme,  mais  en  très  petite  quantité,   l'éllier  oxa- 

mi(|ue  substitué  : 

CO—  NH  -  R 
1 
COOC-H'. 

J'ai  ainsi  obtenu  :  avec  un  bon  rendement,  la  diphényloxamide,  les 
dicrésyloxamides  ortho  et  para;  avec  un  mauvais  rendement,  la  (3-dinaph- 
ihvloxamide. 

Le  succinate  d'élhyle  se  comporte  comme  l'éther  oxalique  :  avec  l'ani- 
line il  m'a  donné  la  diphénvlsuccinamide;  avec  la  paratoluidine,  la  dipara- 
crésylsuccinamide.  Le  malonale  d'élbyle  ne  fournit  pas  de  dérivés  de  sub- 
stitution :  agissant  comme  acide,  par  son  groupement  —  CH"  — ,  il  déplace 
simplement  l'aminé  aromatique  de  sa  combinaison  magnésienne. 


CHIMIE    PHYSIQUE.  —  Suf   la    constiuuion    des  sulfates  chiomiques. 
Note  de  M.  Albert  Colsox,  présentée  par  M.  Georges  Lemoine. 

Le  sulfate  vert  provenant  de  la  réduction  par  le  gaz  sulfureux  d'une 
dissolution  froide  d'acide  chromique  a  pour  composition  après  dessiccation 
dans  le  vide  (')  :  [Cr-(SO'')' -+- 7,5H''0].  Il  renferme  deux  ratlicaux  SO' 
dissimulés  et  se  transforme  en  un  sel  bleu-turquoise  [Cr^(SO'')'4-ioH'"'0] 
(pii  ne  contient  plus  qu'un  radical  SO'  dissimulé  (^Comptes rendus ,  décembre 
1905,  p.  1020). 

Ces  deux  corps  sont  intermédiaires  entre  le  sulfate  violet  ordinaire,  dont 
l'acide  réagit  en  totalité  sur  le  chlorure  de  baryum  et  un  sulfate  inconnu, 
dont  l'acide  serait  entièrement  dissimulé  et  dont  je  me  propose  d'établir 
l'existence. 

Sul J'aie  iri-dissimulé.  —  Au  lieu  d'opérer  dans  la  glace,  je  fais  congeler 
une  dissolution  d'acide  chromique  et  je  la  sature  de  gaz  sulfureux  en 
maintenant  constamment  vers  4°  au-dessous  de  zéro  la  température  du 
mélange.  La  dissolution  obtenue  est  verte.  Son  examen  cryoscopiqiie 
indique  une  condensation  de  3"°'  sulfuriques  sur  Cr^,  comme  pour  les  sels 
précédents.  Évaporée  dans  le  vide  sec  aussitôt  sa  préparation  terminée, 
elle  donne  des  écailles  de  formule  [Cr-(SO'y -+- GH-O].   Une  molécule 


(')  Comptes  re/idiis,  mai  190.J,  ]>.  j4.5i. 


SÉANCE    DU    12    l'KYlilER    1906.  4o3 

dissoute,  totalement  décomposée  par  la  potasse  en  dissolution,  dégage 
environ  60  grandes  calories. 

Enfin,  en  traitant  immédiatement  par  le  chlorure  de  baryum  cette  disso- 
lution rapidement  amenée  à  une  température  ambiante  de  7°  à  8°,  j'ai 
constaté  que  : 

i"  o™'",4BaCl-diss.-i-i'^°iCr-(SO'')'diss.  dégagent  2^"',  25; 

2°  Qu'une  nouvelle  addition  de  BaCl^  reste  sans  effet  thermique. 

En  répétant  la  même  opération  sur  une  autre  portion  du  même  sulfate 
conservé  pendant  24  heures  à  8°,  j'ai  trouvé  : 

ï°  Que  a  X  o'"°',4BaCP  dégagent  2  x  2^'', 8  =^  5<^='',6o; 

2°  Qu'une  nouvelle  addition  de  o'"'*',2BaCl-  dégage  i^^',  10. 

Donc  la  liqueur  initiale,  même  à  8",  ne  renferme  pas  o'"°',4S0''  d'acide 
précipitable,  car  elle  eût  dégagé  2^"',  8  et  non  2^"',  a5.  Le  sel  obtenu  con- 
tient par  conséquent  plus  de  2"'°',GS0*  à  l'état  dissimulé.  Mais  je  n'ai  pu 
constater  la  dissimulation  tout  à  fait  complète  du  troisième  radical  SO'. 
Elle  s'évanouit  trop  rapidement  :  même  à  0°,  le  volume  des  dissolutions 
varie  assez  vite. 

Ici  encore,  à  mesure  que  l'état  dissimulé  disparaît,  il  y  a  fixation  d'eau  à 
l'intérieur  de  la  molécule  saline.  Ayant  abandonné,  vers  8",  au  voisinage 
du  liquide  destiné  à  la  calorimétrie,  un  dilatomètre  plein  de  la  dissolution 
primitive,  j'ai  constaté,  au  bout  de  24  heures,  une  diminution  de  volume 
d'environ  1  i™'  par  molécule  de  sulfate,  soit  ~  ou  o'"°',6i  H-0,  Or  la  pro- 
portion d'acide  dissimulé  qui  a  disparu  corrélativement  est  précisément 
d'enviroa  o"'°',6o,  si  on  la  calcule  d'après  les  déterminations  thermochi- 
miques précédentes  et  si  l'on  tient  compte  de  la  proportion  salifiée  à  l'ori- 
gine de  l'expérience.  Donc  :  L'acide  dissimulé  disparaît  en  proportion  de 
l'eau  de  constitution  (jiii  se  fixe  sur  le  sel. 

Par  des  mesures  volumétriques  analogues,  je  me  suis  assuré  qu'inverse- 
ment l'état  dissimulé  apparaît  à  mesure  que  l'on  élimine  l'eau  de  constitu- 
tion des  sulfates  proprement  dits.  De  là  résulte  que,  si  l'on  représente 
arbitrairement  le  sulfate  tri-dissimulé  par  la  formule  Cr'-(SO^)',  le  sulfate 
vert  deviendra  Cr'-(SO'')^ H-0,  tandis  que  le  sulfate  bleu  turquoise  sera 
Cr-(SO'')'(II-0)-  et  que  le  sulfate  violet  pourra  s'écrire  Cr-(SO'')'(n'0)». 

Sulfates  acides.  —  Pour  mettre  ces  formules  en  rapport  avec  la  valence 
du  chrome,  c'est-à-dire  avec  la  forme  dérivée  de  l'oxyde  Cr"0*,  le  moyen 
le  plus  simple  consiste  à  remplacer  un  groupe  divalentSO'  par  les  radicaux 
monovalents  (SO'H)  et  (OH),  de  sorte  que  le  sulfate  violet  ordinaire  de- 
vient (OHjHli-^SO'H)'.  Cette  forme  conduit  à  la  conceptioi)  de  sulfates 


/|04  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

acides  tels  que  (OH)'-Cr=(SO*H)'  ou  encore  Cr*(SO*H)\  etc.,  dans  les- 
quels l'acide  ne  serait  pas  dissimulé. 

Ces  corps  paraissent,  en  effet,  se  former  quand  on  réduit  par  le  gaz 
sulfureux  une  dissolution  concentrée  et  froide  d'acide  chromiqne  dans 
l'acide  sulfurique.  En  opérant  sur  un  mélange  [2CrO'+  3S0MI'],  étendu 
de  son  poids  d'eau,  j'ai  obtenu  un  magma  qui,  essoré,  lavé  avec  peu  d'eau 
et  séché  sur  plaque  poreuse,  laisse  un  corps  vert  de  formule 

[(OH)2Cr='(SO^H)*  +  ioH='0]. 

Dans  ce  .sel,  la  quatrième  molécule  d'acide  semble  être  fixée  avec  absorp- 
tion de  chaleur,  attendu  que  l'addition  d'une  molécule  KOH  au  sel  étendu 
dégage  i6"',7  tandis  qu'elle  ne  donnerait  que  i5'''',7  au  contact  d'acide 
libre.  Ajoutons  que  ce  corps,  par  sa  préparation  et  par  ses  autres  proprié- 
tés, diffère  de  l'acide  chromosulfurique  découvert  par  M.  Recoura. 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Sur  l'existence  des  bicarbonates  dans  les  eaux  miné- 
rales, et  sur  les  prétendues  anomalies  de  leur  pression  osmotique.  Note  de 
MM.  L.-C.  Maillard  et  Lucien  Graux,  présentée  par  M.  Armand 
Gautier. 

Il  existe  un  grand  nombre  d'eaux  minérales  chez  lesquelles  l'abaisse- 
ment cryoscopique  semble  à  première  vue  assez  faible,  si  on  le  met  en  pa- 
rallèle avec  le  chiffre  de  leur  minéralisation  totale,  notamment  lorsque 
celui-ci  englobe  l'acide  carbonique  libre  ou  sous  forme  de  bicarbonates. 
Des  médecins  hydrologues,  se  souvenant  qu'une  solution  de  9^  environ  de 
Na  Cl  par  litre  est  isotonique  aux  liquides  de  l'organisme,  qui  se  congèlent 
il  —  o",5G,  pensant  trouver  entre  l'abaissement  cryoscopique  de  l'eau  et  le 
chiffre  de  sa  minéralisation  totale  le  même  rapport  qu'entre  l'abaissement 
o°,56  et  le  poids  de  9^,  ont  été  surpris  de  trouver  un  abaissement  expéri- 
mental plus  fiiible  que  le  chiffre  attendu.  Ils  ont  ainsi  supposé  que  ces  eaux 
devaient  se  trouver  dans  un  état  hyDOtonique  particulier,  leur  pression 
osmotique  étant  inférieure  à  ce  que  ferait  prévoir  l'analyse  chimique. 

Partant  de  ces  mêmes  considérations,  l'un  de  nous(')  avait  cru  expli- 
quer ce  phénomène  eu  admettant  que  ces  eaux  renfermaient  seulement 
des  carbonates  neutres,  à  l'exclusion  des  bicarbonates  et  que  l'acitlc  car- 


(')   Licii-N  Graix,.  Coiji/iles  rendus,  t.  CXLII,  i5  janvier  1906.  p.  166. 


SÉANCE  DU  12  FÉVRIER  1906.  4o5 

bonique  libre  ne  comptait  pas  dans  l'établissement  de  la  pression  osmotique. 

En  présence  de  ces  conclusions,  peu  en  harmonie  avec  ce  que  l'on  savait 

jusqu'ici  de  la  forme  des  carbonates  dissous,  nous  avons  jugé  toutefois  que 

la  question  méritait  une  étude  plus  approfondie.  Si  l'on  peut  baser  le  calcul 

"lobai  sur  le  rapport  ?.2JL^  lorsqu'il  s'agit  de  sels  ayant  à  peu  près  le  même 

poids  moléculaire  que  Na  Cl  et  ionisés  comme  lui,  on  n'en  a  plus  le  droit 
lorsqu'on  a  affaire  à  des  sels  de  poids  moléculaire  différent.  Dans  le  cas 
d'une  eau  minérale,  il  est  nécessaire  de  calculer  individuellement  la  part 
qui  doit  revenir,  dans  l'établissement  delà  pression  osmotique,  à  chacun 
des  constituants  révélés  par  l'analyse. 

Nous  avons  pris  comme  exemple  celle  même  eau  de  Chatel-Guyon  (source  Gubler, 
analyse  de  M.  Magnier  de  la  Source)  qui  avait  servi  dans  la  Note  citée  (').  Pour 
chaque  espèce,  divisant  la  quantité  du  sel  contenue  dans  i'  par  son  poids  moléculaire, 
on  obtient  le  nombre  de  molécules-grammes  par  litre.  Multipliant  ce  nombre  de 
molécules-grammes  par  le  nombre  d'ions  quepeul  fournir  la  molécule  dnns  le  cas  (très 
voisin  de  la  vérité  pour  les  eaux  minérales)  où  la  dissociation  électrolytique  est  com- 
plète, on  a  le  nombre  d' ions-grammes  par  litre.  Il  suffit  de  totaliser  les  nombres 
relatifs  aux.  différentes  substances  de  l'analyse  pour  avoir  le  total  des  particules  agis- 
sant dans  la  détermination  de  la  pression  osmotique.  Pour  le  calcul,  les  sels  neutres 
ont  été  considérés  comme  ionisés  à  100  pour  100,  GO-  et  SiO^  ont  été  calculés 
comme  molécules  entières-,  quant  aux  bicarbonates,  on  peut  admettre  appioxima- 
tivement,  ce  que  confirme  la  cryoscople  de  solutions  étendues  de  NaUCO'*,  qu'une 
seule  de  leurs  deux  fonctions  est  dissociée. 

Tableau  I.  —  Chatel-Guyon  {source  Gubler,  analyse  de  M.  Magnier  de  la  Source). 

Poids  Nombre  Nombre  Nombre 

(le  (le  d'ions  d'ions-gr. 

Substances                                                                 Poids         substance  niolcc.-gr.  par                     par 

dissoutes.                              Formules.             moléculaire,     par  litre.  par  litre.  molécule.              litre. 

-\cide  carbonique  libre.  GO-  44  1,1120  0,02.527  (i)  {0,02527) 

(Chlorure  de  magnésium.  MgCl-  ()5,2G  i,563o  o,oi64i  3  0,04923 

Chlorure  de  sodium ...  .  NaGl  58,5  i,633o  0,02791  ^  o,o5582 

Bicarbonate  de  chaux .  .  Ga  (O.GO.OH)-  162  2,1796  o,oi345  3  o,o4o35 

»            de  soude  . .  Na  O.GO.OH  84  0,9050  0,01 137  2  0,02274 

»            de  fer Fe(O.GO.OH)-  178  o,o685  o,ooo38  3  0,001 14 

»             delilliine..  LiO.GO.OH  68  0,0194  0,00029  2  o,ooo58 

»            dépotasse.  KO. GO. OH  100,  i5  o,2583  0,00208  2  o,oo5i6 

Sulfate  de  chaux CaSO*  i36  0,4990  0,00367  2  0,00704 

Silice SiO-  60,4  0,1108  o,ooi83  (i)  (o,ooi83) 

Nombre  total  de  particules-grammes  par  litre 0,20946 

(')  Comptes  rendus,  t.  GXLII,  p.  166. 

G.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  GXLII,  N°  7.)  54 


4o6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Le  calcul  montre  donc  que  le  nombre  total  des  particules-grammes  dissoutes  dans  i' 
pour  la  source  Gubler  serait  0,2095.  Or  on  sait,  d'après  les  travaux,  de  Raoult,  que 
I  molécule-gramme  (ou  ion-gramme)  ajoutée  à  loos  d'eau  produit  un  abaissement 
cryoscopique  de  18°,  5  et,  ajoutée  à  tooos  d'eau,  un  abaissement  de  i^jSS.  Tel  est,  à  très 
peu  près,  l'abaissement  produit  par  i  molécule-gramme  dans  i'.  La  légère  erreur  de  ce 
chef  et  celle  commise  en  admettant  que  les  sels  de  l'eau  minérale  sont  dissociés  dans  la 
proportion  de  100  pour  100  tendent  à  exagérer  légèrement  l'abaissement  calculé.  Nous 
pouvons  donc  dire,  avant  toute  expérience  et  en  appliquant  simplement  à  l'eau  de 
Chatel-Guyon  les  lois  connues  de  la  cryoscopie,  que  cette  eau  doit  avoir  un  A  légèrc- 
nienl  inférieur  à  i°,85  x  0,2096  ::=o'',388. 

Or  l'expérience  (')  donne  Ar=o°,338.  On  ne  saurait  exiger,  semble-l-il.  une  concor- 
dance plus  satisfaisante. 

Voulant  savoir  d'autre  part  à  quels  résultats  conduirait  l'hypothèse  où  les  carbonates 
neutres  seuls  existeraient  dans  l'eau  et  où  CO-  n'aurait  pas  d'influence  sur  la  pression 
osmotique,  nous  avons  exprimé  en  carbonates  neutres  les  bicarbonates  de  l'analyse  et 
refait  le  même  calcul  que  ci-dessus  : 

II.  —   Chatel-Guyon   {source  Gubler,  analyse  exprimée  en  carbonates). 


Substances  dissoutes.  Formules. 

(Ihlorure  de  magnésium.  MgCl* 

1)  sodium ....  NaCl 

Carbonate  de  calcium  .  .  CaCO^ 

»  sodium...  Na^CO' 

.)  fer FeCO^ 

»  lithium...  Li^CO^ 

»  potassium.  K'CO^ 

Sulfate  de  calcium CaSO* 

Silice SiO^ 

Nombre  tolal  de  particules-grammes  par  litre  ....      o,  16012 

Le  nombre  total  de  particules-grammes  par  litre,  dans  l'hypothèse  des  carbonates, 
serait  donc  o,i63i,  correspondant  à  A^ri^jSS  x  o,i63i  =:  o",3o2.  Ce  chifl're  n'est  pas 
non  plus  bien  éloigné  du  chiffre  expérimental  o'',338;  mais  c'est  un  maximum  théo- 
rique qui  ne  peut  être  dépassé,  et  les  corrections  qu'il  devrait  subir  sont  de  sens  tel 
qu'elles  accentueraient  l'écart.  La  concordance  est  donc  ici  moins  bonne  que  dans  le 
cas  des  bicarbonates. 

On  voit,  d'après  cet  exemple,  que  les  résultats  cryoscopiques  ne  s'op- 


Poids 

Nombre  de 

Nombre 

Nombre 

Poids 

de  substance 

mol.-gr. 

d'ions 

d'ioiis-gr. 

moléculaire. 

par  lilre. 

par  litre. 

par  moléc. 

par  lilre. 

90,26 

1 ,563o 

o,oi64i 

3 

0,04923 

58,5 

I ,633o 

0,02791 

2 

o,o5582 

100 

1,3454 

0,01345 

2 

0,02690 

106 

0,6021 

o,oo568 

3 

0,01704 

116 

o,o446 

o,ooo38 

2 

0,00076 

74 

0,0095 

0 , 000 1 3 

3 

0,00039 

i38,3 

0,1751 

0,00127 

3 

o,oo38i 

i36 

0,4990 

0,00367 

2 

0,00734 

60,4 

0, 1108 

0,001 83 

(1) 

(0,001 83) 

(')  Lucien  Gralx,   loc.  cil.  Le  chill're  des  millièmes  ne   saurait   être   garanti    d'une 
manière  précise. 


SÉANCE    DU    12    FF.VRIER    1906.  l\0'] 

posent  en  rien,  au  contraire,  à  la  notion  admise  jusqu'ici  de  l'existence  des 
bicarbonates  dans  les  eaux.  De  plus,  l'application  judicieuse  des  lois  de  la 
cryoscopie  aux  eaux  minérales  fait  disparaître  les  prétendues  anomalies  de 
la  pression  osniotique  auxquelles  aurait  fait  croire  un  calcul  trop  schéma- 
tique. 


CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  un  mode  nouveau  d'extraction  de  l'huile 
de  badiane.  Note  de  M.  Pu.  Eberhardt,  présentée  par  M.  Gaston 
Bonnier. 

Oiî  a  jusqu'à  présent  adntiis  que  l'huile  de  badiane  était  extraite  en  Chine 
d'un  lllicium  dénommé  anisatum  par  I^inné,  renommé  plus  tard  de  la  même 
façon  par  Loureiro,  et  qui  n'est  autre  en  réalité  que  Ylllicium  religiosum 
I^ieb.,  du  Japon;  or,  ainsi  que  je  l'ai  démontré  récemment  ('),  il  n'en  est 
rien,  Ylllicium  auquel  on  s'adresse  pour  cela  étant  V lllicium  verum  décrit 
par  Hooker,  le  seul  d'ailleurs  qui  soit  cultivé  dans  le  sud  de  la  Chine  et  le 
nord  du  Tonkin. 

Non  seulement  Vlllicium  anisatum  dont  on  rencontre  quelques  exem- 
plaires dans  les  forêts  de  ces  régions  n'est  pas  employé  par  les  indigènes, 
mais  on  doit,  ainsi  que  l'a  démontré  le  D"'  Bretschneider,  le  considérer 
comme  une  essence  vénéneuse.  Ce  n'est  que  lorsque  dans  l'huile  extraite 
de  Vlllicium  verum  on  a,  par  fraude,  mélangé  de  l'huile  d'/.  anisatum  que 
l'on  a  pu  constater  les  phénomènes  d'empoisonnement  caractérisé  qu'on  a 
signalés  à  la  suite  de  l'absorption  de  certaines  anisettes  ou  absinthes. 

Quelle  que  soit,  d'ailleurs,  l'espèce  à  laquelle  on  ait  recours  pour 
l'extraction  de  l'huile,  c'est  au  fruit  que  l'on  s'adresse;  c'est  en  effet  dans 
cette  partie  de  la  plante  et  plus  particulièrement  dans  le  péricarpe,  qu'est 
localisée  l'huile  essentielle. 

Au  cours  d'une  série  de  recherches  entreprises  dans  la  haute  région  du 
Tonkin,  en  vue  de  l'amélioration  culturale  de  cette  essence,  dont  l'avenir 
me  paraît  digne  d'attirer  l'attention,  j'ai  été  amené  à  faire  l'étude  de  la 
morphologie  interne  de  ce  végétal. 

Or  l'étude  analomique  de  la  feuille  m'a  montré  que  les  cellules  du 

(')  Pu.  Eberhakut,  Elude  su/'  la  badù/ne  et  sa  culture  au  Tonkin  {Archives  de  la 
Mission  scientifique  permanente  de  t' Indo-Chine). 


4o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

mésophylle  sont  au  moins  aussi  riches  en  gouttelettes  d'huile  que  les 
cellules  du  péricarpe. 

Cette  constatation  faite,  je  me  suis  livré  sur  place  à  un  certain  nombre 
d'expériences,  j'ai  distillé  des  feuilles  en  petite  quantité,  ne  pouvant  le  faire 
en  grand,  néanmoins  les  résultats  furent  excellents  et  la  valeur  de  i'^*  de 
feuilles  m'a  donné  près  de  deux  cents  gouttelettes  d'une  huile  essentielle 
très  odorante  et  d'une  belle  couleur. 

On  peut  donc  extraire  de  l'huile  de  badiane  des  feuilles  de  la  plante. 

L'huile  ainsi  obtenue  a  un  point  de  congélation  inférieur  à  celui  de  l'huile  que  l'on 
retire  des  fruits,  elle  se  solidifie  vers  i3°  au  lieu  de  i6°.  Mais,  si  l'on  songe  qu'en 
général  pour  la  badiane  on  ne  peut  compter  au  point  de  vue  de  la  récolte  qu'une  bonne 
année  sur  trois,  que  d'autre  part  certains  fruits  arrivent  à  produire  une  huile  dont  le 
point  de  congélation  est  18°,  alors  qu'à  la  bonne  huile  commerciale  on  ne  demande  que 
16°.  on  voit  l'immense  avantage  qu'on  peut  retirer  du  procédé  que  j'indique,  quand  ce 
ne  serait  que  pour  faire  des  mélanges  ramenant  la  masse  totale  à  16°. 

En  outre,  cette  méthode  ne  fatiguerait  pas  le  végétal  ;  il  n'en  faut  pas  con- 
clure cependant  qu'on  pourrait  faire  la  cueillette  des  feuilles  à  n'importe 
quel  moment  de  l'année  :  une  seule  époque  est  propice  et  d'assez  courte 
durée,  car  il  faut  bien  songer  à  ne  nuire  ni  à  l'évolution  générale  de  l'arbre, 
ni  à  la  floraison. 

Je  recommanderai  de  faire  la  cueillette,  une  seule  fois  par  an,  vers  le  milieu  de  la  saison 
sèche,  c'est-à-dire  à  l'époque  où  la  production  des  éléments  essentiels  est  à  son  maximum 
de  développement  (').  Cette  période  présente  en  même  temps  l'avantage  d'être  la  plus 
éloignée  de  la  floraison  et  de  ne  point  porter  par  conséquent  préjudice  à  cette  dernière, 
Il  faudra  faire  la  cueillette  à  la  main  et'prendre  certaines  précautions  pour  ne  pas  blesser 
les  bourgeons;  on  a  tout  intérêt  d'ailleurs  à  s'adresser  toujours  aux  feuilles  les  plus 
âgées,  celles  de  la  base  des  branches  et  à  respecter  celles  de  l'extrémité. 

On  a  tout  avantage  également  à  broyer  les  feuilles  ou  à  les  hacher  avant  de  les  dis- 
tiller pour  faciliter  l'évasion  des  gouttelettes  d  huile  pendant  la  distillation;  de  cette 
façon  cette  dernière  opération  dure  moins  longtemps  et  est  plus  rémunératrice. 

En  employant  ce  procédé  concurremment  avec  l'ancien  on  peut,  sinon 
doubler  la  production  d'une  année,  l'augmenter  au  moins  de  près  des  deux 
tiers. 


(')  Ph.  Eberhardt.  Iiijluence  de  l'air  sec  sur  la  struclure  des  végétaux  (Comptes 
rendus,  août  1900). 


SÉANCE  DU  12  FÉVRIER  1906.  /^0Ç) 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  le  pouvoir  anliprésurant  du  sérum  sanguin 
des  animaux  inférieurs  (Poissons  et  Invertébrés).  Note  de  M.  J.  Sellier. 

Les  travaux  de  Helge  Roden  ('),  Camus  et  Gley  {-),  Morgenroth  (^), 
Briot  (')  ont  fait  connaître  l'existence,  dans  le  sérum  sanguin  des  animaux 
supérieurs,  d'un  agent  qui  neutralise  les  effets  coagulants  de  la  présure  sur 
le  lait.  C'est  une  antiprésure  présentant  les  propriétés  des  ferments  so- 
lubles. 

Au  cours  de  mes  études  sur  les  diastases  des  êtres  inférieurs,  j'ai  trouvé 
que  le  sérum  sanguin  de  plusieurs  groupes  d'animaux  possédait  la  pro- 
priété d'empêcher  la  coagulation  du  lait  par  la  présure.  Cet  agent  antago- 
niste présente  des  propriétés  diastasiques.  Il  est  détruit  à  62°.  Il  ne  dialyse 
pas.  Les  divers  sérums  que  j'ai  étudiés  possèdent  à  des  degrés  très  variables 
la  propriété  antiprésurante. 

Pour  faire  la  mesure  de  celle  activilé,  on  peut  procéder  de  deux  façons  : 

1°  Ajouter  au  mélange  de  10'^"''  de  lait  el  de  1'™'  de  sérum  des  doses  progressive- 
ment croissantes  de  présure  et  observer  le  moment  delà  coagulation  du  lait  (méthode 
de  Briot). 

2°  Ou  bien  à  lo'^'"'  de  lait  contenant  une  quantité  (a)  d'une  solution  titrée  de  pré- 
sure, ajouter  des  volumes  progressivement  croissants  de  sérum.  La  force  antiprésu- 
rante est  mesurée  par  le  volume  nécessaire  à  annihiler  l'unité  de  présure. 

Les  deux  procédés  donnent  pour  des  forces  moyennes  des  résultats  comparables.  Il 
n'en  est  pas  de  même  quand  on  veut  mesurer  l'activité  faiblement  antiprésurante  d'un 
sérum.  Il  est  préférable  alors  de  déterminer  quel  est  le  volume  susceptible  d'annihiler 
une  quantité.(n)  de  présure  sous  un  volume  constant  de  o""'',i  à  des  titres  faibles  et 
variables,  mais  connus. 

D'où  la  nécessité  de  fixer  plusieurs  unités. 

L'unilé  de  force  10  (unité  très  faible)  est  capable  de  coaguler  10'"'°  de  lait  en /40  mi- 
nutes à  35°.  L'unité  de  force  1000  (unité  forte)  coagule  iogo*^™'  de  lait  dans  les  mêmes 
conditions. 


(')  Helge  RoDEiN,  Upsala  Lakareforenings  Forhandlingar,  Bd.  XXII,  1887. 
(')  Camus  et  Gley,  Archives  de  Physiologie,  t.  IX,  1897,  p.  764. 
(')  MoiiGENROTH,  Centralbl.f.  Bakl.  u.  Parasit.,  Bd.  XXVI,  1899,  p.  S^g. 
(')  Br[Ot,  Comptes  rendus,  1899,  p.  i36i,  et  Thèse  de  la  Faculté  des  Sciences  de 
Paris,  1900. 


4lO  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

Le  Tableau  suivant  représente  les  forces  aniiprésurantes  du  sérum  san- 
guin de  diverses  espèces  animales  : 

\iiluiiie  Voliiiiie 

de  sérum  Koi-ce  de  séruTii 

annihilant  de  anniitilanl 

runilc  Tunité  l'uniti} 

de  prcsui-c  de  présure  de  présure                   Force 

Espèces  animales.                             employée.  empfeyéc.  deforcc  looo.        antiprésnranle. 

nii^             fui-'  im^      cni^ 

Torpédo  marmorata  (Torpille').        o,5  l'i   a  5oo  i   à  4            looàaô 

Triton  PasUnaca  {'Vi'ra) •?  5oo.  4                     25 

.,<?c///«/«  (Rousselte) 3  5oo  6                      i6,5 

Coiiger  vulgaris  (Congre) i  5o  20                       5 

Sepia  (Seiche) plus  de  i  5o  plus  de  20        moinsde."> 

Octopus  vulgaris  (Poulpe) 0,1  1000  o.  i              1000 

ffomard o,3  10  3o                        3,3 

7lf«iV?5//«?«fir(-/o(Araignéedemer).                    i,5  i5  c)9                        i 

Cancer  Pag  tir  II  s  {CvAht\.o\ir\.e^w\                   4  '"  4oo                       0,2,5 

HelLr  F'onialia i  i5  66                        i,5 


Zoologie.  —  5;//-  la  faune  annèliâienne  de  ta  mer  Rouge  et  ses  affinités 
Note  de  M.  Ch.  Gravier,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 


Les  Annélides  Polychètes  recueillies  dans  la  mer  Rouge  par  MM.  le  D' 
Jousseaume,  Coulière  et  par  moi-même  forment  un  total  de  ii6  espèces, 
dont  70  nouvelles,  appartenant  à  66  genres,  dont  5  nouveaux,  qui  se  répar- 
tissent en  22  familles  {Nouvelles  Archives  du  Muséum,  igoo,  1901,  1906, 
18  planches,  l\Ç)0  figures  dans  le  texte).  Si  l'on  ajoute  à  cette  liste  une  cin- 
quantaine d'autres  espèces  trouvées  dans  la  même  mer  par  Savigny, 
Ehrenberg  et  von  Frauenfeld,  on  peut  estimera  170  environ  le  nombre  des 
espèces  de  Polychètes  actuellement  décrites  et  provenant  de  cette  région, 
ce  qui  représente  vraisemblablement  à  peine  la  moitié  des  formes  qui 
constituent  la  faune  annélidienne  de  la  mer  Rouge. 

Malgré  les  lacunes  qu'elle  présente,  cette  première  contribution  donne 
lieu  à  quelques  observations  qui,  bien  que  n'ayant  qu'un  caractère  provi- 
soire, qu'une  valeur  absolument  actuelle,  ne  sont  cependant  pas  dénuées 
d'intérêt  à  divers  points  de  vue. 

Rappelons  tout  d'abord  que  certaines  espèces  récoltées  pour  la  première 
fois  par  Savigny  ou  par  Ehrenberg  da  ns  la  mer  Rouge  et  non  revues  depuis, 


SÉANCE  DU  12  FÉVRIER  1906.  4ir 

oiiL  été  retrouvées  et  décrites  à  nouveau  d'une  manière  plus  approfondie 
(Nereis  nu7itia  Savignv,  Eiinice  /IcrccidaEhrenherg-Gruhe,  etc.). 

Si  l'on  fait  alisliaclion  des  espèces  nouvelles,  que  rien  n'aulorise  à  regarder  comme 
autochtones,  la  mer  Rouge  se  montre,  au  point  de  vue  des  Annélides  Polycliètes,  ce 
qu'elle  est  au  point  de  vue  géographique,  c'est-à-dire  comme  une  dépendance  de 
l'océan  Indien.  Elle  possède  un  noyau  d'espèces  qui  se  retrouvent  un  peu  partout  dans 
la  zone  lorride,  tout  autour  du  globe.  Cette  remarque  s'applique  d'ailleurs  aux  autres 
groupes  d'Invertébrés  de  la  même  mer.  Four  n'en  donner  qu'un  exemple,  il  suffit  de 
remarquer  que  sur  20  espèces  de  Géphyriens  que  j'ai  rapportés  du  golfe  deTadjourah, 
Hérubel  en  compte  9,  soit  près  de  la  moitié,  qui  existent  aux  Philippines  ou  aux  îles 
de  la  Sonde. 

Parmi  les  espèces  appartenant  à  d'autres  mers  qu'à  l'océan  Indien  il  en  est  quelques- 
unes  qui  méritent  une  mention  particulière  :  ce  sont  celles  qui  vivent  aussi  sur  la  côte 
occidentale  d'Afrique,  à  peu  près  à  la  même  latitude  que  Djibouti  et  qu'on  ne  connaît 
jusqu'ici  que  sur  les  côtes  de  ce  continent;  telles  sont  la  Glycera  a/'/7'ca«a  Arwidsson, 
la  Goniada  mullidentala  Arwidson,  VAricia  Chei'alieri  P.  Fauvel  et  la  Loimin 
niedusa  Savigny.  Les  travaux  de  P.  Langerhans  relatifs  aux  Annélides  de  Madère  et 
des  Canaries,  de  P.  Fauvel  et  du  baron  de  Saint-Joseph  pour  celles  de  l'embouchure 
de  la  Casamance,  de  von  Marenzeller  pour  celles  d'Angra  Pequena  (Afrique  occiden- 
tale allemande),  de  Mac  Intosh  pour  celles  du  cap  de  Bonne-Es])érance  et  mes  propres 
recherches  pour  celles  de  la  mer  Rouge  ont  montré  qu'un  certain  nombre  d'espèces  de 
l'océan  Atlantique  et  de  la  Méditerranée  ont  contourné  les  côtes  de  rAfri(|ue  et 
habitent  le  littoral  oriental  comme  le  littoral  occidental  de  cette  partie  du  monde.  Il 
n'est  donc  nullement  nécessaire  de  faire  intervenir  ici,  comme  on  l'a  souvent  fait  en 
pareille  circonstance,  des  mers  hypothéti((ues  disparues  à  des  époques  plus  ou  moins 
reculées  pour  exj)liquer  la  similitude  des  faunes  marines  des  côtes  d'un  même  conti- 
nent, situées  à  la  même  latitude,  mais  séparées  les  unes  des  autres  par  des  milliers  de 
kilomètres.  Bien  qu'il  s'agisse  ici  d'animaux  relativement  sédentaires,  s'éloignant  peu, 
en  général,  de  l'endroit  où  ils  se  sont  développés,  ce  fait  ne  doit  pas  surprendre  si  l'on 
observe  que  les  larves  de  Polycliètes  sont  pélagiques  et  peuvent  être  portées  par  les 
courants  côtiers  loin  de  leur  point  d'origine. 

Dans  la  zone  lorride,  les  caractéristiques  climatériques  et,  par  suite,  les 
conditions  d'existence  des  animaux  qui  y  vivent  présentent  une  stabilité  plus 
g;rande  que  partout  ailleurs;  on  peut  être  tenté  d'attribuer  à  cette  cause 
Ihomogénéité  plus  grande  de  la  faune  marine  dans  les  régions  tropicales 
que  dans  les  autres  parties  du  globe.  Mais  on  doit  remarquer  qu'une 
pareille  similitude  s'observe  dans  les  mers  de  l'hémisphère  sud.  Ehlers 
a  montré  récemment  (1904)  que  la  faune  des  Polychètes  néo-zélandais  offre 
des  affinités  d'une  part  avec  celle  de  l'Afrique  du  Sud,  d'autre  part  avec 
celledudétroitdeMagellan.  Certainesde  ces  espèces  «  eurypacifiques  «  sont 


4 12  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

communes  aux  trois  régions  pourtant  éloignées  les  unes  des  autres  de  plu- 
sieurs milliers  de  kilomètres;  telles  sont  :  iXereis  vallata  Grube,  Thelepus 
rugosus  Ehlers. 

On  connaît  maintenant  dans  divers  groupes  d'Invertébrés  des  espèces 
qui  se  trouvent  dans  toutes  les  mers.  Il  semble  donc  que,  à  mesure  que 
nos  connaissances  s'étendent,  les  «  provinces  zoologiques  »,  que  l'on  s'in- 
géniait à  délimiter  aussi  rigoureusement  que  possible,  se  fusionnent  peu 
à  peu,  même  pour  les  groupes  les  plus  sédentaires.  Il  ne  paraît  pas  en  être 
de  même,  actuellement  du  moins,  pour  les  faunes  abyssales,  comme  le  font 
remarquer  Rœhler  et  Vaney  dans  leur  beau  Mémoire  sur  les  Holothuries 
de  Vlnvesligator.  Ainsi,  deux  parties  voisines  d'un  même  océan,  l'ar- 
chipel de  la  Sonde  d'une  part,  le  golfe  du  Bengale  et  la  mer  d'Oman  d'autre 
part,  possèdent  des  faunes  d'Holothuries  très  différentes.  Le  même  fait  a 
été  constaté  pour  d'autres  animaux.  Les  faunes  abyssales,  au  lieu  d'avoir 
le  cosmopolitisme  qu'on  leur  a  attribué  quelquefois,  se  montreraient  plus 
ou  moins  localisées.  Si  ces  résultats  se  généralisaient,  il  en  résuller.iit  que, 
tandis  que  les  formes  littorales  seraient  plus  ou  moins  vagabondes  et  mi- 
gratrices, celles  des  grands  fonds  seraient  beaucoup  plus  sédentaires.  Mais 
il  serait  prématuré  et  téméraire  de  ramener  les  choses  à  une  formule  aussi 
simple,  car  les  points  explorés  par  les  expéditions  scientifiques  qui  se  mul- 
tiplient tant  à  l'étranger  ne  représentent  encore  aujourd'hui  qu'une  por- 
tion infime  de  la  surface  occupée  par  les  mers  sur  le  globe. 

HISTOLOGIE.  —  Les  glandes  sa/ivaires  de  l'Escargot  (^Helix  pomatia).  Note 
de  MM.  Pacait  et  P.  Vigier,  présentée  par  M.  Joannes  Chatin. 

On  décrit  généralement,  chez  l'Escargot,  une  seule  paire  de  glandes 
salivaires,  organes  aplatis  et  lobés,  d'aspect  foliacé,  disposés  à  la  surface 
de  l'œsophage  et  de  la  partie  antérieure  de  l'estomac,  et  déversant  leiu- 
produit  dans  la  cavité  buccale  par  l'intermédiaire  de  deux  longs  canaux 
excréteurs,  qui  s'abouchent  dans  la  paroi  supérieure  du  bulbe  buccal,  de 
chaque  côté  de  l'œsophage.  En  réalité,  l'appareil  salivaire  de  l'Escargot  est 
plus  com[)lexe  :  la  salive  résulte  du  mélange  delà  sécrétion  des  deux  glandes 
salivaires  proprement  dites  et  de  celle  de  Aewx.  organes,  découverts  par 
Nalepa  (i883)  et,  depuis,  à  peu  près  complètement  oubliés,  car  nous  ne 
les  avons  vus  mentionnés  par  aucun  des  auteurs  qui  ont  étudié  les  glandes 
salivaires  des  Mollusques,  si  ce  n'est  par  Amaudrut  (i8g8). 


SÉANCE  DU  ra  FÉVRIER  1906.  4'^ 

Ces  organes,  que  nous  appellerons  glandes  de  Nalepa,  sont  logés  sjmélriquement 
dans  la  paroi  même  du  bulbe,  sur  le  trajet  des  canaux  des  glandes  proprement  dites. 
Us  résultent  de  la  juxtaposition  d'un  grand  nombre  de  glandules  unicellulaires,  lon- 
guement pédiculées,  qui  débouchent  toutes  directement  et  séparément  dans  chacun 
des  deux  canaux  excréteurs  des  glandes  salivaires.  Les  corps  de  ces  cellules,  reportés 
à  la  périphérie,  forment  autour  de  chaque  canal  un  manchon  glandulaire,  parfois  sub- 
divisé par  la  pénétration  du  tissu  conjonctif  ou  des  fibres  musculaires  du  bulbe.  Mais 
ce  n'est  là  qu'une  pseudolobulation  ;  car,  dans  chacun  des  amas  ainsi  délimités,  il  n'y 
a  pas  de  voie  d'excrétion  commune  aux  cellules  qui  le  composent,  et  qui,  toutes, 
déversent  leur  produit  directement  dans  la  lumière  du  canal  salivaire  (i;hez  Hélix 
pomalia,  H.  aspersa). 

Le  mode  suivant  lequel  ces  cellules  se  sont  dilférenciées  de  l'épithélium  de  revêtement 
du  canal,  est  le  même  que  celui  suivant  lequel  se  différencient  les  cellules  des  glandes 
salivaires  proprement  dites.  Comme  nous  avons  pu  nous  en  assurer  par  l'étude  histo- 
logique  d'un  grand  nombre  de  ces  organes,  la  glande  salivaire  proprement  dite  est  le 
siège  d'une  rénovation  incessante  de  ses  éléments  sécréteurs,  rénovation  plus  ou  moins 
rapide,  suivant  les  conditions  physiologiques  des  animaux  étudiés.  A  mesure  que  les 
cellules  usées,  épuisées,  dégénèrent  ou  se  transforment,  déjeunes  cellules  se  différen- 
cient aux  dépens  de  l'épithélium  même  des  canaux  excréteurs,  sur  tout  le  trajet  des 
branches  de  moyen  et  de  petit  calibre,  qui  se  ramifient  dans  l'organe.  Ce  mode  de  ré- 
novation a  été  jusqu'ici  méconnu,  les  autenis  qui  nous  ont  précédés  ayant  en  vain 
cherché  des  figures  de  karyokinèse  dans  cet  épithélium.  En  réalité,  c'est  par  un  tout 
autre  processus  que  s'effectue  la  multiplication  des  éléments  épithéliaux  qui  se  diffé- 
rencieront en  cellules  glandulaires.  Nous  avons  observé,  en  effet,  de  très  nombreux 
noyaux  en  cours  d'amitose,  disséminés  le  long  des  voies  d'excrétion  dans  le  paren- 
chyme de  la  glande.  Nous  avons  constaté  également  que  certaines  des  cellules,  ainsi 
nées  de  l'épilliélium  des  canaux  par  division  directe,  s'accroissent,  débordent  par  leur 
base  les  cellules  voisines,  épilhéliales,  s'enfoncent  et  se  différencient  en  éléments  sécré- 
teurs, tout  eu  restant  reliées  à  la  lumière  du  canal  par  un  pédicule  plus  ou  moins 
étiré,  qui  représentera  la  voie  première  d'émission  du  produit. 

Il  en  résulte  que,  dans  la  glande  salivaire  proprement  dite,  les  cellules 
sécrétrices  sont  disséminées,  intercalées  entre  des  éléments  épithéliaux  de 
revêtement  et  que  la  glande  tout  entière  est  un  agrégat  de  glandules 
unicellulaires  à  fonctionnement  en  quelque  sorte  indépendant.  Il  n'est 
pas  possible  de  reconnaître  dans  le  parenchyme  de  l'organe  des  segments 
purement  sécréteurs  ou  purement  excréteurs.  La  glande  salivaire  de  l'Escar- 
got se  distingue  donc  d'une  glande  composée  (acineuse  ou  tubuleuse)  ordi- 
naire, par  la  différenciation  diffuse  de  l'épithélium  et  le  défaut  de  synchro- 
nisme dans  l'évolution  des  éléments  sécréteurs. 

La  constitution  de  la  glande  salivaire  proprement  dite  étant  ainsi  inter- 
prétée, celle  de  la  glande  de  Nalepa  n'a  rien  qui  puisse  surprendre.  L'une 

C,  R.,  190G,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  7.)  55 


4l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

et  l'autre  sont  formées  de  gland  nies  unicellulaires  résultant  de  la  différen- 
ciation locale  de  l'épithélium  du  même  canal  salivaire. 

La  communauté  d'origine  de  ces  deux  glandes  s'affirme  en  outre  par  les 
caractères  de  leurs  éléments  sécréteurs,  qui  sont  fondamentalement  les 
mêmes.  Dans  l'une  et  dans  l'autre,  nous  distinguons  en  effet  des  muco- 
qytes  et  des  zyniocytes,  qui  élaborent  du  nmcus  et  des  ferments,  et  dont  les 
phases  d'évolution  sont  très  comparables  d'une  glande  à  l'autre.  Il  y  a  bien 
entre  les  cellules  des  deux  glandes  des  différences  de  forme;  mais  nous 
croyons  pouvoir  les  rapporter  à  des  différences  dans  les  conditions  de 
milieu  où  elles  évoluent.  C'est  ainsi  que,  dans  la  glande  proprement  dite, 
les  cellules  non  gênées  dans  leur  développement  et  librement  baignées  par 
rhémolymphe,  sont  globuleuses,  rattachées  aux  ramifications  des  canaux 
excréteurs  par  un  pédicule  court,  tandis  que,  dans  la  glande  de  Nalepa, 
les  cellules  comprimées  entre  les  faisceaux  conjonctifs  ou  musculaires  ds 
la  paroi  du  bulbe  fusent  dans  la  profondeur. 

Mais  ces  différences  ne  sont  pas  suffisantes  pour  empêcher  de  considérer 
la  glande  salivaire  proprement  dite  (topographiquement  postérieure)  et 
la  glande  de  Nalepa  (topographiquement  antérieure)  comme  le  résultat  de 
la  différenciation  locale  d'une  même  invagination  épiihéliale. 

Aussi,  bien  qu'elles  soient,  au  point  de  vue  purement  descriptif,  parfaite- 
ment séparées  et  individualisées,  nous  ne  pouvons  pas  homologuer  les 
glandes  de  Nalepa  avec  les  glandes  salivaires  antérieures,  génétiquement 
distinctes,  qui  existent  chez  d'autres  Gastéropodes,  en  particulier  chez  cer- 
tains Prosobranches.  Pour  les  mômes  raisons  (similitude  d'origine  et  de 
structure),  nous  repoussons* l'hypothèse  d'Arnaudrut,qui  tend  à  considérer 
ces  amas  glandulaires  comme  les  homologues  des  poches  buccales  des 
Diotocardes.  Si  l'on  devait  retrouver  chez  les  Pulmonés  l'homologue  de 
poches  buccales,  nous  le  verrions  bien  plutôt  dans  la  dépression  con- 
stante, en  forme  de  sillon,  au  fond  de  laquelle  s'ouvre  le  canal  salivaire 
et  qui,  d'autre  part,  communique  largement  avec  la  cavité  buccale. 

PATHOLOGIE.  —  Mécanismes  des  modalités  pathologiques  spéciales  à  chaque 
organe  au  cours  d'une  maladie  générale.  Note  de  M.  A.  Charri.v,  pré- 
sentée par  M.  E.  Roux. 

Les  manifestations  pathologiques  d'un  agent  morbifique  spécial,  évoluant 
au  sein  d'une  économie  déterminée,  fréquemment  varient  d'un  organe  à 


SÉANCE  DU  12  KÉVRIER  1906.  4l5 

l'autre.  C'est  ainsi  qu'ordinairement  ulcéreuse  dans  les  poumons,  par 
contre  dans  le  foie,  à  moins  de  se  localiser  au  niveau  des  voies  biliaires, 
la  tuberculose  provoque,  en  général,  des  lésions  de  dégénérescence  habi- 
tuellement graisseuse.  Plus  souvent  même  qu'on  ne  le  pense,  au  cours  de 
celte  affection,  l'élément  auatomique  caractéristique,  la  granulation,  peut 
faire  défaut;  d'autre  part,  cette  granulation  est  susceptible  de  se  dévelop- 
per non  seulement  eu  dehors  de  l'action  du  bacille  de  Roch,  sous  l'in- 
fluence d'autres  parasites  ou  de  poudres  inertes,  mais  aussi  en  l'absence 
de  tout  élément  figuré. 

Les  diversités  analomiques  ou  fonctionnelles  des  viscères  atteints,  la 
nature  de  la  porte  d'entrée  du  virus,  l'état  de  ce  virus,  les  modalités  réac- 
tionnelles  des  tissus,  de  nombreux  facteurs  conditionnent  les  différences 
de  ces  modifications  anatonio-pathologiques.  Toutefois,  si,  en  elles-mêmes, 
ces  différences  sont  assez  connues,  les  mécanismes  qui  jjrésident  à  leur 
genèse  demeurent  obscurs.  Aussi  est-il  intéressant,  à  l'aide  d'une  série 
d'observations  et  d'expériences,  de  tenter  d'éclairer  la  question. 

«.  Chez  un  animal  contaminé  pai'  un  champignon  (Slearophora  radicicolà),  evaminé 
comparativement  au  rein,  le  foie  ollre  des  altérations  plus  accentuées.  Or,  soit  en  ana- 
lysant parallèlement  les  phénomènes  qui  se  succèdent  dans  des  cultures  de  ce  champi- 
gnon, dont,  par  leur  teneur,  les  unes  se  rapprochent  de  la  constitution  du  parenchyme 
hépatique  et  les  autres  de  celle  du  tissu  rénal,  soit  en  examinant  avec  détails  létat  des 
deux  viscères  en  cause,  on  se  rend  partiellement  compte  des  mécanismes  qui,  d'un 
appareil  à  l'autre,  entraînent  une  disparité  de  lésions. 

Dans  ces  cultures  du  premier  groupe,  qui,  par  leurs  hydrates  de  carbone,  leur  gly- 
cûgène,  etc.,  sont  plus  ou  moins  analogues  aux  plasmaj  de  la  glande  biliaire,  la  végé- 
tation est  plus  riche,  la  morphologie  plus  développée,  rélaboralion  des  matériaux  nu- 
tritifs plus  rapide,  la  variété  des  produits  nocifs  formés  (acides  lactique,  acétique, 
butyrique,  alcool,  etc.)  plus  considérable  que  dans  les  milieux  rappelant  par  leur 
composition  (urée,  substances  protéiques.  etc.)  le  terrain  rénal.  D'autre  pari,  rencon- 
trant dans  le  foie,  comme  dans  cette  première  catégorie  de  bouillons,  des  aliments 
jjréférès,  relativement  aisés  à  métamorphoser,  le  champignon  évolue  plus  vite  que 
dans  le  rein;  il  se  présente  sous  la  forme  d'éléments  ovoïdes  (en  général  les  seuls  sai- 
sissables  dans  la  glande  urinaire)  mélangés  à  des  filaments  qui,  grâce  à  leur  nombre 
et  à  leur  longueur,  désagrègent  les  travées  de  l'organe.  En  outre,  à  l'exemple  des  hy- 
drates de  carbone  des  premières  cultures,  faciles  à  transformer,  les  principes  constitu- 
tifs de  c'et  organe  se  prêtentégalement  à  l'élaboration  de  composés  acides  ou  éthyliques. 

Ainsi,  quelle  que  soit  la  pathogénie  envisagée  (action  directe  du  parasite,  épuisement 
du  terrain,  processus  toxiques,  etc.),  au  point  de  yue  de  l'intensité  ou  de  la  nuture  des 
interventions,  cette  pathogénie  s'exerce  dans  l'un  des  parenchymes  autrement  ([ue  dans 
l'autre  :  de  là,  dans  les  résultats,  de  fatales  inégalités. 


4l6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

h.  Au  cours  d'à fff^c lions  nullement  parasitaires,  l'analvse  des  phéno- 
mènes conduit  à  d'analogues  conclusions.  Par  exemple,  chez  des  fœlus 
humains  macérés  ou  chez  des  femelles  en  gestation  dont  on  a  lié  l'utérus, 
quand  on  compare  entre  elles  les  modifications  hépatiques  et  rénales,  ordi- 
nairement les  premières  apparaissent  plus  profondes.  Dans  ces  conditions, 
le  complexus  pathogénique  est  aussi  réduit  que  possible.  Cependant,  tout 
en  excluant  les  agents  extérieurs,  in  ulero  la  situation  anatomique  du  foie 
autorise  à  redouter  l'action  de  substances  nuisibles  d'origine  maternelle. 
Mais,  en  mettant  en  parallèle  les  dégradations  successives  observées  dans 
des  fragments  de  foie  et  de  rein  conservés  aseptiquement,  dans  du  sérum 
isotonique,  on  note  de  semblables  disparités,  dont  les  mécanismes  se  rat- 
tachent partiellement  aux  éléments  qui  constituent  chacun  de  ces  tissus. 

L'arrêt  de  la  circulation  et  de  l'influx  nerveux  détermine  les  désordres 
initiaux,  aggravés  par  la  mise  en  jeu  de  principes  nocifs  tels  que  des  fer- 
ments du  sang.  La  diffusion  do  ces  facteurs  tenant  aux  ajipareils  circula- 
toire ou  nerveux  explique  pourquoi,  au  début  des  processus  morbides, 
dans  les  difFérents  viscères,  nombre  de  lésions  (hyperémie,  thrombose, 
œdème,  état  grantileux  des  protoplasmas,  etc.)  se  ressemblent  plus  ou 
moins.  Puis,  la  succession  des  altérations  {in  vii>o  comme  in  vitro)  entraîne 
la  dislocation  des  cellules  dont  le  contenu  s'échappe,  de  telle  sorte  qu'à 
partir  de  ce  moment,  d'un  appareil  à  l'autre,  matériaux  à  transformer  et 
agents  transformateurs  offrent  des  dissemblances.  Sans  doute,  dans  cha- 
cune des  glandes  hépatique  ou  rénale  agissent  des  ferments  oxydants  ou 
protéolytiques,  des  peptones,  de  la  leucine,  de  la  Ivrosine,  de  la  xan- 
thine,  etc.;  mais  l'intensité  d'action  de  ces  composés  n'est  point  toujours 
et  partout  uniforme;  en  particulier,  dans  le  foie,  le  principe  protéolytique 
est  souvent  plus  actif  que  la  trvpsine.  D'ailleurs,  l'inéijalité  des  tares  tient 
de  préférence  aux  substances  que  ce  foie  contient  seul  ou  qu'il  renferme 
dans  des  proportions  plusconsidérables(cliolestérine,  jécorine,  lécilhines, 
composés  amylacés,  glycogène,  globulines  variées,  etc.).  De  certains  de 
ces  corps  dérivent  de  multiples  acides  (Levv,  Waldvogel)  et  de  l'alcool 
(Stoklasa). 

De  telles  dissemblances  dans  les  éléments  morbifiques  expliquent  les 
inégalités  soit  des  altérations,  soit  des  symptômes  (fièvre,  amaigrisse- 
ment, etc.),  qu'engendrent  cesproduitsde  l'autolyse;  spécialement  l'abon- 
dance relative  des  acides  et  des  nucléohistones  hépatiques  modifie  les 
échanges  et  les  coagulations  (Nurnberg). 


SÉANCE  DU  12  FÉVRIER  1906.  417 

L'évolution  des  phénomènes  morbides  subit  également,  au  sein  de 
chaque  appareil,  des  influences  particulières.  C'est  ainsi  que  les  matières 
minérales  (fer,  chaux)  de  la  glande  biliaire  hâtent  les  oxydations.  D'un 
autre  côté,  suivant  l'âge  des  lésions,  des  dégénérescences,  ici  tels  principes 
(catalase,  oxydase,  sucrase,  etc.)  disparaissent,  tandis  que  là  tels  autres  se 
révèlent,  changements  entraînant  la  mobilité  d'aspect  des  accidents. 

En  définitive,  en  dehors  des  désordres  généraux  (circulatoires,  nerveux, 
thermiques,  etc.),  relevant  d'agents  (microbes,  toxines,  poisons),  souvent 
non  étroitement  localisés,  au  cours  d'un  affection  iébrile  ou  non,  d'un 
viscère  à  l'autre  interviennent  des  éléments  pathogènes  variables.  Chaque 
organe  fait,  en  partie,  la  maladie  à  sa  f;içon  :  plus  que  jamais  le  rôle  du 
terrain  se  manifeste. 


M.  Robert  Odier  adresse  une  Note  Sur  le  traitement  des  tumeurs  malignes 
m  pat  licuUer  et  des  tumeurs  en  mie  de  développement  par  V injection  de  liijuides 
organiques  riches  en  ferment  glycolytique. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Médecine  et  Chirurgie.) 


A  4  heures  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 
La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie. 


M.  B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  29  janvier  1906. 
(Suite.) 

Statistique  sanitaire  des  villes  de  France  pendant  Vannée  1904  et  Tableaux  réca- 
pitulatifs des  années  i  886  à  1904  ;  19'  année;  piililiée  par  la  Direction  de  l'Assistance 
cl  de  l'Hygiène  publiques.  Melun,  1905  ;  i  vol.  in-8°. 

L' Enseignement  mathématique,  revue  internationale  paraissant  tous  les  deu\  mois, 


/il  8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dirigée  par  MM.  C.-A.  Laisaxt  et  H.^Feiir;  VHP  année,  n"  1,  i5  janvier  1906.  Paris, 
Gauthier-Villars,  el  Genève,  Georti  et  G'";  i  fasc.  in-8". 

Annales  des  maladies  de  l'oreille,  du  larynx,  du  nez  el  du  pharynx:  t.  XXXIl, 
n°  1,  janvier  1906;  Paris;  i  fasc.  in-8°. 

Ligue  nationale  contre  l'alcoolisme  :  L'Etoile  bleue,  revue  mensuelle;  :jO=  année, 
n"  1,  janvier  1906.  Paris;  i  fasc.  iii-4°. 

Anregung  suni  Studiuni  der  auf  Capillarilàls-  und  Adsorplionserschcinungen 
beruhenden  Capillaranalyse,  von  Frederick  Goppelsroeder.  Base!,  1906;  i  vol.  in-S". 

M.  E.  PocHMANN  adresse  une  série  d'Opuscules  contenant  des  études  sur  l'almosplière. 

M.  F. -P.  Gulliver  adresse  une  série  d'Opuscules  relatifs  à  des  études  géologiques. 

Wann  und  warum  sehen  wir  Farben?  Ein  Beitrag  /,ur  Faibenlelire,  von  Karl 
Weidlich.  Leipzig,  J.-J.  Weber,  1904;  i  fasc.  in-S". 

Anuario  astronomico  nacional  de  Tacubaya  para  el  ano  de  1906,  ano  XXVL 
Mexico  ;  i  vol.  in-i  2. 

Regenwaarnemingen  in  Nederlandsch-lndie,  zes  en  t\vintit;ste  jaargang,  1904. 
Batavia,  1905;  i  vol.  in-4°. 

Report  of  the  meteorological  Service  of  Canada\  hy  H. -F.  Stuparï,  Director, 
Toronto, /o/'  the  year  ended  decenibcr  01,  igoS.  Ottawa,  1904;  1  vol.  in-4°. 

Acta  et  commentationes  Imp.  Universilatis  Jurievensis;  1904,  n"^'  1-6.  Juriev, 
1904;  6  fasc.  in-8°. 


Ouvrages  reçus  dans  i.a  séance  du  5  février   1906. 

Évolution  de  la  puissance  des  navires  de  guerre,  par  L.-E.  Bertin,  Membre  de 
l'Institut.  (E\tr.  de  la  Revue  des  Deux  Mondes  du  i"''  décembre  190.5  el  du  i"  janvier 
1906.)  Paris,  1906;  I  fasc.  in-S".  (Hommage  de  l'auteui'.) 

A  la  poursuite  d'une  ombre  :  L'éclipsé  totale  de  Soleil  du  3o  août  1905,  compte 
rendu  des  observations  de  la  Société  astronomique  Flammarion  de  Montpellier,  par 
M.  MoYE.  Montpellier,  G.  Firmin,  Montane  et  Sicardi;  i  fasc.  in-8°. 

f^es  tremblements  de  terre  et  les  systèmes  de  déformation  tétraédrique  de  Vécorce 
terrestre,  par  F.  de  Mo.\tessus  de  Ballore.  {Annales  de  Géographie;  XV''  année,  n°  79, 
i5  janvier  1906.)  i  fasc.  in-B". 

Journal  de  Mathématiques  pures  et  appliquées:  série  VI,  publié  par  Catulle  Jordan, 
Membre  de  l'InstiliU;  Tome  II,  n°  1.  Paris,  Gautliier-Villars,  1906;  i  fasc.  in-4°. 

La  Géographie,  Bulletin  de  la  Société  de  Géographie,  publié  tous  les  mois  par  le 
Baron  Hulot  el  M.  Charles  Rabot;  l.  XIII,  n"  1,  année  1906.  i5  janvier.  Paris,  Masson 
et  G'",  1906;  1  fasc.  in-4°. 

Le  Rapporteur  médical,  Revue  inleiiiationale  el  trimestrielle  de  Médecine;  Rédac- 
en  chef  :  A. -Georges  Migot;  i'^'  année,  n°  1,  janvier  1906;  i  fasc.  in-8°. 

Le  Mexique,  son  évolution  sociale:  tome  I,  2"  partie.  Mexico,  J.  Ballesca  et  G"', 
1900;   j   vol.  in-f'\ 

I  contribution  lo  the  Oceanography  of  the  Pacific,  by  Jambs-M.  Flint.  {Bull,  of 
the  U.  S.  national  Muséum,  n°  55.)  Washington,  1906;  i  fasc.  in-8°. 


SÉANCE  DU  12  FÉVRIER  1906.  4u) 

Monograph  of  ihe  Bomhycine  Moths  of  JNorlh  America  including  their  trans- 
formalionx  and  origin  of  the  larval  markings  and  armature.  Part  II.  Faniily  Cera- 
locampidw,  subfaniily  Ceratocanipinœ,  hy  Alpheus  Sprixg  Packard.  (!\lemoirs  of 
the  national  Academy  0/ Sciences;  vol.  IX.)  Washington,  igoS;  i  vol.  in-4°. 

Monograph  on  the  Isopods  of  North  America,  by  Harriet  Richardsom.  (  Bull,  of 
the  U.  S.  national  Utiseiini,  n"  ol.)  Washingiou.  igoS;  i  vol.  in-8°. 

Oclacnemus,  by  William-E.  Ritter;  willi  tliree  plates.  (Bull,  of  the  Muséum  of 
comparative  Zoôlogy  at  Harvard  Collège.  vol.XLVI,  n°  13.)  Cambridge,  Mass.,  1906; 
I  fasc.  in-8". 

On  the  agglutination  of  bacteria,  by  Georges  Dreyer  and  A.-J.  Jex-Blake.  (Mém. 
de  l'Acad.  des  Sciences  et  des  Lettres  de  Danemark,  -"  série.  Section  des  Sciences,  t.  I, 
n"  4.  Copenhague,  igoâ;  i  fasc.  in-4°. 


Ouvrages  reçus  daks  la  séance  du  12  février  1906. 

Société  d'Histoire  naturelle  d'Autun;  XVIII'  Bulletin.  Autun,  Dejussieu,  1900; 
I  vol.  in-S".  (Présenté  par  M.  Albert  Gaudr^.  ) 

De  l'action  des  différents  rayons  du  .spectre  sur  les  plaques  photographiques  .sen- 
sibles. Photographie  orthochromatique,  par  Albert  Nodox.  (  E\tr.  des  Comptes 
rendus  du  Congrès  des  Sociétés  savantes  en  igoS  :  Sciences.)  Paris,  Imprimerie 
nationale,  tgo5;   1   fasc.  in-8°. 

Ae  problème  du  cavalier  des  échecs  :  Etude  sur  la  symétrie  latérale  des  deu.x 
chaînes  fermées ,  par  A.  Rilly.  Troyes,  ciiez  l'auteur,  s.  d.;  1  fasc.  in-S". 

Bulletin  de  la  Société  mathématique  de  France:  t.  XXXIV,  fasc.  1.  Paris, 
1906;  I  fasc.  in-8°. 

Nouvelles  Annales  de  Mathématiques,  journal  des  candidats  aux  Écoles  spéciales, 
à  la  Licence  et  à  l'Agrégation,  dirigé  par  C.-A.  Laisant,  C.  Bourlet  et  R.  Bricakd; 
4"  série,  tome  VI,  janvier  igo6.  Paris,  Gauthier-Villars  ;  1  fasc.  in-8''. 

Revue  de  Mécanique,  publiée  sous  la  direction  de  M.  Haton  de  la  Golpilliêre, 
Membre  de  l'Institut;  t.  XVIII,  n"  1,  3i  janvier  igo6.  Paris,  H.  Dunod  et  E.  Pinal, 
1906  ;  I  fasc.  in-4°. 

Annales  de  l'Institut  Pasteur,  par  E.  Duclaux,  Membre  de  l'Institut;  t.  XX,  n"  1, 
25  janvier  igo6.  Paris,  Masson  et  C'*,  i  fasc.  in-S". 

Bulletin  de  ta  Société  enlomologique  de  France,  paraissant  deux  fois  par  mois; 
année  igo6,  n°  1.  Paris;  i  fasc.  in-8°. 

Assemblée  générale  des  Actionnaires  de  la  Banque  de  France,  du  ih  janvier  1906, 
sous  la  présidence  de  M.  Georges  Pallain,  Gouverneur.  Compte  rendu  au  nom  du 
Conseil  général  de  la  Banque  et  Rapport  de  MM.  les  Censeurs.  Paris,  Imp.  Dupuiii, 
igo6;  I  fasc.  in-4°. 

{A  suivre.) 


420  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


ERRATA. 


(Tome  CXX,   Séance  du  4  mars   1895.) 

Noie  de  M.  E.-H.  Amagat,  Sur  la  pression  intérieure  et  le  viriei  des 
forces  intérieures  dans  les  fluides  : 

Page  491,  ligne  i5,  lises 

(^_  l  d(poVo)  _  ^  __  î^__    .  ,^ 

dt  "'  V        dt  dt  ~  V        '*^'  '' 

■k' ziz '\i(t')T -h  C         (C  étaol  fonction  de  ('). 


(Séance  du  29  janvier  1906.) 

Note  de  M.  W.  Kilian,  Sur  une  faune  d'Ammonites  néocrétacée  recueil- 
lie par  l'expédition  antarctique  suédoise  : 

Page  3o6,  ligne  1 1 ,  au  lieu  de  entre  les  îles,  lisez  dans  les  îles. 

Même  page,  ligne  20,  au  lieu  de  G,  mulliplexum  Ivossm.,  lisez  G.  Varagurense 
Kossm. 

Page  3o8,  ligne  20,  au  lieu  de  la  localité  de,  lisez  la  localité  l\  de. 

Même  page,  ligne  22,  au  lieu  de  Older  Seymour  Insel,  Beds,  lisez  Older  Seymour 
Insel  beds. 


iSHS)^* 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES 

SÉANCE   DU   LUNDI  19   FÉVRIER    1906. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  H.  POINCARÉ. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIOIVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

GÉODÉSIE.    —  Détermination  simultanée   de  deux  points  au  moyen 
des  constructions  graphiques  à  grande  échelle .  Note  fie  M.  Hatt. 

J'ai  signalé  à  diverses  reprises  l'avantage  qui  résulte,  pour  le  calcul  des 
positions  des  points  topographiques,  de  l'emploi  auxiliaire  de  constructions 
à  grande  échelle  qui,  tout  en  simplifiant  notablement  les  déterminations, 
permettent  de  choisir  à  vue  une  solution  moyenne  sans  passer  par  les  opé- 
rations compliquées  de  la  compensation.  Ces  méthodes,  proposées  en 
i883  ('),  ont  été  presque  immédiatement  adoptées  au  Service  hydrogra- 
phique où  l'usage  des  coordonnées  rectangulaires  en  rendait  l'application 
plus  facile.  Rappelons  en  quelques  mots  le  principe  de  ces  déterminations  : 

Connaissant  avec  une  certaine  approximation,  au  mètre  près  par  exemple, 
la  position  d'un  point  à  déterminer,  on  calcule  aisément  les  orientations 
des  lignes  joignant  ce  point  approché  aux  points  connus  d'où  il  a  été  relevé 
ou  qui  ont  été  visés  à  la  station  faite  au  point  inconnu.  Dans  le  premier 
cas,  à  la  différence  entre  le  relèvement  observé  et  le  relèvement  calculé 
correspond  un  déplacement  déterminé  très  faible  de  la  droite  joignant  les 
deux  points,  dont  une  petite  portion,  dans  ce  mouvement,  reste  sensible- 
ment parallèle  à  elle-même;  portant  sur  un  dessin  à  l'échelle  de  ~  du 
terrain  le  point  approché  et  les  diverses  droites  ainsi  déplacées,  on  obtient 

(')  \  (jir  Annales  /tjdrog rajjhii/ ucs,  i"''  semestre  de  iS83. 

C.   R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  C\LU,  N"  8  )  3^ 


422  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

parleur  intersection  commune  le  point  inconnu,  dont  la  position  par  rap- 
port au  point  approché  peut  être  mesurée  avec  l'approximation  que  l'on 
voudra  sur  le  dessin.  Dans  le  deuxième  cas,  la  différence  de  deux  relève- 
ments calculés  donnera  l'angle  des  deux  points  connus  tel  qu'il  serait 
mesuré  du  point  approché  et  la  comparaison  de  cet  angle  calculé  avec 
l'angle  observé  permettra  encore  de  tracer  sur  le  dessin  à  grande  échelle 
une  droite,  la  tangente  à  l'arc  de  cercle  passant  parle  point  inconnu.  Quel 
que  soit  donc  le  genre  de  mesure,  la  méthode  proposée  aboutit  au  tracé 
d'une  droite  dont  l'équation  serait  de  la  forme 

a  dx  -\-  b  dy  =  (70, 

l'origiue  des  coordonnées  étant  un  point  approché;  dx,  dy  désignant  les 
corrections  des  coordonnées  de  ce  point  et  r/O  étant  la  différence  entre 
un  angle  observé  et  l'angle  calculé  avec  cette  position  approchée. 

Mais  le  calcul  ainsi  conduit  ne  peut  s'appliquer  qu'à  un  point  isolé;  quand 
il  s'agit  de  la  détermination  simultanée  tle  plusieurs  points,  la  méthode 
d'approximation  comporte,  en  général,  l'introduction  de  six  variables 
qui  doivent  figurer  dans  toute  équation  de  condition  élémentaire  :  les 
deux  coordonnées  du  point  de  station  et  celles  des  deux  points  visés  pour 
former  un  angle.  Il  n'y  a  pas  de  représentation  géométrique  applicable  à 
une  variation  d'ordre  aussi  complexe.  L'impossibilité  subsiste  encore  si, 
l'un  des  points  visés  devenant  fixe,  le  nombre  des  inconnues  se  trouve  ré- 
duit à  quatre;  mais,  dans  ce  cas,  on  peut  concevoir  une  solution  indirecte 
du  problème  basée  sur  l'utilisation  des  lieux  géométriques  de  l'espace  à 
deux  dimensions. 

Pour  en  simplifier  l'exposition,  nous  réduirons  à  deux  le  nombre  des 
points  connus,  ce  qui,  du  reste,  répond  au  cas  dans  lequel  la  détermination 
simultanée  des  deux  points  inconnus  présente  l'avantage  le  plus  incontesté 
par  la  substitution,  à  deux  triangles  isolés,  d'un  quadrilatère  dont  les  deux 
sommets  se  contrôlent  mutuellement.  Parmi  les  données  indépendantes 
pouvant  servir  à  la  détermination,  il  n'en  est  que  deux  qui  comportent 
l'emploi  de  quatre  variables,  ce  sont  les  angles  obtenus  aux  deux  points 
inconnus  par  les  différences  de  leurs  visées  réciproques  avec  celle  de  l'un 
des  points  à  calculer.  Ou  reconnaît  sans  peine  que  les  équations  de  condi- 
tion à  quatre  variables  résultantes  sont,  en  désignant  par  dx,  dy,  dx' ,  dy' 
les  corrections  des  coordonnées  approchées  x,  y,  x' ,  y' ,  de  la  forme 

(  adx  -{-  b  dy  +  m  dx'  -h  n  dy'  =  d()  (station  xy), 

(  m  dx  -+-  n  dy  -\-  a'  dx'  -+-  b'  dy'  —  dO'         (  slalioii  x' y'  ), 


SÉANCE  DU  19  FÉVRIER  1906.  423 

les  coefficients  ab,  a'b'  définissant,  dans  chaque  station,  la  direction  de  la 
tangente  à  la  circonférence  passant  par  les  denx  points  inconnus  et  l'un 
des  points  connus;  les  coefficients  m  et  n  définissant,  d'autre  part,  la 
direclion  de  la  visée  réciproque. 

Toutes  les  autres  données  indépendantes  :  relèvements  depuis  les  points 
connus  etangles  mesurés  aux  stations  entre  ces  denx  points,  necomportent, 
pour  chaque  station,  que  la  variation  de  ses  coordonnées;  ce  sont,  en 
d'autres  termes,  les  éléments  des  deux  triangles  isolés.  Faisant  choix  de 
deux  des  équations  de  condition  à  deux  variables,  une  pour  cliacun  des 
points  à  calculer,  nous  obtiendrons  un  système  de  la  forme 

\  P  d.r  ->r  q  cl  y  =r/\, 
^^'  i  p'dx'-hq'dr'=dA.'. 

Traçons  sur  deux  graphiques  à  l'échelle  de  -^  du  terrain  et,  pour 
chaque  point,  les  lieux  géométriques  représentés  par  les  équations  (2). 
Introduisons,  d'autre  part,  ileux  angles  auxiliaires  w,  o>',  exprimés  en 
secondes  d'arc  comme  les  seconds  membres  des  équations  (i),  afin  de 
séparer  les  lieux  géométriques  groupés  dans  ces  équations. 
Ecrivons  dans  ce  but 

a  djc  -I-    b  dy  =:  u , 

m  dj'  -\-  n  dy'  =  dO  —  w , 

m  d.T  +  n  dy  r=  dO'  —  w'. 

Si  nous  attribuons  à  10  et  w'  des  valeurs  déterminées  «,,  io\,  nous  obtien- 
drons sur  chacun  des  graphiques  deux  droites  correspondantes.  Considé- 
rons le  graphique  ccy  et,  pour  abréger,  désignons  [jar  to,,  oj',  les  droites 
représentées  par  les  équations 

a  d.v  -+-  b  dy  ^  <oi,  m  dx  +  n  dy  =  f/0'  —  w', . 

A  toute  variation  de  i"  du  second  membre  correspond  un  déplacement 
parallèle  exprimé  linéairement  par  les  valeurs  respectives 


et 


y'a-  -t-  b-  sjrn--+-  n- 

Que  l'on  imagine  par  un  point  du  lieu  géométrique  de  référence  des 
parallèles  aux  droites  to,,  co',,  on  obtiendra  immédiatement,  par  des  mesures 
au  double-décimètre  prises  sur  le  graphique,  les  dislances  linéaires  de  ces 


424  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

(Iroiles  et,  par  suite,  les  différences  angulaires  de  leurs  seconds  membres 
avec  cù,,  dO' — (m\,  c'est-à-dire  en  dernier  ressort  les  valeurs  de  <o  et  co' 
auxquelles  correspondrait  cette  convergence  des  trois  lieux  géométriques. 
Tr.Tçant  deux  axes  de  coordonnées  rectangulaires  et  portant  en  abscisse  et 
ordonnée  les  valeurs  lo  et  <./,  nous  aurons  un  point  défini  par  ces  valeurs. 
Faisons  de  même  pour  un  second  point  du  lieu  géométrique  fixe  de  réfé- 
rence, il  en  résultera  un  deuxième  couple  de  valeurs  to  et  u,',  c'est-à-dire 
un  deuxième  point.  La  droite  tracée  par  ces  deux  points  représentera  la 
relation  entre  o)  et  w'  nécessaire  pour  obtenir  sur  le  graphique  xy  la  con- 
vergence des  trois  lieux  géométriques. 

Opérons  de  la  même  manière  sur  le  graphique  x' y'  avec  les  équations 

'a'dx'  -H  b' dy'^=  w',         m  dx'  -\-  n  dj' =z  dO  —  m 

et  nous  obtiendrons,  en  fin  de  compte,  une  deuxième  droite  différente  de 
la  première  et  à  laquelle  correspond  une  relation  entre  u  et  «>'  exprimant 
les  conditions  de  convergence  des  trois  lieux  géométriques  sur  ce  gra- 
phique. L'intersection  de  ces  deux  droites  fournit  les  valeurs  de  gj  et  w'qui 
résolvent  le  problème;  la  solution  sera  d'autant  meilleure  que  l'angle  des 
deux  droites  sera  |)lus  rapproché  de  90°. 

Dans  les  conditions  admises,  il  peut  y  avoir  pour  chacun  des  points  xy, 
x' y'  trois  lieux  géométriques  fixes;  ceux  du  triangle  :  les  deux  relèvements 
obtenus  aux  extrémités  <le  la  base  et  le  segment  capable  au  sommet.  On 
peut  faire  la  construction  précédemment  indiquée  en  admettant  successi- 
vement chacun  des  lieux  géométriques  comme  droites  de  référence.  Les 
valeurs  de  co  et  w'  ainsi  obtenues  seront  sans  doute  un  peu  différentes,  mais 
on  peut  adopter  une  valeur  moyenne  en  tenant  compte  au  besoin  du  poids 
de  chaque  solution.  Les  valeurs  de  o  et  oj'  une  fois  fixées,  chacun  des 
points  xy,x'y'  sera  déterminé  au  moyen  de  cinq  lieux  géométriques. 

Un  cas  particulier  intéressant  est  celui  dans  lequel,  les  seules  données 
étant  les  angles  mesurés  aux  points  inconnus,  il  n'y  en  a  pas  de  surabon- 
dantes. La  détermination  simultanée  est  obligatoire.  Dans  ce  cas,  la  droite 
de  référence  unique  provient  de  l'angle  sous-tendu  par  les  extrémités  de 
la  base  et  la  détermination  de  <o  et  to'  entraine  celle  de  la  position  de  la 
droite  d'alignement  qui  passe  par  les  points  de  Collins  et  dont  l'équation 
est  m  dx  -i-  n  dy  =  dO'  —  0/  sur  le  graphique  xy  et  m  dx'  +  n  dy'  =  dO  —  lo 
sur  le  graphique  x'y'. 


SÉANCE  DU  19  FÉVRIER  £906.  4^5 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  icbullilion  et  la  distillation  du  nickel,  du  fer,  du 
manganèse ,  du  chrome,  du  molybdène,  du  tungstène  et  de  l'uranium.  Note 
(le  M.  Henri  Moissax. 

Nous  avons  étendu  nos  recherches  sur  la  distillation  des  corps  simples 
aux  métaux  de  la  famille  du  fer.  f.e  dispositif  des  expériences  était  le  môme 
que  précédemment  (')  et  nous  avons  opéré  toujours  d;ms  le  même  modèle 
de  notre  four  électrique,  pour  rendre  les  expériences  aussi  comparables 
que  possible. 

Nickel.  —  i5o^  de  métal  pur  ont  été  chauffés  dans  notre  four  électrique 
pendant  5  minutes  avec  un  courant  de  5oo  ampères  sous  1 10  volts.  La  dis- 
tillation commence  après  une  minute  et  les  vapeurs  sortent  avec  abondance 
par  les  ouvertures  qui  laissent  passer  les  électrodes.  Après  l'expérience, 
on  recueille  sur  le  tube  froid  un  enduit  métallique  qui  a  moulé  exactement 
les  stries  d'étirage  du  tube  de  cuivre.  La  surface  interne  de  ce  dépôt  est 
brillante,  tandis  cpie  la  surface  externe  est  grise.  Examiné  au  microscope 
le  nickel  distillé  est  formé  d'un  amas  de  1res  petits  cristaux  qui,  lorsque  la 
couche  atteint  une  certaine  épaisseur,  forme  des  arborescences  dont  les 
poinlements  sont  terminés  par  de  fines  gouttelettes.  Cette  structure  tient  à 
la  rapidité  de  l'opération  qui,  en  jtixlaj)Osant  ces  petits  cristaux,  finit  par 
former  des  groupements  dont  l'extrémité  fond  sous  le  rayonnement  in- 
tense de  l'arc.  Lorsque  la  distillation  est  rapide,  le  dépôt  métallique  est 
mélangé  d'une  certaine  quantité  de  chaux.  Tout  autour  du  creuset,  on  ren- 
contre de  nombreuses  gouttelettes  métalliques  dont  quelques-unes  con- 
tiennent des  géodes  tapissées  intérieurement  de  petits  cristaux. 

La  quantité  de  métal  distillé  a  été  de  56^  en  tenant  compte  du  poids  de 
carbone  fixé  ])ar  le  nickel.  Dans  une  autre  expérience,  200^  de  métal  ont 
été  chauffés  avec  le  même  courant  pendant  9  minutes  et,  dans  ce  laps  de 
temps,  la  distillation  du  métal  a  été  totale. 

Fer.  —  La  distillation  du  fer  qui  a  été  réalisée  dans  un  très  grand  nombre 
d'expériences  présentait  une  nouvelle  difficulté.  En  effet,  aussitôt  que  le 
fer  carburé,  chauffé  dans  un  creuset  de  charbon,  estamenéà  l'état  liquide, 
il  dissout  une  grande  quantité  de  gaz  ainsi  que  l'ont  établi  un  grand  nombre 
d'expérimentateurs.  Un  peu  avant  sor)  point  d'ébullition  ces  gaz,  en  se 

(')  H.  MoissAN,  Comptes  rendus,  t.  CXLI,  1905,  p.  833  et  977. 


426  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

(légngeant  tumiiltueusemenf,  fournissent  une  effervescence  très  vive  qui 
projette  le  métal  sous  forme  de  nombreuses  gouttelettes. 

On  peut  se  rendre  compte  de  ce  phénomène  en  plaçant  dans  une  nacelle, 
au  milieu  d'nn  tube  de  charbon  traversant  le  four  électrique,  un  lingot  de 
fer  d'une  cinquantaine  de  grammes.  On  chauffe  ensuite,  avec  un  arc  élec- 
trique, le  dessons  du  tube,  avec  un  courant  de  5oo  ampères  sous  1 10  volts 
pendant  quelques  minutes.  On  voit  le  métal  fondre  rapidement;  la  fonte 
mouille  la  nacelle  de  charbon  et  forme  un  bain  liquide  à  surface  parfai- 
tement horizontale.  Mais  après  quelques  instants,  sa  température  continuant 
à  s'élever,  quelques  bulles  de  gaz  viennent  crever  à  sa  surface,  puis  une 
projection  abondante  de  gouttelettes  se  produit  et,  enfin,  vers  la  Iroisicnie 
minute,  le  liquide  restant  se  maintient  enébullition  tranquille.  Nous  avons 
repris  cette  expérience  en  opérant  avec  iSo^  de  fer  pur,  placé  dans  notre 
creuset  et,  en  multipliant  les  expériences,  nous  avons  cherché,  en  chauffant 
avec  un  courant  de  5oo  ampères  sous  iio  volts,  quelle  quantité  de  métal 
était  projetée  au  moment  de  ce  dégagement  brusque  de  gaz. 

Les  culots  métalliques,  pesés  après  le  départ  des  gaz,  nous  ont  donné 
les  chiffres  suivants  : 

1.  2.  3.  4.  5. 

107S  loos  109S  loSs  99S 

En  movenne,  nous  pouvons  donc  admettre  que  le  culot  restant  après  ce 
rapide  dégagement  de  gaz,  produit  dans  des  circonstances  identiques, 
pèse  environ  io4^- 

Si,  maintenant,  nous  prenons  iSo^de  fer  et  que  nous  distillions,  pen- 
dant cinq  minutes,  avec  nu  courant  de  même  intensité  que  précédemment, 
le  culol  restant  ne  pèse  plus  que  90^.  Ce  qui  nous  donne  un  minimum  de 
métal  distillé  d'environ  i4^.  Nous  aurons  l'occasion  du  reste  de  revenir 
sur  ce  sujet  dans  de  prochaines  recherches  à  propos  de  la  solubilité  du 
carbone  dans  le  fer. 

Lorsque  l'on  veut  distiller  du  fer  on  peut  aussi  diminuer  cette  effer- 
vescence en  portant  lentement  la  fonte  de  son  point  de  fusion  à  son  point 
d'ébullition. 

Après  cette  distillation,  on  recueille  sur  le  tube  froid  un  feutrage  de 
petits  cristaux  brillants,  d'un  gris  clair,  qui  ne  tardent  pas  à  s'agglomérer  si 
la  chauffe  se  prolonge.  Le  métal  distillé  se  moule  sur  le  tube  et  en  épouse 
complètement  la  forme.  On  rencontre  parfois  au  milieu  du  produit  distillé 
des  faisceaux  de  lamelles  accolées,  comme  soudées  par  la  base  et  présen- 


SÉANCE  DU  19  FÉVRIER  I906.  427 

tant  l'aspect  de  fuseaux.  Nous  y  avons  rencontré  aussi  des  impressions 
carrées  et  un  octaèdre  qui  paraissait  formé  de  cristaux  empilés,  mais  le 
plus  souvent  ces  formes  sont  très  vagues,  car  la  condensatioa  de  la  vapeur 
est  beaucoup  trop  rapide  pour  permettre  une  cristallisation  régulière.  De 
plus,  aussitôt  que  l'expérience  est  un  peu  longue,  la  chaux  distille  en 
même  temps  que  le  fer  se  condense  sur  le  tube,  puis  fond  sous  l'action 
de  la  chaleur  rayonnante  et  agit  sur  le  métal.  Enfin,  lorsque  le  calcaire 
qui  forme  le  four  contient  des  sulfates,  le  métal  distillé  renferme  une 
petite  quantité  de  sulfure  de  fer. 

Dans  d'autres  expériences,  nous  avons  chauffé  823'''  de  fonte  pendant 
10  minutes  avec  un  courant  de  1000  ampères  sous  55  volts;  il  avait  distillé 
i5oS  de  métal.  De  même  800^  de  métal  ont  été  chauffés  pendant  20  minutes 
avec  un  courant  de  1000  ampères  sous  1 10  volts;  dans  ces  conditions,  nous 
avons  distillé  4oos  de  fer. 

Manganèse.  —  Jordan  ('  )  a  démontré  depuis  longtemps  que  le  manganèse 
était  volatil  à  la  température  des  hauts  fourneaux  et  nous  avons  fait  voir, 
à  propos  de  la  préparation  flu  carbure  de  manganèse,  que  ce  métal  pouvait 
être  distillé  avec  une  grande  facilité  au  four  électrique  ("). 

i5os  de  fonte  de  manganèse  il  2  pour  100  de  carbone,  préparés  au 
préalable  au  four  électrique,  sont  chauffés  pendant  5  minutes  avec  courant 
de  5oo  ampères  sous  iio  volts.  Après  l'expérience  et  d'après  le  poids  du 
culot  restant  et  sa  teneur  en  carbone,  il  a  distillé  So*-'  de  manganèse.  Le 
métal  qui  reste  dans  le  creuset  présente  une  surface  onctueuse  recouverte 
de  graphite  et  sur  laquelle  se  rencontrent  de  grosses  gouttes  de  fonte  de 
manganèse  à  cassure  cristalline  et  d'apparence  métallique.  Sur  le  tube 
froid,  on  recueille  un  dépôt  métallique  formé  d'un  amas  de  petits  cristaux 
à  facettes  brillantes  et  de  petites  masses  cristallines  rayonnées.  Autour  du 
creuset,  la  chaux  fondue  a  fourni,  au  contact  du  métal,  des  réactions 
secondaires  avec  formation  de  protoxyde  de  manganèse  comme  nous 
l'avons  démontré  antérieurement. 

Lorsque  l'on  emploie  du  manganèse  préparé  par  le  procédé  de  Gold- 
schmidl,  complètement  exempt  de  carbone,  mais  renfermant  de  4  à  5 
pour  100  de  silicium,  la  fusion  et  l'ébuUition  se  produisent  à  des  tempéra- 
tures plus  basses.  Ces  fontes  silicées  présentent  comme  la  fonte  carburée 
de  fer  une  ébuUition  tumultueuse. 


(')  Jordan,  Comptes  rendus,  l.  G\V1,  1890,  \).  702. 
(-)  H.  MoissAN,  Le  foui  électrique,  p.  827. 


428  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Chrome.  —  iSo*^  de  chrome  ont  été  chauffés  5  minutes  avec  un  courant 
de  5oo  ampères  sous  110  volts.  Le  tube  froid  était  recouvert  en  partie 
d'une  couche  verte  formée  par  un  mélange  de  chaux,  d'oxyde  double  de 
calcium  et  de  chrome  el  de  métal  en  petits  cristaux.  Certaines  parties, 
après  traitement  à  l'acide  acétique  étendu,  nous  ont  présenté  de  très  petits 
cristaux  d'apparence  cubique.  Mais,  aussitôt  que  la  croûte  est  un  peu 
épaisse,  la  chaux  distillée  est  fondue  et  réduite  par  le  métal.  La  fonte, 
qui  reste  dans  le  creuset,  est  formée  de  carbure  de  chrome  à  cassure 
cristalline.  33^  de  chrome  ont  été  distillés  dans  cette  expérience. 

Molybdène.  —  La  distillation  du  molybdène  est  plus  difficile  à  obtenir 
que  celle  des  métaux  précédents.  En  chauffant  i5oS  de  molybdène  métal- 
lique dans  les  conditions  ordinaires,  c'est-à-dire  avec  un  courant  de  5oo  am- 
pères sous  iTO  volts,  le  métal  n'était  même  pas  fondu. 

L'expérience  a  été  répétée  avec  le  même  poids  de  métal  en  employant 
un  courant  de  700  ampères  sous  110  volts  pendant  5  minutes.  Après 
refroidissement,  on  a  reconnu  que  le  métal  avait  bien  fondu,  mais  qu'il 
pesait  le  même  poids  que  précédemment.  Sur  le  tube  froid,  nous  n'avons 
recueilli  qu'une  couche  de  chaux  distillée. 

L'expérience  a  été  reprise  avec  iSo^  de  fragments  de  molybdène  que 
l'on  a  chauffés  pendant  20  minutes  avec  un  courant  de  700  ampères  sous 
1 10  volts. 

Dans  cette  expérience,  il  a  distillé  56^  de  molybdène. 

La  fonte  qui  restait  dans  le  creuset,  après  l'expérience,  était  formée  de 
carbure  de  molybdène  à  cassure  brillante  et  cristalline.  Pour  examiner  le 
résidu  qui  se  trouve  sur  le  tidae  froid,  on  l'a  traité  par  l'acide  acétique 
dilué  pour  le  débarrasser  de  l'excès  de  chaux  qui  a  distillé  en  même 
temps  que  le  métal.  Dans  le  résidu,  on  a  rencontré  quelques  rares  cris- 
taux, dont  quelques-uns  présentaient  l'apparence  d'octaèdres  et  de  cubes 
et  quelques  fragments  métalliques  hérissés  de  très  petits  cristaux.  Autour 
du  creuset,  on  rencontrait  des  aiguilles  de  carbure  de  molybdène  et  sur 
les  électrodes  quelques  gouttes  métalliques  qui,  pendant  le  refroidisse- 
ment, s'étaient  recouvertes  d'un  feutrage  de  cristaux  d'acide  molybdique. 

Le  molybdène  fondu  paraît  dissoudre,  comme  le  fer,  une  grande  quan- 
tité de  gaz  qu'il  abandonne  au  moment  de  son  ébuUition. 

Tungstène.  —  Lorsque  l'on  chauffe  i5os  de  tungstène  pendant  5  minutes 
avec  un  courant  de  5oo  ampères  sous  1 10  volts,  ce  métal,  de  même  que  le 
molvbdène,  n'est  pas  amené  à  l'état  liquide. 

Nous  avons  chauffé  iSo^  de  tungstène  pendant  20  minutes  avec  un  cou- 


SÉANCE  DU  19  FÉVRIER  1906.  ^29 

rant  de  800  ampères  sous  iio  volts.  A  cette  température  élevée,  le  métal 
est  bien  entré  en  ébullition,  mais  nous  n'en  avons  distillé  que  25^. 

Le  point  d'ébullilion  du  tungstène  est  le  plus  élevé  de  tous  les  métaux 
de  la  famille  du  fer  et  de  tous  ceux  que  nous  avons  étudiés  jusqu'ici. 

Le  culot  métallique  restant  après  l'expérience  était  formé  de  carbure  de 
tungstène.  Le  tube  froid  était  recouvert  d'un  enduit  blanc  qui,  traité  par 
l'acide  acétique  étendu,  nous  a  fourni  de  petits  fragments  métalliques  bril- 
lants dont  certains  présentent  des  angles  droits  et  des  faces  cristallines  très 
nettes.  D'aulrrs  globules,  recueillis  dans  la  chaux  fondue,  nous  ont  pré- 
senté des  géodes  remplies  de  petits  cristaux  qui,  au  microscope,  paraissent 
cubiques. 

Uranium.  —  iSo^  de  ce  métal,  chauffés  dans  un  creuset  de  charbon  avec 
un  courant  de  Soo""''  sous  110^"'^%  pendant  5  minutes  ont  été  amenés  à 
l'état  de  fusion  sans  perdre  de  poids.  On  a  répété  la  même  expérience  en 
chauffant  pendant  5  minutes  avec  un  courant  de  ■700'""?  .-ous  1 10'°"*.  Dans 
ces  nouvelles  conditions,  l'urauium  a  d'abord  fondu  puis  est  entré  en  ébul- 
lition et  il  en  a  distillé  i5*^.  La  foute  restant  dans  le  creuset  présentait  tous 
les  caractères  du  carbure  d'uranium.  Sur  le  tube  froid,  nous  avons  obtenu 
un  feulr'age  de  petits  cristaux  formant  une  mince  lame  métallique  qui 
recouvre  le  tube  de  cuivre  et  en  a  pris  la  forme. 

Dans  une  autre  expérience  on  a  chaulfé  200^  de  métal  pendant  9  minutes 
avec  un  courantde  goo^'^P  sous  iio^°"\  Après  4  minutes,  on  a  vu  d'abon- 
dantes vapeurs  se  dégager  aux  électrodes  et  brûler  au  contact  de  l'air,  en 
fournissant  des  gerbes  d'étincelles. 

On  a  constaté,  après  le  refroidissement,  que  le  creuset  était  vide  et  que 
tout  le  métal  avait  distillé. 

Conclusions.  —  Les  métaux  île  la  famille  du  fer  ont  ilonc  des  points 
d'ébullilion  très  différents.  Le  manganèse  est  le  plus  volatil  de  tous  et  sa 
distillation  se  fait  avec  facilité  avant  celle  de  la  chaux.  Après  lui  vient  le 
nickel  dont  l'ébuUition  paraît  assez  tranquille;  puis  le  chrome  qui  distille 
avec  régularité  sous  l'action  d'un  courant  de  5oo  ampères  sous  1 10  volts. 
L'ébuUilion  du  fer  est  plus  diflîcile  à  obtenir  et  elle  est  précédée  d'un  déga- 
gement tumultueux  des  gaz  que  ce  métal  dissout  avec  tant  de  facilité. 
Cependant,  en  employant  des  courants  plus  intenses  et  après  que  cette 
première  eilervescence  est  calmée,  l'éliuUition  du  fer  se  produit  avec  régu- 
larité. En  20  minutes  avec  un  courant  de  1000  ampères  sous  i  ro  volts 
nous  avons  distillé  400*^  de  fer. 

G.  R.,  1906,   I"  Semestre.  (T.  CXLlI,  N»  8.)  5^ 


43o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

L'uranium  a  un  point  d'ébullilion  plus  élevé  que  celui  rlu  fer;  la  dis- 
tillation ne  se  produit  qu'avec  des  couranis  de  700  ampères  sous  1 10  volts, 
après  5  minutes  de  chauffe.  Au  contraire,  le  molybdène  et  le  tungstène  sont 
beaucoup  plus  difficiles  à  portera  l'ébuilition  et  nous  n'avons  pu  arriver  à 
une  ébuUition  régulière  de  ce  dernier  métal  qu'avec  un  courant  de 
■700  ampères  sous  iio  volts  dans  une  expérience  d'une  durée  de  20  mi- 
nutes. 

La  poussière  cristalline  obtenue  dans  toutes  ces  expériences,  par  conden- 
sation de  la  va[)eur  métallique,  possède  les  mêmes  propriétés  chimiques  que 
le  métal  réduit  eu  poudre  fine. 

Nos  pi'incipales  expériences  sont  résumées  dans  le  Tableau  suivant  qui 
montre  bien  la  différence  des  points  d'ébuUition  des  métaux  de  la  famille 
du  for. 


Temps 

Métal 

Poids. 

{  mi  miles). 

Ampères. 

Volts. 

distillé. 

Nickel 

\   i3o 
/  9.00 

5 
9 

3oo 
5  00 

1 10 

110 

5fi' 
200 

\    .5o 

5 

5oo 

I  10 

.4 

Fer 

,    •   825 
/  800 

10 

1000 

5.5 

i5o 

20 

1000 

1  10 

4oo 

Manganèse. 

1-  i5o 
'    1    i3o 

3 

.5 

5oo 
5  00 

1  r  0 
I  10 

38 
80 

Chrome  ... 

.       i.5o 

5 

5oo 

1  10 

38 

Molybdène. 

!    i5o 
(    1 .5o 

10 
ao 

700 
700 

I  10 

1  10 

0 

56 

Tungstène... 

lào 

20 

800 

1  10 

25 

\    ''^o 

5 

5  00 

1  10 

0 

l  jranium  .  .  . 

1      ^ 
I  oo 

/  200 

5 

700 

1  10 

i5 

9 

900 

1 10 

200 

CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Rôle  de  la  matière  organique  dans  la  nilrification. 
Note  de  MM.  A.  3IexTz  et  E.  Lai\é. 

Jusque  dans  ces  dernières  années  on  avait  admis  que  la  matière  orga- 
nique est  indispensable  à  la  nitrification.  De  fait,  dans  la  nature,  celle-ci 
s'opère  toujours  en  |)résencede  Ihumus  provenant  de  la  décomposition  des 
résidus  de  la  vie  animale  et  végétale.  Aussi,  dans  les  anciennes  nitrières, 
incorporait-on  de  grandes  quantités  de  ces  matériaux. 


SÉANCE  DU  19  FÉVRIER  1906.  4^1 

Plus  récemment,  M.  Winogradsky  (')  a  montré  que  les  organismes  nitri- 
ficateurs  peuvent  se  développer  et  transformer  l'ammoniaque  en  nitrates 
en  l'absence  (les  matières  organiques.  MM.  Winogradsky  et  Omeliansky  (') 
ont  même  conclu  de  leurs  observations  que  des  substances  carbonées, 
introduites  dans  des  milieux  nitrifiants  qui  n'en  renferment  pas,  entravent 
la  marche  du  phénomène. 

De  ces  constatations  est  née  l'opinion  générale  que  leur  présence  est 
plus  nuisible  qu'utile. 

Poursuivant  le  cours  de  nos  recherches  sur  la  production  intensive  des 
nitrates,  nous  avons  dû  nous  préoccuper  du  rôle  des  substances  carbonées, 
en  particulier  de  l'humus,  qui  existe  normalement  dans  les  sols  en  quan- 
tités très  variables. 

Les  anciennes  observations  de  Boussingaull  (')  et  d'autres  savants  et 
celles  que  nous  avons  faites  nous-mêmes  sur  des  terres  humifères  nous 
ont  fait  penser  que,  sous  la  forme  que  revêt  la  matière  organique  dans  les 
milieux  naturels,  à  un  état  de  décomposition  assez  avancé,  résidu  pour 
ainsi  dire  d'actions  microbiennes  qui  en  ont  enlevé  ou  modifié  les  parties 
primitivement  les  plus  altérables,  elle  n'entrave  pas  la  formation  des 
nitrates. 

Continuant  à  nous  placer  dans  les  conditions  naturelles  de  la  coexistence 
des  organismes  divers  qui  peuplent  le  sol,  nous  avons  cherché  à  définir 
l'influence  de  la  matière  humique  sur  le  processus  de  la  nitrificalion. 

I.  Nous  avons  retiré  d'une  terre  de  jardin  l'acide  luiniique  et  préparé  une  solution 
d'iiumate  d'ammoniaque  neutre;  d'autre  pari,  nous  avons  fait  une  solution  de  sulfate 
d'ammoniaque  d'égale  richesse  en  alcali  volatil,  soit  oS,268  d'azote  ammoniacal  par 
lilre.  Ces  deux  solutions  renfermant  l'ammoniaque,  l'une  en  comijinaison  liuniique, 
l'autre  en  combinaison  minérale,  ont  été  ensemencées  d'une  manière  identique  et 
placées  dans  des  fioles  à  fond  plat.  Au  liout  de  53  jours,  on  a  trouvé  : 

Azote  niU'ifié 
par  litre. 


Dans  la  solution  d'Iiiimate. 
»  de  sulfate. 


o,236 
0,206 


Il  restait  à  ce  moment  encore  des  quanliles  iiotaides  de  malière  iiiimique 
reconnaissable  a  sa  coloration  brinie. 

(')  Annales  de  l'inslilul  Pasteur,  t.  I\  ,  1890. 

(^)  Archii'es  des  Sciences  biologiijiies  de  Saiiit-Pélersbourif,  t.  VII,   1899. 

(')  BoussiNGAULT,  Agronomie,  l.  Il  et  I\  . 


432  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

II.  Des  solutions  identiques  aux  précédentes  ont  été  déversées  régulièrement  sur 
deux  champs  oxydants  d'escarbilles.  On  a  observé  dans  les  liquides  écoulés,  par  litre  : 

Hiimate.  Sulfate. 

2.3  mars,  après  2  jours       Azote  nitreux  par  litre      quantité  sensible  absence 

(  Azote  nitreux (luantilés  notables     quantités  plus  faibles 

27  mars <  .     .  '  ^         r  -,  , 

(        »      nitrique traces  faibles  traces 

.,  (  Azote  nitreux os,o8i6  05,0872 

1"  avril ■  .     .  r  -,  , 

I        »       nitrique traces  faibles  traces 

(   A^zote  nitreux o  o 

20  mai .    . 

(        »       nitrique o,334  0,282 

Dans  ces  deux  expériences,  la  matière  humique  n'a  pas  entravé  la  nilri- 
ficalion. 

III.  Nous  avons  opéré  sur  des  terres  de  natures  diverses,  bien  vivantes  et  à  l'état 
d'iiumidité  le  plus  favorable,  suffisamment  calcaires,  se  diflférenciant  surtout  par  leur 
teneur  en  humus;  ces  terres  ayant  été  additionnées  de  i  pour  1000  de  sulfate  d'ammo- 
niaque, nous  avons  obtenu  les  résultats  suivants  : 

I. 

Terre 
Nature  de  la  terre de  jardin. 

Carbone  humique  pour  100 3,8 

Azote  nitrifié  par  kilogramme  de 

terre  en  2  jours  (') 0*5,086 

Azote  nitrifié  par  kilogramme  de 

terre  en  7  jours 0^,090 

Dans  tine  autre  série,  avec  2^  de  sullale  d'ammoniaque  |)ar  kilogramme, 
les  mêmes  terres  ont  donné  : 

Azote  nitrifié  par  kilogramme  de 

terre  en  7  jours 0^,282  oe,4ii  0^,007  oS,  064  os,o64 

Nous  voyons  donc  la  nitrificalion  se  produire  avec  une  intensité  d'autant 
plus  grande  que  la  matière  noire  du  sol  est  plus  abondante.  De  ce  fait,  qui 
nous  a  paru  général,  il  résulte  que  l'abondance  de  l'humus  n'est  pas  nui- 
sible àda  marche  de  la  nilrification,  elle  paraît'pintôt  utile. 

Mais  celte  abondance  est-elle  indispensable'potir  une  nitrificalion  active? 
Les  résultats^ précédents  pourraient  le  faire  penser  :  il  n'en  est  cependant 
rien. 

Dans  les  terres  précédemment  décrites,  nous  avons  développé  une  nilri- 

(')   Dans  ces  essais  l'azote  engagé  en  combinaison  organique  n'est  pas  intervenu. 


II. 

III. 

IV. 

v. 

Terreau 

Terre 

Terre 

Terre 

consoiamé. 

silico-calcaire. 

argileuse. 

argilo-caica 

17,6 

1,5 

1,0 

1,5 

os,  117 

05,000 

oï,  009 

qs,  oo5 

0",  209 

05,087 

os,  o4o 

os,  020 

SÉANCE    DU    19    FÉVRIER    1906.  4^3 

fication  continue  par  des  additions  de  sulfate  d'ammoniaque,  remplaçant  à 
mesure  celui  qui  était  nitrifié,  de  façon  à  maintenir  une  quantité  constante 
de  o^,  200  d'azote  ammoniacal  par  kilogramme  de  terre.  Nous  n'avons  con- 
sidéré ces  nitrières  que  lorsque  la  nitrification  y  eut  acquis  un  régime 
normal. 


I. 

II. 

III. 

IV. 

V. 

Terre 

Terreau 

Terre 

Terre 

Terre 

de  jardin. 

consommé. 

silico-calcaire. 

argileuse. 

argilo-calcairc 

zote  nitrifié  par  kilogramme 

en  32  jours 

OS,  743 

i»",346 

OS,  653 

OS,  906 

05,871 

Nous  voyons  donc  des  terrestres  pauvres  en  humus  produire  des  nitrates 
avec  une  activité  qui  ne  diffère  pas  beaucoup  de  celle  des  terres  plus  riches 
et  qui  la  dépasse  quelquefois.  Si  le  terreau  reste  en  tète,  nous  voyons  les 
terres  IV  et  V,  |)auvres  en  humus,  dépasser  sensiblement  la  terre  de  jardin 
qui  en  renferme  3  et  4  fois  plus. 

S'il  y  a  une  différence,  c'est  surtout  pendant  la  période  initiale  de  l'ali- 
mentation en  matière  nilrifiable;  plus  tard,  cette  différence  s'atténue.  Le 
rôle  de  la  matière  organifpie  nous  apparaît  donc  surtout  comme  un  rôle  de 
début,  que  nous  devons  cherchera  expliquer. 

L'intensité  nitrifiante  qu'acquièrent  à  la  longue  des  terres  pauvres  en 
himTus  montre  déjà  que  la  matière  organique  n'aide  pas  à  l'oxydation  de 
l'ammoniaque  par  l'effet  d'un  entraînement  dû  à  sa  propre  combustion. 
Intervient-elle  par  son  aptitude  à  emmagasiner  l'eau  et  par  sa  propriété 
absorbante  vis-à-vis  de  l'.'vmmoniaque,  dont  elle  diminue  la  causticité?  Des 
recherches  poursuivies  dans  ce  sens,  et  dont  nous  rendrons  compte  plus 
tard,  nous  montrent  que  ce  n'est  pas  dans  cette  voie  qu'il  faut  chercher  la 
cause  de  la  supériorité  des  terres  humifères  pendant  la  période  initiale. 
L'abondance  des  organismes  nitrificateurs  préexistants  semblerait  plutôt 
expliquer  ces  faits  et  nous  avons  cherché  à  l'apprécier. 

En  introduisant  dans  100''"''  de  solution  nitrifijble  i^  des  diverses  terres 
précédemment  employées,  et  dont  nous  connaissions  l'aptiludeà  la  nitri- 
fication et  la  richesse  humique,  nous  avons  obtenu  les  résultats  suivants  : 


I. 

II. 

III. 

IV. 

V. 

Terre 

Terre. 

Terre 

Terre 

de  jardin. 

Terreau. 

silico-calcaire. 

argileuse. 

argilo-calcaire. 

Azote  nitrique  formé 

en  10  jours 4""i2 

5-"»,  9 

O^SjS 

0'"S,4 

0°'S,5 

La  terre  ne  jouant  ici  qu'un  rôle  d'ensemencement,  les  quantités  de 


434  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

nitrates  formées  en  un  court  temps  sont  fonction  du  nombre  primitif  d'or- 
ganismes introduits.  En  admettant  cette  manière  de  voir,  les  terres  les 
plus  riches  en  humus  sont  j)lus  abondamment  pourvues  d'organismes 
nitrifiants  vivaces  que  celles  qui  sont  pauvres. 

Une  autre  expérience  vient  à  l'appui  de  cette  interprétation.  Du  ter- 
reau II  riche  en  humus  et  de  \a  Lerre  V  très  pauvre  ont  été  stérilisés 
à  io5°.  Après  addition  de  2^  de  sulfate  d'ammoniaque  par  kilogramme,  ces 
terres  ont  été  ensemencées  chacune  avec  i  pour  loo  de  leur  poids  des 
deux  mêmes  terres  vivantes.  Ces  ensemencements  croisés  ont  donné,  au 
bout  de  21  jours,  les  résultats  suivants  : 

Terreau  humiquc  stérilisé  Terre  V  stérilisée 

ensemencé  ensemencée 

avec  avec  avec  avec 

terreau  vivant,      terre  V  vivante.         terreau  vivant.      terre  V  vivante. 

Azote  niliique  forino  ...  .        os, 225  os,o2i  Oo,o6{  os.ooi 

En  examinant  les  deux  terreaux,  où  la  matière  organique  était  également 
abondante,  nous  voyons  que  ce  n'est  pas  celle-ci  qui  a  la  grande  part  dans 
l'activité  de  la  nilrification,  mais  bien  la  terre  d'ensemencement,  c'est- 
à-dire  l'apport  des  organismes.  Dans  la  terre  V,  c'est  encore  l'apport  de 
la  semence  qui  joue  le  rôle  prépondérant.  Ce()entiant,  en  comparant  entre 
eux  le  terreau  et  la  terre  V,  nous  voyons  que  celle  qui  est  le  plus  riche  en 
humus-s'est  prêtée,  toutes  choses  égales  d'ailleurs,  à  une  nilrification  plus 
rapide. 

Comme  conclusion  de  ces  observations,  nous  admettrons  : 

1°  Que,  sous  la  forme  d'humus,  la  matière  organique,  quelle  que  soit 
son  abondance,  u'eutrave  pas  la  uitrificaliou  ;  elle  liu  est  plutôt  favorable; 

2°  Que  cette  abondance  n'est  cependant  pas  une  condition  indispen- 
sable, puisque  des  terres  pauvres  peuvent  être  graduellement  amenées  à 
une  nitrificalion  intensive; 

3"  Que  la  matière  humique  paraît  agir  favorablement  sur  la  multiplica- 
tion des  organismes  et  que,  d'une  manière  générale,  une  terre  est  d'autant 
plus  chargée  d'organismes  actifs  et  plus  aple  à  entrer  en  nitrification 
rapide  qu'elle  contient  plus  d'humus. 

Dans  l'établissement  des  nitrières  intensives,  il  ne  faut  donc  pas  craindre 
d'employer  des  matériaux  riches  en  humus,  qui  apportent  une  semence 
vivace  et  abondante  et  qui  constituent  un  support  favorable.  L'idée  d'une 
action  déprimante  des  matières  organiques  sur  la  marche  de  la  nitrification 


SÉANCE  DU  19  FÉVRIER  I906,  435 

(loit  donc  être  abandonnée  lorsqu'on  est  pl.icé,  comme  dans  les  conditions 
naturelles,  en  présence  de  l'humus  et  des  ferments  multiples  des  milieux 
terreux. 


MÉTROPHOTOGRAPHIE.  —  Sur  le  relevé  des  monuments  d'architecture  d'après 
leurs  photographies,  pratiqué  surtout  en  Allemagne.  Note  de  M.  Laussedat. 

En  exposant,  en  iSSg,  la  découverte  de  Daguerre  à  l'Académie,  puis  à 
la  Chambre  des  députés,  Arago  faisait  déjà  pressentir  les  grands  services 
que  cette  invention  rendrait  un  jour  aux  sciences  et  aux  arts. 

Il  précisait  ainsi  celte  suggestion  dans  sa  Notice  sur  le  Daguerréotype  : 

«  A  l'inspection  des  premiers  tableaux  que  M.  Daguerre  a  fait  voir  au 
public,  chacun  a  songé  au  parti  qu'on  aurait  tiré,  ])endant  l'expédition 
d'Egypte,  d'un  moyen  de  reproduction  si  exact  et  si  prompt 

»  Les  images  photographiques,  étant  soumises  aux  règles  de  la  Géomé- 
trie, permettront,  à  l'aide  d'un  petit  nombre  de  données,  de  remonter 
aux  dimensions  exactes  des  parties  les  plus  élevées,  les  plus  inaccessibles 
des  édifices.  » 

Un  peu  plus  loin,  il  ajoutait  : 

«  Nous  pourrions  parler  de  quelques  idées  que  l'on  a  eues  sur  les 
moyens  d'investigation  que  le  topographe  pourra  emprunter  à  la  Photo- 
graphie. » 

Je  ne  crois  pas  nécessaire  de  rappeler  les  magnifiques  et  si  précieux  ré- 
sultats, au  point  de  vue  de  la  Géographie  et  de  la  Géologie,  auxquels  a 
conduit  ce  dernier  aperçu  dans  tous  les  pays  civilisés  où  l'on  a  eu  le  bon 
esprit  de  mettre  à  profit  les  propriétés  des  photographies  de  paysages  pour 
la  construction  des  cartes. 

J'en  ai  entretenu  à  diverses  reprises  l'Académie  et  je  me  bornerai  à  lui 
signaler  aujourd'hui  ceux  qui  se  rapportent  à  des  relevés  de  monuments, 
d'après  leurs  photographies,  à  Vaide  d'un  petit  nombre  de  données. 

La  solution  du  problème  inverse  de  la  perspective,  à  laquelle  faisait  ainsi 
allusion  Arago,  est  aussi  ancienne  que  la  science  de  la  perspective  elle- 
même  et  les  membres  de  l'Institut  d'Egypte  l'avaient  souvent  appliquée  sur 
les  vues  des  monuments  des  Pharaons  qu'ils  dessinaient  à  la  chambre 
obscure. 

Nos  excellents  architectes  sortis  de  l'École  des  Beaux-Arts,  où  ils  ont 
étudié  la  perspective,  ont  toujours  suivi  cette  tradition  et,  après  avoir  rem- 


436  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

placé  l'encombrante  chambre  obscure  par  la  chambre  claire  si  portative  et 
plus  précise,  depuis  assez  longtemps  déjà  ils  ont  recours  à  la  Photographie 
dont  les  images  sont  bien  plus  achevées  et  désormais  irréprochables  comme 
exactitude. 

Soit  d'une  façon,  soit  de  l'antre,  c'est-à-dire,  dans  bien  des  cas  encore, 
en  recourant  aux  longues  et  pénibles  mesures  directes,  les  Commissions 
françaises  des  monuments  historiques  ou  diocésains  ont  fait  et  fait  faire  les 
relevés  de  la  plupart  de  ces  monuments  dont  les  plans,  coupes  et  élévations 
sont  déposés  dans  les  archives  de  nos  Ministères,  à  côté  des  vues  qui  ont 
servi  à  les  construir<'.  Plusieurs  publications  ont  même  été  faites  d'un 
grand  nombre  de  ces  documents  dont  les  dessins  sont  incomparables  au 
point  de  vue  artistique.  Mais  il  y  a  encore,  et  il  y  aura  pendant  bien  des 
années,  des  travaux  semblaldes  à  exécuter  soit  en  France,  soit  dans  les 
pays  célèbres  aux  temps  passés  et  il  est  bon  de  savoir  que  les  vues  photo- 
gr-aphiques  peuvent  rendre  plus  de  services  que  ceux  qu'on  leur  a  demandés 
jusqu'à  présent  chez  nous,  à  bien  peu  d'exceptions  près  ('). 

Il  m'a  donc  semblé  à  propos  de  .«-appeler  quelques-unes  des  propriétés 
des  photographies  de  monuments,  en  montrant  en  même  temps  le  parti 
avantageux  qu'en  tirent  nos  voisins. 

En  général,  avant  de  procéder  à  la  restitution  des  dimensions  réelles  des  objets  re- 
présentés en  perspective  sur  un  tableau  plan  vertical,  il  convient  de  reconnaître 
ou  de  retrouver  sur  ce  tableau  la  ligne  d'horizon,  le  point  de  fuite  principal,  puis /a 
distance  du  point  de  vue  au  tableau.  Oi',  avec  un  appareil  photographique  de  préci- 
sion, c'est-à-dire  muni  d'un  cercle  azimutal,  d'un  niveau  à  bulle  d'air  et  de  vis  de  ca- 
lage, ces  éléments  sont  faciles  à  déterminer  et  peuvent  même  se  tracer  automatique- 
ment sur  les  images.  Si  l'on  ajoute  à  cela  que,  dans  presque  tous  nos  monuments,  les 
lignes  verticales  et  les  lignes  horizontales  parallèles  apparentes  sont  nombreuses,  on 
peut  prévoir  que,  dans  la  plupart  des  cas,  la  constiuction  des  points  de  repère  néces- 
saires aux  restitutions  s'eflectuera  avec  autant  de  facilité  que  d'exactitude. 

Je  mets  sous  les  veux  de  l'Académie  un  exemple  de  ce  genre  d'opéra- 
tions effectué,  dès  i85o,  sur  une  vue  de  la  caserne  et  du  temple  de  Panthé- 
mont  dessinée  à  la  chambre  claire.  J'en  ai  donné  un  autre  beaucoup  plus 
détaillé  sur  une  vue  photographiée  de  l'église  Santa-Maria  délie  Grazzie, 
de  Milan,  i)rise  dans  le  commerce  et  sur  laquelle  je  n'avais  aucun  rensei- 
gnement. 

(')  Ce  serait  ici  le  cas  de  citer  certaines  restitutions  de  monuments  de  l'Inde  faites, 
par  le  savant  voyageur  V)'  Gustave  Le  Bon,  d'après  leurs  photographies,  par  une  mé- 
thode stadiométrique  très  ingénieusement  adaptée  au  but  qu'il  s'élait  proposé. 


SÉANCE  DU  19  FÉVRIER  1906.  437 

J'ai  cependant  pu  y  retrouver  les  éléments  de  la  perspective  mentionnés 
ci-dessus,  d'après  les  points  de  fuite  des  assises  de  deux  façades  à  angle 
droit  et  effectuer  la  restitution  du  phm  de  l'église,  à  l'extérieur  et  de  ces 
deux  façades  (  '  ). 

Je  cite  celte  dernière  expérience  parce  que  nous  possédons  en  France 
des  milliers  d'excellentes  photographies  de  nos  monuments  historiques 
d'après  lesquelles  on  pourrait,  au  besoin,  faire  des  restitutions  analogues. 
Toutefois,  dans  la  généralité  des  cas,  les  restitutions  resteraient  incom- 
plètes, faute  d'un  nombre  suffisant  de  vues  de  chaque  monument  prises 
avec  les  précautions  nécessaires. 

Après  la  détermination  de  la  distance  focale  qui  est  celle  du  point  de  vue  au  tableau, 
ces  précautions  consistent  à  choisir  métiiodiquemenl  les  points  de  vue,  de  façon  à  ne 
négliger  aucun  des  détails  de  la  construction  et  de  l'ornementation,  puis  à  relier  entre 
elles  les  projections  horizontales  de  ces  points  de  vue  soit  par  rayonnement,  soit  par 
cheminement. 

Ce  sont  ces  précautions  que  prennent  régulièrement  les  opérateurs  de 
l'Institut  des  Archives  des  monuments  (Das  Denkmiiler  Archiv),  créé  à 
Berlin  en  1  SyS  par  le  Ministre  des  Cultes,  D''  von  Gossler,  à  l'instigation  du 
savant  architecte  D''  Meydenbauer  qui  en  est  le  directein-. 

J'ai  fait  exposer  quelques  spécimens  des  photographies  de  l.i  cathédrale 
de  Bamberg  que  M.  le  D''  Meydenbauer  a  eu  l'obligeance  de  m'adresser  en 
même  temps  que  les  plans,  coupes  et  élévations  de  ce  beau  monument, 
restitués  d'après  5g  vues  du  format  40*"°  X  4o""  d'une  distance  focale 
de  o™,25,  prises  à  l'extérieur,  77  vues  prises  à  l'intérieur,  quelques-unes 
avec  l'axe  optique  dirigé  verticalement,  pour  relever  les  voûtes  ou  les  pla- 
fonds, et  29  vues  de  détails  du  format  So*^™  X  3o''™  ;  ce  qui  fait  un  total 
de  169  vues  pour  le  même  monument.  Ce  nombre,  un  peu  effrayant  tout 
d'abord,  a  été  rarement  dépassé  par  les  opérateurs  allemands  (seule,  la 
cathédrale  de  Strasbourg  a  exigé  ai3  vues)  et,  en  général,  il  est  beaucoup 
moins  considérable. 

Je  me  bornerai,  pour  compléter  ces  renseignements  sommaires,  à  ajouter 
qu'avec  un  personnel  restreint  et  un  budget  assez  modeste,  l'Institut  des 
Archives  des  monuments  a  déjà  relevé,  de  i885  à  190,5,  835  monuments. 

(')    Voir  cette  restitution  dans  la  galerie  des  arts  graphirjiies.   au    Conseri,'atoire- 
des  Arts  et  Métiers,  ou  SA  réduction   dans   mes  Recherches  sur   les  instruments,  les- 
métltodes  et  le  dessin  topographitjues,  t.  II,  I''''  Partie.  Gaulhier-X'illars,  Paris,  1901., 
C.  R.,  1906,  I"  Semesre.  (T.  CXLIl,  N"  8.)  58 


438  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dans  i<S5  localités  différentes,  eu  Allemagne,  dans  les  pays  annexés  et  jus- 
qu'à l'étranger  (Athènes,  Baaibeck,  Constaiitinop'.e,  Damas,  Jériclio). 

A  ce  dernier  jjropos,  j'ai  la  satisfaction  d'ajouter  qu'un  de  nos  jeunes 
compatriotes,  M.  Le  Tourneau,  architecte  diplômé  du  gouvernennent,  a, 
sur  mes  indications,  employé  depuis  quelques  années  la  méthode  complète, 
au  cours  de  missions  qui  lui  ont  été  confiées,  en  Thessalie  où  il  a  relevé 
notamment  une  ancienne  église  de  style  byzantin  dont  la  restitution  a  été 
1res  remarquée  au  Salon  de  1904  et,  plus  récemment,  à  Salonique,  en 
Albanie,  en  Macédoine  et  en  Epire,  d'oîi  il  a  rapporté  en  tout  177  vues  du 
format  i3  X  18  pour  19  monuments  dont  les  principaux  ont  exigé  4^,  24, 
17,  1 1  et  9  vues  et  les  autres  de  4  ■'  7  seulement.  M.  Le  Tourneau  est  en 
train  d'opérer,  sur  des  épreuves  convenablement  agrandies,  ses  restitutions 
dont  plusieurs  doivent  figurer  au  Salon  de  190G. 

Addenduin.  —  Des  agrandissements  sont  aussi  pratiqués  en  Allemagne,  dans  un 
autre  but.  Ceux  des  vues  de  l'une  des  portes  et  de  l'intérieur  de  la  nef  de  la  cathédrale 
de  Bamberg,  de  i'",2o  de  hauteur  sur  o™,  90  de  largeur,  qui  sont  exposés  sont  destinés 
■A  servir  de  décorations  murales  dans  les  écoles.  Il  eu  a  été  exécuté  de  i'",8o  sur  i™,  5o 
et  il  est  aisé  de  se  rendre  compte  de  l'influence  que  jjeut  avoir  la  contemplation  fré- 
quente de  ces  admirables  modèles  d'architecture  sur  le  goût  des  étudiants. 


CHIMIK  ORGANIQUE.  —  Synthèses  d'alcools  tertiaires  issus  du  paraméthyl- 
cyclohexane.  Note  de  MM.  Paui.  Sabatier  et  A.  Mailhe. 

La  méthylcyclohexanone-i  .4,  qui  peut  être  facilement  préparée  à  partir 
du  paracrésol  ('),  réagit  énergiquement  sur  les  chlorures,  bromures  ou 
iodures  organomagnésiens,  tels  que  RMgBr,  et  l'action  de  l'eau  sur  la  masse 
cristalline  obtenue  fournit  les  alcools  tertiaires  de  formule  générale 

I.  Nous  avons  déjà,  il  y  a  quelques  mois  (-),  indiqué  que  l'iodure  de 
méthvle  conduit  de  la  sorte  au  dimèthyl-\  .\-cyclohexanol-l^.  Il  se  présente 
en  aiguilles  allongées  d'odeur  pénétrante  qui  fomlent  à  So"  et  boudlent 
à  170°  (corr.).  Traité  par  l'isocyanate  de  phényle,  il  fournit  un  phényluré- 
thane  en  belles  aiguilles  d'aspect  clinorhombique  qui  fondent  à  loS". 


(')  Paul  Sabatier  et  A.  Mailiie,  Comptes  rendus,  t.  CXL,  igoa,  p.  356. 
(^)  Paul  Sabatier  et  A.  Mailhe,  Comptes  rendus,  t.  C\LI,  1903,  p.  21. 


SÉANCE    DU    19    FÉVRIER    ir)o6.  43c) 

Cliaiiffé  avec  du  chlorure  de  zinc  anhydre,  il  donne  un  dimélhyl-i  .!\-cy- 
clohexnie-'\,  liquide  mobile  à  odeur  de  cyclohexène,  qui  bout  à  123°  (corr.). 
f/"  =  0,8207;  ^\' ^  o.iSiii.  Son  indice  de  réfraction  pour  la  raie  D  du  so- 
dium esta  14°  '•  nr)=i,45i.  On  en  déduit  pour  son  pouvoir  réfringent 
moléculaire  (Lorenz)  ;  Pd=  36,5.  La  valeur  calculée  est  36,4. 

2.  En  partant  de  l'iodure  d'éthyle,  on  arrive  avec  un  bon  rendement  an 
méth,yl-\-élhyl-[\-cyclohexanol-[\,  liquide  d'odeur  agréable  qui  bouta  89°  sous 
20°"".  rf','=  0,9225;  c?J"  =  o.giSo.  A  16°,  on  a  «„  =  1,460.  P^  =  4'-^.^  (cal- 
culé, [\n,Ç)).  Son  éther  acétique,  obtenu  facilement  par  action  de  l'anhv- 
dride  acétique,  est  un  liquide  d'odeur  de  fruits,  bouillant  à  197°. 

Son  phénylurélhane  se  présente  en  longues  et  belles  aiguilles  brillantes 
qui  fondent  à  I23". 

Cet  alcool,  déshydraté  par  le  chlorure  de  zinc  sec,  fournit  un  carbure 
élhylénique  bouillant  à  i49''(corr.).  c?"  =  0,8278;  f/|"  =  0,8169.  ^  '6°* 
/^„  =  1,453.  Pi,^  4i»o  (calculé,  4i»o).  Ce  dernier  hydrocarbure,  soumisà 
l'hydrogénation  directe  vers  180°,  sur  le  nickel  réduit,  se  change  en  mé- 
lhylélhylcyelohexane.-\.[\,  liquide  incolore  d'odeur  agréable,  qui  bout  3147" 
(corr.).  rf|/' =  0,7884.  A  15",  /i,|=i,435.  Pouvoir  réfringent  P„  =  4f.7 
(calculé,  4')  4)'  Nous  avons  vérifié  que  ce  carbure  est  identique  avec  celui 
que  l'un  de  nous  avait  obtenu,  avec  M.  Senderens,  comme  produit  secon- 
daire dans  l'hydrogénation  directe  du  paracymène  (le  point  d'ébuUition 
indiqué  i5o°  était  un  peu  trop  élevé)  ('  ). 

3.  La  paraméthylcyclohexanone  agit  vivement  sur  l'iodure  de  propylma- 
gnésium  ;  mais,  à  cause  de  la  réaction  secondaire  que  nous  avons  signalée  il 
y  a  quelque  temps  (-),  il  se  dégage  du  propvlène  et  l'on  obtient,  à  côté  de 
beaucoup  de  paraméthylcvclohexanol,  un  rendement  médiocre  en  mf'//<v/-i- 
propyl-\-cyclohexanol-\,  liquide  incolore  d'odeur  camphrée  qui  bout  à  97° 
sous  20""".  Le  chlorure  de  zinc  en  dégage  un  carbure  éthylénique  Ç.^^W^, 
bouillant  à  i68°-i70°  (corr.  ).  r/';  =  0,8387,  c/l/' =  0,8270.  A  16°,  «„  =  i  ,455, 
Pi,^45,3  (calculé  45,6). 

4.  I^es  mêmes  perturbations  se  produisent  avec  l'iodure  d'isopropvlma- 
gnésium.  On  n'arrive  qu'à  une  faible  proportion  de  jnèthYl-\-isnpropyl-'\- 
cyclohcxanol-\,  bouillant  à  94°  sous  20'"'".  Déshydraté  par  le  chlonn'u  de 
zinc  anhydre,  il  fournit  un  carbure  cycloéthylénique  €'"11'%  bouillant  à 

i66°-i67'',  qui  paraît  identique  au  menthène. 

(')  Paul  SABATUiR  et  Senderens,  Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  1901,  p.  \ir>'j,. 
(-)  Paul  Sabatier  el  A.  Mailiie,  Comptes  rendus,  t.  CXLI,  igoS,  p.  298. 


44o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

5.  La  réaclion  énergique  de  la  paraméthylcyclohexanone  sur  le  bromure 
(l'isobulylniagnésium  donne  presque  exclusivement  l'action  secondaire 
rappelée  plus  haut  :  il  y  a  départ  de  butylène,  régénération  de  mélhylcy- 
ciohexanone,  et  l'on  n'obtient  que  des  traces  de  l'alcool  cherché. 

6.  Les  résultats  sont  bien  meilleurs  avec  le  bromure  d'isoamyle,  qui 
conduit  au  mèthyl-\-isoamyl-[\-cyclohexanol-[\^  liquide  incolore  d'odeur 
agréable,  qui  bout  à  i2'>°  sous  6™".  <ï\  =  0,9043;  c?!/  =  0,8937.  A  16°  on 
a  nj,=  i,46i5.  P„=  56,5  (calculé  56,7).  Il  se  déshydrate  très  facilement 
par  le  chlorure  de  zinc,  en  un  caibure  C'^H"-,  liquide  d'odeur  peu 
agréable,  qui  bout  à  210°  (corr.).  c/"  =  o,8333;  r/J"  =  o,82i3.  A  16°, 
/2„=  1,458,  Pp  =  55,1  (calculé  54,8). 

7.  Comme  nous  l'avons  déjà  signalé  dans  notre  Note  du  3i  juil- 
let 1905,  la  réaction  pratiquée  avec  l'iotlure  secondaire  d'octyle  (^bouillant 
à  210°)  donne  lieu  à  une  séparation  importante  d'octène  (bouillant  à  122°); 
il  y  a  régénération  de  méthvicyclohexanol  et  l'on  obtient,  avec  un  rende- 
ment qui  ne  dépasse  pas  25  j)our  100,  le  méthvl-i-oclyl-[\-cyclohexanol-f\. 
C'est  un  liquide  incolore  d'odeur  peu  agréable  qui  bout  à  i5o°  sous  8'"" 
en  se  déshydratant  un  peir.  c/"  =  o,8543. 

8.  Le  bromure  de  phénylmagnésium  réagit  sans  complications  sur  la 
paraméthylcyclohexanone  :  on  arrive  ainsi  au  méthyl-i-phényl-!\-cyclohexa- 
nol-[\,  qui  se  présente  en  prismes  brillants  inclinés,  d'odeur  aromatique 
agréable.  Il  fonil  à  64°  et  bout  à  1 45°  sous 6'°'°  en  se  décomposant  légèrement. 
Son  phényluréthane  forme  de  beaux  prismes  allongés  qui  fondent  à  i35". 

Cet  alcool  traité  par  le  chlorure  de  zinc  fournit  le  m.èlhyl-i-phényl-\-cydo- 
hexène-'\,  liquide  incolore  qui  bout  à  147°  sous  23™'".  r/"=  0,9846; 
d\'  =  0,9716.  A  i4°,  «i,  =  1,555,  Pn=  56,7  (calculé  56,  2). 

9.  En  faisant  agir  le  chlorure  de  benzylmagnésium  sur  la  méthylcyclc- 
hexanone,  nous  avons  obtenu  facilement  le  mélhyl-\-benzyl-l\-cycloh.exa- 
nol-[\,  liquide  d'odeur  aromatique  qui  bout,  en  se  décomposant  un  peu,  ài59'' 
sous  6"''°.  Son  phényluréthane  est  cristallisé  en  aiguilles  brillantes  qui 
fondent  à  1 35°.  Le  chlorure  de  zinc  en  dégage  un  carbure  incomplet  C  Mi' \ 
^l'odeur  agréable,  qui  bout  à  160°  sous  So™™.  (^/"  =  0,9687;  f/J"  =  0,9567. 
A  16°,  /*„=  1,542.  P„=  61,2  (calculé  60,7). 

Ou  a  [)u  remarquer  que  les  valeurs  obtenues  dans  les  divers  cas  pour  les 
pouvoirs  réfringents  moléculaires  s'écartent  peu  des  valeurs  calculéts 
il'après  les  coeflicients  de  Conrady  et  de  Brùhl.  C'est  une  nouvelle  vérifi- 
cation de  ce  fait  que  le  noyau  cyclique  hexagonal  saturé  n'apporte  aucune 
perturbation  à  l'application  de  la  règle. 


SÉANCE    DU    19    FÉVRIER    1906.  44' 


BACTÉRIOLOGIE.  —  Sur  les  dangers  de  /'ingestion  de  bacilles  litbercuteitx  tués 
par  la  chaleur  citez  les  animaux  tuberculeux  et  chez  les  animaujc  sains. 
Note  de  MM.  A.  Calmf.tte  et  M.  Breton. 

Dans  un  précédent  Mémoire  publié  en  collaboration  avec  M.  C. 
Guérin  ('),  l'un  de  nous  a  établi  que,  chez  les  chèvres  adultes,  l'ingestion 
de  bacilles  tuberculeux  d'origine  bovine  à  petites  doses,  en  deux  ou  trois 
repas  infectants,  produit  en  quelques  semaines  la  tuberculisation  des  pou- 
mons et  laisse  le  plus  souvent  les  ganglions  mésentériques  indemnes,  tandis 
que,  chez  les  chevreaux  à  la  mamelle,  l'ingestion  de  lait  provenant  de  mères 
atteintes  de  mammite  tuberculeuse  ou  celle  de  très  petites  quantités  de  cul- 
tures de  bacilles  virulents  aboutit  toujours  au  développement  d'une  tuber- 
culose des  ganglions  mésentériques  qui  ne  s'accompagne  que  rarement  de 
tuberculisation  pulmonaire. 

Eii  evpéiimenlaiU  avec  des  cobaj es  jeunes  et  adultes  auxquels  nous  faisons  ingérer, 
en  un  seul  rejias  seulement,  o5,oi  ou  oS,02  de  bacilles  d'origine  bovine  fraîchement 
dessécliés,  incorporés  avec  de  la  pulpe  de  pomme  de  terre  ou  de  carotte,  nous  avons 
pu  constater  que  ces  animaux  se  tuberculisaient  avec  une  remarquable  constance.  Chez 
les  jeunes,  âgés  de  10  à  lô  jouis,  la  mort  survient  en  moyenne  72  jours  après  l'unique 
repas  infectant  :  ils  présentent  des  lésions  glanglionnaires  mésentériques  très  déve- 
loppées et,  dans  la  plupart  des  cas,  ces  lésions  s'étendent  au  sy^tème  ganglionnaire 
péri-bronchique,  sans  que  les  poumons  soient  le  siège  de  tubercules  visibles. 

Chez  les  cobayes  adultes,  toujours  après  un  seul  repas  infectant  de  os,03  de  bacilles 
bovins  fraîchement  desséchés,  la  mort  survient  environ  en  douze  semaines  (92  jours 
en  movenne).  A  l'autopsie  on  trome  alors  toujours  des  lésions  viscérales  généralisées, 
avec  des  tubercules  pulmonaires  et  des  lésions  énormes  des  ganglions  pèri-bronchiques. 

En  présence  de  ces  résultats,  nous  nous  sommes  proposé  d'étudier  les 
elfets  de  l'ingestion  répétée  de  bacilles  tuberculeux  stérilisés  par  la  chaleur 
à  100''  chez  les  cobayes  tuberculisés  |)ar  un  seul  repas  infectant  de  o^',  02  de 
bacilles  bovins  secs  ou  par  l'injeclion  intrapéritonéale  de  o™s,ooi  des 
mêmes  bacilles  et  chez  les  cobayes  sains. 

Nous  citons  ici,  à  titre  d'exemple,  l'une  de  nos  séries  d'expériences  : 

Nous  avons  fait  ingérer  à  six.  cobayes  adultes,  d'un  poids  variant  de  45os  à  Soos,  08,02 
de  bacilles  secs;  six  autres  cobayes  de  même  poids  ont  reçu  dans  le  péritoine  os,ooi 


(')   Annales  de  l'inslilut  Pasteur,  octobre  igoô. 


442  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

des  mêmes  bacilles.  Quinze  jours  après,  nous  leur  avons  fait  ingérer,  en  six  repas  séparés 
les  uns  (les  autres  pai-  un  intervalle  de  cinq  jours,  chaque  fois  os, oo5  de  bacilles 
Isovins  chaufTés  à  loo"  pendant  .")  minutes  et  incorporés  à  de  la  pulpe  de  carottes 
r;"ipées. 

Quatre  cobayes  témoins  ingéraient,  en  même  temps  que  les  précédents,  la  même 
dose  de  bacilles  chauffés  à  loo". 

Tous  les  cobayes  infectés  par  les  voies  digestives  ont  rapidement  maigri  et  sont 
morts  successivement  après  87,  4i,  43,  45  et  48  jows,  soit  en  moyenne  en  4'  jours. 
avec  des  lésions  viscérales  peu  développées. 

Leurs  reins  étaient  décolorés  et  volumineux.  Ils  présentaient,  en  outre,  de  l'Iiyper- 
iropliie  des  capsules  surrénales  et  du  foie,  dont  les  tissus  montraient  sur  les  coupes 
des  lésions  de  dégénérescence  granulo-graisseuse. 

T^es  cobayes  de  la  seconde  série,  infectés  à  la  même  date  par  injection  intrapérito- 
néale,  sont  tous  morts  successivement  après  28,  3i,  82,  38  et  3.5  jours,  soit  en  moyenne 
en  3i  jours,  avec  les  mêmes  lésions  rénales  que  les  précédents  et  une  tuberculose  géné- 
ralisée à  tous  les  viscères.  D'eux  d'entre  eux  avaient  les  poumons  fortement  tuber- 
culisés. 

Sur  les  quatre  cobayes  témoins  qui  ont  ingéré  seulement  les  liacilles  stérilisés  ])ar 
le  chaufl'age  à  100°,  deux  sont  morts  après  87  et  38  jours  et  les  deux  autres  sont  de- 
meurés en  bonne  santé,  après  avoir  un  peu  maigri.  Ceux  qui  ont  succombé  ne  présen- 
taient aucune  lésion  tuberculeuse,  mais  les  reins  étaient  décolorés,  les  capsules  surré- 
nales et  le  foie  considéraldement  augmentés  de  volume. 

Ces  altérations  anatomiqiies,  trouvées  avec  une  remarquable  constance 
chez  tous  nos  animaux,  sont  identiques  à  celles  que  l'on  observe  chez  les 
cobayes  auxquels  on  fait  ingérer  de  petites  doses  répétées  de  tuhercidine. 

Nous  sommes  donc  fondés  à  conclure  : 

1°  Que  chez  les  cobayes  infectés  de  tuberculose,  soit  par  les  voies  diges- 
tives naturelles,  soit  par  injection  intrapéritonéale,  Vingestion  répétée  de 
petites  quantités  de  bacilles  tuberculeux  lues  par  Véhullition  hâte  considé- 
rablement la  mort,  comme  le  ferait  l'injection  répétée  de  petites  doses  de 
tuberculine. 

2°  Que,  chez  les  cobayes  sains,  l'ingestion  répétée  de  bacilles  tuberculeux 
tués  par  l'ébuUition  n'est  pas  inoffensive  et  produit  parfois  des  désordres 
absolument  semblables  à  ceux  que  l'on  observe  lorsqu'on  fait  iugérer  à  peu 
de  jours  d'intervalle  plusieurs  |)etites  doses  successives  de  tuberculine  à 
des  animaux  non  tubercideux. 

Des  expériences  actuellement  en  cours,  faites  en  collaboration  avec  M.  C. 
Guérin  sur  les  grands  animaux  (bovidés  et  chèvres),  nous  apprendront 
bientôt  si  ces  conclusions  doivent  être  étendues  à  d'autres  espèces  animales 
sensibles  à  l'infection  tuberculeuse. 


SÉANCE  DU  19  FÉVRIER  1906.  443 

Mais  nous  croyons  devoir,  dès  maintenant,  appeler  l'altention  des 
médecins  et  des  hygiénistes  sur  ce  fait  que  l'ingestion  de  produits  tuber- 
culeux mé/ne  ^/eW/weV /?ar  la  chaleur  peut  être  très  dangereuse  pour  les 
sujets  déjà  infectés  de  tuberculose  et  peut  ne  pas  être  inoffensive  pour  les 
sujets  indemnes  de  cette  maladie.  On  devrait  ilonc  proscrire  de  l'alimen- 
tation de  l'homme  le  i?tit,  même  stérilisé,  j)rovenant  devaches  tuberculeuses, 
la  stérilisation  par  la  chaleur  ne  suffisant  pas  à  enlever  à  ce  lait  toute 
nocuilé;  on  devrait  surtout  éviter  d'une  manière  absolue  de  nourrir  des 
enfants  ou  des  sujets  adultes,  déjà  tuberculeux-,  avec  les  laits,  même  stérilisés, 
provenant  de  vaches  suspectes  ou  tuberculeuses. 

Il  est  éminemment  désirable  que  la  connaissance  de  ces  faits  nouveaux 
décide  les  pouvoirs  |K]blics  à  édicter  des  mesures  tendant  à  astreindre  les 
producteurs  de  lait  destiné  à  la  vente  à  une  surveilllance  rigoureuse  de 
leurs  étables  et  les  obligeant  à  soumettre  périodiquement  tous  leur  animaux 
à  l'épreuve  de  la  tuberculine  par  les  soins  des  vétérinaires  sanitaires. 


NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  pir  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  diverses 
Commissions. 

Le  dépouillement  du  scrutin  donne  les  résultats  suivants  : 

Commission  chargée  de  juger  le  concours  du  prix  Jean  Reynaud.  pour 
l'année  1906.  —  MM.  Gaudry,  Poincaré,  Darboux,  Lannelongue,  Bouquet 
de  la  Grye,  Berlhelot,  Chau^eau. 

Commission  chargée  de  juger  le  concours  du  prix  du  baron  de  Joèst.  pour 
l'année  1906.  — MM.  Berlhelot,  Darboux,  Bouquet  de  la  Grye,  Maurice 
Levy,  Poincaré,  de  Lapparent,  Perrier. 

Commission  chargée  de  présenter  une  question  de  prix  Bordin  {Sciences  ma- 
thématiques') pour  l'année  1909.  —  MM.  Poincaré,  Jordan,  É.  Picard, 
Appell,  Darboux,  Painlevé,  Humbert. 


4'|4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PRESE^  TAXIONS. 

L'Académie  procè  le,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  formation  d'une  liste 
de-  deux  candidats  qui  devra  être  présentée  à  M.  le  Ministre  de  l'Instruc- 
tion publique,  pour  une  place  d'Astronome  titulaire  vacante  à  l'Observa- 
toire de  Paris. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  destiné  à  la  désignation  du  premier  candi- 
dat, le  nombre  de  votants  étant  57  : 

M.  Boquet  obtient 55  suffrages 

M.  Renan         »        2        » 

Au  second  tour  de  scrutin,  destiné  à  la  désignation  du  second  candidat, 
le  nombre  de  votants  étant  5i  : 

M.  Renan    obtient 3o  suffrages 

M.  Bourget       »        17  » 

M.  I..  Picart      »        4  » 

En  conséquence,  la  liste  présentée  à  M.  le  Ministre  de  l'Instruction 
publique  comprendra  : 

En  première  ligne M.  Boquet. 

En  seconde  ligne M.  Rexa\. 


CORRESPONDANCE. 

Sir  Wn.i.iAM  Crookes,  élu  Correspondant  pour  la  Section  de  Physique, 
adresse  des  remercîments  à  l'Académie. 


M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

Le  fascicule  IV  des  Décades  zoologiqiies  {Oiseaux),  publiées  par  la  Mission 
SCIENTIFIQUE  PERMANENTE  d'exploratign  EN  Indo-Ciiiî^e.  (Présenté  par 
M.  Yves  Delage.) 


SÉANCE  DU  19  FÉVRIER  1906,  445 


PHYSIQUE.  —  Étude  photographique  de  la  durée  de  la  décharge  dans  un  tube 
de  CrooJces.  Note  de  MM.  Axdré  Broca  el  Turchixi,  présentée  par  M.  H. 
Becquerel. 

L'un  de  nous  (  '  )  a  étudié,  au  moyen  de  mesures  électriques,  la  durée  de 
la  décharge  dans  un  tube  de  Crookes,  excité  par  des  bobines  d'induction. 
Pour  déduire  ce  temps  des  mesures  exécutées,  il  a  f\illu  faire  une  hypothèse, 
c'est  que  le  courant  est  constant  pendant  tout  le  temps  d'une  décharge. 
Le  mieux  serait  d'employer,  pour  cette  étude,  un  oscillographe,  mais  les 
modèles  actuellement  usuels  ne  permettent  guère  d'étudier  des  courants 
si  faibles  et  si  courts.  Nous  avons  alors  cherché  à  opérer  par  photographie 
de  la  décharge  dans  un  miroir  tournant. 

M.  Brunhes  (^Comptes  rendus,  9  avril  1900)  a  tenté  autrefois  cette  mesure 
par  l'étude  île  la  luminescence  du  platinocyanure  de  baryum,  comme  il  le 
raj)pelait  dans  une  Note  de  lundi  dernier.   Cette  étude  ne  permet  pas  de 
conclusions  sûres  relativement  au  temps  que  dure  la  décharge,  pour  de 
nombreuses  raisons.   On   ne   sait   pas,   en   effet,   si  l'émission  même  des 
ravons  X  ne  donne  i)as  lieu  à  un  retard  ou  si  le  phénomène  de  lumines- 
cence du  platinocvanure  ne  donne  pas  quelque  chose  d'analogue.  C'est  à 
des  phénomènes  de  cette  nature  qu'on  peut  attribuer,  en  partie  au  moins, 
la  différence  entre  les  résultats  expérimentaux  de  M.  Brunlies  et  les  ntitres. 
L'étude  de  la  phosphorescence  verte  du  verre  du  tube  donne  lieu  certaine- 
ment à  des  phénomènes  de  cette  nature;  il  suffit  de  regarder  cette  phospho- 
rescence au  miroir  tournant  pourvoir  qu'elle  dure  très  longtemps  et  qu'elle 
subit  des  changements  de  coloration  avant  de  s'éteindre.  Nous  avons  alors 
photographié  une  petite  étincelle  de  5'"™  à  G"""  introduite  dans  le  circuit 
comprenant  le  tube  et  la  soupape  de  Villard,  en  nous  assurant  d'abord,  par 
la  méthode  électrique  déjà  citée,  que  cela  n'apportait  aucun  changement 
notable  au  fonctionnement.  Le  miroir  tournant  est  porté  par  l'axe  vertical 
de  l'uiterrupteur-lurbine  à  mercure  que  nous  avons  emplové.  De  la  sorte  il 
y  avait  lieu  d'espérer  que,  la  rupture  avant  toujours  lieu  pour  une  même 
position   du    miroir,  on  pourrait  opérer  par  superposition  d'imjjressions 
successives.  L'observation  à  i'œil  sur  une  plaque  dépolie  montre  qu'il  n'en 
est  rien  :  il  y   a  dans  les  ruptures  successives  des  erreurs  de    temps   de 


('  I   Am)UI-  1>roi:a,  Comptes  rrmliis,  l.  CXi^ll,  p.  071. 

C.  K.,  1903,   I"  Semestre.  (T.  C\LI1,  .N-  S.)  -'9 


446  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

l'ordre  de  grandeur  même  des  phénomènes  à  étudier.  Nous  avons  alors 
opéré  par  poses  instantanées,  ce  qui  présentait  de  grandes  difficultés  à 
cause  de  la  faible  lumière  de  rétincelle. 

Le  miroir,  de  S"^""  x  3"',  en  verre,  argenté  par  devant  et  de  r"»  de  rayon  de  cour- 
bure, tourne  à  5  tours  par  seconde,  limite  de  l'amorçage  de  l'interrupteur;  la  photo- 
grapliie  se  fait  dans  le  plan  anliprincipal  ;  de  la  sorte,  sur  l'épreuve,  un  temps 
de  o^'^^ooi  correspond  à  63™"»  environ.  Les  plaques  employées  sont  des  Lumière  S, 
d'une  émulsion  particulièrement  sensible  et  régulière,  que  M.  Chevrier  a  bien  voulu 
nous  procurer,  les  plaques  X  du  commerce  n'ayant  pas  encore  une  sensibilité  suffisante. 

Pour  éviter  la  superposition  des  images  successives,  la  plaque  est  portée  par  un  pied 
à  crémaillère,  qu'on  élève  à  la  main  d'une  manière  continue  pendant  toute  l'expérience. 
De  la  sorte,  on  obtient  sur  chaque  plaque  un  grand  nombre  d'impressions,  qui  per- 
mettent de  constater  la  régularité  du  phénomène.  Ces  images  sont  d'ailleurs  extrê- 
mement faibles,  mais  suflisantes  cependant  pour  peimettre  des  mesures  convenables. 

Nous  n'avons  eu  d'impression  cpi'en  plaçant  l'étincelle  obliquement,  de  manière  à 
présenter  au  miroir,  sinis  le  plus  grand  diara(are  apparent  possible,  soit  la  gaine  catho- 
dique, soit  le  point  lumineux  anodique,  qui  se  forment  entre  deux  pointes  mousses. 
Lç  corps  même  de  l'étincelle  n"a  jamais  donné  d'impression  visible. 

Les  résultais  ont  été  les  mêmes  dans  toutes  les  conditions,  en  opérant  sur  un  quel- 
conque des  pôles,  avec  des  pointes  mousses  en  fer,  en  aluminium  ou  en  magnésium;  il 
est  donc  assez  probable  que  les  particularités  observées  correspondent  bien  à  des  par- 
ticularités de  la  décharge. 

Dans  ces  conditions,  tous  les  clichés  montrent  im  début  brusque  de  la 
décharge  qui  reste  relativement  forte  pendant  o*'^'^,ooo2d,  puis  elle  con- 
tinue beaucoup  plus  faible,  pour  se  terminer  asvmptotiquement  au  bout 
de  o^^'.oooS  environ. 

Ce  temps  est  notablement  plus  long  que  celui  qui  a  été  mesuré  électri- 
quement (o''*'^,ooo5.),  mais  il  est  du  même  ordre  de  grandeur.  La  pholo- 
graphie  montre  bien  d'ailleurs  la  raison  de  cette  divergence;  la  décharge 
n'est,  en  effet,  pas  uniforme  et  l'à-coup  brusque  du  commencement  doit 
évidemment  raccourcir  le  temps  calculé  au  moven  de  l'intensité  efficace 
avec  l'hypothèse  de  sa  constance  pendant  la  pulsation  <lu  courant. 

Jxs  résultats  précédents  correspondent  au  régime  de  décharge  pure- 
ment cathodique  déjà  établi  au  moyen  de  la  méthode  électrique.  Avec  les  tubes 
mous  (de  moins  de  lo'^'"  d'étincelle  équivalente),  on  observe  la  même 
forme  de  décharge,  mais  un  allongement  proportionnel  de  tous  les  temps, 
comme  cela  a  été  indiqué  dans  la  Noie  déjà  citée. 

Les  particularités  de  la  décharge  que  nous  venons  de  décrire  pourraient 
être  attribuées  aux  phénomènes  d'ionisation  de  l'étincelle  eux-mêmes, 
dans  lesquels  il  peut  y  avoir  des  retards  ou  des  prolongements  de  durée. 


SÉANCE  DU  19  FÉVRIER  1906.  447 

Ce  qui  nous  semble  montrer  que  ces  derniers  phénomènes  jouent  un  rôle 
secondaire  est  l'identité  des  résultats  obtenus  dans  t'outes  les  conditions. 
Cependant  on  peut  obtenir,  dans  certaines  circonstances,  pour  la  lumière 
de  l'étincelle,  des  phénomènes  analogues  à  la  phosphorescence.  Il  suffit 
pour  cela  de  mettre  une  bouteille  de  Leyde  en  dérivation  sur  la  petite  étin- 
celle. Dans  ces  conditions  on  a,  au  début  du  phénomène,  une  décharge 
diisruptive  extrêmement  brillante  correspondant  aux  oscillations  propres 
de  la  bouteille.  Avec  !a  vitesse  de  rotation  employée,  il  n'y  a  aucune  trace 
d'étalement  de  cette  décharge.  Une  impression  faible  se  continue  ensuite 
avec  le  même  aspect  que  dans  le  cas  précédent,  quoique  l'intensité  soit 
assez  notablement  plus  forte.  La  durée  do  phénomène  photographié  pst 
environ  double  de  ce  qu'elle  est  dans  l'expérience  précédente.  Des  phéno- 
mènes analogues  se  passent  peut-être  dans  ce  dernier  cas,  mais,  l'énergie 
des  phénomènes  étant  beaucoup  moindre,  les  prolongations  d'effet  sont 
probablement  moindres  aussi;  en  somme,  les  chiffres  obtenus  par  la 
méthode  photographique  sont  certainement  des  limites  supérieures  des 
temps  de  décharge  du  tube  de  Crookes,  la  méthode  électrique  déjà  citée 
donnant  des  limites  inférieures.  Ces  tieux  méthodes  sont  d'ailleurs  sensi- 
blement d'accord  et  permettent  d'affirmer  l'existence  d'un  temps  de  dé- 
charge caractéristique  de  l'état  d'un  tube,  conformément  aux  résultats  de 
la  méthode  électrique  déjà  citée. 


PHYSIQUE.  —  Su7-  un  procédé  pour  la  mesure  de  la  quantité  totale  de  rayons  X 
émis  dans  un  temps  donné.  Note  de  M.  Gaiffe,  présentée  par  M.  d'Ar- 
sonval. 

On  s'est  servi  jusqu'ici  en  radiothérapie,  pour  évaluer  approximative- 
ment la  quantité  totale  de  rayons  X  ayant  frappé  un  patient  dans  un  temps 
déterminé,  de  pastilles  de  composition  variable  soumises  à  l'action  des 
rayons  en  même  temps  que  le  patient  et  dont  la  teinte  change  sous  l'effet 
de  ces  rayons;  d'autre  part,  ayant  dressé,  des  échelles  de  teintes  types  dont 
chaque  échelon  correspond  à  un  certain  nombre  d'unités  arbitraires  de 
quantité  de  rayons  X  dénommées  unités  H,  on  comparait  la  teinte  des  pas- 
tilles avec  l'échelle  de  teintes  et  l'on  en  concluait  le  nombre  d'unités 
reçues. 

Ces  appareils  avaient  de  nombreux  inconvénients  : 

1°  La  comparaison  des  teintes  obtenues  avec  les  teintes  étalons  est  très  difficile  et  ne 
peut  être  faite  à  la  lumière  artificielle. 


448  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

2°  Les  produits  conslituanl  les  pnslilles  reprennent  rapidement  leur  teinte  primitive 
sous  l'action  de  la  lumière  du  jour,  ce  qui  rend  difficile  la  comparaison  avec  l'éclielle 
type. 

3°  Pour  examiner  les  pastilles,  il  faut  les  soustraire  à  l'action  des  rayons  X;  pendant 
le  temps  de  la  lecture,  l'action  des  rayons  X  est  suspendue  et  même  il  y  a  rétrogra- 
dation causée  par  la  lumière  du  jour. 

Ces  méthodes  n'étaient  donc  ni  commodes,  ni  précises. 

Parmi  les  corps  employés  pour  la  composition  des  pastilles,  certains,  tels  que  le  pla- 
tinocyanure  de  baryum,  sont  lluorescents  sous  l'action  des  rayons  X  et  celle  fluores- 
cence est  détruite  ou  diminuée  par  l'action  de  ces  rayons. 

Cette  propriété  peut  être  utilisée  pour  établir,  en  vue  de  l'évaluation  de  la  quantité 
totale  des  rayons  X  émise  dans  un  temps  donné,  un  procédé  de  mesure  et  des  appareils 
qui  fojit  l'objet  du  présent  dispositif. 

Ce  dispositif  consiste  en  principe  à  interposer  entre  la  source  et  une 
pastille  de  plalinocyanure  de  baryum,  ou  autre  corps  fluorescent  destruc- 
tible par  l'action  des  rayons  X,  une  ou  plusieurs  caches  en  matière  aradio- 
chroïque  de  transparence  inégale  aux  rayons  X.  La  région  de  la  pastille 
non  protégée  sera  altérée  rapidement  et  les  parties  protégées  par  les 
caches  le  seront  plus  ou  moins  et  après  un  temps  plus  ou  moins  long,  sui- 
vant la  transparence  de  ces  caches. 

Par  suite,  la  région  non  protégée  deviendra  rapidement  obscure,  ou 
moins  éclairée,  tandis  que  les  régions  protégées  ayant  reçu  une  quantité  de 
rayons  moindre  seront  moins  altérées  et  seront  restées  plus  semblables  à 
ce  qu'elles  étaient  au  début. 

Il  en  résulte  que,  si  l'on  observe  la  pastille  à  un  moment  donné,  on  con- 
state qu'au  point  de  vue  de  l'éclat  certaines  des  régions  protégées  se  con- 
fondent avec  la  région  non  protégée,  tandis  que  d'autres  se  détachent 
encore  moins  lumineuses  sur  le  fond. 

Si  donc  les  caches  ont  des  transparences  calculées  de  manière  que  les 
régions  protégées  se  confondent  comine  intensité  lumineuse  avec  la  région 
non  protégée,  lorsque  la  pastille  a  reçu  des  quantités  de  rayons  X  déter- 
minées, on  peut  évaluer  immédiatement  la  quantité  reçue  par  le  patient 
d'après  les  aspects  de  la  pastille,  à  condition  que  l'on  ait  observé  un  rap- 
port déterminé  une  fois  pour  toutes  entre  les  distances  de  la  peau  du  patient 
et  de  la  pastille  à  la  source  de  rayons  X. 


SÉANCE  DU  19  FÉVRIER  rgoô.  449 


RADIOACTIVITÉ.   —  Sur  fa  fadiooclii'ilé  des  sources  d'eau  potable.  Note  de 
MM.  F.  DiEXERT  et  E.  Bouquet,   présentée  par  M.  P.  Curie. 

Dans  le  but  d'étudier  les  procédés  naturels  d'épuration  p;ir  le  sol  et  afin 
de  cherchera  expliquer  pourquoi  certaines  sources  émergeant  de  terrains 
fissurés  et  peu  filtrants  ne  renferment  pas  le  bacillus  coli  communis,  nous 
avons  mesuré  la  radioactivité  de  quelques  sources  captées  par  la  Ville  de 
Paris.  Dans  cette  première  Note  nous  donnons  les  résultats  obtenus  aux 
sources  de  l'Avre. 

Pour  faire  cette  mesure,  nous  nous  sommes  servis  de  l'appareil  à  élec- 
troscope  de  Elster  et  Geitel  en  employant  le  procédé  décrit  dans  les 
Archwes  des  Sciences  physiques  et  naturelles  de  Genève  (août  1900)  par 
MM.  Engler  et  Sieveking  (  '  ). 

Dans  une  première  mesure  nous  déterminons  l'aliaissement  du  potentiel  de  ni)lre 
éleclroscope  obtenu  après  i  heure  avec  2'  d'eau  indifTérenle  (eau  distillée).  Nous 
obtenons  ainsi  l'activité  normale. 

Dans  une  deuxième  mesure  nous  remplaçons  l'eau  distillée  par  le  même  volume 
d'eau  de  source  et  l'on  fait  la  même  lecture.  En  retranchant  de  celle-ci  l'activité  nor- 
male, on  obtient  la  chute  de  potentiel  après  i  lieure  due  à  l'émanation  de  l'eau  étudiée. 
Nos  résultats  sont  rapportés  au  litre  d'eau.  Nous  avons  négligé  d'en  défalquer  l'activité 
induite. 

Le  volume  de  notre  appareil  contenant  l'air  ionisé  est  de  10',  200. 
La  capacité  de  notre  condensateur  est  sensiblement  égale  à  1,1  x  iO"^°  C.G.S.  élec- 
tromagnétique. 

IiUensilL  du  courant 
de  décharge  de  l'électroscope 
par  l'émanation  dégagée 
Sources.  par  i'  d'eau  en  ampères  ('). 

Source  du  Groupe  du  Nouvet i  ,:^o  X  ic" 

Source  Erigny i  ,  ^o  X  10  "** 

Source  Rivière 2,o.3  x  to~'^ 

Source  du  Breuil 2,5.5  x  io~" 

D'après  ces  résultats  on  voit  que  les  sources  de  l'Avre  sont  faiblement 


(')  Cet  appareil  est  très  commode  quand  on  veut  étudier  la  radioactivité  des 
sources  sur  le  terrain,  mais  il  ne  donne  que  des  indications  relatives  et  ne  comporte 
pas  une  grande  précision. 

(')  On  a  tenu  compte  de  l'émanation  dissoute  dans  l'eau. 


45o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

radioactives;  celle  du  Breuil,  la  meilleure  de  toutes,  indemne  de  bacillus 
coli communis ,  l'est  plus  que  les  autres. 

Les  eaux  des  sources  concentrent,  à  leur  émergence,  l'émanation  radio- 
active qu'elles  dissolvent  dans  le  sol. 

Comme  pour  leur  captage  on  les  a  recouvertes  d'une  cloche  en  maçon- 
nerie, l'air  des  chambres  de  captage  doit  être  fortement  radioactif. 

C'est  en  effet  ce  que  nous  avons  constaté,  comme  l'on  peut  s'en  rendre 
compte  par  l'examen  des  nombres  ci-dessous  : 

Aclivilé  normale  de  l'air  du  laboratoire o,35  x  lo^" 

Activité  normale  de  l'air  de  la  cave  du  laboratoire  (située  à  000"'  des 

sources) o,  i3  x  ic"" 

Activité  normale  de  l'air  du  pavillon  de  captage  de  la  source  du  Breuil.  2,4^  X  io~" 

Comme  les  sources  concentrent  en  certains  points,  par  exemple  à  leur 
émergence,  l'émanation  qu'elles  recueillent  dans  leur  parcours,  il  y  a  peut- 
être  là  un  moyen  de  déceler  la  présence  d'un  courant  souterrain;  c'est  ce 
que  que  nous  nous  proposons  de  rechercher. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Condensation  des  nitriles  acélylènùjues  avec  les 
phénols.  Méthode  générale  de  synthèse  de  nitriles  acryliques  '^-oxyphénalés 
^-substitués.  Note  de  MM.  Ch.  Moureu  et  I.  Lazb.xnec,  présentée  par 
M.  H.  Moissan. 

Nos  récentes  expériences  ont  élmbYi  {Comptes  rendus,  5  février  1906)  que 
les  nitriles  acétyléniques  R  —  C^C  —  CAz  pouvaient  être  condensés  avec 
les  alcools,  en  donnant  des  produits  d'addition  qui  résultent  de  la  fixation 
des  alcools  sur  la  liaison  acétylénique.  Nous  avons  reconnu  que  les  phénols 
jieuvent  fournir  avec  les  mêmes  nitriles  des  composes  d'addition  analogues 
et  cette  réaction  doit  encore  être  rapprochée  de  la  condensation  des  phé- 
nols et  des  thiophénols  avec  le  phénylpropiolate  d'éthyle  et  l'acétylène- 
dicarbonate  d'éthyle  (Ruhemann  et  Beddow,  Ruhema.nn  etSTAPLETON,  Chem. 
Soc.,  1900-1904)  et  de  celle  des  alcools  et  des  phénols  avec  les  éthers 
acétyléniques  et  les  acétones  acétyléniques  (Ch.  Moureu;  Cn.  Moureu  et 
M.  Brachin,  Bull.  Soc.  chim.,  1902-1905). 

Le  mode  opératoire  général  est  le  suivant  : 

On  dissout  à  chaud  du  sodium  (i"')  dans  un  excès  (4o  à  5o  parties)  du  phénol  em» 
ployé;  à  cette  liqueur,  cliaullee  vers  120°,  on  ajoute  le  nitrile  (1°"»')  et  Ton   agite  le 


SÉANCE  DU  19  FÉVRIER  1906.  Y   I 

loiit;  on  obser\e  alors,  en  général,  une  élévation  sensible  de  la  lenipéralure,  en  même 
temps  qu'une  coloration  plus  ou  moins  foncée  de  la  masse.  Après  avoir  maintenu  le 
mélange  vers  la  température  moyenne  de  i/jo"  pendant  quelques  heures,  on  élimine  la 
majeure  partie  du  phénol  en  excès  par  distillation  dans  le  vide  et  l'on  reprend  le 
résidu  par  le  benzène  à  chaud.  La  solution  benzénique  est  débarrassée  des  traces  de 
phénol  qu'elle  retient  encore  par  des  lavages  à  la  soude  étendue,  puis  séchée  et  éva- 
porée; le  nouveau  résidu  est  purifié  par  distillation  ou  cristallisation. 

Dans  les  composés  que  nous  avons  ainsi  obtenus,  une  molécule  phéno- 
lique  se  trouve  fixée  sur  la  liaison  acétyléniqiie  des  nitriles  acétyléniques. 
Voici  ces  corps  ; 

Pciinls 

tic  fusion.  tri-biillilioii. 

Nitrile  p-amyl  p-phéno\yacrylique  :  ,,        ^ 

C^H"  — C(0C«H5)=  CH-C.Az »  175-178(13'""') 

Nitrile   ^-hexyl  p-orthocrésoxvacrylic[ue  : 

Cqi'3_C(OC«H'  — CH')  =  CII— CAz »  195-196  (i5'>^') 

Nilrile  p-phényl  ^-phénoxyacrylique  ; 

OH''— C(OC''H')=cil  — CAz 85-86" 

Nitrile  ^-phényl  j3-orthocrésoxyacryiique  : 

OH'— C(OC«H'— CH»)  =  Ch"— CAz io4-io5 

Nitrile  p-phénvl  jj-t!ivmoxvacryllque  : 

C«H'-C(0C''H3<^^[^^.)=CH-CAz »  «26-229  (1 1">'>') 

Nitrile  p-phényl  [3-gaïacoxyaciYlique  : 
CH'  -  C(  OOH'—  OCHM  =  Cil  —  G  \z 90-  91  « 

Ij'hydrolyse  de  ces  composés  permet  d'établir  leur  constitution.  Si  l'on 
chauffe,  par  exemple,  le  nitrile  fi-phényl  [i-phénoxyacrilique  avec  de  la 
potasse  en  solution  alcoolique  et  qu'on  traite  ensuite  par  l'acide  sulfu- 
rique  le  produit  brut  de  la  saponification,  on  observe  la  formation  d'une 
certaine  dose  d'acétophénone,  avec  mise  en  liberté  du  phénol.  L'équation 
suivante  rend  compte  de  la  réaction  : 

CH^  — C(OC'>H^)  =  CH  -CAZ  +  3H-0 

Nitrile  plicnyl-pbénoxyacr\l)i(uc. 

=  C«H=  -  CO  -  CH'  -H  CHKm  -h  AzH'  +  CO'. 

Acétopbijiione.  l^honol. 

Nous  avons  remarqué  en  outre,  avant  le  traitement  par  l'acide  siiIFli- 
rique,  qu'il  y  avait  eu  production  d'une  notable  proportion  du  nitrile 
élhoxylé  CH*  —  C(OC-H' )  =  CH  —  CAz,  dont  nous  avons  établi  anté- 
rieurement la  constitution.  Fait  bizarre,  ce  composé  a  pris  naissance  par  la 
substitution  de  l'alcool  au  phénol  dans  le  nitrile  phénoxylé. 


152  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Recherches  clans  la  série  du  pyrane. 
Note  de  MM.  E.-E.  Blaise  et  H.  Gaulï,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

Nous  avons  indiqué,  dans  une  Note  \n'écéàen\.Q (^Comptes rendus ,  1 1  juillet 
1904)  comment  nous  avons  pu  préparer  un  dérivé  immédiat  du  y-pyiane  : 
l'acide  y-pyrane-ococ'-dicarbonique  : 

cir^ 

CH,/\CH 


COHÏ 


COMI 


O 


par  déshydratation  de  l'acide  ax'-dicétopimélique,  ce  dernier  résultant  lui- 
même  de  la  saponification  du  méthylène-bisoxalacétate  d'éthyle.  Dans  le 
but  d'obtenir  des  homologues  pyraniques,  nous  avons  condensé  l'élher 
oxalacétique  avec  diverses  aldéhydes,  soit  cycliques,  soit  acycliques.  Les 
aldéhydes  cycliques  (aldéhyd es benzoïque,anisique,  o-et/?i-nitrobenzoïque, 
/j-oxybenzoïque)  ne  donnent  en  aucun  cas  d'éthers  alcoylidène-bisoxalacé- 
tiques,  mais  uniquement  des  éthers  cétoarylparaconiques,  par  suite  de 
l'élimination  de  1"°'  d'alcool  entre  1'"°'  d'aldéhyde  et  une  seule  molécule 

d'éther  oxalacétique 

CO-CIi  —  CO^GMl' 

\0    —  CH  — C«H'— R 

En  effectuant  la  condensation  au  moyen  de  l'acide  chlorhydrique  gazeux, 
on  obtient  directement  les  éthers  cétoparaconiques;  si  l'on  emploie  au  con- 
traire la  diéthylamine,  ce  sont  les  sels  de  diétliy lamine  correspondants  qui 
prennent  naissance. 

L'aldéhyde  salicylique  se  condense  d'une  manière  spéciale  avec  l'oxal- 
acétate  d'éthyle  :  elle  fournit  le  salicylidène-monoxalacétate  d'éthyle.  Si  la 
condensation  a  été  effectuée  au  moyen  de  l'acide  chlorhvdrique,  on  obtient 
un  chlorhydrate  excessivement  instable  et  qtii  donne  le  dérivé  salicylidé- 
iiique  par  action  des  bicarbonates  alcalins,  à  froid. 

Les  aldéhydes  acycliques  :  éthanal,  propanai,  heptanal,  se  comportent 
vis-à-vis  do  l'éther  oxalacétique  comme  le  méthanal.  On  obtient,  en  con- 
ilensant  au  moyen  de  la  pipéridine  ou  de  la  diéthylamine,  des  éthers  alcoy- 
lidènc-bisoxalacétiques  hydratés. 


SÉANCE    DU     19    FÉVRIER    1906.  ./J53 

Le  dédoublement  cétoniqiie  de  ces  éthers  s'effectue  mal  ou  ne  s'effectue 

plus  du  tout  sous  l'influence  des  acides  minéraux  étendus.  L'acide  sulfu- 

rique  concentré  et  froid  donne,  au  contraire  d'excellents  résultats.  Il  y  a 

simultanément  saponification  et  déshydratation  et  l'on  obtient  des  dianhv- 

drides  de  la  f'>rme  : 

CO— CH-CH-CII-CO 

CO    CO     R      CO    CO. 

\/  \/ 

O  O 

Ceux-ci,  par  ébuUition  avec  de  l'eau,  conduisent,  dans  de  très  bonnes 
conditions  de  rendement,  aux  acides  dicétopiméliques  correspondants.  Les 
acides  dicétopiméliques  fournissent  tous  les  dérivés  caractéristiques  de 
leurs  fonctions.  Il  faut  mentionner  en  particulier  leurs  dioximes,  qui,  par 
simple  ébuUition  avec  l'eau,  se  décomposent  en  donnant  les  dinitriles 
p-alcoylglutariques.  Toutes  les  réactions  indiquées  donnant  de  bons  rende- 
ments, c'est  là  une  méthode  de  synthèse  des  acides  p-alcoylglutariques  qui 
peut  être  précieuse  dans  le  cas  où  l'alcoyle  est  lourd.  On  sait  en  effet  que, 
dans  ce  cas,  la  méthode  de  K.nœvenagel  ne  donne  pas  de  résultats. 

Les  homologues  de  l'acide  dicélopimélique  se  comportent  comme  ce 
dernier  vis-à-vis  de  l'acide  sulfiriquc  et  donnent  les  homologues  de  l'acide 
pyranedicarbonique  : 

CO^ll-C^Cli 

0(^  ^CH-R. 

COMI— C=:CH 

Nous  avons  particulièrement  étudié  la  basicité  de  l'atome  d'oxygène 
dans  les  acides  pyranedicarboniques.  Cette  basicité  est  nulle  à  l'égard  des 
acides  et  des  sels  des  métaux  lourds.  Par  contre,  elle  se  manifeste  vis-à-vis 
des  Iialogènes.  Le  brome,  par  exemple,  donne  des  dibromures  qui  préci- 
pitent instantanément  l'iode  des  iodures  et  où  les  atomes  d'halogène 
doivent,  par  conséquent,  être  considérés  comme  fixés  à  l'atome  d  oxygène  : 

coni 

/ 
CH=C 

R-C[l(  >0(       . 

C1I=C 

•  \ 

COMI 
G.  K..  1906,  I"  Semestre.  \,T .  CXLII,  N°  8  )  *Jo 


454  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Ces  dibromures  ne  sont  pas  susceptibles  de  perdre  d'hydracide  pour  se 
transformer  en  sels  de  pyryle  La  propriété  de  donner  des  sels  de  pyryle 
n'appartient  donc  pas  an  noyau  pyranique  simple,  mais  seulement  aux 
noyaux  complexes,  tels  que  celui  du  dina|)htopyrane  et,  dans  ce  dernier 
cas,  la  formation  du  sel  de  pyryle  ne  doit  pas  avoir  lieu  par  substitution 
comme  l'a  supposé  M.  Fosse  dans  ses  intéressantes  recherches,  mais  résulter 
de  la  formation  d'un  bromure  très  instable,  perdant  aussitôt  une  molécule 
d'acide  bromhydrique,  grâce  à  la  mobilité  de  l'hydrogène  du  groupement 
méthylénique  en  para  par  rapport  à  l'oxygène  pyranique. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  présence  de  V aldéhyde  formique  dans  les 
substances  caramélisées.  Note  de  M.  A.  Trillat,  présentée  par 
M.  E.  Roux. 

Les  résultats  exposés  dans  des  Notes  précédentes  (')  ont  démontré  que 
l'aldé.hvde  méthylique  se  formait  dans  la  combustion  incomplète  d'un 
grand  nombre  de  substances,  spécialement  dans  celle  du  sucre  et  des  ma- 
tières riches  en  hydrates  de  carbone. 

J'ai  reconnu  que  l'aldéhyde  formique  ne  se  trouvait  pas  seulement  dans 
les  produits  gazeux  dç  ces  combustions,  mais  qu'elle  était  encore  renfermée 
dans  le  résidu,  c'est-à-dire  dans  le  caramel.  Celte  constatation,  qui  fait 
Tobjet  de  cette  Note,  est  de  nature  à  nous  expliquer  quelques  faits  dont  la 
cause  restait  ignorée  jusqu'à  présent. 

1.  Le  dégagement  de  forinaldéhjde,  déjà  décelable  quand  on  chauire  le  sucre  à  laô", 
devient  abondant  à  i5o°.  Si  Ton  arrête  le  chauffage  à  cette  température,  on  peut  déjà 
constater  la  présence  de  la  formaldéliyde  dans  le  caramel.  La  proportion  d'aldéhyde 
augmente  avec  le  degré  de  caramélisation,  comme  l'indique  le  Tableau  suivant  (les 
chiffres  se  rapportent  à  loo  de  caramel)  : 


t.. 
II. 
III 
l\  . 


(')   Comptes  rendus,  mars  et  juillet  igoà. 


TempéraUirr 

Aldùhydf  formique 

Aldrliydc  formique 

de 

restant 

dégagée. 

caramélisalion. 

dans  le  résidu. 

125° 

traces 

traces 

100° 

0^,090  pour  100 

os,  3oo  pour  100 

i5o°-i8o" 

os,  i35         » 

IK,  100              » 

l8o°-200° 

os,  270         » 

2S,  200              B 

SÉANCE  DU  19  FÉVRIER  1906.  455 

Les  caramels  du  commerce  utilisés  dans  l'alimentation  renferment  souvent  de  Tal- 
délivde  fiirniic]ue  libre,  mais  en  proportions  extrêmement  variables  selon  le  mode  de 
préparation  du  caramel  et  surtout  selon  sa  fraîcheur.  Sur  5  échantillons  prélevés, 
3  en  contenaient  des  doses  très  appréciables  (trouvé  :  3o"s,  /^5'"s  et  SaS"'"  pour  100  du 
poids  du  caramel). 

II.  Le  sucre  caramélisé  j^erd  une  partie  de  ses  propriétés  fermenlesciisles;  on  le 
constate,  soit  en  caramélisant  préalablement  le  sucre,  soit  en  l'additionnant  de  cara- 
mel et  en  ensemençant  ensuite  de  semblables  solutions  comparativement  à  des  solu- 
tions témoins.  Le  caramel  jouit  donc  de  propriétés  antiseptiques;  pour  en  avoir  une 
notion  plus  exacte,  j'ai  déterminé,  selon  la  technique  habituelle,  le  pouvoir  inferti- 
lisant et  microbicide  de  20s  de  sucre  chauffé  i  minute  a  200°.  La  dose  de  6  pour  100  a 
inferlilisé  les  bouillons  ensemencés  par  le  bacteriinn  coli  commune  et  les  bactéries 
des  eaux  d'égoul.  Au  point  de  vue  microbicide,  ces  mêmes  germes  mis  en  contact 
avec  une  solution  de  caramel  à  10  pour  100  ont  été  tués  après  un  contact  de  i41ieures. 

III.  Le  lait  additionné  de  ce  caramel  à  diverses  doses  et  ensemencé  avec  le  ferment 
lactique  est  resté  indemne  à  la  dose  de  lo  pour  100;  l'action  retardatrice  du  caramel 
sur  la  fermentation  lactique  s'est  manifestée  à  la  dose  de  2  pour  100.  Cette  même  dose 
de  caramel  dans  le  lait  ne  m'a  pas  semblé  exercer  une  action  retardatrice  sur  l'empres- 
surage  ni  sur  la  digestibilité  arlilicielle  du  lait;  peut-être  se  manifeste-t-elle  à  plus 
haute  dose. 

IV.  La  conclusion  à  tirer  de  ces  résultats,  c'est  que  le  sucre  caramélisé 
ou  ayant  subi  un  commencement  de  caramélisation  contient  des  doses  |)kis 
ou  moins  considérables  de  formaldéhyde  qui  peuvent  influencer  ses  pio- 
priétés  originelles.  Au  point  de  vue  pratique,  on  voit  intervenir  dans  l'in- 
dustrie le  rôle  de  la  formaldéhyde  dans  la  destruction  du  sucre  provoquée 
accidentellement  par  un  trop  grand  surchauffage  au  contact  des  parois  mé- 
talliques, ce  qui  a  pour  effet,  comme  MM.  MoUenda  et  Peliet  ('  )  viennent 
de  le  constater,  de  faire  varier  les  propriétés  réductrices  et  fermentescibles 
des  masses  cuites. 

Dans  les  sucreries,  il  arrive  assez  fréquemment  que  les  cannes  sont 
incendiées;  d'après  M.  Riffard  ('),  ces  cannes  fermentent  difficilement  : 
la  formation  de  l'aldéhyde  méthylique  peut  en  donner  une  explication. 

V.  Le  caramel  est  utilisé  dans  l'alimentation  comme  parfum  et  comme 
colorant  :  la  caramélisation  dans  les  ménages  est  d'une  pratique  courante. 
Étant  données  les  doses  auxquelles  il  est  d'usage  de  mélanger  le  caramel 
aux  aliments,  la  proportion  d'aldéhvde  formique  introduite  dans  l'orga- 
nisme par  leur  ingestion  est  excessivement  faible  et  probablement  négli- 
geable dans  la  plupart  des  cas. 


(')  Bulletin  de  l' Association  des  Chimistes,  190J. 


456  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Ces  notions  étaient  utiles  à  connaître  non  seulement  au  point  de  vue  de 
l'hygiène  alimentaire  mais  aussi  au  point  de  vue  de  l'expertise  légale  :  ces 
résultats  prouvent  en  efTet  que  la  formaldéhyde,  dont  l'usage  est  interdit 
par  la  loi  pour  la  conservation  des  aliments,  peut  s'y  rencontrer  parfois 
normalement  ('  ). 

BOTANIQUE.    —    Note  sur   la   végélalion   bryologique  de  l' Antarctide. 
Note  de  M.  Jules  Cardot,  présentée  par  M.  Bornet. 

Le  climat  des  régions  antarctiques  présente,  à  latitude  égale,  des  condi- 
tions beaucoup  plus  défavorables  aux  manifestations  de  la  vie  végétale  que 
le  climat  boréal,  ce  qui  est  dû  principalement  à  la  nébulosité  de  l'atmo- 
sphère, qui  neutralise  en  grande  partie  l'action  bienfaisante  des  rayons  so- 
laires, de  telle  sorte  que,  pendant  les  mois  les  plus  chauds  pour  ces  régions 
(décembre,  janvier,  février),  les  valeurs  ihermométriques  moyennes  sont 
de  2°,i3  au-dessous  de  zéro,  alors  que,  sous  des  latitudes  correspondantes, 
l'été  Scandinave  jouit  encore  d'une  température  de  ii°  à  iS°  au-dessus  de 
zéro. 

On  comprend  facilement  que  les  plantes  supérieures  ne  trouvent  pas  sous 
le  climat  de  l'Antarctide  la  somme  de  chaleur  nécessaire  à  leur  développe- 
ment. Li  seule  plante  phanérogame  connue  à  une  latitude  plus  australe  que 
celle  du  Cap  Horn  et  de  la  Géorgie  (\u  Sud  est  une  Graminée  qui  végète 
par  touffes  isolées  sur  les  côtes  des  Shetland  méridionales  et  des  îles  de 
l'archipel  de  Gi'aham. 

Mais  les  végétaux  cellulaires  sont  moins  exigeants  et  les  récentes  explo- 
nilions  antarctiques  viennent  nous  révéler  toute  une  flore  cryptogamique, 
à   peu  près  ignorée  jusqu'ici,   appartenant  aux   trois  grands  groupes  des 


(')  Dans  cette  Note  je  nie  suis  borné  à  signaler  la  présence  de  la  f'ormaldt'iivde  libre 
dans  les  substances  caramélisées.  Mais  cette  constatation  conduit  natiirellcnient  à 
admettre  qu'une  grande  partie  de  l'aldéhyde  échappe  à  l'analyse  parce  rpi'elle  doit 
ètie  combinée  et  transformée  en  déri\és  avancés  de  polymérisation  qui  constitueraient 
au  moins  en  partie  le  caramel.  On  sait  en  efiel  avec  quelle  facilité  les  aldélivdes  donnent 
des  acétals  et  se  polyniérisent.  Cette  hypothèse  est  d'autant  plus  acceptalîle  que  je  suis 
arrivé,  en  partant  de  l'aldéhyde  formique,  à  produire  des  caramels  présentant  une 
grande  analogie  avec  le  caramel  extrait  du  sucre.  L'identification  de  ces  caramels 
est  intéressante  à  faire,  car  elle  expliquerait  d'une  manière  fort  simple  le  jjhénomèB», 
considéré  comme  compliqué,  de  la  caramélisation.  J'en  ai  fait  l'objet  d'une  étude 
à  part. 


SÉANCE  DU  If)  FÉVRIER  1906.  467 

Muscinées,  des  Lichens  et  des  Algues  et  dont  l'élude  présente  d'autant  plus 
d'intérêt  que  cette  flore  constitue  l'une  des  plus  importantes  manifestations 
(le  la  vie  organique  dans  ces  régions  désolées. 

Ayant  été  chargé  de  la  détermination  îles  Mousses  rapportées  par  l'expé- 
dition de  la  Belgica,  par  l'expédilion  suédoise  et  par  la  mission  Charcot, 
j'ai  pu,  en  outre,  examiner  la  plupart  de  celles  récoltées  jadis  par  J.-D. 
Hooker  sur  l'ile  Cockburn  et,  plus  récemment,  par  M.  Borchgrevink  à 
la  Terre  de  Geikie  et  par  M.  Rudmase  Brown,  le  botaniste  delà  Scotia,  aux 
Orcades  méridionales.  En  additionnant  toutes  ces  espèces,  nous  arrivons 
à  un  total  de  46  Mousses  actuellement  constatées  dans  la  région  antarc- 
tique proprement  dite. 

Malgré  la  rigueur  du  cliiiial,  ces  Mousses  sont  généralement  vigoureuses  et  n'ont 
nullement  l'aspect  rabougri  (|u'oii  pourrait  leur  supposer;  mais  il  est  à  noter  qu'elles 
fructifient  rarement  :  de  toutes  les  espèces  que  j"ai  eu  l'occasion  d'examiner  jusqu'ici, 
je  n'en  ai  vu  (|ue  quatre  en  fruits  et  deux  en  lleurs  Toutes  les  autres  sont  absolument 
stériles.  Il  est  probable  qu'elles  ne  produisent  des  lleurs  et  des  fruits  que  dans  certaines 
conditions  exceptionnellement  favorables  et  que  leur  propagation  a  lieu  le  plus  sou- 
vent par  la  séparation  et  la  dissémination  des  bourgeons. 

Elles  se  répartissent  entre  i3  familles.  La  mieux,  représentée  est  celle  des  Biyacées, 
qui  compte  11  espèces,  dont  3  Webera  et  8  Bryuni:  5  l'exception  de  Fubiquiste  B. 
argenteuin  L.,  toutes  les  autres  espèces  de  ce  dernier  genre  sont  particulières  à  l'An- 
tarctide. C'est  donc  le  genre  Bryuni  (|ui  paraît  être  le  groupe  le  plus  caractéristique  de 
cette  région. 

Les  Hypiiacées  viennent  en  seconde  ligne,  avec  9  espèces,  appartenant  aux  genres 
Brachyteciuin,  Hypnurn  et  Amblystegiitni.  \J Hypnum  uncinatuin  Hedw.,  espèce 
répandue  dans  la  zone  Itoréale,  est  la  Mousse  la  plus  commune  de  la  région  antarctique. 

Les  familles  des  Dilrlchacées,  des  Pottiacées,  des  Griniiniacées  et  des  Polytrichacées 
sont  représentées  chacune  par  4  espèces.  Les  Andréacées  ont  3  espèces,  les  Orlhotri- 
chacées  2,  enfin  les  Weisiacées,  les  Dlcranacées,  les  Séligériacées,  les  Bartrainiacées 
et  les  Leskéacées  ont  chacune  un  représentant. 

Sur  les  46  espèces,  22  semblent  jusqu'ici  particulières  à  l'Antarctide;  il  y  a  même 
un  genre  endémique  {Sarconeurum  Bryhn).  i3  espèces  antarctiques  existent  à  la 
Géorgie  du  Sud,  un  même  nombre  dans  les  Terres  magellaniques,  9  à  Kerguelen  et  12, 
presque  toutes  cosmopolites,  se  retrouvent  dans  la  zone  boréale.  On  doit  noter  aussi 
que  plusieurs  espèces  antarctiques  ont  d'étroites  affinités  avec  des  espèces  boréales. 

L'altitude  ne  parait  pas  exercer  d'influence  appréciable  sur  la  distri- 
bution des  Mousses  antarctiques  :  les  mêmes  espèces  peuvent  se  rencontrer 
partout  où  la  glace  disparaît  en  été.  A  lile  Brabant,  dans  le  détroit  de  Ger- 
hiche,  M.   Racovitza  a  récolté  6  espèces  ;i  une  altitude  de  Sjo™,  sur  des 


458  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

roches  complètement  entourées  de  glace  et  M.  Skoltoberg  n  recueilli 
7  espèces  dans  l'île  Paulet.  à  environ  400"  au-dessus  du  niveau  de  la  mer. 
Il  est  probable  que  la  flore  circumpolaire  antarctique  est  très  uniforme; 
toutefois,  nous  ne  pouvons  émettre  à  cet  égard  qu'une  simple  supposition, 
presque  tout  ce  que  nous  en  connaissons  jusqu'à  présent  provenant  de  la 
partie  de  l'Antarctide  située  au  sud  du  continent  américain.  Cependant, 
nous  savons  déjà  qu'une  espèce  très  spéciale,  le  Sarconeiirum  glaciale, 
existe  sur  deux  points  fort  éloignés  l'un  de  l'autre  :  l'île  Cockburn  et  la 
Terre  de  Geikie. 


BOTANIQUE.  —  Sur  les  levures  sporulées  de  Champignons  à  périlhèces  (Glœos- 
porium).  Note  de  MM.  P.  Viala  et  P.  Pacottet,  présentée  par  M.  ]j. 
Guignard. 

La  formation  ^?iY\e?,  Saccharomyces  de  spores  endogènes,  assimilées  aux 
ascospores,  a  été  considérée  comme  un  caractère  bien  particulier  aux  vraies 
levures.  Ce  caractère  a  servi  de  base  à  Hansen  pour  les  classer  en  espèces. 
Les  spores  endogènes  ont  été  signalées  aussi  pour  des  mycolevures  ou  des 
mycodermes.  L'idée  si  longtemps  discutée,  de  la  possibilité  de  l'origine, 
plus  ou  moins  lointaine,  des  levures  aux  dépens  de  Champignons  filamen- 
teux a  été  rejetée  à  la  suite  de  travaux  de  Hansen,  Schïonning,  Klocker. 
Ij'absence  de  sporulation  endogène  chez  des  levures  de  diverses  moisis- 
sures était  le  fait  essentiel  sur  lequel  était  basée  cette  dernière  opinion. 

Nos  recherches  sur  l'Anthracnose  de  la  Vigne  ('),  confirmées  actuel- 
lement par  celles  sur  l'Anthracnose  du  Platane,  nous  paraissent  apporter 
des  faits  nouveaux  sur  cette  question  si  controversée;  elles  démontrent,  en 
tous  cas,  que  la  sporulation  des  levures  n'est  pas  seulement  particulière 
aux  vrais  Saccharomyces ,  puisqu'elle  a  lieu  pour  des  Champignons  para- 
sites, le  Glœosporium  arnpelophagum  Saccardo  (^Manginia  anipelina  Viala  et 
Pacottet)  et  le  Glœosporium  nervisequuni  Saccardo  (Gnomonia  Veneta  Kle- 
bahn). 

L'isolement  et  les  nombreuses  cultures,  pendant  trois  années  successives, 
du  G.  arnpelophagum  nous  avaient  permis  d'observer,  pour  cette  espèce, 


(')   Comptes  rendus,   i"'  février  igo4.  —  Anthiacnosc.   Mémoire  1   :  10  juin  190-i: 
Mémoire  II  :  7.\  septembre  igoà  (avec  8  planches  el  9")  figures  dans  le  texte). 


SÉANCE  DU  19  FÉVRIER  1906.  4^9 

nu  ]5olvmorphisme  très  complexe  :  conidiopliores,  spermogonies,  sclérotes 
et  macroconidiophores,  pycnides,  chlamydospores,  kystes,  tous  organes 
que  nous  retrouvions  ensuite  dans  le  vignoble  et  dont  nous  avons  démontré 
les  relations  et  l'entité  spécifique  par  des  cultures  variées  et  croisées.  Nous 
n'avons  pu  encore  observer  dans  la  nature  ou  obtenir  dans  nos  cultures 
les  périlhèces  (à  asques)  de  cette  espèce  qui  se  rattache  au  groupe  des 
Ascomycètes-Sph^riacées. 

Quand  on  sème  des  spores  (spermalies  des  conceplacles-spermogonies)  dans  des 
milieux  sucrés,  le  mycélium,  fin  et  filamenteux,  se  divise  bientôt  par  un  grand  nombre 
de  cloisons  qui  limitent  des  articles;  ceux-ci  finissent,  au  bout  d'un  temps  plus  ou 
moins  long,  par  se  séparer  en  cellules  qui  se  mettent  à  bourgeonner  comme  des  levures. 
Les  premières  générations  de  levures,  ainsi  obtenues,  transportées  successivement  sur 
des  milieux  sucrés,  continuent  à  se  multiplier  par  bourgeonnement.  Ce  sont  des 
levures  (yV-  sur  4'^i5o  ou  6V-  sur  4''')  d'un  type  morphologique  intermédiaire  aux  levures 
apiculées  et  aux  levures  ellipsoïdes;  elles  déterminent  une  faible  production  d'alcool 
(i  à  1,5  pour  100)  qui  paraît  devoir  s'augmenter  par  accoutumance. 

En  repartant  d'une  cellule  de  levure  unique,  nous  avons  pu  revenir  au  mycélium  fila- 
menteux et  delà  aux  divers  organes  du  G.  ampelophagiim. 

Ce  retour  est  lent,  il  est  même  d'autant  plus  lent  (jue  la  levure  provient  de  séries 
plus  éloignées  du  point  originel  de  transformation  du  Champignon  en  levures  bour- 
geonnantes. 

Dans  certaines  conditions  de  milieu  apparaissent,  sur  les  voiles,  des  cellules  du- 
rables (12!^  sur  6!^)  à  double  membrane,  d'un  brun  plus  ou  moins  foncé.  Les  levures 
portées  sur  plâtre  ou  dans  les  milieux  épuisés  sporulent  et  forment  des  spores  endo- 
gènes. Les  levures  sporulées  du  G.  ampelophagitm  sont  plus  rendées  que  la  levure,  la 
pointe  apiculée  a  disparu,  elles  restent  allongées  quand  elles  renferment  trois  spores, 
elles  sont  plutôt  subsphériques  à  deux  spores  ou  sphériques  à  une  spore  (c^t"-  à  ni*). 
La  spore  endogène  est  un  peu  ovoïde  et  donne  des  levures  en  milieux  sucrés.  Il  y  a 
identité  absolue  entre  celte  sporulation  du  G.  ampelophagum  et  celle  des  levures  des 
Sacciiaromycètes  et  des  Schizosaccharomycètes. 

En  vérification  de  ces  premières  données,  nous  avons  isolé  et  cultivé  le 
G.  nennsequitm  an  Platane  et  nous  avons  obtenu  des  conidiospores,  sper- 
mogonies, pycnides,  sclérotes,  chlamydospores,  kystes.  H.  Rlebahn  (')  a 
cultivé  aussi  le  G.  nerviseqaum  en  milieux  artificiels;  il  a  obtenu,  coiiime 
nous,  des  conidiospbores,  des  sclérotes,  des  conceptacles  et  il  a  démontré 
que  Gnomonia  Veneta  {Lœstadia  Veiteta  ^acc.  et  Speg.)   était  la  forme  à 


(')  Ueber  einige  Fitngi  iinperfc.cti  (Jahrbiicher  fiir  Wissensch.  Boianik,Lv\i>z\g, 
190.5,  p.  5 1 5-558). 


460  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

jiérithèces  (à  ascospores  et  à  asqiies)  du  G.  nervisequum;  ces  asques  vraies 
sont  en  grand  nombre  dans  la  cavité  du  périthèce  et  renferment  chacune 
huit  spores  ovoïdes  et  septées. 

Or  nous  avons  obtenu,  dans  les  mêmes  conditions  de  milieu  que  pour 
G.  ampelophagiim,  des  levures  avec  le  G.  nervisequiim.  Le  passage  à  la  levure 
bourgeonnante  du  mycélium  filamenteux  est  même  plus  rapide  avec  celte 
dernière  espèce.  Le  retour  au  mycélium,  en  partant  de  la  levure  unique,  a 
été  obtenu  de  même  façon  et  a  été  aussi  lent.  Les  levures  bourgeonnantes 
du  G.  nervisequum  produisent  aussi  i  pour  100  d'alcool;  elles  sont  plus 
ellipsoïdes  que  celles  du  G.  ampelophagum;  elles  mesurent  12I*  à  81^  de 
long,  sur  'f-  à  l^  de  diamètre,  le  plus  souvent  •^-7'^.  Les  voiles  et  les  cel- 
lules durables  ont  été  observés  dans  les  mêmes  conditions;  ces  dernières 
(loi^  à  i2'^)sont  plutôt  irrégulièrement  sphériques  à  membrane  d'un  noir 
carbonacé. 

La  sporulation  du  G.  nervisequum  se  produit  comme  celle  du  G.  ampelo- 
phagum.  Les  spores  endogènes  sont  plus  nombreuses;  leur  nombre  varie 
un  peu  (2  a  12),  mais  il  est,  le  plus  souvent,  de  8.  Ces  spores  sont  plus  sphé- 
riques que  celles  des  levures  de  la  Vigne.  Elles  donnent  de  petites  levures 
dont  les  générations  ultérieures  acquièrent  vite  les  dimensions  normales. 
IjB  levure  sporulée  est  plus  allongée  que  celle  du  G.  ampelophagum  ;  elle 
est  parfois  un  peu  arquée  ou  irrégulière;  elle  mesure  en  moyenne  \1>^ 
sur  19^  et  varie  de  \&^  à  c^^  sur  lo^^  à  8^^;  ses  spores  ont  3^^  de  diamètre. 

Tous  les  Champignons  analogues  aux  deux  Glœosporium,  étudiés  ne  sont 
pas  susceptibles  de  donner  des  levures  bourgeonnantes  et  des  levures  spo- 
rulées.  Nous  avons  isolé  et  cultivé  un  parasite  voisin  de  ces  derniers,  l'^l^- 
rochvta  PisilÀh.,  cause  de  l'Anthracnose  des  pois  et  nous  n'avons  pu  ob- 
tenir, au  bout  de  huit  mois,  la  fragmentation  mycéliennneen  milieu  sucré. 
Il  en  est  de  même  pour  d'autres  parasites  du  même  groupe  des  Sphœria- 
cées  que  nous  avons  isolés  et  que  nous  cultivons  depuis  plusieurs  années 
(cinq  ans),  tels  les  Guignardia  ^/V/ntr/Aï  (Bl:>ck-Rot),  Charrinia  cliplodiella 
(Rot  blanc),  Rœsleria  hypogœa  et  Dematophora  necatrix  (Pourri. lié). 

La  sporulation  des  levures  observée  sur  deux  Champignons  (G.  ampelo- 
phagum et  nervisequum),  qui  présentent  un  polymorphisme  complexe  d'or- 
i:anes  de  reproduction  et  dont  l'un  a  des  périthèces  à  asques  et  à  vraies  asco 
spores,  permet  de  mettre  en  doute  la  nature  ascogène  attribuée  aux  levures 
(les  Saccharomyces.  Cette  observation  pose  à  nouveau  la  question,  énon- 
cée par  Pasteur,  de  l'origine  première,  aux  dépens  de  Champignons  fil;.- 
menteux,  des  levures  sauvages  et  industrielles.  D'ailleurs  ces  levures  sont 


SÉANCK  DU  If)  KÉVPUER  190G.  46l 

peiit-êlie  fixées,  par  «ne  longue  accouUimaiice,  dans  leur  état  actuel,  état 
d'où  il  parait  difficile,  mais  non  impossible,  de  les  ébranler. 

BOTANIQUE  AGRICOLE.  —  De  T influence  de  la  greffe  sur  la  qualité  du  raisin 
et  du  vin  el  de  son  emploi  à  l'amélioration  systématique  des  hybrides  sexuels. 
Note  de  MM.  Curtel  el  A.  Jcrie,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

Dans  une  précédente  Conimiinication  l'un  de  nous  a  signalé  l'influence 
modificatrice  de  la  greffe  sur  le  raisin,  le  moût  et  le  vin.  Ces  conclusions 
reposaient  sur  l'observation,  prolongée  pendant  plusieurs  années,  de  deux 
vignes,  l'une  greffée,  l'autre  franche  de  pied,  situées  côte  à  côte  et  sou- 
mises aux  mêmes  soins  culturaux.  Un  curieux  phénomène  de  végétation 
nous  a  permis  d'étudier  cette  influence  en  éliminant  les  nombreuses  causes 
étrangères  de  variation  qui  interviennent,  en  dehors  de  la  greffe,  pour 
modifier  la  structure  et  la  composition  du  fruit. 

Nous  avons  pu  observer,  sur  un  même  pied,  Gamaj^  d'Arcenant  greffe  sur  Aramon- 
Rupestris,  deux  récolles  provenant,  Tune  de  la  grelVe,  Faulre  d'un  rameau  fructifère 
âgé  de  quatre  ans,  né  à  6*^™  environ  au-dessous  de  la  grefl'e  et  par  conséi(uenl  aflVanchi 
de  l'influence  modificatrice  du  l;ourrelel.  Ce  rameau,  au  lieu  d'avoir  les  caraclères 
d'un  rameau  d'Aramon-Rupestris,  comme  on  devait  s  y  attendre,  porte  un  feuillage 
de  Vini/era  trilobé,  diiî'érenl  à  la  fois  de  celui  du  greflon  el  du  sujet,  tout  en  ayant 
des  caractères  communs  à  l'un  et  à  l'autre.  Il  porte  de  nombreux  raisins  ayant  la  forme 
el  les  dimensions  de  ceux  de  Gamay,  mais  plus  précoces,  à  grains  plus  gros,  parfaite- 
ment sains,  alors  que  ceux  de  la  greffe  sont  fortement  envahis  par  la  pourriture  grise. 

Structure  comparative  des  fruits. 


Nombre 

Poids 

N'ombre 

de  grains 

Poids 

Poids 

Nombre 

Poids 

de 

lùtal 



des 

de 

des 

tles 

Nature 

10  raisin*. 

des  grains. 

sains,     pourris. 

l'a  fies. 

100  gi-ains. 

pépins. 

pëpins. 

des  peaux. 

Greffe 

.       jl'S.lSo 

1000 

63o         370 

3o 

216 

i34 

h,  2 

fines. 

Rejet  non  greffé. . . 

•       l'^MjO 

609 

629           3o 

3i 

249 

l52 

6,9 

plus  épaisses, 

Les  mollis  ont  une  densité,  une  teneur  eu  sucre  peu  différentes  et  une 
acidité  un  peu  supérieure  dans  le  fruit  greffé.  Ces  moûts  ensemencés  avec 
une  même  levure  de  vin  ont  donné  des  vins  très  différents  dans  leurs  pro- 
priétés organoleptiques,  couleur  et  richesse  en  tanin. 


,\lcool. 

Vin  de  la  greffe 9°,  5 

\m  du  rejet  non  greffé 10° 

C.  R.,  190(3,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  8.)  <3  I 


Acidité 

Acidité 

volatile 

Extrait 

«n  SO'. 

en  SO^ 

à   100". 

Cendres. 

ïai 

Ire. 

Tanin. 

Colorimétrie. 

6°,  8 

0,47 

2.5,  12 

2,8 

4: 

,8 

0,27 

iOO 

6°,  7 

0,42 

24,16 

2,8 

4 

>7 

0,44 

190 

462  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

L'action  de  la  greffe,  ueltement  isolée  de  toute  autre  cause  modificatrice 
dans  le  phénomène  observé  ici,  peut  se  résumer  dans  les  conclusions  sui- 
vantes, qui  confirment  nos  précédents  résultais  :  luigmentation  de  la  fer- 
tilité, moindre  dimension  des  grains,  plus  nombreux,  à  peau  plus  fine,  très 
sujette  aux  maladies  cryplogamiques,  avec  des  pépins  moins  nombreux, 
plus  gros,  moins  tanniques,  de  poids  total  moindre.  Dans  les  vins  cette 
action  s'est  manifestée  par  une  diminution  notable  de  la  couleur  et  du 
tanin,  une  moindre  résistance  à  l'action  de  l'air,  une  atténuation  de  la 
rudesse  et  de  l'âpreté,  enfin  par  des  modifications  notables  de  la  saveur  et 
du  bouquet. 

Ce  cep  montre  en  outre  l'influence  réciproque  du  greffon  sur  le  sujet, 
en  même  temps  que  le  déséquilibre  produit  par  le  greffage  dans  les  capacités 
fonctionnelles  des  deux  plantes  associées. 

Dans  une  seconde  série  de  recherches,  nous  avons  essayé  d'appliquer 
l'influence  modificatrice  si  puissante  de  la  greffe,  influence  généralement 
peu  avantageuse  pour  nos  plants  français,  à  l'amélioration  de  certains 
hybrides  et  en  particulier  de  certaine  variété,  obtenue  par  l'un  de  nous 
et  remarquable  par  ses  qualités  culturales  : 

Ce  2)ieil-mére  est  un  liiipcstris  Lincecuinii  Mondeuse  (Jurie,  i375,  I)  résistnnt 
au  phylloxei'a,  très  sain  de  feuillage,  mais  de  médiocre  fertilité,  dounaiU  des  raisins 
courts  et  lâches  dont  le  vin,  qui  a  du  corps  et  flu  fruit,  est  malheureusement  altéré 
par  un  goût  de  fox  très  accentué.  Par  greffage  mixte  sur  Berlandieri.  la  grappe 
grossit  considéral)lement,  le  plant  devient  fertile,  le  feuillage  très  sain  a  le  vernissé 
caractéristique  du  Berlandieri .  Le  vin  plus  léger,  moins  tannique,  moins  coloré,  moins 
minéralisé,  est  d'une  très  grande  finesse,  sans  goût  de  fox.  C'est,  au  dire  des  experts 
auxquels  il  a  été  soumis,  un  vin  réellement  supérieur,  l-'ar  greffage  sur  RupcsLris  cor- 
difoUa.  la  grappe  s'est  encore  grandie,  mais  irrégulièiement,  le  vin  est  resté  encore 
rude  et  un  peu  grossier,  mais  exempt  de  mauvais  goût  :  c'est  un  beau  vin  de  coupage, 
richement  coloré.  Par  greffage  sur  Riparia  Berlandieri,  le  Riparia  apporte  comme  de 
coutume  j)lus  d'alcool  et  aussi  plus  d'àpreté.  Nous  sommes  donc  arrivés  à  modifier 
ainsi  par  la  greffe  le  cépage  primitif  et  à  lui  assurer,  avec  une  plus  grande  fertilité,  un 
fruit  susceptible  de  fournir'  des  vins  exempts  ilu  goût  de  fo\  piiniilif. 

Composition  de  ees  vins. 

Aiiilitù 

totale  Cri'mc 

Alooul  en  S0\  Extrait  ilc  Colo- 

Naliiredii  plaiil.  pourjuii.        ~~—  -    .  à  loo".        larlre.     Cendres,    'l'iiiiin.    rimétrie. 

Pied-mère 8,")  S  o,3ô  27,76  o,48  2.32  i  ,46  i3i 

GveiYésur Ber/a/idie/i.  8,2  8,6  0,47  29,16  0,64  1,12  i  .o4  100 

GreÛé  sxiv  Rip.  BerL.  8,6  9,2  0,64  3o,3o  0,87  2,o4  1,02  102 

Greffé  suv  Riip.  cord.  S, 2  9,4  0,17  29,92  0,60  3,32  1,18  120 


SÉANCE  DU  19  FÉVRIER  1906.  463 

Conclusions.  —  1°  Le  curieux  phénomène  de  végétation,  grâce  auquel 
nous  avons  pu  étudier  sur  un  même  pied  de  vigne  le  fruit  greffé  et  le  non 
greffé,  nous  a  permis  de  vérifier  le  bien  fondé  de  nos  précédentes  conclu- 
sions sur  l'influence  modificatrice  profonde  de  la  greffe  sur  le  raisin  et  sur 
le  vin.  1°  Il  montre  en  outre  très  nettement  l'influence  inverse  et  tout  aussi 
inconteslable  du  greffon  sur  le  sujet.  3°  L'action  de  la  greffe  n'étant  pas 
limitée  à  la  durée  de  l'association  des  deux  végétaux,  mais  persistant  dans 
les  rameaux  du  greffon  reproduits  par  bouturage,  on  peut  utiliser  ce  nou- 
veau mode  d'iivbridation  par  voie  asexuelle  à  l'amélioration  systématique 
de  la  Vigne  et  de  ses  hvbrides  et  en  particulier  de  leurs  vins,  comme  le 
montrent  les  exemples  ci-dessus. 


ZOOLOGIE.  —  L' évolution  des  colonies  de  Diplosoma  spongifornie  Giard  et  la 
displanchtornie  des  ascidiozoïdes .  Note  de  M.  Antoine  Pizox,  présentée 
par  M.  Yves  Delage. 

J'ai  fait  connaître  dans  une  publication  antérieure  l'évolution  générale 
des  ascidiozoïdes  de  Diplosoma  Lisleri  et  montré  l'existence,  dans  ces  colo- 
nies, de  trois  sortes  d'ascidiozoïdes  dont  j'ai  établi  les  rapports  et  l'ordre 
de  succession  (').  Pendant  la  belle  saison  dernière  j'ai  étudié  la  seconde 
espèce  de  Diplosome  de  nos  côtes,  Diplosonm  spongiforme  Giard,  afin  de 
dégager,  si  possible,  des  lois  générales  sur  le  bourgeonnement  dans  la 
famille  des  Diplosomidés. 

1°  Chez  lune  des  cinq  colonies  étudiées,  les  ascidiozoïdes  n'ont  présenté  que  le 
bourgeonnement  épicardo-reclal  aboutissant  à  la  formation  déformes  bitlioracùjucs; 
puis,  au  bout  de  12  à  18  heures,  le  plus  âgé  des  deux  thorax  entrait  en  histolyse  et 
il  restait  un  ascidiozoïdc  monotltoracique  qui,  quehjues  jours  plus  lard,  devenait 
bilhovacique  par  bourgeonnement  d'un  nouveau  thorax. 

Les  lignées  issues  respectivemeni  de  l'oozoïde  et  de  son  premier  blaslozoïde  ne  com- 
prirent ainsi  que  des  formes  alternativement  monothoraciques  et  bithoraciques,  (|uise 
transmirent  successivement  la  masse  abdominale  de  l'ascidiozoïde  de  tète.  De  son 
côté,  lépicarde,  aux  dépens  duquel  se  forment  les  branchies  successives,  prend  la 
signification  d'un  stolon  interne  à  profiléralion  continue;  il  en  est  de  même  de  l'exlré- 
milé  de  Tinlestin,  qui  bourgeonne  toujours  de  nouveaux  rectums. 

2°  Les  quatre  autres  colonies  dont  j'ai  suivi  l'évolution  ont  présenté  deux  modes 
de  bourgeonnement  :  d'abord  le  bourgeonnement  épicardo-rectal  aboutissant  comrae 

(')  Antoixe  Pizo.n,  L'cvolntion  des  Diplosomes  {iJipl.  Lisleri)  (Comptes  rendus, 
9  novembre  1903  et  Areliives  de  Zool.  expér.,  fasc.  I,  octobre  190J). 


464  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

précédemnieiU  à  des  formes  bilhoraciques  ;  puis,  à  des  intervalles  irréguliers,  certains 
ascidiozoïdes  furent  en  même  temps  le  siège  d'un  bourgeonnement  épicardo-œsophagieii 
donnant  lieu  à  une  nouvelle  masse  abdominale  (estomac,  intestin  et  cœur)  qui  restait 
momentanément  en  connexion  avec  Tascidiozoïde  progéniteur,  lequel  devenait  ainsi 
une  forme  bitliomcique  et  hiventrique. 

Au  bout  de  36  à  48  heures,  celle-ci  s'est  toujours  dédoublée  en  deux  autres  ascidio- 
zoïdes  monolhoraciques  par  un  mécanisme  qui  est  le  même  quecliezZ).  Listeri  et  dont 
j'ai  pu  encore  établir  très  nettement  le  déterminisme  : 

Soit  un  ascidiozoïde  A  avec  son  œsophage  O,  son  estomac  E,  son  intestin  I  et  son 


Kig.   1.  --  Un  ascidiozoïde  bitlioraciqiie  et  l>ivciiliii|ue  de  Dijilosonia  sjioii  gif  orme  Giard. 

A,  ascidiozoïde  d'abord  monollioracique  avec  sa  biaticliie  bi\  estomac  0,  intestin  I,  rectum  /■,  cccure 
cl  épicaide  c.  —  Il  est  devenu  bitlioracique  et  biventrique  en  bourgeonnant  une  autre  branchie  A', 
œsophage  0',  intestin  I'.  rectum  ;',  cœur  c  et  épicarde  k' .  —  n  et  /)'  (en  granulé),  régions  inac- 
tives se  pinçant  au  nionieul  de  la  displanchtomic.  —  D,  0',  direction  de  la  displanclitomie.  (Les 
flêclics  indi(]uent  la  marche  des  aliments.) 


SÉANCE    DU    19    FÉVRIER    1906.  /j65 

rectum  /■;  il  esl  devenu  liillioracique  el  bivenln'que  en  bourgeonnant  une  nouvelle 
brancliie  A',  un  estomac  E',  un  intestin  I'  et  un  rectum  /'.  La  figure  i  inrlique  les 
connexions  de  ces  dillérents  organes. 

Quand  Ions  sont  en  activité  fonctionnelle,  on  observe  que  les  particules  alimentaires 
absorbées  par  la  bi'anchie  A  s'engagent  dans  le  premier  œsophage  qu'elles  trouvent  sur 
leur  chemin  et  arrivent  dans  l'estomac  E';puis  les  fèces  formées  dans  l'intestin  1' et 
poussées  en  avant  par  les  contractions  intestinales  s'engagent  tout  naturellement  dans 
le  rectum  maternel  /•  qui  les  évacue  au  dehors.  Par  suite  des  diverses  connexions 
anatomiques,  le  plus  ancien  des  deuv  thorax  A  se  trouve  donc  associé  physiologi- 
quement  avec  la  nouvelle  masse  abdominale  E',  I'.  On  observe  de  même  que  le  nouveau 
thorax  A'  est  .associé  fonctionnellement  avec  la  plus  ancienne  des  deux  masses  abdomi- 
nales E,  I. 

Il  en  résulte  que,  sur  le  trajet  de  l'œsophage  O,  il  existe  une  région  «,  comprise 
entre  les  débouchés  de  l'estomac  E'  et  de  l'œsophage  O',  qui  est  fonctionnellement 
neutre  ou  à  peu  prés;  il  en  existe  une  autre  pareille  en  n'  entre  les  deux  rectums  /■  et  /'. 
Ce  sont  précisément  ces  deux  régions  inactives  n  et  n'  qui  se  pincent  et  se  séparent 
complètement  suivant  DD',  en  isolant  ainsi  deux  ascidiozoïdes  monothoraciques,  avec 
échange  des  organes  abdominaux. 

Je  donne  à  cette  biparlitioii  singulière  le  nom  de  displanchlomie  {Zi^, 
deux;  T-Xayyvov,  viscères;  to[j.y],  coupure). 

Les  autres  résultats  généraux  qui  se  dégagent  de  l'ensemble  do  mes 
observations  sont  les  suivants  :  les  deux  modes  de  bourgeonnement  que 
j'ai  décrits  chez  Dipinsoma  i«/m  se  retrouvent  chez/),  spongi  forme;  l'appa- 
rition des  ascidiozoïdes  bithoraciques  et  biventriques  n'obéit  à  aucune 
règle  générale,  et  chacun  d'eux  se  divise  toujours  ultérieurement  en  deux 
monothoraciques;  les  lignées  d'ascidiozoïdes  issues  respectivement  de 
l'oozoïde  et  de  son  premier  blastozoïde  diffèrent  dans  une  espèce  donnée; 
elles  varient  également  d'une  espèce  à  l'autre. 


ZOOLOGIE.  —  Sur  le  mâle  el  l'appareil  suceur  de  Nicotlioa  Astaci. 
Note  de  M.  A.  Qiidou,  présentée  par  M.  Yves  Delage. 

J'ai  étudié  au  laboratoire  de  Roscolfle  inâle  insuffisamment  démontré  et 
l'appareil  suceur  mal  connu  de  Nicothoa. 

L'étude  de  Nicothoa  dépourvus  d'appendices  aliformes  et  semblables  à  la 
forme  décrite  par  Clans  comme  mâle  a  montré  que  l'apparition  des 
glandes  sexuelles  permet  seule  de  distinguer  le  mâle  de  la  femelle  imma- 
ture. Sur  cinq  animaux  étudiés  et  rigoureusement  identiques,  quatre  pié- 
senlaient  en  effet  dans  le  thorax  et  l'anneau  génital  des  glandes  mâles  à 


466  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

divers  stades  de  développement.  Un  seul  en  était  complètement  dépourvu. 
Si  donc  l'échantillon  unique  étudié  par  Clans  est  bien  une  femelle  imma- 
ture, comme  le  croit  Canu,  la  description  qu'il  en  donne  s'applique  égale- 
ment au  mâle.  Cependant,  quoi  qu'en  dise  Claus,  le  cinquième  anneau  tho- 
racique  est  toujours  visible  dorsalement. 

L'appareil  suceur  de  Nicothoa  comprend  trois  parties  :  la  trompe,  la 
bouche  et  le  pharynx  {fig.  i  et  2). 


Fig.  I.  —  am,  bord  miisciilairp;  //■,  fi'iinge  musculaire  ;  g,  gorge  chitineuse  :  M,,  nia\illcs;  m.  bord 
mobile;  »),,  luuscio  élévaleur;  O,,  orifice  buccal;  S|-S,,  surfaces  cliilineuses. 

Fig.  ■!.  —  cb,  cavité  buccale;  cpr,  cavité  prébuccale;  M,,  mandibules;  m,-iii^-m^-m.-^-in^.  muscles 
prcbuccal,  pharyngien,  œsophagien,  mandibulaiiT,  maxillaire;  Oj-C^-Oj-O,,  orifices  prébuccal,  buc- 
cal, postbuccal,  œsophagien;/?/»,  pharynx. 

La  trompe,  située  entre  les  antennes  postérieures,  est  limitée  en  avant  et  en  arrière 
par  deux  demi-couronnes  chitineuses  :  la  lèvre  supérieure  et  la  lèvre  inférieure.  Elle 
est  perpendiculaire  à  la  face  ventrale  de  l'animal,  mais  peut  osciller  légèrement  d'avant 
en  arrière.  C'est  en  eflet  un  organe  très  riche  en  fibres  musculaires.  Celles-ci,  nette- 
ment visibles  de  la  base  à  l'extrémité  supérieure  où  elles  s'épanouissent  en  un  rebord 
musculaire  à  fibres  radiées,  ])araissent  se  continuer  dans  la  frange  délicate  qui  entoure  ce 
dernier.  Son  ouverture  est  un  cercle  de  o^'^iOS  de  diamètre;  elle  est  occupée  par  une 
membrane  chitineuse  complexe  percée  en  son  centre  d'un  orifice  de  forme  variable 
auquel  aboutit  un  tube  central.  I^e  bord  antérieur  de  cet  orifice  est  mobile  et  peut  se 
placer  sous  la  voûte  chitineuse  formée  par  le  liord  postérieur.  Les  bords  latéraux  sont 
occupés  par  deux  surfaces  chitineuses  S,  et  So  en  forme  de  rein.  L'ne  gorge  chitineuse 
à  concavité  extérieure  entoure  chacune  d'elles. 

Le  tube  central  peut  être  soulevé  par  la  contraction  des  fibres  musculaires  /«,  insé- 
rées d'une  part  à  son  extrémité  antérieure  et,  d'autre  part,  sur  le  bord  marginal  interne 
des  surfaces  Si  et  S.,,  et  dilaté  par  celle  des  muscles  /«.,  qui  parlent  de  sa  paroi  pour 
s'insérer  sur  celle  de  la  trompe.  Le  relâchement  de  ces  muscles  agit  en  sens  inverse. 

La  trompe  présente,  en  outre,  trois  sortes  d'appendices  en  forme  de  lanières  :  les 


SÉANCE  DU  19  FÉVRIER  1906.  4G7 

palpes  labiaux  (?).  Elle  esl  traversée  par  les  mandibules  qui  se  terminent  uii  peu  au- 
dessous  de  l'orifice  prébuccal  et  présente  laléralemenl  les  maxilles  dont  l'exlrémité 
élargie  se  termine  par  trois  petits  lobes  aigus. 

La  cavité  buccale,  courte  et  cylindrique,  est  située  entre  le  tube  axial  de  la  trompe 
et  le  pharynx  qui,  tous  deux,  y  font  saillie. 

Le  pharvnx  a  une  forme  ovoïde.  Il  présente  un  orifice  antérieur  poslbuccal  O,  et  un 
orifice  postérieur  O4  qui  le  mettent  respectivement  en  communication  avec  la  cavité 
prébuccale  et  l'œsophage.  Les  parois  sont  épaisses,  mais  leur  partie  antérieure  s'amincit 
pour  pénétrer  dans  la  cavité  buccale.  Des  muscles  puissants  in^,  insérés  sur  ses  parois 
d'une  part  et  sur  la  carapace  d'autre  part  le  dilatent  ou  le  contractent. 

Cette  même  structure  de  l'appareil  suceur  se  retrouve  chez  le  jeune  Xicollioé  encore 
abrité  dans  l'ovisac  maternel  et  dont  la  taille  ne  dépasse  pas  o™™,2.  Mais  l'ouverture 
de  la  trompe  esl  simplifiée  et  laisse  à  penser  que  les  surfaces  chitineuses,  S;  et  S.,,  ob- 
servées chez  l'adulte,  jiourraient  bien  n'être  que  des  palpes  mandibulaires  modifiés.  En 
outre,  les  niaxilles  sont  cviindriques,  à  deux  articles  et  terminées  par  trois  pointes. 

L'expérience  montre  que  l'animal  peut  se  fixer  uniquement  au  moyen  de 
sa  trompe.  Le  bord  antérieur  de  la  trompe  et  sa  frange,  en  se  contractant, 
s'appliquent  exactement  sur  la  branchie  de  l'hôte.  Les  muscles  w,  et  7?2„  sou- 
lèvent et  dilatent  le  tube  central  qui,  dès  lors,  agit  comme  une  véritable 
ventouse.  Mais  il  pourrait  se  remplir  aux  dépens  des  liquides  contenus  dans 
la  bouche  si  l'afflux  de  ceux-ci  n'avait  précisément  pour  résultat  de  déter- 
miner la  fermeture  parfaite  de  l'orifice  buccal  Oo. 

Si,  à  ce  moment,  les  mandibules  perforent  la  branchie,  la  cavité  prébuc- 
cale se  remplit  aux  dépens  du  sang  de  l'hôte.  Dans  ce  cas,  la  diastole  delà 
cavité  prébuccale  étant  à  son  maximum,  celle  de  la  cavité  postbuccale 
commence.  La  cavité  buccale  se  vide.  I/orifice  buccal  s'ouvre  progressive- 
ment tandis  que  l'orifice  O,  se  ferme  et  que  la  cavité  prébuccale  entre  en 
systole.  Le  liquide  qu'elle  contient  pourrait,  à  ce  momenit,  s'échapper  par 
l'orifice  prébuccal  et  détacher  la  trompe  sans  la  disposition  remarquable 
de  celui-ci.  La  contraction  de  la  cavité  prébuccale  provoque  le  déplace- 
ment du  bord  libre  m.  Les  deux  gorges  chitineuses  g  n'offrent  plus  alors 
entre  elles  de  solution  de  continuité  et  jouent,  à  l'arrivée  du  liquide,  le 
rôle  du  cuir  embouti  dans  la  presse  hydraulique.  Le  liquide  nutritif  passe 
donc  dans  la  cavité  buccale  où  il  provoque  la  fermeture  de  l'orifice  post- 
buccal O3  tandis  qu'a  lieu  la  contraction  du  pharynx  dont  le  contenu  passe 
alors  dans  l'œsophage. 

Il  faut  noter  que,  la  cavité  prébuccale  restant  contractée,  les  dilatations 
et  les  contractions  du  pharynx  peuvent  continuer.  Elles  déterminent  ces 
mouvements  ondulatoires  si  nets  dans  les  cœcums  digestifs  des  expansions 
latérales  de  la  femelle  adulte  et  qui  persistent  longtemps  encore  après  que 
l'animal  a  été  détaché  de  son  hôte. 


468  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Si,  d'autre  part,  on  considère  que  ces  expansions  se  sont  produites  en 
des  points  de  moindre  résistance  de  la  carapace,  il  est  permis  de  se  deman- 
der s'il  n'existe  pas  une  relation  de  cause  à  effet  entre  les  mouvements 
observés  et  ces  expansions.  L'examen  de  jeunes  femelles  montre  en  effet 
que  le  développement  des  organes  génitaux  a  suivi  et  non  précédé,  comme 
certains  l'ont  dit,  la  formation  de  ces  dernières.  L'hypothèse  est  séduisante 
et  l'absence  de  ces  protubérances  chez  le  mâle  ne  saurait  s'élever  contre 
elle;  les  mœurs  sédentaires  de  la  femelle  ayant  eu  effet  provoqué  une  sur- 
activité des  fonctions  digeslives  que  ne  permettent  pas  les  mœurs  péla- 
giques du  mâle  :  le  dimorphisme  sexuel  relevant,  en  uu  mot,  de  condi- 
tions élhologiques  différentes. 

GÉOLOGIE.  —  Les  tourbes  des  plages  bretonnes ,  au  nord  de  Morlaix  (Finistère). 
Note  de  M.  L.  Cayeix,  présentée  par  M.  Michel  Lévy. 

J'ai  étudié,  en  juillet  dernier,  les  dépôts  tourbeux  qui  affleurent  à  marée 
basse,  au  nord-est  de  la  baie  de  Morlaix,  à  Plougasnou-Primel.  Une  tran- 
chée de  2™,  lo  de  profondeur,  ouverte  à  l'est  de  la  pointe  de  Priniel,  sur  la 
j)lage  sableuse,  à  3"^  environ  au-dessous  du  niveau  des  hautes  mers,  m'a 
permis  de  relever  la  succession  suivante  : 

1°  o™,io  de  sables,  couvrant  une  partie  de  la  plage  actuelle. 

2°  o™,  55  de  sables  tourbeux  et  tourbe,  renfermant  des  souches  en  place  et  de  nom- 
breux troncs  d'arbres  qui  m'ont  été  signalés  en  plusieurs  points  de  la  côte.  Ce  niveau 
tourbeux  correspond  à  un  sol  forestier. 

3°  o™,25  de  sables  gris  quartzeux,  riches  en  fragments  de  coquilles  triturées. 

4°  o'",4o  de  tourbe,  caractérisée  par  de  nombreux  roseaux  et  par  d'innombrables 
débris  d'insectes,  les  uns  et  les  autres  d'une  admirable  conservation.  Selon  toutes  pro- 
babilités, les  roseaux  doivent  être  identifiés  au  roseau  à  balai  actuel,  c'est-à-dire 
à  VArundo  phragmiles  L.  {Phragmites  communis  Trin.).  Beaucoup  de  tiges  pour- 
vues de  racines  sont  restées  debout;  il  n'est  pas  rare  d'en  rencontrer  plusieurs  qui  sont 
encore  attachées  à  la  même  touiïe  de  racines  traçantes.  Ces  roseaux  ont  vécu  en 
place. 

Les  débris  d'insectes  sont  tellement  répandus,  qu'il  est  pour  ainsi  dire  impossible 
de  diviser  un  échantillon  de  tourbe,  sans  les  faire  apparaître  en  grand  nombre.  Ce  sont 
surtout  des  élytres  Ae  Coléoptères,  des  thorax  et  des  abdomens  isolés  ou  soudés. 

La  tourbe  caractérisée  par  les  roseaux  et  les  insectes  est  un  produit  de  marécages. 

S"  o^^iiS  de  sables  marins  identiques  à  ceux  de  l'horizon  n°  3. 

0"  Au-dessous  des  sables,  on  trouve  une  nouvelle  couche  de  tourbe  épaisse  de  o",  55 
et  qui  se  décompose  en  deu\  niveaux. 

La  partie  supérieure  est  un  amas  de  débris  végétaux  empilés,  posés  à  plat,  com- 
primés, fortement  serrés  les  uns  contre  les  autres.  Ce  sont  des  branches   cassées  et 


SÉANCE  DU  19  FÉVRIER  1906.  4^9 

brindilles,  toujours  munies  de  leur  écorce,  associées  à  des  écorces  détachées.  Le  bois 
est  généralement  bien  conservé;  le  tissu  ligneux  n'est  même  pas  désorganisé  lorsque 
les  morceaux  de  bois  ont  subi  une  notable  réduction  de  volume.  Cet  état  de  conserva- 
tion est  l'indice  d'un  enfouissement  rapide. 

Les  branches  et  les  écorces  appartiennent  à  plusieurs  essences.  Le  boitleau  paraît 
dominer.  L'existence  du  peuplier  est  presque  certaine.  Le  houx,  le  hêtre,  le  noisetier 
V  sont  représentés.  D'autres  espèces  indéterminées  y  ont  laissé  quelques  fruits.  Des 
traces  de  moisissures  ont  été  relevées  sur  des  écorces.  A  tous  ces  débris  il  faut  ajouter 
des  ailes  d'insectes  très  clairsemées. 

7°  Vers  le  milieu  du  banc  de  tourbe,  des  roseaux  apparaissent;  ils  se  multiplient 
rapidement  vers  la  profondeur  et  finissent  par  constituer  .une  nouvelle  couche  à 
roseaux.  Des  dépouilles  d'insectes  y  figurent  encore,  mais  en  petit  nombre. 

8°  Sables  compacts,  traversés  par  de  nombreuses  radicelles  et  explorés  sur  lo"^" 
seulement;  je  les  considère  provisoirement  comme  un  sédiment  d'eau  douce. 

La  coupe  précédente  permet  de  retracer  la  succession  des  événements 
qui  ont  affecté  la  région  de  Plougasnou-Primel  à  une  époque  récente. 

Les  sables  inférieurs  ont  servi  de  fond  à  un  marais  où  vivaient  de  nom- 
breux roseaux.  Il  s'est  formé  un  prernier  niveau  de  tourbe  que  je  désignerai 
sous  le  nom  de  banc  inférieur  à  roseaux.  Une  crue  importante  introduit 
dans  le  marais  une  grande  quantité  de  bois  flotté  qui  donne  naissance  à 
une  tourbe  exclusivement  constituée  par  des  éléments  de  transport.  La 
mer  envahit  les  tourbières  et  couvre  de  sables  le  bois  flotté.  Elle  se  retire, 
et  un  nouveau  marais  se  forme;  le  banc  supérieur  à  roseaux  prend  naissance. 
Une  nouvelle  submersion  se  produit;  la  mer  laisse  encore  dessables  comme 
témoins  de  son  invasion.  Un  régime  continental  s'établit  après  son  retrait 
et  sur  le  même  emplacement  se  dresse  une  forêt.  Une  nouvelle  avancée  de 
la  mer  ramène  encore  une  fois  le  régime  marin.  Cette  remarquable  succes- 
sion nous  conduit  à  l'époque  actuelle,  caractérisée  par  l'affleurement  à  mer 
basse  de  l'ancien  sol  forestier,  dans  les  rares  points  oîi  il  n'a  pas  encore  été 
ensablé. 

Le  phénomène  de  dépôt  des  débris  végétaux  qui  ont  donné  naissance 
aux  différentes  tourbes  revêt  une  grande  variété.  La  coupe  montre  des 
sables  marins  alternant  avec  des  couches  de  tourbe  formées  : 

1°   Far  une  végétation  de  marais  (niveaux  3  et  7); 

2°   Par  du  bois  flotté  (niveau  6); 

3°  Par  des  plantes  arborescentes  dont  il  reste  des  souches  et  tiges,  attes- 
tant l'existence  d'une  forêt  détruite  sur  place  (niveau  2). 

Les  conditions  de  formation  des  tourbes  de  Plougasnou-Primel  ne  sont 
pas  sans  analogie  avec  celles  de  la  houille.  Elles  se   ramènent  au  fond  à 

C.  R.,  1906,  1"  Semestre.  (T.  CXLII,  N«  8.)  62 


/,r,o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

deuK  principales  :  Les  tourbes  représentent  tantôt  un  produit  de  flottage, 
c'est-à-dire  une  véritable  allmion  végétale,  tantôt  une  formation  engendrée 
sur  place,  par  une  végétation  développée  in  situ. 

La  surface  restreinte  que  j'ai  ex|)lorée  ne  m'a  pas  fourni  les  éléments 
d'une  chronologie  des  différentes  formations  traversées.  Les  phénpmènes 
dont  j'ai  brièvement  retracé  l'enchaînement  s'encadrent,  selon  toute  vrai- 
semblance, dans  la  série  des  déplacements  de  lignes  de  rivages  qui  s'éche- 
lonnent entre  l'époque  préhistorique  comprise  et  le  début  de  l'ère  chré- 
tienne. 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Sur  une  trombe  de  très  petites  dimensions. 
Note  de  M.  M.  Luizet,  présentée  par  M.  Mascart. 

Dans  l'après-midi  du  6  janvier  dernier,  après  plusieurs  journées  carac- 
térisées par  un  vent  du  Sud  assez  fort  et  une  température  supérieure  à  la 
normale,  une  trombe,  intéressante  surtout  par  ses  faibles  dimensions,  a 
atteint  l'usine  à  gaz  située  sur  la  rive  gauche  de  la  Saône,  dans  la  presqu'île 
de  Perrache,  au  pied  de  la  colline  de  Sainte-Foy. 

M.  Craponne,  ingénieur  principal  de  la  Compagnie  du  gaz,  qui  nous  a 
signalé  ce  météore,  a  eu  l'obligeance  de  nous  en  remettre  une  description 
détaillée,  que  j'ai  vérifiée  sur  place  et  dont  voici  les  passages  les  plus 
saillants  : 

<i  Vers  SI" 35"°  du  soir,  lo  minules  environ  après  une  faillie  chute  de  grêle,  précédée 
elle-même  d'un  coup  de  tonnerre,  un  coup  de  vent  formidable  et  subit  a  produit  une 
nuit  de  poussière  sur  tout  le  quai  Rambaud,  dans  les  cours  de  l'usine  à  gaz,  sur  le  cours 
Bayard  et  l'on  a  entendu  aussitôt  une  véritable  grêle  de  sable,  de  gravier,  de  brindilles 
de  bois  taper  dans  les  fenêtres  avec  une  violence  telle  que  chacun  de  nous  a  cru  à 
l'explosion  de  quelque  chaudière,  ou  à  un  accident  de  cet  ordre.  Ce  coup  de  vent  n'a 
duré  que  5  ou  6  secondes  tout  au  plus,  mais  il  a  suffi  pour  commettre  de  grands  dégâts 
dans  un  espace  relativement  restreint  et  bien  déterminé.  « 

Les  premiers  effets  de  cette  trombe  se  sont  fait  sentir  sur  la  Saône  elle-même,  qui 
coule  en  cet  endroit  du  NNE  au  SSW  :  «  Un  bateau-ponton,  amarré  au  quai  Rambaud, 
a  eu  plusieurs  feuilles  de  zinc  de  sa  toiture  arrachées.  Tout  à  côté,  sur  une  largeur  de 
30""  environ,  les  arbres  du  quai  ont  été  violemment  attaqués  et  l'un  des  plus  beaux 
platanes  a  été  complètement  déraciné;  ses  voisins  immédiats  ont  été  tellement  ébranlés 
qu'on  pouvait  voir  dans  le  sol,  autour  de  leur  tronc,  un  espace  libre  de  2''"  et  plusieurs 
d'entre  eux  ont  eu  de  grosses  branches  cassées.  Un  peu  plus  loin,  une  maison  d'habi- 
tation de  l'usine,  située  au  coin  du  quai  Rambaud  et  du  cours  Bayard  et  dont  les  faces 
sont  à  peu  près  orientées  WNW-ESE  et  NNE-SSW,  a  eu  sa  toiture  d'ardoise  enlevée 
sur  les  deux  faces  sud  et  ouest;  un  couronnement  en  zinc  formant  chéneau  et  constitué 
de  plaques  de  plus  de  ©""(Se  de  largeur  a  été  arraché  et  jeté  sur  le  toit  et  sur  le  sol;  en 


SÉANCE  DU  19  FÉVRIER  1906.  4'7I 

outre  une  vitre  de  la  face  sud  a  été  brisée.  Des  ardoises  ont  été  lancées  sur  l'arsenal, 
situé  de  l'autre  côté  du  cours  Bayard,  où  elles  ont  brisé  un  grand  nombre  de  carreaux 
de  vitres  et  des  tuiles,  d'autres  ont  été  éparpillées  sur  le  quai  sur  une  longueur  de  plus 
•de  3oo".  Un  fait  singulier  est  que  l'arsenal  n'a  subi  d'autres  dégâts  que  ceux  occasionnés 
par  les  projectiles  issus  de  la  maison  dont  il  vient  d'être  question.  Au  delà  de  l'arsenal 
on  ne  trouve  plus  trace  du  phénomène  dans  la  direction  WSW-ENE  qui  paraît  être 
celle  de  sa  courte  trajectoire.  » 

En  largeur,  le  tourbillon  est  nettement  limité  sur  la  gauche  par  «  l'empreinte  qu'il 
»  a  laissée  sur  un  trottoir  du  quai  :  en  effet,  à  droite  d'une  ligne  dirigée  de  WSW 
»  à  ENE,  le  trottoir  était  propre  comme  s'il  avait  été  balayé  avec  soin,  tandis  que,  à 
»  gauche  de  cette  ligne,  il  était  au  contraire  couvert  de  débris  de  toutes  sortes  ».  Sur  la 
droite  de  la  trajectoire,  la  limite  est  moins  nette  :  quelques  tuiles  ont  en  effet  été  arra- 
chées sur  certains  bâtiments  de  l'usine  à  gaz  ;  mais,  dans  un  bureau  situé  à  20"°  environ 
à  l'est  de  la  maison  qui  a  été  dégradée,  se  trouvait  un  baromètre  Richard  qui  n'a  enre- 
gistré aucune  variation  au  moment  de  la  tourmente;  ce  baromètre  se  trouvait  donc 
en  dehors  de  la  trombe,  ce  qui  permet  d'assigner  à  cette  dernière  une  largeur  de  4o™ 
au  plus.  11  est  à  remarquer  que,  dans  l'espace  où  l'on  constate  des  dégâts,  on  trouve,  à 
côté  de  choses  très  résistantes  qui  ont  été  détériorées  ou  enlevées,  des  objets  relative- 
ment légers,  tels  que  des  tuiles  sur  un  mur,  déjeunes  arbres,  des  paillassons  sur  une 
serre,  etc.,  qui  n'ont  été  ni  déplacés  ni  endommagés. 

D'autre  part,  l'observatoire  de  Saint-Genis-Laval,  situé  à  6"""  environ  au 
sud-ouest  de  l'usine  à  gaz  de  Perrache,  a  été  atteint  à  3''35"  par  un  grain  ora- 
geux, caractérisé  par  une  rotation  rapide  de  la  girouette  de  SSE  à  WNW, 
accompagnée  d'un  coup  de  vent  de  [5™  par  seconde  et  d'une  hausse  baro- 
métrique brusque  de  i°"",2.  Une  dizaine  de  minutes  avant  l'arrivée  de  ce 
grain,  on  avait  entendu  le  tonnerre  dans  les  régions  nord. 

La  trombe  pour  ainsi  dire  infinitésimale  (4o™  de  large  )  que  nous  venons 
de  décrire  paraît  donc  avoir  pris  naissance  au  moment  où  la  ligne  de  grains 
quittait  les  sommets  de  la  colline  de  Sainte-Foy  pour  descendre  sur  la 
presqu'île  de  Perrache;  son  énergie  s'est  d'ailleurs  bien  vite  dépensée  et 
elle  n'a  pas  sévi  sur  une  longueur  de  plus  de  i5o™. 

M.  Jules  Carvallo  adresse  une  Étude  de  la  loi  des  variations  de  la  tem- 
pérature de  l'atmosphère  en  fonction  de  la  hauteur, 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Mascart.) 
A  4  heures  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie. 

G.   D. 


472  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 


ERRATA. 


(Séance  du    i5  janvier   1906.) 

Note  de  M.  Lucien  Graux,  Proportionnalité  directe  entre  le  point  cryo- 
scopique  d'une  eau  minérale  de  la  classe  des  bicarbonatées  et  la  composi- 
tion de  cette  eau  exprimée  en  sels  anhydres  et  en  monocarbonates  : 


Page  166,  ligne  2  en  remontant,  au  lieu  de 

—  o , 56o 


—  o,35o 
lisez 

—  o,56o 


•o,338 


^=  1 ,600, 


,63o. 


Page  167,  ligne  3,  au  lieu  de  5s, 832,  lisez  68,982. 

Même  page,  ligne  6,  au  lieu  de  ,  ^„    =  1 ,54o,  lisez      ^      =r  i  ,671. 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

SÉANCE   DU   LUNDI  26  FÉVRIER    1906, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  H.  POINCARÉ. 


MEMOIRES  ET  COMMUrVICATION.s 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

ARCHÉOLOGIE.  —  Recherches  sut-  quelques  métaux  et  minerais  trouvés  dans 
les  fouilles  du  Tell  de  l'Acropole  de  Suse,  en  Perse;  par  MM.  Berthelot  et 

G.  AxDRÉ. 

M.  de  Morgan  nous  a  priés  d'examiner  divers  objets  métalliques  et  miné- 
raux provenant  de  ses  fouilles  en  Perse,  dans  la  partie  de  Suse  désignée 
sous  le  nom  de  Tell  de  l' Acropole.  Cet  acropole  a  été  successivement  occupé 
par  les  Élaniiles,  les  Achéménides,  les  Parthes,  les  Sassanides  et  les  Arabes. 
Les  objets  qui  nous  ont  été  remis  proviennent  surtout  des  couches  pro- 
fondes de  l'époque  Élamite  (antérieure  à  ^So  av.  J.-C),  sans  que  leur 
origine  toutefois  puisse  être  absolument  garantie.  Plusieurs  ont  été  trouvés 
dans  les  ruines  du  temple  du  dieu  Susinak  (x*  siècle  avant  notre  ère)  et 
l'un  d'eux  porte  une  inscription  au  nom  d'un  roi  Silhak  (entre  looo  et 
ySo  av.  J.-C). 

Voici  le  résumé  des  résultats  de  nos  analyses.  On  remarquera  particu- 
lièrement l'existence  du  nickel,  accompagnant  le  cuivre  dans  un  certain 
nombre  de  ces  objets  :  il  paraît  avoir  été  fourni  par  un  minéral  mixte,  ou 
par  un  mélange  de  minerais,  tel  que  des  pyrites  mixtes,  où  le  cuivre  était 
associé  à  une  certaine  proportion  de  nickel.  Nous  n'avions  rencontré  jus- 
qu'ici aucune  proportion  de  ce  métal  dans  les  analyses  que  nous  avons 
faites  d'objets  provenant  de  l'Égvpte  et  de  la  Chaldée.  Il  y  aurait  lieu  d'en 
rechercher  l'origine  dans  les  montagnes  des  environs  de  Suse. 

C.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  9.)  63 


474  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


1.  —  Objets  d'argent. 

Fragment  d'un  vase  en  argent  brisé  et  fortement  altéré  par  sa  transfor- 
mation en  chlorure,  qui  l'a  désagrégé.  La  forme  en  était  circulaire,  indiquée 
par  deux  rainures  de  la  partie  supérieure  d'un  fragment,  correspondant 
sur  cette  partie  à  un  diamètre  de  4"™  à  5*^"  vers  l'ouverture  du  vase.  La  face 
intérieure  a  conservé' son  poli,  en  prenant  une  teinte  noir  violacé  très 
foncée.  Un  autre  fragment  semble  répondre  à  une  partie  plus  basse,  telle 
que  la  gorge  d'un  gobelet  de  forme  conique. 

Ces  fragments  s'écrasent  facilement;  mais  ils  se  pulvérisent  moins  bien, 
en  fournissant  une  poudre  gris  foncé,  insoluble  dans  l'eau.  Partie  princi- 
pale :  chlorure  d'argent. 

La  matière  est  peu  homogène. 

Éléments  trouvés  :  argent,  chlore,  sable,  or,  cuivre,  fer,  chaux,  eau. 

Ni  arsenic,  ni  acide  carbonique. 

Analyse  d'un  échanlillon. 

Sur  100  parties. 

Chlore 16,98  16,72 

Or 1,12 

Argent  tolal 65,27  64,  i4 

Cuivre, 2)94 

Sable 1,44 

D'après  cette  analyse,  il  restait  une  certaine  dose  d'argent  excédant 
celle  du  chlorure  normal  AgCl,  lequel  répondrait  aux  rapports  64,8  :  21,2. 

Mais  cet  argent  doit  être  considéré  plutôt  comme  constituant  le  sous- 
chlorure  connu  Ag^Cl. 

Ce  chlorure  résulte  de  l'action  des  eaux  saumàtres  sur  l'alliage  primitif. 

La  dose  de  cuivre  représenterait  à  peu  près  un  cinquième  du  poids  de 
l'argent  et  même  un  peu  davantage,  une  portion  du  chlore  étant  combinée 
au  cuivre. 

La  dose  du  cuivre  a  été  trouvée  un  peu  moindre  dans  une  portion  en- 
tourée de  patine;  sans  doute  à  cause  de  l'altération  plus  rapide  du  cuivre. 

On  remarquera  l'existence  d'or  notable,  associé  à  l'argent;  il  cor- 
respond sans  doute  à  l'emploi  d'un  minerai  aurifère  et  à  une  époque  anté- 
rieure au  vi"  siècle  avant  J.-C,  époque  où  l'on  ne  savait  pas  bien  séparer 
l'or  de  l'argent. 


SÉANCE  DU  26  FÉVniER  1906.  475 


II.  —  Objets  de  cuivre  et  de  bronze. 

1.  Calotte  de  bronze  en  forme  de  cloche,  formée  par  un  des  montants 
d'un  battant  de  porte,  avec  inscription  au  nom  du  roi  Silhak. 

Forme  générale  :  moitié  d'un  ellipsoïde  allongé;  hauteur  3i5™™;  profon- 
deur 285™";  diamètre  extérieur  à  l'orifice  210™™;  épaisseur  irrégulière  22°"" 
à  i5""°;  poids  i&'^,']. 

Calotte  préparée  par  le  moulage  grossier  d'un  alliage  fondu. 

Matière  partiellement  oxvdée,  très  dure  et  fragile. 

Eléments  trouvés  :  étain,  cuivre. 

Eléments  absents  :  plomb,  zinc,  arsenic. 

Analyse. 

Pour  100. 

Etain 1 1 ,85 

Cuivre 85, 20  85,56 

97>o5 

Oxygène  et  divers 2,95 

I 00 , 00 

2,  —  Fragment  de  tombeau  en  bronze  de  l'époque  achéménide. 

Matière  verdàtre,  peu  homogène  à  la  coupe;  cassante,  mais  difficile  à 
pulvériser;  contient  des  grains  métalliques;  coupure  verte. 

Elle  renferme  une  substance  organique. 

Éléments  trouvés  :  carbone,  azote,  eau,  C0%  chlore,  sable,  étain,  cuivre, 
fer,  plomb,  chaux. 

Eléments  absents  :  arsenic,  argent,  zinc. 

Traces  de  magnésie. 

D'après  l'analyse,  la  partie  métallique  était  constituée  par  un  bronze 
formé  de  : 

Cuivre 82 , 7 

Étain i3,9 

Plomb 3,4 

100,0 

C'est  donc  un  bronze  mixte,  riche  en  étain  et  contenant  du  plomb. 

Ce  métal  a  été  recouvert  d'une  peinture,  probablement  bitumineuse  et 


476  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

telle  que  la  matière  brute  analysée  renfermait  en  plus  2,i4  centièmes  de 
carbone  organique.  Ce  bronze  s'est  trouvé  d'ailleurs  en  contact  avec  du 
sable,  du  carbonate  de  chaux  et  des  eaux  saumâlres,  qui  ont  formé  avec  la 
matière  organique  et  les  métaux  une  patine  chlorurée. 

• 

3.  —  Fragment  d'un  vase  ou  coffret  provenant  d'un  dolmen  de  7",  20.  Vadjalik. 

Fragments  informes  de  feuillets  métalliques  cassés.  Couleur  rouge,  métal 
oxydé  à  la  surface.  Épaisseur  o™™,55  à  o""'",45  suivant  la  patine,  La  légère 
courbure  d'un  fragment  est  le  seul  indice  d'une  forme  régulière. 

Assez  résistant;  coupure  métallique;  forte  patine. 

Eléments  trouvés  :  cuivre,  étain,  fer. 

Éléments  absents  :  arsenic,  plomb,  argent,  zinc. 

Traces  de  nickel,  de  silice,  de  chaux. 

Analyse. 

Étain 8,45  8,60 

Cuivre 89,46 

Fer 0,53 

9M4 

Divers i ,  56 

C'est  un  bronze,  dans  lequel  le  rapport  du  cuivre  à  l'étain  est  à  peu  près 
normal.  La  présence  d'un  peu  de  fer  est  à  remarquer. 

k.  —  Fragment  métallique  provenant  des  fouilles  de  Suse. 

Analyse. 

Pour   100. 

Cuivre 67,79            67,69 

Oxyde  de  nickel 2,3o             2,43 

Oxyde  de  fer 2  ,  69 

Chlore 9,36 

Silice 4i2i 

86,25 
Oxygène  et  divers '3,75 

L'alliage  primitif  a  été  attaqué  lentement  par  des  eaux  saumàtres.  Il  est 
remarquable  par  la  proportion  de  nickel  et  de  fer  qu'il  renferme. 


SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  1906.  477 

5.  —  Fragments  de  vases  de  bronze  et  de  plaques  de  bronze 
(Fouilles  du  temple  de  In  Susinak). 

Fragments  informes  de  grande  dimension  d'une  plaque  circulaire  de 
rjcm  jj  gcm  jg  rayon  et  d'un  objet  circulaire  incurvé  en  creux,  plus  épais 
de  7"°""  à  8™"  au  cordon  et  plus  bas  de  2™°».  Patine  épaisse.  Quelques  petits 
fragments  cannelés. 

Pulvérisation  facile.  Matière  fortement  oxydée. 

Eléments  trouvés  :  cuivre,  plomb,  étain,  chlore,  eau. 

Éléments  absents  :  argent,  zinc,  arsenic,  acide  carbonique. 

Traces  de  nickel,  de  fer  et  de  chaux. 

Analyse. 

I.  II. 

Etain 19,80  i8i97 

Cuivre 52,27  5i,83 

Plomb 7,o4  7,37 

Chlore 1 ,39 

Oxyde  de  fer o,46 

80,96 

Oxygène  et  eau,  etc i9io4 

I 00 , 00 

C'est  un  bronze  très  riche  en  étain  et  contenant  du  plomb. 

6.  —  Objets  de  cuivre  provenant  des  fouilles  de  Suse. 

Leur  composition  varie  depuis  le  cuivre  sensiblement  pur  (oxydé  à  la 
surfjjce)  représenté  par  a,  b,  c,  d,  et  des  bronzes  divers  : 
(a).  Fil  de  bronze,  provenant  du  temple  de  In  Susinak. 

Clous  provenant  du  temple  de  In  Susinak. 
(b).  Cuivre  presque  pur.  —  (c).  De  même,  sans  étain. 
{d).  Bronze  riche  en  étain  : 

Cu 77,2 

Sn 16,1 

Patine  oxygénée 6,7 


47^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

(e).  3  anneaux,  l'un  constitué  par  du  fer,  avec  petite  quantité  de  cuivre, 
un  autre  par  du  cuivre  à  peu  près  pur,  un  troisième  renfermant  : 

Cu 89,8 

Sn 5,7 

Fe 0,9 

Ni Irace 

(/).  Petite  pelle  à  manche  plein  : 

Cu 98,7 

Sn 0,3 

Ni 0,3 

Fe 0,2 

C'est  du  cuivre  presque  pur,  mais  associé  avec  un  peu  d'étain  et  de  nickel. 
(g).  Le  cuivre  forme  aussi  presque  exclusivement  :  im  objet  semblable 
à  une  mèche  de  vilebrequin;  et  une  tige  métallique. 
(h).   Pied  de  statuette  (?)  brisé  : 

Cu 98  !  6 

Sn 1,0 

Fe 0,3 

Ni traces 

(i).  Lame  irrégulière  : 

Cu 74,5 

Sn 10,3 

Fe o,i5 

Ni traces 

On  A^oit  que  les  proportions  relatives  du  cuivre  etdel'étain  varient  extrê- 
mement, comme  si  la  formule  régulière  du  bronze  n'avait  été  encore  fixée 
pour  les  plus  anciens  de  ces  objets. 

7.  —  Pointe  de  javelot. 
Forme  extérieure  conique,  avec  cavité  intérieure  de  même  forme. 


Longueur 5o" 

Diamètre  de  la  tranclie  supérieure  ....  i3° 

Épaisseur  z 3'"™,i   à  3'"",  8 

Poids i6s,5 


SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  I906.  479 

Surface  rugueuse,  métal  oxydé  incomplè'-   nent  ;   3  rainures  ou  fentes 
peu  symétriques,  allant  presque  jusqu'à  l'eT^rémité. 
Patine  de  teinte  grise,  cassure  oxydée  terne  (friable). 

Analyse. 

Sn 11,4 

Gu 67,3 

Fe  traces 

L'existence  d'une  pointe  d'arme  en  cuivre  dénote  une  époque  ancienne  ; 
le  fer  n'ayant  pas  tardé  à  remplacer  le  cuivre  dans  la  fabrication  des  armes 
dans  les  temps  historiques  proprement  dits. 

D'après  son  aspect,  cette  pointe  semble  avoir  été  fabriquée  en  tordant 
violemment  une  lame  de  3™"  à  4°""  d'épaisseur.  La  torsion  a  eu  pour  effet 
de  développer  3  fissures  de  la  base  au  sommet,  convergeant  vers  le  même 
point  que  la  jonction  des  deux  extrémités  de  la  lame  tordue. 

Celte  pointe  de  javelot  n'a  donc  pas  été  fabriquée  par  moulage,  mais  par 
la  torsion  d'une  lame  de  bronze  ;  ce  qui  semble  représenter  une  grande 
antiquité,  la  pratique  du  moulage  ayant  dû  se  répandre  de  bonne  heure. 

III.  —  Objets  de  plomb. 

1.  Cuboide  métallique  :  trois  dimensions,  25""";  23°"°;  20°"";  arêtes 
mousses. 

Au  centre  d'une  des  six  faces,  enfoncement  circulaire  (trace  de  support?) 
Plomb  pur  industriellement. 

2.  LiTH.VRGE  FONDUE  avcc  de  la  craie  et  un  peu  de  sable. 

Prisme  de  couleur  ocreuse,  très  lourd.  Matière  facile  à  pulvériser,  à  cas- 
sure conchoïdale.  Soluble,  avec  faible  résidu,  dans  l'acide  nitrique  faible* 

Analyse. 

Pour  100. 

Plomb 74168  74 129 

Silice 2,35  2,67 

Oxyde  de  fer 1,27  o ,  98 

Chaux 2,89  3,12 

Chlore 1 ,  96 

co^ 4,99 

Eau i,3i   (à  110°) 

Magnésie o ,  5 1 

89.96 

Oxygène  et  divers io,o4 


48o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

3.  Silicate  de  plomb,  de  cuivre  et  de  fer.  —  Très  lourd,  aspect  gris  et 
verdâtre  sur  quelques  points;  cassure  d'un  gris  bleu,  pulvérisation  facile, 
poudre  grise.  Se  dissout  incomplètement  dans  l'acide  nitrique;  fond  par  la 
<;haleur  en  une  substance  bleu  foncé  à  chaud. 

Analyse. 

Pour  100. 

Cuivre 7 1 36 

Plomb 55,37 

Silice 1 2 ,  o3 

Chaux 4)  77 

CO^ 3,91 

Eau 1 ,5i 

Oxyde  de  fer 4  ;  26 

Chlore 1,08 

90 129 

Les  numéros  2  et  3  se  rapportaient  à  quelque  fabrication  industrielle, 
peut-être  céramique. 


PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Propagation  du  mouvement  autour  cl' un  centre 
dans  un  milieu  élastique,  homogène  et  isotrope  :  étude  de  l'onde  corrélative 
aux  variations  de  densité.  Noie  de  M.  J.  Boussixesq. 

I.  Depuis  le  célèbre  Mémoire  de  Poisson,  du  11  octobre  iS'io,  Sur  la  pro- 
pagation du  mouvement  dans  les  milieux  élastiques  (^Mémoires  de  l'Académie, 
t.  X),  tous  les  physiciens  géomètres  savent  qu'une  rupture  instantanée 
quelconque  de  l'équilibre,  produite  au  sein  d'un  milieu  élastique  et  iso- 
trope indéfini,  dans  une  sphère  d'un  petit  rayon  s,  dite  région  d'ébranle- 
ment, donne  naissance  à  deux  ondes  sphériques,  ayant  leur  centre  com- 
mun au  centre  de  cette  région,  comme  épaisseur  son  diamètre  2  e,  enfin, 
comme  rayon  moyen,  uniformément  croissant,  le  produit,  par  le  temps 
écoulé  ?,  d'une  vitesse  de  propagation  A  ou  a,  propre  à  chacune  des  deux 
ondes  et  fonction  des  propriétés  mécaniques  du  milieu.  Dans  la  première 
de  ces  ondes,  à  vitesse  A,  les  petits  déplacements  \,  /),  "C,  des  particules  élas- 
tiques se  font  sans  rotations  moyennes,  mais  avec  dilatations  (ou  contrac- 
tions) cubiques^;  dans  l'autre,  au  contraire,  à  vitesse  a,  ils  ont  lieu  avec 
rotations  moyennes,  mais  sans  changement  delà  densité.  Aux  distances  R 
du  centre  (choisi  comme  origine  des  coordonnées)  très  grandes  par  rapport 


SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  1906.  48 1 

à  £,  et  le  long  d'un  même  rayon  vecteur  émané  de  l'origine,  les  déplace- 
ments ^,  Y),  ^  égalent,  dans  les  deux  ondes,  les  quotients  de  certaines  fonc- 
tions finies  de  A^ —  Rondeau —  R  par  ces  distances  R;  mais,  tandis  qu'ils 
sont,  dans  la  première,  longitudinaux,  ou  à  résultante  dirigée  suivant  le 
rayon  vecteur,  comme  on  le  savait  depuis  longtemps  pour  les  ondes  des 
fluides  élastiques,  ils  se  trouvent,  dans  la  seconde,  transversaux,  c'est-à-dire 
partout  perpendiculaires  aux  rayons  ou  tangents  aux  surfaces  d'onde,  con- 
formément à  la  prévision  que  Fresnel  avait  formulée  quelques  années  au- 
paravant pour  les  ondes  de  l'élher. 

Or,  vers  la  même  année  i83o,  Ostrogradsky,  dans  les  Mémoires  de  l'Aca- 
démie des  Sciences  de  Saint-Pétersbourg,  donnait  aux  intégrales  du  problème 
une  forme  assez  simple,  au  moins  dans  le  cas  oîi  aucune  impulsion  (ou 
vitesse  initiale)  n'accompagne  les  déplacements  initiaux,  et  il  en  déduisait 
que  l'onde,  à  l'époque  f,  s'étend  aux  distances  R  de  l'origine  comprises 
entre  la  plus  grande  et  la  plus  petite  des  deux  limites  kt  ±  i,  at  ±  t,  occu- 
pant ainsi,  avec  les  deux  ondes  de  Poisson  dont  Ostrogradsky  ne  fait  pas 
le  départ,  toutes  les  couches  sphériques  intermédiaires  du  milieu. 

Je  me  propose  de  montrer  ici  qu'effectivement  l'état  naturel  ne  se  trouve 
pas  tout  à  fait  rétabli  dans  l'intervalle  des  deux  ondes  de  Poisson,  que  les 
particules  s'y  meuvent  uniformément  en  sens  divers,  mais  avec  déplacements 

de  l'ordre  de  petitesse  de  ^^  el  \  itcsses  de  l'ordre  de  ^  seulement,  celles-ci 

s'annulant  même  quand  il  n'y  avait  pas  d'impulsion  initiale,  cas  où  ces 

déplacements,  invariables  en  chaque  point,  passent  à  l'ordre  de  ^  ou  ne 

sont  comparables  qu'au  cube  des  E,  y),  "(  produits  dans  la  plus  lente  des 
deux  ondes  respectives. 

Une  faible  agitation  doit  donc  régner,  en  général,  au  sein  des  milieux 
solides,  homogènes,  mais  hélérolropes,  dans  les  intervalles  d'épaissein* 
croissante  séparant  les  ondes  issues  d'un  même  ébranlement  local  et  ani- 
mées de  vitesses  de  pro|)agation  distinctes. 

II.  Les  équations  indéfinies  des  petits  mouvements,  pour  le  milieu  élas- 
tique isotrope,  sont,  comme  on  sait,  avec  deux  constantes  spécifiques  A,  a 
(racines  carrées  positives  des  quotients  de  X  +  2[a,  [x  par  la  densité), 

(       f^%i)-a^A.(^..,0  =  (A-.0,-^. 
(i)  où 

6=:i^  +  ^  +  ii^. 
(  dx        dy        dz 

G.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  eXLII,  N*  9.)  (3^ 


^|82  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Il  faut  y  joindre,  comme  condilions  d'étal  initial,  que,  pour  <  ^  o,  ^^  o,  C 

ej.        J^'      se  réduisent  à  six  fonctions  de  x,  y,  z,  nulles  hors  dé  là  petite 

sphère  d'ébranlement,  mais  données  arbitrairement  dans  cette  sphère,  sauf 
les  conditions  de  continuité  en  x,  y,  z  nécessaires,  même  à  l'instant  Z  =  o, 
pour  que  les  équations  (i)  aient  un  sens. 

Les  trois  inconnues  ne  sont  pas  séparées  dans  le  système  (i).  Mais  si  l'on 
peut  déterminer  préalablement  la  dilatation  cubique  6,  les  seconds  membres 
de  (i)  deviendront  des  fonctions  explicites  de  x,  y,  z,  Z;  et  l'on  aura,  pour 
chaque  déplacement  ^,  v),  '(,,  une  équation  linéaire  à  second  membre,  dont 
l'intégrale  générale  comprendra,  avec  une  intégrale  particulière,  l'inté- 
grale générale  de  la  même  équation  prise  sans  second  membre  ou,  dès 
lors,  identique  à  l'équation  du  son  qu'on  sait  intégrer. 

III.  Or,  les  équations  (i),  difFérentiées  en  x,  y,  z  et  ajoutées,  donnent, 
comme  on  sait. 

D'ailleurs,  les  Valeurs  iHititUes  de  ô  et  de  sa  dérivée  première  en  t,  nulles 
hors  de  la  sphère  d'ébranlernent,  sont,  dans  cette  sphère,  deux  fonctions 
connues,  f{x,  y,  z),  Y(^x,  y,  z),  sommes  des  dérivées  respectives  enx,  y,  z 
des  trois  déplaceuieiils  initiaux  donnés  ^^,  •/)„.  '(„  et  des  trois  vitesses  ini- 
tiales analogues,  également  doHnées.  L'expression  de  6,  que  nous  écrirons 
explicitement  ^{x,y,z,t'),  sera  donc,  d'après  l'intégrale  classique  de 
Poisson,  écrite  en  employant  la  notation  simple  des  potentiels  sphériques, 

(3)    e(^-,j,.,/):=^^  /"■^'("■'■^•""'^^V^  r?^-^-''J^'-"'^^^ 

^    ■'  ■     '■^'     '    ^         li'KX-dlJ  t  4tiA-./.  t 

(7  y  désigne  la  surface,  [^Tzn  ou  4^A-Z^,  de  la  sphère,  d'un  rayon  /•  égal  à  A^, 
décrite  autour  du   point  quelconque  {x,y,z)  comme  centre;  dn  est  un 

quelconque  de  ses  éléments,  à  coordonnées  (a:,,  y,,  s,);  et   /  désigne  des 

intégrales  étendues  à  toute  la  sphère,  mais  réductibles,  grâce  aux  fonc- 
tions f{x,,y,,  z,),  F(a;,,  j,,  s,),  à  leurs  éléments  concernant  les  parties 
de  la  sphère  situées  dans  la  région  des  ébranlements. 

H  en  résulte,  comme  on  sait,  que  l'onde  constituée  par  les  dilatations 
cubiques  6  s'étend,  à  l'époque  t,  sur  l'épaisseur  2  s,  aux  distances  R  de  l'ori- 
gine comprises  entre  A/  —  e  et  Az  +  £,  se  propageant  ainsi  avec  la  vitesse  A. 

IV.  l'our  les  points  (x,  y,  z)  situés,  sur  un  même  rayon  vecteur,  à  des 


SÉANCh!  DU  26  FÉVRIER  1906.  483 

distances  R  très  grandes  par  rapport  à  i,  les  sphères  47^/'  n'ont  de  commun 
avec  la  région  d'ébranlement  que  de  petites  calottes,  presque  indiscer- 
nables des  seclions  planes  de  celle-ci  normales  au  rayon  vecteur  considéré 
et  définies  par  leur  distance  S  à  l'origine.  Enfin  cqtte  distance  S  est  va- 
riable, elle-même,  de  — s  <à  s  pour  /-croissant  de  R  —  s  à  R  4-  s.  Dès  lors, 
si  l'on  appelle  '^{^),  f  (S)  les  deux  intégrales 

évaluées  |)our  l'orientation  effective  du  rayon  vecteur  et  nulles  hors  des 
limites  S  =  q=  j,  il  vient,  sauf  erreur  comparable  à  f  ^ 


i   (  pour  —  très  grand 


(4) 

4uÂH 


lK^,y,^,0-^''^ïlt^'''^       où       â  =  A.-R. 


Les  fonctions  '\i,  échangent,  d'un  pointa  l'autre,  très  vite  avec  ^,  mais 
lentement  avec  l'orientation  du  rayon  vecteur,  comme  le  fait  celle-ci  elle- 
même.  Enfin,  l'on  déduit  aisément  de  l'équation  (2),  et  du  fait  de  l'annu- 
lation initiale  tant  des  déplacements  E,  r,,  'C  que  des  vitesses  — — —  hors 
de  la  sphère  d'ébranlement,  les  annulations  continiies  de  l'intégrale 
I  ()(x,  y,  z-,  t)duî  étendue  à  tout  l'espace  (appelé  u)  et,  par  suite,   des 

valeurs  moyennes  de  0  et  de  sa  dérivée  en  t,  dans  la  région  sans  cesse  finie 
où  ces  fonctions  difffèrent  de  zéro.  D'où  il  suit,  en  particulier,  que  'J'(â) 
et  W(^)  ont,  entre  les  limites  S  =  rp  e,  leurs  valeurs  moyennes  nidles,  et 
que  0  s'annule  aussi,  en  moyenne,  d'après  (4),  soit  sur  chaque  normale  2e 
commune  aux  deux  faces  interne  et  externe  de  l'onde  sphérique  des  dila- 
tations 9,  soit  en  chaque  point  (x,  y,  z)  pendant  que  l'onde  y  passe. 

V.  Formons  maintenant  au  système  (i)  une  intégrale  particulière 
(E, ,•/)(,  (^1)  aussi  simple  que  possible,  c'est-^-dire  s'annulant  à  l'infini 
comme  i,  tj,  C  n'impliquant  aucune  rotation  moyenne  et  où  ç,,  n,,  Cf.  f^ès 
lors  dérivées  partielles  en  x,  y,  z  d'une  même  fonction  $  de  x,  y,  z,  t,  cor- 
respondent à  une  dilatation  cubique,  A,<I>,  identique  à  la  vraie  ^)(^x,y,z,  ï). 
On  connaît  donc  les  trois  paramètres  différentiels  A2(E,,  y,,,  i^,),  dérivées 
respectives  en  x, y,  z  de  H(^x,y,  z,  /);  et  i,,  r,,,  "C,,  d'ailleurs  nuls  à  l'infini, 
se  trouvent  complètement  déterminés.  Il  en  est,  par  suite,  de  ipême  de  <P, 


484  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

abstraction  faite  d'un  terme  arbitraire  fonction  de  t  seul;  et,  d'apiès  le 
théorème  de  Poisson,  l'on  a  pour  $  le  potentiel  newtonien 


)du 


où  vs  désigne  soit  tout  l'espace,  à  coordonnées  o^,,  y,,  s,  pour  son  élé- 
ment (Jts,  soit  seulement  l'espace,  sans  cesse  borné,  dans  lepiel  9  diffère  de 
zéro,  et  où  enfin  /•  <^sl  la  distance  du  point  pote ntié  (^x,  y,  s)  à  l'élémeiit 
f/cT  de  cet  espace.  On  déduit  aisément  de  la  l't  de  ( i') 

(5)  =  _  ^  /  ^ 'iZA^^Jdr,  =  A-A,<I>  =  A^6(;r,7,  z,  t), 

relations  permettant  de  reconnaître,  d'une  part,  que  les  dérivées  de  $ 
en  x,y,  z  vérifient  bien  le  svstènip  (i),  d'antre  part,  ipie  le  potentiel  $  est, 
en  chaque  point  (ce,  y,  z),  fonction  linéaire  de  t  avant  qiie  l'onde  des  ddata- 
tions  cubitpies  6  ail  atteint  ce  point  et  après  qu'elle  l'a  dépassé.  Or,  dans  ce 
dernier  cas,  il  est  assez  facile  de  voir,  en  lai-ant  i^randu-  indefinniienl  ;  au 
second  membi'e  de  (4)'  c]ue  l'expression  (5)  de  $  tend  vers  zéro.  Donc, 
dans  le  système  des  déplacements  i_, .  iOi  i  ^i  producteurs,  sans  rotation  moyenne, 
des  dilata/ions  cubiques  effectives,  le  repos  el  l'étal  naturel  se  trouvent  pleine- 
ment rétablis  à  l'arriére  de  l'onde  même  des  dilatations  cubiques  6. 

Mais  il  n'en  est  généralement  pas  de  même  à  l'avant  de  cette  onde,  où  <I>, 
fonction  linéaire  de  t,  a  visUjlement,  d'après  l'état  initial,  la  valeur  $0+  IIo/, 
si  l'on  pose 

(7)     $.  =  _  _L  rZ^iiiZiiiili^,  _irv(.,,y,,.,)dr.^ 

intégrales  qui,  aux  grandes  dislances  R  de  l'origine,  sont  de  l'ordre  de 
1  inverse  de  R^,  vu  l'annulation  des  valeurs  moyennes  de  y  et  de  F  dans 
la  région  d'ébranlement.  Par  suite,  les  déplacements  E,,  v),,  ?^,,  dérivées 
de  $  en  x,  y,  z,  sont  des  fonctions  linéaires  de  t  ayant  leurs  coefficients 
comparables  à  l'inverse  de  R'.  On  voit  que,  même  à  l'approche  de  l'onde 
des  dilatations  cubiques,  c'est-à-dire  alors  que  At  devient  très  grand 
comme  R,  ces  déplacements  sont  encore  aussi  petits  que  l'inverse  de  R^  et 

négligeables  à  côté  de  ceux  qu'apporte  cette  onde,  de  l'ordre  de  -^,  et  qu'il 

nous  reste  à  considérer. 

V).   A  cet  effet,  les  premier  et  dernier  membres  de  (6),  intégrés  deux 


SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  1906.  485 

fois  en  t,  sur  place,  soit  à  partir  de  t  =  o,  soit,  plus  simplement,  en  reculant 
depuis  t  infini  (oii  <ï>  s'annule),  donnent,  après  substitution  à  0  de  sa  valeur 
approchée  (4), 


(8) 


(pour  —  très  graad) 


j  o  =  ^  [j^"'"ii<î>^iî<i)rf8  +  ii^jr"-V(S)^»] . 


expression  ayant,  entre  les  limites  Af  —  R  =  ±£,  sa  dérivée  en  t  très 
simple,  de  l'ordre  de  sou  premier  facteur  ou  de  l'inverse  de  R.  Cette  lonc- 
lion  $  varie  rapidement  avec  la  différence  S  =  A<  —  R  et,  en  outre,  lentement 
avec  les  coordonnées  x,  y,  s  de  l'extrémité  du  long  rayon  vecteur  R  émané 
de  l'origine.  Ses  dérivées  ^, ,  71, ,  (^,  en  ic,  j,  s  s'obtenant  donc  très  sensible- 
ment par  la  variation  de  S  seul,  il  est  chnr  que  les  déplacements  ^,,  ri,,  "C, 

seront  les  produits  fl^  —  t  "77  par  les  (rois  dérivées  de  R  en  a;,  j,  :;,  cosinus 

directeurs  du  rayon  vecteur  R.  Le  déplacement  (H, ,  71,,  C.)  reW^wf  est  donc 
longitudinal  et  comparable  à  l'inverse  de  R. 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Sur  quelques  difficultés  que  présente  le  dosage  de 
l'oxyde  de  carbone  dans  les  mélanges  gazeux.  Noie  de  iMM.  Armand 
Gautier  et  Clausmanx. 

On  sait  aujourd'hui  retrouver  et  doser  de  très  faibles  proportions  d'oxyde 
de  carbone  mélangées  à  l'air  et  à  d'autres  gaz.  L'un  de  nous  a  montré  qu'à 
la  dilution  du  cent-millième,  et  aux  dilutions  plus  grandes  encore,  l'oxyde 
de  carbone  est  oxvdé  jusqu'à  sa  dernière  trace  en  circulant  à  65°-70°  sur  de 
l'anhydride  iodique  dont  il  met  l'iode  en  liberté  (').  Il  est  facile  de  doser 
ensuite  cet  iode  soit  en  le  fusant  passer  à  l'état  d'iodure  de  cuivre  ou  d'ar- 
gent, soit  colorimétriquement  (-).  A  des  dilutions  moindres, "quand  l'oxyde 
de  carbone  se  trouve  à  l'exclusion  d'autres  gaz  combusUbles,  mélangé  à 
l'air  aux  doses  de  un  millième  à  un  centième,  on  peut  le  doser  encore 
assez  exactement  à  l'aide  du  grisoumètre.  Mais  le  problème  se  complique 

(')  Comptes  rendus,  t.  CXXVI,  p.  798,  gSi,  1299  et  871;  Ann.  de  Chim.  et  de 
Phys.,  7"  série,  t.  XXII,  p.  26  et  78. 

(-)  A  ces  dilutions  extrêmes,  de  tous  les  gaz  combustibles,  y  compris  l'acétylène, 
l'oxyde  de  carbone  est  seul  oxydé  (A.  Gautier;  Albekt-Lévy  et  Pécoul). 


48tj  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

quand  ce  corps  est  mélangé  en  proportions  plus  notables  à  fliveps  gaz, 
Gopibustibles  ou  non,  tels  que  l'éthylène,  le  méthane,  r.T?pte,  l'hydrogène, 
l'oxygène,  etc. 

Dans  les  cas  où  nn  mélange  gazeux  contient  plusieurs  centièmes  d'oxyde 
de  carbone,  après  avoir  enlevé  l'acide  carbonique  par  la  potasse,  les  gaz 
non  saturés  par  le  brome,  et  l'oxygène,  s'il  y  a  lieu,  par  le  pyrogallol,  on 
absorbe  généralement  l'oxyde  de  carbone  par  agitation  avec  un  excès  de 
chlorure  cuivreux  en  solution  chlorhydrique  ;  on  lave  à  l'eau  le  gaz  rési- 
duel; on  mesure  le  volume  disparu  et  l'on  continue  l'analyse  par  les  mé- 
thodes classiques.  Mqis  cette  manière  de  faire  est  passible  d'incertitudes  et 
d'erreurs  dont  les  principales  sont  :  a,  que  le  chlopupe  cuivreux,  même 
employé  en  excès,  n'absorbe  pas  la  totalité  de  l'oxyde  de  carbone;  b,  que 
l'oxyde  de  carbone  primitif  (^ou  celui  qu'a  laissé  indissous  le  protochlorure 
f}e  cuivre)»  lorsqu'il  est  étendu  d'autres  gaz  inertes  ou  combustibles,  ou 
de  gaz  tonnant,  ne  brûle  pas  en  entier  par  explosion  à  l'eudiomètre,  même 
en  présence  d'un  excès  d'oxygène;  c,  que  si  le  gaz  est  mélangé  d'air,  ou 
d'oxygène  et  d'azote,  le  jiyrogallol,  lorsqu'il  est  employé,  augmente  tou- 
jours légèrement  la  proportion  de  l'oxyde  de  carbone  présent;  tandis  que 
l'azote  est  toujours  faiblement  oxydé  et  disparaît  en  partie  par  explosion. 
L,es  expériences  suivantes  montrent  la  réalité  de  ces  causes  d'erreur. 

A.   Mélange  d'hydrogène  et  d'oxyde  de  carbone  purs  (').  —  On  a  fait  le 

mélange  : 

00=38,07,         H  =  6i,93. 

II  a  élé  divisé  en  deux  paris  a  et,  ^.  La  première  a  fui  Lrailée  par  le  clilorure  cui- 
vreux, entièrement  incolore;  la  seconde  p  par  le  chlorure  cuivreux  intentionnellemenl 
oxydé   pt  bruni   à   l'air  {^).  On  employait  dans  les  deux  cas  deux  fois  la  quantité  de 

(')  L'hydrogène  pur  a  élé  préparé  en  faisant  passer  sous  une  cloche  placée  sur  le 
mercure  de  l'eau  bouillie  acidulée,  puis  de  l'amalgame  de  sodium  à  3  pour  loo.  On 
lavait  ensuite  le  gaz  à  la  polasse. 

Pour  obtenir  l'qxyde  c}b  carbone  à  l'état  tout  à  fait  pur.  on  faisait  passer  sous  une 
cjochc  reiiiplie  de  mercure  la  liqueur  acide  chargée  de  la  combinaison  de  ce  gaz  avec 
le  chlorure  cuivreux,  et  l'on  décomposait  cette  combinaison  en  introduisant  ensuite 
sous  celle  cloche  une  solution  de  potasse  bouillie. 

On  s'est  assuré  que  les  gaz  ainsi  formés  étaient  entièrement  purs. 

(^)  Nous  avons  pensé  que  le  chlorure  cuivreux  plus  ou  moins  oxydé  à  l'air  pouvait 
pput-plre  se  réduire  parl'pxyde  de  carbone  et  donner  ainsi  un  pep  d'ficidp  c^i'bonique. 
Nos  expériences  démontrent  que  cette  cause  d'erreur  psi  nn||e  ou  tout  à  f^it  minime. 
De  l'oîf3'de  de  carbone  laissé  pkisieurs  jours  svec  un  vojump  cl'ajr  cpnnu  ej.  dii  sous- 
clilorurc  de  cuivre  bruni  n'a  pas  donné  d'^ci4e  pacbonique. 


SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  1906.  487 

solution  de  chlorure  cuivreux  nécessaire  pour  absorber  la  totalité  de  l'oxyde  de  car- 
bone; après  lavage  à  l'eau  du  résidu  gazeux,  on  mesurait  par  la  diminution  des 
volumes  :  a,  la  quantité  de  gaz  oxyde  de  carbone  disparu;  on  dosait  ensuite  en  intro- 
duisant de  l'eau  de  baryte  dans  la  ciociie  graduée,  le  volume  b  d'acide  Carbonique  qui 
pouvait  s'être  formé  grâce  à  l'oxydalion  due  au  réactif  cuivreux.  Après  enlèvement  de 
la  baryte,  on  ajoutait  au  gaz  résiduel  un  petit  excès  d'oxygène  et  l'on  faisait  détoner 
à  l'eudiomèlre.  On  mesurait  la  contraction  puis  le  volume  c  du  CO^  répondant  à  la 
combustion  du  volume  égal  de  (ÎO  non  absorbé  primitivement  par  le  chlorure  cui- 
vreux. Voici  les  résultats  olilenus  : 

p. 

a.   CO  enlevé  par  Cu-Cl- 36,45  ]     p^  86,89  j     p/~> 

h.   CO- formé  par  oxydation  due  ù  Cu-Cl-. ..  .       trace    f  ,  trace    ' 

„^„  ,         .1,        ,     ,         1     r-r^  >    total  i    total 

c.    CO-   répondant  a  1  oxydatioti   de  CO  non  ^       -  1    -1     „^ 

I      ■  ^  ,  r>  Tf     '  "         '^7>73  37,86 

enlevé  pal' Cu-Cl- 1,00  )'    '  ">97  ] 

H 6  ' ,  96  6  •  )  89 

99,7'  99.75 

On  voit  que  l'hydrogène  est  exact;  mais  l'oxyde  de  carbone  est  en  dé- 
ficit de  0,32  à  0,21  pour  100.  Ce  déficit  s'explique  pat*  ce  fait  que  l'oxvde 
de  carbone  qui  reste  après  lavage  ati  protochlorure  de  cuivre,  lorsqu'il  n'est 
inélangé  qu'en  petite  quantité  (i,5  à  o,5  pour  100)  aux  gaz  coinbustibles, 
en  particulier  à  l'hydrogène,  ne  brûle  jamais  entièrement,  même  en  pré- 
sence d'un  excès  modéré  ou  non  d'oxygène. 

On  remarquera  combien  serait  plus  grande  l'erreur  de  flosage  de  l'oxyde 
de  carbone  calculé,  si  l'on  se  bornait  ù  enlever  ce  gaz  par  un  simple  lavage 
au  chlorure  cuivreux.  Un  second  lavage  diminue  l'erreur,  mais  ne  la  fait 
pas  encole  disparaître  complètement^  comme  on  le  verra. 

B.  Mélange  d'hydrogène  et  d'oxyde  de  carbone  (CO  =  7,0  pour  100).  — 
On  fait  le  mélange  : 

CO  — 7,55  H:=92,5. 

L'analyse  faite  dans  les  mêmes  conditions  que  ci-desssis  a  donné  : 

a.  CO  enlevé  par  Cu-Cl- t>.  '9  i  CO 

b.  CO-  dû  à  l'oxydation  par  le  lé.ictif nul  .  total 

c.  CO-,  après  explosion,  ré]iundaMl  à  CO  non  enlevé  par  Cu-Cl-.  0,44  )  6,63 
H &M7 

99>oo 

On  voit  que  le  dësagfe  dé  l'oxyde  de  cai'bo'he  est  encore  [)lus  incorrect 
dans  ce  cas;  à  mesure  que  la  quantité  relative  de  ce  gaz  diminue  dans  le  mé- 
lange son  absorption  par  Cu-Cl"  est  plus  difficile.  Après  l'explosion  à  l'eu- 
diomètre,  la  quantité  de  l'oxyde  de  carbone  non  oxydée  augmente  aussi 


488  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

en  raison  de  la  plus  grande  dilution  de  cet  oxyde  résiduel  dans  l'hydrogène 
qu'il  accompagne  (')  et  malgré  l'excès  d'oxygène  employé. 

C.  Mélanges  d'oxyde  de  carbone  et  d'air.  —  On  a  fait  les  mélanges  sui- 
vants : 

Toi  vol 

CO 2  1  ,02  9j43 

Azote 62,48  7')59 

Oxygèii'.' i5,.5o  '8)98 


Air 


Après  avoir  enlevé  l'oxygène  par  le  pyrogallol,  et  l'oxyde  de  carbone  a  par  deux 
agitations  siiccessit,'es  avec  le  chlorure  cuivreux  acide,  puis  lavage  à  l'eau,  on  déter- 
mina :  b  le  CO-  qui  pouvait  répondre  à  l'oxydation  due  au  réactif,  et  c  le  CO'  répon- 
dant à  la  combustion  du  CO  non  enlevé  par  le  cldorure  cuivreux.  On  trouva  : 

Cas  a.  Cas  fJ. 

a.  CO 20,35;  CO                          8,40  j    CO 

b.  CO- (d'oxydation  )...  .  trace    .  total                          trace  >  total 

c.  CO^  (d'explosion)  ...  .  trace   )  20, .^5                         o,23  )  8,63 

Azote  restant  (2) 62,77  71,99 

Oxygène 16,37  18,82 

99 '49  99 '44 

On  voit  encore  ici  que,  non  seulement  le  CO  trouvé  est  en  déficit  dans 
les  deux  cas  {perte  =  0,67  pour  100  dans  le  cas  a  et  0,81  pour  100  dans  le 
cas  p),  mais  encore  que  ce  déficit  augmente  à  mesure  que  l'oxyde  de  car- 
bone est  relativement  moins  abondant,  c'est-à-dire  plus  étendu  d'autres  gaz. 

D'antre  part,  et  comme  confirmation,  l'azote  dosé  comme  résidu,  quoique 
corrigé  du  petit  volume  d'oxyde  de  carbone  qui  se  formait  dans  les  condi- 
tions de  notre  expérience  par  l'absorption  de  l'oxygène  employé  en  excès, 
est  augmenté  en  apparence,  dans  les  deux  cas,  du  volume  de  l'oxyde  de 
carbone  résiduel  non  brûlé  à  l'eudiomètre. 

D.  Mélange  d'oxyde  de  carbone,  d'hydrogène  et  d'un  peu  d'air.  —  On 
fait  le  mélange  suivant  : 

CO 32,73 

H 64,56 

.  .     l  Azolo 2,16 

■'^"'   \   r\         -  Kf 

(   Oxygène o,55 

(  '  )  Il  y  avait  i ,  29  de  CO  en  62  volumes  de  H  dans  le  premier  cas,  et  i ,  3 1  de  CO 
pour  92  volumes  de  II  dans  le  second. 

(')  Dans  les  deux  cas  a  et  p,  l'azote  resté  comme  résidu  et  l'oxyde  de  carbone 
total  ont  été  corrigés  du  faible  volume  de  CO  que  donnait,  dans  les  conditions  de  nos 
expériences,  l'emploi  du  pyrogallol. 


SÉANCE    DU    -jG    février    1 906.  4^9 

On  enlève  d'abord  roxygènc  par  le  pyrogallol;  on  lave  ensuite  deux  fois 
successivement  Ir  mélange  ga/.iMix  an  protochlorure  de  cuivre  puis  à  l'eau, 
et  l'on  opère  comme  dans  le  cas  précédent.  On  trouve  : 

ff.  CO  par  Cu^CI'- 3i.7:1   \     CO 

b.  CO-  (par  le  riiaclil) mil      I    total 

c.  CO-  du  CO  lion  enlevé  par  Cn'Cl-  L 

et  brûlé  à  reiiHiomètic.  ...       o, '19  ;  32,23 

H 65 ,  27 

Azote ~. '  i94 

0.\ygène o ,  55 

99>99 

On  voit  encore  ici  que  CO  total,  a  fortiori  celui  qu'enlève  seul  le  clilo- 
rure  cuivreux,  est  trop  faible  (de  o,  5o  pour  100  environ),  la  partie  restant 
indissoute  malgré  les  deux  lavages  au  chlorure  cuivreux  (i  poiu'  100) 
ne  se  brûlant  pas  complètement  à  l'eudiomèlre.  Quant  à  l'hydrogène,  ce 
gaz  étant  calcule  d'après  la  contrarlion  obsei'vée  (aj^rès  qu'on  en  a  distrait 
celle  qui  résidte  de  la  combustion  d'un  demi-cenlimèlre  cube  de  CO),  son 
volume  apparent  augmente  parce  qu'une  |)etite  quantité  de  l'oxygène  est 
employée  à  oxyder  un  |)eu  d'azote  qui  disparaît  Kii-nième  en  partie  comme 
nous  l'avons  directement  constaté;  il  en  résulte,  après  explosion,  une 
contraction  un  peu  trop  grande. 

E.  Dans  ces  différents  cas  on  trouve  donc  un  déficit  sensible  d'oxvde  de 
carbone  dû  à  la  combustion  imparfaite,  à  l'eudiomètre,  de  la  petite  quantité 
d'oxyde  de  carbone  que  n'avait  pas  enlevée  le  chlorure  cuivreux.  Comme 
on  le  voit,  deux  lavages  successifs  avec  ce  réactif  peuvent  encore  laisser 
jusqu'à  I  |)our  100  d'oxyde  de  carbone  dans  le  gaz  total,  et  il  peut  en  rester 
de  0,5  à  0,3  pour  100  après  explosion  à  l'eudiomètre. 

Les  expériences  suivantes  déiuontrent  ce  dernier  fait  plus  explicitement 
encore. 

On  prépare  le  mélange 

a.   CO i3,o3  Air 86,97  pour  100 

Ce  mélange  ne  Itrûle  ni  à  reudiomèlre,  ni  directement  (' ),  quoique  la 
fraction  combustible  +  comburant  représente  20  pour  100  du  volume  total. 

(')  Nous  nous  sommes  assurés  qu'un  mélange  de  i5  volumes  de  CO  et  85  d'air  ne 
brûle  pas  directement  au  contact  de  la  flamme. 

C.  R.,   1906,   I"  Semestre.  (T.  C\LII.  N"  9.)  t)3 


/|90  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Au  méliinge  a,  on  ajoute  du  gaz  lonnanl  dans  In  proportion  de  un  tiers  et 
l'on  brûle  à  roudiomèlre.  On  trouve  CO  =  12,90  ;iu  lieu  de  i3  ,o3.  Il  y  a 
donc  encore  ici  un  léger  déficit. 
On  lait  le  mélange 

p.    GO 4i09         Ail- 9'>i9i  pour  100 

On  l'additionne  de  son  volume  de  gaz  tonnant,  et  l'on  trouve  après 
explosion  à  l'eudiomètre  : 

CO  =  3  ,  65  au  lieu  de  4  .  09. 

On  voit  encore  dans  ces  deux  cas,  malgré  l'excès  d'oxygène  et  de  gaz 
tonnant  ajoutés,  que  le  gaz  oxyde  de  carbone  ne  brûle  qu'imparfaitement 
à  l'eudinmèlre  et  d'autant  moins  qu'il  est  plus  étendu. 

F.  Il  reste  donc  établi  que  les  méthodes  de  dosage  de  l'oxyde  de  carbone 
mêlé  à  d'autres  gaz  combustibles,  soit  qu'on  emploie  le  protochlorure  de 
cuivre,  même  avec  les  précautions  et  corrections  ci-dessus  indiquées,  soit 
qu'on  recoure  à  la  méthode  de  combustion  à  l'eudiomètre  en  présence 
d'un  excès  modéré  d'oxygène,  donnent  toujours  un  léger  déficit  (i  à  o,3 
pour  100).  La  perle  d'oxyde  de  carbone  par  non-coud)ustion  à  l'eudio- 
mètre est  d'autant  plus  grande  que  ce  gaz  est  plus  étendu  et  quel  que  soit 
l'excès,  petit  ou  grand,  il'oxygène. 

G.  L'expérience  suivante  est  bien  propre  à  montrer  la  résistance  de 
l'oxyde  de  carbone  à  l'oxydation  en  présence  d'autres  gaz  combustibles, 
et  particulièrement  d'hvdrogène.  On  a  fait  le  mélange  suivant  : 

GO 7j34;         Azote 73,3 1;         O iQj^a 

A  ce  mélange  on  ajoute  deux  fois  le  volume  d'hydrogène  qui  peut  s'unir 
à  l'oxygène  présent,  et  l'on  lait  passer  l'étincelle.  On  observe  après  déto- 
nation que  l'oxygène  a  totalement  disparu  sous  forme  d'eau,  mais  qu'il  ne 
s'est  pas  fait  une  trace  d'acide  carbonique.  Entre  ces  deux  corps  combus- 
tibles, l'hydrogène  et  l'oxyde  de  carbone,  et  quoique  ce  dernier  gaz  brûle 
déjà  à  une  température  plus  basse  que  l'hydrogène,  l'oxygène  s'est  porté 
exclusivement  sur  le  corps  dont  la  combustion  produit  le  plus  de  chaleur. 
C'est  là  une  intéressante  confirmation  de  la  règle  du  travail  maximum. 

11  suit  de  ces  diverses  constatations  que,  dans  un  mélange  d'azote  ou 
d'air  et  d'oxyde  de  carbone,  ou  bien  tl'azote,  de  gaz  combustibles  divers  et 
d'oxyde  de  carbone,  on  ne  peut  retrouver  la  totalité  de  ce  dernier  gaz  soit 
par  explosion  en  présence  d'oxygène,  soit  par  lavage  au  chlorure  cuivreux. 


SÉANCE    DU    26    FÉVRIER    Kjof'.  49I 

Mais,  après  ce  lavage,  ou  après  explosion  à  reudiomètre,  il  sera  toujours 
possible  de  doser  l'oxyde  de  carbone  résiduel  en  tai--ant  circuler  les  gaz 
restants,  étendus  d'air  ou  non  suivant  les  cas,  à  travers  un  tube  à  anhydride 
iodique  chauffe  à  70°  qui  oxyde  jusqu'aux  dernières  traces  fl'oxyde  de  car- 
bone et  permet  ainsi  de  le  doser. 

En  finissant,  nous  ferons  remarquer  que,  lorsque,  a|)rès  lavages  succes- 
sifs à  la  potasse,  au  brome  et  au  chlorure  cuivreux  on  pense  avoir  enlevé 
des  mélanges  gazeux  la  totalité  des  gaz  non  saturés,  la  petite  quantité  de 
gaz  carbonique  qu'on  peut  trouver  alors,  après  explosion  à  l'eudiomètre, 
peut  faire  admettre  à  tort  l'existence,  dans  le  mélange  primitif,  de  gaz 
saturés,  tels  que  Téthane  ou  le  méthane,  tandis  que  l'acide  carbonique  ainsi 
produit  provient,  en  réalité,  du  résidu  d'oxvde  de  carbone  qui  n'avait  pu 
être  totalement  enlevé  par  un  lavage  soigné  au  protoclilorure  de  cuivre. 


MÉCANIQUE  RATIONNELLE.  —  Sur  une  inégalité  importante  dans  l'étude 
des  quasi-ondes  de  choc.  Note  de  i\I.  P.  Dihem. 

Si  l'on  prend  un  volume  quelconque  U  au  sein  d'une  masse  fluide  en 
mouvement,  on  peut  écrire  ^Recherches  sur  l' Hydrodynamique,  Première 
partie,  égalités  (86)  et  (91);  Première  série,  p.  3o  et  32]  l'égalité 

(,)  Ej'x-(?,   T)j;,/.v-EJ^pT^^^r/^  +  2jf>./r.  =  o. 

s  est  ici  la  surface  qui  limite  ie  voliiiue  L;  n  e^L  la  donii-iKirmale  à  cette 
surface  dirigée  vers  l'extérieur;  ^(p,  T)dm  est  l'entropie  de  la  masse  élé- 
mentaire dm;  la  quantité^,  qui  dé|)end  des  actions  de  viscosité,  est  essen- 
tiellement positive. 

Sur  la  surlace  So  rpii  limite  d'un  côté  une  quasi-onde  île  choc,  prenons 
une  aire  finie  quelconque  A,,;  par  le  contour  de  cette  aire  menons  des  nor- 
males à  la  surface  S(,;  ces  normales  forment  une  surface  réglée  C  qui 
découpe  sur  la  surface  S,  une  aire  finie  A,.  Appliquons  l'égalité  (i)  au 
volume  U,  qui  est  une  quantité  très  petite  de  l'ordre  de  h. 

Si  l'on  admet  pour  les  actions  de  viscosité  les  expressions  proposées  par 
Navier,  P  est  une  somme  de  termes;  chacun  de  ces  termes  est  le  produit 
de  l'un  des  coefficients  de  viscosité  >.  ou  jz.  (lar  lecan'é  de  l'une  des  dérivées 
partielles  de  «,  v,  w  ou  par  le  produit  de  deux  de  ces  dérivées.  JJ  est  donc, 


/|92  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

au    sein   de   la   quasi-onde,  une  quantité  très  grande  de  l'ordre  de  y  et 

J'  IU^/ct  est  une  quantité  finie. 
II 

Dès  lors,  l'égalité  (i)  donne  l'inégalilé 
(.)  _(i(f.T)^-ÎA-(pTl^,fe<„ 

et  cette  inégalité  doit  subsister  si  l'on  néglige  au  premier  membre  les  quan- 
tités très  petites  de  l'ordre  de  h. 

La  première  intégrale  se  compose  de  trois  parties  qui   se  rapportent 
respectivement  aux  surfaces  Ao,  A,  et  C.  La  normale  à  la  surface  C  étant 

parallèle  à  la  surface  S„,  y-  n'a  point  de  très  grandes  valeurs  en  cette  sur- 
face qui  est  elle-même  très  petite  de  l'ordre  de  A  ;  si  d%^  est  un  élément  de 
l'aire  A^  etrfS,  l'élément  correspondant  de  l'aire  A,,  la  différence  (rfS,  —  f/S„) 
est  de  l'ordre  de  A  rfSo  ;  en  négligeant  donc  les  quantités  très  petites  de  l'ordre 
de  h,  nous  pouvons  écrire 

(3)  (>t(p.T)^^^.  =  (J^(,o„.T„)g+A-(p..T.)gl^S.,. 

Selon  l'égalité  (5)  de  notre  Note  précédente  (')  et  les  remarques  faites 
il  y  a  un  instant,  nous  pouvons,  aux  quantités  près  de  l'ordre  d^  h,  écrire 

(4)  f,T'-^dr.=.-f  f\.,T'-^dldS„. 


En  vertu  des  égalités  (3)  et  (4),  l'inégalilé  (2)  devient 


rfS„-<  o. 


Cette  inégalité  doit  avoir  lieu  quelle  que  soit  l'aire  A„  que  l'on  ait 
découpée  sur  la  surface  S,,.  On  doit  donc  avoir,  d'une  manière  générale,  en 
tout  point  M„  de  la  surface  S„, 

(5)  ^(p„,T,,)g  +  /t(p,,T0£4-jf;\'^pT^^^.//<o. 

Si  la  quantité  c(p,  T)  varie  toujours  dans  le  même  sens  lorsque  le  point  M 
se  déplace,   toujours  dans  le  même  sens,  de  Mo  vers  M,  ;  s'il  en  est  de 

(')  Quelques  lemtnes  relatifs  aux  quasi-ondes  de  choc  {Comptes  rendus,  t.  GXLII, 
p.  377,  séance  du  12  février  1906). 


SÉANCE    DU    26    FÉVRIER    190G.  49^^ 

même  de  chacune  des  quanlilcs  %>,  p,  T,  l'uiégalilé  (5)  peut  se  melire  sons 
une  forme  un  peu  différente.  Remarquons  qu'une  quantité  comprise  entre 
la  plus  grande  et  la  plus  petite  valeur  du  produit  -QfJ  peut  toujours  se 
mettre  sous  la  forme t)R0,  t)  étant  compris  entre  t?„  tl  -Q,,  R  entre  po  et  p,, 
et  0  entre  T„  et  T,.  T/iuégalité  (5)  pourra  alors  s'écrire  : 

(6)     ^•(p„,T„)g+/l-(p,.T.)g  +  «R0[<?MT,)-<?„.T„)]<o. 

Les  inégalités  (5)  et  (6)  sont  deux  formes  de  l'inégalité  fondamentale 
que  nous  voulions  obtenir. 

CHIMIE  ORGANIQUE.    —   Sur  l'addition  de  l'acide  chlorhydrique 
à  l'oxyde  d'isobiitylène  (H'C)-.C  .  CH*.  Note  de  M.  Louis  He\ry. 

\/ 
O 

La  substitution,  dans  l'oxyde  d'éthylène,  H'C  — CH-,  de  groupements 

O 

hydrocarbonés  C"H^,  tels  que  CH',  C^H%  etc.,  à  l'hydrogène,  détermine 
une  série  de  composés  renfermant  les  systèmes  oxy-bi-carbonés 


— CH— CH^; 

>G— CH-; 

-CH-CH-; 

>C— CH; 

>C-C< 

\/ 

\/ 

\/ 

\/ 

\/ 

0 

0 

0 

0 

0 

Ces  corps  sont  les  anhydrides  des  giycols  continus  correspondants.  Leur 
manière  d'eVre,  au  point  de  vue  physiologique  et  leur  manière  û'agir,  au 
point  de  vue  chimique,  les  rendent  fort  intéressants.  Ils  se  distinguent  par 
une  remarquable  aptitudeà  la  combinaison  directe  :  ils  s'ajoutent  aux  hydra- 
cides  halogènes,  à  l'ammoniaque  et  aux  aminés  mono-  et  bi-  substituées, 
aux  sulfites  acides,  etc.  et  même  à  l'eau  dans  certaines  conditions. 

Les  systèmes  additionnels  XX',  constitués  d'unités  d'action  chimique  di- 
verses, tels  que  HCl,  H.NH',  forment  avec  l'oxygène  des  groupements  hé- 
térogènes —  OH  et  Cl,  —OH  et  — NH",  qui  s'ajoutent  à  chacun  des  atomes 
de  carbone  du  complexe  oxygéné  primitif  — C  —  C  — .  Alors  que  ce  com- 

\/  ' 
O 

plexe  n'est  pas  symétrique,  comme  dans  les  systèmes 

— CH— CH^;         >C-CH^;         >C— CH-. 

\/  \/  \/ 

0  0  0 

[    La  quiâtion  se  pose  de  savoir  comment  se  répartissent  ces  unités  d'action 


494  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

chimique  dittereiites,  —OH  et  Cl,  — OH  et  NH-,  etc.,  etc.  sur  ces  atomes 
de  carbone  inégalement  hydrogénés. 

En  ce  qui  concerne  les  hydracides  halogènes  et  spécialement  l'acide 
clilorhydrique,  la  question  est  résolue  pour  le  plus  simple  de  ces  trois  sys- 
tèmes —  HC  —  CH'.  En  s'ajoutant  à  l'acide  HCl,  l'oxyde  de  propylène  et 
son  dérivé  chloré  primaire,  l'épichlorhydrine,  forment  des  composés  qui 

sont  alcool  secondaire  CH(OH)  et  élher  chlorhydrique  primaire 

H"- CCI 

H^C\  112  CCI  H-C\  H^C.CI 

I  )0,  I  I  )0,  I 

HC/  d'où  HC(OII);  lie/  d'où  IIC(OH). 

I  11  I 

CH3  CM-  Jl^CCI  H^C.CI 

Il  était  intéressant  de  savoir  ce  qu'il  adviendrait  dans  le  cas  d'un  com- 
posé renfermant   le  système   ]>C  — CH'',   le  système  dissvmétrique   par 

\/ 
O 

excellence,  et  le  plus  éloigné  du  système  symétrique  de  l'oxyde  d'éthylène 

primordial  H='C  —  CH-. 

\/ 
O 

Ce  système  dissyn.élrique  existe  dans  Voxyde  d'isohulylène 

H  C/  s^^ 
O 

Ce    composé    s'obtenant   aisément    aujourd'hui,  je   me    suis   proposé   de 
résoudre  cette  question,  en  ce  qui  le  concerne  ('). 

La  différence  d'aptitude  à  l'éthérification  chlorhydrique,  que  l'on  constate 
d'une   manière  si  instructive,  notamment  à  l'étage  C\  entre  le  compo- 

H^C\ 

(')  La  cliloiliydiine  isobutyléniqiie  .  _  yC(OH)  ^  CH^Cl  s'obtient,  avec  un  ren- 
dement considérable,  |)ar  la  réaction  du  composé  magnésien  du  Ijromure  de  nié- 
llijlc  H'C  —  iMg.Br,  sur  l'acétone  monocidorée  H'C  —  CO  —  CH'-Cl  et  le  chloro- 
acétale  d'élhyle  CICH^—  CO(OCMI"). 

L'action  de  la  potasse  caustique,  sèche  et  pidvérulente,  sur  cette  chlorh^drille, 
l'ournit,  dans  les  conditions  les  plus  avantageuses,  l'oxyde  d'isobutylène 

jj;^)c-CHMib.5."-5.". 


O 


SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  1906.  49^ 

1 
sant  -C  — OH,  alcool  tertiaire  du  trimélhylcarbinol  (H'C)'.C(OH)  et 

I 
le    composant    H-C  —  OH,     alcool    primaire,    de    l'alcool    isobutyliqlie 

(H'C)^CH  —  CH^(OH),  m'iiiilorisnit  à  penser  qu'il  se  formerait  dans  ces 
circonstances  une  chlorhydriiie  isobutylénique,  alcool  primaire  de  la  for- 
mule ^'*'^CC1  -  CHYOH). 

I/expérience  a  confirmé  cette  prévision. 

L'oxyde  d'isobutylèiie  se  combine  énergiquement  et  avec  un  dégage- 
ment de  chaleur  considérable  à  l'acide  chlorhydrique,  soit  gazeux, "soit  en 
dissolution  aqueuse  concentrée.  Il  en  résulte  une  nouvelle  chlorliydrine  iso- 

biHylénique C'U\(OB) Cl,  répondantàla  formule  JJj^^CGl  —  GH=(OH). 

Je  la  désignerai  par  la  lettre  p  pour  la  distinguer  plus  aisément,  quant  à 
son  nom,  de  la  chlorliydrine  qui  a  servi  à  faire  l'oxyde  d'isohutylène  dont 
elle  dérive.  Je  désignerai  cette  dernière  par  la  lettre  a;  elle  répond  à  la 

formule  î!'^^C(OH)  -  CH^Cl. 

Comme  on  le  devine,  ces  deux  composés  sont  extérieurement  à  peu  près 
identiques.  Ce  sont  des  liquides  incolores,  quelque  peu  épais,  agréable- 
ment odorants,  surtout  le  composé  p,  alcool  primaire.  Il  existe  cependant 
entre  eux  des  différences  notables  au  point  de  vue  physique  et  surtout  au 
point  lie  vue  chimique. 

a.  Au  point  de  vue />/(j.çj(/«e  :  La  difTérence  porte  surtout  sur  la  volatiliu-  et  la 
fusibilité. 

La  chlorhjdrine  ^  bout  à  i32°-i33°,  sous  la  pression  ordinaire,  donc  quel(|ues  degrés 
plus  haut  que  la  chlorhjdrine  a  qui  bout  à  i26''-i28''  ('). 

Des  rapports  de  volatililé  presque  identiques  se  constatent  entre  les  deux  chloro- 
acétines  correspondantes 

H^C       CH^  Éb.  lôS^-iS/,"  H'C       CtP  Éb.  lôoo-iei" 

C(O.CO.CHn  ,  CCI 

1  ■  I 

CH'Cl  GH-(,O.GO.CH') 

('  )  Des  différences  du  même  genre  s'observent  entre  les  deux  chlorhydrines propylé- 
niques. 

H-CGl     Eb.  i26"-i27"         H"-C  — OH     Eb.  i33°-i34° 

HC  — OH  HCCl 

CH^  CH' 

Voir  moii  Mémoire  :  Sur  les  dérivés  pfopyténiques  {Bulletin  de  l' Académie  de 
Belgique.  1903,  p.  397). 


496  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

On  pouvait  inférer  de  In  qualité  alcool  tertiaire  Ai\  la  clilorliyilrine  a  qu'elle  serait 
plus  facile  à  congeler  et  moins  fusible  que  son  isomère.  11  en  est  eirecti%'ement  ainsi. 
Refroidie  dans  un  mélange  de  neige  carbonique  et  d'éther,  cette  cldoiliydrlne 

(CH^)î-C(OH)  — CH'-Cl 

se  congèle  et  cristallise  bien  en  une  masse  fusible  à  —  20°. 

Dans  les  mêmes  conditions  la  chlorhydrine  p,  (CH^)-— CCI  —  CH^(OH),  est  in- 
congelable. 

b.  Au  point  de  vue  chimique.  Sans  recourir  à  Voxydation  qui  dilTèrencie  si  profon- 
dément un  ?i\coo\  primait  e  d'avec  un  alcool  tertiaire,  l'acide  ciiiorhvdriqiie  et  l'acide 
nitrique  suffisent  déjà  à  difterencier  nettement  ces  deux  chlorhydrines. 

L'une  et  l'autre  se  dissolvent,  à  froid  et  provisoirement,  dans  l'acide  clilorhydrique 
fumant.   Mais,  sous  l'action  d'un  léger  échaulïement,   vers   60°,  la  chlorliydrine  a  s'en 

H  C\ 

sépare  à   l'état  de  chlorure  d' isobutylène.     J"  ^  ^CCl.CH-CI,  Eb.  io8°-io9'',  tandis 

que  la  chlorhydrine  fi,  alcool  primaire,  en  s'en  séparant  comme  son  isomère,  sous 
forme  d'une  couche  insoluble  surnageante,  réapparaît  comme  telle,  à  part  une  faible 
portion  qui  s'est  transformée  en  son  éther  simple  >  CCI  —  CH-(0).CH-.C1.C  <. 

L'action  de  l'acide  nitrique  est,  à  certain  point  de  vue,  plus  démonstrative  encore. 

La  chlorhydrine  a  se  dissout  dans  le  mélange  nitro-sulfurique  (')  et  }'  reste  dissoute. 
La  chlorhydrine  p,  alcool  primaire,  s'y  dissout  également  pour  en  sortir  bientôt  après 
sous  forme  d'une  couche  huileuse  surnageante,  qui  est  son  éther  nitrique 


{J[^,^CC1.CH^(N0 


composé  très  bien  défini  et  qui  s'obtient  ainsi  dans  un  état  de  pureté  remarquable. 

Le  mélange  oxydant  des  acides  nitriques  (})  se  comporte  aussi  fort  dilTéremment 
vis-à-vis  de  ces  deux  isomères.  La  chlorhydrine  a  s'y  dissout  et  n'en  est  que  très  fai- 
blement attaquée  à  froid.  La  chlorhydrine  p,  au  contraire,  après  s'y  être  dissoute,  s'en 
sépare  el,  dès  la  température  ordinaire,  en  est  oxydée  d'une  manière  continue,  avec 
dégagement  de  vapeurs  nitreuses.  On    peut   prévoir   que   cette   oxydation  fournira  de 

H'C\ 
l'acide  chloro-isobutyrique  yC  Cl  —  CO(OH).    Mais,    en    ce   moment,   cet    essai 

n'est  pas  encore  terminé. 

Je  puis  ajouter  encore  qu'avec  la  solutiiui  du  nitiiie  sodique,  en  présence  de  H^SO' 
étendu,  la  chloihvdrine  p  se  transforme  aisément  en  son  éther  nitreux,  ce  qui  n'a  pas 
lieu  pour  la  chlorhydrine  2.  Malheureusement  cet  éther  nitreux 

(H»C)=— CCI  —  CH=(O.NO) 

ne  se  laisse  pas  distiller  convenablement. 

Je  mentionnerai  encore  la  diflerence  de  stabilité  que  présentent  ces  deux  composés 
sous  l'action  de  la  chaleuV. 


(1)  2'°'  de  H-SO'  et  r°'  de  H  NO'  concentré. 

(M  Parties  égales  en  poids  de  H  NO'  fumant  et  de  HNO'  commercial. 


SÉANCE  DU  26   FÉVRIER  1906.  497 

Alors  que  la  chlorliydrine  distille  comme  telle,  sous  la  pression  ordinaire,  la 
chlorhydrine  p  qui  renferme  le  complexe  >CC1  —  CH-{OH)  paraît  subir  alors  une 
légère  altération,  malgré  la  constance  de  son  point  d'ébullition.  altération  qui  s'accuse 
par  un  faillie  dégagement  de  II  Ci,  d'où  résulte  un  léger  déficit  dans  la  teneur  centési- 
male en  chlore  du  produit  distillé. 

Quoi  qu'il  en  soif,  aucun  cloute  ne  peut  subsister  sur  l'individualité  réelle 
et  distincte  de  ces  deux  composés  isobutyléniqnes.  On  aperçoit  ici,  une  fois 
de  plus,  la  différence  fonctionnelle  considérable  que  détermine  dans  l'atome 
du  carbone  la  présence  ou  l'absence  de  l'hydrogène. 

L'existence  bien  constatée  de  ces  deux  chlorhydrines  me  permettra  de 
reprendre,  dans  des  conditions  favorables  pour  la  résoudre  enfin,  la  ques- 
tion déjà  ancienne,  dont  je  me  suis  occupé  autrefois  en  iSyS  et  dont 
divers  chimistes  se  sont  occupés  depuis,  de  la  fixation  de  l'acide  hypochlo- 

reux  (HO)Cl  sur  l'isobutylène  ÎÎ^S^C  =  CH^ 

En  terminant,  je  tiens  à  constater  toute  la  part  qui  revient,  au  point  de 
de  vue  expérimental,  dans  les  recherches,  à  mon  assistant,  M.  Auguste 
De  Wael. 


NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  l'élection  d'un  Correspon- 
dant pour  la  Section  de  Minéralogie,  en  remplacement  de  M.  de  Richtho- 
fen. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  49, 

M.  Heim     obtient 4^  suffrages 

M.  Walcott      »      4         » 


M.  Heim  est  élu  Correspondant  de  l'Académie. 


CORRESPONDANCE . 


M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  la  mort  de  M.  Arlhur-François- 
Alphonse  Bienaymé,  Correspondant  de  l'Académie  pour  la  Section  de 
Géographie  et  Navigation. 

C.  R.,   1906,   I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N°  9.)  C6 


498  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

M.  le  MisisTUE  DE  l'Instruction  publique  invile  l'Académie  à  présenter 

nne  liste  de  deux  candidats  à  la  chaire  de  Zoologie  (Mammifères  et  Oiseaux) 

devenue  vacante  au  Muséum  d'Histoire  naturelle,   par  suite  du  décès  de 

M.  Oustalet. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Zoologie.) 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

Les  Tomes  premier  et  second  des  Leçons  d' Algèbre  el  cV Analyse  à  l'usage 
des  élèves  des  classes  de  Malhèmatiques  spéciales,  par  Jules  TANNEitY.  (Pré- 
sentés par  ,\1.  P.  Piiinlevé.) 


ASTRONOMIE.  —  Observations  de  la  comète  Brooks  (1906  «),  faites  au  grand 
équatoriat  de  V Observatoire  de  Bordeaux.  Note  de  M.  E.  Esclaxgo.v. 

Obser{  citions  de  la  comète. 


Temps  sidéral 

Nombre 

Dates. 

de 

de 

190G. 

Étoiles. 

Bordeaux. 

Aa. 

A*. 

comparaisons 

Février  20. 

a 

Il        m       s 

8.47.   8,0 

ni        s 
+  .3.54,2 

-i7'.33",7 

4:4 

20. 

a 

9.  7. .3g, 5 

+6'.27,9- 

—  1*.  g, 3 

4:4 

Position  moyenne  de  l'étoile  de  comparaison. 

Ascension          Réduction        Distance  Réduction 

droite                    au                 polaire  au 

Étoiles.                           Autorités.                                   moyenne.              jour.             moyenne.  jour. 

a ioY,n'>1235elIlY,n°220:î       7.i7°!33'9       +4',7i       8°.54'.39',6  — 5",o 

Positions  apparentes  de  la  comète. 


Dates. 

l'JOO. 

Temps  moyen 

do 

Bordeaux. 

Ascension 

droite 
apparente. 

Log.  faci. 
parallaxe. 

Distance 

polaire 

apparente. 

Log.  fact. 
parallaxe. 

'évrier 

20. . 
20. . 

h       m       s 
'0.47.19,0 

II.   7v47, I 

h         lu         s 

7.23.32,8 
7.23.  6v5i 

+0,001 
+o,o85 

0      ,       » 
8.37.    0,9 

8..38s.2â,2 

+0,691 
+0,670 

La  comète,  relativement  brillante  el  dépourvue  de  queue,  présente  au  centre  un 
noyau  assez  net  d'où  semble  émaner  la  nébulosité  sous  forme  de  rayons  reclilignes  et 
serrés. 


SÉAJSCE    DU    26    FÉVRIER    1906.  499 


ANALYSE    MATHÉMATIQUE.    —    Sur  l'indélerminaiion  d'une  fonction  d'une 
variable  au  voisinage  d'une  singularité  Ira 
BouTROux,  présentée  par  M.  H.  Poincaré 


variable  au  voisinage  d'une  singularité  transcendante.  Note  de  M.  Pierre 


On  sait  qu'au  voisinage  d'un  point  singulier  transcendant,  une  fonction 
j  de  .r  peut,  soit  rester  déterminée,  soit  être  complètement  indéterminée, 
soit  être  incomplètement  indéterminée,  c'est-à-dire  tendre  vers  l'ensemble 
des  valeurs  contenues  dans  certaines  régions  du  plan  des  y. 

Considérons  une  fonction  ^(.c),  algébroïdeà  l'intérieur  d'un  certain  con- 
tour convexe  C,  et  soit  ît,  un  pouit  singulier  de  la  fonction  (isolé  ou  non) 
situé  sur  le  contour  C.  Pouvons-nous  dire  quelle  indétermination  la  fonction 
sera  susceptible  de  présenter  lorsque  x  tendra  vers  x^  sur  un  chemin 
quelconque  intérieure  à  C? 

1°  Soit  la  fonction  j(j:-)  uniforme  ('méromorphe)  à  l'intérieur  de  C.  Si 
yioc)  devient  indéterminée  lorsque  x  tend  vers  x^  sur  un  chemin  intérieur  à  C, 
cette  fonction  prend,  au  voisinage  de  x^,  toutes  les  valeurs  possibles,  sauf  deux 
au  plus. 

En  effet,  on  peut  montrer  qu'il  existe  au  moins  un  segment  de  droite  intérieur  à  C, 
et  aboutissant  en  x^  sur  lequel  y  devient  indéterminée.  Supposons  que,  sur  ce  segment, 
y{x)  ne  prenne  pas  la  valeur  co,  mais  prenne  des  valeurs  arbitrairement  grandes. 
Puisque  k(j?)  y  est  indéterminée,  on  peut  trouver,  sur  le  segment  considéré,  des  points 
X,  arbitrairement  voisins  de  x^^  jouissant  des  propriétés  suivantes  :  au  points-,  y  prend 
une  valeur  a  telle  que  |«|  <  A,  h  restant  fixe  lorsque  x  tend  vers  a-j  ;  d'autre  part,  sur 
le  segment  .r.r,,  ou  sur  une  fraction  finie  de  ce  segment  (par  exemple  les  f),  y{x)  prend 
des  valeurs  arbitrairement  grandes. 

Soient  alors  o  et  i  deux  nombres  quelconques,  .le  dis  qu'au  voisinage  de  ,r,,  y{x) 
devient  nécessairement  égale  soit  à  o,  soit  à  i.  En  effet,  après  avoir  fait  au  besoin  un 
changement  de  variable,  nous  pouvons  supposer  que  le  contour  C  tourne  sa  convexité 
du  côté  où  la  fonction  y  est  définie.  Considérons  alors  un  cercle  -(  a^ant  pour  centre 
un  point  x  et  passant  par  .r,  :  r(j;)  est  holomorphe  dans  ce  cercle,  et  il  en  résulte  (') 
que,  si  /  ne  prenait  pas  dans  y  les  valeurs  o  et  i ,  son  module  resterait  (dans  un  cercle 
concentrique  à  y  et  de  ravon  égal  à  |  xx{)  inférieur  à  une  fonction  finie  de  a,  ce  qui 
n'a  pas  lieu. 

On  observera  que,  étant  donné  que  nous  ne  considérons  la  fonction  y(a;) 

(')  J'ai  énoncé  dans  les  Comptes  rendus  (3i  juillet  igoS)  cette  proposition,  qui 
avait  été  obtenue  par  M.  Scholtky  sous  une  forme  un  peu  différente. 


5oO  ACADEMIE   DES    SCIENCES, 

qu'à  l'intérieur  d'un  contour,  unpoint  singulier  essentiel  ne  sera  pas  néces- 
sairement, à  notre  point  de  vue,  point  d'indétermination. 

2°  Soit  maintenant  j'(îf)  algébroïde  à  l'intérieur  du  contour  convexe  c, 
mais  non  sur  ce  contour  lui-même.  Etudions  y  à  l'intérieur  d'un  contour  c 
intérieur  à  C,  et  faisons  tendre  c  vers  C.  Dans  ces  conditions,  ou  bien  le 
nom.bre  des  déterminations  dey  (a;)  reste  inférieur  à  un  nombre  fixe;  ou 
bien  ce  nombre  augmente  indéfiniment. 

Le  [iremier  cas  se  ramène  au  cas  de  l'uniformité.  Dans  le  second  cas, 
les  branches  de  j(a-)  convergent  vers  une  ou  plusieurs  fonctions- 
limitesY  (')  qui  ne  peuvent  admettre  pour  singidarités  que  les  points- 
limites  des  singularités  dej'(a;).  D'ailleurs,  si  un  ensemble  de  branches 
de  y  converge  vers  une  fonction  Y  le  long  d'un  arc  /,  ces  courbes  ne  cesse- 
ront pas  de  converger  vers  Y  lorsqu'on  prolongera  l'arc  /,  pourvu  que  l'on 
ne  rencontre  aucun  point-limite  des  singularités  dey.  On  en  conclut  que 
la  fonction  y  (a?)  ne  saurait  tendre  vers  les  points  d'une  région  du  plan 
des  y,  lorsque  ic  tend  vers  le  contour  C,  qu'au  cas  où  l'ensemble  des  fonc- 
tions-limites Y  (a;)  tend  vers  les  points  de  la  même  région.  Ceci  nous 
conduit  aux  énoncés  suivants  : 

Premier  cas  :  Supposons  que  les  fondions  limites  de  la  fonction  multiforme  /(.r  ) 
aient  un  nombre  fini/>  de  branches  à  l'intérieur  du  contour  C;j'(.c)  «e  ia(/ra;7  rfece/nV 
indéterminée  lorsque  l'on  tend  vers  un  point  du  contour  C  à  moins  de  devenir  com- 
plètement indéterminée. 

Si  les  fonctions  limites  ont  un  nombre  infini  de  branches,  mais  admettent  elles- 
mêmes  des  fonctions  limites  qui  n'ont  qu'un  nombre  fini  de  branches,  on  a  encore  la 
même  proposition  ;  et  ainsi  de  suite. 

Deuxième  cas  :  Supposons  que  les  fonctions  limites  de  la  fonction  multiforme  définie 
à  l'intérieur  du  contour  C,  et,  par  suite,  cette  fonction  elle-même,  soient  complète- 
ment indéterminées  en  un  point  .r^  intérieur  à  C  ;  en  ce  cas,  la  fonction  y  est  com- 
plètement indéterminée  en  tout  point  intérieur  à  G. 

Troisième  cas  :  Supposons  que  les  fonctions  limites  àe  y{x)  présentent,  en  un  point  ,ro 
intérieur  à  C,  une  indétermination  incomplète  :  en  ce  cas,  la  fonction  y  présentera 
une  indétermination  incomplète  en  tout  point  intérieur  à  C. 

De  l'examen  de  ces  trois  cas  résulte  la  proposition  suivante  : 
Soit  une  fonction  multiforme  définie  à  l'intérieur  d'un  contour  C,  où  elle  est 
algébioide,  et  soit  Xg  un  point  intérieur  à  C.  Si  la  fonction  ne  présente  aucune 


C)  Jai  iiidiciué  <|U(eJques  résultats   relatifs  à  ces  fonctions  dans  un  Mémuire  pujjlié 
dans  les  Annales  scientifiques  de  Nicole  normale  supérieure  (octobre  1905  ). 


SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  I906.  5oi 

indétermination  incomplète  au  point  x„,  elle  ne  saurait  en  présenter  lorsque  x 
tend  vers  le  contour  C  sur  un  chemin  quelconque  intérieur  à  C. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  la  série  de  Fourier. 
Note  (le  M.  Léopold  Fejkr,  présentée  par  M.  Emile  Picard. 

Soity(j7)  une  fonction  de  la  variable  réelle  x,  dont  la  série  de  Fourier 
est  partout  convergente.  Une  question  intéressante  se  pose  :  Est-ce  que  les 
sommes  de  Fourier  : 

\l)  S^,  s  f,  Sn,  .  .    .  ,  S,i,  ..., 

où  s„  désigne  la  somme  des  («  -4-  1)  premiers  termes  de  la  série  de  Fourier 
(\e/(x),  sont  oscillatoires  autour  de  la  valeur  de/(:c)  pour  chaque  va- 
leur ùiixl  Eu  d'autres  termes  :  Peut-on  trouver  une  infinité  de  membres 
de  la  suite  (i)  qui  sont,  pour  la  valeur  x,  |)lus  grands,  et  une  infinité,  qui 
sont  plus  petits  quey(a;)? 

Prenons,  d'une  part,  la  fonction  sans  dérivée  de  Weierstrass  : 


/(^•)  =  2]«"cos(6"a;), 


ou 


3 
o  <^  rt  <]  1 ,  />  =  entier  impair,  ah^\-\ — -. 

Pour  les  arguments  x  =  -^^  (u.,  v  =  entiers  quelconques),  qui  sont  denses 

dans  chaque  intervalle,  la  suite  (i)  n'est  pas  oscillatoire  autour  de  /(x). 
D'autre  part,  la  série  suivante,  qui  représente  une  fonction  entière  de  x, 
avec  la  période  ax  : 

f{x) —  'y^a'''"  cos(b"x).         où  o<rt<i,         6  =  entier  impair  >  i, 

montre  la  même  propriété  pour  les  mêmes  valeurs  de  x.  Mais  en  considé- 
rant les  courbes,  qui  sont  composées  d'un  nombre  fini  d'arcs  analytiques, 
courbes  qui  se  placent  en  quelque  sorte  entre  les  deux  catégories  extrêmes 
de  fonctions  mentionnées  plus  haut,  et  qui  sont  les  plus  importantes  pour 
les  applications,  on  trouve  des  circonstances  entièrement  différentes. 


302 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


1.  Pour  traiter  un  cas  déterminé  et  simple  prenons  pourfi^x)  un  seul  arc 
analytique,  mais  pour  lequel  /{-^  o)  et  f{2-  —  o)  sont  différents.  Nous  voulons 
démontrer  que  les  sommes  de  Fourier  sont  oscillatoires  autour  de  f{iv)  pour 
chaque  point  de  l'intervalle  (o,  27u),  les  arguments  o,  t.  pouvant  être  les  seuls 
exceptionnels. 


Kn  efiTel 


I        /^•'"^  /ïj^i  — /"C  ri  2—  r 


Mais,  en  posant 

(0 


ï,„(x): 


■J. 

^  ù 


2  SIB  • 


?(^)^ 


7  —  J" 

( î )  cos {in  ^-  I  ) (Yx, 


f{^)-'f(.X) 


2  SI  !1 


nie  intégration  par  partie  donne 


.T  2  II  -{—  I 

ï,„{.r)  ~  —  [,<p(o)  -f-'f)(2r)|cos(2/i  +i)-  -t-  ^^ T,d„{-r)\ 


et  comme 


l'on  obtient  pour  d„(.r)  l'expression 


/(27r)-/(0) 

î 
.      a? 
2  sin  — 


(3) 


d,:{x)  = 


(  2  «  4-  I  ) 


/(,^)_/(0) 


cos  (2  ri  +  i)  ■ 


T;„(.i-) 


Dans  l'intégrale  (2)  la  fonction  o'(-/)  est  finie  et  contiime  entre  o  et  21:,  par  suite 
lim  T,„(.r)  =  o.  Donc  la  formule  (3)  démontre  d'une  manière  exacte,  que  la  suite  (i) 

est  oscillatoire  autour  dey(a)  pour  cliar|ue  valeur  de  .r.  excepté  peut-être  o  et  ::. 

Il              1    '^"'  ^'"  "r  ,  ,  ,  ,^      . 

L  exemple  7   montre  que  les  valeurs  o  et  t  peuvent  se  présenter  elteclive- 

n=  1 

ment  comme  points  d'exception. 

2.   Soit  ^  («„  sin/?.r  -)-  bnCosnx)  la  série  de  Fourier  de  la  fonction  f(x) 
que  nous  supposons  telle  qu'au  n"  1.  Une  transformation,  analogue  à  la  pic- 


SÉANCE    DU    16    FÉVRIER    1906.  5o3 

cédente,  conduiL  aux  expressions 

/(2-)— /(0)-hE„ 


«■»+-.  —   ««  — 


(^)' 


'n+i  "w  ■ 


OÙ  «  —  1,2,  3,  ...,  20,  liin£„  =  lim  p„:=  G,    qui    prouvent  immédiatement 

qu'à  partir  d'un  certain  indice  les  a„  sont  tous  de  même  signe  et  i^ont  en 
décroissant  en  valeur  absolue,  et  que,  en  supposant  /'(^2t:)^/\o),  le  même  fait 
subsiste  pour  les  è„.  Cette  méthode,  qu'avait  déjà  appliquée  M.  Darboux 
pour  la  détermination  de  l'ordre  des  coefficients  de  la  série  de  Fourier, 
mais  en  laissant  de  côté  les  questions  relatives  au  signe,  peut  servir  aussi 
pour  traiter  le  problème  d'oscillation  dans  le  cas  le  plus  général,  signalé 
plus  haut. 

3.  Qu'il  me  soit  permis  d'ajouter  une  remarque,  qui  se  rattache  aux  con- 
sidérations précédentes,  et  que  je  connais  sans  l'avoir  publiée  depuis  trois 
années.  Soit  /(ce)  une  fonction  continue  dont  la  série  de  Fourier  diverge  en  un 
point  X.  Peut-on  trouver  une  suite  convergente,  ayant  f(pc)  pour  limite  et  dont 
les  termes  sont  choisis  parmi  l'es  termes  de  la  suite  divergente  (i)?  Pour  démon- 
trer que  cela  est  toujou/s  possible  lorsque  f  (a')  estjini  dans  l'intervalle  (o,  2-), 
désignons  par  I  et  S  les  limites  inférieure  et  supérieure  de  la  suite  (i) 
pour  n  infini.  D'après  mon  théorème  sur  les  moyennes  arithmétiques,  on  a 
certainement  15  /(a;)5S.  D'autre  part  lim(5„  —  *„_|)=^o.  Donc  l'ensemble 

des  termes  de  la  suite  (1),  qui  se  trouvent  entre  I  et  S,  est  dense  dans  l'inter- 
valle (I,  S).  D'où  il  résulte  déjà  l'existence  de  la  suite  voulue. 

Le  raisonnement  est  en  défaut  lorsque  f{x)  devient  infini  comme  dans 

l'exemple  de   Rieniann  f(x)=  j- (a;"'cos  -  j,  où    o-<;i';^2-,   o<;v<^-' 

C'est  de  ce  problème  que  s'occupent  M.  Hobson  (')  et  M.  Lebesgue  (-) 
dans  leurs  Notes  intéressantes. 


(')  Proceedings  of  tlie  Londun  nuitheinalical  Society,  second  série,  t.  (11,  igoD. 
(-)   Comptes  rendus,  l.  CXI^I,  27  novembre  igoo. 


5o4  ACADÉMIE    DES    SCIE>CES. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Intégrales  d' une  équation  différentielle  dans  le 
voisinage  d'un  point  dicritique.  Note  de  M.  H.  Dulac,  présentée  p;ir 
M.  Painlevé. 

L'étude  des  intégrales  d'une  équation  différentielle 

X(^.,r);^  =  Y(.r.j) 

dans  le  voisinage  de  x  ^  o,  j  =  o  supposé  point  multiple  des  courbes 
X  =  o,  Y  =-.  o  peut  toujours  être  faite  complètement,  dans  le  champ  réel, 
ainsi  que  l'a  montré  M.  Bendixson.  Mais  l'étude  de  ces  mêmes  intégrales, 
dans  le  champ  complexe,  n'a  donné  jusqu'ici  que  peu  de  résultats  précis,  si 
l'on  en  excepte  la  recherche  des  intégrales  algébroïdes  pour  a;  =  o,  pro- 
blème complètement  résolu.  Si  j'ai  pu  montrer  qu'il  y  a,  dans  la  plupart 
des  cas,  une  infinité  d'intégrales  pour  lesquelles  y  tend  vers  o  avec  x, 
ces  intégrales  présentent  des  singularités  très  diverses,  qu'il  paraît  difficile 
d'étudier.  En  général,  étant  données  des  conditions  initiales,  a;„,  y^  aussi 
voisines  que  l'on  veut  de  x  =  o^y  ^  o,  on  ne  sait  comment  se  comporte 
l'intégrale  relative  à  ces  valeurs  initiales,  lorsque  a?  tend  verso.  On  ne  sait 
si  cette  intégrale  possède  un  nombre  fini  on  infini  de  points  critiques,  dans 
le  voisinage  de  a?  =  o.  Dans  le  cas  particulier  où  x  est  en  facteur  dans  X, 
aucun  théorème  général  ne  permet  d'affirmer  que  y  tend  vers  une  limite 
lorsque  x  tend  vers  o,  et,  en  effet,  y  peut  ne  tendre  vers  aucune  limite. 

La  difficulté  de  résoudre  ces  diverses  questions,  dans  les  cas  les  plus 
généraux,  me  paraît  donner  quelque  intérêt  aux  résultats  particuliers,  mais 
très  précis,  que  j'ai  obtenus  dans  le  cas  d!\\x\point  dicritique.  Considérons 
l'équation 

dy 
(r)      \_xk{x,y)  +  'ù„{x,y)  +  . . .  ] -^  =:^  y  a  (a?,  j)  +  ■!„(./;,  v)-l-... 

oîi  le  premier  et  le  second  membre  contiennent  des  développements  sui- 
vant les  puissances  de  x  et/.  Nous  n'écrivons  que  les  termes  de  moindre 
degré,  les  polynômes  homogènes  A,  <p„,  <]^„  de  degrés  respectifs  n  —  2, 
n  el  /?. 

Supposons  qu'il  n'y  ait  pas  de  l'aleurs  de  x  et  y  annulant  à  la  fois 

(2)  A(a7,  j')     cl    y(^„{x,y)+x^„{x,y). 


SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  1906.  5o5 

1°  On  peut  trouver  un  nombre  i  tel  que  si  l'on  a  ]  a;„  |  •<  j,  ,  y,,  |  ■<  s,  l'inlè- 
grale  de  {\)  correspondant  aux  conditions  initiales  x„ ,  y»  est,  pour  \.x\<C^\x^\, 
ou  bien  holomorphe  et  tend  vers  o  avec  x,  ou  bien  algélmnde  el  alors  une  au 
moins  de  ses  déterminations  tend  vers  o  avec  x. 

?."  Toutes  les  déterminations  de  l'intégrale  considérée  tendent  vers  o  avec  x, 
si  X  est  en  facteur  dans  le  premier  membre  de  (1);  pour  toute  intégrale  pas- 
sant dans  le  voisinage  de  x  =  o,  y  =  o,y  lend  i^ers  o  de  quelque  façon  que  x 
tende  vers  o. 

Les  seules  intégrales  pour  lesquelles  x  et  y  tendent  vers  o  sont  les  inté- 
Êjrales  algébroïdes  (holomorphes  en  générai)  pour  x^=o;  l'existence  de 
ces  intégrales  en  nombre  infini  est  bien  connue,  mais  ®n  ne  s'était  pas,  à  ma 
connaissance,  occupé  d'examiner  si  elles  étaient  les  seules  pour  lesquelles 
X  el  y  tendent  vers  o.  De  plus,  2°  nous  donne  des  conditions  suffisantes 
pour  quej'  tende  vers  o  avec  a:;  nous  avons  là  un  des  exemples  assez  l'ares 
où,  l'existence  d'une  limite  pour  y  ne  résultant  pas  du  théorème  de  M.  Pain- 
levé  :  l'existence  de  cette  limite  de  jk.  lorsque  x  tend  vers  o,  en  variant  dans 
le  champ  complexe,  est  établie  sans  que  l'équation  (i)  soit  intégrée. 

Ces  résultats  peuvent  subsister  partiellement,  même  s'il  y  a  des  valeurs 
de  X  et  y  annulant  les  deux  polynômes  (2).  Ainsi  le  résultat  2°  subsiste, 
pourvu  que  A(x,  y)  ne  contienne  pas  x  en  fucteur. 

ANALTfSE  MATHÉMATIQUE,  —  Sur  l'application  de  l'analyse  de  Dirichlelaux 
formes  quadratiques  à  coefficients  et  à  indéterminées  conjuguées.  Note  de 
M.  P.  Fatou,  présentée  par  M.  Painlevé. 

Soit  axx -{- bx y  +  bx y  +  c y  y  une  forme  quadratique  d'Hermite  à 
variables  et  à  coefficients  entiers.  Nous  dirons  qu'elle  est  primitive  si,  en 
posant  b^^b,  -h  ib.^,  les  entiers  réels  (a,b,,b.^,  c)  sont  sans  diviseur 
commun.  Il  y  a  lieu  de  distinguer  entre  les  formes  primitives  de  première 
espèce  pour  lesquelles  les  nombres  (a,  a/^,,  2^0,  <")  sont  premiers  entre 
eux,  et  les  formes  primitives  de  seconde  espèce  pour  lesquelles  le  plus 
grand  commun  diviseur  de  ces  mêmes  nombres  est  égal  à  2;  dans  ce  der- 
nier cas,  on  a  D^i,  ou  D^2  (mod  4)>  suivant  que  6,  et  b^  sont  de 
parité  différente  ou  lous  deux  impairs  (D  désignant  l'invariant  ou  détermi- 
nant de  la  forme  bb  —  eu:  =  b'-^  -\-  bl  —  ac). 

Dans  ce  qui  suit  nous  ne  considérons  que  des  formes  positives  de  dé- 
terminant négatif,  et,  pour  plus  de  simplicité,  nous  n'envisageons  que  les 

c.   R.,   i^oG,   I"  Semestre.  (T.  CXLII,  iN»  9.)  67 


5o6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

classes  de  formes  primitives  de  première  espèce;  soieniy,/, /  ,  ...  des 
représentants  des  différentes  classes  de  formes  de  cette  espèce  et  de  déter- 
minant —  A.  Les  méthodes  de  Dirichlet  permettent  d'établir  l'identité  sui- 
vante : 

<,*>2)    '^/i^, y,  ^', yF' +^/' {^^  y,  '^, yy -^  ■  ■  ■=  y-'^  ^,-y^j;!-ï' 

les  diverses  sommations  du  premier  membre  étant  étendues  aux  valeurs 
des  entiers  complexes  ce,  y,  pour  lesquelles  la  forme  correspondante  repré- 
sente un  nombre  premier  à  2A,  et  les  sommations  du  second  membre  aux 
entiers  positifs  n  premiers  à  2A;  ■/.  désigne  le  nombre  de  solutions  de 
l'équation  //  -+-  A////  =  i   (■/.  ^  4  ^n  général,  /.  :=  8  pour  A  =  i). 

L'identité  précédente  est  la  traduction  analytique  du  fait  arithmétique 
suivant  :  le  nombre  total  de  représentations  d'un  entier  m  premier  à  2A  par 
l'ensemble  des  formes  f,  f\  ...  est  égal  (a«  facteur  /.prés)  à  la  somme  de  ses 
diviseurs.  Pour  A  =  i,  2,  3,  les  formes  correspondantes  ne  forment  qu'une 
seule  classe  représentée  respectivement  par  xv  +.vv,  xx  -+-  2>;v,  xx  +  i  yv  : 
on  en  déduit  le  théorème  de  Jacobi  sur  le  nombre  de  décompositions  d'un 
nombre  impair  en  une  somme  de  4  carrés,  et  deux  théorèmes  analogues 
découverts  par  Liouville. 

Pour  déduire  de  l'identité  fondamentale  qui  précède  l'expression  du 
nombre  de  classes,  il  suffit  de  chercher  les  limites  des  deux  membres,  res- 
pectivement multipliés  par  (.<  —  2),  quand  s  tend  vers  2.  On  obtient  les 
formules  suivantes  : 

/K'î^  =1, 


le  produit  r.  étant  étendu  aux  divers  facteurs  premiers  impairs,  p,  de  A. 

La  simplicité  de  ces  formules  mérite  d'être  remarquée.  On  en  tire  immé- 
diatement cette  conséquence  que  les  seules  valeurs  de  A  pour  lesquelles 
A  =  I  sont  :  A  =:  1 ,  2,  3. 


PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.    —   Sur  la  théorie  des  spectres.  Note  de 
M.  IvAR  Fredholm,  présentée  par  M.  H.  Poincaré- 

Dans  une  thèse  récemment  parue,  M.  Rdz  a  réussi  le  premier  à  con- 
struire un  système  mécanique  dont  les  vibrations  fondamentales  obéissent 


SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  igo6.  607 

à  (les  lois  identiques  à  celles  qu'on  a  trouvées  pour  les  vibrations  des 
l'aies  spectrales  de  l'hvdrogène  et  certaines  raies  d'autres  éléments. 

Le  svstème  mécanique  trouvé  par  M.  Ritz  étant  très  compliqué  et  diffi- 
cile à  réaliser  pour  la  pensée,  il  ne  paraît  pas  sans  intérêt  de  trouver 
d'autres  systèmes  analogues,  mais  d'ime  nature  plus  simple  que  celui  de 
M.  Ritz. 

Voici  comment  on  peut  procéder  : 

Partons  d'une  matière  continue  étendue  à  trois  dimensions.  Appelons  x, 
Y,  :  les  coordonnées  rectangulaires  d'une  de  ses  |)articules  et  w{t,  x,  y,  z) 
l'élongation  de  sa  position  d'équilibre  à  l'époque  t,  en  supposant,  pour 
plus  de  simplicité,  que  chaque  particule  ne  possède  qu'un  degré  de 
liberté.  , 

Supposons  que  la  force  F  exercée  sur  cette  particule  par  une  autre  soit 
donnée  par  la  formule 

F  =  $(■;,  r„  r,  X,  j,  z)  [a'(':.  r,.  l)  -  w(x,y,  z)\ 

Dans  ces  hypothèses,  l'équation  du  mouvement  du  système  s'écrit,  en 
supposant  que  la  densité  soit  constante, 

( ,  )  '^'  =  / 7 " f'i'C'^.  •^..  -  ^•.  7. = )  f «•( ^.  •^..  0  -  'T'C-r.  V,  =)]  di  ,h  (II. 

En  imposant  à  <!'  la  condition 

f  f  j\^(i,  r„  l,  X,  y,  z)dl,  d-r  dl  =  k, 
où  k  est  une  constante  différente  de  zéro,  l'équation  (i)  s'écrit 
1^  +  k^v  =  fffHl,  r„  -Ç,  X,  y,  z)  w(l,  r„  l)  dl  dr,  r/'C 

Une  vibration  fondamentale  s'exprimant  par 

«.'  =  e''"  u{x,y,  z), 
on  obtient  pour  u  l'équation  intégrale 

(X:  —  A- )  u{x,  y,  :■)  =  j  j  j  'l'(ç,  r,,  'Ç,  x,  y,  z)  u'(ç,  r,,  '()  dl  dr,  d'Ç. 
Or,  pour  que  cette  équation  soit  possible,  il  faut  que  Z  ^=  , ■ .  soit  un 


5o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

zéro  d'une  certaine  fonction  entière  G(Z)  dépendant  de  la  fonction  $  et 
telle  que  G(o)  ^  o. 

Ainsi,  en  appelant  l ,.  /.>,  . . .,  les  racines  de  l'équation 


<^^  \j—r.)  =  «' 

on  voit  que  les>v,  s'approchent  de  la  limite  s[k. 

Les  systèmes  considérés  ici  présentent  ainsi  le  caractère  commun  que 
les  longueurs  d'onde  de  leurs  vibrations  fondamentales  s'approchent  d'une 
certaine  limite  non  nulle. 

Ensuite  on  peut  démontrer  sans  difficulté  qu'il  est  possible  d'une  infinité 
de  manières  de  choisir  la  fonction  <p  tellement  que  les  a,  procèdent  d'après 
une  loi  identique  à  celle  des  raies  spectrales. 


PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  Vibrations  cV un  corps  élastique  dont  la 
surface  est  en  repos.  Note  de  M.  A.  Korx,  présentée  par  M.  Emile  Pi- 
card. 

On  peut  démontrer  le  lemnie  suivant,  dont  un  théorème  très  connu  de 
M.  Poincaré  est  un  cas  spécial  : 

Soient  i/,,  Vj,  Wj  (y  =  o,  i,  2,3,  ...,p)p-hi  triplets  de  fonctions  li- 
néairement indépendants,  continus  avec  leurs  premières  dérivées  dans  un 
domaine  t  et  s'annulaut  à  la  surface  a;  on  pourra  toujours  trouver 
p  -\-i  constantes  réelles  «„,  a,,  a.,,  . . .,  Up  satisfaisant  à  la  condition 


0) 

àl  +  a]^a 

l  +  ...+  a;  = 

=  I, 

de  manière  que  les  fonctions 

1            p 
u  =2'«i"i' 

0 

p 

*'  =2'«./^y. 

(2)                                     ^ 

_  ûll 

dx 

p 

0 

du 

-+- 

t)r          ûiv 
ày  +   àz  ' 

SÉANCE    DU    26    FÉVRIER    igo6.  Sop 

satisfassent  à  l'inégalité  suivante 


r(«^+c2+tr'-)rf- 


(3) 


J^{r-  +  TJ^y_^-^p^-)d-. 


<  i'/TT 


où  a  représente  une  constante  finie  ne  dépendant  que  du  domaine  t. 

A  l'aide  de  ce  lemme  et  de  la  démonstration  de  l'existence  des  solutions 
du  problème  d'équilibre  dans  la  théorie  de  l'élasticité  dont  j'ai  donné 
récemment  les  principes  (Comptes  rendus,  5  février),  on  peut  démontrer 
d'une  manière  analogue  à  la  méthode  connue  de  M.  Poincaré  l'existence 
d'une  infinité  de  triplets  U/,,  V^,  W/^  continus  avec  leurs  premières  déri- 
vées dans  T,  satisfaisant  aux  équations 


je 


^w,  +  k'^  +  llw,=  o, 


l\ui-h\l-i-Wl)eh=i, 


et  s'annulant  à  la  surface  g.  Dans  ces  équations  nous  désignons  par  X-  un 
nombre  réel  supérieur  à  —  i ,  et  les  11  sont  des  constantes  positives 

o<>-;<>^K---. 

que  nous  appellerons  les  nombres  correspondants  aux  triplets  élastiques  U^, 
Va-.  W,. 

Ces  triplets  élastiques  jouent  pour  tous  les  problèmes  de  l'élasticité, 
dans  lesquels  la  surface  du  corps  élastique  est  supposée  en  repos,  le  même 
rôle  que  les  fonctions  harmoniques  de  M.  Poincaré  dans  la  théorie  de 
l'équation 

Aç  -H  ^-(p  =_/. 

Chaque  triplet  élastique  correspond  à  une  vibration  d'un  corps  élastique 
dont  la  surface  est  en  repos,  et  la  durée  de  la  vibration  est  proportionnelle 
au  nombre  X^. 

Chaque  triplet  de  fonctions  u,  v,  w  s'annulant  à  la  surface  a  et  continues 
dans  T  avec  leurs  dérivées  premières  et  secondes  peut  être  développé  en 


OJO  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

séries  de  la  forme  suivante  : 

I  u  =C,U,    -^C.U,   4-.... 

(  ,ï;  =  c,w, -t-aw„+..., 

et  les  constantes  Cy  de  ces  séries  ont  les  valeurs 

(G)  C,-  =  f(u  U,  +  vYj  +  w  Wy)  ih. 

Ces  développements  sont  d'une  importance  très  grande  quand  il  s'agit 
de  l'intégration  des  équations  générales  des  corps  élastiques  isotropes 


(7) 


Al.          ,        /   <^®                   ■■    <^'  U 

AU    +  k^-  =  rj-  ——-, 

.,,        ,de        .,d'\ 

0  = 

dx        dy          dz 

âz               àl- 

ou  (les  équations 


(?') 


AU   +^^- 

<).r 

dV 

=  ''■  dt  ' 

AV   +^^ 

d\ 

=  ''■  dt  ' 

AW  +  kf 
dz 

=  !^-  ài 

pour  le  cas  où  l'on  suppose  à  la  surface  n 

(8)  U=V  =  W  =  o. 


MÉCANIQUE  RATIONNELLE.  —  Sur  un  cas  particulier-  du problèirw  des  n  corps. 
Note  de  M.  Thadée  Baxachiewitz,  présentée  par  M.  H.  Poincaré. 

Considérons  trois  points  matériels  libres  P;(m,>  o;  ^"',  r,"',  "C"')>  s'atti- 
rant  proportionnellement  aux  masses  et  en  raison  inverse  des  cubes  des  dis- 
tances mutuelles.  Désignons  par  V  la  fonction  des  forces.  On  aura 

...  rf«?(')       d\  d^yy       d\  ^/-:("      d\        ,.  ... 


SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  1906.  5ll 

Nous  supposons  dans  tout  ce  qui  suit  que  G,  le  centre  de  gravité  du  sys- 
tème, soit  fixe. 

Choisissons  les  axes  des  coordonnées  de  manière  qu'on  ait,  pour  t  =0, 

(«)        V,„.£-'=:o,  '^m,-f,\;'=o,  ^;»,£i''T,,'  =0,  '^Di/t.'y-r^o. 

i  •    i  i  i 

Supposons  qu'en  même  temps  les  points  P,  soient  les  sommets  d'un   triangles,  qui 
n'est  pas  équilatéral,  et  qu'il  exisle  une  relation 


(à) 


5o     io 


1'"' (&='''  ^^'^■^'^' 


où  (Ay,/,  )u  signifie  la  distance  de  Py  à  P/..,  pour  /  ^  o. 
Posons 


vç  et  Vv,  seront  les  nombres  essentiellement  positifs  et  inégaux. 
On  suppose 

Introduisons  deux  constantes  a',  a",  liées  par  une  équation 

et  soit  enfin 


(/)  A-z=v/(i  +  a'0(n-a"/). 

Cela  posé,  voici  une  solution  particulière  des  équations  (A)  : 

(B)        -'-^<-(\/^'og^)' 

On  déduira,  en  effet,  des  équations  (B) 

(0^7^=-^v,,      --^  =  __v„     -^=.__v,       (,  =  1,2,,:,); 


5 12  ACADEMIE    DES    SCIENCES, 

miis  on  aura  d'autre  part 


(2) 


(^=1,2,3). 


Or,  toutes  les  expressions 


milf^i-\-  ^    et     w,-^;,''^+  ^        («■=  I,  2,  3) 

s'évanouissent;  les  équations  (A)  sont  donc  satisfaites  par(B). 

Le  mouvement,  représenté  par  les  formules  (B),  se  fera  de  sorte  que  le 
triangle  des  points  tournera  autour  d'un  axe  fixe  G^  sans  changer  ses 
angles.  Chaque  point  P,  se  mouvra  sur  la  surface  d'un  cône  de  révolution, 
ayant  pour  sommet  G  et  pour  axe  G^.  Sa  projection  sur  le  plan  tjGC  glissera 
sur  une  spirale,  dont  l'équation  en  coordonnées  polaires  (p,  u),  G  étant  pris 
pour  pôle,  pourra  s'écrire 

psinhvpjj-w   1         .,     lorsque  cc'a'^o, 

pcoshyp[/.(o  \  »         a'a."<^o,  (la  spirale  de  Poinsot), 

logp  =  [j.to        »         a.'a"=:o,  -fi^^^o  (la  spirale  logarithmique), 


l'on 


ou  1  on  a  pose 


pos 


^V-^-^'    '^-^v/v^; 


On  voit  que  les  points  P,  décriront  les  courbes  gauches  ;  c'est  ce  qui  n'arrive 
pas  dans  les  solutions  exactes  du  problème,  connues  jusqu'à  présent. 

Le  cas  exposé  est  dans  l'exception  fort  remarquable  :  j'affirme  que,  si  le 
système  des  n  corps,  s' attirant  proportionnellement  aux  masses  et  à  la  puis- 
sance (ptelconqite  des  distances  mutuelles,  se  meut  de  sorte  que  les  distances 
gardent  entre  elles  des  rapports  constants,  les  points  ne  pourront  décrire  que 
des  courbes  planes  et,  en  conséquence,  la  configuration  devra  être  cen- 
trale (')  excepté  le  cas  ci-dessus  (et  son  extension  éventuelle  au  cas  n  >  3, 
l'attraction  variant  en  raison  inverse  du  cube  de  la  distance). 

Voilà  comment  ou  peut  généraliser  le  théorème  dû  à  Lagrange  et  qui 
n'était  établi  que  pour  trois  corps,  s'attirant  conformément  à  la  loi  de 
Newton. 

(')   Voir,  poui-  la  définilioiK  Tarticle  de  M.  Driobek,  Astr.  Nachr.,  36-27. 


SÉANCE  DU  2.6    FÉVRIER  1906. 


5i3 


PHYSIQUE.   —  Sur  la  signification  exacte  du  principe  de  Carnot. 
Note  de  M.  Louis  Fredey,  présentée  par  M.  P.  Curie. 

Bollzmann,  étudiant  les  conséquences  du  principe  de  Carnot,  fait  une 
distinction  entre  les  mouvements  ordonnés  et  les  mouvements  non 
ordonnés.  Cette  distinction  est  commode,  mais  ce  n'est  évidemment  qu'une 
image.  D'une  façon  tout  à  fait  générale,  il  n'y  a  pas  de  mouvements  non 
ordonnés.  Deux  électrons  circulant  dans  le  même  sens  constitueraient  un 
système  ordonné,  par  rapport  à  deux  électrons  circulant  en  sens  contraire 
ou  seulement  divergents.  Les  divers  mouvements  possibles  des  deux  élec- 
trons l'un  vis-à-vis  de  l'autre  nous  mettraient  en  présence  de  systèmes  sans 
nombre  plus  ou  moins  ordonnés  les  uns  que  les  autres.  Les  durées  rela- 
tives des  mouvements  impliquent  à  leur  tour  des  gradations. 

Si  nous  passons  du  cas  de  deux  électrons  à  des  cas  de  plus  en  plus  géné- 
raux, nous  nous  trouvons  devant  des  possibilités  incalculables  de  systèmes 
plus  ou  moins  ordonnés. 

Passons  sur  ces  difficultés.  Attribuons  l'ordre  à  des  mouvements  ayant 
une  grandeur  et  une  durée  appréciables  par  rapport  à  noire  propre  gran- 
deur et  à  notre  propre  durée.  Nous  pourrons  poser  les  régies  suivantes  : 

i"  Toutes  choses  égales,  la  formation  de  systèmes  ordonnés  est  d'autant 
moins  fréquente  que  les  systèmes  ont  plus  d'amplitude; 

2°  Toutes  choses  égales,  la  formation  des  systèmes  ordonnés  estd'autant 
moins  fréquente  que  les  systèmes  sont  plus  complexes. 

On  entrevoit  corrélativement  que  la  destruction  d'un  système  sera  com- 
pensée d'autant  plus  tardivement  par  la  reconstruction  d'un  système  équi- 
valent que  ce  système  sera  plus  considérable  et  plus  complexe.  Ladégraila- 
lion  apparente  d'énergie  serait  donc  inévitable.  Aucun  système  ne  se 
reformerait  spontanément.  Il  faudra  faire  un  emprunt  à  l'ambiance.  Mais 
cela  signifie-t-il  que  les  mouvements  ordonnés  diminuent  par  rapport  aux 
mouvements  non  ordonnés? 

Les  règles  énoncées  ci-dessus  ne  permettent  pas  cette  conclusion.  De  ce 
que  les  combinaisons  ordonnées  deviennent  de  plus  en  plus  rares  à  mesure 
qu'elles  ont  plus  d'amplitude  et  de  complexité,  il  faut  conclure  que  les 
éléments  dont  elles  se  forment  ne  se  réunissent  pas  spontanément  ni  instan- 
tanément; ils  s'assemblent  et  s'orientent  à  la  suite  d'une  sélection  dans 

G.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  C\LII,  N°  9.>  "8 


5f4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

l'espace  et  dans  le  temps.  Si  donc  ces  combinaisons  se  détruisent,  leurs 
équivalents  ne  se  reforment  également  qu'à  la  suite  d'une  sélection  dans 
le  temps  et  dans  l'espace,  sélection  d'autant  plus  difficile  et  plus  lente  que 
les  systèmes  seront  plus  vastes  et  mieux  ordonnés.  Nécessairement  les  sys- 
tèmes ne  peuvent  se  reformer  d'eux-mêmes.  Si  une  incidence  écarte, 
fait  diverger  deux  électrons  qui  circulaient  parallèlement,  pourront-ils 
reprendre  spontanément  leur  position  et  leur  marche  primitives?  Il  est 
impossible  de  l'imaginer.  Il  est  également  impossible  de  l'imaginer  pour 
trois,  quatre,  dix,  cent,  mille,  ...,  n  électrons  :  aussi,  du  moment  qu'un 
système  isolé  varie,  a-t-im  pu  poser  qu'il  ne  repasserait  pas  deux  fois  par 
le  même  état  (')?  Cela  est  aussi  i^rai pour  les  groupements  non  ordonnés  que 
pour  les  systèmes  ordonnés.  Si  l'on  pouvait  rap|>orter  à  des  axes  fixes,  à 
l'instant  t,  la  position  des  particules  d'un  groupement  désordonné,  on  ne 
voit  pas  que  ce  groupement,  après  variation,  puisse  spontanément  reprendre 
ses  positions  primitives  plutôt  que  ne  le  pourrait  un  système  ordonné.  On 
tirerait  donc  le  principe  de  Carnot  de  l'observation  des  mouvements  non 
ordonnés  comme  des  mouvements  ordonnés,  si  l'on  pouvait  déterminer 
ceux-ci  comme  ceux-là.  Mais,  par  définition,  on  ne  le  peut  pas.  Aussi 
sommes-nous  enclins  à  opposer  directement  un  système  ordonné  à  tous  les 
genres  de  mouvements  que  nous  croyons  désordonnés. 

En  réalité,  il  n'y  a  aucune  différence  fondamentale  ni  entre  les  petits  et 
les  grands  systèmes,  ni  même  entre  les  systèmes  ordonnés  et  les  groupe- 
ments non  ordonnés. 

Si  un  soleil  se  détruit,  il  ne  se  reformera  pas  sur  jilace,  mais  sa  destruc- 
tion peut  être  compensée  par  des  formations  équivalentes.  Il  y  faudra 
nécessairement  beaucoup  de  temps  et  beaucoup  d'espace.  Si  quelques 
mouvements  d'ordre  atomique  se  disloquent,  ils  ne  se  reformeront  pas 
non  plus  sur  place,  mais  ils  pourront  se  reformer  à  un  micron  de  distance 
et  presque  instantanément.  On  en  déduit  que  la  dislocation  d'un  mouve- 
ment quelque  peu  considérable  tendra  à  s'éparpiller  en  mouvements  molé- 
culaires et  que,  en  retour,  de  nombreux  mouvements  moléculaires  ne  for- 
meront que  peu  de  systèmes  cohérents.  La  persistance  du  dénivellement 
universel  dépend  d'une  proportion  entre  ces  processus  en  apparence 
opposés  :  pour  que  des  mouvements  d'ordre  quelconque  se  maintiennent,  il 

(')   C'est,  on  le  voit,  un  corollaire  du  principe  d'inerUi',  qui  lui-nièuie  est  l'aspect 
le  plus  caractéristique  du  principe  général  de  détermination. 


SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  1906.  ;)l5 

faut  et  il  suffit  que  le  degré  de  fréquence  de  leur  destruction  soit  équivalent  au 
degré  de  fréquence  de  leur  réapparition . 

Au  sein  de  l'immense  réservoir  des  différenciations  infinitésimales,  base 
de  tous  les  mouvements  de  l'univers,  nous  voyons,  de-ci  de-là,  apparaître 
des  systèmes  assez  amples,  assez  définis  pour  que  nous  puissions  en  prendre 
une  connaissance  relativement  précise.  Nous  assistons  sans  cesse  à  des  for- 
mations de  cette  espèce,  dont  quelques-unes  offrent  une  complexité  éton- 
nante. Toutes  sortent  du  grand  réservoir  confus  et  y  rentreront.  Pour  avoir 
du  principe  de  Carnot  une  idée  exacte,  il  faut  cesser  de  les  opposer  directe- 
ment à  ce  réservoir  générateur,  il  faut  cesser  d'opposer  un  petit  groupe  de 
séries,  et  fort  limitées,  à  des  séries  sans  nombre.  Dès  lors,  on  rejettera  la 
conséquence  de  la  dégradation  de  l'énergie,  dont  on  pourra  toutefois  tirer 
une  règle  empirique,  se  rapportant  au  degré  d'exception  des  phénomènes. 

En  somme,  le  principe  de  Carnot  dépend  d'une  statistique  si  nous  l'en- 
visageons sous  un  aspect  unilatéral .  Mais  il  se  prêterait  à  une  extension  uni- 
verselle si  nous  pouvions  concevoir  tous  les  circulus  de  l'énergie,  et 
deviendrait  une  des  lois  les  plus  constantes  qu'ait  entrevues  l'intelligence 
humaine.  Puisque,  au  fond,  il  serait  le  principe  d'inertie  envisagé  dans  son 
application  aux  groupements,  on  ne  pourrait  lui  imposer  aucune  restric- 
tion. Il  s'opposerait  à  tout  retour  i/?o«/a«e  des  phénomènes,  mais  admettrait 
pourtant,  grâce  à  l'interaction  des  choses,  tous  les  ordres  de  retour,  tous 
les  genres  de  répétition  (' j. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  l'acide  lactique  gauche. 
Note  de  MM.  E.  Ju-vgfi.eisch  et  M,  Godchot. 

Le  peu  que  nous  savons  sur  l'acide  'lactique  gauche  ne  s'est  pas  aug- 
menté depuis  la  découverte  de  ce  corps  par  M.  Schardinger  en  i883.  La 
séparation  du  lactate-(f/ -f-  /)  de  quinine  en  ses  composants  étant  devenue 
relativement  facile  (E.  Jungfleisch,  Comptes  rendus,  t.  CXXXIX,  p.  56), 
nous  avons  développé  l'étude  de  cet  acide.  La  constatation  de  différences 
marquées  (-),  entre  l'acide  laclique-/et  l'acide  laclique-flf,  dans  leurs  trans- 


(')  On  sait  que  Boltzniann,  dans  ses  Leçons  sur  la  théorie  des  gaz,   a  précisé  la 
relativité  des  conclusions  ((u'on  peut  tirer  du  principe  de  Carnot. 

(-)  Un  travail  de  M.  A.  Mackenzie  {Journ.  of  the  Chem.  Soc.  t.  LXXXVII,  sep- 


5l6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

formations  en  acide  laclique-(<'/ -f- /)  sous  l'action  des  mêmes  agents  (E. 
JuNGFLEiscH,  Comptcs  rcndus,  t.  CXXXIX,  p.  2o3),  nous  a  paru  donner  un 
certain  intérêt  général  à  cette  élude. 

Dans  loiUes  nos  expériences,  l'acide  lactique-/  s'esl  montré  beaucoup  plus  facile- 
ment transformable  que  l'acide  laclique-c^,  en  acide  ]aclique-(rf -H /).  Ce  fait  impose 
des  ménagements  particuliers  lors  de  sa  préparation.  La  laclate-/  de  quinine  pur  a  été 
changé  en  sel  de  zinc  de  la  manière  indiquée  pour  le  lactate-rf  {Comptes  rendus, 
t.  CXL,  p.  719),  mais  en  ayant  soin  de  maintenir,  pendant  le  traitement,  le  liquide  au 
voisinage  de  0°  et  d'éviter  soigneusement  tout  excès  de  baryte.  Malgré  ces  précautions, 
les  premiers  cristaux  obtenus  contiennent  toujours  une  certaine  proportion  de  lactate- 
(fl'+  /)  de  zinc,  pouvant  atteindre  un  dixième;  les  solubilités  des  deux  lactales  sont 
telles  que  les  cristaux  qui  viennent  ensuite  sont  beaucoup  plus  riches  en  lactale-/. 

On  sépare  les  deux  lactales  par  des  cristallisations  fractionnées,  que  l'on  dirige  en 
observant  au  microscope  les  formes  très  différentes  du  lactate-(f/H-  /)  et  du  lactate-/. 
On  parvient  ainsi  à  recueillir  du  lactate-/  de  zinc  tout  à  fait  pur.  Le  lactate-/  de  zinc 
ressemble  beaucoup  au  lactate-f/.  Les  cristaux  présentent  au  microscope  la  même  appa- 
rence. Les  solubilités  sont  voisines.  Le  pouvoir  rolatoire  à  droite  du  lactate-/  de  zinc 
■dissous  dans  l'eau  augmente  fortement  avec  la  dilution  :  les  solutions  contenant  respec- 
tivement 5s,  28, 5o,  is,  25  et  o^,5r2  de  sel  sec  dans  loo"""''  de  liqueur,  nous  avons  observé, 
à  12°  :  stuirrH- 5°,66,  aD  =  -t- S'-oo  aD  =  .H-io",oo  et  a,,  =  -)- 1 2°,  5  ;  avec  des  directions 
opposées,  ces  pouvoirs  rotaloires  sont  voisins  de  ceux  que  nous  avons  trouvés  pour 
le  lactate-rf  de  zinc. 

La  production  de  l'acide  lactique-/,  en  partant  de  son  sel  de  zinc,  a  été  réalisée  par 
les  procédés  que  nous  avons  appliqués  antérieurement  au  laclate-f/  de  zinc. 


temlire  1905,  p.  iSyS)  contient  les  lignes  suivantes  au  sujet  de  la  IVote  de  M.  Jung- 
fleisch  :  «  Sa  conclusion,  primitivement  énoncée,  que  les  acides  lactiques-/  et  -d  sont 
racéinisés  à  des  degrés  diflérents  par  un  agent  symétrique  comme  la  baryte,  fut  déclarée 
erronée  tout  récemment  par  Godchot  et  lui-même  {Comptes  rendus,  t.  CXL,  igoS, 
p.  719)  ».  L'auteur  indique  ensuite  ses  propres  expériences  établissant  l'exactitude  de 
la  conclusion.  Notre  erratum  du  i3  mars  1900  {lac.  cit.,  p.  720)  dit  seulement,  en 
quatre  lignes  que  :  «  les  chilTres  cités  pour  les  comparaisons  de  pouvoirs  rotatoires 
doivent  être  rectifiés  afin  de  représenter  exactement  les  valeurs  de  an;  la  série  de  me- 
sures à  laquelle  ils  appartiennent  ayant  été  lue  sur  une  échelle  sacchariniétrique,  ils 
doivent  être  multipliés  par  le  facteur  constant  4,332  ».  Cette  rectification  de  chiffres 
ne  modifiait  évidemment  pas  les  rapports  entre  les  nombres;  elle  augmentait  même  la 
valeur  absolue  des  dillerences  que  M.  iMackenzie  déclare  qu'elle  a  annulées.  Le  travail 
de  M.  Mackenzie  confirme  donc,  et  en  employant  les  mêmes  réactions,  celles  de 
M.  Jungfleisch;  celui-ci  n'a  jamais  déclaré  erronée  sa  proposition  primitive  :  l'acide 
lactique  droit  et  l'acitle  lactique  gauche  ne  se  conduisent  pas  semblablement  dans  les 
réactions. 


SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  1906.  617 

La  pureté  du  produit  obtenu  nous  a  permis  de  préparer  l'acide  lactique-/ 
cristallisé.  La  solution  aqueuse  ayant  été  évaporée  à  froid,  ponr  éviter  l;i 
formation  abondante  d'acide  lactyllactique-/,  qui  s'observe  à  chaud,  on 
soumet  le  liquide  à  une  dessiccation  opérée  à  3o°  dans  le  vide,  avec  rentrée 
d'air  sec,  jusqu'à  ce  que  le  produit  ne  perde  plus  d'eau  ;  on  enferme  aussitôt 
l'acide  dans  un  tube  scellé,  qu'on  refroidit  à  —  10°  pendant  plusieurs  jours. 
La  matière  sirupeuse,  peu  fluide,  cristallise  nettement  en  prismes  aplatis, 
lamelleus,  mélangés  de  cristaux  bien  développés  et  fort  analogues  comme 
apparence  à  ceux  que  nous  avons  obtenus  avec  l'acide  lactique-rf.  Les 
cristaux  sont  extrêmement  hygroscopiques;  essorés  autant  que  possible  à 
l'aliri  de  l'humidité,  ils  tondent  à  26"-27°  environ;  nou^  avons  indiqué 
25°-26°  environ  pour  l'acide  laclique-c?.  MM.  Kraffl  et  Dye  ont  donné  18° 
pour  l'acide  lactique-(c?  +  /). 

La  solution  aqueuse  de  l'acide  lactique-/ le  plus  pur  présente  un  pouvoir 
rotatoire  lévogyre,  qui  diminue  quand  la  dilution  augmente  :  des  liqueurs 
contenant  respectivement,  dans  100"°',  4^.856  et  2^,428,  ont  donné  à  la'', 
an=  —  2°,  90  et  Kj,  =:  —  2°,  25.  Nous  avons  constaté  un  fait  semblable  pour 
l'acide  lactique-c/;  pour  les  deux  corps,  en  opérant  de  même  et  à  la  même 
concentration,  les  valeurs  de  a„  sont  sensiblement  égales  et  de  signes  con- 
traires. Une  liqueur  aqueuse  contenant,  dans  loo'"',  1^,2371  d'acide  lac- 
tique-/ cristallisé,  dissous  à  froid,  a  donné  immédiatement  a.^—-  —  2", 26, 
c'esl-à-dire  un  nombre  sensiblement  plus  fort.  Ce  fait  reproduit  notre 
observation  sur  l'acide  lactique-rf;  il  s'explique  par  la  présence  d'un  peu 
d'acide  lactyllactique-/ dans  l'acide  lactique-/ sirupeux. 

Comme  l'acide  lactique-(f/-f- /)  et  l'acide  laclique-c?,  en  effet,  l'acide 
lactique-/  se  combine  à  lui-même,  spontanément,  dans  ses  solutions 
aqueuses  concentrées,  en  formant  l'acide  lactyllactique-/.  Celui-ci  ayant 
un  |)ouvoir  rotatoire  dextrogyre,  c'est-à-dire  inverse  de  celui  de  l'acide 
lactique-/,  mais  beaucoup  plus  considérable,  sa  présence  peut  entraîner 
un  renversement  du  sens  du  pouvoir  rotatoire  pour  le  mélange.  C'est  ainsi 
que,  si  l'on  concentre  jusqu'à  consistance  sirupeuse,  au  bain-marie,  une 
solution  d'acide  lactique-/  lévogyre,  elle  se  charge  d'acide  lactyllac- 
tique-/très  fortement  dextrogyre;  on  la  laisse  refroidir,  on  l'étend  d'eau 
froide  et  on  l'observe  aussitôt  au  polarimèlre.  Une  telle  solution  contenant, 
dans  joo""",  22^,1  d'acide  lactique-/  jjIus  on  moins  élhérifié,  nous  a  donné 
une  déviation  à  droite  considérable  :  a„  =  -f-6°,o3,  calculé  pour  l'acide 
lactique;  la  même  solution  étant  ensuite  maintenue  au  bain-marie,  pendant 


5l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

plusieurs  heures,  en  vase  fermé  est  devenue  lévogyre  :  a^  =  —  ]'',02;  c'est 
que  l'eaii  chaude  a  hydrolyse  en  grande  partie  l'acide  lactyllactique^Z  dex- 
trogyre  et  l'a  changé  en  acide  lactique-/  lévogyre;  le  sens  de  la  déviation 
a  été  renversé. 

Si  l'on  ajoute  que  les  solutions  d'acide  lactique-/,  chargées  d'acide 
laclyllactique-/,  peuvent  donner  des  liqueurs  contenant  à  la  fois  les  sels 
de  zinc  des  deux  acides,  que  le  lactyllaclate-/  de  zinc  a  un  pouvoir  rota- 
ioire  à  droite  beaucoup  plus  considérable  que  celui  du  laclate-/  de  zinc, 
on  est  conduit  à  penser  que  ces  faits',  analogues  à  ceux  que  nous  avons 
observés  pour  l'acide  lactique-û?,  peuvent  avoir  une  influence  sur  la  déter- 
mination exacte  de  la  nature  des  acides  lactiques  résultant  des  nombreuses 
fermentations  microbiennes. 


CRYPTOGAMIE.  —  Sur  les  kystes  des  Glœosporium  et  sur  leur  rôle  dans 
l'origine  des  levures.  Note  de  MM.  P.  Viala  et  P.  Pas.ottet,  présentée 
par  M.  L.  Guignard. 

La  culture  en  milieux  artificiels  des  Glœosporium  ampelophagum  Saccardo 
{Manginia  a/?2pe/ir7«z  Vialaet  Pacottet)  et  Glœosporium  nerviseqiium  Saccardo 
(Gnomonia  Veneta  Kleb;din)  a  révélé  un  polymorphisme  (')  très  complexe 
pour  ces  deux  espèces  |)arasites  de  la  Vigne  ou  du  Platane  :  conceptacies 
divers,  périthèces,  conuliophores,  sclérotes,  levures  et  kystes.  Ces  der- 
nières formes,  les  kystes,  ne  rappellent  en  rien  celles  connues  pour  les 
Champignons;  leur  relation  avec  les  autres  organes  de  reproduction  a  été 
vérifiée,  pour  les  deux  espèces,  par  des  cultures  méthodiques  répétées. 

Les  kystes  du  G.  ampelophagum,  observés  d'abord  en  culture  et  repro- 
duits à  volonté  par  modification  des  milieux,  ont  été  retrouvés  ensuite  dans 
la  nature,  dès  l'automne,  sur  les  chancres  des  sarments  anthracnosés.  Les 
kystes  du  G.  nervisequum  se  dévclo|ipent  dans  les  mêmes  contlilions  de 
milieu  (bouUlon  de  carottes  acide,  bouillon  de  riz,  lait  gélose,  etc.),  que 
le  premier  ensemencement  provienne  de  spermaties  ou  de  conidics,  de 
stylospores,  etc. 

].e  voile  mycélien  qui  s'étale  à  la  surface  des  cultures  donne  d'abord  quelques  rares 
(')   \'oir  Comptes  rendus,  ly  février  1906. 


SÉANCE    DU    :■()    FÉVRIER    1906.  .ug 

spermogonies,  puis  la  trame  s'épaisail  et  se  fouce  en  noir;  elle  est  dense  (bouillon  de 
carotte  acide,  etc.)  ou  floconneuse  (bouillon  de  riz,  etc.).  Certains  articles,  sur  le  par- 
cours des  filaments  niycùlieus  très  cloisonnés,  se  renflent  et  ces  renflements  sont  le 
début  des  kvsles.  Le  noyau  se  divise  en  deux,  puis  en  quatre  ou  un  plus  grand  nombre 
de  noyaux  secondaires,  qui  sont  Foiigine,  dans  le  kyste  qui  grossit,  de  spores  endo- 
gènes à  membrane  propre  dans  l'enveloppe  commune  qui  les  renferme.  T^es  kvstes,  à 
leur  complet  développement,  sont  rarement  monosporés,  le  plus  souvent  plurisporés; 
la  membrane  générale  noire  et  cassante  finit  par  se  rompre  et  les  spores  internes  sont 
mises  en  liberté.  Les  masses  kystif[uei,  |)ius  ou  moins  volumineuses  sur  le  filament 
mycélien  producteur,  incolore  ou  peu  foncé,  ou  brun,  parfois  latérales  à  ce  lilamenl, 
ont  des  caractères  spécifiques  pour  les  deux  espèces  de  Glœosporium  étudiés. 

Les  kvstes  plurisporés  du  G.  anijielojiliaguin  mesurent  de  1  St'-  à  ^o'''-;  les  mono- 
spores, rares,  ont  de  8f-  à  iiV-.  Les  spores  kystiques  sont  un  peu  allongées,  subovoïdes, 
de  dimensions  assez  régulières  (8!^  à  to^  de  long);  leur  membrane  propre  est  ftdigi- 
neuse.  L'enveloppe  du  kvste  est  lisse.  Par  contre,  celle  des  k^'slesdu  G.  nerviseijuum, 
très  foncée,  est  comme  craquelée,  à  la  surface  rugueuse,  carbonacée.  Les  spores  endo- 
gènes (les  kystes  sont  presque  toujours  polvsporés)  sont  plus  sphériques,  moins  allon- 
gées que  celles  du  G.  ampelophai;tint  ;  leur  membrane  est  incolore  ou  à  peine  teintée; 
elles  ont  de  SH-  à  i/Jt"-  de  diamètre.  Les  kystes  mesurent  en  moyenne  3ol^,  les  plus  gros 
ont  ^5!^  delong;  leurs  dimensions  varient  de  i4î^  (kystes  monosporés)  à  23!^  en  diamètre. 

L'épuisement  des  milieux,  où  végètent  dans  leur  forme  mvcélienne  les 
Glœosporium,  les  conditions  nutritives  défavorables  à  leur  végétation  (aci- 
dité, addition  d'alcool  à  2  pour  too,  etc.),  la  sécheresse  extérieure  ou  la 
dessiccation  progressive  des  cultures,  constiUient  des  facteurs  déterminants 
de  la  production  des  kystes.  On  hâte  encore  leur  formation  en  soumettant 
les  cultures  à  de  brusques  abaissements  de  température  et  en  les  mainte- 
nant ensuite  à  des  températures  assez  basses  (aS"  à  12°  et  10°);  l'exposition 
de  ces  cultures  en  pleine  lumière  accentue  aussi  le  développement  de  ces 
organes. 

Les  spores  endogènes,  sorties  des  kystes,  germent  directement  en  fila- 
ments mycéliens  très  cloisonnés,  à  éléments  courts  et  en  boudins.  En  mi- 
lieux sucrés,  ces  articles  se  séparent  aussitôt  et  se  mettent  à  bourgeonner 
en  donnant  des  levures;  en  milieu  peu  ou  pas  sucré  (bouillon  de  haricot, 
par  exemple,  et  jus  de  feuille  de  Platane  ou  de  Vigne  suivant  l'espèce),  le 
mycélium  très  variqueux  finit  par  s'effiler  et  se  multiplier  en  trame  mycc- 
lienne  productrice  définitivement  de  spermogonies. 

Le  kyste  des  Glœosporium  est  un  organe  à  spores  endogènes  d'une  très 
grande  résistance  aux  agents  atmosphériques.  Il  représente,  par  sa  nature 
morphologique  et  par  rapport  au  mycélium,  ce  que  sont  les  levures  sporu- 


520  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lées  pour  les  levures  bourgeonnantes.  La  propriété  qu'ont  des  spores  endo- 
gènes du  kyste  de  tendre,  presque  aussitôt,  dans  les  milieux  favorables, 
aux  formes  levures,  permet  de  se  demander  s'il  ne  représente  pas  l'étal 
transitoire  du  Champignon  filamenteux  vers  la  levure. 


ZOOLOGIE.  —  Stellosphaera  mirabilis,  nouvelle  larve  d'' Astérie  appartenant 
tre's  iTaisemblableinent  à  une  forme  abyssale.  Note  de  MM.  R.  Kœhler 
et  C.  Vaney,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

La  larve  que  nous  décrivons  dans  cette  Note  a  été  recueillie  par  S.  A.  S. 
le  Prince  de  Monaco  dans  des  pêches  pélagiques  pratiquées,  dans  les  pa- 
rages des  Açores,  jusqu'à  aooo""  et  3ooo™  de  profondeur,  au  moyen  du 
filet  vertical  à  large  ouverture  du  D'  Richard.  Elle  ne  ressemble  à  aucun:^ 
larve  connue  d'Echinodermes;  et,  bien  plus,  en  ne  considérant  que  sa 
forme  sphéroïdale  et  ses  caractères  extérieurs,  on  serait  d'abord  tenté  de  le 
rapportera  un  tout  autre  groupe  qu'aux  Ethinodermes.  Fort  heureusement, 
la  présence  de  pédicellaires  fixe  immédiatement  la  position  systématique  de 
ce  curieux  organisme.  Et  comme  ces  pédicellaires,  qui  sont  croisés,  sont 
identiques  à  ceux  qu'on  observe  dans  les  Astéries  du  groupe  des  Forci- 
pulés  et  que  de  tels  pédicellaires  ne  se  rencontrent  nulle  p^irt  ailleurs  que 
dans  ce  groupe,  nous  sommes  fondés  à  dire  que  la  Stellosphœra  est  une 
larve  d'Astérie. 

Le  corps  est  presque  sphériqiie,  mais  l'un  des  pôles,  au  milieu  duquel  s'ouvre  la 
bouche,  est  légèrement  aplati.  Le  diamètre  atteint  environ  3'""^  Au  stade  le  plus 
jeune  que  nous  ayons  pu  examiner,  le  caractère  extérieur  le  plus  curieux  qu'ollre  cette 
larve  est  la  présence  de  nombreux  corpuscules  calcaires  en  forme  de  pi(|uants  et 
réunis  par  groupes  en  certains  points  déterminés  de  la  surface  du  corps.  On  distingue 
d'abord  six  groupes  principaux  de  ces  piquants  placés  à  égale  distance  les  uns  des 
autres  sur  l'équateur  de  la  larve  et  donnant  ainsi  à  celle-ci  l'apparence  d'une  symétrie 
hexaradiée.  Chaque  groupe  se  compose  de  six  à  huit  piquants  plus  ou  moins  inclinés 
et  s'insérant  sur  une  plaque  calcaire  réticulée.  Ces  plaques  supportent,  en  outre, 
quelques  pédicellaires  croisés.  Indépendamment  de  ces  six  faisceaux  é(|uatoriaux,  on 
en  distingue  d'autres  moins  importants,  vers  le  pôle  aboral  :  l'un  de  ceux-ci,  composé 
d'un  simple  piquant  et  supporté  par  une  petite  plaque  calcaire,  occupe  exactement  le 
sommet  de  la  larve.  Autour  de  cette  sorte  de  plaque  centro-dorsale,  se  montrent  cin([ 
autres  plaques  placées  suivant  un  petit  cercle;  celles-ci  sont  plus  petites  que  les  plaques 
équatoriaies  et  elles  supportent  chacune  un  ou  deux  jiiquants  et  un  pédicellaire.  La 
bouche  est  aplatie  et  elle  oITre  vers  chaque  extrémité  un  tentacule  creux. 


SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  1906.  S^r 

Le  seul  organe  interne  que  l'on  puisse  distinguer  est  le  tube  digestif  qui  décrit  deu\ 
tours  de  spire  et  dont  la  région  œsophagienne  oiïre  deux,  diverticules  latéraux.  L'anus 
est  légèrement  déjeté  de  côlé  par  rapport  à  la  plaque  cenlro-dorsale. 

A  un  stade  plus  avancé  du  développement,  les  plaques  calcaires  et  les  piquants 
qu'elles  portent  se  résorbent.  A  la  place  des  plaques  équatoriales,  on  observe  un  nombre 
égal  de  coussinets  rectangulaires  supportant  chacun  cinq  à  sept  tubérosités  souvent 
disposées  par  paires  et  représentant  les  restes  des  aspérités  formées  par  les  piquants. 
Sur  les  coupes  on  retrouve  encore  quelques  fragments  de  calcaire,  mais  celui-ci  est 
résorbé  en  grande  partie.  A  la  base  de  chaque  coussinet,  deux  paires  de  digitations 
plus  ou  moins  aplaties  ont  fait  leur  apparition.  Les  plaques  calcaires  du  pôle  aboral 
ont  aussi  disparu  et  l'on  ne  distingue  plus  dans  cette  région  qu'une  papille  centro- 
dorsale  entourée  de  cinq  autres  petites  papilles,  (^uanl  aux  pédicellaires,  ils  ne  pa- 
raissent subir  aucune  modification,  car  ils  se  retrouvent  sur  les  larves  âgées,  avec  les 
mêmes  caractères  et  la  même  disposition  que  sur  les  larves  plus  jeunes. 

Il  ne  peut  v  avoir  de  doute  sur  la  nature  de  la  Slellosphœra  :  c'est  une 
larve  d'Astérie,  coinme  le  prouve  la  présence  de  pédicellaires  forcipulés. 
Nous  n'avons  pas  besoin  d'insister  sur  les  différences  qui  la  séparent  des 
autres  larves  d'Echinodermes.  Ces  différences  sautent  aux  yeux  et  elles 
sont  si  marquées,  que  si  les  pédicellaires  nevenaient  pas  fixer  d'une  manière 
indubitable  la  position  de  cette  larve,  on  accepterait  difficilement  l'idée  de 
la  rapporter  aux  Echinodermes.  Les  dissemblances  sont  si  grandes  qu'il 
n'y  a  pas  à  faire  de  comparaisons.  Notons  cependant  un  caractère  remar- 
quable de  la  Slellosphœra  :  c'est  la  symétrie  hexaradiée  qui  se  manifeste  par 
les  six  groupes  de  plaques  équatoriales  et  qui  persiste,  après  la  disparition 
des  plaques  et  des  piquants,  dans  les  six  coussinets  qui  les  remplacent.  La 
symétrie  pentaradiée  ne  se  manifeste  que  par  la  disposition  des  plaques 
secondaires  du  pôle  aboral.  Enfin  d'autres  caractères,  tels  que  la  présence 
de  deux  tentacules  buccaux  et  la  forme  aplatie  de  la  bouche,  montrent  une 
orientation  nettement  bilatérale.  Nous  trouvons  donc  à  la  fois,  da:ns  le 
même  organisme,  des  symétries  hexaradiée,  pentaradiée  et  bilatérale. 

Nous  ne  pouvons  pas  affirmer  d'une  manière  absolue  que  notre  larve 
appartienne  à  une  forme  abyssale  puisque  les  pêches  qui  l'ont  fournie  ont 
été  faites  entre  2000™  ou  3ooo'"  et  la  surfitce.  Il  y  a  de  très  grandes  chances 
pour  que  les  larves  aient  été  capturées  à  une  grande  profondeur,  mais  on 
peut  objecter  que,  le  filet  restant  ouvert,  rien  n'empêchait  les  animaux  péla- 
giques superficiels  d'y  pénétrer.  Cette  hypothèse  est  très  peu  vraisemblable. 
Nous  savons  en  effet  que  les  larves  d'Echinodermes  connues  jusqu'à  ce 
jour  se  rencontrent  à  peu  près  exclusivement  au  voisinage  des  côtes  et 

C.  R.,  1906,  1"  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  9.)  69 


522  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dans  les  couches  superficielles  des  eaux.  Elles  appartiennent  aux  formes 
bien  connues  :  Auricularia.  Bipinnaria,  Brachiolaria  ou  Pliiteus  et  se  rap- 
portent à  des  espèces  littorales.  Or  il  se  trouve  que  la  SteUosphœra  a  été 
recueillie  dans  une  pêche  bathv pélagique,  en  pleine  mer,  loin  des  côtes, 
dans  un  filet  descendu  à  2000'"  ou  Sooo™  de  protondeur.  On  conviendra 
que,  dans  ces  conditions,  il  est  bien  permis  d'admettre  que  cette  larve,  qui 
se  présente  avec  des  caracleres  absolument  nouveaux  et  ne  rappelant  en  rien 
ceux  des  larves  superficielles  connues,  provienne  effectivement  d'une 
grande  profondeur  et  appartienne  à  une  Astérie  abvssale  :  cela  est  infini- 
ment probable. 

La  découverte  de  la  SteUosphœra  offre  donc  un  intérêt  considérable  et 
elle  jette  un  jour  nouveau  sur  l'histoire  du  développement  des  Echino- 
dermes  abyssaux  qui  nous  est  totalement  inconnu,  en  nous  montrant  que 
certains  d'entfe  eux,  tout  au  moins,  peuvent  se  développer  au  dépens  de 
larV(  s. 


PHYSIOLOGIE.  —  EJfets  reconstituants  de  la  viande  crue  après  le  jeûne. 
Note  de  M.  Charles  Richet,  présentée  par  M.  Dastre. 

J'ai  pu  montrer  que  l'alimentation  par  la  viande  crue  et  par  le  plasma 
musculaire,  mode  de  traitement  que  j'ai  appelé  zomolhérapie  était  d'une 
efficacité  remarquable  dans  le  traitement  de  la  tuberculose  expérimentale 
{Comptes  rendus ,  t.  CXXX,  26  février  1900).  Dans  les  expériences  qui  vont 
suivre,  il  s'agit  non  d'un  traitement  diététique  appliqué  spécialement  à 
la  tuberculose,  mais  des  conditions  d'alimentation  suivant  lesquelles  un 
organisme  répare  le  mieux  ses  tissus  après  inanition. 

Là  encore,  la  viande  crue  est  un  aliment  supérieur  à  tous  autres. 

L'observation  porte  sur  sept  groupes,  de  quatre  chiens  chaque,  ainsi  répartis,  au 
point  de  vue  alimentaire. 

I.  ^  iande  cuite  et  bouillie  alternativement. 

II.  Viande  cuite  et  viande  crue  allernalivement. 

III.  \  iando  cuite  et  fromage  lacté  alternativement. 

IV.  Jeûne  et  viande  cuite  alternativement. 
\  .      Jeûne  et  viande  crue  alternativement, 
\  I.    Jeûne  et  bouillie  alternativement. 

\  II.  Jeûne  et  fromage  lacté  alternativement. 

Chacune  de  cas  périodes  alternantes  était  de  5  jours.  La  viande  cuite  et  la  \  iande 


SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  I906.  52.3 

crue  étaieiU  de  la  viande  de  clieval.  La  bouillie  est  un  mélange  de  riz  cuit,  de  L;iil  el  de 
sucre  de  canne.  Le  fromage  lacté  est  du  fromage  de  Gruyère  cuit  avec  du  lait. 

Il  y  avait  4  chiens  pour  chaque  groupe,  sauf  le  groupe  VII,  constitué  par  trois  chiens 
seulement. 

L'expérience  a  commencé  le  10  août  igoî,  et  je  lai  arrêtée  6  mois  après  au  i"^'  lévrier 
1906. 

Signalons  d'abord  ce  fait  assez  inipi-évu  que  les  chiens  peuvent  supj)orter 
pendant  plusieurs  mois  des  alternances  de  5  jours  de  jeune  et  5  jours 
d'alimentation.  Ils  finissent  par  s'y  habituer  et  ne  .semblent  pas  en  souffrir. 
(Sur  des  herbivores  l'effet  eût  été  tout  autre.)  Dans  les  cinq  premières 
séries  il  n'y  a  que  deux  morts,  accidentelles,  au  début,  et  les  deux  chiens 
morts  ont  pu  être  remplacés. 

Dans  le  groupe  VI  la  mortalité  a  été  totale;  c'est-à-dire  que  l'alimentation 
par  la  bouillie,  après  le  jeûne,  n'a  pas  pu  réparer  l'organisme  inanitié.  Les 
quatre  chiens  en  expérience  sont  morts  tous  les  quatre,  aux  35",  36*^,  60*  «t 
83'' jours.  Donc,  après  le  jeûne,  il  faut  une  alimentation  réparatrice  riche 
en  azote.  La  bouillie  de  riz,  sucre  et  lait  (^qui  ne  contient  que  4  pour  100 
de  son  poids  en  matières  protéiques)  suffit  à  entretenir  la  vie  normale  des 
chiens)  mais  elle  devient  insuffisante  quand  il  s'agit  de  reconstituer  leurs 
Lissiis  après  le  jeûne. 

De  même  le  fromage  lacté  (quoiqu'il  contienne  32  pour  100  de  matières 
protéiques)  n'est  pas  un  aliment  réparateur.  Sur  trois  chiens  expéri- 
mentés, deux  sont  morts,  aux  y  1"  et  i^d*^  jours.  Le  troisième  est  encore  en 
bonne  santé. 

Les  chiens  des  groupes  l,  II,  IIJ  sooit  ef>  excellent  état.  Mais  il  faut  com- 
parer les  effets  différents  de  l'alimentation  après  5  jours  de  jeune  chez  les 
chiens  alimentés  à  la  viande  crue  (groupe  V)  et  à  la  viande  cuite  (groupe  IV). 

Moyenne  des  poids. 

Viande  luite  Viande  crue 

et  jeune.  et  jeune. 

Au  début 100  100 

Au  4o°  jour 90  92 

Au  80'  jour 83  90 

.\u  120'=  jour 8.3  96 

Au  i6o'=  jour 8'.-!  98 

Au  17.5'=  jour 8l  96 


Si  l'on  fait  la  moyenne  centésimale  des  pertes  subies  par  l'animal  qui  ; 


524  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

jeûné  5  jours  et  des  gains  en  poids  de  ce  même  animal  pendant  les  5  jours 
d'alimentation  consécutive,  on  a 

Viande  cuile  Viande  crue  Bouillie 

et  jeûne.  et  jeune.  et  jertnc. 

Moyenne  des  pertes 8,8  9,6  9,0 

Moyenne  des  gains 7,1  9,4  4>5 

Différence —   1,7  —  0,2  —  4»^ 

Dans  le  groupe  II,  la  moyenne  des  poids  après  les  5  jours  de  viande  crue 
donne  un  excédent  de  +  2,34  pour  100  ;  après  les  5  jours  de  viande  cuite, 
il  V  a  un  excédent  de  pertes  de  —  o,34  pour  100. 

Ainsi,  pour  ramener  après  l'inanition  l'organisme  à  son  état  antérieur,  la 
viande  crue  est  l'aliment  le  plus  efficace,  et  même,  dans  les  conditions  où 
nous  nous  étions  placés,  c'est-à-dire  des  alternances  de  5  jours,  le  seul 
efficace.  Ce  n'est  jias  seulement  la  qiia/itùé  de  Tazote  alimentaire  qui  influe, 
mais  sa  qualité,  et  il  semble  bien  que  la  cuisson  fasse  perdre  à  la  viande 
une  partie  de  ses  propriétés  reconstituantes  et  nutritives. 


MÉDECINE.   —   Etude  des  variations  de  la  toxicité  du  contenu  de  l'intestin 
grêle.  Modifications  du  sang.  Note  de  MM.  Chakrin  et  Le  Play,  présentée 

par  M.  d'Arsonval. 

De  nombreuses  expériences  établissent  que  la  toxicité  du  contenu  intes- 
tinal subit  de  nombreuses  variations.  En  |)arliculier,  son  maximum  se 
déplace  sous  l'influence  du  titre  des  dilutions;  quand,  par  exemple,  à  une 
partie  de  ce  contenu  on  ajoute  trois  parties  d'eau  salée  physiologique,  ce 
maximum  s'obtient  en  injectant  les  principes  renfermés  dans  le  segment 
terminal  de  l'iléon  ou  le  commencement  des  côlons.  Si,  par  contre,  on 
réduit  celte  dilution  (trois  de  matières  intestinales  pour  une  de  sérum  arti- 
ficiel), ce  sont,  comme  l'a  vu  Asieben,  les  produits  extraits  du  duodénum 
ou  de  la  première  moitié  du  grêle  qui  se  montrent  les  plus  nuisibles.  A  vrai 
dire,  ainsi  concentré,  le  mélange  est  assez  sirupeux  et,  en  troublant  l'os- 
mose ou  autrement,  cet  état  physique  joue  peut-être  un  rôle.  On  conçoit, 
du  reste,  qu'en  moiiifiant  ces  dilutions  on  change  la  solubilité  de  certains 
corps,  les  teneurs  en  sels,  en  albuminoïdes,  etc. 

En  tout  cas,  dans  l'ensemble  de  ces  variations,  sauf  pour  quelques  clé- 


SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  1906.  Saj 

ments  capables  de  modifier  le  sang,  la  part  de  la  chaleur  est  médiocre. 
D'un  autre  côté,  dans  les  conditions  où  nous  nous  sommes  placés,  on  ne 
saurait  rapporter  les  principaux  accidents  à  la  concentration  moléculaire, 
attendu  que  la  cryoscopie  établit  que  la  gravité  de  ces  accidents  n'est  pas 
rigoureusement  proportionnelle  aux  oscillations  de  cette  concentration. 

Dans  la  genèse  de  ces  variations  toxiques,  nul  ne  conteste  le  rôle  évident 
par  lui-même  des  aliments,  rôle  démontré  soit  indirectement,  soit  directe- 
ment, récemment  encore  par  Asleben. 

Toutefois,  il  est  manifeste  que  les  matières  de  l'estomac  sont  moins 
nocives  que  celles  du  segment  supérieur  de  l'intestin  grêle.  Cette  consta- 
tation démontre  l'importance  des  modifications  réalisées  au  niveau  de  ce 
segment  :  aussi,  au  premier  abord,  est-on  porté  à  incriminer  l'action  de  la 
bile.  Or,  l'injection  du  contenu,  puisé  chez  des  animaux  dont  vingt-quatre 
heures  avant  on  a  lié  le  cholédoque,  amène  habituellement  une  mort  |)lus 
rapide  que  dans  le  cas  où  ce  canal  est  libre.  D'ailleurs,  après  obstruction 
de  ce  conduit,  les  produits  intestinaux  sont  plus  riches  en  microbes,  surtout 
en  germes  anaérobies,  que  les  matières  prélevées  aux  mêmes  points  et  plus 
encore  dans  l'estomac  des  sujets  normaux.  Peut-être,  cette  augmentation 
de  toxicité  relève-t-elle  de  l'intervention  de  ces  ferments  figurés  plus  nom- 
breux et  plus  actifs,  comme  le  prouve  l'examen  des  différents  milieux  de 
culture.  Quoi  qu'il  en  soit,  ces  faits  établissent  le  pouvoir  antise[)tique  de 
la  bile  plus  nettement  que  dans  le  cas  où  l'on  introduit  directement  ce 
liquide  dans  ces  milieux  de  culture.  Il  est  donc  permis  de  rattacher  cette 
action  inicrobicide  non  seulement  aux  principes  constituants  de  cette 
sécrétion,  mais  aussi  aux  modifications  qu'engendre  son  arrivée  dans  le 
tube  digestif,  probablement,  d'après  quelques  expériences,  au  moins  en 
partie,  aux  acides  biliaires  mis  en  liberté. 

En  dehors  des  modifications  imposées  au  rythme  respiratoire,  à  l'état  du 
névraxe  (troubles  sensitifs,  moteurs,  etc.),  aux  conditions  de  la  circu- 
lation (abaissement  de  pression,  etc.),  aux  diverses  sécrétions  digestives, 
aux  mouvements  péristaitiques  ou  à  la  résistance  de  l'organisme  (début 
de  vaccination),  soit  par  les  extraits  de  la  paroi  (entéro-protéides  de 
Botazzi),  soit  par  le  contenu  de  cet  intestin  (Asleben)  ('),  il  était  inté- 
ressant d'examiner  les  modifications  subies  par  le  sang.  Les  enseignements 
de  la  clinique  nous  apprennent,  en  effet,  qu'au  cours  de  différentes  affec- 
tions surtout  chroniques  du  foie,  de  l'estomac,  de  l'intestin,  on  enregistre 


('  )  CiiARRiN  et  Le  FLiY,  Les  poisons  inlestmatix  (Comptes  rendus,  10  juillel  1905  ). 


526  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

(les  congestions,   des  hémorragies,  des  thromboses,   des  altérations  san- 
guines variées,  etc. 

Si,  après  fillralion  ou  ceiUrifugatioii,  on  injecte  le  contenu  rlu  haut  de  l'intestin, 
avec  lîolazzi  et  Asieben,  on  note  une  lenteur  parfois  légère  de  la  coagulation.  —  Sans 
qu'on  puisse  incriminer  directement  la  bile,  cette  lenteur  s'accentue,  quand  on 
mélange  5"°°  de  ce  liquide  à  i5s  (ni  20^  de  matières,  surtout  si  ce  mélange  est  fait 
quelques  heures  avant,  donnée  qui  semble  impliquer  la  formation  ou  la  disparition 
d'un  élément  spécial.  D'un  autre  côté,  à  l'exemple  de  la  plupart  des  tares  hépatiques, 
la  ligature  du  cholédoque  tend  également,  chez  l'animal  lié,  à  rendre  plus  tardive 
cette  coagulation;  pourtant,  dans  un  certain  nombre  de  cas,  lorsque,  après  une 
obstruction  de  ce  cholédoque  datant  environ  de  vingl-(|uatre  heures,  on  introduit  dans 
les  veines  les  principes  puisés  dans  un  segment  intestinal  supérieur,  non  seulement  (e 
sang  se  thrombose  sans  retard,  mais  quelquefois  cette  thrombose  parait  accélérée. 

Ajoutons  que,  si  l'état  liquide  persiste,  les  globules  se  déforment,  l'hémoglobine 
diminue.  Ajoutons  aussi  que  les  composés  qui  paraissent  ralentir  cette  coagulation 
sont  en  majorité  ihermolabiles,  solubles  dans  l'alcool  et  dialysables.  Remarquons, 
enfin,  que  la  propriété  coagulante  appartient  â  nombre  de  tissus  et,  en  mettant  en 
jeu  un  facteur  mécanique  dans  des  recherches  relatives  à  l'étude  des  attributs  toxiques 
des  humeurs,  cette  propriété  expose  à  l'eriieur. 

En  présence  des  résultats  obtenus,  il  était  intéressant  de  se  demander 
.si,  en  dehors  des  éléments  (composés  antagonistes,  concurrence  vitale, 
oxvgéne,  acide  carbonique,  corps  ammoniacaux,  phénol,  diastases,  mucus, 
épilhélium,  leucocytes,  etc.),  que  nous  avons  reconnus  propres  à  atténuer 
les  poisons  intestinaux,  il  n'était  pas  possible  de  faire  naître  des  anticorps. 

Pour  la  bile,  nos  essais  ont  été  négatifs;  nous  avons  même  constaté 
que,  contre  sa  propre  bile,  le  lapin  n'est  pas  sensiblement  protégé.  Cepen- 
dant, on  a  soutenu  qu'un  animal  est  plus  ou  moins  immunisé  contre  ses 
propres  poisons;  en  outre,  bien  que,  si  l'on  ne  change  pas  d'espèce,  les 
cytotoxines  et  leurs  anticorps  se  développent  malaisément,  ces  sortes 
d'aiito-injections,  conséquences  des  reprises  entéro-hépatiques  d'une 
partie  de  ce  liquide,  pouvaient,  à  la  rigueur,  permettre  de  penser  que 
l'auginentalion  de  la  résistance  à  la  toxicité  biliaire  était  chose  réalisable. 
Ces  résultats  sont  peut-être  dus  à  ce  que  les  principes  biliaires  les  plus 
particulièrement  toxiques  ne  sont  pas  résorbés  en  suffisante  quantité  on 
sont  plus  ou  moins  complètement  transformés  au  cours  de  ce  ciroulus 
entéro-hépa  tique. 

Pour  le  contenu  intestinal,  des  expériences  encore  insuffisantes  per- 
mettent d'entrevoir  une  solution  positive. 

En  définitive,  ces  recherches  mettent  en  évidence  les  variations  de  la 


SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  1906.  521 

toxicité  des  produits  intestinaux,  associés  à  ceux  qui  viennent  des  annexes 
du  tube  digestif,  du  foie  et  de  la  muqueuse  intestinale.  De  plus,  ces 
mêmes  expériences  révèlent  en  partie  le  mécanisme  et  les  conditions  de 
ces  influences  toxiques. 


GÉOLOGIE.   —  Sur  la  tectonique  du  massif  de  la   Dent -Blanche. 
Note  de  M.  Emile  Arcand,  présentée  par  M.  de  Lapparent. 

Dans  deux  Communications  précédentes  ('),  mon  maître  M.  Maurice 
Lugeon  et  moi  avons  montré  que  les  Alpes  cristallines  de  la  zone  du  Pié- 
mont, entre  les  vallées  du  Tessin  et  de  l'Arc,  sont  formées  par  l'empi- 
lement de  très  grands  plis  couchés;  nous  avons  de  même  établi  que  le 
massif  de  la  Dent-Blanche  est  un  lambeau  de  recouvrement  taillé  dans  le 
plus  élevé  de  ces  plis. 

Les  progrès  de  l'exploration  m'ont  conduit  à  la  découverte,  dans  ce 
grand  massif  de  recouvrement,  du  pli  frontal  et  d'une  série  de  replis  très 
puissants  postérieurs  à  la  mise  en  place  de  la  nappe.  Les  éléments  tecto- 
niques du  massif  de  la  Dent-Blanche  sont,  en  allant  du  bord  externe  au 
bord  interne  : 

A.  Le  pli  frontal^  conservé  sur  une  faible  longueur  dans  l'éperon  rocheux  de  \  eisivi 
(Visivir),  au  sud  d'Evoléne.  Son  importance  théorique  est  considérable;  il  fournit,  en 
ellet.  la  preuve  mécanique  du  transport  vers  l'extérieur  de  la  chaîne.  La  charnière 
gneissique,  reposant  sur  la  série  naésozoïque,  mesure  au  moins  iSoo'"  d'épaisseur  sur 
la  rive  droite  du  val  de  l'Aroila. 

a.  Le  synclinal  (lu  Dolin.  renfermant,  outre  divers  niveaux  du  Trias,  des  brèches 
métamorphiques  probablement  liasiques;  ce  synclinal,  vidé  de  son  contenu  mésozoïque, 
se  poursuit  dans  les  puissants  contournemenls  gneissiques  de  la  Dent  l'erroc. 

B.  L'anticlinal  de  la  Za,  dont  il  ne  subsiste  que  le  noyau,  accompagné  de  masses 
considérables  du  granité  à  amphibole  dit  ar/césine. 

Tous  ces  plis  sont  énergiquement  déversés  vers  l'extérieur  de  la  chaîne;  à  ce  régime 
font  suite  : 

b.  Le  synclinal  du  mont  Collon:  la  charnière  en  est  visible  sur  les  deux  rives  du 
glacier  de  l'Aroila;  le  no3'au  est  form.é  de  roches  basi((ues  très  diverses,  surtout  mas- 
sives, englobant  des  lentilles  de  calcaires  métamorphiques;  le  tout  repose  sur  nn  fond 
de  gneiss. 

La  dépression  du  glacier  de  l'Otemma  est  déterminée  par  ce  synclinal. 

C.  U anticlinal  des  Bouquetins,  qui  se  propage  vers  le  Sud-Ouest  en  formant  la 
chaîne-frontière  italo-suisse. 


(')  Comptes  rendus.  i5  et  39  mai  igoS. 


528  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

c.  Le  synclinal  de  la  ]  alpelline,  formé  de  roches  basiques  très  variées,  accom- 
pagnées d'un  puissant  complexe  de  micascliisles  grenatifères;  ces  diverses  roches, 
bien  étudiées  par  M.  Novarese,  renferment  d'innombrables  lentilles  calcaires  à  tous 
les  stades  possibles  de  métamorphisme.  Les  formations  que  la  Carte  géologique  suisse 
groupe  sous  le  symbole  Gl  sont,  dans  la  Valpelline,  inséparables  des  roches  basiques 
du  type  D  et  remplissent  une  notable  partie  du  synclinal. 

Il  y  a  de  très  fortes  raisons  pour  attribuer  au  moins  la  partie  inférieure  de  ce  com- 
plexe au  Trias.  Tout  se  passe  en  efl'et  comme  si,  dans  la  série  straligraphique  nor- 
male, telle  qu'elle  résulte  de  l'ensemble  des  données  acquises  sur  la  zone  du  Piémont, 
les  roches  basiques  s'étaient  simplement  et  en  totalité  substituées  aux  schistes  lustrés, 
avec  préservation  relative  des  lentilles  calcaires  du  Trias,  de  tout  temps  réfractaires 
au  métamorphisme. 

D.  L'anticlinal  du  Faioma,  répondant  dans  son  ensemble  à  la  crête  qui  sépare  la 
Valpelline  du  Val  Touinanche. 

d.  Le  synclinal  du  mont  Mary,  de  constitution  analogue  aux  deux  précédents. 
El  enfin  la  tranche  interne  du  massif  de  recouvrement,  en  repos  anormal  sur  son 

substratum  mésozoïque  (fenêtre  de  Chàlillon-Zermatt). 

Ces  trois  derniers  plis  sont  fortement  repliés  sur  eux-mêmes  et  leur  «  plan  »  axial 
est  devenu  une  surface  nettement  concave  vers  le  Sud-Est;  le  déversement  principal 
est  vers  l'intérieur  de  la  chaîne.  En  outre,  ils  intéressent  une  portion  considéralile  du 
substratum  de  la  nappe;  c'est  ainsi  que  la  bande  Iriasique  de  Roisan-Sainl-Barthélemy 
forme  le  cœur  de  l'anticlinal  gneissique  du  Faroma,  tandis  que,  sur  le  prolongement 
tectonique  des  synclinaux  de  la  Valpelline  et  du  mont  Marv,  on  voit  le  substratum 
mésozoïque  envelopper  en  faux-synclinaux  des  noyaux  de  gneiss  (Gignod)  ou  de  mi- 
caschistes (Chez  Enry),  qui  ne  sont  eux-mêmes  que  la  répercussion  en  profondeur  des 
accidents  superficiels  de  la  nappe. 

L'échelle  de  ces  phénomènes,  comparés  à  leurs  analogues  dans  les  zones 
externes  des  Alpes,  est  d'ailleurs  gigantesque.  La  structure  dite  en  éventail 
de  plis  est  très  apparente  et  la  participation  du  substratum  à  ces  replis 
montre  que  la  nappe,  pendant  ou  après  sa  mise  en  place,  a  été  replissée 
absolument  comme  un  massif  autochtone. 

A  cette  différence  près,  —  et  ce  n'en  est  peut-être  pas  une  si  l'on  veut 
bien  songer  que  nous  ignorons  totalement  ce  qui  se  passe  en  profondeur 
sous  l'éventail  des  Alpes  franco-italiennes  — ,  il  y  a,  sinon  au  point  de  vue 
mécanique,  du  moins  au  point  de  vue  de  la  morphologie  des  surfaces 
structurales,  une  indiscutable  analogie  entre  l'éventail  précité  et  celui  de 
la  Dent-Blanche.  M.  Lugeon  a  depuis  Ipngtemps  conçu  (')  la  possibilité 
de  replis  postérieurs  à  déversement  interne  dans  des  masses  dont  le  mou- 
vement  principal  s'est  effectué  vers  l'extérieur  et  M.   Rilian,  avec  une 


(')  Ll(;eo.x,  La  liégion  de  la  Brèche  du  Chablais{B.  S.  C.  G.  F.,  t.  Vil,  p.  628). 


SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  1906.  520 

grande  sagacité,  a  fortement  insisté  sur  la  généralité  de  ce  type  de  dislo- 
cation dans  les  Alpes  franco-italiennes. 

La  continuité  des  surfaces  structurales  est  d'ailleurs  parfaite  entre  la 
masse  de  la  Dent-Blanche  (sensu  stricto)  et  celle  du  mont  Mary.  Celle-ci  ne 
représente  en  somme  qu'un  paquet  de  replis  subordonné  à  un  grand  en- 
semble. Il  y  a  donc  lieu  d'étendre  à  la  Dent-Blanche  les  considérations  par 
lesquelles  M.  Lugeon  et  moi  avons  montré  que  le  gneiss  Sesia  représente  la 
racine  de  la  masse  Mary-Emilius.  La  nappe  VL  ou  nappe  piémontaise  supé- 
rieure, comprend  donc  les  massifs  de  la  Dent-Blanche,  du  mont  Mary,  du 
mont  Emiliusavec  les  lambeaux  du  Rafrè  et  du  Pillonet  ;  elle  va  s'enraciner 
dans  la  région  la  plus  externe  du  gneiss  Sesia. 

Entre  toutes  ces  masses,  la  continuité  n'est  interrompue  que  par  l'érosion, 
et  la  surface  structurale  des  gneiss  ou  des  micaschistes,  supportant  les 
roches  basiques  et  leurs  intercalalions  calcaires,  se  poursuit  indiscutable- 
ment jusqu  au  bord  externe  de  la  zone  d'Ivrée,  dont  la  constitution  ne  fait 
guère  que  reproduire  en  grand  les  synclinaux  du  (]ollon  ou  de  la  Valpel- 
line.  Les  régions  moyennes  et  internes  du  gneiss  Sesia  supportent  d'ail- 
leurs des  témoins  étendus  de  la  couverture  à  faciès  ivréen,  conservés  dans 
des  synclinaux  qui  peuvent  être  fort  aigus.  Si  l'on  veut  bien  se  représenter, 
non  plus  seulement  en  plan  ou  en  coupe,  mais  dans  l'espace,  le  solide  com- 
plexe formé  par  la  nappe  VI,  on  voit  que  les  roches  basiques  du  Collon,  de 
la  Valpelline  et  du  mont  Mary  sont  les  restes,  conservés  grâce  à  des  replis 
secondaires,  de  la  partie  couchée  d'un  grand  synclinal.  La  queue  de  ce  syn- 
clinal, fréquemment  renversée  vers  l'intérieur  de  la  chaîne,  n'est  autre  que  la 
zone  d'Ivrée  elle-même. 

Les  points  que  nous  avons  cités  ne  sont  pas  les  seuls  où  l'on  puisse 
observer  des  restes  de  la  portion  couchée  du  grand  synclinal  basique. 

M.  Suess  a  depuis  longtemps  pressenti,  à  propos  d'une  région  un  peu 
plus  orientale  de  la  zone  du  Piémont,  cette  participation  du  matériel  ba- 
sique ivréen  aux  grands  phénomènes  tangentiels  ('). 

Les  inductions  du  grand  maître  viennois  peuvent  aujourd'hui,  en  ce  qui 
concerne  la  région  dont  nous  venons  de  résumer  les  traits  principaux, 
être  appuyées  d'un  critère  stéréométrique  dont  la  rigueur  ne  laisse  rien  à 
désirer. 


(*)  E.    Suess,    Sur    la    nature    des   charriages    {Comptes    rendus,    i.    CXXXIX 
nov.  190/4). 

C.   R.,  iQ(6,  I"   Semestre.  (T.  CXUI,  N»  9.)  70 


53o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


GÉOLOGIE.  —  D'Iférouaneà  Zinder.  Note  de  M.  R.  Chudeau, 
présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

L'Aïr  est  constitué  dans  sa  partie  nord  p;ir  une  pénéplaine  silurienne  et 
archéeniie  à  pente  légère  vers  le  sud-ouest;  une  faille  au  nord  d'Aouderas  en 
a  surélevé  d'une  centaine  de  mètres  la  partie  méridionale.  Sur  cette  plaine 
sont  venus  se  greflfer  des  accidents  éruptifs  récents  qui  constituent  tous  les 
reliefs  notables  de  la  région.  Près  d'Iférouane,  un  filon  vertical  de  granité 
se  rattache  au  Timgué;  c'est,  je  pense,  la  roche  que  Lacroix  rapproche 
des  rhyolithes  à  œgyrine  (^Comptes  rendus,  janvier  igoS).  Les  montagnes 
d'Agiiellal,  l'Agalok,  etc.,  sont  certainement  volcaniques;  les  coulées  cepen- 
dant ne  deviennent  nettes  qu'à  partir  du  Bilat  et  surtout  à  Aoudéras,  soit 
que  les  volcans  du  sud  soient  plus  récents  et  moins  mal  conservés  que  ceux 
du  nord,  soit  queles phénomènes  d'intumescence  aientjoué  le  principal  rôle 
dans  la  région.  A  |)artir  d'Aouderas,  les  manifestations  volcaniques  dispa- 
raissent rapidement. 

Le  Crétacé  commence  à  ô"""  environ  au  nord  d'Agadez  à  Alaghsan,  où  il  débute  par 
un  poudingue  reposant  sur  l'Arcliéen.  Son  existence  est  encore  certaine  à  Ouainé  àplus 
de  3oo'""  au  sud.  On  peut,  je  crois,  y  distingu  er  trois  niveaux  définis  par  leurs  caractères 
lithologiques  et  leur  rôle  géographique.  A  la  base,  des  grès  et  des  argiles  violacées 
forment  une  grande  plaine  à  vallées,  souvent  mal  indiquées  et  très  larges  qui,  s'il  pleu- 
vait, serait  une  région  de  marais.  Cette  plaine,  dépendance  du  sultanat  d'Agadez,  ne 
porte  pas  de  nom  d'ensemble  et  fait  encore  partie  de  l'Aïrqui  n'est  pas  une  région  natu- 
relle. Elle  est  limitée  vers  le  sud  par  une  falaise  haute  de  3o™  à  5o'",quidécritun  arc  de 
cercle  depuis  In-Galljusqu'au  massif  de  Toureget  (200'"").  Le  centre  en  serait  à  l'ouest 
d'Aouderas.  A  Maraudet  j'ai  trouvé  sur  ses  lianes  des  débris  de  Reptiles  et  de  bois 
silicifié.  Elle  est  due,  je  pense,  à  un  accident  tectonique  en  relation  avec  les  volcans 
d'Aïr. 

Le  second  niveau  semble  uniquement,  gréseux.;  il  forme  un  plateau  peu  ondulé, 
couvert  de  brousse,  le  Tagama;  les  arbres  ont  le  plus  souvent  2™  à  3™  ae  hauteur, 
parfois  5™  et  6"  et  sont  espacés;  sauf  dans  les  dépressions,  il  n'y  en  a  pas  plus  d'une 
cinquantaine  à  l'hectare.  L'année  igoS  a  été  exceptionnellement  humide  et  le  sol  du 
Tagama  était  presque  entièrement  couvert  dans  sa  partie  ouest  par  la  végétation 
annuelle.  Les  cours  d'eau  du  Tagama,  dirigés  vers  le  sud-ouest,  sont  jalonnés  de  mares 
qui  contiennent  de  l'eau  pendant  quelques  mois;  les  puits,  peu  nombreux,  sont  profonds 
(Tiou  Mousgou,  33"°).  La  brousse  n'est  habitée  que  temporairement  par  quelques 
nomades. 

Le  crétacé  se  termine  par  des  argiles  verdâtres,  souvent  gypsifères,  contenant 
quelques  bancs  de  grès   et  de  calcaire  avec  nombreux   fossiles  (Huîtres  et  Ammo- 


SÉANCE  DU  26  FÉVRIER  1906.  53 1 

nites);  le  plus  beau  gisement  est  à  la  falaise  de  Béréré,  où  le  D''  Heckenroth  avait 
trouvé  quelques  Ammonites  et  que  les  indications  du  capitaine  Lefebvre  m'ont  permis 
de  retrouver.  Ces  argiles  forment  sur  le  plateau  gréseux  une  série  de  plateaux  peu 
étendus  et  peu  élevés  (3o™  au  plus)  protégés  par  un  manteau  de  latérite.  La  région 
qu'elles  définissent  est  la  partie  riche  du  Damerghou  :  les  villages  y  sont  nombreux  et 
les  cultures  de  mil  importantes.  Au  sud  et  séparant  le  Damerghou  du  Demagherim  le 
niveau  gréseux  et  la  brousse  reparaissent. 

Vers  Ouamé,  le  pays  change  d'aspect;  il  est  mamelonné  plutôt  qu'ondulé  et  coupé 
de  longues  rangées  de  collines  nord-sud  ;  la  végétation  n"est  plus  la  même;  les  cultures 
sont  fréquentes.  Mais  on  voit  mal  le  sol  :  les  collines  sont  formées  de  quartzites 
blanches  fortement  redressées  avec  filons  de  quartz  (Silurien?);  quelques  mamelons 
montrent  à  leur  sommet  des  blocs  de  granité.  Je  ne  sais  pas  si  le  crétacé  pénètre  pro- 
fondément dans  le  pays;  en  tous  cas,  aussi  bien  au  nord  qu'au  sud,  j'ai  pu  voir  nette- 
ment le  caractère  atlantique  des  côtes  de  la  mer  crétacée,  dont  la  direction  générale 
coupe  presque  à  angle  droit  les  plissements  des  terrains  anciens. 

Un  trait  notable  de  toute  la  région  traversée  est  l'indécision  et  le  carac- 
tère inachevé  dti  réseau  hydrographique  :  le  Teloua  a  une  pente  rapide  et 
des  berges  accusées;  ses  affluents  sont  des  marais;  les  rivières  de  Tagama 
et  du  Damerghou  sont  des  chapelets  de  mares  et  d'étangs.  En  Finlande  et 
au  Canada,  l'érosion  a  commencé  trop  tard;  ici  elle  a  cessé  trop  tôt,  mais 
les  résultats  sont  comparables.  Ce  qui  peut  faire  croire  à  première  vue  à  une 
érosion  profonde  est  tout  simplement  la  dénudation  éolienne,  conséquence 
de  la  sécheresse  :  presque  nulle  part  la  terre  végétale  ne  vient  adoucir 
les  formes  topographiques. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  et  quart. 

G.   D. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  12  février  1906. 
(Suite.) 

The  /Vautical  Almanac  and  astronomical  ephemeris  for  the  year  1909, /or  the 
meridian  of  the  Royal  Observatory  ai  Greemvich,  pub.  by  order  of  the  Lords  Com- 
missioners  of  the  Admiralty.  Edimbourg,  igoS  ;  i  vol.  in-8°. 

Lehrbuch    der    vergleichenden     niU;roskopischen.    Anatomie,     herausgegeb.     v. 


532  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

D'  Med.  Albert  Oppell;  Teil  VI  :  Atmungsapparat,  v.  A.  Oppell.  léna,  Gustav  Fischer, 
igoS;  I  vol.  in-8°.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Ueber  chitinôse  Forlbewcgungs-Apparate  einiger  {insbesondere  fussloser) 
Insektenlarven,  von  D''  Wilhelm  Lisewitz.  Munich,  E.  Reinhardt,  1906;  i  fasc.  in-S". 
(Hommage  de  l'auteur.) 

Welche  Vorzuge  hietetdie  Generator-Gasfeuerung  gegeniiber  der  direklen  Feue- 
rung  an  Beispielen  aus  der  Praxis  allgemeinverstândlich  erlaiiert,  von  Ernst 
ScniHATOLLA.  Berlin,  A.  Seydel,  s.  d;  1  fasc.  in-8°. 

Archives  des  Sciences  physiques  et  naturelles;  HI"  année,  4°  période,  t.  XXI, 
n°  1,  i5  janvier  1906.  Genève;  i  fasc.  in-8°. 

Annalen  der  Physik,  herausgegeb.  v.  Paul  Drude,  Folge  IV,  Bd.  XIX,  Heft  l. 
Leipzig,  Johann  Ambrosius  Barth;  1906;  i  fasc.  in-S". 

Beiblàtter  zu  den  Annalen  der  Physik,  herausgegeb.  v.  W^alter  Kônig;  Bd.  XXX, 
Heft  1,  1906.  Leipzig,  Johann  Ambrosius  Barth;  ;  fasc.  in-8°. 

The  journal  of  the  American  Chemical  Society;  vol.  XXVIII,  n°  1,  january  1906. 
Easton,  Pa.;  i  vol.  in-8°. 

Berichte  der  deutschen  chemischen  Gesellschaft,  Jahrgang  XXXIX,  n"  1,  1906. 
Berlin  ;  1  vol.  in-S". 

Memorias  y  revista  de  la  Sociedad  cientifica  Antonio  Alzate,  pub.  bajo  la  direc- 
ciôn  de  Rafaël  Aguilar  y  Santillan;  Tomo  XXII,  n°'  1-6,  enero-junio  de  igoS.  Mexico; 
I  vol.  in-8°. 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

SÉANCE   DU   LUNDI  S   MARS    1906, 
PRÉSIDENCE  DE  M.  H.  POINCARÉ. 


MEMOIRES  ET  COMMlJi\ICAlTOrMS 

DES    MEMBRES    ET     DES    CORRESPONDANTS     DE    L'ACADÉMIE, 

CHIMIE   GÉNÉRALE.    —    Les  sous-oxydes  de  carbone; 
par  M.   Berthelot. 

L'oxyde  de  carbone  possède  les  propriétés  d'un  corps  non  saturé,  c'est- 
à-dire  n'ayant  pas  atteint  les  limites  de  saturation  caractéristique  du  car- 
bone :  deux  (les  atomicités  de  cet  élément  y  sont  satisfaites,  deux  restent 
disponibles. 

A  ce  titre,  il  possède  l'aptitude  à  s'unir  directement  à  l'oxygène  pour 
former  l'acide  carbonique  CO^,  au  chlore  pour  former  l'oxychlorure  COCP, 
au  soufre  pour  former  l'oxysulfure  COS;  les  mêmes  considérations  m'ont 
conduit  à  le  combiner  directement  avec  les  bases  alcalines,  jouant  un  rôle 
équivalent  à  l'eau  pour  constituer  l'acide  formique  et  les  formiates,  dans 
lesquels  la  saturation  du  carbone  est  complète 

CO -^  ROH  =  CRHO=     équivalent  à  CFPO-. 

Ce  caractère  incomplet  est  propre  aux  composés  organiques  non  saturés  : 
propriété  qui  les  rend  aptes  à  se  combiner  aux  autres  corps,  d'une  manière 
générale,  et  à  eux-mêmes  en  particulier,  c'est-à-ilire  à  former  des  poly- 
mères et  leurs  dérivés.  En  particulier,  il  tetul  à  assimiler  l'oxyde  de  carbone 
au  méthylène,  CH-,  carbure  jusqu'ici  non  isolé,  mais  dont  les  condensa- 
tions polymériques  engendrent  toute  la  série  des  carbures  éthyléniques 
CH'"'  et  leurs  dérivés,  c'est-à-ilire  toute  la  série  dite  grasse  en  Chimie 
organique. 

G.  R.,   1906,   I"  Semestre.   (T.   CXLII'.N"  10.^  7I 


534  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

A  ce  titre,  l'oxyde  fie  carbone  paraît  susceptii)le  de  former,  comme  le 
mélhvlène,  une  série  de  polymères  G"  O"  et  leurs  dérivés.  De  même  que 
les  polymères  du  méthylène  peuvent  perdre  de  l'hydrogène,  en  engendrant 
de  nouveaux  carbures  de  saturation  moindre,  tels  que 

L'acétylène  (CH-)--    Ii-  =  C^H\ 

L'allylène  (CH^)'-     H-=C'H*, 

Le  crotonylène  (CH*)*—    H^  =  C^H«, 

Lediallylène  (CH-)"  -  2H-  =  C"H\  etc. 

On  conçoit  que  l'oxyde  de  carbone  condensé  doit  engendrer  toute  une 
série  de  dérivés  parallèles,  en  perdan  t  de  l'oxygène,  tels  que 

(C0)='— O  =  C^O         correspondant  à  l'acétylène  C-H=, 
(CO)'  —  O  =  C'O-        correspondant  à  l'allylène  CH", 
(CO)"  —  0  =  C"0'        correspondant  au  crotonvlène  C"  H", 

et  des  sous-oxydes  moins  oxygénés  encore. 

L'oxvgéne  ainsi  séparé  sera  d'ailleurs  susceptible  de  se  porter  sur  une 
autre  molécule  de  l'oxyde  de  carbone,  préexistant  ou  régénéré  par  disso- 
ciation; de  façon  à  produire  quelque  proportion  d'acide  carbonique,  con- 
formément à  la  formule  générale 

C''0"=C"-'0"-=-i-CO-. 

La  série  des  sous-oxydes  C"~'  0"~-  pourra,  à  son  tour,  engendrer,  par  des 
réactions  pyrogénées  ultérieures,  des  séries  nouvelles  de  sous-oxydes,  plus 
condensés  et  moins  riches  en  oxvgène 

Ci""'  O""-''. 

Ce  ne  sont  pas  là  des  vues  purement  théoriques  :  l'expérience  les  con- 
firme. En  effet,  on  connaît  quatre  sous-oxydes  de  carbone,  formés  par  des 
réactions  convenables. 

1.  Le  plus  anciennement  observé  a  été  découvert  par  Brodie  :  c'est  un 
corps  solide,  résultant  de  l'action  prolongée  de  l'effluve  électrique  sur 
l'oxyde  de  carbone.  J'en  ai  repris  et  approfondi  l'étude  ('  ). 

D'après  mes  analvses,  ce  corps  répond  à  la  formule  C"0',  c'est-à-dire, 

('■)  Annales  de  Chimie  et  de  P/iysi<jue,  5''  séiie,  l.  X,  p.  72. 


SÉANCE    DU    5    MARS    1906.  535 

comme  je  l'ai   fait    observer  expressément,  à    la  formule  (riiii  anhydride 
tartrique  C^H^O'  —  3H^0.  Sa  formation  résulte  de  l'équation 

5CO  =  C*0^  +  CO-. 

C'est  un  anhydride  acide,  très  soluble  dans  l'eau  et  dans  l'alcool.  Il 
forme  des  sels  insolubles  avec  l'azotate  d'argent,  l'acétate  de  jalomb,  l'eau 
de  baryte. 

2.  Ce  corps  chauffé  vers  3oo°  à  400°,  dans  une  atmosphère  d'azote,  se 
décompose,  en  produisant  volumes  égaux  et  mesurés  d'acide  carbonique 
et  d'oxyde  de  carbone,  et  il  fournit  un  nouvel  oxyde  brun  foncé,  de  la  for- 
mule C«0^ 

3  C'O'  =  2(CO=  +  CO)  +  C'O'. 

C'est  un  composé  répondant  à  la  formule  d'un  anhydride  de  l'acide 
dioxyphtalique  C^H^O"  ;  et  il  représente,  dans  la  série  des  sous-oxydes  de 
carbone,  la  série  aromatique;  suivant  une  dérivation  analogue  à  celle  de 
la  benzine,  dérivée  de  l'acétylène,  dans  la  série  des  carbures  d'hydrogène. 

3.  Ce  nouveau  sous-oxvde  est  décomposable  à  son  tour  par  la  chaleur, 
en  formant  un  carbone  encore  oxydé,  c'esL-à-tlire  un  autre  sous-oxyde  plus 
riche  en  carbone. 

Le  progrès  graduel  dans  la  décomposition  fies  sous-oxydes  de  carbone 
correspond  ainsi  au  progrès  de  la  destruction  pyrogénée  des  carbures 
d'hydrogène,  par  élimination  d'hvdrogène  et  condensation  du  carbone, 
ainsi  qu'au  progrès  des  oxydes  métalliques  modifiés  par  élimination  d'oxy- 
gène et  condensation  du  métal. 

4.  A  côté  de  ces  sous-oxydes  condensés  du  carbone,  j'ai  montré  qu'il  en 
existe  un  autre,  plus  simple  et  moins  condensé;  car  il  affecte  l'état  gazeux 
ou  vaporisé  au  sein  d'un  excès  d'oxyde  de  carbone  ('),  et  il  n'a  pas  étc 
condensable  par  les  moyens  réfrigérants  usités  en  1891.  L'existence  de 
ce  composé  résulte  de  deux  ordres  de  preuves. 

D'une  part,  il  se  forme,  en  même  temps  que  de  l'acide  carbonique,  ^a/ii- 
dépôt  de  la  moindre  trace  de  carbone,  lorsque  l'on  chauffe  l'oxyde  de  car- 
bone absolument  pur  à  une  température  voisine  de  55o°.  L'oxygène  néces- 
saire à  la  formation  de  l'acide  carbonique,  qui  apparaît  alors,  est  fourni 
nécessairement  par  une  fraction  correspondante  d'oxyde  de  carbone;  mais 
la  proportion  du  sous-oxyde   est   limitée  par   un   phénomène  inverse   de 

(')   Annotes  de  Chimie  et  de  Physi'jue,  6=  ?érie,  t.  \XI\\  iSyi,  p.  inô. 


536  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dissociation.  J'ai  indiqué  ailleurs  que  ce  sous-oxyde,  en  raison  de  sa  grande 
volatilité,  pourrait  répondre  à  la  forntîule  C^O. 

D'autre  part,  en  opérant  avec  l'oxyde  de  carbone  pur,  dans  les  mêmes 
conditions,  avec  cette  différence  d'élever  la  température  jusqu'au  rouge, 
il  se  dépose  une  petite  quantité  de  carbone  libre,  corrélative  de  l'oxygène 
employé  à  former  de  l'acide  carbonique  et  résultant  de  la  décomposi- 
tion du  sous-oxyde.  Or  la  dose  relative  de  ce  carbone  libre  n'augmente 
guère,  même  si  l'on  élève  la  température  jusqu'au  rouge  vif.  Cette  cir- 
constance, jointe  à  la  formation  de  l'acide  carbonique  sans  carbone  libre 
à  plus  basse  température,  indique  qu'il  ne  s'agit  pas  ici  d'une  dissociation 
directe  de  l'oxyde  de  carbone  en  acide  carbonique  et  carbone  libre  :  car 
une  semblable  dissociation  devrait  s'accroître  rapidement  avec  la  tempéra- 
ture. S'il  en  est  autrement,  c'est  que  la  cause  du  phénomène  réside  dans 
un  commencement  de  condensation  moléculaire  de  l'oxyde  de  carbone, 
condensation  qui  ne  se  produit  qu'entre  certaines  limites  de  température; 
le  progrès  en  étant  arrêté,  ainsi  que  celui  de  la  formation  du  sous-oxyde 
volatil  qui  en  dérive,  parce  que  ce  sous-oxyde  peu  stable  est  décomposé 
avec  régénération  de  carbone,  à  une  température  supérieure  à  celle  de  sa 
formation. 

Si  ce  sous-oxyde  gazeux,  ou  très  volatil,  répondait  à  la  formule  simple 
C*0,  ce  serait  un  anhydride,  dérivé  de  l'acide  glycollique 

C2H*0'-2ll-() 

et  premier  terme  de  la  série  C"~'0""-,  dont  le  composé  formé  par  l'effluve 
représente  un  terme  plus  élevé. 

En  fait,  un  nouveau  sous-oxyde  volatil,  de  composition  intermédiaire,  le 
composé  C*0^,  vient  d'être  découvert  et  isolé,  d'après  un  très  intéressant 
Mémoire  publié  par  MM.  Otto  Diels  et  Bertram  Wolf  dans  le  numéro  du 
24  février  des  Berichle  der  deutschen  chemischen  Gesellschafl ,  [).  689.  C'est 
un  liquide,  qui  bout  à  +7°,  et  qui  se  décompose  spontanément.  Les  auteurs 
l'ont  préparé  en  faisant  réagir  l'anhydride  phosphorique  sur  l'éther  malo- 
nique,  c'est-à-dire  qu'il  représente  un  anhydride  de  ce  dernier  acide  : 

C=H*0^-2H■-0  =  C'0^ 

Nous  ne  pouvons  qu'applaudir  à  leur  succès;  sauf  à  observer  qu'il  ne 
convient  pas  d'attribuer  exclusivement  à  ce  corps  nouveau  le  nom  de 
sous-oxyde  de  carbone,  qui  représente  toute  une  famille  de  corps,  et  non  une 


SÉANCE    DU    5    MARS     1906.  537 

espèce  unique  :  il  faut  non  seulement  tenir  compte  des  sous-oxydes  déjà 
connus,  mais  prévoir  la  préparation  prochaine  de  plusieurs  autres. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  quelques  conséquences  arithmétiques 
de  la  théorie  des  fonctions  abéliennes.  Noie  de  M.  G.  Humbert. 

Considérons  les  fonctions  abéliennes,  (F),  de  deux  variables  u,  t',  aux 
périodes  1,0;  o,  i;  g,  h;  h,  g ,  liées  par  la  relation  singulière  d'invariant 
cinq  : 


(i)  g'^h  + 


»• 


Soit  K  une  surface  de  Rummer  dérivée  des  fonctions  (F)  par  la  repré- 
sentation classique  de  M.  Weber  :  on  obtient  les  équations  abéliennes  des 
six  plans  singuliers  de  R  quijpassent  parlle  point  double  O  (^u  ^  v  =  o)  en 
annulant  les  carrés  des  six  thêtas  normaux  impairs  du  premier  ordre,  c'est- 
à-dire,  dans  la  notation  de  Weierstrass, 

(2)     &^(m,  (^)  =  o,     â^,  =  o.     &o.  =  o,     "àl^^o,     2?;^,  =  0,     2r;  =  o. 

D'ailleurs,  ces  six  plans  touchent  un  cône  quadrique  C,  à  chaque  plan 
tangent  duquel  on  peut  faire  correspondre  un  argument  unicursal  :  soient 
00,  I,  o,  oj,,  Uj,  (1)3  les  arguments  des  six  plans  (2),  pris  dans  l'ordre  indi- 
qué; les  0),  forment  un  des  systèmes  de  modules  de  Richelot.  On  trouve,  en 
utilisant  les  relations  connues  entre  les  carrés  des  six  thêtas  impairs,  et  en 
désignant  par  S-^,  S;,  . . .  les  valeurs  des  dix  thêtas  pairs  pour  a  =  (^  =  o,  les 
relations 


n 

^03' 

2^0- 

^0% 

S? 

.Sri, 

2r^ 

C.2      ^.2  ^2      ^2 


(3)    \      i-'^.  =  âï5^'  '  "~ '''^  =  5î|t=  '  I— û>3=-|i^ 


'03 


CJ3   Cl),    =        c-2C-2ê-2 '  ^3  '^1    ^        'L-yr^^- 


^2     0.2     %2  %2  &■-&•- 
-^  2  .3  "'  3  t  "'  0  I                 ,^                          ~'2~'l~'o 


.  ,  W2  ^^—    ^2^2%2 

0  "'03  -'5-'o"'0 


D'autre  part,  si  les  périodes  sont  liées  par  la  relation  (i),  il  résulte  de 
mes  recherches  antérieures  qu'il  existe  un  cône  quadrique,  de  sommet  O, 
tangent  au  premier  des  plans  (2)  et  contenant  les  cinq  arêtes  de  l'angle 
polyèdre  formé  par  les  cinq  autres  plans  (2),  pris  dans  l'ordre  indiqué. 


538  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Cette  condition  géométrique  entraîne,  entre  les  arguments  w,,  la  relation 


(4) 


V((0,    -   W3)(C0,   —    I)(W3  —    ') 


+   \   CO,  (cOo  l)  (  ^2  ''^3  )   +   V<'-*3("i!  ^1  )  (^^2  '^'•':i)   ^    O, 


qui,  si  l'on  y  remplace  lesco,,  o,-  —  i,  co,- —  wy  par  leurs  valeurs  (3),  devient, 
toutes  réductions  faites, 


(5)  ^ 


£  et  s'  désignant  ±  i. 

Pour  déterminer  £,  il  suffit  de  supposer  h^o,  et,  par(i),  g'  =^  g\  on 
reconnaît  alors  immédiatement  que  S,,  est  identiquement  nul,  et  que  Sg,, 
3,2,  S's,  &,  sont  égaux  à  -t-  i  pour  e'^'' =  o;  on  a  donc  s  =  4-  i,  et  un  calcul 
analogue  donnerait  aussi  s'  =  +  i . 

En  appliquant  à  la  relation  (5)  toutes  les  transformations  du  premier 
ordre  qui  n'allèrent  pas  l'équation  (i),  ou  encore  en  la  combinant  avec  les 
relations  classiques  entre  les  dix  ihétas  pairs  d'arguments  nuls,  on  obtient 
neuf  autres  équations  du  même  tvpe;  voici  le  Tableau  complet  de  ces  dix 
relations,  où  nous  écrivons  4>  34.  •  •  •  au  lieu  de  2^..,,  ^j^,  ...  : 


(6) 


(7) 


4' -H      2.12.l4—      5.01.23  =  0, 

o3^ —    2.    o.  23  +  34 .  i4-oi  =  o, 

2^ 0.2  3.o3—      4-  12.  14^0, 

01' — i4.o3.34 —  5.  4-23  =  0, 
1 4^ -h  34.01  .o3  —  12.  2.  4  =  0. 
23' —  5.  4-o'+  2.  o.o3  =  o, 
34' — 12.  5.  o  —  01 .  i4.o3  =  o, 
o' -f-  2.o3. 23  —  12 .34.  5  =  0, 
5'  —    o .  34 . 1 2  —  23 .   4  •  o I  =  o, 

I2''+l4.     4-     2  —      o.     5.34  =  0. 


On  déduit  de  là  quelques  conséquences  arithmétiques  intéressantes. 

Dans  la  première  équation  (6)  on  a,  pour  ~^,  après  remplacement  de  ^ 
(lar  h  4-  g,  la  série 

-t-M  -i-x  p  i^T  r  1/  li'~l 

^       „  „        n/g|^m>+(^;,--^)    J  +  7l,7,|^2m(n+-  )  +(71+-)    J 


SÉANCE    DU    5    MARS    1906.  539 

dès  lors,  xil  est  une  somme  rie  termes  du  type 

(8)  gWMff+P/:)^ 

et  le  coefficient,  dans  &',  du  terme  (8)  pour  lequel  M  et  P  sont  donnés 
s'obtiendra  comme  il  suit.  On  posera 

I   M  =  /n^  -H  («,  H-  ^y-  -f-  r7i-,  +  {n„  -h  j)-  +  m';  -+-  (n,  +  ^)^ 
(9)        <    P  =2mt(n,-hT,)-+-(n,  +  ^)--h'2m,(n^-h^)  -+-(n.,-h^)- 
(  ^-2/^^3(/i,3  +  i)  +  («3-+-i)^ 

et  l'on  déterminera  toutes  les  solutions  des  équations  (9)  en  nombres 
entiers,  m,-,  «,-,  positifs  ou  négatifs;  le  coefficient  cherché  sera  le  nombre  N 
de  ces  systèmes  de  solutions. 

De  même,  dans  le  produit  &5.&„,.&23,  le  coefficient  du  terme  (8)  sera 
égal  au  nombre  N'  des  systèmes  de  solutions  entières,  [j.,,  v,-,  des  équations 

M  =  r/.;  +  v;  +  ( >2  +  i)-  +  v^  +  (a,  4-  ^)-  +  ^3  +■  ^y, 

P  =  2[;.,  V,  +  v;  +  ■?.(ij..,  -h  ^)  V,  -h  v;;  +  2(17.3  +  î)  (•';,  +  i)  +  (^3  +  -,y- 


('o) 


Enfin,  dans  le  produit  'à.;,'è,.,B,.,,  le  coefficient  sera  la  quantité 

On  a  ainsi,  en  vertu  même  de  la  première  équation  (6),  la  relation 

(11)  N  —  N'+  i(-  t)^-^''.+iS+-'3+'  =  o. 

Or  les  équations  (9)  et  (10)  monirent  que  M  —  f  et  P  —  ^  sont  fies 
entiers  de  même  parité,  et  que  (a,  +  Vj  +  [^3  -H  v,  est  pair  :  la  relation  (i  i) 
s'écrit  dès  lors 

N  =  2N'. 

Ce  résultat  prend  une  forme  bien  plus  intéressante  si  l'on  ajoute  membre 
à  membre  les  relations  (9)  après  avoir  multiplié  la  seconde  par  la  quan- 
tité j(i  -I-  v'5),  qui  est  une  unité  du  corps  quadratique  y/5,  et  que  nous  dési- 
gnerons par  p.  11  vient  ainsi 

M  +  Pp  =  [m,  4-  (,«,  -I-  ^)p]--h  [wa-H  («,  +  ï)?V+[m^  +  («3  +  DpJ'- 

et,  réciproquement,  cette  équation  entraîne  les  deux  relations  (9).  On 
trouve  de  même,  en  partant  de  (10), 

M  +  Pp  =  ((.,  +  V,  p)=  +  (a,  +  ^  +  v,p)^  +  [j.3  +  ^  4- (V3  +  |)p]S 


54o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

el  l'on  jieut  maintenant  énoncer  le  ihéorème  suivant,  relatif  aux  décompo- 
sitions d un  entier  du  corps  quadratique  y/5  en  sommes  de  carres  de  trois  entiers 
appartenant  au  même  corps. 

Si  M,  et  P,  désignent  des  entiers  ordinaires,  positifs,  nuls  ou  négatifs,  de 
même  parité,  te  nombre  des  décompositions  de  4M,  +  3 -t- (4^)  +  3)p  en 
somme  de  trois  carrés  du  type 

(12)  [2OT,  +  (2/î,  +  l)p]-+  [2m2-|-(2«2+  I)P]"+  [2"Î3+  (2«3-f-  l)p]^ 

est  double  du  nombre  des  décompositions  de  la  même  quantité  en  somme  de 
trois  carrés  du  type 

(13)  (21J.,+  2V,p)2  +  (2p.„-+-H-2Vjp)=+  [2|J.3-M-h(2V3-h)p]2. 

Dans  cet  énoncé  et  dans  les  suivants  les  w,,  /?,,  jx,,  v,-  sont  des  entiers 
ordinaires,  positifs,  nuls  ou  négatifs;  deux  décompositions  (12)  telles  que 
A^  +  B°-t-C^  et  B^  +  A-+C^  sont  regardées  comme  distinctes,  à  moins 
que  B  ne  soit  identique  à  A. 

La  seconde  équation  (6)  conduit  au  même  théorème,  la  troisième  et  la 
quatrième  donnent  ce  résultat  ; 

Si  MetV  sont  des  entiers  ordinaires  quelconques,  le  nombre  des  décomposi- 
tions «/e  4M  4-  3  -t-  8Pp  selon  la  formule 

(2/n,  H-  I  +  2n,p)-  +  (27«2+  I  -t-  2«op)-4-  (2/W3-I-  I  +  2«3p)^ 

est  double  de  celui  des  décompositions  de  la  même  quantité  selon  la  formule 

(2rJ.,  +  2V,  p)=  +  [oy..  +  (2V„  +  l)p]2  -+-  [2[7.3  +  I  -4-  (2V3  +  l)p]^ 

Des  deux  dernières  équations  (6)  on  déduit  que  : 

Si  M  e^  P  sont  des  entiers  ordinaires  quelconques,  le  nombre  des  décomposi- 
tions fi['e8M  +  6  +  (4P-l-i)p  selon  la  formule 


[2OT,  +  I  +  (2«,  +  i)p]--i-  [2/n2+  IH-  (2«2+  l)p] 

+   [2^3+    I   +(2«3+l)p] 


est  double  de  celui  des  décompositions  de  la  même  quantité  selon  la  formule 

(2(7.,  -f-  2v,p)--i-  [2U.,+  (2V,  -f-  l)pj-+  (2a3  +  I-f-  2V3P)-. 

Enfin,  les  équations  (y)  donnent  les  propositions  suivantes  : 

Soient  M  et  P  des   entiers   ordinaires  quelconques;  on  considère  les 


SÉANCE    DU    5    MARS    1906.  54l 

décompositions  de  4M  H-  /JPp  selon  les  deux  formules 
([)  (2m, -h  2n,p)=4-(2/7^,-^-2«,p)=+(2/?^3^-2«3p)^ 

(U)       [2jX,+(2v,+l)p]=+(2[^,  +  I-f-2v,p)^  +  [2[J.3  4-I+(2V3+l)p]^ 
Jî  /  p  ,  \ 

i"  Si ^MP  4-1  mod2,  le  nombre  des  décompositions  (II)  est 

égal  à  huit  fois  le  nombre  des  décompositions  (I);  cette  fois,  les  décompo- 
sitions (I),  qui  difl'èrenl  seulement  par  l'ordre  des  termes,  ne  comptent  (]ue 
pour  une  seule;  une  décomposition  (I),  dans  laquelle  deux  des  quantités 
27W,-t-  2«,p  sont  égales,  ne  compte  que  pour  ^;  enfin,  les  trois  quantités 
2W,+  2/?,p  ne  peuvent  être  égales  entre  elles. 

2°  Si  ^-^ ^=MPmod2  et  si  -^ — ^  e^MP  +  M  4- P  +  r  mod2,  le 

2  2 

le  même  énoncé  subsiste. 

30  Si  £iillli]==MP  et'^^'^^~'^=MP  +  M  +  Pmod2,  le  nombre  des 

2  2 

décompositions  (II)  est  quatre  fois  celui  des  décompositions  (I)  avec  les 
conventions  que  voici  :  les  décompositions  (I)  qui  ne  diffèrent  que  par 
l'ordre  des  termes  ne  comptent  que  pour  une;  celles  ou  deux  au  moins  des 
quantités  2/7z, -|- 2/i,p  sont  égales  comptent  pour  zéro;  de  plus,  si  M  est 
pair,  une  décomposition  où  tous  les  /n,  et  tous  les  «,  ont  la  parité  de  P 
compte  pour  séro;  si  M  est  impair,  une  décomposition  où  tous  les/??,  ont  la 
parité  de  P  +  i  et  tous  les  n,  la  parité  de  P  compte  également  pour  zéro. 

On  obtiendrait  des  propositions  de  même  nature  en  faisant  g' z=  h -\-  g 
dans  les  relations  classiques  entre  les  dix  thêtas  pairs  d'arguments  nuls,  et 
d'autres,  moins  banales,  en  partant  d'équations  spéciales  au  cas  de  la  rela- 
tion (i),  telles  que  celles-ci  : 

5.  o.i4" —  12.34.23- -f- 2.4.03.01  =  o, 
34.14.23^  +  01.03.12^  —  0.2.  4.   5  =  0, 

qu'on  déduit  assez  aisément,  au  nombre  de  quinze,  des  équations  (6)  et  (7). 
Enfin  les  relations  entre  les  dix  thêtas,  qui  caractérisent  les  cas  singu- 
liers g' ^  ig,  g'  =  3g,  conduisent  à  des  propositions  sur  les  décomposi- 
tions en  carrés  des  entiers  appartenant  aux  corps  quadratiques  \f2.  et  \/3. 


G.  K.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N°  10.) 


5/p  ACADÉMIE   DES  SCIENCES. 


PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE,  —  Propagation  du  mouvemenl  autour  d'un  centre, 
dans  un  milieu  élastique,  homogène  et  isotrope  :  étude  de  l'onde  produite 
sans  changements  de  densité.  Note  de  M.  J.  Boussinesq. 

I.  Si  l'on  appelle  ^',  n' ,  C  ce  qu'il  faut  ajouter  à  ^,,  n,,  C,  pour  obtenir 
les  déplacements  effectifs  ^,  ti,  C  (*)»  ^^^  déplacements  complémentaires 
vérifieront,  comme  on  a  vu,  les  trois  équations  de  mouvement  prises 
sans  seconds  membres;  et  l'on  aura,  pour  régir,  par  exemple,  W  la 
relation 

C'est  encore  l'équation  du  son,  mais  dans  un  fluide  où  la  vitesse  de  pro- 
pagation serait  a  et  non  plus  A.  Les  valeurs  initiales  de  H  et  de  sa  dérivée 
en  t  égaleront  respectivement,  si  nous  appelons  Ço(^>  Ji  -)  et  £.^(^x,y,  z) 

celles  de  \  et  de  -y-y  les  excédents  de  ^^  et  £„  sur  •—  et  -—-,  qui  expriment 

les  valeurs  initiales  de  ^,  et  de  -j^-  Par  suite,  le  déplacement  complémen- 
taire ^'  se  formera  en  retranchant,  de  son  expression  relative  au  cas  où  l'on 
aurait 

dV 

(2)  (pour/  =  o)         5'=^o(a^.r.  2).        ■57=S«(*.J.  s). 

son  expression  relative  au  cas  où  l'on  aurait 

(3)  (pour/  =  o)        ^'=-^,        ^  =  ^. 

Or,  cette  dernière  expression  vérifiera,  évidemment,  toutes  les  condi- 
tions  (i),  (3)  la  déterminant,  si  on  lui  donne  la  forme  -j—,  en  assujettis- 
sant*'aux  relations  suivantes,  desquelles (i)  et  (3)  résultent  par  une  déri- 
vation en  X  X 

(^)         ^=«'^^*'î         (pour/  =  o)  $'  =  ct.     et    ^=n,. 


(')  Voiries  précédents  Comptesirendus,  p.  480. 


SÉANCE   DU   5   MARS    1906.  543 

II.  Cela  posé,  si  l'on  remplaçait,  dans  celles-ci,  $'  par  <I>  et  a  par  A,  l'on 

aurait,  avec  l'équation  indéfinie  ^  =  A'Aj$  qui  régit  effectivement  $,  les 

conditions  initiales  justement  impliquées  par  l'expression /^remj'ere  <^f,-hUat 
de  <ï>  donnée  au  n°  V  de  ma  précédente  Note.  Donc  $'  se  déduira  de  $  en 
mettant  a  pour  A.  Et  l'on  aura,  d'après  le  n°  VI  de.cette  Note, 


,<if-R 


(5) 


avec 


4ua'  dtj  t  ^Tza^J  t  ' 


formule  où  il  doit  être  entendu  que  les  sphères  c  sont,  ici,  décrites,  tou- 
jours autour  du  centre  {x, y,  z),  avec  le  rayon  at  (et  non  plus  kt),  S  dési- 
gnant en  outre,  dans  9',  la  différence  at  —  R,  ou  at  —  y/^M-~pH-^. 

Comme,  d'ailleurs,  l'expression  de  \'  vérifiant  (1)  et  correspondant  aux 
données  (2)  d'état  initial  se  forme  de  la  même  manière  que  la  fonc- 
tion G'  régie  par  une  équation  indéfinie  pareille  et  par  les  données  ini- 
tiales /{ce,  y,  z),  F(a-,  j,  2),  il  viendra  finalement 


t  dx 


III.  Les  deux  premiers  termes  sont  nuls,  d'après  ce  que  nous  avons  vu 
pour  ô,  en  dehors  des  deux  limites  a/  —  R  =  ±  t;  et  ils  expriment  ainsi, 
conjointement  avec  les  termes  analogues  de  r{  et  de  C  une  onde  sphérique 
d'épaisseur  2e,  dont  le  rayon  moyen,  égal  à  at,  grandit  de  a  par  unité  de 
temps.  Mais  le  troisième  terme,  en  <ï>',  nul  encore  pour  ai  —  R>  e,  c'est- 
à-dire  à  l'arrière  de  cette  onde,  ne  l'est  pas  à  l'avant,  pour  «i  —  R<;  —  e, 
où  $' a  évidemment  la  même  valeur,  Oo  +  Uo^,  que  <[>.  Seulement,  tandis 
que,  aux  grandes  distances  R  de  l'origine,  ce  troisième  terme  est,  comme  les 

deux  premiers,  de  l'ordre  de  „  entre  les  deux  limites  a/  —  R  =  ±  e,  il  passe, 

comme  on  a  vu  pour  les  dérivées  de  $,  à  un  ordre  de  petitesse  supérieur, 

le  second  au  moins,  pour  at  —  R<^  —  e,  cas  où  sa  valeur  est  —  -r^  —  -,— /, 

c'est-à-dire  égale  et  contraire  à  celle  de  $,  pour  kt  —  R  <^  —  j. 

En  résumé,  l'onde  partielle  que  représentent  les  déplacements  complémen- 
taires ^',  Ti',  2[',  d' épaisseur 21  comme  celle  qu'exprimaient  $,,  r,,,  X,^,  mais  de 


5/|4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

rayon  moyen  al  et  non  plus  A/,  se  trouve  précédée,  comme  elle,  d'une  tèlê  de 
longueur  indéfinie,  où  les  déplacements  Sont  sans  cesse  égaux  et  contraires  à 
ce  qu'ils  sont  dans  la  sienne  aux  mêmes  points  de  l'espace. 

IV.  De  même  que  l'expression  approchée  (8)  de  <I>,  clans  ma  précédente 
Note,  nous  a  donné  pour  sa  dérivée  première  en  x,  aux  grandes  dis- 
tances R  de  l'origine,  lé  quotient,  par  R,  d'une  fonction  de  kt  —  R,  nulle 
hors  des  limites  A/  —  R  =  dr  e,  de  même  aussi  la  dérivée  en  a?  de  —  <I>' 
donnera,  au  second  membre  de  (6),  le  quotient,  par  R,  d'une  fonction 
àe  at  —  R  nulle  hors  des  limites  a/  —  R  =  ±  e;  et,  comme  il  en  sera  visi- 
blement de  même  des  deux  termes  précédents  en  ï,^  et  S^,  l'expression 
approchée  de  ^'  pourra  s'écrire,  sauf  erreur  comparable  à  l'inverse  de  R^, 

(7)  (pour  —  très  grand)        ^  =  '^      „ -, 

9  désignant  une  fonction  rapidement  variable  de  at  —  R,  nulle  hors  des 
limites  a;  —  R  =  zfc  e  et,  en  outre,  lentement  variable  avec  x,  y,  z  quand 
changera  la  direction  du  rayon  vecteur  R. 

Par  conséquent,  dans  l'onde  exprimée  par  les  valeurs  de  l,',  i)',  ^',  entre 
les  limites  at  —  R  =  ±  t   où  les  déplacements  sont  sensibles  de   l'ordre 

dcTT.  chaque  déplacement  se  transmet  le  long  des  rayons  R  prolongés, 

avec  la  célérité  a,  en  s'atténuant,  peu  à  peu,  comme  l'inverse  de  la  dis- 
tance R  au  centre. 

V.  La  vitesse  des  molécules  suivant  lésa;,  -y-f  y  a,  toujours  sauf  erreur 

comparable  à  l'inverse  de  R-,  une  relation  très  simple  avec  la  dilatation 

linéaire  correspondante  -t--  Car  celle-ci,  qui  s'obtient  sensiblement  en  ne 

faisant  changer  que  la  variable  principale  at  —  R,  est,  à  ce  degré  d'ap- 
proximation, 

^^  dx  ~        '      R  dx"  R  K~        alUK 

dr  '    dt' 

On  aura  des  valeurs  analogues  pour  -3-^,  -y^;  et  la  dilatation  cubique  cor- 
respondante, somme  des  trois  dilatations  linéaires  suivant  les  axes,  sera 

(9) 

c'est-à-dire  le  quotient,  par  — a,  de  la  composante  de  la  vitesse  suivant  le 


di'    ,    dW    ,    dV 

I  /dl'  X        df^'  y        dV  X, 

- —  -)-          +         — 

dx^  dy  ^  dz 

a\dt   R         dt   K         dl   K 

SÉANCE    DU    5    MARS    1906.  545 

rayon  vecteur  R  prolongé,  qui  est  la  normale  aux  surfaces  spïiériqiies 
d'onde.  Or,  les  premiers  déplacements  partiels  ^,,  vj,,  C,  donnant  déjà  la 
dilatation  cubique  effective,  celle-là  (9)  est  nulle.  Par  conséquent,  dans 
l'onde  qu'expriment  ^',  i\ ,  C,  la  vitesse  des  molécules,  aux  grandes  dis- 
tances R  du  centre  d'ébranlement,  est  sans  cesse  perpendiculaire  aux 
rayons  vecteurs.  C'est  bien  dire  que  les  mouvements  y  sont  transversaux ,  ou 
se  font  dans  les  plans  tangents  aux  surfaces  d'onde. 

VI.  Nous  n'avons  relié  qu'indirectement,  aux  données  effectives  d'état 
initial,  les  déplacements  \' ,  t]  ,  "(,'  de  la  deuxième  onde  partielle,  puisque 
nous  avons  fait  dépendre  en  partie  ^',  vi',  'Ç  des  valeurs  initiales  des  dépla- 
cements et  vitesses  dans  la  première  onde  parlielle,  ou  à  mouvements  lon- 
gitudinaux, que  nous  avions  calculée  préalablement.  Mais  on  pourrait 
aussi  former  ^',  ■/)',  C  indépendamment  de  ^,,  r,,,Ci.  en  considérant  les  rota- 
tions moyennes 

\  (  dl         dr,\  x[d\  dt\  i/d-n  dV 


(10)       ^x        2  \^^^         ^^j'  ^^  ~  2  Vofs         dj;J'  "'^~2\dx         dy 

Comme  ^,,  yi,,  ^,,  dérivées  partielles  de  $  en  x,y,  z,  s'en  éliminent,  E,  -n,  C  y 
sont  réductibles  à  i,',  r{ ,  C;  et  il  résulte  alors  de  (i),  ou  de  ses  analogues 
en  7)',  C»  que  Wj;,  w^,  (ù^  vérifient  la  même  équation  du  son  que  ^',  0',  ^'■ 
Or  les  données  d'état  initial  font  connaître,  pour  ^  =  o,  tant  ces  rotations 
moyennes  que  leur  dérivée  première  en  t.  Par  suite,  l'intégrale  générale 
de  Poisson,  appliquée  à  w^,  co^,  co,,  permettra  de  les  exprimer  à  toute 
époque  t.  Enfin,  ^',  vi',  X,'  s'annulant  pour  ^  infini,  deux  intégrations  en  t, 
effectuées  sur  place,  déduiront  sans  ambiguïté  ^',  v)',  X,'  d'équations 
comme  (i),  mises  sous  la  forme  (aisée  à  obtenir) 


dyj' 


CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Le  Haricot  à  acide  cyanhydrique,  Phaseolus  lunatus  L. 

Note  de  M.  L.  Guignard  (  '  ) 

1.  Dans  ces  derniers  temps,  il  est  arrivé  des  Indes  en  Europe,  pour  la 
nourrriture  du  bétail,  des  quantités  considérables  de  graines  fournies  par 

(')  On  trouvera  ci-dessous,  p.  586,  une  Note  de  M.  Kohn-Abrest  sur  le  même  sujet, 
dont  nous  poursuivions  l'élude  l'un  et  l'autre  simultanément,  sans  connaître  cette 
coïncidence. 


546  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

une  espèce  spéciale  de  Haricot,  le  Phaseolus  lunatus  Linné.  Originaire  de 
l'Amérique  du  Sud  et  probablement  du  Brésil,  celte  plante  s'est  répandue 
dans  la  plupart  des  contrées  tropicales  du  globe,  où  elle  a  fourni  de  nom- 
breuses variétés,  souvent  prises  pour  des  espèces  distinctes,  sous  les  noms 
de  Ph.  inamœnus  h.,  Ph.  amazonicus  Benlh,,  Ph.  capensis  Thunb.,  Ph. 
tunkinensis  Lour.,  etc.  Au  nombre  de  ces  variétés  ou  races  figurent  les 
Haricots  de  Lima  et  de  Sieva,  qui  sont  abondamment  cultivés  pour  l'ali- 
mentation de  l'homme  dans  les  deux  Amériques,  et  ceux  du  Cap,  qui 
entrent  aussi  dans  l'alimentation  en  Afrique  et  à  Madagascar. 

A  l'état  sauvage  ou  subspontané,  la  plante  a  donné  lieu  à  de  nombreux 
empoisonnements,  dus  à  l'acide  cyanhydrique.  Citons-en  seulement 
quelques-uns  (  '). 

Au  siècle  dernier,  une  centaine  de  Cafres,  transportés  comme  esclaves  à  la  Réunion, 
moururent  le  jour  de  leur  arrivée  après  leur  premier  repas,  dans  lequel  ils  avaient 
mangé  des  graines  de  ce  Haricot,  auxquelles  on  donne,  dans  celte  île,  les  noms  de 
Pois  amers  ou  Pois  cfAchery  quand  ils  proviennent  de  la  plante  sauvage.  Puis  ce 
furent  une  vingtaine  déjeunes  filles  d'un  pensionnat  d'une  île  voisine  qui  s'empoison- 
nèrent avec  ces  mêmes  graines  récoltées  au  cours  d'une  promenade  à  la  campagne. 

A  une  date  moins  éloignée,  en  i884,  Davidson  et  Stevenson  (')  observaient,  à  Mau- 
rice, deux  cas  d'empoisonnement  dus  à  la  même  cause.  En  1900,  M.  Boname('), 
directeur  de  la  station  agricole  de  cette  colonie,  appelait  de  nouveau  l'attention  sur  la 
toxicité  de  la  plante  (*). 

En  mars  igoS,  il  arrivait  des  Indes  à  Rotterdam  un  chargement  de  4ooo 
balles  de  Fèves  de  Kratok,  provenant  d'une  ou  de  plusieurs  variétés  de 
Ph,  lunatus.  Quatre  personnes  moururent  empoisonnées  par  ces  haricots  ('). 


(')  Nous  en  avons  donné,  avec  la  bibliographie  du  sujet,  une  relation  assez  détaillée 
dans  une  étude  communiquée  sur  cette  plante,  au  commencement  du  mois  dernier,  à 
la  Société  nationale  d'Agriculture  de  France. 

(')  A.  Davidson  et  Th.  Stevenson,  Poisonning  by  Pois  d'Achery  (The  Practitioner, 
i884,  l.  XXXII,  p.  435). 

(')  Rapport  annuel  sur  la  station  agronomique  de  Maurice,  1900,  p.  94. 

(*)  Les  auteurs  ne  paraissent  pas  avoir  eu  connaissance  des  recherches  faites  avant 
i84o,  à  la  Réunion,  par  le  pharmacien  Marcadieu,  qui  montra  le  premier  que  le  poison 
était  l'acide  cyanhydrique.  Il  semble  d'ailleurs  que  ces  recherches  n'ont  été  publiées 
dans  aucun  recueil  scientifique.  Nous  en  avons  connu,  il  y  a  longtemps  déjà,  le  résultat 
essentiel  par  un  journal  hebdomadaire  de  la  Réunion  {Le  Sport  colonial  créole  du 
lundi,  numéro  du  i8  juin  i883). 

(')  A.  RoBERTSON  et  A.-J.  VViJNNE,  Blauwzuurvergiftingna  Gebruik  van  Kratok' 
bohnen  {Pharmac.  Weekbladvoor  Nederland,  i3  mai  1908). 


SÉANCE   DU   5    MARS    I906.  547 

En  novembre  et  décembre  dernier,  des  graines  de  même  nature,  vendues 
sous  le  nom  de  Fèves  ou  Haricots  de  Java,  occasionnaient  de  nombreux 
accidents  chez  les  chevaux,  les  bêtes  à  corne,  les  porcs,  dans  trois  localités 
du  Hanovre  ('). 

On  vient  encore,  il  v  a  quelques  jours  seulement,  de  signaler  en  Belgique 
une  douzaine  de  cas  d'empoisonnement,  dont  quelques-uns  foudroyants, 
chez  des  animaux  nourris  avec  des  graines  ou  de  la  farine  qui,  dans  la 
plupart  (les  cas,  avaient  été  cuites  (^). 

Nous  avons  reçu  de  Paris,  de  Lyon,  de  Marseille,  plusieurs  échantillons 
de  graines  analogues  portant,  outre  les  noms  ci-dessus  indiqués,  ceux  de 
Fèves  de  Birmanie,  Haricots  nains  des  Indes,  etc.,  sur  la  nature  desquels  on 
désirait  être  renseigné.  Tous  les  échantillons  nous  ont  donné  de  l'acide 
cyanhydrique.  En  étendant  nos  observations  à  d'autres  variétés  très  amé- 
liorées par  la  culture,  telles  que  les  Haricots  de  Lima,  de  Sieva,  du  Cap, 
nous  y  avons  constaté  aussi  la  présence  du  principe  cyanogénétique,  mais 
seulement  en  faible  quantité.  Malgré  les  grandes  différences  dans  les  carac- 
tères extérieurs  de  ces  graines  par  rapport  aux  variétés  plus  proches  de 
l'espèce  sauvage,  l'acide  cyanhydrique  trahissait  ainsi  leur  descendance 
commune.  Le  principe  qui  lui  donne  naissance  est  la  phaséolunatine,  glu- 
coside  retiré  dans  ces  dernières  années  des  Pois  d'Achery  par  MM.  Dunstan 
et  Henry  (').  Sous  l'influence  de  la  diastase  qui  l'accompagne  dans  ta  graine 
et  qui  paraît  analogue,  sinon  identique  à  l'émulsine,  il  se  dédouble  en  glu- 
cose, acétone  et  acide  cyanhydrique. 

2.  Indiquons  d'abord  les  caractères  morphologiques  de  quelques-unes 
des  sortes  commerciales  de  Haricots  provenant  des  Indes  et  telles  qu'elles 
nous  ont  été  remises.  Déjà,  dans  ces  dernières  années,  nous  avions  reçu  de 
Buitenzorg  des  graines  de  Ph.  lunatus,  grâce  à  l'obligeance  de  M.  Treub, 

(')  Dammann  el  Behrens,  Massenvergiftungen  von  Pferden,  Rindern  iind  Schivei- 
nen  durcit  Blausàurehaltige  Bohnen  {Deutsche  Tierdrztliche  Wochenschrift,  XIV 
Jnhrg.,  n"  1,  6  janvier  el  n"  2,  i3  janvier  1906). 

(')  G.  MossKLMAN,  Empoisonnement  de  bêtes  bovines  par  les  graines  de  Haricot 
de  Lima  (Phaseolus  lunatus)  et  recherches  sur  la  toxicité  de  cette  plante  comestible 
{Ann.  de  Médecine  vétérinaire,  n°  3,  mars  1906,  Bruxelles.) 

La  première  partie  seulement  de  ce  travail  a  paru. 

(^)  R.  Dunstan  et  T. -A.  Hbnrï,  Cyanogenesis  in  Plants.  Pars  III  :  On  phaséolu- 
natine, the  cyanogenetic  glucoside  of  Phaseolus  lunatus  L.  {Proceed.  0/  the  Boy. 
Society,  octobre  1903). 


548  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dont  on  connaît  le  beau  travail  physiologique  sur  cette  plante  (*).  Elles 
nous  ont  permis  de  reconnaître  immédiatement  l'origine  botanique  des 
graines  du  commerce,  malgré  les  grandes  variations  de  forme,  de  grosseur 
et  de  couleur  présentées  par  ces  dernières. 

Les  «  Fèves  ou  Haricots  de  Java  »  du  commerce  offrent  des  teintes  très 
diverses;  on  en  distingue  souvent  une  quinzaine  dans  un  même  échantillon. 
On  y  trouve  le  noir,  le  brun,  le  violet,  le  rouge  violet,  le  violet  rose,  le 
marron,  le  grenat  foncé,  l'acajou  plus  ou  moins  clair,  le  havane,  le  cha- 
mois foncé  ou  clair,  le  blanc.  La  plupart  des  graines  sont  uniformément 
colorées;  un  certain  nombre  présentent  des  stries  blanches  sur  fond  noir 
ou  violacé,  ou  des  stries  noires  ou  violacées  sur  fond  plus  clair  et  de  teinte 
variable  (-). 

Quelle  qu'en  soit  la  couleur,  ces  graines  mesurent  en  movenne  iS™""  de 
long  sur  lo™"  de  large.  Presque  toutes  sont  plus  aplaties  que  les  variétés 
du  Haricot  vulgaire,  et,  contrairement  à  ce  qu'on  observe  dans  ces  der- 
nières, le  côté  de  l'ombilic  est  presque  rectiligne.  Un  caractère  important 
consiste  en  ce  que  l'une  des  moitiés  ou  extrémités  est  plus  large  que  l'autre, 
la  plus  étroite  étant  celle  qui  loge  la  radicule  embryonnaire.  La  moitié 
la  plus  large,  au  lieu  d'être  régulièrement  convexe  sur  le  côté  opposé  à 
l'ombilic,  se  montre  ordinairement  plus  ou  moins  tronquée.  La  forme  de 
la  graine  resssemble  alors  quelque  peu  à  celle  d'un  triangle  scalène.  Ce 
caractère  est  d'autant  plus  apparent  que  la  graine  est  plus  aplatie,  mais  on  le 
remarque  presque  toujours  même  dans  les  échantillons  constitués  par  des 
graines  plus  petites  et  plus  renflées  que  celles  qui  se  rapprochent  de  la 
forme  typique  des  semences  de  la  plante  sauvage.  En  tout  cas,  lorsqu'il 
cesse  d'être  apparent,  la  différence  de  largeur  des  deux  moitiés  de  la  graine 
reste  toujours  reconnaissable  dans  la  plupart  des  semences  indiennes.  Et, 
même  dans  les  variétés  à  très  grosses  graines,  telles  que  celles  du  Cap,  de 
Lima  et  de  Madagascar,  qui  ressemblent  davantage  par  leur  forme  à  diverses 
variétés  du  Haricot  vulgaire,  cette  inégalité  se  retrouve  constamment  dans 
quelques-unes  d'entre  elles.  Un  cent  des  graines  de  Java  pèse  environ  4o^. 

Il  existe  également  dans  le  commerce  d'autres  graines  de  l'Inde,  que  nous 
avons  reçues  sous  le  nom  de  Haricots  de  Birmanie.  Il  en  est  de  deux  sortes  : 

(')  Ces  graines  ont  germé  el  donné  des  plants  au  Jardin  botanique  de  l'Ecole  de 
Pharmacie. 

(')  Nous  en  donnerons  une  Planche  en  couleur  dans  un  autre  Recueil. 


SÉANCE    DU    5    MARS    1906.  5^9 

les  unes  multicolores,  les  autres  complètement  blanches.  Elles  sont  plus 
petites  et  plus  renflées  que  les  précédentes  ('). 

Toutes  les  variétés  du  Ph.  hinatus,  quelles  que  fussent  leurs  formes  et 
leur  origine  géographique,  nous  ont  montré  un  caractère  histologique 
spécial.  Sous  l'assise  superficielle  très  épaisse  du  tégument  de  la  graine,  il 
existe  une  seconde  assise  nettement  différenciée  par  ses  cellules  en  forme 
de  sablier  ou  de  colonnettes  à  membranes  épaissies.  On  la  trouve  aussi  avec 
des  caractères  plus  ou  moins  analogues  dans  les  nombreuses  variétés  du 
Haricot  vulgaire;  mais,  ici,  chaque  cellule  renferme  un  cristal  d'oxalate  de 
calcium,  qui  fait  toujours  défaut  dans  les  variétés  Ph.  lunatus. 

3.  L'acide  cyanhvdrique  a  été  retiré  par  la  distillation  des  graines  pulvé- 
risées et  mises  à  macérer  dans  l'eau  pendant  i[\  heures  à  +3o°.  Avant  la 
distillation,  on  ajoutait  une  petite  quantité  d'acide  sulfurique.  Le  dosage 
a  été  effectué  avec  une  solution  d'azotate  d'argent  titrée.  Nous  donnerons 
ailleurs  les  détails  et  les  raisons  du  mode  opératoire  employé  dans  ces  re- 
cherches. 

Voici  les  résultats  fournis  par  le  dosage  de  l'acide  cyanhvdrique  dans  les 
différentes  sortes  ou  échantillons  de  graines  examinées.  Les  chiffres  se 
rapportent  à  loo^  de  graine. 

A.cidé 
cyanhydrique 
pour  100. 
i"  Haricots  de  Java,  reçus  en  1904  de  Java  et  présentant  l'en- 
semble des  caracLères  de  l'espèce  type..       o,  102 

2"  Id.  reçus  en  igoS 0jO77 

3°  Id.  échaulillon  du  commerce  comprenant  des 

graines  de  toutes  couleurs  (-) 0,066 

3*"  Id.  même    origine    et    mêmes    caractères    en 

apparence 0,002 

4°  Haricots  de  Birmanie,  mélange  de  graines  colorées,   renfer- 
mant   seulement    quelques     graines 

noires  et  blanches 0,01. 5 

5°  Id.  mélangesansgrainesnoiresiii  blanches.        0,01  i 

6°  Id.  (ou    nains    de   l'Inde),  graines    toutes 

blanches 0,006 

7°  Haricots  de  Madagascar,  colorés 0,027 

8°  Id.  blancs 0,008 


(')  Les  Haricots  du  Cap,  de  Sieva,  de  Lima,  sont  décrits  dans  les  Plantes  potagères 
de  Vilmorin-Andrieux,  1904,  p.  SSg. 

(')   Certains  échantillons  plus  riches  ont  sans  doute  été  retirés  de  la  circulation. 

C.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N"  10.)  7^ 


55o  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

Acide 

cyanhydrique 

pour  100. 

B 

9»  Haricots  du  Cap  marbrés,  cultivés  en  Provence 0,008 

à  rame o,oo4 

nains traces 

1 1"  Haricots  de  Sieva,  cultivés  en  Provence,  à  rame o,oo4 


10"  Haricots  de  Lima,  cultivés  en  Provence 


Ainsi,  toutes  les  races  ou  variétés  du  Ph.  lunatus,  même  les  plus  amélio- 
rées par  la  culture,  peuvent  fournir  de  l'acide  cyanhydrique. 

Les  chiffres  qui  précèdent  montrent  combien  sont  grandes  les  variations 
observées  dans  les  divers  échantillons  exotiques.  Elles  dépendent  évidem- 
ment des  conditions  de  végétation  et  rappellent  celles  qui  ont  été  trouvées 
antérieurement  par  divers  auteurs.  Davidson  et  Stevenson  avaient  obtenu, 
avec  des  graines  de  Maurice,  0*^,200  d'acide  cyanhydrique  pour  100; 
MM.  Robertson  et  Wijnne,  avec  des  graines  de  l'Inde,  0^,210  pour  100; 
MM.  Dammann  et  Behrens,  avec  des  graines  de  Java,  o^,  i35  et  0^,110 
pour  100;  MM.  Dunstan  et  Henry,  avec  des  Haricots  bruns  de  Maurice, 
0^,090  pour  100;  avec  des  Haricots  de  Maurice  de  couleurs  plus  claires, 
os,o4o  pour  100;  avec  des  Haricots  de  toutes  couleurs  venus  de  l'Inde, 
0^,004  pour  100  ('  ). 

Les  graines  noires  ont  toujours  été  considérées  comme  les  plus  riches 
en  principe  cyanogénétique,  tandis  que  les  blanches  seraient  les  plus 
pauvres  (-).  Aussi,  avons-nous  été  quelque  peu  surpris  d'obtenir  un  résul- 
tat différent  en  analysant  séparément  les  graines  noires,  l'ensemhle  des 
autres  graines  colorées  et  les  graines  blanches  d'un  échantillon  de  Java 
(n°  3  bis  du  Tableau).  En  effet,  pour  100  parties  de  chacune  de  ces  trois 
catégories  de  graines,  comparées  à  leur  mélange,  le  dosage  a  donné  les 
chiffres  suivants  : 

1°  Mélange  des  graines 0,062  pour  100 

2°  Graines  noires o ,  o46         » 

3°  Graines  autrement  colorées  (]u'en  noir.  .  .  o,o.58         » 

4°  Graines  blanches 0,002  » 


(,')  Ces  haricots,  introduits  dans  ces  dernières  années  en  Angleterre,  portaient  les 
noms  de  Fèves  de  Rangoon,  de  Burma,  de  Paygia.  Leur  coloration,  d'après 
MM.  Dunstan  et  Henry,  variait  du  brun  clair  au  brun  foncé,  avec  des  taches  pourpres. 

(2)  II  est  à  peine  besoin  d'ajouter  que  la  matière  colorante,  qui  est  localisée  dans  le 
tégument  de  la  graine,  n'a  aucun  rapport  avec  le  glucoside  cyanhydrique. 


SÉANCE    DU    5    MARS    I906.  55 1 

Ce  résultat  mérite  de  retenir  l'attention,  car  il  montre  qu'il  ne  faut  pas 
trop  se  fier  à  la  couleur  pour  apprécier  la  richesse  relative  des  graines  en 
principe  toxique. 

Il  y  a  lieu  de  faire  remarquer  que  les  graines  blanches  de  cet  échantillon 
n"  3  bis  ressemblaient  beaucoup  aux  graines  blanches  de  Birmanie  ou  Hari- 
cots nains  de  l'Inde  (n°  6),  qui  n'ont  donné  que  0^,006  pour  100  d'acide 
cyanhydrique  (ou  même  moins),  tandis  que  les  premières  en  ont  fourni 
oS,o52  pour  100.  D'autre  part,  les  graines  multicolores  de  Birmanie  (n"  4), 
qui  se  rapprochaient,  parleurs  teintes,  de  celles  de  Java,  se  sont  montrées 
beaucoup  plus  pauvres  que  ces  dernières.  Par  conséquent,  tout  en  admet- 
tant que  les  graines  blanches  sont,  d'une  façon  générale,  les  moins  dange- 
reuses, nous  estimons  qu'on  agira  prudemment  en  n'accordant  confiance 
qu'à  l'analyse. 

4.  Le  danger  de  plusieurs  sortes  de  ces  haricots  dans  l'alimentation  des 
animaux  est  d'autant  plus  à  craindre  qu'on  les  utilise  ordinairement  à 
l'état  cru,  et  tout  porte  à  croire  que  le  principe  cyanogénétique  subit  dans 
le  tube  digestif  un  dédoublement  complet  (').  Ce  danger  ne  doit  plus  être  le 
même  quand  ils  ont  été  soumis  à  la  cuisson,  mais  les  effets  de  celle-ci 
varient  certainement  suivant  les  conditions  dans  lesquelles  elle  a  eu  lieu. 
Nous  n'indiquerons  pas  ici  les  essais,  encore  insuffisants,  que  nous  avons 
pu  faire  à  ce  sujet.  Pour  le  moment,  il  importe  de  ne  pas  oublier  les  acci- 
dents mortels  survenus  après  l'ingestion  des  graines  cuites.  Comme  la 
la  chaleur  détruit,  à  un  moment  donné,  l'activité  de  l'émulsine  pend;int  la 
cuisson,  le  glucoside  peut  rester  en  quantité  plus  ou  moins  grande  et 
être  décomposé  dans  le  système  digestif.  Bien  qu'aucune  expérience  phy- 
siologique n'ait  encore  été  faite  sur  les  animaux  avec  le  glucoside  retiré 
des  graines,  l'analogie  qui  existe  entre  ce  composé  et  l'amygdaliue  per- 
met de  supposer  qu'il  doit  se  comporter  de  la  même  façon  que  cette 
dernière  après  son  ingestion.  Or,  les  expériences  de  Moriggia  et  Ossi  (-) 
ont  montré  que  l'amygdaline  introtluite  par  la  bouche,  sans  émidsine,  est 
parfois  vénéneuse  chez  les  animaux  supérieurs,  et  surtout  chez  les  herbi- 
vores, parce  que  le  contenu  de  l'intestin  peut  faire  l'office  de  l'émulsine. 


(')  (_>n  admet  généralement  que,  pour  riioinme,  la  dose  mortelle  d'acide  cyanliy- 
diique  pur,  anhydre,  est  voisine  de  os, 06,  celle  du  cyanure  de  potassium  pur  de 
os,2o  à  os,  3o. 

(^)  MoRuiGiA  et  Ossi,  L'amygdalina.  Sperienze  Jisio-tossicologcche  {Atti  Accad. 
Lincei.  1875). 


552  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

M.  E.  Gérard  (')  a  constaté  aussi  que  l'amygdaline  est  décomposée  par  le 
contenu  de  Tintestin  grêle  du  lapin,  avec  formation  d'acide  cyanhydrique. 

5.  Comme  conclusion  pratique  de  nos  observations,  et  en  raison  de 
l'intérêt  qu'il  y  a  à  mettre,  pour  ainsi  dire,  entre  toutes  les  mains  un  moyen 
facile  de  déceler  la  présence  de  l'acide  cyanhydrique,  nous  signalerons  un 
procédé  nouveau  qui  nous  paraît  aussi  sûr  que  sensible. 

Il  est  fondé  sur  la  propriété  que  possède  l'acide  cyanhydrique,  même  en 
quantité  excessivement  faible,  de  donner  avec  les  alcalis  et  l'acide  picrique 
une  coloration  rouge  intense  due  à  la  formation  de  l'acide  isopurpurique, 
indiquée  par  Hlasiwetz.  Nous  avons  remarqué  que  cette  coloration,  que 
l'on  produit  ordinairement  en  chauffant,  se  manifeste  également  à  froid 
après  quelques  heures.  Elle  apparaît  de  même  sur  un  papier  préparé  de  la 
façon  suivante  : 

On  trempe  du  papier  buvard  dans  une  solution  aqueuse  d'acide  picrique 
au  centième  et  on  le  laisse  sécher;  puis  on  l'imprègne  de  même  d'une  solu- 
tion de  carbonate  de  soude  au  dixième  et  on  le  met  à  sécher  de  nouveau, 
si  on  ne  l'emploie  de  suite.  Après  dessiccation,  il  présente  une  couleur 
jaune  d'or  et  se  conserve  parfaitement. 

Une  bande  de  ce  papier  picro-sodé,  suspendue  dans  un  tube  à  essai  ordi- 
naire, bouché  après  introduction  de  i""'  à  2°""°  d'un  liquide  contenant  de 
l'acide  cyanhydrique,  prend  peu  à  peu  une  coloration  rouge  orangé,  puis 
rouge,  sous  l'influence  des  vapeurs  de  ce  corps.  Suivant  la  quantité  d'acide 
et  la  température,  la  coloration  est  plus  on  moins  rapide  et  intense.  Avec 
o^,  oooo5  d'acide  cyanhydrique,  elle  est  rouge  orangé  après  une  douzaine 
d'heures  ;  avec  0^,00002,  elle  est  déjà  perceptible  après  24  heures. 

Pour  appliquer  cette  réaction  à  la  recherche  de  l'acide  cyanhydrique 
formé  par  les  haricots,  on  en  pulvérise  quelques  grammes,  que  l'on  intro- 
duit de  préférence  dans  un  très  petit  ballon  avec  de  l'eau,  de  façon  à 
former  une  pâte  liquide,  et  l'on  suspend  le  papier  à  l'aide  du  bouchon. 
Avec  28  de  graines,  qui  ne  donnaient  que  o5,oi5  d'acide  cyanhydrique 
pour  100,  la  coloration  s'est  produite  du  jour  au  lendemain  à  la  tempéra- 
ture ordinaire. 

Préparé  de  la  façon  indiquée,  le  papier  ne  se  colore  en  rouge,  croyons- 
nous,  qu'en  présence  de  la  vapeur  d'acide  cyanhydrique.  Le  gaz  sulfhy- 
drique,  qui  donne  avec  l'acide  picrique  et  les  alcalis  une  coloration  rouge 

(')  \i.  GÉitAitD,  Sur  le  dédoublement  de  l'amygdaline  dans  l'économie  {Soc.  de 
Biologie,  1896,  p.  44)- 


SÉANCE    DU    5    MARS    1906.  553 

due  à  l'acide  picramique,  ne  le  colore  pas;  la  coloration  pourrait  apparaître 
s'il  était  préparé,  non  avec  du  carbonate  de  soude,  mais  avec  une  solution 
d'alcali  caustique.  La  présence  de  ce  gaz  serait  d'ailleurs  facile  à  recon- 
naître avec  un  papier  à  l'acétate  de  plomb. 

En  somme,  pour  la  recherche  de  traces  d'acide  cvanhydrique,  le  papier 
picro-sodé  n'offre  pas  les  inconvénients  de  celui  que  l'on  prépare  avec  la 
teinture  de  gavac  et  le  sulfate  de  cuivre.  Il  a  l'avantage  de  conserver  pen- 
dant assez  longtcmjis  (surtout  à  l'obscurité)  sa  coloration  caractéristique 
et,  dans  une  expertise  toxicologique,  il  pourrait  servir  de  pièce  à  conviction. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Synthèse  de  trois  diméthylcyclohexanols  secondaires. 
Note  de  MM.  Paul  Sabatier  et  A.  3Iailhe. 

On  sait  que  la  méthode  de  Sabatier  et  Senderens  permet  de  fixer  facile- 
ment 6"*  d'hydrogène  sur  le  phénol  ainsi  que  sur  les  crésols,  et  d'obtenir 
de  la  sorte  les  alcools  cyclohexaniques  correspondants  (').  Nous  avons  pu 
appliquer  la  même  méthode  aux  diméthylphénols  ou  xylénols,  que  fournit 
l'industrie  chimique,  savoir  :  les  xylénols  (i.  2,4),  (i.3,4)  et  (1.4.2).  Les 
vapeurs  de  ces  derniers  (qui  bouillent  tous  trois  au-dessus  de  210°)  sont 
entraînées  par  un  excès  d'hydrogène  sur  du  nickel  réduit,  maintenu  entre 
igo"  et  200°.  On  arrive  ainsi  aux  trois  diméthylcyclohexanols  correspon- 
dants. Mais  les  conditions  de  la  réaction  ne  sont  pas  les  mêmes  dans  les 
trois  cas. 

1.  En  partant  du  diméthyl-\  .1. phénol- \  (qui  fond  à  65°  et  bout  à  225"), 
le  rendement  en  alcool  est  peu  satisfaisant  :  les  deux  tiers  du  xylénol  sont 
réduits  à  l'état  d'orthoxylène,  bouillant  à  i4i"-  Le  tiers  seulement  se  trans- 
forme en  un  mélange  d'alcool  et  de  l'acétone  correspondante  (environ 
3  parties  d'alcool  et  i  partie  d'acétone).  En  séparant  celle-ci  par  combi- 
naison avec  le  bisulfite  de  sodium,  on  isole  le  diméthyl-\ .i.cyclohexanol-l\  : 

/CH^  — CH-\ 
CtF— GH<  >CHOH. 

>CH  —  CH^/ 

C'est    un    liquide    incolore    à    odeur   de   cyclohexanol,    qui    bout   à    189°  (corr.). 

(')  Paul  Sabatier  et  Senderens,  Comptes  rendus,  t.  CXXXVII,  1908,  p.  io25.  — 
Faul  Sabatier  et  A.  Mailue,  Comptes  rendus,  t.  CXL,  1905,  p.  356. 


554  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

d^  m 0,9261  ;  c?^"=;- 0,9073.  Son  indice  de  réfraction,  par  rapport  à  la  raie  D  du  so- 
dium, est,  à  16°  :"«!)=:  1,458.  On  en  déduit  comme  pouvoir  réfringent  moléculaire 
Pd  =  38,i  (calculé  38,3). 

Il  fournit  avec  l'isocyanate  de  pliényle  un  phénjlurétliane,  cristallisé  en  aiguilles  ou 
lames  rhombiques  peu  inclinées,  qui  fondent  à  119°. 

Oxydé  par  le  mélange  chromique  ou  déshydrogéné  sur  le  cuivre  à  Soo",  il  fournit  la 
diméthyl- 1  .  2-cyclohexanone-!\,  liquide  incolore,  d'odeur  agréable,  qui  bout  à 
187°  (corr.  ).  Elle  donne  aisément  une  combinaison  cristallisée  avec  le  bisulfite  de 
sodium. 

Sa  semicarbazone  se  présente  en  cristaux  peu  nets,  qui  fondent  à  17.5°  en  se  détrui- 
sant. 

2.   L'hydrogénation  est  beaucoup  plus  avantageuse  avec  le  diméthyl-i.  3- 

phénol-^  (qui  fond  à  26°  et  bout  à  212°).  Il  ne  se  sépare  que  très  peu  de 

métaxylène,  bouillant  à  iSg".  Le  produit  de  la  réaction  est  constitué  par 

l'alcool,  contenant  seulement  une  petite  dose  d'acétone,  qu'on  sépare  à 

l'aide  du  bisulfite  de  sodium.  On  atteint  ainsi  avec  un  excellent  rendement 

le  dimèlhyl- 1 .  'i-cyclohexanol-l^ 

/CH2-GH=\ 
CtP-CI[<;  )CHOH. 

^CH'  — CH<; 

C'est  un  liquide  incolore  bouillant  à  176",  5  (corr.).  ft?5  =  0,9235  ;  (a?J°  ==  o,9r  19. 

A  16°  on  a  /(D=r  1,458,  ce  qui  conduit  au  pouvoir  réfringent  moléculaire  Po=:38,3 
(calculé  38,3). 

Son  pliénylurélliane  se  présente  en  prismes  courts  brillants  qui  fondent  à  96°. 

L'élher  acétique  de  cet  alcool  est  obtenu  facilement  par  l'action  de  l'anhydride  acé- 
tique :  c'est  un  liquide  d'odeur  pénétrante  et  agréable  qui  bout  à  198"  (corr.). 
d\''  =r  o,94o5.  A  i4°  on  a  «!):=  1 ,442,  d'où  Pd=  47)3  (calculé  47,  i). 

Cet  alcool,  déshydraté  par  le  chlorure  de  zinc  anhydre,  fournit  un 
diTnèthyl-\.?>-cyclohexcne-f^,  liquide  incolore  bouillant  à  \7.l\°.  </"  =  0,8210; 
c?'/-  =  0,81  22.  A  12°  on  trouve  /2i,=  r,45i;  d'où  Pp  =  36,5  (calculé  36,4)- 
Ce  carbure  paraît  identique  à  celui  que  nous  avons  antérieurement  obtenu 
en  déshydratant  le  diméthyl-i.3-cyclohexanol-3  ('). 

Par  oxydation  au  mélange  chromique  ou  par  déshydrogénation  sur  le 
cuivre  à  3oo",  l'alcool  fournit  aisément  la  diméthyl-i  .'i-cyclohexanone-!\, 
liquide  incolore,  qui  bout  à  176°, 5  (corr.).  rfj  =  0,9210;  d\^  =  0,9124.  On 
a,  à  16",  /?u=  r,4/i6;  d'où  P„=36,8  (calculé  37,0).  Cette  célone  donne 
une  combinaison  cristallisée  avec  le  bisulfite  de  sodium.  La  semicarbazone 

(')  Paul  Sabatier  et  A.  Mailhe,  Comptes  rendus,  t.  CXLI,  1903,  p.  21. 


SÉANCE    DU   5    MARS    I906.  555 

se  présente  en  belles  lames  rhombiques  qui  fondent  en  se  décomposant 
à  190°. 

3.  Le  diméthyl-\.l\-phénol-i  (qui  fond  à  74"  et  bout  à  21 1°,  5)  se  laisse 
facilement  hydrogéner  sur  le  nickel  sans  séparation  de  xylène.  Le  produit 
de  la  réaction  contient  ^  d'alcool  et  -^  de  l'acétone  correspondante.  En 
séparant  cette  dernière  par  le  bisulfite  de  sodium,  on  isole  l^diméthyl-i  .f^- 
cyclohexanol-1 . 

C'est  un  liquide  incolore  d'odeur  agréable  qui  bout  à  178°,  5  (corr.).  f/^  =r  0,9318; 
rfJ«  =  o,9073.  A  16°  on  a  «r.=  i,455;  d'où  Pi,=  38,28  (calculé,  38,34). 

Son  phényluréthane  se  présente  en  beaux  prismes  allongés  qui  fondent  à  11 5°. 

Par  déshydrogénalion  sur  le  cuivre  ou  par  oxydation  avec  le  mélange 
chromique,  cet  alcool  fournit  aisément  la  climéthyl-i.[\-cyclohexanoiie-'2, 
liquide  incolore  qui  bout  à  176°  (corr.).  Elle  se  combine  facilement  avec 
le  bisulfite  de  sodium.  Sa  semicarbazone  est  obtenue  en  feuillets  nacrés 
rhombiques,  qui  fondent  à  \SS°  en  se  détruisant. 

L'hydrogénation  directe  des  xylénols  nous  a  donc  permis  d'isoler  trois 
des  diméthylcyclohexanols  secondaires  sur  les  six  qui  sont  prévus  par  la 
théorie  [deux  autres  (1.3,2)  et  (i.3,  5)  avaient  déjà  été  obtenus  par 
d'autres  voies].  Ainsi  qu'on  pouvait  le  prévoir,  les  points  d'ébullition  de 
ces  trois  alcools  secondaires,  i8g°,  179°,  178°,  5,  sont  notablement  plus 
élevés  que  ceux,  166",  169°,  170°,  de  leurs  isomères  tertiaires,  que  nous 
avons  isolés  il  y  a  peu  de  temps. 


MAGNÉTISME  TERRESTRE.  —  Sur  la  Carte  magnétique  des  Iles  Britanniques, 
par  MM.  B.  Baillaud  et  E.  Mathias. 

Parmi  les  méthodes  utilisées,  depuis  une  trentaine  d'années,  pour  la 
recherche  de  la  loi  de  distribution  régulière  du  magnétisme  terrestre,  à  une 
date  uniforme,  dans  un  grand  pays  tel  que  les  Iles  Britanniques,  l'Autriche- 
Hongrie  ou  la  France,  la  plus  ancienne  paraît  être  la  méthode  des  districts. 
Elle  a  été  appliquée  pour  la  première  fois  par  le  D''  Rijckevorsel  dans  la 
discussion  des  résultats  de  son  réseau  de  l'archipel  Indien  ('),  puis  dans 

•    (')  Magnetische  Opneming  van  den  indischen  Archipel  in  de  Jaren  1874-1877, 
gedaan  door  D''  van  Rijckevorsel.  Amsterdam,  J.  Muller,  1879. 


556  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

son  réseau  magnétique  de  la  Néderlande  pour  l'époque  du  i"  janvier 
i8gi  (').  Une  méthode  toute  semblable  a  été  employée  par  SirW.  Rûcker 
et  M.  Thorpe  dans  leur  mémorable  travail  sur  la  Carte  magnétique  des 
Iles  Britanniques  (-)  ;  c'est  d'ailleurs  ce  travail  que  nous  visons  plus  spécia- 
lement dans  ce  qui  suit. 

Le  pays  dont  il  s'agit  de  faire  la  Carte  magnétique  est  arbitrairement  par- 
tagé en  un  petit  nombre  de  districts,  tels  que  chacun  d'eux  est  supposé  très 
grand  par  rapport  aux  anomalies  magnétiques  régionales  les  plus  étendues 
qui  peuvent  exister  dans  son  intérieur;  on  suppose  en  outre  que  les 
divers  districts  comprennent,  par  unité  de  surface,  à  peu  près  le  même 
nombre  de  stations  magnétiques,  celles-ci  étant  nombreuses  et  distribuées 
aussi  uniformément  que  possible. 

Dès  lors,  la  station  centrale  d'un  district  donné  est  définie  par  les 
moyennes  arithmétiques  des  longitudes  et  des  latitudes  des  stations  étu- 
diées du  district,  abstraction  faite  de  l'altitude  qui  n'intervient  pas  d'une 
façon  appréciable  dans  les  pays  peu  montagneux.  Les  éléments  magné- 
tiques D,  H,  I  de  chaque  station  centrale  sont  les  moyennes  arithmétiques 
des  éléments  correspondants  D,  H,  I  de  toutes  les  stations  du  district.  Sup- 
posons qu'il  s'agisse  de  trouver  la  loi  de  distribution  régulière  de  la  décli- 
naison D.  On  cherche  une  fonction  empirique  de  la  longitude  et  de  la 
latitude  géographiques  astreinte  :  i"  à  représenter  les  déclinaisons  D  des 
stations  centrales  avec  des  erreurs  aussi  faibles  que  possible;  2°  à  repro- 
duire fidèlement  l'allure  générale  des  courbes  de  district,  sortes  de  courbes 
brisées,  formées  de  parties  curvilignes  régulières  reliées  par  des  courbes 
de  raccordement  et  dont  la  genèse  ne  peut  s'expliquer  en  peu  de  mots. 
Sir  W.  Rûcker  et  M.  Thorpe  trouvèrent  ainsi  que  la  déclinaison  D  des 
stations  régulières  des  Iles  Britanniques  au  i*'' janvier  1891  était  donnée, 
au  sud  du  parallèle  de  54°  3o',  par  la  formule 

D  =  18037'+  i8',5(/-^  49,5)  — 3',5  cos[45<'(/-  49,5)] 

-+-[26',3  +  i',5(/-49,5)](/-4)  +  o',oi(^-4)'(/-54,5)-' 


(')  A  magne  tic  siuH'ey  0/  tlw  JSctherlands  for  the  epoch  January  i  1891,  by 
D''  van  RiJCREvonsEL,  1890. 

{'^)  A  magnetic  survey  of  the  Brilisli  Isles  for  the  epoch  January  i  1886,  by  W. 
RuCKER  and  TtiouPiî  :  Phil.  Trans..  t.  CIjXXXI,  1890,  p.  53.  —  A  niagnelic si/rrey  of 
the  Jirilish  Isles  for  the  epoch  January  i  1891,  by  W.  Rûcker  and  Tiiorpk  :  Phil, 
Trans.,  l.  CLXXXVIII,   1896. 


SÉANCE    DU    5    MARS    1906.  557 

dans  laquelle  la  latiliide  /  el  la  longitude  1  sont  exprimées  f  n  degrés  et 
fractions  de  degré,  les  Facteurs  c|ui  contiennent  l  el  1  étant  considérés 
comme  purement  umnériques.  L'expression  précédente  représente  égale- 
ment la  (lécliniiison  au  nord  du  parallèle  de  ôl\°,'io pourvu  que  l'on  supprime 

le  dernier  terme 

+  o',oi(X  — 4f(/  — 54,5)^ 

Quant  aux  formules  qui  donnent  la  distribution  régulière  de  H  et  de  I, 
elles  sont  d'une  forme  plus  compliquée  encore  etil'un  calcul  extrêmement 
pénible. 

Or,  la  considération  des  stations  centrales  a  simplement  pour  but  d'ob- 
tenir, dans  chaque  district,  une  station  idéale  régulière,  car  les  anomalies 
de  toutes  les  stations  se  détruisent  dans  les  moyennes,  en  vertu  de  la  loi  des 
grands  nombres.  En  s'alfranchissant  de  la  condition  accessoire  et  inutile 
des  courbes  de  district,  il  est  aisé  de  tlonner  une  solution  simple,  rapide  et 
rigoureuse  du  problème  de  la  distribution  magnétique  régulière.  Il  suffit 
de  prendre  comme  station  de  référence  une  station  quelconque,  par 
exemple  l'une  des  stations  centrales,  et  de  ra[)porter  les  éléments  géogra- 
phiques et  magnétiques  tles  autres  stations  centrales  aux  élémenls  corres- 
pondants de  la  station  de  référence.  Soient  alors  A  long.,  A  la  t.,  AD,  AH,  AI 
les  différences  des  éléments  primitifs  et  des  éléments  de  la  station  de  réfé- 
rence :  on  peut,  comme  l'ont  fait  antérieurement  M.  Liznar  pour  l'Autriche- 
Hongrie  et  M.  Mathias  pour  la  France,  exprimer  AD,  AH,  AI  par  des  fonc- 
tions paraboliques  du  second  degré  de  A  long,  et  de  A  lat.  Si  n  est  le 
nombre  des  stations  centrales,  on  obtient  pour  chaque  élément  magnétique 
n  équations  linéaires  à  6  inconnues  ^r,  j',  t,  u,  v  telles  que 

AD  =  j;+jAlong.+  :;Alat.4-/(Along.)^-|-  «(Along.)(Alat.)  +  t'(Alat.)-, 

que  l'on  résout  par  les  moindres  carrés.  La  loi  de  distribution  régulière  ainsi 
obtenue  pour  les  stations  centrales  devra  s  appliquer  à  toutes  les  stations  régu- 
lières du  pays  étudie. 

Nous  nous  sommes  proposé  de  vérifier  l'exactitude  de  cette  manière  de 
voir  au  moyen  du  réseau  magnétique  des  Iles  Brilanniques  à  la  date 
du  i"  janvier  1891.  La  station  centrale  du  district  VI,  qui  est  au  milieu  du 
Royaume-Uni  et  s'étend  de  52°  à  55°  de  latitude  nord  et  de  3"  à  8°  de  lon- 
gitude ouest  de  Greenwich,  a  été  prise  pour  station  de  référence.  Ici  on  a 

Long.  :  5°35',2  (ouest);  lat.  :  53°3o',5; 

Do=2o°46',o;         Ho=  0,17083;         1(1  =  69"i9',5. 

C.  R.,  1906,  1"  Semestre.  (T.  CXLII,  N'  10.)  7^ 


558  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Pour  chaque  élément  magnétique  il  a  fallu  résoudre  9  équations  linéaires 
à  6  inconnues,  qui  ont  donné  les  résultats  suivants,  A  long,  et  A  lat.  étant, 
ainsi  que  AD  et  AI,  exprimés  en  minutes;  AH  étant  exprimé  en  unités  du 
cinquième  ordre  décimal  : 

DécUnaison. 


(0 


aD  =  —  o',  108  +  0)53474  (Along.)  +  o,347i6(Alat.)-+-  0,000021  (A  Ion  g.  )^ 
+  0,000843  (A  long.)  (  A  lat.)  —  0,000289  (A  lat.)^. 


Les  différences  (obs.  — cale.)  pour  les  9  stations  centrales,  exprimées  en 
minutes,  sont  respectivement  : 

— o',4,     -ho', 6,     — 1',5,     -+-o',7,     — o',4,     4-o',i,     — 1',2,     -l-o',i,     -l-i',i. 

Composante  liorizonlale. 

1  aH=— 5.8  — o.q3( 
(2) 


AH  =r —  5,8  —  0,98078  (A  long.)  —  6,46527  (A  lai.) -h  0,000878  (  Along.)- 
—  0,000 179  (A  Ion  g.)  (A  lai.) -h  0,002293  (A  lat.)-. 


Les  différences  (obs.  —  cale.)  pour  les  9  stations  centrales,  en  unités  du 
cinquième  ordre,  sont  respectivement  : 

—  6,     -+-i4,     —16,     H-6,     —I,     -1-6,     o,     —I,     —2, 
Inclinaison. 


(3) 


Al  HT -h  o', 6  +0, 10801  (A long.) -h  o,6o53i  (Alal.)—  o,oooo33  (Along.)^ 
-h  o,  00000 1(  A  long.)  (A  lai.)  —  0,000227  (A  la  t.)-. 


Les  différences  (obs.)  — (cale.)  pour  les  neuf  stations  centrales  sont  res- 
pectivement en  minutes  : 

-l-o',5,     — o',9,     -m', 3,     — o',6,     H-o',2,     — o',6,     -Ho',2,     — o',4,     -l-o',t. 

Les  formules  (i),  (2)  et  (3),  qui  représentent  si  bien  les  stations  cen- 
trales des  lies  Britanniques,  donnent  la  loi  de  distribution  régulière  de  la 
déclinaison,  de  la  composante  horizontale  et  de  l'inclinaison  dans  le  pays 
tout  entier  à  la  date  du  1°'' janvier  1891.  Elles  donnent  d'ailleurs,  ainsi  que 
nous  nous  en  sommes  assures,  pour  les  882  stations  du  réseau  de 
sir  W.  Rùcker  et  de  M.  Thorpe,  des  valeurs  calculées  de  D,  H,  I  sensible- 
meiifidentiques  à  celles  que  fournissent  les  formules  empiriques  de  ces 
auteurs.  Le  Tableau  suivant  résume  cette  comparaison. 


SÉANCE    DU    5    MARS    1906.  55g 

Moyennes  générales  des  valeurs  absolues  des  différences  {observation — calcul). 

Composante  liori- 
Déclinaison.  zonlale.  Inclinaison. 

District.  B.  et  M.         R.  et  T.  B.  et  M.        R.  et  T.  B.  et  M.        R.  et  T. 

I  (Ecosse) i8',3  i8',7  120  ii3  8',7  7',9 

II 6,6  6,4  47  49  3,3  3,6 

III 9,2  9,1  43  38  3,6  3,2 

IV 9,8  9,7  43  4i  3,6  3,4 

V 8,6  8,8  71  72  5,1  5,1 

VI 17,7  17.7  160  i58  i',,i  i4,o 

VII 5,1  5,1  29  27  2,2  3,2 

VIII 7,6  7,8  56  58  4,5  4,8 

IX 8,9  9,2  63  60  4,5  4,3 

L'identité  des  moyennes  des  difFérences  absolues  données  par  les  for- 
mules empiriques  assurément  compliquées  de  sir  W.  Rôckeret  deM.Thorpe 
et  par  les  formides  paraboliques  se  maintient  pour  tous  les  districts  et  pour 
tous  les  éléments  magnétiques.  Cela  nous  paraît  démontrer  l'exactitude 
des  vues  concernant  l'emploi  des  stations  centrales  et  dispenser  de  la  con- 
sidération des  courbes  de  district.  Enfin,  le  calcul  des  éléments  des  stations 
centrales  d'un  pays  à  l'aide  d'un  développement  parabolique  du  second 
degré  en  fonction  de  la  longitude  et  de  la  latitude  géographiques  paraît 
fournir,  de  la  façon  la  plus  simple  et  la  plus  claire,  la  loi  de  distribution 
régulière  de  chacun  des  éléments  magnétiques  de  ce  pays. 


CORRESPOIVDAIVCE . 

M.  Albert  Heim,  élu   Correspondant  pour  la  Section  de  Minéralogie, 
adresse  ses  remercîments  à  l'Académie. 


M.  le  i^IiMSTRE  DE  l'Instruction  publique  invite  l'Académie  à  présenter 
une  liste  de  deux  candidats  à  la  chaire  de  Botanique  (Classification  et 
Familles  naturelles),  devenue  vacante  au  Muséum  d'Histoire  naturelle,  par 
suite  de  l'admission  à  la  retraite  de  M.  Bureau. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Botanique.) 


56o 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


ASTRONOMIE  PHYSIQUE.   —  Observations  du  Soleil  faites  à  l' Observatoire  de 

Lyon  (équatorial  Brunner  de  o",  iG  d' ouverture)  pendant  le  quatrième  Iri- 

,  jnestre  de  igo5.   Note  de  M.  J.  Guillaume,  présentée  par  M.  Mascart. 

Il  V  a  en  33  jours  d'observation  dans  ce  trimestre,  et  voici  les  principaux 
faits  qui  en  résultent  : 

Taches.  —  Le  nombre  de  gioupes  de  lâches  est  moindre  qi:e  dans  !e  Irlmeslre  pré- 
cédent, in;iis  leur  surface  totale  est  bien  supérieure  :  on  a,  en  elTet,  :>?>  {grimpes  au  lieu 
de  58,  et  9780  millionièmes  au  lieu  de  742 '• 

Cette  forte  augmentalion  de  l'aire  laciiée  est  due  à  la  |)iésencc  de  gioupes  impor- 
tants, jiaimi  lcsi|Mrls  les  ([uatre  suivants  ont  été  visibles  à  l'œil  nu  : 

n 

Octobre 30,  3   à   -h  1  3  de  Litiludc 

»         '28,  1        -1-7  " 

Novembre i3,a       +7  " 

Décembre 18,6        -t-    S  » 

La  grande  taclie  d'octobie,  à  -)-i3"  de  latitude,  à  été  remarquable  par  ses  dimen- 
sions, la  complexité  de  ses  détails  et  les  transformations  rapides  qui  s'y  sont  produiles. 
Cette  tache  est  analogue  à  celle  du  mois  de  février,  et,  quoique  moins  considérable, 
elle  compte  parmi  les  plus  grandes  enregistrées. 

Régions  d'activité.  —  Le  nombre  des  groupes  de  facules  qu'on  a  pu  noter  est  de  71 
avec  une  surface  totale  de  g8,o  millièmes  (au  lieu  de  70  groupes  et  84,1  millièmes 
précédemment).  En  ce  qui  concerne  leur  répartition,  les  groupes  continuent  à  être 
moins  nombreux  dans  l'hémisphère  austral  que  dans  l'autre  {  3o  et  4 ';  respectivement, 
au  lieu  de  35  et  [\o  dans  le  troisième  trimestre). 

Tableau  L  —  Taches. 


haies     Nombre      Pass.      l.alltuiios  moyennes     Surfaces 

extrêmes  d'ohsor-  au  nier. ^-. —      .*""  moyennes 

U'observ.  valions,    central.         S.  .\.  réduites. 


Octobre 

■  —  0, 

5-7 

3 

■,9 

29-  9 

5 

3,9 

5-10 

5 

5,8 

—  17 

7-12 

5 

7,« 

5-10 

5 

7>9 

/ 

7 

I 

8,7 

—  17 

5-12 

7 

9>2 

12 

I 

..,8 

— 14 

12 

12,8 

— 15 

iH 

I 

14,1 

9-".) 

8 

.4,5 

Dates         Nombre      l'ass.      I.aiiiuilcs  uiuyenties    StirfdCfls 

cxironics      il'obser-    au  uicr. ■^ —  •^— -•— - — -.    uiuyennes 

il'oliïcrv.      Talions,    central.        S.  N.  rciluilcs. 


Octobre  (  suite.) 


-. 

9S0 

1  )-2J 

- 

■>o,3                    -i-i3       2i83 

21 

258 

2  5 

1 

25,1                     -1-17             5 

20 

28 

1 

25,4       -li                         7 

"4 

37 
3i 

■X 

23-28 

5 

28,1                     +  7       i343 

17J- 

—  i4",o  -f-n",9 

9 

58 
2 

Novembre.  —  o,oi). 

3 

3 

1 

2,6                     -i-  6           24 

- 

10 

3-  6 

2 

3,2       -  8                          96 

■12 

281 

28-  8 

4 

3,7                    ^-i3         255 

SÉANCE    DU    5    MARS    1906. 


56 1 


DatO'^  Nombre  Pas3.  Laiiludos  moyennes  Surfaces 
exirônies  dobscr-  au  mer.  - — — »—  -  — — ■ — -  moyennes 
(lobserv.    valions,  central.         S.  N.  réduites. 


Novembre  (suite.) 


10 

1 

4,î 

—  '4 

34 

3 

I 

8,5 

— 10 

\'> 

3-10 

4 

8,7 

H-  10 

5G 

6-10 

3 

to,3 

+  12 

3oi 

10 

1 

11,3 

— 22 

1 1 

10 

1 

..,4 

-l-IO 

16 

8-17 

3 

l3,2 

-!-  7 

731 

10-17 

•2 

i5,i 

— 21 

I  I 

'7 

1 

t5,2 

+  11 

9 

10-17 

■) 

iG,3 

+  i3 

1  1  ■) 

17 

1 

i("),8 

—  iC 

io:j 

.7-M 

3 

■2 1 , 1 

-t-i  5 

108 

20-24 

2 

22,7 

+  10 

7 

■23-3o 

3 

24,3 

+  c. 

•204 

23-3o 

3 

25/2 

+  8 

1  13 

•23-3o 

3 

2  5,-. 

—  1  5 

4'- 

23-3o 

3 

28,  1 

— 15 

45 

24-30 

2 

29i9 

— 15 

341 

•24-30 

•2 

3o,f. 

—  14 

3  ">ii 

8j- 


■io",9 


Dales  Nombre  Pass-  Latitudes  moyennes  Surfaces 
extrêmes  U'obscr-  au  raér.  -  -  ■  »^.  ^  —  ■■— — -  moyennes 
d'observ.     îalions.  central.         S.  N.  réduites. 


Déccml 

re.  —  0 

00. 

3o-  6 

2 

1,8 

— 14 

129 

f. 

I 

8,3 

-+-  9 

78 

(1-12 

3 

9,7 

-24 

5ti 

6-11 

■2 

10,1 

+  5 

24 

11-18 

3 

12,9 

—  8 

2G 

I  1-12 

2 

.4,. 

—  18 

i5 

12-19 

3 

18,5 

+  i3 

33 

12-19 

3 

18,6 

+  8 

33 1 

iS 

1 

18,9 

—  9 

3 

1 8-  1 9 

2 

'9,8 

+  9 

uG 

18-19 

2 

19,8 

— 15 

29 

'9 

i 

21,3 

+  12 

12 

■-*7 

I 

22 , 2 

+  iS 

4i3 

.8-19 

2 

22,5 

+  8 

12 

29-  2 

3 

29,  1 

+  i5 

5i 

27-30 

3 

3o,o 

— 13 

122 

8j. 


—  ii",i  +10", 8 


Octobre  .  .  . . 
Novembre  . . 
Décembre.. . 

Totaux  . . 


Fad 

LKAU    11. 

— 

Di 

■iLiil 

30". 

Sud. 

iO". 

20".          Il)" 

u" 

.     Su 

m  me. 



-,- 

— 

)) 

»         5 

I 

(i 

» 

2         G 

2 

10 

» 

1         4 

2 

7 

_ 

—            __ 





)) 

3       i5 

5 

23 

DisLiiblUioli  des  lâches  en   laliLude. 


Sun]  me.  0".       10".       -20".     30  ■. 


9 
|). 

9 


13       I  i. 


Surfaces 

Totaux 

Inlaii» 

nensucis. 

rrduilcs 

I  5 

5*220 

2 '2 

3o3o 

l6 

i48o 

g-jo 


Tableau  111.   —   Distribution  des  f  acides  en  latitude. 


Octobre  .  . 
Novembre  . 
Décembre. . 

Totaux  . . 


90",     iO".      30".    20".       10°.       0".     Suuimc. 


G 
6 

'9 


I  i 

9 

8 

3o 


iS 

10 

i3 
4< 


0".     10".       20".       30".     10".    90". 


2  8 

l3      21 


Surfaces 

Tulaux 

totales 

mensuels. 

r^duile*. 

3i. 

38,5 

19 

3o,4 

21 

29,1 

71 

98,0 

562  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


GÉOMÉTRIE  INFINITÉSIMALE.  —  Sur  la  déformation  des  quadriqnes. 
Note  de  M.  Luigi  îîianchi. 

I.  Dans  mes  dernières  recherches  sur  la  déformation  des  surfaces  géné- 
rales du  second  degré,  j'ai  reconnu  l'existence  d'un  élément  géométrique 
nouveau,  qui  doit  jouer,  il  me  semble,  un  rôle  fondamental  dans  toute  la 
théorie  des  transformations  de  cette  classe  de  surfaces  applicables.  Il  s'agit 
d'une  classe  particulière  de  congruences  rectilignes  W  ('),  dont  les  deux 
nappes  de  la  surface  focale  sont  applicables  sur  une  même  quadrique,  d'ail- 
leurs quelconque. 

La  première  proposition  fondamentale  de  la  nouvelle  théorie  est  donnée 
parle  théorème  suivant  : 

Théorème  A.  —  Toute  surface  (S)  applicable  sur  une  quadrique  ()  {quel- 
conque) appartient,  comme  première  nappe  de  la  surface  focale,  à  une  double 
infinité  de  congniences  W,  dont  la  deuxième  nappe  (S^)  est  applicable  sur  la 
même  quadrique  Q. 

C'est  dans  le  passage  de  (S)  à  (S,)  que  consiste  une  de  nos  cc^  transfor- 
mations (le  la  surface  (S)  applicable  sur  Q.  Pour  effectuer  la  transforma- 
lion,  on  aura  à  intégrer  une  équation  de  Riccati,  dont  les  coefficients  con- 
tiennent une  première  constante  arbitraire,  la  deuxième  constante  étant 
introduite  par  l'intégration.  La  présence  Je  ces  deux  constantes  arbitraires 
permet,  pour  un  point  P  de  (S),  d'assigner  comme  l'on  veut,  dans  le  plan 
tangent  à  (S)  en  P,  le  point  correspondant  P,  de  (S,),  ce  qui  fixe  la  trans- 
formation, lia  ])remière  constante,  qui  figure  dans  l'équation  de  Riccati, 
sera  désignée  par  c  et  la  transformation  même  sera  dite  une  transforma- 
tion Bg^. 

Il  résulte  déjà  des  propriétés  de  l'équation  de  Riccati  que  l'application 
successive  de  la  même  transformation  B^  aux  nouvelles  surfaces  (S,)  exi- 
gera seulement  des  quadratures  et  ainsi  de  suite  indéfiniment. 

IL  On  peut  aller  bien  plus  loin,  en  s'appuyant  sur  la  deuxième  propo- 
sition fondamentale  qui  résulte  du  théorème  suivant  : 

Théorème  B.  —  Si,  en  partant  d'une  surface.  (S)  applicable  sur  la  qua- 

(')  J'appelle  coiigfueitca  W  toute  con^^rueiice  recliligne  telle  que  sur  les  deux 
nappes  de  la  surface  focale  les  ligues  asymptoliques  se  correspondant. 


SÉANCE    DU    5    MARS    1906.  5G3 

drique  Q,  on  a  déduit  deux  pareilles  sur/aces  (S,),  (So),  à  l'aide  des  deux 
transformalions  B^^,  B^,,  dont  les  conslanles  c,,  g^  soient  différentes,  il  existe 
une  quatrième  surface  (S'),  parfaitement  déterminée,  qui  se  trouve  liée  aux 
mêmes  surfaces  (S,),(So)  respectivement  par  deux  transformations  B^^,  B'^_, 
avec  les  mêmes  constantes  échangées  ('  ). 

Celte  proposition,  à  laquelle  je  donne  le  nom  liè  théorème  depermutabi- 
lité,  démontre  qu'il  suffit  d'intégrer  la  première  équation  de  Riccati(pdur 
une  valeur  quelconque  de  la  constante  a),  après  quoi  l'application  indéfi- 
niment répétée  de  la  méthode  de  transformation  n'exigera  plus  que  des 
calculs  algébriques  sans  aucune  quadrature. 

m.  Je  voudrais  indiquer  ici  une  première  voie  qui  conduit  à  établir  le 
théorème  A.  On  sait  que  M.  Darboux,  dans  ses  belles  rfeéherches  insérées 
dans  le  Tome  CXXVIII  des  Comptes  rendus  (mars-avril  189g.)  et  reproduites 
dans  le  Tome  XVI  (3"  série)  des  Annales  de  l'École  Normale  supérieure,  a 
fait  tiépendre  la  déformation  des  quadriques  générales  d'une  classe  parti- 
culière des  surfaces  isolhermiques. 

En  poursuivant  ces  recherches  de  l'éminent  géomètre,  j'ai  démontré  (^  ) 
que,  parmi  les  00*  transformées  de  Darboux  d'une  telle  surface  isother- 
mique spéciale,  il  y  en  a  ce'  qui  sont  encore  isothermiipies  spéciales  de  la 
taême  classe,  c'est-à-dire  telles  que  la  quadrique  associée  Q  l'esté  la  même. 
Il  èh  i-ésultâit  une  méthode  de  transformation  polir  les  surfaces  applicables 
sur  les  surfaces  générales  du  second  degré.  Je  trouve  maintenant  qaune 
telle  transformation  de  Darboux  se  décompose  en  deux  successii'es  de  nos  nou- 
velles transformations  B^.  Ces  dernières  fonctionnent  donc  vraiment  en 
éléments  simples,   pour  la  théorie  des  transformations. 

IV.  Par  les  deux  théorèmes  A  et  B  notre  nouvelle  théorie  est  sûrement 
fondée.  Mais  bien  des  développements  sont  encore  nécessaires,  surtout  au 
point  de  vue  réel,  pour  séparer  les  divers  cas.  Pour  les  quadriques  de  révo- 
lution et  aussi  pour  les  paraboloïdes  généraux,  j'ai  déjà  poussé  jusqu'au 
bout  les  recherches  indiquées  dans  deux  travaux  récents  ('). 


(')  On  peut  dire  aussi  que  chaque  couple  de  surfaces  (S),  (Si),  applicables  sur  la 
quadrique  Q  et  liées  enlre  elles  par  une  B^^,  est  changé  par  une  B^^^  quelconque  en 
un  nouveau  couple  de  telles  surfaces  (Sj),  (S'),  qui  sont  ericore  liées  par  une  B^^. 

(-)  Voir  mon  Méuioire  Suite  superficie  isolernie  e  sulla  dej'orinazione  délie  qua- 
driche  {Annali  di  matematica,  3'  série,  t.  XI,  1905  ). 

(*)  Mentàrie  délia  Socielà  ïtaliàna  délie  Scienze  (dëltà  dei  XL),  3=  série, 
t,  XIV,  1905,  et  Annali  di  MaleinaUca,  3"=  série,  t.  XII,  1906. 


564  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

En  général  les  surfaces  réelles  applicables  sur  les  quaciriques  (réelles  ou 
imaginaires)  se  partagent  en  deux  catégories.  Pour  toute  surface  (S)  de  la 
première  catégorie  les  co*  congruences  W  du  théorème  A  sont  réelles  et  les 
transformations  simples  B^  conduisent  de  (S)  à  des  surfaces  dérivées  (S,) 
qui  sont  encore  réelles.  Dans  l'autre  catégorie  les  oo^  congruences  W  sont 
forcément  imaginaires;  mais  alors  il  suffit  de  composer,  d'une  manière 
convenable,  deux  pareilles  transformations  simples,  imaginaires  conju- 
guées, pour  avoir  une  transformation  résultante  réelle. 

Ce  sont,  comme  l'on  voit,  les  mêmes  circonstances  désormais  bien  fami- 
lières dans  la  théorie  des  transformations  des  surfaces  [\  courbure  constante 
négative  ou  positive  (c'est-à-dire  des  surfaces  applicables  sur  la  sphère 
imaginaire  ou  réelle),  qui  se  présentent  encore  ici  pour  les  déformées  des 
quadriques  générales. 

Je  crois  en  pouvoir  conclure  que  les  congruences  W  introduites  donnent 
pour  la  théorie  de  la  déformation  de  toutes  les  quadriques  une  source  géo- 
métrique féconde,  qui  est  en  même  temps  la  plus  simple  et  la  plus  natu- 
relle. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  singularités  des  solutions  des  équations 
aux  dérivées  partielles  du  type  elliptique.  Note  de  M.  Serge  Bernstein, 
présentée  par  M.  Emile  Picard. 


,   .  ô'-z         d^z         j.f  dz     d 

(0  w7T  +  ïï7î=/l^'J'- 


Considérons  l'équation 

(Pz_  _ 

dx'    '    df'  ~  -'  V"'  ^  '  "'  dx'  dy 

oh/(x,  y,  z,  -T-^;  -T^j  est  une  fonction  analytique  «les  5  variables  x,  y,  z, 

—1,  —1  régulière  pour  tout  ensemble  de  valeurs  réelles  et  finies  de  ces 

àx    oy       ^  ^ 

variables.  Lorsqu'on  se  donne  une  solution  z  de  l'équation  (i)  il  est  naturel 
de  rechercher  les  relations  qui  existent  entre  ses  singularités  dans  tout  le 
plan  et  ses  propriétés  à  l'intérieur  d'un  cercle  C  qui  peut  être  aussi  petit 
qu'on  veut.  J'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  TAcatlèmie,  le  29  mai  igoS,  un 
résultat  fondamental  (')  que  j'ai  obtenu  dans  celte  voie.  Je  me  propose 

(')  Voir  également  mon  article  Sur  la  généralisation  du  problème  de  Diriclilet 
{Matheni.  Ann.,  1906). 


SÉANCE    DU    5    MARS    1906.  565 

aujourd'hui  de  compléter  ce  résultat  par  de  nouvelles  propositions  que  j'ai 
établies  récemment. 

Théorème  A.  —  Si  une  solution  z  de  l'équation  (i)  est  régulière  pour  toute 
valeur  réelle  finie  de  x  et  y,  elle  se  réduit  sur  une  circonférence  quelconque  C  à 
une  /onction  entière  de  l'arc  0. 

Théobème  B.  —  Si,  sur  la  circonférence  C,  z  se  réduit  à  une  fonction  ana- 
lytique de  l'arc  'û(6),  telle  qu'aux  points  singuliers  les  plus  rapprochés  de  l'axe 
réel  I  9(0)  I  4-  ç'Ci)  |  croît  indèfininient ,  la  singularité  de  s  la  plus  approchée 

du  cercle  C  sera  telle  que  |  s  |  -+-   ^    +    ^   croît  indéfiniment. 


Si,  au  lieu  de  tions  placer  dans  le  cas  général,  nous  supposons  /  linéaire 
par  rapport  à  z,  -^,  -^,  de  sorte  que  l'équation  (i)  devient 

(^)  £'  +  |i  =  M^J)=  +B(^y)^  +  C(a.y)|  +D(a.j). 

nous  aurons  de  plus  les  propositions  suivantes  : 

Théorème  C.  —  Le  point  singulier  de  z  le  plus  rapproché  du  cercle  C  5e  con- 
fond avec  le  point  singulier  de  la  fonction  harmonique  qui  prend  les  mêmes 
valeurs  sur  C  (et  par  conséquent  peut  être  facilement  déterminé  i\  priori). 

Dans  le  cas  des  équations  linéaires,  la  réciproque  du  théorème  A  est  éga- 
lement exacte,  de  sorte  qu'on  a  : 

Théorème  D.  —  Si,  sur  un  cercle  C,  la  solution  z  (régulière  à  son  intérieur) 
se  réduit  à  une  fonction  entière  de  l'axe  0,  elle  n'a  pas  de  singularités  réelles  à 
distance  finie. 

Si  nous  supposons,  en  outre,  que  A,  B,  C,  D  sont  des  fonctions  entières 
de  X  et  de  y,  nous  pouvons  indiquer  encore  deux  propositions  intéressantes: 

Théorème  E.  —  Si,  sur  la  circonférence  C,  le  rayon  de  convergence  de  z 
considérée  comme  fonction  de  9  n'est  jamais  inférieur  «  R,  les  rayons  de  con- 
vergence des  dérivées  partielles  de  z  d'ordre  quelconque  considérées  comme 
fonctions  de  6  sont  également  supérieurs  ou  égaux  à  R. 

Le  théorème  D  peut  donc  être  complété  de  la  façon  suivante  : 

Corollaire.  —  Si,  sur  un  cercle  C,  z  se  réduit  à  une  fonction  entière  de  0, 
elle  se  réduit  sur  un  cercle  quelconque  ainsi  que  ses  dérivées  de  tous  les  ordres  à 
une  fonction  entière  de  l'aie. 


c.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N"  10.  75 


566  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


OPTIQUE.  —  Sur  la  mesure  des  pertes  de  phase  par  réflexion. 
Note  de  M.  A.  Perot,  présentée  par  M.  H.  Becquerel. 

La  connaissance  de  la  variation  avec  la  longueur  d'onde  de  la  perte  de  phase  pro- 
duite par  la  réflexion  de  la  lumière  sur  des  surfaces  de  verre  argenté,  est  indispensable 
pour  la  mesure  des  longueurs  d'onde  jjar  les  procédés  basés  sur  l'emploi  des  phéno- 
mènes interférentiels  dus  aux.  lames  argentées.  La  léuiiion  internationale  qui  s'est 
tenue  à  Oxford,  en  septembre  igoS,  ayant  décidé  la  détermination  de  la  longueur 
d'onde  d'un  certain  nombre  de  raies  du  spectre  par  ces  niétiiodes,  il  me  paraît  inté- 
ressant d'indiquer  un  procédé  de  la  mesure  de  la  dispersion  de  ces  pertes  de  phase. 

Dans  l'expression 

2  Fi  =  yj  X , 

où  p  (ordre  d'interférence  au  centre  des  anneaux)  est  un  nombre,  en  général,  fraction- 
naire, E  est,  ainsi  que  nous  l'avons  fait  remarquer,  M.  Fabry  et  moi-même  ('),  la  dis- 
tance qui  sépare  les  plans  idéaux  sur  lesquels  se  produit  la  réflexion,  et,  la  position  de 
ces  plans  dépendant  de  la  longueur  d'onde,  tout  se  passe  comme  si  l'épaisseur  était 
légèrement  variable  avec  celle-ci.  En  particulier  pour  les  argentures  employées  par 
nous  en  1901  à  Marseille,  cette  épaisseur  variait  d'environ  ^V-V-^  la  longueur  d'onde 
passant  de  6438"^  à  /i358'^;  quoique  faible,  cette  variation  influe  quelque  peu  sur  le 
diamètre  des  anneaux  observés  et,  par  suite,  sur  la  valeur  trouvée  pour  X  si  l'on  ne 
fait  pas  de  correction. 

Avant  en  vue  d'elfectuer  les  mesures  de  longueur  d'onde  dans  toute 
l'étendue  du  spectre,  j'ai  été  amené  à  chercher  une  méthode  permettant 
de  déterminer  cette  dispersion  pour  toutes  les  radiations. 

Imaginons  que,  la  lumière  à  étudier  étant  fournie  par  un  arc  électrique 
jaillissant  entre  des  baguettes  de  fer,  on  intercale  sur  son  trajet  une  lame 
mince  |)rismatique  argentée  et  que  l'on  projette  l'image  de  cette  lame 
sur  la  fente  d'un  puissant  spectroscope.  Les  rayons  passant  par  chaque 
point  de  la  fente  ont  ainsi  traversé  une  lame  d'épaisseur  déterminée;  pour 
une  radiation  déterminée,  on  aura  de  la  luinière  aux  points  pour  lesquels 
la  ddfcrence  de  marche  est  un  nombre  entier  de  longueurs  d'onde.  L'en- 
semble de  ces  points  dans  les  différentes  raies,  images  monochromaliques 
de  la  fente,  constitue  des  franges  brillantes  fines  inclinées  en  général,  qui 
correspondent  à  des  numéros  d'ordre  variant  d'une  unité  en  passant  de 

(')  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  t.  \XV,  janvier  1902. 


SÉA^'CE    DU    ,5    MARS    1906.  667 

l'une  à  la  voisine.  On  réalisera  ainsi  une  sorte  de  spectre  cannelé  à  canne- 
lures obliques. 

Si,  d'autre  part,  on  trace  dans  le  spectre  une  ligne  normale  ;iux  raies, 
elle  définira  le  lieu  des  images  d'un  point  de  la  fente  et  correspondra  à  une 
même  épaisseur  géométrique  de  la  lame  mince. 


tk 


lU^o^^'}'^'^ 


Soient  >.„  et  \  les  longueurs  d'onde  correspondant  aux   points  d'inter- 
section de  cette  droite  avec  deux  des  courbes  précédentes  voisines. 
S'il  n'y  avait  pas  de  dispersion,  on  aurait  rigoureusement 


d'où 


2e  =  Z->o  =  {k  +  \)\, 


x„-x' 


la  valeur  trouvée  ainsi  pour  /■  n'est  jamais  entière. 


568  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Si  l'on  lient  compte  de  la  dispersion,  on  écrira 

2e  +  2ê   =  (k  -+-  i)\, 

où  e  est  l'épaisseur  géométrique,  e  la  différence  entre  cette  épaisseur  et  la 
distance  des  plans  de  réflexion,  et  k  un  entier,  d'où 

2(e  —  e„)  =  >.  —  k(lg  —  l)', 

2(5  —  £0)  sera  donc  le  reste  de  la  division  de  1  par  (!„  —  ^)- 

On  peut  remarquer  d'ailleurs  que,  si  la  lame  est  prismatique  et  le  spectre 
produit  par  un  réseau,  les  lignes  précédentes  seraient  courbes,  leur  cour- 
bure étant  due  à  la  dispersion  cherchée. 

Le  cliché  qui  accompagne  cette  Note  a  été  obtenu  avec  l'aide  de 
M.  Jean  Becquerel,  en  employant  un  speclroscope  à  deux  prismes  avec 
réflexion,  la  distance  focale  de  la  lentille  étant  i™,5o.  Le  cliché  du  milieu 
représente  le  spectre  du  fer  de  5 100'^  à  3700*.  Au-dessous  sont  photogra- 
phiés les  anneaux  produits  dans  les  images  de  la  fente  élargie,  par  l'inter- 
position d'une  lame  parallèle  de  7"""  d'épaisseur,  suivant  le  dispositif 
indiqué  récemment  par  M.  Fabry;  enfin  au-dessus  est  la  photographie 
obtenue  par  l'interposition  d'une  lame  de  4"^  environ  d'épaisseur. 

D'après  cette  photographie,  la  valeur  de  la  dispersion  des  plans  de  ré- 
flexion en  passant  de  la  longueur  d'onde  562.5*  à  5253*  est  2'^'^, 8  environ, 
pour  les  argentures  employées. 


PHYSIQUE.  —  Sur  les  phénomènes  de  phosphorescence.  Note  de  M.  A.  Debierne, 

présentée  par  M.  P.  Curie. 

Les  phénomènes  de  phosphorescence  sont  généralement  observés  dans 
les  circonstances  suivantes  :  des  corps  particuliers,  soumis  à  l'action  de 
certaines  radiations  (lumière  ordinaire  et  ultra-violetle,  rayons  X,  rayons 
cathodiques,  rayons  émis  par  les  corps  radioactifs,  etc.)  deviennent  lumi- 
neux et  la  lumière  qu'ils  émettent  est  en  général  tout  à  fait  différente, 
comme  nature,  de  la  radiation  excitatrice.  Elle  ne  peut  pas  être  considérée 
comme  une  réflexion  ou  une  diffusion  de  cette  radiation  et  en  général  elle 
persiste  un  certain  temps  après  qu'on  a  cessé  de  faire  agir  la  radiation  exci" 


SÉANCE    DU    5    MARS    1906.  56g 

latrice.  Lorsque  le  corps  phosphorescent  a  été  exposé  pendant  très  long- 
temps à  certaines  radiations,  par  exemple  aux  rayons  du  radium,  on 
observe  souvent  une  modification  visible  du  corps  phosphorescent,  qui 
prend  une  coloration  particulière.  Les  verres  et  les  chlorures  alcalins  se 
colorent  en  brun,  en  violet  ou  en  vert,  les  fluorines  naturelles  en  violet  et 
en  vert,  le  quartz  incolore  devient  identique  au  quartz  enfumé,  etc.  Les 
corps  colorés  ainsi  obtenus  présentent  alors  un  nouveau  phénomène  connu 
sous  le  nom  de  thennoluminescence  (').  Lorsqu'on  chauffe  le  corps  coloré 
à  une  température  suffisamment  élevée,  il  émet  de  la  lumière  et  en  même 
temps  il  se  décolore  et  semble  re[)rendre  son  état  primitif.  On  rencontre 
dans  la  nature  des  minéraux  (surtout  les  fluorines)  qui  présentent  direc- 
tement ce  phénomène  de  luminescence  avec  décoloration  et,  l'on  peut 
généralement  les  colorer  à  nouveau  et  les  rendre  capables  de  donner  la 
thermoluminescence  en  les  exposant  au  rayonnement  du  radium  (-). 

Les  observations  faites  sur  les  corps  lliermoinminescents  m'ont  suggéré 
une  interprétation  très  simple  des  phénomènes  de  |)hosphorescence  (*). 
Dans  le  cas  où  il  v  a  coloration  du  corps  phosphorescent  on  peut  dire  que 
la  radiation  excitatrice  a  eu  pour  effet  de  transformer  la  matière  primitive 
en  matière  colorée  et  que  cette  transformation  est  accompagnée  d'une 
émission  de  lumière  comme  dans  l'oxvdation  lente  du  phosphore.  La 
matière  colorée  est  peu  stable  et  se  détruit  sous  l'influence  de  la  chaleur. 
Cette  destruction  de  la  matière  colorée  peut  produire  aussi  une  émission 
lumineuse,  c'est  la  tbermobiminescence.  Si,  pour  faciliter  le  langage,  je 
désigne  la  substance  phosphorescente  primitive  sous  le  nom  de  substance  P 
et  celle  colorée  produite  par  la  radiation  excitatrice  sous  le  nom  de  sub- 
stance R,  l'image  du  phénomène  sera  la  suivante.  La  radiation  excitatrice 


(')  H.  Becquerbl,  Comptes  rendus,  4  déc.  1899. 

(-)  Il  est  naturel  de  penser  que  la  coloration  primitive  du  minéial  a  été  produite  par 
un  rayonnement  analogue.  Peut-être  pourrait-on  utiliser  cette  remarque,  qui  a  déjà 
été  faite  à  plusieurs  reprises,  dans  la  recherche  des  minéraux  radioactifs. 

(')  Jai  déjà  exposé  le  principe  de  cette  interprétation  dans  un  article  intitulé  :  Le 
radium  et  la  radioactivité,  paru  en  janvier  1904  dans  la  Bévue  f^énérale  des  Sciences. 
La  plupart  des  hypothèses  utilisées  dans  cette  interprétation  ont  été  émises  antérieu- 
rement à  propos  de  difl'érents  cas  de  phosphorescence;  par  exenaple  l'idée  d'une  modi- 
fication particulière  de  certaines  substances  phosphorescentes  a  été  émise  autrefois 
par  Edmond  Becquerel  dans  son  livre  :  A«  Lumière.  Je  crois  cependant  que  le 
modèle  précis  que  je  donne  dans  cette  Note  pourra  servir  utilement  dans  les  recherches, 
car  il  peut  être  adapté  très  facilement  à  tous  les  cas  de  phosphorescence. 


Syo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

transforme  la  substance  P  en  substance  R  et  la  chaleur  détruit  la  sub- 
stance R  soit  en  donnant  de  nouveau  la  substance  P,  soit  en  donnant  une 
troisième  substance  R'  plus  stable.  La  lumière  de  phosphorescence  est 
alors  considérée,  non  pas  comme  une  transformation  d'ordre  physique  de 
la  radiation  excitatrice,  mais  comme  une  forme  de  l'énergie  dégagée  dans 
des  transformations  des  substances  P  et  R. 

Celle  inlerprétalion  rend  parfailement  compte  des  fails  dans  le  cas  où  Ton  voil  une 
modification  colorée  et  lorsqu'on  constate  le  phénomène  de  ihermoluminescence. 
Elle  peut  être  généralisée  facilement  et  appliquée  à  tous  les  cas  de  phosphorescence. 
On  peut,  en  eflet,  admettre  que,  lorsque  le  corps  ne  se  colore  pas  sous  l'influence  de 
la  radiation,  c'est  que  la  substance  R  n'est  pas  colorée  et,  lorsqu'il  n'y  a  pas  de  ther- 
moluminescence, c'est,  en  général,  parce  que  la  substance  R  est  très  instable  à  la  tem- 
pérature ordinaire  et  se  détruit  s|iontanément  après  sa  formation.  La  persistance  de  la 
phosphorescence  peut  alors  être  considérée  comme  une  thermoluminescence  se  pro- 
duisant à  la  lempéralMi'c  ordinaire.  L'inslnbilité  delà  substance  II  à  cette  température 
permet  alors  d'expliquer  facilement  le  phénomène  de  la  ))ersislaiice. 

Et)  résumé,  je  pense  que  les  phénomènes  de  phosphorescence  carac- 
térisent des  transformations  particidières  de  la  matière,  comme  les  j)hénn- 
mènes  de  radioactivité  caractérisent  des  transformations  d'éléments  chi- 
miques et  que,  lorsqu'une  radiation  excite  la  phosphorescence  d'un  corps, 
celui-ci  se  transforme  en  substance  particulière  (substance  R).  Ces  der- 
nières substances  sont  peu  stables  et  |)euvent  se  détruire  soit  spontanément, 
soit  sous  l'influence  de  la  chaleur  ('). 

Dans  cette  théorie,  les  causes  qui  [)euvent  influer  sur  l'aspect  dos  |)héno- 
mènes  de  phosphorescence  sont  assez  nombreuses.  En  effet  :  i°  les  Irans- 
formalions  des  substances  P  et  R  peuvent  se  produire  avec  une  émission 
lumineuse  plus  ou  moins  intense  et  même  certaines  transformations  pour- 
ront se  produire  sans  émission  de  lumière,  par  exemple  celle  de  la  substance 
P  en  substance  R;  2°  les  substances  R  peuvent  être  plus  ou  moins  stables  à  la 
température  de  l'expérience,  leur  accumulation  peut  être  très  différente 
suivant  la  température  et  leur  destruction  peut  s'effectuer  avec  des  vitesses 
très  différentes;  3"  la  première  transformation  étant  celle  de  la  substance  P 
en  substance  R,  la  seconde  peut  être  celle  delà  substance  R  en  substance  P, 
ou  bien  en  une  substance  nouvelle  qui  pourra  se  détruire  dans  des  condi- 
tions différentes;  4°  on  sait  que  les  corps  phosphorescents  sont  générale- 

(')  Certaines  substances  colorées,  produites  par  le  rayonnement  du  radium,  sont 
également  détruites  par  la  lumière  ordinaire. 


SÉANCE    DU    5    MARS    1906.  5"]  l 

ment  des  mélanges  clans  lesquels  les  impuretés  jouent  un  rôle  important 
et  ces  impuretés  semblent  constituer  dans  un  grand  nombre  de  cas  la  ma- 
tière sensible  à  la  radiation  excitatrice,  la  matière  principale  jouant  le  rôle 
de  diluant;  lorsqu'un  mélange  contiendra  plusieurs  impuretés  sensibles, 
il  pourra  se  former  plusieurs  espèces  de  substances  R  ayant  des  propriétés 
très  variées;  5"  enfin,  la  nature  de  la  radiation  excitatrice  pourra  influer 
sur  la  natJre  des  transformations  et  une  même  substance  pourra  ainsi 
donner  des  substances  R  différentes  suivant  la  radiation  excitatrice.  Je 
crois  que  ces  différentes  influences  permettront  de  comprendre  et  d'expli- 
quer la  très  grande  variété  d'aspects  des  phénomènes  de  phosphorescence. 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  ConlrihutioTi  à  P élude  de  l'anhydride  sélénieux. 
Note  de  M.  (^chsner  de  Cosinck. 

J'ai  d'abord  déterminé  les  densités  de  différentes  solutions  aqueuses  de 
SeO".  Voici  les  résultats  que  j'ai  obtenus  : 

Quantités 
pour    100 

deSeO^  Densités 

Températures.  dissoutes.         trouvées. 

o 

-^-•5," I  0,9923 

-)-i5,3 2  1,0068 

-t-i3     3  1,0200 

+  i3     4  1,  o3o2 

-1- 1 4 , 5 5  I ,  o346 

H-i4i8 6  i,o4o2 

+  i4,i 7  i,o535 

+  i5     8  1,0571 

-l->5'6 : 9  1,0719 

+  13,2 10  1,0743 

Sohtbililé  dans  l'eau  et  duns  différents  véhicules  organiques.  —  A  +11°, 
I  partie  de  SeO"  se  dissout  dans  2,6  parties  d'eau  distillée. 

A  +i5°,6,  I  partie  de  SeO"  se  dissout  dans  2,54  parties  d'eau  distillée. 

A  +11",  3,  I  partie  de  ScO"  se  dissout  dans  2,67  parties  d'eau  distillée. 

Peu  il  peu,  en  lumière  diffuse,  et  plus  rapidement,  à  lu  lumière  solaire, 
les  solutions  aqueuses  tie  SeO"  laissent  déposer  un  sélénium  rouge  brun 
amorphe,  insoluble  à  la  température  ordinaire  dans  le  sulfure  de  carbone 
pur. 


572  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

A4-i4",  I  partie  de  SeO"  se  dissout  dans  9,84  parties  d'alcool  mar- 
quant g^". 

A  +1 1",8,  I  partie  de  SeO-  se  dissout  dans  i5  parties  d'alcool  méthy- 
lique  (bouillant  à  65°-66*'  et  purifié  par  distillation  fractionnée). 

SeO"  est  beaucoup  moins  soluble  dans  l'alcool  méthylique  du  commerce. 

A  -f-i5°,3,  I  partie  de  SeO-  se  dissout  dans  28  parties  d'acétone  brute. 

A  +12°, 9,  I  partie  de  SeO"  se  dissout  dans  90  parties  d'acide  acétique 
cristallisable  (fraîchement  préparé). 

Réaction  de  SeO'^  avec  AzO'H.  —  SeO-  est  placé  dans  un  malras  en  présence  d'un 
léger  excès  d'acide  azotique  blanc;  on  cliauflfe  lentement,  SeO'-'  se  dissout,  puis  il  se 
dégage  d'abondantes  vapeurs  nitreuses  : 

SeO^+  2  (  AzO^H)  =  SeO' H-  h-  Az^O*. 

L'acide  sélénique  a  été  caractérisé  par  son  sel  de  plomb,  SeO'Pb. 

Réaction  de  SeO°  avec  SO*H-  ordinaire.  —  J'ai  chaulTé  peu  à  peu,  jusqu'à  l'ébuUi- 
tion,  un  mélange  de  SeO^=  i  partie;  SO*H-=ri  partiel-  Il  se  forme  surtout  du  suif- 
oxyde  de  sélénium  SeSO^,  auquel  j'ai  reconnu  les  caractères  indiqués  par  Weber, 
puis  par  Divers  et  Shimosé.  J'ai  observé  en  outre  le  dégagement  d'une  petite  quantité 
d'hydrogène  sélénié.  Enfin,  il  y  a  séparation  de  sélénium  rouge  brun  amorphe,  inso- 
luble, à  la  température  ordinaire,  dans  le  sulfure  de  carbone  pur. 

Réaction  de  SeO^  avec  PGl'.  — •  On  mélange  i  molécule  SeO-  avec  2  molécules  PCI", 
on  chauffe  progressivement;  il  se  sépare  de  l'oxychlorure  de  phosphore  et  il  se  pro- 
duit du  tétrachlorure  de  sélénium  : 

SeO^-f- 2PC1==  SeCl*-i- 2(P0C1'), 

POGl''  a  été  caractérisé  par  son  point  d'ébullition  et  sa  transformation  en  acide  phos- 
phorique.  J'ai  vérifié  la  sublimation  du  chlorure  de  sélénium  et  sa  transformation  en 
acide  sélénieux  par  l'action  de  l'eau  (Berzélius), 

Réaction  c?e  SeO- acec  PCl^.  — J'ai  mélangé  i  molécule  Se0^avec2  molécules  PCP. 
Vers  120°,  POCP  distille  et  il  y  a  séparation  d'un  sélénium  brun  foncé,  amorphe, 
insoluble,  à  la  température  ordinaire,  dans  le  sulfure  de  carbone  pur  : 

SeO^-h2PCP=:SeH-2(POGP)  ('). 

Réaction  de  SeO-  avec  l'hydrazine.  —  On  mélange  du  chlorhydrate  d'hydrazine 
avec  un  excès  de  SeO^;  à  une  faible  chaleur,  il  se  dégage  de  l'a/.olë  et  il  y  a  mise  en 
■liberté  de  sélénium  rouge  brun  amorphe,  entraîné  parles  gaz  dégagés,  tandis  que  dans 
le  inatras  il  reste  du  sélénium  noir  amorphe,  insoluble  dans  le  sulfure  de  carbone  pur  : 

Se O'  -t-  Az- H*  =  2  HMJ  -H  2  Az  +  Se. 


(*)   La  production  de  POCP  a  été  obser\ée  pour  la  première  fois  par  Michaelis. 


SÉANCE    DU    5    MARS    1906.  SyS 

Réaction  de  SeO-  avec  V hydroxylamine  (').  —  A  une  température  peu  élevée, 
dégagement  d'azote  qui  entraîne  du  sélénium  rouge  brun  amorphe;  dans  le  matras,  il 
s'est  formé  du  sélénium  noir  amorphe,  insoluble  dans  CS'  : 

Se02-+-4(AzH2.0H)=^4Az-h6H2  0  +  Se. 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  les  iodnmercurates  de  calcium  et  de  strontium. 
Note  de  M.  A.  Duboin,  présentée.par  M.  L.  Trooit. 

J'ai  réussi  à  obtenir  l'iodomercurate  de  calcium  CaI-,HgF,8H^0  en 
aiguilles  transparentes,  qui  atteignent  S'^"  de  long,  par  évaporation  lente,  à 
l'air   libre,   d'une  liqueur   ayant  la   composition   suivante   (température, 

9°,  5): 

Calcium 3,97  p.  100  3,97  p.  100 

Mercure 21,84  21,67 

Iode 02,80  52,80 

Eau 21,39  2 1 , 66 

Ces  cristaux,  analysés,  ont  donné  des  nombres  qui  concordent  avec  les  nombres  cal- 
culés; cette  coïncidence  ne  se  retrouve  pas  dans  les  corps  suivants;  il  est  vrai  que  la 
transparence  des  cristaux  actuels  est  incomparablement  plus  grande  : 

Calcium 4  j47  P-  ïoo  " 

Mercure '  .  .  .      22  ,35  22,36  p.  100 

Iode 56,96  56,98 

Leur  densité  à  o"  est  3,25. 

Pour  obtenir  le  produit  correspondant  de  strontium  StI-,  HgP,8H^0,  j'ai  préparé 
une  liqueur  saturée  d'iodomercurate  de  strontium  suivant  le  mode  opératoire  que  j'ai 
souvent  décrit.  La  liqueur  saturée  à  16°,  5  a  la  composition  suivante  : 

Strontium 7 ,  12  p.  100  » 

Mercure 20, 4o  20, 48  p.  100 

Iode 45,63  45,62 

Eau 26,85  » 

qui  peut  se  représenter  par  la  formule 

StP,  i,24HgI-,  i8,09H=0. 

Sa  densité  à  16", 5  est  2,5. 

Abandonnée  à  un  léger  refroidissement,  elle  laisse  déposer  de  l'iodure  de  mercure 

(')  J'ai  employé  le  chlorhydrate  d'hydroxylamine. 

C.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N°  10.)  76 


II. 

III. 

Calculé. 

3,19 

3,38 

3,1 57 

36,2  1 

36 , 1 5 

35,293 

55,07 

54,93 

55,3ii 

» 

» 

5,226 

.')74  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

et  de  petits  cristaux  de  formule  SrP,  5HgP,  8H'0,  semblables  au  sel  correspondant 
de  calcium. 

Refroidie  fortement,  elle  abandonne  une  très  faible  quantité  de  lamelles  chatoyantes 
dont  la  composition  (analyse  III)  est  la  même  : 

Trouvé. 

I. 

Strontium 3, 1 1 

Mercure 35,85 

Iode 55,  OT 

Eau » 

Leur  densité  à  o"  est  4,66  (celle  du  sel  de  calcium  correspondant  était  4,69). 
On  peut  obtenir  ces  cristaux  en  quantité  plus  grande  en  saturant  la  liqueur  précé- 
dente d'iodure  de  mercure  à  70°  et  laissant  refroidir. 

J'ai  pu  obtenir  un  deuxième  iodomercurate  de  strontium  cri.slallisé  en 
évaporant  lentement  une  liqueur  ayant  la  composition  suivante  : 

Strontium 7,80  p.  100  » 

Mercure ti  ,  22  21 ,22  p.  100 

Iode. 5o,44  » 

Eau '0,49  » 

Les  premiers  cristaux  qui  se  déposent  sont  peu  allongés,  assez  transparents;  la  densité 
à  0°  est  3,36;  on  obtient  ensuite  un  deuxième  dépôt  sous  forme  de  très  longs  prismes 
semblables  au  sel  de  calcium  correspondant;  les  cristaux  qui  se  déposent  ultérieure- 
ment présentent  un  pointement  très  aigu,  leur  composition  est  la  même;  la  densité 
diminue  (3,29  pour  les  deuxièmes  et  3,22  pour  les  troisièmes). 

Trouvé. 


Stronlluin ...  9,19 

Mercure 21 ,4i 

Iode 53,92 

Eau » 

Les  propriétés  de  ces  produits  sont  les  mêmes  que  celles  des  sels  correspondants  de 
calcium. 


■pol. 

2° 

dépôt. 

3» 

8,97 
21,47 

53,22 

» 

dépôt. 

9,08 

21,47 

53,55 

» 

Calculé. 
9,323 

2  1,285 

54 , o65 
i5,325 

9'22 

21  ,23 

53,76 

» 

» 

21,44 
53,53 

» 
21,48 
53,34 

» 

SÉANCE    DU    5    MARS    1906.  575 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Nature  de  la  décomposition  d'une  solution  aqueuse  de 
sulfate  de  cuivre  par  quelques  alliages  de  l'aluminium.  Note  de  M.  H. 
Pécheux,  présentée  par  M.  Ditte. 

Dans  une  Note  précédente  (Comptes  rendus ,  5  juin  1903)  j'ai  iniliqué  l.i 
décomposition  simultanée  de  l'eau  et  d'un  sel  (en  solution)  par  quelques 
alliages  de  l'aluminium  (étain-aluminium;  bismuth-aluminium;  magnésium- 
aluminium).  Il  m'a  paru  intéressant  de  reprendre  les  expériences  déjà 
faites  à  un  point  de  vue  purement  qualitatif  et  d'examiner  le  rôle  de 
chacun  des  métaux  composants  des  alliages,  dans  une  telle  décomposition, 
qui  réussit  bien  avec  les  alliages  limés. 

Un  alliage  d'aluminium  non  limé  donne  lieu  à  une  décomposition  faible, 
laquelle  s'arrête  bientôt.  M.  Ditte  (Comptes  rendus,  t.  CX,  CXXVII, 
CXXVIII)  a  montré  que  la  décomposition  d'une  solution  de  sulfate  de 
cuivre  par  l'aluminium  s'arrêtait  à  cause  du  poli  du  métal;  qu'elle  repre- 
nait par  l'introduction,  dans  la  solution,  de  quelques  gouttes  de  chlorure 
de  platine  par  exemple,  le  platine  réduit  et  insoluble  dans  l'acide  sulfu- 
rique  formant  sur  l'aluminium  un  dépôt,  rugueux  facilitant  le  dégagement 
de  l'hydrogène. 

Un  morceau  de  chacun  des  alliages  que  j'ai  obtenus  avec  l'aluminium  et 
le  bismuth  ou  le  magnésium,  limé  sur  toute  sa  surface,  donne  une  décom- 
position qui  ne  s'arrête  plus,  même  sans  l'introduction  de  chlorure  de  pla- 
tine, avec  une  solution  aqueuse  de  sulfate  de  cuivre  pur. 

1°  Avec  uu  morceau  d'alliage  bismialh-aluminium  (à  94  pour  100  d'Al)  pesant  os, 3 

I  renfermant  par  conséquent  :  o,3  x  -2—  =  ce,  282  d'aluminium  et  os, 01 8  de  bismuth  | , 

j'ai  obtenu,  après  disparition  complète  de  l'alliage,  48'^™', 6  d'hydrogène  et,  au  fond  du 
verre  à  réaclion,  un  dépôt  de  cuivre  rouge,  pesant  os,85.  La  liqueur,  après  décolo- 
ration complète,  renferme  du  sulfate  d'aluminium  et  du  sulfate  de  bismuth  ;  le  bismuth 
décomposant  le  sulfate  de  cuivre,  après  qu'il  s'est  séparé  de  l'aluminium,  ce  dernier 
réduisant  l'eau  de  la  solution. 

Les  réactions  probables  qui  doivent  avoir  lieu  étant  ainsi  posées  : 

(1)  2AI-+-6H2O  — A1»0%3H^0  +  HS 


(2)  H^-H  SO*Cu  =;  SO'H--)- Gu,  {Yacide  sulfurique  rendu  libre  dii- 

solvanl  Valumine  libre) 

(3)  3(S0*Cu)  +  2Bi  =  (SO')'Bi=-i-  3Gu; 

il6  190,5 


SyG  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

j'ai  calculé  les  poids  d'hydrogène  qu'elles  fourniraient,  ainsi  que  les  poids  de  cuivre 

55 


L'équation  (i)  donne  aisément,  pour  l'hydrogène  :  vf  x  08,282  =  g?, o3o8.    Or   les 


48'^"'',  6  recueillis  pèsent  :  — '■ — =-  =:ob,oo4325.  il  y  aurait  donc  : 

os,o3o8  —  os,  oo4  325  =:  08,0265 
qui  auront  servi  à  précipiter  le  cuivre  du  sulfate,  donnant  ainsi,  d'après  (2), 

63  5 

— —  X  08, 0265  =^  os,  84  1 38 

de  cuivre.  L'équation  (3)  fournirait,  pour  le  cuivre  précipité  par  le  bismuth, 

190,5  X  os, CI 8         „       _    , 
-2—^ =0^,00824; 


4i6 

au  total,  un  poids  de  cuivre  précipité  égal  à  os, 84  i38  +  o«, 00824  =  06,84962  ;  une 
pesée  du  cuivre  recueilli,  faite  avec  tous  les  soins  possililes,  m'a  fourni  :  os, 85  de 
cuivre  (nombre  qui  est  approché  à  moins  de  -j-jl^fj  de  gramme,  du  résultat  fourni  par 
le  calcul  précédent).  Ce  résultat  justifierait  les  réactions  écrites  précédemment. 

D'autres  dosages,  efTectués  avec  un  alliage  bisinuth-aluminiurn  à  88  pour  100 
(pesant  os,  24  et  ayant  fourni  34"^"'  d'hydrogène),  donnent  des  résultats  analogues. 

En  ce  qui  concerne  le  bismutli-aluminium .  une  partie  de  l'iiydrogène  seulement  se 
dégage  (la  septième  partie  environ),  le  reste  réduisant  le  sulfate  de  cuivre;  la  paroi 
du  tube  gradué  qui  recueille  l'hydrogène  restant  libre  se  recouvre  d'un  dépôt  de 
cuivre  pulvérulent,  jaune  d'abord,  dans  le  haut;  rouge  vineux,  plus  tard,  vers  le 
bas  de  la  colonne  gazeuse  (cuivre  réduit  entraîné  par  l'hydrogène). 

L'hvdrogène  ne  reste  donc  plus  adhérent  à  l'alliage;  est-ce  une  action  catalytique 
due  au  cuivre  précipité  qui  facilite  la  réduction  du  sulfate  par  l'excès  d'hydrogène,  et 
rend  ainsi  libre  la  surface  de  l'alliage?  ou  est-ce  le  bismuth  rugueu\,  libre,  qui  facilite 
le  départ  de  l'hydrogène? 

2°  Avec  un  morceau  de  magnésium-aluminium  à  85  pour  100  d'Al,  pesant  gs,245 

85  \ 

à  0,245  X  - —  d'Al,  soit  :  os,  208  ;  et,  par  suite  :  os, 037  de  magnésium  j,  j'ai  oijtenu 


n,     ,  ,     ,„      ,        .                          34""  ,3  X  0,080  r,      ^     ,,   r,^    .   .  .   .  J 

34''™, 3   d  hydrogène    pesant   : =os,oo3i.  Or,  1  affinité  supérieure  du 

'  J  a  1  1000 

magnésium  pour  l'oxygène  suppose  la  réaction  suivante  : 

3  Mg -H  6HM3  =  3(MgO^H2)  +  H'''+ 429'=»',84 

72  6  ^ 

(avec  l'aluminium  on  aurait  :  2  Al -+- 6H=0 -r  Al^O',  3H*0  +  H' 4- 385'-^'i),  qui /<-;//- 

nirait  :  —  x  os, 037  ^  os,oo3o8  d'hydrogène  (au   lieu  de   os,oo3i  obtenu;  soit  un 

écart  de  yo^^ô  ^^  gramme);  le  dégagement  d' hydrogène  serait  donc  fourni,  exclu- 
sivement, par  le  magnésium.  Et  ce  qui  confirme  cette  manière  de  voir,  c'est  que  le 


SÉANCE    DU    5    MARS    1906.  377 

poids  de  cuiKre  recueilli  :  08,72,  est  très  voisin  de  celui  que  l'on  obtient  en  supposant 
la  réduction  du  sulfate  de  cuivre  exclusivement  par  raluminium  : 

3(SO'Cu)-)-A12=(SO')'AP+  3Gu; 

55  190,5 

on  trouve,  en  effet,  pour  les  os,  208  d"Al,  de  cet  alliage  : 

.  ''    X  0,208:=  os,  7204,         au  lieu  de  os,  72. 

Dans  ce  cas.  pas  de  dépôt  de  cuii're  sur  les  parois  du  tube  à  hydrogène  :  ce  qui 
indique  bien  l'absence  de  réduction  du  sulfate  de  cuivre  par  riij'drogène  naissant. 

Un  morceau   d'alliage   Mj-Al   à    66  pour  100  d'Al    (  poids  :  os, 20  donnant  ainsi  : 


X  0,2  =  os  068  de  magnésium  )  a  fourni  6'|'"''  d'hydrogène  pesant  : 

1 00  / 

64  X  o .  o8q  _  „ 

^=oS,oo5faq 

1 000  -^ 

(au  lieu  de  os,  0057  donné   par  la   formule  piécédente  de  réaction  du  magnésium  sur 
l'eau). 

L'action  des  alliages  Mg-Al  sur  la  solutionde  sulfate  de  cuivre  pur  se 
ramènerait,  dans  tous  les  cas,  à  une  réduction  de  l'eau  par  le  magnésium, 
et  une  réduction  du  sulfate  de  cuivre  par  raluminium. 

Notons  qu'un  alliage  Mg-Al,  non  limé,  à  surface  polie  et  recuite,  se 
recouvre,  en  10  heures  environ,  d'un  dépôL  très  adhérent  et  très  solide  de 
cuivre  ronge.  J'ai  obtenu  ainsi,  au  bout  de  10  heures  et  demie  environ,  avec 
l'alliage  à  85  pour  100  d'Al,  une  gaine  de  cuivre  de  o""",09  d'épaisseur 
(tnesurée  au  pahner),  et  s'eiilevant  très  bien  avec  une  lame  de  canif. 

3"  Enfin,  les  alliages  d'étain-aluminium.  à  toutes  proportions,  limés  au 
préalable,  donnent  lieu  à  une  décomposition  de  l'eau  et  du  sulfate  de 
cuivre;  mais  cette  décomposition  s'arrête  bientôt,  la  couche  d'alumine  qui 
demeure  adhérente  à  la  surface  des  alliages  étant  insoluble  dans  ce  cas. 


CHiMiii  ANALYTIQUE.  —  Sur  le  dosage  du  cadmium.  Note  de 
M.  H.  B.iUBiG.vY,  présentée  par  M.  Troost. 

La  précipitation  <lu  cadmium  de  ses  solutions  salines  s'effectue  le  plus 
généraletnent  par  le  gaz  sulfhydrique.  Ce  procédé  simple  et  rapide  permet  en 
outre  d'opérer  en  liqueur  acide,  ce  qui  facilite  sa  séparation  d'avec  plu- 
sieurs autres  métaux. 


S-jS  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Toutefois,  si  la  liqueur  ne  renferme  plus  trace  de  cadmium,  toujours  le 
sulfure  formé  contient,  ainsi  que  Follenius  l'a  établi  (*  ),  une  petite  quantité 
du  sel  primitif  qui  peut  s'élever  parfois  à  plus  de  3  pour  loo  du  poids  du 
précipité  obtenu;  cela,  quelles  que  soient  les  conditions,  que  la  solution 
soit  neutre  ou  acide,  froide  ou  chaude,  et  même  en  saturant  par  l'hydrogène 
sulfuré. 

Ce  fait,  il  m'a  été  aisé  de  le  contrôler  à  nouveau. 

La  pesée  du  sulfure  sur  un  fdtre  taré  faite  comme  le  recommandent  cer- 
tains auteurs,  après  dessiccation  à  1 10°  (pour  éviter,  d'après  eux,  une  perle 
de  cadmium  par  suite  de  réduction  ou  autrement  à  plus  haute  température) 
ne  peut  donc  conduire  à  un  dosage  rigoureux  et,  de  fait,  le  résultat  est 
presque  toujours  trop  fort(^),  même  quand  le  sulfure  est  exempt  de  soufre 
libre. 

Follenius  avait  bien  cherché  à  tourner  celte  difficulté  en  soumettant  le 
sulfure  à  un  traitement  prolongé  avec  une  solution  bouillante  de  sulfhy- 
drale  d'ammonium.  Mais  ce  fut  sans  succès  et  il  ne  put  réaliser  la  trans- 
fornialion  du  sel  entraîné  qu'en  chauffant  au  petit  rouge  dans  un  courant 
tl'hydrogène  sulfuré  la  niasse  du  sulfure. 

Résumé  en  quelques  mots,  le  procédé  de  cet  auteur  est  le  suivant  : 
1°  Filtration  du  précipité  dans  un  entonnoir  taré  de  forme  tabulaire,  garni 
d'un  tampon  d'amiante  lavé  à  l'acide  et  calciné  de  façon  à  détruire  jusqu'à 
la  dernière  trace  de  matière  organique,  pour  jjarer,  dit-il,  à  toute  perte  de 
cadmium  pur  suite  de  réduction;  2°  dessiccation  du  sulfure  dans  un  courant 
d'an-  chaud;  3"  traitement  par  le  gaz  sulfhydrique,  en  faisant  traverser  le 
tube  fdlre  porté  au  rouge  naissant,  par  un  courant  de  ce  gaz;  4°  élimination 
du  soufre  libre  par  un  coiu-ant  d'air  chaud;  5°  pesée. 

Or,  ce  procédé  est  ioiig;  de  plus,  si,  avec  le  sulfure  dérivé  du  sulfate,  il  peut  élre 
utilisé,  il  devient  délicat  avec  celui  que  donne  le  chlorure.  La  petite  quantité  de  ce  sel 
contenu  dans  le  précipité  se  vaporisant  en  partie  avant  d'avoir  été  transformée,  son 
métal  se  trouve  entraîné  uu  peu  partout  sous  forme  de  sulfure.  Aussi  F'ollenius  distil- 
lait le  chlorure  en  élevant  la  température  du  courant  d'air,  après  dessiccation  préalable, 
et  le  s'el  recueilli  était  transformé  en  sulfale  et  pesé  à  part  comme  tel.  Ce  qui  pour  un 
même  dosai;e  donne  lieu  à  deu\  déterminations  :  celle  du  sulfate  et  celle  du  sulfure. 


(')  Follenius,  /^. /.  anal.  Cli.,  t.  XllI,  1874,  p.  4'i- 

(-)  A  cette  cause  d'erreur,  je  dois  d'ailleurs  en  ajouter  une  seconde  :  c'est  que  le 
sulfure  de  cadmium  desséché  à  110°  retient  encore  un  peu  de  H'S,  qu'il  ne  perd  qu'à 
une  température  bien  sMj)érieuio. 


SÉANCE    DU    5    MARS    1906.  S^Q 

Quoiqu'il  en  soit,  cette  mélhode  repose,  comme  on  le  voit  :  1°  sur  le  peu  d'oxyda- 
bilité  du  sulfate  de  cadmium;  2°  sur  sa  fixité  au  petit  rouge.  Hauer,  en  1857,  en  dé- 
terminant le  poids  atomique  du  cadmium  par  In  transformation  du  sulfate  en  sul- 
fure au  rouge  naissant  à  l'aide  de  l'hvdrogène  sulfuré,  avait  étaldi  et  prouvé  ce 
dernier  fait. 

Même  dans  le  vide  à  444°)  comme  je  l'ai  reconnu,  le  sulfure  de  ce  métal  est  absolu- 
ment fixe;  car  après  avoir  perdu  le  peu  de  soufre  libre  qu'il  contient  et  la  petite 
quantité  de  gaz  sulfhvdrique  qu'il  retient  toujours,  même  quand  il  a  été  ciiaufTé  plu- 
sieurs heures  à  iio''-i2o'',  son  poids  reste  alors  constant  quelle  que  soit  la  durée  de 
l'expérience. 

Quant  à  l'oxydabilité  de  ce  sulfure,  elle  dépend  de  son  état  physique.  Amorphe,  tel 
qu'on  l'obtient  à  froid  en  liqueur  peu  acide,  il  s'oxjde  déjà  légèrement  à  35o°;  tandis 
que  la  variété  cristalline  et  dense  qui  se  précipite,  lorsqu'on  fait  agir  l'hydrogène  sul- 
furé sur  la  solution  chaude  (90°  à  70")  de  cadmium  en  présence  d'un  acide  forl  et  en 
e.vcès.  s'altère  à  peine  à  l'air  vers  45o''-48o°.  Il  faut  chauffer  à  une  température  sensi- 
blement plus  élevée  (55o°-6oo°)  pour  (jue  le  produit  change  de  couleur  et  augmente 
de  poids  en  donnant  du  sulfate. 

Mais  outre  ces  deux  propriétés,  le  sulfure  de  cadmium,  la  variété  cris- 
talline tout  au  moins,  en  possède  encore  une  troisième  très  importante  et, 
fini  plus  est,  fort  remarquable,  pour  un  composé  de  ce  métal.  Alors  que 
son  oxyde,  son  carbonate  et  nombre  d'autres  de  ses  composés  sont  très 
facilement  décomposables  à  chaud  par  les  matières  organiques  avec  mise 
en  liberté  et  perte  de  cadmium,  à  cause  de  sa  volatilité,  il  n'en  est  pas  de 
même  pour  son  sulfure,  cela  en  opposition  avec  ce  que  l'on  enseigne.  On 
peut  incinérer  le  filtre  sur  lequel  on  l'a  recueilli  et  porter  le  tout  jusqu'à 
5oQ°,  température  nécessaire  pour  l'incinération  du  squelette  de  charbon 
que  laisse  le  papier,  sans  qu'il  y  ail  perte  de  mêlai.  Il  faut  toutefois  que  le 
sulfure  ne  renferme  aucun  composé  volatil  (tel  le  chlorure)  ou  décoinpo- 
sable  par  la  chaleur  au-dessous  de  55o°  (comme  un  sel  à  acide  organique), 
et  cela  se  présente  lorsqu'on  a  affaire  à  ces  sels,  puisque  le  sulfure  entraîne 
toujours  partie  du  composé  qui  lui  donne  naissance.  C'est  un  cas  que  nous 
examinerons  à  part. 

En  tenant  compte  de  ce  que  le  sulfate  et  le  sulfure  ne  réagissent  l'un  sur 
l'autre  (production  de  métal  et  de  gaz  sulfureux)  qu'à  une  température 
bien  supérieure  à  5oo°,  on  |)eut  donc  doser  le  cadmium  d'une  façon  aussi 
rapide  que  précise  en  partant  du  sulfate.  Il  suffira,  après  l'incinération  du 
filtre,  de  transformer  par  les  moyens  usuels  le  sulfure  en  sulfate,  dont  la 
l)esée  constitue  une  excellente  base  de  dosage. 

C'est  ce  que  prouvent  nettement  les  résultats  consignés  dans  le  Tableau 


58o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

suivant,  qui,  pour  chaque  expérience,  donne  le  poids  du  sulfate  mis  en 
œuvre  et  celui  du  sulfate  retrouvé. 


Cd  SO*  employé .,,,, .     o,35^3     o,3543     o'iS'^S    o,3543     0,35^3     n'^35'|3    o°3543     0^3543    ot'i853    o°,o35î     o%35'i     "",0021 
CdSO' retrouvé 0,3537     "13537     o,354i     0,35^^     o,3")4i     o,3j4<     0,3542     o,3544    o,485o    o,(j352     o,o353     n,.io20 

Dans  tous  ces  essais,  pour  chacun  d'eux  le  volume  liquide  était  de  200""' 
contenant  4^°''  d'acide  SO'H-  (d  =  i  ,84). 


THERMOCHIMIE.  —    Thermochimie  des  hydrazones  et  des  osazones, 
des  dicétones-x  et  des  sucres  réducteurs.  Note  de  M.  Ph.  Landrieu. 

Les  chaleurs  de  combustion  d'une  série  d'hydrazones  et  d'osazoncs, 
correspondant  à  des  dicétones-a.  et  à  des  sucres  réducteurs,  ont  été  déter- 
minées au  moyen  de  la  bombe  calorimétrique. 

Ces  chaleurs  de  combustion  ont  servi  à  calculer  les  quantités  de  chaleur 
qui  répondent  à  la  fixation  d'une  et  deux  molécules  de  phényihydrazine 
sur  les  dicétones  et  sur  les  sucres. 

De  l'ensemble  des  nombres  trouvés  on  tire  les  conclusions  suivantes  : 

La  première  molécule  de  phényihydrazine  se  fixe  sur  les  dicétones  (et 
dialdéhyde)  a  en  dégageant  une  quantité  de  chaleur  voisine  de  celle  qui  se 
dégage  dans  la  fixation  d'une  molécule  de  phényihydrazine  sur  les  mono- 
cétones.  La  deuxième  se  fixe  avec  une  quantité  de  chaleur  sensiblement 
plus  faible,  deux  fois  moindre  environ. 

Chez  les  sucres  réducteurs,  la  première  molécule  de  phényihydrazine 
donne  l'hydrazone  avec  une  quantité  de  chaleur  qui  paraît  être  d'autant 
plus  faible  que  le  poids  moléculaire  du  sucre  est  plus  élevé. 

La  fixation  de  deux  molécules  de  phényihydrazine  avec  formation  d'osa- 
zone  et  départ  de  H^  apparaît  comme  une  réaction  très  peu  exothermique, 
souvent  même  endothermique.  En  fait  la  réaction  ne  devient  possible  que 
parce  qu'il  se  dégage  une  quantité  de  chaleur  auxiliaire  provenant  de  la 
transformation  de  l'excès  de  phényihydrazine  en  aniline  et  ammoniaque. 

Les  nombres  trouvés  dans  nos  expériences  sont  rassemblés  dans  les 
Tableaux  ci-dessous.  Aux  chaleurs  de  combustion  et  de  formation  des 
hydrazones  et  des  osazones,  nous  avons  ajouté  celles  du  biacétyle  et  du 
benzile  qui  n'avaient  pas  encore  été  déterminées. 


SÉANCE    DU    -J    MARS    KJoC).  58 1 

BiACÉTYLE  :  Chaleur  de  combustion -I-  008,7 

»        de  formation -h     80,0 

Biacélvle  hydrazone  :  Chaleur  de  combustion -t-i336,f) 

1)         de  formation -+-       0,1 

On  lire  de  là  : 

Biacétyle  -+-  phénylhydr.  :=  biac.  hydrazone  -t-  H-0 +19,6 

Biacétyle  osazone  :  Chaleur  de  combustion 2219 

»        de  formation —     90 >  • 

On  tire  de  là  : 

Biacétyle  hydraz.  +  phénylhydr.  =  biacét.  osaz.  -t-H-0.  -l-  8,8 

et 

Biacétyle  -H  2  phénylhydr.  =  biacét.  osaz.  -f-  2  H-0  ....  +28,4 

Benzile  :  Chaleur  de  combustion i632,  1 

»        déformation —     33,  i 

Benzile  hydrazone  :  Chaleur  de  combustion 2491 ,6 

»        de  formation —     53,6 

On  lire  de  là  : 

Benzile -t- phéhylhydraz.  =r  benzile  liydraz.  -(- H'O -(-i3,6 

Benzile  osazone  :  Chaleur  de  combustion 3356 

»         de  formation —    i46 

Benzile  liydr. -+- phénylhydr.  ^  benzile  osaz. -I- H'O. ..  .  -i-  7,6 

Benzile  +  2  phénylhydr.  =;  benzile  osaz. -t- 2  H^O -(-21,2 

Benzoïne  hydrazone  :  Chaleur  de  combustion 253o,  1 

»         de  formation —     23 ,  l 

Benzoïne  +  phénylhydr.  ^  benzoïne  hydraz.  4-11-0....  -l-i5,2 

Glyoxalosazone  :  Chaleur  de  combustion 189,3 

>>  de  formation —     90 

Glyoxal.  +  2phénylhydr.  ^=  glyoxalosazone  -+-  2II-C)..  .  .  -1-25 


Slcres  :  1° 

Hydrazones. 

Quantité  de  chaleur 

Clial 

leur 

dégagée 
de  la  réaction 
sucre  -\-  phénylhydr. 

de 

de 

combustion. 

formation. 

=  hydrazone  +  H-0 

le.         1421 

168 

-h    8,6 

i54o 

212,6 

-t-io 

l536 

216,6 

-+-  6,7 

?i544 

208,6 

^  4,7 

i538 

2l4,6 

-H12 

221 5 

448,4 

-(-10,3 

221 1 , 

5 

4oi  ,9 

-l-i4,5 

Arabinose  hydrazone. 

Glucose 

Galactose 

Lévulose 

Mannose 

Maltose 

Lactose 

C.  R.,  1906,  i"  Semestre.  (T.  CXLII,  N«  10.)  77 


582 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


■A°   Osaz 

oncs 

Qua»tUé  de  chalenr 

Gha 

eur 

dégagée 
de  la  réaction 

de 

de 

sucre  -)-  2  phénylliydr. 

combustion. 

formation. 

—  osazone  -i-  2H-O  ^- 

Arabinose 

osazone. 

2220 

73,1 

+  .3,7 

Xj-lose 

» 

2228 

65,1 

+  93 

/  Glucose 

» 

2353 

io3,4 

+    1,2 

'  Lévulose 

» 

kl. 

kl. 

+  0,5 

(  Mannose 

» 

Id. 

Id. 

H-     1,2 

Galactose 

» 

.          2354 

102,4 

-  7.5 

Maltose 

» 

3o36 

33i  ,2 

—  6,9 

Lactose 

» 

3o39 

328,2 

—    9.2 

II'-. 


Les  différences  entre  les  chaleurs  de  combustion  des  hydrazoneset 
osazones  des  sucres  isomères  sont  dans  les  limites  des  erreurs  d'expérience. 

N.-B.  —  Nous  n'avons  trouvé  dans  la  littérature,  malgré  nos  recherches, 
aucune  indication  sur  la  préparation  et  les  propriétés  de  la  maltose  phényl- 
hydrazone  et  de  la  lévulose  phénylhydrazone.  Nous  les  avons  préparées  de 
la  manière  suivante  : 

On  ajoute  1™°'  de  maltose  à  i™"'  de  phénylhydrazine  dissoute  dans  vingt 
parties  d'alcool  absolu.  On  chauffe  quelques  heures  au  bain-marie.  On 
laisse  refroidir  et  reposer.  On  fdlre,  on  précipite  par  l'éther  anhydre.  On 
sépare  le  précipité,  on  le  sèche  dans  le  vide  surSO^H".  On  reprend  par 
très  peu  d'alcool  absolu  et  l'on  précipite  par  l'éther.  Ce  traitement  est  répété 
plusieurs  fois.  On  termine  en  décantant  l'excès  d'éther  et  en  séchant  dans 
le  vide  sur  SO^H^.  On  obtient  ainsi  des  poudres  blanches  très  hygro- 
métriques s'altérant  très  rapidement  à  lair,  répondant  à  la  formule 
C'^H-^O'" Az-  et  fondant,  en  se  décomposant,  à  iSo". 

Même  préparation  pour  la  lévulose  phénylhydrazone;  poudre  blanche 
très  cristallisable. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Copulation  betizidine-aniline,  diphénylbidiazoamino- 
benzène  et  diphényldisazoaniinobenzène .  Note  de  M.  Léo  Vigno\,  pré- 
sentée par  M.  H.  Moissan. 


La  benzidine  et  l'aniline  peuvent  se  copuler  par  deux  méthodes  :  tétrazo- 
benzidine  réagissant  sur  l'aniline,  ou  réaction  du  diazobenzène  sur  la 
benzidine. 


SÉANCE    DU    5    -MARS    1906.  .')83 

Il  était  intéressant  de  rechercher  quelle  serait  l'orientation  du  groupe- 
ment diazoïque  dans  ces  deux  réactions.  Serait-elle  unique  ou  différente 
tjiiivant  le  cas? 

Tétrazodiphényle-aniline.  —  Le  chlorhydrate  de  benzidine  dissous  dans  Peau 
glacée  est  diazoté  par  l'action  du  nitrite  de  sodium  et  de  l'acide  chlorhydrique.  La 
copulation  a  été  faite  à  la  température  de  —  5°,  en  versant  la  solution  de  chlorhydrate 
de  tétrazobenzidine  dans  une  dissolution  alcoolique  d'aniline  en  présence  du  carbonate 
(le  sodium. 

Il  se  forme  immédiatement  un  beau  précipité  jaune  qui  devient  peu  à  peu  rf)iige 
brique  sans  que  la  température  s'élève.  Après  i5  minutes  on  achève  la  précipitation 
par  un  mélange  d^eau  et  de  glace. 

Les  rendements  soTit  presque  théoriques.  En  purifiant  ce  corps  obtenu,  par  cristalli- 
sation dans  la  benzine,  on  obtient  finalement  une  substance  jaune  rouge  en  petits 
cristaux  fusibles  à  180°,  dégageant  beaucoup  d'azote,  par  l'acide  sulfurique  à  5o 
pour  100. 

Diazobenzène-benzidine.  —  Une  solution  froide  de  chlorure  de  diazobenzène  réagit 
sur  la  benzidine  en  solution  alcoolique  refroidie,  en  présence  d'acétate  de  sodium; 
mais  on  observe  un  dégagement  gazeux  dû  à  l'instabilité  du  chlorure  de  diazobenzène 
en  présence  de  l'alcool. 

Le  résultat  est  amélioré  et  devient  presque  théorique  en  elTectuanl  la  copulation  sur 
la  benzidine  très  divisée,  en  suspension  dans  l'eau  glacée.  Le  mélange,  dont  la  tempé- 
rature est  maintenue  constamment  aw-idessous  de  0°,  doit  être  agité  à  la  machine 
pendant  i  heure  et  demie  environ. 

Le  produit  obtenu,  séché,  purifié  par  la  benzine,  est  cristallisé,  jaune  rouge  et  fond 
à  180°,  comme  le  précédent,  dont  il  possède  toutes  les  propriétés. 

Constitution.  —  Les  deux  corps  obtenus  doivent  répondre  à  l'une  des 
•d("MX  formules  : 

(!)  ' 

C«H*-  N=:N  — NH  — C«H' 
0,1 

CH^  —  N  =r  N  —  NH  —  C-  H* 

(2)  I 

C6  H»  —  N  =  N  —  NH  —  G"  H* 
L'analyse  m'a  donné,  en  effet, 

Trouvé.  Théorie. 

Carbone 73,64-73,70  7^1 47 

Hydrogène 5,5-5,2  5,i 

Azote  total 20,80-21 ,21  21 ,4o 

Azote  diazoïque i4)28  i4)28 

Pour  choisir  entre  ces  deux  formules,  j'ai  étudié  les  produits  de  décom- 
position par  les  acides,  des  corps  obtenus. 


58.4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

La  formule  (i)  doit  donner  de  l'aniline  et  du  y-dioxydiphénvle,  la  for- 
mule (2)  (le  la  henzidine  et  du  phénol. 

Pour  faciliter  la  détermination,  j'ai  chauffé  pendant  i5  minutes  à  l'ébul- 
lilioii,  avec  ^o'^'eau  et  aS'^'SO'H^,  au  réfrigérant  ascendant,  les  mélanges 
suiv.mts  : 

A.  2^  produit  de  copulation  aniline  +  létrazodiphényle. 

B.  i^  aniline  -l-  i^  y-dioxydiphényle. 

C.  2^  produit  de  copulation  benzidine  -l-  diazobenzène. 

D.  if^  benzidine  +  i^^  phénol. 

Les  liqueurs  ont  été  ensuite  neutralisées  par  la  soude  en  léger  excès  ce 
qui  dissout  les  phénols  et  précipite  les  bases  :  j'ai  obtenu  pour  A  et  C  de 
l'aniline  et  du  y-dioxydiphényle. 

Il  faut  donc  admettre  que  dans  les  deux  réactions  il  s'est  formé 

C«H'-N^— NHC'IP 

I  (diphénylbidiazoaminoljenztnie); 

C«H'— N'— NHCni" 

dans  le  cas  de  l'action  du  diazobenzène  sur  l'aniline  on  aurait  donc 

2(C«H=N^C1)4-  I  r=2(C''H'.NHM4-  I 

C«H*.NH-  G«H*— N^Cl 

puis 

ce  H'— N*  Cl  C«H*-N-^— NH.C^H^ 

1  +2(C=H»NHM=  I  -i-2(HCl). 

C«H'— N^^CI  Cqi*— N'— NH.C'll^ 

Formation  de  l'azoïque  (diphényldisazoaminobenzène).  —  En  chauffant  5^  de 
dipliénylbidiazoaminobenzène  pendant  48  heures  à  5o°-6o'',  avec  5os  d'aniline  et  26,5  de 
chlorhydrate  d'aniline,  et  en  abandonnant  ensuite  le  mélange  à  la  température  ordi- 
naire pendant  5  jours,  on  obtient  l'aminoazoïque  correspondant 

I 
C6H»— N^— C«H'— NH^ 

La  transposition  est  régulière,  mais  beaucoup  plus  lente  que  celle  qui  donne  nais- 
sance à  l'aminoazobenzène;  après  purification  dans  l'alcool  on  obtient  un  corps  jaune 
rougeâtre,  azoïque,  fusible  à  i58°-i59<'. 

En  résumé,  la  formation  du  diphénylbidiazoaminobenzène  fournit  un 
exemple  intéressant  du  groupement  diazoïque  dans  les  deux  réactions  étu- 
diées. 


SÉANCE    DU    5    MARS    1906.  585 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  un  tartrate  d'antimoine.  MotedeM.  J.  Bougault, 

présentée  par  M.  A,  Haller. 

Dans  l'histoire  assez  confuse  des  tartrales  d'antimoine  on  ne  trouve 
signalés  que  deux  composés  cristallisés  paraissant  bien  définis. 

L'un  d'eux,  le  plus  important,  serait  l'acide  de  l'émétique  ordinaire  et 
répondrait  à  la  formule  C'H^SbO'.  Il  a  été  obtenu  à  l'état  amorphe  par 
Berzéiius,  Péligot  ('),  Clarke  et  Ewans  (^}  en  précipitant  par  l'alcool  une 
solution  plus  ou  moins  concentrée  de  Sb^O'  dans  l'acide  tartrique.  Plus 
récemment,  M.  Guntz  (')  l'a  obtenu  cristallisé  en  évaporant  à  sec  aubain- 
marie  une  solution  aqueuse  de  Sb-0'  dans  un  excès  d'acide  tartrique  et 
enlevant  cet  excès  par  lavages  à  l'alcool  absolu;  il  confirme  la  formule 
C*H^SbO'. 

En  cherchant  à  préparer  ce  composé,  d'après  les  données  de  M.  Guntz, 
j'ai  reconnu  que  le  produit  obtenu  n'est  pas  un  composé  unique,  mais  un 
mélange  d'un  tartrate  d'antimoine  et  d'un  éther  éthylique  de  tartrate  d'an- 
timoine; l'alcool  ne  se  borne  pas  â  enlever  l'acide  tartrique  en  excès,  il 
éthérifie  plus  ou  moins  le  produit  antimonieux. 

En  reiijplaçanl  alors  l'alcool  pai-  l'acélone,  pour  éviter  celle  cause  d'erreur,  j'ai 
obtenu  un  produit  bien  défini,  cristallisé,  avant  la  formule  C*lPSbO°,  c'est-à-dire 
contenant  i"'"'  d'eau  de  moins  que  ne  le  demande  la  formule  acceptée  jusqu'ici.  Sans 
doute,  il  s'est  produit  une  éthérifîcation  interne  entre  un  groupement  carboxyle  et  un 
groupement  alcoolique  de  l'acide  tartrique. 

Le  dosage  de  l'oxyde  antimonieux  et  de  l'acide  tartrique,  eft'ectué  en  suivant  les 
indications  de  M.  Guntz  {loc.  cit.),  ainsi  que  le  dosage  du  carbone  el  de  l'hydrogène 
s'accordent  parfaitement  avec  cette  formule. 

Les  différences  entre  les  résultats  de  M.  Guntz  et  les  miens  tiennent 
vraisemblablement  à  cette  action  particulière  de  l'alcool  qu'il  n'a  pas 
remarquée. 

Il  est  facile,  d'autre  part,  de  s'assurer  que  l'évaporation,  à  sec  au  bain- 
marie  d'une  dissolution  aqueuse  d'un  poids  connu  de  Sb-0'  dans  un  poids 
connu  (et  en  excès)  d'acide  tartrique,  conduit  à  une  perte  d'eau  (sur  la 


(')  .Inn.  de  Chim.  et  de  Pliys.,  3"  série,  t.  XX,  1847,  p-  289. 
(-)  Berichte  der  dcutsch.  cheni.  GeselL.  t.  XVI,  i883,  p.  2879. 
(')  Ann.  de  Chim.  el  de  Pliys..  6«  série,  t.  XIII,  1888,  p.  388. 


586  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

somme  des  poids  oxyde  antimonieux  +  acide  tartriqiie)  qui  n'est  pas  d'une 
demi-molécule  par  atome  de  Sb,  comme  le  demanderait  la  formule 
G^H'SbO^,  mais  bien  d'une  molécule  el  demie,  correspondant  exactement 
à  la  formule  C*H'SbO°,  à  laquelle  mes  analyses  m'ont  conduit. 

Le  produit  que  j'ai  préparé  est  cristallisé  en  petites  lamelles,  lentement,  mais  com- 
plètement solubles  dans  l'eau,  dans  la  proportion  de  i  pour  126  environ.  La  solulion 
est  stable,  ne  se  trouble  pas  par  l'ébullition,  et  présente,  vis-à-vis  des  acides  «t  des 
bases,  les  réactions  générales  de  précipitation  des  solutions  d'émétique. 

L'eau,  emplojée  en  quantité  insuffisante  pour  dissoudre  le  produit,  le  dissocie;  la 
partie  non  dissoute  renferme  plus  d'antimoine  que  celle  passée  en  solulion. 

Le  composé  se  dissout  très  rapidement  dans  la  quantité  théorique  de  solution  aqueuse 
de  bicarbonate  de  potassium  en  donnant  quantitativement  l'émélique  ordinaire.  La 
solulion  aqueuse  d'acétate  de  soude  le  dissout  également.  Ces  deux  réactions  le  dis- 
tinguent de  l'éthyltartrate  d'antimoine  (')  qui  donne  dans  ces  conditions  un  précipité 
d'oxvde  antimonieux. 

Conclusions.  —  L'emploi  de  l'alcool  doit  être  rejeté  dans  la  préparation 
du  tartrale  d'antimoine. 

En  remplaçant  l'alcool  par  l'acétone,  on  obtient  un  produit  bien  défini, 
cristallisé,  avant  pour  formule  C*H'SbO*,  c'est-à-dire  le  tartrate  d'anti- 
moine C'H'SbO\  moins  i™"'  d'eau. 

Il  est  douteux  que  le  comp^osé  CH^SbO'  ait  été  obtenu  à  l'état  pur. 
Vraisemblablement  tous  les  produits  auxquels  on  a  attribué  cette  formule, 
ayant  été  préparés  à  l'aide  de  l'alcool,  (levaient  contenir  des  produits 
d'élhérificalion,  mélangés  sans  doute  au  composé  que  je  décris  dans  cette 
Note. 

Les  divergences  signalées  par  M.  Guntz  (/oc.  c?"/.)  entre  les  résultats  de 
M.  Berthelot  et  les  siens,  au  sujet  de  la  chaleur  de  dissolution  de  Sb-0^ 
dans  l'acide  tartrique,  trouveront  peut-être  leur  explication  dans  les  faits 
nouveaux  que  j'annonce,  sans  avoir  recours  à  l'hvpothèse  de  deux  tartrates 
isomères,  dont  je  ne  nie  pas  du  reste  la  possibilité. 

CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Étude  chimique  sur  les  graines  dites  «  Pois  de  Java  ». 
Note  de  M.  Emile  Koh.\-Abrest,  présentée  par  M.  Guignard. 

Nous  avons  eu  l'occasion  de  faire  quelques  recherches  chimiques  sur  un 
mélange  de  graines  désignées  sous  le  nom  de  Pois  de  Jm'a.  analogues  à 

(')  Je  n'ai  pas  réussi  jusqu'à  présent  à  obtenir  ce  produit  suffisamment  pur  pour 
décider  si  c'est  l'élher  élhylique  du  composé  CMi'SbO"  ou  du  composé  C'Il'SbO'''. 


SÉANCE    DU    5    MARS    190').  587 

celles  (lu  Phaseolus  lunatus,  déjà  étudiées  par  divers  savants,  notamment 
par  Dimstan  et  Henry  ('),  et  tout  récemment  par  M.  Guignard  ('). 

Le  mélange  sur  lequel  ont  porté  les  expériences  ci-dessous  comprenait 
au  moins  neuf  variétés  de  graines,  différentes  par  leur  couleur  et  par 
d'autres  caractères  morphologiques. 

Ces  graines  mises  à  macérer  dans  l'eau  ordinaire  abandonnent  de  l'acide 
cyanhydrique,  ainsi  qu'on  l'a  constaté  pour  le  Phaseolus  ttmalus  et  pour 
d'autres  graines  analogues.  Les  proportions  d'acide  cyanhyilriqiie  pro- 
duites diffèrent  très  notablement,  selon  les  variétés  des  graines  et  selon  les 
conditions  de  l'expérience. 

Par  simple  macération  dans  l'eau,  pendant  quelques  heures,  la  majeure 
partie  de  l'acide  cyanhydrique  que  peuvent  fournir  les  graines  est  mise  en 
liberté. 

5os  de  graines  broyées  sonl  additionnés  de  5oos  d'eau,  le  mélange  est  chaufte  à 
Fétuve  à  -{-87°  pendant  4  heures;  on  isole  l'acide  cyanhydrique  par  distillation  en 
recueillant  iSo"^""'  sur  lesquels  on  fait  un  dosage  par  l'iode.  Si  l'on  poursuit  la  distilla- 
tion après  avoir  ajouté  au  résidu  oc'-'^"  d'acide  chlorliydrique  commercial,  on  obtient 
encore  une  certaine  dose  d'acide  cyanhydrique,  due  à  l'aclion  des  l'acide  cblorbydrique 
sur  le  produit  générateur  d'acide  cyanhydrique. 

Le  Tableau  suivant  donne  les  quantités  d'acide  cyanhydrique  extraites  successive- 
ment des  diverses  variétés  contenues  dans  le  mélange  examiné  : 


V. 

VI. 

I. 

II. 

III. 

IV. 

Krun 

liiiiii 

V!I. 

viir. 

IX. 

Graines 

Itoupe 

clair 

très  clair 

.\oir 

Espèce 
étran- 

noires 

lie  de 

Brun 

Manon 

lâches 

taches 

Blanc 

slrié  de 

violacées. 

vin. 

rouge. 

clair. 

noires. 

noires. 

cièinc. 

lilanc. 

gère. 

444 

184 

i'.3 

128 

28 

53 

.5 

•  7 

Variétés. 
Propoitinu  par  kilogianiine  .... 
CA/.H    dégagé     par    macération 

dans  loau  par  kilogrnmnie . .  .      0,324     o,58o     0,870     o,5oi      o,4i2      1,267     0,070     o,58o      o 
C.\z  11  dégagé  par  H  Cl o,3i6     o,3r6     0,1 58     0,159     0,1 5g     0,871     o,  1 58     0,182      o 

CAzll  total o,84o     0,896    0,02.8     0,660     0,571      1^638     0,528     0,-12      n 

La  graine  qui  fournil  le  plus  d'acide  cyanhydrique  est  donc  la  variété  VI 
de  couleur  très  claire.  La  matière  colorante  des  graines  plus  ou  moins 
foncées,  matière  très  soliible  dans  l'eau  et  l'alcool,  rougissant  par  les  acides, 
ne  semble  pas  dégager  d'acide  cyanhydrique. 

Les  proportions  des  variétés  désignées  ci-dessus  par  leur  couleur  varient 


(')  Proceedings  oj  Ihe  Royal  Society .  t.  LXXII,  1908,  p.  285. 
(')  Voir  ci-dessus,  p.  545. 


588  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

beaucoup  selon  les  échantillons.  Aussi  observe-t-on  également  de  fortes 
différences  dans  les  doses  d'acide  cyanhvdrique  dégagées  par  des  échan- 
tillons divers.  Par  exemple,  sur  deux  mélanges  de  graines  trouvées  dans  le 
commerce,  nous  avons  obtenu,  pour  le  premier,  1^,122  d'acide  cyanhv- 
drique par  kilogramme,  et,  pour  le  second,  0^,660. 

L'acide  cyanhydrique  ne  semble  pas  exister  dans  !e  végétal  à  l'état  libre, 
sinon  en  de  très  faibles  proportions.  Si  l'on  dislille  les  graines  en  présence 
d'une  solution  d'acide  tartrique  à  5  pour  100,  on  n'obtient  que  des  traces 
d'acide  cyanhydrique. 

L'action  de  l'acide  chlorhydrique  à  petites  doses  conduit  à  des  résultats 
intéressants.  Tandis  que,  avec  l'acide  assez  concentré,  on  met  en  liberté 
des  doses  importantes  d'acide  cyanhydrique,  ainsi  qu'il  a  été  dit  plus  haut, 
et  comme  l'ont  déjà  constaté  Dunstan  et  Henry  sur  les  graines  du  Phaseolus 
lunatus,  au  contraire  la  distillation  en  présence  de  solutions  chlorhydriques 
très  faibles  (0,8,  0,4,  o,  2  et  o,i3  pour  100)  ne  fournit  que  de  minimes 
quantités  d'acide  cyanhydrique.  Ces  quantités  sont  faibles,  même  si  on 
laisse  macérer  les  graines  pendant  assez  longtemps  à  l'étuve  dans  les  solu- 
tions chlorhydriques  très  diluées.  L'acide  chlorhydrique,  dans  ces  condi- 
tions, paraît  donc  paralyser  l'action  hydrolytique  qui  donne  naissance  à 
l'acide  cyanhydrique.  , 

Le  Tableau  ci-dessous,  concernant  un  mélange  de  graines  avec  de  l'acide 
à  o,  12  pour  100,  montre  en  même  temps  l'influence  de  la  température  : 


I  (HClào. 

,  12  pour  100), 

lIC.Xz 
dégagé 

HCAz 

Pois 

Durée 

par  kilogramme 

pouvant 

de  Java 

de 

pendant 

être   produit 

broyés. 

Eau. 

Température. 

l'expérience. 

l'expérience. 

en  totalité. 

5o' 

cm' 

3oo 

0 
37,5 

4  heures 

0,  l32 

0,020 

5o 

3oo 

4o,5 

4      » 

0,200 

o,56o 

II  (HCl  à  0,2  pour  100). 

5o  3oo  35,. 5  4       "  0,076  o,586 

5o  3oo  37,. 5  4       »  0,1 47  0,540 

5o  3oo  4o,5  4       "  0,1 53  o,554 

Il  nous  a  paru  utile  de  signaler  ces  résultats,  dont  beaucoup  ont  été 
obtenus  par  MM.  Dunstan,  Henry  et  par  M.  Guignard,  parce  que  l'on 
cherche  actuellement  à  employer  ces  graines  pour  l'alimentation  de  cer- 


SÉANCE  DU  5  MARS  1906.  SSg 

tains  animaux,  surtout  des  chevaux.  Dans  l'état  actuel  de  nos  connais- 
sances, nous  ignorons  quel  peut  être  la  véritable  action  des  sucs  digestifs 
sur  le  principe  cyanogénélique  des  «  Pois  de  Java  ».  Nous  avons  pu  isoler 
la  matière  qui  donne  naissance  à  de  l'acide  cyanhvdrique  dans  les  graines 
dites  Pois  de  Java  et  nous  en  indiquerons  très  prochainement  la  composition 
et  les  propriétés. 


CHIMIE  AGRICOLE.  —  Sur  les  caractères  chimiques  des  vins  provenant  de 
vignes  atteintes  par  le  mildew.  Noie  de  M.  E.  Maxceau,  [présentée  par 
M.  Troost. 

Dans  une  Note  du  7  décembre  1903  nous  avons  fait  connaître  certains 
caractères  chimiques  des  moûts  et  des  vins  provenant  de  vignes  atteintes 
par  le  mildew. 

Les  premières  analyses  avaient  mis  en  évidence  l'accumulation  des 
matières  organiques  azotées  dans  le  vin  de  la  vigne  atteinte.  Nous  avons 
suivi  la  conservation  de  nos  vins  pendant  deux  ans,  et  complété  leur  étude. 

Nous  venons  signaler  de  nouveaux  caractères  chimiques.  Le  plus  impor- 
liint  est  la  faible  proportion  d'acide  tartrique  libre. 

La  raélhode  de  MM.  Berthelot  et  de  Fleurieu  a  donné,  pour  le  dosage  du  bitartrale  de 
potasse  et  de  l'acide  tartrique  libre  dans  les  vins  des  trois  parcelles  de  vignes,  au  mois 
de  décembre  igoS  : 

Bitartrale  Acule  tartrique 

Ac    potasse,  libre, 

par  litre.  par  litre. 

Parcelle  atteinte  par  le  mildew !\,€>']  0,27 

K         sulfatée  trois  fois '\,io  i  ,82 

Il         sulfatée  quatorze  fois 4 '4'  0,92 

Conservés  pendant  deux  ans  et  analysés  de  nouveau  en  190J,  les  trois  vins  renferment  : 

I-iilartratc  Acide  tartrique 

de    potasse,  libre, 

par  litre.  par  lilre. 

l^arcelle  atteinte  par  le  mildew 4,20  0,18 

»         sulfatée  trois  fois ^,4'  1  ,08 

i>         sulfatée  quatorze  fois 3,  i3  0,78 

L'acide  tartrique  libre  existait  en  bien  plus  faible  proportion  dans  le  vin  de  la  pre- 
mière parcelle,  en  1908,  et  ce  caractère  a  persisté  pendant  deux  ans. 

r.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  GXLIl,  N"  10.)  7^^ 


r>90  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

Les  phénomènes  du  vieillissement  n'ont  pas  été  identiques  dans  les  ti'ois  vins.  Le 
]n-emier  a  conservé  la  plus  grande  partie  du  bitarlrale  initia),  tandis  que  la  précipita- 
tion a  été  normale  dans  les  deux  autres. 

Le  vin  de  la  vigne  atteinte  par  le  mildew  est  aussi  plus  riche  en  matières  minérales, 
et  particulièrement  en  potasse  et  en  acide  phosphorique.  Les  dilTérences  avec  les  deux 
autres  vins  sont  plus  accentuées  après  deux  ans. 

Ainsi,  dans  le  vin  de  la  parcelle  attaquée  par  le  mildew,  nous  avons 
trouvé  moins  d'alcool,  plus  d'acidité  totale,  une  proportion  très  élevée  de 
matières  organiques  azotées  ;  plus  de  matières  minérales,  de  potasse,  d'acide 
phosphorique  et  beaucoup  moins  d'acide  tartrique  libre  que  dans  les  vins 
des  deux  parcelles  sulfatées. 

Il  résulte  de  ces  recherches  et  des  observations  faites  par  nous,  depuis 
dix  ans,  que  les  vins  provenant  de  vignes  atteintes  par  le  mildew  ne  pré- 
sentent pas  d'altération  microbienne  spéciale  et  que  leurs  altérations 
microbiennes  ne  se  confondent  pas  avec  la  maladie  de  la  tourne,  comme 
on  le  croyait  généralement. 

Ces  vins  présentent  tout  simplement  une  composition  chimique  anor- 
male, qui  peut  leur  donner  une  saveur  particulière  et  qui  les  rend  moins 
résistants  que  les  vins  normaux  à  l'oxydation  et  à  l'attaque  des  germes  de 
maladie. 


ZOOLOGIE.    —  L'évolution  des  Eccrina  des  Glomeris. 
Noie  de  MM.  L.  Lëgek  et  O.  Duboscq. 

Dans  une  première  Note  sur  les  Eccrinides  (Comptes  rendus,  aotil  iQoo) 
nous  avons  fait  connaître  le  cycle  évolutif  d'un  tvpe  de  ce  groupe,  r/lr«/?r/«- 
nula {^  )  capitata ,  parasite  de  Paguristes  maculatus.  Il  débute  par  une  multi- 
plication endogène,  suivie  d'une  formation  de  spores  durables  apparaissant 
au  moment  précis  de  la  mue  intestinale  de  l'hôte.  Guidés  par  ces  premiers 
résultats,  nous  avons  pu  élucider  l'évolution  des  Eccrina  des  Diplopodes 
que  nous  exposerons  ici  biièvement,  en  prenant  pour  exemple  Eccrina 
flexilis  n.  sp.  parasite  de  Glomeris  marginata. 

Multiplication  KNDOGÈ-NK.  —  Les  plus  jeunes  stades  sont  représentés  par  de  courts 
filaments  cylindriques  reclilignes  de   60!^   de  longueur,  fixés  à   la  cuticule    rectale   par 

(')  Aiundiiuil((  au  lieu  de  A riiinlinella.  nom  donné  par  nous  précétlenimenl  alors 
qu'il  était  déjà  attribué  à  un  genre  de  Graminées  tropicales. 


SÉANCE    DU    5    MARS    iqo6. 


JMI 


un  pavillon.  Ils  sont  enveloppés  par  une  membrane  mince  et  constitués  par  un  cvto- 
plasme  sjncylial  avec  4  noyaux  disposés  en  file.  Par  la  croissance,  ils  s'allongent  en 
s'enroulanl  en  crosse  et  des  divisions  nucléaires  synchrones  donnent  successivement 
des  stades  à  8,  i6et  Sa  noyaux.  Le  nombre  des  noyaux  augmente  encore  pendant  que 
le  fdamenl  continue  de  grandir,  puis  apparaît  la  multiplication  endogène.  Celle-ci 
s'eflectue  aux  dépens  de  la  partie  distale  du  cytoplasme  qui  se  segmente  en  éléments 
reproducteurs  de  longueur  variable  selon  les  tubes  dans  lesquels  ils  sont  formés.  Nous 
distinguons  ces  éléments  reproducteurs  en  microconidies  et  macroconidies. 

Les  microconidies  sont  de  petites  celb'.ies  à  peu  prés  isodiamétriques,  à  ijn  seul  noyau, 
et  qui  se  forment  à  la  partie  distale  du  tube  dont  elles  se  détachent  au  fur  et  à  mesure 
de  leur  maturité.  Elles  mesurent  en  moyenne  12V-. 

Les  macroconidies  naissent  comme  les  précédentes  à  l'extrémité  distale  du  tube  dont 
la  partie  proximale  reste  syncytiale.  Il  faut  en  distinguer  trois  sortes  d'après  leur  taille 
et  le  nombre  de  leurs  noyaux.  Les  unes,  ovoïdes  de  i8l^  sur  9!*,  ont  2  noyaux;  d'autres, 
de  beaucoup  les  plus  fréquentes,  sont  cylindriques  et  pourvues  de  4  nojaux,  leur 
longueur  moyenne  est  de  6oH-;  les  autres,  de  forrjie  encore  plus  allongée,  possèdent 
8  noyaux  et  atteignent  i^of-  de  long.  Toutes  ces  macroconidies  s'échappent  du  tube 
tantôt  par  l'extrémité  distale,  tantôt  par  des  orifices  latéraux  et,  dans  ce  cas,  des  cloi- 
sons obliques  séparent  le  tube  en  autant  de  loges  qu'il  y  a  d'éléments. 

Les  macroconidies  devenues  libres  se  fixent  rapidement  à  !a  paroi  rectale,  poussent 
et  multiplient  ainsi  le  parasite  à  l'intérieur  de  l'hôte. 

Spores  durables,  -r-  Croisspnce  et  reproduction  conidienne  se  continuent  pendant  le 
long  intervalle  qui  sépare  deux  mues;  puis,  à  l'approche  de  la  mue  nouvelle,  c'est- 
à-dire  vers  la  fin  de  l'été,  apparaissent  de  nouveaux  modes  de  multiplication  qui  vont 
donner  des  formes  de  résistance  destinées  à  gagner  le  milieu  extérieur.  Celles-ci  sont 
de  trois  sortes  :   des  niicrospores  durables,  des  macrospores  durables,  des  oosporrs. 

Les  niicrospnres  durables,  de  forme  allongée  souvent  arquée,  et  munies  d'une  paroi 
résistante  jaunâtre,  mesurent  en  moyenne  i^V-  de  long  sur  ôH  de  large.  Elles  se  forment 
dans  des  tubes  étroits,  dont  le  cytoplasme  se  découpe  par  des  cloisons  obliques  en 
petits  éléments  à  quatre  noyaux. 

Les  macrospores  durables,  de  3o!'-  sur  i4'^  en  moyenne,  sont  ovoïdes,  munies  d'une 
double  paroi  extrêmement  résistante  et  possèdent  également  quatre  noyaux.  Elles 
naissent  dans  de  gros  tubes,  dont  tout  le  contenu  s'est  segmenté  préalablement  en 
articles  à  un  seul  noyau  et  forment  finalement  un  chapelet  de  spores  qui  se  dissocie 
peu  à  peu. 

Les  oospores,  de  beaucoup  les  plus  fréquentes,  diilerenl  nettement  des  spores  pré- 
cédentes par  leur  aspect  et  par  leur  origine.  Elles  ont  la  forme  d'un  ellipsoïde  allongé 
de  ôot'  sur  iiV-  en  moyenne,  à  paroi  épaissie  aux  deux  pôles.  Une  cloison  longitudinale 
sépare  leur  cavité  en  deux  loges  occupées  chacune  par  un  germe  fusiforme  à  quatre 
noyaux.  Ces  oospores  résultent  d'un  processus  sexué  variable  dans  les  détails  et  qui 
peut  se  résumer  comme  il  suit  : 

Le  cytoplasme  du  tube  se  découpe  en  éléments  binucléés,  formés  d'emblée  ou  résul- 
tant de  la  fusion  de  deux  éléments  successifs  à  un  seul  noyau.  Chacun  des  deux  noyaux 
émet  successivement  deux  corpuscules  de  cbromatine  qui  persistent  jusque  dans  les 


5()2  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

germe?,  phénomène  d'épuration  ou  de  réduction  facile  à  observer  in  vh'o  comme  sur 
les  préparations  colorées.  Ces  deux  noyaux  doivent  s'unir,  car  nous  trouvons  ensuite 
un  stade  à  un  seul  noyau  central  riche  en  chromatine.  La  copula  ainsi  formée  s'entoure 
d'une  paroi  et  son  noyau  subit  trois  bipartitions  successives  qui  aboutissent  à  la 
formation  des  deux  germes  à  quatre  noyaux  situés  chacun  dans  une  des  loges  de 
l'oospoi'e. 

Les  oospores  sont  très  résistantes  et  les  germes  qu'elles  contiennent 
peuvent  rester  vivants  pendant  plusieurs  mois.  Dans  les  circonstances 
favorables,  ces  germes  sortent  en  perçant  la  paroi  latérale  de  la  loge  vers 
une  extrémité  de  la  spore.  Absorbés  par  un  nouveau  Glomeris,  ils  gagnent 
le  rectum  où  ils  se  développent  directement  en  Eccrina,  après  s'être  fixés  à 
la  cuticule  de  l'épilliélium  par  une  de  leurs  extrémités  en  sécrétant  un 
pavillon.  Ces  jeunes  jFcm/îa,  de  nouvelle  infection,  se  distinguent  facile- 
ment des  jeunes  stades  endogènes  macroconidiens  par  leur  aspect  grêle  et 
leur  forme  effilée. 

Avec  ces  spores  durables,  nous  avons  en  outre  observé  dans  certaines 
mues  de  Glumeris  un  autre  mode  de  formation  des  germes.  Des  filaments 
courts,  ventrus,  à  paroi  frêle,  se  divisent  en  totalité  pour  donner  naissance 
directement  à  des  germes  quadrinucléés,  étroitement  pressés  et  disposés  en 
spirille.  On  sait  que  c'est  là  le  mode  de  multiplication  le  plus  commun  chez 
les  Amœbidiurn,  mais  il  importe  de  souligner  que  dans  l'évolution  d'un 
Eccrina  n'apparaît  aucun  stade  amibe. 

Nous  avons  Irouvéchez  les  diverses  espèces  de  Glomeris  de  France  des 
Eccrina  qui  évoluent  certainement  comme  VE.  flexilis.  Très  vraisembla- 
blement aussi,  le  même  cvcle  convient  aux  Eccrina  des  autres  Diplopodes 
(^Polydesmus ,  Strongylosornwn,  Julus,  Blaniulus,  Spirostreptus);  mais  nous  ne 
saurions  affirmer  qu'il  soit  applicable  aux  Eccrinides  des  Insectes  et  à  celles 
que  nous  avons  récemment  rencontrées  chez  les  Isopodes  et  les  Amphi- 
podes.  Les  Eccrinides  de  ces  Crustacés  ont  des  caractères  morphologiques 
et  évolutifs  assez  spéciaux  pour  nous  engager  à  créer  pour  elles  de  nou- 
veaux genres.  Nous  appellerons,  dès  maintenant,  Eccrinopsis  hellerice  l'Ec- 
crinide  de  Helleria  brevicornis  et  Eccrinella  gamniari  celle  du  Gammarus 


SÉANCE    DU    5    MARS    I906.  5 9.'^ 


ZOOLOGir.  —  Sur  le  gisement  huîtrier  naturel  de  la  Macta  (Algérie')  et  le 
régime  d'écoulement  de  cette  rivière.  Note  de  M.  J.  Boumiioi.,  présentée 
par  M.  Alfred  Giard. 

Au  fond  du  golfe  d'Arzew  débouche,  après  avoir  cheminé  parallèlement 
au  rivage  pendant  plus  de  5*"",  une  importante  rivière,  la  Macla,  dont  le 
débit  est  variable  mais  permanent.  Sur  près  de  ô*""  à  partir  de  l'embou- 
chure, j'ai  trouvé,  fixées  sur  les  végétations  et  les  débris  végétaux  immergés 
qui  encombrent  ses  bords,  des  Huîtres  (Ostrea  lamellosa  Brocchi,  Ostrea 
edulis  Linné)  en  quantité  considérable. 

L'existence  de  quelques  rares  Huîtres  était  depuis  2.5  ans  environ  connue 
à  la  Macta,  mais  il  faut  croire  qu'il  y  avait  longtemps  qu'on  n'était  pas  allé 
voir  ce  que  ces  animaux  étaient  devenus. 

En  remontant  la  rivière  en  bateau,  il  me  suffisait  de  tirer  au  hasard,  hors 
de  l'eau,  une  tige,  une  souche  immergées  pour  faire  apparaître  des  cha- 
pelets interminables  et  de  volumineux  paquets  de  Mollusques  agglutinés. 

En  même  temps  que  je  constatais  leur  abondance  remarquable,  je  fis, 
au  mois  de  décembre,  une  autre  observation  des  plus  intéressantes  :  toutes 
les  Huîtres  fixées  ainsi  dans  le  voisinage  de  la  surface  étaient  des  Huîtres 
très  jeunes,  âgées  de  quelques  mois  à  un  an,  dont  la  coquille  mince,  rapi- 
dement développée,  avait  un  diamètre  de  2*="  à  4*^™  environ. 

Une  semblable  uniformité  dans  une  population  aussi  nombreuse  nie 
parut  curieuse,  et  j'essayai  d'en  chercher  la  raison.  Poursuivant  mes  inves  ■ 
tigationsje  trouvai,  dans  les  grappes  deMollusques  récoltés, de  nombreuses 
coquilles  toujours  de  même  taille  mais  vides,  dont  l'animal  avait  disparu  et 
qui  servaient  de  supports  aux  animaux  vivants. 

J'ai  trouvé  jusqu'à  3  et  4  superpositions  successives  de  coquilles  de  taille 
uniformément  petite  et  dont  les  dernières  fixées  étaient  seules  vivantes. 

Il  semblait  bien  qu'une  cause  inconnue  et  périodique  empêchât  ces  ani- 
maux de  se  développer  et  de  vivre  au  delà  d'une  année  et  que  chaque 
génération  succombât  entière  à  cet  âge,  pour  servir  ensuite  de  support  de 
fixation  à  une  génératiqn  nouvelle. 

A  diverses  reprises,  depuis  deux  ans,  j'ai  étudié  la  Macta.  En  mars-avril, 
pas  de  Mollusques  vivants;  rien  que  des  squelettes.  En  automne,  population 
pullulante  et  bien  vivante. 

La  cause  destructive  agissait  donc  en  hiver,  pendant  la  saison  pluvieuse 


Sp'i  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

algérienne.  Or,  à  ce  moment,  la  Macta  subit  des  crues  considérables.  Dans 
les  six  derniers  kilomètres  de  son  cours,  son  écoulement,  très  lent  en  temps 
ordinaire,  devient  plus  rapide;  son  eau,  saumàtre,  devient  presque  com:- 
plètement  douce. 

Ce  changement  brusque  dans  la  salure  de  l'eau  devait  vraisemblablement 
produire  les  hécatombes  périodiques  d'Huîtres  que  l'observation  directe 
permettait  de  constater. 

Le  Tableau  suivant  donne  les  variations  de  la  densité  de  l'eau  de  la 
Macta  puisée  à  diverses  distances  de  l'embouchure,  avant  et  après  les  pluies 
d'hiver  : 

Densités. 

;i  l'emljoucliure.     à  2'™  en  amont,     à  '>''"  en  amont. 
Avant  les  pluies,  décembre  1905. ..  .          i,oi65                i,oi45  1,0119 

Après  les  pluias,  février  1906 i  ,oio5  1  ,0070 

Comme  termes  de  comparaison,  je  rappelle  : 

que  la  densité  de  Teau  de  la  Méditerranée  est i  ,0285 

et  celle  de  l'eau  douce  de  rivière i  ,0000 

Toutes  ces  densités  ont  été  prises  ou  ramenées  à  i5°C. 

Ce  Tableau  est  très  net  et  confirme  absolument  l'hypothèse  à  laquelle 
j'avais  été  conduit.  Mais  un  dernier  point  restait  à  élucider.  Si  tous  les 
animaux  mouraient  très  jeunes,  chaque  hiver,  d'où  |)rovenaient  les 
embryons  qui,  tous  les  printeinps,  repeuplaient  avec  une  étonnante  ra- 
pidité le  cours  inférieur  de  la  Macta? 

Il  y  a  des  Huîtres  dans  le  golfe  d'Arzew  et  j'avais  d'abord  pensé  qu'à  cer- 
taines époques  les  courants  marins  superficiels  pouvaient  en  amener  un 
certain  nombre  dans  la  rivière.  Il  paraissait  cependant  bien  difficile 
d'expliquer  ainsi  ce  repeuplement,  en  quelque  sorte  automatique  et  se  fai- 
sant |)artout  à  la  fois  sur  G"**. 

J'ai  eu  l'idée  d'explorer  le  fond  du  fleuve  qui  est  partout  très  profond 
(4"  à  6""  environ),  et  j'y  ai  trouvé  de  nombreuses  Huîtres,  volumineuses 
celles-là,  et  de  tous  les  âges,  encore  fixées  sur  les  supports,  qui,  après 
s'être  détachées  du  bord,  avaient  roulé  au  fond.  Ces  Huîtres  sont  toujours 
bien  vivantes  et  pour  cause  :  la  densité  de  l'eau  y  est  sensiblement  con- 
stante, comme  l'indiquent  les  chiffres  suivants  : 

Hiver.  Été. 

Densité  par  .',"■  de  fond r  ,0162         i  ,0169 


SÉANCE    DU    5    MARS    1906.  SgS 

Au  moment  des  crues,  le  courant  n'est  jamais  tumultueux;  l'eau  salée, 
plus  lourde,  reste  peu  agitée  dans  la  profondeur;  l'eau  douce,  plus  légère, 
glisse  superficiellement  au-dessus. 

Le  régime  physico-biologique  des  Huîtres  de  la  Macta,  très  curieux  en 
lui-même,  présente  une  importance  capitale  au  point  de  vue  de  la  possibi- 
lité d'une  exploitation  ostréicole,  des  conditions  particulières  de  son 
installation  et  de  son  avenir  dans  cette  région.  Je  montrerai  bientôt  qu'il 
est  possible  de  dériver  directement  vers  la  mer  l'excès  d'eau  des  crues  et 
de  donner  aux  Huîtres  la  sécurité  permanente  qui  assurera  leur  multiplica- 
tion naturelle  et  indéfinie. 


PHYSIOLOGIE.  —  Les  ferments  du  placenta. 
Note  de  MM.  Cuarrix  et  Goupil,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

Des  recherches  antérieures  nous  ont  permis  d'établir  que  le  placenta 
retient  diverses  substances,  en  particulier  le  glucose.  Quand,  aune  femelle 
pleine,  on  injecte  une  solution  de  ce  corps  ou  des  liquides  contenant  certains 
composés  protéiques  (agglutinines,  lysines,  précipitines,  alexines,  etc.), 
il  n'est  pas  rare  de  constater  que,  chez  le  fœtus,  ces  différents  produits  sont 
nettement  moins  abondants  que  chez  la  mère.  Soit  en  raison  de  la  lenteur 
de  la  circulation  dans  les  lacunes  placentaires,  soit  à  cause  des  propriétés 
pour  ainsi  dire  de  fixation  qu'exerce,  à  l'égard  d'une  série  de  principes,  le 
tissu  du  délivre,  cet  organe,  pendant  un  temps  plus  ou  moins  long,  peut 
agir  sur  ces  principes.  Aussi  nous  a-t-il  paru  intéressant  de  poursuivre  nos 
recherches  (')  et  d'examiner  si  ce  placenta  possède  des  éléments,  par- 
dessus tout  des  ferments,  susceptibles  de  lui  permettre  de  détruire,  de 
métamorphoser,  d'élaborer  les  substances  retenues. 

Dans  ce  but,  en  introduisant  par  l'artère  du  cordon  du  sérum  artificiel,  on  lave  un 
placenta  récemment  expulsé;  on  poursuit  ce  la\age  jusqu'à  l'instant  où  le  liquide,  qui 
ressort  par  les  veines  et  les  cotylédons,  grâce  aux  dégradations  successives  de  sa 
teinte,  indique  que  le  sang  est  expulsé  d'une  façon  sensiblement  complète. 

Dans  ces  conditions,  on  triture  cet  organe  réduit  en  bouillie  avec  de  l'eau  légè- 
rement salée  et  glycérinée;  puis,  après  environ  24  heures  de  mélange,  on  presse  au 
nouet.  Au  liquide  qui  passe  on  ajoute  cinq  à  six  fois  son  volume  d'alcool  absolu,  et 
l'on  maintient  le  contact  durant  au  moins  une  semaine. 


(')  \'oir  la  première  partie,  Comptes  rendus,  i4  août  igoô. 


596  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

A  ce  moment,  on  filtre  sur  papier;  ralcool  entraîne  les  matières  grasses  et  quelques 
sels;  le  précipité  demeuré  sur  le  filtre  en  majeure  partie  est  constitué  par  des  com- 
posés de  nature  protéique,  comprenant  des  albumines  vraies  et  des  ferments.  On  des- 
sèche à  basse  température,  et  Ton  reprend  par  du  sérum  artificiel  qui,  tandis  que  ces 
albumines  vraies  (dont  le  contact  prolongé  avec  l'alcool  a  modifié  les  attributs)  ne  se 
dissolvent  sensiblement  pas,  se  charge  de  ces  ferments. 

Dans  un  premier  essai,  on  fait  agir  5"^"°  de  ce  sérum  sur  S"^""'  d'empois  d'amidon 
léger-,  maintenu  à  la  température  de  37°  en  présence  de  toluène.  Au  bout  de  quelques 
heures,  tant  par  la  liqueur  de  Feliling  que  par  le  polarimètre,  on  reconnaît  l'existence 
d'un  sucre  réducteur,  dont  la  présence  est  due  à  l'action  d'un  ferment  amylolytique. 

Dans  un  second  essai,  on  met  en  contact  un  nouveau  volume  de  ce  sérum  artificiel 
et  une  solution  faible  de  gaïacol;  à  ce  mélange  on  ajoute  quelques  gouttes  d'eau  oxy- 
génée; on  observe  alors  la  production  d'une  coloration  rose,  et,  si  l'on  remplace  le 
gaïacol  par  la  paraphénylènediamine,  la  teinte  vire  au  bleu.  Ces  réactions  démontrent 
la  réalité  d'un  ferment  oxydant;  comme  il  n'oxyde  pas  l'aldéhyde  benzylique  et  que, 
d'autre  part,  l'eau  oxygénée  est  nécessaire  aux  réactions,  il  s'agit  d'une  oxydase 
indirects. 

Rappelons  que  d'anciennes  études  nous  ont  montré  que  le  placenta  contient  un 
agent  glycolytique  (formation  d'alcool  aux  dépens  du  glucose);  mais  nous  n'avons 
pas  réussi  à  l'isoler. 

De  plus,  en  faisant  agir  l'extrait  du  délivre  sur  des  cubes  d'albumine,  nous  avons 
tenté  de  mettre  en  évidence  une  diastase  protéolytique.  Or,  on  constate,  en  eftet, 
l'attaque  de  ces  cubes,  mais  à  une  condition,  c'est  que  le  sang  n'ait  pas  été  totalement 
expulsé  du  délivre;  à  mesure  qu'on  chasse  ce  sang,  cette  attaque  devient  de  moins  en 
moins  nette  :  cette  diastase  paraît  être  un  ferment  d'emprunt  ('). 

A  cet  égard,  ces  résultats,  dont  il  est  en  partie  fait  mention  dans 
notre  Note  du  i4  août  ipoS,  diffèrent  de  ceux  d'Ascoli  et  des  travaux  plus 
récents  (^Munch.med.  Woch.,  i4  novembre  i9o5)de  Bergell  et  Liepmann  : 
parmi  les  ferments  placentaires  vrais,  ces  auteurs  comj)tent  un  principe 
capable  de  protéolyse.  Toutefois,  il  est  bon  de  remarquer  qu'ils  n'ont  pas 
lavé  avec  soin  l'organe  dont  ils  se  sont  servis,  et  se  sont  bornés  à  opérer 
par  comparaison  avec  d'autres  territoires  sanguins. 

En  revanche,  comme  Bergell  et  Liepmann,  nous  n'avons  pas  réussi  à 
isoler  nettement  des  ferments  susceptibles  de  saponifier  les  graisses;  par 
contre,  positifs  pour  ces  auteurs,  pour  nous  les  essais  relatifs  au  lactose 
le  plus  souvent  sont  demeurés  négatifs. 


(')  Au  point  de  vue  pratique,  ces  ferments  d'emprunt  ont  leur  importance,  attendu 
que  le  placenta  peut  s'en  servir;  la  calalase  est  peut-être  du  nombre.  On  note,  d'ail- 
leurs, des  variations. 


SÉANCE    DU    5    MARS    1906.  697 

Ajoutons  que,  recommencées  après  chauffage  à  loo",  avec  les  mêmes  pro- 
duits, ces  diverses  expériences  n'ont  donné  aucun  lésultat. 

En  somme,  donnant  à  nos  anciennes  recherches  une  nouvelle  extension, 
ces  travaux  font  envisager  le  placenta  comme  une  sorte  de  glande  {'), 
capable  de  retenir,  de  modifier  différentes  substances  ou  de  perfectionner 
des  élaborations  déjà  commencées.  Au  point  de  vue  de  la  physiologie  de 
cet  organe  ou  de  l'existence  du  fœtus  (^),  souvent  relativement  pauvre  en 
diastases,  on  conçoit  la  portée  de  ces  constatations. 

Des  expériences  en  cours  permettent  même  d'entrevoir  de  nouveaux 
faits  et  conduisent  à  déceler,  dans  ce  viscère,  la  présence  de  véritables  élé- 
ments de  sécrétion  et  d'agents  propres  à  modifier  les  matières  colorantes  de 
la  bile. 


PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  Sur  la  durée  de  persistance  de  l'activité  du 
cœur  isolé.  Note  de  M.  M.  Lambert. 

L'intérêt  des  nombreuses  recherches  qui,  depuis  que  l'on  connaît  la  pos- 
sibilité de  la  survie  du  cœur  de  grenouille  isolé  (Ludwig,  Cyon),  se  sont 
proposé  comme  but  la  constitution  d'un  liquide  «  idéal»  (Locke)  s'est  trouvé 
accru  grâce  à  l'utilisation  de  semblables  liquides  pour  le  cœur  de  mammi- 
fères (Martin,  Langendorff). 

Des  divergences  d'opinion  subsistent  entre  les  différents  expérimentateurs  au  sujet 
de  l'interprétation  du  mode  d'action  des  milieux  artificiels,  notamment  en  ce  qui  con- 
cerne les  sels,  la  nécessité  de  l'oxygène,  la  valeur  nutritive  de  substances  diverses.  Sur 

(')  On  sait  que  des  liistologistes  (LetuUe,  Nattan-Larier,  etc.)  ont,  dans  le  délivre, 
décrit  des  sortes  de  cellules  glandulaires. 

(')  Au  cours  de  la  gestation,  fréquemment  les  échanges  sont  légèrement  ralentis 

(O  et  CO^  diminués);   l'alcalinité  humorale    fléchit,   mais  d'une   façon   inconstante, 

légère  et  variable  :  l'hyperfonctionnement  thyroïdien  est  apte,  en  partie,  à  parer  à  ces 

tares,  peut-être  à   suppléer  la   mise  en   sommeil  des  ovaires,  qui,  à  titre  de   glandes 

internes,   sont  des   excitateurs  des   mutations   nutritives.   D'ailleurs,  il  ne  s'agit  que 

d'oscillations  physiologiques  et  non  de  troubles  pathologiques.    Par  leur  composition 

(     ■       A^U  \   ,  . 

|uree,   j^^j   etc.!   les    urines    traduisent   ces    changements;    leur   volume    parfois 

s'abaisse  (cobaye)  et   parfois  vers  la  fin  s'élève  (femme)  ;  il  est  possible  que  ces  fer- 
ments concourent  à  atténuer  ces  désordres? 

C.  R.,  1906,   l'-tSemestre.  (T.  CXLII,  N»  10.)  79 


098  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ce  dernier  point  en  particulier  Krone(?l\er  et  ses  élèves  n'ont  cessé  de  soutenir  la  néces- 
sité d'un  apport  de  potentiel  énergéti({ue,  tandis  que  d'autres  (Gaule,  Ringer,  etc.) 
croient  le  cœur  capable  de  travailler  au\  dépens  de  sa  propre  substance.  Comme  la 
preuve  directe  de  la  consommation  de  l'aliment  supposé  ne  peut  pas  être  donnée  en 
raison  de  sa  faible  grandeur,  on  a  cherché  à  la  déduire  de  la  reprise  des  battements 
d'un  cœur  arrêté  par  substitution  d'un  liquide  nutritif  à  un  liquide  non  nutritif.  Cette 
r'eprise,  ou  le  renforcement  de  l'énergie  cardiaque  (Heffter),  dans  les  conditions  où 
elle  a  été  observée,  paraît  susceptible  d'interprétations  difterentes. 

<^)uoi  qu'il  en  soit,  que  le  cœur  oi'i  circule  une  solution  exclusivement  saline  tire  son 
énergie  soit  de  réserves  intracellulaires,  soit  de  résidus  extracellulaires,  mais  très 
adhérents  au  tissu  cardiaque,  si  la  solution  suffit  à  assurer  les  échanges  matériels,  il 
paraît  vraisemblable  que  la  rapidité  de  l'épuisement  du  cœur  doit  dépendre  de  la 
grandeur  de  l'utilisation  de  ses  réserves  énergétiques. 

J'ai  ainsi  été  amené  à  rechercher  s'il  existait  une  relation  entre  la  durée 
(le  survie  du  cœur  isolé  et  le  travail  qu'il  accomplit.  Je  me  suis  servi  à  cet 
effet  du  <:œur  de  grenouille  et  de  la  solution  classique  de  Ringer. 

Lorsque  le  cœur  n'a  à  lutter  contre  aucune  pression  les  battements 
spontanés  peuvent  persister  fort  longtemps  et  cela  d'autant  plus  que  l'ex- 
périence aura  été  conduite  aseptiquement,  cas  auquel  on  les  observe 
aisément  pendant  plus  de  5  jours. 

En  comparant  entre  elles  les  expériences  exécutées  avec  des  pressions 
différentes,  on  constate  que  l'efficacité  des  battements  manifestée  par 
l'écoulement  du  liquide  à  l'orifice  artériel  cesse  d'autant  plus  rapi<l«ment 
que  la  pression  est  plus  forte.  les  contractions  continuent  sans  que  l'écou- 
lement se  produise  pendant  un  certain  temps,  ptiis  s'arrêtent. 

Si  à  ce  moment  on  abaisse  l'orifice  du  tube  artériel  et  qu'on  fasse  circuler 
du  liquide  de  manière  à  renouveler  celui  qui  se  trouvait  au  contact  du  cœur, 
on  observe  bien  une  reprise,  mais  elle  est  de  courte  durée  et  la  cessation 
des  battements  spontanés  est  bientôt  définitive.  La  raison  principale  de 
l'arrêt  du  cœur  paraît  donc  être  l'épuisement  de  ses  réserves  et  non  l'accu- 
mulation de  substances  fatigantes,  éliminées  par  le  lavage. 

La  durée  de  persistance  de  la  puissance  du  cœur  dépend  surtout  de  la 
lyression  qu'il  a  à  surmonter.  Dans  des  expériences  Comparatives  où  cette 
puissance  était  analogue  (4oo  i>  5oo  ergs-seconde),  elle  s'est  maintenue 
très  peu  de  temps  ou  quelques  heures  suivant  que  la  pression  était  forte 
ou  faible  tout  en  étant  comprise  entré  des  limites  physiologiques.  Le 
travail  total  effectué  était  donc  beaucoup  plus  considérable  dans  ce  seooiîd 
cas.  Il  semble  par  suite  que  l'on  n'est  nullement  autorisé  à  apprécier  par 
le  travail  extérieur  accompli  l'énergie  dépensée  par  le  fonctionnement  du 


SÉANCE    DU    5    MARS    1906.  099 

cœur.  On  sait  (Marey,  Dreser)  que  le  débit  cardiaque  diminue  à  mesura 
que  la  pression  s'élève  et  que  par  suite  le  travail  est  maximum,  toutes 
choses  égales  d'ailleurs,  quand  la  pression  atteint  une  valeur  égale  à  la 
moitié  de  la  pression  maxima.  La  consommation  d'énergie  parait  dépendre 
plus  de  la  pression  que  du  débit,  de  telle  sorte  que  le  travail  optimum 
n'est  pas,  si  l'on  considère  des  durées  suffisantes,  celui  où  l'effet  extérieur 
est  le  plus  considérable.  Tous  ces  faits  paraissent  aisément  explicables 
grâce  aux  belles  recherches  de  M.  Chauveau  sur  l'énergétique  musculaire. 
Eff'ectivement  la  pression  normale  du  sang  dans  l'aorte  chez  la  grenouille 
est  inférieure  à  la  moitié  de  la  pression  maxima  que  peut  développer  le 
cœur.  Si  la  principale  cause  de  l'arrêt  du  cœur  isolé  où  circule  du  liquide 
de  Ringer  est  bien  l'épuisement  de  ses  réserves,  il  doit,  avec  un  liquide 
aseptique  et  convenablement  nutritif,  maintenir  longtemps  en  dehors  de 
l'organisme  une  pression  voisine  de  la  pression  normale. 

MÉDECINE.  —  De  rinfluence  de  la  vieillesse  sur  la  pression  artérielle. 
Note  de  M.  A.  Moutier,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

On  semble  croire  généralement  que  la  pression  artérielle  tend  à  s'élever 
à  mesure  que  l'âge  s'accroît,  et  cela  sous  l'influence  seule  de  l'âge  et  en 
dehors  de  tout  étal  pathologique. 

Or  il  y  a  deux  choses  à  considérer  :  savoir,  d'abord  si  chez  tous  les  vieil- 
larils  on  constate  une  pression  plus  forte  qu'à  l'âge  adulte  et  établir  ensuite 
si  cette  hypertension  est  normale  ou  non. 

Sur  le  premier  point,  nos  recherches  ne  concordent  pas  avec  celles  des 
auteurs  qui  nous  ont  précédé  dans  l'étude  de  celte  question.  Cette  diffé- 
rence provient  peut-être  de  ce  que  nous  avons  observé  dans  des  milieux 
diff'érents;  toujours  est-il  que,  dans  notre  pratique,  nous  avons  rencontre 
souvent  des  se|)ti]agénaires  et  des  octogénaires  dont  la  pression  artérielle 
ne  différait  pas  de  celle  de  l'adulle  normal  et,  lors  de  nos  travaux  à  la 
maison  dcparlemenlale  de  la  Seine,  nous  avons  même  pu  voir  combien  les 
hypertendus  étaient  rares  parmi  les  vieilla<'ds,  hommes  ou  femmes,  hospi- 
talisés dans  cet  établissement;  la  majorité  de  ceux-ci  piésentaient  une 
pression  normale  ou  au-dessous  de  la  normale. 

Polain  ('  ),  lor?  de  s-es  recherches  à  Bicèlre,  a  trouvé  chez  les  vieillards,  hospitalisés 


(,')  C.  I^OTAiiN,  La  pression  artérielle  de  Vhonimeà  l'état  normalet  pathologique. 
Paris,  1902,  p.  ç)-j  et  suivantes. 


6oo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dans  cet  hospice,  en  général  une  pression  au-dessus  de  la  normale,  mais  il  reconnaît 
que  les  hauts  chifTres  indiqués  par  le  sphygmomanonièlre  paraissent  «  se  rapporter 
surtout  à  la  résistance  exagérée  des  parois  artérielles  et  secondairement  à  l'hypertro- 
phie du  cœur  qui  en  est  la  conséquence  ».  C'est-à-dire  que  les  sujets  qu'il  avait  observés 
étaient  atteints  d'athérome  artériel  et  il  le  démontre  en  prenant  les  tracés  sphygmo- 
gra|diiques  du  pouls  de  ces  vieillards.  En  effet,  «  on  reconnaît,  dit-il,  sur  la  plupart, 
de  la  façon  la  plus  nette,  le  plateau  signalé  par  M.  Marey  comme  caractéristique  de 
l'athérome  ». 

De  notre  côté,  chaque  fois  que  nous  avons  constaté  chez  un  vieillard  une 
pression  artérielle  au-dessus  de  la  pression  normale  de  l'adulte,  nous  avons 
|)u,  grâce  à  la  d'Arsonvalisation,  par  les  moyens  que  nous  avons  exposés 
dans  des  travaux  antérieurs,  ramener  cette  pression  au  même  chiffre  que 
chez  l'adulte  sans  déterminer  aucun  accident,  bien  au  contraire,  en  amé- 
liorant le  plus  ordinairement  l'état  général  de  ces  vieillards  qui  ne  présen- 
taient aucun  autre  trouble  objectif  que  cette  hypertension,  et  en  faisant 
souvent  disparaître  des  troubles  subjectifs  restés  indéterminés  jusqu'alors. 

Il  semble  donc  que,  chez  le  vieillard,  l'hypertension  artérielle  ne  sérail 
pas  aussi  fréquente  qu'on  l'a  dit,  que  cette  hypertension,  lorsqu'elle  exis- 
terait, serait  la  conséquence  de  l'artério-sclérose  et  qu'elle  ne  serait  pas 
due  à  l'évolution  normale  de  l'organisme. 


GÉOLOGIE.  —  Une  chaîne  volcanique  miocène  sur  le  bord  occidental  de 
la  Limagne.  Note  de  M.  Ph.  Glangeaud,  présentée  par  M.  Michel 
Lévy. 

Dans  une  Note  récente  j'ai  signalé  l'existence,  à  l'époque  miocène, 
d'une  chaîne  éruptive  dominant  la  vallée  de  la  Sioule,  au  nord-ouest  de  la 
chaîne  des  Puys.  Cette  étude  m'a  permis  d'établir  la  liaison  étroite  des  phé- 
nomènes métallifères  qui  suivirent  immédiatement  les  éruptions  des  volcans  de 
celte  chaîne  et  donnèrent  naissance  aux  liions  de  plomb  argentifère  de 
Pontgibaud.  C'est,  à  ma  connaissance,  la  première  fois  que  l'on  constate, 
en  France,  une  telle  relation  à  l'époque  tertiaire. 

A  la  même  époque  il  a  existé,  non  plus  à  l'ouest  de  la  chaîne  des  Puys, 
mais  à  l'est,  sur  le  bord  occidental  de  la  Limagne,  une  autre  région 
éruptive  qui  présente  des  phénomènes  métallifères  analogues,  bien  qu'à 
un  degré  moindre.  Je  reviendrai  ailleurs  sur  ce  point  intéressant.  Mais 
l'étude  de  ces  volcans  offre  d'autres  faits  importants  sur  lesquels  je  désire 
appeler  l'attention. 


SÉANCE    DU    5    MARS    I906.  60 l 

Cette  région  éruptive,  aujourd'hui  démantelée,  formait  jadis  une  véri- 
table chaîne  nord-sud  alignée  sur  le  bord  du  bassin  tertiaire;  une  première 
série  de  volcans  était  installée  sur  le  granité,  les  autres  s'étendaient  sur 
les  terrains  tertiaires.  Les  premiers  constituent  aujourd'hui  une  série  de  col- 
lines de  direction  est-ouest.  C'est  d'abord  la  montagne  de  la  Serre,  véritable 
table  de  basalte  qui  n'a  pas  moins  de  lo"""  de  long;  le  Puy  de  Berzet,  le 
volcan  de  Charade  qui  domine  les  vallons  profonds  des  environs  de  Royat, 
puis  la  nappe  pittoresque  de  Pradelles,  sorte  de  cap  avancé  sur  Clermont. 
Ces  collines,  restes  de  coulées  plus  étendues,  plongent  vers  la  Limagne, 
comme  les  collines  volcaniques  des  environs  de  Pontgibaud-Manzat  plon- 
geaient vers  la  vallée  de  la  Sioule. 

Quels  sont  l'âge  et  l'origine  et  quelles  sont  les  relations  de  ces  coulées 
anciennes,  qui  contribuent  dans  une  si  large  mesure  au  pittoresque  de 
la  région  ? 

La  figure  ci-dessous,  qui  se  rapporte  à  la  colline  de  la  Serre  et  aux  vol- 
cans qui  l'avoisinent,  me  paraît  résume?-  ces  questions. 


^•^ 


1°  f^a  partie  la  plus  élevée  de  celte  colline  (1006™)  représeate  remplacement  de 
l'ancien  cratère  d'où  est  sortie  cette  longue  nappe  de  basalte,  ainsi  qu'en  témoignent 
les  nombreuses  projections  qui  la  couronnent,  mais  la  coulée  s'étendait  plus  loin  à 
l'est  et  au  sud,  car  le  petit  lambeau  de  basalte  qui  coifTe  le  mont  Redon  s'y  'rattache 


6o2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

étroiteineiit.  La  nappe  basaltique  est,  en  oulre,  morcelée  par  des  failles  qui  la  déni- 
vellent en  trois  échelons. 

2°  Sur  le  pourtour  occidental  de  la  colline,  on  observe  une  série  de  lauil)eau\  de 
l^asalte  dont  l'ensemble  enserre  la  partie  élargie  du  ]dateau  de  Nadaillal.  Ce  sont  là 
les  restes  d'une  coulée  Ijifurquée  issue  d'un  cône  éruptif  en  partie  détruit,  situé  à  l'est 
du  Puy  de  la  Vache  (point  1009). 

Cette  coulée  s'est  épanchée  dans  les  de^ux  vallées  qui  s'étaient  creusées  sur  les  lianes 
de  la  coulée  de  la  Serre;  elle  est  donc  plus  récente. 

3"  Enfin  |)lus  à  l'ouest  se  trouvent  les  deux  volcans  égueulés  de  la  Vache  et  Lassolas 
d'où  émergent  les  coulées  basaltiques  connues  sous  le  nonv  àei  cheires  d'Aydat,  semées 
de  cavités,  dans  lesquelles  il  se  forme  de  la  glace  pendant  les  étés  très  chauds.  Il  existe 
deux  coulées  superposées  distinguées  par  M.  Michel  Lévj,  la  coulée  inférieure  de  20''™ 
de  long  est  jalonnée  de  petits  points  éruptifs. 

L'ensemble  de  la  région  que  je  viens  de  décrire  comprend  des  volcans 
de  trois  âges  différents,  juxtaposés,  occupant  trois  positions  différentes  et  offrant 
des  aspects  différents;  la  plus  ancienne  et  la  plus  élevée  (montagne  de  la 
Serre)  domine  la  région  de  plus  de  200"  et  est  morcelée  par  des  failles;  la 
coulée  issue  du  point  1009  et  épanchée  sur  les  flancs  de  la  précédente  sur- 
plombe la  vallée  de  5o™  à  100™  tandis  que  les  coulées  de  la  Vache  et  de 
Lassolas  qui  moulent  le  fond  de  la  Vallée  de  la  Veyre  sont  d'une  fraîcheur 
remarquable. 

La  présence  de  chailles  renfermant  des  fossiles  jurassiques  à  la  partie 
supérieure  de  la  colline  de  la  Serre,  le  morcellement  de  cette  colline  par 
des  failles,  sont  des  faits  qui  rappellent  ceux  qui  ont  été  observés  sur  les 
côtes  de  Clermont,  de  Gergovie,  de  Chateaugey  et  de  Pardines,  par 
MM.  Michel  Lévy,  Boule  et  Giraud,  collines  couronnées  de  plateaux  basal- 
tiques d'âge  miocène.  On  est  donc  en  droit  de  conclure  que  le  volcan  de 
Nadaillat  et  la  coulée  de  la  Serre  sont  également  A'âge  miocène. 

Les  coulées  issues  du  point  1009  ne  peuvent  être  que  à'âge  pliocène. 
Enfin  les  deux  coulées  des  volcans  de  la  Vache  et  de  Lassolas  se  sont 
épanchées  à  deux  époques  du  Pléistocène. 

Les  faits  que  je  viens  de  signaler  se  répètent,  un  peu  différemment,  au 
Puy  de  Berzet,  volcan  miocène  au  pied  duquel  s'étend  une  coulée  pliocène 
(Saint-Genès-Chaiïipanelle). 

Le  Puy  de  Charade  offre  des  faits  analogues,  mais  ici  la  coulée,  plus  pro- 
fondément découpée,  est  recouverte  en  partie  par  le  volcan  quaternaire  de 
Gravenoire. 

Enfin,  la  coulée  de  Pradeltes  se  rattache  à  un  cône  éruptif,  en  partie 
conservé,  dominant  Villars  et  la  coulée  du  Puy  de  Pariou. 


SÉANCE  DU  5  MARS  1906.  Go3 

En  un  mot,  la  chaîne  des  Pays  quaternaires  est  encadrée  à  l'est  et  à  l'ouest 
par  deux  chaînes  éruptives  miocènes  et  par  plusieurs  volcans  pliocénes. 


GÉOLOGIE.   —  Découverte  de  deux  horizons  crétacés  remarquables  au  Maroc. 
Noie  de  MM.  W.  Kilian  et  L.  Gextil,  présentée  par  M.  Barrois. 

De  toutes  les  parties  du  Maroc,  la  chaîne  du  Haut-Atlas,  avec  ses  sommets 
pouvant  atteindre  45oo™,  constitue  celle  qui  a  le  plus  excité  la  curiosité  des 
explorateurs.  Aussi  la  bibliographie  relative  à  la  géographie  physique  de 
cette  chaîne  est-elle  déjà  importante  et  les  noms  de  Balansa,  Hooker  et  Bail, 
von  Fritsch,  de  Foucauld,de  Segonzac,  Thomson,  Brives,  Lemoine,  etc.,  y 
figurent. 

Mais  ces  voyageurs  se  sont  bornés,  pour  la  plupart,  à  parcourir  le  flanc 
septentrional  de  l'aile  occidentale  de  la  haute  chaîne,  c'est-à-ilire  de  la 
partie  située  au  sud-est  de  Mogador  et  au  sud  de  Marrakech;  tandis  que  la 
partie  littorale  est  demeurée  très  longtemps  inexplorée.  Seul  M.  Brives  a 
fait  (1904),  à  l'est  de  l'itinéraire  des  explorateurs  de  Foucauld  et  de 
Segonzac,  un  crochet  qui  lui  a  permis  de  pénétrer  plus  que  ses  devanciers 
dans  la  tribu  des  Ida  ou  Tanan,  jalousement  fermée  aux  investigations 
de  l'Européen. 

L'un  de  nous  a  pu,  l'an  dernier,  lors  de  sa  participation  à  la  Mission  du 
Comité  du  Maroc  (Mission  de  Segonzac)  circuler  assez  librement  dans  ce  pays 
siba,  le  traversant  de  part  en  part  et  remontant  jusqu'aux  sources  de  l'Asif 
Tamerakht  (').  Il  a  constaté  que  l'extrémité  de  la  chaîne  e^t  formée  de 
terrains  pruiiaires,  jurassiques  et  de  terrains  crétacés  qui  forment  une  série 
à  peu  près  complète.  Ces  derniers  sont  très  riches  en  fossiles;  certains 
niveaux  même  lui  ont  fourni  d'abondants  matériaux  malgré  les  difficultés 
qu'il  a  éprouvées  pour  les  recueillir. 

Le  but  de  la  présente  Note  est  de  signaler,  dans  cette  région  sud-maro- 
caine, deux  horizons  très  intéressants  jusqu'ici  inconnus  dans  le  Pays  du 
Moghreb  et  nettement  définis  par  des  faunes  importantes  :  l'une  apparte- 
nant à  V Aptien  supérieur  (Gargasien),  l'autre  offrant  les  espèces  les  plus 
caractéristiques  du  niveau  de  Clansayes,  d'un  âge  intermédiaire  entre 
l'Aptien  supérieur  et  le  Gault  inférieur  des  auteurs. 

(')  Louis  Gentil,  Dans  le  Bled  es  Siba,  Exploraiions  au  Maroc,  l'aris,  Masson 
"et  C'%  1906  (i  vol.  in-4",  223  figures). 


6o4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

La  faune  gargasienne  est  composée  de  fossiles  pyriteux;  l'un  de  nous  (W.  Kilian) 
y  a  reconnu  entre  autres,  malgré  l'état  d'encroûtement  d'une  partie  des  échantillons  : 
Hiboliles  seinicanaliculatua  Blainv.,  mut.  major  Kilian  (assez  commun);  Phyllo- 
ceras  sp.  gr.  Morelianus  d'Orh.  sp.;  Ph.  Carlavanti  à'Orh.  sp.;  Desmoceras  Toucasi 
Jacob  (moules  pyriteux  nombreux,  intermédiaiies  entre  D.  vocontiinn  Lory  et  Sayn, 
et  D.  Toucasi.  J.  :  sur  ces  moules  internes  les  bourrelets  du  lest,  caractéristiques  de 
D.  Toucasi  sont,  comme  il  est  naturel,  très  atténués);  Puzosia  Angladei  Sa^'n  (assez 
fréquent,  existe  aussi  dans  le  Gargasien  des  Basses-Alpes);  Lytoceras  nov.  sp.  (abon- 
dants dans  les  marnes  gargasiennes  des  Basses-Alpes);  Lytoceras  numidicum  (Coq.) 
Sayn  (bel  écliantillon,  existe  aussi  dans  les  marnes  aptiennes  de  la  Haute-Provence), 
L.  sp.;  Parahopliles  gargasensis  sp.  (typique);  Par-,  crassicostatiim  d'Orb.  var. 
(se  retrouve  à  Gargas  et  à  l'Oued  Cheniour);  /"ar.  nov.  sp.  (intermédiaire  entre  Pa/-. 
crassicostatus  d'Orb.  sp.  et  lardefuicatas  d'Orb.  sp.,  très  abondante);  Par.  n.  sp.; 
Toxoceras  Cornuelianus  d'Orb.  sp.  (fragments);  Oppelia  nis us  à^Orh.  sp.;  Sonne- 
ratia  cf.  raresulcalaLeym.  sp.  ;  Gastropodes  (Solarium.  Aporrhais.  etc.,  en  moules 
pyriteux);  Plicatula  placunea  Lamk.;  PL  radiola  Lamk  (pyriteuse);  Corbis  sp., 
CucuUaria  indél.  ;  Cardiuin  sp.  ;  Venericardia  /leocomiensis  d'Orh.  \  Terebratula 
sella  Sow.  (identique  à  la  figure  19,  PI.  CCIl,  de  Piclet  et  de  Loriol,  assez  commun); 
Magellania  tamarindus  d'Orb,  sp.  (fréquent  en  moules  pyriteux  et  en  échantillons 
pourvus  de  leur  test);  lihynchonclla  sp.  (écrasée). 

Celte  faune  a  été  recueillie  dans  le  nord  de  la  tribu  des  Ida  ou  Tnnan, 
au  pied  sud-est  du  Djebel  Ouljdad,  à  la  partie  supérieure  d'une  série  puis- 
sante de  marnes  grises  ou  verdàtres,  intercalées  de  lits  gréseux,  jaunâtres, 
représentant  plusieurs  horizons  du  Crétacé  inférieur. 

lies  fossiles  du  niveau  de  Clansayes  sont  des  moules  non  pyriteux  em- 
palés dans  un  calcaire  marneux,  gris  blanchâtre.  La  roche  forme  un  banc 
qui  se  montre  immédiatement  au-dessus  des  argiles  à  faune  gargasienne, 
avec  une  épaisseur  de  20™  à  So".  Il  a  été  possible  de  le  poursuivre  sur  une 
longueur  de  Soo'"  à  400™  et  l'explorateur  l'a  vu  affleurer  sur  i5o™  de  lar- 
geur. Il  est  pétri  d'Ammonites,  ayant  pour  la  plupart  o'",ioà  o'^.ao  de  dia- 
mètre, et  l'accumulation  de  ces  coquilles  de  Céphalopodes  est  telle  que  ce 
gisement  semble  devoir  défier,  au  point  de  vue  du  nombre  des  individus 
qui  y  sont  entassés,  les  plus  riches  gisements  fossilifères  connus.  Malheu- 
reusement la  récolte  en  est  difficile,  à  cause  de  la  méfiance  des  indigènes, 
et  c'est  au  prix  de  mille  artifices  qu'ont  été  recueillis  les  matériaux  qui  ont 
permis  à  l'un  de  nous  (  W.  Kilian)  de  reconnaître  les  espèces  suivantes  : 

Belemniles  semicanaliculatus  Blainv.  mut.  major  Kil.,  abondant;  Desmoceras  sp. 
indet.;  Desm.  Toucasi incoh,  [éch.  semblable  aux  exemplaires  de  Clansayes  (E)rùme)]  ; 
Desm.  Akuschaense  Anthula  (formes  semblables  aux  éch.  de  Clansayes);  Dou\illei- 
ceras  Bigoureli  Seunes  sp.  ;  Douw  sp.;  Douv.  sp.  (fragments)  ;  Douv,  nodosocostatum 
d'Orb.  sp,  (un  éch.  typique);  Parahoplites  Alolani  Seunes  sp.  (abondant,  avec  nom- 


SÉANCE    DU    5    MARS    içt^fi.  6o5 

breuses  variétés  qui  permettraient  de  donner  une  description  plus  complète  qu'il  n'a  été 
fait  jusqu'à  ce  jour;  espèce  d'une  foule  de  localités  delphino-provençales)  ;  Par.  sp. 
(nombreuses  formes  intermédiaires  entre  P.  Nolani,  P.  Bigoti  Seunes  et  P.  Gros- 
soufrei  Jac);  Par.  Bigoti  Seunes  sp.;  Par.  aff.  mullispinatus  Anlhula;  Par.  n.  sp. 
(  groupe  de  Par.  Millelianus  d'Orb.)  ;  Par.  Deshaysei  Leym.  sp.  (éch.  identique  à  des 
individus  jeunes  de  l'Aptien  inférieur  de  l'Homme-d'Armes,  près  Montélimar;  c'est  la 
première  fois  que  cette  espèce  est  signalée  dans  la  zone  de  Clansayes);  Plicattila 
radiola  Lamk;  Serpules;  Bhynchone/la  Deliici  Piclel;  Terebratula  sella  Sow..(éch. 
typique);  Terebr.  Dutempleana  d'Orb. 

Cet  ensemble  in  clique  très  nettement  une  association  faunique  semblable 
à  celle  de  Clansayes;  outre  la  prédominance  des  mêmes  espèces  (Par.  No- 
lani, Douv.  Bigoureti,  surtout  Dom\  nodosocostalum  d'Orb.  sp.,  etc.),  et  les 
variétés  des  Parahoplites  du  groupe  Nolani- Bigoti,  la  présence  de  quelques 
formes  aptiennes  avec  des  types  albiens,  tels  que  Desm,  Akuschaense  et 
Bynch.  Deliici,  est  éminemment  caractéristique. 

Il  est  intéressant  de  constater  que  non  seulement  la  faune  de  Clansayes 
possède  dans  la  région  delphino-provençale,  ainsi  que  l'a  récemment 
montré  M.Jacob  ('),  une  extension  beaucoup  plus  grande  qu'on  ne  le 
soupçonnait,  mais  qu'elle  se  retrouve  en  Afrique  avec  les  mêmes  caractères 
et  au  même  niveau. 

Il  est  du  plus  haut  intérêt  de  constater  la  présence  de  ces  deux  horizons, 
non  encore  signalés  au  Maroc,  et  de  faire  connaître  leur  identité  remar- 
quable de  faciès  avec  les  formations  analogues  de  l'Aptien  supérieur  et 
de  l'Albien  inférieur  d'une  partie  de  la  contrée  delphino-provençale  (Diois, 
Baronnies).  Le  faciès  est  en  grande  partie  bathyal  ;  dans  l'horizon  infé- 
rieur, l'abondance  des  Desmoceras,  des  Puzosia,  des  Lytoceras  et  Phylloceras 
associés  aux  Parahoplites  et  surtout  la  fréquence  relative  de  Puzosia  An- 
gladei  Sayn,  sp.  éloigne  un  peu  ce  type  faunique  de  Gargas  pour  le 
rap[)rocher  de  certains  gisements  algériens  signalés  par  M.  Blayac  (Oued 
Cheniour). 


HYDROGRAPHIE.  —  Sur  le  grand  canon  du  Vejxlon  [Basses- Alpes),  son  âge 
et  sa  formation.  Note  de  M.  E.-A.  Martel,  présentée  par  M.  Albert 
Gaudry. 

Du  I  I  au  i4  aoiàt  igoS  j'ai  effectué  la  première  descente  complète  du 
grand  canon  du  Verdon,  entre  Rougon  et  Aiguines,  avec  MM.  A.  Janet, 


(')  Bull.  Soc.  géol.  de  France,  4"  série,  t.  V,  igoà,  p.  Sgg. 

C.    R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N"  10.)  ^O 


6o6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

M.  Lecouppey  de  la  Forest,  L.  Armand  et  dix  auxiliaires.  Cette  difficile 
entreprise  n'a  pu  être  menée  à  l^ien  que  grâce  aux  ressources  de  notre 
mission  officielle  du  Ministre  de  l'Agriculture  pour  l'étude  de  Fontaine- 
['Èvèqae  {\oW  Comptes  rendus,  ii  décembre  igoo). 

L'exploration  scientifique  de  cette  gorge  restait  un  problème  géogra- 
phique :  le  dessin  des  cartes  n'avait  été  fait  que  des  lèvres  ou  bords  supé- 
rieurs de  la  cluse.  Celle-ci,  longue  de  21''™,  est,  plus  qu'aucune  autre  vallée 
d'Europe,  un  véritable  canon,  comme  ceux  de  l'Amérique  du  Nord,  l^a 
hauteur  des  escarpements  varie  de  3oo"  à  700".  Les  crêtes  d'un  deuxième 
gradin  dominent  le  fond  de  900"  à  iioo".  La  largeur  de  la  gorge  est  par- 
fois inférieure  à  10™.  La  dénivellation  totale  (iSS™,  de  6o3°*  à  45o™ 
d'altitude)  donne  au  torrent  une  pente  de  7™,  33  par  kilomètre  (6'",4o  pour 
le  Rhône,  de  son  glacier  au  lac  Léman;  2'",'ji  pour  le  Tarn  dans  la  Lozère). 
Avec  un  étiage  extrêmement  bas  nous  n'avons  vu  nulle  part  la  vitesse  du 
courant  inférieure  a  2"  par  seconde. 

Les  obstacles,  formidables,  ont  nécessité  3  jouis  et  demi  de  rude  labeur  pour  la 
descente  des  21'"",  et  provoqué  plusieurs  périlleux  chavirements,  ainsi  que  la  successive 
mise  hors  de  service  de  nos  trois  bateaux  démontables. 

Le  grand  canon  du  Verdon  est  une  incomparable  merveille,  beaucoup  plus  grandiose 
et  plus  extraordinaire  que  les  goiges  lozériennes  du  Tarn. 

Géologiquement  c'est  la  prédominance  d'énormes  diaclases  dans  les  calcaii'es  du  Ju- 
rassique supérieur  (à  faciès  tantôt  tithonique,  tantôt  saccharoïde  ou  dolomilique)  qui  a 
préparé  l'incision,  puis  l'approfondissement  du  caiion;  les  joints  de  slratilication  ont 
joué  un  rôle  plus  limité,  d'autant  plus  que  le  torrent  coule  la  plupart  du  temps  à 
contre-pendage.  La  Carte  géologique  (Castellane),  établie  par  M.  Zurcher  (1887-1894), 
est  fort  exacte,  à  ce  détail  près  que  les  calcaires  gris  (/')  en  bancs  très  régulièrement 
stratifiés  et  très  morcelés  affleurent  plus  souvent  qu'elle  ne  le  marque;  et  cela  dans  les 
parties  les  plus  élargies  de  la  gorge,  parce  que  ces  calcaires,  fissurés  à  l'extrême,  ont 
favorisé  les  effets  destructeurs  de  l'érosion  et  formé  des  talus  à  pentes  raides,  que  sur- 
montent les  murs  verticaux  des  roches  plus  compactes;  quand  celles-ci  descendent 
jusqu'au  niveau  de  la  rivière,  leurs  falaises  ou  barres  rétrécissent  la  cluse  au  point 
qu'on  perd  souvent  la  vue  du  ciel.  Comme  pour  les  gorges  du  Tarn  et  de  la  Joute,  la 
morphologie  de  la  vallée  dépend  de  la  lithologie  de  ses  parois. 

Le  mode  de  creusement  est  particulièrement  intéressant  :  en  deux  points 
au  moins  ce  n'est  pas  seulement  sous  des  éboulis  (comme  au  Pas-de-Souci 
du  Tarn)  que  le  Verdon  disparaît;  au  Pas-de-l'Inibut  et  au  Grand-Cavalef, 
il  passe  complètement  sous  la  roche  en  place,  sur  plusieurs  décamètres  de 
longueur;  la  ytjer^e  est  absolue;  plusieurs  des  écroulements  qui  font  barrage 
|)araissent  être  les  ruines  récentes  de  dispositifs  semblables.   Il  v  a  donc 


SÉANCE    DU    5    MARS    1906.  607 

lieu,  comme  je  l'ai  indiqué  il  y  a  longtemps  {Comptes  rendus,  3  dé- 
cembre 1888),  de  faire  intervenir  (sans  généraliser  cependant)  les  affais- 
semmits  de  passages  souterrains,  les  véritables  effondrements  de  cavernes 
comme  l'un  des  facteurs  du  creusement  des  canons. 

D'ailleurs,  au  confluent  de  l'Artubv,  à  la  Mescle^mèXée  des  eaux)  nous 
avons  constaté  qu'une  perte  actuelle  capture  une  petite  partie  de  l'eau  du 
Verdon;  l'approfondissement  par  voie  d'affouillement  souterrain  n'est  donc 
pas  encore  arrêté  ;  il  y  a  certainement,  dans  le  lit,  d'autres  pertes  que  nous 
n'avons  pu  que  pressentir. 

Les  crues  terribles  et  subites  (faisant  varier  le  débit  de  6"'  à  1429°''  par 
seconde)  donnent  d'ailleurs  une  colossale  force  de  percussion  aux  énormes 
rocs  et  troncs  d'arbres  qu'elles  entraînent;  l'intensité  de  l'érosion  reste 
ici,  de  nos  jours  mêmes,  prodigieuse.  Les  marmites,  cannelures,  saillies, 
perforations,  baumes,  découpées  à  même  le  lit  et  les  rives,  sont,  sous  ce 
rapport,  d'une  fraîcheur  tout  à  fait  convaincante;  elles  forment  un  vrai 
musée  des  actions  mécaniques  (et  chimiques  aussi  d'ailleurs),  confirmant  à 
souhait  la  théorie  des  tourbillonnements  de  M.  J.  Brunhes. 

La  cloison  transversale  fissurée,  encore  en  place,  qui  fait  comme  une 
épaisse  grille  au  Pas-de-l'lmbut,  doit  créer,  lors  des  flux  d'eaux,  une  éléva- 
tion de  niveau  de  20™  à  3o™  vers  l'amont,  ainsi  qu'en  témoignent  de  puis- 
sants dépôts  vaseux;  le  déversement  du  cours  d'eau  se  produit  alors  en 
cascade  par-dessus  l'obstacle;  celui-ci,  phénomène  des  plus  remarquables, 
disparaîtra  peu  à  peu  sous  les  coups  de  bélier  des  crues  réitérées. 

Tout  l'aspect  du  lit  et  de  ses  rives  atteste  la  grande  jeunesse  relative  du 
canon  actuel;  il  poursuit  rapidement  son  approfondissement  vers  le  niveau 
de  base  le  plus  proche  qui  est,  pour  le  moment,  la  plaine  des  Salles  entre 
4 lo""  et  45()'"  d'altitude. 

Je  pense  que  l'ouverture  du  canon  ne  remonte  pas  plus  haut  que  le  Pleis- 
tocéne  :  déjà  MM.  de  la  Noë  et  de  Margerie  ont  noté  que  les  poudingues 
miocènes  de  Riez  ont  refoulé  le  Verdon  tertiaire  vers  le  sufl;  or  ces  dépôts 
pénètrent  jusqu'à  900"  d'altitude  à  l'entrée  nord  du  grand  Plan  de  Can- 
juers.  Plus  récents  certes  sont  les  amas  de  terre  cultivés  dans  les  creux 
de  ce  plan  e\.  qu'a  priori  ']e  cvo\s  Y>\\ocenes  {\oir  Comptes  rendus,  11  déc. 
1905).  Dès  le  Miocène  tout  au  moins,  les  avens  ont  commencé  la  capture 
souterraine  des  grandes  eaux  courantes,  qui  ont  laissé  leurs  traces  topo- 
graphiques très  nettes  parmi  les  larges  et  hautes  dépressions  (900""  à 
looo")  lie  la  Palud  et  de  Canjuers,  aujourd'hui  remplacées  par  les  canons 
étroits  du  Verdon  et  de  l'Artuby  ;  les  érosions  et  captures  postérieures,  de 


f)o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

plus  en  plus  décroissantes,  ont  fait  le  reste;  elles  continuent  leur  travail  de 
déblaiement  et  d'affouillement,  toujours  de  plus  en  plus  affaibli,  entre 
200™  et  Doo™  plus  bas  qu'autrefois. 

C'est ,  comme  dans  tous  les  plateaux  et  les  vallées  analogues,  la  consécra- 
tion de  la  déchéance  hydrologique  des  terrains  calcaires,  par  l'effet  des 
absorptions  fissurales  combinées  avec  la  réduction  des  précipitations 
atmosphériques. 


M.  WiTOLD  Brumewski  adresse  une  Note  Sur  la  relation  entre  le  chan- 
gement de  résistance  et  la  dilatation  des  solides  monoatomiques. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Physique.) 

La  séance  est  levée  à  4  heures. 

M.   B. 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

SÉANCE  DU   LUNDI  12   MARS    1906, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  H.  POINCARÉ. 


MEMOIRES  ET  COMMUIVICATIONS 

DES    MEMBRES    ET     DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Propagation  du  mouvement  autour  d'un 
centre,  dans  un  milieu  élastique,  homogène  et  isotrope:  caractères  de  l'onde 
totale.  Note  de  J.  Boussinesq. 

[.  Superposons  enfin  (')les  deux  systèmes  des  déplacements  ^,,  -o,,  Cy  et 
\',  7)',  'Q,  dont  les  premiers,  efFectués  sans  rotation  moyenne,  produisent 
partout  la  dilatation  cubique  effective,  et  dont  les  seconds,  produits  sans 
changement  de  densité,  donnent  également  partout  la  véritable  rotation 
moyenne  :  nous  aurons  Vonde  totale,  comprise  à  chaque  instant  entre  deux 
sphères  décrites,  autour  de  l'origine,  avec  le  plus  grand  et  le  plus  petit  des 
quatre  rayons  R  =  Az  ±  e,  R  =  a/  ±  s.  En  avant  de  celte  onde  totale,  les 
valeurs  de  ^,,  v),,  Ci  et  celles  de  £',  ■/)',  C,  égales  et  contraires,  se  détruisent; 
de  sorte  que  Vétat  naturel  y'  existe  non  moins  qu'à  l'arrière,  où  il  se  trouve 
produit  dans  chaque  onde  partielle  dès  qu'elle  est  détachée  de  l'origine 
des  coordonnées,  c'est-à-dire  dès  que  kt  ou  at  excède  s. 

Alors  les  deux  couches,  chacune  d'épaisseur  2e,  contiguës  aux  deux  faces 
de  l'onde  totale  et  ayant  pour  rayons  moyens  respectifs  A^  eta^,  propagent, 
la  première,  les  dilatations  cubiques  0  de  la  masse,  la  seconde,  ses  rotations 
moyennes,  à  composantes  co^,  w^,  w..  Le  déplacement  total,  aux  grandes 

(')  Voir  le  numéro  précédent  des  Comptes  rendus,  p.  542. 

G.  R.,  1906,   I"  Semestre.  (T.  OXLII,  N"  11.)  8l 


6lO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

distances  R  de  l'origine,  est  longitudinal  dans  la  première,  où  la  formule 


I    d^ 


l'exprime  à  très  peu  près,  transversal  dans  la  seconde,  où  ses  composantes 
ont  des  formules  comme 

^  ~  R 

II.  Dans  l'intervalle  des  deux  couches,  les  déplacements  ^,  -n,  C»  incom- 
parablement plus  faibles,  et  qui  n'amènent  ni  changement  de  la  densité, 
ni  rotation  moyenne,  sont  ceux  qui  précéderaient  ou,  en  quelque  sorte, 
annonceraient  la  tête  de  l'onde  la  plus  lente,  si  on  la  considérait  seule. 

Ils  ont  pour  valeurs  qi  -7- — r  :+:  -77 J,  avec  les  signes  supérieurs  — 

quand  l'onde  la  plus  lente  est  celle  à  mouvements  transversaux  et  les  signes 
inférieurs  -t-  quand  c'est  l'onde  à  mouvements  longitudinaux.  É^àdemment 
nuls  lorsque  l'onde  à  mouvements  transversaux  se  trouA-e  seule  produite 
(puisque  alors  0,  <ï>,  $0»  ^0  s'évanouissent);  ils  sont  nuls  aussi  quand  les 
conditions  d'état  initial  font,  au  contraire,  disparaître  cette  onde,  pu  t^nni- 

hilent  les  rotations  moyennes;  car,  alors,  les  six  quantités  E,  Y],  K,  — jf — 

étant  les  dérivées  respectives  en  x,  y,  z  de  deux  fonctions  0  et  II,  leurs 

valeurs  initiales  -r, — ;'   tt — c  sont  nulles  partout  en  avant  de  l'onde, 

d{x,y,z)     d{x,y,z)  t 

comme  expression  de  déplacements  et  de  vitesses  ne  différant  de  zéro  que 
dans  la  région  d'ébranlement. 

III.  Un  cas  particulier  intéressant  est  oflFert  par  les  fluides  et  par  l'éther 
lumineux,  où  s'annule  l'une  des  deux  vitesses  de  propagation,  savoir, 
a  pour  les  fluides  et  A  pour  l'éther.  La  plus  lente  des  deux  ondes,  si  les 
circonstances  de  l'état  initial  ne  l'annihilent  pas,  reste  donc  fixée  dans  la 
région  d'ébranlement;  et  la  matière  doit,  par  suite,  à  l'arrière  de  l'onde 
qui  se  propage,  être  généralement  animée  de  petites  vitesses  constantes, 
ou  ne  pas  revenir  tout  à  fait  à  l'état  naturel.  En  réalité,  de  légères  résis- 
tances, négligées  dans  les  équations  du  mouvement  comme  étant  habi- 
tuellement insensibles,  y  font  sans  doute  évanouir  peu  à  peu  E,  ti,  'C,  ou,  du 

moins,  ^^    /''^^  :  ce  sont,  dans  les  fluides,   les  frottements   intérieurs,   ou 

dt 

d'autres  forces  analogues,  je  veux  dire  la  partie  des  pressions  normales, 


SÉANCE    DU    12    MARS    I()o6.  6ll 

pareille  ou  non  en  tous  sens,  qui  dépend,  dans  les  fluides  naturels,  des 
vitesses  avec  lesquelles  se  produisent  les  contractions  et  dilatations  tant  linéaires 
que  cubique  ('). 

IV.  OsLrogradskv  a  donné  pour  l'onde  totale  des  formules  simples,  dans 
le  cas  où  aucune  impulsion  n'accompagne  les  déplacements  initiaux  ^o,  ■r\^^, 
^d,  c'est-à-dire  quand  il  n'y  a  pas  de  vitesses  initiales  ou  que,  pour  ^,  par 
exemple,  les  fonctions  ¥ {x, y ,  z)' iil  '2,^(^oc^y,  z)  de  ma  dernière  Note  sont 
nulles. 

L'expi-ession  de  6,  en  y  posant  kt  =  r,  est  alors 

liT.drJ^  r 

et,  d'autre  part,  l'équation  indéfinie  en  <!)  devient  de  rnême 

£?n>  _  Q  _  j_  ^  rfixu.yuSi)d<! 

dr^  fiii  dr  J^  r 

Multiplions  par  r  et  intégrons  de  manière  que  la  dérivée  -T7  s'annule, 
comme  on  sait,  pour  A^  ou  /•  infinis.  Il  viendra 


^  =  -^^fAx,y„z,)dn; 


et,  après  multiplication  par  dr,  une  nouvelle  intégration  en  r,  effectuée 
encore  de  manière  que  <I>  =  o  pour  t  infini,  donnera  finalement 

(i)  ^  =  r-i  7 /7(*•"7"=.)^''^• 

La  fonction  4>'  s'en  déduit  par  la  simple  substitution  de  a  à  A;  et  l'on  a 
ensuite 


(')  Ces  diverses  forces  interviennent  dans  une  notable  proportion,  en  rapport  avec 
la  très  grande  vitesse  des  contractions  linéaire  et  cubique,  à  Vavant  des  ondes 
aériennes  dues  à  une  ej:plosion,  pour  y  réduire  la  pression  ou  rendre  moins  abrupte 
la  tête  de  l'onde,  comme  on  peut  voir  au  n°  VI  d'un  Mémoire  que  j'ai  publié,  en  juil- 
let i8gi,  dans  le  Journal  de  Physique  théorique  et  appliquée  (2"  série,  t.  X). 


6l2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Comme,  d'ailleurs,  l'expression  totale  de  ^  s'obtient  en  ajoutant  -j-  au 

second  membre  de  la  formule  (6)  de  ma  précédente  Note,  il  viendra  (vu 
i„  =  o),  si  l'on  multiplie  par  4". 

x' ,  y',  z'  y  désignent  les  coordonnées  des  divers  éléments  de'  d'une  sphère 
décrite,  autour  du  centre  (x,  y,  z),  avec  le  rayon  /'  égal  k  at;  et  œ,,  y,,  s, 
y  sont,  comme  on  sait,  les  coordonnées  des  divers  points  de  la  sphère  n, 
de  rayon  /•,  décrite  de  même  autour  de  {îc,y,  z). 

Telle  est,  sous  sa  forme  la  plus  concise  possible,  la  première  formule 
d'Ostrogradsky  ('),  à  laquelle  sont  analogues  celles  de  -n  et  '(. 

V.  Dans  le  cas  contraire  où  il  y  aurait  eu  initialement  impulsion,  c'est- 
à-dire  production  de  vitesses,  mais  sans  déplacements  i„,  y),,,^,,  on  se  don- 
nerait provisoirement  pour  inconnues  les  vitesses  mêmes  - — '.''  "  >  que 

l'on  reconnaît  aisément  devoir  alors  s'exprimer  comme  le  faisaient  l,  -n,  '(, 
ci-dessus.  Et  la  formule  (3)  donnerait,  par  exemple. 

Après  multiplication  par  dt,  une  intégration  sur  place,  effectuée  à  partir 
de  l'époque  /  =:  o  où  E  est  nul,  en  déduirait  ^i:\. 

Enfin,  l'intégrale  générale  est  obtenue  })ar  Ostrogradsky  en  superposant 
cette  solution  partielle  à  la  précédente  (3). 


MÉCANIQUE  RATIONNELLE.  —  Sur  les  quasi-ondes  de  choc  au  sein  des  fluides 
mauvais  conducteurs  de  la  chaleur.  Note  de  M.  P.  Duhem. 

Pour  faire  usage  de  l'inégalité  établie  dans  une  Note  précédente  (-), 
nous  ferons  d'abord  cette  remarque  qui  a  été  justifiée  (')  pour  les  ondes 

(')  Reproduite  par  Poisson,  dans  son  Mémoire  inséré  au  Tome  X  du  Recueil  de 
l'Académie  des  Sciences  de  Paris,  p.  594- 

(-)  Sur  une  inr^alilé  importante  dans  l'étude  des  quasi-ondes  de  choc  (Comptes 
rendus,  l.  CXLII,  p.  49i)  séance  du  26  février  1906). 

(2)  Recherches  sur  l'Hydrodynamique,   1"  série,  p.  70.  On  remarquera  que  les 


SÉANCE    DU    12    MARS    1906.  6l3 

de  choc  véritables  et  dont  la  démonstration  s'élend  sans  peine  aux  quasi- 
ondes  :  ou  bien  les  deux  vitesses  'Ç^i  '^\  ^onl  toutes  deux  égales  ào,  ou  bien  elles 
sont  de  même  signe.  Nous  laisserons  de  côté,  pour  le  moment,  le  cas  où  les 
deux  vitesses  •t?„,  <},  sont  nulles  et  nous  supposerons  les  indices  o  el  i 
choisis  de  telle  sorte  qu'elles  soient  positives.  Nous  savons  d'ailleurs  que 
l'on  a 

(i)  P°^-=  Pi  x?^  ="'-"". 

Pi  po  Pi        Pu 

Nous  allons  considérer  an /liiide  mauvais  conducteur  de  la  chaleur,  c'est- 
à-dire  un  fluide  où  le  coefficient  de  conductibilité  ^(p,  T)  est  une  quantité 
très  petite  de  l'ordre  de  h.  La  quantité  t),  comprise  entre  les  deux  quan- 
tités positives  ■<?„  et  ■^^,  est  une  quantité  positive;  il  en  est  de  même  de  R 
et  de  0.  L'inégalité  établie  dans  notre  précédente  Note  devient  donc 

(2)  <p,,T,)-<p„.T„)<o. 

C'est  le  résultat  obtenu  par  M.  É.  Jouguet  ('). 

En  chaque  point  du  fluide,  la  pression  n  est  liée  à  la  densité  p  et  à  la 
température  T  par  l'égalité 

/3\  2'"H(p,T) 

la  fonction  ^(p,  T)  possédant  en  outre  les  propriétés  suivantes  : 
(4)  5%ï>=-L,(p,T), 

(6)  ■       q^'<o. 

Enfin  si,  sous  pression  constante,  le  fluide  se  dilate  par  élévation  de  tem- 
pérature, on  a 

(7)  ^)^i7ï^>°' 

quantités  nommées  '^i   et  <,K^,   en  cet  Ouvrage,  correspondent  aux  quantités   nom- 
mées xpo  et  —  <?i  en  la  présente  Note. 

(')  É.  Jouguet,  Comptes  rendus,  t.  CXXXVIII,  1904,  p.  1680;  t.  CXXXIX,  1904, 
p.  786.  —  Sur  la  propagation  des  réactions  chimiques  dans  les  gaz,  chapitre  III 
{Journal  de  Mathématiques  pures  el  appliquées,  6°  série,  t.  II,  1906,  p.  5). 


6l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

tandis  que,  s'il  se  contracte  par  élévation  de  température,  on  a 


(7  />") 


<o. 


Remarquons  de  Suite  qiie  les  égalités  (3)  et  (4)  donnent  les  identités 
suivantes,  dont  nous  aurons  à  nous  servir, 

(8)  d\id^^U^f  +  f'l^\{d^y-t.fd.dT-f%{^dT)\ 


dp 


(9) 


dT- 


La  relation  d'Hûgoniot  est  applicable  à  notre  quasi-onde;  elle  peut 
s'écrire 


(lo) 


[^(p,,T,)H-ET,-T(p,,T,)-r(?„,ï„)-ET„a(p„,To)]p„p 

n„  +  n, 


(p.-?o)  =  o. 


Donnons-nous,  en  amont  de  l'onde,  les  valeurs  de  p„,  To;  I!,,  sera  donné 
par  l'égalité  (3).  Faisons  varier  la  valeur  de  p,  ;  les  égalités  (3)  et  (lo)  nous 
donneront  T,,  H,  en  fonctions  de  p,  ;  soient  6(p,),  P(pi)  ces  fonctions; 
5(p,,  T,)  deviendra  une  fonction  de  p,,  S(p,).  Les  égalités  (3)  et  (lo)  nous 
donneront  sans  peine 

(II)      E0p„p,^  +  :^[(P-n,)p„+(p.^P„)p.^]=o. 
Cette  égalité  donne 

(-)  f^l     =■•■ 

Des  calculs  semblables  donnent 

L     "fi      Jp.  =  p« 

Les  égalités  (8)  el  (12)  nous  montrent  que 


(•4) 


L    4.     Jp.=p«~     ^"       '^Po        "^f^"         àp\ 


_  ,c)-^r(p„/rjrf/B(p,)T^ 

'°»        dTl        L    ^?.    Jp,  =  p. 


SÉANCE    DU    12    MARS    igo6.  6l5 

L'égalité  (i4),  jointe  aux  inégaUtés  (5)  et(6),  nous  montre  que,  pour  les 
valeurs  de  p,  suffisamment  voisines  de  po>  l'i  fonction  P(?i)  croît  avec  p,. 
Dès  lors,  les  égalités  (i)  donnent  toujours  ries  valeurs  réelles  pour  <)^,  v'),  tant 
que  p,  est  suffisamment  voisin  de  p^. 

Les  égalités  (12),  (12  te)  et  (i3)  montrent  que,  pour  les  valeurs  de  p, 
si|ffisamnient  voisines  de  p„,  S(p,)  est  une  fonction  croissante  de  p,.  En 
est-il  de  même  pour  toute  valeur  de  p,  inférieure  à  p,,?  Pour  que  S(f)|) 
cessât,  pour  une  certaine  valeur  de  p,,  d'être  fonction  croissante  de  p,,  il 

faudrait  que -y;-  s'annulât  pour  cette  valeur;  alors,  en  vertu  de  la  démon- 

dV 
stration  précédente,  -r-  serait  positif;  il  en  serait  de  même  de  (po  —  Pi)  et, 

en  outre,  selon  (i),  de  (n„  —  II,)  si  ■(?„,  ç,  sont  réels.  L'égalité  (11)  serait 
alors  une  absurdité.  Dès  lors,  l'inégalité  (2)  conduit  à  la  conséquence  sui- 
vante : 

Tant  qu'une  quasi-onde  de  choc  peut  se  propager  avec  une  vitesse  réelle  en 
un  fluide  mauvais  conducteur,  la  densité  est  plus  grande  en  amont  de  l'onde 
qu'en  aval. 

La  quasi-onde  se  propagera-t-elle  avec  une  vitesse  réelle  (juelle  que  soit 
la  valeur  de  p,,  inférieure  à  p„?  Si  cette  AÎtesse  devait  devenir  imaginaire 
pour  une  certaine  valeur  de  p,,  il  faudrait  que,  pour  une  valeur  de  p,  com- 
prise entre  celle-là  et  p„,  on  eût        '^'    ^=  o.  Or,  pour  celte  dernière  valeur 

de  p,,  "  '  '  serait  positif  d'après  le  théorème  précédent.  Dès  lors,  l'éga- 
lité (9),  jointe  aux  inégalités  (6)  et  (7),  nous  apprend  que        '^'^  est  positif 

ctpi 

pour  cette  valeur. 

D'ailleurs,  l'égalité  (8)  devient  alors 

En  vertu  des  inégalités  (5  )  el  (6),  elle  donne 

^P(Pi)  ^  ,  rfP(p,) 

— T^ —  >  O  et  non  — —^  =  o. 

«Pi  ^Pi 

Donc,  au  sein  d'un  fluide  qui  se  dilate  par  une  élévation  de  température, 
une  quasi-onde  de  choc  se  propage  avec  une  vitesse  réelle,  quelle  que  soit  la 
grandeur  de  la  discontinuité. 


6l6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

On  remarquera  l'analogie  de  la  méthode  qui  vient  d'être  suivie  avec  celle 
qu'a  indiquée  M.  É.  Jouguet. 


BACTÉRIOLOGIE.  —SHr/e*  effets  de  la  tubercidine  absorbée  par  le  tube  digestif 
che:-  les  animaux  sains  et  chez  les  animaux  tuberculeux.  Note  de  MM.  A. 
Calmette  et  M.  Breton. 

Dans  une  précédente  Note  (  *  )  nous  avons  montré  que  les  animaux  rendus 
tuberculeux  soit  par  inoculation ,  soit  par  ingestion  d'un  seul  repas  infectant, 
sont  rapidement  intoxiqués  lorsqu'on  leur  fait  ingérer  à  plusieurs  reprises 
de  petites  quantités  de  bacilles  tuberculeux  tués  par  l'ébuUition. 

Nous  avons  vu,  en  outre,  que  les  animaux  sains  eux-mêmes  sont  suscep- 
tibles de  succomber  lorsqu'on  leur  fait  absorber  successivement,  à  de 
courts  intervalles,  plusieurs  petites  doses  de  ces  mêmes  bacilles  morts.  Les 
lésions  analomiques  qu'ils  présentent  sont  alors  identiques  à  celles  que 
l'on  observe  à  la  suite  de  l'intoxication  par  la  tuberculine. 

Freymulh  (-)  avait  déjà  constaté  que,  chez  les  malades  atteints  de  tuber- 
culose pulmonaire,  la  tuberculine  ingérée  produit  la  même  réaction  fébrile 
que  lorsqu'on  l'injecte  sous  la  peau,  si  l'on  prend  soin  de  neutraliser  au 
préalable  l'acidité  du  suc  gastrique  par  l'administration  d'une  dose  conve- 
nable de  bicarbonate  de  soude. 

Les  expériences  que  nous  relatons  aujourd'hui  prouvent  que,  chez  les 
rongeurs  herbivores  tels  que  le  cobiiye,  dont  on  connaît  la  grande  sensibi- 
lité à  la  tuberculose,  la  tuberculine  ingérée,  sans  alcalinisation  préalable  du 
contenu  stomacal,  se  montre  toxique  non  seulement  pour  ceux  de  ces  ani- 
maux qui  sont  déjà  tuberculeux,  maisaussi,  et  surtout  dans  le  jeune  âge, 
pour  ceux  qui  sont  indemnes  de  tuberculose. 

Afin  d'éliminer  riiilluence  de  la  glycérine,  nous  avons  utilisé  la  tuberculine  à  l'état 
de  poudre  sèche,  précipitée  par  l'alcool  absolu.  ioo«  de  tuberculine  brute  fournissent 
ainsi  ob,75  de  précipité  sec.  Cette  poudre,  entièrement  soluble,  était  dissoute  au  mo- 
ment de  l'usage  dans  une  très  petite  quantité  d'eau  et  administrée  à  l'aide  d'une  petite 
sonde  en  gomme  adaptée  à  une  seringue.  Les  animaux  étaient  toujours  tenus  à  jeun 
depuis  24  heures. 

Une  dose  de  ob,o2  de  notre  tuberculine  (')  ninsi  préparée  et  ingérée  en  un  seul 

(')  Comptes  rendus,  i y  février  1906. 

i*)  Milnchener  Med.  Woch.,  10  janvier  190D. 

(')  Celte  dose  correspond  à  2S,,5o  de  tuberculine  brute. 


SÉANCE    DU    12    MARS    1906.  Gxj 

repas  lue  presque  constamment  en  2  à  7  jours  les  jeunes  cobayes  sains  de  i3os  à  i5o', 
sans  produire  cliez  eux.  de  réaction  tlierini(jue  caractérisée. 

A  l'autopsie  on  leur  trouve  des  ecclivmoses  sous-séreuses  et  des  liéniorragies  in- 
testinales, un  commencement  de  dégénérescence  granulo-graisseuse  du  foie  avec  déco- 
loration des  reins  el  des  capsules  surrénales.  Leur  intestin  grêle  est  extrêmement 
friable. 

Les  cobayes  adultes  sains  du  poids  de  35o5  à  4oos  sont  plus  résistants.  Mais,  lorsqu'on 
leur  fait  ingérer  en  un  seul  repas  o»,o5  de  tuberculine,  ils  maigrissent  et  succombent 
constamment  40  à  45  jours  ajsrès,  avec  des  lésions  de  dégénérescence  granulo-grais- 
seuse ou  vitreuse  très  accentuées. 

Nous  avons  essayé  vainement  d'habituer  les  cobayes  sains  à  l'ingestion  répétée  de  tu- 
berculine à  doses  progressivement  croissantes.  Chez  les  animaux,  jeunes,  nous  avons 
fait  ingérer  successivement,  de  5  en  5  jours,  2'"5,  5'°8  et  to™s  de  tuberculine,  et  chez 
les  adultes  jusqu'à  gS^s  en  6  repas,  sans  pouvoir  aller  plus  loin.  Aucun  de  nos  animaux 
n'a  résisté. 

La  sensibilité  des  cobayes  tuberculeux  à  la  tuberculine  est,  comme  on 
(levait  le  supposer,  beaucoup  plus  grande. 

Nos  expériences  ont  été  faites  avec  des  animaux  rendus  tuberculeux  par 
l'ingestion,  en  un  seul  repas,  de  0^,02  de  bacilles  bovins  fraîchement 
desséchés. 

3o  et  45  jours  après  ce  repas  infectant,  chacun  de  nos  animaux  ingérait, 
en  même  temps  qu'un  nombre  égal  de  témoins,  i"k  à  io™s  de  tuberculine. 
Tous  les  tuberculeux  ont  présenté,  même  avec  la  dose  de  i™^,  une  réaction 
thermique  de  i°,8  à  2°,  2,  alors  que,  chez  les  témoins,  l'élévation  de  tem- 
pérature observée  n'a  pas  dépassé  i'',5,  chiffre  qui  représente  la  limite 
normale  des  oscillations  de  température  chez  le  cobaye  sain. 

Tous  les  témoins  sont  restés  bien  portants,  la  dose  de  tuberculine  ingérée 
par  eux  étant  insuffisante  pour  produire  des  accidents. 

Ces  expériences  nous  permettent  de  conclure  : 

1°  Que  la  tuberculine  absorbée  par  le  tube  digestif  est  toxique  pour  les 
animaux  non  tuberculeux  et  que  celte  toxicité  est  surtout  manifeste  pour 
les  animaux  jeunes  ; 

1°  Qu'il  ne  s'établit  aucune  accoutumance  à  l'ingestion  de  doses  pro- 
gressivement croissantes  de  tuberculine; 

3"  Que  les  cobayes  rendus  tuberculeux  par  un  seul  repas  infectant  réa- 
gissent constamment  à  la  tuberculine  lorsqu'on  leur  fait  ingérer  cette  sub- 
stance à  la  dose  de  i™^,  inoffensive  pour  les  cobayes  sains  ; 

4°  Enfin  que,  chez  les  animaux  tuberculeux  ou  suspects  de  tuberculose, 

C.  R.,  1906,  1"  Semestre.  (T.  CXLU,  N«  11.)  82 


6l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

la  réaction  diagnostique  peut  s'obtenir  aussi  bien  par  Yingeslion  que  par 
Y  inoculation  sous-cutanée  de  la  tuberculine. 


PALÉONTOLOGIE.  —  L'évolution  des  Mammifères  tertiaires;  importance 
(tes  migrations.  Note  de  M.  Chaules  Depéret. 

Après  avoir  analysé  (^Comptes  rendus,  6  novembre  i9o5)  V évolution  sur 
place  et  les  migrations  des  Mammifères  éocènes,  j'étudierai  aujourd'hui  les 
mêmes  faits  dans  les  temps  oligocènes. 

B.  Faunes  oligocènes.  —  I.  Oligocène  inférieur  (Sannoisien  ou  Tongrien  inférieur). 
Deux  faunes  successives  : 

a.  Faune  des  marnes  blanches  de  Pantin,  Romainville.  La  faune  des  ligniles  de 
Celas,  Avéjan,  Verneil  (Gard),  des  calcaires  de  Brunslatt  et  de  Rixheini  (Alsace)  ne 
doit  pas  en  être  très  éloignée.  Il  en  est  sans  doute  de  même  de  plusieurs  gîtes  du 
Sud-Ouest  :  Fronsac  et  la  Grave  (Gironde),  Sainte-Sabine,  Duras,  Issigeac,  Saint- 
Cernin  (Dordogne).  Une  partie  des  phosphorites  du  Quercy  (')  et  du  sidérolithique 
de  Fronstetten  (Souabe)  appartiennent  au  même  niveau. 

1°  Evolution  sur  place  :  suite  des  Paléothéridés  {Palœotherium,  Plagiolophus), 
des  Anaplothéridés  (derniers  Anoplolherium)^  des  Xiphodontidés  (derniers  Xipho- 
don),  des  Rongeurs  Théridomydés  (T/te/idomjs). 

2°  Aucune  migration  nouvelle  connue. 

Cette  faune  apparaît  comme  un  simple  résidu  appauvri  de  la  faune  ludienne  et 
devrait  être  plutôt  réunie  à  l'Eocène  supérieur. 

b.  Faune  du  calcaire  de  Brie,  de  Hempstead  (île  de  Wight),  de  Ronzon  (Velaj), 
de  Lobsann  (Alsace),  de  Calaf  et  de  Tarrega  (Catalogne).  Une  partie  des  phosphorites 
du  Quercy  et  des  gîtes  sidérolilhiques  de  Veringendorf,  Veringenstadl,  de  l'Eselsberg, 
du  Hochberg  et  d'Oerlingerthal  près  Ulm  sont  du  même  horizon.  Peut-être  le  gise- 
ment de  Monte-Promina  (Dalmatie)  apparlient-il  à  ce  niveau  ou  au  précédent. 

1°  Evolution  sur  place  :  suite  des  Paléothéridés  (Palœotherium,  Plagiolophus)., 
des  Anthracoléridés  (suite  des  Brachyodus,  apparition  des  Ancodus  et  Anthraco- 
therium),  fin  des  Anoplolhéridés  (derniers  Diplobane),  suite  des  Cénothériilés  {Am- 
phimerya;,!  Cœnolherium),  des  Canidés  (Cj/(0(io/(,  Cvnodictis,  Amphicynodon),  des 
Erinacéidés  (Tetracus),  des  Théridomydés  (Theridomys),  des  ?  Cricétidés  {Crice- 
todon).  des  Hyajnodontidés  {Uyœnodon),  des  Marsupiaux  Didelphydés  {Peratherium, 
Amphiperatherium  ). 

(')  La  merveilleuse  faune  des  phosphorites  n'est  pas  un  ensemble  homogène,  mais 
un  mélange  d'horizons  divers  allant  du  Barlonien  au  Slanipien  inclus.  ,Te  laisserai  donc 
en  général  de  côté,  parmi  les  genres  des  phosphorites,  ceux  qui  n'ont  pas  encore  été 
retrouvés  dans  les  gisements  stratifiés,  permettant  de  préciser  leur  âge. 


SÉANCE  DU  12  MARS  1906.  619 

2°  Importantes  migrations  nord-américaine!;  :  apparition  brusque  des  Rhinocé- 
ridés  {Ronsotkerium)  et' des  Achœnodontidés  [Entelodon). 

3°  Migrations  d^origine  inconnue  des  Tragulidés  (Gelociis),  des  Mustélidés  {Pro- 
plesictis)  et  peut-être  des  Aniphicyonidés  (gîte  de  Tarrega). 

II.  Oligocène  moyen  {Stampien  ou  Tongrien supérieur)^  gisements  très  nombreux: 
dans  le  bassin  de  Paris,  la  Ferté-Aieps;  en  Allemagne,  Ufhofen,  Flonheim,  Miesbach, 
lignites  de  Schluclitern,  de  Gusternheim  et  du  Westerwald;  dans  le  bassin  de  l'Allier, 
Bournoncle-Saint-Pierre,  Bons,  Perrier,  Montaigut-le-Blanc,  Champeix,  Âutrac, 
Saiul-Germain-Lembron,  Antoingt,  Vodable,  Solignat,  Lamontgie,  Nonette,  Orson- 
nette,  Malhat,  Les  Pradeaux,  Les  CliaufTours,  Bansat,  Boudes,  Chibrac,  La  Sauvelat, 
Jussat,  Gergovia,  Romagnat,  Pérignat,  Lemdes,  Cournon,  Marcoin,  Chaptuzat, 
Gannat,  Saint-Menoux;  dans  le  bassin  delà  Loire,  \  aunias,  Saint-Pourçain-sur-Bèbre, 
Briennon.  Digoin;  dans  le  Sud-Est,  Céreste,  Manosque,  argiles  de  Saint-Henri  prés 
Marseille,  les  Milles,  Auzon  près  Alais;  dans  le  Sud-Ouest,  Cestayrol,  Saint-Sulpice, 
Rabastens,  batte  Saint-Martin,  Montans.  Salvagnac,  l'Isle  d'Albi,  Pont-Sainte- 
Marie.  Tournon,  Capellier,  Les  Pèries,  Villebramar,  la  Milloque,  Coniberaliêre, 
Moissac,  Beauville,  Itier,  Bourg  de  Visa,  Monlségur,  etc.;  en  Suisse,  Blauen,  La 
Conversion  près  Lausanne;  en  Italie,  Cadibona  en  Ligurie,  Monteviale  et  Zovencedo 
dans  le  Vicentin;  en  Autriche,  Trifail. en  Styrie  et  gîtes  de  Dalmatie;  lignites  d'Inca 
(île  Majorque);  la  plus  grosse  pari  des  phosphorites. 

Il  paraît  dès  à  présent  possible  de  distinguer  dans  ce  puissant  étage  au  moins  deux 
horizons  :  l'inférieur  (dont  les  principaux  gisements  sont  en  italique  dans  la  liste  pré- 
cédente) caractérisé  par  la  persistance  des  derniers  Palœot/ieriii m,  de  YEnlelodon  ou 
du  Gelocus:  le  supérieur  par  l'abondance  des  grands  Ànthracotheriuni  et  Acerothe- 
rium,  et  l'apparition  brusque  des  Tapiridés. 

Pour  Tensenible  de  l'étage,  les  faits  d'évolution  et  de  migration  sont  les  suivants  : 

1°  Evolution  sur  place  :  suite  des  Paléothéridés  (Jin),  des  Rhinocéridés  (Acero- 
therium,  Diceratherium),  des  Ghalicothéridés  {Scliizotherium),  des  Anthracothé- 
ridés  {Brachyodus,  A nthracotherium ,  plusieurs  rameaux),  des  Achsenodontidés  (der- 
niers Entelodon),  des  Suidés  {Propalœochœrus^  Palœochœrus),  des  Cénothéridés 
{Cœnotherium,  Plesiomeryx),  des  Tragulidés  (derniers  Gelocus,  Prodremotherium, 
Lophiomeryx),  des  Théridomydés  {Theridomys,  Issiodoroniys,  Archœomys).,  des 
Cricétidés  (Cricetodon),  des  Talpidés  (Geotrypus),  des  Erinacéidés  (Erinaceus), 
des  Chiroptères  (Palœonycteris),  des  Créodontes  {Dasyurodon,  derniers Hyœnodon)^ 
des  Canidés  (Amp/iicyon),  des  Mustélidés  {Plesictis,  Palœogale),  des  Viverridés 
{Amphiclis),  des  Marsupiaux  {Peratherium). 

■î°  Migrations  d'origine  nord-américaine  des  Tapiridés  {Protapirus.  Pa/alapi/us)^ 
des  Amynodontidés  (Cadurcot/ieriam)  (')  et  des  Rongeurs  Lagomorphes  {Tita- 
nomys). 


(')  M.  Boule  {Comptes  rendus,  18  mai  1896)  a  voulu  démontrer  une  parenté  entre 
le  Cadurcotherium  et  certains  Ongulés  de  Patagonie,  tels  que  V Astrapotheriuni ;  ce 
rapprochement  eût  été  intéressant,  s'il  avait  été  exact,  parce  qu'il  aurait  impliqué  une 


b20  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

3°  Migraùon  probablement  africaine  (et  peut-être  un  peu  antérieure  au  Stampien) 
des  Edentés  à  vertèbres  normales  {Leptomanis  et  Archœorycleropus  des  phospho- 
rites)  ('). 

4°  Migralions d'origine  inconnue  des  Cervulidés  {Dremotherium.  Amphitragulus), 
des  Castoridés  {Steneofiber),  des  Myogalidés  {Echinogale,  Myogale),  des  Tupaiadés 
{Plesiosorex),  des  Soricidés  {Atnphisorex.  Sorex),  des  Lulridés  {Potamotherium), 
des  Félidés  (Eusmilus). 

III.   Oligocène  supérieur  {Aquitanien)  : 

Gisements  principaux  :  Dans  le  bassin  de  Paris,  Celles-sur-Cher;  dans  le  Bourbon- 
nais, Saint-Gérand-le-Puj,  Cliaveroche;  en  Allemagne,  Weissenau  et  Mombach  près 
Mayence,  Haslacli,  Eckingen  près  Ulm  ;  en  Suisse,  la  mollasse  grise  de  Lausanne, 
Ollimarsingen,  Hohe  Rhonen  ;  en  Savoie,  Pyrimont-Clialionges;  en  Provence,  Varages 
(\'ar);  Boujac  dans  le  bassin  d'Âlais;  en  Catalogne,  Rubi  près  Barcelone;  en  Bohême, 
Tuclioritz;  en  Carinthie,  Keulcliach;  en  Hongrie,  Waitzen. 

1°  Evolution  sur  place  :  Suite  des  Tapiridés  (Paratapi/iis),  des  Rhinocéridés 
{Aceratherium,  Diceratheriuni),  des  Chalicothéridés  {Macrotheriuni)^  des  Aiithra- 
cotliéridés  {Brachyodus,  derniers  Anl.Itracotherium)^  des  Suidés  (Palœoc/iœrus, 
'!  Doliochœrus),  des  Cénothéridés  {Cœnotheriuni,  Plesiomeryx),  dos  Cervulidés 
(derniers  Dremotherium  el  Amphiti-agulus),  des  Théridomydés  {Theridoniys),  des 
Myoxidés  (Myoxus),  des  Eomydés  (fihodanomys),  des  Sciuridés  (Sciurus),  des  Cas- 
toridés (Steneojiber),  des  Rongeurs  Lagomorphes  (  Tilanomys),  des  Talpidés  (  Talpa), 
des  Soricidés  (Sorex),  des  Erinacéidés  (Palœoerinaceus,  Erinaceus),  des  Canidés, 
(Amphicynodon,  Cephalogale),  des  Amphicyonidés  (Amphicyon),  des  Mustélidés 
(Stenogale,  Plesictis,  Palœogale)^  des  Lutridés  (Potamotherium),  des  Viverridés 
(Amphictis,  Herpestes),  des  Félidés  (Proailurus),  des  Marsupiaux  (derniers  Didel- 
pliydés  européens). 

3°  Migrations  peu  nombreuses  et  d'origine  inconnue  des  Dimylidés  (Dimylus, 
Cordylodon). 

La  faune  aquitanienne  est  surtout  un  résidu  appauvri  de  la  faune  stampienne. 

D'importantes  migrations  vont  recommencer  avec  l'époque  miocène  et 
feront  l'objet  d'une  prochaine  Note. 


migration  patagonicnne  à  l'époque  oligocène.  Mais  ces  prétendues  affinités  reposent, 
à  mon  avis,  sur  des  analogies  un  peu  superficielles  du  système  dentaire. 

(')  Je  ne  crois  pas  à  l'existence  d'Edentés  sud-américains  dans  l'Oligocène  des 
phosphorites.  Le  Nccrodasypus  de  Filhol  me  paraît  être  une  plaque  dermique  de 
Reptile  voisin  du  Placusaurus  Gervais. 


SÉANCE    DU    12    MARS    1906.  62T 


OCÉANOGRAPHIE.  —  Sur  la  septième  campagne  scientifique 
de  la  Princesse-Alice.  Note  de  S.  A.  S.  le  Prince  Albert  de  Monaco. 

Pendant  l'année  1900  j'ai  conduit  ma  campagne  d'océanographie  jusque 
dans  la  mer  des  Sargasses,  au  milieu  de  l'Atlantique,  en  lui  donnant  trois 
objets  principaux  :  la  faune  bathypélagique,  la  faune  des  Sargasses,  la 
météorologie  de  la  haute  atmosphère.  Mes  collaborateurs  dans  ces  travaux 
étaient  MM.  le  D"'  Richard,  directeur  du  Musée  océanographique  de  Mo- 
naco ;  Bouvier,  membre  de  l'Institut;  Hergesell,  professeur  à  l'Université 
de  Strasbourg;  Pettit,  assistant  au  Muséum  de  Paris;  (^harles  Sauerwein, 
enseigne  de  vaisseau  de  la  Marine  française;  Sirven,  assistant  au  Muséum 
de  Monaco;  Tinayre,  artiste  peintre.  Le  départ  eut  lieu  de  Marseille  le 
20  juillet  et  le  retour  s'est  effectué  le  24  septembre,  après  64  jours  de 
campagne.  Avant  cette  période,  quelques  travaux  du  même  genre  avaient 
eu  lieu  au  large  de  la  Principauté. 

Océanographie  pure.  —  Il  a  été  fait  118  sondages  jusqu'à  la  profondeur 
de  558o™  et  avec  les  divers  instruments  capables  de  renseigner  sur  la  na- 
ture du  fond;  28  prises  d'échantillons  d'eau  avec  la  bouteille  Richard  et  le 
tube  Bûcha nan. 

Zoologie.  —  Les  opérations  zoologiques  sont  réparties  entre  6  chaluts  à 
étiers,  6  chaluts  à  plateaux  divergents,  i  chalut  bathypélagique,  4i  pèches 
verticales,  3  nasses  à  galets,  5  palancres,  2  lignes  de  fond,  i  harpon, 
3  foënes,  24  haveneaux,  3  boîtes  à  microbes,  i38  pêches  pélagiques,  2  cap- 
tures d'oiseaux  terrestres. 

Le  chalut  à  étriers,  depuis  185'°  jusqu'à  3465",  m'a  donné,  entre  autres 
objets  dignes  de  remarque,  par  1968""  et  près  de  Madère  :  de  nombreux 
Alcyonaires  et  Antipathaires,  plusieurs  Crinoïdes  intéressants  et  deux 
spécimens  du  très  raie  Gephirocrinus  Grimaldii  précédemment  découvert 
par  la  Princesse- Alice.  De  nombreux  Crustacés  Macroures  et  autres  :  le 
Polychetes  eryonijormis  Bouv.,  es|)èce  nouvelle  rappelant  par  sa  carapace 
dilatée  celle  des  £'rro«  jurassiques;  parmi  les  Poissons  un  Cyclothone  bathy- 
phyla  sans  doute  pris  à  la  montée  ;  des  Ophiures  et  des  Holothuries. 

Par  3465™  :  plusieurs  Crevettes  dont  un  Hepomadas  /e/?e/' Smith  extrême- 
ment rare,  connu  seulement  aux  Etats-Unis  et  aux  Indes,  Willemasia 
forceps  M.-Edw.,  un  Acantephyra  pris  également  à  la  montée. 

Le  chalut  à  plateaux,  depuis  i4i™  jusqu'à  3465",  m'adonne  notamment, 
par  3465",  et  sans  avoir  touché  le  fond,  la  récolte  suivante  qui  offre  beau- 
coup d'intérêt  :  un  Cirrolheulis  nouveau,  noir  uniforme,  à  grosses  papilles 


622  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

brachiales  noires;  un  petit  Céphalopode  grêle,  sans  doute  nouveau  comme 
genre  et  comme  espèce,  muni  d'veux  télescopiques  avec  un  organe  lumi- 
neux (?)  trilobé  très  singulier;  un  beau  Crustacé  sergestide;  un  Poisson  du 
genre  Malacosleus,  et  de  nombreux  petits  Cyclolhone. 

Le  chalut  bathypélagicpie,  appareil  nouveau,  de  très  grandes  dimensions, 
destiné  à  des  recherches  spéciales  entre  la  surface  et  le  fond,  a  été  essayé 
une  fois  pour  observer  son  fonctionnement  et  préparer  son  emjjloi  futur. 

Le  fdet  vertical  de  grande  ouverture  (3™  et  5™  de  côté),  depuis  la  surface 
jusqu'à  5400™,  a  été,  pendant  cette  campagne,  l'engin  le  plus  productif. 
Ses  résultats  sont  tellement  nombreux  que  je  mentionnerai  seulement  leurs 
grandes  lignes;  ils  présentent,  en  outre,  un  inlérèt  considérable.  Les 
41  descentes  exécutées  m'ont  ramené  beaucoup  d'animaux  déjà  obtenus 
l'an  dernier  par  le  même  moyen;  certaines  formes  reviennent  dans  presque 
toutes  les  opérations,  notamment  de  grandes  Sagitta  incolores  pu  oranges, 
des  Copépodes  rouges  souvent  de  grande  taille,  de  petits  Poissons  (^Cyclo- 
lhone microdon),  des  Schizopodes  et  des  Ostracodes.  Les  Méduses  d'eau 
profonde  sont  nombreuses  et  très  variées.  M.  Maas  a  reconnu  Aegimera 
Grimaldii,  Rhopalonema  cœrulemn,  Periphylla  /ivacinthina.  Alolla  Bairdi, 
Pantachogon,  Oegi/ia;  une  TJlmaride  nouvelle,  couleur  lie  devin,  voisine 
des  Aurélia  et  constituant  le  premier  représentant  de  cette  famille  ilans  les 
eaux  profondes;  Halicreas.  Il  y  a  également  beaucoup  de  Siphonophores 
petits  (Diphies,  etc.)  et  de  petites  Actinies  pélagiques  assez  rares. 

Parmi  les  Ostracodes,  il  faut  signaler  à  part  de  gros  Gigantocypris  sphé- 
riques  et  plusieurs  spécimens  d'un  gros  Ostracode  tout  noir  ou  à  peu  près, 
dont  la  forme  imite  celle  d'un  pépin  nuir  de  poire.  C'est  sans  doute  une 
espèce  nouvelle. 

Les  Annélides  sont  surtout  représentées  par  des  formes  incolores  trans- 
parentes (Va/iadis,  Aslerope,  Alciope)  à  gros  yeux  rouges;  les  Lopadorhyii- 
chiis,  etc.,  et  surtout  les  Tomopleris  élégantes  à  longues  antennes  filiformes. 
Les  Némertes  ont  fourni  une  importante  contribution,  avec  un  nombre 
relativement  grand  d'espèces  nouvelles  de  ce  groupe  jusque-là  si  mal  repré- 
senté dans  la  faune  bathypélagique  :  en  particulier  plusieurs  spécimens 
d'une  grande  Némerte  orangée,  une  Pelagonemertes  et  d'autres  formes  que 
M.  Joubin  étudie. 

Les  Amphipodes  sont  très  nombreux  :  Phronima  de  plusieurs  espèces, 
dont  une  nouvelle,  un  Acanlhoscina,  un  Thaumalops  et  beaucoup  d'autres 
formes  remises  à  M.  Chevreux.  Parmi  les  Schizopotles  on  trouve  abondam- 
ment Eucopia,  Euphausia,  Thysanopoda,  Nematoscelis,  etc.  Les  Décapodes 
fournissent  plusieurs  découvertes  intéressantes.  Dans  la  mer  des  Sargasses 


SÉANCE    DU    12    MARS    1906.  023 

mon  filet  a  ramené  un  de  ces  curieux  Crustacés  du  genre  Eryoneicus; 
l'espèce  est  nouvelle,  M.  Bouvier  l'a  nommée  E.  Alberti.  D'autre  part 
VE.  Faxoni  est  revenue  dans  un  filet  descendu  à  2373"  près  des  Baléares. 
Les  Pcnéides  comprennent  un  très  grand  nombre  de  Gennadus  elegans 
pris  dans  la  zone  bathypélagique.  Au  nombre  des  Macroures  V Acantephyra 
pulchra,  d'un  rouge  admirable,  ne  se  trouve  qu'au  delà  de  1000™.  Les 
autres  Macroures,  nombreux  et  certainement  fort  intéressants,  n'ont  pu 
encore  être  étudiés.  Un  fdet  descendu  à  idoo™,  dans  la  mer  des  Sargasses, 
a  ramené  un  Glaucothoé  Permi  pi-ésentant  la  couleur  rouge  des  Crustacés 
bathypélagiques.  Sur  ce  cas  et  quelques  autres  concernant  des  Glaucothoés 
recueillis  pendant  la  campagne  de  igoS,  M.  Bouvier  s'appuie  pour  établir 
définitivement  que  ce  sont  des  larves  de  Pagures,  pélagiques  et  s'efforçant 
d'atteindre  le  fond  pour  y  chercher  un  abri  dans  des  coquilles,  mais  qui, 
entraînées  par  des  courants  ou  pour  d'autres  raisons,  peuvent  continuer 
leur  existence  pélagique  en  subissant  des  mues  et  en  croissant  sans  se 
transformer  en  Paguriens.  Les  Ptéropodes  et  les  Hétéropodes  sont  repré- 
sentés par  des  genres  assez  nombreux. 

Les  Céphalopodes  abondent  également,  mais  le  plus  souvent  ils  appar- 
tiennent à  la  famille  difficile  des  Cranchiadœ,  et  ne  mesurent  que  quelques 
millimètres;  pour  cela  leur  étude  marche  lentement,  mais  elle  promet 
d'être  fructueuse.  Plusieurs  espèces,  notamment,  portent  des  yeux  pédon- 
cules. 

Les  Poissons  obtenus  sont  les  suivants  :  Cyclothone  microdon  abondam- 
ment répandu;  plusieurs  Scopélidés.  Chauliodus  Sloani de  diverses  stations 
et  à  divers  états  de  développement.  Un  Eurypharynx  dans  un  filet  des- 
cendu à  /(ooo™.  Cyema  atrum,  noir  et  Argyropelecus  à  veux  télescopiques. 
Un  Leplocéphale  remarquable  par  sa  longueur  de  aSo™"  avec  une  queue 
effilée.  Dans  la  Méditerranée,  deux  Paralepis  coregonoides. 

Les  nasses  triédriques  à  galets  ont  fourni  deux  résultats  excellents. 
Par  3465",  un  Céphalopode  du  genre  Mastigotheulis,  sans  doute  nouveau, 
reconnu  comme  le  propriétaire  de  tentacules  filiformes,  énigmatiques 
jusque-là,  constamment  recueillis  depuis  20  ans  sur  les  câbles  de  mes  opé- 
rations où  ils  se  fixent  par  un  nœud.  Un  Poisson  voisin  des  Sirembo  et 
peut-être  nouveau. 

Par  1229™,  deux  Poissons  :  Synaphobranclius  pinnatus  et  Svmenchelys 
parasuicus;  1  crevette  :  Heterocarpus  Grimaldii. 

Les  hameçons  descendus  jusqu'à  1998'"  ont  pris  divers  Poissons  :  Spinax, 
Cenlroscymnus  cœlolepis,  Synaphobranchus ,  Cenlrophorus  calceus,  Spinax 
niger.  A  la  surface,  Pelamys  sarda  et  Thynnus  pelamys. 


624  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Les  liar[)on.s  et  foënes  ont  donné  un  Dauphin,  des  Coryphœna  hippums, 
un  Thynnus pelamys . 

Le  haveneau  a  capturé,  sous  les  rayons  du  projecteur  électrique,  notam- 
ment des  Glaucolhoé  rostrata,  signalés  plus  haut  et  l'un  des  Calmars  sou- 
vent attirés  par  cette  lumière.  Plusieurs  Leac/u'a  cyc/^/r«  déjà  pris  les  années 
précédentes,  morts  ou  mourants,  sur  l'eau  et  beaucoup  d'autres  objets 
flottants. 

La  faune  qui  habite  la  mer  des  Sargasses  a  été  étudiée  à  la  surface,  entre 
celle-ci  et  le  fond,  et  sur  le  fond  lui-même  jusqu'à  34*35'".  Une  faune  peu 
variée  mais  nombreuse  vit  au  milieu  de  ces  végétaux.  On  a  obtenu  des 
Actinies,  des  Ascidies,  des  Nudibranches,  des  Crabes,  des  Isopodes,  des  pois- 
sons et  aussi  quelques  animaux  pélagiques  se  tenant  au  dehors  des  herbes. 
Le  mimétisme  est  particulièrement  sensible  dans  la  faune  des  Sargasses. 

Sur  ces  mêmes  lieux  on  a  recueilli  une  Holothurie  pélagique  morte,  con- 
stituant une  espèce  nouvelle;  on  a  capturé  aussi  plusieurs  spécimens  d'un 
curieux  hémiptère  (Halobates  Vûllersloi'ffi)  qui  vit  en  sautant  sur  l'eau  à  des 
centaines  de  milles  au  large.  Une  série  de  i38  pêches  pélagiques  pour 
l'étude  du  J'iankton  a  été  faite  sur  tout  le  parcours  de  la  campagne,  avec 
le  filet  fin  étroit  du  D'  Richard.  Parmi  les  résultats  obtenus  on  peut  signaler 
le  cas  d'un  Cruslacé,  le  Penilia  Schwarkeri'^\c\\Arà  signalé  pour  la  première 
fois  dans  la  Méditerranée  après  avoir  été  rencontré  à  Hong-Rong,  dans  le 
golfe  de  Guinée  et  au  Mexique. 

Microbiologie.  —  Les  résultats  des  trois  expériences  faites  concordent 
avec  ceux  des  années  précédentes;  presque  toujours  on  a  eu  des  cultures 
plus  ou  moins  abondantes,  plus  ou  moins  tardives. 

Il  est  intéressant  d'ajouter  que,  dans  la  mer  des  Sargasses,  à  1400*""  du 
continent  le  plus  proche,  mon  navire  a  reçu  la  visite  de  5  hirondelles 
{Hirundo  nislica  erylhrogaster  Bodd,  variété  américaine).  Je  signalerai 
d'autre  part  l'absence  à  peu  près  totale  d'animaux  à  la  surface  de  la  mer 
dans  toute  la  région  balayée  par  les  vents  alizés  entre  le  tropique,  le  con- 
tinent africain  et  les  Açores.  Je  n'y  ai  presque  jamais  vu  un  Cétacé  ni  un 
oiseau  marin;  les  poissons  volants  et  le  Plankton,  seul,  animent  ce  désert. 

Météorologie.  —  Il  a  été  fait  26  ascensions  de  ballons  météorologiques  et 
i3  de  cerfs-volants,  qui  atteignirent  l'altitude  de  16000"",  les  unes  dans  la 
Méditerranée,  les  autres  dans  la  région  des  vents  alizés.  Le  28  août,  non 
loin  de  la  mer  des  Sargasses,  un  arc-en-ciel  lunaire  complet,  double  sur  une 
certaine  longueur,  s'est  montré  au  couchant.  Une  peinture  en  a  été  faite 
aussitôt.  Diverses  fois,  durant  cette  croisière,  le  phénomène  signalé  sous 
le  nom  de  rayon  vert  a  été  constaté  par  plusieurs  des  savants  embarqués. 


SÉANCE    DU     12    MAKS    1906.  626 

S.  A.  S.  le  Prince  de  3Ioxaco  fait  hommage  à  l'Académie  du  fascicule  59 
du  Bulletin  du  Musée  océanographique  de  Monaco. 

Ce  fascicule  a  pour  titre  :  Notes  préliminaires  sur  les  gisements  de  mol- 
lusques comestibles  des  côtes  de  France.  Les  côtes  de  la  Loire  à  la  Vilaine,  avec 
I  Carte  et  2  Planches,  par  L.  Joubin. 


ME3I01RES   PRESENTES. 

M.  Erxf.st  Solvay  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  Sur 
r organisation  et  la  possibilité  de  la  self-organisation  de  la  réaction  chimique, 

(Renvoi  à  la  Section  de  Chimie.) 

CORRESPONDAIVCE. 

M.  le  Président  du  troisième  Congrès  de  l'Association  des  Médecins  de 
langue  française  de  l'Amérique  du  Nord  invile  l'Académie  à  se  faire  repré- 
senter à  ce  Congrès,  qui  tiendra  ses  séances  aux  Trois-Rivières  les  26,  27 
et  28  juin  prochain. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  les  Ouvrages  suivants  : 

1°  Précis  de  médecine  légale,  par  A.  Lac.vssagne,  (Présenté  par  M.  Bou- 
chard.) 

2°  Deux  Volumes  de  la  Vie  des  animaux  illustrée,  publiée  sons  la  direc- 
tion de  M.  Edmond  Perrier  :  Les  Mammifères,  par  A.  Mekegalx.  (Présenté 
par  M.  Yves  Delage.) 

ASTRONOMIE.  —  Observations  de  la  comète  1906  b,  faites  au  grand équatoriai 
de  r  Observatoire  de  Bordeaux.  Note  de  M.  E.  Esclanuo.v. 

Observations  de  la  comète. 

Temps  sidéral  Nombre 

Dates.  de  de 


comparaisons. 


1906.                Etoiles.               Bordeaux.  Aa.                           A'J.'. 

Il         m        s  m        s                                ,         „ 

Mars  6 a             10.   l^.   0,8  —0.53,25  — 15.23,5             24:12 

7 b               9.12.28,3  —3.    2,08  — 13.   8,0             40:10 

C.  K.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  11.)                                                      83 


626  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Positions  moyennes  des  étoiles  de  comparaison. 


Etoiles,  Autorités. 

a A. G.,  Albany,  n"  4327 

b A. G.,  Albany,  n"  4336 


Ascension 

Réduction 

Distance 

Réduction 

droite 

au 

polaire 

au 

moyenne. 

jour. 

moyenne. 

jour. 

h        m        s 

I 1 .35.34, 

93 

-l-/,o3 

88.3i'.37",i 

+8,1 

II. 37. 19, 

21 

-+-I ,  i3 

88.38.    1,2 

+8,0 

Positions  apparentes  de  la  comète. 


Temps  moyen 

Ascension 

Distance 

Dates. 

do 

droite 

Log.  Tact. 

polaire 

Log.  fact. 

1906. 

Bordeaux. 

apparente. 

parallaxe. 

apparente. 

parallaxe. 

Mars  6 

h       m       s 

II.   8. 56,4 

Il       m       s 
11.34.41,73 

— î,220 

88"  16'.  21' 

'7 

-0,782 

7 

I 0 . I 3 . 36 , 5 

11.34.18,26 

-T,3S7 

88. i5.    I. 

,2 

—0,785 

La  comète  a  l'aspect  d'une  étoile  de  grandeur  10,  5,  entourée  d'une  nébulosité  très 
faible  qui,  dans  la  lunelle,  lui  donne  l'apparence  d'une  mauvaise  image  d'étoile. 


PHYSIQUE.  —  Sur  les  forces  étectromotrices  de  contact  entre  métaux  et 
liquides  et  sur  un  perfectionnement  de  l'iono graphe.  Noie  de  M.  Charles 
NoRDMANx,  présentée  par  M.  Lœwy. 

I.  Au  cours  (le,s  expériences  faites  au  sujet  de  l'enregistreur  d'ions  à 
écoulement  liquide  dont  j'ai  intliqué  le  principe  il  y  a  quelques  mois 
(^Comptes  rendus,  t.  CXL,  p.  43o),  j'ai  été  amené  à  constater  le  phénomène 
suivant  :  lorsqu'on  relie  à  un  électromètre  suffisamment  sensible  un  réci- 
pient métallique  isolé,  et  d'où  s'écoule  goutte  à  goutte,  par  un  ajutage  de 
verre,  un  liquide  conducteur  (une  solution  de  SO'Mg,  par  exemple),  on 
observe  que  l'aiguille  dévie  progressivement  d'une  très  petite  quantité, 
de  manière  à  atteindre  asymptotiquemenl,  et  dans  la  pratique  au  bout  de 
quelques  minutes,  une  position  d'équilibre  correspondant  à  une  faible 
fraction  de  volt,  et  dont  elle  ne  s'écarte  plus  tant  que  dure  l'écoulement 
liquide.  Celte  dévialion  limite  est  variable  avec  la  nature  du  liquide  et  du 
métal  du  récipient. 

3e  me  propose  de  monlrer  ici  que  ce  phénomène  est  atlribuable  à  la 
force  éleclromolrice  de  contact  existant  entre  le  métal  du  récipienl  el  le 
liquide  contenu,  et  qu'il  suggère  une  méthode  générale  fort  simple  pour 
l'étude  et  la  mesure  des  différences  de  potentiel  au  contact  entre  liquides 
et  métaux. 


SÉANCE  DU  12  MARS  igo6.  627 

J'indiquerai  ensuite  (et  c'est  l'objet  principal  de  cette  Note)  comment 
ce  phénomène  m'a  conduit  à  perfectionner  l'ionographe  à  écoulement 
liquide  et  à  lui  donner  la  forme  nouvelle  sous  laquelle  il  a  fonctionné  au 
cours  des  expériences  faites  à  Pliilippeviile  à  l'occasion  de  la  dernière 
éclipse  de  Soleil  (Comptes  rendus,  t.  CXF^I,  p.  945). 

II.  Soit  un  récipient  fait  d'un  métal  M,  relié  à  rélectromètre  et  d'où,  par  un  ajutage 
de  verre,  s'écoule  goutte  à  goutte  un  liquide  L  (nous  supposons  pour  plus  de  simpli- 
cité que  l'écoulement  est  régidieret  de  n  gouttes  de  rayon  r  par  seconde,  ce  qu'on  réa- 
lise facilement  en  donnant  au  récipient  la  forme  d'un  vase  de  Mariolle).  Soit  £  la  diffé- 
rence de  potentiel  au  contact  M  |  L.  Si  M  est  jjrimilivemenl  au  sol,  puis  isolé,  la  première 
goutte  qui  tombe  a  un  potentiel  —  e;  elle  emporte  avec  elle  une  charge  —  cr  et  laisse, 
par  suite,  sur  le  récipient  une  charge  égale  et  de  signe  contraire  +  £/■;  d'ailleurs,  à  un 
moment  quelconque,  si  le  potentiel  du  système  isolé  est  E  (sa  capacité  étant  C),  on 
peut  écrire 

CdE  =  —{E  —  i)nrdt, 

(  -—\ 

ce  qui,  en  intégrant,  donne  E  =r  s  \^i  —  e     "^  /  ;  et,  au  bout  d'un  temps  très  court,  E=r£. 

Autrement  dit,  l'aiguille  de  l'électromètre  doit  tendre  rapidement  et  asymptotique- 
meiit  vers  une  élongation  d'équilibre  (ce  qui  est  précisément  le  phénomène  indiqué 
ci-dessus)  qui  mesure  en  grandeur  et  en  signe  la  force  électromotrice  de  contact  M|L 
(et  cela  indépendamment  de  la  capacité  du  système  et  de  la  vitesse  de  l'écou- 
lement). 

Je  poursuis  actuellement,  à  l'aide  d'un  dispositif  simple  basé  sur  ce  principe,  une 
série  de  mesures  relatives  aux  différences  de  potentiel  au  contact  entre  divers  métaux 
et  liquides.  On  sait  que,  faute  de  méthode  appropriée,  on  ne  possède  jusqu'ici  que 
très  peu  de  données  sur  ces  phénomènes. 

III.  Il  est  évident  qu'il  faut  prendre  comme  zéro  de  l'enregistreur  d'ions  à  écoule- 
ment liquide  {loc.  cit.)  l'élongation  limite  de  l'électromètre  lorsque  l'appareil  ne 
recueille  aucun  ion  (élongation  qui  n'est  négligeable  que  potir  de  faibles  sensibilités 
de  l'électromètre);  mais  l'expérience  a  montré  que  cette  élongation  limite  peut  varier 
d'un  jour  et  même  d'une  heure  à  l'autre,  ce  qui  paraît  dû  à  l'influence  de  l'état  des 
surfaces  et  de  la  température  sur  la  différence  de  potentiel  au  contact.  Il  était  donc 
désirable  de  rendre  les  indications  de  l'appareil  complètement  indépendantes  de  cette 
dernière.  On  y  est  parvenu  de  la  façon  suivante  : 

Un  grand  vase  de  Mariette  en  verre  A  est  terminé  par  un  ajutage  B  d'où  s'écoulent 
par  seconde  n  gouttes  liquides  de  ra3'on  /•;  dans  l'intérieur  du  vase  plonge  un  lîl  de 
platine  qui  met  en  permanence  le  liquide  en  communication  avec  le  sol  ;  les  gouttelettes 
tombent  de  B  dans  un  petit  tube  D  terminé  par  un  ajutage  rodé,  de  manière  que 
le  rayon  des  gouttes  qui  de  D  tombent  dans  un  vase  F  relié  au  sol,  soit  aussi  égal  à  /•, 
Automatiquement,  le  niveau  du  liquide  dans  le  tube  D  s'établit  de  telle  sorte  que  le 
nombre  n  des  gouttelettes  qui  en  tombent  dans  l'unité  de  temps  soit  égal  à  celui  des 
gouttelettes  de  B. 


628 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


D  esl  porté  par  un  support  spécial  bien  isolant  E  et  relié  à  rélectromèlre  et  an  col- 
lecteur d'ions.  Ces  diverses 'paities  sont  protégées  éleclrostatiqnenienl. 

Dans  ces  conditions,  si  e  esl  la  force  éieclrouiotrice  de  contact  platine-liquide,  à  la 
température  de  l'expérience,  et  si  E  est  à  ce  moment  le  potentiel  dû  à  l'apport  des  ions, 

Fig.  I. 


du  système  isolé  collecteur  d'ions-ajiitage  D,  on  voit  que  ce  potentiel  est  indépendant 
de  E  :  en  efl'et,  le  tube  D,  en  même  temps  qu'il  reçoit  chaque  seconde  une  charge 
—  nrz  de  l'ajutage  supérieur,  perd  par  son  propre  écoulement  une  charge  exactement 
égale.  Je  suis  arrivé  de  cette  manière,  et  en  prenant  quelques  précautions  destinées  à 
éviter  les  perturbations  dues  à  l'éclaboussure  des  gouttelettes,  à  avoir  un  zéro  extrême- 


Fis 


^800 


-|  ûon  , 
g  Scxt . 

^  Mtto . 

5  3oo . 

■s 

'^  200. 

J 

"S    ioo. 

I  ^ 


P/iihppez>iBe  ,  S  Septembre  190S 


,^,/lfvn,v'*vv^' 


Midi       7''         2>^         J."         jl*         X*         «■* 


r*        8'^         .9"       JO''        Il'f 


raênl  stable.  Ainsi,  les  indications  successives  de  l'éleclromètre  sont  bien  proportion- 
nelles aux  quantités  variables  O  d'éiectricilé  apportées  par  les  ions  et  elles  sont  données, 
comme  je  l'ai  montré  {loc.  cit.),  par  la  relation  ; 


Q  =  nrE. 


SÉANCE    DU    J7.    MARS    1906.  629 

C'est  sous  celle  forme  que  lionographe  a  enregislré  photographiquement,  pendant 
près  de  deux  mois,  à  Pliilippeville,  les  phénomènes  décrils  dans  une  Note  récente 
[Comptes  rendus,  l.  CXLI,  p.  g^o)- 

Lajigure  2  reproduit,  à  litre  d'exemple,  un  spécimen  des  courbes  obtenues.  On  y 
voit  nellemenl  lallure  régulière  que  présente,  pendant  la  journée,  à  Pliilippeville,  la 
variation  diurne  de  l'ionisation  positive  de  l'air,  et  aussi  les  irrégularités  de  grande 
amplitude  qui  se  produisent  à  partir  du  soir  et  dès  que  souffle  le  vent  de  terre. 


PHYSIQUE.  —  Dp  la  inbration  sympathique  d'une  corde  grave  à  l'appel  d'une 
corde  aiguë,  et  des  conséquences  possibles  qui  en  découlent.  ISote  de  M.  Ed- 
mond Baili.v,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

Jusqu'à  ce  jour,  les  savanls  n'ont  pas  admis  qu'un  son  quelconque  était 
capable  de  faire  vibrer  sympathiquement  un  autre  son  plus  grave  que  lui, 
quelle  que  soit  leur  concomitance.  (Voir  d'Alembert,  Helmhollz,  Tvndall, 
Kœnig,  etc.)  Or,  c'est  de  la  réalisation  pratique  d'une  telle  expérience 
que  je  viens  entretenir  l'Académie.  Les  sages  réserves  d'Helmhollz  m'ayant 
rendu  sceptique  à  l'égard  de  la  valeur  scientifique  des  résultats  obtenus 
sur  V harmonium,  je  lui  ai  préféré  le  piano  dans  la  fabrication  duquel  les 
facteurs  éliminent,  le  plus  possible,  les  harmoniques,  bourdonnements,  etc. 
De  plus,  cet  instrument  paraissant  tout  à  fait  impropre  à  la  production 
àei,sons  résultants,  on  sera  moins  porté  à  assimiler  ma  résonance  grave  à  des 
sons  de  cette  nature. 

M'étant  exercé,  d'abord,  à  faire  octavier,  quintoyer  à  l'aigu,  Vut^^  du  piano,  puis  les 
notes  voisines,  je  devins  bientôt  passablement  habile  dans  cet  exercice  préparatoire, 
tellement  que  je  n'eus  plus  besoin  de  libérer  de  son  élouffoir  la  corde  aiguë  qui  devait 
vibrer  sympathiquement  à  l'appel  du  son  fondamental  de  la  série  à  laquelle  elle  appar- 
tenait. Ce  résultat  acquis,  je  tentai  d'obtenir,  d'un  son  plus  grave  que  la  note  émise,  ce 
que  m'avaient  accordé,  assez  rapidement,  les  sons  plus  aigus.  Cela  me  prit  beaucoup  de 
temps,  car  je  devais,  pour  réussir,  arriver  à  un  martèlement  dont  le  rythme  concordât 
synchroniquement  avec  le  nombre  de  vibrations  de  la  corde  visée.  Enfin,  j'eus  la  satis- 
faction d'entendre,  bien  faiblement,  le  son  grave  et,  pour  être  certain  que  mon  désir 
de  réaliser  une  expérience  des  plus  délicates  ne  me  faisait  point  objectiver  un  son 
chimérique,  je  fis  passer  devant  mon  piano  des  témoins  compétents,  en  tel  nombre 
qu'il  ne  m'était  plus  loisible  de  douter.  Bien  que  j'opère^  le  plus  souvent  sur  Vut^., 
d'autres  notes,  bien  entendu,  se  piêtenl  à  l'expérience,  pourvu  qu'on  ne  s'écarte  point 
sensiblement,  surtout  vers  l'aigu,  de  celte  région  moyenne  de  l'instrument.  Je  dois,  dès 
à  présent,  constater  que  j'obtiens  le  douzième  (/«])  bien  plus  facilement  que  Voctave 
inférieur  (uti). 

Longtemps,  et  tout  en  levant  l'éloud'oir  de  la  note  appelée  à  vibrer  sympathique- 


63o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ment,  je  n'obtins  qu'un  son  grave  de  faible  intensité,  quoique  parfaitement  percep- 
tible, même  pour  une  oreille  peu  musicienne.  Mais  avec  de  la  persévérance,  et  en 
frappant  successivement  plusieurs  des  harmoniques  supérieurs  du  /Vz,,  je  parvins  à 
renforcer  ce  fa  de  telle  façon  qu'il  vibra  et  se  prolongea  avec  force,  même  après  que 
le  martèlement  avait  cessé.  Il  va  de  soi  qu'il  faut  maintenir  levé,  pendant  toute  l'opé- 
ration, l'étoufToir  de  la  note  grave,  en  appuyant  sur  cette  note  sans  la  faire  sonner. 

J'insiste  pour  qu'on  ne  confonde  pas  le  son  grave  ainsi  renforcé  avec  un 
son  résultant,  lequel  demande  l'émission  simultanée  et  prolongée  de  deux 
sons.  Dans  mes  expériences,  il  m'apparaît  que  c'est  en  qualité  de  troi- 
sième harmonique  du  fa^  que  Vut^  excite  celui-ci  dans  les  mêmes  condi- 
tions qu'il  pourrait  exciter  I'm^,  dont  il  est  le  second  harmonique,  le  /«,_, 
dont  il  est  le  cinquième  harmonique,  etc.,  mais  de  telle  sorte  que  les  sons 
graves  seraient  des  fondamentaux  et  non  les  harmoniques  graves  préco- 
nisés par  certaine  théorie  allemande  moderne.  Considérant  que  plusieurs 
des  termes  de  la  série  harmonique  supérieure  se  trouvent  occupés  par  des 
sons  dont  le  manque  absolu  de  justesse  ne  permet  pas  de  leur  accorder 
une  place  parmi  les  notes  constitutives  de  nos  gammes,  tels  par  exemple 
les  harmoniques  7,  il,  i3,  etc.,  qui  sont  ou  trop  bas  ou  trop  hauts,  on 
sera  conduit  à  présumer  que  leur  présence  dans  celle  série  harmonique 
est  motivée  par  quelque  autre  raison  que  celle  de  charmer,  simplement, 
notre  oreille.  Cette  raison  semble  m'être  offerte  par  mon  expérience  même 
où  je  vois  que,  le  plus  souvent,  le  son  émis,  tout  en  développant,  au- 
dessus  de  lui,  une  série  qu'on  ne  peut  rattacher  qu'aux  accords  de  la  domi- 
nante, cherche  sa  tonique,  laquelle,  précisément,  lui  manque  parmi  ses 
harmoniques. 

En  effet,  faisant  résonner  V ut-^^  je  suppose,  le  fa  n'apparaît  dans  la  série  des  liar- 
moniques  qu'au  terme  21,  encore  est-il  d'une  justesse  contestable;  notons  que  le  la. 
non  plus,  n'apparaît  pas  avant  le  terme  27.  Si  ma  conjecture  se  justifie,  nous  serions 
en  présence  d'une  dynamique  du  son  dans  laquelle  ce  n'est  pas  seulement  le  son  fon- 
damental qui  excite  toute  une  gerbe  de  sons  supérieurs,  mais  également  ceux-ci  qui 
rendent  à  leur  générateur  commun,  qui  échangent  entre  eux  la  plus  grande  [lartie  des 
forces  qu'ils  ont  reçues  de  ce  générateur.  Car  mou  expérience,  répétée  un  nombre 
considérable  de  fois,  m'a  démontré  que  c'est  bien  par  l'action  insistante  du  son  aigu 
que  le  son  grave  arrive,  graduellement,  à  vibrer  :  peut-être  trouvera-t-on  aussi  que  les 
résultats  de  cette  expérience  pourraient  donner  lieu  à  une  nouvelle  théorie  de  la  durée 
vibratoire,  laquelle  ne  me  semble  pas  suffisamment  expliquée  par  la  seule  amplitude 
des  vibrations,  malgré  ([ue  je  reconnaisse  à  ladite  amplitude  le  pouvoir  de  favoriser 
grandement  la  production  des  harmoniques. 

Avant  de  clore  ces  lignes,  je  dois  rappeler  à  ceux  qui  tenteront  de  ré- 


SÉANCE  DU  12  MARS  1906.  63 I 

péter  mon  expérience  qu'elle  demande  une  délicatesse  de  toucher  extrême, 
laquelle  est  plus  fréquente  chez  les  compositeurs  de  musique  que  parmi 
les  virtuoses;  qu'il  est  indispensable  de  faire  coïncider  synchroniquement 
le  rythme  de  l'appel  avec  le  nombre  des  vibrations  de  la  note  appelée; 
enfln,  qu'il  m'a  fallu  beaucoup  de  patience  et  de  temps  pour  arriver  à 
produire,  d'une  manière  permanente  et  incontestable  pour  l'auditeur, 
le  phénomène  qui  nous  occupe.  J'ajoute  qu'un  piano  neuf  doit  être,  dans 
cette  expérience,  moins  recherché  qu'un  piano  ayant  servi  déjà  et  que 
l'état  hygrométrique  de  l'air  n'est  pas  absolument  indifférent. 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Action  de  l'acide  sidfurique  à  chaud  sur  les  sels  de  pla- 
tine et  d'iridium  en  présence  de  sulfate  d'ammonium.  Noie  de  M.  Marcel 
Delêpixe. 

En  poursuivant  mes  recherches  relatives  à  la  dissolution  du  platine  par 
l'acide  sulfurique  bouillant  (")  et  les  étendïint  à  la  dissolution  du  platine 
iridié  à  10  pour  100,  j'ai  fait  de  nouvelles  constatations  importantes,  moins  à 
proprement  parier  sur  l'attaque  de  ces  métaux,  que  sur  la  nature  des  solu- 
tions obtenues.  Je  demande  à  l'Académie  la  permission  d'exposer  ces  résul- 
tats. 

I.  Si  l'on  poursuit  la  dissolution  clu  |)latine  pendant  très  longtemps 
(4o  à  DO  heures),  on  obtient  des  solutions  sulfuriques  extrêmement  fon- 
cées, rouge  brun  à  froid,  presque  noires  à  chaud;  on  peut  dissoudre  deux 
grammes  de  platine  dans  loo"""'  d'acide.  A  son  point  d'ébullition,  l'acide 
sulfurique  concentré  possède  donc  un  pouvoir  dissolvant  bien  autrement 
grand  que  lorsqu'd  est  à  93  pour  100  et  porté  à  25o"-26o''  seulement;  sui- 
vant M.  Conroy,  on  ne  dissout  alors  après  28  heures  que  0*^,04  de  métal 
environ  et  celte  quantité  semble  la  limite  d'une  attaque  toujours  décrois- 
sante (-). 

Les  solutions  concentrées  de  platine,  longtemps  bouillies,  se  réduisent  incomplè- 
tement par  ébullition  après  addition  de  sulfate  d'ammonium;  le  platine,  à  mon  avis, 
s'y  trouve  sous  forme  d'un  acide  platosulfurique  moins  réductible  qu'un  sel  normal; 
il  suffit  d'ailleurs  d'ajouter  du  chlorure  d'ammonium  qui  forme  un  chlorosel  réduc- 
tible pour  voir  les  solutions  se  décolorer  complètement  par  ébullition;  il  reste  environ 


(')  M.  Delépine,  Comptes  rendus,  t.  CXLI,  igoS,  p.  866,  ioi3. 
("-)  J.-T.  Conroy,  Joiirn.  Soc.  clieni.  Iiid..  l.  XXII,  igoS,  p.  465. 


632  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

oS,oi  de  métal  pour  loo"^"'  d'acide;  le  platine  doit  s'y  trouver  sous  forme  de  quelque 
acide  analogue  aux  composés  de  sesquioxyde  de  M.  Blondel  ('),  c'est-à-dire  qu'il  y 
aurait,  par  rapport  à  l'équation  Pt -H  4S0' ïP=  (  SO')-Pt -f- 2SO- + 'iH-O,  exagéra- 
lion  de  la  dissolution  d'un  excès  de  platine  que  j'ai  d'ailleurs  signalée  pour  des 
attaques  de  courte  durée. 

Etendues  d'eau  (un  quart),  puis  chauffées,  ces  solutions  se  troublent  tout  d'un  coup 
vers  28o°-390°  et  laissent  déposer  du  métal  si  l'on  continue  à  chaufler. 

Les  solutions  sulfoplaliniques  très  concentrées  laissent  au  bout  de  i  mois  déposer 
des  aiguilles  déliées  rouge  orangé,  réunies  autour  d'un  point  central;  abandonnées  à 
l'air,  elles  donnent  après  une  douzaine  d'heures  un  dépôt  de  cristaux  lamellaires  paral- 
lélogrammiques,  rouge  orangé,  qui  sont  un  hydrate  des  aiguilles,  car  celles-ci  se 
transforment  en  ceux-là  à  l'air.  J'espère  bien  pouvoir  isoler  ces  corps. 

II.  L'attaque  du  platine  iridié  à  10  pour  100  est  un  peu  moins  rapide  que  celle  du 
platine  non  iridié,  tout  au  moins  pendant  les  8  ou  10  premières  heures,  mais  ensuite 
la  différence  s'atténue. 

L'iridium  est  dissous  avec  le  platine,  comme  dans  l'attaque  par  l'eau  régale.  La 
vitesse  de  dissolution  est  plus  grande  si  l'on  ajoute  du  sulfate  de  potassium;  faible 
d'abord,  elle  s'accélère  quand  la  lame  a  servi  à  plusieurs  attaques  et  peut  atteindre 
05,10  par  heure  et  décimètre  carré  à  365°. 

III.  Pour  rechercher  l'iridium  dans  la  solution,  je  mets  précisément  à  profit  la 
décomposition  du  sulfate  de  platine  par  addition  de  sulfate  d'ammonium.  Après  4 
ou  5  heures  d'ébullition,  plus,  s'il  est  nécessaire  (et  addition  de  chlorure  d'ammo- 
nium, s'il  y  a  lieu),  le  platine  est  précipité  sous  forme  de  mousse  contenant  très  peu 
d'iridium,  tandis  que  l'acide  se  colore  en  un  beau  veit,  fort  net  avec  o5,ooo5  d'iridium 
par  centimètre  cube;  si  la  coloration  est  faible  ou  même  apparemment  nulle  on  peut 
toutefois  tenter  de  manifester  la  présence  de  l'iridium  en  ajoutant  à  l'acide  refroidi 
assez  d'acide  azotique  pour  qu'après  ébullilion  il  y  ail  encore  des  vapeurs  nitreuses 
■apparentes.  La  couleur  verte  fait  place  à  une  magnifique  teinte  violette  peul-êlre  dix  fois 
plus  intense.  11  est  facile  de  constater  ainsi  la  présence  d'iridium  dans  des  chlorures  de 
platine  dits  purs  du  commerce,  après  les  avoir  fait  longtemps  bouillir  avec  de  l'acide 
sulfurique  contenant  du  sulfate  d'ammonium;  il  est  alors  bon  vers  la  fin  delà  réaction 
de  transvaser  l'acide  dans  un  nouveau  liallon  pour  éviter  la  redissoiution  conlinuelle 
du  platine  abondamment  précipité.  Inversement  un  chloroiridale  chauffé  avec  l'acide 
sulfurique  laissera  précipiter  tout  son  platine  à  peine  mélangé  d'iridium. 

La  couleur  violette  observée  disparaît  si  l'on  ajoute  un  volume  d'eau  à  l'acide  coloré, 
pour  reparaître  par  addition  d'acide  sulfurique  concentré  ou  d'un  déshydratant  comme 
l'anhydride  phosphorique.  Elle  est  donc  différente  des  couleurs  violettes  d'iridium  con- 
nues, lesquelles  subsistent  en  présence  de  l'eau. 

IV.  Enfin  j'arrive  au  poînl  le  plus  iiliporlant.  Des  solutions  sulfuriques 
vertes,  on  peut  extraire  les  sels  ammoniacaux  de  deux  acides  iridosultu- 
riques,  l'un  vert,  l'autre  brun.  L'existence  de  ces  acides  m'a  engagea  ra'as- 


(')  M.  Blondel,  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  8°  série,  t.  VI,  igoS,  p.  127. 


SEANCE    DU    12    MAUS    Ujof).  033 

siirer  que  le  su!f;ite  vert  décrit  par  M.  Lihoci  de  Boisbaudran  (')  était, 
d'après  mes  vues,  égiilemenl  un  sel  d'acide  complexe  (et  non  un  sel  double); 
j'ai  vérifié  qu'il  en  était  bien  ainsi,  de  sorte  que  je  suis  à  l'heure  actuelle  en 
possession  de  trois  sortes  de  sels  irido-sulfuriques  fortement  colorés  et  dont 
voici  les  grands  traits  distinctifs  : 

}°  Des  sels  vert  bleu  précipitables  en  b/eii  par  les  sels  de  baryum  et  de 
strontium,  décomposables  lentement  à  froid  par  l'ammoniaque  avec  colo- 
ration violette;  c'est  le  cas  du  sel  de  M.  Lecoq  de  Boisbaudran; 

2°  Des  sels  verts  que  ne  précipite  pas  le  chlorure  de  baryum  neutre, 
mais  qu'il  précipite  en  brun  verdâtre  en  milieu  alcalinisé;  le  précipité  se 
redissout  dans  les  acides  en  régénérant  la  couleur  verte;  ces  sels  verts 
donnent  avec  l'ammoniaque  une  solution  brun  olivâtre  qui  se  modifie  avec 
le  temps  en  devenant  plus  verte  et  ne  précipite  plus  par  le  chlorure  de 
baryum,  bien  qu'alcaline; 

S**  Des  sels  brun  olivâtre  non  précipitables  par  le  chlorure  de  baryum 
neutre,  précipitant  en  brun  en  présence  d'ammoniaque;  la  teinte  de  la 
solution  se  fonce  un  peu  par  addition  d'alcalis. 

Dans  ces  corps,  l'acide  sulfurique  est  donc  masqué;  leur  étude  déjà 
avancée  me  permettra,  je  l'espère,  d'ajouter  bientôt  un  nouveau  chapitre 
à  l'histoire  encore  très  brève  des  sulfates  dits  complexes. 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Action  du  peroxyde  d'azote  sur  l'ammoniac  et  quelques 
sels  ammoniacaux.  Note  de  MM.  Bessox  et  Rosset.  présentée  par 
M.  Troost. 

Avant  eu  à  envisager  la  possibilité  d'employer  le  peroxyde  d'azote  comme 
dissolvant  de  sels  ammoniacaux,  nous  avons  fait  les  constatations  sui- 
vantes : 

Si  l'on  amène  du  gaz  ammoniac  liquéfié  el  refroidi  à  — 8o°  (neige  carbunique  et 
éther)  au  contact  de  peroxyde  d'azote  solide  et  refroidi  à  la  même  température,  il  se 
produit  une  violente  explosion  et  d'abondantes  fumées  blanches  prennent  naissance. 
La  réaction  est  plus  modérée  si  l'on  fait  arriver  un  courant  de  gaz  ammoniac  sec  et 
refroidi  ( — 20°)  au  voisinage  de  peroxyde  également  refroidi  contenu  dans  une  cor- 
nue tubulée  en  relation  avec  des  appareils  condenseurs  refroidis;  le  vide  est  fait  au 
préalable  dans  tout  l'appareil  qui  est  disposé  pour  recueillir  les  gaz  produits.  La  réac- 

(')  Lecoq  de  Boisbaudran,  Comptes  rendus,  t.  XCVI,  i883,  p.  i336,  i4o6,  i55(. 
C.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLIl,  N°  11.)  ^4 


634  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lion  est  accompagnée  d'un  grand  dégagement  de  chaleur,  formation  temporaire  de 
liquide  verdàtre  (acide  azoteux)  et  production  de  fumées  blanches.  Les  gaz  dégagés 
sont  formés  essentiellement  d'azote  mélangé  d'ox.yde  azotique  ÂzO  dont  la  proportion 
augmente  vers  la  fin  de  l'opération,  quand  la  température  s'élève.  Lorsque  la  réaction 
est  terminée,  il  reste  dans  la  cornue  un  sel  blanc  humecté  d'eau  qui  est  de  l'azotate 
d'ammoniaque;  la  présence  d'une  petite  quantité  d'azotite  d'ammoniaque  a  pu  être 
relevée  dans  le  produit  aqueux  qui  a  passé  à  la  distillation  au  cours  de  l'opération. 

La  réaction  principale  du  gaz  ammoniac  sur  le  peroxyde  d'azote  dans  les 
conditions  précédemment  spécifiées  peut  donc  se  formuler  par  les  équa- 
tions suivantes  : 

3AzO^-h4AzH»=7Az+6H^O 

3Az0^4-  2AzH''  +  H-0  =  AzO+-2(AzO\AzH''). 

Le  peroxyde  d'azote  réagit  lentement  à  froid  sur  AzH*Gl  qui  se  liquéfie  à  son  con- 
tact; pour  parfaire  la  réaction,  il  est  bon  de  chaufler  quelque  temps  à  ioo°  en  tubes 
scellés  résistants. 

La  pression  gazeuse  considérable  que  l'on  observe  à  l'ouverture  des  tubes  est  due  à 
du  chlore  et  à  un  mélange  d'azote  et  d'oxyde  azoteux  Az^O.  Quant  au  liquide  bru- 
nâtre restant  dans  les  tubes,  il  se  sépare  par  des  distillations  fractionnées  en  composés 
oxychlorés  d'azote,  anhydride  azoteux,  excès  de  peroxyde  d'azote,  acide  azotique  et 
résidu  solide  formé  d'une  petite  quantité  d'azotate  d'ammoniaque.  La  séparation  de 
l'anhydride  azoteux  (liquide  bleu  indigo  à  froid)  est  facilitée  par  la  destruction  du 
chlorure  de  nitrosyle  par  le  mercure  à  froid  avec  dégagement  de  AzO. 

Les  équations  suivantes  permettent  de  rendre  compte  de  la  formation 
des  différents  produits  précédemment  signalés  : 

4AzO-  +  3AzH^Cl  =  2Az=0 
5AzO-  +  4AzH^Cl  =  2AzOCl 
4AzO--hH-0  =Az-0' 

Le  peroxyde  d'azote  agit  sur  les  azotate  et  sulfate  d'ammonium  dans  les 
mêmes  conditions  que  sur  le  chlorure,  mais  le  gaz  dégagé  est  exclusive- 
ment de  l'azote;  la  masse  liquéfiée  forme  deux  couches  superposées  dont 
la  supérieure  est  formée  de  peroxyde  en  excès;  après  son  élimination  par 
distillation,  il  reste  de  l'acide  azotique  dans  le  premier  cas,  un  mélange 
d'acides  azotique  et  sulfurique  dans  le  second. 

AzO'AzH*     -f-2AzO='  =  2Az-+-  2AzO'H-hH-0, 
SO*(AzH*)*-f-4AzO'  =  4Az-+-2AzO'H-FSO''H-+2H-0, 

équations  qui  permettent  de  traduire  très  simplement  les  réactions. 


3Az  -1- 

3  Cl 

-+- 

6R' 

0, 

7AZ  -1- 

2CI 

-h 

8H^ 

^0, 

2AzO' 

H. 

SÉANCE    DU    12    MARS    1906.  635 


CHIMIE  MINÉRALE.  —   Action  du  chlorure  de  silicium  sur  le  cobalt. 
Noie  de  M.  Em.  Vigourocx,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

Dans  une  précédente  Communication  ('),  nous  avons  publié  que  des 
essais  effectués  en  faisant  agir  le  chlorure  de  silicium  sur  des  métaux  autres 
que  le  fer  nous  avaient  amené  à  rechercher  les  conditions  de  formation  du 
corps  Fe-Si,  les  résultats  obtenus  avec  le  fer  et  avec  la  plupart  des  métaux 
de  cette  famille  étant  jusqu'ici  comparables,  au  point  de  vue  de  la  produc- 
tion de  leurs  siliciures.  Un  de  nos  piemiers  métaux  étudiés  était,  en  effet, 
le  cobalt  qui,  avec  le  chlorure  indiqué,  avait  fourni  le  composé  Co^Si.  Ces 
deux  siliciures,  qui  se  rapprochent  par  leur  mode  de  formation,  leurs  for- 
mules et  de  nombreuses  propriétés,  se  différencient  nettement  lorsqu'on 
envisage  leur  caractère  magnétique,  le  siliciure  de  cobalt  n'étant  pas  sen- 
sible à  l'action  de  l'aimant,  tandis  que  celui  de  fer  est  facilement  atlirable, 
ainsi  que  l'a  constaté  M.  H.  Moissan  (*)  sur  le  composé  préparé  avec  du 
fer  et  du  silicium  libre,  de  même  que  nous  l'avons  remarqué  plus  tard  sur 
le  corps  de  composition  identique  formé  par  nous  à  l'aide  de  ce  métal  et 
du  chlorure  de  silicium. 

Le  mode  opératoire  est  celui  que  nous  avons  indiqué  dans  l'exposé  de  notre  travail 
antérieur.  Un  courant  d'hydrogène,  parcourant  l'ensemble  de  l'appareil  chauffé,  balaie 
riuimidilé  qui  peut  s'y  trouver;  puis  le  chlorure  de  silicium  (contenu  dans  la  cornue 
dont  le  fond  est  recouvert  d'aluminium  en  limaille  capable  de  le  débarrasser  de  la 
petite  quantité  d'acide  chlorhydrique  susceptible  de  le  souiller),  dirigé  par  distillation 
dans  le  tube  en  porcelaine  fortement  chauffé,  passe  sur  le  métal  qu'il  attaque  et  vient 
se  condenser  finalement  à  lintérieur  de  récipients  refroidis.  Après  quelques  heures  de 
marche,  le  tube  étant  progressivement  porté  à  la  température  maxima  que  peut  donner 
notj-e  four,  température  insuffisante  pour  le  ramollir,  mais  suffisante,  croyons-nous, 
pour  lui  permettre  d'atteindre  1200°  à  i3oo°,  l'appareil  est  démonté  et  le  lingot 
examiné.  Nous  provoquons  ainsi  une  série  d'actions  énergiques  et  nous  mettons  fin  à 
nos  expériences  lorsque  la  diminution  de  poids  de  notre  lingot  n'est  plus  appréciable. 

Première  aclion.  —  Nous  partons  de  4o"  à  4-5°  de  cobalt  en  poudre  très  pur,  très 
fortement  magnétique  et  nous  le  chauffons  sur  une  nacelle  en  porcelaine  dans  le  cou- 
rant de  chlorure  de  silicium  :  le  métal  est  transformé  jusque  vers  le  milieu  de  son  réci- 

(')  Eji.  ViGOUROUx,  Action  du  chlorure  de  silicium  sur  le  fer  {Comptes  rendus, 
t.  CXLI,  20  novembre  igoS,  p.  828). 

(-)  H.  Moissan,  Action  du  silicium  sur  le  fer,  le  chrome  et  l'argent  {Comptes 
rendus,  t.  CXXI,  iSgS,  p.  621). 


636  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

pienl,  du  côté  de  l'arrivée  des  vapeurs;  sa  perle  de  poids  est  peu  sensible,  sa  fusion 
nulle. 

Deuxième  action.  —  Le  métal  à  moitié  transformé,  grossièrement  pulvérisé,  est 
soumis  à  une  nouvelle  attaque,  dans  les  mêmes  conditions  :  sa  siliciuration  est  accomplie 
d'une  façon  plus  régulière,  il  est  devenu  pâteux  et  ne  pèse  plus  que  35^  environ. 

Troisième  action.  —  Ce  lingot  est  encore  fragmenté  et  remis  en  présence  du  chlo- 
rure de  silicium,  toujours  dans  la  même  nacelle  :  une  nouvelle  quantité  de  chlorure 
bleu  de  cobalt  apparaît;  le  culot  est  fondu,  à  surface  striée,  son  poids  n'est  guère  supé- 
rieur à  3os. 

Quatrième  action.  —  Ce  culot  concassé  subit  une  nouvelle  attaque  :  nous  le  trou- 
vons encore  fondu,  apiès  refroidissement,  très  homogène,  très  cassant,  très  cristallin; 
il  pèse  exactement  3o-. 

Cinquième  action.  —  Le  chlorure  de  silicium  passe  sur  le  produit  précédent,  éga- 
lement concassé,  sans  former  de  chlorure  de  cobalt  en  quantité  appréciable  et,  après 
refroidissement,  nous  constatons  que  l'alliage  n'a  pas  subi  de  fusion,  mais  les  grains 
sont  plus  brillants;  leur  poids  total  est  resté  sensiblement  le  même. 

Sixième  action.  —  La  fusion  n'a  pas  eu  lieu,  même  en  chauffant  longtemps  à  la  tem- 
jjérature  maxima  du  four,  l'alliage  étant  maintenu  dans  un  courant  d'hydrogène  après 
le  passage  du  chlorure  de  silicium.  Le  résidu  métallique  a  conservé  son  aspect  cris- 
tallin et  s'est  maintenu  au  poids  constant  de  3os. 

Pour  analyser  ce  cobaltosilicium,  nous  le  soumettons  à  l'action  de  l'acide  azotique 
chaud  et,  cel  te  dernière  nous  paraissant  lente,  nous  l'activons  par  l'addition  de  quelques 
gouttes  d'acide  chlorhydrique.  Lorsque  l'attaque  est  complète,  nous  insolubilisons, 
reprenons  par  l'acide  chlorhydrique,  filtrons  et  pesons  la  silice  avant  et  après  sa  des- 
truction pai-  l'acide  lluorhydrique.  Le  résidu  qu'il  abandonne  est  ajouté  à  la  liqueur  de 
cobalt  que  nous  dosons  par  électrolyse  à  l'état  de  sulfate  ammoniacal. 

Résultats. 

Trouvé. 

I.                   II.  pour  Co-Si. 

Cobalt      pour  loo 79)93  So,o5  8o,8i 

Silicium          »         '9)70  '9'8'  '9; '9 

99>65  99.86  ioo,oo 

Ses  propriétés  sont  celles  que  nous  avons  reconnues  au  siliciure  de  même  composi- 
tion préparé  par  les  méthodes  antérieurement  indiquées;  sa  densité  a  été  trouvée 
de  7,38  à  la  température  de  zéro;  son  action  sur  le  barreau  aimanté  n'est  pas  sensible 
et,  parmi  les  liquides  acides,  il  n'y  a  guère  que  l'acide  lluorhydrique  et  les  eaux 
régales  chlorhydrique  ou  lluorhydrique  qui  l'attaquent  complètement. 

Conclusions.  —  1°  A  température  élevée,  le  chlortire  de  silicium  est 
réduit  par  le  cobalt  avec  formation  de  chlorure  métallique  qui  se  volatilise 
et  d'un  cobaltosilicium  qui  reste;  2"  Vers  i20o°-j3oo"  l'action  cesse,  c'est- 


SÉANCE    DU    12    MARS    1906.  637 

à-dire  que  la  saturation  est  atteinte,  lorsque  l'alliage  renferme  de  19  à  20 
pour  100  de  silicium  combiné;  3°  Cette  limite  de  siliciuration  correspond 
à  la  formule  du  composé  Co-Si. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  le  dilactide  de  r acide  lactique  gauche. 
Note  de  MM.  E.  Jungfleisch  et  M.  Godchot. 

Dans  une  Note  antérieure  (^Comptes  rendus ,  t.  CXLI,  p.  m)  nous  avons 
fait  connaître  le  dilactide  formé  par  l'acide  lactique  droit.  La  présente 
Note  a  pour  objet  le  composé  correspondant  fourni  par  l'acide  lactique 
gauche.  A  plusieurs  reprises  nous  avons  indiqué  déjà  que,  sous  l'influence 
de  certains  agents,  les  acides  lactiques  actifs  se  racémisent  fort  inéga- 
lement. La  production  des  ddactides  nous  a  donné  l'occasion  de  con- 
stater très  nettement  des  différences  de  ce  genre  dans  les  transforma- 
tions effectuées  par  l'action  de  la  chaleur  seule. 

Pour  obtenir  le  dilactide-/,  on  a  suivi  la  méthode  appliquée  à  la  produc- 
tion du  dil.ictide-^/. 

La  déshydratation  par  la  chaleur  de  l'acide  lactique-Z  n'est  opérée  que  sur  de  faibles 
quantités  de  matière,  los  au  maximum.  On  dessèche  d'abord  l'acide  lactique-/  en  le 
chaufïant  vers  70°  dans  le  ^  ide  avec  rentrée  d'air  sec.  La  dessiccation  étant  complète, 
on  élève  la  température  vers  iSc-iâS",  et  l'on  recueille  dans  un  récipient  sec  le 
liquide  qui  distille;  celui-ci  ne  tarde  pas  à  cristalliser.  Une  différence  avec  ce  quia 
été  constaté  sur  l'acide  lactique-c?  s'observe  tout  d'abord  :  quelques  précautions  que 
l'on  ail  prises  pour  éviter  de  surchaud'er  le  produit  et  conduire  rapidement  la  dis- 
tillation, les  cristaux  présentent  deux  formes;  les  uns  sont  tricliniques,  volumineux, 
ayant  l'aspect  de  tables  rhomboïdales,  caractéristiques  du  dilaclide-(f/ -h /);  les  autres 
sont  des  prismes  allongés,  rappelant  les  cristaux  donnés  en  pareille  circonstance  par 
le  dilactide-^/;  les  seconds  sont  constitués  par  le  dilactide-/.  Gomme,  dans  les  mêmes 
conditions  de  traitement,  l'acide  lactique-r/  fournit  le  dilactide-c/  sans  trace  de  diiac- 
tide-{rf-t-  /),  il  apparaît  tout  d'abord  que  la  chaleur  racémise  l'acide  lactique-/  ou  le 
dilactide-/  beaucoup  plus  facilement  que  l'acide  lactique-c?  ou  le  dilactide-c?. 

Les  solubilités  du  dilactide-((/ + /)  dans  les  dissolvants  usuels  étant  beaucoup 
moindres  que  celles  du  dilactide-/,  on  sépare  aisément  les  deux  corps  par  des  cristal- 
lisations fractionnées.  L'étlier  pur  et  sec  convient  particulièrement  pour  celte  sépara- 
tion ;  le  dilactide-(<n?-l-  /)  se  dépose  presque  complètement  pendant  le  refroidissement 
de  la  solution  concentrée,  alors  que  le  dilactide-/  reste  dans  la  liqueur;  cette  dernière, 
évaporée  à  froid  dans  une  atmosphère  sèche,  donne  le  dilactide-/. 

Purifié  par  des  crisLallisations  dans  l'éther,  le  dilactiile-/  forme  des  cris- 
taux semblables,  comme  apparence,  à  ceux  du  dilactide-rf.  M.  Wvroidîoff, 


638  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

et  nous  devons  l'en  remercier,  a  bien  voulu  les  déterminer  comparative- 
ment avec  ceux  du  di!actide-</.  Nous  dirons  seulement  ici  que  les  deux 
corps  sont  en  cristaux  orthorhombiques  et  hémièdres,  en  tous  points  sem- 
blables dans  les  deux  cas,  avec  celte  différence  toutefois  que  les  facettes  bé- 
miédriques  y  sont  orientées  en  sens  inverse.  Les  points  de  fusion,  9^°,  sont 
identiques  ainsi  que  les  points  d'ébullition,  iSo"  environ  sous  la  pression 
o™,025.  Les  deux  corps  sont  fortement  liygroscopiques. 

Ces  similitudes  de  propriétés  sont  observées  d'ordinaire  entre  les  variétés 
optiquement  actives  d'un  même  corps.  Il  est  cependant  utile  de  les  spéci- 
fier ici  pour  les  dilactides  dérivés  ries  acides  lactiques  actifs,  ces  derniers 
présentant  des  contrastes  marqués  au  point  de  vue  cie  la  racémisation. 

Les  faits  que  l'action  du  dilaclide-/snr  la  lumière  polnrisée  permet  d'ob- 
server sont,  au  sens  des  déviations  près,  identiques  à  ceux  que  nous  avons 
constatés  sur  le  dilactide-c?.  Le  dilactide-/est  dextrogyre,  alors  que  l'acide 
lactique-/,  son  générateur,  estlévogvre;  en  outre,  le  pouvoir  rotatoire  du 
dilactide-/est  extrêmement  considérable  si  on  le  compare  à  celui  de  l'acide 
libre.  En  solution  benzénique  et  à  16°,  le  dilactide-/  donne  (x.q  =  -+-  281", 6 
avec  une  solution  contenant  os,8r58  dans  100™';  la  déviation  diminue 
quand  augmente  la  dilution  de  la  liqueur  :  c<,[,=  -t-  268°  avec  une  solution 
contenant  moitié  moins  de  dilactide-/,  soit  0^,4079  pour  loo"^"';  y.y  =  +  aSi" 
avec  une  solution  en  contenant  quatre  fois  moins,  soit  o^,  2089  pour  loo"""'. 
La  courbe  représentant  celte  décroissance  du  pouvoir  rotatoire,  dans  des 
solutions  de  plus  en  plus  diluées,  est  semblable  à  celle  donnée  de  même 
par  le  dilactide-*/.  Le  dilactide  formé  avec  chacun  des  acides  actifs  présente 
dans  les  deux  cas  un  pouvoir  rotatoire  à  peu  près  centuple  de  celui  de 
l'acide. 

L'action  de  l'eau  froide  sur  le  dilactide-/ s'exerce  de  la  même  manière 
que  le  dilactide-rf,  avec  production  des  mêmes  phénomènes  résultant  de  la 
formation,  par  hydrolyse  progressive,  d'acide  laclyllactiqiie-/,  fortement 
dextrogyre,  puis  d'acide  lactique-/  faiblement  lévogyre.  Si  l'on  observe  au 
polarinièlre  une  solution  de  dilactide-/  dans  l'eau,  récemment  obtenue  à 
froid,  on  constate  tout  d'abord  une  déviation  moins  forte  que  celle  observée 
sur  la  solution  benzénique,  mais  considérable  cependant.  Cette  déviation 
est  due  à  l'activité  prédominante  de  l'acide  lactyllactique-/  qui  est  alors 
abondant  dans  la  liqueur;  elle  diminue  progressivement  à  froid  par  hydro- 
lyse de  l'acide  lactyllactique-/ lui-même.  Par  exemple,  0^,1422  de  dilactide-/ 
formant  avec  l'eau  3o™'  de  solution,  on  a  trouvé  d'abord,  à  12°,  a[,=:  -f-2o4°, 
puis  après  2  heures  «j,^  -+- 140",  après  6  heures  «^^  -1-  1 14°,  après  12  heures 


SÉANCE    DU    12    MARS    1906.  (Vâi) 

aj,  =  +  91°,  après  18  heures  «1,=  +  42°,  après  42  heures  a,,  =  + 35°,  après 
66  heures  olj^—-{-2S°  et  après  80  heures  an=  +  r4'';  l'équilibre  étant 
établi  entre  l'acitle  lactyllacliqiie-/,  l'acide  lactique-/  et  l'eau,  l'activité 
dextrogyre  de  la  liqueur  se  maintient  dès  lors  constante  à  la  température 
indiquée.  Les  mêmes  phénomènes  se  produisent,  mais  beaucoup  plus  rapi- 
dement, quand  on  chauffe  à  100".  En  résumé,  une  fois  le  lactide  transformé 
en  acide  lactyllactique,  l'action  de  l'eau  est  analogue  à  celle  que  nous  avons 
indiquée  à  propos  de  l'hydrolyse  des  solutions  aqueuses  chargées  d'un 
acide  lactique  actif  et  de  l'acide  lactyllactique  correspondant. 

Si  l'on  neutralise,  immédiatement  après  la  dissolution,  la  liqueur  fournie 
par  le  lactide-/ au  contact  de  l'eau  froide,  en  la  traitant  par  un  excès  de 
carbonate  de  zinc,  on  la  trouve  ensuite  chargée  de  quantités  importantes 
de  lactyllactate-/  de  zinc,  sel  à  pouvoir  rotatoire  dextrogyre  considérable, 
décomposable  peu  à  peu,  par  hydrolyse,  en  acide  lactique-/  et  lactate-/  de 
zinc,  les  choses  se  passant  ici  comme  pour  les  dérivés  de  l'acide  lactique-rf 
(Comptes  rendus ,  t.  CXLI,  p.  112  et  ii3). 

Le  dilactide-/  et  le  dilactide-c?  se  combinent  pour  former  le  dilac- 
tide-(rf+  /).  Celui-ci  étant  beaucoup  moins  soluble  dans  l'éther  que  ses 
composants  actifs,  la  combinaison  se  réalise  aisément  en  dissolvant  séparé- 
ment et  à  froid  des  quantités  égales  de  dilactide-/  et  de  ddactide-^/  dans 
70  fois  leur  poids  d'élher  pur  et  sec  et  mélangeant  les  deux  solutions  obte- 
nues; au  bout  de  peu  d'instants,  des  cristaux  de  dilactide-(f/ -t- /)  se  dé- 
posent. Leur  aspect  ne  permet  pas  de  les  confondre  avec  ceux  des  dilac- 
tides  actifs;  d'ailleurs  ils  fondent  à  120°,  point  de  fusion  du  dilactide-(£/-f-/) 
correspondant  à  l'acide  lactique  de  fermentation,  alors  que  les  deux  dilac- 
tides  actifs  fondent  25°  plus  bas.  L'eau  mère  évaporée  fournit  de  nouveau 
des  cristaux  de  dilactide-(f/-|- /)  et  cela  jusqu'à  épuisement  de  la  liqueur. 


CHIMIE.  —  Méthode  de  détermination  des  matières  étrangères  contenues  dans 
les  cacaos  et  les  chocolats.  Note  de  MM.  F.  Bordas  et  Touplaix,  pré- 
sentée par  M.  D'Arsonval. 

Dans  l'étude  que  nous  avions  faite  de  l'utilisation  des  centrifugeurs  à 
grande  vitesse  pour  l'analyse  rapide  des  matières  alimentaires  telles  que 
lait,  chocolats,  cacaos,  etc.  nous  avions  constaté  que  même  avec  de  sem- 
blables vitesses  les  éléments  en  suspension  dans  les  liquides  se  déposaient 
dans  les  tubes  des  centrifugeurs  par  ordre  de  densité. 


G4o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

La  chose  était  surtout  évidente  pour  les  matières  insolubles  composant 
les  chocolats  et  cacaos.  On  pouvait  en  effet  distinguer  dans  la  partie  inso- 
luble du  dépôt  des  séries  bien  délimitées,  de  couleurs  différentes. 

Nous  avons  donc  songé  à  utiliser  cette  remarque  de  façon  à  pouvoir 
séparer  méthodiquement  non  seulement  les  différents  éléments  qui  com- 
posent les  chocolats  mais  encore  les  déchets  qui  s'y  trouvent  :  germes, 
cosses,  etc.  et  les  matières  étrangères  qui  y  sont  souvent  mélangées  frau- 
duleusement. 

Jusqu'à  présent  cet  examen  était  très  difficile  lorsqu'il  s'agissait  de  séparer 
des  germes  et  des  cosses,  il  était  presque  impossible  alors  de  déceler  avec 
certitude  la  présence  de  petites  quantités  de  matières  organiques  étran- 
gères, telles  que  les  tourteaux  de  graines  oléagineuses. 

L'examen  microscopique  direct  était  long  et  souvent  infructueux  et  il 
ne  fallait  guère  songer  à  une  évaluation  même  très  approximative  de  la 
quantité  de  matières  étrangères  incorporées  au  chocolat  ou  au  cacao. 

Les  produits  qu'il  convient  de  séparer  éventuellement  du  chocolat  sont 
d'abord  les  matières  siliceuses  et  ocreuses,  les  amidons,  les  tourteaux 
d'arachides  et  autres,  les  germes  et  les  coques  du  cacao  et  enfin  l'amande 
même  du  cacao. 

Voici  comment  on  peut  facilement  pratiquer  cette  séparation  : 

Le  procédé  consiste  à  préparer  une  série  de  liquides  de  densités  variables  de  i34o 
à  1600,  dans  lesquels  se  précipitent  ou  surnagent  les  poudres  qui  y  sont  mélangées. 

En  s'adressant  au  tétrachlorure  de  carbone  et  en  diminuant  la  densité  au  degré 
voulu  à  l'aide  de  la  benzine  on  obtient  une  série  de  liquides  de  densités  connues  qui 
permettent  de  résoudre  le  problème. 

Il  est  nécessaire  bien  entendu  de  débarrasser,  par  exemple,  le  chocolat  ou  le  cacao  de 
sa  matière  grasse  ainsi  que  des  matières  solubles  dans  l'eau  ;  il  faut  opérer  avec  l'inso- 
luble convenablement  pulvérisé  et  séché  ;  on  facilite  la  précipitation  en  utilisant  le 
centrifugeur. 

On  conçoit  sans  qu'il  soit  nécessaire  d'insister  que  par  de  simples  décantations  on 
puisse  séparer  les  parties  surnageantes  de  celles  qui  sont  précipitées  au  fond  du  tube 
ou  centrifugeur. 

On  recueille  le  produit  sur  un  filtre,  on  pèse  après  avoir  au  préalable  procédé  à  un 
examen  microscopique. 

Voici  quelques  chiflVes  obtenus  : 

Pour  des  densités  de  :  Insolubles  des  :  Caraetères. 

i34o  Tourteaux  d'arachides  Précipite 

1/135  >>  Surnage 

i4oo  Germes  de  cacao  Précipite 

i44o  »  Surnage 


SÉANCE    DU    12    MARS 

KjoG. 

i  densités  de  ; 

Insolubles  des  : 

Caractcros. 

i44o 

Cacao  pur 

Précipite 

i5oo 

)) 

Surnage 

i5oo 

Coques 

Précipite 

i53o 

» 

Surnage 

i5io 

Fécule  de  pommes  de  lerre 

Précipite 

iSaS 

» 

Surnage 

1600 

Matières  ocreuses  ou  minérales 

Précipite 

6^1 


On  voit  donc  que,  en  partant  d'un  liquide  d'une  densité  de  i44o»  f'" 
peut  séparer  les  tourteaux  d'arachides  et  les  germes,  du  cacao,  des  coques, 
des  fécules  et  matières  minérales,  de  même  qu'avec  un  liquide  d'une  den- 
sité de  i5oo  on  peut  séparer  le  cacao  des  coques,  de  la  fécule  et  des  ma- 
tières minérales  et  ainsi  de  suite. 

Cette  technique  très  simple  peut  s'appliquer  à  la  séparation  fl'autres 
produits  alimentaires  réduits  en  poudre,  tels  que  cafés,  poivres,  éj)ices,  etc. 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.   —  Serum  aiuioxydasique  polyvalent. 
Note  de  M.  C.  Gessard,  |)résentée  par  M.  Roux. 

J'ai  obtenu  antérieurement  (')  des  sérums  empêchants  distincts  pour  cha- 
cune des  diastases  oxydantes  en  mettant  sous  la  peau  de  lapins  distincts  de 
la  laccase  de  l'arbre  à  laque  d'iuie  part,  de  la  tyrosinase  de  champignons 
du  genre  Russule,  d'autre  part.  La  coexistence  de  la  laccase  et  de  la  tyro- 
sinase dans  la  plupart  de  ces  champignons  doit  faire  que  le  sérum  qu'ils  ont 
servi  à  préparer  empêche  également  l'action  de  l'une  et  l'autre  diastase. 
C'est  ce  que  j'ai  entrepris  de  vérifier.  J'ai  employé  pour  cela  Russula 
delica  Fr.  Le  suc  de  ce  champignon  possède  aussi  la  propriété  de  bleuir, 
même  dans  le  vide,  l'émulsion  de  gayac  peroxydée,  propriété  qu'on  attri- 
bue à  une  diastase  particulière,  la  peroxydase. 

A  la  suite  d'injections  sous-cutanées  de  macération  glycérinée  de  Rus- 
sula delica,  le  sérum  des  la|Mns  est  devenu  empêchant,  à  la  dose  de  deux 
gouttes  pour  une  goutte  de  la  liqueur  diastasique,  dont  l'action  est  sans 
cela  manifeste  en  quelques  minutes  dans  les  réactifs  appropriés  mis  sous  le 
volume  de  1"^' .  C'est-à-dire  qu'il  prévient,  au  rebours  du  sérum  de  lapin 


(')  Annales  de  l'Institut  Pasteur,  t.  XV,  1901,  p.  609,  et  Comptes  rendus  de  la 
Société  de  Biologie,  1902,  p.  55i  et  1898;  1908,  p.  227. 

G.  H.,   190C,   1"  Semestre.  (T.  C\LII,  N"  11. i  o5 


64-1  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

normal  comparativement  essayé,  le  rosissement  de  la  solution  de  tyrosine 
(antilyrosinase);  le  bleuissement  de  l'émulsion  de  gayac  récente  (antilac- 
case);  le  blenissement  de  l'émulsion  de  gayac  peroxydée  (antiperoxydase). 
D'autre  part,  dans  une  deuxième  série  d'expériences,  le  même  sérum  ajoulé 
aux  mêmes  proportions  après  que  les  réactions  colorées  ont  pris  naissance, 
arrête,  au  degré  correspondant  au  moment  de  son  intervention,  la  coloration 
j)ro£ïressive  corrélative  de  l'action  diastasique,  et  montre  ainsi,  à  l'égard  du 
procès  de  coloration  des  trois  diastases,  une  efficacité  curative,  si  je  puis 
dire,  en  rapport  avec  l'efficacité  préventive  d'abord  constatée.  Mais  celle 
double  action  est  spécifique  et  concerne  seulement  les  diastases  originaires 
de  l'espèce  végétale  qui  a  servi  à  préparer  le  sérum;  et,  par  exemple,  ni  la 
lyrosiiiase  de  la  seiche,  ni  la  laccase  de  l'arbre  à  laque,  ni  la  peroxydase 
du  malt  ne  sont  influencées  par  ce  sérum. 

De  fait,  ces  expériences  ne  sont  que  l'illustration,  à  la  faveur  de  phéno- 
mènes de  coloration,  de  ce  que  réalise  la  pratique  de  la  préparation  des 
sérums  polyvalents  contre  certaines  maladies  microbiennes.  Quand,  pour 
obteoir  ces  sérums,  nous  introduisons  dans  un  organisme  animal  un  en- 
semble de  virus  diversement  spécifiés,  nous  ne  faisons  que  provoquer, 
comme  ici,  l'élaboration  et  la  juxtaposition  dans  le  même  sérum  d'anti- 
corps en  nombre  correspondant  et  de  spécificité  adéquate.  Il  peut  y  avoir 
quelque  intérêt  à  rendre  cette  notion  tangible  au  moyen  de  diastases 
faciles  à  identifier  et  nettement  différenciées  par  leurs  réactions  chromo- 


genes. 


BOTANIQUE.  —  Contribution  à  l'anatomie  systématique  de  quelques  genres 
de  Fougères.  Note  de  M.  Ferdinand  Pelourde,  présentée  par 
M.  Guignard. 

Les  auteurs  qui  ont  utilisé  les  données  de  l'anatomie  pour  classer  les 
Fougères  se  sont  basés  uniquement  sur  le  pétiole.  J'ai  cru  utile  de  re- 
prendre la  question  en  examinant  également  les  autres  organes  végétatifs, 
et  je  me  propose  d'indiquer  dans  cette  Note  les  principaux  résultats  aux- 
quels m'a  conduit  l'étude  comparative  de  la  racine  et  du  pétiole. 

Les  espèces  que  j'ai  considérées  apparîiennent  aux  genres  Asplenium  L., 
Scolopendrium  Sm.,  Ceterach  Willd.,  Athyriuni  Roth.,  Aspidiurn  R.  Browu., 
Nephrodium  Ricli.,  Poly podium  L.,  Phegopteris  Fée,  Pleridium  Gleditsch, 
Pteris  L.,  Adiantum  L. 


SÉANCE    DU    12    MARS    1906.  B/jS 

Les  trois  premiers,  qui  faisaient  autrefois  partie  du  même  genre  Asplenium,  se 
distinguent  principalement  par  l'indusium,  qui  est  libre  intérieurement  dans  les  vrais 
Asplenium.  alors  qu'il  est  soudé  des  deux  côtés,  et  s'ouvre  par  une  fente,  en  son  milieu, 
chez  les  Scvlopendrium.  et  qu'il  manque  chez  les  Ceterach. 

J'ai  constaté  que,  analomiquement,  ils  constituent  un  ensemble  homogène  et  ne 
présentent  entre  eux.  que  des  dillérences  de  détail. 

Chez  A.  Adiantum  nigruin  L.,  A.  Tvichomanes  L.,  A.  Rata  muraria  L.,  Se. 
ojjicinariiin  Sw.  {Asplenium  Scolopendriuni  L.  ),  Ceterach  ojjlcinarum  Willd. 
{AspL.  Ceterach  L.),  etc.,  en  eflet,  la  racine  présente  toujours  ces  éléments  scléreux 
si  caractéristiques,  à  lumière  faible,  rejetée  du  côté  externe,  lequel  n'est  pas  épaissi, 
et  le  faisceau  possède,  dans  sa  partie  supérieure,  le  faisceau  à  bois  en  X  bien  connu. 

On  peut  toutefois  distinguer  VA.  A.  nigrum  par  le  fait  que  les  deux  branches  infé- 
rieures de  cet  X  v  sont  bien  développées,  conlrairement  à  ce  qui  a  lieu  dans  les  deux 
autres  Asplenium .  et  l'^l.  R.  muraria  par  l'absence  de  sclérenchyme  autour  de  son 
pétiole. 

Quant  à  Se.  ojjlcinarum  et  Cet.  officinarum,  ils  se  séparent  des  vrais  Asplenium 
par  les  amas  scléreux  qui  accompaguent,  comme  on  sait,  leurs  faisceaux  pétiolaires 
et  ils  se  distinguent  entre  eux  en  ce  que  ce  sclérenchyme  est  à  lumière  centrale  chez 
Se.  ojjlcinarum,  alors  qu'il  est  à  lumière  excentrique,  tout  comme  dans  la  racine 
correspondante,  chez  Cet.  ofjicinarum. 

De  plus,  ce  dernier  n'a  qu'un  faisceau  pétiolaire  initial,  qui  se  divise  bientôt  en 
deux,  lesquels  s'unissent  à  nouveau  plus  haut. 

Ues^hcQ  Athyrium  Filix  Jeniina  Roth  {=z  Asplenium  F.  Jemina  BevnU.),  qui  a  été 
séparée  des  vrais  Asplenium  par  la  forme  arquée  de  son  indusium,  s'en  distingue 
ejacore  plus  anatomiquement  par  l'écorce  de  sa  racine,  qui  a  les  parois  de  ses  cellules 
toutes  épaissies,  mais  non  sclériliées  et  par  son  bois  pétiolaire  bien  connu  en  forme 
iVhippocampe  très  allongé. 

Le  genre  Nephrodium,  caractérisé  par  son  indusium  réniforme,  fixé  suivant  un 
rayon  qui  aboutit  au  fond  du  sinus,  est  hétérogène.  Mes  observations  me  conduisent  à 
le  subdiviser  en  deux  séries;  dans  la  première  se  rangent  .V.  Fili.r-Mas  Rich.,  /V.  c/'«- 
tatum  Mich.,  N.  patens  Desv.,  /V.  spinulosum  Strempel,  /V.  conJluensV.  Muell,  etc., 
et  dans  la  seconde  on  a  N.  molle  Desv.,  N.  Thelypteris,  etc. 

Dans  la  première,  la  racine  possède  une  gaine  scléreuse  et  les  faisceaux  pétiolaires 
sont  entourés  par  une  couche  de  cellules,  sclériliées  uniquement  dans  leur  paroi 
interne,  suivant  une  assez  grande  épaisseur.  On  sait,  en  outre,  que  les  deux  principaux 
de  ces  faisceaux  ont  leur  bois  en  forme  de  cornue  à  col  court  et  étroit,  tourné  du  côté 
interne. 

Chez  .V.  conjluens.  la  partie  renflée  de  la  cornue  a  une  forme  spéciale,  en  haltèri-, 
étranglée  en  son  milieu,  et  le  col  en  est  réduit  à  une  ligne  de  vaisseaux  très  petits,  à 
parois  très  minces. 

Dans  la  deuxième  série,  la  racine  et  les  faisceaux  du  pétiole  sont  sans  gaine  sclé- 
reuse. En  outre,  le  bois  en  hippocampe  de  ces  derniers  présente  une  lète  très  massive 
et  non  recourbée,  chez  N.  molle. 

Dans  le  genre  Aspidium,  qui  difTère  du  genre  Nephrodium  par  son  indusium  orbi- 
«ulaire,    fixé    uniquement  par  le  centre,  l'espèce  .4.    angulare  Meilen.  possède  une 


644  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

structure  analogue  à  celle  des  lYephrodium  précédents  de  la  première  série,  auprès 
desquels,  par  conséquent,  il  convient  de  la  placer. 

J'ai  constaté  que  le  genre  J'ohpodiiini.  caractérisé  par  l'absence  diiidusium,  est 
très  homogène.  Dans  les  espèces  suivantes  :  P.  vulgare  L.,  /-".  aitreum  L.,  P.  phylli- 
tidis  L.,  etc.,  en  effet,  la  racine  a  toujours  le  même  aspect,  avec  son  sclérenchyme  à 
lumières  en  lèvres  étroites  et  allongées  tangentiellement,  et  ses  éléments  corticaux, 
ordonnés,  comme  on  sait,  assez  régulièrement,  dans  le  sens  tangentiel  et  dans  le  sens 
radial. 

En  outre,  les  faisceaux  péliolaires  sont  entourés  par  un  sclérenchyme  analogue  à 
celui  qui  lui  correspond  dans  la  première  série  des  Neplirodiuni  considérés. 

Toutefois,  le  bois  en  triangle  des  deux  principaux  de  ces  faisceaux  a  sa  pointe  beau- 
coup plus  recourbée  vers  la  surface  du  pétiole  chez  P.  aureum  et  P.  phyllitidis  que 
chez  P.  vulgare.  D'ailleurs  ces  deux  espèces  présentent  avec  P.  vulgare  une  difle- 
redce  morphologique  assez  profonde,  savoir  que  leurs  nervures  sont  anastosomées  en 
mailles,  au  lieu  d'être  libres,  comme  chez  P.  vulgare. 

Le  Phegopteris  calcarca  Fée  (  =:  Polvpodium  calcareutn  Smith)  se  distingue  des 
Polypodes  précédents  par  ses  sores  placés  sur  le  trajet  des  nervures,  et  non  à  leur 
extrémité;  mais  il  s'en  éloigne  encore  davantage  anatomiquement,  par  sa  racine  sans 
gaine  scléreuse  et  ses  deux  faisceaux  péliolaires,  non  entourés  de  sclérenchj'me  et  à 
bois  en  hippocampe. 

L'ancien  genre  Pteris  a  été  subdivisé  en  Pteris  proprement  dit,  avec  sores  rangés 
en  bordure,  interrompue  de  chaque  côté  avant  d'avoir  atteint  le  sommet  du  limbe,  et  en 
Pteridiiim,  avec  sores  rangés  en  bordure  continue,  qui  contourne  le  sommet  du  limbe. 
L'anatomie  justifie  cette  distinction. 

En  effet,  le  pétiole  de  Pteris  aquilina  Kuhn,  à  structure  bien  connue,  avec  ses  nom- 
breux faisceaux  souvent  séparés  par  des  bandes  scléreuses,  est  tout  à  fait  spécial,  et  ne 
saurait  être  confondu  avec  ceux  de  Pteris  cretica  L.  et  de  Pteris  longifolia  L.,  où  le 
bois  des  deux  seuls  faisceaux,  en  hippocampe,  a  son  extrémité  inférieure  renflée  et  non 
recourbée,  chez  P.  cretica,  tandis  que  cela  se  passe  pour  l'extrémité  supérieure  chez 
P.  longifolia. 

Toutefois,  il  faut  remarquer  que,  dans  ces  trois  espèces,  la  racine  est  analogue,  avec 
sa  gaine  scléreuse  et  son  liber  réduit  à  un  arc  très  mince. 

Le  genre  Adiantuin.  caractérisé  par  ses  nervures  rayonnantes  et  par  ses  sores  situés 
sur  le  bord  externe  du  limbe  qui  les  recouvre  en  se  recourbant  sur  eux,  paraît  homo- 
gène. Les  espèces  A.  tenerum  Swarlz,  ^4.  cuneatuin  Langs  et  Fisch,  etc.,  présentent 
en  effet  une  racine  caractéristique,  à  cylindre  central  hexagonal,  comme  on  sait,  et 
limité  principalement  par  six  larges  cellules  sclérifiées,  après  lesquelles  vient  un 
anneau  scléreux  ordinaire.  Le  bois  des  deux  faisceaux  pétiolaires,  en  cordon  à  peu 
près  droit  chez  A.  cuneatum.  est  un  peu  plus  contourné  chez  .1.  tenerum. 

En  résumé,  l'examen  anatomique  des  espèces  précédentes  tend  à  établir 
les  conclusions  suivantes  : 

Les  genres  Asplenium,  Polypodium  et  Adiantum  sont  bien  homogènes. 
Le  premier  présente  des  affinités  profondes  avec  les  genres  Scolopendrium 


SÉANCE    DU    12    MARS    190G.  645 

et  Ceterach.  et  se  distingue  nettement  du  genre  Athyrium,  de  même  que  le 
genre  Polypodium  se  distingue  du  genre  Phegopleris . 

Le  genre  Nephrodium  est  hétérogène  et  il  importerait  d'y  faire  une  cou- 
pure et  de  ranger,  à  côté  des  espèces  de  la  première  série,  l'espèce  ^5/7/0?»//» 
ansidare. 

Enfin,  le  genre  Pleridium  se  distingue  bien  des  vrais  Pteris. 


CRYPTOGAMIE.  —  La  fécondation  nucléaire  chez  les  Mucorinées.  Note 
de  M.  Dangeard,  présentée  par  M.  Guignard. 

C'est  en  1820  qu'Ehrenberg  fit  connaître  ses  observations  sur  la  conju- 
gaison d'une  Mucorinée,  leSyzygites,  qui  est  devenu  le  Sporodinia  grandis. 
Les  phénomènes  morphologiques  relatifs  à  la  sexualité  se  trouvaient  ainsi 
connus  dans  cette  famille  des  Mucorinées  bien  avant  qu'on  les  soupçonnât 
chez  la  plupart  des  autres  végétaux. 

Pendant  que  nos  connaissances  sur  les  phénomènes  de  fécondation  se 
complétaient  peu  à  peu,  s' étendant  à  tous  les  groupes  d'animaux  et  de 
végétaux,  il  est  assez  remarquable  de  constater  que  chez  les  Mucorinées  la 
question  n'avait  guère  progressé  depuis  Ehrenberg.  On  a  décrit,  il  est  vrai, 
de  nombreux  genres  et  de  nombreuses  espèces,  mais  on  ignore  encore  s'il 
existe  une  véritable  fécondation  dans  les  xvgospores;  c'est  cette  lacune  que 
nous  allons  essayer  de  combler. 

Pour  bien  saisir  la  siejnification  des  phénomènes  de  fécondation  chez  les 
Mucorinées,  il  est  nécessaire  de  considérer  les  organes  copulateurs  non 
comme  des  gamètes,  erreur  encore  très  fréquente,  mais  comme  des  ga- 
métanges. 

Tandis  que,  chez  la  plupart  des  êtres,  la  réunion  des  gamètes  a  lieu  en 
dehors  des  gamétanges  ou  des  gamétophores,  chez  un  certain  nombre  de 
champignons  inférieurs  les  gamétanges  se  sont  mis  directement  en  con- 
tact, ce  qui  offre  deux  avantages  principaux  :  la  plante  évite  une  perte  de 
substance  résultant  de  la  destruction  des  gamètes  qui  s'égarent  et  n'ar- 
rivent pas  à  s'unir;  en  outre,  cette  disposition  permet  aux  organes  copula- 
teurs et  même  à  l'œuf  de  recevoir  du  thalle  un  apport  nutritif. 

Dans  cette  union  directe  des  gamétanges,  les  noyaux  doivent  toujours 
être  considérés  comme  noyaux  de  gamètes,  mais  les  gamètes  ne  se  diffé- 
rencient plus  morphologiquement;  ils  restent  à  l'état  d'énergides  sexuels 
représentés  par  leur  noyau. 


646  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

Il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  si,  lors  de  l'union  des  gamétanges,  ces 
noyaux  d'énergides  sexuels  se  fusionnent,  il  y  aura  union  de  gamètes  et 
fécondation  nucléaire,  conformément;  aux  lois  générales  de  la  sexualité. 
C'est  oe  qui  a  lieu  chez  les  Mucorinées. 

Nous  avons  pu  observer  les  faits  en  détail  dans  le  Macor  fragilis  et  le  Sporodinin 
grandis.  La  première  espèce  se  prête  mieux  à  ce  genre  de  recherches,  parce  que  les 
noyaux  y  sont  moins  nombreux  dans  chaque  gamétange  et  qu'il  est  plus  facile  de  suivre 
leur  destinée  ultérieure. 

Les  conjugaisons  nucléaires  se  produisent  assez  tardivement  dans  les  zygospores  où 
le  protoplasma  passe  de  la  structure  dense  à  la  slruclure  vacuolaire,  puis  à  la  struclure 
réticMJnlie  el  enfin  à  la  structure  alvéolaire.  C'est  à  la  fin  de  la  phase  réticulaire  que  se 
produisent  les  fusions  de  noyaux;  elles  n'ont  pas  lieu  toutes  en  même  temps;  elles  se 
font,  progressivement,  au  fur  el  à  mesure  des  hasards  de  la  rencontre,  lorsque  le  mé- 
lange des  protoplasmes  amène  au  voisinage  des  énergides  provenant  de  gamétanges 
différents. 

La  fécondation  nucléaire  se  présente  avec  ses  caractères  ordinaires;  les  noyaux 
ariivent  au  contact;  la  membrane  nucléaire  disparaît  en  ce  point;  les  nucléoplasmes 
se  mélangent;  les  deux  nucléoles  restent  quelque  temps  distincts  sous  la  même  mem- 
brane, puis  se  fusionnent. 

Les  zygospores  mûres  renferment  un  grand  nombre  de  noyaux  doubles  de  copu- 
lation ;  ce  sont  eux  qui  fournissent  à  germination  les  noyaux  du  nouveau  thalle. 


ZOOLOGIE.  —  SHr/'HylochœrusMeinertzhageuiO.  JAi.NotedeMM.3lAURicE 
DE  Rothschild  et  Henri  Neuville,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

\J Ilylochœrus  est,  après  VOkapi,  le  seul  grand  mammifère  vivant  que  les 
nombreuses  explorations  de  l'Afrique  aient  depuis  longtemps  fait  connaître. 
Tous  deux  sont  originaires  de  l'Afrique  équatoriale  (le  premier  provenant 
de  l'Est,  le  second  du  Centre),  et  la  présentation  récemment  faite  par 
M.  Gaudry  (')  d'une  défense  paraissant  appartenir  à  un  grand  mammifère 
africain  inconnu,  semble  prouver  que  cette  région  peut  encore  ménager 
d'autres  surprises  du  même  ordre. 

De  même  que  VOkapi,  V Hylochœrus  n'a  si  longtemps  échappé  aux  re- 
cherches que  par  suite  de  son  habitat  très  spécial,  restreint  aux  forêts  les 
plus  impénétrables  du  continent  noir  (-).   Il  n'en  est  connu  jusqu'ici  que 


(')  Maurice  de  Rothschild,  Exploralioii  de  V Af ruine  orientale  {Comptes  rendus. 
1 1  décembre  igoS). 

(^)  L'espèce  fut  découverte  au  mont  Kenya.  Les  sept  spécimens  que  j'ai  rapportés 


SÉANCE    DU    12    MARS    1906.  647 

fort  peu  de  chose,  M.  O.  Thomas  n'ayant  pu  établir  ce  genre  nouveau  que 
d'après  :  1°  une  peau  en  mauvais  état,  sans  crâne;  2"  un  crâne  en  bon  état, 
avec  un  fragment  de  peau;  3°  un  crâne  en  mauvais  élat  sans  mâchoire 
inférieure.  Il  terminait  du  reste  sa  description  en  souhaitant  de  voir  bientôt 
arriver  en  Europe  des  pièces  permettant  de  compléter  son  étude.  Les 
spécimens  dont  nous  disposons,  et  dont  l'Académie  a  déjà  été  entre- 
tenue('),  nous  mettent  à  même,  non  seulement  de  donner  de  nouveaux 
détails  sur  les  caractères  extérieurs  de  VHylochœrus,  mais  encore  de  pré- 
senter des  aperçus  inédits  sur  son  squelette  et  d'élucider  la  question  si 
intéressante  de  sa  dentition,  f/ensemble  de  ce  travail,  pour  lequel  nous 
avons  été  aidés  par  les  savants  conseils  de  MM.  Gaudry,  Perrier  et  Boule, 
ne  sera  publié  qu'ultérieurement,  mais  nous  désirons,  dès  maintenant,  en 
signaler  les  principaux  résultats. 

Dans  les  deux  sexes,  et  quel  que  soit  r;"i?;e,  le  corps  est  assez  uniformément  couvert 
de  longs  poils  noirs  brillants,  d'autant  plus  fournis  que  l'animal  est  moins  vieux. 
Il  existe  une  véritable  crinière,  très  spéciale,  surtout  développée  chez  le  jeune  el 
l'adulte,  très  atténuée  chez  les  vieux  sujets;  elle  est  formée  de  poils  noirs  et  durs,' plus 
développés  que  ceux  du  reste  du  corps.  Les  oreilles,  assez  semblables  à  celtes  d'un 
Phacochère,  sont  terminées  par  une  courte  touffe  de  poils.  La  queue,  grêle  el  légère- 
ment aplatie,  se  teimine  par  un  léger  pinceau.  On  remarque,  sur  la  face,  deux  taches 
blanches  ou  blanc  jaunâtre,  l'une  à  la  commissure  de-;  lèvres,  l'autre  au-dessous  de 
l'oreille,  à  l'articulation  de  la  mâchoire;  celte  dernière  est  plus  fournie.  Il  existe,  en 
outre,  de  chaque  côté  de  la  face,  une  proéminence  charnue  rappelant  celles  du  Phaco- 
chère, et  une  sorte  de  larmier,  à  peine  indiqué  chez  le  jeune,  mais  pouvant  acquérir, 
chez  les  vieux  sujets,  de  vastes  dimensions. 

A  première  vue,  les  membres,  et  plus  spécialement  les  doigts,  oH'renl  une  apparence 
massive,  particulièrement  robuste,  caractérisée  parl'énorme  élargissement  des  méta- 
carpiens et  des  métatarsiens  comparés  à  ceux  des  autres  Suidés.  Cet  élargissement  pou- 
vant suggérer  un  rapprochement  avec  ce  qui  s'observe  chez  les  Hippopotames,  dont  le 
voisinage  avec  les  Suidés,  dans  la  classification,  est  établi  par  d'autres  caractères,  nous 
avons  été  portés  à  étendre  nos  mensurations  et  à  rechercher  quel  rapport  il  peut  y  avoir, 


proviennent  tous  de  la  forèl  de  Nandi  el  j'ai  pu  acquérir  la  certitude  qu'ils  se  ren- 
contrent aussi  aux  monts  Laikapia  et  Loroghi  ;  bien  plus,  je  puis  même  affirmer  que 
cette  espèce,  loin  d'être  inhérente  à  l'Est  africain  équatorial,  se  rattache  plutôt  à  la 
faune  congolaise  et,  qu'en  particulier,  les  animaux  signalés  par  Emin  Paclia.  Stanley 
et  sir  Harry  Johnston,  entre  la  Semliki  et  l'Ikari,  ne  sont  pas  des  Hippopotamus 
hberiensis  comme  ils  en  ont  émis  l'hypothèse,  mais  des  Hylochœrus. 

M.    DE   R. 
(')  Maurice  de  Rothschild,  Exploration  de  V Afrique  orientale  {Comptes  rendus, 
II  décembre  igoS). 


G/jH  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ciiez  nos  Hylochœrus.  avec  ce  qui  existe  chez  les  Hippopotames.  Nous  avons  clioisi 
spécialement  ici,  comme  terme  de  comparaison,  les  Hippopotamus  Lenierlei  Grani\, 
et  liberiensis  Leydy.  en  raison  des  similitudes  de  taille  qui  s'observent  entre  ces  pe- 
tits Hippopotames  et  Vaylochoerus.  L'examen  et  le  rapprochement  des  chiffres  résul- 
tant de  nos  mensurations  montrent  jusqu'à  quel  point  cette  comparaison  est  motivée. 
Par  endroits,  la  similitude  de  proportions  est  frappante,  tandis  que  l'écart  avec  le  Foia- 
mochère  et  le  Phacochère  est  considérable.  Remarquons  encore  ici  que  V Hylochœrus 
étant  exclusivement  un  animal  de  forêt  a  pu  y  subir  des  adaptations  spéciales. 

Les  détails  de  la  dentition  sont  peut-être  plus  intéressants  encore  que  les 
caractères  extérieurs  ou  squelettiques.  L'étude  de  nos  spécimens  montre 
que  l'hypothèse,  d'ailleurs  émise  avec  réserve,  par  M.  Thomas,  au  sujet  de 
l'absence  àe  pm[\  à  la  mâchoire  supérieure  et  de  son  remplacement  défi- 
nitif par  mpl\,  n'est  pas  justifiée.  Sur  le  spécimen  type,  il  est  vraisemblable 
que  l'âge  relativement  peu  avancé  a  seul  permis  cette  persistance  de  mpl^. 
Certains  de  nos  sujets  offrent  ime  disposition  qui  paraît  rappeler  un  peu 
celle  du  type;  l'usure  de  mp!^  n'y  est  pas  aussi  avancée,  mais  ses  racines 
externes,  en  voie  de  résorption,  sont  repoussées  hors  du  maxillaire,  proba- 
blement par  la  pression  du  germe  de  pm[\,  bien  que  cette  dernière  ne  soit 
pas  encore  formée.  Au  contraire,  sur  de  très  vieux  sujets,  nous  voyons  net- 
tement en  avant  de  mi,  parfaitement  reconnaissable,  une  pm[\  définitive 
dont  l'issue  semble  avoir  été  extrêmement  tardive. 

Malgré  le  très  jeune  âge  d'un  de  nos  sujets,  nous  n'avons  jatnais  ren- 
contré yomi  à  la  mâchoire  supérieure,  n\pm\,  pmi  el pm3  à  la  mâchoire 
inférieure.  Par  contre,  nous  trouvons  «3  à  la  mandibule  de  deux  d'entre 
eux;  dans  l'un  il  s'agit  d'une  dentition  de  lait;  dans  l'autre,  bien  que  beau- 
coup plus  avancée,  la  dentition  n'est  pas  encore  entièrement  définitive. 

Ainsi  que  M.  Thomas  l'a  fait  remarquer,  nous  ne  rencontrons  ici  ni  la 
structure  compliquée  du  Potamochère,  ni  la  disposition  hypsodonte  si  hau- 
tement différenciée  du  Phacochère;  cependant,  la  disposition  réalisée  chez 
VHylochœrus  appartient  au  type  bunodonte  et  manifeste  un  acheminement 
vers  la  structure  qui  s'observe  chez  le  Phacochère,  par  suite  delà  tendance 
(les  (lenticules  à  l'individualisation,  tendance  plus  régulière  que  chez  les 
autres  Suidés. 


SÉANCE    DU    12    MARS     tQoÔ.  649 


ZOOLOGIE.  —  Slruclure  des  cœcwns  ou  appendices  filiformes  de  rintestin 
moyen  des  I'hyllies  (')  (Phyllium  crurifoliiim  Audinet  Sen'iUe) .  Noie 
de  M.   L.   Bordas,  présenlée  par  M.  Edmond   Perrier. 

Les  cieciims  filiformes  de  l'intestin  moyen  des  Phasmides  furent  tout 
d'abord  signalés  par  MùUer  (1823),  puis  décrits  successivement,  chez  cer- 
taines espèces,  par  N.  Joly  (1871),  par  Heymons  (1897)  chez  le  Bacillus 
Rossii,  par  de  Sinéty  (1902)  chez  le  Bacillus.  la  Leplynia,  etc.  En  1896, 
nous  avons  pareillement  étudié  les  glandules  a|)peudicnlaires  de  l'intesLiti 
moyen  dans  les  genres  suivants  :  Phybalosoma,  Acanthoderus  et  Necroscia. 

Anatomie.  —  Le  tiers  postérieur  de  l'intestin  moyen  des  Phyllies  est  ca- 
ractérisé par  la  présence  de  nombreux  appendices  filiformes,  sinueux  et  blan- 
châtres, présentant,  avecles  tubes  de  Malpighi,  une  certaine  ressemblance 
extérieure.  Leur  apparition  se  fait  d'une  façon  brusque,  de  sorte  que  l'on 
passe,  sans  transition,  d'une  région  intestinale  à  l'autre.  Le  nombre  de  ces 
tubes  est  assez  considérable.  Chez  le  Phyllium  criirifolium  Aud.  Serv.  nous 
en  avons  compté  65  à  la  face  dorsale  de  l'organe  :  ce  qui  porte  à  i3o  envi- 
ron la  totalité  de  ces  glandules  dans  le  genre  que  nous  avons  étudié. 

Chaque  tube  appendiculaire  comprend  deux  parties  très  caractéristiques  :  un  réser- 
voir proximal,  piriforme,  conique  ou  cylindrique  (de  o'°°',5  à  o™"",7  de  long  sur  |- de 
millimètre  de  large)  et  un  canal  distal.  long  et  sinueux.  La  cavité  du  réservoir  est  gé- 
néralement régulière:  cependant,  elle  présente  parfois  des  sinuosités  ou  replis  dus  à  la 
prolifération  des  éléments  épilliéliaux.  Dans  quelques  cas  on  voit,  en  elTet,  certaines 
cellules  s'allonger  vers  le  centre  en  forme  de  tubercules  à  pointe  mousse.  L'orifice  de 
communication  avec  l'intestin  moyen,  généralement  large,  est  parfois  étroit  et  pré- 
sente alors  la  forme  d'une  fente  en  boutonnière. 

Le  passage  du  réservoir  collecteur  au  long  tube  terminal  se  fait,  presque  toujours, 
dune  façon  brusque,  rarement  progressive.  Les  tubes  glandulaires  sont  longs,  régu- 
lièrement cylindriques,  blanchâtres  et  forment,  par  leur  ensemble,  un  lin  chevelu 
s'entremêlant  avec  les  divers  faisceaux  des  tubes  de  Malpighi. 

Les  glandules  disparaissent  brusquement  à  a™™  environ  de  l'extrémité  postérieure 
de  l'intestin  moyen  et  sont  alors  remplacées,  au  point  de  vue  fonctionnel,  jjar  des 
épaississeraents  épithéliaux  des  parois  latérales  de  l'organe. 

(')  Divers  échantillons  de  Phyllies,  provenant  des  Seychelles,  nous  ont  été  envoyés 
par  M.  le  professeur  E.  lleckel,  directeur  de  l'Institut  colonial  de  Marseille,  à  qui 
nous  adressons  nos  bien  sincères  remercîments. 

C.  R.i'^igoG,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N°  11.)  <H6 


65o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Histologie.  —  Ces  cfeciims  tuhiileux  présentent,  au  point  de  vue  histolo- 
giqiie,  (le  grandes  analogies  de  structure  avec  les  tubes  de  Malpighi. 
Comme  ces  derniers,  ils  peuvent  ctri>  animés  de  mouvements  vermicuiaires 
très  caractéristiques  quand  l'observation  est  faite  sur  des  animaux  récem- 
ment sacrifiés  et  qu'on  opère  soit  dans  un  liquide  physiologique,  soit  même 
dans  l'eau.  De  |3lus,  les  réservoirs  collecteurs  sont  pourvus  d'une  fine 
musculature  striée,  à  direction  oblique,  spirale  ou  circidaire,  qui  tire  son 
origine  des  muscles  longitudinaux  de  l'intestin  moyen.  Les  fibrilles  contrac- 
liles  peuvent  même  se  prolonger  sur  les  longs  tubes  glandulaires  filamen- 
teux qui  font  suite  aux  réservoirs. 

Les  csûcums  .Tppeiidiculaires  sont  raUachés  à  la  paroi  intestinale  par  un  très  court 
pédicule  doiU  la  membrane  enveloppante  se  continue  directement  avec  celle  Au  tube 
digestif.  A  la  suite  des  vésicules,  on  peut  observer  tous  les  termes  de  passage  entre  les 
cellules  de  l'épilhéiium  de  l'intestin  et  celles  du  pédicule  fixateur.  On  voit  les  hautes 
cellules  digestives  diminuer  progressivement  de  taille  et  devenir  peu  à  peu  rectangu- 
laires, pendant  que  leurs  noyaux  s'arrondissent  et  se  portent  vers  la  ba^e  de  chaque 
élément. 

Les  cellules  du  réservoir  glandulaire  sont  généralement  aplaties.  Parfois  aussi,  elles 
présentent  des  irrégularités  lemarquables  et  émettent  des  prolongements  internes  à 
sommet  arrondi,  donnant  à  la  cavité  une  forme  sinueuse.  Leur  limite  interne  est  re- 
couverte d'une  bordure  ciliée  en  brosse,  continuation  decelle  de  l'intestin,  mais  beau- 
coup plus  courte  que  cette  dernière.  Les  cils  sont  longs,  immobiles  et  disposés  en 
toull'e  sur  les  bourrelets  cellulaires,  tandis  qu'ils  sont  beaucoup  plus  courts  dans  les  dé- 
pressions. Quelques  cellules  sont  binucléées  à  noyaux  ovales.  Leurs  parois  latérales 
sont  peu  apparentes  et  parfois  même  indistinctes.  Au-dessous  de  l'assise  celKdaire  se 
trouve  une  très  mince  membrance  basale,  recouverte  extérieurement  par  quelques 
fibrilles  musculaires,  obliques  ou  circulaires,  émanées  des  muscles  longitudinaux  de 
l'intestin.  Le  tout  est  enveloppé  par  une  membrane  péritonéale  très  ténue. 

Quant  à  la  partie  très  allongée,  cvlindrique,  filamenteuse  et  distale  de 
la  glande,  elle  comprend  intérieurement  une  couche  de  cellules  aplaties, 
parfois  cependant  irrégulières,  avec  prolongements  internes  courts  et  hé- 
misphériques. Une  bordure  ciliée,  à  peu  près  uniforme  et  régidière,  limite 
la  cavité  du  canal.  Ces  cellules,  indépendanmient  de  leur  revêtement  cili- 
forme,  afiectent,  au  point  de  vue  de  la  structure  du  protoplasme  et  de  la 
forme  des  noyaux,  une  disposition  à  peu  près  semblable  à  celle  que  pro- 
sente l'épithélium  des  tubes  de  Malpighi. 


SÉANCE    DU    (2    MARS    iqo6.  65 l 


ZOOLOGIE.  —   A  propos  de  l'anatomie  comparée  des  Sipunculides.  Note  de 
M.  3Iarceî.-A.  Hérteel,  présentée  par  M.  Yves  Delage. 

Le  cerveau  des  Sipunculides  est  dorsal.  Presque  toujours  il  renferme 
deux  tubes,  l'un  à  droite  l'autre  à  gauche,  qui  prennent  naissance  au  sein 
même  delà  substance  corticale.  Au  sortir  de  l'organe,  ces  tubes  se  couvrent 
de  cils  vibratiles  et  se  réunissent  en  un  seul,  qui  s'ouvre  à  l'extérieur.  Pour 
ne  pas  préjuger  leur  signification,  nous  les  appellerons  tubes  cérébraux. 
L'orifice  est  situé  juste  nu-dessus  du  cerveau.  Tantôt  il,  est  impair,  médian 
et  arrondi  (Sipunculus  nudus,  Phymosoma  granulatam,  etc.);  tantôt  il 
est  doublé.  Ce  sont  alors  deux  orifices  symétriques  et  allongés  en  forme  de 
fentes  transversales  (^Phascolosoma  elongalum,  etc.).  Ces  fentes  s'ouvrent 
au  fond  de  deux  sillons,  qui  limitent  deux  petits  organes  superficiels  et 
transversaux,  connus  sous  le  nom  de  tubercules  cdiés.  Dans  les  deux  cas,  le 
ou  les  orifices  sont  situés  en  dehors  de  la  couronne  tentaculaire ;  et  les 
tubercules  ciliés  sont,  eux  aussi,  extracoronaux .  Voilà  deux  points  qu'il 
convient  de  retenir.  T^e  fond  des  tubes  cérébraux  est  souvent  bourré  de 
pigment.  C'est  pour  celte  raison  qu'on  en  a  fait  des  yeux  rudunentaires. 
Quant  aux  tubercules  ciliés,  très  richement  innervés  parle  cerVeau,  ils  sont 
considérés  comme  des  organes  olfactifs.  Certes,  ces  interprétations  sont 
très  possibles.  Mais  elles  ne  jettent  aucune  lumière  sur  la  valeur  morpho- 
logique des  tubes  et  des  tubercules.  Nous  n'avons  acquis  qu'un  fait  précis  : 
c'est  qu'un  appareil  particulier  etsaushomologies  connues  met  en  commu- 
nication le  cerveau  avec  l'eau  de  mer.  Et  le  problème  qui  se  pose  est 
celui-ci  :  Quelle  est  la  signification  morphologique,  quelles  sont  les  honiologies 
des  tubes  cérébraux  et  des  tubercules  ciliés  ? 

Ce  problème,  l'examen  attentif  d'une  espèce  rapportée  par  l'expédition 
Charcot  m'a  permis  de  le  résoudre. 

Il  s'agit  d'un  Phascolosonie  (P.  Charcoli  nov.  sp.).  Sur  l'animal  épanoui,  la  lête, 
vue  d'en  haut,  présente  une  bouche,  franchement  axiale,  et  une  couronne  très  fouinie 
de  tentacules.  C'est  tout.  On  ne  voit  ni  orifice  de  tube  cérébral,  ni  tubercules  ciliés. 
Et,  cependant,  il  y  en  a.  Pour  les  trouver,  partons  du  cerveau.  Comme  dans  tout 
l'ordre  des  Sipunculides,  il  est  dorsal.  Sa  face  dorsale  est  tapissée  d'un  feutrage  con- 
jonctif  que  recouvre  le  péritoine.  Sa  face  ventrale  regarde  le  canal  tentaculaire  de 
l'oli  et,  au  delà  de  celui-ci,  l'œsophage.  C'est  vers  son  tiers  sup"érieur  que  parlent  à 
droite  et  à  gauche  les  deux  tubes  cérébraux.  A  peine  sortis,  ils  se  jettent  dans  un 
grand  <i  canal  longitudinal  »  qui  est  creusé  dans  le  feutrage  conjonctif  dont  je  viens 


052  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

de  parler.  Ce  o  canal  longitudinal  »,  qui  tuonte,  dépasse  le  niveau  du  cerveau.  Sa  face 
ventrale  est  reliée  à  l'œsophage  par  un  «  tissu  lâche  et  membraneux  ».  Sa  face  dorsale 
est  tournée  vers  le  péritoine.  La  première  est  et  demeure  lisse.  La  seconde  se  gaufTre. 
Elle  figure  deux  expansions  symétriques.  Des  nerfs  partant  du  cerveau  se  répandent 
dans  l'épilhélium  de  ces  expansions,  qui  est  très  fortement  cilié.  En  un  mol,  les  con- 
nexions et  la  structure  des  tubes  et  des  expansions  démontrent  d'une  façon  péremp- 
toire  qu'on  est  en  présence  des  «  tubes  cérébraux  »  et  des  «  tubercules  ciliés  »,  ceux-ci 
étant  logés  longitudinalement  dans  le  «  canal  longitudinal  ». 

Continuons  la  description  de  ce  canal.  Il  monte  parallèle  à  l'œsophage.  Mais,  au 
niveau  de  la  bouciie,  la  cloison  de  tissu  lâche  et  membraneux,  qui  l'unissait  à  l'œso- 
phage, cesse  :  il  s'établit  une  communication  entre  le  canal  longitudinal  et  la  bouche. 
Un  peu  plus  haut,  il  est  impossible,  à  moins  d'être  averti,  de  distinguer  ce  qui  est  l'un 
de  ce  qui  est  l'autre;  l'innervation  des  tubercules  ciliés  disparaît  en  partie,  et  ceux-ci 
sont  en  tous  points  comparables  aux  expansions  de  l'œsophage  et  de  la  bouche. 

Ainsi  donc,  le  c  tube  cérébral  ■»  n'est  qu'un  dh'erticule  buccal ,  et  le.s  «  tu- 
bercules cillés  »  ne  sont  qu'une  différenciation  de  l'épithélium  buccal  et  œso- 
phagien, des  expansions  plus  richement  innervées  de  la  bouche  et  de  l'œso- 
phage. Or,  loule  invagination  buccale  allant  au-devant  du  cerveau  et  ayant 
avec  lui  des  rap|)orts  anatomiques  plus  ou  moins  intimes  est  considérée 
comme  une  hypophyse.  Le  tube  cérébral  est  donc  une  sorte  d'hypophyse.  Le 
Pliascolosome,  qui  nous  donne  la  clef  de  celte  homologie,  est,  à  n'en  pas 
douter,  un  S'ipunculidé  inférieur.  Il  est  remarquable  qu'il  soit  antarctique. 

Il  est  désormais  facile  de  comprendre  comment,  par  suite  d'un  plus  grand 
développement  en  hauteur  de  la  couche  de  tissu  lâche  et  membraneux ,  l'ori- 
fice de  cette  hypophyse  a  été  séparé  de  la  bouche  et  reporté  dorsalement  par 
rapport  à  celle-ci  et  aux  tentacules,  et  comment  les  tubercules  ciliés,  d'abord 
allongés  dans  l'hypophyse,  ont  été  refoulés  jusqu'à  son  orifice,  devenant 
ainsi  superficiels. 


ZOOLOGIE.  —  Sur  l'évolution  des  prétendues  Coccidies  des  Céphalopodes. 
Note  de  M.  Th,  Mokoff,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

Bien  que  les  Sporozoaires  parasites  de  la  paroi  intestinale  d'Octopus  et  de 
Sepia  aient,  depuis  leur  découverte,  changé  quatre  ou  cinq  fois  de  nom,  on 
s'jiccorde  aujourd'hui  à  les  regarder  comme  des  Coccidies.  D'après  les 
recherches  de  Siedlecki  ces  organismes,  en  effet,  évoluent  comme  de  vraies 
Coccidies,  avec  toutefois  celle  tiifférence  (|ue,  comme  les  Eugrégarines, 
ils   ne  présentent  pas  de  schizogonie;  d'où  le  nom  d'Eucoccidiuni  qui  fut 


SÉANCE    DU    12    MARS    1906.  653 

proposé  par  Lûhe  pour  les  dénommer.  Or,  ces  considérations  reposent  sur 
une  fausse  interprétation  de  l'évolution  de  ces  parasites. 

Les  recherches  que  j'ai  poursuivies  au  laboratoire  de  Zoologie  de  l'Uni- 
versité de  Grenoble,  avec  du  matériel  très  fortement  infesté  provenant  de 
Cavalière  et  de  la  Station  zoologique  de  Cette,  m'ont  conduit  à  ce  résultat 
que,-  au  point  de  vue  de  leur  évolution,  ces  parasites  ne  sont  pas  des 
Coccidies,  mais  de  véritables  Grégarines. 

L'évolution  de  ces  difïérentes  espèces  étant  très  comparable,  je  choisirai 
comme  exemple  Eucoccidium  Jacquemeti  n.  sp.,  une  espèce  parasite 
â'Octopus,  qui,  en  raison  de  la  grande  taille  de  ses  éléments,  se  prête  faci- 
lement à  l'observation. 

Les  jeunes  stades,  intracellulaires,  ont  un  cytoplasma  clair  avec  un  gros  noyau  et 
sont  revêtus,  comme  les  Grégarines,  d'une  fine  cuticule  qui  persiste  pendant  toute 
leur  croissance.  Le  noyau  possède  un  gros  karyosome  d'abord  massif,  puis  devenant 
vacuolaire  à  mesuré  que  grandit  le  parasite. 

Formation  des  macro  gamètes.  —  Chez  les  femelles,  au  terme  de  la  croissance,  le 
protoplasma  devient  vacuolaire  et  la  clironialine  du  karyosome  se  répand  dans  le  suc 
nucléaire  sous  forme  de  gros  et  petits  grains  dont  un  grand  nombre  se  dissolvent. 
Alors  apparaissent  à  la  surface  du  parasite  io-i5  cenlrosomes  dont  je  ne  puis  encore 
reconnaître  l'origine  avec  certitude.  Chacun  d'eux  occupe  le  centre  d'un  rayonnement 
protoplasmique  aboutissant  au  noyau.  Ce  dernier  a  perdu  sa  forme  arrondie;  il  a  aug- 
menté de  volume  et  envoie  des  prolongements  dans  la  direction  des  cenlrosomes.  Ces 
prolongements  atteignent  bientôt  les  cenlrosomes,  et  les  noyaux  se  divisent  en  autant 
de  parties  qu'il  y  a  de  centres. 

Ainsi  se  forment,  par  mitose  multiple,  des  noyaux  primitifs,  superficiels,  faiblement 
colorables,  avec  grains  de  chromatine  de  taille  variée.  Ce  stade  dure  quelque  temps, 
puis  les  cenlrosomes  apparaissent  de  nouveau  et  se  divisent  en  deux  ceutrosomes  filles 
situés  au  sommet  démineuces  protoplasmiques  qui  s'écartent  peu  à  peu  Tune  de 
l'autre.  Entre  eux  la  chromatine  de  chaque  noyau  primitif  s'ordonne  en  chromosomes 
(huit,  je  crois)  et  ainsi  se  forment  deux  nojaux  filles.  La  division  continue  de  même  à 
la  surface  du  parasite  et  conduit  au  stade  de  perlage  typique  des  Grégarines.  En  même 
temps,  le  corps  protoplasmique  s'est  découpé  en  un  boudin  sinueux  finalement  recou- 
vert de  macrogamèles  piriformes  rattachés  au  corps  maternel  par  une  large  base  qui 
s'étrangle  peu  à  peu.  Puis  les  macrogamèles  se  détachent  et  deviennent  sphériques. 

Formation  des  micro  gamètes.  —Chez  les  mâles,  au  terme  de  la  croissance,  le  pro- 
loplasma  est  devenu  gi-ossiérement  granuleux,  et  le  karyosome  a  abandonné  au  noyau 
une  quantité  de  chromatine  bien  plus  grande  que  chez  les  femelles,  de  sorte  que  celui- 
ci  se  colore  intensémenl.  Le  noyau  se  porte  alors  à  la  surface  du  parasite,  et  sa  chro- 
matine se  rassemble  dans  sa  moitié  tournée  vers  l'extérieur.  L'hémisphère  chromatique 
nucléaire  ainsi  formé  atteint  la  surface  même  de  la  Grégarine. 

Il  se  divise  alors  en  deux  moitiés  qui  s'écartent  l'une  de  l'autre,  prolongée  chacune 
par   un   cône   protoplasmique,    terminé    par   une  pointe  fortement  chromatique  (cen- 


G'/j  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

trosome  sans  contrôle  distinct.  Avant  ((iie  s'achève  la  division  nuclénire,  les  cenlrosomes 
et  leur  cône  attractif  se  divisent  encore  un  certain  nombre  de  fois,  puis  la  masse  chro- 
matique s'ordonne  en  chromosomes  mal  définis  qui  se  répartissent  entre  les  centro- 
somes.  Les  noyaux  primitifs  ainsi  formés  continuent  à  se  multiplier  par  voie  mitotiqne 
à  la  surface  du  corps  qui  se  divise  en  lobes  sinueux,  et  le  processus  se  déroule  comme 
chez  les  autres  Gré2:arines  pour  aboutir  ;"i  la  différenciation  des  microgaméles.  Ceux- 
ci  sont  très  effilés,  de  5ol*-55l^  de  Ions;  sur  iV-  de  large,  avec  un  noyau  qui  occupe  plus 
de  la  moitié  de  leur  longueur,  et  munis  d'une  membrane  ondulante  qui  se  prolonge  en 
queue  à  l'arrière. 

Fécondation.  —  Les  microgamètes  libi-es  gagnent  les  amas  des  macrogaméles  et  se 
fixent  sur  ceux-ci  après  leur  mise  en  liberté.  Le  microgamète,  d'abord  étroitement 
fixé  sur  l'élément  femelle,  se  rétracte  peu  à  peu  en  ]iénétrant  dans  celui-ci,  en  même 
temps  que  son  noyau  se  décompose  en  nombreux  grains  de  chromatine  qui  viennent 
s'unir  au  novau  femelle.  L'union  des  deux  noyaux  donne  alors  un  gros  synkaryon  dont 
le  volume  se  réduit  rapidement  de  près  de  moitié.  Une  paroi  assez  résistante  se  forme 
alors  autour  de  la  copula,  et  le  noyau  =e  divise  par  mitoses  successives  pour  donner 
finalement  i.j  sporozoïtes. 

Ainsi  se  forme,  au  lieu  où  se  trouvaient  les  nombreux  macrogamètes  issus  d'une 
même  Grégarine,  un  nombre  égal  de  sporocysles  sphériques  à  paroi  résistante  de  i5!^ 
à.  17^-  de  diamètre. 

Chf  z  les  mitres  espèces  d' Eucoccidium  de  Poulpe  et  notannment  chez  E. 
Octopianum,  Iq  processus  évolutif  se  déroule  à  quelques  variantes  près 
comme  chez  E.  Jacquemeti.  Partout  on  observe  des  cenlrosomes  au  stade 
de  perlnije.  Il  en  est  de  même  pour  Eucoccidium  Ebert/n  de  la  Seiche  dont 
Siedlecki  a  donné  l'évolution  détaillée  mais  inexacte.  Il  a  pris,  en  effet,  le 
stade  de  perlago,  c'est-à-dire  la  formation  des  inacrogamètes  pour  un 
stade  de  sporulation,  et  en  conséquence  méconnu  complètement  le  véri- 
table processus  sexuel. 

En  résumé,  les  prétendues  Coccidies  des  Céphalopodes  sont  en  réalité 
des  Grégarines,  car  nous  admettons,  suivant  l'enseignement  du  professeur 
Léger,  qu'un  des  caractères  essentiels  des  Grégarines,  outre  l'orientation 
définie  du  corps,  réside  en  ce  que,  chez  celles-ci,  chaque  copula  donne 
naissance  à  un  sporocvste  tandis  qu'elle  donne  un  oocyste  tout  entier  chez 
les  Coccidies.  Ce  sont  des  Grégarines  monocystidées  qui,  en  raison  de  leur 
immobilité  et  de  leur  vie  au  sein  des  tissus,  ne  s'accouplent  pas  au  moment 
de  leur  reproduction,  mais  chez  lesquelles  l'inconvénient  tjui  résulte  de 
l'absence  de  copularium  est  largement  compensé  par  l'agilité  et  le  grand 
nombre  <les  éléments  mâles. 

En  conséquence  de  ces  faits  il  faut  reconnaître  que  le  nom  d' Eucoccidium 
que  leur  a  donné  Lùhe  ne  leur  convient  en  aucune  manière. 


SÉANCE    DU    12    MARS     1906.  655 


ZOOLOGIE.  —  Sur  une  nouvelle  maladie  inwi-osporidienne  de  la  Truite  indigène. 
Note  de  M.  L.  Léger,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

On  coiinait  déjà  chez  les  Truites  trois  espèces  deMyxosporidies  dont  deux 
paraissent  provoquer  des  maladies  graves  :  ce  sont  le  Myxobolus  cerehralis 
Hofer,  agent  du  tournis  des  Salmonidés  (Drehkrankheit),  qui  sévit  sur  les 
très  jeunes  Truites  arc-en-ciel  et  semble  être  souvent  mortel  ;  le  Myxo- 
bolus neurobius  Schuberg  et  Schrœder,  qui  a  été  rencontré  dans  les  nerfs  et 
la  moelle  épinière  de  Truites  de  ruisseau  de  la  forêt  Noire  chez  lesquelles 
sévissait  une  forte  mortalité,  et  enfin  Henne"uva  Nilsslini  Schuber  et  Schrœ- 
der,  dont  les  mêmes  auteurs  ont  observé  seulement  deux  kystes,  vraisem- 
i>iablement  inoffensifs,  à  la  base  de  la  nageoire  dorsale  du  même  hôle. 

Je  signalerai  ici  l'existence  d'une  nouvelle  Myxosporidie  qui  habite  dans 
la  vésicule  biliaire  de  notre  Truite  indigène,  Trutta  fario  L.,  et  que  j'ai 
rencontrée  d'une  façon  constante  chez  des  sujets  atteints  par  une  maladie 
à  forme  chronique  se  terminant  le  plus  souvent  par  la  mort. 

Cette  maladie,  qui  a  été  observée  dans  des  bassins  d'élevage  d'un  impor- 
tant établissement  de  pisciculture  du  Dauphiné,  sévit  depuis  plusieurs 
années  sur  des  Truites  déjà  grosses,  du  poids  de  loo»  à  Boo"^. 

Le  poisson  malade  perd  peu  à  peu  l'appétit  et  est  bientôt  atteint  d'une 
diarrhée  jaune  brunâtre  en  même  temps  qu'il  maigrit  et  devient  indolent. 
Peu  à  peu  les  nageoires  et  les  parties  normalement  claires  de  la  peau, 
notamment  les  aisselles  et  la  face  ventrale,  prennent  une  coloration  jaune 
bien  caractéristique.  La  maladie  se  prolonge  ainsi  pendant  de  longs  mois 
au  bout  desquels  le  poisson  amaigri  et  anémié  finit  par  succomber. 

A  l'autopsie,  le  foie  est  décoloré,  la  vésicule  biliaire  énormément  dis- 
tendue avec  une  bile  jaune  rougeâtre.  Des  sulfusions  biliaires  se  produisent 
dans  les  organes  voisins  de  la  vésicule;  les  muscles  de  la  paroi  abdominale 
sont  parfois  colorés  en  jaune  et  comme  tannés  par  la  bile.  En  même  temps, 
l'intestin  présente  tous  les  caractères  de  l'entérite  chronique. 

Dans  la  vésicule  et  dans  les  conduits  biliaires  se  trouvent  une  quantité 
innombrable  de  Myxosporidies  libres,  de  tailles  variées,  qui,  par  leurs 
spores  sphériques  tétracapsulées,  appartiennent  au  genre  Chloromyxum. 

Les  étals  végétatifs  ont  la  forme  d'amibes  à  mouvements  très  actifs  et  persistant 
plusieurs  lieures  après  la  mort  de  l'hôte.  Ils  se  meuvent  au  moyen  de  pseudopodes 
larges  et  obtus,  émanant  de  la  couche  ectoplasmique  très  développée  à  la  partie  anté- 


656  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

rieure  du  corps.  Leur  forme  est  laïUôt  allongée,  comme  celle  iVAmœba  tima.v,  atlei- 
gnanl  eu  moyenne  l\oV-  de  long  avec  une  large  zone  ectoplasmique  antérieure;  tantôt 
massive  à  contours  irrégulièrement  lobés  avec  pseudopodes  épars;  tantôt  ovoïde  ou 
sphérique  de  2\iV-  à  !\oV-  de  diamètre,  sans  pseudopodes  visibles  (état  de  repos). 

A  l'état  vivant, l'organisme  tout  à  fait  incolore, clair  et  liyalin,  tranche  nettement  sur 
le  fond  jaune  du  liquide  biliaire.  Son  endopiasme  présente  un  aspect  spumeux,  dû  à  la 
présence  de  nombreuses  et  larges  alvéoles  entre  lesquelles  se  voient  de  fines  granula- 
tions. Il  montre  un  nombre  variable  de  noyaux  visibles  même  in  vh'o  comme  des  corps 
réfringents  et  d'apparence  homogène.  Ces  noyaux  possèdent  un  gros  nucléole  avec  un 
suc  nucléaire  fortement  colorable.  Avec  eux  se  voient  dans  l'endoplasme  de  nombreux 
grains  chromatiques. 

Dans  beaucoup  d'individus  on  peut  observer  des  spores  mûres  ou  en  voie  de  déve- 
loppement. Leur  nombre  varie  de  i  à  8,  rarement  plus,  selon  la  taille  de  l'organisme, 
et  parfois  on  les  voit  changer  de  position  dans  le  corps  lorsque  celui-ci  est  en  mouve- 
ment. Les  individus  à  3  ou  4  spores  sont  les  plus  communs  et  souvent  celles-ci  ne  sont 
pas  au  même  degré  de  développement. 

Les  spores  mûres,  létracapsulées,  sont  spliériques,  de  8V-  à  gf-  de  diamètre,  et  pos- 
sèdent une  paroi  formée  de  deux  valves  pourvues  de  côtes  saillantes  parallèles,  très 
accentuées.  Ces  valves  sont  unies  par  une  bande  de  substance  cémentaire  à  trajet 
méridien  mais  légèrement  ondulé,  et  à  chacune  d'elles  sont  rattachées  deux  capsules 
dont  l'une  est  toujours  plus  petite  que  l'autre. 

En  suivant  le  développement  de  ces  spores,  on  peut  remarquer  que  leur  enveloppe 
est  d'abord  constituée  par  deux  cellules  claires  munies  chacune  d'un  noyau  et  que  ce 
sont  ces  cellules  qui  en  se  rétractant  sur  le  contenu  sporal  se  plissent  et  forment  les 
valves  à  côtes  saillantes  de  la  spore  mûre. 

Le  Chloromyxum  de  la  Truite  est  très  voisin  de  Chl.  Jluviatile  Tiiélohan 
de  Squalius  cephalus  L. ,  mais  il  s'en  distingue  néanmoins  par  la  taille  plus 
grande  de  ses  spores  et  de  ses  états  végétatifs,  parles  crêtes  très  accentuées 
des  valves  sporales  et  la  différence  de  taille  constante  des  capsules  d'une 
même  spore. 

La  rivière  qui  alimente  le  bassin  infesté  ne  renfermant  aucun  Squalius, 
ni  aucun  autre  poisson  à  Chloromyxum,  il  y  a  donc  tout  lieu  de  penser  qu'il 
s'agit  là  d'un  parasite  spécial  à  la  Truite  et,  en  conséquence,  je  propose  de 
le  désigner  sous  le  nom  de  Chloromyxum  truttœ  n.  sp. 

En  l'absence  d'infections  artificielles,  il  est  impossible  d'affirmer  que 
cette  Myxosporidie  soit  l'agent  pathogène  de  la  grave  maladie  mentionnée 
ci-dessus;  mais  une  telle  relation  acquiert  un  certain  degré  de  probabilité 
si  l'on  remarque  que  les  Truites  bien  portantes  des  ruisseaux  voisins  ne 
montrent  aucun  parasite  dans  leur  appareil  biliaire. 


SÉANCE    DU    12    MARS    1906.  65'] 


MÉDECINE.  —  Analyse  des  bacilles  tuberculeux.  Note  de  M.  G.  Baudrax, 
présentée  par  M.  d'Arsonval. 

Nous  distinguerons  deux  formes  de  bacilles  :  i"  les  bacilles  morts,  tués 
à  iao°;  2°  les  bacilles  vivants,  provenant  de  cullures  sur  pommes  de  terre 
ou  sur  bouillons  de  formule  connue. 

1°  Bacilles  morts.  —  Avant  toute  opération,  ils  sont  séparés  des  matières 
étrangères  auxquelles  ils  peuvent  adhérer  (filtres,  pommes  déterre,  etc.), 
puis  lavés  à  l'eau  distillée  froide  pour  enlever  la  glycérine  et  quelques 
autres  produits;  enfin  on  les  sèche  à  basse  température  ou  dans  le  vide 
sulfurique. 

Deux  méthodes  furent  employées  :  l'une  à  l'acide  chlorhydrique;  l'autre, 
celle  des  épuisements  successifs  ^alcool,  xylène,  benzine,  etc.). 

Méthode  à  l'acide  c/ilorhrdriqiic.  —  Vne  quantité  déterminée,  206  ou  3ob  de  corps 
bacillaires,  est  mise  au  bain-marie  à  5o°  pendant  8  à  10  jours  avec  5oos  de  HCl  à 
I  pour  100.  Au  bout  de  ce  temps,  on  laisse  refroidir  et  l'on  sépare  mécaniquement  la 
partie  surnageante;  celle-ci  renferme  la  graisse  et  la  lécilhine.  On  lave  à  l'eau  pour 
enle\er  toute  trace  de  HCl,  puis  on  traite  par  un  mélange  d'éther  et  de  benzine  dans 
la  ])roportion  de  2  parties  d'éther  pour  i  partie  de  benzine.  La  matière  grasse  se  dis- 
sout entièrement.  L'addition  d'acétone  laisse  déposer  à  froid  la  lécithine  disléariqite 
qu'il  est  facile  de  caractériser  par  ses  propriétés  et  sa  teneur  en  phosphore.  L'évapo- 
ration  du  liquide  donne  Voléine  et  la  margarine  ;  la  saponification  par  la  potasse  al- 
coolique donne  un  savon  soluble  que  l'on  épuise,  après  neutralisation  avec  HCl,  par 
l'éther  pour  enlever  la  cliolestérine  restant.  La  transformation  en  oléate  plombique  ou 
calcique,  soluble  dans  l'éther,  permet  d'isoler  Voléine  et  d'avoir,  par  dilTérence,  la 
margarine. 

Les  bacilles  sont  ensuite  recueillis  sur  un  filtre,  lavés  et  séchés,  puis  repris  par  le 
mélange  d'éther  et  de  benzine.  On  obtient  ainsi  de  la  cliolestérine  que  l'on  purifie  par 
l'acide  acétique  ou  benzoïque  suivant  les  procédés  connus.  Cette  cliolestérine  a  des 
réactions  spéciales  :  c'est  plutôt  de  Visoclwleslérine  se  comportant  comme  un  hydrate 
de  terpène  (Walitzky);  en  eft'et,  traitée  à  froid  par  parties  égales  d'acide  azotique  et 
d'alcool,  elle  donne  l'odeur  du  terpinol  et  des  cristaux  de  terpine  qu'il  est  facile  d'i- 
dentifier. L'oxvdation  lente,  eu  présence  de  l'air,  dans  les  cultures  donne  ce  même  dé- 
rivé de  la  cliolestérine.  Il  est  facile  de  le  mettre  en  évidence  en  précipitant  la  tubercii- 
line  brute  par  l'alcool  absolu  :  le  dépôt  est  constitué  par  des  peptones  et  des  matières 
albuniinoïdes;  la  distillation  de  l'alcool  laisse  un  précipité  blanc  qui,  épuisé  par 
l'étiier,  donne  de  la  cliolestérine  non  transformée  et  le  produit  aromatique  à  odeur  de 
jacinthe  très  prononcée.  Le  produit  odorant  de  la  tuberculine  serait  donc  un  hydrate 
de  cliolestérine  analogue  à  la  terpine. 

C.   R.,   1906,   1"  Semestre.  (T.  C\L1I,  N»  11.)  S7 


658  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Le  produit  restant  après  séparation  de  la  cholestérine  est  constitué  par  de  la  cellu- 
lose que  ron  caractérise  ainsi  qu'il  suit  :  cette  substance  se  dissout  à  l'ébullilion  dans 
parties  égales  de  chlorure  de  zinc  et  d'acide  chlorhydrique,  se  colore  par  les  réactifs 
spéciaux,  chlorure  de  zinc  iodé,  etc.  Seulement  cette  cellulose  microbienne,  culicu- 
laire,  incrustée  de  substances  minéralisées  (silice,  calcium),  résiste  à  l'action  de  l'amy- 
lobacter,  mais  s'hydrolyse  lentement  dans  le  milieu  suivant  :  sel  de  manganèse  et  eau 
à  rétu\e  à  36°  {Comptes  rendus,  t.  CXXXIX,  igo^,  p-  looo,  et  t.  CXL,  1900,  p.  884) 
donnant  ainsi  un  produit  antitoxique  comme  nous  en  avons  obtenus  en  traitant  de  la 
même  façon  la  strychnine,  les  toxines  tétanique,  diphtéritique,  etc. 

Les  produits  de  cette  transformation  sont  les  acides  butyrique  et  acétique  c[ue  l'on 
sépare  par  des  distillations  fractionnées.  En  faisant  les  cendres  de  cette  substance, 
outre  les  composants  signalés  par  Schweinitz  et  Dorset  (M,  on  trouve  du  fer  à  raison 
de  o".  008  par  100"  de  bacilles  et  une  très  faible  proportion  de  manganèse. 

Partie  liquide.  —  La  partie  liquide  dévie  à  droite  le  jjlan  de  polarisation 
de  la  lumière  et  réduit  la  liqueur  de  Fehling.  Elle  est  neutralisée  par  la 
potasse  et  laisse  déposer  la  nucléine  que  l'on  recueille  et  pèse.  Le  reste  de 
la  solution  contient  environ  53,59  pour  100  de  matières  albuminoïdes  (-). 
On  fait  évaporer  et  l'on  traite  par  l'alcool  tartrique  ou  acétique  suivant  les 
méthodes  usuelles.  On  obtient  facilement  un  produit  de  nature  alcaloïdique 
qui,  injecté  à  des  cobayes  à  la  dose  de  0^,10,  les  fait  périr  en  2  ou  3  mois 
sans  lésions  tuberculeuses  vraies,  mais  avec  hyperémie  du  rein  et  des  cap- 
sules surrénales. 

Méthode  des  épuisements  successifs.  —  Dans  un  appareil  Soxhlet,  les 
bacilles  sont  traités  par  l'alcool  absolu  à  trois  reprises  différentes.  Ils  sont 
ensuite  épuisés  par  le  xviène.  Tous  les  liquides  sont  réunis  et  précipités 
par  l'acide  acétique.  Presque  toute  la  cholestérine  se  dépose.  L'addition 
d'acétone  permet  de  séparer  la  lécithine  distéarique .  L'évaporation  donne 
les  graisses  qu'on  saponifie  par  la  potasse  alcoolique;  les  savons  sont 
transformés  en  sels  calcaires  par  le  chlorure  de  calcium.  On  a  ainsi  les 
stéarate  et  oléate  qu'on  pèse  et  sépare  au  moven  de  l'éther  :  l'oléate  seul  est 
soluble;  le  stéarate  est  dosé  par  différence. 

Les  bacilles,  privés  de  tout  liquide  extracteur,  sont  traités  par  HCI;  la 
soude  permet  d'isoler  la  nucléine.  Le  liquide  de  ce  dernier  épuisement  est 
traité  comme  ci-dessus.  Il  reste  de  la  cellulose  avec  son  fer  et  son  manga- 
nèse. Les  résultats  ne  sont  pas  absolus;  ils  varient  d'une  espèce  à  l'autre, 
humaine  ou  bovine. 

(')  Tlie  minerai  constiliients  of  llic  tubercle  bacilli  {CentrallihiU  fiir  Bac!;.. 
t.  .XXIIl,  1898,  p.  993). 

(^)  KnESSLiiNG,  Ueber  die  Fettsubslaiiz  der  Tubcrkelbacillen  {Berlin.  Idin.  U  oc/t.. 
I.  \XX,  1901,  p.  896). 


SÉANCE    DU    12    MARS    1906.  659 

2°  Bacilles  vivants.  —  Ils  sont  d'abord  épuisés  à  plusieurs  reprises  à  froid 
par  le  chloroforme.  On  obtient  ainsi  la  cholestérine  qu'on  purifie.  Ensuite 
on  fait  agir  le  mélange  d'éther  et  de  benzine;  par  l'acélone  on  eu  sépare  la 
lécithine;  les  graisses  sont  dosées  comme  dans  l'opération  précédente. 
L'action  de  l'alcool  absolu  donne,  après  évaporation  et  reprise  par  l'eau, 
des  anaèroxydases  très  évidentes  par  l'eau  gayacolée.  /.es  corps  bacillaires 
sont  épuisés  par  l'acide  chlorhydrique  dilué  à  l'étuve  à  37";  cette  opération 
donne  la  nucléine  et  il  reste  en  solution  une  variété  d'alcaloïde  dont  la 
toxicité  est  telle  que  i<=«  tue  en  4o  heures  un  cobaye  de  poids  moyen. 
L'autopsie  révèle  les  mêmes  symptômes  que  précédemment,  mais  plus 
accentués. 

ComposiUoti  du   bacille  liiherculeux. 

Substances  grasses 36  à  44 

Cholestérine j  a     7 

Stéarine i  5   à    18 

Oléine i  o  à    12 

Lécithine  distéarique  ...        'Wi     7 

JVucléine 3à4 

Cellulose .3,60  à  5, 5o 

Fer o-,  006  à  oS,  008 

Manganèse traces 

Substances  albuminoïdes .jo  à  56 

La  quantité  de  fer  est  supérieure  de  quelques  milligrammes  dans  le  bacille  iiuniain. 

Comparaison  entra  la  f^faisse  des  bacilles  et  la  graisse  du  chyle. 

Chyle 
Uacilles.  d'après  Uo|j|)0-Seylcr. 

Cholestérine 1 3 ,  i  '  i  >  3 

Lécithine '5)7  7->''^ 

Oléine 3i  ,5  38,  1 

Stéarine '^914  43 

Les  bacilles  morts  m'ont  été  fournis  par  l'Institut  Pasteur;  les  bacilles 
vivants  par  M.  le  professeur  Vallée,  d'Alfort. 

PHYSIOLOGIE.  —  La  réactio/i  fin  sang,  fonction  de  la  nutrition  {loi  de  /?/<r- 
.yf'o/oo-i'e  ^e'nera/e).  Note  de  M.  Jean  Gautrelet,  présentée  par  M.  Yves 
Delage. 

M.  Bouchard,  en  précisant  la  notion  de  diathèse,  a  introduit  en  Patho- 
logie générale  la  donnée  véritablement  scientifique  et  si  féconde  de  réac- 


66o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

tion  humorale.  Notre  but  est  de  généraliser  cette  notion  et  de  montrer 
comment  la  réaction  du  milieu  intérieur  est  un  facteur  essentiellement 
biologique,  comme  elle  est  fonction  de  la  nutrition,  que  l'on  envisage  la 
série  animale  ou  les  diverses  conditions  physiologiques  ou  pathologiques. 
Nous  n'esquisserons  que  rapidement  ces  faits  qui  sont  les  conclusions  d'un 
travail  déjà  publié  ('). 

La  quantité  de  pigment  sanguin,  hémocyanine  ou  hémoglobine,  peut 
servir  à  définir  l'activité  des  échanges  organiques;  or  il  est  des  plus  inté- 
ressant de  constater  le  parallélisme  rigoureux  qui  existe  toujours  entre  la 
richesse  du  sang  en  pigment  et  son  alcalinité  apparente  (nous  disons 
alcalinité  apparente  afin  de  souligner  l'acidité  réelle  du  sang). 

Nous  avons  effectué  un  grand  nombre  de  titrages  hémoglobiniques  et 
hémoalcalimétriques,  les  premiers  à  l'aide  de  l'hématoscope,  les  seconds 
par  le  procédé  de  Drouin  que  nous  avons  légèrement  modifié. 

Le  Tableau  ci-dessous  montre  nettement  que  l'ordre  dans  lequel  se  suc- 
cèdent les  classes  d'animaux  groupés  d'après  leur  titre  hémo-alcalimétrique 
est  précisément  celui  dans  lequel  augmente  l'activité  des  combustions  res- 
piratoires :  c'est  l'ordre  des  oxydations  croissantes  (Jolyet  et  Regnard, 
Regnault,  Richet)  : 

Alcalinité  apparente 

pour  Hémoglobine 

Animaux.  kW™' de  sang.  pour  loo. 

mm' 

Annélides 38       NaOH                          3 

Sélaciens Sa                                            5 

Autres  Poissons  (Carpe). .  65                                         6 

Lézard 70                                            7 

Grenouille 70                                               8 

Chien i33  il,. 5 

Lapin 160  12 

Cheval 220  i3, 1 

Bœuf 220  i3,2 

Cobaye 222  i4 

Homme 328  i4 

Fore 23i  i4,3 

Moineau 266  i6,5 

Dans  les  deux  Tableaux  suivants  nous  avons  essayé  d'établir  le  parallé- 

(')  Jean  Gautrelet,  Les  pigments  respiratoires  et  leurs  rapports  avec  l'alcalinité 
apparente  du  milieu  intérieur.  Thèse  de  doctoral  es  sciences  (Arch.  Zool.  expér.  et 
génér.,  igoS,  4°  série,  t.  I,  p.  31-171.  Schleicher,  éditeur,  Paris). 


SÉANCE    DU    12    MARS    1906.  661 

lisme  qui  existe  encore  entre  l'alcalinité  du  sang  et  l'activité  des  oxydations 
mesurées  par  le  titre  hémoglobinique,  dans  les  diverses  conditions  physio- 
logiques ou  pathologiques  : 


Conditions  physiologiques. 


Titres 


États  physiologiques. 

Enfants 

Adultes 

Vieillards 

Sexe  masculin 

»      féminin 

Repas 

Jeûne  

Exercice  prolongé 

»         avec  entraînement 

Hibernation 

Sommeil 

Parasitisme 

Grossesse 


hémo-alcali  métriques. 


faible 


I 


élevé   , 

faible  ) 

élevé 

faible 

augmente 

diminue 

diminue 

augmente 

diminue 

diminue 

diminue 

diminue 


hémoglohiniques. 

maxima 

de  25-45  ans 

plus  élevé 

plus  faible 

augmente 

diminue 

diminue 

augmente 

diminue 

diminue 

diminue 

diminue 


di 


II.  —  Conditions  pathologiques. 

Titres 

Maladies.  hémo-alcalimétriques.  hémoglobiniques. 

Fièvre baisse  baisse 

Typhoïde baisse  baisse 

Variole baisse  baisse 

Pleurésie i66™s,  3  baisse 

_,  ,  ,  i  baisse  à  la  période  ) 

Tuberculose •       ,  .  S 

(      de  consomption      ) 

Anémie diminue  i 

Chlorose diminue  3  à     4          » 

Néoplasie 8o"8,  o  6         » 

Diabète io8'"8,o  ii         » 

Goutte diminue  8,4      » 

Cirrhose diminue  diminue 

Intoxications diminue  diminue 

Nous  étions  donc  en  mesure  de  tirer  en  conclusion  la  loi  générale  sui- 
vante :  il  y  a  un  parallélisme  absolu  entre  l'alcalinité  apparente  du  sang  et 
l'activité  des  échanges  organiques  mesurée  par  le  titre  hémoglobinique. 


iminue 


I  a  14  pour  100 


(J62  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Aiilrement  dit,  la  réaction  humorale  suit  les  vicissitudes  de  la  nutrition; 
quand  celle-ci  est  ralentie,  l'alcalinité  du  sang  diminue  et  inversement, 
i|n'il  s'agisse  de  la  série  animale  ou  des  diverses  conditions  de  l'individu. 
Le  mécanisme  est  d'ailleurs  toujours  conforme  à  celui  que  Bouchard 
invoque  en  Pathologie  :  le  peu  d'intensité,  la  diminution  des  oxydations 
expliquent  d'une  part  l'accroissement  des  produits  incomplètement  oxydés, 
des  acides  gras  en  particulier,  et  d'autre  part  la  moindre  proportion  dans  le 
sang  d'ammoniaque,  base  forte  et  terme  ultime  des  combustions  inlraor- 
ganiques  des  matières  azotées. 


GÉOLOGIE.  —  Sur  les  glaciers  plcistocènes  dans  les  vallées  d'Andorre. 
Note  de  M.  Marcel  Chevalier. 

Les  traces  des  anciens  glaciers  quaternaires  en  Andorre  ont  été  signalées 
en  1875  par  J.-F.  Bladé.  M.  Penck,  en  i885,  se  rapporte  à  l'opinion  de  cet 
auteur  en  ce  qui  concerne  celle  partie  de  la  chaîne,  dans  son  étude  sur  la 
période  glaciaire  dans  les  Pyrénées.  Depuis  il  nous  semble  que  la  question 
a  été  délaissée  par  les  géologues. 

Lors  d'un  séjour  en  Andorre,  en  septembre  igoS,  j'ai  pu  constater  que 
les  glaciers  pléistocènes  ont  laissé  des  traces  absolument  nettes  tlans  les 
vallées  de  la  petite  République. 

Le  Valira  ciel  Oriente  prend  sa  source  d;ms  un  Ijeau  cirque  glaciaire  {cirijuc  ilcls 
Fessons)  dominé  par  des  crêtes  granitiques  très  ravinées  par  l'action  du  ruissellement. 
Toute  la  vallée  jusqu'à  Andorra  la  vella  conserve  sur  ses  lianes  des  restes  de  mo- 
raines anciennes,  des  roches  moutonnées,  polies  et  striées.  On  en  observe  les  plus 
beaux  exemples  à  Solden.  Canillo.  Aiigulastès,  Las  Escaldas.  Andorra. 

Dans  la  vallée  du  Valira  del  :\orte.  les  traces  glaciaires  sont  aussi  nettes,  et  repré- 
sentées par  des  dépôts  morainiques,  des  roches  moutonnées,  striées  et  polies,  observés 
surtout  à  Ordino  et  au  Pont  Sont-Antonio  où  la  vallée  aflecle  une  forme  en  U  carac- 
téristique. 

Pendant  la  période  maxima  d'e\tension  des  glaces,  un  grand  glacier  constitué  par 
réunion  près  d'Andorra  des  deux  glaciers  occupant  respectivement  la  vallée  du  Nalira 
del  Norle  et  la  vallée  du  Valira  del  Oriente,  s'est  étendu,  après  un  parcours  de  a9'"", 
jusqu'aux  environs  de  Santa  Coloina  (io3o'")  où  il  a  laissé  une  moraine  frontale 
aujourd'hui  remaniée  et  en  partie  effacée  par  l'action  ultérieure  des  agents  atmosphé- 
riques et  aussi  par  le  Valira.  Ce  dernier  postérieurement  à  la  disparition  du  glacier, 
arrêté  dans  sa  course  par  la  moraine,  a  formé  derrière  cette  dernière  un  lac  inondant 
toute  ta  plaijie  d'Audorra.  Ce  lac  s'est  vidé  quand  les  eaux  ont  pu  se  frayer  un  passage 
à  travers  le  dépôt  morainique. 


SÉANCE  DU  la  MARS  1906.  663 

La  disparition  des  gfaees  en  Andorre  ne  s'est  pas  faite  d'une  façon  continue.  Il  y  eut 
des  moments  d'arrêt  dans  !e  recul  des  glaciers.  Ces  temps  d'arrêt  sont  marqués  par  des 
moraines  frontales  abandonnées  à  divers  endroits  dans  îes  vallées  des  Valira.  îl  faut 
signaler  celles  d'Orefino  et  de  Canlllo.  Derrière  ces  deux  moraines,  et  jusqu'à  ce  qu'ils 
aient  réusiri  à  les  traverser,  les  cours  d'eau  ont  temporairement  formé  des  lacs  de  pm 
de  profondeur. 

On  ne  peut  pas  affirmer  qu'il  y  eut  dans  cette  parlie  des  Pyrénées  deux  extensions 
glaciaires  séparées  par  une  phase  interglaciaire.  Partout,  en  ellel,  les  dépôts  dus  an^ 
glaciers  reposent  sur  des  terrains  paléozoïques. 

Nous  pensons  que,  lors  de  l'extension  maxima  des  glaces  pléistocènes 
dans  les  vallées  d'Andorre,  cette  partie  des  Pyrénées  fut  couverte  par  une 
énorme  calotte  de  glace  et  de  neige  d'où  émergeaient  les  plus  hauts  sommets, 
de  Soo"  à  600"  plus  hauts  qu'aujourd'hui.  Sous  cette  calotte  glaciaire  de- 
cirque.s  distincts,  situés  sur  les  flancs  des  monts,  permettaient  une  accumu- 
lation considérable  de  nevés  d'où  descendaient  dans  les  vallées,  creusées 
dès  le  pliocène,  les  glaciers  dont  nous  avons  parlé. 

L'important  massif  granitique  situé  à  l'est  de  l'Andorre  formait  un  centre 
de  dispersion  des  glaciers  qui  descendaient  des  flancs  du  massif  suivant 
une  direction  rayonnante.  On  remarque,  en  etïet,  qu'autour  des  pics 
d'Ensagen,  â'Ah  del  Grio,  dels  .Fessons,  de  la  Fontnêgre,  etc.,  se  trouvent 
d'anciens  cirques  glaciaires  d'où  partaient  les  glaciers  du  riu  Montuel,  du 
Valira  del  Oriente,  de  VAriège,  du  riu  Grimaû  et  du  riu  Madriu.  Tous  ces 
cirques  (Ensagen,  dels  Fessons,  de  la  Fontnêgre,  Vallcivera)  sont  parsemés 
d'étangs  dont  l'origine  glaciaire  n'est  pas  douteuse. 

GÉOLOGIE.  —  Les  volcans  du  Livradois  et  de  la  Comté  {Puy-de-Dôme). 
Note  lie  M.  Ph.  Glange-iud,  présentée  par  M.  Michel  Lévy. 

J'ai  signalé,  en  1901,  que  les  volcans  quaternaires  des  environs  de  Cler- 
mont  (volcans  de  Gravenoire  et  de  Beaumont)  étaient  situés  sur  des  /ail/es 
qui  avaient  dû  s'élargir,  par  places,  sous  forme  de  fentes  éruptives,  per- 
mettant ainsi  l'ascension  du  magma  fondu  interne. 

Les  études  dont  m'a  chargé  mon  maître,  M.  Michel  Lévy,  pour  le  Service 
de  la  Carte  géologique  de  la  France,  m'ont  montré  que  la  situation  parti- 
culière (le  ces  volcans  n'était  pas  une  exception.  J'ai  observé  fréquemment, 
en  effet,  qu'un  assez  grand  nombre  de  volcans  du  Puy-de-Dôme  présen- 
taient une  situation  analogue  (volcan  du  Tartaret,  etc.). 


664  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

La  région  qui  s'étend  au  sud  du  département  est  spécialement  favorisée  à  ce  point 
de  vue.  Cette  région,  une  des  plus  gracieuses  du  Massif  central,  doit  son  pittoresque 
si  particulier  à  des  causes  d'ordre  géologique.  Elle  comprend  la  contrée  désignée  sous 
le  nom  de  Comté  (de  Vic-le-Comte)  et  le  Livradois  (région  cristalline  s'étendanl  entre 
l'Allier  et  le  Dore).  Les  plaines  de  Sauxillanges,  de  Sugères  et  de  Monglien  s'enfon- 
cent comme  un  coin  entre  les  deux,  pays  et  sont  dominées  de  toutes  parts  par  des  col- 
lines aux  contours  les  plus  variés.  A  l'Est  s'étagent  les  hauteurs  du  Livradois  formées 
de  croupes  de  granulite  entourées  de  schistes  cristallins  ;  au  Nord  dominent  les  schistes 
et  le  granité  et  au  Sud  et  à  l'Ouest  l'oligocène. 

Ces  diverses  formations  semblent  servir  de  piédestal  à  un  grand  nombi-e  de  pitons 
basaltiques,  couronnés  parfois  de  châteaux  et  de  tours  qui  se  dressent  au  Nord  (Puy 
de  la  Garde,  Puy  de  Saint-Jean,  Puy  de  Cordeloup);  au  Sud  (Puy  d'Usson);  à  l'Ouest 
(Puy  de  Manglieu,  Puy  de  la  Comté)  seuls  ou  accompagnés  de  coulées  démantelées. 

Tous  ces  pays,  restes  d'anciens  volcans,  réduits  à  leurs  cheminées,  ne  sont  pas  dis- 
tribués d'une  manière  quelconque,  ainsi  qu'on  pourrait  le  croire,  à  première  vue.  Ils 
sont  généralement  alignés  sur  des  dislocations  de  direction  Nord-Sud,  Nord-Est  ou 
Nord-Ouest. 


c 


m 


Puy  de  la  Chaux  i 

Montgros  LaRochetté 

761  Llgnol 

Puy  de  Mercurol  '•  ! 


L      I      V     r     a     d     o     I     S     -^ 

Puyde  Condeloup  PuydelaGarde 

•'        76t  ^  79B 

Isserteaux  '  Puyde5*Jean  ; 

laBeauté       722  693  ;  Route       ;  1 

de  Sugères   1  ! 


Coupe  synthétique  Est-Ouest  à  travers  le  Livradois  et  la  Comié. 

,  granité;  S'  S^  S^  divers  termes  de  l'Oligocène;  |3  basalte;  f  phonolite:/  failles  (dont 
plusieurs  sont  éruptives)  dénivelant  l'Oligocène  en  une  série  de  compartiments,  plus 
ou  moins  affaissés. 


La  carte  géologique  du  Livradois  et  de  la  Comté  apparaît,  en  effet, 
conime  rayée  par  une  série  de  bandes  affectant  les  directions  dont  je  viens 
(le  parler.  Certaines  de  ces  bandes  sont  effondrées,  d'autres  surélevées.  Plu- 
sieurs bandes  effondrées  sont  constituées  par  des  sables  argileux,  aisément 
ravinés  par  l'érosion.  Six  de  ces  bandes  s'étagent  de  Saint-Dié  à  Fayet 
(de  l'altitude  420'"  à  l'altitude  65o™).  La  plus  importante  constitue  un 
véritable  couloir  d'Estondeuil  à  Sugères,  où  elle  s'élargit  considérablement 
|)()iir  former  les  plaines  de  Sauxillanges  et  de  Manglien.  Cette  dépression 


SÉANCE   DU    12   MARS    1906.  665 

de  20'""  (le  long  est  dominée  à  l'Est  par  les  Piiys  de  Saint-Jean,  des  Ollières, 
de  la  Garde  et  de  Mars,  qui  se  dressent  le  long  d'ime  faille  ]Nord-Nord- 
Ouest.  Le  Puy  de  la  Garde  a  donné  une  coulée  reposant  sur  des  argiles  et 
des  meulières  oligocènes,  surélevées  à  près  de  800™,  alors  que  ces  mêmes 
assises  se  trouvent  à  aoo"  en  contrebas,  2''™  plus  au  Nord. 

Le  Puy  d'Auger,  près  de  Manglien,  est  également  sur  une  faille  Nord-Ouest. 
Les  Puvs  d'Usson,  du  Montel,  de  Cordeloup  (avec  deux  coulées  morcelées) 
et  plus  au  Nord  le  Puy  imposant  de  Manzun  s'alignent  sur  une  tiislocation, 
longue  de  aS"*™  et  de  direction  Nord-Est. 

Les  environs  de  Sallèdes  sont  effondrés  entre  des  failles  Nord-Sud  dont 
plusieurs  ont  été  signalées  par  M.  Giraud,  mais  le  caractère  éruptif  de  cer- 
taines d'entre  elles  n'avait  pas  encore  été  mis  en  lumière.  Les  Puys  de  la 
Rochelle,  de  la  Côte,  de  Lignol  sont  distribués  sur  des  failles  Nord-Sud  et 
ont  donné  de  petites  coulées  basaltiques  ou  phonolitiques.  Les  belles  cou- 
lées phonolitiques  de  Sallèdes  et  de  la  Chaux,  Montgros  sont  issues  d'une 
cassure  dénivelant  les  divers  termes  de  l'Oligocène  de  près  de  100™. 

Enfin,  le  Puy  si  curieux  de  Mercurol,  qu'on  dirait  formé  d'un  jet  de 
basalte  vertical  et  qui  n'est  que  la  racine  d'un  volcan,  dont  les  coulées  ont 
été  séparées  par  l'érosion  de  leur  point  originel,  et  la  plupart  des  puys 
semblables  de  la  Comté,  paraissent  bien  alignés  sur  des  dislocations  ana- 
logues; mais  il  est  difficile  d'être  ici  aussi  affirmatif,  car  la  végétation  et  les 
éboulis  masquent  une  grande  partie  des  affleurements. 

En  résumé:  1°  La  plupart  des  volcans  du  Livradois  et  delà  Comté  sont  situés 
sur  des  failles  de  direction  Nord-Sud  (dislocations  tertiaires)  et  de  direc- 
tion Nord-Est  et  Nord-Ouest  (dislocations  généralement  hercyniennes 
ayant  rejoué  au  Tertiaire)  ; 

2°  La  disparition  complète  des  appareils  de  projection,  le  démantèlement 
des  coulées  font  penser  tout  d'abord  que  ces  volcans  sont  assez  anciens  et 
qu'on  pourrait  peut-être  les  considérer  comme  édifiés  à  la  même  époque 
(miocène)  que  ceux  du  versant  occidental  de  la  Limagne.  Cependant,  en 
l'absence  de  documents  paléontologiques,  et  les  modifications  du  relief  ne 
me  paraissant  pas  aussi  considérables,  je  serai  porté  à  les  croive  pliocénes , 
mais  pliocène  ancien,  les  coulées  phonolitiques  étant  postérieures  aux  coulées 
basaltiques. 

3°  Toutes  ces  considérations  permettent  de  se  rendre  compte  du  mode 
de  distribution  de  ces  volcans,  de  la  sortie  des  laves  par  effondrement  de 
voussoirs  et  du  modelé  très  spécial  d'un  pays  qui  mérite  d'être  mieux  connu. 

C.  R.,  1906,  1"  Semestre.  (T.  CXLII,  N«  11.)  88 


666  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


GÉOLOGIE.  —  Sur  la  tectonique  de  la  zone  d'Ivrée  et  de  la  zone  du  Strona. 
Note  de  M.  Emile  Argand,  présentée  par  M.  de  Lapparent. 

La  zone  d'Ivrée  est  un  synclinal.  Ce  fait  considérable  résulte  d'un  grand 
nombre  de  données  objectives,  dont  beaucoup  sont  nouvelles. 

Nous  avons  brièvement  exposé,  dans  une  Note  précédente  ('  ),  la  preuve 
qui  résulte  de  la  continuité  des  surfaces  structurales  depuis  le  synclinal  du 
mont  CoUon  jusqu'au  bord  externe  de  la  zone  d'Ivrée. 

La  seconde  argumentation  est  d'ordre  plus  spécialement  stratigraphique. 
Les  belles  recherches  de  M.  Termier  ont  depuis  longtemps  établi  que  les 
micaschistes  de  la  Vanoise  sont  des  équivalents  métamorphiques  du  Per- 
mien  et  du  Carbonifère;  plus  lard,  M.  Termier  a  proposé  de  rattacher  au 
même  ensemble  la  majeure  partie  des  noyaux  de  gneiss  et  de  micaschistes 
de  la  zone  du  Piémont.  Encore  que  la  liaison  de  ces  masses  anticlinales  les 
unes  avec  les  autres  soit  fort  différente  de  celle  qu'expriment  les  coupes 
de  M.  Termier  (-),  le  fait  même  de  la  continuité  n'est  pas  douteux  et  les 
conclusions  du  savant  professeur,  quanta  l'âge  de  toutes  ces  transforma- 
-tions,  nous  paraissent  pleinement  justifiées,  au  moins  en  ce  qui  concerne 
la  partie  supérieure  des  complexes  de  gneiss  ou  de  micaschistes. 

Ainsi,  c'est  une  série  permo-carbonifère  qui,  dans  la  nappe  VI  (Dent 
Blanche-Sesia),  supporte  les  formations  basiques  à  intercalations  calcaires. 
Pour  des  raisons  totalement  différentes,  nous  avons  été  amené  à  consi- 
dérer la  base  au  moins  de  ces  dernières  formations  comme  équivalant  au 
Trias  et,  de  fait,  leur  passage  aux  gneiss  sous-jacents  est,  en  général,  assez 
graduel;  en  beaucoup  de  points  il  semble  n'y  avoir  aucun  hiatus. 

Ces  seules  considérations  suffiraient  à  montrer  que  la  zone  d'Ivrée  jouit 
bien,  par  rapport  au  gneiss  Sesia,  de  la  fonction  synclinale. 

Une  dernière  série  de  déductions  se  résume  en  un  puissant  argument 
tectonique.  M.  Maurice  Lugeon  et  moi  avons  montré  C)  que  les  axes  des 
grands  plis  couchés  passent  par  un  maximum  d'élévation  dans  le  massif  du 
Tessin  ;  grâce  à  ce  phénomène,  la  zone  d'Ivrée  se  rétrécit  considérablement 


(')   Voir  ci-dessus,  p.  027,  26  février. 

(-)  Termier,  Les  nappes  des  Alpes  orienta/es  et  la  synthèse  des  Alpes  [/?.  5.  G.  F., 
4"=  série,  t.  111,  1908,  Pi.  XXll,  coupe  IV  (par  le  grand  cercle  de  Genève-lvrée)]. 
C)  Comptes  rendus,  29  mai  igoS. 


SÉANCE    DU    12    MARS    1906.  667 

entre  Locarno  et  le  Passo  San-Iorio,  et  semble  même  par  places  se  frag- 
menter en  un  certain  nombre  de  queues  synclinales  secondaires.  Il  va  sans 
dire  qu'on  devrait  observer  l'inverse,  si  la  zone  d'Ivrée,  prise  dans  son 
ensemble,  était  autre  chose  qu'un  synclinal. 

Ce  ii'esl  pas  à  dire  pointant  que  ce  synclinal  11e  puisse  être  fort  complexe,  preuves 
en  soient  les  lames  de  gneiss,  assez  nombreuses,  qui  aflleurenl  localement  au  milieu 
des  roches  basiques.  Au  delà  du  massif  tessinois,  les  axes  s'abaissent  de  nouveau  et  les 
masses  de  l'Adula,  du  Tambo  et  de  la  Surella  représentent  sans  doute  l'intersection 
des  nappes  piémontaises  avec  la  surface  topographique.  La  continuité  du  bord  externe 
de  la  zone  d'Ivrée  permet  d'affirmer  que  la  masse  de  la  Suretta,  en  partie  au  moins, 
représente  la  niasse  Sesia-Dent  Blanche.  Et  de  fait,  on  voit  qu'au-dessus  d'elle,  comme 
au-dessus  de  la  Dent  Blanche,  la  zone  d'h'rée  se  couche  complètement  vers  le  Nord. 
Les  grands  phénomènes  du  Collon  et  de  la  Valpelline  trouvent  ainsi,  dans  les  Grisons, 
une  contre-épreuve  géométrique  tout  à  fait  satisfaisante. 

Cette  partie  couchée  de  la  zone  d'Ivrée  supporte  le  vaste  lambeau  granitique  de  la 
Cima  del  Largo,  avant-coureur  des  nappes  orientales,  ainsi  que  la  masse  du  Julier  et 
de  la  Bernina,  dont  M.  Suess  a  récemment  anahsé  les  rapports  (');  c'est  elle  encore 
que  l'on  suit  par  le  Septimer  et  l'Oberhalbstein,  jusqu'à  bien  loin  vers  le  Nord,  et 
qu'on  voit  constamment  s'enfoncer  à  l'Est  sous  l'amorce  des  nappes  orientales.  On  en 
peut  conclure  à  bon  droit  que  le  faisceau  complexe  des  najjpes  orientales,  si  magistra- 
lement étudié  par  M.  Termier,  prend  racine  dans  une  région  plus  interne  que  la  zone 
d'Ivrée. 

C'est  dans  la  zone  du  Strona  que  venait  s'enraciner  le  prolongement,  au- 
jourd'hui détruit,  des  nappes  orientales.  Cette  région  de  racines,  soumise  à 
une  abrasion  profonde,  laisse  aujourd'hui  affleurer  d'importants  batho- 
lithes  granitiques;  on  la  suit  des  environs  de  Biella  à  travers  le  Tessin 
méridional  et  la  Yalteline,  jusque  vers  l'Molo,  c'est-à-dire  jusqu'à  la  région 
où  M.  Termier,  en  parlant  de  données  absolument  différentes  des  nôtres  (^), 
est  arrivé  également  à  situer  la  racine  des  nappes  orientales. 

Dans  l'essai  de  carte  structurale  qui  accompagne  un  de  ses  Mémoires  (  '), 
M.  Termier  fait  passer  hypothétiquement  cette  zone  de  racines  au  nord 
d'Ivrée,  en  plein  territoire  du  gneiss  Sesia.  Plus  à  l'Est,  la  même  teinte 
rouge  s'étend  à  des  territoires  qui  appartiennent,  soit  à  la  zone  d'Ivrée, 

(')  E.  SiESs,  Ueber  das  Imitai  bel  Nauders  (Sitsungsb.  k.  Akad.  Wiss.  Wien, 
t.  CXIV,  1,  p.  716  et  suiv.). 

O  TEniiiiiR,  Les  Alpes  entre  le  Brenner  et  la  Valteline  {Bulletin  de  la  Société 
géologique  de  France,  4°  série,  t.  V,  igoS). 

(')  Termier,  Les  nappes  des  Alpes  orientales  et  la  synthèse  des  Alpes  {Bulletin  de 
la  Société  géologique  de  France,  4°  série,  t.  III,  PI.  XXIIl). 


668  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

soit  à  la  zone  du  Strona.  Les  conséquences  de  cette  hypothèse  n'ont  sans 
doute  pas  échappé  à  l'esprit  perspicace  de  M.  Termier  et  il  convient  de 
reconnaître  qu'à  l'époque  où  elle  a  reçu  son  expression  graphique,  cette 
conception  était  très  défendable.  Elle  ne  l'est  plus  aujourd'hui,  depuis  que 
des  faits  nouveaux  ont  permis  de  définir  clairement  le  rôle  tectonique  des 
trois  zones  précitées.  C'est  bien  dans  la  seule  zone  du  Strona  que  passe  le 
faisceau  radical  des  nappes  orientales. 


GÉOLOGIE.  —  Les  sédiments  à  Diatomées  de  la  région  du  Tchad. 
Note  de  MM.  Paul  Petit  et  H.  Courtet,  présentée  par  M.   A.  Lacroix. 

La  mission  scientifique  Chari-Lac  Tchad  a  recueilli  dans  la  région  du 
Tchad  un  certain  nombre  d'échantillons  géologiques,  dans  le  but  de  recher- 
cher les  organismes  microscopiques  qu'ils  pouvaient  contenir. 

Celte  étude  a  été  confiée  à  M.  Paul  Petit  et  le  résultat  obtenu  est  le  sui- 
vant en  ce  qui  concerne  ces  organismes. 

Les  Diatomées  ont  été  recherchées  dans  trois  échantillons,  elles  y  sont 
toutes  fossiles,  mais  d'âge  certainement  récent,  car  elles  appartiennent  à 
des  espèces  d'eau  douce  dont  le  plus  grand  nombre  vit  encore  actuelle- 
ment dans  d'autres  régions.  Les  roches  qui  les  contiennent  sont  donc  bien 
des  dépôts  d'eau  douce. 

1°  Le  calcaire  provenant  du  puits  d'Ardèbe  contient  surtout  des  Gomphonema, 
des  Cymbella,  des  Epithemia,  et  quelques  espèces  assez  rares  :  Cymbella  Cucuniis 
A.  S.,  Navicula  obtusa  Ehr.  variété  lata.  Navicula  œquatorialis  A.  S.  (atlas,  t.  30, 
fig.  45),  Eunotia  gibbosa  (longueur  48s^)  V.  H.  Syn.  {PI.  A'AA'V,fig.  i3). 

Ardèbe  est  situé  à  i8o''"'à  vol  d'oiseau  au  sud-est  du  Tchad.  Le  calcaire  a  été  recueilli 
dans  un  puits  à  4o™  de  profondeur.  La  coupe  de  ce  puits  est  la  suivante  : 

m 

I     7,00.  Terre  noire  mélangée  de  nombreux  grains  de  sable. 
40'"    '    i6,5o.   Sable  fin  blanc  jaunâtre. 

(   i6,5o.  Argile  blanc  verdàtre  prenant  parfois  un  aspect  scliisloïde. 

2,35.   Marne  blanche.  Calcaire  à  Diatomées  en  morceaux  de  la  grosseur  d'une 

noix. 
2,35.  Sable  blanc  très  fin. 

2,35.   Sable   grossier  formé  de  quartz,  quarlzile,  roche   ferrugineuse,   de  la 
grosseur  d'une  noisette. 


4-,o5 
C'est  un  calcaire  grossier  qui  contient  une  notable  proportion  de  grains  de  quartz. 


SÉANCE    DU    12    MARS    T906.  669 

de  feldspath  (dont  du  microcline),  de  la  biotile,  du  zircon  et  de  la  tnagnétile.  L'ori- 
gine de  ces  minéraux  s'explique  facilement  puisqu'il  existe  à  Ardèbe  même  un  affleu- 
rement de  granité. 

2"  Dans  le  tuf  calcaire  de  Mondo,  on  trouve  des  Cymhellées  en  grand  nombre  et 
quelques  valves  du  rare  Stephanodiscus  Aslrcea  Ehr.,  mais  surtout  une  espèce  rare  el 
curieuse,  la  Siirirella  arda  A.  S.  (atlas,  t.  23,  /ig'.  aS),  qui  y  est  très  abondante  el 
forme  le  fond  des  préparations. 

Cette  belle  espèce,  fossile  à  Mondo,  n'a  encore  été  rencontrée  jusqu'ici  que  dans 
Demerara  River  (Amérique  du  Nord)  où  elle  existe  actuellement  à  l'état  vivant. 

3°  Le  iripoli  de  Mondo  est  presque  entièrement  formé  par  plusieurs  espèces  de 
Cvclotella.  de  Gailloiinella.  avec  quelques  Cyrnbellées,  appartenant  toutes  à  des  Dia- 
tomées très  connues  et  ubiquistes. 

Le  tuf  calcaire  de  Mondo,  d'aspect  assez  grossier,  est  une  roche  de  sur- 
face et  il  en  est  de  même  du  tripoli  de  Mondo.  Quoique  très  éloignées  de 
gisements  granitiques,  ces  deux  roches  contiennent  des  grains  de  quartz 
et  du  feldspath  dont  du  microcline,  mais  elles  sont  dépourvues  de  mica. 

Mondo  est  situé  à  loS"*™  environ  au  nord-nord-est  du  Tchad.  La  dis- 
lance à  vol  d'oiseau  qui  sépare  Mondo  d'Ardébe  est  d'environ  200'''". 

Notons  en  terminant  que  le  calcaire  d'Ardébe  contient  34  espèces  ou 
variétés  de  Diatomées,  le  tuf  calcaire  de  Mondo  32  espèces  ou  variétés; 
18  espèces  sont  communes  aux  deux  roches.  Le  Iripoli  ne  renferme  que 
9  es|)èces.  I^a  liste  de  ces  Diatomées  sera  publiée  idtérieiirement. 

M.  Blot  adresse  un  Mémoire  Sur  un  turbino -moteur  à  t^apeur. 
(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Maurice  Levv.  ) 

A  4  heures  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  6  heures. 

G.   D. 


670  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Outrages  reçus  dans  la  séance  du   19  février  1906. 

Aîission  scientifique  permanente  d'exploration  en  Inilo-Chine.  Décades  zoologiques  : 
Oiseaux;  n°  h.  Hanoï,  igoS;  i  fasc.  in-4°.  (Présenté  par  M.  Delage.) 

Expédition  antarctique  française,  commandée  par  le  D'' J.  Charcot,  igoS-igoj. 
S.  1.  n.  d.;  I  fasc.  in-12,  oblong.  (Hommage  de  M.  J.  Charcot.) 

Phénomènes  de  réduction  dans  les  organismes,  par  M.  Emm.  Pozzi-Escot.  Paris, 
Jules  Rousset,  1906;  i  fasc.  i)i-ia.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Revue  générale  de  Botanique,  dirigée  par  M.  Gastox  Bonnikr,  Membre  de  l'Ins- 
titut; t.  XMII,  livraison  du  i5  janvier  1906,  n°  203.  Paris,  Librairie  générale  de 
l'Enseignement;  i  fasc.  in-S". 

A nnales  de  la  Station  agricole  de  Boulogne-sur-Mer  (  Pèches  et  Biologie  marine), 
publiées  sous  les  auspices  du  Ministère  de  l'Agriculture,  par  A.  Cligny,  Directeur; 
nouvelle  série,  vol.  I,  igoS.  Boulogne-sur-Mer,  1906;  i  fasc.  in-4°. 

Revue  maritime,  publiée  par  le  Ministère  de  la  Marine  ;  t.  CLVI V,  livraisons  520-522, 
janvier-mars  igoS.  Paris,  R.  Chapelet  et  C'";  i  fasc.  in-8°. 

Annales  de  la  Société  d' Hydrologie  médicale  de  Paris  :  Comptes  rendus  des 
séances;  t.  Ll,  n°  1.  Paris,  Masson  et  C'=;  i  fasc.  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  d' Encouragement  pour  l' Industrie  nationale;  io5"  année, 
t.  CVHI,  n°  t,  3i  janvier  1906.  Paris,  au  siège  de  la  Société;  i  fasc.  in-4"'. 


Salle  reti  di  poliedri  regolari  e  semiregolari  e  salle  corrispondenti  reti  corréla- 
tive; Memoria  del  Dott.  Angelo  Andreini.  Rome,  inip.  de  la  R.  Accademia  dei  Lincei, 
1906;  I  fasc.  in-4°.  (Hommage  de  l'auteur.) 

O  éclipse  total  do  Sol,  no  dia  3o  de  agosto  de  igo5.  Observaçoes  feitas  pelas  com- 
missoes  das  Academias  scienti/icas  dos  collegios  de  S.  Fiel  e  Campolide.  Lisbonne, 
igoS  ;  I  fasc.  in-8°. 

Recherches  géologiques  et  pétro graphiques  sur  tes  laccolithes  des  environs  de 
Piatigorsk  (Caucase  du  Nord)^  par  'V^kra  de  Derwies;  avec  12  fig.  et  3  pi.  Genève, 
Henrj'  Kundig,  igoS;  i  fasc.  in-4°. 


OUVKAGES    REÇUS    UANS    LA    SÉANCE    DU    26    FÉVRIER     I906. 

Leçons  d' Algèbre  et  d' Analyse  à  l'usage  des  élèves  des  classes  de  Mathématiques 
spéciales,  par  Jules  Tannery;  t.  I  et  H.  Paris,  Gauthier-Villars,  1906;  2  vol.  in-S". 
(Présenté  par  M.  Painlevé.) 


SÉANCE  DU  12  MARS  1906.  67 I 

Pantosynlhèse,  liùnolyse  :  Résolution  générale  des  équations,  par  L.  Mirinjit;  avec 
une  planche  hors  texte.  Paris,  imp.  Marquet,  igoS;  i  fasc.  in-i8.  (Hommage  de 
l'auteur.  ) 

Le  Chili  de  nos  fours,  son  commerce,  sa  production  et  ses  ressources  :  Annuaire 
national,  2'  année,  190.5-1906,  par  Adolfo  Ortuzar.  Paris,  P.  Mouillol;  i  vol.  in-S". 
(Hommage  de  l'auieuri) 

Archii'es  de  l'Institut  Pasteur  de  Tunis;  i"  fascicule,  janvier  1906.  Tunis,  J. 
Orliac;   1  fasc.  in-S". 

Bulletin  de  la  Société  des  Amis  des  Sciences  naturelles  de  Rouen;  l\0'  année,  4°  série, 
i"él2'  semestre  1904.  Rouen,  imp.  Lecerf  et  fils,  igoS;  1  vol.  in-8°. 

Procès-verbaux  des  séances  de  la  Société  des  Sciences  physiques  et  naturelles  de 
Bordeaux,  année  1904-1905.  Paris,  Gaulhier-Villars;  1  vol.  in-S°. 

Table  générale  des  matières  des  publications  de  la  Société  des  Sciences  physiques 
et  naturelles  de  Bordeaux,  de  i8.5o  à  1900,  dressée  par  J.  Chaîne  et  A.  Ricfi.iRD. 
Bordeaux,  imp.  G.  Gounouilhou,  1906;  I  vol.  in-8°. 

Bericlit  iiber  die  Feier  des  80  Geburtstages  von  Julius  Kiihn,  herausgegeben  im 
Auflrage  des  Festausschlusses,  von  Carl  Steindriick.  Halle-s.-S.,  1906;  i  fasc.  in-8''. 

Generalleutnant  D''  Oscar  Schreiber,  von  R.  Helmert.  Leipzig,  1906  ;  i  fasc.  in-8°. 

Wissenschaflliches  Arbeiten  auf  schiffbautechnischen  Gebieten ;  Rede  zur  Feier 
der  Geburtstages  Seiner  Majestàt  des  Kaisers  und  Kiinigs  Wilhelm  H,  in  der  Halle 
der  Kôniglichen  technischen  Hochschule  zii  Berlin,  am  26  Januar  1906  gehalten  von 
dem  zeitigen  Rektor  Flamm.  Berlin;  i  fasc.  iii-4°. 

The  chemistry  offlesh,  by  A.-D.  Fmmktt  and  H.-S.  Grindlet.  (Extr.  de  The  jour- 
nal of  the  American  chemical  Society,  vol.  XXVHI,  n°  1,  january  1906.  )  i  fasc.  in-8°. 

Die  Deckung  der  Bedarfs  an  Manganerzen,  von  Wilhelm  Venator.  (Extr.  de  Stahl 
und  Eisen,  1906,  n°  "i.)  i  fasc.  in-4°. 

United  States  geological  Survey  ;  Bulletin,  n"'  24.7,  251,  2.3(3,  263,  266-268,  270, 
271,  276;  Professional  Paper,  n°'  34-,  30-38,  40-4.2.  Washington,  Government  prin- 
ling  Office,  1904-1905  ;  lo  fasc.  in-8°  et  7  fasc.  )n-4°. 


O0VRAGES    REÇUS    DANS    LA    SÉANCE    DU    5    MARS     I906. 

Table  de  caractéristiques  relatiçes  à  la  base  aSio  des  facteurs  premiers  d'un 
nombre  inférieur  à  3oo3o,  par  Ernest  Lebon.  Paris,  Delalain frères,  1906;  i  fasc.  in-8°. 
(Présenté  par  M.  Rouché.) 

M.  Zeiller  présente  en  hommage,  au  nom  de  M.  L.  Laurent,  les  Ouvrages  suivants  : 

—  Examen  d'une  collection  de  Végétaux  fossiles  de  Roumanie;  par  A. -F.  Marion 
et  L.  Laurent.  Bucarest,  1898;  1  fasc.  in-8°. 

—  Flore  des  calcaires  de  Celas,  par  L.  Laurent.  Marseille,  1899;  i  fasc.  in-4°. 

—  Sur  quelques  gisements  nouveaux  de  Végétaux  tertiaires  dans  le  sud-est  de  la 
Provence,  par  Adrien  Guébhard  et  Louis  Laurent.  Paris,  1900;  i  fasc.  in-8°. 

—  Note  à  propos  de  quelques  plantes  fossiles  du  Tonkin,  par  M.  L.  Laurent. 
Marseille,  1901  ;  i  fasc.  in-4°. 


672  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

—  Noie  à  propos  de  quelques  empreintes  fossiles  de  la  collection  Segond,  par 
M.  L.  Laurent.  Draguignan,  1902;  i  fasc.  in-S". 

—  Contribution  à  l'étude  de  la  végétation  du  sud-est  de  la  France.  Flore  de  la 
basse  vallée  de  V Huveaune  pendant  le  dépôt  des  Argiles  de  Marseille,  par  M.  L. 
Laurent.  Marseille,  igoS;  i  fasc.  in-4°. 

—  Contribution  à  la  Flore  des  Cinérites  du  Cantal.  Note  à  propos  d' un  nouveau 
genre  japonais  dans  la  Flore  tertiaire  d'Europe,  par  M.  L.  Laukent.  Marseille, 
1904;  I  fasc.  in-4°. 

—  Flore  pliocène  des  Cinérites  du  Pas-de-la-Mougudo  et  de  Saint-Vincent- 
La  Sabie  {Cantal),  par  L.  Laurent,  avec  une  Introduction  géologique  et  paléon- 
tologique,  par  P.  Martv.  Marseille,  1904-1905;  2  vol.  in-4°. 

—  Contribution  à  la  Flore  des  Cinérites  plaisanciennes  du  Pas-de-la-Mougudo 
{Cantal),  par  M.  L.  Laurent.  Marseille,  igoS;  1  fasc.  in-4°. 

Tetano  e  acido  fenico,  per  Guido  Baccklli.  Rome,  1906;  i  fasc.  in-4°-  (Hommage 
de  M.  Baccelli,  Correspondant  de  l'Institut.) 

United  States  geological  Survey.  Water-supply  and  irrigation  paper;  n"'  123, 
125,  127,  130,  131,  134-147,  149,  151,  152.  Washington,  igoS;  ^4  fasc.  in-S". 


ERRATA. 


(Séance  du  26  février   1906.) 

Note  de  M.  Banachiewicz,    Sur  un    cas  particulier  du  problème  des 
n  corps  : 

Page  5 10,  ligne  5  en  remontant,  au  lieu  de  Banachiewitz,  lisez  Banachiewicz. 

Page  5ii,  ligne  5,  au  lieu  de  triangles,  lisez  triangle. 

Page  5i2,  lignes  8  et  10,  au  lieu  de  Gç,  lisez  G|. 

Même  page,  ligne  i  en  remontant,  au  lieu  de  Driobek,  lisez  Dziobek. 


(Séance  du   5  mars   1906.) 

Note  de  M.  H.  Baubigny,  Sur  le  dosage  du  cadmium  : 

Page  579,  ligne  2,  au  lieu  de  le  peu  d'oxydabilité  du  sulfate  de  cadmium,  lisez  le 
peu  d'oxydabilité  du  sulfure  de  cadmium. 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES 

SÉANCE   DU   LUNDI  19   MARS    1906. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  H.  POINCARÉ. 


MEMOIRES  ET  GOMMUIVICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS     DE    L'ACADÉMIE, 

ASTRONOMIE.  —  Observations  de  nébuleuses.  Note  de  M.  Bigourdan. 

J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  un  fascicule  de  mes  obser- 
vations de  nébuleuses,  celui  qui  renferme  les  mesures  de  ces  astres 
distribués  entre  o''o"'  et  2''o™  d'ascension  droite. 

Ces  observations,  commencées  en  1884,  ont  toujours  été  continuées 
depuis;  mais  leur  publication  n'a  pu  se  faire  méthodiquement,  à  cause  de 
la  très  inégale  répartition  des  nébuleuses.  Elles  formeront  cinq  Volumes, 
dont  deux,  les  Tomes  IV  et  V  (  i4''o™- 24''o"»),  ont  déjà  paru;  le  pré- 
sent fascicule  forme  la  seconde  Partie  du  Tome  I;  quant  à  la  première 
Partie  de  ce  Tome  I,  elle  comprendra  l'Introduction,  renfermant  la 
description  de  l'instrument  employé,  la  méthode  de  mesure  et  les  con- 
stantes qui  auront  servi  aux  réductions,  de  manière  que  tous  les  calculs 
puissent  être  vérifiés. 

Prochainement  paraîtra  aussi  le  Tome  II  (2''o™  -  g'^o™).  Ensuite,  il  ne 
restera  doncà  publier,  outre  l'Introduction,  que  le  Tome  III,  correspondant 
aux  ascensions  droites  g'^o"-  14'' o™. 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  la  distillation  du  titane  et  sur  la  température 
du  Soleil.  Note  de  M.  Henri  Moissait. 

Dans  des  recherches  précédentes,  nous  avons  démontré  que,  dans  notre 
four  électrique,  l'or,  le  cuivre  et  les  métaux  de  la  famille  du  platine  dis- 

C.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N"  12.)  89 


674  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

tillaient  avec  une  grande  facilité,  que,  de  même,  les  métaux  de  la  famille 
du  fer,  bien  qu'il  fût  nécessaire  d'augmenter  l'intensité  du  courant,  pou- 
vaient tous  être  maintenus  pendant  un  temps  plus  au  moins  long  à  leur 
température  d'ébuUition.  Parmi  ces  derniers,  le  molybdène  et  le  tungstène 
ont  exigé  une  intensité  électrique  très  grande,  mais  ils  ont  pu  cependant 
être  régulièrement  distillés.  En  un  mot,  il  n'existe  pas  de  métal  qui  ne 
puisse  être  liquéfié  et  distillé. 

Nous  avons  établi  depuis  longtemps  que,  parmi  les  métalloïdes  ré- 
fractaires,  le  bore  et  le  carbone,  chauffés  à  la  haute  température  du  four 
électrique  et  à  la  pression  atmosphérique,  passaient  de  l'état  solide  à  l'état 
gazeux  sans  prendre  l'état  liquide.  Au  contraire,  parmi  les  métalloïdes,  le 
titane,  que  nous  avons  pu  préparer  au  four  électrique  (*),  prend,  à  cette 
haute  température,  l'état  liquide.  Nous  avons  démontré  que,  préparé  par 
cette  méthode  nouvelle,  le  titane  renfermait  encore  un  minimum  de 
2  pour  100  de  carbone. 

Volatilisation  du  titane.  —  Nous  avons  utilisé,  dans  ces  expériences,  le 
dispositif  décrit  antérieurement  et  sur  lequel  nous  ne  reviendrons  pas. 
5ooS  d'une  fonte  de  titane,  préparés  au  four  électrique  et  renfermant  3,2 
pour  100  de  carbone,  ont  été  chauffés  au  four  électrique  avec  un  courant 
de  5oo  ampères  sous  1 10  volts  pendant  5  minutes.  Le  titane  ne  fournit  de 
vapeur  qu'à  partir  de  la  tjuatriéme  minute.  Après  rex[)érience,  le  creuset 
renferme  une  masse  dont  la  partie  supérieure  a  été  nettement  fondue,  mais 
qui  n'a  pas  conservé  l'horizontalité  d'une  surface  liquide.  Le  carbure  de 
titane  fondu  avait  grimpé  le  long  des  parois  du  creuset  sous  forme  d'une 
masse  pâteuse  qui  tendait  à  retomber  au  milieu  du  creuset.  La  surface  de 
ce  carbure  présente  une  couleur  jaunâtre  et  est  recouverte  d'une  couche 
fondue  d'acide  titanique.  Au-dessous,  la  cassure  laisse  voir  le  carbure 
d'aspect  brillant  et  les  fragments  qui  se  trouvent  au  fond  du  creuset  sont 
soudés  les  uns  aux  autres  et  incomplètement  fondus.  D'après  le  poids  de 
la  fonte  de  titane  qui  reste  dans  le  creuset,  et  d'après  la  quantité  de  car- 
bone qu'elle  contient,  nous  n'avons  distillé  que  9^  de  ce  métalloïde. 

Tout  autour  du  creuset  et  sur  la  chaux  du  four,  on  rencontre  un  abon- 
dant dépôt  jaune  d'un  azoture  de  titane.  La  même  substance  va  se  trouver 
aussi  sur  les  électrodes.  La  chaux,  qui  a  été  fondue  à  l'intérieur  du  four, 
est  colorée  en  jaune  beaucoup  plus  clair. 

(')  H.  MoisSAN,  Prcpaiation  e(  propriétés  du  titane  {Annales  de  Chiniie  et  de 
Physique,  7"  série,  t.  IX,  1896,  p.  229). 


SÉANCE    DU    19    MARS    1906.  6']5 

Sur  le  lube  froid,  on  trouve  un  dépôt  brillant  d'apparence  métallique 
reproduisant  exactement  la  forme  du  tube  et  mélangé,  çà  et  là,  de  chaux 
plus  ou  moins  colorée  en  jaune  pâle.  I/examen  de  cette  matière,  au  mi- 
croscope, surtout  lorsqu'elle  est  fortement  éclairée  par  un  rayon  de  soleil, 
montre  qu'elle  est  formée  de  très  petits  cristaux  de  titane,  de  cristaux  jaunes 
d'azoture  et  de  chaux  soit  amorphe,  soit  cristallisée.  Sur  les  parties  du  tube, 
voisines  des  orifices  du  four,  on  rencontre  aussi  de  petits  cristaux  bleus  de 
protoxyde  de  titane.  La  formation  d'azoture  de  titane  ne  doit  pas  nous  sur- 
prendre étant  donnée  la  facilité  avec  laquelle  le  titane  fixe  ce  métalloïde. 
On  sait  en  effet  qu'une  des  grandes  difficultés  de  la  préparation  du  titane 
consiste  dans  sa  puissante  affinité  pour  l'azote  et  pour  l'oxygène.  A  côté  de 
ces  lames  minces  de  titane,  on  rencontre  aussi  de  petites  sphères  de  ce 
corps  simple  qui  sont,  le  plus  souvent,  recouvertes  d'une  couche  de  chaux. 
En  les  traitant  par  l'acide  acétique  étendu,  on  voit  que  ces  sphérules  sont 
parfois  hérissées  de.  petits  cristaux. 

Nous  avons  répété  l'expérience  précédente  avec  iSo^  de  titane  carburé 
dans  les  mêmes  conditions  de  temps  et  de  courant.  Nous  avons  obtenu 
une  distillation  de  11*  de  titane,  ce  qui  est  comparable  à  l'expérience  pré- 
cédentCi  Une  autre  expérience,  d'une  durée  de  6  minutes,  nous  a  donné 
une  volatilisation  de  17^. 

Pour  obtenir  une  distillation  abondante,  nous  avons  employé  un  courant 
plus  intense.  3oos  de  titane  ont  été  chauffés  pendant  7  minutes  avec  un 
courant  de  1000  ampères  sous  55  volts.  Les  vapeurs  apparaissent  après 
3  minutés  et  elles  sont  abondantes  à  la  cinquième  minute.  Le  tube  froid  a 
été  recouvert  d'une  croûte  épaisse  formée  de  chaux  et  de  titane  distillés. 
Les  fragments  de  titane,  placés  dans  le  creuset,  ont  été  complètement  fon- 
dus, mais  la  masse  du  carbure,  après  refroidissement,  présente  encore  une 
surface  qui  n'est  pas  horizontale  comme  pourrait  la  fournir  une  masse  pâ- 
teuse de  verre  soulevée  par  de  grosses  bulles  de  vapeurs.  Dans  cette  expé- 
rience, nous  avons  distillé  1 10^  de  titane. 

Le  mélange  de  titane  et  de  chaux,  condensé  sur  le  tube  froid,  a  été 
traité  par  l'acide  acétique  étendu  pendant  48  heures,  de  façon  à  dissoudre 
la  presque  totalité  de  la  chaux.  Ce  titane  s'attaque  lentement  par  l'acide 
chlorhjdrique  concentré  et  bouillant.  De  même,  l'acide  azotique  et  l'acide 
sulfurique  à  chaud  ne  l'attaquent  qu'avec  difficulté.  Ce  titane  se  combine 
au  chlore  à  la  température  de  i^o°,  tandis  que  la  fonte  de  titane,  réduite 
en  poudre  très  fine,  devient  incandescente  dans  le  chlore  à  +  350".  Le 
titane  distillé  brûle  dans  l'oxygène  au  rouge  sombre.  L'ensemble  de  ces 


676  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

propriétés  est  donc  comparable  à  cel  ui  que  nous  a  fourni  la  fonte  de  titane. 

Conclusions.  —  En  résumé,  bien  que  son  point  d'ébuUition  soit  très 
élevé,  le  titane,  de  même  que  le  fer,  l'uranium,  le  tungstène  et  le  molyb- 
dène, peut  être  distillé  avec  régularité. 

Cet  ensemble  d'expériences  sur  la  distillation  des  métalloïdes  et  des  mé- 
taux nous  conduit  à  une  conclusion  plus  imjiorlante. 

On  sait  quelles  difficultés  présente  la  détermination  de  la  température 
de  la  surface  solaire  et  combien  les  astronomes  et  les  physiciens  sont  peu 
d'accord  sur  ce  sujet. 

Après  que  Waterston,  le  P.  Secchi,  Ericsson  eurent  indiqué  des  tempé- 
ratures qui  parurent  illogiques,  les  expériences  de  Pouillet,  de  Soret,  de 
Desains,  puis  la  discussion  de  Vicaire,  fixèrent  cette  température  du  Soleil 
de  1398°  à  r^oo^C.  Les  déterminations  de  la  constante  solaire  de  M.  Crova 
s'ajoutèrent  à  celles  de  Pouillet,  puis  les  expériences  poursuivies  par  notre 
confrère  M.  Violle  vinrent  apporter  sur  ce  point  de  nouvelles  conclusions. 

Par  deux  méthodes  différentes,  M.  Violle  fut  amené  à  conclure  que  la 
température  moyenne  probable  de  la  surface  solaire  était  comprise  entre 
2000°  et  3000" C.  ('). 

Plus  récemment,  M.  W.-L.  Wilson  vient  de  publier  des  recherches  sur 
ce  sujet.  En  appliquant  à  ses  déterminations  le  coefficient  de  transmission 
de  Langley,  lorsque  le  Soleil  est  au  zénith  et  en  le  comparant  à  celui  de 
Rosetti,  la  température  de  la  surface  solaire  serait  de  ôoSS"  absolus.  En 
admettant  aussi  que  la  perte  due  à  l'absorption  par  l'atmosphère  solaire 
fût  de  un  tiers,  la  température  du  Soleil  serait  de  6863°  absolus  (-). 

Sans  avoir  la  prétention  de  résoudre  une  question  aussi  difficile,  nos 
expériences  y  apportent  cependant  une  modeste  contribution. 

Quelle  que  soit  la  forme  extérieure  de  la  partie  visible  du  Soleil,  nous 
savons  que  cet  astre  est  formé  des  mêmes  corps  simples  que  la  Terre  ou 
plutôt  que  la  plupart  des  corps  simples  qui  se  trouvent  sur  la  surface  ter- 
restre se  rencontrent  aussi  dans  le  Soleil.  D'après  les  recherches  spectro- 
scopiques  deThalen,  de  Cornu,  d'Hasselberg,  le  titane  existe  dans  le  Soleil 
de  même  que  le  fer,  le  chrome,  le  manganèse  et  le  tungstène.  Il  est  bien 
vraisemblable  que  le  Soleil,  à  cause  même  de  la  grande  quantité  de  chaleur 

(')  Vioi.LE,  Comptes  rendus,  l.  LXXVIII,  187I,  p.  i/iaô  et  1816;  t.  LXXIX,  1874, 
p.  746;  t.  LXXXII,  1876,  p.  662,  729  et  896. 

(-)  WiLSON,  T/ie  effective  température  of  Ihe  Sun  {Proceedings  of  ihe  Royal 
Society,  t.  LXIX,  1902,  p.  3i2). 


SÉANCE    DU    19    MARS    1906.  677 

qu'il  rayonne,  ne  pent  être  formé  seulement  de  matières  gazeuses  et  qu'il 
doit  contenir  un  noyau  solide  ou  liquide  (  '  ).  Nous  venons  d'amener  à  l'état 
gazeux,  au  moyen  de  l'arc  électrique,  tous  les  corps  simples  ou  composés 
que  l'on  peut  obtenir  à  la  surface  de  la  Terre.  Or,  la  température  maxi- 
mum de  l'arc  électrique  a  été  mesurée  par  M.  VioUe  et  reconnue  voisine 
de  35oo°.  A  cette  température,  tous  les  corps  connus  sont  donc  gazeux 
et,  par  suite,  la  température  du  Soleil  ne  devrait  pas  s'élever  au-dessus 
de  35oo°.  Mais,  nos  expériences  ayant  été  faites  à  la  pression  atmosphé- 
rique, il  va  de  soi  que  des  pressions  plus  grandes  pourront  modifier  les 
phénomènes  d'ébullition  des  différents  corps  simples  ou  composés.  Seule- 
ment, ces  températures  seront  loin  d'atteindre  les  chiffres  beaucoup  trop 
élevés  indiqués  autrefois  et  elles  oscilleront  vraisemblablement  entre  le 
chiffre  de  M.  Wilson,  ôSgo^C,  et  ceux  de  M.  Violle  compris  entre  2000° 
et  3ooo°C.  en  se  rapprochant  vraisemblablement  de  ces  derniers. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Benzyl-  et  phénylbornéols  et  leurs  produits  de  déshy- 
dratation, les  benzyl-  et  phénylcamphènes.  Note  de  MM.  A.  Haller  et 
Ë.  Bauer. 

On  sait  que  les  bornéols  et  isobornéols  fournissent,  par  déshydratation, 
des  camphènes  qui,  traités  par  de  l'acide  acétique  ou  de  l'acide  formique, 
seuls  ou  en  présence  d'acide  sulfurique,  donnent  naissance  à  des  éthers 
sels  d'isobornéols. 

Les  recherches  présentes  ont  eu  pour  but  de  préparer  les  benzylbor- 
néols  secondaires  et  les  benzyl-  et  phénylbornéols  tertiaires,  ainsi  que 
leurs  produits  de  déshydratation,  les  benzyl-  et  phénylcamphènes. 

Les  benzylbornéols  secondaires  sont  des  produits  de  réduction  du  benzyl- 
camphre.  Ils  seront  représentés  par  la  formule 

/CH-CH^— CH^ 

\ghoh 

Quant  aux  benzyl- et  phénylbornéols  tertiaires,  leur  mode  de  formation 
au  moyen  des  com[>osés  organomagnésiens  du  chlorure  de  benzyle  et  du 

(')  BiRKELAND,  Sur  la  constiualon  physique  du  Soleil  {Congrès  inter national  de 
Physique  de  Paris,  t.  III,  1900,  p.  47')' 


678  ACADÉMIt    DES    SCIENCES. 

bromure  de  phényle,  et  la  facilité  avec  laquelle  ils  se  déshydratent  leur 
assignent  les  formules  suivantes  : 

Il  en  résulte  que  les  produits  de  déshydratation  des  deux  séries  d'alcools 
substitués  secondaires  et  tertiaires  seront,  les  premiers,  des  benzylcam- 
phènes  oc,  si  nous  conservons  au  groupement  CH^  du  camphre  la  dénomi- 
nation ot,  tandis  que  les  seconds  s'appelleront  des  èe«::j'/-  et  phénylcàm- 
phènes  p,  si  nous  désignons  le  carbone  dil  radical  CO  du  camphre  par  la 
lettre  p. 


/CH  /CH- 

'H'<    Il  ou        C»H»<    1 


\cii  \G  — CH^C^H^  \C  =  GH.C«H5 

Benzylcamphéne  ï.  Benzylcamphène  p. 

Bénzvlbornénls  secondaires  tu  i  Ci^W*'C    1  .  — La  réduction  du 

\CHOH 

benzylcamphre  se  fait  au  sein  de  l'alcool  absolu  et  avec  un  grand  excès  de 
sodium  (3  à  4  fois  la  quantité  théorique),  de  façon  à  éviter  la  présence  du 
produit  primitif  qu'il  serait  très  difficile  de  séparer.  Au  lieu  du  benzyl- 
camphre, on  peut  partir  directement  du  benzylidènecamphre,  à  la  condi- 
tion de  reprendre  la  réduction  à  trois  ou  quatre  reprises. 

Dans  les  deux  cas  les  rendements  sont  quantitatifs. 

Ai)rès  avoir  lavé  à  l'eau  et  desséché  le  produit,  on  le  rectifie  dans  le  vide 
et  l'on  obtient  une  huile  très  visqueilse,  passant  de  179°  à  181"  sous  i3""". 

Sa  densité  DJ'  =-^  i ,  iSaS  et  son  pouvoir  rotaloire  [a]i,=:+  26°  10'. 

La  phényluréthane  cristallise  en  croûtes  blanches,  au  sein  d'un  mélange  d'éther  et 

d'éther  de  pétrole,  et  fond  à  ii6°-ii8<'.  Son  pouvoir  rotatoire  [a]D=^ —  2i°i7'. 

/GHGH'G^H^ 
Lephtalate  acide  du  benzylbornéol  z:  C^W^    I  ,  préparé  en 

^  -^  NGHOGOG'H'-CO^H 

chauffant  Talcool  benzylé  à  200°,  avec  de  l'anhydride  phtalique,  et  isolé  par  les 
procédés  usuels,  se  présente  sous  la  forme  de  cristaux  fondant  à  146°  et  dont  le  pou- 
voir rotaloire  en  solution  alcoolique  [a]i)= -t-46°8'. 

Saponifié  par  la  potasse,  ce  phlalate  fournit  du  benzylijornéol  dont  le  pouvoir  rota- 
toire est  sensiblement  supérieur  à  celui  du  beuzylbornéol  priniilif. 

Benzylcamphène  a  :  C*  H'  *^  11  .  —  La  déshydratation  du  benzyl- 


SÉANCE    DU    19    MARS    I906.  679 

bornéol  secondaire  a  été  effectuée  de  différentes  manières.  Elle  se  produit 
d'abord  dans  le  traitement  du  benzylbornéol  par  de  l'anhydride  phtalique. 
La  liqueur  éthérée  de  laquelle  on  a  retiré,  au  moyen  de  la  potasse  et  puis 
de  l'eau,  les  sels  de  soude  des  acides  phtalique  et  benzylbornéolphtalique 
retient  des  quantités  notables  d'un  carbure  distillant  à  1 70°-!  7 1  "  sous  20"''', 
et  qui  présente  la  composition  du  benzvicamphène. 

D'autre  part,  quand  on  traite  à  froid  le  benzylbornéol  par  de  l'acide 
formique  anhydre,  on  obtient  d'abord  des  cristaux  très  instables,  et  à  la 
température  de  l'ébuliition  du  mélange,  il  se  produit  une  déshydratation 
partielle.  On  peut,  en  effet,  recueillir  par  distillation  fractionnée  un 
liquide  bouillant  à  lôo^-iôi"  sous  10™"  et  qui  a  la  composition  du  benzyl- 
camphène.  Les  autres  portions,  soumises  à  la  saponification,  ont  fourni  un 
produit  qui  se  combine  de  nouveau  à  l'acide  phtalique  pour  donner  nais- 
sance à  un  phtalate  acide  de  benzylbornéol. 

On  a  enfin  cherché  à  déshydrater  le  benzvlbornéol  «  au  moyen  de 
l'acide  pyruvique,  à  une  température  de  i3o°-i4o''.  L'opération  a  fourni 
une  portion  de  liquide  distillant  de  i57°  à  160°  sous  10™",  liquide  qui  était 
encore  constitué  par  du  benzylcamphène  a. 

On  a  isolé  en  outre  une  partie,  distillant  dans  le  vide  au-dessus  de  200°, 
sans  doute  formée  par  du  pyruvate  de  benzylbornéol,  mais  qui  n'a  toutefois 
pas  donné  de  semicarbazone.  Ce  pyruvate,  saponifié  par  de  la  potasse 
alcoolique,  a  permis  de  régénérer  du  benzylbornéol. 

La  manière  dont  se  comporte  cet  alcool  vis-à-vis  des  acides  formique 
et  acétique,  ainsi  que  vis-à-vis  de  l'anhydride  phtalique,  tous  composés  qui 
agissent,  à  des  degrés  divers,  comme  déshydratants,  prouve  nettement  que 
le  benzylbornéol  est  un  mélange  de  benzylbornéol  droit  et  de  son  stéréo- 
isomère  le  benzylisobornéol. 

Ces  deux  corps  présentent  donc  l'un  vis-à-vis  de  l'autre  les  mêmes  rap- 
ports que  le  bornéol  ordinaire  et  l'isobornéol.  Or  on  sait  que  l'isobornéol 
se  déshydrate  très  facilement  sous  l'influence  des  acides  formique  et  pyru- 
vique (Bouveault  et  Blanc),  tandis  que  le  bornéol  s'éthérifie  dans  ces  con- 
ditions, pour  donner  naissance  à  du  formiate  et  à  du  pyruvate  de  camphol. 

Nous  croyons  donc  devoir  conclure  que  les  benzylcamphènes  oc  obtenus 
dans  les  différentes  opérations  que  nous  venons  d'énumérer,  ont  surtout 
été  formés  aux  dépens  du  benzylisobornéol.  Suivant  leur  origine,  ils  ont 
d'ailleurs  un  pouvoir  rotatoire  différent. 

Carbure  obtenu  avec  l'anhydride  phtalique [a]|,  =  -(-  8''2o' 

»         préparé  avec  l'acide  fornnique [aj^^-i-  5°2o' 

»  obtenu  avec  l'acide  pyruvique [a]0  =  +i''25' 


68o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

^-Benzylborncol  tertiaire  C*W(    i   /pijspcus    — A  une  solution  éthérée 

de  bromure  de  phénylmagnésium,  préparé  d'après  les  procédés  usuels,  on 
ajoute  les  trois  quarts  de  la  quantité  théorique  de  camphre  dissous  dans 
l'élher  et  l'on  chauffe  le  mélange  dans  un  ballon  [muni  d'un  réfrigérant 
ascendant.  Au  bout  de  6  à  8  heures  d'ébullition,  on  décompose  le  proiluit 
par  de  l'eau  acidulée,  on  décante,  on  lave  la  liqueur  élhérée  avec  ime 
solution  de  carbonate  de  soude  et  l'on  distille  l'éther.  Le  résidu  est  ensuite 
soumis  à  un  fractionnement  dans  le  vide.  Jusqu'à  iio^-i  i5°  sous  lo""'",  il 
passe  principalement  du  camphre.  De  120°  à  i5o°  ou  recueille  une  petite 
quantité  de  liquide  qui  se  prend  en  masse  et  qui  est  constitué  par  du  di- 
benzyle. 

Le  benzylbornéoi  tertiaire  distille  enfin  de  i65"  à  lyS",  sous  la  même  pression.  Une 
seconde  rectification  le  fournil  à  l'état  pur  sous  la  forme  d'une  huile  passant  de  169° 
à  170°  sous  la  pression  de  10™'"  à  11""". 

En  solution  dans  l'alcool  absolu,  ce  composé  possède  le  pouvoir  rotatoire  [a]D=^ — i2°,o. 
Il  ne  se  combine  pas  avec  l'isocjanate  de  phényle. 

Il  se  dissout  dans  l'acide  formiqiie  anhydre  en  donnant  un  liquide  qui  ne  tarde  pas 
à  se  prendre  en  une  masse  cristalline.  Essorés  et  placés  sous  une  cloche  contenant  de 
l'acide  sulfurique  et  de  la  potasse  solide,  ces  cristaux  se  liquéfient  rapidement. 

/CH  „    , 

^-Benz-ylcamphène  G*  Fl^'-C     11  .  —  Cet  isomère  de  1  a-ben- 

^         '  '  XC-CH^-CH^ 

zylcaniphène  se  prépare  facilement  en  déshydratant  à  chaud  le  benzylbor- 
néoi tertiaire,  soit  avec  de  l'acide  pyruvique,  soit  avec  de  l'acide  formique 
anhydre,  soit  enfin  avec  de  l'anhydride  phtalique. 

Le  benzylcamphène  distille  entre  i5o°  et  161°  sous  11°"",  et  cristallise 
au  sein  de  la  glace  en  aiguilles  blanches  fusibles  à  24°  et  |)ossédant  en  solu- 
tion alcoolique  le  pouvoir  rotatoire  [ix]i,  =  —  6o°-44°. 

Traité  par  une  solution  acétique  d'acide  bromhydrique,  le  benzylcam- 
phène-fi  fournit  un  produit  d'addition  qui  se  dépose,  au  bout  de  quelques 
semaines,  sous  la  forme  de  cristaux  blancs  fondant  à  63°-64°. 

Ce  carbure  se  combine  également  au  brome  en  donnant  une  huile  jaune 
incristallisable  qui  dégage  do  l'acide  bromhydrique. 

Une  solution  de  permanganate  de  potasse  oxyde  à  froid  le  fi-benzyl- 
camphène  dissous  dans  l'acélone,  en  acides  benzoïque  et  camphorique. 

Le  [i-benzylcamphène  Coudant  à  24°  n'est  pas  le  seul  carbure  qui  se 
forme  dans  la  désliydratalion  du  benzylbornéoi  tertiaire.  Nous  avons,  en 


SÉANCE    UU    19    MARS    I906.  681 

effet,  séparé  des  cristaux  une  huile  qui  paraît  être  un   isomère   liquide 
encore  mélangé  du  produit  solide. 

Il  est  probable  que  l'un  de  ces  deux  composés  répond  à  la  formule  (I) 
et  le  second  à  la  formule  de  constitution  (II) 


(I)     cnv'(  Il 


(II) 


\G=:CH.CSH5. 


Le  premier  serait  du  p-benzylcamphène,  tandis  que  le  second  pourrait 
être  considéré  comme  du  benzylidène  hydrocamphène. 

Phénylbornéol  tertiaire  C^  W  \   ^ y  C*  W\  —  Préparé  comme  le  beazyl- 

^\0H 
bornéol  tertiaire,  ce  composé  se  présente  d'abord  sous  la  forme  d'une  huile 
distillant  entre  i57°-i58°  sous  12"™,  huile  qui  ne  tarde  pas  à  se  prendre  en 
une  masse  de  cristaux  fondant  à  4o°-4i°- 

Les  rendements  en  alcool  sont  environ  de  25  à  3o  pour  100  de  la  théorie, 
la  majeure  partie  du  camphre  se  trouvant  régénérée  à  la  fitn  de  l'opération. 

.CH- 


^-Phénylcarnphêne  C*H 


u/^ 


.C  — CH'^ 


Ce  carbure    s'obtient   quan- 


titativement quand  on  chauffe  le  phénylbornéol  tertiaire  avec  de  l'acide 
pyruvique. 

Il  constitue  un  liquide  huileux  distillant  à  iSS^-i/ji"  sous  une  pression 
de  10™™.  Sa  densité  DJ^  =  o.g^Sô  et  son  pouvoir  rotatoire  [x]  =  +  -°i5'. 

Nous  nous  proposons  de  continuer  l'étude  de  ces  dérivés  du  camphre. 


MINÉRALOGIE,  —  Sur  les  facies  de  variation  de  certaines  syénites  néphéliniques 
des  îles  de  Los.  Note  de  M.  A.  Lacroix. 


J'ai  appelé  récemment  l'attention  de  l'Académie  (')  sur  les  syénites 
néphéliniques  constituant  les  îles  de  Los.  Depuis  lors,  M.  Villiaume  a 
bien  voulu  effectuer  des  recherches  méthodiques  dans  ce  petit  archipel, 
afin  de  recueillir  de  nouvelles  collections,  ainsi  que  les  renseignements 
qui  m'étaient  nécessaires.  L'étude  de  ces  documents  me  permet  de  mon- 


(')  Comptes  rendus,   l.  GXLI,  igoS,  p.  984.  Une  partie  des  roches  étudiées  dans 
cette  première  Note  m'ont  été  obligeamment  envoyées  par  M.  Diifossé. 

C.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  12.)  9° 


682  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

trer  l'existence  dans  ces  îles  de  minéraux  (')  et  de  types  pétrographiques 
fort  rares,  qui  se  prêtent  à  quelques  déductions  théoriques.  Il  apparaît 
tout  d'nbord  que  les  pegmatites  y  constituent  moins  souvent  de  véritables 
filons  que  des  taches,  des  traînées,  des  veines  irrégulières,  produites  par 
l'exagération  locale  des  dimensions  des  éléments  habituels  des  syénites 
néphéliniques  et  par  l'apparition  de  quelques  minéraux  spéciaux;  ainsi 
s'explique  l'analogie  de  composition  minéralogique,  que  j'ai  signalée  anté- 
rieurement, entre  les  roches  normales  et  les  pegmatites  provenant  d'une 
même  localité. 

L'étude  détaillée  de  cette  série  péLrographique  devant  faire  l'objet  d'un 
Mémoire  étendu,  je  ne  m'occuperai  dans  cette  Note  que  àes,  faciès  de  varia- 
tion des  roches  de  l'île  de  Ruma  qui  ont  une  importance  théorique  toute 
sjiéciale. 

Le  type  normal  est  une  syénitenéphélinique(^),  leucocrate,  qui  doit  son 
cachet  spécial  à  ce  que  la  lâvénite,  l'aslrophyllite,  l'aegyrine  et  souvent 
l'arfvedsonite  y  existent  à  peu  près  en  égale  quantité.  La  structure  est  foyai- 
tique;  la  néphéline  et  la  sodalite  remplissent  les  intervalles  des  feldspaths 
alcalins,  mais  elles  sont  parfois  en  partie  remplacées  par  de  V eudialyte  rouge. 
Ce  minéral,  rencontré  jusqu'à  ce  jour  dans  un  si  petit  nombre  de  gisements, 
forme  des  plages  zonées  ou  à  structure  irrégulière,  de  signe  optique  alter- 
ternativement  inverse,  réunies  par  une  bande  isotrope  par  compensation. 
Quand  le  minéral  est  coloré  en  lames  minces,  il  est  d'un  rose  fleur  de  pêcher 
et  alors  extrêmement  pléochroique,  avec  maximum  suivant  l'axe  c,  quel 


('  )  l^armi  les  minéraux,  rares  de  ces  roches,  je  ne  citerai  ici  que  la  wôhlérite,  parce 
qu'elle  n'est  guère  connue  jusqu'à  présent  que  dans  le  Langesundfjord  ;  elle  se  ren- 
contre en  fort  petits  cristaux  dans  les  pegmatites  à  barkévicite  de  l'île  de  Tamara.  Sa 
détermination  a  été  rendue  possible,  grâce  à  une  propriété  optique  sur  laquelle  je  crois 
bon  d'appeler  l'attention  à  cause  de  la  difficulté  de  spécification  de  ce  siliconiobate. 
La  wolilérite  présente  cette  macle,  parallèle  à  la  face  d'aplatissement  A'(ioo),  si  fré- 
quente dans  les  silicates  monocliniques.  Le  plan  des  axes  optiques  étant  normal  à 
^'(oio)  et  fa  bissectrice  aiguë  négative  faisant  dans  cette  face  un  angle  d'environ  45° 
avec  l'axe  vertical,  on  voit  qu'une  section  perpendiculaire  à  la  bissectrice  aiguë  de  l'un 
des  individus  de  la  macle  est  conjuguée  i\  une  section  du  second  cristal,  sensiblenienl 
parallèle  au  plan  des  axes  optiques.  Les  sections  de  ce  genre  se  reconnfiissent  aisé- 
ment dans  les  coupes  minces  de  roches,  grâce  à  la  différence  de  biréfringence 
{rig—  «,„=;o,oio  et  rig —  «,,:=  0,026)  des  deux  composants,  dont  l'extinction  se  fait 
suivant  la  ligne  de  macle  (zone  de  symétrie). 

{''-)  C'est  la  syénite  néphéliniqMe  à  œgyrine  de  ma  première  Note. 


SÉANCE   DU    19   MARS    1906.  683 

que  soit  le  signe  optique  ;  cette  coloration  est  rarement  uniforme,  elle  affecte 
la  forme  de  taches,  soil  sur  les  bords,  soit  autour  d'inclusions  (auréoles 
pléochroïqnes).  L'eudialyte  est  fréquemment  transformée  en  an  autre 
silicate,  plus  riche  en  zircone,  la  calaplèile,  selon  le  mode  déjà  observé  par 
M.  Ussing  dans  les  roches  similaires  du  Groenland  et  par  moi-même  dans 
celles  de  Madagascar.  La  catapléite  incolore  est  dans  certains  échantillons 
accompagnée  iS^  fluorine  violette. 

La  syénite  néphélinique  est  très  hétérogène;  indépendamment  de  parties 
pegmatiques  ou  à  grains  fins  de  même  composition,  on  y  rencontre  en  effet 
avec  abondance  deux  catégories  de  faciès  de  variation,  qui  ne  peuvent 
s'expliquer  que  par  des  phénomènes  de  différenciation.  Les  uns  consistent 
en  taches  ou  traînées  irrégulières  passant  insensiblement  au  type  moyen, 
les  autres  constituent  des  amas  à  contours  très  distincts  qui  montrent  à 
l'occasion  une  structure  concentrique. 

Fades  de  variation  à  contours  indistincts.  —  Deux  cas  se  présentent.  Le 
plus  fréquent  consiste  en  une  roche  à  grain  serré  et  de  couleur  un  peu  plus 
foncée  que  le  type  normal.  Les  feldspaths  y  sont  plus  aplatis;  ils 
ressemblent  à  de  grands  microlites  que  moulent  ou  enveloppent  ophitique- 
ment  ou  poecilitiquement  l'aegyrine,  l'arfvedsonite,  l'astrophyllite  et  la 
lâvénite;  la  fluorine  incolore  abonde,  la  galène  a  été  observée  plusieurs 
fois.  Cette  roche  offre  la  plus  grande  analogie  de  structure  avec  celle  qui 
constitue  des  filons  minces  dans  les  syénites  des  îles  Tamara  et  Rassa. 

Le  faciès  de  variation  le  plus  remarquable  est  de  nature  différente;  le 
grain  et  la  proportion  des  éléments  colorés  sont  ceux  du  type  normal, 
mais  le  caractère  distinctif  réside  dans  la  très  grande  abondance  de  la 
sodalile,  d'un  jaune  de  miel,  possédant  des  clivages  dodécaédriques  ia- 
melleux. 

Faciès  de  variation  à  contours  distincts.  —  Sur  la  côte  nord  de  l'île 
se  rencontre,  au  milieu  de  la  syénite  normale,  une  traînée  mesurant 
20™  X  2"xo™,  i5,  et  présentant  une  structure  singulière.  La  partie  cen- 
trale est  constituée  par  une  roche  rubanée  ou  schisteuse,  devant  sa 
couleur,  d'un  vert  presque  noir,  à  d'innombrables  aiguilles  d'aegyrine,  sur 
lesquelles  se  détachent  des  lames  d'astrophyllite  et  çà  et  là  des  taches 
û'eudialyte  d'un  rouge  foncé.  Par  places,  la  roche  perd  son  rubanement  et 
devient  porphyroïde,  grâce  à  l'abondance  de  gros  cristaux  de  néphéline 
d'un  jaune  rosé  et  parfois  d'énormes  cristaux  d'arfvedsonite.  La  structure 
intime,  ainsi  que  la  composition  minéralogique  de  ces  roches  riches  en. 
aegyrine,  sont  celles  d'un  type  rare  de  syénite  néphélinique,  la  lujavrite, 


684  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

qui  n'a  été  trouvée  jusqu'ici  que  dans  la  presqu'île  de  Kola  et  au 
Groenland. 

A  l'inverse  de  ce  qui  se  passe  dans  les  syénites  normales  de  Ruma, 
l'iegyrine  y  est  toujours  automorphe  et  aciculaire,  et  elle  est  englobée  par 
les  f'eldspaths  et  la  néphéline.  Les  feldspalhs  dominent  dans  les  parties  à 
éléments  fins,  la  néphéline  dans  les  variétés  porphyroïdes,  qui  renferment, 
en  outre,  de  la  sodalile,  généralement  transformée  en  mésotype.  L'eudia- 
lyte  est  toujours  xénomorphe,  elle  englobe  ophiliquement  les  autres  élé- 
ments de  la  roche;  elle  est  1res  inégalement  répartie,  elle  peut  constituer 
plus  de  20  pour  100  de  la  syénite  et  abonde  surtout  quand  la  néphéline 
est  rare;  elle  présente  des  pseudomorphoses  en  catapléite. 

Ces  divers  types  de  lujavrite  sont  séparés  de  la  syénite  normale  par 
une  zone  de  pegmatite  hololeucocrate  à  grands  éléments,  essentiellement 
constituée  par  des  lames  feldspalhiques  aplaties  et  palmées,  avec  çà  et  là 
d'énormes  cristaux  de  néphéline  verdàtre  et  quelques  rares  aiguilles  ou 
lamelles  des  minéraux  colorés  habituels. 

Los  analyses  suivantes  ont  été  eflectuées  par  M.  Pisani  :  a,  pegmatite  très  feldspa- 
tliique;  è,  type  normal  à  grains  fins;  c,  id.  à  plus  gros  éléments;  rf,  lujavrite  à  grosses 
néphélines;  e,  lujavrite  schisteuse  à  eudialyle;y,  syénite  riche  en  sodalile. 

a.  b.  c.                   d.  e.                  f. 

SiO^ 61, Si  56, 10  55, i3  54)75  57^95  48, 10 

Al'O^ i9j2o  ■.31,80  20, 3o  '9-90  i3,8o  24,20 

Fe^'O^ 0,70  2,26  1,84  AjOo  5,72           1,11 

FeO 1,64  0,87  1,78  1,64  1,73  2,47 

MnO 0,00  0,58  0,59  0,72  2,76  o,48 

MgO 0,52  0,83  0,55  0,52  0,53  o,5i 

CaO 0,20  0,88  0,55  0,18  1,43  0,45 

Na-0 7i90  9j85  11,00  ii,3o  8,95  10,20 

K'^0.,... ...         6,75  4)33  4,9'  2,82  2,71           3,00 

II-0 1,00  i,G6  2,25  3,38  1,71           1,20 

Cl 0,54  0,45  0,49             »  0,17           2,80 

TiO- 0,06  0,21  0,34  0,35  0,55          0,1 3 

ZrO- Ir.  0,01  n.d.  0,26  ',57  traces 

ioo,3o         100,1 5         100,1 5         99182         99i58        99)45 

Les  caractéristiques  chimiques  communes  à  toutes  ces  roches  conj^istent 
dans  leur  richesse  en  alcalis,  avec  prédominance  de  la  soude,  dans  leur 
pauvreté  en  chaux  et  en  magnésie,  dans  la  présence  constante  et  la  teneur 
parfois  élevée  en  zircone  et  en  manganèse.  Sauf  une  exception,  f,  les 
variations  de  la  silice  .sont  faibles;  le  type  le  plus  foncé  est   plus  siliceux 


SÉANCE    DU    19   MARS    I906.  685 

que  le  type  moyen,  pauvre  en  minéraux  colorés.  Le  pourcentage  en  alumine 
varie  en  sens  inverse  dans  les  deux  termes  les  plus  différenciés  e  et  f;  la 
lujavrite  est  plus  riche  en  fer,  en  manganèse,  en  chaux  et  en  zircone,  ce 
qui  entraîne  la  production  abondante  d'.-egyrine  et  d'eudialyte,  tandis  que 
la  roche  à  sodalite  se  distingue  par  sa  richesse  en  soude  et  sa  faiblesse  en 
silice. 

La  considération  des  paramètres  magmatiques  (Michel  Lévy)  permet  de 
serrer  de  plus  près  l'air  de  famille  de  ces  roches  :  $  varie  de  0,88  (/) 
à  1,42(6);  1'';>4-  Sauf  dans  c,  la  chaux  n'est  pas  feldspathisée  par  suite 
de  la  présence  d'un  excès  de  soude,  enfin  le  rapport  (r)  de  la  potasse  à  la 
soude  oscille  entre  0,2  (y)  et  0,8  (a). 

Dans  la  classification  chimico-minéralogique  quantitative,  les  quatre  pre- 
mières l'oches  appartiennent  au  même  ordre  (6*),  au  même  rang  (i"),  au 
même  subrang  (4'')  ;  a  et  è  d'une  [)art,  c  et  rf  d'une  autre,  se  distinguent  les 
unes  des  autres  par  la  teneur  en  éléments  ferrugineux  virtuels,  plaçant  les 
deux  premières  dans  la  première  classe  (^miaskose)  et  les  autres  dans  la 
seconde  (^laurdalose) .  Le  type  le  plus  mésocrale  de  lujavrite  (<?)  s'en  dis- 
tingue par  sa  pauvreté  en  néphéline,  qui  le  rattache  au  quatrième  ordre 
(^pantellerose).  Enfin,  la  syénite,  riche  en  sodalite,  prend  une  place  qui  n'est 
encore  occupée  par  aucune  roche  connue  (1.8,  1.5);  elle  est  dans  la  pre- 
mière classe  l'équivalent  de  la  tavile  dans  la  troisièiîie. 

Le  grand  intérêt  de  l'étude  des  roches  à  néphéline  réside  dans  la  mul- 
tiplicité des  types  pétrographiques  qu'elles  présentent,  types  qui  s'asso- 
cient souvent  d'une  façon  différente  dans  des  régions  distinctes  en  contri- 
buant ainsi  à  constituer  l'air  tie  famille  caractéristique  de  la  province 
pétrographique.  Plus  ces  types  sont  spéciaux,  et  plus  il  est  remarquable  de 
les  rencontrer  associés  et  unis  par  les  mêmes  relations  dans  des  régions 
éloignées  les  unes  des  autres  :  aussi,  à  ce  point  de  vue,  une  comparaison 
s'impose-t-elle  entre  les  roches  qui  nous  occupent  et  celles  qui  forment 
les  massifs  syénitiques  de  la  presqu'île  de  Kola  si  bien  étudiés  par 
MM.  Hackmann  et  Ramsay. 

La  syénite  normale  de  Ruma  possède  la  même  structure  et  beaucoup  des 
particularités  minéralogiques  de  la  chibinite  d'Umptek.  Celle-ci  se  rapporte 
soit  exactement  au  même  type  chimico-minéralogique  (miaskose)  que 
quelques-unes  de  mes  roches,  soit  à  un  type  très  voisin  de  celui  des  autres, 
mais  plus  riche  en  néphéline  et  ne  différant  de  la  laurdalose  que  par 
l'ordre  (ll.l  .\  .[\=^  chibinose).  L'analogie  n'est  pas  moins  frappante  pour 
cette  roche  si  spéciale  qu'est  la  lujavrite  :  elle  se  poursuit  aux  points  de  vue 


686  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

chimique,  minéralogique  et  structurel.  Toutefois,  tandis  que  les  lujavrites 
(le  Laponie  se  rapportent  exclusivement  au  tvpe  laurdalose,  celles  de 
Riima  appartiennent  soit  à  ce  type,  soit  à  la  pentelierose  (4*  ordre  au  lieu 
du  6"),  sans  que  pour  cela  les  caractéristiques  minéraiogiques  essentielles 
(abondance  et  forme  de  l'iegyrine,  fréquence  de  l'eudialyte)  soient  modi- 
fiées (' ).  L'examen  microscopique  fait  penser  que  l'analyse  d'un  plus 
grand  nombre  d'échantillons  de  lujavrites  de  Ruma,  convenablement  choi- 
sis, mettrait  en  évidence  l'existence  de  types  d'une  richesse  intermédiaire 
en  néphéline  et  appartenant  au  cinquième  ordre  (umptekose).  Notons  enfin 
qu'à  Ruma  la  lujavrite  forme  des  enclaves  dans  le  type  normal,  de  même 
qu'à  Lujavr  Urt,  cette  roche  constitue  le  centre  du  massif,  qu'entoure  la 
chibinite  d'Umptek.  Quant  au  faciès  riche  en  sodalite,  je  viens  de  faire 
remarquer  qu'il  représente  en  Afrique  la  forme  presque  hoioleucocrate  de 
la  tavite  d'Umptek. 

En  résumé,  on  peut  donc  considérer  les  faciès  de  variation  des  syéniles 
néphéiiniques  des  îles  de  Los  comme  la  reproduction  en  miniature  de 
roches  qui,  en  Laponie,  forment  individuellement  dos  massifs  distincts  et 
constituent  par  suite  une  véritable  série  pétrographique.  Ils  précisent  ainsi 
les  relations  génétiques  que  ces  dernières  roches  présentent  entre  elles. 


ZOOLOGIE.  —  Sur  les  Gennadas  ou  Pénéides  bathypélagiques , 
Note  de  M.  E.-L.  Bouvier. 

Les  Benthesicymus  et  les  Gennadas  sont  des  Pénéides  abyssaux;  ils  pré- 
sentent entre  eux  les  affinités  les  plus  étroites,  mais  se  tiennent  à  des 
niveaux  très  différents,  ainsi  qu'on  peut  s'en  convaincre  par  l'examen  des 
matériaux  recueillis  par  S.  A.  le  Prince  de  Monaco  à  bord  de  la  Princesse- 
Alice.  Quand  on  explore  les  abysses  avec  des  engins  de  fond,  chalut  ou 
drague,  on  ramène  parfois  des  Benthesicymus  et,  danscertainscas,  quelques 
rares  Gennadas;  par  contre,  avec  le  filet  vertical  à  grande  ouverture, 
péchant  entre  i\ei\Ti  eaux,  on  obtient  des  Gennadas  en  abondance,  mais 
pas  un  seul  Benthesicymus.  De  ce  fait  on  pourrait  déjà  conclure  que  les 
Benthesicymus  appartiennent  à  la  faune  abyssale  des  fonds  et  les  Gennadas 
à  la  faune  pélagique  ou  balhypélagique. 

(')  On  voit  donc  qu'en  moyenne  les  roches  de  Laponie  sont  plus  ricties  en  néphé- 
line que  celles  de  Lot,  ce  qui  est  une  conséquence  d'une  teneur  un  peu  plus  faible  en 
silice. 


SÉANCE  DU  19  MARS  1906.  G87 

En  ce  qui  concerne  les  Benthesicymus,  celte  conclusion  paraît  justifiée 
par  les  récoltes  des  dernières  campagnes  d'exploration  abyssale;  mais  il 
convient  d'ajouter  qua  les  Benthesicymus  semblent  être  assez  bons  nageurs 
et  qu'ils  peuvent  vraisemblablement  s'éloigner  à  quelque  distance  du  fond 
sous-marin. 

La  distribution  bathymétrique  des  Gennadas  demande  à  être  étudiée  de 
plus  près;  car  on  ramène  quelquefois  ces  Pénéides  au  chalut;  dans  des  cas 
très  rares  on  les  a  pris  à  la  surface  et  ils  sont  rapportés  en  grand  nombre 
par  le  filet  vertical  qui  capture,  comme  on  sait,  les  espèces  pélagiques  et 
bathypélagiques. 

Pour  résoudre  ce  problème,  adressons-nous  d'abord  à  une  espèce  très 
répandue  dans  nos  régions,  le  Gennadas  elegans  S.-I.  Smith,  qui  a  été 
trouvé  par  V Albatros  enlre  la  Floride  et  la  latitude  de  New-York  (pèches  de 
822"  à  4264"),  par  le  Blake  dans  la  mer  des  Antilles  (Boo""),  par  VOceania 
au  large  de  l'Irlande  (2.538™),  par  les  expéditions  monégasques  dans  la 
mer  des  Sargasses,  les  eaux  açoréeniies,  l'Atlantique  oriental  depuis  les  îles 
du  cap  Vert  et  dans  la  Méditerranée  (1000™  à  /jSoo™),  enfin  par  plusieurs 
zoologistes  italiens,  MM.  Riggio,  Monticelli  et  Lo  Bianco,  entre  Messine  et 
Naples. 

Les  exemplaires  capturés  par  MM.  Monticelli  et  Lo  Bianco  dans  le  golfe 
de  Naples  provenaient  du  plankton  superficiel  ou  peu  profond  (200""  au 
plus);  étudiés  avec  grand  soin  et  beaucoup  de  finesse,  ils  furent  reconnus 
comme  appartenant  aux  stades  évolutifs  de  l'espèce,  depuis  la  forme  pro- 
tozoé  jusqu'à  l'état  très  jeune  qui  fait  suite  au  stade  mysis.  La  même  année 
(1900),  M.  Riggio  signalait  des  adultes  dans  le  plankton  superficiel  des 
environs  de  Messine. 

Utilisant  le^  recherches  précédentes  et  celles  effectuées  par  le  Maja  et 
le  Puritan,  au  large  de  Gapri,  M.  Lo  Bianco  (1902,  1904)  parvint  à  mettre 
en  lumière  les  migrations  bathymétriques  du  G,  elegans  au  cours  de  son 
développement.  Ayant  observé  que  les  jeunes  en  aquarium  nagent  la  tête 
en  bas  et  la  queue  en  haut  comme  pour  descendre  plus  bas,  il  pense  que 
notre  Gennadas  «  est  une  forme  abyssale  typique  »  et  que,  après  avoir  tra- 
versé tous  les  stades  larvaires  dans  les  couches  voisines  de  la  surface,  ses 
jeunes  «  se  dirigent  dans  les  profondeurs  pour  atteindre  le  lieu  normal 
d'habitat  de  l'espèce  »,  les  adultes  pris  à  Messine  ayant  sans  doute  été 
ramenés  à  la  surface  par  les  forts  courants  de  profondeur  qui  se  font  sentir 
dans  le  détroit.  «  Cette  conclusion,  dit  l'auteur,  est  complètement  justifiée 


688  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

par  les  récoltes  de  Maja,  qui  comprennent  32  spécimens  capturés  par  im 
filet  balhypèlagique  ouvert,  auquel  on  avait  donné  iooo™à  iSoo™  de  câble. 
A  des' profondeurs  plus  faibles,  la  pêche  fut  vaine;  avec  looo"  de  câble, 
elle  donna  un  adulte;  avec  i5oo",  6  autres  adultes  et  quelques  jeunes  ». 
Le  Puritan  captura  ce  Gennadas  en  25  stations  différentes;  avec  600™  de 
câble,  il  prit  une  fois  des  jeunes;  mais,  pour  obtenir  des  adultes,  on  dut 
filer  au  moins  iioo". 

Les  résultats  obtenus  par  Son  Altesse  confirment  et  précisent  le  juge- 
ment de  M.  1^0  Bianco.  En  effet,  au  cours  des  campagnes  de  \ Hirondelle  et 
surtout  de  la  Princesse- Alice,  le  G.  elegans  fut  capturé  3o  fois,  avec  des  dif- 
férences de  taille  et  d'âge  qui  sont  résumées  dans  le  Tableau  suivant  : 

ni  "' 

De  o  à    1000 3  opérations,     l^  exemplaires  dont  i  adulte 

«  o  à    i5oo 7  »  55  »  2  adultes 

»  o  à  2000 7  »  3r)  »  7        » 

»  o  à  25oo 6  »  4  •  "  9        » 

»  o  à  Sooo 6  »  10  »  2        1) 

»  o  à  35oo I  »  20  »  o        )) 

soit  au  total  : 

m  m 

De  o  à   1000 I  adulte  pour     3  opérations,  ou  o,33  pour  100 

»    o  à  2000 9  »  \[\  »  »    0,64  » 

»     o  à  35oo II  ))  i3  »  »    0,84         » 

d'où  l'on  peut  conclure  que  le  nombre  des  adultes  capturés  augmente  à 
mesure  qu'on  s'éloigne  du  niveau  de  1 000"  pour  descendre  vers  les  pro- 
fondeurs. 

Ce  résultat  concorde  parfaitement  avec  le  principe  établi  par  M.  Lo 
Bianco,  et  l'on  en  peut  dire  autant  de  la  rareté  des  adultes  par  rapport  aux 
individus  plus  jeunes.  A  cause  de  leur  jeune  âge,  ces  derniers,  en  effet, 
n'ont  pas  encore  été  fortement  décimés  par  les  voraces  habitants  des 
mers,  et  d'ailleurs,  étant  données  leur  petite  taille  et  leur  faible  puissance 
natatoire,  ils  sont  moins  bien  doués  que  les  adultes  pour  échap|)er  au  filet 
remontant. 

Mais  jusqu\ni  descendent  les  adultes?  Vont-ils  sur  le  fond,  ou  vivent-ils 
entre  deux  eaux,  à  la  manière  des  francs  organismes  bathypélagiques  ? 
Pour  résoudre  ces  questions  il  convient  d'analyser  les  opérations  effec- 
tuées par  le  Prince,  au  cours  de  ses  diverses  campagnes  dans  les  régions 


SÉANCE    DU    19    MARS    1906.  689 

fréquentées  par  le  Gennadas  elegans.  Do   1886  à    iqoS,  V Hirondelle  el  la 
Princesse-Alice  ont  donné,  à  quelques  unités  près  : 

1°  211  coups  de  rhalut  dont  2  furent  fructueux,  ramenant  7  exemplaires. 

3°       7  coups  de  filet  à  rideau,  dont  a  »  2  » 

3°       4  coups  de  filet  Giesbreclit,  dont  i  fut  fructueux,  ramenant  2  » 
4°     II  coups  de  filet  vertical 

(o"'-iooo™),  dont  2  furent  fructueux,  ramenant  3  » 
5"     60  coups  de  filet  (au-dessous 

de  1000™),  dont  24  furent  fructueux,  ramenant  près  de  200  » 

Ainsi,  le  chalut  ne  capture  presque  jamais  noire  Pénéide,  et  ceux  qu'il 
ramène  à  de  rares  intervalles  (2  lois  sur  211  coups)  ne  proviennent  sans 
doute  pas  du  fond  sur  lequel  le  filet  a  longuement  traîné;  ils  ont  pkitôl 
été  pris  par  l'engin  clans  sa  course  remontante.  Ce  qui  porte  à  croire  qu'il 
en  est  ainsi  c'est  que,  par  deux  fois,  des  Gennadas  furent  trouvés  sur  les 
appareils  de  sondage,  dans  un  cas  sur  le  sondeur  à  robinet,  dans  un  autre 
sur  la  bouteille  Buchanan,  aux  articulations  de  laquelle  un  spécimen  se 
prit  par  les  antennes. 

Ainsi,  les  filets  bathvpélagiques,  bien  qu'ils  ne  touchent  jamais  le  fond, 
se  montrent  merveilleusement  propres  à  la  capture  des  Gennadas  et  cela 
d'autant  mieux  qu'ils  présentent  im  orifice  |)lus  large,  A  ce  point  de  vue, 
le  filet  vertical  Richard  à  grande  ouverture  (de  9™'  ou  de  25°'')  offre  une 
supériorité  manifeste  sur  tous  les  autres  engins;  une  fois  sur  deux  environ 
il  a  ramené  des  G.  elegans  et,  dans  certains  cas,  le  nombre  de  ces  derniers 
s'élevait  à  plus  de  3o  exemplaires. 

Le  filet  Giesbreclit  employé  d'abord  par  le  Prince,  le  filet  vertical  de 
l'expédition  du  Plankton  et  le  Grosso  Bertovello  du  Maja  donnaient  aussi  de 
bons  résultats,  mais  leurs  captures  étaient  moins  riches  parce  qu'ils  avaient 
un  orifice  plus  étroit.  Néanmoins,  un  coup  de  filet  du  Puritan  ramena 
25  exemplaires  jeunes  ou  adultes. 

On  peut  donc  affirmer  que  le  G.  elegans  est  une  espèce  bathypélagique, 
et  qu'il  ne  vit  pas  normalement  sur  le  fond  ou  dans  son  voisinage  immédiat, 
comme  la  plupart  des  autres  Crevettes.  Aussi  a-t-il  complètement  échappé 
aux  très  nombreux  coups  de  chalut  du  Travailleur,  du  Talisman  et  du 
Challenger  el  si,  à  cet  égard,  les  pèches  du  Blake  et  de  V Albatros  ont  été 
plus  fructueuses,  c'est  que,  vraisemblablement,  notre  Pénéide  doit  être 
une  espèce  commune  à  l'est  des  Etats-Unis. 

Les  autres  Ge/?/2af/aj  capturés  dans  l'Atlantique  oriental  au  cours  des  cam- 
pagnes monégasques  sont  beaucoup  moins  répandus  et,  par  conséquent, 
G.  R.,  1906,  1"  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  12.)  9* 


690  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

se  prêtent  mal  à  une  étude  approfondie  de  leur  distribution  balhymétrique. 
Pourtant,  à  l'exception  d'un  exemplaire  de  G.  scutatiis,  ils  furent  tous  pris 
avec  le  filet  à  grande  ouverture  descendu  entre  deux  enux  par  1000" 
et  au-dessous.  Et  c'étaient  pour  la  plupart  des  adultes.  Quant  aux  Gen- 
nadas  capturés  à  la  drague  ou  au  chalut  par  Vinvestigator  et  le  Challenger, 
ils  sont  peu  nombreux  et  furent  pour  la  plupart  pris  isolément,  le  filet 
fonctionnant  sans  doute  pendant  sa  course  remontante.  On  peut  donc, 
suivant  toute  vraisemblance,  appliquera  tous  les  Gennadas  les  conclusions 
spéciales  relatives  au  G.  elegans. 

L'exemplaire  type  du  G.  scutatus  fut  captut-é  à  la  surface  par  les  engins 
de  l'Hirondelle,  et  le  Challenger  a  pris,  dans  les  mêmes  conditions,  un  spéci- 
men de  G.  parvus.  Est-ce  une  raison  de  penser,  avec  Spence  Baie,  «  qu'à 
certaines  [)ériodes  l'animal  cherche  des  courants  superficiels  plus  chauds 
pour  y  pondre  ses  œufs  »?  Nous  ne  le  croyons  pas.  On  a  vu  que  M.  Lo 
Bianco  attribue  à  l'action  entraînante  des  courants  de  déiroit  la  présence 
du  G.  elegans  adulte  dans  la  région  de  Messine,  et  d'autre  part,  on  sait  que 
des  es[)èces  manifestement  abyssales,  les  Pelagothuria  par  exemple,  [jeu- 
vent  anormalement  (et  sans  doute  à  la  suite  de  quelques  phénomènes 
pathologiques)  remonter  à  la  surface.  Au  surplus,  si  l'on  considère  que, 
parmi  les  très  nombreux  adultes  capturés  jusqu'ici,  deux  ou  trois  seule- 
ment furent  trouvés  dans  le  plaiikton  superficiel,  on  est  en  droit  de  penser 
que  les  Gennadas  ne  quittent  pas,  pour  la  ponte,  les  eaux  profondes  oh  ils 
vivent.  Et  comme  ces  Penéides  oui  des  larves  pélagiques  il  faut  admettre 
que  leurs  œuf-.,  sans  doute  moins  denses  que  l'eau,  remontent  a  la  surface 
dès  qu'ils  ont  été  pondus.  On  sait  en  effet  que  les  Penéides,  au  contraire 
des  autres  Crevettes,  ne  portent  point  leur  ponte  attachée  aux  pléopodes 
abdominaux. 


GÉOLOGIE.   —  Sur  la  feudle  de  Gap  au 
Note  de  M.  Miciikl  Lévv. 


La  feuille  de  Gap  est  l'œuvre  communt;  de  MM.  Haug,  Kilian,  Termier, 
Pierre  Lory,  David  Martin.  Elle  représente  le.  travail  de  plus  de  quinze 
années  de  courses  sur  le  terrain  (1888-190'));  les  deux  tiers  de  la  feuille 
ont  été  levés  par  M.  Haug,  avec  la  collaboration  de  M.  Rilian  pour  l'Ubaye 
et  pour  quelques  parties  de  l'Erabrunais.  Les  tracés  de  la  région  brian- 
çonnaise  sont  dus  à  M.  Kilian,  la  fin  du  massif  du  Pelvoux  à  M.  Termier, 


SÉANCE    DU    19    MARS    1906.  691 

celle  du  Dévoluy  à  M.  Pierre  Lory.  Enfin  M.  David  Martin  a  collaboré  au 
lever  des  terrains  quaternaires. 

L'intérêt  principal  de  la  feuille  réside  dans  le  tracé  sinueux  de  l'inter- 
section, avec  la  surface  topographique,  du  plan  rie  charriage  suivant  lequel 
s'est  efft  ctuée  la  poussée  vers  le  Sud  de  la  grande  na[)pe  de  l'Embrunais  et 
de  l'Ubaye.  Les  lambeaux  de  recouvrement  du  Morgon  et  de  Chabrières, 
témoins  d'une  nappe  plus  élevée  à  racines  plus  lointaines,  ont  été  figurés 
avec  détiiils;  car  les  levés  originaux  ont  été  faits  au  -^^^^. 

Il  est  vraisemblable  que  les  diverses  racines  font  partie  de  la  zone  de  plis 
serrés  qui  passent  au  Nord-Est,  vers  Giullestre.  En  tout  cas,  ces  charriages 
sont  post-miocènes  et  recouvrent  les  plis  Est-Ouest  anté-oligocènes  qui 
viennent  de  la  monlaçne  de  Lure  et  du  mont  Ventoux. 

La  représentation  des  moraines  latérales  et  frontales  de  l'ancien  glacier 
de  la  Durance  constitue  une  innovation  intéressante  qui  permet  de  lire, 
sur  la  carte,  à  première  vue,  les  phases  successives  du  retrait  glaciaire. 
'  Cetle  belle  feuille  est  la  dernière  de  la  région  des  Alpes  françaises  et 
termine  brillamment  le  relevé  au  —^,  des  contours  çéoloiriques  de  ce  "rand 
arc  montagneux.  Il  nous  est  permis  de  constater  que,  notamment  au  point 
de  vue  du  figuré  des  nappes  de  charriages,  grâce  aux  efforts  de  nos  émi- 
nents  collaborateurs,  la  carte  géologique  de  la  France  est  en  avance  sur  la 
plupart  des  cartes  de  nos  voisins. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  ks  fonctions  qui  dépendent 
d'autres  fonctions.  Noie  de  M.  Vito  Volterka. 

Dans  une  série  de  travaux  que  j'ai  publiés  il  y  a  déjà  quelque  temps,  j'ai 
envisagé  les  quantités  qui  dépendent  de  toutes  les  valeurs  d'une  fonction 
ou  de  plusieurs  fonctions  dans'certains  domaines. 

]j'exemple  le  plus  simple  qu'on  peul  donner  est  celui  d'une  intégrale  définie  d'une 
fonction,  car  elle  dépend  des  valeurs  de  la  fonction  qu'on  intègre  entre  les  limites  de 
l'intégrale.  Mais  un  grand  nombre  d'exemples  sont  donnés  par  les  questions  de  Phy- 
sique mathématique.  C'est  ainsi  que  la  température  dans  un  point  d'un  corps  dépend 
de  toutes  les  valeurs  de  la  température  au  contour  du  domaine  occupé  par  le  corps. 
Le  potentiel  d'un  fluide  homogène  et  incompressible  dans  un  point  déterminé  dépend 
de  la  forme  de  la  masse  lluide  el,  par  suite,  si  l'équation  de  la  surface  du  fluide  a  le 
second  membre  nul,  le  potentiel  dépend  des  valeurs  de  la  fonction  qui  paraît  au  pre- 
mier membre.  Il  est  évident  que  les  fonctions  dont  nous  parlons  n'ont  rien  à  faire  avec 
les  ordinaires  fonctions  de  fonctions. 


6()2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

J'ai  donné  des  applications  de  ce  concept  dans  quelques  questions  d'analyse.  J'ai 
làclié  en  efl'et  de  Templover  dans  l'étude  des  fonctions  analytiques  de  plusieurs  variables. 
Toute  opération  algébrique  ou  de  dérivation  appliquée  à  ces  fonctions  conduit  à  de 
nouvelles  fonctions  analytiques,  mais  les  opérations  d'intégration  nous  amènent  à  des 
fonctions  qui  dépendent  des  contours  des  domaines  d'intégration  et  par  conséquent  à 
des  quantités  qui  dépendent  d'autres  fonctions. 

Lorsqu'on  veut  étendre  les  méthodes  de  }IamiIton  et  de  Jacobi  sur  les  questions  de 
la  Mécanique  aux  systèmes  continus  et  aux  problèmes  de  la  Physique  mathématique, 
on  est  aussi  amené  d'une  manière  toute  naturelle  à  ces  concepts. 

Les  problèmes  qui  présentent  le  plus  d'intérêt  sont  ceux  où  les  fonctions  dont 
dépendent  les  quantités  qu'on  envisage  sont  inconnues,  et  il  faut  les  déterminer  par 
des  propriétés  de  ces  quantités.  Les  problèines  du  calcul  des  variations  nous  en  offrent 
les  premiers  exemples  et  aussi  les  plus  simples.  Mais  il  y  a  aussi  d'autres  questions  qui 
s'y  rapportent.  Ce  sont  les  problèmes  de  l'inversion,  et  en  particulier  ceux  des  inté- 
grales définies  où  les  fonctions  inconnues  paraissent  sous  les  intégrales. 

C'est  en  poursuivant  ce  but,  et  en  vue  du  problème  général  dont  j'ai  parlé,  que  j'ai 
étudié  il  y  a  quelques  années  ce  problème  dans  le  cas  le  plu'^  simple  possible,  celui  où 
le  déterminant  fondamental  est  égal  à  sa  diagonale  (').  M.  Fredliolm,  dans  un  remar- 
quable travail,  a  étudié  le  problème  dans  le  cas  où  le  déterminant  est  quelconque 
en  arrivant  à  des  résultats  du  plus  giand  intérêt  et  M.  Hilbert  vient  de  reprendre  la 
question  en  y  faisant  des  applications  très  étendues. 

Le  concept  que  nous  avons  exf)Osé  des  fonctions  qui  dépendent  d'une 
auLie  fonction  on  de  plusieurs  fondions  se  rattache  flirecLemeiit  à  la  défi- 
nrlioii  de  fonction  donnée  par  Dinchlet.  Li  ciiti  pie  de  celle  définition  a 
donné  lieu  à  bien  des  discussions  parmi  lesquelles  celles  toutes  récentes  de 
M.  Pierre  Bontroux  sont  très  intéressantes.  Il  est  évident  que  le  concept 
est  altaché  à  celui  de  loi  physique,  mais  je  n'entrerai  pas  dans  cette  ques- 
tion, je  remarquerai  seulement  qu'en  posant  successivemenl  cerlaines  con- 
ditions et  cerlaines  limitations  on  peut  passer  du  concept  de  fonction  tel 
que  l'a  posé  Dirichlet  à  celui  de  fonction  analytique.  Il  est  inutile  de  rap- 
peler ces  conditions  qui  sont  bien  connues  et  qui  se  rapportent  à  la  conli- 
nnité,  à  l'cxislence  des  dérivées,  etc. 

CJii  peut  procéder  de  la  même  manière  ilins  le  cas  des  fonctions  qui  tlé- 
pendent  de  toutes  les  valeurs  d'une  lonction  ou  de  plusieurs  fonctions. 

Envisageons  le  cas  le  plus  simple,  celui  d'une  quantité  F  qui  dépend  des 
valeurs  d'une  fonction  continue /"(a?)  définie  pour  les  valeurs  de  x  com- 
prises entre  a  et  b.  Il  n'y  a  pas  de  difficulté  à  étendre  le  concept  de  con- 


(')  Sa  lia  inversione  degU  inlcgrali  definUi,  Nota  I,  §  3  {Atli  R.  Ace.  di  Torino, 
1896),  et  Notes  suivantes. 


SÉANCE    DU    19   MARS    I 906.  693 

tinuité  à  la  variable  F.  Supposons  maintenant  qu'on  parte  d'une  fonction 
inilialey"(a7)  et  qu'on  la  chano;e  en  la  remplaçant  pary(,r)  -I- s  cp(a7)  où  e 
est  une  quantité  infiniment  petite.  On  peut  tâcher  île  calculer  la  variation 
de  F. 

Sous  certaines  conditions  la  partie  du  premier  ordre,  par  rapport  à  i,  de 
cette  variation,  peut  s'exprimer  par  une  intégrale  définie 

La  fonction  F'(E|)  joue  le  rôle  de  |)remière  dérivée.  Elle  est  indépen- 
dante de  (p(^),  mais  elle  dépend,  en  £»énéral,  de  toutes  les  valeurs  de  /(x), 
c'est  pourquoi  on  pent  lâcher  de  trouver  la  variation  de  F'(^,)  lorsqu'on 
remplacey"(a;)  par /(jc)  +■  t  o(-v).  Si  Ton  néglige  les  parties  qui  sont  infi- 
ment  petites  d'un  ordre  supérieur  à  £,  sous  certaines  conditions  on  trouve 
que  cette  variation  est  donnée  par 

F"(^,,  ;,)  joue  le  rôle  de  première  dérivée  deF'(Ç|)etde  seconde  dérivée 
de  F.  Elle  est  indépendante  de  ç(a;),  mais  dépend  de  toutes  les  valeurs 
(ley(x-).  Elle  est  une  fonction  symétrique  de  ^,  et  ^j-  O"  peut  aussi  cal- 
culer la  troisième  dérivée  qui  s'exprime  par  une  fonction  F'°(^,,  c.,,  ^.,) 
symétrique  et  ainsi  de  suite. 

Cela  posé  on  peut  se  proposer  de  développer  la  valeur  de  F  qui  corres- 
pond à /(j;)-)- s  cp(a;)  dans  une  série  de  puissances  de  e.  Sous  certaines 
conditions  qui  sont  semblables  à  celles  qu'on  a  pour  la  série  ordinaire  de 
ïaylor  on  trouve 

V  =  Y„  +  ^  f\{l,)V'{l,)dl,  +  [^^  f"  f\^"(l.,,l^dl,dl., 

'^  li        *^  il 

où  F'"'(^,,  \.-,,  ...,  l,„)  t'sl  une  fonction  symétrique  des  n  variables  ^,,  'c,.,,  . . ., 
E„,  indépendante  de  'f(j;).  Après  cela  en  faisant  1^=1,  on  peut  éliminer 
cette  quantité. 


694  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

Il  faut  remarquer  que  les  fondions  qui  dépendent  d'une  autre  fonction 
et  qui  ont  cette  représentation  analytique  sont  tout  à  fait  spéciales  et  qu'on 
peut  en  envisager  de  plus  générales  ayant  aussi  des  représentations  analy- 
tiques. Les  différents  termes  du  second  membre  constituent  des  fonctions 
de  dififérents  degrés  et  l'on  peut  envisager  F  comme  une  quantité  qui 
dépend  de  (p  par  une  relation  analytique  du  même  type,  par  exemple  des 
fonctions  transcendantes. 

Pour  montrer  le  parti  qu'on  peut  tirer  dans  certains  cas  du  développe- 
ment, je  vais  en  faire  une  application  à  l'un  des  problèmes  dont  j'ai  parlé. 

Supposons  qu'on  écrive  l'équation  suivante 


.dl„ 


«  étant  une  quantité  donnée  et  ^{cc")  étant  connue  pour  les  valeurs  de  x 
comprises  entre  a  et  b,  tandis  que  9(37)  est  une  fonction  inconnue. 

Le  cas  le  plus  simple  est  celui  où  F",  F",  ...,  F'",  ...  sont  nulles,  c'est- 
à-dire  où  l'on  a 

C'est  le  cas  de  l'inversion  qui  a  été  envisagé  par  M.  Fredholm  et  par  moi- 
même  lorsque  la  limite  supérieure  de  l'intégrale  est  égale  à  x.  Dans  un 
cours  que  je  viens  de  faire  à  l'Université  de  Stockholm  j'ai  montré  que  l'on 
peut  résoudre  le  problème  général  de  déterminer  ç(a;).  Ce  problème  cor- 
respond à  la  détermination  de  la  racine  d'une  équation  transcendante  et 
se  résout  par  une  simple  remarque.  Il  suffit  de  développer  £<?(a;)  suivant 
les  puissances  de  &  en  supposant  qu'à  £r  =:  o  corresponde  s  =  o. 
C'est  pourquoi  calculons 

\d[Eo{x)-]^         _1V/(S9))  ir/^[sy(x)]^        _\(r-{t<f)) 

On  trouve  alors 


SÉANCE    DU    19    MARS    1906.  ÔgS 

Si  nous  pouvons  invertir  cette  formule,  ce  qui  arrivera  par  exemple  si  le 
déterminant  n'est  pas  nul,  on  trouvera 

En  dérivant  une  fois  encore  on  a 

d'où  l'on  tire  aisément,  par  la  formule  (2), 

De  même,  on  peut  calculer        '- J^.^    '^l   et  ainsi  de  suite,  de  sorte  qu'on 


aura 


I     <î)"(-/-;, ,  -r.j,  x)  ij/(r,,  )  '^(r,,)dr.,  dr;,  +  .  .  . 


.  d-r,„  4-  . .  . , 


où  $'"(•/],,  r,.j,  . . .,  ri„,  x)  est  une  fonction  symétrique  de  •/),,  -r,.-.,  ...,  y,„.  La 
solution  est  donc  une  fonction  de  même  nature  que  celle  dont  on  est  parti.  Nous 
n'entrerons  pas  ici  dans  les  détails  relatifs  au  domaine  de  convergence,  à 
l'unicité  et  à  la  vérification  directe  de  la  formuleque  nous  venons  de  donner, 
mais  elle  peut  s'étendre  à  bien  d'autres  cas  de  représentations  analytiques. 
C'est  pourquoi  il  faut  la  regarder  comme  le  premier  pas  dans  cet  ordre  de 
recherches.  Les  quantités  £,  &  ne  sont  que  des  quantités  auxiliaires,  on  peut 
les  faire  disparaître  dans  les  formules  (i)  et  (3),  en  les  prenant  égales  à 
l'unité. 


696  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

M.  Hexri  Moissan,  en  présentant  à  l'Académie  le  Tome  cinquième  du 
Traité  de  Chimie  minérale,  publié  sous  sa  direction,  s'exprime  comme  il 
suit  : 

Ce  dernier  Tome  contient  les  articles  :  Cuivre  de  M.  Sabatier;  Métal- 
lurgie du  cuivre  de  M.  Brochet;  Alliages  de  cuivre  de  M.  Chari)^;  Mercure 
de  M.  André  ;  Or  de  M.  Etard  et  les  Métaux  du  platine  par  MM.  Péchard  et 
Chavanne.  Cette  publication  a  été  réalisée  dans  l'espace  de  deux  années. 
Elle  représente  donc  l'état  actuel  de  la  Chimie  minérale  et  comporte  l'étude 
des  corps  simples  et  d'environ  9000  corps  composés,  s'appuvant  sur  une 
bibliographie  qui  comprend  plus  de  35  000  citations  de  Mémoires  scienti- 
fiques. 


M.  O.-^I.  Laxnelongue  fait  hommage  à  l'Académie  de  ses  Leçons  de 
Clinique  chirurgicale. 


M.  Mascakt  fait  hommage  à  l'Académie  du  fascicule  II  (1902)  et  du  fasci- 
cule III  (1903)  des  Annales  du  Bureau  central  météorologique,  qu'il  publie 
en  qualité  de  Directeur  du  Bureau. 


PRESEATATIONS. 

L'Académie  procèle,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  formation  d'une  liste 
de  deux  candidats  qui  devra  être  présentée  à  M.  le  Ministre  de  l'Instruc- 
tion publique,  pour  la  chaire  de  Zoologie  (Mammifères  et  Oiseaux)  va- 
cante au  Muséum  d'Histoire  naturelle. 

Pour  la  désignation  du  premier  candidat,  au  premier  tour  de  scrutin,  le 
nombre  des  votants  étant  64  : 

M.  Guillaume  Grandidier  obtient 
M.  Trouessart  » 

M.  Menegaux  » 

M.  Anthony  « 

M.  Loisel  M 


.  .  .   .     36 

su 

ffrages 

.  .   .  .     24 

)i 

2 

1) 

.   .   .  .       I 

su 

ffrage 

.   .  .   .       1 

» 

SÉANCE    DU    19   MARS    1906,  697 

Pour  la  désignation  du  second  candidat,  au  premier  tour  de  scrutin,  le 
nombre  des  volants  étant  64  : 

M.  Anthony       obtient 22  suffrages 

M.  Trouessart  » 22  » 

M.  Menegaux  »        17  » 

M.  Loisel  »        3  » 

IjR  majorité  absolue  des  suffrages  n'ayant  pas  été  obtenue,  il  est  pro- 
cédé à  lin  second  tour  de  scrutin,  dans  lequel,  le  nombre  des  votants 
étant  64  : 

M.  Trouessart  obhV ni -  27  suffrages 

M.  Anthony  »      2G  « 

M.  Menegaux         »     11  » 

Conformément  au  règlement,  il  est  procédé  à  un  scrutin  de  ballottage 
entre  les  deux  candidats  qui  ont  obtenu  le  plus  de  voix.  Le  nombre  des 
votants  étant  64  : 

M.  Trouessart  obtient 32  suffia^es 

M.  Anthony  »      3i  » 

11  y  a  un  bulletin  blanc. 

En  conséquence,  la  liste  présentée  à  M.  le  Ministre  de  l'Instruction 
publique  comprendra  : 

En  première  ligne M.  Guillaume  Grandidikk. 

En  seconde /igné iM.  Trouessart. 


CORRESPOIVDAIVCE . 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Corres|)on(iance  : 

Le   Précis  de  Diagnostic  chimique,   microscopique  et  parasitologiquc,    de 
MM.  Jules  Guiart  et  L.  Grimbert.  (Présenté  par  M.  Guignard.) 

C.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  12.)  92 


698 


ACADEMÎÏÏ    DES    SCIENCES. 


ASTRONOMIE.  —Observations  de  la  comète  KopJ^(jQo6  b)  faites  ci  l'équatorial 
coudé  de  l' Observatoire  de  Lyon.  Note  de  M.  J.  Guillaume,  présentée  par 
M.  Lœwv. 


Temps  moyen 
Dates.  de 

1906.  Lyon. 

Il  111         s 

Mars  5 ij.jo.Sg 

5 17 . 12 .56 

6 15.49. 48 

6 16.43.35 

7 i4.i6.   5 


.0  — 

*. 

Nombre 

^ 

(le 
comparaisons. 

Aa. 

Aô. 

Éloi 

m      tt 

,        „ 

0.  ô,o4 

-1.43,0 

10:  10 

a 

-0.   4,5o 

—  1 .36,2 

10:  10 

a 

0.28,71 

-0.17,9 

1 2  ;  1 2 

a 

0.29,74 

—0.  i5',6 

8:  8 

a 

0.  5,80 

— 3. 11,2 

10:  10 

c 

Posilions  moyennes  des  étoiles. 


Etoiles. 

a. .  . 
b... 
c. .  . 
d... 

e. .  . 


Ascension 

Réduction 

Réduction 

droite 

au 

Déclinaison 

au 

moyenne. 

jour. 

moyenne. 

jour. 

Autorités. 

Il         m        s 

1 I .35.   6,5i 

s 
-1-1,12 

0       ,        „ 
-hl. 44. 18,1 

— 8','o 

Anon.  10,5  rapp.  n  b 

I 1 .35.34,95 

» 

-f-l  .28.22,9 

)> 

A. G.  Albany,  Wiï 

ir. 34.18, 66 

-M  ,  i3 

-1-1.48.33,0 

-8,1 

Anon.  11"   l'app.  à  d 

11.34.35,41 

)) 

-l-).56.4i,6 

» 

BD+2,2456  rapp.  à  e 

I 1 .37. i5,64 

» 

-t-i.46.i',5 

1) 

A. G.  Albany,  i33o 

Dates. 

1906. 


Mai 


Positions  apparentes  de  la  comète. 


Ascension  droite 

Lo§.  fact. 

Déclinaison 

Log.  fact. 

apparente. 

parallaxe. 

apparente. 

parallaxe. 

Il        m     s 

1 1 .35.  4)59 

+9.477 

-t-1. 42-27,1 

+0,788 

11.35.   3,i3 

+9>579 

-H  I  .42.33,9 

+0,792 

11.34.38,92 

+9,483 

-H I  .43.52.2 

+0,788 

11.34.37,89 

-1-9,556 

+  1.43.54,5 

+0,791 

II. 3',.. 3, 99 

-1-9,245 

+  i  .45.  i3,7 

+0,785 

Remanjites.  —  La  comète  a  rasjiect  d'une  nébulosité  à  I301  Js  très  dili'us,  deiiviron 
l5"  de  diamètre,  avec  condensation  un  peu  excentrée  vers  l'Iwl  et  peut-être  un  très 
petit  noyau;  l'éclat  total  est  de  10', 5.  Les  5  et  6,  images  très  agitées;  la  comète  est 
difficile  à  pointer  pendant  la  deuxième  série.  Le  7,  observation  difficile  à  cause  de  la 
Lune;  la  comète  paraît  une  demi-grandeur  au-dessous  de  l'étoile  de  comparaison  qui 
est  de  1 1^  Le  8,  la  Lune  ell'ace  la  conièle, 


SÉANCE    DU    19    MARS    1906. 


699 


ASTRONOMIE.  —  Observations  de  la  comète  (19066)  faites  à  V Observatoire 
d'Alger,  à  Véquatorial  coudé  de  o'^.SiS.  Note  de  MM.  Sv  et  Villatte, 
présentée  par  M.  Lœwy. 


Etoile 

Diilos. 

de 

1906. 

eiimparai 

Mars  5 

a 

5 . . .  . 

a 

6.... 

h 

6.... 

b 

- 

b 

7  •  •  •  • 
8.... 

b 
b 

8.... 

b 

.^ 


-0.25, 28 
-0.25,88 
-2.3o,97 
-2 .3r ,94 

-  2 . 56 , 87 
-2.57,77 

-3.22,34 

-3. 23. 81 


Nombre 

— 

--. 

de 

AS. 

comparaisons 

i3'.53' 

4 

12:12 

13.54 

5 

12:12 

2.32 

7 

1 5 : 1 0 

2.28 

4 

i5: 10 

1 .   5 

9 

1 5 : 1 0 

1 .   2 

3 

1 5 : 1 0 

0.23 

ï 

.4:10 

0.26 

0 

i5  :  10 

Observ. 

S 
V 

s 

V 

s 

V 
V 

s 


Positions  des  étoiles  de  comparaison. 


.\scension  droite 

Uédiiction 

Déclinaison 

Réduction 

moyenne 

au 

moyenne 

au 

■k 

Gr. 

190G,0. 

jour. 

190G,0. 

jour. 

Autorités. 

a .  .  . 

•      7.0 

h        m       s 

1 1 . 35.35,00 

+  /.i4 

+   i°28'.23'i3 

—  7.9 

^(A.Ci.,All)any,  n"i.327 
+  Paris,  n"  14.230) 

b... 

■        9>2 

II  .37. i5,64 

-H    l,  l3 

+   1.46.11,5 

—    8,0 

A.  G.,  Albany,  n"  .'|.335 

b... 

•       9.2 

» 

-4-    I  ,  l3 

» 

—    8,0 

kl. 

b..  . 

•    9.2 

» 

-h   i,i3 

» 

-    8,1 

Id. 

Positions  apparentes  de  la  comète. 


Dates. 
1906. 

Mars 


Temps  moyen 
d'Alger. 
Il       m      s 

9-4i-'7 
10.  6 . 46 
9.  4.57 
9-47-  9 
9-  9-  6 
9.53.  3 
9.  3.14 
10.   5.28 


Ascension 

droite 
apparente. 

Il         ui        s 

1 1 .35. 10,86 
I I . 35. 10,26 
11.34.45,80 
11.34.44,83 
n. 34. 19, 90 
II .34 . 1  g, 00 
11.33.54,43 
I I .33.52,96 


Log.  fact. 
parallaxe. 

T,53o„ 

T>'i77« 
î,582„ 

î,5io„ 

T ,  570,, 

î  )  'iSg" 
î,572„ 

»  .-i-i9« 


Déclinaison 

Log.  fact. 

apparente. 

parallaxe. 

1.42.   8,8 

0,710 

1.42.   9,9 

0,708 

1.43.30,8 

0,711 

1.43.35,1 

0,709 

1.44. .57, 6 

0,711 

1.45.     1,2 

0,708 

I . 46 .26,5 

0,711 

I. '16.29, 4 

0,707 

Condensali  m  sans  noyau  appri-ciable.  ()bservations  d'ailleurs  assez  flifficiles  à  cause 
de  la  lumière  de  la  Lune. 


■JOO  ACADEMIE   DES    SCIENCES. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  (iffixes  des  racines  d'un  polynôme 
de  degré  n  et  du  polynôme  dérivé.  Noie  de  M.  J.  Jl'hel-Kéxov. 

Considérons  dans  un  plan  n  points  A;,  (X'  =  i,  2,  ...,/«)  donnés  par  les 
équations 

A^^  mXj  +  vY,^  +1  =  0. 
L'équation 

2^  =  0 

est  l'équation  tangentielle  d'une  courbe  de  classe  {n  —  i)  tangente,  en 
leurs  milieux,  aux  droites  qui  joignent  deux  à  deux  les  points  A;^' 

D'ailleurs,  les  tangentes  menées  à  la  courbe  du  milieu  de  A„,A^,  par 
exemple,  et  distinctes  de  A;„  A^„  sont  tangentes  à  la  courbe  de  classe  (/i  —  3  ) 
tangente,  en  leurs  milieux,  aux  droites  qui  joignent  deux  à  deux  les  (n  —  2) 
points  A;(  autres  que  A^  et  A^,. 

D'après  cela  on  peut  énoncer  ce  théorème  : 

Thkorème.  —  Soient  ^^  (k  =  ] ,  2,  . . .,  n)  les  affixes  des  racines  d'un  po- 
lynôme f{z)  de  degré  n.  Les  affixes  des  racines  du  polynôme  dérivé  sont  les 
foyers  réels  d'une  courbe  de  classe  (n  —  1)  tangente,  en  leurs  milieux,  aux 
droites  (jui  joignent  deux  à  deux  les  points  A;,. 

Théorème  auquel  on  peut  encore  donner  la  forme  suivante  : 

Théorème.  —  Les  positions  d'équilibre  d' un  point  mobile  attiré  par  n  points 
fixes  Af^{k  ^  1,  '2,  . . .,  n^  de  même  masse,  en  raison  inverse  de  la  distance, 
coïncident  avec  les  foyers  réels  d'une  courbe  de  classe  (n  —  i)  tangente,  en  leurs 
milieux,  aux  droites  qui  joignent  deux  à  deux  les  centres  d'attraction. 

Remarque.  —  On  démontrerait,  absolument  de  la  même  manière,  que 
l'équation 


^"*  —  "         (^  =  1,  2,  ...,  n) 

n{n  —  i) 


A 


k 


représente  une  courbe  de  classe  (/<  —  i)  tangente  aux droites  joi- 
gnant deux  à  deux  les  points  A;^,  le  point  de  contact  divisant  le  segment  A;^  A^ 

dans  le  rapport -,  et  l'on  aurait  un  théorème  analogue  au  précédent 

et  relatif  à  n  centres  d'attraction  de  masse  m^. 


SÉANCE    DU    19    MARS    (906.  70I 


PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Nouvelle  résolution  du  problème  de  l'induction 
magnétique  pour  une  sphère  isotrope.  Note  de  M.  TomiMaso  Boggio,  pré- 
sentée par  M.  H.  Poincaré. 

Le  problème  de  l'aimantalion  prise,  dans  un  champ  quelconque,  par 
une  sphère  isotrope,  a  été  traité  jusqu'à  ces  derniers  temps  par  de  nom- 
breux auteurs  (Poisson,  Betti,  F.  Neumann,  C.  Neumann,  Mathieu,  Rirch- 
hoff',  etc.)  à  l'aide  de  séries  de  fonctions  sphériques. 

Récemment,  M.  Somigbana  et  moi  avons  résoUi  presque  simultanément 
le  problème  en  question  par  des  intégrales  définies  ('). 

Je  me  permets  maintenant  d'exposer  à  l'Académie  une  autre  solution, 
très  simple,  du  même  problème. 

1.  Soit  S  une  sphère,  homogène,  isotrope,  de  centre  O  et  de  rayon  R; 
désignons  par  k  le  coefficient  d'aimantation  du  corps  S  et  par  n  la  surface 
sphérique  qui  le  limite. 

Il  s'agit  alors,  en  suivant  la  théorie  de  Poisson,  de  trouver  une  fonction 
(harmonique)  o,  vérifiant  en  tout  point  de  S  l'égalité 


W 


W  étant  la  fonction  potentielle  qui  définit  le  champ  magnétique  donné; 
n  la  normale  à  n,  dirigée  à  l'intérieur  de  la  sphère;  /•  la  distance  d'un  point 
quelconque  de  S  à  un  point  variable  de  t. 

Si  l'on  désigne  par  p  le  rayon  vecteur,  et  si  l'on  pose 

(i)  U  =  -(W+7), 

l'égalité  précédente  peut  être  écrite  ainsi  : 

(')  SoMiGLiANA,  Interno  ad  an  problema  d'induzione  magnetica  {Rendiconti  del 
/?.  Istituto  Lomhardo,  série  II,  vol.  XXXVI,  adunanza  del  17  décembre  igo.S).  — 
Boggio,  Induzione  prodotta  da  un  canipo  niagnetico  qualunque  sopra  iina  sfera 
isotropa  {Id.,  vol.  XXXVII,  adunanza  del  28  gennaio  1904  )• 

(^)  Voir,  par  exemple,  Duhem,  Leçons  sur  l'Électricité  et  le  Magnétisme,  t.  II, 
1892,  Paris,  p.  128. 


702  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

IJ  représente  d'ailleurs  la  fonction  potentielle  magnétique  de  la  sphère  et 
partant  il  suffit  de  déterminer  cette  fonction. 

Il  est  bon  de  remarquer  que.  In  fonction  o  étant  harmonique  dans  S,  il  en 

sera  de  même  do  la  fonction  pV-- 

"^  dp 

2.   Maintenant  il  faut  remarquer  que,  si  u  est  une  fonction  harmonique 
dans  la  sphère  S  et  si  l'on  pose 


r     dn 


on  a,  dans  tout  point  de  S,  l'égalité  bien  connue 
(3)  _,  +  p_=2:.R«, 

qui  peut  être  aisément  déduite  de  la  formule 

qui  résout  le  problème  de  Dirichlet  pour  la  sphère  S  ('). 
En  appliquant  la  relation  (3)  à  l'égalité  (2),  on  a,  dans  S, 

I  ,,  dU  ,    d^ 

ou  bien,  en  rappelant  la  relation  (i), 

I        ,,         dV  iT.k       rfW 

TzrU  +  p- 


c'esl-à-dire 

(4)  „(TJ+/.W)  +  p^^ii^^^=a6W, 

ayant  posé 

1  ,            1-Kk 

a  =: 7 — T  î  b  = 7  • 

2   -\-    '.\Tji  1+   2  Tt  k 

Il  résulte  de  l'équation  (4) 


(')    }oir  par  exemple  :  Maucolongo,   Teoria  inalenialica  dcW  equilibiio  dci  corpi 
elastici,  p.  36  (Milano,  lloepli,  1904). 


SÉANCE    DU    19   MARS    1906.  7o3 

et,  puisque  a  >■  o,  on  aura  dans  lout  point  de  S 

cette  formule  très  simple  résout  la  question  proposée. 

La  valeur  de  U  à  l'extérieur  de  S  se  déduit  de  la  précédente  par  une 
inversion  par  rayons  vecteurs  réciproques  et  l'on  trouve  au  point  exté- 
rieur (p,  9,  'h) 

U(?,  e,  ^)  =  -  ^w(Ç,  9,  6)  +a6Rp«-'^"^.  W(|,  9,  ^)./p. 

3.  Si,  au  lieu  d'une  sphère,  on  considère  l'espace  indéfinis,  pour  lequel 
:  >  p  et  qui  est  limité  par  le  plan  j;y  ou  a,  on  a  les  égalités 

,   rdo  ch  dç 

I    dz    r  dz 

*-  tï 

qui  correspondent  aux  (2),  (3).  On  déduit  alors  tout  de  suite 

qui  résout  le  problème  pour  le  champ  S. 

On  voit  aussi  qu'en  deux  points  symétriques  par  rapport  au  plan  t  les 
valeurs  de  U  sont  égales. 


ÉLECTRICITÉ.   —  Sur  la  résistance  d'émission  d'une  antenne. 
Note  de  M.  C.  Tissot,  présentée  par  M.  G.  Lippmann. 

Quand  on  se  sert  d'un  indicateur  thermique,  comme  le  bolomètre,  pour 
déceler  l'effet  des  ondes  électriques  dans  une  antenne  réceptrice,  l'expé- 
rience montre  qu'il  existe  une  valeur  particulièrement  favorable  de  la 
résistance  du  détecteur. 

Cette  valeur  favorable  de  la  résistance  de  l'instrument  de  mesure  peut 
être  déterminée  en  intercalant,  en  série  avec  un  bolomètre  de  faible  résis- 
tance, des  résistances  non  induclives  croissantes  dans  l'antenne  réceptrice. 

Ou  trouve  que  l'énergie  absorbée  par  la  résistance  (totale)  intercalée 
dans  l'antenne  passe  par  un  maximum  pour  une  certaine  valeur  de  cette 
résistance.  D'autre  part,  la  représentation  graphique  du  courant  j'en  fonc- 
tion de  la  résistance  totale  p  donne  une  courbe  d'allure  hyperbolique.  Les 


7o4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

valeurs  de  i  eL  de  o  sont  bien  reliées  par  une  relation  de  la  forme  i  =  -, 

'  '  o  -h  p 

en  attribuant  aux  coefficients  a  et  6  des  valeurs  constantes. 

Si  l'on  désigne  par  A  la  déviation  d'un  détecteur  thermique  intercalé 
dans  une  antenne  réceptrice  en  résonance,  c'est-à-dire  dans  un  résonnateur 
accordé,  on  peut  déduire  de  la  théorie  de  Bjerknes  que  l'on  a 

Ay(5(Y  -H  S)  =  const., 

quand  on  fait  varier  les  décréments  y  de  l'oscillateur  (antenne  d'émission) 
et  (5  du  résonnateur  (antenne  de  réception),  et  que  l'on  opère  à  énergie 
émise  constante. 

Dans  l'expérience  présente,  y  demeure  constant  et  la  variation  de  o  provient  de  l'ad- 
dition des  résistances  non  inducllves  dans  l'antenne  réceptrice. 

Le  décrément  3  est  la  somme  de  deux  décréments  :  o^qui  représente  l'elTet  du  rayon- 
nement; ôj  qui  est  dû  à  l'effet  Joule. 

Si  l'on  désigne  par  T  la  période  du  système,  par  L'  sa  self-induction  effective  (je 
donnerai  plus  loin  la  raison  de  celte  dénomination),  on  a  évidemment 

Rj  étant  la  résistance  olimique  du  résonnateur  considéré.  On  peut  appeler  résislance 
d'émission  de  l'antenne,  la  résislance  qu'il  faudrait  attribuer  à  l'antenne  si  elle  ne 
rayonnait  pas  pour  donner  à  l'amortissement  la  valeur  qui  résulte  du  rayonnement 
seul. 

Et  poser  ô^^:  —AT,  la  (|uantité  R^,  étant  homogène  à  une  résistance. 
De  sorte  que  l'on  a  alors 

De  même,  on  peut  écrire 

Y  =  m(R:. -f-R;)  =  /HR', 

le  coefficient  m  ayant  la  même  valeur  puisque  les  antennes  sont  supposées  accordées 
et  de  même  forme.  Comme  Les  déviations  A  du  bolomètre  sont  proportionnelles 
aux  carrés  de  l'intensité,  on  a 


A 


RR'(R-I-R')' 


en  désignant  par  A  une  certaine  constante. 

L'addition   d'une  résistance  non   inductrice  p  dans  l'antenne  réceptrice  revient  au 
changement  de  R  en  R  -t-  p.  Et  l'on  a 

,_  A 

''~  R'(R-+-p)(RH-lV-t-p)* 


SÉANCE    DU    19    .MARS    1906.  ■yoS 

On  voit  que  l'expression  pi^  passe  par  un  maximum  pour  une  valeur 

R'   .  . 

sensiblement  égale  à  Rh si  R'  est  petit  par  rapport  à  R. 

C'est  le  cas,  par  exemple,  quand  y  se  rapporte  à  une  antenne  à  bord  et  0  à  une 
antenne  à  terre. 

Au  même  degré  d'approximation,  on  peut  mettre  l'expression  de  i. 


v'R'(R-i-p)(R  +  R'-i-p) 

sous  la  forme 

»                                          ,       n        R' 
«  = -; >  en  posant  «  =  Hh • 

b  -h  0  ^  |3 

Le  coefficient  b  est  donc  sensiblement  égal  à  la  valeur  de  p  qui  rend  pi-  maximum. 
Pour  la  valeur  p  =  p„^  b,  le  courant  est  réduit  à  la  moitié  de  sa  valeur. 

Ainsi,  l'énergie  absorbée  par  un  détecteur  intercalé  dans  l'antenne  est 
maximum  quand  la  résistance  de  ce  détecteur  est  égale  à  la  résistance 
d'amortissement  du  système,  c'est-à-dire  quand  le  courant  est  réduit  de 
moitié. 

La  valeur  de  p,„  donne  directement  la  valeur  de  la  résistance  d'émis- 
sion Re  quand  R,,  est  négligeable  ou  simplement  faible  vis-à-vis  de  R^. 

Dans   l'application    de  la   relation    S=-^T  au   calcul   de   S,  on   doit 

observer  que  ce  n'est  pas  le  coefficient  L  pour  des  courants  superficiels 
homogènes  qu'il  faut  introduire,  mais  un  coefficient  L'  qui  correspond  à 
la  distribution  en  onde  stationnaire. 

La  relation  suppose  que  l'on  ait  réalisé  un  résonnateur  fermé  (sans 
rayonnement)  ayant  même  période  que  l'antenne,  une  capacité  C  concen- 
trée en  un  point  et  une  self  L'  répartie  uniformément.  La  résistance  R^ 

de  ce  résonnateur  est  telle  que  S  =:  ——  T. 

On  doit  avoir  pour  ce  résonnateur  T  =  271:  y/L'C. 
Tandis  qu'on  a  pour  l'antenne  T  :=  2  y^LC. 

On  voit  alors  que  l'on  est  amené,  pour  satisfaire  aux  conditions  imposées 
au  système,  à  prendre 

L'=-,        C'=- 

C.  H.,  190S,  1"  Semestre.  (T..CXLU,  N»  12.)  93 


706  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

en  désignant  par  L  le  coefficient  de  self-induction  de  l'antenne  (anteiiiie 
et  image)  pour  des  courants  superficiels  homogènes. 
Pour  une  antenne  de  longueur  /,  on  a  ainsi 

\j  =  21. ir  — 

^  /• 

Dans  l'exemple  cité,  /=  55'",  r^  o'"",'! 

L  =  2,4.10'^  cm.,        T  =  0,73.10-", 
L'  =  ^  =  7,6.10'  cm. 

Si  l'on  prend  R  ==  70"  =  70  .  10",  on  trouve 

0  =  0,34 
qui  est  bien  de  l'ordre  de  grandeur  du  décrément  de  nos  antennes. 


PHYSIQUE.  —  Sur  le  mécanisme  fie  la  lumière  positive.  Note  de  M.  P.  Villard, 

présentée  par  M.  J.  Violle. 

Des  considérations  mécaniques  très  simples  permettent  de  reconnaître 
que  le  problème  de  la  lumière  positive  des  tubes  de  Geissler  appartient 
non  pas  au  domaine  de  la  Dynamique,  mais  à  celui  de  la  Statique. 

Aucune  différence  essentielle  ne  se  manifestant  quand  la  pression  varie 
entre  des  limites  même  très  étendues,  il  convient  d'étudier  le  phénomène 
à  des  pressions  suffisantes  pour  que,  dans  de  larges  ampoules,  la  colonne 
positive  reste  très  éloignée  des  parois  qui  la  repoussent  manifestement.  Une 
pression  de  i''"  à  5""  de  mercure  convient  très  bien. 

L'expérience  classique  de  la  déviation  magnétique  {fig.  i)  montre  immé- 
diatement que  l'hypothèse  balistique  est  inadmissible.  La  (déviation,  au  sens 
géométrique  du  mot  (modification  de  la  direction),  est  en  effet  nulle  à 
l'endroit  où  le  champ  magnétique  est  maximum.  De  plus,  cette  déviation 
change  deux  fois  de  sens,  puisqu'il  y  a  deux  points  d'inflexion.  La  figure 
obtenue  est  au  contraire  celle  d'un  fil  flexible  et  extensible,  repoussé  par 
les  parois  et  écarté  de  sa  position  primitive  par  une  poulie  (');  au  point 

(')  J'ai  fait  antérieuremenl  une  comparaison  analogue  {Scientia  :  Les  rayons  ca- 
thodiques. Paris,  Gauthier-Villars,  1900). 


SÉANCE    DU    19   MARS    1906.  ■^^O^ 

OÙ  {'écart  esL  maximum,  !;i  lang^enle  est  parallèle  à  la  direction  primitive. 
Cette  expérience  dans  laquelle  intervient  le  centrage  par  les  parois, 
n'est  pas  assez  simple  pour  se  prêter  aisément  à  un  raisonnement  correct. 
Il  est  préférable  de  prendre  une  ampoule  très  large  placée  dans  un  champ 
magnétique  uniforme.  On  obtient  alors  un  enroulement  de  sens  constant, 
plan  ou  hélicoïdal,  suivant  que  le  champ  est  perpendiculaire  ou  oblique  à 
la  ligne  des  électrodes.  La  source  électrique  peut  être  une  bobine  d'induc- 
tion ou  un  transformateur,  ou  mieux  un  condensateur  de  i  à  2  microfarads 
chargé  à  quelques  milliers  de  volts  et  se  déchargeant  au  travers  d'une  bo- 
bine d'un  demi-millième  de  henry  environ.  On  obtient  un  ruban  de  feu 


Fig. 


Fig.  3. 


«\ 


—  C 


Kig.   I.  ^  Déviation  de  l<i  luiiiière  positive  rtans  un  tube  étroit. 

Fig.  a.  —  Enroulcnient  Jans  un  champ  uniforme  (décharge  de  a  raicrofarads  )  :  A,  anode;  G,  ca- 
thode ;JV1,  sens  du  courant  magnétisant;  a  et  c,  sens  d'enroulement  des  projectiles  positifs  et 
négatifs. 

Sont  également  indiquées  trois  décharges  faibles  ayant  précédé  la  décharge  principale  (pendant  la 
décharge  du  condensateur)  :  la  longueur  de  ces  aigrettes  croit  avec  l'intensité,  ainsi  que  la 
déviation. 

homogène  assez  éclatant  pour  qu'une  seule  décharge  soit  facile  à  photogra- 
phier, et  se  comportant  dans  le  champ  magnétique  comme  un  courant  d'in- 
tensité unique,  tandis  que  la  décharge  ordinaire,  d'intensité  variable  pen- 
dant sa  durée,  donne  une  nappe  largement  étalée.  La  figure  2,  calquée  sur 
une  photographie,  représente  le  phénomène.  Au-dessous  sont  figurés  : 
1°  le  sens  du  courant  magnétisant;  2°  le  sens  de  gyration  des  projectiles 
négatifs  et  positifs. 

Les  lois  de  la  mécanique  électromagnétique  sont  ici  applicables  sans  dif- 
ficulté et  conduisent  aux  conclusions  suivantes  : 

Un  projectile  positif  ou  négatif  tourne  dans  le  champ  de  telle  sorte  que 
le  courant  de  convection  produit  diminue  le  champ  magnétique.  Un  cou- 


708  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

rant  de  conduction  s'enroule  au  contraire  de  manière  à  accroître  le  champ, 
c'est-à-dire  dans  le  sens  du  courant  magnétisant.  C'est  précisément  le  cas 
de  la  lumièrepositive. 

Quand  on  augmente  le  champ,  les  spires  décrites  par  un  projectile  dimi- 
nuent de  diamètre.  C'est  celui-ci  qui  augmente  au  contraire  dans  le  cas 
d'un  ^\\  parcouru  par  un  courant,  et  aussi  pour  l'enroulement  de  la  lumière 
positive. 

L'hypothèse  statique  est  donc  seule  admissible,  et  la  colonne  positive 
doit  être  considérée  comme  une  chaîne  conductrice  extensible,  tendue 
entre  l'anode  et  la  cathode,  et  constituée  par  des  molécules  ou  particules 
gazeuses  immobiles  ou  en  mouvement  lent. 

Entourée  d'ions  négatifs  et  de  corpuscules,  cette  chaîne  perd  de  l'élec- 
tricité positive  sur  toute  sa  longueur  et  l'intensité  du  courant  qui  la  tra- 
verse diminue  depuis  l'anode  jusqu'à  l'espace  obscur  de  Faraday  où  la 
chaîne  anodique,  disloquée  par  les  corpuscules,  cesse  d'exister,  tout  le 
courant  passant  alors  par  les  ions. 

Cette  manière  de  voir  est  confirmée  par  les  faits  suivants  : 

I"  Dans  un  tube  étroit  où  la  déperdition  par  les  ions  est  minime,  la  colonne  ano- 
dique est  plus  longue  que  dans  une  ampoule  large  de  même  longueur; 

2°  En  augmentant  l'intensité  du  courant,  on  allonge  la  chaîne  anodique  ; 

3°  Un  faisceau  cathodique  envoyé  transversalement  par  une  source  auxiliaire  sup- 
prime la  lumière  positive  sur  son  trajet  (pour  cette  expérience,  une  pression  assez 
faible  est  évidemment  nécessaire).  Cette  expérience  explique  l'incompatibilité  de  la 
lumière  positive  et  des  rayons  cathodiques. 

Il  serait  naturel  d'admettre  que  le  long  de  la  chaîne  anodique  l'intensité 
varie  exponentiellement  ;  mais  en  admettant,  pour  plus  de  simplicité,  une 
loi  de  variation  hyperbolique,  en  somme  peu  différente  de  la  loi  exponen- 
tielle, on  démontre  très  facilement  que  la  figure  d'équilibre  de  la  chaîne  en 
question  est  une  spirale  logarithmique  (le  rayon  de  courbure  doit  varier 
en  raison  inverse  de  l'intensité).  Or,  la  courbe  de  la  figure  2  diffère  peu 
d'un  arc  de  spirale,  ce  qui  confirme  l'hypothèse  énoncée. 

La  colonne  positive  présente  une  électrisation  positive  sensible  :  elle  est 
attirée  par  un  objet  chargé  négativement. 

Pour  la  même  raison  probablement  elle  est  repoussée  par  les  parois; 
dans  un  tube  étroit  muni  d'une  tubulure  latérale  elle  s'infléchit  devant 
cette  tubulure,  par  répulsion  de  la  paroi  opposée  :  le  centrage  se  rétablit 
plus  vile  du  côté  cathode  que  du  côté  anode. 

En  employant  un  tube  en  U  à  branches  rapprochées,  on  constate  que 


SÉANCE    DU    19    MARS    1906.  709 

deux  portions  de  lumière  positive  à  potentiels  très  différents  s'attirent.  L'at- 
traction diminue  quand  l'intensité  augmente,  à  cause  de  la  répulsion  électro- 
dynamique. Il  en  est  de  même  avec  un  fil  parcouru  par  un  courant. 

Ainsi  la  colonne  positive  est  une  chaîne  de  particules  gazeuses  parcourue 
par  le  courant.  Il  reste  à  déterminer  si  l'émission  de  lumière  est  due  au 
passage  de  ce  courant  ou  à  la  dislocation  progressive  de  la  chaîne  par  le 
choc  des  ions  négatifs.  Certains  faits  tendent  à  faire  supposer  que  c'est  la 
première  de  ces  deux  hypothèses  qui  est  exacte. 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Sulfure  d'antimoine  et  antimoine. 
Note  de  MM.  Chrétie.v  et  Guixchant,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

Les  recherches  électriques  que  nous  avons  entreprises  sur  le  sulfure 
d'antimoine  nous  ont  conduits  à  déterminer  tout  d'abord  les  proportions 
d'antimoine  qui  se  dissolvent  dans  le  sulfure  aux  températures  élevées. 
M.  Pélabon  a  signalé  que  ces  deux  corps  se  dissolvent  mutuellement  mais 
pas  en  toutes  proportions  au  voisinage  de  la  température  de  fusion.  Il  en 
est  de  même  à  toute  température  jusqu'à  l'ébullition  du  sulfure.  Le  mélange 
se  sépare  toujours  en  deux  couches  :  une  solution  de  sulfure  dans  l'anti- 
moine à  la  partie  inférieure  et  une  solution  d'antimoine  dans  le  sulfure  à 
la  partie  supérieure.  La  différence  des  densités,  déjà  assez  élevée  à  la  tem- 
pérature ordinaire,  s'accentue  encore  à  l'état  fondu,  grâce  à  la  dilatation 
considérable  que  subit  le  sulfure  au  moment  de  la  fusion. 

Densité  de  l'antimoine  et  de  son  sulfure  a  l'état  fondu.  —  Les  corps 
étaient  fondus  à  l'abri  de  l'air  dans  une  éprouvette  en  porcelaine;  on  y 
plongeait  un  récipient  en  quartz  ayant  la  forme  d'un  gros  thermomètre;  au 
point  de  jonction  du  réservoir  et  du  tube  une  ouverture  à  lèvre  inférieure 
horizontale  permet  le  remplissage  en  même  temps  que  le  g;iz  s'échappe  par 
un  tube  vertical.  Le  récipient  était  jaugé  au  mercure;  la  capacité  d'en- 
viron lo'"'  est  déterminée  à  j^  près  quand  la  forme  et  la  position  de  l'ou- 
verture sont  convenables;  la  densité  est  ainsi  connue  avec  la  seconde  déci- 
male exacte.  L'antimoine  et  le  sulfure  employés  dans  ces  mesures  étaient 
des  produits  ordinaires  du  commerce. 

Anlimoine.  Stibine. 


i3, 6,75  i3 4)63 

698.. 6,55  643 3,85 

II 56 6,45  II 16 3,82 


7IO  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

11  serait  illusoire  de  chercher  à  déduire  de  ces  nombres  les  coefficients  de  dilatation  : 
la  dilatation  influe  en  eflet  sur  la  seconde  décinaale  qai  est  h  la  limite  des  erreurs  expé- 
rimentales. 

Le  sulfure  d'antimoine  éprouve  ainsi  au  moment  de  la  fusion  une  dilatation 
d'environ  17  pour  100  et  sa  (iei)sité  reste,  à  toute  température,  très  infé- 
rieure à  celle  de  l'antimoine. 

Composition  dé  la  phase  sulfure  en  présence  de  l'antimoine.  —  Le  mé- 
lange d'antimoine  et  de  sulfure  pulvérisés  était  chauffé,  pendant  une  heure 
environ,  à  la  température  de  l'observation  et  fréquemment  agité  avec  la 
pince  thermoélectrique;  des  additions  d'antimoine  rendaient  la  saturation 
rapide  et  certaine.  Pour  saisir  la  composition  de  la  couche  supérieure  à 
température  élevée  nous  avons  employé  deux  méthodes. 

A.  Prise  d'essai.  —  Un  tube  en  cuivre  rouge  à  double  circulation  d'eau  était  plongé 
dans  la  masse  fondue,  puis  retiré  immédiatement.  Il  reste  adhérente  au  tube  une  gaine 
solidifiée  d'autant  plus  épaisse  que  la  température  est  plus  basse.  Aux  températures 
élevées  la  gaine  est  à  peine  suffisante  pour  faire  une  analyse,  et,  d'autre  part,  la  disso- 
ciation rapide  ou  l'ébullition  de  la  dissolution  entraînent  les  globules  d'antimoine;  les 
proportions  d'antimoine  trouvées  sont  parfois  extraordinairement  élevées  et  nous  avons 
éliminé  ces  expériences  dans  le  Tableau  qui  suit. 

B.  Refroidissement  brusque.  —  Le  mélange  était  chaufi'é  dans  un  tube  de  quartz 
et  plongé  rapidement  dans  l'eau  froide.  Le  tube  de  quartz  était  cassé  et  la  couche  de 
sulfure  soumise  à  plusieurs  analyses  pour  s'assurer  de  son  homogénéité  chimique. 

Le  Tableau  suivant  indique  le  poids  p  d'antimoine  qui  s'est  ajouté  au 
sulfure  pour  loo^  de  la  masse  totale;  l'indice  q  se  rapporte  aux  mesures 
faites  dans  le  quartz. 


539.. 

.  11,28 

698,... 

.  16,5 

825.. 

.  20,0 

1 i3o  . . . 

21 ,3 

595,. 

.    l3,3 

702  . . . 

16,0 

960  .. 

20,6 

1167,  .. 

21,2 

64o.. 

.  14,34 

7.50  . . . 

ï7'96 

io36  . . 

.  21 ,0 

1 1 80,  . . 

21,1 

660  .. 

.  i5,72 

8oo„. . . 

20, 1 

1108  .. 

.  2. ,8 

1180.  . . 

21 ,9 

A  Ti8o°  la  dissolution  est  en  pleine  ébuUition  et  la  température  ne  peut 

pas  être  élevée  sous  la  pression  atmosphérique. 

L'antimoine  additionnel   varie   ainsi  à  peu  près  du  simple  au   double 

..   ,  f"^  ,s    „\      r  Sb  additionnel 

(de  II, .-5  a  22  entre  SSg"  et  1180°).  Le  rapport  p^    masse  totale    ^  '°° 

peut  se  représenter  très  approximativement  en  fonction  de  la  température  t 
par  deux  droites  d'inclinaisons  très  différentes  : 

p  =  20,33  -h  x5     (<  —  810)  au-dessous  de  810°, 
■   />  =  20,33 -hî^(<  —  810)    au-dessus   de  810". 


SÉANCE    DU    19    MARS    1906.  71I 

La  quantité  d'antimoine  dans  le  liquide  reste  à  peu  près  constante  à 
partir  de  810°.  Elle  correspond  à  un  mélange  quj  renferme  22,5  pour  100 
de  soufre  ;  le  composé  SbS  exigerait  21,11. 

Les  dissolutions  à  température  élevée  ne  sont  pas  conductrices  à  l'état 
solide  dans  les  parties  qui  ont  été  refroidies  brusquement;  les  dissolutions 
ou  parties  de  dissolutions  qui  n'ont  pas  été  congelées  instantanément  sont 
au  contraire  très  conductrices.  La  conductibilité  est  due  à  l'antimoine  qui 
s'est  séparé  du  sulfure  sans  avoir  le  temps  de  se  déposer  et  reste  à  l'état 
pulvérulent  emprisonné  dans  la  masse. 

En  fondant  à  basse  température  ces  solutions  conductrices,  elles  dé- 
posent de  l'antimoine  et  perdent  leur  conductibilité;  on  ne  peut  en  aucune 
façon  voir  là,  comme  le  pensait  Faraday,  la  preuve  de  l'existence  d'un  sous- 
sulfure  conducteur. 

MÉTHODE  ANALYTIQUE.  —  Nous  avous  employé  pour  toutcs  CCS  dissolutious 
de  l'antimoine  pur  et  du  sulfure  d'antimoine  pur  obtenu  par  synthèse.  Le 
grand  nombre  des  analyses  et  l'exactitude  qu'elles  nécessitent  nous  ont 
conduit  à  rechercher  une  méthode  rapide  et  de  grande  précision  applicable 
à  ce  cas  particulier  :  nous  avons  utilisé  la  réduction  totale  du  sulfure  d'an- 
timoine dans  un  courant  d'hydrogène  pur.  Le  composé  était  chauffé  dans 
un  tube  à  analyse  en  verre  dur  préalablement  taré  :  la  différence  entre  le 
poids  final  et  le  poids  du  tube  vide  donnait  le  poids  de  l'antimoine.  L'hy- 
drogène sulfuré  était  reçu  dans  des  appareils  à  absorption  contenant  une 
solution  d'iode  décinormale  :  un  titrage  de  l'iode  après  la  réduction  faisait 
connaître  le  poids  de  soufre.  Les  analyses  faites  sur  un  même  produit  con- 
cordent entre  elles  avec  des  écarts  d'au  plus  o,3  pour  100. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  des  imino-éthers  et  des  imi no-chlorures  sur  les 
dérivés  organo -magnésiens.  Noie  de  M.  R.  Marquis,  présentée  par 
M.  H.  Moissan. 

La  synthèse  des  cétones  au  moyen  des  dérivés  organo-magnésiens  a  déjà 
été  réalisée  de  différentes  manières. 

Rappelons  les  méthodes  de  M.  Biaise  (')  qui  fait  agir  les  nitriles,  de 
M.  Béis  (^)  qui  part  des  amides,  de  M.  Fournier  (')  qui  met  en  jeu  les 
anhydrides  d'acides. 

(')   Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  p.  38  et  t.  CXXXIII,  p.  1217. 

(-)  Comptes  rendus,  t.  CXXXVII,  p.  S^S. 

{')   Bull.  Soc.  chim.,  3=  série,  t.  XXXV,  p.  19. 


712  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

J'ai  abordé  le  même  problème  par  une  autre  voie,  en  me  basant  sur  les 
considérations  suivantes  : 

L'action  des  éthers-sels  sur  les  dérivés  organo-magnésiens  ('),  four- 
nissant des  alcools  tertiaires,  a  lieu  en  deux  phases  : 

a.  Fixation  d'une  molécule  R  —  Mg  —  X  sur  le  CO  du  groupement 
-CO.OR'; 

/OMgX 

b.  Double  échange  entre  R  et  OR' conduisant  au  groupement  —C  —  R 

\R 
Si  l'on  pouvait  limiter  la  réaction  à  cette  dernière  phase  (")  en  bloquant 

provisoirement  le  groupement  CO,  on  arriverait  à  un  dérivé  d'une  cétone. 
Ceci  m'a  conduit  à  essayer  l'action,  sur  les  dérivés  organo-magnésiens, 

des  imino-éthers  substitués  à  l'azote 

R      r^^^' 
^-^\0R"- 

J'ai  employé  d'abord  le  phényliminobenzoate  de  méthyle 

(R  =  R'=C'^H%  R"=CH') 

opposé  au  phénylbromure  de  magnésium. 

Dans  les  conditions  les  plus  habituelles,  c'est-à-dire  en  solution  éthérée, 
on  n'observe  aucune  réaction,  même  après  plusieurs  heures  d'ébullition. 
Il  n'en  est  plus  de  même  lorsqu'on  opère  en  employant  le  procédé  de 
M.  Bodroux,  c'est-à-dire  lorsque,  ayant  remplacé  l'éther  par  du  toluène, 
on  ajoute  peu  à  peu  l'imino-éther  à  la  solution  du  dérivé  magnésien 
chauffée  vers  loo".  On  voit  alors  une  réaction  nette  se  produire  avec  for- 
mation d'un  précipité  insoluble. 

En  traitant  ensuite  par  l'acide  sulfmique  ddué  à  froid,  épuisant  à  l'éther, 
puis  séchant  et  distillant  la  solution  éthérée,  on  obtient  l'anile  de  la  benzo- 
phénone  (')  (prismes  jaunes,  fondant  à  112°). 

La  réaction  a  donc  été  la  suivante  : 

CeH._c(^CJH^  +Mg(^:jj,  =BrMgOCH^  +  C'-H'-C<^f J. 


(')  Bébal,  Comptes  rendus,  i.  CXXXII,  p.  4S0. 

(')  MM.  Gatlermann  et  Maffezzolli  (Bc-richte.  l.  XXXVI,  p.  11.)?,)  y  soûl  arrivés, 
avec  le  fonnialc  d'étlijle,  en  opérant  à  une  température  suffisamment  basse  ( — 45°). 
(')  RoHDE,  Berichte,  t.  XXV,  p.  2o56. 


SÉANCE    DU    19   MARS    1906.  j\'5 

L'anile  est  facilement  transformé  en  benzophénone  par  l'acide  chlorhy- 
(Irique  dilué  bouillant.  Le  rendement  final  en  cétone  est  de  55  pour  100. 
Malheureusement,  la  réaction  précédente  est  loin  d'être  générale. 

Je  l'ai  essayée  successivement,  sans  succès,  avec  le  bromure  d'isoamylmagnésium  et  le 
]iliényliminoacétate  d'élhyle,  le  bromure  de  propylmagnésium  et  le  phényliminopro- 
pionale  d'éthyle,  le  bromure  d'o-tolyl-  et  l'iodure  de  /i-tolylmagnésium  et  le  pliéiiyl- 
iminobenzoate  d'éthyle.  Il  se  forme  dans  ces  réactions  une  abondante  quantité  de 
pi'oduits  goudronneux  et  résineux. 

Avec  l'iodure  d'isobulylmagnésium  et  le  phényliminobenzoale  de  méthyle,  j'ai 
obtenu,  à  côté  d'une  assez  grande  quantité  de  benzanilide,  une  trace  d'un  produit 
cétonique  dont  la  semicarbazone,' en  quantité  trop  faible  pour  l'analyse,  fondait 
à  2i4°- 

Le  chlorure  de  benzylmagnésium  et  le  phényliminobenzoate  d'éthyle  m'ont  fourni, 
au  contraire,  de  la  désoxybenzoïne,  mais  avec  un  rendement  de  10  pour  100  seule- 
ment. 

J'ai  alors  essayé  l'action  du  phényliminochlorure  de  benzoyle,  espérant  avoir  une 
réaction  plus  nette  : 

*  \CI  "  \cni' 

Il  n'en  a  rien  été.  Avec  le  phénylbromure  de  magnésium,  la  proportion  de  benzo- 
phénone formée  n'a  été  que  de  3o  pour  100  environ.  Avec  l'isobutylbromure  et  le 
/)-tolyliodure  de  magnésium,  le  résultat  a  été  négatif.  J'ai  toujours  retrouvé  de  la  benza- 
nilide provenant  de  l'hydratation  de  l'iminochlarure  et,  dans  le  cas  du  toluène /J-iodé, 
une  assez  grande  quantité  de  diphénylbenzamidine  (fondant  à  i47°)- 

Le  meilleur  résultat  que  j'aie  obtenu  dans  cette  voie  a  été  dans  l'action 
du  chlorure  de  benzylmagnésium  sur  le  phényliminochlorure  de  benzoyle, 
en  solution  élhérée.  On  peut  alors,  après  avoir  hydrolyse  le  produit  brut 
de  la  réaction  par  l'acide  sulfurique  à  10  pour  100  bouillant,  isoler  une 
quantité  de  désoxybenzoïne  pure  atteignant  60  pour  100  du  rendement 
théorique.  C'est  en  somme  un  bon  procédé  de  préparation  de  cette  cé- 
tone (*). 


(')  Le  phényliminochlorure  de  benzoyle  s'obtient  en  effet  très  facilement  en  trai- 
tant la  benzanilide  par  PCl^  et  fractionnant  dans  le  vide.  Rendement  :  92  pour  100  en 
produit  bouillant  à  202°  sous  Si™™. 


C.  K.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N"  12.)  9^ 


7l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Préparation  d'éthers  glycidiques  et  d' aldéhydes  dans 
la  série  hexahydroaromatique.  Note  de  MM.  Georges  Darzens  et 
P.  Lefébure,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

A  cause  de  l'importance  toute  spéciale  que  présentent  les  aldéhydes 
hexahydroaromatiques,  nous  avons  cru  devoir  rechercher  si  la  méthode 
de  synthèse  des  éthers  glycidiques  imaginée  par  l'un  de  nous  pouvait  s'ap- 
pliquer aux  cyclohexanones  et  si  la  décomposition  des  acides  glycidiques 
correspondants  pouvait  conduire  à  une  méthode  de  préparation  pratique 
des  aldéhydes  hexahydrobenzoïques. 

Lacyclohexanone  etses  trois  homologues  monométhylés,  préparés  par  la 
méthode  de  MM.  Sabalier  et  Senderens,  nous  ont  permis  de  préparer  d'une 
façon  avantageuse  les  aldéhydes  correspondantes;  ce  sont  ces  recherches 
que  nous  résumons  dans  la  présente  Note. 

Dans  un  mélange,  bien  refroidi  vers  o°,  de  molécules  égales  de  cyclohexanone  el 
d'élher  monochloracélique,  on  ajoute  lentement  i™"'  d'éthyJate  de  sodium  sec  préparé 
en  dissolvant  i"'  de  sodium  dans  l'alcool  absolu  et  distillant  l'excès  de  ce  solvant  dans 
le  vide  à  i8o°. 

Le  mélange  est  abandonné  à  la  température  ordinaire  pendant  48  heures,  on  le  porte 
ensuite  à  la  température  du  bain-marie  pendant  6  heures  environ  pour  achever  la 
réaction. 

La  masse  est  reprise  par  l'eau  et  l'éther  glycidique,  résultant  de  cette  condensation, 
est  décanté,  séché  sur  le  sulfate  de  soude  anhydre  et  purifié  par  rectification  dans  le 
vide. 

On  obtient  ainsi,  avec  un  rendement  de  65  pour  loo  environ,  l'éther  de 
l'oxyde  de  cyclohexylacétique,  éther  glycidique  dont  la  composition  corres- 
pond à  la  formule 

\CH^-CH=/    \/ 
O 

C'est  un  liquide  incolore,  légèrement  visqueux,  bouillant  à  i28''-i29°  sous  ly™™  et 
présentant  une  odeur  faible  mais  extrêmement  désagréable  de  fruits  pourris  et  de 
scatol. 

Cet  éther  se  saponifie  très  facilement  par  l'action  d'une  lessive  alcaline  à  la  tempé- 
rature de  100°.  Les  sels  alcalins,  ainsi  que  l'acide  libre,  sont  relativement  stables. 

l'our  préparer  1  aldéhyde  hexahydrobenzoique,  il  convient  de  distiller 


SÉANCE  DU  19  MARS  I906.  71$ 

lentement  l'acide  libre  dans  un  vide  inférieur  à  3o°"",  il  se  décompose 
ainsi  très  nettement  en  aldéhyde  et  acide  carbonique.  On  purifie  l'aldéhyde 
par  une  rectification  dans  le  vide  sans  qu'il  soit  nécessaire  de  passer  par  la 
combinaison  bisulfitique. 

L'aldéhj'de  hexahydrobenzoïque  bout  à  i55''-i57»  à  la  pression  atmosphérique  et  à 
750-78°  sous  20™™.  Sa  semicarbazone  fond  à  i73<'-i74°  et  sa  benzylpbénylhydrazone 
à  6o°-6i°.  Elle  a  une  odeur  très  forte  de  valéral.  M.  Bouveault  l'avait  déjà  préparée 
par  une  autre  méthode  ('). 

L'orthométhylcyclohexanone  nous  a  donné  dans  les  mêmes  conditions 
l'éther  de  l'oxyde  deo.-mélhylcyclohexylacétique,  liquide  bouillant  à  129°- 
iSi"  sous  i5"""  et  ayant  une  odeur  plus  désagréable  que  l'éther  glycidique 
précédent.  L'acide  se  décompose  normalement  par  dislillalion  dans  le  vide 
en  CO'  et  aldéhyde  o.-méthylhexahydrobenzoïque. 

Cette  aldéhyde,  non  encore  décrite,  bout  à  6i°-62''  sous  là"™  (sa  semi- 
carbazone fond  à  i37°-i38°);  elle  présente  une  forte  odeur  camphrée 
moins  désagréable  que  celle  de  l'aldéhyde  précédente. 

L'éther  de  l'oxyde  de  wj.-méthylcyclohexylacétique,  préparé  à  l'aide  de  la 
m.-méthylcyclohexanone  synthétique,  bouta  i4o°-i43°sous  20°"".  11  permet 
de  préparer  facilement  l'aldéhyde  w.-méthylhexaliydrobenzoïque,  liquide 
bouillant  à  6o"-6i°  sous  iS"""  et  donnant  une  semi-carbazone  fondant  à 
i63°-i64«.  Cette  aldéhyde  avait  été  déjà  préparée  par  un  autre  procédé  par 
M.  Tschitschibabine  (-). 

L'éther  de  l'oxyde /j.-méthylcyclohexylacétique  se  prépare  également  très 
facilement  à  l'aide  de  la/^.-niéthylcyclohexanone.  C'est  un  liquide  bouillant 
à  i33°  sous  18"™  et  donnant  par  saponification  et  distillation  dans  le  vide 
l'aldéhyde /j.-méthylhexahydrobenzoïque,  liquide  à  odeur  aromatique  spé- 
ciale et  non  désagréable  bouillant  à  64°-65°  sous  16""  (sa  semicarbazone 
fond  à  i68°-i69°). 

Le  procédé  de  préparation  des  aldéhydes  hydroaromatiques  que  nous 
venons  d'exposer  donne  en  général  de  bons  rendements  et  serait  très  pra- 
tique pour  l'obtention  de  ces  corps  s'il  n'était  assez  pénible  à  cause  de 
l'odeur  très  désagréable  des  élhers  glycidiques. 

Nous  poursuivons  ces  recherches. 


(')  Bouveault,  Bull.  Soc.  chim.,  t.  XXXI,  1904,  p.  i3a2. 

(-)  A.-E.  Tschitschibabine,  Journ.  Soc.  phys.-chitn.  r.,  t.  XXXVI,  p.  418-421. 


7lG  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


MI.XÉRALOGIE.  —  Structure  et  origine  probable  du  minerai  de  fer  magnétique 
de  Diélette  (^Manche).  Note  de  M.  L.  Cayeux,  présentée  par  M.  Michel 
Lévy. 

Dans  le  Mémoire  inédit  que  j'ai  remis  en  1898  à  l'Académie  des  Sciences, 
pour  le  concours  du  Prix  Vaillant,  j'ai  fait  connaître  la  structure  du  minerai 
de  fer  de  Diélette  (Manche).  Les  résultats  de  mes  recherches  offrant 
quelque  intérêt  pour  les  études  qui  sont  poursuivies  en  ce  moment  par 
MM.  Michel  Lévy,  Bigot  et  Leclère,  sur  les  auréoles  métamorphiques  du 
granité  de  Flamanville,  je  me  propose  de  les  résumer  clans  la  présente 
Note. 

Le  minerai  de  Diélette  occupe  le  bord  occidental  du  massif  granitique  de  Flaman- 
ville, à  l'extrémité  nord-ouest  du  Cotentin.  Il  forme  six  couches  verticales,  inlerstrati- 
fîées  dans  les  terrains  sédimenlaires  métamorphisés  par  le  granité.  Trois  d'entre  elles 
affleurent  sur  la  plage  à  marée  basse  ;  les  autres  n'ont  été  reconnues  que  par  les  travaux 
menés  en  galerie  sous  la  mer  (').  L'âge  du  minerai  a  été  discuté.  Les  observations  de 
M.  Bigot  permettent  de  l'attribuer  sans  aucun  doute  au  Dévonien  inférieur. 

J'ai  soumis  à  une  étude  micrographique  les  minerais  les  moins  riches  en 
fer  et  les  plus  finement  cristallisés.  Au  microscope,  ils  montrent  du  fer 
oxydulé  prédominant,  de  l'oligiste  et  différents  minéraux  dessinant  des 
lâches  de  couleur  claire.  Le  fer  oxydulé  constitue  des  octaèdres,  quel- 
quefois isolés,  presque  toujours  soudés,  et  formant  une  trame  continue  qui 
englobe  les  différentes  particules  minérales  associées  à  la  magnétite.  Il  en- 
gendre même  des  plages  d'étendue  très  variable  où  la  fusion  des  cristaux 
est  complète. 

Un  observateur  qui  examinerait  des  sections  minces  du  fer  magnétique 
de  Diélette,  sans  être  préparé  à  leur  interprétalion  par  l'étude  de  différents 
types  de  minerais,  serait  exposé  à  n'y  voir  qu'un  mélange  confus  de  fer 
magnétique  et  de  minéraux  accessoires.  Or,  la  distribution  du  fer  oxydulé 
est  telle,  dans  certains  cas,  qu'il  est  évident  que  la  roche  élail  oolithique  à 
l'origine,  et  que  sa  structure  première  a  été  presque  complètement  effacée 


(')  Ed.  Fuchs  et  L.  De  Launay,  Traite  des  gites  minèrau.r  et  méiallifères,  t.  L 
1893,  p.  786. 


SÉANCE    DU    19    MARS    1906.  717 

par  le  développement  de  la  magnétite.   Cette    notion  est  fondée  sur  les 
observations  suivantes  : 

1.  L'étude  miiuilieuse  de  nombreuses  coupes  minces,  tirées  des  minerais  les  plus 
pauvres,  permet  de  retrouver  des  vestiges  d'oolithes  en  magnétite.  Ce  sont  presque 
toujours  des  corps,  plus  ou  moins  engagés  dans  la  matière  ferrugineuse  ambiante  et 
qui  réalisent  très  nettement  la  forme  et  une  partie  des  caractères  des  oolithes  calcaires 
et  ferrugineuses. 

Beaucoup  d'éléments  juxtaposés,  pourvus  de  larges  adhérences,  sont  dégagés  en 
plusieurs  points  de  leur  surface  et  limités,  dans  les  parties  libres,  par  de  petites  lignes 
courbes  régulières  qui.  prolongées  par  la  pensée,  s'accordent  toujours,  quel  qu'en  soit 
le  nombre,  pour  jalonner  un  contour  circulaire  ou  elliptique. 

2.  On  reconnaît,  même  dans  les  plages  dont  la  physionomie  première  est  le  plus 
altérée  par  l'abondance  de  la  magnétite,  des  espaces  non  ferrugineux,  circonscrits  par 
des  lignes  courbes  d'un  dessin  très  régulier.  Ce  sont  des  espaces  inleronlilhujues 
fermés  de  tous  côtés  par  des  bords  d'oolithes  intimement  soudées  entre  elles.  11  en  est 
qui  affectent  la  forme  de  triangles  curvilignes. 

3.  De  nombreux  corps  oolithiques,  parmi  ceux  qui  sont  le  moins  déformés  par  des 
adhérences,  ont  gardé  la  trace  très  apparente  d'un  noyau  non  transformé  en  magné- 
tite. Seule,  la  zone  corticale,  primitivement  caractérisée  par  une  structure  probable- 
ment concentrique,  est  envahie  par  le  fer  oxydulé.  Les  nucléus  ont  une  section  circu- 
laire ou  elliptique. 

4.  Le  cas  le  plus  intéressant  est  fourni  par  des  individus  extrêmement  rares,  pourvus 
d'un  noyau  en  magnétite  qui  sollicite  immédiatement  l'attention  par  une  apparence 
réticulée.  L'étude  de  minerais  appartenant  à  d'autres  gisements  me  permet  de  consi- 
dérer ce  nucléus  comme  un  débris  d'Encrine  dont  la  structure  a  été  conservée  et  sou- 
lignée par  la  matière  ferrugineuse.  De  pareils  éléments  servent  fréquemment  décentres 
aux  oolithes  ferrugineuses  et  calcaires.  Ils  étaient  constitués  par  du  carbonate  de 
chaux  à  l'origine. 

Bref,  de  nombreux  indices  rapidement  énnmérés  dans  cette  Note  mettent 
en  lumière  deux  faits  essentiels  : 

1.  Le  minerai  de  fer  de  Diélette  révèle  au  microscope  l'existence  de 
corps  ferrugineux  qui  ont  conservé  tous  les  caractères  des  oolithes  les  plus 
typiques,  à  l'exception  de  la  structure  concentrique  qui  a  été  détruite  par 
le  développement  des  octaèdres  de  magnétite. 

Cette  structure  oolilhique  s'est  étendue  primitivement  à  toute  la  roche. 
A  la  suite  d'une  longue  étude  du  minerai,  l'œil  parvient  à  isoler  de  nom- 
breuses formes  oolithiques  dans  les  pliiges  où  l'on  ne  distingue  à  première 
vue  qu'un  chaos  d'éléments  de  fer  oxydulé. 

2.  Il  est  démontré  que  de  la  magnétite  occupe  la  place  d'éléments  qui 
étaient  certainement  calcaires  à  l'origine. 

En  tablant  sur  ces  observation.s  et  sur  de  nombreuses  données  réunies 


ri8  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

en  étudiant  les  minerais  de  fer  oolithique  de  France,  je  puis  affirmer  que  le 
minerai  de  Diélette  procède  d'un  calcaire  oolithique.  Celte  notion  s'accorde 
parfaitement  avec  la  découverte  de  Polypiers,  faite  par  M.  Bigot,  dans  le 
voisinage  des  couches  ferrugineuses. 

On  peut  faire  deux  hypothèses  sur  l'évolution  de  cette  roche  : 

1.  Le  calcaire  oolithique  a  été  transformé  directement  en  minerai  de  fer 
magnétique  et  oligiste,  par  métamorphisme,  au  moment  de  la  mise  en  place 
du  granité. 

2.  La  substitution  du  fer  au  calcaire  est  bien  antérieure  à  l'éruption. 
Elle  a  engendré  des  oolithes  qui  étaient  déjà  à  l'état  de  carbonate  ou 
d'oxyde  de  fer  quand  elles  ont  subi  l'influence  du  granité.  L'action  méta- 
morphique se  réduit  à  un  changement  d'état  du  fer  des  oolithes. 

Je  n'ai  aucun  tait  d'observation  à  invoquer  en  faveur  de  l'une  de  ces 
hypothèses.  La  seconde  a  l'avantage  à  mes  yeux  d'être  conforme  à  ÏBis- 
toire  des  minerais  de  fer  oolithique,  telle  que  je  l'ai  présentée  à  l'Académie 
en  1898.  Il  convient  d'ajouter  que  M.  Michel  Lévy,  dans  sa  belle  étude  du 
granité  de  Flamanvilie  ('),  a  observé  que  le  métamorphisme  subi  par  les 
terrains  qui  renferment  le  minerai  est  relativement  faible.  Cette  circon- 
stance fait  supposer  que  l'introduction  du  fer  dans  le  calcaire  oolithique 
n'est  pas  due  à  l'action  du  granité. 


ZOOLOGIE.  —  Sur  les  Gastéropodes  Nudibranches  et  sur  les  Marséniadés  de 
l'Expédition  antarctique  du  Z)''  Charcot.  Note  de  M.  A.  Vavssièbe,  pré- 
sentée par  M.  E.-L.  Bouvier. 

En  juillet  1903,  M.  le  D"^  Charcot  me  faisait  remettre  par  le  Professeur 
Joubin,  du  Muséum,  les  quelques  Mollusques  nus  ou  paraissant  tels  qui 
avaient  été  recueillis  pendant  son  expédition.  Tous  ces  animaux  avaient 
été  pris  à  l'île  d'Anvers  ou  à  l'île  Wandel,  entre  le  64°  et  le  65°  de  latitude 
Sud,  et  le  64°  de  longitude  Ouest. 

Malgré  leur  nombre  très  restreint,  sept  individus  tous  d'espèces  diffé- 
rentes, l'intérêt  qu'ils  présentent  me  parait  assez  considérable,  car  la 
plupart  sont  nouveaux  et  doivent  former  des  types  génériques. 

Sur  ces  sept  animaux,  six  sont  bien  des  Mollusques  Gastéropodes,  mais 

(')  Michel  Lévy,  Contribution  à  l'étude  du  granité  de  Flamanvilie  {Bull.  Carte 
géol.  France,  t.  V,  tSgS-iSg^,  n"  36). 


SÉANCE    DU    19    MARS    1906.  719 

le  septième  appartient  à  l'embranchement  des  Vers  :  c'est  un  Tiirbellarié 
Rhabdocœle  du  groupe  des  Géoplaiiidés.  Par  l'ensemble  de  son  organisa- 
tion assez  rndimenlaire,  il  mérite  de  constituer  un  genre  nouveau  que  j'ai 
dénommé  Rhodoplana  pour  rappeler  qu'il  offre  à  la  fois  des  rapports  avec 
les  Géoplanidés  et  avec  le  genre  Rbodope. 

Parmi  les  six  Gastéropodes,  quatre  sont  des  Nudibranches  et  les  deux 
autres  des  Marséniadés. 

Un  des  Nudibranches  est  une  variété  de  petite  taille  de  V Archidoris  tuberculala 
deCuvier;  son  aire  géographique,  que  l'on  croyait  cantonnée  au  nord  de  l'océan  Atlan- 
tique et  mers  avoisinantes  (Méditerranée,  mer  du  Nord),  se  trouve  être  considérable- 
ment étendue  par  la  découverte  de  cet  exemplaire  dans  l'extrème-sud  de  l'Atlantique. 

Les  trois  autres  Nudibranches  se  rattachent  plus  ou  moins  aux  ^Eolididés.  L'un 
est  un  type  nouveau  pour  lequel  je  crée  le  genre  Guy-Y alvoria;  par  ses  divers  carac- 
tères il  se  rattache  à  la  fois  aux  Facélinidés,  aux  Tergipédinés  et  aux  ./Eolidiadés. 

Le  second  est  un  bel  exemplaire  de  très  grande  taille  (  i24"""  de  longueur  sur  43""^" 
de  largeur  maximum)  du  Notœolidia  gigas,  cet  ^olidien  géant  que  sir  G.  Eliot  a  fait 
connaître  en  1905  dans  son  Mémoire  sur  les  Nudibranches  de  la  «  Scotlish  national 
antarctic  Expédition  »  et  dont  il  m'a  été  possible  d'étudier  assez  complètement  l'or- 
ganisation. 

Enfin  le  troisième,  pour  lequel  je  crée  le  genre  Charcotia.  est  un  peu  rattaché  aux 
jEolididés  par  son  organisation  interne  et  aux  Trileniadés  (famille  des  Tétliymélibidés) 
par  l'existence  d'un  grand  voile  céphalo-péribuccal  et  par  son  faciès  général. 

Quant  aux  deux  Marséniadés,  l'un  de  très  grande  taille  est  une  nouvelle  espèce  du 
genre  Marseidopsis;  l'autre,  de  dimensions  restreintes,  par  la  structure  de  son  man- 
teau et  par  quelques  autres  détails  analomiques,  doit  former  un  genre  nouveau  que 
j'ai  nommé  Lamellariopsis;  ce  genre  peut  êlre  placé  dans  le  voisinage  des  Marseniopsis 
et  des  Marseniiia. 

Par  cette  courte  énumération,  l'on  constate  l'importance  scientifique  des 
sujets  rapportés  par  l'Expédition,  puisque,  sur  les  sept  individus  étudiés, 
quatre  deviennent  des  types  de  genres  nouveaux  et  un  cinquième  forme  une 
espèce  distincte.  L'étude  détaillée  de  tous  ces  animaux  fait  l'objet  d'un  tra- 
vail assez  étendu,  accompagné  de  quatre  planches,  qui  est  à  l'impression. 

D'après  ce  premier  résultat,  la  faune  malacologique  des  régions  polaires 
antarctiques  promet  de  nous  procurer  encore  de  nombreuses  formes  nou- 
velles n'ayant  que  peu  d'analogie,  surtout  avec  les  Nudibranches  des  ré- 
gions chaudes  et  tempérées. 


720  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


ZOOLOGIE.  —  Sur  la  Structure  de  la  paroi  sporale  des  Myxosporidies. 
Note  de  MM.  L.  Lékeh  et  E.  Hesse,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

En  étudiant  le  mode  de  formation  et  la  structure  de  la  spore  chez 
diverses  espèces  de  Myxosporidies,  nous  avons  remarqué  que,  chez  celles- 
ci  comme  chez  le  Chloromyxum  truttœ  signalé  précédemment,  et  contrai- 
rement à  ce  que  l'on  admet,  la  paroi  sporale  n'est  pas  anhisle  mais  bien 
constituée  au  début  par  deux  éléments  cellulaires  propres,  les  cellules 
pariétales,  qui  donneront  chacun  une  des  valves  de  la  spore. 

Nous  citerons  ici,  comme  exemple,  quelques-unes  des  principales  formes 
de  spores  de  Myxosporidies. 

Myxidium.  —  Nous  avons  étudié  un  Myxidium  qu'on  trouve  en  abondance  dans 
la  vessie  urinaire  des  Brochets  du  lac  Majeur,  et  que  nous  rapportons  au  M.  Lieber- 
kuhni,  bien  que  ses  spores  soient  un  peu  plus  petites  que  celles  de  l'espèce  type 
d'après  les  indications  des  auteurs.  Ici,  les  cellules  pariétales  se  voient  avec  la  plus 
grande  netteté  au  cours  de  la  formation  de  la  spore.  D'abord  assez  larges  et  renfer- 
mant un  cytoplasme  liquéfié  clair,  elles  montrent  chacune  leur  noyau  très  visible  vers 
le  milieu  de  la  spore  {np,  Jïg.  7).  A.  mesure  que  la  spore  mûrit  (c'est-à-dire  pendant 
la  différenciation  des  filaments  capsulaires  et  la  division  du  noyau  sporoplasmique)  les 
cellules  pariétales  s'aplatissent  de  plus  en  plus,  au  point  que  leurs  deux  faces  viennent 
en  contact  en  s'appliquant  étroitement  sur  le  contenu  sporal  (sporoplasme  et  capsules). 
Ainsi  se  constitue  la  paroi  définitive  de  la  spore  qui  présente  alors  un  contour  beau- 
coup plus  accusé.  Néanmoins,  le  noyau  des  cellules  pariétales  reste  très  longtemps 
visible,  même  chez  les  spores  mûres,  sous  forme  d'une  tache  chromatique  allongée 
(fig.  8).  Il  est  facile  de  démontrer,  en  outre,  que  chacune  des  deux  cellules  pariétales 
aplaties  devient  une  des  valves  de  la  spore,  par  une  imprégnation  au  nitrate  d'argent 
qui  met  en  évidence  la  ligne  de  suture  valvaire  et  révèle  l'existence  d'une  bande  de 
substance  cémentaire  retenant  les  valves  accolées  et  présentant  de  courtes  solutions  de 
continuité  à  iiitervalles  réguliers.  Celte  substance  unissante  des  valves,  qui  est  comme 
une  conséquence  de  leur  indépendance  primitive,  s'observe  chez  toutes  les  spores  de 
Myxosporidies.  Nous  l'avons  seulement  représentée  ici  pour  la  spore  à^Henneguya 
vue  de  profil  (c,  fig.  1). 

Henneguya.  —  Chez  Henneguya  psorospennica  de  la  Perche  et  du  Brochet  et  chez 
sa  forme  H.  anura  de  la  Perche,  la  spore  montre  également,  au  cours  de  sa  formation, 
une  enveloppe  formée  de  deux  cellules  allongées  et  aplaties  sur  le  contenu  {Jig.  2  et  3  ). 
Les  noyaux  sont  d'abord  situés  vers  le  milieu  de  chaque  cellule  pariétale,  position  qu'ils 
conservent  souvent  chez  la  forme  H.  anura  {fig-  3),  mais  dans  la  forme  normale,  à 
longs  appendices  valvaires,  les  noyaux  des  cellules  pariétales  gagnent  ordinairement 
la  base  de  ces  appendices  {np,  Jig.  1),  lesquels  ne  sont  autres  que  des  émanations  des 
cellules  pariétales.  Toutefois  il  anive  assez  souvent  que  l'un  reste  vers  le  milieu  de  la 


SÉANCE    DU    19    MARS    190b.  721 

spore  tandis  que  l'autre  gagne  la  base.  Les  noyaux  pariétaux  sont  d'abord  circulaires 
avec  un  nucléole  et  la  chromatine  sur  «n  réseau  lâche,  puis  ils  s'aplatissent  et  s'étirent 
avec  la  cellule  de  sorte  que,  à  la  maturité  parfaite,  ils  ne  sont  plus  représentés  que 
par  une  tache  chromatique  allongée  {np^Jig.  2). 


M--"'"--P 


Spores  de  Myxosporidies  (color.  forte  à  l'Hém.  ferr.  )•  —  i,  2,  3,  Ilenneguya.—  4,  Myxobolus.  — 
5,  6,  Chloromyxum.  —  7,  8,  Myxidium.  x  i25o.  ne,  noyaux  capsulaires.  ns,  noyaux  du  sporo- 
plasme.  np,  noyaux  des  cellules  pariétales,  c,  bande  de  ciment  unissant  les  valves. 

Myxobolus.  —  La  spore  des  Myxobolus  qui  présente,  comme  on  le  sait,  les  plus 
grandes  affinités  morphologiques  avec  celle  des  Henneguya,  montre  comme  cette  der- 
nière, au  cours  de  sa  formation,  deux  cellules  pariétales  à  grand  noyau  bien  visible  et 
situé  vers  le  milieu  de  la  spore.  A  mesure  que  la  spore  mûrit,  les  deux  cellules  parié- 
tales s'aplatissent  étroitement  sur  son  contenu  en  se  rétractant  surtout  dans  la  partie 
postérieure,  ce  qui  détermine  les  gaufrures  typiques  connues  depuis  longtemps  dans 
ces  spores.  En  même  temps,  les  noyaux  pariétaux,  le  plus  souvent  réfugiés  dans  le 
rebord  suturai  (w/^,  fig.  l\),  dégénèrent  en  s'allongeant  considérablement;  néanmoins 
leur  trace  reste  encore  quelque  temps  visible  dans  les  spores  arrivant  à  maturité. 

Chloromyxum. —  Chez  les  Chloromyxum  qui  ont,  comme  on  le  sait,  des  spores 
tétracapsulées,  l'enveloppe  est  également  formée  de  deux  valves  résultant  de  la  trans- 
formation de  deux  cellules  pariétales.  Chez  Ch.  truttœ,  ainsi  que  l'un  de  nous  l'a  pré- 
cédemment signalé,  ces  cellules  sont  d'abord  relativement  larges  {Jig.  5),  mais,  à 
mesure  que  la  spore  mûrit,  leur  paroi  externe  se  rétracte  en  se  plissant,  ce  qui  déter- 
mine la  formation  des  crêtes  concentriques  caractéristiques  à  la  surface  de  l'enveloppe 
sporale  (fig.  6).  Le  noyau  np  des  cellules  pariétales  se  voit  encore  longtemps  de  chaque 
côté  comme  une  petite  tache  retenant  fortement  la  coloration. 

De  ces  différentes  observations»  nous  croyons  pouvoir  conclure  que, 
chez  les  Myxosporidies  s.  str.,  la  paroi  sporale  n'est  pas  un  simple  produit 
de  sécrétion  anhiste,  mais  est  au  contraire  toujours  constituée  aux  dépens 
de  deux  cellules  pariétales  dont  chacune  donne  finalement  une  des  valves 

G.  R.,  1906,  1"  Semestre    (T.  CXLII,  N«  12.)  9^ 


722  ACADÉMIE   DEB    SCIENCES. 

de  la  spore.  La  spore  des  Myxosporidies  s.  str.  présente  ainsi  la  même 
organisation  que  celle  des  Actinomyxidies,  qui  ne  diffère  de  la  première 
que  par  sa  symétrie  ternaire  et  le  nombre  des  germes  qu'elle  contient.  Ces 
caractères  différentiels  ne  nous  paraissent  pas  suffisants  pouf  faire  des 
Actinomyxidies  un  ordre  spécial  de  Néosporidies  distinct  et  de  même  valeur 
que  celui  des  Myxosporidies,  ainsi  que  l'ont  proposé  Caullery  et  Mesnil,  et 
nous  pensons  que  ces  parasites  doivent  simplement  constituer  une  famille 
très  homogène  dans  le  groupe  des  Myxosporidies. 


ZOOLOGIE.  —  Un  genre  de  Lamellibranches  à  bouches  multiples. 
Note  de  M.  Paul  Pelseneer,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

I.  Tous  les  animaux  métazoaires,  à  l'exception  des  Spongiaires,  por- 
sèdent  une  bouche  unique.  Et  ce  caractère  est  assez  constant  et  assez  im- 
portant pour  que,  parmi  eux,  on  ait  opposé  ces  derniers  à  tous  les  autres, 
sous  le  nom  de  Polystomes. 

Or  il  existe  un  genre  de  Lamellibranches  qui  est  toujours  pourvu,  d'une 
façon  absolument  normale,  de  deux  orifices  buccaux  symétriques,  un  droit 
et  un  gauche  :  c'est  le  genre  Lima;  et  bien  qu'il  ait  été  fréquemment  étudié 
à  divers  points  de  vue  (organes  génitaux  et  excréteurs,  branchies,  système 
nerveux,  yeux,  etc.),  cette  disposition  n'y  a  jamais  été  signalée. 

II.  Dans  les  diverses  espèces  de  ce  genre  que  j'ai  pu  examuier  [L.  hians 
Gmelin  (océan  Atlantique),  L.  squamosa  Lamarck,  L.  Loscombi  Sowerby 
(Atlantique)  et  L.  inflata  Chemnilz  (Méditerranée),  L.  sp,  (mer  de  Florès, 
Indes  néerlandaises)]  les  deux  lèvres  forment,  en  effet,  dans  la  partie  tout 
à  fait  antérieure  du  corps,  une  masse  ventrale  unique,  indivise.  Et,  de 
chaque  côté  de  celle-ci,  les  palpes  labiales,  distinctes,  laissent  entre  elles 
une  ouverture  linéaire. 

Chacune  de  ces  ouvertures  est  une  bouche,  car  elle  mène  directement 
dans  l'œsophage;  chacune  d'elles  correspond  à  la  moitié,  gauche  ou  droite, 
d'un  orifice  buccal  unique  primitif,  partagé  en  deux  par  une  longue  sou- 
dure médiane  des  lèvres,  sur  la  face  ventrale. 

III.  Par  contre,  chez  le  genre  très  voisin  Limatula  Wood  (généralement 
considéré  jusqu'ici  comme  n'ayant  que  la  valeur  d'une  section  sub-géné- 
rique),  la  bouche  est  sim|)le,  comme  dans  tous  les  autres  Lamellibranches 
connus  (j'ai  pu  constater  la  chose  sur  L.  elliptica  Jeffreys,  de  l'Atlantique 
nord  et  L.  pygmœa  Philippi,  de  l'Amérique  du  Sud). 


SÉANCE    DU    19    MARS    1906.  728 

IV.  Il  faut  noter  que,  dans  les  Lima,  s'observe  un  fort  raccourcissement 
antéro-postérieiir  du  corps,  et  que  la  région  «  céphalique  »,  un  peu  sail- 
lante, est  portée  très  en  avant  contre  le  bord  du  manteau  et  de  la  coquille. 

Or  le  manteau  est  largement  ouvert,  la  coquille  est  très  bâillante  et  ne 
peut  se  fermer,  alors  que  ses  valves  peuvent,  au  contraire,  s'écarter  beau- 
coup plus  que  celles  des  autres  Lamellibranches.  Il  en  résulte  que  la  partie 
buccale  du  corps  se  trouve  directement  exposée  sur  la  ligne  médiane. 

D'autre  part,  dans  les  Limatula,  la  coquille  n'est  nullement  bâillante. 
Ainsi  s'explique  peut-être,  chez  le  premier  genre,  la  suture  des  lèvres  en 
ce  point  médian  et  la  naissance  consécutive  de  deux  bouches  latérales  sy- 
métriques, mieux  abritées;  tandis  que  chez  le  second  la  bouche  unique  s'est 
conservée  inaltérée. 


BIOLOGIE  GÉNÉRALE.  —  Rayons  X  et  activité  génitale. 
Note  de  M.  F.  Villemiv,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

Des  expériences  récentes  ont  démontré  que  des  rayons  X  appliqués  loca- 
lement ou  non  sur  les  testicules  détruisent  plus  ou  moins  complètement  la 
glande  séminale.  Schônberg  (')  a  exposé  des  lapins  et  des  cobayes  à  l'ac- 
tion des  rayons  X  pendant  3oo  à  1200  minutes;  ces  animaux  conservent 
leur  instinct  génital,  mais  deviennent  inféconds;  ils  n'ont  pu  féconder  des 
femelles  avec  lesquelles  ils  ont  cohabité  pendant  5  à  6  mois.  Bergonié  et 
Tribondeau  (^)  ont  étudié  histologiquement  les  testicules  de  rats  blancs 
soumis  aux  rayons  X  et  sont  arrivés  aux  résultats  suivants  :  la  glande  sémi- 
nale est  détruite;  il  ne  reste  dans  les  tubes  séminifères  que  le  syncytium 
nourricier;  mais  les  éléments  sexuels  peuvent  se  régénérer  dans  un  temps 
relativement  court  (i  mois  et  demi  environ  après  la  dernière  expérience). 
La  glande  interstitielle  ne  subit  aucune  modification  et  présente  même  une 
certaine  hypertrophie. 

Nous  avons  repris  ces  expériences  et  avons  opéré  comme  il  suit  : 

Nos  rayons  étaient  mous,  pénétrants,  produits  par  une  ampoule  de  Millier  de  aS"^™ 
d'étincelle,  avec  osnio-régulateur.  L'intensité  du  courant  variait  entre  7  et  9  ampères 


(')  A.  Schônberg,  IJeber  eine  bisher  anbekannle  Wiikung  der  Rôntgenstrahlen 
auf  den  Organismus  der  Tiare  [M ii riche n.  med.  Woclieiischr..  27  Okt.  1908,  p,  iSSg). 

(^)  Behgomë  et  Tribondeau,  Action  des  rayons  X  sur  le  testicule  du  rat  blanc  (C.  R. 
Soe.  de  Biol.,  8  nov.  et  déc.  1904)- 


^24  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

et  70  volls.  L'ampoule  était  placée  à  12""  du  cobaye  fixé  sur  une'plaiichette;  les  rayons 
étaient  dirigés  exclusivemeut  sur  les  testicules  au  moyen  d'un  diaphragme  en  plomb  ('  ). 
Ces  rayons  ont  été  appliqués  sur  [^  cobayes  mâles. 

Cobaye  n°  l,  —  4  séances  de  10  minutes  à  7  jours  d'intervalle.  Il  meurt  d'accident. 

Cobaye  /i"  2.  —  4  séances  de  10  minutes  à  7  jours  d'intervalle;  4  séances  de  i5  mi- 
nutes à  7  jours  d'intervalle.  3  semaines  de  repos  et  i  séance  de  i5  minutes. 

Cobaye  «'"'  3  et  4-.  —  4  séances  de  10  minutes  à  7  jours  d'intervalle;  3  séances  de 
i5  minutes  à  7  jours  d'intervalle;  i  mois  de  repos;  2  séances  de  i5  minutes. 

Ces  applications  de  rayons  X  n'ont  déterminé  aucun  trouble  chez  nos  animaux;  ils 
sont  tous  en  bon  état. 

Le  testicule  du  cobaye  n°  1  ne  présentait  rien  de  particulier  macroscopiquemeut,  si 
ce  n'est  une  légère  atrophie.  L'examen  hislologique  montre  un  organe  avec  début  de 
dégénérescence  massive  de  la  glande  séminale.  La  glande  interslilielle  est  normale. 

Cobaye  n"  2.  —  Quelques  jours  après  la  dernière  application  de  rayons  X,  nous  le 
mettons  en  présence  de  femelles  et  nous  constatons  qu'il  a  conservé  toute  son  activité 
génitale  et  effectue  le  coït.  L'animal  est  sacrifié  12  jours  après.  Son  traclus  génital  ne 
présente  rien  de  particulier  :  la  verge  cl  les  vésicules  séminales  possèdent  leurs 
dimensions  normales.  Les  testicules  sont  considérablement  diminués  de  volume;  ils 
ont  une  teinte  brune  au  lieu  de  la  teinte  blanc  rosé  caractéristique.  L'épididyme  ne 
semble  pas  modifié.  L'examen  histologique  donne  les  résultats  suivants  :  les  tubes 
séminifères  ne  renferment  aucun  des  représentants  de  la  lignée  spermalogénétique.  Le 
syncytium  sertolien  a  persisté  et  remplit  plus  ou  moins  complètement  la  lumière  cana- 
liculaire.  Les  cellules  inlerslitielles  existent  entre  ces  tubes;  leur  nombre  paraît  sen- 
siblement plus  élevé  que  dans  le  testicule  normal.  Au  lieu  d'être  localisées  dans  les 
carrefours  interlubulaires,  elles  forment  des  cordons  qui  enveloppent  de  toute  part  les 
canalicules  séminifères.  Les  modifications  que  nous  venons  de  signaler  s'observent  dans 
toute  l'étendue  du  testicule. 

Nous  avons  fait  les  mêmes  observations  sur  les  cobayes  n°  3  et  n°  h.  La  structure 
du  testicule  de  nos  animaux  est  donc  tout  à  fait  semblable  à  celle  qu'on  observe  chez 
les  animaux  cryptorchides  semblables  aux  entiers  et  chez  les  animaux  ayant  subi, 
comme  dans  les  expériences  d'Ancel  et  Bouin,  une  sténose  des  voies  excrétrices  du 
sperme. 

Les  rayons  X  réalisent  donc  une  dissocialion  entre  les  deux  glandes  du 
testicule.  D'une  part,  ils  détruisent  l'épithélium  séminal  ;  d'autre  part,  ils 
respectent  la  glande  interstitielle.  Cette  constatation,  jointe  à  celles  que 
nous  avons  faites  sur  l'état  anatomique  et  physiologique  de  nos  animaux 
considérés  au  point  de  vue  génital,  nous  conduit  aux  considérations 
suivantes  : 


(')  Nous  sommes  heureux  de  remercier  ici  M.  le  D''  Chavigny,  répétiteur  à  l'Ecole 
du  Service  de  Santé  militaire,  qui  a  bien  voulu  mettre  à  notre  disposition  les  appareils 
nécessaires  pour  mener  à  bien  nos  expériences. 


SÉANCE  DU  19  MARS  l()o6.  7?.5 

On  sait  que  l'intégrité  morphologique  du  tractus  génital  et  que  la 
conservation  de  l'activité  sexuelle  sont  sous  la  dépendance  du  testicule.  En 
effet,  chez  les  cobayes  adultes  castrés,  on  voit  assez  rapidement  la  verge 
et  surtout  les  vésicules  séminales  diminuer  dans  toutes  leurs  dimensions 
et,  en  outre,  l'activité  sexuelle  disparaît  d'une  façon  complète.  L'intégrité 
du  tractus  génital  et  de  l'instinct  sexuel  chez  nos  animaux  démontre  que 
l'action  générale  du  testicule  n'est  pas  sous  la  dépendance  de  la  glande 
séminale,  puisque  lu  disparition  de  celle-ci  n'a  aucune  influence  sur  ce 
tractus  et  cet  instinct .  Il  nous  faut  donc  admettre  que  cette  action  générale 
est  sous  la  dépendance  de  la  glande  interstitielle,  seule  partie  du  testicule 
qui  soit  demeiu'ée  intacte  après  l'action  des  rayons  X.  La  conclusion  à 
laquelle  nous  sommes  amené  vient  de  confirmer  l'opinion  d'Ancel  et 
Bouin  qui  ont  démontré,  à  la  suite  d'expériences  de  diverse  nature,  que, 
dans  le  testicule,  la  glande  interstitielle  seule  possède  une  action  générale 
sur  l'organisme. 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.   —  Sur  la  maladie  de  la  Graisse  des  vins.  Note 
de  MM.  E.  Kayser  et  E.  Maxceau,  présentée  par  M.  Mûntz. 

Pasteur  (')  attribue  la  maladie  de  la  Graisse  des  vins  à  un  ferment  qu'il 
décrit  sous  la  forme  de  chapelets,  de  petits  globules  sphériques,  dont  le  dia- 
mètre n'atteint  pas  i'^.  Rramer  (-)  a  critiqué  cette  description  et  isolé  des 
bâtonnets  de  0^,6  à  oi^.S  sur  ci^  à  6^,  anaérobies,  qui  rendraient  filants  des 
vins  blancs  adtiilionnés  de  glucose.  Bôrsch,  Aderhold  ont  signalé  des 
formes  différentes;  Meissner  a  séparé  des  levures  qui  rendraient  le  vin 
filant.  Kramer  avait  reconnu  hi  formation  de  la  mannite  dans  les  solutions 
neutres  de  saccharose,  et,  plus  récemment,  MM.  Mazé  et  Pacottet  (')  ont 
dosé  la  mannite,  l'acide  lactique,  l'acide  acétique,  l'alcool  dans  du  bouillon 
de  haricots  sucré  ensemencé  avec  des  cultures  provenant  du  dépôt  d'un 
vin  vieux. 

Nous  nous  sommes  proposé,  depuis  plusieurs  années,  l'isolement  des 
germes  caractéristiques  de  la  maladie  de  la  Graisse,  l'étude  de  leurs  condi- 


(')  Pastel'R,  Études  sur  le  Vin,  1866. 

O  kiiAMER,  Die  BaAleriologïe,  1890  et  1899,. 

(^)  Mazé  et  Pacottet,  Annales  de  l'Institut  Pasteur,  avril  1904. 


726  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

tioris  d'existence,  de  leurs  aliments,  de  leurs  produits  d'élaboration,  tout 
particulièrement  dans  les  vins. 

Nos  premières  cultures  ont  été  obtenues  de  vins  blancs  jeunes,  très 
filants,  provenant  de  trois  régions  différentes  :  la  Champagne,  la  Vendée 
et  l'Yonne. 

Les  méthodes  de  séparation  sont  connues,  mais  pour  la  composition  des 
milieux  solides  ou  liquides  utilisés,  nous  avons  tenu  compte  des  indications 
données  par  l'étude  analytique  préliminaire  de  nombreux  vins  gras.  I^es 
germes  retirés  des  trois  vins  ont  élé  ensemencés  dans  des  vins  analogues 
et  ont  reproduit  les  altérations  antérieurement  constatées. 

Morphologie.  —  Les  microorganismes  retirés  de  ces  trois  vins  offrent  certaines 
ressemblances  avec  le  ferment  mannilique,  que  M.  Gayon  a  bien  voulu  mettre  à  notre 
disposition;  ils  s'en  distinguent  surtout  par  le  trouble,  sans  voile,  des  milieux  de  cul- 
ture. La  forme  du  ferment  de  la  Graisse  est  nettement  bacillaire,  variable  avec  les 
milieux.  On  peut  obtenir2,  4i  6,  8,  ...  articulations  de  oH-,7  à  01^,9  de  diamètre.  Avec 
l'âge,  les  ferments  gras  se  rassemblent  en  chapelets  minces,  très  longs,  enchevêtrés, 
qui  forment  finalement  une  masse  gluante  au  fond  du  liquide. 

Physiologie.  —  Le  ferment  présente  des  caractères  plutôt  anaérobies.  Les  cultures 
sont  faciles  dans  le  vide,  elles  le  sont  moins  en  flacons  remplis  et  bien  bouchés,  et  de- 
viennent difficiles,  mais  sans  formation  de  voile,  dans  des  flacons  remplis  à  moitié  et 
fermés  au  colon. 

La  température  oplinia,  variable  avec  les  milieux,  est  d'environ  So". 

Les  bacilles  sont  tués  par  chauffage  à  Sco-Sa"  pendant  i5  minutes  dans  la  plupart 
des  milieux. 

1°  Étude  dans  le  milieu  artificiel.  —  Composition  du  liquide,  par  litre  :  los  pep- 
tone,  los  lévulose,  os,5  phosphate  de  potasse,  os,i  sulfate  de  magnésie. 

Si  l'on  supprime  la  lévulose,  le  développement  est  nul.  La  peptone  est  indispensable, 
bien  qu'une  fraction  très  faible  soit  utilisée.  Le  ferment  exige  des  milieux  très  riches 
en  matières  azotées.  Four  100»'  de  lévulose,  nous  avons  obtenu  :  mannite  6os  à  628^ 
acide  lactique  20s  à  a3s,  acide  acétique,  avec  traces  d'acides  gras  supérieurs,  11»'  à  128, 
acide  carbonique  3s  à  4»,  alcool  i«,  5  à  28.  Ces  nombres  se  rapprochent  de  ceux  que 
MM.  Gayon  et  Dubourg  ont  obtenus  pour  le  ferment  mannitique.  Nous  n'avons  pas 
recueilli  d'hydrogène.  Il  se  forme  os, o^o  d'ammoniaque  par  litre  dans  le  liquide 
précédent. 

A  la  lévulose  nous  avons  substitué  différents  sucres  :  le  glucose,  le  saccharose,  le 
lactose.  Le  glucose  fermente  moins  bien  en  donnant  des  acides  lactique,  acétique  et  de 
l'alcool.  Le  saccharose  est  inverti  dans  le  liquide  précédent,  faiblement  acide,  et  donne 
les  produits  du  glucose  et  de  la  lévulose,  ce  dernier  sucre  disparaissant  en  premier 
lieu.  Le  lactose  est  attaqué. 

Les  sels  ammoniacaux,  l'urée,  le  glycocolle,  l'asparagine,  l'allanloïne,  les  albumines 
de  l'œuf,  l'iclithyocolle  ne  conviennent  pas  comme  aliments  azotés, 


SÉANCE  DU  19  MARS  T906.  727 

L'influence  de  l'acidité  est  remarquable.  Le  liquide  précédent  devient  encore  quel- 
quefois filant  lorsqu'il  reçoit,  par  litre,  is,5  d'acide  tartrique  ou  malique,  is  d'acide 
citrique,  is,  5  d'acide  succinique.  Au  delà  de  çps  doses,  le  liquide  est  de  moins  en  moins 
filant  et  la  mulliplication  devient  rapidement  impossible.  L'acide  acétique  n'a  pas 
d'action  à  des  doses  dix  fois  plus  élevées.  Le  rôle  de  l'alcool  est  analogue  à  celui  des 
acides. 

L'addition  de  7", 5o  de  bitartrate  de  potasse,  par  litre,  n'est  pas  nuisible;  mais  le 
liquide  ne  file  plus,  bien  que  la  mulliplication  soit  sensible,  si  la  proportion  s'élève  à 
6»  par  litre. 

1°  Étude  dans  le  vin.  —  Toutes  nos  expériences  ont  été  effectuées  sur  des  vins 
préalablement  stérilisés.  Les  influences  les  plus  remarquables  sont  celles  de  l'acidité 
libre,  dosée  par  la  méthode  de  MM.  Berthelot  et  de  Fleurieu,  de  l'alcool  et  des 
matières  azotées.  L'acidité  totale  présente  moins  d'importance.  Un  vin  est  encore 
devenu  gras  après  addition  de  0^,4  de  tannin  par  litre.  Nous  avons  caractérisé  la  for- 
mation de  la  mannite  et  de  l'acide  lactique  inactif  dans  des  vins,  stérilisés  préalable- 
ment, ensemencés  avec  nos  ferments  et  devenus  filants.  Lorsque  la  composition  du  vin 
devient  de  moins  en  moins  favorable,  le  développement  est  plus  faible  et  le  vin  n'est 
pas  filant.  Les  ferments  peuvent  être  habitués  aux  antiseptiques  :  acide  sulfureux, 
fluorures,  etc. 

La  consistance  huileuse  des  liquides  est  en  relation  avec  la  facilité  du 
développement  des  germes.  Cette  consistance  disparaît  toujours  après 
quelques  mois,  même  en  vases  scellés,  et  les  ferments  se  rassemblent  en 
masse  gluante  au  fond  du  liquide.  Le  chauffage  à  80°  fait  disparaître  le  ca- 
ractère filant. 

Conditions  pour  qu  un  vin  devienne  gras.  —  Un  vin  renfermant  du  sucre, 
aliment  nécessaire,  et  particulièrement  de  la  lévulose,  ne  peut  devenir 
gras  que  si  sa  composition  est  favorable  à  la  multiplication  des  microorga- 
nismes. Les  facteurs  les  plus  importants  sont  :  l'acidité  libre,  l'alcool,  les 
matières  organiques  azotées,  les  sels  de  potasse.  Les  vins  en  fermentation 
lente  ou  gênée  sont  plus  exposés  en  raison  de  la  présence  de  l'acide  car- 
bonique qui  protège  les  ferments  gras  contre  l'action  de  l'air.  Ces  condi- 
tions se  trouvent  dans  certains  vins  de  Champagne  qui  sont  reconnus  comme 
plus  facilement  attaqués,  tels  certains  vins  blancs  de  raisins  blancs  et  les 
vins  dits  de  suite. 

Le  mode  de  développement  lent  est  extrêmement  fréquent  dans  les 
vins  mousseux  de  Champagne. 


728  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


BACTÉRIOLOGIE.  —   Sur  la  toxine  et  l'antitoxine  cholériques.  Note  de 
MM.  Brau  etDEXiER,  présentée  par  M.  E.  Roux. 

Nous  avons  déterminé,  dans  une  Note  antérieure  ('),  les  conditions  qui 
nous  permettent  d'obtenir,  en  milieu  albumineux,  une  toxine  soluble,  avec 
tous  les  vibrions  cholériques  authentiques. 

Cette  toxine,  comme  l'ont  indiqué  MM.  Metchnickoff,  RouxetSalimbeni, 
est  soluble  dans  l'eau,  insoluble  dans  l'alcool  et  précipitable  par  le  sulfate 
d'ammoniaque.  Les  agents  physiques,  air  et  lumière  combinés,  paraissent 
avoir  sur  ce  produit  une  faible  action. 

Cette  toxine  dialyse  à  travers  une  membrane  de  coUodion.  D'autre  part 
les  liquides  toxiques,  simplement  fdtrés  sur  cette  membrane,  conservent 
toute  leur  activité.  L'action  de  la  chaleur  sur  ce  poison  n'est  manifeste  qu'à 
de  hautes  températures,  et  il  faut  au  moins  un  chauffage  à  120°  pour  lui 
faire  perdre  ses  propriétés. 

Injectée  aux  animaux,  surtout  dans  les  veines,  la  toxine  cholérique  mani- 
feste brusquement  ses  effets  sans  période  d'incubation. 

Sous  la  peau  ou  dans  la  péritoine,  la  dose  rninima  mortelle  pour  le  cobaye  de  aoos 
est  environ  o''"',5.  Par  la  voie  veineuse,  au  contraire,  cette  toxine  est  active  au  \  et 
même  au  ^j  de  centimètre  cube. 

S'il  suffit  de  o™',  5  à  i'^"',5  de  ce  poison,  introduit  dans  la  circulation,  pour  tuer  en 
quelques  heures  des  lapins  du  poids  de  i''8, 5ooà  2^i\  il  faut  au  minimum  i5""°  à  20"°' 
de  cette  toxine,  pour  déterminer,  par  injection  inlra-péritonéale  ou  sous-cutanée,  des 
accidents  qui  provoquent  en  quelques  jours  la  mort  de  l'animal. 

Enfin,  le  chien  et  le  cheval  sont  surtout  sensibles  à  l'inoculation  veineuse  de  ce  poi- 
son. Les  doses  mininia  mortelles  sont  respectivement  S"^"'  pour  le  chien,  So*""'  pour  le 
cheval. 

La  souris  est  peu  sensible  à  cette  toxine.  Des  essais  d'inoculation  directe  dans  l'in- 
testin grêle  du  cobaye  et  du  lapin  ont  donné  des  résultats  médiocres. 

Les  cobayes,  les  lapins,  les  chèvres  et  les  chevaux,  qui  sont  difficilenienl 
immunisés  quand  on  leur  injecte  la  toxine  sous  la  peau,  acquièrent  l'im- 
munité active  lorsqu'ils  reçoivent  la  toxine  dans  les  veines.  Toutefois,  quel 
que  soit  le  degré  d'immunisation,  ils  ne  peuvent  recevoir  plus  de  deux 
doses  mortelles  à  la  fois. 

(')  Brau  et  Denier,  Comptes  rendus,  séance  du  14  août  igoj. 


SÉANCE    DU    19   MARS    1906.  729 

Le  sérum  des  animaux  qui  ont  reçu  la  toxine  sous  la  peau  a  un  faible 
pouvoir  antilo\i(|ne.  Celte  propriété  est  au  contraire  beaucoup  plus  mani- 
feste, si  le  poison  cholérique  a  été  introduit  dans  les  veines. 

Un  cheval  auquel  on  à  injecté  dans  les  veines,  en  6  mois,  un  demi-litre 
de  toxine,  fournit  un  sérum  dont  j^  de  centimètre  cube  neutralise,  après  un 
contact  de  3o  minutes  in  vitro,  deux  doses  mortelles  de  toxine  cholérique. 

Injecté  préventivement  sous  la  peau,  ce  sérum  protège  le  cobaye  pen- 
dant une  dizaine  de  jours  environ.  Enfin,  il  est  également  curalif  s'il  est 
introduit  dans  le  péritoine. 

Outre  qu'il  est  antitoxique,  ce  sérum  présente  encore  des  propriétés 
antimicrobiennes,  agglutinantes  et  précipitantes. 

La  toxine  cholérique,  soumise  à  la  température  de  l'ébullilion,  donne 
un  sérum  dont  l'activité  est  en  tous  points  comparable  à  celle  du  sérum 
précédent. 

Enfm,  des  cultures  vivantes  de  vibrion  cholérique  injectées  dans  les 
veines  d'un  cheval  donnent  également  un  sérum  antitoxique  (').  Ce  sérum, 
toutes  conditions  égales,  est  plus  actif  que  ceux  préparés  avec  les  toxines 
solubles.  Nous  nous  trouvons  là  en  présence  d'un  fait  observé  depuis  long- 
temps à  l'Institut  Pasteur,  dans  la  préparation  du  sérum  antipesteux,  et 
signalé  depuis  par  M.  Besredka  dans  ses  études  sur  l'endotoxine  pesteuse 
et  sur  l'endotoxine  typhiqiie. 

Pour  toutes  ces  raisons,  la  toxine  cholérique,  produite  en  milieu  albu- 
mineux,  paraît  voisine  des  endotoxines  pesteuse  et  typhique.  Il  nous 
semble,  d'autre  part,  qu'il  n'y  ait  pas  lieu  d'établir  de  distinction  entre  la 
toxine  contenue  dans  les  corps  de  microbes  et  celle  que  l'on  trouve  dans 
les  liquides  de  culture. 


ÉNERGÉTIQUE.  —  Sur  les  lois  de  V èlasticilè  musculaire  et  leur  applica- 
tion à  l'Énergétique.  Note  de  M.  Charles  Henry,  présentée  par 
M.  Alfred  Giard. 

On  sait  que,  d'après  M.  Ranvier,  dans  le  muscle  strié,  les  disques  épais 
sont  contractiles,  les  disques  minces  purement  passifs;  ceux-ci  s'allongent 
toujours;  quand  le  muscle  agit  à  longueur  constante,  il  va,  simultanément 
à  l'allongement  passif  des  disques   minces,    raccourcissement    actif  des 

(' )  Le  sérum  a  été  préparé  par  M.  Salimbeni. 

C.  R.,  190G,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N-  12.)  9^ 


73o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

disques  épais.  De  ce  fait,  la  force  musculaire  (p  n'est  pas  égale  au  poids 
supporté /},  mais  à  ce  poids  diminué  de/»',  réaction  des  disques  épais,  laquelle 
peut,  d'ailleurs,  être  positive  ou  négative  : p  dépend  de  l'allongement  pu- 
rement élastique  et  du  raccourcissement  actif  qui  déterminent  A,  la  lon- 
gueur du  muscle.  D'autre  part,  à  l'état  de  repos,  le  muscle  présente  tou- 
jours une  tension,  en  particulier  la  tonicité  musculaire,  soit  ct.  La  tension 
réelle  T  est  donc  p  -+-  rs.  Le  problème  des  lois  de  la  force  musculaire 
revient  à  déterminer  la  fonction  <p  =^y"(A,  T),  c'est-à-dire  à  préciser  les  lois 
de  l'élasticité  du  muscle. 

Les  résultats  consignés  dans  les  Traités  sont  contradictoires.  Les  énoncés 
de  M.  Chauveau  peuvent  s'écrire,  à  la  condition  de  considérer  des  sur- 
charges très  petites,  Ae  étant  la  longueur  initiale, 

d'où,  en  intégrant, 

A  =  RA„  logp. 

C'est  la  formule  de  Preyer,  laquelle,  en  dehors  de  son  incorrection  ma- 
thématique, est  incomplète  au  point  de  vue  physiologique,  puisqu'elle 
néglige  ra,  la  tonicité  musculaire  et  les  quantités  de  même  nature. 

Si  l'on  pose  dA  =  KAo  — —>  on  a, en  intégrant, 

(i)  A:=RA„log(i  +  £), 

expression  qui  interpole  remarquablement  les  expériences  de  Boudet  de 
Paris  sur  un  gastrocnémien  de  grenouille.  La  formule  étant 


A  =  6,55  1og(.  +  ^^), 


on  a 


p  en  grammes...        o  5  lo  i5  20  aS  00  35  4o  45 

A  obs.  en  milliin.         o  i,45  2,8  3,78  If, 2  4;73  5  5,4  5,65  6 

A  cale o  1,70  2,76  3,54  4,14  4>64  5,06  5,43  5,76  ti,o8 

A  obs.  —  A  cale.         11  — 0,20  +0,04  +0,24  4-0,06  -t-0,09  — 0,06  — o,o3  — 0,11  — 0,08 

p  en  grammes...  5o  55  60  65  70  75  So  85  go  gS 

A  obs.  en  luillim.         6,3  6,55  6,76  7  7,i5  7,40  7,55  7,75  7,85  8)05 

A  culc 6,32  6,57  6,79  6,99  7,19  7,37  7,54  7,7  7,85  7,99 

A  obs. —  A  cale. .  — 0,02  — 0,02  — o,o4  +0,01  — o,o4  +o,o3  -1-0,01  -l-o,o5  o  -t-0,06 

L'interpolation,  dirigée  par  des  données  physiologiques,  permet,  comme 


SÉANCE    DU    19   MARS    1906.  781 

on  le  voit,  d'expliciter  et  de  calculer,  dès  l'instant  qu'elle  est  justifiée  par  la 
théorie,  des  quantités  difficilement  accessibles  à  l'observation  directe, 
comme  les  quantités  de  la  nature  de  la  tonicité  musculaire,  dont  l'impor- 
tance énergétique  a  élé  bien  mise  en  lumière  par  M.  Ernest  Solvay  (')  et 
dont  la  somme  pour  le  gastrocnémien  étudié  est  égale  à  6^,6. 

L'équation  (i)  étant  transcendante,  nous   avons  construit  un   abaque 

,        k 
qui  perpiet  de  calculer  w,   connaissant    la   tangente   à   l'origine  A„=:  - 

et  un  couple  de  valeurs  particulières/?,  A;  on  forme  la  quantité  m  =  — r- 

L'abaque  donne  en  ordonnées  les  valeurs  de  -  correspondant  aux  valeurs 

de  m  portées  en  abscisses. 

Parfois,  l'observation  conduit  à  des  courbes  à  un  ou  plusieurs  points 
d'inflexion  ;  dans  ces  cas,  les  tissus  sont  hétérogènes  et  les  points  d'inflexion 
s'expliquent  par  des  ruptures  de  tissus  moins  rigides. 

En  appliquant,  comme  il  semble  légitime,  la  formule  (i),  mais  avec  des 
paramètres  différents,  aux  catégories  claires  et  opaques  des  disques  minces, 
on  arrive  k  l'expression 

(3)  9  =  T-^, 

e  étant  la  base  des  logarithmes  népériens,  ct  étant  choisi  pour  unité  de  T, 
A  étant  proportionnel  à  l'^ïllongement  et  a  à  la  somme  des  produits  des 
allongements  toujours  positifs  des  disques  minces  par  leur  nombre  et  par 
les  valeurs  de  leurs  paramètres  K. 

Si  l'on  admet  que  la  dépense  est  proportionnelle  au  produit  de  la  force  mus- 
culaire u^  par  le  temps,  on  doit  conclure,  d'après  (2),  que,  à  A  constant,  elle 
croîtra  plus  vite  que  le  poids,  puisqu'elle  est  proportionnelle  à  une  diffé- 
rence qui  augmente  quand  T  augmente;  en  effet,  d'après  de  récentes  ex- 
périences de  M.  Chauveau  C*),  la  dépense  croît  comme  une  fonction  para- 
bolique du  poids  (');  à  A  négatifs  croissants,  comme  dans  nos  expé- 
riences d'épuisement  avec  Joteyko,  elle  tendra  à  la  proportionnalité  avec 
le  poids  (*).  Si  T  varie  à  chaque  instant  suivant  une  loi  complexe,  la    loi 


(')  Du  rôle  de  V Electricité  dans  les  phénomènes  de  la  vie  animale,  p.  20. 

(')   Comptes  rendus,  20  juin  1904. 

(')   Comptes  rendus,  27  juin  190/4. 

('•)   Comptes  rendus,  28  décembre  igoS. 


732  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  la  dépense  afFectera  des  formes  compliquées,  qui  vraisemblablement 
s'évanouiront  si  l'on  substitue  au  poids  ou  à  la  pression  la  variable  cp  qui 
en  est  une  fonction  complexe. 

La  formule  (2),  combinée  avec  la  proportionnalité  de  la  dépense  à  <p, 
conduit  à  d'autres  conséquences  intéressantes.  Par  exemple,  on  voit  immé- 
diatement que  la  dépense  croîtra  avec  le  raccourcissement,  qu'elle  croîtra 
avec  le  travail  G  du  muscle,  car  A  et  T  augmentent  quand  5  augmente;  la 
dépense  croîtra  d'autant  plus  vile  que  dans  6  le  facteur  T,  qui  est  le  gros 
terme  de  <f,  sera  prépondérant  sur  A;  etc. 

PALÉONTOLOGIE.  —  Nouvelles  données  paléontologiques  sur  le  Dévonien  de 
l'Ahenet  occidental  (Mission  de  MM.  R.  Chudeau  et  E.-F.  Gautier).  Note 
de  M.  Emile  Haug,  présentée  par  M.  de  Lapparent. 

Dans  une  Note  récente  (')  j'ai  pu  préciser  l'âge  de  plusieurs  niveaux 
fossilifères  du  Dévonien  de  l'Ahenet  occidental  (Sahara  central),  en  me 
basant  sur  l'étude  des  récoltes  paléontologiques  faites  par  M.  Noël  VillalLe. 
Je  suis  à  même  aujourd'hui  de  compléter  ces  données,  grâce  à  des  collec- 
tions provenant  d'un  voyage  accompli  en  mai  et  juin  igo5  par  MM.  R. 
Chudeau  et  E.-F.  Gautier  dans  la  même  région.  Ces  deux  intrépides 
explorateurs  ont  bien  voulu  me  confier  l'étude  paléontologique  de  leurs 
matériaux,  auxquels  sont  venus  s'en  ajouter  d'autres  recueillis  par  M.  E.-F. 
Gautier  au  cours  d'un  précédent  voyage.  M.  Chudeau  fournira  certai- 
nement lui-même,  à  son  retour,  des  renseignements  stratigraphiques  plus 
détaillés  que  ceux  que  je  puis  donner  ici. 

On  sait  déjà,  par  les  explorations  antérieures  de  M.  E.-F.  Gautier  et  du  capitaine 
Besset,  que  l'Ahenet  est  en  grande  partie  constitué  par  des  grès  éodévoniens,  formant 
de  yrands  plateaux  et  reposant  en  discordance  sur  un  substratum  plissé.  M.  Chudeau 
évalue  leur  épaisseur  à  environ  3oo™;  il  a  reconnu  l'existence  de  failles  nombreuses  et 
de  plis  à  grand  rayon  de  courbure.  Les  grès  de  Tadjerdjera  et  de  Taloaq  paraissent 
assez  fossilifères;  ce  sont  de  véritables  grauwackes,  analogues  à  celles  du  Coblentzien 
rhénan;  mais  on  y  trouve  aussi  des  organismes  ayant  conservé  leur  test.  Voici  les 
espèces  dont  j'ai  pu  reconnaître  la  présence  :  Spirifer  cf.  Hercyniœ  Gieb.,  Sp.  Fla- 
mandi  n.  sp.  (espèce  voisine  de  Sp.  Bousseaui  de  Vern.  non  M.  Rouault),  Tropido- 
leptus  rhenanus  Frech  var.  sahariana  (forme   un  peu  moins  large  que  le  type  de 


(')  Emile  Haug,  Sur  les  fossiles  dévoniens  de  l'Ahenet  occidental  recueillis  par 
M.  Noël  Villalte  {Comptes  rendus,  4  déc.  igoS). 


SÉANCE    DU    19    MARS    1906.  ySS 

l'espèce),  Pentamerus  sp.  indet.  aff.  vogulicus  de  Vern.,  Wilsonia  HenriciBarr.  sp., 
Plerinea  fasciculata  Go\A(.,  Edmondia  n.  sp.  indet.,  Tentaculites  n.  s^.  aiï.  spiculus 
Hall,  Honialonoliis  cf.  Herscheli  Muich. 

Cette  faune  occupe  évidemment  le  même  niveau  paléontologique  que  les  grès  de 
Haci  Cheikh,  dans  le  Tidikelt,  dont  M.  G.-B. -M.  Flamand  a  le  premier  donné  une 
liste  de  fossiles  (').  Les  matériaux  recueillis  par  M.  Gautier  dans  cette  même  localité 
me  permettent  d'ajouter  à  cette  liste  Tropidoleptus  rhenanus  Frech  var.  sahariana, 
Spirifer  Flamandi  n.  sp.,  Sp.  n.  sp.  aff.  arduennensis  Schnur. 

Les  grès  éodévoniens  du  Tassili  des  Azdjer  appartiennent  au  même  horizon;  ils 
renferment'  également  Tropidoleptus  rhenanus  Frech  var.  sahariana,  Spirifer  Fla- 
mandi n.  sp.  et  Homalonotus  cf.  Herscheli  Murch.  L'âge  coblentzien  de  ces  divers 
gisements  ne  peut  plus  faire  de  doute  aujourd'hui,  mais  il  est  bon  de  remarquer  que, 
tout  au  moins  dans  l'Ahenet,  les  fossiles  sont  localisés  dans  la  partie  supérieure  des 
grès. 

C'est  aussi  dans  celte  partie  supérieure  que  M.  Ghudeau  a  observé  des  intercalations 
de  marnes  bariolées.  L'unique  fossile  déterminable  qu'il  y  a  recueilli,  à  Haci-Kokdi, 
peut  être  identifié  à  Spirifer  auriculatus  Sandb.,  espèce  coblentzienne  voisine  de 
Sp.  cultrij ugatus  F.  Rœm.,  de  l'Eifelien. 

Le  Dévonien  moyen  est  représenté  dans  l'Ahenet  par  plusieurs  niveaux  fossilifères, 
dont  l'un,  caractérisé  par  la  présence  d'Agoniatites  Vanujcemi  Hall,  a  été  découvert 
par  M.  Villatte. 

Les  grès  éodévoniens  supportent,  à  Tikhedit,  des  marnes  riches  en  Brachiopodes, 
renfermant  :  Spirifer  cf.  granulifer  Hall,  Alhyris  sp.  indet.,  Tropidoleptus  carinatus 
Conr.  var.  africana,  Platyostoma  cf.  lineata  Conr.  Ces  espèces,  et  en  particulier 
Tropidoleptus  carinatus.  sont  parmi  les  plus  caractéristiques  des  couches  de  Ilamilton 
de  l'État  de  New-York.  Les  éclianlilluns  nombreux  et  bien  conservés  de  Tropidoleptus 
carinatus  diffèrent  du  type  par  le  pincement  plus  accentué  des  valves.  La  présence  de 
variétés  de  Tropidoleptus  rhenanus  el  de  Tr.  carinatus  dans  deux  assises  superposées 
est  à  rapprocher  de  la  même  succession  observée  au  Brésil  par  Fr.  Katzer. 

Les  marnes  à  Tropidoleptus  sont  surmontées,  d'après  M.Chudeau,  par  des  calcaires 
spathiques,  ferrugineux,  où  prédominent  les  Céphalopodes. 

A  Meghdoua  et  à  Ennfouss  certains  bancs  sont  entièrement  constitués  par  de  petites 
coquilles  coniques,  lisses,  identiques  à  une  espèce  abondante  dans  le  Dévonien  moyen 
du  Harz  et  de  la  Thuringe,  Styliolina  Icei'is  Richt.  sp.  A  Meghdoua  un  exemplaire 
d^Agoniatites  obliquas  Whidb.  a  été  recueilli  dans  les  mêmes  assises. 

A  Redjel  Imrad  les  fossiles  sont  transformés  en  hématite  brune  et  sont  plus  ou  moins 
polis  par  les  actions  éoliennes.  A  part  deux  Gastéropodes  {Pleurotomaria  aff.  subca- 
rinata  F. -A.  Rœm.,  Tropidocyclus  Murchisoni  Fér.  et  d'Orb.)  et  des  Orthoceras 
spécifiquement  indéterminables,  on  trouve  en  abondance  une  Goniatite  de  petite  taille 
à  ombilic  très  étroit,  à  tours  rendes,  à  ligne  suturale  très  simple  et  décrivant  une 
courbe  légèrement  convexe  en  avant.  C'est  une  espèce  nouvelle,  voisine  d^Anarcestes 


(')  G.-B. -M.  Flamand,  ^M/*  la  présence  du  Déi'onien  inférieur  dans  le  Sahara 
occidental  {Bas  Touatet  Tidikelt,  archipel touatien)  {Comptes  rendus,  ajuin  1902). 


7^4  AGADÉMIE    DES    SCIENCES. 

nuciformis  (Whidb.)  Holzapf.,  du  Givélien,  que  je  propose  d'appeler  Anarcestes 
Chudeaui.  Je  la  considère  comme  un  terme  de  passage  entre  le  genre  Anarcestes  ^l\% 
genre  Chiloceras. 

L'ensemble  des  couches  qui  font  suite  aux  grès  éodévouiens  représente 
le  Dévonien  moyen;  les  couches  à  Tropidoleptus  carinatus  correspondent 
vraisemblablement,  comme  les  couches  de  Hamilton,  leur  équivalent  amé- 
ricain, à  l'étage  Eifelien  ;  tandis  que  les  couchesà  Anarcestes  Chudeaui uppsiv- 
tiennent  peut-être  au  Givétien. 

Je  rappellerai  que  M.  Villatte  a  en  outre  découvert  le  Dévonien  supé- 
rieur dans  la  même  région  et  qu'un  niveau  très  fossilifère  du  même  âge 
existe  dans  le  nord  du  Mouydir  (Spiri/er  Verneuili  Murch.,  Productella, 
Rhynchonella  pi.  sp.). 

Ainsi  se  précisent  peu  à  peu  nos  connaissances  relatives  à  la  succession 
des  faunes  dévoniennes  dans  le  Sahara  central,  en  même  temps  que  ressor- 
tent  les  analogies  avec  les  régions  classiques  d'Europe  et  d'Amérique. 

PALÉONTOLOGIE.   —  Sur  la  faune  du  terrain  houiller  inférieur  de  Baudour 
(Bainaut).  Note  de  M.  J.  Cornet,  présentée  par  M.  Barrois. 

Entre  le  sommet  du  Calcaire  carbonifère  du  Hainaut  et  les  assises 
houillères  qui  renferment  les  premières  couches  de  charbon  maigre  de  la 
formation,  il  existe  une  épaisseur  de  70™  à  80™  de  strates  complètement 
stériles,  constituant  la  zone  Hia  de  la  Carte  géologique  de  Belgique,  géné- 
ralement connue  sous  le  nom  d'assise  des  phtanites  d'après  la  roche  carac- 
téristique de  ce  niveau.  Elles  correspondent  au  terrain  houiller  sans  houille 
d'André  Dumont  et  sont  rej^résentées  dans  le  bassin  de  Liège  par  l'étage 
de  Vampélite  de  Chokier,  dont  les  noyaux  calcaires  remplis  de  Goniatites 
sont  connus  depuis  longtemps. 

Au  bord  septentrional  du  bassin  houiller  de  Mons,  l'assise  des  phtanites 
débute,  au  contact  du  calcaire  carbonifère  à  cherts  noirs,  par  des  phtanites 
non  fissiles,  en  bancs,  puis  en  lits  minces,  avec  des  intercalations  de  lits 
peu  épais,  puis  de  zones  de  plusieurs  mètres  de  puissance  de  schistes  sili- 
ceux fissiles.  A  mesure  que  l'on  s'élève  dans  l'assise,  ces  schistes  changent 
de  caractère  et  bientôt  la  roche  dominante  est  un  schiste  noir,  peu  siliceux, 
se  divisant  en  larges  feuillets  plans  et  renfermant  quelques  bancs  tendant 
vers  le  psammite,  le  grès  ou  le  macigno.  Enfin,  l'assise  se  termine  par  des 
grès  d'uqe  extrême  finesse,  gris  noir,  ou  blancs  par  altération.  Ces  roches, 
que  nous  appelons  grès  du  bois  de  Ville,  forment,  au  sommet  de  l'assise  des 


SÉANCE    DU    19    MARS    1906.  ^35 

phtanites,  un  horizon  bien  caractéristique,  reconnu  en  affleurement  sur  7*"". 
Immédiatement  au-dessus,  commencent  les  couches  avec  houille  tnaigre 
de  l'assise  Hib. 

Jusque  dans  ces  derniers  temps,  l'assise  des  phtanites  n'avait  jamais,  dans  le  bassin 
de  Mons,  été  explorée  en  profondeur  et  l'on  n'y  connaissait  qu'un  petit  nombre  de 
fossiles  animaux  provenant  des  affleurements  des  schistes  siliceux  de  la  partie  infé- 
rieure et,  presque  exclusivement,  d'une  localité  unique  (Casteau).  Ces  fossiles  sont  : 
Listracantiuis  hyslrix,  Pliillipsia  cf.  globiceps,  Posidononiya  Bêche  ri  tl  un  Productus 
indéterminé.  Grâce  à  d'importants  travaux  souterrains  entrepris  dans  les  schistes  de  la 
partie  supérieure  de  l'assise,  nous  pouvons,  aujourd'hui,  allonger  considérablement 
cette  liste.  Le  charbonnage  de  Baudour,  près  de  Mons,  dans  le  but  d'atteindre  le 
terrain  houiller  productif  sans  traverser  le  revêtement  crétaciqne,  a  commencé,  en  mars 
1901,  le  creusement,  dans  l'affleurement  septentrional  du  terrain  houiller  inférieur,  de 
deux  tunnels  inclinés  de  20°  vers  le  sud.  Le  plus  avancé  de  ces  ouvrages  est  aujourd'hui 
arrivé  à  929""  de  l'orifice,  ce  qui,  en  tenant  compte  de  la  pente  du  sol,  correspond  à 
une  profondeur  de  Syi™.  Les  couches  ont  la  même  inclinaison  générale  que  les  tunnels; 
mais,  grâce  à  des  ondulations  secondaires  et  à  une  série  de  failles,  on  a  pu  reconnaître 
une  épaisseur  de  strates  de  43""  à  /i4"' 

Les  schistes  compris  dans  cette  épaisseur  renferment  de  nombreux  fossiles  animaux 
parmi  lesquels  dominent  les  Pélécypodes,  les  Céphalopodes  et  les  Poissons.  Les  Bra- 
chiopodes  et  les  Crinoïdes  sont  très  rares;  les  Gastropodes  et  les  Polypiers  font 
entièrement  défaut.  On  y  trouve,  en  outre,  une  flore  intéressante  dont  M.  A.  Renier  a 
entrepris  l'élude  (voir  la  Note  suivante). 

En  général,  les  fossiles  du  gisement  de  Baudour  sont  fortement  aplatis 
entre  les  feuillets  schisteux  et,  chez  les  Céphalopodes,  la  structure  interne 
est  ordinairement  perdue,  ce  qui  en  rend  la  détermination  difficile.  Par 
contre,  les  détails  de  l'ornementation  extérieure  sont  souvent  admirable- 
ment conservés.  Dans  les  roches  gréseuses  et  calcareuses  on  trouve  cepen- 
dant quelques  fossiles  non  aplatis.  Parmi  les  schistes  de  la  partie  moyenne 
de  la  zone  reconnue  se  trouvent  de  gros  noyaux  calcaires  remplis  de  Gonia- 
tites  bien  conservées  identiques  à  ceux  de  Chokier. 

A  mesure  de  l'avancement  des  travaux,  M.  C.  Richir,  ingénieur-directeur 
du  charbonnage,  a  recueilli  avec  le  plus  grand  soin  ces  précieux  débris  et 
les  échantillons  que  nous  avons  à  notre  disposition  ont  été,  presque  exclu- 
sivement, récoltés  par  lui.  La  paléontologie  du  terrain  houiller  du  bassin 
franco-belge  devra  beaucoup  au  dévouement  de  cet  ingénieur  distingué. 

Bien  qUe  l'étude  de  la  faune  de  Baudour  soit  loin  d'être  terminée,  nous 
croyons  pouvoir,  dès  à  présent,  en  donner  la  liste  suivante  : 

Poissons.  —  Campodus  Agassizianus  de  Kon.,  Petrodiis patelli/ormis  M' Coy,  Li»- 
tracanthus  hyslrix  Newb.  et  Wort.,  Lislracanlhus  Beyrichii  von  Kœn.,  Xystracan- 


736  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

tlius  Konincki  Max.  Loh.,  Rhizodopsis  minor  Ag.,  Megalichthys  Agassizianus  de 
Kon.,  Acrolepis  HopkinsiW  Coy ,  Elonichlhys  AitkeniTraqaair.  Certains  lits  schisteux 
renferment  en  abondance  des  coprolithes  de  poissons. 

Céphalopodes.  —  Orlhoceras  Steinhaueri  J.  Sow.,  O.  pygmœum  de  Kon.,  O.  an- 
ceps  de  Kon.,  O.  dilatalum.  de  Kon.,  O.  giganteum  Sow.,  O.  annuloso-Uneatum  de 
Kon.;  Cyrloceras  Gesneri¥\Qm.  sp.,  Cyrtoceras  rugosum  Flem.  sp.:  Nautilus  sul- 
caiM5  J.  Sow.,  Nautilus  subsulcatus  Phill.,  Nautilus  stygialis  de  Kon.,  Nautilus 
globatus  VWiW.,  Discites  compressus  J.  Sow.;  Glypliioceras  Beyrichianum  de  Kon. 
sp.,  Glyphioceras  striolatum  Phill.  sp.,  Glyphioceras  reticulatumY'\ù\\.  i'p.,  Diinor- 
phoceraslGilbertsoni  Phill.  sp. 

Pêlécypodes.  —  Pterinopecten  papyracens  Sow.  sp.,  A\-iculopecteii  Losseni  von 
Kœn.,  Aviculopecten  gentilis  ?>r)v/.  sp.,  Pseudamusium  fibrillosum  Salter  sp.,  Posi- 
donomya  BecheriBronn,  Posidonomya  membranacea  M'  Coy,  Leioptera  laminosa 
Phill.  sp.,  Leioptera  longirostris  Hind,  Posidoniella  lœvis  Brown  sp.,  Posidoniella 
minor  Brown  sp.,  Posidoniella  vetusta  Sow.,  Posidoniella  elongala  Phill.  sp., 
Myalina  Flemingii  M'  Coy. 

Les  Posidonielles  se  distingue  par  leur  extrême  abondance  en  individus; 
elles  tapissent  parfois  par  millions  les  feuillets  schisteux.  On  les  trouve 
aussi  attachées  en  grappes  à  des  débris  végétaux  et  même  à  des  coquilles 
d'Orthocères. 

Brachiopodes.  —  Productus scabriculusMarùn  ,  Productus semireticulatas  Marlin, 
Productus  carbonarius  de  Kon.,  Choneles  Laguessiana  de  Kon.,  Spirifer  bisulcatus 
Sow.,  Orthis  resupinata  Martin,  Streptorhynchus  crenistria  Phill.  sp.,  Orbiculoidea 
(Discina)  nitida  Phill.  sp.,  Lingula  parallela  Phill.,  Lingula  mytiloides  Sow., 
Orthis  carbonaria  Swallow  (?) 

Divers.  —  Spirorbis  carbonarius  Murch.,  Crustacés,  Myriapodes  et  Vers  indéter- 
minés; Poleriocrinus;  Conularia  Destinezi  Moreels,  Conularia  irregularis  de  Kon. 

Cette  liste  comprend  un  total  de  52  espèces  déterminées.  En  y  ajoutant 
celles  que  nous  n'avons  pas  encore  pu  identifier,  faute  d'échantillons  suffi- 
sants et  quelques  espèces  qui  nous  paraissent  nouvelles,  nous  pourrons 
porter  ce  nombre  à  70  environ.  Telle  qu'elle  est,  la  liste  qui  précède 
montre  l'analogie  des  couches  de  Baudour  avec  la  Pendkside  Séries,  que 
M.  W.  Hind  place  à  la  base  du  terrain  houiller  du  Lancashire,  en  dessous 
du  Millstone  Grit. 


PALÉONTOLOGIE.  —  Sw  la  flore  du  terrain  houiller  inférieur  de  Baudour 
(Hainaut).  Noie  de  M.  Armand  Re.vier,  présentée  par  M,  Barrois. 

On  ne  connaissait  jusqu'ici  que  peu  de  chose  de  la  flore  de  l'assise  de  base 
du  terrain  houiller  inférieur  de  Belgique,   désigné  sous  la  notation  Hia 


SÉANCE    DU    19    MARS    1906.  737 

par  la  Carte  géologique  au  j^-^  et  connu  plus  couramment  sous  le  nom 
d'assise  de  l'ampélite  de  Chokier,  ou  encore  sous  celui  A'assise  de  Loverval. 
En  outre  de  \' Asterocalamites  scrobiculatus  ^c\\\o\}n.  sp.  abondamment  ré- 
pandu, on  y  avait  signiilé  Neuropteris  jLoiA»  Brongn.  (A'^.  antecedensSiur.)  à 
Casteau,  et  Trigonocarpus  Damesii  Lindley  etHulton,  à  Ctiokier. 

Grâce  aux  habiles  et  persévérantes  recherches  de  M.  C.  Richir,  ingé- 
nieur-directeur du  Charbonnage  de  Baudour,  et  à  l'amabilité  de  M.  Jules 
Cornet,  qui  a  bien  voulu  mettre  à  ma  disposition  ses  collections  person- 
nelles, et  m'autoriser  à  poursuivre  ces  études  dans  les  laboratoires  de  Géo- 
logie de  l'École  des  Mines  de  Mons,  je  suis  aujourd'hui  à  même  de  donner 
une  liste  très  importante  des  intéressantes  espèces  végétales  de  l'assise  Hia. 
Ainsi  que  M.  J.  Cornet  a  eu  l'honneur  d'en  faire  part  a  l'Académie  dans 
une  Note  (voir  ci-dessus)  où  il  expose  les  premiers  résultats  d'une  étude 
parallèle  qu'il  a  faite,  de  la  faune  de  Baudour,  les  terrains  traversés  par  les 
deux  tunnels  inclinés  du  charbonnage  appartiennent  à  la  partie  supérieure 
de  l'assise  de  Chokier.  Les  débris  végétaux  n'y  sont  pas  rares,  quoique 
toujours  désintégrés  et  souvent  profondément  macérés.  Cette  flore  est  très 
variée,  ainsi  qu'en  témoigne  la  liste  ci-après,  qui  résume  les  résultats  de 
mes  premières  recherches  : 

Sphenopleris  Larischi  Stur  sp.  ;  5.  Stangeri  Stur  sp.  ;  S.  dicksonoïdes  Gœpp.  sp.; 
5.  cf.  Schilliiigsii  Aiidr-ce;  S.  Essinghi  Andrœ  ;  S.  elegaris  Brongn.  ;  5.  cf.  trydacti- 
lites  Brongn.;  Rliodea  inoravica  Euingh.  sp.  ;  Palmalopleris  subgenicuUUa  Stur 
sp.;  Archœopleris  ci.  dissecta  Gœpp.;  Adiandles  oblongifolius  Gœpp.  sp.;  ^.  Ma- 
chernaki  Stur;  A.  sessilis  von  Rœhl  ;  Neuropteris  antecedens  Stur;  N.  obliqua 
Biongn.  sp.;  Pecopteris  aspera  Brongn.;  P.  denlata  Brongn.;  A let/iopteris  decur- 
rens  Artis  sp.;  A.  cf.  Dat'reuxi  Brongo.  sp.;  Lyginodendron  sp.  ;  Splienopliyllum 
tenerrimum-triciiornatosum  Stur;  Asterocalamiles  scrobiculalus  Scliloili.  sp.  ;  Ca- 
lamités cistiiformis  Stur;  Lepidodendron  aculeatum  Slernb.  ;  L.  obovatum  Slernb.; 
Lepidophloios  laricinas  Slernb.;  L.  cf.  macrolepidotus  Goldenb.;  Lepidophyllum 
lanceolaturn  Lindiej  et  Hulton;  Stiginaria  ficoïdes  Slernb.;  Dorycordaïtes  sp.;  Ar- 
tisia  sp.  ;  Cordaïanthus  sp.;  Trigonocarpus  Parldsoni  Brongn.;  T.  Schultzii 
Gœpp.  el  Berger;  Rhabdocarpus  lineatus  Gœpp.  el  Berger;  Cordaïcarpus  Cordai 
Geinilz  sp.  ;  Cardiocarpus  sp.;  Samaropsis  bicaudatus  Ridslon;  Walchia  (?)  an- 
tecedens Slur. 

Soit  au  lolal  89  espèces,  auxquelles  viendronl  certainement  s'ajouter  pour  le  moins 
un'e  douzaine  d'autres,  parmi  lesquelles  de  nombreux  Sphenopteris,  dont  un  voisin 
du  S.  Larisclii:  des  Pecopleris,  dont  un  rappelle  le  Pecopleris  arinasi  Zeiller;  des 
Alethopteris,  des  Calamités,  des  Rnorria,  des  Rhabdocarpus,  etc. 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  caractère  de  cette  flore  est  dès  à  présent  établi. 
Bien  que  l'on  y  rencontre  des  espèces   westphaliennes  d'ailleurs  rares,  la 
c.  H.,  «yo6,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N°  13.)  97 


738  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

flore  (le  Baudour  comprend  surtout  des  espèces  caractéristiques  du  Ciilm 
(i  Carhonflora  de  M.  Potonié).  Elle  est,  en  tous  cas,  de  beaucoup  plus  an- 
cienne que  celle  de  la  zone  A,  Veconnue  par  M.  Zeiller  dans  le  bassin 
honiller  de  Valenciennes,  et  s'en  distingue  très  nettement.  C'est  là  un  fait 
d'une  haute  portée  pi'atique. 


OCÉANOGRAPHIE.  —  Le  calcaire  et  l' argile  dans  les  jonds  marins. 
Note  de  M.  J.  Thoulet. 

Les  nombreuses  analyses  (environ  i3o)  que  depuis  plusieurs  années  j'ai 
exécutées  des  échantillons  en  boudins  de  fonds  marins  recueillis  par 
S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco  et  dont  il  avait  bien  voulu  me  confier  l'élude 
peuvent,  au  point  de  vue  du  calcaire  et  de  l'argile,  donner  lieu  aux  énoncés 
de  lois  suivants  résumant  les  résultats  obtenus. 

La  constitution  mécanique,  physique,  chimique  et  minéralogique  des 
fonds  marins  résulte  des  circonstances  régnant  au  sein  des  eaux  sus-jacentes 
et  surtout  à  leur  surface,  ainsi  que  de  celles  régnant  sur  le  fond  même. 
L'étude  de  cette  constitution  à  ces  multiples  points  de  vue  permet,  par 
conséquent,  de  formuler  îles  conclusions  relatives  aux  circonstances  ayant 
présidé  à  la  genèse  des  fonds. 

La  proportion  relative  du  sable  et  de  la  vase,  dans  un  fond,  la  mesure  de 
la  dimension  des  grains  et  l'observation  de  leur  forme  anguleuse  ou  ar- 
rondie permettent  d'affirmer  l'existence  de  courants  à  la  surface  du  sol 
sous-marin  et  même  d'évaluer  leur  direction  et  leur  intensité. 

Rien  n'autorise  à  penser  que  la  proportion  de  calcaire  contenue  dans  un 
fond  diminue  avec  la  profondeur.  Le  calcaire  jtire  surtout  son  origine  [des 
innombrables  animalcules  calcaires  (Foraminifères)  vivant  principalement 
dans  les  régions  supérieures  de  la  mer  et  tombant  après  leur  mort  en  pluie 
sur  le  sol  sous-jacent.  Leur  quantité  amoncelée  en  un  point  quelconque 
et  leur  nature  dépendent  donc  des  conditions  superficielles  (courants, 
température,  densité,  etc.  des  eaux)  et  aussi,  quoique  beaucoup  moins, 
des  conditions  intermédiairf's  et  inférieures  (courants  permanents  ou  ac- 
cidentels). On  en  dirait  autant  des  particules  siliceuses  d'origine  organique 
(Diatomées).  Géographiquement,  les  événements  supérieurs  se  projettent 
donc,  en  donnant  à  ce  mot  sa  signification  géométrique,  sur  le  plan  hori- 
zontal du  lit  océanique. 

Les  dépôts  d'origine  continentale   cessent  à  une  faible  distance  des  ri- 


SÉANCE    DU    19   MARS    1906.  789 

vages.  Dans  les  dépôts  profonds  qui  leur  font  suite,  et  en  laissant  de  côté 
les  sédiments  d'origine  volcanique,  l'argile  amorphe,  résistant  aux  acides 
étendus,  est  d'origine  continentale.  D'une  façon  sénérale,  un  océan  comme 
le  Pacifique,  vaste  relativement  au  développement  de  ses  côtes  et  à  l'apport 
minéral  des  fleuves  qui  s'y  déversent,  aura  évidemment  un  lit  peu  argileux, 
tandis  qu'un  autre  océan  comme  l'Atlantique  septentrional  et  équatorial, 
dans  les  conditions  inverses,  sera  très  argileux.  Mais  la  proportion  d'argile 
pourra  éire  masquée  par  les  sédiments  ayant  une  autre  origine.  Le  Paci- 
fique est  en  réalité  moins  argileux  que  l'Atlantique,  bien  que  sa  superficie 
soit  en  majeure  partie  couverte  par  l'argile  rouge  formant,  à  temps  égal, 
une  couche  infiniment  moins  épaisse  que  celle,  en  partie  calcaire,  qui  se 
dépose  sur  le  fond  de  l'Atlantique.  Ce  dernier  océan  est  en  réalité  plus  ar- 
gileux, quoique  sa  proportion  d'argile  y  soit  masquée  par  le  calcaire  qui 
recouvre  la  presque  totalité  de  son  lit,  et,  à  temps  égal,  la  couche  de  sédi- 
ment y  est  bien  plus  épaisse.  C'est  que  la  rapidité  d'accumulation  dépend 
beaucoup  plus  du  calcaire  que  de  l'argde.  On  aurait,  par  conséquent,  tort 
de  croire  que  tous  les  fonds  abyssaux  sont  peu  épais  et  se  sont  déposés  len- 
tement. A  profondeur  égale,  quelque  considérable  qu'elle  soit,  un  fond 
abyssal  peut  être  déposé  très  rapidement  et  être  très  épais,  tandis  qu'ail- 
leurs il  peut  s'être  déposé  avec  beaucoup  de  lenteur  et  être  très  mince.  A 
durée  de  sédimentation  égale,  un  fond  calcaire  otFre  une  épaisseur  bien 
plus  grande  qu'un  fond  purement  argileux. 

Ces  considérations,  applicables  aux  sédiments  géologiques  anciens, 
éclairent  singulièrement  les  conditions  extérieures  des  océans  disparus, 
contemporains  des  dépôts  aujourd'hui  fossiles  qui  se  sont  formés  autrefois 
au  fond  de  leur  lit. 


M.  Edmond  Seux  adresse  une  Note  Sur  un  mode  de  construction  des  plans 
aéroplanes,  permettant  d'aufimenter,  dans  de  notables  proportions,  leur 
valeur  sustenlatrice  et  leur  stabilité  de  route. 

(Renvoi  à  la  Commission  d'Aéronautique.) 


M.  Leu\ard(»  Ruxiardi  adresse  utie  Note  sur  La  Chimie  dans  la  genèse 
et  dans  la  chronologie  des  roches  èruptives. 


(Renvoi  à  la  Section  de  Minéralogie.) 


^4o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

M.  Demachy  annonce  une  découverte  relative  au  siège  du  germe  de  la 
syphilis. 

A  4  heures  et  demie  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  quart. 

M.  B. 


EBRATA. 


(Séance   du    12   mars    1906.) 

Noie  de  M.  Char/es  Nordmann,  Sur  les  forces  électromotrices  de  contact 
entre  métaux  et  liquides  et  sur  un  perfectionnement  de  l'ionographe  : 

Page  627,  ligne  5  en  remonlant,  au  lieu  de  terminé  par  un  ajutage  rodé,  de  manière 
que  . . .,  lises  terminé  par  un  ajutage,  rodé  de  manière  que  .... 

(         -—]     ■  l  -—\ 

Même  page,  ligne  26  en  remontant,  au  lieu  deE^^e.\i — e     '  ),  lisez  E^e\i — e    *^/. 


Note  de  M.  Marcel  Chevalier,  Sur  les  glaciers  pléistocènes  dans  les  val- 
lées d'Andorre  : 

Page  662,  ligne  i4  en  remontant,  au  lieu  de  Solden,  lisez  Soldeu. 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU   LUNDI  26   MARS    1906, 

PRÉSIDENOR  DE  M.  H.  POINCARÉ. 


MEMOIRES  ET  GOMMUIVICATIONS 

DES    MEMBRES    ET     DKS    CORRESPONDANTS     DE    L'ACADÉMIE, 

ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Méthodes  pour  la  recherche  des  particules  lumi- 
neuses mêlées  aux  gaz  de  la  chromosphère  et  des  protubérances  solaires. 
Application  pendant  l'éclipsé  de  1905.  Noie  de  M.  H.  Deslandres. 

La  chromosphère  solaire  et  les  protubérances  qui  s'en  détachent  sont 
encore  imparfaitement  connues;  la  matière  qui  les  constitue  n'est  pas 
encore  complètement  déterminée.  Celte  assertion  peut  surprendre  au 
premier  abord,  car  les  protubérances  ont  été  l'objet  de  recherches  extrê- 
mement nombreuses  dans  toutes  les  éclipses  antérieures  et  surtout  en 
dehors  des  éclipses,  grâce  aux  méthodes  spectrales  qui  assurent  leur  recon- 
naissance journalière  depuis  près  de  l\o  ans. 

Les  recherches  antérieures,  il  est  vrai,  ont  porté  presque  exclusivement 
sur  les  gaz  et  vapeurs  des  protubérances,  alors  que,  probablement,  les 
particules  incandescentes  en  suspension,  liquides  ou  solides,  entrent  aussi 
dans  leur  composition  et  pour  une  part  notable.  Dans  l'élude  spectrale, 
les  raies  fines  très  brillantes  des  gaz  les  décèlent  facilement,  presque  aussi 
bien  en  dehors  des  éclipses  que  pendant  l'éclipsé  elle-même;  mais  ie 
spectre  continu,  qui  annonce  les  particules,  plus  difficile  à  reconnaître  et 
à  isoler,  échappe  dans  la  très  grande  majorité  des  cas.  A  ce  sujet,  j'écrivais 
en  1893  (^Comptes  rendus,  t.  CXVIL  p.  io54)  :  «  La  couronne  qui  entoure 
de  tous  côtés  la  chromosphère  offre  un  spectre  continu  intense  dans  les 
parties  basses.  La  chromosphère  présente  aussi  peut-être  un  spectre 
continu;  mais,  sur  ce  point,  il  est  difficile  de  décider,  puisque  la  lumière 

G.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  GXLII,  N°  13.)  9^ 


^42  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  la  chromosphère  traverse  la  couronne.  «  Je  rappelais  en  même  temps 
l'observation  photographique  faite  par  moi  en  mars  1892,  à  Paris,  d'un 
spectre  continu  intense  qui  était  émis  par  une  belle  protubérance  et  se 
détachait  bien  sur  le  spectre  continu  à  raies  noires  de  notre  ciel  {Comptes 
rendus,  t.  CXV,  p.  788).  Mais  le  cas  cité  est  exceptionnel;  ce  qu'il  faut 
rechercher,  c'est  l'état  des  choses  dans  le  cas  général. 

Le  rôle  des  particules  dans  l'atmosphère  terrestre  est  considérable  ; 
il  peut  être  au  moins  aussi  grand  dans  l'atmosphère  solaire  et,  en  effet, 
c'est  à  ces  particules  que  plusieurs  auteurs  rapportent,  en  grande  partie, 
l'absorption  exercée  par  l'atmosphère  solaire  et  aussi  les  variations 
brusques  de  cette  absorption,  constatées  récemment  par  Langley,  varia- 
tions qui  nous  importent  au  plus  haut  degré,  puisqu'elles  impliquent  des 
variations  correspondantes  de  la  chaleur  totale  reçue  par  notre  terre.  La 
question  du  spectre  continu  émis  par  les  protubérances  a  donc  une  réelle 
importance.  Or,  les  éclipses  totales  offrent  des  conditions  favorables  à  la 
recherche  de  ce  spectre  continu,  car  la  lumière  de  notre  ciel,  dont  le 
spectre  continu  se  superpose  au  précédent  et  le  masque  en  temps  ordi- 
naire, disparaît  pendant  la  totalité.  On  peut  s'étonner  que  les  observa- 
teurs d'éclipsés  continuent  toujours  à  porter  leurs  efforts  sur  la  partie 
gazeuze  seule,  qui  apparaît  alors,  il  est  vrai,  plus  brillante  et  plus  étendue. 

De  mon  côté,  dans  l'éclipsé  dernière,  j'ai  abordé  la  recherche  du  spectre 
continu  par  une  méthode  nouvelle  qui  a  donné  des  résultats  intéres- 
sants. Le  problème,  envisagé  directement,  se  pose  de  la  manière  suivante  : 
les  protubérances  émettent-elles  un  spectre  continu  et  dans  quelle  pro- 
portion, par  rapport  à  la  lumière  totale,  ou  par  rapport  à  la  lumière  des 
gaz?  La  réponse  est  difficile  à  cause  de  la  superposition  du  spectre  continu 
émis  par  la  couronne.  Aussi  convient-il  de  poser  le  problème  autrement. 
Les  protubérances  émettent-elles  un  spectre  continu  plus  intense,  aussi 
intense  ou  moins  intense  que  les  régions  voisines  de  la  couronne  ? 

J'exposerai  successivement  les  résultats  antérieurs  qui  se  rapportent  plus 
ou  moins  au  sujet,  les  méthodes  et  appareils  employés  par  moi  dans  la 
dernière  éclipse  et  les  résultats  obtenus. 

Recherches  aiUcrieures.  —  Dans  les  éclipses  de  1870,  1882,  i883,  1886,  Tacchini 
a  reconnu  que  souvent  les  protubérances,  geiidant  la  totalité,  apparaissaient  plus  hautes 
et  plus  larges  qu'en  dehors  de  l'éclipsé  et  qu'elles  olFraient  des  colorations  variables 
du  rouge  vif  au  blanc  rose;  même,  en  1886,  il  a  signalé  une  protubérance  très  haute, 
appelée  par  lui  blanche  à  cause  de  sa  couleur  et  non  visible  après  l'éclipsé,  car  elle  ne 
donnait  pas  le  spectre  de  l'hydrogène;  pai-  contre  elle  émettait  fortement  les  raies  H  el 


SÉANCE    DU    26    MARS    1906.  743 

K  du  cqlcium  et  un  spectre  continu  (').  On  peut  objecter  cependant  qu'elle  est  une 
simple  masse  coronale  qui  aurait  entraîné  des  vapeurs  de  la  chromosphère,  comme  il 
arrive  parfois  à  l'époque  du  maximum  des  taches. 

La  même  objection  ne  s'applique  pas  à  la  protubérance  du  3  mars  1892  dont  il  a  été 
question  plus  haut,  observée  en  dehors  d'une  éclipse,  car  elle  émettait  avec  force  à  la 
fois  les  raies  de  l'hydrogène  et  du  calcium,  des  raies  métalliques  et  un  spectre  continu. 

Au  même  moment  Fen^i  et  Haie  ont  signalé  des  faits  analogues  et  l'on  a  pu  penser 
que  les  protubérances  èruptives,  tout  au  moins,  étaient  riches  en  particules. 

Dans  l'éclipsé  de  1900  (Mémoires  des  spectroscopistes  italiens,  vol.  29),  Tacchini  et 
Riccô  ont  observé  et  dessiné  deux  protubérances  voisines  très  curieuses  (angle  de 
position  2.36°),  qui  étaient  roses,  mais  offraient  sur  leur  pourtour  un  liséré  blauc  et  à 
leur  sommet  des  aigrettes  d'un  blanc  très  vif.  Ils  n'ont  pas  reconnu  d'une  manière 
spéciale  le  spectre  de  cette  protubérance.  Heureusement  j'ai  pu  combler  la  lacune  avec 
mes  propres  observations.  J'avais  organisé  en  1900  deux  chambres  prismatiques  en 
spath  et  quartz  qui  donnent  tout  le  spectre  lumineux  et  ultra-violet.  Les  quatre 
épreuves  de  la  couronne,  obtenues  avec  l'aide  de  Millochau,  montrent  les  raies  de 
l'hydrogène  et  du  calcium,  des  raies  métalliques  et  un  spectre  continu  émis  par  cette 
protubérance. 

Mais  on  n'a  pu  décider  si  le  spectre  continu  est  dû  aux  parties  roses  ou  blanches  de 
la  protubérance;  l'image  solaire  est  petite  et  surtout  la  chambre  prismatique  convient 
mal  pour  cette  recherche  spéciale,  car  elle  réunit  et  confond  les  spectres  de  points  de 
la  couronne  situés  en  ligne  droite. 

Recherches  de  la  dernière  éclipse.  —  Pour  l'éclipsé  de  igoS,  j'ai  cherché 
des  moyens  d'investigation  plus  parfaits.  Il  faut  pouvoir  comparer  nette- 
ment les  spectres  continus  des  protubérances  et  de  la  couronne  et  préciser 
les  points  de  la  protubérance  qui  émettent  le  spectre  continu.  Le  spectro- 
scope  ordinaire  à  fente  convient  à  certains  égards;  mais  il  donne  la  réponse 
seulement  pour  une  petite  section  et  il  doit  être  écarté  à  cause  de  la  faible 
durée  de  l'observation. 

J'ai  adopté  la  méthode  suivante,  indiquée  déjà  dans  le  Rapport  prélimi- 
naire de  septembre  iQoS  (^Comptes  rendus,  t.  CXLI,  p.  Siy),  laquelle  peut 
donner  rapidement  le  résultat  désiré  :  on  fait  simplement  des  photogra- 
phies de  l'anneau  solaire,  mais  avec  des  écrans  colorés  qui  arrêtent  toutes 
les  radiations  gazeuses  des  protubérances  ou,  au  moins,  toutes  les  radia- 
tions permanentes  (^).  L'image  est  alors  formée  par  les  spectres  continus 

(')  Haie  a  publié  un  Mémoire  très  complet  sur  les  observations  de  Tacchini  et  les 
protubérances  blanches  dans  V Aslrophysical  Journal,  vol.  Hl  p.  374. 

(-)  J'ai  déjà  recommandé  et  employé  dans  l'éclipsé  de  1900  {Comptes  rendus, 
t.  CXXXH,  p.  296)  des  écrans  colorés  pour  la  photographie  de  la  couronne;  mais  les 
écrans  étaient  rouges  ou  jaunes  et  avaient  un  autre  but.  Ils  devaient  favoriser  la  dé- 


7/|4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

à  comparer.  Mais,  comme  des  raies  métalliques  protubérantielles  peuvent 
aussi  intervenir,  j'emploie  simultanément  des  chambres  prismatiques  ou  à 
réseau  qui  décèlent  leur  présence  et  leur  intensité. 

Les  écrans  sont  formés  par  une  couche  de  gélatine  colorée,  placée  entre 
deux  verres,  d'après  le  procédé  de  Monpillard.  Ils  sont  semblables  aux 
écrans  employés  avec  succès  par  Rilchey  et  Hartmann  pour  la  photographie 
de  la  Lune  et  des  nébuleuses.  Avec  les  nombreuses  matières  colorantes 
actuelles,  il  semble  possible  d'avoir  un  écran  qui  soit  transparent  seule- 
ment pour  une  petite  région  déterminée  du  spectre.  Mais  la  recherche  est 
longue  et  je  me  suis  contenté  d'écrans  verts  trouvés  dans  le  commerce  qui 
ont  leur  maximum  de  transparence  environ  pour  la  radiation  coronale 
1  53o  et  ont  été  employés  par  d'autres  observateurs  pour  avoir  une  image 
de  la  couronne  presque  monochromatique.  Pour  le  but  spécial  que  je 
poursuivais,  j'ai  fait  faire  des  écrans  colorés  par  la  même  substance,  mais 
plus  clairs  transparents  de  >.5oo  à  l585  et  encore  opaques  pour  toutes  les 
radiations  permanentes  des  protubérances  ('). 

Pendant  l'éclipsé,  les  photographies  avec  écran  (diamètre  de  l'image 
solaire  70""")  ont  été  faites  avec  le  concours  de  Blum,  instituteur  à  Paris, 
qui  s'est  joint  à  ma  mission  comme  volontaire.  Les  détails  de  l'appareil  et 
de  l'observation  seront  résumés  dans  une  Note,  en  collaboration  avec 
Blum,  qui  sera  prochainement  publiée. 

Deux  chambres  à  réseau,  confiées  à  Rannapell,  avaient  été  organisées 
en  même  temps  et  donnaient  l'une  la  partie  est-ouest,  l'autre  la  partie 
nord-sud  de  la  couronne.  Les  détails  en  seront  publiés  ultérieurement. 

Le  jour  de  l'éclipsé,  le  temps  n'a  pas  été  favorable;  les  nuages  ont  masqué 
les  deuxième  et  troisième  contacts;  dans  l'intervalle,  heureusement,  au 
milieu  de  la  totalité  longue  de  3'"45*,  une  petite  éclaircie  d'une  minute 
s'est  produite  et  a  permis  de  faire  deux  épreuves  de  l'anneau  solaire  avec 
écrans  colorés  et  deux  épreuves  spectrales  avec  les  chambres  à  réseau. 


couverte  des  rayons  coronaux  les  plus  longs,  en  diminuant  l'intensité  relative  de  la 
lumière  de  notre  ciel,  très  riche  en  rayons  bleus  et  violets. 

(')  Ces  écrans  verts  ont  l'inconvénient  de  laisser  passer  la  radiation  gazeuse  coro- 
nale a53o;  ce  qui  introduit  un  trouble  dans  la  comparaison  entre  les  masses  coronales 
et  chromosphériques  à  spectre  continu.  Mais  la  raie  coronale  est  faible  tout  près  de 
la  cliromosphère,  et  les  autres  rayons  qui  traversent  l'écran  occupent  une  large  étendue 
du  spectre  total. 

Récemment  j'ai  fait  dans  le  laboratoire  des  essais  sur  d'autres  écrans,  bleus  et 
indigos,  qui  n'ont  pas  cet  inconvénient. 


SÉANCE    DU    26    MARS    I906.  745 

Les  photographies  avec  écran,  pour  être  bien  interprétées,  doivent  être 
comparées  à  des  photographies  ordinaires  sans  écran,  que  le  mauvais  temps 
ne  nous  a  pas  permis  de  faire.  Mais  cette  lacune  a  été  comblée  grâce  à  de 
la  Baume -Pluvinel,  qui  a  mis  aimablement  à  notre  disposition  de  magni- 
fiques épreuves  ordinaires  (diamètre  du  Soleil  120°"")  obtenues  par  lui  à 
Alcala  de  Chisvert,  9  minutes  après  les  nôtres. 

Sur  nos  épreuves,  le  beau  groupe  de  protubérances  du  Nord-Est  (de 
l'angle  de  position  A.  P.  78"  à  A.  P.  102°)  offre  des  [particularités  curieuses, 
bien  que  sa  base  soit  un  peu  couverte  par  la  Lune.  Les  images  protubé- 
rantielles,  privées  de  leurs  radiations  gazeuses  permanentes,  y  sont  beau- 
coup moins  étendues  en  largeur  et  hauteur  que  les  images  correspondantes 
formées  avec  l'ensemble  des  rayons.  Ainsi  la  protubérance  la  plus  haute 
(A.  P.  84°)  s'élève  à  70"  d'arc  sur  l'épreuve  d'Alcala,  et  au  plus  à  45"  sur  la 
nôtre.  L'épreuve  avec  écran  présente  seulement  du  côté  de  la  base  de  la 
protubérance  et  vers  le  Nord  une  série  de  petits  noyaux  très  brillants  dont 
l'entourage  immédiat  n'est  pas  plus  lumineux  que  les  régions  coronales 
voisines.  L'éclat  de  ces  noyaux  tient  surtout  à  l'émission  d'un  spectre  con- 
tinu, car  le  spectre  de  la  protubérance  obtenu  de  l^iB  à  \  445  sur  une 
épreuve  de  la  chambre  à  réseau  offre  un  spectre  continu  assez  intense  et 
seulement  deux  raies  fines  qui  sont  la  raie  permanente  H^  et  une  raie  mé- 
tallique faible  vers  X422. 

La  même  conclusion  est  fournie  plus  nettement  encore  par  de  très  beaux 
spectres  de  la  couronne,  aimablement  communiqués  par  le  D''  Lockyer,  et 
obtenus  à  Palma,  du  jaune  au  violet,  vers  la  fin  de  la  totalité,  avec  une 
grande  chambre  prismatique  de  2™  et  à  trois  prismes. 

Ces  résultats  sont  confirmés  aussi  à  certains  égards  par  les  observations 
oculaires  d'Esquirol  (voir  la  Note  ci-dessous,  p.  707)  qui  a  reconnu  dans 
chaque  protubérance  du  Nord-Est  un  dichroïsme  allant  du  rouge  au  blanc 
sale.  D'autre  part,  Riccô  m'a  écrit  que  le  dichroïsme  noté  par  lui  dans  ces 
mèir.es  protubérances  variait  du  rouge  au  violet. 

En  résumé,  ces  protubérances  du  Nord-Est,  au  moins  prés  de  leur  base, 
émettaient  un  spectre  continu  plus  intense  que  la  couronne  et  étaient  plus 
riches  en  particules  brillantes.  De  plus,  autant  que  je  puis  juger  par  les 
observalions  parvenues  à  ma  connaissance,  elles  n'étaient  pas  éruptives,  à 
proprement  parler,  ou  fortement  éruptives,  et  la  propriété  d'avoir  une 
forte  proportion  de  particules  peut  être  plus  générale  dans  les  protubé- 
rances qu'on  ne  l'a  cru  jusqu'alors.  La  répartition  relative  des  amas  de 
particules  et  des  diverses  vapeurs  paraît  aussi  variable  suivant  les  protubé- 


746  ACADÉMIE    DES  SCIENCES. 

rances  ou  suivant  les  phases  de  leur  évolution  (').  Les  observations  sont 
encore  trop  peu  nombreuses  pour  permettre  de  poser  des  conclusions. 

La  recherche  devra  seulement  être  poursuivie  dans  les  éclipses  futures 
et  avec  des  moyens  plus  puissants,  de  manière  à  embrasser  non  seulement 
toutes  les  protubérances  visibles,  mais  la  chromosphère  proprement  dite. 

Une  organisation  complète  comprendra  une  lunette  de  lo™  environ  ou 
plusieurs  lunettes  semblables,  qui  auraient,  d'une  part,  des  prismes  à  vision 
directe  mobiles  autour  de  l'axe  optique,  faciles  à  placer  sur  le  trajet  du 
faisceau  ou  à  retirer,  et  d'autre  part  des  écrans  colorés  capables  d'arrêter 
non  seulement  les  radiations  permanentes  de  la  chromosphère,  mais  les 
raies  métalliques  les  plus  fortes.  On  aurait  ainsi  trois  séries  d'images,  de 
même  diamètre,  orientées  de  la  même  manière  et  donc  bien  comparables, 
à  savoir  :  i°  l'image  ordinaire  formée  par  la  réunion  des  gaz  et  des  parti- 
cules; 1°  l'image  des  gaz  séparés  des  particules  dans  le  spectre;  3°  l'image 
des  particules  seules.  La  dernière  image,  qui  est  nouvelle,  donnera  les  indi- 
cations les  plus  utiles  sur  les  relations  de  la  chromosphère  et  de  la  cou- 
ronne. 


ZOOLOGIE.  —  Suite  aux  observations  sur  les  Gennadas  ou  Pénéides 
bathypélagiques .  Note  de  M.  E.-L.  Bouvier. 

Si  les  Gennadas  tliffèrent  des  Benthesicymus  par  leur  habitat,  ils  s'en 
distinguent  aussi  par  des  caractères  morphologiques  de  haute  importance. 

Dans  les  Benthesicymus ,  l'angle  antennaire  n'existe  pas,  l'épine  bran- 
chiostégale  atteint  un  fort  développement,  et  le  rostre  présente  ordinai- 
rement une  longueur  assez  grande,  peu  de  hauteur  avec  une  armature  de 
plusieurs  dents.  Chez  les  Gennadas,  au  contraire,  il  y  a  ordinairement  un 
angle  antennaire,  une  épine  branchiostégale  réduite,  un  rostre  haut,  court 
et  unidenté. 

Chez  les  Benthesicymus,  la  saillie  dorsale  des  pédoncules  oculaires  est 
courte  et  obtuse,  les  deux  derniers  articles  des  pédoncules  antennulaires 
sont  réduits  et  normalement  articulés,  le  palpe  des  mâchoires  antérieures 


(')  Les  amas  de  parliciiles  sont  dus  soit  à  des  projections  issues  des  couches  basses, 
soit  à  des  condensations  lucales.  Les  vapeurs  peuvent  se  condenser  successivement,  les 
moins  volatiles  d'alwrd  près  de  la  base,  comme  en  igoS,  les  autres  plus  lard  et  près  des 
bords  (le  la  protubérance,  comme  en  1900. 


SÉANCE    DU    26   MARS    I906.  747 

est  peu  dilaté  à  la  base,  celui  des  mâchoires  postérieures  est  dépourvu  de 
prolongement  terminal  différencié,  enfin  les  laccinies  de  ces  derniers  ap- 
pendices se  composent  de  lobes  de  même  longueur.  Dans  les  Gennadas, 
d'autre  part,  il  y  a  un  fort  tubercule  oculaire  aigu  ou  subaigu,  le  dernier 
article  des  pédoncules  antennulaires  se  fait  remarquer  par  sa  longueur  et 
son  articulation  spéciale,  le  palpe  des  mâchoires  antérieures  est  dilaté  vers 
le  bas,  celui  des  mâchoires  suivantes  a  un  prolongement  distal  fort  évident, 
enfin  le  lobe  antérieur  de  la  laccinie  interne  des  mêmes  appendices  est  or- 
dinairement plus  court  que  les  autres. 

Les  pattes  mâchoires  nous  offrent  des  différences  encore  plus  grandes. 
Dans  celles  de  la  première  paire,  l'exopodite  se  termine  en  fouet  chez  les 
Benthesicymus,  l'endopodile  ne  présente  pas  d'article  intermédiaire  bien 
séparé  et  les  soies  antérieures  de  son  article  basilaire  ne  sont  pas  ou  sont 
peu  différenciées  en  crochet.  Le  même  genre  se  distingue  en  outre  par  la 
faible  largeur  du  méropodite  des  pattes-mâchoires  intermédiaires,  par  les 
deux  soies  spiniformes  qui  terminent  cet  appendice,  par  la  longueur  et  la 
gracilité  des  pattes-mâchoires  postérieures,  enfin  par  le  grand  développe- 
ment de  l'exopodite  de  ces  deux  paires  d'appendices.  S'agit-il  des  Gen- 
nadas, au  contraire,  il  n'y  a  plus  de  fouet  à  l'extrémité  de  l'exopodite  des 
pattes-mâchoires  antérieures,  l'endopodite  du  même  appendice  est  muni 
d'un  article  intermédiaire  fort  net  avec  quelques  soies  ordinairement  diffé- 
renciées en  crochet,  sur  le  bord  interne  de  l'article  précédent.  Les  pattes- 
mâchoires  de  la  deuxième  paire  se  font  remarquer  par  l'aplatissement  et  la 
saillie  lamelleuse  antérieure  de  leur  méropodite,  et  par  la  soie  spiniforme 
unique  de  leur  dactylopodite;  enfin  les  pattes-mâchoires  de  la  paire  posté- 
rieure sont  relativement  plus  courtes  et  largement  foliacées  dans  la  partie 
qui  correspond  à  leur  ischiopodite  et  à  leur  méropodite. 

Cet  élargissement  et  cette  réduction  en  longueur  caractérisent  également 
les  pattes  des  trois  premières  paires  des  Gennadas,  le  carpe  étant  plus 
court  ou  médiocrement  plus  long  que  les  pinces,  du  moins  dans  celles 
des  deux  premières  paires.  Tandis  que  les  mêmes  appendices  des  Benthe- 
sicymus présentent  des  caractères  inverses.  Au  surplus,  dans  ce  dernier 
genre,  les  pattes  des  deux  paires  postérieures  sont  plus  longues  et  plus 
grêles,  et  parfois  même  (5.  moralus,  S.-L  Smith,  B.  longipes,  E.-L.  Bou- 
vier) singulièrement  plus  longues  et  plus  grêles  que  dans  les  Gennadas . 

On  peut  ajouter  que  les  Benthesicymus  ont  les  pléopodes  bien  plus 
allongés  que  les  Gennadas,  avec  le  petasma  et  le  thelycum  plus  réduits  et 
beaucoup  moins  complexes. 


^48  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Certains  de  ces  caractères  doivent  être  rapportés  à  l'évolution  générale 
de  ces  Pénéides,  les  autres  à  l'adaptation  au  genre  de  vie  bathypélagique. 
Parmi  ces  derniers,  il  convient  d'accorder  la  première  place  à  l'élargis- 
sement foliacé  de  la  plupart  des  appendices  thoraciques,  et  au  grand 
développement  des  soies  plumeuses  qui  garnissent  le  bord  interne  de  ces 
appendices,  surtout  l'ischiopoditeetle  méropodite.  Un  revêlement  de  soies 
analogues  s'observe  chez  les  Acanthephyra  qui,  dans  le  groupe  des  Cre- 
vettes vraies  ou  Carides,  présentent  le  même  habitat  que  les  Gennadas. 

Il  nous  reste  maintenant  à  indiquer  la  manière  dont  s'est  produit  le 
passage  des  Benthesicymus  aux  Gennadas  et,  dans  ce  but,  nous  devons 
donner  d'abord  le  Tableau  syno[)tique  des  diverses  espèces  de  Gennadas 
capturées  dans  l'Atlantique  oriental  par  les  expéditions  françaises  et  moné- 
gasques. Ces  espèces  sont  au  nombre  de  six,  dont  cinq  font  partie  du 
matériel  des  campagnes  monégasques  (G.  Alicei,  G.  elegans,  G.  Tinayrei, 
G.valens,  G.  scutaius)  et  deux  seulement  des  récoltes  du  Travailleur  el  i\a 
Talisman  (G.  valens,  G.  Talismani). 

Les  caractères  différentiels  de  ces  espèces  sont  relevés  dans  le  Tableau 
suivant  : 

A.  —  ifléropodite  des  pattes  3  aussi  long  et  même  ordinairement  plus  long 

que  le  carpe. 

Pinces  des  pattes  2  égalant  au  j^lus  les  |  du  carpe;  pas 
d'angle  antennaire,  rostre  régulièrement  triangulaire  ; 
deuxième  article  des  anlennules  égalant  presque  le  troi- 
sième;  deuxième  article  des  palpes  mandibulaires  plus 

long  que  la  largeur  du  premier G.  Alicei  n.  sp. 

(Atlantique  oriental). 

Pinces  des  pattes  2  un  peu  plus  courtes  que  le  carpe; 
un  angle  anlennaire  large  et  obtus;  le  deuxième  aiticle 
des  pédoncules  antennulaires  égale  au  plus,  dorsalement, 
la  moitié  de  la  longueur  du  troisième;  le  deuxième  article 
des  palpes  mandibulaires  n'est  pas  |)lus  long  que  la  lar- 
geur du  premier G.  elegans  S.-I.  Smith. 

(Atlantique,  Méditerranée). 

Pinces  des  pattes  2  un  peu  plus  longues  ou  aussi 
longues  que  le  carpe;  angle  anteunaire  peu  large,  mais 
aigu  et  très  saillant;  le  deuxième  article  des  pédoncules 
antennulaires  égale  la  moitié  du  troisième;  le  deuxième 
article  des  palpes  mandibulaires  notablement  plus  court 

que  la  largeur  du  premier G.  sculatus  n.  sp. 

(  Atlauti(|ue). 


SÉANCE    DU    26    MARS    1906. 


749 


Pinces  des  pattes  2 
un  peu  plus  courtes 
que  le  carpe  ;  angle 
anlennaire  large  et 
subaigu  ;  deuxième 
article  des  pédon- 
cules antennulaires 
plus  long  que  la  moi- 
tié du  troisième. 


B.  —  Méropodite  des  pattes  3  plus  court  que  le  carpe. 

I  Deuxième  article  des  pédoncules 
antennulaires  égalant  à  peu  près 
les  trois  quarts  de  la  longueur 
du  troisième;  saillie  antérieure  du 
méropodite  des  pattes-mâchoires 
intermédiaires  plus  grande  que 
le  tiers  de  la  longueur  totale  de 

l'article G.  valens  S.-I.  Smith. 

(Atlantique). 
Deuxième  article  des  pédoncules 
antennulaires  dépassant  à  peine 
la  moitié  de  la  longueur  du  troi- 
sième ;  saillie  antérieure  du  mé- 
ropodite des  pattes- mâchoires 
intermédiaires  plus  courte  que  le 
tiers  de  la  lonjrueur  de  l'article .  . 


G.  Talismani  11.  sp. 
\  (Atlantique  oriental  ). 

Pinces  des  pattes  2  au  moins  aussi  longues  que  le 
carpe;  angle  antennaire  peu  large,  mais  aigu  et  très 
saillant;  deuxième  article  des  pédoncules  antennulaires 
à  peine  plus  court  que  la  moitié  du  troisième;  deuxième 
article  des  palpes  mandibulaires  beaucoup  plus  long  que 
la  largeur  du  premier;  saillie  antérieure  du  méropodite 
des  pattes-mâchoires  intermédiaires  plus  grande  que  le 

tiers  de  la  longueur  de  l'article G.  Tinayrei  n.  sp. 

(Atlantique  oriental  ). 

Celte  dernière  espèce  est  dédiée  à  mon  ami,  M.  Tinayre,  le  distingué 
peintre  de  la  Princesse- Alice. 

Quand  on  compare  les  six  espèces  relevées  dans  le  Tableau  précédent, 
on  voit  qu'elles  forment  deux  séries  évolutives  :  l'une  avec  le  G.  Alicei, 
le  G.  elegans,  le  G.  sculalus  et  le  G.  Tinayrei,  l'autre  avec  le  G.  elegans,  le 
G.  Talismani  el  le  G.  valens.  Dans  chacune  de  ces  deux  séries,  ou  s'éloigne 
progressivement  des  Bentkesicymus,  la  forme  la  plus  voisine  de  ce  dernier 
.  genre  étant  le  G.  Alicei  qui,  par  la  forme  régulièrement  triangulaire  de  son 
rostre  non  acuminé,  par  ses  paltes-màchoires  longues  et  médiocrement 
élargies,  par  la  longueur  relative  des  divers  articles  de  ses  pattes,  par  le 
développement  de  ses  pléopodes  et  par  l'absence  de  tout  angle  antennaire, 
se  rapproche  manifestement  des  Benthesicymus. 

Le  petasma  des  mâles  et  le  thelycum  des  femelles  sont  fort  différents 

G.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  13.)  99 


7^0  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

dans  les  six  espèces  dont  ils  constituent  les  caractères  les  plus  typiques  ('  )  ; 
or  l'un  de  ces  organes  sexuels,  le  petasma,  dans  sa  différenciation  évolue 
parallèlement  aux  autres  organes,  et  c'est  encore  dans  le  G.  Alice.i  qu'il  se 
présente  sous  sa  forme  la  plus  simple,  avec  des  caractères  de  Benthesicymus 
très  prononcés. 

Le  G.  carinatus  S.  I.  Smith  se  rapproche  vraisemblablement  encore 
davantage  de  ce  dernier  genre,  car  il  présente  une  carène  dorsale  sur  les 
segments  abdominaux  3  à  6,  des  pléopodes  très  allongés  et  de  petits 
exopodités  à  la  base  des  pattes,  ce  qui  est  un  caractère  du  B.  moratus 
S.  I.  Smith  et  du  B.  longipes  E.-L.  Bouvier.  Mais  cette  espèce  ne  m'est 
connue  que  par  les  brèves  diagnoses  des  auteurs  et  il  convient  de  se  borner 
à  la  suggestion  précédente. 

En  tous  cas,  il  résulte  des  faits  relevés  dans  cette  Note  et  dans  la  précé- 
dente (^)  :  1°  que  les  Gennadas  sont  nettement  bathypélagiques  et  ne  des- 
cendent pas  à  demeure  sur  les  grands  fonds;  2°  qu'ils  ne  remontent  pas  à 
la  surface  pour  la  ponte  oîi  pourtant  ils  subissent  leur  évolution  ainsi  que 
l'ont  montré  MM.  Monticelli  et  Lo  Bianco;  S*'  qu'ils  dérivent  des  Benthesi- 
cymus par  adaptation  à  l'existence  bathypélagique  et  qu'ils  se  rattachent  à 
ces  derniers  par  l'intermédiaire  du  G.  carinatus  et  du  G.  Alicei. 


MÉCANIQUE  RATIONNELLE.  —  Sur  les  quasi-ondes  de  choc  au  sein  d'un  fluide 
bon  conducteur  de  la  chaleur.  Note  de  M.  P.  Duhem. 

Si  un  fluide  est  bon  conducteur  de  la  chaleur,  une  quasi-onde  de 
choc  qui  se  propage  au  sein  de  ce  fluide  ne  saurait  être  le  siège  d'une 
variation  très  rapide  de  la  température  (^);  au  travers  île  cette  quasi- 
onde,  la  température  éprouve  seulement  une  variation  de  l'ordre  de  h. 
L'inégalité  que  nous  avons  obtenue  dans  une  Note  précédente  (^)  devient 


(')  Dans  le  G.  scutatus,  le  theljcum  comprend,  comme  pièce  principale,  une 
grande  lame  ovalaire  qui  s'avance  librement  entre  la  base  des  pattes  III  et  IV. 

{-)  E.-L.  Bouviiiit,  Sur  les  Gennadas  ou  Pénéides  bathypélagiques  {Comptes 
rendus,  l.  GXLII,  ig  mars  1906,  p.  686). 

(^)  Sur  les  quasi-ondes  de  choc  et  la  distribution  des  températures  en  ces  quasi- 
ondes  [Comptes  rendus,  t.  CXLII,  5  février  1906,  p.  824). 

(*)  Sur  une  inégalité  importante  dans  l'étude  des  quasi-ondes  {Comptes  rendus, 
t.  CXLII,  26  février  1906,  p.  491)- 


SÉANCE    DU   26   MARS    1906.  701 

alors 

(i)         /-(p»,  T)|I  +/?•(?„  T)|^  -Ht)R0[.(p.,  T)  -  <7(p„,  T)l<o. 

On  sait  que  la  fonction  n(f,  T)  est  une  fonction  décroissante  de  p  si, 
sous  pression  constante,  le  fluide  se  dilate  par  une  élévation  de  tempéra- 
ture et  que,  s'il  se  contracte,  a-(p,  T)  est  une  fonction  croissante  de  p. 
L'inégalité  (i)  entraîne  alors  les  conséquences  suivantes  : 

Chaque  élément  de  la  quasi-surface  qui  correspond  à  la  quasi-onde  dégage 
sûrement  de  la  chaleur,  au  sein  d'un  fluide  dilatable  par  élévation  de  tempé- 
rature, si  la  densité  est  plus  forte  en  amont  de  la  quasi-onde  qu'en  aval,  et  au 
sein  d'un  fluide  qui  se  contracte  par  élévation  de  température,  si  la  densité  est 
plus  forte  en  aval  qu'en  amont. 

Nous  avons  considéré  jusqu'ici  des  quasi-ondes  de  choc  où  t?  avait  une 
valeur  finie.  Nous  pouvons  supposer  maintenant  que,  dans  toute  l'épais- 
seur de  la  quasi-onde,  ■ç  soit  une  quantité  très  petite  de  l'ordre  de  A;  nous 
aurons  affaire  à  une  quasi-surface  de  glissement  de  deux  masses  fluides  l'une 
sur  Vautre. 

V)  étant,  dans  ce  cas,  une  quantité  très  petite  de  l'ordre  de  h,  notre  iné- 
galité fondamentale  devient 

(-)  ^(p,„T„)g+>^(p„T.)g<o. 

Si  le  fluide  est  bon  conducteur  de  la  chaleur,  cette  inégalité  nous  enseigne  que 
chaque  élément  de  la  quasi-surface  de  glissement  est  le  siège  d'un  dégagement 
de  chaleur. 

Si  le  fluide  est  mauvais  conducteur  de  la  chaleur,  en  sorte  que  le  coeffi- 
cient de  conductibilité  ^(p,  T)  soit  une  quantité  très  petite  de  l'ordre  de  A, 
l'inégalité  précédente  constitue  une  impossibilité;  le  premier  membre,  en 
effet,  ne  doit  pas  être  une  quantité  très  petite  de  l'ordre  de  h  et,  hors  de  la 

quasi-onde,  les  quantités  -r-^,  -r-i  ne  peuvent  pas  être  des  quantités  très 
grandes  de  l'ordre  de  j- 

Si  donc  un  fluide  très  peu  visqueux  est,  en  même  temps,  très  peu  conducteur 
de  la  chaleur,  on  ne  saurait  y  observer  d'une  manière  persistante  une  couche 
très  mince  telle  que  les  deux  masses  fluides,  de  températures  diflérentes,  séparées 
par  cette  couche  semblent  glisser  l'une  sur  l'autre. 

On  sait  que  Helmholtz  avait  fondé  sa  théorie  météorologique  sur  la 
considération  de  surfaces  le  long  desquelles  deux  masses  d'air,  portées  à 


75a  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

des  températures  différentes,  glissent  l'une  sur  l'autre.  L'existence  de 
telles  surfaces  de  glissement  apparaît  comme  admissible  si  l'on  suppose 
l'air  rigoureusement  dénué  de  conductibilité  et  de  viscosité.  Mais,  si  l'on 
veut  regarder  l'air  comme  doué  d'une  faible  conductibilité  et  d'une  faible 
viscosité,  il  paraît  impossible  de  garder  la  manière  de  voir  de  Helmhollz. 

En  notre  précédente  Note  Sur  les  quasi-ondes  de  choc  au  sein  des  fluides 
mauvais  conducteurs  de  la  chaleur  (  '  ),  un  ihéorème  a  été  omis  ;  ce  théorème, 
auquel  il  est  deux  fois  fait  allusion  dans  cette  même  Note,  doit  premlre 
place  aussitôt  après  celui-ci  :  Les  égalités  (i)  donnent  toujours  des  valeurs 
réelles  pour  ip^,  t?,,  tant  que  p,  est  suffisamment  voisin  de  p^,. 

Voici  ce  théorème  : 

„.  fi?S(p,)    ,  .     û?P(p,)      ,        ... 

Si  s  annule,  —    '     est  positif. 

L'identité  (8)  nous  donne  en  effet 

f/i^Pi)  _  ^     dt,        .,Pi,       p  .^/S(p.)  rfe(p.)        ,âK,rc/e {:.,)!- 

«fpi  ~'^'  dp,        ^'  àpl      ^^'     dpt        dp,  '"'c'TïL    4,      I" 


Si  l'on  a 


cette  égalité  se  réduit  à 


dpi 


dp,  P'  àp,        ^'  àp-,         ^>  rfT= 

Selon  les  inégalités  (.6)  et  (6)  de  la  Note  eu  question,  le  second  membre 
est  assurément  positif. 

De  même,  si  — j~  est  nul,  '  ',  ''  a  le  signe  de  (p,,  —  p,  ),  en  vertu  des  éga- 
lités (i)  et  (il). 

GÉOLOGIE.  —  Sur  le  bassin  oligocène  de  l'Ebre  et  l'histoire  tertiaire 
de  VEspagne.  Note  de  MM.  Ch.  Depéuet  et  L.  Vidal. 

L'histoire  géologique  tertiaire  de  l'Espagne  était  caractérisée,  dans  les 
vues  actuelles,  par  l'existence  de  grands  lacs  il'eau  douce  d'âge  miocène. 
Les  principaux  de  ces  bassins  lacustres,  ceux  de  la  Nouvelle-Castille  et  de  la 

(')  Comptes  rendus,  t.  GXLIl,  12  mars  1906,  j).  612. 


SÉANCE    DU    26    MARS    1906.  ^53 

Vieille-Castille  occupent  des  dépressions  du  plateau  de  la  Meseta  ;  tandis  que 
le  vaste  bassin  de  l'Ebre  constitue  une  cuvette  triangulaire  comprise  entre 
laMeséta,  les  Pyrénées  et  le  massif  ancien  du  littoral  méditerranéen.  Les 
grandes  lagunes  oligocènes  qui  ont  couvert  de  leurs  dépôts  saumàlres  les 
dépressions  du  Plateau  Central  français  et  de  la  Bohême  paraissaient  ne 
pas  avoir  envahi  le  massif  ibérique,  dont  la  structure  et  l'histoire  formaient 
ainsi  un  étrange  contraste  avec  celle  des  autres  massifs  hercyniens  de  l'Eu- 
rope centrale. 

La  détermination  d'âge  miocène  des  dépôts  lacustres  espagnols  ne  repo- 
sait, il  est  vrai,  que  sur  des  données  assez  précaires.  Les  Mollusques  y  sont 
rares  et  d'une  détermination  délicate  et  l'opinion  des  géologues  paraît 
avoir  été  surtout  entraînée  parla  présence,  auprès  de  Madrid,  à  Valladolid 
et  à  Coucud,  de  gîtes  fluvio-lacustres  contenant  VHipparion  gracile,  le 
Mastodon  longirostris  et  d'autres  animaux  de  la  faune  miocène  supérieure 
ou  pontique.  On  avait  ainsi  englobé  dans  le  Miocène  tout  un  vaste 
ensemble  de  dépôts  laguno-lacustres,  dont  la  majeure  partie  ou  même 
parfois  la  totalité  est  certainement  oligocène,  comme  nous  allons  le  démon- 
trer d'abord  pour  le  bassin  de  l'Ebre. 

Entre  les  Pyrénées  et  le  bord  de  la  Meseta,  les  dépôts  tertiaires  laguno- 
lacustres  occupent  une  grande  partie  des  provinces  de  Burgos,  de  Sara- 
gosse  et  d'Huesca  et  pénètrent  en  Catalogne  par  la  province  de  Lérida,  d'où 
ils  s'étendent  à  l'Est  à  travers  les  provinces  de  Tarragone,  de  Barcelone  et 
de  Gerone  jusqu'au  contact  du  massif  ancien  du  littoral  catalan.  Nous  avons 
étudié  spécialement  la  moitié  orientale  de  cet  immense  bassin. 

Une  ceinture  de  terrains  éocênes  entoure  et  délimite  la  cuvette  oligocène 
sous  laquelle  ces  terrains  plongent  de  toutes  parts  d'une  manière  régulière. 
h'Eocéne  inférieur  est  à  l'état  de  poudingues  et  de  marnes  rouges  à  Bidimus 
gerundensis.  La  transgression  marine  débute  avec  le  Lutécien  ou  peut-être 
avec  le  sommet  du  Londinien  :  on  observe  de  bas  en  haut  des  calcaires  à 
Alvéolines  qui  ne  sont  pas  constants,  puis  des  couches  à  Nummulites  où  l'on 
peut  distinguer  un  niveau  inférieur  à  A^.  crassus  (per/oratus)  et  un  niveau 
supérieur  à  A^.  biarritzensis .  Eu  plusieurs  points  de  la  bordure,  surtout  au 
mont  Serrât,  les  couches  nummulitiques  marines  sont  envahies  par  de 
grands  amas  de  poudingues,  d'origine  torrentielle,  qui  prédominent  de 
plus  en  plus  à  la  partie  supérieure  et  finissent  par  constituer,  au  sommet  de 
VEocène  moyen  et  à  la  base  de  VEocène  supérieur,  une  puissante  cuirasse 
caillouteuse  plus  ou  moins  continue,  qui  n'est  autre  chose  que  \e  poudingue 
de  Palassou  des  Pyrénées  françaises. 


^54  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Sur  ce  poudingue,  et  en  concordance  parfaite,  on  observe  la  série  sui- 
vante, dont  les  différentes  couches  plongent  vers  le  centre  de  la  cuvette 
sous  des  angles  de  plus  en  plus  faibles  et  deviennent  tout  à  fait  horizontales 
dans  la  partie  centrale  vers  Lérida  et  à  l'Ouest. 

1°  Étage  Indien  supérieur.  —  Couches  marno-gypseuses,  avec  impor- 
tants amas  degvpse  à  Copons,  Ciibells,  ravin  dels  Ars,  etc.  La  position  stra- 
tigraphique  paraît  être  celle  du  gypse  de  Paris,  mais  la  preuve  paléontolo- 
gique  fait  encore  défaut. 

2°  Étage  sannoisien.  —  Très  puissant  étage  où  l'on  distingue  les  hori- 
zons suivants  : 

a.  Calcaires  en  plaquettes  à  Cyrena  semistriata. 

h.  Horizon  de  Calaf  à  faune  de  Ronzon.  Les  calcaires  lignitifères  exploi- 
tés à  Calaf  contiennent  :  Ancodus  Aymardi,  Diplobune  minor  et  des  Mollusques 
saumâtres  :  Striatella  Nysti,  Melanoides  albigensis,  M.  occitanicus,  Vivipara 
soricinensis,  c'est-cà-dire  la  faune  des  calcaires  à  Striatelles  du  Gard.  Au 
même  niveau  appartiennent  les  lignites  d'Almatret  (prov.  de  Lérida)  avec 
Nystia  Duchasteli,  Limnœa  aff.  longiscata,  Planorbis  cornu.  Pi.  polycymus. 
Crocodiles,  Trionyx;  et  plus  à  l'Ouest  les  lignites  de  Mequinenza  et  Fayon 
(prov.  de  Saragosse). 

c.  Horizon  de  Tarrega  à  Brachyodus  Cluai.  Les  couches  de  Calaf  sont 
surmontées  par  une  épaisse  série  de  mollasses  etde  marno-calcaires  où  l'on 
observe  en  plusieurs  points  Melanoides  albigensis  et  Limnœa  longiscata. 
C'est  dans  la  partie  supérieure  de  cet  ensemble  que  se  trouvent  les  dalles 
calcaires  exploitées  à  Tarrega  et  qui  ont  livré  aux  recherches  de  M.  Clua 
une  riche  faune  de  Mammifères  :  Brachyodus  Cluai  n.  sp.,  Theridomys 
siderolithicus  var.  major,  Plesictis  Filholi  n.  sp.,  Amphicyon  ou  Pseudamphi- 
cyon,  Crocodiles,  Emys,  avec  des  plantes  terrestres  et  des  Mollusques  où 
dominent  Limnœa  longiscata  et  Planorbis  cornu. 

L'horizon  de  Tarrega  nous  paraît  se  placer  à  la  partie  supérieure  du 
Sannoisien,  très  près  de  la  limite  du  Stampien. 

3°  Étage  stampien.  Mollasses  de  Lérida.  —  A  l'Oligocène  moyen  se 
rapportent  les  épaisses  couches  de  mollasses  et  de  marnes  superposées  à 
l'horizon  de  Tarrega  et  s'étendant  en  strates  subhorizoutales  au  centre  du 
bassin  de  l'Ebre  jusqu'au  delii  de  Lérida.  Auprès  de  cette  ville  on  y  a  décou- 
vert d'assez  nombreux  débris  de  Mammifères  terrestres,  qu'il  nous  a  été 
impossible  de  retrouver,  mais  qui  formeront  sans  doute  bientôt  un  troi- 
sième horizon  de  Mammifères,  supérieur  aux  deux  horizons  de  Calaf  et  de 
Tarrega . 


SÉANCE   DU    a6   MARS    1906,  pjSS 

4°  Étage  Aquitanien.  —  L'Oligocène  supérieur  n'affleure  pas  dans  les 
limites  de  la  région  étudiée;  mais  nous  avons  pu  reconnaître  dans  les  cal- 
caires de  Vera  (prov.  de  Saragosse)  de  gros  Hélix  du  groupe  Ramondi; 
ces  calcaires  doivent  donc  occuper  à  l'ouest  de  Lérida  un  niveau  encore 
plus  élevé  que  les  mollasses  stampiennes  sur  lesquelles  est  bâtie  cette 
ville. 

Ainsi  le  bassin  tertiaire  de  l'Ebre,  jusqu'ici  désigné  par  tous  les  géologues 
sous  le  nom  de  Miocène  de  l'Ebre,  est  en  réalité  un  immense  bassin  oligo- 
cène très  complet,  comprenant  les  trois  grands  étages  de  ce  système,  avec 
des  niveaux  de  Mammifères  et  de  Mollusques  nombreux  et  caractéristiques. 
Le  terrain  Miocène  paraît  n'y  être  nulle  part  représenté. 

Nous  pensons  dès  à  présent  que  ces  conclusions  devront  s'appliquer 
aussi  à  la  majeure  partie  des  bassins  laguno-lacuslres  de  la  Meseta.  Dans  la 
province  de  Valladolid  en  particulier  (Vieille  Castille),  les  descriptions  et 
les  figures  publiées  par  M.  Cortazar  sont  tout  en  faveur  de  cette  manière 
de  voir,  à  laquelle  la  présence  de  Limncea  longiscata  et  de  Planorbis  cornu 
apporte  une  vérification  paléontologique  indiscutable. 

A  la  lumière  de  ce  point  de  vue  nouveau,  l'histoire  du  massif  ibérique 
devient  tout  à  fait  semblable  à  celle  du  massif  central  français  et  de  la 
Bohême.  A  l'époque  oligocène,  la  surface  de  la  Meseta,  comme  celle  de 
l'Auvergne,  était  réduite  à  une  pénéplaine,  sur  laquelle  ont  pu  pénétrer 
presque  partout  des  lagunes  en  relation  avec  l'Atlantique.  Puis,  à  la  fin  de 
l'Oligocène,  un  assèchement  général  de  ces  lagunes  a  transformé  l'Espagne, 
comme  le  Plateau  central,  en  un  continent  miocène  où  a  pu  commencer  à 
s'établir  un  réseau  hydrographique.  Les  dépôts  miocènes,  entièrement 
fluvio-lacustres,  n'occupent  sur  ces  continents  que  des  surfaces  extrême- 
ment restreintes,  le  plus  souvent  en  relations  avec  les  anciennes  vallées. 
Ainsi  s'établit  et  se  précise  de  plus  en  plus  la  remarquable  unité  de  l'his- 
toire de  tous  ces  massifs  hercyniens. 


MM.  Simon  Newcomb  et  Alexandre  Agassiz,  Associés  étrangers,  sont 
désignés  par  l'Académie  pour  la  représenter  à  la  célébration  du  second 
Centenaire  de  la  naissance  de  Franklin. 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


PRESENTATIONS. 


L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  formation  d'une  liste 
de  deux  candidats  qui  devra  être  présentée  à  M.  le  Ministre  de  l'Instruc- 
tion publique,  pour  la  chaire  de  Botanique  (Classification  et  familles  natu- 
relles (les  Phanérogames)  vacante  au  Muséum  d'Histoire  naturelle. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  destiné  à  la  désignation  du  premier  candidat, 
le  nombre  des  votants  étant  60  : 

M.  Henri  Lccomte        obtient 4i  suffrages 

M.  Leclerc  du  Sablon         »      19        » 

Au  deuxième  tour  de  scrutin,  destiné  à  la  désignation  du  second  candi- 
dat, le  nombre  des  votants  étant  62  : 

M.  Leclerc  du  Sablon  obtient 82  suffrages 

M.  Bois  »      28  » 

M.  Villcmin  » 1  » 

Il  y  a  un  bulletin  blanc. 

En  conséquence,  la  liste  présentée  à  M.  le  Ministre  de  l'Instruction 
])ublique  comprendra  : 

En  première  ligne M.  He.\ri  Lecomte. 

En  seconde  ligne M.  Leclerc  du  Sablo.v. 


CORRESPONDANCE . 

M.  F.Klein  présente  à  l'Académie  deux  fascicules  de  l'édition  allemande 
et  un  fascicule  de  l'édition  française  de  VEncyclopédie  des  Sciences  juathé- 
maliqucs  pures  et  appliquées. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Géométrie.) 


SÉANCE    DU    26    MARS    I906.  757  , 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  les  Ouvrages  suivants  : 

i"  L' Éleclrométallurgie  des  fontes,  fers  et  aciers,  par  M.  Camille  Mati- 
gnon. 

2"  The  Selkirk  range,  par  A.-O.  Wheeler,  Tome  I.  (Présenté  par 
M.  T^aussedat.) 

3"  Le  fascicule  5  (Oiseaux)  des  Décades  zoologiques  de  la  Mission  scien- 
tifique permanente  d'exploration  en  Indo-Chme.  (Présenté  par  M.  Yves 
Delage.) 

ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  — -  Éclipse  totale  de  Soleil  du  3o  août  1903.  Protu- 
bèrances  solaires  à  deux  couleurs.  Note  de  IVl.  J.  Esquirol,  présentée  par 
M.  Deslandres. 

A  Alcala  de  Chisvert  (Espagne),  où  je  m'étais  rendu  pour  observer 
l'édipse  avec  une  lunette  de  5o'"'"  grossissant  60  fois,  il  m'a  été  donné  de 
constater  l'existence  d'une  double  coloration  dans  les  cinq  belles  protubé- 
rances qui  se  trouvaient  sur  le  bord  Est,  que  j'ai  particulièrement  étudié. 
Chacune  d'elles  paraissait  formée  de  deux  parties  bien  distinctes  :  l'une 
vers  le  Sud,  offrant  la  coloration  rosée  normale;  l'autre,  vers  le  Nord, 
d'aspect  filamenteux,  paraissant  blanche,  mais  d'un  blanc  un  peu  sale.  La 
partie  Sud  était  sensiblement  la  plus  importante  et  recouvrait  d'un  mince 
filet  les  régions  supérieures  de  la  seconde;  la  couleur  rosée  plus  intense  au 
bord  Sud  allait  en  se  dégradant  vers  le  centre,  mais  le  contraste  avec  la 
zone  blanche  était  brusque  et  accusé  à  tel  point  qu'il  m'a  paru  impossible 
de  considérer  la  partie  blanche  comme  une  simple  dégradation  de  l'autre 
teinte.  Bien  que  les  contours  de  l'image  fussent-  très  nets,  je  pris  soin  de 
déplacer  l'oculaire  en  divers  sens,  mais  sans  parvenir  à  modifier  l'aspect,  à 
deux  couleurs,  des  protubérances. 


ARITHMÉTIQUE.  —  Sut  un  carre  magi(]ue.  Note  de  M.  Cr.  Taurv, 
présentée  par  M.  Poincaré. 

J'appelle  carré  cabalistique  aux  /?  j^remiers  degrés  un   carré  construit 
avec  des  nombres  entiers  consécutifs  et  présentant  l'égalité  aux  n  premiers 

C.  R.,  igoG,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  13.)  lOO 


7)8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

degrés  dans  toutes  ses  lignes,  toutes  ses  colonnes  et  ses  deux  diagonales  et, 
en  outre,  l'égalité  aux  n  —  ï  premiers  degrés  dans  toutes  les  directions  de 
ses  diagonales. 

Théorème.  —  On  peut  toujours  construire  un  carré  cabalistique  aux 
n  premiers  degrés  de  côté p",  quelle  que  soit  la  valeur  de  n,  si  le  plus  petit  divi- 
seur de p  est  un  nombre  premier  suffisamment  grand. 

La  construction  d'un  carré  cabalistique  aux  n  premiers  degrés  est  un 
problème  élémentaire,  qui  ne  dépend  que  de  congruences  du  premier 
degré,  et  n'exige  que  la  connaissance  de  quelques  théorèmes  presque  évi- 
dents. 

Dans  ce  qui  suit,  nous  supposerons  toujours  les  nombres  écrits  dans  le 
système  de  numération  dont  la  base  est  le  nombre  premier />. 

J'appelle  somme  congruenle  de  deux  nombres  a^a^.  .  .a,,  et  b^bi.  .  .h,.,  par  rapport 
au  module  premier /j,  le  nombre  <'iC.,.  .  .  .c,-  dont  les  cliifïres  sont  déterminés  par  les 
congruences 

Ci=«i+i,,  C2=(7,H    Aj,  ...,  f,.=  «,.-t- A,.  (mod/*). 

Exemple  :  5432  +  3i64  =  iSaG  (  mod  7). 

La  conception  de  la  somme  congruenle  entraîne  évidemment  celle  de  la  multiplication 
par  un  nombre  entier 

235i  +  sSSi -t- 235i  =:  3  X  235i  r:z  GaiS         (mod  7). 

J'appelle  .çe/'/e  /itimcrate  (/',),  par  rapport  au  module  /),  la  suite  des  p  nombres  o, 
/',,  2/1,  ...,  {/)  —  i)/',,  considérés  dans  l'ordre  indiqué. 

Par  exemple,  la  série  numérale  (5432),  de  module  7,  s'écrira 

0000     5432     3i64     1026     GïSi     46i3     2345. 

Prenons  un  nombre  /■.,,  assujetti  à  la  seule  condition  de  ne  pas  figurer  parmi  les 
p  nombres  de  la  série  numérale  (/'i),  et  examinons  les  p-  nombres  écrits  dans  l'ordre 
suivant,  dont  la  loi  de  formation  est  déterminée  par  les  séries  (/•,)  et  (r.,). 

[o,   /■,,    2/-,,    ...,(/-—  l)/-l],        [fJ  +•'•■>,    ''1+  '-2,    2/-,  +  /•.,.    ...,    (/>—  l'i'-lH-'^], 
[o  -H  2/-2,    /\-h  2/-0,    2/', 4-  ■>./■.,.    .  .  .,    {p  —  l)/-i-t-  2/-„  ],        .  .  ., 

[o +  (/)  —  !)/■„  /•,  4-(/^  —  i)''i.  2''i-t-(/'  —  ')'--2-  ■■■,  {p  —  i)r,+  (p  —  i)r,]. 

Appelons  série  numérale  {r^r.,)  les  y;-  nombres  ainsi  disposés. 

On  démontre  très  fiicilemcnt  <|ue  les  p-  nombres  de  la  série  (''i''2)  sont  tous  difle- 
renls. 

Pareillement,  si  /j  c>t  un  nombre  n'appartenant  pas  à  la  série  numérale  {r^r,),  on 
obtiendra  une  série  numérale  (r,  r.,/-3)  composée  de  y>^  nombres  diderenls,  qui  se  suc- 


SÉANCE    DU    26    MARS    1906.  j5g 

céderont  et  se  formeronl  suivant  la  même  loi  : 

(«,  6,  ...,  t),     («  +  /-3,  0  +  r.„ ,  f+z-j), 

(a +  27-3,  6  +  2/-,,,  .  .  .,  t-+-  2 /-s),      .  .  ., 
[«  +  (/)  — i)r3,  O  +  i/j  —  i)/:,,  ...,  t  +  {p  —  i)r,], 

a,  b,  .  .  .,  /,  étant  les  nombres  consécutifs  de  la  série  précédente  {i\/-.,). 
On  pourra  continuer  l'opération  indéfiniment. 

Il  résulte  de  ce  qtii  précède  qtie  les  p"  premiers  nombres,  o,  1,  2,  .... 
p"  —  î,  potirront  toujours  être  écrits  dans  l'ordre  d'une  série  numérale 
(r,r,,  .. .,  r„)  et  que  la  forme  linéaire  7\x  -{-  r^y  -\-. . --h  rj  peut  repré- 
senter tout  nombre  de  o  à  p"  —  i . 

On  remarquera  que,  si  l'on  donne  aux  nombres  /•,,  r.^,  r.^,  ...,  r^  les 
valeurs  respectives  i,p,p-,  ..  ,  /?""',  les p"  premiers  nombres  se  trouveront 
écrits  dans  l'ordre  naturel  de  croissance. 

Toute  la  théorie  des  espaces  maijiques  aux  n  premiers  degrés  est  fondée 
sur  les  propriétés  de  la  série  numérale. 

Cette  conception  nouvelle  a  été  puisée  dans  V Arithmétique  graphique  de 
M.  G.  Arnoux.  Dans  ce  remarquable  Ouvrage,  !VI.  G.  Arnoux  caractérise 
ce  qu'il  appelle  une  direction  dans  l'espace  congruent  à  k  dimensions  par 
la  formule 

((7;z))(a,a?  +  rtoj  4-...  +  rt*/)' 

dans  laquelle  a,,  a.,,  ...,  représentent  des  pas  et  a;,  y,  ...,  les  directions 
des  coordonnées  correspondantes. 

Dans  l'application  des  propriétés  des  séries  numérales,  j'emploie  une 
formule  identique,  à  laquelle  j'attribue  une  signification  légèrement  diffé- 
rente. 

Le  perfectionnement  apporté  suffit  pour  permettre  de  déterminer  et 
représenter  un  espace  à  k  dimensions,  magique  aux  n  premiers  degrés,  à 
l'aide  seulement  de^  lignes  de  n  nombres. 

Ainsi  un  carré  cabalistique  n  magique  est  déterminé  par  in  nombres, 
que  ma  méthode  apprend  à  calculer. 

Ces  in  nombres  sont  les  clés  du  carré;  désignons-les  par 

/', ,     r^ ,      r.j ,      . .  • ,     /ft, 

j|,        ^2»        ^:m        •••?        ^n- 

La  série  numérale  (r,,  r.,,  ...,  /„,  ^|,  s.,,  ...,s„)  se  compose  des/?-"  premiers 
nombres,  de  o  à  p-" — ^i,  qtie   nous  placerons  dans  les  cases  successives 


760  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

d'un  carré  de yy"  cases  de  côté,  en  conservant  l'ordre  des  nombres  de  la 
série.  Ainsi,  la  première  ligne  sera  formée  par  les/)"  nombres  de  la  série 
(r,,r\_,  ...,r„). 

Si  aucune  erreur  n'a  été  commise  dans  le  calcul  des  clés,  nous  aurons 
construit  machinalement  un  carré  cabalistique /z  magique. 

Avec  3nclés  on  obtiendrait  un  cube  cabalistique  aux  n  premiers  degrés, 
présentant  par  conséquent  l'égalité  aux  n  —  i  premiers  degrés  dans  les 
treize  directions  des  trois  arêtes,  des  six  diagonales  des  faces  et  des  quatre 
diagonales  du  cube. 

Il  ne  resterait  [)lus  qu'à  faire  connaître  la  méthode  suivie  pour  calculer  les 
clés  et  établir  leurs  propriétés.  Je  me  propose  de  publier  prochainement 
cette  méthode  avec  les  développements  nécessaires. 


AIVALYSE  MATHÉMATIQUE.  —   Sur  la  théorie  des  caractéristiques. 
Note  de  M,  E.   Goirsat. 

Dans  la  théorie  des  caractéristiques  on  se  borne  en  général  à  établir 
(pi'iini'  éqiiai K)n  aux  'iérivces  partielles  jiossèle  une  infinité  d'intégrales 
htiloniori  lies  d.ms  le  domaine  d  un  point,  et  admettant  tous  les  éléments 
d'une  caractéristique  déterminée  suffisamment  voisins  de  l'élément  initial. 
Pour  compléter  ce  résultat  on  est  conduit  a  étudier  les  intégrales  passant 
par  une  caractéristique  donnée  tout  le  long  de  celte  caractéristique. 

1.  Prenons,  pour  fixer  les  idées,  une  équation  aux  dérivées  partielles  du 
second  ordre,  à  ^\Gu^  variables  indépendantes,  admettant  la  caractéristique 
du  second  ordre  F  définie  par  les  relations 

y^z.=^p  =  (]  =  r  =  s^t^o. 

On  peut  alors  supposer  cette  équation  mise  sous  la  forme 
(1)  s  —  kz  +  Bjo-f-Cy -I-D/-+  Ey-+  Fj/ +  H^--l-..., 

les  termes  non  écrits  étant  au  moins  du  second  degré  en  y,  z,  p,  q,  r,  t,  et 
les  coefficients  A,  B,  C,  D,  ...  étant  des  fonctions  holomorphes  de  la 
variable  com[)lexe  ic  dans  un  domaine  simplement  connexe  D^  comprenant 
l'origine;  la  série  du  second  membre  est  convergente,  quelle  que  soit  la 
valeur  de  ,v  dans  le  domaine  D^.,  |)ourvu  que  les  motiules  des  variables 
y,  z,  p.  q,  r,  t  soient  intérieurs  a  un  nombre  positif  p. 

Soit  *!'(/)  une  fonction  de  la  variable  y,  hulomorpbe  dans  le  domaine 


SÉANCE    DU    26    MARS    1906.  761 

cKi  poinL  y  =  o  et  s'annulant,  ainsi  que  ses  deux  premières  dérivées, 
pour  y  =  o, 

(2)  *(.}')  =  a3_r'  +  a,,7'+...-{-  a„  v"-i- 

D'après  un  théorème  général  (^Comptes  rendus,  t.  CXXV,  p.  640),  l'équa- 
tion (r)  admet  une  intc^grale  holomorj)hc  z^Y(^x,y^,  ilans  le  domaine 
des  valeurs  x  =  o, y  =^  o,  se  réduisant  à  zéro  pour  y  =  o  et  à  $(7)  pour 
07  =:  o,  et  celle  intégrale  admet  tous  les  éléments  de  la  caractéristique  T. 
Pour  l'étudier  dans  le  voisinage  de  cette  caractéristique,  il  est  naturel 
d'ordonner  le  développement  en  série  entière  de  z  suivant  les  puissances 
de  y 

(3)  z  =  '^,(x)y'  +  A,  {œ)y'  +  ...  +  '!^,{œ)y"  +  . . ., 

A),  li,  ...,  A„,  ...  étant  des  fonctions  holomorjîhes  de  x  dans  le  domaine 
de  l'origine  qui  prennent  respectivement  les  valeiu's  ocj,  a,,  ...,  a„,  ... 
pour  X  =  0.  Ces  coefficients  peuvent  être  déterminés  de  proche  en  proche 
par  des  équations  différentielles.  Si  l'on  substitue  en  effet  le  développement 
précédent  dans  l'équation  (i)  et  qu'on  égale  les  coefficients  des  mêmes 
puissances  de  y  dans  les  deux  membres,  on  a  d'abord  pour  déterminer  ij;^ 
une  équation  de  Riccatti  : 

(4)  3y,=-E  +  (3C  +  6F)(L,H-36H(J;3)^ 

les  coefficients  i„  (/z^3)  sont  ensuite  déterminés  de  proche  en  proche 
|)ar  des  équations  linéaires  : 

(5)  «'I/^,  =  [«C  4-  6«(«  —  i)l<'  -h  i2n(n  —  i)H(J/3]<]/„+  R, 

R  étant  un  polynôme  entier  par  rapport  aux  coefficients  de  l'équation  (i), 
aux  fonctions  •^^,  ...,  An-,,  et  à  leurs  dérivées  du  premier  et  du  second 
ordre. 

(^ela  étant,  si  l'intégrale  de  l'équation  (4)  qui  prend  la  valeur  013  pour 
x^o,  est  holomor|)he  dans  un  domaine  simplement  connexe  D'^.,  intérieur 
à  Dj,  il  en  sera  de  même  des  fonctions  suivantes  Ô4,  ...,  A„,  ...  dans  le 
même  domaine  et  l'on  obtient  un  développement  de  la  forme  (3),  satis- 
faisant formellement  à  l'équation  (  i)  et  dont  tous  les  coefficients  sont  des 
fonctions  holomorplies  de  x  dans  D',..  La  convergence  tie  ce  développement 
résulte  du  théorème  suivant  : 

Lorsque  l'intégrale  '^^{x)  de  l'équation  (4)  qui  prend  la  valeur  a.,  pour 


762  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

X  =:  o  est  holoinnrphe  dans  un  domaine  simplement  connexe  D^,  intérieur 
à  D,.,  l'intégrale  z  =r  Y(x,  y)  de  l'équation  fi")  qui  satisfait  aux  conditions 
initiales 

Y(o,  y)  =  ^(y).         F^a;.  o)  =  o 

est  une  fonction  holomorphe  des  i^ariables  x  et  y,  lorsque  x  décrit  le  do- 
maine D'j ,  le  module  de  y  restant  inférieur  à  un  nombre  positif  r,  convenable- 
ment choisi. 

2.  Les  seuls  points  singuliers  de  l'intégrale  sur  la  caractéristique  Y  sont 
donc  les  poinis  singuliers  de  <]/.,  (ar).  Les  fonctions  E,  C,  F,  H  de  la  variable  a? 
étant  holomorphes  dans  le  domaine  simplement  connexe  D^;,  l'intégrale 
^i{x^  de  l'équation  de  Riccatli  (4)  ne  peut  avoir  comme  points  singuliers 
dans  ce  domaine  que  des  pôles,  dont  la  position  varie  avec  la  valeur  initiale  ag 
pour  X  ^  0.  Les  intégrales  de  l'équation  (i)  qui  admettent  tous  les  éléments 
de  la  caractéristique  r  ont  donc,  en  général,  des  points  singuliers  mobiles 
sur  celle  caraclérislique.  Supposons,  par  exemple,  qu'il  s'agisse  de  variables 
réelles  et  que  les  coefficients  de  l'équation  (i)  soient  des  fonctions  holo- 
morphes (le  X  le  long  d'un  segment  de  l'axe  réel  compris  entre  deux 
poinis  A  et  B  d'abscisses  a  et  è  (a<^o<^/>).  Si  l'équation  (4)  n'admet 
aucune  intégrale  réelle  continue  dans  l'intervalle  («,/>),  on  peut  affirmer 
que  toute  surface  intégrale  de  l'équation  (i)  passant  par  cette  caractéris- 
tique admet  au  moins  un  point  singulier  sur  le  segment  AB. 

3.  La  méthode  précédente  peut  s'étendre,  avec  quelques  modifications, 
à  des  systèmes  différentiels  beaucoup  plus  généraux.  Dans  le  cas  parti- 
culier d'une  équation  de  Monge-Ami)ère  admettant  la  caractéristique  du 
premier  ordre 

y  =  z=p  =  q  =  0, 

on  peut  mettre  cette  équation  sous  la  forme 

(6)  s  =  F(x,  y,  z,  p,  q,  r,  yt,  zt,pt,  qt,  ri), 

le  second  membre  étant  une  série  entière  ordonnée  suivant  les  puissances 
de  r,  z,  p,  q,  r,  yt,  :t,  pi,  ql ,  ri,  dont  les  coefficients  sont  des  fonctions  de  x. 
Toute  intégrale  admettant  la  caractéristique  précédente  est  représentée 
par  un  développement  de  la  forme 

(7)  -=.r^2-^j'J'3-f----  +  j"'l^«+---. 

le  premier  coefficient  ^..  est  déterminé  par  une  équation  de  Riccatti  et  les 


SÉANCE    DU    26   MARS    I906.  768 

suivants  par  des  équations  linéaires.  La  suite  de  la  discussion  est  la  même 
que  dans  le  cas  général. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Suj'  les  ensembles  discontinus. 
Note  de  M.  L.  Zoretti,  présentée  par  M.  Painlevé. 

Dans  une  Note  présentée  à  l'Académie  le  23  octobre  igoS,  M.  Riesz 
utilise  une  propriété  des  ensembles  discontinus  au  sujet  de  laquelle  je 
voudrais  faire  quelques  remarques. 

Cette  proposition  est  la  suivante  :  la  projection  sur  une  droite  d'un 
ensemble  parfait  discontinu  est  aussi  un  ensemble  discontinu.  Or,  sans 
nous  demander  si  cette  propriété  joue  ou  non  un  rôle  essentiel  dans  la 
démonstration  du  théorème  de  M.  Riesz,  je  rappelle  que  l'on  a  au  contraire 
formé  et  depuis  longtemps  des  exemples  d'ensemble  discontinu  se  pro- 
jetant sur  une  droite  suivant  un  segment  continu.  Mais,  et  c'est  le  but  de 
cette  Note,  on  peut  aller  beaucoup  plus  loin  et  les  exemples  qui  suivent 
feront  concevoir  quelle  complication  apftortent  ces  ensembles  dans  les 
questions  où  ils  se  présentent,  et  la  gêne  est  d'autant  plus  grande  qu'ils  se 
présentent  plus  naturellement. 

Je  rappelle  brièvement  comment  on  peut  former  l'exemple  dont  je  viens 
de  parler.  On  considérera  l'ensemble  des  points  qui  ont  pour  abscisse  un 
nombre  qui  s'écrit  dans  le  système  de  numération  de  base  3  sans  employer 
le  chiffre  i  (la  partie  entière  étant  zéro)  et  i)our  ordonnée  le  nombre  écrit 
dans  le  système  binaire  en  remplaçant  le  chiffre  2  par  i  dans  l'abscisse  et 
en  laissant  inaltérés  les  chiffres  o.  Cet  ensemble,  en  y  ajoutant  l'origine, 
est  discontinu  et  parfait.  Sa  projection  sur  l'axe  O7  comprend  tous  les 
points  du  segment  o  —  i. 

Ce  résultat  bien  connu  étant  acquis,  désignons  par  j=:E(^)  cet 
ensemble  et  considérons  un  ensemble  /e/'/ne  quelconque  F  comprenant  le 
point  1,1.  Construisons  un  ensemble  semblable  à  l'ensemble  E(a7)  en  pre- 
nant successivement  chaque  point  de  F  pour  point  homologue  du  point  1,1; 
l'origine  des  coordonnées  étant  point  double  dans  toutes  ces  similitudes.  La 
somme  de  tous  ces  ensembles  réalise  un  exemple  d'ensemble  discontinu 
(comme  je  l'ai  montré  dans  ma  thèse);  on  peut  voir  qu'il  est  fermé,  donc 
parfait.  Il  existe  une  infinité  dénombrable  de  droites  sur  lesquelles  il  se 
projette  suivant  un  ensemble  en  partie  continu. 


^64  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

Considérons  maintenant  l'ensemble  représenté  en  coordonnées  polaires 
par 

co=|+-E[pv/i-i]. 

Il  contient  le  point  a-  ^  i,  y  ^  i    to  =  1",  p  =  y/2    .  Il  est  discontinu  et  toute 

droite  issue  de  l'origine  le  rencontre  en  un  point  au  moins.  Comme  tout  à 
l'heure,  construisons  sur  chacun  de  ses  points  un  ensemble  semblable  à 
j'  =  E(ic).  On  obtient  un  ensemble  qu'on  démontre  être  par/ai/  et,  quoique 
somme  d'une  infinité  non  dénomhrable  d'ensembles  discontinus,  on  conçoit 
bien  qu'il  ne  contient  aucune  ligne.  Cet  ensemble  est  tel  que  sa  projection 
sur /o«^e  droite  du  plan  comprend  une  portion  continue. 

Ajoutons  à  l'ensemble  précédent  son  symétrique  par  rapport  à  la  bissec- 
trice de  l'angle  xOy;  on  peut  voir  alors  qu'il  existe  une  aire  (un  cercle 
ayant  pour  centre  l'origine  et  pour  rayon  ^)  telle  que  toutes  les  droites 
qui  passent  par  un  point  quelconque  de  cette  aire  contiennent  un  point  du 
nouvel  ensemble  discontinu.  Par  une  infinité  dénombrable  de  translations 
oti  peut,  au  moyen  d'une  telle  aire,  recouvrir  tout  le  plan.  Si,  sur  chacune 
de  ces  aires,  on  construit  un  ensemble  égal  au  premier,  la  somme  de  tous 
ces  ensembles  est  discontinue  et  il  y  a  un  point  de  cet  ensemble  somme 
sur  n'importe  quelle  droite  du  plan. 

Je  voudrais  enfin  faire  une  remarque  au  sujet  du  théorème  même 
qui  fait  l'objet  de  la  Note  de  M.  Riesz,  savoir  qu'il  existe  une  ligne  sans 
point  multiple  passant  par  tous  les  points  d'un  ensemble  discontinu.  J'ai 
démontré  qu'on  peut  aligner  les  points  d'un  tel  ensemble  sur  une  ligne 
cantorienne  ou  continu  linéaire;  le  point  de  vue  de  M.  Riesz  est  celui  de 
M.  Jordan  où  une  ligne  est  définie  par  des  fonctions  continues  et  peut 
alors  recouvrir  tout  une  aire,  passeï',  par  suite,  par  tous  les  points  d'un 
ensemble  discontinu  borné.  J'ajoute  que  la  ligne  dont  je  démontre  l'exis- 
tence est  une  ligne  particulière  :  la  frontière  d'un  continuiim.  Je  me  pro- 
pose de  revenir  sur  cette  classe  de  continus  linéaires  dont  l'importance 
apparaîtra  si  l'on  songe  que,  lorsqu'une  fonction  analytique  poursuivie 
analytiquement  admet  une  aire  singulière,  les  points  singuliers  qui  en 
seront  réellement  mis  en  évidence  sont  uniquement  les  points  de  la  fron- 
tière. 


SÉANCE    DU    26    MARS    1906.  76$ 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  le  développement  en  série  t ri gonomé trique 
des  fonctions  non  inlégrables.  Note  de  M.  P.  Fatou,  présentée  par 
M.  Painlevé. 

Le  but  de  cette  Note  est  d'éclaircir  et  de  compléter  un  passage  du 
Mémoire  de  Riemann  (')  sur  les  séries  trigonométriques. 

Nous  désignerons  par /(a;)  une  fonction  de  période  277,  intégrable  et 
bornée  dans  tout  intervalle  ne  contenant  aucun  point  congru  à  zéro,  mais 
cessant  de  remplir  ces  conditions  au  voisinage  du  point  O.  On  suppose 
toutefois  : 

I.  Que  la  fonction  f(x) -h /(— x)  est  intégrable  en  valeur  absolue 
de  o  à  77. 

n.   Que  x/(cc)  tend  vers  zéro  en  même  temps  que  x. 

Cherchons  sous  quelles  conditions  on  pourra  représenter /"(a?)  par  la 
série 

(S)        «Tu  +  (^1  cosa?  -^-  b,  sinx)  -h  . ..  +  {a^  cosnx  -+-  h„s,[nn.T)  -\-  . . ., 
où  l'on  a  posé 

«o=;^r[/(e)  +  ,/(-6)]r/e, 

««=  ^    /"[/(0)+/(-e)]cos«Or/(i. 
/;„  =  ^    f     /(O)sinnHdfi; 

ces  intégrales  ayant  un  sens  d'après  les  hypothèses  faites. 

Pour  que  cela  soit  possible,  il  est  nécessaire  que  «„  et  b„  deviennent  infi- 
niment petits  avec —■  Cette  condition  se  trouve  remplie  pour  a„  d'après  une 

remarque  de  Riemann,  généralisée  par  M.  Lehesgue,  sur  la  décroissance 
des  coefficients  d'une  série  de  Fourier. 

Mais  la  condition  limè„=  o  n'est  pas  une  conséquence  nécessaire  de  nos 


(')   Ueber  die  Darslellbarticit  einer  Fitnction  diirch  einc  Iriffonomcln'sc/ie  Rcilie, 
§  12- 

C.;R.,   igoG,   1"  Semestre.  (T.  fALU,   N«  13.)  l'H 


766  ACADEMIE   DES   SCIENCES, 

hypothèses.  Elle  équivaiiL  à  h^  suivante  : 


.    2  /i  .   . 
sin 0 


lim  f    Vc^)  l3ng- 1 f^^  ==  o 


ce  qui  veut  dire  que  : 

III.   La  fonctiony(ir)  tang—  [ou  si  l'on  veut  x  /(a)]  a  sa  série  de  Foiirier 

convergente  pour  a;  :=  o. 

Si  les  conditions  I,  II,  III  sont  remplies,  non  seulement  a„  et  b„  ont 
pour  limite  zéro,  mais  il  en  est  de  même,  ciMume  on  le  voit  aisémeni,  des 
intégrales 

(    f^    /'(0)X(0)sin7?fJr/0, 

(A)  -.:  ■ 

I   f   [/(0)A(0)+/(-0)A(-0)jcos/^Or/0, 

)k(0)  désignant  une  fonction  bornée  ayant  une  dérivée  finie  pour  0  =  o. 

Or  la  somme  des  n  premiers  termes  de  la  série  S  peut  s'exprimer  par 
l'intégrale  de  Dirichlet 

/  S!n(2/i-|-l) 

/  sin 

à  la  condition  de  réunir  sous  le  signe   /  les  éléments  qui  correspondent 

à  des  valeurs  de  0  égales  et  de  signe  contraire,  pour  6  voisin  de  zéro,  et  la 
partie  de  cette  intégrale  relative  à  l'intervalle  ( — a,  -+- a)  ne  conten:!nt 

pas  le  point  se,  tend  vers  zéro  avec  -;  en  effet,  en  posant  /(6)  = 


I 

^7i' 


on  aura  à  considérer 

r"sin(2«  +  i)^^l(OX/(0)r/0, 

ce  qui  se  ramène  immédiatement  à  des  intégrales  du  type  (A). 

Donc,  le  voisinage  du  point  9  =  o  n'a  aucune  influence  sur  la  conver- 
gence de  S„. 

On  peut  donc  conclure  que,  si  les  conditions  I,  II,  III  sont  vérifiées,  la 


SÉANCE   DU    26   MARS    1906.  767 

condition  nécessaire  et  suffisante  pour  que  la  série  (S)  converge  vers/(a7) 
est  que  la  fonction  égale  à  f{x),  dans  le  voisinage  du  point  x,  et  à  zéro 
partout  ailleurs,  soit  représentable  par  sa  série  de  Fourier. 

On  pourra  ainsi  appliquer  les  critères  connus  de  convergence  des  séries 
de  Fourier  à  des  classes  étendues  de  fonctions  non  intégrables.  En  voici 
des  exemples  : 


1°  Posons 


/(■^)  = 


«log^loglogi 


ijour 


et 


o<a;<a         (  ='- <  ^ 


/(.r)+/(-:r)  =  o. 


La  fonction  ainsi  définie  satisfait  aux  conditions  I,  II,  IH  (').  Elle  est 
développable  en  série  de  la  forme 


.        T.  .       Il-Tt 

a,  sin  -  a;  -h  . . .  +  a,,  SI n  —  x  + 

%  y. 


On  peut  remarquer  que  |/(t)|  n'est  pas  intégrable,  mais  que  /(ic) 
t'est;  la  série  précédente  appartient  donc  à  la  classe  des  séries  de  Fourier 
généralisées,  c'est-à-dire  de  celles  dont  les  coefficients  sont  donnés  par  les 
formules  de  Fourier  calculées  au  moyen  des  fonctions  primitives. 

2°  Au  contraire  la  série  convergente 

■^  sin  nx 

Md      log/j 
2 

représente  une  fonction  qui  n'est,  à  aucun  point  de  vue,  intégrable  dans 
un  intervalle  comprenant  le  point  x  =  o.  On  voit  facilement,  en  effet,  que 

son  intégrale  indéfinie  ^  — ; ne  tend  pas  vers  une  limite  finie  quand /z 

2 
tend  vers  zéro. 


(')  Pour  lit  cela  résulle  d'un  critère  de  convergence  des  séries  de  Fourier,  dû  à 
MM.  Lipschilz  et  Dini. 


;768  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  surfaces  hyperelliptiques  définies  par  les 
fonctions  intermédiaires  singulières.  Note  de  M.  Louis  Remy,  présentée 
par  M.  Humbert. 

Dans  le  cas  où  les  périodes  d'un  système  de  fonctions  abéliennes  vérifient 
la  relation  ^'=  D^,  M-  Humbert  a  établi  qu'il  existe  des  fonctions  intermé- 
diaires singulières  cp/,7c(«,  v)  qui  ne  sont  pas  des  fonctions  thêta  aux  mêmes 
périodes  (').  Les  surfaces  pour  lesquelles  les  coordonnées  homogènes 
d'un  point  sont  égales  à  quatre  fonctions  (p,,02><P3.<?4  de  mêmes  indices  /,  k, 
de  caractéristique  donnée,  linéairement  indépendantes  sont  des  surfaces 
hyperelliptiques  particulières  dépendant  de  deux  modules  :  M.  Humbert 
en  a  donné  d'intéressants  exemples,  en  particulier  des  surfaces  du  qua- 
trième ordre  à  i5  points  doubles  ("). 

Nous  nous  proposons  de  démontrer  que  ces  surfaces  peuvent  être 
définies  au  moyen  des  fonctions  lliéla  et  qu'on  peut  rattacher  chacune 
d'elles  à  une  surface  hyperelliptique  plus  générale,  dépendant  de  trois 
modules,  dont  elle  n'est  qu'un  cas  singulier. 

Effectuons,  en  effet,  la  transformation  singulière 

t^  =  DAU4-/V; 

d'ordre  S  = /- —  DX^  Les  quatre  fonctions  coordonnées  o,(«,  (>),  d'in- 
dices /,  k,  se  changent  en  des  fonctions  0,(U,  V)  qui  sont  des  fonctions 
thêta  d'ordre  S,  vérifiant  d'ailleurs  la  condition 

(X)  e(u-|,v  +  ^)=e(u  +  f,v-|)  =  0(u,v). 

De  là  résulte  que  les  deux  représentations  paramétriques 

^,- =  ?,(«,'<') 
et 

X,=  0,(U,V) 

définissent  une  même  surface  ii. 


(')  Journal  de  Mathématiques,  5°  série,  l.  \,  1899. 
(^)  Comptes  rendus,  1^  semestre  1899. 


SÉANCE    DU    26    MARS    1906.  769 

Les  fonctions  0,(U,  V)  auxquelles  conduit  la  transformation  précédente 
ont  également  leurs  périodes  G,  H,  G'  liées  par  une  relation  singulière  ;  mais 
on  peut  considérer  les  mêmes  fonctions  0,(U,  V)  répondant  à  des  périodes 
générales,  et,  eti  les  égalant  aux  coordonnées  X/,  on  obtient  une  surface 
hyperelli[)tique  S(U,V),  dépendant  de  trois  modules,  dont  la  surface  1 
n'est  qu'un  cas  singulier. 

Il  y  a  lieu  de  remarquer  que  les  fonctions  0/(U,  V)  ne  sont  pas  les  fonc- 
tions thêta  d'ordre  S  les  plus  générales,  car  elles  doivent  satisfaire  aux 
relations  (i).  On  peut  dire  qu'elles  admettent  le  Tableau  suivant  de 
périodes 

G     H 

(T) 


S       a 


H     G' 


D'où  cette  conclusion  :  Les  surfaces  hyperelliptiques  définies  au  moyen 
des  fonctions  intermédiaires  singulières  sont  identiques  aux  surfaces 
définies  au  moyen  des  fonctions  thêta  qui  répondent  au  Tableau  de  pé- 
riodes (T). 

Si  l'on  donne  aux  entiers  /,  /c,  D  les  valeurs  particulières 

/=S,        k=i,        D  =  S(S-i), 
le  Tableau  de  périodes  (T)  est  équivalent  au  Tableau 

G     H 


(T') 


I 
-     o 

0 


H     G' 


et  l'on  est  conduit  aux  fonctions  thêta  étudiées  par  M.  Traynard. 

Voici  un  exemple  où  la  méthode  précédente  conduit  à  une  surface  du 
quatrième  ordre  à  huit  points  doubles.  Soient  /,  k,  D  trois  entiers  tels  que 

/--Dyt-=2. 

Il  existe  quatre  fonctions  (f(u,  v)  d'indices  2/,  2.k  de  caractéristique  non 
nulle,  de  parité  donnée,  linéairement  distinctes,  et  elles  s'annulent. toutes 
pour  huit  demi-périodes  P,.  La  surface  S  pour  laquelle  les  coordonnées 
homogènes  d'un  point  sont  proportionnelles  à  ces  quatre  fonctions  est  du 
quatrième  ordre;  elle  possède  huit  droites  D,,  correspondant  aux  demi- 
périodes  P,,  et  huit  points  doubles  correspondant  aux  huit  autres  demi- 
périodes. 


'j'^0  ACADEMIE    DES   SCIENCES. 

Cette  surface  jouit  des  propriétés  suivantes  :  les  huit  points  doubles  sont 
les  sommets  d'un  octuple  gauche  a,a',  «^ «!,«., a', rtia'^  et  la  surface  contient 
les  quatre  droites  Ujdj.  Chacune  des  droites  D,-  rencontre  trois  des  droites 
ajdj  et  chacune  des  droites  ajàj  rencontre  six  des  droites  D,-.  Enfin  il  existe 
une  famille  de  quadriques  Q  passant  par  les  sommets  de  l'octuple  gauche 
et  inscrites  à  la  surface  S,  tangentes  par  conséquent  aux  huit  droites  D,-. 

Or  la  configuration  formée  par  un  octuple  gauche  a^à^  .  .  .a.,à.^  et  par 
une  droite  quelconque  D  s'appuyant  sur  les  droites  a,  a', ,  a„d^,  «s^â  dépend 
de  trois  paramètres  au  point  de  vue  projectif.  Dès  lors  la  surface  enveloppe 
des  quadriques  Q  passant  par  les  huit  points  a  et  tangentes  à  la  droite  D 
peut  être  identifiée  avec  notre  surface  hyperelliptique  S. 

De  là  ce  théorème  : 

Les  quadriques  circonscrites  à  un  octuple  gauche  a^d^ .  .  .a.;d.^  et  tangentes 
à  une  droite  D  qui  s'appuie  sur  trois  des  droites  ajdj  sont  tangentes  à  sept 
autres  droites  et  enveloppent  une  sur/ace  hyperelliptique  du  quatrième  ordre. 

MÉCANIQUE.  —  Sur  les  déformations  des  voies  de  chemins  de  fer. 
Note  de  M.  G.  Cléxot,  présentée  par  M.  Maurice  Levy. 

Une  étude  sur  les  déformations  des  voies  de  chemins  de  fer  (')  m'a 
permis  notamment  d'examiner  l'influence  de  la  traverse  sur  ces  déforma- 
tions. Les  expériences  ont  porté  sur  des  traverses  en  bois  de  différentes 
lonsueurs,  une  traverse  en  acier  en  service  sur  le  réseau  de  l'Etat  et  une 
traverse  mixte  (bois  et  acier). 

Cette  traverse,  d'un  ty[)e  nouveau  perfectionné  par  l'un  des  inventeurs, 
M.  Michel,  est  formée  de  deux  fers  en  U  se  tournant  le  dos  et  comprenant 
entre  eux  deux  blocs  de  bois  rectangulaires  de  o™,70  de  longueur  chacun, 
séparés  par  un  espace  vide.  Le  serrage  est  obtenu,  en  haut  comme  en  bas, 
par  des  entretoises  en  acier  repliées  sur  les  ailes  des  fers. 

Les  points  que  j'ai  étudiés  sur  les  voies  d'expériences  sont  le  chemine- 
ment des  rails,  les  variations  de  leur  intervalle  en  ligne  droite  et  dans  les 
courbes,  leurs  déplacements  verticaux  et  horizontaux,  la  compression  du 
bois  au  droit  des  appuis,  l'arrachement  des  tire-fonds,  enfin  le  choc  pro- 
duit au  droit  du  joint. 

Toutes  ces  actions  paraissent  la  conséquence  de  deux  mouvemenls  prin- 

(')  Étude  sur  les  dèjonnalions  de  la  voie,  l^aris,  II.  Dunod  el  E.  l^iual. 


SÉANCE  DU  26  MARS  I906.  77 I 

cipaux,  le  mouvement  transversal  et  le  mouvement  vertical  ou  longitu- 
dinal de  la  voie. 

Le  mouvement  transversal  provient  de  ce  que  la  traverse  au  passage  des 
charges  ne  s'enfonce  pas  seulement  dans  le  ballast,  mais  qu'elle  fléchit, 
chacun  de  ses  points  descendant  dans  le  ballast  de  quantités  inégales.  La 
pression  ne  se  répartit  pas  uniformément  sur  le  ballast,  et  elle  est  d'ordi- 
naire plus  forte  au  droit  des  rails. 

On  avajt  admis  a  priori  qu'une  traverse  chargée  porte  sur  toute  sa  lon- 
gueur, et  que,  pour  diminuer  son  enfoncement,  il  convient  d'augmentersa 
longueur. 

Les  expériences  que  j'ai  faites  ont  prouvé  qu'il  fallait  renoncer  à  cette 
conception. 

Les  traverses  longues  (plus  de  3"'.3o)  se  déforment  sous  Taction  de  la  charge,  sui- 
vant une  courbe  dont  la  concavité  est  dirigée  vers  le  haut,  avec  un  léger  rendement 
vers  le  centre,  et  en  renversant  les  rails  vers  l'intérieur. 

Les  traverses  courtes  de  moins  de  2"',  10  nécliissenl  suivant  une  courbe  convexe  vers 
le  haut;  les  rails  se  renversent  vers  l'extérieur. 

Il  a  semblé  qu'entre  ces  deux  formes,  il  devait  v  avoir  place  pour  une  autre  voisine 
de  la  ligne  droite  avec  déplacement  vertical,  sans  lenversement  des  rails. 

L'expérience  a  confirmé  cette  manière  de  voir  et  il  en  est  ainsi  pour  des  traverses  en 
bois,  dont  la  longueur  est  comprise  entre  2"',  10  et  2™,  20.  Les  traverses  mixtes  de 
2™,  20  de  longueur,  dont  les  blocs  sont  chargés  en  leur  milieu,  ont  évidemment  donné 
des  résultats  très  favorables  à  ce  point  de  vue. 

Les  expériences  ont  confirmé  ce  qu'on  savait  déjà  :  la  pression  transmise  à  un  corps 
élastique  (ballast  et  sol),  à  travers  une  masse  élastique  rigide  (la  traverse),  presque 
constante  aux  abords  du  centre  de  chargement,  diminue  ensuite  rapidement  eu  s'éloi- 
gnant  de  ce  point.  Pratiquement,  a%ec  les  dimensions  courantes  des  traverses  el  du 
ballusl,  il  n'}'  a  pas  d'intérêt  à  augmenter  la  surface  d'appui  au  delà  de  o™,35  de  part 
et  d'autre  du  rail. 

Le  bourrage  de  la  traverse  n'est  utile  que  sur  la  longueur  correspondant  à  la  répar- 
tition effective  de  la  pression.  Partout  ailleurs  il  est  nuisible  :  la  traverse  se  décale, 
reposant,  soit  sur  ses  extrémités,  soit  sur  son  centre,  et  fléchissant  d'une  façon  anor- 
male et  excessive.  Elle  est,  en  quelque  sorte,  suspendue  au-dessus  des  points  où  la 
pression  est  moindre. 

Le  mouvement  vertical  a  également  des  conséquences  importantes.  Avant  l'arrivée 
de  la  charge,  chaque  traverse  est  d'abord  soulevée  de  bas  en  haut,  puis,  quand  la 
charge  se  rapproche,  elle  redescend  et  s'enfonce  dans  le  ballast  au-dessous  de  sa  posi- 
tion de  repos.  Le  rail  prend  une  forme  sinusoïdale  et  présente  aux  roues  du  train  une 
série  (le  rampes  et  de  pentes.  L'emploi  de  rails  plus  rigides,  de  traverses  moins 
flexibles,  réduit  l'effort  de  traction  de  3o  pour  100  el  le  mouvement  des  joints  de 
moitié  environ. 

La  suppression  du  choc  au  joint  des  rails,  l'une  des  conséquences  du 


772  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

mouvement  vertical,  a  particulièrement  appelé  l'attention  des  ingénieurs. 

On  a  cherché  à  avoir  des  joints  élastiques  et,  dans  ce  but,  on  a  placé 
les  abouts  des  rails  en  porte  à  faux.  Mais  on  a  créé  ainsi  des  points  singu- 
liers dont  l'enfoncement  est  bien  supérieur  à  celui  de  tous  les  points  voi- 
sins, notamment  des  traverses.  J'ai  mis  en  évidence,  au  moyen  d'un  appa- 
reil très  ingénieux  imaginé  par  M.  Louis  Lumière,  que  la  dénivellation  de 
l'amont  à  l'aval  d'un  joint  atteint  5°"", 4;  l'enfoncement  d'une  traverse  ne 
dépasse  pas  3™"°.  Il  convient  de  soutenir  le  joint,  afin  d'éviter  la  soi-disant 
élasticité,  qui  est  une  cause  de  destruction  pour  le  rail  et  le  matériel 
roulant. 

La  réduction  de  la  flexion  des  traverses  et  du  mouvement  du  joint  per- 
mettra sans  doute  de  dépasser  les  vitesses  actuelles. 

AÉRONAUTIQUE.  —  Sur  un  mode  de  construction  des  plans  aéroplanes,  per- 
mettant d'augmenter,  dans  de  notables  proportions,  leur  valeur  sustentatrice. 
Note  de  M.  E.  Seux.  (Extrait.) 

Dans  son  Ouvrage  sur  le  Vol  des  oiseaux,  le  professeur  Marey  s'exprime 
ainsi  :  «  Jusqu'ici  les  physiciens  et  expérimentateurs  ont  opéré  sur  des 
plans  minces  et  rigides;  or,  tout  porte  à  croire  que,  par  sa  forme  et  par 
son  élasticité,  l'aile  présente  des  conditions  plus  favorables  encore  à  la 
sustentation  de  l'oiseau.    » 

En  effet,  au  lieu  d'un  plan  mince,  le  bord  antérieur  de  l'aile  de  l'oiseau 
présente  une  épaisseur  notable,  laquelle,  chez  certaines  espèces,  va 
jusqu'au  huitième  de  la  largeur  de  l'aile;  chose  intéressante,  c'est  préci- 
sément de  ces  espèces  que  font  partie  les  oiseaux  grands  voiliers,  qui  ne 
battent  pas  ou  presque  pas  des  ailes  :  vautours,  goélands,  urubus,  nauclers, 
albatros,  frégates,  etc.  Il  faut  donc  croire  que  cette  épaisseur  est  tout 
particulièrement  favorable  au  vol  à  voile. 

Si  l'on  veut  calculer  les  éléments  d'une  machine  volante  du  système 
aéroplane,  il  y  a  donc  lieu  de  tenir  compte  de  ces  enseignements  et, 
puisque  la  valeur  sustentatrice  dépend  surtout  de  la  réaction  de  l'air  qui 
se  produit  sur  le  bord  antérieur  de  l'aile,  il  est  utile  de  porter  tout  spécia- 
lement ses  recherches  sur  cette  partie  du  plan  (bord  antérieur  de  l'aé- 
roplane). 

Or,  d'après  les  <  xpériences  faites  avec  des  modèles  en  réduction  possé- 
dant des  bords  antérieurs  d'une  certaine  épaisseur  et  de  formes  différentes 
et  en  tenant  compte  des  différences  de  conditions  dans  lesquelles  travail- 
lent ces  petits  planeurs,  nous  avons  reconnu  que  cette  épaisseur,  qui  peut 


SÉANCE    DU    26    MARS    1906.  j'jZ 

être,  vers  la  partie  centrale  de  l'aéroplane,  du  dixième  de  la  largeur  des 
plans,  ne  doit  pas  êlre  uniforme,  mais  doit  diminuer  progressivement  en 
allant  du  centre  aux  extrémités,  donnant  ainsi  l'efTet  d'une  surf.ice  gauche 
à  pas  décroissant  qui,  alliée  avec  la  constniclion  semi-rigide,  semi-flexible 
des  plans  sustentateurs,  permet  à  ceux-ci  d'attaquer  l'air  sous  des  angles 
différents,  d'où  meilleure  utilisation  de  la  surface  pour  la  sustentation. 

De  plus,  l'épaisseur  du  bord  antérieur,  précédée  d'une  section  conique 
divisant  la  lame  d'air  en  deux  parties  égales  qui  viennent  frapper  simulta- 
nément les  faces  supérieures  et  inférieures  du  plan,  procure  à  celui-ci  un 
équilibre  parfait  et,  pour  ainsi  dire,  automatique. 

Nos  expériences  ont  été  faites  avec  des  modèles  de  i""  d'envergure  sure™, 20  de 
largeur.  La  forme  générale  est  concave-convexe,  ou  plutôt  biconcave,  dans  le  genre  de 
l'aile  de  l'oiseau,  la  partie  centrale  est  légèrement  abaissée. 

Au  début,  nous  avons  employé  des  plans  minces,  mais  nous  avons  reconnu  que 
l'équilibre  longitudinal  était  fort  précaire.  Ayant  eu  l'idée  de  reproduire  l'épaisseur 
de  l'aile  d'un  goéland  de  i'",20  d'envergure,  que  nous  possédons,  épaisseur  qui  est 
de  4'^"  vers  l'attache  de  l'aile,  au  sternum  de  l'oiseau  et,  suivant  l'enseignement  de 
l'oiseau,  établie  en  diminuant  graduellement  jusqu'à  l'aplanisseraent  complet  vers  les 
extrémités,  nous  avons  été  surpris  agréablement  de  voir  que  notre  petit  appareil, 
lequel,  lorsqu'il  présentait  un  bord  mince,  se  cabrait  si  facilement,  progressait  alors 
droit  devant  lui,  sans  paraître  éprouver  une  résistance  notable,  et  cela  avec  un  équi- 
libre longitudinal  parfait. 

PHYSIQUE.  —  Évaluation  de  la  puissance  des  objectijs  microscopiques. 
Note  de  M.  L.  Malassez. 

J'ai  cherché  à  évaluer  la  puissance  des  objectifs  microscopiques  en  me 
servant  uniquement  du  microscope,  des  procédés  et  appareils  employés  en 
microscopie,  afin  que  tous  les  observateurs  au  microscope  puissent  faire 
ces  évaluations  eux-mêmes,  sans  difficulté  et  appliquer  la  nouvelle  nota- 
tion que  j'ai  proposée  (')  pour  désigner  ces  objectifs.  Les  trois  procédés 
suivants  m'ont  paru  fort  bien  remplir  ces  conditions  (^). 

(')  Société  de  Biologie,  8,  i5  juillet,  10  décembre  190^;  et  Archives  ci' Analomie 
microscopique,  1904,  p.  270. 

M.  Guilloz  a  proposé  également  une  notation  basée  sur  la  puissance  (voir  Traité  de 
Pliysique  biologique,  t.  II,  1908,  p.  1024,  chez  Masson,  et  Société  de  Biologie, 
21  juin  1900). 

(^)  Le  premier  de  ces  procédés,  que  j'ai  déjà  exposé  en  même  temps  que  ma  nou- 
velle notation  {loc.  cit.),  ressemble  à  d'autres  qui  avaient  été  déjà  indiqués  pour  éva- 

C.  K.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  C.VLII,  N°  13.)  102 


774  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

I.  Si  l'on  représente  par  G  le  grossissement  produit  par  l'objectif  à  la  dislance  D', 
par  g  celui  produit  à  une  distance  moindre  d'  et  par  y  la  puissance,  celle-ci,  étant  le 
grossissement  produit  à  chaque  unité  de  distance,  est  donnée  par  la  formule  : 

^      D'-d' 

Il  suffit,  par  exemple,  d'évaluer  les  grossissements  produits  par  l'objectif,  le  tube  de 
tirage  du  microscope  étant  complètement  tiré,  puis  complètement  abaissé,  et  la  dis- 
tance comprise  entre  ces  deux  positions. 

II.  Soient  g  le  grossissement  produit  par  l'objectif  à  la  distance  d'  de  sa  face  posté- 
rieure et  tp'  sa  distance  foco-faciale  postérieure,  c'est-à-dire  la  distance  comprise  entre 
son  foyer  et  sa  face  postérieure;  la  puissance  f  est  donnée,  pour  les  mêmes  raisons,  par 
les  formules  : 


T  =  TF^^         et  Y  = 


;  > 


par  la  première,  quand  le  foyer  postérieur  de  l'objectif  se  trouve  en  arrière  de  sa  face 
postérieure;  par  la  seconde,  quand  il  se  trouve  en  avant  d'elle,  ce  qui  a  lieu,  je  l'ai  déjà 
fait  remarquer,  dès  que  les  objectifs  sont  un  peu  forts. 

On  pourrait  encore  obtenir  la  puissance  en  évaluant,  non  plus  un  grossissement 
quelconque,  mais  le  pouvoir  grossissant  P  défini  comme  je  l'ai  proposé  dans  deux 
Noies  antérieures  ('),  les  deux  formules  précédentes  devenant  alors  : 

P  P 

Y=- -r,         et         f  — 


m.  Enfin,  comme  la  puissance  est  aussi  le  grossissement  produit  à  l'unité  de  dis- 
tance du  foyer  postérieur  de  l'objectif,  on  peut  l'évaluer  directement  en  déterminant 
le  siège  de  ce  foyer  postérieur,  c'est-à-dire  la  distance  foco-faciale  postérieure,  puis  en 
mesurant  le  grossissement  produit  à  un  •décimètre  plus  loin,  ou  à  toute  autre  unité  de 
distance. 

J'exposerai  ailleurs  ces  trois  procédés  avec  tous  les  détails  nécessaires  pour  les  mettre 
en  pratique.  Je  ne  puis  ici  qu'indiquer  les  résultats  que  j'ai  obtenus  en  examinant  un 

luer  la  longueur  focale,  par  exemple  à  celui  de  M.  Gariel{Société de  Physir/ue,  1887). 
Il  en  est  de  même  pour  le  second  dont  je  n'ai  pas  encore  parlé.  Quant  au  troisième,  je 
ne  l'ai  vu  signalé  nulle  part.  J'en  avais  encore  essayé  un  quatrième,  également  inédit, 
je  crois,  qui  consiste  à  évaluer  un  grossissement  quelconque  g,  la  distance  d  comprise 
entre  l'objet  et  la  face  antérieure  de  l'objectif  et  celle  tp  comprise  entre  le  foyer  anté- 
rieur et  cette  lace  antérieure;  la  puissance  y  est  donnée  par  la  formule 


mais  ce  procédé  ne  m'a  pas  paru  suffisamment  exact  appliqué  à  ces  objectifs. 
(')  Comptes  rendus,  27  novembre  et  11  décembre  1904. 


SÉANCE  DU  26  MARS  1906.  775 

certain  nombre  d'objectifs  de  forces  très  diverses  avec  eux  et  aussi  avec  un  bon  foco- 
métre  Weiss. 

Puissances  évaluées  par  le  (') 

Objectifs  Focomètre 

examinés.  I"  procédé.  Il*  procédé.  III"  procédé.  Weiss. 

à  sec  : 

00  Verick 2,27  2,25-  2,27         2,26-  2,27         2,27 

0  id     3,70  3,70-  3,78         3,71-  3,72         3,71-  3,72 

1  id     5)70  5,67-  5,70         5,65-  5,73         5,66-  5,68 

3  id     10,45  10,45-10,57       io,45-io,5o       10, 5o 

4  id       22, 40-22, 5o  22,36-22,45  22,4o-22,5o  22,45-22,5© 

7  id     36, 20  36,1 5-36, 20       36, 25-36, 3o       36, 25-36, 3o 

8  id     45,00-45,10       45,00-45,19      45,62-45,87       45,00-46,00 

à  immersion  homogène  : 

-^  Stiassnie 59,3o  59,80-59,69       59,50-59,62       60 

-jî|         id       69,50-70,20       69,39-70,40       69,50-70,25  ? 

On  le  voit,  malgré  la  diversité  des  procédés  employés,  les  résultats  ob- 
tenus sont  assez  concordants,  preuve  que  ces  procédés  ont  tous  une  réelle 
valeur.  J'ajouterai  qu'on  les  peut  appliquer  à  d'autres  systèmes  optiques, 
aux  lentilles  des  oculaires  microscopiques  entre  autres. 


PHYSIQUE.  —  Sur  les  variations  des  bandes  d'absorption  d'un  cristal  dans 
un  champ  magnétique.  Note  de  M.  Jean  Becquerel,  présentée  par 
M.  Poincaré. 

On  sait  que  les  cristaux  biréfringents  présentent  la  propriété  d'avoir 
plusieurs  spectres  d'absorption.  En  particulier,  les  cristaux  uniaxes  ont 
deux  spectres  différents  :  un  spectre  ordinaire  correspondant  aux  vibra- 
tions de  Fresnel  normales  à  l'axe  optique,  et  un  spectre  extraordinaire 
correspondant  à  des  vibrations  parallèles  à  l'axe  (^). 


(')  Dans  ce  Tableau,  les  puissances  étant  rapportées  au  décimètre,  les  cliifTres  re- 
présentent des  déca-dioptries;  il  suffit  donc  de  les  multiplier  par  10  pour  que  les  puis- 
sances se  trouvent  alors  rapportées  au  mètre  et  exprimées  en  dioptries.  Les  deux, 
chiffres  donnés  pour  un  même  objectif  et  un  même  procédé  représentent  les  maxima 
et  miniraa  trouvés  dans  plusieurs  évaluations  successives. 

(^)  Hf,.nri  Becquerel,  Ànn.  de  Chitn.  et  de  Pliys,,  6°  série,  t.  XIV,  1888,  p.  170. 


^76 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


o 


Lonjîuouis  d'onde. 


Spcclro  ordinaire. 


4.  65o,  1 4-600,85 

5.  G.5i  j-yj-ôSaiSi 
G.  6.53,58-653,85 

8.  654,17-654,39 


10.  656,10-656,55 
1-2.  6.58,00-658,40 


Spcrtrc  extraordinaire. 

1.  641,99-642,80 

2.  643,30-643, 8g 

3.  645,97-647,3: 
(très  faible). 


T.  654,07-654,39 

9.   656,o4-656,52 
(très  faible). 

11.  657,11-657,58 


.\xe  optique  parallèle  au  rayon  incident. 


Vilir.  ord.  parait,  au  etianip. 

'1.  S'étale  vers  le 
violet  de  ow^, 3i. 

5.  S'étale  vers  le 
violet  de  oi^.", 3i. 

G.  Se  dédouble.  — 
Vibration  accélérée 
beaucoup  plus  intense 
que  vibration  retardée 
augmente  de  netteté 
et  d'intensité  quand 
le  champ  augmente. 
Déplacement  du  côté 
violet  of-f-,  29. 

Plus  étroite  que  la 
bande  primitive. 

S.  Se  confond  avec  la 
coin  posa  lUetle  la  raie  G 
très  faible. 

10.  Diminue  d'in- 
tensité. 

12.  S'élargit  un  peu. 


Vibr. ord.perpcnd.  au  thauip. 

4.  Se  dédouble,  deux 
bandes  séparées,  écar- 
lement  oi'i',84  environ. 

5.  Se  dédouble,  écar- 
tement  oi'i*,44. 

6.  Se  déplace  vers  le 
rouge  d'environ  ol*i*,2, 
en  se  réunissant  à  la 
bande  8,  l'ensemble 
forme  une  régionfloue. 
Pas  de  composante 
visible  du  côté  violet. 

10.  Doublet,  compo- 
sante plus  intense  du 
côté  rouge,  écartement 
oi^i',  46. 

!î.  Devient  moins 
intense. 


13.  53o,38-5ao,8i 

15.  52  1 ,03-jji ,39 

16.  531,40-521,73 

18.  523,o4-522,25 

19.  533,43-533,86 

21.  534,11-524,23 

22.  024,50-524,64 

23.  525,01-535,34 
(  très  faible). 


14.  530,40-520,79 

n.     531,74-53  2,29 

20.  033,33-524,11 


24.  524,87-525,07 

25.  526,54-527,01 


13.  S'étale  vers  le 
violet  de  o;'i*,o5.  L'in- 
tervalle entre  13  et  15 
devient  sombre. 

15.  S'élargit  et  se 
confond  avec  la  bande 
16. 

Déplacement  du  bord 
côté  violet  o''i',o5. 

16.  Se  dédouble  for- 
tement. La  compo- 
sante retardée  diminue 
d'intensité  quand  le 
chainp  augmente  et 
devient  presque  invi- 
sible. La  composante 
accélérée  est  intense 
et  va  rejoindre  15. 
Ecartement  du  dou- 
blet 0^1^,37. 

18.  S'élargit  du  coté 
violet  de  0,08. 

19.  S'élargit.  Dépla- 
cement des  bords,  en- 
viron ±0,10.  L'inter- 
valle entre  19  et  21  dis- 
parait. 

21.  Ne  semble  pas 
changer. 

22.  Rejoint  21  et  ne 
se  déplace  pas  du  côté 
rouge. 

2.1.  Devient  plus 
faible. 


13.  Se  dédouble  et 
donne  deux  compo- 
santes inégales.  Com- 
posante accélérée 
moins  intense.  Com- 
posante retardée  re- 
joint bande  15. 

Écartement  du  dou- 
blet environ  o,3i. 

15.  Se  confond  avec 
16. 

16.  S'élargit  un  peu 
en  diminuant  d'inten- 
sité. L'intervalle  entre 
IG  et  18  devient  flou. 

18.  Se  comporte 
comme  la  vibration 
parallèle  au  champ. 

'  Seréunissent 
1  en  une  seule 
bande  avec 
partie  moins 
intense  cor- 
I  respondant  à 
F  l'intervalle  19- 
1  21. 

22.  Se  déplace  uni- 
quement vers  le  violet 
de  o.  17  :  eu  observant 
au  moment  de  l'éta- 
blissement du  champ, 
on  voit  la  composante 
retardée  s'écarter  et 
disparaître. 

23.  Disparaît  totale- 
ment. 


11). 
21. 


SÉANCE    DU    26    MARS    1906. 


777 


II.  —  Axe  optique  parallèle  au  champ. 


Vibration  oxlraoïdinaije.         Vilir.  oni.  perpend.  au  champ. 


1.  Ne  semble  pas 
changer. 

I.  Le  bord  du  cùlé 
violet  rejoint  la 
bande  1.  Du  colé 
rouge,  se  déplace  de 
o;'^',  37.  Une  bande 
floue  s'étend  au  delà 
sur  li''*  environ. 

7.  Deux  compo- 
santes égales,  plus 
étroites  que  la  bande 
el  bien  séparées;  écar- 
tement  du   doublet  : 

oK\47- 

9.  Sedéplace  légère- 
ment vers  le  violet. 

II.  Se  dédouble, 
écartement  du  dou- 
blet :  o:'i*,43. 


4.  Léger  élargisse- 
ment. 

.5.  Léger  élargisse- 
ment. 

G.  S'étend  du  cote 
rouge  seulement  et 
forme  avec  la  bande 
suivante  une  région 
difficile  à  limiter. 

10.  Doublet  peu  net, 
écartement  environ  : 
0,44. 

12.  Ne  parait  pas 
changer. 


III.  —  Axe  optique  normal  au  champ  el  au  rayon. 


Vibr.  ord.  parai,  au  champ. 

Les  bandes  se  com- 
portent comme  dans 
le  cas  où  l'axe  est  pa- 
rallèle au  rayon  inci- 
dent. 


Vibration  extraordinaire. 

„     (     Ne  changent 

7.  S'étale  vers  le 
violet  de  o,n3  envi- 
ron. 

11.  S'étale  vers  le 
rouge  de  o,o3  envi- 
ron. 


Toutes  les  bandes 
vertes  s'élargissent, 
les  bords  se  déplaçant 
de  oi'i',  o4  environ. 


13.  S'élargit,  les 
bords  se  déplacent 
d'environ  0,06. 

18.  Se  dédouble. 
Les  composantes  s'é- 
cartent 1  proportion- 
nellement au  champ. 
Écartement  du  dou- 
blet ol*!*, 53  dans  un 
champ  de  3i8oo  u. 
C.G.S. 

10. 

21. 

22. 

23.  S'élargit 


Korment  une 
seule  bande. 


14.  Se  dédouble, 
écartement  dti  dou- 
blet :  0,37.  Compo- 
santes inégales,  com- 
pos.  accélérée  moins 
intense. 

17.  Ne  parait  pas 
changer. 

20.  S'élargit.  Dé- 
placement des  bords 
±0,04. 

24.  S'élargit.  Dé- 
placement des  bords 
environ  r+"0,2. 

25.  Ne  change  pas. 


7^8  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

Le  xénotime  (phosphate  d'yttria  avec  erbine  et  terres  rares)  est  l'un  des 
cristaux  uniaxes  qui  présentent  les  bandes  d'absorption  les  plus  fines  et  je 
me  suis  proposé  de  rechercher  si  ces  bandes  sont  modifiées  dans  un  champ 
magnétique. 

Le  spectre  a  été  obtenu  au  moyen  d'un  réseau  de  Rowland;  un  rhom- 
boèdre de  spath  permettait  d'examiner  à  la  fois  les  spectres  correspondant 
à  deux  vibrations  rectangulaires.  Les  mesures  publiées  aujourd'hui  sont 
relatives  à  la  propagation  de  la  lumière  dans  une  direction  normale  au 
champ  magnétique. 

Les  variations  des  bandes  d'absorption  du  xénotime  dans  le  champ 
magnétique  ont  été  observées  en  plaçant  successivement  l'axe  optique  dans 
la  direction  du  rayon  lumineux,  puis  normalement  au  rayon  et  aux  lignes 
de  force,  enfin  parallèlement  au  champ  magnétique. 

Les  longueurs  d'onde  et  leurs  variations  ont  été  évaluées  par  comparai- 
son avec  le  spectre  du  fer.  Deux  groupes  de  bandes,  l'un  dans  le  rouge, 
l'autre  dans  le  vert,  ont  été  étudiés  :  les  déplacements  ont  été  mesurés 
dans  un  champ  évalué  approximativement  à  3 1800  unités  C.G. S.,  les 
résultats  obtenus  sont  résumés  dans  le  Tableau  précédent  (p.  776-777). 

Les  résultats  les  plus  importants  paraissent  être  les  suivants  : 

En  premier  lieu,  le  déplacement  de  quelques  bandes  (n°'  6,  18  et  22)  est 
beaucoup  plus  considérable  que  l'effet  que  l'on  pouvait  attendre  d'après  la 
grandeur  du  phénomène  découvert  par  M.  Zeeman  dans  les  spectres  des 
vapeurs  métalliques. 

En  second  lieu,  il  est  intéressant  d'observer  que  les  bandes  du  spectre 
ordinaire  se  comportent  d'une  façon  très  différente  suivant  l'orientation  de 
l'axe  du  cristal,  bien  que  l'orientation  de  la  vibration  ordinaire  reste  la 
même  par  rapport  au  champ  magnétique  :  ainsi,  lorsque  l'axe  est  normal 
au  champ,  la  bande  verte  n°  18,  la  vibration  étant  normale  au  champ,  ne 
donne  qu'une  seule  composante  déplacée  légèrement  du  côté  du  violet;  au 
contraire,  l'axe  étant  parallèle  au  champ,  la  même  bande,  pour  la  même 
direction  des  vibrations,  se  dédouble  et  l'écartement  du  doublet  est  de 
01^1^,53  dans  un  champ  de  3 1800  unités  G.  G.  S.  D'autre  part,  la  bande  verte 
n°  22  subit  un  grand  déplacement  dans  le  premier  cas  et  ne  varie  presque 
pas  lorsque  l'axe  est  parallèle  au  champ.  Ces  variations  suivant  l'orienta- 
tion de  l'axe  optique  dans  le  champ  semblent  devoir  donner  des  indications 
sur  le  degré  de  liberté  des  électrons  en  mouvement  dans  les  cristaux  biré- 
fringents. 

Enfin  la  différence  entre  les  intensités  des  composantes  séparées  par  le 


SÉANCE   DU    26   MARS    1906.  779 

champ  magnétique  doit  également  attirer  l'attention.  Comme  exemple,  on 
peut  citer  la  bande  rouge  n°  6  et  surtout  la  bande  verte  n°  22,  dont  la 
composante  déviée  du  côté  ronge  ne  peut  être  entrevue  qu'au  moment  où 
l'aimantation  s'établit  progressivement  dans  l'électro-aimant;  cette  com- 
posante disparaît  aussitôt  que  le  champ  devient  intense.  Peut-être  cette 
inégalité  résulterait-elle  d'une  orientation  particulière  des  orbites  des  élec- 
trons, conséquence  des  propriétés  magnétiques  du  cristal. 

Ces  phénomènes  de  dissyniétrie  sont  indépendants  du  sens  du  champ 
magnétique. 

Je  me  propose  d'examiner  les  variations  des  bandes  en  dirigeant  le  rayon 
lumineux  parallèlement  aux  lignes  de  force. 


PHYSIQUE  MOLÉCULAIRE .  —  Osmose  gazeuse  à  travers  une  membrane  colloïdale. 
Note  de  M.  Jules  Amar,  présentée  par  M.  Lippmann. 

Les  physiciens  qui  ont  étudié  l'osmose  des  gaz,  notamment  Graham  et 
Bunsen,  se  sont  servis  de  plaques  de  graphite,  de  stuc,  de  plâtre,  d'épais- 
seur variable  ('),  pour  établir  la  loi  connue  sur  le  rapport  inverse  des 

racines  carrées  des  densités  aux  quantités  de  gaz  diffusés  :  — ,  =  ^-=- 

^  ^  q        \/d 

Mitchell  de  Philadelphie  (-)  et,  40  ans  après  lui,  BouUand  (^)  se  ser- 
virent de  membranes  animales,  sans  tenir  un  compte  rigoureux  de  l'humi- 
dité qui  les  imprègne.  Seul,  Graham  (')  exprima  l'idée  que,  «  à  proprement 
parler,  il  n'y  a  pas  de  dialyse  des  gaz  à  travers  les  membranes  colloïdales  ». 
Mais  ce  n'était  là  qu'une  vue  de  l'esprit.  Nous  avons  repris  la  question 
des  rapports  entre  septa  colloïdaux  et  gaz,  en  nous  dirigeant  d'après  les 
conseils  affectueux  de  M.  le  professeur  G.  Weiss. 

Voici  d'abord  notre  dispositif  expérimental  : 

Du  gaz  CO"  bien  sec  arrive  par  la  face  interne  d'une  vessie  de  porc  (blague  à  tabac) 


(')  Cette  variabilité  explique  les  divergences  constatées  entre  les  deux  savants.  Il 
résulte,  en  eft'et,  des  expériences  de  Faraday  {Anii.  de  Chini  et  de  Phys.,  1"  série, 
t.  X,  p.  388)  que  l'épaisseur  modifie  notablement  la  vitesse  de  diffusion. 

('■')  Mitchell,  Philadelphia  Journal  of  médical  Science,  vol.  XII. 

(^)  BouLLAND,  Journal  de  Robin,  1878,  p.  laS  à  217. 

(*)  Graham,  Philos.  Trans.,  1866. 


•/So  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

fixée  sur' un  récipient;  de  l'air,  sec  également  et  privé  de  CO^,  se  rend  à  la  face 
externe  sous  une  cloche  fermant  hermétiquement  au  mercure.  Le  dégagement  gazeux 
se  fait  bulle  à  bulle  et  sans  différence  de  pression. 

Le  CO^  qui  diffuse  est  entraîné  par  l'air  dans  des  tubes  absorbants,  à  ponces  potas- 
sique et  sidfurique. 

La  membrane  fut  placée  humide  et,  au  bout  d'une  semaine,  nous  fîmes  chaque  jour 
une  expérience  de  3o  minutes.  Les  résultats  furent  de  20™b,  i6"'e,  i2™s  et  8™s  de  CO^. 
D'où  ralentissement  de  l'osmose  à  mesure  que  le  seplum  se  desséchait. 


(J    ^iÙ/}"^ 


Cù- 


En  activant  celle  dessiccation  par  l'introduction  d'un  petit  bocal  de  SO'H^  sous  la 
cloche,  retiré  lors  de  l'expérience,  les  chiffres  tombèrent  en  i5  jours  de  7™8  à  0""^,  assez 
rapidement.  Et  rien  ne  diffusait  plus,  quelles  que  fussent  la  rapidité  ou  la  durée  du 
courant  gazeux. 

Conclusion.  —  Une  membrane  colloïdale  déterminée,  parfaitement  des- 
séchée, se  montre  imperméable  au  CO^  quand  il  l'affecte  par  sa  surface 
interne. 

Dans  les  expériences  de  Mitchell,  de  Boulland,  l'agent  de  l'osmose  ga- 
zeuse est  donc  l'eau  d'imprégnation  du  tissu,  c'est-à-dire  la  dissolution.  Et 
l'on  doit  s'attendre,  après  les  travaux  de  Chevreul  (')  et  de  Wertheim  (*), 


(')  CnEVREUL,  Ann,  de  C/iim,  et  de  Phys.,  2°  série,  t.  XIX,  p.  Sa, 
(')  Werthejm,  /bid.,  3"  série,  t.  XXI,  p.  385, 


SÉANCE    DU    26   MARS    I906.  781 

à  ce  que  l'état  physique  des  membranes  se  modifie  sensiblement  par  le 
départ  de  cette  eau. 


ÉLECTRICITÉ.  —  Contribution  à  l'étude  de  la  décharge  intermittente. 
Note  de  M.  G.  Millociiai-,  présentée  par  M.  Lippmann. 

Au  cours  d'un  travail  sur  l'influence  du  mode  de  décharge  dans  les 
tubes  à  vide  (')  j'ai  été  conduit  à  employer  un  système  particulier  d'élec- 
trodes, que  je  désignerai,  par  la  suite,  sous  le  nom  d'exploseur  capillaire. 

Cet  appareil  se  compose  de  deux  fils  métalliques  de  2"""  de  diamètre  en- 
viron, placés  en  regard,  sur  un  support  convenablement  disposé  el  coiffés 
chacun  d'un  tube  de  verre  effilé  par  un  bout,  de  manière  que  l'extrémité 
de  ce  tube  présente  une  partie  capillaire  très  étroite,  l'ensemble  ayant  la 
forme  d'un  V  renversé. 

En  écartant  plus  ou  moins  les  deux,  tubes  on  fait  varier  la  distance  explosive  el  l'on 
peut  obtenir  un  fonctionnement  régulier.  Les  deu\  électrodes  étant  directement  reliées 
aux  deux  pôles  d'une  bobine  de  RuhmkorfT,  j'ai  constaté  que  pour  un  diamètre  déterminé 
du  tube  capillaire  (fonction  d'ailleurs  de  la  longueur  explosive)  l'étincelle  prend  un 
aspect  particulier,  que  les  masses  métalliques,  situées  dans  le  voisinage,  sont  le  siège 
de  phénomènes  d'induction  et  qu'on  en  peut  tirer  des  étincelles. 

La  grande  netteté  et  l'intensité  particulière  du  phénomène  m'ont  conduit  à  étudier, 
cette  étincelle  explosive  avec  l'appareil  suivant,  dont  le  principe  est  celui  du  miroir 
tournant. 

L'image  de  l'étincelle  est  projetée  par  un  objectif  sur  une  pellicule  circulaire  fixée 
sur  un  disque  tournant  très  rapidement  autour  d'un  axe  perpendiculaire  à  son  plan  et 
passant  par  le  centre  de  ce  disque. 

Cet  appareil  appartient  à  la  collection  de  l'observatoire  de  Meudon  et  a  été  imaginé 
par  M.  Janssen,  en  1888  ('^). 

Entre  l'étincelle  et  l'objectif  est  placée  une  lame  de  verre  à  faces  parallèles  et  verti- 
cales, ayant  35"™  d'épaisseur  et  qui  peut  tourner  rapidement  autour  d'un  axe  vertical, 
d'un  quart  de  tour  environ,  à  la  façon  d'un  obturateur  circulaire. 

Le  ressort  qui  actionne  ce  système  peut  être  plus  ou  moins  tendu  pour  permettre 
d'obtenir  des  vitesses  différentes. 


(')  Ce  travail  m'avait  été  suggéré  par  une  remarque  que  j'avais  eu  Toccasion  de  faire 
dans  l'examen  spectroscopique  des  gaz  au  Vésuve. 

('-)  Cet  appareil,  construit  par  M.  Chevallier  en  1888,  donne  une  vitesse  de  170  tours 
par  seconde. 

C.  R.,  190G,  i«'  Semestre.  (T.  CXLIl,  N"  13.)  Io3 


I782  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

L'image  de  l'étincelle  décrit  donc  sur  la  plaque  tournante  une  spirale  analogue  à 
celle  produite  pour  l'enregistrement  du  son  sur  les  disques  des,gramophones  ('). 

L'examen  des  épreuves  obtenues  montre  qu'il  ne  s'agit  pas  ici  d'une  dé- 
charge oscillante  proprement  dite,  mais  d'une  décharge  intermittente,  telle 
que  celles  déjà  signalées  par  Feddersen  (^Poggendorff's  Annalen,  t.  CIII, 
i858,  p.  69)  et  obtenues  par  lui  en  intercalant  dans  le  circuit  une  résis- 
tance très  élevée. 

J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  des  photographies  obtenues  en 
dissociant  l'étincelle  à  l'aide  du  dispositif  décrit. 

L'examen  et  la  mesure  d'une  de  ces  épreuves  montrent  que  les  étincelles 
dont  se  compose  la  décharge  se  répartissent  en  groupes  dont  l'ensemble 
présente  une  certaine  analogie  avec  le  groupement  des  lignes  dans  les 
spectres  de  bandes. 

Dans  cette  épreuve,  j'ai  pu  distinguer  quatre  groupes,  le  premier  com- 
prend six  étincelles  séparées  par  des  intervalles  respectifs  de  10™™, i4, 
II™"",  27,  II™™,  63,  12™™,  28.  Le  deuxième  est  de  six  étincelles  séparées  par 
les  intervalles  :  lo^^jSg,  11""", 67,  ii™™,98,  12"™, 79,  12™™,  20.  Le  troi- 
sième de  trois  étincelles  avec  les  intervalles  11™™, 49.  ii™"",  28,  et  le  qua- 
trième, trois  étincelles  également  avec  les  intervalles  de  1  i™'",/i7  et  i2™™,2i. 

La  première  étincelle  de  chacun  des  deux  derniers  groupes  est,  pour 
le  troisième,  entre  la  deuxième  et  la  troisième  étincelle  du  premier  groupe 
et,  pour  le  quatrième,  entre  la  troisième  et  la  quatrième. 

Les  intervalles  entre  deux  étincelles  d'un  même  groupe  correspondent 
à  une  intermittence  d'environ  ,„^„„  de  seconde.  Dans  une  Note  parue  aux 
Annales  de  Wiedemann  {l.  LIX,  p.  768),  Schott  signale  certaines  particula- 
rités sur  les  effets  lumineux  obtenus  dans  un  dispositif  à  tube  capillaire 
différent  de  celui  que  j'ai  employé. 

Il  a  étudié  l'influence  du  diamètre  du  tube  et  celle  de  la  pression,  mais 
pas  celle  de  la  dislance  explosive;  il  a  constaté  les  effets  mécaniques  pro- 
voqués dans  le  tube  par  le  passage  de  l'étincelle;  mais  les  effets  d'induction 
à  distance  lui  ont  échappé  malgré  leur  remarquable  intensité. 

L'exploseur  capillaire  ne  semble  donc  pas  agir  comme  un  véritable  oscil- 
lateur puisque  le  mouvement  de  l'électricité  n'y  est  pas  proprement  ondu- 
latoire. Il  se  comporte  comme  producteur  de  chocs  brusques  qui  détermi- 
nent dans  les  conducteurs  voisins  la  mise  hors  d'équilibre  de  l'électricité 

(')  On  pourrait  obtenir  le  même  résultat  en  suljstituant  un  miroir  à  la  lame  à  faces 
parallèles. 


SÉANCE    DU    26    MARS    I906.  783 

qu'ils  renferment.  Celle-ci  exécute  alors  dans  chacun  de  ces  conducteurs 
un  mouvement  oscillatoire  dont  la  période  est  propre  à  ce  conducteur  sui- 
vant le  mécanisme  proposé  par  M.  Poincaié  pour  expliquer  la  résonance 
multiple  ('),  mécanisme  vérifié,  comme  on  le  sait,  par  les  travaux  de 
Bjerknes(-),  Nils  Strindberg(')  et  Décombe  (''). 

J'ai  obtenu  des  étincelles  d'induction  particulièrement  brillantes  en  em- 
ployant un  résonnateurcomposé  d'une  grande  longueur  de  fil  très  fin(o"'",i) 
enroulé  sur  un  disque  de  bois  de  o™,3o  de  diamètre  et  o™,o2  d'épaisseur, 
et  ilont  les  extrémités  communiquaient  avec  les  deux  boules  d'un  micro- 
mètre à  étincelles,  relié  d'autre  part  à  de  grandes  capacités. 

Les  phénomènes  paraissent  d'autant  plus  nets  et  plus  réguliers  que  le 
diamètre  du  tube  capillaire  est  plus  étroit. 

L'introduction  de  selfs  ou  de  capacités  sur  le  circuit  paraît  conduire  au 
même  résultat.  L'exploseur  capillaire  représente  donc  sous  un  faible  vo- 
lume un  dispositif  équivalent  à  celui  résultant  de  l'emploi  de  selfs  ou  de 
capacités  élevées. 

Cette  circonstance  ('),  jointe  à  l'intensité  vraiment  remarquable  des 
phénomènes  d'induction,  montre  qu'il  y  aurait  intérêt  à  poursuivre  l'étude 
de  ce  mode  de  décharge  et  peut-être  aussi  les  conditions  de  son  emploi 
dans  la  télégraphie  sans  fil. 

PHYSIQUE.  —  Nouvelles  recherches  sur  les  ampoules  productrices  de  rayons  X. 
Note  de  M.  Nogier,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

Il  résulte  des  recherches  que  nous  poursuivons  sur  les  tubes  à  rayons  X 
que  certains  de  ces  appareils  au  moins  ne  produisent  pas  dans  l'hémi- 
s|)hère  opposé  à  l'anticathode  un  champ  de  rayons  X  d'intensité  sensible- 
ment constante.  C'est  le  contraire  de  ce  que  l'on  croyait  jusqu'ici. 

Dans  des  tubes  très  mous  l'intensité  du  rayonnement  X  est  maxirna  dans 
une  région  très  voisine  du  bord  de  l'hémisphère  fluorescent  vert  que  nous 
appellerons  l'équateur  rôntgenien. 

(')  Arcli.  de  Genève,  t.  XXV,  1891,  p.  609. 
(-)   Wied.  Ann..  t.  LUI,  1894,  p.  742,  et  t.  LV,  1895,  p.  121. 
(')  Arch.de  Genève,  t.  XXXII,  1894,  p.  129. 
(*)  Comptes  rendus,  i"sem.  1897,  p.  1017. 

(^)  Le  spectre  de  Télincelle  de  l'exploseur  est  identique  à  celui  de  l'air  avec  étin- 
celle condensée. 


784  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

La  décroissance  de  ce  rayonnement  se  fait  graduellement  à  mesure 
qu'on  se  rapproche  de  l'endroit  où  une  perpendiculaire  à  la  surface  de 
l'anticalhode  (au  point  frappé  par  le  faisceau  cathodique)  vient  rencon- 
trer la  paroi  de  verre  de  l'ampoule.  Il  semble  exister,  suivant  cet  axe 
i^axe  polaire  anticathodique),  un  minimum  dans  l'émission  des  rayons  X. 

La  répartition  des  rayons  dans  l'hémisphère  du  tube  opposé  à  l'antica- 
lhode se  fait  suivant  une  série  de  petits  cercles  parallèles  à  l'équateur  ront- 
genien.  En  tous  les  points  de  ces  petits  cercles  l'intensité  des  rayonsX  nous 
a  paru  uniforme. 

Les  tubes  dont  nous  nous  sommes  servi  étaient  des  ampoules  de  la  maison  Millier, 
de  Hambourg,  à  anticathode  ordinaire  et  à  régulateur  électrique.  Ils  donnaient  des 
rayons  2  à  3  du  radiochromomètre  de  Benoist. 

L'inducleur  était  une  bobine  de  Ducretet  de  26""  d'étincelle  munie  d'une  soupape 
cathodique  de  Villard.  Le  courant  au  primaire  était  de  3  ampères  et  80  volts.  L'inter- 
rupteur était  le  nouvel  interrupteur  autonome  de  Gaifl'e. 

Le  champ  de  rayons  X  a  été  étudié  au  moyen  de  bandes  de  papier  au  gélatinobro- 
mure d'argent,  marque  Lumière,  placées  sur  une  planchette  découpée  en  demi-cercle. 
Tous  les  points  du  papier  se  trouvaient  ainsi  à  égale  distance  du  foyer  anticathodique 
et  recevaient  un  rayon  d'incidence  normale.  Un  intervalle  moyen  de  10"""  séparait  le 
papier  photographique  de  la  paroi  du  tube.- 


OPTIQUE.  —  Sur  l'emploi  de  la  lampe  Cooper-Hei,ritt  comme  source  de  lumière 
monochromatique.  Noie  de  MM.  Ch.  Fabry  et  H.  Biissox,  présentée 
par  M.  H.  Deslandres. 

Un  grand  nombre  d'expériences  d'optique  exigent  l'emploi  d'une  source 
intense  de  lumière  monochromatique;  tout  progrès,  dans  cet  ordre  d'idées, 
permettant  de  faciliter  l'exécution  d'expériences  difficiles,  mérite  d'être 
sienalé. 

On  connaît  les  bons  résultats  que' l'on  obtient  par  l'emploi  de  l'arc  au 
mercure  dans  le  7vV/e(');  son  spectre  contient  un  petit  nombre  de  raies 
très  fines,  faciles  à  isoler  par  des  milieux  absorbants  convenables. 

Depuis  peu  de  temps,  cette  source  de  lumière,  sous  une  forme  légère- 
ment modifiée,  est  entrée  dans  la  pratique  industrielle.  11  nous  a  paru 


(  '  )  Fabry  et  Perot,  Sur  une  source  intense  de  lumière  monochromatique  (  Comptes 
rendus,  t.  GXX\  III,  1899,  p.  ii56),  —  Voir  aussi  Journal  de  Physique.  3'  série, 
t,  IX,  1900,  p,  369. 


SÉANCE  DU  26  MARS  1906.  780 

intéressant  de  voir  quels  résultats  donne  cette  nouvelle  forme  d'arc  au 
mercure,  connue  sous  le  nom  de  lampe  Coopej'-Hewitt. 

Son  s|)ectre  est  identique  à  celui  de  la  lumière  des  anciens  arcs  au  mer- 
cure. La  lumière  est  fixe,  d'éclat  intrinsèque  uniforme.  Les  raies  jaunes  et 
vertes  sont  assez  fines  pour  donner  des  interférences  observables  jusqu'à 
une  différence  de  marche  de  22'^'",  c'est-à-dire  jusqu'aux  environs  du 
numéro  d'ordre  400000.  L'ancienne  forme  d'arc  au  mercure  (modèle 
Perot-Fabry)  donne  à  peu  près  le  même  résultat  immédiatement  après 
l'allumage;  mais,  après  un  fonctionnement  de  quelques  minutes,  proba- 
blement par  suite  d'un  échauffement  de  la  vapeur,  les  raies  s'élargissent  et 
la  limite  d'interférence  tombe  à  peu  près  à  la  moitié  de  sa  valeur  primitive. 
Au  contraire,  dans  la  lampe  Cooper-Hewitt,  la  différence  de  marche  in- 
diquée comme  limite  correspond  à  un  état  de  régime,  qui  peut  se  main- 
tenir indéfiniment.  Les  raies  jaunes  donnent  des  interférences  particuliè- 
rement nettes,  et  les  phénomènes  de  disparition  ou  de  dédoublement 
successifs,  lorsque  l'on  emploie  simultanément  les  deux  raies,  sont  nette- 
ment observables  jusqu'à  de  très  grandes  différences  de  marche. 

Le  fait  que  la  lampe  Cooper-Hewitt  est  maintenant  construite  d'une 
manière  industrielle  n'est  pas  un  médiocre  avantage.  Elle  peut  fonctionner 
indéfiniment  sans  surveillance  et  consomme  peu  d'énergie;  en  résumé, 
elle  constitue,  pour  beaucoup  d'expériences  d'optique,  une  source  de 
lumière  de  premier  ordre.  Toutefois,  la  présence  de  satellites  qui  accom- 
pagnent les  quatre  raies  intenses  du  spectre  visible  empêche  l'emploi  de 
ces  raies  comme  étalons  fondamentaux  en  Spectroscopie. 


CHIMIE.  —  Sur  l'isolement  et  sur  les  divers  caractères  atomiques  du  dysprosium. 
Note  de  M.  G.  Urbain,  présentée  par  M.  P.  Curie. 

Les  terres  rares  qui,  dans  mes  fraclionnements,  sont  comprises  entre  le 
terbium  et  l'yllrium,  se  composent  uniquement  des  constituants  de  la 
terre  X  soupçonnée  par  Soret  (Arch.  Se.  phys.  nat.,  2*  série,  t.  LXIII, 
1878,  p.  99)  dans  les  terres  yttrifères  fractionnées  par  Marignac  i^Arch. 
Se.  phys.  nat.,  1"  série,  t.  LXI,  1878,  p.  283). 

Clève  (Comptes  rendus,  t.  LXXXIX,  1879,  p.  47^)  a  donné  à  cette 
terre  X  le  nom  de  holmium  que  l'usage  a  consacré,  bien  qu'il  n'ait  pu  en 
séparer  le  terbium,  l'yltrium  et  l'erbium,  ainsi  que  l'établissent  les  re- 
cherches récentes  de  M,  Forsling  (^Bi/iang  till  k,  Vet,  Akad.  Handlingar, 


786  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

Band  XXVIII,  Afd.  II,  1902,  n°  1)  sur  les  produits  préparés  par  le  célèbre 
chimiste  suédois. 

M.  Lecoq  de  Boisbaudran  {Comptes  rendus,  t.  Cil,  1886,  p.  ioo3)  a 
établi  en  toute  rigueur  que  le  holmium  défini  par  son  spectre  d'absorption 
visible  était  un  mélange  d'au  moins  deux  éléments.  Il  a  réservé  le  nom 
de  holmium  à  l'élément  qui  donne  les  bandes  considérées  par  Soret  comme 
les  plus  caractéristiques  de  la  terre  X  et  le  nom  de  dysprosium  à  une  terre 
caractérisée  par  le  spectre  d'absorption  visible  suivant  : 
).. 
De  766       à  750     Forte.  Maximum,  753 

De  480       à  466     Moyenne  difl'use.  »  475 

De  436       à  446     Forte,  très  dift'use.  »  45 1, 5 

De  43o,5  à  4^5     Moyenne.  »  427,5 

La  terre  nouvelle  dont  M.  Lecoq  de  Boisbaudran  a  pu  préparer  quelques 
décigrammes  n'avait  pu  être  isolée  depuis  et  plusieurs  auteurs,  Kruss  et 
Nilson  (^Ber.  chem.  Gesell.,  t.  XX,  1887,  p.  21 34).  sir  W.  Crookes  (Proc. 
Roy.  Soc.,  n"  245,  1886,  p.  5o2),  M.  Forsling  (loc.  cit.),  l'ont  supposée 
complexe  en  tant  qu'élément  absorbant  observé  dans  des  mélanges  divers. 

La  multiplicité  et  la  sensibilité  des  spectres  que  chaque  élément  de  ce 
groupe  peut  présenter  (spectres  d'étincelle,  d'absorption,  de  phospho- 
rescence dans  les  solutions  solides  ou  liquides),  observés  jusqu'alors  dans 
des  terres  incomplètement  purifiées,  furent  le  principal  obstacle  qui  s'est 
opposé  non  seulement  à  l'étude  complète,  mais  même  à  l'attribution  de  ces 
caractères  atomiques  divers.  Pour  apporter  quelque  clarté  dans  une  ques- 
tion si  complexe,  les  auteurs  ont  été  contraints  de  considérer  tour  à  tour 
les  éléments  rares,  tantôt  comme  des  éléments  absorbants,  tantôt  comme 
des  éléments  phosphorescents,  tantôt  comme  des  éléments  encore  incon- 
nus, caractérisés  par  quelques  lignes  d'étincelle  ou  d'arc,  observés  dans 
des  spectres  très  compliqués  renfermant  un  nombre  extrêmement  considé- 
rable de  raies. 

Ces  éléments  spectroscopiques  de  divers  ordres  que  je  considère  comme 
identiques  à  l'élément  absorbant  dysprosium  sont  les  suivants  : 

Eléments  à  spectres  de  lignes.  Eléments  phosphorescents. 

Zy  (Lecoq  de  Boisbaudran,  C.  B..  t.  Cil,  Za  (Lecoq  de  Boisbaldran,  C.  R.,  t.  G, 

1886,  p.  i53).  i885,  p.  1437;  t.  Cil,  1886,  p.  899). 

A    (Demarçay,  c.  R..  t.  CXXXI,   1900,  Ge  (Sir  W.  Crookes. /oc.  «7.  ). 
p.  387). 

Xj  (ExNER   et    Hasciiek,    Spectres    ultra- 
violets). 


SÉANCE    DU   26   MARS    1906.  787 

J'ai  pu,  en  effet,  isoler  environ  So^  d'une  terre  présentant  ces  divers 
caractères  spectraux  avec  une  telle  constance  qu'il  m'a  été  impossible  jus- 
qu'ici d'observer  un  indice  permettant  de  la  supposer  complexe.  Quatorze 
fractions  consécutives  ont  accusé  le  même  poids  atomique  moven  : 
Dy  =  162,49.  Mes  nombres  extrêmes  ont  été  162,64  6t  162,28  et  ces  légers 
écarts  ne  peuvent  être  attribués  qu'à  des  erreurs  accidentelles  dans  les 
mesures. 

L'oxyde  pur  de  dysprosium  est  blanc  et  ne  se  peroxyde  pas  par  calcina- 
lion  dans  l'oxvgène.  Ses  sels  présentent  nettement  une  coloration  vert 
jaune.  Les  divers  caractères  des  composés  du  dysprosium  (solubilité  des 
sels,  basicité  de  l'oxyde,  etc.)  rangent  cet  élément  dans  la  série  des  terres 
rares  entre  le  terbium  et  le  nouvel  holmium.  Outre  son  spectre  d'absorp- 
tion visible,  le  dysprosium  présente  un  spectre  ultra-violet  particulièrement 
sensible  et  composé  de  bandes  intenses  et  diffuses  qui  empiètent  sur  cer- 
taines bandes  du  terbium  et  du  nouvel  holmium  et  les  masquent  parfois  tota- 
lement dans  les  mélanges. 

Ce  spectre  est  le  suivant  (solution  neutre  des  chlorures)  : 


\. 


de  400 

à  394 

Ï-- 

de  392 

à  384,5 

de  38i, 

,5  à  377 

?- 

de  368, 

5  à  36i  ,5 

a.  . 

de  355, 

5  à  345,5 

8 . . 

de  340 

à  336 

a'.. 

de  329 

à  3i6 

Faible,  très  diffuse. 

Très  forte,  diffuse.  Le  bord  le  moins  réfrangible  est  le  plus 

diffus.  Maximum  :  386,5. 
Moyenne  très  diffuse.  Maximum  :  379,5. 
Très  forte,  diffuse.  Maximum  :  365. 
Extrêmement  forte  et  diffuse.  Maximum  :  35 1. 
Assez  forte  difïuse.  Maximum  :  338. 
Extrêmement  forte.  Maximum  :  322,5. 


Les  antres  caractères  spectraux  du  dysprosium  seront  ultérieurement 
décrits  en  détail. 

Parmi  les  diverses  méthodes  que  j'ai  expérimentées  et  qui  m'ont  permis 
d'isoler  cet  élément,  c'est  la  cristallisation  des  éthylsulfates  (G.  Urbain, 
Thèse,  avril  1899,  Paris)  qui  m'a  donné  les  meilleurs  résultats. 

Malheureusement  la  faible  stabilité  de  ces  éthers-sels  ne  permet  pas  d'en 
poursuivre  le  fractionnement  journalier  au  delà  de  18  mois,  2  ans  au  maxi- 
mum; mais  cette  méthode  sépare  très  efficacement  le  terbium  du  dyspro- 
sium. Les  nitrates  simples,  isomorphes  avec  le  nitrate  de  bismuth,  permet- 
tent d'éliminer  du  dysprosium  exempt  de  terbium  toute  trace  d'yttrium 
spectroscopiquement  décelable.  Les  deux  méthodes  sont  également  médio- 
cres pour  séparer  le  dysprosium  du  nouvel  holniium  et  cette  séparation 


788  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

fort  pénible  impose,  pour  êlre  complète,  environ  20  fractions  intermé- 
diaires et  exige  plusieurs  années  de  cristallisations  journalières. 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  la  préparation  industrielle  de  l'hydrure  de  calcium. 
Note  de  M.  Georges-F.  Jaubert,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

Le  calcium  métallique  divisé,  ainsi  que  M.  Moissan  l'a  démontré  ('), 
absorbe  à  chaud  une  molécule  d'hvdrogène  pour  donner  un  hydrure  ré- 
pondant à  la  formule  CaH'. 

Cet  hydrure,  sous  l'action  de  l'eau  à  la  température  ordinaire,  se  décom- 
pose d'une  façon  analogue  au  carbure  de  calcium,  en  produisant  un  très 
A'if  dégagement  d'hydrogène  pur,  suivant  la  réaction 

CaH^+ 2H20=  Ca(OH)='+ 2H^ 

D'après  cette  équation  l'^s  d'hydrure  de  calcium  pur  dégage  ii43'  d'hy- 
drogène, mesurés  à  la  température  de  20". 

Nous  avons  entrepris  et  réalisé  l'étude  de  la  fabrication  industrielle  de 
ce  nouveau  produit.  Cette  fabrication  se  divise  en  deux  phases  : 

1°  Fabrication  du  calcium  métallique.  —  Celle  préparalion  a  lieu  par  éleclrolyse 
du  chlorure  de  calcium  fondu.  L'énergie  éleclrique  nécessaire  pour  préparer  loo'^s  de 
calcium  mélallique  par  2^  lieures  esl  d'environ  20  volls  et  7600  ampères,  soit  un  cou- 
rant de  i5o  kilowatts. 

a"  Fabrication  de  l'hydrure  de  calcium.  —  Cette  fabrication  consiste  à  chauft'erle 
calcium  métallique  dans  des  cornues  horizontales  maintenues  à  haute  température. 
Dans  ces  cornues  circule  un  courant  d'hydrogène  gazeux  que  le  calcium  absorbe  peu 
à  peu.  Après  quelques  heures  de  chaufl'e  tout  le  calcium  est  transformé  en  hydrure. 

Propriétés  de  l'hydrure  de  calcium  industriel.  —  L'hydrure  de  calcium 
industriel  se  présente  sous  forme  de  morceaux  irréguliers  poreux,  blancs 
ou  gris  ;  sa  durelé  est  considérable.  11  est  insoluble  dans  les  dissolvants 
usuels,  instantanément  décomposable  par  l'eau  froide,  de  même  que  les 
carbures  alcalins  et  alcalino-terreux. 

Il  titre  environ  90  pour  100  de  produit  pur,  le  résidu  étant  formé  en 
majeure  partie  d'azoture  et  d'oxyde.  Dans  ces  conditions,   i'*^  d'hydrure 


(')  H.   Moissan,  Préparalion  et  propriétés  de  l'hydrure  de  calcium  {Comptes 
.tendus,  l.  CXXVII,  1898,  p.  29). 


SÉANCE    DU    26    MARS    igo6.  789 

de  calcium  dégage,  sous  la  simple  action  de  l'eau,  environ  1  mètre  cube 
d'hydrogène  pur. 

Application  à  l'aéronautique.  —  i'^^  d'hydrure  de  calcium  dégageant, 
comme  nous  venons  de  le  voir,  i  mètre  cube  d'hydrogène  pur  et  la  force 
ascensionnelle  de  ce  dernier  étant  d'environ  1200^,  cet  hydrure  de  cal- 
cium est  déjà  utilisé  pour  les  besoins  de  l'Aéronautique. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  l'action  des  leucomaines  xanliques  sur  le  cuivre. 
Note  de  M.  N.  Slomnesco.  (Extrait.) 

La  théobromine,  la  théophiiine,  l'urée,  probablement  aussi  les  autres 
leucomaines  xantiques,  ainsi  que  d'autres  bases  analogues  ont  la  propriété 
de  précipiter  le  cuivre  de  ses  solutions  à  l'état  d'hydrate  jaune.  De  même 
que  les  matières  organiques  réduisent  le  sublimé  en  calomel,  de  même 
on  sait  que  la  glycose  réduit  les  sels  du  cuivre  à  l'état  d'hydrate  rouge; 
les  bases  ci-dessus  ont  presque  la  même  propriété.  Cependant  il  ne  s'agit 
pas  seulement  d'une  simple  réduction,  mais  aussi  d'une  tendance  de  com- 
binaison de  ces  bases  avec  le  cuivre  sous  ce  dernier  état.  Et  si  l'on  fait 
bouillir  du  cuivre  en  limaille  avec  ces  bases  en  solution  aqueuse,  on  a  le 
même  précipité  caractéristique,  d'une  couleur  jaune  trouble.' 

Ce  réactif  est  intermédiaire  entre  l'hydrate  de  sodium  et  l'ammoniaque, 
tandis  que  l'hydrate  de  sodium  précipite  l'hydrate  jaune  d'une  solution  de 
chlorure  cuivreux,  l'ammoniaque  le  dissout  et  le  réactif  en  question  le  re- 
précipite à  son  premier  état. 

Dans  une  solution  de  chlorure  cuivrique  comme  dans  toute  solution  d'un 
sel  de  cuivre,  ce  réactif  précipite  la  moindre  trace  de  cuivre,  tandis  que 
les  alcalis  en  excès  redissolvent  leurs  précipités.  D'où  un  moyen  de  recon- 
naître la  présence,  dans  les  eaux  potables,  du  cuivre  provenant  par  exemple 
de  l'emploi  du  sulfate  de  cuivre  pour  la  purification  des  eaux  d'égouts,  ce 
sel  pouvant  donner  un  résultat  satisfaisant  en  arrêtant  indéfiniment  la 
fermentation  urique.  Il  agit  non  seulement  en  transformant  le  carbonate 
d'ammonium,  produit  de  la  fermentation  : 

SO'Cu  +  2AzH'  +  CO-4-  H^O  =  CO'Cu  -h  C0'(\7.wy, 

mais  aussi  par  cette  combinaison  que  je  viens  de  signaler  entre  les  sels  de 
cuivre  et  ces  bases  contenues  dans  ces  eaux. 

J'attribue  à  cette  précipitation  du  cuivre  dans  l'organisme,  par  les  bases 

C.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N"  13.)  Io4 


79°  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

xanliques,  le  fait  que  le  cuivre  dans  des  proportions  convenables  n'est 
pas  toxique. 

CHIMIE   ORGANIQUE.    —   Sur  un  nouveau  type  de  rcacdons  d' équilibre. 
Note  de  M.  L.-J.  Simon,  présentée  par  M^  H.  Moissan. 

L'acide  diurélhane|)Yi'uviqLie  dont  j'ai  signalé  {Comptes  rendus, 
t.  CXXXIII,  igoi,  |).  535)  la  formaLion  et  les  propriétés  descriptives 
résulte  de  l'action  de  l'acide  pyruviqiie  sur  l'urélhane  en  l'absence  de  tout 
agent  de  condensation 

CH^"  -  CO  -  CO=H  +  2NH- -  CO^C=H'=  H-Û  +  CH^-  CO  ~  CO-H 

CO-C='H-^-NH         NH-CO-C-H= 


I.  Le  rendement  de  cette  réaction  est  très  bon,  mais  il  ne  devient  quan- 
titatif que  si  l'on  élimine  l'eau  formée.  Cette  eau  joue  en  effet  un  rôle 
antagoniste;  elle  a,  vis-à-vis  de  i'acide  diurélbanep^^^ruvique,  une  action 
décomposante  inverse  de  celle  qui  l'a  produit.  Les  choses  se  passent  sensi- 
blement comme  dans  le  phénomène  classique  de  l' èlhèrificalion  d'un  acide  par 
un  alcoolen  l'absence  d'agent  de  condensation. 

L'acide  iliurélhanepyruvique  est  insoluble  dans  l'eau  :  en  suspension 
dans  ce  liquide  on  peut  le  doser  exactement  en  présence  de  phtaléineau 
moyen  d'une  liqueur  alcaline  titrée  :  le  virage  alcalin  se  produit  en  même 
temps  que  disparaît  le  dernier  grain  de  substance. 

Cependant,  au  contact  de  l'eau,  il  lui  communique  une  réaction  acide 
à  l'hélianline,  puis  peu  l\  peu  il  disparaît,  en  sorte  que,  par  une  allaly^e 
superficielle,  on  serait  tenté  de  lui  attribuer  un  coefficient  de  solubilité. 
En  réîililé,  cette  disparition  se  produit  en  conséquence  d'une  décomposi- 
tion en  uréthane  et  acide  pyruvique  qu'on  peut  facilement  caractériser 
isolément  dans  la  liqueur. 

Celle  aclion  de  l'eau  est  lente  à  la  terapéralure  ordinaire  :  loo'''"'  d'eau  font  ainsi 
disparailre  os,  i5  par  heure.  Elle  se  poursuit  régulièrement  jusqu'à  la  disparition 
totale  :   loo""'  jjeuvent  faire  disparaître  jusqu'à  750S  d'acide. 

IL  La  température  a  sur  la  vitesse  du  phénomène  la  même  intluence 
accélératrice  que  sur  l'éthérification  et  la  saponification. 

100""' d'eau  exigeni  à  fioil  une  dizaine  d'heure-;  poui'  dis'-oMdre  ib,^5  de  substance 


SÉANCE   DU    26  MARS    1906.  791 

mais  les  dissolvent  en  quelques  instants  à  une  douce  chaleur.  Cette  action  combinée 
de  l'eau  et  de  la  chaleur  rend  com|ite  de  quelques  particularités  de  l'histoire  de  l'acide 
diurélhanepyruvique  :  sa  tendance  à  rester  en  surfusion  s'il  n'est  pas  absolument  sec  et 
liuipossibilité  de  réaliser  à  l'étude  cette  dessiccation  complète. 

III.  Il  Y  avait  lieu  de  se  demander  si  l'acide  est  entièrement  dissocié  par 
l'eau  011  bien  si  une  fraction  est  maintenue  dissoute  grâce  à  la  présence  fies 
produits  de  décompcsilion  d'une  autre  partie.  J'ai  pensé  que  la  cryoscopie 
pourrait  me  donner  quelques  renseignements  sur  ce  point. 

Dans  un  volume  fixe  d'eau  on  suspend  un  poids  connu  d'acide;  on  le 
fait  entrer  rapidement  en  solution  en  chauffant  à  une  température  conve- 
nable, on  refroidit  et  l'on  procède  à  la  mesure.  Les  résultats  conduisent  à 
conclure  que  : 

i"  Pour  une  concetitration  déterminée  l'état  de  la  dissolution  dépend 
de  la  température  à  laquelle  elle  a  été  portée  :  la  dissociation  croit  avec  la 
température  ; 

2°  La  dissociation  croît  avec  la  concentration,  par  suite  de  la  tempéra- 
ture plus  élevée  qu'on  est  obligé  d'atteindre  pour  provoquer  dans  le  même 
tenijîs  la  dissolution  ; 

3°  La  dissociation  est  totale  pour  la  concentration  la  plus  forte;  pour  les 
plus  faibles  il  semble  y  avoir  une  molécule  dissoute  pour  une  dissociée. 

IV.  Les  deux  réactions  inverses  se  limitent  l'une  l'autre.  Je  ne  me  suis 
pas  préoccupé  de  fixer  la  limite  commune  avec  |>récision.  Néanmoins  il 
m'est  permis  de  donner  à  cet  égard  des  indications  approximatives. 

Dans  des  expériences  faites  sur  des  quantités  assez  massives  et  poursuivies  pendant 
des  durées  croissantes,  le  rendement  effectif,  c'est-à-dire  le  rapport  entre  le  nombre  de 
molécules  d'acide  combiné  réellement  recueilli  et  le  nombre  total  de  molécules  d'acide 
mis  en  jeu,  a  pris  les  valeurs  crois^a^les,  en  centièmes  :  47,  âj,  68  pour  des  durées 
de  2,  4i  ï  '  jours.  D'autre  part;  on  arrive  à  laValeur  un  peu  plus  élevée,  71  pour  loo, 
par  la  considération  de  la  quantité  minimum  d'eau  qui  empêche  toute  réaction  à  froid. 

Par  celle  valeur  approximative  de  la  limite  comme  par  ses  autres  carac- 
tères le  phénomène  actuel  se  rapproche  bien  de  l'éthériiication  des  élhers 
ou  des  acétols,  un  peu  plus  de  ces  derniers  par  le  nombre  de  molécules 
mises  en  jeu.  Il  se  singularise  par  les  molécules  intéressées  à  la  combi- 
naison et  à  la  décomposition  et  surtout  par  leur  mode  de  liaison. 


792  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Mode  opératoire  pour  le  dnsage  du  cadmium. 
Noie  de  M.  H.  Baubigw,  présentée  par  M.  Troost. 

Dans  une  Note  antérieure  (séance  du  5  mars  1906,  p.  577)  j'ai  démontré, 
par  les  résultats  de  mes  expériences,  que  le  sulfure  de  cadmium  n'est  pas 
aussi  altérable  qu'on  le  supposait  et  qu'on  peut,  sous  certaines  conditions, 
incinérer  en  sa  présence  le  fdtre  sur  lequel  il  a  été  recueilli.  C'est  ce  mode 
opératoire  dont  je  veux  indiquer  aujourd'hui  les  principaux  détails. 

La  solution  acide  du  sulfate  de  cadmium,  chauffée  à  85°-90'',  esl  traitée  par  le  gaz 
sulfhydrique  en  laissant  s'abaisser  lentement  la  température  du  liquide.  Quand  elle  est 
tombée  à  5o°-55°,  on  arrête  le  courant  gazeux,  et  l'on  abandonne  jusqu'à  refroidissement 
complet  en  fermant  le  vase  par  une  plaquette  de  verre.  L'opération  se  fait  au  mieux, 
dans  une  fiole  conique.  On  a  ainsi  un  précipité  dense,  constitué  par  une  poudre  cris- 
talline rougeàtre,  facile  à  filtrer  et  à  laver.  L'eau  distillée  suffit  pour  le  lavage  de  celte 
matière  cristalline. 

En  ajoutant  2  pour  100  en  volume  d'acide  SO*H-  (£/;=  i  ,84)  à  la  solution,  la  pré- 
cipitation du  cadmium  est  toujours  totale,  même  si  la  liqueur  ne  contient  que  os, 001 
de  Cd  SO'  par  loo™''  (rû^ôô)-  Pour  des  richesses  plus  élevées  en  métal,  il  n'y  a  cepen- 
dant aucun  inconvénient  à  augmenter  la  proportion  d'acide  libre;  par  exemple,  pour 
une  teneur  en  sulfate  de  cadmium  de  os,  i5o  par  loo"^™',  la  quantité  d'acide  SO'H-  peut 
être  portée  pour  Iç  même  volume  à  6'^'"'  ou  7'^'°°.  Seulement,  pour  que  la  précipitation 
soit  complète  avec  cette  proportion  d'acide  relativement  forte,  ainsi  ((ne  lorsqu'il  n  ya 
que  des  traces  de  cadmium  même  au  cas  d'un  acidité  notablement  moindre,  on  ne  doit 
filtrer  le  précipité  qu'après  3  à  4  heures  de  repos,  parce  qu'alors  les  dernières  portions 
du  sulfure  ne  se  séparent  que  lentement.  C'est  ce  qui  fait  que  dans  une  solution  ne 
renfermant  qu'un  poids  très  minime  de  sel  de  cadmium,  comme  celle  au  Yâi^n^  bien 
que  le  sulfure  ne  s'y  forme  en  partie  que  lorsque  le  liquide  s'est  déjà  refroidi,  il  se 
dépose  encore  à  l'état  cristallin,  en  raison  de  sa  formation  lente. 

A  chaud  et  en  milieu  acide,  il  est  rare  que  le  sulfure  se  fixe  au  verre  et,  quand  le  fait 
a  lieu,  l'adhérence  est  assez  faible  pour  qu'avec  une  barbe  de  plume,  en  présence  d'un 
peu  d'eau,  le  produit  soit  vite  détaché.  Sur  le  tube  abducteur  du  gaz  sulfhydrique 
seulement,  l'adhérence  est  parfois  très  forte;  on  opère  alors  la  dissolution  avec  un  peu 
d'acide  chlorhydrique,  qui  sera  utilisé  ultérieurement. 

Le  sulfure  cristallin  (')  une  fois  rassemblé  et  lavé  sur  le  filtre,  ce  dernier  est  es- 
soré sur  du  papier  Joseph,  puis  tassé  avec  son  contenu  dans  un  creuset  de  Saxe,  qu'on 
place  sur  une  capsule  en  porcelaine  à  fond  plat,  reposant  elle-même  sur  un  fourneau 
Wiessnegg  à  flamme  éclairante.  On  chauffe  d'abord  doucement  et,  lorsque  la  dessicca- 

(')  Sa  densité  est  telle  qu'un  petit  filtre  de  5"™  de  diamètre  suffit  amplement  pour 
l'ecevoir  celui  donné  par  O''',4oo  de  Cd  SO*. 


SÉANCE    DU    2.6   MARS    1906.  798 

lion  est  complète,  on  élève  la  température  de  façon  à  décomposer  peu  à  peu  le  papier 
du  filtre,  ce  qui  donne  lieu  à  un  dégagement  de  produits  empyreumatiques. 

Cette  distillation  achevée,  on  donne  presque  toute  la  flamme,  mais  sans  lui  laisser 
loucher  la  capsule  et,  en  même  temps,  on  renverse  sur  le  creuset,  pour  lui  constituer 
comme  une  sorte  d'étuve,  un  entonnoir  ébréché  en  deux  ou  trois  points  de  façon  à 
permettre  l'accès  de  l'air.  Dans  ces  conditions,  le  fond  de  la  capsule  peut  aisément  être 
amené  à  5oo°  (pince  thermo-électrique)  et  en  peu  de  temps  on  voit  le  squelette  de 
charbon  laissé  par  le  filtre  prendre  feu  en  un  point  et  l'ignition  (')  se  propager  de 
proche  en  proche  jusqu'à  incinération  complète  en  laissant  le  sulfure  à  nu.  Cette  com- 
bustion a  lieu  même  assez  rapidement,  contrairement  à  ce  qui  se  produit  d'ordinaire, 
à  celte  température,  pour  les  filtres  chargés  de  matières  étrangères.  Le  fait  est  certai- 
ment  dû  à  la  nature  du  précipité  qui  se  détache  facilement  du  papier.  Cette  incinéra- 
tion réussit  d'autant  mieux  que  le  lavage  du  filtre  a  été  plus  parfait  et  l'acide  sulfu- 
rique  plus  soigneusement  enlevé.  Car,  si  la  carbonisation  du  papier  pendant  la 
dessiccation  est  provoquée  par  un  reste  de  cet  acide  l'imprégnant  encore,  il  se 
forme  un  charbon  moins  poreux  que  celui  donné  par  la  distillation  et,  par  suite,  plus 
difficile  à  brûler. 

Quand,  par  hasard,  un  brin  du  filtre  resté  au-dessus  de  la  masse  du  sulfure  a  échappé 
à  l'incinération,  il  est  ramené  avec  un  petit  fil  de  platine  (-)  sur  le  fond  du  creuset, 
où  il  ne  tarde  pas  à  être  détruit. 

Le  sulfure  esl  alors  transformé  en  sulfate,  par  dissolution  à  tiède  dans  l'acide  chlor- 
hvdrique  qui  a  servi  à  enlever  le  sulfure  déposé  sur  le  tube  abducteur  du  gaz  sulfhy- 
drique  lors  de  la  précipitation,  et  en  évaporant  ensuite  avec  quelques  gouttes  d'acide 
sulfurique  ajouté  avec  l'acide  chlorhydrique.  Toute  l'opération  se  fait  en  chaulTant 
le  creuset  sur  la  capsule  de  porcelaine.  Au  début,  lors  de  l'attaque  du  sulfure,  on  opère 
à  douce  chaleur  et  en  couvrant  avec  un  verre  de  montre  pour  parer  aux  pertes 
par  projection,  tandis  qu'à  la  fin,  après  l'évaporation  du  liquide,  lorsc|ue  l'odeur  du 
gaz  chlorhj'drique  chassé  par  l'acide  sulfurique  a  disjjaru,  on  élève  petit  à  petit  la 
température  pour  volatiliser  à  son  tour  l'excès  de  ce  dernier  acide.  Au  besoin,  on 
utilise  l'étuve  artificielle  constituée  par  le  système  de  l'entonnoir  renversé.  A 
4oo"-45o°,  il  ne  reste  (jue  le  suKale  de  cadmium  anh^'dre,  très  stable,  comme  on 
sait. 


(  '  )  Le  sulfure  de  cadmium  qui,  sous  l'inlluence  de  la  chaleur,  a  pris  une  teinte 
amarante  foncée,  donne  lui-même  <>\i  voisinage  du  charbon  en  ignition,  par  leftet  de 
l'éclairement,  comme  l'impression  d'un  corps  porté  à  l'incandescence. 

(^)  .\vec  un  fil  de  platine  très  fin,  on  peut  toucher  les  substances  minérales  portées 
à  haute  température  sans  avoir  à  craindre  aucune  perte  par  adhérence.  Le  plus  souvent, 
rien  ne  reste  après  le  fil  et.  quand  il  s'j-  fixe  une  particule  de  matière,  on  l'en  détache 
par  un  léger  choc  du  fil  sur  le  bord  du  creuset. 


'■  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


79» 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Dosage  de  la  matière  nlbuminoïde  du  lait.  Note 
de  MM.  Tkillat  et  Sautow,  présentée  par  M.  Emile  Roux. 

La  nouvelle  mélliode  de  dosage  que  nons  présentons  est  basée  sur  la 
propriété,  déjà  mise  en  évidence  par  l'un  de  nous  ('  ),  que  possède  l'aldé- 
hvde  formique  d'insolubiliser,  sans  en  faire  varier  le  poids,  les  matières 
albumirioides  du  lait.  Ces  substances  formolées,  précipitées  à  l'état  de 
poudre,  offrent  à  l'action  des  acides  et  des  alcalis  une  résistance  remar- 
quable qui  permet  de  les  purifier  complètement  par  lavage,  sans  crainte 
de  les  redissoudre  partiellement. 

Après  avoir  étudié  les  conditions  dans  lesquelles  ce  dosage  devait  s'effec- 
tuer, nous  avons  soumis  notre  méthode  à  une  série  d'essais  de  contrôle, 
destinés  à  faire  la  preuve  de  son  exactitude.  Voici  le  résumé  île  notre 
travail  : 

Mode  opératoire.  —  5"™°  de  lait,  étendus  à  aS"""  avec  de  l'eau  distillée,  sont  portés 
à  rébullilion  pendant  5  minutes;  le  liquide  est  ensuite  additionné  de  5  gouttes  de 
formol  commercial  (il  est  important  de  remarquer  que  cette  addition  ne  doit  être  faite 
qu^après  l'ébullition  du  lait).  On  laisse  bouillir  encore  2  à  3  minutes;  on  abandonne 
au  repos  pendant  5  minutes,  puis  on  traite  le  li([uide  par  5*^"'  d'acide  acétique  à 
I  pour  100 ;  on  agite.  Il  se  forme  un  précipité  pulvérulent  qu'on  recueille  sur  un  filtre 
taré,  dès  que  le  liquide  surnageant  est  parfaitement  limpide.  Après  avoir  lavé  à  l'eau 
distillée,  on  introduit  le  filtre  et  son  contenu  dans  un  appareil  à  épuisement,  où  l'on 
extrait  la  matière  grasse  par  l'acétone  qui  permet  un  dégraissage  plus  rapide  que 
l'élher.  On  dessèche  à  l'étuve  à  ^qo-So"  et  l'on  pèse.  L'opération  totale  s'effectue  en 
moins  de  2  heures.  La  matière  grasse  peut  être  dosée  en  évaporant  l'acétone. 

Le  mouillage,  l'écrémage,  la  stérilisation  et  l'aigrissemenl  du  lait  n'ont  aucune  in- 
fluence sur  la  bonne  marche  du  dosage.  La  méthode  a  été  également  appliquée  aux 
laits  de  brebis,  de  chèvre  et  d'ànesse,  au  petit  lait  de  vache  et  au  lait  colos Irai  {'-).  A 
titre  d'exemple,  voici  quelques  résultats  se  rapportant  à  i'  de  lait. 

Matière  iMalière 

albuminoïde.  albuminoïdc. 

Lait  de  vache Sg,  109 

Même  lait  mouillé  au  yj 34,33o 

»  à  5o  p.  100 .  19,600 

Lait  de  brebis .55,520 


Lait  de  chèvre 36,64 

T^ait  d'ànesse 21  ,o3 

I^ait  colostral  (vache) 11 

Petit  lait 4,5o 


La  méthode  est  applicable  au  lait  conservé  au  biciiroinale  de  potasse. 


(')   Comptes  rciuhis.  v'  mai  et  i''''  août  1892;  Id.,  \'\  ninrs  :9o/|. 
(-)  Nous  étudions  à  part  un  procédé  de  dosage  du  lait  de  femme  basé  sur  le  même 
principe. 


SÉANCE  DU  26  MARS  I906.  796 

Contrôle  de  la  méthode.  —  Nous  avons  porté  toute  notre  attention  sur  le 
contrôle  de  celte  méthoile  en  établissant  :  i"  que  toute  ht  matière  albumi- 
noïde  est  séparée;  2"  qu'elle  [)ossède  bien  la  composition  élémentaire  de 
la  caséine;  3°  enfin  qu'elle  n'a  snbi  aucnne  A-arialion  de  poids. 

I.  La  complète  séi/aralion  des  matières  albiimlnoïdes  est  démoiUrée  :  («)  par  l'ab- 
sence de  toute  trace  de  précipité  dans  les  eaux,  du  filtrat  lorsqu'on  y  ajoute  If  s  réactifs 
les  plus  sensibles;  (*)  la  recherche  de  l'azote  dans  le  résidu  de  l'évaporation  des  eaux, 
du  filtrat  a  donné  un  xésultat  négatif;  (c)  le  dosage  de  l'azote  dans  le  lait  concorde 
avec  celui  du  précipité. 

II.  La  composition  élémentaire  de  la  matière  albuminoïde  insolubilisée  correspond 
bien  à  celle  donnée  par  les  auteurs  qui  se  sont  le  plus  attachés  à  sa  purification.  Nous 
avons  aussi  cherché  à  l'identifier  avec  la  caséine  purifiée  d'après  le  procédé  indiqué 
par  Hammarsten. 

Malicre   '  Composition  de  la  caséine  d'après  : 

albuminoïde  ^ -^ ' 

insolubilisée.         Dumas.  Volcker.        Hammarsten. 

Carbone 52,88               53, 5o  53,43  52,96 

Hydrogène 6,96                 7,o5  7,12  7,o5 

Azote i5,8o               '5)77  i5,36  i5,65 

Oxygène 22,820  \  |    21,92  22,713 

Phosphore 0,710  (      a  aq  )      '^^1^  0,847 

Soufre o,83o  f    ^    '  1      i,ii  0,780 

Cendre impondérable)  (      o,32  impondérable 

100,00  100,00  100,00  100,00 

III.  La  théorie  s'accorde  avec  la  pratique  pour  démontrer  que  la  matière  albumi- 
no'ide,  à  la  suite  de  son  insolubili^ation  sous  l'action  de  la  formaldéhyde,  ne  varie  pas 
apparemment  de  poids  et  que  cette  variation  est  inférieure  aux  erreurs  de  pesées. 

(n).  La  comparaison  des  poids  moléculaires  de  la  matière  albuminoïde  et  de  l'aldé- 
hyde formique  indique  suffisamment  que  le  poids  du  résidu  aldéliydique  fixé  est  insi- 
gnifiant, par  rapport  à  celui  de  la  molécule  albuminoïde  combinée  et  ne  peut  entraîner 
qu'une  augmentation  de  poids  négligeable. 

{b).  L'insolubilisation  de  la  caséine,  exposée  sous  une  cloche  contenant  des  traces 
de  trioxyméthylène,  se  produit  sans  variation  apparente  de  poids. 

(c).  Inversement,  le  titre  d'une  solution  de  formaldéhyde  ne  change  pas  sensiblement 
en  y  laissant  insolubiliser  de  la  caséine.  Le  poids  de  la  matière  albuminoïde  insolu- 
bilisée reste  toujours  le  même  lorsqu'on  fait  varier  dans  le  dosage  d'un  même  lait  les 
proportions  de  formol.  (Trouvé,  par  exemple,  des  chiffres  de  caséine  variant  par  litre 
entre  38  et  38,2  pour  un  même  lait  foruiolé  de  j-^j-j  à  100  pour  loo.  ) 

On  peut  donc  concltire  de  l'ensemble  de  ces  résultats  que  la  matière 
albuminoïde  du  lait  est  entièrement  séparée  et  que  sa  transformation,  sous 
l'influence  de  l'aldéhyde  formique,  ne  lait  pas  varier  sensiblement  ni  son 


796  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

poids,  ni  sa  composition  élémentaire.  Nous  pensons  que  cette  méthode 
ainsi  contrôlée  présente  des  garanties  d'exactitude  suffisantes  pour  légi- 
timer son  emploi.  A  ce  titre,  elle  pourra  contribuer  à  faire  disparaître  la 
pratique  défectueuse  qui  consiste  à  évaluer  par  différence  l'élément  le  plus 
important  du  lait. 

PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  l'action  catafytique  exercée  par  les  sels  alcalins 
et  alcalino- terreux  dans  la  fixation  de  l'oxygène  de  l'air  par  les  solutions 
de  poly phénols.  Note  de  E.  Fouard,  présentée  par  M.  Emile  Roux. 

I.  La  fixation  de  l'oxvgéne  gazeux  par  les  solutions  de  polyphénols, 
réaction  qui  s'accomplit  dans  les  êtres  vivants,  est  soumise,  comme  toutes 
les  réactions  biologiques  définies,  à  de  notubreuses  influences  modifiant  sa 
vitesse  dans  des  proportions  très  variables. 

Une  de  ces  influences,  particulièrement  activante,  est  due  à  la  présence 
dans  la  solution  de  [)oly[)liénol  d'un  sel  halogène  de  métal  alcalin  ou  alca- 
lino-terreux  :  elle  a[)parlient  à  la  classe  des  actions  dites  catalyliques. 

La  fonction  cataly  tique  île  ces  sels  est  prouvée  par  les  faits  suivants  : 

I"  Si  à  la  solution  d'un  chlorure,  on  ajoute  quelques  gouttes  d'une  teinture  neuve 
de  gaïac,  on  observe  un  bleuissement  graduel;  si  l'on  y  ajoute  une  solution  d'hydro- 
quinone,  on  observe  l'altériition  progressive  des  couches  superficielles  du  mélange. 

2"  L'essai  témoin,  sans  chlorure,  n'indi(|ue  qu'une  action  très  faible,  dont  une  juste 
appréciation  est  fort  incertaine  pour  les  motifs  suivants  :  d'abord  l'eau  distillée  ne 
peut  être  chimiquement  pure,  rigoureusement  exempte  de  sels;  ensuite  l'usage  com- 
paratif de  vases  de  verre,  de  porcelaine,  de  platine  accuse  toujours  un  léger  renforce- 
ment de  teinte  pour  l'essai  dans  le  verre,  attribuable  sans  doute  à  une  légère  solubilité 
de  celui-ci. 

3°  Les  essais  avec  chlorures  pratiqués  dans  des  vases  de  verre,  de  porcelaine  ou 
de  platine,  n'indiquent  aucune  différence  d'activité  appréciable,  ce  qui  confirme 
l'action  négligeable  de  la  matière  de  la  paroi,  par  rapport  à  l'action  des  sels. 

4°  Dans  le  vide,  par  l'absence  d'oxygène,  aucun  changement  ne  se  produit. 

5°  Cette  propriété  n'appartient  qu'aux  chlorures,  bromures  et  iodures  des  métaux 
cités,  y  compris  l'ammonium  et  le  magnésium;  elle  est  inappréciable  pour  les  autres 
sels,  sulfates,  nitrates,  phosphates,  etc. 

Avant  préparé  avec  des  chlorures  de  ces  métaux,  vérifiés  purs,  et  avec 
celui  de  manganèse  comme  terme  de  comparaison,  des  solutions  conte- 
nant le  même  nombre  de  valences  grammes  par  litre,  j'ai  étudié  leurs  acti- 
vités dans  deux  réactions  de  ce  genre,  avec  la  teinture  de  gaïac  et  avec 
l'hydroquinone. 


SÉANCE    DU    26   MARS    1906.  797 

IT.  En  employant  un  vnlnme  de  5'"'  de  chnciine  de  ces  solutions 
éqiiivalenles,  additionné  de  10  gotilles  de  réactif  de  gaï.ic,  j'ai  mesuré, 
pour  des  séries  de  concentrations  croissantes,  jusqu'à  la  valeur  de  2  va- 
lences grammes,  le  temps  (/)  employé  par  chaque  mélange  pour  atteindre 
un  bleu  colorimétrique  tvpe,  correspondant  à  un  même  terme  d'oxyda- 
tion. 

J'ai  observé  :  i"  que  l'ordre  décroissant  des  vitesses  change  avec  la  concentration, 
donc  avec  le  coefficient  d'ionisation;  mais,  dans  tous  les  cas,  le  sodium  et  le  calcium 
se  montrent  les  plus  actifs;  2°  à  la  dose  correspondant  à  2  valences  grammes,  le  phé- 
nomène se  compliquant  par  le  fait  d'une  coagulation,  la  suite  croissante  des  temps  (t) 
coïncide  exactement  avec  celle  décroissante  des  poids,  comme  le  montre  le  Tableau 
suivant  : 


Suintions 


(•valences.         <(enmin.)-  Solutions.  v  valences.     <(enmin.).       Solutions.         i' v;ili'nces.    <(L-niiiin.) 


l;hCl(2«)  (').    ^=85,5 


Ba CI- (/;■).. . . 


SrCr-(/;).... 


'37    _ 


68, c 


S-    'i 
lul-r,S^6b      10 


--  —iiO,<. 


■>9 


40 


4o  KCI(2/0..     —=39  12  CaCIM/')--     —=20 


MnCP(«).     —  =27,5       23 
2 

2.3 


AmCI(2  n) . 


ao 


NaCl(2«).    —=33  3o  LiGl(2/0..     ^    =7       'V 

^       '        I  13  heures 


Si  l'on  relie  les  deux  variables  t  el  v  par   une   courbe,  on   obtient  le 
tracé  (A)  de  forme  hyperbolique,  dont  l'équation  est  tv^^  ^  const. 


,n6  85,5 

1    \ab&,î                             (A  ) 

\&r  «,65 

i*(o' 

6    to 

ill               b        iho        iM              50\  ttmpit 

(B 


m.  Des  tubes  cylindriques  en  verre,  (B),  fermés  à  chaque  extrémité  par 
un  robinet,  de  volumes  exactement  jaugés,  ont  été  remplis  d'une  quantité 
de  solution  égale  à  la  moitié  de  la  capacité  totale  de  chacun  d'eux.  La  solu- 
tion était,  pour  chaque  chlorure,  normale  pour  les  bivalents,  binormaie 


(')  (/i)  =:  concentration  moléculaire  normale. 
C.  R.,  1906,  i"  Semestre.  (T.  CXLII.  N»  13.) 


lOD 


rjgS  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

pour  les  monovalents,  et  contenait  de  l'hydroquinone  à  la  dose  de  2,5 
pour  loo.  Un  tube  témoin,  joint  à  cette  série,  contenait,  an  lieu  de  sel,  de 
l'eau  distillée.  Tous  ces  tubes  fermés,  contenant  im  volume  d'air  égal  au 
volume  du  liquide,  isolé  à  température  et  pression  connues,  enduits  de 
paraffine  sur  chaque  robinet,  ont  été  immergés  dans  un  bain  d'huile,  pour 
éviter  toute  fuite  gazeuse.  Après  i5  jours,  pendant  lesquels  la  réaction 
s'est  poursuivie  d'une  façon  continue,  j'ai  mesuré  et  analysé  chaque  résidu 
gazeux.  Il  a  été  constaté  : 

a.   Une  diminution  du  volume  d'oxygène; 
l>.  L'absence  d'oxyde  de  carbone  et  d'acide  carbonique. 

Four  chaque  sel,    le  volume  d'oxygène  absorbé  a  été  mesuré  et  j'en  ai  déduit  par 
calcul,  avec  corrections  de  température  et  de  pression,  la  valeur  du  rapport 

oxygène  absorbé 
oxygène  total 

I^es  résultats  sont  les  suivants,  dans  Tordre  décroissant  de  R  : 

Pour  100.  Pour  loo. 

NaCl    (2«) R  =  76,i                  BaC12(/0 R=:62,2 

MnClM") 73,7                    I-iCl    (2/0 60,2 

CaClM") 70.4                  SrCl- CO 56,6 

KCl       (3") 67,7                   Témoin  eau !3,3 

Conclusions.  —  Ces  premières  éludes  caractérisent  déjà  quelques  in- 
fluences :  i"  celle  du  rapport  du  poids  atomique  à  la  valence  de  l'élément, 
dans  le  cas  du  gaïac,  où  d'ailleurs  une  action  coagulante  du  sel  se  superpose 
au  phénomène  étudié;  2°  celle  de  la  dilution,  ou  du  coefficient  d'ionisa- 
tion; 3°  par  suite  de  l'inaction  des  sels  autres  que  les  halogènes,  on  peut 
déduire  que  les  ions  négatifs  ont  ici  une  action  spécifique  et  que  les  ions 
positifs  en  ont  une  autre,  toutes  les  deux  concourant  à  la  réaction;  4°  l'ordre 
général  de  classification  des  métaux  montre  que  les  plus  actifs,  sodium, 
manganèse,  calcium,  potassium,  sont  parmi  les  éléments  minéraux  essen- 
tiels des  êtres  vivants. 


CHIMIE  "VÉGÉTALE.  —  Formation  et  distribution  des  composés  terpéniques 
chez  l'oranger  à  fruits  amers.  î^ole  de  MM.  Eue.  Charabot  et  G.  Laloue, 
présentée  par  M.  A.  Haller. 

Cette  étude  viendra  compléter  et  confirmer  les  résultats  fournis  par  les 
recherches  que  nous  avons  déjà  efïectuées.   Elle  portera  sur  une   plante 


SÉANCE    DU    26   MARS    1906.  799 

vivace  ligneuse,  l'oranger  à  fruit  doux  (Citrus  auraniium),  c'est-à-dire  sur 
un  exemple  analogue  à  deux  autres  examinés  déjà  :  mandarinier  et  oranger 
à  fruits  amers  ('). 

Nous  nous  occuperons  successivement  :  1°  de  la  formation  et  de  la  dis- 
tribution de  l'huile  essentielle;  2°  de  la  distribution  des  divers  principes 
constitutifs  de  l'essence. 

Formation  et  distribution  de  l'huile  essentielle.  —  Les  organes  végétaux 
ont  été  examinés  à  trois  stades  successifs  de  leur  développement  :  le 
26  mai  1904.  fies  rami'aux  très  jeunes  ont  été  coupés  dont  on  a  séparé  les 
feuilles  et  les  tiges;  le  17  juin  igo/j,  on  a  fait  sur  les  mêmes  arbres  une 
coupe  de  rameaux  jeunes  et  une  coupe  de  rameaux  ayant  de  deux  à  quatre 
années  d'existence. 

Au  premier  stade  nous  avons  trouvé  : 

Proportion  d"huile  essentielle  contenue  dans  100  parties  Poids  d'essence  contenu  dans 

de  rameaux 
de  lises  de  feuilles  entiers 


le  poids 

une   feuille 

de  tige 

et  le  poids 

corresp. 

de  lige 

une  feuille. 

à  une  feuille. 

corresp. 

o"s,  290 

o™S,  02.5 

o™R,  320 

Iraiches.       sèches.  fraîches.       sèches.  frais.  secs. 

o,o55       0,184  0.09.5       0,404  0,089       0,366 

Ces  nombres  montrent  neltenieiil,  ce  que  nous  avons  déjà  constaté  dans  les  autres 
cas  examinés,  à  savoir  :  les  feuilles  sont  sensiblement,  plus  rielies  que  les  liges  en 
composés  odorants,  encore  que,  au  stade  considéré,  la  proportion  d'essence  dans  la 
tige  soit  relativement  élevée. 

Au  point  de  vue  absolu,  la  feuille  toute  jeune  renferme  près  de  douze  fois  plus 
d'essence  que  la  tige. 

Les  nombres  obtenus  au  deuxième  stada  sont  les  suivants  : 

Proportion  d'huile  essentielle  contenue  dans  loo  parties  Poids  d'essence  contenue  dans 

de  rameaux  le  poiils         une  feuille 

de  tiges  de  feuilles  entiers  de  lige  et  le  poids 

Iraiches.       sèches.  fraîches.       sèches.  frais.  secs.  une  feuille,     à  une  feuille.       corresp. 

0,0-3       0,1 32  0,222       0,735  0,182       o,5i3  o'"8,-55        o"'s,  092        o'"s,847 

Par  rapport  à  la  matière  sèche,  la  proportion  d'essence  a  diminué  dans  les  tiges  et 
augmenté  dans  les  feuilles.  Elle  s'est  accrue  dans  l'ensemble  formé  par  ces  deux 
organes. 

Si  la  proportion  d'essence  a  baissé  dans  la  tige  sèche;  en  d'autres  termes,  si  la  ma- 

(')  Ch.vk.vbot  et  Lalouk,  Comptes  rendus,  t.  G-WXVU,  p.  996^  t.  CXXXVIII, 
p.  1229  et  p.  i5i3. 


8oO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

tiére  odorante  ne  s'est  pas  accumulée  dans  cet  oigane  avec  une  abondance  relative 
aussi  grande  que  la  matière  végétale  totale,  on  en  voit  néanmoins  apparaître  an  poids 
nouveau  (o™s,  092  —  o™s,025  =  o™k,  067)  égal  à  près  de  trois  fois  le  poids  primitif.  En 
même  temps,  dans  la  feuille,  la  quantité  absolue  d'essence  s'est  accrue  de 

O"'»',  755  —  0™",  395  :z=  0™S,46o. 

Dans  l'ensemble  des  deux  organes,  il  y  a  eu  une  augmentation  du  poids  d'essence 
s'élevanl  à  o'"s,  847  —  o™s,  820=:  o'"»,  627. 

Par  conséquent,  l'inlervalle  considéré  correspond  à  une  jjériode  défor- 
mation iiclive  de  l'essence;  l'accumiiLtion  de  l'essence  dans  la  tige  est  im- 
portante au  point  de  vue  absolu,  mais  elle  se  ralentit  par  rapport  à  celle 
des  antres  matières. 

Au  troisième  stade  considéré,  nous  sommes  arrivés  aux  résultats  suivants  : 

Proportion  d'huile  essentielle  contenue  dans  100  parties  Poids  d'essence  contenu  dans 


de  rameaux  le  poids  une  feuille 

de  tiges  de  feuilles  entiers  de  tige  et  le  poids 

fraîches.       sèches.  fraîches.       sèches.  frais.  secs.  une  feuille,     à  une  feuille.        corresp. 

o,oo.S       0,012  0,221        0,602  0,096       0,180  o"*s,  989         o"'s,o48         o™s,  987 

La  proporlion  il  huile  essentielle  a  décru  d'une  façon  eonsidcrahle  dans  la 
tige,  elle  a  décru  aussi  dans  la  feuille  d'une  façon  sensible  depuis  le  stade 
prêt  édi-iit.  Elle  a,  par  conséquent,  baissé  dans  l'ensemble  des  deux  organes, 
et  cela  aussi  bien  dans  le  premier  stade  que  depuis  le  second. 

Dans  le  poids  de  tige  correspondant  à  une  feuille,  nous  observons  une  dimi- 
nution de  o'"s,o92  —  0'°''',  048  =  o'"^,o44'  c'est-à-dire  5o  pour  100.  Dans 
chaque  feuille  il  y  a,  au  contraire,  augmentation  de 

o'^s.gSg  —  o'"s,  ^55  =  o'"^  184 

du  poids  d'essence;  de  sorte  qu'en  somme  il  v  a  eu  formation  d'une 
nouvelle  quantité  d'hiule  essentielle  entre  les  deux  derniers  stades.  Mais 
l'écoulement  dans  la  tii^e  ne  compense  pas  la  consommation  décomposés 
odorants  dans  cet  organe  ou  leur  départ  vers  d'autres  parties  de  la  plante. 
Distribution  des  divers  principes  constituti fs  de  l'huile  essentielle.  —  Les 
quantités  des  diKérentes  essences  de  tiges  dont  nous  disposions  ne  nous 
OUI  pas  jieruiis  d'elfectuer  d'une  iaçon  complète  l'analyse  de  ces  essences. 
Nous  avons  cependant  pu  constater  qu'elles  ne  renferment  que  des  traces 
de  citral,  et  nous  sommes  arrivés  à  la  conclusion  suivante  :  le  ciiral  se  ren- 


SÉANCE    DU    26    MARS    I906.  80I 

contre  plus  abondamment  dans  l'essence  de  feuilles  que  dans  l'essence  de  tiges, 
plus  abondamment  aussi  dans  la  feu  lie  elle-même  que  dans  la  tige. 

L'analyse  des  essences  de  feuilles  nous  a  nionlré  que,  entre  le  premier  et 
le  second  stade,  la  proportion  de  citral  augmente  dans  l'essence  ainsi  que  la 
proportion  d'élher;  le  rapport  entre  l'alcool  combiné  et  l'alcool  total  croît;  enfin 
la  teneur  en  alcool  total  diminue.  Il  y  a  là  une  nouvelle  conflrmalioii  des 
résultats  obtenus  pur  l'un  de  nous  au  sujet  de  l'évolution  des  conriposés 
terpéniques.  D'autre  part  on  peut  consl;iler  que  la  période  d'éthérification 
active  des  alcools  est  aussi  celle  pendant  laquelle  se  forment  des  propor- 
tions notables  d'essence. 

A  la  fin,  l'éthérification  devient  moins  active.  —  De  plus  nous  voyons  que 
les  essences  non  dissoutes  dans  les  eaux  de  distillation  renferment  une 
proportion  d'alcool  èlhéi'ifié  plus  forte  que  les  essences  extraites  des  eaux. 
Par  contre  les  [jremières  paraissent  renfermer  un  peu  moins  de  cilral  que 
les  secondes. 


ZOOLOGIE.  —  Sur  un  Ceslode  parasite  des  Huîtres  perlières  déterminant  la 
production  des  perles  fines  aux  îles  Gambier.  Note  de  i\l.  L.-G.  Seurat, 
présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

L'Huître  perlière  des  lagons  des  Gambier  (Océan  Pacifique  Sud),  la  Mar- 
garitiferu  margaritifera  var.  Cu/ni/igi  R^^eve,  vivant  par  des  fouils  du  lo*" 
à  25™,  est  remarquable  [)ar  la  présence  de  kystes  de  dimensions  et  de 
formes  très  variées,  qui  se  renci>ntrent  dans  les  divers  organes,  plus  spé- 
cialement dans  les  branchies  et  la  lame  d'attache  <le  celles-ci;  le  ventricule, 
le  manteau,  les  régions  dorsale  et  latero-dorsale  du  corps,  les  palpes 
labiaux,  le  foie,  la  paroi  du  rectum,  la  veine  branchiale,  sont  les  autres 
parties  atteintes. 

Ces  kystes,  dont  le  diamètre  est  d'environ  i'"'",5,  renferment  à  leur  in- 
térieur un  petit  animal  visible  à  l'œil  nu,  que  l'on  arrive  à  extraire  assez 
facilement  en  dilacérant  l'enveloppe. 

Cet  organisme  est  un  ver,  un  scolex  de  Cestode  que  nous  rapportons  au 
genre  Tylocephalum  I^inton;  il  continue  à  vivre  dans  l'eau  de  mer  et  se  dé- 
place, au  fond  du  verre  de  montre  dans  lequel  il  est  placé,  par  des  mouve- 
ments de  contraction  et  d'extension. 

A  l'état  de  contraction,  ce  scolex.  est  ovoïde,  atténué  à  Tune  de  ses  extrémilés  et 
mesure  250^"-  de   longueur;  l'extréinilé  la  plus  grosse  présente  un  orifice  arrondi,  qui 


8o2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

mène  dans  une  ca^ité  en  forme  de  dé,  entourée  d'un  anneau  musculaire  très  net,  au 
fond  de  laquelle  se  trouve  une  petite  trompe  arrondie,  mesurant  55S''  de  diamètre  à  sa 
base;  quand  l'animal  veut  se  déplacer,  il  dévagine  la  partie  antérieure,  la  trompe  et 
l'anneau  musculaire  sortant  entièrement,  et,  en  même  temps,  il  s'allonge;  presque 
aussitôt  l'anneau  musculaire,  puis  la  trompe  se  réinvaginent. 

Ce  scolex  est  entouré  d'une  enveloppe  anhysle  assez  épaisse;  l'intérieur  du  corps  est 
rempli  de  cellules  arrondies,  toutes  semblables;  il  n'y  a  pas  trace  de  différenciation 
interne,  pas  de  tube  digestif  ni  d'organes  génitaux. 

Les  kystes  peuvent  renfermer  une  larve  et  alors  ils  sont  de  forme  arrondie,  ou  en 
renfermer  plusieurs,  logées  chacune  dans  une  cliambre  distincte,  et  alors  ils  affectent 
les  formes  les  plus  variées;  ils  sont  sécrétés  par  l'Huîlre  perlière,  qui  réagit  contre  le 
parasite  et  l'enveloppe  d'une  série  de  lamelles  concentriques,  de  nature  conjonctive;  à 
quelque  distance  du  centre,  le  kyste  est  formé  par  un  tissu  œdémateux,  présentant  de 
nombreux  espaces  lacunaires;  toute  la  région  atteinte  est  riche  en  leucocytes. 

Les  scolex  restent  en  cet  état,  dans  les  tissus  de  THuître  perlière,  sans  que  leur  orga- 
nisation interne  se  modifie,  quelle  que  soit  l'époque  de  l'année  à  laquelle  on  les 
examine;  ils  ne  peuvent  continuer  leur  évolution  qu'à  l'intérieur  d'un  second  hôte  qui 
d'après  nos  observations,  est  la  raie-aigle  {Aëlobatis  ««/('/irt/v' Euphr.). 

Dans  l'intestin  spiral  de  cette  raie,  qiii  s'attacjue  aux  Huîtres  perlières,  on  trouve  un 
certain  nombre  de  Cestodes  de  petite  faille,  parmi  lesquels  une  forme  que  nous  consi- 
dérons comme  l'adulte  de  ces  larves,  et  que  nous  décrirons  sous  le  nom  de  Tyloce- 
phaluni  margariUferce. 

Ce  Cestode,  dont  nous  possédons  plusieurs  spécimens,  ne  dépasse  pas 
une  longueur  de  4™™;  le  scolex,  globuleux,  mesure  \^o^  de  longueur,  2ooi^ 
de  largeur. 

Ce  scolex  esl  remarquable  par  la  présence,  à  son  extrémité  antérieure, 
d'une  cavité  assez  profonde  an  fond  de  laquelle  se  trouve  une  trompe  qui 
fait  saillie  au  dehors  et  peut  se  dévagiuer. 

L'orifice  qui  mène  dans  cette  cavité  est  bordé  par  un  anneau  musculaire, 
immédiatement  en  arrière  duquel  se  trouvent  quatre  ventouses  acces- 
soires, (le  261^  de  diamètre  et  S"^  d'orifict^,  difficilement  visibles,  et  qui  ne 
peuvent  être  observées  que  dans  les  spécimens  éclaircis  dans  l'huile  de 
girofle  ou  le  rarboxylol 

Le  cou  est  bien  séparé  de  la  lête;  les  anneaux,  au  nombre  d'une  cin- 
quantaine, sont  arrondis,  beaucoup  plus  larges  que  longs,  surtout  les 
anneaux  antérieurs,  et  fortement  engainants.  Les  scolex  du  Tyloce.phalmn 
margaritijerœ  paraissent  attaquer  uniquement  iHuître  perlière;  nous  ne 
les  avons  trouvés  ni  dans  les  Méléagrines  à  nacre  jaune  {Margarilifera 
panasesœ  James(ui)  des  lagons  des  Gambier  et  desTuamotu,  m  dans  les 
autres  Lamellibranches  des  lagons  des  Gambier. 


SÉANCE    DU    26   MARS    1906.  8o3 

Les  raies-aigles  s'attaquent  de  préférence  aux  Huîtres  perlières  dont  la 
coquille  est  minée  p;ir  les  Cliones;  elles  brisent  plus  facilement  ces  co- 
quilles devenues  fragiles,  en  sorte  que  ces  Éponges  perforantes  jouent  un 
rôle  important  dans  la  transmission  du  parasite. 

Ce  Cestode  a  une  importance  économique  considérable  ;  les  kystes  de  la 
région  latéro-dorsale  du  corps  et  ceux  du  manteau  constituent  des  noyaux 
autour  desquels  se  forment  les  perles  fines. 

En  décalcifiant  des  perles  provenant  des  Gambier,  nous  avons  trouvé, 
au  centre,  un  noyau  organique  entouré  d'assises  concentriques  de  conchyo- 
line,  l'ensemble  ayant  près  de  1°""  de  diamètre;  le  noyau  lui-même  est 
constitué  par  un  organisme  de  220^  de  longueur,  en  lequel  il  est  facile  de 
reconnaître  le  scolex  du  Tyloceplialum. 

Les  kystes  déterminés  dans  les  tissus  de  l'Huître  perlière  par  la  présence 
de  ce  parasite  ont  d'ailleurs  toutes  les  formes  réalisées  par  les  perles.  Il  est 
à  remarquer,  en  outre,  que  les  Méléagrines  les  plus  perlifères  se  rencon- 
trent dans  les  lagons  ou  bancs  nacriers  oîi  les  l'aies-aigles  sont  les  plus 
communes. 

Le  genre  Tylocephalum  n'était  connu  jusqu'à  présent  que  par  une  espèce, 
trouvée  parLinton  (')dans  la  valvule  spirale  du  Rhinoptera  quadriloba  Cuv. 
et  qui  diffère  de  l'espèce  que  nous  avons  trouvée  par  des  dimensions  beau- 
coup plus  considérables. 

Les  observations  que  nous  avons  pu  faire  aux  îles  Gambier  dès  1902  (^), 
et  celles  d'Herdman  et  Hornell  relatives  à  la  Méléagrine  de  Ceylan  (Mar- 
garùifera  imlgaris  Schum.),  montrent  quel  rôle  important  les  larves  de 
Cestodes  jouent  dans  la  formation  des  perles  fines  chez  les  Huîtres  per- 
lières. 


HISTOLOGIE.  —  Origine  concrète  et  tirs  précise  des  nerjs. 
Note  de  M.  N.-A.  Iîabbieri,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

Une  étude  préalable  de  la  composition  chimique  du  tissu  nerveux  chez 
les  Mammifères  m'a  permis  d'en  séparer  les  principes  les  plus  importants  ('). 

(')  LixTOX,  Noies  on  Entozoa  of  marine  Fishes  of  iSew  England  {Report  Conim. 
Fàh  and  Fisheries for  1887,  Wasliinglon,  1890). 

(-)  A.  GiARD,  L'origine  parasitaire  des  perles  d'après  les  reclierclies  de  M.  G, 
Scural  {C.  R.  Soc.  de  Biologie  de  Paris,  t.  L\',  igoS,  p.  r2'22-i22Ô, /f'^'.  i-aj. 

(,^)  Comptes  rendus,  5  juin  190J. 


8o4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Pour  préciser  la  proportion  de  ces  principes  et  leur  localisation,  il  m'a 
semblé  utile  de  recherclier  a  l'aide  de  méthodes  simples  la  structure  intime 
du  tissu  nerveux.  Ce  tissu  se  divise  en  deux  grandes  parties  :  une  partie 
blanche  ou  lid)ulaire  et  une  partie  grise  ou  cellulaire.  Un  point  m'a  semblé 
tout  particulièrement  nécessaire  à  éclairer  :  savoir  l'origine  des  nerfs  mé- 
dullaires. A  cet  effet,  après  avoir  fixé  la  moelle  épinière  de  l'homme  ou  du 
chien  dans  le  bichromute  de  potassium,  j'ai  arraché  séparément  les  racines 
antérieures  et  postérieures  et  je  les  ai  soumises  sé[)arémeut  à  l'action  pro- 
longée des  matières  colorantes.  J'ai  alors  constaté  qu'il  y  a  des  parties 
d'une  coloration  différente,  une  partie  exlraméduUaire  d'une  coloration 
intense  et  une  partie  intraniédullaire  d'une  coloration  faible.  La  ligne  de 
démarcation  précise  entre  ces  deux  parties  est  don  née  par  la  limite  extrême 
de  la  gaine  deSchwann.  Cette  gaine  s'arrête  exactement  aux  bords  des  sil- 
lons médullaires  latéraux,  où  elle  se  confond  et  se  joint  avec  le  coujonctif 
de  la  pie-mère.  Lorsque  l'arrachement  a  été  complet,  on  voit  les  racines 
médullaires  se  terminer  par  un  faible  panache.  Si  l'arrachement  a  été  in- 
complet, on  voit  alors  le  cône  radiculaire  dépourvu  des  panaches. 

Le  cône  radiculaire  de  chaque  paire  de  racines  antérieures  et  postérieures  est  formé 
de  très  nombreux  tubes  nerveux  qui  ne  sont  pas  accolés  les  uns  les  autres,  mais  inti- 
mement enchevêtrés  et  réunis  par  de  fines  fibrilles  du  conjonclif  intertubulaire. 

On  parvient  à  Faide  d'une  palienle  dissociation  à  isoler  parfaitement  plusieurs  tubes 
nerveux.  On  constate  alors  que  chaque  tube  nerveux  se  compose  de  deux  cvlindres 
emboîtés  l'un  dans  l'autre.  Le  cylindre  extérieur,  formé  par  la  gaine  de  Schwann,  s'ar- 
rête exactement  aux  sillons  médullaires  latéraux,  où  il  reçoit  le  cylindre  antérieur  dit 
prolongement  neural.  Le  cylindre  extérieur  est  accolé  à  la  membrane  du  prolonge- 
ment neural,  il  peut  perdre  son  aspect  nacré  par  simple  élongation  du  nerf.  Le  pro- 
longement neural  naît  directement  de  la  cellule  nerveuse  comme  on  peut  le  concevoir 
par  la  longueur  qu'il  présente  mise  en  rapport  avec  la  cellule  d'origine.  Le  prolonge- 
ment neural  est  formé  d'un  crochet,  d'une  mince  membrane  et  d'un  contenu.  Le  cro- 
chet indique  le  point  d'origine  cellulaire,  la  membrane  est  la  continuation  de  la  mince 
niembrane  neurale  qui  forme  la  limite  des  cellules  nerveuses  et  le  contenu,  dit  neuro- 
plasma,  est  hyalin,  légèrement  granuleux  et  l'on  peut  le  considérer  comme  un  pio- 
duit  d'élaboration  de  la  cellule  nerveuse. 

Dans  son  parcours  intraméduUaire  le  prolongement  neural  n'a  pas  le  même  calibre, 
il  sort  très  fin  de  la  cellule  et  il  grandit  au  fur  et  à  mesure  qu'il  s'approche  du  cylintlre 
extérieur,  où,  tout  en  gardant  sa  membrane,  il  prend  sa  forme  définitive  déterminée 
par  le  calibre  uniforme  de  la  gaine  de  Schwann. 

Le  prolongement  neural  observé  dans  une  section  transversale  présente  la  même 
uniformité  de  son  neurojdasma.  A  chaque  tube  nerveux  des  racines  antérieures  et 
postérieures  correspond  un  prolongement  neural,  à  chaque  prolongement  neural  cor- 
respond une  cellule  médullaire. 


SÉANCE    DU    26    MARS    190^1.  8o5 

Toutes  les  substances  colorantes  connues  appliquées  à  l'élude  du  pro- 
longement neural  m'ont  donné  les  mêmes  résultats.  Le  neuroplasm;)  des 
cordons  médullaires  et  de  la  substance  blanche  encéphalique  exprimé  à 
travers  une  toile  très  fine  m'a  donné  les  mêmes  réactions  microchimiques 
du  prolongement  neural.  Enfin,  si  après  avoir  arraché  les  racines  médul- 
laires fixées  dans  le  bichromate  de  potassium,  on  les  soumet  à  une  faible 
solution  de  nitrate  d'argent,  on  trouve  que  le  chromate  d'argent  met  en 
relief,  par  une  différence  de  coloration,  l'aspect  de  deux  cylindres,  aspect 
qu'on  peut  même  rendre  plus  évident  par  l'emploi  successif  des  matières 
colorantes.  Ces  méthodes  appliquées  à  l'étude  des  cordons  médullaires 
m'ont  montré  que  chaque  cordon  médullaire  se  compose  d'un  ensemble  de 
tubes  nerveux.  Chaque  tube  nerveux  des  cordons  médullaires  est  formé 
d'une  gaine  conjonctive  qui  est  plus  épaisse  que  la  mince  membrane  neu- 
rale,  mais  moins  épaisse  que  la  gaine  de  Schwann,  et  d'un  contenu  en 
apparence  homogène  au  neuroplasm;i. 


CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Sur  l'héinÙLo  gène  et  sur  la  formation  de  l'hérnu' 
globine.  Note  de  MM.  L.  Hcgou.vesq  et  Albert  3Iorel,  présentée  par 
M.  Armand  Gautier. 

La  substance  mèrede  l'hémoglobine  dans  l'œuf  de  poule,  l'hématogène, 
présente  avec  l'hémoglobine  des  analogies  et  aussi  des  différences  que  nos 
recherches  nous  ont  permis  de  mettre  en  évidence.  Dans  des  Communica- 
tions antérieures  ('),  nous  avons  donné,  à  la  suite  d'une  analyse  complète 
de  l'hématogène  purifié,  les  résultats  des  tentatives  que  nous  avons  faites 
pour  hydrolyser  cette  matière. 

Nous  avons  montré  que,  sous  l'influence  des  acides  dilués  et  bouillants, 
l'hématogène  se  dédouble  en  acides  amidés  en  donnant  11  pour  100  d'azote 
des  diamides,  contre  18  pour  100  d'azote  monoamidé.  Ces  acides  pio- 
viennent  de  la  décomposition  d'une  matière  proléique  comparable  à  la 
globine  de  l'hémoglobine,  comme  elle  riche  en  diamides  el,  comme  elle 
aussi,  susceptible  d'être  rattachée  au  groupe  des  histones. 

D'autre  part,  l'hématogène  donne,  par  hydrolyse,  un  pigment  noir 
(7  pour  1 00),  qui,  recueilli  et  analysé,  a  présenté  la  composition  suivante  : 

C 65;90  pour  100       Az 6,67  pour  100 

H 4j37    »  Pe 2,60    » 


(')   Comptes  rendus,  séances  des  10  avril  et  20  novembre  igoa. 

C.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N-  13.)  '  ^  *3 


8o6  ACADÉMIK    UES    SCIENCES. 

Ce  composé  ,eiiLraine  iiae  petite  quantité  de  matière  minérale  où  nous 
avons  reconnu  la  présence  du  soufre  et  du  phosphore. 

En  raison  de  ses  analogies  avec  l'hématine,  nous  proposons  de  donner 
à  ce  pigment  le  nom  à' hémalovine ;  car  il  re[)résente  dans  l'œuf  de  poule  un 
état  embryonnaire  et  incomplètement  différencié  de  l'hématine. 

Il  est  possible,  du  reste,  que  l'hématogène  et  l'hématovine  ne  se  rencon- 
trent pas  seulement  dans  l'œuf  plus  ou  moins  développé,  mais  représentent 
aussi  chez  l'adulte  un  stade  d'élaboration  de  l'hémoglobine  au  cours  du 
métabolisme  incessant  de  cette  matière  colorante.  Von  Seiller,  en  effet,  a 
signalé  dans  le  sang  des  chlorotiques  la  présence  d'une  nucléo-protéide 
ferrugineuse  autre  que  l'hémoglobine,  et  Freund('),  qui  a  retrouvé  ce 
pigment,  l'a  vu  se  dédoubler  en  une  protéide  et  en  un  produit  brun  foncé, 
analogue  à  l'hématine. 

La  présence  dans  le  sang  de  ce  chromogène  incolore,  mais  riche  en  fer, 
permettrait  d'expliquer  les  différences  constatées  bien  des  fois  dans  les 
dosages  comparatifs  de  l'hémoglobine  par  les  méthodes  colorimétriques  et 
par  la  détermination  du  fer. 

On  sait  que  ces  écarts  sont  plus  marqués  chez  les  malades  qui  présentent 
des  troubles  de  la  composition  chimique  du  sang. 


MÉDECINE.  —  Hyperthermies  opératoires  aseptiques.  Note  de  MM.  Charrin 
et  Jahdry,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

A  la  suite  des  opérations,  plus  rarement  des  accouchements,  on  observe 
des  poussées  thermiques  parfois  élevées  mais  de  courte  durée.  Après  l'in- 
tervention, dans  plus  d'un  cas  dès  la  quatrième  ou  la  huitième  heure,  la 
température  s'élève;  rapidement  elle  atteint  son  maximum,  s'y  maintient 
un  jour  ou  deux,  même  moins  et,  promptement,  avec  ou  sans  oscillations, 
revient  à  la  normale.  Or,  chez  l'animal,  il  est  possible  de  produire  des 
accidents  analogues  et,  grâce  à  l'analyse  des  faits,  on  parvient  à  saisir  le 
mécanisme  des  phénomènes  et  à  préciser  leur  valeur. 

Expérience  I.  —  L^e  9  février  1906,  chez  un  chien  pesant  5''^,  à  l'aide  d'un  lube  en 
caoutchouc  poui\  u  à  ciia(|ue  extrémité  d'une  canule  en  verre,  on  établit  une  commu- 
nication entre  la  cavité  péritonéale  et  l'une  des  artères  fémorales.  L'appareil,  d'ailleurs 
parfaitement  stérilisé,  une  fois  en  place,  on  enlève  une  pince  à  forclpressure,  qui 
jusque-là,  en  écrasant  ce  tube  en  caoutchouc,  s'opposait  au  passage  du  sang,  dont  on 

(')    Wiener  Klin.   W'ochcnxeh..  i(.)o'.).  n°  :iT. 


SÉANCE    DU    y.S   MARS    1906.  807 

laisse  alors  iSs  pénétrer  dans  la  séreuse.  Puis,  cet  épanchement  réalisé,  on  retire  l'in- 
struinent  et,  en  continuant  à  s'entourer  des  plus  minutieuses  précautions  aseptiques, 
on  sulure  les  plaies. 

Tout  d'abord,  on  note  un  abaissement  tliermii|ue  immédiat  deo°,3,  probablement 
dû  à  l'immobilisation  de  l'animal.  Mais,  dès  la  troisième  heure  qui  suit  cette  inter- 
vention, l'ascension  commence  et  en  moins  d'une  demi-journée  la  température  rectale 
s'élève  de  38  à  89,5.  A  partir  de  ce  maximum  elle  décroît,  offre  le  lendemain  et  le 
surlendemain  quelques  oscillations  et  revient  à  la  normale. 

Expérience  II.  —  Quelques  jours  après  cette  première  expérience,  chez  le  même 
chien  complètement  rétabli  et  en  observant  une  technique  identique,  on  fait  pénétrer 
dans  le  péritoine  906  de  sang  puisé  dans  la  fémorale  demeurée  intacte. 

On  note  également  un  très  léger  abaissement  immédiat;  puis,  en  6  heures,  la  tempé- 
rature de  l'animal  passe  de  38, 1  à  39,9.  Ce  fastigium  atteint,  cette  température  tend 
à  fléchir;  toutefois,  durant  quelques  jours,  sans  doute  en  raison  d'une  contamination 
accidentelle  de  la  plaie  abdominale  ouverte  deux  fois,  elle  se  maintient  relativement 
élevée  et  tarde  à  revenir  au  chiffre  physiologique. 

Expérience  III.  —  Utilisant  toujours  les  mêmes  procédés,  chez  un  nouveau  chien 
pesant  12^",  le  7  mars  1906  on  introduit  dans  la  cavité  péritonéale  65s  de  son  propre 
sang.  —  5  heures  après  la  température  rectale  s'est  élevée  de  0,6  et,  le  8,  elle  passe 
de  38,4  à  88,7;  mais,  dès  le  9,  une  soudaine  diminution  ramène  cette  température  au 
point  de  départ. 

Assurément,  d'autres  faits  (')  démontrent  la  réalité  de  ces  hyperther- 
mies  consécutives  à  des  interventions  sanglantes  ;  néanmoins,  peut-être 
plus  exactement  que  la  plupart  d'entre  eux,  nos  expériences  (sang  de 
l'animal  en  cause,  etc.)  reproduisent  les  conditions  de  la  clinique.  Or  si, 
par  l'examen  histologique  comme  par  les  cultures,  on  analyse  les  résultats 
obtenus,  on  reconnaît  que  ces  j)hénomènes  sont  indépendants  de  toute 
infection,  indépendance  que  l'absence  d'incubation  suffit  à  mettre  en 
évidence. 

D'ailleurs,  à  la  suite  de  la  résorption  de  certains  liquides  d'oedèmes  ou 
d'épanchements séreux,  il  est  possible  d'enregistrerdesaccideutsanalogues. 
Parfois  même  (bien  qu'à  cet  égard  les  effets  obtenus  soient  inconstants  et 
plus  rarement  positifs),  en  injectant  ces  liquides  on  parvient  à  provoquer 
des  élévations  thermiques.  En  dehors  des  aptitudes  à  réagir,  aptitudes  mo- 
biles suivant  les  animaux  utilisés,  ces  variations  dépendent  des  quantités 
employées,  de  la  nature,  de  la  composition  de  ces  produits,  de  leurs  carac- 
tères d'exsudats  ou  de  transsudats,  de  leur  ancienneté,  des  conditions  de 
l'absorption,  etc. 


(')  Voir,  en  particulier,  I'ii.lon,  Soc.  BioL.  9  mars  1896,  et  Thèse  inaug. 


8o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Comment  expliquer  ces  hyperlhermies  ?  D'un  côté,  il  faut  se  souvenir 
qu'en  introduisant,  sous  I.t  peau  ou  (l;nis  la  circulation,  du  sérum  artificiel, 
des  matières  minérales,  des  principes  extraits  d'une  série  d'organes,  di- 
verses substances  proléiques,  des  corps  issus  des  leucocytes  par  sécrétion, 
exosmose  ou  dislocation  de  ces  leucocytes,  en  particulier  des  diastases, 
au  premier  rang  le  fibrin-ferment,  etc.,  à  des  degrés  variables  on  réussit 
à  déterminer  des  ascensions  du  thermomètre.  D'autre  part,  il  importe  de 
remarquer  que  des  sérosités,  pins  encore  le  sang,  sont  susceptibles  de 
renfermer  de  tels  éléments. 

Ainsi,  chez  des  opérés  ou  des  accouchées,  l'infection  n'est  pas  seule 
capable  d'engendrer  des  poussées  pyrétiques  (').  Comme  nul  ne  l'ignore, 
ces  poussées  peuvent  être  l'œuvre  soit  d'une  exagération  du  travail  glan- 
dulaire (hyperfonctionnement  hépatique  ou  thyroïdien;  montée  laiteuse, 
fièvre  mammaire,  etc.),  soit  des  réactions  nerveuses  (fréquence  des  émo- 
tions au  moment  des  opérations  ou  des  accouchements)  propres  à  mettre 
en  jeu  des  centres  thermogènes  on  trophiques  (^),  etc.  Toutefois,  ces 
influences  sont  habituellement  de  peu  d'importance;  les  vrais  accès  hyper- 
thermiques  aseptiques  sont  plutôt  d'origine  toxique  et,  en  général,  à  une 
intensité  assez  considérable  ils  joignent  une  durée  relativement  courte. 

Eu  dépit  de  la  fréquence  des  processus  infectieux,  dans  certaines  cir- 
constances il  est  bon  de  songer  à  de  tels  accidents  et,  grâce  à  quelques 
symptômes  (persistance  relative  de  la  diurèse,  de  l'humidilé  de  la  langue, 
de  l'expression  naturelle  du  faciès,  incubation  nulle  on  très  minime,  etc.), 
il  faut  s'efforcer  de  dépister  leur  nature.  Au  point  de  vue  du  pronostic,  qui 
ne  conçoit  la  portée  d'un  semblable  diagnostic,  d'une  pareille  distinction? 
D'un  côté  (origine  toxique  ou  chimique),  le  trouble  est  passager,  la  gué- 
rison  assurée;  de  l'autre  (origine  microbienne),  le  phénomène  comporte 
toute  la  gravité  d'une  infection,  dans  l'espèce  souvent  très  sévère. 


(')  Il  UN  a  pas  lieu  de  discuter  ici  l;i  place  que  tient  dans  la  tîèvre  l'élément  livpei- 
llierniique. 

(')  On  sait  qu'à  la  suite  des  émotions  l'urée  varie;  en  général,  les  sensations  gaies 
provoquent  une  augmentation,  une  accélération  des  échanges  capable  d'entraîner  un 
accroissement  de  chaleur. 


SÉANCE    DU    26   MARS    1906.  (S09 


GÉOLOGIE.  —  Contribution  à  l'histoire  du  géosynclinal  piémontais. 
Note  de  M.  Emile  Argand,  |)résentée  par  M.  de  Lapparent. 

Si  nous  déroulons  par  la  pensée  les  boucles  grandioses  des  nappes  pié- 
montaises,  de  façon  à  reconstituer,  autant  que  faire  se  peut,  l'ancien  géo- 
synclinal des  schistes  lustrés,  nous  pouvons  discerner,  à  travers  l'infinie 
complexité  des  détails,  l'influence  de  facteurs  1res  généraux.  Les  deux  for- 
mules que  nous  allons  en  donner,  sans  prétendre  à  une  absolue  rigueur, 
peuvent  suffire  pour  une  première  ap[)roximali()n.  Elles  s'appliquent  essen- 
tiellement au  vaste  territoire  que  limitent  au  Nord  le  Rhône  valaisan,  à 
l'Est  la  vallée  de  Saas,  au  Sud  la  vallée  tie  l'Orco,  à  l'Ouest  les  deux  vais 
Ferret. 

T.  Le  métamorphisme  caractérise  par  les  roches  vertes  t'a  en  croissant  du 
bord  externe  au  bord  interne  du  géosynclinal.  —  \ai  principe  de  l'aggravation 
du  métamorphisme  régional  vers  l'intérieur  des  Al|:)es,  entrevu  ou  énoncé 
par  nombre  d'auteurs,  n'a  jamais  été  étendu  à  toute  la  largeur  du  géosyn- 
clinal. Il  ne  se  vérifie  que  pour  la  série  mésozoïque.  Du  reste,  la  démon- 
stration péremptoire  n'en  peut  être  fournie  qu'aujourd'hui.  Une  telle  dé- 
monstration exige,  en  effet,  i'élucidation  préalable  de  la  tectonique 
générale,  à  la  lumière  de  laquelle  nous  pouvons  enfin  apprécier  les  rap- 
ports primitifs  des  diverses  bandes  mésozoïques,  presque  toutes  transposées 
aujourd'hui. 

Dans  les  schistes  lusirés  du  val  Ferrel,  c'est-à-dire  sous  la  nappe  IV,  les  roches 
vertes  sont  fort  rares.  Dans  la  moitié  externe  de  la  bande  d'iîvolène  (synclinal  IV-V  ), 
elles  deviennent  assez  fréquenles;  sur  la  nappe  V,  elle  commencent  à  prédominer; 
dans  le  synclinal  V-VI  (val  Tournanche,  moitié  interne  de  la  bande  dEvolène),  les 
piètre  verdi  l'emportent  décidément  en  étendue  sur  les  schistes  lustrés,  et  en  même 
temps  apparaissent  les  premiers  types  massifs.  Enfin,  sur  la  nappe  VI  et  jusque  dans 
la  zone  d'ivrée,  la  prépondérance  des  tvpes  massifs  est  incontestable. 

Ainsi  on  peut  suivre  pas  à  pas  l'envahissement  progressif  des  schistes 
lustrés  par  les  roches  vertes,  à  partir  de  la  bande  de  Sion  jusqu'à  la  zone 
d'ivrée.  l^a  persistance,  à  la  base  de  tous  ces  complexes,  d'un  horizon  à 
lentilles  calcaires,  constitue  un  repère  précieux.  Dans  la  jjartie  nord  de  la 
région,  où  le  faciès  calcaire  atteint  un  grand  développement,  l'âge  triasique 
de  cet  horizon  a  été  établi  de()uis  longtemps  par  Gerlach.  Ce  faciès  perd 
beaucoup  de  son  importance  vers  le  Sud,  mais  il  n'en  persiste  pas  moins 


8lO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

SOUS  forme  de  lentilles  intercalées  dans  les  schistes  lustrés  ou  leurs  équi- 
valents. Bien  que  les  phénomènes  tectoniques  aient  certainement  accentué 
cette  allure  lenticulaire,  nous  sommes  en  mesure  d'attribuer  l'essentiel  du 
phénomène  aux  conditions  originelles  de  la  sédimentation. 

La  base  des  schistes  lustrés  valaisans,  où  vient  s'émietter  le  faciès  calcaire 
du  Nord  et  dans  laquelle  fondent  littéralement  les  quarzites  du  Trias  infé- 
rieur, est  certainement  triasique. 

Et  maintenant,  grâce  à  la  continuité  structurale,  désormais  établie,  qui 
règne  entre  toutes  les  nappes  à  faciès  piémontais,  il  nous  paraît  absolument 
légitime  d'étendre  cette  conclusion  aux  régions  qui  furent  autrefois  la 
zone  interne  du  géosynclinal,  j)our  autant  qu'elles  présentent  le  même 
régime  stratigraphiqne.  L'horizon  à  lentilles  calcaires  du  Collon,  de  la 
Valpelline  et  de  la  zone  d'ivrée  est  triasique. 

II.  Le  mélamorphisme  du  Perrno-Carbonifére  va  en  croissant  des  deux  bords  du 
géosynclinal  vers  le  centre.  —  La  bande  liouillère  dite  axiale,  c'eal-à-dire  le  fais- 
ceau des  digilations  externes  de  la  nappe  IV,  montre  déjà  quelques  avant-coureurs  du 
faciès  niicaschisteux  qui  prédomine  dans  la  nappe  du  Grand  Saint-Bernard;  dans  sa 
région  interne,  celle-ci  présente  déjà  quelques  concentrations  gneissiques.  Dans  cette 
portion  encore  plus  interne  de  la  nappe  IV  qui  a  été  encapuchonnée  {^)  parla  nappe  \ 
et  qui  forme  aujourd'hui  les  massifs  du  Mischabel  et  de  \'alsavaranche,  les  gneiss 
atteignent  un  développement  considérable.  Le  maximum  de  cristallinité  est  atteint 
dans  la  nappe  V  (Grand  I^aradis-mont  Rose),  issue  du  centre  du  géosynclinal.  C'est 
avec  cette  acception  entièrement  nouvelle  que  ce  gneiss  mériterait  peut-être  de  con- 
server le  nom  de  gneiss  central,  mais  certainement  pas  dans  le  sens  attaché  à  ce  terme 
depuis  Gastaldi. 

Le  gneiss  de  la  nappe  M,  dit  d'Aroila,  est  en  général  moins  largement  développé,  et 
la  réduction  du  type  s'observe  déjà  dans  les  replis  méridionaux  du  massif  de  la  Denl- 
Blanche;  il  passe  vers  le  Sud,  par  le  mont  Mary  et  le  mont  Emilius,  à  un  faciès  mica- 
schisteux,  répétant  ainsi  en  sens  inverse  la  série  des  phénomènes  présentés  par  la 
nappe  l\ .  Enfin,  dans  les  régions  tout  à  fait  internes,  le  Carbonifère  faiblement  méta- 
morphique est  connu  en  divers  points  du  Canavese,  au  bord  même  de  la  plaine  pié- 
montaise. 


(')  Nous  proposons  le  ternie  (Veiicapiic/io/inement  pour  désigner  les  déformations 
qui  résultent  de  la  résistance  d'une  nappe  déjà  formée  à  la  propagation  d'une  nappe 
plus  jeune.  La  première  se  déforme  de  façon  à  envelopper  à  dislance  la  charnière  fron- 
tale de  la  seconde.  Dans  le  cas  particulier,  on  peut  déraontier  que  la  mise  en  place  de 
la  nappe  V  est  postérieure  à  celle  tie  la  naj)pe  1\  . 

C'est  en  s'appuyanl  sur  des  pliénomènes  analogues  que  M.  Lugeon  a  pu  établir  (|ue 
les  nappes  des  hautes  .\lpes  calcaires  sont  plus  jeunes  que  les  nappes  préalpines. 


SÉANCE    DU    26    MARS    i()o6.  81  I 

Ainsi  la  répartition  du  métamorphisme  dans  le  grand  géosynclinal, 
encore  que  sujette  à  d'innombrables  variations  locales,  obéit  à  des  lois 
générales  très  simples,  mais  différentes  pour  la  série  paléozoïqne  et  pour 
la  série  mésozoïque. 

Nous  ne  disposons  pas  d'éléments  d'appréciation  suffisants  pour  aborder 
la  question  de  savoir  s'il  y  a  eu  réellement  superposition  de  deux  méta- 
morj)hismes,  ou  bien  si  les  deux  lois  précitées  ne  dépendent  pas  d'un 
même  ensemble  de  facteurs,  d'ordre  encore  plus  général.  La  question  mé- 
ritait en  tout  cas  d'être  posée. 

A  peu  de  distance  en  dedans  du  bord  interne  de  la  zone  d'Ivrée,  on  ne 
rencontre  plus  d'éléments  ayant  appartenu  au  géosynclinal  des  schistes 
lustrés.  Quant  à  la  zone  Slrona-Valteline  et  aux  nappes  qui  en  sont 
issues  ('),  il  y  a  de  très  fortes  raisons  pour  y  voir  le  résultat  de  la  défor- 
mation extrême  d'un  môle  très  ancien.  Ce  môle  a  constitué,  pendant  de 
longues  périodes  géologiques,  la  limite  méridionale  du  géosynclinal  des 
schistes  lustrés. 

Dans  la  région  où  ce  horst  méridional  s'approche  le  plus  de  ceux  de  la 
première  zone  alpine  (Aar-Golhard),  l'effort  orogénique,  s' exerçant  sur 
un  géosynclinal  plus  étroit,  a  produit  des  effets  plus  intenses  que  dans  les 
territoires  situés  à  l'Est  ou  à  l'Ouest.  C'est  la  raison  pour  laquelle  les  plans 
axiaux  de  toutes  les  nappes  piémontaises  sont  affectés  d'un  bombement 
maximal  dans  leur  passage  à  travers  le  ïessin. 

GÉOGRAPHIE  PHYSIQUE.  —  Contribution  à  la  géographie  physique  de 
l'Atlas  marocain.  Note  de  M.  Louis  Gentil,  présentée  par  M.  de 
Lapparent. 

Les  géographes  s'accordent  à  diviser  l'Atlas  marocain  en  trois  chaînes 
principales,  généralement  désignées  sous  les  noms  de  Haut-Atlas.  Moyen- 
Atlas  et  Anti-Atlas  (-). 

J'ai  rapporté  de  mes  explorations  de  nombreuses  données  sur  le  Haut- 
Atlas  et  je  me  propose,  par  cette  Note,  de  discuter  la  subdivision  orogra- 
phique qui  en  a  été  donnée. 

(')  C'est-à-dire  la  majeure  partie  des  noyaux  cristallins  des  nappes  orientales. 
{^)   Paul  Schnell,  L'Atlas  marocain,  d'après  les  docufnénts  originiux  {Peler- 
inanns  yiilleilitngen,  1892).  Traduction  française  par  Augustin  E'ernard.  l'aris,  1898. 


8l2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

La  partie  de  la  haute  chaîne  située  au  sud  de  Marrakech  a  été  le  prin- 
cipal objectif  (le  la  plupart  des  voyageurs  marocains  :  Balansa,  Rohifs, 
Lenz,  von  Fritsch,  Hooker  et  Bail,  de  Foucauld,  Thomson,  etc.,  ont  pu- 
blié d'importants  travaux  qui  ont  été  le  point  de  départ  d'une  remarquable 
synthèse  sur  l'Atlas  marocain,  de  la  part  du  géographe  Paul  Schnell. 

Depuis,  les  brillantes  explorations  de  M.  de  Segonzac  à  travers  le 
Moyen  et  le  Haut-Atlas,  les  recherches  géologiques  de  M.  Brives  et  de 
M.  Paul  Lenioine,  dans  l'Atlas  occidental,  ont  apporté  des  documents  nou- 
veaux sur  ce  massif.  Mais,  tandis  que  le  flaiic  septentrional  de  la  chaîne 
qui  regarde  la  capitale  du  Sutl  marocain  a  été  très  visité,  ses  extrémités 
l'ont  été  fort  peu  et  l'on  peut  dire  que  le  flanc  méridional  de  la  haute 
chaîne  est  demeuré  presque  inexploré  avant  nos  voyages. 

J'ai  eu  la  bonne  fortune  de  pouvoir  circuler  en  tous  sens  dans  le  Haut- 
Atlas,  depuis  la  côte  atlantique  jusqu'au  méridien  de  Demnat,  notamment 
sur  son  revers  sud,  et  mes  observations  m'engagent  à  modifier  sensiblement 
la  conception  orographique  actuellement  admise. 

Je  rappellerai  à  ce  sujet  que  M.  Paul  Schnell  fait  commencer  la  chaîne  à 
environ  Go"""  du  littoral  et  il  la  limite,  à  l'Est,  au  col  de  Tizi  n  Telremt; 
enfin  il  la  divise  en  deux  parties  :  Vaile  occidentale  ancienne  et  Vaile  orien- 
tale récente. 

Cette  subdivision  paraît  avoir  été  adoptée  sans  réserve  depuis  (  '  ). 

I.  Extrémité  occidentale  du  Haut- Allas.  —  M.  Paul  Schnell  a  été  amené 
à  distraire  de  la  haute  chaîne,  à  la  suite  des  observations  de  l'explorateur 
Thomson,  la  partie  littorale  située  à  l'ouest  du  col  des  Bibaoun,  à  cause  de 
l'âge  récent  (crétacé)  des  terrains  qui  s'y  trouvent  et  aussi  de  l'allure  régu- 
lière qui  a  fait  distinguer  par  M.  Brives  toute  cette  zone  atlantique  sous  la 
dénomination  Ae plateaux  occidentaux. 

J'ai  observé  en  bien  des  points,  comme  mon  collègue  d'Alger,  une  série  de  plateaux 
réguliers  formés  par  une  succession  imposante  de  couches  argilo-gréseuses  ou  marno- 
calcaires,  dans  lesquelles  j'ai  reconnu  une  série  presque  complète  des  terrains  crétacés, 
depuis  le  Berriasien  jusqu'au  Sénonien  à  Oslrea  vesicularis;  mais  ces  plateaux  et,  par 
suite,  les  couches  crétacées  qui  les  constituent,  sont  régulièrement  inclinés  vers  le 
bord  de  la  mer,  et  si  les  plus  élevés  d'entre  eux  sont  poités  à  plus  de  i5oo™  d'alti- 
tude, ce  n'est  pas  par  suite  de  la  situation  stratigraphique  de  ces  couches  supérieures, 
mais  en  raison  de  leur  allure. 


(')  Voir  à  ce  sujet  :  Brivi!s,  But.  Soc.  de  géographie  et  Alger,  1901  à  1900;  elBul. 
Soc,  géolog,  de  Fiance,  4°  série,  l.  V,  igoâ. 


SÉANCE    DU   26   MARS    ig  <6.  8r3 

Déplus,  cette  zone  littorale  est  traversée  par  des  plis  parfois  très  accentués,  qui 
mettent  au  jour  des  calcaires  jurassiques  ('),et  sont  remarquables  par  l'inclinaison  de 
leur  axe.  Le. pli  du  cap  Tafelneli  est  peu  incliné,  tandis  que  ceux  du  cap  R"ir  (Ghir) 
et  d'Agadir  n  Ir'ir,  disparaissent  dans  une  aire  d'ennoyage  occupée  par  l'emplacement 
actuel  de  l'Océan  et  par  les  terrains  crétacés  des  environs  d'Agadir. 

L'ossature  de  ces  plis  est  constituée  soit  par  le  Trias  soit  par  des  terrains  primaires 
(Permien)  qui  affleurent,  notamment,  dans  la  région  des  Ida  ou  Tanan. 

Enfin  les  plateaux  crétacés  disparaissent  totalement  en  approchant  de  l'Âsif  Tame- 
rakht,  et  jusqu'à  la  vallée  du  Sous  on  se  trouve  dans  une  région  plissée  (-). 

Pour  ces  raisons  il  est  inijjossible  de  distraire  la  zone  littorale  des  Haha 
et  des  Ida  ou  Taiinn  du  Haut-Atlas,  car  elle  partage  à  la  fois  la  composition 
statigraphique  et  la  structure  de  ses  deux  versants  plus  à  l'Est  et  je  pense 
que  la  haute  chaîne  doit  commencer  au  cap  R'ir  ainsi  qu'il  était  admis 
autrefois  ("). 

II.  Ailes  occidentale  et  orientale  du  Haut-Atlas.  —  Cette  division  de  la 
chaîne  me  paraît  tout  à  fait  légitime  au  point  de  vue  orographique  :  il  est 
indiscutable,  en  effet,  que  le  col  de  Telouet  correspond  à  un  abaissement 
considérable  de  la  chaîne.  Mais  M.  Paul  Schnell,  à  la  suite  de  l'explorateur 
Thomson,  a  en  outre  attribué  à  ce  col  une  grande  \m\^o\'\.^ncQ  géognostuiue , 
et  distingué  l'aile  occidentale  ancienne  de  l'aile  orientale  récente. 

La  partie  de  la  chaîne  comprise  entre  les  cols  des  Bibaoun  et  du  Telouet  est  formée 
d'un  massif  ancien,  archéen  et  primaire,  dans  lequel  M.  Brives  a  signalé  avec  raison 
des  plis  hercyniens  parfois  orientés  N20°E  (').  Ce  massif,  qui  forme  les  crêtes  et  les 
sommets  les  plus  élevés,  est  entouré  de  tous  côtés  par  les  terrains  crétacés,  dont  les 
afileuremenls  ne  semblent  pas  dépasser  les  altitudes  de  i5oo™  à  1600'". 

A  Test  du  col  de  Telouet  Vaile  orientale  est  caractérisée  par  des  crêtes  de  calcaires 
que  je  place  dans  la  série  jurassique.  Ces  calcaires  sont,  de  même  que  les  terrains  cré- 
tacés des  flancs  de  Vaile  occidentale,  affectés  par  des  plissements,  grossièrement  paral- 
lèles à  la  direction  de  la  chaîne  et  croisant  les  plis  primaires  sous  un  angle  de  plus 
de  45°  ;  ils  sont  portés  à  des  altitudes  atteignant  ou  dépassant  2000™,  mais  les  profondes 
vallées  qui  séparent  les  arêtes  aiguës  qu'ils  forment  sont  entaillées  dans  des  terrains 
primaires  comprenant  des  schistes  à  Graptolithes  (^).  Les  arêtes  jurassiques  sont  d'ail- 


(')  L.  Ge.m'il  et  P.  Lemoiae,  Le  Jurassique  dans  le  Maroc  occidental  {A.  F.  A.  S., 
Congrès  de  Cherbourg,  igoà). 

(-)  Les  plis  jurassiques  des  Haha  et  des  Ida  ou  Tanan  impriment  aux  cours  d'eauv 
de  ces  régions  une  direction  à  peu  près  normale  à  la  côte. 

(')  Arlett  (i835),  voir  Paul  Schnell,  ouv.  cit..  p.  33. 

(*)  Il  est  à  remarquer  la  liaison  qui  existe  entre  la  direction  de  ces  plis  primaires  et 
celle  des  cours  d'eau,  déjà  signalée  sur  le  flanc  septentrional  de  la  chaîne  (Thomson- 
Brives),  et  que  j'ai  également  constatée  sur  le  flanc  sud. 

(°)  Louis  Gentil,  Comptes  rendus,  l.  GXL,  igoô,  p.  1659-1660. 

C.  K.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N-  13.)  «07 


Hl'l  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

leurs  dominées  par  des  crêtes  anciennes  et  le  Dj.  Anr'mer  constitue  un  pic  imposant 
formé  de  grès  rouges  perniiens,  surmontés  d'une  épaisseur  formidable  de  roches  volca- 
niques. Enfin  le  flanc  méridional  de  la  chaîne,  au  sud  de  Demnal,  olTre  un  affleurement 
important  de  grès,  d'argiles  schisteuses  et  de  calcaires  à  Crinoïdes  dans  lesquels  j'ai 
découvert  une  remarquable  faune  dinantienne;  et  je  ne  serais  pas  surpris  que  cette 
zone  carboniférienne  aille  rejoindre  les  niveaux,  bien  connus,  très  fossilifères,  de  la  zone 
d'occupation  française,  à  l'est  du  Tafilelt. 

Dans  ces  conditions  il  me  paraît  bien  difficile  d'attribuer  à  Yaile  orientale 
du  Haut-Atlas  un  âge  récent  et  à  Vaile  occidentale  un  âge  ancien.  Les  deux 
parties  de  la  haute  chaîne  sont  composées  des  mêmes  terrains  affectés  des 
mêmes  plissements. 


M.  A.  Graby  annonce  à  l'Académie  qu'il  est  arrivé  à  une  solution  très 
simple  du  problème  de  la  Photographie  des  couleurs. 

M.  G.  VAN  DER  Mensbrugghe  adressc  une  Note  Sur  le  danger  des  pous- 
sières dans  les  galeries  de  mines. 

(Renvoi  à  une  Commission  composée  de  MM.  Haton  de  la  Goupillière, 

Michel  Lévy  et  Zeiller.) 

A  4  heures  et  demie  l'Acadéiuie  se  forme  en  Comité  secret. 

I,a  séance  est  levée  à  5  heures. 

G.   D. 


BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  12  mars   1906. 

La  Vie  des  Animaux  illustrée,  publiée  sous  la  direction  de  M.  E.  Perrier,  Membre 
de  l'Institut.  Les  Mammifères,  par  A.  Me.negaux  ;  So  planches  en  couleurs  et  nombreuses 
photogravures,  d'après  les  aquarelles  et  les  dessins  originaux  de  W.  Kuhnert.  Paris, 
J.-B.  Baillière  et  fils,  s.  d.  ;  1  vol.  in-4''.  (Présenté  par  M.  Yves  Delage.  Hommage 
de  l'auteur.) 


SÉANCE    DU    2:')    MARS    I<,o6.  8l5 

Précis  de  Médecine  légale,  par  A.  Lacassagnk.  Paris,  Masson  et  O',  1906;  i  vol. 
in-8°.  (Préspnlé  par  M.  Bouchaid.  Hommage  de  l'auteur.) 

/Voles  préliminaires  sur  les  gisements  de  Mollusques  comestibles  des  côtes  de 
France.  Les  côtes  de  la  Loire  à  la  Vilaine,  avec  i  carte  el  2  planches,  par  L.  JouBhN. 
(Fascicule  59  du  Bulletin  du  Musée  océanographique  de  Monaco.  20  janvier  1906.) 
I  fasc.  in-8°.  (Présenté  par  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco.) 

Bulletin  des  Sciences  mathématiques,  rédigé  par  MM.  G.  DinBoux,  E.  Picard, 
J.  Tannert;  2°  série,  t.  XXX,  janvier  1906.  Paris,  Gauthier-Villars;  i  fasc.  in-8°. 

Annuaire  de  la  Société  météorologique  de  France,  Revue  mensuelle;  54"  année, 
janvier  1906.  Paris,  Gauthier-Villars;  i  fasc.  in-S". 

Observations  pluvioniétriques  et  thermométriques  faites  dans  le  département  de 
la  Gironde,  de  juin  igo/J  à  mai  1905  ;  Note  de  M.  G.  Rayet.  Bordeaux,  G.  Gounouilhou, 
1900;  I  fasc.  in-8°. 

Mémoires  de  la  Société  nationale  d'Agriculture,  Sciences  et  Arts  d'Angers; 
b'  série,  t.  VIII,  année  igoS.  Angers,  Germain  et  G.  Grassin;  i  vol.  in-8°. 


Notes  on  the  life  history  of  british  jlowering  plants,  hy  the  right  hon.  Lord 
AvEBLRT.  Londres,  Macmillan  et  G'",  1906;  i  vol.  in-S".  (Hommage  de  l'auteur.) 

L'éclipsé  totale  de  Soleil  du  3o  août  1905.  Observations  de  la  Mission  astro- 
nomique suisse  à  Santa  Ponza  {lie  de  Majorque),  par  M.  Raoul  Gautikr,  avec  la 
collaboration  de  MM.  J.  Pidoux,  F.-A.  Forel  el  J.  Anckermann.  Genève,  igoS; 
!  fasc.  in-8°. 

Les  ombres  volantes,  observations  de  MM.  Henri  Dufour  et  Raoul  Gautiir.  Genève, 
1906;  I  fasc.  in-8°. 

Détermination  de  la  latitude  et  d'un  azimut  aux  stations  Oirschot,  Utreclit, 
Sambeek,  Wolberg,  Harikerberg,  Sleen,  Schoorl,  Zierikzée,  Terschelling  (phare 
Brandaris),  Ameland,  Leeuwarden,  Urk  et  Groningue ;  ^uhWcaùon  de  la  Commission 
géodéîique  néerlandaise.  Delft,  J.  Waltman,  1904;  1  vol.  in-4*. 

Déterminations  de  la  dijférence  de  longitude  Leyde-Ubagsberg,  de  l'azimut  de  la 
direction  Ubagsberg-Sittard  et  de  la  latitude  d'Ubagsberg  par  la  mesure  des  dis- 
tances zénithales  et  d'après  la  méthode  Horrebow-Talcott  en  1898  ;  publication  de  la 
Commission  géodésique  néerlandaise.  Delft,  J.  Waltman,  1900;  i  vol.  in-4°. 

Observations  météorologiques  suédoises,  publiées  par  l'Académie  royale  des  Sciences 
de  Suède,  exécutées  et  rédigées  sous  la  direction  de  l'Institut  central  de  Météorologie  ; 
vol.  XLVI,  1904.  Upsala  et  Stockholm,  igoS;  i  vol.  in-4°. 

Anales  del  Inslitulo  y  Observatorio  de  Marina  de  San  Fernando,  Seccion  2*  : 
Observaciones  meteorologicas,  magnelicas  y  seismicas,  aho  igo4.  San-Fernando, 
igo5  ;  1  fasc.  in-4°. 

Report  to  the  Government  of  Ceylon  on  the  pearl  oyster  fisheries  of  gulf  of 
Manaar,  by  W.-A.  Herdman;  with  supplementary  reports  upon  the  Marine Biology 
of  Ceylon,  by  olher  naluralisls.  Parts  lll  and  IV'  ;  pub.  by  the  Royal  Society.  Londres, 
1900  ;  2  vol.  in-4°. 

United  States  geological  Survey,  vol.  XLVIII  :  Statuts  of  the  mesozoic  Fieras  of 


8i6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

the  United  States;  second  paper,  by  Lester-F.  Ward,  wilh  collaboration  of  Wiluam 
M.  Fontaine,  Arthur  Bibbins  and  G.-R.  Wieland.  Part  I  :  Text.  Part  II  :  Plates.  Wa- 
shington, Government  printing  Office,  igoS;  2  vol.  in-4°. 


OUVRAGBS    REÇUS    DANS    LA    SÉANCI    DU     I9    MARS    I906. 

Observations  de  nébuleuses  et  d'amas  stellaires,  par  M.  G.  Bigourdan,  Membre  de 
l'Institut;  tome  I,  1"  partie  :  Observations  différentielles  ;  6^  o'" — ii'^o'".  Paris, 
Gaulhier-Villars,  s.  d.  ;  i  vol.  iii-4°.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Annales  du  Bureau  central  météorologique  de  France,  publiées  par  E.  Mascart, 
Membre  de  l'inssitul  :  année  1902,  II.  Observations;  année  1908,  III.  Pluies  en  France. 
Paris,  Gaulhier-'V^illars,  igoS;  i  vol.  et  i  fasc.  in-4°.  (Hommage  de  M.  Mascart.) 

Traité  de  Chimie  minérale,  publié  sous  la  direction  de  M.  Henri  Moissan,  Membre 
de  riiislitut;  tome  V  :  Métaux;  Table  alphabétique  des  cinq  Volumes.  Paris,  Masson 
et  C'%  1906;  I  vol.  in-8°.  (Hommage  de  M.  Moissan.) 

Leçons  de  Clinique  chirurgicale,  par  O.-M.  Lannelongue,  Membre  de  l'Institut; 
avec  4o  figures  dans  le  texte  et  2  planches  en  couleurs.  Paris,  Masson  et  C'",  igoS; 
I  vol.  in-8".  (Hommage  de  l'auteur.) 

Précis  de  Diagnostic  chimique,  microscopique  et  parasilologique,  par  Jules 
GuiART  et  L.  Grlwbert,  à  l'usage  des  médecins,  des  pharmaciens,  des  étudiants  en 
médecine  préparant  le  troisième  examen  (deuxième  partie)  et  des  étudiants  en 
pharmacie.  Paris,  F.-R.  Rudeval,  1906;  i  vol.  in-12.  (Présenté  par  M.  Guignard. 
Hommage  des  auteurs.) 

Un  dernier  mot  sur  la  valeur  spécifique  du  Vicia  serralifolia  Jacquin,  par  M.  D. 
Clos,  Correspondant  de  l'Institut.  (Extr.  du  Bulletin  de  la  Société  botanique  de 
France;  t.  LU,  igoS.)  r  fasc.  in-S". 

Note  sur  l'appauvrissement  des  sources  et  sur  l'influence  des  pluies  d'hiver; 
Observations  concernant  le  bassin  de  la  Somme,  par  P.  Houllier.  Abbeville,  igoS; 
I  fasc.  in-S". 

De  l'origine  des  Pahouins,  essai  de  résolution  de  ce  problème  ethnologique,  par 
Louis  Franc.  Paris,  A.  Maloine.  igoS;  i  fasc.  in-S". 

Les  peintures  et  gravures  murales  des  cavernes  pyrénéennes  Altamira  de  San- 
tillane  et  Marsoulas,  par  E.  Cartailhac  et  l'abbé  H.  Breuil.  Paris,  Masson  et  C'% 
1905;  I  fasc.  in-8°. 

Annales  des  Ponts  et  Chaussées,  2'  partie  :  Lois,  décrets,  arrêtés  et  autres  actes 
concernant  l'administration  et  le  personnel  des  Ponts  et  Chaussées  et  documents  admi- 
nistratifs concernant  les  pays  étrangers;  76"  année,  8"  série,  t.  VI,  i«'' cahier,  janvier 
1906.  Paris,  E.  Bernard;   i  fasc.  in-S". 

Mémoires  de  la  Société  académique  d' Agriculture,  des  Sciences,  Arts  et  Belles- 
Lettres  du  département  de  l'Aube;  t.  .XLII,  3»  série,  année  igoS.  Troyes,  Paul  Nouel; 
I  vol.  in-S". 

(A  suivre.) 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

SÉANCE   DU   LUNDI   2   AVRIL    1906. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  H.  POINCARÉ. 


MEMOIRES   KT   COMMUNICAl  lOlM.s 

DES    MEMBRES    ET     DES    CORRESPONDANTS     DE    L'ACADÉMIE. 

ASTRONOMIE  PHYSIQUE,  —  Photographie  des  protubérances  solaires  avec  des 
écrans  colorés  dans  l' éclipse  du  3o  août  ipoS.  Note  de  MM.  H.  Deslavdres 
et  G.  Blum. 

Nous  nons  sommes  proposé,  de  faire  des  plioloora|)hies  spéciales  des  pro- 
lubérances  solaires  et  de  la  couronne  intérieure,  pendant  la  dernière  éclipse 
totale,  en  filtrant  la  lumière  solaiie  avec  des  écrans  colorés  qui  absorbent 
toutes  les  radiations  gazeuses  permanentes  des  protubérances,  suivant  la 
méthode  indiquée  par  l'un  de  nous  (^Comptes  rendus,  même  Tome,  p.  74i). 
Le  but  principal  de  la  reclierche  était  de  reconn:iitre  si  les  protubérances 
contiennent  des  particules  hmiineuses  mêlées  aux  gaz  et  vapeurs. 

Les  épreuves  solaires  devaient  être  à  grande  échelle  de  manière  à  donner 
avec  détails  les  protubérances  et  les  parties  voisines  de  la  couronne  et  à 
permettre  une  comparaison  précise  de  leurs  intensités  avec  ou  sans  écran. 

Au  début,  nous  avons  été  embarrassés  pour  réaliser  ce  programme;  car  les  grands 
objectifs  photographiques  de  l'Observatoire  de  Meudon  avaient  été  retenus  par  la 
mission  que  le  Directeur,  M.  Janssen,  devait  conduire  en  Espagne.  Heureusement,  le 
dépôt  de  la  Guerre,  grâce  à  l'intervention  aimable  du  Commandant  Bourgeois,  chef  du 
Service  géodésique,  a  pu  mettre  à  notre  disposition  une  lunette  photographique,  qui 
avait  été  organisée,  en  iS^^i  pour  le  passage  de  Vénus  sur  le  Soleil  et  qui  comprenait 
un  objectif  photographique  de  Prazraowski  de  o™,  12  d'ouverture  et  2™, 80  de  distance 
focale. 

L'objectif  a  été  utilisé  de  la  manière  suivante  :  son  image  directe  a  été 

G.  R.,  190G,  I"  Semestre.  (T.  GXLII,  N°  14.)  I  o8 


8l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

reprise  el  agrandie  par  un  autre  objectif  simple  (de  o",  28  de  distance  focaie 
elo^fOÔ  d'ouverture),  de  manière  que  l'image  finale  eût  70™™  de  diamètre. 
Un  agrandissement  plus  grand  aurait  entraîné  une  augmentation  de  la  pose 
déjà  notable  avec  les  écrans  colorés  très  absorbants.  Le  second  objectif 
était  mobile  aisément  du  dehors  dans  le  sens  de  l'axe  de  la  lunette,  ce  qui 
facilitait  les  changements  de  mise  au  point  nécessités  par  l'emploi  de  ra<lia- 
tions  différentes  pour  les  épreuves  successives. 

La  lunette  ainsi  constituée  n'avait  pas  plus  de  4™  de  long  et  était  très  maniable. 
Elle  aurait  pu  facilement  être  fixée  à  un  support  d'équatorial  ;  mais  on  a  jugé  préfé- 
rable de  la  laisser  horizontale  et  de  la  relier  à  un  cœlostat  muni  de  deux,  miroirs 
plans.  L'un  des  miroirs,  large  de  o", 5o,  fournissait  la  lumière  à  un  grand  appareil 
placé  à  l'ouest  du  méridien  et  destiné  à  la  mesure  du  rayonnement  calorifique  de  la 
couronne.  L'autre  miroir,  de  o"', 3o,  envoyait  la  lumière  à  la  chambre  photogra- 
phique de  4""  située  à  l'est. 

Les  écrans  colorés  étaient  de  trois  sortes  : 

1°  Un  écran  vert  transparent  de  1  5o5  à  1  58o  ; 

2°  Un  écran  vert  notablement  plus  clair,  transparent,  de>i5oo  à  iSSo, 
qui  de  même  que  le  précédent  avait  son  maximum  de  transparence  pour  la 
radiation  1  53o  et  absorbait  toutes  les  radiations  gazeuses  permanentes  des 
protubérances; 

3°  Un  écran  jaune,  transparent  pour  le  rouge,  l'orange  et  le  jaune. 

Les  deux  premiers  écrans  devaient  fournir  avec  des  plaques  orthocliro- 
matiques  les  épreuves  spéciales  nécessaires  à  la  recherche;  le  troisième 
donnait  les  images  avec  les  rayons  du  spectre  de  longueur  d'o  1  de  supé- 
rieure à  >.5oo.  Enfin,  sans  aucun  écran  et  avec  les  plaques  ordinaires,  on 
avait  les  images  des  rayons  de  longueur  d'onde  intérieure  à  T^Soo. 

Les  écrans,  c|ui  avaient  été  fabriqués  par  M.  .Moapil  lard,  étaient  placés, 
soit  devant  la  plaque  photographique,  soit  derrière  la  seconde  lentille, 
dans  le  plan  de  l'anneau  oculaire.  Ils  étaient  fixés  à  des  cadres  mobiles  de 
manière  à  pouvoir  être  retirés  et  mis  en  place  rapidement. 

Le  Tableau  suivant  indique  les  épreuves  successives  qui  étaient  proje- 
tées avec  l'indication  des  écrans,  des  plaques  et  des  teinps  de  pose  (  '  ). 


(')  Les  plaques  étaient  placées  dans  sept  châssis  dillerents,  à  rideau  et  pour  plaiiues 
de  24''''"  X  24"°',  qui  appartiennent  à  la  collection  de  l'Observatoire. 

La  manœuvre  des  châssis  et  des  rideaux  faisait  perdre  un  temps  notable;  mais  la 
dépense  d'un  appareil  à  escamotage  avait  été  jugée  trop  forte. 

L'accès  de  la  lumière  aux  plaques  était  réglé  |)ar  un  obturateur  Guerry  dont  le  volet 


SÉANCE'  DU  2  AVRIL  1906.  819 

Numéro  Avec  Temps 

de  l'épreuve.  ou  sans  écran.  Nature  de  !a  plaque.  de  pose. 

s 
N°  1 sans  Lumière  jaune  3 

N"  2 vert  11"  -2  Ollo  Perutz  Orllio  to 

N°  3 sans  Lumière  jaune  10 

N"  .'1 verl  n"  2  Ollo  Perutz  Ortlio  20 

N°  5 M.                                   Id.  3o 

N°  6 verl  m°  1                              Td.  3o 

A'°  7 jaune                                 Id.  10 

Ce  programme  n'a  pu  éUv  rem|>li  que  partiellemesit;  car  les  nuages 
couvraient  le  ciel  au  moment  de  la  totalité.  Le  deuxième  et  le  troisième 
contact  n'ont  [)as  été  visibles;  heureusement  une  petite  éclaircie  d'une 
minute  s'est  produite  dans  l'intervalle  et  a  permis  de  faire  les  épreuves 
n°*  4  et  5.11  avait  été  convenu  d'ailleurs  que,  en  cas  de  mauvais  temps,  on 
s'occuperait  uniquement  des  épreuves  avec  écran  vert,  en  sacrifiant  au 
besoin  les  épreuves  ordinaires,  qui  sont  toujours  très  nombreuses  dans  les 
éclipses  et  pouvaient  être  demandées  aux  autres  missions. 

L'épreuve  n°  4  est  belle  et  riche  en  détails;  elle  est  plus  intense  que 
l'épreuve  n°  5  dont  la  pose  a  été  plus  longue;  mais  déjà,  pour  cette  der- 
luère,  les  nuages  opaques  étaient  revenus. 

Ces  épreuves  avec  écran  ont  été  comparées  à  de  très  belles  épreuves  ordi- 
naires sans  écran,  obtenues  9  minutes  après  par  M.  de  La  Baume  Pluvinel 
à  Alcala  de  Chisvert,  et  elles  ont  donné  des  résultats  fort  intéressants. 
(Voir  la  Note  de  M.  Deslandres,  Comptes  rendus,  même  Tome,  p.  745-) 

Les  écrans  colorés,  qui  sont  appliqués  pour  la  première  fois  à  l'étude  des 
protubérances  solaires  et  de  leurs  particules  liquides  ou  solides,  sont  à 
recommander  dans  les  éclipses  futures,  d'autant  que  leur  manœuvre  n'en- 
traîne pas  de  bien  grandes  complications. 


BACTÉRIOLOGIE.  —  Action  de  l'émanation  du  radium  sur  les  bactéries  chromo- 
gènes. Note  de  MM.  Cii.  Bouchard  et  Baltiiazard. 

Dorn,  Baumann  et  Valentiner  ont  étudié  l'action  bactéiicide  de   l'éma- 
nation   du   radium   sur  les  bactéries  palhogènes,  bacille  typhiqiie,  vibrion 

était  situé  dans  lé  plan  focal  du  grand  objectif.  L'opérateur,  qui  tenait  à  la  main  la 
])oire  en  caoutchouc  de  robturatenr,  ouvrait  le  \olel  dès  que  les  vibrations,  dues  à  la 
manœuvre  du  châssis,  étaient  éteintes. 


820  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

cholérique,  bacille  diphtérique.  Opérant  avec  des  quantités  beaucoup  plus 
faibles  d'émanation,  nous  nous  sommes  proposé  de  modifier  le  pouvoir 
chromoeène  et  la  virulence  de  certains  microbes. 

Pouvoir  chromogêne.  —  Il  existe  deux  groupes  de  bactéries  chromo- 
£;ènes  :  les  unes,  comme  le  micrococcus  prodigiosus,  sécrètent  une  matière 
colorante  qui  reste  adhérente  à  leur  propre  substance;  les  autres,  comme 
le  bacillus  fluorescens,  donnent  naissance  à  des  pigments  qui  diffusent  dans 
le  milieu  de  culture. 

L'émanation  du  radium  n'est  pas  capable  de  modifier  le  pouvoir  chro- 
mogène des  bactéries  du  premier  groupe.  Nous  l'avons  démontré  pour  le 
micrococcus  prodigiosus  et  le  bacille  de  Riel.  Si  l'on  ensemence  ces 
microbes  sur  la  gélatine  et  que  l'on  introduise  dans  les  tubes  des  doses 
croissantes  d'émanation,  on  constate  qu'avec  des  doses  suffisantes  la  cul- 
ture ne  se  développe  plus.  Pour  les  doses  moindres,  la  culture  est  d'autant 
moins  abondante  qu'on  a  utilisé  une  quantité  plus  grande  d'émanation, 
mais  les  microbes  qui  prennent  naissance  ont  la  même  coloration  rosée  ou 
rouge  que  dans  les  tubes  témoins. 

Les  résultats  obtenus  sont  tout  différents  avec  les  bactéries  du  second 
groupe  :  le  pouvoir  fluorescent  du  bacille  fluorescent  et  du  bacille  pyocya- 
nique  est  influencé  par  des  doses  d'éman.ition  beaucoup  plus  faibles  que 
celles  qui  sont  nécessaires  pour  diminuer  l'activité  de  reproduction  de  ces 
microbes. 

Le  bacille  fluorescent  ne  sécrétant  son  pigment  vert  qu'à  la  température 
ordinaire,  nous  l'avons  ensemencé  en  surface  sur  des  tubes  de  gélatine 
inclinée.  Puis  nous  avons  introduit  dans  ces  tubes  fermés  à  l'aide  d'un  bou- 
chon en  caoutchouc  des  doses  variables  d'émanation.  Au  bout  de  3  à  4  jours, 
la  gélatine  du  tube  témoin  a  pris  une  teinte  verte  fluorescente  très  nette; 
le  tube,  dans  lequel  on  a  introduit  l'émanation  produite  en  une  heure  par  une 
solution  aqueuse  contenant  6  dix-millièmes  de  milligramme  de  bromure 
de  radium,  présente  une  coloration  verte  très  minime  et  le  développement 
de  la  culture  ne  paraît  pas  avoir  été  influencé;  le  tube,  dans  lequel  on  a 
introduit  l'émanation  émise  en  une  heure  par  3  millièmes  de  milligramme 
de  radium,  n'est  plus  coloré  et  la  culture  est  un  peu  moins  abondante  que 
dans  un  tube  témoin.  Avec  des  doses  croissantes  d'émanation,  la  culture 
devient  de  plus  en  plus  maigre;  elle  cesse  complètement  quand  on  fait 
passer  dans  le  tube  l'émanation  formée  en  une  heure  par  1 5.  centièmes  de 
milligramme  de  bromure  de  radium. 

Lorsque  le  bacille  fluorescent  est  ensemencé  par  piqiire  dans  la  gélatine, 


SÉANCE  DU  2  AVRIL  1906.  82I 

on  constate  que  l'émanation  empêche  le  développement  des  bacilles  en 
surface,  mais  ne  s'oppose  pas  à  la  multiplication  des  bacilles  dans  la  partie 
profonde  de  la  |)iqTàre.  Ce  n'est  que  sur  une  longueur  de  2™™  à  3™",  voisine 
de  la  surface  et  d'autant  plus  grande  qu'il  existe  dans  le  tube  une  quantité 
plus  considérable  d'émanation,  que  cette  piqûre  reste  stérile.  C'est  dire 
que  l'émanation  pénètre  difficilement  et  lentement  dans  la  gélatine. 

L'étude  de  l'action  de  l'émanation  sur  le  l)acille  pyocyanique  est  plus 
intéressante;  ce  microbe  produit  des  pigments  en  plus  grande  abondance, 
d'une  part,  et  peut,  d'autre  part,  être  cultivé  à  l'étuve  à  37°  sur  la  gélose. 
En  raison  de  sa  plus  grande  vitalité  dans  ces  conditions,  il  faut  pour  empê- 
cher la  culture  une  quantité  d'émanation  telle  qu'en  peut  émettre  en 
une  heure  une  solution  renfermant  5™^  de  bromure  de  radium  pur. 

Alors  que,  dans  le  tube  témoin,  la  gélose  a  pris  au  bout  de  24  heures 
une  coloration  vert  émeraude,  dans  le  tube  qui  contient  l'émanation 
émise  en  une  heure  par  o"'^,ooo6  de  bromure  de  radium,  elle  est  à  peine 
verdâlre;  cette  gélose  est  incolore  dans  le  tube  où  l'on  a  introduit  l'émana- 
tion formée  en  une  heure  par  o™s^oo3  de  bromure  de  radium.  Si  l'on 
introduit  dans  une  série  de  tubes  de  gélose  des  quantités  croissantes 
d'émanation,  on  constate  que  le  développement  des  cultures  du  pyocya- 
nique varie  en  sens  inverse  de  la  quantité  d'émanation,  alors  que  la  lon- 
gueur du  bacille  s'accroît  progressivement  (./?^.  i,  2,  3,  4.  5,  6);  on 
observe  non  seulement  un  accroissement  de  la  longueur  des  bacilles,  mais 
encore  l'incurvation  d'un  certain  nombre  d'entre  eux. 


Fis.   I. 


Fis 


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Bacille  pyocaniquc  dans 

le  tube  témoin. 

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N. 


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Tube  avec  émanation  produite 
en  une  heure  par  o^SjOooô. 


Fig.  3. 


V. 


Tube  avec  émanation 
de  o™«,oo3. 


Ces  modifications  morphologiques  du  bacille  pvocyanique,  déjà  obtenues 
par  Charrin  et  Guignard,  par  l'addition  aux  milieuxilecultures  de  substances 


822  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

antiseptiques,  telles  que  l'acide  borique,  sont  en  rapport  avec  la  difficulté 
qu'éprouve  le  microbe,  placé  dans  des  conditions  de  vie  défavorables,  à 
opérer  sa  segmentation. 

Les  cultures,  dont  le  développement  a  été  gêné  par  la  présence  d'une 
très  petite  quantité  d'émanation,  reprennent  rapidement  leur  exubérance 
lorsqu'on  enlève  l'émanation.  Si  l'on  a  fait  agir  sur  les  microbesTémanation 
j)roduite  en  i  heure  par  5™s  de  l)ronuire  de  radium,  la  culture  se 
développe  quand  l'émanation  a  été  chassée,  mais  reste  incolore;  après 
deux  ou  trois  réensemencements,  le  pyocyanique  recouvre  son  pouvoir 
chromogène  initial.  Mais,  si  les  microbes  ont  été  au'  contact  pendant 
quelques  heures  avec  l'émanation  produite  en  4  jours  par  25"^  de 
bromure,  ils  ne  sont  plus  capables  de  se  mutiplier  ultérieurement.  En 
pareil  cas  l'émanation  exerce  une  véritable  action  bactéricide  et^non  plus 
seulement  une  action  inhibitoire  sur  la  vie  des  microbes. 

Fig.  4.  Fig.  5.  Fig.  6.  " 


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Tu)je 

avec  émanation 

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de  0 

"S,  i3. 

Tube  avec  éinanalioii  Tube  avec  éuianation 

de  o^SjOiâ.  de  o'"5,  o6. 

Virulence.  —  L'émanation  diminue  la  virulence  du  bacille  pvocvanique. 
Les  microbes  sur  lesquels  avaient  agi  des  quantités  croissantes  d'émanation 
et  qui  sont  représentés  dans  les  six  figures  ci-jointes  ont  été  réensemencés 
dans  des  tubes  de  bouillon.  Alors  que  la  culture  provenant  du  tiibe]]témoin, 
après  2.4  heures  de  séjour  de  l'étuve,  tue  à  coup  sûr  le  cobaye  par  inocula- 
lion  inlra-périlonéale  à  la  dose  de  i'^"',  l'injection  de  la  même  ilose  des 
cultures  provenant  des  autres  tubes  n'amène  jamais  la  mort  des  cobayes; 
on  peut  même  inoculer  2'°°'  et  3""'  de  la  culture  en  bouillon  du  microbe 
représenté  dans  la  figure  6,  sans  tuer  l'animal. 

Deux  ou  trois  repiquages  successifs  sur  la  gélose  font  récupérer  au  bacille 


SÉANCE    DU    2   AVRIL    U)06.  823 

pyocyanique,  atténué  par  l'émanation,  toute  sa  virulence;  un  seul  passage 
par  l'animal  conduit  au  même  résultat. 

Si,  au  lieu  de  cultiver  le  bacille  en  présence  de  l'émanation,  on  fait 
agir  cette  émaiiation  sur  la  culture  adulte,  on  obtient  encore  une  atténua- 
tion de  virulence  du  microbe.  Pour  réaliser  l'expérience  il  suffit  de  cultiver 
un  bacille  pvocyanique  virulent  dans  deux  tubes  de  bouillon;  dans  l'un  de 
ces  tubes  on  introduit  alors  une  certaine  quantité  d'émanation  et  l'on  agite 
assez  fréquemment;  au  bout  de  12  à  2^  heures,  on  constate  que  la  dose  de 
culture  nécessaire  poiu'  tuer  le  ci)baye  est  deux  ou  trois  fois  supérieure  à  la 
dose  mortelle  de  la  culture  témoin. 

Nous  avons  alors  recherché  si  l'émanation  introduite  dans  l'organisme 
du  cobave  pouvait  modifier  la  marche  de  la  maladie  pyocyanique.  Eu  intro- 
duisant dans  la  cavité  périlonéale  du  cobaye  l'émanation  émise  en  une 
heure  par  i^  de  bromure  de  radium  pur,  contenue  dans  5*^"°'  d'air,  on  le 
préserve  contre  une  dose  de  culture  de  bacille  pyocyanique  double  de  la 
dose  mortelle,  à  condition  d'inoculer  ce  bacille  dans  le  péritoine  au  moment 
même  où  l'on  y  introduit  l'émanation.  I^orsque  l'injection  d'émanation  est 
faite  une  heure  ou  deux  après  l'inoculation  du  microbe,  il  est  encore 
possible  de  protéger  l'animal  contre  la  dose  simplement  mortelle,  mais  les 
résultats  sont  inconstants.  Si  l'on  attend  plus  de  2  heures,  l'injection 
d'émanation  ne  produit  plus  aucun  effet  favorable. 

En  résumé,  parmi  les  diverses  propriétés  biologiques  du  bacille  pyocya- 
nique, la  plus  sensible  à  l'action  de  l'émanation  du  radium  est  le  pouvoir 
qu'a  ce  bacille  de  sécréter  des  pigments;  c'est  ensuite  la  virulence  qui  se 
trouve  le  plus  nettement  influencée;  il  faut  enfin  des  doses  plus  considé- 
rables d'émanation  pour  diminuer  notablement  et  même  annihiler  le  pou- 
voir de  reproduction  et  île  segmentation  du  microbe. 


ANTHROPOLOGIE.   —  Le  cœur  du  roi  Ramsés  If  (Sésostris). 
Note  de  M.    Lortet. 

Il  y  a  quelques  mois,  l'administration  des  musées  nationaux  du  Louvre, 
après  mille  difficultés,  faisait  l'acquisition  des  quatre  vases  canopes  ayant 
renfermé  les  viscères  du  roi  Ramsés  II,  le  Sésostris  des  Grecs. 

Ces  superbes  vases,  en  émail  bleu,  ne  peuvent  laisser  aucun  doute 
quanta  l'authenticité  de  leur  contenu.  Ils  portent  en  effet,  sur  le  flanc, 
de  grands  cartouches,  admirablement  dessinés,  représentant  les  noms  et 
les  attributs  du  roi  Ramsés. 

M.  le  Directeur  conservateur  du  Musée  égyptien  désirait  savoir  exacte- 


824  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ment  ce  que  ces  vases  canopes  pouvaient  bien  contenir.  Il  a  bien  voulu 
nous  en  confier  l'examen. 

Ce  travail  a  été  fait  avec  le  plus  grand  soin  dans  mon  laboratoire,  avec 
l'aide  de  mes  collègues,  MM.  les  professeurs  Hiigounenq,  Renaiit  et 
Rigaud.  Nous  avons  pu  constater  que  trois  vases,  remplis  de  bandelettes 
de  linge,  très  serrées  et  collées  par  du  natron  et  des  substances  aroma- 
tiques, résineuses,  de  couleur  rongeàtre,  avaient  dû  renfermer  très 
probablement  l'estomac,  l'intestin  et  le  foie  du  grand  roi.  Ces  viscères 
n'étaient  plus  représentés  que  par  des  sui)stances  granuleuses  indéter- 
minables, mélangées  à  une  grande  quantité  de  natron  pulvérulent. 

Un  des  vases  canopes,  cependant,  celui  dont  le  couvercle  devait  porter 
une  tête  de  chacal,  nous  a  montré  une  pièce  extrêmement  intéressante  : 
le  cœur  du  monarque. 

Cet  organe  est  transformé  en  une  plaque  ovalaire,  longue  de  S*^"  à  peu 
près  et  large  de  4'^"-  I-'^  substance  du  cœur  est  devenue  très  dure,  cornée, 
lia  Fallu  employer  la  scie  pour  en  faire  des  sections.  On  a  pu  alors,  au 
moyen  du  rasoir,  obtenir  des  coupes  assez  minces  pour  permettre  l'examen 
microscopique.  On  a  pu  constater  ainsi  que  celte  substance  cornée  est 
bien  formée  de  fibres  musculaires  parfaitement  reconnaissables  et  entre- 
croisées en  faisceaux  comme  le  sont  toujours  celles  du  muscle  cardiaque. 
Celte  disposition  spéciale  ne  se  rencontrant  dans  aucun  autre  muscle  de 
l'économie  si  ce  n'est  la  langue,  et  la  momie  de  Ramsès  II  conservée  au 
Caire  laissant  voir  cet  organe,  on  peut  affirmer,  sans  aucun  doute  possible, 
(lue  la  pièce  trouvée  par  nous  dans  le  vase  canope  est  bien  le  cœur  aplati 
et  transformé  en  une  substance  cornée  par  un  long  séjour  dans  le  natron. 

Le  roi  Ramsès  II  est  mort  en  laSS  avant  notre  ère;  il  y  a  donc  aujourd'hui 
3i64  ans  que  son  cœur  a  été  embaumé  dans  le  natron  mélangé  à  des 
substances  résineuses  aromatiques  et  cependant,  malgré  tant  de  siècles 
écoulés,  la  texture  analomique  de  l'organe  est  encore  admirablement 
conservée. 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

Le  Cahier  n°  23  du  Service  géographique  de  l'Armée  :  Matériaux  d'étude 
topologique  pour  l' Algérie  et  la  Tunisie,  6"=  série.  (Offert  |)ar  le  Service 
géographique  de  l'Armée.) 


SÉANCE    DU    2    AVRIL    (i)u6.  SaS 


ASTRONOMIE.  —  Sur  un  nomrau  dispositif  de  spectrohéliographe. 
Note  de  MM.  G.  Millociiau  el  M.  Stefamk,  présentée  par  M.  J.  Janssen. 

Les  spectrohéliographes  acluellement  employés  ont  comme  défaut  gé- 
néral d'enregistrer,  sur  les  photographies  obtenues,  toutes  les  vibrations 
produites  par  les  diverses  pièces  roulantes  ou  frottantes  qui  entrent  dans 
leur  construction.  Cet  inconvénient  est  dû  au  principe  même  de  l'appareil, 
principe  qui  est  d'obtenir  une  image  solaire  par  l'inlégralion  d'une  ligne. 

Aussi,  pour  obtenir  les  meilleurs  résultats  possibles,  est-on  obligé  de 
construire  ces  instruments  avec  un  soin  particulier,  ce  qui  les  rend  à  la  fois 
très  coûteux  et  d'un  maniement  difficile. 

D«BS  le  dispositif  que  nous  avons  l'iionneur  de  proposer,  nous  pensons  avoir  réduit 
an  mininuim  possible  les  roulements  et  frollemenls  et  par  conséquent  donné  un  moyen 
de  diminuer  dans  de  fortes  proportions  les  inconvénients  signalés. 

Un  speclrographe  à  deux  fentes,  quelconque,  est  rendu  mobile  autour  d'un  axe 
horizontal  perpendiculaire  au  plaji  déterminé  par  les  axes  optiques  de  ce  spectrographe. 
Ce  dispositif  est  réalisé  par  l'emploi  d'un  axe  tournant  entre  deux  pointes. 

Le  mouvement  est  produit  par  une  pompe  de  Brashear,  placée  verticalement.  Elle 
est  reliée  au  spectrographe  par  une  tige  dont  les  extrémités  sont  en  forme  de  pointes 
et  prennent  appui  dans  deux  trous  coniques  percés  l'un  sur  le  spectrohéliogiaphe, 
dans  le  prolongement  de  l'axe  opllf|ue  du  collimateur,  l'autre  sur  l'extrémité  de  la 
tige  de  la  pompe. 

1-,'axe  de  rotation  du  spectrohéliographe  doit  passer  par  le  point  de  rencoiUre  de 
l'axe  optique  du  collimateur  et  de  celui  de  la  lunette  du  s|5ectrographe.  La  distance 
entre  cet  axe  el  les  deux  fentes  doit  être  dans  le  rapport  des  distances  focales  des 
objectifs  du  collimateur  et  de  la  lunette  ('). 

Dans  le  cas  où  l'on  emploie  un  réseau  comme  appareil  dispersif  (^),  la 
seconde  fente  peut  être  fixe,  placée  dans  l'axe  de  la  lunette  et  le  réglage 
en  position  du  spectre  peut  être  obtenu  en  donnant  au  réseau  de  petits 
mouvements. 

Cette  fente  est  élargie  sur  une  petite  longueur  à  chacune  de  ses  deux 
extrémités,  dans  le  but  d'obtenir,  avant  et  après  la  photographie  solaire, 
une  portion  du  spectre  de  la  lumière  diffuse  du  ciel  et  de  permettre  ainsi 

(')  Ces  deux  principes  ont  été  exposés  par  Braun  en  1872  {Aslr.  Nuchr.) 
(^)  La  récente  découverte  des  flocculi  sombres  de  l'hydrogène,  par  M.  G.  llale,  a 
montré  l'avantage  de  l'emploi  du  réseau  pour  ce  genre  de  recherches. 

C.  R.,  1906,  i"  Semestre.  (T.  CNLII,  ^•  14.)  I09 


826  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  déterminer  facilement  la  radialiou  exacte  dans  laquelle  a  été  obtenue 
la  photographie  monochromatique. 

La  plaque  j)hotographique  peut  être  placée  immédiatement  derrière  la 
seconde  fente,  en  la  reliant  à  la  partie  fixe  (dispositif  de  ffale),  où  l'image 
peut  être  reprise  par  un  appareil  photographique  (dispositif  de  Braun). 

Ce  spectrohéliographe  peut  recevoir  de  la  lumière  par  l'intermédiaire 
d'un  sidérostat  ou  cœloslat,  mais  il  peut  être  appliqué  directement  à  un 
équatorial.  Dans  ce  dernier  cas,  la  monture  doit  pouvoir  tourner  autour 
de  l'axe  optique  de  l'objectif  de  l'équatorial  afin  de  rendre  sensiblement 
vertical  le  plan  du  spectrographe,  et  la  pompe  de  Brashear  doit  être  dis- 
posée pour  être  placée  presque  verticalement  quelle  que  soit  la  position 
du  Soleil. 

Ce  spectrohéliographe,  simple  et  peu  coûteux,  sera  d'un  entretien  et 
d'un  maniement  faciles  et  présentera,  sur  les  appareils  similaires  actuelle- 
ment en  usage,  des  avantages  nombreux. 

Remarque  sur  la  Note  précédente  ;  par  M.  J.  Jansse.v. 

J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  une  Note  de  MM.  Millochau 

et  Stefânik  sur  un  nouveau  dispositif  de  spectrohéliographe. 

Les  auteurs  se  sont  attachés  à  éviter  les  vibrations  gênantes  dans  ces 
sortes  d'appareils,  en  ramenant  au  minimum  le  nombre  des  pièces  méca- 
niques nécessaires  au  mouvement. 

Leur  projet  réduit  les  parties  frottantes  à  quatre  articulations  à  pointes. 
Ils  ont  également  pensé  à  construire  la  seconde  fente  de  manière  qu'on 
puisse  avoir,  sur  la  plaque  même  où  doit  être  photographiée  l'image 
solaire,  un  enregistrement  de  la  position  de  cette  fente  par  rapport  au 
spectre. 

Je  suis  heureux  de  voir  que  la  méthode  que  j'ai  proposée  en  1869,  et  qui 
est  fondée  comme  on  sait  sur  l'emploi  des  deux  fentes,  ait  pris  ce  dévelop- 
pement. 

GÉOMÉTRIE.  —  La  réduction  analytique  d  un  système  quelconque 
de  forces  en  E„.  Note  de  M.  P. -H.  Sciioute. 

Dans  une  étude  antérieure,  datant  de  1901,  nous  avons  démontré  par 
la  Géométrie  que  le  système  de  forces  le  plus  général  en  Ea,„_,  peut  être 


SÉANCE  DU  2  AVRIL  1906.  827 

réduit  km  forces  me  se  trouvant  pas  dans  un  même  E2;„_2  et  que  le  système 
de  forces  le  plus  général  en  Ej^  se  comporte  comme  le  système  de  forces 
le  plus  général  d'un  E._,„,_,  déterminé  compris  dans  cet  E^,,,. 

Dans  une  petite  Note  qui  va  paraître,  nous  nous  sommes  occupé  du  cas 
particulier  n  =  li^Ux  nous  déduisions  par  l'analyse  : 

1°  L'équation  de  l'espace  à  trois  dimensians  contenant  les  deux  résul- 
tantes; 

2"  Le  volume  constant  du  tétraèdre  dont  ces  deux  résultantes  forment 
deux  arêtes  opposées  (théorème  de  Chasles); 

3"  Les  équations  du  système  focal  correspondant  (théorème  de  Mœbius). 

Ici  nous  ferons  connaître  l'extension  de  ces  résultats  à  l'espace  E2,„, 
ceux  de  l'espace  E2,„_|  y  étant  compris;  nous  nous  proposons  d'en  publier 
ailleurs  la  démonstration. 

Soit  0(X,,  Xj,  ...,  Xj^)  un  système  d'axes  coordonnés  rectangulaires 
de  l'espace  Ejm  qui  porte  le  système  donné  de  forces.  Remplaçons  chaque 
force  F'-'^'  de  ce  système  par  ses  composantes  F„^  dirigées  suivant  les  axes 
OX^,  et  transportons  ces  composantes  en  O  à  l'aide  de  couples  aux  moments 
F/'iT^'—  f'Px'p  situés  dans  les  plans  X^OX^.  Représentons  par  R„  les 


g 

r 


résultantes  T^F^^  et  par  {g,  h)  les  couples  '^{^\{'' x^'  —  F^'.r/^  ),  p  indi- 
diquantle  nombre  des  forces  du  système.  Alors  ou  a  la  relation 

(^,  A)  =-(/*,  <.), 

Considérons  le  produit  (i ,  2)  (3,  4)  (5,  6). .  (im  —  i,  im)  et  formons- 
en  la  somme  S  =  V  (i,  2)(^3,  4)  (5,  0). . .  (2^  —  i ,  2w  j,  où  chacune  des 

^7;j^  ■- -j-  expressions  sous  le  signe  ^  contient  tous  les  nombres  i,  2, 

3,  .  . .,  -im,  et  où  l'on  fait  attention  au  signe,  en  ne  passant  de  l'expression 
modèle  aux  autres  expressions  analogues  qu'à  l'aide  d'un  changement  de 
Tordre  des  nombres  en  des  couples  de  facteurs,  y  permutant  cycliqiiement 
trois  des  quatre  nombres,  le  quatrième  ne  bougeant  pas. 

Représentoiis  de  plus  par  (g-,  h )  ^   ^^        la  somme  des  expressions  de  S 

contenant  le  facteur  (g,  h),  par  (i;,  h)  (i,  k)- ,  ,  ^,  .    , ,  la  somme  des 

expressions  de  S  contenant  les  deux  facteurs  (g,  Ii),  («,  k)  a  la  fois. 


828 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


Alors  on  trouve  par  rapport  aux  m  forces  formant  un  système  équivalent 
au  svstème  donné  : 

Théorème  1.  —  L'équalion  de  l'espace  E,{,',  ,  contenant  les  m  résultâmes  est 


e=i  L      /'  =  •  J 


Théorème  II  (extension  du  théorème  de  Chaslcs).  —  Le  volume  à  im  —  i 
dimensions  Vo„,„,  du  simplexe  à  im  sommets,  dont  les  m  résultantes  en  R!;'^„_, 
indiquent  par  leurs  points  d'application  et  par  leurs  extrémités  les  ini  som- 
mets, est  représenté  par  la  constante 


{im  ^i)\ 


■2  m     r~   2  tn 

2     ^^^''lïJjT) 


=  1  L''  =  i 


Théorème  III  (extension  du  théorème  de  Mœbius).  —  Si  ;,,  î., i.,,„ 

sont  des  coordonnées  tangentielles  liées  aux  coordonnées  ponctuelles  .r, ,  j-j-  •  •  • . 

x.,,„  par  la  condition  V  a:„^„  +  i  =  o  de  l'incidence  du  point  P  aux  coordon- 

nées  Xg  et  de  l'espace  Eo„,__i  au r  coordonnées  Ig,  le  système  focal  correspon- 
dant a'ix  systèmes  des  m  résultantes  en  E'/„,_,  se  projette  sur  l'espace  coordonné 
x.,„,  =  o  comme  le  système  focal  déterminé  par  les  équations 


è 


0  (  /,  2  m  ) 


^'S- 


îMi  —  1  p  2;/i  —  1  '1 


o(g-,  ■2m) 


a  =  \,  1,  3,  ...,  -im  —  i). 


se  rapportant  au  système  de  coordonnées  0(X,Xo. ..  Xj^^,)  dans  cet  espace 


SÉANCE    DU    2    AVRIL    1906.  8.2() 


ANALYSE    MATHÉMATIQUE.    —    Fur  les  fonctions   hypertranscendantes. 
Note  de  M.   Edmoxd  3Iaillet,    présentée   par  M.   Jordan. 

J'appelle /onc//o«  hypertranscendanle  ('  ),v  de  x  une  fonction  y  qui  ne 
satisfait  formellement  à  aucune  équation  différentielle  rationnelle 

./(■r,.r..v' .v^)  =  o 

dont  le  premier  membre  est  un  polynôme  en  x,  y,  y',  .  . . ,  y*'. 

J'ai  obtenu  au  sujet  des  fonctions  hypertranscendantes  le  théorème 
suivant,  qui  présente  de  grandes  analogies  avec  un  théorème  analogue  de 
Liouville  relatif  aux  nomlires  transcendants  et  qui  a  des  conséquences  de 
même  nature  : 

Soit  c(^x)  une  fonction  non  rationnelle  donnée,  quotient  de  deux  séries  de 
Maclaurin  (-) 

(0  ';  =  (  2^"'-^'")(Il''"'^" 

f  —  P  O  '  f  —  p  0  ' 

des  fractions  rationnelles,  fonctions  réelles  ou  imaginaires  de  x,  en  nombre 
infini,  ayant  des  valeurs  distinctes;  par  hypothèse,  i  —  I„  est.  pour  x  infini- 
ment petit,  un  infiniment  petit  d'ordre  a„  C)  toujours  croissant  avec  n,  et  les 
P„,  0„  sont  des  polynômes  en  x  de  degrés  respectifs  p,„  q„  dont  l'un  au  moins 
croît  indéfiniment  avec  n. 

1°  Lorsque  ç  est  solution  formelle  d'une  équation  différentielle  rationnelle 
donnée  f{x,  y,  y' ,  . . . ,  j  *')  =  o,  d'ordre  k,  sans  satisfaire  formellement  à  une 
équation  différentielle  rationnelle  d'ordre  k  et  de  degré  /noindre  en  y*',  ou 
d'ordre  moindre  que  k,  on  a,  dés  que  n  est  assez  grand, 

(2)  |?_I„|>ja^|>.'('-/'„-0 


(')  Ce  sont  les  fonctions  que  M.  Moore  appelle  transcendeiilally-lranscendental. 

(^)  Ces  séries  sont  convergentes  ou  divergentes;  une  d'elles  peut  se  réduire  à  un 
polynôme. 

(^)  Ceci  veut  dire  que  ç  — 1„  est  égal  formellement  à  une  série  de  Maclaurin  dont 
le  terme  de  degré  le  moins  élevé  en  x  est  en  ^■""  ;  une  remarque  analogue  s'applique 
à  (2). 


83o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

pour  x  infiniment  petit  (1'  est  positif  et  ne  dépend  que  de  k  et  des  paramétres 
def). 

2"  Lorsque 

(3)  |;-T„|<|^|'('+''"-^?"', 

si  grand  que  soit  le  nombre  fixe  arbitraire  positif  a,  dés  que  n  est  assez  grand, 
\  est  une  fonction  hypertranscendante. 

Ceci  ne  suppose  rien  sur  la  nature  arithmétique  des  coefficients  c,„,  d,„,  ni 
sur  la  convergence  ou  la  divergence  des  séries. 

Dans  le  second  cas  [formule  (3)],  soit  E' une  autre  fonction  analogue 
à  E,  limite  d'une  suite  de  fractions  l'„,  telle  que  p\^:=k„p^,  <j^^z=l^q^  ou 
p'^^^](„q„,  q\^=zl^p^^  avec  k„,  l„  limités  supérieurement  et  inférieurement, 
quel  que  soit  n.  De  plus 

lE'— i;,[<|.r|«''^'p;.^'»', 

dès  que  n  est  assez  grand  :  ç  et  E'  sont  dites  correspondantes  ;  deux  fonctions 
qui  correspondent  à  une  même  troisième  se  correspondent  entre  elles. 

Soit  E,  l'ensemble  des  fonctions  correspondant  à  E  et  des  fractions  ration- 
nelles :  E,  comprend  les  dérivées  des  fonctions  de  E,.  Toute  fonction 
rationnelle  de  x  et  des  fonctions  de  E,  appartient  à  E,. 

Exemple  d'ensemble  E,  :  fonctions  correspondant  à 


OU 


i.=  2;« 


cî^„  =  gm^„„  §•,„>>  o  et  limité  supérieurement  et  inférieurement. 

On  peut  d'ailleurs  considérer  des  ensembles  E  plus  particuliers  que  E,, 
et  ayant  des  propriétés  semblables,  en  imposant  aux  fonctions  considérées 
des  conditions  complémentaires  :  i°  les  séries  numérateur  et  dénominateur 
sont  convergentes  et  ont  un  rayon  de  convergence  ^p;  2°  leurs  coefficients 
sont  rationnels;  3°  ce  sont  des  fonctions  entières;  etc. 


SÉANCE    DU    2    AVRIL    1906.  83 1 


DYNAMIQUE  DES  GAZ.  —  Sur  l' accélération  des  ondes  de  choc  plants. 
Noie  de  M.  Jouguet,  présentée  par  M.  Jordan, 

Considérons,  dans  un  gaz  parfait  dont  y  sera  le  rapport  des  chaleurs 
spécifiques,  un  moLivement  se  faisant  par  tranches  parallèles.  Soient  t  le 
temps,  a  l'abscisse  initiale  d'une  tranche,  r  la  densité  dans  l'état  initial 
supposé  homogène,  x,p,  p,  a  l'abscisse,  la  pression,  la  densité  et  la  vitesse 
d'une  tranche  à  un  instant  quelconque.  Les  équations  du  mouvement  sont 


dp  _ 
da  " 

'  dt- 

da 

Un  premier  mouvement,  le  mouvement  1,  sera  défini  par 

-^  =  M,  =  const.,         /3,  ^const.,  p,  =  /'  =  const. 

Dans  ce  mouvement  s'en  propagera,  par  onde  de  choc,  un  second,  que 
nous  distinguerons  par  l'indice  2  et  qui  sera  supposé  adiabatique.  La  vitesse 
de  l'onde  de  choc  dans  le  champ  de  Lagrange  étant  D,  on  aura 


/■D  = 


Pi  —  P\ 

"■:  —  "1 

0-> 


(2)  ]^^p,^-p^yA_Jl=^a.,-u,)\ 

/^2.  p^'  "a  sont  des  fonctions  de  a  et  de  ^  qui  vérifient  (2)  au  front  de 
l'onde.  Les  pressions  étant  toujours  positives  et  les  ondes  de  choc  qui 
peuvent  .'e  propager  n'étant  jamais  négatives,  il  faut  que 


(3j 


P2>P,.  P,>P,>0,  Un^U,, 

(r  +  0?2  -  (y  - 1)?.  >  iT  + 1)?.  -  (y  -  v?^-  >  o- 


Dans  le  temps  dt,  la  valeur  de  p^  au  front  de  i'onde  croit  de 


83: 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


r\  ■    ■  àpn         ^^àp■l  dp.,      .  ^      .  du,     da,  ,  ■       ■  r. 

Désignons  -~  +D-~-"  par  -jr-  Les  notations  -j^,  -^  auront  des  significa- 
tions analogues. 


r/D 


L'accélération  de  l'onde-^  vaut,  par  la  première  équation  (2), 


(4) 


[in — II,)-    dt  II, —  «I    dl 


Mais  les  deux  dernières  équations  (2)  donnent  les  relations 


(5) 


dp, 
lu' 


(kl  _    (  Y  +  >  )  Pi  —  ( T  —  1  )  ?2    dit. 


H 


dp., 
lu' 


qui  permettent  de  transformer  (4)  en 

(^\    r~  =         '         r.  _  Cl  P'  —  P'  (t  +  ')Pi— (y  — Op^"]  dp,  _     2  dp. 

Il  est  facile  de  vérifier,  par  (3)  et  par  la  loi  d'Hugoniot,  que  les  coeffi- 
cients H^  et  R-  sont  bien  positifs. 

Faisons  maintenant  appel  à  (i).  On  peut  écrire  (/j),  en  développant 

dp«    diu     .  ....        .  /   \        /s 

—■}  —Tj-  et  en  utilisant  (i)  el  (2), 


dXi 


dt         II, —  «I    dt         II, —  «,  p'J    dt  \  /■■  dp, 

Tt 


ou,  vu  (6), 


Op. 


[  3  -f.  Pi  /'2~~/^'  (ï  +  ')pi  — (t—  Opa]  JL^^n-'lhlÛÊi o-  I 

L  r-    ?2— Pi   (t+ !)/>,  + (y  -  O/^^J  Iv'    dt         ~  p\    ôl  \  r-   dp,  y 


àl 


dD 


Au  premier  membre,  le  coefficient  de  -7-  est  positif,  par  (3).  Au  second 

membre,  ^  -^est  le  carré  de  la  vitesse  du  son  en  arrière  de  l'onde,  qui 

'tt 
est  toujours,  comme  on  sait  ('),  supérieur  à  D''  :  le  coefficient  de -|y  est 


(')  ^oi^  Sur  la  propagation  des  réactions  chimiques  dans  les  gaz  {Journal  de 


SÉANCE  DU  2  AVRIL  1906.  833 

donc  positif.  Par  suite,  -j-a  toujours  le  signe  de  -jj  (ou de  —  -^j-  Par  (5) 


dt  " j— -  -  "& -   ^t  V Oa 

et  (6),  il  en  est  de  même  de  -—  et  --^• 

De  là  les  résultats  suivants  : 

Si,  à  un  instant  quelconque,  -jj  est  positif  (ou  -p  négatif  j  au  front  de 

l'onde,  la  pression  et  la  densité  au  front  vont  en  croissant  et  l'onde  est 
accélérée  à  cet  instant. 

Op,       .      ,      .-c  I        au-, 


Si,  à  un  instant  quelconque,  -~^  est  négatif  (ou  -~  positif)  au  front  de 

l'onde,  la  pression  et  la  densité  au  front  vont  en  décroissant  et  l'onde  est 
ralentie  à  cet  instant. 

Si  -~  est  nul,  l'accélération  de  l'onde  l'est  aussi.  C'est  le  cas  étudié  par 

Hugoniot. 

En  s'inspirant  des  considérations  que  nous  avons  indiquées  dans  un 
travail  récent  ('),  on  peut  étendre  les  recherches  précédentes  au  cas  des 
gaz  non  parfaits,  pourvu  que  la  discontinuité  produite  par  l'onde  dans  les 
densités  ne  dépasse  pas  une  certaine  limite.  Il  v  a  simplement  une  discus- 

sion  à  faire  suivant  le  signe  de .   '  '  • 


ÉLECTRICITÉ.  —  Sur'  la  valeur  numérique  /a  plus  probable  du  rapport  —  de 

l-«-o 

la  charge  à  la  masse  de  l'électron  dans  les  rayons  cathodiques.  Note  de 
M.  Ch.-Eug.  Guye. 

Les  expériences  qui  ont  permis  de  déterminer  avec  le  plus  de  précision 
la  valeur  fondamentale  —  pour  les  rayons  cathodiques  reposent  sur  les 


Mathématiques  pures  et  appliquées,  1906,  p.  82).  Nous  saisirons  cette  occasion  pour 
insister  sur  le  fait  que  la  métliode  donnée  dans  cet  écrit  pour  comparer  la  vitesse  du 
son  avec  celle  des  ondes  de  choc,  et  exposée  dans  le  cas  particulier  des  ondes  planes, 
est  en  réalité  entièrement  générale. 
(  '  )  Ibid.,  p.  37. 

C.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N«  14.)  HO 


834  ACADÉMIE   DES   SCIENCES, 

deux  relations  bien  connues  (')  : 

(i)  j!^-^=  =  U3, 

(2)  ?=Hl' 

d'où  l'on  déduit,  abstraction  faite  de  toutes  corrections  relatives  au  dispo- 
sitif expérimental, 

(3)  ~  =  ^- 

Ces  expériences  ont  conduit,  comme  on  sait,  à  la  valeur 

-  =  1,865  X  io% 

donnée  par  Simon  et  généralement  adoptée. 

Ramenée  au  cas  d'un  déplacement  infiniment  lent  cette  valeur  devient, 
dans  le  cas  des  expériences  de  Simon, 

(I)  -f  =  1,892  xIo^ 

D'autre  part,  les  expériences  effectuées  par  Raufmann  sur  les  électrons 
du  radium  ont  donné,  par  extrapolation,  —  =  (i,'y'y5  dz  0,069)  1°'  (R^"g^) 
et,  si  l'on  tient  compte  seulement  des  meilleurs  clichés  (n°*  18  et  19), 

(II)  -  =  1,858  X  10'. 

Le  but  de  cette  Note  est  de  montrer  que  la  formule  (3)  peut  être  cor- 
rigée et  que  cette  correction  a  pour  effet  d'augmenter  la  concordance 
entre  les  valeurs  (I)  et  (II). 

En  effet  les  valeurs  de  ^i.  qui  figurent  dans  les  expressions  (i)  et  (2)  ne 
sont  égales  que  si  la  vitesse  de  l'électron  est  suffisamment  petite. 

Si  donc  on  désigne  par  [a'  et  [a^  les  valeurs  de  \l  dans  ces  expressions,  on 
aura 


(3')  s  =  [?]w-' 


(')  (ji  masse  de  l'électron,  c  sa  vitesse,  U  potentiel  de  décharge,  z  charge  électrique 
de  l'électron,  H  cliamp  magnétique  produisant  la  déviation  du  faisceau  cathodique, 
p  rayon  de  courbure  du  faisceau  dévié. 


SÉANCE  DU  2  AVRIL  1906.  835 

Dans  le  cas  particulier  des  expériences  de  Simon  (potentiels  moyens  de 
décharge  :  7741  volts,  10 632  volts,  7705  volts)  on  a  en  moyenne 

^  =  0-9928 

la  correction  est  d'environ  i  pour  100,  tandis  que  les  écarts  entre  les  di- 
verses séries  et  la  moyenne  ne  sont  que  de  i  à  4  pour  1 000  ;  cette  correction 
est  donc  légitime. 

Elle  conduit,  tous  calculs  faits,  aux  résultats  suivants  que  l'on  peut  con- 
sidérer actuellement  comme  les  valeurs  les  plus  probables  de  -  pour  les 
rayons  cathodiques 

—  =  1,852  X  10'  (expérience  de  Simon), 

(III)  -=1,878X10'. 


En  comparant  cette  dernière  valeur  à  celle  déduite  des  expériences  de 
M.  Raufmann  (formule  II)  on  voit  que  la  correction  a  pour  effet  d'aug- 
menter un  peu  la  concordance;  elle  est  donc  favorable  à  l'hypothèse  de 
l'identité  des  électrons  qui  constituent  les  rayons  cathodiques  et  les 
rayons  p  du  radium. 

Remarque,  —  La  masse  ]j!  déduite  du  potentiel  de  décharge  [équation  (i)] 
doit  naturellement  être  distinguée  des  masses  dites  longitudinale  et  trans- 
versale désignées  généralement  par  jj.,  et  [j..^. 

De  la  théorie  de  M.  Max  Abraham  il  ressort  aisément  que  cette  masse  y.' 
est  reliée  à  la  masse  longitudinale  \J.^  par  l'équation  différentielle 

(IV)  v.  =  \'-'  +  'y%- 

Si  l'on  développe  les  masses  jji,,  [j,o,  ^.'  en  série,  suivant  les  puissances 
croissantes  de  p-,  on  a  en  résumé: 
1°  Masse  longitudinale, 

■jP  Masse  transversale, 


836  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

3°  Masse  cinétique, 

Nous  avons  appelé  cette  dernière  valeur  masse  cinétique  parce  que,  mul  - 
tipliée  par  \v'^,  elle  représente  l'énergie  cinétique  de  l'électron. 

En  réduisant  ces  développements  au  premier  terme  en  p-,  on  voit  que 
l'on  a 

['-.>  ^'•'>^'•2>[^-o• 
Enfin,  dans  le  cas  d'un  déplacement  infiniment  lent, 


PHYSIQUE.  —  Influence  de  la  compressibilité  sur  la  formation  des  gouttes. 
Note  de  M.  H.  Ollivier,  présentée  par  M.  J.  Violle. 

Au  cours  de  quelques  expériences  sur  la  capillarité  j'ai  pu  constater 
que  la  formation  des  petites  gouttes  liquides  est  grandement  influencée 
par  l'élasticité  des  parois  et  même  par  la  compressibilité  du  liquide,  que 
l'on  peut  mesurer  par  ce  procédé. 

L'appareil  employé  dans  le  cas  de  l'eau  comprend  :  i°  un  réservoir 
recevant  de  l'eau  parfaitement  filtrée  et  de  niveau  constant  ;  2°  un  robinet 
à  pointeau  très  délicat  ;  3°  une  petite  chambre  A  en  nickel  épais,  qui  porte 
un  orifice  d'écoulement  de  petit  diamètre  (o™™,3  au  plus)  (')  non 
mouillé. 

Si  la  chambre  A  communique  avec  le  robinet  par  un  tube  rigide  et  si  elle 
ne  renferme  aucun  corj^s  élastique,  on  constate  qu'après  la  chute  d'une 
gouUe,  la  goutte  suivante  se  montre  immédiatement. 

Mais  si  la  chambre  A  est  reliée  au  robinet  par  un  tube  élastique  (jca  out- 
chouc)  ou  si  elle  renferme  un  corps  élastique  (bulle  d'air),  on  constate 
qu'après  la  chute  d'une  goutte,  la  goutte  suivante  ne  se  montre  pas  tout  de 
suite.   Il  faut  attendre  un    temps  Ô,  ;   elle   perle   alors    tout    d'un    coup 


(')  On  peut  se  servir  A\u\  tube  de  verre  étiré  et  enduit  de  cire.  Mais  il  vaut  bien 
mieux  employer  un  trou  en  cône  très  évasé,  percé  dans  une  paroi  rigide  enduite  de 
cire  et  de  noir  de  fumée  sur  sa  face  inférieure.  Il  ne  faut  pas  que  la  cire  pénétre  dans 
le  trou. 


4i 

4i. 

,3 

45. 

,  1 

46: 

,6 

48. 

.9 

SÉANCE  DU  2  AVRIL  I906.  887 

(en  moins  de  ^  de  seconde).  Elle  s'accroît  un  peu  pendant  une  période  0.,, 
puis  elle  tombe. 

Exemple.  —  Goulles  pesant  7™?, 8.  La  chambre  A  communique  avec  un  tube 
capillaire  jaugé  où  l'on  peut  enfermer  un  volume  d'air  connu  c,  compris  entre  o  et 
un  demi-centimètre  cube. 

0  =  0,4-0,  est  l'intervalle  de  temps  entre  les  chutes  de  deux  gouttes  consécutives. 

V.  6,.  9,.  e. 

/       cm^  s  s  s 

1    O  O  4' 

On  ne   touche  pas  ]  0,100  6,8  34,5 

au  robinet.          1  <^'3oo  20,1  25 

i  o,4oo  26,8  19,8 

'  o,5oo  33,4  i5,5 

(on  peut  réduire  O2  à  une  fraction  de  seconde). 

La  durée  0;  de  la  première  période  est  proportionnelle  à  c.  Pour  i'  =  const.  0,  varie 
si  l'on  agit  sur  le  robinet;  alors  0,  est  sensiblement  proportionnel  à  0. 

Plus  r  est  grand,  plus  la  goutte  perle  brusquement  au  bout  du  temps  0,.  A  par- 
tir d'une  certaine  valeur  de  r,  il  se  forme  un  jet  qui  s'échappe. 

Pour  expliquer  ces  phénomènes,  il  suffit  de  lemarquer  que  la  formation  d'une 
goutte  à  un  orifice  non  mouillé  de  rayon  très  petit  r  débute  par  la  formation  d'un  très 
petit  bourrelet  de  rayon  à  peu  près  égal  à  r  et  dont  le  volume  est  négligeable. 
La  pression  capillaire  passe  donc  par  un  maximum  P  très  accusé  avant  que  l'on 
puisse  voir  la  goutte.  Le  robinet  envoie  de  l'eau  dans  la  chambre  A;  les  corps  élas- 
tiques qui  y  sont  contenus  se  compriment  jusqu'à  ce  que  la  pression  devienne  P;  c'est 
la  période  0,.  Dès  que  la  pression  dépasse  P,  le  bourrelet  grossit,  son  rayon  augmente, 
la  pression  capillaire  diminue  très  vite,  les  corps  élastiques  qui  étaient  comprimés 
dans  A  se  détendent  rapidement  et  la  goutte  perle  en  un  temps  très  court.  —  La 
période  0,  doit  donc  être  proportionnelle  au  volume  r  du  corps  élastique  enfermé 
dans  A.  C'est  ce  que  l'expérience  montre. 

On  voit  très  bien,  dans  le  tube  capillaire  contenant  le  volume  d'air  r,  l'augmen- 
tation progressive  de  la  pression  jusqu'au  maximum  P  et  la  détente  brusque  de  l'air 
qui  fait  jaillir  le  liquide  de  l'orifice. 

An  lieu  d'employer  comme  corps  élastique  quelques  dixièmes  de  centi- 
mèlre  cube  d'air,  on  peut  employer  quelques  litres  (2  à  4)  d'im  liquide 
enfermé  dans  un  récipient  épais  en  communication  avec  A.  On  mesure  6, 
et  62  ;  on  connaît  le  voliune  c  d'air  qui  donne  les  mêmes  valeurs  de  0,  et  Oj 
que  le  volume  V  du  liquide  employé.  Ces  volumes  Y  qI  v  subissent  donc  la 
même  diminution  de  volume  \v  pour  la  variation  de  pression  employée. 
On  a  donc  le  rapport  îles  compressibilités  de  l'air  et  du  liquide.  On  en 
déduit  bien  simplement  la  coinpressibilité  du  liquiile.  La  mesure  de  la  varia- 


838  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

tion  de  volume  Ac  est  remplacée  par  la  mesure  du  volume  beaucoup  plus 
grand  i'  ('). 

En  plaçant  successivement  dans  le  même  récipient  plusieurs  liquides,  on 
a  les  différences  de  leurs  compressibilités. 

En  plaçant  un  liquide  de  compressibilité  connue  dans  une  enveloppe 
solide,  on  trouve  ainsi  le  coefficient  d'élasticité  de  cette  enveloppe. 

Les  coefficients  de  compressibilité  des  solides  sont  mesurés  par  le  même 
procédé. 

Toutes  ces  applications  feront  l'objet  d'une  prochaine  publication. 

Exemple. —  Ballon  de  3', 28.  Epaisseur  des  parois  i^^iS  à  S"^"".  La  quantité  d'air 
qui  équivaut  à  3',  28  d'eau  est  i4o"™'.  Le  l>allon  équivaut  à  35™™'  d'air. 

Dans  le  cas  des  gouttes  de  mercure  s'échappant  d'un  tube  de  verre  étiré, 
on  constate  l'existence  des  deux  périodes  6,  et  6^  comme  avec  l'eau.  La 
sensibilité  est  si  grande  que  l'expérience  est  difficile  àfiiire.  De  plus,  quand 
une  goutte  est  tombée,  le  ménisque  remonte  dans  le  tube  d'une  quantité 
pro|Jortionnelle  à  v.  Le  ménisque  revient  à  l'orifice  pendant  le  temps  0,  ;  la 
goutte  perle  alors  tout  d'un  coup,  grossit  lentement  (période  62),  puis 
tombe.  La  mesure  de  l'ascension  du  ménisque  pourrait,  dans  les  applica- 
tions, remplacer  celle  de  0,. 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  les  combinaisons  halo  gênées  du  ihallium. 
Note  de  M.  V.  Thomas,  présentée  par  M.  Moissan. 

Celte  Note  est  le  résumé  des  recherches  que  j'ai  entreprises  sur  la  ther- 
mochimie  des  halogénures  ihalliques  et  sur  la  chloruration  du  chlorure 
thalleux. 

L  —    Thevmochimie  des  halogénures  thalliques. 

a.  Chlorure  LhalUque.  —  Le  chlorure  anhydre  a  été  préparé  par  la  méthode  que 
j'ai  indiquée  précédemment,  par  la  déshydratation  du  chlorure  à  4H^0  (-). 

(I)  TlC13sol.+  /tH^O  =  TlCHdiss +    8c^'',4(') 

(II)  (TlCP+4H-0)sol.  =  TlCl^diss -    2^-1,1  (') 

(')  On  augmente  la  précision  en  prenant  des  orifices  étroits  et  en  serrant  le  robinet 
de  façon  à  avoir  pour  0,  des  valeurs  de  l'ordre  de  la  minute. 
(^)  Comptes  rendus,  t.  GXXXV,  1902,  p.  io5. 
(^)  Deux  déterminations  ont  donné  S'^^'iSS  et  8*^"', 47. 
{'')  Deux  déterminations  ont  donné  le  même  nombre  —  a*^-^',  12. 


SÉANCE    DU    2   AVRIL    I906.  83t.) 

On  en  décliiil 

(III)  TlCPsol.-(-4H^OHq.  =  TIClMH20sol.     +  ioC=i,5 

Thorasen  a  déterminé  la  chaleur  de  formation  du  trichlorure  hydraté.  D'après  ce 
savant,  on  a 

Tl  +  Cl  gaz.  +  nlPO  liq.  =  Tl  Cl^ diss ...      -+-  SgCai,  2  (  '  ) 

Celte  donnée  permet  de  calculer  la  chaleur  de  formation  du  trichlorure  anhydre, 

(IV)  Tl-hCl^gaz.  =  TlCl='sol -t-8o'>',8 

Cette  chaleur  de  formation  est  du  même  ordre  de  grandeur  que  celles  du  chlorure 
de  bismuth  et  du  chlorure  d'antimoine  anhydres. 
On  en  déduit 

TlCIsol.  +  Cl^gaz.^TlGl^sol +22^»", 2  (') 

b.  Bromure  Ihallicjue  : 

(V)  TlBr^4H^0  sol +  /jH-20  =  TlBr3  diss...     +    2f^»',2 

La  chaleur  de  formation  du  bromure  thallique  en  solution  étant  connue,  la  chaleur 
de  dissolution  du  tétrahydrate  permet  de  calculer  la  chaleur  de  formation  du  tétra- 
hydrate  ; 

(VI)  Tl  +  Br'liq. +  411-0  ==TlBr^4H20  sol...     -h  (56,8 -h  2,2)  soit  àg^^'i  (' )• 

Si  l'on  mélange  des  dissolutions  de  bromure  et  de  chlorure  thalliques,  on  n'observe 
pas  de  phénomène  thermique  :  les  chlorobromures  de  thallium  sont  donc  complète- 
ment dissociés  en  solution. 

c.  Chlorobromures  ihalUques  : 

(VII)  (TlClBr'--t-4H-0)sol.  H-wH^O^TIClBr^diss...      _aC»i,9(2), 

(VIII)  (TlCI"-Br  +  4H^0)sol. -+- «H^0=:TlCr-Brdiss...     —-it--\%{^). 

Ces  chaleurs  de  dissolution  sont  notablement  supérieures  au.v  chaleurs  de  dissolu- 
tion du  trichlorure  et  du  tribromure. 

Les  données  précédentes  sont  suffisantes  pour  le  calcul  de  la  chaleur  de  formation 
des  chlorobromures  solides  en  partant  des  chlorures  et  bromures  thalliques.  Ce  calcul 
donne 

2(TlCP,4H20)sol.  +(TlBrS  4H20)sol.  =  3(T1  C|2Br,4  H^O)  sol. -1- (o<:='',6x  3), 
2(TlBr',4H20)sol.-i-(TlCF,  4H'-0)sol.  =  3(TlClBr»,4  H^O)  sol.  +  (oC»',7  x  3). 

(')Thomsen,  Thermock.  Unlersuch. 

(-)  Deux  déterminations  ont  donné  — 3'^"'        et  —  aCai^g-. 

(^)  Deux  déterminations  ont  donné  —  af^^'.So  et  —  2^^»',  78. 


84o  ACADÉMIE    DES   SCIENCES.' 

Les  chaleurs  de  formation  sont  certes  assez  faibles,  mais  non  nulles, 
les  erreurs  d'expériences  ne  pouvant  que  modifier  légèrement  la  valeur 
du  chiffre  trouvé.  Ces  mesures  thermochimiques  confirment  donc  l'exis- 
tence chimique  des  chlorobromures  thalliques  ;  l'hypothèse  de  mélanges 
isomorphiques  doit  donc  être  définitivement  écartée.  On  a,  par  suite, 
la  série  d'égalités  : 

Cal 

Tl  +CF  gaz  +  4H20  liq.  =  Tl  Cl', 4 H-O  sol +91,3 

TI+G1=  gaz  +  Brliq.  + /l  tPO  liq,  =  TlCI^Br,  411^0  sol +80,7 

T1-+-C1    gaz +BrMiq.  H-4H-01iq.  =:TlClBrS4H'Osol +70,0 

Tl-h  BrMiq.  +  4H2  O  =  Tl  Br%4H^0  sol +69,0 

Il  en  résulte  que  le  remplacement  successif  des  atomes  de  brome  du 
bromure  par  des  atomes  de  chlore  dégage  sensiblement  la  même  quantité 
de  chaleur:  le  premier  dégage  11*^"', o,  le  second  10*^*', 7  et  le  troisième 
ioC«i,6. 

d.  Chlorhydrate  de  chlorure. — ^J'ai  montré  précédemment  que  le  chlorure  hydraté 
se  combine  au  gaz  chlorhydrique  avec  formation  de  chlorhydrate  TlCl',  3H- 0,  HGl. 
La  combinaison  ne  se  produit  pas  avec  le  chlorure  anhydre. 

TlCPdiss.  +HCldiss.  =  (TlCl'+HCl)diss —  oc»i,2 

chiffre    pratiquement    nul.    Le    chlorhydrate    est    donc    complètement    dissocié    en 
solution. 

II.  —  Cidoruralion  du  chlorure  thalleux  par  voie  sèche. 

a.  Chloruralion  par  le  chlore  liquéfié.  —  Quel  que  soit  l'excès  de  chlore 
employé,  la  chloriiratiou  s'arrête  quand  tout  le  chlorure  thalleux  est  trans- 
formé en  TPCl'.  Cette  réaction  est  la  meilleure  qu'on  puisse  utiliser  pour 
préparer  rapidement  des  quantités  considérables  de  chlorure  Tl'CP  à 
l'état  de  pureté. 

b.  Chloruralion  à  température  ordinaire.  —  Dans  ces  conditions,  le 
chlore  conduit  toujours  au  bichlorure  Tl'Cl*  et  la  méthode  peut  être 
recommandée  pour  la  préparation  de  ce  corps.  Il  faut  éviter  toute  trace 
d'humidité,  car  le  bichlorure  très  hygrométrique  s'hydrate  rapidement  et 
à  cet  état  est  susceptible  d'absorber  de  nouvelles  quantités  de  chlore  avec 
formation  de  chlorure  thallique  hydraté. 

c.  Chloruralion  à  chaud.  —  On  n'obtient  jamais,  dans  les  conditions 
ordinaires,  une  chloruration  complète.  En  opérant  en  tube  scellé  sous  une 
pression  de  chlore  de  6*'""  à  7*"°,  on  arrive  à  obtenir  de  petites  quantités 
de  chlorure  anhydre,  sous  forme  d'un  sublimé  d'un  blanc  très  pur,  d'ap- 


SÉANCE  DU  2  AVRIL  I906.  84 1 

parence  cristalline,  le  plus  souvent  souillé  de  parcelles  à  teinte  légèrement 
jaunâtre  constituées  par  un  chlorure  inférieur  ('). 

Contrairement  à  mon  attente,  ce  chlorure  ne  fond  |)as  vers  25°  comme 
celui  préparé  par  voie  luimide.  Je  n'ai  pu  déterminer  exactement  son 
point  de  fusion,  par  suite  de  son  hygroscopicité  extrême;  mais  sous  pres- 
sion et  dans  une  atmosphère  de  chlore,  il  ne  paraît  entrer  en  fusion  que 
vers  6o°-']o°. 

Le  poids  atomique  très  élevé  du  thallium,  la  rapidité  avec  laquelle  le 
chlorure  anhydre  s'hydrale  à  l'air  et  l'énergie  avec  laquelle  ce  chlorure 
semble  retenir  de  petites  quantités  d'eau  sont  autant  de  raisons  qui  font 
de  cette  étude  une  question  fort  délicate. 

Il  ne  serait  pas  impossible  que  le  chlorure  préparé  par  voie  humide  ne 
doive  l'abaissement  de  son  point  de  fusion  qu'à  la  présence  de  traces  d'eau 
non  susceptibles  de  s'éliminer  même  sur  l'anhydride  phosphorique. 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  l'action  de  quelques  alcaloïdes  à  l'égard  des 
tubes  polliniques.  Note  de  M.  Hexri  Coupix,  présentée  par  M.  Gaston 
Bonnier. 

Étant  donnée  la  facilité  avec  laquelle  la  |)lupart  des  grains  de  pollen 
germent  sur  l'eau  pure  ou  adilitionnée  de  diverses  substances  nutritives, 
de  sucre  par  exemple,  on  peut  se  demander  pourquoi  il  n'arrive  pas  plus 
souvent  que  ces  grains  ne  germent  sur  les  stigmates  de  fleurs  appartenant 
à  des  espèces  différentes  de  celles  dont  ils  proviennent  et  ne  produisent 
ainsi  de  nombreux  hybrides.  En  réalité,  il  est  facile  de  constater,  par  l'ob- 
servation dans  la  nature  ou  par  l'expérimentation,  que  lesdites  graines 
commencent  à  germer  sur  toutes  sortes  de  stigmates  étrangers,  mais  que 
leur  développement  s'arrête  bientôt,  bien  avant  que  les  tubes  polliniques 
aient  atteint  les  ovules  (^).  On  est  ainsi  amené  à  considérer  —  c'est  une 
hypothèse  —  que,  dans  les  stigmates  et  les  styles,  il  y  a  des  substances 
toxiques  auxquelles  les  grains  de  pollen  de  la  même  fleur  sont  adaptés,  alors 

(')  Quoique  ce  cliloruie  n'ait  pas  été  analysé,  il  est  hors  de  doute  que  tout  le  thal- 
lium y  est  à  l'état  tliallique,  car  sa  solution  se  colore  en  rose  par  addition  d'une  goutte 
de  permanganate  en  solution  très  étendue. 

(^)  P.-P.  HiCHER,  Expériences  sur  la  germination  des  grains  de  pollen  en  pré- 
sence des  stigmates  {Comptes  rendus,  1902). 

G.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T._CXUI,  N«  14.)  m 


842  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

qu'elles  liient  on,  tout  au  moins,  gênent  la  bonne  germinatioti  de  pollens 
étrangers.  C'est  pour  élucider  la  question  desavoir  quelles  peuvent  être 
ces  matières  nocives  que  j'ai  entrepris  une  série  de  recherches  sur  la  ger- 
mination des  grains  de  pollen  dans  un  certain  nombre  de  liquides  de  com- 
position variée.  Je  donnerai  seulement  dans  cette  Note  les  résultats  que 
j'ai  obtenus  avec  les  alcaloïdes,  substances  représentées  d'une  manière  si 
abondante  et  si  variée  chez  les  plantes. 

Les  expériences  ont  été  faites  en  chambres  humides  Van  Tieghem  et  Le  Monnier, 
et  avec  des  solutions  soigneusement  titrées.  Les  résultats  obtenus  intéressent  non  seu- 
lement la  question  à  laquelle  je  fais  allusion  plus  haut,  mais  aussi  la  biologie  générale, 
car,  jusqu'ici,  la  toxicité  ou  Tulilité  des  alcaloïdes  à  l'égard  du  protoplasma  des 
plantes  supérieures  ont  été  peu  étudiées. 

.l'ai  pris  comme  matériaux  d'études  le  pollen  du  Narcissus  pseudo-Aarcissiis.  qui  a 
l'avantage  de  germer  facilement  et  avec  une  grande  régularité.  Je  cherchais  surtout, 
par  une  série  de  cultures  en  liqueurs  de  plus  en  plus  diluées,  à  savoir  à  partir  de 
quelle  dose  les  alcaloïdes  devenaient  toxiques,  c'est-à-dire  empêchaient  complètement 
le  développement  des  tubes  polliniques. 

J'ai  ainsi  reconnu  que  (par  ordre  de  toxicité  décroissante  )  : 

Le  chlorhydrate  de  solanine       est  toxique  à  la  dose  de  Yîhrô 


n 

veratnne 

» 

strychnine 

» 

morphine 

)> 

codéine 

» 

aconitine 

T> 

caféine 

» 

narcotine 

« 

cocaïne 

» 

bétaïne 

B 

cicutine 

» 

brucine 

120  00 

1 
I  lUUO 

1_- 

500  0 

1 
4000 

1 
3000 

■2  50  0 

I 
2  SOO 

I 

isoo 

700 

1 
700 


On  voit,  par  ces  chiffres,  que  la  plupart  ries  alcaloïdes  sont  1res  toxiques 
pour  les  tubes  polliniques. 

De  [)lus,  en  prenant  d'autres  grains  de  pollen  et  en  faisant  sur  eux  les 
mêmes  expériences,  on  peut  se  rendre  compte  que  la  toxicité  des  alcaloïdes 
n'est  pas  la  />iême  pour  eux  qae  pour  l'espèce  précédente  prise  comme  type. 
Par  exemple,  pour  le  pollen  du  Ribes  sanguineum,  le  chlorhydrate  de  mor- 
phine est  toxique  à  la  dose  de  —^  et  le  chlorhydrate  de  strychnine  à  la 
dose  de  ^^.  Ces  deux  alcaloïdes  sont  donc  moins  toxiques  poiu*  lui  que 
pour  le  pollen  du  Narcissus. 


SÉANCE    DU    1   AVRIL    1906.  843 

D'antre  part,  il  est  à  remarquer  que  les  mêmes  alcaloïdes,  bien  que 
toxiques  à  une  certaine  dose,  peuvent,  à  une  dilution  plus  faible,  devenir  un 
aliment  pour  les  tubes  polliniques .  C'est  ainsi  que  j'ai  constaté  que  les  grains 
de  pollen  du  Narcissus pseudo-Narcissus  germent  mieux,  plus  abondamment 
et  donnent  des  tubes  plus    longs,  dans  une  eau  distillée   contenant  : 

du  chlorhydrate  de  solauine        à  3-5^-0^ 
ou  du  ))  de  vératrine       à   jy^ 

ou  du  »  de  narcotine       à 


3500 

1 


ou  du  »  de  bruciue  à     3-0T0 

que  dans  l'eau  distillée  pure. 

D'après  tous  les  chiffres  ci-dessus,  on  voit  qu'il  n'est  pas  impossible  d'ad- 
mettre que  la  présence  ou  l'absence  de  tel  ou  tel  alcaloïde,  à  telle  ou  telle 
dose,  dans  une  plante  déterminée,  peut  favoriser  la  germination  intégrale 
de  son  propre  pollen  et  nuire  à  celle  des  pollens  étrangers. 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Action  de  l'acide  carbonique  sur  la  vie  latente 
de  quelques  graines  desséchées.  Note  de  M.  Paul  Becquerel,  présentée 
par  M.  Gaston  Bonnier. 

L'action  de  certains  gaz  irrespirables,  tels  que  l'acide  carbonique,  l'azote, 
l'oxyde  de  carbone,  sur  la  vie  latente  des  organismes,  animaux  ou  végétaux, 
a  une  certaine  importance. biologique,  car  elle  nous  apporte  un  critérium 
assez  sûr  pour  décider  si,  dans  ce  cas  particulier,  les  phénomènes  physico- 
chimiques de  la  vie  sont  complètement  arrêtés,  ou  ne  sont  seulement  que 
ralentis. 

En  effet,  si  des  organismes  plongés  pendant  un  certain  temps  dans  des 
gaz  asphyxiants  sont  susceptibles  de  revenir  à  la  vie,  nous  pouvons  tou- 
jours avoir  la  certitude  qu'au  moins  les  échanges  respiratoires  sout  devenus 
impossibles  et  que,  dans  ces  conditions,  la  vie  doit  être  bien  vraisembla- 
blement suspendue  et  non  ralentie. 

C'est  ce  qu'ont  pensé  déjà  divers  expérimentateurs,  notamment  Giglioli  (') 
et  Romanes  (-),  qui  n'ont  pas  pu  déceler  un  changement  appréciable  dans 
le  pouvoir  germinatif  des  graines  qu'ils  avaient  renfermées  pendant  plu- 


(')  Nature,  3  octobre  iSgS. 
(^)  Proc.  Boyal  Society ,  1898. 


8/|4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

sieurs  années  dans  des  ballons  contenant  de  l'oxyde  de  carbone,  de  l'azote 
et  de  l'hydrogène. 

Or,  depuis  que  j'ai  démontré  ici  (')  que,  si  les  gaz  n'avaient  nullement 
porté  atteinte  à  la  vitalité  des  graines,  c'est  parce  qu'ils  n'avaient  pas  pu 
passer  à  travers  les  téguments  devenus  imperméables  par  suite  de  la  des- 
siccation, on  ne  peut  plus  admettre  comme  décisives,  en  faveur  de  la  thèse 
de  la  suspension  de  la  vie,  les  expériences  des  auteurs  précités,  car  la 
planlule  placée  dans  son  tégument  desséché  comme  dans  un  vase  clos  peut 
fort  bien  respirer  aux  dépens  de  l'air  qui  se  trouve  accumulé  dans  les 
méats  et  dans  les  faisceaux  libéro-ligneux. 

J'ai  alors  recommencé  les  expériences  de  Giglioli  et  de  Romanes,  mais 
avec  des  graines  décortiquées  ou  perforées  pour  être  absolument  certain 
que  le  contact  entre  le  gaz  irrespirable  et  l'embryon  ait  été  parfaitement 
assuré. 

J'ai  d'abord  opéré  avec  le  gaz  acide  carbonique  sur  une  dizaine  d'espèces  de  graines 
réparties  en  trois  lots. 

Les  graines  du  premier  lot  avaient  subi  une  immersion  d'un  quart  d'heure  dans  l'eau. 
Celles  du  deuxième  lot  se  trouvaient  dans  l'état  de  dessiccation  naturelle  qu'elles  pos- 
sèdent au  bout  d'ue  année  de  leur  récolte;  enfin  celles  du  troisième  lot  avaient  été  des- 
séchées pendant  un  mois,  dans  le  vide  avec  de  la  baryte  caustique,  à  une  température 
de  45". 

Chacun  des  lots  avait  été  placé  dans  un  ballon  de  verre,  fermé  par  un  bouchon,  ayant 
deux  tubes  de  verre  coudés  dont  l'un  était  toujours  en  communication  avec  le  ballon 
suivant. 

Ensuite  je  fis  arriver  dans  chaque  ballon,  pendant  un  temps  assez  long,  un  fort  cou- 
rant d'acide  carbonique,  qui  avait  été  desséché  auparavant,  en  passant  dans  des  tubes 
en  Li  renfermant  de  la  baryte  caustique.  Cet  acide  carbonique  avait  été  fourni  par 
une  bombe  d'acide  carbonique  liquide. 

Une  fois  les  ballons  remplis  de  gaz,  je  les  détachai  les  uns  des  autres,  en  étirant  et 
fermant  chacun  de  leurs  tubes  à  la  Uamme  d'un  bec  Bunsen. 

Au  bout  de  ii  mois,  je  fis  des  prises  d'atmosphère  dans  l'intérieur  de  ces  ballons, 
pour  m'assurer  de  leur  teneur  en  acide  carbonique  je  relirai  les  graines  et  je  les  mis  à 
germer  sur  du  coton  hydrophile  humide. 

Voici  quels  furent  les  résultats  : 

Toutes  les  graines  du  premier  lot  qui  avaient  été  légèrement  humectées  furent 
tuées.  Par  contre,  la  plupart  des  graines  du  second  lot,  et  toutes  celles  qui  avaient  été 
desséchées    artificiellement,    levèrent   et  donnèrent   de  fort  belles   germinations.   Ce 


(')  Comptes  rendus.  3o  mai  1904. 


SÉANCE  DU  2  AVRIL  1906.  845 

furent  des  graines  de  pois,  de  courge,  de  luzerne,  de  trèfle,  de  cresson  alénois,  de 
moutarde,  de  lupin,  de  sarrazin,  de  blé,  d'avoine,  de  pin  pignon. 

Or,  comme  d'après  les  expériences  que  j'ai  relatées  ici,  il  y  a  à  peu  près  deux  ans  ('  ), 
il  a  été  démontré  que  les  cotylédons  des  graines  sont  très  poreux,  on  ne  peut  pas  douter 
que  le  gaz  acide  carbonique  ait  pénétré  dans  l'intérieur  de  l'embryon. 

Toute  la  question  se  porte  maintenant  sur  ce  point  capital;  est-ce  que  le  gaz  acide 
carbonique  a  pu  pénétrer  par  les  communications  protoplasmiques  dans  l'intérieur  des 
cellules.  C'est  ce  qu'il  est  très  difficile  de  résoudre. 

S'il  en  était  ainsi,  nous  nous  trouverions  alors  en  présence  du  premier  cas  indiscu- 
table de  vie  suspendue. 

En  eft'et,  tous  les  auteurs  qui  ont  opéré  avant  nous  ;  M.  Lance  C^),  sur  les  tardi- 
grades  desséchés  des  toits,  et  MM.  Van  Tieghem  et  Gaston  Bonnier  (^),  sur  des  graines 
de  pois,  avaient  toujours  constaté  qu'il  était  impossible  de  conserver  des  organismes 
dans  de  l'acide  carbonique  et  en  avaient  alors  légitimement  conclu  qu'ils  avaient 
afîaire  à  une  vie  très  ralentie. 

Nous  ne  trouvons  pas  du  tout  ces  résultats  contradictoires,  surtout  pour  les  graines, 
car  ces  savants  ne  se  sont  occupés  que  de  la  vie  latente  des  graines  dans  des  conditions 
naturelles.  11  n'ont  donc  pas  cherché  à  expérimenter  dans  des  conditions  artificielles 
de  parfaite  siccité  et  avec  de  l'acide  carbonique  pur  complètement  sec. 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Contribution  à  la  physiologie  de  la  greffe. 
Influence  du  porte- greffe  sur  le  greffon.  Noie  tle  MM.  G.  Rivière  et 
G.  Bailhache,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

Dans  une  précédente  Comniiinication  (*)  nous  avons  démontré  que  nos 
variétés  de  poiriers  horticoles,  notamment  le  Triomphe  de  Jodoigne  et 
le  Doyenné  d'hiver,  produisaient  des  fruits  tlout  les  caractères  extérieurs, 
aussi  bien  que  la  composition  chimique,  étaient  sensiblement  modifiés, 
suivant  que  ces  variétés  étaient  greffées  sur  le  poirier-franc  ou  sur  le 
cognassier. 

Poursuivant  toujours  nos  recherches  sur  le  même  sujet,  nous  avons 
expérimenté  cette  fois,  non  plus  sur  le  poirier,  mais  sur  le  pommier. 

Nous  avons  voulu  déterminer  si  les  fruits  de  cette  dernière  essence  frui- 
tière sont  également  influencés  par  la  nature  du  porte-greffe. 

En  igoS,  nous  avons  alors  soumis  à  l'analyse  des  pommes  mûres,  de  la 


(')  Comptes  rendus,  27  juin  1904. 

{'-)  Comptes  rendus.  1894,  p.  817. 

(')  Bulletin  de  la  Société  de  Botanique,  12  mars  1888. 

(*)  Comptes  rendus,  séance  du  i'^"'  mars  1897. 


846  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

variété  appelée  Calville  blanche,  récollées  sur  des  arbres  dont  les  uns 
étaient  greffés  sur  \e  pommier  paradis ,  tandis  que  les  autres  étaient  greffés 
sur  le  pommier  cloucin . 

De  même  que  dans  noire  précédente  étude,  tous  ces  arbres  avaient  le  même  âge 
(1/4  ans)  et  végétaient  dans  les  mêmes  conditions.  Ils  étaient  plantés  côte  à  côte  dans 
le  même  terrain  et  étaient  conduits  sous  la  même  forme,  enfin,  la  face  du  mur  d'espa- 
lier sur  laquelle  ils  étaient  adossés  était  exposée  au  levant. 

Ni  la  comjjosition  du  sol,  ni  l'exposition,  ni  l'âge  des  arbres  qui,  nous  le  rappelons, 
ont  tant  d'influence  sur  le  volume  et  la  qualité  des  fruits,  ne  peuvent  être  invoqués 
contradictoirement  dans  ces  nouvelles  recherches.  Seul,  le  sujet  porte-greffe  peut  être 
considéré,  dans  la  circonstance,  comme  l'unique  facteur  susceptible  d'avoir  exercé  une 
influence  sur  le  greffon  et  surtout  sur  ses  produits. 

C'est  du  reste  ce  qui  ressort  du  Tableau  ci-dessous  : 

Nature  Nature  du  sujet  porle-grefïe.  Excédents  eu  faveur 

des  éléments  dosés -^ -^ -^ ~ — -^ — ■~- — — ^ 

et  particularités.  Pommier  doucin.     Pommier  paradis.  du  doucin.      du  paradis. 

Couleur  des  fruits.  Jaune  sur  un  Jaune  cire 

léger  fond  vert,   teinté  de  rose  du  »  » 

côté  du  soleil. 
Poids  moyen  établi 

sur  cinq  fruits.  .  220  280  »  65 

Acidité  du  jus  par 

litre  (exprimé  en 

acide     sulfurique 

SO*ir-) 2,4o  3,23  ots3  » 

Cendres    (par    litre 

de  jus) 4.80  3  1,80  » 

Suc  re    r  é  d  u  c  t  e  u  r 

(par  litre  de  jus).  83  101,20  «  18,20 

Saccharose 36  5i,4o  »  i5,4o 

Sucre  total  (par  litre 

de  jus) 119  i52,6o  »  33,60 

Des  résultats  consignés  dans  les  colonnes  de  ce  Tableau  on  peut  dé- 
duire : 

1°  Que  le  poids  moyen  des  pommes  récoltées  sur  le  Calville  blanc, 
greffé  sur  le  paradis,  est  supérieur  à  celui  des  pommes  de  la  même  variété, 
greffée  sur  le  doucin; 

2°  Que  la  proportion  d'acide  libre  (exprimée  en  acide  sulfurique 
SO*H^)  est  plus  grande  dans  le  jus  des  pommes  récoltées  sur  la  variété  qui 
nous  occupe,  greffée  sur  paradis,  que  dans  le  jus  des  pommes  récoltées  sur 
cette  même  variété,  greffée  sur  doucin; 


SÉANCE  DU  2  AVRIL  1906.  847 

3°  Que  la  proportion  de  cendres  est  plus  élevée  dans  le  jus  des  fruits 
récoltés  sur  des  arbres  greffés  sur  doucin  que  dans  le  jus  des  fruits  cueillis 
sur  des  arbres  greffes  sur  paradis  ; 

4°  Enfin,  que  les  proportions  de  sucre  réducteur  et  de  saccharose  sont 
notablement  plus  élevées  dans  les  fruits  du  pommier  de  Calville  blanc, 
greffé  sar  paradis,  que  dans  ceux  de  cette  même  variété  récoltés  sur  des 
arbres  greffés  sur  doucin. 

Ces  nouvelles  expériences  confirment  donc  absolument  celles  dont  nous 
avions  fait  connaître  les  résultats  en  1897  et  semblent  en  outre  démontrer 
que,  non  seulement  les  pommes  à  couteau  renferment  plus  de  sucre  total 
au  litre  de  jus,  que  les  poires,  mais  encore  qu'elles  contiennent  plus  de 
saccharose  et  plus  d'acide  libre. 

ZOOLOGIE.  —  Sur  quelques  larves  de  Macroures  eucypholes  provenant  des 
collections  de  S.  A.  S.  le  prince  de  Monaco.  Note  de  M.  H.  Coutièue,  pré- 
sentée par  E.-L.  Bouvier. 

Les  formes  larvaires  dont  il  s'agit  ont  été  capturées  par  le  filet  Richard 
à  grande  ouverture.  Elles  appartiennent  aux  genres  Caricyphus,  Diaphoro- 
pus,  Bectarthropus ,  Icotopus  S(>.  Bâte,  Thalassocaris  Slimpson,  tous  recueil- 
lis antérieurement,  a  la  surface,  par  le  Challenger. 

J'ai  montré  dans  une  autre  Note  l'intérêt  que  présentent  les  Caricyphus, 
formes  immatures  d'Hijipolytidie  :  épines  sus-orbitaires  et  cardiaque  de  la 
carapace,  sternites  très  distincts  sur  les  huit  derniers  segments  du  cépha- 
lothorax, papille  oculaire  présente,  mandibules  indivises,  sans  palpe,  por- 
tant une  laciiiia  inobdis,  endopodite  de  la  maxilluleà  deux  articles,  maxille 
avec  les  trois  articles  de  la  base  très  distincts  et  parfois  même  ceux  de  l'en- 
dopodite,  toutes  les  pattes  thoraciques  avec  un  styiopodite  terminal,  et, 
sauf  la  cinquième,  munie  d'un  grand  exopodite;  enfin,  taille  tout  à  fait  in- 
solite (jusqu'à  SS™™)  chez  une  larve  qui  paraît  si  loin  de  la  maturité 
sexuelle,  eu  égard  aux  caractères  primitifs  énumérés  ci-dessus. 

Or,  des  caractères  tout  à  fait  identiques  se  retrouvent  dans  les  quatre 
autres  genres  cités  plus  haut,  bien  que  les  adultes  correspondants,  ou  sup- 
posés tels,  occupent  dans  la  systématique  des  places  très  distinctes  et 
même  éloignées. 

Les  Diaplwropas  sont  des  larves  d'Âlpheidœ  (Lo  Bianco).  Celles  que  j'ai  examinées 
ont  les  deux  paires  de  pattes  antérieures  caractéristiques,  sauf  le  carpe  de  la  deuxième 


848  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

paire  non  segmenté.  Chez  tous  les  Alpheidsc  adultes,  la  mandibule  est  bipartite  et 
palpigère,  de  sorte  que  celle  des  Diaphoropus  doit  se  modifier  du  tout  au  tout.  Le 
fait  est  d'autant  plus  à  noter  que  bifurcation  et  palpe  sont  parfaitement  visibles  sur 
les  larves  au  stade  zoc  et,  a  fortiori,  au  stade  mysis  que  j'ai  eu  l'occasion  d'étudier, 
venant  d'éclore,  chez  beaucoup  d'Alpheida;.  Jusqu'à  présent,  les  Diaplioropiis  connus 
sont  de  petite  taille  (8™™-io'^™). 

Les  Hectarthropus  ont  été  rangés  par  Sp.  Bâte  dans  une  famille  spéciale  dont  il  sera 
question  plus  loin,  et  dans  laquelle  toutes  les  pattes  thoraciques,  semblables,  seraient 
dépourvues  de  pinces.  C'est  un  caractère  tout  à  fait  illusoire  dans  le  cas  de  larves,  si 
on  ne  peut  en  suivre  l'évolution.  En  fait,  l'espèce  que  j'ai  étudiée,  très  voisine  de  celles 
du  Challenger,  se  trouve  posséder,  sauf  le  carpe  inarticulé  de  la  deuxième  paire,  les 
pattes  thoraciques  des  Crevettes  du  genre  l\ika.  de  même  que  leui-  formule  branchiale 
et  leur  rostre  simple.  Elle  en  diffère,  il  est  vrai,  par  d'autres  points  (épines  sus-orbi- 
taires,  épines  du  pléosomite  V,  sillons  de  la  carapace)  et  correspond  probablement  à 
quelque  Nikidœ  inconnu.  Mais  tous  les  caractères  énumérés  à  propos  des  Caryciplius 
sont  présents,  montrant  ainsi  des  différences  considérables  avec  les  Nika  adultes,  sur- 
tout dans  les  pièces  buccales.  Fait  très  remarquable,  ces  caractères  morphologiques 
ne  présentent  aucune  différence  appréciable  lorsqu'on  les  étudie,  comme  j"ai  pu  le 
faire,  sur  des  spécimens  mesurant  respectivement  7™™  et  i5™". 

Les  Thalassocaris  adultes  possèdent  des  mandibules  bipartites  et  palpigères.  La 
larve  que  je  rapporte  à  ce  genre,  longue  de  17™"',  pourrait  être  aussi  celle  de  quelque 
Pandalidac,  si,  sur  la  deuxième  paire,  seule  munie  d'une  pince,  le  carpe  se  montrait 
articulé  au  cours  de  mues  ultérieures.  Thalassocaridœ  et  Pandalid;e,  comme  l'a 
remarqué  Ortmann,  sont  en  effet  très  voisins.  Je  dois  mettre  en  relief,  toutefois,  cer- 
tains détails  remarquables  qui  les  différencient  :  la  denliculalion  externe  de  l'écaillé 
antennaire,  présente  chez  les  Hoplophores  et  les  Lophogastrida;,  la  denticulation  du 
bord  interne,  beaucoup  plus  rare,  mais  présente  chez  les  mêmes  formes  (  Thaï.  Danœ 
Bâte,  Hopl.  Grimaldii  II.  Coulière,  Cera/olepis  hainata  G.  O.  Sars);  enfin,  la  denti- 
culation latérale  du  rostre  chez  Thaï,  lucida  Dana,  non  mentionnée  par  Dana,  mais 
expressément  figurée  par  lui,  qu'on  chercherait  vainement  chez  d'autres  Eucyphotes  et 
qui  est  si  caractéristique  des  Gnathophausia. 

Les  Icolopus  ont  toutes  les  pattes  thoraciques  semblables  et  inermes,  ils  sont  le  type 
de  la  famille  des  Hectarthropidœ  Baie,  basée  sur  ce  caractère.  La  larve  que  j"ai  exa- 
minée est  la  plus  remarquable  de  celles  énumérées  ici  en  ce  qu'elle  dépasse  4o™"'  de 
longueur.  A  cette  taille  considérable,  non  seulement  elle  ne  montre  pas  trace  de  glandes 
ou  d'ouvertures  génitales,  mais,  comparée  à  une  larve  de  même  espèce  mesurant  10""" 
à  peine,  elle  montre  les  mêmes  caractères  énumérés  chez  les  Caricyplius,  avec  seu- 
leTuent  quelques  tendances  très  faibles  vers  un  état  adidle.  Il  est  à  noter  que  les  Ico- 
lopus diffèrent  des  Thalassocaris  par  un  unique  détail,  l'absence  de  pince  didactyle 
terminant  la  deuxième  paire.  On  peut  donc  supposer  que  les  Icotopus  sont  des  Tha- 
lassocarid.e  ou  des  Pandalidie,  à  vie  larvaire  démesurément  longue,  passant  à  l'étal 
adulte  par  quelque  brusque  métamorphose  survenant  au  cours  d'une  mue.  Mais  il  se 
peut  aussi  qu'ils  ne  possèdent  vraiment  jamais  de  pinces  aux  membres  thoraciques, 
comme  les  Procletes  dont  Sp.  Bâte  les  rapproche  à  juste  titre.  Nous  ignorons,  à  vrai 
dire  si  les  Procletes,  animaux  bathypélagiques,  sont  adultes  ;  il  y  a  même  contradiction 


SÉANCE  DU  2  AVRIL  1906.  849 

entre  le  texte  el  la  figure  de  Baie  louchant  l'exopodile  de  leur  cinquième  paire.  Ce 
serait  là  une  vérification  d'un  intérêt  considérable,  car  même  si  les  Procleles  et  les 
Icotopas  perdaient  finalement  leurs  exopodiles,  l'absence  de  pinces  sur  les  membres 
thoraciques  en  ferait  de  véritables  Schizopodes.  J'ai  montré  déjà  quelles  singulières 
ressemblances  on  remarque  entre  Proclctes  biangiilatua  Baie  el  Gnathophaiisia 
gracilis  \V.  Su  h  m. 

A  ce  propos,  je  rappelle  que  si  les  Thalassocaris  et  certains  Pandales 
n'ont  de  pinces  que  sur  la  deuxième  paire,  on  n'en  trouve  que  sur  le 
membre  correspondant  aussi  chez  les  très  rares  Euphausidte  qui  en  pos- 
sèdent (^Slylocheiron).  I/apparition  d'un  palpe  sur  la  mandibule,  la  dispa- 
rition de  la  lacinia  tnohilis,  la  soudure  des  deux  articles  de  l'endopodite 
sur  la  maxillule,  qui  caractérisent  le  passage  à  l'état  adulte  des  larves 
étudiées  ici,  sont  exactement  calquées  sur  le  développement  des  Euphau- 
sidœ.  De  même,  si  les  cornées  des  Diaphoropus,  des  Anebocaris,  larves 
d'Aipheifhe,  montrent  une  tendance  si  iielle  à  la  division  en  deux  régions, 
il  en  est  ainsi  chez  plusieurs  Euphausid;e  (Nemaloscelis)  et  il  n'est  pas  jus- 
qu'à la  tendance  au  recouvrement  des  ophtalmopodes  (Alpheus,  Cryphiops) 
qui  ne  se  retrouve  dans  le  développement  de  ces  Schizopodes  (stade 
Calyplopis). 

On  voit  quels  problèmes  complexes  soulève  l'étude  de  ces  curieuses 
formes  larvaires  d'Eucyphotes  et  quelles  lacunes  subsistent  dans  nos 
connaissances  à  leur  endroit.  On  peut  cependant  en  dégager  l'existence, 
chez  des  espèces  très  variées  et  paraissant  de  plus  en  plus  nombreuses, 
d'un  mode  de  développement  dilaté,  caractérisé  par  une  phase  larvaire 
uniturme,  très  longue,  pélagique,  héritée  d'ascendants  Schizopodes  et  que 
termine  sans  doute  une  brusque  crise  génitale  avec  réduction  probable  de 
taille. 


ZOOLOGIE.  —  Sur  les  Isopodes  de  l'expédition  française  antarctique. 
Note  de  M"'  Harriet  Ricuakdson,  présentée  par  M.  E.-L.   Bouvier. 

Remis  à  l'auteur  de  cette  Note  par  M.  le  professeur  Bouvier,  les  Crus- 
tacés isopodes  recueillis  dans  les  régions  antarctiques  (lie  Wandel,  ile 
Wienike,  baie  des  Flandres)  par  M.  Jean  Charcot,  avec  le  concours  de 
M.  Turquet,  ont  fourni  i3  espèces,  dont  plusieurs  sont  nouvelles  pour 
la  Science  et  ont  nécessité  l'établissement  de  quelques  genres  nouveaux. 

C.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  14.)  I  12 


85o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Chélifèrex.—  Le  Paralanais  antarcticus  Hodgs.  est  très  commun  clans  ces  régions. 
Avec  le  P.  dimorphus  Bedd.,  l'auteur  le  place  dans  le  genre  nouveau  Notatanais ({m 
se  dislingue  essentiellement  des  Paratanais  par  ses  gnathopodes  fort  différents  dans 
les  deux  sexes. 

Flabellifères.  —  Dans  ce  groupe,  la  famille  des  Gnathidés  a  pour  représentant  la 
Gnathia  nntarctica  Studer  f|ue  Tautenr  identifie  avec  la  G.polaris  Hodgs.  La  famille 
des  A^gidés  oflVe  une  espèce  nouvelle,  VyEga  australis,  qui  se  rapproche  surtout  de 
\jE.  magnifica  Dana  dont  elle  diffère  par  l'absence  de  saillie  sur  le  propodite  des 
pattes  des  trois  paires  antérieures,  par  ses  antennes  plus  longues,  l'endopodite  plus 
large  de  ses  uropodes  et  l'arrangement  différent  de  ses  taches.  Les  Sphéromidés  ont 
pour  représentants  le  Plaharthriuin  piinclatissimuin  Pfeff.  et  la  Cymodocella  egre- 
gria  Chilt. 

A  la  famille  des  SéroHdés  appartiennent  la  Serolh  polita  Pfeff.  et  une  espèce  nou- 
velle, la  S.  Bouvieri.  Cette  dernière  se  distingue  de  la  S.  Pagenstecheri  Pfeff.  par  la 
pointe  médiane  beaucoup  plus  longue  du  bord  antérieur  de  la  tête,  par  le  tubercule 
spiniforme  du  premier  et  du  deuxième  article  des  antennules,  du  deuxième  et  du  troi- 
sième article  des  antennes,  par  la  présence  dans  la  partie  postérieure  de  la  tête  de 
deux  tubercules  qui  recouvrent  en  partie  les  yeux,  par  les  angles  latéro-postérieurs 
des  segments  thoraciques  qui  sont  arrondis  et  épais,  par  la  fusion  dorsale  médiane  des 
deux  derniers  segments  thoraciques  et  du  premier  abdominal,  par  le  tubercule  spini- 
forme saillant  qui  surplombe  le  bord  antérieur  de  l'écliancrure  terminale  du  dernier 
segment  de  l'abdomen. 

Vah'ifères.  —  La  famille  des  Idotéidés  a  pour  représentant  une  espèce  nouvelle,  le 
Glyptonotus  acutus,  espèce  géante  qui  se  distingue  du  G.  antarcticus  Eights  par  le 
prolongement  aigu  qui  termine  l'abdomen  et  l'exopodite  des  uropodes  et  par  son 
corps  qui  est  près  de  deux  fois  aussi  long  que  large.  Certains  exemplaires  sont  des 
géants  qui  peuvent  atteindre  lo""  de  longueur. 

Aselloles.  —  Dans  la  famille  des  Janiridés- prennent  place  ]e  Notaselliis  australis 
Hodgs.  et  VEctias  Turqucti,  petite  espèce  de  5™™,  cinq  fois  aussi  longue  que  large, 
qui  est  le  type  d'un  genre  nouveau  et  d'une  espèce  nouvelle.  La  diagnose  du  genre 
Ectias  est  la  suivante  :  tête  sans  rostre,  à  bord  antérieur  formant  une  saillie  triangu- 
laire entre  la  base  des  antennules  ;  jeux  grands,  composés,  dorsalemeut  situés  près 
des  bords  latéraux  ;  antennules  n'atteignant  pas  le  cinquième  article  des  antennes  qui 
sont  courtes  et  à  fouet  multi-arliculé.  Segments  thoraciques  subégaux;  segment  ter- 
minal du  corps  plus  long  que  large,  avec  un  petit  lobe  sur  le  bord  postérieur.  Uropodes 
|)lus  courts  que  l'abdomen,  leur  endopodite  ovalaire  et  deux  fois  aussi  long  que 
l'exopodite.  Pattes  de  la  première  paire  subchéliformes,  les  autres  ambulatoires.  A  son 
angle  interne-distal,  le  pédoncule  des  pléopodes  antérieurs  du  mâle  présente  une  saillie 
fort  longue  et  étroite. 

Somme  tonte,  chez  les  Isopodes  comme  dans  la  plupart  des  autres 
groupes,  la  faune  antarctique  se  distingue  par  la  multiplicité  des  tonnes 
spéciales  et  par  les  dimensions  titanesques  de  certaines  d'entre  elles. 

Les   Munnidés   nous  offrent    de    nombreux    spécimens    de   YHahacris 


SÉANCE  DU  2  AVRIL  IQOÔ.  85 1 

australis  Hodgs,,  et  les  types  de  deux  genres  nouveaux  formant  deux 
espèces  nouvelles,  Y Antias  Charcoti  et  V Auslruminna  anlarclica,  l'une  et 
l'autre  blanches,  petites,  ovalaires  et  mesurants™™  de  longueur. 

Par  la  forme  des  pléopodes  antérieurs  du  mâle,  le  genre  Austrimunna  se 
rapproche  des  Paramunna  et  des  Pleurogonium;  mais  il  diffère  du  premier 
par  sa  tète  antérieurement  dépourvue  de  lobes  saillants  et  par  ses  uropodes 
simples,  du  second  par  ce  dernier  caractère  et  par  la  présence  sur  les  bords 
latéraux  de  saillies  pédonculiformes  portant  les  yeux. 

Quant  au  genre  Antias,  il  est  caractérisé  par  la  diagnose  suivante  :  corps 
couvert  d'épines  piliformes;  tête  prolongée  en  avant  par  deux  lobes  que 
sépare  une  encoche  profonde;  angles  latéro-antérieurs  prolongés  en  lobes 
étroits;  antennules  et  antennes  courtes,  les  premières  s'étendant  jusqu'au 
bord  antérieur  du  premier  segment  thoracique,  les  secondes  jusqu'à  celui 
du  deuxième.  Les  quatre  premiers  segments  thoraciques  subégaux,  longs 
et  Inrges;  les  trois  derniers  mesurant  à  peu  près  la  moitié  de  la  longueur 
des  précédents  et  diminuant  de  largeur  en  allant  vers  l'abdomen;  le  bout 
postérieur  de  ce  dernier  avec  un  grand  lobe  médian  arrondi.  Uropodes  à 
deux  branches  aussi  longs  que  l'abdomen  et  assez  tortueux.  Pattes  anté- 
rieures préhensiles  et  fortes,  celles  des  six  autres  paires  courtes  et  ambu- 
latoires. Pléopodes  antérieurs  du  mâle  sans  expansion  ni  saillie  terminale. 


PHYSIOLOGIE.  —  De  l'influence  du  régime  alimentaire  sur  la  valeur  des  coef- 
ficients urologiques  et  sur  le  poids  moyen  de  la  molécule  élaborée.  Note  de 
iVlM,  A.  Desgrez  et  J.  Ayrignac,  présentée  par  M.  Ch.  Bouchard. 

Les  coefficients  urologiques  donnent  des  indications  précieuses  sur  le 
fonctionnement  des  échanges  nutritifs.  Bien  que  différents  auteurs  aient 
montré  que  la  valeur  de  ces  rapports  peut  être  influencée  par  le  régime 
alimentaire,  ou  ne  trouve  nulle  j>art  une  étude  systématique  de  cette 
importante  question.  Il  en  est  de  même  pour  les  variations  de  grandeur  de 
la  molécule  élaborée  moyenne,  notion  récemment  introduite  en  urologie 
par  M.  Bouchard.  Nous  nous  sommes  donc  proposé  d'établir  lés  valeurs 
des  coefficients  urina  ires  et  le  poids  moyen  de  la  molécule  élaborée  qui 
correspondent  à  des  régimes  bien  déterminés.  Nos  recherches  ont  porté 
sur  25  sujets  ne  présentant  aucune  lésion  cliniquement  décelable  et  main- 
tenus dans  les  conditions  de  température  et  d'activité  compatibles  avec  une 
ration  alimentaire  moyenne.  Pour  chaque  sujet,  on  a  attendu,  avant  de 


852  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

commencer  les  analyses,  que  l'équilibre  des  échanges  se  produisît  et  que 
le  poids  demeurât  constant.  Puis  on  a  fait,  chaque  fois,  une  quarantaine 
d'analyses  dont  les  résultats  sont  consignés  dans  le  Tableau  suivant  : 

Régimes. 

II.  III.  IV.  V. 

I.                iVIixlc  Mixte,  Mixte,  Mixte,  VI. 

Lacté         (lait,  œufs,  laclo-  faiblement  fortement  Végétarien 

absolu.        végétaux),  végétarien.  carné.  carné.  absolu. 

Coefficient  azoturique -T—^  •••  •       0,86  0,86  0,81  0,82  0,82  0,78 

Acide  inique  A"  ,  5^20  o  /ce 
■  ^-^,-  ' j-j- 0.2  ic)              »               0,000           o,ôi8           0,228           o,456 

Acide  phosnlioriciue  P-0'  „  ^-  o  r> 

r-*— ; — -. — — 0,218        a         O.IQt       0,1  6o       0,128       O.ISQ 

Azote  total            Az'  »  >  >     y 

Soufre  total    S'  „  „ 

Azote  total  Â7^ °''90  »  0,19^  o,>87 

Soufre  oxydé  S°  _,_  „,„  , 

c     f — r^rx  c7' 0,900  »  o-S^.*)  o,84d  »  0,740 

Soufre  total    S'  ' 

Soufre  conjugué  S'  „.  „  c^  /■> 

— ô — "!■ ^^— T —  -p-, o ,  o8o  »  0,081  o ,  068  i>  0,143 

Soufre  total       S' 

Molécule  élaborée  moyenne  M.     65  71  80  76  67  98 

Conclusions.  —  1°  La  composition  du  régime  alimentaire  exerce  une 
influence  marquée  sur  la  valeur  des  coefficients  urologiques  que  nous  avons 
étudiés.  La  qualité  de  la  destruction  de  l'albumine  alimentaire  atteint  son 
maximum  avec  le  lait  et  tombe  à  son  minimum  avec  les  végétaux. 

2"  Les  différences  du  rapport ;-; — ' —  dépendent,  pour  une  part,  de 

l'aptitude  des  albumines  alimentaires  à  former  de  l'urée  :  la  diminution 

A" 
relative  de  l'urée  avec  les  végétaux  élève  le  rapport  ^j--  Cette  réserve  faite, 

on  peut  tirer,  de  la  valeur  élevée  de  ce  rapport  dans  le  régime  végétarien, 
un  argument  favorable  à  l'opinion  de  M.  A.  Gautier  qui  explique  la  forma- 
lion  d'une  partie  de  l'acide  urique  par  la  combinaison  d'un  copule  ternaire 
à  3*'  de  carbone  avec  2™°'  d'urée.  Le  régime  végétal  est,  en  effet,  riche  en 
radicaux  hydrocarbonés,  et,  d'autre  part,  si  l'excès  d'acide  urique  prove- 
nait des  nucléines,  l'acide  phosphorique  serait  augmenté  parallèlement. 

P-0^ 
3"  Les  variations  du  rapport  — r-7-  correspondent  sensiblement  aux  pro- 
portions de  phosphore   minéral  et  organique  apportées  par   les  divers 
régimes. 


SÉANCE  DU  2  AVRIL  1906.  853 

S'  . 

4°  La  valeur  maxima  du  rapport  -r—jy  qui  se  produit  avec  le  régime  végé- 
tal, tient  à  sa  richesse  en  soufre,  mais  plus  encore  à  la  proportion  élevée 
des  bases  minérales  qui  entraînent  cet  élément  vers  l'émonctoire  rénal. 

S" 
Les  variations  du  rapport  ^7  suivent  celles  du  rapport  azoturique.  Quant  au 

soufre  conjugué,  il  atteint  son  maximum  avec  le  régime  végétarien,  sans 
doute  parce  que  ce  dernier  favorise  les  fermentations  intestinales  par  ses 
hvdrocarbonés,  mais  surtout  parce  qu'il  est  riche  en  éléments  aromatiques 
capables  de  se  sulfo-conjuguer, 

5°  La  moyenne  des  valeurs  de  toutes  les  molécules  élaborées  est  de  7$, 
c'est-à-dire  sensiblement  la  valeur  normale  76  déterminée  directement  par 
M.  Bouchard  sur  des  sujets  recevant  un  régime  mixte.  La  petitesse  de  la 
molécule  élaborée  avec  le  régime  lacté  constitue  une  nouvelle  preuve  de  la 
facilité  avec  laquelle  l'organisme  utilise  les  albumines  du  lait.  Comme  c'est 
là  un  fait  étayé  d'ailleurs  sur  nombre  d'autres  preuves,  notre  résultat  dé- 
montre, inversement,  l'intérêt  qui  s'attache  à  la  détermination  de  la  molé- 
cule élaborée.  Avec  le  régime  fortement  carné,  la  molécule  67  établit  la 
perfection  de  l'élaboration  des  matériaux  constitutifs  de  la  viande.  Ce 
résultat  s'explique,  selon  nous,  par  l'influence  stimulante  des  bases  mus- 
culaires sur  les  actions  diastasiques  de  l'organisme.  Les  molécules  80  et  gS, 
obtenues  avec  les  régimes  lacté  mixte  et  végétarien  absolu,  montrent  l'in- 
fluence considérable  exercée  par  l'addition  ou  la  substitution  au  lait  du 
pain  et  des  végétaux.  Nous  pensons  que  ce  résultat  doit  être  attribué  à  deux 
causes  principales  :  c'est  d'abord  la  formation,  avec  les  végétaux,  puis  le 
passage  dans  les  urines  d'un  certain  nombre  de  corps  azotés  à  noyau  aro- 
matique et  de  poids  moléculaire  élevé.  Pour  l'acide  hippurique,  M  =  179. 
C'est,  en  outre,  ce  fait  remarquable  que  l'augmentation  de  l'apport  minéral 
dans  un  régime  donné  provoque  un  accroissement  corrélatif  du  poids 
moyen  de  la  molécule  élaborée.  Nous  avons  constaté,  par  exemple,  qu'en 
passant  de  17^  à  28*^  par  24  heures,  la  matière  minérale  élève  de  78  à  100 
le  poids  de  la  molécule.  On  devra  donc  tenir  compte  non  seulement  de  la 
composition  organique  du  régime,  mais  encore  de  sa  richesse  en  matières 
salines  dans  l'interprétation  des  résultats  d'une  analyse. 


854  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PHYSIOLOGIE.  —  Démonslralion  de  la  fonction  fibrinogénique  du  Joie. 
Noie  de  MM.  Doyon,  Claude  Gautier  et  Albert  Morel,  présentée  par 
M.  A.  Daslre. 

La  démonstration  est  faite  chez  la  Grenouille  et  repose  sur  les  faits  sui- 
vants : 

1.  L'extirpation  complète  du  foie  est  compatible  chez  la  Grenouille  avec 
une  survie  de  quelques  jours.  Nous  avons  constaté  que  le  sang  devient 
incoagulable  au  bout  de  5  à  6  jours  chez  les  Grenouilles  privées  de  leur 
foie. 

2.  Si  l'on  saigne  une  Grenouille  et  si  l'on  débarrasse  entièrement  son 
système  circulatoire  du  sang  qu'il  contient,  pour  lui  substituer  du  sang 
défibriné,  on  constate  que  la  fibrine  est  régénérée  en  quelques  heures. 

3.  La  régénération  de  la  fibrine  n'a  pas  lieu  si  l'animal  est  privé  de  son 
foie. 

CûNuniONS  KXPÉRIMENTALES  :  a.  Ablation  du  foie.  —  Nos  expériences  oui  été  faites, 
pendant  les  mois  de  novembre,  de  décemlire  et  de  janvier,  sur  des  Grenouilles  conser- 
vées dans  du  sable  propre  et  humide.  Chaque  Grenouille  était  opérée  avec  des  instru- 
ments stérilisés,  puis  isolée  dans  un  bocal  muni  d'une  éponge  imbibée  d'eau.  Les  Gre- 
nouilles, les  bocaux  et  les  éponges  ont  été  lavés  tous  les  jours.  Les  sujets  opérés  étaient 
conservés  au  laboratoire  dont  la  température  a  varié  de  +  io°  à  -f-  i8°. 

Chez  la  Grenouille  dont  le  foie  a  été  excisé  le  sang  extrait  par  la  section  de  la  tête 
ou  d'un  membre  peut  rester  indéfiniment  liquide  sans  qu'il  se  forme  la  moindre  irace 
de  fibrine.  L'incoagulabilité  peut  se  manifester  dés  le  cinquième  jour  après  l'opéra- 
tion. Il  arrive  toutefois  que  le  sang  coagule,  malgré  l'ablation  du  foie;  mais  alors  la 
quantité  de  fibrine  nous  a  toujours  paru  très  nettement  inférieure  à  la  quantité  nor- 
male et,  de  plus,  dans  ces  cas,  on  trouve  en  général,  à  l'autopsie,  des  jjetits  lobes 
intacts  du  foie.  Après  l'extirpation  du  foie,  les  Grenouilles  présentent  presque  toujours 
des  crises  tétaniques  comparables  à  celles  qui  sont  déterminées  par  la  strychnine. 

b.  Régénération  de  la  fibrine.  —  On  saigne  une  Grenouille  à  blanc  en  lui  section- 
nant une  patte  aiUérieure  et  en  ouvrant  la  veine  abdominale.  On  injecte  ensuite  à 
cette  Grenouille,  dans  la  direction  du  cœur,  par  le  bout  supérieur  de  la  veine  abdo- 
minale, au  moyen  d'une  seringue,  du  sang  de  Grenouille  extrait  auparavant  et  soigneu- 
sement délibriné.  On  lave  ainsi  trois  ou  quatre  fois  l'appareil  circulatoire  du  sujet  en 
recueillant  chaque  fois  le  sang  de  lavage  dans  des  verres  de  montre  par  une  nouvelle 
section  faite  à  la  même  patte,  en  laissant  les  vaisseaux  se  vider  le  plus  possible  après 
chaque  lavage.  La  quantité  de  sang  injecté  à  chaque  lavage  est  de  5™'.  Chaque 
injection,  poussée  lentement  et  d'une  façon  continue,  dure  une  dizaine  de  minutes. 


SÉANCE  DU  a  AVRIL  1906.  855 

Lorsque  le  sang  recueilli  par  la  patte  antérieure  sectionnée  et  par  le  bout  inférieur  de 
la  veine  abdominale  ne  contient  plus  trace  de  fibrine,  on  cesse  le  lavage  et  l'on  pra- 
tique une  dernière  injection  de  5""'  de  sang  défibriné;  puis  on  suture  avec  soin  toutes 
les  plaies.  L'opération  dure  en  général  de  2  à  3  heures.  L'animal  se  remet  parfaitement. 
Si  on  le  sacrifie  i4  heures  après  l'opération  par  la  section  du  cou,  on  constate  que  le 
sang  se  prend  en  masse  et  coagule  absolument  comme  le  sang  d'une  Grenouille 
normale. 

Pour  répéter  l'expérience  sur  une  Grenouille  privée  de  foie,  il  faut,  dans  un  premier 
temps,  isoler,  par  des  ligatures  placées  à  quelque  distance  du  pédicule  vasculaire  du 
foie,  la  plus  grande  partie  des  lobes  latéraux  et  du  lobe  médian  ventral.  On  saigne 
ensuite  l'animal,  on  pratique  des  lavages  et  la  dernière  injection  de  la  même  façon 
que  précédemment.  Les  injections  passent  très  bien  dans  le  système  circulatoire.  On 
place  de  nouvelles  ligatures  plus  près  du  pédicule  et  l'on  détruit  ensuite  le  lolie 
médian  dorsal  et  les  bourgeons  latéraux  en  touchant  ces  organes  au  thermocautère.  Si 
l'on  sacrifie  l'animal  de  i4  à  24  heures  après  l'opération,  on  constate  que  le  sang  recueilli 
reste  absolument  incoagulable. 


GÉOLOGIE.  —  Origine  et  mode  de  formation  des  minerais  de  fer  oolilhique. 
Note  de  M.  Staxislas  Meu.vier. 

La  lecture,  dans  les  Comptes  rendus,  d'une  Note  que  M.  Cayeux  a  con- 
sacrée à  l'étude  microscopique  du  minerai  de  fer  de  Dielette  (')  m'auto- 
rise, je  crois,  à  faire  remarquer  que  ce  travail  vient  confirmer  de  la  manière 
la  plus  complète  la  théorie  que  j'ai  formulée,  il  y  a  quelques  années  déjà, 
quant  à  l'origine  et  au  mode  de  formation  du  minerai  de  fer  oolithique  des 
formations  stratifiées  (-). 

M.  Cayeux,  en  eflet,  conclut  de  ses  recherches  que  le  minerai  de  Dielette  «  occupe  la 
place  d'éléments  qui  étaient  certainement  calcaires  à  l'origine  »;  et  il  ajoute  :  «  Je  puis 
affirmer  que  le  minerai  de  Dielette  procède  d'un  calcaire  oolithique.  » 

Or,  j'ai  reconnu  de  mon  côté,  à  la  suite  d'études  variées  et  d'expériences  sur  la  com- 
position et  sur  la  structure  microscopique  du  minerai  de  fer  oolithique  :  1°  que  ce 
minerai  se  présente,  sans  aucun  doute  possible,  comme  le  résultat  de  l'épigénie  du 
calcaire  oolithique;  1°  que  le  calcaire  oolithique  était  dérivé  antérieurement  d'une 
vase  calcaire  marine  ordinaire,  dans  laquelle  la  circulation  des  eaux  souterraines  avait 
déterminé  progressivement  la  concrétion  du  carbonate  de  chaux  autour  de  certains 


(')  T.  CXr^II,  séance  du  19  mars  1906,  p.  716. 

(  -  )  Sur  l'origine  et  le  mode  de  formation  du  fer  oolithique  de  Lorraine  (  Comptes 
rendus,  t.  GXXXII,  séance  du  21  avril  igoi,  p.  1008). 


856  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

points  de  conceiUralioii  avec  élimination  à  l'étal  de  ciment  général,  dans  les  espaces 
inieroolitliiques,  des  éléments  non  cristailisables,  et  spécialement  argileux,  du  dépôt; 
3°  que  l'épigénie  de  ce  calcaire  oolithique  a  été  réalisée  très  postérieurement  à  la  sédi- 
mentation, sous  l'influence  d'eaux  très  faiblement  minéralisées  par  des  sels  de  fer  et 
par  des  sels  d'aluminium.  C'est  pour  cela  que  la  limonite  est  toujours  associée  à  de  la 
bauxite  qui  conserve  la  forme  des  oolithes  après  la  dissolution  de  tout  leur  fer,  pai' 
l'acide  chlorhydrique,  par  exemple. 

Des  expériences  nombreuses  m'ont  permis  de  pénétrer  dans  le  détail  des  phéno- 
mènes épigéniques,  en  en  imitant  toutes  les  particularités  et  d'expliquer,  entre  autres 
détails,  comment  le  dépôt  de  fer  ne  s'eireclue  pas  toujours  d'une  manière  égale  dans 
toute  la  masse  de  la  substance  calcaire.  Des  spécimens  que  je  conserve  à  mon  labora- 
toire montrent  qu'il  suffit  de  la  plus  légère  variation  de  structure  pour  que  les  liqueurs 
ferrugineuses  passent  dans  certains  points  sans  rien  précipiter,  tandis  qu'elles  déposent 
au  contraire,  tout  au  voisinage,  de  grandes  quantités  de  fer.  On  observe  donc  directe- 
ment l'élection  du  fer  dans  certaines  parties  des  éléments  de  la  roche  calcaire  et  c'est 
une  réponse  que  je  suis  heureux  de  faire  à  une  objection  que  m'avait  opposée,  avec 
beaucoup  de  bienveillance  d'ailleurs,  M.  Alfred  Lacroix  dans  sa  Minéralogie  de  la 
France  (t.  III,  p.  882). 

Ces  résultais  sont  confirmés  par  des  séries  de  faits  d'observation  et  expli- 
quent par  exemple  le  volume  comparé  des  oolithes  de  limonite  et  des 
oolitlies  de  calcaire  dans  les  couches  de  même  âge,  conformément  à  la 
différence  de  densité  des  deux  substances.  J/aplatisseinent  des  globules 
ferrugineux  contraste  avec  la  sphéricité  des  grains  calcaires,  avec  une 
éloquence  décisive  dans  le  même  sens. 

L'histoire  de  ces  dépôts  oolithiques  n'est  d'ailleurs  qu'un  cas  particah'er 
dans  l'ensemble  des  épigénies  ferrugineuses  d'une  foule  de  niveaux  cal- 
caires qui  ont  conservé  les  grands  traits  de  leur  texture  tout  en  changeant 
inlégralement  de  composition.  Comme  exemple  de  roches  uniformément 
massives,  on  peut  rappeler  les  couches  de  sanguine  à  Ammonites  de  la  Voulle 
(Ardèche)  dont  le  métamorphisme,  qui  donnerait  une  matière  toute  pareille 
a  l'oligiste  de  Saint-Rétiiy,  serait  le  correspondant  du  métamorphisme  qui, 
selon  M.  Cayeux,  rattache  le  fer  de  Dielette  au  minerai  oolithique. 

Les  faits  de  ce  genre  nous  mettent  devant  l'esprit  des  témoignages 
spécialement  éloquents  de  l'incessante  activité  des  circulations  aqueuses 
dans  les  régions  souterraines.  A  ce  titre  je  les  considère  comme  présentant 
une  grande  importance  au  point  de  vue  de  la  Géologie  générale  et  c'est 
pour  cela  que  je  tiens  à  rappeler  qu'ils  me  préoccupent  depuis  très  long- 
temps. 


SÉANCE  DU  2  AVRIL  1906.  857 

M.  N.  Slomnesoo  adresse  une  Note  relative  à  l'action  de  la  caféine  sur  les 
métaux  et  métalloïdes. 

M.  C.-A*  SaltzmaiSn  adresse  un  Projet  de  machine  volante. 
(Renvoi  à  la  Commission  d'Aéronautique.) 

La  séance  est  levée  à  4  heures  et  quart. 

M.  B. 


BDLLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du   19  mars   1906. 
(Suite.) 

Etudes  de  Systématique  et  de  Géographie  botaniques  sur  la  flore  du  bas  et  du 
moyen  Congo,  par  Em.  de  Wildeman;  t,  I.  fasc.  III,  p.  i-ui  et  21 3-346,  planches 
XLIV-LXXIII.  {Annales  du  Musée  du  Congo  :  Botanique,  série  V.)  Bruxelles,  igoS- 
1906;  I  fasc.  in-f°. 

Résumé  météorologique  de  l'année  1904  pour  Genève  et  le  GrandSaint-Bernard, 
par  R.  Gautier.  Genève,  igoS;  i  fasc.  in-8°. 

Zur  Effectberechnung  von  Flugvorrichtungen,  von  Ignaz  Dickl.  Vienne,  1904; 
I  fasc.  in-8°. 

Die  Berechnung  achsialen  Aktionsturbinen  auf  zeichnerischem  Wege,  von 
I.  DiCKL.  Vienne,  1904;  i  fasc.  in-8°. 

Die  Aetlierenergie,  von  I.  Dickl.  Gratz,  1906;  i  fasc.  in-8°. 

Memoranda  relaling  to  the  discovery  of  surgical  anesthesia,  and  D''  William 
T.-G.  M  or  ton' s  relation  to  this  event,  bj  William-James  Morton.  New-York,  1905  ; 
I  fasc.  in-S". 

Die  Nervosilàt  in  der  Armée,  von  D''  M.  Meykr.  Vienne,  1906;  i  fasc.  in-S". 

Zur  Behandlung  der  entzundlichen  Erkrankungen  der  oberen  Harnwege, 
von  D''  Meter.  Berlin,  1906;  i  fasc.  in-S". 

Kriterien  der  Tod-Erkennung  von  Seiten  des  Auges,  von  D'  Walteu  Aldrand; 
s.  1.  n.  d.  1  fasc.  in-8°. 

Vérités  et  hypothèses  philosophiques  et  scientifiques,  par  M"»  Eug.  Andrès.  Rome, 
1906;  I  fasc.  in-i2. 

Census  of  India;  t.  XII,  B.  and  C  :  Burma,  by  G. -G.  Lowis,  parts  III  and  IV.  Tables. 
Rangoon,  igoS;  3  vol.  in-f». 

C.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N°  14.)  I  l3 


858  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Yeor-book  vf  the  Roval  Society  of  London,  1906.  Londres,  Harrison  el  fils.  1906; 
I   vol.  in-8°. 

Annuario  delta  R.  Accadeniia  dei  lAncei,  1906.  Home;  1  fasc.  in- 12. 

Anuario  de  la  Real  Academia  de  Ciencias  txactas  Jhicas  y  naturales.  1906. 
Madrid  ;   i  vol.  in-i8. 

The  almanac  for  1906,  by  B.  Suryanarian  Row,  issued  by  the  Office  of  the  Astio- 
logical  Magazine  Madras.  Madras;  i  fasc.  in-S°. 

Ergebnisse  der  meleorologischen  Benbachtungen  an  den  Landesstationen  in 
Bosnien-Hercegovina  im  Jahre  1901.  Vienne,  1906;  i  fasc.  in-4''. 

Deutsches  meteorologisches  Jahrbuch  fUr  1901,  Kônigreich  Sachsen;  mil  ein  Vo- 
rarbeit  :  Studien  iiber  Erdbodenwànue  und  Schneedecke,  herausgegeb.  v.  Paul 
ScHREiBER,  Cheninitz,   i9o5;  1  vol.  in-4°. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  26  mars  1906. 

L' électrométallur gie  des  fontes,  fers  et  aciers,  par  Camille  Matig.non.  Paris, 
H.  Dunod  et  E.  Pinal,  1906;  i  fasc.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Berthelot.) 

Mission  scientifique  permanente  d'exploration  en  Indo-Chine.  Décades  zoologiques  : 
Oiseaux,  n°  5.  Hanoï,  1906;  i  fasc.  in-4''.  Exemplaire  n°  152.  (Présenté  par  M.  Y. 
Delage.)    . 

The  Selkirk  range,  by  A.-O.  Wheeler;  t.  I.  Otiawn,  Government  printing  Bureau, 
1906;  I  vol.  in-8°.  (Présenté  par  M.  le  colonel  Laussedat.  Hommage  de  l'auteur.) 

M.  F.  Klein,  Correspondant  de  rin>titut,  piésente  les  trois  fa-.cicules  suivants  de 
V  Encyclopédie  des  Sciences  mathématiques  pures  et  appliquées  :  T.  I,  vol.  k,  fasc.  1. 
Calcul  des  probabilités.  Théorie  des  erreurs.  Applications  diverses.  —  T.  Il,  vol.  1, 
îasc.  6.  Funktional-Gleichunge/i  and  -OperaCionen,  von  S.  Pincberle.  —  T.  VI,  vol.  1, 
fasc.  1.  Niedere  Geodàsie,  von  C.  Heiniikrtz.  Piwlogranimetrie,  von  S.  Finsterwaldkr. 
Leipzig,  B.-G.  Teubner,  1906;  3  fasc.  in-8°. 

Considérations  sur  le  mécanisme  d' acclimatation  des  levures  à  l'acide  sulfureux, 
par  M.  Emm.  Pozzi-Escot.  Paris,  Jules  Roussel,  1906;  i  fasc.  in-8°.  (Hommage  de 
l'auteur.  ) 

Recherches  sur  l'action  des  rayons  colorés  dans  la  fermentation  des  raisins  de 
cuve,  par  Georges  Duclou,  2'  édition.  Bordeaux,  igoS;  1  fasc.  in-8°. 
'    Mémoires  et  compte  rendu  des  travaux  de  la  Société  des  Ingénieurs  civils  de 
France;  Sg*  année,  6°  série,  Bulletin  n°  1,  de  janvier  1906.  Paris;  1  fasc.  in-S". 

Bulletin  des  séances  de  ta  Société  nationale  d'Agriculture  de  France;  année  1906, 
n°  1.  Paris;  1  fasc.  in-S". 

Expédition  antarctique  belge.  Résultats  du  voyage  du  «  5.  Y.  Betgica  »  en  1897, 
1898,  1899,  sous  le  commandement  de  A.  de  Gerlache  de  Gomery.  Rapports  scien- 
tifiques publiés  aux  frais  du  Gouvernement  belge,  sous  la  direction  de  la  Com- 
mission de  la  «  Betgica  ».  Anvers,  J.-E.  Busclimeinn,  igoi-igoS;  20  fasc.  in-4°. 

La  fernienthérapie  ou  traitement  des  maladies  par  les  ferments  et  la  pliysiologie 
moderne,  par  Marcel  Monier.  Anvers,  1906;  i  fasc.  in-S". 


SÉANCE  DU  2  AVRIL  1906.  869 

Contribution  à  la  théorie  des  ménisijues.  capillaires,  par  G.  va>-  der  Mensbrugghe; 
I"  et  2*  parties.  Bruxelles,  1900 ;  2  fasc.  in-S°. 
La  vicia  universal,  por  Julio  Garcia  Homero.  Caceres,  1906;  i  fasc.  in-S". 

Outrages  reçus  dans  la  séance  du  2  avril   1906. 

Matériaux  d'étude  topologique  pour  l' Algérie  et  la  Tunisie;  6°  série.  {Cahiers 
du  Service  géographique  de  l' Armée,  n°  -23.)  Paris,  1906;  i  fasc.  in-8».  (Offert  p;ir 
le  Service  géographique  de  l'Arniée.) 

Mollusques  provenant  des  dragages  effectués  à  l'ouest  de  l' Afrique  pendant  les 
campagnes  scientifiques  de  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco,  par  Fh.  Dautzejibkrg  et 
H.  Fischer;  avec  5  planches.  {Résultats  des  campagnes  scientifiques  accomplies  sur 
son  yacht  par  Albert  /*'',  Prince  souverain  de  Monaco,  publ.  sous  la  direction  de 
M.  Jules  Richard,  fasc.  XXXII.)  Imprimerie  de  Monaco,  1906;  1  fasc.  in-^".  (Hom 
mage  de  S.  A  .  S.  le  Prince  de  Monaco.) 

Note  sur  l' appauvrissement  des  sources  et  sur  l'influence  de  i hiver.  Observations 
concernant  le  bassin  de  la  Somme,  par  P.  Houllikr.  (Extr.  du  Bull,  de  la  Soc.  linn. 
du  Nord  de  la  France,  novembre-décembre  1900.)  1  fasc.  in-S".  (Hommage 
de  l'auteur.) 

Détermination  de  la  longueur  de  la  circonférence,  parle  Lieutenant-Colonel  P.-L. 
MoNTElL.  Paris,  E.  !>ey,  1906;  i  fasc.  in-8°.  (Hommage  de  Fauteur.) 

Les  pseudo-surfaces  appliquées  à  la  généralisation  ou  à  l'amendement  des  diverses 
théories  classiques  issues  du  Calcul  infinitésimal,  [)ar  M.  TAbbé  Issaly.  Paris,  A. 
Hermann,  1906;  i  fasc.  in-8°.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Annales  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Marseille;  t.  XV.  I^aris,  G.  Masson,  igoS; 
une  série  de  fascicules  formant  un  volume  non  broché  in-4''. 

Bulletin  trimestriel  de  la  Société  de  l'Industrie  minérale  ;  4''  série,  t.  V,  r^  livrai- 
son, 1906.  Saint-Etienne,  i  vol.  in-8°. 

Annales  de  Physicothérapie,  publ.  par  J.  Rivière;  i^'janvier  1906.  Paris;  i  fasc. 
in-8°. 

Revue  scientifique  du  Bourbonnais  et  du  Centre  de  la  France,  publ.  par  M.  Ernest 
Olivier;  19"=  année,  1906,  i^'  trimestre.  Moulins,  1906;  1  fasc.  in-8°. 


Catalogus  bogoriensis  novus  plantarum phanerogamarum  quœ  in  horto  botanico 
bogoriensi  coluntur  herbaceis  exceptis,  auctore  B.-F.-G.  Hochreltiner  ;  fasc.  I  et  U. 
{Bulletin  de  l'Institut  botanique  de  Ruitenzorg,  n°»  19  et  22.  )  Buitenzorg,  1904-1905  ; 
2  fasc.  in-4". 

Les  signes  régionaux,  nouvelles  recherches  expérimentales  sur  la  répartition  de 
la  sensibilité  tactile  dans  les  états  d'attention  et  d'inattention,  par  A.  Michotte. 
Louvain-Paris,  1906;  i  vol.  in-8". 

Universitaet  Loeven,  i425-i834-i9o5.  Louvain,  J.  van  Linthout,  i9o5;  i  fasc.in-8°. 

{A  suivre.) 


86o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


ERRATA. 


(Séance  du    19  mars   1906.) 

Noie  de  M.  A.  Lacroix,  Sur  les  faciès  de  variation  de  certaines  syénites 
néphéliniques  des  îles  de  Los  : 

Page  685,  lignes  j8  et  ig,  au  lieu  de  au  quatrième  ordre  (pantellerose),  lisez  au 
cinquième  ordre  (umptekose). 

Page  686,  ligne  3,  au  lieu  de  soit  à  la  pantellerose  (4'  ordre  ...),  lisez  soit  à 
l'umptekose  (5'  ordre  .  .  .)i 

Même  page,  ligne  9,  au  lieu  de  et  appartenant  au  cinquième  ordre,  lisez  ,  tout  en 
appartenant  aussi  au  cinquième  ordre. 


(Séance  du   26  mars   1906.) 

Note  de  MM.  Eug.  Charabot  et  G.  Laloue,  Formation  et  distribution  des 
composés  terpéniques  chez  l'oranger  à  fruits  amers  : 

Page  798,  ligne  4  en  remontant,  au  lieu  de  fruits  amers,  lisez  fruits  doux. 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

SÉANCE  DU   LUNDI   9  AVRIL    1906, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  H.  POINCARÉ. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

r)ES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS     DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Président  annonce  à  l'Académie  qu'en  raison  des  fêtes  de 
Pâques  la  séance  du  lundi  16  avril  est  remise  au  mardi  17. 

PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  quelques  problèmes  de  Physique 
mathèmalique  se  rattachant  à  l'équation  de  M.  Fredholm.  Note 
de  M.  Emile   Picahd. 

1.  On  sait  avec  quel  succès  M.  Fredholm  (')  a  fait  l'étude  d'une  équa- 
tion fonctionnelle  qui  est  de  la  plus  haute  importance  dans  divers  pro- 
blèmes de  Physique  matliématique.  Cette  équation,  en  nous  bornant  au 
cas  d'une  seule  variable,  peut  s'écrire 

(i)  <p(a;)4-l/   /(.r,^)?(5)r/^  =  .K^), 

a  et  è  sont  des  constantes  données  ainsi  que  \\  les  fonctions  /(a-,  5)  et 
ij/(a7)  sont  également  données,  et  l'inconnue  est  la  fonction  cp(a?).  La 
découverte  capitale  de  M.  Fredholm  est  d'avoir  trouvé  l'expression  géné- 
rale de  la  fonction  (p(^')  sous  la  forme 

(')  I.  Fredholm,  Comptes  rendus  de  l' Académie  de  Stockholm,  janvier  1900  et 
Acta  mathematica,  t.  XXVII,  igoS. 

G.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  15.)  I  l4 


862  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

OÙ,  relativement  à  >.,  P  et  D  se  présentent  sous  la  forme  de  séries  entières 
en  1  convergentes  pour  toute  valeur  de  1.  Les  racines  de  l'équation 

D(>.)=:o 

donnent  les  valeurs  singulières  de  1,  pour  lesquelles  l'équation  (i)  a  une 
ou  plusieurs  solutions  (non  nulles)  quand  on  met  zéro  dans  le  second 
membre,  et  M.  Fredholm  a  fait  une  étude  approfondie  de  cette  équation 
sans  second  membre. 

Le  cas  où  la  fonction  f(cc,  s)  deviendrait  infinie  entre  les  limites  de 
l'intégration  (l'intégrale  ayant  bien  entendu  un  sens)  a  fait  l'objet,  dans  un 
cas  particulier,  des  recherches  de  M.  Hilbert  (')  [qui  a  de  plus  donné  de 
très  importants  développements  en  séries  se  rapportant  à  l'équation  (i)]  et, 
dans  un  cas  plus  général,  des  études  de  M.  Plemelj  (°). 

On  peut  aussi  considérer  le  cas  d'une  équation  analogue  à  l'équation  (i) 
de  la  forme 

(2)  ç(,r,  v)  -h  iJJ/Çr,  y;  u,  c)  ?(u,  v)  du  d\>  =  ^x,  y), 

y  et  i|<  étant  des  fonctions  données,  et  l'intégrale  double  étant  étendue  à  une 
aire  donnée  du  plan  (u,  c).  Cette  généralisation  est  immédiate. 

2.  Venant  d'étudier  ces  questions  dans  mon  cours,  je  me  propose  sim- 
plement ici  de  faire  quelques  remarques  et  d'indiquer  deux  problèmes  de 
Physique  mathématique  se  rattachant  à  des  équations  du  type  de  l'équa- 
tion (2  )• 

Tout  d'abord,  les  problèmes  tant  intérieurs  qu'extérieurs  (dans  l'espace 
à  trois  dimensions)  relatifs  aux  fonctions  harmoniques,  quand  on  se  donne 
soit  la  fonction,  soit  la  dérivée  dans  le  sens  de  la  normale,  se  ramènent 
aux  deux  équations  que  nous  allons  indiquer.  Désignons  par  S  une  surface 
fermée,  et  soit  m  un  point  de  la  surface;  appelons  de  plus r la  distance  de  m 
à  l'élément  variable  do  de  S,  et  cp  l'angle  que  fait  r  avec  la  normale  (inté- 
rieure) à  S  en  da,  tandis  que  ij/  désignera  l'angle  de  r  avec  la  normale  (inté-  ' 
rieure)  en  m.  Nous  avons  ici  à  considérer  les  équations  fonctionnelles. 


(')  D.   lIiLBERT,  J\ac/in'chle/i  der  K.    Gesellschaft.   der   Wissenschaflen   zti   Gôt- 
lingen,  1904  et  1905. 

(^)  ,1.  l'i.iiMKiJ.  Monalshcftc  fin-  MallicDinlik  and  Physik.  XV.  Jalirg. 


SÉANCE    DU   9   AVRIL    igo6.  863 

analogues  à  (2),  dont  les  premiers  membres  sont  respectivement 

(4)  p  +  ^Z/pS"^'' 

p  étant  la  fonction  inconnue  des  paramètres  fixant  la  position  d'un  point 
de  S. 

Les  deux  équations  fonctionnelles  sont,  en  général,  différentes;  mais  on 
peut  montrer  facilement  que  les  valeurs  singulières  de  \  sont  les  mêmes 
pour  l'une  et  l'autre. 

Dans  le  cas  d'une  surface  sphérique  S,  les  équations  sont  évidemment 
les  mêmes  (cp  =  i}»);  en  supposant  la  sphère  de  rayon  un,  on  a,  comme  va- 
leurs singulières, 

>.  =  —  {in  -+-  j), 

n  étant  un  entier    positif  ou   nul.   De  plus,    pour   la    valeur   singulière 
—  (2«  +  i),  l'équation  sans  second  membre 


p-(2/i  +  i)yyp^</(;=:o 


a,  comme  solutions  distinctes  en  p,  les  2«  +  i   fonctions  Y„  de  Laplace 
correspondant  à  l'entier  n. 

3.  Les  remarques  qui  précèdent  trotivent  leur  application  dans  le  pro- 
blème de  l'aimantation  par  influence  pour  un  corps  parfaitement  doux 
limité  par  une  surface  S.  Ce  problème  revient,  d'après  la  théorie  de  Pois- 
son, à  trouver  une  fonction  Y  (a;,/,  s)  de  la  nature  d'un  potentiel  à  l'infini, 
continue  dans  tout  l'espace,  harmonique  à  l'intérieur  et  à  l'extérieur  de  S, 
et  telle  que,  pour  tout  point  m  de  S,  on  ait 


égale  à  une  fonction  connue  du  point  m.  La  direction  n  se  rapporte  à  la 

normale  intérieure  à  S  et  les  dériA'ées  -r-  et  -7—  sont  les  dérivées  de  V 

an         an 

prises  dans  cette  direction,  la  première  en  un  point  de  jnn  infiniment  voisin 

de  TO  à  l'intérieur  de  S  et  la  seconde  en  un  point  à  l'extérieur.  Quant  à  k, 

c'est  le  coefficient  d'aimantation,  positif  si  le  corps  doux  est  paramagné- 

tique,  et  négatif  pour  un  corps  diamagnétique. 


Q-* 


864  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

On  peut  représenter  V  par  un  potentiel  de  simple  couche  étendue  sur  S, 
la  densité  p  de  celte  couche  satisfaisant  à  l'équation  fonctionnelle 

p  —  • '- — r  I      ?  — -«  drs  =:  fonction  donnée  sur  S. 

C'est  une  équation  correspondant  au  type  (4)  du  paragraphe  précédent. 
Pour  k  positif,  l'équation  a  certainement  une  solution  et  une  seule.  Il 
peut  en  être  autrement  si  k  est  négatif.  Par  exemple,  si  S  est  une  surface 
sphérique  de  rayon  un,  on  aura  les  valeurs  singuliéresde  k  correspondant  à 

■z-Kk  =  —  (  I  H 

OÙ  n  est  un  entier  positif.  La  théorie  de  l'aimantation  n'est  sans  doute  pas 
applicable  à  de  tels  coips  diamagnétiques,  s'il  en  existe. 

4.  Une  équation  d'une  forme  différente  va  nous  être  fournie  par  un 
problème  de  la  théorie  analytique  de  la  chaleur.  Il  s'agit  d'un  corps  en 
équilibre  de  température  avec  rayonnement.  En  désignant  par  V  la  tempé- 
rature, celte  fonction  V  est  harmonique  à  l'intérieur  du  corps  et  l'on  a  sur 
sa  surface  S 


-(S)  =  ^-(v.-v). 


k  élant  un  coefficient  positif  et  V^  étant  une  fonction,  donnée  sur  la  sur- 
face, représentant  en  chaque  point  de  celle-ci  la  température  extérieure. 
Nous  avons  donc  à  trouver  une  fonction  harmonique  V  telle  que  sur  S 


an 


soit  égale  à  une  fonction  donnée. 

Cherchons  encore  à  exprimer  V  par  un  potentiel  de  simple  couche  de 
densité  p.  L'équation  précédente  reviendra  à  trouver  la  fonclion  p  satisfiu- 
sant  à  l'équation  fonctionnelle  rentrant  toujours  dans  le  type  (2) 


"//K^- 


^'^^\d<:  =  fonction  donnée  sur  S. 


iT.r 


Pour  k  >  o,  cette  équation  a  une  solution  et  une  seule.  Pour  certaines 
valeurs  négatives  de  k  (ce  qui  n'a  d'ailleurs  qu'un  intérêt  analytique), 
l'équation  sans  second  membre  aura  des  solutions  autres  que  p  =  o.  Par 


SÉANCE    DU    9   AVRIL    1906.  865 

exemple,  dans  le  cas  de  la  sphère  de  rayon  an,  il  en  sera  ainsi  pour 

k  =^  —  n, 

n  étant  un  entier  positif  ou  nul  et  pour  ces  valeurs  seulement. 

Nous  avons  supposé  que  k  était  constant,  mais  la  méthode  s'applique 
également  si  /■  est  une  fonction  positive  sur  la  surface  S. 


CHRONOMÉïRiE.  —  Sur  un  moyen  de  contrôler  un  système  d'horloges 
synchronisées  électriquement.  Note  de  M,  G.  Bigourdax. 

Considérons  un  certain  nombre  d'horloges  dispersées  et  synchronisées 
électriquement  par  une  pendule  directrice,  ainsi  que  cela  a  lieu,  par 
exemple,  à  Paris  :  chaque  horloge  synchronisée  forme  ce  qu'on  appelle  un 
centre  horaire. 

Dans  ce  système,  tous  les  centres  horaires  sont  placés  sur  un  circuit  élec- 
trique et  maintenus  à  l'heure  par  un  courant  que  lance,  à  chaque  seconde, 
la  pendule  directrice;  par  ce  moyen,  celle-ci  oblige  les  centres  horaires  à 
la  suivre  exactement,  de  sorte  que,  lorsque  le  fonctionnement  est  bon,  tous 
ces  centres  marquent  constamment  la  même  seconde  que  l'horloge  direc- 
trice quand,  une  première  fois,  ils  ont  été  mis  d'accord  avec  elle. 

Les  causes  de  dérangement  sont  les  suivantes  : 

1°  Un  centre  horaire  considéré  n'obéit  pas  au  courant  synchronisateur 
et  cesse  de  marcher  d'accord  avec  la  pendule  directrice  ('); 

2°  Le  circuit  de  synchronisation  est  coiqjé  et,  par  suite,  chaque  centre 
horaire  prend  une  marche  indépendante; 

3°  L'horloge  directrice  cesse  de  marcher; 

4"  L'horloge  directrice  cesse  d'être  à  l'heure  exacte. 

Le  moyen  de  contrôle  qui  va  être  indiqué  est  destiné  à  avertir  du  mau- 
vais fonctionnement  du  système  dans  les  trois  premiers  cas;  l'avertisse- 
ment est  donné  à  côté  de  chaque  centre  horaire,  de  manière  à  prévenir  que 
l'heure  de  ce  centre  ne  mérite  pas  toute  confiance. 

Pour  cela,  dans  le  circuit  synchronisateur  installons,  à  côté  de  chaque 
centre  horaire,  un  galvanoscope  dont  l'aiguille  aimantée  sera  déviée  à 
chaque  passage  du  courant,  c'est-à-dire  à  chaque  seconde  :  cette  aiguille 
aimantée  reproduit  chaque  battement  de  seconde  de  la  pendule  directrice, 

(')  11  n'y  a  évidemment  pas  lieu  d'examiner  le  cas  où  le  centre  horaire  est  arrêté. 


866  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

de  sorte  que,  si  elle  numérotait  les  secondes,  elle  pourrait  remplacer  le 
cadran  du  centre  horaire  correspoudant.  Or  il  est  facile  de  lui  faire  mar- 
quer au  moins  une  seconde  déterminée  de  chaque  minute. 

Pour  cela,  supprimons  une  émission  du  courant  synchronisateur  à  la  seconde  zéro 
par  exemple  de  la  pendule  directrice  et  voyons  ce  qui  se  passera  dans  chacun  des 
quatre  cas  énumérés  ci-dessus. 

Si  le  centre  horaire  considéré  est  d'accord  avec  la  pendule  directrice,  à  chaque 
seconde  zéro  de  ce  centre  horaire  l'aiguille  aimantée  restera  immobile,  et  alors  seu- 
lement. Mais  si  ce  centre  est,  par  exemple,  en  avance  de  3  secondes  sur  la  pendule 
directrice,  c'est  à  la  troisième  seconde  de  ce  centre  horaire  que  l'aiguille  aimantée 
restera  immobile,  et  l'on  sera  ainsi  prévenu  de  cette  avance.  De  même  s'il  y  avait 
retard.  Il  est  d'ailleurs  évident  que  l'avance  ou  le  retard  ne  devra  pas  dépasser 
quelques  secondes  pour  que  ce  moyen  de  contrôle  soit  efficace. 

Si  le  courant  synchronisateur  est  coupé,  la  boussole  restera  immobile;  elle  restera 
immobile  encore  si  l'horloge  directrice  cesse  de  marcher  :  dans  ces  deux  cas  on  sera 
prévenu  encore  que  le  centre  horaire  peut  n'être  pas  à  l'heure. 

La  manière  de  réaliser  pratiquement  ce  système  variera  avec  la  disposi- 
tion employée  pour  émettre  à  chaque  seconde  le  courant  synchronisateur. 
Si,  comme  cela  est  fréquent,  cette  émission  est  produite  par  une  roue  de 
60  dents  montée  sur  l'axe  de  secondes  de  la  pendule  directrice,  il  suffira 
d'abattre  une  de  ces  dents  et  de  lui  faire  correspondre  la  seconde  zéro. 

Si  l'émission  est  produite  par  le  balancier,  par  exemple  au  moyen  de  ce 
qu'on  appelle  souvent  des  contacts  Bréguet,  on  pourra  ou  les  faire  soulever 
mécaniquement  par  l'horloge,  ou  couper  le  courant  à  chaque  minute,  ce 
qui  ne  saurait  présenter  de  difficulté. 

Ce  procédé,  qui  revient  à  un  transport  instantané  de  la  pendule  direc- 
trice à  côté  de  chaque  centre  horaire,  est  donc  facile  à  réaliser;  en  outre, 
il  serait  efficace  dans  l'immense  majorité  des  cas,  puisqu'il  est  tout  à  fait 
rare  que  la  pendule  directrice  ne  soit  pas  bien  maintenue  à  l'heure  exacte. 


ASTRONOMIE.  —  Présentation  d'un  fascicule  du  «  Catalogue  photographique 
du  Ciel  »  de  l'Observatoire  de  Toulouse;  par  M.  Lœwy. 

Ce  document  renferme  les  coordonnées  rectilignes  de  toutes  les  images 
stellaires  des  divers  clichés  pris  en  vue  de  la  détermination  de  la  parallaxe 
solaire  au  moyen  de  la  planète  Éros.  M.  Baillaud,  Directeur  de  l'Observa- 
toire, fait  connaître  la  part  prise  par  ses  collaborateurs  à  cette  publication. 
La  direction   des   travaux  de  mesures  et  de  réductions  a  été  confiée  à 


SÉANCE  DU  9  AVRIL  1906.  867 

M.  Bourget,  astronome-adjoint  et  rexploration  photographique  du  Ciel  à 
M.  Montangerand  qui,  pendant  quatre  mois,  a  consacré  toutes  les  belles 
nuits  à  cette  tâche  et  a  réalisé  une  centaine  de  clichés. 

M.  Bourget,  dans  l'Introduction  rédigée  par  lui,  fournit  des  renseigne- 
ments intéressants  sur  les  modes  d'opération  employés  et  sur  toutes  les 
précautions  prises  pour  entourer  cette  étude  des  garanties  d'exactitude 
nécessaires. 

M.  Baillaud  rend  un  hommage  mérité  à  ses  collaborateurs  pour  le  zèle 
et  l'activité  qu'ils  ont  déployés  en  cette  circonstance.  Grâce  à  ces  travaux, 
l'Observatoire  de  Toulouse  a  pu  fournir  une  contribution  très  utile  à 
l'œuvre  internationale  concernant  une  nouvelle  détermination  précise  de  la 
distance  du  Soleil  à  la  Terre. 


CORRESPONDilNCE . 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  Une  brochure  publiée  par  l'Association  internationale  des  Acadé- 
mies :  Vorbericht  fur  die  am  3o.  Mai  1906  zu  Wien  beginnende  Zusammen- 
tretung  des  Ausschusses. 

2"  Plusieurs  brochures  de  M.  O.  Lehmann,  relatives  aux  cristaux  liquides 
et  accompagnées  de  29  photographies  exécutées  par  l'auteur,  qui  en  fait 
hommage  à  la  bibliothèque  de  l'Institut.  (Présenté  par  M.  de  Lapparent.) 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  — Sur  les  transformations  des  systèmes  d'équations 
aux  dérivées  partielles  du  second  ordre.  Note  de  M.  J.  Clairix,  présentée 
par  M.  Appell. 

Étant  donnés  deux  systèmes  (E)  et  (E')  d'éléments  du  premier  ordre 
dans  l'espace  à  «  + 1  dimensions,  nous  désignerons,  suivant  l'usage, 
par  x^,  a7„,  .  .  .,  x^,  z,  p,,  p^,  .  .  . ,  p,i  les  coordonnées  d'un  élément  du 
premier  système  et  par  x\,  x'^,  ...,  a;,',,  ^' ,p\,p\.,  •••»  p'n  celles  d'un  élément 
du  second. 

Imaginons  que  ces  [\n  +  1  quantités  satisfassent  à  n -f- oc  H- i  équa- 
tions (x<«)   telles  qu'à    un   élément   (E)  corresponde  une  multiplicité 


868  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  oo"  "  éléments  unis  (E').  On  peut,  sans  restreindre  la  généralité, 
supposer  que  ce  système  d'équations  soit  mis  sous  la  forme 

i'^p  ^yp  v-^/'  ^'  Pj  '■)  '^«T/» 
^'  =/  (^M  -'T'y;  ^a). 
p'k  =  ?*(^M  '•'Pr-^''^) 

{i,j\  ^-=1,2,  ...,  /i;  p  =  I,  2,  ...,  a;  -7  =  a  +  I,  a  +  2 /i), 

les  fonctions  précédentes  satisfaisant  aux  conditions 

p=i 

Proposons-nous  de  chercher  dans  quels  cas  la  transformation  définie  par 
les  équations  (i)  fera  correspondre  à  une  surface  (S)  engendrée  par  les 
éléments  (E)  une  surface  (S')  engendrée  par  les  éléments  (E').  En  rem- 
plaçant dans  l'équation 

n 

dz'—^p',dx',  =  o, 

x\,  x'^,  . . .,  x[,,  z' ,  p\, p'.^,  •  ■ .,  p',1  ainsi  que  les  différentielles  par  les  expres- 
sions que  fournissent  les  équations  (i)  et  en  annulant  les  coefficients 
de  dx,,  dx.y,  . . . ,  dx,^  on  trouve,  sans  difficulté, 

p=i 
(i=  1,2,  ...,  n), 

-J-i  -^  désignant  les  dérivées  prises  par  rapport  à  a?,  dey*  et  de  ^p  consi- 
dérées comme  des  fonctions  composées,  z,p^,p.i,  ...,/7„  étant  les  fonctions 
intermédiaires. 

Il  suffit  d'éliminer  ar^^,,  . . .  ,  a;^,  entre  les  équations  (2)  pour  trouver  un 
système  (e)  de  oc  équations  aux  dérivées  partielles  du  second  ordre  qui 
possède  un  système  de  caractéristiques  linéaires  du  premier  ordre  dépen- 
dant de  /i  —  a  fonctions  arbitraires  d'une  variable.  Les  équations  (e) 
peuvent  admettre  des  intégrales  dépendant  de  fonctions  ou  de  constantes 
arbitraires;  elles  peuvent  également  être  incompatibles,  c'est-à-dire  qu'il 
n'existe  pas  toujours  des  surfaces  (S)  auxquelles  correspondent  des  sur- 
faces (S')  lorsque  a  est  supérieur  à  l'unité. 


SÉANCE    DU   9   AVRIL    1906.  869 

Si  les  équations  (i)  font  corresponilre  à  un  élémeot(E')  une  multiplicité 
de  00""*  élénnents  (E)  unis,  les  surfaces  (S')  transformées  des  surfaces  (S) 
sont  les  intégrales  d'un  système  d'équations  aux  dérivées  partielles  du 
second  ordre  analogue  à  (s).  On  voit  ainsi  que,  sous  certaines  conditions, 
les  équations (i)  définissent  une  transformation  (les  intégrales  d'un  système 
d'équations  aux  dérivées  j)nrtielles  du  second  ordre  eu  les  intégrales  d'un 
autre  système  semiilable,  ces  intégrales  se  correspondant  une  à  une. 

Considérons  spécialement  le  cas  de  l'espace  à  trois  dimensions  (/?  =:  2), 
a  ne  peut  prendre  que  les  valeurs  un  ou  deux.  Lorsque  a  est  égal  à  l'unité, 
les  équations  (i)  définissent  une  transformation  de  Biicklund  de  ])remière 
espèce.  Lorsque  oc  est  égal  à  deux,  les  équations  données,  que  l'on  peut 
écrire  (') 


(3) 


font  correspondre  à  un  élément  (E)  un  élément  (E'),  et  réciproquement; 
elles  font  également  correspondre,  en  général,  aux  intégrales  d'un  certain 
système  de  deux  équations  aux  dérivées  partielles  du  seconil  ordre 


(4) 


i  r  + w(,r,j,  z,p,q)s  -h  .M(.r.  y,  -,  p,f/)  =  o, 
1  s  -+-  m(,v,y,  z,  p,  (i)l  -+-  N  {x,y,  :■,  p,  q)  —  o, 

celles  d'un  autre  système  • 


(5) 


/■'-+-  m'{x',y\  z',  p',  (l')s'  -^  i\r(x-',  y',  z' ,  p\  q')  =  o, 
.v'  -+-m'(x',j'',  z'.p,  q')t'  -h-  N'(.r',  y',  s',/;',  q')  =  o. 


Si  l'un  de  ces  systèmes  est  composé  de  deux  équations  en  involution,  il 
en  est  de  même  de  l'autre.  On  démontre  facilement  dans  ce  cas  l'existence 
de  transformations  de  contact  permettant  de  passer  des  équations  (4)  aux 
équations  (5),  mais  la  transformation  (3)  constitue  un  exemple  intéressant 
de  transformations  qui  ne  s'appliquent  qu'aux  surfaces  intégrales  d'un 
système  d'équations  aux  dérivées  partielles  et  qui  remplacent  deux  sur- 
faces tangentes  par  deux  surfaces  également  tangentes  (^).  Il  est  d'ailleurs 
aisé  de  voir  que  l'on  peut  appliquer  de  telles  transformations  à  un  sp'ème 
quelconque  de  la  forme  (4). 

(')  Dans  ce  qui  suit  j'emploie  les  notations  de  Monge. 

(')  M.  Backliind  a  consacré  à  l'étude  de  ces  transformations  des  Mémoires  inté- 
ressants publiés  dans  les  Matlieinatische  Annalen. 

C.  R-,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N«  15.)  Il5 


870  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PHYSIQUE.  —  Dichroïsme,  biréfringence  et  conductibilité  de  lames  métal- 
liques minces  obtenues  par  pulvérisation  cathodique.  Note  de  M.  Gh. 
Maurai.v,  présentée  par  M.  Mascart. 

Les  lames  métalliques  qu'on  obtient  par  pulvérisation  cathodique  dans 
certaines  conditions  sont  anisotropes.  Plusieurs  physiciens  ont  étudié  la 
biréfringence  des  dépôts  ainsi  formés  sur  des  lames  placées  en  face  de 
l'extrémité  d'une  cathode  filiforme  ('). 

J'ai  préparé  dans  des  conditions  que  j'indiquerai  plus  loin  des  lames 
métalliques  qui  ont  la  propriété  remarquable  d'être  très  fortement  di- 
chroïques;  de  plus,  leur  conductibilité  électrique  varie  avec  la  direction; 
les  directions  de  conductibilité  maximum  et  minimum  coïncident  respecti- 
vement avec  les  directions  des  vibrations  lumineuses  les  plus  et  les  moins 
absorbées  (en  supposant  que,  dans  la  lumière  polarisée,  les  vibrations  sont 
normales  au  plan  de  polarisation);  enfin  ces  lames  sont  biréfringentes  et 
les  sections  principales  coïncident  avec  les  deux  directions  déjà  définies  par 
le  dichroïsme  et  la  conductibilité. 

Un  premier  procédé  consiste  à  employer  une  cathode  circulaire  plane  formant  un 
dépôt  sur  des  lames  de  verre  placées  latéralement  et  normales  à  la  cathode;  ces  lames 
sont  ainsi  substituées,  en  somme,  aux  parois  du  tube  à  vide  cylindrique,  où  la  cathode 
plane  est  disposée  suivant  une  section  droite.  Parmi  les  lames  ainsi  préparées,  les  plus 
fortement  dicliroïques  sont  celles  de  bismuth;  pour  neuf  lames  de  bismuth  d'épais- 
seurs différentes,  le  rapport  des  intensités  transmises  pour  les  vibrations  parallèles 
respectivement  aux  directions  de  plus  grande  et  de  plus  faible  absorption,  a  varié 
entre  0,89  et  o,52;  ces  lames  sont  fortement  biréfringentes,  font  réapparaître  avec 
éclat  la  lumière  quand  on  les  place  entre  deux  niçois  à  l'extinction,  et  donnent  à  la 
bilame  de  Bravais  des  différences  de  teinte  très  accentuées;  il  est  bon  de  déterminer 
d'abord  par  ces  procédés  les  sections  principales  de  la  biréfringence  ;  on  mesure  ensuite 
le  dichroïsme  dans  ces  directions,  par  une  méthode  pholométrique  où  la  biréfrin- 
gence ne  peut  intervenir,  et  l'on  constate  que  le  dichroïsme  dans  des  directions  rectan- 
gulaires à  45°  des  précédentes  est  insensible;  on  voit  facilement,  avec  le  polariscope  à 
franges  de  Savart,  que  la  lumière  qui  a  traversé  ces  lames  est  partiellement  polarisée, 
et  l'on  peut  retrouver  ainsi  les  directions  du  dichroïsme;  enfin,  pour  celles  de  ces 
lames  (six)  pour  lesquelles  des  mesures  de  conductibilité  ont  été  possibles,  la  conduc- 
tibilité dans  la  direction  de  plus  grande  absorption  a  été  trouvée  beaucoup  plus  grande 
que  dans  la  direction  de  plus  faible  absorption  (je  donnerai  des  exemples  plus  loin). 

(')  KcNDT,    Wied.   A/in..   t.  XXVII,  1886,  p.  Sg;  Dessau,   Wied.  A/iii.,   t.  XXIX, 
1886,  p.  353;  K^MPii,  A/in.  d.  Physik,  t.  X\'I,  igoS,  p.  3oS. 


SÉANCE  DU  9  AVRIL  1906.  871 

Ces  lames  ont  de  •2*=™  à  3'='°  de  largeur  dans  la  direction  qui  était  paral- 
lèle à  la  surface  de  la  cathode;  les  directions  principales  définies  par  les 
trois  propriétés  étudiées  ne  sont  pas  les  mêmes  en  tous  les  points  des 
lames  :  dans  la  partie  centrale,  sur  la  plus  grande  partie  de  la  largeur, 
elles  sont  parallèle  et  perpendiculaire  à  la  surface  de  la  cathode,  la  di- 
rection de  plus  grande  absorption  étant  parallèle  à  cette  surface;  sur 
les  bords  les  directions  principales  s'inclinent,  en  sens  inverse  de  part  et 
d'autre.  Le  dichroïsme  spécifique  n'est  d'ailleurs  pas  le  même  en  tous  les 
points;  il  est  certainement  plus  faible  pour  les  points  de  la  lame  qui 
étaient  les  plus  rapprochés  de  la  cathode  que  pour  ceux  qui  en  étaient 
éloignés,  et  où  l'épaisseur  du  dépôt  métallique  est  d'ailleurs  plus  faible; 
celte  variation  des  propriétés  spécifiques  est  décelée  aussi,  avec  le  même 
sens,  par  les  mesures  de  conductibilité;  on  trouve  par  exemple,  pour  la 
partie  centrale  d'une  lame  :  en  une  région  qui  était  assez  rapprochée  de  la 
cathode,  résistance  d'un  carré  d'environ  9™™  de  côté,  parallèlement  à  la 
direction  de  plus  grande  absorption  133°*""%  5;  parallèlement  à  la  direction 
de  plus  faible  absorption  157°'""%  rapport  0,8;  en  une  région  qui  était  un 
peu  plus  éloignée  de  la  cathode,  216, 5  et  3o8,  rapport  o,7o3;  en  une  ré- 
gion plus  éloignée,  572  et  i2o3,  rapport  o,475. 

Quatre  lames  d'or  préparées  dans  les  mêmes  conditions  présentent  les 
mêmes  propriétés,  moins  accentuées:  les  rapports  mesurant  le  dichroïsme 
ne  descendent  pas  au-dessous  de  0,9;  la  conductibilité  dans  la  direction  de 
plus  grande  absorption  a  été  trouvée  jusqu'à  deux  à  trois  fois  plus  grande 
que  dans  la  direction  perpendiculaire;  enfin  la  biréfringence  est  très  faible 
et  en  certains  endroits  insensible. 

Un  autre  procédé  de  préparation  de  lames  dichroïqiies  consiste  à  recevoir  simple- 
ment le  dépôt  sur  une  lame  de  verre  placée  parallèlement  à  la  cathode  plane,  mais  en 
disposant  le  tube  entre  les  pièces  polaires  d'un  électro-aimant  donnant  un  champ  de 
quelques  centaines  de  gauss  dont  les  lignes  de  force  sont  parallèles  aux  surfaces  de  la 
cathode  et  de  la  lame.  Parmi  les  lames  préparées  dans  ces  conditions,  ce  sont  celles 
de  nickel  qui  présentent  le  plus  fort  dichroïsme,  mesuré  par  des  rapports  descendant 
jusqu'à  o,65;  les  lames  de  nickel  les  plus  dichroïques  sont  aussi  les  plus  fortement 
biréfringentes  et  les  axes  de  la  biréfringence  coïncident  avec  ceux  du  dichroïsme; 
enfin  la  conductibilité  est  encore  la  plus  grande  dans  la  direction  de  plus  grande 
absorption;  le  rapport  des  conductibilités  minimum  et  maximum  est  moins  accentué 
que  pour  les  lames  dont  j'ai  parlé  plus  haut,  mais  descend  cependant  jusqu'à  0,68. 
Les  directions  principales  ne  sont  pas  les  mêmes  aux  dilTérents  poipls  des  lames;  dans 
la  partie  centrale  des  dépôts  la  direction  de  plus  grande  absorption  est  celle  qui  était 
parallèle  au  champ  magnétique. 


872  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

Ces  résultats  donnent  ainsi  pour  des  métaux  des  exemples  d'anisotropie 
constatée  par  plusieurs  procédés  ;  la  relation  entre  le  dichroïsme  et  l'ab- 
sorption est  bien  conforme  aux  conséquences  de  la  théorie  électromagné- 
tique de  la  lumière. 

Je  n'ai  parlé  que  des  métaux  avec  lesquels  j'ai  fait  un  assez  grand 
nombre  d'expériences  dans  des  conditions  déterminées;  j'ai  aussi  expéri- 
menté sur  d'autres  métaux  en  variant  les  conditions,  en  particulier  avec 
l'intention  d'éclairer  le  rôle  des  champs  électrique  et  magnétique  du  tube 
à  décharge  et  des  champs  étrangers  dans  la  détermination  de  la  dissy- 
métrie des  lames. 

J'ai  beaucoup  à  remercier  M.  A.  Cotton,  qui  a  bien  voulu  observer 
d'abord  avec  ses  propres  appareils  quelques-unes  des  lames  et  m'a  donné 
de  nombreux  renseignements  sur  les  montages  optiques  les  plus  favo- 
rables à  l'étude  du  dichroïsme.     " 


Physique  Moléculaire.  —  Osmose  gazeuse  à  travers  une  membrane 
colloïdale.  Note  de  M.  Jules  Amar,  présentée  par  M.  Lippmann. 

Il  était  intéressant  de  savoir  comment  une  membrane  colloïdale,  devenue 
imperméable  par  la  dessiccation,  se  comporterait  si  le  CO'  qui  l'afFecte  par 
sa  surface  interne  (')  arrivait  sous  pression  (-).  En  faisant  barboter  ce  gaz 
à  sa  sortie  dans  un  bocal  d'acide  sulfurique,  nous  relevons,  sur  un  mano- 
mètre à  pétrole,  les  pressions  en  millimètres  et  nous  pesons  d'autre  part 
le  gaz  absorbé. 

Les  expériences  duraient  3o  minutes  : 

Pressions o     2     4     6     8      10      12       i4       16       18      20      32       24       26       28       3o       82 

C0=  absorbé  en  millig.     00000      o      i,4     4,7     ^i^     5,9      6      6,1     6.2     6,4     6,7     7,2     7,6 

La  courbe  ci-dessous  résume  le  phénomène;  on  voit  un  ressaut  brusque 
entre  les  pressions  12  et  1 4,  et  à  partir  de  là  l'osmose  croît  avec  la  pression. 
Il  est  indispensable  que  les  expériences  se  suivent  sans  interruption. 

Si  nous  faisons  décroître  la  pression  de  Sa  à  o,  nous  aurons  la  courbe  en  pointillé; 

(')  Il  est  bien  entendu  que  c'est  la  surface  interne  de  la  vessie  (blague  à  tabac)  telle 
qu'on  la  livre  et  telle  que  nous  la  disposojis  dans  notre  appareil. 

(-)  La  pression,  du  fait  qu'elle  modifie  la  porosité,  serait  peu  intéressante  à  consi- 
dérei',  n'eût  été  la  limite  d'imperméabilité  qu'elle  permet  de  fixer. 


SÉANCE  DU  9  AVRIL  1906.  878 

les  quanùlés  diffusées  seront  un  peu  plus  grandes  que  celles  de  la  série  précédente.  La 
membrane  possède  un  rôle  propre  qui  grandit  à  mesure  que  la  pression  diminue.  On 
peut  mettre  ce  rôle  mieux  en  évidence  de  la  façon  suivanle  :  faire  six  expériences  suc- 
cessives de  3o  minutes  avec  la  pression  82;  on  aura  :  2'"S;  3™»;  3"s,8;  4"'^j6;  5'"s,  2  ; 
6™K,  I  et  7"'s,  5.  Saturer  la  membrane  de  CO-  bien  sec,  pendant  4  heures,  et  sous  ladite 

P 


2.    V    6    g    10  IZ.   lit  16    1g  3j>  Il  21,  Zt  .2g  So  SZ  34 


H 


pression;  les  chiffres  seront  aussitôt  de  5™?,  2;  6^8,3;  7"s,4.  En  sorte  que  l'osmose  est 
ici  subordonnée  à  une  condensation  préalable  du  gaz  pour  la  membrane,  à  la  formation 
d'une  surface  gazeuse  qui  tend  à  régulariser  le  phénomène.  Enfin,  il  semble  y  avoir 
une  action  mécanique  de  la  part  de  GO^,  attendu  que  sans  pression  il  ne  donnerait  pas, 
avec  le  septum,  une  solution  solide  et  cela  quelle  que  soit  la  durée  de  l'expérience. 

Une  meml)rane  analogue,  de  surface  double  et  parfaitement  desséchée, 
fut  soumise  dans  un  l)ocal  à  un  courant  de  CO'  sous  la  pression  de  4o"™  de 
pétrole,  et  durant  24  heures.  Après  l'avoir  agitée  ensuite  dans  l'air  pur,  il 
nous  a  été  possible  d'en  extraire  3o™''',  5  de  CO"  au  moyen  de  la  trompe  à 
mercure. 

Enfin,  inodifiant  le  dispositif  de  noire  appareil  pour  que  la  membrane 
présente  tour  à  tour  chacune  de  ses  deux  faces  au  courant  de  CO^,  et  fai- 
sant arriver  ce  dernier  tantôt  dans  le  récipient  inférieur,  tantôt  sous  la 


874  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

cloche  supérieure,  nous  eûmes  des  résultais  dont  le  s^ns  est  celui-ci  : 

Le  CO^  étant  dessous,  la  face  interne  de  la  membrane  est  imperméable, 
ainsi  qu'on  l'a  vu  plus  haut.  Mais  la  face  externe  est  légèrement  perméable  : 
i^s,  2  à  i"'^,4  en  45  minutes. 

Le  CO^  étant  dessus,  la  face  interne  de  la  membrane  laisse  diffuser  de 
i°8,6  à  2™e,  5  en  45  minutes,  et  la  face  externe  de  4"'s  à  6"s. 

Si  une  telle  différence  quantitative  ne  devait  être  attribuée  qu'à  la  den- 
sité du  CO-,  il  n'en  resterait  pas  moins  que  les  deux  surfaces  de  la  mem- 
brane (')  n'offrent  aucune  symétrie  et,  de  même  que  dans  la  diffusion  des 
liquides  (Matteucci),  jouent  un  rôle  qualitatif. 

Nous  verrons  s'il  en  est  de  même  avec  d'autres  gaz. 

On  peut,  en  attendant,  conclure  que  l'osmose  gazeuse  à  travers  le  tissu 
employé  ne  se  conforme  ni  aux  lois  expérimentales  de  Graham  et  Bunsen, 
ni  aux  théories  de  Stefan  et  O.  Meyer.  C'est  aussi  à  tort  que,  depuis  Valen- 
tin  el  Brunner,  on  a  voulu  définir  une  loi  quelconque  pour  comprendre 
les  échanges  respiratoires. 


PHYSIQUE.  —  Sur-  les  variations  des  bandes  d' absorption  d'un  cristal  dans 
un  champ  magnétique.  Note  de  M.  Jeax  Becquerel,  présentée  par 
M.  Poincaré. 

J'ai  montré  dans  une  Note  précédente  (-)  que  les  bandes  d'absorption 
du  xénotime  sont  modifiées  par  un  champ  magnétique.  Les  résultats 
exposés  étaient  relatifs  aux  phénomènes  observés  normalement  au  champ. 

Lorsqu'on  dirige  le  rayon  lumineux  suivant  les  lignes  de  force,  deux  cas 
se  présentent  suivant  que  l'axe  optique  du  cristal  est  parallèle  ou  est  per- 
pendiculaire aux  lignes  de  force. 

L'axe  étant  perpendiculaire  au  champ,  on  retrouve  pour  la  vibration 
absorbée  ordinaire  normale  au  champ  et  à  l'axe  optique  et  pour  la  vibration 
extraordinaire  orientée  normalement  au  champ  des  modifications  iden- 
tiques à  celles  décrites  précédemment. 

Dans  le  cas  oîi  l'axe  optique  est  dirigé  suivant  les  lignes  de  force,  le 
spectre  ordinaire  est  seul  visible.  Lorsqu'on  excite  le  champ  magnétique 

(')  Les  résultats  ci-dessus  ont  été  vérifiés  sur  trois  membranes  du  même  ordre. 
(-)  Jean  Becquerel,  Comptes  rendus.  26  mars  1906. 


SÉANCE  DU  9  AVRIL  1906.  875 

on  observe  une  diffusion  des  bords  de  toutes  les  bandes,  et  pour  la  bande 
de  longueur  d'onde  322,14  un  dédoublement  considérable,  chacune  des 
composantes  étant  beaucoup  plus  faible  que  la  bandé  primitive. 

Si  nous  analysons  au  moyen  d'un  nicol  la  lumière  sortant  du  cristal,  nous  observons 
les  phénomènes  suivants  :  l'axe  optique  étant  sensiblement  parallèle  aux  lignes  de 
force,  l'intensité  des  deux  composantes  reste  constante  quelle  que  soit  l'orientation  du 
nicol;  mais,  si  l'on  incline  l'axe  de  quelques  degrés  sur  là  direction  des  lignes  de  force 
on  constate  que,  pour  deux  positions  A  et  B  symétriques,  indépendantes  de  l'intensité 
du  champ,  mais  dépendant  de  l'épaisseur  du  cristal,  les  composantes  sont  polarisées 
reclilignement  dans  deux  directions  perpendiculaires  entre  elles,  indépendantes  de 
l'intensité  du  champ  et  tournant  de  90°  quand  on  change  le  sens  du  champ. 

Un  très  léger  déplacement  au  delà  des  positions  A  et  B  fait  cesser  cet  état  de  pola- 
risation et  l'orientation  du  nicol  est  de  nouveau  sans  influence  sur  l'intensité  des  deux 
composantes;  cependant  au  voisinage  immédiat  des  positions  A  et  B  on  observe  une 
polarisation  partielle  des  deux  composantes.  Ces  phénotnènes  sont  particulièrement 
bien  visibles  avec  la  bande  532,  i4,  mais  ils  se  produisent  pour  toutes  les  bahdes  à  peu 
près  en  même  temps. 

Anal) sons  maintenant  la  lumière  en  disposant  entre  le  cristal  et  la  fente 
une  lame  quart  d'onde  suivie  d'un  rhomboèdre  de  spath  permettant  d'ob- 
tenir dans  l'oculaire  deux  plages  contiguës  et  d'analyser  à  la  fois  deux 
vibrations  circulaires  inverses.  En  excitant  le  champ  magnétique  on  voit 
chaque  bande  se  déplacer  dans  des  sens  opposés  dans  les  deux  plages  en 
conservant  (exception  faite  pour  les  bandes  654, a8  6t  657,19)  la  même 
largeur  et  la  même  intensité.  Les  deux  composantes  sont  polarisées  circu- 
lairement  en  des  sens  opposés. 

Les  vibrations  circulaires  de  même  sens  ne  sont  pas  toutes  déplacées  du  même 
côté;  en  particulier  pour  la  bande  522 , 1 4  dont  le  doublet  atteint  à  peu  près 
dans  un  champ  de  3oooo  unités  l'écartement  des  raies  D,  l'effet  se  produit 
en  sens  contraire  du  sens  observé  jusqu'ici  dans  toutes  les  manifestations  du 
phénomène  de  Zeeman.  Le  sens  a  été  vérifié  par  comparaison  directe  avec 
les  déplacements  des  raies  D. 

En  inclinant  légèrement  l'axe  du  cristal  de  manière  à  atteindre  l'une  des 
deux  positions  A  et  B  où  la  vibration  est  polarisée  rectilignement,  on  voit 
presque  subitement  dans  chacune  des  deux  plages  la  bande  déplacée 
devenir  moins  intense,  et  en  même  temps  une  deuxième  composante  ap- 
paraît placée  symétriquement  par  rapport  à  la  bande  j)rimitive.  Quand  on 
a  dépassé  la  position  A  ou  B,  les  deux  composantes  dans  chaque  plage 
deviennent  égales  et  ne  se  modifient  nullement  lorsqu'on  tourne  le  quart 
d'onde  dans  toutes  les  directions. 


876  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Le  Tableau  suivant  résume  les  observations  dans  un  champ  évalué  à 
22800  unités  C.G.S.  Les  bandes  sont  désignées  par  la  longueur  d'onde  de 
leur  milieu.  Le  moL  inverse  correspond  au  sens  contraire  à  l'effet  Zeeman. 


1.  -  Axo 

parallèle  au  eliaui[i. 

À   i  II l'ilî n;)irR  1 

Kcarlemcnl  îles  donhlols. 

/h     ^UIUIIIOII^'/ 

v-v- 

520,59 

0,07 

Inverse. 

521 ,  i5 

» 

» 

521 ,57 

» 

» 

522, l4 

0,3  ( 

). 

5-23,64 

0,07 

» 

524, >8 

» 

» 

524,57 

). 

» 

525, 12 

0,14 

65o,49 

o,i5 

Inverse. 

652,29 

0,18 

653,71 

0,09 

654,28 

0,11 

Inverse.  Compos.  inég. 

656,35 

0,25 

'i57,'9 

0,09 

Inverse.  Doubl.  dissym. 

658,20 

0,09 

Inverse. 

-  .\xc  normal  au  eliiniip. 


Spectre  extraordinaire. 
À  (extranrilinaircl. 

520,39  Doublet  dissym.  Écart,  0,22. 

522,01  Ne  change  pas. 

523,7a  S'élargit  de  ±  o,o3. 

525,12  S'élargit  ±o,i3. 

526,77  ^^  change  pas. 

642,39        » 

643,59        » 

646,59        » 

654,23  S'étale  vers  le  violet  de  o,oa. 

656,28 

657,34  S'étale  vers  le  rouge  de  0,02. 


Spcclrc  ordinaire. 

Doublet  dissymétrique.  Écart,  0.19. 

Se  confond  avec  la  précédente. 

Léger  élargissement. 

S'étale  du  côté  violet  de  o,o5. 

S'élargit. 

Se  déplace  vers  le  violet. 
S'affaiblit  considérablement. 
Doublet,  Écart.  0,  23. 
Doublet.  Écart.  0,27. 
S'étale  légèrement  vers  le  rouge. 

Doublet  dissymétrique. 

Devient  moins  intense. 


Les  changements  observés  en  inclinant  légèrement  l'axe  sur  la  direction 
des  lignes  de  force  semblent  une  conséquence  de  la  biréfringence  du  cris- 
tal dans  le  voisinage  de  l'axe. 

Un  fait  remarquable  est  la  variabilité  du  sens  dans  lequel  le  champ  ma- 
gnétique déplace  des  vibrations  circulaires  de  même  sens.  Ce  phénomène 
pourrait  être  dû  à  des  variations  non  seulement  dans  l'intensité,  mais  même 
dans  le  sens  du  champ  magnétique  à  l'intérieur  de  certains  atomes;  il 
semble  plus  vraisemblable  d'expliquer  le  phénomène  en  admettant  que 
certaines  bandes  correspondent  à  des  vibrations  à' électrons  positifs,  non 
observés  jusqu'à  présent  dans  les  phénomènes  magnéto-optiques. 


PHYSIQUE.  —  Sur  la  production  des  vides  élevés  à  Vaide  de  l'air  liquide.  Note 
de  MM.  Georges  Claude  et  Re.\é-J.  Lévy,  présentée  par  M.  d'Ar- 
sonval. 


Nous  avons  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  un  appareil  combiné 
en  vue  d'utiliser  pratiquement  à  la  production  des  vides  extrêmes  la  remar- 
quable propriété  signalée  par  Dewar,  c'est-à-dire  l'absorption  énergique 
des  gaz  par  le  charbon  à  la  température  de  l'air  liquide. 

En  principe  notre  procédé  consiste  à  faire  le  vide  en  plusieurs  stades; 


SÉANCE    DU   9   AVRIL    1906.  877 

un  vide  partiel  est  fait  avec  une  pompe  ou  trompe  dans  l'enceinte  à  vider 
et  dans  deux  ou  plusieurs  récipients  à  air  liquide;  la  pompe  est  alors  mise 
hors  circuit  et  un  des  récipients  est  immergé  dans  l'air  liquide;  on  fait  ainsi 
dans  l'enceinte  à  vider  et  dans  les  autres  récipients  à  charbon  un  nouveau 
vide  sur  le  vide  |)artiel  déjà  réalise.  Le  récipient  à  charbon  est  alors  mis 
hors  circuit,  puis  un  deuxième  récipient  est  immergé  d;ins  l'air  liquide  et  fiiit 
un  vide  encore  [dus  [larlait  sur  l'enceinte  et  les  récij)ienls  à  charbon 
restants.  Il  est  ensuite  mis  hors  circuit  et  remplacé  par  un  troisième  réci- 
pient et  ainsi  de  suite. 

En  pratique,  deux  récipients  à  cliarljon  suffisent  pour  aller  aux  plus  hauts  vicies 
actuellement  réalisables. 

Kn  outre,  à  partir  du  moment  où  ils  sont  immergés  dans  l'air  liquide,  les  récipients  à 
charbon  respectifs,  mis  en  communication  avec  de  nouvelles  enceintes  à  vider,  puis 
mis  hors  circuit  dans  l'ordre  des  ])hénoménes,  sont  susceptibles  de  répéter  un  grand 
nombre  d'absorptions  venant  chacune  jusqu'au  degré  de  vide  qu'ils  déterminent  dans 
la  jjremière  opération;  chacune  de  ces  nouvelles  opérations  en  efTet  se  traduit  par 
l'absorption  d'un  poids  de  gaz  extrêmement  minime  et  tout  à  fait  incapable  de  modi- 
fier la  tension  résiduelle  des  gflz.  En  outre,  ces  absorptions  successives,  se  faisant  à 
laide  de  cliarbon  dont  toutes  les  molécules  sont  refroidies,  donc  en  activité,  pourront 
se  succéder  li-ès  rapidement  et  sans  perles  sensibles  d'air  liquide,  ce  qui  est  essentiel 
au  point  de  vue  pratique. 

L'appareil  doit  simplement  être  conçu  de  telle  sorte  que  les  mises  et> 
circuit  et  hors  circuit  des  récipients  successifs  se  passent  avec  la  rapidité 
nécessaire  et  l'étanchéité  indispensable  pour  les  très  hauts  degrés  de  vide 
atteints. 

Notre  appareil  est  à  cet  efFet  combiné  de  telle  sorte  que  ces  mises  en  et 
hors  circuit  avec  l'ensemble  à  vider  s'accomplissent  par  des  colonnes  de 
mercure  manœuvrées  par  des  pistons  plongeurs  ou  par  la  pression  atmo- 
sphérique. Le  voisinage  des  sommets  de  ces  colonnes  de  mercure  est  re- 
froidi à  l'aide  d'air  liquide  |)our  éliminer  la  tension  de  la  vapeur  du  mer- 
cure très  gênante  pour  la  rapidité  des  opérations  et  la  perfection  du  vide. 

Comme  exemple  de  la  rapidité  des  absorptions,  nous  dirons  quenous 
avons  pu,  partant  d'une  pression  initiale  de  2™™  de  mercure,  arriver  en 
i5  minutes  à  l'extinction  pour  5  tubes  de  Crookes  de  1'  de  capacité  vidés 
simultanément. 


C.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  1&.)  I16 


87B  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PHYSIQUE.  —  Qualités  acoustiques  de  certaines  salles  pour  la  voix  parlée. 
Note  de  M.  Marage,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

Dans  une  salle  où  se  produit  un  son  continu,  régulier,  un  auditeur  peut 
entendre  trois  sortes  de  vibrations  :  \°  l'onde  |)rimaire  cpii  vient  directe- 
ment de  la  source;  2°  les  ondes  diffusées,  en  nombre  infini,  qui  sont 
renvoyées  par  les  parois;  elles  produisent  le  sonde  résonance;  3°  des 
ondes  réfléchies  régulièrement  par  les  parois,  elles  donnent  naissance  à 
des  échos  distincts. 

Pour  qu'une  salle  soit  bonne  au  point  de  vue  acoustique,  il  faut  qu'il  n'y 
ait  pas  d'écho  et  que  le  son  de  résonance  soit  assez  court  pour  renforcer 
le  son  qui  l'a  produit  et  ne  pas  empiéter  sur  le  son  suivant.  Nous  allons 
étudier  les  conditions  dans  lesquelles  doit  se  produire  le  son  de  réso- 
nance. 

Un  ingénieur  américain,  M.  Wallace  Sabine  ('  ),  a  trouvé  la  loi  à  laquelle  est  soumis 
le  son  de  résonance;  clans  ses  expériences,  il  emploie  un  tuyau  d'orgue  donnant  iiti  et  il 
détermine  le  temps  t  pendant  lequel  l'auditeur  continue  d'entendre  le  son  alors  qu'il  a 
cessé  de  se  produire.  La  durée  du   son  de  résonance  pour  n'importe  quelle  salle  est 

donnée  par   la  formule  :    l  =  dans  laouelle  K  est  une  constante  (lui   dépend  du 

a  ->rj:  ^  1  r 

volume  ('  de  la  salle  et  il  trouve  ([ue  K  =  o,  171  c. 

a  est  le  pouvoir  absorbant  de  la  salle  vide;  j:,  le  pouvoir  absorbant  des  spectateurs. 
Si  l'on  détermine  expérimentalement  ^  dans  une  salle  vide  où  .r  =  0,  on  peut  calculer 
a  et  ensuite  chercher  la  valeur  l'  du  son  de  résonance  si  la  salle  est  pleine;  en  effet, 
l'auteur  a  établi  des  Tables  donnant  le  pouvoir  absorbant  de  différents  corps  et  en 
particulier  le  pouvoir  absorbant  par  jDersonne  (o,44)  d'un  auditoire,  le  pouvoir  absor- 
bant d'une  fenêtre  ouverte  de  i™"  de  surface  étant  pris  pour  unité. 

J'ai  recommencé  ces  expériences  en  employant  comme  source  sonore  la  sirène  à 
voyelles  munie  des  résonnateurs  buccaux,  de  manière  à  me  rapprocher  le  plus  possible 
des  conditions  dans  lesquelles  se  trouve  un  orateur. 

La  sirène  était  disposée  au  point  S,  où  se  trouve  habituellement  l'orateur,  l'auditeui' 
se  phirait  successivement  en  différents  points  de  la  salle,  1,2,  3,  4,  .  •  -,  &l  l'on  déter- 
minait la  valeur  du  son  résiduel  pour  chacune  des  cinq  ^oyelles  synthétiques  OL',  O. 
A,  É,  I. 

(')  Architectural  Acoi/slics,  PartL  Beperberalion  of  Ihe  American  architectural 
Acoustics.  1900;  analysé  par  M.  Bouly  dans  le  Journal  de  Physique,  t.  X,  igoi, 
p.  38. 


0 

A 

i: 

I 

mi. 

mi. 

/".. 

/«, 

o,o36 

0,032 

o,o3G 

0,002 

SÉANCE  DU  9  AVRIL  1906.  879 

Conditions  de  ^expérience  : 

Voyelles  sj'ntliétiques OU 

Notes  d'émission  (') mi. 

Energie  fin  son  en  r  seconde('-).        0,062 
Durée  du  son  d'origine,  3  secondes. 

Je  vais  indiquer  les  résultats  obtenus  dans  si\  salles  dilTérenles  dont  le  volume  variait 

entre  63000"""  (Trocadéro)  et  646™' (amphithéâtre  de  Physiologie  de  la  Sorbonne). 

Salle  du  Trocadéro  (14  expériences)  :  V  =  63000™';  nombre  des  auditeurs,  /^Sog; 

diamètre,  58'";  hauteur  de  la  coupole,  55"". 

OU.  0.         A.  li.  I. 

Sou  de  résonance  (^)  (salle  vide)  I.  moyenne 2  2,1        2  2  1,9 

Son  de  résonance  (salle  pleine)  i'  movenne i,5        i,")        1,4        ij4        i  ;4 

Pour  qu'un  orateur  se  fasse  bien  comprendre  dans  cette  salle  il  faut  qu'il  parle  len- 
tement, en  s'arrêtant  à  chaque  phrase;  il  ne  doit  pas  parler  avec  plus  d'énergie  que 
s'il  s'adressait  à  200  auditeurs  dans  l'amphithéâtre  de  Physique  de  la  Sorbonne. 

Grand  amphithéâtre  de  la  Sorbonne  (11  expériences).  —  V  :=  iSôoo"'';  nombre 
des  auditeurs,  3ooo:  surface  du  plafond  vitré  lÔo'"',  hauteur  tlu  pbil'ond  i-™  : 


OU. 

0. 

A. 

E. 

I. 

2 

2,8 

2,6 

1,9 

.,8 

0:9 

I 

I 

0,9 

0,9 

/'  est  beaucoup  plus  petit  que  t;  l'architecte  a  eu,  en  eifet,  le  talent  de  supprimer 
presque  complètement  les  parois  latérales  en  les  tapissant  d'auditeurs,  dont  le  pouvoir 
absorbant  est  très  grand;  de  plus  le  plafond  vitré  n'est  qu'à  17'"  du  sol,  de  manière 
que  l'écho  ne  peut  pas  se  produire  :  l'acoustique  de  cette  salle  est  donc  très  bonne. 

Amphithéâtre  Richelieu.  —  Vr=6ooo"'';  hauteur  du  plafond,  10™, ."jo;  nombre 
d'auditeurs,  800:  nombre  des  expériences,   i3. 

OU.  O.  A.  É.  I. 

t 1,8  2,2  2  1,6  1,6 

l' 1,1  0,8  0,9  I  I 

Salle  de  l'Académie  de  Médecine.  —  V  =  i992'"';  nombre  des  auditeurs,  en 
moyenne,  200. 

(')  Sensibilité  spéciale  de  l'oreille  physiologique  pour  certaines  voyelles  {Comptes 
rendus,  9  janvier  1900  ). 

(')   En  moyenne  un  orateur  dépense  en  i  heure  une  énei'gie  de  i6o''b'°. 

(^)  Le  sou  de  résonance  dans  cette  salle  présente  un  phénomène  particulier  et  ([ui 
ne  se  retrouve  pas  ailleurs;  sa  valeur  est  très  variable;  par  exemple  pour  E  on  trouve 
1 1  fois  la  valeur  2,  puis  i  fois,  1,6;  2,2  ;  et  3  ;  c'est  ce  qui  explique  pourquoi  on  entend 
plus  mal  à  certaines  places. 


88o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Nombre  des  expériences,  78. 

t. 0,5  pour  toutes  les  voyelles 

' 0,4  »  » 

Je  me  suis  trouvé  en  présence  de  résultats  inattendus,  aussi  ai-je  multiplié  les  expé- 
riences ;  jamais  je  n'ai  trouvé  un  son  de  résonance  aussi  court.  Cela  montre  comment 
on  peut  changer  les  qualités  acoustiques  d'une  salle  en  augmentant  le  pouvoir  absor- 
bant des  parois;  pour  une  salle  de  cours,  dont  les  auditeurs  seraient  silencieux, 
t'  serait  un  peu  faible,  mais,  pour  une  salle  de  séances,  il  vaut  mieux  avoir  une  réso- 
Jiance  aussi  faible  que  possible. 

Ainpliilhéâlre  de  Physique  de  la  Soiboiinc.  —  \  --  890'"';  nombre  des  auditeurs, 
25o;  nombre  des  expériences.  8. 

OU.  O.  A.  É.  I. 

Moyenne/ 1,4  1,6  1,2  1,4  1,2 

>>         /' 0,6  0,7  0,6  0,6  0,6 

C'est  l'ampliithéàlre  qui  a  les  meilleures  propriétés  acoustiques  pour  la  voix  parlée. 
Ainpldtliéntre  de  Physiologie  de  la  Sorbonnc.  ~  ¥  =  646™';   nombre  des  audi- 
teurs, i5o;  nombre  des  expériences,  8. 

/ 1,4  pour  toutes  les  voyelles 

'' 0,7  » 

L'acoustique  de  cette  salle  est  donc  également  1res  bonne. 

Conclusions.  —  I.  Comme  l'a  dit  M.  Sabine,  le  son  de  résonance  peut 
servir  à  caiactériser  les  propriétés  acoustiques  d'une  salle. 

2.  La  durée  de  ce  son  varie  avec  le  timbre,  la  hauteur  et  l'intensité  du 
son  primitif;  ce  qui  pourrait,  peut-être,  expliquer  pourquoi  une  salle  peut 
être  assez  bonne  pour  un  orateur  et  mauvaise  pour  un  orchestre. 

3.  Avec  la  formule  /  = ,  on  peut  déterminer  la  durée  du  son  de 

résonance  en   fonction  du  nombre  des  auditeurs. 

4.  Pour  que  l'acoustique  d'une  salle  soit  bonne,  la  durée  d'un  son  de 
résonance  déterminé  doit  être  sensiblement  constante  pour  toutes  les 
places  et  toutes  les  voyelles;  elle  doit  être  comprise  entre  o,  5  seconde 
et  I  seconde. 

5.  Si  cette  durée  est  plus  grande  que  i  seconde,  on  n'arrive  à  se  faire 
•entendre  dans  la  salle  qu'eu  parlant  1res  lentement,  en  articulant  bien  et 
en  ne  donnant  |)as  ii  la  voix  une  énergie  trop  grande. 

6.  Cette  méthode  permet  d'indiquer  d'avance  à  un  orateur  les  condi- 
tions dans  lesquelles  il  doit  parler  pour  se  faire  comprendre  de  tous  ses 
auditeurs. 


SÉANCE  DU  9  AVRIL  1906.  88] 


PHYSIQUE.   —  Sur  les  variations  de  quelques  propriétés  du  quartz. 
Note  de  M.  H.  Buisson,  présentée  par  M.  J.   Violle. 

Au  cours  de  mesures  sur  la  masse  du  décimètre  cube  d'eau,  j'ai  été 
amené  à  étudier  les  variations  de  quelques  propriétés  du  quartz. 

Les  recherches  ont  surtout  porté  sur  deux  très  beaux  échantillons  par- 
faitement limpides,  qui  ont  été  examinés  au  Norremberg  avant  d'être  taillés. 
Ils  ne  présentaient  aucune  défectuosité.  Ils  ont  la  forme  de  cubes  de  4""  et 
de  5*^"  d'arête.  Ces  grandes  dimensions  permettent  des  déterminations  très 
précises. 

Densité.  —  La  densité  par  rapport  à  l'eau  a  été  mesurée  par  M.  Benoît, 
précisément  en  vue  de  la  détermination  de  la  masse  du  décimètre  cube 
(l'eau.  Sa  valeur  à  o"  est 

2,65o642  pour  le  cube  de  5"^" 
et 

2,650787  pour  celui  de  4""- 

Cette  dernière  avait  aussi  été  mesurée  antérieurement  par  M.  Macé  de 
Lépinav,  qui  avait  obtenu  le  même  nombre.  Chacune  de  ces  valeurs  ne 
comporte  pas  une  erreur  supérieure  à  une  ou  deux  unités  du  dernier  ordre 
décimal,  tandis  cpie  leur  écart  est  de  93  .  10  ''. 

Dilatalion.  —  Les  mesures  absolues  d'épaisseur,  par  une  méthode  optique  déjà  pu- 
bliée (  '  ),  permeltent  de  mesurer  la  dilatation  d'une  façon  directe,  sans  faire  intervenir 
une  autre  dilatation  qui  doit  être  déjà  connue,  comme  dans  la  méthode  de  Fizeau. 

Les  mesures  faites  à  diflerentes  températures  sur  le  cube  de  4"'"  peuvent  être  rame- 
nées à  0°  eu  leur  appliquant  les  coefficients  de  dilatation  donnés  par  M.  Benoit  (-). 
Elles  concordent  alors  parfaitement. 

Au  contraire,  pour  le  cube  de  5"",  les  mesures  ramenées  à  0°  présentent  entre  elles 
des  écarts  sjslémaliques,  qui  croissent  avec  la  température  à  laquelle  la  mesure  a  été 
faite,  dans  un  intervalle  de  quelques  degrés  seulement.  J'ai  alors  étendu  les  limites 
des  températures  d'observation  et  étudié  spécialement  la  dilatation.  Entre  0°  et  4o°, 
elle  se  représente  par  les  formules  suivantes  : 

Direction  parallèle  à  l'axe (^  =  c^  [i  4-  10"*  (  695,1 1  ■+- 1  ,io^-)] 

Direction  perpendiculaire  à  l'axe. .      e  ^  Cj  [i  -h  10-'  (1284, o<  -t-  i  ,8o<-)] 


(')  Annales  de  Cltiniie  et  de  Physique,  8'=  série,  t.  11,  1904,  p.  78. 

(-)    Travaux  et  Mémoires  du  Bureau  international,  l.  \  I,  1888,  p.  190. 


88»  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

nu  lieu  des  formules  de  M.  Benoît  : 

e  —  ('fi[\-hio-^(  712,3/ 4-0,84^-)], 

qui  conviennent  au  cube  de  4""- 

Indices  de  réfraction.  —  Les  variations  de  l'indice  ont  été  déjà  signalées  par 
MM.  Macé  de  Lépinaj'  et  Buisson  (  ').  Les  indices  sont  mesurés  par  une  méthode  in- 
terférentielle  qui  donne  des  valeurs  exactes  à  2  ou  3  unités  du  septième  ordre  décimal. 
En  une  région  du  cube  de  5'='"  les  indices  ordinaires  absolus,  pour  les  radiations  rouge 
et  verte  du  cadmium,  sont,  à  11°, 

1,5427286     et      1,5486769- 

lin  une  région  du  même  bloc,  distante  de  la  première  de  5"^'",  les  valeurs  de- 
viennent : 

1,5427335     et     1,5486821. 

Enfin  pour  une  région  du  cube  de  4''"'  on  trouve 

1,5427391      et      1,5486876,. 

soit  un  écart  de  5o  unités  du  septième  ordre  en  deux  points  du  même  bloc  et  de  plus 
de  100  unités  d'un  échantillon  à  un  autre. 

Les  indices  extraordinaires  varient  aussi;  leurs  valeurs  sont  : 

1,5517766,  1,5579265 

et 

i,55i7844>         1,5579350 

]iour  les  deux  régions  déjà  citées  du  cube  do  5'™,  et 

1 , 5517905  1 ,557941 I 

pour  le  cube  de  4''"- 

Les  écarts  des  indices  extraordinaires  sont  donc  encore  plus  grands  :  80  et  140.  io~". 
La  biréfringence  varie  donc  aussi. 

D'autre  part,  la  variation  de  ces  indices  en  fonction  de  la  température  est  aussi  dif- 
férente pour  les  deux  quartz.  Aux  environs  de  i5°  dans  le  cas  des  indices  ordinaires 
donnés  plus  haut,  elle  est 

—  61 .  io~'     et     —  59.  io~'  pouj'  le  cube  de  4"^" 
et 

—  09.  lo-^'     et     — 57 .  io~"  pour  celui  de  S^™. 

Pouvoir  rotatoire.  —  Mesuré  à  la  même  température,  avec  le  mémedispo- 
(')   Annales  de  Chimie  et  de  Physique.  8°  série,  t.  II,  1904,  p-  78. 


SÉANCE  DU  9  AVRIL  1906.  883 

silif,  pour  réduire  au  minimum  les  causes  d'erreur,  le  pouvoir  rotatoire 
pour  la  radiation  verte  du  mercure  est,  h  10°, 

255", 020  pour  le  cube  de  4*^'" 
et 

255°, 012  pour  celui  de  5*^"", 

tous  deux  étant  dextrogyres. 

Il  est  à  remarquer  que  tous  ces  écarts  sont  de  même  sens.  Densité,  dila- 
tation, réfringence,  biréfringence,  pouvoir  rotatoire  sont  plus  faibles  pour 
le  cube  de  5""  que  pour  celui  de  4""'. 

Il  y  a  donc  lieu  de  ne  pas  considérer  le  quartz,  même  très  bien  cristallisé, 
comme  un  corps  pur,  à  propriétés  parfaitement  définies,  ni  même  comme 
un  corps  homogène. 

D'autre  part,  la  nécessité  de  faire  intervenir  une  grande  quantité  de  ma- 
tière pour  mesurer  l'indice  avec  précision  (et  aussi  bien  par  la  méthode 
interférentielle  que  par  la  méthode  du  prisme)  ne  permet  que  d'obtenir  un 
indice  moyen  le  long  du  parcours  du  faisceau  lumineux,  variaide  avec  la 
direction  de  celui-ci  et  sa  position  dans  le  quartz.  Il  y  a  donc  impossibilité 
de  savoir  si,  dans  le  quartz,  la  surface  d'onde  est  rigoureusement  une 
sphère  pour  l'onde  ordinaire,  et  une  surface  de  révolution  pour  l'onde 
extraordinaire. 


RADIOACTIVITÉ.   —  Siir  la  radioactivilé  des  sources  d'eau  potable. 
Note  de  M.   F.  Diexert,   présentée  par  M.  P.  Curie. 

Dans  une  précédente  Communication  (^Comptes  rendus,  19  février  1906) 
nous  avons  montré  que  les  sources  de  l'Avre  étaient  faiblement  radio- 
actives. Nous  avons  continué  à  étudier,  au  moyen  du  même  appareil  de 
Engler  et  Sieveking,  la  radioactivilé  des  autres  groupes  de  sources  captée.s 
par  la  Ville  de  Paris.  Quoique  avec  cette  méthode  nous  n'obtenons  pas  de 
résultats  absolus,  en  opérant  d'une  façon  identique  nos  chiffres  sont  com- 
parables. 

Dans  le  Tableau  ci-dessous  nous  avons  indiqué  l'intensité  du  courant  de 
décharge,  le  gisement  géologique  de  la  source,  la  conductibilité  électrique 
de  chacune  de  ces  eaux  à  18"  C. 


88 'i  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Irilensité  en  ampères 

du  courant  de  décharge 

tie  l'éleclroscope 

par  l'émanation  Conductibilité 

dégagée  Gisement  géologique  électri<|ue  à  i8' 

Sources.  par  un  litre  d'eau.  de  la  source.  C.  G.  .^. 

Groupe      /  Cochepies J  ,33  x  io~''       Craie  sénonieiine  3,72  x  lo""'-' 

des  sources  ]  Flacy '.  .      1,91x10""  >  4j34  X '0~'' 

de  lii         I  PàUires i  ,94  >:  10-"  »  4)0°  ?<  io~"' 

Vanne       (Miroir i,34xio-"  .  3,53  x  lo"'' 

Source  d'î  la  Dhuys 9-87  X  io~''       Calcaires  et  marnes  de  Clianipigny  4i65  x  10 


I 


13 


Groupe      I    „  „.  ,,   (  Craie  sénonienne  surmontée  de  terrains  ;    , 

1   Bourrou o,56  X  10-"    ,  4,o8xio- 

dessoui'ccs  \  I       tertiaires  (sables  et  calcaires)  ) 


-13 

du  Loinç;     ,  Chainlréauville  .  .      o,58xio-'^  »  3,71  xio"" 


et           I  Saint-Thomas....      o,23  x  10-"  >.  4j2i  x  lo^'' 

du  Lunain       Villemer o,35  >;  10-"  »  3,85  x  10   '' 

Toutes  ces  sources  sorlenl  de  terrains  sédimentaires  non  bouleversés. 

La  source  de  la  Dhuys  ne  peut  recevoir  que  des  eaux  de  pluies  infiltrées 
à  travers  les  calcaires  de  Champigny  et  arrêtées  dans  leur  mouvement  de 
descente  par  les  marnes  k plioladomya  hidensis,  lesquelles  reposent  sur  les 
sables  de  Beauchamps.  Elle  ne  peut  recevoir  d'eaux  provenant  de  la  pro- 
fondeur de  la  terre,  comme  c'est  au  contraire  le  cas  de  nombreuses  eaux 
minérales. 

De  ces  résultats  nous  pouvons  extraire  quelques  observations  : 

1°  Les  sources  de  la  Vanne  sont  aussi  radioactives  que  celles  de  l'Avre, 
mais  elles  le  sont  beaucoup  moins  que  celles  de  la  Dhuys. 

2°  Il  y  a  une  grande  différence  dans  la  radioactivité  des  eaux  issues 
d'un  même  gisement  géologique;  ainsi  le  groupe  du  Loing  et  du  Lunain 
est  moins  radioactif  que  celui  de  la  Vanne.  Dans  un  groupe  de  sources  les 
différences  de  radioactivité  existent  égalementmais  sont  mo'ins  accentuées. 
Ainsi  les  sources  de  Cochepies  et  du  Miroir,  qui  ont  un  périmètre  d'alimen- 
tation commun  dans  la  forêt  d'Olhe,  ont  une  radioaclivité  identique  mais 
différente  de  celle  des  sources  de  Flacy  et  des  Pâtures  issues,  toutes  deux, 
d'un  périmètre  d'alimentation  voisin,  situé  pi  es  de  la  rivière  la  Vanne. 
.\u  groupe  du  Loing  et  du  Jjunain,  les  sources  de  Bourron  et  de  Chain- 
tréauville,  émergeant  dans  la  vallée  du  Loing,  ont  une  radioactivité  iden- 
tique mais  diflérenle  de  celle  de  Sainl-Thonias  et  de  Villemer,  constituant 
le  groupe  de  la  vallée  du  Lunain  et  de  radioactivité  très  voisine.  Par  ces 
groupements  il  semble  qu'il  y  ait  des  zones  plus  ou  moins  radioactives. 


SÉANCE  DU  9  AVRIL  1906.  885 

3°  Il  n'y  a  aucune  relation  apparente  entre  la  conductibilité  électrique 
et  la  radioiictivité. 

4°  Pour  les  sources  examinées  ce  sont  celles  dont  le  périmètre  d'alimen- 
tation est  très  riche  en  argile  qui  semblent  les  plus  radioactives.  Ainsi  les 
calcaires  de  Champigny  sont  surmontés  de  bancs  marneux  très  importants; 
la  craie  sénonienne,  dans  la  région  de  la  Vanne,  est  surmontée  d'argile  à 
silex  assez  perméable.  Au  contraire,  au  F^oing  et  au  Lunain,  le  sol  est  très 
perméable  et  à  peu  prés  dépourvu  d'argile. 

5°  Nous  n'avons  pu  encore  trouver  de  relation  entre  la  présence  de 
bétoires  et  la  radioactivité  des  sources.  On  peut  supposer  qu'à  travers  ces 
cheminées  d'effondrement  et  d'érosion  constituant  les  bétoires,  l'émanation 
peut  mieux  se  dégager  quand  la  pression  barométrique  baisse.  Si  l'on  com- 
pare les  sources  Saint-ïhomas  et  Villemer  il  semble,  étant  donné  que  le 
périmètre  <ie  la  source  Villemer  est  sillonné  de  bétoires,  et  non  celui  de 
Saint-Thomas,  que  la  relation  n'est  pas  apparente  dès  maintenant.  Nous 
nous  proposons  de  continuer  cette  élude. 

Dans  aucune  de  ces  eaux  nous  n'avons  trouvé  de  radium.  Pour  faire 
celte  étude  nous  avons  fait  passer  un  courant  d'air  à  travers  l'eau  pendant 
8  jours  afin  d'en  chasser  l'émanation.  Puis  le  flacon  est  rebouché  le  mieux 
possible  et  abandonné  pendant  8  jours  pour  permettre  au  radium,  s'il  y  en 
a,  de  dégager  de  nouveau  de  l'émanation.  Chaque  fois  les  résultats  furent 
négatifs. 


CHIMIE   MINÉRALE.    —    Sur  les  composés  pyrophosphoriques. 
Note  de  M.  J.  Cavalier,  présentée  par  M.  Troost. 

La  formule  généralement  admise  pour  l'acide  pvrophosphorique  est 
P^O'H'  et  en  fait  un  acide  tétrabasique. 

Il  existe,  en  effet,  quatre  séries  de  sels.  La  plupart  des  pyrophosphates 
métalliques  bien  définis  ont  les  formules  p-0'M"H-  etP-O'M";  les  sels 
mono  et  trimétalliques  sont  beaucoup  plus  rares  et  moins  bien  définis  : 
toutefois,  l'existence  des  sels  mono  et  trisodiques  est  aujourd'hui  nelte- 
menl  établie  (').  D'autre  part,  il  n'a  pas  été  signalé  de  sels  plus  complexes 

(')  Sal/.i;r,  Aithii'.  de  l'Iiann.,  l.  CGXXXII,  1894,  p.  368,  et  liul.  Soc.  chiin., 
3"série,  t.  XII,  1894,  p.  i\!\h. 

GiRAN,  Comptes  tendus,  l.  GXXXIV,  1902,  p.  i.joo. 

C.  K.,  .903,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N-  15.)  I  I7 


886  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

comme  en  présenle  l'acide  métaphosphorique.  Enfin,  Gladstone  (')  a 
décrit  un  dérivé  monoamidé  P-0'(OH)'(NH-)  et  un  dérivé  diamidé 
P^O'(OH)-(NH-y  de  l'acide  pyrophosphorique. 

Cet  ensemble  de  faits,  peu  nombreux,  s'accorde  bien  avec  la  formule 
habituelle. 

Il  était  intéressant  de  la  contrôler  par  des  déterminations  de  poids  molé- 
culaires. 

Jusqu'ici  on  n'a  pris  la  densité  de  vapeur  d'aucun  dérivé  pyrophospho- 
rique. Un  seul  a  donné  lieu  à  une  recherche  cryoscopique  :  Raoult  (  -)  a 
mesuré  l'abaissement  du  point  de  congélation  de  la  dissolution  dans  l'eau 
du  pyrophos|>hate  neutre  de  sodium;  en  prenant  pour  poids  moléculaire 
P^O'Na' =  26G,  lia  trouvé  un  abaissement  moléculaire  égal  à  45,8. 

La  cryoscopie  de  solutions  aqueuses  d'électrolytes  ne  permet  pas,  à  elle 
seule,  de  conclure  avec  certitude  la  valeur  d'un  poids  moléculaire.  Je  me 
suis  adressé  alors  aux  dérivés  organiques,  aux  éthers  pyrophosphoriques. 
Celui  d'élhyle  seul  a  été  signalé  par  de  Clermont  (^). 

J'ai  préparé  les  pyrophosphates  neutres  des  alcools  éthylique,  propylique 
^or7?z«/(propanol),  isopropylique{^vo\>2iwo\-'i),  butylique  norma/(butanol). 
arnylique  (méthyl-2  butanol-4)  et  allylique  (propénol). 

On  met  en  présence  j'iodure  correspondant  et  du  pyrophosphate  tétrargentique  en 
léger  excès;  suivant  les  cas,  on  modère  avec  de  l'éther  anhydre  ou  au  contraire  on 
amorce  en  cliaullant  légèrement;  on  reprend  par  l'éther,  on  évapore  d'abord  au  baiii- 
marie,  finalement  dans  le  vide  sans  dépasser  100°. 

La  réaction  donne  de  bons  résultats  pour  les  composés  d'éthyle,  de  propyle  normal, 
de  butvie  et  d'amyle. 

Les  produits  obtenus  avec  ceux  d'isopropyle  et  d'allyle  sont  sirupeux  et  partiellement 
décomposés. 

Les  éthers  pyrophosphoriques  sont  des  liquides  dont  l'odeur  rappelle 
celle  des  orlhophosphates  correspondants. 

Ils  se  décomposent  par  la  chaleur  et  ne  peuvent  être  distillés.  Ils  sont 
solubles  dans  le  benzène,  le  sulfure  de  carbone,  le  tétrachlorure  de  car- 
bone, l'éther.  Seul,  le  composé  éthylique  est  soluble  dans  l'eau;  mais  la 
liqueur  est  fortement  acide  :  il  se  produit  soit  une  saponification,  soit  plutôt 
une  combinaison  avec  formation  d'un  composé  ortho. 


(•)  Bul.  Soc.  chim.,  t.  III,  1864,  p.  112,  et  l.  XII,  liHGg,  p.  38  et  287. 

(2)   Comptes  rendus,  t.  XCNIII,  i884,  p.  ôii. 

(■*)     (////.  de  Cliini.  et  de  i'Iiys.,  S""  série,  t.  \L1\  ,  p.  M\. 


SÉANCE  DU  9  AVRIL  1906.  887 

Parmi  les  dissolvants  cryoscopiques  usuels  on  ne  peut  donc  employer 
l'eau.  Avec  l'acide  acétique,  on  doit  craindre  aussi  une  action  décompo- 
sante; j'ai  vérifié,  en  effet,  que  des  produits  analogues,  les  élhers  orlho- 
phosphoiiques .  donnent  dans  l'acide  acétique  des  abaissements  trop  forts. 

J'ai  employé  le  benzène,  après  m'ètre  assuré  qu'ildonnaitavecles  ortho- 
phosphates des  abaissements  normaux  ('  J. 

Les  nombres  obtenus  ainsi  pour  les  poids  moléculaires  sont  les  suivants  : 

PjTophosphate  de  Trouvé.         Calculé. 

ÉihyleP^O'(CIF— GH'')' 3o2  290 

Prop3leP2  0-(GH^  — CH--CH')' 34;  346 

I«.opropyleP^O-('CH<^^[J'^y 5oo  346 

Buiyle  P^0"(CH2— CH=— CH'-CH^)' 354  4o2 

ÂmyleP-0'(CH^-GH2  — CH  — CH')' 4i8  458 

Vll3leP20"(CH-— GH  =  CH2)* 4io  338 

Saut  pour  les  deux  produits  partiellement  décomposés  (isopropyle  et 
allyle)  qui  donnent  des  résultats  trop  forts,  la  concordance  est  suffisante, 
eL  permet  de  conclure  que  les  pyrophosphates  alcooliques  ont  un  poids  molé- 
eulaire  correspondant  bien  à  la  formule  P-O' R'. 


CHIMIE   MINÉRALE.  —   Sur  les   iodomercurates  de  baryum. 
Note  de  M.  A.  Duboi.v,  présentée  par  M.  Troost. 

J'ai  préparé,  par  le  même  procédé  que  les  liqueurs  saturées  d'iodomer- 
curates  de  calcium  et  de  strontium  (-),  la  solution  saturée  d'iodomercurate 
de  baryum. 

C:ette  liqueur  a  déjà  été  préparée  par  Rohrbach  ('),  qui  a  trouvé  qu'elle 

constitue  une  des  liqueurs  les  plus  denses  connues  (é?=  3,56),  et  qui  a 

étudié  ses  autres  propriétés  physiques. 

J'ai  déterminé  sa  composition  : 

'  I.  II. 

pour  iw  pour  iOi) 

Baivum i  2 , 1 4  12 

Mercure 33,32  33, 4o 

Iode .32 ,  o5  02 , 1 6 

(')   TrcH'aux  scienli/ujues  de  VUrm-ersité  de  Rennes,  1904. 

(-J   Comptes  rendus.  1906,  l.  CXLII,  p.  Sgô  et  p.  JjS. 

( 'J    Innalen  der  Physik  und  Cheniie,  i883,  l.  X\,  p.  169. 


888  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

qui  peut  se  traduire  par  la  formule  Bal^,  i,33  HgP,  7,76  H^O. 

C'est  un  mélange  de  deux  iodures  soluljles  dans  l'alcool  à  96°;  la  solu- 
lion  saturée  a  pour  densité  2,76  à  23°, 5. 

Cette  liqueur  saturée  de  bioxyde  de  mercure  vers  70°  laisse  déposer  par  refroidisse- 
ment de  l'oxyde  de  mercure  et  de  petits  cristaux  ayant  pour  formule  BaP,.5HgP,  81P0. 
Leur  densité  à  0°  est  4)63,  ils  ressemblent  aux  sels  correspondants  de  calcium  et  de 
strontium,  mais  sont  plus  altérables  et  deviennent  rouges  à  la  longue,  même  en  tubes 

soeUés, 

II.  Calculé. 

Baryum 5,078  4,87       5, 108  4,86       4,880 

Mercure 54,029                    54, 16  54,33i 

Iode 35,07                      34,96  35,65o 

Eau »                              »  5,  i33 

Quelquefois  la  liqueur  surnageante  se  prend  en  masse  et  les  cristaux,  bien  égoutlés, 
sont  un  hydrate  d'un  sel  contenant  3™°'  d'iodure  de  mercure  pour  2"""'  d'iodure  de 
baryum  ('). 

J'ai  obtenu  un  autre  hydrate  défini  en  abandonnant  à  une  température 
voisine  de  —  9°  une  liqueur  ayant  pour  composition  : 

Baryum 11  ,67  pour  100         1  '  ,76  pour  100 

Mercure 22,4'         «  22,14         " 

Iode 49>^9         "  49,82         » 

Soit  Bal-,  i,3o  Hgl-,  10,41  H^O. 

Cet  hj'drate  se  présente  sous  forme  d'un  agrégat  de  gros  prismes  à  4  pans,  se  péné- 
trant de  façon  que  leurs  arêtes  homologues  restent  parallèles.  Ils  ont  pour  for- 
mule 2BaP,  3HgP,  16H2O. 

Trouvé. 

Baryum 10,86  10,  gS  11,266 

Mercure 24,43         24,34  24,671 

Iode 52,12  52,17  52,220 

Eau »  »  11,842 

Leur  densité  à  0°  est  voisine  de  4  ;  ils  fondent  lorsque  la  température  s'élève. 

J'ai  encore  trouvé  un  autre  sel  par  l'évaporation  d'une  dissolution  dont 
la  composition  était  : 

Baryum i3,95  i3,96  i4,o3  '3,99 

Mercure '9, '6  19,09  »  " 

Iode 5o,22  J>  »  » 

Soit  Hgl-,  1,07  Bais  9,71  H=0. 

(')  Ba  11,61,  1 1 ,64  pour  100;  H  g  24,62,  24,70  pour  100;  I  02,28,  52,49  P°"'"  '*"'• 


SÉANCE    DU    9   AVRIL     1 906.  889 

Cette  liqueur  évaporée  sous  une  cloche,  en  présence  d'acide  sulfurique,  laisse  déposer 
des  cristaux  prismatiques,  très  déliquescents,  dont  la  densité  à  o  est  voisine  de  .1,o6; 
l'analyse  leur  assigne  la  formule 

3RaI-,  SHgIS  2iH^0. 

Troiné. 
■ I  —  I  ■  Calculé. 

Baryum 10, 84  10,96  10,77  10, 85  10,756 

Mercure 25.98  25, 61          »  >>  26,171 

Iode .  52,97  53, 3o    >  i'  53,179 

Eau >'      )i      "  >i  91S92 

Ce  sel  a  son  correspondant  dans  un  iodomercurate  de  magnésium  et  un  iodomer- 
curate  de  manganèse. 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  les  ferromolybdénes  purs. 
Note  de  M.  Ém.  Vigouroux,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

Bien  que  nombre  d'auteurs  ('  à  *)  aient  constaté  la  présence  du  molyb- 
dène dans  les  produits  sidérurgiques,  nous  ne  connaissons  qu'un  seul 
composé  défini,  Fe'Mo',  retiré  par  MM.  A.  Carnot  et  Goûtai  (^)  de  deux 
échantillons  d'aciers  à  2,5  et  3,4  pour  100  de  molybdène  ('). 

Nos  Iraviiux  ayant  amené  des  résultats  peu  concordants,  pour  la  re- 

(')  Stromeyer,  An.  Ph.  Chem.  Pogg..  t.  XXVIII,  i833,  p.  55i. 

(')  Heine,  J.  prakl.  Chem.,  t.  IX,  i836,  p.  176. 

(')  Steinberg,  id. 

(')  Stavenhagen  et  Schuchard,  lier.  chem.  Gesell.,  t.  XXXV,  1902,  p.  909.  —  Ces 
derniers  préparent,  par  des  procédés  aluminothermiques  spéciaux,  20  alliages  diffé- 
rents :  W/Co,  Mo/Fe,  U/Mn,  etc.,  mais  ils  ne  donnent  ni  formule,  ni  analyse,  ni  pro- 
priété. 

(*)  A.  Carnot  et  Goutal,  Comptes  rendus,  t.  CXXV,  1897,  p.  2i5,  et  Contribution 
Il  l'étude  des  alliages,  p.  5 14. 

(')  Steinacker  {Thèse,  GiUtingen,  1861)  aurait  retiré  FeMo-  du  molybdate 

Fe=O'.4Mo0\7H-^0 

chauffé  dans  l'hydrogène.  Mais,  si  l'on  considère  que  ses  7H'0  ont  été  enlevés  par  la 
chaleur,  et  son  oxygène  par  l'hydrogène  réducteur,  on  voit  que  le  résidu  ne  doit  plus 
contenir  que  les  deux  métaux  forcément  dans  les  proportions  Fe'  pour  Mo^.  Du  reste, 
sa  poudre,  qui  est  magnétique,  imparfaitement  soluble  dans  l'acide  chlorhydrique  avec 
dégagement  gazeux,  ne  partage  pas  les  propriétés  du  composé  FeMo^  que  nous  avons 
préparé. 


890  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

cherche  des  composés  définis,  à  l'étude  de  ces  complexes  produits  d'analyse 
dérivés  de  fontes  ou  d'aciers  généralement  issus  d'appareils  (haut  fourneau, 
bessemer,  creuset)  alimentés  de  substances  impures,  nous  avons  substitué 
celle  des  ferromolybdènes  de  synthèse  purs,  formés  avec  des  corps  que 
nous  avons  cherché  à  produire  dans  le  plus  grand  état  de  pureté. 

Nos  matières  premières  sont  :  l'oxyde  de  fer  que  nous  préparons  en  par- 
tant de  clous  à  ferrer  (clous  de  Suède,  marque  étoile);  nous  les  dissolvons 
dans  l'acide  chlorhydrique  et,  après  insolubilisation  de  la  silice  et  reprise 
par  le  même  acide,  nous  traitons  la  liqueur  par  l'hydrogène  sulfuré  qui  ne 
décèle  généralement  rien,  puis  par  l'ammoniaque,  en  nous  plaçant  dans 
les  conditions  connues  pour  que  le  fer  soit  précipité  exempt  de  manganèse; 
nous  calcinons  son  oxyde  pour  avoir  soit  Fe-O^  soitFe'0\  Nous  trans- 
formons encore  ces  clous  en  azotate  que  nous  décomposons  ensuite  par  la 
chaleur,  puis  chauffons  fortement  avec  du  carbonate  de  potasse  additionné 
d'un  peu  de  chlorate,  dans  un  récipient  en  tôle  souple  placé  lui-même  à 
l'intérieur  d'un  creuset  en  terre.  Les  silicate  et  manganate  vert  formés  sont 
enlevés  par  l'eau.  Notre  oxyde  de  fer  ne  décèle  plus  trace  de  manganèse 
lorsque  nous  l'essayons  à  l'aide  du  procédé  de  M.  Osmond.  L'oxyile  de 
molybdène  provient  du  molybdate  d'ammoniaque  cristallisé  pur  qui  est 
décomposé  par  la  chaleur,  puis  réduit  dans  l'hydrogène  à  l'état  de  MoO^ 
L'aluminium  industriel,  coulé  spécialement  pour  notre  usage  sous  forme 
de  cylindres,  indique  un  titre  très  voisin  de  too  et  se  trouve  absolument 
exempt  de  cuivre  et  de  silicium.  Par  nos  soins,  il  est  fragmenté  avec  une 
râpe  douce  et  sa  limaille,  plus  ou  moins  fine  suivant  les  besoins,  est  dé- 
pouillée de  quelques  rares  particules  de  fer  au  moyen  d'un  fort  électro- 
aimant. 

Nos  préparalionss'eiVeclueul  :  1°  par  raluniinolliei-mie  généralement,  en  meltanl  en 
œuvre,  dans  les  creusets  en  magnésie  pure  comprimée,  des  mélanges  des  trois  poudres 
précédentes  en  proportions  variables,  le  comburant  de  l'amorce  étant  apporté  par 
l'anhydride  moljbdique  et  l'aluminium  étant  incorporé  toujours  en  défaut,  nos  re- 
clierclies  ne  devant  porter  que  sur  des  ferromolybdènes  absolument  exempts  de  ce 
réducteur.  Toutefois  une  analyse,  si  minutieuse  paraissè-t-elle,  pouvant  laisser  ina- 
perçues des  traces  infimes  de  ce  métal,  susceptibles  de  fausser  nos  résultats,  nous  les 
vérifions  en  formant  également  nos  alliages;  2"  par  action  directe  sur  les  éléments, 
exempts  par  suite  de  leur  origine  même  de  traces  d'aluminium  :  fer  chimiquement  pur 
provenant  du  Fe"-0'  précédent  réduit  par  l'hydrogène  dans  un  tube  en  porcelaine 
revêtu  intérieurement  d'une  gaine  en  tôle;  molybdène  chimiquement  pur,  obtenu  de 
la  même  façon.  Leur  mélange  intime  est  fortement  comprimé  puis  posé  sur  des  nacelles 
de  magnésie,  à  l'intérieur  de  tubes  en  porcelaine  parcourus  par  de  l'hydrogène  pur  et 


SÉANCE  DU  9  AVRIL  1906.  89 1 

sec.  Un  four  Schlœsing,  porté  à  sa  température  maxima,  permet  de  les  amener  à  réac- 
tion et  à  fusion,  nne  pince  tliermo-électrique  introduite,  une  fois  pour  toutes,  dans  un 
de  nos  tubes  de  composition  identique,  très  fortement  cliaulTé,  ayant  montré  qu'ils 
étaient  capables  de  supportei-  une  température  atteignant  i/i5o°,  sans  se  raniollii-  au 
point  de  laisser  échapper  le  contenu  des  nacelles. 

Nous  avons  pu  préparei-  ainsi  une  série  d'alliages  à  teneurs  allant  jusqu'à  76,50 
pour  100  (');  alliages  fondus,  cassants,  et  d'autant  plus  que  leur  teneur  est  plus  élevée; 
nous  avons  réussi  à  en  isoler  :  Fe^Mo  renfermant  ^6,20  pour  100  de  molybdène;  Fe'' Mo- 
à  53,37  pour  100;  FeMo  à  63, 20  pour  roo  et  FeMo'  à  77,45  pour  ioo(").  Ces  corps 
se  caractérisent  par  leur  forme  quelquefois  ciistalline,  par  leur  contraction  (la  difl'é- 
rence  entre  leur  densité  trouvée  et  leur  densité  calculée  est  assez  grande),  par  leur 
non-magnétisme;  ils  sont  gris,  insolubles  dans  l'acide  chlorhydrique  et  complètement 
soiubles  dans  l'acide  azotique  froid  ou  ciiaud,  étendu  ou  concentré.  Point  digne  de 
remarque  :  chacun  d'eux  se  trouve  au  sein  de  fenomolybdène  renfermant  du  fer  libre. 
Ce  fait,  la  même  expérience  répétée  sur  un  grand  nombre  de  lingots  nous  l'a  rendu 
manifeste  :  lorsque  l'on  traite  ces  derniers  en  pondre  par  l'acide  chlorhydrique  étendu, 
une  action  se  déclare,  rapide  parfois,  avec  dégagement  d'hydrogène;  dès  qu'elle  cesse, 
nous  constatons  que  la  liqueur  d'attaque  ne  décèle  que  la  présence  du  fer  sans  molyb- 
dène. S'il  en  est  ainsi,  les  ferromolybdènes  non  définis  sont  magnétiques.  Nous  en 
avons  soumis  un  certain  nombre  (plus  de  30)  à  l'épreuve  du  barreau  aimanté  et 
notre  prévision  est  venue  se  confirmer  d'une  façon  complète  :  tous  nos  ferromolybdènes 
sont  attirés  plus  ou  moins. 

Conclusions.  —  1°  Par  union  directe  du  fer  et  du  molybdène  soit  à  l'état 
naissant,  soit  à  l'état  libre,  nous  formons  une  série  de  ferromolybdènes 
purs,  fondns,  atteignant  des  teneurs  voisines  de  80  pour  100:  1°  ces  ferro- 
molybdènes abandonnent  quatre  corps  répondant  à  des  formules  de  com- 
posés définis;  3°  Fe-Mo  doit  constituer  le  composé  défini  inférieur  suscep- 
tible de  prendre  naissance  dans  les  ferromolybdènes  de  synthèse,  attendu 
que  d'un  lingot  à  12,00  pour  100  (renfermant  suffisamment  de  fer  pour 
former  Fe'-Mo),  l'acide  chlorhydrique  n'a  pu  dissoudre  que  du  fer,  sans 
trace  de  molybdène  et  son  action  n'a  cessé  que  lorsque  le  résidu  a  eu 
atteint  le  titre  de  [\(j,io  pour  100. 


(')  Nous  avons  même  dépassé  des  teneurs  de  80  pour  100,  mais  de  tels  culols,  bien 
que  fondus,  ne  nous  paraissaient  pas  d'une  homogénéité  parfaite. 

(  =  )  De  plus,  d'un  lingot  à  77,80  pour  100,  par  le  chlorure  cuivrique  l'attaquant  de 
façon  à  le  réduii-e  de  moitié,  nous  avons  isolé  la  poudre  grise  FeMo' et  cette  dernière, 
après  avoir  été  rongée  aux  trois  quarts  par  le  même  liquide,  laissait  encore  FeMo* 
comme  second  résidu  gris. 


892  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 


CHIMIE  ORGAXiQL'lî.  —  Influence,  de  la  juxtapusilion  dans  une  même  molécule 
de  la  fonction  céloniquc  et  de  la  fonction  acide.  Note  de  M.  L.-J.  Simon, 
présentée  par  M.  H.  Moissan. 

Dans  une  Note  récente,  j'ai  montré  que  l'action  de  l'acide  pyruvique 
sur  l'iirélhane  était  une  réaction  d'équilibre  comparable  à  l'éthérification 
(l'un  acide  par  un  alcool, 

CH=  — (;0-CO=H-t-2NH--CO^C'H5-;^H=0  +  CH'-C-CO=H 

CO'C-H^  — NH     NH-CO-CMI' 

L'acide  diuréthanepyruvique,  insoluble  dans  l'eau,  y  disparaît  lente- 
ment à  froid,  rapidement  à  chaud  en  se  décomposant,  et,  inversement, 
l'évaporation  de  l'eau  à  froid  dans  le  vide  ou  au  bain-marie  permet  de  ré- 
cupéier  l'acide  initial.  Qu'arrive-t-il  avec  d'autres  solvants  ou  avec  les  dé- 
rivés les  plus  immédiats  de  l'acide? 

I.  En  présence  d'alcool  les  choses  se  passent  tout  différemment. 

L'acide  se  dissout  rapidemenl  à  froid;  à  chaud,  il  se  dissout  aboiulamroeiu;  pat  le- 
fi'oidissement,  l'excès  cristallise,  d'ailleurs  lentement.  L'évaporation  de  l'alcool  permet 
lie  récupérer  l'acide;  par  addition  d'eau,  il  ne  précipite  pas.  (_)n  ne  peut  décelei',  dans 
le  solution  alcoolique,  la  présence  d'acide  pyruvique  libre  comme  on  pouvait  le  faire 
au  sein  de  l'eau. 

La  solution  alcoolique  permet  d'obtenir  aisément  les  sels  d'aniline,  de  paratoluidine 
et  de  phénylhydrazine.  Ces  sels  sont  tous  trois  anhydres,  tout  à  fait  blancs  et  bien 
cristallisés.  Les  deux  premiers  sont  infusibles  et  décomposables  à  des  températures 
voisines  iî!2°  et  128°;  le  dernier  fond  sans  décomposition  à  120°.  Pour  les  deux,  pre- 
miers, le  rendement  est  quantitatif;  pour  le  dernier,  le  rendement  est  encore  très  avan- 
tageux, mais  légèrement  diminué  par  suite  d'une  particularité  curieuse. 

Le  sel  de  phényihydrazine  présente  la  réaction  suivante.  Porle-t-on  au 
voisinage  de  l'ébullition  une  solution  aqueuse  de  ce  sel  préparée  à  froid, 
il  s'y  développe  une  belle  cristallisation  en  longues  aiguilles  de  phénylhv- 
ilrazone  pyruvique. 

CH'-C  — CO=H.NH=-NH— C''H^=CH'-C-C0»H-j-2NH-CÛ='C=Il^ 

/\  Il 

COH.MF-NH     NH— C0H:=H^  N-NH-C«H= 

Cette  réaction,  immédiate  si  l'on  chaufle,  se  produit  même  à  froid,  mais  plus  lente- 


SÉANCE  DU  Ç)  AVRIL  190G.  89H 

ment.  La  méthode  cryoscopique  peimel  de  constater  que  le  point  de  congélalion  de 
Tean  est  le  même  avant  et  après  la  chauffe  et  correspond  à  l'existence  au  sein  de  la  so- 
lution de  deu\  molécules.  Avant  la  chaufTe,  ces  molécules  sont  celle  de  l'acide  et  celle 
de  la  base;  après  la  chaufTe,  ces  molécules  sont  les  deux  molécules  d'uréthane  régé- 
néré. La  réaction  est  intégrale  comme  on  peut  le  vérifier  en  filtrant  et  pesant  l'hydra- 
zone  insoluble  formée. 

Ces  apparences  illustrent  le  contraste  de  la  stabilité  cpie  présente  l'acide* 
diuréthanepvrtivique  en  solution  alcoolique  et  de  la  décomposition  qu'il 
subit  au  sein  de  l'eau. 

II.  Diurélhanepyruvate  d'èlhyle.  —  L'acide  diurélhanepyruvique  est 
stable  en  solution  alcoolique;  il  ne  se  scinde  pas  en  acide  |>yruviqiie  et 
urcthane;  il  ne  s'unit  pas  non  plus  à  l'alcool  pour  s'éthérifier.  D'autre  part, 
le  pyruvate  d'éthyle  ne  se  combine  pas  directement  à  l'uréthane  :  celui-ci 
peut  y  cristalliser,  mais  il  ne  s'y  unit  pas.  Le  inélange  des  trois  substances 
—  l'.cide  pvruvique,  alcool,  uréthane  —  peut  donc  fournir  le  pyruvate 
d'élbyie  par  éthérification,  l'.icide  diuréthanepvruvique  par  condensation 
directe,  et  cela  par  des  réactions  d'équilibre  comparables,  mais  de  leur 
triple  conjonction  ne  peut  résulter,  direclement ,  le  diurélhanepyruvate 
d'éthyle.  Celui-ci  se  produit,  au  contraire,  si  l'on  fait  intervenir  l'acide 
chlorhydrique  dans  l'action  simultanée  ou  consécutive  de  ces  trois  sub- 
stances. 

CH'-C-CO-H   -+-C-H^OH 

CO-C-H^-NH     NH.CO-C^H^  =  11=0+ CH' -  C  -  CO-C-H* 

/\ 
CO=C=H^-NH     NH-CO^C-n^ 

CH'  -  CO  -  CO=C=  H^  +  2NH  =  -  CO^  C-  H» 

Cet  éther  est  un  corps  cristallisé,  blanc,  très  soluble  dans  l'alcool,  fondant  à  rog"  et 
distillant  sans  décomposition  à   179°  sous  pression   réduite. 

Cet  éther  est  peu  soluble  dans  l'eau  chaude,  mais  il  y  cristallise  sans  au- 
cune décom|)Osition.  Cette  décomposition  par  l'eau  chaude  est  au  contraire 
immédiate  en  présence  d'acide  chlorhydrique  qui  provoque  à  la  fois  la 
saponification  de  l'éther  et  la  décomposition  du  produit  uréthanique,  c'est- 
à-dire  qu'il  restitue  le  mélange  d'acide,  d'alcool  et  d'uréthane  qui  ne 
s'étaient  unis  que  grâce  à  son  intervention. 

III.  Biurèthanepyruvate  de  potassium.  —  L'acide  diuréthanepyruvique,. 
décomposable  par  l'eau,  se  dissout  au  contraire  très  facilement  dans  la. 
c.  K.,  1906,  X" ^Semestre.  iT.  CXLII,  N"  15.)  H^ 


894  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

potasse  aqueuse  pour  donner  après  évaporalion  de  l'eau  au  bain-marie  un 
sel  bien  défini,  très  soluble  dans  l'eau  et  l'alcool.  Ce  sel  ne  peut  être  ob- 
tenu par  l'action  directe  de  l'uréthanesur  le  pyruvate  de  potassium.  L'uré- 
thane  ne  s'unit  pas  plus  au  pyruvate  de  potassium  qu'au  pyruvate  d'éthyle. 
CorrélatiA'ement  le  diuréthanepyruvate  de  potassium  présente  au  sein  de 
l'eau  la  même  stabilité  que  l'éther,  et  cette  corrélation  mérite  peut-être  de 
retenir  l'attention. 

Le  sel  de  potassium  peut  être  chauffé  au  bain-marie  sans  s'altérer;  il 
renferme  de  l'eau  de  cristallisation  (i,5H^O)  et  peut  être  déshydraté  à 
l'étuve  à  iio^-iio"  sans  décomposition. 

On  peut  en  récupérer  l'acide  par  addition  d'un  acide  minéral  à  condition  d'opérer  à 
froid  et  en  solution  concentrée. 

Il  y  a  une  perte  dans  cette  récupération  lorsqu'on  laisse  la  température  s'élever  ou 
lorsque  la  dilution  augmente.  Dans  tous  les  cas  où  l'on  observe  ce  déchet,  on  peut 
déceler  dans  l'eau  mère  la  jjrésence  d'acide  pyruvique.  Ce  déchet  augmente  beaucoup 
en  présence  d'alcool.  C'est  pourquoi,  dans  la  saponification  de  l'éther,  on  ne  peut  re- 
venir à  l'acide  qu'après  avoir  chassé  entièrement  l'alcool  et  une  grande  partie  de 
l'eau. 

Les  apparences  que  j'ai  observées  n'ont  été  signalées  pour  aucun  des 
produits  de  condensation  de  l'uréthane  qu'on  pourrait  rapprocher  de 
celui-ci  :  elles  soulignent,  comme  je  l'ai  déjà  fait  à  maintes  reprises,  l'im- 
portance de  la  juxtaposition  de  la  fonction  acide  et  de  la  fonction  cétonique 
dans  la  molécule  pyruvique,  la  plus  simple  de  celles  où  cette  juxtaposition 
puisse  se  rencontrer. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Conclensalion  des  amidcs  acélylèniqiies  avec  les  phénols. 
Mélliode  générale  de  synthèse  d'arnides  élhyléniqiies  f^-oxypbénolés.  Note 
de  MM.  Ch.  Moureu  et  J.  Lazennec,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

Nous  avons  montré  dernièrement  (^Comptes  rendus,  5  février  1906)  que 
les  nitriles  acétyléniques  pouvaient  être  condensés  avec  les  alcools  et  les 
phénols,  avec  formation  de  produits  d'addition  résultant  de  la  fixation  de 
molécules  alcooliques  ou  phénoliques  sur  la  liaison  acétylénique.  Les 
amides  acétyléniques  R  —  C^C  —  CO.AzH-  sont  susceptibles  de  donner 
des  produits  de  condensation  analogues.  Nous  décrirons,  dans  cette  Note, 
les  résultats  de  nos  expériences  avec  les  phénols,  qui  nous  ont  fourni 
quelques  composés  bien  définis. 


SÉANCE  DU  9  AVRIL  1906.  895 

D'une  manière  générale,  nous  avons  employé  le  mode  opératoire  suivant  : 
On  dissout  à  chaud  du  sodium  (1°')  dans  un  excès  de  phénol  employé,  et,  à  cette 
liqueur,  chauflTée  vers  i3o°,  on  ajoute  l'amide  (1™°')  dissoute  dans  un  peu  de  phénol 
chaud-,  la  masse  se  colore  peu  à  peu  en  brun  plus  ou  moins  foncé.  Après  avoir  chauffé 
le  mélange  vers  i4o°  pendant  quelques  heures,  on  élimine  la  majeure  partie  du  phénol 
en  excès  par  distillation  d;ins  le  vide,  et  l'on  reprend  le  résidu  par  l'éther  ou  le  ben- 
zène. On  élimine  les  dernières  traces  de  phénol  par  des  lavages  à  la  soude  étendue,  on 
sèche  la  liqueur  et  l'on  évapore  le  solvant;  le  résidu  constitue  l'amide  phénoxylée,  qui 
tantôt  est  huileuse  et  tantôt  peut  être  obtenue  cristalline. 
Voici  les  comjjosés  que  nous  avons  ainsi  préparés  : 


Points 
de  fusion. 

Amide  [i-amyl-fl-orll,c>crésoxyacrylique  C'H"—  C(OC''  H'—  CFP)  —  Cil  —  CO  AzH^ huile 

»        p-hexyl-S-phénoxyacrylique  CH'»— C(OC«PF)  =  CH  —  CO AzH^ huile 

.)        |3-phényl-|3-phénoxyacrylique  CH'—  C(OG«  H^)  =  Cil  -  CO.\zIP '9â''-'97" 

fi-phényl-(3-orthocrésoxyacrjlique  C«H»— GCOCH*— CtP)  =  CHCOAzH'^ 1  68' 

p-gaïcacoxjacrylique  C'IF—  C(OC«H*—  OCH^*)=:  CM  —  COAzH- i5S" 

Quant  à  la  constitution  de  ces  corps,  elle  est  nettement  établie  par 
l'examen  de  leurs  produits  d'hydrolyse.  Sous  l'action  à  chaud  de  l'acide 
suU'urique  à  10  pour  100,  ils  sont  totalement  dédoublés,  après  quelques 
heures  d'ébullition  à  reflux,  en  acétone  correspondante  et  phénol  corres- 
pondant. L'amide  hexylphéiioxyacrylique,  par  exemple,  fotirnit  ainsi  de  la 
méthylhéxylcétone  et  du  crésol  ;  conformément  à  l'équation  suivante 

CH'^  -  C(OC«H=)  =  Cli  -  COAzH'*  4-  2H"-0 

Ami  de 
hexyl-pliénoxy-acrylique. 

=  (;°H''  -CO  -  CH'  ^-C'■H'('  "'/j  -4- AzH'  +  CO=. 

Méthylhéxylcétone.  — — — ■      ■ 

Phénol. 

MINÉRALOGIE.  —  Genràe  d'un  minerai  de  fer  par  décomposition  de  la  glaucome . 
Note  de  M.  L.  C.weux,  présentée  par  M.  Michel  Lévy. 

Ou  a  exploité  pendant  longtemps  dans  l'arrondissement  de  Vouziers,  et 
notamment  à  Grandpré  (Ardeniies),  un  minerai  en  grains,  subordonné  à 
l'Aptien  et  souvent  désigné  sous  le  nom  tle  minerai  de  fer  hydroxydé  ooli- 
thique.  Il  formait  des  couches  d'une  épaisseur  moyenne  de  i™  à  l'^.So  et 
quelquefois  de  2™,5o  à  3".  Selon  Sauvage  et  Buvignier,  les  éléments  fer- 
rugineux constituaient  généralement  le  tiers  du  volume  de  la  masse  argilo- 


896  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

sableuse  qui  les  renfermait.  Le  dépôt  était  fréquemment  beaucoup  plus 
riche  et  pouvait  produire  jusqu'aux  |  de  minerai  bon  à  fondre. 

Le  minerai  de  Grandpré  renferme  des  minéraux  variés  auxquels  s'ajoutent 
des  organismes  et  un  ciment  dans  les  échantillons  cohérents.  Seuls  les 
minéraux  retiendront  notre  attention. 

Les  matériaux  nettement  élastiques  sont  représentés  par  une  proportion 
très  variable,  toujours  notable  et  parfois  1res  élevée  de  grains  de  quartz 
anguleux  ou  arrondis  de  toutes  dimensions;  les  plus  gros  mesurent  jusqu'à 
2'"'"  et  3°'""  de  diamètre.  L'orlhose  y  figure  à  l'état  île  particules  plus  ou 
•moins  altérées. 

Les  minéraux  les  plus  répandus  sont  la  limonite  et  la  glaucome.  C'est  par 
le  dernier  élément  cpie  je  commencerai  l'étude  micrographique  du  minerai 
de  Grandpré. 

Glauconie.  —  L'examen  des  échantillons  fait  supposer  qu'elle  est  très 
clairsemée  dans  le  dépôt.  On  constate  au  microscope  qu'elle  est  effective- 
ment beaucoup  moins  répandue  que  la  limonite.  Elle  fournit  des  sections 
arrondies,  elliptiques  ou  très  irrégulières.  Ses  propriétés  ne  diffèrent  en 
rien  de  celles  de  la  glauconie  des  roches  siliceuses  (').  Son  apparence  fine- 
ment granulée  mérite  seule  une  mention.  La  glauconie  du  minerai  pré- 
sente son  maximum  d'intérêt  quand  elle  est  en  voie  d'altération;  ses  prin- 
cii^aies  manières  d'être  sont  les  suivantes  : 

1.  Certains  individus,  dont  la  couleur  verte  viie  au  brun  à  la  surface,  n'ont  subi 
qu'un  léger  commencement  d'altération;  d'autres,  essentiellement  ferrugineuN, 
montrent,  au  milieu  de  la  matière  brune  qui  les  envahit,  de  petits  noyaux  verts  très 
irréguliers  qui  ont  échappé  à  la  destruction. 

•2.  L'altération  est  localisée  sur  le  bord  de  larges  fentes  qui  traversent  les  grains. 

3.  iille  se  fait  simultanément  en  divers  points  isolés,  répartis  à  l'intérieur  des  élé- 
ments, et  le  pourtour  reste  intact  ou  non. 

4.  La  transformation  n'afTecle  que  la  région  centrale  des  corps  glauconieux  et  la 
surface  ne  subit  aucune  décomposition. 

5.  Des  grains  deviennent  vert  brunâtre,  par  suite  d'un  commencement  d'altération 
de  tout  le  minéral.  Il  existe  de  nombreux  termes  de  passage  entre  les  individus  fran- 
chement verts  et  les  éléments  ferrugineux  qui  constituent  le  minerai. 

En  conséquence,  tous  les  minéraux  partiellement  ferrugineux  corres- 
pondent à  ties  grains  de  glauconie,  plus  ou  moins  décomposés  et  trans- 
formés en  limonite. 


(')  L.  Ckii^vx^  Contribution  à  l'étude  micrographique  des  terrains  sédimentaires, 
1897  :  Etude  de  la  glauconie  des  roc/tes  siliceuses,  p.  i63. 


SÉANCE    DU    9   AVRIL    1906.  i^Q'j 

Limonite.  —  La  plus  grande  partie  des  grains  ferrugineux  ne  laissent 
voir  aucun  vestige  de  glauconie.  Il  n'en  est  pas  moins  certain  que  toute  la 
limonite  du  dépôt  dérive  de  ce  minéral. 

1.  Les  grains  de  limonite  onl  la  même  forme  et  le  même  volume  que  ceux  de 
glauconie. 

2.  On  retrouve  dans  tous  les  individus  exclusivement  ferrugineux  la  structure 
grenue  dont  j'ai  noté  l'existence  dans  la  glauconie  intacte  ou  en  voie  de  décomposition. 

3.  Quand  on  fait  séjourner  le  minerai  dans  l'acide  clilorhydrique  chaud  pendant 
quelques  minutes,  le  liquide  se  charge  rapidement  d'oxyde  de  fer,  les  éléments  ferru- 
gineux perdent  leur  couleur  brune  et  verdissent  peu  à  peu,  pour  prendre  finalement 
l'apparence  de  grains  de  glauconie.  Doii  le  fond  même  de  tous  les  corps  ferrugineux 
est  un  élément  glauconieux,  masqué  par  la  limonite  secondaire  qui  en  procède  par 
décomposition. 

Il  résulte,  avec  évidence,  de  ces  faits,  que  le  minerai  de  Grandpré  s'e.^l 
formé  aux  dépens  d'un  dépôt  originellement  très  glauconieux,  dont  la 
glauconie  s'est  altérée  et  transformée,  en  grande  partie,  en  limonite.  C'est 
le  seul  minerai  de  fer  de  France  qui  dérive  directement  de  la  glauconie. 
Sa  structure  et  son  origine  l'éloignent  des  minerais  oolithiques  avec  lesquels 
il  avait  été  confondu. 


BOTANIQUE.  —  Note  préliminaire  sur  les  globoïles  et  certaines  granulations 
des  graines,  ressemblant  par  quelques-unes  de  leurs  propriétés  aux  corpus- 
cules métachromatiques.  Note  de  MM.  J.  Beauverie  et  A.  Guilliermoxd, 
présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

L'un  de  nous  a  attiré  l'attention  sur  le  rôle  important  que  paraissaient 
jouer  les  corpuscules  métachromatiques  chez  les  Protistes  et  notamment 
dans  les  Champignons.  Ces  grains  de  sécrétion,  caractérisés  par  leur  vive 
affinité  pour  les  colorants  ainsi  quepar  leur  métachromasie,  se  rencontrent, 
en  effet,  en  très  grande  abondance  chez  la  plupart  des  Protistes  (Champi- 
gnons, Cyanophycées,  Bacléries,  Diatomées,  Piotozoaires,  etc.). 
Arthur  Meyer,  qui  a  recherché  leur  nature  chimique,  a  émis  l'opinion  que 
les  corpuscules  métachromatiques  étaient  constitués  par  une  combinaison 
d'acide  nucléique  avec  une  base  organique  inconnue  :  il  désigne  Irur 
substance  sous  le  nom  de  grains  de  volutine  et  il  mentionne  la  présence 
d'une  substance  voisine  de  la  volutine  dans  les  globoïdes  de  Ricinus  com- 
mums.  Les  globoïdes  renfermeraient  donc,  en  même  temps  que  le  glycéro- 


898  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

phosphate  de  Ca  et  de  Mg  que  l'analyse  chimique  a  révélé,  une  substance 
albuminoïde  voisine  de  la  voliUine.  Meyer  n'insiste  pas  sur  celte  question. 

1°  Si  l'on  colore  au  bleu  Unna  des  coupes  de  graines  de  Ricinus  commuais  fixées 
à  l'alcool,  on  obtient  une  coloration  rouge  vineux  des  globoïdes.  Ceux-ci  se  présentent 
avec  des  caractères  très  voisins  des  corpuscules  métacliromatiques  ;  ils  sont  disposés 
autour  du  cristalloïde  de  protéine  qui  généralement  ne  se  colore  pas  ou  prend  une 
teinte  bleu  pâle  et  ils  offrent  l'aspect  de  globules  de  dimensions  très  variables,  les  uns 
très  gros,  les  autres  extrêmement  petits  ;  parfois,  ils  ont  un  contour  plus  ou  moins 
lobé.  La  partie  périphérique  des  globoïdes  est  généralement  plus  fortement  colorable 
que  le  centre,  comme  cela  s'observe  dans  les  corpuscules  métachrouialiques.  Outre 
cette  zone  externe,  on  remarque  parfois,  au  centre,  un  petit  granule  très  colorable; 
même  les  globoïdes  se  montrent  souvent  constitués  de  plusieurs  zones  concentriques 
fortement  colorables  alternant  avec  des  zones  pâles,  ce  qui  semble  indiquer  l'existence 
de-zones  de  concentration  diO'érentes.  La  coloration  des  globoïdes  est  extrêmement 
délicate,  ce  qui  les  distingue  des  corpuscules  métacliromatiques  qui  fixent  les  colorants 
avec  la  plus  grande  facilité.  Us  paraissent  s'altérer  par  la  chaleur  et  il  est  difficile  de 
les  étudier  dans  les  coupes  à  la  paraffine;  aussi  est-il  préférable  d'employer  les  coupes 
au  coUodion.  Les  globoïdes  se  colorent,  en  outre,  par  leJjleu  de  méthylène  et  présentent 
une  très  légère  métachromasie,  beaucoup  moins  accusée  que  celles  des  corpuscules 
métacliromatiques.  Ils  ne  lixent  pas  i'hémalun  qui  donne  au  contraire  une  coloration 
intense  aux  corpuscules  métachromaliques.  Ils  présentent  la  réaction  1  de  Meyer,  que 
cet  auteur  considère  comme  un  des  caractères  les  plus  importants  des  corpuscules 
métachromatiques,  c'est-à-dire  qu'ils  restent  colorés  par  le  bleu  de  méthylène  après 
traitement  jjar  une  solution  aqueuse  à  jj-j-  de  SO'H-,  mais  la  solution  de  SO*  11- paraît 
exercer  une  action  sur  eux,  car  ils  se  pulvérisent  à  son  contact. 

Nous  avons  étudié  les  globoïdes  dans  un  certain  nombre  de  graines  (Noix,  Bertho- 
letia,  Lupin  blanc)  et  partout  nous  les  avons  retrouvés  avec  les  mêmes  caractères.  Dans 
le  Lupin,  cependant,  oii  il  n'existe  pas  de  cristalloïdes,  les  globoïdes  sont  répartis  dans 
toute  la  masse  du  grain  d'aleurone  sous  forme  de  très  petites  gianulations. 

Nous  avons  observé  la  manière  dont  se  comportent  les  globoïdes  pendant  la  germi- 
nation, dans  le  Ricin.  Dès  les  premiers  jours,  on  constate  d'abord  im  gonfiement  des 
globoïdes,  puis  ceux-ci  paraissent  se  fragmenter  et  subir  comme  une  pul\  érisation  : 
ils  se  disposent  alors  tout  autour  du  cristalloïde,  tandis  que  ce  dernier  se  fragmente  à 
son  tour  et  se  dissont  peu  à  peu.  Pendant  qu'au  sein  de  la  substance  amorphe,  le  cris- 
talloïde est  en  voie  de  dissolution,  la  quantité  des  corpuscules,  provenant  des  glo- 
boïdes primitifs,  paraît  s'accroître  ;  ces  corpuscules  sont,  en  effet,  sensiblement  plus 
nombreux  pendant  la  germination  que  dans  la  graine  non  germée.  Toutes  ces  modifi- 
cations sont  surtout  appréciables  après  48  heures  de  gemiination.  En  outre,  on  cons- 
tate souvent,  dans  le  cytoplasme  des  cellules  de  l'albumen,  l'apparition  de  fines  granu- 
lations métachromatiques  présentant  à  peu  près  les  mêmes  caractères  (jue  les  glo- 
boïdes. Au  bout  de  8  jours,  les  cristalloïdes  ont  complètement  disparu,  de  même  que 
les  globoïdes.  Au  cours  de  la  germination,  le  noyau  subit  des  modifications  impor- 
tantes :  dans  la  graine  non  germée,  il  est  1res  granuleux  avec  un  contour  amiboïde. 
H  se  gonfle  au  débal  de  la  germiftation  :  puis,  après  5'8  heures,  il  se  transforme  en  une 


SÉANCE  DU  9  AVRIL  1906.  899 

grosse  vésicule  avec  un  énorme  nucléole  et  quelques  granules  clironialiques  tlisposés 
au  voisinage  de  la  membrane  nucléaire  clans  le  nucléoplasme.  L'huile  est  absorbée 
moins  rapidement  que  les  réserves  albuminoïdes  :  elle  ne  commence  à  diminuer  que 
vers  le  sixième  jour. 

3"  Nous  avons  eu  l'occasion  de  rencontrer  dans  les  graines  de  quelques  Graminées 
(orge,  seigle,  maïs)  des  granulations  présentant  par  leurs  formes  ainsi  que  par  leurs 
caractères  de  coloration  de  grandes  analogies  avec  les  globoïdes.  Ce  sont  de  petites 
granulations  sphériques,  dont  les  unes  ont  des  dimensions  moyennes  et  dont  les  autres 
sont  à  Tétat  de  fines  ponctuations.  Elles  s'observent  dans  toutes  les  cellules  de  l'assise 
proléique  et  dans  la  plupart  des  cellules  du  cotylédon.  Dans  l'assise  protéique  elles  sont 
réparties  en  quantité  considérable  dans  toutes  les  cellules;  elles  sont  également  très 
nombreuses  dans  les  cellules  du  parenchyme  du  cotylédon  :  ces  dernières  présentent 
un  noyau  placé  au  centre  et  un  cytoplasme  plus  ou  moins  alvéolaire  rempli  de  granu- 
lations métachromatiques.  On  remarque  dans  ces  cellules,  en  même  temps  que  ces 
granulations,  des  grains  d'amidon  transitoire  dont  la  présence  avait  déjà  été  sigaalée 
par  Brown  et  Morris;  on  y  observe  également  une  grande  quantité  d'huile.  Les  granu- 
lations métachromatiques  sont  moins  nombreuses  et  moins  grosses  dans  l'assise  externe 
du  cotvlédon,  celle  qui,  avec  l'assise  protéique,  jouerait  le  principal  rôle  dans  l'élabora- 
tion de  l'amylase,  d'après  Brown  et  Morris;  mais  elles  y  existent  à  l'étal  de  très  fines 
ponctuations.  Les  granulations  sont  solubles  ])ar  Facide  acétique  comme  les  globoïdes  : 
elles  se  colorent  en  rouge  vineux,  par  le  bleu  Unna  et  le  violet  de  gentiane,  et  en  bleu 
foncé,  violacé  par  le  bleu  de  méthylène  :  la  métachroinasie  est  avec  ce  dernier  colorant 
plus  accentuée  que  dans  les  globoïdes.  Elles  présentent  à  peu  près  la  forme  des  glo- 
boïdes et  ont  une  paroi  fortement  colorable  et  un  centre  qui  reste  très  pâle,  avec  par- 
fois un  granule  central.  Leur  coloration  s'elVeelue  un  peu  plus  facilement  que  celle  des 
globoïdes. 

On  rencontre  ces  granulations  dans  les  graines  non  germées;  elles  persistent 
jusqu'après  la  digestion  complète  de  l'albumen  :  à  partir  de  ce  moment  elles  dispa- 
raissent complètement. 


BOTANIQUE.    —   Le   Khaya    de  Madagascar.    Note   de   MM.    H.   Jit.melle 
et  H.   Perrier  de  la  Bathie,   présentée  par  M.   Gaston  Bonnier. 

Le  genre  Khaya  n'est  actuellement  bien  connu  que  sur  la  côte  occiden- 
tale (l'Afrique,  où  il  est  représenté  par  deux  espèces  :  le  Khaya  senegalen- 
sis  Jiiss,  qui  est  le  cail-cédra  on  acajou  du  Sénégal,  et  le  Khaya  anlholheca 
D.  C,  qui,  dans  l'Angola,  est  le  cabaha  des  Mahiingos.  Sur  la  côte  orien- 
Lnle,  ce  n'est  qu'avec  doute  que  la  présence  de  la  première  de  ces  deux  es- 
pèces est  admise  par  Oliver,  d'après  des  spécimens  très  incomplets,  re- 
cueillis par  Speeke  et  Grant  dans  la  région  du  Nil  Blanc  et  par  le  l^  Meller 
dans  le  Zambèze. 


pOO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Celle  incerlilude  sur  l'extension  du  genre  au  delà  de  l'Afrique  occiden- 
tiile  n'en  rend,  croyons-nous,  que  plus  inléressanle  la  découverte  de  la 
troisième  es|)èce  que  nous  signalons  aujourd'hui  el  qui  appartient,  celle- 
ci,  à  la  flore  de  Madagascar,  où  elle  est,  dans  l'Ambongo  et  le  Boina,  un 
des  hazomena,  ou  «  bois  rouges  »  des  Sakalaves. 

Son  bois  a  été  quelquefois  exporté  au  Havre,  où  il  a  été  rapproché  de 
celui  de  Vaucoumé  du  Gabon  (Aucoumea  Klaineana),  et  vendu  aux  mêmes 
prix. 

C'est  un  grand  el  bel  arbre  de  20™  à  So™  de  hauteur,  à  tronc  très  droit 
et  cylindrique,  dont  l'écorce  est  brunâtre,  maculée  de  gris. 

Les  feuilles,  qui  sont  surtout  groupées  aux  extrémités  des  rameaux,  sont 
plus  petites  sur  les  vieux  pieds  que  sur  les  jeunes.  Sur  ces  derniers,  elles 
peuvent  avoir  1™  de  longueur  et  45'^"  de  largeur.  Elles  sont  glabres,  pari- 
pennées  el  composées  de  6  à  7  |)aires  de  folioles  plus  ou  moins  opposées, 
ondulées  sur  les  bords.  Ces  folioles  sont  brièvement  péliolées  (5""  à  6""")  et 
à  limbe  elliptique  oblong,  acuminé  au  sommet,  en  coin  à  la  base,  de  20*^'" 
environ  de  longueur,  sur  5'^™  à  5'^"',5  de  largeur. 

De  la  nervure  médiane,  très  fortement  saillante  sur  la  face  inférieure, 
partent  10  paires  environ  de  nervures  secondaires,  dont  les  inférieures 
seules  sont  opposées,  mais  les  supérieures  alternes,  toutes  un  peu  arquées 
et  se  réunissant,  par  leurs  extrémités,  en  une  nervure  marginale  ondulée, 
qui  est  beaucoup  moins  proéminente  et  visible  que  les  nervures  latéiales. 
Entre  toutes  ces  nervures  est  un  réseau  de  nervures  plus  fines,  bien  net 
par  transparence. 

Les  fleurs  apparaissent  en  septembre.  Les  4  sépales  sont  jaunâtres,  larges  et  courts, 
arrondis.  Les  4  pétales,  environ  cinq  fois  plus  longs  que  les  sépales,  ont  5"""  de  lon- 
gueur sur  2™™  de  largeur;  ils  sont  blancs,  convexes  extérieurement,  plus  épais  au 
milieu  que  sur  les  bords. 

l^e  tube  staminal,  de  même  hauteur  que  la  corolle,  est  légèrement  ventru  à  la  base, 
et  a  8  lobes  arrondis,  entre  lesquels  s'insèrent  8  élamines  incluses,  sessiles  el  jaunâtres. 

Le  disque  est  jaune  orange,  large,  crénelé. 

Le  style,  blanc,  se  termine  par  un  stigmate  discoïde,  qui  est  jaune,  puis  vert  supé- 
rieurement. L'ovaire  est  à  4  loges  mulliovulées. 

Les  fruits,  mûrs  en  mai  et  juin,  sont  des  capsules  fortement  ligneuses,  quadrllocu- 
laires,  chaque  loge  contenant  une  dizaine  de  graines  insérées  sur  deux  rangs.  La  dé- 
hiscence,  comme  dans  les  autres  espèces  de  Khaya,  est  seplicide,  el  les  4  valves  se 
rabattent  de  haut  en  bas,  en  laissant  toutefois  au  centre  une  colonne  à  4  ailes,  formées 
par  les  cloisons  des  loges.  Ces  valves  onl  6""  de  longueur  sur  3'^"',5  de  largeur. 

Les  graines  sont  aplaties,  brunes  et  entourées  d'une  membrane,  comme  celles  de 
Kliaya  senegalensis,  mais  de  forme  un  peu  diflerente  :  elles  ne  sont  pas  orbiculaires, 


SÉANCE  DU  9  AVRIL  I906.  901 

mais  plutôt  vaguement  triangulaires,  le  liile  correspondant  à  l'un  des  sommets  du 
triangle.  Elles  ont  souvent,  non  compris  la  membrane  bordante,  2=™  à  2'''", 5  de  largeur 
sur  i"",5  à  i''"\7  de  longueur,  mais  peuvent  êlre  aussi  plus  petites.  La  radicule,  f[ui 
est  papilliforme,  est  latérale  et  située  un  peu  au-dessus  du  liile.  L'embryon  est  ainsi 
obliquement  transversal. 

A  notre  avis,  cet  pmbryon  forme,  d'ailleurs,  seul  toute  Tamande,  car  nous  ne  voyons 
pas  pour  quelle  raison  Guillemin  et  PeiTotet,  puis  de  Candolle,  Bentham  et  Hooker, 
ainsi  que  Bâillon,  ont  admis  dans  le  genre  Kliaya  un  albumen  qui  serait  confusément 
soudé  avec  les  cotylédons.  L'amande  est  formée  de  deux  masses  égales,  traversées  par 
des  faisceaux  libéro-ligneux,  et  qu'aucun  caractère  n'empêche,  selon  nous,  de  consi- 
dérer comme  constituées  exclusivement  par  les  cotylédons. 

Tel  est  ce  Kliaya  de  Madagascar,  qui,  daiisrAmbongo  et  le  Boina,  poiisSe 
dans  toutes  les  alluvions  calcaires  et  humides  des  liords  des  rivières.  Il  ne 
manque  que  sur  les  sols  siliceux  où  il  est  remplacé  par  les  Canarium. 

Morphologiquement,  il  est  bien  distinct  du  Khaya  senegalensis.  Il  se  rap- 
procherait davantage  du  Khaya  anthotheca ;  mais  il  s'en  sépare  aussi  par  la 
forme  plus  allongée  et  la  nervation  de  ses  folioles  et  par  les  moindres 
dimensions  de  ses  graines. 

Nous  l'avons  donc  nommé  le  Khaya  madagascariensis. 

Ajoutons  que  le  tronc  sécrète  une  gomme  qui  se  concrète  sur  l'écorce  sous 
l'aspect  de  petites  stalactites,  dont  les  unes  sont  jaune  clair,  les  autres  plus 
brunes,  et  d'autres  verdàtres. 

Cette  gomme,  récoltée  depuis  quelque  temps,  contient  21  pour  100 
d'eau.  Supposée  sèche,  elle  se  compose  de  85  parties  solubles  dans  l'eau 
chaude  et  de  i5  parties  gonflables,  mais  insolubles. 

La  portion  soluble  dans  l'eau  chaude  reste  dissoute  après  refroidissement 
et  donne  des  solutions  épaisses,  mais  encore  parfaitement  liquides,  en  pré- 
sence de  12  fois  son  poids  d'eau. 

Ces  solutions,  plus  ou  moins  colorées,  ont  l'aspect  de  solutions  dégomme 
à'  Acacia  Sénégal;  étendues  en  couche  sur  le  papier,  elles  lui  donnent  une 
certaine  adhesivité. 

La  gomme  en  est  précipité«i,  à  l'état  gélatineux,  par  l'acétate  neutre  et  par 
le  sous-acétate  de  plomb;  elle  n'est  pas  précipitée  ici  par  le  perchlorurede 
fer  qui,  en  outre,  ne  provoque  aucun  changement  de  coloration. 

C'est  donc  une  gomme  sans  tanin;  elle  est,  du  reste,  sans  odeur  ni 
saveur. 


C.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  15.)  HQ 


902 


ACADEMIE    DES   SCIENCES. 


CHIMIE  VÉGÉTALE.   —  Étude  des  variations  de  l'azote  et  de  l'acide 
pliosphorique  dans  les  sucs  d'une  plante  grasse.  Note  de  M.  G.  André. 

Dans  deux  Communications  précédentes  (^Comptes  rendus,  t.  CXLII, 
1906,  p.  106  et  226)  j'ai  étudié  la  composition  des  liquides  qui  circulent 
dans  un  végétal  en  extrayant,  par  une  pression  convenable,  une  partie  des 
sucs  que  contient  la  plante.  De  la  quantité  de  suc  extrait  ainsi  j'ai  déduit 
par  le  calcul  celle  qui  demeurait  encore  dans  le  végétal  en  faisant  l'hypo- 
thèse que  la  concentration  était  la  même  dans  la  partie  du  liquide  extrait 
directement  et  dans  celle  qui  reste  encore  dans  les  tissus  de  la  plante. 

Je  me  suis  servi  du  même  procédé  pour  examiner  la  répartition  de  l'azote 
et  celle  de  l'acide  phosphorique  dans  les  sucs  d'une  plante  grasse,  Mesem- 
hrianthemum  crislallinum,  à  diverses  périodes  de  sa  végétation,  plante  chez 
laquelle  j'ai  antérieurement  étudié  la  répartition  des  cendres  et  des  acides 
organiques  {Comptes  rendus,  t.  CXXXVII,  igoS,  p.  1272;  t.  CXXXVIII, 
rpo/i,  p.  639;  t.  CXL,  1903,  p.  1708).  Les  chiffres  qui  figurent  dans  le 
Tableau  ci-joint  se  rapportent  au  suc  total  calculé  contenu  dans  la  plante. 


3  2 


A,  ô 

a 


100  parlics  de 
matière  sécbc 
conlîenncnt 


1 3i  mai 

1  [ 1 5  j  H  i  11 

Ml iSjuillel 

I\ 31  aoi'il 

V 4  octobre 


ir)o5    96,54  3,4o  1,97 

95,97  3,16  ■2,1.2 

93,60  3,26  5,73 

»       91,59  2,53  ;!,35 

ç)3,i9  2,8:',  2,70 


s§  a 


contenu  dans  le  suc  de  la  plante 
^  correspontiant  à 

2       100  parties  do  matière  sêclie. 


2832  1,0933  o,i5o6  1,1(367  0,58  o,4i  0,09 

2429  1,8089  0,7189  1,9432  0,70  0,58  0,87 

i528  2,5701  0,742c  2,6770  o,83  0,78  0,98 

iiSa  1,6796  o,85o5  1.792.'  0,92  0,66  0,76 

1424  i,64o4  0,71.77  1,7116  0,9.5  0,57  o,63 


I.  Le  rapport  entre  l'acide  phosphorique  total  de  la  matière  sèche  et 
l'azote  total  (colonne  8)  augmente  progressivement  jusqu'à  devenir 
presque  égal  à  l'unité.  Pour  faire  apparaître  la  relation  habituelle  qui 
existe  entre  ces  deux  éléments,  il  faut  prendre  le  rapport  entre  l'azote  to- 
tal du  suc  et  l'azote  total  de  la  matière  sèche  (colonne  9);  on  remarque 
alors  que  ce  rapport  présente  un  maximum  à  la  troisième  prise  d'échan- 
tillons, époque  du  repiquage  de  la  plante  et  du  début  de  sa  floraison.  A  ce 


SÉANCE  DU  9  AVRIL  1906.  9o3 

moment,  plus  des  trois  quarts  de  l'azote  total  du  végétal  existent  sous  forme 
soluble.  Dans  la  suite,  cet  azote  se  dépose  partiellement  sous  forme  de 
composés  complexes  insolubles,  comme  l'indique  la  décroissance  du  rap- 
port précédent.  Cependant,  plus  de  la  moitié  de  l'azote  circule  encore  sous 
forme  soluble  au  4  octobre.  La  plante  est,  d'ailleurs,  très  vigoureuse  à  cet 
dite.  Pour  montrer  quelle  est  la  marche  de  la  végétation  à  partir  du  mo- 
ment où  l'on  a  constaté  le  maximum  d'azote  soluble,  il  suffit  de  jeter  les 
yeux  sur   le   Tableau  suivant  (moyenne   établie  sur  un  nombre  de  10  à 

5o  individus)  : 

3i  mai.        iti juin.      ij  juillet.       ji  août.       !^  octobre. 

Une  plante  fraîclie  pèse.. .  .      i6s,5a         .jos5i      i.>6s,70     11685,40     17.596,00 
»  séchée  à  iio'\..        05,0718       -'.-yO'j       10^,02         982,26       iigSjSo 

Du  3i  mai  au  16  juin  (17  jours)  la  plante  a  gagné  i^',4782  de  matière 
sèche,  soit  0^^,0869  par  jour;  du  16  juin  au  i.5  juillet  (29  jours),  elle  a 
gagné  7^,97,  soit  o»,  i'j^H  par  jour;  du  i5  juillet  au  2t  août  (3j  jours),  elle 
a  gagné  88^,24,  soit  2^,  3848  par  jour  (cette  période  correspond  à  la  dimi- 
nution du  rapport  entre  l'azote  total  organique  du  suc  et  l'azote  total  de  la 
matière  sèche).  Enfin,  du  21  août  au  4  octobre  (44  jours),  la  matière  sèche 
ne  s'est  accrue  que  de  2i''',54i  soit  0^,489$  par  jour. 

II.  Le  rapport  entre  l'acide  phosphorique  total  du  suc  et  l'acide  phospho- 
rique  total  de  la  matière  sèche  (colonne  10)  suit  exactement  la  même 
marche  que  celle  du  rapport  qui  vient  d'être  étudié.  Au  moment  du  maxi- 
mum (3*=  prise),  alors  que  l'azote  soluble  représentait  seulement  les  trois 
quarts  de  l'azote  total,  l'acide  phosphorique  se  trouve  en  presque  tota- 
lité (-^)  sous  forme  soluble.  A  partir  de  cette  époque,  ce  rapport  décroît 
parallèlement  à  celui  de  l'azote.  Ajoutons  que,  au  moment  du  maximum, 
les  —  de  l'acide  phosphorique  du  suc  étaient  précipitables  directement  dans 

ce  suc  au  moyen  de  la  mixture  magnésienne.  D'ailleurs,  durant  toute  la 
période  de  végétation,  la  proportion  de  cet  acide  phosphorique,  directe- 
ment précipitable,  est  toujours  très  élevée.  Il  semble,  d'après  cela,  que,  dans 
la  plante  examinée,  il  n'existe  de  combinaisons  phospho-organiques  inso- 
lubles qu'en  faible  quantité.  En  somme,  Vacide  phosphorique  et  l'azote  so- 
liibles  présentent  les  mêmes  maxima  aux  mêmes  périodes  de  végétation.  Quant 
au  rapport  entre  l'acide  phosphorique  total  du  suc  et  l'azote  total  de  ce  même 
suc,  il  est  remarquablement  constant  à  partir  de  la  deuxième  prise  d'échan- 
tillon et  succes.sivement  égal  à  :  o,  83,  1,04,  i,o4,  r,o6,  1,04. 


9^^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Je  terai  remarquer  en  terminant  que  le  taux  de  l'azote  nitrique  contenu 
dans  le  suc  du  Mescmbriaiithemuin  est  toujours  élevé.  Le  rapport  entre 
l'azote  nitrique  du  suc  et  l'azote  organique  de  ce  suc  est  égal  à  o,  5o  et  o,43 
aux  deux  dernières  prises  d'échantillon. 


CHIMIE    AGRICOLE.     —     Traitement    cuivrique    des    semences. 
Note  de  M.  E.  Bréal,  présentée  par  M.  L.  Maquenne. 

Dans  une  Note  présentée  antérieurement  à  l'Académie  par  M.  Giusti- 
niani  et  moi  nous  avons  montré  qu'on  peut  obtenir  des  excédents  notables 
de  récolte  en  recouvrant  les  semences  d'un  enduit  cuivrique  à  base  de 
fécule.  Je  ferai  connaître  aujourd'hui  les  résultats  que  j'ai  obtenus  dans  le 
courant  de  l'année  dernière  sur  quatre  espèces  de  maïs,  soumises  au  même 
traitement. 

La  bouillie  cuivrique  se  prépare  en  faisant  bouillir  3o^  de  fécule  dans  i' 
d'eau,  tenant  en  dissolution  3^  de  sulfate  de  cuivre.  On  laisse  séjourner  les 
graines  pendant  20  heures  dans  le  mélange  refroidi,  on  les  dessèclie  super- 
ficiellement par  exposition  à  Tair,  puis  on  les  trempe  dans  l'eau  de  chaux 
et  l'on  sèche  à  nouveau.  Les  graines  ainsi  traitées  conservent  leur  aspect 
ordinaire;  elles  augmentent  de  poids  de  5  pour  100  environ. 

Les  cultures  ont  été  faites  comparativement  sur  des  parcelles  d'égale  surface,  por- 
tant le  même  poids  de  graines  normales  ou  enduites;  les  expériences  ont  eu  lieu  dans 
le  jardin  annexé  au  laboratoire  de  Physique  végétale,  à  la  pépinière  du  Muséum  et 
enfin  à  Massy-Palaiseau,  chez  M.  Vilmorin. 

Noi/ibre 

(le  graines  levées                 Récolte  fraîche.  Récolte  sèche. 

Variétés  Poids         —      ■ ^— — — -  ~~ — — ~^ — -~ — .        

de  maïs                       de  la  Graines          Graines  Graines           Graines 

employées.                semence,     normales,     enduites.  normales.      enduites.  normales.       enduites. 

,      ,.      ,      /   Auxonne 5  i.5  22                1 8.5o  2  44'^  210  38o 

Jardin  du  \   t           ,  ...,  k  «                                                        o  q  n  r 

.  ,            )  Jaune  hatil 5  o                 9                  -joo  1  000  109  390 

lal-^ora-  {  /^        .  ^                    .-  r,  i  ,   ^ 

1  (jros  laune b  12  12      2D00  0200  220  io5 

toire       I 

[  Dent  de  cheval. .  .  5  .5  10               4  900  49^0  »  « 

„,    .    .,       (  Auxonne 10  4o  44  4760  6060  qoo  1021 

Pepinien-  \   ^         ,      ,        ,  ,  .  ,, 

(  Dent  de  clieval.  .  .  lo  14  ta  'yQ'^o  10000  »  » 

Massy-      [  Auxonne 20  38  4^  i4ïoo  i55oo  »  » 

Palai?eau    (  Dent  de  cheval. .  .  20  21  3o  »  »  »  » 

On  voit  que  les  semences  traitées  germent  en  plus  grand  nombre  et,  en 


SÉANCE  DU  9  AVRIL  1906.  9o5 

général,  donnent  de  plus  fortes  récoltes  que  les  semences  normales,  ce  qui 
tient  sans  doute  à  la  plus  grande  résistance  qu'elles  opposent  aux  micro- 
organismes  parasites.  Ceci  est  conforme  à  nos  conclusions  antérieures. 

J'ai  constaté,  en  outre,  que  les  graines  enduites  de  bouillie  cuivrique 
perdent  moins  de  poids  que  les  autres  pendant  leur  germination  et  que, 
dès  le  début  de  la  végétation,  les  jeunes  plantes  qu'elles  fournissent 
renferment  davantage  de  substance  sèche.  Les  expériences,  effectuées  au 
Muséum,  dans  la  serre  du  laboratoire  de  Physique  végétale,  ont  porté 
simultanément  sur  le  blé,  l'avoine,  l'orge  et  le  maïs,  ensemencés  dans  des 
fliicons  à  large  col,  de  200™'  de  capacité;  les  récoltes  étaient  enlevées, 
séchées  et  pesées  dès  que  les  tiges  commençaient  à  sortir  des  vases. 

Dans  le  Tableau  qui  suit,  on  a  ramené  tous  les  nombres  par  le  calcul 
à  100'''  de  graines,  de  façon  à  faciliter  la  comparaison  des  résultais  obtenus. 

Récolte  sèclie. 

Durée  Poids  — — ~ —  -  — ■ 

Nature  de  la  clés  graines        Graines  Graines         Miirércnces 

des  graines.  gertiiination.       sèches.  normales.         enduites.  pour  1011. 

jours  (.'  '  K  t.' 

Ijlé  de  Bordeaux 25  88  60  72  20 

»                 52  »  45  66  46 

Blé  Datlel 20  87  77  .81  5 

»         4o  »  65  75  1 5 

Blé  Japhet 20  89  77  80  4 

»     4o  »  60  67  II 

Blé  Bordier 2.^  87  74  76  2 

))           37  »  60  69  i5 

15lé  de  Saumur 20  88  75  83  10      • 

Avoine  de  Houdan 27  87  70  78  11 

Avoine  de  Brie 28  89  67  82  7 

Orge 23  90  62  70  i4 

Maïs,  gros  jaune 5o  89  72  80  11 

Maïs,  denl  de  cheval Sa  89  73  81  10 

Les  excédents  portent  surtout,  ainsi  que  le  montre  le  Tableau  suivant, 
sur  les  tiges  et  les  jeunes  feuilles  :  les  poids  sont  encore  rapportés  a 
100  parties  de  semence  : 

Tiges  et  feuilles  Cotylédons   et   racines 

provenant  de  graines  provenant  de  graines 

normales.  enduites.  normales.  enduites. 

e  e  s  g 

Blé  de  Bordeaux i3  20  46  45 

Blé  Bordier |5  25  4^  4° 

Blé  Daltel 10  16  53  48 


9o6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

En  résumé,  la  stérilisation  superficielle  des  graines  par  la  bouillie  cui- 
vrique  n'a  pas  seulement  pour  effet  de  prévenir  les  maladies  cryploga- 
raiques  qui  souvent  com|)roinettent  les  récoltes;  elle  favorise  en  même 
temps  la  levée  des  semences  et  assure  une  meilleure  utilisation  de  leurs 
réserves,  d'où  un  excès  de  production  végétale  qui  est  sensible  dès  le  début 
de  leur  développement. 


PHYSIOLOGIE.  —  Sur  les  chaleurs  de  combustion  et  la  composition  des  os  du 
squelette,  en  fonction  de  l'âge,  chez  les  cobayes.  Note  de  M.  J.  ïribot, 
présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

Dans  nos  piécédentes  Notes  (')  en  vue  de  l'étude  de  l'évaluation  de  la 
fonction  Ef  de  M.  Ernest  Solvay  (^),  nous  avons  résumé  les  résultats  ob- 
tenus sur  l'évolution  des  tissus  nerveux  et  musculaire  d'un  certain  nombre 
de  cobayes,  en  fonction  de  l'âge,  au  point  de  vue  chimique  et  calorimé- 
trique. 

Nous  avons  complété  ce  travail  en  déterminant,  en  même  temps  que  la 
teneur  en  matières  minérales  et  en  matières  organiques  des  os  du  squelette 
chez  le  cobaye,  leur  composition  en  P-0%  leur  teneur  en  eau  et  leurs 
chaleurs  de  combustion. 

Les  matériaux  nécessaires  à  notre  étude  nous  ont  été  obligeamment 
fournis  par  M""  Stéfanowska. 

Dans  la  majorité  des  cas,  les  squelettes  ont  été  nettoyés  avec  de  la  soude 
caustique  à  3o-35  pour  loo,  ils  séjournaient  environ  une  demi-heure  dans 
la  solution  caustique  chaude  et  étaient  ensuite  lavés  dans  un  fort  courant 
deau  froide. 

Le  tissu  osseux  a  été  obtenu  à  l'état  sec  par  exposition  à  l'air  libre,  en 
plein  été. 

Les  résultats  obtenus  sont  condensés  dans  le  Tableau  suivant  : 


(')  Comptes  rendus,  27  mars  igoSet  5  juin  ipoS. 

(-)  Notes  sur  des  formules  d'introduction  à  l'Én'ergétique,  fasc.  1  des  Notes  et 
Mémoires  de  l' Inulitut  de  Sociologie,  p.  7. 


SÉANCE  DU  9  AVIUL  1906. 


907 


Chaleurs 

Sur  100  parties 

P=0=' 

de  coin- 

Poids 

du 

rapporté 

buslion 

Pouls 

du 

squc 

ette  sec. 

P-O^'sur 

à  1006 

prises  sur 

total 

squelette 

-'      — 

100  parties 

du  poids 

le 

de 



^-— — 

Matières 

de 

de 

squelelli- 

Sexe. 

A 

;e. 

l'animal. 

fiais. 

seu. 

Cendres. 

or[;aniques. 

cendres. 

l'animal. 

sec. 

Mâle... 

>5j 

ours 

f 

l5,2 

t.' 
•-> 

39>99'2 

60,008 

44,564 

? 

Cal 
2,23l 

Mâle.  .  . 

i5 

» 

169 

iTi 

6,7 

5o,664 

49,356 

43,762 

0,922 

2  ,  395 

Femellt^ 

i5 

» 

i54 

l5,2 

8,5 

38,6i3 

61,387 

4o, 100 

o,854 

2,593 

Mâle... 

37 

» 

228 

18 

9 

58, 160 

4i,84o 

38,4oo 

0,881 

1,870 

Màle... 

65 

)> 

36o 

22,6 

16,3 

59,333 

4o , 667 

39,370 

r,o57 

1 ,854 

Femelle 

65 

» 

325,5 

'9r> 

t4,2 

58,387- 

4i,6i3 

40,842 

I  ,o4o 

■? 

Màle.  .  . 

i5o 

n 

756,5 

0 

^7 

27 

65 , 507 

34,493 

4o,222 

0,940 

1,785 

Femelle 

4o5 

i> 

987.5 

4i 

33,3 

61 ,337 

38,863 

46,780 

0,967 

1,817 

Femelle 

555 

1) 

900 

61 

44 

08,729 

41,271 

49 , 285 

i,4i4 

1,832 

Màle... 

600 

0 

989 

5 1,7 

43,2 

62,039 

37,961 

40,223 

1,090 

1 ,809 

Femelle 

900 

]) 

1086 

55 

4o 

62 , o55 

37,945 

4o , 5o I 

0,925 

.,798_ 

Màle... 

960 

» 

1066 

68 

5i 

59,007 

40,993 

39,793 

I  ,  123 

1 .92.5 

Màle   .  . 

1095 

» 

750 

62 

45,5 

60,353 

39,647 

37, 161 

1,373 

1,844 

Màle.  .  . 

1 1 10 

)i 

900 

64 

4; 

9 

? 

39,890 

? 

? 

On  voit  d'après  ce  Tableau  que  : 

1°  La  teneur  en  matières  minérales  passe  par  un  maximum,  lequel  est 
atteint  vers  le  cent-cinquantième  jour,  puis  décroît  jusqu'aux  environs  de 
555  jours,  époque  à  laquelle  elle  devient  sensiblement  constante; 

2"  La  teneur  en  P-0°  passe  par  un  minimum  vers  le  trente-septième  jour 
et  atteint  un  maximum  aux  environs  de  555  jours,  pour  devenir  ensuite  à 
peu  près  constante  ; 

3°  La  teneur  en  eau  passe  par  un  minimum  vers  65  jours  et  un  maximum 
vers  980  jours,  qui  est  conservé  sensiblement; 

4°  Si  l'on  rapporte  les  chiffres  de  P-0'  obtenus  pour  100  parties  de 
cendres  à  loo**  du  poids  de  l'animal,  on  a  une  courbe  qui  a  sensiblement  la 
même  allure  que  la  précédente,  le  maximum  étant  atteint  vers  le  cinq 
cent  cinquante-cinquième  jour; 

5°  La  chaleur  de  combustion  passe  par  un  maximum  dans  les  premiers 
jours  de  la  croissance  et  atteint  son  minimum  vers  le  cent-cinquantième 
jour. 


goS  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  le  noyau  des  hématies  du  sang  des  oiseaux. 
Note  de  MM.  M.  Piettre  et  A.  Vila,  présentée  par  M.  E.  Roux. 

Des  deux  variétés  de  globules  rouges,  nucléés  et  anucléés,  que  l'on 
trouve  dans  le  sang  des  animaux,  les  premiers  nous  ont  paru  particuliè- 
rement intéressants,  car,  tout  en  jouant  le  même  rôle  dans  la  respiration, 
ils  ont  une  structure  histologique  très  voisine  de  la  structure  cellulaire 
classique.  Ils  possèdent  en  effet  un  noyau  très  bien  caractérisé  dont  le 
volume  et  la  masse  occupent  une  place  considérable  dans  l'édifice  cellulaire. 

Nous  avons  pensé  que  l'étude  analytique  du  noyau  permettrait  de  com- 
parer l'importance  relative  des  éléments  entrant  dans  sa  composition 
chimique. 

I.  Le  sang  d'oiseau,  dès  sa  sortie  des  vaisseaux,  est  défibriné  avec  soin 
par  une  agitation  prolongée.  Une  première  centrifugation  permet,  après 
repos,  d'enlever  par  décantation  la  majeure  partie  du  sérum,  puis  on  lave 
abondamment  les  globules  avec  une  solution  d'eau  salée  à  8,5  pour  looo. 

Dans  une  de  nos  expériences  nous  avons  lavé  i',3  de  sang  de  poulet  {gallus  donies- 
licus)  dans  20'  d'eau  salée  isotonique. 

Dans  une  deuxième  expérience,  plus  laborieuse,  10'  de  sang  de  pigeon  ont  été  traités 
par  90'  de  solution  physiologique.  Pour  isoler  sans  pertes  les  hématies  en  suspension 
dans  de  telles  masses  de  liquide,  nous  employons  une  centrifugeuse  tournant  à  3ooo  tours 
par  minute,  dont  la  vitesse  langentielle  est  de  1 1"'  à  la  seconde.  Cette  machine  permet 
d'obtenir  rapidement  une  boue  globulaire  exempte  de  sérum,  remarquable  par  la 
constance  de  sa  densité  (</  =:  i  ,  1 1),  même  pour  le  sang  d'espèces  très  difterentes. 

En  rapportant  chaque  expérience  à  un  même  volume,  on  trouve  que  : 

100     de  sang  de  poulet     donnent    28     de  ce  magma  globulaire 


100 

» 

pigeon 

» 

36 

100 

» 

cheval 

H 

40 

100 

t) 

mouton 

i) 

20 

100 

» 

porc 

» 

26 

100 

» 

chien 

» 

46 

100 

» 

cobaye 

)) 

3o 

II,  Les  hématies  nucléées  sont  mises  en  suspension  homogène  dans  de  \ 

l'eau  salée  physiologique;  on  emploie  lao*^""'  de  globides  lavées  pour  Soc""' 
de  solution  isotonique;  cette  liqueur  est  versée  par  petite  quantité  dans 


SÉANCE  DU  9  AVRIL  1906.  909 

10'  d'eau  distillée  contenant  j^  d'acide  formique  glacial.  Il  importe 
d'agiter  constamment  pendant  le  mélange.  Ei'abord  colorée  en  rouge-  par 
l'oxyhémoglobine,  la  masse  liquide  vire  au  brun  et  l'on  voit  se  former  de 
fines  particules  grisâtres  qui  ne  se  déposent  que  lentement  et  d'une  façon 
incomplète  :  ce  sont  des  noyaux. 

Pour  les  isoler  il  faut  encore  recourir  à  la  centrifugation. 

Au  moyen  d'une  machine  centrifuge,  ayant  une  vitesse  tangentielle  de  65'"  par  se- 
conde, nous  avons  pu,  en  une  seule  opéi'ation  et  en  moins  d'une  heure,  séparer  les 
no3aux  restés  en  suspension  dans  5o'  de  liqueur  formique.  Le  chemin  parcouru  par 
chaque  particule  solide  atteignit  4""°  par  minute.  Avec  100'^'"'  d'émulsion  globulaire 
c^^  1 ,  1 1  on  recueille  5^,  2  de  noyaux  secs.  Si  l'on  rapporte  ce  chiffre  au  sang  en  nature 
on  trouve  que 

i'  de  sang  de  poulet  peut  fournir  i4^,  5  de  noyaux  secs, 
1' de  sang  de  pigeon  »  188,7  » 


>♦ 


\» 


0 


V*, 


L 


Les  noyaux  préparés  par  celte  méthode  sont  histologiquement  purs;  ils 
ont  conservé  la  forme,  le  volume  et  les  réactions  colorées  qu'ils  possèdent 
dans  le  globule  rouge.  Nous  devons  à  l'obligeance  de  MM.  Burais  et  Jeantet 
la  photographie  d'une  préparation  colorée  à  l'hématéine. 

Les  noyaux  après  centrifugation  forment  une  masse  humide  grisâtre;  on 
les  lave  sur  filtre  à  l'eau  distillée;  on  fait  la  dessiccation  dans  le  vide  et  l'on 
épuise  à  l'éther.  Ce  dissolvant  enlève  de  2a  3  pour  100  de  matières  grasses. 

C.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N-  15.)  '  30 


9IO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

La  partie  insoluble  est  soumise  à  l'analyse  chimique  dont  voici  résumées 


les  indications 


P  Reste 

Éléments  nucléés.  C.  H.  N.  total.  minéral. 


Columba  domestica 
Gallus   doniesticus. 


1 48, 60  6,56  1.5,60             »  3,81 

II 48, 00  6,67  i5,94  2,5o            » 

1 49,80  6,60  15,92  2,90  3,35 

II 49, 3i  6,77  i5,5i  3,24            » 


Il  ressort  de  ces  dosages  que  le  phosphore  est  un  élément  prédominant 
dans  la  composition  de  la  substance  nucléée  des  hématies  d'oiseaux  et  qu'il 
y  existe  en  forte  proportion  à  l'état  de  combinaison  organique. 

En  effet,  si  l'on  transforme  en  anhydride  phosphorique  la  quantité  de 
phosphore  trouvée,  on  voit  que  le  nombre  calculé  est  égal  ou  supérieur  au 
poids  total  de  cendres  ;  et,  en  comparant  le  phosphore  du  noyau  au  fer  du 
globule,  on  constate  que  100^  d'oxyhémoglobine  et  i4^  de  noyaux  (rende- 
ment de  i'  de  sang  de  poulet)  contiennent  0^,33  de  fer  et  0^,44  de  phos- 
phore. Mais  si  l'on  rapporte,  respectivement,  chaque  élément  à  la  substance 
qu'il  caractérise,  le  phosphore,  nous  l'avons  vu,  étant  3,2  pour  100,  le  fer 
reste  o,33  pour  100.  Cependant  ces  chiffres  si  suggestifs  n'expriment  qu'in- 
complètement la  prépondérance  que  le  phosphore  possède  en  réalité  ;  car, 
en  calculant  les  poids  atomiques  on  trouve  que,  si  dans  l'oxyhémoglobine 
le  fer  (56)  est  pris  comme  unité,  dans  le  noyau  le  phosphore  (3i)  sera  i4  fois 
environ  plus  élevé. 


GÉOLOGIE.  —  Sur  les  glaciers  pléistocénes  dans  les  vallées  d'Andorre 
et  dans  les  hautes  vallées  espagnoles  environnantes.  Note  de 
M.  Marcel  Chevalier. 

Dans  une  JNote  précédente  (12  mars  1906)  je  signalais  l'existence,  dans 
le  cours  supérieur  du  Valira,  d'un  grand  glacier  pléistocène  dont  la  mo- 
raine frontale,  lors  de  la  plus  grande  extension  des  glaces,  s'étalait  aux  en- 
virons de  Santa  Coloma  (to3o™). 

Depuis  ce  point,  et  dans  tout  son  cours  inférieur  jusqu'à  sa  jonction  avec 
la  Sêgre,  le  Valira  n'offre  plus  aucune  trace  glaciaire.  En  remontant  la 
vallée  de  la  Sègre  jusqu'à  Puigcerda,ya\  pu  faire  quelques  observations  sur 
l'extension  des  glaces  pendant  le  quaternaire,  observations  qui  corrobo- 
rent ce  que  l'on  savait  déjà,   c'est-à-dire  que  les  glaciers  pléistocénes 


SÉANCE  DU  9  AVRIL  1906.  91  I 

eurent  une  étendue  beaucoup  plus  considérable  sur  le  versant  français  que 
sur  le  versant  espagnol. 

Si  les  glaciers  ont  pu  assez  largement  s'étaler  en  Andorre,  cela  tient  sur- 
tout à  la  situation  particulière  du  petit  Etat. 

Tout  le  pavs,  en  effet,  situé  entre  deux  hautes  crêtes  sensiblement  pa- 
rallèles et  orientées  ouest-est,  forme  une  sorte  de  bassin  fermé  qui  fut  très 
favorable  à  l'accumulation  de  la  glace. 

Le  versant  espagnol  ne  commence  en  réalité  que  sur  le  flanc  sud  de  la 
crête  jalonnée  par  les  pics  de  Campcardos,  Tossa  Plana,  Pedrafitla.  Ce  vei^ 
sant,  qui  forme  loule  la  rive  droite  de  la  Sègre,  de  Puigcerda  à  la  Seu 
d'Urgell,  est  sillonné  de  petites  vallées  perpendiculaires  à  la  vallée  princi- 
pale orientée  O.-E.  Toutes  ces  petites  vallées  ne  portent  de  traces  gla- 
ciaires que  dans  leur  cours  le  plus  supérieur.  Elles  ont  une  allure  torren- 
tielle qui  permet  de  croire  que  la  plupart  ont  une  origine  récente  et  que 
leur  creusement  fut  contemporain  de  l'extension  des  glaciers  dans  les 
vallées  pliocènes  du  Valira,  du  Riu  Grimaû,  du  Riu  de  Carol,  de  VOrlu, 
VAriège,  VAston,  etc. 

Quant  à  la  vallée  principale  de  la  Sègre,  je  n'y  ai  observé  aucune  trace 
glaciaire  dans  son  cours,  de  la  Seu  d'Urgell  à  Puigcerda.  Son  origine  est 
pourtant  pliocène  et  elle  servit  très  probablement  de  déversoir  au  lac  qui 
occupait  les  Cerdagnes  actuelles,  antérieurement  à  la  période  glaciaire. 

Nous  pensons  que  cette  dissemblance  si  marquée  de  l'extension  des  gla- 
ciers sur  le  versant  français  (vallées  de  l'Ariège  et  de  ses  affluents)  et  sur 
le  versant  espagnol  (vallées  de  la  Sègre  et  de  ses  affluents)  est  due  surtout 
aux  conditions  climatériques. 

Il  (lut  se  passer  un  phénomène  comparable  à  celui  qu'on  observe 
actuellement  dans  les  Alpes  sous  le  nom  de  Fœhn. 

Les  courants  d'air  humide,  venus  du  NO,  obligés  de  franchir  des  cimes  de  plus  de 
3ooo°',  arrivaient  à  ces  hauteurs  à  une  température  très  basse.  En  retombant  sur  le 
versant  méridional  ils  se  réchauffaient  assez  pour  acquérir  une  température  capable 
de  provoquer  la  fusion  d'une  grande  quantité  de  glace.  Les  eaux  qui  provenaient  de 
cette  fusion  donnaient  naissance  à  de  nombreux  torrents  qui  ont  creusé  les  petites 
vallées  que  nous  signalons  plus  haut. 

Les  vents  plus  chauds  mais  aussi  plus  secs,  venant  du  Midi  et  s'élevant  du  versant 
espagnol  pour  descendre  sur  le  versant  français,  reprenaient  leur  température  initiale 
pas  assez  élevée  pour  provoquer  une  grande  fusion  de  la  glace  dans  les  régions  où  les 
phénomènes  glaciaires  étaient  pour  ainsi  dire  exagérés.  En  effet,  ces  vents  humides  du 
NO  provoquaient  sur  le  versant  français  des  chutes  de  neige  beaucoup  plus  abondantes 
que  les  vents  chauds  du  S  n'en  provoquaient  sur  le  versant  espagnol.  CeUe  abondance 


qi2  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

de  neige  sur  le  versant  N  a  permis  la  formation  dans  les  vallées  secondaires  de  glaciers 
importants  qui  se  sont  réunis  entre  eux  dans  la  vallée  principale  (vallée  de  l'Àriège)  et 
ont  pu  pousser  leur  moraine  frontale  bien  au  delà  de  Tarascon  situé  à  473°'  d'alti- 
tude. 

Au  contraire,  dans  le  bassin  de  la  Sègre,  les  glaciers  n'ont  pu  acquérir  une  très  grande 
importance.  Les  plus  considérables  ont  laissé  leurs  moraines  frontales  à  Angoustrine 
(iSoô""),  Puigcerda  (1200"),  Santa  Coloma  (io3o"').  D'autres  sont  restés  localisés  sur 
les  flancs  des  hautes  cimes  de  Pedrafîtla,  Tossa  Plana,  Campcardos,  souvent  à  l'élal  de 
glaciers  suspendus. 

Jamais  les  glaciers  des  vallées  secondaires  de  la  Sègre  n'ont  pu  .se  réunir 
dans  la  vallée  principale  pour  descendre  jusqu'à  la  Seu  d'Urgeli,  pourtant 
située  à  une  altitude  supérieure  de  21 5™  à  celle  de  Tarascon. 


PALÉONTOLOGIE  VÉGÉTALE.   —   Contribution  à  la  flore  tertiaire  du  Maroc 
septentrional.  Noie  de  M.  Ed.  Bonnet,  présentée  par  M.  Zeiller. 

M.  Gaston  Buchet  a  récemment  adressé  au  Muséum  une  petite  collection 
de  plantes  fossiles  dont  l'étude  m'a  fourni,  sur  la  flore  tertiaire  du  Maroc 
septentrional,  encore  si  peu  connue,  quelques  renseignements  que  je  me 
permets  de  communiquer  à  l'Académie. 

Les  fossiles  recueillis  par  M.  Buchet  proviennent  de  quatre  gisements 
différents  : 

i»  Environs  de  Tanger,  calcaire  grisâtre,  compact,  avec  empreintes  de  Zonarites 
alcicornis  F.  O. 

1°  Bords  de  l'oued  Baroud,  entre  Tétouan  et  le  Fondouk,  calcaire  grisâtre,  en 
plaques  assez  minces,  contenant  de  nombreuses  empreintes  de  Chondriles  orbiis- 
ciita  F.  O. 

3°  Environs  de  Tétouan,  calcaire  blanc,  friable,  avec  nombreuses  empreintes  de 
Ch.  Targionii  Sternb.,  Ch.  arbuscula  F.  O.,  Ch.  intricatus  Sternb.  et  Ch.  expansus 
F.  O.;  ces  trois  dernières  Algues  ne  constituant,  à  mon  avis,  que  des  formes  ou  tout  au 
plus  des  variétés  du  Ch.  Targionii  dont  il  est  impossible  de  les  séparer  par  des  dille- 
rences  vraiment  spécifiques.  Toutes  ces  Algues,  caractéristiques  du  Flysch  de  la  Suisse, 
ont  été  retrouvées  dans  le  nord  de  l'Italie,  le  sud-ouest  de  la  France  et  le  nord-ouest  de 
l'Espagne;  les  échantillons  recueillis  par  i\L  Buchet  nous  apprennent,  en  outre,  que  les 
lagunes  saumâlres  du  Flysch,  avec  leur  végétation  de  Fucoïdes,  ont  occupé  le  nord  du 
Maroc  et  se  sont  même  avancées  jusque  sur  la  cote  atlantique,  car  j'ai  retrouvé  le  Ch. 
arbuscula  dans  des  fragments  d'argile  schisteuse  récollés  par  M.  Mellerio  sur  les 
bords  de  l'oued  Melah  à  20'""  NE  de  Casa  Blanca. 

Un  dernier  gisement  exploré  par  M.  Buchet  près  de  Tétouan,  entre  le 


SÉANCE  DU  9  AVRIL  I906.  9l3 

cimetière  juif  et  le  cimetière  arabe,  est  constitué  par  des  tufs  calcaires, 
pliocènes,  avec  moules  de  fruits  et  empreintes  de  feuilles  dont  la  nervation 
est  le  plus  souvent  assez  mal  conservée;  j'y  ai  cependant  reconnu  trois 
espèces  : 

1°  Apollonias  canariensis  Nées,  représenté  par  de  nombreuses  empreintes  de 
feuilles  et  moules  de  fruits  qui  offrent  les  mêmes  variations  que  l'on  observe 
aujourd'hui  dans  la  plante  vivante.  \J Apollonias  est  actuellement  cantonné  aux 
Canaries  et  à  Madère,  il  a  été  observé  à  l'état  fossile  dans  le  Pliocène  de  Meximieux 
et  de  l'Italie  centrale. 

2°  Feuilles  de  Cinnaniomum  Scfieuchzeri  Heer,  espèce  très  variable  et  assez  com- 
mune dans  la  molasse  suisse,  mais  qui  se  retrouve  à  différents  étages  de  l'Eocéne  et  du 
Miocène  dans  les  environs  de  Vienne  et  à  Bilin,  en  Italie  dans  le  Val  d'Arno  et  à  Sini- 
gaglia;  en  France,  à  Aix,  à  Manosque  et  à  Céreste;  enfin  en  Espagne,  aux  environs  de 
Barcelone,  où  elle  persiste  jusque  dans  le  Pliocène  d'après  M.  J.  Aimera  ('). 

3°  Feuilles  de  Salix  angusta  Heer,  espèce  souvent  associée  avec  la  précédente 
à  OEningen,  Bilin,  Sinigaglia,  Céreste  et  aussi  à  Barcelone  (J.  Aimera). 

4°  Enfin,  ces  mêmes  tufs  contiennent  encore  des  fragments  de  feuilles  et  de  tiges  et 
le  moule  d'un  rhizome  d'une  Graminée,  spécifiquement  indéterminable,  mais  qui 
paraît  appartenir  au  genre  Phragmites. 

De  ce  qui  précède  on  peut  donc  conclure  qu'au  Maroc  septentrional,  de 
même  que  dans  le  nord-est  de  l'Espagne,  les  conditions  climatériques  ne 
s'étant  pas  sensiblement  modifiées  ont  permis  a  certaines  espèces  telles 
que  les  Cinnaniomum  Scheuchzeri  et  Salix  angusta  de  persister  jusque  dans 
le  Pliocène,  alors  que,  dans  l'Europe  centrale  et  la  vallée  du  Rhône,  elles 
avaient,  par  suite  du  changement  de  climat,  disparu  dès  la  fin  de  la 
période  miocène. 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Observations  d'ombres  volantes  au  lever  et  au  coucher 
du  Soleil.  Note  de  M.  Ci-.  Rozet,  présentée  par  M.  Wolf. 

L'éclipsé  totale  de  Soleil  du  3o  aoiit  1905  a  remis  en  question  le  curieux 
phénomène  connu  sous  le  nom  d'ombres  isolantes.  Malgré  les  descriptions 
très  complètes  et  les  recherches  de  nombreux  observateurs  et  physiciens, 
la  cause  de  ces  ombres  est  encore  mai  connue,  pour  la  raison  qu'elles  n'ont 


(')  Cf.  J.  Almera,  Bol.  Corn.  cl.  Mapa  geol.  de  Espana,  t.  XXII,  p.  i45  et  suiv. 
et  Bull.  Soc.  geol.  Fr.,  excursions,  t.  XXVI,  p.  760.  —  R.  Zeiller,  Bev.  gén.  de  Bot., 
t.  XV,  p.  396. 


9l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

guère  été  observées  jusqu'à  présent  que  pendant  les  éclipses  totales  de 
Soleil,  si  ppu  fréquentes. 

Le  i4  décembre  dernier,  mon  confrère  Dom  M.  Amann,  en  regardant 
par  hasard  une  cloison  éclairée  parles  premiers  rayons  du  Soleil  qui  com- 
mençait à  paraître  au-dessus  d'une  montagne,  aperçut  des  bandes  sombres 
très  distinctes,  se  déplaçant  avec  rapidité.  L'analogie  de  ces  ombres  avec 
celles  qui  se  produisent  lors  d'une  éclipse  de  Soleil,  avant  et  après  la  tota- 
lité, m'incita  à  observer  régulièrement  le  lever  et  le  coucher  du  Soleil  pour 
étudier  les  diverses  conditions  dans  lesquelles  elles  peuvent  se  former. 

Je  disposai  donc  à  l'intérieur  d'un  a|>partement  un  écran  blanc  recevant 
par  une  fenêtre  ouverte  la  lumière  du  Soleil  à  son  lever  ou  à  son  coucher. 
Quand  les  conditions  sont  favorables,  on  aperçoit,  dès  que  le  Soleil  com- 
mence à  paraître,  des  bandes  sombres  plus  ou  moins  espacées,  parcourant 
la  portion  éclairée  de  l'écran  à  une  vitesse  variable  suivant  les  circon- 
stances. 

Ces  bandes,  très  distinctes,  généralement  droites  (')  et  parallèles,  ne 
sauraient  être  confondues  avec  les  ombres  très  irrégulières  produites  par 
l'air  en  mouvement  devant  l'écran.  Plusieurs  fois,  notamment  le  i4  dé- 
cembre, elles  furent  assez  fortes  pour  être  vues  sur  un  écran,  quoique  la 
lumière  solaire  eût  à  traverser  les  vitres  d'une  fenêtre  presque  entièrement 
couvertes  de  buée  ;  d'autres  fois,  au  contraire,  elles  ne  se  sont  pas  produites, 
malgré  un  ciel  sans  nuages. 

L'examen  des  76  observations  faites  jusqu'à  ce  jour,  dans  des  conditions  atmosphé- 
riques très  diverses,  permet  de  faire  les  remarques  suivantes  : 

1°  L'orientation  des  bandes  sombres,  sur  un  écran  perpendiculaire  aux  rayons 
solaires,  est  constamment  parallèle  à  la  partie  de  l'arête  de  lamontagne  où  le  Soleil 
se  lève  ou  se  couche  ; 

2°  La  direction  de  leur  déplacement  est  toujours  perpendiculaire  à  leur  orienta- 
tion; mais  ce  déplacement  peut  se  faire  dans  deux  sens  opposés  que  nous  appellerons 
sens  direct  et  sens  rétrograde.  Les  bandes  semblent,  dans  le  sens  direct,  tomber, 
c'est-à-dire  pénétrer  dans  l'ombr-e  de  la  montagne  projetée  sur  l'écran;  dans  le  sens 
rétrograde,  s'élever,  c'est-à-dire  sortir  de  celte  ombre.  Elles  peuvent  se  diriger  dans 
l'un  ou  l'autre  sens  tant  au  lever  qu'au  coucher  du  Soleil;  même  dans  les  apparitions 
et  disparitions  très  rapprochées,  causées  par  les  échancrures  de  la  montagne,  leur 
direction  peut  varier. 

Dans  la  même  apparition  ou  disparition,  les  bandes  se  déplacent  ordinairement  dans 
un  seul  sens;  cependant,  plusieurs  fois,  après  avoir  suivi  pendant  quelques  secondes 
le  sens   direct,   elles   rétrogradèrent;   d'autres  fois,   l'écran   était,   au    même    instant. 


(')  Quatre  fois  seulement  elles  parurent  légèrement  ondulées. 


SÉANCE  DU  9  AVRIL  I906.  giS 

traversé  par  deux  courants  distincts  de  bandes,  d'orientation  un  peu  différente,  allant 
l'un  dans  le  sens  direct  et  l'autre  dans  le  sens  rétrograde. 

3°  La  vitesse  des  bandes  peut  difTérer  beaucoup  d'une  observation  à  l'autre.  Jusqu'à 
présent  j'ai  pu  constater  qu'elle  a  une  relation  à  peu  près  certaine  avec  la  force  du 
vent  :  les  mouvements  rapides,  en  effet,  correspondent  aux  grands  vents  el  les  dépla- 
cements lenls  à  une  atmosphère  calme  ou  peu  agitée.  Les  plus  grandes  vitesses  attei- 
gnent approximativement  6"'  à  8"°  à  la  seconde,  les  moindres  i""  à  2""  (rarement  1™), 
et  la  vitesse  ordinaire  2"'  à  4'°- 

4°  Les  bandes  se  montrent  dès  que  le  Soleil  apparaît.  Pour  qu'elles  se  produisent,  il 
n'est  pas  nécessaire  que  la  surface  éclairante-soit  très  réduite.  Parfois  elles  n'arrivent 
que  a  ou  3  secondes  après  le  commencement  du  lever  et  cessent  de  même  ((uelques 
secondes  avant  le  coucher  complet;  alors  leur  déplacement  se  fait  dans  le  sens  rétro- 
grade. 

Quand  l'apparition  ou  la  disparition  du  Soleil  se  fait  derrière  une  arête  perpendicu- 
laire à  son  mouvement  apparent,  la  durée  ordinaire  de  la  visibilité  de  ces  bandes  est 
de  12  a  i5  secondes;  une  fois  même  on  commença  à  les  voii'  alors  que  le  quart  di'  la 
surface  solaire  était  encore  visible. 

5"  D'abord  faibles,  larges  et  très  espacées,  les  bandes  deviennent  ensuite  plus  ueHes, 
plus  étroites  et  plus  serrées  jusqu'à  leur  cessation  complète,  tant  au  lever  qu'au  coucher 
du  Soleil,  quoique  l'intensité  lumineuse  aille  en  augmentant  dans  le  premier  cas  el  eu 
diminuant  dans  le  second.  Quelquefois,  au  lieu  de  se  suivre  à  une  distance  régulière- 
ment décroissante,  elles  passent  par  groupes  de  5  ou  6.  Leur  largeur,  le  plus  souvent 
de  3'^'"  à  4""",  peut  varier  de  i'"™  à  7''",  et  leur  espacement,  ordinairement  de  3''""  à  /t"^™, 
peut  se  réduire  à  i'''"  el  s'élever  à  aC^^'".  La  largeur  des  bandes  el  leur  espacement 
paraissent  varier  avec  leur  vitesse,  c'est-à-dire  qu'ils  sont  plus  grands  lorsque  le 
déplacement  est  plus  rapide. 

6°  La  teinte  des  bandes  est,  sur  toute  leur  longueur,  d'un  gris  uniforme,  plus  ou 
moins  foncé  suivant  qu'elles  sont  plus  ou  moins  étroites.  Souvent  l'un  des  bords  (le 
second  par  rapport  à  la  direction  du  mouvement)  semble  mieux  défini  que  l'autre. 
Quant  aux  intervalles  ils  s'illuminèrent  quelquefois  irrégulièrement  el  non  en  raison 
de  l'accroissement  de  la  lumière  solaire. 

Au  cours  des  observations  la  distance  à  l'écran  et  la  hauteur,  au-dessus 
de  l'horizon  théorique,  des  arêtes  des  montagnes  interceptant  les  rayons 
solaires  ont  varié  respectivement  de  6^°^  à  Sô""""  et  de  3°  à  22°.  Malgré  ces 
différences  notables  dans  la  distance  et  la  hauteur  des  arêtes,  il  n'a  été 
constaté  aucune  modification  pouvant  leur  être  attribuée. 

Les  variations  notées  paraissent  donc  en  relation  avec  les  conditions 
atmosphériques. 


qi6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —   Les  courhures  du  géoide  dans  le  tunnel  du  Simplon. 
Note  de  M.  3Iarcel  Brilloui.v,  jn'ésentée  par  M.  Mascart. 

1.  M.  EôLvôs  a  indiqué  en  1896  {Ann.  de  Wiedemann)  le  moyen  de 
mesurer  les  dérivées  secondes  du  potentiel  newtonien  à  la  surface  de  la 
Terre  (').  En  particulier,  la  différence  des  courbures  principales  du  géoïde 
et  leur  direction  se  déterminent  en  observant  les  déviations  d'un  balancier 
recliligne  horizontal  suspendu  à  un  fd  de  torsion,  pour  diverses  orienta- 
tions de  l'appareil;  en  principe,  c'est  une  balance  de  Cavendish  dont  les 
masses  attirantes  constituées  par  les  inégalités  du  sol  sont  fixes;  on  change 
leur  action  sur  le  balancier  en  faisant  tourner  toute  la  balance  dans  diffé- 
rents azimuts  au  lieu  de  faire  tourner  les  masses  attirantes  autour  de  la 
balance. 

J'ai  donné,  depuis  plusieurs  années  déjà,  à  l'appareil  imaginé  par 
M.  Eiilvos  une  forme  particulièrement  adaptée  aux  mesures  rapides  (-).  Le 
balancier  a  SS*""  de  longueur  et  pèse  environ  200^;  il  est  formé  d'une  tige 
de  cuivre  terminée  par  deux  disques  épais  orientés  dans  le  plan  de  la  sus- 
pension; chacun  de  ces  disques  est  entouré  d'un  cylindre  mince  de  5''™ 
environ  de  longueur,  qui  se  meut  entre  des  cylindres  fixes  avec  moins 
de  2"""  de  jeu,  ce  qui  amortit  rapidement  les  oscillations  par  le  même  mé- 
canisme que  dans  la  balance  de  Curie.  Le  balancier  est  supporté  par  un 
ruban  de  torsion  en  platine  iridié  de  35'^'"  de  longueur,  o"™,4  de  largeur 
et  o'""',o25  d'épaisseur  environ.  La  durée  d'une  oscillation  complète  est 
de  559  secondes  quaiul  l'auiortissement  est  supprimé. 

Au  balancier  est  fixé  le  spalh  mobile  de  la  combinaison  biréfiingente  qui  me  sert  à 
lire  les  déviations  (');  la  lame  demi-onde  et  le  second  spath  sont  fi\és  à  la  partie  infé- 
rieure d'une  colonne  métallique  creuse  dont  Taxe  est  occupé  par  le  fil  de  torsion, 
suspendu  à  la  partie  supérieure  de  la  colonne.  Celte  colonne  repose  dans  le  reste  de 
l'appareil  par  l'intermédiaire  de  couches  d'ouate  et  de  feutre,  qui  ne  transmettent  au- 
cune vibration.  Le  reste  de  l'appareil  optique  est  fixé  à  la  boîte  extérieure. 

Une  triple  enceinte  métallique  établit  l'uniformité  de  la  température  intérieure 
lorsque  la  variation  de  la  température  extérieure  n'est  pas  trop  rapide.  Tout  l'appa- 


(')  Voir  aussi  EiiTViis.  Congrès  inlernational  de  Physù/ue,  t.  lit,  1900,  p.  3;  1-890. 
(^)  Notice  sur  les  lrai.-aax   scientifiques  de   M.  Brillouin,  p.  5i.  Gaulhier-Villars. 
(^)  Mesure  des  très  petits  angles  de  rotation  {Comptes  rendus,  t.  CX\X\  II,  1908, 
p.  786). 


SÉANCE  DU  C)  AVRIL  I906.  917 

reil  est  mobile  autour  d'un  axe  vertical;  il  est  muni  de  niveaux  et  d'une  lunette  auxi- 
liaire pour  fixer  l'azimut. 

L'appareil  étant  installé  sur  un  solide  trépied  en  bois,  on  fait  des  mesures  de  dévia- 
tion dans  5  azimuts  de  4ï°  en  '|5°,  la  dernière  servant  de  contrôle.  Chacune  de  ces 
mesures  exige  seulement  20  à  2j  minutes;  avec  la  durée  de  déballage,  de  mise  en 
place  et  d'emballage,  chaque  station  exige  à  peu  près  3  heures.  L'appareil  emballé 
pèse  environ  5o''S;  il  est  aisément  porté,  en  palanquin,  par  deux  hommes,  et  le  trépied 
par  un  troisième. 

Dans  mon  appareil,  une  division  (o",93  environ)  correspond  à  iine  diffé- 
rence des  courbures  (Ry'  —  R;')  égale  à  i,25.  io~'-  (C.G.S.).  L'ellipsoïde 
donnerait  seulement  quatre  divisions. 

2.  Grâce  à  l'aimable  intervention  de  M.  Guillaume,  et  à  la  cotirtoisie  de 
la  Commission  géodésiqne  suisse,  j'ai  pu  mettre  à  profit  une  interruption 
de  5  jours  dans  les  travaux  du  tunnel  du  Simplon,  employée  par  cette 
Commission  à  une  mesure  rapide  de  la  longueur  du  tunnel  au  moyen  des 
fils  invar.  Il  ne  m'appartient  pas  de  parler  du  remarquable  succès  de  cette 
mesure,  mais  je  tiens  à  dire  quel  excellent  souvenir  je  garde  de  l'accueil 
cordial  que  m'ont  fait  MM.  Gautier,  Riggenbach  et  Rosenmund,  et  de  l'aide 
empressée  que  j'ai  trouvée  auprès  des  ingénieurs  du  tunnel,  MM.  Rolla, 
Isaak  et  Peter,  ainsi  que  de  la  Compagnie  des  Chemins  de  fer  fédéraux. 

Le  tunnel  principal  est  orienté  sensiblement  du  Nord-Ouest  au  Sud-Est;  il  a  un  peu 
moins  de  20'"°,  des  chambres  de  3™  sur  3™  et  2™,5o  de  hauteur  sont  creusées  de  kilo- 
mètre en  kilomètre  sur  le  côté  Ouest;  de  5'""  en  5'""  elles  sont  remplacées  par  des 
chambres  plus  grandes  de  4"  sur  6™.  C'est  au  centre  de  chacune  de  ces  cliambres  que 
j'ai  fait  mes  mesures.  Au  milieu  du  tunnel  est  une  station  de  garage,  dont  je  me  suis 
tenu  éloigné.  J'ai  fait  aussi  deux  mesures  dans  l'axe  de  la  voie. 

Ces  cavités,  tunnel  et  chambres,  produisent  à  elles  seules,  indépen- 
damment du  relief  extériein-,  une  action  considérable,  différente  suivant 
qu'il  s'agit  du  tunnel,  des  petites  chambres,  ou  des  grandes  chambres. 
Mais  la  symétrie  de  ces  cavités  donnerait  aux  l'ayons  de  courbure  prin- 
cipaux du  géoïde  la  direction  parallèle  et  perpendiculaire  au  tunnel.  Le 
Tableau  suivant  contient  la  torsion,  en  divisions  de  mon  appareil,  pour 
l'azimut  perpendiculaire  au  tunnel,  et  à  45°y^  de  cet  azimut;  dans  ce  dernier 
azimut,  l'action  du  tunnel  se  combine  avec  celle  des  masses  extérieiu'es; 
je  la  discuterai  plus  tard;  mais  dans  le  premier  azimut,  perpendiculaire 
au  tunnel,  l'action  est  entièrement  due  au  relief  extérieur  de  la  chaîne  qui 
surmonte  le  tunnel,  et  indépendante  du  tunnel. 

c.  R.,  190G,   I"  Semestre.  (T.  GKLII,   N»  15.)  121 


91. s 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


Tableau  des  résultats. 


Pcliles 

Torsi 

on 

Grandes 
clinmbres. 

Torsion 

ilfpiii^  Ri'ipiip}. 

perp.  au  tunnel. 

1  45"  lia  tunnel. 

perp.  au  tunnel. 

à  45 

°  du  tunnel. 

km 
I    .  .  .  . 

+  5o 

+476 

km 
8... 

.  . 

-72 

+  4lO 

2  .  .  .  . 

—     6 

+449 

i3... 

+27 

+  569 

4.... 

5.... 

+236 
+263 

-i3i 

Voie 

6.... 

7.... 

^23a 
—  109 

+  2l3 

+200 

près  de 

i6... 

+78 

—931 

II  ... . 

-  83 

+273 

près  de 

12  ... . 

•         -  39 

+    4 

+201 

+  287 

17... 

+77 

—  991 

14.... 

i5.... 

-  26 

+389 

Observa 

toire 

de    Bri 

sue 

au 

nord    du 

16..., 

+  61 

+495 

Rhône. 

17.... 

-H   94 

+3i4 

—610 

+  270 

Les  observations  dans  le  tunnel,  au  nombre  de  16,  ont  pu  être  effectuées 
en  5  séjours  de  i3  à  16  heures  chacun,  transports  compris;  pour  3  d'entre 
elles,  il  a  été  fait,  à  titre  de  contrôle,  8  azimuts.  En  général,  l'incertitude 
ne  dépasse  pas  5  divisions;  elle  dépasse  un  peu  10  divisions  au  kilomètre  2 
et  sur  la  voie;  un  peu  plus  à  l'observatoire,  mal  clos. 

L'ellipticitê  du  géoïde  dépasse  So  à  100  fois  celle  de  l'ellipsoïde:  elle  est  très 
variable  en  grandeur  et  en  direction  dans  l'intérieur  du  tunnel,  et  très  diffé- 
rente de  ce  qu'elle  est  à  l'extérieur.  L'examen  des  résultats  de  la  première 
colonne  suffît  à  l'établir;  les  grandes  variations  dans  la  seconde  colonne  le 
confirment. 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Résultats  des  sondages  aériens  dans  la  région  des 
alizés.  Noie  de  MM.  L.  Rotch  et  L.  Teisserenc  de  Bort,  présentée 
par  M.  Mascart. 


Dans  une  première  Note  nous  avons  exposé  les  résultats  des  sondages 
aériens  par  ballons  au  point  de  vue  du  régime  des  vents  à  diverses  hauteurs 


dans  la  région  des  alizés. 


Nous  donnons  aujourd'hui  quelques  résultats  complémentaires.  Outre 
les  ascensions  de  ballons,  il  a  été  fait  des  ascensions  de   cerfs-volants  : 


SÉANCE  DU  9  AVRIL  1906.  9I9 

i''  entre  Boston  et  les  Açores,  par  M.  Clayton,  à  bord  du  paquebot  Roma- 
nie]  2"  par  MM.  Clayton  et  Maurice  sur  VOlana.  Enfin  de  nouveaux  son- 
dages viennent  d'être  exécutés  en  février  1906  en  pleine  mer  dans  la  région 
des  Canaries  sur  le  même  bateau. 

Bien  que  les  ascensions  de  cerfs-volants  n'aient  pu  atteindre  de  grandes 
hauteurs  à  cause  d'un  défaut  d'installation,  ces  observations  montrent 
l'opposition  qui  existe  entre  les  deux  côtés  du  maximum  barométrique. 
Sur  le  côté  occidental  où  soufflent  les  vents  de  Sud-Ouest,  la  décroissance 
de  température  dans  les  couches  basses  est  beaucoup  plus  lente  que  sur  le 
côté  Est;  la  décroissance  a  été  trouvée  de  :  o'',3o  par  100'"  sur  le  côté 
Ouest  et  de  o°,8o  sur  le  côté  Est  jusqu'à  une  hauteur  de  800™;  à  1000™ 
l'écart  est  moins  grand. 

Il  V  a  d'ailleurs  une  différence  notable  entre  les  deux  côtés  du  maximum 
barométrique,  la  partie  Est  étant  occupée  dans  les  couches  basses  par  des 
vents  descendants,  comme  le  prouvent  la  diminution  de  l'état  hygromé- 
trique avec  la  hauteur,  et  la  décroissance  rapide  de  la  vitesse  du  vent  dans 
la  verticale. 

Les  petits  nuages  produits  dans  la  région  nord  des  alizés  paraissent  dus 
à  la  vapeur  d'eau  s'élevanl  de  l'Océan  par  son  mouvement  de  diffusion 
lent,  comme  cela  a  lieu  sur  les  terres  dans  les  maxima  barométriques.  La 
forme  de  ces  nuages  est  d'ailleurs  caractéristique,  ce  sont  les  cumulus  plats 
des  anticyclones. 

Depuis  la  publication  de  notre  Note,  M.  le  professeur  Her^esell  a  exposé  dans  les 
Comptes  rendus  les  résultats  de  sa  nouvelle  croisière  faite  en  igoS  à  bord  de  la 
Princesse- Alice,  au  cours  de  laquelle  il  a  pu,  grâce  à  une  méthode  fort  ingénieuse, 
lancer  des  ballons-sondes  avec  instruments  et  les  récupérer  ensuite^  ce  qui  sera  un 
précieux  moyen  d'investigation  pour  la  Météorologie  lorsque  le  vent  reste  faible  ou 
modéré. 

Nous  avons  vu  avec  intérêt  qu'un  des  ballons  lancé  au  large  des  Canaries  a  donné 
des  résultats  semblables  à  ceux  qu'on  obtient  au  voisinage  de  ces  îles,  et  a  rencontré 
des  couches  inlriquées  de  Sud-Est  et  de  Sud-Ouest  au-dessus  de  l'alizé.  Nous  avons 
constaté  avec  plaisir  que  M.  Hergesell  ne  conteste  plus  la  possibilité  du  contre-alizé  à 
une  latitude  voisine  des  Canaries,  se  bornant  à  conclure  que,  dans  la  partie  centrale  de 
l'Atlantique,  il  a  rencontré  presque  exclusivement  des  vents  de  Nord-Ouest,  et  qu'ainsi 
«  le  chemin  tjue  suivent  les  courants  ramenant  Pair  de  Véquateur  parait  en  effet 
moins  simple  qiCoa  ne  Valait  admis,  il  semble  dépendre  de  la  répartition  des  con- 
tinents et  des  océans  ». 

L'étude  des  isobares  journalières  sur  l'Océan  montre,  en  effet,  que  la 


920  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

pression  n'est  pas  distribuée  en  handes  uniformes  et  que  les  isobares  sont 
infléchies  partout  par  l'influence  de  la  distribution  de  température  liée  à 
celle  des  terres  et  des  mers,  relations  que  l'un  de  nous  a  démontrées  par 
l'étude  des  isonomales  il  y  a  plus  de  20  ans  ('). 

Il  semble  donc  qu'il  doit  y  avoir  certaines  zones  oii  le  contre-alizé  est 
plus  régulier  qu'ailleurs,  et  la  zone  du  cap  Vert  aux  Canaries  est  certaine- 
ment parmi  celles-l;i.  Mais  cette  constatation  même  est  contraire  à  l'idée 
que  les  venls  supérieurs  de  Sud-Est  à  Sud-Ouest,  observés  près  de  ces  îles  et 
considérés  comme  une  preuve  classique  du  conlre-alizé,  soient  dus  à  une 
influence  locale,  comme  M.  Hergesell  a  paru  le  croire  dans  sa  première  Note 
et  l'a  encore  affirmé  dans  sa  dernière  Communication  à  l'Académie. 

Pour  dissiper  toute  espèce  de  doute,  nous  reproduisons  ici  les  résultats 
des  nouveaux  sondages  faits  en  pleine  mer,  au  large  des  Canaries,  en 
février  1906,  par  MM.  Maurice  et  Nilsson. 

i3  février.  —  i9°52  lat.  W,  27° 5o  lai.  N,  vent  ENE  jusqu'à  285o"",  puis  NW  jusqu'à 
36So™,  SW  jusqu'au  point  culminant  du  ballon,  52oo™. 

i3  février. —  20"  17  lai.  W,  26°  45  lat.  N,  vent  ENE  jusqu'à  1800™,  puis  SSE  jusqu'à 
2000'",  ensuite  N,  à  245o™  SW  jusqu'à  4i5o™,  puis  couche  de  500™  de  NW,  ensuite  SW 
jusqu'au  point  culminant  5ioo". 

i4  février.  ^  2i°5  lat.  W,  25"54  lat.  N,  venl  NE  passant  à  N  jusqu'à  i3oo™,  puis  NW 
jusqu'à   2600™,  ensuite   SW    à   SSW  jusqu'au   point   culminant   du  ballon  5oo". 

i4  février.  —  21^7  lat.  W,  25°48  lai.  N,  vent  NE  passant  à  N  jusqu'à  iSoo™,  puis 
NW  jusqu'à  38oo™,  ensuite  vent  fort  de  SW  à  W  jusqu'au  point  culminant  52oo". 

i5  février.  —  32°  lat.  W,  25°  lat.  N,  vent  NE  jusqu'à  2300™,  NW  2800™  à  3000", 
SW  jusqu'à  3200'",  WNW  passant  à  N  jusqu'à  3950",  puis  WSW  jusqu'au  point  cul- 
minant 4100'". 

Voici,  d'autre  ]3ait,  la  direction  des  nuages  élevés  observés  dans  ces  parages  : 

i4  février,  cirrus  S  00°  W  (4  obs.)  ;  i5  février,  alto-cumulus  NE,  cirrus  S  So"  W 
(  2  obs.);  16  février,  cirrus  S  45"  W;  22  février,  à  Sainte-Croix-de-TénérifTe,  cirrus 
S  60°  W. 

Comme  on  peut  le  voir,  le  conlre-alizé  est  toujours  indiqué  tant  par  les 
ballons  que  par  la  direction  des  nuages,  et  l'on  retrouve  la  constitution 
en  couches  feuilletées  de  l'atmosphère  déjà  indiquée  par  nos  précédentes 
observations. 


(')  TiîissERENC  DK  BoRT,  Sur  les  relations  entre  la  répartition  de  la  température  et 
de  la  pression  harométri<iue  à  la  surface  du  globe  {Comptes  rendus,  novembre 

•879)- 


SÉANCE  DU  9  AVRIL  1906.  92 1 

Les  vents  de  Nord-Ouest  (contre-alizé  de  M.  Hergesell)  n'ont  pas  dans 
cette  région  l'épaisseur  qui  leur  a  été  attribuée,  puisqu'ils  font  place  au 
contre-alizé  classique  des  régions  Sud  entre  aSoo"  et  4000". 

Les  observations  des  courants  de  retour  de  l'Equateur  faites  depuis  long- 
temps, sur  le  pic  de  Ténériffe,  correspondent  donc  à  un  phénomène 
général  et  sont  identiques  à  celles  qu'on  obtient  en  pleine  mer. 


M.  Edoiard  Peyrusson  adresse  une  Note  Sur  la  température  du  Soleil. 

I.a  séance  est  levée  à  4  heures. 

G.  D. 


BUM.RTIN    BIBMOGRAPHIQUR. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  2  avril  1906. 
(Suite.) 

Annuaire  de  l'Université  catholique  de  Louvain,  1906;  70''  année.  Louvain; 
I  vol.  in-i2. 

Université  catholique  de  Louvain.  Programme  des  Cours,  année  académique 
igoô-igoô.  Louvain,  igoS;  i  fasc.  in-12. 

Bergens-Museum.  Aarsberetning for  igoS.  Bergen,  1906;  i  fasc.  in-S". 

Annual  Report  of  tin  impérial  deparlment  of  Agriculture,  for  the  year 
1904-1905.  Calcutla,  1906;  1  fasc.  in-8". 

Rendiconti  del  Circolo  matemalico  di  Palermo  ;  l.  XXI,  fasc.  I,  anno  1906, 
gennajo-febbrajo.  Palerme,  i  vol.  in-8°. 

Annales  de  l'Observatoire  royal  de  Belgique;  nouvelle  série  :  Physique  du  Globe; 
l.  III,  fasc.  1.  Bruxelles,  igoS;  i  vol.  in-j^". 

Boletin  mensual  del  Observalorio  meteorologico  del  Estado  de  Oaxaca ,-ano  XIII, 
igoS-igoô,  n"'  1-6.  Oaxaca,  igoS;  3  fasc.  in-8°  oblong. 

Records  of  the  geological  Survey  of  India;  vol.  XXXIII,  part  I.  Calcutta;  i  fasc. 
in-S». 

Archives  néerlandaises  des  Sciences  exactes  et  naturelles,  publ.  par  la  Société 


922  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

hollandaise  des  Sciences  de  Harlem;  série  II,  t.  XI,  i"  et  2*  livraisons.  La  Haye, 
Martinus  NijhofF,  1906;  i  fasc.  in-8°. 

Bulletin  de  l' Académie  royale  de  Médecine  de  Belgique;  IV'  série,  t.  XX,  n»  1. 
Bruxelles,  1906;  i  fasc.  in-8°. 

Bulletin  de  l'Académie  royale  dés  Sciences  et  des  Lettres  de  Danemark,  1906,  n"  1. 
Copenhague;  1  fasc.  in-8°. 

Recueil  des  travaux  botaniques  néerlandais,  publiés  par  la  Société  botanique  néer- 
landaise; vol.  I,  n"»  1-4;  vol.  II,  n°'  1-2.  Niniègue,  F.-E.  Macdonald,  1904-1906; 
3  vol.  in-8». 

Arkiv  for  Botanik;  Bd.  V,  Hâfte  1-2.  Upsaal  et  Stockholm,  1905 ;  i  vol.  in-S". 

jirkiv  for  Zoologi;  Bd.  III,  Hàfte  1.  Upsaal  et  Stockholm,  1906;  1  fasc.  in-8°. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  9  avril   1906. 

Internationale  Assozialion  der  Akademien.  Vorbericht  fiir  die  ani  3o  Mai 
1906  zu  Wien  beginnende  Zusammentretung  des  Ausschusses.  Vienne,  1906;  i  fasc. 
in-4°.  (Présenté  par  M.  Darboux.) 

Observatoire  de  Toulouse.  Catalogue  photographique  du  Ciel;  t.  VII,  fasc.  3  : 
Observations  d'Eros.  Paris,  Gauthier-Villars,  1906;  i  fasc.  in-4''.  (Présenté  par 
M.  Lœwy.) 

Scheinbar  lebende  vveiche  Kristalle,  von  O.  Lehmann.  (Extr.  de  Cheniiker-Zeitung , 
t.  XXX,  1906;  n°  1.)  Gothen,  1906.  i  fasc.  in-8°.  (Présenté  par  M.  de  Lapparent, 
ainsi  que  les  deux  Opuscules  suivants  et  une  série  de  planches  photographiques  du 
même  auteur.  ) 

Honiôotropie  und  Zwillingsbildung  bei Jlicssend-weich  Krislallen,  von  O.  Lehmann. 
(Extr.  de  Annalen  der  Physik,  4'  série,  Vol.  XIX,  1906.)  Leipzig;  i  fasc.  in-8''. 

Fliessend-kristallische  Trichilen,  deren  A'raftwirkungen  und  Bewegungserchein- 
ungen,  von  O.  Lehmann.  (Extr.  de  Annalen  der  Physik,  4*  série,  Vol.  XIX,  igo6.  ) 
Leipzig;  i  fasc.  in-8°. 

Paraazoxyziintsàarc-dtkylester :  Photogr.  v.  O.  Lehmann  :  n"»  1-29.  S.  1.  n.  d.; 
29  épreuves  photographiques  in-8°. 

Rapport  sur  les  travaux  du  Bureau  central  de  l'Association  géodésique  inter- 
nationale en  1905  et  programme  des  travaux  pour  l'exercice  de  1906.  Leyde,  1906; 
I  fasc.  in-4". 

Les  légumes  annamites,  par  M.  J.  Lan.  —  Les  cultures  vivrières  au  Tonkin,  par 
M.  Bui-quang-Chiêu.  —  Légumes  indigènes  susceptibles  d'être  consommés  par  les 
Européens,  par  M.  Pouchat.  (Gouvernement  généra!  de  Tlndo-Chine.  Bulletin  éco- 
nomique, publ.  par  la  Direction  de  l'Agriculture  et  du  Commerce;  n°  iSj  décembre 
1905.)  Hanoï,  i9o5;  1  vol.  in-4''. 

Sur  l'hémolyse  par  les  glycosides  globulicides,  et  les  conditions  de  milieu  qui  la 
favorisent  ou  Vempéchent,  par  E.  Hsdon.  (  Extr.  des  Archives  internationales  de 
Pkarmacodynamie  etde  Thérapie;  t.  VIII.)  Bruxelles,  H.  Lamertin;  Paris,  O.  Doin, 
1901  ;  I  faso.  in-S". 


SÉANCE  DU  9  AVRIL  1906.  928 

Bulletin  mensuel  du  Bureau  central  météorologique  de  France,  publié  par  E. 
Mascart,  Membre  de  l'Institut.  Année  1906,  n°  1,  !"=■■  janvier.  Paris,  Gaulhier-Villars; 
I  fasc.  in-4°. 

Société  des  Ingénieurs  ci^'ils  de  France  :  Annuaire  de  1906.  Paris;  i  vol.  in-S". 

La  «  Normale  »,  machine  nouvelle  à  progresser  sur  les  roules,  [par  le  D'' Ripault]  . 
Dijon,  H.  Sirodot-Carré,  1906;  i  fasc.  in-8°. 

Carta  fotogrâfica  del  Cielo.  Zona  —  9°:  hojas  n^^  127,  137,  loi,  1.52,  1S3,  156, 
160,  170,  171y  172",  Observatorio  Marina  de  San  Fernando.  Cadix;  10  feuilles  in-plano. 

Antroponietria  militare,  risultati  otlenuti  dallo  spoglio  dei  fogli  sanitarii  délie 
classi  1859-1863,  eseguito  d'ordine  del  Ministère  della  Guerra  presso  l'Ispettorato  di 
Sanita  militare,  sotto  la  direzione  del  maggiore  niedico  D'  Ridolfo  Livi.  Rome,  1906. 
Texte  :  2  vol.  in-4°  et  Atlas,  i  fasc.  in-4°. 

Mémorandum  on  the  âge  tables  and  rates  of  mortality  of  the  Indian  Census 
0/1901,  by  G. -F.  Hardy.  Calcutta,  Government  printing  Office,  igoS;   i  fasc.  in-4°. 

Annuaire  de  l'Université  de  Sophia,  t.  I,  1904-1905.  Sophia,  igoS;  i  vol.  in-8°. 

Bulletin  of  the  Bureau  of  Standards;  t.  I,  n"*  1,  3.  Washington;  2  fasc.  in-8». 

Métallurgie,  Zeitschrift  fiir  das  gesammte  Hiïttenwesen,  herausg.  v.  W.  Borchers 
und  J.  Wust;  Ed.  III,  n"  1,  2.  Halle,  1906;  2  fasc.  in-S". 

Bulletin  du  département  de  V  Agriculture  aux  Indes  néerlandaises;  n"  1 . 
Buitenzorg,  1906;  i  fasc.  in-8°. 


924  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


ERRATA. 


(Séance  du   ly  mars   1906.) 

Note  de  M.  Tommaso  Boggio,  Nouvelle  résolution  du  problème  de  l'in- 
duction magnétique  pour  une  sphère  isotrope  : 

Page  701,  formule  (2),  au  lieu  de 

(2)  U  =  ;^  /  p-f  —\ 

'  1^  Ja    ci?    r^ 

lisez 

k     r  do  rfi 


^^^^»^-®^«g 


ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 

SÉANCE  DU  MARDI  17  A\^RIL  190G, 


PRESIDENCE  DE  M.  POINCARE 


MÉMOIRES    ET    COMMIXI CATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    l'aCADÉMIE. 

M.  le  Président  annonce  le  décès,  à  la  date  du  27  février,  de 
M.  le  Professeur  Langley,  correspondant  de  rAcadémie.  Il  rappelle  les 
travaux  qui  ont  illustré  le  nom  de  ce  regretté  savant  et  en  particulier  ses 
recherches  sur  le  spectre  solaire  infra-rouge. 

A  l'occasion  des  fêtes  du  second  centenaire  de  la  naissance  de 
Franklin,  l'Académie  décide  l'envoi  d'une  dépêche  à  V American  Philoso- 
p/iical  Society,  pour  lui  présenter  l'expression  de  sa  sympathie  et  tous  ses 
vœux  pour  la  science  américaine. 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  Perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées 
de  la  Correspondance,  l'Ouvrage  suivant  : 

Les  Industries  de  la  conservation  des  aliments,  par  M.  X.  Rocques 
(présenté  par  M.  Mûntz). 

C.  R.,  1906.  1'  .Seoip.s7/r.  (T.  CXLII.  N'  1(5.)  122 


926  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

PHYSIQUE.  —  Evaluation  des  distances  foco-faciales  des  objectifs 
microscopiques.  Note  de  M.  L.  Malassez. 

La  puissance  ne  peut  donner  à  elle  seule  une  juste  idée  du  pouvoir 
grossissant  des  objectifs  microscopiques,  des  grossissements  qu'ils  sont 
capables  de  produire  à  telle  ou  telle  distance  de  leur  face  postérieure. 
J'en  ai  cité  précédemment  des  exemples  très  nets  (').  Il  faut  pour  cela 
lui  adjoindre  une  autre  notion  et  la  plus  avantageuse,  à  mon  avis,  est 
celle  de  la  distance  foco-fticiale  postérieure,  je  veux  dire  la  distance  com- 
prise entre  le  foyer  postérieur  de  l'objectif  et  sa  face  postérieure. 

En  effet,  si  l'on  représente  par  /^  cette  distance  quand  le  foyer  pos- 
térieur est  en  arrièi-e  de  la  face  postérieure,  par  /^  quand  il  est  en  avant 
d'elle  et  par  a  la  puissance,  le  grossissement  (j  produit  à  la  distance  d' 
de  la  face  postérieure  de  l'objectif  est  donné  par  les  formules  : 

(/ =  or.{d' -  f ,)         et         (j  =  c^{d- +  l\/). 

Aussi  ai-je  fait  de  cette  distance  le  second  terme,  la  puissance  étant 
le  premier^  de  la  nouvelle  notation  (')que  j'ai  proposée  pour  désigner  ces 
objectifs,  et  j'ai  cherché  à  l'évaluer  avec  exactitude  et  par  les  propres 
moyens  de  la  microscopie,  comme  je  l'avais  fait  pour  la  puissance  (^), 
afin  que  tout  micrographe  puisse  lui-même  et  sans  difficulté  faire  cette 
évaluation  et  appliquer  cette  notation.  Les  deux  procédés  suiA-ants  rem- 
plissent fort  bien  ces  conditions. 

I.  Le  premier  découle  des  deux  formules  sus-indiquées.  qui  deviennent,  la  distance 
foco-faciale  postérieure  étant  l'inconnue  : 

"  a  "a. 


(')  Comptes  rendu)!,  27  novembre  et  11  décembre  1905. 

(2)  Soc.  Iliol.,  8,  15  juillet,   10  décembre  1904,  et  .4)r/iireA-  d'Anatomic  microscopique,   1904, 
p.  270. 

(3)  Comptes  rendus,  26  mars  lOOii. 


SÉANCE  DU  17  AVRIL  1906.  927 

On  pourrait  aussi  évaluer,  au  lieu  d'un  grossissement  quelconque,  le  pouvoir  gros- 
sissant P,  celui-ci  étant  défini,  comme  je  l'ai  proposé  antérieurement,  lo  grossisse- 
ment pi'oduit  à  l'unité  de  distance  de  la  lace  postérieure  des  objectifs,  les  formules 
précédentes  deviennent  alors  : 


P  .      P 


II.  Le  deuxième  procédé  est  direct  et  purement  expérimental  :  on  place  l'objectif  à 
examiner  sur  la  platine  du  microscope,  sa  face  postérieure  en  haut  et  l'on  met  cette 
face  soigneusement  au  point,  après  y  avoir  déposé,  si  c'est  nécessaire,  une  marque 
quelconque,  une  petite  tache  d'encre,  par  exemple.  On  a,  d'autre  part,  orienté  le  miroir 
plan  du  microscope  de  façon  que  l'image  d'un  objet  éloigné  se  trouve  renvojée  dans 
l'axe  du  microscope.  Cette  image  peut  être  considérée  comme  étant  au  foyer  postérieur 
de  l'objectif,  si  l'objet  est  sulïisamment  éloigné  ;  il  sullit  donc,  pour  avoir  la  distance 
foco-faciale  postérieure  cherchée,  de  la  mettre  maintenant  au  point,  ce  ([ue  l'on  obtient 
soit  en  soulevant  le  tube  du  microscope  si  le  foyer  postérieur  est  en  arrière  de  la  face 
postérieure,  soit  en  l'abaissant  s'il  est  en  avant  d'elle  ;  puis  de  mesurer  le  déplacement 
qu'il  a  fallu  faire  subir  au  tube  du  microscope,  pour  passer  de  la  mise  au  point  de  la 
face  postérieure  de  l'objectif  à  celle  de  l'image. 

m.  .J'ai  employé  également,  et  conime  terme  de  eoniparuison,  un  ti'nisièmc 
procédé,  qui  nécessite  l'emploi  d'un  focométre  M'eiss.  On  sait  qu'avec  un  microscope 
muni  de  cet  appareil,  l'objet  examiné  se  trouve  être  juste  au  foyer  de  l'objectif  lorsque 
son  image  apparaît  nettement  au  niveau  du  micromètre  oculaire.  On  n'a  donc,  cette 
mise  au  point  étant  faite,  qu'à  mesurer  la  distance  comprise  entre  l'objet  et  la  face 
correspondante  de  l'objectif.  Seulement,  comme  il  s'agit  ici  de  la  distance  foco-faciale 
postérieure  l'objectif  doit  avoir  été  placé  sens  dessus  dessous  sur  le  microscope,  afin 
([lie  son  foyer  et  sa  face  postérieurs  se  trouvent  en  bas,  du  côté  de  l'objet.  Ce  dernier 
procédé  n'est  applicable,  on  le  conçoit,  qu'avec  des  objectifs  dont  le  foyer  postérieur  se 
trouve  à  une  certaine  distance  en  arrière  de  la  face  postérieure,  tandis  que  les  deux 
précédents  sont  toujours  applicables,  quel  que  soit  le  siège  du  foyer  postérieur. 

.J'indique  ici  les  résultats  que  j'ai  obtenus  en  examinant  quelques  objectifs  de  forces 
ti'ès  différentes,  les  mêmes  que  ceux  dont  j'ai  précédemment  donné  la  puissance  ('). 

On  le  voit,  ces  résultats  sont  pour  la  plupart  très  concordants,  malgré  la  diversité 
des  procédés  employés. 

•J'ajouterai  que  ces  procédés  peuvent  également  servir  à  évaluer  la  distance  loco- 
faciale  antérieure,  qui  elle  aussi  est  parfois  très  utile  à  connaître;  et  que  connaissant 
les  distances  foco-faciales  antérieure  et  postérieure,  ainsi  que  la  puissance,  on  peut 
déduire  les  distances  nodo-faciales  antérieure  et  postérieure,  c'est-à-dire  les  distances 
comprises  entre  les  points  nodaux  et  les  faces  correspondantes,  donc  savoir  le  siège  de 
ces  points. 


(  '  )  Completi  rciidiift.  'M  mars  l'.inii. 


928 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


Objectifs. 
A  sec.  : 

00    Veiick p 

0  id ;, 

1  id p 

•^         id ;) 

4         id o 

7  id a 

8  id n 

A  immersion  homogène  : 

Yg  Stiassnie a 

f8        »'' " 


Distances  foco-faciale.s  postérieures  (  '  ). 

Focomètre 
ir  procédé.  Weiss. 


1"  procédé 


34,80 

34,50-35 

35,10-35,20 

19,40 

20,00-20,10 

20,10-20,20 

8,78 

8,40-  8,50 

8,50-  8,60 

1 ,92 

2,10-  2,20 

3,10 

4,00-4,40 

4,00-  4,65 

3,86 

4,00-  4,05 

3,99-4,44 

4,00-  4,05 

4.80 

4,20 

2,27-3,59 

3,20 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sitr  leà'  ferromohjbdhies  purs  :  contribution  à  la  recher- 
che (le  leurs  constituants.  Note  de  M.  Em.  Vigoureux,  pré.sentée 
par  M.  H.  Moissan. 

Dans  une  récente  communication  (  "  )  nous  avons  exposé  nos  deux 
modes  généraux  de  préparation  des  ferromolyjjdènes  purs  ;  le  tableau  ci- 
après  résume  nos  principaux  résultats. 

Les  culots  à  21.09,  à  39.04  et  à  50.73  pour  cent  de  molybdène,  de  poids  relati- 
vement faible,  sont  obtenus  par  union  directe;  les  autres  sont  des  culots  aluminotbei'- 
miques  pesant  entre  100  et  150  yr.,  rarement  plus  de  200  gr.  Tous  ces  alliages,  homo- 
gènes et  bien  tondus,  sont  d'aspect  grisâtre,  grenus,  magnétiques,  généralement  cassants 
et  d'une  grande  duicté,  surtout  ceux  à  teneurs  élevées. 

Fe'-Mo  —  Se  retire  des  l'erromolybdènes  titrant  moins  de  40.10  p.  100  (nous  en 
indiquons  0);  il  s'y  trouve  accompagné  de  Ter  libre  uniquement.  Pour  l'isoler,  il  sutlit 
d'attaquer  l'un  quelconque  d'entre  eux  par  l'acide  clilorliydriquo  en  solution  d'autant  plus 
concentrée  que  leur  teneur  est  plus  grande  (5  à  25  p.  100);  s'il  pas-se  quelquefois  du 
molybdène,  il  ne  se  trouve  qu'à  l'état  de  traces  négligeables.  C'est  une  substance  métal- 
lique grise,  densité  à  0»  :  8,90  (Dens.  théor.  :  8,33),  non  magnétique.  Le  cliloer 
commence  à  l'attaquer  lentement  dès  la  température  ordinaire  ;  à  [partir  de  250°  l'action 
ilevient  très  vive  et  l'alliage  disparait  soiis  forme  de  vapeurs  rouge  foncé.  L'oxygène  et 
le  soufre  agissent,  dès  le  rouge,  avec  incandescence  et  la  vapeur  d'eau  dès  le  rouge 


(  '  j  Dans  ce  Tableau,  la  lettre  p  indique  que  le  foyer  postcricnr  de  l'objectif  est  en  arrière 
de  sa  face  pcstcrienrc,  la  lettre  a  qu'il  est  en  avant  d'elle.  1-es  distances  sont  exprimées  en 
millimètres. 

(  2  )  Complet  rendus,  t.  CXLll  ;  9  avril  l'.>00. 


SÉANCE    DU    17    AVRIL    1906. 


U29 


."(ijnbre.  L'acide  (luorliydriquc  dissous  est  sans  action  ;  très  laible,  celle  de  l'acide  clilo- 
rlivilririiie  également  dissous;  celle  du  dernier  gaz  est  peu  appai-ente.  de  même  que  celle 
de  l'acide  suU'urique  étendu.  L'acide  sulfurique  concentié  et  chaud,  l'acide  azotique, 
même  étendu  et  IVoid.  l'eau  régale  ordinaire  ou  fluorliydrique  produisent  une  dissolulion 
complète.  De  même  l'iode  en  suspension  dans  l'eau  et  à  chaud,  (l'eau  de  chlore  agit  plus 
lentement).  La  potasse  en  solution  ji'a  pas  d'eiï'ei  :  en  fusion,  son  action  est  vive.  Les 
carbonates  alcalins  londus  agissent  lentement  ot  plus  Icnd-nient  encore  l'azotate  ou  le 
chlorate  de  potassium  également  fondus. 


Natu 
et  p 

•e  lie 
•opor 

la  matière  première 
ions  en  grammes  : 

Tencui'  du 
culot 

en  Mo  ]i.  "/. 

Cumpu 

du 

après 

Fe  ; 

■*ition  p.  ', . 
l'ésidu 
attaque  : 

Mo  : 

Calculé  pour  : 

Fe^O'  : 

:{0(J 

MoO^ 

:    30 

Al   . 

78 

12,50 

53,30 

46,25 

Fe  : 

40 

Mo  : 

10 

» 

21,00 

54,24 

45.15    i 

Fe2  Mo  : 

Fe^O'  : 
l^^e-^O-'  : 

4.Ô0 

ioo 

Mo  : 

Mo02 

45 

70 

Al   : 
Al   : 

110 

87 

23,17 
35.00 

53.21 
53.70 

46.61    1 
46.10    i 

l-V  —  oi.ii 

Mm  —  io.ii; 

Fe  . 

:!ii 

Mo  : 

•-.'0 

» 

30.04 

53,13 

45.-    1 

100,00 

Fe'ioi  : 

17,-) 

MoO- 

1  15 

Al   : 

N7 

42,0(1 

WÀ.i\-i 

45,93 

Fe'  Mo-  : 

Fe-'(>i  ; 

17r3 

Mo02  : 

1  30 

Al    : 

.S7 

49,(12 

40,96 

53.04 

F.-   -  iiJ.OT 

Fe  : 

1.5 

Mo  : 

15 

» 

50,73 

46,80 

53,01 

Mm  -  .-,:i.:i;i 

100,00 

EeîO'  : 

1  GO 

Moo^ 

140 

Al 

70 

.55,4.5 

37,35 

6::^,  13 
62,8-J 

Fe  Mo  : 

FesO'  : 

175 

MoO-' 

130 

Al 

80 

56,50 

37,18 

Fi-  —  3I1.K0 

Fe:iO*  : 

88 

Mo02 

i    l 

Al 

45 

60,22 

36,57 

63.07 

.Mm  -  Ii3,20 
100,01] 

Fe''0*  : 

ICO 

Mo02 

U)0 

Al 

88 

60,43 

22,84 

77,81 

Fe  Moî  : 

Fe^O*  : 

150 

Mo02 

150 

Al 

70 

70.15 

21,90 

77,95 

Vil  —  22..-|â 

FesO'  : 

150 

Mo02 

150 

Al 

75 

75,50 

22.10 

78.07 

Ml?  —  77.4.-> 
10(1,00 

Le  résidu  Fé'Mo',  abandonné  par  deux  alliages  épuisés  à  chaud, 
soit  par  l'acide  clilorliydrique  à  30  p.  100  soit  par  le  chlorure  cuivrique 
en  solution  chloiliydrique,  accuse  comme  densité  à  0"  :  9.1(5  (D.  th.: 
8.40j.  Non  magnétique,  de  même  que  le  précédent  et  à  propriétés  com- 
parables. 

Le  corps  Fe  Mu  isolé  des  culots  titrant  entre  54  et  03  p.  100,  par 
des  attaques  à  Tacide  chlorhydrique  encore  concentré  ou  au  chlorure 
cuivrique  chauds,  possède  comme  densité  à  0"  :  9.01  (D.  th.  :  S.ô4), 
non  magnétique.  11  devient  incande.scent  dans  le  chlore  dès  285"  et  dans 
l'oxygène  au  rouge.  De  même  que  les  précédents  il  est  complètement 
attaqué  par  l'eau  d'iode,  l'acide  sulfurique  concentré  ef  bouillant,  l'acide 


930  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

azotique,  lu  potasse  en  fusion  etc....  Peu  ou  pas  altéré  par  les  acides 
fluorhydrique  en  solution,  clilorhydrique  gazeux  ou  di-ssous,  .sulfurique 
ou  potasse  en  solutions  étendues.  L'azotate  de  potassium  en  fusion  agit 
plus  facilement  ainsi  que  le  chlorate  qui  le  rend  incandescent. 

Le  constituant  FeMo'  fourni  par  les  ferromolyhdènes  à  teneurs 
comprises  entre  64  et  77  p.  100,  qui  ont  été  traités  par  le  chlorure  cui- 
vrique  en  solution  chlorhydrique  concentrée,  présente  comme  densité  à 
0"  :  9.41  (D.  th.  :  8.70),  non  magnétique.  Le  chlore  Tattaque  avec 
incandescence  dés  305";  l'oxygène,  de  même,  vers  350";  le  soufre  agit 
peu.  L'eau  d'iode  exige  un  contact  pi'olongé  pour  que  son  attaque  soit 
complète.  Les  acides  produisent  le  même  effet  que  sur  les  corps  précé- 
dents ;  le  bisulfate  chaud  l'attaque  avec  effervescence.  L'azotate  de  potas- 
.sium  en  fusion  le  rend  incandescent  ;  de  même  le  chlorate  avant  sa 
fusion.  Les  carbonates  alcalins  et  surtout  leurs  azotates  et  chlorates 
agissent  d'autant  plus  facilement  sur  ces  corps  que  leur  teneur  en 
molybdène  est  plus  élevée. 

Enfin  le  ferromolybdène  au  titre  de  77.81  qui  fournit  Fe  Mo% 
traité  par  l'acide  chlorhydrique  gazeux  au  rouge,  se  dépouille  de  son  fer 
seulement,  de  sorte  qu'après  lavage  du  résidu  et  reprise  par  le  même  gaz 
un  certain  nombre  de  fois,  il  ne  reste  plus  que  du  molybdène  ne  retenant 
que  du  fer  en  quantité  négligeable. 


CHIMIE  ORiJAXiyrE.  —  liéacfion  curaciéri.stique  du  (jlijoxtjhde  il'éf/ii/Ie. 
diction  (le  r(iin)noni(iqup  sur  cet  étiier  et  ses  dérivés.  Note  de  MM. 
L.  J.  Simon  et  G.  Chavanne,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

1.  Le  glyoxylate  d'éthyle  soumis  à  l'action  de  l'ammoniaque 
acjueuse  pure  fournit  un  précipité  d'aboi'd  blanc  qui,  après  avoir  passé 
par  une  succession  de  teintes  jaune,  orange,  rouge  etc.,  devient  noir  bleu. 
En  même  temps  la  liqueur  ammoniacale  dans  laquelle  se  forme  le  pré- 
cipité prend  une  teinte  rouge  foncé.  Cette  succession  de  teintes  se  fait 
lentement  à  froid  et  rapidement  à  chaud.  Lorsque  le  glyoxylate  d'éthyle 
est  en  petite  quantité  la  liqueur  reste  limpide,  mais  prend  une  teinte  très 
sensible  pour  de  très  faibles  (juantités  d'étlier. 

On  peut  remplacer  l'ammoniaque  par  .son  carbonate;  on  voit  le 
gaz  carbonique  se  dégager  pendant  la  réaction.  L'ammoniaque  aqueuse 


SÉANCE    DU    17    A\-RII,    1906.  931 

peut  être  remplacée  également  par  ses  sels  à  acides  forts,  sulfate, 
chlorure,  à  condition  d'ajouter  un  alcali  fixe.  Enfin  l'ammoniaque  peut 
être  remplacée  sans  inconvénient  par  la  méthylamine  :  mais  avec  les 
bases  aromatiques  primaires  comme  Taniline,  la  paratoluidine,  la  napthy- 
lamine,  les  choses  ne  se  passent  pas  de  même. 

La  solution  fortement  colorée  obtenue  avec  1"  ou  2"  d'éther  et 
200''  d'eau  a  des  propriétés  tinctoriales  très  puissantes  :  le  colon  et  la 
toile  se  teignent  directement  mais  la  nuance  bleu  violacé  n'est  pas  très 
plaisante  ;  de  plus  cette  teinture  résiste  bien  au  savon  mais  n'est  pas 
solide  à  la  lumière. 

Cette  coloration  est  due  à  une  substance  noire,  d'aspect  assez  terne, 
qui  a  été  isolée  et  analysée.  Elle  paraît  devoir  sa  formation  à  la  réaction 
suivante  : 

2G0H  -  CO-C'ff  +  3NH'  =  2C-H  OH  +  CH^N'O' 

Cette  substance  qui  est  très  vraisemblablement  un  sel  ammoniacal 
est  insoluble  dans  Talcool,  mais  un  peu  soluble  dans  l'eau  surtout  à  chaud  ; 
la  solution  précipite  par  addition  des  sels  alcalinoterreux,  du  nitrate 
d'argent,  sans  doute  par  double  décomposition.  Elle  se  dissout  dans 
Tammoniaqur,  les  alcalis  fixes  et  les  carbonates  alcalins  en  leur  com- 
muniquant une  coloration  rouge  violacé  qui  peut  être  assez  intense  pour 
paraître  noire.  La  solution  dans  la  potasse  se  décolore  peu  à  peu;  à 
chaud  la  décoloration  est  plus  rapide  ;  tout  l'azote  de  la  molécule  s'élimine 
dans  ces  conditions  comme  l'a  montré  la  concordance  des  dosages  de 
l'azote  par  les  méthodes  de  Dumas,  Schloesing  et  Will-Warrentrapp. 
Lorsqu'on  acidulé  la  solution  alcaline  la  substance  noire  se  précipite.  Elle 
peut  se  dissoudre  également  dans  les  acides  minéraux  concentrés;  l'eau 
la  précipite  au  moins  partiellement  de  ses  dissolutions. 

IL  Cette  réaction  colorée  du  glyoxylate  d'éthyle  paraît  lui  être  très 
particuUère.  Les  éthers  acétylacétique,  tartrique,  pyruvique,  malonique, 
mono  et  dichloracétique  et  oxalacétique  qu'on  pourrait  songer  à  rappro- 
cher de  lui  pour  un  motif  ou  un  autre  ne  donnent  rien  de  semi^lable. 
Les  éthers  oxalique  et  glycolique  entre  lesquels  il  peut  se  ranger, 
comme  on  intercale  un  aldéhyde  entre  l'acide  et  l'alcool  correspon- 
dants, fournissent,  comme  on  le  sait,  par  l'ammoniaque  aqueuse,  des 
amides  sans  aucune  espèce  de  coloration. 


9H2  ACADÉMIE    DES    SCIEN'CES. 

Cependant  un  échantillon  commercial  de  glycolate  d'éthyle  a  donné 
d'ailleurs  avec  une  intensité  très  faible  la  coloration  indiquée  plus  liant 
et  il  nous  a  été  impossil)le  de  savoir  si  la  présence  du  glyoxylate 
d'éthyle  était  due  à  une  oxydation  spontanée  à  fair  du  glycolate  ou 
provenait  de  sa  préparation. 

Comme  on  le  voit  déjà  par  cet  exemple,  cette  réaction  pourra  être 
utilisée  à  la  recherche  du  glyoxylate  d'éthyle  dont  on  peut  dire  qu'il 
n'a  jamais  été  isolé  jusqu'ici.  Elle  nous  a  déjà  permis  de  nous  rendre 
compte  de  la  stabilité,  sous  l'action  de  la  chaleur,  des  solutions  aqueuses 
étendues  de  l'éther  glyoxylique.  Elle  nous  a  également  montré  l'impos- 
sibilité de  préparer  cet  éther  par  l'hydrogénation  directe  de  l'oxalate 
d'éthyle  en  présence  de  nickel  réduit  par  la  méthode  de  MM.  Sabatier 
et  Senderens. 

III.  Cette  réaction  n'appartient  pas  aux  dérivés  les  plus  immédiats 
de  l'éther  glyoxyliciue :  la  potasse  alcoolique  le  saponifie  à  froid  et  donne 
le  glyoxylate  de  potassium  insoluble  dans  l'alcool.  Ce  sel  de  potassium 
acidulé  ou  non  par  l'acide  chlorhydrique  ne  donne  aucune  coloration 
avec  l'ammoniaque.  Il  en  est  de  même  si  on  commence  par  chauffer  le 
sel  avec  un  iodure  alcoolique,  ce  qui  permet  de  conclure  à  l'impossibi- 
lité de  passer  ainsi  du  sel  aux  éthers.  Au  contraire,  en  faisant  passer 
un  courant  de  gaz  chlorhydrique  dans  l'alcool  tenant  en  suspension  le 
sel  de  potassium  on  obtient  l'éther  glyoxylique  et  du  même  coup  la 
réaction  colorée  avec  l'ammoniaque. 

La  réaction  colorée  fournie  par  l'ammoniaque  disparait  donc  en 
même  temps  que  le  groupe  éther  ;  les  dérivés  du  glyoxylate  d'éthyle 
dans  lesquels  le  groupe  éther  est  respecté  mais  qui  ne  possèdent 
plus  la  fonction  aldéhydique  sont  généralement  transformés  par  l'action 
de  l'ammoniaque  en  l'amide  correspondante.  Nous  avons  obtenu  un 
certain  nombre  de  ces  dérivés  d'une  part  par  l'action  sur  le  glyoxylate 
d'éthyle  des  réactifs  azotés  de  la  fonction  aldéhydicjue  phénylhydrazine, 
hydroxylamine,  semicarbazide  et,  d'autre  part,  par  l'action  de  l'uréthane 
et  de  l'urée. 

L'ammoniaque  agissant  sur  l'oxime,  la  semicarjjazide,  le  dérivé 
uréthanique  donne  l'amide  correspondant.  La  phénylhydrazone  est  sapo- 
nifiée. Le  dérivé  uréïque  —  l'éther  allantoïque  —  donne  l'allantoïne. 


SKANCK    Di;    1/      VVIIII.    t9(«i.  933 

IV.  —  Il  existe  cependant  une  réaction  colorée  qui,  par  certains 
points,,  se  rapproche  de  celle-ci,  c'est  celle  c[ui  fournit  la  niuréxide  en 
partant  de  l'alloxane  et  qui  permet  de  caractériser  Tacide  urique.  Le 
rapprochement  serait  d'autant  plus  légitime  que  la  formation  d'acide 
glyoxylique,  au  moins  dans  le  cas  de  l'acide  urique,  ne  semhle  pas  exclue: 
mais  comme  nous  l'avons  dit  l'acide  glyoxylique  lui-même  ne  se  prête 
pas  à  la  réaction.  Inversement  on  ne  peut  pas  sérieusement  penser  que 
la  structure  de  la  matière  colorante  soit  celle  de  la  murexide  qui  renferme 
une  chaîne  de  trois  atomes  de  carhone.  On  peut  cependant  en  déduire 
que  le  groupe  chromophore  cétoneimide  est  analogue  et  que  la  substance 
fondamentale  pourrait  bien  être  le  sel  ammoniacal  d'une  combinaison 
telle  que  celle-ci  : 

c:hoh  —  co  —  i\H 

NH  —  C;0  —  CH(OH) 
provenant  de  la  condensation  de  deux  molécules  de  l'amide  glyoxylicpae. 


CHIMIE  OR(;AXii,>rE.  —  Sur  /e.b-  projirit'fés  acides  de  /'aiiadoii. 
Note  de  M.  E.  Demoussy,  présentée  par  M.  L.  Mauuenne. 

Dans  un  travail  récent..  M.  Maquenne  (  '  )  a  montré  que  l'amylocel- 
lulose  est  aisément  soluble  dans  la  potasse  ;  on  sait  de  plus  ([ue  l'eau 
ordinaire  cède  à  l'amidon  une  partie  de  la  chaux  qu'elle  renferme,  à 
l'état  de  bicarbonate.  11  était  par  suite  à  prévoir  que  l'amidon,  en  sa  qua- 
lité d'hydrate  de  carbone,  doit  s'unir  comme  les  sucres  aux  bases  miné- 
rales. C'est  ce  que,  sur  les  conseils  de  M.  Maquenne,  je  viens  de  vérifier 
expérimentalement. 

Les  essais  ont  porté  sur  de  l'amidon  de  riz,  déminéralisé  par  l'acide 
cldorhydrique  faible,  puis  lavé  à  fond  jusqu'à  ce  qu'il  ne  renferme  plus 
trace  de  chlore. 


I  I  J   Comptes  llciiilKs.  t.  CXXWII,  |i.  SS. 
C.  R..  190fi.  r  Semcsirr.  (T.  CXUI.  X    lii.)  |2;! 


934  ACADÉMIE    DIÎS    SCIENCES. 

Soude  caustique.  —  Au  coi.tact  d'une  solution  alcoolique  de  soude,  qui  ne  le  gonfle 
pas  comme  le  ferait,  une  solution  aqueuse,  l'amidon  présente  un  caractère  nettement 
.acide  :  en  quelques  minutes  20  grammes  il'amidon  absorbent  la  totalité  des  300  milli- 
grammes de  soude  contenus  dans  150''^  d'alcool.  Si  l'on  augmente  la  quantité  d'alcali, 
l'absorption  'cesse  d'être  complète  ;  elle  n'est  d'ailleurs  pas  proportionnelle  au  poids 
d'amidon  emplojé  et  s'effectue  lentement,  l'équilibre  n'étant  atteint  qu'après  trois  ou 
quatre  jours. 

L'eau  détruit  aussitôt  ces  combinaisons. 

Ammoniaque.  —  Même  dans  des  solutions  très  étendues  l'amidon  n'absorbe  que 
de  petites  quantités  d'ammoniaque  :  1 3"'*-' sur  263"'"  pour  20-'  d'amidon.  Encore  dans 
ce  cas  l'eau  enlève  au  produit  toute  l'ammoniaque  fixée. 

Chaux.  —  r>  grammes  d'amidon,  délayés  dans  50''''  d'eau,  neutralisent  rapidement 
3  à  4'''  d'eau  de  chaux.  Une  nouvelle  quantité  d'eau  de  cliaux  peut  encore  être  absorbée, 
iusqu'à  faire  disparaître  toute  réaction  avec  la  pliénolphtaléine,  mais  avec  un  excès 
l'alcalinité  persiste  :  il  se  produit  alors  un  équilibre  qui  n'est  atteint  qu'après  24  ou  4n 
heures.  La  pénétration  du  liquide  n'est  pas  immédiate,  mais  bien  en  rapport  avec  l;i 
grosseur  des  grains  de  l'amidon  employé,  phis  lente  avec  la  fécule  de  pommes  de  terre 
qu'avec  l'amidon  de  riz. 

Dans  une  de  nos  expériences  loO''''  d'eau  de  chaux,  renfermant  390'"'  de  CaO,  ont 
cédé  à  20  grammes  d'amidon  318'"'  de  matière  minérale,  soit  81,5  pour  cent  de  sa 
proportion  primitive. 

L'eau  distillée  enlève  au  produit  la  majeure  partie  de  sa  chaux  :  on  obtient  ainsi  de 
l'amidon  qui  ne  renferme  pins  que  0,16  pour  cent  de  chaux,  alors  qu'il  en  avait  absorbé 
près  de  2  pour  cent. 

Avec  la  bari/lc  nu  ari'ivc  exactement  aux  nu"'nies  résultats. 

Carbonates  acalins.  —  L'amidon  peut  être  mis  en  présence  de  carbonate  de  sodium 
étendu  sans  être  altéré;  nous  avons  eu  soin  d'y  ajouter  un  peu  de  toluène  pour  éviter 
l'intervention  des  microoriianismes  et  par  conséquent  tonte  production  acciilentclle 
d'acide  carbonique. 

l)ans  l'une  de  nos  expériences  on  a  introduit  20^'  d'amidon  dans  l.")0"  d'une  solution 
de  carbonate  de  sodium  renfermant  397'"-  de  CO-'Na'-,  soit  172'"-  de  sodium.  Après  trois 
jours  le  titrage  en  présence  d'hélianthine  indiquait  une  diminution  d'alcalinité  correspon- 
dant à  18"'-  de  sodium  :  un  antre  titrage  en  présence  de  plitaléine  du  phénol  notis  a 
montré  que  le  liquide  renfermait  du  bicarlionate  en  quantité  équivalente  au  sodium 
absorbé. 

L'amidiin  est  donc  capable  de  déplacer  partiellement  l'acide  carbonique  de  ses  .sels. 
Il  en  résulte  qu'un  excès  d'acide  carbonique  doit  entraver  son  action:  en  elTet.  dans  une 
solution  de  bica)'lHinate  de  sodium  éqninioléciilaire  de  la  préc(''d('nte.  l'amidon  n'a  i)ris 
que  12"'-2  de  sodium  au  lien  de  18. 

L'amidon  possédant  ainsi  une  énergie  acide  comparable  à  celle  de  l'aciile  carbuni(iMe 
doit  agir  sur  les  sels  avec  d'autant  pins  de  facilité  que  leur  acide  e.st  plus  faible  :  c'est 
ce  que  nous  avons  eu  occasion  de  vérifier. 

Kn  opérant  comme  précédemment,  sur  20-'' d'amidon  et  150"'  de  li(iuide.  (ui  a  (rouxé 
avec  le  chlovun-  de  iwtussium  uiu»  fail>le  absorption  de  10'"-  sur  101.  Le  chlonn-e  de 
sodium  se  comporte  de  la  nu'me  manière. 


SÉANCE    DU    17    AVRIL    1906.  'J35 

Dans  le  cas  du  phosphate  bipo/asshjic  on  a  vu  disparaître  5"''4  d'aiili.vdride  phos- 
phorique  sur  94,8. 

L'absorption  du  sitl/'alr  de polassîtiiti  a  été  de  18'"-  sui'  231. 

Avec  le  sulfale  de  cuivre  rabsorption  est  insi;;nifiantc;  mai.-*  avec  Vaœlale  de 
cuivre,  dont  Taeide  est  moins  énergique,  on  a  pu  tlxcr  sur  l'amidon  1 9"'-8  sur  672  de 
cuivre  total  dans  un  cas,  0'"'='  .sur  03  dans  un  autre  ot'i  lu  solution  était  plus  étendue. 

On  observe  des  différences  plus  considérables  lorsque  l'acide  du  sel  a  été  d'abord 
neutralisé  par  une  base  l'orte,  par  exemple  en  opérant  sur  des  dissolutions  ammoniacales 
de  zinc,  de  cuivre  ou  de  plomb. 

L'absorption  reste  faible  dans  une  aolnlion  amiiuiniacale  de  sulfale  de  zinc  :  2,7 
pour  cent  pour  une  liqueur  retilerniant  750"''^' de  zinc  métallique;  mais  elle  devient 
considérable  dans  une  soJulioii  ammoniacale  de  sulfale  de  cuirve.  qui  a  cédé  à  l'amiflon 
25,6  pour  cent  de  son  métal  dans  un  cas  (204"'-  sur  796),  74  pour  cent  dans  un  autre 
011  la  liqueur  était  plus  étendue  (67'"^'  sur  so). 

Ces  combinaisons  cuivriques  .sont  relativement  stables  :  l'eau  ne  leur  enlève  que  de 
l'ammoniaque.  Dans  les  solutions  concentrées  l'amidon  subit  une  légère  altération  qui 
se  manifeste  après  lavage  :  dans  les  solutions  étendues  il  ne  s'altère  pas  et  on  obtient 
tinalemciit  une  poudre  bleu  pâle  qui  renferme  environ  0,3  pour  cent  de  cuivre. 

Avec  une  solulion  am»ioniaeale  d'aeèlale  île  plomh  le  résultat  est  encore  plus 
curieux  :  tout  le  plomb  disparait  de  la  liqueur.  .Vprès  quelques  heures  de  contact  le 
lif|iiide  Hltré  ne  se  colore  même  plus  par  l'acide  suiriiydrique,  alors  qu'à  l'origine  il 
renfermait  0.8  pour  cent  de  métal  en  dissolution. 

L'ox)/di'  de  fer  rolloydal  est  moins  bien  tixé.  sans  doute  parce  qu'il  n'est  pas  une 
v(''ritable  base.  L'n  premii'i'  liquide  a  perdu  '.<0"'-  de  Fc-O'  sur  750,  un  autre  21  sur  37,5. 

En  résumé,  Vamidon  offre  tous  les  caractères  d'un  acide  faible  (1), 
comparable  à  l'acide  carbonique,  et  en  cela  se  rapproche  des  autres  hydra- 
tes de  carbone  ;  comme  eux  il  contracte  avec  les  hydrates  métalliques  des 
combinaisons  dissociables  par  l'eau  et  peut  en  outre  absorber  de  petites 
quantités  de  sels  neutres.  Ces  propriétés  doivent  intervenir  dans 
•Fabsorplion  des  matières  minérales  par  les  plantes,  et  en  particulier 
contribuer  à  la  minéralisation  des  organes  renfermant  des  réserves 
amylacées. 


(  '  )  Le  mémo  caractère  d'acide  faible  vient  d'être  reconnu  dans  l'amidon  soluble  par 
MM.  Ford  et  Gutlirio,  au  moyen  de  la  méthode  des  conductiliilités  électriques.  (Joiirn.  of  thv 
vhem.  Soc,  .Janvier  1906.) 


936  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

MINÉRALOGIE.  —  Sur  l'état  dea  luatières  colorantes  dans  les  cristaux  colorés 
artificiellement.  Note  de  M.  P.  Gaubert,  présentée  par  M.  A.  Lacroix. 

J'ai  déjà  montré  que  la  coloration  artificielle  des  cristaux  (' )  et  le 
pulychroïsme  qui  en  résulte,  se  l'ont  par  deux  procédés  différents  :  1"  Le 
cristal  en  voie  de  formation  se  colore  seulement  quand  la  solution  est 
assez  saturée  de  matière  colorante  pour  laisser  déposer  cette  dernière 
(nitrate  de  plomb,  de  baryte,  de  strontiane  anhydre,  sulfate  de  cuivre, 
gypse,  nitrate  de  strontiane  à  5  mol.  d'eau,  etc.,  colorés  par  le  bleu  de 
méthylène).  2"  Le  cristal  se  colore  quel  que  soit  le  degré  de  dilution  de 
la  matière  colorante  :  il  y  a  partage  de  cette  dernière  entre  le  liquide  et 
les  cristaux  en  voie  d'accroissement  (acide  phtalique,  nitrate  d'urée 
coloré  par  le  bleu  de  méthylène,  nitrate  de  strontiane  à  5  éq.  d'eau 
coloré  par  l'extrait  du  bois  de  campêchej. 

Dans  chacun  de  ces  cas,  la  substance  colorante  absorbée  par  le 
cristal  se  trouve  sous  un  état  différent.  Ce  l'ait  est  mis  en  évidence  par 
l'étude  du  polychroïsme  considéré  au  point  de  vue  des  couleurs  et  des 
directions  d'absorption.  Dans  la  coloration  par  le  premier  procédé,  la 
matière  colorante  conserve,  dans  le  cristal  coloré,  les  couleurs  de  ses 
propres  cristaux  (bleu  et  rouge  violacé  s'il  s'agit  du  bleu  de  méthylène), 
alors  que  dans  le  second,  les  couleurs  sont  celles  que  prend  un  corps 
amorphe  biréfringent  coloré  par  la  substance  considérée  (bleu  d'intensité 
diverse  avec  le  bleu  de  méthylène).  (,)uant  aux  directions  de  maximum 
et  de  minimum  d'absorption,  elles  peuvent  être  dans  les  cristaux  colorés 
par  le  premier  procédé,  tout  en  étant  constantes,  indépendantes  de  la 
direction  des  axes  de  leur  ellipsoïde  optique  (nitrate  de  stronhane  à 
5  éq.  d'eau,  gypse,  sulfate  de  cuivre  hydraté,  etc.  colorés  par  le  bleu  de 
méthylène),  ce  qui  peut  être  expliqué  en  admettant  le  groupement  des 
cristaux  de  la  matière  colorée  et  de  la  matière  colorante. 

Dans  le  second  cas,  au  contraire,  les  maximum  et  minimum 
d'absorption  sont  toujours  en  coïncidence  avec  la  direction  de  ces  mêmes 
axes  (nitrate  d'urée,  acide  phtalique  colorés  par  le  lileu  de  méthylène, 


(  I  )  lUiIlHin  de  la  Sik.  fr.  de  Min..  \.  \X1II.  \W^\.  p.  l'I  1  :  1.  XXV.  l'.HIV.  |,.  V.ÔS  :  1.  XXVllI. 
19().5,  p.  \m,i\  11.  -im. 


riÉANCK  DU  17  AVj;iL  l'JOB.  937 

nitrate  de  strontiane  à  5  éq.  (t'eau  coloré  par  l'extrait  du  bois  de 
canipêche)^  et  le  maximum  d'absorption  dans  ces  trois  corps  cités  se 
fait  parallèlement  au  plus  grand  indice  de  réfraction,  comme  dans  les 
matières  amorphes  biréfringentes  colorées. 

Dans  cette  note,  je  me  propose  de  donnei'  le  résultat  de  mes  recher- 
ches sur  la  détermination  du  coefficient  de  partage  de  la  matière  colo- 
rante entre  la  solution  et  les  cristaux  colorés  par  le  deuxième  procédé. 
Les  observations  ont  été  faites  principalement  avec  l'acide  phtalique 
hydraté  et  le  l)leu  de  méthylène. 

Dan.-s  une  sùri(!  cfi'Xpéi'ieiiees,  l"^  yi-.  d'aeiile  phtali(|Litj  ont  été  dissous  à  cluiud  dans 
un  litre  d'eau,  eontenant  une  quantité  détei-minée  de  bleu  de  méthylène.  L'acide  phta- 
lique étant  peu  soluble  dans  l'eau  IVoide  (,.'„  à  1  l'M.  il  se  dépose,  par  relVoidissement, 
des  cristaux  colorés.  Pour  que  les  résultats  soient  comparables  entre  eux,  il  faut  que 
la  (|uantité  d'acide  phtalique  déposée  dans  chaque  cristallisation  soit  la  même  dans 
toutes  les  expériences  et  que  le  rplinidissenu'nt  se  lasse  dans  des  conditions  identiques, 
les  coellicients  de  solubilité  dans  l'eau  du  bleu  de  méthylène  et  la  capacité  d'absorption 
des  cristaux  d'acide  phtalique  pour  cette  matière  cnhirinite  variant  ;i\ec  la  température. 

Le  taiiletiu  suivant  représente  les  résultats  fournis  pur  une  série 
d'expériences,  la  solution  ayant  été  refroidie  jusqu'à  14".  C,  et  Gj  dési- 
gnent les  concentrations,  (quantités  contenues  dans  un  gr.)  du  bleu  de 
méthylène  dans  le  liquide  et  dans  les  cristaux  d'acide  phtalique  déposés. 


C, 

C, 

ce 

0^0005 

0^019 

0,02(53 

O.OdO^ 

0,0083 

0,0241 

O.OCXM 

0,0045 

0,0222 

0.00UU5 

0,0020 

0,0250 

0,0000^5 

0,0011 

0,0236 

0,0000125 

0,0048 

0,0260 

0,0000 1 

0,0037 

0,0270 

Le  rapport  ^,'  est  à  i^eu  près  constant  mtdgré  1" influence  des  courants 
de  concentration,  l'inégalité  de  la  surface  totale  des  cristaux  en  voie 
d'accroissement  produits  dans  chaque  cristallisoir  et  aussi  par  l'inégahté 
de  capacité  d'absorption  des  différentes  faces  des  cristaux.  Par  conséquent, 
d'après  ce  que  l'on  sait  siu-  le   coefficient  de  partage  d'une  substance 


!*ii8  ACADÉMIE    DES    SCIENC.E.S. 

dissoute  entre  un  corps  liquide  et  un  corps  solide,  la  constance  du 
rapport  J_  indique  que  la  molécule  de  bleu  de  méthylène  se  trouve  sous 
le  même  état  dans  les  cristaux  d'acide  phtalique  colorés  que  dans  l'eau 
dans  laquelle  elle  est  dissoute;  on  a  par  conséquent  aiïaire  à  une  véritable 
solution  solide. 

Des  expériences  identiques  ont  été  faites  pour  étudier  le  coefficient 
de  partage  du  l>leu  de  méthylène  entre  l'eau  et  les  cristaux  de  nitrate 
d'urée;  dans  ce  cas,  les  observations  peuvent  être  faites  à  la  température 
oi'dinaire.  Ce  dernier  corps  étant  assez  soluble  dans  l'eau  froide,  les 
résultats  ont  été  les  mêmes,  le  rapport  ç'  est  à  peu  près  constant. 


GKOLOGiE.  —  «bV/y  l'orif/me  vésHcieniie  du  hrouiUanl  ace  observé  à  Paris  dans 
1(1  matinée  du  mercredi  11  avril  1906:  Note  de  M.  Stanislas 
Meunier. 

Tout  le  monde  a  remarqué  le  brouillard  sec  et  jaunâtre  qui  s'est 
étendu  sur  Paris  dans  la  matinée  de  mercredi  dernier  11  avril;  la  navi- 
gation de  la  Seine  en  a  été  gênée  et  le  soleil  en  avait  pris  un  aspect  tout 
à  fait  particulier.  Dans  la  pensée  que  ce  phénomène  pouvait  se  rattacher 
à  l'éruption  actuelle  du  Vésuve,  j'ai  disposé,  sur  le  toit  de  la  maison  que 
j'habite  au  Quai  Voltaire,  des  plaques  glycérinées  destinées  à  retenir 
les  poussières.  Ces  plaques,  traitées  par  l'eau,  ont  donné  un  dépôt  assez 
abondant  où  l'on  voyait,  à  l'œil  nu  beaucoup  de  suie  et  de  matière  organi- 
que. La  portion  lîne,  séparée  par  la  liqueur  lourde  de  Thoulet,  a  donné  un 
sable  extrêmement  fin  dont  l'examen  microscopique  a  confirmé  mes  pré- 
visions. La  comparaison  avec  la  cendre  rejetée  par  le  Vésuve,  en  1822,  et 
dont  j'avais  un  échantillon  sous  la  main,  a  révélé  avec  féchantillon 
actuel  une  identité  complète.  La  principale  différence  consiste  dans  la 
présence,  dans  la  poussière  parisienne,  de  quelques  globules  parfaitement 
sphériques  de  fer  oxydulé.  On  doit  donc  admettre  que  le  brouillard  de 
mercredi  était  causé  par  la  chute  à  Paris  d'une  pluie  de  cendres  très  fines 
rejetées  par  le  Vésuve. 

A  3  heures  trois  quarts  1" Académie  se  forme  en  Comité  secret. 
La  séance  est  levée  à  4  heures.  M.  B. 


J 


I 


ACADEMIE  DES   SCIENCES. 

SEANCE    DU    LUNDI    23    AVRIL    1906. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  H.  POINCARÊ. 


MÉMOIRES    ET    COMMUNICATIONS 

DES     MEMBRES     ET     DES     CORRESPONDANTS     DE     l'aC.VDËMIE 

M.  le  Président,  annonçant  à  l'Académie  la  perte  douloureuse  qu'elle 
vient  de  faire  dans  la  personne  de  M.  Curie,  membre  de  la  section  de 
physique,  s'exprime  en  ces  termes  : 

Vous  savez  tous  quel  épouvantable  accident  vient  de  nous  enlever  un  de 
nos  confrères  les  plus  illustres  et  les  plus  estimés.  Un  des  plus  jeunes  aussi, 
un  de  ceux  sur  qui  les  Français,  jaloux  de  la  gloire  de  leur  pays,  pouvaient 
légitimement  fonder  de  longs  et  vastes  espoirs.  Hélas  !  toutes  ces  espérances, 
toutes  ces  vérités  futures  toutes  prêtes  à  s'éveiller,  tant  de  pensée  profonde 
et  féconde,  un  hasard  brutal  a  anéanti  tout  cela  d'un  seul  coup. 

M.  Curie  apportait  dans  l'étude  des  phénomènes  physiques  je  ne  sais  quel 
sens  très  fin  qui,  lui  faisant  deviner  des  analogies  insoupçonnées,  lui  permet- 
tait de  s'orienter  à  travers  un  dédale  de  complexes  apparences  où  d'autres  se 
seraient  égarés.  Ces  qualités  apparurent  dès  ses  premiers  travaux.  Il  étudia 
d'abord  les  phénomènes  piézoélectriques  dans  le  quartz,  et  c'est  par  là  sans 
doute  que  son  attention  fut  attirée  sur  la  nature  de  la  symétrie  cristalline  ; 
il  avait  sur  le  développement  des  formes  des  cristaux  des  vues  originales  et 
profondes.  Il  s'occupa  avec  le  même  succès  du  magnétisme  et  du  diamagné- 
tisme  et  des  causes  qui  peuvent  les  faire  varier. 

Ces  premières  recherches  lui  avaient  valu  l'admiration  de  quelques  physi- 

C   R.,  1906,  1"  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  17.)  124 


040  ACADÉMIE     DES     SCIENCES. 

ciens  compétents,  mais,  comme  il  aimait  l'ombre,  son  nom  restait  ignoré  du 
public.  Ce  fut  une  découverte  étonnante  qui  le  fit  connaître  et  du  jour  au  len- 
demain le  rendit  célèbre.  Le  l'adium,  ce  corps  si  rare  dont  on  a  eu  grand'- 
peine  à  réunir  quelques  grammes,  mais  qui  contient  sous  un  si  faible  poids 
une  quantité  invraisemblable  d'énergie,  semblait  démentir  tout  ce  que  nous 
croyions  savoir  de  la  matière.  Bien  des  personnes  se  demandaient,  et  peut- 
être  se  demandent  encore,  si  ce  métal  nouveau  n'était  pas  une  source  de 
mouvement  perpétuel,  ou  le  premier  exemple  de  cette  transmutation  des 
éléments  rêvée  par  les  alchimistes. 

Ces  résultats  qui  éblouissaient  le  public  doivent  paraître  plus  précieux 
encore  à  ceux  qui  savent  de  quelle  longue  patience  et  de  quelle  admirable 
sagacité  ils  ont  été  achetés.  De  hautes  récompenses,  bien  méritées,  redou- 
blèrent cette  popularité  Cet  homme  si  modeste  fut  à  la  mode  malgré  lui.  La 
renommée,  qui  d'ordinaire  ne  va  guère  au-devant  de  ceux  qui  ne  la  cherchent 
pas,  alla  le  trouver  dans  l'obscurité  où  il  la  fuyait.  Cette  notoriété  bruyante 
n'aurait  été  à  ses  yeux  qu'un  accident  importun,  ennemi  de  son  travail 
et  de  son  repos,  s'il  n'avait  senti  que  toute  cette  gloire  rejaillissait  sur  la 
France. 

Vous  savez  quel  était  l'agrément  et  la  sûreté  de  son  commerce  ;  vous  savez 
quel  charme  délicat  s'exhalait  pour  ainsi  dire  de  sa  douce  modestie,  de  sa 
naïve  droiture,  de  la  finesse  de  son  esprit.  On  n'aurait  pas  cru  que  cette  dou- 
ceur cachât  une  âme  intransigeante.  11  ne  transigeait  pas  avec  les  principes 
généreux  dans  lesquels  il  avait  été  élevé,  avec  l'idéal  moral  qu'il  avait  conçu, 
cet  idéal  de  sincérité  absolue,  trop  haut  peut-être  pour  le  monde  où  nous 
vivons. 

Dans  le  deuil  où  nous  sommes  tous  plongés,  notre  pensée  va  à  cette 
femme  admirable  qui  ne  fut  pas  seulement  pour  lui  une  compagne  dévouée, 
mais  une  précieuse  collaboratrice.  Cette  collaboration,  où  les  qualités  natu- 
relles de  l'homme  et  de  la  femme  se  trouvèrent  si  heureusement  associées, 
fut  sans  doute  un  échange  d'idées,  mais  elle  fut  aussi  un  échange  d'énergie, 
sur  remède  contre  ces  découragements  passagers  auxquels  tout  chercheur  est 
exposé.  C'est  pourquoi  notre  reconnaissance  doit  aller  à  M™°  Curie  en  même 
temps  que  notre  sympathie. 

Ce  n'est  pas  notre  usage  de  lever  la  séance  pour  le  décès  d'un  confrère 
après  que  les  obsèques  ont  eu  lieu.  Mais  nous  sommes  dans  des  circonstances 
particulières.  Les  conditions  de  stricte  intimité  dans  lesquelles,  d'après  les 
volontés  de  la  famille,  les  funérailles  se  sont  passées  n'ont  pas  permis  à 


SÉANCE  DU  23  AVRIL  1906.  941 

l'Académie  de  rendre  un  témoignage  officiel  et  public  à  la  mémoire  de  notre 
confrère.  C'est  ce  que  je  vous  propose  de  faire  aujourd'hui  en  levant  la  séance 
en  signe  de  deuil. 


M.  Blaserna,  président  de  l'Accademia  dei  Lincei,  adresse  la  dépêche 
suivante  : 

Veuillez  agréer  expression  de  noire  profonde  douleur  pour  mort  de  M.  Curie 
savanl  si  dislingué  et  si  modeste.  Veuillez  aussi  exprimer  ces  sentiments 
à  M"'  Curie,  illustre  compagne  du  regretté  décédé. 


La  séance  est  levée  en  signe  de  deuil. 


Physique  du  globe.  —  Sur  l'éruption  du  Vésuve  et  en  particulier  sur  les 
phénomènes  explosifs.  Note  de  M.  A.  Lacroix. 

Naples,  20  avril.  —  Les  phénomènes  volcaniques  qui  dévastent  les  flancs 
du  Vésuve  et  ont  même,  la  semaine  dernière,  jeté  l'inquiétude  jusque  dans 
Naples  constituent  la  phase  paroxysmale  d'une  période  d'activité  qui  a 
débuté  le  27  mai  1905.  A  cette  date,  une  fissure  s'est  ouverte  dans  le  cône 
terminal,  h  peu  près  à  l'altitude  de  la  station  supérieure  du  funiculaire,  et  a 
donné  naissance  à  une  coulée.  Depuis  lors,  l'épanchement  lavique  a  été  à  peu 
près  continu,  mais  soumis  à  des  variations  d'intensité  et  de  points  de  sortie, 
ces  derniers  restant  d'ailleurs  localisés  dans  la  région  N.-N.-O.  supérieure  du 
cône.  Les  divers  types  d'explosions  strombolienues  (i),  mixtes  ou  vulcaniennes 
ont  été  fréquents. 

En  septembre  et  en  octobre  dernier,  me  trouvant  à  Naples,  j'ai  pu  étudier 
cette  période  de  l'éruption  et  visiter  en  particulier,  avec  M.  Matteucci,  unedes 
sorties  de  la  lave  qui  s'écoulait  alors  sur  la  pente  très  raide  du  cône,  avec  une 
vitesse  d'environ  6  mètres  à  la  minute.  A  plusieurs  reprises,  ces  coulées  sont 
descendues  assez  bas  pour  couper  la  ligne  du  funiculaire  en  aval  de  la  station 
inférieure. 

M.  le  ministre  de  l'Instruction  publique  ayant  bien  voulu  me  confier  une 

(i)  J'appelle,  avec  M  Mercalli,  e.xplosions  stromboliennes,  celles  qui  se  produisent  ilans  un 
magma  à  haute  température  et  très  fluide,  lançant  des  matériaux  plus  ou  moins  fluides,  explo- 
sions Bulcaniennes,  celles  qui,  au  contraire,  projettent  des  matériaux  plus  ou  moins  solidifiés. 


942  ACADÉMIE     DES     SCIENCES. 

mission  à  l'effet  d'étudier  ce  paroxysme,  j'ai  pensé  que  l'Académie  serait,  dès 
à  présent,  intéressée  par  les  quelques  détails  suivants  que  je  compléterai 
ultérieurement.  Les  observations  risquent  d'ailleurs  d'être  gênées  pendant  un 
certain  temps  par  les  chutes  de  cendres,  les  tourbillons  de  poussière  soulevés 
par  le  vent  et,  enfin,  les  nuages  atmosphériques  qui,  pendant  des  journées 
entières,  cachent  le  volcan  ou  le  rendent  peu  praticable. 

La  caractéristique  essentielle  du  paroxysme  actuel,  qui  est  probablement 
l'un  des  plus  violents  qui  se  soient  produits  jusqu'à  présent,  réside  dans  la 
coexistence  de  deux  ordres  de  phénomènes  qui,  tous  deux,  ont  été  intenses 
et  destructeurs  : 

1°  Production  d'importantes  coulées  de  laves  épanchées  rapidement; 

2°  Phénomènes  explosifs  extrêmement  violents. 

M.  Mercalli  a  bien  voulu  me  donner  les  renseignements  suivants  sur  les 
dates  de  la  production  des  coulées  de  lave.  Le  4  avril,  alors  que  fonctionnait 
encore  la  bouche  N.-N.-O.  du  cône,  s'en  est  ouverte  une  nouvelle  sur  le  flanc 
sud,  à  environ  1.200  mètres  d'altitude.  Dans  la  nuit  du  4  au  5,  une  autre 
fente  se  produit  à  une  altitude  voisine  de  SUO  mètres  ;  elle  fournit  une  coulée 
dévalant  sur  les  pentes  de  la  montagne.  Le  6,  près  de  Cognoli  (à  environ 
500  mètres  d'altitude),  s'ouvre  une  nouvelle  bouche,  d'où  part  une  coulée; 
dans  la  nuit  du  7  au  8,  elle  livre  passage  à  un  afliux  considérable  de  lave 
très  liquide,  qui,  à  4  heures  de  l'après-midi,  s'arrête  près  du  cimetière  de 
Torre  Annunziata,  après  avoir  détruit  et  enseveli  une  partie  du  bourg  de 
Bosco  trecase. 

En  résumé,  la  sortie  des  laves  s'est  effectuée  de  plus  en  plus  bas  par  des 
ouvertures  situées  de  plus  en  plus  vers  l'Est.  Il  est  vraisemblable  qu'il  y  a 
eu,  en  outre,  des  épanchements  sur  le  flanc  nord  du  cône.  Jusqu'à  la  nuit 
du  7  au  8,  le  cratère  central  puis  les  bouches  nouvelles  en  activité  ont  été 
le  siège  d'importantes  explosions  stromboliennes  (Mercalli). 

Dans  la  nuit  du  7  au  8  s'est  produite  la  grande  explosion  qui,  elle,  a  ravagé 
le  flanc  N.-E.  de  la  Somma.  Vers  7  heures  du  soir,  les  lapillis  ont  commencé 
à  tomber  sur  Ottajano.  Leur  chute  a  été  en  augmentant  d'intensité;  elle  a  eu 
son  maximum  après  minuit  et  a  duré  jusqu'au  matin.  Une  énorme  quantité 
de  lapillis,  parmi  lesquels  se  trouvent  quelques  blocs,  a  couvert  un  large 
secteur,  dont  le  centre  est  à  peu  près  à  Ottajano  et  s'étend  du  côté  du  N.-O. 
jusqu'au  delà  de  Somma- Vesuviana,  du  côté  du  Sud  jusqu'au  delà  de  San- 
Giuseppe.  Ces  lapillis  ont  atteint,  paraît-il,  Avellino,  situé  à  environ  35  kilo- 
mètres du  cratère. 


SÉANCE    DU    23   AVRIL    1906.  943 

Tandis  qu'à  l'Observatoire,  placé  à  environ  2  kilomètres  N.-N.-O.  de 
celui-ci,  il  n'est  tombé  qu'une  quantité  de  lapillis  relativement  faible,  à 
Ottajano,  au  contraire,  leur  épaisseur  est  d'environ  0"'60  en  rase  campagne, 
alors  que,  dans  la  ville  même,  par  suite  de  causes  locales,  l'accumulation  de 
matériaux  solides  a  été  bien  plus  importante  ;  beaucoup  de  maisons  se  sont 
effondrées  en  ensevelissant  leurs  habitants.  Les  mêmes  faits  se  sont  produits 
dans  toute  l'étendue  de  la  zone  précitée,  mais  avec  une  intensité  décroissante. 

Un  examen  sommaire  des  lapillis  me  fait  penser  que  cette  grande  explosion 
a  eu  un  caractère  essentiellement  vulcanien  ;  il  a  projeté  surtout  des  maté- 
riaux anciens,  débris  du  sommet  du  cône,  qui  paraît  avoir  perdu  une  centaine 
de  mètres  et  peut-être  davantage.  Cette  grande  explosion  a  été  suivie  d'autres, 
plus  faibles,  nettement  vulcaniennes  ;  elles  se  poursuivent  depuis  lors  sans 
interruption,  mais  en  diminuant  d'intensité.  Suivant  la  direction  du  vent, 
des  cendres  très  fines  sont  transportées  au  loin  ;  la  région  de  grande  dévas- 
tation du  8  avril  reste  encore  la  plus  souvent  éprouvée,  mais,  ainsi  que  je 
l'ai  fait  remarquer  plus  haut,  au  début  de  la  semaine  dernière,  la  ville  de 
Naples  a  été  pendant  plusieurs  jours  envahie  par  la  cendre,  qui  s'y  est 
accumulée  sur  quelques  centimètres. 

Il  est  bien  probable  que  la  direction  du  vent  a  aussi  exercé  une  influence 
sur  la  direction  prise  par  les  lapillis  du  7-8  avril,  mais  il  me  paraît  assez 
vraisemblable  qu'en  outre  l'explosion  ne  s'est  pas  faite  verticalement,  mais 
s'est  produite  dans  une  direction  oblique,  fait  dont  les  éruptions  de  la  Mon- 
tagne Pelée  ont  fourni  des  exemples  typiques  ;  il  est  d'ailleurs  nécessaire  de 
réserver  cette  question  jusqu'au  moment  où  il  sera  possible  d'étudier  la 
configuration  du  cratère. 

Je  terminerai  par  quelques  considérations  que  m'a  suggérées  la  vue  des 
explosions  depuis  mon  arrivée  ici.  Elles  donnent  naissance  à  des  volutes 
d'un  gris  blanc,  épaisses,  plus  ou  moins  opaques,  montant  verticalement  ou 
roulant  les  unes  sur  les  autres  avec  une  faible  vitesse,  atteignant  parfois  de 
grandes  hauteurs,  mais  dans  d'autres  cas  s'élevant  peu  au-dessus  du  cratère. 
Par  leur  compacité,  ces  volutes  rappellent  celles  de  quelques-unes  des  explo- 
sions verticales  de  la  Montagne  Pelée  (ce  que  j'ai  appelé  les  poussées 
rousses).  Par  contre,  elles  se  distinguent  par  leur  compacité  moindre  de  ce 
que  j'ai  désigné  sous  le  nom  de  nuées  ardentes  verticales,  nuées  qui,  après 
avoir  suivi  un  mouvement  ascensionnel  plus  ou  moins  important,  retombaient 
lourdement  sur  le  volcan  et  roulaient  alors  sur  ses  pentes,  mais  avec  une 
vitesse  moindre  que  les  nuées  prenant  dès  l'origine  une  direction  descendante. 


944  ACADÉMIE     DES     SCIENCES. 

Ici,  au  Vésuve,  ces  volutes  volent  parfois  comme  suspendues  sur  le 
sommet  de  la  montagne,  débordant  un  peu  sur  le  bord  de  la  crête;  on  peut 
se  demander  à  certains  instants  si  elles  ne  vont  pas  rouler  sur  la  pente,  mais 
généralement  elles  ne  tardent  pas  à  se  dissocier,  plus  rarement  elles 
ébauchent  un  faible  mouvement  de  descente;  dans  les  deux  cas  on  en  voit 
partir  des  avalanches  de  matériaux  solides  qui  dévalent  sur  les  pentes  du 
cône. 

Il  me  semble  tout  à  fait  évident  qu'entre  les  nuées  de  projections  vulca- 
niennes  typiques  et  les  nuées  ardentes,  que  l'on  pourrait  désigner  sous  le 
nom  plus  général  de  peléennes,  car  on  peut  les  concevoir  chargées  de  maté- 
riaux non  brûlants,  il  n'y  a  pas  de  différence  fondamentale,  action  destructive 
mise  à  part,  bien  entendu.  Elles  ne  diffèrent  que  par  la  quantité  de  matériaux 
solides  entraînés  par  la  vapeur  d'eau  et  les  produits  gazeux.  Dans  le  type 
vulcanien,  la  proportion  de  la  vapeur  d'eau  et  des  gaz,  tendant  à  s'élever  dans 
l'atmosphère,  est  suffisante  pour  contre-balancer  l'influence  de  la  pesanteur 
agissant  sur  les  matériaux  solides,  tandis  que  dans  le  type  peléen  c'est  l'in- 
verse qui  se  produit;  aussi,  dans  ce  cas,  la  nuée  (qui  en  même  temps  est  plus 
riche  en  matériaux  de  grosse  dimension)  peut-elle  couler  comme  un  fluide 
dense,  même  quand  elle  ne  reçoit  pas  une  impulsion  de  haut  en  bas  du  fait 
de  l'explosion. 

On  peut  évidemment  concevoir  tous  les  intermédiaires  entre  ces  deux  types 
extrêmes,  et  j'ai  la  conviction  que  toute  explosion  vulcanienne  peut  prendre 
le  caractère  peléen  quand  la  quantité  de  matériaux  solides  qu'elle  entraîne 
est  suffisante. 

On  s'explique  dès  lors  pourquoi  le  phénomène  des  nuées  peléennes  n'est  ni 
lié  à  un  magma  de  composition  chimique  déterminée  (andésiste  acide  de  la 
Montagne  Pelée,  labradorite  de  Saint-Vincent,  basalte  de  San  Jorge)  ni 
nécessairement  caractéristique  d'un  volcan  donné  ;  il  est  seulement  la  consé- 
quence des  propriétés  physiques  du  magma  au  »ioment  où  su  pruduisent.  les 
explosions  et  de  l'intensité  de  celles-ci.  Les  conditions  dans  lesquelles  elles 
avaient  lieu  à  la  Montagne  Pelée,  sous  la  carapace  solidifiée  continue  d'un 
dôme  d'andésite  s'édifiant  sur  le  sommet  d'une  montagne,  ont  réalisé  un 
optimum;  mais  l'exemple  de  l'éruption  de  Saint- Vincent  montre  que  ces  con- 
ditions ne  sont  pas  indispensables  et  que  des  nuées  peléennes  peuvent  prendre 
naissance  dans  un  cratère  béant  et  même  profond  ;  aussi  les  explosions  volca- 
niennes  actuelles  du  Vésuve  sont-elles  particulièrement  intéressantes  à  suivre 
de  près. 


SÉANCE  DU  23  AVRIL  1906.  945 


CORRESPONDANCE 

Astronomie  physique.  —  Sur  une  méthode  suscrptible  de  permettre  l'étude 
de  la  couronne  solaire  en  dehors  des  éclipses.  Note  de  MM.  G.  Mil- 
lochau  et  Stefanik,  présentée  par  M.  J.  Janssen. 

L'observation  de  la  couronne  en  dehors  des  éclipses  a  été  fréquemment 
tentée  par  les  astronomes  ;  nous  avons  l'honneur  de  présenter  un  nouveau 
procédé. 

Les  études  oculaires  et  photographiques  que  nous  avons  faites  sur  le 
spectre  solaire  en  tamisant  la  lumière  au  moyen  d'écrans  colorés  nous  ont 
inspiré  l'idée  d'utiliser  les  propriétés  de  ces  écrans  pour  tenter  l'étude  de  la 
couronne  solaire  en  dehors  des  éclipses. 

Nous  nous  proposons  de  photographier  les  régions  voisines  du  bord  solaire 
au  moyen  du  spectrohéliographe,  en  isolant  dans  la  seconde  fente  la  raie 
/.  5303  et  en  éliminant  la  lumière  des  autres  radiations  au  moyen  d'un  écran 
vert  approprié  (i). 

Le  même  procédé,  appliqué  à  un  spectrographe,  peut  permettre  d'obtenir, 
dans  des  conditions  atmosphériques  convenables,  la  photographie  de  la  raie 
verte  coronale.  Les  premiers  essais  que  nous  avons  f.ùts  à  Meudon  ont  donné 
des  résultats  encourageants,  et  nous  espérons  qu'au  sommet  du  Mont-Blanc 
nous  pourrons  compléter  plus  aisément  ces  dernières  recherches. 


Analyse  mathématiqub.  —  Courbes  algébriques  à  torsion  constante. 
Note  de  M.  Eugène  Fabry. 

Une  courbe  algébrique  à  torsion  constante  peut  se  déduire  de  trois  poly- 
nômes/;, h,  l.  Les  courbes  réelles  que  j'ai  obtenues  [Comptes  rendus,  25  jan- 
vier 1892;  Annales  de  l'École  Normale,  3^  série,  t.  IX)  correspondent  au 
cas  où  SA-  se  réduit  à  (1  +  t"f".  D'autre  part,  j'ai  montré  {Comptes  rendus, 
23  novembre  1896)  que  S/r  n'a  pas  de  racines  triples  et  que  ses  racines,  qui 

(i)  M.  Haie  a  posé  en  1892  la  méthode  générale  pour  l'emploi  du  spectrohéliographe  à  l'étude 
Je  la  couronne  en  dehors  des  éclipses. 


946  ACADÉMIE     DES     SCIENCES. 

ne  sont  jamais  simples,  ne  sont  pas  toutes  doubles,  si  la  courbe  est  réelle. 
On  peut  donc  se  demander  s'il  existe  des  courbes  réelles,  pour  lesquelles  s/r  a 
plus  de  deux  racines  distinctes.  Les  formules  suivantes  conduisent  à  une 
courbe  qui  semble  être  l'une  des  plus  simples  répondant  à  la  question.  Soient  : 

sin  2t 
1  -1-  /.-  +  2/.cos2it 

/  -\-  cos  2/ 

k  =  j    ,   '.,;   1   „. ^,  +  M  +  acos2i!  +  bcosAt  +  ccosfi^ 

1  +  A  +  2/  cos  zt       ' 

l  =p[Xsin3^  +  3(l  +  /4->')sin/], 

de  sorte  que 

^=  3jD(l  +  À'  +  2).  cos  20  cos  ;. 

Déterminons  les  coefficients  de  façon  que  S/i^  soit  constant,  et  que  /.'(//, 
hdl  et  kdli  aient  des  intégrales  trigonométriques,  le  terme  en  t  et  les  loga- 
rithmes disparaissant.  On  obtient  six  relations  qui  peuvent  s'écrire  : 

a  =  3cÀ^ 
b  =  3c/. 


y=c.  ,_     „ 


3/,^ 

-1 

(,:- 

A 

ir 

(r 

/' 

if 

■^a  +  2/  — 21/1  +  /.  +  // 

3il  +  i){A^-lf       ' 


^       '^       ^  3(1+1)  Ça'-  if 


a'  +  2b'  +  3c'  =  pr  ^ 


on  en  déduit 


(r-i)- 

2(5  4  8>.  +  18/'  +  Kir  +  1  l/')l/r-fT+  /' 
=  ()  +  11)/.  +  3R/r  +  5()/=  -f  44a'  +  23/;'. 


(jui,  développée,  donne 

45/'"  4-  132/''  +  12/."  —  348/'  —  1022//' 

—  1356/'  —  1428//  —  972/''  —  579/'  —  192/  —  64  =  0; 


SÉANCE    DU    23  AVRIL    1906.  947 

cette  équation  irréductible  a  une  seule  racine  positive,  à  laquelle  correspond 
une  solution  réelle.  On  a 

0  étant  la  torsion  constante,  les  équations  de  la  courbe  sont  : 

X       rhdk  —  kdh  À'  ■   a,   ,    w  •    w   i    o;  ■    oy 

J  ="  I  /ji  -I-  /.i  -^  p  =  ~  4(;  _|_  1)0  siu 6/  +  A' sin 4(  +  B' sin 2t, 


1=  f- 
6        !  h' 


kdl  —  l  dh  1  —  À  sin  t 

X 


+  Asin9^  +  Bsin7<  +  Dsin5<  -\-  EsinS/  +  Fsin/, 


^û!/i  ~  hdl  1  cos< 

X 


G       J  /î'  +  A'  +  ^''      p(l  +  If  '^  1  +  /*  +  2/C0S2/ 

+  Acos9(t  +  Becs  7/  +  Dcos5;  +  E'cosS^  +  F'cos/; 


=  ÏTT+T?  [-('■  +  ^^'-'1  +  ^'  +  '■'  -  11  -  ^'-  -  7^'^J, 


_  .  gp.  +  36(ft  +  1)  +  ^c{b  +  À) 
^  ~       ^  /(À  +  If 


_  ^''^         _    ^^l  +  >.  —  l/l  +  X  +  Â. 

^  ~       6p(X  +  if~      ''  i2(l  +  If 

_  .  bl  +  15c(l  +  À  +  /') 
^  ~       '■  14p(/  +  If 

_.aÀ  +  3(7c-  3^>)(1  +  /  +  T-) 
~  '-  10p(X  +  If 

_  .  1  +  3>.c  +  {hh  -  a)  (1  +  /.  +  K) 
^  ~  2p(/.  +  If 

_  7&//  +  aÂ(9  +  4X  +  9/.')  +  3/.  —  2(1  +  À^) 
~  2p(X  +  If 

P_P,    ,    -5A(a  +  l)  +  3p.(l  +  /  +  >.^) 

C.  R.,  1906,  1"  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  17.)  125 


948  ACADÉMIE     DES     SCIENCES. 

Les  coefflcients  A,  B,  ...  peuvent  s'exprimer  par  des  fractions  ration- 
nelles ou  des  polynômes  du  neuvième  degré  en  /,  qui  est  la  racine  positive 
de  l'équation  du  dixième  degré. 

En  prenant  pour  \ariable  tang  (  ^  —  jY  on  peut  ramener  //,  k,  I  h  être 

des  polynômes  du  degré  16,  et 


ik'  =  {i  +  er\f  +  {i±±2. 


"+'K^ 


Cette  courbe  semble  être  l'une  des  plus  simples;  car  dans  les  cas  qui, 
a  priori,  paraissent  les  plus  simples,  on  n'obtient,  en  général,  que  des 
solutions  imaginaires. 


Analyse  mathématique.  —  Sur  les  groupes  réductibles  de  transformations 
linéaires  et  homogènes.  Note  de  M.  Henry  Taber,  présentée  par 
M.   Emile  Picard. 

Soit  A;;  la  transformation  générale 

(1)  ic;  =  2;^!  a;,  (Si,  ?„...,?,)./;,  (2  =  1,2,  ...,  H), 

d'un  groupe  quelconque  G  de  transformations  linéaires  et  homogènes  à 
n  variables  avec  r  paramètres  essentiels  ?i,  ?2.  •■•'  ^r-  Conformément  aux 
idées  de  Cayley,  d'après  lesquelles  les  transformations  linéaires  et  homo- 
gènes (ou  bien  leurs  matrices)  peuvent  être  assujetties  aux  opérations  de 
l'algèbre,  désignons  par  m  le  nombre  maximum  de  ces  transformations 
de  G  qui  sont  linéairement  indépendantes  ;  évidemment  on  a  m  ^  ri". 

Soit  Al,  A..,,  ....  A,„  un  système  quelconque  de  transformations  linéaires 
indépendantes  de  G,  i;'/',  Çîf',  ...,  ïl/*'  étant  les  valeurs  des  paramètres  qui 
correspondent  à  A^,(p  =:  1,  2,  ...,  m).  Alors  nous  aurons 

(2)  A,A  =2r=:7//.A,         {i,  j  =\,  2,  ...,  m); 

et  comme  la  multiplication  des  matrices  est  associative,  il  s'ensuit  que  les 
constantes  /f^/j  sont  les  constantes  de  multiplication  d'un  système  de  nombres 


SÉANCE    DU    23   AVRIL    1906.  949 

hypercomplexes  à  m  unités,  les  unités  étant  les  matrices  Aj,  A^ A,„. 

De  cette  manière  on  peut  associer  à  tout  groupe  donné  G  de  transformations 
linéaires  et  homogènes  à  n  variables  avec  r  paramètres  essentiels  un  système 
de  nombres  hypercomplexes  à  m  unités,  et,  par  conséquent,  aussi  un 
groupe  simplement  transitif  T  de  transformations  linéaires  et  homogènes  à 
m[r ^m<n^)  variables,  à  savoir  le  groupe  de  ce  système  de  nombres 
hypercomplexes  ;  et  la  solution  de  certains  problèmes  relatifs  au  groupe  G 
peut  être  réduite  à  la  solution  des  problèmes  correspondants  relatifs  au 
système  de  nombres  hypercomplexes  ou  bien  au  groupe  V.  En  particulier, 
j'ai  trouvé  que  le  groupe  G  est  complètement  réductible  chaque  fois  que  le 
groupe  r  est  complètement  réductible,  et  vice  vei^sa  (i). 

Soit  maintenant  A  =  -;=,  cii  A,  un  nombre  quelconque  du  système 

(A,,  A„  ...,  A,„), 
et  posons  (voir  mon  Mémoire  Transact.  American  mat.  Societtj,  t.  V) 

C  A    Vra         Sm         „ 

SA  ^i  ^  1  -/  =  1  «(  fiji- 

Alors  la  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  que  le  groupe  r,  et  par 
conséquent  aussi  le  groupe  G,  soit  complètement  réductible  consiste  dans 
l'inégalité 


A(A„  A„  ...,  A,,,) 


oAj  0A1A2        --•        o  Aj  A„ 

SA,  A,      SAl  ...      SA,A„ 


bA„,  A,      oA,,,  A<      .  .       ^lA,, 


é  0. 


Quand  m  =  nr,  le  système  (A,,  Ao,  ...,  A,„)  est  équivalent  à  un  quadrate 
dans  la  terminologie  de  Benjamin  Peirce,  et  pour  un  tel  système  on  a  tou- 
jours A  p=  0,  ce  qui  est  d'accord  avec  un  théorème  de  M.  Burnside  {Math. 
Society  London,  série  2,  vol.  III). 

L'équation  A  =  o  reste  invariable  quand  on  substitue  pour  (Aj,  A^,  ...,  A,„) 
ni  fonctions  linéaires  quelconques  de  ces  lettres,  pourvu  que  ces  fonctions 
soient  linéairement  indépendantes.  Car  si 

U;  =  2;'.i7^;A;         (i  =  \,2,...,m), 

(1)  Je  regarde  aveo  M.  A.  Lœwy  {Transactions  oj'the  American  mathemalical  Society,  vol.  I\', 
p.  506)  un  groupe  irréductible  G  comme  un  cas  spécial  d'un  groupe  complètement  réductible,  de 
sorte  que  le  groupe  r  est  toujours  réductible,  tandis  que  le  groupe  G  peut  être  réductible  ou 
irréductible. 


950  ACADÉMIE     DES     SCIENCES. 

on  a 

A(U.,  a,  ...,U„,)  =  T'A(A„A„...,AJ, 

T  désignant  le  déterminant  de  la  transformation. 

Soit  d'autre  part  SA  la  somme  des  éléments  dans  la  diagonale  principale 
d'une  matrice  quelconque  A,  et  désignons  par  V  (Ai,  Ag,  ...,  A,„)  le  résultat 
que  l'on  obtient  en  remplaçant  SAj  A^  par  SA,A^  dans  A.  Alors  je  trouve 
que  V  =  0  si  A  z:=  0,  et  vice  versa.  On  a  d'ailleurs 

V(U.,U„...,U„,)  =  T^r(A.,A„...,AJ. 

Soit  a-  le  nombre  des  racines  distinctes  de  l'équation  caractéristique  d'une 
transformation  quelconque  Aç  de  G,  et  soit  s  la  valeur  maxima  de  o'  pour 
toutes  les  transformations  de  G;  alors  nous  avons  le  théorème  suivant  : 
Si  G  est  complètement  réductible,  les  divisions  élémentaires  sont  simples  pour 
chaque  racine  de  l'équation  caractéristique  de  toute  transformation  Aç  de  G 
pour  laquelle  a  =  s. 

D'ailleurs  le  groupe  G  est  irréductible,  si,  et  seulement  si,  aucun  des  coeffi- 
cients cf.^j  (?)  de  la  transformation  générale  de  G  n'est  identiquement  nul,  et 
si,  en  même  temps,  les  n  transformations 

OÙ 

■<=1,         ^'"^O         {p,q  =  \,2,....n;q^p) 

peuvent  être  exprimées  linéairement  au  moyen  des  transformations  de  G. 
Au  moyen  de  ce  corollaire  on  peut  démontrer  que  le  groupe  orthogonal 
propre  où  w  >  2  variables  est  irréductible. 

La  totalité  des  transformations  linéaires  (ou  matrices)  A  =  2"Li  a,Aj  pour 
toutes  les  valeurs  possibles  de  «,,  a..,  ...,  a^  constitue  un  groupe  G  à 
n  variables  avec  m  paramètres  essentiels.  Chaque  transformation  de  G  est  une 
transformation  de  G  ;  et,  comme  les  paramètres  de  G  sont  essentiels,  on 
conclut  que  m  ^  r.  Donc,  si  r  =  n",  G  est  irréductible.  Pour  que  A  soit  une 
transformation  de  G,  il  est  nécessaire  et  suffisant  que  aj,  a^,  ...,  a,„  satis- 
fassent aux  n'"'  équations 

aiay(Ç('))  +  «i,a,;(?<-))  +  ...  +  a,„a,,(i;W)  ^  ^..,(:)        {i,i  =  i,  2,  ...,  n). 
Soit  R  un  domaine  arbitraire  de  rationalité,  et  exprimons  maintenant 


SÉANCE    DU    23    AVRIL    1906.  -      951 

par  (t  un  ensemble  de  transformations  linéaires  et  homogènes  de  la 
forme  (1),  qui  constituent  un  groupe  et  dont  les  coefficients  appartiennent  au 
domaine  R.  Désignons,  comme  tout  à  l'heure,  par  Aj,  Ao,  ...,  A,„  un  système 
quelconque  de  transformations  linéairement  indépendantes  de  G  du  nombre 
maximum  m.  Ces  matrices  constituent  un  système  de  nombres  hyper- 
complexes  (par  rapport  à  ce  domaine  R)  (voir  mon  Mémoire  cité  plus  haut), 
et  le  groupe  G  est  complètement  réductible  par  rapport  à  R,  si,  et  seulement 
si,  le  groupe  du  système  hypercomplexe  est  complètement  réductible  par 
rapport  à  R,  ce  qui  arrive  si  A(Ai,  Ao,  ...,  A,„)  ^  0,  et  vice  versa.  11  s'ensuit 
que,  si  les  coefficients  d'un  groupe  G  appartiennent  en  même  temps  à  deux 
domaines  Ri  et  Ro,  et  si  G  est  complètement  réductible  par  rapport  à  Ri,  il 
l'est  aussi  par  rapport  à  Rg . 


Analyse  mathématique.   —  Sur  l'équation  de  Laplace  à  deux  variables. 
Note  de  M.  Georges  Lery,  présentée  par  M.   Humbert. 


I.  L'équation  de  Laplace, 


(IX         'ly 


admet  une  intégrale  qui  dépend  de  trois  paramètres  : 

ux  +  vy  -\-  w\ 
ou  bien,  en  transformant  par  inversion  : 


X  +  y  X  +  y 

On  peut  l'utiliser,  comme  on  fait  des  intégrales  complètes,  dans  le  cas  des 
équations  du  premier  ordre. 

Considérons  en  effet  la  famille  de  cercles  Y^, 

n  -5-i -,  +  V  -~^ — ^  -(-  ic  =  cr, 

X-  -f-  y  X  +  y 

où  (7  est  une  constante  arbitraire.  On  peut  choisir  u,  v,  iv  pour  que  le 


952       .  ACADÉMIE     DES     SCIENCES. 

cercle  l'o  touche  en  un  point  quelconque  M  une  courbe  0  donnée;  si  ce  point 
décrit  C,  l'enveloppe  de  r^  est  une  courbe  Cg-  : 

Cette  équation  définit  une  fonction  g  {oc,  y),  qui  est  une  solution  de  l'équation 
de  Laplace,  nulle  sur  C,  infinie  à  l'origine  comme —      .  . 

2.   Soit  un  contour  algébrique  fermé  C,  ayant  pour  équation 

f{œ,  y,  1)  =  0; 

l'équation  de  la  famille  isotherme  C^  est 


r 


ce   ~\~  î/^  ÛG^  -j  -  i/~ 

X  —  <J ^,     //  —  m ^,     1  —  cr(ic  4-  iy) 


=  0. 


Supposons  '7[x,  y)  uniforme  à  l'intérieur  de  C,  et  finie  sauf  à  l'origine; 
l'application  de  la  formule  de  Green  donne 


<>x  <jy       2n  J     an 


ôy 
on  peut  donc  calculer  à  l'origine  la  valeur  de 

'W  '<y  ' 

si  les  valeurs  de  la  fonction  harmonique  U  sont  connues  sur  C.  On  aura 
ensuite  U  en  intégrant  une  différentielle  totale,  ce  qui  fait  deux  quadratures 

1 

au  total.  La  fonction  de  Green,  infinie  à  l'origine  comme  log    .     -      ,  se 

V  x^  +  ?/ 

déduit  de  a  par  une  intégration. 

Les  valeurs  de  U  sur  le  contour  permettent  donc  de  déterminer  une  sorte 
d'intégrale  intermédiaire. 

3.  Les  points  critiques  de  «7  sont  les  foyers  de  la  courbe  C;  les  pôles  sont 
ce  que  l'on  peut  appeler  les  images  de  l'origine  par  rapport  à  C,  car,  pour 
un  cercle,  il  y  a  un  pôle  unique,  qui  est  l'image  au  sens  ordinaire  du  mot. 


SÉANCE  DU  23  AVRIL  1906  953 

Lorsque  ç  n'est  pas  uniforme  et  finie  dans  C,  on  ne  peut  appliquer 
directement  la  formule  de  Green;  la  forme  de  la  solution  dépend  du  nombre 
de  pôles  et  de  foyers  contenus  dans  C;  elle  est  encore  simple,  comme 
i'espère  le  montrer,  lorsqu'il  n'y  a  que  des  pôles. 

4.   L'usage  des  coordonnées  symétriques 

z^x-\-ii/,         z'^=x  —  iy, 
simplifie  les  notations  et  donne  une  représentation  géométrique  utile. 


Électricité.  —  Emploi  de  l' électro-diapason  comme  générateur  de  campants 
alternatifs.  Note  de  M.  Devaux-Charbonnel,  présentée  par 
M.   H.   Becquerel. 

Quand  on  cherche  à  utiliser  les  courants  engendrés  dans  l'éiectro-aimant 
d'un  diapason  électrique,  on  constate  des  phénomènes  assez  curieux. 

Tout  d'abord,  si  l'on  approche  un  conducteur  parcouru  par  ces  courants 
d'un  circuit  formé  de  résistances  non  inductives  et  d'un  galvanomètre 
thermique  Duddell  très  sensible,  on  y  développe  des  courants  de  plusieurs 
microampères.  Ce  phénomène  ne  paraît  pas  dû  à  l'induction  électromagné- 
tique. Il  persiste  si  l'on  a  soin  de  n'exposer  à  leur  action  mutuelle  que  des 
conducteurs  formés  de  deux  fils  enroulés  en  hélice  de  très  faible  pas.  Il  se 
produit  encore,  si  l'on  place  ces  conducteurs  dans  un  tube  de  cuivre. 
11  disparaît  si  dans  leur  partie  agissante,  les  fils  reliés  au  diapason  sont 
maintenus  à  un  potentiel  nul  par  un  moyen  quelconque,  par  exemple,  en 
touchant  à  la  main  un  point  dénudé.  Il  sem1)le  donc  que  c'est  la  capacité 
électrostatique  seule  qui  intervient. 

Si  ensuite  on  prend  un  galvanomètre  sensible  seulement  au  milliampère, 
on  peut  introduire  l'électro-diapason  dans  le  circuit,  le  galvanomètie  ne 
dévie  que  si  sa  clef  est  abaissée  ;  mais  en  faisant  varier  les  résistances, 
on  constate  que  le  courant  dépend  moins  de  leur  valeur  ohmiqiie  que  de 
leur  nombre.  Ainsi  lU  résistances  de  1000  ohms  donnent  une  déviation  4  à 
5  fois  plus  grande  qu'une  seule  de  lOOOO.  Cinq  résistances  de  1000  ohms 
donnent  une  déviation  plus  faible  que  10  de  même  valeur.  Mêmes  siiigu- 


954  ACADÉMIE     DES     SCIENCES. 

larités  avec  des  résistances  de  100  ohms.  Il  est  bien  pi-obable  que  là  encore 
la  capacité  électrostatique  joue  le  rôle  principal. 

D'ailleurs,  ces  phénomènes  sont  bien  dus  à  la  nature  spéciale  des  courants 
engendrés  par  l' électro-diapason,  car  ils  ne  se  manifestent  pas  quand  on  fait 
agir  sur  les  mêmes  circuits  des  générateurs  de  puissance  et  de  fréquence 
analogues,  comme  les  ronfleurs,  où  le  courant  alternatif  est  produit  par  la 
variation  de  résistance  d'un  contact  microphonique  de  charbon. 

En  ayant  recours  à  l'oscillographe,  on  constate  que  le  courant  de  l'électro- 
diapason,  même  après  passage  dans  un  transformateur,  est  loin  d'être 
sinusoïdal.  Il  présente  un  sommet  très  aigu  et  une,  deux  ou  trois  encoches 
suivant  la  résistance  intercalée;  de  plus,  l'amplitude  par  rapport  à  la  ligne 
neutre  est  environ  trois  fois  plus  grande  dans  la  partie  positive  que  dans 
la  partie  négative.  Ceci  n'est  pas  surprenant,  si  l'on  considère  que,  par  son 
fonctionnement  même,  le  diapason  rompt  le  courant  à  chaque  vibration.  Ces 
ruptures  brusques  sont  le  phénomène  qui  domine  dans  la  production  des 
courants  d'utilisation  qui  doivent,  en  conséquence,  être  dissj'métriques,  avoir 
un  haut  voltage  et  renfermer  des  harmoniques  supérieures.  Ces  particularités 
suffisent  à  expliquer  la  grandeur  des  effets  d'induction  électrostatique. 

Ces  propriétés  des  électro-diapasons  rendent  leur  emploi  délicat  et 
difficile,  comme  générateurs.  Quand  on  les  utilise  sur  les  lignes  télégra- 
phiques pour  la  télégraphie  multiplex,  ils  développent  des  courants 
d'induction  très  appréciables  dans  les  conducteurs  voisins,  ce  qui  ne  paraît 
pas  avoir  lieu  avec  d'autres  appareils,  comme  les  ronfleurs,  qui  produisent 
un  courant  à  peu  près  sinusoïdal. 


Chimie  physique.  —  La  diffusion  des  solutions  et  les  poids  moléculaires. 
Note  de  M.  Michel  Yégounow. 

I.  Ayant  besoin  de  déterminer,  pour  mes  travaux  microbiologiques,  la 
vitesse  du  mouvement  de  l'O^  et  de  l'H-S  dans  les  milieux  nutritifs  et  dans 
l'eau  et  ne  pouvant  pas  le  faire  directement  (i),  j'ai  été  obligé  de  recourir  à 


(1)  Changement  de  la  diffusion  dans  de  la  gélatine  (Duclaux,  Microbioloqie);  dans  l'agar-agar 
(d'après  mes  expériences). 


SÉANCE    DU    23   AVRIL    1906.  955 

une  solution  indirecte  du  problème.  J'ai  supposé  que  les  relations  les 
mieux  déterminées  pouvaient  exister  entre  le  coefficient  de  diffusion  (K) 
et  la  vitesse  du  mouvement  (v),  dans  une  section  donnée,  pour  les  solutions 
de  même  pression  osmotique,  c'est-à-dire  pour  les  solutions  équi moléculaires. 
Les  expériences  ont  été  faites  dans  de  la  gélatine  pure  à  10  %  absolument 
transparente.  Les  tubes  de  15*"°  de  hauteur  et  de  8  —  10""°  de  largeur  à  bords 

unis,  remplis  de  cette  gélatine,  ont  été  plongés  de  ^  —  T"'  dans  les  solutions 

prises  toujours  en  grand  volume  (250  à  500"""'). 
Les  résultats  les  plus  importants  sont  : 

1"  Le  rapport  du  coefficient  de  la  diffusibilité  (K)  à  la  vitesse  du 
mouvement  [v)  (à  la  distance  donnée)  est  une  grandeur  constante  pour 
les  solutions  équimoléculaires  de  tordes  les  substances  : 

,,,  K      K,  K„        0  . 

(1)  —  =  — i  =  ...  — 2  =  ^  ^  const. 

V        V,  v„         v,„ 

Pour  les  solutions  normales,  ce  rapport  :=  0,1. 

La  vitesse  v  prise  toujours  dans  la  section  transversale  à  la  hauteur 
de  1"'"  fut  déterminée  comme  la  première  dérivée  de  la  formule  h  =  a\'t 

(formule  Stefan)  :  y  =  —  =  ^-—  ;  t,  le  temps  en  jours  depuis  le  commence- 
ment de  la  diffusion  ;  h,  l'espace  parcouru  par  la  substance  qui  diffuse, 
en  cm.;   a,   la  constante  propre  à  chaque  substance  et  à  chaque  concen- 

tration.  t  étant  éliminé,  on  a  o  comme  fonction  de  /i  :  ^;  ■èi  h  =  \,  v  =  ^. 
Donc  les  équations  (1)  peuvent  être  exprimées  encore  ainsi  : 

(2)  î^=  ^  =  ...  ^V  =-  -At  =  co"st.  f  =  0,05 pour  -  N 

n-      a,  a.i       fa-\  \  1 

h 

Dans  ces  équations,  a  et  r  sont  exprimés  en  cm.    à  17-18°  C;   K  sont 

donnés  u  K»"  d'après  Stefan,  Scheffer,  Schumeister,  etc.  L'équation  v  ==  ir- 

zli 

démontre  que  la  vitesse  varie  en  raison  inverse  de  la  hauteur  ;  voilà  pourquoi 

la    quantité   (0)   de   la    substance    diffusante    varie  de    la    même    manière. 

2°  La  forme  du  vase  n'intlue  que  sur  la  grandeur  de  la  constante  a  ;  la  loi 

c.  H.,  1906,  1"  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  17.)  126 


956  ACADÉMIE     DES     SCIENCES. 

du  mouvement  h  =---aV  t  reste  juste  pour  toutes  les  formes  de  l'espace,  sauf 
dans  les  cas  où,  avec  la  variation  de  la  d  stance,  la  loi  même  de  la  variation 
de  la  section  transversale  varie,  parce  que  a  cesse  alors  d'être  une  constante. 

3"  La  pression  de  la  colonne  d'eau  jusqu'à  80'""'  n'influe  pas  d'une  manière 
appréciai  lie  sur  la  grandeur  de  la  constante  a. 

11.  Quand  la  concentration  [x)  varie  en  progression  géométrique,  la 
vitesse  v  varie  en  progression  arithmétique.   Pour  plus  de  commodité  nous 

remplacerons  partout  v  par  -^. 

Ain?i  nous  avons  a-  =  2™  ou  ?/  =  a'  et  m  =  constante  propre  à  chaque 
substance. 

Le  tableau  ci-dessous  donne  a  (en  cm.)  à  12-13°  C;  dans  la  première  ligne 
on  donne  les  valeurs  de  a  trouvées  par  l'expérience  ou  par  les  graphiques 
et  dans  la  deuxième  ligne  les  valeurs  de  a  calculées  d'après  la  formule.  La 
concentration  de  la  solution  est  donnée  dans  les  fractions  de  la  solution 
noi'male 


NaCl 

NH'Cl 

BaCl- 


On  voit  quedansleslimites  t  N  —  tt^  N  m  pour  NaCl  =2,5;  NH'Cl  —  3,13 

BaCl-  —  2,5.  D'après  sa  valeur  numérique,  ?«  est  presque  égal  à  -^,  où  «„  est 

.1  y       Qa' 

une  constante  de  la  solution  y  N  ;  par  conséquent,  1  exposant—  = — t-,  ou  a,, 

est  la  constante  d'une  solution  quelconque. 

Pour    avoir    x  exprimant    directement    la    concentration    en    grammes- 
molécules  j'ai  obtenu  ces  équations   : 

(3)  ,^2^-6^2|-^^=2Ï-«  =  2^-^- 

Ainsi,   en  connaissant  seulement  K  ou  (a„)   on   peut  trouver  a  (et   par 


1     V 

1 

l 

1 

1 

1 

1 

lîo^' 

T^ 

2 

4 

8 

Ï6 

m 

64 

I 

3,95 

3,77 

3,04 

2,8 

2,3 

1,7 

1,1 

0,67 

II 

:i,95 

3,6 

3,22 

2,79 

2,28 

1,61 

0 

I 

4,34 

4,07 

3,35 

3,07 

2,5 

1,9 

1,3 

0,76 

II 

4,34 

3,96 

3,54 

3,07 

2,. 52 

1,77 

0 

1 

3,87 

3,54 

3,2 

2,76 

II 

3,88 

3,54 

3,16 

2,74 

I 


SÉANCE    Dr    23    A\RIL     190f).  05' 


conséquent  aussi  v)  pour  toute  concentration.   On  \o,t  par  la  rorinulo  ipic 
pour  les  solutions  équimoléculaires  d'une  concentration  xouhic  li  s  rapports 

—  ,    —,    —  doivent  être  éeraux.   En  effet,   iious  trouvons  (lue  pour  toutes 
ra      nii      ;»2 

les  substances  données  dans  le  tableau,  le  rapport  —^  pour  -N  =  (i,(i5(j; 
pour-X  =  0,U63;   pour -N  =U, 0^5;  pour~N=(Ml,    [our    -N  =  U,1(J0; 

pour  :^N  =  0,34. 

III.   La  déterminaiion  du  poids  moléciddire  (M)  peut  être  faite   d'après 
les  tables  des  rapports  de  K  à  a-  ou  d'après  les  graphiques.  (,)uant  au  calcul 

direct  de  M,  il  faut  noter  que  a;  =  -^  ,  où  /;  est  la  teneur  centésimale. 
Par  conséquent 

(4)  a' =  1^  =  2™"*^;      ''où      M  =  10^:i  .  2*'~™. 

Pour  les  solutions  citées  ici,  les  formules  sont  précises  depuis  yN  jusquà 

^N;  dans  un  but  biologique,  où  il  ne  faut  juger  que  de  la  comparabilité 

des  grandeurs,  pour  les  solutions  depuis  ^^N  jusqu'à  0,  il  suffit  de  prendre 
pour  y  les  quantités  proporlionncUes  à  x. 


Chimie.    —   Poids  atoiniquc  et  spectre  d'élincellc  du   terhium. 
Note  de  M.  G.   Urbain,  présentée  par  M.    !'.   Curie  (i>. 

J'ai  indiqué  précédemm 'nt  [Comptes  rendus,  t.  CXLl,  p.  521;  1905) 
les  méthodes  qui  m'ont  peimis  d'isoler  le  terbium  îi  l'état  de  pureté,  et  j'ai 
montré  qu'il  fallait  attribuer  à  cet  élément  divers  caractères  spectraux,  con- 


(1)  Séance  du  17  avril  1906. 


958  ACADÉMIE     DES     SCIENCES. 

sidérés  antérieurement  comme  caractéristiques  d'éléments  encore  inconnus 
[Zg,  Gg,  Zj,  rj.  Ces  caractères  n'avaient  pu  être  observés  jusqu'ici  que  dans 
des  terres  yttriques  sombres  incomplètement  purifiées. 

La  méthode  que  j'ai  employée  pour  la  détermination  du  poids  atomique  du 
terbium  consiste  à  doser  l'eau  dans  le  sulfate  octohydraté  (SU"*/ Tb-,  8H"0. 

Le  sulfate  a  été  préparé  en  précipitant  par  un  grand  excès  d'alcool  la  solulion 
sulfurique  aqueuse.  Les  précipités  ont  été  lavés  à  l'alcool,  et  les  lavages  ont  été  pour- 
suivis longtemps  après  que  toute  trace  d'acide  libre  paraissait  avoir  été  éliminée. 
Après  dessiccation  à  110°,  les  sulfates  ont  été  dissous  dans  l'eau,  et  la  dissolution 
rigoureusement  neutre  soumise  à  la  concentration  lente  au  bain-marie.  Les  cristaux 
ainsi  obtenus  forment  l'octohydrate.  Ils  ont  été  séchés  sur  l'acide  sulfurique,  puis 
pulvérisés  et  séchés  de  nouveau  dans  les  mêmes  conditions.  Ce  sel  est  inaltérable 
dans  l'air  sec  à  la  température  ordinaire.  La  déshydratation  a  été  effectuée  par  une 
élévation  lente  et  progressive  de  la  température.  Pour  éliminer  les  dernières  traces 
d'eau,  il  est  nécessaire  de  chauffer  finalement  au  voisinage  de  360°. 

La  pesée  du  sulfate  anhydre  présente  une  légère  incertitude  parce  que  ce  corps 
absorbe  dans  l'air  sec  des  gaz.  Mais  il  les  absorbe  plus  lentement  et  à  un  moindre 
degré  que  le  sulfate  de  gadolinium,  de  sorte  que  cette  cause  d'erreur  peut  être  sensi- 
blement éliminée  en  pesant  rapidement  aussitôt  que  le  creuset  est  devenu  froid. 

En  opérant  dans  ces  conditions  que  je  crois  être  les  plus  favorables,  j'ai 
obtenu  des  nombres  très  concordants;  mais  je  n'ai  pu  déterminer  comme 
dans  le  cas  du  samarium,  de  l'europium  et  du  gadolinium  l'ordre  de  gran- 
deur des  erreurs  systématiques,  parce  que  le  peroxyde  de  terbium  qui  prend 
naissance  par  la  calcination  du  sulfate  à  la  chaleur  blanche  n'a  pas  une  com- 
position suffisamment  définie  pour  se  prêter  à  ce  genre  de  déterminations. 

Les  différents  termes  de  mon  fractionnement  de  terbium  pur  ont  donné  les 
résultats  suivants  : 


l'raclions. 

Siilfale  hyJialé. 

Sullale  aiiliyilrc. 

Poids  alomiiiue 

N°   1 

2,0407 

1,6489 

159.20 

N°  2 

1,9626 

1,5859 

159,30 

N°  3 

2,2580 

1,8245 

159,19 

N°  4 

2,2385 

1,8087 

159,17 

N°  5 

2,0037 

1,6190 

159,19 

Moyenne.     .     .     159,22 

J'ai  admis  dans  les  calculs     0  =  15     II  =  1 ,007     S  =  32,06. 

Le  spectre  d'étincelle  du  terbium  est  extrêmement  riche  en  raies.  Je  me 


SÉANCE  DU  23  AVRIL  1906. 


959 


liornerai  à  donner  la  liste  de  celles  qui  me  semblent  les  plus  caractéris- 
tiques. Les  raies  marquées  *  ont  été  attribuées  par  Demarçay  à  un  élément  T. 


3053,6 

forte 

3365,0  moyenne 

3596,6 

assez  forte 

3079,0 

forte 

3.373,0  moyenne 

36(JO,5 

assez  forte 

3082,5 

moyenne 

3375,6  moyenne 

3650,6 

forte 

3181,1 

moyenne 

3473,0  moyenne 

3659,5 

moyenne 

3188,4 

moyenne 

3501,5  moyenne 

*    3676,4 

forte 

3196,1 

moyenne 

*  3509,5  tri'S  forte 

M  3703,0 

très  forte 

3199,8 

moyenni^ 

'  3523,8  assez  forte 

*    3704,0 

forte 

)  3219,4 

forte 

*  3540,4  assez  forte 

3747,5 

forte 

(  3220,5 

forte 

*  3561,8  très  forte 

3754,7 

moyeinie 

3285,1 

moyenne 

3567,4  moyenne 

3777,1 

assez  forte 

3293,3 

forte 

3568,6  très  forte 

3848,8 

très  forte 

3324,5 

très  forte 

3579,6  assez  forte 

3874,6 

forte 

3349,9 

forte 

Chimie  analytique.  —  Dosage  du  cad»nuin  dans  un  sel  roJaiil  ou  organique. 
Note  de  M.  H.  Baubigny,  présentée  par  M.  Troost. 

1"  Sel  volatil.  Lorsque  le  sel  de  cadmium  précipité  de  sa  solution  par  le 
gaz  sulfhydrique  est  volatil,  tel  le  chlorure  ou  le  bromure,  on  comprend  que 
la  portion  de  ce  sel  qu'entraîne  le  sulfure  soit  pour  le  dosage  la  cause  d'une 
erreur  sensible,  si  l'on  soumet  ce  sulfure  à  une  température  un  peu  élevée. 

Il  suffit  qu'une  dissolution  de  sulfate,  même  en  présence  d'un  fort  excès 
d'acide  sulfurique,  contienne  de  petites  quantités  d'acide  chlorhydrique  ou 
bromhydrique,  et  par  suite  d'un  chlorure  ou  d'un  bromure  quelconque,  pour 
que  l'incinération  du  filtre  avec  le  précipité  ne  soit  plus  pratiquement 
possible. 

Ainsi,  ajoutons  0^,820  de  H  Cl  (2™'  de  solution  aqueuse,  d  =  1,177)  à  08,3732  de 
Cd  SO',  dissous  dans  200™=  d'eau  renfermant  17s,6  de  SO*  ff  (10™'  d  =  1,84). 
Formé  en  pareil  milieu,  le  sulfure  émet,  si  on  le  chautle  pour  détruire  le  filtre  sur 
lequel  il  a  été  recueilli,  d'abondantes  vapeurs  blanches,  alors  même  que  les  la\  age.s 
ont  été  prolongés  jusqu'à  disparition  complète  de  l'acide  chlorhydrique  dans  les 
eaux.  Et  il  est  aisé  de  les  caractériser  très  nettement  comme  chlorure  de  cadmium, 
parce  que  partie  de  ces  vapeurs  se  condensent  sur  les  bords  supérieurs  du 
creuset  sous  forme  de  fines  aiguilles,  solubles  dans  l'eau  et  sensibles  à  l'action  du 
nitrate  d'argent  et  de  l'hydrogène  sulfuré. 


960  ACADÉMIE     DES     SCIENCES. 

Avec  l'aciilo  hromliydriquc,  le  |)h(''iiomène  esl  en  tous  points  iilontique,  et  même 
l^lus  sensible  à  cause  de  la  plus  graade  volatiliti'  du  liromure.  Déjà  avant  la 
carbonisation  du  filtre,  et  simplement,  en  desséchant  un  peu  fortement,  on  voit  des 
lamelles  nacrées  de  ce  sel  se  hérisser  sur  la  partie  extérieure  du  filtre  et  garnir  les 
parois  du  creuset.  C'est  ce  que  j'ai  observé  avec  le  sulfure  préparé  dans  une  liqueur 
sulfurique  de  cadmium  identique  à  la  précédente,  sauf  substitution  de  Os, 300  de 
H  Br  aux  0g,820  de  H  Cl. 

Très  facilement  décomposé  par  l'hydrogèiie  à  440°  et  même  au-dessous, 
on  ne  pouvait  songer  à  traiter  ce  sulfure  selon  le  procédé  de  H.  Rose,  par  le 
soufre  à  chaud  dans  un  courant  d'hydrogène  pour  y  transformer  la  petite 
quantité  de  chlorure  ou  de  bromure  qu'il  cont'ent,  car,  ainsi,  la  perte  en 
cadmium  eut  encore  augmenté.  Or,  cette  opération  ne  réussit  pas  si  l'on 
chauffe  le  produit  avec  un  excès  de  soufre,  et  en  limitant  l'atiiux  de  l'air. 

Le  résultat  n'a  pas  été  meilleur  lorsque,  avant  la  dessiccation  et  la  destruc- 
tion du  filtre,  j'ai  fait  macérer  le  produit  dans  le  creuset  avec  quelques  centi- 
mètre cubes  de  sulfure  d'ammonium  concentré.  Comme  pour  les  opérations 
précédentes,  j'ai  pu  encore  constater,  sous  l'action  de  la  chaleur,  le  dégage- 
ment de  vapeurs  de  clilorure  de  cadmium  :  observation  en  parfait  accord  avec 
les  indications  de  Follenius. 

Connaissant  la  stabilité  du  sulfate  de  cadmium,  j'ai  enfin  tenté  de  trans- 
former tout  d'abord  le  sulfure  en  sulfate  et  de  n'incinérer  le  filtre  que  seule- 
ment après.  Ce  sel  est,  en  effet,  fixe  à  600",  puisque  j'ai  pu  le  maintenir 
pendant  plusieurs  heures  à  cette  température,  sans  perte  sensible  :  3^,0(339 
de  CdSO*  après  3''  de  chauffe  ont  redonné  3^,0633  entièrement  solubles. 
A  700",  la  décomposition  ne  se  fait  même  que  trcs  lentement  en  donnant 
du  sulfate  basique,  jaune  citron  à  chaud,  blanc  à  froid. 

Gomme  premier  essai,  j'ai  mis  0k,2449  de  CdSO'  à  sec  dans  un  Hllro  de  ô"^'"  de 
diamètre  formant  cartouche,  et  j'ai  pressé  le  tout  sur  le  fond  d'un  creuset.  Le  filtre 
a  été  distillé  et  le  charbon  lirùlé  d'après  le  mode  que  j'ai  indiqué.  Il  est  resté  du 
sulfate  sans  trace  apparente  même  de  sulfure,  qui  est  le  produit  de  la  réduction 
la  plus  élémentaire  ;  et  la  matière  reprise  par  un  peu  d'eau  et  une  goutte  d'acide 
sulfurique  a  donné  après  dessiccation  08,2447  de  CdSO*. 

Mais  si  la  destruction  du  filtre,  en  présence  du  sulfate  de  cadmium,  peut  se  faire 
sans  perte  quand  il  n'y  a  pas  en  imbibition,  il  en  est  tout  autrement  lorsque  le  papier 
a  été  imprégné  de  sel  par  l'action  de  l'eau  ou  d'un  liquide  quelconque.  Outre  la 
ditïiculté  que  présente  l'incinération,  à  cause  de  la  masse  saline  qui  recouvre  le 
charbon,  on  ne  retrouve  qu'un  résidu  constitué  par  des  grains  blancs,  jaunes  et  bruns, 
c'est-à-dire  de  sulfate  et  de  sulfure  mélangés  d'oxyde  dont  la  présence  est  la  preuve 
d'une  action  réductrice  plus  énergique  que  lorsque  le  sulfate  ne  donne  que  du  sulfure 


SÉANCE  DU  23  AVRIL  1906.  961 

et,   par    suite,    l'indice   d'une    mise   en    liberté    possible   de    métal    avec    perte    par 
volatilisation. 

En  elïet,  dans  un  premier  essai  je  n'ai  retrouvé  que  Us,  14-41  de  sulfate  pour 
0ï,1471  mis  en  expérience,  et  dans  un  second  que  Ob,1805  au  lieu  de  0e,1820. 

Il  n'y  a  donc  pas  à  songer  à  transformer  le  sulfure  de  cadmium  en  sulfate 
par  voie  humide,  selon  le  procédé  connu,  avant  de  brûler  le  iiltre;  et  quand 
ce  sulfure  a  été  préparé  avec  un  sel  volatil  ou  précipité  dans  une  solution 
renfermant  un  hydracide,  il  faut,  soit  le  redissoudre  sur  le  tiltre  selon  les 
indications  de  M.  Carnot  (i)  ou  d'autres  auteurs,  puis  évaporer  le  liquide 
obtenu  avec  un  peu  d'acide  sulfurique  dans  nn  creuset  taré,  soit  employer 
la  méthode  suivante  que  je  préfère  parce  qu'elle  est  la  plus  rapide. 

Le  sulfure  est  détaché  du  filtre  après  lavage  et  sans  dessiccation  préalable  à  l'aide 
d'un  petit  filet  d'eau.  On  le  laisse  déposer,  ce  qui  a  lieu  rapidement  à  c;iuse  de  sa 
densité,  et  les  eaux  claires  seules  sont  redécantées  sur  le  filtre,  où  il  ne  reste, 
en  opérant  ainsi,  qu'une  quantité  extrêmement  minime  du  précipité  et,  par  suite, 
qu'une  trace  négligeable  du  sel  volatil.  On  peut  alors  procéder  à  l'incinération 
et,  après  avoir  ajouté  au  résidu  le  sulfure,  transformer  le  tout  en  sulfate.  Par  ce 
procédé,  on  évite  l'évaporation  des  eaux  de  lavage  ((ue  nécessite  la  redissolution 
du  sulfure  sur  le  filtre. 

Les   résultats  d'expérience  obtenus    avec   ce  second  mode    opératoire   prouxent 

la  rigueur  de  la  méthode. 

1  2  3 

CdSO' employé  en  Solution  HC.l  08,3732  ()?,3732  Ok,18()4 

2cm3  (d  _  1,177)  par  100'^'"^ 
CdSO*  retrouvé  0,3731  0,3728  0,1X01 

2°  Sel  ù  acide  organique.  Lorsque  le  sel  de  cadmium  renferme  un  acide 
organique,  la  pratique  est  encore  plus  simple.  On  ajoute  à  la  solution  un 
excès  notable  d'acide  sulfurique;  si  l'acide  est  insoluble,  on  le  tiltre  et  on  le 
lave  avec  de  l'eau  acidulée  ;  s'il  est  soluble,  comme  la  décomposition  du  sel 
est  presque  intégrale  en  présence  de  l'excès  d'acide  sulfurique,  dans  ce  cas 
comme  dans  l'autre  on  revient  à  celui  du  sulfate  en  liqueur  sulfurique  et  l'on 
procède  de  la  même  manière,  sans  avoir  à  craindre  une  perte  lors  de  l'action 
de  la  chaleur  sur  le  sulfure,  puisqu'il  ne  renferme  tout  au  plus  que  des  quan- 
tités insignifiantes  de  sel  organi([ue. 

Le  problème  n'ayant  qu'un  intérêt  relatif,  je  n'ai  fait  que  deux  vériti- 
cations  :  la  première  sur  l'acétate;  la  seconde  sur  le  lactate,  d'ailleurs  avec 
plein  succès. 


(1)  Comptes  rendus  (1886),  t.  Cil,  p.  623. 


962  ACADÉMIE     DES     SCIENCES. 


Biologie.  —  Sut'  In  maladie  des  chiens.   Note  de  M.   H.  Carré, 
l)réseatée  par  M.  Roux. 

Le  virus  de  la  •■  maladie  -  des  chiens  est  répandu  à  profusion  dans  le 
milieu  extérieur,  grâce  à  l'apport  incessant  de  sécrétions  virulentes  dissé- 
minées par  les  malades. 

Pour  étudier  l'atfection  avec  le  maximum  de  sécurité,  c'est-à-dire  pour 
disposer  d'animaux  sûrement  indemnes  de  toute  atteinte  antérieure  et  pour 
opérer  à  l'abri  d'une  infection  accidentelle  venant  du  dehors,  je  me  suis  pro- 
curé des  chiennes  pleines.  Dès  leur  entrée  au  laboratoire,  ces  chiennes  ont 
été  lavées  et  désinfectées  très  soigneusement,  puis  isolées  dans  des  loges 
chaque  jour  lavées.  Elles  ont  mis  bas,  et  les  jeunes  ont  été  élevés  dans  les 
mêmes  conditions  de  sévère  isolement.  Ces  jeunes  sont  toujours  restés 
indemnes  de  maladie  et  se  sont  toujours  montrés  sensibles  à  l'inoculation 
expérimentale  de  produits  virulents,  quel  que  soit  le  procédé  d'inoculation 
utilisé. 

Toutefois,  le  choix  de  la  voie  d'introduciion  du  virus  dans  l'organisme 
n'est  pas  indifférent  :  il  est  subordonné  à  la  quantité  de  virus  à  inoculer,  à 
son  état  de  dilution,  à  sa  pureté,  relative  ou  absolue. 

J'utilise  la  veine  ou  le  muscle  pour  les  faibles  quantités  de  virus  pur  ou 
légèrement  souillé  de  microbes  (jetage  séreux  du  début  de  la  maladie)  ;  la 
plèvre  et  le  tissu  conjonctif  sous-cutané  se  prêtent  très  bien  à  l'absorption 
d'une  grande  quantité  de  virus  pur,  mais  dilué  (filtrat,  sang). 

Le  procédé  de  choix,  pour  l'utilisation  de  produits  très  impurs  (jetage 
purulent),  est  l'absorption  par  les  voies  digestives. 

Alors  même  que  l'inoculation  sous-cutanée  du  filtrat  sur  bougie  donne 
un  résultat  iiégatii',  soit  que  le  virus  n'existe  qu'en  très  petite  quantité, 
soit  que  les  pores  de  la  l)ougie,  obstrués  par  le  mucus,  le  retiennent  au 
passage,  l'absorption  de  ce  jetage  filtré  donne  la  maladie. 

Ce  mode  d'infection  par  les  voies  digestives  paraît  être  le  plus  sur  et  de 
beaucoup  le  plus  commun  dans  la  maladie  naturelle. 

Quelle  que  soit  la  quantité  de  virus  injectée,  quel  que  soit  le  mode  d'infec- 
tion adopté,  il  s'écoule  toujours  un  certain  temps  (2-5  jours)  entre  l'introduc- 
tion du  virus  et  la  réaction  thermique  qui  dénonce  l'infection. 


SÉANCE  DU  23  AVRIL  1906.  963 

I.  Si  l'animal  est  très  jeune  et  la  close  suffisamment  forte,  la  mort  survient 
en  quelques  jours  et  la  seule  lésion  consiste  en  un  épanchement  péricardique 
virulent. 

II.  Si  l'animal  résiste,  la  "  maladie  »>  évolue  chez  lui  sous  sa  forme 
classique. 

Le  sang,  recueilli  au  moment  de  l'élévation  thermique,  est  stérile,  mais 
donne  la  maladie. 

Très  rapidement,  des  complications  apparaissent  sur  la  peau  (papules, 
pustules),  sui-  les  muqueuses  (coryza  virulent),  sur  les  séreuses  (exsudats  viru- 
lents), sur  les  organes  internes  (myocardite,  hépatite,  etc.). 

Si  les  exsudats  restent  purs  de  toute  infection  secondaire  assez  longtemps, 
il  n'en  est  pas  de  même  des  autres  lésions. 

La  plus  commune  de  ces  lésions  secondaires  est  la  broncho-pneumonie; 
c'est  elle  que  j'ai  particulièrement  étudiée.  Des  foyers  de  pneumonie  j'ai  pu 
isoler  des  microbes  variés,  dont  quelques-uns  furent  regardés  comme  spéci- 
fiques, la  Pasteurella  de  Lignières,  notamment,  le  coccus  de  Mathis,  le 
bacille  de  Ferez,  etc. 

Il  est  impossible  de  revendiquer  pour  aucun  de  ces  microbes  une 
spécificité  bien  nette  dans  la  production  des  lésions  secondaires  :  la  flore 
microbienne  secondaire  est  essentiellement  variable,  sauf  peut-être  pour 
les  pustules  cutanées  dans  lesquelles  j'ai  toujours  rencontré  le  coccus  de 
Mathis. 

Injectés  dans  les  tissus  d'un  chien  neuf,  ces  microbes  se  montrent  parfois 
doués  d'une  virulence  assez  prononcée  ;  mais  ce  qui  les  ditférencie  nettement 
du  virus  filtrant,  c'est  que  leur  absorption  parles  voies  digestives  est  remar- 
quablement tolérée. 

J'ai  mélangé  pendant  plusieurs  mois  à  la  nourriture  de  six  jeunes  ciuens 
isolés  ensemble  des  cultures  abondantes  (18  litres)  de  Pasteurella  canine  très 
virulente,  isolée  d'une  pneumonie  du  chien  à  maladie  et  cultivée  sans  passage 
par  les  animaux  de  laboratoire. 

Ces  chiens  sont  toujours  restés  en  excellente  santé.  L'un  d'entre  eux,  mis 
dans  un  chenil  infecté,  a  contracté  très  rapidement  la  maladie  :  il  n'avait 
donc  pas  acquis  l'immunité. 

Ces  microbes  secondaires  proviennent  du  milieu  extérieur  :  on  peut  les 
isoler  très  facilement  de  l'intestin  et  des  orifices  naturels  des  chiens  sains  ou 
malades. 

La  «  maladie  ■»  des  chiens  apparaît  donc  comme  une  alïection  à  étiogénie 

C.  R.,  1906,  1"  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  17.)  127 


904  ACADÉMIE     DES     SCIENCES. 

complexe,  due  à  des  infections  successives  et  ayant  entre  elles  une  étroite 
dépendance. 

La  première,  seule  spécifique,  est  due  au  virus  filtrant  qui,  en  plus  de  son 
pouvoir  pathogène  propre,  jouit  de  la  remarquable  propriété  d'annihiler 
presque  complètement  la  défense  phagocytaire  de  l'animal  infecté  et  de  livrer 
ainsi  passage  à  d'autres  agents  microbiens,  variables,  qui  créent  des  lésions 
secondaires  non  spécifiques . 

Nous  pouvons  parfois  reproduire  expérimentalement  ces  lésions  secondaires 
sur  l'animal  neuf,  mais  seulement  en  usant  d'artifices  expérimentaux  (inocu- 
lations, action  du  froid,  etc.).  Toutefois,  ce  ne  sont  pas  là  les  conditions 
naturelles  de  leur  apparition. 

En  effet,  il  suffit  d'infecter  un  animal  neuf  avec  le  virus  filtrant  pur  pour 
voir  évoluer  chez  lui  les  complications  habituelles  de  l'affection  naturelle,  et 
constater,  dans  les  lésions  secondaires,  des  agents  microbiens  que  nous 
n'avons  pas  introduits  dans  l'organisme,  mais  dont  nous  avons  pu  constater 
la  présence  dans  l'intestin  et  les  cavités  naturelles  du  chien  en  expérience 
avant  l'infection  spécifique  expérimentale. 

La  maladie  des  chiens  ne  constitue  pas  une  exception  :  d'autres  aff'ections 
existent,  dans  lesquelles  on  continue  à  regarder  comme  agents  spécifiques  des 
microbes  rencontrés  normalement  chez  l'animal  sain.  Il  est  probable  que 
l'action  pathogène  de  ces  microbes  n'est  rendue  possible  que  grâce  à  l'inter- 
vention primitive  et  indispensable  d'un  virus  invisible  jusqu'à  présent. 


Géologie.  —  Sur  une  mollasse  à  Turritelles  et  une  couche  lignitifère 
à  Congéries  de  la  presqu'île  d'Azuero  [Panama).  Note  de  M.  E.  Jou- 
kowsky,  présentée  par  M.  A.  Michel- Lévy. 

Une  mission  technique  m'a  fourni  l'occasion,  en  mars  1905,  de  recueillir 
quelques  données  sur  des  régions  nouvelles  ou  peu  connues  de  la  République 
de  Panama.  Outre  les  roches  éruptives,  très  abondantes,  j'ai  vu  quelques 
affleurements  fossilifères  dans  le  Darien  méridional  et  dans  la  presqu'île 
d'Azuero.  Ce  sont  ces  derniers  qui  font  l'objet  de  la  présente  note. 

Dans  les  environs  de  Macaracas  (presqu'île  d'Azuero),  on  peut  observer 
deux  belles  coupes  de  terrains  tertiaires. 

1°  A  la  "  Quebrada  del  Colmon  «  on  voit  des  calcaires  marneux  jaunes  à 


SÉANCE    DU    23    AVRIL    1906.  965 

foraminifères  {Bulimina,  Lagena,  Nodosaria,  Cristellnria,  Globigerina, 
Nonionina,  Heterosiegina,  Peneraplis),  auxquels  sont  superposées  des 
molasses  gris-verdâtre  à  gros  grain. 

2°  Ces  mêmes  molasses  affleurent  au  «  Rio  de  la  Villa  -,  près  de 
Macaracas,  et  on  y  trouve  les  fossiles  suivants  (i)  : 

TurriteUa  gatunensis  Conrad,  Refusa  {Cylichninn)  decapitata  Dali, 
Macromphalina  {gy^^odisca)  duplinensis  Dali,  Tornatella  bicincta  Heîlprin, 
Pyrvla  reticulata  Lamk,  Teinostoma  rotula  Heilprin,  Callocardia  [Agrio- 
poma)  gatunensis  Dali,  Corbula  [Cuneo  corbula)  alabamiensis  Lea,  dents  de 
Carcharodon  megalodon  Agassiz,  C.  augustidens  Agassiz. 

La  nature  de  la  roche  et  ses  fossiles  permettent  de  la  paralléliser  avec  les 
molasses  de  Gatun. 

La  communication  entre  les  deu.\  océans  existait  donc  entre  Gatun  et  la 
province  de  Los  Santos  (Azuero)  à  l'époque  du  dépôt  des  mollasses,  ou  du 
moins,  s'il  existait  une  terre,  elle  n'occupait  pas  l'emplacement  actuel  de 
l'isthme. 

Près  du  Cerro  Boaibacho,  au  sud  du  village  de  Macaracas,  il  existe  plu- 
sieurs couches  de  lignite  dont  une  est  superposée  à  un  calcaire  bitumineux  à 
Congéries.  qui  contient  les  fossiles  suivants  : 

AmpuUina  [Natica  amphora)  Heilprin,  Utricu'us  vaginatus  Dali,  Bittium 
annettae  Dali,  Hydrobia  sp.,  Pachychilus  [Melania)  sp.  nov.,  Dreissensia 
sp.  nov. 

Les  deux  premiers  fossiles  sont  connus  dans  les  couches  à  silex  de  Tampa 
(Floride),  le  troisième  dans  le  Miocène  de  la  Caroline  du  Nord.  Quant  aux 
deux  derniers,  ils  appartiennent  à  des  espèces  qui  se  rapprochent  de  formes 
pliocènes  ou  actuelles.  Pachychilus  est  très  voisin  d'une  forme  habitant 
actuellement  le  lac  de  Nicaragua  [Pachychilus  LargillietHi  Philippi),  et 
Dreissensia  a  beaucoup  de  rapports  avec  des  formes  actuelles  [Dr.  leucopha- 
cala  Coar.  et  Dr.  Rôssmàssleri  Dunker)  et  pliocènes  [D]\  Lamellala  Dali).  Il 
semble  donc  que  les  couches  à  lignites  se  placent  au-dessus  de  la  molasse  à 
Turritelles,  qui  elle-même  appartient,  d'après  M.  Douvillé  (2),  au  Miocène, 
tandis  que  M.  Dali  (3)  la  rattache  à  l'horizon  de  Claiborne  (Oligocène 
inférieur). 

(1)  Les  fossiles  ont  été   déterminés   en   collaboration  avec  M.    Clerc,   docteur  es  sciences, 
assistant  au  Musée  d'histoire  naturelle  de  Genève. 

(2)  H.  Douvillé,  Bulletin  de  la  Société  géologique  de  France  [3],  XX\'I,  p.  599,  1898.  , 

(."il  In  R.  T.  HiLL,  The  geological  liistory  oj  tlie  Istiimus  oj  Panama  and  portions  of  Costa-Rira^ 
Bull,  of  the  Mus.  oJ  compar.  îool.  Haroard  coll..  vol.  XX VIII,  n"  5,  p.  273,  1898. 


966  ACADÉMIE     DES     SCIENCES. 

Toutefois,  la  relation  d'âge  entre  les  molasses  à  Turritelles  et  les  couches 
lignitifères  à  Congéries  ne  peut  être  considérée  comme  établie,  vu  l'insuffi- 
sance des  données  paléontologiques. 

Il  est  deux  faits  qu'il  importe  de  faire  ressortir  : 

1°  La  superposition  visible  de  la  molasse  aux  couches  marneuses  à  fora- 
minifères,  dans  une  même  coupe,  à  la  "  Quebrada  del  Colmon  r; 

2°  La  présence,  dans  le  bassin  dont  les  eaux  se  déversent  dans  la  baie  de 
Parita  (sur  le  Pacifique),  d'une  molasse  à  Turritelles  correspondant  à  l'horizon 
de  Gatun. 

Cela  donne  un  intérêt  de  plus  à  la  détermination  exacte  de  l'âge  de  ces 
molasses. 


Géologie.  —  5m?'  de  grands  phénomènes  de  charriage  en  Sicile.  Note 
de  MM.  Maurice  Lugeon  et  Emile  Argand,  présentée  par 
M.  Michel-Lévy. 

L'admirable  carte  géologique  au  1  :  100000  de  la  Sicile,  publiée  par  le 
Service  géologique  italien,  montre  une  série  de  phénomènes  singuliers  et  très 
spéciaux. 

Dans  les  Madonie  et  dans  toute  la  partie  occidentale  de  l'île  on  constate, 
sur  les  régions  ordinairement  élevées,  la  présence  de  massifs  calcaires  secon- 
daires entourés  par  des  territoires  plus  bas  constitués  par  les  terrains 
tertiaires.  Ce  sont  comme  des  îles  rocheuses,  comme  un  archipel  qui  émer- 
gerait du  pays  tertiaire. 

S'il  paraît  incontestable  que  plusieurs  de  ces  petits  massifs  formèrent 
durant  le  Miocène  et  le  Pliocène  de  véritables  îles,  ils  sont  cependant  expli- 
cables par  une  autre  hypothèse,  dont  nous  avons  pu  vérifier  le  bien-fondé  sur 
quelques  points  du  pays. 

Toutes  ces  masses  de  calcaires  secondaires  des  Madonie  et  de  la  Sicile 
occidentale,  ainsi  que  celles  de  Varchixiel  des  Égades,  ax>partiennent  à  une 
immense  nappe  de  charriage  plus  ou  moiiis  compliquée  ;  elles  ne  sont  que  des 
lambeaux  de  recouvrement  ou  des  lames  de  charriage  supportées  par  ÏEocène 
moyen  ou  plus  ou  moins  enfouies  dans  ce  dernier. 

La  démonstration  peut  se  faire  dans  les  environs  mêmes  de  Palerme. 

iMiti-c  la  Serra  di  Monte  Cuccio,  probablement  crétacique,  el  le  Monte  Guccio 


I 


SÉANCE    DU    23    AVRIL    1906.  967' 

triasique  s'étend  une  faible  bande  de  marnes  de  l'Eocène  moyen,  qui  pénètre  sous  la 
masse  triasique;  on  peut  la  suivre  jusqu'à  Baida,  et  delà  par  Rocca  à  Monreale,  de 
l'autre  côté  de  la  montagne,  entourant  partout  la  région  triasique  de  S.  Martine, 
sous  laquelle  elle  pénètre.  Ainsi,  celte  région  repose  entièrement  sur  l'Eocène 
moyen.  De  place  en  place,  une  lame  liasique  s'intercale  entre  les  deux  séries. 

Cet  Eocène  pénètre  également  sous  le  Meccino,  sous  toutes  les  montagnes 
triasiques  qui  environnent  Palerme. 

Ainsi,  la  grande  plaine  de  Palerme  et  toute  la  région  éocène  de  la  vallée 
de  rOreto  est  une  fenêtre  envahie  en  partie  par  les  dépôts  quaternaires.  Les 
terrains  secondaires  devaient  anciennement  recouvrir  toute  cette  étendue. 

Mais  cette  grande  masse  triasique,  accompagnée  de  la  lame  liasique,  repose,  par 
l'intermédiaire  de  son  substratum  éogène,  sur  un  territoire  jurassique  et  probablement 
crétacique,  que  traverse  la  grande  route  qui  mène  de  Palerme  à  Torretta.  Or,  cette 
masse  elle-même,  qui  est  la  prolongation  du  Monte  Pellegrino,  plane  également  sur 
l'Eocène,  ainsi  qu'on  peut  le  constater  à  Torretta  et  dans  sa  prolongation  versCorini. 
Cette  nouvelle  région  fait  donc  également  partie  d'une  nappe  de  recouvrement  plus 
ou  moins  complexe,  ainsi  que  le  montre  la  petite  bande  éocénique  qui  paraît  séparer, 
d'après  la  carte  géologique,  le  Monte  Gibelliformi  du  Castellacio. 

Ainsi,  dans  les  environs  de  Palerme,  nous  pouvons  constater  l'existence 
de  régions  secondaires  qui  planent  ou  plongent  dans  le  tertiaire,  mais  dont 
la  plus  inférieure  repose  encore  sur  l'P^ocène,  ainsi  qu'en  témoigne  la  petite 
fenêtre  de  Tommaso  Natale. 

La  masse  triasique  de  S.  Martino,  qui  se  prolonge  sur  le  versant  droit  de  la  vallée 
de  l'Oreto,  en  franchissant  la  fenêtre  éocène,  est  recouverte,  à  Piana  dei  Greici,  par 
une  épaisse  série  liasique.  Le  Lias  et  le  Trias  plongent,  plus  ou  moins  inclinés, 
dans  l'Eocène  moyen,  comme  si  la  nappe  se  terminait  en  pli  frontal. 

Nous  pouvons  donc  établir  le  sens  de  la  poussée  :  la  nappe  de  recouvrement, 
dont  nous  venons  d'établir  l'existence,  vienl  du  Nord.  Une  démonstration 
analogue  peut  se  faire  près  du  Monte  Isidore,  non  loin  de  Palerme,  oii  l'on 
voit  les  calcaires  de  la  prolongation  de  la  Serra  di  Monte  Cuccio  enveloppés 
par  les  argiles  éocènes.  Le  Monte  Isidore  ne  serait  qu'un  fragment  isolé  de 
la  nappe  triasique  de  San  Martino. 

D'autres  massifs  secondaires,  comme  la  Serra  de  la  Cometa,  située  au  sud 
de  Piana  dei  Greici,  semblent  être  un  chaînon  enraciné,  comme  un  anticlinal. 
Cependant,  en  plusieurs  points,  ce  chaînon  flotte  sur  les  mêmes  argiles 
scag'lieuses  éocènes,  en  particulier  à  son  extrémité  occidentale.  11  est  donc 


968  ACADÉMIE     DES     SCIENCES. 

possible  que  cette  région  jurassique,  également  sans  racine,  et  qui  paraît  par 
places  plus  ou  moins  enfouie  dans  l'Eocène,  soit  une  lame  réapparaissant  au 
jour,  prolongation,  sous  le  massif  triasique  de  S.  Martino-Griffone-Pelevet, 
de  la  nappe  jurassique  de  Castellacio  et  du  Pellegrino.  Nous  ne  pouvons 
cependant  nous  prononcer  avec  certitude. 

Nous  tenons  à  faire  nos  réserves  sur  les  complications  de  détail  de  ces 
grands  phénomènes  de  recouvrement,  qui  peuvent  appartenir  à  plusieurs 
nappes  indépendantes,  ou  à  des  digitations  d'une  seule  et  unique  nappe. 

Ce  sont  bien,  en  effet,  de  très  grands  phénomènes.  Au  sud  des  régions  que 
nous  avons  pu  aborder  et  dont  l'étude  nous  a  conduits  à  l'hypothèse  du  char- 
riage, existent  d'autres  masses  de  recouvrement.  Les  plis  qui  nous  ont  permis 
de  déterminer  le  sens  du  mouvement  ne  sont  donc  que  des  phénomènes 
locaux;  ce  ne  sont  point  des  plis  frontaux.  Ces  lames  ou  lambeaux  sont 
parsemés  jusqu'à  Sciacca,  jusqu'aux  environs  de  Girgenti,  sur  le  versant  sud 
de  l'île.  Nulle  part,  sous  l'épais  manteau  des  schistes  argileux  de  l'Eocène 
moyen,  nous  n'apercevons  le  substratum  secondaire  autochtone. 

Comme  dans  tous  les  pays  où  se  sont  déroidées  les  grandes  nappes  de 
recouvrement,  le  sens  de  l'eflFort  n'a  pas  toujours  produit  des  rides,  dans  la 
nappe,  perpendiculairement  à  la  poussée.  Il  y  a  des  angles  rentrants,  tel 
celui  compris  entre  les  massifs  des  Madonie,  orientés  nord-ouest-sud-est,  et 
le  lambeau  du  Monte  S.  Calocera  qui  leur  fait  face.  C'est  dans  l'angle  ren- 
trant, phénomène  analogue  à  ceux  que  montrent  les  Alpes,  que  s'écoule  le 
Tarlo. 

D'autre  part,  les  surfaces  de  charriage  ne  sont  point  horizontales.  Non  seulement 
elles  peuvent  être  plongeantes,  comme  au  sud-ouest  de  Palerme,  mais  encore  inclinées 
transversalement  au  sens  de  la  poussée.  Ce  sont  ces  abaissements  d'axe  qui  expliquent 
en  particulier  l'enfouissement  rapide  de  la  prolongation  de  la  Serra  di  M.  Cuccio 
sous  le  lambeau  de  recouvrement  du  M.  Isidore;  c'est  ce  qui  explique  la  descente  de 
l'Eocène  de  la  fenêtre  Oreto-Palerme  vers  cette  ville,  avec  la  nappe  triasique  qu'il 
supporte,  et  ce  qui  fait  que  nulle  part,  sous  le  Pellegrino,  ne  se  voient  les  argiles 
éocènes  sur  lesquelles  doit  reposer  cette  célèbre  montagne,  alors  que  ces  argiles  sont 
visibles  au  pied  de  la  région  liaso-jurassique  du  M.  Gibelliformi. 

En  général,  transversalement  ou  parallèlement  à  la  poussée,  les  masses 
en  recouvrement  s'abaissent  vers  la  mer  tyrrhénienne. 

Il  nous  reste  à  montrer  l'étendue,  l'origine  probable  et  l'histoire  de  cette 
immense  nappe  de  recouvrement. 


SÉANCE  DU  23  AVRIL  1906.  969 

M.  Malassez  adresse  une  note  intitulée  :  Evaluation  des  grossùsements 
produits  par  les  objectifs  microscopiques,  à  l'aide  d'une  nouvelle  notation. 

M.  A,  Berthier  adresse  une  note  intitulée  :  Piles  à  gai. 

La  séance  est  levée  à  3  heures  trois  quarts. 

G.  D. 


070  ACADÉMIE     DES     SCIENCES. 


dilletiiv   bibliographique 

Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  17  avril  1906. 

Les  industries  de  la  conservation  des  aliments,  par  X.  Rocques,  préface  par 
P.  Brouardel  et  A.  Miiniz,  membres  de  l'Institut.  Paris,  Gauthier-Villars,  1906; 
1   vol.  in-8°.  (Présenté  par  M.  A.  Mûntz.j 

Bulletin  de  la  Société  d' Encouragement  pour  l'Industrie  nationale  :  Mémoires 
originaux  de  la  Revue  de  la  métallurgie;  3'  année,  n"  1,  1"  avril  1906.  Paris  ;  1  fasc. 
in-4°. 

Einigesûber  Hernien,  von  W.  Waldeyer.  Berlin,  L.  Schumacher,  1906;  1  fasc. 
in-8°. 

Daru>inismus  und  Lamarckismus,  von  August  Pauly.  Munich,  Ernst  Reinhardt, 
1905;  1  vol.  in-8°  {Hommage  de  l'auteur). 

Vorschlàge  sur  Vermeidung  der  Grubenkalastrophen  in  den  Kohlenbergioerken, 
von  Theodor  Merganz.  Pilsen,  s.  d.  ;  1  feuille  in-4°. 

Archives  italiennes  de  Biologie  :  Revues,  résumés,  reproductions  des  travaux 
scientifiques  italiens,  sous  la  direction  de  A.  Mosso ;  t.  XLV,  fasc.  1.  Turin,  1906; 
1  fasc.  in-8°. 

Atti  del  Reale  Istituto  Veneto  di  scienze,  letlere  ed  arti,  1903-1905,  t.  LXIII, 
LXIV.  Venise;  20  fasc.  in-8°. 

Societa  Reale  di  Napoli.  Rendiconto  delV  Accademia  délie  Scienze  fisiche  e  mate- 
matiche;  Ser.  III,  Vol.  XI,  fasc.  4-7,  1905.  Naples,  1905;  3  fasc.  in-8°. 

Societa  Reale  di  Napoli.  Atti  délia  Reale  Accademia  délie  Scienze  fisiche  e  maie- 
matiche;  Ser.  II,  Vol.  XH.  con  24  tavole.  Naples,  1905;  1  vol.  in-4°. 

Transactions  of  the  Royal  Society  of  Edinhurg ;  Vol.  XL,  parts  III  and  IV; 
Vol.  XLI,  parts  I  and  II;  Vol.  XLIII.  Edimbourg,  1904-1905;  5  vol.  in-4°. 


ACADEMIE  DES  SCIENCES. 

SEANCE    DU    LUNDI    30    AVRIL    1906. 
PUÉSIDIÎNCE  DM  M.  H.  POI.MCARÉ. 


MEMOIRES    ET    COMMUNICATIONS 

DES     MEMBRES     ET     DES     CORRESPONDANTS     DE     l'aG.\DÉMIE 

Chimie  organique.  —  Sur  des  diphényle  ou  alcoylphényle  camphomélhane 

CH-CH<î^,  C  =  C<^,.      ^ 

et    mélhylùne     CH".^  |  ^       et      C*'H'*<    |  ^      Note    de 

MM.  A    Haller  <  t  E.  Bauer  (i). 

La  préparation  des  benzj'lbornéols  secondaires  et  tertiaires  et  de  leurs 
produits  de  déshydratation,  les  benzylcamphènes,  nous  a  conduit  à  tenter 
celle  des  dibenzyle,  phénylbenzyle  et  alcoylbenzylbornéols  tertiaires.  Ces 
dérivés  devaient  prendre  naissance  en  traitant  le  benzylcamphre  par  les 
composés  organomagnésiens  du  benzyle,  du  phényle  et  des  radicaux  C'H.-''''^^ 

^Ca.CW.C'W  n  ^CH.CH-.C«Hv 

Toutes  les  tentatives  faites  pour  réaliser  ces  synthèses  ont  jusqu'à  présent 
échoué. 

(i)  A.  Haller  et  E.  Bauer,  Comptes  rendus,  t.  CI. 

C.  R.,  1906,  1"  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  \8.]  128 


972  ACADÉMIE    DES     SCIENCES. 

L'aptitude  réactionnelle  du  groupement  cétonique  CO  se  trouve,  sans 
doute,  atténuée  par  lo  voisinage  d'un  atome  de  carbone  tertiaire  a  et  d'an 
autre  atome  de  carbone  quaternaire  h  : 

CH- CH  -  Ci"'II  —  Cir-  -  C'H\ 

I 

cip  —  ccir' 

I 

CM- G"''  —  CO 

I 
CH-' 

Devant  cet  insuccès,  nous  avons  fuit  agir  les  mêmes  composés  organo- 
magnésiens  sur  le  benzylidène  camphre,  dans  l'espoir  d'obtenir  les  composés 

C  =  GI1-C''H" 
C*H"<^  I     R  qu'une  réduction    aurait    convertis  en    les    dérivés 

cherchés. 

Mais,  contre  toute  attente,  la  réaction  ne  s'est  pas  accomplie  suivant  le 
sens  désiré.  Au  lieu  d'obtenir  des  alcools  tertiaires  non  saturés,  susceptibles 
de  perdre  une  molécule  d'eau  sous  l'influence  des  déshydratants,  nous  avons 
isolé  des  combinaisons  saturées  qui  ne  perdent  pas  d'eau  quand  on  les  chauffe 
avec  les  acides  formique,  pyruvique  ou  phtalique. 

De  plus,  elles  ne  sont  que  faiblement  attaquées  par  les  agents  oxydants 
comme  le  permanganate  de  potassium,  alors  que  dans  les  mêmes  conditions 
d'oxydation  le  benzylidène  camphre  se  scinde  nettement  en  acides  benzoïque 
et  camphorique. 

L'analyse  de  tous  les  corps,  préparés  par  cette  voie,  ayant  toutefois  montré 
qu'il  y  a  fixation  du  radical  liydrocarboné  de  l'organomagnésien  sur  le  ben- 
zylidène camphre,  il  a  fallu  déterminer  la  constitution  de  ces  composés  et 
interpréter  leur  genèse. 

Pour  cette  recherche,  nous  nous  sommes  adressés  à  celui  que  l'on  obtient 
le  plus  facilement  à  l'état  bien  cristallisé,  au  produit  de  l'action  du  bromure 
de  phénylmagnésium  sur  le  benzalcamphre  qui,  à  l'analyse,  nous  a  donné  des 
chitïres  conduisant  à  la  formule  C^^H'-^'^O. 

Or,  ce  composé  ne  diffère  du  diphénylcaniphocarbinol  de  M"*  Signe 
M.  Malmgren  (i)  que  par  un  atome  d'oxj'gène  en  moins. 

Le  problème  consistait  donc  à  déshydrater  ce  carbinol,  à  hydrogéner 

(0  Signe  M.  Malmguen,  Deat.  Chem.  Gest,  t.  XXXVI,  p.  2032. 


SÉANCE    DU    30   AVRIL    1906.  973 

ensuite  le  dérivé  non  saturé  obtenu  pour  le  comparer  avec  le  produit  d'addi- 
tion du  phényle  avec  le  benzylidène  camphre. 

^CO  ^CO  ^CO 

Cet  alcool,  préparé  suivant  les  indications  de  l'auteur,  donne  par  déshy- 
dratation avec  l'acide  forinique  ou  l'acide  pyruvique,  principalement  un 
isomère  fondant  à  200°  et  soluble  dans  la  potasse,  à  côté  de  petites  quantités 
du  dérivé  non  saturé  cherché. 

Ce  même  dérivé,  entrevu  seulement  par  M"®  Malmgren,  a  aussi  été  isolé 
des  produits  secondaires  de  la  préparation  du  carbinol. 

En  présence  des  difficultés  qu'offrait  l'obtention  de  notables  quantités  de  ce 
composé  non  saturé,  nous  l'avons  produit  en  faisant  agir  de  la  benzophénone 
sur  le  camphre  sodé.  Ce  mode  de  formation  est  analogue  à  celui  du  benzyli- 
dène camphre. 

G«H"cf   I  ou    CnV'i:^  \\         +{C'IP)-GO  =  NaHO  +  C»Ii"cr^  I  ^^. 

Le  dérivé  isolé  et  purifié  élait  identique  par  l'ensemble  de  ses  propriétés  à 
celui  obtenu  par  déshydratation  du  carbinol. 

Traité  enfin  en  solution  alcoolique  par  de  l'amalgame  de  sodium,  il  foui'nit 
le  composé  saturé  C^H^'^O  avec  le  même  point  de  fusion. 

L'identité  des  deux  corps  ainsi  établie,  on  peut  conclure  que  dans  l'action 
du  bromure  de  phénylraagnésium  sur  le  benzylidène  camphre,  le  radical 
phényle  se  fixe  sur  le  groupe  méthylène  pour  donner  du  diphénylcampho- 
méthane. 

Il  en  est  naturellement  de  même  des  autres  organomagnésiens  qu'on  fait 
agir  sur  le  benzalcamphre,  de  sorte  que  la  réaction  peut  se  traduire  pai- 
l'équation  : 

^C  =  CH  C^'  IP  ,C  -  CH  <^,  „, 

C«H"^  I  +  RMgKr  =  C^H"<f  ii  ^  H*_ 

^CO  ^-CO  — MgBr 

C»H"<^  Il  ^  ^  +  ff  Û  =  C»H"<f  I  ^  H  ^  Mg<°'   . 

^COMgBr  ^-CO  Oïl 

Cette  réaction  présente  la  plus  grande  analogie  avec  celles  observées,  au 


974  ACADÉMIE     DES     SCIENCES. 

cours  de  ses  recherches,  par  M.  Kohler  (i)  et  ses  collaborateurs,  avec  divers 
composés  non  saturés  de  la  série  grasse  et  de  la  série  aromatique  et  les 
dérivés  organomagnésiens. 

Préparation  des  combinaisons  C*H"<    |  C'H' 

On  prépare  une  solution  éthérée  de  la  combinaison  organomagnésienne  en 
suivant  les  indications  de  M.  Grignard,  et  on  la  fait  agir  sur  une  solution 
éthérée  de  benzylidène  camphre  en  quantité  légèrement  inférieure  à  la  quan- 
tité théorique.  Le  mélange  est  chauffé  dans  un  appareil  à  reflux  pendant 
huit  à  dix  heures,  et,  après  refroidissement,  traité  par  de  l'eau  acidulée.  On 
décante  la  liqueur  éthérée,  on  distille  l'éther  et  le  résidu  est  fractionné  dans 
le  vide. 

CH  CH<^perT5 

Méthylphénylcamphomélhane  (7W^<^  \  '-  n  • 

Le  produit  distillé  se  prend  rapidement  en  masse  et  donne  des  cristaux 
blancs  solubles  dans  l'alcool,  la  benzine,  l'éther  et  fondant  à  70-71°. 

Il  ne  se  combine  pas  à  l'acide  formique  et,  chauffé  avec  cet  acide,  il  reste 
inaltéré. 

La  solution  dans  l'acétone,  traitée  par  du  permanganate  de  potasse,  ne 
fournit  aucune  production  d'oxydation. 

Il  ne  se  combine  pas  à  la  semicarbazide. 

Q2JJ5 

LH  ,  (jH  <1  peuB 

Vélhylphénylcamphométhane  C*  H"<^  |  ^  '^    se    présente    sous    la 

forme  de  cristaux  blancs  fondant  à  80°  et  possède  les  mêmes  propriétés  géné- 
rales que  son  homologue  inférieur. 

Œ2pCTT5 

Liii .  Lin<p6TT5 
Benzylphénylcamphométhane  CH''^"  | 

Parmi  les  produits  de  la  réaction  de  la  combinaison  organomagnésienne  du 
chlorure  de  benzjle  sur  le  benzylidène  camphre,  on  isole  toujours  du 
dibenzyle. 

Le  benzylphénylcamphométhane  constitue  une  huile  épaisse  distillant  à 
230°  sous  lO'"/,^.  Son  pouvoir  rotatoire  dans  l'alcool  absolu  \y\  =  +  90". 49'. 


(0  E.  p.  Kohler,  .\m.  Cliein.  Journ.,  t.  XXXI,  p.  642  (1904);  t.  XXXIII,  p.  21,  35,  153,  334; 
p.  34,  133,158  (1905). 


SÉANCE    BU    30   AVRIL    1906.  975 

CH  .  CH  <^p,g  TT3 . 
Dyphénylcamphomelhane  C'H'*<     |  »-.  n 

Ainsi  qu'il  a  été  dit  plus  haut,  ce  composé  s'obtient  :  1"  par  action  directe 
du  bromure  de  phénylmagnésium  sur  une  solution  éthérée  de  benzylidène 
camphre;  2°  par  réduction,  au  moyen  de  l'amalgame  de  sodium  du  diphényl- 
camphométhylène. 

A  part  des  différences  observées  dans  les  pouvoirs  rotatoires  des  solutions 
alcooliques,  les  dérivés  obtenus  par  les  deux  méthodes  ont  le  même  point 
de  fusion  de  106-107. 

Ils  se  présentent  sous  la  forme  de  cristaux  blancs,  bien  définis,  dont  les 
pouvoirs  rotatoires,  en  solution  alcoolique,  varient  avec  l'origine. 

Un  échantillon  préparé  avec  l'organomagnésien  a  accusé  le  pouvoir  rota- 
toire  [a]j,  =  +  62°.  D'autres,  obtenus  par  réduction  du  diphénylcamphomé- 
thylène,  ont  montré  respectivement  les  pouvoirs  rotatoires  [<=■•]„=  +80°.  10' et 
+  40°29'. 

Etant  donné  la  constitution  de  ce  dérivé  qui  renferme  deux  atomes  de 
carbone  assymétrique,  il  est  certain  qu'il  peut  exister  sous  plusieurs  formes. 
Nous  nous  proposons  d'ailleurs  de  revenir  sur  ce  composé. 

c c ^^  " 

I 

1 .  Préparation  au  moyen  de  la  benzophénone  et  du  camphre  sodé. 

Une  molécule  de  camphre,  dissoute  dans  l'éther,  est  chauffée  avec  de 
l'amidure  de  sodium  finement  pulvérisé.  Quand  presque  tout  l'amidure  a 
disparu,  on  ajoute  au  dérivé  sodé  une  molécule  de  benzophénone  en  solution 
éthérée.  La  réaction,  d'abord  assez  violente,  se  calme  peu  à  peu,  et  on  la 
termine  en  chauffant  le  mélange  pendant  4  à  5  heures.  On  laisse  refroidir  et 
l'on  décompose  par  l'eau.  La  liqueur  éthérée  est  distillée  à  la  pression  ordi- 
naire et  le  résidu  est  fractionné  dans  le  vide. 

Les  premières  portions  qui  passent  sont  constituées  par  de  la  benzophé- 
none et  du  camphre  non  entrés  en  réaction  ;  puis  vers  250°  (sous  15  "'/m)  il 
distille  un  liquide  jaune  qui  se  prend  rapidement  en  masse.  Après  cristalli- 
sation dans  un  mélange  d'éther  et  d'éther  de  pétrole,  on  obtient  finalement  le 
produit  sous  la  forme  de  magnifiques  octaèdres  jaunes  fondant  à  113°. 5  et 
dont  la  composition  répond  à  la  formule  indiquée. 

Son  pouvoir  rotatoire  dans  l'alcool  \c\  =  +  287°,  c'est-à-dire  inférieur  à 
celui  que  donne  le  benzylidènecamphre,  qui  est  de  [a]„  =  +  425°. 


976  ACADÉMIE    DES     SCIENCES. 

Nous  n'avons  jusqu'à  présent  pas  réussi  à  le  comljiner  à  l'acide  bromhy- 
drique  dissout  dans  l'acide  acétique  cristallisable. 

2.   Préparation  au  laoyen  du  diphénylcamphocarbinol. 

Comme  l'a  indiqué  M'^^  Malingren,  ce  carbinol  prend  naissance  quand  on 
traite  la  combinaison  organomagnésienne  du  camphre  monobromé  par  de  la 
benzophénone.  Le  mélange,  après  avoir  été  chauffé  pendant  vingt- quatre 
heures  et  refroidi,  abandonne  des  croûtes  cristallines  qu'on  sépare  de  la 
liqueur  éthérée  surnageante.  Cette  partie  cristalline  donne  après  traitement 
et  du  premier  jet  de  magnifiques  cristaux  blancs  fondant  à  122°. 5  et  possé- 
dant, en  solution  alcoolique,  le  pouvoir  rotatoire  [y-]^  =  +  62°49'. 

Quant  à  la  liqueur  éthérée,  elle  fournit,  après  distillation  et  rectification 
dans  le  vide,  d'abord  du  bromocamphre  et  de  la  benzophénone,  et  finalement 
une  huile  fortement  colorée  en  jaune,  passant  au-dessus  de  200°  (sous  15  ""/J. 
Cette  huile,  abandonnée  à  elle-même,  ne  tarde  pas  à  se  prendre  en  masse. 
Une  série  de  cristallisations  dans  un  mélange  d'éther  et  d'éther  de  pétrole 
permet  d'obtenir  le  corps  cherché  à  l'état  pur,  sous  la  forme  de  beaux  cris- 
taux fondant  à  113°. 5  et  ressemblant  en  tous  points  à  ceux  préparés  par  le 
premier  procédé. 

La  déshydratation  du  diphénylcamphocarbinol  a  été  effectuée  en  le  chauf- 
fant à  100°  avec  de  l'acide  formique  anhydre  ou  avec  de  l'acide  pyruvique. 
On  obtient  une  masse  solide,  qu'on  essore  et  qu'on  fait  cristalliser  dans  un 
mélange  d'éther  et  d'éther  de  pétrole.  11  se  sépare  un  corps  blanc  fondant 
à  200°,  et  ce  n'est  que  dans  les  eaux  mères  jaunes  qu'on  trouve,  à  la  suite 
d'une  série  de  cristallisations  fractionnées,  de  petites  quantités  du  produit  de 
déshydratation  normal  fondant  à  113°. 5,  et  possédant,  en  solution  alcoo- 
lique, le  même  pouvoir  rotatoire  que  celui  signalé  plus  haut. 

Le  corps  blanc,  de  point  de  fusion  200°,  est  le  produit  principal  qui  se 
forme  dans  l'action  des  déshydratants  sur  l'alcool  tertiaire,  et  possède  la 
même  composition  centésimale  que  cet  alcool  C^^H^'^O".  11  se  dissout  dans  la 
potasse  alcoolique  bouillante,  et  par  addition  d'eau  on  obtient  un  sel  de 
potassium  blanc  qui  se  précipite.  Ce  sel,  insoluble  dans  les  liqueurs  alcalines, 
est  soluble  dans  l'eau  pure.  Les  solutions,  traitées  par  un  acide,  régénèrent 
le  composé  primitif  fondant  à  200°. 

Nous  nous  proposons  de  continuer  l'étude  de  l'ensemble  de  ces  dérivés, 
et  en  particulier  celle  de  ce  dernier  composé  qui  semble  être  une  lactone. 


SÉANCE  DU  30  AVRIL  1906.  977 


Énergétique   biologique.   —    Rapports  simples  des  ■•■  actions  staliqucs  ^ 
du  muscle  avec  l'énergie  qui  les  pf^oduit,  par  M.  A.    Chauveau. 

J'ai  à  fournir  sur  le  travail  musculaire  des  résultats  nouveaux  tendant 
à  établir  l'unification  complète  de  la  théorie  des  moteurs  animés  et  des 
moteurs  inanimés.  Il  est  indispensable  auparavant  d'écarter  les  objections  de 
principes  que  des  mécaniciens  distingués,  faute  de  compétence  physiolo- 
gique, ont  opposées  à  l'une  de  mes  détei'minations  fondamentales  sur  le 
moteur-muscle. 

De  l'ensemble  de  mes  recherches  antérieures,  il  ressort  que  la  dépense 
énergétique  consacrée  aux  travaux  physiologiques  de  l'organisme  animal , 
c'est-à-dire  à  l'entretien  de  ses  activités  diverses,  se  traduit,  dans  le  tissu 
musculaire,  par  la  création  d'une  force  :  la  force  élastique  de  l'état  de 
contt^action . 

C'est  là  une  particularité  heureuse  du  tissu  musculaire  —  heureuse  pour 
les  spéculations  de  la  philosophie  générale  des  sciences.  11  est  bon  que 
l'acquisition  d'une  propriété  physique  aussi  connue  que  l'élasticité,  aussi 
facile  à  étudier,  caractérise,  d'une  manière  simple  et  nette,  l'état  d'activité 
ou  de  contraction  du  muscle.  Cette  élasticité,  à  coefficient  essentiellement 
variable,  subordonné  à  la  valeur  de  ses  processus  excitateurs,  et  la  force, 
d'intensité  non  moins  variable,  qui  en  résulte  pour  le  muscle,  se  substituent 
tout  naturellement,  d'une  manière  très  avantageuse,  au  phénomène  même  de 
la  contraction,  lorsqu'on  a  à  raisonner  du  muscle  en  tant  que  machine 
motrice. 

La  valeur  de  la  force  élastique  du  muscle  en  contraction  statique  s'appré- 
cie, comme  celle  de  toutes  les  autres  forces,  à  la  valeur  du  poids  que  cette 
force  élastique  peut  équilibrer.  L'expérience  enseigne  que,  dans  les  limites 
de  la  puissance  du  muscle  en  travail,  la  force  élastique  qu'y  crée  l'état  de 
contraction  fixe  ou  statique  peut  prendre,  sous  l'influence  de  la  volonté  ou 
par  l'etFet  d'un  certain  automatisme,  toutes  les  valeurs  imaginables.  Aucune 
ne  fait  défaut  à  son  moyen  de  mesure  :  des  plus  faibles  aux  plus  fortes,  ces 
valeurs  s'expriment  toujours  par  celles  des  poids  antagonistes  avec  la  plus 
impeccable  précision. 

Ainsi,  les  rapports  les  plus  simples  existent  nécessairement  entre  la  force 
élastique  et  Veffet  qu'on  demande  à  cette  force  de  produire-  La  force  est  égale 


978  ACADÉMIE    DES     SCIENCES. 

à  son  effet,  c'est-à-dire  au  poids  qu'elle  équilibre  :  il  serait  puéril  d'insister 
sur  un  truisme  si  Lien  caractérisé. 

Quant  aux  rapports  qui  unissent  la  force  élastique  inhérente  à  l'état  de 
contraction  et  l'énergie  créatrice  de  cette  force,  j'ai  démontré,  par  des  faits 
irrécusables,  recueillis  dans  plusieurs  séries  d'expériences  qui  ont  été  des 
plus  longues  et  des  plus  laborieuses,  que  ces  rapports  sont,  eux  aussi,  chez 
le  même  sujet,  de  la  plus  grande  simplicité.  Je  les  résume  dans  les  propo- 
sitions suivantes  : 

1°  L'énergie  créatrice  de  la  force  avec  laquelle  le  muscle  équilibre  un 
poids  donné  est  toujours  proportionnelle  à  ce  poids  ; 

2°  Elle  est  aussi  nécessairement  proportionnelle  au  temps  pendant  lequel 
la  force  élastique  du  muscle  reste  créée  et  agit  sur  le  poids  que  celte 
force  équilibre  ; 

3°  En  donnant  le  nom  de  «  travail  statique  «  au  produit  de  la  force 
musculaire  soutenant  un  poids  par  le  temps  consacré  à  cette  sustentation,  on 
peut  dire,  avec  la  plus  grande  correction,  que  l'énergie  consacrée  à  l'exécution 
du  «  travail  statique  "  des  muscles  est  toujours  pi'oportionnelle  à  ce  travail, 
pourvu  qu'il  s'effectue  sans  fatigue. 

J'aurais  pu  me  passer  de  cette  troisième  proposition,  qui  reproduit  pure- 
ment et  simplement  les  deux  autres,  en  les  fusionnant.  Mais  il  y  avait  intérêt, 
en  raison  de  la  forme  donnée  aux  objections  présentées  contre  ia  simplicité 
que  j'attribue  aux  rapports  unissant  l'énergie  créatrice  à  la  fojxe  créée,  dans 
le  muscle  auquel  on  demande  des  actions  statiques,  à  mettre  directement 
celles-ci,  sous  le  nom  de  travail  statique,  en  présence  de  l'énergie  qui  y 
pourvoit. 

Ce  ne  sont  pas  les  physiologistes  proprement  dits  qui  ont  introduit  le 
travail  statique  dans  le  langage  de  l'énergétique  musculaire.  L'idée  en 
vient  du  Rév,  Samuel  Haughton  qui,  à  l'exemple  du  mathématicien  Borelli, 
a  appliqué  ses  connaissances  mécaniques  à  l'étude  des  mouvements  de  l'homme 
et  des  animaux.  Les  mécaniciens  sont  en  général  hostiles  à  cette  expression. 
Mais  elle  est  plus  en  faveur  auprès  des  physiologistes-physiciens,  parce  qu'ils 
ont  toute  compétence  pour  s'apercevoir  que  cette  expression  est  parfaitement 
adéquate  au  fait  physiologique  important  qu'elle  désigne. 

De  ce  qu'on  peut  s'en  passer,  il  ne  s'ensuit  pas  qu'il  y  ait  avantage  à  le 
faire.  C'est  tout  le  contraire  qu'il  faut  penser.  On  le  veria  surtout  plus  tard. 
Mais,  dès  maintenant,  les  actions  parfaitement  déterminées,  que  définit 
l'expression  travail    statique,    s'accommodent  très    bien  de  cette    désigna- 


SÉANCE  DU  30  AVRIL  1906.  979 

tion,  dans  la  comparaison  qu'il  y  a  à  faire  de  ces  aciions  avec  l'énergie 
d'où  elles  dérivent. 

On  a  parlé  d'impossibilités  scientifiques  à  la  rencontre  constante  de 
rapports  simples  entre  la  valeur  du  t)'avail  statique  et  celle  de  l'énergie 
qui  en  est  la  source.  Tous  les  faits  d'ordre  physiologique,  recueillis  en 
nombre  considérable,  particulièrement  sur  l'espèce  humaine,  protestent 
contre  cette  manière  de  voir.  Ce  sont,  en  effet,  des  faits  précis  et  d'une 
constance  absolument  régulière  qui  m'ont  permis  d'attribuer  la  plus  parfaite 
simplicité  aux  rapports  de  l'énergie  créatrice  et  de  la  force  créée,  dans  le 
muscle  en  état  de  travail  statique.  Ces  faits  ne  laissent  absolument 
rien  à  désirer  au  point  de  vue  de  leur  exactitude.  Ils  procèdent  de  deux 
méthodes. 

N°  1.  —  Les  premiers  en  date  sont  les  faits  par  lesquels  on  a  montré  que 
l'échauffement  des  muscles  en  contraction  statique  est  proportionnel  au  poids 
de  la  charge  soutenue  par  ces  muscles. 

Avec  cette  méthode,  la  valeur  relative  de  la  dépense  énergétique,  créatrice 
du  travail  statique,  était  appréciée  d'après  les  excédents  de  chaleur 
sensible  libérée  dans  le  processus  thermo-chimique  qui  provoque  la  mise  en 
jeu  de  toutes  les  activités  organiques. 

N"  2.  —  Une  deuxième  méthode,  plus  précise,  a  permis  de  déterminer  la 
valeur  de  la  dépense  d'énergie  par  la  quantité  d'oxygène  que  les  sujets 
absorbent  en  plus  pour  brûler  le  potentiel  dont  la  dépense  est  exigée  par  la 
mise  en  activité  des  muscles  qui  ont  à  exécuter  du  travail  statique  ou 
des   actions   statiques. 

Or,  tous  les  faits  recueillis  dans  ces  nouvelles  déterminations  expérimen- 
tales ont  démontré  que  la  quantité  d'oxygène  absorbé  en  plus  pour  parer  à  la 
dépense  énergétique  qu'exige  l'exécution  du  dit  «  travail  statique  n  est  exac- 
tement proportionnelle  à  ce  ■■  travail  statique  ^,  c'est-à-dire  au  poids  soutenu 
par  les  muscles  et  à  la  durée  du  soutien. 

Il  est  permis  de  se  demander  comment  des  démonstrations  aussi  rigoureuses 
n'ont  pas  réussi  à  prévenir  les  doutes  émis  sur  l'existence  haijituelle  de 
rapports  simples  et  absolument  constants,  entre  la  dépense  énergétique 
du    mu.scle  et  ses  aciions  statiques  ou,  autrement  dit,  son  t)-avail  statique. 

Ces  doutes  résultaient  de  déductions  tirées  des  conditions  de  fonctionne- 
ment des  moteurs  mécaniques.  Elles  ne  s'imposaient  pas  :  j'aurai  à  le 
démontrer  plus  tard.  En  tout  cas,  il  convenait  de  tenir  compte  des  conditions 
spéciales  dans  lesquelles  se  dépense  l'énergie  préposée  à  la  création  des 

C.  R.,  1906,  1"  Semestre.  (T.  CXLII,  N"  18.)  129 


980  ACADÉMIE     mes     SCIENCES. 

travaux  physiologiques  de  l'organisme,  particulièrement  de  ceux  du  moteur- 
muscle.  On  ne  l'a  pas  fait,  ou  plutôt  on  ne  l'a  fait  que  dans  une  mesure  très 
incomplète,  témoignant  bien  d'une  méconnaissance  très  grande  du  processus 
qui  subvient  aux  besoins  énergétiques  de  l'économie  animale. 

La  contradiction  ne  s'est  pas,  toutefois,  manifestée  toujours  avec  intransi- 
geance. J'ai  eu  le  plaisir  de  constater,  dans  le  passage  suivant  d'une  Note  à 
l'Académie  [Comptes  Rendus,  t.  CXXXVIll,  p.  1481.  —  Énergie  enjeu 
dans  les  actions  statiques.  Note  de  M.  Liébert,  présentée  par  M.  Maurice 
Lévj),  que  l'auteur  soupçonne  avec  beaucoup  de  discernement  l'existence  de 
ces  conditions  spéciales  qui  expliqueraient  la  rencontre  de  cas  dans  lesquels 
l'énergie  dépensée  dans  un  effort  statique  serait  proportionnelle  à  cet 
effort   : 

«  Dans  une  communication  (Comjitcs  Bendus,  24  mai  1904),  M.  Ernest  Solvay, 
à  l'occasion  des  expériences  de  M.  le  professeur  Chauveau,  sur  l'énergie  muscu- 
laire, montre  clairement  qu'il  n'y  a,  en  général,  aucune  relation  simple  entre 
l'énergie  mise  en  jeu  dans  les  actions  statiques  et  ces  actions.  Mais  il  peut  se 
présenter  aussi  dos  cas  où  l'effort  est  exactement  proportionnel  à  l'énergie,  et  il 
semble  que  ce  sont  précisément  ces  cas  que  M.  Chauveau  a  cherché  à  réaliser.  » 

Ce  passage  appelle  une  rectification  qui  a  son  importance.  Je  n'ai  pas  eu 
à  chercher  la  réalisation  de  cas  où  l'énergie  dépensée  fût  exactement  propor- 
tionnelle à  l'effort  demandé  au  muscle,  pour  en  obtenir  une  action  ou  un 
travail  statique  déterminé.  Les  circonstances  où  il  en  est  ainsi  se  trouvent 
réalisées  tout  naturellement  sur  les  sujets  d'expériences,  dans  les  recherclies 
d'énergétique  biologi([ue.  Chez  eux,  en  effet,  il  ne  j^eut  pas  se  présenter  de 
cas  où  l'énergie  consacrée  à  la  création  d'une  action  quelconque,  statique, 
dynamique  ou  de  tout  autre  caractère,  ne  soit  exactement  jyroporiionnelle  à 
la  force  créée  pour  effectuer  cette  action.  Jamais  il  ne  seprésc'nte  une  condition 
oà  la  dépense  d'énergie  puisse  obéir  à  une  autre  loi,  par  exemple,  se  montrer 
proportionnelle  au  produit  de  l'effort  par  sa  racine  carrée,  ce  qui,  du  reste, 
serait  encore  une  relation  simple  entre  l'énergie  créatrice  et  la  force  créée. 

Pourquoi  cette  proportionnalité  de  la  dépense  énergétique  et  de  la  force 
qui  en  résulte  s'impose-t-elle  <à  l'organisme  animal  d'une  manière  aussi 
rigoureusement  nécessaire? 

A  la  base  môme  de  l'explication  à  donner  se  place  un  grand  fait.  Le 
métabolisme  chimique,  source  de  l'énergie  mise  à  la  disjiosition  de  l'orga- 
nisme pour  pourvoir  à  toutes  ses  activités,  se  réduit,  en  dernière  analyse,  de 


SKANCK    DU     ;30     AVRIL     IDOfi.  981 

par  les  lois  de  Berthelot  sur  la  thermo-chimie,  à  un  simple  phénomène  de 
combustion. 

(Jn  démontre,  en  elFet,  dans  les  laboratoires  bien  outillés  pour  faire  de  la 
bonne  calorimétrie,  qu'avec  les  sujets  en  équilibre  de  nutrition,  la  chaleur 
produite  dans  l'appareil  est  quasi-équivalente  à  la  chaleur  qui  serait  résultée 
de  la  combustion  directe  des  aliments  assimilés.  Ainsi,  suivant  l'heureuse 
conception  de  M.  Berthelot,  il  n'y  a  pas  à  tenir  compte  des  nombreux  pi'o- 
cessus  cliimiques  de  détail  qui  s'interposent  entre  la  condition  de  \'é(a(  iiiilial 
et  celle  de  l'état  final.  L'expérience  enseigne  qu'alors  les  choses  se  passent, 
au  point  de  vue  énergétique,  comme  si  le  potentiel  alimentaire  était  bridé 
directement  par  l'oxygène  dans  l'organisme  animal. 

Or,  dans  le  processus  transformateur  ainsi  simplifié,  la  valeur  de  l'énergie 
libérée  pour  les  besoins  des  travaux  physiologiques  intérieurs  ne  dépend  que 
de  deux  facteurs  : 

1°  La  différence  de  valeur  qui  Ciciste  entre  la  chaleur  de  combustion  du 
potentiel  originel  et  celle  de  ses  résidus.  Avec  l'identité  imposée  aux  condi- 
tions des  expériences,  ce  focteur  reste  nécessairement  invariable;  il  peut 
donc  être  négligé  lorsqu'on  ne  cherche  que  des  relations  et  non  des  détermi- 
nations absolues; 

2°  La  quantité  de  ce  potentiel  originel,  auquel  ï oxygène  absorbé  dans  les 
échanges  respiratoires  fait  subir  une  combustion  complète  ou  incomplète. 
C'est  là  le  facteur  variable  du  processus  énergétique,  celui  qui  s'adapte  aux 
besoins  d'énergie  de  l'organisme.  La  valeur  de  cette  consommation  de 
potentiel,  ou  plutôt  celle  de  l'oxygène  (pii  en  est  l'agent,  suit  donc  une 
marche  parallèle  à  celle  de  l'activité  des  organes  élémentaires,  agents  du 
travail  physiologique  :  tels  ceux  du  muscle  en  contraction  statique  pour  le 
soutien  d'une  charge. 

Ainsi,  l'excédent  d'oxygène  absorbé  pendant  ce  travail  des  organes  élémen- 
taires en  donne  immédiatement  la  valeur  proportionnelle.  Ce  qui  revient  à 
dire  que  les  ••  actions  statiques  '>  du  tissu  musculaire  exigent  pour  leur 
jiroduction  une  quantité  d'énergie  nécessairement  proportionnelle  à  leur 
propre   valeur. 

D'où  il  suit  qu'à  l'impossibilité  des  rapports  constamment  simples  entre  les 
«  actions  statiques  •>  de  la  contraction  musculaire  et  l'énergie  qui  les  produit 
se  substitue  l'impossibilité  contraire,  c'est-à-dire  l'inévitable  nécessité  de  ces 
raj)ports  simples. 

Cette  conclusion  démontre  que  les  lois  de  la  mécanique  du  muscle,  qu'on 


982  ACADÉMIE     DES     SCIENCES. 

doit  a  priori  considérer  comme  une  émanation  directe  des  principes  fon- 
damentaux de  la  mécanique  rationnelle,  ne  sauraient  cependant  être 
soustraites  à  la  dépendance  étroite  dans  laquelle  elles  se  trouvent  vis-à-vis 
des  concepts  généraux  de  l'énergétique  biologique. 


Géométrie.  —  Sur  les  variélés  doiihlcincnt  in  finies  de  points  d'une  qua- 
driquc  de  l'espace  à  quatre  dimensions  ajyj^tUcablcs  sur  un  plan.  Note  de 
M.  C.  Guichard. 

Je  laisse  de  côté  ici  les  quiidriques  spéciales;  je  suppose  l'équation  de  la 
quadrique  ramenée  à  la  forme  : 

(1)  icr(l+;r)  +  .'V(l+^^)  +  av(l+r^)  +  :r^  =  l. 

Soit  A(£ri,  ce'.,,  x'i,  x'^)  un  point  de  cette  quadrique  qui  décrit  un  S3'stème 
doublement  infini  applicaljle  sur  un  plan  ;  en  général,  on  pourra  choisir  les 
variables  indépendantes  u  et  «de  telle  sorte  que  A  décrive  un  réseau.  (Les 
solutions  de  la  question  qui  correspondent  au  cas  d'exception  ne  présentent 
aucun  intérêt.) 

Tout  réseau  A  de  la  quadrique  est  40,  les  coordonnées  complémentaires 
étant  px'i,  qoc^i.  rx-^,  si  maintenant  on  pose  : 


(2)         £fo  =Vi  -\-lfx\      u\  =  11  +  rœ',      X,  =  1/  1  +  r-x,      .r,  =  ,/•;, 

le  point  B{xi,  x.,,  x-^,  x^)  décrit  un  réseau  0. 

La  loi  d'orthogonalité  des  éléments  fait  correspondre  à  I]  un  réseau 
C(Xi,  ...,  X^^  qui  est  applicable  sur  un  réseau  plan  M(Yi,  Y^V 

On  vérifie  facilement  que  le  réseau  D  orthogonal  au  réseau  A  a  pour  coor- 
données : 


(3)  X,  =  X,l    1-f/r     X,  =  Xyi-fr/     X,  =  l    1+)-     X,  =  X, 

et,   i»ar  conséquent,  D  sera  applicable  sur  un   réseau   de  l'espace  à  cinq 
dimensions  qui  a  pour  coordonnées  : 

(4)  Y,,     Y,,     p\,=      — XI,     qX.=  —— X;,     rX-,  =      J- — -X, 

le  réseau  D  et  le  réseau  sur  lequel  il  est  applicable  ont  trois  coordonnées 
proportionnelles. 


SÉANCE    DU    30    AVRIL     100(i. 


983 


Cette  propriété  existe  quel  que  soit  le  réseau  A  de  la  qua(lri(iue;  si  A  tst 
applicable  sur  un  réseau  plan  //i,  y-j,,  le  réseau  (B)  sera  applicable  sur  le 
réseau  (E)  qui  a  pour  coordonnées  : 


.'/i- 


11+/""        1/1+'/ 


iV«, 


1/ 1  +  ? 


,00,; 


(5)  //„ 

donc  : 

Le  problème  posé  revient  à  la  recherche  des  réseaux  O  de  l'espace  à  qvalre 
dimensions  applicables  sur  un  réseau  de  l'espace  à  cinq  dimensions,  les  deux 
réseaux  applicables  étant  tels  que  trois  coordonnées  de  l'un  ne  di/J'èrent  que 
par  un  fadeur  constant  de  trois  coordonnées  de  l'autre. 

Remarque  1.  Le  réseau  A  étant  applicable  sur  un  plan,  le  réseau  D  (jui 
lui  correspond  par  orthogonalité  des  éléments  est  0  ;  ce  réseau  possède  donc 
les  mêmes  propi'iétés  que  le  réseau  B  ;  l'application  de  la  loi  cl' orthogonalité 
fournit  donc  une  nouvelle  solution  du  problème. 

Remarque  II.  Désignons  par  ^i,  y.,,  y-^,  y^,  y^  les  coordonnées  de  E. 
On  aura  : 


^,^'''+^y. 


^.  =  ^^  +  '^V. 


p  fi 

et,  par  conséquent,  le  réseau  F  qui  a  pour  coordonnées 


r 


(6) 


y.. 


y-i^ 


i         i         i 

->J-.,        ;://.,        -//s 


p--        q-         r 

est  applicable  sur  le  réseau  à  une  dimension  x^.  On  obtient  donc  ainsi  les 
réseaux  I  tracés  sur  la  quadrique  : 

iii  +  ti^  -  F!/'  —  riu  —  f^^Ui  =  1  • 

Aux  réseaux  applicables  B  et  E  on  fait  correspondre  des  déterminaiils 
0,  A  et  A'  : 


(') 


A  = 


iZ-j    ...    iZ^ 

Ui  ■■■  !h 


-1 


Xi  . 

••   X, 

Ui  ■ 

■  !h 

;,  . 

•  ■      ''"S 

ayant  pour  rotations 


a    e    ni\ 
b     f    n  ) 


A'  = 


A     E     (\     m 
B     F     K     )i 


984 

et  clans 

lesquels 

(8) 

-1 

1/1+/ 

ACAUHMIE     DES     SCIENCES. 


^r:^ 


1/1  + g'-  '      1/1+ r^ 


l/l+i/  l/l  +q'  -  "       1/1 +r 


Première  ij^ns formation  duxiroblèmc.  Je  prends  une  combinaison  isotrope 
des  deux  premières  lignes  de  A,  par  exemple  la  suivante  : 

(9)  X,  =  X,  +  i;i,     X^  =  x^  -I-  iy.,     X„  =  .i-,  +  l'h,     X,  =  x,  +  27/4. 
Je  détermine  ensuite  Yj,  ...,  Y5  par  les  fjuadra turcs  : 

(10)  l^  =  («  +  ^•,)r  ^^(Z, +  //•),;. 


On  posera  ensuite  : 

(11)  Yo  +  A-,  =  -  S  Y?         Y„  -  A',  =  1 . 

On  aura  : 

[    Y  =-     ^^        X  Y-      J X  Y-      Z X 

(12)      )     '     \/iT¥-  '^^i/rF?  -       ^-■'-vYT^^  ■ 

(    SX'^  =  SY*  =  0        ldX:'  =  ï.dY\ 

Cela  posé,  soit  0  une  combinaison  linéaire  isotrope  de  Y4,  Y=„  Y^,  Y-; 
considérons  les  points  B'  et  E'  qui  ont  pour  coordonnées  : 

«m  -(} 

Ces  points  décrivent  des  réseaux  0  applicables;  on  pourra  supprimer  deux 
des  coordonnées  de  E',  enfin  les  trois  premières  coordonnées  de  E'  ne  diffèrent 
que  par  un  facteur  constant  des  trois  premières  coordonnées  de  B'.  Autrement 
dit,  le  système  (B')  (E')  est  analogue  au  système  (B)  (E).  On  obtient  donc  une 
transformation  du  problème. 

11  importe  de  remarquer  i[u'on  peut  former  les  nouveaux  déterminants 
A  et  A'  qui  correspondent  aux  réseaux  B'  et  E'.  Je  ne  développerai  pas  le 
calcul  qui  est  très  simple,  mais  qui  donnerait  à  cette  note  une  trop  grande 
étendue.  Il  en  résulte  que  les  déterminants  A  et  A'  étant  formés,  on  peut 
poursuivre  indéfiniment  la  transformation  en  effectuant  seulement  les  qua- 
dratures (10). 


SKANCK    VV     oO    AVRIL     190().  !JS5 

Seconde  U^ans formation  du  problème.  Je  forme  une  combinaison  isotrope 
des  trois  premières  lignes  de  A',  par  exemple  la  suivante  : 

(13)  Y,  =  x\  +  iij\         Y,  =  x.-{-  iij.,  . . .         Y,.  =  x,  +  iy,, 

je  détermine  Xi,  Xo,  X3,  X4  par  les  quadratures  : 

(H)  ^=:(A  +  Œ);,         ^  =  (B  +  ^F).„ 

puis  je  pose  : 

(15)  X,  +  ïX,  =  -kî         X,-iX„  =  l. 
On  aura  encore  : 

(16)  ^'-1/1+]?^'       '^--i/r+7^^       ^^•-urqry^^- 

f    SX-  =  5:  Y-  =  0        17/X-  =  IdY-. 

Soit  alors,  0,  une  combinaison  isotrope  de  X4,  X^,  X^,  les  points  B",  E" 
qui  ont  pour  coordonnées  : 

décrivent  des  réseaux  0  applicables.  On  pourra  supprimer  deux  des  coor- 
données de  B";  le  système  B",  E"  est  analogue  au  système  B,  E.  On  a  une 
transformation  du  problème.  Ici  encore  on  pourra  former  les  nouveaux 
déterminants  A  et  A'  qui  correspondent  à  B"  et  E'. 

h'elatiovs  entre  le  problème  posé  et  la  déformation  des  quadriques . 
Je  conserve  les  mêmes  notations  que  dans  la   seconde  transformation, 
et  je  pose  : 

X  =  Y,  ±  zY',. 

Les  points  M(;i,  z.,,  z^  et  N(/i,  ..,,  /g)  qui  ont  pour  coordonnées  : 

décrivent  des  réseaux  0  applicables,  et  l'on  a  : 

ïj  u  r 

M  7  \  -  = '■         t  -  =  — —        f         -y  —     -  - / 

K  1  +p  V  \.-\-  (f-  V \-\-  r- 

et  par  conséquent  les  réseaux  M'(-;'|,  z.^,  i..)  et  N'(i'4,  tr^,  t^  où  l'on  a  : 

i  , i  .       i 

(18)  ^'="1^^'         ^-'^~q~-'-         -^=r-=' 


986  ACADKMIK     DES     SCIENCKS. 

sont  applicables.  La  propriété  subsiste  pour  les  réseaux  parallèles;  or,  si  l'on 
suppose  : 

on  aura  : 

(19)  y^r  +  5^v  +  '-'^"  =  -i- 

On  a  donc  un  moyen  d'obtenir  une  déformée  de  la  quadrique  (19). 

Remarque.  Si  l'on  coimait  le  réseau  A  et  le  réseau  plan  sur  lequel  il  est 
applicable  on  pourra  former  le  déterminant  A  ;  on  connaîtra,  en  outre,  les 
deux  dernières  lignes  du  déterminant  A'  ;  pour  former  ce  déterminant 
il  faudra  résoudre  une  équation  de  Riccati.  On  voit  que  pour  amorcer  les 
transformations  indiquées  dans  cette  note  il  suffit  de  résoudre  au  début  une 
équation  de  Riccati,  ensuite  on  pourra  poursuivre  indéfiniment  ces  transfor- 
mations en  effectuant  seulement  des  quadratures.  11  en  est  de  même 
d'ailleurs  de  la  translbrmation  que  j'ai  indiquée  dans  mes  précédentes  notes 
sur  la  déformation  des  quadriques. 


CORRESPONDANCE 

M.    le  Secrétaire  perpétuel    signale,   parmi  les  pièces   imprimées 
de  la  cori'espondance,  l'ouvrage  suivant  : 

MdeoTologische  Oi'dih,  von  J.  M.  Pernter  (présenté  par  M.  Mascart). 


AsTROTs'OMiE  PHYSIQUE.   —    l'ontrihiUion   à    l'élude  du  spectre  i7ifrn-rouge. 
Note  de  M.  Milan  Stefanik,  présentée  par  M.  J.  Janssen. 

Depuis  1880,  où  M.  llerschell  constata  la  présence  d'une  région  infra- 
rouge, jusqu'à  nos  jours,  on  peut  classer  les  méthodes  employées  pour  l'étude 
de  cette  partie  du  spectre  en  trois  groupes  :  la  méthode  tliermométrique,  la 
méthode  photographique  et  l'utilisation  des  phénomènes  de  phosphorescence. 
Aux  deux  premières  méthodes  sont  attachés  principalement  les  noms  do 
Langley  el  d'Abney  qui,  sans  en  être  les  fondateurs,  sont  ceux  qui  les  ont 


SÉANCE    DU    30    AVRIL    1906.  987 

le  plus  perfectionnées  et  ont  obtenu  les  meilleurs  résultats.  L'emploi 
de  la  phosphorescence  dans  l'étude  spectrale  est  dû  à  Becquerel. 

Au  cours  des  observations  que  j'ai  faites  pendant  l'éclipsé  du  30  août 
1905,  en  Espagne,  j'ai  remarqué  que  lorsque  je  plaçais  un  écran  rouge 
foncé  devant  la  fente  de  mon  spectroscope,  je  pouvais  voir  très  loin 
dans  le  spectre  infra- rouge  (i). 

Au  retour  de  cette  expédition,  M.  Janssen  ayant  mis  gracieusement 
à  ma  disposition  les  appareils  nécessaires,  j'ai  pu  reprendre  ces  recherches 
à  l'observatoire  de  Meudon. 

Le  dispositif  provisoire  que  j'ai  employé  est  le  suivant  : 

Le  spectroscope  est  composé  : 

D'un  collimateur  à  lentille  achromatique  de  verre  ; 

De  deux  prismes  à  lames  parallèles  contenant,  l'un  de  la  benzine,  l'autre  du 
sulfure  de  carbone  ; 

D'une  lunette  ordinaire  à  objectif  et  oculaire  en  verre. 

Ce  spectroscope  reçoit  la  lumière  d'un  miroir  plan  argenté  à  sa  surface.  L'image 
solaire  est  projetée  sur  la  fente  au  moyen  d'une  lentille  en  verre. 

Entre  la  lentille  de  projection  et  la  fente  est  placé  un  écran  qui  est  composé,  soit 
de  lames  de  verre  recouvertes  d'une  couche  de  collodion  teinté,  soit  de  cuves 
à  lames  parallèles  de  verre  contenant  un  liquide  coloré. 

J'ai  utilisé  successivement  des  solutions  alcooliques  de  chrysoïdine,  de  vert 
malachite,  de  violet  d'aniline,  etc.,  et  des  mélanges  divers  de  ces  substances. 

Les  meilleurs  résultats  ont  été  obtenus  lorsque  l'écran  absorbait  la 
totalité  des  radiations  lumineuses  du  spectre,  ne  laissant  passer  que  les  rayons 
extrême-rouge  et  infra-rouge. 

J'ai  eu  l'impression  que  la  visibilité  de  l'infra-rouge  devient  ainsi  meil- 
leure, parce  que  la  lumière  diffusée  par  les  pièces  optiques  du  spectroscope 
et  provenant  des  radiations  lumineuses  parasites  du  spectre  est  supprimée. 

Cette  propriété  des  écrans  semble  d'ailleurs  générale  et  j'ai  pu,  à  plusieurs 
reprises,  remarquer  que  lorsqu'un  écran  ne  laisse  passer  qu'une  portion 
limitée  du  spectre,  l'observation  de  cette  région  est  favorisée  par  la  diminu- 
tion bien  nette  du  fond  lumineux  sur  lequel  il  se  détache. 

Malgré  les  nombreuses  pièces  optiques  de  verre  qui  entrent  dans 
la  composition  de  cet  appareil  et  dont  l'absorption  est  désavantageuse,  j'ai 
pu  observer  et  dessiner  nettement  le  spectre  jusqu'à  1"',  dans  certaines 
circonstances  encore  plus  loin,  quoique  difficilement. 

(i)  J'ai  signalé  cette  particularité  dans  une  note  des  Comptes  rendus,  t.  CXII,  p.  5S5. 

C.  R.  1906,  1"  Semestre.  (T.  CXLII,  N"  18.)  l3o 


988  ACADÉMIE     DES     SCIENCES. 

Le  groupe  Z  est  toujours  très  visible,  ainsi  que  X;  les  raies  n,  ç,  a,  r 
le  sont  déjà  plus  rarement. 

Des  variations  entre  l'intensité  relative  de  raies  m'ont  montré  que 
quelques-unes  sont  d'origine  tellurique.  Je  compte  continuer  ces  recherches 
avec  un  appareil  mieux  approprié. 

L'extréme-rouge  visible  qui,  d'après  l'Annuaire  du  Bureau  des  longitudes, 
était  fixé  à  0",795  est  donc  reporté,  grâce  à  l'emploi  des  écrans,  jusqu'à 
(au  moins)  0''',900. 

Les  avantages  procurés  par  l'utilisation  des  écrans  pour  l'étude  des 
protubérances  ont  été  pour  la  première  fois  signalés  par  M.  Janssen 
en  1869  {Comptes  rendus,  t.  LVIIl,  p.  713).  J'attire  l'attention  sur  cette 
méthode  surtout  au  point  de  vue  des  études  spectrales,  et  spécialement  pour 
celles  de  l'infra-rouge. 


NoMOGRAPHiE.    —   Sur  un   théorème    de   J.    Clark. 
Note  de  M.   Maurice  d'Ocagne. 

Ayant  remarqué  que  toute  équation,  à  trois  variables  a,,  «,,  a-,  représen- 
table en  points  alignés  au  moyen  de  trois  échelles  rectilignes,  est  de  la  forme 

(1)  A/;//,  +  SB,//,  +  se/.  +  D  =  0 

où  i,  j,  k  est  une  des  permutations  circulaires  de  1,  2,  3,  et  où  chaque 
fonction  f^  ne  contient  que  la  seule  variable  a,-  de  même  indice,  je  me  suis 
proposé  inversement,  étant  donnée  une  équation  de  la  forme  (1),  de  recon- 
naître dans  quel  cas  elle  est  représentable  au  moyen  de  trois  échelles  recti- 
lignes réelles,  et  j'ai  trouvé  (i)  que  cela  a  lieu  lorsque  le  discriminant  A  du 
premier  membre  de  (1)  n'est  pas  négatif  lies  trois  échelles  rectilignes  étant 
concourantes  ou  non  suivant  que  A  est  nul  ou  non). 

Mais  M.  J.  Clark  a  remarqué  que  lorsqu'on  ne  se  burne  pas,  comme 
je  l'avais  fait,  à  n'envisager  que  des  échelles  rectilignes,  on  peut  démontrer 
que  l'équation  (1)  est,  dans  tous  les  cas,  susceptible  d'une  représentation 
réelle  en  points  alignés,  le  support  de  l'éclielle  correspondant  à  l'une  des 
variables,  arbitrairement  choisie,  étant  rectiligne,  et  ceux  des  échelles  cor- 
respondant aux  deux  autres  variables  étant  confondus  en  une  même  conique. 

(i)  Traité  de  Nomographie,  p.  438.  Ce  résultat  avait  été  présenté  précédemment  à  l'Académie 
{Comptes  rendus,  t.  CXXIII,  p.  988, 1896). 


SÉANCE    DU    30    AVRIL    1906.  989 

Mon  but  est  ici  de  faire  voir  comment  la  démonstration  de  ce  beau 
théorème  (énoncé  sans  démonstration  par  M.  Clark  au  Congrès  de  Cherbourg 
de  l'Association  française  pour  l'avancement  des  sciences)  peut  se  rattacher 
h  l'analyse  que  j'ai  donnée  dans  le  cas  des  trois  échelles  rectilignes. 

Conformément  aux  notations  emplo^'ées  à  l'endroit  précité,  je  pose 

F„=^B.C.  +  BA  +  B3C3-AD, 
E,  =  AQ-B,B,,         F,  =  F„-2BA,    '     G,  =  B,D  -  G^C, 

et  je  remarque  que,  quel  que  soit  i, 

(2)  F--4EA  =  ^, 

A  étant  le  discriminant  ci-dessus  défini. 

Cela  dit,  u  et  v  représentant  des  coordonnées  parallèles  de  droites, 
je  pose 

^  '  \  «  =  B3/;/:+G,/;  +  G,/;  +  D, 

ce  qui  revient  à  écrire  l'équation  (1)  sous  la  forme 

(«3)  un-^v  =  0, 

et,  par  suite,  à  faire  correspondre  à  la  variable  xg  une  échelle  rectiligne 
portée  par  l'axe  des  origines. 

Éliminons  maintenant  successivement  /;  et  /"o  entre  les  équations  (3). 
Un  calcul  facile  montre,  eu  égard  aux  notations  ci-dessus  définies,  que  le 
résultat  de  l'élimination  de  f\  peut  s'écrire 

(a,)  E,ff  +  (B,M  —  Av  -  F,)/,  +  C.ti  —  B,v  +  G,  =  0. 

L'équation  [c.i)  s'obtiendrait  par  le  simple  changement  de  l'indice  2  en 
l'indice  1  ;  et,  comme  ces  équations  sont  du  second  degré  en  /i  ou  /i,  les 
supports  des  systèmes  (a^)  et  (aj)  sont  des  coniques.  Reste  à  faire  voir  que 
ces  coniques  coïncident. 

Or,  le  support  du  système  (aj)  a  pour  équation 

(B,M  —  Av  —  Fj)-  -  4E,(C,i(  -  B,«  +  G,)  =  0, 
qui  peut  s'écrire,  eu  égard  à  (2), 

(B3M  -  Aï;)-  -  2(F,B3  +  2E,G.)m  +  2(AF,  +  2EoB,)f  -f  A  =  G. 


990  ACADÉMIE     DES     SCIENCES. 

Le  premier  et  le  dernier  terme  sont  indépendants  de  l'indice  2.  D'autre 
part,  on  a,  en  tenant  compte  des  valeurs  écrites  plus  haut, 

F,B,  +  2RG.  =  B,(F„  -  2B,G,  -  2BA)  +  2AC.a , 
AF,  +  2E,B,  =  AFo  -  2B.BA , 

et  ces  valeurs  ne  changent  pas  quand  on  permute  les  indices  1  et  2.  La 
seconde  partie  du  théorème  .de  M.  Clark  se  trouve  ainsi  démontrée. 

Je  dois  ajouter  que,  d'après  sa  communication  de  Cherbourg,  M.  Clark  a, 
dans  son  Mémoire  encore  inédit,  obtenu  des  résultats  beaucoup  plus  géné- 
raux visant  non  seulement  les  équations  de  genre  nomographique  0,  dont  le 
type  est  l'équation  (1)  ci-dessus,  mais  encore  celles  dont  le  genre  nomogra- 
phique est  plus  élevé  (i). 

J'ai  d'ailleurs  rencontré,  dans  mon  Traité  de  Nomographie  (p.  198),  une 
équation  particulière  de  genre  non  nul,  qui  fournit  un  exemple  de  ces  nomo-. 
grammes  à  supports  coniques  confondus. 


Mécanique.  —  Sur  le  résultat  de  Vétude  expérimentale  d'un  ventilateur 
centrifuge.  Note  de  MM.  Henri  et  Léon  Bochet,  présentée  par 
M.  R.  Zeiller. 

L'expérimentation  faite  en  1886,  sur  la  demande  d'une  société  industrielle 
de  constructions  mécaniques,  d'un  ventilateur  centrifuge  aspirant  du  système 
Capell,  alors  peu  connu  en  France,  mais  déjà  appliqué  en  Angleterre  et  en 
Allemagne,  a  donné  quelques  résultats  intéressants  que  la  présente  note 
a  pour  but  de  faire  connaître  succinctement. 

Ce  ventilateur  était  établi  sur  des  principes  à  peu  près  inverses  de  ceux 
qui  sont  généralement  admis  :  pas  d'enveloppe  ni  de  cheminée  évasée,  ailes 
en  petit  nombre  chassant  l'air  par  leurs  faces  convexes  et  présentant  un 
profil  brisé  par  un  élément  intermédiaire,  d'amplitude  notable,  de  cylindre 
de  révolution.  Il  était  présenté  cependant,  par  son  inventeur,  comme  donnant 
un  rendement  mécanique  non  seulement  supérieur  à  celui  des  meilleurs 
ventilateurs  alors  connus,  mais  tout  à  fait  paradoxal,  dépassant  notablement 
l'unité  et  atteignant,  dans  certaines  expériences,  jusqu'à  1,48. 


(i)  Sur  la  définition  du  genre  nomographique,  voir  Bull,  des  Se.  math.,  2"  série,  t.  XXV[, 
1902,  p.  71. 


SÉANCE    DU    30   AVRIL    1906.  991 

L'expérimentation  a  été  faite  par  observations  manométriques  au  moyen  de  tubes 
de  petit  diamètre,  dont  les  orifices  étaient  disposés  l'un  normalement  à  l'axe  de 
rotation  de  l'appareil  et,  par  conséquent,  à  la  direction  moyenne  du  courant  d'air 
aspiré,  les  deux  autres  parallèlement  au  plan  méridien  local  de  l'appareil.  La  dépres-  ■ 
sion  locale  était  donnée  par  la  moyenne  des  indications  des  deux  derniers,  et 
la  vitesse  longitudinale  résultait  de  la  comparaison  entre  la  dépression  ainsi  déter- 
minée et  l'indication  du  premier  tube.  Des  groupes  semblables  de  trois  tubes 
étaient  disposés  en  divers  points  de  l'orifice  circulaire  d'entrée  de  l'air  ;  les  résultats 
fournis  par  chacun  d'eux  étaient  tenus  pour  applicables  à  tous  les  points 
situés  à  même  distance  du  centre  et  la  totalisation  faite  sur  cette  base  par  intégration 
graphique. 

Des  observations  analogues  ont  été  faites  à  la  périphérie  du  ventilateur  pour 
déterminer  les  conditions  dans  lesquelles  l'air  était  rejeté  dans  l'atmosphère,  et 
aussi  dans  lesquelles  une  certaine  quantité  en  était  aspirée  par  le  jeu  existant 
entre  la  turbine  et  les  flasques  fixes  de  l'appareil.  Mais  là,  un  quatrième  tube 
manométrique,  perpendiculaire  aux  trois  autres,  a  été  employé,  parce  qu'il  était 
nécessaire  de  déterminer  non  seulement  la  projection  de  la  vitesse  sur  une 
direction  fixe,  mais  la  vraie  valeur  absolue  de  cette  vitesse  elle-même,  qu'on  ne 
pouvait  plus,  comme  à  l'entrée,  déduire  de  la  valeur  de  la  dépression,  celle-ci 
n'étant  plus  la  cause  productrice  du  mouvement. 

L'ensemble  des  résultats  obtenus  se  vérifiait  par  la  concordance  du  total  des 
volumes  d'air  entrant  et  des  volumes  sortant.  Chaque  observation  était  d'ailleurs 
accompagnée  de  relevés  précis  de  la  température,  de  la  pression  barométrique,  de 
la  vitesse  de  rotation  du  ventilateur  et  du  travail  moteur  transmis  à  son  axe.  Il  en  a 
été  fait  un  grand  nombre,  les  unes  avec  l'ouïe  entièrement  libre,  les  autres  avec 
l'ouïe  précédée  d'ajutages  tronconiques  rétrécissant  plus  ou  moins  l'orifice  d'entrée 
de  l'air  dans  l'appareil  et  donnant  l'image  des  orifices  équivalents  auxquels  on 
a  coutume  de  comparer  les  diverses  exploitations  minières. 

Le  principal  résultat  des  expériences  ainsi  faites  a  été  la  confirmation 
de  l'assertion,  en  apparence  paradoxale,  formulée  sur  le  rendement 
mécanique  du  ventilateur  :  ce  rendement,  directement  déduit  des  résultats 
d'expérience  dans  le  cas  d'orifice  d'aspiration  égal  à  l'ouïe,  s'est  élevé,  dans 
ce  cas,  jusqu'à  1,245.  L'expérimentation  n'était  pas  disposée  de  manière 
à  le  mesurer  directement  à  l'entrée  des  divers  orifices  rétrécis  placés  devant 
l'ouïe  ;  mais  la  discussion  de  l'ensemble  des  résultats  obtenus  permet  de 
conclure  qu'il  y  dépasse  souvent  la  valeur  ci-dessus  et  qu'il  s'élève  très 
probablement,  quand  l'orifice  d'entrée  a  une  superficie  égale  aux  3/4  de  celle 
de  l'ouïe,  jusqu'aux  environs  de  1,67. 

Il  est  bien  entendu,  d'ailleurs,  qu'il  ne  s'agit  là  que  du  rapport,  au  travail  moteur, 
de  la  demi-force  vive  de  l'air  à  son  passage  dans  l'orifice  d'entrée  dans  le  ventilateur. 


992  ACADÉMIE     DES     SCIENCES. 

passage  qui  ne  constitue  qu'un  stade  intermédiaire  entre  l'état  de  l'air  immobile 
dans  l'almosphftre  où  il  est  aspiré  et  celui  dans  lequel  il  y  est  finalement  rejeté 
par  le  ventilateur;  c'est  évidemment  et  exclusivement  la  demi-force  vive  qu'il 
possède  à  ce  dernier  moment  qui  constitue  le  produit  définitif  de  la  transformation 
du  travail  moteur,  et  l'expérience  a  hien  montré,  comme  on  devait  s'y  attendre,  que 
le  rapport  de  cette  demi-force  vive  au  travail  moteur,  rapport  qui  est  le  véritable 
rendement  mécanique  de  l'appareil,  était  toujours  inférieur  à  l'unité  ;  il  n'a  jamais 
dépassé  0,60  environ,  le  surplus  de  la  force  vive  d'entrée  ayant  été  restitué  dans 
l'intérieur  de  la  turbine  par  la  réaction  de  l'air  aspiré  sur  les  faces  concaves 
des  ailes. 

La  constatation  expérimentale  que  l'air  mis  en  mouvement  possède  dans 
certaines  circonstances  et  en  certains  points  de  son  trajet  une  demi-force 
vive  supérieure  de  beaucoup  (probablement  de  plus  de  moitié)  au  travail 
moteur  semble  néanmoins  curieuse  et  intéressante  à  signaler. 

Dans  l'ensemble  des  expériences,  la  force  motrice  F  sur  l'arbre  a  varié 
de  0,77  à  5,23  chevaux -vapeur  et  le  poids  spécifique  ^  de  l'air  de  1,173 
à  1,243.  Dans  ces  limites,  la  vitesse  de  rotation  a  été  proportionnelle 
à  F^  .  0  ~  -  ;  les  dépressions  locales  (très  variables  d'un  point  à  l'autre  de 
l'ouïe,  et  ce  d'autant  plus  que  l'orifice  d'admission  était  moins  rétréci)  et  leur 
moyenne  se  sont  montrées  proportionnelles  à  F^  .  â  ;  enfin,  les  vitesses  lon- 
gitudinales locales,  très  variables  aussi  dans  les  mêmes  conditions,  ont  été 
proportionnelles  à  F"^  (elles  doivent  l'être  aussi  à  g-)  et  indépendantes 
de  ô.  Les  coefficients  de  proportionnalité  sont  des  fonctions  de  la  grandeur 
de  l'orifice  rétréci  d'admission  os,  parmi  lesquelles  celle  afférente  à  la  vitesse 
longitudinale  moyenne  et,  par  conséquent,  au  débit  total,  peut  se  représenter, 
avec    une    approximation    suffisante    pour   la    pratique,    par   une   formule 

parabolique  du  3®  degré 

c„  =  ax  -\-  bx^  —  caf. 

Une  autre  conclusion  que  les  déductions  tirées  des  résultats  expérimen- 
taux laissent  entrevoir,  sans  d'ailleurs  que  l'organisation  des  expériences, 
faites  dans  un  but  spécial,  ait  permis  de  la  vérifier  et  préciser  directement, 
c'est  que  le  coefficient  de  contraction  d'une  veine  gazeuse  aspirée  par 
un  orifice  en  mince  paroi,  pour  lequel  on  admet  généralement  la  valeur 
uniforme  0,65,  pourrait  bien  varier  dans  des  limites  étendues  avec  la  gran- 
deur même  du  dit  orifice,  atteignant  des  valeurs  voisines  de  0,80  pour  des 
orifices  supérieurs  à  1*"'  et  s'abaissant,  au  contraire,  beaucoup  pour  les 
petits  orifices,  jusqu'à  tendre  vers  une  valeur  voisine  de  0,40  pour  un  orifice 
infiniment  petit. 


SÉANCE    DU    30    AVRIL    1906.  993 


Electricité.  —  Galvanomètre  à  cadre  mobile  pour  courants  alternatifs. 
Note  de  M.  Henri  Abraham. 

On  peut  mesurer  des  courants  alternatifs  de  l'ordre  du  centième  de  micro- 
ampère avec  un  galvanomètre  à  cadre  mobile  dont  le  champ  magnétique  est 
créé  par  un  électro-aimant  excité  par  un  courant  alternatif  de  même 
fréquence.  Pour  les  mesures  très  délicates,  il  peut  être  bon  d'actionner  cet 
électro-aimant  au  moyen  d'un  petit  transformateur  auxiliaire  bien  isolé. 

Description  de  l'appa^'eil.  —  L'appareil  a  été  réalisé  avec  la  collaboration 
de  M.  J.  Carpentier,  et  nous  avons  aussi  entrepris  la  construction  d'un 
modèle  moins  sensible  destiné  à  diverses  mesures  industrielles. 

La  disposition  générale  est  celle  d'un  galvanomètre  d'Arsonval  ordinaire. 
L'électro-aimant,  en  forme  de  couronne  horizontale,  est  à  pôles  saillants 
intérieurs.  Entre  ces  deux  pôles  se  trouve  placé  le  noyau  de  fer  cylin- 
drique, également  feuilleté.  Les  différentes  parties  de  l'appareil  sont 
isolées  à  l'ébonite. 

Les  fuites  magnétiques  de  l'électro-aimant  alternatif  induisent  dans  les  pièces 
métalliques  fixes  de  l'appareil  des  courants  qui  tendent  à  réagir  sur  le  circuit 
du  cadre.  S'il  y  a  quelque  dissymétrie  dans  la  construction,  le  cadre  mobile 
sera  donc  légèrement  entraîné  d'un  côté  ou  de  l'autre  comme  dans  un  champ 
tournant.  On  ne  peut  pas  faire  qu'il  n'y  ait  aucune  dissymétrie,  mais  il  est  facile 
de  supprimer,  une  fois  pour  toutes,  l'effet  d'entraînement  dont  il  vient  d'être  question, 
en  plaçant  dans  l'entrefer  une  petite  lame  de  métal  convenablement  orientée. 

Couple  directeur  électrique.  Sa  suppression.  —  L'électro-aimant  étant 
excité,  si  l'on  ferme  le  circuit  du  galvanomètre  sur  une  résistance  faible, 
on  voit  le  cadre  mobile  se  fixer  violemment  dans  la  position  où  il  n'est 
traversé  par  aucun  flux.  Si  on  l'écarté  de  cette  position,  il  y  est  ramené  par 
un  couple  directeur  puissant  qui  s'ajoute  au  couple  de  torsion  du  fil. 
Il  semble  donc  que  la  sensibilité  de  l'appareil  doive  se  trouver  énormément 
réduite. 

Ce  couple  directeur  provient  du  courant  induit  dans  le  cadre  par  le  flux 
alternatif.  Si  ce  courant  était  exactement  en  quadrature  avec  le  champ,  il  ne 
produirait  aucune  déviation  ;  le  couple  observé  est  dû  au  retard  de  phase 
que  la  self-induction  du  cadre  impose  au  courant.  Pour  faire  disparaître  le 
couple,  il  n'y  a  qu'à  faire  disparaître  le  retard  de  phase. 

Or,   ceci  est  facile  à   obtenir.    On  met   en   série  avec  le  cadre  mobile 


994  ACADÉMIE    DES     SCIENCES. 

une  capacité  shuntée  par  une  résistance  réglable.  Cette  deuxième  partie 
du  circuit  avance  la  phase  du  courant,  et,  pour  une  valeur  convenable  de  la 
résistance,  en  fait  disparaître  le  retard  de  phase  et,  en  même  temps, 
le  couple  directeur. 

On  peut  remarquer  que  la  compensation  est  ainsi  faite  une  fois  pour 
toutes,  et  que  le  circuit  du  cadre  mobile,  suivi  de  la  capacité  shuntée, 
n'intervient  plus  que  par  sa  résistance  (i). 

Sensibilité  obtenue.  —  Le  cadre  mobile  a,  par  exemple,  une  résistance  de 
200  ohms  et  une  période  d'oscillation  de  10  secondes.  La  compensation 
du  couple  directeur  est  obtenue  par  la  mise  en  circuit  de  un  demi-micro- 
farad  shunté  par  une  résistance  de  330  ohms.  Le  galvanomètre,  fermé  sur 
une  résistance  de  2000  ohms,  est  apériodique  et  son  zéro  est  stable,  à  moins 
de  un  demi-millimètre  près,  l'échelle  étant  à  un  mètre  de  l'appareil.  Dans  ces 
conditions,  la  sensibilité  est  de  275  millimètres  par  micro-ampère. 

Remarque.  —  Lorsque  l'on  fait  le  réglage  de  la  compensation  du  couple 
directeur  électrique,  il  peut  être  intéressant  d'exagérer  l'action  de  la  capacité 
de  réglage,  de  manière  à  mettre  le  courant  induit  dans  le  cadre  en  avance 
sur  la  force  électro-motrice.  Au  lieu  d'un  couple  directeur,  on  a  alors 
un  couple  d'instabilité  qui  se  retranche  du  couple  de  torsion  du  fil,  et  l'on 
arrive  à  ce  résultat  paradoxal  d'obtenir  une  sensibilité  plus  grande  que 
ne  le  comporte  la  torsion  du  fil. 

Dans  l'expérience  précédente,  par  exemple,  si  l'on  porte  de  330  à 
340  ohms  la  résistance  qui  shunte  la  capacité  compensatrice,  la  sensibilité 
atteint  400  millimètres  par  micro-ampère. 

Physique.  —  Sur  les  spectres  des  alliages.  Note  de  MM.  J.  de  Kowalski 
et  P.  B.  Huber,  présentée  par  M.  E.  H.  Amagat. 

C'est  en  étudiant  l'influence  de  la  self-induction  sur  les  spectres  de  la 
décharge  oscillante,  entre  électrodes  en  alliages  métalliques,  que  nous  avons 


(i)  Une  capacité  C  shuntée  par  une  résistance  R  compense  une  self-induction  L  donnée 
par  la  formule 

_        CR^ 
1  +  w=C^R2' 

Si  donc  on  met  dans  le  circuit  du  cadre  mobile  une  self-induction  inconnue,  la  mesure  de  la 
résistance  de  réglage  fera  connaître  la  valeur  de  cette  self-induction.  Le  procédé  est  très 
commode  pour  la  mesure  à  un  pour  cent  près  des  coefficients  de  self-induction,  à  partir  de 
quelques  millièmes  de  Henry. 


SÉANCE    DU    30    AVRIL    1906.  995 

observé  un  phénomène  qui  nous  paraît  assez  intéressant  pour  être  signalé. 
On  sait,  d'après  les  recherches  de  Schuster  et  Hemsalech,  qu'en  intercalant 
une  self-induction  dans  le  circuit  de  la  décharge  oscillante  d'un  condensa- 
teur, on  fait  disparaître  dans  le  spectre  de  la  décharge  non  seulement  les 
lignes  de  l'air,  mais  aussi  certaines  lignes  du  métal  formant  les  électrodes. 

Ce  phénomène  s'explique,  soit  par  l'abaissement  de  la  température 
moyenne  dans  la  décharge,  soit  en  admettant  avec  J.  J.  Thomson  que 
l'émission  de  la  lumière  par  un  système  corpusculaire  faisant  partie  d'un 
atome  n'a  lieu  que  si  la  valeur  de  l'énergie  intérieure  du  système  dépasse 
un  certaiu  minimum.  Si  donc  l'atome  fait  partie  d'un  milieu  traversé  par  le 
courant  électrique,  comme  cela  a  lieu  dans  une  décharge,  cette  énergie 
intérieure  serait  une  fonction  exponemielle  du  temps  et  des  paramètres  qui 
dépendent  de  l'intensité  du  courant,  ainsi  que  des  propriétés  du  milieu  dans 
lequel  se  trouve  l'atome. 

On  pourrait  donc  s'attendre  à  ce  que  l'influence  de  la  self-induction  put 
se  manifester  d'une  façon  différente  selon  que  les  électrodes  seraient  en 
métal  pur  ou  bien  en  alliage,  et  cela  parce  que  le  milieu  ambiant 
du  système  émettant  la  lumière  est  différent  dans  les  deux  cas. 

Les  faits  que  nous  avons  observés  confirment  cette  prévision. 

Notre  circuit  de  décharge  élait  composé  :  1°  d'une  batterie  de  condensateurs 
ayant  une  capacité  d'environ  0,003  microfarades  et  d'un  circuit  très  peu  inductif 
formé  du  déchargeur  et  de  fils  qui  le  reliaient  aux  condensateurs  ;  2°  de  la  même 
batterie  de  condensateurs,  plus  une  boijine  d'induction,  sans  noyau  de  fer,  ayant  une 
valeur  de  self-induclion  d'environ  0,1  henry.  La  distance  explosive  était  dans 
toutes  les  expériences  égale  à  S""". 

Les  photographies  du  spectre  ont  été  faites  avec  un  spectrographe  construit  sur 
les  indications  de  l'un  de  nous  et  possédant  une  lentille  de  Cornu  en  quartz,  ainsi  que 
des  objectifs  achromatisés  par  la  combinaison  des  lentilles  en  quartz  et  en  spathfluor. 
On  obtenait  ainsi  sur  une  seule  plaque  des  photographies  très  nettes  dans  toute 
l'étendue  du  spectre,  depuis  les  raies  vertes  jusqu'aux  raies  ultraviolettes  de  Cornu 
(environ  2000  A.). 

Sans  la  self-induction,  le  temps  de  pose  était  de  30  secondes.  Avec  la  self-induction, 
la  pose  durait  toujours  dix  minutes.  Les  alliages  que  nous  avons  étudiés  étaient 
le  cuivre-magnésium  et  le  cuivre-zinc  ;  nous'  avons  étudié  également  les  métaux 
purs  entrant  dans  la  composition  de  ces  alliages. 

L'étude  des  photographies  de  spectres  nous  permet  de  résumer  les  faits  de 
la  façon  suivante  : 

1,  En  intercalant  la  self-induction  dans  le  circuit  de  la  décharge,  on  fait 

C.  R.,  1906,  1"  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  18.)  l3l 


996  ACADÉMIE     DES     SCIENCES. 

disparaître,  dans  le  cas  des  électrodes  en  métal  pur,   un  plus  grand  nombre 
de  lignes  du  spectre  que  dans  le  cas  des  électrodes  en  alliage  ; 

t.  Les  lignes  qui  n'ont  pas  disparu  dans  le  spectre  des  alliages  sont 
les  mêmes  pour  l'alliage  du  cuivre-zinc  que  du  cuivre-magnésium  et  appar- 
tiennent au  cuivre; 

3.  Leurs  longueurs  d'onde,  exprimées  en  unités  AngstrOm,  sont  les 
suivantes  : 

2392,8;         2441,7;         2492,2;         2618,5;         2824,5; 
2961,2;         3010,9;         3036,1;         3194,1; 

4.  Toutes  ces  lignes  ont  été  observées  dans  le  spectre  de  l'arc  par 
Kayser  et  Runge,  sauf  toutefois  la  ligne  2824,5.  Dans  nos  photographies, 
cette  ligne  est  très  faible,  mais  peut  êlre  mesurée  avec  précision. 

Les  phénomènes  décrits,  et  qui  peuvent  être,  comme  nous  l'avons  dit, 
déduits  des  idées  de  J.  J.  Thomson,  pourraient  cependant  être  aussi  expli- 
qués en  admettant  que  la  température  moyenne  dans  la  décharge  oscillante 
entre  électrodes  en  alliage  est  supérieure  à  celle  qui  existe  dans  la  décharge 
analogue  entre  électrodes  en  cuivre  pur.  Il  faudrait  pour  cela  admettre 
que  la  temjîérature  de  vaporisation  de  l'alliage  est  supérieure  à  celle 
du  métal  pur. 

Chimie  organique.  —  Synthèse  des  [t)[i  diméthyl  et  fjfi-.  triméthyl  piméliques. 
Note  de  M.  G.   Blanc,  présentée  par  M.  A.   Haller. 

L'acide  (3|5  diméthylpimélique  possède  dans  l'histoire  des  composés  lerpè- 

niques  une  importance  égale  à  celle  des  acides  y.a  et  [û^-j  dimétliylglutariques 

et  adipiques.  En  effet,  il  constitue  le  produit  de  dégradation  le  plus  proche 

de   la   tétrabydroeucarvone,   fait   qui  conduit  à  la   constitution   de   cette 

cétone  (ij  : 

GH= 


GH 

GH*  /\  GO 

1 
GIP  ■         1 GH^              :»— 

c„.!_Jc<™: 

GO- H 
GH^  /        ,GO-H. 
-^              GIF               GH- 

rrr               r          <^H' 

LU-               G         ^j^3 

(i)  Baeyer,  D.  ch.  Ges.,  t.  XXXI,  p.  2073:  O.  Wallach,  Lieb.  Ann.,  t.  CCCXXXIX,  p.  94. 


SÉANCE  DU  30  AVRIL  1906. 


997 


Il  était  donc  intéressant  de  fixer  par  synthèse  la  constitution  même  de  cet 
acide  (5(î  diméthylpimélique.  Je  l'ai  effectué  au  moyen  d'une  méthode  très 
analogue  à  celle  qui  m'a  servi  à  réaliser  la  synthèse  de  plusieurs  acides 
bibasiques  (i). 

L'anhydrile  p  p  diméthylglutarique  est  réduit  par  le  sodium  et  l'alcool  absolu  en 
une  lactone  (2). 

Cette  lactone,  traitée  par  le  pentabromure  de  phosphore,  est  transformée  en 
bromure  d'acide  0  brome  qu'un  traitement  ultérieur  par  l'alcool  absolu  convertit  en 
élher  S  bromo  |3  j3  diméthylvalérique. 


CH^      Cff 


V 

G 


Cff 


GH* 


GO  l        JCO 
0 


Cff     CH' 

V 

G 


Gff      CFP 


GH- 


GH- 


V 

G 


Gff 


'GO 


0 


CH-, 


CH- 


Br .  CH^ 


CO-C-H'' 


Cet  éther  8  brome,  qui  se  forme  avec  de  bons  rendements,  est  un  liquide  mobile, 
d'une  odeur  tenace,  bouillant  à  119°  (lOmmj  L'acide  correspondant  cristallise  dans 
l'éther  de  pétrole  en  gros  prismes  fusibles  à  58°. 

L'élher  brome  se  condense  avec  l'éther  malonique  sodé,  en  donnant  un  éther 
tricarburé  dont  la  saponification  par  l'acide  chlorhydrique  conduit  à  l'acide  p  p 
diméthylpimélique. 

CH'      CH' 


V 


COC-ff 


+  NaCH 


CO'-C«H» 
CO^C'^H» 


NaBr 


(i)  Bull.  Soc.  chim.  (3),  t.  XXXIII,  p.  879. 
(2)  Ibid. 


998  ACADÉMIE     DES     SCIENCES. 

CH'"     CH'  CH'     Cff 

+     v  \/ 


CH*,^    N,  Cff 


CH'i  CO.CnP  CHH  CO^H 

CH 


C'^ff.CO'-     CO-.C-H»  CO^H 


La  condensation  s'opère  assez  mal  à  la  pression  ordinaire,  très  facilement,  au 
contraire,  en  autoclave  à  100°,  avec  un  bon  rendement.  L'éther  tricarboné  bout 
à  180°  (T"""). 

Il  est  aisément  saponifié  par  la  potasse  alcoolique:  mais  l'acide  correspondant 
ne  peut  pas  être  isolé  parce  qu'il  se  produit  en  même  temps  séparation  partielle  d'un 
groupe  carboxyle  avec  production  finale  d'un  mélange  des  acides  bi  et  tricarboxylés, 
mélange  qui  est  incristallisable.  Chauffé  à  180°,  il  fournit  d'ailleurs  l'acide  pp 
diméthylpimélique  à  l'état  pur.  On  a  trouvé  plus  simple  de  chauffer  directement 
l'éther  tricarboné  avec  de  l'acide  chlorhydrique,  la  séparation  de  l'acide  n'offrant 
aucune  difiRcullé  à  cause  de  son  peu  de  solubilité  dans  l'eau.  Cet  acide  cristallise  en 
belles  aiguilles  fusibles  à  104°.  Léser  indique  également  ce  point  de  fusion  pour 
l'acide  dérivé  de  la  cycloacétylniéthylhepténone  (i). 

La  condensation  de  l'éther  pp  diméthyl  3  bromovalérique  avec  le  méthylmalonate 
d'éthyle  soilé  fournit  par  une  réaction  analogue  un  éther  tricarboné  bouillant  à 
180-182  (7'"™).  L'acide  correspondant 


CW   '        \  CH- 

I  I 

CH*  '  '  CO-H 

C  -  CH-' 


CO*H      CO-H 
s'obtient  sans  difficulté.    Il    est    peu   soluble    dans    l'eau    el    fond   à    163°.   Chauffé 

(i)  BM.  Soc.  chim.,  t.  XXI,  p.  549. 


SÉANCE    DU    30    AVRIL    1006.  999 

à  180",   il   se   transforme   quantitativement    en    acide  pf!-    triméthyipimélique  avec 
perle  de  CO^. 

Cet  acide  triméthyipimélique 

CH"'      CPP 

V 

c 


est  très  peu  solubie  dans  l'eau,  plus  facilement  dans  l'acide  formique  dilué  ; 
à  55-560. 


fond 


Minéralogie.  —  Sur  la  composition  chimique  de  la  glauconic.  Note  de 
MM.  Léon  "W.  Collet  et  Gabriel  "W.  Lee,  du  "Challenger  Office «, 
présentée  par  M.  Michel  Lévy. 

Les  savants  qui  ont  traité  de  la  composition  chimique  de  la  glauconie 
peuvent  se  diviser  en  deux  groupes  :  les  uns  ont  étudié  la  glauconie  des 
roches  sédimentaires,  les  autres  celle  qui  se  forme  actuellement  au  fond  de 
la  mer. 

Ce  minéral  se  formant  sur  le  fond  des  mers  actuelles,  c'est  évidemment  de 
la  glauconie  actuelle  qu'il  faut  partir  pour  arriver  à  l'explication  de  sa 
formation. 

Le  plus  récent  travail  qui  traite  de  cette  question  est  celui  de  MM.  Calderon 
et  Chaves  (i),  de  Madrid.  Ces  savants,  basant  leurs  recherches  sur  une  analyse  déjà 
ancienne  de  glauconie  du  crélacique  inférieur  de  Villers-sur-Mer,  faite  par  Pisani  (2), 
réussirent  à  produire  artificiellement  un  silicaie  ferro-potassique  jouissant  des  mêmes 
propriétés  physiques.  La  proportion  de  fer  ferreux  à  la  silice  dans  l'analyse  qui  a 


(i)  Contribuciones  al  estudio  délia  glauconita  (An.  Soc.  espan.  de  Hist.  nat.,  vol.  XXIII,  t.  III. 
Madrid,  1894.) 

(2)  In  GÛMBEL,  Ueber  die  Natur  and  Bildungsweise  des  Glaukonits.  {Sits.  d.  Math.  Phys.  Clas. 
d.  K.  Akad.  Wissen.  Mûnchen,  1886.) 


1000  ACADÉMIE     DES    SCIENCES. 

servi  de  type  à  MM.  Galderon  et  Chaves  est  de  20,1  à  54,1  ;  elle  est  de  20,4  à  50,1 
dans  le  minéral  qu'ils  produisirent  par  voie  synthétique. 

Gomme  l'ont  fait  remarquer  judicieusement  MM.  Murray  et  Renard,  puis 
M.  Lacroix,  le  peu  de  concordance  qui  existe  entre  les  différentes  analyses  de  glau- 
conie  provient  du  fait  qu'on  a  généralement  opéré  sur  du  matériel  impur,  ce  minéral 
étant  très  difficile  à  isoler. 

Ayant  eu  la  bonne  fortune  de  rencontrer  parmi  les  collections  de  Sir  John 
Murray  au  -«Challenger  Office»  (i)  un  échantillon  de  glauconie  marine  de 
parfaite  fraîcheur  et  ne  contenant  pour  toute  impureté  que  du  quartz,  après 
avoir  séparé  ce  dernier  au  moyen  de  l 'électro-aimant,  nous  avons  fait  une 
analyse  quantitative  qui  nous  a  donné  les  résultats  suivants  : 


SiO^ 

= 

47,46  o/o 

Fe'O^ 

= 

;30,8.3 

APO= 

= 

1,53 

MnO^ 

— 

traces 

FeO 

— 

3,10 

MgO 

^= 

2,41 

K*0 

^ 

7,76 

H-0 

= 

7,00 

100,09 

Ce  qui  frappe  tout  de  suite  dans  cette  analyse,  cest  la  forte  teneur  en  fer  fer- 
rique  et  le  rôle  tout  à  fait  subordonné  du  fer  ferreux.  Cela  ne  doit  pas  être 
considéré  comme  un  cas  particulier,  étant  donné  que  dans  toutes  les  analyses 
du  "  Challenger»  (a)  le  rapport  du  fer  ferrique  au  fer  ferreux  est  sensiblement 
le  même,  de  même  que  pour  une  analyse  de  glauconie  de  la  «  Gazelle»  donnée 
par  M.  Gùmbel  (3). 

Il  résulte  donc  que  la  glauconie  actuelle  est  un  silicate  ferrique  et  non 
ferreux  qui  a  pu  subir  au  sein  des  assises  sédimentaires  des  transformations 
nombreuses. 

MM.  Calderon  et  Chaves  ont  donc,  par  leur  synthèse,  reproduit  un  minéral 
qui  est  identique  à  une  glauconie  de  roches  sédimentaires,  très  vraisembla- 
blement métamorphosée  par  suite  de   réductions;  cette  synthèse  ne   peut. 


(i)  Ce  matériel  fut  dragué,  en  1873,  par  le  «  M.  S.  S.  Tuscarora  »  à  une  profondeur  de  317  mètres 
au  point  Lat.  N.  38''32',  Long.  W.  ]23»24'. 

(2)  Challenger  Reports,  vol,  Oeep  sea  deposits. 

(3)  GÙMBEL,  op.  cit. 


SÉANCE  DU  30  AVRIL  1906. 


1001 


d'autre  part,  donner  la  clef  du  problème  de  la  genèse  de  ce  minéral  au  sein  des 
mers  actuelles,  comme  ces  auteurs  ont  cru  pouvoir  le  faire. 

Nous  donnerons  prochainement  le  résultat  de  nos  recherches  sur  la  glau- 
conie  et  montrerons  qu'on  peut  suivre  pas  à  pas,  avec  le  microscope  et 
l'analyse  chimique,  l'évolution  de  ce  minéral  remplissant  les  chambres  de 
Foraminifères.  Cette  évolution  comporte  trois  stades  :  1°  le  stade  argileux  ou 
silicate  d'alumine;  2°  le  stade  silicate  ferrique  de  couleur  brun  Ibncé,  avec  de 
très  faibles  proportions  d'alumine;  3°  la  glauconitisation  par  apport  de 
potasse. 

La  présente  note  a  surtout  pour  but  de  faire  remarquer  que  la.  glauconie 
marine  est  un  silicate  essentiellement  ferrique  et  qu'il  est  impossible  d'ex- 
pliquer sa  formation  en  se  basant  sur  l'élude  de  la  glauconie  des  roches 
sédimcnlaires,  cette  dernière,  comme  le  fait  pressentir  M.  Cajeux  (i),  ayant 
pu  subir  de  nombreuses  transformations. 


Géologie.  —  Sur  la  grande  nappe  de  recouvrement  de  la  Sicile.  Note  de 
MM.  Maurice  Lugeon  et  Emile  Argand,  présentée  par  M.  Michel 
Lévy. 

Une  grande  nappe  de  recouvrement,  plus  ou  moins  compliquée  par  des 
digitations  ou  des  nappes  secondaires,  s'est  étendue  sur  toute  la  Sicile  occi- 
dentale, ainsi  que  nous  l'avons  établi  dans  une  note  précédente  (z). 

Il  nous  reste  à  tirer  les  conséquences  de  cette  hypothèse  dont  l'intérêt 
théorique  peut  être  considérable. 

1°  La  nappe  vient  du  nord,  ainsi  qu'eu  témoignent  plusieurs  plongées  des 
digitations  de  la  nappe  dans  les  argiles  de  l'Eocène  moyen,  et  ainsi  que  cela 
découle  de  la  construction  des  profils. 

2°  Toutes  les  fois  que  l'on  peut  examiner  le  substratum  des  lambeaux  de 
recouvrement,  nous  constatons  qu'il  est  formé  par  les  argiles  de  l'Eocène 
moyen.  C'est  un  fait  constant,  aussi  bien  dans  les  environs  de  Palerme  qu'à 
l'extrémité  actuelle  de  la  nappe  à  Sciacca,  sur  le  versant  sud  de  l'île.  Même 
quand  les  lambeaux  sont  entourés  par  les  dépôts  miocènes,  il  est  rare  que  l'on 
n'aperçoive  pas  dans  les  environs  immédiats  des  argiles  de  l'Eocène  dans  des 
conditions  d'affleurement  souvent  étranges. 

(i)  Contribution  à  l'étude  micrographique  des  terrains  sédimentaires.  Lille,  1897. 
(2)  Comptes  Rendus,  t.  CXLII,  23  avril  1906. 


.h^ 


V>. 


1002  ACADÉMIE     DES     SCIENCES. 

L'Eocène,  dit  inférieur,  des  géologues  siciliens,  à  grandes  nummulites,  a 
participé  au  charriage,  ainsi  qu'on  peut  le  constater  dans  les  Madonie,  dans 
le  M.  Barafo,  au  sud  de  Corleone,  dans  le  M.  Pellegrino,  etc. 

Les  argiles  de  TEocèue  moyen  recouvrent  en  bien  des  points  les  masses 
charriées.  Plusieurs  lambeaux  de  la  nappe  semblent  alors  n'être  plus  que 
d'immenses  lentilles  noyées  dans  ces  argiles  et  sans  attache  avec  leurs  voi- 
sines. L'aspect  discontinu  des  lambeaux  est  probablement  originel.  A  ce  titre, 
la  nappe  sicilienne  se  serait  déroulée  avec  un  mode  spécial,  connu  cependant 
dans  les  Alpes,  telle  la  vaste  lentille  du  Falknis  et  celles  qui  caractérisent  la 
nappe  des  calcaires  de  Hallstadt, 

Ce  serait  comme  une  immense  coulée,  du  nord  vers  le  sud,  d'une  masse 
considérable  d'argile  éocène  entraînant  avec  elle  les  lentilles  de  calcaire 
secondaire.  Le  gisement  célèbre  de  calcaire  carbonifère  de  Palazzo  Adriano 
repose  sur  l'Eocène  moyen.  G  est  le  seul  fragment  primaire  (et  combien  petit) 
conservé  à  la  base  des  masses  charriées. 

La  disposition  en  lentilles  immenses  paraît  être  le  mode  caractéristique  de 
la  nappe  pour  de  grands  lambeaux  situés  entre  Corleone  et  Sciacca. 

Les  argiles  de  l'Eocène  moyen  enveloppaient  donc  entièrement  la  nappe  de 
charriage.  Elle  est,  en  conséquence,  postérieure  à  leur  sédimentation.  Les 
argiles  de  l'Eocène  supérieur,  presque  toujours  en  replis  serrés  dans  celles  de 
l'Eocène  moyen,  nous  laissent  croire  que  la  nappe  s'est  déroulée  pendant  les 
temps  de  l'Eocèae  supérieur. 

Cependant,  plusieurs  masses  de  terrains  secondaires,  formant  presque  tou- 
jours des  sommets,  ou  occupant  les  lignes  de  faîtes,  sont  entièrement  entourées 
par  les  argiles  sableuses  du  Miocène  supérieur,  tels  le  M.  Maranfusa  et  le 
Galliello,  à  l'ouest  de  Corleone.  Les  petits  lambeaux  crétaciques  qui  par- 
sèment la  région  tortonienne  entre  Aragona  et  Girgenti  sont  dans  des  positions 
analogues,  mais  quelques-uns  sont  accompagnés  par  des  argiles  de  l'Eocène 
moyen.  On  pourrait  croire  que  les  phénomènes  mécaniques,  créateurs  de  la 
nappe,  se  sont  perpétués  jusque  durant  le  Tortonien.  Nous  ne  pouvons  nous 
prononcer  sur  cette  hypothèse,  faute  d'observations. 

3°  La  grande  nappe  de  charriage,  originellement  morcelée  en  lentilles,  a 
été  victime  des  transgressions  dès  le  Miocène.  Ainsi,  au  Cap  S.  Vito,  l'Helvé- 
tien  repose  en  discordance  sur  du  Lias  d'une  région  charriée. 

Toute  la  nappe  et  sa  couverture  éocène  ont  été  entièrement  enfouies  sous 
les  sédimentations  des  transgressions  miocènes  et  en  partie  recouvertes  par  les 
dépôts  pliocènes.  On  constate  même  que  le  Miocène  a  pénétré  entre  les  len- 


SÉANCE  DU  30  AVRIL  1906.  1003 

tilles.  Telles,  pour  citer  des  exemples,  les  grandes  masses  de  grés  burdiga- 
liens  qui  s'étendent  à  l'est  de  Bisacquino  jusque  près  de  Prizzi,  et  ceux  de 
Giardinetta,  à  l'est  de  Campofîorito. 

4°  Ainsi  compris,  les  grands  phénomènes  de  charriage  de  la  Sicile,  simples 
ou  formés  de  plusieurs  nappes,  s'étendent  entre  la  mer  tyrrhénienne  et  la  mer 
africaine.  Au  nord  de  Palerme,  la  racine  est  dans  les  eaux  de  la  mer;  au  sud, 
son  front  est  inconnu.  C'est  donc  sur  une  surface  supérieure  à  cent  kilomètres 
de  longueur,  compris  entre  le  cap  Gallo  et  les  environs  de  Girgenti,  que  s'est 
déroulée  cette  grande  écaille  de  l'écorce  terrestre.  Erodée  par  les  eaux  mio- 
cènes et  pliocènes,  elle  a  résisté  et  a  participé  aux  plissements  autochtones. 


Géologie.  —  Sur  l'existence  de  phénomènes  de  charriage  antérieurs  au 
Stéphanien  dans  la  région  de  Saint- Etienne.  Note  de  MM.  P.  Termier 
et  G.  Friedel,  présentée  par  M,  Michel  Lévy. 

Il  y  a  plusieurs  années,  l'un  de  nous,  en  collaboration  avec  M.  E.  Coste, 
puis  avec  M.  A.  Bachellery,  ingénieurs  des  mines,  a  constaté  l'existence  en 
beaucoup  de  points,  au-dessous  du  terrain  houiller  de  Saint-Etienne,  d'une 
formation  singulière  qui  d'abord  a  été  décrite  à  tort  comme  un  sédiment 
granitisé  par  place  avant  le  dépôt  du  Houiller.  Nous  avons  repris  l'étude  de 
cette  formation  et  avons  pu  établir  d'une  manière  certaine  sa  véritable 
nature  :  c'est  une  nappe  de  roches  diverses,  le  plus  souvent  écrasées,  où 
domine  un  granité  réduit  par  laminage  à  une  bouillie  presque  amorphe,  et 
qui  témoigne  de  vastes  phénomènes  de  charriage  antérieurs  au  Stéphanien. 

Nous  ne  signalerons  dans  cette  note  que  les  faits  principaux,  dès  main- 
tenant acquis,  réservant  pour  une  description  ultérieure  plus  étendue  les 
détails  que  comporte  la  démonstration  de  nos  conclusions. 

La  nappe  en  question  est  surtout  observable  dans  la  partie  occidentale  du 
bassin  houiller,  sur  ses  bords  Sud  et  Ouest.  Elle  forme,  entre  le  terrain 
houiller  et  les  micaschistes  en  place,  une  bande  presque  continue  depuis 
Saint-Etienne  jusqu'à  Cizeron,  sur  27  kilomètres  de  longueur.  Sauf  les  épais- 
sissements  locaux  dont  il  sera  question,  sa  puissance  ne  dépasse  généralement 
pas  30  à  40  mètres.  Dans  l'ensemble,  elle  se  comporte  donc  comme  le  ferait 
un  étage  sédimentaire  inférieur  au  Houiller  et  à  peu  près  concordant  avec 
lui.  Les  micaschistes  sur  lesquels  elle  repose  sont  au  contraire  en  complète 
■discordance  avec  le  Houiller.  Sur  le  bord  Sud  notamment,  leur  direction 

C.  R.,  1906, 1"  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  Is.)  3  32 


1004  ACADÉMIE     DES     SCIEiNCES. 

moyenne  fait  un  angle  de  45"  avec  celle  du  synclinal  houiller.  Il  y  a  donc  la 
même  discordance  entre  les  micaschistes  en  place  et  la  nappe.  Bien  visible 
par  endroits,  la  surface  de  discordance  n'est  cependant  pas,  en  général, 
localisée  d'une  manière  bien  nette,  et  n'a  rien  de  commun  avec  la  surface  de 
contact  d'un  dépôt  sédimentaire  discordant  sur  un  substratum  érodé.  Les 
micaschistes  sont  froissés  et  étirés  au  voisinage.  C'est  de  toute  évidence 
une  discordance  tectonique. 

Au-dessus  de  la  nappe,  la  base  du  Houiller,  composée  en  général  de 
poudingues  et  schistes  rouges,  repose  sur  elle  par  un  contact  parfaitement 
net.  Dans  les  poudingues,  on  trouve  des  galets  de  toutes  les  roches  qui 
constituent  la  nappe,  1oul.es  dans  l'état  d'écrasement  où  elles  s'y  lyrésenienf 
actuellement.  Il  n'est  donc  pas  douteux  que  la  mise  en  place  de  cette  nappe 
ne  soit  antérieure  au  Stéphanien.  Le  teri*ain  houiller  s'est  déposé,  en  somme, 
dans  une  cuvette  dont  le  fond  était,  sur  de  vastes  espaces,  recouvert  des 
restes  de  la  nappe  que  nous  décrivons,  discordante  sur  les  micaschistes. 
Cette  nappe,  érodée  avant  et  pendant  le  dépôt  du  Houiller,  a  été  par  endroits 
complètement  enlevée,  laissant  le  Houiller  reposer  directement  sur  les 
micaschistes  en  place.  Ailleurs,  elle  a  été  en  partie  conservée.  Généralement 
sa  base,  rendue  extrêmement  dure  et  compacte  par  l'écrasement,  a  seule 
résisté  à  l'érosion,  tapissant  ainsi  d'un  manteau  peu  épais  le  fond  de  la 
cuvette  houillère.  Mais  par  endroits,  sans  doute  dans  les  dépressions  du  sol 
anté-stéphanien,  on  retrouve,  au  dessus  des  roches  écrasées  qui  accom- 
pagnent le  contact  discordant  avec  les  micaschistes,  des  témoins  pai'fois 
très  épais  de  la  nappe,  sous  l'orme  de  puissants  massifs  d'un  granité 
tout  particulier,  associés  à  divers  termes  cristallophylliens  que  leur  faciès 
aussi  bien  que  leur  position  discordante  séparent  des  micaschistes  inférieurs. 

Les  parties  minces  de  la  nappe,  et,  partant,  la  base  de  celle-ci,  sont  com- 
posées surtout,  sur  des  épaisseurs  jitteignant  parfois  20  et  30  mètres,  d'une 
roche  étrange  qui,  observée  la  première,  a  été  prise  d'abord  pour  une  sorte 
d'arkose.  Le  passage  graduel  de  cette  roche,  présumée  sédimentaire,  au 
granité,  avait  fait  conclure  à  tort  à  la  formation  des  massifs  de  granité  par 
granitisation  de  cette  arkose.  En  réalité,  cette  roche  est  un  granité  écrasé, 
où  le  microscope  montre,  nageant  dans  une  pâte  aphanitique,  souvent 
presque  entièrement  isotrope,  des  débris,  de  toute  forme  et  de  toute  grosseur, 
d'un  granité  plus  ou  moins  altéré,  toujours  identique  à  lui-même,  et  iden- 
tique au  granité  intact  auquel  la  roche  écrasée  passe,  çà  et  là. 

Quant  au  granité  intact,  il  ne  ressemble  en  rien  à   ceux  qui,   dans  la 


SÉANCE  DU  30  AVRIL   1906.  1005 

région,  percent  les  gneiss  et  les  micaschistes  en  place.  C'est  un  granité  por- 
phyroïde  alcalin,  dont  les  analogies  sont  avec  les  granités  du  Mont-Blanc  et 
du  Pelvou-r,  et  non  point  arec  les  granités  classiques  du  Massif  central . 

Au  sud  du  bassin  houiller,  dans  le  pays  montagneux  où  confinent  les  trois 
départements  de  la  Loire,  de  la  Haute-Loire  et  de  l'Ardèche,  les  montagnes 
les  plus  hautes  sont  constituées  par  une  roche  cristalline  très  particulière, 
désignée  sous  la  rubrique  gneiss  graniilitiques  dans  la  légende  des  trois 
feuilles  Valence,  Le  Puy,  Saint- Etienne,  de  la  Carte  géologique  à  1/80.000. 
Ces  prétendus  gneiss  sont  horizontaux,  dans  leur  ensemble,  et  se  séparent 
très  nettement  des  granités  et  des  autres  gneiss  de  la  région.  Dojà  en  1S9S, 
l'un  de  nous  signalait  les  phénomènes  dynamiques  que  l'évèle  l'étude  micros- 
copique de  ces  roches,  et  émettait  l'idée  qu'il  y  fallait  voir,  non  pas  des 
gneiss,  mais  un  granité  alcalin  écrasé  et  laminé,  transporté  par  charriage  à 
sa  place  actuelle. 

Cette  conclusion  n'est  plus  douteuse  au-jourd'hui.  Les  prétendus  gneiss 
granulitiques  en  question  appartiennent  à  la  nappe  anté-stéphanienne  qui 
s'en  va,  plus  au  nord,  passer  sous  le  Houiller.  Ils  proviennent  de  l'écrase- 
ment des  mêmes  granités  alcalins.  Ils  forment  des  lambeaux  très  étendus, 
puissants  de  plusieurs  centaines  de  mètres,  qui  flottent  sur  le  Cristallin  en 
place.  La  nappe  en  question,  probablement  complexe,  c'est-à-dire  formée  de 
plusieurs  nappes,  semble  avoir  recouvert  une  grande  partie  de  la  région 
orientale  du  Massif  central.  Nous  ne  savons  point  de  quel  côté  chercher  son 
pays  d'origine. 

M.  Albert  Breydel  adresse  une  note  Sur  l'électricité  souterraine. 

M.  Grenier  adresse  une  note  Sur  le  traitement  de  l'épHepsie  essentielle 
et  sur  le  traitement  abortif  de  la  pneumonie. 

La  séance  est  levée  à  4  heures.  AI.   B. 


uuLLEriiv   ribliocraphique: 

Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  17  avril   1906. 

A  hand-Usi  of  tlie  Birds  of  the  Philippine  Islands,  by  Richard  C.  jNIc  Gregor  iiiid 
Dean  C.  Worcester.  (Départ,  of  Interior,  Bureau  of  Govt.  Laboratories,  n"  36, 
janvier  1906.)  Manille;  1  fasc.  in-4". 


1006  ACADÉMIE     DES     SCIENCES. 

Carnegie  Institution  of  Washington.  Year  Book,  n°  4,  1903,  piih.  I)y  Ihe  Institutimi. 
Washington,  1906;  1  vol.  in-4o. 

Report  of  the  Bureau  of  Fisheries,  1901,  by  George  M.  Bowers.  Wnshinglon, 
Government  printing  Office,  1905;  vol.  in-.S". 

Twentij-frsi  annual  report  of  thc  Bureau  of  animal  Industrie,  for  the  year  1904. 
Washington,  1905:  1  vol.  in-8°. 

Bulletin  ofthe  Bureau  of  Fisheries;  vol.  XXIV,  1904;  George  M.  Bowers,  comaiis- 
sioner.  Washington,  1905;  1  vol.  in-4°. 

Memoirs  of  tlie  Muséum  of  comparative  Zoologie  at  Hanward  Collège;  vol.  XXXIII. 
Cambridge,  Mass.  ;  1906;  1  vol.  in-4°. 

Annals  of  the  Lowell  Observatory  ;  vol.  III  :  Obsercations  of  Ihe  planet  Mars  du- 
ring  the  opposition  ofl894,  1896,  1898,  1901  and  1903,  made  at  Flagstaff,  Arizona; 
Percival  Lowell,  Director  ofthe  Observatory;  1905.  1  vol.  in-4". 

Denkschriften  der  kaiserlichen  Akademie  der  Wissenschaften,  mathematisch-Xatur- 
wissenschaftlicheKlasse;  Bd.  LXXVIII,  1906;  mit  20  Tatïein,  61  Textfiguren  und 
1  Kartenskizze.  Vienne;  i  vol.  in-4°. 

Précis  de  Chimie  physique,  par  M.  Em.m.  Pozzi-Escot.  Paris,  Jules  Piousset, 
1906;  1  vol.  in-8°.  (Hommage  de  l'auteur.) 

L'Electrochimie,  revue  mensuelle  des  Sciences  et  de  l'Industrie  ;  Direct.  :  Adolphe 
Minet;  i'i,"  année,  n°^  1,  2,  3,  janvier-mars  1906.  Paris,  E.  Bernard;  1  fasc.  in-8°. 

Il  vero  nella  matematica.  Discorso  del  Senatore  Giuseppe  Veronese.  Rome,  1906; 
1  fasc.  in-8°. 

Ueber  die  Konstilution  des  Aethers  und  der  Elektronen  und  den  Mechanisuius  der 
electromagnetischen  Vorgànge,  von  G.  Beckenhaupt.  Heidelberg,  1906;  1  fasc.  in-S°. 

Die  Tëtraeder- Théorie  im  Leben,  in  der  Eoolulion  und  im  Aufhau  der  Mater ie,  von 
G.  Beckenhaupt.  Heidelberg,  1906;  1  fasc.  in-S°. 

Die  Aether énergie,  von  Ignaz  Dickl.  Vienne,  s.  d.  ;  1  fasc.  in-8°. 

Die  Berechnung  der  achsialen  Aktionsturbinen  auf  zeichnerischem  Wege,  von 
Ignaz  Dickl.  Vienne,  s.  d.  ;  1  fasc.  in-8°. 

Zur  Effektberechnung  von  Flugvorrichtungen,  von  Ignaz  Dickl.  Vienne,  s.  d.  ; 
1  fasc.  in-8°. 

Radcliff'e  catalogue  o/  1/^2  stars  for  ihe  epocli  1900,  deducted  from  observations 
made  at  the  Radcliff'e  Observatory,  Oxford,  during  the  years  1894-1903,  under  the 
direction  o(  Arthur  A.  Rainbaut.  Oxford,  1906;  1  vol.  in-4°. 

Studien  iiber  Meleoriten,  vorgenonimen  auf  Grund  des  Materials  der  Sammlung  der 
Universitàts  Berlin,  von  G.  Klein,  mit  3  Taft'eln.  Berlin,  1906;  1  vol.  in-4°. 

Bericht  ilber  die  Ergebaisse  der  Beobachtungen  and  den  Regenstationen  des  Lie-, 
Est-KurlàndiscJien  Netzes  filr  das  Jahr  1901.  Jurjew,  1905;  1  fasc.  ia-8". 

Report  (f  tlie  meieorological  council  for  t/ie  year  ending  Slst.  of  march  1900, 
to  ihe  Presideni  and  Council  of  the  Royal  Society.  Londres,  1906  ;  1  vol.  in-S". 

U idrografia  dci  colli  Euganei  nei  sui  rapporii  colla  geologia  e  la  morfologia  délia 
regione,  del  s.  c.  Luigi  de  Marchi.  (Mem.  del  R.  Instituto  Veneto  di  Se.  Let.  ed  Arti  : 
vol.  XXVII,  n"5.)  Venise,  1905;  1  fasc.  in-4°. 


ACADEMIE  DES   SCIENCES. 

SEANCE    DU    LUNDI    7    MAI    1906. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  H.  POINCARÉ. 


MÉMOIRES    ET    COMMUNICATIONS 

DES     MEMBRES     ET     DES     CORRESPONDANTS     DE     l'aGADÉMIE 

Astronomie.  —  Découverte  de  mouvements  propres  d'étoiles  à  l'aide  de  la 
méthode  stéréoscopique,  par  M.  le  D"  Max  Wolf.  Note  de  M.  Lœwy. 

J'ai  l'honneur  d'annoncer  à  l'Académie  que  M.  le  D''  Max  Wolf,  directeur 
de  l'Observatoire  astrophysique  d'Heidelberg,  est  parvenu  à  mettre  en 
évidence  l'existence  de  mouvements  propres  pour  de  nombreuses  étoiles,  par 
une  méthode  qu'on  peut  dire  nouvelle,  car  elle  n'avait  donné  lieu  jusqu'à 
présent  qu'à  des  tentatives  infructueuses.  Cette  méthode  consiste  à  comparer, 
dans  un  stéréoscope,  deux  photographies  d'une  même  portion  du  ciel  prises 
à  plusieurs  années  d'intervalle. 

Parmi  les  épreuves  que  ce  savant  m'a  prié  de  mettre  sous  les  yeux  de 
l'Académie,  il  en  est  une  qui  se  rapporte  à  une  étoile  déjà  connue  par  l'im- 
portance de  son  déplacement  annuel.  Un  intervalle  de  quatre  ans  a  suffi,  ici, 
pour  que  l'image  de  l'astre  apparût  dans  un  plan  très  différent  de  celui  des 
étoiles  voisines. 

Une  autre  épreuve  est  relative  à  un  fait  analogue  pour  une  étoile  de 
neuvième  grandeur,  dans  la  constellation  du  Lion,  dont  le  mouvement 
propre  a  été  ainsi  révélé  pour  la  première  fois.  Dans  ce  cas,  les  deux  clichés 
ont  été  pris  à  quatorze  ans  d'intervalle;  mais  il  y  a,  en  outre,  un  second 
résultat  important  qui  doit  être  signalé  :  le  mouvement  propre  a  pu  être 
évalué  stéréoscopiquement  avec  une  précision  que  M.  Max  Wolf  estime 
supérieure  à  celle  des  mesures  micrométriques  ordinaires.  C'est  une  décou- 
verte véritablement  très  intéressante. 

C.  R.,  1906,  1"  Seineslre.  (T.  CXLll,  N"  19.)  l3.^ 


lOOS  ACADÉMIE     DES     SCIENCES. 

D'autres  photographies  prises  par  cet  astronome  font  voir  la  traînée  himi- 
neuse  d'une  étoile  lilante  passant  en  avant  des  constellations  environnantes. 
Une  combinaison  de  deux  agrandissements  de  clichés  de  l'Observatoire  de 
Paris  a  rendu  frappantes  les  différences  de  niveau  qui  existent  entre  les  forma- 
tions lunaires  voisines.  La  comète  Perrine  I9l)2b,  les  nébuleuses  d'Orion  et 
d'Andromède  présentent,  dans  les  mêmes  conditions,  des  aspects  très  expressifs. 

M.  le  l)""  Max  Wolf,  qui  a  déjà  inauguré  avec  tant  de  succès  l'application 
de  la  photographie  à  la  recherche  des  petites  planètes,  mérite  une  fois  de 
plus  la  reconnaissance  des  astronomes  en  démontrant  que  la  méthode  stéréos- 
copique,  convenablement  mise  en  pratique,  peut  rendre  de  sérieux  services  à 
l'astronomie. 

Astronomie.  —  Présentation  du  tome  XII  'les  ■•  Annales  de  rObservatoù-e 
de  Bordeaux  -. .  Note  de  M.  Lœwy. 

J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  le  tome  XII  des  Annales  de 
l'Observatoire  de  Bordeaux,  renfermant  les  études  régulièrement  poursuivies 
dans  cet  établissement  pendant  les  deux  années  1897  et  1898. 

Le  volume  débute  par  une  notice  intéressante  de  M.  Rayet,  directeur  de 
l'Observatoire,  sur  la  vie  et  les  travaux  de  G.  Lespiault,  qui  a  exercé  une 
influence  si  heureuse  sur  le  mouvement  scientifique  à  l'Université  de  Bor- 
deaux, et  notamment  contribué  à  la  création  de  l'Observatoire  de  Floirac, 
auquel  il  a,  en  toute  circonstance,  apporté  un  concours  des  plus  efficaces. 

A  l'aide  du  cercle  méridien  d'Eichens  de  19  centimètres  d'ouverture,  une 
nouvelle  recherche  a  été  inaugurée  en  1897,  ayant  pour  objet  la  détermina- 
tion des  positions  d'un  certain  nombre  d'étoiles  de  huitième  à  neuvième 
grandeur,  destinées  à  servir  de  repères  pour  la  réduction  des  clichés  à 
Bordeaux  et  comprises  dans  une  région  de  l'espace,  de  -^  10°  à  4-  18°  de 
déclinaison  boréale,  assignée  à  cet  établissement  dans  la  grande  entreprise 
internationale  de  l'exploration  photographique  du  ciel.  Le  nombre  des  obser- 
vations obtenues  à  Bordeaux  dans  les  deux  années  1897  et  1898  s'élève 
à  10162.  On  constate  ainsi  que  les  travaux  accomplis  dans  cet  ordre  d'idées 
par  les  observatoires  français  sont  poursuivis  avec  une  grande  énergie  et 
reposent  sur  un  plan  homogène. 

L'ouvrage  se  termine  par  la  publication  de  positions  équatoriales,  au 
nombre  de  soixante,  de  diverses  petites  planètes  et  comètes,  ainsi  que  des 
observations  météorologiques  et  magnétiques  accomplies  pendant  les 
années  1897  ei  189S. 


SÉANCE  DU  7  MAI  1906.  1009 

Astronomie  physique.  —  Méthodes  pour  la  recherche,  en  dehors  des  éclipses, 
des  amas  de  particules  brillantes,  mêlés  aux  gaz  et  vapeurs  dans  la  partie 
basse  de  l'atmosphère  solaire.  Note  de  M.  H.  Deslandres 

Dans  une  note  récente  [Comptes  rendus,  même  tome,  p.  741)  j'ai  foit 
ressortir  l'importance  des  particules  incandescentes,  liquides  ou  solides,  qui 
sont  mêlées  aux  gaz  et  vapeurs  dans  la  partie  basse  de  l'atmosphère  solaire 
(chromosphère  et  protubérances).  Jusqu'à  présent,  les  astronomes  ont  porté 
leur  attention  sur  les  gaz  et  vapeurs,  qui  ont  été  reconnus,  d'abord  au  bord 
extérieur  dans  l'éclipsé  de  1868,  puis  journellement,  en  dehors  des  écUpses, 
au  même  bord  extérieur  (Janssen  et  Lockyer),  puis,  depuis  1892,  à  Tinté- 
rieur  du  bord,  ou,  plus  généralement,  dans  la  demi-sphère  entière  tournée 
vers  la  Terre  (Haie  et  Deslandres). 

Dans  cette  longue  période,  on  a  négligé  les  amas  de  particules  qui  offrent 
un  intérêt  au  moins  égal,  mais  sont  plus  difficiles  à  reconnaître,  étant 
décelés  non  plus  comme  les  gaz  par  une  ligne  tine  brillante,  mais  par  un 
spectre  continu  qui  s'affail)lit  avec  la  dispersion. 

D'une  manière  générale,  la  matière  solaire  apparaît  formée  de  gaz  et  de 
particules  en  suspension,  dans  les  trois  couches  principales,  distinguées 
jusqu'ici,  qui  sont  :  la  surface  même  ou  photosphère,  la  chromosphère  avec 
les  protubérances  et  la  couronne.  Les  images  de  la  photographie  ordinaire 
sont  formées  par  les  lumières  confondues  des  deux  éléments  gaz  et  particules  ; 
mais,  pour  la  connaissance  complète  du  Soleil,  il  importe  évidemment 
d'avoir  séparément  l'image  spéciale  de  chaque  élément,  et  de  déterminer 
dans  chaque  couche  la  proportion,  la  répartition,  l'origine  des  deux  lumières 
composantes,  émises  l'une  avec  un  spectre  de  lignes  et  l'autre  avec  un  spectre 
continu.  Ce  programme  de  recherches  devra  être  poursuivi  pour  les  deux 
couches  atmosphériques,  non  seulement  pendant  les  éclipses,  mais  en  temps 
ordinaire,  non  seulement  dans  la  partie  extérieure  au  bord  solaire,  mais  dans 
la  partie  intérieure,  projetée  sur  le  disque,  plus  étendue  et  importante. 

Il  est  encore  loin  de  sa  réalisation,  au  moins  pour  les  particules  qui  ne 
sont  pas  encore  décelées  dans  la  chromosphère  et  les  protubérances,  si  l'on 
excepte  toutefois  un  premier  résultat  obtenu  en  1905,  et  encore  dans  une 
éclipse  et  au  bord  extérieur.  Quant  à  la  couronne,  les  images  des  deux 
éléments,   faciles  à  étudier  et  à  séparer  dans   les   éclipses  (i),    n'ont  pas 

(i)  En  effet,  les  images  de  la  couronne,  obtenues  en  si  grand  nombre  dans  les  éclipses  avec 
les  appareils  photographiques  ordinaires  et  des  plaques  non  sensibles  au  vert,  sont  des  images 
de  particules. 


loin  ACADÉMIE     DES     SCIENCES. 

encore  été  obtenues  en  temps  ordinaire,  ni  séparées,  ni  réunies,  quoique 
l'image  des  gaz  soit  a  priori  plus  accessible  (i). 

En  résumé,  l'étude  des  particules  est  à  peine  commencée  ;  elle  correspond 
à  une  brandie  de  recherches  nouvelle  et  distincte,  aussi  intéressante  que 
celle  des  gaz,  mais  non  encore  développée. 

La  première  image  des  particules  seules  a  été  réalisée  dans  l'éclipsé  der- 
nière et  pour  les  protubérances.  Lorsque  la  lumière  de  notre  ciel  disparaît, 
les  conditions  sont  en  effet  plus  favorables  pour  la  reconnaissance  des  parti- 
cules, comme  pour  celle  des  gaz  (?).  Avec  des  écrans  colorés  spéciaux,  qui 
absorljsnt  toutes  les  radiations  gazeuses  permanentes  des  protubérances,  j'ai 
pu  ob'.enir  l'image  des  masses  qui  émettent  un  spectre  continu  (même  tome, 
p.  741).  Le  résultat  est  le  suivant  :  les  particules  forment  des  noyaux  bril- 
lants, distincts  des  gaz  et  dont  l'éclat,  point  important  à  noter,  est  plus 
grand  que  celui  des  parties  voisines  de  la  couronne. 

Comme  les  éclipses  du  Soleil  sont  rares  et  de  courte  durée,  il  faut 
chercher  à  avoir  l'image  des  particules  chromosphériques  en  temps  ordi- 
naire. J'examine  dans  cette  note  les  moyens  qui  paraissent  les  meilleurs 
pour  atteindre  le  résultat  au  bord  solaire  extérieur.  Le  problème  est  d'ail- 
leurs presque  identique  à  un  problème  ancien  et  fort  étudié  qui  est 
la  reconnaissance  de  la  couronne  solaire  en  dehors  des  éclipses.  Or,  malgré 
des  tentatives  nombreuses,  aucun  résultat  n'a  encore  été  obtenu  pour  la 
couronne;  mais  les  chances  de  succès  sont  plus  grandes  avec  les  amas 
de  particules  chromosphériques  qui,  d'après  les  observations  de  la  dernière 
éclipse,  sont  parfois  beaucoup  plus  brillants  que  la  couronne. 

Les  méthodes  et  appareils  proposés  pour  la  couronne  s'appliquent  aux 
amas  chromosphériques,  avec  cette  condition  en  plus  que  l'image  solaire 
doit  être  grande,  car  les  amas  s'élèvent  peu  au-dessus  de  la  surface. 

Les  difficultés  à  vaincre  sont  les  mêmes  qu'avec  la  couronne  et  ont  déjà  été 
énumérées  en  détail  (voir  diverses  notes  de  Haie  et  Deslandres.  Astronomy 
and  Aslrophysics,  1893  et  1896,  et  Comptes  rendus,  t.  CXVlll,  p.  307; 
t.  CXVI,  p.  1 184;  t.  CXVII,  p.  1058,  et  t.  CXL,  p.  955).  Elles  tiennent  à  la 
grande  intensité  des  lumières  parasites  qui  sont  développées  par  diffusion  ou 

(i)  Les  méthodes  et  les  appareils  qui  décèlent  la  ohromosphère  gazeuze  ou  les  protubérances 
s'appliquent  évidenuiient  aussi  à  la  couronne  gazeuse;  les  raies  fines  de  la  couronne  sont 
seulement  moins  brillantes  que  les  raies  fines  des  protubérances,  et  le  problème  est  plus 
difficile. 

(2)  La  première  reconnaissance  des  gaz  a  été  faite  dans  une  éclipse  (celle  de  1868),  de  même 
que  la  première  reconnaissance  des  paiticules. 


SÉANCK    DU     7     MAI    1906.  lOil 

réflexion  :  1°  dans  notre  ciel;  2°  dans  l'appareil  astronomique  qui  fournit 
une  image  réelle  du  Soleil;  3°  dans  l'appareil  spécial  qui  extrait  de  l'image 
solaire  l'image  des  particules  (appareil  d'agrandissement,  écrans  colorés 
ou  spectrohéliographes). 

Les  lumières  parasites  se  superposent  à  la  lumière  qui  doit  être  décelée  et 
la  masquent.  Pour  les  diminuer,  il  faut,  en  particulier  :  a)  choisir  une  station 
élevée,  dans  une  région  sèche  et  exempte  de  cirrus,  b)  utiliser  surtout  des 
rayons  de  grande  longueur  d'onde,  la  région  du  spectre  la  plus  favorable 
étant  celle  pour  laquelle  le  rapport  des  lumières  parasites  et  de  la  lumière 
des  particules  est  un  minimum;  c)  employer  des  miroirs  ou  des  lentilles 
simples  parfaitement  polis. 

En  premier  lieu,  il  convient  d'essayer  les  appareils  qui  ont  réussi  dans  la 
dernière  éclipse,  c'est-à-dire  une  chambre  photographique  ordinaire  et  des 
écrans  colorés  qui  absorbent  les  radiations  gazeuses  permanentes  des  protu- 
bérances et  les  principales  radiations  métalliques,  pour  avoir  l'image  des 
particules  seules.  Les  écrans  colorés  qui  laissent  passer  les  radiations  pré- 
cédentes donneront  l'image  des  gaz  et  particules  confondus. 

Si  les  écrans  colorés  sont  insuffisants,  on  a  recours  au  spectrohéliographe  , 
qui  fournit  l'image  des  objets  avec  une  seule  radiation  simple  ;  lorsque  cette 
radiation  est  une  raie  noire  du  spectre  normal,  les  deux  lumières  parasites 
principales  sont,  en  etFet,  très  diminuées.  Le  spectrohéliographe,  indiqué 
brièvement  pour  la  couronne  par  Deslandres  en  1891,  recommandé  vivement 
par  Haie  en  1893,  a  été  appliqué  en  1894  à  la  recherche  de  la  couronne  sur 
le  mont  Etna  par  Haie  et  Ricco,  avec  la  raie  K  du  calcium  qui  alors  était 
considérée  comme  une  raie  coronale  permanente.  Ce  premier  essai,  pour  des 
raisons  diverses,  n'a  donné  aucun  résultat,  mais  sans  infirmer  la  valeur  de  la 
méthode.  L'appareil  pour  la  recherche  en  question  otfi'e  des  avantages  indis- 
cutables ;  par  contre,  il  exige  une  pose  longue,  car  il  utilise  une  très  petite 
portion  de  la  lumière  totale,  déjà  relativement  faible  dans  le  cas  des 
particules. 

Cet  inconvénient  sera  évité  par  une  plus  grande  concentration  de  la 
lumière,  ou  autrement  dit  par  l'emploi  d'objectifs  astronomiques  plus  grands 
pour  la  projection  de  l'image  réelle  du  Soleil,  l'image  finale  du  spectrohélio- 
graphe restant  la  même. 

On  peut  aus.si  recommander  un  autre  spectrohéliographe,  non  plus  mono- 
chrome, mais  polychrome,  dont  j'ai  donné  le  principe  en  1904  (Comptes 
rendus,   t.    CXXXVIII,    p.    1378).     L'appareil   isole   à  la    fois   plusieurs 


1012  ACADÉMIE    DES     SCIENCES. 

radiations  simples,  et  peut  donner  le  résultat  avec  une  pose  beaucoup 
moindre. 

Avec  le  spectrohéliographe,  le  choix  des  raies  noires  à  isoler  n'est  pas 
indifférent.  Les  raies  peuvent  être  divisées  en  chromosphériques  et  non  chro- 
mosphériques,  c'est-à-dire  être  comprises  ou  non  sur  la  liste,  publiée  par 
Young,  des  raies  émises  plus  ou  moins  fréquemment  par  les  protubérances. 
Les  premières  donnent  l'image  des  vapeurs  qui  leur  correspondent,  un  peu 
modifiée  par  l'addition  possible  de  la  lumière  à  spectre  continu  ;  les 
secondes  raies  donnent  l'image  même  des  particules  (i). 

Les  appareils  qui  précèdent  et  qui  éliminent  dans  des  proportions  diffé- 
rentes les  lumières  parasites  peuvent  tous,  à  mon  avis,  être  utilisables  pour 
la  photographie  des  particules,  au  moins  dans  certains  cas.  L'éclat  des 
particules  chromosphériques  est,  en  effet,  probablement  très  variable;  dans 
les  protubérances  de  1905,  il  était  assez  intense;  mais  il  était  beaucoup  plus 
grand  dans  la  protubérance  de  1892,  citée  précédemment  (voir  p.  741),  dont 
le  spectre  photographié  a  montré  un  spectre  continu  intense  qui  se  déta- 
chait sur  le  spectre  continu  de  notre  ciel.  Cette  protubérance  aurait  pu, 
semble-t-il,  être  photographiée  directement  avec  une  chambre  ordinaire 
analogue  à  celles  qui  servent  au  relevé  journalier  du  disque  et  des  taches;  il 
aurait  sufH  de  prendre  quelques  précautions  et  de  prolonger  un  peu  la  pose. 
Je  ne  sais  si  les  observateurs  nombreux  qui  depuis  cinquante  ans  photogra- 
phient la  surface  solaire  ont  relevé  des  protubérances  semblables,  qui 
se  distinguent  aisément  des  petites  pointes  dues  aux  facules  par  leur  courte 
durée  et  leur  élévation  plus  grande.  Le  phénomène  peut  être  plus  fréquent 
qu'on  ne  le  suppose  ;  car  l'attention  des  observateurs  n'a  pas  été  dirigée  de  ce 
côté. 

Dans  cet  ordre  d'idées,  je  propose  d'essayer  la  photographie  directe  des 
belles  protubérances  éruptives  au  bord  solaire  avec  les  écrans  colorés  décrits 
plus  haut  et  le  dispositif  simple  suivant  :  un  grand  miroir  concave  donne  une 
image  du  Soleil  qui  est  rejetée  sur  le  côté;  dans  le  plan  focal  on  place  un 
petit  miroir  plan  qui  offre  en  son  centre  un  trou  rond,  ayant  le  diamètre  de 
l'image  solaire,  et  par  lequel  on  fait  passer  la  lumière  du  ilisque  qui  est  ainsi 
rejetée.  Le  petit  miroir  renvoie  vers  le  miroir  concave  la  lumière  du  bord 
extérieur  (|ui  est  reprise  par  un  objectif  d'agrandissement  et  les  écrans 


(il  Les  particules  doivent  accompagner  les  vapeurs  de  la  couche  renversante,  qui  s'élèvent 
au-dessus  de  leur  niveau  ordinaire,  et  qui,  en  s'élevant,  doivent  se  refroidir  et  se  condenser. 
La  comparaison  de  toutes  ces  images  permettra  de  suivre  le  phénomène. 


SÉANCE    DU    7    MAI    1906.  1013 

colorés.  L'appareil,  léger  et  maniable,  est  ainsi  disposé  pour  la  photo- 
graphie exclusive  des  bords;  il  peut  être  employé  en  montagne  à  la 
recherche  de  la  couronne  solaire 

Lorsque  l'amas  des  particules  est  intense,  les  spectrohéliographes  ordi- 
naires (dont  l'image  finale  est  grande  par  rapport  au  diamètre  de  l'objectif 
astronomique)  peuvent  aussi  convenir.  On  fait  en  général  avec  ces  appareils 
une  image  du  disque  avec  la  raie  K^,  puis  une  image  des  bords  seuls  avec  la 
même  raie,  et  ensuite  une  image  du  disque  avec  K^  Je  propose  de  faire  aussi 
une  image  des  bords  seuls  avec  K^  et  une  longue  pose,  lorsqu'une  belle  pro- 
tubérance est  signalée,  afin  d'avoir  aussi  l'image  des  particules.  Il  sera 
l)on  également  d'obtenir  l'image  des  bords  seuls  avec  une  seconde  raie  K\ 
symétrique  de  la  première  par  rapport  à  K^,  avec  d'autres  raies  noires  non 
chromosphériques  et  chromosphériques  et  aussi  avec  les  intervalles  brillants 
entre  les  raies  noires  (i).  La  comparaison  de  toutes  ces  images  fera  ressortir 
la  part  due  aux  gaz  permanents,  aux  autres  gaz  et  aux  particules. 

Si  l'amas  est  peu  brillant,  les  spectrographes  monochromes  à  grande 
concentration  de  lumière,  les  spectrohéliographes  polychromes  et  aussi  la 
station  de  montagne  deviendront  nécessaires. 

En  résumé,  les  dispositifs  qui  précédent  paraissent  capables  d'assurer 
l'étude  journalière  et  méthodique  des  amas  de  particules  dans  les  protubé- 
rances du  bord  extérieur,  mais  la  recherche  est  encore  à  peine  abordée,  et 
l'expérience  seule  décidera  sur  la  valeur  de  ces  méthodes. 

En  tout  cas,  la  recherche  des  particules  sera  poursuivie  d'abord  dans  les 
protubérances,  puis,  en  cas  de  succès,  étendue  à  la  couronne  elle-même. 

La  couronne,  d'ailleurs,  comme  on  l'a  indiqué  plus  haut,  se  divise  en 
couronne  gazeuse  et  couronne  de  particules,  cette  dernière,  qui  est  la 
couronne  des  éclipses,  étant  la  plus  importante  et  la  plus  étendue.  La  pre- 
mière sera  donnée  par  les  raies  fines  coronales,  et  en  particulier  par  la  raie 
verte  530  qui,  à  l'époque  du   maximum  des  taches,  est  forte  (2)  et  doit 


(i)  Dans  la  région  ultraviolette,  de  longueur  d'onde  plus  petite  que  365,  l'hydroyène  émet  un 
spectre  continu  observé  dans  le  laboratoire  et  aussi  dans  les  protubérances  par  Evershed. 
Il  sera  intéressant  d'étudier  les  images  données  par  les  écrans  colorés  et  le  spectrohéliographe, 
avec  ces  rayons  ultraviolets,  à  l'extérieur  et  à  l'intérieur  du  bord. 

(2)  J'ai  aperçu  une  fois  à  Meudon,  un  jour  de  ciel  très  pur,  cette  raie  verte  sur  une  portion  du 
bord  solaire;  le  même  appareil,  il  est  vrai,  ne  l'a  pas  donnée  dans  les  quelques  essais  tentés 
depuis,  le  temps  ayant  d'ailleurs  manqué  pour  réaliser  les  dispositions  indiquées  déjà  comme 
les  meilleures,  par  exemple  pour  projeter  l'image  réelle  du  Soleil  avec  une  lentille  simple  de 
quaitz,  pointée  directement  vers  le  ciel.  Mais  l'observation  précédente  et  la  théorie  indiquent 


1014  ACADÉMIE     DES     SCIENCES. 

pouvoir,  avec  une  dispersion  convenable  du  spectrographe,  se  détacher  sur 
le  fond  continu  des  lumières  parasites,  surtout  en  montagne.  L'image  des 
particules,  d'autre  part,  s'annonce  comme  plus  difficile,  malgré  l'avantage 
dû  à  l'emploi  d'une  raie  noire  avec  le  spectrohéliographe.  De  toute  façon, 
la  reconnaissance  de  la  couronne  gazeuse  seule  serait  intéressante,  d'autant 
que  les  deux  couronnes  ont  plusieurs  points  communs. 

Enfin  la  recherche  des  particules  est  aussi  abordable,  quoique  plus 
difficile,  dans  la  partie  de  l'atmosphère  solaire  qui  est  projetée  sur  le 
disque;  et  je  l'ai  recommandée  déjà  en  1893  dans  une  note  spéciale.  Un 
amas  de  particules  peut  augmenter  d'une  manière  notable  la  raie  noire 
d'une  vapeur  placée  derrière  ;  il  peut  aussi  subir  l'absorption  d'une  vapeur 
plus  haute  interposée.  Les  images  des  diverses  raies  noires  avec  le 
spectrohéliographe  ordinaire  des  formes  seront  comparées  entre  elles  et  aux 
images  des  intervalles  brillants  entre  les  raies  ;  elles  seront  aussi  rappro- 
chées des  épreuves  fournies  par  les  autres  enregistreurs  solaires  qui  relèvent 
les  vitesses  radiales  et  les  spectres.  Avec  tous  ces  éléments,  il  sera  souvent 
possible  de  faire  la  part  exacte  des  vapeurs  et  des  particules  (i)  et  de  fixer 
la  répartition  des  particules  dans  les  couches  superposées  de  l'atmosphère. 

La  reconnaissance  des  particules,  jusqu'ici  négligée,  est  possible  avec  les 
moyens  actuels;  et  comme  elle  est  capitale  pour  la  solution  du  problème 
solaire,  elle  doit  retenir  l'attention  de  tous  les  astronomes. 

Les  méthodes  précédentes  sont  applicables  aux  autres  astres,  tels  que  les 
comètes  et  les  nébuleuses,  qui  sont  constitués  aussi  par  des  gaz  et  des 
particules,  et  dont  le  spectre  offre  un  mélange,  en  proportions  variables, 
de  spectre  continu  et  de  raies  fines  brillantes.  Les  écrans  colorés  donneront 
aisément  avec  ces  astres  l'image  des  particules  seules,  qui,  à  ma  connais- 
sance, n'a  pas  encore  été  obtenue. 


que  la  reconnaissance  de  la  raie  est  possible,  au  moins  en  montagne,  bien  qu'elle  soit  de  celles 
qui,  le  plus  souvent,  s'élargissent  avec  la  dispersion  croissante. 

Récemment,  Millochau  et  Stefanik  ont  annoncé  leur  intention  de  rechercher  la  raie  verte 
au  sommet  du  Mont  Blanc.  L'idée  est  e.\cellente,  et  le  type  de  spectrohéliographe  qu'ils  ont 
combiné  à  cet  effet  étant  simple  et  léger  convient  bien  pour  cette  recherche,  sinon  pour  toutes 
les  applications  du  spectrohéliographe. 

(i)  Par  e.Kemple,  les  premières  images  avec  les  raies  noires,  obtenues  par  moi  en  1894,  ont  été 
rapportées  au.x  vapeurs  de  la  couche  renversante,  la  proportion  de  la  lumière  à  spectre  continu 
étnnt  plutôt  faillie  Récemment,  Evershed  et  Haie  ont  discuté  l'intervention  des  particules 
dans  ces  images- 


SÉANCE     DU     7     MAI     1906.  1015 

Zoologie.      -   La    nidificalion    des    Abeilles    à    l'air   libre, 
Note  de  M.   E,-L.   Bouvier. 

L'abeille  commune  n'a  pas  coutume  de  nidifier  à  l'air  libre  :  domes- 
tiquée, elle  construit  ses  z'ayons  dans  les  ruches;  redevenue  sauvage,  elle 
établit  sa  demeure  dans  les  troncs  creux,  dans  quelque  anfractuosité  de 
roche,  parfois  dans  les  cheminées,  ce  qui  la  protège  contre  les  intempéries. 
Quand  l'essaim  émigrant  ne  trouve  pas  de  refuge,  il  se  fixe  sur  une  branche 
et  cherche  à  y  édifier  ses  rayons,  comme  on  l'a  observé  souvent  au  Luxem- 
bourg, dans  le  voisinage  du  rucher;  mais  alors  ses  constructions  sont 
toujours  réduites,  et,  sans  doute,  il  périt  bientôt,  victime  du  froid,  de  la 
faim  et  des  conditions  atmosphériques  défavoi  ables. 

A  cette  règle  on  connaît  des  exceptions,  rares  il  est  vrai,  mais  par  là 
d'autant  plus  curieuses.  Dans  la  littérature  zoologique,  une  seule  est  signalée 
aux  dates  anciennes,  perdue  dans  un  volume  de  la  Brilish  Entomology  (1838) 
où  Curtis  (i)  figura  et  décrivit,  en  quelques  lignes,  une  nidification  aérienne 
établie  sur  un  rameau,  à  deux  pieds  du  sol,  au  voisinage  de  Sopley,  en 
Angleterre.  Depuis  lors,  je  ne  crois  pas  qu'on  ait  étudié  ce  curieux  phéno- 
mène, sauf  en  1904  où  il  se  présenta,  au  .Jardin  des  Plantes,  sous  une  forme 
et  avec  un  développement  remarquables.  Dans  le  tronc  creux  d'un  Sophora 
japonica  se  trouvait  installée,  depuis  fort  longtemps,  une  colonie  des  plus 
actives;  le  26  mai  1904,  cette  colonie  jeta  un  essaim  qui  s'établit  à  demeure 
sur  un  autre  Sophora  tout  proche,  et  y  édifia  une  gigantesque  architecture 
dont  l'ensemble  des  rayons  ne  mesurait  pas  moins  d'un  mètre  carré.  J'ai 
raconté  l'histoire  de  cet  essaim,  et  soigneusement  décrit  sa  nidification, 
dans  un  opuscule  publié  récemment  (s). 

Par  une  heureu-e  coïncidence,  un  autre  essaim  se  fixait,  l'année  dernière, 
dans  la  cour  d'une  habitation  particulière,  où  il  nidifiait,  à  7  mètres  de 
hauteur,  sur  une  petite  branche  de  Marronnier  d'Inde. 

Etabli  rue  de  la  Pitié,  cet  essaim  provenait,  sans  doute,  du  Muséum  ;  non 
point  de  la  colonie  située  dans  le  tronc  creux  du  Sophora,  car  celle-ci  était 
défunte,  mais  probablement  d'une  seconde,  aujourd'hui  encore  très  floris- 
sante, installée  dans  la  petite  École  de  botanique,  à  l'intérieur  d'un  Calalpa. 

(i)  British  Entomology,   volume   des  Hymhioptères,  pi.  769. 

(2)  E.-L.  Bouvier,  Sur  la  nidification  d'une  colonie  d'abeilles  à  l'air  libre.  (Bull,  de  la  Soc. 
Philomath,  de  Paris.  1905.) 

C.  R.,  1906,  1"  Semestre.  {T.  CXLII,  N»  19.)  134 


1016  ACADÉMIE     DES     SCIENCES. 

Grâce  à  l'aimable  obligeance  de  M.  Mascaux,  propriétaire  de  l'immeuble, 
j'ai  pu  recueillir  cette  seconde  nidification  aérienne,  qui,  avec  la  première, 
se  place  au  premier  rang  parmi  les  pièces  rares  et  curieuses  de  la  collection 
d'entomologie  appliquée  du  Muséum. 

En  étudiant  de  très  près  ces  deux  pièces,  en  les  comparant  entre  elles  et 
avec  la  figure  de  Curtis,  j'ai  pu  établir  les  faits  suivants  qui  jettent  un  jour 
nouveau  sur  le  talent  architectural  et  sur  l'industrie  des  Abeilles. 

r  Nombre  et  forme  des  gâteaux.  —  Dans  les  deux  nidifications,  les 
gâteaux  sont  au  nombre  de  six,  tous  verticalement  disposés  et,  presque 
partout,  à  la  même  distance  les  uns  des  autres  que  dans  une  ruche  ordinaire. 
Les  plus  grands  sont  au  centre,  les  plus  petits  à  la  périphérie.  Chacun  d'eux 
présente  à  peu  près  la  forme  d'une  demi -ellipse  fixée  au  support  par  son  axe 
transversal,  et  libre  sur  ses  bords  partout  ailleurs.  Dans  la  nidification  du 
Sophora,  l'axe  basai  de  l'ellipse  est  bien  plus  allongé  que  l'axe  vertical,  tandis 
qu'on  observe  le  contraire  dans  la  nidification  établie  sur  le  Marronnier.  Et 
ici  déjà  se  manifeste,  dans  sa  merveilleuse  plasticité,  l'industrie  des  abeilles. 
Sur  le  Sophora,  le  nid  était  fixé  à  une  énorme  branche  qui  lui  offrait  un 
soutien  solide  et  considérablement  étendu;  par  contre,  sur  le  Marronnier,  la 
nidification  était  simplement  suspendue  à  une  petite  branche,  munie  de  deux 
bifurcations  assez  voisines.  On  verra  plus  loin  que  les  Abeilles  firent  de  leur 
mieux  pour  transformer  en  support  résistant  la  région  constituée  par  "les 
deux  fourches  ;  mais  cette  base  était  très  peu  étendue  dans  le  sens  longitu- 
dinal, ce  qui  força  nos  ouvrières  à  établir  des  rayons  d'une  grande  hauteur. 
Aussi  les  malheureux  Insectes  furent-ils  victimes  de  ces  conditions  défavo- 
rables, en  dépit  des  agencements  qu'ils  prirent  pour  y  remédier  :  fixés  par 
une  base  d'attache  trop  peu  étendue,  les  rayons  construits  sur  le  Marronnier 
résistaient  mal  aux  coups  de  vent  et,  à  deux  reprises,  se  détachèrent,  mettant 
la  colonie  dans  l'obligation  de  recommencer  à  nouveaux  frais.  Sur  le 
Sophora,  au  contraire,  l'édifice  était  d'une  solidité  à  toute  épreuve  et,  de 
ce  fait,  put  atteindre  les  dimensions  considérables  que  j'ai  indiquées  plus 
haut. 

2°  Mode  de  fixation  du  nid.  —  Sur  la  giosse  branche  du  Sophora,  les 
rayons  sont  largement  fixés,  souvent  confluents  à  leur  base,  quelquefois 
réunis  par  des  anastomoses.  Ils  se  rattachent  à  l'écorce  par  un  épais  revête- 
ment dur  et  solide,  qui  doit  sa  remarquable  résistance  à  un  excès  de 
matière  résineuse,  ou,  pour  mieux  dire,  de  propolis,  empruntée  par  les 
Abeilles  aux  jeunes  bourgeons  du  voisinage.  Ce  revêtement  occupe  toute  la 


SÉANCE    DU     7    MAI    1906.  1017 

surface  de  l'écorce  à  la  base  du  nid  ;  il  servait  de  support  commun  à  tous  les 
rayons  et  c'est  a  lui  que  l'édifice  doit,  pour  une  grande  part,  sa  solidité 
remarquable. 

Les  Abeilles  du  second  nid  se  trouvèrent  en  présence  de  difficultés  autre- 
ment grandes  :  au  lieu  d'une  large  et  forte  branche,  qui  constituait  un  toit 
continu  et  inébranlable,  elles  n'avaient  pour  base  d'attache  qu'un  rameau 
axial  de  30  mm.  et  deux  bifurcations  d'un  diamètre  beaucoup  plus  faible. 
Pour  fixer  solidement  leur  édifice  à  ce  toit  bien  précaire,,  elles  eurent  recours 
aux  artifices  les  plus  variés.  Sous  la  branche  axiale,  elles  établirent  le 
4°  rayon.  Dans  la  fourche  gauche,  les  rayons  5  et  6  furent  fixés  sur  la  Itifur- 
cation  correspondante  par  un  support  commun,  reliés  entre  eux  et  au  4" 
par  des  piliers  transversaux,  et  consolidés,  au  surplus,  par  l'adhérence  du 
5''  rayon  au  rameau  axial,  en  arrière  de  la  fourche.  Dans  la  fourche  droite 
fut  édifié  un  rayon  complémentaire  oblique  qui,  avec  le  rameau  axial  et  la 
bifurcation  droite,  servit  d'attache  aux  rayons  2  et  3,  ce  dernier,  dans  sa 
partie  postérieure,  occupant  presque  en  totalité  l'écartement  de  la  fourche. 
Enfin,  du  même  côté  et  en  dehors,  trois  i-ayons  transversaux  furent  greffés 
gur  la  bifurcation  droite  et  sur  la  face  externe  du  rayon  2,  constituant  des 
murailles  d'attente  qui  devaient  permettre  aux  Abeilles  d'ajouter  de  nouveaux 
rayons  à  leur  nid  et  qui,  en  fait,  servirent  d'attache  au  rayon  1.  La  matière 
fixatrice  était  sensiblement  la  même  que  dans  la  nidification  établie  sur  le 
Sophora,  mais  quelle  différence  dans  l'architecture  fondamentale!  Pourtant, 
à  force  d'ingéniosité  et  de  travail,  nos  Abeilles  réussirent  à  transformer  en  un 
plafond  solide  la  double  fourche  du  Marronnier,  et  à  construire  les  cloisons 
d'attente  qui  rendaient  possibles  les  agrandissements  ultérieurs  de  l'édifice. 

3°  Dispositions  protectrices .  —  Edifiées  en  plein  air  et  sans  aucun  abri, 
comment  ces  constructions  purent-elles  fournir  aux  Abeilles  un  gîte 
habitable,  et  se  prêter  aux  exigences  délicates  de  l'élevage  du  couvain'? 
Pour  arriver  à  ce  résultat,  nos  Insectes  surent  varier  leurs  moyens  et  modi- 
fier leur  iudustrie  de  façon  surprenante. 

Dans  l'immense  édifice  construit  sur  le  Sophora,  les  gâteaux  externes 
avaient  manifestement  un  rôle  protecteur  :  ils  ne  servaient  pas  à  l'élevage, 
et  leurs  alvéoles,  de  dimensions  anormales,  avaient  des  parois  épaisses  qui 
leur  permettaient  de  résister  aux  intempéries;  sur  l'une  des  faces,  le  gâteau 
externe  était  obliquement  disposé,  à  la  manière  d'un  auvent,  ce  qui  lui  per- 
mettait de  jouer  un  rôle  protecteur  plus  efficace.  Comprises  entre  les  autres 
gâteaux,  les  chambres  d'habitation  et  d'élevage  étaient  largement  ouvertqs 


1018  ACADÉMIE     DES     SCIENCES. 

dans  la  partie  inférieure  du  nid,  couvertes  au-dessus  par  la  branche 
d'attache,  et  protégées  en  avant  et  en  arrière  de  l'édifice  par  des  poutrelles 
transversales,  par  l'anastomose  marginale  de  deux  rayons  contigus,  enfin  et 
surtout  par  l'épaississeraent  des  rayons  au  voisinage  de  leur  bord. 

Ces  épaississements  furent  produits  par  le  simple  allongement  des 
alvéoles  qui,  en  certains  points,  dépassaient  40'"'"  de  longueur  (i);  ils 
réduisirent  à  de  simples  fentes  l'intervalle  qui  séparait,  près  de  leurs  bords, 
les  rayons  contigus  et,  par  là  même,  transformèrent  en  chambres  assez  bien 
closes  l'espace  qui  continuait  cet  intervalle  dans  l'intérieur  de  la  nidification. 
Il  semble  bien  qu'un  procédé  semblable  ait  été  employé  dans  l'édifice  aérien 
figuré  par  Curtis. 

Dans  la  seconde  nidification,  les  alvéoles  des  gâteaux  sont  tous  semblables 
et  du  diamètre  des  cellules  ouvrières;  tous,  dès  lors,  auraient  pu  servir  à 
l'élevage;  mais  ceux  directement  exposés  restèrent  vides  et  simplement 
protecteurs.  Au  surplus,  pas  d'épaississement  spécial  dans  ces  cellules  pro- 
tectrices et,  sur  le  toit  bien  solide,  des  hiatus  et  des  trous  de  vol  qui  doivent 
quelque  peu  livrer  passage  à  la  pluie  ;  maintes  fois  détruite  et  réédifiée  en 
grande  hâte,  cette  nidification  n'a  pu  recevoir  les  mêmes  soins  que  la  première. 

Les  abeilles  ont  pourvu  au  plus  pressé,  c'est  manifeste,  et  cela  se  voit  bien 
mieux  encore  aux  deux  extrémités  de  l'édifice.  Protégée  par  les  hautes 
maisons  du  voisinage,  l'extrémité  septentrionale  ne  présente  guère  d'agence- 
ments protecteurs;  les  rayons  viennent  s'y  terminer  sans  anastomose  et  avec 
leur  épaisseur  ordinaire,  largement  séparés  les  uns  des  autres  comme  à 
l'intérieur  du  nid.  Le  côté  opposé,  par  contre,  recevait  les  vents  pluvieux  du 
sud  sans  la  moindre  atténuation,  faute  de  bâtiments  assez  élevés  pour  leur 
faire  obstacle;  et  c'est  là,  principalement,  que  nos  Abeilles  ont  concentré 
leurs  efforts.  De  ce  côté,  en  effet,  on  se  trouve  en  présence  d'une  clôture  bien 
aménagée  :  tous  les  rayons  contigus  se  fusionnent  par  concrescence,  sauf  les 
deux  du  milieu  qui  sont  réunis  par  un  rayon  transversal  jouant  le  même  rôle 
obturateur  que  les  anastomoses  précédentes  Les  épaississements  marginaux, 
qui  caractérisent  la  première  nidification,  sont  à  peine  indiqués  dans  celle-ci  ; 
le  mode  de  protection  est  tout  autre,  mais  non  moins  ingénieux;  il  eût  été 
parfait  si  les  Abeilles  avaient  pu  le  mettre  en  pratique  à  l'autre  extrémité 
du  nid. 

(1)  Les  cellules  d'ouvrières,  dans  les  ruches  normales,  ont  un  diamètre  moyen  de  5"""  et  une 
hauteur  de  12  à  13""";  celles  des  mâles  atteignent  un  diamètre  de  6"i™5  et  une  hauteur  do 
15  à  16""". 


SÉANCE  DU  7  MAI  1906.  lOlD 

4°  Destinée  de  ces  colonies.  —  Je  n'ai  pas  vu  de  cellules  de  mâles  dans  ces 
deux  nidifications  et,  dès  lors,  on  peut  croire  que  leurs  colonies  n'élevèrent 
jamais  de  reines  et  n'émirent  pas  d'essaim.  Les  Abeilles  limitèrent  leur 
activité  à  l'élevage  du  couvain  d'ouvrières  qui  leur  fournissait  des  travail- 
leuses, à  l'édification  des  gâteaux  et  à  la  mise  en  réserve  de  provisions  pour 
les  mauvais  jours.  Mais  les  deux  premières  occupations  firent  du  tort  à  la 
troisième  et  conduisirent  les  industrieuses  colonies  à  leur  perte.  Préoccupées 
justement  de  s'établir  un  gîte,  les  Abeilles  consacrèrent  le  meilleur  de  leur 
récolte  à  l'élaboration  de  la  cire,  et  la  plus  grande  part  de  leur  travail  a 
l'utilisation  de  ce  produit.  Construire  près  d'un  mètre  carré  de  rayons  qu'il 
fallait  épaissir  ou  relier  par  des  traverses,  récolter  une  abondance  de  pro- 
polis pour  donner  des  attaches  solides  à  l'édifice,  activer  l'élevage  pour 
multiplier  les  travailleurs,  telle  fut  la  lourde  tâche  de  nos  colonies.  Mais  c'est 
aux  dépens  du  miel  que  s'eiFectue  la  sécrétion  de  la  cire,  et  c'est  au  moyen 
de  pollen  et  de  miel  que  les  Abeilles  nourrissent  le  couvain.  Dès  lors,  édifiant 
sans  mesure  et  dépensant  une  grande  partie  de  leur  récolte  aux  soins  de 
l'élevage,  les  Abeilles  se  trouvèrent  dans  les  conditions  les  plus  fâcheuses 
pour  accumuler  suffisamment  de  réserves.  L'hiver  étant  venu,  elles  burent 
leur  miel  jusqu'à  la  dernière  goutte,  et  privées  de  cette  source  de  calorique, 
périrent  de  froid  parce  qu'elles  avaient  faim. 

En  fait,  c'est  aux  premiers  jours  du  printemps,  et  non  en  hiver,  que 
s'éteignirent  les  dernières  survivantes.  Dans  la  première  nidification, 
quelques-unes  volaient  encore  autour  des  rayons  durant  les  chaudes  jour- 
nées printanières  ;  et  il  en  fut  certainement  de  même  dans  la  seconde, 
car  j'ai  trouvé  des  butineuses  de  propolis  engluées  par  les  pattes  au  vernis 
superficiel  des  bourgeons  du  Marronnier.  Avec  des  réserves  un  peu  plus 
abondantes,  les  deux  colonies  auraient  pu  atteindre  la  belle  saison  et 
devenir  persistantes,  comme  celles  de  YApis  indica  dans  les  régions 
asiatiques  tropicales.  .Te  tiens  d'un  de  mes  confrères,  M.  Dongé,  qu'une 
colonie  semblable  aux  précédentes  put  traverser  heureusement  la  mau- 
vaise saison  ;  mais  c'était  loin  de  la  capitale,  au  milieu  d'une  campagne 
fleurie  où  les  récoltes  pouvaient  être  abondantes. 

Ainsi,  notre  Abeille  domestique  n'est  pas  incapable  de  nidifier  en  plein  air 
et,  alors,  en  grande  hâte,  elle  modifie  plus  ou  moins  heureusement  son 
architecture,  de  manière  à  se  bien  protéger.  L'alvéole  sert  toujours 
d'élément  fondamental  à  ses  constructions,  mais  très  divers  suivant  les 
besoins,    et  formant  les  associations  les  plus  variées. 


1020  ACADÉMIE     DES     SCIENCES. 

Un  artisan,  dans  son  activité  intelligente,  ne  saurait  pas  mieux  se  plier  aux 
circonstances;  mais  ici  la  nidification  résulte  du  concours  de  milliers  d'indi- 
vidus qui  travaillent  tous  dans  le  même  sens  et  animés  par  le  même  esprit. 
Cet  «  esprit  de  la  ruche  »,  pour  me  servir  d'une  expression  de  M.  Maeter- 
linck, n'implique- t-il  pas  un  échange  d'idées  entre  les  diverses  ouvrières? 


Géologih;.  —  Les  conglomérais  des  explosions  inUcaniennes  du  Vésiioe, 
leurs  minéraitx,  leur  comparaison  arec  les  conglomérats  Irachyliques  du 
Monl-Dore.  Note  de  M.  A.  Lacroix. 

Naples,  P''  mai.  —  Dans  une  lettre  précédente,  j'ai  signalé  à  l'Académie 
que  certaines  particularités  des  explosions  vulcaniennes  de  l'éruption  récente 
du  Vésuve  m'ont  rappelé,  bien  que  sous  une  forme  extrêmement  atténuée, 
quelques-unes  de  celles  des  nuées  ardentes  verticales  de  la  Montagne  Pelée; 
parfois,  elles  laissaient  rouler  sur  les  pentes  du  cône  des  avalanches  de 
matériaux  solides,  qui  ont  édifié  des  brèches  dont  je  me  suis  proposé  de  faire 
une  étude  détaillée. 

Pour  bien  comprendre  leur  nature,  il  faut  se  rappeler  ([ue,  dans  la  nuit 
du  7  au  8  avril,  une  partie  importante  du  sommet  du  cône  s'est  écroulée 
dans  le  cratère,  en  même  temps  que  celui-ci  se  vidait  du  magma  récent  qui  le 
remplissait,  grâce  à  l'épanchement  rapide  de  lave  se  dirigeant  vers  Bosco 
Trecase.  Ce  qu'ont  soulevé  et  rejeté  les  projections  vulcaniennes  postérieures  à 
cet  écroulement,  ce  sont  donc  essentiellement  ces  débris  du  cratère,  ajoutés 
à  ceux  résultant  de  son  élargissement  et  aussi  à  des  fragments  du  magma 
récent  consolidé  sous  une  forme  compacte. 

La  structure  de  ces  brèches  est  tout  à  fait  identique  à  celle  des  conglo- 
mérats des  nuées  ardentes  des  Antilles,  avec  cette  réserve,  toutefois,  que  les 
blocs  mesurant  plus  de  1  mètre  de  côté  sont  exceptionnels,  au  moins  dans  les 
parties  actuellement  visibles.  Ils  sont  constitués  par  des  blocs  de  grosseur 
variée,  anguleux  ou  arrondis,  distribués  chaotiquement  au  milieu  de  maté- 
riaux plus  fins  que  les  pluies  récentes  ont  grossièrement  cimentés.  Ils  sont 
par  places  encore  chauds,  mais  sur  les  surfaces,  aujourd'hui  ravinées  par  des 
petits  courants  boueux,  je  n'ai  vu  nulle  part  de  fumerolles  secondaires. 

Au  point  de  vue  de  leur  constitution  minéralogique,  ces  brèches  sont, 
comme  celles  de  Saint- Vincent,  polygènes,  puisqu'elles  comprennent  des 
matériaux  récents  et  anciens.  Ces  derniers  paraissent  prédominer  de  beau- 


SÉANCE  DU  7  MAI  1906.  1021 

coup;  ils  sont  extrêmement  variés  au  point  de  vue  pétrographique;  à  côté 
de  types,  dans  lesquels  on  reconnaît  les  leucotéphrites  de  coulées  superfi- 
cielles du  Vésuve,  il  existe  en  grande  abondance  des  roches  bien  plus  cristal- 
lines, comparables  à  celles  des  tilons  de  la  Somma;  elles  proviennent  évidem- 
ment de  filons,  cheminées  d'éruptions  antérieures,  consolidés  dans  le  cône  à 
une  profondeur  plus  ou  moins  grande.  Il  faut  signaler,  enfin,  bien  que  peu 
fréquents,  des  fragments  de  calcaire  métamorphique.  La  forme,  les  altérations 
superficielles  de  certains  de  ces  divers  matériaux  font  penser  qu'ils  n'ont  pas 
été  tous  arrachés  des  roches  in  silu,  mais  parfois  à  des  turfs  ou  conglomérats 
d'éruptions  antérieures. 

Une  caractéristique  commune  à  tous  les  blocs  dont  il  s'agit  est  d'être 
imprégnés  de  sels  alcalins  (chlorures  et  sulfates  des  fumerolles  sèches),  sans 
que  pour  cela  ils  aient  subi  d'altérations  ;  ce  sont  là  des  fragments  provenant 
d'une  profondeur  où  la  température  était  suffisante  pour  rendre  impossible  la 
condensation  de  la  vapeur  d'eau  nécessaire  à  la  production  des  phénomènes 
d'attaque  intense,  qui  sont  manifestes  dans  d'autres  roches  jaunes  ou  rouges, 
elles  aussi  imprégnées  de  sels  (alcalins  ou  métalliques),  et  renfermant  de 
beaux  cristaux  d'hématite.  Ces  derniers  échantillons  proviennent  des  parois 
mêmes  du  cratère  démantelé  et  sans  doute  du  voisinage  de  la  surface. 

Parmi  tous  ces  blocs,  je  signalerai  comme  ayant  un  intérêt  exceptionnel 
ceux,  et  ils  sont  nombreux,  qui  renferment  des  minéraux  silicates  drusiques, 
formés  à  haute  température,  mais  postérieurement  à  la  consolidation  du 
magma.  Ces  roches,  qui  attestent  de  l'intensité  des  réactions  métamorphiques 
que  les  émanations  du  magma  ont  déterminées  à  son  voisinage  dans  le  cône 
d'éruption,  ne  le  cèdent  en  rien  par  leur  richesse  en  minéraux  cristallisés  à 
celles  des  éruptions  de  1822  et  de  1872,  que  les  travaux  d'A.  Scacchi  ont 
rendu  célèbres  :  on  y  trouve  des  espèces  minérales  nombreuses  (hornblende, 
divers  types  de  pyroxène,  biotite,  microsommite,  leucite,  sanidine,  apatite, 
sphérohématite,  magnétite,  probablement  breislakite,  marialite,  etc.),  présen- 
tant entre  elles  des  associations  variées,  caractéristiques  d'un  type  de  roche 
déterminé,  aux  dépens  duquel  elles  se  sont  formées. 

Ces  conglomérats  et  surtout  ceux  à  blocs  métamorphiques  sont  particuliè- 
rement intéressants  pour  les  pétrographes  et  géologues  français,  à  cause  de 
la  comparaison  qui  s'impose  entre  eux  et  les  conglomérats  andésitiques  et 
trachytiques  d'Auvergne.  On  sait,  en  particulier,  que  la  partie  centrale  du 
massif  du  Mont-Dore  renferme  de  grandes  épaisseurs  de  conglomérats,  for- 
més par  des  blocs,  des  fragments  de  toute  taille  et  des  cendres  trachytiques; 


1022  ACADÉMIE     DES     SCIENCES. 

là  OÙ  ces  conglomérats  n'ont  pas  été  remaniés,  ils  possèdent  une  structure 
chaotique.  En  certains  points,  notamment  au  Riveau  Grand,  on  y  trouve  non 
seulement  les  roches  volcaniques  connues  en  place  dans  la  région,  mais  des 
types  spéciaux  ne  se  rencontrant  nulle  part  in  situ;  leurs  cavités  sont  tapis- 
sées de  nombreux  minéraux  cristallisés;  beaucoup  de  ceux-ci  sont  communs 
avec  le  Vésuve  (hoi'nblende,  pyroxènes,  biotite,  magnétite,  hématite),  alors 
que  d'autres  leur  sont  particuliers  et  que  quelques-uns  de  ceux  du  Vésuve  ne 
s'y  présentent  pas;  mais  dans  les  deux  régions  volcaniques,  la  nature  des 
associations  minéralogiques  est  caractéristique  d'une  roche  donnée,  ce  qui 
prouve  à  l'évidence  que  c'est  celle-ci  qui  a  produit,  au  moins  en  grande  partie, 
les  éléments  nécessaires  à  la  production  de  ces  minéraux  néogènes. 

De  cette  comparaison  on  peut  donc  conclure  que  les  brèches  du  Mont-Dore 
ont  été  produites  par  de  violentes  explosions,  ayant  démantelé  le  cône  central, 
et  ayant  pris  soit  une  forme  vulcanienne  semblable  à  celle  qui  vient  d'être 
étudiée  au  Vésuve,  soit  la  forme  peléenne.  Le  transport  par  avalanche  paraît 
bien  plus  vraisemblable  que  celui  par  projection  dans  l'espace  à  grande 
distance. 

Il  est  important  de  remarquer  l'analogie  de  l'intensité  des  phénomènes 
métamorphiques,  déterminés  dans  la  cheminée  volcanique  ou  à  son  voisinage 
par  les  émanations  des  magmas  leucitique  et  trachylique;  c'est  une  confir- 
mation de  l'opinion  que  j'ai  émise  depuis  longtemps  à  la  suite  de  l'étude 
de  leurs  enclaves,  à  savoir  que  les  magmas  leucitiques,  même  les  plus 
basiques,  doivent,  à  ce  point  de  vue,  être  plutôt  rapprochés  des  magmas 
acides  que  des  magmas  basaltiques. 

D'autre  part,  enfin,  l'importance  des  phénomènes  explosifs  vulcaniens, 
succédant  à  d'intenses  phénomènes  strombolicns,  dans  la  venue  au  jour 
d'un  magma  aussi  basique  que  celui  du  Vésuve,  met  bien  en  évidence 
un  fait  sur  lequel  la  discussion  des  phénomènes  volcaniques  des  Antilles 
m'a  déjà  permis  d'insister,  à  savoir  que  ce  qui  règle  la  forme  du  dyna- 
misme d'une  éruption,  c'est  bien  plutôt  l'état  physique  (fluidité  ou  soli- 
dification plus  ou  moins  avancée)  au  moment  du  paroxysme  que  la  consti- 
tution chimique  du  mngma. 

M.  Albert  Gaudry  s'exprime  dans  les  termes  suivants  : 

Nous  venons  d'avoir  à  Monaco  un  Congrès  international  d'anthropologie 
et  d'archéologie  préhistorique.  Ce  congrès  a  été  magnifique,  grâce  surtout  à 


SÉANCE    DU     7    MAI    1906.  1023 

s.  A.  s.  le  Prince  de  Monaco.  Nous  avons  vu  deux  nouveaux  musées  :  celui 
d'océanographie,  qui  va  bienti'jt  être  achevé  et  sera  un  établissement  unique 
au  monde,  et  celui  d'anthropologie,  qui  est  tout  à  fait  remarquable  par 
riiabileté  et  le  soin  consciencieux  avec  lesquels  les  échantillons  ont  été 
recueillis.  Les  collections  des  Baoussé  Rousse  réunies  dans  ce  musée 
éclairent  l'histoire  de  l'humanité  durant  la  phase  chaude  qui  a  précédé  la 
grande  époque  glaciaire.  Tous  les  savants  qui  ont  pris  part  au  dernier 
Congrès  d'anthropologie  conserveront  un  souvenir  reconnaissant  pour  le 
Prince  de  Monaco. 

Chimie    organique.    —   Synthèse   du   penta-mélhyl-  élhanol 

(H^'Cf  —  C  — C— (Ctrf.  Note  de  M.  Louis  Henry. 
I 
OH 

La  réaction  de  l'éther  isobutyrique  [WCf  —  CH  —  CO(OC^H^)  sur  le 
méthyl-bromure  de  magnésium  CH3 —  Mg  —  Br  fournit,  dans  les  conditions 
les  plus  avantageuses,  le  diméthyl-isopropyl-carbinol  (IPCf  —  C^OH)  — 
en  —  (CH'f.  J'avais  pensé  ol)tenir  de  la  même  manière,  à  l'aide  du  chloro- 
isobutyrate  d'éthyle  (CFPf  —  CCI  —  CO(OC-H-'),  la  chlorhydrine  de  cet 
alcool  (H^C/  — CCI  —  C(OH)  —  (CIP)-,  la  mono-chlorhydrine  tétra-méthy- 
léthylénique,  c'est-à-dire  la  mono-chlorhydrine  de  la  pinacone  (IPC)" —  C(OH) 
—  C(OH)  —  (CtPf. 

La  réaction  de  cet  éther  chloré  sur  la  solution  éthérée  du  méthyl-bromure 
de  magnésium  se  passe  en  effet  fort  bien.  A  la  suite  du  traitement  ordinaire 
et  après  l'évaporation  de  l'éther,  on  obtient  un  liquide  qui,  abandonné 
à  l'air,  à  la  température  ordinaire,  se  prend  en  une  masse  cristalline,  d'odeur 
camphrée,  que  l'on  peutprendre,  au  premir  abord,  pour  la  mono-chlorhydrine 
tétra-méthyl-éthylénique  (tPCf  —  C(OH)  —  CCI  -  (ClPf  d'Eltekoff.  Mais 
ce  produit  ne  renferme  pas  de  chlore  et  fond  un  peu  au  delà  de  80°  ;  c'est 
l'hydrate  du  penta-môthyl-étlianol  (FPC)^  ~  C  —  C(OH)  —  (CH'')-,  qu'a  iait 
connaître,  en  1875,  Butlerow,  et  qu'il  a  obtenu  laborieusement  par  la 
réaction  du  zinc-méthyle  (IPCfZn  sur  le  cldorure  de  triméthyl-acétyle 
(IPCf  — COCl. 

Depuis  lors,  ce  corps  a  encore  été  obtenu,  dans  des  conditions  assez  diftî- 
ciles,  par  la  réaction  du  zinc  méthyle,  soit  sur  le  chlorure  d'acétyle  tri-cliloré, 
soit  sur  le  bromure  d'isobutyryle  mono-bromé. 

La  réaction  que  je  viens  de  faire  connaître  permet  d'obtenir,  dans  les 

c.  R.  1906,  !"■  Semestre.  (V.  CXLII,  N"  19.)  l35 


1024  ACADÉMIE     DKS     SCIENCES. 

meilleures  conditions,  le  penta-méthyl-éthanol  (FPCf  —  C  — C(OII)  — (ClPf 
qui  donnera  sans  doute  par  oxydation  l'acide  tri-môthyl-acétique  (IPC)-  — 
CO(OII).  L'alcool  éthylique  penta-metliylé  (IPCf  —  "c  —  C^OII)  —  (CH^- 
s'éthérifie  très  facilement  au  contact  de  l'acide  IICl  Aq  fumant.  On  en  obtient 
ainsi  le  dérivé  chlorhydrique  (iPCf  —  C  —  CCl(CrP]%  qui  forme  une  masse 
cristalline,  à  odeur  camphrée,  fondant  un  peu  au  delà  de  130°. 

J'ajouterai,  pour  terminer,  que  l'éther  cliloro-isobutyrique  (H^Cj"  —  CCI  — 
CO(OC-H^)  s'ol)tient  facilement  par  la  réaction  sur  l'alcool  du  chlorure  de 
chloro-isol)utyryle  (IPCf  —  CCI  —  CO  Cl,  lequel  se  fait  lui-même  très  commo- 
dément par  l'action  du  chlore  sur  le  chlorure  d'isobutyryle(tPCfCH  —  COCl. 

Le  bromo-isobutyrate  d'éthyle  est  un  produit  commercial.  Il  n'y  a  pas  de 
doute  cà  concevoir  qu'avec  le  méthyl-bromure  de  magnésium,  il  ne  fournisse 
le  penta-méthyl-éthanol  plus  facilement  encore  que  l'éther  chloré  corres- 
pondant. J'avais  employé  ce  dernier,  croyant  conserver  le  composant 
(Cil'')-  —  CCI  à  l'abri  de  l'action  du  composé  magnésien  (i). 

Je  tiens  enfin  à  constater  encore  toute  la  part  qu'a  prise  à  la  réalisation 
expérimentale  de  cette  recherche  mon  assistant,  M:  Aug.  De  Wael. 

Physiologie.  —  Recherches  sur  le  blanchiment  liivernrd  des  poils 
et  des  plumes   Note  de  M.  El.  Metchnikoff. 

Les  vieillards  avec  des  cheveux  noirs  ne  sont  pas  rares,  non  plus  que  les 
jeunes  gens  avec  des  cheveux  gris;  il  reste  néanmoins  vrai  que  le 'blan- 
chiment des  cheveux  est  une  des  manifestations  des  plus  caractéristiques  de  la 
vieillesse. 

Une  étude  sur  cet  Age  avancé  de  la  vie  ne  peut  donc  omettre  le  problème 
du  blanchiment  des  cheveux  et  des  poils.  Aussi,  au  début  de  mes  recherches 
sur  le  mécanisme  de  la  vieillesse,  me  suis-je  mis  à  étudier  ce  phénomène. 
Dans  un  travail  publié  il  y  aura  bientôt  cinq  ans,  je  ftiisais  connaître  que  la 
perte  du  pigment  des  cheveux  et  des  poils  est  due  à  l'action  de  certaines 
cellules  que  j'ai  désignées  sous  le  nom  de  chromophages.  Munis  d'appendices 
protoplasmiques,  ces  élémenls  saisissent  les  grains  de  pigment  et  les  trans- 
portent dans  la  peau,  ou  les  rejettent  en  dehors  du  cheveu.  Ces  faits  se  sont 

(i)  11  est  probable  qu'en  introduisant  la  solution  ôtliérée  du  méthyl-bromure  de  magnésium 
diins  la  solution  éthéréo  de  l'isobutyrate  éthylique  mono-chloré  (H-C)-  —  C  Cl  —  CO(OC-H">), 
le  composant  (H- C)-  —  CCI  sera  respecté  et  qu'il  résultera  de  là  la  chlorhydrine  tétra-méthyl- 
étliylénique(II'C)'  —  CCI  —  C(OH)  —  (CH")-.  que  je  me  proiiosais  d'obtenir  par  la  réaction  que 
je  viens  de  signaler. 


SÉANCE  UU  7  MAI  190G.  1025 

trouvés  en  parfait  désaccord  avec  la  théorie  régnante  du  blanchiment  des 
cheveux,  d'après  laquelle  ce  phénomène  serait  dû  à  une  pénétration  de  l'air. 
A  quel  point  cette  théorie  a  poussé  des  racines  profondes,  on  peut  en  juger 
par  ce  fait  que  dans  les  publications  toutes  récentes  de  TomasczeicsIU  et 
Erdmann  (i),  et  de  M.  Trouessart  (s),  elle  est  citée  comme  exacte  en  totalité 
ou  en  partie.  Or,  il  suffit  de  se  rendre  compte  du  fait  que  le  blanchiment 
atteint  la  totalité  du  cheveu,  tandis  que  les  gaz  ne  remplissent  que  la  couche 
médullaire,  souvent  très  mince  et  quelquefois  absente,  pour  reconnaître 
l'inexactitude  de  la  théorie  du  blanchiment  par  la  pénétration  de  l'air. 

Récemment  on  a  exprimé  l'avis  qu'en  outre  de  l'élimination  du  pigment 
des  cheveux  par  les  chromopliages,  il  se  produit  encore  une  dissolution  par- 
tielle par  des  substances  chimiques.  Mais  le  pigment  des  cheveux  et  des 
poils  est  une  substance  très  stable  et  il  n'est  détruit  que  par  des  réactifs  très 
violents.  Ainsi  Spieglo-  (;j)  a  réussi  à  le  transformer  en  un  corps  incolore 
par  l'action  de  l'acide  sulfurique  et  du  chromate  de  potassium. 

Des  observations,  répétées  à  maintes  reprises,  m'ont  convaincu  que  le 
pigment  des  cheveux  et  des  poils  au  moment  de  la  vieillesse  est  englobé  et 
transporté  par  les  chromophages.  Existe-t-il  quelque  autre  mode  de  destruc- 
tion du  pigment?  Là-dessus  on  ne  peut  dire  rien  de  précis  pour  le  moment. 
Seulement  on  a  bien  le  droit  d'affirmer  que  la  pénétration  de  l'air  n'y  est 
pour  rien. 

11  serait  sans  doute  très  intéressant  d'appliquer  la  méthode  expérimen- 
tale à  l'étude  du  blanchiment  des  cheveux,  afin  de  connaître  les  règles  qui 
dirigent  l'activité  des  chromophages.  Dans  l'impossibilité  de  faire  ces 
recherches  sur  l'homme,  on  pourrait  les  entreprendre  sur  de  vieux  mammi- 
fères, dont  les  poils  blanchissent  par  l'intervention  des  chromophages.  En 
pratique  cela  n'est  pas  commode  à  réaliser,  car  on  ne  trouve  pas  facilement 
de  vieux  animaux  en  quantité  suffisante.  C'est  pour  cette  raison  que  je  me 
suis  adressé,  ces  dernières  années,  aux  poils  et  aux  plumes  des  mammifères 
et  des  oiseaux  qui  blanchissent  pendant  la  saison  froide.  Dans  cette  intention 
je  me  suis  procuré,  grâce  à  l'aimable  concours  de  M.  Amrlicin,  artiste 
peintre  à  Engelberg,  et  surtout  à  Madame  CJiéviakoff,  des  poils  de  lièvre 
variable  (Lepus  variabilis)  et  des  plumes  de  lagopèdes  (Lagopus  all)us,  Lago- 
pus  alpinus).  11  a  été  facile  de  constater  que,  dans  le  blanchiment  hivernal  de 

(i)  Miincheaer  inedic.  Wochenschr.  1906,  p.  3ô9. 

(2)  Comptes  rendus  de  la  Soc.  de  Biologie,  1906,  10  février. 

(3)  Beitrdge  sur  chemischcn  Physiologie  u.  Pathologie,  1903,  p.  54. 


1026  ACADÉMIE    DES     SCIENCES. 

ces  animaux,  les  chromophages  jouent  le  même  rôle  (|ue  clans  la  vieillesse. 
On  trouve  ces  grosses  cellules  dans  la  couche  périphérique  des  poils  du 
lièvre  variable  en  train  de  blanchir,  cellules  munies  d'un  gros  noyau  et  de 
prolongements  multiples,  remplis  de  grains  pigmentés  ainsi  que  le  proto- 
plasma. L'aspect  de  ces  chromophages  et  jusqu'aux  plus  petits  détails,  tout 
rappelle  les  cellules  de  l'homme.  Pendant  que,  dans  la  couche  périphérique 
des  poils,  les  cliromophages  s'emparent  du  pigment,  la  couche  médullaire 
reste  remplie  de  corps  réfringents  et  ne  contient  ni  air  ni  autres  gaz  quel- 
conques. 

-l'ai  retrouvé  des  gros  chromophages,  bourrés  de  pigment  noir,  dans  les 
plumes  de  lagopèdes  en  train  de  blanchir,  tués  en  novembre.  Mais  la  quan- 
tité de  ces  transporteurs  de  pigment  était  beaucoup  moins  grande  que  dans 
les  poils  du  lièvre  variable.  Malgré  cela  on  a  le  droit  d'affirmer  que  ces  cel- 
lules jouent  un  rôle  important  dans  le  blanchiment  des  oiseaux.  (Trace  à 
l'obligeance  de  M.  Lacote,  directeur  de  l'école  d'agriculture  de  Genoillac, 
j'ai  été  mis  en  possession,  en  octobre  1904,  d'une  poule  en  train  de  blanchir 
Noire  foncée  au  début,  cette  poule  a  commencé  à  l'âge  de  quatre  ans  à  deve- 
nir blanche.  Au  moment  où  je  l'ai  reçue,  elle  n'avait  de  noir  que  les  ailes  et 
encore  beaucoup  de  leurs  plumes  étaient  moitié  noires,  moitié  blanches.  Ces 
plumes,  ainsi  que  d'autres  encore  toutes  noires,  étaient  expulsées  au  bout  de 
quelque  temps,  tandis  que  les  plumes  nouvelles  qui  poussaient  en  grand 
nombre  étaient  blanches  comme  la  neige.  Après  plusieurs  mois  de  séjour 
chez  moi,  cette  poule  a  complètement  perdu  tout  son  pigment  noir.  L'examen 
microscopique  a  révélé  la  présence  de  très  gros  chromophages,  munis  d'une 
quantité  de  grains  pigmentés. 

Dans  la  littérature  sur  le  blanchiment  des  plumes  je  n'ai  trouvé  aucune 
indication  précise  sur  ces  cellules,  mais  un  travail  du  regretté  Victor  Fado  (i) 
permet  de  supposer  que  les  chromophages  jouent  un  rôle  important  dans  ce 
phénomène.  Il  a  \  u  que  le  jeune  Larus  Kidibundus,  qui  possède  en  été  un 
premier  plumage  presque  entièrement  brun  devient  à  son  premier  printemps 
presque  entièrement  blanc,  "  sans  avoir  subi,  pour  beaucoup  de  ses  plumes, 
une  vraie  mue  par  renouvellement  «.  Pendant  ce  blanchiment,  "  une  pous- 
sière brune  recouvre  à  l'extérieur  chaque  ])artie  de  la  plum.e,  et  d'autant  plus 
qu'elle  est  davantage  en  voie  de  décoloration.  Les  parties  blanches  n'ont  déjà 
presque  plus  de  poussières  et  les  brunes  n'en  ont  presque  point  encore  » . 


(i)  Mémoires  de  la  Soc.  de  physique  et  d'hist.  natur.  de  Genèee,  vol.  IX,  1806,  p.  299. 


SÉANCE    DU    7    MAI    190G.  1027 

L'ensemble  des  données  que  j'ai  pu  obsei'ver  sur  le  blanchiment  des  che- 
veux, des  poils  et  des  plumes  autorise  la  sqjposition  que  cette  poussière 
brune  n'est  autre  chose  que  des  chromophages  bourrés  de  pigment  et  sortis 
de  leur  habitat  naturel.  Je  n'ai  pas  pu,  jusqu'à  présent,  me  procurer  le  maté- 
riel nécessaire  pour  contrôler  cette  opinion,  mais  je  recommande  bien  aux 
savants,  qui  seront  sous  ce  rapport  plus  heureux  que  moi,  d'entreprendre 
une  étude  microscopique. 

On  doit  donc  reconnaître  que  le  blanchiment  au  moyen  des  chromophages 
constitue  un  phénomène  d'ordre  général.  Bien  que  je  n'aie  pu,  ni  sur  les  pré- 
parations ni  sur  les  échantillons  de  poils  de  l'hermine  et  de  l'écureuil  des 
montagnes  que  M.  Trouessart  a  mis  aimablement  à  ma  disposition,  constater 
la  présence  de  vrais  chromopliages  (grosses  cellules,  munies  d'appendices 
allongés  et  souvent  ramifiés),  je  ne  doute  pas  que  l'étude  prolongée  de  ces 
animaux  ne  montre  que  chez  eux  le  blanchiment  se  produit  par  un  méca- 
nisme semblable  à  celui  observé  sur  l'homme,  le  chien  et  le  lièvre. 

Contrairement  à  ce  que  l'on  pourrait  supposer,  les  cheveux,  les  poils  et 
les  plumes  contiennent  des  éléments  vivants,  sensibles  aux  influences  venant 
du  dehors,  capables  de  se  mouvoir  et  de  saisir  les  grains  de  pigment,  c'est- 
à-dire  de  manifester  les  fonctions  les  plus  élevées  d'une  cellule.  Leur  existence 
explique  ce  fait  incontestable  que,  sous  l'influence  de  fortes  émotions,  un 
homme  peut  blanchir  dans  l'espace  d'une  nuit.  Sous  l'influence  de  quelque 
excitant  violent,  les  chromophages  peuvent  devenir  particulièrement  actifs. 
On  connaît  même  des  exemples  de  blanchiment  subit  chez  des  animaux. 
Ainsi  Weinland  cite  '•  un  étourneau  devenu  instantanément  blanc,  après 
avoir  échappé  aux  griffes  d'un  chat  ^  (i). 

Puisque  le  blanchiment  résulte  de  l'activité  vitale  des  cellules  amiboïdes, 
il  doit  être  rapproché  du  changement  de  coloration  des  vertébrés  inférieurs. 
De  même  que  parmi  ceux-ci  il  y  a  des  animaux,  tels  que  la  rainette  (Hyla 
viridis)  et  d'autres  grenouilles,  qui  pâlissent  pendant  des  heures  et  des  jours, 
et  à  côté  d'eux  des  caméléons  qui  changent  de  couleur  dans  l'espace  de  peu 
de  minutes,  de  même  chez  les  vertébrés  supérieurs  il  y  a  des  exemples  de 
blanchiment  lent  et  de  blanchiment  rapide.  Dans  tous  ces  cas  la  loi  générale 
est  la  même  :  elle  met  en  jeu  la  sensibilité  et  la  mobilité  des  cellules  ami- 
boïdes renfermant  du  pigment,  ("hez  les  amphibies  et  les  reptiles  le  rôle  des 
cellules  amiboïdes  dans  le  changement  de  la  coloration  a  été  établi  depuis 

(i)  Journal  lur  Ornithologie,  1856,  vol.  IV,  p.  272. 


1028  ACADÉMIE     DES     .SCIENCES. 

longtemps;  puiir  les  oiseaux  et  les  mamffiifères  il  ne  lardera  pas  à  être  géné- 
ralement accepté. 

L'étude  du  blanchiment  hivernal  des  mammifères  et  des  oiseaux  par  la 
méthode  expérimentale  permettra  sans  doute  d'établir  les  influences  qui 
dirigent  ce  phénomène  et  facilitera  par  cela  l'étude  du  blanchiment  des 
cheveux  des  vieillards  et  du  problème  de  la  vieillesse. 

M.  Simon  Newcomb,  associé  étranger  de  l'Académie,  adresse  une 
lettre  pour  rendre  compte  de  la  célébration  du  bicentenaire  de  la  naissance 
de  Franklin,  où,  en  sa  qualité  d'associé  étranger,  il  a  représenté  l'Académie 
des  sciences. 

CORRESPONDANCE 

M.  le  Ministre  du  commerce,  de  l'industrie  et  du  travail 

in\ite  l'Académie  à  lui  présenter  une  liste  de  deux  ou  trois  candidats  pour  la 
chaire  de  Géométrie  descriptive,  devenue  vacante,  au  Conservatoire  National 
des  Arts  et  Métiers,  par  suite  de  la  démission  de  M.  Rouché. 
(Renvoi  à  la  section  de  géométrie.) 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de 
la  correspondance  : 

1°  19  feuilles  des  cartes  de  la  France,  de  l'Algérie  et  de  la  Tunisie, 
envoyées  par  M.  le  ministre  de  la  guerre  ; 

2°  Lechimisle  Dizé,  par  MM.  A.  Pillas  et  A.  Balland  ; 

3°  Le  transfor^nisme  appliqué  à  VagricuUurc,  par  M.  J.  Gostantin 
(présenté  par  M.  Bonnier). 


Analyse  mathématique.  —  Sur  la  généj-alisation  des  séries  trigonomclriqucs. 
Note  de  M.  A.  Buhl,  présentée  par  M.  P.  Appell. 

Je  me  propose  de  signaler  un  nouveau  procédé  pour  former  des  séries 
trigonométriques  plus  générales  que  celles  habituellement  envisagées.  Ces 
séries  généralisées  dépendent  d'un  paramètre  arbitraire  ayant  une  signifi- 
cation analytique  et  même  géométrique  remarquablement  simple.  On  peut 
déduire  de  là  toute  une  Aimille  de  séries  de  fonctions  continues  susceptibles 
de  représenter  une  fonction  arbitraire  conformément  à  un  théorème  connu. 


SÉANCK  DU  7  MAI  190G.  1029 

d'après   lequel    de    tels    développements    sont    possibles    d'une    infinité    de 
manières.   Partons  des  équations 

dp  ,  du       , 

-1-  ^  —  /ni,         -7-  =  /;l\ 
dx  d-x 

d'où 

V  ^  A  CQs(/;x  —  0),         u  =  A  sin{kx  —  0). 

Si  /.'  prend  une  infinité  de  valeurs,  /.'v  (>  entier  variant  de  —  x  à  +  a), 
on  a 

(1)  A'v     '    i''j.V;  dx  ka     '    Ih  Uu  dx  =  (u-jVa)'^. 

J  'J.     '  '  J  ''-  '  '■ 

Permutant  y-  et  v,  en  supposant  le  second  membre  nul,  on  conclut  que  les 
deux  intégrales  du  premier  membre  sont  nulles,  si  y  --  v,  et  non  nulles, 
mais  égales,  si  y  ==  -j. 

C'est  là  le  fondement  des  développements  trigonométriques  classiques. 

Je  me  suis  proposé  d'abord  de  chercher  à  réaliser  d'une  manière  aussi 
générale  que  possible  la  condition 

^^^  («■^''V)i;  =  o     ou     ^^=^. 

Prise  sous  cette  dernière  forme,  on  voit  que  les  deux  rapports  qui  la 
constituent  ne  peuvent  être  égaux,  quels  que  soient  y  et  v,  que  s'ils  sont 
indépendants  de  ces  indices.  Je  leur  attribue  une  valeur  commune  constante 
tang'-i. 

Dans  ces  conditions,  le  système 

%\\\{ky.  —  0)  cos(/i;&  —  0) 

(o)  ■    ,, , j\  =  tanff©,  — 77 T-=  tangct 

^  '  sin(/ip  —  0)  ^■'         cos(ftflt  —  0)  ^• 

ou 

sin2(/.'y.  —  0)  =  sin2(/,f:,  —  0),         cosA'(fi  —  a)  =  sm2^i>, 

d'où  l'on  tire 


(4)       /,- J 


a 


4 


donne  en  effet,  en  supposant  /.  choisi  une  fois  pour  toutes,   une  infinité  de 
valeurs  /.•.,  et  0,,. 


1030  ACADÉMIE     DES     SCIENCES. 

Raisonnant  alors  comme  à  l'habitude,  on  obtient  les  deux  dévelop- 
pements (i) 

Un  voit  qu'ils  contiennent,  dans  k.j  et  0.^,  le  paramètre  arbitraire  ':,.  Par 
addition  on  a 

ce  qui  est  plus  général  encore  que  le  développement  de  Fourier  qui  corres- 
pond à  4(p  =  77.  Un  autre  cas,  plutôt  singulier  que  particulier,  des  consi- 
dérations précédentes  est  celui  où  l'un  des  rapports  (3)  prend  la  forme  0  :  0  ; 
l'autre  alors  n'est  pas  forcément  invariable.  On  retrouve  ainsi  quatre  séries 
connues  que  M.  A.  Kneser  a  formées  de  son  côté  par  un  procédé  nouveau 
(Mathemadsche  Annalen,  1904,  t.  LVIll,  p.  192).  Si  l'on  essaye  de  vérifier 
directement  que  les  expressions  (4)  satisfont  bien  aux  équations  (3)  on  voit 
que  les  rapports  constituant  les  premiers  membres  ont  leurs  deux  termes 
séparément  constants.  Les  termes  d'un  des  développements  obtenus  sont  donc 
représentables  par  des  courbes  sinusoïdales  coupant  les  droites  x  =  y., 
a;  =  (5  en  des  points  fixes  dont  le  rapport  des  ordonnées  est  tanga  pour  le 
développement  en  sinus,  cotgfi  pour  celui  en  cosinus  (-a).  Telle  est  l'interpré- 
tation géométrique  de  a. 

Cette  constante  'f ,  si  l'on  multiplie  un  des  développements  par  une  fonction 
arbitraire  de  cp  et  si  l'on  intègre,  permet  d'obtenir  une  infinité  de  dévelop- 
pements nouveaux  pour  f{x).  Les  intégrations  par  rapport  à  s  sont  exactement 
de  même  nature  que  celles  qui  se  présentent  lors  de  la  formation  d'une  série 
trigono métrique  ordinaire,  puisque  a  figure  liyiéairemeni  dans  />  et  0. 


(1)  La  question  Je  la  convergence  de  ces  développements  est  sans  difficultés  sérieuses.  On 
peut  généraliser  le  procédé  ordinaire.  On  peut  aussi,  par  des  intégrations  par  parties  des 
coefficients,  scinder  les  développements  en  d'autres,  dont  le  moins  convergent  est  comparable  à 
une  série  harmonique  qui  converge  grâce  aux  changements  de  signes  que  subissent  continuid- 
lement  ses  termes.  (\'oy.  A.  Kni:ser,  loc.  cit.,  p.  90,  et  E.  PicAito,  Traité  d'analyse,  t.  1''^, 
S'îédit.,  p.  253.) 

(2)  .Si  ),  est  pair.  L'inverse  a  lieu  si  ),  est  impair.  Des  discussions  sont  d'ailleurs  nécessaires 
quant  au.\  doubles  signes  des  formules  (4),  mais  elles  n'ont  rien  d'essentiel  à  signaler  ici. 


SÉANCE  DU  7  MAI  1906.  1031 

Analyse    mathématique.     —    Sur    certaines    séries    asymptotiques. 
Note  de  M.  L.  Schlesinger,  présentée  par  M.  H.  Poincaré. 

Considérons  un  système  différentiel  linéaire  : 

dont  les  coefficients  «,j,  supposés  fonctions  rationnelles  de  la  variable  x, 
dépendent  d'un  paramètre  f^.,  de  manière  que  l'on  ait 

(1)  «.*=u'(«':'  +  ^<'  +  - 

où  T  représente  un  nombre  entier  positif;  les  «'J^  sont  aussi  des  fonctions 
rationnelles  de  a;,  et  les  séries  du  second  membre  convergent  pour  mod  p.  >  R, 
R  étant  indépendant  de  x.  D'après  un  théorème  connu  (i),  le  point  p.  =^  œ 
sera  un  point  essentiel  pour  les  éléments  d'une  matrice  intégrale  (/"j),  se 
réduisant  aux  valeurs  initiales. 

(2)  4K)  =  P>(7;?+^7S1'+-} 

au  point  régulier  Xo,  et  envisagés  comme  fonctions  du  paramètre  [j.. 

Nous  allons  étudier  ces  fonctions  au  voisinage  de  p.  =  go.  Supposons, 
pour  simplifier,  -  =  1 ,  X  =  0,  et  formons  les  séries 

(3)  y,,  =  e;-rvr'  +  -yi"+...\ 


En  les  substituant  dans  le  système  (A),  on  obtient  pour  la  détermination 
de  w  et  des  y'p  les  formules  suivantes  : 

(')  ff+£^""'=i;(^^^""+-+^r'"<)'  (-=0,1,2,...), 

d'où  l'on  tire  pour  v  =  0 


'-''ik  ■'ik      1 

dx 


=  0,  [i,k  =  \,2,  ...,n). 


Soient  wj,  ...,  w„  les  racines,  supposées  différentes  entre  elles,  de  cette 

X 

équation  algébrique  de  degré  n  en  û  =  -^,  et  posons  oj,  =  {^ydx.  Si  dans  les 


CCf. 


(i)  Voir  p.  e.  Horn,  Mathein.  Annalen,  t.  LU.  p.  343. 

C.  R.,1906,  \^^  Semestre.  (T.  CXLII,  No  19.)  »  i36 


1032  ACADÉMIE    DES     SCIENCES. 

équations  (4)  on  substitue  pour -r- l'une  quelconque  des  racines  tô,,  ces  équa- 

tions  vont  déterminer  les  yf  correspondants,  que  nous  désignons  par 
î/';j.,  à  l'aide  de  quadraiwrs.  Nous  aurons  donc  «  systèmes  de  séries  de  la 
forme  (3)  : 

(6)  e!^"<(2/l?  +  ^t/Sl'+. 

satisfaisant  formellement  au  système  (A),  mais  divergentes  en  général. 
Posons 


(7)  y^-Z-'-yl' 


/.=• 


les  ^t  vont  satisfaire  à  un  système  différentiel  de  la  forme 

(B)  g  =  pA:r.  +  |nQ,,       ;r^^Q>.  =  0- 

Soit  00  ^  a  l'affixe  d'un  point  régulier,  c'est-à-dire  d'un  point  qui  n'appar- 
tient pas  aux  points  singuliers  du  système  (B),  et  considérons  sur  un  rayon, 
issu  du  point  a,  un  point  h,  tel  que  tous  les  points  de  l'intervalle  (a...!')  soient 
aussi  réguliers.  Supposons  que  le  paramètre  y.  s'éloigne  à  l'infini,  avec  un 
argument  constant,  c'est-à-dire  le  long  d'un  rayon,  et  introduisons  dans  le 
système  (B)  la  variable  réelle  et  positive  i,  définie  par  l'équation 

G\/ri 

[j.{x  —  ff)  =  £  e         ,         0  =  arg  {x  —  a)  +  arg  a, 

comme  nouvelle  variable  indépendante.  Soit  oi,  celle  des  déterminations  de 
la  fonction  algébrique  ,:,,  pour  laquelle  la  partie  réelle  de  w,e®^^~'  soit  la  plus 
grande,  quand  ce  reste  sur  son  rayon  entre  a  et  b.  Pour  le  système  (B)  trans- 
formé on  conclut,  en  raisonnant  d'une  manière  analogue  à  celle  dont  se  sert 
M.  Poincaré  {American  Journ.,  t.  "VII,  p.  204-209,  cf.  Horn,  Acia 
Maihem.,  t.  XXIV,  p.  290),  qu'il  existe  un  système  intégral  Cj  ...,  ;;„  dont 

les  quotients^  tendent  vers  zéro,  si  p.  va  à  l'infini  le  long  de  son  rayon.  Ce 


lemme  suffit  pour  pouvoir  démontrer  (cf.  IIorn,  loc.  cil.)  l'existence  d'une 
matrice  intégrale  du  système  (A),  ayant  la  forme 

y,  =  e-'-'i  (^jT,  +  ■■■  +  - yir  +  y^         (^  A-  =  1 ,  2,  . . . ,  n), 

où  p  désigne  un  nombre  entier  positif  quelconque,  et  où  les  fonctions  Y  ^  de  x 


SÉANCE  DU  7  MAI  1906.  1033 

et  de  y.  s'évanouissent  quanti  a  va  à  l'infini,  le  long  de  son  r&yon,  pour  chaque 
valeur  de  x  entre  a  et  b.  Il  s'ensuit  qu'un  système  intégral  y^,  ...,  i/,,,  dont 
les  valeurs  initiales  pour  x  =  o-q  sont  représentées  par  des  séries  conver- 
gentes ou  asymptotiques  de  la  forme 


peut  être  représenté  asymptotiquement  en  général  par  des  séries  de  la 
forme 

e.".(«,+7)('y°i  +  iy',',;  +  .. 

pour  les  valeurs  de  x  situées  entre  a  et  b,  '■>!  étant  celle  des  intégrales  abé- 
liennes  r,),  pour  laquelle  la  partie  réelle  de  '/r.>,  est  la  plus  grande  (i). 

Ajoutons  quelques  remarques  relatives  à  un  cas  spécial  important.  Soit  (A) 
un  système  canonique  : 

1  <:  T  A"'' 

et  supposons  que  les  points  singuliers  ^i,  ...,  a^,  aussi  bien  que  les  racines 
des  équations  déterminantes,  relatives  à  ces  points  et  au  point  x=  <x>,  soient 
indépendantes  du  paramètre  y.  Les  AJ^  seront  donc  développés,  comme 
fonctions  de  <j-,  en  des  séries  convergentes  de  la  forme  : 

On  démontre  aisément  que,  dans  ce  cas,  les  «;  sont  des  intégrales  abé- 
liennes  de  première  espèce,  et  que  les  points  de  ramification  de  la  fonction 
algébrique  cô  coïncident  avec  les  points  singuliers  du  système  (A*'*").  11 
s'ensuit  que,  lorsque  u.  passe  à  l'infini  avec  un  argument  quelconque,  les 
éléments  d'une  matrice  intégrale  aux  valeurs  initiales  (2)  (avec  /.  =  0) 
deviennent  en"  général  infinis  pour  tous  les  points  x,  intérieurs  à  l'étoile  de 
M.  Mittag-Lefiler,  relatif  au  point  x^,,  et  que  les  coefficients  des  substitutions 
fondamentales  deviennent  aussi  infinis,  sauf  un  cas  de  réductibilité  extrême. 
La  dernière  remarque  est  importante  au  point  de  vue  des  cas  limites  qui  se 
présentent,  si  l'on  applique  la  méthode  de  continuité  à  la  démonstration  de 
l'existence  des  fonctions  satisfaisant  au  Problème  de  Riemann  (voir  Joiunial 
de  Crelle,  t.  CXXX,  p.  43). 

(i)  Dans  son  mémoire  cité  des  Mathem.  Annalen,  M.  Horn  a  démontré,  en  appliquant  la 
méthode  des  approximations  successives,  un  théorème  relatif  à  une  équation  linéaire  du  second 
ordre,  rentrant  comme  cas  très  spécial  dans  le  théorème  que  je  viens  d'énoncer. 


1034  ACADÉMIE    DES     SCIENCES. 

Dynamique  des  gaz.  —  Sur  l'accélération   des  ondes  de  choc  sphériques. 
Note  de  M.  Jouguet,  présentée  par  M.  Jordan. 

I.  Soit,  dans  un  gaz  parfait  dont  y  sera  le  rapport  des  chaleurs  spécifiques, 
un  mouvement  se  faisant  par  couches  sphériques  de  centre  O.  Soient  t  le 
temps,  a  le  rayon  initial  d'une  couche  sphérique,  r  la  densité  dans  l'état 
initial  supposé  homogène,  x,  p,  p,  u  le  rayon,  la  pression,  la  densité  et  la 
vitesse  d'une  couche  à  un  instant  quelconque.  (La  vitesse  est  comptée  positi- 
vement dans  le  sens  des  rayons  croissants.)  x,  p,  p,  u  sont  des  fonctions  de  a 
et  de  <.  Les  équations  du  mouvement  sont  : 

àa 

Nous  considérerons  une  onde  de  choc  sphérique  se  propageant  dans  un  état 
de  repos  homogène  et  avançant,  pour  fixer  les  idées,  dans  le  sens  des  rayons 
croissants.  Cette  onde  sépare  la  masse  gazeuse  en  deux  régions,  la  région  1 
en  repos,  la  région  2  en  mouvement.  Dans  la  première, 

(te, 
a;,  =  a         -jr  =  «i  =  0         p,  =coiisl.  p,  =  r=const. 

Dans  la  seconde,  le  mouvement  est  représente  par  les  fonctions  x.^,  p.2,  pa,  u,,. 
Sur  le  front  de  l'onde,  on  a 

tX-g   (^j    tt. 

Soit  D  la  vitesse  de  l'onde  par  rapport  à  l'état  initial.  On  a  : 

(2)  {   {ïh-lh)^-^-{u.-u,)' 

P-  =P^  ^/'[\V'~^/~l\^^'  (loi  d'HugonioL) 
^        ^'(y  +  l)p, -{y  — l)p/  °         ' 

Ces  formules  sont  les  mêmes  que  celles  qui  conviennent  aux  ondes  planes 
et  dont  nous  nous  sommes  servi  dans  une  note  antérieure  (i)  où  elles  portent 
aussi  le  numéro  (2).  En  raisonnant  comme  dans  cette  note,  on  peut  retrouver 

(i)  Comptes  rendus,  t.  CXLII,  p.  831  (2  avril  1900). 


(3) 


SÉANCE  DU  7  MAI  1906.  1035 

ici  les  relations  qui  y  portent  les  numéros  (3)  (4)  (5)  (6)  et,  moyennant  (1), 
parvenir  à  la  formule 

p,  P'.—p,  (y + 1  )  ?i  —  (y — ^  )  p^ 


2k^.J_      , 


^  P.P.  -  p".  (7  +  l)P.  +  (-/-l)pJ  K^  t^^  ?l  àt 

où  le  coeiBcient  de  -jj  est  positif  ainsi  que  x^,  u^,  P2. 

On  sait  que  la  vitesse  D  est  plus  faible  que  celle  du  son  en  arrière  du  front. 
Donc 

(4)  D^<P|il. 

et 

De  là  les  conclusions  suivantes  : 

Pour  que  l'accélération  de  l'onde  soit  nulle  à  un  certain  instant,  il  faut  que  : 

(5)  /i  +  2j^JL\d^=P|^. 

\  Ot  I  et 

Pour  que  cela  soit  possible,  il  faut,  en  vertu  de  (4),  que  -^  soit  positif, 
c'est-à-dire  que  le  gaz  continue  à  se  comprimer  en  arrière  de  l'onde.  Soit  l  la 
valeur  positive  de  -^  pour  laquelle  (5)  est  vérifiée. 

Si  -7  >  l,  l'onde  est  accélérée. 

Si  '-^  <  l,  l'onde  est  retardée. 

àt 

II.  Imaginons  maintenant  que  le  gaz  soit  un  mélange  explosif  et  l'onde 
une  quasi-onde  de  choc  dans  l'intérieur  de  laquelle  la  combustion  soit  notable, 
conformément  à  la  seconde  interpi'étation  que  nous  avons  donnée,  dans  un 
travail  récent  (1),  du  phénomène  de  l'onde  explosive.  Cherchons  si  une  telle 
onde  peut  se  propager  avec  une  vitesse  constante,  comme  dans  le  cas  des 
ondes  planes. 

La  troisième  équation  (2)  doit  être  modifiée;  mais  les  deux  premières 
subsistent.  La  formule  (3)  subsiste  aussi,  mais  avec  un  changement  dans  le 

(i)  Sur  la  propagation  des  réactions  chimiques  dans  les  gaz.  {Journal  de  Mathématiques  pures 
et  appliquées,  1906,  p.  47.) 


1036  ACADÉMIE    DES     SCIENCES. 

coefficient  de  -jj.  La  condition  pour  que  la  vitesse  soit  constante  est  encore 

la  condition  (5). 

Dans  le  cas  des  ondes  planes,   traité  dans  notre  mémoire  précité,   la 
constance  de  la  vitesse  s'exprime  par  une  relation  analogue  à  (5),  mais  où 


''P: 


1 


^  ne  figure  pas  dans  le  coefficient  de  D-  [c'est  l'équation  (47)  du  chapitre  II 

dudit  mémoire].  La  présence  de  cette  dérivée  dans  ce  coefficient  différencie 
nettement,  dans  notre  théorie,  la  propagation  des  explosions  par  ondes  sphé- 
riques  de  leur  propagation  par  ondes  planes.  Si  cette  théorie  est  exacte,  la 
vitesse  des  ondes  sphériques  dépend  de  la  manière  dont  les  gaz  se  détendent 
en  arrière  du  front,  et  il  paraît  probable  (les  considérations  précédentes  ne 
sont  pas  toutefois  une  démonstration  entièrement  satisfaisante)  qu'il  n'y  a  pas, 
dans  le  cas  des  ondes  spliériques,  d'onde  explosive  proprement  dite  avançant 
dans  les  gaz  frais  avec  une  vitesse  constante,  indépendante  du  mode  de  mise 
de  feu.  Il  serait  intéressant  d'étudier  la  question  expérimentalement. 


Électricité.  —  Application  du  principe  de  la  superposition  à  la  trans- 
mission des  courants  alternatifs  sur  une  longue  ligne.  Représentation 
graphique.  Note  de  M.  A.  Blondel,  présentée  par  M.  Mascart. 

Si  l'on  appelle  U  et  I  les  vecteurs  représentatifs,  en  grandeur  et  en  phase, 
de  la  tension  et  du  courant  au  point  x  d'un  conducteur  de  la  ligne  (i),  j  le 
symbole  imaginaire  1/ —  1,  les  équations  différentielles  du  problème 

,.s  di  ,      du  ,n\  du         .  ,    ,di 

(1)  -3- =  <?"  +  c  ^- ;  (2)  -— =n  +  ?-j-, 

^  '  dx      ''    ^     dt  ^  '  dx  ^  dt 


(i)  Quel  que  soit  le  nombre  de  phases  des  courants  alternatifs  à  transmettre,  on  peut  considérer 
isolément  chaque  conducteur  de  la  ligne,  en  supposant  celle-ci  complétée  fictivement  par  un 
conducteur  de  retour  de  résistance  nulk»,  parcouru  par  un  courant  nul.  J'appelle  donc  :  r,  l,  s, 
la  résistance,  la  self-induction  et  l'impédance  par  unité  de  longueur  (en  pratique  le  kilomètre) 
d'un  des  conducteurs  utiles  de  la  ligne;  c  et  p  sa  capacité  et  sa  «  perditance  »  (coefficient  de  fuite 
ou  conductance  de  perte),  par  unité  de  longueur,  par  rapport  au  conducteur  de  retour  fictif; 
w  la  pulsation  des  courants  alternatifs  (ou  plutôt  de  leur  harmonique  considéré),  u  la  tension 
par  rapport  au  conducteur  de  retour  au  point  x\  i  l'intensité  au  même  point,  au  temps  t\  on  pose 

u  =  Ue>';  i  =  lej"'. 

Les  coeflficients  a  et  4  qui  figurent  dans  les  solutions  sont  déterminés  par  l'égalité  connue  : 

(a  +  bjy  =  rg  —  u^-cl  +jM{rc  +  Ig). 


SÉANCE    DU    7    MAI    1906. 


1037 


^ë^ 

^ 

§ 

o 

oj       Cj- 

'Ci 

tu 

es 

^ 

a* 

A 


--ï 


V 


B 
3 
t3 


3 

a. 


1038  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

admettent,  comme  on  le  sait  (i),  pour  intégrales  générales 

(3)     u  :^  Ae'""'"''-"'^"'^  +  Be"'''^''-'^'^^-'^' •         (4)     i  ^=  _e"'+wx-je  _  il  g-(a+«)»-i9'^ 
^  '  'm  m 

désignant  par  A,  B,  G  et  û'  des  constantes  d'intégration;  par  a  et  b,  deux 
coefficients  dépendant  seulement  de  r,  g,  l,  c  et  oj;  et  en  posant 


_     /  a^  +  b'  _ 


Mca  —  bn 

^  ^_  »    /  ■  .  trr-,,  J 


Je  me  propose  d'appliquer  ici  le  principe  de  la  superposition  des  solutions, 
qui  résulte  de  la  forme  même  des  équations  (1)  et  (2),  à  la  décomposition  de 
chaque  harmonique  en  un  certain  nombre  de  termes  composants  commodes 
pour  la  pratique. 

Ou  prendra  comme  origine  des  abscisses  x  de  la  ligne  le  point  à'arricée;  le  régime 
à  l'arrivée  est  défini,  pour  la  fréquence  considérée,  par  les  amplitudes  et  les  phases 
de  la  tension  U,  et  du  courant  total  I,  débité  dans  les  organes  récepteurs.  Nous 
considérerons  séparément  les  deux  solutions  partielles  correspondant  respectivement 
à  l'hypothèse  d'une  tension  égale  à  U,,  combinée  avec  un  courant  nul  (marche  à  vide), 
et  d'un  courant  égal  en  grandeur  à  I,,  combiné  avec  une  tension  nulle  (débit  sur 
court-circuit). 

Dans  la  première  hypothèse  (I,  =  0),  on  a  évidemment  A  ^  B  ^  — '  ;  les  équa- 
tions (3)  et  (4)  prennent  alors  la  forme  : 

|U  =  -s^  (e'"'-|-  e~'"^)cos6a?  ^-j-^e'"'  —  e-"'')?.\nbx=  (U,  cohaa?  cosZ^a; -j-jU,  sihaa- sin&j?), 
J  =^  (— sihaa;cos&«  +  /  —  coha«  sin&oC 

La  première  représente  la  tension  répartie  à  vide,  la  seconde  le  coui'ant  de 
capacité  réjjarli  à  vide.  Dans  chaque  second  membre  entre  crochets,  le  ternie  réel 
peut  olre  considéré  comme  l'abscisse,  et  le  coetficient  île  j  comme  l'ordonnée  d'un 
point  du  lieu  de  l'extrémité  du  vecteur  U  ou  J  correspondant,  tracé  à  partir  de  0,  en 
remarquant  seulement  que  les  axes  X'OY',  auxquels  est  rapporté  le  lieu  de  J  (que 
j'appellerai  courbe  N),  doivent  être  tournés  de  l'angle  -\-  y  par  rapport  aux  axes 
XoOYo  du  lieu  de  U  (que  j'appellerai  courbe  M). 

On  calcule  aisément  les  coordonnées  des  courbes  en  fonction  de  x  au  moyen  de 
la  Table  14  (fonctions  hyperboliques  et  circulaires)  du  Recueil  de  M.  Houel. 

Dans  la  seconde  hypothèse  (intensité  ù  l'arrivée  I,,  tension  nulle),  on  trouve  de 

même  A  =  B  =  -^,  d'où  l'on  déduit  par  les  é([uations  (3)  et  (4)  les  nouvelles  valeurs 
(i)  Bulletin  de  la  Société  internationale  des  électriciens^  5  avril  1905,  p.  311-317. 


SÉANCE   DU   7   MAI    1906.  1039 

des  vecteurs  du  courant  ulile  I  et  de  la  chute  de  tension  correspondante  produite  par 
impédance  V  : 

j    I  =  (l,cohax  cosbx -\-jïiSih  axsinbx)e~^f^ , 

I  V  =  (mlj  sihrtj;  cosbx  -j-jm,!,  coh«j?  suib,x)e   •'•l'i+V). 

Comme  plus  haut,  ces  expressions  indiquent  les  coordonnées  des  lieux  des 
extrémités  des  vecteurs  (que  j'appellerai  les  courbes  P  et  Q  respectivement)  par 
rapport  à  deux  systèmes  d'axes  rectangulaires  XOY  et  X"OY",  respectivement 
tournés  de  l'angle  ft  et  de  l'angle  «fi  -f"  Y  ^'^  retard  sur  XoOoYo. 

Chaque  régime  est  donc  caractérisé  par  une  épure  à  deux  courbes  (tension  et 
courant)  et  la  superposition  des  régimes  se  traduit  par  une  superposition  géomé- 
trique de  deux  épures;  s'il  n'y  a  pas  de  décalage  de  phase  à  l'arrivée  entre  U,  et 
I,  (cp,  =0),  l'axe  OX  du  courant  I,  coïncide  avec  l'axe  OX»  de  la  tension  U,  et  les 
axes  X"OY"  sont  symétriques  de  X'OY' par  rapport  à  OXo;  pour  tenir  compte  d'un 
décalage  quelconque  'f,,  il  suffit  donc  de  faire  tourner  du  m^^me  angle  l'axe  OX  de 
la  seconde  épure  par  rapport  à  l'axe  OX»  de  la  première.  On  obtient  les  tensions 
résultantes  de  U  et  V  en  joignant  deux  à  deux  les  points  des  extrémités  dès  courbes 
de  même  espèce  M  et  Q,  et  les  vecteurs  des  courants  résultants  de  1  et  J  en  joignant 
les  points  correspondants  des  courants  X  et  P.  De  simples  mesures  sur  l'épure  font 
connaître  en  tous  points  de  la  ligne  les  grandeurs  des  tensions  et  des  courants,  leurs 
phases  relatives,  la  puissance  au  départ  Uolo  cosço,  la  puissance  à  l'arrivée  U,!,  cosw 
et,  par  suite,  le  rendement  de  la  transmission. 


Physique.   —  Sur  les  interférences  produites  par  un  réseau  limitant  une 
lame  mince.  Note  de  M.  Georges  Meslin,  présentée  par  M,  Mascart. 

Lorsqu'on  dispose  un  réseau  R  sur  la  surface  convexe  S  d'une  lentille  à 
faible  courbure,  on  peut  apercevoir  de  larges  anneaux  (i),  dont,  à  ma  con- 
naissance, la  théorie  n'a  pas  encore  été  faite. 

Ces  franges,  qui  s'observent  dans  un  faisceau  de  lumière  non  limitée  et  qui 
semblent  localisées  dans  le  voisinage  du  réseau  (2)  dont  les  traits  sont  supposés 
perpendiculaires  au  plan  d'incidence,  se  distinguent  nettement,  et  par  plu- 
sieurs caractères,  des  anneaux  de  Newton  correspondant  à  la  lame  mince 
comprise  entre  le  réseau  et  la  lentille  : 

1°  Elles  sont  beaucoup  plus  larges  et  beaucoup  plus  espacées  entre  elles  que 
ne  le  sont  ces  anneaux  dont  il  est  facile  de  calculer  les  dimensions  d'après  la 


(i)  IzARN,  Comptes  rendus,  t.  CXVl,  p.  572. 

(2)  S'il  s'agit  d'un  faisceau  provenant  d'une  fente  étroite  dont  on  forme  l'image  sur  un  écran,  on 
obtient  dans  le  spectre  des  cannelures  dont  la  théorie  est  différente;  enfin,  si  les  deux  surfaces 
S  et  R  sont  parallèles,  on  a  en  lumière  blanche  des  franges  non  localisées. 

C    H.,  1906,  i"  Seinesire.  (!'.  CXLII,  N"  ly.)  iSj 


1040  ACADÉMIE    DES     SCIENCES. 

courbure  de  la  surface  convexe  (et  qu'on  peut  d'ailleurs  observer  en  même 
temps); 

2°  Elles  sont  visibles  en  lumière  blanche  bien  que  S  et  R  ne  soient  point  au 
contact;  elles  sont  encore  observables  alors  que  la  distance  de  S  à  R  est  de 
plusieurs  millimètres; 

3°  Elles  sont  très  peu  irisées  et  sont  même  sensiblement  achromatiques 
lorsqu'on  les  observe  sous  une  incidence  voisine  de  45°,  auquel  cas  on  a  des 
anneaux  blancs  et  sombres,  périodiquement  modifiés  par  des  alternances 
colorées  sur  lesquelles  je  reviendrai  en  en  précisant  la  cause; 

4°  Le  diamètre  de  ces  cercles  diminue  lorsque  l'incidence  va  en  croissant, 
tandis  que  le  diamètre  des  anneaux  de  Newton  augmente  dans  ces  conditions. 

En  substituant  à  la  lentille  d'autres  surfaces  de  formes  connues,  il  est  facile  de 
s'assurer  que,  comme  les  anneaux  de  Newton,  ces  franges  dessinent  les  lignes 
d'égale  épaisseur  de  la  lame  mince  ainsi  constituée  au-dessous  du  réseau;  elles  cor- 
respondent donc  à  un  phénomène  d'interférences  pour  lequel  le  retard  est  encore 
proportionnel  à  l'épaisseur  de  la  lamelle,  mais  avec  un  coefficient  de  proportionnalité 
plus  petit  que  celui  qui  intervient  dans  les  anneaux  de  Newton  et  qui  est  égal  à  2cosr; 
de  plus,  le  nouveau  coefficient  doit  présenter  par  rapport  à  r  une  variation  en  sens 
contraire  du  précédent. 

Cette  triple  condition  permet  de  reconnaître  la  cause  du  phénomène  et  de  l'attri- 
buer à  l'interférence  des  deux  faisceaux  qui,  tout  en  ayant  été  l'un  et  l'autre  réfléchis 
dans  la  lame  mince,  ont  subi  la  dilïraction  par  le  réseau,  l'un  à  son  entrée  dans  la 
lamelle,  l'autre  à  sa  sortie  de  cette  même  lame  mince;  ces  deux  sortes  de  rayons, 
émergeant  parallèlement,  peuvent  interférer  en  présentant  l'un  par  rapport  à  l'autre 
un  retard  correspondant  aux  conditions  différentes  dans  lesquelles  ils  ont  traversé 
la  lamelle. 

Si  l'on  considère  d'abord  des  rayons  tombant  normalement  et  diffractés  dans  une 
direction  r  donnée  par  la  formule  classique 

(1)  sinr^KN/, 

2e 
le  rayon  diffracté  par  transmission  a  traversé  une  épaisseur ,  tandis  que  le  rayon 

pénétrant  et  revenant  normalement,  puis  diff'racté  dans  la  même  direction  que  le  rayon 
émergent,  a  pris  un  retard  2e  -\-  2e  siar  tgr,  ce  qui  fait  en  tout 

2e 

(2)  2e  +  2e  sinr  ter ou     2e  — 2ecosr. 

^    '  I  D  C0S7' 

Ce  retard  varie  donc  proportionnellement  à  e,  avec  un  coefficient  2(1  —  cosr) 
généralement  bien  plus  faible  que  2 cosr,  si  r  est  assez  petit,  ce  qui  avait  lieu  dans 
le  cas  des  réseaux  employés  (réseaux  au  i/25  ou  au  1/50)  ;  il  croît  avec  r,  et  comme  r 
est  déterminé  par  la  relatinn  (1),  il  augmente  avec  N,  ce  qui  montre  que  les  anneaux 


SÉANCE    DU    7    MAI    1906.  1041 

seront  d'autant  plus  étroits  et  plus  petits  que  l'on  emploiera  des  réseaux  à  traits  plus 
resserrés;  c'est  en  effet  ce  que  l'expérience  indique. 
En  dehors  de  l'incidence  normale,  les  équations  seront 

(3)  sini — sinr  =  KN>, 

et  le  retard  sera  donné  par  2e(cosr  —  cosi),  de  telle  sorte  que  suivant  la  parité  de  K' 
il  se  produira  des  franges  brillantes  ou  sombres,  lorsqu'on  aura 

(4)  2e(cosr  —  cos/)  =  I^'k- 

Si  l'on  examine  le  phénomène  sous  une  incidence  déterminée  r,  les  équations  (3) 
et  (4)  font  connaître  z  et  e,  c'est-à-dire  la  direction  du  faisceau  efficace  et  l'épaisseur  ou 
position  correspondante  à  une  frange  donnée;  celte  position  est  en  général  une 
fonction  de  X  et  l'élimination  de  i  entre  ces  deux  équations  donnerait  la  relation 
qui  détermine  ainsi  e  pour  les  différentes  radiations;  cette  quantité  ne  serait  donc 
indépendante  de  1  que  si  le  résultat  de  l'élimination  fournissait  une  équation  où  X 
ne  figurerait  plus.  Mais,  au  lieu  d'éliminer  i  entre  (3)  et  (4),  on  peut  éliminer  X  et 
conserver  i  dont  la  présence  maintient  dans  l'équation  finale  l'influence  de  X  auquel 
il  est  relié  par  (3). 

Cette  élimination  fournit 

„    cosr—  cosj         K'  „  K'        ,    i  4- r 

2e—. — -. ^ =  7rrnvr      «"      ^  e  =  jr-p^COlg  — ^— . 

sini  — sinr        2KN  2KN       "     2 

En  passant  d'une  couleur  à  l'autre,  j  varie  d'un  angle  très  petit;  ï  et  r  sont  d'ailleurs 
assez  voisins  l'un  de  l'autre  et  la  variation  de  i  -\-  r  est  à  peu  près  négligeable  à  côté 
de  i-\-  r;\a  position  de  la  frange  est  donc  presque  indépendante  de  la  couleur  et  c'est 
ce  qui  explique  l'achromatisme  approximatif  des  anneaux  dans  les  conditions 
indiquées. 

Ces  franges  seront  rendues  plus  brillantes  si  l'on  augmente  le  pouvoir  réflec- 
teur de  la  surface  inférieure  de  façon  à  égaliser  à  peu  près  les  intensités  des 
deux  rayons  interférents  ;  on  y  parvient  en  employant  une  surface  métal- 
lique, condition  plutôt  moins  favorable  à  la  visibilité  des  anneaux  de  Newton. 

Ces  franges  peuvent  être  utilisées  pour  vérifier  commodément  la  surface 
sans  employer  de  lumière  monochromatique;  cette  vérification  peut,  en  effet,  se 
faire  presque  sans  interrompre  le  travail  de  la  surface,  car  il  suflSt  de  disposer 
à  plusieurs  millimètres  au-dessus  d'elle  un  ré.seau  plus  ou  moins  serré  suivant 
l'approximation  que  l'on  cherchera  ou  suivant  le  degré  d'avancement  du 
travail,  en  éclairant  le  tout  par  un  large  faisceau  de  lumière  blanche  et  en 
orientant  les  traits  du  réseau  perpendiculairement  au  plan  d'incidence;  cette 


1042  ACADÉMIE    DES     SCIENCES. 

méthode,  qui  permet,  sans  dispositif  spécial  autre  qu'un  réseau,  de  se  rendre 
compte  de  la  forme  des  surfaces  employées,  s'applique  sans  modification  aux 
surfaces  métalliques  ;  elle  permet,  en  particulier,  de  suivre  avec  beaucoup  de 
précision  les  déplacements  et  les  déformations  d'une  surface  mercurielle. 


Chimie.  —  Action  du  gaz  ammoniac  sur  le  chlorure  de  néodyme  anhydre.) 
Note  de  MM.  G.  Matignon  et  R.  Trannoy. 

Le  gaz  ammoniac  est  sans  action  sur  le  chlorure  de  néodyme  vers  1000°. 
A  la  température  ordinaire,  le  chlorure  anhydre  (i)  absoibe  le  gaz  ammoniac 
sec  en  augmentant  considérablement  de  volume  en  même  temps  que  la  teinte 
rose  s'accentue.  Il  se  produit  un  dégagement  de  chaleur  considérable.  Les 
combinaisons  qui  se  forment  ont  été  étudiées  par  deux  procédés  différents. 

Dans  une  première  expérience  on  a  salure  par  le  gaz  ammoniac  un  poids  connu 
de  sel  anhydre  maintenu  dans  un  mélange  de  glace  et  de  sel  ;  l'absorption  complète 
exige  un  contact  prolongé.  5g, 4322  de  sel  ont  ainsi  absorbé  4g, 3693  de  gaz  bien 
desséclié  à  travers  une  longue  colonne  de  sodium,  en  donnant  une  combinaison  se 
rapprochant  de  Nd  GF'  12  Az  H\  Ce  composé  d'addition  chauffé  progressivement  au 
bain-marie,  ou  dans  un  bain  d'huile,  dégage  de  l'ammoniac  à  certaines  températures  qui 
ont  été  notées  en  même  temps  que  les  pertes  de  poids  correspondantes.  On  a  pu 
réaliser  ainsi  une  décomposition  progressive  et  déceler  en  passant  toutes  les  combi- 
naisons intermédiaires  avec  leur  température  de  dissociation  sous  la  pression  atmo- 
sphérique. 

D'autre  part,  2g, 1805  et  3g, 4604  du  même  chlorure  ont  été  enfermés  dans  deux 
tubes  scellés  avec  du  gaz  ammoniac  liquéfié  ;  celui-ci  est  absorbé  par  le  sel  dont  la 
teinte  rosée  se  fonce  davantage.  Après  un  contact  de  plusieurs  semaines,  et  vérifica- 
tion de  la  présence  d'un  excès  d'ammoniac  liquide,  les  combinaisons  formées  ont  été 
étudiées  en  procédant  de  la  façon  suivante.  Le  tube  est  ouvert  après  refroidissement 
dans  un  mélange  d'éther  et  de  neige  carbonique;  on  le  porte  ensuite  dans  le  chlorure 
de  méthyle  bouillant  à  —  23°.  A  cette  température,  tout  l'excès  d'ammoniac  se  dégage 
en  laissant  une  combinaison  qui,  comme  nous  le  verrons  tout  à  l'heure,  a  bien  comme 
composition  NdCl'12AzH'.  On  a  élevé  ensuite  progressivement  la  température  de  ce 
composé  d'addition  et  noté  les  températures  pour  lesquelles  il  y  a  dégagement  de 
gaz  ammoniac.  Ce  dernier  est  dosé  à  la  fois  par  la  variation  de  poids  avant  et  après 
chaque  dégagement  et  par  la  mesure  du  volume  recueilli  sur  le  mercure. 


(I)  C.  Matignon,  Comptes  rendus,  l.  CXXXIII  (l'JOlj,  p.  28'J;  t.  CXL(1'J05  ,  p.  1181. 


SÉANCE  nu  7  MAI  1906.  1043 

Ces  deux  expériences,  jointes  à  l'étude  précédente,  ont  démontré  l'existence 
des  composés  d'addition  suivants  : 

NdCPAzff 
2AzH' 
4AzH' 
5AzH' 

8Az;h' 

llAzH' 
12AzH^ 

A  la  sortie  du  chlorure  de  méthyle,  la  combinaison  a  été  portée  dans  la 
glace  fondante,  puis  chauffée  successivement  au  bain-marie,  au  bain  d'huile  et 
au  bain  de  nitrates. 

Nous  donnons  les  résultats  pour  l'expérience  faite  avec  3^,46  de  chlorure. 
Le  départ  de  Az  H^  correspond  théoriquement  à  un  dégagement  gazeux  de 
308  cm^  mesurés  à  0°  et  sous  la  pression  normale  et  à  une  diminution  de 
poids  de  0«,2352. 

Perte  de  poids  Volume  deAzH''  recueilli 

trouvée  calculée  trouvé  calculé 

»  0,2352  312,3  309 

-980  927 

1,3453  1,4112  911  927 

0,2921  0,2352  408  309 

0,4162  0,4704  506  618 

0,7083  0,7056  914  927 

0,2199  0,2352  284  309 

0,2003  0,2352  250  309 

Les  deux  derniers  résultats  sont  trop  faibles,  mais  les  autres  expériences 
permettent  de  corriger  les  valeurs  fournies  par  ces  nombres  évidemment  mal 
déterminés.  C'est  ainsi  que  l'essai,  conduit  avec  5^,4322  de  chlorure,  a 
éprouvé  vers  250°  et  360°  les  diminutions  de  poids  de  0^3918  et  0^3625 
au  lieu  de  0^,37  valeur  théorique. 

On  remarquera  également  que  les  variations  de  poids  ainsi  que  les  déga- 
gements gazeux  vers  115°  et  155°  ne  donnent  pas  des  valeurs  bien  concor- 
dantes, mais  l'ensemble  des  deux,  au  contraire,  correspond  très  exactement  à 
trois  molécules  de  gaz  ammoniac.  D'ailleurs,  les  autres  expériences  ont  égale- 
ment corrigé  ces  valeurs. 

A  360°  les  douze  molécules  d'ammoniac  fixées  sont  toutes  mises  en  liberté 
et  l'on  retrouve  le  sel  anhydre. 


Température 
.de  décomposition 

lAzHr 

—  23°  à  0° 

3AzH> 

18°  à  34° 

3Azff' 

78°  à  80° 

lAzIP 

115°  à  120° 

2AzH"- 

155°  à  160° 

3AzH'' 

115°  à  160° 

lAzff 

250°  à  260° 

lAzH' 

360° 

1044  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Les  sept  combinaisons  foroaées  par  le  gaz  ammoniac  et  le  chlorure  de 
néodyme  sont  dissociables  sous  la  pression  atmosphérique  à  des  températures 
voisines  de  celles  indiquées  en  t 


t 

T 

Q 

dCl'AzH' 

360" 

633o 

20S2 

2AzH' 

2550 

528° 

16S9 

4AzH^ 

157" 

430.^ 

13S7 

5Azff 

117° 

390° 

12=,5 

8AzH' 

79o 

3520 

11^2 

llAzff 

26» 

299) 

9=,5 

12AzH^ 

-   10' 

2630 

8«,4 

En  appliquant  à  ces  combinaisons  ammoniacales  la  loi  de  constance  de  la 
variation  d'entropie  mise  en  évidence  par  l'un  de  nous  (i),  on  déduit  immédia- 
tement de  la  connaissance  des  températures  absolues  de  dissociation  T  la  cha- 
leur dégagée  Q  dans  la  formation  de  ces  combinaisons  à  partir  de  1  mol.  de 
gaz  ammoniac.  Pour  la  première,  par  exemple,  la  chaleur  de  fixation  de 
Az  H*^  est  égale  à  633  x  0^'",032,  soit  20*^"', 2. 

On  a  pour  chacun  des  composés  la  relation  thermique  suivante  : 

NdCPsol  -1-     AzH5gaz=  NdCPAzH'sol       -|-20Cal,2 

NdCPAzH^sol  +     AzIPgaz  =  NdCF2AzH'sol     +  16Cal,9 

NdCP2AzH'sol  +  2AzPPgaz  =  NdCP4Azff  sol    -f  27Cal,5 

NdClHAzH'sol  -j-     AzH'gaz  =  NdCPSAzH'sol    4-12Cal,5 

NdCP5AzH=sol  +  3  AzH\gaz  =  NdCPSAzH'sol    -|-33Cal,6 

NdCl->8  AzH"'  sol  +  3AzH">  gaz  =  \d  CPll  AzH'  sol  +  28Cal,  5 

NdClMlAzH^sol  +     AzH^gaz=  NdCF12AzH^sol-i-    8 Cal, 4 

Ainsi  le  gaz  ammoniac  en  se  fixant  sur  une  molécule  de  chlorure  de 
néodyme  dégage  le  chiffre  énorme  de  147^"', 5.  Nous  avons  vu  que  le  chlorure 
de  samarium  dans  les  mêmes  conditions  avait  fourni  147*^*'  (2). 

Le  chlorure  octohydraté  de  néodyme  n'a  pas  son  correspondant  dans  la 
série  des  composés  ammoniacaux. 

Les  études  ébuUioscopiques  et  cryoscopiques  ont  montré  (3)  que  la  formule 
du  chlorure  de  néodyme  était  bien  NdCP.   La  simplicité  des  formules  précé- 


(1)  Comptes  rendus,  t.  CXXVIII  (1899),  p.  103. 

(2)  Matignon  et  Trannoy,  Comptes  rendus,  t.  CXL  (1905),  p.  141. 
(J)  C.  Matignon,  Comptes  rendus,  t.  CXXXIII(1901),  p.  289. 


SÉANCE  DU  7  MAI  1906.  1045 

(lentes  s'accorde  bien  avec  la  trivalence  du  néodyme  ;  la  divalence  de  ce  métal 
aurait  conduit  aux  formules  compliquées  suivantes  : 

M^AzH',     utAzW,     M^Azff,     M^Azff,     MifAzff,     M^^AzH',     MSAzH'. 

3  o  o  o  o  o 

On    trouve  là  une  confirmation  a  priori  de  la  formule  rigoureusement 
établie. 


Chuiik.  —  Sur  l'existence  des  sulfures  de  phosj'hore  :  mixtes  de  phosphore  et 
de  sesquisidfure  de  phosphore.  Note  de  M.  R.  Boulouch,  présentée  par 
M.  Georges  Lemoine. 

Sous  le  premier  titre,  M.  H.  Cliran  a  publié  récemment  {Comptes  rendus, 
t.  CXLII,  p.  398)  quelques  données  relatives  à  la  détermination  des  tempé- 
ratures de  solidification  (i)  des  corps  contenant  des  proportions  diverses  de 
soufre  et  de  phosphore,  aj)rès  réaction  des  éléments  au-dessus  <le  100°. 

J'ai  fait,  de  mon  côté,  des  recherches  analogues,  et  mes  résultats,  relatifs 
aux  mixtes  de  phosphore  et  de  sesquisulfure  P*S'\  sont  assez  éloignés  de  ceux 
de  M.  Giran  pour  que  je  croie  nécessaire  de  signaler  et  d'expliquer  cette  diver- 
gence; j'ai  d'ailleurs  à  faire  connaître  un  fait  nouveau  dans  l'étude  de  la  soli- 
dification d'un  mélange  de  deux  corps  définis  pouvant  constituer  une  phase 
liquide  unique,  mais  pas  de  combinaison  chimique. 

L'auteur  signale  l'existence  d'un  eutectique  dont  la  concentration  en  soufre 
serait  0,335  et  le  point  de  fusion  nette  —  40°;  or,  un  mélange  ayant  cette 
composition  se  solidifie  graduellement  à  partir  de  -f  35°,  et  le  solide  qui  en 
résulte  ne  saurait,  dès  lors,  constituer  un  eutectique.  Le  point  d'eutexie  des 
mélanges  étudiés  est  situé  vers  —  1"  et  correspond  à  un  mixte  de  concentra- 
tion voisine  de  0,200  (P^S  au  lieu  de  P*S).  L'erreur  commise  doit  être  attri- 
buée à  deux  causes  : 

1.  Ces  mélanges  présentent  à  un  haut  degré  la  propriété  de  demeurer  en 
faux  équilibre,  de  telle  sorte  que  si  l'on  ne  met  pas  en  contact  avec  le  liquide 
des  germes  cristallins  de  P*S^,  on  n'obtient  la  congélation  des  mélanges  de 
concentration  supérieure  à  0,200  que  par  un  refroidissement  très  énergique  ; 
mais  on  atteint  ainsi  la  région  située  au-dessous  des  deux  courbes  de  solidifica. 

(i)  Il  peut  être  utile  de  remarquer  que,  dans  les  Cipériences  do  M.  Llirau  (p.  338),  on  détermine 
«  la  température  dejusion  du  mélange,  qui  est  celle  où  disparaît  le  dernier  cristal  ».  (Note  de 
M.  G.  Lemoine». 


1046 


ACADEMIE    DES     SCIENCES. 


tion,  les  cristaux  qui  prennent  naissance  sont  isomorphes  du  pliosphore,  et 
leur  fusion  ultérieure  fournit  des  points  situés  sur  le  prolongement  de  la  ligne 
de  solidification  qui  contient  le  point  de  fusion  du  phosphore  pur. 

J'ai  fait  ressortir  des  faits  de  cet  ordre  dans  l'étuJe  des  mixtes  formés  par 
le  soufre  et  le  phosphore  au-dessous  de  100°  [Comptes  rendus,  21  juillet  1902). 

II.   La  deuxième  cause  est  plus  imprévue  et  se  relie  à  un  fait,  non  signalé, 


0.436    a42    04     0.38    0.36     0.335 
P*S3  P2S 


02     018     n  16 

Concentrations    en     soufre 


résultant  de  mes  expériences  inédites  :  le  point  d'eutexie  se  trouve  en  général 
à  l'intersection  de  deux  lignes  presque  droites  passant  respectivement  par  les 
points  de  fusion  des  deux  corps  purs;  dans  le  cas  actuel,  en  prolongeant  les 
portions  de  lignes  qui  sont  voisines  dé  ces  points  de  fusion,  on  obtient  à  peu 
près  le  point  indiqué  par  M.  Giran,  mais  la  ligue  de  soliditicatiou  des  cris- 
taux rifhes  en   P^S^  présente   une   forme  absolument   singulière;    elle  est 


SÉANCE  nu  7  MAI  1906.  1047 

formée  de  deux  portions  à  peu  près  droites,  d'inclinaisons  fort  ditférentes,  et 
c'est  la  seconde  portion  qui,  pcar  son  intersection  avec  la  ligne  de  solidification 
des  cristaux  riches  en  phosphore,  détermine  le  point  d'eutexie. 

Mais  le  point  où  se  coupent  les  deux  parties  de  la  ligne  de  solidification 
singulière  doit  être  considéré  comme  un  point  de  transition  dont  les  coor- 
données sont  s  ;=  0,36  et  t  =  44°,  te))ipéruture  de  fudon  du  plio^phot  e  pur. 
L'hypothèse  la  plus  probable  qui  permette  d'expliquer  la  discontinuité  du 
phénomène  consiste  a  supposer  qu'au-dessus  de  44"  il  se  dépose  des  cristaux 
de  P'S'''  pur,  tandis  qu'au-dessous  de  cette  température  on  obtient  des  cristaux 
mixtes  de  sesquisulfure  et  de  phosphore;  l'identité  des  températures  de  ce 
point  de  transition  et  du  point  de  fusion  du  corps  le  plus  fusible,  si  elle  s'éri- 
geait en  règle  générale,  aurait  une  importance  évidente. 

L'étude  attentive  des  lignes  de  fusion  de  ces  mélanges  permettra  sans  doute 
de  contrôler  l'hypothèse  émise  ci-dessus. 

Chimie  minérale.  —  Sur  les  luiions  spéciaux.  Note  de  M.  Léon  GuiJlet, 

présentée  par  M.   Ditte. 

On  sait  que  les  laitons  industriels,  alliages  de  cuivre  et  de  zinc,  renfermant 
plus  de  55  °/o  de  cuivre,  peuvent  être  laminés  ou  martelés  à  chaud, 
lorsqu'ils  contiennent  moins  de  63  %  de  cuivre  ;  ils  peuvent  être  laminés 
ou  martelés  à  froid,  lorsque  la  teneur  en  cuivre  dépasse  60  °/o. 

Les  recherches  les  plus  récentes  faites  sur  les  laitons  montrent  que  les 
alliages  contenant  plus  de  63  °/o  de  cuivre  sont  formés  d'une  seule  solu- 
tion, solution  a  de  Schepherd,  tandis  que  ceux  renfermant  entre  55  et  63  % 
de  cuivre  sont  formés  de  deux  solutions  a  et  (3,  la  solution  y-  étant  d'autant 
plus  importante  que  la  teneur  en  cuivre  est  plus  élevée. 

Le  constituant  caractéristique  des  laitons  forgeables  à  chaud  est  le 
constituant  'fi  qui  apparaît  en  noir  dans  l'attaque  au  perchlorure  de  fer. 

J'ai  cherché  à  préciser  la  constitution  des  laitons  spéciaux,  alliages  de 
cuivre  et  de  zinc,  contenant  des  corps  étrangers  :  aluminium,  manganèse, 
silicium,  etc.  On  sait,  depuis  quelques  années,  que  la  présence  d'une  certaine 
quantité  d'aluminium  dans  un  laiton  contenant  70  %  de  cuivre  permet  de 
laminer  cet  alliage  à  chaud.  L'examen  micrographique  d'un  de  ces  laitons 
nous  a  montré  qu'il  avait  même  texture  que  l'alliage  Cu  =  58       Zn  =  42. 

Générahsons  le  problème  et  appelons  A  le   titre  réel  (donné    par    l'analyse)   de 
C.  R.,  1906,  l"  Semestre.  (T.  C.XLII,  N"  19.)  l38 


1048  ACADÉMIE    DES     SCIENCES. 

l'alliage  en  cuivre  ;  B  celui  en   zinc,  et  supposons   que  l'alliage   renferme  q  %  d'un 
corps   étranger. 

A  +  B  +  ç  =  100. 

Soit  A'  le  titre  en  cuivre  indiqué  par  le  microscope  (quand  l'alliage  est  compris 
entre  55  et  63  "/J  et  que  nous  nommerons  titre  fictif,  B'  le  litre  fictif  en  zinc,  et 
désignons  par  t  le  coefficient  d' équioalence  du  métal  étranger,  c'est-à-dire  la  quantité 
de  zinc  auquel  se  substitue  1  °/„  de  ce  métal,  les  proportions  étant  ramenées  à  100. 

On  a  :  A'  +  B'  =  100; 


mais 

d'où  l'équation 

On  a  donc 

(B  +  ^9)100. 

A+B  +  tq' 
A'g«-1)=100(A  -  A'). 

A'        ..'^^       .. 

iOO -]-q{t-  1)' 

équation  qui  définit  le  titre  fictif  A'  d'un  alliage  dont  le  titre  réel  est  A  et  qui  contient 
q  d'un  élément  dont  le  coefficient  d'équivalence  est  t. 
On  voit  que  la  loi  est  hyperbolique  et  que,  si  l'on  a 

^  <  1,  il  s'ensuit  A'  >  A, 

O  1.  »  A'  <  A. 

J'ai  déterminé  les  coefficients  d'équivalence  d'un  grand  nombre  de  métaux.  J'indi- 
querai les  principaux  : 


Pour  l'aluminium. 

»  le  silicium   . 

»  l'étain.     . 

»  le  manganèse 

))  le  plomb. 

»  le  fer . 

»  le  cadmium. 


=  6, 
=  10, 
=  2, 
=  0,5, 
=  1  , 
=  0,9, 
=  1  . 


On  voit  donc  que  le  manganèse  et  le  fer  relèvent  le  titre. 

Ces  déterminations  ont  une  très  grande  importance  industrielle.  En  effet,  les 
propriétés  d'un  laiton  spécial  se  rapprochent  toujours  beaucoup  plus  de  celles  du 
laiton  qui  a  pour  titre  réel  son  titre  fictif  que  de  celle  du  laiton  ayant  même  titre  réel 
que  lui  ;  il  u  généralement  sur  le  premier  l'avantage  de  posséder  une  limite 
élastique  plus  élevée. 

Je  citerai  un  exemple  :  le  laiton  Cu  =  70,  Al  =  4,  Zn  =  26  a  pour  titre  fictil 

Cu  =  57,         Zn  =  43. 


SÉANCE  DU  7  MAI  1906.  1049 

Ce  dernier  alliage  donne  :  charge  de  rupture  par  ™/V  =  32,6;  limite  élas- 
tique =  6,6;  allongement  °/o  =  24. 

Tandis  que  le  premier  accuse  :  charge  de  rupture  par  "^jm^  =  44,8;  limite 
élastique  23,8;  allongement  °/o  =  24,5,  et  l'alliage  à  même  litre  réel,  soit  Cu  =  70. 
Zn  =  30,  donne  :  charge  de  rupture  par  "/m-  =  17;  limite  élastique  =  3,5; 
allongement  %  =  55. 

J'ai  supposé  jusqu'ici  que  les  éléments  étrangers  entraient  dans  l'une  ou  l'autre 
des  solutions  en  présence  desquelles  ils  se  trouvent;  tous  les  éléments  commencent 
par  agir  ainsi;  mais,  pour  des  pourcentages  variables  avec  chacun  d'eux,  ils  se 
séparent  en  formant  soit  une  combinaison,  soit  une  solution  solide  spéciale. 
Certains  corps,  le  phosphore,  le  magnésium,  l'antimoine  forment  un  constituant 
spécial  dès  que  leur  pourcentage  atteint  0,5  à  0,7  °/q. 

D'autres,  au  contraire,  comme  l'aluminium,  le  manganèse,  peuvent  être  introduits 
en  grandes  quantit(''s,  plus  de  10  "/g. 

Les  recherches  fort  longues  que  j'ai  faites  à  ce  sujet  montrent  clairement  qu'à 
l'apparition  d'un  constituant  spécial  correspond  nettement  une  diminution  dans 
la  valeur  des  propriétés  mécaniques  et,  notamment,  une  augmentation  très  nette 
de  la  fragilité. 

Eiî  résumé  :  1°  l'étude  des  laitons  spéciaux  m'a  permis  d'établir  une 
loi  générale  indiquant  le  rôle  des  éléments  étrangers  qui  créent  dans 
l'alliage  un  titre  fictif; 

2°  L'alliage  a  des  propriétés  très  rapprochées  de  celles  du  produit  ayant 
pour  titre  réel  son  titre  fictif; 

3°  La  présence  d'un  constituant,  combinaison  ou  solution,  autre  que  celui 
que  l'on  rencontre  dans  les  alliages  cuivre-zinc  diminue  considérablement  la 
valeur  mécanique  de  l'alliage. 

Chimie  analytique. —  Méthode  de  recherche  el  de  dosage  de  petites  quantilés 
de  fer.  Note  de  M.  A.  Mouneyrat,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

Les  diverses  méthodes  de  recherche  et  de  dosage  du  fer  consistent  soit  à 
précipiter  directement  le  métal  (méthode  électroly tique),  soit  à  faire  naître, 
dans  les  solutions  qui  le  renferment,  à  l'aide  de  réactifs  spéciaux,  des  précipi- 
tations ou  des  colorations  spécifiques.  Le  procédé  de  recherche  et  de  dosage 
de  petites  quantités  de  fer,  dont  je  désire  présenter  l'étude  à  l'Académie, 
appartient  à  ce  dernier  groupe,  au  groupe  des  méthodes  colorimétriques. 

Depuis  longtemps  on  a  observé  que  lorsqu'on  fait  passer  un  courant 
d'hydrogène  sulfuré  dans  une  solution  alcaline  étendue  d'un  sel  de  fer,  cette 
solution,  indépendamment  du  précipité  de  sulfure  qui  peut  se  former,  prend 


1050  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

une  belle  coloration  verte.  L'étude  systématique  de  ce  fait,  but  de  cette  note, 
m'a  montré  qu'on  se  trouvait  là  en  présence  d'une  réaction  extrêmement  sen- 
sible du  fer,  beaucoup  plus  sensible  que  celle  au  sulfocyanure  et  tout  particu- 
lièrement propre  à  la  recherclic  de  cet  élément  dans  les  solutions  aqueuses  qui 
n'en  renferment  que  des  traces. 

Si  à  une  solution  très  étendue,  à  un  huil  cent  millième  par  exemple,  d'un  sel 
minéral  de  fer  au  maximum  ou  au  minimum,  on  ajoute  un  excès  d'alcali,  ammoniaque 
pure  par  exemple,  il  ne  se  forme  aucun  précipité,  mais  le  passage  pendant  10 
à  i2  minutes  dans  cette  liqueur  d'un  courant  régulier  d'iiydrogène  sulfuré  pur 
y  développe  une  belle  coloration  verte  (la  solution  doit  être  examinée  sous  une 
épaisseur  de  plusieurs  centimètres).  Cette  solution,  abandonnée  à  l'air  libre,  ne  tarde 
pas  à  jaunir,  à  cause  de  la  mise  en  liberté  de  soufre  sous  l'influence  de  l'oxygène 
atmosphérique;  conservée,  au  contraire,  dans  un  flacon  plein  et  bien  bouché,  elle 
garde  très  longtemps  sa  couleur  verte. 

J'ai  tout  d'pbord  examiné  l'influence  de  la  nature  et  de  la  quantité  d'alcali  sur  la 
sensibilité  de  la  réaction.  Afin  d'avoir  une  base  parfaitement  exempte  de  fer,  j'ai 
employé  de  l'ammoniaque  pure  obtenue  en  chauff'ant  la  solution  ammoniacale  du 
commerce,  desséchant  sur  de  la  chaux  vive,  afin  de  retenir  l'eau  entraînée  mécani- 
quement, et  recevant  le  gaz  dans  de  l'eau  distillée.  La  solution  ammoniacale  ainsi 
préparée,  et  dont  je  me  suis  servi,  était  absolument  exempte  de  fer  et  contenait 
62  grammes  d'AzH'  par  litre.  Les  essais  ont  été  effectués,  pour  une  même  durée 
de  courant  de  H*S,  en  prenant  50  centimètres  cubes  de  la  solution  ferrugineuse  à  un 
huit  cent  millième  de  Fe  (à  l'état  de  sulfate  de  fer)  et  des  quantités  successivemeut 
croissantes  d'ammoniaque  0™i"',5;  1™^  1«"»"',5;  2™';  S^^S;  4cin3^  g^^  Q-gg^  g^gg  gcms 
de  la  solution  ammoniacale  que  le  maximum  d'intensité  de  coloration  a  été  obtenu; 
des  quantités  plus  fortes  d'AzH"'  n'augmentent  pas,  diminuent  plutôt  la  couleur. 

L'ammoniaque  peut  être  remplacée  dans  cette  réaction  par  la  soude  ou  la  potasse, 
mais  il  est  extrêmement  difficile  d'avoir  ces  deux  bases  exemptes  de  fer; toutes  celles 
que  livre  le  commerce  en  renferment  des  quantités  plus  ou  moins  grandes,  qu'il  est 
très  difficile  d'enlever.  Les  bases  organiques,  pyridine,  quinoléine,  ne  peuvent  pas 
remplacer  l'anunoniaque. 

Etat  physique  sous  lequel  se  trouve  le  fer  dans  la  solution  verte.  —  Si  l'on  place  la 
solution  verte,  préparée  comme  il  vient  d'être  dit,  sur  un  dialyseur,  il  ne  passe  pas  de 
fer  à  travers  ce  dialyseur;  seul  du  sulfure  alcalin  traverse  la  membrane.  Cette  expé- 
rience permet  de  conclure  que  le  fer  se  trouve  dans  la  solution  verte  à  l'état  colloïdal. 

Agents  qui  influent  sur  la  stabilité  de  cet  état  colloïdal.  —  Un  grand  nombre 
d'agents  augmentent  ou  diminuent  la  stabilité  de  cette  solution  colloïdale  ferrugi- 
neuse. 

Les  acides  minéraux  (HCl,  AzO'H,  SO'H-,  etc.)  font  immédiatement  perdre  à  la 
solution  sa  coloration  verte  ;  le  SO'(AzH*)*,  le  SO'Na-,  le  NaCl  en  solution 
aqueuse  concentrée  fait  également  disparaître  assez  vite  la  couleur  verte.  Beaucoup 
de  matières  organiques,  au  contraire,  augmentent  la  stabilité  de  l'état  colloïdal  et 


SÉANCE  DU  7  MAI  1906.  1051 

permettent  d'obtenir  des  solutions  vertes  plus  riches  en  fer  que  r.iuimoniaque  seule. 
Parmi  ces  matières  un  grand  nombre  peuvent  être  employées;  j'ai  essayé  la  glycé- 
rine, le  sucre,  le  glucose,  la  mannite,  l'aeide  lactique,  l'acide  tartrique  et  l'acide 
citrique,  qui  toutes  m'ont  donné  de  bons  résultats.  Mais  parmi  toutes  ces  substances, 
la  plus  intéressante  est  l'albumine  parce  qu'elle  permet  d'augmenter  la  sensibilité  de 
la  réaction  et  de  la  pousser  au  delà  du  millionième  (limite  de  sensibilité  approxima- 
tive avec  l'ammoniaque  seule).  Si,  en  effet,  à  une  solution  de  fer,  légèrement  plus 
étendue  que  le  millionième,  on  ajoute  de  l'ammoniaque  pui-e,  une  très  petite  quantité 
d'albumine  (exempte  de  fer  minéral),  4  ou  5  milligrammes  par  exemple,  sature 
comme  il  a  été  dit  d'H-S,  la  coloration  de  la  solution  n'est  pas  d'un  vert  net,  si 
bien  que,  dans  ces  conditions,  il  est  difficile  de  se  prononcer;  mais  si,  à  la  solution 
ainsi  obtenue,  on  ajoute  son  volume  d'alcool  à  90°,  agite  le  tout  et  laisse  reposer 
10  ou  12  heures,  il  se  forme,  au  bout  de  ce  temps,  s'il  y  a  du  fer,  au  fond  du  tube  un 
dépôt  filamenteux  vert,  tandis  que  la  solution  reste  absolument  incolore.  L'alcool, 
dans  ce  cas,  a  brisé  l'état  colloïdal  et  une  partie  de  l'albumine  s'est  précipitée  en 
entraînant  tout  le  fer.  Les  solutions  colloïdales  obtenues  avec  l'albumine  ne  sont  pas 
détruites  par  la  chaleur;  à  l'ébullition  la  coloration  verte  s'affaiblit  ou  disparaît  pour 
reparaître  à  froid  ;  le  noir  animal  pur  lavé,  exempt  de  sels,  n'a  pas  d'action  sur  la 
solution  verte. 

Spécificité  de  la  réaction.  —  Cette  coloration  verte  n'appartient-clle  qu'au  fer  .'  .J'ai 

étudié  l'action  de  l'hydrogène  sulfuré  sur  des  solutions  diluées  à  nrvfYfTfy/s  ammo- 
niacales, en  présence  d'albumine  des  métaux  suivants  : 

Mercure,  plomb,  argent,  chrome,  nickel,  cobalt,  alcalino-terreux,  cuivre. 

Aucun  de  ces  métaux,  en  solution  très  diluée  bien  entendu,  ne  donne  de  colora- 
tion verte  analogue  à  celle  du  fer.  Le  cuivre  gêne  cependant  la  réaction;  il  faut  donc 
tout  d'abord  s'en  débarrasser.  Pour  cela  on  acidifie  par  HCl  la  solution,  que  l'on 
sature  ensuite  d'hydrogène  sulfuré;  on  laisse  reposer  8  à  10  heures,  on  filtre,  porte 
à  l'ébullition  la  solution  et  filtre  de  nouveau.  La  liqueur  neutralisée  et  alcalinisée 
par  l'ammoniaque  additionnée  d'albumine  sert,  comme  il  a  été  dit,  à  la  recherche 
du  for. 

Dosage  du  fer.  —  L'intensité  de  la  couleur  verte  des  solutions  est,  dans  des  limites 

1  1 

comprises  entre    ,„„>,„r.^   et   ./.t^tc,  sensiblement  proportionnelle  à   leur   teneur  en 
'  1000000        1000 

fer,  si  bien  que  l'on  peut  doser  ce  métal  en  fonction  de  l'intensité  de  cette  colo- 
ration verte. 

La  méthode  de  recherche  du  fer  que  nous  venons  d'étudier  est  beaucoup 
plus  sensible  que  celle  au  sulfocyanure  et  convient  tout  particulièrement  aux 
recherches  biologiques. 

Je  poursuis  des  études  dans  ce  sens  et  j'indiquerai  prochainement  une 
méthode  très  sûre  de  recherche  du  fer  dans  les  tissus  vivants. 


1052  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Chimie  organiquh;.  ■ —  Obtention  des  sulfamates  nromatiques  par  réduction 
des  dérivés  nitrés  avec  l'hydvosulfite  de  sonde.  Note  de  MM.  A.  Seyewetz 
etBloch,  présentée  par  M.  A.  Hallcr. 

Les  sulfamates  aromatiques  de  formule  générale  (R)N.H.SO^(M)  ont  été 
obtenus  par  divers  procédés,  qui  utilisent  tous  soit  une  aminé  simple  ou 
substituée,  soit  une  hydroxylamine,  dans  le  groupement  NH-  ou  NHOH 
desquelles  on  substitue  le  groupement  sulfonique  au  moyen  de  la  chlorhydrine 
sulfurique,  de  l'acide  amidosulfurique,  de  l'acide  sulfureux  ou  de  la  thionyl- 
amine. 

En  employant  les  aminés,  Wagner  (i)  a  obtenu  ainsi  l'acide  pliénylsulfa- 
mique;  Traube  (2)  les  acides  phénjd-,  tolyl-  et  xylyl-sulfamiques  ;  Paal  et 
Jânicke  (3)  l'ortho  et  le  paratolyl,  ainsi  que  l'a  naplitylsulfamate  d'ammonium  ; 
Jungahn  (4)  l'acide  a.  m.  xylylsulfamique  ;  Paal  et  J.  Cassel  (5)  les  chlorosul- 
famates. 

En  utilisant  les  hydroxylamines  aromatiques,  Bamberger  et  Hinderman  (g) 
puis  Micbaelis  et  Peton  (7)  ont  pu  préparer  l'acide  phénylsulfamique. 

Nous  sommes  arrivés  à  transformer  directement  le  groupe  NO'  en 
NH  — SO^Na  et  à  obtenir  ainsi  avec  de  bons  rendements  les  sulfamates  corres- 
pondants, en  réduisant  avec  ménagement  les  dérivés  nitrés  par  l'hydrosulfite 
de  sodium  (s). 

Nous  avons  constaté  que  si  l'on  met  du  nilrobenzène  en  suspension  dans  de  l'eau 
bouillie  additionnée  de  phosphate  de  soude  tribasique  (9)  et  qu'on  y  dissolve  une 
quantité  suffisante  d'hydrosulfite  de  sodium  en  poudre,  de  façon  que  la  température 
atteigne  environ  65°,  il  cristallise  dans  la  masse,  après  vingt-qualre  heures,  de 
longues  aiguilles  soyeuses  blanches.  Ces  aiguilles  essorées  sur  brique  poreuse  puis 
purifiées  par  lavage  à  l'élher  et  cristallisation  dans  l'alcool  absolu  renferment  du 
carbone,  de  l'hydrogène,  de  l'azote,  du  soufre  et  du  sodium.  Elles  sont  solubles  dans 
l'eau  et  dans  l'alcool.  Leur  solution  aqueuse  ne  précipite  pas  avec  le  chlorure  de 

(i)  Berichte  19,  p.  1158. 

(2)  Berichte  23,  p.  1654. 

(3)  Berichte  27,  p.  1244,  et  28,  p.  SlBl. 

(4)  Berichte  31,  p.  1234. 

(5)  Berichte  34,  p.  2748.  Dissertation.  Erlanf,^en,  l'JOO. 

(6)  Berichte  30,  p.  6.54. 

(7)  Berichte  31,  p.  984. 

(8)  Nos  essais  n'ont  porté  jusqu'ici  que  sur  le  nitrolienzène,  les  nitrotokiènes,  le  métanitro.Ky- 
lène  et  l'a  nitronaphtaline. 

(9)  Le  phosphate  tribasique  sert  à  stabiliser  l'hydrosulfite  de  soude. 


SÉANCE  DU  7  MAI  1906.  1053 

baryum,  mais  cette  précipitation  a  lieu  après  ébullition  en  présence  d'une  petite  quan- 
tité d'acide  chlorhydrique.  Il  y  a  en  même  temps  formation  d'aniline.  Cette  réaction 
caractéristique  paraît  indiquer  la  présence  d'un  sulfamate. 

Cette  hypothèse  est  confirmée  par  le  dosage  de  l'azote,  du  soufre  et  du  sodium,  dont 
voici  les  résultais  : 

Trouvé.  Calculé  pour  C^H^NKSO^Na. 

%  .\zote     ....     7,3  et  7,21  7,17 

Soufre  ....  16,20  16,41 

Sodium      .     .     .  12,00  11,80 

Nous  avons  identifié  le  composé  ainsi  obtenu  avec  le  phénylsulfamate  de  sodium 
préparé  par  l'action  de  la  chlorhydrine  sulfurique  sur  l'aniline  dissoute  dans  le  chlo- 
roforme (i). 

La  réduction  du  nitrobenzène  pai'  l'hydrosulfite  de  soude  peut  donc  être  représentée 
par  l'équation  suivante  : 

C«H»NO-  +  S-0*Na^  +  H^O  =  C'ffNHSO'Na  +  SO»NaH. 

La  solution  aqueuse  d'où  ont  été  séparées  les  aiguilles  est  saturée  de  phénylsulfa- 
mate et  renferme,  en  outre,  une  petite  quantité  d'aniline  (2). 

Xous  avons  fait  varier  méthodiquement  les  divers  facteurs  de  l'opération  (quantité 
d'hydrosulfite,  concentration  de  la  solution,  température  et  durée  de  la  réaction, 
quantité  de  phosphate  tribasique)  pour  déterminer  les  conditions  d'obtention  du 
meilleur  rendement. 

Voici  ces  conditions  : 

«  Introduire  dans  un  flacon  GSgr  de  nitrobenzène,  75g''  de  phosphate  tribasique  de 
«  sodium  et  380g''  d'hydrosulfite  concentré  en  poudre  B.  A.  S.  F.  (78  %  environ 
«  S*0'Na-),  puis  ajouter  1  litre  d'eau  bouillie  et  agiter  vivement  pendant  quelques 
«  minutes  pour  dissoudre  l'hydrosulfite.  La  température  s'élève  peu  à  peu  vers  65°.  >; 

On  abandonne  alors  le  flacon  bouché  à  la  température  ambiante. 

Après  vingt-quatre  heures,  la  couche  de  nitrobenzène  qui  surnageait  la  solution  a 
disparu  à  peu  près  complètement  et  il  s'est  produit  dans  la  masse  une  abondante 
cristallisation  d'aiguilles  soyeuses  blanches  (3),  qu'on  recueille  et  essore  sur  brique 
en  plâtre. 

En  refroidissant  les  eaux-mères  vers  0°,  on  peut  encore  séparer  une  quantité 
importante  de  phénylsulfamate.  Enfin,  on  peut  également  en  retirer  une  portion 
notable  en  évaporant  au  bain-marie  les  dernières  eaux-mères  et  en  recristallisant 
plusieurs  fois  le  résidu  sec  dans  l'alcool  absolu. 

(i)  Berichte  23,  p.  1654. 

(2)  MM.  Aloy  et  Rabaut  {Bulletin  de  la  Société  chimique  de  Paris,  t.  XXXIII,  p.  654)  ont 
obtenu  l'aniline  en  réduisant  le  nitrobenzène  par  l'iiydrosulfîte  de  soude  vers  100». 

(3)  Il  arrive  quelquefois  que  la  solution  reste  sursaturée  et  ne  cristallise  pas.  On  provoque 
facilement  la  cristallisation  en  agitant,  ou  mieux  en  refroidissant  avec  un  mélange  de  glace  et 
de  sel. 


1054  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

Readement  :  lOOgr  de  phénylsulfamale  pour  lOOgr  de  nitrobenzène. 

Le  phosphate  tribasique  n'est  pas  indispensable  pour  la  formation  de  phénylsul- 
famale, mais  en  stabilisant  la  solution  d'hydrosulfite  il  améliore  notablement  le 
rendement. 

Nous  avons  reconnu  la  possibilité  d'effectuer  la  réaction  en  ajoutant  au  mélange 
une  quantité  d'alcool  convenable  pour  que  le  nitrobenzène  reste  dissous  dans  la 
solution  d'hydrosulfite,  mais  la  séparation  du  phénylsulfamate  est  ainsi  plus  difficile. 

En  appliquant  la  réaction  précédente  aux  trois  nitrotoluènes,  au  métanitroxylène 
et  à  l'a  nitronaphtalène,  nous  avons  obtenu  les  sulfamates  correspondants.  Avec  les 
nitrotoluènes  le  rendement  a  été  notablement  meilleur  qu'avec  le  nitrobenzène  (i). 

Nous  nous  proposons  d'appliquer  notre  méthode  aux  autres  dérivés  nitrés  des 
carbures  substitués  ou  non,  ainsi  qu'aux  composés  renfermant  des  groupes  nitrés 
en  présence  des  diverses  fonctions. 


Physique  du  globe.  —  Extrait  d'une  lettre  du  P.  Cirera. 

Le  18  avril  après-midi  on  a  enregistré  un  mouvement  microsismique 
important  à  l'Observatoire  de  l'Ebre.  (Latitude  Nord  40''49',2.  Long.  E. 
Greenwich  0''  P58^  ,5.) 

Commencement  à  l''24"°55'  p.  m.  Phase  maxima  dans  le  pendule  Grablo- 
vitz  à  2''6°'30'.  Fin  du  mouvement  à  4'' 7". 

Les  pendules  sont  restés  encore  un  peu  agités. 

M.  Charles  Joly  adresse  un  mémoire  intitulé  :  Phénomènes  sismiques 
inconnus. 

A  4  heures  un  quart,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie. 

G.  D. 


(i)  Pour  les  dérivés  nitrés  solides  à  la  température  ordinaire,  il  faut  maintenir  le  mélange  au 
voisinage  de  leur  tenipéiature  de  fusion. 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

SÉANCE   DU    LUNDI    li  MAI    11)00, 

PnÉSIDE.^XE  DE  M.  A.   POINCARÉ. 


MEMOIRES    ET    COMMUNICATIONS 

DES   MEMBRES    ET   DES   C0RRESP0:';DANTS   DE    L'ACADÉMIE 


MÉCANIQUE.  —   Sur  un  effet  singulier  du  frottement.  Note  de  M.  E.  Giifoii. 

Dans  une  lirocliure  ([uia  été  adressée  par  son  aulciu'  à  plusieurs  membres 
de  l'Académie,  M.  de  Saintignon  rend  compte  d'une  expérience  au  cours 
de  laquelle  il  a  constaté  certaines  particularités  qui,  au  premier  abord, 
ont  semblé  paradoxales.  En  réalité  ces  particularités  s'expliquent  aisé- 
ment, mais  l'expérience  n'en  est  pas  moins  intéressante  à  analyser  à  cause 
de  la  manière  singulière  dont  se  manifeste  l'influence  du  frottement. 

Voici  en  quoi  consiste  cette  expérience.  Un  globe  de  verre  sensible- 
ment sphérique  et  rempli  d'eau,  dans  lequel  on  a  introduit  une  certaine 
quantité  d'une  substance  solide  réduite  en  particules  très  petites,  est 
animé  d'une  rotation  très  rapide  autour  d'un  de  ses  diamètres,  environ 
800  tours  par  minute.  Si  la  sr.bstance  introduite  est  moins  dense  que  l'eau, 
ses  particules  viennent  se  rassembler  le  long  de  l'axe  de  rotation  ;  si  elle 
est  plus  dense,  elles  se  rassemblent  suivant  les  contours  de  deux  parallèles 
équidistants  de  l'équateur  ;  dans  le  cas  de  la  poussière  de  charbon,  ces  deux 
cercles  sont  situés  à  environ  trente  degrés  de  part  et  d'autre  de  l'écrua- 
teur.  C'est  ce  résultat  qui  a  semijlé  paradoxal. 

Pour  l'expliquer,  on  peut  considérer  le  problème  à  partir  de  l'instant  où  le 
liquide  et  les  particules  qu'il  contient,  entraînés  par  le  frottement  des  parois, 
ont  pris  une  vitesse  sensiblement  égale  à  la  vitesse  du  globe,  c'est-à-dire 
où,  relativementà  des  axesentrainés  avec  le  globe,  les  vitesseset  les  accélé- 
rations du  liquide  et  des  particules  sont  négligables  respectivement  par 
rapport  à  la  vitesse  d'entraînement  et  à  l'accélération  de  la  pesanteur.  On 

G.  R.,  1906,  1"  Semestre.  (T.  CXLII,  N"  20  )  iSp 


^ 


lo56  ACADÉMIE    DES     SCIENCES. 

peut  aisément  s'assurer  que,  avec  la  vitesse  de  rotation  appliquée,  l'accé- 
lération de  la  pesanteur  devient  elle-même  négligeable  par  rapport  à  l'ac- 
célération centripète  à  partir  d'une  distance  de  deux  ou  trois  centimètres 
de  l'axe. 

On  peut  alors,  dans  l'étude  du  mouvement  relatif  des  particules,  négliger 
la  pesanteur  et  l'accélération  centrifuge  composée  et  ne  tenir  compte  que 
de  la  force  centrifuge  et  de  la  poussée  du  liquide;  or  cette  dernière,  à 
l'approximation  considérée,  est  égale  et  contraire  à  la  force  centrifuge 
d'un  même  volume  de  liquide.  Ces  deux  forces  sont  dirigées  suivant 
le  rayon  du  parallèle  correspondant,  et  leur  résultante  est  centrifuge 
si  la  substance  est  plus  dense  que  l'eau,  et  centripète  dans  le  cas  contraire. 

Les  particules  plus  denses  que  l'eau  sont  donc  entraînées  vers  les 
parois  du  globe,  et,  lorsqu'elles  les  atteignent,  elles  y  sont  pressées  par 
une  force  perpendiculaire  à  l'axe  de  rotation  et,  par  suite,  oblique  aux 
parois. 

L'angle  que  forme  la  normale  à  la  paroi  avec  la  force  qui  presse  la  par- 
ticule est  égal  à  l'angle  du  raj'on  correspondant  avec  l'équateur  ;  on  peut 
l'appeler  la  latitude  de  la  particule.  Il  est  clair  que  si  la  particule  atteint  les 
parois  par  une  latitude  plus  grande  que  l'angle  de  frottement  /'correspon- 
dant aux  conditions  de  l'expérience,  elle  glissera  vers  l'équateur;  si  la 
latitude  est  plus  petite  que  /  ou  lui  est  égale,  la  particule  restera  appliquée 
au  point  où  elle  aura  atteint  la  surface. 

On  voit  par  conséquent  que,  si  l'on  divise  la  sphère  en  trois  segments 
situés  l'un  entre  les  deux  parallèles  de  latitude  /,  et  les  deux  autres  en 
dehors  de  ces  parallèles,  toutes  les  particules  comprises  dans  le  premier 
segment  viendront  s'appliquer  sur  la  paroi  correspondante  de  la  sphère 
et  y  resteront;  celles  des  deux  autres  segments  au  contraire  viendront  se 
rassembler  sur  les  cercles  de  latitude/'. 

L'observateur  verra  donc  deux  cercles  noirs  séparés  par  une  zone  un 
peu  brouillée  et  deux  calottes  sphériques  très  limpides  de  part  et  d'autre  de 
cette  zone. 

Cette  expérience  fournit  ainsi  un  moyen  assez  imprévu  de  mesurer 
l'angle  de  frottement  de  certaines  substances  dans  certaines  conditions. 


SÉANCE    DU     14     MAI     I90G.  I  oSy 

MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Influence  des  vitesses  sur  la  loi  de  déformation 
des  métaux.  Note  de  Mil.  P.  Vieille  et  R.  Lio^ville. 

L'artillerie  utilise,  pour  la  mesure  des  pressions  dans  les  bouches  à  feu, 
des  manomètres  dans  lesquels  lui  piston  léger  est  soumis,  d'une  part,  aux 
pressions  rapidement  variables  qu'on  se  propose  d'évaluer,  et  de  l'autre, 
à  une  résistance  antagoniste  opposée  par  un  petit  cylindre  de  cuivre  dont 
l'écrasement  fait  équilibre  à  chaque  instant  à  la  pression  motrice. 

Les  masses  mises  en  mouvement  sont  assez  faibles  pour  que  les  forces 
d'inertie,  qu'on  peut  d'ailleurs  évaluer  par  l'inscription  du  mouvement, 
soient  entièrement  négligeables.  Ces  forces  n'atteignent  pas  dans  les  con- 
ditions usuelles  i/iooo  des  pressions  à  évaluer. 

La  précision  des  mesures  dépend  donc  uniquement  de  l'évaluation  cor- 
recte des  résistances  opposées  par  le  cylindre,  pour  chaque  valeur  de  son 
écrasement,  dans  les  conditions  mômes  de  l'emploi  balistique;  à  défaut  de 
cette  loi  spéciale,  on  obtient  facilement  une  loi  de  résistance  statique  par 
des  expériences  dites  de  tarage,  dans  lesquelles  le  cylindre  est  écrasé 
sous  des  vitesses  très  faibles,  de  quelques  dixièmes  de  millimètre  par 
seconde,  correspondant  à  une. vitesse  d'accroissement  de  la  pression  de 
quelques  centaines  de  kilogrammes  par  seconde,  tandis  que  dans  les  con- 
ditions balistiques  le  cylindre  est  écrasé  avec  des  vitesses  mille  ou  dix 
mille  fois  plus  grandes,  c'est-à-dire  de  l'ordre  du  mètre. 

Les  efforts  des  expérimentateurs  ont  porté  depuis  de  nombreuses  années 
sur  l'étude  des  modifications  que  la  vitesse  pouvait  introduire  dans  la  loi 
de  résistance  statique  donnée  par  les  expériences  de  tarage.  Parmi  les 
travaux  effectués  en  France,  il  suffira  de  rappeler  les  recherches  de 
M.  Gharpy  et  de  MM.  Galy-Aché  et  Charbonnier.  Un  point  de  grande 
importance  a  été  mis  hors  de  doute  par  MM.  Galy-Aché  et  Charbonnier  : 
Un  cylindre,  soumis  à  un  écrasement  rapide,  possède,  après  que  sa  tem- 
pérature est  revenue  à  la  valeur  primitive,  une  résistance  supérieure  à 
celle  d'un  cylindre  amené,  par  une  action  lente,  à  la  même  forme  et  au 
même  écrasement  final. 

Cette  observation  établit  sans  conteste  une  influence  des  vitesses  ;  elle 
implique  en  outre,  pour  l'expression  de  la  loi  de  résistance  du  crusher, 
une  conséquence  qui  ne  paraît  pas  avoir  été  aperçue.  11  en  résulte  en  effet 
qu'aucune  fonction  de  l'écrasement  s  et  de  la  vitesse  s'  de  cet  écrasement, 


Io58  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ne  peut  servir  à  représenter  la  résistance  R;  clR,  exprimée  au  moyen  de 
rfs  et  fZs',  ne  peut  être  une  différentielle  exacte. 

On  doit  envisager  l'influence  des  vitesses  sur  la  résistance  principale- 
ment dans  deux  catégories  d'applications  balistiques  :  la  mesure  des  pres- 
sions maxima  ou  finales  et  la  loi  de  développement  des  pressions. 

Dans  la  première  application,  la  résistance  finale  est  obtenue  sous  une 
vitesse  d'écrasement  nulle. 

Dans  la  seconde,  c'est  la  résistance  du  cylindre  en  vitesse  d'écrasement 
qu'il  faut  connaître  à  chaque  instant. 

Pour  les  pressions  maxima,  des  expériences  anciennes  ont  montré  qu'il 
y  a  proportionnalité  approchée  des  indications  de  la  table  manométriquc 
et  des  pressions  réelles.  Pour  passer  des  nombres  de  la  table  aux  valeurs 
absolues,  JNIM.  Galy-Aché  et  Charbonnier  proposaient  une  correction  d'en- 
viron 5,5  p.  loo.  Une  modification  de  cette  nature  n'a  pas  de  conséquence 
grave  dans  les  recherches  où  les  pressions  maxima  sont  seules  en  cause. 

Au  contraire,  sur  la  déformation  de  la  loi  de  développement  des  pres- 
sions une  grande  incertitude  subsistait.  Les  auteurs  considéraient  la  cor- 
rection applicable  aux  pressions  finales,  comme  le  résidu  de  modifications 
beaucoup  plus  importantes  et  sans  doute  supérieures  à  20  p.  100,  dont  il 
faudrait  affecter  les  pressions  de  tarage  correspondant  aux  tracés  pour  en 
conclure  les  résistances  réelles,  à  chaque  instant. 

Nous  avons  cherché  à  obtenir  une  évaluation  directe  de  ces  résistances 
par  une  méthode  d'opposition  appliquée  dans  les  conditions  mêmes  du  fonc- 
tionnement balistique. 

Les  données  nouvelles  ainsi  obtenues,  rapprochées  de  toutes  celles  que 
faisaient  connaître  les  expériences  antérieures,  conduisent  à  une  expres- 
sion générale  de  cZR  en  fonction  de  ds.  et  f/e',  qui  rend  compte  avec  une 
approximation  satisfaisante  des  particularités  o])servées  dans  l'emploi  balis- 
tique des  manomètres  à  écrasement. 

L'exposé  de  ces  résultats  fera  l'objet  d'une  communication  ultérieure. 

PHYSIQUE.  —  Les  basses  tempéraliifes  cl  V analyse  rhiiitiqiie. 
Note  de  M^NL  d'Arso.wai.  et  Uobdah. 

Il  est  inutile  d'insister  sur  l'avantage  que  présente  l'emploi  des  basses 
températures  pour  la  séparation  des  corps  soit  par  solidification,  soit  par 
vaporisation. 


SÉANCE     DU     l4    MVI     I90G.  I O  jq 

Il  suffit  pour  cela  de  choisir  convenablement  l'écart  entre  les  tempéra- 
tures suivant  la  nature  des  corps  à  séparer.  La  constance  des  basses  tem- 
pératures peut  d'ailleurs  être  olîtenue  par  des  moyens  simples ('). 

Nous  nous  bornerons  dans  la  présente  note  à  indiquer  comment  on  peut, 
en  quelques  minutes,  distiller  des  liquides  alcooliques,  dessécher  des 
substances  facilement  altérables,  recueillir  des  produits  volatils,  etc.  —  On 
constitue  une  alambic  rudimentaire  en  réunissant  deux  récipients  en  verre 
de  forme  et  de  volume  approjiriés  par  un  tul^e  en  T  muni  d'un  robinet. 

Un  des  récipients  constituant  la  chaudière  contient  le  mélange  à  séparer; 
le  second  récipient  constitue  le  réfrigérant. 

On  fait  préalablement  le  vide  dans  l'appareil  avec  la  trompe  ordinaire. 
Cela  fait,  on  chauffe  la  chaudière  eh  la  trempant  dans  de  l'eau  à  iS",  par 
exemple.  Le  réfrigérant  est  plongé  dans  l'air  liquide  ou  simplement  dans 
la  neige  carbonique  mélangée  à  l'acétone  suivant  les  cas. 

Dans  l'analyse  des  vins,  par  exemple,  on  obtient  en  même  temps  les 
produits  alcooliques  tlune  part  et  la  matière  extractive  correspondant  à  ce 
(jue  l'on  appelle  l'extrait  dans  le  vide.  — Dans  le  dessèchement  des  fécules, 
des  pâtes,  des  substances  albuminoïdes,  des  graisses,  etc..  on  obtient  le 
produit  sec  et  on  recueille  en  même  temps  toute  l'humidité  que  l'on  peut 
peser.  On  a  de  la  sorte  un  double  contrôle.  On  obtient  ainsi  en  quelques 
minutes  (et  sans  craindre  d'altérer  les  suljstances)  des  analyses  qui,  parles 
procédés  ordinaires,  demandent  des  jours  et  même  des  semaines. 

En  réglant  la  température  à  laquelle  on  chauffe  la  chaudière,  on  règle 
également  la  nature  du  produit  distillé. 

C'est  ainsi  qu'en  maintenant  la  chaudière  à  —  80°  et  le  réfrigérant  à 
—  191°,  l'un  de  nous  a  pu  retirer  de  l'essence  de  pétrole  un  produit  volatil 
([ui  ne  se  congèle  pas  à  —  2oo"(-). 

CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Nouvelles  feclwrclws  sur   la  saccharification   dicis- 
tasique.  Note  de  MM.  L,.  Maqiexxe  et  Eixi  Roux. 

Dans  une  précédente  communication  (')  nous  avons  fait  voir  que  la  sac- 


(')  Voir  (I'Arsonval,  Comptes  rendus,  iSSi,  9  décembre  1901,  p.  980  et  lyoi.. 
(-)  D  Arsonval,  Société  inlcrnationalc  des  Electriciens,  mars  lyoa. 
(')  Comptes  rendus,  t.  CXLII,  p.   ii\. 


loGo 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


charificalion  de  l'empois  est  accélérée  par  raddition  d'une  quantité  conve- 
nable d'acide  fort,  dont  nous  avons  donné  la  mesure  approximative. 

Dans  le  présent  travail,  en  vue  de  tirer  de  ces  premières  recherches  de 
nouvelles  indications  sur  la  nature  de  l'empois  et  l'état  de  l'amylase  dans 
le  malt,  nous  avons  spécialement  étudié  l'influence  qu'exerce  la  même 
addition  sur  la  production  du  maltose  aux  différentes  phases  de  la  saccha- 
rification,  c'est-à-dire  dans  ses  rapports  avec  le  temps. 

1.  Influence  du  temps  sur  La  produclion  du  maltose.  —  Les  expériences 
qui  suivent  ont  été  effectuées  rigoureusement  dans  les  mêmes  conditions 
de  température  (5o°)  avec  le  même  amidon  et  le  même  malt.  Elles  ont 
porté  chacune  sur  i  gramme  d'amidon,  pesé  à  l'état  normal,  géliiié  dans 
ao™  d'eau  distillée,  à  ioo°,  puis  additionné  de  ô""  d'extrait  de  malt  à 
10  p.  100  et  de  8  gouttes  de  toluène  comme  antiseptique.  Au  début  on  y 
ajoutait  en  outre  une  quantité  connue  d'acide  sulfurique  au  vingtième 
normal  ;  à  la  lin  on  amenait  le  volume  à  loo"^  et  on  dosait  le  maltose 
formé  sur  lo"'  de  la  liqueur  par  la  méthode  au  sulfate  ferrique  de  Mohr. 
On  opérait  de  même  sur  l'extrait  de  malt  maintenu  seul  à  5o°,  enfin  on 
déterminait  par  hydrolyse  sulfurique  la  quantité  exacte  de  matière  amyla- 
cée contenue  à  la  fois  dans  les  empois  liquéfiés  et  dans  l'extrait  de  malt 
pour  établir  les  bases  du  calcul,  ainsi  que  la  grandeur  des  corrections 
d'usage. 

On  est  ainsi  arrivé  aux  résultats  suivants  : 


ALCALINITÉ 
EN   MILLICRAM.MES  DE  KOH 

par  litre 

MALTOSE   ANHYDRE    POUR    lOO   d'amIDON    SEC 

FÉCULE 

AMIDON    DE    POIS 

22,9  (norm  i 

7,6  (op.) 

0,0  (neut.) 

[7,8  (norm.) 

7,6  (op.) 

0,0  (neut.) 

Après   5  niiiiulos 

—  i5         — 

—  3o        —     .    .    .    . 

—  2  hçures    

—  5       —        

—  9       —        

—  i5       —        

—  24       -        

—  32        —        

—  48       -       

-  9<;    -    '.'.'.'.'. 

66,7 

74.9 
76.9 
81,1 
83,3 

84,9 
87,0 
89.8 
93,3 

9^,9 
97,4 
97,9 

70.4 

77,3 
79,2 
85,1 
90,3 
93,5 
95,5 

97,-' 
98,2 

99.3 
99.-' 
99,2 

67,6 

76,9 
80,1 

84,8 

88,2 

90,'-' 
90,0 

9', 8 
91,0 
94,1 
94.1 
95.2 

64,0 

76,4 
79,0 
82,5 

83,7 
85,6 
88,1 

91,2 
92,6 
96,3 
97.8 
98.3 

7Ï.7 
78,4 

79-9 
83,0 
88,0 
90,4 
94.1 
96,5 

98,2 
100,0 
100.5 
100,5 

71,2 
78,2 
80.5 
85,8 
88,3 
90,2 
92 , 1 
94,7 
94,7 
96,0 

9l,9 
9i-9 

SÉANCE     DU     l/(    MAI     I906. 


I061 


ALCALINITÉ 
EN    MILLlGliAMMES    DE    KOH 

par  litre 

MALTOSE    ANHYDRE    POUR     lOO    d'aMIDON     DE    KIZ    SEC 

1-1 8  (norm.) 

71 

10,2  (op.) 

0.0  fneut.) 

Après   5  minutes          

38,0 
60,1 

64,6 
68,2 

69.2 
70,0 
72,2 
75,3 

» 

77,3 
80,7 
81. 1 

60,3 
70,1 

72.4 
78,5 
81. 1 
81,6 
85,6 
88.3 
88.3 

q3,6 

95,1 

9^.7 

58,8 
71.6 
76,3 
84,0 
89,8 
93,3 

95.9 
97.6 
97.8 
98,2 
98,5 
98. 8 

56,7 
70,0 

74.7 

83. 0 
85,5 
87,6 
90,4 

92. 1 
91.9 
91.5 
92,2 
92,5 

_    i5       —       

—   3o       —       

—      2  heures                                  .    . 

—  5    —    

Q            

—   i5       —      . 

—   24     -  — 

—     32           —          

—  48     —     

—     72          — ■         . 

—    q6         —                         

Il  ressort  de  ces  chiffres,  ainsi  que  de  beaucoup  d'autres  qu'il  nous  est 
impossible  de  rapporter  ici,  que  la  réaction  optima  reconnue  par  nous  la 
plus  favorable  à  la  dextrinification  de  l'empois  est' aussi  celle  qui  donne 
avec  le  temps  la  plus  grande  quantité  de  maltose.  Il  peut  arriver  qu'au 
début  un  liquide  neutre  donne  plus  de  maltose  qu'un  liquide  à  réaction 
alcaline  optima,  mais  toujours  on  y  voit  la  saccharification  s'arrêter  plus 
tôt  et  rester  finalement  en  retard  sur  l'autre.  Cet  effet  est  déjà  visible  dans 
les  tableaux  précédents  relatifs  à  l'amidon  de  pois,  il  est  surtout  net  quand 
on  opère  avec  une  dose  massive  de  malt. 

Le  tableau  suivant  donne  les  résultats  fournis  par  d'autres  expériences, 
dans  lesquelles  on  a  fait  agir  lo""  d'extrait  de  malt  (au  lieu  de  3  seulement), 
à  5o°,  sur  i^''  d'amidon  gélifié  dans  ^o""  d'eau. 


ALCALI.NITÉ 
EN    MILLIGRAMMES  DE  KOH 

par  litre 

MALTOSE    ANHYDRE    POUR     lOO     d'aMIDON     SEC 

FÉCULE 

AMIDON    DE    PO 

IS 

0,0  (neut.) 

35    (norm.) 

14  (opt.) 

0,0  (neut.) 

!io  (norm.) 

14  (opt.) 

Après  3o  minutes     .... 

75,2 

79.' 

80,8 

80,2 

82,8 

85,7 

—       2  tieures  3o.   .    .    . 

78,0 

84,7 

88,1 

84,0 

88,9 

92.2 

—       6       —       3o.   .    .    . 

81,8 

95,3 

95.3 

86,4 

95,6 

97,9 

—     24       — 

95.8 

99.8 

97,5 

90,5 

loi ,  3 

98,3 

Io62  ACADÉMIE     DES    SCIENCES. 

Xous  verrons  bientôt  que  ces  phénomènes,  d'apparence  si  complexes, 
comportent  une  explication  remarquablement  simple. 

Remarquons  d'abord  que,  même  sans  autre  addition  qu'un  antiseptique 
neutre,  la  saccharificationn'estaucunementlimitée  comme  onlecroyaitautre- 
fois,  puisqu'elle  peut  fournir  un  poids  demaltose  voisin  de  celui  de  l'amidon  : 
l'arrêt  absolu  que  l'on  avait  cru  reconnaître  au  moment  où  l'empois  est 
saccharifié  aux  trois  quarts  n'est  donc  qu'une  légende,  dont  l'origine  fut 
sans  doute  le  désir  de  faire  concorder  l'expérience,  arrêtée  juste  au  moment 
opportun,  avec  telle  ou  telle  équation  chimique  plus  ou  moins  vraisemblable. 

L'examen  des  courbes  représentatives  de  ces  phénomènes  est  fort  inté- 
ressant ;  il  montre  avec  évidence  que  la  réaction,  pour  chaque  série  et 
surtout  celles  qui  correspondent  aux  liqueurs  alcalines,  s'accomplit  en 
deux  phases  distinctes,  caractérisées  par  des  courbes  d'allure  essentielle- 
ment différente,  qui  se  raccordent  brusquement  :  la  j)remière,  qui  affecte 
yo  à  85  p.  loo  de  l'amidon  employé,  se  confond  presque  avec  l'axe  des 
ordonnées,  témoignant  ainsi  d'une  rapidité  extrême  de  la  saccliarification 
au  début;  la  seconde,  capalile  d'atteindre  encore  i5  p.  loo  de  l'amidon 
total,  ne  s'élève  qu'avec  lenteur,  d'un  mouvement  continu  qui  se  poursuit 
pendant  plusieurs  jours.  II  est  impossible  de  ne  pas  voir  là  deux  actions 
simultanées  de  l'amylase,  l'une  rapide  et  l'autre  progressive,  qui  reste  la 
seule  apparente  lorsque  la  première  est  complètement  épuisée. 

Ces  faits  ont  été  maintes  fois  entrevus  sans  que  jamais  on  leur  ait 
accordé  la  moindre  importance  :  pour  nous  ils  paraissent  démontrer  d'une 
iaçon  irréfutable  l'existence  dans  l'amidon  brut  de  deux  matières  inégale- 
ment sensiljles  à  l'action  de  l'amylase,  et  comme  l'amylase  pure  est  très 
rapidement  sacchariiiée,  il  est  naturel  d'admettre  que  la  partie  la  plus 
réfractaire  de  l'empois  répond  à  ce  que  nous  avons  appelé  provisoirement 
amylopectine  ou  mucilage  d'amidon.  Sur  la  foi  des  auteurs  qui  limitent  à 
80  ou  85  la  quantité  de  maltose  fournie  par  100  d'amidon  sec,  nous  avions 
admis  que  cette  substance  n'est  pas  saccharifiable,  au  sens  propre  du  mot; 
la  grandeur  inattendue  des  chiffres  que  nous  venons  de  citer  montre  que, 
sous  l'action  prolongée  du  malt,  elle  est  aussi  transformable  en  maltose. 
L'amylopectine  est  donc,  comme  ses  congénères,  une  véritable  mcillosane, 
qui  se  distingue  de  l'amylase  parce  qu'elle  est  insoluble  dans  les  alcalis, 
de  même  que  l'amylase  se  dislingue  de  la  dextrine  parce  qu'elle  est  inso- 
luble dans  l'eau.  C'est  vraisemlilablement  le  plus  haut  terme  de  condensa- 
tion possible  de  la  matière  amylacée. 


SÉANCE    DU     l4    MAI     I906.  I  o63 

II.  L'aildilioii  d' acide  ditniiuie  la  slabilité de  Vamylase.  —  Cette  proposi- 
tion ressort  déjà  de  l'examen  des  courljes  dont  nous  venons  de  parler; 
nous  avons  réussi  à  la  démontrer  expérimentalement  en  mesurant  ractivité 
d'un  extrait  de  malt  maintenu  pendant  ai  ou  4a  lieures  à  56°,  avec  ou  sans 
addition  d'acide,  dans  les  conditions  cpie  nous  avons  appelées  normale^ 
opttma  et  neutre.  Les  saccharifications  ont  été  faites  également  à  56°,  en 
présence  d'une  quantité  d'acide  chlorhydrique  telle  qui;  toutes  les  liqueurs 
se  trouvent  à  l'optimum  d'alcalinité,  par  conséquent  dans  des  conditions 
rigoureusement  identiques. 


M.VLTOSE    p.     lOO    DE    FECULE    SECHE 


Durée  de  chauffe  du  malt. 


'    i4o  (normale)  . 
Alcalinité  initiale  du  l  8',  (optima). 


i) 

21   heures. 

.\i  heures 

'J7v'. 

90,1 

89,;; 

97/i 

9"!  i 

78,8 

97>'. 

77-5 

26,6 

97- 1 

>9.o 

0,0 

97' 1 

0,0 

0,0 

malt  en  niilligr.  de       56. 

KOH  par  litre.     .   /  28.     .      .     . 

l   o  (neutre)    . 

La  neutralité  de  l'amylase  est  décidément  défavorable  à  sa  conservation, 
et  c'est  pourquoi  la  saccharification  en  milieu  neutre,  parfois  plus  active 
<pi'cn  milieu  d'alcalinité  optima,  au  début,  s'arrête  plus  vite  et  ne  donne 
jamais  le  maximum  de  mallose. 

IH.  État  probable  de  Vamylase  dans  le  malt.  —  Nous  venons  de  voir 
qu'une  addition  progressive  d'acide  fort  à  un  empois  en  voie  de  sacchari- 
fication a  pour  résultat  d'activer,  puis  d'arrêter  la  production  du  maltose. 
Le  premier  elfet  ne  peut  guère  tenir  cju'à  un  accroissement  de  la  quantité 
d'amylase  existant  à  l'état  libre  dans  la  liqueur  ;  le  second  est  dû.  comme 
nous  venons  de  le  démontrer,  à  la  destruction  de  l'enzyme,  devenue  plus 
active.  Les  choses  se  passent  donc  comme  si  l'acide  sulfurique  attaquait 
un  sel  dont  l'acide  est  instable,  d'oii  il  suit  que,  dans  le  malt,  l'amylase 
est  probablement  engagée  en  combinaison  avec  les  matières  basiques, 
minérales  ou  aminées,  qui  l'accompagnent,  formant  avec  elles  une  sorte 
de  substance  zymogone  partiellement  dissociée,  mais  plus  stable  que 
l'amylase  elle-même.  L'amidon,  par  sa  fonction  acide,  récemment  établie 
par  M.  Demoussy('),  est  peut-être  capable  de  rompre  à  lui  seul  cet  état 

(')  Comptes  rendus,  t.  CXLII,  p.  933. 

C.  R.,  190C,  i"'  Semestre.  (T.  CXUI,  N«  20.)  l4o 


I064  ACADÉMIE     DES    SCIENCES. 

d'équilibre  qui,  clans  le  malt,  a  pour  effet  de  protéger  l'amylase  contre  une 
destruction  trop  rapide. 

Il  n'y  a  pas  lieu  de  s'étonner  qu'un  faible  changement  dans  la  réaction 
du  milieu  exerce  une  pareille  influence  sur  l'activité  du  malt,  car  le  poids 
moléculaire  de  l'amylase  est  vraisemblablement  plusieurs  centaines  de 
fois  supérieur  à  celui  de  l'acide  sulfurique,  en  sorte  qu'une  acidulation  en 
apparence  insignifiante  peut  correspondre  è\  un  enrichissement  considé- 
rable du  liquide  en  principe  actif. 

L'amylase  étant  instable  par  nature  on  s'explique  alors  pourquoi  il  est 
nécessaire,  quand  on  cherche  à  obtenir  le  maximum  de  rendement  en  mal- 
lose,  de  maintenir  les  liqueurs  dans  un  certain  état  d'alcalinité,  que  l'expé- 
rience nous  a  montré,  en  présence  d'hélianthine,  être  égal  environ  aux 
deux  tiers  de  l'alcalinité  naturelle  du  malt. 

Ces  considérations  ne  sont  d'ailleurs  valables  que  pour  un  malt  normal 
et  très  actif;  les  malts  faibles,  ainsi  (luc  nous  l'avons  reconnu  expressé- 
ment, sont,  à  dose  égale,  Jjeaucoup  moins  sensibles  à  l'influence  d'une 
saturation  partielle  et  n'arrivent  que  difficilement  à  fournir  90  p.  100  de 
maltose. 

IV.  Chaiigemenls  de  réaction  spontanés  du  malt.  —  On  sait,  d'après 
Effront{'),  puis  Ford  et  Guthrie  (-),  que  les  amino-acides  favorisent  la  sac- 
charification  diastasique  eu  diminuant  l'alcalinité  du  milieu  Or,  ces  com- 
posés, susceptibles  de  s'unir  aussi  bien  aux  bases  qu'aux  acides,  prennent 
naissance  pendant  la  saccharification  même,  par  protéolyse  des  albumi- 
noïdes  contenus  dans  le  malt,  et  par  suite  doivent  influencer  la  réaction 
du  mélange.  L'examen  attentif  d'un  grand  nomln'e  de  liqueurs,  rendues 
aseptiques  par  addition  de  toluène,  nous  a  montré  que  généralement  cette 
réaction,  quel  que  soit  le  sens  dans  lequel  on  l'ait  modifiée  au  début,  tend 
à  se  rapprocher  de  celle  que  possède  le  malt  pur;  en  d'autres  termes  le 
li(iuide  s'acidifie  ou  s'alcalinise  suivant  qu'à  l'origine  il  était  plus  ou  moins 
l'ortement  basique.  L'eflet,  déjà  appréciable  sur  les  fécules  de  pommes  de 
terre  ou  de  manioc,  est  des  plus  manifestes  avec  l'amidon  de  riz,  naturelle- 
ment très  alcalin. 

Le  tableau  suivant  donne,  en  milligrammes  de  potasse  par  litre  de 
mélange,    l'alcalinité  observée  au  début   et   à   la  lin   de  la  saccliarilication 

(')  Comptes  rendus,  y.  CX^'.   1892,  p.  i!5:i4. 

(-)  Journ.  C/ieiii.   Soc,  t.  LXXXIX,  1906,  p.  rG. 


SÉANCE    DU     k'i     M\I     I906.  Io65 

(4  heures  à  56°  et  i8  heures  à  la  température  ordinaire),  dans  trois  li(iueurs 
renfermant  chacune  i^'  d'amidon  de  riz  lavé  pour  60''''  et  amenées  à  l'origine, 
par  addition  d'acide  chlorhydrique  dilué,  aux  réactions  normale,  oplima 
et  neutre. 

10^^  malt.  20*^  malt.  ' 

,       (  Début t)8  118 

Réaction  normale.   J  ^.^ ^^  g^ 

1   Début 14  28 

Réaction  «ptima.      ;  ^.  „q 

^  f  Fin 20  2». 

(  Début o  G 

Réaction   neutre.      \   r^.  a 

/  Fin 12  8 

Ces  modifications  spontanées  témoignenl  d'une  tendance  naturelle  du 
malt  à  rétablir  l'équilibre  de  ses  composants  lorsque  celui-ci  a  été  momen- 
tanément rompu  ;  elles  interviennent  sans  aucun  doute  dans  les  phéno- 
mènes de  saccharification,  en  provoquant  une  sorte  d'auto-excitation  de 
l'amylase,  qui  se  trouve  ainsi  sous  la  dépendance  directe  des  diastases 
protéolyques.  Remarquons  cependant  que,  vers  bo",  l'ellet  en  question 
doit  rester  assez  faible,  car  il  ne  se  manifeste  que  tardivement,  alors  que 
l'amylase  a  déjà  perdu,  sous  la  seule  action  de  la  chaleur,  une  partie  de 
son  activité. 

MÉDECINE.  —  Sur  trois  virus  de  trypnnosomiase  humaine  de  provenances 
différentes.  Note  de  M.  A.  Lavek.vx. 

J'ai  fait  des  recherches  comparatives  avec  des  échantillons  de  trypano- 
somes  recueillis  chez  l'homme  dans  les  conditions  qui  suivent. 

1°  Trypanosome  trouvé  par  Dutton  en  Gambie  dans  le  sang-  d'un  sujet 
ne  présentant  pas  les  signes  de  la  maladie  du  sommeil.  Ce  virus  qui  avait 
subi  une  série  de  passages  par  rats  m'a  été  apporté  au  mois  de  novem- 
bre 190,3  par  M.  le  D''  Annctt. 

2°  Trypanosome  provenant  d'un  sujet  atteint  de  maladie  du  sommeil 
dans  l'Ouganda  ;  ce  virus  m'a  été  envoyé  par  i\I.  le  D'  D.  Bruce. 

3"  Trypanosome  recueilli  dans  le  sang  d'un  missionnaire  qui  avait  con- 
tracté la  maladie  du  sommeil  dans  la  région  de  l'Oubanghi  ('). 

(\)  A.  Laveran,  Rapport  sur  un  travail  de  MM.  L.  Martin  et  J .  Girard^  intitule: 
Sur  un  cas  de  tri/panosomiase  chez  un  blanc  (Acad.  de  médecine,  -ij  avril  igoS.) 


loGG  ACADÉMIE     DES    SCIENCES. 

Des  doutes  ont  été  émis,  à  plusieurs  reprises,  sur  l'identité  des  trypa- 
nosonies  trouvés  chez  l'iiomiue  dans  les  différentes  régions  de  l'Afrique, 
l'étude  de  ces  trois  virus  provenant  de  contrées  très  éloignées  les  unes 
des  autres  présentait  donc  un  réel  intérêt  ('). 

Au  point  de  vue  morphologique,  je  n'ai  noté  aucune  différence  entre  les 
tiypanosomes  des  trois  provenances. 

L'expérimeutalion  a  porté  principalement  sur  les  cobayes,  les  rats  et  les 
souris. 

1°  TuYPANOSOME  DE  Gamuie.  —  A.  Cobayes.  —  Tous  les  cobayes  inoculés  (au 
nombre  de  29)  se  sont  infectés  ;  les  inoculations  ont  été  faites  presque  toujours  dans  le 
péritoine. 

Durée  mo3'enne  de  l'incubation  :  uG  jours  (de  9  a  Oo  jours). 

Durée  moyenne  de  la  maladie  :  100  jours  (maximum  :  198  jours  ;  ininiraum  :  j^  joursj. 

La  durée  moyenne  de  la  maladie  a  été  en  diminuant  à  mesure  que  les  passages  par 
cobaye  se  multipliaient  ;  durée  pour  le  i"  passage  :  li'i  jours  ;  du  a*^  au  5°  passages  : 
100  jours  ;  du  G"  au  9"^  :  j5  jours. 

L'infection  procède  par  poussées  successives  ;  les  trypanosomes  sont  en  général 
nombreux  dans  le  sang  à  la  période  finale. 

La  maladie  s'est  toujours  terminée  par  la  mort. 

Poids  moyen  des  cobaj-es  :  '109  ^' ;  poids  moyen  de  la  rate  :  '^^',10  (maximum  :  if  et 
1 1  ^').  Chez  3  cobayes  la  rate  très  volumineuse  présentait  des  déchirures  et  un  abondant 
épanchement  de  sang  s'était  produit  dans  le  péritoine.  La  périsplénite  a  été  notée  plu- 
sieurs fois. 

B.  Rats.  —  Les  expériences  ont  porté  sur  3i  rats.  Un  rat  inoculé  2  fois  ne  s'est  pas 
infecté.  Plusieurs  rats,  qui  ne  s'étaient  pas  infectés  lors  dune  première  inoculation,  se 
sont  infectés  à  la  suite  d'une  seconde.  Les  jeunes  rats  sont  plus  sensibles  que  les 
adultes  et  les  inoculations  intra-péritonéales  réussissent  mieux  que  celles  qui  sont  faites 
sous  la  peau. 

Durée  moyenne  de  l'incubation  :  i.i  jours  (maximum  :  35  jours;  minimum  :  5  jours). 

La  maladie  procède  par  poussées  successives  ;  les  trypanosomes  disparaissent  quel- 
quefois du  sang  (à  l'examen  histologique)  pendant  des  périodes  assez  longues  ;  au 
moment  de  la  mort,  les  trypanosomes  sont  généralement  nombreux  dans  le  sang.  Tous 
les  rats  infectés  et  non  traités  sont  morts. 

Durée  moyenne  de  la  maladie  :  (iit  jours  (maximum  :  127  jours;  minimum  :  19  jours). 

Poids  moyen  des  rats  :  i43G''.  Poids  moyen  de  la  rate  :  36'',38  (maximum  :  7  1^''  deux 
fois,  loB''  une  fois  ;  minimum  i^'',  chez  un  rat  de  626'-,  mort  en  56  jours).  La  rate  est  en 
général  d'autant  plus  grosse  que  la  durée  de  la  maladie  a  été  plus  longue. 

G.  Souris.  ■ —  2  souris  sur  1  1  ont  été  inoculées  deux  fois  sans  résultat. 


(')  J'ai  comparé  déjà  les  virus  de  Gambie  et  de  l'Ouganda,  Comptes  rendus,  séance  du 
Kjo'i  5  avril. 


SÉA>CE  DU  14  MAI  I906.  I067 

Chez  les  souris  qui  se  sont  infectées,  la  durée  moyenne  de  l'incubation  a  été  de 
i3  jours  (maximum  :    j4  jours;   minimum  :  j  jours). 

3  souris  ont  eudes  infections  légères  qui  se  sont  terminées  spontanémentparguérison. 
La  durée  moyenne  de  la  maladie  a  été  de  Séjours  (maximum  :  72  jours  ;  minimum  :  .'4  5). 
Poids  moyen  du  corps  :  -ii^'  ;  poids  mojen  de  la  rate:  i^',  10. 

■j."  Trypanosome  de  l'Ouganda.  —  A.  Cobayes.  —  Tous  les  cobayes  inoculés,  au 
nombre  de  28,  se  sont  infectés.   Les  inoculations  ont  été  faites  dans  le  péritoine. 

Durée  moj'enne  de  l'incubation  :   lO  jours  (maximum  :  2^  jours;  minimum  :  11). 

Durée  moyenne  de  la  maladie  :  8i  jours  (maximum  :  142  jours;  minimum  :  3i.)  Durée 
de  la  ujaladie  de  i"^''  passage  par  cobaye  :  i23  jours  ;  de  -i",  3'  et  f^"  passages  :  79  jours  ; 
de  5^  et  6'  passages  :  06  jours. 

L'infection  procède  par  poussées  successives  dans  l'intervalle  desquelles  l'examen 
histologique  du  sang  peut  être  négatif.  A  la  dernière  période,  les  trypanosomes  sont 
généralement  nombreux  dans  le  sang. 

Dans  tous  les  cas  la  maladie  s'est  terminée  par  la  mort. 

Poids  moyen  des  cobayes  :  3G()  ^r  ;   poids  moyen  de  la  rate  :  2S''  (maximum  :  j  et  b^'j. 

Dans  2  cas  il  y  avait  de  la  péritonite  localisée  autour  de   la  rate  et    du  foie. 

B.  liais.  —  Deux  rats  (sur  ly)  ont  été  inoculés  deux  et  trois  fois  sans  résultat. 

Durée  moyenne  de  l'incubation  :   11  jours  (maximum  :  20  jours;  minimum  :  7). 

Durée  mojennc  de  la  maladie  :  77  jours  (maxinmm  :  i32  jours;  minimum  :  25). 

Deux  rats  ont  eu  des  infections  légères  après  inoculation  sur  singe  et  ont  guéri  spon- 
tanément. L'infection  procède  par  poussées  successives.  Au  moment  de  la  mort,  les 
trypanosomes  sont  généralement  nombreux  dans  le  sang. 

Sur  i  1  rats,  du  poids  moyen  de  i3y  "'',  le  poids  moyen  de  la  rate  a  été  de  2^''', 58  (maxi- 
mum :  4  ^^',  minimum  :  i  ^f). 

C.  Souris.  —  Incubation  :  8  à  20  jours.  Deux  souris,  sur  quatre,  ont  eu  des  infections 
légères  suivies  de  guérison  spontanée.  La  durée  de  la  maladie  chez  les  deux  autres 
souris  a  été  de  i33  et  de  21C  jours.  Une  souris  de  iS'^'^  morte  de  trypanosomiase  avait 
une  rate  du  poids  de  'i°',w. 

L'infection  procède  par  poussées  dans  l'intervalle  desquelles  l'examen  histologique 
du  sang  est  souvent  négatif. 

3°  Trypanosome  de  l'Oubanc.hi.  —  A.  Cobayes.  —  Tous  les  cobayes  inoculés,  au 
nombre  de  17,  se  sont  infectés.  Les  inoculations  ont  été  faites  dans  la  cavité  péritonéale. 

Durée  moyenne  de  l'incubation  :  20  jours  (maximum  :  33  jours;  minimum  :   12.) 

Durée  moj'enne  de  la  maladie  :  U)o  jours  (maximum  :  lOi  jours;  minimum  :  50). 
Durée  moyenne  des  infections  de  1"  passage  par  cobaye  :  i  '47  jours,  des  infections  de 
2°,  3"  et   4"  passages  :  y2  jours. 

Infection  par  poussées  successives,  terminée  dans  tous  les  cas  par  la  mort. 

Poids  moyen  des  cobayes  :  5 '46="^.  Poids  moyen  de  la  rate  :  4'''',i3.  Dans  deux  cas  la 
rate  pesait  16^'  (cobayes  de  385  et  de  5ooS')  ;  dans  un  de  ces  cas,  il  y  avait  de  la  péri- 
splénite.  Chez  un  troisième  cobaye,  la  rate  très  grosse  et  très  ramollie  présentait  une 
large  déchirure  qui  avait  déterminé  une  abondante  hémorragie  intra-péritonéale. 


I0G8  ACADÉMIE     DES    Sr.IE^'CES. 

B.  Rats.  —  Durée  moyenne  de  rincul>atioii  :  i()  jours  (maxiniuui  :  '!8  jours  ;  iiiini- 
nium  :  7). 

Deux  rats  (sur  1  '/)  ont  été  inoculés  a  et  3  fols  sans  succès  ;  un  troisième  rat,  inoculé 
■2  fois  sans  succès,  a  présenté,  à  la  suite  d'une  troisième  inoculation,  une  infection 
légère  dont  il  a  guéri  spontanément. 

Durée  moyenne  de  la  maladie  :  81  jours  (maximum  :  Maj  jours;  minimum  :  34).  Les 
jeunes  rats  s'infectent  plus  facilement  et  plus  fortement  que  les  adultes  ;  les  durées  les 
plus  courtes  ont  été  observées  chez  des  ratons  de  55  et  de  6^sr. 

L'infection  procède  par  poussées,  l'examen  histologique  du  sang  est  souvent  négatif 
dans  l'intervalle  des  poussées  ;  les  trypanosomes  sont  en  général  nombreux  dans  le  sang 
au  moment  de  la  mort. 

Un  seul  rat  a  présenté,  au  cours  de  son  infection,  une  paralysie  très  marquée  du  Irain 
postérieur  qui  a  duré  deux  mois  ;  cette  paralysie  avait  disparu  au  mouienl  de  la  mort. 

C.  Souris.  —  Six  souris  sur  huit  ont  été  inoculées  trois  fois  sans  succès.  Chez,  les 
deux  souris  qui  se  sont  infectées,  l'incubation  a  été  de  3o  et  de  '|5  jours  ;  la  durée  de  la 
maladie,  de  281  et  de  35i  jours.  Poids  du  corps  des  souris  :  19  et  ^o  s'  ;  poids  de  la 
rate  :  i»''  et  iS^So. 

La  comparaison  des  résultats  obtenus  chez  les  cobayes,  les  rats  et  les 
souris  avec  les  trois  virus  ne  révèle  que  de  faibles  différences.  Le  trypa- 
iiosonie  de  Gambie  s'est  montré  un  peu  plus  actif  sur  les  rats  et  les  souris 
((lie  les  trypanosomes  de  l'Ouganda  et  de  l'Oubanghi.  Il  résulte  des  faits 
publiés  par  d'autres  observateurs  que  la  virulence  de  Tnjpan.  gam- 
hiense  pour  les  souris  peut  varier  dans  des  limites  encore  plus  grandes. 

Les  observations  que  j'ai  faites  sur  d'autres  espèces  animales  (lapins, 
chiens,  singes)  permettent  de  conclure,  comme  celles  qui  sont  résumées 
plus  haut,  que  les  trois  virus  mis  en  expérience  appartiennent  à  la  même 
espèce.  Dutton  et  Todd  (^),  Thomas  et  Linton  (-),  Thonuts  et  Breinl  (')  qui 
ont  comparé  également  des  virus  de  trypanosomiase  humaine  de  diffé- 
rentes provenances  sont  arrivés  de  même  à  conclure  à  l'unité  de  l'agent 
pathogène. 

Les  animaux  guéris  d'une  infection  par  Trypan.  gamhieiise  n'ont  pas 
toujours  l'immunité,  on   n'a  donc  pas  la  ressource  de  voir  si  les  trypano- 

(')  J.-E.  Dutton,  J.-L.  Tod»  el  C.  Chiusty,  Lii'crpool  School  of  trop,  ined.,  Mciii.  XIII, 
Liverpool,  lyo', . 

(-)  H.-W.  TuosiAs  et  S.  F.  Lintox,  Lancet,    i\  mai  lyo', . 

(')  II.-\V.  Thomas  et  A.  Breini,,  Li^'erpool  Schoot  of  trop.  mcd.  Mé/n.  AT/,  Liver- 
pool,   1905. 


SÉANCE    DU     l4    MAI     IC)oG.  lOGf) 

somes  des  différentes  origines  se  vaccinent  ou  non  ;  l'expérience  est  du 
moins  plus  difficile  que  pour  d'autres  trypanosomiases  ('). 

Le  D''  Plimmer  a  avancé  que  le  trypanosome  de  la  maladie  du  sommeil 
déterminait,  chez  les  rats,  des  paraplégies  qui  faisaient  défaut  dans  l'infec- 
tion produite  avec  le  trypanosome  de  la  fièvre  de  Gambie  (").  On  a  vu  plus 
haut  (|u'un  seid  rat,  infecté  par  le  trypanosome  de  l'Ouganda,  a  présenté 
de  la  paralysie  du  train  postérieur,  paralysie  qui  avait  disparu  au  moment 
de  la  mort  et  qui  était  due  probablement  à  une  cause  accidentelle. 


MÉCANIQUE.  —    Centres    de   gravi/é   de    systèmes    discontinus, 
par  M.  HvTO.x  de  la  Goipillikui:. 

I.  '\l.  Laisant  a  fait  connaître,  par  une  élégante  méthotie  fondée  sur  des 
considérations  de  symétrie  ('),  le  centre  de  gravité  du  système  des  nombres 
qui  constituent  la  graduation  totale  d'un  limbe  circulaire.  J'ai  eu  la  curio- 
sité d'envisager  le  problème  dans  toute  sa  généralité,  en  l'étendant  d'ail- 
leurs à  d'autres  questions. 

Adoptons  comme  unité  de  longueur  le  rayon  du  cercle,  et  comme  unité 
de  masse  celle  qui  est  déposée  sur  la  division  un.  Tirons  un  ravon  à  la 
division  zéro,  en  le  prenant  pour  axe  des  abscisses,  et  lui  associant  comme 
axe  des  ordonnées  lui  rayon  perpendiculaire  dirigé  dans  le  sens  croissant 
des  nombres.  Je  désigne  par  2  a  la  longueur  de  l'arc  qui  sépare  les  nombres 
consécutifs. 

La  division  /r  occupe  l'extrémité  de  l'arc  2  /la.  Elle  renferme  la  masse  /r, 
et  ses  coordonnées  sont  cos  a/,- a  et  sin  2/ra.  La  masse  totale  m  de  l'arc 
arbitraire  qui  s'étend  entre  les  divisions  p  et  q  inclusivement  sera  la 
somme  des  nombres  consécutifs  de  p  à  ry,  à  savoir 

(i)  m=  'l('l+^)-l>iP~')  ^ 

et  les  coordonnées  de  son  centre  de   gravité   seront  déterminées  par  les 

(')  Quelques  observations  favorables  à  l'idenlité  des  virus  de  Gambie  et  de  l'Ouganda 
ont  été  faites  par  cette  méthode.  A.  Lavehan,  Comptes  rendus,  séance  du  5  avril  i<)»\. 

(-)   H. -G.  Plim.mer,  Procced.  Roy.   Soc.,  ■-*')  février  ujoî. 

(■')  Biitlclin  de  la  Société  pliitoiiiaitiiqiic  de  Franee,  8"  série,  tome  \,  pages  Ci  à  (i'i. 


lO^O  ACADÉMIE     DES     SCIENCES. 

formules 

^2)  /»X  =  M  =  \  k  cos  2/1  a,  7«Y  ==  M'  =    >   A-  sin  aA:  a, 

p  /' 

en  appelant  M  et  M'  les  moments  relatifs  aux  axes  des  ordonnées  et  des 
abscisses. 

2.  Nous  en  rattacherons  l'évaluation  à  la  recherche  des  sommes  S  et  S'  des 
ordonnées  et  des  abscisses  des  diverses  masses 
î  '/ 

(3)  S  =   >  sin  ik'j;  S'  =   >  cos  2/ra, 

p  p 

envisagées  comme  des  fonctions  d'une  variable  a.  On  a  en  effet  à  ce  point 
de  vue 

(4)  M  =  — -^,  M' =  -^4^. 

y^'  2      rfa  '  J      da. 

Pour  déterminer  les  valeurs  de  ces  suites,  écrivons  (en  désignant  suivant 
l'usage  par  i  l'imaginaire  y —  i) 

S'  +  S/  =  y  (cos  2/,-a  +  i  sin  ikv.)  =  V  e-'*^«, 
p  p 

progression  géométrique  qui  a  pour  somme 

q-p 
V^  «.2  («  —  p  +  1)  lit  .  I 

e2<>a  \  e2'7.«  ==  e2'P«  -i-— ^1^ — ^ - 

/  i  e-"-  —  I 


\eï('j  +  i|  '«  —  e2i>«l  e  —  '«  e  (2?  +  ')  '"■  —  e  (2/)  -  i)  '« 

e"'  —  e  —  '"■  21  sin  a 

^~TlkTî'[*^°''^^^  "^  ')  ='  +  ^'sin  (2'7+  0=^1  —  [cos  (2/)—  i)a  + 


j  sin  (a/;  • —  i)  a  t\ 


II  vient  donc  en  égalant  séparément  les  parties  réelles  ou  imaginaires 

,^-,       ^  o  cos  {2/}  —  i)  a  —  cos  {if/  +  i)  «  c'  ^'"  t^*/  +  ')  "^  —  ®'°  '^/^  —  0  * 

"^  "  sin  a  '  "  sin  a 

3.  On  déduit  de  là  en  diflerentiant 
2  -j—  sin-  a  =  sin  a     —  (2/;  —  i)  sin  [ip  —  1)  a  +  (29  +  i  )  sin  (•»,(/  +  i  )  a 


SÉANCE    DU     l4    MAI     I 90G.  IO7I 

—  oos  a    cos  {ip  —  I W.  —  cos  h.q  -\-  i)  a  , 
=  a  sin  a    —  p  sin  [ip  —  i)  a  -[-  ç  sin  {-iq  +  i)  a 
+  sin  a  sin  (a^j  —  i)  a  —  cos  a  cos  (ay;  —  i)  a 
-f  sin  a  sin  (29  +  i)  a  +  cos  7  cos  [iq  -\-  i)  a. 

Mais  la  seconde  ligne  se  i-éduit  à  —  cos  ip  a,  et  la  troisième  à  cos  ^qa. 
Gomme  J'ailleiirs  l'ensemble  de  ces  deux  termes  peut  prendre  la  forme 
2  sin  [p  +  fj)  a  sin  [p  —  q)  a,  il  vient  en  reportant  cette  valeur  de  -j^  dans 
celle  de  X 

siu  a  \q  siu  (217  -j-  i)  a  — /;  siu  {ip  ■ —  i)  al  +  sin  [p  -\-  q)  tj.   sin  (p  —  -■/ 

et,  par  une  marche  semblable 

sin  o;    q  cos  (-x  q  -\-  i)  y.  —  p  cos  (2  ^  —  i)  a     -)-cos  {p  -\-  q)  a.  sin  ip  —  q)  y. 


Il    2 


(7)      Y 


[î  (-7+  0  —/'(/'  —  i)]  s"'-a 


4.  Ces  formules  générales  se  simplifient  lorsque  l'on  s'attache  spéciale- 
ment à  des  arcs  partant  du  zéro  pour  aljoutir  à  un  point  q  quelconque.  Il 
suffit  à  cet  égard  de  supposer  />  =  i,  et  l'on  trouve  après  quelques 
réductions 

('      ^  q  sin  a  siu  [-iq  +  1)  a  —  sin  -i/a 

\   ■'   ~  «7  (7  +  I.)  sin  'ï  ' 

^   '  i        --  Il  sin  a  cos  [nq  -|-  \)  y.  -\-  sin  f/a  cos  q  a. 

7  (7  "H  ')  siu -a 

Dans  tout  ce  qui  précède,  l'arc  2  a  reste  quelconque.  L'idée  la  plus  natu- 
relle est  certainement  d'adopter  pour  sa  valeur  une  partie  aliquole  assez 
petite  du  cercle,  mais  on  peut  tout  aussi  bien  la  supposer  très  notable,  ou 
ne  fermant  la  graduation  au  zéro  qu'après  plusieurs  tours.  On  peut  même 
employer  un  rapport  incommensurable  de  2  r:  à  2  a,  soit  algébrique  (comme 

si  l'on  prenait  a  =  7^))  soit  transcendant  (comme  avec  — 1.  A  cet   égard 

nos  équations  sont  complètement  générales. 

5.  Attachons-nous  toutefois  à  la  conception  la  plus  simple,  dans  lacjuelle 
la  circonférence  se  trouve  partagée  en  n  parties  égales 

2t: 
2a  =  ,  Ht.  =  t:, 

C.  R.,  lijoO,  !«'  Seme&irc.  (T.  CXLII.  N»  20.)  14' 


1072  ACADKMUÎ     DES    SCIÇNCES. 

et  envisageons  la  graduation  complète,  qui   revient  aboutir  au  zéro  pour  y 
déposer  une  dernière  masse  égale  ixn. 

On  obtient  alors,  en  supposant  q  =  n  dans  les  valeurs  de  x  et  y  (8) 

(q)  i  =  — ; —  ,  r,  =:  —  ■ — ; —  cotana-  —  . 

Nous  retrouvons  ainsi  les  formules  de  M.  Laisant. 

Si  par  exemple  oti  considère  la  graduation  en  degrés  sexagésimaux,  le 
centre  de  gravité  se  trouvera  sur  le  rayon  de  370"  3o',  à  une  hauteur  de 

•T?-  au-dessus  de  celui  de  270". 

JOI  ' 

Nos  formules  permettent  en  outre,  au  lieu  d'une  grathiation  ordinaire 
d'un  seul  tour,  d'envisager  l'ensemble  de  N  révolutions.  On  trouve,  pour 
ce  cas  plus  étendu,  des  expressions  tout  aussi  simples 


(,o) 


£'  = 


''\ 


r. 
colaug 


n 


Lorsque  N  prend  des  valeurs  successives,  le  centre  de  gravité  so  main- 
tient donc  toujours  sur  le  même  rayon,  en  se  rapprochant  du  centre  de 
fifi'ure  à  chaque  tour,  conformément  à  la  fornude  ^r: — ; —  c:oséc —  . 

6.  On  peut  donner  à  ces  recherclies  une  assez  grande  extension.  Sup- 
posons en  elYet  que  l'on  range  en  cercle,  non  plus  les  nombres  naturels, 
mais  leurs  carrés,  ou  plus  généralemeni  leurs  puissances  paires  il'expo- 
sant  quelconque   2?'.   Le   moment  relatif  à  l'axe  des  ordonnées  deviendra 


^  /)-'  cos  a/ia,  et  se  déduira  des  formules  (3)  et  (5)  à  l'aide  de  li  did'érenlia- 


p 

lions  successives 


V 


(—  ij'  2-'    y  h-'  cos  2  /l'a. 


da-' 


Le  moment   y  /(:-'•  sin  aAa  relatif  à  l'axe  des  abscisses  s'obtiendra  de  la 


même  manière  à  l'aide  de  S. 


Si  l'on  dispose  circulairemenl  les  cubes  des  nombres  naturels,  ou  géiu' 
ralement  leurs  puissances  impaires  d'ordre  2  y"  4-  i,  on  aura  également 

^=  (—  ,)./  2^./+'  y/.:2y+i  cos  2/.-a, 


SÉANCE.    DU     iZj     MAI     I906.  lO']'.] 

pour  le  luoinent  relatif  à  l'axe  des  ordonnées,  et  d'autre  part  l'expression 
correspondante  en  S'  à  l'égard  de  l'axe  des  abscisses. 

Quant  à  la  masse  totale,  elle  est  alors  fournie  parles  forniules  classiques 
qui  font  (Connaître  les  sommes  de  puissances  semblables  des  nombres 
naturels. 

7.  Les  deux  principales  tliéories  qui  constituent  la  G'eo7«(///7e  des  masses 
sont  celles  des  centres  de  gravité  et  des  moments  d'inertie.  Cette  dernière 
trouve  également  ici  son  application. 

Le  moment  d'inertie  [x  d'une  graduation  simple  relatif  à  l'axe  des  ordon- 
nées a  en  effet  pour  expression  : 

\  k  cos-  2/1'/, 

v 
laquelle  peut  s'écrire 

'/  '/  ï 

2u.  =   y  k  (1  -+-  cos  4 /t'a)  =  7  /'■  +   /  ^»'  *'os  4  ky.. 

p  (•  1' 

Le  premier  terme  n'est  autre  que  m  (i),  et  le  second  M  (2  et  4)  dans 
lequel  on  aurait  chauffé  a  en  2  a.  On  obtiendra  de  la  même  manière  le 
moment  d'inertie  relatifà  l'axe  des  abscisses.  Quant  à  la  somme  des  pro- 
duits des  masses  respectives  par  le  rectangle  de  leurs  coordonnées,  elle 

<i  'I 

a  pour  expression  \  k  sin  1];%  cos  aAa,  ir'est-à-dire  ~  /k  sin   l^k^J.^   et  se 

''  i' 

déduit  de  ^P  l'a  et  4)  à  l'aide  du  même  changement  de  %  en  aa. 

L'évaluation  de  ces  trois  sommes  fournit  d'ailleurs,  d'après  les  procé- 
dés classiques,  le  moment  d  inertie  relatif  à  un  axe  quelconque,  ainsi  que 
la  détermination  des  axes  principaux  d'inertie. 

Une  généralisation  semblable  à  la  précédente  (6)  se  présente  en  ce  qui 
concerne  les  puissances  des  nombres  ('). 

8.  J'esquisserai  encore  le  problème  suivant,  afin  d'amorcer  une  ques- 
tion à  laffuellc  je  me  réserve  de  donner  ultérieurement  plus  d'extension. 


(')  J'ajouterai  enfin  qu'une  formule  connue  (Desboves,  Questions  de  trigonométrie,  ii']i, 
page  ii5),  permettrait  une  étude  analogue  pour  des  chapelets  circulaires  formés,  non 
plus  des  puissances  (de  degré  quelconque  bien  que  déterminé)  des  nombres  naturels 
successifs,  mais  au  contraire  des  puissances  consécutives  d  une  quantité  ^,te  arbitraire. 
Toutefois  je  m'abstiendrai  de  développer  ici  ces  nouveaux  calculs. 


IO~/l  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Proposons  nous,  en  revenant  à  la  gradualion  simple,  de  faire  passer  une 
courbe  continue  par  tous  les  centres  de  gravité  de  ses  divers  arcs  (J  =  27a. 
Les  formules  (8)  donnent  alors 


,t;Q  (G  +  aa)  ^^  =  ft  sin  a  sin  (0  +  a)  —  a  (  i  —  cos  0) , 
3/9  (6  +  2a)  ^~-  =  —  ')  sin  a  cos  (f|  -f  a)  +  'J-  sin  0, 

ou,  en  ordonnant  par  rapport  à  sin  H  et  cos  6 

1   0  sin  a  cos  a.  sin  0  +  (a  -|-9  sin^a)  cos  h  =^  y.  -\-  .v  i)  (B  -)-  27.)  ^ 
(a  +  9  sin-a)  sin  9  —  0  sin  a  cos  a.  cos  9  =:  ?/9  (9  -|-  aa)  2^^iA  . 


Pour  obtenir  une  solution  du  problème  indéterminé  que  nous  nous 
sommes  posé,  il  suffit  d'éliminer  9  entre  ces  deux  équations.  Remarquons 
que  les  coefficients  de  sin  9  et  cos  9  sont  les  mêmes,  intervertis  comme 
valeurs  et  comme  signes,  d'après  le  type 

A  sin  9  +  B  cos  9  =  C,         B  sin  9  —  A  cos  9  =  G'. 

On  en  déduit  : 

(A-  +  B^)  sin  9  :=  AG  +  BG',  (A^  +  B")  cos  9  =  BG  —  AG', 

et  en  ajoutant  les  carrés 

(A-  +  B-)-  =  (AG  +  BG')"-  +  (BG  —  AG')-  =  (A^  +  B-)  (C^  +  G'-). 

Il  est  permis  de  supprimer  le  facteur  A'  +  B",  car  les  conditions  simul- 
tanées A  =  o,  B  =  o  seraient  incompatibles  en  9.  Il  nous  vient  d'après 
cela  cette  résolvante  purement  algébrique  par  rapport  à  9 

(12)  A^  +  B'^  =  G^  +  G'% 

9-^sin^acos^'a+(9  sin^  a  +  aj-^f  a+  ,r9  (9  +  2a)  -^^  P  +y'¥  (9  +  27.-)  -^ 

Elle  est    du   quatrième   degré,   mais    on   peut  y  supprimer    les   fadeurs 
^'°  ^  et  9  +  2  a,  qui  ne  sauraient  fournir  pour  9  de  solution  acceptal^Ie. 
Il  nous  reste  alors  l'équation  du  second  degré 

9-  +  27.9  4 


^'+y- 


Son  dernier  terme  est   négatif,   car  le  centre  de  gravité   restant   à  l'iulé- 


SÉANCE    DU     l4    MAI     I906.  I07J 

rieur  du  cercle,  son  abscisse  ne  saurait  dépasser  l'unité.  Rejetant  dès  lors 
la  racine  négative,  qui  ne  convient  pas  pour  H,  nous  n'avons  plus  qu'à 
reporter  la  racine  positive  dans  la  seconde  des  équations  (ii)  ;  mais  je  ne 
m'arrête  pas  à  transcrire  ce  résultat  compliqué. 

9.  Imaginons  actuellement  que  l'on  fasse  tendre  vers  zéro  l'intorvalle 
2a,  de  manière  à  constituer,  à  la  limite,  un  fil  continu  dont  la  densité  varie 
en  raison  de  sa  longueur.  Le  problème  devient  dès  lors  bien  déterminé. 
La  résolvante  se  réduit  à 

V  .«•-  +  y- 

La  seconde  des  égalités  (ii)  se  simplifie  de  son  côté,  et  en  y  substituant 
<;ette   valeur  l'on   obtient  l'équalioii   du  lieu  géométrique  des  centres    de 


gravite 


iH^  -  ^="  (V^.  ) -- V,^  -  (V^. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  un  nouvel  oclane,  l'hexYimélhyléihane 
{WCf  —  G  —  G  —  (GH^') 


r:u:i 


Cet  hydrocarbure  intéressant  est  le  produit  accessoire  de  la  prépara- 
tion synthétique  de  l'alcool  pinacolique  [W^Cf  —  G  —  GH(OH)  —  Gd'  par  la 
réaction  de  l'aldéhyde  acétique  H'G  —  GIIO  sur  la  combinaison  de  magné- 
sium avec  le  bromure  de  butyle  tertiaire  (H'G)^  —  GBr,  dans  l'éther.  11  se 
forme  évidemment,  avant  l'introduction  de  l'aldéhyde,  par  la  réaction 
du  bromure  (fPG)^  —  G  —  Br  sur  la  combinaison  magnésienne  de  celui-ci 
[WCY  —  G  —  IMg  —  Br. 

On  l'obtiendra  sans  doute  j>Ius  facilement,  et  dans  de  meilleures  condi- 
tions de  rendement,  par  la  réaction  de  l'éther  bromhydrique  de  l'hexa- 
méthyléthanol  (H^G)^  G'Br  sur  la  solution  éthérée  du  méthylbromure  de 

(GH^)^ 
magnésium  GH"  —  Mg  —  Br. 

'L' hexaniéthylélJianc  constitue  un  beau  corps  solide,  cristallisant  de  sa 
solution  éthérée  en  lamelles  barbelées  comme  le  chlorhydrate  ammonique. 
Il  a  une  odeur  piquante,  très  pénétrante. 

Il  s'évapore  et  disparaît  rapidement  à  l'air  libre.  A  i4%  sa  tension  de 
vapeur,  la  pression  étant  76./1'",  est  égale  à  20""°  de  mercure. 


JO^O  ACADEMIE     DES     SCTENCES. 

Il  fond  à  io3-io4"en  tube  capillaire  fermé  et  bout  lixi'  à  lo&'-ioy"  sous  la 
pression  de  765"'. 

Sa  densité  de  vapeur,  dans  le  tube  de  Hofmann,  a  été  trouvée  égale  à 
'.i,g'i  ;  la  densité  calculée  est  3,9.39. 

Je  n'ai  pas  besoin  de  faire  ressortir  ce  ((ue  ce  nouvel  hydrocarbure  pré- 
sente d'intéressant  par  son  état  physique.  Il  complète  la  série  de  «  méthy- 
lation  »  double,  symétrique,  de  l'éthane 

II'C  —  CH'  El).  —  90°. 

H^G  —  CH-  --  GH-  —  GH'     Eb.  vers.  +  1° 

H^G.  /GH' 

>GH  — GH<  Eb.  +  58°. 

H'C/  \GH' 

H'C.  GH' 

H'C— G  — G— GH'  Eb.  lori». 

U'cX  ^GH^ 

Je  tiens,  en  terminant,  à  rendre  hommage  à  l'habileté  expérimentale  dont 
a  fait  preuve  mon  assistant,  M.  Auguste  De  Wael  dans  cette  recherche 
délicate. 


CORRESPONDANCE. 


L' Académie  Brita>i.\iqi'E  adresse  à  l'Académie  l'expression  de  sa  sym- 
pathie et  de  ses  regrets,  à  l'occasion  de  la  mort  de  M.  Gurie,  membre  de  la 
Section  de  physique. 


SÉANCE  DU  l'i     MAI  ipoG.  IO77 

M.  LE  mxiSTRE  DE  E'IiVSTRUf  TiOA  PLBLiOLE  transmet  à  l'Académie  le 
Uapport  suivant,  adressé  à  M.  le  ministre  des  Affaires  étrangères  à  la  date 
du  4  i^évrier  dernier,  par  ^I.  Souiiart,  ministre  de  France  à  Bogota. 

Le  il  janvier,  à  i(i''j()"'  du  malin,  cm  a  ressenti  à  Bogota  une  assez  loi'le  secousse 
de  treniblcnient  de  terre,  se  aianifestant  sons  forme  d'oscillations  lentes  et  prolono-ées 

I  o 

dans  la  direction  du  Sud  au  Nord  ;  il  n'y  a  pas  eu  heureusement  en  ville  de  dégâts 
sérieux,  mais  il  n'en  a  pas  été  de  même  dans  le  reste  du  pays. 

D'après  les  renseignements  donnés  par  le  télégraphe,  le  tremblement  de  terre  aurait 
eu  pour  centre  le  massif  de  la  Cordillère  connu  sous  le  nom  d  A/.uay  et  situé  sur  la 
frontière  équatorienne. 

C'est  ce  qui  explique  pourquoi  la  région  oîi  il  a  été  le  plus  ressenti  a  été  celle  du 
Cauca  et  des  départements  de  l'Equateur  limitrophes  de  la  Colombie.  A  Buenaven- 
tura,  le  câble  du  Pacllîque  a  élé  rompu,  tant  dans  la  direction  du  Nord  que  dans  celle  du 
Sud. 

A  Popayan,  Pasto,  Cali,  Tu(iuenes,  Pereira,  en  dehors  des  bâtiments  lézardés,  les 
clochers  de  plusieurs  églises  se  sont  eftondrés,  écrasant  dans  leur  chute  un  certain 
nombre  de  personnes;  à  Manizales  (département  d'Antioquia)  des  maisons  se  sont 
écroulées;  il  en  a  élé  de  même  du  palais  épiscopal  à  Ibarra  (dans  l'Equateur). 

A  Neiva  (département  du  Tolima).  les  secousses,  qui  ont  duré  deux  minutes,  ont  été 
accompagnées  de  grondements  souterrains  ressemblant  au  bruit  dune  forte  canonnade 
et  qui  ont  rempli  d'effroi  les  populations. 

Près  de  Bogota,  la  cathédrale  de  Facatativa  s'est  lézardée. 

Ce  Irenililement  de  terre  du  U  janvier  a  élé  suivi  d'une  autre  secousse,  encore  plus 
forte,  qui  s'est  produite  à  11''  du  soir,  dans  la  nuit  du  ■^  au  3  février,  et  a  été  ressentie 
surtout  le  long  de  la  côte  du  Pacifique,  principalement  à  Buenaventura.  Les  dégâts  sont 
importants  de  ce  côté.  La  lerre  s'est  entrouverte  en  différents  endroits  et  de  nombreuses 
uiaisiuis  ont  été  détruites  ;  le  rio  .San-.luan,  refoulé  à  son  embouchure  par  une  immense 
vague,  a  débordé  à  l'intérieur,  inondant  les  campagnes  ;  la  mer  s'est  en  même  temps 
couverte  d'une  grande  quantité  de  poissons  morts.  D'après  les  nouvelles  données  par  le 
télégraphe,  à  l'heure  où  j'écris  ces  lignes,  la  panique  serait  extrême  parmi  les  popula- 
tions de  la  côte  nord  du  Pacifique,  car  les  secousses  continuent,  à  intervalles  plus  ou 
moins  rapprochés. 

P.  S.  —  7  février.  —  Les  nouvelles  que  vient  de  faire  parvenir  ici  le  préfet  de  Buena- 
ventui'a,  sur  les  effets  du  tremblement  de  lerre  ressenti  dans  sa  circonscription,  sont 
encore  plus  graves  qu'on  ne  pouvait  le  soupçonner  tout  d'abord  :  toute  la  région  du 
Bio  Timbiqui  a  été  dévastée  ;  des  centaines  d'individus  ont  péri,  et  les  exploitations 
aurifères  que  l'on  rencontrait  sur  ce  point  ont  été  détruites  (plusieurs  Français  étaient, 
à  la  connaissance  de  la  Légation,  employés  comme  ingénieurs  dans  ces  exploitations); 
l'île  de  la  Gorgone  a  disparu  sous  les  Ilots  ;  à  la  date  du  G,  la  mer,  qui  pendant  toute  la 
période  dos  secousses,  avait  présenté  des  dilférences  de  marée  formidables,  parais.sait 
vouloir  reprendre  son  niveau  normal. 

Il  est  à  noter  que  ce  tremblement  de  lerre  a  été  accompagné  d'un  dégagement  de 


1078  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

chaleur  extraordinaire  :  le  thennomètre  a  atteint  dans  toute  celle  région  des  tempéra- 
lures  que  l'on  n'avait  jamais  vues  de  mémoire  d'hommes. 

Tout  porte   à  croire  que  ces  phénomènes   sont   dus  à  l'explosion  d'un  volcan  sous- 
marin  inconnu. 


SPliCTROSCOPIE.  —  Sur  un  nouveau  dispositif  pour  la  speclroscopie  des  corps 
phosphorescents.  Note  de  M.  C.  »e  \%^4TTEVILLE,  présentée  par  M.  Lipp- 
mann. 

On  sait  depuis  longtemps,  grâce  avix  expériences  de  Pearseall,  en  parti- 
culier, (jiie  l'étincelle  électrique  a  la  propriélé  de  rendre  fortement  phos- 
phorescentes les  substances  qui  peuvent  le  devenir(').  M.  Lenard  a  réalisé 
un  phosphoroscope  électrique  en  fixant  sur  le  levier  oscillant  d'un  inter- 
rupteur de  Foucault  un  écran  qui  masque  pour  l'observateur  l'étincelle 
éclairante  produite  par  la  bobine  que  l'interrupteur  actionne  (-).  Cette  dis- 
position très  simple  ne  permet  pas  de  diminuer  beaucoup  la  durée  qui 
s'écoule  entre  l'illumination  du  corps  et  son  observation.  De  plus,  l'emploi 
du  mercure  dans  l'interrupteur  fait  varier  les  conditions  de  l'observation 
puisque  celles  où  se  produit  la  rupture  du  circuit  varient  elles-mêmes  à 
chaque  étincelle.  J'ai  cherché  à  réaliser  un  appareil  exempt  de  ces  deux 
inconvénients. 

Pour  y  parvenir,  on  doit  renoncer  à  tout  système  d'interrupteur  solidaire 
de  l'écran  qui  se  meut  rapidement.  En  effet,  si  la  vitesse  devient  considé- 
rable, non  seulement  la  quantité  d'électricité  mise  enjeu  à  chatpie  inter- 
ruption dans  le  primaire  de  la  bobine  n'a  pas  le  temps  de  devenir  suffi- 
sante, mais,  déplus,  l'inertie  des  divers  ressorts,  contacts,  etc.  qu'on  peut 
imaginer  les  empêchent  de  fonctionner  lorsqu'ils  doivent  agir  un  trop  grand 
nombre  de  fois  par  seconde.  J'ai  donc  essayé  l'emploi  il'un  dispositif  ana- 
logue à  celui  dont  s'est  servi  Feddersen  pour  son  étude  de  l'étincelle  et 
dans  lequel  un  conducteur  mobile  provoque  la  décharge  d'un  condensateur 
en  passant  à  quel([ue  distance  de  conducteurs  fixes  en  relation  avec  les 
armatures. 

Le  disque  D,  qui  peut  être  animé  d'un  mouvement  de  rotation  très  rapide  autour  de 
l'axe  A,   porte,   taillés    dans   la    môme   feuille   mélallique   que   lui,   les   deux   prolonge- 

('j  Annales  de  Chimie  et  Physique,  t.  XLIX,    i8j2,  ji.  jîy  à  36(). 
(-)  Ann.  de  Wicdinann,  t.  XLVI,  1892^  p.  637. 


SÉANCE    DL     l4    MAI     iqoG. 


1079 


inents  PE,  P'E'.  Les  parties  E  et  E'  sont  destinées  à  obturer  successiveiBent  la  fenêtre  F 
au-devant  et  tout  près  de  laquelle  se  déplace  le  disque.  Cette  fenêtre  est  pratiquée  dans 
une  petite  boîle  qui  renferme  le  corps  à  étudier.  Entre  la  fenêtre  et  le  corps  se  trouvent 
les  deux  électrodes  e  et  c  dans  l'intervalle  desquelles  se  produit  l'étincelle  éclairante. 
L'électrode  e  est  en  relation  avec  une  des  armatures  du  condensateur  C,  tandis  que 
l'autre  e'  coranumique  avec  le  disque  par  l'axe  A.  La  seconde  armature  du  condensateur 
est  reliée  à  la  pointe  isolée  B.  Les  pointes  P  et  P'  passent  successivement  au  voisinage 
immédiat  de  B.  La  petite  étincelle  qui  se  produit  en  ce  point  ferme  le  circuit  de  décliargo 


du  condensateur  et  le  corps  se  trouve  éclairé  par  l'étincelle  qui  jaillit  entre  c  et  c,  tout 
en  étant  masqué  par  les  écrans  E  ou  E'. 

L'électrode  c,  qui  est  en  relation  directe  avee  le  condensateur,  doit  être  mise  en  outre 
en  communication  avec  le  sol,  sinon  il  éclate,  alors  même  que  les  pointes  P  ou  P'  ne 
sont  pas  en  regard  de  B,  de  petites  étincelles  entre  c  et  é  (et  il  pourrait  s'y  produire  des 
eflluves  invisibles)  dues  à  ce  que  l'électrode  e  portée  à  un  haut  potentiel  se  décharge 
dans  la  capacité  formée  par  l'ensemble  de  1  autre  électrode  e  et  du  disque.  ^Moyennant 
cette  précaution  1  appareil  marche  très  régulièrement,  on  n'aperçoit  pas  l'étincelle  en  c  é 
et  la  plaque  photographique  n'enregistre  pas  de  raies  métalliques  dues  aux  électrodes. 
Quant  au  condensateur,  il  est  chargé  statiquement  à  l'aide  d'une  bobine  d'induction  ordi- 
naire dans  le  circuit  secondaire  de  laquelle  on  ménage  une  coupure  telle  que  l'étincelle 
de  rupture  seule  puisse  la  traverser.  On  peut  aussi,  ce  qui  évite  l'ennui  de  l'emploi  d'un 
interrupteur,  alimenter  la  bobine  à  l'aide  d'un  courant  alternatif,  et  faire  faire  au  disque 
par  seconde  un  nombre  de  tours  qui  soit  un  multiple  de  la  période  du  courant.  Cette 
condition  réalisée,  l'appareil  peut  fonctionner  plusieurs  heures  sans  nécessiter  l'inter- 
vention de  l'opérateur. 

J'ai  donné  au  disque  une  vitesse  de  Sj.  tours  par  seconde.   La  distance  du  centre  de 

C.  R.,  1906,  1='  Semestre.  (T.  CXLII,  ÎS"  20.)  14^ 


I080     •  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

l'axe  A  à  celui  des  écrans  E  et  E'  est  de  •2o'''",5  ces  écrans  parcourent  une  distance  de 
'i^'^,5  entre  le  moment  où  éclate  l'étincelle  et  celui  où  la  fenêtre  F  est  complètement  ouverte 

on  voit  donc  que  le  corps  est  visible  dans  son  entier de  seconde  après  son  éclaire- 

1  *^  j  ooo  ^ 

ment.  Cet  intervalle  pourrait  être  sans  doute  beaucoup  diminué  avant  (jue  la  limite  de 

rupture  du  disque  fût  atteinte. 

A  cette  vitesse  de  rotation  du  disque,   on  peut  déjà  observer  la  luminescence  de  la 

vapeur  métallique  qui  persiste  après  le  passage  de  la  décharge  initiale.  Cette  vapeur  est 

différemment  colorée  selon  les  métaux  (en  jaune  pour  le  fer,  en  vert  pour  le  cuivre,  etc.). 

Il  est  probable  que  l'appareil  en  permettrait  l'étude  spectrale  si  on  modifiait  un  peu  les 

conditions  de  manière  à  rendre  cette  vapeur  plus  abondante.   Dans  les   expériences 

actuelles,  elle  n'a  donné  lieu  à  aucune  inscription  sur  la  plaque  photographique. 

La  phosphorescence  des  corps  observés  à  l'aide  de  cet  appareil 
est  extrêmement  intense.  Dans  le  cas  de  la  fluorine,  par  exemple, 
la  lumière  émise  peut  être  examinée  à  l'aide  d'un  spectroscope  et  d'une 
fente  ordinaires,  une  pose  d'une  heure  ou  deux  étant  suffisante  pour  obte- 
nir la  photographie  du  spectre.  Celui-ci  se  compose,  outre  la  partie  visible 
étudiée  par  M.  E.  Becquerel('),  de  raies  très  nettes  en  pcirlicnlier  dans  la 
région  ultra-violette.  La  longueur  d'onde  de  ces  raies  est  indépendante  de 
la  nature  des  électrodes. 


ÉLECTRICITÉ.  —  Mesure  de  temps  très  courts  par  la  décharge  d'un  conden- 
sateur. Note  de  M.  DEVAUX-CnARBOi\.\EL,  présentée  par  M.  Becquerel. 

On  emploie  souvent  pour  produire  un  phénomène  dont  on  veut  con- 
naître la  durée  deux  leviers  actionnant  des  contacts  électriques.  Le  pre- 
mier permet  au  phénomène  de  commencer,  le  deuxième  le  fait  cesser.  La 
durée  est  estimée  par  le  temps  (|u'un  mobile  quelconque,  pendule,  corps 
qui  tombe,  etc.,  etc..  met  à  franchir  la  distance  entre  les  deux  leviers. 
Cette  façon  de  procéder  conduit  à  des  résultats  peu  précis  quand  le  temps 
à  mesurer  est  très  court;  de  plus,  elle  ne  permet  guère  d'estimer  le  temps 
que  les  leviers  eux-mêmes  mettent  à  fonctionner. 

On  peut  en  utilisant  la  décharge  d'un  condensateur  à  travers  une  résis- 
tance réaliser  une  méthode  beaucoup  plus  commode,  beaucoup  plus 
simple,  et  dont  les  résultats  sont  d'une  précision  remarquable. 

(')  La  lumière,  t.  I,  p.    jGo. 


SÉANCE     DU     l4    M.VI     I906.  ro8l 

Supposons  par  exemple  qu'on  veuille  déterminer  le  temps  qu'un  levier 

met  à  passer  d'un  butoir  à  l'autre.  On  prend  un  condensateur  de  capacité  G 

shunté  par  une  résistance  R.  Une  des  faces  est  reliée  au  premier  pôle  d'une 

pile  et  à  la  borne  d'entrée  d'un  galvanomètre  balistique  ;  l'autre  face  est, 

réunie  au  levier  ;    le   butoir  de  repos  est  rattaché  au  second  pôle   de   la 

pile,  le  butoir  de  travail  à  la  borne  de  sortie  du  galvanomètre.  Quand  le 

levier  quitte  le  butoir  de  repos,  le  condensateur  se  décharge  en  partie  sur 

lui-même  à  travers  la  résistance  R;  dès  qu'il  atteint  le  butoir  de  travail,  la 

charge  restante  passe  à  travers  le  galvanomètre.  On  compare  l'élongation 

à  celle  fournie  au  préalable  par  la  décharge  totale.  Le  pour  cent  de  charge 

t 
restante  est  égal  à  e~  cïT  ,  sa  valeur  permet  de  calculer  t  en  fonition  de  C 
et  de  R. 

Voici  des  nombres  obtenus  dans  une  série  de  mesures  faites  sur  une  clef 
de  décharge.  Le  levier  est  ici  un  ressort  lame  qui  abandonné  à  lui-même 
passe,  par  sa  seule  élasticité,  d'un  contacta  l'autre.  On  a  fait  varier  la  résis- 
tance du  shunt  dans  des  limites  assez  étendues.  La  durée  de  la  course  du 
levier  est  toujours  la  même,  à  un  dix  millième  de  seconde  près,  ce  qui 
établit  à  la  fois  la  précision  de  la  méthode  et  la  constance  de  fonctionne- 
ment de  la  clef  expérimentée. 

Condensateur  C  =  i  microfarad. 


R 

(en  ohms). 

Cliargc 
reslaiilc. 

t 
C  R 

t 

800 

0,25 

i,',() 

0^,001 1 

I  000 

0,3 ', 

1,07 

O^OOI I 

2  000 

<',5't 

i),6o 

0%OOI2 

3  000 

0,69 

0,37 

0%00I I 

5  000 

0,78 

0,24 

o'',ooia 

8  000 

(),8G 

0,14 

O',O0I  I 

10  000 

0,88 

0,12 

O%0012 

00  ODO 

".987 

0,01 3 

o^ooiS 

Le  dispositif  à  réaliser  dans  le  cas  plus  général  auquel  il  est  fait  allusion 
plus  haut,  de  deux  leviers  chargés  de  produire  et  d'interrompre  un  phéno- 
mène quelconque  est  analogue  et  facile  à  imaginer. 

L'emploi  de  celte  méthode  se  prête  aux  combinaisons  les  plus  diverses. 
Elle  a  été  appliquée  à  mesurer  la  vitesse  avec  laquelle  le  levier  de  la  clef 
de  décharge  franchit  la  distance  comprise  entre  les  deux  butoirs.  Pour  cela 


io82 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


on  l'ail  vai'ier  cette  distance  en  tournant  d'une  fraction  connue  de  tour  l'un 
des  butoirs  constitué  par  une  vis. 


Voici  les  résultats  : 


Tours  de  vis. 

«'A 


Temps. 

3%2  X  10-3 


To 

urs  de 

■'A 
^  V'. 

2V2 

vi 

Temps. 


S5X  10-3 


16*, a 
i8»,5 


On  voit  que  le  mouvement,  qui  va  en  s'accélérant  au  début,  devient as.sez 
vite  à  peu  près  uniforme. 

Pour  un  tour  complet  de  la  vis  la  distance  franchie  est  de  i"""  environ 
et  le  temps  nécessaire  est  de  o%oo6,  ce  qui- correspond  à  une  vitesse  de 
600"*  à  l'heure. 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Sur  la  conductibilité  du  sulfate  dV/minoniaque  dans 
les  mélanges  d'acide  sulfarique  et  d'eau.  Note  de  M.  G.  Boizakd  présen- 
tée par  M.  Lippmann. 

I.  Quand  on  dissout  du  sulfate  d'ammoniaque  dans  des  mélanges,  à  pour- 
centage variable,  d'acide  sulfurique  et  d'eau,  on  obtient  des  solutions  dont 
la  conductibilité  ).  est  soit  plus  grande,  soit  plus  petite  que  celle  du  sol- 
vant "/5. 


Si  le  solvant  contient  en  poids 
d'acide  sulfurique 

de  100  p.   100  à  95  p.  100 
de    95      —     à  1 ,8    — 
de   1,8      —     à  o        — 


Une  solution  contenant  i  gramme  de  SO*Anr 
pour  100  grammes  de  solution, 

est  plus  conductrice  que  le  solvant, 
est  moins  conductrice  que  le  solvant, 
est  plus  conductrice  que  le  solvant. 


C'est  ce  qui  résulte  du  tableau  suivant  qui  donne,  pour  la  lempéralure  de  ib",  le 
rapport  des  conductibilités  de  la  solution  à  1  p.  100  de  SO'Am-  et  du  solvant  corres- 
pondant 


SO'H-  p.  100. 

97.5 
94,5 

9'>^ 

87,8 


X 

As 
1,045 
0,996 

",97- 
0,96', 


SO-H^  p.  100. 

i5 

10 

.5 
■{ 


X 

),s 
0,9878 
0,985 
0,982 
0,986 


SÉANCE    DU     l4    MAI     I906.  Io83 


-  p.  100. 

X 

2,3o 

0,988 

■,'.> 

1  ,oioy 

i,,G 

1,0376 

<),58 

1,1  22 
1,192 

o,5i 

1,234 

0,235 

1,730 

(>,0(>() 

infini. 

SO-'H-!  p.  100.  ^  SO'H 

84,5  0,969 

80  0,976 

73  0,983 

57  0,987 

5o  0,9885 

40  0,989 

25  0,9883 

20  0,9881 


II.  Effets  de  dilution  et  de  température.  —  La  différence  des  conductibi- 
lités de  la  solution  et  du  solvant  varie  avec  la  concentration  en  sulfate  ;  sa 
variation  offre  les  trois  cas  suivants  : 

1°  Pour  les  solvants  à  plus  de  3  p.  loo  de  SO'H"^,  il  y  a  sensiblement 
proportionnalité  entre  la  dillerence  de  conductibilité  et  la  concentration, 
tant  que  celle-ci  ne  dépasse  pas  i  à  a  p.  loo  ;  pour  les  concentrations  plus 
fortes,  la  différence  de  conductibilité  varie  moins  vile  que  la  concentra- 
tion, dans  le  cas  des  solutions  moins  conductrices  que  le  solvant. 

2"  Pour  les  solvants  à  teneur  en  SO'H"  voisine  de  2  p.  100,  la  solution 
est  plus  conductrice  que  le  solvant  pour  les  fortes  concentrations  et  moins 
conductrice  pour  les  faibles  ;  le  point  de  passage  des  solutions  moins  con- 
ductrices aux  solutions  plus  conductrices  que  le  solvant  correspondant 
dépend  donc  de  la  concentration  ;  il  dépend  aussi  d'ailleurs  de  la  substance 
dissoute  qui  peut  remplacer  le  sulfate  d'ammoniaque. 

3"  Pour  les  solvants  à  moins  de  i  p.  100  de  SO'îl",  l'aug-menlation  du  rap- 
port des  conductibilités  est  d'abord  en  général  plus  rapide  que  celle  de  la 
concentration,  puis  elle  devient  moins  rapide  pour  des  concentrations  qui 
dépendent  du  pourcentage  du  solvant  en  acide  sulfurique. 

La  température  produit  sur  les  solutions  deux  effets  opposés.  Pour  les 
solvants  contenant  de  gS  à  23  p.  100  de  SO'H-,  le  rapport  des  conductibi- 
lités de  la  solution  et  du  solvant  se  rapproche  de  l'unité  quand  la  tempéra- 
ture s'élève.  C'est  ainsi  qu'une  solution  à  1,48  p.  100  de  SO'Am^  dans  l'hy- 
drate SO'H-  -j-  H^O  (84,48  P-  loo),  a  donné  un  rapport  des  conductibilités 
quiaaugmenté  constamment  de  8°  à  135°,  sans  jamais  atteindre  l'unité,  et 
il  semble  même  qu'il  y  ait  un  rapport  limite,  inférieur  à  i,  que  la  solution 
ne  peut  dépasser. 

Pour  les  solvants  contenant  de   :>5  à  3  p.   100  ou  de  0,6  à  o  p.  100  de 


loS/f  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

SO'H-,  la  température  a  un  effet  inverse  qui  est  d'écarter  de  l'unité  le  rap- 
port des  conductibilités.  Enfin,  au  voisinage  de  i  p.  loo,  les  2  effets  s'ob- 
servent, avec  un  même  solvant,  pour  des  concentrations  différentes. 

III.  Le  phénomène  présenté  par  le  sulfate  d'ammoniaque  est  général. 

a)  On  l'observe  par  dissolution  dans  les  mélanges  d'acide  sulfurique  et 
d'eau  : 

1°  De  tous  les  sulfates,  soit  anhydres,  soit  privés  ou  non  de  leur  eau  de 
cristallisation. 

2°  Des  bisulfates. 

3°  Des  acides  minéraux  :  azotique,  phosphorique,  borique  ou  organiques 
(à  fonction  simple  ou  complexe)  :  acétique,  benzoïque,  succinique,  tartrique, 
pyruvique,  etc. 

4°  Des  sels  tels  que  :  MnO'K,  PÛ'Il  (AzH')-,  NaGl,  AzO'K,  CH'GO'iNa,  etc. 

P)  On  l'observe  aussi  dans  les  mélanges  d'acide  azotique  ou  phospho- 
rique et  d'eau  fonctionnant  comme  solvant.  Avec  les  mélanges  d'eau  et 
d'acide  acélique  ou  formique,  par  dissolution  de  divers  sels,  on  obtient  au 
contraire  toujours  des  solutions  beaucoup  plus  conductrices  que  le  solvant  : 
ceci  peut  s'expliquer  par  la  très  faible  condiutibilité  présentée  par  les 
mélanges  de  ces  acides  avec  l'eau. 

Je  continue  du  reste  mes  recherches  sur  ce  sujet  et  me  réserve  d'indi- 
quer ultérieurement  une  interprétation  théorique  du  phénomène. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  SyutJièsc  totale  de  dérivés  du  camphre.  Isola tirolcne., 

a cide  isa tilaurono liq  11  c. 
Note  de  M.  G.  Bl.wc,  présentée  par  M.  A.  Haller 

Le  principe  de  cette  synthèse  a  déjà  été  posé  il  y  a  longtemps  (')  ;  mais 
elle  n'est  devenue  pratiquement  réalisable  que  depuis  l'exécution  de  la 
synthèse  totale  do  l'acide  œa  dérivé  diméthyladipique  ('),  et  aussi  par  suite 
de  perfectionnements  apportés  successivement  aux  méthodes  d'enchaî- 
nement ([u'elle  emprunte. 

J"ai  montre  dans  les  Comptes  rendus  que  la  condensation  de  l'cther  diniétiiyl  -i-'i-y- 
Ijroino-butyi'ique  avec  l'éther  cyanacétique  sodé  fournit  un  éther  cyanodicarboniquc  qui, 
par   un  Irailcnicnt  ultérieur  conduit  à  l'acide  oix  diméthyladipique.    La  substitution   Je 

('j  Buli.  Soc.  Chiiii.  (3_),  t.  XXin,   i!>oo,  p.  2j]. 
(-)  Bull.  Soc.  Chiin.  (3),  t.  XXXIH,  iijoS,  p.  893. 


SÉANCE    DU     l4    MAI     I906. 


io85 


l'cther  iiialonique  à  l'élher  cyanacétique  améliore  de  beaucoup  le  rendement  el  permet 
de  considérer  l'acide  aa  diniéthyladipique  comme  une  matière  première  abordable. 

Cet  acide  chauffé  avec  de  l'anhydrique  acétique  est  facilement  transformé  en  anhy- 
dride, lequel  par  distillation  lente  à  la  pression  ordinaire  fournit  la  dimélhyliyclopen- 
tanone  s.-!.. 


Cil* 


\. 


,CW 


CH 


\   / 

c 

/  \ 

^^        \co o 


\  / 

c 


CH^ 


CH 


../ 


\ 


=  CO^  + 


-CH^ CO 


CH^ 


CO 


CH2 


Cette  acétone  est  un  liquide  mobile  d'odeur  camphrée  bouillant  à  l'i^",  sa  semicar- 
bazone  fond  à  lyo".  Traitée  par  l'iodure  de  mélhylmagnésium,  elle  donne  un  produit  de 
condensation  qui  fournit  lui-même  l'alcool  tertiaire  attendu  : 


\   / 

C 
/    \ 
CH^/'  \ 


CH» 


CH2 


CO 


CH^ 


CH' 


CH 


\ 


\   / 

C 
/    \ 


1/ 


CH^ 


,CH3 


/CH3 
\OH 


CU^ 


Cet  alcool  tertiaire  cristallise  en  longues  aiguilles  fusibles  à  3^°,  et  possédant  une 
odeur  de  camphre  et  surtout  de  moisi  extrêmement  prononcée.  Il  distille  à  60"  (i5""")  ; 
distillé  à  la  pression  ordinaire,  il  se  décompose  en  eau  et  en  un  carbure  identique  à 
Visolaurolcnc,  et  bouillant  à   108°. 


CH^.  CH» 

\   / 
C, 

^OH 


CH^ 


CH'  .CH» 

\    / 

C\\i/  \c 


H^O  + 


CH^ 


CH^ 


CH» 


CH 


Cet  isolauroléne  a  été  identifié  par  oxydation  manganique  qui  le  convertil  en  acide 
diuiéthylhexanonoïque  fondant  à  48°  et  dont  la  semicarbazone  fond  à  188' 

CH»  ^CH» 


CH».  ,CH- 

\    / 

C 

/    \ 

CH^/  \c— 


CH2 


CH» 


\  / 

\   / 

C 

CH^/ 


ICH 


CH^ 


CO— CH» 


-CO^H 


io8G 


ACADEMIE     DES    SCIENCES. 


L'isolaurolène  est  facilement  transformé  par  l'action  du  chlorure  d'aluminium  et  du 
chlorure  d'acétyle  en  une  cétone  dont  la  réduction  par  le  sodium  et  l'alcool  conduit  à 
l'alcool  secondaire  saturé  bouillant  à  go-gS"  (lo"""). 


CH' 


CH 


■y 


Cll^- 


CH  — CH* 


Cil  — Cil 

I 
OU 


CH' 


Cet  alcool,  oxydé  par  l'acide  nitrique  donne  l'acide  diliydroisolaurohuliquc  qui,  par 
in-omuralioa  en  a  et  perte  subséquente  d'acide  bromhydrique,  donne  l'acide  isoluin-ono- 
liqiie. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  _  Sur  ry.-chloiocycloliexanoiie  et  ses  dérivés.  Note 
de  M.  li.  BouvEAULT  et  F.  Cueue.ii,  présentée  par  M.  Haller. 

Quand  on  fait  passer  du  chlore  sur  la  cycloliexanone  on  obtient  un 
dérivé  a  chloré  ;  mais  l'acide  chlorhydrique  qui  prend  naissance  en  même 
temps  provoque  la  l'ormation  de  produits  de  condensation.  On  obtient  de 
meilleurs  résultats  en  Taisant  la  chloruralion  en  présence  de  car])onate  de 
chaux,  dans  l'eau.  Les  résultats  sont  encore  meilleurs  quand  on  tdilorurc 
non  pas  la  cyclolioxanone  mais  le  cyclohcxanol.  11  faut  donc  employer  unr. 
(juantilé  double  de  chlore. 

La  clilorocyclohexanone  constitue  un  liquide  incolore  bouillant  à  8-.4°-83°  sous  lo  """ 
et  se  congelant  en  magnifiques  cristaux  fondant  à  %V.  Il  se  fait  dans  ces  préparations 
une  certaine  quantité  de  produits  de  chloruralion  plus  avancée  d'où  il  n'a  pas  encore 
été  possible  d'exU-aire  un  composé  défini. 

L'atome  de  chlore  est  assez  mobile  dans  la  chlorncyclohexanone.  Les  alcalis  étendus 
et,  mieux,  le  carbonate  de  potassium  en  solution  concentrée  et  bouillante  l'iiydrorisent 
en  a  ojcycyclolie.eanonc 

CO 


CH^ 


CH  OH 


CH^V  'ClI^ 

CH^ 


ipi'on  peut  appeler  adipo'i'ne. 


SÉANCE    DU     l4    MAI     I906. 


1087 


Ce  corps,  en  effet,  est  à  l'acide  adipique  ce  qu'est  la  benzoïne  à  l'acide  benzoïque. 

Ce  composé  a  des  propriétés  assez  singulières,  il  est  peu  soluble  dans  l'eau  même 
bouillante  ;  très  soluble  dans  l'alcool  chaud,  moins  soluble  à  froid,  insoluble  dans  l'éth^', 
la  benzine,  le  pétrole,  11  est  entraîné  par  la  vapeur  d'eau.  Il  se  sublime  sans  bouillir  dès 
25"  dans  le  vide,  à  100°  à  la  pression  ordinaire,  et  se  présente  en  fort  beaux  cristaux 
blancs  fondant  à  ni"  en  vase  clos.  Ses  propriétés  rendent  assez  difficile  sa  séparation 
d'avec  les  sels  au  milieu  desquels  il  prend  naissance. 

Sa  semicarbazone  forme  de  beaux  cristaux  blancs  fondant  à  iGS". 

Sa  constitution,  et  par  suite  celle  delachlorocyclohexanone,  est  établie  par  son  oxyda- 
tion au  moyen  du  permanganate  de  potasse,  en  solution  aqueuse  à  l'ébullition,  qui  donne 
de  l'acide  adipique.  Lacide  azotique  concentre  l'oxyde  en  donnant  un  mélange  d'acide 
oxalique  et  d'acide  succinique. 

Les  réactifs  organomagnésiens  se  condensent  avec  la  cj'clohexanone  chlorée  suivant 
l'équation 

CIP         CH-  CH^  CIP 


CW- 


CO     -f- R  — Mg  — Cl  =  MgCl- 4-     CH^ 


CO 


CU^  CHCI 


CIP 


CH  — R 


On  peut  ainsi  préparer  sans  difficiillé  les  homologues  substitués  en  a  de 
la  cyclohexanone. 

L'a  méthycyclohexanone  bouta  i6o°  sous  io"'";sa  semicarbazone  fond 
à  195°.  L'a-éthycyclohexanone  bout  à  65°  sous  lo""",  sa  semicarbazone  fond 
à  loy".  L'a-isopropylcycloliexanone  bout  à  80°  sous  10™™. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sléréoisomérie  dans  le  groupe  des  acides  non  saturés 
a.'^-acy cliques.  Note  de  MM.  E.-F.  Blaise  et  P.  BAdi.iRD,  présentée  par 
M.  A.  Haller. 


Comme  nous  l'avons  montré  antérieurement,  la  décomposition  des 
w-oxj'acides  à  fonction  alcoolique  secondaire  sous  la  seule  influence  de  la 
chaleur  constitue  une  bonne  méthode  de  préparation  des  aldéhydes  acy- 
cliques.  Cette  méthode,  dont  l'étude  sera  développée  ultérieurement,  s'ap- 
plique spécialement  aux  aldéhydes  à  chaîne  normale,  les  oxyacides  cor- 
respondants s'obtenant  très  aisément  à  partir  des  acides  gras.  Il  était 
intéressant  de  rechercher  comment  se  comporteraient,  dans  les  mêmes 
conditions,  les  a-oxyacides  à  fonction  alcool  tertiaire. 

Leur  décomposition  par  la  chaleur   donne,    comme  produit   principal,   non  pas    des 
C.  R.,  igotî.   I"  SemesUe.  (T.  CXLIl,  N-  20.)  l4-^ 


«^o- 

-;<^,^*^- 

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^  v^'^.. 

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Vi. 

Io88  -ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

cétones,  mais  des  acides  non  saturés.  La  proportion  de  cétonc  formée,  qui  atteint 
/fS  p.  loo  dans  le  cas  de  l'acide  a-méthyl-a-oxypropionique,  diminue  à  mesure  que  le 
poids  moléculaire  augmente,  et  elle  n'est  plus  que  de  5  p.  loo  dans  le  cas  de  l'acide 
a-éthyl-a-oxybutyrique.  Inversement,  la  quantité  d'acide  non  saturé  qui  pfend  naissance 
s'accroîl.  En  outre,  il  est  assez  curieux  de  remarquer  que  ces  oxyacides,  dont  la  fonction 
alcool  est  cependant  tertiaire,  peuvent  donner  des  lactides.  C'est  ce  qu'on  observe  pour 
les  deux  acides  mentionnés  ci-dessus  ;  mais,  au  delà  du  terme  en  C^,  il  ne  se  forme  plus 
de  lactide. 

Le  point  le  plus  intéressant  de  ce  dédoublement  des  acides  alcools  tertiaires  par  la 
chaleur  est  que,  dans  tous  les  cas  où  la  stéréoisomérie  est  possible,  l'isomère  que  l'on 
obtient  est  constitué,  non  par  l'isomère  stable  que  donnent  les  méthodes  de  déshydra- 
tation chimique,  mais  par  le  stéréoisomère  instable  correspondant  (').  Ce  dédoublement 
est  donc  la  première  méthode  de  caractère  général  permettant  d'obtenir  ces  isomères 
qui  étaient,  jusqu  ici,  presque  inconnus,  ou  qu'on  ne  pouvait  préparer  qu  à  partir  de 
produits  naturels. 

Le  degré  de  pureté  de  l'acide  non  saturé  qu'on  obtient  dépend  du  poids  moléculaire 
de  l'acide  alcool  générateur  et  de  sa  constitution. 

La  stabilité  relative  des  isomères  instables  (Jab.),  croit,  en  effet,  à  mesure  que  le  poids 
moléculaire  augmente  ;  aussi  la  quantité  d'acide  stable  [st.)  qui  prend  naissance  par 
transposition  sous  l'influence  de  la  chaleur,  décroît-elle  dans  les  mêmes  conditions. 
Avec  l'acide  a-méthyl-a-oxypropionique,  par  exeiuple,  il  se  forme  à  peu  près  autant 
d'acide  tiglique  que  d'acide  angélique.  Au  contraire,  dans  les  cas  de  l'acide  a-éthyl-a- 
oxybutyrique,  on  obtient  l'isomère  (lab.)  à  l'état  presque  pur.  D'autre  part,  lorsque  les 
chaînes  carbonées  flxées  à  l'atome  de  carbone  alcooli(jue  s'allongent,  une  autre  trans- 
formation intervient,  la  liaison  éthylénique  émigré  partiellement,  et  l'acide  non  saturé 
renferme  une  quantité  très  faible,  d'ailleurs,  d'acide  ^y.  Ce  cas  est  par  exemple  celui  de 
l'acide  a-propyl-a-oxy-n-valérique. 

L'étude  et  l'isolement  des  acides  non  saturés  stéréoisomères  présentait, 
jusqu'ici,  des  difficultés  considérables,  ainsi  que  leur  caractérisalion.  La 
j)lupart  dos  agents  clnniic[ues  et  même  physiques  transforment,  en  effet, 
les  isomères  lab.  en  isomères  st.  Nous  avons  réussi  à  tourner  cette  diffi- 
culté en  utilisant  une  réaction  signalée  par  ^I.  Bodroux  (G.  R.  CXXXVIII 
p.  1427)-  Nous  avons,  en  effet,  constaté  que  les  éthers  des  acides  lab.  four- 
nissent les  amides  correspondantes,  sans  transposition,  lorsqu'on  les  traite 
par  les  dérivés  bromomagnésiens  des  aminés.  Seules,  ces  amides,  qui  cris- 

(')  Nous  croyons  devoir  abandonner,  pour  les  acides  non  saturés  monobasiques,  la 

nomenclature  cis,  traris  qui  ne  repose  que  sur  des  données  aléatoires  et  contradictoires. 

p 
On  remarquera  d'ailleurs  que,  dans  le  cas  d'acides  de  la  forme  :  n»  /  C  =  CH  —  CO-H, 

celle  nomenclature  n'a  plusauc^n  sens  précis. 


SÉANCE    DU     l7|    MAI     If)oG.  I089 

tallisent  aisément  et  peuvent  être  séparées,  nous  ont  permis  de  procéder 
à  une  étude  précise  et  à  une  caractérisation  certaine. 

En  ce  qui  concerne  les  relations  entre  les  stéréoisomères,  les  faits  que  nous 
avonsobservés  peuvent  être  résumés  delà  façon  suivante.  LadilTérence  entre 
les  points  d'ébuUition  de  deux  acides  stéréoisomères  ou  de  leurs  éthers 
décroît  à  mesure  que  le  poids  moléculaire  augmente.  La  stajjilité  relative 
des  isomères  lab.  s'accroît  au  contraire,  dans  les  mêmes  conditions,  vis-à- 
vis  des  agents  chimiques  et  physiques.  C'est  ainsi  que,  tandis  que  les 
acides  angélique  et  liglique  donnent  le  même  bromure,  au  contraire,  les 
acides  élhvlcrotoniques  Z«i.  et 5i.  fournissent  des  bromures  différents.  De 
même,  l'action  de  la  soude  aqueuse  et  bouillante  ne  transforme  pas  sensi- 
blement l'acide  éthylcrotonique  lab.  en  acide  st.  De  même  encore,  la  trans- 
position sous  l'influence  de  la  chaleur  est  très  faible  dans  le  cas  de  l'acide 
éthylcrotonique  lab.  —  Par  contre,  tous  les  isomères  lab.  que  nous  avons 
étudiés  sont  extrêmementsensibles  à  l'action  des  hydracides  qui  les  transfor- 
ment en  isomères  st.  Ce  fait  oblige  à  prendre  des  précautions  spéciales 
dans  la  manipulation  de  ces  acides.  — Enfin,  l'action  du  trichlorurede  phos- 
phore sur  les  isomères  lab.  les  transforme  quantitativement  en  les  chlorures 
des  acides  st.  correspondants.  Cette  réaction  est  celle  que  nous  avons  uti- 
lisée plus  spécialement  pour  caractériser  la  nature  de  l'isomérie  existant 
entre  les  divers  acides  que  nous  avons  obtenus. 


BOTANIQUE.  —  Sur  le  genre  Mascarenhasia. 
Note  de  M.  Marcel  Dlr.\rd,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

Le  genre  Mascareiiliasia,  de  la  famille  des  Apocynées,  est  représenté 
surtout  à  ^Madagascar,  où  il  joue  un  rôle  important  dans  la  production  du 
caoutchouc;  quelques  espèces  ont  également  été  signalées  dans  l'Afrique 
orientale  allemande.  Après  avoir  examiné  les  nombreux  matériaux  relatifs 
à  ce  genre,  provenant  de  Madagascar,  qui  sont  accumulés  dans  les  herbiers 
du  Muséum,  j'ai  été  amené  à  décrire  un  certain  nombre  de  formes  nou- 
velles (9  espèces  et  a  variétés)  et  à  grouper  l'ensemble  des  espèces  connues 
en  trois    sections  (').   Je  me    propose  dans    la  présente    note    de   mettre 

(')  Contribution  à  V étude  du  genre  Mascarenhasia.  (Bull.  Soc.  bot.  de  France,  /,'  série, 
l.  VI  ;  mars-avril  1906). 


IOf)0  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

en  lumière  les  données  les  plus  générales  qui  résultent  de  mes  observa- 
tions. 

a.  Répartition  géograpliique.  —  D'après  les  connaissances  actuelles,  le  genre  Masca- 
renhasia  paraît  répandu  surtout  sur  la  côte  orientale  de  Madagascar  ;  les  deux  régions 
les  mieux  connues  à  ce  point  de  vue  sont,  au  Nord,  la  zone  comprise  entre  Diego-Suarez 
et  ^'ohemar  (M.  arborcscens,  M.  angustifolia,  M.  brefitiiba),  au  Sud,  celle  qui  s'étend 
entre  Yangaindrano  et  Fort-Dauphin  (M.  speciosa,  M.  coriacea).  Sur  la  côte  Ouest,  les 
Mascarenhasia  sont  très  répandus  depuis  le  Nord  jus([ue  vers  la  baie  de  Bonibetok 
(Majiinga)  (A/,  lisiantliiflora,  M.  micrantlia)  et  manquent  vraisemblablement  plus  au  Sud  ; 
l'île  de  Nossi-Bé  en  est  assez  riche  et  possède  même  certaines  formes  spéciales.  Par  le 
centre  de  la  grande  Ile  (vallée  supérieure  de  l'Ikopa,  Imerina,  Betsileo)  il  semble  se  faire 
un  raccord  plus  ou  moins  continu  entre  les  formes  du  N.-O.  et  celles  du  S.-E.  On  y 
trouve  des  espèces  spéciales  (M.  tenuifolia,  M.  Grandidieri,  M.  macrocalyx)  et  aussi  des 
variétés  des  M.  lisiantliiflora.  Cette  espèce  paraît  d'ailleurs  présenter  l'aire  de  dispersion 
la  plus  étendue,  si  on  lui  reconnaît  les  limites  assez  larges  que  j'ai  tracées,  et  elle 
se  relie  au  M.  macrocalyx  par  certains  types  intermédiaires  qui  peuvent  être  des 
hybrides. 

b.  Habitat  et  port.  —  Les  Mascarenhasia  sont  des  arbustes,  quelquefois  des  arbres  de 
grande  taille,  comme  le  M.  longifolia  qui  atteint  jusqu'à  '^^1  mètres  de  haut;  ils  croissent 
depuis  le  niveau  de  la  mer  jusqu'à  une  altitude  dépassant  i.ooo  mètres  pour  certaines 
espèces  ;  ils  recherchent  presque  toujours  les  endroits  très  humides  et  végètent  même 
parfois  dans  des  terrains  inondés,  comme  l'indique  la  dénomination  d'//azondrano  (litté- 
ralement bois  d'eau)  que  les  indigènes  appliquent  à  plusieurs  formes.  Exceptionnelle- 
ment, certaines  espèces  ont  une  végétation  buissonnante  ou  affectent  un  port  de  liane 
(M.  Thiryana). 

c.  Rameaux  et  feuilles.  —  Les  inflorescences  des  Mascarenhasia  ne  sont  jamais  axil- 
laires,  malgré  les  affirmations  des  descripteurs  ;  les  fleurs,  isolées  ou  groupées,  se  déve- 
loppent toujours  aux  dépens  du  bourgeon  terminal  d'un  rameau  ;  seulement,  tantôt  la 
végétation  de  ce  rameau  est  limitée  par  la  production  de  l'inflorescence  et  celle-ci  con- 
serve un  aspect  terminal,  tantôt  elle  se  poursuit  suivant  la  direction  de  l'axe  primitif; 
l'inflorescence  est  déjetée  latéralement  et  paraît  axillaire,  tandis  qu'un  bourgeon  latéral 
pousse  un  rameau  qui  vient  prolonger  le  précédent.  Les  rameaux  florifères  sont  donc 
sympodiques. 

Les  feuilles  sont  simples,  entières,  opposées,  toujours  assez  brièvement  pétiolées,  la 
taille  et  la  forme  du  limbe  varient  dans  de  larges  limites,  souvent  dans  la  même  espèce  ; 
le  polymorphisme  des  feuilles  enlève  d'ailleurs  presque  toute  valeur  spécifique  aux 
caractères  foliaires,  à  part  de  rares  exceptions  [M.  angustifolia).  La  forme  obovale  est 
celle  qu'on  rencontre  le  plus  fréquemment  pour  le  limbe  ;  elle  se  répète,  avec  des  variantes, 
chez  de  nombreuses  espèces  et  souvent  même  elle  réapparaît  occasionnellement  chez 
des  types  dont  les  feuilles  présentent  presque  toujours  un  contour  différent;  c'est  là 


SÉANCE  DU  l4  MAI  I90G.  IO9I 

évidemment  un  caractère  de  convergence,  d'origine  ancestrale,  dominant  l'ensemble  du 
genre. 

d.  Caractères  floraux.  —  Le  calice  est  constitué  par  5  sépales,  membraneux  ou 
foliacés,  dont  l'inégalité  est  plus  ou  moins  apparente,  suivant  leur  développement;  on  en 
compte  un  grand,  deux  petits  et  deux  moyens  ;  la  préfloraison  du  calice  est  quinconciale, 
dextrogyre  ou  lévogyre,  les  deux  dispositions  pouvant  se  rencontrer  à  la  fois  dans  une 
même  inflorescence,  suivant  la  place  occupée  par  les  fleurs. 

La  forme  du  tube  de  la  corolle  fournit  à  mon  sens  les  meilleurs  caractères  sur  lesquels 
on  puisse  établir  les  sections  du  genre.  Dans  la  section  Macrosiphon  ce  tube  est  cons- 
titué par  une  partie  basilaire  étroite  et  cylindrique,  mesurant  au  moins  ij"""  de  long; 
cette  région  est  surmontée  d'une  partie  campanuliforme  beaucoup  plus  courte  que  ter- 
ni iiient  les  lobes;  dans  la  section  Micrantha  le  tube  est  formé  de  deux  parties  à  peu  près 
égales  séparées  par  un  étranglement;  la  partie  basilaire  affecte  la  forme  d'un  tronc  de 
cône  à  petite  base  supérieure  ou  bien  constitue  un  renflement  ovoïde  ;  la  partie  terminale 
est  plus  ou  moins  renflée  en  forme  de  cloche  ;  enfin  dans  la  section  Intcnnedia,  le  tube 
est  constitué  par  une  partie  inférieure  sensiblement  cylindrique,  étroite,  surmontée  d  une 
région  élargie  beaucoup  plus  longue  que  la  précédente. 

Quant  au  disque,  il  fournit  des  caractères  spécifiques  de  premier  ordre  :  il  est 
formé  théoriquement  de  'i  petites  écailles  entourant  l'ovaire,  l'une  médiane  et  les  quatre 
autres  latérales.  Rarement  les  5  pièces  du  disque  restent  indépendantes  ;  la  plupart  du 
temps  la  médiane  est  isolée  elles  autres  se  soudent  deux  à  deux  pour  former  des  pièces 
bilobées;  enfin  une  concrescence  générale  peut  s'établir  entre  toutes  les  pièces  et  le 
disque  forme  alors  une  cupule  plus  ou  moins  profondément  lobée  ou  même  à  bord 
entier. 

Les  dimensions  relatives  des  écailles  du  disque,  des  carpelles  et  des  sépales  donnent 
aussi  des  indications  précieuses  pour  la  distinction  des  formes. 

En  résumé  :  i°  Les  Mascaienhasia  sont  des  arbres  recherchant  les  sols 
humides,  croissant  surtout  en  abondance  sur  la  côte  orientale  de  Mada- 
gascar; 

2°  Les  rameaux  floraux  sont  de  nature  sympodique  et  les  feuilles  très 
polymorphes  ; 

3"  Les  caractères  floraux  les  plus  intéressants  sont  ceux  fournis  par  le 
tube  de  la  corolle  sur  lesquels  sont  basées  les  sections  et  par  le  disque  ; 
ces  derniers  sont  précieux  pour  la  diagnose  des  espèces. 


1092  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  lin  CHS  cVorgane  vert  dépourvu  de  pouvoir 
assimilaleur.  Note  de  M.  Ji;a.\  Friedel,  présentée  par  M.  Gaston 
Boniiier. 

L'ovaire  de  VOrnithogalum  orahiciim  a  une  coloration  verte  très  intense 
tournant  presque  au  noir.  Si  l'on  pratique  une  coupe  dans  l'organe  frais, 
on  constate  la  présence  de  corps  chlorophylliens  très  abondants  :  ceux  qui 
sont  situés  en  profondeur  ont  la  teinte  verte  habituelle,  ceux  qui  occupent 
une  position  périphérique  sont  noirâtres.  De  nombreuses  expériences 
faites  au  printemps  de  igoS  ont  montré  que  cet  ovaire  est  dépourvu  de 
pouvoir  assimilateur  :  à  la  lumière  comme  à  l'obscurité,  il  a  toujours  une 
activité  respiratoire  considérable.  Récemment  j'ai  vérifié  ce  résultat  sur 
des  échantillons  cueillis  aux  environs  d'Alger  qui  m'ont  été  obligeamment 
envoyés  par  M.  Maige,  chargé  de  cours  de  botanique  à  l'École  supérieure 
des  Sciences  d'Alger. 

Exemple  :  8  mai  1906.  —  Un  ovaire  a  été  exposé  à  la  lumière  dans  un 
espace  de  5""  environ  contenant  de  l'air  atmosphérique.  L'expérience  a 
duré  de  9''  3o  du  matin  à  2''  10  de  l'après-midi.  A  la  fin,  la  composition  du 
gaz  était  la  suivante  : 

C0=    6,4 

O  12,7 

Az8o,9 

La  respiration  est  mesurée  par  un  dégagement  de  gaz  carbonique  égal 
à  6,  4. 

J'ai  été  amené  à  comparer  les  échanges  gazeux  de  l'ovaire  de  0.  arabi- 
cum  à  ceux  de  l'ovaire  d'une  plante  du  même  genre,  0.  umbellatum.  Cet 
ovaire,  d'un  vert  beaucoup  moins  foncé  que  celui  d'O.  arabicum,  a  un  pou- 
voir assimilateur  considérable.  Je  citerai  l'expérience  suivante  faite  sur 
un  ovaire  très  volumineux  provenant  d'une  fleur  flétrie  : 

26  mai   1905.  —  Début  9''! 5  du  matin,  fin  2''i5  de  l'après-midi,  volume 


gazeux  5™ 


,\ssimilation  mesurée 
Gaz  initial.  Gaz  final.  par  0  dégagé  et  GO"  absorbé. 

CO-  II  CO    1,6  1       o 

0.7,9  O27,'  rn^^''',     R=o,96 

Az  71,1  Az  71,3  ^ 


SÉANCE    DU     l4    MAI     I906.  -  lOgB 

J'ai  mis  en  expérience  comparativement  un  ovaire  à' Ornitliogalum 
umbellatiim,  un  fragment  de  feuille  et  un  ovaire  d'O.  arahiciun. 

L'ovaire  d'O.  umbellaUun  et  le  fragment  de  feuille  ont  présenté  une 
assimilation  manifeste,  l'ovaire  d'O.  arabicum  a  respiré  avec  intensité  sans 
trace  d'assimilation  chlorophyllienne. 

Ainsi  V ovaire  d' Oniithogahim  arabicum  ne  peut  assimiler,  bien  qu'il  soit 
plus  fortement  coloré  que  l'ovaire  iVOriiit/iogaluin  umbellatum  dont  le 
pouvoir  assimilateur  est  très  développé.  Cette  difîerence  si.  curieuse 
s'explique,  peut-être,  par  une  altération  superficielle  de  la  chlorophylle; 
les  chloroleucites  noirâtres  situés  à  la  périphérie  formeraient  un  écran 
empêchant  le  fonctionnement  des  chloroleucites  verts  normaux  situés  en 
profondeur. 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Les  maladies  du  caféier  au  Congo  indépendant . 
Note  de  M.  E.  De  Wildem.vx,  présentée  par  M.  Guignard. 

Dans  une  note  présentée  en  igoS  à  une  des  séances  de  l'Académie  des 
Sciences,  M.  J.  Gallaud  a  attiré  l'attention  sur  le  Pellicularia  Koleroga, 
champignon  qu'il  faut  considérer  comme  un  important  ennemi  des  caféiers. 
C'est  à  propos  de  la  découverte  de  cette  espèce  en  Nouvelle-Calédonie, 
que  l'auteur  a  insisté  sur  ce  parasite  et  sur  les  moyens  qu'il  faut  mettre 
en  œuvre  pour  combattre  son  action. 

Il  nous  paraît  très  probable  que  ce  champignon,  fort  mal  connu  encore, 
est  plus  répandu  qu'on  ne  le  croit  généralement.  Parmi  les  matériaux 
rapportés  par  la  i\Iission  botanique  et  agricole  d'Eni.  et  M.  Laurent,  au 
Congo  indépendant,  nous  avons  trouvé  un  certain  nombre  de  maladies  de 
caféiers  soit  indigènes,  soit  mis  en  culture.  Ces  champignons  ont  été 
étudiés  par  M.  le  Prof.  P.  Hennings  du  jardin  botanique  de  Berlin,  qui  a 
corroboré  certaines  déterminations  d'Em.  Laurent,  entre  autres  celle  du 
Pellicularia  Koleroga  ;  il  a  également  trouvé  dans  ces  récoltes  VHeniileia 
vastatrix.  Le  Pellicularia  Koleroga  attaque,  au  Congo,  toutes  les  parties 
des  caféiers,  il  forme  des  cordons  mycéliens  blanchâtres  qui  s'étendent 
des  tiges  sur  les  feuilles  et  les  fruits,  réunissant  même  entre  elles  plusieurs 
feuilles  à  la  surface  desquelles  il  étale  ses  ramifications  plus  ou  moins 
dichotomes,  présentant  avec  la  toile  de  certaines  araignées  une  assez  grande 


1094  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

analogie.  Le  développement  du  champignon  est  parfois  si  intense  que  liges, 
feuilles,  fleurs  et  fruits  sont  réunis  en  une  masse  informe. 

La  maladie  paraît  n'avoir  été  observée  au  Congo  que  dans  les  régions 
où  le  caféier  est  très  ombragé  et  par  suite  dans  une  station  très  humide; 
c'est  dans  des  conditions  similaires  que  le  Pellicularia  a  été  remarqué 
également  ailleurs. 

Em.  Laurent  n'a  malheureusement  pas  consigné,  dans  ses  notes  prises 
au  jour  le  jour,  de  remarques  quant  à  la  fréquence  de  la  maladie  que, 
d'après  les  échantillons  d'herbier,  nous  pouvons  signaler  en  trois  points  de 
l'Etat  du  Congo  :  Ikenge  (Ruki),  Basoko  (Aruwimi)  et  environs  de  Bolomlo 
(Nouvelle-Anvers). 

Quant  à  r^e/7it7e?a  vastatrix,  il  existe  également  au  Congo,  mais  jusqu'à 
ce  jour  il  ne  paraît  pas  encore  très  répandu;  il  a  été  signalé  par  Em.  Lau- 
rent en  deux  points  seulement  de  l'Etat;  à  Idanga  (Kasai)  et  à  Malema 
(Aruwimi).  Pas  plus  que  pour  le  Pellicularia  nous  ne  pouvons  dire  si  la 
maladie  était  répandue  dans  la  plantation  ;  on  peut  cependant  d'après  les 
matériaux  assez  nombreux  rapportés,  considérer  ce  champignon  comme 
assez  fréquent  dans  les  deux  stations  citées,  où  il  végétait  sur  deux  espèces 
différentes. 

A  côté  de  ces  deux  champignons  vraiment  dangereux,  dont  il  convient 
de  combattre  les  effets  non  seulement  par  des  remèdes  curatifs  à  appliquer 
aux  plantes  malades,  mais  surtout  par  des  remèdes  préventifs,  la  Mission 
Laïu'ent  a  rapporté  sur  des  feuilles  de  Coffva  les  espèces  de  champignons 
suivantes,  toutes  nouvelles  pour  la  science  :  Septobasidiam  coffeicola 
P.  Henn.,  Paranectria  Wildemaiiiaiia  P.  Henn,  Microlhyriiim  Latiren- 
tioriimP.  Henn.,  Microtliyrinm  Leopoldvilleaimni  F.  Henn.,  Diplodia  Cof- 
feœ  P.  Henn.,  Helmintlwpariuni  nhangieiisis  P.  Henn.  et  Spegazzinia  Cof- 
feœ  P.  Henn.,  dont  nous  ne  connaissons  pas  encore  l'importance  au  point 
de  vue  de  la  biologie  du  caféier.  Ces  espèces  seront  décrites  dans  le  troi- 
sième fascicule  de  la  «  Mission  Em.  et  M.  Laurent  ». 


SÉANCE  DU   i4  iiAi  igo6.  iog5 

ZOOLOGIE.  —  Remplacement  des  muscles  vibrateurs  du  vol  par  des  colonnes 
d' adipocy les ^  chez  les  Fourmis,  après  le  vol  nuptial.  Note  de  ^I.  Charles 
♦Ï.WET,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

Lorsque  les  jeunes  mâles  et  les  jeunes  reines  des  colonies  de  Fourmis 
sont  parvenus  à  leur  complète  maturité  sexuelle,  on  les  voit  sortir  de 
leurs  retraites  souterraines  et  circuler  autour  de  leur  nid. 

Bientôt,  par  une  belle  journée,  pendant  que  les  ouvrières  de  la  colonie 
s'agitent  en  manifestant  une  vive  inquiétude,  les  mâles  et  les  reines,  mus 
par  l'instinct  sexuel,  abandonnent,  sans  retour,  la  famille  oii  ils  sont  nés, 
où  ils  ont  été  élevés  et  où  ils  ont  reçu  tant  de  soins,  lis  circulent  d'abord, 
pendant  quelques  instants,  sur  le  sol  ;  puis  ils  cherchent  un  point  de  départ 
favorable,  tel  que  l'arête  d'une  pierre  ou  l'extrémité  d'un  brin  d'herbe,  et, 
de  là,  s'élancent  en  ligne  droite  dans  l'espace  et  disparaissent  rapidement. 
C'est  le  vol  nuptial. 

Dans  l'ensemble  des  Fourmis  ailées  qui  s'ienvolent  ainsi,  do  tous  côtés, 
les  mâles  sont  plus  nombreux  que  les  reines.  L'accouplement  a  lieu  au 
vol  et,  bientôt,  à  bout  de  forces  et  parfois  emportés  par  le  vent,  mâles  et 
reines  retombent  et  jonchent  le  sol. 

Les  mâles  ne  savent  pas  subvenir  à  leurs  besoins  et,  qu'ils  soient  ou 
qu'ils  ne  soient  pas  parvenus  à  s'accoupler  avec  l'une  des  jeunes  reines 
qu'ils  ont  rencontrées  et  poursuivies  dans  les  airs,  leur  existence  est 
désormais  sans  utilité  et  sans  but.  Ils  ne  tardent  pas  à  périr. 

Les  reines,  au  contraire,  ne  sont,  à  ce  moment,  qu'au  début  d'une 
longue  carrière.  Les  observations  de  Lubbock  et  de  Wasmann  ont,  en 
effet,  montré  que  les  reines  de  Fourmis  vivent  beaucoup  plus  longtemps 
qu'on  ne  le  supposait  avant  eux,  et  j'ai  moi-même  conservé,  dans  mon 
laboratoire,  une  reine  de  Lasius  alienus  qui  est  morte,  peut-être  acciden- 
tellement, âgée  de  près  de  dix  années. 

Dès  qu'elles  sont  retombées  sur  le  sol,  les  jeunes  reines  se  débarras- 
sent de  leurs  ailes,  organes  qui  sont  devenus  absolument  inutiles  pour 
l'existence  sédentaire  qu'elles  sont  destinées  à  mener.  Ensuite,  chacune 
d'elles  se  réfugie,  solitaire,  dans  la  première  petite  cavité  favorable  qu'elle 
rencontre  et  quelle  sait,  au  besoin,  agrandir  et  clore  pour  en  faire  le  ber- 
ceau d'unie  nouvelle  colonie. 

La  dissection  d'une  jeune  reine  montre  que  la  musculature  productrice 

G.  R.,  1906,  \"  Semestre.   (T.  C.\LII,  N»  20.)  l44 


lOqt)  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

des  vibrations  du  vol  constitue  le  plus  volumineux  de  tous  ses  organes. 
C'est  précisément  au  volume  de  cette  musculature  qu'est  dû  le  dévelop- 
pement, si  considérable  chez  les  Fourmis  ailées,  du  corselet  et  en  parti- 
culier du  mésonotum,  c'est-à-dire  de  ces  deux  surfaces  tégumentaires 
qui,  séparées  par  la  charnière  de  vibration,  constituent  le  scutum  et  le 
scutellum  [fig.  i). 


Or,  pendant  les  quelques  semaines  que  dure  leur  séjour  dans  le  nid 
natal,  les  jeunes  reines  ne  font  absolument  aucun  usage  de  leurs  ailes  et, 
comme  nous  venons  de  le  voir,  elles  se  les  arrachent  aussitôt  qu'elles  sont 
retombées  sur  le  sol  après  le  vol  nuptial. 

L'énorme  musculature  du  vol,  le  plus  lourd  et  le  plus  volumineux  de 
tous  les  organes  de  la  jeune  reine,  ne  fonctionne  donc  qu'une  seule  fois,  et 
cela  seulement  pendant  quelques  instants,  au  cours  de  dix  années  d'exis- 
tence ! 

Quel  est  le  sort  ultérieur  de  cette  énorme  masse  musculaire  devenue 
ainsi  inutile  au  point  de  vue  moteur  ? 


SÉANCE    DU     l/|     MAI     I906.  IC)f)7 

Il  résulte  d'une  étude  que  je  poursuis  en  ce  moment,  que  les  fibres  des 
muscles  vibrateurs  du  vol  disparaissent  complètement  et  qu'ils  sont  rem- 
placés par  des  colonnettes  d'adipocytes. 

Cela  est  bien  mis  en  évidence  par  les  deux  figures  ci-dessus  qui|repré- 
sentent  en  coupe  sao-iitale,  la  première,  le  corselet  d'une  reine  de  Lasius 
niger  fixée  le  jour  même  du  vol  nuptial,  la  seconde,  le  corselet  d'une 
reine  de  la  même  espèce  fixée  dix  mois  plus  tard. 

J'indiquerai  prochainement,  lorsque  mes  recherches  seront  plus  avan- 
cées :  le  processus  de  l'histolyse  des  muscles  vibrateurs  en  question,  le 
processus  de  l'histogenèse  du  tissu  adipeux  qui  remplace  ces  muscles  et, 
enfin,  les  conséquences  de  cette  histolyse  et  de  cette  histogenèse  au  point 
de  vue  physiologique. 


ZOOLOGIE.  —  Sur  une  nouvelle  Myxosporidie  de  la  Tanche  commune.  Note 
de  M.  LiOL'is  L.É«F.R,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

En  examinant  un  lot  de  Tanches  [Tinca  vulgaris  Cm'.)  qui  avait  été 
adressé  au  Laboratoire  de  pisciculture  de  l'Université  de  Grenoble  en  vue 
de  rechercher  la  cause  d'une  grande  mortalité  qui  sévissait  indistinctement 
sur  tous  les  Cyprinides  du  bassin  dans  lequel  elles  vivaient,  je  reconnus 
que  la  plupart  d'entre  elles  (environ  80  p.  100)  étaient  infestées  par  une 
Myxosporidie  à  Spores  4  capsulées  et,  par  conséquent,  appartenant  au  genre 
Cloromyxuju  dont  elle  constitue  une  nouvelle  espèce. 

Je  me  hâte  de  dire  que  ce  parasite  ne  m'a  pas  semblé  devoir  être  incri- 
miné dans  la  forte  mortalité  des  Poissons,  celle-ci  étant  due,  d'après  mes 
observations,  à  une  Chilodoniase  intense,  c'est-à-dire  à  un  envahissement 
total  de  la  peau  et  surtout  des  branchies  par  le  Chilodon  cyprini  MorofT. 

Le  Myxosporidie  à  laquelle  je  donnerai  le  nom  de  CIil.  ci'istatum^  se  ren- 
contrait dans  le  liquide  biliaire,  libre  ou  réunie  en  petit  amas  floconneux 
comprenant  un  certain  nombre  d'individus,,  mais  jamais  en  aussi  grande 
quantité  que  le  Chl.  truttse  qui,  ainsi  que  je  l'ai  signalé  précédemment  et 
observé  de  nouveau  ces  jours  derniers,  est  susceptible  dans  ces  conditions, 
de  déterminer  des  troubles  graves  chez  la  Truite. 

Les  états  végétatifs,  à  endoplasme  granuleux  incolore  limité  par  une 
couche  ectoplasmique  hyaline,  sont  de  forme  ordinairement   massive,    à 


in()H  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

contour  ovale  ou  irrégulièrement  circulaire,   sans  pseudopodes  saillants. 
Leur  diamètre  moyen  est  de  20  [jl  pour  les  adultes. 

Les  plus  petits  individus  que  j'ai  observés  possédaient  seulement  deux 
noyaux,  mais  ce  nombre  augmente  rapidement  avec  la  taille  et  il  se  forme 
finalement  dans  chacpie  individu,  une  seule  spore,  rarement  deux.  Après  la 
maturité  delà  spore,  le  corps  myxosporidien  qui  a  conservé  seulement  deux 
noyaux  de  reliquat,  se  flétrit  et  disparaît.  Les  spores  sont  ainsi  mises  en 
liberté  dans  le  liquide  biliaire  d'où  elles  gagnent  l'intestin,  puis  l'extérieur. 

Le  spore  de  Chl.  cristatnm  est  sub-sphérique  avec  légère  prédominance 
du  diamètre  sulural  qui  mesure  de  10  à  1 1  |ji.  Les  deux  valves,  dont  la  ligne 
d'accolement  est  ondulée,  sont  relevées  chacune  d'une  dizaine  de  côtes 
ou  mieux  décrètes  très  saillantes,  à  direction  méridienne,  ce  qui  donne  à 
la  spore,  lorsqu'elle  est  vue  par  les  pôles,  l'aspect  d'une  roue  dentée  à 
ao  dents  environ.  Des  quatre  capsules  polaires,  deux  légèrement  plus  petites, 
alternent  avec  les  deux  autres  et  possèdent  un  filament  dévaginable  un 
peu  plus  court  que  celui  de  ces  dernières.  Enfin,  suivant  la  règle,  la  spore 
renferme  un  germe  ou  sporoplasma  à  deux  noyaux.  Ceux-ci,  riches  en 
chromatine,  montrent  une  membrane  chromophile  à  la  surface  de  laquelle 
se  voit  un  petit  grain  colorable  qui  est  sans  doute  un  centrosome. 

L'étude  du  développement  de  la  spore  montre,  avec  la  plus  grande  net- 
teté, la  formation  des  deux  valves  aux  dépens  des  deux  cellules  pariétales 
dont  j'ai  signalé  pour  la  première  fois  la  présence  dans  les  spores  du  Chlo- 
romyxumtruttœ('),  etque  M.  Hesse  et  moi(-)  avons  ensuite  retrouvées  dans 
tous  les  autres  types  de  Myxosporidies. 

Ici,  ces  cellules  pariétales,  à  large  noyau  et  très  amples  au  début,  entou- 
rent le  contenu  sporal  (germes  et  capsules)  sous  forme  de  deux  larges 
croissants.  Puis,  elles  se  rétractent  sur  le  contenu  en  se  plissant  réguliè- 
rement suivant  des  lignes  méridiennes,  ce  qui  détermine  les  crêtes  sail- 
lantes si  caractéristiques  de  la  paroi  sporale,  à  la  maturité. 

Le  Chl.  cristatnm  doit  prendre  place  à  côté  du  Chl.  fluviatile  du  Meunier 
et  du.  Chl.  Truttœ  de  la  Truite,  mais  on  le  distinguera  facilement  de  ces 
deux  espèces  par  le  nombre  et  la  taille  de  ces  spores  ainsi  que  par  la  direc- 
tion méridienne  et  la  forte  accentuation  des  crêtes  valvaires. 

('j  L.  LÉGER,  Sur  une  nouvelle  maladie  iny.vosporidienne  de  la  truite  indigène.  (Comptes 
rendus,   \i  mars  1906.) 

(-)  L.  LÉcEu  et  E.  Hesse,  Sur  la  structure  de  la  paroi  sporale  des  myxosporidies 
(Comptes  rendus,  19  mars  1906.) 


SÉANCE  DU   i/j  MAI   igo6.  lopq 


MICROBIOLOGIE.  —  Culture  du  spirille  de  la  fièvre  récurrente  africaine  de 
l'homme  {Tick-fever).  Note  de  M.  C.  Levaditi,  présentée  par  M.  Roux. 

Dans  une  note  présentée  à  la  Société  de  Biologie  (séance  du  7  avril  1906) 
nous  avons  montré  que  le  procédé  des  sacs  au  collodion  placés  dans  la 
cavité  péritonéale  des  lapins,  permet  d'olitenir  une  culture  pure  et  aljon- 
dante  du  Spirillum  gallinarujn,  agent  provocateur  de  la  septicémie  des 
poules,  découvert  au  Brésil  par  Marchoux  et  Salimbeni.  C'était  là  le  pre- 
mier essai  de  culture  d'un  spirille  pathogène,  suivi  de  succès.  Dans  la  suite, 
les  résultats  que  nous  avons  obtenus  en  continuant  ces  recherches,  n'ont 
fait  que  confirmer  nos  premières  constatations  ;  actuellement,  notre  série 
de  culture  est  au  treizième  passage  et  le  dernier  sac,  ouvert  soixante-treize 
jours  après  le  premier  ensemencement,  renfermait  de  très  nombreux 
spirilles  vivants  et  virulents. 

Dans  la  note  mentionnée,  nous  avons  énoncé  les  résultats  encourageants 
que  la  même  méthode,  appliquée  à  la  culture  du  spirille  de  la  fièvre  récur- 
.rente  africaine  {Tick-fecer),  nous  avait  permis  d'obtenir.  Depuis,  grâce  aux 
quelques  améliorations  (')  apportées  à  notre  procédé,  il  nous  a  été  possible 
de  cultiver  en  série  ce  spirille  et  de  conserver  presque  invariable  sa  viru- 
lence, malgré  les  nombreux  passages  que  nous  avons  réalisés  ('). 

Teclinlque.  —  Des  sacs  en  collodion  ayant  une  capacité  d'environ  a'^'"^  sont  stérilisés 
dans  des  tubes  renfermant  de  l'eau  distillée.  Au  moment  de  l'emploi,  on  retire  le  contenu 
du  sac  et  tout  en  laissant  ce  sac  plonger  dans  l'eau  distillée,  on  le  remplit  avec  du  sérum 
de  Macaccus  cynomolgiis  ou  de  M.  r/iesus,  animaux  sensibles  à  l'infection  par  le  spirille 
de  la  Tick-fever.  Le  tube  à  essai  renfermant  le  sac  est  ensuite  placé  pendant  un  quart 
d'heure  dans  un  bain-raarie  chauffé  à  70°  ;  une  fois  refroidi,  le  sac  est  ensemencé  avec 
quelques  gouttes  de  sang  défibriné  provenant  d'un  macaque  sacrifié  en  pleine  infection 
spirillienne.  Le  sac  préalablement  fermé  est  placé  dans  la  cavité  péritonéale  d'un  lapin 
(ou  d  un  rat)  et  n'est  ouvert  qu'au  bout  de  cinq  à  sept  jours.  A  ce  moment  on  réalise  un 
nouveau  passage,  en  ensemençant  quelques  gouttes  du  contenu  dans  un  nouveau  sac 
préparé  comme  il  vient  d'être  indiqué. 

(')  Ainsi,  nous  avons  supprimé,  comme  étant  nuisible  à"  la  culture  du  spirille  de  la 
fièvre  récurrente,  l'emploi  de  la  gélose  glycosée  qui  nous  avait  donné  de  bons  résultats 
dans  nos  expériences  avec  le  spirillum  gallinarum. 

(-)  Le  virus  a  été  mis  obligeamment  à  notre  disposition  par  M.  le  Professeur 
R.  Koch,  que  nous  prions  de  recevoir  ici  tous  nos  remercîments. 


IIOO  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

Cette  méthode  permet  de  réaliser  la  culture  du  spirille  de  la  fièvre 
récurrente  de  l'Iioinme,  dans  un  milieu  demi-solide  ;  en  effets  sous 
l'influence  du  chaufîage  à  70°  et  grâce  à  la  pénétration  de  l'eau  distillée  à 
l'intérieur  du  sac,  le  sérum  prend  une  consistance  sirupeuse,  très  voisine 
de  l'état  solide.  Notre  première  série  de  culture,  commencé  le  3o  mars, 
est  actuellement  au  huitième  passage  et  représente  36  sacs;  le  dernier  de 
ces  sacs  ouvert  trente-sept  jours  après  le  premier  ensemencement,  conte- 
nait de  nombreux  spirilles  très  mobiles,  libres  ou  légèrement  agglutinés. 

En  général  la  culture  du  spirille  de  la  Tick-fewer  est  moins  abondante 
que  celle  du  Spirilliim  gallinarum.  La  multiplication  des  parasites  s'opère 
grâce  à  leur  division  transversale  et  déljule  déjà  le  deuxième  jour;  on 
constate  à  ce  moment  de  très  nombreux  spirilles  disposés  deux  par  deux 
et  réunis  par  un  mince  filament,  destiné  à  se  rompre  lors  de  la  division. 
Remarquable  est  la  variabilité  des  dimensions  des  spirilles  contenus  dans 
le  sac  ;  à  côté  d'individus  relativement  courts  ayant  3  ou  4  ondulations,  on 
en  trouve  d'autres  extrêmement  longs,  constitués  par  5o  ou  60  tours  de 
spire.  Néanmoins,  la  forme  spirillienne  est  la  seule  que  nous  ayons  ren- 
contrée dans  nos  cultures.  Ajoutons  que  la  mobilité  des  spirilles  très  accen- 
tuée dans  les  cultures  jeunes,  tend  à  diminuer  dans  le  sac  ayant  séjourné* 
plus  de  dix  jours  dans  le  péritoine  et  que,  jusqu'à  présent,  la  virulence  de 
ces  spirilles,  pour  la  souris  du  moins,  semble  se  conserver  inaltérée. 

Dans  les  sacs  introduits  dans  la  cavité  péritonéale  des  rats,  toute  cul- 
ture cesse  au  bout  de  trois  passages.  L'examen  du  contenu  de  ces  sacs  nous 
a  montré  la  présence  d'un  grand  nombre  de  formes  vibrioniennes  résultant 
d'une  transformation  involutive  des  spirilles.  Ces  formes,  extrêmement 
mobiles,  ont  les  dimensions  d'une  seule  ondulation  de  spirille,  possèdent 
des  extrémités  eflilées  et  sont  pourvues  d'un  ou  deux  grains  colorables  en 
rouge  vif  par  le  Giemsa  (').  La  présence  de  ces  grains  de  chromatine,  ainsi 
que  la  forme  de  certains  de  ces  «  vibrions  »  pourraient  faire  penser  à  leur 
nature  trypanosomique.  Mais,  l'absence  de  fiagelle  et  de  membrane  ondu- 
lante d'une  part,  l'existence  de  ces  formes  à  côté  de  spirilles  nettement 
dégénérés  d'autre  part,  permettent  d'écarter  cette  hypothèse. 

(')  Nous  considérons  ces  grains  de  chromatine  comme  étant  l'équivalent  des  noyaux 
des  spirilles.  Il  est  probable  que  chez  les  spirilles  non  dégénérés,  l'enveloppe  proto- 
plasmique  colorable  en  bleu  par  le  Giemsa,  cache  entièrement  la  substance  nucléaire  du 
parasite  ;  celle-ci  ne  devient  apparente  que  lorsque  cette  enveloppe  de  protoplasma 
subit  des  modifications  dégénératives. 


SÉANCE    DU     l4    MAI     I906.  IIOI 

PATHOLOGIE.  —  Sur  la palhogénie  de  la  iubercidose.Nole  de  M.  H.  Vallée. 

présentée  par  M.  E.  Roux. 

Dans  une  note  présentée  à  la  Société  de  Biologie  le  i"  avril  1903,  j'ai 
fait  connaître  le  résultat  d'expériences  sur  l'importance  du  rôle  des  voies 
digestives  dans  la  production  de  la  tuberculose  pulmonaire.  J'écrivais 
alors  :  «  La  prédominance  des  lésions  pulmonaires  chez  un  sujet  porteur 
d'altérations  même  très  discrètes  de  l'appareil  digestif,  n'autorise  point  à 
admettre  que  l'infection  n'a  pas  été  contractée  par  les  voies  digestives.  » 
Quelques  mois  plus  lard,  étudiant  chez  le  veau  la  valeur  comparative  de 
l'inhalation  et  de  l'ingestion  quant  à  leur  aptitude  à  produire  la  tulaercu- 
lose  pulmonaire,  j'aboutissais  à  ces  conclusions  :  «  que  des  divers  modes 
d'infection,  l'ingestion  est  celui  qui  réalise,  le  plus  sûrement  et  le  plus 
vite,  la  tuberculisation  des  ganglions  annexes  du  poumon  ;  que  la  péné- 
tration du  bacille  tuberculeux  au  niveau  de  l'intestin  peut  s'effectuer  sans 
qu'il  se  produise  de  lésions  apparentes  appréciables  de  la  muqueuse  intes- 
tinale ou  des  ganglions  mésentériques.  «  (Octobre  igoS,  Congrès  de  la 
tuberculose  et  Annales  de  V Institut  Pasteur.) 

A  cette  dernière  date,  MM.  Calmette  et  Guérin  faisaient  connaître  le 
résultat  de  recherches  sur  le  même  sujet  poursuivies  sur  de  jeunes  che- 
vreaux et  des  chèvres  adultes  qui  ingéraient  des  laits  bacillifères  ou  qui 
recevaient,  à  la  sonde  œsophagienne,  des  quantités  massives  (10  à  20  centi- 
grammes) de  bacilles  bovins  virulents.  D'accord  avec  M.  V.  Behring  ils 
reconnaissent  que  «  dans  l'immense  majorité  des  cas,  la  tuberculose 
pulmonaire  ne  se  contracte  pas  par  inhalation,  mais  bien  par  ingestion  de 
poussières  ou  de  produits  bacillifères.  « 

MM.  Calmette  et  Guérin  constatent,  au  cours  de  leurs  expériences,  qu'il  se 
fait  toujours  chez  les  jeunes  chevreaux  des  altérations  mésentériques  et  que 
«  la  tuberculisation  pulmonaire  ne  survient  que  secondairement,  alors  que 
les  ganglions  mésentériques  ne  suffisent  plus  à  retenir  les  bacilles  tuber- 
culeux étales  empocher  d'être  entraînés  dans  la  circulation  lymphatique  ». 
Chez  les  chèvres  adultes,  au  contraire,  ils  relèvent  toujours  «  l'apparition 
rapide  de  lésions  tuberculeuses  pulmonaires.  Les  bacilles  ne  laissent 
presque  aucune  trace  de  leur  passage  à  travers  le  système  lymphatique  de 
l'intestin  ». 

Les  constatations  de  MM.  Calmette  et  Guérin  étaient,  en  ce  qui  concerne 
la  tuberculose  pulmonaire  des  jeunes  sujets,  en  contradiction  avec  mes 


H02  ACADEMIE    DES    SCIENCES, 

premières  observations.  Tandis  que  je  signalais  chez  le  jeune  sujet  (veau) 
la  prédominance  des  lésions  pulmonaires  sur  les  altérations  des  ganglions 
mésentériques  qui  sont  toujours  discrètes  et  parfois  même  invisibles, 
MM.  Calmette  et  Guérin  observent  constamment  chez  les  chevreaux  des 
altérations  de  ces  derniers. 

J'ai  pensé  que  l'écart  marqué,  relevé  ainsi,  tenait  à  la  quantité  de  bacilles 
bovins  (parfois  énorme)  utilisée  par  ces  savants  dans  leurs  expériences. 
Dans  mes  essais,  j'ai  en  effet  mis  en  œuvre  des  quantités  de  bacilles  infi- 
niment moins  considérables. 

Gomme  en  la  matière  il  y  a  le  plus  grand  avantage  à  obtenir  des  notions 
expérimentales  qui  permettent  de  conclure  aux  conditions  de  l'infection 
naturelle,  j'ai  réalisé  pour  de  nouveaux  essais  les  circonstances  étroites 
de  celles-ci. 

Onze  veaux,  indemnes  de  tuberculose,  âgés  de  huit  à  quinze  jours,  sont  soumis,  en 
dehors  de  toute  cause  de  contamination  accidentelle  et  jusqu'à  lâge  de  trois  mois  envi- 
ron à  lalimentation  quotidienne  au  lait  cru  fourni  par  quatre  grosses  vaches  normandes, 
excellentes  laitières.  Trois  de  celles-ci,  cependant  indemnes  de  tout  signe  clinique  ou 
suspect,  réagissent  à  la  tuberculine.  Ces  sujets  sont  donc  porteurs  de  lésions  de  tuber- 
culose et  il  est  à  supposer  qu'ils  fournissent,  ainsi  qu'il  est  bien  démontré  aujourd'hui, 
à  certains  moments,  du  lait  virulent. 

Le  lait  des  quatre  vaches  est  mélangé  et  chacun  des  veaux  soumis  à  l'expérience  reçoit 
une  égale  quantité  du  mélange. 

A  l'âge  de  cpiatre-vingt-dix,  cent  jours,  tous  les  animaux  sont  tuberculinés  et  fournis- 
sent à  l'épreuve  une  réaction  positive.  Les  bêtes  laitières  tuberculeuses  sont  sacrifiées  ; 
toutes  trois  présentent  de  massives  altérations  ramollies  des  ganglions  trachéo-bron- 
chiques  et  du  médiastin.  Les  viscères  sont  indemnes  de  toute  lésion  apparente  ;  chez 
une  seule  d'entre  elles  on  note  dans  la  mamelle  des  lésions  tuberculeuses  minimes, 
inappréciables  du  vivant  de  l'animal. 

Les  veaux  sont  sevrés  et  conservés  durant  quatre  semaines  encore,  puis  sacrifiés  à 
leur  tour. 

A  l'autopsie,  neuf  cC entre  eux  sur  onze  sont  trouvés  porteurs  cV altérations  tuberculeuses 
plus  ou  moins  marquées,  calci/fiécs  en  général,  mais  toujours  très  nettes,  des  ganglions 
bronchiques  et  médiastinaux.  Deux  seulement  portent  une  unique  lésion  pulmonaire,  plus 
récente  en  apparence  que  la  lésion  ganglionnaire.  Chez  tous,  les  ganglions  rétro-pha- 
ryngiens et  cervicaux,  le  foie,  la  rate,  sont  indemnes.  Pas  un  seul  ne  présente  la  plus 
petite  altération  de  Vun  quelconque  des  ganglions  mésentériques  ;  la  plupart  de  ceux-ci 
normaux  d'apparence  et  de  volume,  renferment  cependant  des  bacilles  de  Koch  déce- 
lables par  inoculation  au  cobaye. 

11  est  incontestable,  étant  donnée  la  conduite  de  l'expérience,  que  c'est 


SÉANCE    DU     ÏL[    MAI     1  C)o6.  I  I  o3 

bien  par  la  voie  intestinale  que  se  sont  constituées  les  lésions  d'adénopa- 
thie  trachéo-bronchique  relevées  à  l'autopsie.  Malgré  l'extrême  jeunesse 
des  sujets,  l'infection  pulmonaire  a  pu  évoluer  sans  qu'il  se  fasse  de 
lésions  mésentcriques. 

Tout  comme  celle  de  l'adulte,  la  tujjcrculose  pulmonaire  pure  du  jeune 
sujet,  considérée  comme  primitive  et  d'inhalation,  peut  résulter  d'une  infec- 
tion intestinale.  Moins  que  jamais,  l'on  n'est  autorisé  à  regarder  la  tuber- 
culose pulmonaire  comme  résultant  de  la  seule  inhalation  de  poussières 
virulentes. 

L'expérience  qui  précède,  oii  les  conditions  naturelles  de  l'allaitement 
entrent  seules  en  jeu,  a  une  valeur  jiarliculièrement  probante  à  ce  point 
de  vue.  Nul  ne  peut  prétendre  que  les  choses  se  passent  différemment  chez 
le  jeune  herbivore  et  chez  le  jeune  enfant.  L'on  s'expliquerait  ainsi  la  fré- 
quence de  l'adénopathie  trachéo-bronchique  tuberculeuse,  constatée  chez 
les  enfants  de  tout  âge,  morts  incidemment,  et  l'on  est  très  porté  à  consi- 
dérer, modifiant  en  cela  l'inpollièse  de  Behring,  (|ue  maintes  tuberculoses 
pulmonaires  de  l'adulte  procèdent  du  réveil  d'altérations  tubei'culeuses  des 
ganglions  bronchiques  consécutives  à  une  infection  par  les  voies  digestives 
dans  le  jeune  âge,  non  exprimée  par  des  adénopathies  mésentériques. 


GÉOLOGIE.  —  Les  leriasses  de  la  vdlléc  du  Rhône  en  aval  de  Lyon. 
Note  de  ^L  de  L.imothi::. 

J'ai  retrouvé  le  long  de  la  vallée  du  Rhône,  en  aval  de  Ljon,  des  traces  de 
la  plupart  des  niveaux  de  terrasses  découverts  par  moi  dans  la  vallée  de 
risser  (Algérie),  et  dont  j'avais  en  igoi  démontré  la  concordance  avec  ceux 
de  Valence,  de  Bàle  et  de  la  Haute-Moselle  (').  J'énumère  brièvement  les 
principaux  lambeaux  observés,  en  indiquant  leur  allitude  relative  lors(jue 
celle-ci  a  pu  être  déterminée  avec  une  précision  suffisante. 

Niveau  de  l'io™.  — ■  C'est  le  niveau  le  plus  reiiiarquableiuent  développé  ;  il  est  jalonné 
du  Sud  au   Nord  parles  lambeau-x  de  Générac  (i/jï""),  d'Estézargues  (i4i-i44°')j   de 


(')  De  Lamothe.  Étude  comparée  des  systèmes  de  terrasses  de  flsser,  de  la  Moselle,  du 
Rttôneetdu  Rhin  (B .S.G.F.  \,  I,  lyoi).  —  Sur  le  râle  des  oscillations  euslatiques  du  niveau 
de  base  dans  la  formation  des  systèmes  de  terrasses  de  quelques  vallées  [Comptes  rendus  ; 
lo  juin  igoi). 

C.  R.,  1906,  1"  Semestre.  (T.  GXLII,  N°  20)  14^ 


IIo4  ACADÉMIE     DES    SCIENCES. 

Trignan  et  de  la  fonlainc  do  Mazade  près  Sainl-Mai'cel  d'Ardèche  (iSj™  environ),  de 
IMont-Jean  et  de  Bellevue  près  Bourg-Saint-Aiidéol  (i33'"  environ),  du  télégraphe  de 
Vajence  (iSS™  environ),  de  Ghâteaubourg,  de  Vienne  où  le  Rhône  près  de  Seyssuel  a 
laissé  des  traces  d'un  lit  de  i  'lo"',  et  enfin  de  Dardilly  (i4j'"). 

Niveau  de  loo'".  — Terrase  de  Pujaut  au  nord  d'Avignon  (yS™  environ),  célèbre  par 
ses  quartzites  à  facettes,  de  la  forêt  de  Clary  (u)2'"  environ),  de  Chateauneuf-du-Pape 
(102-107"),  de  Montéliiuar,  de  FouUouze  près  Valence,  de  ÎMontbreton  près  Saint-Rani- 
bert,  de  Vienne  (rive  droite),  du  cimetière  de  Givors  (ii)3"),  du  ÎMorzes  (100'"). 

NU'eau  de  ùi"'.  — ■  Terrasses  de  Saint-Joseph  à  Pont-Saint-Esprit  (55""),  de  Saint- 
Marcel  d'Ardèche  (5/,"'),  de  Bourg-Saint-Andéol  (S/i"'),  du  séminaire  de  Valence  (46"'), 
de  Charnbalud,  près  Saint-Rambert,  de  Loire  (5^°'),  de  Chasse  (jj").  Celle  dernière  se 
lie  à  des  terrasses  de  même  altitude  relative  qui  bordent  la  vallée  du  Garon  et  correspon- 
dent à  un  ancien  cours  du  Pihône  contemporain  de  l'époque  où  le  fleuve  passait  par 
Tassin  (56'"). 

Niveau  de  io"^.  —  Il  est  bien  marqué  à  Saint-Just  près  Sainl-^Iarcel  (■*()■"),  à  Valence 
(terrasse  de  la  ville),  à  Saint-Ramberl  ('io-'îi"'),  au  Péage  de  RoussiUon,  à  Chasse  (■■47'"). 

Niveau  de  i5-2o'".  —  Il  est  jalonné  par  les  terrasses  de  Saint-Gilles  (17™),  de  l'Ar- 
doise (17™),  de  Pont-Saint-Esprit  (iS-iG"),  de  Sainte-Colombe  (17™),   de  Villeurbanne 

(■7-'8-")- 

L'indépendance  et  l'individualité  de  ces  divers  niveaux  résultent  aussi  de  ce  fait  que 

sur  un  grand  nombre  de  points  (Saint-Marcel,  Valence,  Saint-Rambert,  Givors,  etc.), 
ils  se  succèdent  les  uns  au-dessus  des  autres,  avec  des  altitudes  relatives  sensiblement 
égales  et  comparables. 

Au-dessus  du  niveau  de  i  '|C'"\  il  existe  des  traces  d'anciennes  alluvions  alpines,  à  des 
altitudes  relatives  très  variables  :  200"'  à  Avignon,  275"'  au  Signal  de  Barry,  i85™  à 
Soyons,  309™  à  Crussol,  2G6™  à  Ghâteaubourg,  ado"'  vis-à-vis  Saint-Ramberl,  187""  à 
Montagny.  Mais  ces  données  sont  encore  trop  peu  nombreuses  pour  permettre  de  pré- 
ciser les  niveaux  auxquels  peuvent  correspondre  ces  lambeaux;  d  ailleurs  la  plupart  se 
trouvent  entre  Valence  et  Lyon,  et  il  n'est  pas  impossible  qu'ils  représentent  les  débris 
des  anciens  cônes  de  déjection  de  1  Isère. 

Il  résulte,  en  tout  cas,  des  faits  déjà  acquis,  c[ue  les  terrasses  des  envi- 
rons de  Lyon,  de  Saint-Rambert  et  de  Valence,  au  lieu  de  plonger  rapide- 
ment vers  l'aval  et  de  s'effacer  à  une  faible  distance  de  la  limite  des  anciens 
glaciers,  s'étendent  jusqu'à  la  mer  en  conservant  les  mêmes  altitudes  rela- 
tives, comme  je  l'avais  indiqué  dès  1901.  Si  l'on  remarque  en  outre  que 
MM.  Sevastos  et  Schaffer  ont  récemment  retrouvé  dans  le  bassin  du 
Danube  la  série  des  niveaux  de  Tisser,  on  est  fondé  à  admettre  :  1°  que  les 
déplacements  du  niveau  de  base  à  partir  du  Pliocène  ancien  et  sous  les 
réserves  que  j'ai  faites  en  1901,  ont  été  concordants  dans  toute  l'étendue 


SÉANCE     Dl      l4    MAI     I90G.  IIo5 

du  bassin  de  la  Méditerranée;  i"  que  la  formation  des  terrasses  est  liée 
exclusivement  à  ces  déplacements,  et  qu'elle  est  par  suite  complètement 
indépendante  des  oscillations  des  glaciers  ;  3°  enfin,  que  l'on  doit  retrouver 
sur  la  rive  nord  de  la  Méditerranée  les  mêmes  lignes  de  rivage  que  sur  la 
côte  algérienne. 


GÉOLOGIE.  — •  Sur  les  relations  tectoniques  et  stratigraphiques  de  la  Sicile  et 
de  la  Tunisie.  Note  de  M.  Éhile  Haug,  présentée  par  ^I.  ^lichel  Lévy. 

Dans  les  dernières  séances  de  l'Académie,  MM.  Lugeon  et  Argand  ont 
présenté,  sur  les  nappes  de  charriage  de  la  Sicile,  deux  notes  d'un  intérêt 
capital,  qui  éclairent  d'un  jour  tout  nouveau  la  question  si  délicate  des 
relations  tectoniques  pt  stratigraphiques  de  la  Tunisie  et  de  la  Sicile. 

Lorsque  l'on  tente  de  raccorder,  comme  l'ont  fait  Coquand  et  ]M.  Suess, 
les  zones  de  plissement  des  deux  pays  qui  se  font  face  des  deux  côtés  de 
Méditerranée,  on  éprouve  des  difficultés  ([ui  sont  à  la  fois  d'ordre  strati- 
graphique  et  d'ordre  tectonique. 

J'ai  montré  antérieurement  (')  que  la  direction  des  plissements  dans  le  nord-est  de  la 
Tunisie  s'opposait  à  un  raccordement  E.-O.  des  lignes  directrices  entre  les  deux 
terres  voisines.  Les  plis  du  nord-est  de  la  Tunisie  sont  en  effet  orientés  S.  O.-N.  E. 
ou  N.-S.,  ceux  de  la  Sicile  occidimtale  et  des  îles  Egades  sont,  par  contre,  dirigés 
N.  O.-S.  E.  Si  par  la  pensée  nous  prolongeons  ces  plissements  jusqu'<à  leur  rencontre, 
nous  constatons  qu'ils  se  couperaient  sous  un  angle  aigu.  «  Si  nous  supposons  qu'ils  se 
«  raccordent  réellement,  nous  sommes  obligés  d'admettre  qu'ils  décrivent  une  courbe  à 
«  rebroussement,  dont  l'angle  de  rebroussement,  très  aigu,  est  ouvert  vers  le  Sud,  ce 
«  qui  serait  tout  à  fait  insolite  dans  les  régions  circumraéditerranéennes.  »  Telle  était  ma 
conclusion  de  ii)ni  (-).  Depuis,  le  troisième  volume  de  la  Face  de  la  Terre  de  M.  Suess 
nous  a  montré  la  généralité  des  rebroussements  dans  les  Dinarides.  L'existence  d'un 
raccordement  de  cette  nature  entre  les  plissements  de  la  Sicile  et  ceux  de  la  Tunisie  n'a 
donc  rien  qui  doive  nous  surprendre,  d'autant  plus  que  la  bissectrice  de  leur  angle  de 
rebroussement  est  jalonnée  par  les  îles  volcaniques  de  Pantellaria  et  de  Linosa. 

C'est  d'ailleurs  une  loi  générale  que  les  arêtes  de  rebroussement  constituent  des  lignes 


(*)  Emile  Haug.  Sur  (/nelques  points  t/icoriqiies  relatifs  à  In  géologie  de  la  Tunisie 
l^A.  F.  A.  S.  Congrès  de  Saint-Etienne,  iSyy,  p.  366-3^6). 

(-j  Id.  Géologie  de  la  Sicile.  In  En  Sicile,  Guide  du  savant  et  du  touriste,  publié  sous 
la  direction  de  Louis  Olivier.  Paris,   1891,  p.  '3^. 


II06  ACADÉMIE     DES    SCIENCES. 

de  volcanisme  intense  (')  et  cela  non  seulement  dans  les  Dinarides  (mer  Morte,  golfe 
Persiquè  ;  Maldives,  Laquedives  et  Chagos,  dans  l'angle  formé  par  l'arc  iranien  et  par 
l'arc  himalayen),  mais  encore  dans  plusieurs  chaînes  anciennes  (chaîne  des  Puys, 
dans  1  angle  des  plis  armoricains  et  des  plis  varisques  (-)  ;  ligne  Cameroun-Annobon, 
dans  langle  du  golfe  de  Guinée  ;  fossé  de  Christiania,  suivant  l'arête  de  rebroussement 
des  plissements  antécambriens). 

La  ligne  volcanique  Pantellaria-Linosa  correspondrait  donc  à  la  jonction  (Sc/iaa- 
rung)  de  l'Atlas  et  de  l'arc  des  Dinarides  qui  contourne  le  massif  ancien  de  l'Aspro- 
monte  et  des  monts  Péloritains. 

INIais  la  comparaison  des  terrains  sédimentaires  qui  constituent  ces  deux  «  guirlandes  » 
fait  ressortir  immédiatement  de  profondes  différences.  Ainsi  on  constate  l'absence 
totale  en  Tunisie  du  Permien  à  Céphalopodes,  du  Trias  alpin,  du  Jurassique  moyen 
(couches  de  Klaus),  des  calcaires  à  Terebratula  janitor,  de  l'Urgonien,  du  Cénomanien 
et  du  Turonien  à  Rudistes,  qui  comptent  parmi  les  termes  les  plus  caractéristiques  de 
la  série  sédimentaire  de  Sicile.  Inversement,  on  ne  connaît  pas  en  Sicile  le  Sénonien 
vaseux  et  les  grès  de  Numidie  oligocènes,  si  développés  l'un  et  l'autre  en  Tunisie.  Par 
contre,  on  retrouve  dans  les  deux  régions  le  Lias  moyen  à  Terebratula  Aspasia,  l'Argovien 
à  Peltoceras  transversariwn  et  le  Tithonique  à  ElUpsactinia.  Le  Néocomien  à  Céphalo- 
podes, que  l'on  rencontre  dans  les  pays  de  l'Atlas,  depuis  l'Oranie  jusqu'à  Ham- 
man  Lif,  a  été  signalé  également  dans  la  Sicile  méridionale.  Le  Cénomanien  à  «  faciès 
africain  »  repose  en  transgression  sur  les  terrains  cristallophjlliens  dans  les  monts 
Péloritains  et  en  Calabre. 

Or  ce  sont  précisément  les  terrains,  attribués  par  INOI.Lugeon  et  Argand 
aux  nappes  charriées,  qui  manquent  en  Tunisie;  les  terrains  autochtones 
de  Sicile  semblent,  en  revanche,  présenter  de  grandes  affinités  avec  ceux 
des  pays  de  l'Atlas. 

Dans  ces  conditions,  on  doit  supposer  que  les  nappes  cliarriées,  dont  la 
Sicile  a  conservé  des  témoins^  n'ont,  laissé  aucune  trace  en  Tunisie.  Elles 
existaient  peut-être  au-dessus  de  la  série  autochtone,  mais  l'érosion  en 
lurait  fait  disparaître  les  derniers  vestiges. 

Ce  qui  me  conduit  encore  à  admettre  leur  ancienne  existence,  c'est  le 
fait,  si  bien  mis  en  lumière  par  les  travaux  de  M.  Pervinguière,  que  le 
Trias  lagunaire  de  la  Tunisie  se  trouve  en  contact  avec  des  terrains  quel- 
conques de  la  série  sédimentaire.  Il  y  a  eu  à  son  niveau  comme  un  décol- 
lement sous    l'action   de   poussées  tangentielles  agissant  en    surface,  de 

Cj  Id.  Les  géosynclinaux  et  les  aires  coniinenlales  (^Bull.  Soc.  géol.  Fr.,  3"  série. 
t.  XXVIII,  1900,  p.  677). 

(-)  A.  MiCHEL-LÉVY.  Sur  la  coordination  et  la  répartition  des  fractures,  etc.  (Ibid., 
3"  série,  t.  XXVI,  i8;>8,  p.  11 5). 


SÉANCE    DU     l4    MAI     I906.  IIO7 

sorte  que  les   terrains   supérieurs  au  Trias  se  seraient  plissés   indépen- 
damment de  leur  soubassement. 


GÉOLOGIE.  —  La  racine  de  la  nappe  silicienne  et  Varc  de  charriage  de 
la  Calahre.  Note  de  MM.  Maukice  Lugeo:v  et  Emile  Arga\d,  pré- 
sentée par  M.  Michel  Lévy. 

Dans  toute  la  partie  occidentale  de  la  Sicile  une  grande  nappe  de  recou- 
vrement, qui  comprend  également  l'archipel  des  Egades  et  les  Madonie, 
prend  racine  au  Nord  sous  les  eaux  de  la  mer  Tyrrhénienne('). 

A  l'est  des  Caronie,  nous  constatons  le  dernier  lambeau  de  recouvrement 
de  S.  Fratello  reposant  sur  les  argiles  de  l'Eocène  inférieur.  Immédiate- 
ment à  l'est  de  cette  localité  se  développe  le  grand  régime  des  phyllades, 
supposés  siluriens,  recouvert  de  témoins  de  terrains  secondaires  épargnés 
par  les  transgressions  de  l'Eocène  inférieur  qui  forment  d'épais  amas  de 
marnes,  de  grès  et  de  conglomérats. 

11  n'est  pas  certain  que  la  grande  nappe  sicilienne  se  rattache  au  lambeau 
le  Fratello  et  par  celui-ci  à  la  zone  des  phyllades  et,  en  conséquence,  aux 
ilonts  Péloritains,  mais  un  phénomène  aussi  grandiose  se  comprendrait 
(li.licilement  sans  un  entraînement  du  substratum  cristallin  ;  sinon  la  nappe 
pourrait  alors  se  continuer  en  Calabre  par  la  ligne  de  contact  anormal  qui 
passe  près  de  Castrovillari. 

Une  série  de  phénomènes  assez  paradoxaux  nous  entraîne  à  penser  que 
la  nappe  sicilienne  s'enracinait  dans  une  chaîne  cristalline  courant  au  nord 
de  la  Sicile  et  dont  les  Monts  Péloritains,  l'Aspromonte  et  la  Silla  ne  repré- 
sentent que  les  restes. 

Au  sud-est  de  l'Etna,  dans  le  Monte  Judica  existent  des  lambeaux  de 
terrains  secondaires,  accompagnés  de  leurs  inséparables  argiles  de  l'Ec- 
cène  moyen.  Plusieurs  de  ces  affleurements,  comme  celui  du  M.  Turcisi, 
paraissent  être  de  simples  écailles  qui  font  l'impression  d'être  nettement 
enracinées,  mais  la  discontinuité  de  lambeaux  triasiques  entre  Giardinelli 
et  Stanganella,  montre  qu'il  s'agit  de  lentilles  qui  devaient  être  primitive- 
ment enveloppées  complètement  dans  les  argiles  de  l'Eocène  moyen.  Ce 
sont  donc  des  restes  de  la  grande  nappe  de  charriage  sicilienne.  Celle-ci 
s'étendait,  en  conséquence,  sous  tout  le  territoire  occupé  par  l'Etna. 

(')   Comptes  rendus,  l'i  et  io  avril  i9<j(i. 


II08  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Cette  conclusion,  tirée  de  la  lecture  de  l'admirable  carte  géologique  de 
la  Sicile  ainsi  que  de  l'importante  et  très  remarquable  monographie  due  à 
M.  Baldacci(^),  nous  oblige  à  chercher  la  racine  de  la  nappe  sicilienne  dans 
les  flancs  méridionaux  des  monts  Peloritains. 

Or,  en  suivant  le  bord  sud  des  phyllades,  qui  est  le  prolongement  occi- 
dental des  Monts  Peloritains,  nous  voyons  que  la  carte  géologique  présente 
une  bande  d'argiles  de  l'Eocène  inférieur  sur  laquelle  sitniagenl,  de  place 
en  place,  des  lambeaux  de  terrains  secondaires,  détachés,  pour  ainsi  dire, 
de  la  zone  des  phyllades.  Le  M.  Gazani,  le  M.  Mojele  et  le  M.  Gorona,  h 
quelques  kilomètres  au  sud  de  Galati,  sont  des  exemples  typiques.  Plus  à 
l'est,  dans  la  vallée  de  Roccella,  nous  constatons  encore  une  étroite  bande 
liasique  et  silurienne,  supportée  également  par  les  argiles  de  l'Eocène 
inférieur,  sous  lesquelles  on  voit  apparaître,  à  l'est  de  Mojo,  de  l'Eocène 
moyen.  Celui-ci  s'enfonce  également,  entre  Mojo  et  Francavilla,  sous 
l'Eocène  inférieur  du  faciès  péloritain. 

La  zone  des  pliyllades  qui  chevauche  sur  VEocène  moyen,  par  F  intermé- 
diaire d'un  coussinet  d'argiles  scallieuses  de  l'Eocène  inférieure,  représente 
V amorce  de  la  racine  de  la  grande  nappe  sicilienne. 

Aucune  trace  de  cette  nappe  n'est  visible  entre  la  zone  des  phyllades  et 
les  lambeaux  du  M.  Judica.  Cette  discontinuité  est  plus  grande  que  celles 
que  l'on  observe  dans  l'ouest  de  l'île,  mais  il  ne  nous  étonnerait  point  qu'un 
jour  de  grands  lambeaux  d'Eocène  inférieur  à  faciès  péloritain,  isolés  dans 
l'Eocène  moyen,  à  l'est  de  l'Etna  ("),  fussent  considérés  comme  des  restes 
de  la  nappe. 

La  marche  vers  le  Sud,  dans  les  Monts  Peloritains,  est  témoignée  par 
d'autres  phénomènes,  ainsi  le  chevauchement  possible  des  gneiss  anciens 
sur  les  phyllades,  mais  ces  phénomènes  paraissent  d'un  ordre  dilTérent. 

Si  la  zone  des  phyllades  est  bien  charriée,  ainsi  que  paraissent  le  témoi- 
gner les  levés  de  nos  confrères  italiens,  il  devient  évident  que  le  phéno- 
mène doit  se  propager  vers  l'Est,  et  que  tant  l'ensemble  de  l'arc  cristallin  de 
la  Calabre  doit  être  considéré  comme  un  arc  de  charriage. 

Cet  arc  s'est  avancé  dans  les  argiles  de  l'Eocène  moyen;  les  transgres- 
sions miocènes  n'ont  pu  l'abattre,  pas  plus  qu'elles  n'ont  pu  détruire  entière- 

(')  L.  BaldAcci,  Dcscrizionc  gcologicn  cleW  Isola  di  Sicilia  {Memorie  (icscritti\'C  delln 
Cartn  geologica  it'Ilalin.  Vol.  I,  1886). 

(-)   Sur  les  feuilles  «  Etna  »  et  «  Nicosia  »  de  [  Attas  géotogique  de  Sicile. 


SÉANCE  DU  l4  MAI  I906.  IIO9 

ment  la  grande  nappe  sédinaentaire  de  recouvrement  dans  la  Sicile  occi- 
dentale. 

Nous  croyons  voir  une  confirmation  de  notre  hypothèse  dans  les  nom- 
breuses failles  décrites  par  M.  Cortese  dans  l'extrémité  sud  de  la  Calabre. 
Nous  pensons  que  ces  failles  qui  longent  le  massif  cristallin  de  TAspro- 
monte,  celles  de  Policastrello,  de  Pietrapaola,  d'Antonimina,  de  Branca- 
leone,  etc.  sont  des  failles  de  chevauchement. 

Vers  l'Ouest,  l'arc  de  charriage  calabrais  se  prolongeant  par  les  Monts 
Péloritains,  se  continuait  au  nord  delà  Sicile,  conséquence  forcée  de  notre 
hypothèse  sur  la  nappe  de  la  Sicile  occidentale,  et  allait  peut-être  rejoindre 
les  masses  cristallines  du  nord  de  l'Algérie.  Vers  le  Nord,  les  terrains 
cristallins  de  l'arc  s'enfoncent  sous  les  sédiments  secondaires  et  éocènes 
de  la  Basilique.  Il  devient  évident  que  de  grandes  conséquences  doivent 
en  découler  et  nous  ne  serions  pas  surpris  si  de  grandes  nappes  de  char- 
riage étaient  tôt  ou  tard  découvertes  dans  les  directions  que  nous  indiquons. 

OCÉANOGRAPHIE,  —  Sur  lute  iiiélhode  de  prélèvement  de  Veau  de  mer  destinée 
aux  éludes  bactériologiques,  par  MM,  P.  Portier  cl  J.  Richard. 

L'appareil  se  compose  d'une  ampoule  cylindrique  de  verre  vert  A,  de 
86  centimètres  de  longueur  et  de  i6  millimètres  de  diamètre,  à  parois 
suffisamment  épaisses  pour  résister  à  des  pressions  de  600  atmosphères 
et  plus. 

Cette  ampoule  se  prolonge  en  bas  par  un  court  tube  capillaire  b  a.  et  en 
haut,  par  un  long  tube  capillaire  trois  fois  recourbé  c  d  e  fgh{^). 

On  introduit  une  goutte  d'eau  dans  l'ampoule  A;  on  ferme  à  la  lampe  a, 
puis  on  réunit  le  long  tube  capillaire  à  luie  trompe  à  mercure;  lorsque  le 
vide  est  obtenu,  on  ferme  à  la  lampe  en  h.  Le  tube  vide  d'air  est  alors 
stérilisé  à  l'autoclave  à  120°;  ilest  prêt  à  servir. 

On  l'introduit  dans  une  boite  métallique  à  l'intérieur  de  laquelle  il 
est  fixé  par  des  fils  de  cuivre  de  telle  manière  que  la  pointe  g  h  soit  tournée 


('j  Sur  la  figure  les  coudes  successifs  du  long  tube  capillaire  ont  été  écartés  les  uns 
des  autres  afin  de  rendre  le  dessin  plus  clair.  En  réalité,  ils  sont  rapprochés  les  uns  des 
autres  et  appliqués  sur  l'ampoule  A.  La  fragilité  de  l'appareil  et  son  volume  sont  ainsi 
diminués.  La  coupe  de  l'appareil  {fig.  i  en  haut)  rétablit  les  rapports  véritables  des 
différentes  parties. 


I  I  lO 


ACADÉMIE     DES     SCIENCES. 


vers  le  haut  et  sorte  à  l'extérieur  de  la  boîte  (fig.  3).  L'appareil  fixé  sur 
le  fil  de  sonde  est  descendu  dans  cette  situation  à  la  profondeur  choisie;  à 
ce  moment,  on  libère  (^)  de  toute  entrave  la  boîte  métallique  qui  est  siis- 


Pôsiùtin  Tiormale^ 
ries  tuhcs 

A® 


Fip 


Fig. 


Fii! 


pendue  par  un  collier  situé   au-dessous  de  son  centre  de  gravité  ;  elle  se 
renverse,  et,  dans  ce  mouvement,  le  tube- capillaire  f  h  vient  frapper  sur 


(')  Soit  par  le  jeu  d'une  hélice,  soit  par  l'envoi  d'un  messager  le  long  du  fil  de  sonde. 


SÉANCE     DU     l4    MAI     I906.  IIII 

un  couteau  métallique  en  un  point  g  qui  porte  un  rétrécissement;  il  se 
brise  en  ce  point  et  Teau  de  mer  se  précipite  dans  l'appareil  vide  qu'elle 
remplit  (fig.  4)-  On  remonte  l'instrument;  à  mesure  qu'il  se  rapproche  de 
la  surface,  il  se  réchauffe,  et  la  pression  diminue,  ce  qui  l'ait  qu'une  partie 
de  l'eau  contenue  dans  l'ampoule  sort  peu  à  peu  en  g.  Le  courant  de  sortie, 
et,  d'autre  part,  la  longueur  du  tube  capillaire  recourbé  s'opposent  pendant 
le  retour  de  l'appareil  à  toute  contamination  du  liquide  de  l'ampoule  par 
l'eau  de  mer  environnante.  Des  expériences  de  contrôle  ont  rigoureuse- 
ment établi  ce  l'ait. 

Une  fois  l'appareil  à  jjord,  on  donne  un  trait  de  lime  sur  le  tube  a,  on 
brise  sa  pointe,  et  on  la  ilanibe,  puis  on  adapte  sur  ce  tube  un  appareil 
stérilisé  représenté  à  la  partie  inférieure  de  la  figure  (2).  On  donne  ensuite 
un  trait  de  lime  en  cl,  on  casse  le  tube  capillaire  en  ce  point,  et  on 
rejette  les  sinuosités  d  e  f  ^  h.  On  llambe  d,  et  on  adapte  sur  lui  un  tube 
de  verre  bourré  d'ouate,  le  tout  stérilisé. 

En  pressant  sur  la  pince  à  pression  continue,  on  peut  à  l'abri  de  la  petite 
cloche,  transvaser  le  liquide  de  l'ampoule  A  dans  une  série  de  tubes  de 
culture  sans  craindre  aucune  contamination  (le  tube  m  laisse  rentrer  dans 
l'ampoule  de  l'air  stérilisé  par  filtration). 

Tel  est  le  dispositif  que  nous  avons  adopté  après  des  modifications 
successives  de  notre  appareil  primitif  auxquels  nous  ont  conduits  de 
multiples  essais  effectués  au  cours  de  plusieurs  campagnes  du  yacht 
Princesse  Alice.  Sous  sa  forme  actuelle,  l'appareil  permet  de  prélever 
de  l'eau  aux  plus  grandes  profondeurs  sans  aucun  danger  de  contamina- 
tion. 

Les  principaux  résultats  de  ces  recherches  seront  prochainement 
publiés. 

HYDROLOGIE.  —  Sur  les  grandes  crues  de  saison  froide  dans  les  bassins 
de  la  Seine  et  de  la  Loire.  Note  de  M.  Ediuoivd  Maillet,  présentée  par 
M.  Maurice  Lévy. 

Bassin  de  la  Seine.  —  Si  l'on  range  les  totaux  de  pluie  moyens  des 
saisons  chaudes  (i"  mai-i"'  novembre)  dans  ce  bassin  ('),  de  1874   à   1904 

(')  Totaux  extraits  des  Résumés  annuels  du  service  In/droinétrique  central  du  bassin  de 
la  Seine  (moyennes  dites  géométriques  de  128  stations). 

G.  R.,  iyo6,  !«'  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  20)  I  46 


II  12  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

inclus,  par  ordre  de  grandeur  croissante,  et  si  J'on  met  en  regard  les 
cotes  maxima  de  la  Seine  à  Paris-Austerlitz  et  Mantes  dans  la  saison  froide 
suivante  (i*"'  novembre-i"  mai),  on  observe  ce  fait  remarquable  que  les 
8  plus  forts  maxima  (au  moins  S'^jOo  et 6™, 42  respectivement)  sont  dans  la 
deuxième  moitié  du  tableau  comprenant  les  saisons  chaudes,  au  nombre 
de  i4,  où  le  total  des  pluies  a  été  supérieur  à  la  moyenne  de  38o"""  ; 
même,  6  d'entre  eux  sont  dans  les  7  dernières  lignes  du  tableau. 

En  vue  d'arriver  à  vérifier  une  loi  analogue  pour  la  haute  Seine  et  les 
affluents  de  la  Seine,  on  peut,  à  cause  des  difl"érences  relativement  faibles 
de  régime  pluviométrique  général  dans  les  divers  bassins,  se  borner  à 
comparer  les  mêmes  totaux  de  pluie  que  précédemment  et  les  cotes 
maxima  des  saisons  froides  suivantes  pour  chaque  bassin  :  j'ai  donc  ins- 
crit ces  cotes  dans  le  même  tableau  pour  l'Yonne  à  Sens,  la  haute  Seine 
à  Bray,  la  Marne  à  Ghalifert  et  Damery,  l'Oise  à  Venette,  l'Aisne  à  Ponta- 
vert,  le  Grand-Morin  à  Pommeuse  (près  Coulommiers),  la  source  de 
Cérilly  (Vanne,  le  débit  maximum  de  novembre  à  juillet  remplaçant  ici  la 
cote  maxima  de  saison  froide),  etc. 

On  trouve  alors  dans  la  2"  moitié  du  tableau,  surtout  dans  les  der- 
nières lignes,  au  moins  les  4  plus  forts  maxima,  avec  une  seule  excep- 
tion pour  la  haute  Seine  :  parmi  ses  7  plus  forts  maxima,  un  est  dans  la 
i"=  moitié.  Pour  Cérilly,  les  5  plus  forts  débits  sont  dans  la  1"  moitié,  les 
10  plus  faibles  dans  la  i'°.  La  loi  est  bien  nette  pour  le  Grand-Morin  :  les 
10  plus  forts  maxima  sont  dans  la  2°  moitié,  6  d'entre  eux  dans  les  6  der- 
nières lignes. 

J'explique  ainsi  ce  fait  pour  le  Grand-Morin  :  les  fortes  pluies  de  la 
saison  chaude  entretiennent  l'imbilîition  du  sol  et  peuvent  conlriljuer  à 
réaliser  de  bonne  heure  et  plus  uniformément  le  point  de  ruissellement. 
Celui-ci  étant  atteint  plus  tôt,  la  période  dangereuse  de  la  saison  froide, 
celle  où  des  pluies  sérieuses  de  quelques  jours  peuvent  réaliser  une  crue 
notable,  se  trouve  allongée.  L'étendue  des  terrains  saturés  a  aussi  chance 
d'être  plus  considérable,  et  la  saturation  y  est  plus  complète.  Dès  lors, 
après  une  saison  chaude  pluvieuse,  une  grande  crue  est  plus  probable. 
L'inverse  a  lieu  à  la  suite  dune  saison  chaude  sèche. 

Bien  entendu,  ces  raisonnements,  plus  ou  moins  modifiés,  peuvent 
s'étendre  à  une  foule  d'autres  bassins  ou  de  sources.  On  voit  de  même 
que,  pour  un  grand  l)assin  formé,  comme  le  bassin  de  la  Seine  à  Paris,  de 
divers  bassins  partiels,  en  tenant  compte  des  petites  inégalités  de  régime 


SÉANCE    DU     l4    MAI     I906.  IIl3 

pluviométriqiie  de  ces  bassins  partiels,  rexactitude  de  la  loi  est,  en  géné- 
ral, d'autant  plus  probable  que  le  bassin  est  plus  grand. 

Bassin  de  la  Loire.  —  H  y  'i  intérêt  à  étendre  plus  ou  moins  ces  résul- 
tats à  d'autres  bassins  que  celui  de  la  Seine.  J'ai  déterminé  pour  le  bassin 
de  la  Loire  les  moyennes  des  totaux  de  pluie  de  chaque  saison  chaude 
pour  10  stations  de  1872  à  1897  inclus,  et  j'ai  formé  un  tableau  analogue 
au  précédent,  en  considérant  la  Loire  à  Tours,  Saumur  et  Nantes,  l'Allier 
à  Moulins,  le  Cher  à  Noyers,  la  Vienne  à  Ghàtellerault.  Ce  tableau  étant 
divisé  en  deux  parties  égales,  à  Nantes,  les  8  plus  forts  maxima  sont  dans 
la  2"  moitié,  5  d'entre  eux  dans  les  5  dernières  lignes  ;  à  Saumur,  la  loi 
est  analogue  (6  maxima  au  lieu  de  8)  ;  de  même  pour  la  Vienne  et  le 
Cher. 

A  Tours,  à  l'amont  du  confluent  de  ces  deux  rivières,  on  obtient  des 
résultats  semblables,  avec  une  exception;  de  même  pour  l'Allier  (').  La 
région  de  la  Loire  supérieure  et  de  rAllier  est  d'ailleurs,  pour  une  part 
importante,  comprise  dans  le  Massif  central,  très  montagneuse  et  imper- 
méable; le  régime  pluviométrique  et  les  pentes  n'y  sont  plus  les  mêmes 
que  dans  le  reste  du  bassin  de  la  Loire  et  le  bassin  de  la  Seine;  la  saison 
froide  y  est  beaucoup  moins  pluvieuse  que  la  saison  chaude,  où  les  crues 
les  plus  fortes  ont  souvent  lieu. 


HYDROLOGIE.  —  De  la  minéralisation  des  eaux  souterraines  et  des  causes 
de  sa  variation.  Note  de  M.  F.  Die\'ERT,  présentée  par  M.  A.  Carnot. 

Les  eaux  souterraines  rencontrent  dans  le  sol  des  éléments  solubles  et 
dont  la  solubilité  est  augmentée  par  suite  de  la  présence  du  gaz  carbo- 
nique. Ainsi  le  carbonate  de  chaux,  la  silice,  peu  solubles  dans  l'eau  pure, 
le  sont  beaucoup  plus  en  présence  de  ce  gaz. 

Dans  un  sol  déterminé,  poiu-  une  certaine  pression  de  gaz  carbonique, 
les  eaux  souterraines  renferment  une  proportion  déterminée  de  corps  dis- 
sous dont  on  peut  apprécier  la  quantité  au  moyen  de  la  conductibilité  élec- 
trique. Lehnert,  Th.  MuUer,  Pleissner  ont  utilisé  la  méthode  de  Kolhrausch 
pour  faire  la  mesure  de  la  minéralisation  des  eaux  souterraines. 


(')  Ces  résultats  subsistent  quand  on  ne  tient  compte  que  des  pluies  des  cinq  stations 
pluvioniétriques  d  amont. 


IIl4  ACADÉMIE     DES    SCIENCES. 

Depuis  1903  nous  avons  utilisé  cette  méthode  pour  suivre  journellement 
la  composition  des  sources  captées  par  la  Ville  de  Paris.  Nous  connaissons 
ainsi  très  rapidement  les  variations  de  la  composition  minérale  de  ces 
eaux  et,  pour  compléter  notre  surveillance,  nous  en  recherchons  les 
causes. 

Ce  moyen  est  beaucoup  plus  sensible  que  l'analyse  chimique.  Des  varia- 
tions de  5o  ohms  de  résistivité,  très  nettement  décelées  avec  l'appareil  de 
Kohlrausch  donnent,  à  l'analyse  chimique,  des  résultats  incertains  parce 
qu'ils  demeurent  dans  la  limite  des  erreurs  possibles. 

Au  commencement  de  ces  études  nous  fûmes  obligés  de  faire  une  hypo- 
thèse provisoire.  Nous  admettions,  qu'en  temps  normal,  la  minéralisation 
des  eaux  de  source  est  constante  ou  varie  très  peu  (20  à  aS  ohms  au 
maximum).  Toutes  les  fois  que  nous  trouvions  une  variation  supérieure, 
elle  tenait  pour  nous  à  une  cause  qu'il  s'agissait  de  déterminer. 

Pendant  ces  trois  années  d'études  nous  nous  sommes  assurés  que  notre 
hypothèse,  formulée  à  titre  provisoire,  était  bien  l'expression  de  la  réalité. 
En  voici  la  démonstration  : 

Aux  sources  de  l'Arve  il  existe  une  source  qui  est  constante  comme  débit,  température 
et  limpidité  :  c'est  la  source  du  Breuil.  Or  depuis  trois  ans,  en  temps  normal,  c'est-à-dire 
en  dehors  des  périodes  de  crue,  sa  résistivité  électrique  évaluée  en  ohms  à  18°  s'est 
maintenue  entre  2.695  et  2.720  ohms.  De  même  à  la  source  de  la  Dhuys  la  résistivité  se 
maintient  à  l'état  normal  comprise  entre  2.120  et  2.140  ohms.  Aux  sources  du  Loing  et 
du  Lunain  la  majorité  des  eaux  a  conservé  depuis  deux  ans  une  minéralisation  très 
constante  : 

S.  du  Lunain  (Saint-Thomas  et  Le  Coignet).     .     2..35o  à  2.3^5  ohms. 
S.  de  Nemours  (Chaintréauville  et  La  Joie) .     .     2.730  à  2.7G()     — 
S.  de  Bourron  (Bignon) 2,3/,o  à  2.3j()     — 

Il  existe  donc  des  sources  qui  ont  une  minéralisation  aussi  constante 
qu'il  est  possible  de  l'imaginer  dans  des  circonstances  aussi  complexes. 
Il  est  à  remarquer  que  toutes  ces  sources  sont  excessivement  pures  et  ne 
renferment  généralement  pas  de  bacilles  du  (iôlon  quand  leur  résistivité 
se  maintient  constante.  Toute  variation  de  résistivité  supérieure  à  20  ou 
25  ohms  a  donc  une  cause.  A  la  suite  des  nombreuses  études  faites  sur  ce 
sujet  depuis  deux  ans  nous  divisons  ces  causes  de  variation  en  deux  caté- 
gories :  la  première  comprend  les  causes  ayant  pour  origine  une  variation 
dans  le  régime  hydrologique  souterrain,  la  deuxième  (^omprend  les  infil- 
trations d'eau  superficielle. 


SÉANCE    DU     1^1    MAI     I906.  IIl5 

Ainsi  aux  sources  de  TArve  la  source  des  Graviers  sest  troublée  subitement  le 
■^9  janvier  1906.  A  ce  moment  il  n'y  avait  aucune  pluie  qui  pût  produire  cette  altération 
de  la  limpidité.  La  résistivité  électrique  monla  immédiatement  de  i.SoH  olmis  à  .'(.oSci  le 
lendemain.  Au  bout  de  71*  heures  la  résistivité  et  la  limpidité  de  leau  était  revenue  à  ce 
qu'elles  étaient  avant  le  28  janvier.  Un  accident  souterrain  (effondrement  très  probable- 
ment) avait  été  la  cause  de  cette  variation  de  résistivité. 

A  la  source  du  Breuil  la  résistivité  des  différentes  émergences  n'est  pas  partout  iden- 
tique. En  allant  de  lamont  vers  l'aval  on  la  voit  augmenter  régulièrement  de  -2.635  à 
■i.']-\î>  ohms.  Quotidiennement  nous  ne  prenons  que  le  mélange  de  toutes  ces  eaux.  Il 
arrive  que  par  suite  d'effondrements  souterrains  les  débits  de  quelques-unes  de  ces 
émergences  varient,  d'où  des  variations  de  résistivité. 

A  la  fin  de  juin  iyo3  on  a  mis  à  sec  le  canal  du  Loing.  Peu  de  temps  après,  le  débit 
de  la  source  de  Chaintréauville,  voisine  de  ce  canal,  baissa  rapidement.  Sa  résistivité 
descendit  également  rapidement  de  2.760  ohms  à  2.710  ohms.  Une  expérience  récente, 
faite  avec  la  fluorescine,  nous  a  montré  qu'à  la  suite  de  l'abaissement  du  niveau  de  cette 
source,  des  eaux  ayant  une  résistivité  voisine  de  2.600  ohms  venaient  ressortir  à  la 
source  de  Chaintréauville,  d'où  variation  de  sa  résistivité.  Tous  ces  exemples  intéres- 
sent les  changements  qui  surviennent  dans  l'hydrologie  souterraine. 

L'arrivée  d'eau  superficielle  a  souvent  une  influence  beaucoup  plus  sensible  sur  la 
résistivité  électrique.  Ainsi  aux  sources  de  l'Arve,  au  moment  des  crues,  la  résistivité 
monte  de  2.800  ohms  à  4-5oo  et  même  5. 000  ohms;  à  la  source  delà  Dhuys  elle  augmente 
de  i5o  à  200  ohms,  et  à  certaines  sources  de  la  Vanne  de  5o  à  -200  ohms.  Généralement, 
en  même  temps  que  la  résistivité  augmente,  la  limpidité  des  eaux  s'altère. 

Comme  an  point  de  vue  de  l'hygiène  Tune  et  l'autre  de  ces  causes  de 
variation  n'a  pas  la  même  importance,  il  faut  pouvoir  les  distinguer.  Il  est 
alors  nécessaire  de  rechercher  en  même  temps  quantitativement  le  h.  coll 
communis. 

Toute  arrivée  d'eau  superficielle  se  produit  dans  la  cjuinzaine  qui  suit  une  pluie.  La 
résistivité  électrique  angmente  ainsi  que  le  nombre  des  germes  du  côlon  et  le  débit. 

Au  contraire,  une  variation  dans  l'hydrologie  souterraine  se  produit  à  toute  époque 
de  l'année.  Elle  peut  être  accompagnée  d'une  augmentation  des  germes  du  côlon,  mais  le 
cas  est  rare.  La  résistivité  diminue  le  plus  souvent  ainsi  que  le'  débit,  dans  d'autres  cas 
la  résistivité  augmente  tandis  que  le  débit  et  le  nombre  des  germes  du  côlon  diminuent  ; 
si,  comme  pour  le  cas  d'une  arrivée  d'eau  superficielle,  la  résistivité  augmente  ainsi 
que  le  débit  et  le  nombre  des  germes  de  b.  coli  communis,  on  peut  être  certain  que  cette 
variation  sera  de  très  courte  durée  (2',  ou  '|8  heures)  dans  le  cas  d'un  changement  dans 
le  régime  hydrologique. 

Il  se  présente  quelquefois  des  cas  où  les  deux  causes  se  superposent. 


IIl6  ACADÉMIE     DES     SCIENCES. 

SPÉLÉOLOGIE.  —  Sur  les  Aba miels,  de  Nismes  [Belgique).  Noie  de 
MM.  E.  A.  Martel  et  E.  Vax  de\  Brofxk,  présentée  par  M.  Albert 
Gaiidry. 

En  1894,  l'un  de  nous  [Les  Abîmes,  p.  aâj),  formulait  explicitement  cette 
hypothèse  que  certaines  poches  àphosphorite  du  Quercy  «  sont  des  avens, 
bouchés  par  la  précieuse  substance...  et  déjà  ouverts  béants  au  commen- 
cement de  l'époque  tertiaire  ». 

Basée  sur  les  observations  de  Daubrée,  Péron  et  Filhol,  et  sur  les  pre- 
mières explorations  scientifi([ues  d'abîmes,  effectuées  de  i888  à  1894  avec 
Gaupillat  et  de  Launay,  cette  hypothèse  a  été  formellement  adoptée  et  con- 
firmée par  les  éludes  et  publications  ultérieures  de  ]MM.  Boule  [Bull.  Soc. 
GeoL,  i5  mai  1899,  p.  359),  Fournier  [Bull,  de  la  carte  géologique,  n°  78, 
juillet  1900,  p.  3),  Thevenin  [Bull,  de  la  carte  géologique,  n°  93,  1903), 
Viré  [Congrès  Soc-  Sav.,  1905,  Sciences,  p.  67).  Pour  ces  quatre  auteurs, 
les  poches  à  phosphorites  représentent  bien  les  gouffres  et  cavernes  des 
Causses  à  l'époque  oligocène. 

Au  cours  de  nos  recherches  communes,  dans  le  sous-sol  delà  Belgique, 
nous  venons  (fin  octobre  1905),  avec  MM.  Rahir,  Maillieux  et  L.  Bayet, 
de  rencontrer,  sur  cette  nouvelle  notion  géologique,  une  autre  preuve, 
d'autant  plus  intéressante  qu'elle  est  privée  en  fait  du  concours  matériel 
de  la  Paléontologie. 

Sur  les  plateaux  calcaires  de  Nismes  et  de  Couvin,  l'examen,  qui  n'avait  pas  encore 
été  fait,  des  excavations  naturelles,  et  verticales,  connues  sous  le  nom  local  d'.-lZ'«n/!e/.î, 
nous  a  révélé  que  ces  trous  existaient  certainement  avant  les  dépôts  de  remplissage  de 
l'étage  tongrien  et  qu'ils  forment  des  abîmes  antérieurs  à  l'époque  de  l'Oligocène  inlé- 
rieur. 

Les  Abannets  sont,  en  effet,  de  nos  jours,  de  vastes  entonnoirs,  à  orifice  horizontal, 
pareils  aux  avens-types  ;  ils  sont  ouverts  sur  les  pentes  supérieures  et  les  sommets  des 
plateaux  enti'e  'io  et  70  mètres  au-dessus  des  thalwegs  actuels,  dans  le  calcaire  givétien 
(Dévonien  moyen).  Certains  ont  plus  de  100  mètres  de  diamètre  et  dépassent  io  mètres 
de  profondeur.  Tous  ont  été  (on  en  a  les  preuves  historiques),  depuis  l'époque  hallstat- 
ticnne  jusque  vers  iH',o,  l'objet  d'activés  exploitations  minières  pour  l'extraction  de  la 
limonite  et  des  sables  qui  en  obstruaient  le  fond.  Or,  ces  sables  sont  les  témoins  indiscu- 
tables d'une  grande  nappe  oligocène,  nettement  caractérisée,  dont  les  vestiges  épars  se 
retrouvent,  nombreux,  dans  la  contrée.  Plusieurs  géologues  veulent  même  vieillir  ces 
dépôts  sableux  jusqu'au  Landénien  (Eocène),  alors  que  d'autres  en  font  du  Boldéricn 
(Miocène). 

P'un  autre  côté,  les  parois  calcaires  des  Abannets  neuoyés,  portent  les  marques  aussi 


SÉANCE    DU     l4    MAI     I906.  III^ 

évidentes  que  profondes  des  dissolutions  et  érosions  pratiquées  par  les  eaux  absorbées 
avantle  remplissage.  La  similitude  avec  l'intérieur,  des  abîmes  normaux  d  absorption, 
est  aussi  parfaite  que  possible. 

Avant  l'Oligocène  inférieur,  un  régime  fluvio-lacustre,  au  moins  Eocène,  a  sûrement 
fait  fonctionner  les  Abannets,  comme  points  absorbants  de  grandes  masses  d'eau, 
comme  des  captures  souterraines  pareilles  à  celles  qui  subsistent  encore,  mais  de  plus 
en  plus  réduites,  dans  la  plupart  des  régions  calcaires. 

Beaucoup  d  Abannets  sont  brusquement  arasés  à  l'ouverture,  sectionnés  par  la  puis- 
sante dénudation,  qui  en  a  emporté  la  partie  supérieure,  postérieurement  aux  temps 
éocènes  continentaux,  ainsi  qu'achèvent  de  le  prouvei-  les  dcjnnées  de  la  tectonique  régio- 
nale. 

La  plupart  des  poches  à  phosphorites  du  Quercy  offrent  le  même  caractère. 

Les  phénomènes  hydrologiques  du  calcaire  devaient  s'épanouir  autrefois  avec  une  ampleur 
à  peine  soupçonnable  aujourd'hui .  Aussi  est-ce  de  temps  absolument  reculés,  entre  le 
début  du  grand  ridemcnt  post-houiller  et  la  lin  des  temps  secondaires,  qu'on  peut  dater, 
avec  de  grandes  chances  de  certitude,  la  formation  initiale  des  Abannets.  Favorisée  par 
la  fissuration  tectonique  intéressant  toute  une  série  d'anticlinaux  calcaires,  ce  fut  surtout 
1  érosion  mécanique  qui   façonna  le  réseau  de  ces  abîmes. 

La  limonite  obstruant  les  Abannets  s'est  formée,  postérieurement  au  remplissage 
tongrien,  par  corrosion  des  parois  calcaires,  et  par  mise  en  liberté  du  carbonate  de  fer, 
prol)ablement  aussi  par  altération  et  oxydation  de  la  glauconie  des  dépôts  sableux  de 
remplissage. 

Elle  a  bouché,  comme  un  culot,  les  orifices  d'échappement  ancien  et  inférieur  des 
gouffres,  qu'on    a  ensuite  artificiellement  vidés. 

11  ne  serait  pas  impossible,  quoique  coûteux,  d  achever  de  déboucher  les  orifices  pour 
rechercher  les  relations  cjui  continuent  de  nos  jours  (en  ce  qui  touche  lengouffreuient 
des  eaux  d'orages)  entre  les  Abannets  et  le  réseau  hydrologique  souterrain  actuel  ; 
celui-ci  s'étend  notamment  sur  1  roo",  sous  le  plateau  dit  :  Pont  d  Avignon,  depuis 
ÏArluf;eois  ou  perte  de  l'eau  Xoire  près  Couvin,  jusqu  à  la  résurgence  de  INisraes,  avec 
Jalonnements  par  plusieurs  Abannets. 

En  résumé,  les  Abannets  ne  sont  que  les  has-l'onds  de  points  d'absorp- 
tion d'eaux  courantes,  remontant  à  une  anti(jiiité  considérable.  Ces  eaii.x 
coulaient  bien  entendu  à  tin  niveau  beaucoup  plus  élevé  que  celui  des  pla- 
teaux actuels  ;  on  ne  saurait  tenter  d'évaluer  ce  niveau,  qui  s'est  abaissé  au 
fur  et  à  mesure  de  la  décapitation,  aujourd'hui  complète,  de  l'ancienne 
Ardeniae,  jadis  colossalement  plus  élevée  que  de  nos  jours. 

Ainsi  les  Abannets,  curiosité  hydro-géologique  et  paléo-géographique 
de  la  plus  grande  importance,  sont  une  irréfutable  preuve  additionnelle  : 

i"  De  l'ancienneté  très  reculée  du  cavernement  des  calcaires. 

2°  D'une  continuité  absolue  dans  l'enfouissement  souterrain  et  la  réduc- 
tion progressive  des  eaux  courantes  extérieures. 


1 1 1 


8  ACADÉMIE     DES    SCIENCES. 


M.  K.  PoPOFF  adresse  une  note  intitulée  :  Nouvelle  méthode  pour  la 
détermiiiatioii  de  la  déviation  de  la  verticale  vers  l'Est  ou  l'Ouest  par  les  pas- 
sages de  la  polaire. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie. 

M.  B. 


BULLBTin.'  BIBL10r;RAPIll4}lJE 

OuVItAGES    KEÇUS    DANS    LA    SÉANCIÎ    DU    j(i    AVlilL     lyoG. 

Missions  scientifiques  pour  la  mesure  d'un  arc  de  méridien  au  Spitzbcrg,  entreprises  en 
i899-i()0'2  sous  les  auspices  des  Goui'erneinenls  suédois  et  russe.  Mission  Suédoise  :  S.  II. 
B,  S.  V,  S.  VII.  A,  S.  VIII.  A,  S.  VIII.  B,  S.  VIII.  B',  S.  VIII.  B",  S.  VIII.  B'",  S. 
VIII.  B'\  S.  VIII.  B\  S.  VIII.  C,  S.  X.  Stockholm,    Kjo'S-igoS  ;   12  fasc.  in-',". 

Meteorologisc/ie  Optik,  von  J.-M.  Pernter,  mit  zahireichen  Textfiguren.  Vienne  et 
Leipzig,  Wilhelm  Braunjiiller.  if-)oi  ;  1  vol.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Mascart.) 

Observations  de  Véclipse  annulaire  du  Soleil  du  16-17  mars  1904  à  Pnoni-Penii  [Cam- 
bodge), par  M.  N.  DoNiTCH,  avec  -j.  phototypies.  Saint-Pétersbourg,  1906;  i  fasc.  in-4°. 

Report  niade  to  the  Solar  Piiysics  Committee,  by  Sir  Norman  Lockyer,  upon  tlie  \vork 
done in  the  Solar  P/11/sics  Observatory ,  South  Kensington,  from  \st  janùary  to  iist  décem- 
ber,  1903.  S.  1.  n.  d.,  i  lasc.  in-S". 

Annual  report  of  the  Director  Kodaikanul  and  Madras  observatories,  /or  190Î.  Madras, 
1906  ;    I  fasc.  in-/,°. 

Annual  report  of  the  board  of  regcnts  of  the  Siiiithsonian  Institution,  sliotving  the  opéra- 
tions, crpenditures,  and  condition  of  the  Institution,  for  the  year  ending  june  Su,  lyoi. 
Report  of  the  U.  S.  National  Muséum.  Wasliington,  1906;  i  vol.  in-S". 

Projet  de  réforme  du  Calendrier,  par  Pierre  Saladiloff.  Saint-Pétersbourg,  hjoj  ; 
1  fasc.  in-/i°.   (En  langue  russe.) 

The  primordial  energy,  by  Benj.  W.  Saxds.  Springfield,  Missouri,  U.  S.  A.,  1906  ; 
1  fasc.  in-8°. 

(A  suivre.) 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

SÉANCE   DU   LUNDI  21   MAI  1906, 

PRÉSIDE.XCE  DE  M.  H.   POINCARÉ. 


MEMOIRES    ET    COMMUNICATIONS 

DES   MEMBRES   ET   DES   CORRESPONDANTS   DE   L'ACADÉMIE 

M.  liE  Présidext  annonçant  à  l'Académie  la  perte  douloureuse  qu'elle 
vient  de  faire  dans  la  personne  de  M.  Bischoffsheim,  académicien  libre, 
s'exprime  en  ces  termes  : 

«  L'Académie  est  frappée  d'un  nouveau  deuil  :  notre  confrère  M.  Bi- 
schoffsheim vient  de  nous  être  enlevé. 

«  C'est  lui  qui  avait  doté  la  France  de  cet  Observatoire  de  Nice  qui  est 
pour  nous  ce  qu'est  pour  l'Amérique  l'établissement  du  Mont  Hamil- 
ton. 

«  Nous  le  devons  non  seulement  à  sa  générosité,  sur  laquelle  je  n'insis- 
terai pas  parce  qu'il  n'aimait  pas  qu'on  en  parlât,  mais  surtout  à  ses 
conseils  judicieux,  à  son  robuste  bon  sens,  à  son  énergie  persévérante,  à 
sa  connaissance  des  hommes  et  des  choses. 

«  Tous  ses  confrères  aimaient  sa  bonté,  sa  simplicité,  son  affabilité, 
sa  modestie,  et  le  deuil  de  l'Académie  sera  un  deuil  pour  chacun  de 
nous.  » 


C.  R.,    igod,    I"  Semestre.  (T.  C.XLII,  X»  21)-  l47 


TI20  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

PHYSIQUE.  —  Discontinuité  des  chaleurs  spécifiques  à  saturation  et  Courbes 
de  Tliomson.  Note  de  M.  E.  H.  Amagat. 

I.  Le  réseau  des  variations  des  clialeiirs  spécifiques  des  fluides  que 
j'avais  entrepris  il  y  a  quelques  années  pour  l'acide  carbonique  et  que  je 
n'ai  pu  terminer  faute  de  données  expérimentales  suffisantes  présente  de 
grandes  difficultés;  l'une  d'elles  est  le  calcul  de  la  variation  brusque  que 
subissent  les  chaleurs  spécifiques,  lorsque  parcourant  une  même  isotherme 
on  passe  de  l'état  de  liquide  saturé  à  celui  de  vapeur  saturée.  Le  calcul  de 
ces  variations  (C  ■ —  C)  et  (c  —  c')  (la  lettre  primée  se  rapportant  dans  la 
suite  à  l'état  de  vapeur)  exige,  entre  autres,  la  connaissance  des  coeffi- 
cients de  pression  (-^  j   et   des  valeurs  de(-^l    aux  points  où  l'isotherme 

vient  rencontrer  la  courbe  de  saturation  ;  le  calcul  de  ces  dérivés  exigerait 
au  voisinage  de  la  courbe  en  question  la  détermination  d'im  très  grand 
nombre  de  points  très  rapprochés,  cette  étude  délicate  rentrait  dans  le 
programme  que  je  m'étais  tracé  autrefois,  et  que  la  privation  depuis  de 
longues  années  de  toute  ressource  expéinmentale  ne  m'a  pas  permis  d'ac- 
complir; ce  serait  du  reste  se  faire  illusion  que  de  chercher  la  solution  de 
celte  difficidté  dans  l'application  de  l'une  cjuelconque  des  formes  d'équa- 
tion d'état  données  jusqu'ici,  alors  même  qu'on  en  déterminerait  spéciale- 
ment les  coefficients  en  vue  de  l'appliquer  seulement  au  voisinage  de  la 
courbe  de  saturation. 

2.  Dans  ma  Note  du  28  mai  1900,  j'ai  donné  pour  le  calcul  de  G  —  C  la 
formule  suivante  : 

(,,       C-C'  =  AT[K-,0  4i-+^ii^^^+(^ii^)_4]; 

un  calcul  analogue,  pour  (c  —  c'),  mais  en  partant  des  relations 

du  ,  I    \     V    du' 


(2)  m  ^  c  -{-  l  -T-  m  =  c  -\-  L 


conduit  à 


(3)         .-c'  =  At[(.-.04Ï  +  ^^V^    Ï-)-^ 


d_r 

dt  1, 
du'     I  dp' 
ir    \dT 


.!] 


D'autre  part,  on  a  adopté  jusqu'ici  la  fornude  suivante 


SÉANCE    DU    2  1     MAI     I906.  II2I 

0)  c-c'=^AT{u~a')^ 

à  laquelle  se  réduirait  la  relation  (3)  si  on  avait  : 

(5)       .  /di^\    _jIjL—  (j¥ 

\  dl  j  ,.  dt  \   dl 

La  relation   (4)  qu'on  obtiendrait  en  intégrant  directement  la  suivante  : 

si  on  avait  le  droit  de  ne  pas  tenir  compte  de  la  discontinuité  du  phéno- 
mène, peut  être  obtenue  au  moyen  d'une  relation  établie  par  J.  Bertrand 
dans  son  traité  de  Thermodynamique  (page  ii4);  et  qui  peut  facilement 
conduire  à  une  regrettable  confusion. 

J.  Bertrand  applique  la  relation  (6}  au  cas  d'un  mélange  de  liquide  et  de 
vapeur  enfermé  dans  un  espace  clos  de  volume  invariable  ;  désignant  par  K 
la  chaleur  spécifique  de  l'ensemble,  il  peut,  remarquant  que  p  est  ici  la 
tension  maxima  fonction  de  l  seulement,  faire  l'intégration  qui  conduit  à 

(7)  K  =  At4Jc+F(T) 

et  comme  la  formule  est  valable  pour  toute  valeur  de  v  comprise  entre  a 
et  u\  il  obtient  en  faisant  v  égal  au  , 

(8)  ,^  =  AT-^/.  +  F(T). 

Cj  étant,  dit-il,  la  chaleur  spécifique  du  liquide  à  volume  constant,  puisqu'il 
ny  a  plus  de  vapeur. 

Or  il  est  bien  évident  qu'on  pourrait  de  même  écrire  en  faisant  v  =  u' 

(9)  c',=-AT^,,'  +  F(T). 

On  voit  de  suite  qu'en  retranchant  (9)  de  (8)  on  obtiendrait  (aux  indices 
près  que  j'aiajoutéspour  éviter  toute  confusion),  précisément  la  relation  (4). 
Dès  lors,  d'où  provient  le  désaccord  entre  les  relations  (3)  et  (4)?  Il  faut,  ou 
que  les  relations  (5)  soient  satisfaites  ou  que  c^  et  c\  soient  différents  de  c 
et  c'. 

Or  K,  comme  le  fait  remarquer  J.  Bertrand,  n'est  ni  la  chaleur  spéci- 
fique du  liquide  ni  celle  de  la  vapeur,  il  dépend  des  deux;  on  doit  même 


II22  ACADEMIE  DES  SCIENCES. 

ajouter  qu'il  dépend  aussi  de  la  chaleur  latente  de  vaporisation,  car  en 
passant  à  volume  égal  d'un  point  S  de  l'isotherme  T  au  point  P  de  l'iso- 
therme T  +  clT  (voir  figure  ci-contre)  on  fait  varier  la  proportion  du 
liquide  et  de  la  vapeur.  Est-il  permis  de  dire  que  la  limite  de  K,  quand 
on  arrive  par  exemple  en  A  (pour  c  =^  u)  en  suivant  la  partie  rectiligne  de 
l'isotherme  intérieure  à  la  courbe  de  saturation,  soit  la  même  que  la 
limite  vers  laquelle  tend  c,  quand  on  arrive  également  en  A  en  suivant  la 
partie  MA  de  la  même  isotherme  extérieure  à  la  courbe  de  saturation  ;  et 
ceci  alors  même  qu'en  arrivant  en  A  dans  le  premier  cas,  il  n'y  a  plus  ni 
vapeur  ni  changement  d'état. 

3.  Pour  examiner  de  près  la  question,  je  supposerai  d'abord  que  les  iso- 
thermes aient  bien  la  forme  AIAN  que  reproduit  la  figure  conformément 
aux  idées  acceptées  aujourd'hui  par  les  physiciens. 

Voyons  d'abord  si  les  égalités  (5)  peuvent  exister;  la  figure  montre  de 
suite  qu'on  a 

C'A' 


(1)='™^.4  =  "-I^.(4f). 


iun 


AT     " 
Il  est  facile  de  voir,  d'après  la  forme  des  courbes,  qu'on  aura 

(■°)  (■*).>  ^>(^). 

par  suite  c  et  c'  diffèrent  de  Cj  et  c\. 

Pour  nous  rendre  compte  de  ce  résultat,  reprenons  l'une  des  relations  (2), 
la  première,  par  exemple,  écrivons-là  sous  la  forme 

(11)         m  dt  =  ccU-^l^  clL,     soit     m  dL  ^  cdl  +  AT  -J-  -J-  dt. 

Comme  m  est  la  chaleur  spécifique  de  vapeur  saturée,  mdl  est  la  quantité 
de  chaleur  correspondant  à  la  transformation  élémentaire  AB. 

La  relation  (11)  substitue  à  cette  transformation  les  deux  transforma- 
tions AC  et  CD,  négligeant  des  quantités  de  second  ordre,  dont  l'aire  BAC. 

Les  deux  transformations  ont  lieu  on  dehors  de  la  courbe  de  saturation, 

par    suite! -j- lest  ici  le  coefiicient  de  pression  et  on  doit  écrire 


(12)  mdt  =  cdl  +  iVÏ  (-^) 


du      j 


SÉANCE    DU    21     MAI     I90G.  II23 

Mais  on  pourrait,  négligeant  de  même  des  quantités  de  second  ordre, 
aller  de  A  en  B,  en  effectuant  les  transformations  BD  et  DA  intérieures  à 
la  courbe  de  saturation  ;  il  est  facile  de  voir  qu'on  aurait  alors  : 

(i3)  m  dt  =  c,  dt  +  AT-J-  ~  dt. 

c,  étant  défini  absolument  dans  la  formule  de  J.  Bertrand.  Des  rela- 
tions (12)  et  (i3)  on  tire 

N)  -         ^-^.  =  at4^[(^)_-4]. 

On  aurait   de   même  en  A' 

(■»)  <='-''.  =  AT  4;i[(l),-^] 

et  par  suite  d'après  (lo) 

OC,  c' <  c\. 

D'après  ce  qui  précède  la  relation  (4)  doit  donc  s'écrire 

(.6)  e,-c\  =  Al  [u-u')^. 

Si  on  y  remplace  c,  et  c\   par  leurs   valeurs  tirées  de  (i4)  et  (i5),  on 
retrouve  précisément  la  relation  (3).  Par  suite,  on  peut  arriver  directement 
à  la  relation  (i6)  sans  passer  par  la  formule  de  J.  Bertrand,  en  éliminant 
(c  —  c')  entre  les  relations  (3)  (i4)  et  (i5)- 

Ainsi  donc  :  il  y  a  lieu  de  distinguer  en  chaque  point  de  la  courl^e  de 
saturation  deux  chaleurs  spécifiques  à  volume  constant. 

Les  discontinuités  correspondantes  (c  —  cj,  (c'  —  c'J  dues  à  la  pré- 
sence des  points  anguleux  vont  en  diminuant  avec  les  différences  expri- 
mées par  les  relations  (lo)  au  fur  et  à  mesure  qu'on  s'approche  du  point 
critique  où  elles  finissent  par  disparaître. 

La  relation  (4)  devient  maintenant  exacte,  à  la  condition  de  l'appliquer 
aux  secondes  chaleurs  spécifiques  c,,  c\  qu'on  n'avait  pas  distinguées 
des  premières. 

De  même,  si  au  moyen  des  relations  (2),  on  déduit  la  valeur  des  chaleurs 
spécifiques  à  volume  constant  de  la  connaissance  des  chaleurs  spécifiques 

de  liquide  ou  de  vapeur  saturés  m,  m',  en  remplaçant  /  par( — ZT^)  '  ^'i^si 

que  l'a  fait  M.  Mathias   dans  un  mémoire  important  et  bien   connu,    les 


II2/{  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

chaleurs  spécifiques  ainsi  obtenues  sont  celles  de  seconde  espèce,  car  la 


substitution  revient  à  remplacer  l  par  AT  f  -J-] 


et  non  par  AT\  dt 


4.  Tout  ce  qui  précède  suppose  aux  isothermes  la  forme  généralement 
adoptée  aujourd'hui  ;  nous  arrivons  à  ce  résultat  singulier  que  de  part  et 
d'autre  de  la  courbe  de  saturation,  nous  avons  en  A  par  exemple,  un  même 
liquide  qui  dans  des  conditions  identiques  de  température  de  pression  et 
de  volume  n'a  pas  les  mêmes  propriétés  physiques,  et  ceci,  tout  en  restant 
sur  risotherme  normale    dans    des   conditions  où,  par  suite,   le  corps  ne 


saurait  être  dans  l'un  des  états  paiiicidicis  qui  coriespondcnl  aii.v  retai-ds 
dans  les  changcuients  d'état,  ainsi  que  cela  est  considéré  comme  ayant  lieu 
sur  les  courbes  de  Thomson  ;  comme  du  reste  le  résultat  en  question  est 
uniquement  dû  à  la  présence  des  points  anguleux  d'où  résultent  les  iné- 
galités (10),  il  est  permis  de  se  demander  si  ces  points  anguleux  existent 
réellement. 

Cette  question  a  déjà  été  soulevée  au  sujet  de  considérations  toutes  diffé- 
rentes, M.  A.  Perot  en  particulier  dans  un  excellent  travail  sur  la  densité 
de  vapeurs  saturées,  a  montré  que  les  résultats  de  Herwig  relatifs  à  l'al- 
cool à  S7°  8,  permettent  la  construction  d'une  courbe  qui,  sans  que  cela  s'im- 
pose du  reste,  peut  être  raccordée  avec  la  partie  rectiligne. 


SÉANCE    DU     21     MAI     IQoG.  1123 

S'il  en  était  réellement  ainsi,  au  lieu  d'une  discontinuité  en  A  ou  A',  on 
aurait  seulement  une  variation  très  rapide  de  c,  dans  une  région  comprise 
entre  la  courbe  de  saturation  et  une  courbe  telle  que  p^  se  rapprochant 
de  plus  en  plus  de  la  première  et  se  raccordant  avec  elle  au  point  cri- 
tique. D'après  les  calculs  que  j'ai  faits  avec  les  données  dont  je  dispose 
ces  deux  courbes  seraient  extrêmement  voisines,  l'espace  compris  entre 
ces  deux  courbes  serait  pour  ainsi  dire  une  zone  de  changement  d'état 
extrêmement  resserrée,  les  points  anguleux  n'étant  que  plus  ou  moins 
émoussés  ;  il  y  aurait  alors  lieu  de  considérer  encore  deux  séries  de  cha- 
leurs spécifiques,  celle  de  première  espèce  c,  c'  sur  les  courbes  P{3,  et  celle 
de  seconde  espèce  c,,  c/  sur  la  courbe  de  saturation  proprement  dite. 

On  pourrait  du  reste,  ici  encore,  prolonger  l'isotherme  normale  par  des 
courbes  de  Thomson  raccordées  correspondant  aux  retards  des  change- 
ments d'état  ;  on  conçoit  même  ce  raccordement  comme  possible  de  plu- 
sieurs laçons,  il  peut  être  fait  par  exemple  en  s  ou  en  y,  comme  l'indique 
la  figure  ;  peut-être  même  pourrait-il  exister  sous  ces  deux  formes  qui 
correspondraient  aux  deux  sens  dans  lesquels  le  point  figuratif  des  phé- 
nomènes peut  parcourir  l'isotherme.  Dans  le  cas  du  raccordement  en  e, 
le  cycle  complet  formerait  quatre  boucles  dont  la  somme  des  aires  devrait 
être  nulle  conformément  à  la  théorie. 

On  voit  dans  tous  les  cas  par  ce  qui  précède  tout  l'intérêt  qu'il  y  aurait 
à  entreprendre  une  étude  particulière  des  isothermes  dans  le  voisinage 
immédiat  de  la  courbe  de  saturation. 


ÉNERGÉTIQUE  BIOLOGIQUE.  —  Rapports   simples  des  actions  dynamiques 
du  muscle  avec  V énergie  qui  les  produit,  note  de  M.  A.  Chal'veaiî. 

Lorsqu'après  avoir  éqviilibré  le  poids  des  mobiles  qu'elle  soutient,  la 
force  élastique  que  l'état  de  contraction  crée  dans  le  muscle  subit  un 
accroissement,  la  masse  du  moliile  libre,  peut  en  recevoir  delà  vitesse,  qui 
entraîne  le  mobile  en  un  mouvement  ascensionnel  uniforme.  C'est  cette 
action  ou  effet  dynamique,  considéré  en  soi,  s'ajoutant  à  ïaclioii  ou  e^et 
statique,  que  j'ai  l'intention  de  mettre  en  présence  de  Vénei'gie  qui,  pour 
le  produire  s'ajoute  à  Vénergie  déjà  dépensée  dans  la  production  de  la  con- 
traction statique. 

La  force  musculaire,  en  s'employant  ainsi  immédiatement  à  la  création 


II2G  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

de  ces  deux  effets  statique  et  dynamique,  crée  consécutivement  le  travail 
mécanique  qui  en  dérive.  Il  y  aura  lieu  de  le  comparer  à  son  tour  à  Vénergie 
créatrice.  Mais  c'est  là  une  question  spéciale,  qu'il  ne  faut  pas  mêler,  pour 
le  moment,  à  celle  des  rapports  qui  existent  entre  cette  énergie  et  les  effets 
immédiats,  statique  et  dynamique,  dela/b/re  qu'elle  engendre.  Ce  n'est  pas 
du  reste,  s'éloigner  des  concepts  de  la  mécanique  générale  que  d'aborder 
l'étude  de  Vénergie  créatrice  de  ces  actions  immédiates  de  la  force  muscu- 
laire, sans  préoccupation  actuelle  de  la  quantité  de  mouvement,  mv,  créée 
en  même  temps  ou  du  travail  mécanique  {force  vive  en  puissance,  1/2  mv"^) 
qui  en  résultera. 

D'un  autre  côté,  il  y  a  grand  avantage,  au  point  de  vue  vue  physiologique, 
à  connaître  tout  d'abord  les  conditions  générales  de  la  participation  respec- 
tive de  ces  deux  actions  à  la  dépense  d'énergie  qu'entraîne  le  travail  inté- 
rieur du  moteur-muscle.  On  n"a  qu'à  gagner  à  considérer  isolément  ce 
travail  intérieur  dans  chacun  des  deux  cas  où  il  intervient  :  1°  lorsqu'il  pro- 
duit V effet  \)nve.m.eïiislatiquc,  c'est-à-dire  ï action  équilibrante,  d'où  résulte 
la  parfaite  mobilité  de  la  masse  des  corps  sur  lesquels  agit  la  force  déve- 
loppée par  la  contraction  musculaire  ;  1°  quand  l'accroissement  de  la  contrac- 
tion et  le  raccourcissement  qui  en  résulte  dans  le  muscle  amènent  Yeffet 
dynamique  qui  communique  de  la  vitesse  aux  corps  ainsi  rendus  mobiles. 

Ma  première  Note  (Séance  du  3o  avril)  s'est  expliquée  sur  le  cas  des 
actions  équilibrantes  ou  statiques.  Il  faut  maintenant  aborder  celui  des 
actions  dynamiques,  en  montrant  d'abord  comment  il  est  possible  d'étudier 
isolément,  avec  la  même  sûreté,  Veffet  dynamique  qui  donne  de  la  vitesse 
à  la  masse  des  mobiles  dont  le  poids  a  été  parfaitement  équilibré  ou  neu- 
tralisé. 

Aucun  obstacle  ne  s'oppose  à  l'acquisition  de  données  précises  sur  la 
valeur  de  Vénergie  nécessaire  à  la  production  de  Veffet  dynamique  de  la 
force  musculaire,  en  addition  à  Vénergie  déjà  dépensée  pour  produire 
Veffet  statique. 

N'oublions  pas  qu'on  rencontre  quelques  impedimenta  dans  la  poursuite 
de  cette  détermination  de  Véne/gie  spécialement  aifectée  à  la  création  de 
la  vitesse  imprimée  aux  mobiles  par  l'accroissement  de  la  force  équilibrante. 
La  vitesse  n'est  pas  le  seul  effet  qui  résulte  de  cet  accroissement.  Elle 
s'accompagne  constamment  d'effets  secondaires  concomitants. 

Ainsi  l'accroissement  de  force  qui  crée  la  vitesse  pourvoit  aussi  :  1°  à 
l'annihilation  de  l'adhérence  que  le  poids  du  mobile  provoque  entre  les 


SÉANCE    DU    21     MAI     I90G.  II27 

surfaces  arliculaires  des  leviers  osseux  ou  celles  des  inlermédiaires  exté- 
rieurs, immédiatement  avant  et  pendant  le  mouvement,  c'est-à-dire  au 
démarrage  et  à  la  neutralisation  des  résistances  de  frottement;  2°  à  la  mise 
en  Irain  du  muscle,  dans  ses  passages  de  l'état  de  relâchement  passif  à 
l'état  de  tension  active,  passages  d'autant  plus  répétés  que  le  muscle 
entraîne  les  mobiles  plus  vite  sur  un  plus  long  parcours. 

Heureusement  la  part  de  force  que  réclament  ces  deux  actions  est  pro- 
portionnelle au  poids  des  mobiles  induits  en  vitesse.  Il  sul'tit  donc  que  ce 
poids  reste  constant  pour  assurer,  de  ce  côté,  la  correction  des  résultats 
des  expériences  faites  sur  les  rapports  de  la  force  avec  la  vitesse  qu'elle 
engendre. 

Il  est  vrai  qu'on  ne  ne  peut  pas  supprimer  l'influence  de  la  répétition 
même  des  mises  en  train  du  muscle  agissant  sur  un  molîile  de  poids  cons- 
tant, puisfjue  c'est  justement  en  faisant  varier  le  nombre  de  ces  mises  en 
train  qu'on  l'ait  varier  la  vitesse  des  mouvements  imprimés  aux  mobiles.  Mais 
ce  nombre  varie  exactement  comme  la  dite  vitesse,  c'est-à-dire  comme  le 
chemin  parcouru  par  le  mobile  dans  l'unité  de  temps.  Grâce  a  cette  parfaite 
symétrie,  la  coexistence  des  deux  effets  dynamiques  de  l'accroissement  de 
la  foi'ce  élastique  du  muscle  ne  saurait  s'opposer  à  la  constatation  de  la  sim- 
plicité ou  de  la  complexité  de  leurs  relations  avec  l'énergie  d'où  ils  procè- 
dent. Si  une  certaine  complexité  était  introduite  par  l'un  d'eux  dans  ces 
relations,  elle  se  traduirait  nettement  dans  les  résultats  d'ensemble.  Ceux- 
ci  peuvent  donc  donner  des  renseignements  exacts  sur  les  rapports  de  la 
vitesse  du  déplacement  des  mobiles,  par  la  contraction  dynamique  des 
muscles,  avec  Vénergie  créatrice  de  l'accroissement  àe  force  auquel  est  due 
cette  vitesse. 

Ces  rapports,  tout  aussi  simples  que  ceux  du  travail  statique  avec  l'éner- 
gie qui  y  est  consacrée,  sont  exprimés  dans  la  proposition  suivante  : 

Vénergie  créatrice  de  l'accroissement  donné  ci  la  force  équilibrante  pour 
imprimer  de  la  vitesse  à  un  mobile,  préalablement  équilibré,  est  propor- 
tionnelle Cl  cette  action  dynamique,  c  esl-a-dire  a  la  vitesse  avec  laquelle  le 
mobile  est  entraîné  par  la  contraction  dynamique. 

C'est  une  proposition  exactement  parallèle  à  celle  qui  exprime  la  simpli- 
cité des  rapports  de  Vaction  statique  avec  l'énergie  qui  la  produit.  J'y  ai 
été  amené  par  des  expériences  récentes.  Mais  cette  proposition  découle 
aussi  d'anciennes  expériences  qui  ne  la  visaient  pas  et  qui  sont  ainsi  plus 
démonstratives.    Elles  me  fournissent   deux  ordres  de  faits  importants. 

c.  R.,  igof).   i"  Semeslre.  (T.  CXLU,  X^  21.)  l48 


II28  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Les  lins  ont  été  constatés  en  19040  dans  mes  expériences  sur  les  muscles 
moteurs  de  l'avant-bras,  fléchisseurs  et  extenseurs,  appliqués  en  alter- 
nance, par  l'intermédiaire  d'un  appareil  spécial,  au  soulèvement  continu 
plus  ou  moins  rapide,  de  la  même  charge.  Les  autres  datent  de  1901  (-).  Ils 
ont  été  obtenus  chez  un  sujet  qui  faisait  du  travail  moleiir  ou  du  travail 
résistant  par  montée  ou  descente  de  son  propre  poids  sur  la  roue  de  Hirn, 
à  des  vitesses  variées. 

Dans  les  deux  cas,  la  dépense  énergétique  entraînée  par  l'état  d'a(;tivité 
des  muscles  était  appréciée  d'après  le  surcroit  d'oxygène  absorbé  pendant 
la  période  de  travail. 

Il  faut  considérer  ces  deux  cas  indépendamment  l'un  de  l'autre. 

Premier  cas.  —  Le  sujet  mis  à  l'appareil  faisait  travailler  ses  muscles  moteurs  de 
l'avant-bras  pendant  trois  minutes  seulement,  pour  éviter  toute  influence  troublante  de 
la  fatigue  sur  la  dépense.  Il  mettait  en  mouvement  un  mobile  de  poids  de  i^^iji, 
auquel  le  sujet  faisait  effectuer,  en  une  minute,  un  parcours  de,  :  4"'>42  ;  —  8"", 84  ;  — 
r5'",26;  —  i^"',68.  Autrement  dit,  la  vitesse  imprimée  à  la  contraction  dj'namique  et 
au  mobile  qu'elle  entraînait  variait  comme  i.  2,  3,  4. 

Quelles  ont  été,  avec  ces  quatre  vitesses,  les  dépenses  énergétiques  qui  se  sont 
ajoutées,  du  fait  de  l'action  dynamique  régulièrement  croissante  du  UiOteur-muscle,  à  la 
dépense  de  son  action  statique?  La  réponse  est  donnée  parle  Grapliique  n"  i,  représen- 
tatif de  la  dépense  que  le  travail  musculaire  a  ajoutée  à  celle  de  l'état  de  repos.  On  y  a 
placé  les  vitesses  en  abscisses  et  Véncrgie  dépensée  en  ordonnées.  Cette  dépense, 
exprimée  en  centimètres  cubes  d'oxygène,  a  été  respectivement ,  avec  chacune  des 
quatre  vitesses  :  96,  i5o,  198,  i'^\.  La  croissance  indiquée  par  les  différences  existant 
entre  ces  quatre  nombres  est  d'une  régularité  parfaitement  suffisante  pour  constituer, 
dans  des  expériences  de  cette  nature,  une  démonstration  remarquable  de  la  proposition 
énoncée,  tout  à  l'heure,  sur  la  simplicité  constante  des  rapports  que  les  actions  dyna- 
miques entretiennent  avec  V énergie  qui  les  crée. 

Deuxième  cas.  —  11  s'agissait  d'un  sujet  travaillant  sur  la  rnue  de  Hirn,  avec  des 
vitesses  qui  auraient  été  capables  de  soulever  son  poids,  en  une  heure,  aux  trois  hau- 
teurs suivantes  :  3o2™,  431"",  554"".  Le  travail  ne  durait  que  huit  à  dix  minutes,  tou- 
jours pour  éviter  la  fatigue.   D'après  la  détermination  des  échanges  respiratoires,  les 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXVIII,  p.  i66y  et  suiv.  —  Le  travail  musculaire  et  sa 
dépense  énergétique  dans  la  contraction  dynamique,  etc. 

(-)  Id.  T.  CXXXII,  p.  194  et  suiv.  La  dépense  énergétique  qu'entraîne  respectivement 
le  travail  moteur  de  V homme  qui  s'élève  ou  descend  sur  la  roue  de  Ilirn.  Evaluation  d'après 
l'oxygène  absorbé  dans  les  éclianges  respiratoires. 


SÉANCE    DU     2  1     MAI     I()o6. 


I  129 


Fia. 


Fig. 


Graphiques  rejiresi'iilatifs  île  l'cneii^ie  liée  à  la  création  île  la  l'ilesse  ai'ec  laquelle  s'e/fecute  la  coiUrac- 
iion  dynamique  des  muscles.  —  La  forme  des  diagrammes  démontre  que  l'énergie  est  en  rapports 
simples  avec  Vaclion  dynamique  produite. 

N"  1.  —  L'n  mobile  est  soulevé  plus  ou  moins  haut  dans  le  même  temps,  par  les  muscles  moteurs  de 
lai'unl-hras.  Les  parcours  (sur  l'a-re  des  abscisses)  et  la  dépense  énergétique  erprimée  en  O'  absorbé 
[ordonnées)  sont  calculés  pour  une  minute, 

EI'\  Diagramme  de  l'accroissement  de  la  dépense  énergétique  du  travail  musculaire,  en  fonction  de 
l'accroissement  de  la  intesse  imprimée  à  la  contraction  dynamique. 

N"  2.  —  Un  sujet  monte  ou  descend  plus  ou  moins  vite  son  propre  poids  sur  la  roue  de  Ilirn.  Les  che- 
mins parcourus  et  l'énergie  dépensée,  exprimée  en  calories,  sont  calculés  pour  une  heure. 

a.  Echelle  pour  placer  sur  l'abscisse  les  vitesses  représentées  par  la  longueur  des  chemins  parcourus 

b.  Parcours,  en  mètres,  pendant  les  montées. 

c.  Parcours,  en  mètres,  pendant  les  descentes. 

Ali.  Travail  moteur.  Diagramme  de  l'accroissement  de  la  dépense  énergétique  totale  du  sujet  en  fonc- 
tion de  l'accroissement  de  la  vitesse  avec  laquelle  il  effectue  la  montée. 

CD.  Travail  résistant.  Diagramme  de  l'accroissement  de  la  dépense  énergétique  totale  du  sujet  en 
fonction  de  l'accroissement  de  la  vitesse  avec  laquelle  il  effectue  la  descente. 


Il3o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

(jLianlités  d'oxygène  consommées  dans  chacune  des  périodes  de  l'expérience  auraient 
été  pour  une  heure  :  4't'i9  ;  —  53',',  ;  —  (io'3.  La  dépense  d'énergie  que  représentent 
ces  quantités  de  0^,  considérées  comme  ayant  été  appliquées  à  la  combustion  de  la 
graisse  des  réserves  (le  sujet  était  en  état  d'inanition),  valait,  en  unités  caloriques 
206"', 5  ;  —  2',:5"';  —  277^»'. 

Le  Grapliiqiie  n°  1  a  été  construit  pour  montrer  les  rapports  de  l'accroissement  de 
cette  dépense  avec  celui  de  la  i'itesse  du  déplacement  du  sujet  pendant  son  travail 
moteur  (ino?itée  sur  la  roue).  C'est  la  ligne  A  B  qui  représente  ces  rapports.  Pour  la 
tracer,  on  a  réuni  par  une  droite  les  sommets  des  deux  ordonnées  extrêmes.  Or  celui 
de  l'ordonnée  intermédiaire  est  placé  lui-même  presque  sur  le  trajet  de  cette  droite.  Il 
se  trouve  bien  un  peu  au-dessus;  mais  ce  n'est  là  qu'un  de  ces  écarts  négligeables  qu'on 
ne  saurait  éviter  dans  celles  des  expériences  de  physiologie  où  l'on  n'est  jamais  sur  de 
réaliser  exactement  1  identité  des  conditions  du  sujet. 

L'expérience  n'a  pu,  en  effet,  être  faite  qu'une  seule  fois,  en  raison  d'un  dérangement 
survenu  dans  le  mécanisme  de  l'appareil,  qui  ne  permettait  plus  que  le  travail  résistant. 
Je  possède  un  certain  nombre  d'expériences  sur  ce  travail  résistant  (descente  sur  la 
roue).  Les  résultats  fusionnés  m'ont  permis  d'obtenir  une  moyenne  qui  est  représentée 
par  la  ligne  CD,  montrant  avec  une  rare  précision  l'influence  exercée,  sur  la  dépense 
d'énergie,  par  les  changements  de  vitesse  du  déplacement  du  sujet.  Celte  ligne  CD  est,  en 
effet,  une  droite  li  peu  près  irréprochable. 

Conclusion.  — Poiii-  cominitniqiicr  une  vitesse  déterminée  à  la  masse  d'itn 
mobile  préalablement  équilibré  par  la  force  élastique  des  muscles  en  état  de 
contraction  statique,  il  faut  qite  la  force  primitive  et  V énergie  qui  la  crée  s'ac- 
croissent ensemble  proporlionnellement  à  la  vitesse  communiquée  au  mobile 
au  montent  oit  la  contraction  statique  se  cfiange  en  contraction  dynamique. 

Donc  il  n'y  a  que  des  rapports  simples  entre  les  actions  dynamiques  dtt 
moteur  muscle  et  l'énergie  qu'elles  dépensent  ['). 


MÉCANIQUIî:.  —  Liettx géométriques  de  centres  de  gravité 
Noie  de  M.  Hatox  delà  Goli>illière. 

I.  Proposons-nous  la   recherche   du   lieu   géométrique   des   centres    de 
gravité  d'un    fil   circuhiire   de   longueur  croissante,   dont  la  densité  varie 


(')  Dans  ma  Note  sur  les  Rapports  simples  des  «  actions  statiques  »  du  muscle  avec 
l'énergie  qui  les  produit,  le  nom  de  l'auteur  que  j'ai  cité  page  980  (t.  CXLII)  a  été 
modifié  par  une  faute  d'impression.  C'est  «  Lebert  »  qu'il  faut  lire,  au  lieu  de  n  Liéhert  ». 


SÉANCE    DU    21     MAI     lC)oG.  Il3l 

proportionnellement  à  une  puissance  n  entière  et  positive  de  cette    lon- 
gueur. 

L'élément  d^  ayant  comme   masse  G'V/li,  la   masse  totale  sera — — — ,  le 

moment  relatif  à  l'axe   des  ordonnées  j    ^"cos  H  M,  et  les  coordonnées  du 
centre  de  gravité  fournies  par  les  relations 

^^  =   r  fi"  cos  f)  d^,  ^-  =  r  e«  sin  9 .^9. 

Intégrons  par  parties,  en  groupant  par  rapport  à  sin  9  et  cos  9.  11  arrive, 
•comme  ci-dessus  (page  1074,  n°  8),  que  leurs  coefficients  sont  les  mêmes 
d'une  équation  à  l'autre,  intervertis  seulement  comme  valeurs  et  comme 
signes 

^^^  =  Asin9  +  Bcos9  +  T,  ^l!!l^  =  B  sin9 -Acos9  +  T', 

A  =  9"—  n  (//  — i)  9"-2  +  n  (n  —  i)  (/?  —  2)  («— 3)  9" -*— 

B  =  «9''-  '  —  H  (n  -  i){«  — a)  9"- 3+ H  (/?—  i)(h  — 2j(/i  — 3)(«  — 4)«"-'^— 

Quant  à  T    et  T',  il  n'en  existe  qu'un   seul   à   la   fois,    qui  a   pour  valeur 
I.  2.  3...  7(  et  figure,  selon  que  n  est  pair  ou  impair,  dans  la  seconde  ou 


-dans  la  première  équation  avec  le  facteur  ( —  i)  2   ou  ( —  i)    i    . 

2.  Nous  pouvons  donc  (')  former  la  résolvante  avec  une  entière  généralité. 
Toutefois,  pour  éviter  une  dualité  (|ui  compliquerait  l'explication  au  détri- 
ment de  la  clarté,  je  supposerai  pour  le  moment  //  pair.  Le  terme  constant 
appartient  alors  à  l'équation  en  y,  et  l'on  a 

pj"  _„(«—,)  9" - 2  +  «  («  —  1)  («.  —  2)  [n  _  3)  9"-  ''  — Y 

H-[h  9"  -'  — /;  («  —  i)  ("  —  2)  9" -3+  n  [n  —  i)  ("  — 2)  [n  —  3)  [a  —4)  9"-5— ]'. 


(';  N°  8,  p.  107'j.  Pas  plus  qu'alors,  on  ne  saurait  ici  annuler  à  la  fois  A  et  B,  car,  à 
supposer  que  ces  deux  équations  simultanées  pussent  avoir  des  racines  communes, 
elles  seraient  numériquement  déterminées,  et  par  suite  inadmissibles  pour  0. 


Il32  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Un  seul  des  deux  crochets  renfermant  un  terme  constant,  son  carré  dis- 
parait avec  la  constante  du  premier  membre,  lequel  se  réduit  à 


Ç)2,.  +  2 tlA î__  .1.2.3...»  9"+'. 


(n  +  i)-  n 

3.  Pour  chercher  la  loi  de  formation  du  second,  je  m'attacherai  à  un 
terme  déterminé,  par  exemple  en  ft^  "  ~  *(')• 

Il  comprend  d'abord,  dans  les  premiers  crochets,  le  carré  du  terme 
en  9"-'' 

n'  i"  -  ly  ("  -  2)=  («  -  3)^ 

puis  les  doubles  produits  des  termes  équidistants.  Leurs  coefficients  sont 
toujours  de  même  signe,  et  par  suite  les  doubles  produits  tous  positifs 

-j-  2  .  n  {n  —  i)  .  /(,  [n  —  i)  {n  —  a)  («  —  3)  (h  —  4)  ("  —  5) 

+  2  .  I  .  7i  («  —  i)  [il  —  2)  [n  —  3)  (h  —  4)  ("  —  5)  (h  —  6)  {n  —  7). 

Pour  les  seconds  crochets,  il  n'y  a  pas  de  terme  carré,  mais  les  doubles 
produits  de  G"-  ^  et  9"-^,  ainsi  que  des  termes  équidistants.  Les  deux  fac- 
teurs sont  alors  de  signes  contraires,   et  les  doubles  produits  négatifs 

—  Q.  .  Il  [a  —  i)  [n  —  1)  .  n  [n  —  i)  {n  —  2)  (n  —  3)  (//  —  4) 

—  2  .  Il  .  Il  {n  —  i)  {il  —  2)  {a  —  3)  («  —  4)  («  —  5)  («  —  6). 

On  reconnaît  partout  un  facteur  commun 

//  {n  —  i)  {n  —  2)  («  —  3), 
à  multiplier  par  l'ensemble  suivant  : 

{n  -  4)  ("  -  5)  («  -  6)  {n  -7)  -n.  {n  -  4)  ("  —  5)  {n  -  6) 
+  Il  («  —  i)  .  {n  —  4)  ("  —  5)  —  /;  («  —  1)  [il  —  2)  .  {Il  —  4) 
+  n  {n  —  i)  {n  —  2)  (h  —  3)  +  etc. 

Ce  symbole,  etc.,  représente,  en  ordre  interverti,  la  partie  située  à  gauche 
du  dernier  terme,  d'après  le  dédoublement  des  doubles  produits,  dont  j'ai 
supprimé  pour  ce  motif  le  facteur  2. 

Or  je  dis  que  ce  polynôme  est  équivalent  au  produit 

(«—  5)  (/i  —  6)  («— 7)  («  —  8). 

(')  Il  serait  facile,  après  avoir  saisi  cette  explication  sur  l'exemple  0'-"  ~  ',  de  la 
transcrire  plus  longuement  pour  9^'"  ""  ',  en  la  ramenant  aux  A- puissances,  de  X- -+-  i 
à  'j.  k,  du  binôme  1  —  z,  lesquelles  s'annulent  toutes  pour  :;  =  i  . 


SÉANCE    DU    21     MAI     I90G.  11.33 

Constatons  pour  cela  qu'il  admet  comme  racines  5,  6,  7  et  8.  Il  vient,  par 
exemple,  pour  11  =8 

4.3.2.1— 8.4.3.2+8.7.4.3  —  8. 7. 6. 4  +  8. 7. G.  5  —  etc. 

Divisons  le  tout  par  le  produit  i  .  ■?.  .  3  .  4i  nous  obtiendrons 

8     ,     8.7  S. 7. 6     ,     8.7.6.5 

+       '    , etc. 


I         1.2         1.2.3         1.2.3 

c'est-à-dire  la  valeur  que  prend,  pour  ;  =  i,  le  développement  de  (i  —  s)'. 
Or  cette  valeur  est  nulle. 

Cela  suffit  pour  établir  l'identité  des  deux  polynômes,  attendu  qu'ils  ont 
tous  les  deux,  pour  n',  un  même  coefficient. 

Celui  de  6-"  —  *  est  donc  finalement 

„  {,1-  i)  («  -  o)  [n  —  3)  .  («  -  5)  (n  -  6)  (»  -  7)  {u  -  8). 

4.  En  avançant  progressivement  on  finira,  d'après  la  loi  de  formation, 
par  rencontrer  le  facteur  n  —  ii.  A  partir  de  ce  point,  en  raison  d'une 
simplification  des  plus  remarquables,  tous  les  ternies  de  la  résolvante  dis- 
paraissent à  la  fois.  C'est  ce  qui  se  produit  dès  (j-"  — ";  le  dernier  terme 
étant 

-nin-.)in-.)...   (^+ a)  ('-^  +   ■)  ■    (|  -  ■) 


(|-2)....4.3.2, 


D'après  cela  9"  +  '   disparaît  dans  toute  la  résolvante,  qui  devient 

^tC   G"  +  '  —  G"  -  '  +  ?i .  {n  —  2)  d"-  ^  —  n  {n  —  i)  .  (n  —  3)  («  —  4)  9«-  ^ 

-\-n  {n  —  i)  {n  —  2) .  {n  —  4)  («  —  5)  (»  —  6)  9"  -  ■? 
—  n{n  —  i)(»  — 2;i(«— 3).  (7;—  5)  {n  —6)  («  —  7)  {n  —  8)  fi"-^-\-  .... 

....  +  »(«-.)...  (^  +  .)-  (f-  .)...4.3.2.(-,)^  e 


2  (—  i)  2 

r-^ .     I    .    2  .  3...   «    .    (/  ^    O. 

H  +    I  "^ 

Pour  n  impair,  les  deux  derniers  termes  sont 

...  +  n  {n  -  .)....  (^  +  .)  ■   (^-  .)  ...  4  .  3  .  2  .  .  (-  0  '"^H'- 

n—  1 

M-  ')  .  i  .  1  .3...  n  {.V—  i)  =^  0. 

;/  -f-  I  ' 


Il34  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

5.  Nous  venons  de  voir  le  degré  de  la  résolvante  s'abaisser  de  0.11  +  2  à 
Il  -\-  i.    Dans  la  moitié  des  cas,   lorsque  n   est  impair,  un  nouvel  al:)aisse- 

ment  s'opère  de  /;  -)-  '  ^  ,  car  les  puissances  de  6  sont  alors  toutes 

paires.  N'oublions  pas  en  outre  qu'une  première  réduction  s'était  produite 
dès  le  début  .n"  8,  p.  1074),  par  la  suppression  du  facteur  A''  +  B",  lequel 
est  ici  en  B  du  degré  2/(,  ce  qui  eût  sans  cela  porté  à  4«  +  2  le  degré 
initial. 

Finalement  donc,  le  degré  s'abaisse  de  4"  +  2  à  /z  +  i  si  n  est  pair,  et  à 

"      '    s'il  est  impair.  Pour  ce  dernier  cas,  le  degré  se  trouve  réduit  dans 
le  rapport  —-^ — r^— -  ,  lequel  ne  varie  que  peu,  de  -^  à  -^  . 

'  '  4  (2"  +1)  11'  6  8 

Malgré  cette  remarquable  simplification,  l'équation  ne  sera  que  rare- 
ment résoluble  algébriquement.  Elle  rentre  dans  les  quatre  premiers 
degrés  pour  les  cinq  cas  suivants  (')  :  7;  =  i  (i"  degré),  /;  ==  3  (2^  degré), 
;(  =  2  et  n  =  5  (3"  degré),  n  =  'j  (4"  degré). 

6.  Traçons  actuellement,  à  partir  de  l'origine  des  densités,  les  dévelop- 
pantes d'ordres  successifs  du  cercle,  et  proposons-nous,  à  leur  égard,  le 
même  problème. 

L'arc  de  la  jf  développante  a  pour  valeur 7, -, — , — r  •  Les  coordon- 

nées  de  celui  de  ses  points  qui  correspond  à  l'angle  8  sur  la  circonférence 
peuvent  être  mises  sous  la  forme 


(')  On  pourrait  y  joindre  en  outre  celui  de  riiomogénéité,  qui  dérive  de  nos  formules 
pour  n  =  o.  Il  a  été  traité  directement  par  JNL  Cesaro  (Nouvelle  correspondance,  t.  IV, 
1878,  p.  '281),  et  la  conduit  à  la  cocléoïde 


ainsi  dénommée  par  i\I.  Falkenhurg  y  Benthen  (AVeii'  Arclnef,  Amsterdam,  t.  X,  187G)  et 
étudiée  par  AI.  Gomès  Teixeira  [Tratado  de  las  citn'as  espccialcs  notables.  Madrid,  i90>, 
p.  3;,',). 


SÉANCE     DU     21     M\I     IfJoG.  Il3j 

Si  la  densité  de  la />"  développante  varie  comme  la  puissance  n  de  sa  lon- 
gueur, les  équations  des  moments  pourront  se  ramener  au  type 

p 

I  .  '2  .  3  . . .  p  6{p  +  I  )  («  +  1) 

{n  +  i)\i  .2  .  ;i  ...p  (/_)  + 


'^■'  =Î  TTTTTTTT  f^""^"^"^'  cos  {h  -  /.f)./fJ, 


et  de  même  en  changeante;  en  t/  et  le  cosinus  en  sinus. 

Les  intégrales  restent  donc  les  mêmes.  L'élimination  de  8,  pour  obtenir 
le  lieu  géométrique  du  centre  de  gravité,  se  fait  encore  à  Faille  d'une  résol- 
vante algébrique;  mais  je  n'entreprendrai  pas  ici  sa  théorie  générale,  en 
raison  de  sa  complication  (^). 

Remarquons  d'ailleurs  ({u'il  ne  faudrait  que  de  la  patience  pour  achever 
en  particulier  les  calculs  relatifs  à  chacune  des  combinaisons  de  valeurs 
numériques  de  p  et  it  assez  simples  pour  conduire  à  une  résolvante  des 
quatre  premiers  degrés. 

y.  Je  préfère  aborder  encore  une  loi  de  densité  différente.  Envisageons, 
à  cet  égard,  le  centre  de  gravité  de  lu  courbure. 

La  masse  élémentaire  est  alors  l'angle  inCnitésiiual  de  contingence,  qui 
est  ici  f/O,  le  même,  sur  n'importe  (juelle  développante,  que  sur  le  cercle. 
La  masse  totale  est  donc  H,  et  l'équation  des  moments 

p 
^■'-  =  I  TTTTTTTT  p>'  ^os  (h  -  h  A  . 

Mais  le  calcul  devient  alors  assez  difficile,  et  je  me  contente  d'en  transcrire 
ici  le  résultat. 

La  résolvante  se  compose  de  trois  parties;  en  premier  lieu 

62^-l_2  .;;.   (/;_3)Ô2^'-^  +  3./^(/J-  ,)  ,  (/,  _  4)  (^j  _  5)  6-^' "  » 
—  ^■P{P—^)  {p  —  2) .  {.P  -  5)  [p  -  6]  (/_;  -  7)  O^-i-  -  ' 
+  5  .  ;j  (^  _  ,)  (,,  _  2)  (^,  _  y.     i^p  _  6)  [p  -  rj)  (^p  -8){jj-  gW-P  -'■'-... 

A   un  certain  point,  l'on  rencontre  le  facteur/»  — p,  et  toute  la  seconde 


(1)  J'ajouterai  que  l'on  pourrait,  au  moyen  des  sommes  que  nous  savons  calculer 
(n°6,  p.  107-2),  déterminer  le  centre  de  gravité  de  chapelets  discontinus  formés  des 
nombres  naturels  ou  de  leurs  puissances,  disposés  à  intervalles  angulaires  égaux,  non 
plus  sur  le  cercle,  mais  sur  une  de  ses  développantes  d'ordre  quelconque. 

C.  R.,  1906,   ]"'  Scmeslie.  (T.  CXLII,  N"  21.)  1  ^Q 


Il36  ACADÉMIE     DES    SCIENCES. 

partie  s'annule  identicjiieinent,  à  pai'lir  do  Hi'  ^  '  si  y;  est  pair,  ou  de  0''  s'il 
est  impair.  La  troisième  partie  ne  se  compose  que  de  deux  termes,  qui, 
renfermant  les  coordonnées,  échappent  à  la  loi  précédente 

...-(1.2.3...//)^  [(.,^  +  ^^_,)e_2(«  +  .)7/]  =  o. 

Les  quatre  premiers  degrés  ne  comprennent  que  les  deux  cas  yj  ==  2  et 
/)  =  I.  Pour  ce  dernier,  le  lieu  géométricpie  des  centres  de  gravité  de  la 
courbure  de  la  développante  de  cercle  a  comme  équation 


p-  sin  2(1) 


3-  —  I  j  sm  (  ^^7—- —  I  —  2  p  sin  lu  cos    — -, 


PATHOLOGIE.  —  Origine  iiitcslinalc  des  adéiiopathies   trac/iéo-broiichiqucs 
luhrrcitletises.  Note  de  MM.  A.  Calmette,  C.  Gi'kkix  et  A.  Di':lI^:akde. 

De  nombreuses  expériences  réalisées  sur  les  jeunes  bovidés  et  sur  les 
chevreaux,  nous  ont  permis  de  constater  que  lorsqu'on  fait  ingérer  à  ces 
animaux,  eu  un  seul  repas  infectant,  de  très  petites  doses  de  bacilles  tuber- 
culeux d'origine  bovine,  ces  bacilles  passent  à  travers  la  paroi  intestinale 
et  sont  le  plus  souvent  retenus  dans  les  ganglions  mésentériques,  sans  y 
développer  de  lésions  tuberculeuses  décelables  à  l'autopsie  par  le  simple 
examen  microscopique.  Plus  ou  moins  tardivement,  ces  jeunes  animaux 
présentent  ensuite  de  la  tuméfaction  des  groupes  ganglionnaires  trachée- 
bronchiques  ou  rétropharyngiens  avec  ou  sans  lésions  pulmonaires. 

Vallée,  expérimentant  également  sur  les  veaux  nourris  avec  du  lait  pro- 
venant de  vaches  tuberculeuses,  est  arrivé  aux  mêmes  conclusions.  Nous 
sommes  donc  fondés  à  admettre  cpie  l'ingestion  d'iuie  très  petite  (puintité 
de  bacilles  tuberculeux  peut  sufiire  à  développer  l'adéiiopathie  trachéo- 
bronchicpie  ou  diverses  formes  de  tuberculose  ganglionnaire  du  thorax  et 
du  cou. 

L'origine  intestinale  de  ces  lésions  apparaît  avec  évidence  lorsqu'on 
prend  soin  d'inoculer  au  cobaye  les  ganglions  mésentériques  des  ani- 
maux qui  en  sont  trouvés  porteurs,  alors  même  que  ces  ganglions  mésen- 
tériques paraissent  absolument  sains. 

Nous  citons,  à  titre  d'exemple,  le  fait  suivant  : 


SÉANCE    DU     21     MAI     ]r)oG.  ili"] 

Deux  veaux  de  race  llaniande,  n"^  i 'i  et  i5,  âgés  de  deux  mois  et  préalalilement  tulier- 
culinés  sans  réaction,  font  le  même  jour,  à  la  sonde  œsophagienne,  un  repas  infectant 
de  oS'',  lo  de  bacilles  tuberculeux  bovins. 

Quarante-quatre  jours  après,  ils  réagissent  violemment  à  l'épreuve  de  la  tuberculine 
et  sont  abattus  le  lendemain.  L'autopsie  montre,  chez  ces  deux  animaux,  des  ganglions 
raésentériques  d'apparence  normale,  souples  sans  foyer  tuberculeux  visibles.  En  les 
examinant  avec  grand  soin  on  trouve  seulement  à  la  coupe,  dans  leur  zone  corticale, 
quelques  granulations  blanches. 

Les  ganglions  péri-bronchiques  du  n"  i ',  sont  volumineux,  durs,  d'apparence 
fibreuse  ;  sur  la  coupe,  on  ne  voit  aucune  trace  de  caséiiicalion. 

Un  ganglion  rétrosternal  du  n°  i5  est  gros  comme  une  noisette,  dur,  fdireux,  sans 
nodules  caséifiés. 

Les  poumons  ne  présenlenl  pas  de  lésions  tuberculeuses. 

Les  cobayes  inoculés  avec  des  fragments  de  ganglions  mésentériques,  péribron- 
chiques,  rélrosternaux  et  piiaryngiens  de  ces  deux  veaux  ont  tous  succombé  à  la 
tuberculose. 


Il  nous  a  paru  nécessaire  de  rechercher  si,  chez  l'enfant,  qui  présente 
souvent  des  lésions  d'adénopathie  trachéo-bronciiique  comme  signe  unique 
de  tuberculose,  l'infection  d'origine  intestinale  pouvait  être  mise  en 
cause. 

Du  i5  décembre  igoB  au  3o  mars  1906,  les  ganglions  inésentériques  de 
24  enfants  décédés  dans  le  service  de  l'un  de  nous  à  l'hôpital  Saint-Sauveur 
de  Lille,  ont  été  triturés  et  inoculés  chaque  fois  sous  la  peau  de  la  cuisse 
de  cjuatre  cobayes. 

La  répartition  des  causes  de  décès,  d'après  les  renseignements  d'autop- 
sie, était  la  suivante  : 

At/irepsie,  i3;  Enlérite,  i  ;  Diphtérie,  2;  Bronchite  capillaire,  2;  Tironcho- 
pneumoiiie  double,  2;  Aléiiiiigite  tuberculeuse,  i  ;  Broiiclio-pneumonie  tuber- 
culeuse, i;  Adénopathie  trachéo-bronchique,  i;  Tuberculose  pulmonaire,  i. 

Pour  ces  quatre  derniers  cas  seulement,  les  lésions  trouvées  à  Tautop- 
sie  avaient  permis  de  confirmer  le  diagnostic  de  tuberculose. 

Chaque  fois,  les  ganglions  mésentériques  furent  examinés  avec  le  plus 
grand  soin  avant  d'être  inoculés.  Voici,  très  succinctement  résumées,  nos 
constatations  : 

Louise  D.,  cinq  ans.  —  Méningite  tuberculeuse.  Ganglions  mésentériques 
rouges,  tuméfiés,  sans  lésions  tuberculeuses  apparentes. 

Gustave  D.,  deux  ans.  —  Broncho-pneumonie  tuberculeuse.  Ganglions 
mésentériques  augmentés  de  volume,  sans  lésions  visibles. 


Il38  ACADÉMIE     DES    SCIENCES. 

DÉSIRÉ  B.,  deux  ans.  —  Adénopalliie  Iracliéo-broncldqjic.  Qiielc[iies  gan- 
glions mésentériques  gros  comme  un  liaricot.   Pas  de  lésions  à  la  coupe. 

Marie  V.,  six  ans.  —  Tuberculose  pulmonaire  (caverne  au  sommet 
droit  et  ganglions  trachéo-bronchiques  présentant  de  nombreux  nodules 
easéifiés).  Ganglions  mésentériques  tuméfiés,  rouges  à  la  coupe,  mais  sans 
tubereules. 

Les  cobayes  inoculés  avec  les  ganglions  mésentériques  de  ces  quatre 
enfants  présentèrent  tous  les  lésions  spécifiques  de  tuberculose  du  So"  au 
45' jour. 

Mais,  fait  plus  intéressant,  trois  autres  enfants  qui  n  étaient  nullement 
soupçonnés  tuberculeux  d'après  les  résultats  de  l'autopsie,  avaient  des 
bacilles  tuberculeux  dans  leurs  ganglions  mésentériques,  ainsi  qu'en 
témoignèrent  les  cobayes  inoculés. 

L'un  de  ces  enfants,  Victorine  ^L,  cinq  mois  et  demi,  avait  succombé  à 
Vatlirepsie;  on  lui  trouva  les  ganglions  trachéo-bronchiques  tuméfiés,  et 
les  mésentériques  d'apparence  normale. 

Le  second,  Georges  L.,  trois  ans,  mort  de  bronchite  capillaire,  avait 
aussi  les  ganglions  trachéo-bronchiques  gros,  mais  sans  lésions  tubercu- 
leuses, et  les  mésentériques  sains. 

Le  troisième,  Marie  J.,  huit  mois,  morte  de  broncJio-pneunionie  double, 
présentait  également  \\n  peu  de  tuméfaction  des  ganglions  trachéo-bron- 
chiques et  rien  au  mésentère. 

Pour  les  17  autres  cas,  l'inoculation  des  ganglions  mésentériques  au 
cobaye  est  restée  négative. 

De  ces  faits  nous  devons  donc  conclure  : 

1°  Qu'expérimentalement  chez  les  animaux,  et  cliniquement  chez  l'enfant, 
toutes  les  fois  ([ue  l'infection  tuberculeuse  se  manifeste  par  de  l'adéno- 
pathie  trachéo-bronchique,  il  existe  des  bacilles  tuberculeux  dans  les 
ganglions  mésentériques,  alors  même  que  ces  ganglions  paraissent  sains  ; 

2°  Que  l'infection  ganglionnaire  mésentérique  précédant  l'apparition 
des  lésions  d'adénopathie  trachéo-bronchique,  celles-ci  doivent  être  con- 
sidérées, de  même  que  la  tuberculose  pulmonaire  chez  l'enfant  et  chez 
l'adulte,  comme  résultant  d'une  infection  tuberculeuse  d'origine  intesti- 
nale. 

L'hypothèse  de  la  contamination  directe  par  les  voies  respiratoires 
n'étant  actuellement  prouvée  par  aucune  expérience  irréprochable,  il  appa- 
raît de  plus  en  plus  évident  que  les  enl'ants,  et  aussi  les  adultes,  contrac- 


SÉANCE     DU     11     MAI     I906.  I  I  ^9 

tont  la  tuberculose  en  ingérant  soit  du  lait  de  vaches  tuberculeuses,  soit 
des   poussières  ou  des  aliments  souillés  de  bacilles  ou   de   parcelles   de 


crachats  tuberculeux  d'origine  humaine. 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Tirivctitx,  géodésiqurs  et  magnétiques  aux  envifous 
de  Taiiaiiarive  ;  Note  de  'SI.  Éd. -El.  Colix. 

I.  Pendant  les  mois  de  septembre,  octobre  et  novembre  1903,  j'ai  ter- 
miné la  triangulation  très  serrée  des  environs  de  Tananarive,  que  m'avait 
confiée  le  général  Galliéni  en  igoS.  Ce  réseau,  d'une  superficie  de 
2872''"-,  ne  comprend  pas  moins  de  3o5  stations  qui  forment  les  sommets 
d'autant  de  triangles  principaux,  dont  plusieurs  côtés  servent  à  leur  tour 
de  base  aux  triangles  secondaires.  Le  total  des  azimuts  relevés  avec  le 
théodolite  Brunner  s'élève  à  7  i65;  celui  des  distances  zénithales  à  a  148. 

II.  De  plus,  j'ai  observé  la  déclinaison,  l'inclinaison  et  la  composante 
horizontale  en  49  nouvelles  stations.  Le  levé  magnétique  des  environs  de 
Tananarive,  dont  nous  discuterons  plus  tard  les  résultats,  repose  actuel- 
lement sur  les  valeurs  obtenues  en  98  stations  voisines  les  unes  des 
autres.  Au  cours  des  expériences  de  la  déclinaison,  la  détermination  du 
méridien  géographique  a  nécessité,  à  elle  seule,  environ  un  millier  de  dis- 
tances zénithales  du  soleil  ou  d'une  étoile. 

Les  résultats  contenus  dans  le  tableau  ci-dessous  donnent  lieu  à  quel- 
ques remarques. 

1.  La  valeur  minimum  de  la  déclinaison,  7°  48' 8",  a  été  observée  sur  la 
montagne  granitique  d'Ambatomaranitra  ;  la  valeur  maximum,  12°  24'  1", 
sur  un  deuxième  massif  granitique  à  peine  éloigné  de  8''"'  à  l'W  du  pré- 
cédent. 

2.  Les  trois  stations  d'Ambohimiandra,  Ambatomahamanina  et  Ambohi- 
miadana  sont  autant  de  foyers  secondaires  de  perturbation  qui  influent  sur 
les  trois  éléments. 

3.  Les  expériences  magnétiques  faites  déjà  en  1903  à  Alarobia  et  exac- 
tement au  même  point,  donnent  la  variation  suivante  à  deux  années  d'in- 
tervalle :  la  déclinaison  a  diminué,  comme  à  Tananarive,  de  i3'  et  demie  ; 
l'intensité  est  plus  faible  de  0,00127;  l'i'K^linaison  a  augmenté  de  5' 
environ. 


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Il42  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


PLI  CACHETE. 


M.  A.  CORET  demande  l'ouverture  d'un  pli  cacheté,  déposé  par  lui  le 
17  mai  1886,  relatif  à  un  ihermomèlre  médical  oii  le  liquide,  contenu  dans 
un  réservoir  métallique,  presse  la  l'ace  externe  d'un  soufflet,  constitué  par 
une  colonne  de  boîtes  en  métal  mince,  système  Vidie,  dont  la  déformation 
se  transmet  à  une  aiguille  indiquant  la  température  atteinte. 


CORRESPONDANCE. 

M.  J.  Richard  fait  connaître  à  l'vVcadémie  que  S.  A.  S.  le  Prince  de 
Monaco  a  l'intention  de  provoquer  la  réunion,  à  Monaco,  d'un  Premier 
Congrès  international  d'Océanographie  et  de  Météorologie  marine.  Le  Prince 
qui,  depuis  plus  de  vingt  ans,  poursuit  dans  cette  voie  des  recherches 
constantes,  sera  heureux  de  voir  des  savants  de  tous  les  pays  se  réunir 
dans  le  Musée  océanographique  de  Monaco  pour  y  étudier  ensemble  les 
grands  problèmes  de  la  mer. 

La  date  de  ce  Congrès,  qui  aura  lieu  une  de  ces  prochaines  années, 
probablement  pendant  les  vacances  de  Pâques,   sera  ultérieurement  fixée. 

M.  LE  Ministre  de  lIxstructiox  pubeiqi;e  transmet  à  l'Académie  un 
rapport  de  M.  le  Directeur  de  l'observatoire  de  Colaba  (Bombay),  relatif  à 
un  tremblement  de  terre  qui  s'est  produit  le  26  mars  dernier  dans  cette 
ville. 

M.  le  SEt'RÉTAiRE  PERPÉTUEL  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  les  ouvrages  suivants  : 

1°  Tableaux  logaritlimiques  A  et  B  équivalant  à  des  tableaux  logarith- 
miques h  6  et  à  9  décimales  et  Notice  explicative  donnant  la  théorie  et  le 
mode  d'emploi  de  ces  tableaux,  par  le  D''  A.  Guillemin. 

2°  Tratado  de  las  curvas  especiales  notables,  par  F.  Gomes  Teixeira 
(présenté  par  lA.   llaton  de  la  Goupillière). 


SÉANCE    DU    21     M\l     l(jo6. 


II 43 


NAVIGATION.  —  CoUiinaleur  magnétique  penneLlanl  de  Lransformer  une 
jumelle  en  instrument  de  relèvement.  Note  de  M.  A.  Beisuet,  présentée 
^I.  Lippiiiann. 

Les  compas  de  relèvement  en  usage  à  bord  des  navires  sont,  en  général, 
des  appareils  d'assez  grandes  dimensions,  et  dans  lesquels  la  visée  se  fait 
à  l'aide  du  vieux  procédé  dos  pinnules.  Ayant  eu,  au  cours  de  différentes 
croisières,  l'occasion  de  me  servir  de  ces  instruments,  j'ai  pensé  qu'on 
pourrait  utiliser  les  jumelles  ordinaires  pour  les  opérations  de  relèvement, 
en   les  munissant  du  dispositif  suivant  : 

Sur  l'un  des  corps  de  la  jumelle  employée  (le  corps  de  gauche,  sur  la 
figure)  on  coifie  une  bonnette  A  contenant  un  système  collimateur.  Ce 
système  est  formé  d'une  lentille  au  foyer  de  laquelle,  grâce  à  un  système 
de  trois  prismes  à  réllexion  totale,  se  trouve  la  division  tracée  sur  la  rose 
transparente  d'une  boLissole  B,  division  allant  de  o"  à  36o". 


^^ 


Dans  ces  conditions,  si  la  jiunelle  est  réglée  à  l'infini  par  sa  mise  au 
point  sur  un  objet  éloigné,  l'observateur  verra,  avec  l'œil  droit,  l'image  de 
l'objet  visé  dire(-tement  à  l'aide  du  i^orps  droit  de  la  jumelle,  tandis  que  de 
l'œil  gauche,  grâce  à  la  collimation,  il  sera  au  point  sur  les  divisions  de  la 
rose  mobile.  Les  deux  impressions  se  superposant  par  le  fait  de  la  vision 
binoculaire,  il  verra  donc,  en  superposition  avec  l'objet  visé,  une  des  divi- 
sions du  limbe,  dont  le  numéro  représente  l'aziniuth  magnéticiue  du  point 
visé. 


G.  R.,  i;)uti,  I"'  iicma,irc.  (ï.  C.\Ln,  X"  21. 'j 


IDO 


Il44  ACADÉMIE    DKS    SCIENCES. 

La  dislance  focale  de  la  lentille  colliinatrice  élanl  égale  à  celle  de  l'oij- 
jcctif  de  la  jumelle,  le  grossissement  des  divisions  est  égal  au  grossisse- 
ment de  l'oculaire.  Pratiquement,  dans  le  modèle  présenté  à  l'Académie  et 
(jui  a  été  très  habilement  construit  par  M.  Mailhat,  on  apprécie  très  nette- 
ment le  quart  de  degré,  en  tenant  l'appareil  à  la  main. 

Comme  la  bonnette  A  n'a  que  7  centimètres  de  longueur,  on  voit  que 
l'on  a  réalisé,  de  la  sorte,  un  véritable  «  compas  de  relèvement  »,  simple  et 
précis,  et  dans  lecjuel  la  visée  à  travers  les  pinnules  est  remplacée  par  la 
visée,  beaucoup  ]ilus  sùrc,  à  travers  un  système  optique.  L'insirumcnt  peut 
s'adaptera  une  jumelle  quelconque,  à  oculaire  terreste  ou  même  de  Galilée. 

Il  peut  aussi  servir  de  boussole  topographique  ;  si  on  le  place  sur  un  pied, 
ce  (pu;  l'on  i'ail  souvent  en  topographie,  on  lit  avec  sûreté  le  di.xième  de 
degré.  Ce  j)etit  appareil  pourra  donc  rendre  (juelque  service  au.x  géo- 
graphes et  aux  marins. 


PHYSIQUE.  —  Sur  la  rofrélntion  entre  les  variations  des  /xi/ides  d'absorption 
des  cristaux  dans  un  champ  niifL;iie'/ifjne  et  la  polarisation  rotatoirc 
magnétique.  Note  de  M.  Jeax  BEcycEREL,  présentée  par  M.  Poincaré. 

Les  phénomènes  de  polarisation  rotatoire  magnétique  dans  les  cristaux 
sont  intimement  liés  aux  variations  que  les  bandes  d'absorption  subissent 
dans  un  champ  magnétique. 

J'ai  montré  que  dans  les  cristaux  de  xénotime,  les  bandes  d'absorption 
se  comportent  comme  si  elles  résultaient  de  viJJiations,  les  unes  d'électrons 
négatifs,  les  autres  d'électrons  positifs. 

L'exjiérience  suivante  met  en  évidence  la  polarisation  rotatoire  magné- 
tique dans  une  lame  de  xénotime  normale  à  l'axe.  On  fait  tomber  siu'  la 
lame  un  faisceau  de  lumière  blanche  polarisée  reclilignement  ;  le  spectre 
d'absorption  est  obtenu  au  moyen  d'un  spectroscope  à  réseau  de  Rowland  ; 
un  rhomboèdre  de  spath  placé  devant  la  fente  donne  dans  l'oculaire  deux 
plages  contigucs  polarisées  dans  deux  directions  rectangulaires,  et  qui  ont 
même  intensité  si  le  polariseur  est  convenablement  orienté.  En  produi- 
sant un  cliainp  magnétique  parallèle  au  rayon  incident  et  à  l'axe  du  cristal, 
on  voit  les  bandes  du  spectre  ordinaire  d'absor[)lion  changer  d'intensité. 
Dans  l'une  des  plages  toutes  les  bandes  correspondant  à  des  électrons 
négatifs  augmentent  d'intensité,  en  se  rétrécissant  légèrement,  tandis  que 


SÉA>'CE  DU  21  MAI  I90G.  Il45 

les  bandes  d'électrons  positifs  deviennent  plus  pâles  et  s'élargissent.  L'in- 
verse a  lieu  dans  l'autre  plage,  et  le  pliénomène  change  de  sens  en  même 
temps  que  le  champ  magnétique.  Le  sens  du  phénomène  correspond  à  une 
polarisation  rotatoire  négative  de  la  partie  non  absorbée  de  la  radiation 
incidente  à  l'intérieur  des  bandes  correspondant  à  des  électrons  négatifs, 
et  positive  à  l'intérieur  des  bandes  cVélectrons  positifs.  En  dehors  des 
bandes  le  sens  de  la  rotation  est  inverse  du  sens  de  la  rotation  à  l'inté- 
rieur. 

Parmi  les  modifications  observées  je  citerai  les  suivantes  :  Dans  un  champ  de 
20  000  unités,  deux  bandes  larges  peu  intenses  (6  (■•'|J^H-' i  ^^  ^'^'''i'-'^S')  disparaissent  tota- 
lement dans  1  une  des  deux  plages  de  l'oculaire,  et  l'intervalle  (jui  les  sépare  apparaît 
sombre.  Ces  b"ndes  donnant  lieu  à  un  phénomène  de  polarisation  rotatoire  intense 
sont  en  même  temps  très  sensibles  à  l'action  du  champ  magnétique,  le  décalage  de  deux 
vibrations  circulaires  inverses  absorbées  étant  d'environ  ()aij,',5  pour  20000  unités,  ce 

qui  correspond  à  un  rapport  de  la  charge  à  la  masse    — ^  =  1,1    x    lo'^  les  électrons 

étant  négatifs.  Il  existe  une  bande  ().  =  522,  i  '()  dont  j'ai  déjà  signalé  le  grand  dédouble- 
ment dans  le  champ  magnétique  et  pour  laquelle    on  trouve  à  peu  près  exactement  le 

même  chiffre  pour  le  rapport    —  ,  mais  les  électrons  étant  positifs.  Cette  dernière  bande 

étant  étroite  donne  deux  composantes  très  écartées  et  la  polarisation  rotatoire  intense  à 
l'intérieur  du  doublet  est  positive. 

Dispersion  anomale.  —  Ces  phénomènes  qui  ne  sont  visibles  qu'aux 
environs  des  bandes  m'ont  conduit  à  étudier  la  dispersion  anomale.  On 
peut  mettre  en  évidence  la  variation  rapide  de  l'indice  au  voisinage  et  à 
l'intérieur  des  bandes  en  utilisant  les  franges  de  Fizeau  et  Foucault  que 
l'on  observe  en  projetant  sur  la  fente  l'image  d'une  lame  jiarallèle  à  l'axe 
traversée  par  un  faisceau  de  lumière  blanche  entre  deux  niçois  parallèles 
ou  croisés.  Si  l'épaisseur  de  la  lame  est  légèrement  variable  les  franges 
sont  obliques  dans  le  spectre  car  chaque  point  de  la  fente  correspond  à 
une  épaisseur  dift'érente.  Ces  franges  sont  fortement  disloquées  en  tra- 
versant les  bandes  d'absorption,  révélant  ainsi  une  variation  notable  de  la 
biréfi'ingence,  c'est-à-dire  soit  de  l'indice  ordinaire,  soit  de  l'indice  extra- 
ordinaire suivant  le  spectre  auquel  appartient  la  bande  considérée,  car 
l'autre  indice  reste  sensiblement  constant  pour  une  faible  variation  de  la 
longueur  d'onde. 

On  peut  d'une  autre  façon  montrer  la  dispersion  anomale  aux  environs 


Ij/lG  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

des  ])andes  ordinaires,  en  répétant  une  expérience  de  MM.  Voigt  et 
Wiechert.  On  place  une  lame  normale  à  Taxe  entre  deux  niçois  inclinés  à 
45"  sur  l'horizontale  et  on  dispose  sur  la  fente  du  spectroscope,  entre  le 
cristal  et  l'analyseur,  un  compensateur  de  Babinet  orienté  de  façon  que  les 
franges  soient  horizontales.  En  produisant  un  champ  magnétique  dont  les 
lignes  de  force  sont  horizontales  et  normales  au  faisceau  lumineux,  les 
franges  noires  se  disloquent  dans  le  spectre  sur  les  bords  des  bandes.  Ces 
dislocations,  à  première  vue  très  compliquées,  s'expliquent  dans  les  moin- 
dres détails  par  la  dispersion  anomale  et  les  variations  précédemment 
étudiées  des  bandes  dans  le  champ  magnétique. 

Toutes  les  bandes  se  comportent  de  même  au  point  de  vue  de  la  disper- 
sion dont  le  sens  est  indépendant  du  signe  des  électrons.  En  allant  du 
rouge  au  violet,  les  indices  augmentent  à  l'extérieur  de  toutes  les  bandes 
et  diminuent  à.  l'intérieur. 

Manifestation  de  la  biréfringence,  circulaire  magnétique.  —  On  a  expliqué 
la  polarisation  rotatoire  magnétique  par  la  différence  de  phase  que  pren- 
nent lorsque  le  champ  est  excité,  deux  vibrations  circulaires  inverses.  J'ai 
pu  mettre  en  évidence  directement  cette  différence  de  phase  par  une  modi- 
fication de  l'expérience  de  M.  Voigt  en  plaçant  devant  le  compensateur 
une  lame  quart  d'onde  inclinée  à  4»"  sur  le  compensateur.  On  constate 
que  les  franges  noires  observées  dans  le  spectre  se  disloquent  dans  les 
bandes.  Il  existe  donc  une  variation  de  phase  entre  les  deux  vibrations 
transmises  par  le  compensateur,  c'est-à-dire  entre  deux  vibrations  circu- 
laires de  sens  contraires  tombées  sur  le  quart  d'onde.  Cette  expérience  a 
montré  qu'aux  environs  et  à  l'intérieur  des  bandes,  la  différence  entre  l'in- 
dice des  vibrations  droites  et  l'indice  des  vibrations  gauches  change  de 
signe  avec  la  nalure  des  électrons  auxquels  correspond  la  bande.  Ces 
résultats  sont  absolument  d'accord  avec  l'observation  directe  de  la  polari- 
sation rotatoire  magnétique,  phénomène  qui  paraît  bien  être  une  manifes- 
tation corrélative  du  changement  de  période  du  mouvement  des  électrons 
al)sorl)ants. 


SÉANCE  nr   2  1    MAI    if)oG.  II 47 

CHlMIK  GÈXliRALE.  —  Sifr  les  sulfures,  séléiiiiires  et  lellnritres  d'état  n.  Noie 
de  M.  H.  Pklabox,  présentée  par  ]\I.  H.  Moissan. 

Nous  nous  sommes  proposé  de  déterminer  les  températures  de  fusion 
des  mélanges  en  proportions  diverses  que  l'on  peut  Ibrmer  avec  l'étain  et 
l'un  des  métalloïdes  :  soufre,  sélénium  et  tellure. 

Les  mixtes,  après  avoir  été  portés  à  une  température  élevée,  sont 
refroidis  lentement  de  manière  que  l'on  puisse  déterminer  exactement  la 
température  de  la  solidification  commençante.  Les  résultats  sont  repré- 
sentés par  des  courbes  construites  en  portant  en  abscisses  les  proportions 
du  métalloïde,  dans  le  mélange  (rapport  R  exprimé  en  centièmes  du  poids 
de  ce  corps  au  poids  total  du  mélange)  et  en  ordonnées  les  températures 
de  solidification. 

Etain  et  aoiifre.  —  Si  l'on  chauffe  en  vase  clos  une  masse  déterminée  d'étain  avec  une 
quantité  de  soufre  inférieure  à  celle  qui  donnerait  le  protosulfure,  il  y  a  d'abord  forma- 
tion de  ce  composé  qui  se  dissout  dans  l'étain  en  excès,  et  l'on  a  des  liquides  homogènes 
dont  le  point  de  solidification  s'élève  très  rapidement  quand  la  proportion  de  soufre 
croît  jusqu'à  ce  que  l'on  ait  R=  5,  puis  il  ne  s'élève  plus  que  lentement  et  atteint  une 
valeur  maxima  pour  le  protosulfure.  Alors  que  l'étain  pur  fond  à  i''ti°,  le  mélange  de  ce 
corps  avec  2  p.  100  de  soufre  ne  se  solidifie  qu'à  7V'°  et  le  mélange  à  5  p.  ion  à  S'jo". 
Le  protosulfure  fond  vers  880°. 

Les  mélanges  qui  renferment  plus  d'un  atome  de  soufre  pour  un  atome  d'étain,  per- 
dent du  soufre  quand  on  les  chauffe,  de  sorte  qu'il  n'est  pas  facile  de  délerminer  leur 
température  de  solidification.  Celle-ci  est  inférieure  dans  tous  les  cas  à  88(1",  elle  corres- 
pond au  mélange  que  l'on  retrouve  dans  le  tube  après  son  refroidissement  complet  et 
que  l'on  peut  analyser.  Il  est  donc  facile  de  continuer  la  construction  de  la  courbe  un 
peu  au  delà  du  point  C.  Celte  ligne  s'abaisse  rapidement  suivant  CD.  On  est  vite  limité 
dans  sa  construction  par  les  mélanges  qui  ne  fondent  plus  qu'après  avoir  perdu  suffi- 
samment de  soufre  ;  ainsi  on  ne  peut  aller  jusqu'au  composé  Sn-S'  qui  peut  être  préparé 
en  chauffant  au  rouge  sombre  et  en  tube  scellé  le  soufre  et  l'étain  dans  les  proportions 
voulues.  Si  l'on  veut  fondre  ce  composé,  il  se  détruit  en  donnant  du  soufre  et  un  sublimé 
de  bisulfure  d'étain,  il  reste  dans  le  tube  un  mélange  de  protosulfure  et  de  soufre. 

Remarque.  —  La  décomposition  par  la  chaleur  du  sesc[uisulfure  d  étain  se  produit 
même  à  la  température  de  sa  formation.  En  chauffant  au  rouge  sombre  le  corps  disposé 
à  l'extrémité  d'un  tube  où  l'on  a  fait  le  vide,  l'autre  extrémité  étant  à  une  température 
plus  basse,  il  se  sépare  peu  de  soufre  et  Ion  obtient  au  liout  de  quelques  heures  de 
magnifiques  paillettes  jaune  d'or  de  bisulfure  et  des  cristaux  de  protosullùre. 


ii48 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


i:tain  et  sélénium.  —  Goiiiine  dans  le  cas  étudié  précédemment,  la  température  de  la 
solidification  commençante  croît  d'abord  très  rapidement  avec  la  masse  de  sélénium 
ajouté  à  l'étain,  puis  elle  continue  à  s'élever,  mais  plus  lentement,  dés  que  le  rapport  R 


dépasse  la  valeur  lo  ;  on  a  ainsi  une  portion  de  courbe  abc  absolument  analogue 
comme  forme  à  la  courbe  ABC.  Voici  les  coordonnées  de  quelques  points  de  cette 
courbe  : 


Valeurs  du  rapjjort  R. 


Tpmpératuvo  de  solidification. 


I  ,bo 
3,00 
G,5o 
'.9,8 


632° 

090° 
750° 
860° 


Le  sélénium  n'entrant  en  ébullilion  que  vers  GGî",  il  est  facile  d'avoir  à  l'état  liquide 
des  mélanges  contenant  plus  d  un  atome  de  ce  métalloïde  pour  un  atome  d'étain.  La 
température  de  solidification  de  ces  mélanges  diminue  rapidement,  alors  qu'elle  est  égale 
à  iGo°  pour  le  protoséléniure  Sn  Se,  elle  n'est  plus  que  de  655°  pour  le  mélange  obtenu 
en  ajoutant  un  demi-alome  de  sélénimn  à  ce  composé.  A  l'état  liquide,  le  composé  qui 
répondrait  à  la  formule  Sn-  Se'  n'existe  pas,  car  on  lui  trouve  deux  points  de  solidifica- 
tion :  655°  et  640°.  Si  l'on  continue  à  faire  croître  Ui  proportion  de  sélénium  au  delà  de 
un  atome  et  demi  pour  un  atome  d  étain,  on  observe  que  la  température  de  solidification 
baisse    lentement,   elle  est    égale  à   6 ',5°  pour  deux   atomes  de   sélénium,  à  6-20"  pour 


SÉANCE    nu    21     MAI     IQOD.  ^ ^ ^9 

5  atonies,  à  jyj"  pour  lo  atomes  et  à  5jo<j  pour  >o  atomes.  Quand  on  dépasse  celte  limite' 
on  ne  peut  plus  déterminei'  avec  exactitude  la  température  de  la  solidification  commen- 
çante. 

Le  mixte  Sn  +  Se-  ne  donne  qu  un  point  de  solidification  ;  il  se  comporte  donc  à  la 
manière  d'un  composé  défini  et  cependant  la  ligne  de  fusibilité  ne  présente  aucune  parti- 
cularité au  point  correspondant  ;  le  corps  solidifié  se  présente  sous  forme  de  larges 
lamelles  flexibles  noires. 

Etnin  et  tellure.  —  l'ourles  mélanges  qui  renferment  moins  de  tellure  que  le  prototel- 
lurure  Sn  Te,  la  ligne  de  fusibilité  a  encore  même  allure  que  dans  les  cas  étudiés  précé- 
demment. I^e  maximum  de  l'ordonnée  correspond  au  composé  défini  Sn  Te.  Voici  les 
coordonnées  de  quelques  points  : 

Valeurs  fie  K.  Température  de  solidifiealiun. 

^,0()  tioo° 

I-2,oo  6^o° 

jb,oo  6y()° 

5i,oo  ^8(1° 

La  courbe  de  fusibilité  ne  présente  aucune  particularité  pour  les  mélanges  Sn-  -\-  Te?  et 
Sn  -f-  Te-,  elle  a  une  ordonnée  minima  au  point  S  (iSSo)  qui  correspond  à  un  mélange 
euteclique.  Enfin  elle  se  termine  par  la  partie  presque  droite  30  qui  aboutit  au  point  de 
fusion  du  tellure  (45^°)- 


CHIMIE  MLNÉRALE.  —  Sur  V oxydation,  directe  du  Cœsium  et  sur  quelques 
propriétés  du  pero.ri/de  de  Cœsiiun.  Note  de  M.  E.  REiVOADe,  présentée  par 
H.  Aloissan. 

On  sait  que  le  caesium  s'enflamme  immédiatement  au  contact  de  l'air  ('). 
Il  était  intéressant  de  rechercher  si  cette  propriété  n'était  pas  due  à  la 
présence  de  riuimidité,  et  d'étudier  comment  se  comporte  le  métal  au 
contact  de  l'oxygène  pur  et  sec. 

L'appareil  employé  dans  ce  but  se  composait  d'un  tube  de  verre  horizontal,  commu- 
niquant par  une  de  ses  extrémités  avec  une  trompe  à  mercure  ou  avec  un  appareil  à 
oxygène  sec,  fermé  à  l'autre  bout  par  un  bouchon  à  robinet  s'ouvrant  sur  un  ajutage 
latéral  placé  verticalement.  Une  nacelle  en   aluminium  étant  placée  au-dessous  de  cet 


(')  GnAEFE  et  EcKART,  Zeitschr.  anor^'.  Client.,  t.  XXllI,  p.  378. 
H.  MoissAN,  Comptes  rendus,  t.  CXXXVI,  p.  587. 


lIDO  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

ajutage,  il  esl  facile  d  y  introduire  le  caesium,  soit  en  le  fondant  dans  un  tube  cllilé  dans 
un  courant  d'acide  carbonique,  soit,  mieux  encore,  en  le  distillant  dans  le  vide  de  la 
trompe.  En  tcurnant  ensuite  le  robinet,  on  isole  la  nacelle  contenant  le  métal  parfaite- 
ment propre,  et  on  la  fait  glisser  au   milieu  du  tube. 

Dans  ces  conditions,  le  vide  complet  étant  tait  dans  l'appareil,  dès  qu'on  laisse  entrer 
une  petite  quantité  d'oxygène,  le  métal  fond  et  s'oxyde  immédiatement  en  absorbant 
totalement  le  gaz. 

Dans  la  crainte  qu  une  trace  d  humidité  puisse  exister  dans  l'appareil,  qui  comportait 
plusieurs  robinets,  l'expérience  a  été  disposée  d  une  autre  manière  :  une  petite  ampoule 
en  verre  à  pointe  fine,  contenant  le  métal  distillé  dans  le  vide,  est  enfermée  dans  un 
tube  de  verre  de  plus  gros  diamètre,  plein  d'oxygène,  et  au  fond  duquel  se  trouvent 
quelques  bâtons  d'acide  niétaphosplioriquc.  Après  plusieurs  semaines  de  contact,  on 
donne  au  tube  une  secousse  brusque,  de  manière  à  casser  la  pointe  de  lampoule.  Il  se 
produit  une  oxydation  immédiate  du  ca;sium  avec  incandescence,  même  si  la  pression 
de  l'oxygène  n'était  que  de  quehpies  centinjètres  de  mercure. 

L'oxydation  esl  bien  plus  difficile  lorsqu'on  opère  à  basse  teujpéralure  :  à  —  4"°  le 
Cîesium  noircit  rapidement,  mais  sans  incandescence  ;  à  —  80",  l'action  de  l'oxygène  est 
très  lente,  et  ce  n  est  que  plusieurs  minutes  après  la  rupture  de  l'ampoule  que  1  on 
commence  à  voir  la  surface  du  métal  se  colorer  en  rouge,  puis  se  ternir  et  noircir. 

L'appareil  décrit  en  premier  lieu  a  servi  également  à  étudier  les  produits  d'oxydation 
du  cœsium  :  si  l'on  fait  ari-iver  lentement  de  l'ox^-gène  sur  le  métal  contenu  dans  la 
nacelle  d  aluminium,  il  se  produit  d'abord  un  liquide  à  reliefs  mordorés,  rappelant  les 
métaux  ammoniums,  qui  se  transforme  bientôt  sous  l'action  d'une  nouvelle  quantité 
d'oxygène  en  une  masse  noirâtre.  L'oxydation  ne  tarde  pas  à  s  arrêter,  et  1  on  est  obligé 
de  chauffer  pour  qu  elle  continue  à  se  produire.  La  matière  foisonne  d  abord,  puis  se 
contracte.  Il  est  probable  qu'il  se  fait  successivement  les  différents  o.xydes  obtenus  déjà 
par  une  autre  voie  ('j.  J'étudierai  aujourd'hui  le  terme  ultime  de  cette  réaction  : 

Si  l'on  chauffe  le  produit  dans  1  oxjgène  jusqu'à  fusion  définitive  et  qu'on  laisse 
refroidir  lentement,  on  obtient  une  masse  jaune,  cristalline.  La  mesure  du  volume  d  oxy- 
gène absorbé  et  le  dosage  du  cœsium  conduisent  à  la  formule  Cs-  O"  (trouvés  :  o,i'j,  ■j.'j; 
Cs  :  bo,  67  —  théorie  :  o,  19,  39;  Cs  :  80,  61). 

L'action  d'un  excès  d'oxygène  à  chaud  sur  le  csesium  conduit  donc  au  même  peroxyde 
que  l'oxydation  complète  à  froid  du  métal  ammonium. 

Il  est  nécessaire,  pour  obtenir  un  produit  bien  pur,  de  le  laisser  refroidir  lentement 
dans  l'oxygène,  et  mieux  de  le  maintenir  quelque  temps  dans  ce  gaz  à  la  pression  atmos- 
phérique vers  Soo"  ou  35o°.  Si  on  laisse  refroidir  rapidement  l'oxyde  fondu,  sa  couleur 
n'est  plus  jaune,  mais  brune  et  sa  teneur  en  oxygène  est  un  peu  trop  faible.  Cela  tient  à 
ce  que  cet  oxyde  se  dissocie  très  facilement.  La  dissociation  commence  bien  avant  la  tem- 
pérature de  fusion  :  elle  est  déjà  très  nette  à  35o°.  En  même  temps  le  contenu  de  la  nacelle 
noircit.  Vers  45o°  la  tension  de  l'oxygène  est  d'environ  7™".  La  mesure  des  tensions 


(')  E.  Uli.XGAOli,  Coiiiplcn  rcru/iit:,  t.  CXL,  p.   i  j'](> 


SÉANCE    DU    2  1     MAI     lyoG. 


I  l5l 


n'est,  du  reste,  qu'approximative,  l'oxyde  se  volatilisant  en  même  temps  et  se  décom- 
posant au  contact  du  verre. 

La  nacelle  d'aluminium  n'est  pas  attaquée  dans  ces  expériences  pourvu  que  l'on  évite 
toute  trace  d'humidité.  Tous  les  autres  métaux  essayés,  le  platine,  l'or,  l'argent,  le 
nickel,  ainsi  que  le  verre,  sont  au  contraire  fortement  attaqués  dans  les  mêmes  condi- 
tions. 

L'oxyde  préparé  comme  il  a  été  dit  est  d'un  jaune  doré,  plus  foncé  à  chaud.  Sa  den- 
sité, prise  dans  le  toluène  et  rapportée  à  l'eau  à  19°,  est  de  3,77.  Son  point  de  fusion, 
dans  une  atmosphère  d'oxygène,  est  de  Ji  j". 

Il  est  décomposé  immédiatement  par  1  eau  avec  dégagement  d'oxygène  et  formation 
d'eau  oxygénée  suivant  l'équation 

Cs-0-  +  2H=^0  =  aCsOH  -+-  0^  -f  H-0^ 

L'acide  carbonique  bien  sec  est  sans  action  sur  lui  à  la  température  ordinaire.  En 
chauffant  légèrement,  il  se  produit  la  réaction  : 

CO^  -+-  Cs^O'  =  CO^Cs^  -h  O' 

L'hydrogène  sec  réduit  également  le  peroxyde  de  caesium  vers  3oo°.  Il  se  dégage  de 
l'oxygène  et  de  la  vapeur  d'eau.  La  réaction  est  du  reste  complexe  :  En  effet,  le  premier 
effet  de  l'hydrogène  étant  de  produire  de  la  vapeur  d'eau,  celle-ci  réagit  partiellement 
sur  le  peroxyde  restant,  et  le  décompose  avec  dégagement  d'oxygène.  Elle  attaque  égale- 
ment la  nacelle,  qui  est  fortement  corrodée,  et  il  se  forme  de  l'aluminate  de  caîsium  en 
même  temps  que  de  l'hj'drate. 

En  résumé,  l'oxygène,  même  parfaitement  sec,  attaque  énergiquement  le 
caesium  à  la  température  ordinaire,  beaucoup  plus  lentement  à  basse  tem- 
pérature. 

L'action  d'un  excès  d'oxygène  sur  le  caesium  conduit  au  peroxyde  Cs^O', 
jaune,  facilement  dissociable,  décomposé  par  l'eau  à  la  température  ordi- 
naire, réduit  par  l'acide  carbonique  et  par  l'hydrogène  à  des  températures 
peu  élevées. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Méthodes  nouvelles  de  préparation  de  quelques 
dérivés  organiques  de  Varsenic.  Note  de  M.  V.  AUGEH,  présentée  par 
M.  H.  Moissan. 

Cette  étude  a  été  faite  en  vue  de  trouver  des  modes  de  passage  faciles 
entre  les  principaux  dérivés  méthylés  de  l'arsenic,  en  partant  principale- 
ment des  acides  méthylarsinique  et  cacodylique  que  l'industrie  fournit 
actuellement  à  prix  modéré. 

lodure  de  ntêtliylarsine  CH^AsF.   —  La   meilleure  méthode  d'obtention   consiste    à 
C.  R.,  1906,   I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N"  21.)  l5l 


10^ 


1 1 


52  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


réduire  l'acide  méthylarsinique  par  SO-,  puis  de  précipiter  l'iodure  avec  un  excès  d'io- 
dure  de  potassium  et  d'acide  chlorhydrique.  Ainsi,  unmélange  de  2006''  de  méthylarsinate 
de  sodium,  2^0^'  d'IK  et  5oo6''  d'eau,  additionné  de  iSoBi-  d'HCl,  à  froid,  étant  soumis  à 
l'action  d'un  courant  de  SO-,  en  l'efroidissant,  forme  un  dépôt  jaune  d'une  huile  épaisse 
d'iodure.  Lorsque  le  liquide  n'absorbe  plus  SO-,  on  l'additionne  d'un  excès  de  HCl, 
environ  iSoS',  pour  précipiter  tout  l'iodure.  Celui-ci  se  solidifie  par  refroidissement, 
vers  i5  à  20°.  On  décante  le  liquide  surnageant,  et  lave  l'iodure  à  l'HGl  dilué  de  son 
volume  d'eau.  Le  rendement  est  environ  85  p.   100  de  la  théorie. 

O.ryde  de  mêthylarsine  CIPAsO.  — L  iodure  de  méthylarsine,  dissous  dans  le  benzène, 
est  traité  par  un  excès  de  carbonate  de  sodium  sec,  au  réfrigérant  ascendant.  Lorsque 
la  solution  benzénique  est  décolorée,  on  la  décante,  lave  la  partie  saline  au  benzène,  et 
distille  le  solvant.  Le  résidu  contenu  dans  le  ballon  cristallise  immédiatement,  et  fournit 
l'oxyde  pur  après  enlèvement  des  dernières  traces  de  benzène  par  l'action  du  vide.  Le 
rendement  est  théorique. 

Chlorure  de  iiiét/n/larsine  CH^  AsCl-.  —  Le  trichlorure  de  phosphore  réagit  violemment 
sur  l'acide  méthylarsinique  suivant  : 

PCP  +  CH^AsO^H^  =  PO^H  +  CH^'AsCP  +  HCl. 

Il  faut  opérer  avec  beaucoup  de  précaution,  en  projetant  peu  à  peu  1  acide  dans  un 
excès  de  trichlorure  bien  refroidi  dans  un  mélange  réfrigérant.  On  procède  ensuite  au 
fractionnement,  par  distillation,  des  chlorures.  Le  produit  obtenu  peut  être  fort  bien 
séparé  du  PCf,  mais  il  est  malheureusement  souillé  par  une  petite  proportion  d'AsCP 
provenant  d  une  réaction  secondaire  de  l'acide  chlorhydrique  sur  l'acide  méthylarsinique, 
suivant  : 

CIPAsO^H^  +  4HCI  =  CH'Cl  +  AsCP  +  3H-0 

Chlorure  de  cacodyle  —  On  peut  obtenir  ce  composé  avec  un  excellent  rendement,  en 
faisant  réagir  une  solution  chlorhydrique  d'acide  hypophosphoreux  sur  1  acide  cacody- 
lique.  La  réaction  est  : 

2(CH^/AsO-^H  +  3HT0-  +  2HCI  =  3H^P0»  +  H^O  +  2(CH^j2AsCl. 

On  opère  en  se  servant  de  la  quantité  calculée  d'hypophosphite  de  sodium,  additionné 
d'un  fort  excès  d'acide  chlorhydrique.  On  verse  la  solution  obtenue  dans  une  solution 
chlorhydrique  d'acide  cacodylique,  et  distille  le  mélange.  Le  chlorure,  séparé  sous  forme 
d'huile  incolore,  lourde,  est  décanté  et  distillé. 

On  peut  aussi  préparer  le  chlorure  de  cacodyle,  par  l'action  de  PCP  sur  l'acide  caco- 
dylique, suivant  : 

2(CIPf  AsO-H  -f-  2PCP  ^  POCl'  +  PO'II  +  HCl  -i-  2(CHyAsCl. 

On  opère  en  projetant  peu  à  peu  l'acide  dans  le  trichlorure  bien  refroidi.  A  la  distillation 
fractionnée,  il  est  presque  impossible  de  séparer  l'oxychlorure  de  phosphore  du  chlorure 
de  cacodyle,  mais  on  y  parvient  en  traitant  le  rnélange  par  l'acide  chlorhydrique  con- 
centré, à  froid,  qui  décompose  peu  à  peu  l'oxychlorure  et  laisse  intact  le  chlorure  de 
cacodyle. 


SÉANCE    DU    21     MAI     I906.  Il53 

Les  rendements  sont  théoriques.  Le  carbonate  de  sodium  sec  transforme  ce  chlorure 
en  oxyde  qu'on  obtient  ainsi  facilement. 

Cncorfy/e  (CH^)-As  .  As(CH-')-.  —  On  peut  l'obtenir  en  quantité  considérable,  et  très 
facilement,  en  faisant  réagir  un  excès  d'hypophosphite  de  sodium  en  solution  chlorhydrique 
sur  l'acide  cacodylique.  Il  faut  opérer  avec  précaution  pour  éviter  les  emballements,  au 
début.  Le  cacodyle  séparé  de  la  partie  aqueuse,  acide,  est  ensuite  distillé  dans  un  cou- 
rant de  C0-. 

lodure  de  tétramctln/larsoniiiin  (CH')'AsI.  —  Ce  produit  peut  être  obtenu  en  quantité 
aussi  considérable  qu'on  veut,  et  théoriquement,  par  la  réaction  suivante  : 

(GH3)^AsO^H  +  alCFP  +  aPO^H^  =  (CH2)'AsI  +  -^PO^H'  -f  III. 

On  opère  comme  suit  :  L'acide  et  l'hypophosphite  de  sodium  en  fort  excès  (-i  fois  la 
quantité  théorique)  sont  mise  en  solution  aqueuse  concentrée  ;  on  y  ajoute  l'iodurc,  une 
petite  quantité  (i//|  de  la  quantité  théorique)  d'IlCl,  et  l'on  fait  bouillir  le  tout  pendant 
un  jour  environ,  au  réfrigérant  ascendant,  dans  une  atmosphère  de  CO-,  pour  éviter 
l'oxydation  du  cacodyle  qui  se  forme  tout  d'abord.  Lorsque  l'iodure  de  méthyle  a  disparu, 
on  additionne  le  produit  d'un  fort  excès  de  soude  qui  précipite  l'iodure  d  arsonium, 
essore  au  vide  le  produit  précipité,  et  purifie  celui-ci  par  dissolution  et  cristallisation 
dans  l'alcool  bouillant,  après  avoir  traité  la  solution  alcoolique  par  CO-  pour  précipiter 
l'alcali  dissous. 

Le  rendement  est  théorique. 

Il  est  probable  que  les  méthodes  ci-dessus  indiquées  pourront  être 
employées    pour  tous  les  dérivés  alcoylés  de  l'arsenic. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Recherches  sur  les  azoïques.  Transfonnation  des 
azoïqaes  orthocarhoxylés  en  dérivés  c-oxyiiidazyliques.  Note  de  M.  P. 
Frei;.\dler,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

J'ai  montré  récemment  (')  que  les  azoïques  qui  possèdent  une  fonction 
alcool  ou  aldéhyde  orthosubstituée  se  transforment  avec  la  plus  grande 
facilité  dans  les  dérivés  indazyliques  correspondants.  L'étude  des  azoïques 
à  fonction  acide  orthosubstituée  fournit  un  exemple  encore  plus  curieux 
de  ce  type  de  réactions. 

En  effet,  tandis  que  les  acides  azoïques  parasubstitués  se  transforment  normalement 
en  chlorures  d'acides  lorsqu'on  les  traite  à  froid  ou  à  chaud  par  le  perchlorure  de  phos- 
phore, les  isomères  orthosubstitués  se  comportent  d'une  façon  absolument  différente  ; 

(0  Comptes  rendus,  t.  CXXXVI,  p.  n  ^-6  ;  t.  CXXXVII,  p.  982;  t.  CXXXVIII, 
p.  i275et  1425. 


Il54  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ils  donnent  naissance  à  des  dérivés   c-oxyindazyliques  chlorés  dans  le  noyau  aroma- 
tique : 

,Az  =  Azs  y-^K 

C«H*<'  ^C«=H»  +  PC1''=  POCP  +  HGl  +  CH^Cl^  |  \Az  .  C^H^ 

GO^H  C  .  OH 

En  présence  d'un  excès  de  perchlorure,  le  groupement  OH  est  remplacé,  partielle- 
ment du  moins,  par  un  atome  de  chlore;  cette  substitution  ne  se  produit  pas  lorsqu'on 
emploie  le  chlorure  de  thionyle.  Les  deux  réactions  s'effectuent  d'ailleurs  quantitative- 
ment et  déjà  au-dessous  de  o°. 

La  constitution  de  ces  dérivés  indazyliques  résulte  des  faits  suivants  : 
Lorsqu'on  les  oxyde  par  l'acide  chromique  ou  mieux  encore  par  l'acide  nitrique  dilué 
bouillant,  ils  se  transforment  quantitativement  en  acides  azobenzoïques  chlorés  ; 

C  .OH  GO^H 

G«H^C1<    I    >Az  .  CH"  -f  0  =  G«H='C1<  .G«H= 

\Az^  ^Az  =^  k/ 

Us  se  dissolvent  dans  les  acides  concentrés  et  dans  les  alcalis  et  fournissent  des  déri- 
V  es  benzoylés  lorsqu'on  traite  leurs  solutions  alcalines  parle  chlorure  de  benzoyle. 

Ces  faits  démontrent  l'existence  du  noyau  indazylique  d'une  part,  et 
d'autre  part  la  présence  d'un  groupement  OH  ;  ce  dernier  n'étant  pas  soudé 
à  l'un  des  noyaux  aromatiques,  ne  peut  qu'être  fixé  au  carbone  du  noyau 
indazylique.  Cette  dernière  conclusion  est  d'ailleurs  confirmée  par  la 
réaction  qui  s'effectue  avec  l'acide  o-azobenzoïque.  Ce  dernier  se  trans- 
forme en  eftet,  sous  l'influence  du  perclilorure  de  phosphore,  en  un  chlo- 
rure indazyli(jue  que  l'eau  décompose  en  donnant  naissance  à  une  lactone 
chloro-oxyindazylbenzo'ique  : 

G On 


G«H3G1<( 


/     \        ^^'^ 
\Az/ 


Je  me  réserve  d'ailleurs  d'achever  la  démonstration  de  cette  formule  en 
transformant  les  dérivés  oxyindozyliques  en  question,  en  dérivés  halo- 
gènes, puis  en  indazols  non  substitués. 

Il  reste  également  à  établir  la  position  de  l'atome  de  chlore  dans  le 
noyau  aromatique.  Dans  tous  les  cas  étudiés  jus(|u'ici,  il  se  forme  au 
moins  deux  isomères  qui  ont  mêmes  propriétés  chimiques  et  dont  les 
solubilités  sont  assez  voisines.  Je  n'ai  pu  isoler  dans  chaque  cas   à  l'état 


SÉANCE    DU    21     MAI     I906.  Il55 

de  purelé,  qu'un  seul  des  dérivés  formés,  mais  l'analyse  du  mélange 
a  démontré  qu'il  s'agissait  bien  de  composés  isomériques. 

Je  me  réserve  de  déterminer  la  place  de  la  substitution  en  étudiant  les 
acides  azoïques  chlorés  en  divers  endroits  du  noyau.  Je  ine  propose  éga- 
lement de  voir  si  la  réaction  est  limitée  par  un  certain  nombre  de  substi- 
tutions. 

On  a  déjà  signalé  le  fait  que  les  azoïques  se  transforment  en  hydra- 
zoïques  chlorés  dans  le  noyau  sous  l'influence  de  l'alcool  et  de  l'acide 
chlorhydrique.  La  réaction  que  je  viens  de  décrire  est  toutefois  essentiel- 
lement différente  de  celle-ci,  car  elle  ne  s'applique  pas  aux  acides  azoïques 
parasubslitués. 

Le  cliloro-ojTj-'i-plu'nijlindazol  cristallise  en  paillettes  blanches,  solubles  dans  l'acide 
acétique  bouillant,  presque  insolubles  dans  la  benzine  et  le  chloroforme.  11  fond  vers 
265°  et  fournit  par  oxydation  un  acide  chlorobenzène-azobenzoïque  fusible  à    i2'j-i25° 

La  lactone  chloro-ox)'-3-indazylbenzoïque  se  présente  sous  la  forme  de  fines  aiguilles 
sohililes  dans  le  benzène,  fusibles  à  -i',  1°.  Elle  distille  sans  décomposition  dans  le  vide. 
L'acide  nitrique  concentré  chaud  la  transforme  en  un  acide  chlorodinitrobenzène-azo- 
benzoïque  fusible  à  aaS",  l'un  des  groupements  CO-H  ayant  été  remplacé  par  un  groupe 
AzO-. 

L'amide/)-benzène-azobenzoïque  préparée  par  les  procédés  usuels  fond  à  a-i'i".    " 


HYDROLOGIE.  —  Siir  les  gaz  des  sources  thermales.  Délennination  des 
gaz  rares  ;  présence  générale  de  l'argon  et  de  rhéliuni.  Note  de 
M.  Charles  IUoirel',  présentée  par  M.  Deslandres. 

Voici  la  composition  centisémale,  en  volumes,  des  mélanges  gazeux  qui 
se  dégagent  au  griffon  de  quelques  eaux  minérales.  Elle  a  été  déterminée 
suivant  la  méthode  que  nous  avons  décrite  précédemment  [Comptes  rendus, 
1  janvier  1906).  Les  gaz  rares  sont  dosés  en  bloc  ;  leur  ensemble  constitue 
le  résidu  gazeux  non  absorbable  par  les  réactifs. 

Le  tableau  comprend  43  sources,  qui  se  trouvent  classées  par  régions. 
La  plupart  sont  françaises  ;  quatre  sont  étrangères  ('). 


(')  Nous  avons  déjà  fait  connaître  les  résultats  de  nos  expériences  sur  quelques-unes 
de  ces  sources.  Nous  les  reproduisons  néanmoins,  afin  que  le  tableau  comparatif  soit 
complet. 


Il56  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

OXYGÈNE  GAZ  RARES 

SOURCES  CO-  OX1GÉNE  AZOTE  et  azote.  (en  bloc). 

Badgasteln  (Autriche) trace  i,4o  97,25  »  i,35 

Spa,  source  du  Tonnelet   (Belgique)    .  84,23  0,175  15,296  «  0,279 

'  Source  Vauquelin   .    .    .  0,21  1  96,81  »  1,98 

T,,       ,  .,         l        —       n°  3 néant  5,75  92, 56  »  1,69 

Plombières  \                             ,  "  ^„  \^ 

<       —       Crucilix  ....        »  3,3o  93,14  "  i«56 

(Vosges).     I       _       j^„3 „  ^^^^  g^^^5  ,^  j^^g 

\       —       Capucins.    ...  i  8.90  88,65  •     »  i,45 

Bains-les-Bains  (Vosges) trace  4j69  94i07  »  1,24 

Luxeuil      (  Source  des  Dames    .    .    .  i,g  0,6  95,44  »  2.06 

(Hle-Saoue)  (       —       Grand-Bain   .    .    .  8,07  1,8  gj.og  »  2,04 

Maizières   (Côte-d'Or) néant  i  92,65  »  6,35 

Bourbon-Lancy  (  Source  Reine   .    .    .  trace  0,9  96,1  »  2,9 

(Saône-et-Loire)  (       —       du  Lymbe    .        id.  3,6  g3,5  »  2,8 

Aix-lcs-Bains  (Savoie) néant  11, 11  87,74  »  1,1 5 

Salins-Moutiers  (Savoie) 36,70  néant  62,54  >  0,77 

Sainl-Honoré  (Nièvre) néant  »  97-92  )  3,08 

Pougues   (Nièvre) 98,6  »                 »  i,385  o,oi5 

Néris  (Allier) 12, 3  o,5o  83,09  "  2,11 

,'  Source  Célestins 98,80  »                 »  1,1 35  0,01 5 

i        —      Grande  Grille    .    .    .  85,70  »                 »  14,192  o,io8 

Vichy     ^       _      Hôpital 88, 3o  »                 »  11,61  0,09 

fAllier)     l       —      Chomel 86, i5  »                 »  13,726  0,124 

f       —      Lucas 98,9  "                »  ',0874  0,0126 

\       —      Boussange 96,18  »                 »  3,777  0,0428 

Royat  (Puy-de-Dôme) 99,5  »                 »  0,4945  o,oo52 

Mont-Dore  (Puy-de-Dôme) 99'39  "                 "  0,604  0,0061 

Châtel-Guyon  (Puy-de-Dôme) 97,4  »                 '>  2,576  0,024 

Lamalou  (Hérault) 99,5  »                 »  0,495  o,oo5 

Dax      (   Source  Nehe uéanl  i  97,56  »  i,44 

(Landes)  (       —      Trou  des  pauvres  .    .        —  néant  98,6  »  i,4 

Ax,  Source  Vigucric  (Ariège)     ....        —  —  '  98,45  »  i,55 

Bagnères    de    Bigorre,    Source    Salies 

(Hautes-Pyrénées) 3, 14  trace  95,25  u  1,60 

Source  César  ....  néant  néant  98,44  "  i,ô6 

r-     .       .         [       —       Mauhourat.    .        —  —  98,47  "  '.53 

Cautcrets        \  r>   yt/ 

duBois(').    .        —  —  98,48  V  1,32 

(Htcs-Pyrénées)  i                    1     r,    -ii-  „o  -„  ,  „, 

^              •>             'I       —       la.Raillere.    .        —  —  98,79  "  1,21 

\       —       des  Œufs    .    .        —  7,48  91,12  1)  1,40 


('■)  MM.  Boucluu'd  et  Troost  avaient  déjà  signalé  l'iiéliuin  dans  la  source  du  Bois,  et 
l'argon  cl  l'héliiun  dans  la  source  de  la  Raillère  [Comptes  rendus,  iSgil.  Quelques  autres 
sources  ont  été,  en  outre,  étudiées  au  même  point  de  vue  par  divers  auteurs.  Rappelons 
les  expériences  de  Lord  Rayleigh  et  sir  William  Ramsay  sur  les  eaux  de  Bath  (Zeit. 
physik.  Chciii.,   189!),  t.  XVI,  189G,  t.  XL\,  p.  371),  do  M.  H.  Kayser  sur  les  eaux  de 


léant 

9S.20 

» 

1,80 

— 

98,57 

)> 

1,43 

o,;6 

98- i9 

» 

0,75 

I 

87.92 

)> 

1,08 

1,6 

97 

)> 

I,'i 

2,44 

96,40 

» 

I.I6 

SÉANCE    DU    21     MAI     I906.  11,57 

OXYGÈNE      GAZ  RARES 

SOURCES  CO-        OXYGÈNE     AZOTE      et  ozotc.      (enbloc). 

Eaux-Bonnes  (Basses-Pyrénées)    ...        — 
Eaux-Chaudes  (Basses-Pyrénées).    .    .        — 

Cambo  (Basses-Pyrénées) — 

Ogen,  source  Peyré  (Basses-Pyrén.) .  trace 

Panticosa ,  source  St- Augustin  (Aragon) .  0,2 

Caldellas  (Portugal) néant 

L'examen  de  ce  tableau  suggère  immédiatement  quelques  remarques 
intéressantes.  Comme  on  pouvait  le  supposer  a  priori,  la  proportion  des 
gaz  rares  suit  assez  régulièrement  la  teneur  en  azote  ;  elle  est  inverse, 
au  contraire,  de  celle  de  l'acide  carbonique,  l'un  ou  l'autre  de  ces  deux  gaz 
étant  tour  à  tour  prédominant. 

La  source  d'Eaux-Bonnes,  par  exemple,  pour  une  teneur  en  azote  de 
98,20,  renferme  i  ,80  de  gaz  rares,  tandis  que  la  source  du  Mont-Dore,  pour 
une  proportion  de  gaz  carbonique  de  99,39,  contient  0,0061  de  gaz  rares. 
En  général,  la  proportion  des  gaz  rares  est  voisine  de  i  à  i,5  p.  100  de 
celle  de  l'azote.  Quelques  sources  dépassent  notablement  cette  proportion  : 
à  Bourbon-Lancy,  par  exemple,  nous  trouvons  2,8  et  2,9  p.  100,  et,  à  Mai- 
zières,  la  proportion  des  gaz  rares  atteint  le  chiffre  exceplionnellement 
élevé  de  6,35  p.   100. 

En  faisant  l'étude  spectroscopique  du  mélange  global  des  gaz  rares,  nous 
avons  reconnu  la  présence  de  l'argon  dans  chacune  des  43  sources  exa- 
minées, et  celle  de  l'hélium  dans  39  sources.  En  général,  la  raie  princi- 
pale de  l'hélium  ().  =;  587,6)  était  au  moins  aussi  intense  que  les  raies  les 
plus  fortes  de  l'argon  ;  dans  quelques  cas,  notamment  à  Ghàtel-Guyon,  au 
Mont-Dore,  à  Dax  et  à  Bagnères,  cette  raie  était  beaucoup  plus  faible, 
quoique  encore  nettement  visible.  Les  quatre  sources  oii  nous  n'avons  pu 
réussir,  par  lexamen  spectroscopique  direct  du  mélange  des  gaz  rares,  à 
mettre  l'hélium  en  évidence,  sont  :  Royat,  Ogeu,  Cambo  et  Panticosa.  Il  ne 
semble  pas   douteux,  d'ailleurs,  que,  comme  dans  les   39  autres  sources, 

Wildbad.  dans  la  Forêt-noire  (C/iciii.  .Veirs,  189^,  n"  i865,  p.  8<j),  (Je  ÎSIM.  Bouchard  et 
Desgrez  sur  la  source  de  Bagnoles-de-l'Orne  {Complcs  rendus,  t.  CXXIII,  p.  yCg),  de 
MÎNI.  Nasini  et  Anderlini  sur  les  suftîoni  de  Laderello  et  les  thermes  d'Albano,  de 
M.  Dewar  sur  la  source  de  Bath  (Annal,  de  cliim.  et  de  phys.,  1904),  et  de  M.  H.  Moissan 
sur  la  source  Bordeii,  de  Luchon  [Bull.  Soc.  Chini..  t.  XXIX,  p.  4  19). 


II 58  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

rhéliuiii  y  soit  réellement  présent  ;  sa  proportion  y  est  sans  doute  trop 
laible  pour  qu'il  puisse  être  décelé  dircctenienl,  son  spectre  étant  masqué 
par  celui  de  l'argon. 

Comme  je  l'ai  fait  observer  dans  une  communication  antérieure  [Comptes 
rendus,  novembre  1904),  les  faits  de  cet  ordre  sont  en  étroite  relation  avec 
la  radioactivité  des  sources,  qui,  depuis  les  travaux  de  j\Ij\I.  Curie  et 
Laborde  [Comptes  rendus,  mai  1904),  a  été  l'objet  de  nombreuses  recherches, 
principalement  à  l'étranger.  Ils  apportent  au  problème  si  obscur  de  la 
médecine  thermale  de  nouvelles  données  positives,  et  ils  intéressent,  en 
outre,  la  connaissance  des  terrains  géologiques  traversés  par  les  eaux 
minérales  dans  leur  trajet  souterrain. 


PHYSIOLOGIE.  —  Sur  V élasticité  des  tissus  organiques.  Note  de  M.  Ad.  Goy, 
présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

Dans  une  note  récente  ('),  M.  Gh.  Henry  a  montré  que  les  allongements 
relatifs  ).  des  muscles  striés,  sous  l'action  d'une  charge  jd,  variable,  peuvent 
se  représenter  par  la  formule 

où  l'on  a  posé  )>  =  — 7—^,  4  étant  la  longueur  initiale  du  muscle  non  chargé  ; 
l,  sa  longueur  sous  la  charge /;  ;  A'  et  ro  étant  des  constantes  à  déterminer 
pour  chaque  série  d'expériences. 

Ce  fait  est  remarquable.  L'allongement  d'une  fibrille  musculaire  est  la 
somme  des  allongements  de  chacune  de  ses  parties  ;  supposons  que 
chacun  de  ces  allongements  puisse  s'exprimer  par  la  formule  (i)  et  soient 
Aj,  Tiîj  ;  A-,,,  ro^  ;  etc.,  les  constantes  élastiques  de  chaque  élément  constitutif 
du  segment  fibrillaire  :  sous  l'action  d'une  traction/;,  ces  éléments  s'allon- 
gent respectivement  de  ),p  Xj...,  \i\  l'allongement  total  sera  \  =  "/.,  +  )., 

On  doit  avoir 

1 


•V;,,iog(, +  i)_/,-iog 


■  +  i 


(M  Comptes  rendus,  t.  CXLII,  p.  '}!<). 


SÉA.NCE    DU     21     M.VI     I()o6. 


I  109 

cî,j  =:  73;  k  =  k^ 


idenlitéqui  entraîne  les  égalités  suivantes  .•cj^=ra2:^  ... 
+  /.-,  +  ...  +/,•„. 

Les  différents  disques  constitutifs  du  segment  fi])rillaire  du  muscle  strié 
ont  donc  la  même  valeur  w  :  ce  qui  est  un  nouvel  argument  en  faveur  de 
l'interprétation,  d'après  laquelle  ro  mesurerait  des  cjuantilés  de  l'ordre  de 
la  tonicité  musculaire. 

On  est  conduit  à  se  demander  si  la  même  loi  d'élasticité  est  applicable 
aux  muscles  lisses  et  même  aux  tissus  conjonctifs.  J'ai  étudié  à  cette  fin, 
en  vue  d'applications  thérapeutiques,  l'élasticité  de  diverses  muqueuses, 
en  particulier  de  muqueuses  vaginales  prélevées  chaque  fois,  aussitôt  que 
possible,  sur  le  cadavre. 

J'ai  d'abord  construit  un  appareil  permettant  la  mesure  directe  de  l'allongement  d'un 
tissu  sous  différentes  charges  avec  la  précision  du  vingtième  de  millimètre,  sans  1  inter- 
vention de  levier  ni  d  articulation.  Cet  appareil  {fig.  \}  permet  de  prendre  iTumédiatement 
la  moyenne  de  ])lusieurs  observations  et  de  maintenir  les  tissus  au  sein  de  liquides  appro- 


priés, soit  pour  assurer  leur  conservation,  soit  pour  éviter  leur  dessiccation  au  cours  des 
mesures. 

L'instrument  se  compose  d'un  châssis  en  bois,  maintenant  vei'ticalement  des  tubes  de 
verre  qui  permettent  de  présenter  les  lissus  à  la  mesure  en  les  conservant  dans  le 
fluide  convenable.  Ces  tissus  sont  tenus  à  leurs  extrémités  au  moyen  de  pinces  en  buis. 

La  pince  supérieure,  munie  d'une  bague  en  caoutchouc  sert  en  même  temps  à  fermer 
l'orifice  supérieur  du  tube  et  à  empêcher  ainsi  1  écoulement  du  liquide  par  la  partie 
inférieure,  étranglée  à  cet  effet.  La  pince  inférieure  est  fixée  à  l'extrémité  d'un  cordon 
qui  soutient  un  plateau  destiné  à  recevoir  les  poids  dont  on  veut  déterminer  les  effets 


C.  R.,  1906,   i«'  Semestre.  (T.  CXLH,  N-  21.) 


1 1  Go 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


tenseurs.  Des  cavaliers  légers  en  inétal  inoxj'dalile  se  placent  sur  les  tissus  et  servent 
d'index  pour  déterminer  leur  longueur.  Ces  déterminations  se  font  au  moven  d'un  cathé- 
tomètre  spécial,  en  visant  successivement  les  pointes  des  cavaliers  et  en  notant  les 
indications  correspondantes  du  vernier.  On  faitvarier  les  charges  de  5  en  5  grammes. 

A  cet  appareil  est  associé  un  coupc-meinbrane  que  nous  avons  spécialement  étudié  en 
vue  de  découper  dans  les  tissus  des  lanières  prismatiques  d'égale  section,  sans  leur 
faire  subir  aucun  effort  de  cisaillement  qui  puisse  altérer  leurs  propriétés  élastiques. 

Lorsque  l'on  veut  déterminer  la  longueur  initiale  du  tissu,  celui-ci  se  recourbe,  s'il 
n'est  pas  tendu.  On  tourne  cette  difficulté  en  extrapolant  légèrement  cette  courbe  des 
allongements  sous  de  très  petites  charges. 

Pour  calculer  le  et  ra,  nous  faisons  passer  au  sentimenl  une  c^ourl^e  à  tra- 
vers les  points  d'observation;  —  nous  relevons  sur  cette  courbe  le  Aj  cor- 
xespondant  à  un  poids /^^  assez  élevé  ;  enfin  nous  cherchons  sur  la  courbe 
■quel  poids  i\  produit  un  allongement  ).„  moitié  du  précédent.  —  On  a 
■alors  simplement 


|)uis  connaissant  ra 


Pi  —  2/>0 


K  = 


Les  courbes  d'élasticité  des  muqueuses  que  nous  avons  étudiées  sont 
toutes  remarquablement  exprimées  par  l'équation  (i),  à  la  condition  de 
négliger  les  points  d'inflexion  que  l'on  constate  sur  la  courbe  avant  la 
rupture  de  certains  tissus  parasites.  Ce  procédé  est  justifié  et  cette  inter- 
prétation est  autorisée  par  le  fait  suivant  aljsoliimeiit  général  :  si,  après 
avoir  dépassé  le  point  d'inflexion,  on  recommence  les  mesures  de  ).  en 
faisant  varier  p  dans  n'importe  quel  sens,  le  point  d'inflexion  disparaît,  la 
-courbe  reprenant  l'allure  logarithmique. 

Les  rapports  des  valeurs  de  to  et  de  /."  que  nous  avons  trouvés,  au  cours 
de  nos  expériences,  pour  les  diverses  muqueuses  sont  varial)les,  comme 
il  ressort  du  tableau  suivant  : 


IS'OS 

K 

CT 

rs-os 

K 

w 

I 

5,38 

20  » 

V 

6,66 

60.5 

11 
III 

24,40 
2.83 

57G  I) 
iî,6 

VI 

1.93 

5 ,  57 

IV 

7,67 

III   » 

vu 

3,83 

lo ,  1 5 

SÉANCE    DU    21     MAI     If)oG.  I161 

U  n'y  a  pas  lieu  de  s'en  étonner,  les  tissus  étudiés  étant  fatalement  plus- 
ou  moins  altérés,  et  conséquemment  peu  comparables  entre  eux.  La  géné- 
ralité de  la  ibrmule  (i)  n'en  est  pas  moins  établie,  ra  i-eprésentant,  bien 
entendu,  dans  le  cas  actuel,  des  tensions  d'un  caractère  purement  phy- 
sique. 


PHYSIOLOGIE.  — Régénérateur  de  la  fibrine  et  dosages  comparatifs  de  ce  lie- 
substance  dans  différents  territoii'cs  vascnlaires  chez  le  chien  après  la 
défibrination.  Note  de  }J.  Doyo.V,  A.  Morel.  et  N.  Mabeff,  présentée 
par  M.  Daslre. 

I.  Données  antérieures.  — ■  Les  travaux  successifs  de  Magendie  et  Dastre 
ont  démontré  les  faits  suivants  :  a)  On  peut  défibriner  un  animal  en  prati- 
quant des  saignées  successives  et  en  réinjectant  après  chaque  prise  de  sang 
défibriné  dans  les  vaisseaux  ;  b)  l'animal  refait  sa  fibrine  ;  le  taux  de  cette 
substance  peut  dépasser  le  taux  initial. 

IL  But  du  travail.  —  Nous  avons  déterminé  la  rapidité  avec  laquelle  la 
fibrine  est  régénérée,  et  comparé,  pendant  la  période  de  régénération,  la 
teneur  en  fibrine  du  sang,  dans  différents  territoires  vasculaires.  Nous 
estimons  que  nos  résultats  peuvent  contribuer  à  la  solution  du  problème- 
de  l'origine  de  la  fibrine. 

III.  Résultats.  — a)  La  fibrine  se  reforme  très  rapidement.  Peu  d'heures- 
après  la  défibrination  presque  totale  de  l'animal  la  teneur  du  sang  en- 
fibrine  peut  dépasser  la  teneur  initiale.  —  b)  Pendant  les  premières  heures- 
q ni  suivent  la  défibrination  le  sang  des  veines  périphériques  (fémorales)  est 
moins  riche  en  fibrine  que  le  sang  artériel;  par  contre  le  sang  des  veines- 
sus-hépatiques  est  plus  riche  que  le  sang  artériel  et  que  le  sang  porte. 

IV.  Déductions.  —  Ces  résultats  sont  à  rapprocher  de  ceux  que  noiis- 
avons  obtenus  après  la  saignée.  Il  sont  en  faveur  de  l'origine  hépatique 
du  fibrinogène.  Toutefois  ils  sont  en  opposition  avec  les  idées  régnantes.. 
On  considère  en  général  que  le  sang  sus-hépali(|iie  ne  contient  pas  ou 
contient    peu    de    fil)rine,     d'autre   part   Mathews    a    localisé    la    fonction 


Il62 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


fibrinogénique  dans  l'intestin.  A  l'appui  de  son  opinion  Matltavs  cite  des 
cas  cil,  chez  le  chat  normal,  le  teneur  en  fibrine  du  sang  porte  était  plus 
élevée  que  la  teneur  du  sang  artériel  et  du  sang  cave,  mais  il  n'a  pas  fait 
de  dosages  dans  le  sang  sUs-hépatique. 

Tableau  I 

DÉriBUINATION    PAU    SAIGNÉES    ET    UÉiX.IECTIONS    SUCCESSIVES    DU    SAXG    DÉFIBUINÉ. 

hégknératiox  de  la  fibrine 


POIDS    DU    CllIES 


i 


4° 


50 


^22  kilogr.  23  kilog.    23  kilogr.    23  kilogr.  24  kilogr.  24  kilogr.      îî'^bSoo 


NUMERO  DE  L\  PUISE 


FIBllIXE    DE    BATTAGE    POUR     I  OOoS''    DE    SANG 


!=> 

OB 

■■840 

oS''477ï 

oB''523 

ûB^iiSG 

IB'0905 

0B'-46i7 
o6'-3732  ' 

2° 

OB 

■•452 

oB'-2536 

oB'-382 

oB'-3327 

oS'-72  7-5 

IB.-5959 

3» 

oe'335 

oS''2093 

0B'-274 

051-2117 

oe''Gi39 

4° 

oB'BiS 

oK'1600 

OB''2o4 

0B''I273 

OS"'5-i22 

oB"-2875 

oS'-44i4 

5" 

qs 

■"210 

oB"'o976 

oB'i54 

oS'-o834 

oS'-46io 

OB''2O09 

oB'^goS 

6° 

OB 

■■144 

oB'-o433 

0B''l  12 

oB'0621 

0'-J72I 

oB''i334 

o6'3i82 

-0 

OE 

"■odG 

0S''02I0 

06 '-08  4 

oS'0539 

0B''25l9 

0B''I20I 

0B'-24l7 

8° 

08 

'029 

i                  1 

oS'-o6i 

oB''o4i5 

û6'-i633 

0B''06l5 

o6'-i733- 

9° 

» 

oB'-oi3o 

oB''o58 

OB'oSSî 

OB'-o8;2 

oB'o533 

oe''i2i5 

IQO 

y 

oG''o33 

0B''028l 

oB''oG!)3 

oB'o42g 

0B''09I2 

II" 

12° 

1) 

)) 
)) 

0B"'023 
OB''OI7 

•      Oe^O'2I2 

OB'0481 
oB''o3i2 

oB''o345 

OB'-o3l2 

oB''o736 

oB"'o522 

13° 

)) 

)) 

qB'o 1 1 5 

1) 

Oï''02  2  5 

0B''0285 

oB'-o3i4 

14° 

i5° 
16° 

1) 
)) 
» 

» 
)) 

» 
» 

M 

1} 

0 

s 
) 

oB'oigi 

»       1 

0S''022I 

o6''oi97 

0B'0265 

oS'"oi97 
)> 

MOMENT  Di:  LA  PlUSE 


FIBRINE     DE     CAILLOT     POUR     lOOOB''    DE    SANG    ARTÉRIEL 


Avant  la  ck'Cibi'ina- 

lion jB'jO  l8'3l  2B'47  l8''36  36'D4  iB''49  2B'-^8 

I  m  m  é  d  i  a  l  c  lu  0  u  I 

après »  oBi-oD  o8''o4  oS''o7  oB''35  o8''ii  oB'o^ 

Plusieurs      heures 

après iei'46  i6'>5  2B'-74  iB'T);  iBi'96  i6''8o  3S'-25 

3''3oaprès  2o''après  io''3oaprès  gi'iSaprès  8''3oaprès  g'Ooaprès  9''55aprcs 


Chez  les  chiens  2°,  'i",  ',",  H",  6°,  7°  chaque  prise  est  de  3oc)B''  de  sang  ;  chez  le  chien 
1°  de  'iDoBf.  Par  suite  d'une  erreur  la  première  prise  chez  le  chien  2"  est  de  4008''  et  la 
septième  chez  le  chien  G  de  55()8^ 


SÉAKCE    DU    2  1     MAI     If)oG.  I  l63 


Tableau  II 
Dosages  coMPAnAxiFs  de  la  fibrine  de  caillot  dans  différents  territoires  vas- 

CULAIRES    APllÈS     LA     DÉFIBRIXATIOX     PENDANT     LA     PERIODE     DE     UÉGÉXÉRATIOX     DE    LA 
FIBRINE. 

FIBRINE    Dr    CAILLOT    POUR     lOOO^''    DE    SANG 


POIDS 
DES 

AVANT 
LA    DÉFIBRI- 

IMMÉDIATE- 

PLUSIEURS    HEURES   APRÈS   LA 

DÉFIBRIXATIOX 

CHIENS 

artcre 
fémorale. 

artôre 
fémorale. 

arlcre 
fémorale. 

veine 
fémorale . 

veine  porle.     i 

sus-))6pati*[ue. 

nombre 
d'heures  après. 

1"   ÏO^S 

» 

» 

iBi-SS 

iG'-^o 

iS'-Sg 

i^'99 

15" 

20  1-j^i 

» 

» 

l8'-24 

lE'l4 

ie''i4 

iS^Sa 

lo'' 

3"  23'' 

iB'-36 

o6'"o7 

lBr67 

16^49 

2S''02 

2eri5 

ghiS 

,J0   2  5k 

iBI-âg 

» 

lerga 

— 

iSrg^ 

2G"-o8 

e^Do 

Le  chien  i"  a  subi  1 1  prises  successives  de  40"^''  chacune  ;  les  400  premiers  gi-ammes 
contenaient  isi',r3^  de  fibrine,  les  trois  dernières  prises  réunies  qE^giS^.  Le  chien  '2°  a 
subi  10  prises  de  3ooS''  ;  les  joo  premiers  grammes  contenaient  ()'''',8iS3  de  fibrine,  les 
trois  dernières  prises  réunies  oSi^jOiGS.  Le  chien  3°  a  subi  12  prises  de  3oo  ^',  la  pre- 
mière contenait  qB'', 4 186  de  fibrine,  les  deux  dernières  réunies  o^'',o2'j2.  Le  chien  4°  a 
subi  7  prises  de  4006'',  on  a  enlevé  en  tout-  i'^\'jo3  de  fibrine,  dont  n^'',o'i2  par  la  der- 
nière prise.  Le  sang  sus-hépatique  a  coagulé  en  général  plus  rapidement  que  le  sang 
des  autres  territoires  et  contenait  de  la  fibrine  de  battage. 

CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  une  réaction  de  type  oxydasique  présentée  par 
les  composés  halogènes  des  terres  rares.  Note  de  E.  Fouard,  présentée 
par  M.  Emile  Roux. 

Dans  une  note  précédente  ('),  j'ai  montré  raclion  catalytique  exercée 
par  les  sels  halogènes  des  métaux  alcalins  et  alcalino-terreiix  dans  la  fixa- 
tion de  l'oxygène  li])re  par  les  solutions  aqueuses  de  polyphénols. 

En  poursuivant  l'étude  de  cette  réaction,  j'ai  recherché,  à  l'instigation 
de  M.  Etard,  si  cette  même  propriété  s'étendait  à  une  catégorie  spéciale 
de  sels,  les  composés  halogènes  des  terres  rares. 

La  grande  analogie  de  propriétés  des  éléments  de  ce  groupe  et  des 
alcalino-terreux  pouvait  en  effet   suggérer  cette  recherche. 

Grâce  à  l'obligeance  de  i\L  Etard,  j'ai  pu  disposer  d'échantillons  d'oxydes  de  ces  terres, 
obtenus  avec  le  maximum  possible  de  pureté,  et  j'ai  préparé  des  solutions  équimolécu- 

(')   Comptes  Rendus,  26  mars  iyo6. 


IlG4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

laires  de  chlorures  de  thorium,  de  cériuui,  de  Linthanc,  de  néodyme,  de  praséodyme,  cl 
de  saiiiariuui  dont  j'ai  étudié  l'activité  oxydante  comparativement  à  celle  d'une  solution 
équivalente  de  chlorure  de  sodium. 

Toutes  ces  solutions  étaient  neutres  chimiquement,  sauf  celle  de  thorium  qu'on  ne 
peut  obtenir  que  franchement  acide  ;  leur  titre  commun,  exprimé  en  chlorure  de  sodium 
par  -y^  de  molécule-gramme  par  litre,  a  été  imposé  par  celui  de  la  plus  étendue,  cor- 
respondant au  chlorure  le  moins  soluble. 

Les  essais  d'oxydation  ont  porté,  comme  précédemment,  sur  l'hydroquinone,  intro- 
duite  dans  toutes  ces  solutions  à  la  concentration   de de    molécule-gramme     J'ai 

100  " 

adopté  le  même  dispositif  que  celui  déjà  décrit,  en  vue  de  doser  les  gaz  résiduels  pro- 
venant de  la  réaction  dans  chaque  atmosphère  limitée  :  pour  cela,  chaque  tube  recevant 
un  volume  de  liquide  égal  à  la  moitié  de  sa  jauge,  l'autre  moitié  contenait  de  l'air  à  tem- 
pérature et  pression  mesurées  au  moment  de  la  fermeture.  Ensuite  chaque  tube  était 
enduit  d'une  couche  de  paraffine  et  plongé  dans  un  bain  d'huile  pour  éviter  toute  fuite 
gazeuse.  Après  une  oxydation  continue  de  huit  jours,  j'ai  effectué  les  analyses  de  chaque 
atmosphère  gazeuse. 

L'expérience  a  nettement  justifié  l'hypothèse  émise  sur  le  rôle  de  ces 
sels.  J'ai  constaté  en  effet  : 

1°  L'absorption  d'tin  certain  volume  d'oxygène; 

2°  L'absence  d'acide  carbonique  et  d'oxyde  de  carbone.  J'ai  mesuré, 
pour  chaque  solution  de  chloriu'ù,  le  volume  d'oxygène  alisorbé,  évalué 
à  o"  et  760""",  en  déterminant  les  volumes  de  ce  gaz  dans  l'état  initial  et 
dans  l'état  final. 

n  •    1  •  1     -.  1  .1  .  .1  1  1  .1^  oxysène  absorb  c. 

J  en  ai  deduitpourchaque  élément  la  valeur  du  rapnortn=  — ^-^ — ^ — - — , — 

'  '  '  '  oxygène  total. 

Tous  ces  nombres  sont  relevés  dans  le  tableau  suivant,  par  ordre  décrois- 
sant du  rapport  R  : 

Volume       Volume  d'oxygène 


Solutions  de 

initial  d'oxygène 

absorbe 

Rapport  R 

chlorures. 

à  C.jOo""". 

à  o'',76o""". 

p.   100. 

de  Samarium  SaClj . 

•       [)''"',9 

75,75  p.    100 

de  Thorium  ThCb,  . 

jjjClIlC    "^ 

G''""',5 

G3.10       — 

de  Cérium  CeClg     . 

.      io™%o5 

5""%  8 

57,7.       - 

de  Néodyme  NdCla.      . 

.      io™'%o5 

5'^'>'%',5 

5',,23       — 

de  Praséodyme  PrCls . 

...rmc  r 

5""%6 

53,35       — 

de  Lanthane  LaCl3  . 

.    10""-',', 

2"'"%  35 

22, Go       — 

de  Sodium  NaCl.      .      . 

.j,['lllC      . 

I  <'""■',  8 

17, 82       — 

L'examen  de  ce  tableau  montre    que  le  chlorure  de  sodium,  qui  s'était 
montré  le  plus  actif  dans  les  séries  des  métaux  alcalins  et  alcalino-terreux 


SÉANCE    DU     21     MAI     I906.  Il65 

communs  est  ici  le  dernier  du  classement  obtenu  avec  les  éléments  des 
terres  rares.  Ceux-ci  sont  donc,  depuis  le  samarium  jusqu'au  lanthane, 
des  catalyseurs  oxydants  très  énergiques. 

Un  tel  résultat  incite  à  rappeler  les  travaux  de  Cossa,  relevés  dans  ces 
Comptes  rendus  (t.  LXXXIV,  p.  377).  Ce  savant  italien,  en  se  servant  des 
méthodes  de  séparations  chimiques  et  de  l'analyse  spectrale,  a  démontré 
l'extrême  difTusion  des  terres  rares  dans  les  sols  arables  ;  en  parti- 
culier, il  a  caractérisé  leur  présence  dans  la  cendre  d"os.  II  affirme 
que  ces  métaux  sont  des  plus  répandus,  quoiqu'à  un  état  de  dilution 
extrême,  dans  la  nature,  et  qu'ils  entrent  dans  la  composition  des  êtres 
organisés. 

Sans  vouloir  exprimer  ici  l'hypothèse  que  ces  éléments  entrent  dans  la 
structure  minérale  de  certaines  diastases  oxydantes,  il  me  semble 
permis  de  rapprocher  les  faits  établis  dans  ce  travail  de  ceux  mis  en  évi- 
dence par  les  recherches  de  Cossa. 

CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Action  de  V adrénaline  sur  la  teneur  du 
muscle  en  glycogène.  Note  de  ^I""  Z.  Gatix-Grizeivsk.i,  présentée  par 
jM.  Dastre. 

Blum(')  a  signalé  pour  la  première  fois  la  glycosurie  consécutive  à  des 
injections  d'adrénaline  et  a  émis  l'hypothèse  ([u'elle  est  en  rapport  avec 
la  disparition  du  glycogène  du  foie;  plusieurs  auteurs  (■)  ont  apporté,  à 
l'appui  de  cette  thèse,  des  expériences  faites  sur  le  lapin  ou  sur  le  chien. 

J'ai  cherché  ce  que  devenait  le  glycogène  des  muscles  dans  le  diabète 
adrénalinique. 

Un  lapin  dont  le  poids  ne  variait  pas  pendant  l'espace  d'une  semaine  était  soumis  au 
jeûne  pendant  24''  ;  on  lui  injectait  ensuite,  dans  le  péritoine,  une  certaine  quantité 
d  adrénaline  (un  milligr.  par  kilo  d'animal  au  maximum).  L'adrénaline,  parfaitement 
pure  ('j,  était  dissoute  dans  l'eau  acidulée  par  l'acide  acétique  (i  mol.  d'adrénaline  pour 
I  mol.  d'acide  acétique). 

(')  Blum,  Arch.  f.  d.  Ges.  PInjs.,  \i.yri. 

(-)  DoYON,  C.  R.  de  la  Société  de  Biologie  (Séance  du  16  janvier  iyo4,  p.  6G). 
Noël  Patox,  Journal ofp/iysiol.,  3,  p.  286,  190/1. 

BiERUY  ET  M""  Z.  Gatin-Gruze'vvska  —  C.  li.  de  la  Société  de  Biologie  (Séance  du 
27  mai  if)o5,  p.  902). 

(')  G.  Bertrand,  Bulletin  de  la  Société  chimique  de  Paris,  'i,  t.  3i,  p.  1 188,  i()0\. 


ii66 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


Les  lapins  étaient  sacrifiés,  en  des  temps  variables  après  l'injection  de  l'adrénaline, 
par  section  des  carotides.  Le  foie  et  un  poids  déterminé  (ioqS''  environ)  de  muscles 
étaient  immédiatement  prélevés  pour  l'analyse.  Leglycogènea  été  analysé  par  la  méthode 
de  Pfliiger  (')  et  les  dosages  de  sucre  ont  été  effectués  par  la  méthode  de  G.  Bertrand  (-). 

Dans  le  tableau  suivant  sont  réunis  les  chiffres  obtenus  au  cours  de 
quelques  expériences.  En  regard  on  trouvera  par  comparaison  les  résul- 
tats d'analyses  faites  sur  des  lapins  soumis  à  l'inanition  pendant  quatre 
jours  et  n'ayant  pas  reçu  d'adrénaline. 


JOURS 

de 
jeûne. 


^1 

4 
24  licures 


24  heures 


POIDS 

final  des 
Lapins. 

i''749 


ADRliNAL. 

injecléc 


POIDS 

de  l'animal 


CLYl.OGENE       MUSCULA- 


apres 
en  miliigr.    injection. 


i''78o     2  miliigr.  40  heures 

dans  après 

4CC  d'eau.  i''65o3 

ii'goo      I  uiilligr.  32  heures 

dans  après 

2CCH-O  i^t'Soo 


38 
43.5 

32,7 

37 


du  foie 

en 

grammes 

(en  glucose). 

0,0097 
o 
O 


TURE 

totale 

en 

grammes. 

5oo 

7'7 
56o 

65o 


GLÏCOCliNE  ^,.,..„„^.-.,.„ 
GLICOGENE 

total  , 

j  des 

des  , 

muscles        m"scles 

(en  L'Iucose).  «"   P-    '°°- 


0,230 

o,35i 
o 


0,049 


Ou  voit  que  si  après  un  jour  de  jeune  on  donne  à  un  lapin  1"^''  d'adré- 
naline par  kilo  sous  forme  d'une  solution  contenant  par  centimètre  cube 
o^'',ooo5  d'adrénaline,  on  ne  trouve  plus  de  glycogène  36-4o''  après  cette 
injection,  ni  dans  le  foie  ni  dans  les  muscles.  Mais  si  on  diminue  le  temps 
compris  entre  l'injection  d'adrénaline  et  la  mort  du  lapin,  ou  si  l'on 
augmente  la  dilution  de  la  solution  d'adrénaline,  on  retrouve  des  quantités 
plus  ou  moins  grandes  de  glycogène  dans  le  foie  et  dans  le  muscle. 

L'animal  ayant  reçu  de  l'adrénaline  peut  refaire,  lorsque  l'effet  de  l'in- 
jection ne  se  manifeste  plus,  du  glycogène  aux  dépens  d'aliments  appro- 
priés. 

A  deux  lapins  ayant  été  traités  en  même  temps  et  de  la  même  façon  que  ceux  du 
tableau,  on  a  donné,  per  os,  i','"  après  l'injection  d'adrénaline,  406''  de  glucose  ;  16''  après 
l'animal     est    sacrifié.    Le    foie    pèse    Go^'   et    contient    ■i«',-ri'i   de   glycogène    dosé   en 


(')  Pri.l-CEli,  VorscJiriften  ztir  Aiisfii/iriing  ciiic/-  qiianlitativen  Glykogenanahjsc .  (Arcli. 
f.  d.  Ges.  pliys.  T.  92,  p.  81-101,  1902.) 

(-)  Décrite  dans  G.-L.  Gatin,  Recherches  Anal,  et  Chiin.  sur  la  germination  des  pal- 
miers. [Annales  des  Sciences  naturelles.  Botanique.  T.  III,  9'  s.,  1.906,  p.  293.) 


SÉANCE  DU  21  MAI  IQoG.  I1G7 

glucose.  Dans  740  f^'  de  muscles  on  trouve  is-,o36  de  glycogène.  Dans  le   foie  et  les 
muscles  du  second  lapin  on  a  trouvé  des  quantités  considérables  de  glycogène. 

Jusqu'ici  lorsqu'on  voulait  obtenir  des  animaux  dépourvus  de  glycogène 
on  les  soumettait  au  jeune  ou  à  l'action  de  la  strychnine.  Or  le  premier  de 
ces  moyens  donne  des  résultats  incertains  et  le  second  est  extrêmement 
pénible. 

L'adrénaline  utilisée  comme  il  vient  d'être  dit  permet  d'obtenir  aisé- 
ment, dans  un  temps  relativement  court,  des  lapins  sans  glycogène.  Pour 
les  chiens  il  faudrait  chercher  la  dose  d'adrénaline  et  le  temps  de  jeune, 
qui,  d'après  les  quelques  expériences  que  j'ai  faites,  doit  être  sensiblement 
plus  long  que  pour  les  lapins. 

PALÉONTOLOGIE.  —  Sur  l'identité  f/'Hemipygus  tuberculosus  et  (Z'Hemici- 
daris  crenularis.  Note  de  M.  SEGLix,  présentée  par  M.  de  Lapparent. 

Le  Séquanien  coralligène  des  environs  de  Bourges  est  riche  enEchinides 
gnathostomes.  U/Iemicida/ùs  crenularis  et  surtout  Y Hemipygus  tuberculo- 
sus y  sont  abondants. 

Sur  les  adultes  fï Hemipygus  tuberculosus  di\\-des?,usAe  io"""de  diamètre, 
les  caractères  génériques  A'Heniipygus  se  modifient  et  se  rapprochent  de 
ceux  d' Hemicidaris  crenularis  iusqu'k  se  confondre  avec  eux. 

L'étude  d'une  série  de  ces  deux  oursins  conduit  à  les  identifier. 


Fig.  I.  Kig.   2.  rig.  i. 

A  mesure  qu'Heoiipi/gus  tuberculosus  augmente  de  taille,  son  apex  présente  les  modi- 
fications suivantes  :  jusqu'à  l'oursin  de  lo""  de  diamètre,  à  l'exception  du  madré- 
poride  dont  le  centre  soulevé  porte  les  hydrotrèmes,  les  plaques  génitales  restent- 
arrondies,  à  centre  déprimé  bordé  d'un  cordon  granuleux,  perforées  dans  l'épaisseur 
de  la  courbe  libre  par  un  pore  génital  visible  de  côté  seulement  {fig:  i);  à  partir  de  cette 
taille  la  dépression  centrale  des  génitales,  d'abord  arrondie,  se  rétrécit,  s'allonge  en 
fente  parallèle  au  bord  périproctal,  d'abord  sur  la  génitale  i  (notation  de  Lôven),  puis 
et  dans  cet  ordre  chez  les  génitales  5,  4,  à  partir  de  là™"  de  diamètre  (fig.  1).  La  dépres- 
sion centrale  arrondie  de  la  génitale  i  persiste  la  dernière  ;  elle  ne  s'allonge  en  fente 

C.  R.,  1906,  i"  Semestre.   (T.  CXLII,  N»  21.)  l53 


ii68 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


qu'au-dessus  de  18™'"  de  diamètre  {fig.  3)  et  ne  disparaît  complètement  que  dans  les 
oursins  d'une  taille  supérieure  à  aS""  de  diamètre.  Pendant  que  ces  modifications  s'ac- 
complissent, la  partie  adorale  des  génitales  s'allonge  en  pointe,  le  pore  génital  devient 
peu  à  peu  visible  d'en  haut.  Il  est  placé  tout  à  fait  à  l'extrémité  de  l'angle  libre,  partie 
beaucoup  moins  saillante  que  le  reste  de  la  plaque. 

Les  ocellaires,  situées  dans  les  angles  des  génitales,  restent  bilobées  jusqu'à  la  taille 
de  8™"  de  diamètre,  puis  elles  prennent  peu  à  peu  la  forme  subpentagonale  qu'elles  vont 
garder  et  se  couvrent  de  granules. 

Aussi,  entre  les  tailles  de  12  à  16™™  de  diamètre,  est-il  impossible  de  dire  si  l'on  a 
sous  les  yeux  un  Hemipygtis  titberculosus  de  grande  taille  ou  un  Hernicidaris]e  une. 

A  partir  du  diamètre  de  18""",  l'apex  se  rapproche  de  plus  en  plus  de  celui  de  VHemi- 
cidaris  crenidaris  typique.  Les  plaques  génitales  deviennent  saillantes,  leurs  granules 
apparus  vers  i5™°  de  diamètre  se  multiplient,  le  pore  génital  se  rapproche  du  centre  des 
plaques  en  même  temps  que  se  soulève  la  partie  encore  déprimée  qui  le  porte  et  la 
transformation  est  complète  chez  l'oursin  de  plus  de  aS"""  de  diamètre.  Il  ne  reste  plus 
de  trace  de  ce  qu'on  pourrait  appeler  le  stade  Hemipygus,  V Hemicidaris  crenidaris 
type  est  constitué. 

La  constatation  de  ces  modifications  dans  l'évolution  d'un  organe  aussi 
important  qu'est  l'apex  pour  le  développement  des  Echinides,  suffirait  à 
elle  seule  pour  prouver  l'identité  des  deux  oursins.  D'ailleurs  l'étude  des 
deux  autres  portions  du  test  conduit  aux  mêmes  conclusions. 


Fig.  4.  Fig.  5. 

La  formule  ambulacraire  est  la  même  chez  Hemicidaris  crenidaris  et  chez  Hemipygus 
titberculosus.  Les  semi-tubercules  de  la  base  sont  en  nombre  variable  avec  la  taille  :  i  à 
5  chez  Hemipygus,  5  à  8  chez  Hemicidaris,  tous  portés  sur  des  majeures  oligopores.  Au- 
dessus,  les  petits  tubercules  de  l'un  comme  les  granules  de  l'autre  sont  situés  de  3  en  3  pri- 
maires. Ici  encore  la  différence  tient  à  la  taille,  car  des  granules  imperforés  et  incrénulés 
se  voient  au  sommet  de  l'ambulacre  de  V Hemicidaris  crenidaris  à  25"™  de  diamètre,  de 
même  que  de  petits  tubercules  crénulés  et  perforés  continuent  les  semi-tubercules  de  la 
base  ambulacraire  des  Hemipygus  tuberculosus  de  grande  taille  à  10,  12"™  de  diamètre. 
Les  interambulacres  sont  absolument  semblables,  seul  le  sommet  est  peut-être  un  peu 
plus  tuberculeux  au  stade  Hemipygus  :  cette  particularité  s'observe  aussi  jusqu'à  aS""" 
de  diamètre  chez  Hemicidaris  crenidaris  incontestable. 


SÉANCE    DU    21     MAI     I906.  11^9 

Il  paraît  légitime  de  tirer  les  conclusions  suivantes  : 

Dans  le  Séquanien  de  Bourges,  toutes  les  formes  de  passage  existent 
entre  VHemipygus  tabercidosus  (Cotteau)  et  Fadulte  typique  à'Hemicidaris 
crenularis  (Lamarck)  et  le  premier  paraît  n'être  que  le  jeune  âge  du  second. 
Il  y  aurait  donc  lieu  de  retrancher  de  la  méthode  l'espèce  Hemipygus  tuber- 
culosus. 

Cette  étude  contient  encore  une  conclusion  d'un  ordre  différent.  Lôven 
a  attribué  aux  plaques  génitales  le  numérotage  de  la  figure  4  et  n'a  donné 
aucune  raison  de  ce  choix.  Ne  pourrait-on  pas  lui  préférer  le  numérotage 
de  la  figure  5,  qui  aurait  sur  celui  de  Lôven  l'avantage  de  rappeler  l'ordre 
dans  lequel  les  génitales  arrivent  à  constituer  l'état  adulte  au  moins  chez 
Hemicidaris  crenularis . 


M.  Pierre  Carles  adresse  une  Note  traitant  de  robtention  d'un  soufre 
niouillable  qui  ne  change  aucunement  le  degré  acidimétrique  ou  alcalimé- 
trjque  des  bouillies  à  la  chaux  ou  au  carbonate  de  soude  et  de  V action  de 
bouillies  soufrées  contre  Voïdium  de  la  vigne  et  du  rosier. 

A  trois  heures  trois  quarts  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  quatre  heures  et  demie. 

G.   D. 


II '^O  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


BULLETIiV  BIBLIOGRAPHIQUE 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  3o  avril   1906. 

(Suite.) 

Die  Théorie,  Berechnung  iind Konstruktion  der  Dainpfturhinen,  von  Gabriel  Zahikjanz, 
mit  ■ïi   ïextfiguren.  Berlin,  M.  Krayn,  19116;  i  fasc.  in-S". 

iStir  les  propriétés  de  deux  cercles  égaux  et  tangents,  par  Antonio  Cabreira.  Coïnibre, 
1906  ;    1  fasc.  in-S". 

Sur  le  problème  relatif  à  la  résolution  d'un  triangle  dont  on  connaît  deux  côtés  et  l'angle 
opposé  à  Vun  d'eux,  par  Antonio  Cabreira.  {Bull,  des  Se.  math,  et  phys.  élémentaires. 
n°  12,  i5  mars  1906,  p.  177.)  i  fasc.  in-S". 

Cabreira  (Antonio).  (Article  du  «  Dictionnaire  biographique  international  des  écri- 
vains, etc.,  par  Henry  Carnoy  »,  t.  Xl\,  p.  196.)  i  fasc.  in-8°. 

Sulla  produttii-ita  del  grano  a  seconda  delV epoca  di  sementa  ;  Nota  del  prof.  Napo- 
LEONE  Passerini.  Florcnce,  1906  ;  i  fasc.  in-8°. 

Esperienze  per  combattere  la  pernospora  délia  Vite,  série  settima,  igo5;  Nota  del  prof. 
Napoleone  Passerini.  Florence,  1906;  i  fasc.  in-8°. 

Contributo  alla  fisiologia  dei  muscoli  lisci;^ota.deÏT[)ro{.  Angelo  Mosso.  Rome,  1906; 
I  fasc.  in-B". 

Esperienze  sulla  dispersione  anoniala  dei  vapori  metlallici  nelVarco  clettrico  alternative, 
cite  illuslrano  la  questione  degli  spettri  molteplici  di  un  elemento  ;  Nota  del  prof.  L.  Puc- 
ciANTi.  Rome,  1906;  i  fasc.  in-4°. 

Proceedings  of  the  Sydney  University  Engineering  Society ,  igo/J  ;  vol.  IX.  Sydnej';  i  vol. 
in-8°. 

Indice  alfabetico  del  BoUctino  délie  pubblicazioni  italiane,  recevute per  diritto  di  stanipa 
dalla  Bibliotheca  Nazionale  centrale  di  Firenze  nel  igoS.  Florence,  igoS  ;   5  fasc.  in-8°. 

Boletin  de  la  Real  SociedadGeografîca  ;  t.  XLVIII,  1'"' trimestre  1906.  Madrid;  i  fasc. 
in-8». 

Sitzungsbcrichte  der  Kaiserlichen  Akadcniie  der  Wissenscha ften.  Matlicmatiscli-Natur- 
wissenschaftliche  Classe;  Bd.  CXIX,  Abt.   I,  XV',  III.  Vienne,  1903  ;  3  fasc.  in-B". 

Nachricliten  von  der  Kôniglichen  Gcscllschaft  der  Wissenschaften  zu  Gôttingen.  Matlie- 
matiscli-physikalische  Klasse,  1906;  Heft  i.  Berlin,   1906;  1  fasc.  in-8°. 


I 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

SÉANCE  DU   LUNDI  28  MAI    1000, 

PRÉSIDEXCE  DE  M.  II.   POINCARÉ. 


MÉMOIRES    ET    COMMUNICATIONS 

DES   MEMBRES   ET   DES   CORRESPONDANTS   DE   L'ACADÉMIE 


M.  LE  Présidext  annonce  à  l'Académie  qu'en  raison  des  fêtes  de  la  Pen- 
tecôte, la  séance  du  lundi  4  juin  sera  remise  au  mardi  5. 

ASTRONOMIE.  —  Sur  les  travaux  récents  accomplis  à  V Observatoire 
de  Besançon.  Note  de  M.  L.œw\'. 

M.  Lebeufm'a  prié  de  faire  hommage  à  l'Académie  des  dernières  publi- 
cations de  l'Observatoire  de  Besançon.  Elles  sont  relatives  à  la  chrono- 
métrie  et  à  la  météorologie. 

Le  Directeur  de  l'Observatoire  de  Besançon  s'est  appliqué  avec  une 
grande  ardeur  à  perfectionner  les  méthodes  employées  pour  la  vérification 
des  chronomètres  et  des  montres  émanant  de  la  fabrique  bisontine  et  à 
faire  naître  une  émulation  très  heureuse  parmi  les  constructeurs  d'appareils 
destinés   à  la  mesure  du  temps. 

Ces  efforts  persévérants  ont  été  couronnés  de  succès.  La  lecture  du 
17*  Bulletin  chronométrique,  relatif  à  l'année  1904-1905,  permettra  en  effet 
de  se  convaincre  qu'il  en  est  résulté  non  seulement  une  augmentation  pro- 
gressive dans  le  nombre  des  pièces  d'horlogerie  soumises  au  contrôle  de 
l'Observatoire,  mais  aussi  qu'une  plus  grande  régularité  se  manifeste 
actuellement  dans  la  marche  des  chronomètres  et  des  montres  présentés 
aux  concours  de  réglage. 

C.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLH,  N»  22.)  l54 


II72 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


MÉCANIQUE.  —  Centres  de  gravité  de  systèmes  spiraloïdes, 
par  M.  HATOm  de  la  Goupilliëre. 

I.  On  a  pu  voir  dans  notre  précédente  communication  (pageii3o)  quels 
obstacles  rencontre  la  recherche  du  lieu  géométrique  des  centres  de  gra- 
vité d'une  ligne  dont  la  densité  varie  en  raison  d'une  puissance  entière  et 
positive  de  sa  longueur,  pour  une  figure  aussi  simple  que  le  cercle.  En 
vue  d'un  résultat  plus  complet  (tout  en  élargissant  la  généralité  de  l'expo- 
sant), j'envisagerai  la  spirale  logarithmique.  Elle  justifie  encore  la  devise 
de  Jacques  Bernoulli  :  eadem  miitata  resurgo  ;  car  le  lieu  géométrique 
des  centres  de  gravité  des  arcs  croissants  à  partir  du  pôle,  et  de  densité 
proportionnelle  à  une  puissance  positive  (entière,  fractionnaire  ou  incom- 
mensurable) de  la  longueur,  est  une 'spirale  égale  tournée  d'un  certain 
angle. 

Nous  prendrons  l'équation  de  la  courbe  sous  la  forme 

i'  ^—  ^e  cot  fl 

en  appelant  a  l'angle  de  la  tangente  et  du  rayon.  La  masse  élémentaire  est 
s"ds,  et  la  masse  totale 

5ÏI  -f- 1  e(7z  +  1)6  cot  a 

OU 


ù 


n-\-i  '  [n  -\-  i)  cos"  +  <  a    ' 

Le  moment  relatif  à  l'axe  des  ordonnées  a  pour  valeur 

s"dsr.  cos6  =  -r ^ /     e'>"  +  -)  "^"^  «  cos  6  rf9. 

Posons  pour  simplifier 

[il  -+-  3)  cot  a  =  cot  b, 

nous  aurons  pour  l'abscisse  du  centre  de  gravité 

pin +  1)  Il  coi  a  T  T"        .       .   ,  r.      1  r, 

.r  •   ,  / r-  =  -■ /     e"  <=<>'  ''  cos  9  d  9, 

[n  +  i)  cos"  +  1  a  sm  a  cos"a  J—cr. 

x=^{a  +  i)cola  .  e-("+i)ocot.r  siu  0  +  coi. /.  cos  0  ^.,„,,-| 
\        '       J  I  I  _j_  col-/;  J 

l'exponentielle  s'annulant  pour  la  limite  inférieure  de  l'intégrale,  puisque 
son  exposant  est  positif.  On  a  donc 

.r  :=:(/;  4-  i)  cot  «  sin  b  cos  (9  —  b)  e"  '^"^  «. 


i 


SÉANCE    DU    28    M.U     igo6.  II 73 

On  trouverait  de  même  pour  l'ordonnée  du  centre  de  gravité 

y  =  («  -f  i)  cot  a  sin  h  sin  (0  —  h)  e"  '^°'''. 

2.  Il  suffit  maintenant  d'éliminer  S  entre  ces  deux  égalités.  Convertissons- 
les  pour  cela  en  coordonnées  polaires 

tang  tjj  ^  ^  =  tang  (*)  —  d], 

iO  =^  —  Ù        ,        fj   =    10   +    &, 

p  =  ^x^  -+- y^  =  [n-\-  i)  cot  a  sin  h  e"  '='"  " 

=  («+i)  cot  a  sin  6  e('' +')<=»'«. 
Si  nous  posons  enfin 

(«4-  i)  cot«  sin  b  .e'""'^"  =  gccot«_ 

nous  pourrons  écrire 

3    ——.  g(i.)  +  c)  col  a 

c'est-à-dire  une  équation  identique  à  la  proposée,   pourvu  que  l'on  fasse 

tourner  de  l'angle  c  l'axe  polaire. 

En  résolvant  numériquement  par  rapport  à  a  l'équation  transcendante 

c  =  2  krv,  ou 

r  ,  ,  T  ^  r       (n  +  i)  oot  a       H  , 

arc  cot    [a  -\-  2)  cot  a    +  tang  «  Log       .  =  2  /,-, 

on  déterminerait  des  spirales  spéciales  qui  sont  à  elles-mêmes  le  lieu  de 
leurs  centres  de  gravité,  pour  une  densité  proportionnelle  à  la  puissance  n 
de  la  longueur. 

3.  Le  cas  ordinaire  de  l'arc  homogène  rentre  dans  ce  théorème  général 
pour  n  =  o.  En  prenant  h  =  i,  on  l'appliquera  au  centre  de  gravité  de 
l'aire,  à  la  condition  de  tenir  compte  de  la  superposition  des  spires  aréo- 
laires.  En  effet,  si  l'on  condense  en  leurs  centres  de  gravité  les  secteurs 
élémentaires  qui  la  composent,  on  constitue  une  spirale  semblable  réduite 
d'un  tiers,  c'est-à-dire  une  spirale  égale  tournée  d'un  certain  angle  et 
douée  d'une  densité  proportionnelle  au  rayon,  ou  à  l'arc.  On  devra  ici 
tenir  compte  à  la  fois  des  deux  rotations,  pour  déterminer  des  spirales  qui 
soient  à  elles-mêmes  le  lieu  des  centres  de  gravité  de  leur  aire. 

4.  Envisageons  maintenant  des  puissances  négatives,  en  distinguant  les 
trois  intervalles  séparés  par  les  limites 

o,    — •    I ,   —   2,   —    =c. 


11^4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Entre  zéro  et —  i,  rien  à  modifier,  puisque  les  exposants  «  +  i  et  /i  +  2 
restent  positifs,  ce  qui  annule  au  pôle  le  facteur  exponentiel.  Le  même 
énoncé  s'applique  donc  alors  purement  et  simplement. 

Au  contraire,  entre  —  2  et  —  00  ,  les  exposants  n  -{-  i  et  n  -\-  2  étant  néga- 
tifs, les  deux  intégrales  de  la  masse  et  du  moment  deviennent  infinies  au 
pôle,  ce  qui  entrave  les  raisonnements.  En  l'evanche  nous  pouvons  recons- 
tituer lui  théorème  semblable,  en  substituant  à  l'arc  précédent  celui  qui 
s'étend  du  point  décrivant  à  l'infini  ;  c'est-à-dire  en  intégrant,  non  plus 
de  —  00  à  9,  mais  de  9  à  -|-  00  .  Le  facteur  exponentiel  s'annule  maintenant 
pour  la  limite  supérieure  des  intégrales.  Une  analyse  semlilable  conduit 
donc  à  un  énoncé  identique,  mais  relatif  à  cet  arc  tout  différent  du  pre- 
mier. 

Entre  —  i  et  —  2  enfin,  il  n'y  a  plus  place  pour  aucun  énoncé.  En  effet 
?i  +  I  étant  négatif  et  /;  +  2  positif,  l'intégrale  de  la  masse  devient  infinie 
au  pôle,  tandis  que  celle  du  moment  l'est  à  l'opposé.  Aucun  des  deux  arcs 
ne  comporte  donc  plus  notre  analyse. 

5.  Cette  lacune  s'étend  aux  limites  elles-mêmes.  C'est  seulement  e/i  dehors 
de  leur  intervalle  que  s'appliquent  les  théorèmes. 

Pour  n  =  —  2,  en  effet,  le  facteur  exponentiel  s'évanouit  dans  l'expres- 
sion du  moment,  qui  reste  purement  trigonométrique,  et  deviendrait  indé- 
terminée pour  6  =  zt  00  . 

Avec  /t  =  —  I,  nous  avons  le  centre  de  gravité  de  la  courbure.  En  effet 
la  densité  variant  en  raison  inverse  de  l'arc,  ou  du  rayon  vecteur,  ou  du 

rayon  de  courbure,  la  masse  élémentaire  sera  ,  c'est-à-dire  l'angle  de 

contingence,  lequel  est  égal  à  f/8  puisque  a  est  constant.  La  masse  totale 
sera  donc  (),  lequel  devient  infini  aussi  bien  vers  le  pôle  que  dans  le  sens 
opposé. 

6.  Finalement  donc,  nous  pouvons  formuler  l'énoncé  suivant  :  Si  la  den- 
sité des  arcs  d'une  spirale  logarithmique  varie  en  raison  d'une  puissance  n 
{entière,  fractionnaire  ou  incommensurable)  de  la  longueur  comptée  depuis 
le  pôle,  le  lieu,  géométrie/ ue  des  centres  de  gravité  est  une  spirale  égale  tour- 
née d'un  certain  angle,  pour  l'arc  en  question  si  n  est  compris  entre  —  i 
et  -\-  00  ;  ou  au  contraire  pour  l'arc  complémentaire  qui  se  développe  du 
point  décrivant  à  l'infini,  lorsque  n  se  trouve  entre  —  2  et  — co  ;  aucun 
énoncé  ne  subsistant  aux  limites  —  i  et  —  2  elles-mêmes,  ni  dans  leur  inter- 
valle. 


SÉANCE    DU    28    MAI     I906.  II75 

7.  Nous  terminerons  ces  recherches  en  envisageant  un  chapelet  discon- 
tinu formé  des  nombres  consécutifs  de  i  h  q,  disposés  en  forme  de  gra- 
duation angulaire  le  long  de  la  spirale  logarithmique,  à  partir  d'un  de  ses 
points  par  lequel  nous  ferons  passer  l'axe  polaire.  Appelons  p  leur  inter- 
valle constant. 

Pour  en  obtenir  le  centre  de  gravité,  il  suffit  d'évaluer  les  sommes  de 
moments  U  et  V.  La  masse  /.•  a  pour  azimut  9  =  A-  !3  et  pour  rayon  vec- 
teur /•  =:  e  *''-  (en  représentant  pour  abréger  cot  a  par  A).  On  a  donc 

U  =  y  ke^''->  cos  A-^,       V  =  y  h-e^^>  sin  />•?. 

0  o 

Nous  pouvons  également  ranger  sur  la  spirale,  non  plus  les  nombres 
naturels,  mais  leurs  puissances  p  entières  et  positives.  Les  moments 
deviendront 

î  <i 

U;,  =  y  kPe^''^  cos  A-|3,      V,,  =  S  f<>'e^'''  sin  /.-p. 

0  o 

8.  Introduisons  ici  les  sommes  des  abscisses  et  des  ordonnées 


u=\  e'^*'-  cos/i:|3,         v=\  e'"'^  sin/t 


.o 


On  en   déduit  à  l'aide  du  symbole  imaginaire  t  =  y,'  —  i 

(i)  U  -I-  vi  =  y  eA''V  (cos  l;fj-^  i  sin  /.-.S)  ^  S  e^^iA  +  o?^ 

0  0 

progression  géométrique  qui  a  pour  somme 


Il  +  Cl 


e.A  +  ij?  —  I 


Rendons  le  dénominateur   réel  en  multipliant  par  l'imaginaire  conjuguée 
les  deux  termes  de  la  fraction 

Il  -+-  VI  =  -t J— t i- 

[e(A  +  0?  —  i]    [e(A-0?—  i] 

e(q  +  i)A  p  eg'g  —  e(7-f  i)  M  e(.q  + 1)  i?  —  e-i?  e-  M  +  i 


e2.43  _  e.4?  (e'?  +  e-  '?)  +  i 
Remplaçons    les   exponentielles  par  leurs    équivalents  trigonométriques, 


II '^6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

en  égalant  séparément  les  parties  réelles  ou  imaginaires 

e(7  +  2)  A?  cos  «7^  —  efî  +  i)  A?  cos  (7  +  i)3  —  eA?  cos  p  +  i 
/   \  \  e^A?  —  agA?  cos  ^  +  1  ' 

^   '  I      c(î  +  2)A;3  sin  (/g  —  e(7  +  ')A?  gin  ((/  +  1)6  +  çA?  sin^ 

e^A?  _  a  eA?  cos  ^  +  I 

9.  A  ces  expressions,  dorénavant  connues,  nous  pouvons  rattacher  Up  et 
Vp.  Différentions  en  effet  p  fois  de  suite  la  formule  (i)  et  sa  conjuguée 


dpii 
dpu 


-^-|^=(A-.y^A-^V 


,(A  —  i)  k} 


o 

Or  on  a,  en  rendant  à  A  sa  valeur  cot  a 

\  '  \  siii  a  j  %mva 

(A  —  iy  =  f   ces  a  —  (  sin  a  \  >'  e—  i""' 


ppai 


smPa 


Il  vient  donc  en  ajoutant  les  équations  précédentes 

2  -^  sin^'rt  =  eP"'  VA-^'eA*-?  (cos  7>:,3  +  i  sin  /.-p) 

o 

î 
_l_  e-  pai  \j.p(;Mn  ^cos  /.•?  —  /  sin  kp) 

0 

=  e""'  {\]j,  +  ;■  \V)  +  e-'P'"'  (Up  —  î  V;,) 
=  Up  (eP"'  +  e-  '""■)  +  f  Vp  {eP"'  —  e-  p"'), 
'^  sin^rt  =  Up  cos  pa  —  Vp  sin  ^r/. 


On  trouvera  de  même 


—S^shv'a  =  Up  sin  pn  +  Vp  cos  pa. 


Nous  déduisons  donc  de  ces  deux  égalités 

TT  /  dPy       ■  ,       dl'ii  \     .    „ 

■IT-  /     f^''*'  I^P"  ■  \         •        Il 


SÉANCE    DU    28    MAI     I906.  "77 

formules  qui  résolvent  la  question  en  exprimant  Up  et  Vp,  c'est-à-dire  les 
coordonnées  Xp,  Yp  du  centre  de  gravité  en  fonction  des  dérivées  d'ordre/? 
des  expressions  (2). 


AÉRONAUTIQUE.  —  Sur  une  expédition  en  ballon  dirigeable,  projetée 
pour  V Exploration  du  Pôle  Nord.  No\e  de  M.  J.  Jaivssex. 

Les  progrès  de  la  Navigation  aérienne  réalisés  dans  ces  derniers  temps 
devaient  forcément  appeler  l'attention  des  hardis  voyageurs  cherchant  à 
pénétrer  le  mystère  des  régions  polaires.  Aussi  est-ce  sans  surprise  que 
nous  apprenons  qu'un  des  explorateurs  les  plus  célèbres  de  ces  contrées 
inaccessibles,  M.  Walter  Wellman,  fait  construire  à  Paris  un  ballon  diri- 
geable qu'on  va  transporter  incessamment  au  Spitzberg  d'où  il  partira 
pour  atteindre  le  Pôle  Nord. 

Avant  d'entrer  dans  l'exposé  des  moyens  que  M.  Wellman  compte 
employer  dans  cette  exploration,  nous  devons  rappeler  le  beau  rapport 
dont  Faye,  doyen  de  la  section  d'astronomie,  donnait  lecture  dans  la 
séance  du  4  juin  iBgS,  au  nom  d'une  commission  dans  laquelle  figuraient 
MM.  Daubrée  et  Blanchard. 

Après  avoir  rendu  hommage  au  courage  de  cet  héroïque  martyr  des 
explorations  polaires  et  de  ses  compagnons,  l'illustre  doyen  de  la  section 
d'astronomie  exprimait  le  regret  de  voir  exposer  des  vies  si  précieuses 
dans  une  expédition  entourée  de  tels  dangers.  Notre  regretté  confrère 
reproduisait  sous  une  forme  moins  énergique  les  idées  émises  quatre- 
vingt-treize  ans  auparavant  par  un  des  membres  les  plus  illustres  de  l'Aca- 
démie, le  grand  physicien  Rochon  dans  un  ouvrage  publié  en  l'an  X  de  la 
République  ;  il  conseille  fortement  de  faire  partir  un  ballon  du  Spitzberg 
pour  traverser  les  régions  polaires  ;  puis  après  avoir  annoncé  que  sa 
proposition  avait  l'appui  de  Buffon,  il  ajoute  qu'en  considération  des 
risques  de  l'entreprise,  l'équipage  pourrait  être  composé  de  criminels  à 
qui  l'on  accorderait  leur  grâce. 

Mais  depuis  cette  époque,  grâce  au  travaux  de  MM.  GifFard,  Dupuy  de 
Lôme,  Gaston  Tissandier,  Krebs  et  Renard,  Santos  Dumon  et  Lebaudy, 
nous  possédons  des  ballons  dirigeables. 

Le  chef  de  l'expédition  américaine  dont  je  viens  vous  entretenir  s'est 
déjà  fait  connaître  avantageusement  du  monde  scientifique,  par  de  belles 


II^S  ACADÉMIE     DES    SCIENCES. 

explorations  polaires.  En  1894,  il  parlait  pour  dresser  la  carte  complète 
de  la  côte  du  Spitzberg.  En  1898,  il  exploi-ait  la  terre  François-Joseph 
jusqu'au  82"  parallèle  et  attachait  son  nom  à  la  découverte  d'îles  nou- 
velles. 

Le  16  mars  1906,  la  Société  de  géographie  de  Washington,  présidée  par 
M.  Willis-L.  Moore,  directeur  du  Weather  Bureau,  adoptait  à  l'unanimité 
les  plans  que  M.  Walter  Wejlman  lui  présentait. 

Son  lieutenant  est  le  major  H.-B.  Hersey,  représentant  le  Weather 
Bureau  des  États-Unis  qui  fournit  les  instruments  nécessaires  aux  obser- 
vations scientifiques.  Lors  de  la  guerre  espagnole,  ce  savant,  qui  dirigeait 
l'observatoire  météorologique  de  l' Arizona,  quitta  ses  fonctions  pour  se 
mettre  sous  les  ordres  directs  du  Président  Roosevelt  et,  depuis  la  conclu- 
sion de  la  paix,  il  a  repris  ses  fonctions  scientifiques. 

Les  frais  de  l'expédition,  qui  sont  évalués  approximativement  à  la  somme 
de  treize  cent  mille  francs,  sont  supportés  par  M.  Lawson,  M.  Wellman 
lui-même  et  la  Société  nationale  de  Géographie,  qui  a  tenu  à  donner  sa 
part  contributive. 

A  bord  du  ballon  polaire,  la  France  sera  représentée  par  M.  Ilervieu, 
aéronaute  bien  connu.  D'un  autre  côté,  les  deux  chefs  d'expédition 
emploient  leur  séjour  à  Paris  à  faire  des  ascensions  réitérées;  depuis 
quinze  jours  ils  en  ont  déjà  exécuté  une  dizaine. 

Lorsque  deux  des  compagnons  d'Andrée  ont  eu  l'honneur  d'être  présen- 
tés à  un  des  secrétaires  perpétuels,  celui-ci  aurait  dit  :  «  Je  vous  approuve, 
«  à  condition  que  vous  aurez  commencé  par  traverser  l'Europe  avec  votre 
équipage  aérostatique.   » 

Cette  parole  a  été  écoutée  cette  fois,  car  le  ballon  de  M.  Wellman  sera 
préalablement  essayé  au  Spitzberg.  Les  épreuves  de  direction  et  de  vitesse 
seront  exécutées  au-dessus  d'un  large  bras  de  mer  voisin  du  lieu  de  gon- 
flement, et  l'expédition  ne  partira  que  si  le  vent  est  favorable  et  si  toutes 
les  expériences  préliminaires  ont  réussi  de  la  façon  la  plus  complète. 
Dans  le  cas  contraire,  l'expédition  reviendra  en  France,  où  l'on  exécutera 
toutes  les  modifications  reconnues  nécessaires. 

Je  mets  sous  les  yeux  de  l'Académie  un  mémoire  explicatif  dans  lequel 
nos  confrères  trouveront  les  éléments  nécessaires  pour  apprécier  la  cons- 
truction du  ballon.  Nous  devons  ajouter  que,  préalablement,  M.  \^'ellman 
est  venu  en  France  prendre  l'avis  de  nos  aéronautes  les  plus  compétents. 

L'expédition  établit  à  Ilammerfest,  le  point  le  plus  septentrional  de  lEu- 


SÉANCE    DU     28    MAI     I906.  '  ï  79 

rope,  une  station  de  télégraphie  sans  fil  ;  une  seconde  au  Spitzberg  ;  une 
troisième  sur  le  continent  américain  et  une  quatrième  à  bord  du  ballon 
lui-même.  La  communication  électrique  avec  la  Terre  sera  donnée  par  le 
guide-rope  compensateur  qui  est  en  acier. 

De  plus,  prévoyant  le  cas  où  le  ballon  ferait  défaut,  M.  Wellman 
emporte  des  traîneaux  à  traction  de  pétrole  qui  ont  été  essayés  avec  suc- 
cès dans  les  glaces  de  la  Suède  Thiver  dernier.  Les  épreuves  cinémato- 
graphiques ont  été  prises  pendant  les  expériences  ;  elles  seront  mises 
sous  les  yeux  de  l'Académie  lorsqu'elles  seront  arrivées  à  Paris. 


PHYSIQUE.  —  Addition  à  la  note  sur  les  basses  températures  et  l'analyse 
chimique  (').  Note  de  MM.  d'Arsoivval  et  Bordas. 

La  distillation  et  la  dessiccation  dans  le  vide  aux  basses  températures  se 
fait  très  bien  pratiquement  avec  le  vide  de  la  trompe  ordinaire  qui  suffit 
dans  la  plupart  des  cas.  Au  cours  de  nos  expériences  nous  avions  trouvé 
néanmoins  avantage  à  avoir  un  vide  plus  parfait  obtenu  soit  avec  la  trompe 
à  mercure,  soif  avec  le  charbon  refroidi  à  la  température  de  l'air  liquide, 
suivant  le  procédé  de  Dewar.  Il  en  est  ainsi  par  exemple  pour  la  distilla- 
tion de  certains  liquides  alcooliques  peu  riches  en  alcool  et  très  sirupeux. 
Nous  reviendrons  en  détail  sur  ces  cas  particuliers,  surtout  lorsqu'il 
importe  de  recueillir  certains  gaz  ayant  encore  une  tension  de  vapeur 
appréciable  à  la  température  d'ébullition  de  l'air  liquide. 


MAGNÉTISME  TERRESTRE.  —  Observations  magnétiques  à  Tananarive. 
Note  de  M.  Éd.-Él.  Collx. 

J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  les  résultats  des  expériences 
magnétiques  de  déclinaison,  d'inclinaison  et  de  composante  horizontale 
que  j'ai  exécutées,  toutes  les  semaines,  à  l'observatoire  de  Tananarive, 
depuis  le  mois  de  mai  igoS  jusqu'en  avril  1906. 

Voici  les  valeurs  olîtenues  : 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXLII,  p.  io58.  Séance  du  i '1  mai  1900. 

C.  R.,  1906,  1='  Semestre.  (T.  CXLII,  N«  22.)  l55 


Dates. 

Mil 


Juin 


Juin. 


Août, 


Sept. 


Ocf. 


MESURES  ABSOLUES  DE  LA  DECLINAISON,  EN  1905  ET  1906. 

Heures.  Déclinaison  NW.  Dates.  Heures.  Déclinaison  NW. 


5 

II 

■3o" 

à    II 

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9»49'4i' 

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1 1 

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11 

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5 

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1 1 

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1 1 

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3o 

II 

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1 1 

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1 1 

40 

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18 

1 1 

40 

1 1 

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1 1 

3 

1 1 

16 

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8 

1 1 

36 

1 1 

47 

9.31.45 

i5 

1 1 

34 

1 1 

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10 

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0 

9 

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Nov.  4 
II 
18 

25 

Dec.      I 

7 
19 

23 

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19 
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9 
16 

23 

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16 

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10 

20 
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12.  53 

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12.  22 

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12 .39 
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12.41 
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12.37 
12 .36 
12.33 
12.45 
11.33 
II  .41 
12. 3o 
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12. 26 
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1 2 .  26 
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9.39.45 
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9.39.  8 
9.42.45 

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9.38.26 
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MESURES  ABSOLUES  DE  L'LNCLLNAISON,  EN  1903  ET  1906. 
Dates.  lleures.  Inclinaison.  Dates.  Heures.  Inclinaison. 


Mai. 

6 
i3 

iii'3o"' 
11.28 

1   12''  0" 
1 1 .  58 

54''i9'  2" 
54.  8.i3 

.  en 

Nov. 

4 
1 1 

811,5  m 

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.     81' 5o'» 
14.   8 

53°5i'29" 
54.  5.26 

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20 

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11.43 

54.12.47 

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18 

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27 

11.18 

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25 

i3. 20 

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54.    6.12 

Juin. 

3 

11.40 

12.   8 

54.  6.22 

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Dec. 

2 

12.   8 

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1 1.43 

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12.   5 

12.35 

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2  3 

12.27 

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54.  3.17 

Juill. 

1 

12 .20 

12.45 

54.13. 38 

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12.18 

12.53 

54.11.37 

8 

1 1 .40 

12 .  20 

53.56.28 

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Janv 

6 

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12.57 

54.16.16 

21 

11.10 

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54.  3.29 

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20 

12.25 

12. 5i 

54.  5.26 

29 

12 .  23 

1 2 .  46 

54.  3.16 

27 

12.23 

i3.   0 

54.  7-  0 

Août 

.  5 

11.   4 

11.35 

54.  2.27 

_  r 

Févr 

.    3 

12  .20 

12.47 

54.17-38 

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14 

11.35 

12. 20 

54.  3.52 

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12.55 

54.24.  4 

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26 

II.   4 

11.34 

54.13.41 

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24 

12.21 

12.55 

54-  4.i5 

Sept 

I 

8. II 

8.45 

54.  3.54 

Mars.  3 

12.23 

12.53 

54.13. 36 

9 

1 1 .  20 

12.20 

54.16.52 

10 

11.12 

11 .39 

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1      ..  'Oi 

16 

12.19 

12. 52 

54.  2.38 

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1 1 .5o 

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54.15.48 

2  3 

12.21 

12.52 

53.49.41 

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24 

12.12 

12.39 

54.  9.56 

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i3.   8 

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53.58.23 

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11. i5 

1 1 .40 

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54.12.40 

21 

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13.43 

54.  7.18 

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21 

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i3.   8 

13.45 

54.  7->5 

28 

12. i3 

12.45 

51.20.36 

SÉANCE    DU    28    MAJ     I906. 


II81 


MESURES  ABSOLUES  DE  LA  COMPOSANTE  HORIZONTALE,  EN  1905  ET   1906. 


Composante       [ 

Composante 

Date 

s. 

Heures . 

horizontîi 

le. 

Dates. 

Heures. 

horizontale. 

Mai. 

5 

12''  0™   i 

I2''27™ 

0,2554a  \ 
0, 25556  1 

..  ^ 

Nov.     4 

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14I1  5'" 

0,25476  ]  ..  vr 
0,23^67   (    >,-^ 

12 

II. 41 

12.10 

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1 1 

9.15 

9 -50 

19 

11.46 

12.  12 

0,25437  i 
0,25491  / 

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18 

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0,25340  i  =15 
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26 

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12.26 

25 

9-49 

10. 17 

Juin 

2 

11.33 

12.  14 

0,25419  \ 

Dec.      I 

13.34 

14.   2 

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9 

12.   3 

12.35 

0,25558  1 

7 

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0,25454  /    "^ 

16 

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0,25552  \ 

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19 

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11.34 

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29 

12.39 

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0,25479  / 

JuilL 

7 

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12.39 

0,25410  \ 

0 

Janv.    5 

12.34 

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0,20523  \    ..  0 

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13.47 

0,25476  f 

12 

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12.16 

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12.38 

0,25441  i 
0,25460  ; 

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19 
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12.41 

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0,25548      *  0 

Août 

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12.  20 

0,25430  \ 
0,255o8  1 

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Févr.    2 

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0, 25440  \  .  0 
0,25454  /    ^% 

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1 1 .40 

12.23 

9 

12.  37 

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18 

25 

12.14 
11.16 

12.44 
11.45 

0,25443  i 
0,25458  j 

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Sept 

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12.     9 

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Mars.  2 

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0,35408  \ 

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0,25491  1 
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23 

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0,25383  \ 

So- 

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3o 

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0,25490  / 

3o 

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0,25429  / 

Oct. 

7 

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13.49 

0,25406  \ 

0,25522     ' 

,,  t^ 

Avril.  6 

12.27 

12.59 

o,a545i   \    .,  r^ 

'4 

9.40 

10.    q 

.    Cl 

10 

12.34 

i3.    7 

0,25478  (    ;;,'4 

21 
28 

9-42 
9. II 

10.18 
9-4i 

0,25496    \ 

0,2  5566  ,' 

,5  "3 
S  0 

20 

27 

12.26 
12.26 

12.57 
12. 54 

o,255oi  \  l'S 
0,25441   ■'        0 

1.  Dti  mois  de  mai  igoS  au  moi  d'avril  de  l'année  suivante,  la  déclinaison 
a  diminué  de  12'.  Le  maximum  a  lieu  en  mai,  le  minimum  en  avril.  Détail 
qui  mérite  d'être  noté  :  D'après  Irois  années  consécutives  d'observations 
à  Tananarive,  la  déclinaison  subit  régulièrement  un  minimum  au  mois  de 
février. 

2.  Pendant  cette  période  de  12  mois,  l'inclinaison  a  augmenté  de  5'45". 
Le  maximum  s'est  produit  en  avril  1906,  le  mimimum  en  septembre  igoD. 

3.  La  variation  annuelle  de  la  composante  horizontale  serait  plus  faible 
de  0,00039.  ^^'^  ^  atteint  son  maximum  en  janvier  et  son  minimum  en 
mars  de  la  même  année. 


M.  Bertlv  fait  hommage  à  l'Académie  d'une  Note  sur  la  protection  des 
navires  contre  les  torpilles  automobiles. 

M.  A.  Haller  fait  hommage  à  l'Académie  d'une  brochure  intitulée  : 
Etude  sur  la  constitution  des  savons  du  commerce  dans  ses  rapports  avec 
la  fabrication,  par  François  Merklen,  ouvrage  dont  il  a  écrit  la  Préface. 


II02  ACADEMIE     DES    SCIENCES. 


NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  l'élection  d'un  correspon- 
dant pour  la  section  d'Astronomie,  en  remplacement  de  M.  J.  Perrotiii. 
Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  34, 

M.  Charles  Trépied  obtient. 3i  voix. 

M.  Verschaffel 3     — 

M.  Charles  Trépied  est  élu  Correspondant  de  l'Académie. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une  Com- 
mission de  deux  Membres  qui  sera  chargée  de  la  vérification  des  comptes 
de  l'année  précédente. 

MM.  Emile  Picard  et  H.  Moissax  réunissent  la  majorité  des  suffrages. 


CORRESPONDANCE. 


M.  LE  Mevistre  DE  rlxsTRUCTiOA  PERLiQLE  communique  à  l'Académie 
une  lettre  de  M.  le  Consul  général  de  France  à  Naples,  relative  à  l'éruption 
du  Vésuve,  accompagnée  du  texte  et  delà  traduction  d'une  Communication 
présentée  à  l'Académie  Royale  des  Sciences  de  Naples  par  MM.  Bassani  et 
Galdieri. 

M.  le  SECRÉTAIRE  Perpétuel  signale  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  l'ouvrage  suivant  : 

Note  sur  le  dirigeable  mixte  «  Wellmaii  Chicago  Record  Herald  Polar 
Expédition  »  (Présenté  par  M.  Janssen). 


SÉANCE    DU    28    MAI     I go6.  II 83 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  propriétés  qui,  pour  les  fonctions  d'une 
variable  hi/perco/nplexe,  correspondent  à  la  monogénéité. 

Note  de  M.  L.ÉOX  Autoxae,  présentéepar  M.  Jordan. 

Les  propriétés  générales  des  quantités  hypercomplexes  sont  aujourd'hui 
bien  connues.  Aussi,  pour  toutes  explicalions,  nous  nous  bornerons  à  ren- 
voyer, par  exemple,  au  Mémoire  de  M.  Frobenius,  «  Théorie  der  hyper- 
komplexen  Gi'ossen  »  dans  les  Sitzungsberichte  de  l'Académie  de  Berlin, 
pour  avril  190,3. 

Dans  un  groupe  (s),  aux  n  symboles  £„  ,  a,  |3  ^  i,  2,  ...,  n  , prenons: 
i°la  variable  .r  =S  £3  .r^  où  les  Xa,  sont  des  nombres  réels  ou  complexes, 
coordonnées  de  .r  ;  2°  la  quantité  X  +  S  £„  X„  (.r,...,  Xr,  )  =/'  {{x))  fonction, 

a 

par  définition,  de  la  variable  x.  Existe-t-il  quelque  propriété  rappelant  la 
monogénéité  ? 

Si  X,  N,  X  sont  des  quantités  complexes,  la  monogénéité  consiste,  comme 
on  sait,  en  ce  que  fZX  ^=  udx.  M.  Scheffers  [Comptes  rendus,  mai  iSgS)  a 
reconnu  que  cela  ne  pouvait  subsister  que  dans  les  groupes  à  multiplica- 
tion commutative.  Voyons  ce  qui  se  passe  si  (s)  est  un  groupe  simple;  par 
conséquent  n  =  /'.  La  multiplication  n'étant  plus  commutative,  udx  est  à 
remplacer  par  uxlx.v.  De  pareilles  expressions  u.dx.v  ne  se  réduisent  pas 
ensemble,  au  moins  en  général,  et  le  problème  se  formule  ainsi  :  mettre 
fZX  ^:  S  £..  fZX„  sous  la  formes  «j  .  dx.Vi  ,  \i^^  i, i,...,^\,^  éiAn\.  minimum. 

et  i 

Il  existe  une  matrice  n-aire  "^V,  oii  chacun  des  n-  éléments  est  une 
expression  S  c„j    "^"    ,    les  constantes   c»^  étant   connues   sans    ambiguïté 

«  dès  que  (s)  est  donné.  »  N  est  le  rang  de  '^.  Vis-à-vis  du  changement  des 
symboles  s,  N  se  comporte  comme  un  invariant,  ainsi  que  les  «  Elementar- 
teiler  »  (Weierstrass)  du  faisceau  de  matrices  p  SV  +''^^'- 

Prenons  X  =:  f  [{x)) ,  x  = 's  {[2/))  d'oùX  =  F  {(y))-  Comment  se  comporte 
'^  dans  ce  changement  de  variable? 

Soient  respectivement  u  ,  v  ,  w  les  matrices  "^  pour  les  fonctions  f  »,  F. 
Les  ir  éléments  de  ?<,  i> ,  t^»  sont  les  coordonnées  dans  un  certain  groupe  [ez), 
d'ordre  n-  et  simple,  de  quantités  hypercomplexes  U  ,  V ,  W  .  «  On  a, 
dans  (se),  W  =  UV.  » 


Il84  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Cet  ensemble  de  propriétés  permet  de  nommer  l'entier  N  «  indice  de 
monogénéité  ». 

Pour  construire  toutes  fonctions  à  indice  N  donné,  il  faut  annuler  dans 
"^  tous  les  déterminants  (N-j-  i)  — aires  et  intégrer  le  système  d'équations, 
obtenu  ainsi,  aux  dérivées  partielles  du  premier  ordre.  Voici  la  solution 
pour  N  =  I ,  c/X  =  u  .  d.r  .  v. 

On  peut,  comme  on  sait,  affecter,  dans  (s),  les  x  et  les  s  d'un  double  indice 
i  a  ,  j3  ,  y ,  0:^  i,a...., /•;  7/  =''^i,  de  façon  que  le  groupe  (s)  soit  isomorphe 
sans  hémiédrie  au  groupe  des  matrices  /-aires 

/  .fn   -t'i,' 

(^)=        

\  ■l';-l     C,.^^ 

Il  y  a  quatre  types,  pour  N  ==  i,  de  fonctions  X=:  S  £„5  X.,s  (ru Vrr)- 

«s 

I.  —  X  =  K.rL  +  i\I  ;  K,  L,  ■M  =  const.  dans  (e). 

II.  —  X  =  N  £„i  X„i  (4),  t^  =  2J^<'  ■^?''  ^'^«?  =  const.  ; 

«  p 

X„i  (/)  =  fonction  arbitraire  de  t. 

III.  —  X  =  \  £i5  X|j  (.ru,  ,ri2,  ...,  .ri,.),  X^  =  fonct.  arbitr. 

5 

IV.  — X=^£.5X««(w);X,s  {i)^f-nAl-)p^  {i)dt;  M  =  -f  {q^,q,,...,  q.,,  ...,  q,.), 
«s 

q^z^  \  /ip  Xp^,  /ip  =  const.  ;  /■,„.  {l),  ps  {l),  '|  =  fonctions  arbitraires. 

N  étant  quelconque,  pourquelamatrice'^soitsymétrique,  il  faut  et  il  suf- 
fit qu'en  posant  Y/  =  ^  gim  Xm,  gi,n  =  const.,  l'expression 

m 

\  Y/f/.r;  )  l,  m  =  i,  2,  ...,  Il* 

i 

soit  une  différentielle  exacte,  les  gi„,  ne  dépendant  que  du  groupe  (e). 


SÉANCE  DU  28  MAI  I906.  Il85 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  une  classe  particulière  de  fondions  Q.  Note 
de  M.  HEARY  BOURGET,  présentée  par  M.  Emile  Picard. 

1.  —  Considérons  une  série  absolument  convergentes;/,,.  La  série 
^(~îr)""  '  *^^^^  laquelle  D  désigne  un  nombre  entier  positif  ou  négatif  et 
i-Tj)  1(?  symbole  Legendre-Jacobi  (ou  il — \u„  si  D  est  pair)  est  absolu- 
ment convergente  en  même  temps  que  la  première  ;  (-fr)  étant  -)-  i,  —  i 
ou  0.  Si  la  série  S;/,,  définit  une  transcendante,  il  est  loisible  de  consi- 
dérer avec  elle  les- autres  transcendantes  définies  par  SZ-r— j»„. 

Les  recherches  de  théorie  des  nombres  de  Dirichlet  et  de  ses  succes- 
seurs montrent  assez  l'importance  d'une  telle  considération. 

Je  voudrais  signaler  ici  les  faits  intéressants,  nouveaux,  je  pense,  qui 
se  présentent  quand  on  applique  cette  idée  générale  aux  séries  ?!  de 
Ja(;obi. 

2.  —  Je  me  bornerai  uniquement  au  cas  de  D  >  o  et  ^  i  mod.  4i  sans 
diviseur  carré  ;  réservant  les  résultats  analogues  correspondant  aux 
diverses  hypothèses  sur  D  pour  un  travail  plus  étendu.  J'aurai  donc  à  con- 
sidérer les  séries  suivantes  : 

^^3    (^')  =  2    2,     (17)  (J"'  ''OS  2«  T.C 

1  II 

00 

Go  (c)  =  ^  /  ( —  0"  (irj'j'"'  ^'^^  ^"  "'' 
I  ji 

G,  (t^)  =  2  \     (it)  ?       *        ^'^^  (^"  +  ■)  "'' 

1     n 

^•i  (<')  =  2  2^  (—  i)"  (^3  j  q       1-      sin  (27i  +  i)  -r 


1    n 


avec 


Si  l'on  groupe  les  termes  de  ces  séries  en  comprenant  dans  un  même 
groupe  les  termes  correspondant  aux  valeurs  de  n  donnant  le  même  résidu 
s  mod.  D,  elles  deviennent 


Il86  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

D-  1 


(■,  =  D  (i>-\-s'. 


1      5 

D  -  1 
1     « 

1)  -  1 


i'„  =  D  (t;  4-  s't) 


1)  —  1  -    n^^ 

•  SI  LJ    k 

,  2S    -]-     I    D 


i    s 

3.  —  Ces  expressions  qu'on  peut  modifier  encore  un  peu  en  utilisant  les 
formules  de  transformation  des  fonctions  o  nous  montrent  immédiatement 
que  les  transcendantes  entières  Ta-  satisfont  aux  deux  équations  fonction- 
nelles 

(A)         H  (i.  +  ,  )  =  ç  F,  (^,)  (B)      ç,  ((.  +  Dt)  =  r,  /.-  -  -  D  (2.  +  D.)  ç^  (^) 

,  +  I  si  /.■  =  3,o  i  +  '  si  /i  =  3,2 

r  —  I  SI  /r  =  a,i  r  ■ —  i  si  k  =  o,i 

ou  en  posant 

Dt  =  w 

(A')       e,  (,>+.)=  E  ç,  ((^)  (B')     r^,  {i'  +  co)  =  Y,  e  -  -■  ■>  (^"  +  D,)  p,  ((,) 

Or  ces  dernières  équations  sont  précisément  les  équations  de  définition 
des  fonctions  B  d'ordre  D,  de  rapport  de  périodes  w  et  de  caractéristiques 

(o,o),        (o,i),        (i,o),        (l,l). 

Les  fonctions  désignées  par  2\  {y)  sont  des  fonctions  0  cVordre  D.  Il 
paraît  remarquable  que  l'introduction  d'un  symbole  arithmétique  permette 
en  isolant  ces  fonctions  de  la  totalité  des  fonctions  0  d'ordre  D  d'en 
donner  une  expression  analytique  si  simple  et  si  différente  de  leur  expres- 
sion connue  à  l'aide  des  &  du  premier  ordre. 

4.  —  On  peut  démontrer  que  les  fonctions  T;,  (c)  obéissent  à  des  lois 
simples  de  transformation.  Envisageons,  en  effet,  ces  fonctions  comme  des 
fonctions  0  de  Tordre  D,  c'est-à-dire,  comme  fonctions  de  v  et  de  Dt  =  w, 
on  a  les  formules 


et 


SÉANCE    DU     28    MAI     igo6.  II87 


a^) 


Les  formules  (C)  sont  immédiates,  mais  les  formules  (D)  sont  plus 
cachées.  J'ai  eu  recours  pour  les  établir  à  la  théories  des  fondions  réci- 
proques de  Cauchy. 

On  remarquera  l'analogie  parfaite  de  ces  formules  (G)  et  (D)  avec  les 
formules  de  transformation  des  fonctions  Sr.  On  peut  donc  dire  :  Les  fonc^ 
tiens  T/c  (c,  co)  se  comporlent  vis-à-vis  des  substitutions  (w,  lo  -j-  D), 
No,  —  • — J  comme  les  fonctions  o   vis-à-vis  des  substitutions  (w,   w  4-  i), 

5.  —  Si  incomplètes  que  soient  ces  recherches,  il  me  semble  que  ces 
fonctions  Ta-  [v,  w)  doivent  jouer  un  rôle  important  dans  la  théorie  des 
sommes  de  Gauss  et  dans  la  théorie  des  fonctions  modulaires. 

En  ce  qui  concerne  ces  dernières  et  par  suite  les  formules  déduites  des 
précédentes  en  faisant  v  =  o,  ]e  dois  dire  qu'elles  ont  été  déjà  données 
par  Slieltjes  [Verslagen  te  Amst.  Akademie,  i886]  sans  démonstration  et 
que  les  principes  sur  lesquels  il  s'est  appuyé  pour  les  établir  se  trouvent 
dans  une  lettre  à  Hermite  [Correspondance  Hermite-Stieltjes,  lettre  86]. 
C'est  l'étude  de  cette  démonstration  qui  m'a  conduit  aux  formules  (D). 

PHVSIQUK.  • — ■  Résistance  des  éleclroli/les  pour  les  courants  de  haute  fré- 
quence. Note  de  MM.  Aadré  Bkoca  et  S.  TtacHWi,  présentée  par 
M.  H.  Becquerel. 

La  théorie  de    Lord   Kelvin  relative   h    la    résistance   des   conducteurs 

G.  R.,  1906,  i"  Semeslre.  (T.  CXLII,  N»  22.)  I  56 


Il88  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

cylindriques  pour  les  courants  de  haute  fréquence  conduit,  dans  le  cas  des 
métaux,  à  des  résultats  qui  présentent  avec  l'expérience  des  différences  sys- 
tématiques, comme  nous  l'avons  montré  il  y  a  un  an  [Comptes  rendus^ 
t,  CXL,  p.  1228).  iVous  avons  repris  ces  expériences  en  nous  adressant  aux 
électrolytes,  pour  lesquels  la  théorie  doit  s'appliquer  comme  pour  les 
métaux,  espérant  trouver  des  divergences  analogues.  La  difficulté  était 
seulement  de  réaliser  un  conducteur  électrolytique  assez  gros  pour  que 
les  effets  de  concentration  à  la  surface  pussent  s'y  produire,  malgré  la 
faible  conductibilité  de  ces  corps.  Nous  avons  opéré  sur  un  cylindre  de 
6'^"  de  diamètre  et  de  lo*^""  de  long  et  nous  avons  eu  des  résultats  nets  en 
employant  l'eau  acidulée,  à  partir  d'une  concentration  suffisante. 

Nous  avons  commencé  par  vérifier,  au  moyen  de  notre  électrodynamo- 
mètre précédemment  décrit,  qu'un  ampèremètre  à  fil  chaud  spécialement 
construit  pour  les  courants  de  haute  fréquence  donnait  des  indications 
exactes  dans  les  limites  de  période  entre  lesquelles  nous  avons  opéré  ; 
cela  a  rendu  les  déterminations  ultérieures  beaucoup  plus  faciles.  Les 
perturbations  dues  à  la  fréquence  deviennent  négligeables  dans  le  cas  de 
fils  aussi  fins  que  ceux  qui  sont  employés  dans  ces  appareils. 

Le  principe  de  la  méthode  est  le  même  que  dans  notre  étude  des  fils  métalliques.  On 
mesure  d'une  part  l'intensité  eflîcace  du  courant  de  haute  fréquence,  et  d'autre  part  ré- 
chauffement qu'il  produit  dans  le  conducteur  électrolytique,  en  le  traversant  pendant 
une  minute.  On  recommence  l'expérience  en  mesurant  réchauffement  produit  dans  ce 
même  conducteur  par  un  courant  alternatif  à  ^-s  périodes  passant  pendantlemême  temps 
et  ayant  la  même  intensité  efficace.  Le  rapport  des  deux  échauffements  donne  le  rapport 
des  résistances  du  conducteur  pour  le  courant  de  haute  fréquence  et  pour  le  courant 
alternatif  ordinaire.  Nous  admettons  que,  pour  la  très  basse  fréquence  de  celui-ci,  la 
résistance  est  la  même  qu'encourant  continu,  etnouspouvonspar  son  emploi  nous  mettre 
à  l'abri  des  phénomènes  d'électrolyse. 

Pour  mesurer  réchauffement  dû  au  passage  du  courant,  le  tube  qui  contient  le  liquide 
est  muni  d'un  tube  capillaire  latéral,  dans  lequel  on  mesure  l'ascension  du  liquide 
échauffé.  Le  courant  est  amené  dans  l'appareil  par  deux  larges  électrodes  de  platine  de 
6'^'"  de  diamètre.  Tout  l'appareil  est  soigneusement  enveloppé  de  coton  pour  le  mettre  à 
l'abri  des  courants  d'air.  On  commence  toujours  par  lire  pendant  quelques  minutes  la 
marche  normale  de  réchauffement  ou  de  refroidissement  de  l'appareil  et  on  opère  quand 
cette  marche  est  bien  constante  et  ne  dépasse  pas  le  vingtième  de  réchauffement  attendu. 

On  peut  voir  que,  dans  les  circonstances  où  nous  sommes,  les  effets 
observés  sont  dus  uniquement  à  l'échauflement,  et  que  les  modifications 
chimiques  n'y  entrentpour  rien.  Nous  avons  en  effet  des  électrodes  abso- 


SÉANCE    DU    28    MAI     I906.  I189 

lument  symétriques  et  toutes  les  réactions  réversibles  par  nature  sont 
éliminées  par  le  fait  même.  S'il  s'en  passe  qui  ne  le  soient  pas,  elles  ne 
peuvent  non  plus  avoir  d'action  sensible.  M.  Rothé  a  montré  en  effet  que 
les  électrodes  prenaient  au  bout  d'un  très  petit  nombre  de  cycles  de 
potentiel,  un  état  permanent,  qui  correspond  à  un  cycle  de  polarisation 
toujours  identique  à  lui-même.  D'ailleurs,  quand  la  dilution  devient  assez 
grande,  le  fait  que  les  deux  espèces  de  courant  donnent  la  même  chose 
semble  bien  prouver  qu'il  en  est  ainsi.  De  plus,  dans  le  cas  du  sulfate  de 
cuivre  les  résultats  sont  les  mêmes  avec  des  électrodes  en  cuivre  et  avec 
des  électrodes  en  platine. 

Nous  avons  ainsi  obtenu  le  résultat  suivant,  en  appelant  R/^la  résistance 
en  haute  fréquence  et  Rc  la  résistance  à  basse  fréquence,  supposée  égale 
à  celle  qui  existe  en  courant  continu. 

Eau  acidulée  très  étendue  et  sulfate  de  cuivre  -^  =  i. 


EAU    ACIDULEE 

I 
10 

R/- 
Rc 

Fréquence 

3  000  000 

0,77 

2  000000 

0,9 

5  00  000 

0,8 

190  000 

0,8 

EAU    ACIDULEE 

Au  maximum  de 

oonduclibililé 

Fréquence 

Rc 

3  000000 

0,79 

I  000000 

0,71 

900  000 

0,71 

Sooooo 

0,7£ 

190  000 

0,71 

En  somme,  nous  arrivons  à  ce  résultat  surprenant  : 

Quand  la  conductibilité  est  suffisante  pour  permettre  l'observation  d'un 
changement  de  résistance  d'un  électrolyte,  réchauffement  de  celui-ci  est 
moindre  avec  le  courant  de  haute  fréquence  qu'avec  le  courant  de  basse 
fréquence  de  même  intensité  efficace,  contrairement  à  ce  que  la  théorie 
semble  faire  prévoir. 

PHYSIQUE.  —  Tubes  à  rayons  X,  à  régulateur  automatique.  Note 
de  M.  G.  Berlemoxt,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

Ce  nouveau  tube  est  basé  sur  le  réglage  automatique,  en  se  servant  de 
l'anticathode  comme  osmo-régulateur. 

Un  tube  de  platine  soudé  sur  l'anode  correspond  à  l'extérieur  du  tube 
et  est  terminé  par  un  robinet  surmonté  d'une  petite  ampoule  contenant  du 
coton  mouillé. 


II90  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

Lorsque  le  lube  devient  trop  dur  au  gré  de  l'opérateur,  on  ouvre  le 
robinet  une  ou  deux  secondes.  L'anode  qui  est  au  rouge  est  en  contact 
avec  l'air  humide  qui  a  passé  sur  le  coton  mouillé. 

Par  dissociation,  il  se  forme  de  rhj'drogène  qui,  par  osmose,  passe  au 
travers  de  l'anode  et  permet  ainsi  de  diminuer  la  dureté  du  tube.  On  peut 
faire  baisser  par  ce  moyen  un  tube  de  a  ou  3""  d'étincelle  équivalente,  à 
chaque  manœuvre  de  robinet. 

Un  tube  durci  à  20""  d'étincelle  équivalente,  a  été  ainsi  ramené  à  2""  par 
manœuvres  successives  du  robinet. 

Un  autre  avantage  est  que  le  petit  volume  de  gaz  qui  reste  dans  la  canali- 
sation entretienne  tube  dans  un  état  constant  pendant  une  assez  longue 
durée,  ce  qui  permet  ainsi  à  l'opérateur  de  pratiquer,  soit  une  radiographie, 
soit  une  radiothérapie,  avec  plus  de  sûreté. 

CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  Variations  cVélat  éprouvées  par  le  carbone  amorplie 
sous  V influence  de  la  température  cl  sous  radian  d'oscillations  de  te/npé- 
rature.  Note  de  M.  o.  Maxville,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

Si  l'on  prend  un  carbone  amorphe,  qu'on  le  réduise  en  poudre  et  qu'on 
ait  soin  de  le  débarrasser  de  tous  les  gaz  renfermés  dans  sa  masse,  par 
l'action  combinée  du  vide  et  de  la  chaleur,  on  constate  que  ce  carbone, 
placé  dans  un  courant  d'oxygène,  donne  naissance,  lorsqu'on  élève  sa 
température,  à  de  l'anhydride  carbonique  et  à  de  l'oxyde  de  carbone,  dont 
les  températures  de  formation  dépendent  de  la  nature  du  carbone,  de  son 
état  physique  et  chimique,  de  la  vitesse  du  courant  d'oxygène  et  du  temps. 
M.  Moissan (')  a  fait  connaître  la  température  de  formation  de  l'anhy- 
dride carbonique  par  combinaison  directe  du  carbone  et  de  l'oxygène, 
en  opérant  sur  de  la  braise  de  boulanger  débarrassée  des  gaz  occlus.  De 
ses  expériences  il  résulte  qu'à  une  pression  voisine  de  la  pression  atmo- 
sphérique, le  carbone  amorphe  en  présence  de  l'oxygène  donne  naissance 
vers  100°  à  de  l'anhydride  carbonique  et  que,  si  la  proportion  d'anhydride 
formée  vient  à  augmenter,  ce  gaz  est  accompagné  de  traces  d'oxyde  de 
carbone. 

Nos  recherches  ont  porté  sur  du  fusain  dont  la  teneur  en   carbone   était   égale  à 
89  p.  100.  Ce  fusain,  réduit  en  poudre,  avait  été  tamisé  et  soumis  à  un  traitement  préli- 

(')  Moissan,  Comptes  rendus,  t.  CXXXV,  p.  921.  Séance  du  i"  décembre  190a. 


SÉANCE    DU    28    MAI     I90G.  HQ! 

minaire  poui'  le  débarrasser  de  tous  gaz  occlus.  Placé  dans  un  courant  d'oxygène  dont 
le  débit  était  d'environ  un  litre  par  heure,  l'expérience  constate  que,  par  combinaison 
directe  du  carbone  et  de  l'oxygène,  il  se  forme  :  1°  de  l'anhydride  carbonique  ;  2°  de 
l'oxyde  de  carbone  dont  les  températures  de  formation  sont  :  85°  pour  CO-  et  i\n° 
pour  CO  (1). 

Si  maintenant,  on  porte  ce  carbone  dans  le  vide,  de  la  température  là"  à  la  tempéra- 
ture 350°,  puis  qu'on  l'y  laisse  refroidir  lentement,  lexpérience  constate  que  ces  points 
de  réaction  se  déplacent  à  chaque  oscillation  de  température  ;  ce  déplacement  n'est  pas 
indéfini  ;  le  point  de  réaction  tend  vers  une  température  limite  à  partir  de  laquelle  le 
carbone  semble  garder  un  état  invariable,  du  moins  tant  qu'on  le  soumet  aux  mêmes 
oscillations  de  température.  Ainsi,  pour  le  carbone  des  expériences  précédentes,  nous 
avons  constaté  qu'après  20  oscillations  (iS"  —  'îSo")  la  température  de  formation  de 
l'anhydride  carbonique  était  240°  et  celle  de  l'oxyde  de  carbone  3oo°. 

A  partir  de  ce  moment,  les  points  de  réaction  ne  subissent  plus  de  déplacement  bien 
sensible  ;  mais  si  on  vient  à  porter  ce  carbone  dans  le  vide  à  une  température  de  /|Jo°, 
puis  qu'on  l'y  laisse  refroidir  lentement,  l'expérience  constate  un  abaissement  notable 
des  points  de  réaction,  qui  deviennent  97°  pour  CO^  et  220°  pour  CO. 

Le  carbone  étant  ensuite  soumis  à  une  nouvelle  série  d'oscillations  de  température 
identiques  aux  premières  (iS"  —  'ioo"),  ces  points  de  réaction  se  déplacent  à  nouveau  et, 
après  20  oscillations,  ils  sont  245°  pour  CO-  et  307°  pour  GO.  De  l'ensemble  de  toutes 
nos  expériences  résulte  l'énoncé  des  propositions   suivantes  : 

I.  Etant  tloiiiié  un  carl^one  amorphe,  pris  dans  un  état  ph^'siqiie  et  chi- 
mique bien  déterminé,  si  on  le  porte  dans  le  vide  d'une  température  ini- 
tiale To  à  une  température  finale  T,,  pour  le  laisser  ensuite  refroidir  lente- 
ment de  la  température  Tj  à  la  température  T»,  et  cela  autant  de  fois  qu'on 
le  voudra,  puis  qu'on  le  soumette  à  un  courant  d'oxygène  d'une  vitesse 
telle  que  les  réactions  aient  le  temps  de  s'accomplir  réellement,  il  se  pro- 
duira, par  combinaison  directe  de  l'oxygène  et  du  carbone  :  i"  de  l'anhy- 
dride carbonique,  2°  de  l'oxyde  de  carbone.  A  une  pression  donnée,  les 
températures  de  formation  de  ces  deux  gaz  varient  d'une  expérience  à  la 
suivante  ;  elles  semblent  atteindre  des  valeurs  limites  qui  demeurent 
indépendantes  du  temps  et  dit  nombre  des  oscillations  de  température  entre 
To  et  Tj,  auxquelles  on  soumettra  le  carbone  à  partir  de  ce  moment. 

II.  Cet  état  limite  étant  atteint,  si  l'on  porte  pendant  un  temps  déterminé 
ce  carbone  dans  le  vide  de  la  température  T„  à  une  température  T^,  supé- 
rieure à  T,;  puis  qu'on  le  laisse  refroidir  lentement  dans  le  vide  de   cette 

(')  Le  réactif  employé  pour  déceler  l'anhydride  carbonique  était  l'eau  de  baryte  ; 
l'oxyde  de  carbone  était  reconnu  par  la  réaction  de  M.  A.  Gautier  (acide  iodique  et 
chloroforme). 


II92  ACADÉMIE     DES    SCIENCES. 

température  T,  à  la  température  T„  et  qu'ensuite  on  recommence  sur  lui 
une  nouvelle  série  d'oscillations  de  température  comprises  entre  les 
limites  T„-T,,  on  constate  : 

1°  Que  par  le  fait  de  la  perturbation  T^-To,  les  points  de  réaction  de 
l'anhydride  carbonique  et  de  l'oxyde  de  carbone  se  sont  déplacés  ;  que 
les  températures  qui  les  caractérisent  ont  pris  des  valeurs  inférieures 
aux  valeurs  limites  qu'elles  avaient  atteintes  avant  la  perturbation  Tj-T^, 
mais  supérieures  toutefois  aux  valeurs  initiales  qu'elles  avaient  dans  la 
première  expérience. 

■2°  Les  choses  étant  dans  cet  état,  si  Ton  effectue  une  nouvelle  série 
d'oscillations  entre  les  limites  T„,  Tj,  l'expérience  indique  un  nouveau 
déplacement  des  points  de  réaction  avec  tendance  vers  de  nouveaux  points 
limites,  dont  les  valeurs  sont  un  peu  supérieures  aux  valeurs  limites 
atteintes  dans  la  première  série  d'expériences. 

III.  Si,  sur  ce  deuxième  état  limite,  on  effectue  une  nouvelle  perturba- 
tion Tj-T^  d'une  durée  égale  à  la  première,  on  constate  un  nouveau  dépla- 
cement des  points  de  réaction  de  l'anhydride  carbonique  et  de  l'oxyde  de 
cai'bone.  Les  températures  de  réaction  prennent  des  valeurs  inférieures  à 
celles  qu'elles  avaient  dans  le  deuxième  état  limite,  mais  supérieures 
toutefois  à  celles  qu'elles  avaient  dans  l'expérience  identique  faite  sur  le 
premier  état  limite. 

Si,  sur  ce  nouvel  état  de  carbone,  on  effectue  une  nouvelle  série  d'oscil- 
lations de  température  entre  les  limites  T^-Tj,  le  phénomène  constaté  dans 
les  expériences  précédentes  se  reproduit  ;  les  points  de  réaction  de  l'anhy- 
dride carbonique  et  de  l'oxyde  de  carbone  sont  à  nouveau  déplacés  et 
les  températures  qui  les  caractérisent  tendent  vers  de  nouvelles  limites 
qui  sont  un  peu  supérieures  aux  températures  limites  atteintes  dans  les 
deux  premières  séries  d'expériences. 

IV.  Si  l'on  fait  varier  les  limites  des  oscillations  de  température,  cette 
variation  entraîne  une  variation  correspondante  de  la  température  limite. 

Pour  deux  oscillations  d'amplitudes  différentes  T„-T,,  T„-T'j,  oi^i  T',  <  T,, 
la  température  limite  relative  à  l'oscillation  T„-Tj  est  plus  élevée  que  la 
température  limite  relative  à  l'oscillation  T„-T'i. 

Ces  propositions  ne  s'appliquent  qu'aux  différences  d'état  présentées 
par  un  carbone  amorphe  à  une  même  température  quand  on  passe  d'une 
oscillation  à  une  autre,  mais  elles  ne  nous  donnent  aucun  renseignement 
sur  les  différences   d'état   que   peut   présenter    ce  carbone  à  une   même 


SÉANCE     DU    28    MAI     I90G.  I  1 9^ 

température  dans  l'intervalle  d'une  même  oscillalion.  Autrement  dit,  pour 
une  même  température  t,  comprise  entre  les  limites  /■„,  T,,  cVune  même 
oscillation,  le  carbone  amorphe  passe-t-il  par  le  même  état  lorsqu'on  le 
chauffe  lentement  de  T^  à  T,,  ou  lorsqu'on  le   laisse  refroidir  lentement   de 

r,  à  T,? 

L'expérience  constate  qu'à  une  même  température  l'état  du  carbone 
n'est  pas  le  même  lorsqu'on  le  chauffe  ou  lorsqu'il  se  refroidit.  Si  de  l'anhy- 
dride carbonique  commence  à  se  former  d'une  manière  sensible  à  la  tem- 
pérature de  85°  lorsqu'on  chauffe  le  carbone  de  T„  à  T^,  il  se  forme  en 
plus  grande  quantité  lorsque,  durant  le  refroidissement  de  T,  à  T,„  le  car- 
bone repasse  par  la  température  85°;  il  faut  atteindre  la  température  60° 
pour  que  la  vitesse  de  formation  de  l'anhydride  carbonique  pendant  la 
phase  de  refroidissement  soit  égale  à  la  vitesse  de  formation  à  85°  pendant 
la  phase  d'échauffement. 

Si  l'on  répète  les  mêmes  expériences  pour  chaque  oscillation,  on  constate  toujours 
une  différence  d'état  du  carbone  lorsqu'il  repasse  par  une  même  température  à  l'aller, 
puis  au  retour  d'une  même  oscillation.  Si  l'on  prend  comme  terme  de  comparaison  une 
certaine  vitesse  de  formation  de  l'anhydride  carbonique  et  si  Ion  désigne  par  '1  t,,  "c^i,... 
les  températures  auxquelles  cette  vitesse  est  atteinte  durant  la  phase  d'échauffement  en 
la  i''',  2",  3"  oscillation  et  par  ti,  /21  ti---  les  températures  auxquelles  cette  vitesse  de 
formation  est  atteinte  dans  la  phase  de  refroidissement^  toutes  les  conditions  expérimen- 
tales restant  les  mêmes,  on  constate  : 

1°  Que  les  températures  t,,  T2,  T3...  tendent  vers  une  certaine  limite  t„ 

2°  Que  les  températures  <i,  t,,  tj...  tendent  aussi  vers  une  certaine  limite  /„. 

3°  Que  la  limite  t„  correspond  à  une  température  qui  est  toujours  plus  élevée  que 
celle  qui  correspond  à  la  limite  /„. 

CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  Phosphites  acides  d'aminés  cycliques  primaires. 

Note  de  M.  P.  Lemoult. 

Dans  le  but  d'étudier  les  particularités  signalées  antérieurement  dans 
l'action  du  trichlorure  de  phosphore  sur  quelques  aminés  primaires 
cycliques  [Comptes  rendus,  t.  CXXXVIII,  1904,  P-  1220),  j'ai  été  amené  à 
préparer  et  à  isoler  les  produits  de  l'action  ménagée  du  PCl^  sur  ces  aminés. 

Ceux-ci,  qui  paraissent  très  complexes,  subissent  entre  autres  une 
décomposition  par  fixation  des  éléments  de  l'eau,  qui  engendre  les  phos- 
phites acides  des  aminés  en  question;  ces  composés  ne  me  paraissent  pas 
avoir  été  décrits  jusqu'ici  et  seraient  peut-être  assez  difficiles  à  obtenir  par 


Iiq4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

combinaison  directe  des  bases  avec  l'acide  phosphoreux  tandis  qu'on  les 
obtient  de  suite  et  très  facilement  par  le  procédé  indirect  dont  l'exposé 
fait  l'objet  de  cette  Note. 

Dans  une  solution  éthérée  étendue  d'aniline  par  exemple  (6  molécules  au  moins)  on 
verse  peu  à  peu  et  en  refroidissant  avec  soin  une  solution  éthérée  de  PCP  (i  mol.);  il 
se  fait  de  suite  un  précipité  blanc  cristallin  de  chlorhydrate  que  l'on  sépare  par  essorage 
et  qu'on  lave  à  l'éther  anhj'dre.  Les  liqueurs  éthérées  réunies  sont  abandonnées  à  elles- 
mêmes  de  manière  à  être  en  contact  avec  l'humidité  atmosphérique  et  elles  ne  tardent 
pas  à  déposer,  aux  dépens  des  produits  phosphores  solubles  qu'elles  contenaient  au 
début,  des  cristaux  blancs,  parfois  très  volumineux  qu'on  sépare  facilement  du  liquide 
et  qu'on  peut  purifier  par  cristallisation  dans  l'alcool  à  95°.  Cette  hydratation  se  fait 
avec  un  dégagement  de  chaleur  sensible,  car  si  son  essaie  de  l'accélérer  en  versant 
de  l'eau  dans  la  liqueur  éthérée,  celle-ci  entre  en  ébullition  et  dépose  une  bouillie  cris- 
talline confuse  qu'on  purifie  par  l'alcool. 

En  employant  le  chloroforme  comme  diluant,  la  réaction  est  un  peu  dif- 
férente ;  ici  encore  il  se  dépose  du  chlorhydrate  d'aminé  exempt  de  com- 
posés phosphores  et  la  liqueur  filtrée,  puis  concentrée  au  bain-marie  laisse 
déposer  une  substance  qui  s'hydrate  facilement.  En  présence  de  l'humidité 
atmosphérique  et  à  température  ordinaire,  l'hydratation  est  lente  et  com- 
porte diverses  étapes,  mais  A'ers  100°,  celle-ci  est  rapide;  elle  donne  de 
l'aniline  et  un  corps  solide,  cristallisant  très  bien  dans  l'alcool  après 
lavage  à  l'éther;  il  est  identique  à  celui  qui  a  été  obtenu  avec  l'éther 
comme  diluant. 

Les  corps  ainsi  obtenus  sont  des  phosphites  acides  dont  ta  composition 
est  représentée  par  PO^H%  RAztl"  et  dont  la  nature  a  été  établie  par  les 
réactions  suivantes.  La  liqueur  aqueuse  obtenue  en  mettant  ces  corps  en 
solution  alcaline  et  en  entraînant  l'aminé  par  la  vapeur  d'eau  présente 
les  réactions  des  phosphites  (pas  d'action  sur  So^Gu,  transformation  des 
sels  mercuriques  en  sels  mercureiix,  réduction  en  Ag  métallique  de  l'azo- 
tate d'argent)  :  ces  mêmes  liqueurs,  oxydées  par  un  courant  de  chlore 
ou  par  du  brome,  donnent  des  ortho-phosphates  dont  l'évaluation  donne 
la  teneur  en  jihosphore  des  composés  étudiés;  l'aminé  obtenue  peut  être 
d'autre  part  dosée  soit  par  diazotation  et  copulation  avee  le  j3-naphtol  soit, 
s'il  s'agit  de  l'aniline,  par  l'eau  de  Jérôme. 

•  Ces  phosphites  fondent  très  régulièrement  en  donnant  des  liquides  clairs 
incolores  se  soliditiant  par  refroidissement;  mais  si  on  chauffe  au  delà  de 
la  fusion,  il  y  a  décomposition  :  il  se  dégage  l'aminé. RAzH- accompagnée 


SÉANCE    DU    28    MAI     I906.  ÏIQ^ 

d'un  gaz  que  l'on  identifie  facilement  avec  le  PH''  [Comptes  rendus  t.  GXXXIX, 
1904,  p.  478)  et  il  reste  dans  le  ballon  une  masse  sirupeuse  cristallisant  à 
froid  et  d"où  on  peut  extraire  un  peu  d'aminé,  du  phosphite  intact  et  de 
l'acide  o.  phosphorique  ;  il  y  a  donc  eu  formation  d'aminé  et  d'acide  phos- 
phoreux libres,  ce  dernier  subissant  par  la  chaleur  la  décomposition 
bien  connue. 

Ces  phosphites,  insolubles  dans  l'éther,  le  chloroforme,  le  benzène,  sont 
solubles  sans  décomposition  dans  l'alcool  d'où  ils  cristallisent  très  bien  à 
froid  et  sont  également  solubles,  mais  avec  décomposition,  dans  l'eau  ; 
l'évaporation  du  liquide  ne  reproduit  pas  les  cristaux  initiaux  ;  mais  l'ad- 
dition de  beaucoup  d'alcool  à  la  solution  aqueuse  dépose  des  cristaux  de 
phosphites  de  même  composition  que  le  corps  initial,  mais  de  forme  cris- 
talline différente. 

a)  Phosphite  acide  d'aniline  PO'H',  C^H^AzH^  =  175.  Très  belles  aiguilles  généra- 
lement colorées  d'une  manière  très  légère  en  vert  ou  en  rose,  ou  gros  cristaux  brillants 
fondant  à  179°.  L'analyse  de  ce  corps  a  donné  : 

p.    100  C  H  ANILINE 

par  P-O'Mg^  (Analyse  éléine_iitaire) .  Az  (par  Br). 

17,85  et  17,72       41,22  et  41,32       5,82  et  5,87       8,20  et  8,i5         53,70         Trouvé. 
17,71  4', 14  5,71  8,00  53,14         Calculé. 

jMis  en  solution  aqueuse  et  précipité  par  l'alcool,  ce  phosphite  se  présente  en  petites 
paillettes  fondant  également  à  179°  ,  et  la  même  solution  aqueuse  évaporée  en  présence 
d'aniline  donne  encore  des  paillettes,  mais  de  composition  différente,  puisqu'elles  con- 
tiennent 9,9(5  p.  100  d'azote  (Théorie  pour  le  phosphite  neutre  PO^H^,  2  C'H°AzH"  : 
io,')'|  p.  100  d'Az). 

QJJ3 

b)  Phosphite  acide  d'o.  toluidine.  PO^H^,  CH'/  =   189. 

\VzH-, 
Très  belles  aiguilles  incolores  fondant  à  174°,  se  décomposant  vers  '200°  et  tout  à  fait 
analogues  au  composé  précédent. 

.(CH»)L. 

c)  Phosphite  acide  d'as.  m.  xylidine  :  PO'>H^,  CH*/  =  2o3. 

\AzH^ 

Fines  aiguilles  incolores  fondant  un  peu  plus  bas  que  les  précédentes,  à  17.4°  et  pré- 
sentant les  même  caractères. 

En  résumé,  l'action  ménagée  du  PCP  sur  les  aminés  cycliques  primaires  en  présence 
d'éther  ou  de  chloroforme  donne  des  produits  phosphores  solubles  dans  ces  dissolvants 
et  dont  l'hydrolyse  fournit  très  commodément  les  phosphites  acides  PO^H',  RAzH-  des 
aminés  employées. 

C.  R.,   190D,   i"  Semestre.  (T.  CXLII,  N"  22).  l57 


Il()6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

CHIMIE  MINÉRALE.    —    Sur   le  poids   alomique  absolu   du   terhium.    Note 

de  M.  G.-D.  Hevrichs. 

La  détermination  du  poids  atomique  du  terhium  par  M.  G.  Urbain,  pré- 
sentée par  feu  P.  Curie  [Comptes  rendus,  t.  CXLII,  1906,  p.  957)  m'a  vive- 
ment intéressé.  L'élément  est  très  rare,  l'expérience  de  M.  Urbain  sur  le 
fractionnement  est  connue  et  les  pesées,  étant  données  sans  décimales 
imaginaires,  inspirent  confiance.  La  valeur  159,22  donnée  par  AI.  Urbain 
dépend  des  valeurs  H  =  1,007  etS  =  82,06  employées  dans  ses  réductions. 

Depuis  1892  j'ai  tâché  de  démontrer,  dans  les  Comptes  rendus  et  dans 
des  ouvrages  spéciaux,  l'erreur  des  réductions  ordinaires  (voir  Comptes 
rendus,  t.  GXL,  1900,  p.  1390).  Appliquons  notre  méthode  aux  pesées 
de  M.  Urbain  pour  déterminer  le  poids  atomique  absolu  du  terhium. 

M.  Urbain  a  pesé  le  sulfate  cristallisé  (SO'')'Tb-,  8(H^0)  =  700  et  le  même 
après  dessiccation  complète  (SO*)^  Tb"  =  606.  Posant  pour  O  ==  16,  II  ==  i, 
S  =  32,  Tb  =  159  exactement. 

Alors  le  rapport  alomique  de  l'opération  chimique  sera 

r,    ,„   .        anhydre  606  „    „ 

hultate  — i — .    ^.    =  — -, —  =  o.bosoo. 

hydrate  ■jbfi 

Les  rapports  analytiques  se  tirent  des  pesées  de  jM.  Urbain.  Nous  les 
calculons  avec  5  décimales.  'Vexcès  analytique  est  l'excès  de  ces  rapports 
analytiques  sur  le  rapport  atomique,  exprimés  en  unités  de  la  cinquième 
décimale.  Voici  les  résultats  : 

Bccluciion  malhvinatique 
(M.  G,-D.  Hinrichs). 


Tr 

avail  de  lahora 
(M.  G.  Urbain 

loii-e 

)■ 

l'racti 

on 

Sulfate 
hydraté 

pesé 
anhydre 

I 

2,0407 

^1,6489 

2 

I ,9626 

1,5859 

3 

2,258o 

1,8245 

4 

2,2385 

1,8087 

5 

2,0037 

I ,6190 

Rapport 

Exc&s 

analytique 

analytique 

0,80802 

+    2 

806 

+  6 

802 

-4-  2 

801) 

0 

800 

0 

On  voit  que  les  deux  fractions  les  plus  pures  de  M.  Urbain  s'accor- 
dent jusqu'à  la  cinquième  décimale  avec  notre  rapport  atomique.  Donc  le 
vrai  poids  atomique  du  terhium  est  bien  169  exactement,  si  les  pesées  de 
M.  Urbain  sont  acceptées  comme  il  les  a  publiées. 

De  plus,  la  moyenne  des  trois  premières  fractions  est  io/3  par  excès. 
jNIais  on  trouve  aisément  que  l'unité  de  la  cinquième  décimale  du  rapport 


SÉANCE    DU     28    MAI     I906.  I  197 

analytique  correspond  à  0,02  dans  le  poids  atomique.  Donc,  la  moyenne 
des  trois  premiers  rapports  correspondrait  à  une  augmentation  de  poids 
atomique  de  0,066,  c'est-à-dire  à  159,07.- 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Contribution  à  l'étude  des  ferrolungstènes  purs. 
Note  de  M.  Em.  Vigouroux,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

Dès  1903,  nous  avons  exposé  nos  premiers  résultats  sur  les  ferromolybdènes  purs  (') 
et  tout  récemment  nous  venons  d'en  continuer  la  publication  (-);  nous  ferons  connaître 
aujourd'hui  quelques  points  touchant  les  ferrotungstènes  purs,  corps  ayant  été  l'objet 
d'une  première   étude  publiée  en  190'i  (•*). 

Dès  r8i'|,  Berthier  ('')  forma  des  alliages  de  fer  et  de  tungstème  ;  en  i86'{,  Leguen  (^) 
observa  que  les  fontes  fondues  avec  du  wolfram  se  rapprochent  de  l'acier;  en  i868, 
Garon  [''}  confirma  l'augmentation  de  pux'eté  des  aciers  wolfrauiés  ;  en  i883,  Griiner  (') 
remarqua  que  de  tels  aciers  s'oxydent  moins  que  les  aciers  ordinaires  ;  en  1887, 
Osmond  (*)  observa  que  le  tungstème  retarde  le  changement  moléculaire  du  fer  et  la 
recalescence;  en  1896,  ^loissan  (")  prépara  un  alliage  Al  Tu  qui  céda  facilement  du 
tungstème  à  l'acier  fondu.  De  nombreux  auteurs  tels  que  Philip  ('"),  BernouUi  ('^), 
Oxland(*-),  Guittot  et  Chavannes(^^),  Heppe  ('•)  vinrent  confirmer  ou  augmenter  ces  con- 
naissances. On  a  publié,  en  outre,  de  nombreuses  formules  de  composés  définis  :  Poleck 
et  Griitzner  ('"J,  en  1893,  d'un  échantillon  des  usines  de  Bierman,  retirèrent  des  cristaux 
durs /^c"  Tu-.  S.-J.  de  Beuneville  ('*),  l'année  suivante,  y  reconnut  un  corps  de  composi- 
tion voisine  de  Fe^Tu-.  En  1897,  Norton  (")  analysa  un  alliage  très  dur;  ses  chiffres  cor- 
respondraient à  peu  près  à  Fc  Tu'.  Cette  même  année,  A.  Carnot  et  Goûtai  (")  isolèrent 

(')  Société  des  Sciences  physiques  de  Bordeaux,  5  février  kjo'J. 

(^)  Comptes  rendus.^  t.  GXLII,  p.  88g  et  p.  9'.i8. 

(')  Société  des  Sciences  pliysiques  de  Bordeaux,  i  décembre  igoS. 

(')  BEiiTHiEit,  Annales  de  ctiimie  et  pliysique,  XLIV  et  Annales  des  Mines,  l'i!^. 

(°)  Leguen,    Comptes  rendus,  t.  LYI,  p.  !J()'i,    i863. 

(')  Caron,  Annales  de  c/iiinie,  série  3,  t.  LXVIII,  p.   i/,3,   iSGS. 

C)  GniJNEU,  Comptes  rendus,  t.  XCVI,  p.  igS,  i883. 

('j  Osmond,  Comptes  rendus,  t.  GIV,  p.  gSS,  1887. 

(')  MoissAX,    Comptes  rendus,  t.  i2i,  p.  i3o2,  1896. 

('»)  Philips,  J/ofman's  Ind.,  p.  748. 

{'■'■)  Bernoulli,  An.  Pli.  Cliein.  Pog.,  t.    iii,  p.  J73,  1860. 

('-)  OxLAND,  /.  Ec.Polytech  ,   i8.j8. 

(")  GciTTOT  et  Chavanne,  D.  R.  P.,  1881. 

("•)  Heppe,  Chem.  Cent.  Bl.,  i56,  1887. 

[^'"j  Poleck  et  GiiiiTZNER,  Dcut.  cliem.  Gesellschaft,  t.  XXVI,  p.  36,  1893. 

('^)  S.  J.  DE  Beuneville,  Journ.  of  Chem.  Soc,  t.  XVI,  p.  ■.497,  189',. 

(")  Norton,  Journal  ofam.  Soc,  t.  XIX,  p.  iio,  1897. 

{'*)  A.  Carnot  et  Goutal,  Comptes  rendus,  t.  CXXV,  p.  2i3,   1897. 


IIC)8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

d'un  ferrotungstène  à  6  p.  loo,  le  corps  Fé^Tu  et,  d'après  eux,  Behrens  trouva  dans  des 
ferrotungstènes  à  5o  p.  loo  des  octaèdres  de  formule  approchée  Fe^Tu. 

Nos  ferrotungstènes  sont  engendrés,  dans  des  creusets  en  magnésie, 
par  voie  aUiminothermique  avec  de  l'oxyde  de  fer  pVéparé  par  le  procédé 
indiqué  à  propos  des  ferromolybdènes  et  de  l'oxyde  de  tungstène  retiré  du 
tungstate  d'ammoniaque  très  pur;  par  calcination,  puis  réduction  dans 
l'hydrogène,  au-dessous  de  ^00°,  nous  produisons  l'oxyde  inférieur,  voisin 
de  TuO-. 

Premier  essai  :  oxyde  de  fer  noir  :  400'^''  ;  —  oxyde  inférieur  de  tungstène  : 
So^"'  ;  aluminium  :  90^''.  —  Deuxième  essai  :  oxyde  de  fer  noir  :  400^''  ;  oxyde 
inférieur  de  tungstène  :  i5o^'';  aluminium  :  Io5^^ —  Troisième  essai  :  oxyde 
de  fer  noir  :  600^';  oxyde  inférieur  de  tungstène  :  3oo^'' ;  aluminium  :   190'^'^. 

Nous  formons  ainsi  trois  culots,  exempts  d'aluminium,  accusant  à  l'ana- 
lyse des  teneurs  en  tungstène  de  2,3o  p.  100  pour  le  premier  essai, 
6,21  pour  le  second  et  46,25  pour  le  troisième.  Ces  trois  lingots  parfaite- 
ment homogènes  sont  mous  (le  premier  s'écrase  facilement  sous  le  mar- 
teau), peu  cassants,  grenus  ou  lamellaires,  paraissant  d'autant  moins 
cassants  et  d'autant  moins  lamellaires  que  la  proportion  de  fer  s'y  trouve 
en  quantité  plus  grande.  Le  barreau  aimanté  les  influence,  mais  son  action 
paraît  diminuer  à  mesure  que  le  tungstène  augmente.  L'acide  chlorhy- 
drique,  même  étendu,  les  attaque  vivement,  surtout  à  une  douce  chaleur  ; 
du  fer  seul  entre  en  solution;  il  ne  passe  à  la  longue  que  de  très  faibles 
quantités  de  tungstène  qui  finissent  par  colorer  la  liqueur  en  bleu.  L'eau 
régale  les  détruit  péniblement  en  dissolvant  le  fer  et  déposant  de  l'acide 
tungstique  qui  entrave  de  plus  en  plus  son  action.  Nous  soumettons  ces 
trois  culots  à  l'action  de  l'acide  chlorhydriqne  de  façon  à  éliminer  le  fer 
libre.  Le  n"  i  n"a  abandonné  que  des  Ijoues  noirâtres,  contenant  du  fer  et 
du  tungstène,  mais  comme  elles  étaient  altérées,  nous  n'en  avons  pas  pour- 
suivi l'étude.  Le  n°  2  a  laissé  un  abondant  résidu  cristallin,  dans  lequel  la 
teneur  en  tungstène  était  montée  de  6,21  à  67  p.  100.  Du  culot  n°  3,  l'acide 
chlorhydriqne  a  détaché  des  fragments  métalliques,  lamellaii"es,  cristallins 
dans  lesquels  la  teneur  en  tungstène  était  passée  de  46,26  à  68,41  p-  100. 
Ces  différents  résidus,  épuisés  par  l'acide  chlorhydrique,  puis  soumis  à 
l'analyse,  répondaient  à  la  formule  Fe^Tu". 

Ce  corps,  à  aspect  métallique,  se  présente  souvent  sous  forme  de  lauies  hrillanles  ; 
densité  à  o  :  i3,  8y  (dens.   th.  :  r3,i8)  ;  n'est  pas  sensiblement  magnétique.    Le  chlore 


I 


SÉANCE    DU    28    MAI     I906.  I  1 99 

l'attaque  très  vivement  dès  35o°  sans  laisser  de  résidu;  l'oxygène  sec  ne  l'oxyde  qu'à 
partir  du  rouge  très  vif;  l'acide  chlorhydrique  gazeux,  même  au  rouge  vif,  n'agit  que 
faiblement.  Les  acides  chlorhydrique  et  azotique  en  solution  n  ont  pas  d'action  sensible; 
celle  de  l'eau  régale  est  faible,  de  même  celle  de  l'acide  suUurique  qui  ne  s'exerce 
qu'avec  ce  liquide  concentré  et  bouillant.  Le  bisulfate  de  potasse  au  rouge  sombre  l'atta- 
que rapidement;  c'est  son  meilleur  dissolvant.  Le  chlorate  de  potassium,  même  en 
décomposition,  agit  peu  ;  l'azotate  ne  l'attaque  qu'à  partir  du  rouge,  il  y  a  alors  incandes- 
cence; les  carbonate  alcalins  le  désagrègent  au  rouge  vif. 

Conclusion.  —  i°  Par  voie  aliiminolhermique,  nous  préparons  des  fers 
wolframés  dans  lesquels  la  teneur  en  tungstène  atteint  46,20  p.  100  ;  — 
2°  ces  ferrotungstènes  purs,  épuisés  par  l'acide  chlorhydrique  étendu  qui 
s'empare  de  la  totalité  de  leur  fer  lihre  uniquement,  abandonnent  un  corps 
dans  lequel  la  teneur  en  tungstène  monte  et  se  maintient  à  un  chiffre 
constant  voisin  de  68,70  p.  100,  chiffre  correspondant  à  Fe'Tu^. 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Combinaisons  de  l'iodure  mercuvique  et  de  la  niono- 
mélliy lamine  libre.  Note  de  M.  III.4.1'KIC'ë  Fraxçois,  présentée  par 
M.  H.  Moissan. 

Après  avoir  décrit  dans  une  précédente  communication  les  iodomer- 
ctirates  de  monométhylamine,  je  me  propose  d'éttulier  les  combinaisons 
formées  entre  cette  base  libre  et  l'iodure  mercurique. 

Si  l'on  dirige  à  la  température  ordinaire  un  courant  lent  de  monométhy- 
lamine gazeuse  sur  de  l'iodure  merciu'ique  placé  au  fond  d'une  fiole,  c'est- 
à-dire  dans  des  conditions  où  la  méthylamine  reste  longtemps  diluée  par 
l'air  de  la  fiole,  on  observe  que  l'iodure  mercurique  se  transforme  en  une 
matière  blanche  pulvérulente.  Si  l'on  dirige  sur  l'iodure  mercurique  un 
courant  rapide  de  méthylamine  gazeuse,  c'est-à-dire  si  l'on  élimine  rapi- 
dement l'air,  on  voit  l'iodure  mercurique  devenir  luisant  par  places, 
s'échauffer,  puis  se  transformer  rapidement  en  un  liquide  trouble  très  dense. 

Au  premier  abord,  il  est  difficile  d'intei-préter  ces  résultats.  Ils  s'expli- 
quent par  ce  fait  que  la  méthylamine  forme  en  se  combinant  à  l'iodure 
mercurique  trois  composés  différents  :  deux  solides  à  faible  tension  de 
dissociation  et  un  liquide  plus  riche  en  méthylamine  et  possédant  une  ten- 
sion de  dissociation  considérable  à  la  température  ordinaire,  en  sorte  qu'il 
n'est  stable  qu'en  présence  de  méthylamine  gazeuse  presque  pure. 

Pour  préparer  ces  composés,  j'ai  suivi  la  marche  suivante  qui  les  donne 
successivement. 


I20O  ACADEMIE    DES    SCIENCES, 

On  remplit  d  iodure  raercurique  pur  et  sec  im  tube  à  analyse  organique  sur  presque 
toute  sa  longueur,  maintient  à  chaque  bout  l'iodure  mercurique  par  un  tampon  de  coton 
de  verre  et  élire  en  baïonnette  les  deux  extréuiilés  du  tube.  Ce  tube  étant  placé  horizon- 
talement sur  un  support  quelconque,  une  grille  à  analyse  par  exemple,  les  deux  baïon- 
nettes tournées  vers  le  haut,  et  étant  maintenu  à  la  température  ordinaire,  on  le  met  en 
communication  d'un  côté  avec  un  tube  contenant  de  laméthylamine  liquéfiée  pure,  sèche, 
et  parfaitement  exempte  d'ammoniaque  et  de  1  autre  côté  avec  un  très  petit  flacon  de 
Woulf  garni  d'une  faible  couche  de  mercure  qui  fonctionne  comme  appareil  de  sûreté  et 
renseigne  sur  la  quantité  de  méthjdamine  non  absorbée. 

En  laissant  la  méthylamine  se  réchauffer,  on  obtient  un  courant  de  méthylaminc 
gazeuse  qui  déplace  l'air  du  tube  et  ne  tarde  pas  à  se  combiner  à  l'iodure  mercurique  en 
formant  avec  grand  dégagement  de  chaleur  un  liquide  trouble.  On  continue  le  passage 
de  la  méthylamine  aussi  longtemps  qu'elle  est  absorbée,  on  transvase  alors  le  liquide 
trouble  dans  un  grand  tube  à  essai  portant  un  peu  au-dessous  de  son  extréujité  ouverte 
une  tubulure  latérale.  Cette  tubulure  et  le  tube  étant  parfaitement  bouchés,  le  tout  est 
abandonné  au  repos  pendant  /,8  heures  environ  ;  le  liquide  devient  parfaitement  limpide 
et  peut  être  décanté  par  la  tubulure  latérale. 

Saturé  de  nouveau  de  méthylamine  gazeuze  à  la  température  ordinaire,  ce  liquide  cons- 
titue le  composé  Hgl-  (CH^Az)°.  —  Ce  composé  liquide,  abandonné  à  lui-même  dans  un 
tube  insuffisamment  bouché  laisse  déposer  du  jour  au  lendemain  de  gros  cristaux  incolores 
qui  constituent,  après  séparation  de  la  partie  restée  liquide,  le  composé  HgP.  (CHvVz)-. 
Enfin,  ce  dernier  corps,  dans  certaines  conditions,  perd  une  nouvelle  quantité  de  méthyla- 
mine en  donnant  le  troisième  composé  Hgl-.  CI-pAz. 

1°  HgP  .  {CE''Azy.  —  L'aclion  de  la  méthylamine  gazeuse  sui'  l'iodure 
mercurique  produit,  ai-je  dit,  un  liquide  trouble  tenant  en  suspension  un 
précipité  blanc  sale  que  je  n'ai  pas  encore  étudié  suftisaminent,  mais  qui 
vraisemblablement  est  un  corps  du  même  type  que  l'iodure  de  dimer- 
cui'ammonium.  Or,  on  sait  que  la  formation  des  composés  de  ce  type  est 
accompagnée  de  la  production  de  l'iodhydrate  d'aminé  correspondant, 
lequel  doit  rester  en  dissolution  en  altérant  la  pureté  du  composé  liquide 
obtenu. 

Aussi,  pour  éviter  cette  cause  d'impureté,  ai-je  préparé  ce  corps  liquide 
en  prenant  des  cristaux  très  purs  du  composé  llgl".  (GH°Az)%  les  plaçant 
dans  un  très  petit  barboteur  tout  en  verre  et  dirigeant  sur  eux  à  la  tempé- 
rature ordinaire  un  courant  de  méthylamine  pure  jusqu'à  refus.  Au  pre- 
mier contact  avec  le  gaz,  les  cristaux  se  liquéfient  en  fournissant  un  liquide 
parfaitement  limpide  et  l'absorption  de  méthylamine  s'arrête  quand  une 
molécule  de  HgP  .  (CIPAz)-  a  fixé  trois  molécules  de  méthyalmine,  comme 
je  l'ai  constaté  par  des  pesées  successives.  En  etl'et,  i^'  de  Hgl'  .  (CH-Az)' 
a  fixé  o''''',H)9  de  méthylamine. 


SÉANCE  DU  28  MAI  I906.  I20I 

C'est  un  liquide  incolore,  se  solidifiant  en  cristaux  à  la  température  de 
—  46°,  se  conservant  indéfiniment  en  tubes  scellés,  perdant  de  la  méthyl- 
amine  à  l'air  en  donnant  le  composé  solide  HgP  .  (CFrAz)-.  Cette  décompo- 
sition est  limitée  en  vase  clos  ;  elle  obéit  aux  lois  de  la  dissociation.  La 
tension  de  dissociation  à  o"  est  égale  à  aSo""'  de  mercure;  elle  atteint  la 
pression  atmosphérique  vers  25°.  Je  n'ai  pu  déterminer  ses  valeurs  aux  dif- 
férentes températures,  parce  que  l'équilibre  entre  le  liquide,  les  cristaux 
déposés  du  corps  soluble  IlgP  .  (CIPAz)-  et  la  méthylamine  gazeuse  ne 
s'établit  que  très  lentement  et  que  je  ne  disposais  pas  de  températures 
suffisamment  constantes. 

a"  Hgl"  .  (CH^Az)-.  —  Pour  le  préparer,  on  introduit  le  composé  liquide 
limpide  HgP  ,  (CH°Az)°  dans  un  flacon  à  émeri  ;  on  recouvre  du  bouchon  en 
interposant  entre  ce  bouchon  et  le  goulot  une  fine  bande  de  papier. 
Lorsque  les  cristaux  qui  se  forment  par  perte  lente  de  méthylamine  sont 
devenus  volumineux  et  avant  qu'ils  aient  envahi  tout  le  liquide,  on  décante 
ce  liquide  et  sèche  les  cristaux  en  renversant  le  flacon.  En  opérant  ainsi, 
on  a  des  cristaux  isolés  et  les  impuretés  restent  dans  l'excès  de  liquide. 

Il  constitue  des  prismes  incolores  atteignant  lo"'"  de  longueur,  d'odeur 
ammoniacale.  Bien  qu'il  perde  de  la  méthylamine  à  l'air,  sa  tension  de  dis- 
sociation est  assez  faible  pour  qu'on  puisse  la  manipuler  à  l'air  libre  sans 
l'altérer.  Il  se  conserve  parfaitement  en  flacons  bouchés. 

Il  se  produit  encore  lorsqu'on  verse  une  solution  d'iodure  de  potassium 
saturée  d'iodure  mercurique  dans  une  solution  de  méthylamine  employée 
en  excès. 

3°  Hgl'  .  CH^\z.  — Lorsqu'un  poids  déterminé  du  composé  HgP.  (CH'Az)^ 
pulvérisé  est  placé  dans  une  nacelle  de  porcelaine  disposée  dans  un  tube 
de  verre  et  soumis,  à  la  température  ordinaire,  à  l'action  d'un  courant 
d'air,  on  observe  une  perte  de  méthylamine  qui,  d'abord  rapide,  devient 
lente,  puis  nulle.  Dans  une  expérience  a^",  107  ont  perdu  o^'',i26  de  méthyl- 
amine en  20  heures;  la  perte  a  été  nulle  pendant  les  12  heures  suivantes. 
Or,  2.107  contenaient  o^"', 253  de  méthylamine  dont  la  moitié  est  o^'",i265. 

Il  existe  donc  un  composé  de  formule  HgP  .  CH^Az. 

J'ai  encore  obtenu  ce  composé  en  enfermant  hermétiquement  dans  un 
flacon  à  large  ouverture  dont  le  fond  est  garni  d'une  couche  épaisse  d'io- 
dure mercurique,  une  petite  capsule  contenant  2*'', 494  du  composé  HgP. 
(CH'^Az)-  pulv.  Après  5  jours,  le  poids  de  la  capsule  est  devenu  constant 
et  n'a  plus  varié  pendant  les  20  jours  suivants.  La  perte  en  méthylamine  a 


I202  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

été  de  o^', if)3;  les  2^'",494  en  contenaient  o^^'^agg,  donc  la  moitié  est  o^^n^g^. 
Voici  comment  s'applique  cette  action  de  l'iodure  mercurique  : 
Si  Hgl' .  Cri"Az  est  le  composé  d'iodiire  mercurique  et  de  méthylamine 
possible  le  moins  riche  en  méthylamine  et  si  Ion  appelle  h  sa  tension  de 
dissociation,  il  est  évident  que  l'iodure  mercurique  ne  devra  absorber  la 
méthylamine  qu'autant  que  la  tension  est  supérieure  à  la  tension  de  disso- 
ciation h.  Il  doit  donc  ramener  le  composé  Hgl-(GH'Az)-  au  composé  immé- 
diatement inférieur,  sans  permettre  une  décomposition  plus  avancée.  — 
Ceci  est  vrai  théoriquement  en  l'absence  de  l'air  et  s'est  réalisé  pratique- 
ment malgré  la  présence  de  l'air. 

Le  composé  HgP  .  CH^Az  est  blanc  jaunâtre.  Il  ne  donne  de  l'iodure  mer- 
curique rouge  que  difficilement  par  une  très  longue  exposition  à  l'air.  Il 
se  produit  encore  quand  on  verse  une  solution  de  méthylamine  libre  dans 
un  excès  de  solution  d'iodure  de  potassium  saturé  d'iodure  mercurique.  II 
est  alors  cristallisé. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  quelques  dérwés  hydro-anlhracêniques.  Note 
de  M.  Marcel  Godchot,  présentée  par  M.  Haller. 

J'ai  montré  (')  que  l'oxydation  ménagée  de  l'octohydrure  d'anthracène, 
C'*H'%  fournit  deux  composés  hydro-anthracéniques  :  une  acétone,  l'hexa- 
hydro-anthrone,  G^'H'*0  et  un  alcool,  le  dihydro-oxanthranol,  C''*H^-0'\ 
J'ai  décrit  de  nombreux  dérivés  de  ces  composés  ;  la  présente  Note  a  pour 
but  de  faire  connaître  ceux  qu'ils  fournissent  par  hydrogénation. 

GHOH  CHOH 

Octohydro-anlhranol.(Z^W\  ^CH*    ou    CH"/  ^CHs.    —   Cet   alcool 

\   CH^  /  \   CH^  / 

s'obtient  par  hydrogénation  de  l'hexaliydro-anthrone  au  moyen  de  l'alcool  absolu  et  du 
sodium.  On  dissout  une  partie  d'hexahydro-anthrone  dans  lo  parties  d'alcool  absolu  ; 
à  la  solution  maintenue  au  bain-raarie,  on  ajoute  une  partie  de  sodium  ;  la  réduction  ter- 
minée, on  reprend  par  l'éther  ordinaire  l'huile  qui  surnage.  La  solution  éthérée,  lavée 
à  l'eau,  puis  sèchée  sur  du  sulfate  de  soude  sec,  est  évaporée  ;  la  masse  huileuse,  résul- 
tant de  l'évaporation,  ne  tarde  pas  à  cristalliser.  Par  des  cristallisations  répétées  dans 
l'alcool  faible,  l'octohydro-anthranol  s'obtient  dans  un  grand  état  de  pureté.  Les  rende- 
ments sont  très  voisins  de  ceux  indiqués  par  la  théorie. 

L'octohydro-anthranol  est  constitué  par  de  petites  aiguilles,  groupées  en  rosette,  lég-è- 
rement  jaunâtres,  fondant  vers  Si^-Sa".  Il  est  très  soluble  dans  les  dissolvants  usuels. 

(•)  M.  GoDCHOT,  Comptes  rendus  1905;   p.  25o--25i. 


SÉ.\>CK    DU     li8    MAI     J()oG.  120J 

Distillé  luèiue  dans  le  vide,  il  perd  une  molécule  d'eau,  en  dunnant  un  carbure  qui  se 
trouve  être  un  hexahydrure  d'antlii-acène.  La  même  transforuiation  s'effectue  dans  d'au- 
tres circonstances  :  une  solution  alcoolique  d'octohydro-anthranol,  maintenue  à  l'ébul- 
lition  en  présence  de  quelques  gouttes  d'HCl  concentré,  laisse  déposer  le  même  hexa- 
hydrure par  refroidissement  ;  il  en  est  de  nième,  si  on  chauffe  l'octohydro-anthranol  au 
contact  soit  d'anhydride  acétique  ou  benzoïque,  soit  de  chlorure  acétique  ou  benzoïque. 

NH.CH^ 
Uréthanc  pliénylique  de  focto/njdro-ant/iraiwl.  C0<^  .  —  Ce   corps  se    préci- 

^OC'-H'^ 
pite  lorsqu'à  une  solution  d'octohydro-anthranol  dans  l'éther  de  pétrole,  on  ajoute   de 
l'isocyanate   de  phényle  dissous  dans  le  même  dissolvant.  Par  cristallisations  répétées 
dans  l'acétone,  on  obtient  l'urélhane  tout  à  fait  pure.  Il  se  présente  alors  sous  la  forme 
de  belles  aiguilles  incolores,  fusibles  à  i5i°-i5'2°. 

Hexahydrure  (Vanthracèiie  'p,  CJ"W\  Ce  carbure  s'obtient,  au  moyen  de 
roctohydro-anthranol,  en  utilisant  une  des  réactions  de  déshydratation 
citées  plus  haut.  Il  cristallise  en  petites  tables,  incolores,  fondant  vers 
66°, 5.  Il  distille  sans  décomposition  vers  3o3°-3o6°,  sous  la  pression  ordi- 
naire. L'eau  ne  le  dissout  pas  ;  ses  meilleurs  dissoh'ants  à  chaud  sont 
l'alcool,  l'acide  acétique,  la  benzine  ;  les  solutions  présentent  une  très 
belle  fluorescence  bleue.  Il  est  l'isomère  d'un  hexahydrure  d'anthracène, 
obtenu  par  Grœbe  et  Liebermann  ',  en  hydrogénant  l'anthracène  ou  le 
dihydrure  d'anthracène,  au  moyen  de  l'acide  iodhydricjue  et  du  phosphore, 
en  tube  scellé  et  à  aSo".  Ces  deux  hexahydrures  présentent  des  propriétés 
très  différentes. 

L'hexahydrure  de  Grœbe  et  Liebermann  possède  une  des  deux  formules 

suivantes  :  C^H'/       ^CH'  oii  C.'W<(       ^CH'^  ;  on  peut  l'appeler  hexahy- 

drure  d'anthracène  y,  car  la  double  liaison  en  -,'  se  trouve  saturée  par  deux 
atomes  d'hydrogène.  L'hexahydrure  d'anthracène  y  perd  aisément  6  atomes 
d'hydrogène  dans  diverses  réactions,  oit  il  donne  des  dérivés  anthracé- 
niques  ;  par  exemple,  l'oxydation  chromique  le  transforme  en  anthra(|ui- 
none  ;  de  même,  sous  l'action  de  Cl  ou  de  Br,  il  perd  HCl  ou  HBr  et 
donne  le  dicliloro  ou  dibromo-anthracène  y.  Il  se  conduit  ainsi  comme 
l'anthracène  ou  le  dihydrure  d'anthracène. 

L'hexahydrure    d'anthracène,    obtenu     par    déshydratation    de    l'octo- 

hydro-anthranol,   possède   une    des   deux  formules    :    C''H"'<^   ||    /C'H'  ou 
(')  Gr.ï:be  et  Liebermann,  Liebigs  Ann.,  t.  Vil,  Suppl.,  p.  aiy. 

C.  R.,  1906,   1"  Semestre.  (T.  CXLII.  N»  22.)  I  58 


Ioo4  ACADEMIE     DES    SCIENCES. 

CH 

CHV    II   ^G'H';  pour  le  distinguer  de  son  isomère,  on  peut  le  désigner 

sous   le   nom  d'hexahydrure    fl.   Il  donne,   dans  diverses    réactions,    des 

dérivés  hydro-anthracéniques.   Oxydé  par  CrO^  il  forme  le  dihydro-oxan- 

thranol,  C'*H^-0-,  composé  que  j'ai  obtenu  antérieurement  par  oxydation 

de  C'H'*.  En  solution  acétique  on  chloroFormique,  il  fixe  2  atomes  de  Br 

ou  de  Cl,  sans  départ  d'HBr  ou  d'HCl,  en  donnant  des  composés  bromes 

CHBr.  /CUBr 

OU  chlorés,  tels  que  C^H'X  >Gni''  ou  C"ir<  >G»H^   Ces  dérivés 

^CUB./  ^CHBi/ 

halogènes    se   trouvent    être    identiques    aux   octohydrures    d'anthracène 

dibromé  ou  dichloré,  que  j'ai  préparés  précédemment  au  moyen  de  C"H'\ 

Ce  nouveau   mode    de  formation  permet  ainsi  d'être  fixé  sur  la    position 

des  atomes  de  brome  ou  de  chlore  dans  le  noyau. 

Tétrahydrurc  d'anthracèiie  y,  C'\\\         ^C'H'.  —  Il  s'obtient  par  hydro- 

C(OH) 
ffénation  du  dihydro-3-oxanthranoI,  C'HY      ||      >C'H',  au  moyen  de  HI.  Il 

^C(OH)^ 
suffit  de  maintenir  à  l'ébullition  pendant  une  heure  i  partie  d'oxanthranol 

avec  4  parties  d'HI  [d  =  1,7).  Le  tétrahydrure  d'anthracène  y  se  présente 

sous  la  forme  de  petites  tables,  incolores,  fusibles  à  101°.  Il  est  très  solubie 

dans  tous  les  dissolvants  usuels  ;  ses  solutions  ne  sont  pas  fluorescentes. 

L'oxydation    chromique    le  transforme  en    dihydro-p-oxanthranol  dont  il 

dérive.  Le  chlore  et  le  brome  réagissent  facilement  sur  ce  tétrahydrure, 

dès  la  température  ordinaire,   en  donnant  des  produits  de  substitution; 

avec   Br,  par  exemple,   on   obtient  un   dérivé  dibromé. 

CHBr 
.Télrahiidiure  d aalhrachie  y  diOro/né^CHX  >C'H'.  —  Ce  compose 

^CHBr/ 
cristallise  en  grandes  aiguilles  légèrement  jaunâtres,  fondant  vers   169°. 

Très  stable,    il  ne   cède    pas   de    brome  à  la  potasse  aqueuse    ou  alcoo- 
lique à   aijo".   Oxydé   par  CrO\  il   donne  le   dihydro-|i-oxanthranol. 

CHIMIE.  —  De  la  rapidité  d'absorption  des  odeurs  par  le  lait. 
Par  MM.  F.  Bordas  et  Toltplaix  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

On  sait  que  le  lait  possède  souvent  une  odeur  et  un  goût  plus  ou  moins 
désagréable  suivant  l'alimentation  quia  été  donnée  aux  animaux. 

On  a  observé  aussi  que  du  lait  provenant  d'animaux  bien  nourris  et  bien 
soignés  prend  facilement  les  odeurs  d'étables  lorsque  ces  locaux  ne  sont 


SÉANCE     nu     2iS     MAI     IC)0().  I20J 

pas  bien  tenus.  Il  en  est  de  même  pour  le  lait  exposé  dans  les  laiteries, 
fromageries,  etc.  Ce  liquide  acquiert  rapidement  les  odeurs  étrangères. 

Certaines  de  ces  odeurs  ont  une  tendance  à  se  fixer  sur  la  matière  grasse 
du  lait,  d'autres  sur  les  matières  alluminoïdes,  d'autres  enfin  se  dissolvent 
simplement  dans  le  sérum. 

Nous  avons  voulu  déterminer  la  rapidité  avec  laquelle  l'absorption  d'un 
corps  odorant  peut  se  faire  par  le  lait,  mais  une  première  difficulté  résidait 
dans  le  choix  du  corps  odorant  à  employer. 

Nous  avons  dû  laisser  de  côté  les  essences  ou  autres  produits  volatils 
parce  que  nous  ne  possédons  guère  de  réactifs  permettant  de  les  recon- 
naître surtout  à  l'état  de  traces. 

Nous  avons  également  éliminé  certains  gaz.  l'ammoniac  par  exemple, 
qui  pourrait  être  absorbé  par  le  lait  à  l'étable,  ce  qui  rendait  incertain  le 
résultat  d'une  expérience  portant  sur  de  très  faibles  doses  de  substance. 

En  définitive  nous  nous  sommes  arrêtés  à  l'aldéhyde  formique  ;  ce  produit 
en  effet  ne  peut  se  trouver  normalement  dans  le  lait.  Si  on  l'y  rencontre 
c'estqu'il  y  a  été  ajouté  frauduleusement  dans  un  but  de  conservation.  En 
outre  nous  possédons  un  certain  nombre  de  réactifs  permettant  de  le  déce- 
ler même  à  l'état  de  traces. 

Sans  entrer  dans  le  détail  de  la  technique  employée,  technique  très  simple  d'ailleurs, 
nous  constaterons  seulement  qu'au  bout  d'une  minute  d'exposition  dans  des  enceintes 
contenant  de  l'aldéhyde  formique,  le  lait  en  absorbait  déjà  des  quantités  notables. 

Dans   une    atmosphère    contenant  d'aldéhyde   formique   et    après    quelques 

minutes  d'exposition  le  lait  donnait  déjà  nettement  la  réaction  de  l'aldéhyde  formique. 

Les  échantillons  servant  à  ces  expériences  ont  toujours  été  comparés  à 
des  échantillons  témoins  placés  à  l'abri  de  toute  contamination.  Cette 
précaution  est  indispensable  non  seulement  à  cause  de  la  facilité  d'absorp- 
tion de  l'aldéhyde  formique,  mais  aussi  parce  que  nous  avons  constaté  que 
des  vases  ayant  contenu  de  l'aldéhyde  formique  en  solution  étendue,  puis 
rincés  plusieurs  fois  et  remplis  de  lait,  celui-ci  nous  a  encore  donné  très 
nettement  la  réaction  de  l'aldéhyde  formique. 

L'absorption  de  l'aldéhyde  formique  semble  se  faire  d'autant  plus  rapi- 
dement que  le  lait  servant  à  l'expérience  est  plus  fraîchement  recueilli. 
Cette  absorption  est  si  rapide  que  l'on  pourrait  songer  à  utiliser  le  lait  pour 
déceler  dans  l'air  des  traces  d'aldéhyde  formique. 


I20(')  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Sur  une  réaction  qualitative  du  phosphore. 
Note  de  M.  Mauricheau-Bealiprk  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

La  corrosion  très  nette  du  verre  en  fusion  par  les  vapeurs  d'acide  phos- 
phorique  m'a  conduit  à  rechercher  s'il  n'y  avait  pas  dans  ce  phénomène 
ime  réaction  caractéristique  permettant  de  déterminer  facilement  la  pré- 
sence du  phosphore  dans  les  gaz,  les  métaux  capables, de  le  dégager  à  l'état 
gazeux  et  les  composés  organiques.  Dans  les  conditions  suivantes,  sauf 
dans  les  cas  où  des  vapeurs  d'acide  fluorhydrique  peu  diluées  pourraient 
se  produire,  seuls  les  composés  du  phosphore  amenés  dans  une  flamme  à 
l'état  de  vapeurs  ont  la  propriété  de  dépolir  le  verre. 

Mode  opératoire.  —  Pour  ces  essais,  il  convient  d'employerune  flamme  courte  et  chaude, 
permettant  d'atteindre  d'une  façon  aussi  locale  que  possible  la  fusion  du  verre.  La 
flamme  de  lacétylène  brûlant  dans  un  bec  Bunsen,  celle  de  l'hydrogène  s'emploient  avec 
avantage.  Comme  ces  deux  gaz  renferment  toujours  de  l'hydrogène  phosphore,  il  est 
nécessaire  de  les  purifier,  ce  qui  s'obtient  facilement  par  leur  passage  dans  une  éprou- 
vette  à  pied  contenant  une  colonne  de  terre  d'infusoires  imprégnée  d'une  solution  con- 
centrée et  sulfurique  d'acide  chromique. 

Un  morceau  de  tube  de  verre  de  5  à  lo""  de  diamètre  enfilé  sur  un  fil  de  platine  est 
placé  au  sommet  de  la  flamme,  dans  la  zone  supérieure  d'oxydation.  Il  est  à  remarquer 
que  cette  condition  est  nécessaire  et,  par  exemple,  dans  une  flamme  contenant  de  l'hydro- 
gène phosphore,  on  constate  facilement  que  l'attaque  du  verre  n'a  lieu  qu'au  sommet  et 
sur  les  bords. 

En  même  temps  qu'il  est  dépoli,  le  verre  augmente  de  poids.  Tout  au  contraire,  quand 
la  réaction  n'a  pas  lieu  la  balance  indique  toujours  une  diminution  de  poids.  Des  tubes 
de  verre  d'à  peu  près  même  poids  et  de  môme  diamètre,  séchés  à  200°  et  pesés  ont 
accusé  les  différences  suivantes,  selon  que  la  flamme  contenait  ou  non  de  l'hydrogène 
phosphore.  Le  bec  employé  était  un  bec  Bunsen  brûlant  environ  'jd  litres  à  l'heure 
d'acétylène.   Ce  gaz  renfermait  55*^"'*  d'hydrogène  phosphore  par  100  litres. 

Flamme  pure.  Perte  \      .           /      •  1    j  a«z-     ,\ 

'                      1  0^,0017  (poids  du  verre,  o^%94) 

des  tubes   chauf-  /    ^^           /      •  ,     i  ^.    fx 

os%ooi    (poids  du  verre,  ii^',i5) 

fés  10  minutes  au  \  ki      ■\    a  c-  /  \ 

1  o^^ooiD  (poids  du  verre,  1 1^  ,47). 
rouge     .... 

Flamme     contenant 

de       l'hydrogène   i  o^^oooS  (poids  du  verre,    7^^,27)  \  Ces      tubes 


de       1  hydrogène   I  o^^oooo  (poids  du  verre,    7^^,27)  \  Ces      tubes 
pliosphoré.    Gain  /  0°', 001    (poids  du  verre,    6^',94)  /       étaient  pro- 
i  o^'',ooo2  (poids  du  verre,  i  is',4^)  l        fonder 
'  o^^ooi    (poids  du  verre,  I  i^%oi)  '       dépolis 


des  tubes  dépolis  i  o^'',ooo2  (poids  du  verre,  i  is',4^)  l        fondement 
chaufTcs     10    mi- 
nutes   au    rouge. 


SÉANCE    DU    28    MAI     IC)o6.  1 207 

En  recueillant  la  partie  dépolie  dans  la  flamme,  on  obtient  par  analyse  ifi'  718  p.  100 
de  phosphore. 

La  partie  du  verre  non  dépolie  ne  contient  pas  de  phosphore. 

Sensibilité  du  procédé.  —  En  diluant  de  l'acétylène  contenant  55  centi- 
mètres cubes  d'hj'drogène  phosphore  avec  de  l'acétylène  pur,  on  trouA'e 
que  10  centimètres  cubes  d'hydrogène  phosphore  par  loo  litres  d'acéty- 
lène fournissent  encore  une  action  tout  à  l'ait  nette  sur  le  verre.  On  décèle 
donc  ainsi  d'hydrogène  phosphore. 

10.000  j  n  i  r 

Dans  les  métaux  qui,  comme  le  fer,  peuvent  dégager  leur  phosphore 
sous  l'action  des  acides,  on  caractérise  ce  métalloïde  en  dirigeant  l'hydro- 
gène impur  produit  dans  la  prise  d'air  du  bec  Bunsen,  ou  en  brûlant 
directement  le  gaz  dans  un  bec  en  métal.  On  observe  par  ce  procédé,  sur 
le  verre  en  fusion,  une  action  très  nette  de  l'hydrogène  dégagé  par  l'acide 
sulfurique  pur  étendu  et  le  fil  de  clavecin. 

Les  composés  organiques  permettent  d'opérer  d'une  façon  beaucoup  plus 
simple.  Il  suffit  de  porter  sur  un  fil  de  platine  la  matière  à  analyser  au 
sommet  du  cône  bleu  dans  la  flamme,  en  plaçant  à  la  partie  supérieure  de 
celle-ci  un  tulje  de  verre.  Après  la  combustion  du  carbone,  dès  que  le  fil 
est  porté  au  rouge  vif,  l'attaque  du  verre  a  lieu  quand  la  matière  contenait 
du  phosphore.  Ainsi,  par  exemple,  le  jaune  d'œuf,  les  œufs  de  poisson, 
réagissent  très  nettement  dans  ces  conditions  pour  un  poids  de  matière 
infime.  Les  phosphates  volatils,  comme  le  phosphate  d'ammoniaque  don- 
nent le  même  résultat. 

Enfin,  la  réaction  ne  demandant  jamais  plus  d'une  à  deux  minutes,  il  n'y 
a  pas  à  tenir  compte  de  la  dévitrification  du  verre  par  la  chaleur.  Celle-ci 
n'a  pas  lieu  même  avec  dix  minutes  de  chauffe  au  point  de  ramollissement. 
L'acide  fluorhydrique  très  dilué  dans  un  gaz  combustible  n'altère  pas  le 
verre  en  fusion.  Les  composés  de  l'arsenic,  de  l'antimoine,  les  vapeurs 
d'acide  borique,  l'hydrogène  silicié  ne  produisent  que  des  dépôts  qui  ne 
peuvent  èfre  confondus.  Cette  réaction,  très  nette  pour  de  petites  quan- 
tités, peut  donc  servira  reconnaître  le  phosphore. 

CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Si/r  un  nouveau  procédé  d'analyse  microscopique 
des  farines  et  la  recherche  du  riz  dans  les  farines  de  blé.  Note  de 
M.  G.  G.*STIXE,  présentée  par  M,  L.  Maquenne. 

La  falsification  des  farines  et  des  semoules  de  blé  par  les  produits  cor- 


I2o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

respondants  du  riz  est  assez  fréquente.  J'ai  été  amené  en  vue  de  la  décou- 
vrir à  trouver  une  méthode  très  sensible  et  très  sûre  qui  met  en  évidence 
dans  les  farines  de  blé  ou  dans  les  semoules,  préalablement  transformées 
en  farine,  les  plus  faibles  traces  de  riz,  i  à  2  p.  100  par  exemple,  chiffres 
très  inférieurs  aux  taux  des  fraudes  usuelles. 

La  méthode  consiste  à  imprégner  la  farine  suspecte  d'une  solution 
colorante,  à  la  dessécher  ensuite  lentement,  à  l'exposer  durant  quelques 
minutes  à  la  température  de  iio-i3o",  enfin  à  l'examiner  au  microscope 
dans  une  goutte  d'essence  transparente  ou  dans  le  baume  du  Canada. 

A  la  suite  de  ce  traitement  le  hile  des  grains  d'amidon  se  montre  avec 
une  grande  netteté  sous  forme  d'une  ponctuation  de  couleur  rouge,  au 
moins  pour  certaines  variétés.  Les  grains  polyédriques  d'amidon  de  riz 
apparaissent  avec  un  hile  rougeâtre  très  distinct  et  relativement  gros  pour 
leur  taille  ;  l'amidon  de  blé  ne  présente  que  rarement,  au  contraire,  un 
hile  apparent.  Dans  les  farines  de  riz  les  grains  isolés  d'amidon  sont 
exceptionnels,  mais  l'apparition  du  hile  n'est  pas  moins  significative.  On 
observe,  d'une  part,  des  cellules  amylacées  ovoïdes,  ou  grains  composés, 
où  le  dessin  régulier  et  symétrique  des  ponctuations  rosées  marque  d'une 
manière  caractéristique  l'existence  du  riz.  De  l'autre,  des  fragments  plus 
ou  moins  gros,  souvent  aplatis,  comprenant  un  nombre  variable  de  ces 
cellules  amylacées,  où  la  même  symétrie  des  ponctuations,  vues  à  la  surface 
et  en  profondeur  par  transparence,  signale  avec  autant  de  précision  ces 
éléments  plus  complexes  de  la  farine  du  riz.  Ces  caractères,  déjà  visibles 
avec  un  grossissement  de  i5o  à  200  diamètres,  sont  surtout  nets  avec  un 
grossissement  de  600  à  65o.  Les  grains  montrent  alors  un  aspect  mùriforme 
tout  à  fait  typique,  ainsi  rjue  les  plaques  ou  fragments  de  la  farine  de  riz. 

L'amidon  du  riz  ou  du  blé  ne  se  colorent  pas,  mais  bien  la  substance 
azotée  qui  enveloppe  les  grains.  Il  en  résulte  une  coloration  sensible  pour 
les  fragments  de  farine  de  riz,  qui  comprennent  plusieurs  épaisseurs  de 
cellules  amylacées.  Les  grains  moyens  et  gros  d'amidon  de  blé  sont  à  peine 
cernés  par  la  couleur,  mais  les  groupes  de  petits  grains,  où  la  substance 
azotée  interstitielle  est  plus  abondante,  se  colorent  notablement,  ainsi  que 
l'aleiirone.  Les  fragments  de  cellules  d'assise  protéique  du  blé  ou  du  riz 
ont  aussi  leurs  grains  fortement  colorés,  mais  il  est  facile  de  distinguer 
ces  ponctuations  relativement  grosses  et  irrégulièrement  groupées  de 
celles  qui  appartiennent  aux  grains  composés  d'amidon  de  riz,  dont  la 
disposition  très  symétrique  est  caractéristique. 


SÉANCE    DU    28    MAI     I906.  '  20C) 

Gomme  matières  colorantes  on  peut  employer  le  bleu  d'aniline,  le  bleu 
lumière,  certains  bleus  pour  coton,  le  bleu  G4B,  le  bleu  Meldola,  la  benzo- 
azurine,  le  vertd'aniline,  les  verts  de  méthyle,  les  bruns  et  jaunes  d'aniline, 
la  chrysaniline,  la  chrysoïdine,  la  safranine,  la  phénosafranine,  la  vésu- 
vine,  l'auramine,  le  dinitronapbtol,  le  rouge  de  Magdala  et  les  violets, 
ceux-ci  en  solution  très  étendue.  La  concentration  la  plus  convenable  est 
de  o"',o5  pour  loo'"'  d'alcool  à  33  p.  loo.  Les  couleurs  brunes  ou  orangées, 
permettent  des  reproductions  photographiques,  mais  les  couleurs  bleues 
et  vertes  font  mieu.x  ressortir,  par  contraste,  les  ponctuations  rosées. 

La  technique  opératoire  consiste  à  déposer  sur  une  lame  porte-objet  deux  gouttes  de 
la  solution  colorante  dans  lesquelles  on  délaye  une  très  petite  quantité  de  farine,  en 
étalant  la  liqueur  jusqu'au  diamètre  de  la  lamelle  qui  plus  tai'd  recouvrira  la  préparation. 
On  évapore  à  ^S^-'io",  sur  l'un  des  étages  inférieurs  de  la  tablette  chauffante  de  Malassez; 
quand  l'eau  a  disparu  on  achève  la  dessication  vers  5o",  puis,  après  quelques  minutes, 
on  porte  à  iio^-i^o",  en  se  rapprochant  du  bec  qui  chauffe  la  tablette  supérieure.  On 
verse  ensuite  sur  la  lame  une  goutte  d'essence  de  cèdre  ou  de  baume  du  Canada,  on 
recouvre  d'une  lamelle  en  chauffant  encore  un  instant  pour  étaler  le  baume,  s'il  s'agit 
d'une  préparation  durable,  enfin  on  laisse  refroidir  et  on  examine  au  microscope. 

Les  préparations  doivent  être  transparentes,  avec  fond  incolore,  et  contenir  assez 
peu  de  farine  pour  offrir  des  vides  nombreux. 

Toute  cette  technique  :  séchage  lent,  assurant  l'imprégnation  de  la  farine 
sans  formation  d'empois,  application  d'une  température  élevée'  alors  seu- 
lement que  la  dessication  est  complète,  etc.,  a  plus  d'importance  que  le 
choix  du  colorant,  car,  même  sans  matière  colorante,  on  obtient  des  pré- 
parations où  les  ponctuations  rosées  ou  hiles  des  grains  d'amidon  sont 
très  nettes  et  caractéristiques.  L'avantage  d'un  colorant  est  de  rendre  l'ob- 
servation plus  facile,  en  définissant  mieux  les  grains  d'amidon. 

Si  l'on  ajoute  à  une  préparation  sans  colorant  de  l'acide  osmique,  du 
nitrate  d'argent  (avec  exposition  ultérieure  au  soleil)  ou  du  chlorure  d'or 
on  obtient,  surtout  dans  le  dernier  cas,  de  très  bonnes  préparations.  11  faut 
seulement  éviter  un  excès  de  réactif,  ([ui  provoquerait  une  cristallisation 
gênante. 

Ces  différentes  méthodes  donnent  aussi  des  résultats  très  nets  avec  les 
farines  de  mais  et  de  sarrasin,  dont  les  grains  d'amidon  se  comportent 
comme  ceux  du  riz.  Le  hile  peu  apparent  des  fécules  de  pomme  de  terre, 
d'arrow-root  et  de  patate  est  mis  en  évidence  de  la  même  manière.  De  plus, 
à  l'inverse  de  la  plupart  des  amidons  (blé,  avoine,  orge,  riz,  légumineuses), 
ces  fécules  se  teignent  au  contact  des  colorants. 


I2IO  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

Je  me  propose  d'étendre  le  même  mode  d'examen  à  d'autres  farines  et 
produits  amylacés. 

CHIMIE  l'HYSIQUE.  —  Catalyseurs  o.ri/danls  el  généialisation  de  la  lampe 
sans  flamme.  Par  t'.  Matigxox  et  R.  Traxxoy. 

Beaucoup  de  réactions  thermodynamiquement  possi])les  dans  certaines 
conditions  de  température  et  de  pression  ne  se  réalisent  pas  quand  on  met 
les  corps  en  présence  ou  ne  se  produisent  qu'avec  lenteur.  On  dit  alors 
qu'il  y  a  frottement  chimique  et  cela  correspond  à  ce  que  M.  Berthelot 
appelle  une  réaction  exigeant  un  travail  préliminaire. 

Le  calcul  de  l'énergie  libre  d'une  réaction  ou  de  sa  valeur  approchée  à 
l'aide  de  corrections  effectuées  sur  la  chaleur  brute,  comnie  l'a  indiqué 
M.  Berthelot,  permet  de  reconnaître  pratiquement  les  réactions  théorique- 
ment possibles  et  ne  s'effectuant  pas,  c'est-à-dire  les  réactions  à  frottement. 

11  y  a  lieu  de  rechercher  un  agent  catalyseur  pour  toutes  les  réactions  à 
frottement. 

Le  mécanisme  de  l'action  catalytique  se  ramène  en  général  à  la  subs- 
titution à  une  réaction  à  frottement  dans  certaines  conditions  de  deux 
ou  plusieurs  autres  réactions  intermédiaires,  sans  frottement  dans  ces 
conditions,  et  dont  la  réaction  cherchée  est  la  résultante. 

Par  l'analyse  de  ce  mécanisme,  on  est  ainsi  conduit  à  classer  les  cata- 
lyseurs en  agents  oxydants,  hydrogénants,  chlorurants,  hydrolysants,  etc., 
un  même  corps  pouvant  servir  de  catalyseur  pour  des  actions  de  nature 
différente. 

Ces  considérations  générales  qui  seront  développées  plus  longuement 
par  ailleurs  nous  ont  conduit  à  manifester  simplement  les  propriétés  cala- 
lytiques  oxydantes  d'un  certain  nombre  de  substances. 

Les  oxydes  de  fer,  de  nickel,  de  cobalt,  de  chrome,  de  cuivre,  de  manganèse,  de 
cériuin,  d'argent  constituent  des  agents  catalyseurs  oxydants  qui  peuvent  être  très  actifs 
dans  des  conditions  convenables.  On  peut  avec  ces  substances  réaliser  facilement  la 
lampe  sans  flamme.  Dans  ce  but,  on  imbibe  un  cordon  d'amiante  avec  une  solution  con- 
centrée d'un  sel  comme  l'azotate  susceptible  de  donner  l'oxyde  par  calcination,  le  111 
reste  imprégné  et  recouvert  de  l'oxyde  sous  une  forme  divisée  particulièrement  conve- 
nable pour  la  réalisation  de  réactions  catalytiques  hétérogènes.  Si  l'on  plonge  un  sem- 
blable lilament  préalablement  porté  au  rouge  dans  un  verre  contenant  de  l'éther  ordi- 
naire, par  exemple,  la  combustion  suivante  a  lieu  : 

(C^P)  -0  -j-  Û-  =  2  G-H'O  -t-  H^O 


SÉANCE    DU    28    M.VI     I90G.  121  I 

avec  production  abondante  d'aldéhyde  et  lincandescence  se  maintient  tant  qu'il  reste  de 
l'éther. 

Avec  beaucoup  de  ces  catalyseurs,  on  peut  répéter  l'expérience  avec  la  plupart  des 
corps  organiques,  pourvu  que  ceux-ci  soient  maintenus  à  une  température  où  leur  ten- 
sion de  vapeur  soit  suffisante. 

Dans  certains  cas,  dont  l'exemple  le  plus  net  est  fourni  par  un  lil  de  palladium,  il  se 
forme  sur  le  catalyseur  un  dépôt  de  charbon  très  divisé,  qui  augmente  assez  vite  et 
brûle  à  l'air  dès  qu'on  retire  le  support  des  vapeurs  combustibles. 

On  peut  emplover  le  manganèse  sous  forme  de  bioxyde  ;  un  petit  prisme  très  allongé 
taillé  dans  un  bloc  de  pyrolusite  reste  incandescent  dans  la  vapeur  d'éther,  il  est  d'abord 
ramené  à  l'état  d'oxyde  salin,  puis  la  réaction  se  continue  jusqu'à  oxydation  complète 
du  combustible. 

Toutes  ces  oxydations,  réalisées  dans  des  conditions  pratiques,  condui- 
ront sans  doute  à  des  méthodes  nouvelles  de  préparation  de  substances 
oi'ganiques. 

Le  cuivre  joue  le  rôle  d'un  agent  catalyseur  extrènieiaent  aclii'  dans 
Foxydation  de  raninioniaciue  et  des  aminés  volatiles.  On  le  démontre  net- 
tement en  opérant  île  la  façon  suivante.  On  introduit  une  spirale  de  cuivre 
portée  au  rouge  dans  un  vase  contenant  une  solution  concentrée  d'ammo- 
niaque (3o°  Baunié)  ;  la  s[)irale  placée  au-dessus  de  la  solution  reste  incan- 
descente par  suite  de  la  combustion  du  gaz  ammoniac  et,  si  le  fil  n'est 
pas  trop  gros,  sa  température  de  fusion  est  bientôt  atteinte  et  le  cuivre 
fond  progressivement. 

Le  cuivre  paraît  agir  ici  en  formant  comme  corps  intermédiaire  un  azo  titre, 
c'est  du  moins  ce  que  semble  indiquer  la  teinte  particulière  que  prend  ce 
métal. 

La  solution  d'ammoniaque  peut  être  remplacée  par  des  solutions  con- 
centrées d'aminés  volatiles,  méthylamines,  éthylamines,  etc. 

Certains  des  oxydes  précédents  peuvent  remplacer  le  cuivre  dans  ces 
dernières  expériences,  mais  dans  aucun  cas  l'oxydation  n'est  aussi  active 
qu'avec  ce  métal. 

On  réalise  le  mieux  ces  expériences  en  opérant  dans  un  vase  tronco- 
nique  dont  l'ouverture  n'est  pas  trop  étroite  ;  c'est  dans  ces  conditions  que 
le  mélange  convenable  d'air  et  de  vapeur  combustible  s'établit  le  plus  faci- 
lement. 


C.  U.,   i<)o(i.   1"   .■iemcstrc.  (T.  CXLll,  N'  22.'  '  ^9 


I2I2  ACADEMIE     DES    SCIENCES. 

CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Sur   Vautoccitalyse    et   décomposilioii    d'un   système 

photochimique. 
Note  de  M.  Bêla  Szilard,  présentée  par  M.  H.  Poincaré. 

La  solution  chloroformique  de  triiodométhane  faite  à  l'obscurité  dans  la 
chambre  noire  représente  un  système  photochimique  très  sensible  à  la 
lumière. 

Soumise  à  l'action  de  la  lumière,  en  présence  de  l'oxygène,  elle  se  décom- 
pose au  bout  d'un  temps  plus  ou  moins  long  :  de  jaunâtre  qu'elle  était, 
elle  sera  de  plus  en  plus  violacée  et  enfin  prendra  une  coloration  brune 
tirant  sur  le  violet. 

Plusieurs  auteurs  ont  déjà  constaté  que  le  produit  de  cette  décomposi- 
tion est  l'iode  et  que  cette  décomposition  une  fois  commencée  continue 
sa  marche  spontanément,  même  dans  l'obscurité. 

La  présente  étude  a  pour  objet  de  déterminer  les  propriétés  physico- 
chimiques de  cette  réaction.  Dans  ce  but  nous  avons  toujours  employé 
une  dissolution  contenant  20^'  de  triiodométhane  environ  par  litre.  L'iode 
dégagé  sera  toujours  mesuré  en  titrant  avec  une  dissolution  de  Na'S'O' 
centinormale. 

11  faut  employer  à  ces  mesures  une  chambre  tout  à  fait  noire,  éclairée 
seulement  par  une  petite  lampe  à  incandescence  électrique  d'une  inten- 
sité de  -—  bougie. 

1°  On  peut  poser  en  fait  que  la  continuation  spontanée  de  la  réaction 
au  but  de  cent  jours  n'est  pas  complète.  Mais,  au  contraire,  si  on  mêle  la 
solution  avec  le  mercure  et  que,  pour  combiner  de  l'iode  dégagé,  on  agite 
de  temps  en  temps  la  transformation  de  triiodométhane  en  iode  ou  sous- 
iodure  de  mercure  sera  complète. 

2°  Mèle-t-on  la  dissolution  une  fois  insolée  et  décomposée  avec  une 
dissolution  non  décomposée,  cette  dernière  se  décompose  à  son  tour. 

On  peut  en  conclure  que  cette  décomposition  a  la  nature  d'une  réaction 
purement  catalytique  et  que  la  matière  catalysante  est  produite  par  la 
réaction  elle-même. 

3°  La  matière  catalysante,  qui  se  dégage  par  la  réaction,  ne  se  dégage 
pas  définitivement,  parce  que  en  ce  cas  la  décomposition  irait  en  augmen- 
tant jusqu'à  une  certaine  limite.  Mais  il  n'en  est  pas  ainsi. 

4°  La  solution  chloroformique  de  CHI'   n'est  pas  la  seule  qui  se  décom- 


SÉANCE  DU  28  MAI  I90G.  I2l3 

pose  ainsi.  Il  en  est  de  même  si  on  dissout  le  triiodométhane  dans  l'éther. 
l'alcool,  dans  le  sulfure  de  carbone  etc.,  d'où  il  résulte  que  le  chloro- 
forme n'a  aucun  rôle  dans  la  décomposition. 

D'autre  part  on  remarque  que  la  plus  petite  quantité  d'oxygène  suffit 
pour  causer  le  même  effet  qu'une  quantité  notable. 

5°  Nous  avons  étudié  la  marche  du  phénomène  qui  est  très  régulière. 
Comme  mesure  de  l'autocatalyse  nous  avons  mesuré  la  teneur  de  la  disso- 
lution en  iode,  représentant  le  produit  principal  de  la  réaction. 

6°  Si  on  représente  par  q  la  quantité  d'iode  dégagé  dans  un  temps  t 
(en  jours),  par  Q  la  teneur  totale  en  iode  (sous  forme  de  CHP)  en  milli- 
grammes par  centimètre  cube,  par  Q  —  a  la  limite  de  décomposition  du 
système  et  par  h  une  constante  dépendant  des  circonstances,  on  a  la  rela- 
tion 

?  =  (Q  —  f/)-'  =  I  —  e-". 

Ces  diverses  quantités  avaient  les  valeurs  suivantes  :  i  cm^  de  la  dis- 
solution contenait o^', 020  de  CHl'  alors  Q  =  i9,33;  Q  —  «  =  io,i6,6:^o,io. 
Les  résultats  obtenus  sont  les  suivants  : 


:n  jours 

MESURÉS 

CALCULÉS 

DIFFERENCE 

I 

0,9702 

0,9672 

+ 

o,oo3o 

2  ■ 

1,861 

1,842 

+ 

0,019 

3 

2,662 

2,634 

+ 

0,028 

5 

3,941 

3,998 

— 

0,057 

7 

5,102 

5,ii4 



0,012 

9 

6,045 

6,029 

+ 

0,016 

10 

6,4ii 

6,422 

+ 

0,01 1 

14 

lM<è 

7,654 



o,oo5 

20 

8,884 

8,785 

+ 

0,099 

40 

9.991 

9.972 

+ 

0,019 

00 

10,160 

— 

- 

— 

La  valeur  de  h  dépend  de  la  température,  de  la  concentration  et  de  la 
qualité  (pureté)  des  matières  employées. 

Veut-on  déterminer  cette  valeur  de  &,  il  faut  seulement  faire  une  expé- 
rience préliminaire,  en  connaissant  les  valeurs  de  t  et  de  y. 

D'autre  part,  la  valeur  de  y  pour  un  temps  /  dépend  du  temps  de  l'inso- 


1 2  r  /| 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


lation,  de  la  richesse  en  iode  qu'a  la  dissolution  au  commencement.  Il  faut 
donc  toujours  commencer  la  léaction  a\'ec  une  insolation  aussi  faible  (jue 
possible. 

7°  Si  l'on  veut  étudier  la  cinéti(|ue  de  la  réaction,  on  mesurera  les  coef" 
ficients  lesquels  sont  minima  quand  le  système  se  décompose  dans  l'obs- 
curité ;  ces  valeurs  vont  en  croissant,  en  isolant  de  plus  en  plus  le  sys- 
tème. 

8°  L'action  quantitative  de  la  lumière  sur  le  dégagement  de  l'iode  peut 
se  représenter  par  des  équations  analogues  avec  les  précédentes.  Seule- 
ment les  valeurs  de  q  sont  plus  grandes  pour  un  même  temps  t.  Alors  les 
courbes  construites  sont  aussi  logarithmiques,  mais  avc(^  des  ordon- 
nées élevées.  Soustrait-on  de  cette  nouvelle  équation  représentant  l'action 
de  la  lumière  -)-  l'autocalalyse,  l'autre  équation  représentant  seulement 
l'autocatalyse  :  on  obtient  une  équation  réprésenlant  seulement  l'action 
de  la  lumière. 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Etude  des  équilibres  hétérogènes  sons  des  pi-essioiis 
variables.  Note  de  M.  E.  Bri.\f.r.  présentée  par  M.  G.  Lemoine. 

Nous  nous  sommes  proposé  d'étudier  l'effet  produit  par  des  variations 
de  pression  sur  les  équilibres  auxquels  donnent  lieu  la  formation  de  corps 
liquides  ou  solides  à  partir  de  deux  gaz. 


Le  mélange  gazeux  est  contenu  dans  la  partie  AR  cl  un  tube  gradué,  que  l'on  peut 
maintenir  à  une  température  rigoureusement  constante  par  une  circulation  de  vapeur 
provenant  d'un  liipiide  en  ébuUition  dans  le  liallon  C.  D  est  un  robinet  en  acier,  isolant 
le  mélange  pendant  «pion  relie  le  tube  gradué  au  réservoir  de  mercure  R  et  à  la  bombe 


sÉA>CE  nr  2(S  MAI  1906.  I2t5 

d'acide  carbonique  F.  utilisée  comme  dispositif  compresseur.  La  vanne  G  permet  de 
régler  facilement  la  pression,  qui  est  indiquée  par  le  manomètre  à  air  comprimé  H.  On 
a  pu  ainsi  soumettre  aux  vérifications  des  lois  delà  statique  chimique  des  corps  comme 
le  chlorure  de  phosphonium,  dont  la  tension  de  dissociation,  à  la  température  ordinaire, 
est  supérieure  à  la  pression  atmosphérique. 

Les  courbes  des  produits  pv,  des  pressions  p  par  les  volumes  c,  en  fonc- 
tion delà  pression  se  prêtent  très  bien  à  la  représentation  des  phénomènes 
d'ordre  chimique  qui  interviennent  lors  de  la  compression  d'un  mélange 
gazeux. De  la  diminution  du  produit  pv,  on  déduit  facilement  les  pressions 
partielles  pi  et  pi  des  gaz  A  et  B,  si  la  combinaison  solide  engendrée  répond 
à.  la  formule  A„Bm  et  si  le  nombre  des  molécules  gazeuses  A,iBm  est 
négligeable. 

L'application  de  la  loi  d'action  des  masses  donne,  en  effet,  dans  ce  cas, 
-  étant  la  tension  de  dissociation  du  corps  formé  : 

constante  à  une  même  température. 

Si  les  pressions  partielles  sont  dans  le  rapport  "/„,,  la  pression  totale, 
somme  des  pressions  partielles  p^  et  y»^,  sera  égale  à  la  tension  de  disso- 
ciation 7î,  d'oîi 

mz  m- 

^  '  n  -\-  m  ''  '  -  "  -\-  '" 

,    ,  ..  7i»  .  mm  .  7:1!  +  m 

(2)  Iv  =  — -, — ; r-; . 

Ces  relations,  combinées  avec  celle  de  van't  Hoff 

d  In  K  —  q 


(3) 


dï  RT^ 


fournissent  les  valeurs  numériques  de  la  tension  de  dissociation  -  et  de  la 
chaleur  g  dégagée  par  la  réaction. 

Si  l'oia  ignore  les  valeurs  des  coefficients  11  et  m,  il  sera  aisé  de  les 
déterminer  en  se  basant  sur  le  fait  que  le  produit />,"  .  p^"'  doit  être  cons- 
tant à  une  même  température. 

Une  autre  propriété  du  produit /?/'  .  p^"' ,  déjà  signalée  par  Isambert  (') 
dans  un  cas  particulier,  permet  également  de  déduire  les  valeurs  de  «, 
jn  et  t:.  On  peut  démontrer  que  la  pression  totale  passe  par  un  minimum 

(')    CoDiptes  rendus,  t.  XG\  II,  p.    lyi'^. 


12 16  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lorsque  les  pressions  partielles  satisfont  à  la  relation 

(4)  -Zl  =  ^  . 

Alors  la  tension  de  dissociation  se  confond  avec  la  pression  totale. 

Les  grandeurs  relatives  des  pressions  partielles  correspondant  à  diffé- 
rentes valeurs  de  la  pression  totale  peuvent  être  tirées  de  la  relation  (2).  Il 
résulte  de  ce  calcul  qu'une  élévation  de  la  pression  totale  tend  à  diminuer 
la  pression  partielle  relative  du  gaz  qui  n'est  pas  en  excès.  Si  cette  pres- 
sion partielle  relative  devenait  négligeable,  la  phase  gazeuse  se  compor- 
terait alors  comme  si  elle  était  formée  d'un  gaz  unique  ;  autrement  dit,  le 
produit  pi>  redeviendrait  à  peu  près  constant  et  correspondrait  à  l'excès 
de  l'un  des  gaz  A  ou  B  par  rapport  aux  proportions  dans  lesquelles  ils  se 
combinent.  D'autre  part,  l'application  rigoureuse  de  -la  loi  d'action  des 
masses  ne  permet  pas  de  supposer  nulle  la  pression  partielle  p^  des 
molécules  gazeuses  A,i    B„, ,  cette  loi  se  résumant  dans  la  formule 

n        m 

P^  '^^   =  constante. 

px 

Si  l'on  tient  compte  de  p.c  dans  les  calculs,  la  relation  (4)  ne  sera  néan- 
moins pas  modifiée;  car  en  présence  du  corps  solide  A"B,„,  la  pression 
partielle  p.c  reste  constante  à  température  constante  et  le  minimum  de 
tension  sera  encore  égal  à  la  tension  de  dissociation.  L'existence  de  cette 
pression  p,^  se  traduit  par  des  variations  appréciables  des  valeurs  numé- 
riques de  K  et  de  -k  déduites  des  relations  approchées  (i)  et  (2).  Cependant 
aux  pressions  les  plus  faibles  compatibles  avec  la  présence  de  la  phase 
solide,  nos  expériences  ont  montré  que  les  valeurs  calculées  à  l'aide  de  la 
formule  (2),  concordent  assez  exactement  avec  la  tension  de  dissociation 
observée  directement. 

CHIMIE  BIOLOGIQUE  (1).  —  Sitrlcf  transformation  presque  intégrale  en  maltose 
des  dextrines  proi^enant  de  la  saccharification  de  Vamidon{^).  Note  de 
MM.  A.  FER^BACH  et  J.  Wolff,  présentée  par  M.  Roux. 

MM.    Maquenne    et    Roux    ont    indiqué    récemment    [Comptes   rendus, 


(')  Cette  note  a  été  présentée  le  21  mai. 

(2)  MM.  Maquenne  et  Roux  ont  présenté  à  la  séance  du  i ',  mai  de  l'Académie,  sur  le 
même  sujet,  un  travail  qui  n'a  pas  paru  encore  au  moment  où  nous  rédigeons  la  présente 
Note  et  dont  nous  ne  connaissons  que  les  grandes  lignes. 


SÉANCE    DU    28    MAI     I906.  I2I7 

t.  CXLII,  p.  124)  des  conditions  de  saccharificalion  des  empois  d'amidon 
par  l'extrait  de  malt  qui  permettent  d'atteindre  des  rendements  en  maltose 
inconnus  jusque-là.  Ces  conditions  sont  la  neutralisation  exacte  de  l'empois 
vis-à-vis  du  méthylorange  et  la  neutralisation  partielle  de  l'extrait  de 
malt. 

Nous  nous  sommes  proposés,  de  notre  côté,  de  rechercher  comment  pro- 
gresse la  formation  du  maltose  et  nous  avons  constaté  que,  même  sans 
aucune  neutralisation,  la  production  de  ce  corps  est  loin  d'être  arrêtée  au 
moment  où  l'absence  de  coloration  par  l'iode  indique  qu'il  n'y  a  plus 
d'amidon. 

La  rapidité  avec  laquelle  progresse  la  première  phase  de  la  saccharifica- 
tion  est  connue  depuis  longtemps;  quant  à  la  deuxième,  si  elle  a  échappé 
aux  expérimentateurs,  c'est  sans  doute  à  cause  de  son  extrême  lenteur. 

Comme  on  pouvait  s'y  attendre,  la  transformation  marche  plus  vite  à  So"  qu'à  la  tem- 
pérature ordinaire.  Voici,  à  titre  d'exemple,  des  expériences  dans  lesquelles  deux  bal- 
lons renfermant  ■iH'^'-  de  chaque  empois  à  5  p.  100  additionnés  de  5"'^  d'extrait  de  malt  à 
10  p.  100  ont  été  maintenus  pendant  2''  1/2  à  5-2°;  puis  l'un  des  ballons  a  été  placé  pen- 
dant 20''   à  la  température  ordinaire,  tandis  que  l'autre  restait  pendant  ce  temps  à  52°. 

Fécule  A     Fécule  B  Riz 

A  froid 85,6  85,5  80,4  de  maltose  p.  100  d'amidon. 

A  chaud ioo,'2  97i4  9°, 7  —  — 

En  prolongeant  encore  davantage  l'action  de  la  chaleur  (45,1  à  3o°)  et  en  opérant  sur 
une  fécule  pauvre  en  matières  minérales,  nous  avons  pu  obtenir  en  maltose  102,  7  p.  100 
de  l'amidon  mis  en  œuvre  ;  à  ce  moment,  l'alcool  ne  produisait  plus  dans  la  liqueur  qu'un 
louche  à  peine  appréciable. 

Si,  au  lieu  d'opérer  comme  ci-dessus,  sans  modifîcatipn  de  la  réaction,  on 
ajoute  de  l'acide  progressivement  en  se  rapprochant  de  la  neutralité  au 
méthylorange,  on  constate  que  cette  addition  accélère  la  transformation,  en 
facilitant  le  passage  des  dextrines  à  l'état  de  maltose.  On  peut  obtenir  des 
résultats  tout  aussi  favorables  au  point  de  vue  de  l'accélération  en  faisant 
intervenir  l'acide  à  des  stades  divers  de  la  saccharificalion  et  en  particulier 
au  moment  où  tout  l'amidon  a  disparu,  de  sorte  que,  pour  expliquer  l'aug- 
mentation d'activité  de  la  diastase,  il  n'est  pas  nécessaire  d'admettre, 
comme  on  pourrait  le  supposer,  un  changement  dans  le  mode  de  disloca- 
tion de  la  molécule  d'amidon. 

En  ce  qui  concerne  la  marche  du  phénomène,  voici  quelques  chiffres 


12  1 8  ACADÉMIE     DKS    SC1E>'CES. 

indiquant   la  quanlilé  de  maltose  pour   loo  d'amidon,  qui  permettent    de 
suivre  la  saccharification  et  de  la  représenter  graphiquement. 

Nous  avons  opéré  à  îo",  sur  un  volume  total  tle  liquide  s'élevaut  à  ijoo'",  renl'eruiant 
i3"''  de  fécule  et  So"^"^  d'extrait  de  malt  à  lo  p.  loo,  en  faisant  à  diverses  périodes  des 
prélèvements  pour  l'analyse. 

Tli.MPS    :       •2  11.  4"-  22  11.  /fin.  94    11. 

,,  .      ,     ,,   ,    Sans  aucuuL'  n[l<liliou.        82,1  84,6  8q,Q  f|J>0  100. - 

accule  M  S  ,,  ,.  ',  „    '  •'  •'  ■'    •'  ; 

t  JNeutralise 06,0  og.o         100,1  102,7  loJ.S 

TE.MPS  :  I  11.  3  H.  '/.,       5  11.  '/o       7  "■  '/i     'o  "■  V2    ^^  "■  Vi      4/  H-  '/■■ 

Fécule  M.  NeutralisO  .    .    .      81.4         86,8         91,0         92,4         96,9         97,8         101,2 
Fécule  N.  Neutralisé.    .    .      81.7         91,0         93,9         94-1        101,4        ioi,ï  io3,2 

TEMPS   :  12    II.  19   U.  37  II. 

Fécule  M.  Neutralisé 99-7  100, 5  102,9 

Fécule   N.  Neutralisé 100, i  100,1  102,7 

Nous  nous  soiuiiies  assurés  iju  il  ne  se  forme  pas  de  maltose  par  la  comparaison  entre 
le  pouvoir  rotatoire  et  le  pouvoir  réducteur.  Le  petit  excédent  fourni  à  la  lin  de  la  saccha- 
rification par  la  lecture  polariiiiétri<:|ue  correspond  très  sensiblement  à  la  petite  quantité 
de  dextrine  résiduaire.  Pour  l'expérience  qui  nous  a  donné  lo'i,  8  p.  100  de  maltose, 
c  est-à-dire  1,7  p.  100  de  moins  que  le  rendement  théorique,  la  dextrine  restante,  déter- 
minée directement,  s'élevait  à  i,;;p.  100. 

Si,  arrivée  à  ce  terme,  la  saccharification  ne  progresse  plus  ([u'insensi- 
blement,  ce  n'est  pas  (nous  l'avons  vérifié)  que  la  diastase  soit  devenue 
inactive,  mais  bien  plutôt  à  cause  de  la  dilution  de  la  matière.  Ce  qui  le 
prouve,  c'est  que,  en  précipitant  par  l'alcool  la  dextrine  dans  le  liquide 
préalablement  concentré  et  faisant  agir  de  l'extrait  de  malt  sur  la  solution 
aqueuse  de  dextrine,  on  observe  une  disparition  lente,  mais  notable  de  ce 
corps.  Si  donc  il  e.viste  une  dextrine  non  transformable  en  maltose,  elle  ne 
peut  représenter  qu'une  fraction  infime  de  l'amidon  primitif. 

CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  les  principes  de  la  gutta-percha  du  Palaquium 
Treubi.  Note  de  MM.  E.  Jr.vta'XKi^cii  et  H.  Liikolv. 

Dans  les  recherches  poursuivies  autrefois  par  l'un  de  nous  en  collabo- 
ration avec  A.  Damoiseau,  il  a  été  reconnu  (pie  les  composants  des  g'uttas 
malaises  varient  non  seulement  par  leur  quantité  mais  aussi  par  leur 
nature.  Nous  avons  repris  (^es  recherches  en  les  appliquant  à  des  guttas 
provenant  de  feuilles  d'origine  botanique  certaine.  Les  faits  rapportés  ici 


SÉANCE    DU    28    MAI     I906.  I-I9 

ont  été  observés  siirlagutla  brute  des  feuilles  àuPalaquiuin  Treiibi;  ils  por- 
tent sur  une  substance  fusible  à  260°,  qui  reste  dissoute  lorsqu'on  précipite 
par  l'alcool  en  ébuUition  l'hydrocarbure  de  la  gutta,  contenu  dans  l'extrait 
toluénique  de  feuilles,  préalablement  concentré  ;  la  liqueur  alcoolique  et 
toluénique  étant  distillée  à  sec,  le  résidu  lavé  à  l'alcool  bouillant  laisse  la 
substance  en  question  à  l'état  insoluble. 

Cette  substance  étant  mélangée  de  cire,  on  l'épuisé  à  l'alcool  bouillant. 
Lorsque  la  liqueur  ne  se  trouble  plus  en  refroidissant,  le  résidu  est  purifié 
par  des  cristallisations  dans  la  benzine  bouillante,  répétées  jusqu'à  point 
de  fusion  constant,  soit  260°.  Nous  nommerons  provisoirement  ce  produit 
pallreubine  pour  rappeler  le  végétal  qui  l'a  fourni. 

La  pallreubine  constitue  des  petites  aiguilles  incolores  et  soyeuses.  Par  évaporation 
lente  de  sa  solution  benzénique,  elle  se  dépose  en  fines  aiguilles  clinorhombiques 
(M  Wyrouboff).  Chauffée  au  bloc  Maquenne,  sous  un  couvre-objet,  elle  se  sublime, 
vers  ■l'io",  en  prismes  allongés  assez  caractéristiques,  sans  mélange  d'autres  cristaux. 
La  pallreubine  est  inactive  sur  la  lumière  polarisée.  La  benzine  et  le  toluène  chauds  sont 
ses  meilleurs  dissolvants  ;  à  froid,  ils  la  dissolvent  à  peine.  Elle  est  presque  insoluble 
dans  la  plupart  des  autres  véhicules,  à  chaud  comme  à  froid. 

L'analyse  attribue  à  la  pallreubine  la  formule  C^'IP^O,  qui  fait  de  ce  corps  un  isomère 
des  amyrines,  substances  fort  bien  étudiées  par  JM.  Yesterberg.  Une  comparaison  avec 
ces  principes  est  dès  lors  nécessaire.  M.  Yesterberg  a  séparé  l'amyrine  de  l'élémi,  par 
cristallisation  et  surtout  par  éthérification,  en  amyrine-a,  fusible  à  180-181°  et  amyrine-^, 
fusible  à  igi-ig'i".  Ces  amyrines  présentant  le  pouvoir  rotatoire  alors  que  la  pallreu- 
bine est  inactive,  l'identité  ne  peut  donc  être  admise.  D'ailleurs  les  points  de  fusion  des 
amyrines  sont  plus  bas  que  celui  de  la  pallreubine  d'au  moins  65°.  Comme  les  amyrines, 
d'autre  part,  la  pallreubine  fournil  des  éthers,  mais,  ici  encore,  les  différences  sont 
manifestes. 

Chauffée  à  17!)°  en  tubes  scellés,  avec  un  excès  d'anhj'dride  acétique,  la  pallreubine 
est  entièrement  éthérifiée  après  -i'^'.  L  élher  sépare  le  produit  en  une  partie  soluble  et 
une  partie  peu  soluble.  Purifiée  par  des  cristallisations  répétées  dans  la  benzine,  la 
partie  soluble  forme  des  prismes  fusibles  à  ■2'lj°  ;  la  partie  peu  soluble  dans  l'éther, 
purifiée  de  la  même  manière,  constitue  des  aiguilles  fusibles  à  ayo".  Les  deux  produits 
présentent  la  composition  d'un  éther  acétique  de  la  pallreubine.  Chacun  d'eux,  saponifié 
par  la  potasse  alcoolique,  fournil  un  alcool  particulier,  isomère  de  la  pallreubine.  Nous 
nommerons  alcool  paltreiibylique-t  l'alcool  provenant  de  la  saponification  de  l'éther 
acétique  fusible  à  -235°,  et  alcool  paltreiibylique-^  celui  que  fournit  l'éther  acétique  fusible 
à  290°.  . 

h'acétate  de  paltreubyle-a,  C^°H''  —  CO-  —  CH^,  fusible  à  iSj",  donne,  dans  la  ben- 
zine, et  par  refroidissement,  des  cristaux  assez  volumineux  ;  par  évaporation  spontanée, 
la  solution  benzénique  fournit  des  prismes  clinorhombiques  que  M.  Wj'rouboff  a  bien 
voulu  déterminer. 

C.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  C.\.L1I,  N»  23.)  l6o 


I220  ACADEMIE    DES    SCIENCES, 

h'alcool  paltreiibytiqiie-a,  C-'°H'''  —  OH,  est  obtenu  en  saponifiant  l'acétate  par  la 
potasse  alcoolique.  Purifié  par  cristallisation  dans  la  benzine,  il  donne  des  cristaux 
en  aiguilles,  fondant  à  190°. 

Cet  alcool  et  son  éther  acétique,  en  solution  benzénique,  sont  inactifs  sur  la  lumière 
polarisée.  Ce  fait  est  à  rapprocher  des  activités  très  marquées  de  l'amyrine-p  et  de  son 
acétate,  les  points  de  fusion  de  ces  deux  substances,  193°  et  aBf)»,  étant  voisins  de  ceux 
de  l'alcool  paltreubj'lique-a,  190°,  et  de  son  acétate,  aîS".  Nous  reviendrons  sur  ces 
relations. 

h'acéiaie  de  palireuby/e-^,  C^^H''' —  GO-  —  CH'^  fusible  à  290°,  cristallise  dans  la  ben- 
zine, par  refroidissement,  en  prismes  incolores' bien  développés;  l'évaporation  lente 
de  la  solution  benzénique  fournit  des  prismes  clinorhombiques  volumineux,  différents 
de  ceux  de  l'acétate  de  paltreubyle-a  ;  nous  sommes  reconnaissants  à  M.  Wyrouboff 
d'avoir  bien  voulu  effectuer  leur  détermination.  Cet  acétate  est  moins  soluble  dans  les 
divers  dissolvants  que  son  isomère  a. 

h'alcool  paltreubylique-'^,  C^^H"  —  OH,  résultant  de  la  saponification  de  l'éther  précé- 
dent par  la  potasse  alcoolique,  a  été  purifié  par  des  cristallisations  dans  la  benzine 
bouillante  ;  il  se  sépare  en  aiguilles  très  fines  et  très  longues,  dont  le  feutrage  solidifie 
le  mélange.  Chauffé  au  bloc  sous  un  couvre-objet,  il  se  sublime  vers  ayo-ayS"  en  fines 
aiguilles  prismatiques  ;  il  fond  à  agS".  La  solubilité  dans  la  benzine  est  faible  à  chaud, 
presque  nulle  à  froid  ;  elle  est  très  faible  dans  la  plupart  des  autres  dissolvants. 

L'alcool  paltreubylique-^,  produit  de  transformation  de  la  paltreubine  du  P.  Trcubi, 
n'a  jamais  été  rencontré  dans  la  gutta  brute  des  feuilles  de  ce  végétal.  Il  est  identique 
avec  un  principe  naturel  que  nous  avons  retiré  des  feuilles  du  P.  gutta  et  du  /".  borneense  ; 
il  est  identique  aussi  avec  un  alcool  que  nous  ont  fourni  en  abondance  des  matières 
séparées  dans  la  purification  industrielle  de  la  gutta  des  feuilles,  matières  que  nous 
devons  à  l'obligeance  de  M.  de  la  Fresnaye.  Cette  particularité  permettra  de  développer 
l'étude  de  l'alcool  paltreubylique-|3. 

Quelles  relations  existent  entre  la  paltreubine  et  ses  dérivés,  les  alcools 
paltreiibyliques  ?  M.  Vcsterberg  a  vu  que  l'aniyrine  de  la  résine  élémi 
donne  les  éthers  acétiques  de  deux  alcools  différents,  ramyrine'a  et  Fanriy- 
rine-p,  mais  il  a  considéré  Famyrine  de  l'élémi  comme  un  mélange,  très 
difficile  à  séparer,  de  ces  deux  derniers  alcools.  Dans  le  cas  de  la  paltreu- 
bine, la  cristallisation  lente  dans  divers  dissolvants  ne  fournit  qu'une  seule 
sorte  de  cristaux,  alors  que  les  alcools  paltreubyliques  mélangés  se  sépa- 
rent ainsi  aisément;  il  ne  s'agit  donc  pas  d'un  mélange.  D'autre  part, 
M.  Vesterberg  a  déjà  fait  remarquer  que  les  formules  et  (-ertaines  pro- 
priétés des  amyrines  pormeltent  d'envisager  celles-ci  comme  des 'alcools 
dérivant  d'un  triterpène  (C'H"')'',  de  la  même  manière  qu'un  bornéol 
dérive  d'un  carbure  G'"H'*  ;  la  même  observation  s'applique  à  nos  nouveaux 
alcools.  Les  isomérisations  par   éthérification   étant  nombreuses   dans  la 


SÉANCE     DU    28    M\I     1906.  1221 

série  terpéniqiie,  nous  somiues  portés  à  envisager  la  paltreubine  comme 
un  alcool  qui  s'isomérise  dans  deux  directions  lors  de  l'éthérification  par 
l'anhydrique  acétique. 

BOTANIQUE.  —  Sur  les  spores  d\iii  Streptothrix.  Note  de  MM.  Brocq- 
MoLSSEU  et  M.  PiETTKE,  présentée  par  M.  G.  Bonnier. 

L'un  de  nous  étudie  depuis  plusieurs  années  une  Streptothricée  qu'il  a 
montré  être  une  cause  générale  d'altération  des  grains  et  des  fourrages  et 
qu'il  a  dénommée  Streptothrix  Dassonvillei[^). 

I.  Ce  Streptothrix  se  cultive  aisément  à  condition  de  lui  donner  un 
milieu  nutritif  suffisamment  riche  en  azote  organique,  et  en  présence  de 
l'oxygène.  Dans  la  nature  le  champignon  emprunte  l'azote  aux  matières 
quaternaires  des  végétaux  sur  lesquels  il  se  développe. 

Sa  sporulation  se  traduit  par  la  formation  à  la  surface  des  cultures  d'une 
efflorescence  blanc  grisâtre  d'aspect  crayeux;  en  bouillon  peptonisé  à 
I  p.  100,  le  champignon  se  développe  sous  forme  de  touffes  et  il  attaque 
énergiquement  les  matières  albuminoïdes  avec  production  d'ammoniaque  : 
dans  une 'culture  contenant  o^',  168  de  champignon  sec  nous  avons  trouvé 
o^"', 1 18  d'AzH',  soit  70^''  d'ammoniaque  pour  loo^'' de  Streptothrix. 

Ce  Streptothrix  est  donc  un  agent  important  de  destruction  des  matières 
azotées  et  en  particulier  des  albumines  végétales  ;  son  rôle  doit  être  con- 
sidérable, si  l'on  tient  compte  de  son  abondance  dans  la  nature. 

II.  Si  l'on  fait  des  cultures  en  bouillons  de  façon  que  l'accès  de  l'oxygène 
soit  le  plus  grand  possible,  il  se  forme  à  la  surface  du  bouillon  une  multi- 
tude de  croûtes  légères,  blanc  grisâtre,  présentant  la  structure  d'un  faux 
tissu  :  ce  sont  des  efflorescences  presque  exclusivement  composées  de 
spores. 

Cette  particularité  nous  a  permis  de  faire  quelques  recherches  sur  la 
composition  chimique  de  ces  spores.  On  élimine  les  flocons  mycéliens  en 
siphonant  le  liquide  en  dessous  des  efflorescences  et  on  le  remplace  à  plu- 
sieurs reprises  par  de  l'eau  distillée.  Les  spores  recueillies  sont  lavées  à 
neutralité. 

III.  — -.La  masse  des  spores,  séchée  à  110°  pour  analyse,  se  présente  sous  forme 
d'une  poudre  grisâtre. 

(')  Brocq-Rousseu,  Revue  générale  de  Botanique,  t.  XVI,  lyo'i,  p.  aic)  et  t.  XVII, 
1905,  p.  417. 


I'->1>2  ACADK.MIK     DKS    SCIENCES. 

L'épuiseraenl  à  l'élher  enlève  i,'^5  p.  loo  d'une  substance  soluble  très  vivement 
colorée  en  jaune  et  qui  cristallise  en  grande  partie. 

Cendres  alcalines  très  légèrement  bleuâtres  (traces  de  manganèse). 

p.    loo  7,8 

.7.8 

Silice  —  i     '  Phosphore  \  ,'^ 

I    0,20  ^  (   4,27 

C  H  Az  S  Cl 

11,72  7,43  i3,8o 

5 1,33  7,38  i3,6',  "  " 

Ce  sont,  croyons-nous,  les  premières  analyses  effectuées  sur  des  spores  de  champi- 
gnons inférieurs.  (Les  analyses  publiées  se  rapportent  à  la  substance  totale  de  certains 
champignons  supérieurs).  (') 

(La  recherche  du  chlore  et  du  soufre  a  été  faite  par  la  méthode  de  Carius  :  attaque  en 
tube  scellé  par  1  acide  azotique  de  densité  i,5  en  présence  d'un  excès  de  nitrate  d'argent. 
Elle  a  porté  sur  0,5877  ^^  matière. 

IV.  L'absence  de  chlore  est  très  remarquable,  car  les  cultures  ont  été 
faites  dans  un  bouillon  salé  (S^''  de  NaCl  par  litre).  La  sporulation  paraît 
donc  être,  au  point  de  vue  chimique,  un  travail  bien  spécial,  puisque  le 
champignon  fait  un  choix  parmi  les  minéraux  mis  à  sa  disposition.  Le 
chlore  et  le  chlorure  de  sodium  ne  semblent  donc  pas  séjourner  dans  le 
cytoplasme  d'une  façon  générale;  ce  sont  des  éléments  d'inhibition,  des 
éléments  extra-cellulaires  ;  de  plus,  l'absence  totale  de  chlore  incite  à  penser 
que  ce  corps  n'est  pas  nécessaire  à  l'être  futur,  au  moins  au  début  de 
son  développement. 

Il  a  été  démontré,  du  reste,  que  les  chlorures  sont  non  seulement  inu- 
tiles, mais  même  nuisibles  à  la  végétation  (-). 

L'absence  de  soufre  est  encore  plus  inattendue,  car  ce  corps  existe  dans 
la  plupart  des  matières  albuminoïdes. 

Le  phosphore  a  ici  une  importance  comparable  à  celle  qui  lui  a  été 
reconnue  déjà  dans  un  élément  histologique  :  le  noyau  des  globules 
rouges  (').    Il  s'agit  évidemment  de  matières  très   proches  des  nucléines 

(')  \V.  ZoPF,  Die  Pilze.  Breslau,  1890,  p.  117. 
(^)  Dassonville,  Thèse  de  Paris,  1898,  p.  162. 
(')   PuCTTRK  et  ViLA.   Comptes  rendus,  avril  1906. 


SÉANCE    DU    28    MA.I     IC)o6.  1223 

Cette  richesse  des  spores  en  phosphore  atteint  la  proportion  considé- 
rable de  53  p.  100  des  cendres. 

Le  phosphore  constitue  donc  à  lui  seul  plus  de  la  moitié  des  cendres.  Il 
existe  à  l'état  de  combinaison  organique  et  joue  un  rôle  capital  dans  les 
matières  qui  servent  de  substratum  aux  phénomènes  de  reproduction  ;  il 
est  un  élément  essentiel  de  la  plastique  cellulaire,  au  môme  titre  que  l'azote 
est  un  élément  essentiel  de  la  croissance. 

Une  faible  partie  du  phosphore  total  se  trouve  combinée  à  de  la  chaux; 
les  phosphates,  contrairement  aux  chlorures,  paraissent  donc  être  des  cons- 
tantes des  éléments  cellulaires. 

Il  est  intéressant  de  constater  la  présence  de  la  silice  dans  les  spores. 
La  fréquence  de  la  silice  dans  les  tissus  épidermiques,  sa  localisation  dans 
les  enveloppes  de  certaines  algues,  lui  ont  fait  attribuer  un  rôle  de  pro- 
tection. Il  y  a  lieu  de  penser  qu'il  en  est  de  même  dans  les  spores  de  cet 
organisme. 

Ces  quelques  recherches  sur  les  spores  d'un  champignon  inférieur 
contribuent  à  nous  faire  connaître  la  composition  chimique  de  la  substance 
de  l'être  pendant  ce  passage  à  l'état  de  vie  ralentie  où  s'opère  une  conden- 
sation des  éléments  strictement  nécessaires  à  une  régénération  plus  ou 
moins  éloififnée. 


'&* 


BIOLOGIE.  —  Une  invasion  cT Algues  méridionales  (Colpomenia  sinuosa)  sur 
les  huîtres  de  li  rivière  de  Vannes.  Note  de  M.  Fabre-Do.ui!:rgiji<:,  pré- 
sentée par  W.  Bornet. 

Vers  la  fin  de  l'année  dernière,  mon  attention  fut  attirée  par  un  ostréi- 
culteur du  Morbihan,  M.  Martine,  sur  la  présence  dans  sa  région  d'algues 
inconnues  jusqu'ici  et  dont  le  développement  menaçait  de  compromettre 
gravement  les  intérêts  des  parqueurs  de  l'embouchure  de  la  rivière  de 
Vannes. 

Ces  algues,  auxquelles  les  ostréiculteurs  ont  donné  le  nom,  fort  justifié 
d'ailleurs  de  «  Ballons  »,  affectent  la  forme  de  petites  outres  d'un  brun 
verdâtre  qui,  microscopiques  au  début,  atteignent  assez  vite  le  volume 
d'un  gros  œuf  de  poule.  Formées  d'une  paroi  très  mince,  élastique  et  assez 
fragile,  ces  outres,  habituellement  pleines  d'eau,  s'affaissent  sur  elles- 
mêmes  au  moment  de  la  basse  mer  ;  elles  se  vident  alors  de  leur  contenu 
par  les  déchirures  de  leur  enveloppe,  mais,  en  raison  de  l'élasticité  de  celle- 


1224  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ci,  l'outre,  ainsi  vidée,  se  remplit  d'air.  Il  en  résulte  qu'au  retour  du  flot 
l'algue  forme  ainsi  un  véritable  petit  flotteur  dont  le  volume  est  plus  que 
suflisant  pour  soulever  l'huître  qui  lui  sert  de  support. 

Or,  comme  à  chaque  grande  marée,  au  moment  où  les  parcs,  situés 
généralement  assez  bas,  découvrent  totalement,  les  huîtres,  munies  de 
leurs  ballons  dûment  gonflés  d'air,  montent  à  la  surface  des  eaux  dès  que 
revient  le  flot  et  sont  emportées  par  lui.  On  conçoit  quel  énorme  préjudice 
peut  causer  à  l'ostréiculture  l'invasion  de  ce  nouveau  commensal. 

Désireux  de  déterminer  exactement  la  plante  dont  de  nombreux  exem- 
plaires m'avaient  été  envoyés,  j'eus  recours  à  l'aimable  obligeance  de 
M.  Bornet  à  qui  je  suis  redevable  des  renseignements  suivants  : 

L'algue  brune  en  ballon  qui  croît  sur  les  liuîtresestle  Colpoineniasinuosa  Derb.  et  Soller. 
Cette  plante  est  répandue  dans  toutes  les  mers  chaudes.  Elle  abonde"  dans  la  Méditer- 
ranée ainsi  que  dans  les  parties  immédiatement  voisines  de  l'Atlantique.  C'est  à  Cadix 
qu'elle  a  été  signalée  pour  la  première  fois  au  commencement  du  siècle  dernier,  Depuis 
lors  elle  ne  semble  pas  avoir  été  sûrement  trouvée  plus  au  Nord.  M.  Lazaro  é  Ibiza  l'a 
bien  signalée  dans  plusieurs  localités  entre  Santander  et  Vigo,  mais  cette  indication  ne 
saurait  être  admise  sans  quelque  réserve.  En  effet,  M.  Sauvageau  qui  a  visité  la  côte 
cantabriquen'a  pas  rencontré  le  Colpoiiienia,  mais  seulement  le  Leal/iesia  di/Jor/nis  Avesch. 
qui  lui  ressemble  assez  pour  que  la  confusion  soit  possible  si  l'on  n'en  étudie  pas  la 
structure.  Or  le  Leathesia  n'est  pas  cité   dans  le  catalogue  de  M.  Lazaro. 

Le  Colpoinenia  n'existait  pas  autrefois  dans  le  golfe  du  Morbihan.  Ni  Prouhet  et  Le 
Lièvre  de  la  Marinière,  ni  Lloyd,  ni  Thuretne  l'y  ont  rencontré. 

Nous  nous  trouvons  donc  en  présence  d'un  cas  d'acclimatation  fortuit, 
dû  certainement  aux  conditions  particulières  de  la  mer  intérieure  qu'est 
le  golfe  du  Morbihan.  Le  Colpomenia,  venu  là  sans  doute  sur  la  coque  d'un 
bateau,  a  trouvé  dans  ces  eaux  chaudes  et  vaseuses  un  milieu  éminemment 
favorable,  car  il  y  croît  avec  vigueur  et  les  échantillons  de  cette  prove- 
nance, étudiés  par  M.  Bornet,  se  sont  montrés  couverts  de  pores  fructi- 
fères d'où  essaiment  des  myriades  de  zoospoi'es. 

Parmi  les  moyens  proposés  pour  la  destruction  des  algues  (chaulage, 
mise  en  silo  des  huîtres,  etc.)  aucun  n'a  donné  de  résultats  appréciables. 
Seul  le  balayage  des  huîtrières  avec  des  fagots  épineux  qui  crèvent  les 
«  ballons  w  et  en  détruisent,  par  conséquent,  l'eft'et  nuisible,  a  permis  de 
lutter  avec  quelque  succès  contre  ce  fléau  d'un  nouveau  genre.  Il  est 
d'ailleurs  probable  que  le  Colpomenia  ne  s'attardera  pas  indéfiniment  dans 
les  eaux  bretonnes  et  que  le  premier  hiver  un  peu  rude  l'anéantira  com- 
plètement. Pour  la  même  raison,  on  est  en  droit  d'espérer  que  l'espèce  ne 


SÉANCE    DU     28    MAI     I906.  1220 

sortira  point  de  la   région  où  elle  est  actuellement  cantonnée  et  où  elle 
n'a  pu  se  développer  que  grâce  aux  conditions  toutes  spéciales  du  milieu. 


BIOLOGIE.  —  Sur  révolution  des  Grégarines  gyninosporées  des  crustacés. 
Note  de  M. M.  L.  L.É<iKR  et  O.  DuBOSCQ- 

En  i885,  Frenzel  créa  le  genre  Aggi'egata  pour  les  Grégarines  de  certains 
Crustacés  [Portunus,  Carcinus)  caractérisées  à  la  fois  par  des  formes  intes- 
tinales à  sporadins  en  chaîne  et  par  des  kystes  cœlomiques  à  sporozoïtes 
nus.  Le  genre  Aggregata  ainsi  compris  venait  se  placer  très  naturellement 
à  côté  du  genre  Porospora,  représenté  par  la  Grégarine  du  Homard. 

En  décrivant  Aggregata  cœlomica  Léger  de  Pinnotheres  pisum  et  Aggre- 
gata vagans  Léger  et  Duboscq  de  Eupagurus  Prideauxi.,  nous  avons, 
comme  Frenzel,  attribué  à  une  même  espèce  de  Grégarine  les  formes  intes- 
tinales et  les  kystes  cœlomiques  que  nous  trouvions  simultanément  chez 
unméme  Gruslacé. 

Récemment,  G.  Smith  se  range  encore  à  cette  interprétation  en  nous 
faisant  connaître  une  nouvelle  Aggregata  parasite  de  Vlaachus  et  cependant 
ce  Crustacé  ne  montrait  que  des  formes  cœlomiques  représentant  toujours 
des  enkystements   solitaires. 

Pendant  que  Morotf  reprenait  l'étude  des  Coccidies  des  Céphalopodes  et 
montrait  par  les  caractères  de  la  fécondation  les  affinités  des  Eucoccidium 
avec  les  Grégarines,  nous  poursuivions  nos  recherches  sur  \qs  Aggregata 
des  Crustacés  en  supposant,  comme  Frenzel,  que  leur  cycle  devait  être 
digénétique  et  se  dérouler  successivement  chez  un  Crustacé  et  chez  un 
grand  consommateur  de  Crustacés  tel  qu'un  Céphalopode,  par  exemple. 

Les  expériences  suivantes  démontreront,  croyons-nous,  la  justesse  de 
notre  hypothèse. 

D'abord,  nous  n'avons  jamais  pu  observer  la  déhiscence  des  spores  à! Eucoccidium 
dans  le  suc  intestinal  des  Céphalopodes.  Au  contraire,  fait-on  manger  à  un  Portunus,  à  un 
Pagurus,  à  un  Stenorliynclius,  à  un  Inaclius  des  estomacs  de  seiche  remplis  de  kystes 
mûrs  à^ Eucoccidium  eberthi,  au  bout  de  quelques  heures,  on  voit  la  plupart  des  spores 
ouvertes  en  -i  valves  et  les  sporozoïtes  en  liberté  dans  le  suc  intestinal  du  Crustacé.  Ces 
sporozoïtes  à! Eucoccidium  sont  arqués.  Leur  extrémité  antérieure  montre  un  corps 
réfringent  pourvu  de  deux  grains  sidérophiles  qui  paraissent  être  des  centrioles.  Le 
noyau  subcylindrique,  pourvu  de  nombreux  grains  de  chromatine  sans  karyosome  dis- 
tinct occupe  l'extrémité  postérieure.  Nous  avions  déjà  vu  et  signalé  de  tels  sporozoïtes 


1226  ACADÉMIE     DES    SCIENCES. 

dans  l'intestin  de  Eupagurus  Prldeauxt  en  les  attribuant  sans  certitude  à  V Aggregata 
vagans. 

Sortis  delà  spore,  les  sporozoïles  d'/Tiicocc/f/;';//?;  c^f /•;/;/ restent  immobiles  dans  le  tube 
digestif  du  Portiiniis.  Par  contre,  dans  l'intestin  d'un  Stenorhynclnis  ou  d'un  Inachus  ils 
sont  très  mobiles  et  ne  tardent  pas  à  pénétrer  dans  les  cellules  de  l'épithélium  intestinal 
où  ils  se  placent  soit  en  avant,  soit  en  arrière  du  nojMU,  d'abord  arrêtés,  semble-t-il,  par 
l'épaisse  basale.  Au  bout  de  quelques  jours  leur  extrémité  postérieure  se  renfle  et  con- 
sécutivement la  chromatine  de  leur  noyau  se  condense  et  devient  massive.  Puis  le  para- 
site s'arrondit  etparaîtatteindre  rapidement,  après  des  transformations  que  nous  n'avons 
pas  suivies  en  détail,  un  stade  massif  coccidiforme  à  noyau  sphérique  pourvu  d'une 
membrane  chromatique  et  d  un  karyosome  central. 

Nous  n'avons  pas  encore  suivi  plus  loin  l'évolution  du  parasite  en  infection  artificielle, 
mais  nous  pouvons  facilement  la  concevoir  puisque,  à  partir  de  là.  nous  connaissons 
tout  le  reste  du  développement  ainsi  que  nous  l'avons  décrit  chez  Aggregata  vagans.  En 
s'accroissant,  le  parasite  traverse  la  basale  et  passe  dans  la  couche  lymphoïde  périintes- 
linale  où  se  continue  l'évolution. 

Chez  Aggregata  fagans,  la  multiplication  nucléaire  ne  commence  qu'au  terme  de  la 
croissance  de  la  Grégarine  qui  reste  toujours  solitaire  ainsi  que  l'a  l)ien  vu  G.  Smith 
chez  V Inaelnis.  Le  noyau,  pourvu  d'un  karyosome  complexe,  à  zone  centrale  réticulée, 
donne  directement  par  une  division  multiple  un  certain  nombre  de  noyaux  qui  gagnent 
la  périphérie,  se  multiplient  et  s'ordonnent  le  long  des  bords  d'îlots  cytoplasuiiques  ser- 
pentiformes.  Ceux-ci  en  s'étranglant  donnent  finalement  les  rosaces  à  sporozoïtes  nus, 
groupés  autour  de  reliquats  sphériques. 

Avec  ces  résultats,  il  nous  semble  difficile  d'accepter  encore  les  relations 
admises  entre  les  Aggiegata  cœlomiques  des  Crustacés  et  les  Polycystidées 
intestinales  qu'on  trouve  chez  les  mêmes  hôtes.  Ces  deux  formes  de  Gré- 
garines  doivent  correspondre  à  deux  parasites  distincts  :  les  unes  ne  fran- 
chissant jamais  la  basale  suivraient  dans  l'intestin  l'évolution  ordinaire 
d'une  Grégarine  polycystidée;  les  autres  passent  dans  le  cœlome  pour 
donner  des  mérozoïtes  qui  sont  le  point  de  départ  des  formes  sexuées  para- 
sites des  Céphalopodes  [Eiicoccidiiim^). 

A  l'appui  de  cette  manière  de  voir,  signalons  que  certains  Crustacés 
{Paguius  stiialus,  Inachus)  sont  seulement  infestés  de  kystes  cœlomiques, 
alors  que  d'autres  [Homarus,  Gaimnarus,  Athanas)  ne  montrent  que  des 
Polycystidées  intestinales  et  qu'enfin  là  oii  existent  les  formes  cœlomique 
et  intestinale  [Eupagurus  Prideauxï)  nous  avons  observé  dans  l'intestin  de 

(')  Th.  Moroff  à  qui  nous  avions  communiqué  nos  résultats  nous  prie  de  dire  qu'il 
vient  de  les  vérifier  sur  Y Eucoccidiuin  Jaequemeli  dont  les  spores  s'ouvrent  dans  l'in- 
testin de  PorUinus  corragatiis. 


SÉANCE    DU    28    M.VI     I906.  1227 

l'hôte  des  kystes  de  conjugaison  formés  par  les  Polycystidées  précocement 
accouplées. 

Cette  séparation  des  deux  formes  ne  doit  pas  faire  renoncer  à  l'hypothèse 
d'un  hôte  intermédiaire  pour  les  Polycystidées  intestinales,  car  nous  avons 
constaté  chez  Porospora  la  fréquence  de  kystes  solitaires  dont  le  dévelop- 
pement rappelle  de  près  celui  des  Agreggata. 

Quoi  qu'il  en  soit,  nous  croyons  pouvoir  conclure  de  nos  recherches 
que  les  prétendues  Coccidies  des  Céphalopodes  et  les  kystes  cœlomiques 
des  Crustacés  appartiennent  au  cycle  d'une  même  Grégarine  digénétique. 
En  conséquence,  les  Eucoccidium  (anciennement  Klossia,  Benedcnia, 
Légeria)  doivent  rentrer  dans  le  genre  Aggregnta  Frenzel. 

PHYSIOLOGIE.  —  Recherches  sur  les  rapports  des  états  émotifs 
et  des  états  d'infection.  Note  de  M.  Vaschidk. 

L'étude  expérimentale  des  conditions  psychophysiologiques  des  émo- 
tions a  été  délimité  involontairement  dans  la  démonstration  de  quelques 
postulats  philosophiques.  Sans  discuter  les  théories  des  émotions,  je  dési- 
rerais apporter  quelques  documents  et  quelques  faits  sur  les  rapports  des 
états  émotifs  et  des  états  d'infection  biologique. 

Mes  recherches  ont  consisté  à  préciser  et  à  déterminer,  en  dehors  de  la  nature  et  de 
la  forme  des  modifications  vaso-motrices  dans  les  états  émotifs  et  dans  les  états  d'in- 
fection, dans  quelle  mesure  l'infection  biologique  se  manifeste  dans  les  processus 
émotifs. 

On  sait  le  rôle  capital  des  leucocytes  dans  les  processus  pathologiques  d'infection. 
Les  derniers  travaux  sur  la  morphologie  sanguine  nous  ont  amplement  renseigné  sur  les 
processus  évolutifs  des  leucocytes  et  particulièrement  sur  la  proportion  de  différentes 
variétés  de  glubules  blancs  du  sang  humain.  Pour  la  technique  je  renvoie  surtout  aux 
travaux  de  J.  Jolj-  et  de  Lœpper  en  France,  à  ceux  d'Rrlich  en  Allemagne.  Tout  état 
d'infection  se  caractérise,  presque  selon  tous  les  auteurs,  par  une  augmentation  des  leu- 
cocytes et  particulièrement  (selon  certains  auteurs)  par  l'augmentation  du  chiffre  des 
leucocytes  à  noyau  polymorphe. 

Dans  mes  recherches  sur  la  psychophysiologie  des  émotions  j'ai  choisi  des  émotions- 
chocs  qui  n'avaient  rien  des  émotions  factices  et  artificielles  de  Laboratoire  '.  J'ai  toujours 
cherché,  et  cela  depuis  des  années,  à  saisir  des  émotions  vraies,  des  réactions  réelles  et 

(')  N.  Vaschide  et  Cl.  Vurpas.  Reclierclies  e.rpcrimentales  sur  la  psycliophysiologie 
des  i'aso-moteurs  dans  les  troubles  psyehopathlques.  {^Comptes  rendus  du  XIV'  Congrès, 
Académ.  de  Médecine,  Madrid,  avril  1904-  Section  de  Physiologie,  p.  'i^-!\i.) 

C.  R.,  190G,  I"  Semesire.  (T.  CXLII,  N»  22.)  '61 


1228  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

sincères  Je  la  vie,  avec  tous  ses  processus  caractéristiques.  Je  crois  avoir  expériiuenté 
en  dehors  de  toute  cause  d'erreur  et,  comme  technique  globulimétrique,  en  dehors  de 
celle  de  Erlich,  j'ai  utilisé  spécialement  les  conseils  de  Joly  (In  Arcliwes  de  Méd.  Expé- 
riinent.  et  Anat.  Patliologique,  i"  Juillet  189G).  ]Mes  recherches  ont  porté  surtout  sur  des 
sujets  adultes  normaux,  mais  j'ai  pu  expérimenter  aussi  sur  des  enfants  et  des  vieillards, 
éliminant  de  mes  résultats  tous  les  cas  où  on  pouvait  supposer  une  tare  pathologique 
quelconque.  De  nombreuses  observations  ont  été  faites  sur  les  aliénés  —  des  circu- 
laires surtout  —  et  sur  des  névropathes.  Sur  plus  de  200  déterminations  sur  des  sujets 
normaux  j'ai  retenu  comme  exemptes  de  toutes  causes  d'erreurs  appréciables  seule- 
ment 1 19. 

Il  résulte  de  mes  recherches  : 

1°  Dans  les  états  émotifs  durables,  à  la  suite  d'une  émotion-choc,  on 
constate,  en  dehors  de  toute  qualité  émotionnelle,  une  augmentation 
du  chiffre  des  leucocytes  à  noyau  polymorphe.  Dans  certains  états  provo- 
qués par  des  émotions  profondes,  comme  par  exemple  la  perte  d'un  être 
aimé,  des  perturbations  sentimentales  intimes,  etc.,  j'ai  trouvé,  immédiate- 
ment après  le  choc,  même  pendant  les  premiers  jours  suivants,  une  aug- 
mentation de  polynucléaires  de  70,4  p.  100.  Dans  un  seul  cas,  j'ai  pu  trouver 
môme  une  augmentation  égale  à  79,5  p.  100,  tandis  qu'à  l'état  normal  et 
quelque  temps  après  la  secousse  émotive,  leur  nombre  ne  dépasse  guère 
60  ou  61,  3  p.  100,  chiffre  d'ailleurs  très  normal  selon  les  auteurs.  Cette 
augmentation  a  été  constatée  même  chez  les  enfants,  chez  lesquels  on  sait 
que  le  nomljre  des  leucocytes  à  noyau  polymorphe  est  relativement  plus 
réduit  ;  chez  les  vieillards  l'augmentation  est  encore  plus  notoire. 

2°  L'augmentation  des  polynucléaires  subsiste  et  elle  est  plus  intense 
surtout  dans  les  états  émotifs  dépressifs,  tristes,  douloureux,  accompa- 
gnés des  phénomènes  d'angoisse  et  de  tous  les  processus  psychiques  des 
émotions-chocs. 

3°  L'apparition  des  polynucléaires  est  indépendante  des  phénomènes  de 
vaso-constriction  ou  de  vaso-dilatation  ;  elle  constitue  un  phénomène  con- 
comitant des  troubles  vaso-moteurs  et  dont  l'apparition  ne  semble  se 
manifester    qu'à  la  suite  de  l'intoxication  mentale  préalable. 

4°  11  existe  des  émotions  intenses  qui  ne  laissent  aucune  empreinte  sur 
la  morphologie  sanguine,  de  même  qu'elles  n'en  laissent  aucune  spécifique 
sur  le  tracé  graphique,  comme  par  exemple  les  émotions  abstraites,  celles 
de  la  création  intellectuelle,  de  l'extase,  des  états  mystiques,  etc. 

^les  recherches,  dont  je  viens  de  donner  sommairement  les  con- 
clusions  les  plus  importantes,   trouvent  une   large   confirmation  dans  la 


SKANCK    m      28     M.VT     If)oG.  I'220 

patholo!2^ie  expérimentale.  L'étiologie  émotionnelle  est  démontrée  dans  de 
nombreuses  maladies  comme  le  diabète  sucré  ou  insipide,  le  goitre 
exophtalmique,  la  chlorose,  la  purpura  hémorragique,  la  maladie  de  Par- 
kinson,  certaines  dermatoses,  certaines  chorées,  l'hystérie,  l'épilepsie,  etc. 
et  tous  les  nombreux  troubles  psychopathiques.  Quand  on  songe  d'autre 
part  au  fait  que  tout  état  d'infection  organique  ou  passagère  est  accompa- 
gné presque  nécessairementdel'émotivité,  quand  on  se  rappelle  rémotivité 
des  débiles,  des  arriérés,  des  malades,  des  vieillards,  on  peut  comprendre 
les  rapports  biologiques  intimes  qui  lient  tout  état  d'infection  avec  les  états 
émotifs.  On  arrive  ainsi  à  induire  que  l'émotivité  est  une  réaction  nuisible  au 
bien-être  biologique.  L'homme  soit-disant  normal  et  moyen  paraît  être  moins 
émotif  et  le  jeu  harmonieux  de  ses  fonctions  n'exige  guère  l'appel  de  ces 
délicieux  poisons,  les  états  émotifs  qui  nous  affaiblissent  et  qui  diminuent 
toujours  notre  vitalité.  Il  y  a  des  émotions  pourtant  qui,  tout  en  nous 
laissant  des  empreintes  troublantes,  nous  aimons  à  rechercher  comme  les 
poisons.  Connaissant  plus  intimement  le  mécanisme  de  ces  troubles,  on 
pourra  un  jour  essayer  une  thérapeutique  des  états  émotifs,  sources  de 
troubles  notoires  et  souvent  insaisissables. 


PATHOLOGIE.  —  Sui'  Viiifection  expérimentale  par  le  Trypanosoma  Brucei 

Destruction  du  parasite  dans  la  rate. 
Note   de  MM.  A.  Rodet  et  G.  \'allet,  présentée  par  M.   A.    Chauveau. 

Nous  avons  étudié  la  maladie  expérimentale  déterminée  chez  le  chien  et 
chez  le  rat  par  le  Trypanosoma  Brucei.  Nous  désirons  attirer,  dans  cette 
Note,  l'attention  sur  un  point  saillant  de  nos  observations,  qui  ont  porté 
sur  60  animaux. 

Les  trypanosomes  se  détruisent  dans  la  rate. 

Si,  chez  un  sujet  (chien  ou  rat)  injecté  par  le  Trypanosoma  Brucei  et  mort  avec  un 
très  grand  nombre  de  parasites  dans  le  sang,  on  recherche  les  trypanosomes  dans  la 
rate,  en  faisant,  avec  la  pulpe  de  cet  organe,  des  frottis  que  l'on  colore  soigneusement 
au  giemsa,  on  est  frappé  du  contraste  qui  existe  entre  ces  préparations  et  celles  du  sang. 
Alors  que  ces  dernières  fourmillent  de  trypanosomes,  on  n'en  voit  d'abord  aucun  dans 
les  préparations  de  rate  ;  mais  un  examen  attentif  permet  d'y  reconnaître  la  présence  de 
petits  éléments  ronds  ou  elliptiques,  offrant  exactement  les  caractères  de  structure  et  de 
coloration  des  noyaux  des  trypanosomes.  Manifestement  ce  sont  des  parasites  réduits  à 
leurs  novaux  ;  ceux-ci  sont  parfois  en  nombre  considérable,  émaillant  d'une  manière 
élégante  les  points  les  plus  clairs  de  la  préparation.  On  peut  aussi  distinguer  quelque- 


I23o  ACADÉMIE     IIKS    SCIEiSCES. 

lois,  mais  en  nombre  toujours  restreint,  des  trypanosomes  vaguement  reconnaissables  à 
leurs  contours,  pâles,  granuleux,  sans  flagelle  ni  centrosome  colorés.  Ces  éléments  ne  se 
rencontrent  guère  que  dans  les  points  de  la  préparation  où  les  globules  rouges  du  sang 
abondent  et  le  plus  souvent  on  n'aperçoit  que  des  noyaux  libres,  au  milieu  des  éléments 
normaux  de  la  rate. 

11  ne  s'agit  pas  seulement  là  d'un  phénomène  cadavérique  :  la  rate  d'un  animal  sacrifié 
à  une  période  où  son  sang  est  très  riche  en  parasites  donne  des  préparations  présentant 
exactement  l'aspect  qui  vient  d'être  décrit.  Bien  mieux,  en  examinant  l'état  de  la  rate  à 
tous  les  stades  de  l'infection,  soit  chez  le  chien  en  pratiquant  des  ponctions  de  l'organe, 
soit  chez  le  rat  en  sacrifiant  les  sujets  à  divers  intervalles  à  partir  du  jour  de  l'inocula- 
tion, nous  avons  pu  nous  convaincre  qu'il  s'agit  d'un  processus  très  précoce.  Dès  le 
début  de  l'infection,  on  est  frappé  de  l'absence  des  trypanosomes  dans  les  frottis  de 
rate,  mais  une  recherche  patiente  permet  d'y  déceler  quelques  noyaux  libres. 

Les  trypanosomes  sont  donc  manifestement  dans  la  rate  l'objet  d'une 
désintégration.  Ce  sont  les  flagelles  et  les  centrosomes  qui  paraissent  les 
premiers  se  détruire,  puis  le  corps  protoplasmique  semble  se  fondre  gra- 
duellement, les  noyaux  résistent  davantage  et  restent  les  seuls  vestiges. 

Rien  ne  nous  autorise  à  dire  que  les  phagocytes  participent  à  ce  phé- 
nomène ;  nous  n'avons  jamais  réussi  à  saisir  dans  les  frottis  de  rate,  qui 
donnent  pourtant  des  préparations  composées  en  grande  partie  de  mononu- 
cléaires, un  rapport  évident  entre  les  trypanosomes  en  voie  de  désintégration 
et  les  éléments  cellulaires.  Nous  eslimoiis  qu'il  s'agit  (Vuiie  trypdiiolyse 
extracellulaire. 

'  Le  pouvoir  destructeur  de  la  rate  vis-à-vis  des  trypanosomes  peut  d'ail- 
leurs se  manifester  in  vitro  :  ayant  obtenu,  par  broiement  aseptique  d'une 
rate  de  chien  sain,  une  petite  quantité  de  suc,  nous  avons  introduit  dans 
ce  liquide  une  trace  de  sang  riche  en  trypanosomes.  Ceux-ci  se  sont  immo- 
bilisés assez  rapidement  ;  au  bout  de  20'',  ils  étaient  réduits  au  noyau. 
Dans  une  préparation  témoin  ils  étaient  encore  légèrement  mobiles  après 
20''  et  non  déformés. 

Plusieurs  observations  nous  permettent  d'ajouter  que,  dans  les  ganglions 
lymphatiques,  et  peut-être  aussi  dans  le  tissu  lympho'ide  de  l'intestin, 
s'opère  également  une  destruction  suivant  le  même  mode  que  dans  la 
rate. 

Rien  de  semblable  ne  se  passe  dans  le  foie  ou,  du  moins,  s'il  se  fait 
une  certaine  destruction  dans  cet  organe,  elle  est  infiniment  plus  réduite 
et  moins  intense  que  dans  la  rate. 

Outre  la  trypanolyse  qui  s'opère  dans  la  rate  et  dans  quelques  autres 


SÉANCE    DU    28    MAI     I906.  I23l 

tissus,  les  parasites  peuvent  être  aussi  l'objet  d'un  processus  de  désinté- 
gration dans  les  vaisseaux  sanguins,  par  suite  d'une  propriété  trypanoly- 
tique  acquise  au  cours  de  l'infection. 

Conclusions.  —  Dans  le  cours  des  infections  à  trypanosomes,  du  moins 
dans  l'infection  par  le  Tnjpanosoma  Brucei,  la  rate  et  accessoirement  les 
autres  organes  lymphoïdes,  constituent  des  foyers  de  destruction  intense 
des  parasites.  La  rate  est  douée  d'un  énergique  pouvoir  trypanolytique. 
Le  rôle  de  défense  de  cet  organe  contre  les  agents  infectieux  apparaît  ici 
avec  évidence. 


PATHOLOGIE.  —  Sur  l'importance  pathogénique  des  adénopathies  bron- 
chiques. Note  de  M.  Gabriel  Arthalu  présentée  par  M.  Lannelongue. 

Dans  ces  dernières  années  les  recherches  de  radioscopie  ont  en  quelque 
sorte  imposé  l'idée  de  la  fréquence  des  adénopathies  bronchiques. 

En  raison  de  cette  fréquence  nous  avons  été  amené  à  rechercher  d'une 
façon  systématique,  par  la  percussion  ou  tout  autre  moyen,  l'existence  des 
indurations  ganglionnaires  péribronchiques  dans  une  foule  de  cas  où  cette 
exploration  n'était  ordinairement  que  très  rarement  tentée.  Cette  habitude 
nous  a  conduit  à  des  constatations  intéressantes  que  cette  Note  a  pour  but 
de  résumer,  car  nous  pensons  que  les  conclusions  qu'elles  évoquent  peu- 
vent apporter  une  grande  clarté  dans  la  pathogénïe  encore  obscure  de 
certaines  affections. 

1°  Le  premier  groupe  de  faits  nous  est  fourni  par  les  pleurésies  interlobaires.  —  L'épi- 
démie de  grippe  actuellement  régnante  nous  a  fourni  une  dizaine  de  cas  de  ce  genre  dans 
lesquels  l'exploration  attentive  nous  a  permis  de  constater  que,  dans  tous  les  cas,  la 
pleurésie  interlobaire  s'était  développée  à  la  suite  d'un  engorgement  ganglionnaire  péri- 
bronchique.  La  suppuration  des  ganglions  indurés  dont  il  était  facile  de  suivre  les  pro- 
grès successifs  par  une  percussion  souvent  réitérée  a  été  dans  tous  les  cas,  sans  excep- 
tion, la  cause  initiale  de  ces  épanchements  pleuraux.  Sans  vouloir  généraliser  outre 
mesure,  il  est  permis  cependant,  comme  nous  le  croyons,  de  penser  que  souvent  cette 
pathogénie  doit  être  la  même. 

2°  h'adcnopat/iie  bronchique  nous  avait  déjà  paru  depuis  longtemps  capable  de  jouer 
un  rôle  dans  l'éclosion  de  la  maladie  de  Graves  ou  de  Basedow.  Nous  avions  déjà  en 
1895  (Thèse  de  Médecine)  signalé  des  cas  de  ce  genre,  les  considérant  toutefois  comme 
des  exceptions  pathologiques.  Depuis  cette  époque,  cependant,  nous  n'avons  jamais 
manqué  de  rechercher  dans  le  goitre  ordinaire  et  dans  le  goitre  exopthalmique  l'exis- 
tence de  ganglions  péribronchiques. 


12,32  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Sur  un  nombre  de  cas  qui  est  considérable,  puisque  dans  la  seule 
année  1903  le  chiftVe  d'observations  faites  est  de  près  de  aoo,  nous 
n'avons  jamais  trouvé  d'exception  à  la  règle  que  nous  avons  indiquée,  dans 
notre  communication  sur  le  travail  du  cœur  au  Congrès  de  Médecine 
de  190,5,  à  savoir  que  toujours  il  y  avait  adénopathie  bronchique  dans  le 
goitre  exopthalmique,  principalement  dans  les  groupes  antérieurs,  ce  qui 
rapprocherait  nos  observations  des  faits  d'engorgement  des  ganglions  pré- 
pectoraux constatés  par  quelques  vétérinaires  dans  des  cas  de  maladie  de 
Basedow. 

Il  est  en  outre  remarquable  de  signaler  que  chez  un  dixième  de  malades 
environ,  le  goitre  et  l'exopthalmie  étaient  notoirement  prédominants  d'un 
côté,  sinon  à  peu  près  entièrement  localisés  à  ce  côté.  Toujours  en  pareil 
cas_  l'adénopathie  était  unilatérale  et  située  du  côté  où  les  troubles  se 
manifestaient.  Sans  vouloir  élucider  la  question  de  la  pathogénie  du  goitre 
exopthalmique  en  la  fondant  uniquement  sur  les  compressions  nerveuses 
du  sympathique  à  l'exemple  de  Piorry,  ce  que  des  expériences  en  cours 
nous  permettront  peut-être  de  faire,  nous  pouvons  cependant  considérer  la 
coexistence  constante  du  goitre  et  de  l'adénopathie  comme  une  indication 
de  grande  valeur. 

3°  Le  troisième  ordre  de  faits  que  nous  avons  étudiés  est  relatif  à  la  coqueluche.  On 
connaît  depuis  longtemps  les  similitudes  qui  existent  entre  le  syndrome  de  l'adénopa- 
thie bronchique  et  l'ensemble  symptomatique  de  la  coqueluche. 

La  seule  différence  réelle  qui  sépare  les  deux  affections  est  surtout  l'allure  épidémique 
de  la  coqueluche  et  son  appareil  fébrile.  —  Depuis  quatre  ou  cinq  ans,  la  coqueluche 
épidémique  a  été  assez  fréquente  et  nous  avons  pu  en  observer  un  grand  nombre  de 
cas.  —  De  même  que  pour  le  goitre  exopthalmique,  nous  avons  recherché  avec  soin 
l'existence  des  ganglions  bronchiques  et  nous  avons  pu  constater  que  sans  exception, 
dans  la  coqueluche,  il  y  a  toujours  adénopathie. 

Cette  constatation  est  importante,  car  elle  semble  nous  prouver  que,  s'il 
faut  conserver  dans  le  cadre  nosographique  la  maladie  appelée  coqueluche, 
elle  doit  à  l'adénopathie  bronchique  et  non  à  sa  spécificité  l'ensemble  de  ses 
caractères  les  mieux  tranchés. 

PATHOLOGIE.  —  Sur  la  fréquence  et  le  rôle  étiologiq  ne  probable  de  TUncinaria 

americana  dans  le  béribéri. 
Note  de  M.  F.  IVoc,  présentée  par  M.  E.  Roux. 

Uu  3  janvier  au  8  avril  1906,  en  examinant  77  cas  de  béribéri  chez  des 


SÉANCE  DU  28  MAI  I90G.  1233 

Chinois  et  des  Annamites  à  l'hôpital  indigène  de  Choquan,  près  de  Saigon, 
j'ai  rencontré  74  fois,  dans  les  déjections  de  ces  malades,  une  grande  quan- 
tité d'oeufs  d'un  nématode  que  j'ai  identifié  à  VUnciuaria  americana  (Sliles). 

J'ai  retrouvé  17  fois  le  même  parasite  sur  82  sujets  de  race  annamite  qui, 
sans  être  atteints  de  béribéri,  vivaient  dans  un  milieu  où  cette  affection 
sévit  à  l'état  endémique  ou  étaient  en  contact  immédiat  avec  des  malades. 

Par  contre,  je  ne  l'ai  jamais  rencontré  dans  les  déjections  de  3i  Euro- 
péens souffrant  de  troubles  intestinaux  divers  (diarrhée,  dysenterie). 

Bien  que  n'ayant  pas  fait  l'étude  clinique  de  l'Uncinariose  américaine, 
Stiles  indique  que  cette  maladie  est  caractérisée  par  de  l'œdème  de  la  face 
et  des  membres  inférieurs,  de  l'hydroposie  et  des  troubles  nerveux.  On 
l'observe  principalement  chez  les  nègres  des  plantations  américaines  dans 
la  zone  tropicale. 

Or  ces  symptômes  sont  exactement  les  mêmes  que  ceux  du  béribéri,  si 
commun  en  Indochine  et  en  Malaisie. 

A  l'autojisie  des  sujets  morts  de  l)éribéri,  on  constate  toujours  des 
lésions  de  gastro-duodénite,  sur  lesquelles  H.  Wright,  puis  Angier  et  Pujol 
ont  eu  le  mérite  d'insister.  Or,  toutes  les  fois  qu'il  existe  du  piqueté  hémor- 
rhagique  aux  alentours  du  pylore,  une  recherche  minutieuse  permet  de 
retrouver  VUncinaria  americana. 

Actuellement  trois  théories  se  disputent  la  pathogénie  du  béribéri  : 

1°  L  une  attribue  cette  affection  à  une  toxine  produite  par  un  microl)e  résidant  dans 
le  sol  (Masson). 

■i."  La  seconde,  due  à  Wright,  incrimine  un  parasite  qui ,  développé  dans  le  tube 
digestif,  sécréterait  une  toxine  particulièrement  active. 

'i°  D'après  la  troisième,  le  béribéri  serait  dd  à  une  intoxication  alimentaire  et  frappe- 
rait surtout  les  mangeurs  de  riz.  , 

Les  expériences  que  je  poursuis  actuellement  m'inclinent  à  penser  que 
V Uncinaria  americana  joue  un  rôle  capital  dans  l'étiologie  de  cette  affec- 
tion. La  larve  enkystée  du  parasite  vit  dans  le  sol  et  pénètre  dans  l'orga- 
nisme humain  soitpar  la  bouche,  soit  le  plus  souvent  parla  peau,  épargnant 
ainsi  les  Européens  et  frappant  surtout  les  Orientaux  qui  marchent  pieds 
nus. 

Le  traitement  par  le  thymol,  qui  permet  d'éliminer  les  parasites,  amé- 
liore avec  une  rapidité  surprenante  l'état  des  malades.  La  douleur  épigas- 
triqiie,  la  dyspnée  et  les  fourmillements  cessent  avec  l'expulsion  des  vers. 

L'œdème  diminue  et  les  symptômes  nerveux  ne  tardent  pas  à  s'amender. 


1234  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  les  contradictions  de  V érosion  glaciaire. 
Note  de  M.  Jeax  Brl^hes,  présentée  par  M.  de  Lapparent. 

Depuis  qu'en  1899,  au  Congrès  international  de  Géographie  de  Berlin,  A.  Penck  a 
fait  sa  communication  retentissante  sur  VUebertiefung  ou  surcreusement  des  vallées 
alpines  par  les  glaciers,  on  a  multiplié  de  toutes  parts  les  observations,  les  mesures,  les 
forages,  les  levés  topographiques,  afin  de  mieux  connaître  les  véritables  causes  et  con- 
ditions de  Técoulement  de  la  glace  et  de  l'érosion  glaciaire.  Les  glaciers,  après  avoir 
été  longtemps  considérés  comme  des  agents  conservateurs,  ont  donc  été  réintégrés  dans 
la  catégorie  des  plus  puissants  agents  du  modelé  topographique.  Certains  faits  donnent 
à  notre  sens  entièrement  et  définitivement  raison  à  cette  interprétation  nouvelle  ;  et 
pourtant  d'autres  faits  demeurent  malaisément  conciliables  avec  ceux-là.  Rappelant  d'un 
mot  les  observations  et  explorations  faites  par  J.  Vallot  sous  l'extrémité  de  la  Mer  de 
Glace,  les  cas  nombreux  de  très  restreinte  action  érosive  glaciaire  groupés  par  le  Pro- 
fesseur Tarr,  etc.,  nous  voulons  surtout  signaler  deux  séries  de  contradictions  morpho- 
logiques, générales  et  essentielles. 

L'un  des  phénomènes  qui  dénotent  le  mieux  et  le  plus  souvent  le  rôle 
du  glacier  comme  surcreuseur,  c'est  le  manque  de  correspondance  actuelle 
entre  les  vallées  affluentes  et  la  vallée  principale,  déterminant  une  Mi'in- 
dungsslufe  ou  gradin  de  confluence.  Les  gradins  de  confluence  abondent 
indiscutablement  dans  les  hautes  vallées  alpines  :  Inn,  Rhin,  Rhône,  Isère, 
Adige,  etc.  ;  et  les  cours  d'eau,  affluents  actuels  de  la  vallée  principale, 
franchissent  ces  gradins  soit  par  des  cascades,  soit  par  des  gorges. 

D'autre  parties  anciennes  vallées  glaciaires  sont  souvent  encombrées  de 
protubérances,  de  bosses,  que  le  glacier  s'est  contenté  de  raboter.  Négli- 
geant tous  ceux  de  ces  faits  qui  pourraient  être  regardés  comme  de  simples 
accidents  (collines  de  Sion,  par  exemple),  nous  constatons  qu'outre  les 
buttes  isolées  se  rencontrent  par  places,  dans  ces  mêmes  vallées,  de  vraies 
barres  rocheuses  transversales,  'tel  ce  banc  calcaire  en  aval  de  Saint- 
Maurice  (Valais).  La  plus  considérable  et  la  plus  énigmatique  de  ces  barres 
rocheuses  est  le  fameux  Kirchet  de  la  vallée  de  l'Aar,  que  tant  de  géogra- 
phes et  de  géologues  ont  cherché  à  expliquer  comme  une  anomalie  et 
qui  nous  parait  devoir  être  bien  plutôt  considéré  comme  un  exemple 
saillant,  caractérisé  et  complexe  de  ces  barres  que  le  glacier  a  respectées 
en  plein  cours.  —  Si  par  ailleurs  la  présence  de  tels  ou  tels  mamelons  ou 
pilons  peut  être  atlrilîuée  à  la  résistance  exceptionnelle  de  telle  ou  telle 
roche,  il  n'en  est  pas  de  même  de  buttes  nombreuses  et  constituées  de 
simples  terrains  d'éboulemenl,  comme  les  buttes  de  Sierre  ;  que  devient 
le  pouvoir  de  «  surcreusement  »,   si   le  glacier    n'a    pas  même  réussi  à 


SÉVNCE  DM  28  MAI  I906.  1235 

balayer  de  son   lit  les  témoins  fragiles  d'un  éboulement  qui  est  pour  le 
moins  antérieur  à  la  dernière  grande  glaciation  ? 

L'érosion  par   le    glacier   se   révèle  ici  grandiose,   là  très    faible  ;    elle 
lious  apparaît  en  tout  état  de  cause  comme  un  fait  discontinu. 

Si  nous  observons  maintenant  le  profil  transversal  des  vallées  glaciaires 
et  des  vallées  torrentielles,  nous  constatons  qu'il  n'est  pas  faux  d'atlribuer 
dans  V ensemble  aux  premières  une  forme  en  U  et  aux  secondes  une  forme 
en  V.  Toutefois  l'examen  délaillé  révèle  une  très  importante  contradiction. 
N'est-il  pas  véritable  que  c'est  le  cours  d'eau  qui,  lors  de  son  premier 
travail,  ne  s'occupe  guère  que  d'approfondir  son  lit,  déterminant  des  pentes 
latérales  si  raides  qu'elles  sont  même  parfois  verticales  ?  Si  l'on  parle  de 
vallées  en  U,  ce  sont  d'abord  les  vallées  fluviales  qui  doivent  entrer  dans 
cette  catégorie,  et,  entre  toutes,  celles  qui  sont  dites  canons,  canon  de  la 
Sarine,  canon  du  Tarn,  canons  du  Hoang-ho,etc.  A  mesure  que  l'érosion  pour- 
suit son  œuvre,  les  versants  sont  aplanis,  et  la  forme  en  V  apparaît  de  plus 
en  plus  nette.  Mais  n'est-il  pas  curieux  de  noter  que  le  profil  caractéristique 
des  vallées  glaciaires  est  le  profil  caractéristique  des  vallées  fluviales  ? 

Bien  plus,  si  l'on  analyse,  au  point  de  vue  topographique,  les  formes 
non  plus  seulement  de  la  vallée,  mais  du  lit  même  d'un  petit  ruisseau  qui 
commence  à  se  constituer  un  chenal  pi'opre,  on  voit  que  ce  chenal  se 
décompose  en  une  série  de  petits  paliers,  et  que  la  plupart  de  ces  petits 
paliers  comporte  une  figuration  topographique  à  courbes  fermées  tout  à  fait 
analogue  à  la  figuration  d'un  «  trog  »  glaciaire.  J'ai  exécuté  non  seulement 
des  levés,  mais  des  reliefs  authentiques  de  ces  premières  formes  élé- 
mentaires d'un  chenal  torrentiel;  ces  petits  reliefs,  qui  représentent  la 
réalité  en  grandeur  naturelle,  pourraient  et  devraient  être  pris  pour  des 
reliefs  à  i  :  5.ooo  ou  i  :  lo.ooo  de  portions  de  vallées  glaciaires. 

Quelle  que  soit  l'interprétation  qu'on  en  puisse  chercher,  ce  sont  là,  on 
doit  le  reconnaître,  des  données  également  certaines  et  sinon  radicalement 
inconciliables,  du  moins  apparemment  contradictoires.  Et  la  première 
conclusion  à  en  tirer  s'accorderait  avec  la  remarque  très  juste  par  laquelle 
l'éminent  géographe  américain  W.-M.  Davis  terminait  un  de  ses  plus 
récents  exposés  en  faveur  du  «  surcreusement  »  :  «  Les  méthodes  d'éro- 
sion du  glacier  ne  sont  pas  encore  parfaitement  comprises'.  » 

(')  The  Sculpture  of  Monlains  by  glaciers.  (The  Scotlish  Geographical  Magazine, 
february  1906J. 

C.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  G.VLir,  N»  22.)  l(>2 


1236  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


HYDROLOGIE.  — Sur  le  degré  de  minera lisation  des  eaux  souterraines. 
Note  de  M.  F.  Diei\ert,  présentée  par  M.  Carnot. 

On  admet  généralement  qu'une  eau  souterraine  est  d'autant  plus  riche 
en  chaux,  et  par  conséquent  d'autant  plus  minéralisée,  qu'elle  a  un  contact 
plus  prolongé  avec  le  sol.  M.  Janet  a  même  proposé,  pour  étudier  la  cir- 
culation souterraine  d'un  périmètre,  de  mesurer  dans  tous  les  puits  le 
degré  hydrotymétrique  et  de  rejoindre  par  des  lignes  les  puits  ayant  la 
même  composition  calcaire. 

Ces  lignes  constituaient  ce  qu'il  proposait  d'appeler  des  courbes  isograd- 
hydrotimélriques.  En  réalité  cette  opinion  est  mal  fondée  et  le  facteur 
important  dans  la  dissolution  du  carbonate  de  chaux  est  le  gaz  carbonique. 
Les  eaux  de  source,  à  leur  sortie  de  terre,  renferment  en  dissolution  le 
gaz  carbonique  à  la  même  pression  que  dans  l'atmosphère  souterraine 
(abstraction  faite  des  eaux  minérales  recevant  le  gaz  carbonique  provenant 
du  centre  de  la  terre  par  des  failles  profondes).  Si,  en  prenant  les  précau- 
tions d'usage,  on  emplit  complètement  un  flacon  avec  de  l'eau  de  source 
immédiatement  à  sa  sortie  de  terre,  et  si  ce  flacon  contient  au  préalable 
du  carbonate  de  chaux  en  poudre  il  y  aura  dissolution  de  calcaire  par  agi- 
tation fréquente,  si  l'eau  ne  renferme  pas  son  maximum  de  Co^  Ca  dans 
les  conditions  de  tension  du  gaz  carbonique  dissous.  L'expérience  démontre 
que,  ende  hors  des  crues,  les  eaux  souterraines  renferment  leur  maximum 
de  calcaire. 

Voici  les  résultats  de  quelques  expériences  faites  en  collaboration  avec 
M.Etrillard. 

Les  sources  sur  lesquelles  nous  avons  expérimenté  sont  celles  que  la  ville  de  Paris 
a  captées  dans  la  vallée  du  Loing  et  surtout  de  la  craie  sénonienne.  Les  flacons  étaient 
complètement  remplis  d'eau  en  laissant  tomber  le  bouchon  émeri  une  fois  le  flacon  plein. 
On  complétait  la  fermeture  hermétique  avec  de  la  paralfme.  La  fermeture  complète  des 
flacons  est  indispensable;  car,  à  l'air  libre,  le  carbonate  de  chaux  en  poudre  favorise  le 
départ  du  gaz  carbonique  comme  nous  nous  en  sommes  assurés  dans  maintes  circons- 
tances. 

A  chaque  source  on  prenait  trois  flacons  :  le  premier  était  analysé  immédiatement  au 
laboratoire,  le  deuxième  était  analysé  au  bout  de  quinze  jours,  enfin  le  troisième,  conte- 
nant du  carbonate  de  chaux  pur  en  poudre,  était  fréquemment  agité  et  analysé  au  bout 
de  quinze  jours.  Ces  deux  derniers  flacons  étaient  placés  à  l'obscurité. 


SÉANCE    DU    23     MAI     I906. 


1287 


Voici  les  résultats  obtenus. 


risisliiilé        alcalinil6 
SOURCES  enohmsàlS"  eu '"'"=  Co'Ca 

Chaintreauville  .    .     .  2720  196 

La  Joie 2730  192 

Sel 2425  226 

Bignons  de  Bourron.  'i/i^S  226 


l'"'   FLACON  2"   FLACON  3°   FLACON  -|-  CO^Ca 

Analyse  immédiate       AnalyscaubouLflo  ifij's    Anaiyseauboutde  i5jri 


résistivité        alcalini((>  r(!'^isUvi[é         alcalinité 

en  ohms  à  18"  en  """S  Co^Ca    enohmsàlS"  en  '"'"s  Co^Ca. 


2712 
2712 
2418 
2422 


195 
192 
226 
226 


2708 

195 

2712 

192 

2415 

226 

24'5 

226 

Les  petites  variations  observées  restent  clans  la  limite  des  erreurs  pos- 
sibles. La  proportion  de  carbonate  de  chaux  est  différente  avec  les  diffé- 
rentes sources,  la  résistivilé  électrique  est  également  distincte  et  cependant, 
en  présence  de  carbonate  de  chaux  en  poudre,  il  n'y  a  aucun  gain  en  cal- 
caire. Nous  en  tirons  cette  conclusion  c[ue,  :  dans  l",  sol,  en  dehors  des 
crues,  c'est-à-dire  pendant  une  période  normale,  les  eaux  souterraines  sont 
minéralisées  au  maximum. 

Déjà  cette  conclusion  avait  été  émise  par  nous  en  nous  appuyant  sur  la 
loi  de  Dausse.La  résistivité  électrique  des  eaux  des  sources  indiquées  sur 
le  tableau  ci-dessus  est  très  constante.  On  sait,  d'après  la  loi  de  Dausse,  faci- 
lement vérifiable  à  la  Vanne  par  exemple,  que  les  eaux  d'été  ne  profitent 
pas  aux  sources.  Avant  les  pluies  d  hiver,  les  eaux  souterraines  ont  un  con- 
tact très  prolongé  avec  le  sol,  contact  qui  peut  atteindre  une  durée  de  trois 
mois.  Ce  séjour  prolongé  des  eaux  devrait  avoir  pour  effet  d'augmenter 
progressivement  la  conductibilité  électrique  d'une  façon  très  sensible. 
L'expérience  montre  qu'il  n'en  est  pas  ainsi  et  que,  pendant  la  période 
sèche,  le  degré  de  minéralisation  demeure  très  constant,  11  faut  donc  en 
déduire  que  ce  degré  de  minéralisation  est  maximum  et  qu'il  ne  peut  y 
avoir  une  dissolution  plus  grande  de  carbonate  de  chaux  par  contact  pro- 
longé. 

Les  variations  de  degré  hydrotimétrique,  qu'on  trouve  dans  les  différents 
puits  d'une  région,  tiennent  surtout  aux  infiltrations  des  eaux  de  fumiers 
et  autres  liquides  très  riches  en  matières  organiques  et  en  sels.  La  matière 
organique  peut  fournir  un  excès  de  gaz  carbonique,  cpii  modifie  localement 
les  conditions  de  minéralisation  des  eaux.  Le  dosage  des  chlorures  et  des 
nitrates  permet,  dans  les  terrains  sédimentaires  comme  le  crétacé  ou  le 
jurassique,  d'éliminer  tous  les  puits  contaminés.  Dans  la  région  de  l'Avre 
nous  avons  reconnu  que  80  p.    100  des  puits  sont  ainsi  contaminés. 

Comme  le  degré  de  minéralisation  d'une  eau  souterraine  est  maximum 


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v^'^ 


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1238  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

en  temps  normal  et  variable  suivant  les  régions,  on  peut  s'en  servir  pour 
la  délimitation  grossière  d'un  périmètre  d'alimentation,  en  énonçant  ce 
principe  :  Le  degré  de  minéralisation  d'une  eau  souterraine  est  variable  sur 
toute  retendue  d'un  vaste  périmètre  d'alimentation.  On  peut  délimiter  ce 
périmètre  en  une  série  de  zones  ayant  chacune  un  certain  degré  de  minéra- 
lisation. En  comparant  ces  zones  avec  le  degré  de  minéralisation  des 
sources  à  l'alimentation  desquelles  elles  peuvent  contribuer^  on  peut  avoir  un 
premier  aperçu  sur  le  périmètre  probable  de  ces  sources,  ce  qui  permet  de 
mieux  choisir  les  points  où  on  doit  faire  des  expériences  avec  les  matières 
colorantes. 

M.  Armaivd  "Vivik:v  adresse  une  note  traitant  de  deux  cas  de  guérison  de 
V  albuminurie  chez  des  femmes  enceintes  par  le  phosphate  de  fer  et  d'un  cas 
de  guérison  de  diabète  par  le  phosphate  de  soude, 

A  4  h.  i/4  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 
La  séance  est  levée  à  4  h-  i/a. 


M.  B. 


ERRA  TA 


(Séance  du  23  avril  tgoô.) 
Note  de  M.  A.  Lacroix  :  Sur  l'éruption  du  Vésuve  et  en  particulier  sur  les 
phénomènes  explosifs. 

Page    y'ii,    ligne    19,  au  lieu  de  Soo  mètres,  lisez  600  mètres. 

—  943,        —        i,  —  o",b()  —     ()™,7(). 

—  944)       —       •)         —         volent  —    restent. 

—  26,  —  andésiste         —    andésite. 

(Séance  du  7  mai  1906.) 

Note  de  M.  A.  Lacroix  :  Les  conglomérats  des  explosions  vulcaniennesdu 
Vésuve,  leurs  minéraux,  leur  comparaison  avec  les  conglomérats  trachy- 
tiques  du  Mont  Dore. 

Page    1021,    ligne    <),  au  lieu  de  arrachés  des  roches  in  situ,  mais  parfois  à  des  turfs, 
lisez  :  arrachés  à  des  roches  in  situ,  mais  parfois  à  des  tufs 

—  —        —     2g,  au  lieu  de  sphérohématite,  lisez  sphène,  hématite. 

—  ioj.i,    —      10,  au  lieu  de  produit,  lisez  fourni. 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES 

SÉANCE   DU   MARDI   5  JULN   1906, 

PRÉSIDÉE  PAR  M.  A.   CHAUVEAU. 


MEMOIRES    ET    COMMUNICATIONS 

DES   MEMBRES   ET   DES   CORRESPONDANTS   DE   L'ACADÉMIE 


CHIMIE   BIOLOGIQUE.  —  L'utilisation  des    tourbières  pour   la  production 
intensive  des  nitrates.  Note  de  MM.  A.  Mïxtz  et  E.  Laixé. 

Après  avoir  établi  (')  que  les  terres  riches  en  matière  organique  sont  par- 
ticulièrement aptes  à  la  production  intensive  des  nitrates,  nous  avons 
cherché  si  la  tourbe,  résidu  de  la  décomposition  des  végétaux  au  sein  de 
l'eau  et  constituée  presque  exclusivement  par  de  la  substance  carbonée, 
formait  un  support  favorable  à  l'activité  des  microbes  nitrifiants. 

Des  tourbes,  à  des  états  de  décomposition  différents,  tourbe  mousseuse 
de  Hollande,  employée  comme  litière,  tourbes  spongieuses  de  surface,  ou 
tourbes  compactes  de  fond,  prises  dans  les  tourbières  de  l'Yonne  et  de.  la 
Somme,  ont  été  expérimentées  dans  ce  but.  Divisées  en  fragments,  mélan- 
gées de  calcaire  et  ensemencées  d'organismes  vivaces,  puis  additionnées 
de  sulfate  d'ammoniaque,  elles  sont  devenues  le  siège  d'une  nitrifîcation 
extraordiuairement  active,  dépassant  de  beaucoup  ce  que  nous  avaient 
donné  les  matériaux  que  nous  avions  employés  jusqu'à  présent. 

En  effet,  dans  nos  pi'écédentes  études  f),  nous  avions  obtenu  le  maxi- 
mum d'intensité  nitrifiante  en  déversant  par  intermittences  une  solution 

(^)    Comptes  rendus,  t.   CXLII,  p.  4io- 
(*)  Ibid.,i.  CXLI,  p.  86i." 

C.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  23.)  l63 


1240  ACADEMIE    DES    SCIE^'CES. 

de   sel    ammoniacal  sur   du    noir  animal  en  grains.    Une   installation  de 
I  mètre  cube  nous  donnait 

o''%8oo  de  nitrate  par  jour, 

et,  par  suite,  une  nilrière  de   i    hectare   de  superficie  pouvait   permettre 
d'obtenir 

58oo  tonnes  de  nitrate  par  an. 

Ces  quantités,  déjà  très  fortes,  ont  été  considérablement  augmentées  par 
la  substitution  des  tourbes  au  noir  animal.  En  effet,  la  proportion  de  nitrates 
formés  en  24  heures  à  été  de 

par  mètre  cube,  sait  8  fors  s-upérieure,  ce  qui  conduirait  pour  une  nitrièro 
d'un  hectare  à  environ 

48000  tonnes  de  nitrate  par   an. 

Nous  étions  habitués  à  voir  dans  la  nitrification  un  phénomène  d'une 
grande  lenteur.  Par  l'emploi  d'un  support  de  tourbe,  nous  avons  réussi  à 
lui  imprimer  une  rapidité  telle  qu'elle  peut  se  comparer  à  la  fermentation 
alcoolique  tumultueuse.  D'après  Boussinganlt  (')  les  nitrières  artificielles 
donnaient  en  deux  ans  5"^  de  salpêtre  brut  par  mètre  cube  ;  c'est  moins 
que  ce  que  nous  donne  la  tourbe  en  a4  heures.  L'activité  nitrifiante  que 
nous  obtenons  est  donc  plus  de  1000  fois  supérieure  à  celle  des  anciennes 
nitrières. 

Toutes  les  tourbes  se  sont  montrées  très  actives  ;  celles  qui  sont  légères 
et  spongieuses,  de  décomposition  moins  avancée,  offrent  cependant  une 
cerlaine  supériorité,  probablement  parce  qu'elles  permettent  une  plus 
active  circulation  de  l'air,  que  le  déplacement  des  liquides  s'y  fait  d'une 
façon  plus  méthodique,  et  que  l'es  zooglées  trouvent  à  se  fixer  sur  la  sur- 
face énorme  que  présentent  les  filaments.  Les  organismes  restent  attachés 
à  ce  support  de  tourbe  et  fonctionnent  indéfiniment,  si  Ton  continue  à  les 
alimenter.  Le  liquide  nitrifié  sort  limpide  à  la  partie  inférieure  sans  entraîner 
le  ferment. 

Nous  avons  maintenant  la  possibilité  de  réaliser,  avec  une  installation 
relativement  restreinte,  et  en  un  temps  très  court,  la  transfoi'mation 
d'énormes  quantités  de  sels   ammoniacaux  en  nitrates.    ^lais  en  opérant 

{^)  Agrononilc,  Chimie  agricole  et  Physioloi^ic,  t.  II,  p.   \\. 


SÉANCE    DU    5    JUIN     I906.  I24l 

comme  nous  l'avons  dit,  par  le  déversement  d'une  solution  de  sulfate 
d'ammoniaque  sur  la  tourbe  servant  de  support  aux  organismes  nitrifiants, 
nous  sommes  obligés,  pour  ne  pas  contrarier  le  fonctionnement  de  ces 
derniers,  de  nous  servir  d'une  solution  ammoniacale  assez  étendue,  soit 
y^^S  de  sulfate  d'ammoniaque  par  litre,  donnant  une  solution  d'environ 
I  p.  loo  de  nitrate,  trop  étendue  poiu'  pouvoir  être  concentrée  économi- 
quement. 

Nos  recherches  ayant  montré  que  la  nitrification  peut  se  continuer  dans 
des  solutions  très  chargées  de  nitrate,  en  contenant  jusqu'à  22  p.  100, 
nous  avons  rajouté,  aux  solutions  déjà  nitrifiées,  du  sel  ammoniacal  et 
nous  les  avons  fait  repasser  sur  le  lit  oxydant  et  cela  à  plusieurs  reprises, 
enrichissant  g-raduellement  le  liquide  en  nitrate.  Dans  ce  but,  nous  avons 
établi  une  série  de  nitrières  de  tourbe  sur  lesquelles  passe  successive- 
ment le  même  liquide  qui,  entre  chaque  passage  d'une  nitrière  à  la  sui- 
vante, est  additionné  de  sulfate  d'ammoniaque.  Le  liquide  se  charge  gra- 
duellement de  nitrate  et  non  d'ammoniaque,  dont  la  dose  ne  d«vient  à 
aucun  moment  assez  élevée  pour  entraver  le  fonctionnememt  des  orga- 
nismes nitrifiants.  Nous  avons  ainsi  obtenu  les  résultats  suivants  : 

[•"■passage.    2"  passage.      3°  passage,      ^i"  passage.     5"  passage. 

Nitrate  par  litre  .   .        8s',2  ^y^^i         ciS«'4         ^■2-^',9     '   4i^'',7 

Ce  n'est  pas  encore  là  la  limite  possible  de  l'enrichissement,  qui  cepen- 
dant est  déjà  tel  qu'il  réponde  à  une  extraction  économique.  Il  est  donc 
possible,  par  ce  procédé,  d'obtenir  non  seulement  une  nitrification  abon- 
dante, mais  encore  des  solutions  concentrées  de  nitrate.  L'emploi  de  la 
tourbe  comme  support  des  organismes  nitrificateurs('J  résout  donc  le  pro- 
blème de  la  production  intensive  du  salpêtre. 

L'activité  de  la  nitrification,  qui  est  un  phénomène  biologique,  est  for- 
tement impressionnée  par  la  chaleur.  Dans  les  conditions  dans  lesquelles 
nous  avons  opéré,  la  température  optima  s'est  montrée  voisine  de  30°  et  il 
est  important  de  ne  pas  trop  s'en  éloigner.  La  question  du  combustible 
nécessaire  pour  entretenir  la  chaleur  de  la  nitrière,  ainsi  que  de  celui  qui 


(')  Cette  intensité  dans  les  phénomènes  d'oxydation  nous  a  fait  penser  que  la  tourbe 
pouvait  être  également  utilisée  pour  l'épuration  des  eaux  d'égout.  Nos  recherches  se 
poursuivent  dans  ce  sens. 


1242  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

devra  servir  à  l'évaporation  des  liquides,  n'est  pas  à  négliger.  Aucun  com- 
bustible n'est  plus  économique  que  la  tourbe,  qu'il  suffit  d'exploiter  à 
ciel  ouvert  et  de  laisser  sécher  à  l'air  pour  pouvoir  l'utiliser.  En  établis- 
sant les  nitrières  sur  les  tourbières  mêmes,  on  aurait  donc  en  même  temps 
les  matériaux  de  la  nitrière  et  le  combustible.  Ce  sont  deux  éléments 
essentiels  de  la  nitrification  intensive;  mais  l'élément  le  plus  important 
est  la  matière  nitrifiable,  c'est-à-dire  la  substance  azotée,  matière  première 
de  la  formation  du  nitrate. 

Nous  nous  sommes  demandé  si  la  tourbe  ne  pourrait  pas  aussi  fournir 
cette  matière  nitrifiable.  Elle  contient  de  fortes  quantités  d'azote,  jusqu'à 
2  et  3  p.  100  de  son  poids  sec.  Mais,  sous  la  forme  que  revêt  cet  azote, 
c'est-à-dire  à  l'état  de  combinaison  Iwimique,  il  est  inerte;  on  ne  peut  donc 
pas  faire  nitrifier  directement  l'azote  que  la  tourbe  contient  en  si  grande 
abondance.  Mais  peut-on  le  retirer  sous  la  forme  d'un  sel  ammoniacal 
pouvant  servir  ensuite  de  matière  nitrifiable  ?  C'est  un  point  d'un  grand 
intérêt  pour  le  but  que  nous  poursuivons.  Si  la  réponse  à  cette  question 
était  affirmative,  la  tourbe  fournirait  tous  les  éléments  de  la  production 
des  nitrates. 

L'idée  d'utiliser  les  tourbes  par  l'industrie  chimique  est  déjà  ancienne  ; 
elle  ne  s'est  guère  répandue  en  France,  mais  d'autres  pays,  l'Allemagne 
notamment,-  ont  fait  des  efforts  heureux  dans  ce  sens  et  des  établissements 
industriels  mettent  en  œuvre  la  tourbe  pour  en  retirer  du  coke,  des  gou- 
drons, de  l'acide  pyroligneux,  de  l'alcool  méthylique,  etc.,  et  en  outre  un 
gaz  combustible  plus  ou  moins  éclairant.  Nous  attachant  exclusivement  à 
l'obtention  de  produits  azotés  destinés  à  servir  de  matière  première  pour  la 
fabrication  des  nitrates,  nous  avons  été  surpris  de  constater  que,  par  la 
distillation,  une  faible  partie  seulement  de  l'azote  de  la  tourbe  se  retrouvait 
à  l'état  d'eau  ammoniacale.  En  effet,  dans  les  ouvrages  (')  qui  traitent  de  la 
technique  de  la  distillation  des  tourbes,  nous  constatons  que  les  eaux  ammo- 
niacales obtenues  contiennent  à  peine  i/io  de  l'azote  existant  dans  la 
tourbe.  De  notre  côté,  en  distillant  des  tourbes  compactes  de  la  Somme, 
nous  avons  obtenu  les  résultats  suivants  : 

I  II 

Azote  existant  dans  la  tourbe 2,o3  2,o3 

—      retrouvé  dans  les  eaux  ammoniacales.     0,392  0,378 

(')  Hausding,  Handbuch  der  Torfgewinnung  und  Torfirertiing. 


SÉANCE    DU    5    JUIN     IC)o6.  1243 

On  comprend  qu'avec  ces  faibles  rendements  on  n'ait  jusqu'à  présent 
regardé  que  comme  secondaire  l'extraction,  à  l'état  de  sels  ammoniacaux, 
de  l'azote  de  la  tourbe. 

Le  point  de  vue  duquel  nous  avons  envisagé  la  question  nous  portant  à 
attribuera  l'azote  une  importance  dominante,  nous  avons  cherché  les  causes 
de  cette  déperdition  et  les  moyens  de  l'éviter.  Nous  avons  constaté  que 
dans  la  distillation  sèche,  telle  qu'on  la  pratique,  le  coke  qui  constitue 
environ  i/3  de  la  tourbe  mise  en  œuvre,  retient  en  combinaison  de  grandes 
quantités  d'azote,  à  un  état  que  nous  n'avons  pas  encore  pu  déterminer. 

Nous  avons,  en  effet,  trouvé  en  moyenne  dans  les  cokes  obtenus  de 
tourbes  de  la  Somme 

1,28  d'azote  p.  loo. 

C'est  là  une  des  causes  du  faible  rendement  en  ammoniaque. 

Au  lieu  de  faire  la  distillation  sèche,  nous  l'avons  opérée  dans  un  cou- 
x-ant  de  vapeur  d'eau  surchauffée.  Les  résultats  ont  alors  été  tout  autres  et 
la  presque  totalité  de  l'azote  de  la  tourbe  a  été  obtenue  à  l'état  d'ammo- 
niaque, comme  le  montrent  les  chiffres  suivants  : 

I  II 

,  Azote  existant  dans  la  tourbe 2,o3  2,o3 

—     retrouvé  dans  les  eaux  ammoniacales.     i)79o  1,612 

Pour  que  ces  rendements  soient  obtenus,  le  charbon  du  coke  doit  avoir 
été  entièrement  oxydé  par  la  vapeur  d'eau  ;  on  produit  ainsi  le  mélange 
d'oxyde  de  carbone  et  d'hydrogène  qu'on  nomme  dans  l'industrie  le  gaz  à 
l'eau,  et  qui  vient  s'ajouter  aux  gaz  hydrocarbonés  fournis  au  début  du 
chauffage. 

Cette  opération  a  donc  pour  effet  de  donner  la  plus  grande  partie  de 
l'ammoniaque  correspondant  à  l'azote  de  la  tourbe.  Elle  fournit  en  outre 
les  goudrons  et  les  autres  produits  pyrogénés  de  la  distillation  ;  le  coke 
est  transformé  en  gaz  combustible.  Elle  exige  une  plus  grande  quantité  de 
chaleur,  mais  celle-ci  peut  être  fournie  par  la  tourbe  elle-même  et  par  les 
gaz  produits.  Quoi  qu'il  en  soit,  nous  avons  là  la  possibilité  d'extraire  de  la 
tourbe,  sous  forme  d'ammoniaque  utilisaljle,  l'azote  inerte  qu'elle  renfer- 
mait. 

Dès  lors,  la  tourbe  nous  apparaît  comme  se  prêtant  particulièrement  à  la 


1244  ACADÉMIE    DES     SCIENCES. 

production  intensive  des  nitrates,  constituant  un  support  extrêmement 
favorable  pour  les  organismes  nitrifiants,  produisant  la  chaleur  nécessaire 
pour  l'entretien  de  la  température  et  pour  l'évaporation,  fournissant  l'am- 
moniaque, matière  première  delà  production  des  nitrates. 

Les  tourbières  constituent  des  surfaces  improductives,  le  plus  souvent 
inexploitées,  ou  qu'on  ne  peut  amener  à  l'état  de  terres  de  culture  que  par 
des  travaux  difficiles  et  coûteux.  On  peut  dire  qu'à  l'heure  qu'il  est,  on  n'en 
tire  qu'un  faible  parti  et  qu'elles  sont  une  cause  de  pauvreté  pour  les  régions 
qu'elles  occupent.  On  voit,  par  ce  qui  précède,  qu'elles  constituent  des 
réserves  importantes  de  matières  azotées.  Un  mètre  cube  de  tourbe  donne 
par  la  dessiccation  35o''s  de  matière  sèche,  qui  renferment  2  p.  100  d'azote. 
En  considérant  une  épaisseur  de  i"\  on  calcule  que  i  hectare  de  tourbière 
peut  renfermer  70  000"^  d'azote  immobilisé  à  un  état  inerte  ;  ce  chiffre  est 
souvent  dépassé  de  beaucoup,  car  certaines  tourbières  ont  une  puissance 
de  5  à  6°\  Si  l'on  considère  l'étendue  des  tourbières  existant  en  France 
seulement,  c'est  par  millions  de  tonnes  que  se  chiffre  la  quantité  d'azote 
organique  qu'on  pourrait  retirer  de  (;ettc  matière  actuellement  sans  valeur 
et  transformer  en  nitrate  par  la  méthode  que  nous  venons  d'indiquer.  En 
France,  où  les  tourbières  sont  relativement  peu  développées,  il  existe  donc 
un  stock  d'azote  qui  pourrait  fournir  du  nitrate  en  quantité  telle  qu'elle 
peut  se  comparer  à  celle  des  immenses  gisements  du  Chili. 

Dans  d'autres  pays,  particulièrement  dans  ceux  du  Nord,  les  tourbières 
ont  un  développement  beaucoup  plus  grand.  Nous  voyons  donc  la  possibi- 
lité de  produire  du  nitre  en  quantité  pour  ainsi  dire  illimitée  et  nous 
n'avons  plus  à  nous  préoccuper  des  entraves  qui  pouri-aient  être  mises  à 
l'importation  du  nitre  de  l'Amérique  du  Sud,  ou  de  l'épuisement  de  ses 
gisements. 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Les  avalanches  sèches  et  les  torrents  hoiieiix 
de  rériiption  récente  du  Vésuve.  Note  de  M.  A.  tiACROiX  (')• 

Avalanches  sèches.  —  J'ai  appelé  récemment  l'attention  de  l'Académie 
sur  les  avalanches  qui  ont  .joué  un  rôle  important  dans  les  manifestations 
de  l'éruption  du  Vésuve.  Depuis  lors,  je  me  suis  attaché  à  préciser  le 
mécanisme  el  les  conséquences  de  ce  phénomène. 


(')  Note  présentée  à  la  séance  du  28  mai  i9')t>. 


SÉANCE    DU    5    .JUIN     I90G.  1245 

Ces  avalanches  étaient  constituées  par  des  matériaux  secs,  rejelés  par 
les  explosions  vulcaniennes.  A  de  nombreuses  reprises,  je  les  ai  vues  se 
détacher  de  la  base  des  épaisses  volutes,  caractéristiques  de  ces  explo- 
sions et  au  niveau  des  bords  du  cratère  ;  une  traînée  légère  de  poussière 
les  surmontait  et  subsistait  pendant  quelques  minutes  derrière  elles.  Le 
même  phénomène  a  dû  être  beaucoup  plus  intense  lors  du  paroxysme  du 
8  avril  et  dans  les  cinq  jours  suivants,  qui  ont  précédé  mes  observations, 
néanmoins  il  ne  constituait  qu'un  cas  particulier  d'un  phénomène  plus 
général. 

Lors  des  grandes  explosions,  en  effet,  une  partie  seulement  de  maté- 
riaux rejetés  a  roulé  ainsi  immédiatement  le  long  du  cône  ;  une  plii^ 
grande  quantité  s'est  accumulée  sur  les  bords  du  cratère  et  les  pentes  du 
cône  pour  former  des  brèches  (')  très  hétérogènes,  oîi  les  gros  blocs,  les 
fi'agments  de  toutes  tailles  et  la  poussière  fine  sont  mélangés  chaotique- 
ment.  Le  profil  du  cône  n'est  pas  régulier;  à  une  petite  distance  du 
sommet,  la  pente  s'accentue  brusquement;  c'est  particulièrement  dans 
cette  région  que  des  ruptures  d'équilibre  n'ont  pas  tardé  à  se  produire 
sous  l'influence  de  causes  diverses,  donnant  naissance  à  des  glissements 
qui  ont  déterminé  les  véritables  avalanches  destructrices,  celles  par 
exemple  qui  ont  emporté  -les  deux  gares  du  funiculaire.  Au  début  de 
l'éruption,  ces  avalanches  étaient  constituées  par  des  matériaux  chauds  ou 
réchauffés  au  contact  des  fissures  du  cône  ou  des  coulées  supérieures 
qu'ils  avaient  momentanément  recouvertes. 

Ces  avalanches  ont  creusé  à  la  surface  du  cône  des  couloirs  profonds,  qui, 
sur  les  flancs  Ouest  et  Sud,  c'est-à-dire  du  côté  de  la  mer,  sont  distri- 
bués assez  irrégulièrement;  leur  forme  n'est  pas  toujours  symétrique,  elle 
a  dû  être  influencée  par  l'existence  de  ravins,  de  petites  coulées  de  laves 
anciennes  ou  récentes  qui  ont  facilité  l'érosion.  Mais,  sur  les  flancs  Nord  et 
Nord-Est,  c'est-à-dire  dans  la  direction  de  l'Atrio  del  Gavallo  et  de  la  Valle 
deir  rnferno(-)  au  contraire,  ces  couloirs,  véritables  bai'irincos,  tous  recti- 


(i)  Dans  ma  précédente  Note,  j'ai  employé  le  mot  de  conglomérat  à  cause  de  l'abon- 
dauce  des  blocs  arrondis  que  contient  cette  formation  ;  pour  éviter  toute  équivoque 
dans  la  discussion  donnée  plus  loin,  il  me  paraît  préférable  d'employer  la  dénomination 
de  brèches  pour  désigner  ce  qui  a  été  produit  à  sec  et  celle  de  conglomérats  pour  le 
produit  de  leur  remaniement  par  les  eaux. 

(-)  L'Atrio  del  Cavallo  et   la  Valle  dell'  Inferno  sont  actueTlement  recouverts  d'une 


1246  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lignes,  ont  une  régularité  parfaite  ;  on  les  voit  commencer  sensiblement  à 
la  même  altitude  et  se  détacher  d'une  sorte  de  collier  continu,  qui  entoure 
les  bords  du  cratère  et  correspond  à  celte  zone  de  moindre  pente,  dont  il 
a  été  question  plus  haut.  Ces  couloirs,  régulièrement  espacés,  sont  séparés 
les  uns  des  autres  par  un  talus  à  arêtes  tranchantes  non  moins  régulier; 
ils  donnent  à  cette  partie  du  cône  l'aspect  d'une  ombrelle  entr'ouverte,  qui 
rappelle  celui  de  certains  cônes  de  projection,  bien  connus  des  vulcanolo- 
gistes  (Açores,  Java,  etc.).  Cette  remarque  ne  manque  pas  d'intérêt,  car,  au 
Vésuve,  cette  structure  me  semble  être  incontestablement  le  résultat  de  ces 
avalanches  sèches;  il  n'est  pas  nécessaire  pour  l'expliquer  de  faire  inter- 
venir l'action  de  l'eau,  qui  n'a  pas  tardé  d'ailleurs  à  l'accentuer  et  aussi  à 
la  déformer. 

Les  torrents  boueux.  —  Les  grandes  éruptions,  à  caractère  explosif,  du 
Vésuve  ont  été  généralement  accompagnées  de  torrents  boueux  dévasta- 
teurs ;  aussi,  pouvait-on  à  priori  s'attendre  à  voir  ce  phénomène  se  repro- 
duire au  cours  de  l'éruption  actuelle.  Dans  cette  prévision,  j'avais  pris 
mes  dispositions  pour  en  étudier  les  débuts,  espérant  ainsi  compléter  des 
observations  commencées  aux  Antilles,  où  l'intensité  des  précipitations 
atmosphériques  empêchait  souvent  de  suivre  à  loisir  les  étapes  succes- 
sives de  ce  phénomène  évoluant  trop  rapidement.  L'intérêt  de  la  question 
était  encore  accru  par  la  nature  différente  des  matériaux  aux  dépens  des- 
quels ces  torrents  boueux  allaient  se  produire.  Sur  tout  le  massif  du 
volcan,  le  sol  était  couvert  par  la  poussière  fine  des  dernières  explosions; 
mais  sur  les  flancs  Nord  et  Nord-Est  de  la  Somma,  elle  reposait  sur  la 
couche  épaisse  de  lapillis,  projetés  lors  du  paroxysme  du  8  avril,  alors 
que  sur  le  cône  terminal  elle  recouvrait  la  brèche  d'avalanches,  riche  en 
gros  blocs. 

Le  mécanisme  de  la  production  des  torrents  lioueux  au  cours  d'une 
éruption  est  fort  simple  :  à  la  suite  de  pluies  tombées  sur  les  hauteurs  du 
volcan,  les  matériaux  incohérents  récents  poreux  absorbent  une  grande 
quantité  d'eau  ;  quand  l'imbibition  est  suffisante,  la  masse  tout  entière  se 
met  en  marche  sur  les  pentes,  dévale  dans  les  vallées  sous  forme  d'une 
pâte  épaisse,  qui  s'avance  souvent  avec  rapidité  vers  les  régions  basses. 


couche  épaisse  de  matériaux   incohérents  cacliant  complètement   les  coulées    de    lave 
anciennes  ou  récentes  qui,  avant  l'éruption,  en  rendaient  la  surface  si  accidentée. 


SÉANCE    DU    5    JUIN     I906.  124? 

érodant,  entraînant  tout  sur  son  passage.  La  lave  boueuse  s'am'ête  enfin  et 
constitue  par  sa  solidification  un  conglomérat  à  structure  chaotique.  C'est 
là  le  cas  le  plus  simple,  celui  qui  est  réalisé  quand  la  quantité  de  pluie  n'est 
pas  trop  considérable;  mais  si  elle  continue  à  tomber  en  abondance  après 
la  mise  en  marche  de  la  lave  boueuse,  celle-ci  est  suivie  par  une  onde  plus 
liquide  qui  la  ravine  d'abord,  puis  entame  le  vieux  sol  et  va  déposer  plus 
ou  moins  loin  des  sédiments  à  stratification  torrentielle. 

Pour  l'étude  des  torrents  boueux  devant  charrier  des  matériaux  de  petites 
dimensions,  la  haute  vallée  du  torrent  d'Ottajano,  que  j'avais  plus  particu- 
lièrement étudiée  en  octobre  dernier,  m'a  paru  le  meilleur  champ  d'ob- 
servation. Son  cours  a  été  régularisé  par  le  Génie  civil,  il  présente  une 
série  de  paliers  à  pentes  douces,  se  terminant  par  un  mur,  élevé  de  quel- 
ques mètres,  d'où  le  torrent  tombe  en  cascades  sur  le  palier  suivant. 

Dans  la  matinée  du  ai  avril,  j'ai  observé,  pour  la  première  fois,  la  production  d'une 
lave  boueuse,  uniquement  formée  par  des  matériaux  récents  ;  elle  s'est  arrêtée  à  aSo™ 
environ  en  amont  des  premières  maisons  d'Ottajano  ;  son  front,  en  forme  de  langue,  ne 
remplissait  qu'imparfaitement  le  lit  du  torrent.  Sa  njarche  a  été  évidemment  arrêtée  par 
un  essorage  rapide,  dû  à  l'épaisseur  des  matériaux  récents  poreux  encombrant  le 
thalweg.  Cette  coulée  boueuse  avait  environ  S""  de  largeur  et  o'", ^5  d  épaisseur  à  sa 
partie  terminale  ;  elle  se  détachait  en  noir  d  encre  sur  les  cendres  blanches  qui  recou- 
vraient uniformément  la  vallée. 

Une  fois  solidifiée,  elle  possédait  une  structure  d'une  régularité  théorique,  rappelant 
les  plus  régulières  de  certaines  coulées  de  laves  fondues,  épanchées  à  l'état  très  vis- 
queux. Sa  partie  médiane,  ayant  environ  2™  de  large,  présentait  des  rides  profondes, 
correspondant  à  des  ondes  successives,  grossièrement  concentriques;  elle  était  symé- 
triquement bordée  par  une  surface  plane,  à  laquelle  succédait  une  série  de  gradins  très 
réguliers,  derniers  témoins  des  niveaux  successifs  de  la  coulée  en  voie  d'écoulement; 
de  loin,  ces  gradins  simulaient  l'empreinte  laissée  par  de  gigantesques  chariots.  Les 
bords  étaient  formés  par  un  talus  à  surface  irrégulière,  attestant  combien  était  épaisse 
la  matière  en  marche,  qui  n'avait  pu  s'étaler  pour  se  mouler  sur  les  berges  du  torrent. 

Cette  structure  si  régulière  était  réalisée  sans  accident,  sur  plusieurs  kilomètres.  La 
continuité  du  courant  boueux  n'était  interrompue  qu'aux  cascades,  au  pied  desquelles 
les  rides  de  la  partie  médiane  étaient  plus  rapprochées  les  unes  des  autres.  Grâce  au 
calibrage  assez  constant  des  lapillis  mélangés  à  la  cendre  fine,  grâce  aussi  à  l'absence 
de  gros  blocs,  cette  coulée  boueuse,  une  fois  desséchée,  avait  une  surface  verruqueuse, 
aussi  bien  nivelée  que  si  l'on  y  avait  fait  passer  un  rouleau  ;  sa  cohésion  était  celle  d'un 
ciment  bien  pris.  Au  bout  de  quelques  heures,  elle  s'est  couverte  d'efflorescences 
des  chlorures  et  des  sulfates  alcalins  qui  accompagnent  tous  les  matériaux  de  projection 
de  l'éruption. 

Quelques  jours  plus  tard,  à  la  suite  de  pluies  torrentielles  persistantes,  des  torrents 

C.  R.,  1906,  1='  Semestre.  (T.  C.XLH,  N»  23.)  l64 


1248  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

boueux,  plus  importants  et  plus  liquides,  ont  parcouru  celte  même  vallée,  inaugurant 
la  phase  érosive  ;  ils  ont  déblayé  le  lit  d'une  partie  des  matériaux  récents,  et  déterminé 
sur  leur  passage  les  dégâts  habituels  :  inondations,  rupture  des  ponts,  charriage  de 
gros  blocs  arrachés  aux  constructions,  etc. 

Dans  la  région  de  la  Somma  où  le  sol  était  uniquement  recouvert  par  des  cendres 
fines,  les  courants  boueux  du  début  ont  été  plus  liquides  que  dans  la  vallée  d'Ottajano  ; 
ils  ont  été  constitués  par  une  sorte  de  vase  très  épaisse,  qui,  le  28  avril  en  particulier, 
s'est  déposée  sur  une  épaisseur  de  près  d'un  mètre  à  Pomigliano  d'Arco,  sans  cepen- 
dant présenter  aucune  trace  de  stratification. 

Les  détails  que  j'ai  donnés  plus  haut  sur  la  structure,  déterminée  à  la  sur- 
face du  cône  par  les  avalanches  sèches,  indique  suffisamment  combien  les 
conditions  y  sont  aujourd'hui  favorables  à  la  production  de  torrents 
boueux  dévastateurs.  Les  eaux  pluviales  en  effet  doivent  suivre  le  même 
chemin  que  les  avalanches,  dont  les  couloirs  déterminent  leur  concentra- 
tion sur  les  brèches  accumulées  à  leur  partie  inférieure,  brèches  compo- 
sées de  matériaux  incohérents  non  tassés  et  de  dimension  extrêmement 
variée. 

Jusqu'au  milieu  de  ce  mois  cependant,  la  pluie  n'a  fait  que  peu  de 
ravages  dans  cette  partie  de  la  montagne,  la  surface  des  brèches  a  été 
débarrassée  par  le  ruissellement  superficiel  de  ses  éléments  les  plus  fins  ; 
il  s'est  produit  ainsi  un  enrichissement  en  matériaux  grossiers  et  en  blocs 
des  surfaces  sur  lesquelles  se  sont,  par  places,  étalées  tranquillement  des 
laves  boueuses  du  même  type  que  celles  d'Ottajano  décrite  plus  haut.  Les 
conglomérats  qui  en  ont  résulté,  une  fois  desséchés,  se  distinguent  à  peine, 
par  leur  cohésion  un  peu  plus  grande,  de  la  brèche,  transportée  à  sec, 
sous-jacente.  On  n'y  observe  nulle  part  de  lits  stratifiés. 

Des  phénomènes  plus  violents  n'ont  pas  tardé  à  se  produire.  L'une  des 
parties  du  cône  où  ces  brèches  d'avalanches  sont  le  plus  épaisses  est  l'em- 
placement qu'occupait  la  station  inférieure  du  funiculaire  ;  les  dernières 
nouvelles  reçues  de  ÎN'apIes  annoncent  qu'il  y  a  quelques  jours,  sous  l'in- 
fluence de  pluies  torrentielles  violentes,  cette  région  a  été  le  point  de 
départ  d'épais  courants  boueux,  qui  sont  descendus  dans  la  direction  de 
Résina  et  ont  déterminé  sur  leur  route  d'autant  plus  de  ravages  qu'ils 
charriaient  une  grande  quantité  des  gros  blocs  de  la  brèche  ;  à  ce  point  de 
vue,  ils  sont  donc  tout  à  fait  comparables  aux  torrents  dévastateurs  des 
éruptions  des  Antilles. 

Les  faits  qui  viennent  d'être  exposés  et  en  particulier  l'enchevêtrement 


SÉANCE    DU    5    JUIN     I906.  1^49 

des  formations  chaotiques,  accumulées  à  sec,  et  d'autres  formées  à  leurs 
dépens  sous  l'influence  de  l'eau,  l'analogie  de  structure  des  unes  et  des 
autres,  après  dessiccation  et  tassement,  expliquent,  une  fois  de  plus,  les 
difficultés  d'interprétation,  souvent  inextricables,  que  l'on  rencontre  dans 
l'étude  des  brèches  et  des  conglomérats  trachytiques  et  andésitiques  des 
volcans  éteints,  tels  que  ceux  d'Auvergne,  et  montrent  qu'il  est  illusoire 
et  inutile  de  vouloir  chercher  à  les  distinguer  pratiquement  les  unes^  des 
autres  sur  une  carte  géologique,  même  à  grande  échelle,  tant  qu'il  s'agit 
des  parties  élevées  du  volcan. 


MINÉRALOGIE.  —  Les  cristaux  de  sylvite  des  blocs  rejelés  par  la  récente 
éruption  du  Vésuve.  Note  de  M.  A.  Lacroix. 

Parmi  les  blocs  rejetés  par  la  récente  éruption  du  Vésuve  sur  les  flancs 
du  cône,  et  entraînés  plus  loin  par  les  avalanches  sèches,  j'en  ai  rencontré 
un  (')  remarquable  par  l'énorme  quantité  de  sels  alcalins  cristallisés  qu'il 
contenait. 

La  roche  est  une  leucotéphrite  rougeâlre,  huileuse,  creusée  de  larges 
cavités,  en  grande  partie  remplies  par  les  chlorures  qui  font  l'objet  de 
cette  Note. 

Le  minéral  prédominant  est  le  chlorure  de  potassium,  la  sylvite  :  il 
constitue  des  cristaux  cubiques  (dépassant  souvent  2'='"  )  à  faces  nettes 
et  brillantes,  mais  parfois  polysynthétiques.  Quelques-uns  de  ces  cubes 
présentent  des  faces  arrondies  d'un  hexoctaèdre  indéterminalile.  Ils  pos- 
sèdent un  clivage  cubique  extrêmement  facile.  Ces  cristaux  sont,  soit 
transparents  et  incolores,  soit  opalescents  et  d'un  blanc  bleuâtre,  rappelant 
alors  la  couleur  de  la  calcédoine  de  Treszytan.  Cette  couleur  n'est  jamais 
homogène,  elle  est  distribuée  suivant  des  plans  d'accroissement  parallèles 

(')  J'ai  fait  éclater  à  l'aide  de  quelques  coups  de  raine  une  partie  de  ce  bloc,  mesurant 
près  de  2"'  de  grand  diamètre  :  il  a  été  depuis  lors  débité  par  les  guides  et  a 
fourni  ainsi  de  nombreux  échantillons  vendus  aux  visiteurs  du  volcan.  Dans  une  course 
faite  en  avril,  avec  M.  Brun,  nous  avons  acheté  à  un  guide  des  cristaux  transparents 
plus  petits  qui  proviennent  d'un  bloc  différent  que  je  n'ai  pu  retrouver  en  place.  Il  exis- 
tait aussi  de  gros  fragments  d'une  brèche  cimentée  par  un  mélange  grenu  de  sylvite  et  de 
halite,  mais  sans  cristaux  distincts  :  sous  l'influence  de  la  pluie,  les  fragments  de  leucoté- 
phrite, constituant  cette  brèche,  ont  été  rapidement  mis  en  liberté. 


I'-îi>0  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

aux  faces  p  et  alternant  avec  des  zones  limpides  ;    en  lumière  transmise, 
les  parties  opalescentes  par  réflexion  ont  une  teinte  jaunâtre. 

La  sylvitene  tapisse  pas  seulement  les  grandes  géodes  ;  elle  forme  aussi, 
comme  certaines  zéolites,  un  glaçage  sur  la  surface  de  toutes  les  cavités  de 
la  roche.  Dans  ce  cas,  il  n'est  pas  possible  de  distinguer  de  formes  géo- 
métriques,  mais  grâce  aux  clivages,  on  voit  que,  là  encore,  les  individus 
cristallins  sont  de  grandes  dimensions. 

Dans  plusieurs  échantillons,  les  cristaux  de  sylvite  sont  recouverts  par 
de  gros  cubes  à  faces  planes,  transparents,  incolores  ou  légèrement  jau- 
nâtres, de  chlorure  de  sodium  [halite)  présentant  les  faces  de  l'octaèdre 
régulier  si  rare  dans  ce  minéral. 

A.  Scacchi  a  publié  {Atti.  R.  Accad.  Napoli,  VI,  1873]  le  résultat  de  nom- 
breux essais  et  analyses  des  chlorures  alcalins  du  Vésuve,  et  montré  que 
le  chlorure  de  sodium  pur  y  est  extrêmement  rare,  qu'il  est  toujours  accom- 
pagné de  chlorure  de  potassium  et  même  que  ce  dernier  domine  généra- 
lement. Le  rapport  K  :  Na  oscille  entre  10  :  0,62  et  10  :  9,48  dans  les  échan- 
tillons analysés  (prélevés  de  i83o  à  1872).  Mais  ces  minéraux  n'avaient  été 
recueillis  jusqu'à  ce  jour  que  sous  forme  d'enduits,  de  stalactites,  plus 
rarement  de  petits  cubes  ;  jamais  l'on  n'avait  observé  de  cristaux  pouvant 
s'approcher,  comme  taille  et  perfection,  de  ceux  faisant  l'objet  de  cette 
Note  :  ceux  de  sylvite  ne  peuvent  être  comparés  qu'à  ceux  de  Stassfurth. 
formés  dans  des  conditions  si  différentes. 

Ce  que  l'on  sait  des  propriétés  de  ces  deux  chlorures  donnait  à  penser 
que  les  échantillons  analysés  par  Scacchi  constituaient  de  simples 
mélanges  de-  cristaux  des  deux  sels,  impossibles  à  distinguer  les  uns 
des  autres  à  cause  de  leur  petitesse  et  de  leur  identité  de  forme.  Mes 
cristaux  vérifient  cette  hypothèse  :  ceux  de  chlorure  de  sodium  ne  renfer- 
ment pas  trace  de  potassium  :  un  échantillon  de  sylvite  ne  contient  que 
2,66  p.  100  de  chlorure  de  sodium,  y  existant  sans  doute  à  l'état  d'impu- 
reté, car  l'indice  de  réfraction  est  de  1,491  pour  la  lumière  du  sodium, 
c'est-à-dire  exactement  celui  de  la  sylvite  pure  (1,49044,  Tschermak,  raie  D). 
En  outre  de  ces  chlorures  et  de  divers  sulfates,  mis  en  évidence  seule- 
ment par  l'étude  de  la  solution  résultant  du  lavage  de  la  roche,  il  y  a  lieu 
de  signaler  les  deux  raretés  suivantes. 

La  sylvite  d'une  géode  supporte  de  gros  cristaux  (i'^'",5),  blancs,  opaques, 
ne  pouvant  être  mesurés  exactement  :  ce  sont  soit  des  l'homboèdres  obtus 
(rappelant  b^  delà  calcite),  soit  des  prismes  monocliniques  réduits  à  /),  m. 


SÉANCE    DU    5    JUIN     igo6.  I25l 

Ils  sont  entièrement  constitués  par  un  agrégat  saccharoïde  de  petits  cubes 
de  chlorure  de  sodium,  distribués  sans  ordi-e.  S'agit-il  là  d'une  forme 
(inconnue)  de  chlorure  de  sodium,  stable  seulement  à  haute  température 
et  se  transformant  par  refroidissement  en  la  forme  cubique,  ou  bien  se 
trouve-t-on  en  présence  d'une  pseudomorphose  d'un  autre  sel  disparu? Je 
n'ai  pu  trouver  les  éléments  suffisants  pour  résoudre  ce  problème. 

Le  second  minéral  est  au  contraire  de  formation  antérieure  à  la  sylvite  ; 
il  constitue  des  cristaux  d'un  jaune  citron,  transparents,  mais  se  ternissant 
rapidement  à  l'air.  Ils  sont  monocliniques-pseudoternaires.  N'ayant  pu 
isoler  de  cristaux  assez  gros  pour  être  taillés,  je  n'ai  examiné  leurs  pro- 
priétés optiques  que  sur  des  fragments,  non  orientés  en  l'absence  de  cli- 
vage. La  bissectrice  aiguë  est  positive  et  paraît  voisine  de  l'axe  vertical  : 
l'écartement  des  axes  optiques  est  faible  :  pas  de  pléochroïsme.  La  biré- 
fringence est  peu  élevée  et  la  réfringence  supérieure  à  celle  de  la  sylvite. 
Au  point  de  vue  chimique,  c'est  un  chlorure  de  potassium,  de  sodium  et 
de  manganèse. 

Ce  minéral  ne  correspond  à  aucune  espèce  antérieurement  connue,  mais 
il  paraît  identique  à  celui  que  ^L  Johnston  Lavis  vient  de  définir  [Nature, 
3i  mai  1906)  sous  le  nom  de  chloroiuaiiganokalite  :  il  le  décrit  en  effet 
comme  une  substance  rhombocdrique  jaune,  englobée  dans  du  chlorure  de 
sodium  potassique  et  il  lui  attribue  la  composition  suivante  :  MnCl'  +  H'O  = 
38,97,  ^^^'  =  57'7''  NaCl  =  0,82  avec  de  petites  quantités  de  chlorure 
de  magnésium  et  de  sulfate  de  soude.  Toutefois  les  cristaux  que  j'ai  étudiés 
et  qui  sont  englobés  dans  de  la  sylvite,  sont  anhydres.  Fortement  chaufl'és 
sur  une  lame  de  verre,  ils  ne  perdent  ni  leur  transparence,  ni  leurs  pro- 
priétés optiques;  dans  le  tube,  ils  décrépitent  sans  donner  d'eau,  puis  fon- 
dent en  un  liquide  clair,  se  consolidant  par  refroidissement  en  cristallites 
monoréfringents. 

Ces  divers  minéraux,  arrachés  par  les  explosions  aux  parties  internes 
du  cône,  sont  certainement  dus  aux  fumerolles  à  haute  température  de  la 
classification  de  Ch.  Sainte-Claire  Deville  et  Kouqué  ;  ils  se  sont  produits 
par  sublimation,  ils  renferment  des  inclusions  gazeuses  et  d'autres  vitreuses, 
globulaires,  transformées  en  produits  biréfringents  (sulfates). 

L'étude  microscopique  de  la  roche  servant  de  support  à  ces  sels  montre 
que  ceux-ci  y  ont  été  apportés  et  ne  résultent  pas  de  sa  décomposition  ;  la 
leucite,  en  effet,  si  facilement  attaquable  par  tous  les  agents  chimiques,  est 
tout  à  fait  intacte. 


1252 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


La  perfection  et  les  grandes  dimensions  de  leurs  cristaux,  comparées  à 
la  forme  indistincte  ou  aux  dimensions  restreintes  que  présentent  géné- 
ralement les  échantillons  des  mêmes  substances  observées  au  Vésuve, 
s'expliquent  parce  fait  que  ces  derniers  ont  toujours  été  recueillis  soit  sur 
les  bords  du  cratère,  soit  à  la  surface  de  laves  épanchées,  tandis  que  ces 
nouveaux  spécimens  proviennent  de  régions  profondes,  inaccessibles  à 
l'observation  directe,  oii  ils  ont  pu  se  former,  sans  doute  à  plus  haute 
température  et  en  tous  cas  plus  lentement  et  à  l'abri  des  causes  variées 
de  perturbation  de  la  surface. 

L'abondance  du  chlorure  de  potassium,  sa  prédominance  sur  le  chlorure 
de  sodium,  parmi  les  produits  d'un  volcan  leucitique,  ne  sont  point  pour 
surprendre;  mais  il  n'est  point  superflu  d'insister  sur  ces  faits,  précieux 
pour  la  discussion  des  théories  qui  cherchent  l'origine  des  éléments  des 
fumerolles  volcaniques  autre  part  que  dans  le  magma  lui-même. 


ÏHERMOCHIMIE.    —  Recherches  sur  la  Rubidine,   la  Cœsine  et  la  Lilhine. 

Note  de  M.  de  Forcraxd. 

Les  données  thermiques  actuellement  connues  au  sujet  des  protoxydes 
des  métaux  alcalins  et  alcalino-terreux  (M^O  et  M'O)  semblent  à  première 
vue  suffisantes  lorsqu'on  se  borne  à  leur  demander  une  indication  générale 
sur  leur  stabilité  très  grande  et  sur  leur  affinité  puissante  pour  l'eau  et 
l'on  s'en  contente  habituellement  parce  qu'elles  se  trouvent  bien  d'accord 
avec  la  place  que  l'on  donne  à  ces  métaux  en  tête  de  toutes  les  classifi- 
cations. 

Cependant,  lorsqu'on  veut  faire  des  comparaisons  précises  entre  ces  élé- 
ments, on  rencontre  encore  des  incertitudes  et  des  lacunes. 

Je  ne  parle  pas  des  nombres  fondamentaux  qui  mesurent  la  dissolution 
dans  l'eau  des  métaux  eux-mêmes  et  de  leurs  oxydes  M'O  ou  M'O  ;  ces 
nombres  étaient  fort  mal  connus  jusqu'à  ces  dernières  années,  puisque 
M.  Joannis  a  dû  diminuer  de  près  de  trois  Calories  la  chaleur  de  dissolu- 
tion de  l'atome  du  potassium  et  que  M.  Guntz  a  ajouté  plus  de  vingt  Calo- 
ries à  celle  de  l'atome  du  calcium.  Il  est  probable  qu'ils  sont  encore  un  peu 
incertains.  Mais  comme  ils  sont  tous  très  élevés  et  que  leur  détermination 
plus  exacte  exige  des  expériences  fort  délicates,  il  n'y  a  pas,  semble-t-il. 


SÉANCE    DU    5    JUIN     I906.  1253 

grand  intérêt  et  il  n'y  aurait  sans  doute  pas  grand  profit  à  la  reprendre 
actuellement. 

Mon  attention  s'est  portée  plutôt  sur  des  données  secondaires  en  appa- 
rence, qui  manquent  actuellement  ou  qui  sont  très  incertaines,  telles  que  la 
chaleur  de  dissolution  de  la  rubidine  RbOH,  de  la  cœsine  GsOH,  de  la 
litlîine  Li  OH  et  de  leurs  hydrates. 

J'ai  cherché  aussi  à  préciser  en  tenant  compte,  autant  que  possible,  de  la 
température  des  expériences  anciennes  et  nouvelles,  ce  fait  ayant  une  cer- 
taine importance  pour  les  bases  alcalines  puisque  la  chaleur  de  dissolution 
varie  de  o'"''',o5  environ  par  degré,  ce  qui  peut  entraîner  un  écart  de  o''*',7 
suivant  que  l'on  opère  à  -)-  8°  ou  à  +  22°.  Malheureusement  beaucoup  d'ob- 
servateurs n'ont  pas  donné  la  température  de  leurs  expériences. 

I.  Rubidine. 

Les  fabriques  de  produits  chimiques  nous  livrent  aujourd'hui  des  échantillons  de 
rubidine  sensiblement  pure  en  ce  sens  qu'ils  ne  contiennent  que  des  traces  des  bases 
voisines,  qui  ne  gênent  pas  pour  les  recherches  que  j'avais  en  vue.  Ce  sont  des  cylindres 
coulés  à  la  lingotière,  d'une  structure  cristalline  rayonnée  dans  la  cassure,  pareils 
comme  aspect  aux  baguettes  de  potasse  ou  de  soude.  Mais  ces  substances  n'ont  jamais  la 
composition  RbOH. 

Elles  sont  formées  par  un  hydrate  délîni  :  RbOH  -f-  H-0,  qui  fond  à  -{-  145°  (M.  Picke- 
ring  a  donné  -1-  14^°  pour  le  point  de  fusion  de  Ihydrate  correspondant  de  potasse  : 
KOH  +  H-0).  Les  échantillons  que  j'ai  pu  me  procurer  avaient  tous  très  sensiblement 
cette  composition  (de  RbOH  -+-  o,yiH-0  à  RbOH  -f-   i,o5  H-Oj. 

Chauffé  à  l'air  au  creuset  d'argent,  cet  hydrate  perd  de  l'eau  tumultueusement  à+  3 1 5", 
la  masse  restant  liquide.  Si  on  laisse  refroidir  dès  que  la  fusion  est  devenue  tranquille, 
le  liquide,  sensiblement  incolore  encore,  se  solidifie  et  le  creuset  d'argent  est  à  peine 
attaqué.  Mais  la  substance  obtenue  a  pour  formule  RbOH  -)-  o,5  H-0  à  RbOH  +0,6  H-0. 
Il  faut  continuer  à  chauffer  encore  pendant  quelque  temps  vers  'iHo"  pour  arriver  à  la 
composition  :  RbOH. 

On  doit  cependant  éviter  de  prolonger  outre  mesure  l'action  de  la  chaleur  et  d'at- 
teindre 400°;  on  verrait  alors  le  liquide  se  colorer  en  vert  jaune,  tandis  que  le  creuset 
se  recouvrirait,  même  sur  les  bords  et  au  dehors,  d'efflorescences  brunes,  par  suite  de 
la  formation  d'un  peroxyde.  Dans  ce  cas  la  matière  se  dissoudrait  encore  dans  l'eau  sans 
dégagement  de  gaz,  mais  en  formant  un  peu  d'eau  oxygénée  et  l'expérience  thermique 
fournirait  des  résultats  variables. 

La  rubidine  hydratée  RbOH  +  H^O  a  pour  chaleur  de  dissolution  : 
+  3'^*',702  à  -H  iS"  ;  j'ai  déduit  ce  nombre  de  plusieurs  expériences  concor- 
dantes faites  vers  +  20°,  en  retranchant  o'^'»',o49  par  degré,  comme  pour  la 
potasse. 


1254  AC.VDÉMIE    DES    SCIENCES. 

La  rubidine  pure  RbOH  a  pour  chaleur  de  dissolution  :  +  i4'"''',264à -{-  i5°, 
en  calculant  de  la  même  manière. 

Un  échantillon  de  composition  intermédiaire  :  RbOH  +  0,613  H-0  m'a 
donné  :  +  7'^^',658  à  +  i5°. 

Des  deux  premières  expériences  on  déduit  : 

RbOH  sol.  +  H=0  liq.  =  RbOH  +  H'O  sol.  +  io'-^i,562. 

La  troisième  donnerait  :  -j-  6"^"', 606  pour  o,6i3  H-0,  ce  qui  correspond 
pour  une  molécule  à  +  io'^'',784,  de  RbOH  à  RbOH  +  0,61 3  H^O,  et  ce  qui 
donnerait  pour  une  molécule  +  10'^"', 9.22  de  RbOH  -|-  o,6i3  H'O  à  RbOH, 
H^O.  Il  n'y  a  certainement  pas  assez  de  différence  entre  ces  deux  derniers 
nombres  pour  pouvoir  affirmer  qu'il  existe  un  hydrate  intermédiaire,  tel 
que  RbOH  -\-  o,5  H'O  ou  RbOH  -{-  0,66  H'O,  comme  dans  le  cas  de  la 
potasse  et  de  la  soude. 

Indépendamment  de  l'hydrate  RbOII  +  H'O,  la  rubidine  paraît  en  former 
d'autres,  plus  hydratés  et  très  fusibles,  analogues  sans  doute  aux  hydrates 
secondaires  de  la  potasse,  mais  dont  l'étude  ne  pourra  être  faite  qu'en 
hiver. 

II.  Csesine. 

C'est  encore  un  hydrate  :  CsOH  +  H'O  que  l'on  trouve  dans  le  commerce, 
avec  la  même  apparence  que  la  rubidine. 

Ce  composé^  chauffé  au  creuset  d'argent  et  à  l'air,  fond  vers  180°  et  ne  perd  pas 
d'eau  jusqu'à  /iOo°  environ.  Pour  le  dessécfier  à  peu  près  complètement,  on  doit  le 
maintenir  assez  longtemps  entre  /(oo"  et  Soo".  Le  creuset  est  alors  toujours  aUaqué;  il 
se  recouvre  d'efflorescences  brunes  dont  une  partie  retombe  dans  la  masse  fondue  et  se 
dissout.  On  obtient  finalement  une  substance  jaunâtre,  à  peu  près  déshydratée,  mais 
qui  se  dissout  dans  l'eau  en  formant  de  l'eau  oxygénée  et  en  dégageant  abondamment 
de  l'oxygène.  Il  n'est  pas  douteux  qu'il  s'est  produit  en  partie  des  peroxydes  tels  que  les 
composés  Cs-0'  et  Cs-0'',  que  M.  Rengade  vient  de  préparer  à  l'étal  de  pureté  en  par- 
tant du  caesium. 

Je  n'ai  pu  obtenir  la  cœsine  pure  CsOH  qu'en  chauffant  l'hydrate  du  commerce  dans 
une  nacelle  d'argent,  à  Soo",  la  nacelle  étant  placée  dans  un  tube  de  verre  chauffé  élec- 
triquement et  l'eau  étant  entraînée  par  un  courant  d'hydrogène  sec.  Dans  ces  condi- 
tions, la  nacelle  n'est  pas  attaquée  et  on  olitient  une  matière  absolument  blanche  et 
déshydratée  complètement  :  c'est  Cs  OH. 


SÉANCE    DU    5    JUIN     I906.  1255 

Sa  chaleur  de  dissolution,  à  -|-  i5°^  est  de  +  i6'^='',423  ('),  tandis  que  celle 
de  l'hydrate  CsOH  +  H'O  est,  à  +  id",  de  +  4^-'»', 317. 
On  en  déduit  : 

CsOlI  sol.  +  H-0  liq.  =  CsOH  -f  H'O  sol  ...  +  la^'^'-ioG 

L'évaporation  lente  des  dissolutions  très  concentrées  de  caesine  laisse 
déposer,  à  froid,  de  fines  aiguilles  formées  par  un  hydrate  secondaire, 
probablement  :  CSOH  +  3  ou  4  H'O,  qui  fond  vers  -f-  aS  ou  +  3o°  et  dont 
Tétude  sera  reprise  plus  tard. 

III.  Lithiiic. 

La  préparation  de  1  hj'drate  :  Li  OH  -|-  H-0  ne  présente  aucune  difficulté,  car  c'est  lui 
qui  se  dépose,  en  très  beaux  cristaux,  par  évaporalion  à  froid  des  dissolutions  aqueuses 
de  lithine  dans  l'air  décarbonaté. 

Lorsqu  on  le  chauffe,  après  l'avoir  pulvérisé,  à  l'air,  il  ne  fond  pas,  mais  perd  peu  à 
peu  de  l'eau,  à  la  manière  des  hydrates  peu  stables  qui  s'effleurissent  et  il  se  change  en 
lithine  Li  OH,  qui  fond  ensuite  à  4'i5°  sans  se  peroxyder  et  sans  attaquer  le  creuset  ;  on 
la  coule  sur  une  plaque  d'argent. 

La  lithine  est  un  composé  peu  hygroscopique,  qui  se  dissout  difficilement  dans  l'eau. 
J'ai  dû  employer  l'acide  chlorhydriqiie  étendu  et  retrancher  ensuite  la  chaleur  de  neu- 
tralisation connue  (Thomsen).  Quant  à  l'hydrate,  il  se  dissout  aisément  dans  1  eau. 

J'ai  trouvé  :  pour  l'hydrate,  à  +  18°  :  -|-  o''^',72o 

pour  la  lithine,  à  +  24°  :  +  4'^^',477  (')  (LiOH  dans  2  litres). 

On  en  déduit  : 

LiOH  sol.  4-  H-0  liq.  ==  LiOH  +  H-0  sol  ...  +  3^-1,737 

Tous  ces  nombres,  pris  isolément,  ne  présentent  évidemment  qu'un 
intérêt  très  relatif.  Ils  prendront  plus  d'importance  lorsque,  dans  une  pro- 
chaine Communication,  je  pourrai  les  comparer  avec  les  données  corres- 
pondantes déjà  connues  pour  les  métaux  A-oisins. 

(')  Ce  nombre  est  un  peu  plus  élevé  que  celui  qu  a  publié  M.  Bekétoff(B.  Acad.  Saint- 
Pétersb.  t.  XXXIV  p.  i  ji,  1892J,  soit  -|-  ij'''',87G,  sans  indication  de  la  température  de 
l'expérience  :  mais  ce  savant  paraît  avoir  préparé  la  caesine  en  chauflant  Ihydrate  au 
rouge  naissant,  à  l'air  évidemment  et  sans  précautions  spéciales. 

(-)  M.  Truchot  (Co77î/Jies  rendus,  t.  XCVIII,  p.  i33o,  1884)  a  donné  +  5c»^,8-2  pour  la 
chaleur  de  dissolution  de  LiOH,  sans  indiquer  ni  la  température  ni  la  concentration. 

G.  R..  1906.   I"  Semestre.  (T.  C.\LII,  N»  23'.)  l65 


1256  ACADÉMIE     DES    SCIENCES. 

M.  GASTOX  Bo\A"iER  offre  à  rAcadémie  plusieurs  brochures  dont  il  est 
l'auteur  : 

Comparaison  entre  les  Angiospermes  el  les  Gymnospermes. 

Les  plantes  du  plateau  des  Nilghirris  [Inde  méridionale)  comparées  à  celles 
des  environs  de  Paris. 

Il  fait  hommage  en  même  temps  à  l'Académie  d'un  petit  ouvrage  portatif 
qu'il  vient  de  faire  paraître  sous  le  nom  à' Album  de  la  Nouvelle  Flore  et 
qui  renferme  2028  photographies  représentant  les  plantes  réduites  au 
cinquième  de  leur  grandeur  naturelle.  Ce  petit  volume  a  pour  but  de  faci- 
liter la  détermination  des  espèces. 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  SECKÉTAiRE  Perpktiel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance, les  ouvrages  suivants  : 

1°  Leçons  sur  les  séries  trigonométriques ,  par  Henri  Lebesgue  (Présenté 
par  M.  Emile  Picard). 

2°  Étude  sur  la  stabilité  des  trains  et  les  chemins  de  fer  a  voie  de  o"\6o, 
par  M.  le  Colonel  d'Artillerie  Péchot  (Présenté  par  M.  Léauté). 

3°  Sur  V aménagement  et  la  conservation  des  eaux.,  par  M.  A.  de  Gros- 
souvRE  (Présenté  par  M.  de  Lapparent). 


GÉOMÉTRIE.  —  Un   théorème  sur  les  courbes  algébriques  planes  d'ordre  n. 
Note  de  M.  G.-B.  GicciA,  présentée  par  M.  Emile  Picard. 

I.  Soit  Cn  une  courbe  algébrique,  quelconque,  d'ordre  n.  Fixons  arbi- 
trairement dans  le  plan  :  1°  un  point  P;  2°  une  droite  Do,  ne  passant  pas 
par  P.  Soient  :  D,  la  tangente  en  P  à  la  courbe  unique,  du  faisceau  (C„,  Dj), 
qui  passe  par  P  ;  D3  la  droite  polaire  de  P  par  rapport  à  C„.  Une  quatrième 
droite,  D.,  sera  déterminée  parla  construction  suivante  :  Le  faisceau  (C„,  G„) 
(G„  étant  le  groupe  des  n  droites  qui  joignent  P  aux  /;  points  de  rencontre 


SÉANCE    DU    5    JUIN     I906.  1257 

de  D,  avec  C„)  contient  une  courbe  qui  se  décompose  en  D^  et  en  une 
courbe  d'ordre  ii  —  i  :  C,i_i  [passant,  comme  on  sait,  par  les  n  (n  —  i) 
points  d'intersection  résiduelle  de  C„  avec  G,,].  De  même,  le  faisceau  (G„  _  i, 
G„_i)  (G„_i  étant  le  groupe  des  Ji  —  i  droites  qui  joignent  P  aux  n  —  i 
points  de  rencontre  de  Dj  avec  C,i^i)  contient  une  courbe  qui  se  décom- 
pose en  D^  et  en  une  courbe  d'ordre  n  —  2  :  G„_2,  etc.  On  détermine, 
ainsi  n  —  i  courbes  C„_i,  G„_2,...  G„_(„_i),  dont  la  dernière  est  une 
droite  :  C„_-(„_i)  ^  D,,. 

Cela  posé,  on  a  la  proposition  suivante  : 

Le  point  P  et  la  droite  D.,  étant  arbitrairement  fixés  dans  le  plan  :  1°  les 
quatre  droites  Dj,  D^,  D3,  D,,  concourent  en  un  même  point;  2°  leur  rapport 
anharmonique  est  constant  et  égal  à  n. 

Ce  théorème,  au  moyen  duquel  on  parvient  à  l'invariant  numérique  /{ 
[ordre  de  la  courbe)  comme  rapport  anliarmonique,  semble  être  nouveau. 
On  peut  le  démontrer  par  différentes  voies.  Voici  une  démonstration  très 
simple  par  l'algèbre  : 

Le  point  P  et  la  droite  D^  étant  arbitrairement  fixés  dans  le  plan,  soit 
.x\  =  .V.-,  =  .îg  =  o  un  triangle  de  référence  dont  un  des  sommets,  .r^  = 
.r,  =  o,  est  en  P  et  le  côté  opposé,  .r3  =  o,  est  D^.  L'équation  de  la 
courbe  donnée  C„  pouvant  être  ramenée  à  la  forme 

C„  =  x'î  'f 0  +  x'^  -  '  3j  +  . . .  +  .r,  -f „  _  1  -I-  'f  „  =  o, 

3o  étant  une  constante  et  s,  (j  =  i,  2,...  n)  un  polynôme  homogène  de 
degré  i  en  ,r,,  x.,,  l'on  trouve  immédiatement  : 

D,  ='fi  =  o,    D,~x,  =  o,    D3  =  -j,  +  7r^„. 1-3  =  0,    D,  =  -f, -\- 'f,x.,  =  o  ; 

d'où  il  suit  que  les  quatre  droites  D^,  D,,  D3,  D.  concourent  en  un 
même  point  (a,  =  x^  =  o)   et  que  leur  rapport  anharmonique  est   égal 

a  — i—  =  7i.  c.  Cf.  I.  d. 

En  particulier,  pour»  =^  1  (conique)  :  Les  quatre  rayons  ;  D,,  D3,  D^,  D,, 
ainsi  que  les  quatre  rayons  :  D,,  Dj,  D^,  D^,  507ï<  e/i  situation  harmonique. 

Je  m'abstiens  d'énoncer  le  théorème  que  l'on  déduit  par  dualité,  et 
qui  donne  l'invariant  niuiiérique  m  [classe  de  la  courbe)  comme  rapport 
anliarmonique'àe  quatre  points  en  ligne  droite. 

2.  Examinons  le  cas  particulier  où  l'on  fait  coïncider  P  en  un  point 
(/■)!'''■    (/•  <   n  —  i)   de  la  courbe   donnée.  Ecrivons  C'„'''  au  lieu  de  C„  et  D 


1258  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

au  lieu  de  D^.  Soient  :  Ilr  le  groupe  des  /■  tangentes  en  P  à  la  courbe  C,','  ; 
H,+i  le  groupe  des/'  +  i  tangentes  en  P  à  la  courbe,  unique,  du  fais- 
ceau (Q'',  H^  D„_,),  qui  a  un  point  (/•+  i)p''=  en  P;  L,'.'| ,  la  (//  —  /•  —  i)""'' 
polaire  de  P  par  rapport  à  C'„'''.  Le  faisceau  {C\'j\  G„)  (G„  étant  le  groupe 
des  n  droites  qui  joignent  P  aux  ii  points  de  rencontre  de  D  avec  C'„''')  con- 
fient une  courbe  qui  se  décompose  en  D  et  en  une  couriie  d'ordre  //  —  i  : 
CîfLi.  De  même,  le  faisceau  (CjfLi,  G,i_i)  (G„_i  étant  le  groupe  des  n —  i 
droites  qui  joignent  P  aux  //  —  i  points  de  rencontre  de  D  avec  Gjj'L  J  con- 
tient une  courbe  qui  se  décompose  en  D  et  en  une  courlie  d'ordre  /(  —  a  : 
Gi^'L  2,  etc.  On  détermine  ainsi  n — /•—  i  courbes  :  GJ|'L  i,  Cj,''L  a»-  •  •  G'„''L(„  - ,.  -  i)r 
avec  un  point  (/•)?'■=  en  P,  dont  la  dernière,  CS[L  („ _ ^ - 1)  ==  Gi.']. ,,  est  une 
courbe  monoïde  d'ordre  /■  -f-  i. 

On  a  dans  le  cas  actuel  la  proposition  suivante  : 

La  droite  D  étant  arbitrairement  fixée  dans  le  plan  :  i°  les  quatre  courbes 
d'ordre  /•  +  i  :  H,.  +  i,  DH,.,  U'I^,  C-^l^  appartiennent  à  un  même  faisceau; 
9°  leur  rapport  anharmonique  est  égal  à  n  — /•. 

En  eftet,  la  droite  D  étant  arbitrairement  fixée  dans  le  plan,  soit  J\  = 
.r,  ^x,=  a  un  triangle  de  référence  dont  un  des  sommets,  .ri  ^.r.,  =  o, 
est  en  P  et  le  côté  opposé,  x^  =  a,  est  en  D.  L'équation  de  la  courbe 
donnée  G|,'"'  pouvant  être  ramenée  à  la  forme 

(a)  G(r'EEE.rr'>.  +  ^r''"'?,.+.+'...+^r3a,_i  +  ^„=.o, 

C3  (f  =  /■,  /  -|-  I ,...  /()  étant  un  polynôme  homogène  de  degré  i  en  ,r^,  .r,, 
on  a  tout  de  suite  : 

H,  +  1  =  »,  +  1  =^  o,  DH,  =  ,^3  »,  =  o,       lli:\  ,  ==  tf,  + 1  +  [a  —  /•)  x^  o,  =  o, 

G[.'|  1  =  cp,  ^.  1  4-  x^  'fr  =  o  ; 

d'oîi  il  suit  que  les  (juatre  courbes  d'ordre  / •  +  i  :  II, 4.1,  DH,,  L,','.^i, 
Gi'li  appartiennent  à  un  même  faisceau  et  (jue  leur  rapport  anharmonique 
est  égal  an  —  /•.  c.  q.  f.  d. 

Pour  r  =  Il  —  2  [courbe  hyperelliptique  d'ordre  n  avec  un  point  (n  —  a) 
—  pie]  le  rapport  anharmonique  des  quatre  courbes  d'ordre  a  —  i  :  H„  i, 
DH„_2,  Ljfrf,  GS''r  fêtant  égal  à  2,  l'on  déduit  que  :  les  'quatre  courbes 
H„_i,  LÎ"rf\DH„_  3,  Cl''^zf ,  ainsiquelesquatre  courbes\il^Zi\  H„_2,  DH„_  2, 
CS,"jri"',  sont  en  situatu)n  harmonique. 


SÉANCE    DU    5    JUIN     I906.  I^Sq 

3.  Dans  une  Note  publiée  dans  les  Rendicotai  de  Palerme  [tome  XVI  (1902),  pp.  '204- 
208],  j'ai  appelé  i'''^,  •2'-''"''...,  (n —  r —  1)'"°  conjointe  de  deuxième  espèce  delà  courbe  Cjf', 
par  rapport  au  point  P  et  à  une  droite  quelconque  D,  ne  passant  pas  par  P,  respecti- 
vement les  n  • —  /•  —  1  courbes  CjjL  1  Cjj''_  2,...  ^r  +  \  que  nous  venons  de  déterminer 
(n°  2) .  Par  contre,  j'ai  donné  le  nom  de  i  ''^"y  2''""^ , . . .  (n  —  r  —  i  j'-'""^  conjointe  de  première 
espèce  dq  C;|'  jiar  rapport  à  P  et  à  D,  respectivement  aux  n  —  /• —  i  courbes  d'ordre  n  : 
^n  CJl +-',...  C',^  ~      ,   que  l'on  déduit  de    C'^""^  par  le  procédé  suivant  :  Le  fais- 

ceau (C),'',  H,.D"  —  'JlH,.  désignant  le  groupe-  des  ;■  tangentes  en  P  à  la  courbe  O^')  con- 
tient une,  et  une  seule,  courbe  douée  d'un  point  ('' +  i)'''''  en  P  :  C^'  "*"  '.  De  mêuie, 
le  faisceau  (CJ,'"''"  '',  H,,  ^  ,  D"~''~')(Hr  +  ,  désignant  le  groupe  des  r  -(-  i  tangentes  en  P 
à  la  courbe  C;|  "■"  j  contient  une,  et  une  seule,  courbe  douée  d  un  point  (;•  -)-  2)?'" 
en  P  :  C;[  "*"   '.  Et  ainsi  de   suite,  jusqu'à  ce   que   l'on   parvienne  à  la  courbe  monoïde 

Q[r  +  {,,  -  r  -  l)]  ^  p(„  _  1) 
n  —  ^n 

Ces  deux  définitions  subsistent  intégralement  pour  le  cas  général  /■  ^  o,  où  1  on  doit 
alors  sous-entendre  que  P  est  un  point  quelconque  du  plan. 

Dans  la  Note  citée,  j'ai  fait  connaître  quelques-unes  des  propriétés  géométricjues  des 
courbes  conjointes  des  deux  espèces.  Ici,  je  me  bornerarà  en  rappeler  une,  qui  concerne 
les  groupes  de  rayons  G  et  H  (auxquels  j'ai  eu  recours  pour  la  construction  des  con- 
jointes), savoir  que  :  G,  ^  H,. 

Quant  à  la  représentation  analytique  de  ces  courbes,  elle  nous  est  immédiatement 
fournie  par  les  précédentes  constructions  géométriques.  La  courbe  donnée  C„  étant 
représentée  par  l'équation  (a),  les  n  —  r —  i  conjointes  de  première  et  de  deu.rièine 
espèce,  par  rapport  au  point  P  (xi  =  xj  =  o)  et  à  la  droite  D  (x^  =  o)  ont  respective- 
ment pour  équations  : 

r(''+')  ,."  —  '•  — 1     '■  +  !     I  I  ni'-)        Il  —  )•  —  1  ,  , 

nt.''  +  2)  n  —  I-  —  2  ,  ,  ^(r)         n  —  r  —  2  ,  , 

^n  ='^3  9,-  +  2  -t-  •■■  -t-'-f/i  =  O,      ^n  —  î  =  -''i  9r  +  •..  +  Çn  —  2  ^  O, 

P(h  —  1)  I  ^Ir)  1 

^n  =: -i-i  (f„  _  1  +  v«  =  O,  C].\.^=x■iO,■-j-<f,._^_^  —  o. 

Les  théorèmes  précédents  s'étendent  aux  surfaces  algébriques. 

GÉODÉSIE.  —  Cercle  azimutalà  microscopes  du  service  tecluiiquc  du  cadastre. 
Note  de  M.  Ch.  LA.LLF.n«.\D,   présentée  par  M.  Bouquet  de  la  Grye. 

Les  opérations  cadastrales  comportent,  dans  la  triangulation  et  la  poly- 
gonation,  un  très  grand  nombre  de  mesures  angulaires,  qu'il  importe  de 
faciliter  et  d'accélérer.  En  vue  d'obtenir  ce  résultat  sans  rien  sacrifier  de  la 


1200 


ACADEMIE     DES    SCIENCES. 


précision  nécessaire,  j'ai  fait  construire  (')  un  type  spécial  de  cercle  azi- 
mutal  [fig.  i)  présentant  diverses  particularités. 


Fi  or.  [.  —  Cercle  azimulal,  ù  microscopes,  du  Service  technique  du  Cadastre. 

Le  limbe  horizontal  est  divisé  en  décigrades  et  chiffré  en  grades;  deux 
miscroscopes  coudés,  disposés  à  droite  et  à  gauche  de  la  lunette  et  pourvus 
d'un  réticule  à  un  seul  fil  horizontal,  permettent  de  lire  directement,  par 
estime,  le  centigrade  (-)  (fig.  2). 

La  lunette  est  mobile  autour  d'un  axe  horizontal  disposé  près  de  l'ocu- 
laire, ce  (jui  réduit  beaucoup  les  déplacements  verticaux  de  celui-ci  ;  l'axe 
optique  peut  prendre,  de  part  et  d'autre  de  l'horizon,  une  inclinaison  de 


(})  Chez  MM.  Ponthus  et  Therrode,  6,  rue  Victor  Considérant,  à  Paris. 

(^)  Ces  dispositions  reproduisent  à  peu  près  celles  que,  dès  189',,  j'avais  fait  adapter 
à  un  tachéomètre  Sanguet,  en  vue  de  la  réfection  du  cadastre  de  la  commune  de  Xeuillj- 
Plaisance  (Seine-et-Oise).  (Procès-verbaux  de  la  Commission  e.vtra-parlemenlaire  du 
cadastre.  Fasc.  n°  6,  p.  '.429.  Paris,  Imprimerie  Nationale,  1898). 


SÉANCE    DU     5    JLIN     I90G.  12G1 

3o  grades   dont  la  mesure  s'effectue,  à  l'aide  d'un  troisième  microscope 
coudé,  sur  un  secteur  divisé  et  chiffré  de  la  même  manière  que  le  limbe. 


Cercle  horizoulal. 
Côté  gauche. 


Secteur  Aerlicat. 


Cercle  horizoutal. 
Côté  droit. 


Azimut.  Inclinaison.  Azimut. 

Fig.  2.  —  Images,  en  grantleur  iialurelle,  des  divisions  vues  dans  les  trois  microscopes. 


Los  oculaires  des  trois  microscopes  entourent  celui  de  la  lunelte  et 
permettent  ainsi  à  l'opérateur  d'effectuer  toutes  ses  lectures  sans  déplace- 
ment et  par  un  simple  mouvement  de  tête. 

Le  support  de  l'instrument  renferme  un  dispositif  de  translation  et  porte 
une  calotte  sphérique  mobile,  analogue  à  celle  du  niveau  employé  pour 
le  nivellement  général  de  la  France. 

Des  essais  prolongés  ont  montré  que,  à  égalité  de  diamètre  des  limbes, 
la  précision  réalisée  dans  les  mesures  d'angles  avec  cet  appareil  le  cède 
peu  à  celle  obtenue  avec  les  meilleurs  modèles  antérieurs,  à  verniers  ou 
à  micromètres,  ou  bien  à  vis  tangente  et  limbe  denté.  Seul,  le  dispositif  à 
tambour  micrométrique  donne  une  exactitude  notablement  supérieure. 

Le  tableau  ci-après  donne  à  cet  égard  les  résultats  de  nombreuses  expé- 
riences effectuées  à  l'aide  de  divers  appareils  par  M.  Cuvigny,  conducteur 
des  Ponts  et  Chaussées,  attaché  au  service  technique  du  Cadastre  et  par 
le  docteur  Reinhertz,  protesseur  à  l'Université  de  Bonn  {^Zeitschrift  fur 
Vermessungsweseu,  1902,  p.  214). 


I2G2 


ACADEMIE     DES     SCIENCES. 


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SÉANCE     DU     5    JUIN     I906.  1263 

Pour  faciliter  les  comparaisons,  on  a,  dans  Tavant-dernière  colonne  de 
ce  tableau,  ramené  à  un  même  diamètre  de  limbe,  les  erreurs  directement 
observées.  Les  écarts  entre  les  différents  types  se  sont  ainsi  trouvés 
notablement  atténués  ;  il  semble  d'après  cela  que,  toutes  choses  égales 
d'ailleurs,  dans  les  observations  angulaires,  Terreur  à  craindre  ne  change 
pas  notablement  avec  le  procédé  employé  pour  mesurer  les  fractions  de 
divisions  (')  et  qu'elle  dépende  surtout  du  diamètre  du  limbe  portant  ces 
divisions. 

CHRONOMÉTRIE.  —  Contrôle  des  horloges  synchronisées  électriquement. 
Note  de  M.  Jeax  Mascart,  présentée  par  M.  M.  Lœwy. 

Imaginons  un  certain  nombre  d'horloges,  dites  centres  horaires,  placées 
sur  la  voie  publique  et  montées  en  série  sur  un  circuit  commandé  par 
une  horloge  tête  de  ligne  :  celle-ci,  toutes  les  secondes,  envoie  dans  le  cir- 
cuit un  courant  synchronisateur  de  4/'0  de  seconde.  Les  centres  horaires 
sont  réglés  sur  l'avance,  et  leurs  balanciers  sont  légèrement  retenus,  à 
chaque  émission  de  courant,  par  deux  électro-aimants  placés  en  dessous, 
à  droite  et  à  gauche,  aux  amplitudes  maxima. 

Le  public,  ayant  constaté  quelques  accidents  indéniables,  inhérents  à 
toute  installation  de  distribution  électrique,  et  plus  fréquents  récemment 
par  rupture  de  circuit  à  cause  des  travaux  souterrains  considérables  qui 
ont  été  effectués,  n'hésite  pas  à  généraliser  pour  affirmer  que  les  centres 
horaires  ne  sont  jamais  à  l'heure  :  l'attention  ayant  été  attirée  dernièrement 
sur  ces  faits  d'une  manière  particulière,  il  serait  opportun  que  le  public, 
placé  à  côté  d'une  réceptrice,  fut  immédiatement  prévenu  jsi  un  centre 
horaire  n'est  plus  à  l'heure  exacte. 

La  première  idée  qui  vient  à  l'esprit  consiste  à  installer,  à  côté  de  chaque 
centre  horaire,  un  galvanoscope  branché  dans  le  circuit  et  dont  l'aiguille, 
par  son  arrêt,  préviendra  lors  des  ruptures  de  circuit,  accident  normal  et 
le  plus  fréquent  :  l'arrêt  de  cet  organe  nouveau  mettrait  le  public  en  garde 
contre  un  accident  imaginaire,  ce  qui  est  encore  préférable  à  une  confiance 
mal  fondée  dans  une  indication  fausse. 

(')  Abstraction  faite  toutefois  du  dispositif  à  taiiiljour  micrométrique,  que,  d'autre  part, 
sa  complication  sensiblement  plus  grande  fait  écarter  des  instruments  de  topographie 
ou  de  géodésie  expéditive. 

C.  R.,  1906,  i"  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  23.)  166 


1204  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Mais,  par  suite  de  rhocs  notamment,  un  centre  horaire  peut  être  décalé  légèrement 
par  rapport  à  la  tête  de  ligne.  M.  Bigourdan  a  proposé  (')  de  supprimer  à  la  tête  de 
ligne  une  émission  de  courant  type,  à  la  seconde  zéro  par  exemple  ;  si  le  centre  horaire 
est  en  concordance  avec  la  tête  de  ligne,  l'aiguille  de  son  galvanoscope  devra  s'arrêter 
à  la  seconde  zéro  du  centre  horaire.  Pour  diverses  raisons  d'organisation  spéciale,  ce 
contrôle  ne  serait  d'ailleurs  pas  absolu,  et  son  moindre  inconvénient  est  d'exiger  chez  le 
public  une  certaine  habitude  de  ces  comparaisons.  M.  Maxant,  de  la  maison  Bréguet,  a 
proposé  l'installation  d'un  voyant  rouge  qui  apparaît  à  côté  du  cadran  dès  que  le  centre 
horaire  est  décalé  par  rapport  à  la  tête  de  ligne  et  ne  peut  être  relevé  qu'en  réparant 
l'erreur  :  cette  élégante  solution  paraît  devoir  être  définitivement  adoptée. 

Mais  la  tête  de  ligne  ne  crée  pas,  pour  ainsi  dire,  l'heure  qu'elle  marque  et  qu'elle 
envoie  :  tout  comme  elle  dirige  les  centres  horaires,  elle  est  elle-même  sous  la  dépen- 
dance d'un  régulateur  de  précision,  dite  pendule  directrice.  M.  C.  Wolf,  à  qui  l'on  doit 
la  très  heureuse  installation  de  cette  distribution,  fait  commander  les  têtes  de  lignes  des 
divers  réseaux  par  lintermédiaire  d'un  relai  Siemens.  Or,  une  fois  par  an  environ,  il 
arrive  un  accident  à  ce  relai,  qui  s'arrête  :  dans  ce  cas,  les  têtes  de  lignes,  réglées  sur 
1  avance,  s  emballent  par  rapport  à  l'heure  vraie  de  la  directrice  et  tous  les  centres 
horaires  des  réseaux  se  trouvent  entraînés  et  gravement  perturbés. 

On  n'avait  point,  jusqu'ici,  proposé  de  remède  à  cet  accident  qui  est 
d'autant  plus  important  qu'il  faut  assez  longtemps  pour  remettre  à  l'heure 
tous  les  centres  horaires  ;  nous  allons  voir,  précisément,  comment  le  public 
peut  être  informé,  cette  fois  encore,  que  l'heure  qu'il  observe  ne  mérite 
pas  toute  confiance. 

Pour  cela,  remarquons  qu'un  mouvement  d'horlogerie  est  adjoint  à  ce 
relai,  et  que  l'une  des  roues,  très  robuste,  de  ce  mouvement,  parcourt  une 
dent  par  seconde.  Imaginons  que  l'on  place,  contre  le  profil  de  cette  roue 
dentée,  une  levée  à  ressort  en  lame  passant,  tantôt  sur  les  pleins,  tantôt 
sur  les  creux  :  notons  immédiatement  que  les  dispositions  locales  sont 
telles  cjue  la  roue  s'arrête  toujours  dans  la  même  position  en  cas  d'arrêt 
du  relai  :  nous  ferons  que  cette  levée  soit  alors  dans  le  creux  d'une  dent. 
Ce  mouvement  de  va-et-vient  permet  à  la  levée  d'ouvrir  et  de  fermer  un 
circuit  ;  le  réglage  d'une  vis  de  pression  lui  permettra  de  le  fermer  aussi 
longtemps  qu'il  le  faudra  et  de  ne  l'ouvrir  que  dans  les  creux  des  dents. 
Le  petit  circuit  spécial  correspondant,  par  l'intermédiaire  d'un  relai,  fer- 
mera le  circuit  de  la  directrice  avant  que  celle-ci  n'envoie  son  courant  syn- 
chronisateur  et  l'ouvrira  une  fois  envoyé  ce  dernier  courant. 


(')   G.  BiGOunoAN,  Comptes  rendus,  t.  CXLll,  p.  865,  9  avril  igoG. 


SÉANCE    DU    5    JUIN     I906.  1265 

S'il  y  a  donc  ari'êt  durelai,  la  tète  de  ligne  s'emballe;  mais  notre  levée  est 
dans  un  creux,  et  le  circuit  de  la  tête  de  ligne  est  ouvert  :  la  tête  de  ligne 
ne  commande  donc  plus  les  centres  horaires,  l'accident  apparent  est 
une  rupture  de  circuit,  tous  les  galvanoscopes  sont  arrêtés  et  le  public  est 
prévenu. 

Nous  indiquerons  ailleurs  quels  sont  tous  les  accidents  possibles  et 
leurs  contrôles,  tant  en  ville  qu'à  l'Observatoire,  mais  déjà,  par  ces  trans- 
formations très  simples,  le  public  aura  une  ample  satisfaction  pour  sa  juste 
curiosité. 

ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  une  expérience  de  Hittorfet  sur  la  généralité  de  la  loi 
de  Paschen.  Note  de  M.  E.  Bolty,  présentée  par  M.  Lippmann. 

On  doit  à  Hittorf  la  curieuse  expépience  que  voici.  Deux  ballons  de 
verre  communiquent  d'une  part  par  un  tube  droit  et  court,  d'autre  part 
par  un  très  long  tube  en  spirale.  Deux  électrodes  de  platine  traversent  de 
part  en  part  les  ballons  et  viennent  se  terminer  dans  le  tube  droit  à  un 
millimètre  l'une  de  l'autre.  Quand  le  gaz  est  suffisamment  raréfié  à  l'inté- 
rieur de  l'appareil,  la  décharge  électrique  refuse  de  passer  par  le  trajet 
court  et  direct  :  elle  choisit  le  plus  détourné,  quelques  milliers  de  fois 
plus  long. 

C'est  là  une  très  belle  expérience  de  cours,  mais  dans  laquelle  il  est 
difficile  de  faire  la  part  qui  revient  aux  électrodes.  Le  champ  varie  d'ail- 
leurs d'une  manière  arbitraire  à  l'intérieur  du  tube  sinueux.  Il  m'a  paru 
qu'il  y  avait  intérêt  à  répéter  l'expérience  dans  des  conditions  mieux  définies, 
dussent  même  en  souffrir  la  simplicité  et  l'élégance  du  dispositif. 

Prenons  de  larges  tubes  sans  électrodes  de  longueurs  très  différentes. 
Disposons  chacun  d'eux  entre  les  plateaux  et  suivant  l'axe  d'un  condensa- 
teur, de  telle  sorte  que  chacun  des  condensateurs  et  le  tube  correspondant 
forment  des  systèmes  semblables.  Mettons  les  divers  tubes,  remplis  d'un 
même  gaz,  en  communication  entre  eux  et  disposons  tous  les  condensa- 
teurs en  parallèle. 

Si  maintenant  nous  abaissons  progressivement  la  pression  du  gaz  et  que 
nous  réglions  convenablement  la  différence  de  potentiel  constante  à 
laquelle  chacune  des  couches  de  gaz  épaisses  se  trouve  ainsi  soumise, 
nous  devons  trouver  qu'aux  pressions  les  plus  élevées,  c'est  le  tube  le  plus 
court  qui  s'illumine  le  premier.  A  mesure  que  la  pression  s'abaisse,  l'avan- 


1206 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


tage  passe  à  un  tube  plus  long  et  ainsi  de  suite  jusqu'à  ce  que,  à  une  pres- 
sion suffisamment  basse,  ce  soit  le  plus  long  tube  qui  s'illumine  seul. 

Sous  cette  forme,  l'expérience  s'était  trouvée  réalisée  d'elle-même,  ou 
du  moins  devenait  inutile,  d'après  mes  recherches,  récemment  publiées, 
sur  le  passage  de  l'électricité  à  travers  des  couches  épaisses  de  gaz  ('). 

Pour  donner  une  idée  nette  des  phénomènes,  je  me  bornerai  à  transcrire 
la  comparaison  suivante  des  différences  de  potentiel  minimum  efficaces 
pour  provoquer  l'effluve  dans  un  ballon  plat  de  S'"", 6  de  diamètre  (dans  le 
Sens  du  champ)  et  dans  un  tube  large  de  87™, 8  de  long  (dans  le  sens  du 
champ). 


Pressions    Diff.  de  pot.  critiques  en  volts 


en  cm. 

Ballon. 

Tube. 

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885 

1962 

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654 

1482 

0,0247 

63o 

1228 

0,0191 

642 

1  100 

o,oi36 

669 

938 

Pressions     Diff.  de  pot.  critiques  en  volts 
en  cm.  Ballon.  Tube. 


0,0107 

727 

861 

0,0075 

868 

798 

o,oo63 

968 

714 

0 , 0040 

i352 

620 

0,002 5 

2020 

'620 

Le  renversement  est  aussi  net  que  possible.  C'est  à  partir  d'une  pression 
de  G™, 0084  qu'il  s'opère.  Au-dessus  de  cette  pression,  c'est  le  ballon,  au- 
dessous,  c'est  le  long  tube  qui  s'illumine  le  plus  aisément. 

Cherchons  maintenant  à  tirer  de  l'expérience,  ainsi  complétée,  tout 
l'enseignement  qu'elle  comporte. 

J'ai  montré  depuis  longtemps  que  la  différence  de  potentiel  critique  est 
la  somme  de  deux  termes,  prépondérants  l'un  à  haute,  l'autre  à  très  basse 
pression.  Le  premier  ne  dépend  que  de  la  masse  de  gaz  en  expérience  par 
centimètre  carré  de  section,  fixée  par  le  quotient  pejT  {p,  pression,  e, 
épaisseur,  T,  température  absolue).  J'ai  montré  de  la  manière  la  plus  nette 
que  le  second  terme,  croissant  lorsque  la  pression  diminue  est  sous  l'in- 
fluence de  la  paroi,  car  il  se  trouve  modifié  quand  on  change  la  nature  ou 
l'état  de  celle-ci.  On  pourrait  donc  penser  que,  pour  une  paroi  donnée  dans 
un  état  invariable,  ce  terme  ne  dépend  que  de  la  pression  seule.  L'expé- 
rience de  Hittorf,  dans  laquelle  ni  la  paroi,  ni  la  pression  ne  diffèrent  et 
où  cependant  le  trajet  le  plus  long  est  favorisé,  nous  oblige  à  abandonner 
cette  hypothèse.  Ce  n'est  pas  la  pression,  c'est  le  quotient /;e/T  qui  règle 


(')   Comptai  rendus,  t.  CXLI,  p.  'ii-^  ;  Journal  de  physique,  /,=  série,  t.  V,  p.  219. 


SÉANCE    DU    5    JUIN     I906.  I267 

aussi  bien  la  valeur  du  second  terme  que  celle  du  premier.  Quand  la 
nature  etVétatde  la  paroi  sont  identiques,  la  loi  de  Paschen  généralisée  est 
aussi  bien  applicable  aux  basses  qu'aux  hautes  pressions. 

Il  se  trouve  que  pour  le  ballon  de  5°™, 6  et  le  tube  de  87™, 8  la  loi  de 
Paschen  est  en  effet  applicable,  tout  au  moins  en  ce  sens  que  la  différence 
de  potentiel  critique  minimum  possède  pour  les  deux  récipients  des 
valeurs  sensiblement  identiques  (respectivement  629  et  620  volts)  et  cor- 
respond à  des  valeurs  de  pejT  aussi  très  voisines.  Mais  la  coïncidence  est 
souvent  moins  bonne,  même  avec  le  verre.  Avec  un  ballon  de  silice  de 
5™, 4  dans  le  sens  du  champ,  la  différence  de  potentiel  critique  minimum 
était  de  910  volts. 

PHYSIQUE.  —  Propriétés  des  surfaces  pour  lesquelles  t angle  de  raccorde- 
ment apparent  de  l'eau  est  nul.  Note  de  M.  H.  Ollivier,  présentée  par 
M.  J.  Violle. 

Tout  le  monde  sait  que  l'eau,  les  solutions  ayant  une  grande  tension 
superficielle  et  le  mercure  présentent  un  angle  de  raccordement  apparent 
nul  sur  les  surfaces  enfumées  ou  saupoudrées  de  lycopode  et  sur  les  feuilles 
de  certaines  plantes  telles  que  la  capucine. 

Celles  de  ces  surfaces  qui  se  prêtent  à  l'étude  sont  les  surfaces  métalli- 
ques recouvertes  d'une  très  mince  couche  de  cire  et  enduites,  sans  fondre 
la  cire,  soit  de  noir  de  fumée  (déposé  de  la  flamme  du  pétrole),  soit 
à' anhydride  arsénieuz  (déposé  de  la  flamme  de  l'hydrogène  arsénié)  ('). 
Je  les  désignerai  simplement  par  «  surfaces  enfumées  ». 

I.  Contact  de  l'eau  et  d'une  surface  enfumée,  —  L'eau,  déposée  sur  une 
telle  surface,  en  est  séparée  par  une  couche  d'air  qui  produit  la  réflexion 
totale  de  la  lumière.  L'eau  ne  touche  que  la  pointe  des  très  petites  aspé- 
rités dont  la  surface  est  hérissée  et  ne  descend  pas  dans  les  creux  par 
suite  de  sa  tension  superficielle.  Elle  a  la  même  mobilité  que  dans  le  cas 
de  la  caléfaction.  Malgré  cela,  le  glissement  à  la  paroi  est  nul. 

J'ai  fait  à  ce  sujet  un  grand  nombre  d'expériences  avec  deux  disques  horizontaux 
de  i-.i'^'"  de  diamètre  dont  l'un  est  fixe  et  dont  l'autre,  suspendu  à  un  fd  de  torsion,  oscille 

(')  On  lave  ensuite  à  l'eau.  Lorsque  ces  surfaces  sont  bien  préparées  (ce  qui  exige 
quelques  tâtonnements)  on  peut,  sans  les  altérer,  leur  faire  subir  le  choc  de  plusieurs 
milliers  de  gouttes  tombant  au  même  point. 


1268  ACADÉMIE    DES     SCIENCES. 

autour  de  ce  ûl  au-dessus  du  premier  disque.  Les  disques  sont  plongés  dans  l'eau.  On 
peut  varier  leur  distance  d  de  <)'""', 5  à  60™".  J'ai  mesuré  en  fonction  de  d  les  valeurs  du 
décrément  logarithmique  qui  exprime  l'amortissement  des  oscillations.  Ces  valeurs  sont 
les  mêmes,  que  les  disques  soient  nus,  enduits  de  cire  ou  enfumés.  Le  glissement  à  la 
paroi  est  donc  le  même  dans  les  trois  cas.  Comme  il  est  nul  pour  les  surfaces  que  l'eau 
peut  mouiller  ('),  il  résulte  de  mes  expériences  qu'il  est  nul  pour  les  surfaces  enfu- 
mées. Un  glissement  à  la  paroi  conduisant  à  remplacer  la  surface  par  une  surface 
parallèle  distante  de  la  première  de  deux  fois  l'épaisseur  de  l'enduit  aurait  été  mis  en 
évidence. 

II.  Choc  de  l'eau  sur  une  surface  enfumée.  —  On  observe  sur  ces  surfaces 
un  rejaillissement,  très  énergique  et  extrêmement  régulier,  de  petites 
gouttes  d'eau  ou  de  mercure.  Je  me  borne  à  indiquer  dans  cette  Note  les 
conditions  de  l'expérience,  dont  l'étude  sera  prochainement  publiée. 

On  forme  une  petite  goutte  d'eau  G  (-)  à  un  orifice  non  mouillé  percé  dans  une  paroi 
enfumée.  Elle  tombe  d'une  hauteur  :;  (8'™  au  plus)  sur  une  surface  enfumée  inébranlable. 
La  goutte  s'aplatit  par  le  choc  ;  la  tension  superficielle  développe  alors  des  pressions 
qui  tendent  à  ramener  la  gouUe  à  la  forme  sphérique.  Une  gouttelette  Gr*  se  détache  et 
est  projetée  normalement  avec  une  vitesse  considérable.  Son  diamètre,  fonction  de  ;, 
peut  dépasser  le  tiers  de  celui  de  G.  Elle  s  élève  jusqu'à  un  niveau  ;'  souvent  de  beau- 
coup supérieur  à  celui  de  l'orifice  d'écoulement  (et  même  à  celui  du  iiquide  dans  le 
réservoir). 

Exemple  d'une  grande  hauteur  atteinte  :  z'  =  'io""  pour  une  hauteur  de  chute 
j.  __  icnijS,  avec  des  gouttes  de  7"Br^5. 

Comme  la  gouttelette  serait  projetée  sur  l'orifice  si  la  paroi  frappée  était  horizontale, 
il  faut  incliner  cette  paroi  et  G'  décrit  une  parabole.  Le  reste  de  la  goutte  rebondit  un 
peu  en  vibrant  énergiquement. 

On  peut  faire  tomber  des  milliers  de  gouttes  sur  le  même  point  de  la 
surface,  les  gouttelettes  projetées  suivent  exactement  les  mêmes  trajec- 
toires (^). 

Ces  trajectoires  sont  les  mêmes,  que  la  surface  soit  recouverte  de  noir  de  fumée, 
d'anhydride  arsénieu.x  ou  de  lycopode.  Le  phénomène  ne  dépend  pas  de  la  nature  de  la 
surface,  pourvu  que  l'angle  de  raccordement  soit  nul.  Mais  il  ne  ressemble  en  rien  au 
rejaillissement  insignifiant  qu'on  arrive  à  produire,  pour  des  hauteurs  de  chute  beaucoup 

(')  Expériences  de  ^^'hetham  (Proc.  Roy.  Soc.  1890)  sur  le  verre  propre  et  le  verre 
argenté. 

(i^  (Sun;!-  J^^  plus,  n  ^^i  avantageux  en  général  de  ne  pas  dépasser  j  ou  G^sr. 

(")  Les  gouttes  trop  grosses  ne  donnent  pas  de  rejaillissement  régulier.  11  y  a  pour 
certaines  valeurs  de  -  plusieurs  gouttes  projetées. 


SÉANCE    DU    5    JUIN     I906.  I269 

plus  grandes  sur  les  surfaces  enduites  de  cire,  de  suif,  etc.,  où  l'angle  de  raccordement 
n'est  pas  nul.  De  même  le  mercure  donne  sur  les  surfaces  enfumées  un  rejaillissement 
régulier  et  n'en  donne  pas  sur  le  verre  propre. 

Pour  des  valeurs  de  z  inférieures  à  2™  environ  (cela  dépend  de  la  grosseur  de  la  goutte) 
on  n'a  pas  de  subdivision  de  la  goutte  (').  Si  l'on  augmente  z,  le  rejaillissement  régulier 
se  produit.  La  gouttelette  projetée  G^  est  d'abord  très  petite  et  va  très  haut  ;  elle  grossit 
à  mesure  qu'on  augmente  :;.  La  variation  de  la  hauteur  de  rejaillissement  ;:'  en  fonction 
de  la  hauteur  de  chute  :;  peut  être  très  rapide.  Un  montage  soigné  de  toutes  les  pièces 
de  l'appareil  est  donc  indispensable,  c  doit  être  connu  à  10  microns  près. 

Exemple  de  variation  rapide.  —  Pour  3 


■2'i""" 

;'  z=    lao"""^ 

■23,8 

i58 

24 

175  (maximum) 

a5 

1-25 

26 

63 

27^4 

3i   (minimum) 

a8 

/,<) 

La  hauteur  de  rejaillissement  ;'  passe  par  une  série  de  ina.vima  et  de  ininima  très 
accusés  qui  correspondent  aux  espaces  parcourus  par  la  goutte  pendant  les  périodes 
successives  de  sa  vibration. 

L'intervalle  de  temps  *)  qui  sépare  les  chutes  de  deux  gouttes  consécutives  doit  être 
supérieur  à  trois  ou  quatre  secondes.  Si  les  gouttes  se  succèdent  plus  rapidement,  le 
rejaillissement  change  parce  que  non  seulement  le  poids  des  gouttes  change  (-),  mais  aussi 
la  forme  des  gouttes  (elles  sont  d'autant  plus  allongées  que  0  est  plus  petit  :  l'état 
vibratoire  change  donc). 

Le  rejaillissement  régulier  est  fortement  influencé  par  la  variation  de 
tension  superficielle  du  liquide.  Par  exemple  une  trace  de  savon  ajoutée  à 
l'eau  réduit  la  valeur  de  :;'  de  G'"'  à  i"'". 

On  peut  se  servir  de  ce  phénomène  très  sensible  et  très  régulier  pour 
apprécier  de  faibles  changements  dans  la  composition  des  liquides  de  grande 
tension  superficielle. 

(')  Mais,  dans  un  intervalle  de  variation  de  z  de  l'ordre  du  mm,  on  perçoit  au  moment 
du  choc  un  bruit  sec  dont  l'intensité  passe  par  un  maximum  très  accusé  pour  une 
valeur  de  ;  déterminée  à  10  microns  près.  Ou  n'entend  ce  bruit  pour  aucune  autre 
valeur  de  z. 

(^)  Exemple.  Pour  toute  valeur  de  6  >    i^ 

H 


jS 

P  = 

7-"e,,'i5 

0.62 

P  = 

7»8^J(> 

0,4 

7  "S,  2  5 

0,2 

j"B,y 

0,1 

3'"s,6 

12^0  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Action  du  chlorure  de  silicium  sur  le  nickel.  Note 
de  M.  Em.  V'iGOiROUX,  présentée  par  M.  Moissan. 

Dans  deux  Communications  antérieures  ('),  nous  avons  publié  les  résul- 
tats de  nos  recherches  touchant  l'action  répétée  du  chlorure  de  silicium 
soit  sur  le  fer,  soit  sur  le  cobalt.  Notre  mode  opératoire  est  le  même  pour 
le  nickel,  avec  cette  différence  que  nos  réactions  ont  été  suivies  de  plus 
près,  les  produits  successivement  obtenus  ayant  été  soumis  à  l'analyse. 

Première  action.  —  Nous  partons  de  5o  ^'  de  nickel  en  poudre  que  nous  chauffons  dans 
Ihydrogène  sur  une  nacelle  en  porcelaine  ;  dès  que  le  chlorure  de  silicium  commence  à 
bouillir,  nous  arrêtons  le  courant  gazeux  et  nous  dirigeons  les  vapeurs  de  ce  liquide 
sur  le  métal  de  plus  en  plus  chauffé  ;  au  bout  de  4''  environ,  nous  abandonnons  le  tout 
au  refroidissement  :  Nous  constatons  que  le  métal  a  subi  une  diminution  de  poids  très 
peu  sensible  et  que  sa  poudre  est  à  peine  agglomérée.  Après  une  seconde  action,  la 
masse  est  frittée,  mais  non  fondue  ;  elle  ne  pèse  plus  que  45^^  Un  troisième  passage  du 
chlorure  de  silicium  sur  cette  masse  frittée,  qu'on  a  pulvérisée  grossièrement,  entraîne 
sur  la  nacelle  la  formation  d'un  lingot  pai-faitement  fondu  ne  pesant  plus  que  35e''.  Ce 
lingot,  qui  présente  l'apparence  du  nickel  fondu,  est  assez  cassant,  cristallin  à  l'inté- 
rieur ;  il  est  possible  de  le  fragmenter  à  l'aide  du  mortier  d'Abich,  bien  qu'il  s'aplatisse 
sensiblement.  Enfin,  propriété  importante  il  n'est  pas  magnétique.  Avant  de  continuera 
le  traiter,  nous  le  soumettons  à  l'analyse.  Nous  en  attaquons  un  fragment  à  l'aide  de 
l'acide  azotique  chaud  et  nous  activons  l'action  par  l'addition  de  quelques  gouttes  d'acide 
chlorhydrique.  La  silice  résiduelle,  qui  est  grise,  est  rendue  blanche  par  décantation 
du  liquide  et  addition  d'eau  régale  au  résidu.  Le  nickel  est  dosé  par  électrolyse  de  sa 
solution  sulfurique  ammoniacale.  Nous  trouvons  : 

I  II         Calculé  pouh  ÎN'i'Si 

Nickel    p.  100 88,96  89,20  89,17 

Silicium     — 9,66  9,48  10, 83 

98,62       98,68      100,00 

avec  0,67  p.  100  de  fer.  Ces  chiffres  sont  voisins  de  ceux  donnant  la  formule  Ni'Si.  — 
En  opérant  sur  SoS'  d'un  second  échantillon  de  nickel  totalement  dépouillé  de  fer  et 
traité  de  même  à  trois  reprises  consécutives  par  le  chlorure  de  silicium,  nous  sommes 
tombé  sur  un  nickelosiliciura  de  même  nature,  pesant  S^^r   dont  la  composition  était 

(')  Em.  Vigouroux,  Action  du  ciilorure  de  silicium  sur  le  fer  (Comptes  rendus,  t.  CXLI, 
p.  828,  20  novembre  1903.  )-lc^/o/i  du  chlorure  de  silicium  sur  le  cobalt  (Comptes  rendus, 
t.  CXLII,  p.  6'J5,  12  mars  1906). 


SÉANCE    DU     5    JUIK     I906.  I27I 

encore  plus  voisine  de  Ni'Si.  Nous  pouvons  admettre  que  la  formule  : 

Si 'Cl  +  6.\i  =  iS'i'Si  4-  iWiCP 

s  applique  à  cette  réaction,  attendu  que  le  poids  de  siliciure  qu'elle  indique  comme 
devant  se  former  correspond  à  'î^t'''. 

Nous  prenons  56^'  de  ce  lingot,  exempt  de  fer  et,  après  pulvérisation,  le  traitons  une 
quatriciiie  fois  par  le  chlorure  de  silicium,  à  la  température  la  plus  élevée  susceptible 
d'être  obtenue  dans  notre  four.  Nous  trouvons  une  masse  non  fondue,  mais  dont  le 
poids  n'est  plus  que  de  j4'''i  après  la  cinquième  action,  le  produit  est  fondu  en  un  bloc 
unique  pesant  exactement  i-i^'',  très  cassant,  à  cassure  très  brillante  et  montrant  des 
arêtes  vives,  se  pilant  plus  facilement  que  l'cchantillon  ci-dessous  analysé.  Sa  compo- 
sition est  déterminée  par  une  analyse  effectuée  en  1  attaquant  par  l'eau  régale  doublée 
d'eau.  Nous  trouvons,  pour  cent  :  i'*"  analyse  :  Ni  :  S',, US  ;  Si  :  i5,o(J  ;  total  :  99,6/,  ; 
■j.'^  analyse  :  Ni  :  8i,j8  ;  Si  :  iJ.i'i;  lotal  :  1)9, 9^.  La  composition  du  <-orps  est 
comprise  entre  Ni'^Si  et  Ni-Si. 

Sijiénie  action.  —  Nous  prenons  ■iGfc'''  du  lingot  précédent,  pulvérisé  très  linement,  puis 
tamisé,  et  le  soumettons  encore  à  l'attaque  du  cblorure  de  silicium,  sans  trop  élever  la 
température  au  début  :  au  bout  de  u''  environ,  nous  constatons  qu'il  n'a  pas  fondu,  mais 
qu  il  a  été  fortement  altéré  ;  son  poids  est  descendu  à  aj^''.  Nous  recomnien(;(jns  à 
chauffer  au  sein  du  chlorure  de  silicium,  encore  1''  durant,  et  cela  à  la  température 
maxima  du  four  :  l'alliage  est  fondu,  cassant,  mais  s  est  maintenu  à  ■j.^^'. 

Septième  action.  —  Nous  pulvérisons  encore  et  tamisons  ces  -j.^^"  d'alliage.  Après  une 
chauffe  très  prolongée  et  très  forte  vers  la  fin,  nous  obtenons  un  lingot  fondu,  homogène, 
à  cassure  grenue,  pesant  toujours  uî^''.  Nous  admettons  que  nous  avons  atteint  la  limite 
de  saturation  correspondant  à  la  températui'e  de  nos  expériences.  Nous  en  prélevons 
deux  échantillons  et  nous  les  attaquons  au  bain-marie,  par  de  l'eau  régale  étendue  à 
jo  p.  100  ;  après  insolubilisation  de  la  silice,  nous  dosons  le  nickel  par  électrolyse  à 
l'état  de  sulfate  amnoniacal. 

Hi'siiltals.  Tkouvé  ;  Calccll  l'ocK  Ni-Si 

I  II 

.Xickfl     p.  lui) 80.  JL!  80,  u8  8u.5--î 

Silicium      —         '9..!^  ig-JJ  '9- 4** 

99 ,  i  7  99 .  (i  ï  1 00 ,  00 

Coiic/itsioit.  —  Dans  réliidc  de  l'artion  du  chlorure  de  silicium  sur  le 
nickel  nous  oljservons  deux  limites  de  siliciuration  :  Prciiiièic  /imite  (infé- 
rieure) correspondant  à  Ni''Si,  corps  inconnu  jusqu'à  ce  jour,  défini  vrai- 
semblalîlemenl,  son  influence  à  l'action  de  l'aimant  montrant  (jii'il  ne  con- 
tient pas  de  nickel  libre.  Deiixiè/tie  limite  :  fournissant  le  corps  Ni"Si  déjà 
étudié.  Il  n'est  pas  impossible  que  des  températures  plus  élevées  soient 
capables  de  provoquer  la  formation  de  composés  fortement  siliciés,  toutes 
choses  égales  d'ailleurs. 

C.  R.,  1906,  ]«'  Semestre.  (T.  CXLII,  N-  23.)  167 


1272  ACADEMIE    DKS    SCIENCES.  • 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Déconiposition  ilu  siil/ale  de  cuivre  par  l'alcool  mélhy- 
lique.  Note  de  M.  V.  Alger,  présentée  par  M.   H.  Moissan. 

On  a  déjà  reuian|iié  (jiie  l'eau  à  ré]nillilioii(')  et  même  à  i'roid  C')  était 
susceptible  d'enlever  une  petite  partie  d'acide  sulfuriciue  ou  sulfate  de 
cuivre,  en  laissant  déposer  un  précipité  vert  de  sulfate  basiciue  6  GuO  . 
aSO^  5H^0. 

Ayant  eu  besoin  d'alcool  méthyli(|ue  anhydre,  j'ai  eu  l'occasion  d'étudier 
l'action  du  sulfate  de  cuivre  sur  cet  alcool  ;  en  effet,  sur  la  foi  d'expé- 
riences mal  interprétées,  Klepl  (')  a  cru  pouvoir  affirmer  que  le  sulfate 
de  cuivre  cristallisé  était  complètement  insoluble  dans  l'alcool  métliylique 
anhydre.  Il  n'en  est  rien  :  Lobry  de  Bruyn  (;i  qui  a  étudié  la  sohdîilité  de 
divers  sulfates  dans  l'alcool  méthylique  a  montré  (|ue  la  solubilité  du  sulfate 
de  cuivre  y  était  très  forte,  mais  que,  au  bout  de  (jucUpies  minutes,  par  suite 
de  la  précijiilation  du  sel  CuS0',3H-0,  l'alcool  ne  contenait  plus  que  des 
traces  de  sulfate.  D'autre  j)art,  de  Forcrand  (^)  a  décrit  une  combinaison 
CuSO',CH*0  formée  en  agitant  le  sulfate  anhydre  avec  l'alcool  méthylique. 

J'ai  repris  ces  expériences  et  constaté  qu'il  se  produisait,  dans  tous  les 
cas,  un  phénomène  bien  plus  intéi'essant  et  qui  a  échappé  à  ces  auteurs. 
En  effet  :  à  froid  ou  à  chaud,  anhydre  ou  hydraté,  le  sulfate  de  cuivre  est 
décomposé  par  l'alcool  méthylique,  qui  s'empare  d'une  forte  proportion 
d'acide  sulfurique. 

Sulfate  de  cuivre  hydraté.  —  Celui-ci  se  dissout,  à  0°,  dans  la  proportion  de  1  i ,  >  p.  i  oo 
dans  l'alcool  méthylique.  La  solution  claire  laisse  bientôt  précipiter  de  petits  cristaux 
adhérents  aux  parois  du  vase.  Si  on  examine  le  produit  au  Ijout  de  quelques  jours  de 
repos,  on  constate  que  le  dépôt  n'est  pas  homogène,  mais  constitué  par  un  mélange  de 
cristaux  durs  et  de  petites  aiguilles  vertes  groupées  en  chou-deur,  et  qui,  séparées  des 
autres  cristaux,  se  dissolvent  inconiplètement  dans  l'eau  en  laissant  déposer  un  sel 
basique.  Leur  quantité  est  assez  faible,  luais  on  peut  les  ol)tenir  en  forte  proportion  en 
augmentant  la  proportion  d'alcool  méthylique. 

Ainsi,  en  soumettant  pendant  une  journée  à  l'ébuUition  une  solution  de  ■z'j^''  de  sul- 
fate cristallisé  dans  i  ooo''  d'alcool  méthylique,  on  obtient  un  dépôt  cristallin  vert, 
pesant  la"'',  j.  Avec  iiz*»',!  de  sullate,  et  1  000"  d'alcool,  le  précipité  pèse  ti^'V^.  Ce  dei'- 

(*)  PlCKEniXG,  Client.  News,  t.  XLA'II,   1  S  1  . 

,-)  D.  To.M.MASl,  h'iectruclient.  '/.eitsclir.,    l.  .\1  p.  j(i. 

p)   Kl.upL.  ./oiirii.  /'.  prakt.  Cliriii.,  (■.>.),  t.   XXV,  p.  jjtH. 

{'•)  Loinn   i)i;  Hhuyx,   'Aeitsdir.  /'.  pIn/s.  Clicin.  l.  X,  p.  '■i>-i. 

("j  De  l'onciiAXl),  Coinjjles  rendus,  t.   Cil,  p.   jji. 


SÉANCE    DU    5    JUIN     fpoC).  127,3 

uiei-  est  parraiteiiicnt   lioiiiogène.   Après   dessiccation,    sur  l'acide    siilluri(|ue  et  dans  le 
vide,  il  fournit  a.  l'analyse  ; 

Cu  :  15,1)  p.  loo;  SO'  :  i-^-i  1'  '""  La  formule  :  (CuSO''j%CuO,4CH*0,  exige  : 
Cu  :  36,8  p.  iiio;  SO"  :  /)i,<)9  p.  i<>o.  Ce  composé  est  donc  constitué  par  un  sulfate 
basique  combiné  à  l'alcool  méthylique. 

Siilfcilc  de  ciiii-rr  mi/ii/cln'.  —  Si  l'on  agite  pendant  une  semaine  environ  le  sulfate  avec 
l'alcool  rnéthyliqne,  en  ayant  soin  de  renouveler  celui-ci  jusqu'à  ce  <(uil  ne  donne  plus 
de  solution  bleue,  on  obtient  un  précipité  vert,  cristallisé  en  aiguilles,  formé  du  même 
sel  basique  et  donnant  à  l'analyse  Cu  :  M'ki  p.  loo;  SO'*  ■.f,.i,7.  p.  loo.  Avec  ifie''  CuSO' 
et  iCo"'  (;H''0.  renouvelé  ',  fois  en  huit  jours,  on  obtient  lo^''  de  sel  basique  pur. 

Ce  sel  est  absolumcnl  stable  dans  le  vide  sulfurique  ;  il  se  décompose  légèrement 
vers  I  lo'';  l'air  humide  lui  fait  perdre  son  alcool  méthylique  en  le  décomposant.  L'eau  le 
dissont  partiellement  en  laissant  insoluble  un  sel  plus  basique,  vert. 

On  n'en  doit  pas  conclure  (jiie  le  travail  de  de  Forcrand  soit  inexaet.  Le 
sulfate  mis  en  oontact  avet^  une  petite  quantité  d'alcool  méthylique  roiiniit 
bien  le  sel  CiiSO',  CH'O,  avec  itn<>  trace  de  sel  basique;  sa  proportion, 
insignifiante  dans  ce  t'as,  augmente  rapidement  avec  la  quantité  d'alcool 
jusqu'à  prodtiire  la  décomposition  totale  du  sel  d'abord  formé. 

Si  nous  comparons  maintenant  l'importance  de  la  dissociation  méthy- 
lique avec  celle  que  produit  l'eau  à  l'ébullition,  nous  trouvons  que  cette 
dernière  est  beaucoup  plus  faible.  En  effet,  d'après  les  données  de  Picke- 
ring  {loc.  cit.)  une  solittion  aqueuse  de  sulfate  de  cuivre  à  i,-'.8  p.  loo  laisse 
précipiter  2,r>  p.  loo  de  son  cuivre,  à  l'état  de  fi  GuO,mSO\5H-0.  Ceci 
correspond  à  l'enlèvement  de  2,1  p.  100  de  S0\  tandis  qite  l'alcool  méthy- 
lique. en  opérant  avec  la  même  dilution,  enlève  9.3  p.  100  de  SO^  en  préci- 
pitant 7!)  p.  100  dit  cuivre  en  se!  basique  et,  dans  le  cas  de  sttlfate  anhydre 
à  froid,  90  p.    100. 

Je  pense  que  l'explication  de  ce  phénomène  résulte  de  la  formation 
d'éther-acide  méthyl-sulfurique.  Le  sulfate  de  cuivre  en  solution  étant 
toujours  légèrement  dissocié,  la  formation  de  cet  éther  acide  romprait 
l'éqtiilibre  SO''  t;  sel  basique  -(-  sulfate,  et  provoquait  la  formation  d'une 
nouvelle  proportion  de  ce  dernier. 

J'effectue  actuellement  des  essais  en  vue  de  déterminer  si  d'autres  sul- 
fates subiront  la  même  décomposition.  Celle-ci  semble  très  faible  avec  les 
sulfates  de  cobalt  et  de  nickel,  mais  par  contre  le  sulfate  de  zinc  donne 
lieu  à  la  formation  d'une  notal>le  proportion  de  sel  basique. 

Enfin  des  essais  sont  en  voie  d'exécution  pour  déterminer  l'influence 
des  autres  alcools  sur  le  stiU'ate  de  ctiivre. 


1274  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

L"alcool  éthylique  lournit  aussi  un  sel  basique,  mais  en  proportion 
extrêmement  faible.  On  voit  ainsi  que  l'alcool  méthylique,  premier  terme 
des  alcools  gras,  montre  toujours  une  activité  bien  plus  considérable  que 
ses  homologues  supérieurs. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  les  acides  diméthyl-  et  diéthylamido-benzoyl- 
benzoiques  dibromés  el  leurs  dérivés.  Note  de  ÎNI.  E.  Séverix,  présentée 
par  M.  A.  Haller. 

Acide  diinéllii/laïuido-benzoylbenzo'iqiie  dibronié. 

En  condensanl  Fanhydride  phtalic[ue  avec  les  dialcoylanilines  en  présence 
de  Al  CF  MM.  Haller  et  Guyot  ont  obtenu  des  acides  dialcoylamido-ben- 
zoylbenzoïques. 

Nos  recherches  ont  porté  sur  l'acide  phtalique  dibromé  de  Guareschi(^) 
considéré  par  l'auteur  comme  un  para-dérivé  i,  a,  3,  fi. 

L'anhydride  de  cet  acide  nous  a  servi  à  préparer  les  corps  suivants  : 

Acide  diinéUiylamido-benzoylbenzoïque  dibromé 

/CH' 
^COC^H'Az/ 

\C00H 

Pour  la  préparation  de  cet  acide  on  i'ail  réagir  la  diniéthylaniline  sui'  l'anhydride 
dibromophtalique  en  présence  de  Al  Cl'  et  do  sulfure  de  carbone. 

Quand  la  réaction  est  terminée,  on  élimine  l'excès  de  CS'-,  on  traite  riniiie  verdàlre 
qui  reste  par  une  solution  de  ii5«  de  SO'H-  dans  un  litre  d'eau. 

L'acide  dibromé  se  sépare  sous  la  l'orme  d'une  masse  jaune  verdàtre  que  l'on  trans- 
forme en  sel  de  soude. 

On  décolore  au  noir  animal,  on  décompcjse  le  sel  de  soude  par  une  solution  de 
ao  p.  100  d'acide  sulfurique.  Il  se  précipite  de  1  acide  jaune  <pir  l'on  fait  cristalliser  dans 
l'alcool  éthylique.  Le  rendement  est  de  70  p.  100. 

Cristallise  sous  la  forme  de  magnifiques  paillettes  jaune  citron  fondant  à  'i/iÇ)";  cet 
acide  est  insoluble  dans  l'eau  froide,  peu  soluble  dans  l'eau  chaude,  assez  sohible  dans 
l'alcool  éthj'lique  el  moins  soluble  dans  l'alcool  méthylicpie. 

h\uiltydride  orétylainido-benzoylbenzoique  di brome 

,CH' 
XOC^H'Az/ 
C«H^BH  (  \r,H  ■ 

\co. 

CH^CQ/ 

(')  Anniilpn.  ■i-i-i--j.'^^i . 


SÉANCE    DU    5    JUIN     I906.  Ï2.']5 

s'obtient  en  chauflant  en  bain-mai'ie  pendant  deux  heures  une  partie  d'acide 
avec  trois  parties  d'anhydride  acétique.  Masse  cristalline  qui,  reprise  par 
le  benzène  bouillant  et  l'alcool  à  chaud,  laisse  déposer  des  paillettes  bril- 
lantes d'anhydride  mixte  fondant  à  195". 

Ether  méUniliaiie  /CH'' 

'^    ^  COC^H'Az^ 

C«H2BrX  ^t;H' 

\COOCH' 

On  le  prépare  en  traitant  l'anhydride  mixte  par  du  métlivlati-  de  soude 
en  quantité  calculée. 

Cristaux  blancs,  très  réfrangibles,  fondant  à  180°  et  donniml  |)ai'  saponi- 
fication l'acide  fondant  à  249°. 

Uéiher  éthiilique  ,CH' 

■^     '  ,C0C6H»Az< 

C6H^Br^<  \CIL-' 

se   préparc    de    la  même   manière  que   son   homoloijue   inférieur 

Petites  aiguilles  blanches  fondant  à  178°  et  donnant  par  saponification 
l'acide. 

Le  dérivé  ni I rosé  yCW 

,COC«H'<^     \CH3 
Cn\iQr\  \AzO 

\COOH 

se  prépare  par  l'action   du  nitrile  de  soude  sur  la    dissolution    acétique 
de  l'acide  dibromé.  Petites  aiguilles  jaunes  fondant  à  i6M°. 
Acide  diméthyla m idohenzylbenzoiq ue  dibromé 

/CH^CSH'A?/ 
C«H2Br2/  ^CW 

^COOH 

Se  prépare  par  sinqile  réduction  de  l'acide  benzoylé,  au  inoven  <\\\  zinc 
en  grenailles  et  de  l'acide  chlorhydrique. 

Le  rendement  est  de  ?>o  p.  100.  L'acide  rétiuit  cristallise  ti-és  difficile- 
ment. Il  fond  vers  9.^'^°. 

Diméthylamidoaiilhraqiiinone  dibromée 

Cm^Bv\         >C''H'Az< 

\C0/  \CH' 

Tout  comme  dans  le  cas  de  l'anthraquinone  dichlorée  la   condensation 


1276  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ne  s'opère  qu'en  chanlTant  pendant  trois  heures  l'aride  rédnil  avec  de 
l'acide  siilfiirique  concentré  à  66".  Dans  ces  conditions,  il  se  l'orme  d'abord 
une  antlirone 

que  l'acide  siilfuric|iie.  agissant  conmie  oxydant,  transforme  en  une  anthra- 
quinone  diméthylamidée 

CO  CH'' 

+  aSO^  +  C^H^Br-'/       ^C'H'Az^ 

dette  nntlii'n(|iiinone  se  prcsenti>  en  nioiiiHes  rouge  bronzé  fondant  à 
-.18". 

l'iodiiils  (le  coïKlciisalion  de  T acide  phlaliqite  dibromé  avcr  la  diéthyl- 
(uiilinf. 

En  substituant  à  la  diméthylaniline  la  diétliylaniline,  on  obtient  par  les 
mêmes  procédés  une  série  de  corps  tout  à  fait  comparables  aux  dérivés  de 
la  série  méthylénique. 

Acide  diéthijl(imidoljci) zoijlbenzoïcjiie  dibromé 

/C.OC'H'A/.; 
r.siI^Br^/  \(:^H^ 

\C00H 

Paillettes  jaunes  fondant  à  aai". 

Anhydride  mixte 

,C0C'-H'A7.<^ 
CH-'Bi-s/  \C^H-' 

CH'— CO-^ 

Cristallise  en  paillettes  jjlanidies  fondant  à  i  Sp". 

Etiier  mélliyliqiie 

.COC«H'A7:< 
C''H^Br-X  \C2H° 

\C00CH' 

(h'istaux  réfrangibles  fondant  à  186"  et  donnant  par  saponification  l'acide 
fondant  à  aai". 


SÉANCE     DU    .1    Ji;i>"     1906.  1277 

CIIIMIE  PHYSIQUE.  —  Sur  les  vdiiations  de  la  L^raïutrur  m icc/lairc  diins  l^ 
colloïde  Injdrorhloroferriqitc.  Note  par. M.  G.  Malfita\o,  présentée  par 
^I.  Emile  Roux. 

Une  solution  à  5"^'  p.  i  000  de  Fe-Gl'*  dans  l'eau  pure,  après  avoir  été 
chauffée  à  1 1 5°-!  20°  pendant  ao  minutes,  contient  en  plus  de  HCl  et  de  Fe-Cl* 
une  matière  composée  de  Fe-,  Cl,  O,  H,  caractérisée  par  le  phénomène  de 
la  diffraction  de  la  lumière  cl  |)ar  la  précipitat'on  en  présence  d'un  e.xcès 
de  HCl  ou,  par  exemple,  de  traces  de  S0\  C'est  le  colloïde.  Je  me  suis 
assuré  tju'en  jjrenant  (|uel(|ues  précautions  faciles  à  réalist-r,  une  memijrane 
en  collodion,  employée  comme  liilre,  laisse  passer  intégralement  une  solu- 
tion de  Fe'Cl*  additionné  de  IICI;  par  contre  la  solution  colloïdale  aban- 
donne en  traversant  cette  mem])rane  une  partie  uotaiile  de  nuilière.  Si  la 
membrane  sert  pour  la  première  l'ois  les  pi-emières  portions  du  liijuide 
liltré  .sont  toujours  opticpiement  vides  et  ne  se  troublent  pas  par  addition 
de  K-SO\ 

La  membrane  peut  donc  arrêter  complètement  la  matière  colloïdale  et 
les  analyses  établies  comjjarativemenl  sur  la  liqueur  totale  et  sur  la  solu- 
tion filtrée  montrent  (jue  l'on  doit  assigner  à  la  matière  ainsi  retenue  une 
compositicvi  oii  pour  i  Cl  doivent  entrer  ^(,^-2,7  F'e".  En  continuant  la  liltra- 
tion  sur  la  même  membrane  le  liquide  qui  passe  apparaît  peu  à  peu  coloré 
en  rouge.  Dans  ce  liquide  coloré  le  phénomène  de  la  ditfraction  n'est  pas 
toujours  sensible,  mais  constamment  il  se  manifeste  par  l'addition  de 
K'SU'. 

Une  partie  de  la  matière  colloïdale  peut  (l(>n(  tra*erser  la  membrane 
après  l'avoir  modifiée.  Celle-ci  en  elfet  est  devenue  forlemeul  teintée  en 
rouji'e  et  d'une  manière  iniléléljile.  La  membrane  ainsi  modiliée  laisse 
passer  d'emblée  de  la  matière  colloïdale  si  on  l'emploie  à  liltrer  une  nou- 
velle portion  de  la  li(|ueur  primili\e.  Du  reste  les  mendjranes  dont  l'épais- 
seur et  le  mode  de  préparation  dilfèi-ent  laissent  passer  des  (juantités  diffé- 
rentes de  matière  colloïdale.  Les  analyses  établies  comparativement  sur 
les  premières  portions  d\\  li([uide  filtré  exemptes  de  colloïde  et  les  portions 
successives  qui  en  contiennent  permettent  d'attribuer  à  la  matière  colloï- 
dale qui  traverse  la  membrane  une  composition  oii  pour  i  VA  entrent  0,9  à 
1,7  Fe-,  Ce  sont  donc  les  portions  de  colloïde  les  plus  riches  en  (^1  ([ui 
peuvent  traverser  la  membrane.   Toujours  est-il  que   plus  le  colloïde  est 


127^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

pauvre  en  Cl,  moins  il  paraît  capable  de  teinter  la  membrane  et  de  la  tra- 
verser. 

.l'ai  précédemment  étal^li  que  Ton  l'ail  diminuer  la  teneur  en  Cl  des 
inicelles  en  les  diluant  dans  des  quantités  de  plus  en  plus  grandes  d'eau 
pure,  ou  ce  qui  i-evienl  au  même  si  après  avoir  expulsé  sur  le  filtre  la  plus 
grande  partie  du  liquide  intermicellairu  on  le  remplace  par  de  l'eau  pure. 
D'autre  part  j'ai  vu  aussi  que  si  l'on  ajoute  HGl  aux  préparations  colloï- 
ilales  les  micelles  s'enrichissent  en  Cl  pour  des  doses  faibles  et  s'appau- 
vrissent pour  des  doses  plus  fortes.  La  méthode  de  filtration  permettant 
de  reconnaître  la  teneur  en  CI  des  micelles  indépendamment  de  celle  de 
la  liqueur  totale  il  est  l'acile  de  constater  que  ce  sont  seulement  les  plus 
riches  en  (A  (|ui  sont  capables  de  traverser  la  membrane. 

A'oici  (juelijuescxeiiiplesavec  leur  iiiterprrlalidti.  Le  résidu  de  la  iiltnUion  de  plusieurs 
litres  de  la  solution  colloïdale  primitive,  celle  dont  j'ai  parlé  au  coininenceinent,  après 
avoir  été  lavé  avec  de  petites  portions  d'eau  pour  le  débarrasser  de  Fe-Cl°,  contient  en 
atomes-grammes  X  lo  —  ■'  au  litre  :  Fe-  Ho!,  Cl  ^48.  Les  premières  portions  que  1  on 
obtient  en  filti'ant  ne  contiennent  (jue  G,  j  HC1;  le  liquide  qui  filtre  ensuite  coloré  en 
rouge,  précipite  par  K-SO'  et  ne  donne  pas  de  réaction  avec  KCy  S,  il  contient  Fe-  i.i, 
Cl  3,'|.  .le  représenterai  ces  données  par  des  formules  hypothétiques- où  l'on  suppose 
pour  chaque  atonie  de  Cl  une  unité  physique  el  j'indiquerai  ainsi  les  changements  dans 
la  distribulion  des  radicaux  quand  on  dilue  ou  qu'on  ajoute  HCI 

Composilion  de  la  inatiùi'o  Composition  du  li<[uicii'   lillré 

retenue  par  le  filtre 

Solution  priuiitive  -il  1  [H  (Fe^O«H«)  :i,3]Gl  6,:HCl+:i,i  [H(Fe-0«H«)jCl 

Dilution  avec  1  vol.  li-0  1 17  [H  (Fe^OW)  3,',]  Cl  5,6HC1-1-  i  [H  (Fe^O^He)]  Cl 

—  '5  57[H(Fe-0«II«)'i,'i]Cl  4  MCI 

—  Kj  io[H(Fe-0-tP)3,()]Cl  2  HCI 

La  i.iéme  dilution -I-    10  IICl      1 1  [H  (Fe^O'H^)  3,ï]  Cl         10,  jlICl-f  o,5  j  II(Fe^0m6)]  Cl 

—  4-T()o]lCl   j,«[H(Fe-0«lI«)5]Cl  .j6HCl+ 10    H (Fe-0«H«) |  Cl 

—  -j-3oo  MCI   o,(>[;H(Fe-0«H«)i6]Ci  i'2i  HCI+  3  i  Fe-CI" 

On  voit  qu'avec  la  dilution  la  quantité  de  MCI  augmente  aux  dépens  de  la  teneur  en  Cl 
du  colloïde  ;  les  micelles  capables  de  traverser  la  membrane  disparaissent.  Par  addition 
de  HCI  le  colloïde  redevient  plus  riche  en  Cl  et  les  micelles  capables  de  traverser  la 
membrane  réapparaissent,  leur  nombre  augmente  avec  la  quantité  de  HCI,  mais  en  même 
temps  une  partie  du  colloïde,  celle  qui  est  retenue  par  le  collodion  s'appauvrit  en  Cl, 
jusqu'au  moment  où  le  i-olloïde  étant  tout  précipité  le  liquide  filtré  ne  renferme  que 
HCI  et  Fe^Cl". 

La  n()lati(^n  liypolhétic|ue  que  j'ai  adoptée  me  paraît  exprimer  d'une  façon 
satisfaisante  les  piMJnomènes  que  je  viens  d'exposer.  La  préparation  col- 


SÉANCE    DU     ')    .IlIN     1906.  l'-Tf) 

loidale  priiiiilive  sei'ait  conslituce  par  mi  luélanye  tic  luicellcs  dont  cha- 
cune serait  l'onnée  par  i,  a,  3  ou  4  molécules  de  Fe'-'O^H'^  groupées  autour 
de  rion  H  d'un  couple  HCi.  Les  niicelles  avec  i  ou  a  molécules  de  Fe-O'H* 
seraient  seules  capables  à  cause  de  leurs  dimensions  de  s'insinuer  dans 
les  pores  du  coUodion  où  daljord  elles  resteraient  fixées  ;  la  membrane  une 
l'ois  imprégnée,  les  suivantes  pourraient  la  franchir.  Je  me  suis  assuré  en 
effet  au  moyen  de  l'osmose  électrique  par  le  procédé  et  l'appareil  de 
M.  Perrin  que  la  membrane  plongée  dans  une  solution  faiblement  acide 
est  électronégative,  donc  capable  de  fixer  des  particules  électropositives, 
comme  celles  du  fer  colloïdal  ;  et  la  même  membrane  devient  électroposi- 
tive une  fois  qu'elle  est  imprégnée  de  ce  colloïde.  En  somme  je  pense  que 
l'on  peut  conclure  que  les  dimensions  des  particules  varient  en  raison 
inverse  de  leur  teneur  en  Cl.  Les  variations  des  phénomènes  optitiues 
dans  les  soluhons  colloïdales  concordent  suftisaninienl  avec  cette;  opinion. 

Le  liiiuide  qui  liltre  coloré  eu  rouge  oii  le  1er  esl  tolalenieiU  précipité  par  R-SO'coii- 
lieul  lés  uiicelles  les  plus  riches  en  Cl  et  il  ne  dill'racte  pas  la  lumière  dune  manière  sen- 
sible. Cela  ne  doit  pas  tenir  à  la  dilution  car  les  liqueurs  dont  la  teneur  en  ter  est  la 
luênie  etcelle  en  Cl  inférieure  sont  optiquement  actives.  Les  particules  colloïdales  étant 
très  pauvres  en  Cl  peuvent  atteindre  des  dimensions  qui  les  rendent  perceptibles  même 
quand  elles  se  trouvent  diluées  dans  une  grande  masse  d'eau.  Pour  apprécier  les  varia- 
lions  dans  le  phénomène  de  dilfraction  de  ces  liqueurs  j'ai  mesuré  les  épaisseurs  de  couches 
d  égale  transparence  et  j'ai  vu  :  1°  Si  1  on  lait  varier  la  concentration  du  colloïde  sans 
changer  sa  composition,  en  diluant  avec  le  même  liquide  intermicellaire,  la  transparence 
varie  assez  approximativement  en  raison  inverse  de  la  quantité  de  colloïde.  —  1.°  Si  la 
teneur  en  Fe- reste  constante,  celle  en  Cl  diminuant,  la  transparence  des  liqueurs  diminue 
aussi  mais  irrégulièrement  ;  si  Ion  prend  comme  hase  la  (juantité  de  Cl,  celle  de  Fe- 
augmentant  la  transpai'ence  diminue  plus  régulièrement.  —  V  Quand  Ion  ajoute  HCI  au 
colloïde  les  variations  sont  irrégulières,  seulement  quand  le  colloïde  s'est  enrichi  consi- 
dérablement en  Cl,  la  solution  devient  plus  transparente  jusqu'au  moment  où  brusque- 
ment elle  se  trouble  en  précipitant. 

Je  pense  que  l'examen  direct  et  le  dénombrement  des  particules  à 
l'ultra-microscope,  selon  la  méthode  de  MM.  Cotton  et  Mouton,  pourra 
résoudre  les  deux  questions  connexes  à  savoir:  si  ihaque  atome  de  Cl  cons- 
titue une  micelle  et  si  en  perdant  du  Cl  les  micelles  diminuent  en  nombre 
et  augmentent  en  dimensions. 


C.  K.,  ujoO,  1"  Scmcstic.  iT.  C.XLII,  N"  23.)  '68 


laHo  ACADÉMIE     DES    SCIENCES. 


CHIMIE    BIOLOGIQUE.  —   Slir   iiii   nouveau    microbe  producteur   d'acétone. 
Note  de  M.  L..  Bréaudat,  présentée  par  M.  Roux. 

L'acétonurie,  observée  dans  un  grand  nombre  d'affections  graves,  donne 
à  l'existence  des  bactéries  productrices  d'acétone,  un  intérêt  d'autant  plus 
grand  que,  jus(ju'à  ce  jour,  aucune  explication  satisfaisante  n'a  été  fournie 
sur  l'origine  de  cette  substance  et  son  passage  dans  l'urine. 

Un  premier  microbe  a  été  signalé  par  Schardinger  (')  comme  fermeiil 
acétonique,  c'est  le  B.  Macerans  (B.  du  rouissage)  qui  donne  un  mélange 
d'acétone  et  d'alcool,  dans  la  fermentation  des  divers  hydrates  de  carbone. 

Kayser  (■')  a  trouvé  des  traces  d'acétone  parmi  les  produits  de  certaines 
fermentations  lactiques. 

Je  crois  intéressant  d'attirer  l'attention  sur  un  microbe  chromogène 
violet,  qui  produit  également  de  l'acétone  aux  dépens  des  matièi'es  pro 
téiques.  Ce  nouveau  microbe  provient  de  l'eau  d'alimentation  de  Saigon 
(Cochinchine)  (^).  Sans  coloration,  c'est  un  bacille  court,  épais  (iu.-3ij.) 
doué  d'un  mouvement  rapide  d'oscillation.  11  prend  i'acilement  les  cou- 
leurs d'aniline  et  apparaît  alors,  légèrement  ovale,  avec  un  espace  clair 
central  et  les  deux  extrémités  fortement  colorées.  Il  ne  se  colore  pas  par 
la  méthode  de  Gram.  Ces  observations  ont  été  faites  sur  des  cultures  âgées 
de  trois  jours,  en  bouillon  nutritif  peptoné  i  p.  loo. 

Aérobie  facultatif,  il  se  développe  bien  à  toutes  températures  entre  3o" 
et  37°,  et  donne  des  spores  rondes  vers  le  6"  jour. 

Il  apparaît  en  colonies  violettes  sur  gélose  peptonisée,  et  cultive  sur 
pomme  de  terre,  sous  la  i'orme  d'un  enduit  épais,  de  couleur  violette 
foncée,  presque  noire.  Les  milieux  lit|uides  lui  conviennent  également  ; 
toutefois,  il  ne  produit  pas  de  pigment  en  l'absence  de  peptone,  ni  en 
l'absence  d'air.  Son  cavaclèrc  le  plus  iiiiporUnil  est  de  dounci-  de  l'acétone  en 
solution  de  peptone.  La  culture  devient  l'apitlcmenl  ammoniacale  et  s'ar- 
rête; aussi,  la  quantité  d'acétone  produite  dans  ces  conditions  est-elle 
minime  (o^'V^o  à   o''''',4o  pour   i  000™).  Mais  si  l'on  additionne  ce  milieu  de 


(')   ScHAlîDlNGER,   Wiener  Min.  Worli.,  n"  IS,   1904  et  Ccnlrolblnlt  fur  Bact  ,  II,  t.  Xl\', 
juillet  lyoj,  pp.  772-78 1. 

(*j   KaysEH,   Annales  InstiliH  t'asteiir,   1894. 

(■')   BrÉaudat,  Les  enii.i  d'nlimcHlation  de  Saigon.  Tlièse  Docloral-Phai'uiiiLie,  190^. 


SÉANCE    DU    5    JUIN     I906.  I281 

saccharose  et  de  carbonate  de  chaux,  le  liquide  se  maintient  neutre  et 
après  i5  à  20  jours,  le  poids  d'acétone  peut  atteindre  i°''.3o  pour  i  000°'. 
Il  se  produit  également  de  lalcool  éthylique  et  des  acides  volatils.  Le 
liquide  de  culture  ne  contient  plus  ni  saccharose,  ni  glucose. 

D'autre  part,  cette  bactérie  liquéfie  la  gélatine  sans  donner  de  matière 
colorante  si  le  milieu  est  exempt  de  peptone.  Elle  réduit  les  nitrates  à 
l'état  de  nitrites  sans  dégagement  gazeux.  Elle  coagule  le  lait;  la  culture 
est  acide  et  contient  de  la  présure.  Le  coagulum  se  liquéfie  lenlement  et 
totalement;  le  liquide  renCerme  alors  de  la  caséase. 

J'ai  caractérisé  l'acétone  de  la  façon  suivante.  10  litres  du  mélange  :  peptone  Chapo- 
teaut  lo^'';  saccharose  'in^'  ;  carbonate  de  chaux  4^;  eau  q.  s.  pour  i  noo'^'^,  ont  été  répartis 
en  20  inatras  d'une  capacité  de  2  litres  chacun,  stérilisés  à  iio"  et  ensemencés  avec  une 
culture  de  i  jours.  Après  i  mois  de  séjour  à  Tétuve  à  3o°,  la  totalité  des  liquides  de  cul- 
ture a  été  distillée  dans  le  vide,  à  5o  p.  100.  Les  5  litres  obtenus,  concentrés  au  quart 
(i  iHo"^)  dans  1  appareil  de  .Sclilœsing  furent  amenés  à  3in"=  par  une  deuxième  distillation 
en  s'assurant  chaque  fois  que  le  résidu  ne  donnait  plus  la  réaction  de  Denigès  (sel 
mevcurique  acide).  Enfin,  après  plusieurs  concentrations  analogues  dans  un  appa- 
reil plus  petit  et  précipitation  du  liquide  enrichi,  par  le  carbonate  de  potassium,  j'ai 
décanté  -.ià"  d'un  liquide  mobile,  offrant  une  odeur  très  nette  d'acétone  et  de  densité  0,821 
(D  acétone  =  0,810).  La  présence  d'alcool  éthylique  dans  ce  liquide  a  été  constatée  par 
la  distillation  fractionnée  et  le  point  d'ébullition  +  78°  de  la  portion  principale;  cette 
portion  donnait  la  réaction  de  l'alcool  avec  le  sulfate  chromique.  La  réaction  de 
Blumenthal  et  Cari  Neuberg('j  montra,  en  outre,  l'existence  d'un  corps  cétonique  : 
à  10'^'^  du  produit  obtenu,  j  ai  ajouté  i  goutte  de  solution  de  chlorhydrate  d'hydroxyl- 
amine  à  10  p.  100,  1  goutte  de  NaOH  à  5  p.  100,  2.  gouttes  de  pyridine  et  i''"  d'éther. 
J'ai  additionné  le  mélange  d'eau  bromée  par  petites  fractions  et  en  agitant  jusqu'à  colo- 
ration de  l'éther  en  jaune.  A  ce  moment,  une  goutte  d'H-0-  fit  passer  cette  teinte  au  bleu 
clair  (sensibilité  :   i  :  jooo). 

J'ai  préparé,  en  outre,  à  l'aide  du  distillât  obtenu  et  comparativement  avec  une  soUition 
alcoolique  d'acétone  au  dixième,  la  paranitrophénylhydrazone  acétone. 

/)''  du  produit  ont  été  saturés  à  froid,  de  paranilrophénylhydrazine  ;  la  solution, 
additionnée  de  cinq  fois  son  volume  d'eau  distillée,  a  précipité  des  cristaux  en  aiguilles 
soveuses,  jaunes  dorées,  qui  ont  été  recueillies,  essorées,  séchées  dans  le  vide  sulfu- 
rique,  redissoutes  dans  1  alcool  à  93°  froid  et  reprécipitées  par  l'eau. 

x\près  trois  purifications  semblables,  j'ai  obtenu  des  cristaux  fondant  exactement 
à  I  '|8°  (Bloc  Maquenne,  fusion  instantanée)  et  donnant  avec  KOH  alcoolique  la  colora- 
lion  rouge-violet  de  la  paraphénylhydrazone  (Bamberger  et  Sternitzki). 

Enfin,  j'ai  dosé    l'acétone    dans    le   produit^obtenu,  par    la   méthode  de 
(')   Deiitsclir  iiipdiciniaclie   Woclienucltrift,  H)iii.  n"  i.p.  '->. 


1282  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lolles  (')  (jiii  «oiisisle  à  combiner  l'acétone  au  liisulfite  de  soude.  D'après 
raiiteur  la  réaction  est  complète  après  3o''  de  contact.  Le  titrage,  avant  et 
après,  de  la  solution  bisuliitique,  donne  le  poids  du  sel  combiné  et  par 
suite  celui  de  l'acétone. 

J'ai  trouvé  ainsi  que  10  litres  de  culture  ont  produit  7^^,80  d'acétone, 
soit  f>^',78  en  moyenne  par  litre. 

Je  propose  de  donner  à  cette  nouvelle  espèce  le  nom  de  Bacilliifi  viola- 
ri'iis  (icctoniciis. 

CHIMIE  BIOLOGK^UE.  —  Coutribiilioli  à  l'é/iiffc  dex  matières  albiuninoides 
solubles  (lit  lait.  Note  de  MM.  Ij1.\df.t  et  L.  Awmaxx,  présentée  par 
M     Tli.  Scblœsing. 

I.  Le  pouvoir  rotatoire  que  possède,  dans  le  sérum  du  lait,  l'ensemble 
des  matières  albuminoïdes,  comparé  à  celui  c|ue  Sebelien  a  attribué  à  la 
lactalbumine  (an  =  —  3o  à  —  37°),  permet  de  supposer  que  celle-ci 
y  est  accompagnée  d'une  autre  albuminoïde  soluble,  à  pouvoir  rotatoire 
plus  élevé,  et  cette  albuminoïde  n'est  autre  que  de  la  caséine,  rendue 
soluble  par  son  union  avec  le  phosphate  de  chaux. 

Un  semblable  composé  a  été  déjà  signalé  par  Hammarsten,  qui  l'obtenait 
en  dissolvant  de  la  caséine  dans  l'eau  de  chaux,  et  en  saturant  l'alcalinité 
de  celle-ci  par  de  l'acide  phosphorique  ;  la  caséine  et  le  phosphate  de 
chaux  se  maintiennent  mutuellement  en  solution. 

Nous  avons  reconnu  que  ce  composé,  est  un  caséinate.  On  ne  peut,  en 
eilet,  le  préparer  en  suivant  une  marche  inverse,  c'est-à-dire  en  saturant 
par  la  chaux  une  solution  de  caséine  dans  l'acide  phosphorique;  d'autre 
part,  la  caséine  ne  dissout  le  phosphate  de  chaux  qu'en  présence  d'une 
eau  calcaire. 

Le  pouvoir  rotatoire  de  ce  composé  permet  également  de  le  considérer 
comme  un  caséinate.  Le  liquide  obtenu  par  la  saturation,  au  moyen  de 
l'acide  phosphorique,  du  caséinate  de  chaux,  est  toujours  louche,  même 
après  filtration  sur  kaolin  ;  mais  on  l'éclairait  aisément  en  caillant  par  la 
présure,  la  partie  de  phosphocaséinate  de  chaux,  qui  est  en  suspension 
colloïdale;  la  matière  albuminoïde,  qui  est  restée  soluble  et  que  l'on  peut 
précipiter  par  le  sulfate  de  mercure,  possède  un  pouvoir  rotatoire  (an)  de 

(M    loLl.KS.   /ii'richlr  drr  ilcutsc/irn  c/iriiiisc/ifn  Gescllsclinfl.  n"  (i,  p.    i  Sot). 


SÉANCE    DU    5    JUIN     I906.  1283 

—  1 1(1"  :>..  (^(>  pouvoir  rotafoire  est  éloigné  tie  roux  (|ue  présente  la  solution 
de  caséine  dans  les  sels  (an  =  —  80",  d'après  Hoppe-Seyler),  dans  1  acide 
acétique  («[,  =  —  90°  5),  et  dans  l'acide  phosphorique  (a^  =  —  99°  i  !  ; 
mais  il  se  rapproche  au  contraire  de  ceux  que  fournissent  les  solutions 
de  caséine  dans  les  alcalis,  dans  le  carbonate  de  sodium  (ao  =  —  117°  5 
à  —  120°,  6.  d'a|)rcs  Béchamp),  daiis  la  soude  (an  =  —  116"  5  à  —  i(8"), 
dans  l'eau  de  (diaux  (an= —    ii6°o). 

Nous  avons  précisément  constaté  la  présence  de  ce  pliosplio-caséinate 
de  chaux  dans  le  jjroduit  visqueux  et  plastique  qui  se  déj)ose  sur  les  bols 
des  écrémeuses  centrifuges,  et  (|ui  est  connu  sous  le  nom  de  houes.  Celles- 
ci,  reprises  par  l'eau,  donnent  une  solution  claire,  qui  précipite  incomplète- 
ment par  l'acide  ac^étique,  et  se  coagule  ii  la  clialeur,  entraînant  de  C^,■^  à 
7  p.  100  de  phosphate  de  chaux.  Le  coagulum  commence  à  se  former  à 
3o°,  et  se  redissout  d'autant  plus  facilement  que  le  liquide  a  été  chauffé  à 
une  moindre  température.  La  matière  albuminoïde,  coagulée,  présente 
déduction  faite  des  cendres,  la  composition  élémentaire  de  la  caséine  ;  elle  en 
aies  propriétés  (dissolution  dans  les  alcalis,  dans  les  acides,  dans  les  sels 
neutres  ;  précipitation  par  dialyse  des  solutions  salines,  etc.).  Son  pouvoir 
rotatoire  (ap)  est  de  —  ii9°5. 

Quand  on  additionne  de  présure  un  sérum  de  lait  filtré  sur  kaolin,  on  détermine  le 
caillagede  la  partie  colloïdale  delà  matière  albuminoïde  (i8,ip.  loo);  le  pouvoir  rotatoire 
que  celle-ci  possédait,  à  l'élat  colloïdal,  peut  se  calculer  d'après  le  pouvoir  rotatoire  des 
matières  albuminoïdes  du  sérum  primitif  et  du  sérum  emprésuré  ;  or,  ce  povivoir  rotatoire 
a  été  trouvé  de  —  124°  i-  De  même,  si  l'on  compare  la  teneur  en  matières  albuminoïdes 
d'un  sérum  de  lait  emprésuré  et  d'un  sérum  de  lait  simplement  filtré,  on  constate  que  le 
pouvoir  rotatoire  de  la  matière  albuminoïde,  éliminée  par  la  présure  (  i '(  p.  i<io  de  la 
matière  albuminoïde  totale),  était  de —  lai"  6.  Enfin,  si  l'on  précipite  partiellement  par 
le  sels,  par  l'alcool,  par  l'acide  acétique,  on  constate  encore  que  la  matière  albuminoïde 
qui  reste  sur  le  filtre,  par  rapport  à  celle  qui  serait  passée  dans  le  sérum  du  même  lait 
simplement  filtré,  possédait,  à  l'état  colloïdal,  un  pouvoir  rotatoire  voisin  des  précédents, 
( —  1 2 1°  6  avec  le  sel  marin,  —  1 12". 0  avec  le  chlorure  de  calcium,  —  1 2  ',"  Ct^  avec  l'al- 
cool, —  ii'i°.2,  avec  l'acide  acétique. 

La  présence  d'une  matière  albuminoïde  ayant  le  même  pouvoir  rotatoire 
(|ue  le  phospho(;aséinate  de  chaux  artificiel,  dans  les  boues  d'é(>rémeuses, 
et  dans  les  caillés  d'emprésurage,  montre  que  la  caséine  est,  dans  le  lait, 
en  partie  dissoute  par  le  phosphate  de  chaux. 

IL  Si  on  laisse  de  côté  les  lactoglobulines,  ilont  l'existence,  surtout  à 
l'état  soluble,  est  loin  d'être  démontrée,  on  se  trouve  en  présence  de  deux 


I28/|  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

matières  albiiminoïdes,  l'albumine  («0=^  —  So"),  et  la  caséine  (an  ^  —  116"). 
Le  pouvoir  rotatoire  des  matières  albuminoïdes  totales  des  sérums  filtrés 
se  montre  intermédiaire  entre  ces  deux  chiffres  ( —  62°  à  —  74°)-  Quand  on 
traite  ces  sérums  filtrés  par  la  présure,  ou  qu'on  emprésure  directement 
du  lait,  on  abaisse  le  pouvoir  rotatoire  d'une  quantité  qui  représente  le 
phospho-caséinate  caillé. 

On  peut  dès  lors  baser  sur  cette  observation  une  méthode  pour  estimer 
la  quantité  d'albumine  contenue  dans  le  lait;  il  suffit,  pour  cela,  d'empré- 
surer  un  lait,  et  d'en  filtrer  le  sérum  sur  du  kaolin,  puis  de  prendre  le 
pouvoir  rotatoire  des  matières  albuminoïdes,  en  les  précipitant  par  le  sul- 
fate de  mercure,  de  calculer  la  proportion  d'albumine  et  de  caséine  que  ce 
pouvoir  rotatoire  représente,  et  de  rapporter  les  chiffres  obtenus  à  920""' 
de  sérum,  c'est-à-dire  à  un  litre  de  lait. 

Les  laits  de  vaches  que  nous  avons  examinés  ainsi  contenaient  de 
2^'',3  à  4^','5  d'albumine  par  litre  ;  un  colostruni  de  trois  jours  en  renfer- 
mait 6^', 8.  On  trouve  4^'\2  d'albumine  par  litre  de  lait  de  (-hèvre,  et  88'',2  par 
litre  de  lait  de  brebis. 

III.  Des  résultats  qui  précèdent,  ou  peut  tirer  une  conclusion  intéres- 
sante relativement  à  la  ihéorie  du  caillage,  lelle  que  l'a  établie  Hammars- 
len.  La  caséine  se  dédouble-t-elie,  sous  l'action  de  la  présure,  en  para- 
caséine,  insoluble  en  présence  des  sels  de  chaux,  et  en  protéine  soluble  ? 

Déjà,  Duclaux  avait  remarqué  que  le  sérum  du  lait  emprésure  ne 
contient  pas  plus  de  matières  azotées  que  le  sérum  du  lait  filtré.  Nous 
avons  constaté  même  qu'il  en  contient  moins,  la  différence  représentant 
le  phosphocaséinate  colloïdal,  sur  lequel  la  présure  a  porté  son  action. 

En  outre,  nous  venons  de  faire  voir  que  la  partie  soluble,  après  présure, 
d'une  solution  artificielle  de  caséine  dans  le  phosphate  de  chaux  a  le  même 
pouvoir  rotatoire  (|ue  le  phosphocaséinate  des  boues  et  des  caillés  d'em- 
présurage. 

Il  faut  donc,  pour  expliquer  le  caillage  du  lait,  abandonner  la  théorie 
chimique  d'IIammarsten,  et  ne  s'appuyer  que  sur  les  théories  physiques, 
générales  pour  la  coagulation  des  colloïdes.  La  présure  ne  porte  son 
action  que  sur  la  partie  du  phosphocaséinate  en  suspension  colloïdale. 
Reste  à  expliquer  pourquoi  un  même  composé  prend  en  partie  la  forme 
colloïdale,  en  partie  la  forme  soluble  ;  c'est  de  ce  côté  que  nous  comptons 
orienter  de    nouvelles    recherches;    mais  on  peut  faire    remarquer,  dès  à 


SÉANCE    DU    5    JUIN     I906.  1285 

présent,  que  la  partie  sofuble  enlraine.  par  rapport  à  la  matière  albumi- 
noïde.  une  plus  forte  proportion  de  phosphate  de  chaux  que  la  partie 
caillée,  qu'il  s'agisse  d'un  sérum  de  lait  filtré,  emprésuré  (18,2,  au  lieu 
de  8,4  p.  100),  ou  d'une  solution  artificielle  de  phosphocaséinale  (29,2,  au 
lieu  de  i5,2  p.  100).  La  matière  albuminoïde  des  boues  d'écrémeuses  se 
trouve  d'ailleurs  dissoute  en  présence  de  32.5  p.  100  de  phosphate  de  chaux. 

HISTOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Contribution  à  Vélude  cytologique  des  bactéries. 
Note  de  iNI.  A.  GL'iLLiERMO\D,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

Les  Bactéries  restent  le  seul  groupe  de  végétaux  acluellenient  connus 
où  l'on  n'ait  pu  observer  d'une  manière  précise  un  noyau  ou  quehpie 
chose  d'équivalent.  Les  nombreux  auteurs  qui  ont  abordé  cette  question 
sont  arrivés  aux  résultats  les  plus  contradictoires;  il  nous  a  donc  paru 
intéi'essant  de  reprendre  celte  étude. 

Prenons,  pour  résumer  nos  observations,  le  Baril  lus  radicosus  que  sa 
grande  taille  permet  d'étudier  facilement. 

Sur  gélose  peptonisée,  il  se  développe  abondamment  :  pendant  les  vingt-quatre  pre- 
mières heures,  les  cellules  se  multiplient  activement;  à  partir  de  ce  moment,  la  division 
se  ralentit  et  la  sporulation  commence.  Au  bout  de  deux  jours,  un  grand  nombre  de 
cellules  ont  déjà  formé  leurs  spores.  Dans  les  dix  premières  heures  de  la  culture,  les 
cellules  présentent  un  aspect  homogène  avec  une  petite  vacuole  centrale  :  leur  cyto- 
plasme se  colore  fortement  et  sans  différentiations  ;  il  présente  cependant,  après  cer- 
taines fixations,  une  apparence  légèrement  granuleuse,  mais  les  granulations  ne  sont  pas 
suflisanniieiit  nettes  pour  pouvoir  être  considérées  avec  certitude  comme  des  chromidies. 
Après  fixation  au  Zenker  et  coloration  à  l'héuiatoxyline  l'erriipie,  on  observe  dans 
presque  chaque  cellule  un  gros  granule  central,  fortement  coloré,  qu'on  pourraitprendre 
pour  un  noyau.  Une  observation  attentive  montre  que  ce  granule  n'est  pas  un  noyau, 
mais  qu'il  représente  le  début  de  la  formation  de  la  cloison  transversale  destinée  à 
diviser  les  cellules.  Le  cloisonnement  paraît,  en  effet,  s'effectuer  de  la  manière  sui- 
vante :  au  milieu  de  la  cellule  et  sur  ses  deux  parties  latérales  apparaît  un  petit  granule 
très  coloré  «jui  semble  naître  aux  dépens  d'une  condensation  du  cytoplasme.  Les  deux 
petits  granules  ainsi  formés  ressemblent  à  deux  noyaux  venant  de  se  séparer.  Ils  se 
soudent  l'un  à  l'autre  au  milieu  de  la  cellule  et  présentent  bientôt  l'aspect  d'un  gros 
disque  bi-concave  séparant  la  cellule  en  deux  portions  et  présentant  tout  à  fait  l'aspect 
d  un  noyau.  A  un  stade  plus  avancé,  ce  disque  se  clive  en  deux  bandes  colorées,  par  la 
formation  en  son  milieu  d'une  zone  hj'aline  suivant  laquelle  s'effectuera  la  séparation 
des  deux  cellules.  Les  noyaux  décrits  récemment  par  Bohuslav  Rayman  et  Karel  Kruis 
sont  dus  certainement  à  un  phénomène  analogue  ;  il  est  aisé  de  s'en  rendre  compte  en 


1286  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

examinant  attentivement  et  à  la  loupe  les  iiiii  ropliotographies  publiées  par  ces  auteurs. 
Mencl  paraît  avoir  commis  la  uiéiue  erreur  dans  ses  premières  recherches. 

Après  lo  ou  la'',  les  cellules  changent  d  aspect  :  elles  se  vacuolisent  et  leur  cytoplasme 
se  remplit  de  fines  granules  colorahles,  de  dimensions  variables  ;  ces  granulations  sem- 
blent surtout  s'accumuler  aux  deux  pôles  de  la  cellule  ou  vers  le  milieu  ;  parfois  elles 
(brnient  une  sorte  de  chapelet  suivant  l'axe.  Au  bout  de  ■i!i^,  toutes  les  cellules  oliVenl 
une  superbe  structure  alvéolaire,  analogue  à  celles  qu'ont  décrite  Biitschli  et  Schaudinn  ; 
les  deux  pôles  renlei'iuent  généralement  un  épaississement  cytoplasmiquc  fortement 
coloré.  La  trame  des  alvéoles  est  occupée  par  des  granulations  très  Unes,  mais  assez. 
nettes,  qui  à  ce  moment  pourraient  èlre  plus  lacilement  considérées  connue  des  granu- 
lations chi'omatiques.  Le  spore  apparaît  à  l'un  des  pôles  sous  forme  d'un  petit  granule, 
à  structure  homogène,  très  colorable,  (pii  présente  tous  les  caractères  d'un  noyau, 
l'onrme  l'avait  remarqué  Ivunstler. 

Ce  granule  grossit,  prend  une  (orme  ovale,  puis  il  s  entoure  dune  membrane  très 
épaisse  qui  s'oppose  alors  à  la  pénétration  des  colorants.  Pendant  la  lormation  de  la 
spore,  le  cytoplasme  reste  granuleux.  Tes  spores  ne  paraissent  donc  pas  dériver  de  la 
condensation  des  granules  du  cytoplasme  Ou  au  moins  ne  dérivent  que  d'une  partie 
d'entre  eux.  Une  fois  Ibrmée,  la  spore  grossit  peu  à  peu  aux  dépens  du  cytoplasme  qui 
n  a  pas  été  employé  à  sa  toruiatiou  et  (ju  elle  absorbe.  En  somme  les  spores  naissent 
suivant  un  procédé  très  analogue  à  celui  qu  a  décrit  Schaudinn  dans  B.  sporoneiiia. 

Sur  carotte  ou  sur  pomme  de  terre,  le  B.  radicosiis  présente  une  structure  très  inté- 
ressante :  il  offre  un  cytoplasme  alvéolaire,  dont  la  trame  renferme  dans  toute  la  partir 
centrale  une  grande  quantité  de  granulations  ressemblant  tout  à  fait  à  des  granulations 
cliromati(jues.  Il  semble  donc  se  produire  ici  une  localisation  de  la  chromatine  au  centre 
de  la  cellule,  localisation  qui  paraît  tenir  à  la  présence  du  glycogène  (absent  dans  les 
autres  milieux)  lequel  est  sécrété  en  abondance  aux  deux  pôles. 

On  ne  rencontre  de  corpuscules  métaclironiatiques  dans  cette  espèce  que  très  rare- 
iuent  et  dans  des  conditions  spéciales. 

Les  autres  Bactéries  que  nous  avons  avons  étudiées  présentent  les  mêmes  caractères 
(B.  inycoides,  B.  niegaleriiiii/ ,  B.  liinosi(s).  Certaines  (SpiriLluiii  i'olutaus,  B.  alvei)  offrent 
dans  la  plupart  des  milieux  une  grande  abondance  de  corpuscules  métachromaliques. 
Dans  Astasia  asterospora,  on  observe  le  plus  souvent  un  seul  corpuscule  métachroma- 
tique  au  centre  de  chaque  cellule,  lequel  resseiuhle  tout  à  fait  à  un  noyau.  C'est  très 
probablement  ce  corps  ([U  Ai'thur  Meyer  à  décrit  coniuie  noyau. 

(jiie  doit-oii  loncltire  de  ces  oljser\alions  ':'  Tout  tl'aljord,  il  ne  paraît 
pas  exister  chez  les  Bactéries  un  véritable  noyau.  Les  noyaux  décrits  par 
Meyer,  Bohiislav  Rayinan  et  Rare!  Kriiis,  Mencl  (dans  son  premier 
mémoire)  semblent  résulter  de  fausses  interprétations.  De  toutes  les 
observations  récentes  favorables  à  l'existence  du  noyau,  il  ne  reste  guère 
que  celles  de  Vejdovsky,  de  Kiinstler  et  Gineste  et  de  Mencl  (dans  son 
dernier  mémoire),  On  ne  peut  rien   ilire  des  observations  de  Kunsller  et 


SÉANCE    DU    5    JUIN     I906.  I287 

Gineste,  leur  mémoire  définitif  n'ayant  pas  encore  paru  ;   les  espèces  étu- 
diées par  Mencl  se  rapportent  au  genre  Cladothrix  qui  est  peut-être  très 
différent  des  Bactéries  endosporées  ;  quant  à  Vejdovsky,  il  a  certainement 
observé  un  noyau,  comme  nous  l'avons  constaté  sur  les  préparations  très 
démonstratives    qu'il  a  eu  l'obligeance  de  nous  communiquer,    mais   les 
espèces  qu'il  a  étudiées  pourraient  bien  n'être  pas  des  Bactéries.  Exis- 
terait-il un  noyau  que  la  technique  actuelle  ne   permettrait  pas   de  difle- 
rencier?  Cela  semble  peu  probable.  D'un  autre  côté,  dans  les  espèces  que 
nous  avons  étudiées,  le  corps  central  tel  que  l'a  décrit  Biitschli  n'existe 
pas.    Faut-il  voir,  dans  les  fines  granulations   cytoplasmiques,    peu  dis- 
tinctes au  début  du  développement,  plus  accusées  dans  la  suite,  que  l'on 
rencontre  presque  toujours  dans  la  cellule  des  Bactéries,  l'équivalent  d'un 
noyau,  sous  forme  d'un  système  chromidial  ?  L'hypothèse  la  plus  vraisem- 
blable serait  peut-être  de  considérer,  avec  Schaudinn,  les  Bactéries  comme 
renfermant  une  chromatine  plus  ou  moins  mélangée  au  cytoplasme,  diffé- 
renciée parfois  à  l'état  de  chromidies  et  se  précipitant  lors  de  la  sporula- 
tion  pour   former  la  spore    qui   serait  constituée    en    majeure  partie    de 
chromatine.    La    structure    décrite  par    Schaudinn    dans   le  B.    Bulscldii, 
.d'ailleurs    plus    évolué,   serait  un  état  plus  difierencié  de  cette  structure 
très  simple,  primitive  ou  dégénérative. 


ZOOLOGIE.  —  Sur  un  lionceau  copépode  parasite  f/'Amphiura  squammata. 
Note  de  M.  E.  Hérouard,  présentée  par  M.  Yves  Delage. 

En  1889,  W.  Fevs'kes  en  observant  des  A.  squammata  avait  remarqué  que 
certaines  d'entre  elles  présentaient  dans  un  interradius  une  coloration 
rouge,  que  les  sacs  incubateurs  de  cet  interradius  ne  contenaient  jamais  de 
jeunes  Amphiures  et  que  l'ovaire  avait  dégénéré  en  une  masse  amorphe 
dans  laquelle  les  ovules  n'étaient  plus  reconnaissables.  Il  indiqua  ([u'on 
trouvait  à  la  place,  tantôt  des  paquets  d'œufs  colorés  en  rouge  vif,  tantôt, 
provenant  de  ces  paquets  d'ceufs,  de  petits  copépodes  à  tous  les  stades  de 
leur  développement.  Il  déduisdit  de  ces  faits,  que  l'on  se  trouvait  en  pré- 
sence d'un  cas  curieux  de  parasitisme  où  la  castration  était  un  bénéfice 
direct  pour  la  descendance  du  parasite,  les  nauplius  ne  risquant  plus  d'être 
mangés  dans  le  sac  incubateur  par  les  jeunes  Amphiures  qui  s'y  seraient 
développées  sans  cette  castration  préalable. 

G.  R.,  1906,  1"  Semestre.   (T.  CXLII,  N»  23.)  169 


1288  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

On  rencontre  sur  la  plage  du  laboratoire  de  Roscoff  Amphiura  sqiiam- 
mata  en  abondance  et  il  n'est  pas  rare  d'en  trouver  présentant  l'aspect 
signalé  par  W.  Fewkes,  mais  les  conclusions  résultant  de  mes  observations 
sont  différentes  de  celles  auxquelles  cet  auteur  est  arrivé.  Ce  qui  a  été  pris 
pour  une  masse  amorphe  est  en  réalité  la  femelle  d'un  copépode  extrême- 
ment déformé,  mais  dont  on  peut  reconnaître  nettement  la  forme  si  on 
ouvre  le  sac  de  l'Ampliiure  avec  précaution.  On  est  donc  ramené  à  un  cas 
de  castration  parasitaire  normal,  mais  la  biologie  de  ce  copépode  n'en  est 
pas  moins  intéressante,  car,  en  raison  de  l'espace  restreint  dans  lequel  il 
se  trouve  enfermé,  ses  appendices  se  sont  transformés  en  arceaux  exten- 
seurs destinés  à  dilater  le  sac  de  l'Ophiure  et  à  ménager  ainsi  un  espace 
libre- permettant  aux  ovisacs  du  copépode  de  trouver  place  au  moment  de 
la  ponte. 

La  femelle  présente  un  corps  globuleux  prolongé  par  un  abdomen  cylindro- 
conique,  arqué  à  convexité  dorsale.  Les  premières  antennes  sont  de  petits  appen- 
dices coniques,  dressés,  situés  à  la  base  et  en  dedans  des  deuxièmes  antennes.  Celles- 
ci  ont  la  forme  de  deux  grands  bras  arqués  à  concavité  interne,  elles  sont  bifur- 
quées  :  la  branche  antérieure  de  la  bifurcation  est  cylindrique,  prolonge  en  direction 
et  en  grosseur  la  partie  basilaire  et  porte  à  son  extrémité  deux  lobes  dont  l'un  est  de 
forme  crochue  mais  de  consistance  molle;  la  branche  postérieure  est  conique.  Les 
deux  paires  d'appendices  buccaux  sont  de  petits  tubercules  coniques  situés  sur  la 
ligne  médiane  entre  les  bases  des  deuxièmes  antennes  et  rapprochés  l'un  de  l'autre. 
De  chaque  côté  de  la  partie  renflée  du  corps  se  trouve  une  paire  d'appendices  laté- 
raux bifurques  dès  l'origine  et  enfin,  dépendant  de  l'abdomen,  au  tiers  de  sa  longueur, 
se  trouve  une  paire  d'appendices  filiformes.  Tous  ces  appendices  sont  mous  et 
turgescents. 

Le  mâle  est  de  forme  triangulaire,  renflé  du  côté  normal.  Les  deux  angles  anté- 
rieurs placés  symétriquement  portent  un  long  appendice  conique  présentant  à  la  base 
un  mamelon  saillant  terminé  par  une  griffe  acérée.  L'angle  postérieur  est  prolongé  par 
un  abdomen  cylindro-conique  présentant  à  son  tiers  proximal  une  paire  de  papilles 
génitales  latérales  et  se  termine  par  une  petite  bifurcation. 

On  trouve  en  compagnie  de  la  femelle  de  un  à  quatre  de  ces  mâles  pygmées  fixés  à 
l'aide  de  leurs  crochets  au  voisinage  de  la  base  de  l'abdomen.  Ils  mesurent  à/io  de  milli- 
mètre de  longueur.  La  position  de  la  femelle  dans  l'hôte  est  à  peu  près  constante  :  son 
plan  de  symétrie  correspond  au  plan  interradial  de  l'Ophiure,  son  abdomen  est  tourné 
du  côté  distal  et  ses  appendices  buccaux  sont  fixés  à  la  paroi  dans  la  région  correspon- 
dant à  la  plaque  orale. 

Les  grandes  antennes  et  les  appendices  abdominaux  sont  incrustés  dans  la  paroi  du 
sac  génital  qu'ils  dilatent  pour  permettre  la  sortie  des  ovisacs  et  jouent  probablement 
un  rôle  dans  la  nutrition  du  parasite,  comme  cela  existe  pour  les  deuxièmes  antennes. 


SÉANCE    DU    5    JUTN     iqo6. 


1289 


des  Monstrillides  avec  lesquelles  ces  appendices  présentent  une  grande  analogie  de 
forme  et  de  structure. 

La  position  systématique  de  ce  copépode  est  difficile  à  préciser  en  raison 
des  caractères  présentés  par  le  mâle,  car  tandis  que  la  lemelle  offre  une 


amt.z 


Fig.   I.  —   Femelle  vue  de  dos  :  abd.  abdomen,  anl.  2  deuxième  antenne,   ap.  appendice  abdominal, 
/.  appendice  latéral. 

Fig.  2.  —  Femelle  vue  de  trois  quarts  :  ant.  i  première  antenne,  ant.  2  deuxième  antenne,  h.  appendices 
buccaux. 

Fig.  3.  —  Mâle  pygmée,  cr.  crochets,  p.  papilles  g^énitales. 


analogie  évidente  avec  celle  du  Philichthys  sciense  de  Richardi,  le  mâle 
de  cette  dernière  espèce  est  rectiligne  et  nettement  segmenté.  Malgré 
cette  différence  je  crois  devoir  attribuer,  jusqu'à  nouvel  ordre,  à  ce  para- 
site le  nom  de  Philichthys  amphiurœ. 

C'est  le  seitl  exemple  connu  jusqu'ici  de  copépode  endoparasite  dans  la 
classe  des  Ophiurides. 


1290  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

ZOOLOGIE.  —  Su/'  un  lype  nouveau  crAlcyonaire  de  la  famille   des  Virgu- 
laridae.  ^"ote  de  M.  Ch.  Graviek,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

J'ai  recueilli  en  1904,  dans  les  sables  vaseux  situés  au  pied  de  la  Rési- 
dence, à  Djibouti,  un  Alcyonaire  qui  constitue  un  type  nouveau  de  la  famille 
des  Virgularidae. 

Le  corps  de  cette  Virgulaire,  dont  les  plus  grands  exemplaires  n'attei- 
gnent guère  qu'une  dizaine  de  centimètres  de  longueur,  est  constitué  par 
une  tige  rectiligne,  grêle,  non  ramifiée,  le  rachis,  se  terminant  à  sa  partie 
inférieure  par  un  renflement,  le  pédoncule  et  portant  latéralement  les 
polypes.  Ceux-ci  sont  groupés  au  nombre  de  cinq  au  plus  en  lames  abso- 
lument dépourvues  de  spicules,  insérées  un  peu  obliquement  sur  le 
rachis,  rétrécies  à  leur  base  et  disposées  en  deux  séries  latérales  qui  ne 
se  correspondent  pas  exactement;  la  discordance,  qui  n'est  pas  très  mar- 
quée, s'accentue  généralement  vers  l'exti'émité  supérieure.  Ce  n'est  guère 
que  dans  le  tiers  supérieur  du  corps  qu'elles  présentent  leur  complet 
développement;  au  voisinage  du  sommet  qui  reste  nu,  le  nombre  de  leurs 
polypes  constituants  et,  par  suite,  leur  largeur  diminuent  progressive- 
ment. Elles  ne  se  recouvrent  pas  mutuellement  et  sont  même,  dans  cette 
région,  assez  largement  séparées  les  unes  des  autres.  Les  saillies  qu'elles 
forment  sur  le  rachis  décroissent  régulièrement,  à  partir  des  plus  infé- 
rieures à  cinq  polypes,  à  mesure  qu'on  se  rapproche  du  pédoncule  ;  elles 
disparaissent  complètement  à  la  limite  du  quart  inférieur  de  l'animal. 
Entre  les  dernières  indications  des  lames  polypifères  et  le  pédoncule,  le 
rachis  est  cylindrique  et  nu.  Sur  la  face  dorsale,  on  voit,  entre  deux 
lames  consécutives,  un  seul  siphonozoïde  bien  développé  et  un  autre, 
plus  réduit,  situé  extérieurement  au  précédent  ;  dans  leur  ensemble,  ces 
siphonozoïdes  forment  de  chaque  côté  deux  rangées  longitudinales  paral- 
lèles à  l'axe  et  composées  d'autant  de  siphonozoïdes  qu'il  y  a  de  lames 
polypifères  ;  ceux-là  deviennent  indiscernables  dans  la  partie  inférieure  du 
rachis. 

Sur  la  face  ventrale,  on  observe,  de  chaque  côté,  disposées  parallèlement  les  unes 
aux  autres,  très  serrées,  de  petites  taches  blanches  transversales  qui  correspondent  à 
autant  de  tubes  mettant  en  communication  la  cavité  interne  de  la  virgulaire  avec  l'exté- 
rieur. Ces  tubes  ne  s'étendent  pas  vers  le  pédoncule  aussi  loin  que  les  premières  ébau- 
ches des  polypes.  En  revanche,  vers  le  sommet,  ils  dépassent  le  niveau  des  lames 
polypifères. 


SÉANCE    DU    5    JUIN     I906.  I29I 

Le  rachis  est  soutenu  dans  toute  sa  longueur  par  un  axe  rigide  imprégné  de  calcaire 
qui  se  termine  dans  la  partie  supérieure  du  pédoncule.  Sur  cet  axe  s'appuient  les  cloi- 
sons qui  divisent  la  cavité  du  rachis  en  quatre  canaux  :  un  dorsal,  un  ventral,  deux  laté- 
raux ;  dans  la  région  comprise  entre  l'extrémité  du  pédoncule  et  les  premiers  polypes, 
il  n'existe  qu'une  cloison  transversale.  Les  polypes  qui  sont  de  taille  décroissante,  dans 
chaque  lame,  du  plus  ventral  au  plus  dorsal,  présentent  les  caractères  généraux  de  ceux 
des  Virgnlaridœ  ;  chacun  d'eux  est  porté  au  sommet  d'un  calice  indépendant  qui  s'ouvre 
dans  le  canal  latéral  correspondant  et  dans  lequel  il  peut  se  rétracter.  Les  lames  polypi- 
fères  résultent  de  l'accolement  et  de  la  soudure  de  ces  tubes  polypifères.  C'est  dans  les 
polypes  incomplètement  développés  de  la  région  inférieure  que  se  forment  les  produits 
sexuels  dont  certains  individus  sont  bourrés. 

Les  siphonozoïdes  les  plus  grands  débouchent  dans  le  canal  dorsal;  les  autres,  plus 
éloignés  du  plan  de  symétrie,  dans  les  canaux  latéraux.  Quant  aux  tubes  ventraux,  dont 
la  paroi  est  formée  par  de  hautes  cellules  épithéliales  ciliées,  ils  s'ouvrent  d'une  part  cà 
l'extérieur,  de  chaque  côté  et  extérieurement  à  la  cloison  de  séparation  des  canaux 
latéral  et  ventral  et  d'autre  part  dans  le  canal  ventral,  après  avoir  traversé  cette  cloison. 
Ces  tubes  sont  fort  nombreux,  il  y  en  a  jusqu'à  une  dizaine  entre  deux  lames  polypifères 
consécutives. 

Les  quatre  grands  canaux  longitudinaux  sont  ainsi  en  relation  directe  avec  l'extérieur  : 
le  dorsal,  par  les  siphonozoïdes  dorsaux,  les  latéraux  par  les  siphonozoïdes  latéraux  et 
par  les  polypes;  le  ventral  par  les  tubes  à  paroi  ciliée. 

L'axe  calcaire  se  termine  à  la  partie  supérieure  du  pédoncule,  dans  le  canal  dorsal. 

Par  l'ensemble  de  ses  caractères,  cet  Alcyonaire  se  range  dans  la  famille 
des  Virgularidœ  et  se  rapproche  surtout  du  genre  Scytalium  Herklots, 
dont  les  polypes  sont  logés  aussi  dans  des  calices  distincts  et  dont  le 
pédoncule  n'est  pas  nettement  délimité  vis-à-vis  du  rachis.  Il  s'en  sépare 
par  ses  lames  polypifères  de  moins  en  moins  développées  vers  la  partie 
inférieure  et  établissant  une  transition  insensible  entre  le  rachis  et  le 
pédoncule,  par  l'absence  de  spicules,  par  la  forme  de  la  section  de  l'axe 
squelettique,  etc.  Il  s'en  distingue,  en  oiltre,  comme  de  tous  les  genres 
delà  même  famille,  par  les  tubes  ciliés  transversaux  qui  font  communiquer 
le  canal  ventral  directement  avec  l'extérieur  et  dont  le  nombre  considé- 
rable contraste  avec  la  réduction  exceptionnelle  du  nombre  des  siphono- 
zo'ides.  C'est  là  le  trait  morphologique  le  plus  saillant  de  ce  genre  nouveau 
de  Virgulaire  que  je  propose  d'appeler  scytaliopsis  en  raison  de  sa  res- 
semblance avec  le  genre  ScyLaluni  Herklots. 


I2()2  ACADÉMIE    DES    SCIE>'CES. 

PHYSIOLOGIE.  —  Sur  l'excrétion  des  purincs  {.rcintho-iiriques)  et  de  l'acide 
iirique  endogènes.  Note  de  M.  Pierre  Fai'VEE,  présentée  par  M.  Edmond 
Perrier. 

Il  y  a  peu  de  temps  encore  on  admettait  un  rapport  constant  entre  Vacide 
iirique  et  l'urée  excrétée  et  on  fixait  ce  rapport  aux  environs  de  i/4o.  Haig, 
après  des  années  d'observation,  admet  i/35,  pour  le  rapport  des  .van tho- 
uriqnes  à  l'urée.  C'est  à  peu  près  le  même  chiffre  :  i/34,5  que  j'ai  obtenu 
comme  moyenne  de  60  analyses,  réparties  sur  toute  l'année  igoS,  pour  un 
sujet  suivant  un  régime  végétarien y;/r.sç';/e  sans  purines.  Tout  récemment 
Desgrez  et  Ayrignac(')  ont  trouvé  un  rapport  variable  suivant  la  nature  du 
régime.  Ceci  était  à  prévoir,  car  on  tend  indirectement  à  admettre  que  les 
xantho-uriques  et  l'acide  urique  excrétés  se  composent  :  1°  d'une  quantité 
fixe  d'origine  endogène,  1°  d'un  surplus  provenant  des  purines  des  ali- 
ments ;  le  rapport  doit  donc  varier  suivant  la  richesse  du  régime  en  purines. 

La  détermination  du  minimum  d'acide  urique  endogène  a  déjà  fait  l'objet 
de  plusieurs  travaux,  mais  les  uns  envisagent  seulement  l'acide  urique, 
les  autres  l'ensemble  des  purines.  Les  uns  admettent  pour  ce  minimum 
une  valeur  fixe,  indépendante  des  individus,  les  autres  le  jugent  variable 
d'un  individu  à  l'autre. 

Hall  a  trouvé  pour  le  minimum  des  purines  endogènes  une  valeur  de 
o^'',435  à  oS'',487  (exprimée  en  acide  urique)  par  vingt-quatre  heures  ;  Buriau 
o'^'',439-  Pour  Vacide  urique,  Pl'eil  et  Soetbeer  indiquent  o^^aSS  et  os%3o8  ; 
Hônes  (moyenne  de  14  individus)  o^'',344- 

J'ai  repris  ces  recherches  sur  deux  sujets  :  M.  (33  ans,  64  kg.)  et 
F.  (39  ans,  66  kg.),  dans  différentes  conditions  :  i°au  régime  lacto-végétal 
(lait  2000  à  2  300^'',  biscuits  160^,  albumine  86  à  96^'');  2"  au  régime  stric- 
tement végétal  et  sans  purines  (pain  3oo'"',  biscuits  60^'",  choux  ï^o^% 
pommes  de  terre  240^'',  farine  de  maïs  3o^'",  beurre  de  coco  40^'',  confi- 
tures 60'^'',  orange   100'^'",  boisson  eau  pure,  albumine  39^'",  calories  2000). 

Les  xantho-uriques  ont  été  dosés  par  la  méthode  d'Hajxraft-Denigès,  l'acide  urique 
par  celle  de  Folin  et  Shaffer  et  par  HCl.  Les  résultats  sont  exprimés  en  acide  urique. 
Le  tableau  suivant  donne  la  moyenne  de  chaque  période  d'expérience  et  la  composition 
de  l'urine.  L'acidité  est  évaluée  en  SO'*H^,  à  la  phénolphtaléine,  les  chlorures  en  NaCl. 

(')  Comptes  rendus,  2  avril  1906. 


SÉANCE    DU    5    JUIN     I906.  I^qS 

XANTHO-  ACIDE  ALBUMINE 

VOLUME      ACIDITÉ  URÉE  UKIQUES         URIQUE  NaCl  P*0^  INGÉRÉE 

M.  régime  lacté,   1       y  ^  ,  .  ,„         ^      , 

...  ;   1750         2,5q         2q,67         o.îio         o,2Qo         7,56         3,28         qb,i3 

3  jours.  )     '  ^  '  ^  '  ■'   ' 

F,  rGÉTiniG  lîictG     i 
'„  .  (   1270         2,22         26,80         0,460        0,340         6,5i         3,iS         86,10 

3  jours.  ) 

F.  régime  strie-  \ 

tementvégotal  J     972         i,ii  11,18         0,406         0,3i8         8,42         i,32         3g, 10 

20  jours.  ,' 

Avec  un  régime  sans  purines  l'acide  urique  ne  précipite  plus  par  l'acide  chlorhydrique, 
tout  au  plus  en  obtient-on  ainsi  parfois  des  traces  impondérables. 

Les  chiffres  ci-dessus  concordent  bien  avec  ceux  des  auteurs  que  nous 
avons  cités  et  montrent  que  le  minimum  des  purines  et  de  l'acide  urique 
endogènes  est  sensiblement  constant  et  indépendant  de  la  quantité  d'azote 
ingérée.  Ce  minimum  étant  fixe,  tandis  que  l'urée  peut  être  abaissée  à 
volonté,  en  diminuant  l'azote  de  la  ration,  on  comprend  qu'avec  une  ration 
peu  azotée  et  sans  purines  le  rapport  de  l'acide  urique  à  l'urée  augmente 
forcément.  Nous  trouvons  ainsi  pour  le  rapport  des  xantho-uriques  à 
l'urée  :  M.  régime  lacté  =  i/58  ;  F.  régia\e  lacté  =  i/58  ;  F.  régime  végé- 
tarien =  1/34, 5;  F.  régime  végétarien /je»  azoLc==-  1/27,5  et  pour  le  rapport 
de  l'acide  urique  à  l'urée  :  M.  régime  lacté  =  1/102  ;  F.  régime  lacté  =^ 
1/79  ;  F.  régime  végétale  1/64, 5  ;  F.  régime  végétal  peu  azoté  =  i/35.  On 
ne  peut  fixer  un  coefficient  spécial  au  régime  lacté,  lacto-végétarien,  végé- 
tarien ou  carné.  Dans  chacun  de  ces  régimes  on  peut  faire  varier  le  rapport 
à  volonté  en  prenant  des  aliments  plus  ou  moins  riches  en  purines  et  plus 
ou  moins  azotés.  Avec  des  légumineuses,  des  asperges,  du  chocolat,  du 
café  et  de  la  bière  on  peut  obtenir  un  régime  strictement  A'égétal  aussi 
riche  en  purines  que  le  régime  carné. 

Pour  les  mêmes  raisons  on  obtiendra,  à  volonté,  des  variations  parallèles  du  rapport 
azoturique,  qui  baissera  avec  un  régime  pauvre  en  albumine,  l'azote  de  l'urée  diminuant 
et  celui  des  purines  ne  variant  pas  et  ceci  indépendamment  de  la  nature  animale  ou  végé- 
tale du  régime.  Dans  notre  cas,  au  régime  végétarien  absolu,  sans  purines,  ce  rapport  a 
oscillé  entre  0,81  et  0,89,  tandis  qu'au  régime  lacté,  riche  en  azote  et  sans  purines,  il 
était  de  0,90  à  0,93,  en  moyenne,  pour  les  deux  sujets. 

En  résumé,  la  quantité  de  purines  et  d'acide  urique  endogènes  est  cons- 
tante pour  un  même  sujet  suivant  un  régime  alimentaire  exempt  de  purines, 
qu'il  soit  d'ailleurs  lacté,  lacto-végétal  ou  strictement  végétal.  Cette  quan- 
tité paraît  aussi  varier  fort  peu  d'un  individu  à  l'autre.  Elle  est  en  moyenne, 


1294  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

par  vingt-quatre  heures,  de  o^'',4oo  à  o'^'',5oo  pour  les  xantho-uriqiies  et  de 
o^^aSo  à  o'^^SSo  pour  l'acide  urique.  Ces  chiffres  sont  indépendants  de  la 
quantité  d'albumine  ingérée  et  de  l'urée  excrétée.  Il  n'y  a  donc  pas  de  rap- 
port constant  entre  l'acide  urique  ou  les  xantho-uriques  et  l'urée,  pas 
plus  qu'entre  l'azote  de  l'urée  et  l'azote  total.  Si  dans  la  pratique  courante 
ces  rapports  paraissent  constants  c'est  parce  que  la  plupart  de  nos  aliments 
ordinaires  riches  en  azote  sont  aussi  riches  en  purines. 


PHYSIOLOGIE.  —  Sur  l'état  des  muscles  adducteurs  pendant  la  vie  chez  les 
Mollusques  Acéphales.  Note  de  M.  F.  Marceau,  présentée  par  M.  Edmond 
Peri'ier. 

L'observation  courante  permet  de  constater  que  les  Mollusques  Acé- 
phales ont  des  périodes  alternatives  plus  ou  moins  longues  de  fermeture 
et  d'ouverture  de  leurs  valves.  Par  exemple  les  Mactres,  les  Gardiums, 
les  Myes  et  surtout  les  Lutraires,  les  Solens,  les  Peclens  ont  leurs 
valves  presque  constam.ment  bâillantes,  tandis  que  les  Anodontes,  les 
Moules,  les  Tapes,  les  Vénus,  les  Huîtres  et  surtout  les  Dosinies  les 
ont  presque  constamment  fermées.  Il  m'a  paru  intéressant  de  rechercher 
s'il  n'y  a  pas  un  certain  rythme  dans  les  durées  des  périodes  d'ouver- 
ture et  de  fermeture  des  valves  et  si  pendant  les  périodes  d'ouverture 
de  ces  valves,  les  muscles  adducteurs  sont  complètement  au  repos  ou 
bien  au  contraire  sont  le  siège  de  contractions  et  de  relâchements 
alternatifs  incomplets  amenant  de  faibles  et  lents  mouvements  des  valves 
passant  inaperçus  à  la  simple  observation. 

J'ai  employé  la  méthode  suivante  : 

On  fixe  l'une  des  valves  du  ^loUusque  sur  un  bloc  de  fer  ou  de  plomb  à  l'aide  de  poix 
de  Bourgogne.  Près  du  bord  libre  de  l'autre  valve  on  perce  au  foret  un  petit  trou  et  on 
y  introduit  un  Cl  qu'on  lie  solidement  à  l'extrémité  inférieure  d'une  tige  verticale  légère 
dont  l'autre  extrémité  est  reliée  elle-même  à  la  courte  branche  d'un  levier  du  premier 
genre  très  mobile  et  dont  la  longue  branche  est  munie  d'une  plume  qui  se  déplace  sui- 
vant la  génératrice  d'un  cylindre  vertical  mû  par  un  mouvement  d'horlogerie.  On  plonge 
le  l)loc  métallique  dans  une  cuvette  contenant,  suivant  le  cas,  de  l'eau  douce  ou  de  l'eau 
de  mer  qui  pourra  être  renouvelée  si  besoin  est.  Les  ouvertures  et  les  fermetures  de  la 
valve  restée  mobile  se  traduisent  respectivement  par  des  descentes  et  des  élévations  de 
la  plume  qui  en  raison  du  mouvement  du  cylindre  trace  des  lignes  descendantes  et  mon- 
tantes plus  ou   njoins  obliques.  Pour  étudier  dans  leur  ensemble  les  durées  relatives 


SÉANCE    DU    5    JUIN     I906.  I  ^qS 

des  périodes  de  fermeture  et  d'ouverture  des  valves,  on  prend  un  cylindre  faisant  un 
tour  en  une  semaine  (le  cylindre  du  thermomètre  ou  du  baromètre  enregistreur  de 
Richard  convient  très  bien).  Pour  étudier  plus  en  détail  les  particularités  des  périodes 
de  fermeture  et  d'ouverture  on  prend  un  cylindre  faisant  un  tour  en  i3  heures.  L'ampli- 
fication du  levier  le  plus  convenable  m'a  paru  être  2,5. 


Mes  recherches  ont  porté  sur  les  espèces  suivantes  : 

Mollusques  d'eau  douce  :  Anodonta  Cygnea,  Unio  margaritaiia.  Mol- 
lusques MARINS  :  Cardium  cdule,  Dosinia  exoleta,  Lutraria  elliplica,  Myà 
arenaria,  Mytilus  edulis,  Osirea  edulis.  Tapes  dcci/ssaliis,  Venus  veiTu- 
cosa[^).  Voici  les  conclusions  auxquelles  elles  m'ont  conduit  :  i°  Un  Acé- 
phale ayant  vécu  un  certain  temps  hors  de  l'eau  et  mis  en  expérience  ne 
tarde  pas  en  général  à  exécuter  des  mouvements  d'ouverture  et  de  ferme- 
ture d'un  rythme  assez  régulier.  L'amplitude  de  ces  mouvements  est  en 
général  assez  grande  au  début  et  elle  diminue  ensuite  peu  à  peu.  Parfois 
cependant  c'est  le  contraire  qui  se  produit.  Le  rythme  de  ces  mouvements 
est  d'abord  assez  rapide  (i  à  3  par  (juart  d'heure),  puis  il  devient  de  plus  en 
plus  lent  (i  par  heure,  par  plusieurs  heures  et  même  par  jour).  Une  nou- 
velle série  de  mouvements  analogues  recommence  jusqu'à  ce  que  les  valves 
atteignent  leur  position  habituelle  (ouverture  ou  fermeture),  mais  leur 
nombre  est  moins  grand  qu'au  début  de  l'expérience. 

2°  Chez  les  Acéphales  dont  les  valves  sont  le  plus  habituellement  fer- 
mées (Anodonte,  Huître,  Unio,  Tapes,  Vénus,  Cardium),  la  diminution 
d'amplitude  des  mouvements  porte  sur  l'ouverture,  de  sorte  que  peu  à  peu 
les  valves  arrivent  à  être  à  peu  près  complètement  en  contact,  la  distance 
entre  leurs  bords  antérieur  et  postérieur  n'atteignant  pas  un  1/2  milli- 
mètre au  plus.  Elles  exécutent  alors  et  à  intervalles  plus  ou  moins  éloi- 
gnés de  faibles  mouvements  d'ouverture  et  de  fermeture  de  même  ampli- 
tude. 

3°  Chez  les  Acéphales  dont  les  valves  sont  le  plus  habituellement  ouvertes, 
Lutraire,  Mye,  Solen,  la  diminution  d'amplitude  des  mouvements  porte  au 
contraire  sur  la  fermeture,  de  sorte  que  les  valves  bâillent  de  plus  en  plus 


(')  Mes  expériences  sur  les  Mollusques  marins  ont  été  faites  à  Besançon  dans  de  l'eau 
de  mer  artificielle  où  la  plupart  vivent  d'ailleurs  aussi  bien  que  dans  l'eau  de  mer  natu- 
relle, au  moins  pendant  une  huitaine  de  jours  et  se  comportent  de  la  même  façon,  ainsi 
que  je  m'en  suis  assuré. 

C.  R.,  1906,  i"'  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  23.)  I  70 


1296  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

jusqu'à  arriver  à  une  position  limite,  à  partir  de  laquelle  la  fermeture  et 
l'ouverture  ont  la  même  amplitude  ('). 

4°  Les  mouvements  de  fermeture  sont  en  général  presque  aussi  rapides 
que  ceux  provoqués  par  excitation  mécanique  des  bords  du  manteau, 
tandis  que  les  mouvements  d'ouverture  sont  excessivement  lents  (de  quel- 
ques minutes  à  3/4  d'heure  suivant  l'amplitude).  Ces  derniers  mouvements 
sont  en  général  continus,  mais  parfois  ils  présentent  des  périodes  d'arrêt 
assez  courtes  (ils  sont  saccadés),  phénomène  à  peu  près  constant  et  très  net 
chez  le  Pecten  carius. 

5°  Ainsi,  alors  que  les  valves  d'un  Acéphale  presque  fermées  ou  large- 
ment ouvertes  paraissent  immobiles  à  la  simple  observation,  elles  exécu- 
tent à  partir  de  cette  position  des  mouvements  d'ouverture  et  de  fermeture 
incessants  dont  l'amplitude  et  le  rythme  sont  variables.  Il  résulte  de  ce 
fait  que  les  muscles  adducteurs  des  Acéphales  ne  sont  à  aucun  moment  au 
repos  complet,  tendus  plus  ou  moins  par  la  résistance  élastique  du  liga- 
ment interne  plus  ou  moins  déformé,  ils  la  surmontent  plus  ou  moins 
complètement  et  à  intervalles  assez  réguliers.  Le  ligament  joue  en  somme 
vis-à-vis  de  ces  muscles  le  rôle  de  muscles  antagonistes  contrariant  cons- 
tamment leur  action,  mais  avec  une  intensité  variable.  Ces  conditions  de 
distension  constante  avec  contractions  et  relâchements  intermittents  sont 
nécessaires  à  la  vie  des  muscles  adducteurs  et  le  grand  principe  de  physio- 
logie générale,  tout  organe  qui  ne  travaille  pas  s'atrophie,  trouve  là  une 
éclatante  confirmation. 

PATHOLOGIE.  —  Sur  la  tuberculose  pulmonaire  du  tigre  et  la  néoformation 
d'un  épithélium  pavimenteux  stratifié  aux  dépens  de  V épithélium  des 
terminaisons  bronchiques.  Note-  de  M.  P.  Achaxme,  présentée  par 
M.  Edmond  Perrier. 

Les  processus  de  défense  de  l'organisme  contre  la  tuberculose  sont 
toujours  d'un   grand  intérêt  à  la  fois  théorique  et  pratique.  Les  grands 

(')  Les  Jloules,  qui  cependant  conservent  leurs  valves  fermées  très  facilement  et  pen- 
dant assez  longtemps,  se  comportent  souvent  comme  les  Acéphales  dont  les  valves 
bâillent  habituellement. 

Les  Dosinies,  qui  peuvent  vivre  pendant  20  à  'io  jours  dans  l'eau  damer  artificielle,  ne 
s'ouvrent  que  très  rarement,  mais  leur  ouverture  dure  i  heure.  Il  serait  intéressant  de 
savoir  couiraent  elles  se  comportent  dans  les  conditions  physiologiques. 


SÉANCE    DU    5    .lUIN     I906.  ISqT 

félins  ne  sont  pas  à  l'abri  de  l'infection  bacillaire,  mais,  dans  certains  cas, 
cette  dernière  semble  très  localisée  et  a  peu  de  tendance  à  se  généraliser, 
comme  à  l'ordinaire,  par  l'envahissement  du  système  lymphatique.  Une 
particularité  histologique  que  nous  avons  observée  à  l'autopsie  d'un  tigre 
royal,  mort  après  dix  mois  de  captivité  à  la  ménagerie  du  Muséum,  peut, 
au  moins  dans  ce  cas  particulier,  expliquer  cette  immunité  relative. 

Autopsie  d'nn  tigre  royal  le  20  janvier  1906,  faite  en  collaboration  avec 
M.  le  D"'  Gervais,  assistant  au  Muséum. 

Cavité  thoracique.  —  Le  péricarde  contient  un  peu  de  liquide  citrin  ;  la  surface  est 
normale  et  Ion  ne  trouve  aucune  fausse  membrane,  même  dans  les  culs-de-sac.  Les 
cavités  du  cœur  sont  normales. 

Les  plèvres  sont  libres  de  toute  adhérence  et  ne  présentent  aucune  fausse  membrane. 

Le  poumon  gauche  est  congestionné  avec  quelques  points  emphysémateux.  (L'animal 
aj'ant  été  sacrifié  par  le  chloroforme,  il  se  peut  qu'il  s'agisse  là  de  lésions  agoniques.) 
A  la  palpation  on  sent  des  noyaux  indurés  parsemés  dans  le  parenchyme.  Sur  la  coupe, 
ces  parties  indurées  représentent  des  noyaux  de  broncho-pneumonie  lobulaire  avec 
quelques  points  suppures  formant  de  petites  cavernules  de  la  grosseur  d  un  pois.  Les 
lésions  sont  disséminées  dans  les  trois  lobes  avec  prédominance  au'^lobe  inférieur  (ou 
postérieur). 

Le  lobe  supérieur  (ou  antérieur)  présente  des  lésions  analogues  à  celles  du  poumon 
gauche.  Dans  le  lobe  moyen,  la  confluence  des  noyaux  lobulaires  donne  à  la  lésion 
l'aspect  d'une  pneumonie  pseudo-lobaire.  Sur  la  coupe,  on  fait  sourdre  des  bronches 
moyennes  un  liquide  purulent,  d'apparence  un  peu  rougeâtre  (brique  pilée).  Aucune 
apparence  de  caséification. 

Le  lobe  inférieur  est  entièrement  converti  en  une  vaste  caverne  ;  toute  la  substance  du 
poumon  est  détruite,  bien  que  la  plèvre  ne  soit  à  ce  niveau  ni  épaissie,  ni  adhérente.  La 
caverne  est  remplie  en  partie  d'un  liquide  purulent  rougeâtre,  légèrement  granuleux, 
sans  odeur.  La  paroi  est  anormalement  brillante  et  lisse  ;  des  colonnes  de  Laennec  assez 
volumineuses,  font  relief  sur  la  paroi  ou  traversent  la  cavité. 

Cavité  abdominale.  — Péritoine,  intestin,  caecum,  organes  génitaux  sains.  Reins  et  foie 
un  peu  gras.  Rate  normale.  Capsules  surrénales  saines. 

Examen  bactériologique.  Pus  de  la  caverne.  —  Bacilles  tuberculeux  extrêmement 
abondants  sans  association.  Les  cultures  sur  gélose  ne  donnent  que  quelques  rares 
colonies  d'un  coccus  blanc  sans  virulence. 

Inoculé  au  cobaye,  le  pus  provoque  chez  eux  une  tuberculose  avec  lésions  locales  très 
volumineuses  et  mort  en  -j.  mois  ij-i  à  4  mois.  Les  produits  caséeux  provenant  de  ces 
lésions  produisent  chez  le  cobaye  une  tuberculose  normale,  mortelle  en  un  mois. 

Examen  histologique.  Poumon  gauche.  —  Dans  les  parties  oîi  la  lésion  semble  peu  déve- 
loppée, les  alvéoles  pulmonaires  sont  remplies  d'un  exsudât  sérofîbrineux  contenant  des 
cellules  épithéliales  alvéolaires  gonflées  et  desquâmées.  Entre  ces  alvéoles,  apparaissent 


1298  ACADÉMIE    DES    SCIE>CES. 

de  petits  nodules  composés  de  leucocytes  et  de  cellules  vésiculeuses,  orientées  circulaire- 
ment  autour  de  la  coupe  d'une  bronche  terminale.  Dans  les  points  où  la  lésion  semble 
plus  avancée,  la  cavité  bronchique  élargie  est  remplie  d'un  exsudât  contenant  en  abon- 
dance des  cellules  Ij^mphatiques  ;  la  paroi  présente  sur  certaines  parties  de  la  circonfé- 
rence un  aspect  semblable  à  celui  décrit  plus  haut  ;  sur  d'autres,  au  contraire,  elle  est 
revêtue  d'un  épithélium  pavimenteux  composé  de  six  à  sept  couches  volumineuses  à 
noyau  vésiculeux,  entre  lesquelles  on  voit  de  nombreuses  cellules  migratrices  poly- 
nucléaires. Sur  certains  points  de  la  circonférence,  cet  épithélium  prolifère  abondam- 
ment et  s'enfonce  dans  le  tissu  voisin  sous  forme  de  bourgeons  papilliformes  pleins, 
pouvant  faire  saillie  jusque  dans  les  alvéoles. 

Les  bronches  de  moyen  calibre  sont  remplies  de  liquide  purulent  ;  mais  leur  épithé- 
lium, tout  en  étant  le  siège  d'une  diapédèse  énergique,  conserve  son  apparence 
cylindrique. 

Le  tissu  interstitiel  ne  présente  aucune  réaction;  les  parois  alvéolaires  sont  peu 
épaissies.  On  ne  peut  colorer  de  bacilles  que  sur  la  coupe  des  bronches. 

Au  niveau  du  lobe  moyen  du  poumon  droit,  où  la  lésion  revêt  la  forme  pseudo-lobaire, 
les  mêmes  altérations  se  retrouvent,  plus  marquées.  Les  bourgeons  épithéliaux  pleins 
ont  envahi  la  plus  grande  partie  du  parenchyme,  mais  sont  toujours  orientés  autour 
d'une  bronchiole  ;  dans  certains  points,  la  coupe  présente  à  s'y  méprendre  l'aspect  d'une 
tumeur  épithéliale  pavimenteuse.  La  cavité  des  bronches  moyennes  est  très  dilatée, 
remplie  de  pus  et  tapissée  par  un  épithélium  stratifié  composé  de  cellules  plates  ou 
vésiculeuses,  mais  ne  présentant  point  les  prolongements  épineux  que  nous  décrirons 
plus  loin.  Aucune  réaction  conjonctive  alvéolaire  oupéribronchique;  pas  de  granulations 
tuberculeuses. 

Conpe  de  la  paroi  de  la  caverne.  Du  côté  de  la  cavité  pleurale,  on  ne  note  qu'une 
légère  réaction  embryonnaire  dans  les  couches  profondes  de  la  séreuse.  La  paroi  elle- 
même  est  composée  de  faisceaux  fibreux  infiltrés  de  quelques  cellules  embryonnaires, 
mais  sans  forniation  de  nodules.  La  surface  est  revêtue  d'un  épithélium  pavimenteux 
typique,  composé  de  4  à  5  couches  de  cellules  à  noyau  vésiculeux  nucléole,  présentant 
ime  fine  dentelure  en  épines,  s'anastomosant  entre  elles  par  ces  filaments  d'union  et  en 
tout  semblables  aux  cellules  épithéliales  du  corps  muqueux  de  Malpighi. 

Cette  transformation  atteint  le  maximum  d'individualisation  à  la  surface  des  colonnes 
de  Laennec,  où  l'on  peut  observer  nettement  une  formation  analogue  de  véritables  papilles. 
Le  revêtement  adulte  comprend  alors  une  couche  de  cellules  basilaires,  allongées,  pro- 
ligères,  3  ou  .'4  couches  de  cellules  dentelées  plus  volumineuses  à  noyau  vésiculeux  con- 
tenant un  ou  deux  nucléoles,  et  à  la  surface  une  ou  deux  couches  de  cellules  aplaties, 
écailleuses,  à  noyau  homogène.  Quelques  rares  cellules  migratrices  polynucléées 
traversent  le  réseau  formé  par  les  piquants  des  cellules  de  la  couche  moyenne. 

Le  pus  que  l'on  peut  observer  dans  les  anfractuosités  contient  de  nombreux  bacilles  ; 
mais  on  n'en  trouve  aucun  dans  l'épaisseur  même  des  tissus  épithéliaux  ou  fibreux. 

On  peut  considérer  que,  dans  ce  cas,  la  réaction  épithéliale,  ayant  eu 
pour  résultat  la  transformation  de  l'épithéliuni  bronchique,  a  isolé  pour 


SÉANCE    DU    5    JUIN     I906.  ^^99 

ainsi  dire  le  bacille  tuberculeux  et  Ta  constamment  maintenu  à  l'extérieur 
de  l'organisme.  Il  en  est  résulté  l'intégrité  absolue  du  système  lympha- 
tique pulmonaire  et  l'absence  de  réaction  pleurale,  de  lésions  caséeuses  et 
de  généralisation.  Il  s'agit  donc  là  d'un  processus  de  défense  qui,  pour 
être  rare,  n'en  était  pas  moins  important  à  signaler. 

D'autre  part,  cette  transformation  de  l'épithélium  que  l'on  peut  suivre 
pour  ainsi  dire  pas  à  pas,  explique  histogéniquement  la  formation  dans  le 
poumon  de  tumeurs  épithéliales  du  type  pavimenteux  dont  il  existe  un 
certain  nombre  d'observations  chez  l'homme,  et  il  est  intéressant  de  la  voir 
se  produire  sous  l'influence  bien  déterminée  de  la  présence  ou  plutôt 
des  toxines  du  bacille  tuberculeux. 

Quant  à  ce  dernier,  le  passage  par  l'organisme  relativement  réfractaire 
du  tigre,  ne  semble  pas  avoir  beaucoup  modifié  sa  virulence,  car  en  raison 
de  la  rapidité  avec  laquelle  il  a  repris  sa  virulence  normale,  nous  serions 
plutôt  porté  à  attribuer  le  retard  et  la  forme  particulière  de  la  tuberculose 
des  cobayes  inoculés  directement  avec  le  pus  de  la  caverne,  à  la  présence, 
dans  ce  pus,  de  substances  ayant  modifié  la  marche  normale  de  l'aff'ection. 

GÉOGRAPHIE  PHYSIQUE.  —   Sur  une  explication  nouvelle  du  surcreusement 
glaciaire.  Note  de  M,  Jeaiv  Bruivhes,  présentée  par  M.  Lapparent. 

A  rencontre  de  l'opinion  qui  n'attribue  aux  eaux  torrentielles  sous-gla- 
ciaires qu'une  action  de  transport  et  de  dépôt,  on  doit  reconnaître  que  ces 
eaux,  au  moins  par  place,  érodent  fortement  :  les  groupes  de  marmites  du 
Gletschergarten  de  Lucerne,  du  seuil  de  la  Maloja,  etc.  en  sont  un  pre- 
mier témoignage.  En  voici  un  second  :  les  territoires  situés  en  avant  du 
front  des  glaciers  nous  révèlent  que  des  formes  d'érosion  de  caractère 
indiscutablement  torrentiel  et  pluvial  ont  subsisté  et  subsistent  encore, 
alors  même  que  les  glaciers  ont  longtemps  séjourné  sur  ces  mêmes  empla- 
cements :  telle  la  gorge  de  la  Lutschine,  que  le  glacier  inférieur  de  Grin- 
delwald  recouvrait  encore  et  très  amplement  au  milieu  du  siècle  passé. 

Bien  plus,  il  est  une  forme  topographique  rocheuse  qui  s'observe  avec 
une  étonnante  fréquence  et  une  non  moins  étonnante  analogie  morpholo- 
gique en  avant  du  front  immédiat  de  beaucoup  de  glaciers  actuels  :  ce  sont 
des  bosses  arrondies  où  la  roche  souvent  est  encore  à  nu  et  si  distinctives 
que,  d'un  bout  à  l'autre  des  Alpes  allemandes,  les  paysans  leur  ont  maintes 
fois  donné  le  même    nom  de   Platten  :  ces  croupes,    ces  bosses  calleuses 


l300  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

présentent  en  leur  milieu  une  partie  arrondie  plus  élevée  et  des  deux  côtés 
un  sillon  en  contre-bas.  Que  l'on  examine  toutes  ces  bosses  (en  avant 
des  glaciers  de  Durand  et  de  Moniing,  du  glacier  d'Uebellal,  du  glacier 
d'Aletsch,etc.),que  l'on  examine  toutes  celles  que  contourne  encore,  divisée 
en  deux  bras,  la  glace  de  la  langue  extrême  du  glacier  (glacier  supérieur 
de  Grindelwald,  glacier  affluent  du  glacier  d'Aletsch,  dit  Jaîgiglet- 
scher,  etc.),  partout  l'on  remarquera  les  traces  indiscutables  d'une  érosion 
ayant  porté  plus  fortement  sur  les  deux  côtés  du  glacier  qu'au  centre  même 
du  .cours. 

Par  une  série  de  termes  de  transition,  on  peut  démontrer  que  les  buttes 
dites  «  Iselberge  »  qui  parsèment  les  anciennes  vallées  glaciaires  (depuis 
les  petites  jusqu'aux  plus  grandes,  tel  que  le  Belpberg  dans  le  Querthal 
de  l'Aar)  et  les  barres  rocheuses  elles-mêmes  appartiennent  au  même 
type  morphologique  que  les  bosses  terminales. 

Si  c'était  vraiment  la  glace  toute  seule  qui  opérât  le  travail  de  creusement,  il  serait 
étrange  de  constater  que  c'est  sur  les  côtés  du  lit  glaciaire,  c'est-à-dire  là  où  la  niasse 
de  glace  est  la  plus  faible,  que  se  trouve  régulièrement  localisé  le  principal  creusement. 
Tout  au  contraire,  c'est  sur  les  côtés  du  glacier  que  se  trouvent  en  général  les  chenaux 
d'écoulement  des  eaux  de  fusion  ;  en  général  aussi  t(mt  glacier  un  peu  large  et  en 
pleine  vigueur  donne  lieu  à  son  extrémité  à  un  doulsle  torrent  dont  les  eaux  tendent  à  se 
rejoindre  dés  qu'elles  ont  quitté  la  cuvette  terminale  :  le  fait  est  très  fréquent  dans  les 
Alpes  et  de  même  sur  les  feuilles  déjà  parues  de  la  nouvelle  et  admirable  carte  à 
I  :  5oooo  de  l'Islande,  on  peut  observer  avec  quelle  régularité  les  chenaux  d'écoulement 
torrentiel  s  échappent  des  bords  des  glaciers. 

Lorsque  le  glacier  est  resserré  ou  lorsqu'à  son  extrémité  il  diminue  de  volume,  il 
arrive  que  ces  deux  écoulements  latéraux  et  les  deux  sillons  latéraux  qu  ils  déterminent 
se  réduisent  à  un  seul  (glacier  de  Trient,  extrémité  actuelle  du  glacier  d'Aletsch,  etc.); 
or  en  ce  cas,  contre-épreuVe,  la  partie  de  la  vallée  récemment  délaissée  par  le  glacier 
est  en  V  plutôt  qu'en  U  :  c'est  là  d'ailleurs  un  fait  qlii  constitue  l'exception. 

Dans  le  cas  général  et  normal,  l'eau,  sous  le  glacier,  menant  l'attaque,  creuse  les 
sillons  entre  lesquels  subsiste  une  sorte  d'échiné  longitudinale,  plus  ou  moins  continue, 
tandis  que  de  pai't  et  d'autre  du  lit  glaciaire  se  dressent  deux  grandes  parois  latérales 
qui  sont  tout  naturellement  raides  et  parfois  verticales  comme  celle  d'un  canon.  —  La 
glace  à  son  tour  intervient  incessamment  pour  profiter  du  travail  ainsi  préparé  et  pour  le 
modifier  dans  Une  très  réelle  mesure;  elle  arrondit  et  polit  les  sillons,  les  saillies,  les 
parois  ;  elle  rabote  et  elle  déblaie  ;  par  la  pression  de  sa  masse  en  tnouvement,  elle 
façonne  surtout  le  dos  central  isolé  et  comme  «  miné  »  sur  ses  deux  flancs  ;  elle  le  débite 
par  moi'ceaux  et  souvent  parvient  à  l'emporter  tout  entier,  sauf  précisément  aux  lieux 
et  places  où  subsistent  les  «  témoins  »  révélateurs,  bosses,  buttes  ou  barres. 

Aiilsi  la  forme  caractéristique  de  la   vallée  glaciaire  demeure   bien  un 


siANCE    DU    5    JUIN     I906,  l3oi 

témoignage  authentique  du  passage  et  de  l'action  du  glacier  :  car  c'est 
bien  de  toute  évidence  la  masse  de  glace  elle-même,  parce  qu'elle  se 
déplacé  et  parce  qu'elle  entraîne  avec  elle  des  instruments  d'usure,  qui 
détermine  les  surfaces  arrondies,  moutonnées,  etc.,  bref  la  physionomie 
particulière  de  la  morphologie  superficielle  et  c'est  bien  en  outre  à  la 
présence  et  à  la  constitution  du  glacier  qu'est  dû  le  dessin  essentiel  et 
général  du.  profil  typique  ;  néanmoins  ce  dessin  n'est  pas  engendré  par 
l'effet  direct  de  la  glace  elle-même,  ni  par  la  masse  du  glacier  proprement 
dit;  la  vallée  en  U  s'explique  par  la  spéciale  distribution  de  l'action  des 
eaux  courantes  sur  deux  lignes  (et  parfois  plus  de  deux),  qui,  sans  être 
rigoureusement  ni  continûment  parallèles,  se  suivent  et  se  cori'espondent, 
dans  la  plupart  des  cas,  des  deux  côtés  du  glacier  et  sous  le  glacier. 

Bref,  l'érosion  glaciaire  résulte  essentiellement  d'une  discipline  spéciale 
de  l'érosion  torrentielle,  discipline  qui  est  propre  au  glacier  et  qui  dépend 
de  lui. 

1.  Cette  interprétation  est  en  conformité  avec  les  faits  que  le  retrait 
général  nous  permet  d'olîserver  en  avant  du  front  des  glaciers  actuels  et 
notamment  avec  le  fait  si  général  des  Platten  et  des  Iselberge. 

2.  Cette  interprétation  fournit  très  aisément  la  clé  de  tous  les  cas  divers 
de  profond  «  surcreusement  »  ou  de  faible  effet  du  glacier  :  ce  sont  les 
caprices  ou  les  lois  de  la  distribution  du  travail  des  eaux  sous-glaciaires 
qui  expliquent  ces  apparentes  contradictions. 

3.  Elle  rend  compte  de  la  puissance  d'érosion  verticale  ou  de  «  surcreu- 
sement »  des  glaciers,  sans  qu'on  ait  recours,  comme  on  l'a  fait  parfois, 
à  l'hypothèse,  jusqu'ici  mythique,  qui  attribuait  à  la  glace  elle-même 
l'initiative  elle  rôle  principal  dans  le  phénomène. 

M.  E.  FocRiMER  adresse  une  Note  intitulée  :  Profondeur  limite  h  partir 
de  laquelle  la  vitesse  d'un  navire  cesse  d'être  diminuée  par  faction  réflexe  du 
fond. 

M  J.  CiiEVROTTiER  adresse  une  Note  Sur  une  nouvelle  combinaison  orga- 
nique d'iode. 

M.  Alfred  «FAX\ix  adresse  une  note  intitulée  :  Uasphyxie  con/urée, 
lors  du  foulage  du  raisin  dans  les  cuves,  par  le  soutirage  de  Vacide  carbo- 
nique. 

La  séance  est  levée  à  trois  heures  et  demie.  M.  B. 


l302  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

BULLETIN  BIBLIOGRAPHIQUE 

Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  7  mai   1906. 

Le  Chimiste  Dizé,  par  A.  Pillas  et  A.  Balland.  Paris,  J.-B.  Baillière  et  fils,  1906; 
I  vol.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Berthelot.) 

Le  Transformisme  appliqué  à  V Agriculture,  par  J .  Costantin.  Paris,  Félix  Alcan,  1906; 
I  vol.  in-S".  (Présenté  par  I\I.  Gaston  Bonnier.) 

Annales  de  l'Observatoire  de  Bordeaux,  publiées  par  G.  Bayet  ;  t.  XII.  Paris,  Gau- 
thier-Villars  ;  Bordeaux,  Féret  et  fils,  1906;  i  vol.  in-4°.  (Présenté  par  M.  Lœwy.) 

Observation,  étude  et  prédiction  des  marées,  par  M.  Bollet  de  l'Isle.  Pax'is,   Impri- 
merie Nationale,  i9o5;  i  vol.  in-8°. 

Le  Service  géograpinque  de  Z'yl/vwée  adresse  19  feuilles  nouvellement  éditées  des  cartes 
suivantes  : 

France,   au  So.ooo",  en  couleurs;    Feuilles    :    XXII,    l'i,  14,    i5;   XXIII,   l'i,   14.    i5; 
XXIV,  i3,  14,  i5. 

Tunisie,  au  5o.ooo^,  n°*  17,  33,  34. 
—         au  100.000%  n"*  42,  Sa,  55,  62. 

Algérie,  au  So.ooo",  n""  117,  121. 

Environs  du  Kef,  au  So.ooo"^,  en  couleurs. 


ERRATA 


(Séance  du  21  mai  1906.) 
Note  de  M.  Amagat  :  Discontinuité  des  chaleurs  spécifiques  à  saturation 
et  courbes  de  Thomson. 

Page   :  lïi,  formule  (14),  "«  '"?"  de  c  —  e^,  lire  c,  —  c. 

f  ''p'  \  .  I  dp  \ 

formule  (i  5),  au  lieu  de  c'  —  c\,  lire  c\  —  Ci  et  I      ,     I   au  heu  de  1—-t--\ 

à  la  ligne  suivante  au  lieu  de  c  ^  e^,  lire  c  <  Cj. 

Même  page,  ligne  'io,  supprimer  l'alinéa  coinjnençant  par  ces  mots  :  Les  discontinuités 
correspondantes  et  finissant  par  ceux-ci  :  ou  elles  finissent  par  disparaître. 

Note  de  M.  Goy  :  Sur  l'élasticité  des  tissus  organiques. 

Page  1160,  ligne  14,  au  lieu  de  pi,  lisez  p^. 
—      1160,     —     18,  —         K      —    k. 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

SÉANCE  DU   LUNDI    11   JUIN  1900, 

PRÉSIDÉE  PAR  M.  H.   POINCARÉ. 


MÉMOIRES    ET    COMMUNICATIONS 

DES   MEMBRES   ET   DES   CORRESPONDANTS   DE   L'ACADÉMIE 


PHYSIQUE.  —  Sur  quelques  points  relatifs  à  V élude  des  chaleurs  spécifiques 
et  l'applicatioa  à  celles-ci  de  la  loi  des  états  correspondants.  Note  de 
M.  E.  H.  Amagat. 

I.  J'ai  montré,  dans  une  précédente  Note,  que  la  chaleur  spécifique  sous 
volume  constant,  lorsqu'on  suit  une  isotherme,  subit  une  discontinuité  à 
chaque  intersection  de  cette  isotherme  avec  la  courbe  de  saturation.  Ces 
discontinuités  ont  les  valeurs  suivantes  : 


Il  peut  être  intéressant  de  voir  comment  elles  varient  avec  la  température 
notumment  ({uand  on  s'approche  du  point  critique.  Il  parait  tout  d'abord 
naturel  que  ces  discontinuités  disparaissent  graduellement  avec  les  inéga- 
lités (lo  de  la  précédente  Note)  provenant  des  points  anguleux  et  par  suite 
s'annulent  au  point  critique  (quoique,  en  arrivant  en  ce  point,  les  déri- 
vées -77-  et  -j—  devenant  infinies  en  même  temps  que  les  parenthèses 
qu'elles  multiplient  s'annulent,  on  se  trouve  conduit  à  une  indétermination) 
nous  allons  voir  qu'il  n'en  est  rien. 

On  peut  d'abord  se  proposer  de  calculer  numériquement  ces  disconti- 

C.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  24.)  "71 


l3o4  ACADÉMIE    DES     SCIENCES. 

nuités,  on  aura  ainsi  l'erreur  commise  en  faisant  usage  de  la  relation  (4) 
au  lieu  de  la  relation  (3)  loc.  cil.  ;  toute  la  difficulté  est  dans  l'obtention  des 
coefficients  de  pression  ;  ceux-ci  déduits  de  courbes  expérimentales  tra- 
i-ées  pour  les  raisons  que  j'ai  dites  avec  un  nombre  insuffisant  de  points, 
supposent  qu'il  n'y  a  pas  en  arrivant  à  la  courbe  de  saturation  la  variation 
brusque  que  j'ai  supposée  dans  le  cas  où  il  y  aurait  raccordement,  leurs 
valeurs  sont  donc  par  suite  celles  qu'il  faudrait  prendre,  dajis  tous  les  cas, 
pour  le  calcul  des  discontinuités  ;  quoique  seulement  approximatives,  je 
crois  les  valeurs  expérimentales  de  ces  coefficients  suffisantes  pour  mon- 
trer la  loi  de  variation  de  ces  discontinuités,  les  autres  données  étant  tlu 
reste  beaucoup  mieux  déterminées,  puisque  j>our  l'acide  carbonique  j'ai 
construit  la  courbe  de  saturation  et  celle  des  tensions  maxima. 

Le  tableau  suivant  contient  l'ensemble  des  données  expérimentales  et 
les  valeurs  correspondantes  des  discontinuités  [c^  —  r),  [c\  —  c'). 


TEMPÉ- 

(<'P\ 

\  dt  y,. 

d,, 
dt 

(^)„ 

AV/A      dp 

\di):.dt 

ldp\  dp 
\dfj,.dt 

du 
dt 

du' 

dt 

t'i  —c 

c\  —  c' 

DIFFÉ- 

RATURES 

Liquide. 

\  ,lpfur. 

Liquide. 

Vapeur. 

Liquide. 

Vapeur. 

Liquide. 

^';lpeul■. 

RENCE 

— 

1 

•i 

i 

4 

.') 

6 
0,0000 

—  0,000 

8 

1.) 

10 

0° 

7,i5 

0,870 

0,235 

6.280 

—  0,635 

ii35 

716 

0,24 

1,52 

1,18 

5" 

6,56 

0,983 

0,285 

5,575 

—  0.700 

1468 

567 

0,28 

1,36 

1,08 

10° 

5,9' 

1 ,  100 

0.  3iS 

4,810 

—  0,752 

1985 

481 

0,33 

1,26 

0,9; 

lï" 

5,  12 

1 ,  21  5 

0.422 

3,905 

—  0,795 

2695 

439 

0,37 

1,23 

0,86 

10" 

4,4o 

1 ,33o 

0,540 

3,070 

—  0,790 

3710 

423 

0,41 

1 ,20 

0  ,  7;) 

l'y 

3,70 

i-4-i5 

0,735 

2,25  5 

—  0,710 

5760 

423 

0,48 

1 ,  i3 

0.6'j 

3o" 

2,64 

i.56o 

I  ,  100 

1 ,080 

— n,56o 

223oO 

655 

0  ,91 

1,36 

0,45 

On  voit  d'abord  que,  conformément  aux  formules,  la  chaleur  spécifique 
normale  est  toujours  plus  petite  que  celle  de  seconde  espèce.  La  disconti- 
nuité relative  à  l'état  de  vapeur  diminue  quand  la  température  augmente, 
c'est  le  contraire  pour  l'état  liquide,  contrairement  à  ce  que  j'avais  d'abord 
supposé  ;  de  telle  sorte  que  si,  partant  de  l'état  gazeux  à  zéro,  on  suTt  la 
courlie  lie  saturation,  la  discontinuité  va  toujours  en  diminuant,  mais  sans 
s'annuler  en  passant  |»ar  le  point  critique. 

A  la  vérité,  le  tableau  ci-dessus  contient  des  irrégularités  évidentes,  le 
dernier  chiffre  de  la  colonne  9  est  évidemment  trop  fort,  les  chiffres  de  la 
colonne  5  paraissent  former  une  série  peu  régulière,  due  peut-être  à  la 
présence  du  point  d'inflexion  de  la  courbe  de  saturation.  Les  détermina- 
tions à  partir  de  ao°  deviennent  de  plus  en  plus  difficiles,  et  assez  grossie- 


SÉANCE    DU     I  I     JUIN     IQoG.  l3o5 

rement  approximatives  à  partir  de  23°  ;  malgré  ces  incertitudes  la  loi  de 
l'ensemble  des  variations  ne  paraît  pas  douteuse. 

II.  Pour  le  point  critique  en  particulier,  le  fait  de  savoir  si  la  disconti- 
nuité V  conserve  une  valeur  finie  revient  à  résoudre  Tindétermination  rela- 
tive  à  ce  point,  voici  la  solution  qui  m'a  été  adressée  par  M.  Raveau  immé- 
diatement après  la  publication  de  ma  première  Note. 

«  Si  l'on  considère  le  cycle  BCAI)  de  Li  figure  (1),  ci-contre,  l'application  à  ce  cycle  du 
principe  de  l'équivalence  donne  pour  une  température  T,  (enposant  AD  =  (U-)  : 

'4 '^'(*)-T^]^" +  ('■---''  =  - 

Cette  relation  dans  laquelle  chaque  terme  est  du  premier  ordre  comme  de  et  c/i 
exprinje  que  l'aire  BCAI)  est  du  second. 

r 


0 


i  \ 

w 

eV-' 

u 

T+cIt 

^^"^T^ 

-__     B 
-^      1    ^ 

/"A 

'0 

~^ 

/ 

•  \ 

/ 

T 

Fit.  2, 

Juin  1906 

A 

/ 

'd 

Bfr.i 

/ 

ihA  . 

V 


Lorsque  le  point  B  devient  le  point  critique  (fig.  1),  l'isotherme  ét;int  tangente  en  B, 
si  AD  est  toujours  du  premier  ordre,  dt  sera  du  second  et  l'aire  BC  AD  du  troisième  ;  par 
suite  dans  la  relation  (i),  on  ne  peut  plus,  dans  l'expression  de  la  quantité  de  chaleur 
dégagée  suivant  BC,  négliger  les  termes  du  second  ordre  et  cette  quantité  de  chaleur  doit 
s'écrire 


AT^rf.-^AT-;^ 

dt  1  dl  dv 


d^>\ 


Comme  du  reste  il  n'y  a  pas  lieu  de  modifier  l'expression  de  la  quantité  de  chaleur 
dégagée  suivant  AD,  l'équation  (i)  devient 


-  AT- 


dh, 


dtdv 


de-  -f 


Cj)  dt  =  0. 


d'-p 


Ici  dv-  et  dt  sont  du  même  ordre,  le  —  c^  est  donc  du  même  ordre  nue  -|-Ç  nui  n'est 
pas  nul  au  point  critique  ». 


l3oG  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Ce  résultat  est  du  reste  d'accord  avec  le  fait  de  la  réfraction  des  adiaba- 
tiques  démontré  par  M.  Raveau  dans  un  très  intéressant  travail  publié  par 
lui  en  i8Q2'{Séances  de  la  Société  française  de  Pltysiqae,  et  fouinai  de  phy- 
sique). 

III.  Les  différences  inscrites  à  la  dernière  colonne  du  tajjleau  sont  les 
erreurs  commises  en  employant  la  relation  (4)  au  lieu  de  la  relation  (3)  loc. 
cil.  11  résulte  du  signe  et  de  la  valeur  des  discontinuités  que  (c^  — ■  c',)  est 
toujours  numériquement  plus  grand  que  (c  —  c'). 

Les  nombres  calculés  par  M.  Mathias  pour  l'acide  sulfureux  au  moyen 
des  valeurs  de  m  par  lui  déterminées,  et  qui  comme  je  l'ai  fait  remarquer 
sont  les  valeurs  de  (c\  —  c',)  montrent  que  c\  est  toujours  plus  grand  que 
fj,  cela  résulte  du  reste  immédiatement  de  la  relation  ('i6)  loc.  cit.  mais  on 
ne  saurait  affirmer  qu'il  en  est  de  même  pour  les  chaleurs  spécifiques  nor- 
males puisque  (Cj  —  c)  est  plus  petite  que  (c/  —  c'),  et  de  fait,  les  calculs 
approximatifs  que  j'ai  pu  faire  montrent  que  jusque  vers  20°  ou  aS",  la  cha- 
leur spécifique  normale  à  saturation  est  plus  grande  pour  la  A-apeur  que 
pour  le  liquide,  comme  pour  les  chaleurs  spécifiques  de  seconde  espèce, 
mais  au  delà  de  cette  température  les  données  expérimentales  ne  fournis- 
sent plus  de  résultats  certains  et  il  peut  se  faire  que  le  signe  de  c  —  c'  soit 
changé. 

IV.  Pour  les  chaleurs  spécifiques  sous  pression  constante,  il  n'y  a  plus 
de  discontinuité  introduite  par  les  points  anguleux,  cela  se  voit  à  simple 
inspection  de  la  relation  (i)  loc.  cit.,  puisque  les  coefficients  de  pression 
ont  disparu  ;  il  n'y  a  donc  qu'une  seule  chaleur  spécifique  sous  pression 
constante  et  par  suite  en  un  point  A  de  la  courbe  de  saturation  [fig.  i), 
quatre  chaleurs  spécifiques  /«,  C,  c  et  Cj,  correspondant  aux  quatre  che- 
mins :  AB,  AEB,  AGB  et  ADB,  par  lesquels  on  peut  aller  du  point  A  au 
point  B. 

Les  calculs  que  j'ai  faits  avec  la  relation  (i)  loc.  cit.  montrent  que,  ainsi 
qu'on  pouvait  s'y  attendre,  la  chaleur  spécifique  sous  pression  constante  à 
saturation  est  plus  grande  pour  le  liquide  que  pour  la  vapeur,  la  difierence 
a  été  en  croissant  avec  la  température,  c'est-à-dire  en  se  rapprochant  du 
point  critique. 

IV.  Les  règles  que  j'ai  données  pour  l'application  immédiate  aux  divers 
coefficients  de  la  lhermodynami(|ue,  de  la  loi  des  états  correspondants,  ne 
sont  pas  applicables  aux  chaleurs  spécifiques  ;  il  faudrait  pour  cette  appli- 
cation, (|uc  les  chaleurs  spécifiques  puissent  comme  les  autres  coefficients, 


SÉANCE    DU     II     JUIN     I906.  l3o7 

être  exprimées  par  une  fonction  homogène  des  variables  la  même  pour 
tous  les  lluides  ;  mais  on  peul  arriver,  sans  faire  d'hypothèse  sur  la  forme 
de  cette  fonction,  à  appliquer  la  loi,  à  la  condition  de  grouper  convenable- 
ment les  corps. 

J'ai  montré  que,  pour  des  Iluides  suivant  la  loi  des  états  correspondants, 
les  différents  coefficients  de  la  thermodynamique  (autres  que  les  chaleurs 

spécifiques),  si  leurs  dimensions  sont  4;^  ,  et  si  les  formules  sont  rappor- 
tées aux  poids  moléculaires,  ont  même  valeur  en  des  points  correspon- 
dants quelconques.  Il  est  facile  de  voir  que  ces  dimensions  sont  précisé- 
ment celles  des  fonctions  :  (G  —  G'),  (c  — c'),  [c^  —  c',)  des  discontinuités 
(c  ■ — •  fj)  et  (c'  —  f'J  et  encore  de  la  différence  (G  —  c)  des  deux  chaleurs 
spécifiques,  par  suite  :  Pour  des  fluides  suivant  la  loi  des  étals  correspon- 
danls  chacune  ces  fondions  prend  la  même  valeur  eu  des  points  correspon- 
dants, les  formules  étant  rappo/'tées  aux  poids  moléculaires. 

Considérons  maintenant  le  cas  des  chaleurs  spécifiques,  sous  pression 
constante  par  exemple,  G.  On  sait  que  la  relation  suivante 

C  -  G„  ==  AT  f"^  dp  =  -  AT  f".  ip)  dp 

permet  de  calculer  les  variations  de  C  avec  la  pression,  la  température 
restant  constante;  si  on  construit  des  isothermes  en  portant  les  pressions 

en  abscisses  et  en  ordonnées  les  valeurs  de  AT  -j^  ,  les  valeurs  de  (G  —  Go) 

seront  les  aires  comprises  entre  les  ordonnées  extrêmes,  l'isotherme  et 
l'axe  des  pressions  ;  ces  isothermes  sont  au  produit  AT  près  celles  dont  j'ai 
donné  un  réseau  dans  ma  Note  du  28  mai  1900.  Gonsidérons  maintenant  en 
deux  points  correspondants,/;  cT,  //  v'  T'  de  deux  fluides,  les  petites  aires 

AT  -T^  A/j  et  AT'  — rV-  Ay/,  dans  lesquelles  nous  supposerons  les  accroisse- 
ments A/j  et  \p,  également  correspondants,  ces  petites  aires  ont  pour  dimen- 
sion -Ç-,  elles  seront  donc  égales;  par  suite  les  variations  finies  (G  —  Go), 

(G' —  G„)  prises  entre  des  limites  correspondantes  Po,  p  et  p'o,  p'  seront 
égales  comme  sommes  d'un  même  nombre  de  petites  aires  égales  deux  à 
deux. 

Supposons  maintenant  les  deux  fluides  pris  sous  des  pressions  corres- 
pondantes extrêmement  petites,  à  la  limite  sous  la  pression  nulle  corres- 
pondant à  l'ordonnée  initiale,  ces  corps  seront  à  l'état  de  gaz  parfait;  à 


l3o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

toute  température  les  variations  avec  la  pression  seront  nulles,  ce  qui 
revient  à  dire  (jue  les  isothermes  convergent  vers  l'origine  du  réseau  ;  il 
résulte  là  que  pour  des  points  correspondants  les  variations  des  chaleurs 
spécifiques  moléculaires  depuis  l'origine  du  réseau  seront  égales  ;  autre- 
ment dit  :  Pour  deux  fluides  suivant  la  loi  des  états  correspondants,  en  des 
points  correspondants  les  excès  des  clialeurs  spécifiques  moléculaires  sur  les 
vcdeurs  limites  qu'ont  celles-ci  à  Cctat  de  gaz  parfait,  sont  égales;  et  par 
suite  si  les  fluides  considérés  ont  même  chaleur  spécifique  moléculaire  à 
Vétat  de  gaz  parfait,  en  des  points  correspondants  leurs  clialeurs  spécifiques 
moléculaires  seront  égales.  Ce  sera  le  cas  par  exemple  de  gaz  simples 
biatomiques  suivant  la  loi  des  états  correspondants,  et  en  général  des 
fluides  de  môme  complexité  moléculaire;  les  fluides  d'un  même  groupe 
étant  du  reste  ceux  auxquels  il  est  le  plus  probalîle  que  la  loi  des  états 
correspondants  puisse  s'appliquer. 

On  remarquera  que  les  isothermes  en -^  du  réseau  que  j'ai  construit 

loc.  cit.  ne  pai'aissent  pas  converger  vers  l'origine,  tout  au  moins  sans 
changer  d'allure;  mais  il  faut  tenir  compte  de  ce  fait  que,  pour  l'acide  car- 
bonique, mes  tableaux  numériques  ne  commencent  que  vers  3o  atmos- 
phères, les  prolongements  des  isothermes  en  pv  ont  été  tracés  en  poin- 
tillé iusC[iik  Vovdonnée  initiale  d'après  l'allure  générale  du  réseau;  or,  ce 
sont  précisément   ces    prolongements    qui   ont  servi   à  calculer  la  partie 

extrême  des  isothermes  en -^-^  qui  ne  parait  pas  converger  directement 


Si  comme  cela  a  lieu  dans  la  figure,  ces  dernières  isothermes,  tout 
compte  tenu  du  facteur  AT,  se  prolongeaient  jusqu'à  l'origine  dans  l'ordre 
des  températures  sans  se  couper,  il  en'résulterait  c(ue  dès  ces  très  basses 
pr,essions,  la  chaleur  spécifique  sous  une  pression  donnée  diminuerait  quand 
la  température  augmente  ;  or  l'expérience  directe  n'a  fourni  nettement  ce 
résultat  qu'à  partir  d'une  certaine  pression  au-dessous  de  laquelle  les 
expérimentateurs  n'ont  pas  toujours  été  d'accord  sur  le  sens  de  la  varia- 
tion en  question;  pour  cette  raison,  entre  autres,  il  serait  très  désirable 
de  voir  étudier,  notamment  pour  l'acide  carbonique,  la  partie  relative  aux 
pressions  inférieures  des  réseaux  que  je  n'ai  pu  terminer. 

Des  considérations  analogues  à  celles  qui  précèdent  relativement  à  la  loi 
dos  états  correspondants  pourraient  être  appliquées  au  cas  de  la  chaleur 


SÉANCE    DU     II     JUIN     1 906.  l3of) 

spécifique  sous  volume  constant  et,  par  suite,  au  rapport  y  des  deux  clia- 
leurs  spécifiques,  elles  conduiraient  au  même  résultat. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  les  produits  de  In  réaclion,  à  liante  température, 
des  isobutylate  et  propi/late  de  sodium  sur  le  camphre.  Note  de  MM.  A. 

H.ILLER  et  J.  MiXGOX. 

Nous  avons  repris  l'étude  des  divers  composés  qui  se  forment  quand  on 
chauffe  en  autoclave,  à  une  température  de  220-330°,  du  camphre  avec  des 
alcoolates  de  sodium.  L'un  de  nous(')  a  en  effet  montré,  dès  1891,  que  si, 
dans  ces  conditions  de  température  le  benzylate  de  sodium  fournit  avec  de 
très  bons  rendenientsdu  benzylcamphre,  les  alcools  saturés  de  la  sériegrasse 
agissent  différemment,  les  premiers  termes  ne  donnant  que  des  bornéols 
et  isobornéols  avec  très  peu  de  produits  huileux,  alors  que  les  termes  plus 
élevés  fournissaient  de  moins  en  moins  de  bornéols  et  de  plus  en  plus  de 
composés  substitués  du  camphre. 

C'est  l'étude  des  divers  dérivés,  (|ui  se  forment  dans  ces  réactions,  qui 
fait  l'objet  de  ce  travail. 

Action  de  l'isobulylale  de  sodium  sur  le  camphre.  ■ —  On  chauffe  à  l'auto- 
clave, à  22o-23o°,  pendant  24,,,  laos-'  de  camphre  avec  de  l'alcool  isojjuty- 
lique  tenant  en  dissolution  iZ^'  de  sodium. 

A  l'ouverture  de  l'appareil,  on  constate  une  certaine  pression,  due  à  la 
présence  de  l'hydrogène  et  la  formation  d'une  masse  butyreuse  qu'on 
traite  par  de  l'eau  et  de  l'éther. 

La  solution  aqueuse  est  alcaline  et  reni'erme  de  notables  quantités  d'iso- 
butyrate  de  sodium. 

(^uant  à  la  licjueur  éthérée,  elle  fournil,  après  distillation  de  l'éther, 
une  huile  (|u'on  rectifie  dans  une  cornue  dont  le  col  pénètre  dans  un  large 
tube  en  verre.  Il  passe  d'abord  de  l'alcool  isobutylique,  puis  du  camphol, 
et,  entre  235  et  255°,  une  huile  sirupeuse  ((ui,  abandonnée  à  une  tempéra- 
ture voisine  de  0°  pendant  quelques  jours,  se  prend  en  une  masse  cristal- 
line. On  essore  le  produit  à  ])asse  température  et  on  le  fait  cristalliser 
dans  de  l'alcool  méthylique.  On  obtient  des  cristaux  blancs,  opaques,  fon- 
dant à  55°  et  restant  facilement  en  surfiision.  Leur  pouvoir  rotatoire  dans 
l'alcool  raL  =  +  2o°7. 

(')  A.  Halleii,  Comptes  rendii.'<,  t.  CXII,  KS91,  [>.   1 '1911. 


l3lO  ACADÉMIE     DES    SCIENCES. 

Le  corps  répond  à  la  formule  C'  H-'^  O  et  possède  la  fonction  d'un  alcool. 

En  effet,  chauffé  à  la  température  de  lao"  avec  de  l'anhydride  acétique, 
il  fournit  un  éther  acétique,  à  odeur  éthérée,  distillant  à  i35°  sous  20"""  et 
qui,  saponifié,  redonne  l'alcool  primitif  avec  ses  constantes  physiques. 

Cet  alcool  n'est  donc  autre  chose  que  de  Visobutylcampliol 

CH'' 
/CH  .  CH^— Cil/  " 

H:noH 

ch.ch^ch/ 
dont  le  dérivé  acétvlé  a  pour  formule  C*II''<f  |  ^CH^ 

\CHOCOCH3 

L'isobutylcamphol  n'est  pas  oxydé  à  froid  par  le  permanganate  de  potasse 
en  solution  acétonique. 

Pour  le  transformer  en  isobutylcamphre,  on  agite  pendant  12''  sa  solu- 
tion benzénique  avec  une  liqueur  aqueuse  de  permanganate  de  potasse 
acidulée  par  de  l'acide  sulfurique.  Cette  oxydation  est  répétée  jusqu'à  ce 
qu'une  nouvelle  portion  de  permanganate,  introduite  dans  la  solution,  ne 
se  décolore  plus.  On  sépare  alors  la  liqueur  benzénique  et  on  l'abandonne 
à  l'évaporation  spontanée.  On  obtient  des  cristaux  fondant  à  28°  qui,  une 
fois  fondus,  restent  longtemps  en  surfusion. 

Le  pouvoir  rotatoire  de  ce  dérivé  dans  l'alcool  absolu    a  L  =;  +  n2''4- 

,CH' 
x:  =  CH— CH< 
IsobtUylidènecamphre.  C'II'X    |  ^CH^.     On     chauffe    1  isobutyl- 

\co 

camphre  à  100°  en  tubes  scellés  avec  une  molécule  de  brome  ;  le  produit 
de  la  réaction,  après  avoir  été  débarrassé  de  l'acide  bromhydrique,  est 
distillé  dans  le  vide  de  10°"".  Il  passe  entre  i45  et  i5o"  en  se  décomposant 
partiellement.  On  le  chauffe  avec  une  solution  alcoolique  de  potasse  et  le 
dérivé  non  saturé  obtenu  est  purifié  et  distillé  sous  pression  réduite  de 
10""".  On  obtient  un  liquide  huileux  à  odeur  spéciale  qui  bout  à  145°  sous 
10""". 

Son  pouvoir  rotatoire  a  ^  =;  +  i'4°i4  est  supérieur  à  celui  du  dérivé 
saturé,  gi-âce  à  la  double  liaison  fixée  sur  le  noyau  camphre. 

La  permanganate  de  potasse  l'oxyde  à  froid  avec  la  plus  grande  facilité 
en  donnant  de  l'acide  camphorique  et  de  l'acide  isobutyrique.  Il  se  com- 
porte donc  comme  tous  les  composés  non  saturés  que  l'un  de  nous  a 
obtenus  par  condensation  des  aldéhydes  avec  le  camphre  sodé. 


SÉANCE    DU     II     JUIN     I90G.  l3ll 

■civ^o-.CH.c^ir 
Nitrosate  (VisobtiliiUdèi)ecawphre   C'H''<    |  .    —   Comme    le 

\co. 

benzylidènecamplire,  risobiitylidènecamphre  donne  naissance  à  un  nitro- 
sate, quand  on  le  traite  par  de  l'acide  azotique  concentré  ou  par  de  l'azotite 
(l'amjle  et  de  l'acide  azotique.  Le  composé  obtenu  se  présente  sous  la 
l'orme  de  fines  aiguilles  blanches  fondant  vers  178"  en  dégageant  des 
va])eurs  nitreuses.  Peu  soluble  dans  l'alcool  et  l'éther,  il  est  plus  soluble 
dans   le   benzène  jjouillant  et  dans  l'acétone.   Son  pouvoir  rotatoire  dans 

l'acétone  U  L  ^  +  9-i"- 

Si  l'on  traite  à  chaud  une  solution  alcoolique  de  nitrosate  par  de  la  potasse 
étendue  jusqu'à  persistance  de  la  réaction  alcaline,  on  obtient  une  liqueur 
jaune  qui,  par  évaporation,  fournit  une  masse  cristalline  d'un  nouveau 
composé  différant  du  produit  primitif  par  NO"  en  moins.  Purifié  par  cris- 
tallisation dans  un  mélange  d'éther  et  d'éther  de  pétrole,  ce  dérivé  a 
l'aspect  de  fines  aiguilles  blanches  fondant  à  gS"  et  répondant  à  la  formule 
C'-H-'O'. 

Sa  formation  peut  se  traduire  par  l'équation  : 

-NO  H 

|i 
,CN^O'.Cll(;'ll"  ,COI[— C— C'IF 

C»Hi'<    I  +  KHO  —  C»Hi'<    I  +  XO^K 

ce  ((ui  fait  de  ce  corps  un  isflnitroso-isohiilyloxi/carnpJire. 

Indépendamment  de  l'isobutjlcamphol  qui  nous  a  permis  de  préparer  les 
autres  dérivés  que  nous  venons  de  décrire,  le  produit  brut  de  l'action  à 
liante  température  de  l'isobutylate  de  sodium  sur  le  camphre  renferme 
précisément  ces  dérivés  à  l'état  de  mélange. 

En  effet  si  l'on  traite  le  produit  huileux,  préala])lement  débarrassé  de 
la  majeure  partie  de  l'isobiitylcamphol,  par  de  l'acide  azotique  fumant,  on 
obtient  de  notables  quantités  de  nitrosate.  De  plus  ces  huiles  étendues 
d'acétone  réduisent  à  froid  le  permanganate  de  potasse  en  donnant  de 
l'acide  camphorique  et  de  l'acide  butyrique.  Enfin  leur  pouvoir  rotatoire, 
après  oxydation,  est  plus  failjle  que  le  pouvoir  rotatoire  primitif. 

Avant  l'oxydation  une  solution  de  2^''  de  produit  dans  o.^"  d'alcool  avait  le 

pouvoir  rotatoire     aL=  _|_  88  ". 

.  Après  l'oxydation  une  solution  de  même  concentration  accusait  le  pou- 
voir rotatoire     a  L  =  -|-  65"  6,  ce  qui  démontre  bien  que  l'oxydant  a  éliminé 

G.  R.,   1906.  I''  Semeslre.  (T.  CXLII,  N»  24.)  I  7^ 


l3l2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

la  portion  qui  possédait  la  déviation  la  plus  foite,  c'est-a-dire  l'isobutyli- 
dènecainphre. 

Mais  outre  ce  dernier  corps  et  l'isobutylcamphol,  le  produit  brut 
renferme  encore  de  Tisobutylcamphre,  car  si,  après  oxydation  on  cliaulfe 
riiuile  avec  de  l'anhydride  acétique  et  (ju'on  élimine  l'acétate  d'isobutyl- 
camphol  par  distillation,  il  reste  en  efî'et  un  liquide  qui  possède  la 
composition  de  l'isobutylcamphre.  Ce  liquide  semble  toutefois  être  un 
mélange  d'isomères.  En  effet  si  on  amorce  sa  masse  refroidie  à  o°  avec  un 
cristal  d'isobutylcamphre  fondant  à  28°,  on  obtient  une  certaine  quantité 
de  ce  dérivé  à  côté  d'un  autre  fondant  bien  plus  bas. 

Les  réactions  que  nous  venons  d'étudier  se  passent  également  à  la  pres- 
sion ordinaire  dans  un  appareil  à  reflux,  quoiqu'avec  des  rendements  diffé- 
rents de  chacun  des  composés  isolés.  Dans  ce  cas  il  se  forme  surtout  de 
l'isobutylidènecamphre  avec  beaucoup  moins  d  isobutylcamphol.  Le  pro- 
duit huileux  obtenu,  préalablement  débarrassé  du  bornéol  et  de  l'alcool 
isobutylique  en  excès,  ne  se  prend  plus  en  masse  par  le  refroidissement 
comme  le  fait  celui  préparé  en  autoclave. 

Action  de  V alcool  propylique  sodé  sur  le  camphre.  —  Le  mode  opératoire 
et  les  résultats  sont  les  mêmes  que  ceux  concernant  l'action  de  l'alcool 
isobutylique  sodé  sur  le  camphre. 

Les  rendements  sont  cependant  plus  faibles  en  les  divers  produits  de 

substitution,  mais  celui  du  bornéol  est  plus  élevé. 

/CH— CH^— CH2.CH3 
he  pronylcamphol  C^H^'C    1  cristallisé  dans  l'alcool  méthy- 

'      ^-^  ^  \CH0H  •' 

lique,  fond  à  61".  Son  pouvoir  rotatoire   a  L=:  +  12°, 5. 

\j  acétate  de  propylcamphol  est  un  liquide  bouillant  à  120°  sous  10"""  et  se 

solidifiant  vers  0°. 

,CH— C^^H' 
Le  propylcamphre  Ç^W'{  \  obtenu    par   oxydation    du    camphol 

substitué  est  un  liquide  bouillant  à  xiZ"  sous  i4"""  et  dont  le  pouvoir  rota- 
toire dans  l'alcool     a  L  =  -\-  55°, 6. 

.C=CH.CH2C11* 
hepropylidèiwcainplueC^W'^f  \  préparé  en chauflant  le  dérivé 

brome  du  propylcamphre  avec  de  la  potasse  alcoolique  est  un  liquide 
dont  le  pouvoir  rotatoire  aL  ==  +  87"  6  et  que  nous  n'avons  pas  encore 
obtenu  dans  un  état  de  pureté  suffisant. 


SÉANCE  DU  II  JIIN  I906.  l3l3 

L'échantillon    préparé    fournit    néanmoins     avec    de    l'acide     azotique 

.CX-0'.C=H8 
concentré  du  nitrosatc  de  propylidènecamplire  G'H'Y  |  fondant  à 

160°  en  dégageant  des  vapeurs  nitreuses. 

En  résumé  ces  recherches  montrent  que,  dans  les  conditions  oii  nous 
avons  opéré,  isobutylate  et  propylate  de  sodium  donnent  avec  le  camphre 
des  alcoyl  et  alcoylidènecamphres  en  même  temps  que  des  alcoylcamphols. 

Nous  poursuivons  ces  recherches  sur  d'autres  cétones  aliphatiques  ou 
cycliques,  ainsi  que  sur  diverses  molécules  renfermant  le  groupe  méthy- 
lène dans  le  voisinage  de  radicaux  négatifs. 


MÉTROPHOTOGRAPHIE.  —  Sur  plusieurs  tentatives  poursuivies  .dans  la 
marine  allemande  pour  utiliser  la  photographie  dans  les  voyages  d'ex- 
ploration. Note  de  M.  A.  LiAUSSedat. 

On  sait  que  c'est  à  l'illustre  ingénieur  géographe  français  Beautemps- 
Beaupré  que  revient  l'honneur  d'avoir,  le  premier,  employé  des  vues  de 
côtes  pour  construire,  en  très  peu  de  temps,  dexcellentes  cartes  d'îles  ou 
d'archipels  nouvellement  découverts  et,  plus  tard,  pour  relever  avec  une 
grande  exactitude  le  littoral  de  pays  déjà  connus. 

Ces  vues  devaient  alors  nécessairement  être  dessinées  à  la  main;  aujour- 
d'hui la  photographie  supplée  avantageusement  le  dessin,  en  procurant 
instantanément  des  éléments  de  construction  à  la  fois  plus  nombreux  et 
plus  rigoureux.  On  continue  d'ailleurs  à  suivre  la  méthode  des  intersections 
dont  on  fait  également  usage  dans  les  levers  topographiques  exécutés  à  terre 
où  cette  méthode  a  été  de  tout  temps  pratiquée  avec  la  planchette  ou  avec 
d'autres  instruments. 

J'ai  eu  l'occasion,  à  diverses  reprises,  de  mettre  sous  les  yeux  de  lAca- 
déinie  des  spécimens  des  belles  cartes  ainsi  construites  dans  la  plupart 
des  pays  civilisés  en  se  servant  de  vues  photographiques.  De  très  intéres- 
sants résultats  ont  été  de  même  obtenus,  dans  la  reconnaissance  des 
côtes,  par  des  officiers  français,  autrichiens  et  italiens. 

•Je  n'entrerai  ici  dans  aucun  détail  sur  les  ressources  empruntées  à  la 
perspective  pour  aider  ou  pour  suppléer  à  la  méthode  des  intersections. 
Mais  il  y  a  une  autre  méthode  tout  à  fait  distincte,  celle  des  parallaxes, 
sur  laquelle  il  convient  de  revenir  et  d'insister,  parce  qu'elle  est  sûrement 
destinée  à  rendre  les  plus  grands  services  en  mer. 


l3l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

On  se  souvient,  je  suppose,  qu'avec  cette  dernière  méthode,  des  images 
prises  deux  à  deux,  dans  un  même  plan  vertical,  de  stations  séparées 
mais  relativement  voisines  Tune  de  l'autre,  étant  placées  sous  un  stéréos- 
cope, l'ont  voir  le  paysage  en  relief  sur  une  proi'ondeur  beaucoup  plus 
grande  que  dans  les  conditions  ordinaires.  L'évahuition  de  l'éloignement 
de  chaque  point  devient  alors  possible  à  l'aidé  d'un  instrument  désigné 
sous  le  nom  de  sléréo-compaïawitr  que  j'ai  déjà  mentionné  et  dont  je 
reproduis  la  figure. 

Je  rappellerai  sommairement  le  principe  sur  lequel  est  fondé  cet  ingé- 
nieux appareil,  dû  à  M.  le  D'  C.  Pulfrich,  d'Iéna  : 

Grâce  à  un  microscope  binoculaire  0,  K,  O.^  K,  {fîg.  i)  les  images  d'un 
même  point  de  l'espace  reconnues  sur  chacune  des  épreuves  P,,  P,,  peu- 
vent être  rapportées  à  deux  axes  rectangulaires  qui  s'y  trouvent  tracés 
photographiquement  et  dont  l'origine  correspond  au  point  situé  à  rinlîni 
dans  la  direction  perpendiculaire  au  plan  commun  des  deux  épreuves.  En 
mesurant  avec  la  plus  grande  précision  (à  o™"',oi  près)  la  différence  des 
abscisses,  étant  donnée  la  distance  focale  des  objectifs,  on  détermine  à  la 
fois  la  direction  et  la  distance  de  chacun  des  points  considérés,  tandis  qut- 
l'une  ou  l'autre  des  ordonnées  donne,  par  une  proportion,  la  différence  de 
niveau  de  ce  point  avec  la  station  d'oii  a  été  prise  la  vue  correspondante. 

Je  ne  reviendrai  pas  sur  les  diverses  applications  que  l'on  a  faites  du 
stéréo-comparateur  à  l'astronomie  et  à  des  recherches  d'une  autre  nature. 

Je  désire  aujourd'hui  appeler  surtout  l'attention  sur  de  récentes  expé- 
riences qui  ont  été  elfectuées,  dans  la  marine  allemande,  l'une  pour  cons- 
tater, à  un  instant  précis,  les  positions  de  combat  des  torpilleurs  d'une 
Uotte  en  manœuvre  et  l'autre  pour  mesurer  les  vagues  de  la  mer. 

La  première  de  ces  expériences  a  été  réalisée  pendant  l'automne  de  1904, 
à  bord  du  navire  de  la  marine  impériale  Hycine.  On  y  avait  entrevu  une 
déjnonstration  anticipée  de  l'efficacité  du  procédé  qu'allait  employer  le 
professeur  W.  Laas,  de  Charloltenburg,  au  cours  d'un  voyage,  aller  et 
retour,  de  Hambourg  à  Iquique,  sur  la  cote  du  Chili,  en  doublant  le  Cap 
Horn,  sur  le  cinq-mâts  à  voile  Preussen ,  du  (i  septembre  1904  au 
3  février  igoS.  Cette  expérience  mérite  déjà  j)ar  elle-même  de  fixer 
l'attention  des  officiers  de  marine;  il  suffit,  pour  s'en  convaincre,  de  jeter 
les  yeux  sur  le  document  qu'a  bien  voulu  me  communiquer  M.  le  D'  Pul- 
frich, c'est-à-dire  l'une  des  \'ues  inslantdiiées  cl  simultanées  prises  de  deux 
points  du  pont  du  navire  dont  la  distance  avait  été  rigoureusement  mesurée 


SÉANCE    DU     II     JLI^"     I90G.  l3l5 

(41"', 5o),  jointe  au  plan  sur  lequel  ont  été  déterminées,  à  l'aide  du  stéréo- 
comparateur,  les  positions  des  torpilleurs  et  d'autres  bâtiments  au  nombi'e 
de  22,  dont  l'un  à  voile  était  éloigné  de  lo  kilomètres. 

Il  est  incontestable  que,  par  aucun  autre  moyen  connu  jusqu'à  présent, 
on  ne  serait  parvenu  à  un  semblable  résultat. 

J"a:rrive  à  l'autre  ou  plutôt  aux  autres  expériences,  celles  qui  ont  été 
entreprises  par  le  professeur  W-  Laas,  à  bord  du  Preiissen,  et  qui  avaient 
pour  but  la  mesure  photographique  des  vagues  de  la  mer,  en  regrettant 
de  ne  pouvoir  pas  entrer  dans  le  détail  des  dispositifs  adoptés  ('). 

L'étude  de  la  forme  et  des  dimensions  des  grandes  vagues  intéresse  au 
plus  haut  degré  la  construction  des  navires  et  a  été  tentée  par  plusieurs 
savants  marins,  notamment  par  l'amiral  Paris  et  par  l'un  de  ses  fils,  lieu- 
tenant de  vaisseau.  INIais  en  dépit  de  l'ingéniosité  des  appareils  de  mesure 
qu'ils  avaient  imaginés,  il  leur  avait  été  impossible  d'atteindre  pleinement 
le  but  qu'ils  s'étaient  proposé. 

La  stéréométrophotographie  se  trouvait  naturellement  indiquée  comme 
pouvant  conduire  à  la  solution  du  problème  dont  il  s'agit;  seulement  il 
était  nécessaire  de  réaliser  avec  le  plus  grand  soin  les  conditions  dans 
lesquelles  doivent  être  installés  les  deux  photolhéodolites  (on  en  a  même 
employé  trois  pour  augmenter  le  champ  de  l'exploration).  Les  conditions 
indispensables  à  remplir  sont  que  les  plaques  sensibles  soient  rigoureu- 
sement dans  le  même  plan  et  les  épreuves  obtenues  simultanément.  11 
faut,  en  outre,  pouvoir  disposer  les  appareils  à  une  hauteur  convenable  au- 
dessus  de  la  flottaison.  Toutes  ces  questions  ont  été  résolues  d'une  manière 
satisfaisante,  grâce  à  l'habileté  mécanique  du  D''  Pulfrich,  et  la  campagne 
du  professeur  Laas  n'a  pas  été  infructueuse,  quoique  le  temps  ait  été 
généralement  trop  beau  et  que  l'on  n'ait,  par  conséquent,  rencontré  que 
rarement  les  fortes  houles  que  l'on  était  allé  chercher.  Je  mets  sous  les 
yeux  de  l'Académie  des  planches  qui  donnent  plusieurs  séries  d'épreuves 
conjuguées  et  un  exemple  du  relief  des  vagues  représenté  par  des  courjjes 
de    niveau     analogues  à  celles  que  l'on  emploie   pour   lîgurer  le   terrain 


(')  Voir  à  ce  sujet  les  brochures  suivantes  :  W.  Laas,  P/iotograp/iisc/ie  Messung  ilrr 
meeresivellen  (Sonderabdruckaus  Zeitschrift  des  Vereines  Deutsc/ier  Ingenieure.  Jahrgang 
igoa),  Berlin. 

Et  D'  E.  IvoHLSCHÙTTER.  Die  Forscliiuigsreisc  S.  M.  S  «  Planct  »  II.  Steréopliotograïu- 
metrische  Aiifnalime.  (Annalen  der  Hydrograpliic  und  maridmcn  Météorologie,  mai  igoO.) 


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AC.VDEMIK    DES    SCIENCES. 


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SÉANCE    DU     1£     JUIN     I906.  I '3 1 7 

solide  ;  enfin,  une  série  de  prolils  dans  divers  sens  que  l'on  a  pu  en 
déduire. 

On  ne  s'est  pas  conlenlé  de  cette  première  ébauclie,  très  encourageante 
d'ailleurs,  d'une  recherche  délicate  ;  un  bâtiment  de  l'Etat  Plaiiet  encore 
mieux  outillée  (jue  le  Preicsseii,  vient  de  partir  de  Kiel  en  exploration 
dans  les  mers  du  Sud,  notamment  pour  appliquer  la  sléréométrophoto- 
graphie  à  la  fois  à  la  reconnaissance  des  côtes  et  à  la  mesure  des  vagues. 

Dans  ses  instructions,  rédigées  en  i835  pour  les  officiers  de  la  Bonite 
qui  allait  entreprendi'e  un  voyage  de  circumnavigation,  Arago  consacrait 
un  paragraphe  à  la  hauteur  des  i'agues,  dans  lequel  se  trouve  le  passage 
suivant  :  «  On  s'est  ordinairement  contenté  d'estimer  la  plus  grande  hau- 
teur des  vagues  ;  les  uns  lui  ont  donné  cin(|  mètres  et  les  autres  trent-cinq. 
Aussi,  ce  que  la  science  réclame  aujourd'hui,  ce  sont,  non  des  aperçus 
grossiers,  mais  des  mesures  réelles  dont  il  soit  possible  d'apprécier 
l'exactitude  numériquement. 

A  la  même  occasion,  Beautemps-Beaupré  donnait  également  des  instruc- 
tions où  il  enjoignait  expressément  l'emploi  des  ['ues  des  côtes  dans  les 
reconnaissances. 

Il  est,  à  coup  sûr,  inutile  de  se  demander  le  rôle  qu'eût  joué  la  photo- 
grapiiie  dans  ces  instructions,  si  elle  eût  été  connue  alors  et  surtout  si  elle 
eût  atteint  le  degré  de  perfection  auquel  elle  est  aujourd'hui  parvenue.  .Je 
ne  crains  pas  d'al'firmer,  d'ailleurs,  c[ue  la  méthode  des  intersections,  aussi 
Ijien  que  celle  des  parallaxes,  y  eût  été  recommandée,  chacune  d'elles 
pouvant  devenir  préférable  à  l'autre  ou  même  indispensable  selon  les  cir- 
constances. 

Je  ne  voudrais  pas  terminer  celte  communication  sans  parler  d'une  très 
intéressante  simplification  apportée  par  le  D''  Pulfrich  à  la  manière  d'opérer 
les  mesures  sur  le  stéréo-comparateur.  Je  ne  pourrai  en  donner  ici  qu'un 
aperçu  ('),  en  m'aidant  d'un  schéma  ijig-,^)  du  dispositif  substitué  au 
microscope  binoculaire  àelu  figure  i. 

Au  lien  de  deux  oculaires,  on  ne  se  sert  plus  ((ue  d'un  seul  0,  tout  en 
conservant  les  deux  objectifs  Q^  et  Q,  et  l'on  voit  sur  la  figure  2  comment 

{')  Voir  pour  plus  de  détails,  la  Ijrochure  intitulée  :  Adaptation  du  microscope  compa- 
rateur monoculaire  (microscope  à  éclipse)  au  stéréo-comparateur,  publiée  en  français.  léna, 
Cari  Zeiss,  ignG. 


l3l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

les  images  des  deux  épreuves  P,  et  P,  sont  amenées  dans  le  plan  focal  de 
l'oculaire  unique.  Ce  dispositif  a  été  désigné  sous  le  nom  de  microscope  à 
éclipse,  parce  qu'on  y  observe  seule,  alternativement,  tantôt  l'épreuve  P,, 
tantôt  l'épreuve  P^,  l'autre  étant  éclipsée  par  les  diaphragmes  B,  ou  B,,  en 
forme  de  ciseaux,  dont  l'un  se  ferme  et  forme  écran,  tandis  que  l'autre 
s'ouvre  pour  laisser  passer  les  rayons  lumineux. 

Il  y  a  encore,  pour  éviter  à  i'observateur  la  manœuvre  desdiophrctgntes- 
écrans,  un  accessoire  électro-mécanique  des  plus  ingénieux  qui  ne  figure 
pas  sur  le  schéma,  mais  dont  on  trouverait  la  description  dans  la  brochure 
indiquée  ci-dessus,  où  les  diverses  applications  du  microscope  monocu- 
laire, en  particulier  à  l'astronomie,  sont  exposées  et  témoignent  à  la  fois 
de  la  sagacité  de  l'inventeur  et  de  sa  persévérance  à  perfectionner  son 
œuvre. 


.NOMENCLATURE  CHIMIQUE.   —Sur  Vortliographe  du   mol  :  Ciesiuni. 
Note  de  M.  de  Forcr.wd. 

iJans  une  communication  précédente,  je  me  suis  décidé  à  adopter  défi- 
nitivement a'  pour  le  caesium. 

Un  sait  cpi'il  règne  à  ce  sujet  une  certaine  confusion. 

Tandis  que  la  plupart  des  savants  étrangers  écrivent  par  a-,  beaucoup  de  nos  U'aités 
classiques  portent  :  Césium  (vo_y.  Dictionnaire  de  Wiirtz,  Schiitzenberger,  M.  Ditte,  etc.). 

Plusieurs  ouvrages  ont  adopté  «■  (Encyclopédie  Frémi/,  traite  de  M.  Moissan,  etc.).  Jai 
moi-même  en  i88'),  proposé  œ,  en  m'appuj'ant  sur  le  mémoire  de  G.  Kirchlioff  el 
lî.  Bunsen,  publié  en  1862,  par  les  soins  de  M.  Grandeau,  dans  les  Anna/es  de  C/iiiiiie  cl 
de  Pliysiqiie  (V  série,  t.  LXIV,  p.  aj^).  M.  Chabrié  écrit  par  œ  pour  les  mêmes  raisons. 

Cependant,  dans  ses  belles  recherches  sur  les  peroxj'des  du  ciesiuni,  M.  Rengade  a 
adopté  œ. 

Il  serait  évidemment  désirable  d'avoir  une  règle  uniforjne.  Je  l'ai  cherchée  d'abord  en 
consultant  de  nouveau  le  luémoire  de  KirchhofT  et  Bunsen  publié  dans  nos  Annales  de 
Cliiinie  et  de  l'Injsupie.  On  sait  que  ces  savants  ont  proposé  le  nom  du  cœsium  qu'ils  funl 
dériver  de  cœsia,  de  cselia  et  de  caîlura,  et  ils  citent  un  passage  d'Aulu-Gelle  qui  a  été  sou- 
vent reproduit.  Or  ces  mots  caesius  et  ca'lum  sont  écrits  par  œ,  et  il  en  est  de  même  du 
mot  cœsium,  souvent  répété  dans  le  cours  du  mémoire  français. 

Cependant,  dans  le  mémoire  original  de  KirchhofT  et  Bunsen,  publié  en  1861  dans  les 
Annales  de  Po<fgendorff  (x..  CXIII,  p.  3i7),  le  nom  du  métal  est  constamment  écrit  jiar  ;v. 
Chose  plus  shigulière,  le  même  passage  d'.\ulu-Gelle  s'y  trouve,  avec  ca?sia  écrit  par  ;v, 
l'I  ((l'Iia  et  Crt'bini  j)ar  œ. 


SÉANCE    DU     II     JUIN     I906.  I^ip 

Pour  Icvei'  tous  les  doutes,  je  me  suis  adressé  à  mon  savant  eollègiie, 
;M.  le  professeur  Grammont,  qui  a  bien  ^•oulll  m'expli([uer  que  l'orthographe 
avec  œ  est  la  seule  ac-cepfable,  et   cela  pour  plusieurs  raisons  : 

1°  Gresius  (gros  bleu,  bleu  verdàtre)  est  la  graphie  classique,  c'est-à- 
dire  celle  de  l'époque  où  la  prononciation  distinguait  encore  nettement 
entre  œ,  œ,  e  et  e.  Dans  le  texte  d'Aulu-Gelle  lui-même,  la  leçon  cassia, 
Ciclia,  caelum,  est  celle  des  meilleurs  monuments,  en  particulier  celle  du 
palimpseste  ^'at.  —  Palal  ;  les  meilleurs  parmi  les  autres  sont  csctia  ou 
ctecia  ;  e  ne  se  trouve  que  dans  des  monuments  secondaires  et  plus 
récents  ;  quant  à  œ,  on  ne  le  rencontre  nulle  part. 

a°  Le  mot  caesium  étant  sûrement  apparenté  à  caelum  (ciel),  et  à  cseluleus 
ou  cajruleus  (bleu  de  ciel,  Ijieu  foncé),  il  est  certain  que  ces  derniers 
.demandent  œ  en  lecture  classique  (ou  e  ouvert  en  lecture  vulgaire),  comme 
le  prouvent  les  mots  dérivés  dans  les  langues  romanes  :  ciel  en  français, 
cielo  en  italien  et  en  espagnol,  etc. 

?>"  L'orthographe  par  a,'  de  ca?lum  est  bien  conforme  à  l'étymologie  véri- 
table ;  œ  a  été  inventé  pour  faire  accorder  la  forme  latine  avec  le  mot 
grec  y.oD.o;  (creux),  ce  qui  est  une  fausse  étymologie. 

Je  crois  devoir  publier  ces  faits  et  ces  arguments,  espérant  par  là  mettre 
(in   à  des  divergences  plutôt  fâcheuses. 


MICROBIOLOGIE.  —  Sur  la  vaccuuilioit  contre  Ui  tuberculose  par  les   voies 
digestives.  Note  de  MM.  A.  C.iljiette  et  C.  GrÉBi.x. 

Les  expériences  que  nous  poursuivons  depuis  deux  ans  sur  l'origine 
intestinale  de  la  tuberculose  pulmonaire,  parallèlement  avec  Vallée,  d'Alfort 
et  qui  ont  déjà  fait  l'objet  de  plusieurs  Notes  à  l'Académie,  nous  ont  amenés 
à  démontrer  que,  chez  les  animaux  de  diverses  espèces  (bovidés,  caprins, 
rongeurs),  l'infection  tuberculeuse  du  poumon  n'est  ordinairement  pas 
due,  comme  on  le  croyait  jusqu'ici,  à  l'inhalation  de  poussières  infec- 
tantes, mais  qu'elle  résulte  le  plus  souvent  de  l'absorption  de  bacilles  tuber- 
culeux virulents  par  le  tube  digestif.  Les  bacilles,  introduits  dans  l'intes- 
tin, sont  entraînés  avec  le  chyle  jusqu'aux  ganglions  mésentériques  et  y 
sont  d'autant  mieux  et  plus  longtemps  retenus  que  les  animaux  sont  plus 
jeunes.  Chez  les  adultes,  lorsque  la  quantité  de  bacilles  ingérés  est  con- 
sidérable, ou  lorsque  l'ingestion  de  produits  infectants  est  fréquemment 

C.  R.,  1906.   I»'  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  ^4.)  173 


iJaO  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

répétée,  les  bacilles  englobés  pai'  les  leucoi'jles  polynucléaires  sont 
entraînés  dans  la  grande  circulation  lymphatique  jusque  dans  le  cœur  droit, 
d'oii  l'artère  pulmonaire  les  projette  vers  les  vaisseaux  capillaires  des 
poumons. 

Lorsque  les  leucocytes  n'ont  englobé  qu'un  petit  nombre  de  bacilles  ou 
que  des  bacilles  peu  virulents,  ils  gardent  leur  mojjilité,  traversent  les 
parois  vasculaires  et  sont  repris  par  le  système  lymphatique  pulmonaire 
qui  les  dirige  vers  les  ganglions  péribronchiques  ou  médiastinaux.  Ceux-ci 
les  retiennent  généralement  et  c'est  alors  que  peuvent  apparaître  les 
lésions  d'adénopathie  trachéo-bronchique,  si  fréquentes  chez  l'enfant. 

Mais  lorsque  ces  mêmes  leucocytes  ont  englobé  un  grand  nombre  de 
bacilles  très  virulents,  ils  jjerdent  leur  mobilité  et,  intoxiqués  par  la 
luberculine,  ils  ne  tardent  pas  à  être  frappés  de  mort.  Ils  deviennent  bientôt 
la  proie  des  cellules  endothéliales  vasculaires  (macrophages).  Dès  lors,  les 
cellules  géantes  se  constituent  et  les  lésions  tuberculeuses  initiales  (gra- 
nulations grises]  apparaissent. 

Tel  est,  d'après  toutes  nos  constatations  expérimentales,  le  mécanisme 
exact  de  l'infection  tuberculeuse. 

Ces  faits  étant  établis,  nous  avons  été  conduits  à  rechercher  s'il  serait 
possible  de  vacciner  les  animaux  sensibles  à  la!  tuberculose  contre  l'infec- 
tion naturelle  par  le  tube  digestif,  en  leur  faisant  absorber,  dans  leur 
jeune  âge,  des  bacilles  tuberculeux  modiliés,  atténués  ou  piûvés  de  viru- 
lence. 

Hien  ([ue  nos  expériences,  portant  sur  17  bovins  et  i;")  chevreaux,  ne 
soient  pas  encore  assez  nombreuses  pour  nous  permettre  d'en  tirer  des 
conclusions  définitives,  les  résultats  que  nous  avons  obtenus  sont  suffi- 
samment nets  pour  nous  décider  à  en  faire  l'objet  de  cette  Note  prélimi- 
naire. 

On  sait  (jue  Non.  Behring  a  nionli'é  qu  il  était  possible  de  vacciner  les  jeunes  veaux 
contre  la  tuberculose  bovine  en  leur  injectant  dans  les  veines,  à  deux  reprises  différentes, 
espacées  de  quatre-vingt-dix  jours  d'intervalle,  une  petite  quantité  de  bacilles  tubercu- 
leux d'origine  humaine.  Les  animaux  ainsi  traités  résistent  bien  à  l'inoculation  d'épreuve 
et  à  l'infection  naturelle.  Cette  méthode  s'est  montrée  ellicace  dans  un  grand  nombre 
d'expériences,  dont  celle  effectuée  récemment  à  Melun  par  les  soins  de  N  allée  et  de  Ivos- 
signol. 

l'Ile  n'est  pas  encore  entrée  dans  la  pratique,  en  raison  de  ce  fait  qu'elle  présente 
quelque  danger  pour  les  animaux  soumis  à  la  vaccination,  et  aussi  pour  les  expérimen- 
tateurs qui  sont  obligés  de  manier  des  bacilles  tuberculeux  humains  virulents. 


SÉANCE    DU     II     JUIN     I90G.  l3'2I 

Guidés  par  nos  travaux  antérieurs  sur  la  porte  d'entrée  normale  de  l'in- 
iection  tulierculeuse  et  sur  les  réactions  ganglionnaires  qui  accompagnent 
celle-ci,  nous  avons  d'abord  cherché  à  vacciner  deux  jeunes  bovins  en  leur 
faisant  ingérer  successivement,  avec  une  sonde  œsophagienne,  d'al)ord 
5"?''  de  bacilles  tuberculeux  d'origine  humaine,  puis,  45  jours  après,  aS'^s'' 
des  mêmes  bacilles.  Quatre  mois  plus  tarti,  nos  animaux,  ne  réagissant 
l>as  à  la  tuberculine,  ont  ingéré,  en  même  temps  qu'un  témoin  préala- 
])lement  tuberculine  et  reconnu  indemne,  un  repas  infectant  de  5''?''  de 
tuberculose  ])ovine  fraîche.  3^  jours  après,  le  témoin  réagissait  nettement 
[i"  g)  à  la  tuberculine,  et  les  deux  veaux  qui  avaient  ingéré  les  deux  repns 
vaccinants  de  tuberculose  humaine  ne  présentaient  aucune  réaction. 

Il  semble  donc  que  la  vaccination  des  jeunes  bovins  contre  la  tuberculose 
bovine  puisse  être  réalisée  par  la  simple  ingestion,  deux  fois  répétée  à 
45  jours  d'intervalle,  d'une  petite  quantité  de  bacilles  tuberculeux  vi\ants 
d'origine  humaine. 

^lais  cette  méthode,  quoique  plus  facile  à  mettre  en  pratique  que  celle 
de  Von  Behring,  présente  encore  l'inconvénient  d'exiger  l'emploi  de 
bacilles  virulents  pour  l'homme  et  susceptibles  d'être  disséminés  par  les 
excrétions  des  animaux. 

De  multiples  expériences,  effectuées  dans  un  autre  but,  nous  ayant 
jiiontréque  les  bacilles  tuberculeux  tués  par  la  chaleur  ou  traités  par  divers 
réactifs,  passent  à  travers  la  paroi  intestinale  avec  la  même  facilité  que 
les  bacilles  vivants  et  se  retrouvent  dans  les  ganglions  mésentériques  et 
jusque  dans  le  poumon,  nous  avons  recherché  si  les  jeunes  animaux  (veaux 
et  chevreaux)  auxquels  on  fait  ingérer,  à  45  jours  d'intervalle,  deux  doses 
de  5  et  aS'^^''  de  bacilles  morts  ou  diversement  modifiés  dans  leur  vitalité 
et  leur  virulence,  peuvent  ensuite  supporter  impunément  l'ingestion 
d'épreuve  d'un  repas  de  5''''  de  tuberculose  Ijovine  fraîche,  sûrement 
infectante  pour  les  témoins. 

Nous  avons  pu  nous  convaincre  jusqu'à  présent  que  les  bacilles  tuber- 
culeux bovins  tués  par  cinq  minutes  d'ébullition,  ou  simplement  chauffés 
pendant  cinq  minutes  à  70°  et  ingérés  dans  les  conditions  que  nous  avons 
indiquées  ci-dessus,  vaccinent  parfaitement  après  quatre  mois,  et  pour  un 
temps  dont  il  ne  nous  est  pas  encore  possible  de  préciser  la  durée,  contre 
l'infection  virulente  par  les  voies  digestives. 

Nous  publierons  dans  un  prochain  mémoire  le  détail  de  ces  expériences 
ainsi  que  les  résultats   d'autres,  actuellement  en  cours,    pour  lesquelles 


l322  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

nous  avons  utilisé  des  bacilles  atténués  de  diverses  origines,  ou  des 
bacilles  broyés  dans  l'alcool  absolu,  ou  encore  des  bacilles  bovins  traités 
par  l'iode  ou  par  l'hypochlorite  de  chaux. 

Mais,  dès  à  présent,  nous  sommes  fondés  à  admettre  quoii peuL  vacciner 
les  jeunes  veaii.v  par  simple  absorption  intestinale  de  bacilles  modifiés  par 
la  clialeur  et  (jue  cette  méthode  de  vaccination  ne  présente  aucune  sorte  de 
•  danger. 

Il  reste  à  multiplier  les  expériences  sur  un  nonibre  d'animaux  suffisant 
pour  justifier  son  application  à  la  prophylaxie  de  la  tuberculose  bovine. 
Et  si  les  résultats  énoncés  ci-dessus  sont  confirmés,  rien  ne  parait  devoir 
s'opposer  à  ce  que  cette  méthode  de  vaccination,  sûrement  inoflensive, 
soit  appliquée  à  l'espèce  humaine. 

Nous  pensons  qu'il  sera  possible  de  mettre  les  jeunes  enfants  à  l'abri 
de  l'inléction  tuberculeuse  naturelle  en  leur  faisant  ingérer,  peu  de  jours 
après  leur  naissance  et,  une  seconde  fois  quelques  semaines  plus  tard, 
une  très  petite  quantité  de  bacilles  tuberculeux  d'origine  humaine  et 
bovine  modifiés  par  la  chaleur  et  mélangés  à  un  peu  de  lait. 

La  seule  précaution  essentielle,  qu'il  sera  nécessaire  et  qu'il  ne  sera  pas 
toujours  aisé  de  prendre,  consistera  à  tenir  les  enfants  ainsi  vaccinés,  pen- 
dant quatre  mois  au  moins,  à  l'aljri  de  toute  contamination  tubercu- 
leuse. 

Pour  répondre  à  cette  indication,  on  sera  sans  doute  amené  à  créer, 
surtout  pour  les  nouveau-nés  de  parents  tuberculeux,  des  nourrisse/'ies 
spécialement  surveillées  en  vue  d'y  empêcher  l'introduction  de  tout  germe 
tuberculeux  d'origine  humaine  ou  bovine,  susceptible  d'infecter  les 
enfants  jusqu'à  ce  qu'ils  aient  acquis  l'immunité  vaccinale. 

Nous  devons  croire  que  les  diffi('ullés  d'application  que  présente  une 
telle  mesure  seraient  de  peu  de  poids  en  regard  des  immenses  intérêts 
sociaux  qu'il  s'agit  de  sauvegarder  et  des  avantages  que  trouverait  l'huma- 
nité à  préparer  pour  l'avenir  une  race  d'hommes  réfraclaires  à  la  tubercu- 
lose. 


M.  É.uiLE  RoL'x,  à  propos  de  la  communication  précédente  de  MM.  Gal- 
metle  et  Guérin,  s'exprime  en  ces  termes  : 

Comme  MM.  Calmette  et  Guérin,  nous  avons  eu  l'idée,  M.  Vallée  et  moi. 


SÉANCE    DU     II     JUIN     I90G.  iSsS 

de  faire  ingérer  à  des  veaux  des  bacilles  tuberculeux  tués,  par  divers  pro- 
cédés, afin  de  leur  conférer  l'immunilé. 

Voici  comment  nous  y  avons  été  conduits.  En  novembre  igoS  nous 
avions  fait  avaler  à  des  veaux  de  petites  quantités  de  bacilles  tuberculeux 
vivants  pour  leur  donner  la  maladie.  Quelques  temps  après  cette  ingestion 
ces  animaux  réagirent  à  la  tuberculine  ;  plus  tard  ils  ne  réagissaient  plus. 
Nous  les  avons  alors  éprouvés  en  leur  injectant  des  bacilles  virulents  dans 
les  veines;  ils  résistèrent,  tandis  que  les  témoins  périrent  en  quelques 
semaines  de  tuberculose  généralisée.  Cette  expérience  montrait  que  ces 
veaux  avaient  contracté  rinimunité  contre  la  tuberculose  par  la  voiediges- 
tive,  à  la  suite  des  premières  ingestions  de  bacilles.  Elle  fut  reprise  en 
faisant  ingérer  à  des  veaux  neufs  des  bacilles  tuberculeux  tués,  c'est-à-dire 
plus  inofl'eusifs. 

Bien  que  ces  expériences  ne  soient  pas  complètement  terminées,  ce 
qu'elles  nous  ont  montré  est  d'accord  avec  les  résultats  de  MM.  Calmette 
et  Guérin.  A  savoir  :  qu'il  est  possible  de  donner  aux  bovidés  l'immunité 
par  les  voies  digestives. 


M.  ALFRED  PICARD,  en  présentant  le  premier  volume  de  son  ouvrage, 
Le  bilan  cVun  siècle,  s'exprime  ainsi  : 

Les  circonstances  m'ayant  permis  de  réunir  d'assez  nombreux  documents 
publics  ou  inédits  sur  le  développement  de  la  civilisation  chez  les  différents 
peuples  au  cours  du  dernier  siècle,  il  m'a  paru  intéressant  de  coordonner 
et  de  condenser  ces  documents  en  un  tableau  d'ensemble. 

Telle  a  été  l'origine  d  un  ouvrage  en  six  volumes,  intitulé  Le  bilan  d'un 
siècle,  dont  j'ai  l'honneur  de  présenter  aujourd'hui  le  tome  I"'  à  l'Aca- 
démie des  Sciences. 

Mon  intention  ne  pouvait  èlre  de  tenter  une  encyclopédie  proprement 
dite  :  le  cycle  des  connaissances  humaines  est  aujourd'hui  trop  étendu 
pour  qu'un  homme  puisse  avoir  la  présomption  de  le  parcourir  tout  entier. 
Je  me  suis  simplement  et  modestement  efforcé  de  mettre  en  lumière  par 
quelques  repères  caractéristiques  les  grands  progrès  accomplis  dans  les 
diverses  branches  de  la  production. 

Si  restreint  et  si  sommaire  que  soit  cet  aperçu,  il  n'en  a  pas  moins  une 
réelle  portée  philosophique.    Parfois,  en   songeant  à  l'extrême  brièveté  de 


l324  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

la  vie,  le  pensent'  se  iirend  :i  éprouver  quelque  regret,  non  certes  d'une 
disparition  plus  ou  moins  prochaine,  mais  de  l'impuissance  oi'i  il  est  d'ex- 
plorer largement  le  domaine  ouvert  à  l'intelligence,  d'en  étendre  les 
limites  par  de  vastes  conquêtes,  d'apporter  une  ample  contribution  à  l'édi- 
fice de  la  science.  Cependant,  lorsque,  au  lieu  de  s'isoler,  de  considérer 
sa  seule  œuvre  personnelle,  il  envisage  l'œuvre  d'ensemble  de  ses  contem- 
porains, lorsque,  au  lieu  de  se  bornera  une  génération,  il  remonte  dans  le 
passé,  son  impression  se  modifie  aussitôt.  Des  découvertes  et  des  inven- 
tions à  peine  appréciables  ([uand  elles  étaient  prises  séparément  acquièrent 
par  leur  rapprochement  une  importance  souvent  majestueuse  ;  des  chan- 
gements jugés  imperceptibles  dans  la  condition  morale  ou  matérielle  de 
l'homme  deviennent  des  transformations  profondes,  de  véritaljles  révolu- 
tions. En  élargissant  ainsi  son  horizon,  en  faisant  abstraction  de  l'indivi- 
dualisme pour  ne  voir  que  la  solidarité  et  ses  effets,  l'esprit  le  plus  pessi- 
miste se  rouvre  à  l'espérance  ;  ses  défaillances  s'effacent  devantla  perception 
d'un  essor  continu  de  l'humanité. 

Une  constatation  du  plus  haut  intérêt  se  dégage  aussi  de  cette  revue.  Je 
veux  parler  de  l'unité  des  causes  qui  agissent  sur  les  diverses  manifesta- 
tions de  notre  activité.  11  est  impossible  de  scruter  ces  manifestations, 
d'étudier  les  formes  multiples  sous  lesquelles  se  traduit  l'évolution  humaine 
sans  reconnaître  qu'une  impulsion  commune  guide  le  littérateur,  le  savant, 
l'artiste,  l'industriel,  que  les  uns  et  les  autres  obéissent  à  une  môme  action 
supérieure,  que  cette  action  dominante  reste  immuable  dans  l'extrême 
variété  apparente  de  ses  effets. 

Le  volume  que  je  vais  déposer  sur  le  biu'eau  est  consacré  à  l'enseigne- 
ment, aux  lettres,  aux  sciences  et  aux  arts,  c'est-à-dire  à  ce  qu'il  y  a  de  plus 
noble  et  de  plus  élevé.  J'y  ai  mis  tous  mes  soins  et  toute  ma  conscience. 
Le  chapitre  des  Sciences  m'a  été  particulièrement  agréable  à  écrire,  puis- 
qu'il me  fournissait  l'occasion  de  rendre  un  respectueux  hommage  à  tant 
d'illustres  confrères,  qui  sont  la  gloire  de  leur  temps,  du  pays  et  du  monde. 
Si  quelque  erreur  s'y  est  glissée,  j'invoque  par  avance.comme  excuse  l'im- 
mensité de  la  tâche. 


M.  Akm.vxd  <iiAiTii':R  fait  hommage   à  l'Académie  d'une   brochure  inti" 
tulée  :  La  gettèse  des  cftii.v  tliennales  et  ses  rapports  avec  le  volcanisme. 


SÉANCE    DU     II     JLI-N     I906.  iSaS 

M.  E.uiL  FISCHER   fait  lioiiniiage  à   rAcadéniie   dun   volume   intitulé   : 
L'iilersiic/ningcii  i'tbcr  Aniiiiosdi'ireii,  Polypcplide  ititd  Pi'oteine  (1899-1906). 


CORRESPONDANCE. 


■M.  CHARLF.i^TBKPiKD,  élu  Correspondant  pour  la  Section  d'Astronomie, 
adresse  ses  remerciments  à  l'Académie. 


M.  LE  SÉCRÉTA  IRE  l»ERi*ÉTi  EL  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Corresj)ondance  : 

1°  Lis  prix  .\obcl  en  l'JŒJ,  pu])lication  l'aile  par  les  ordres  des  corpora- 
tions chargées  de  décerner  les  prix  .Xolîel. 

2"  Jîssai  su/'  li'caiTc  iiuii^iquc  <lc  X  à  \  nombres,  par  Prosper  de  Lamtte. 

Z"  La  physique  moderne  el  son  êvolitlion,  par  Lucien  Poi.ncahé  (présenté 
par  M.   Lippmann). 


AXALYSl'   MATHKMATIQUI'.   —  Sur  le  problème  du  cylindre  elliptique.  Xolc 
de  ]M.  MV'iiiiAs  l>ER('ii,  présentée  par  M.  Emile  Picard. 

Dans  le  premier  cahier  du  Bulletin  de  la  Société  matliémalique  d'Alle- 
magne, ^I.  ^^^  Wlen  jiropose  de  rechercher  la  deiuxième  intégrale,  non 
périodique,  de  l'équation  difl'érentielle  que  j'écris  sous  la  forme 


(0 


d-'h 


dx 


j-  +    «  +  im  cos  IX]  y  =  G. 


Pour  répondre  à  cette  question  il  faut  distinguer,  suivant  que  le  nombre 
n  est  grand  ou  non.  Dans  le  premier  cas  le  procédé  proposé  par  Heine 
cesse  d'être  applicable.  D'une  part  la  valeur  de  la  constante  n  qui  donne 
l'intégrale  paire 

(2)  .'|j  (.r)  ^  1  b,  cos  av.r, 


l326  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

et  celle  de  la  constante  u'  à  laquelle  correspond  l'intégrale  impaire 

(3)  '\i,  [x)  =  2  bj  sin  av.r, 

sont  très  rapprochées  dès  que  leur  partie  entière,  qui  est  un  carré  parlait 
g-,  surpasse  une  certaine  limite.  Cela  résulte  des  développements  indiqués 
par  Emile  Mathieu  et  peut  s'éta])lir  aussi  par  les  méthodes  de  Heine,  con- 
venablement modifiées.  J'ai  obtenu  la  formule  approchée 

\  Il  —  \/  Il  =  ^r  sin  -y  ii  — 


111  y  II 


qui  s'applique  déjà  pour;?;  =  i,g  =  lo  avec  six  décimales  exactes. 

Pour  les  coefficients  principaux  b,  et  b,'  la  méthode  de  Heine,  qui  part 
des  valeurs  6o=  i,  i/=  i,  fournit  des  valeurs  très  grandes;  on  devra  divi- 
ser par  un  grand  nombre  pour  obtenir  le  résultat  sous  forme  maniable  ;  les 
coefficients  dont  on  est  parti  avec  la  valeur  ///;  deviennent  négligeables  et 
seront  supprimés  dans  la  plupart  des  applications.  Au  lieu  de  procéder  de 
la  sorte,  je  proposerai  de  mettre  les  fonctions  •},  sous  la  forme 

2  ctg  +  2,  cos  {g  -+-  av)  ,r,  S  a'g  +  »,  sin  (g  +  av)  x 

où  V  =0,  =t  I,  ±  2,...  et  où  l'on  ferait  par  exemple  a,j  =  cig'  =  i.  La  déter- 
mination des  coefficients  s'effectue  à  l'aide  des  formules  toutes  semblables 
en  fractions  continues,  comme  dans  la  méthode  de  Heine;  la  recherche  des 
paramètres  u,  n'  devient  particulièrement  commode  dans  ces  circonstances. 
Toutefois,  le  procédé  de  développement  qu'on  doit  à  E.  Mathieu  paraît  être 
préférable. 

Dans  notre  hypothèse  de  /;  très  grand,  les  différences  6,  —  b.j  sont  négli- 
geables dans  les  applications,  et  l'on  déduit,  approximativement,  les 
séries  (2)  et  (3)  l'une  de  l'autre  en  échangeant  les  sinus  et  les  cosinus. 
Enfin,  la  série  (3)  donne  la  valeur  approchée  de  la  deuxième  intégrale, 
'i^  (.r),  de  l'équation  (1),  et  vice  versa.  J'ai  obtenu  en  effet  la  valeur  exacte 
de  l'intégrale  non  périodique  sous  la  forme 


n 


J.,  (.r)  =  cp  (.r)  +  ^  T  .r  'L, 

où  s  [.r)  signifie  une  série  partout  convergente 

a  (.c)  =  S  c,  sin  av.c, 

et  T  est  donné  en  fonction  de  m-  par  une  série  entière,  de  forme  semblable 


SÉANCE    DU     I  I     .ILIN     I906.  l327 

à  la  série  R  =  /;  d'Emile  Mathieu.   On  a  d'ailleurs,  en  première  approxi- 
mation. 


T  = 


g 

Sans  entrer  dans  le  détail  de  ces  développements,  on  peut  se  rendre 
compte  du  lien  étroit  qui  existe  entre  les  intégrales  de  l'équation  (i),  rela- 
tives à  II  et  II',  en  raisonnant  comme  il  suit.  Désignons  par  y  (r)  la  série  (3) 
en  retenant  ii,  (.1)  pour  désigner  la  série  (2);  on  tire  alors  des  équations  (i) 
relatives  aux  ])aramètres  n  et  /('  la  relation 

■l,  ■/:'  -  i,"  7.=  'n-  II')  6,  /,  à,  ■/:  -  y,  /  H-  0  [.i)  =  G, 

où  j'ai  fait  0  [.r)  =  (11'  —  11)  /'i,  (.r)  y  (x)  dx. 

Il  s'ensuit  cette  expression  de  la  deuxième  intégi'ale 


(Ml  oljservant  (juo  la  dérivée  0'  (.r)  s'annule  on  même  temps  que  ■{<,  (.r),  on 
constate  aisément  que  la  seconde  partie  du  deuxième  membre  est  une  trans- 
cendante entière,  négligeable  avec  n  —  11' . 

Je  termine  en  indiquant  comment  on  pourra  procéder  dans  la  reclierclie 
de  la  deuxiénu;  intégrale  de  (i),  'l.,  (■»■),  dans  le  cas  où  n  ne  dépasse  pas 
certaines  limites,  cas  ou  la  méthode  de  Heine  est  commode.  Supposant 
connue  la  série  (2),  je  pose 

oc 

't'iC^')  =  '■?  {■"')  +  ■'-'  'î'i  V^)'  ?  i^-,    =^  -    /       ''-   '^i"    -"''■''•    '^1    (■*')   =    '  +  2      >      Z*,,  COS   2V.f. 

1 
On  constate  a  priori  que  cp  (.r)  est  une  transcendante  entière  et  pério- 
dique et  il  ne  reste  c|u'à  oljtenir  les  coefficients  Ç,.  Ils  résultent  de  léqua- 
lion  différentielle 

—r-^, 1-    [Il   +    1111   COS    ix)    0+2  '!>/  (x)   =  O, 

SOUS  la  forme  • 

c.  =  Q.  c,  +  R„  ; 

les  quantités  Qv  et  Rv  sontdes  fonctions  des  b  et  des  constantes  7»,  /;,  qu'on 
calcule  successivement  à  l'aide  des  relations  récurrentes 

<^'  +  '  =  ^^^  '>■  -  <^-  - 1  ;  Qo  =  o,  Q,  =  X, 

R.,.  _  ir_^R.  _  R_.  +  ii;^  ;  R,  =.  R 


ni 


\. 


C.  R.,  iyo6,  i"  Semesiie.{T.  CXLII,  N»  24.)  I74 


l328  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

La  constante  Cj  ne  s'obtient  pas  de  cette  manière  et  il  faut  procéder 
autrement;  la  première  idée  qui  se  présente  à  l'esprit  consiste  à  satisfaire 
la  condition  de  convergence  en  faisant 

c,=—  lini  -Q-  ; 

mais  la  théorie  fournit  plusieurs  relations  qui  peuvent  rendre  même  ser- 
vice et  que  je  me  réserve  d'exposer  dans  un  mémoire  plus  étendu. 


PHYSIQUE.  —  Pouvoir  indiiclcur  spécifique  et  conductibilité.   Viscosité 
électrique.  Note  de  M.  A^dré  Broca. 

Dans  une  Note  antérieure  j'ai  montré  que,  dans  le  cas   des  métaux,  on 
rend  compte  des  phénomènes  observés  pour  la  résistance  des  fils  et  aussi 

pour  le  pouvoir  réflecteur  en  supposant  que  l'expression  — -r^  =  A,  A  étant 

une  quantité  c[ui,  de  T=:  3  oooooo  à  T  ^  lo  trillions  varie  entre  1,2  et  i,5. 
K  est  le  pouvoir  inducteur  spécifique  et  c  est  la  conductibilité  ;  T  est  la 
période  de  la  perturbation  électromagnétique  à  laquelle  le  métal  est 
soumis.  Je  viens  de  démontrer,  en  collaboration  avec  M.  Turchini,  que  les 
électrolyles  présentent  des  perturbations  plus  grandes  encore  que  les 
métaux,  relativement  à  la  résistance  des  conducteurs  cylindriques  pour  les 
courants  de  haute  fréquence.  On  rend  compte  de  ces  phénomènes  en  fai- 
sant la  même  hypothèse  que  j'ai  faite  dans  le  cas  des  métaux,  celle  de  l'exis- 
tence d'un  pouvoir  inducteur  spécifique  suffisant  pour  que  son  action  se 
fasse  sentir  en  même  temps  que  celle  de  la  conductibilité.  Dans  le  cas  de  l'eau 
acidulée,  le  calcul,  mené  exactement  comme  dans  le  cas  des  métaux  [Comptes 

rendus,  a6  juin  iQoS),  conduit  à  la  valeur -^-tt.  =  0,80. 

La  seule  difl'érence  entre  les  deux  calcyls,  c'est  qu'au  lieu  de  définir  la  fonc- 

2   COS    I     -^ .)•  ] 

tion  de  Ressel  dont  dépend  le  problème  par  la  formule  J,,  =  ,— — 

qui  ne  s'applique  que  pour  les  valeurs  assez  grandes  de  .r,  il  faut  employer 
le  développement  en  série  connu.  D'ailleurs,  pour  les  valeurs  faibles  de 
la  variable,  qui  seules  ont  été  réalisées  dans  le  cas  des  éleclrolytes,  les 
dcn\  ou   trois  premiers  termes  des  séries  m'ont  toujours  suffi. 


SÉANCE    DU     II     JUIN     I906.  l329 

Ainsi  cet  argumenl — tt^  ,  qui  s'introduit  naturellement  dans  tous  les 
calculs,  non  seulement  a  dans  tous  les  cas  une  valeur  finie,  mais  a  des 
valeurs  qui  ne  varient  ((ue  du  simple  au  double  quand  la  conductibilité 
varie  dans  le  rapport  de  i  à  i  million  (eau  acidulée  et  cuivre),  et  que  la 
iréquence  varie  de  cent  mille  à  dix  Irillions  (circuit  de  condensateur  et 
Rest-Strahlen  de  M.  Rubens),  c'est-à-dire  dans  le  rapport  de  i  à  cent 
millions. 

.\ous  allons  voir  la  signification  et  le  rôle  de  ce  paramètre  -^  . 

Si  nous  appelons  u  le  vecteur  intensité  et  P  le  vecleuf  force  électroiuotrice  en  un  point, 
nous   avons  la  relation  :    \-u  =  ,'|-ircP  -t-   K  —7—  .  Supposons  que  P  soit  de  la  forme 

P  ^  P„  e  — ("■'  +  ?=)  sin    2-    {^. r- )    correspondant  à  une    onde   plane   polarisée, 

amortie  et  absorbée,  nous  voyons  immédiatement  que  u  sera  de  la  forme 


in  .71  (|±  -  -^  +  oj  ^ 


u  =  A.  si 

,    rfP    . 
c'est-à-dire  que  la  présence  du  terme  K  —r—  introduit  une  différence  de  phase  entre  le 

courant  et  la  force  électromotrice,  jouant  ainsi  le  rôle  d'une  capacité  sur  un  circuit;  on 
obtient,  par  la  méthode  d'identification  bien  connue,  les  valeurs  : 

K 


tg    -IT.'^  : 


ici     (1 —    .    

2C  1  2t: 


A  =  cP,«-(«'  +  ?--)^/fx-A.    gjV 


4c^  T-^ 


L'amplitude  du  courant  total  n'est  donc  pas  la  somme  des  amplitudes  des  deux  cou- 
rants composants,  courant  de  conduction  et  courant  de  déplacement;  la  conductibilité 
joue  le  même  rôle  qu'une  viscosité.  L'effet  dépend  d'ailleurs  essentiellement  de  la  valeur 

de  la  variable  - — tjt-  ,  qui  définit  d'une  manière  suffisante  cette  viscosité  (on  pourrait  éga- 
lement, comme  dans  le  cas  du  magnétisme,  donnera  ces  phénomènes  le  nom  de  traînage). 

ai' 

L'amortissement  • — —  entre  liien  dans  les  formules  ;  mais,  avec  les  valeurs  qu  il  prend 

dans  le  cas  habituel,  qui  sont  de  l'ordre  des  centièmes,  au  plus,  et  les  valeurs  mesurées 
de  — Tp-  ,  on  peut  négliger  l'action  de  l'amortissement  sur  la  phase  9  et  sur  l'amplitude. 

On  peut  donc  donner  à  l'expression  — ?p-  le  nom  de  Constante  de  viscosité  électrique. 

Dans  le  cas  qui  nous  occiqie  il  y  a  également  un  retard  du  champ  magné- 
tique sur  le  courant.  En  effet,  l'équation  de  ^laxwell  devient  dans  le  cas 


iTÎO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

simple  actuel  4~  "  =^  -jr  ou  V  =  4~  Af  -  "'Je  "  •--  sin  2t.  (— ;-  +  -Adz 

ce  qui  donne  finalement  Y  =  4'''^  A  c-  ■"■'  +•"'  sin  '>.-  l  -^y, ? — H  r  "F  ? 


avec  to-  27:i'  = , ,  i'  étant  la  vitesse  de  lumière,  c  la  conductibilité 

etT  la  période.  Cette  tangente,  pour  les  ondes  calorifiques  de  M.  Rubens, 
est  de  l'ordre  des  centièmes,  l'angle  27:3'  est  donc  très  petit;  la  différence 
de  phase  entre  la  force  magnétique  et  le  courant  est  donc  très  petite. 

La  constante  de  viscosité  a  une  variation  extrêmement  lente,  comme 
nous  l'avons  déjà  vu,';le  phénomène  est  donc  à  peu  près  le  même  dans  tous 
les  corps  conducteurs.  Gela  me  semble  devoir  éclairer  d'une  manière  toute 
spécial-e  la  théorie  de  ces  corps. 

La  viscosité  électrique  introduit,  comme  nous  l'avons  vu  dans  le  cas  des 
oscillations  rapides,  une  différence  de  phase  entre  le  courant  et  la  force 
électromotrice,  dont  il  faut  tenir  compte  par  conséquent  dans  le  calcul  de 
l'énergie  dépensée  par  un  courant  de  haute  fréquence  sur  une  self  donnée. 
Mais  dans  ce  cas  le  décalage  dû  à  la  sell-induction  est  toujours  d'un  autre 
ordre  de  grandeur,  et  par  conséquent  l'effet  de  la  viscosité  est  négligeable. 

De  ce  qui  précède,  on  peut  conclure  que  le  pouvoir  inducteur  spécifique 
dans  le  cas  des  conducteurs  comme  dans  celui  des  diélectriques,  n'est  pas 
luie  constante  bien  définie  ;  la  viscosité  au  contraire,  dans  le  cas  des  con- 
ducteurs est  une  constante  importante.  Il  semble  cependant  que  l'existence 
d'un  pouvoir  inducteur  spécifique  très  élevé  est  une  condition  essentielle 
de  l'existence  de  la  conductibilité  ;  il  semble  également  que  la  théorie  de 
la  conductibilité  doit  être  plus  aisée  à  aborder  dans  le  cas  des  hautes  fré- 
quences, oii  la  viscosité  est  à  peu  près  constante,  que  dans  le  cas  des 
fréquences  plus  basses  où,  comme  je  l'ai  montré  dans  une  Note  précédente 
(26  juillet   1905),  la  viscosité  a  une  variation  beaucoup  plus  rapide. 

Je  ne  sais  d'ailleurs  quelle  est  la  valeur  de  la  viscosité  pour  les  fréquences 
inférieures  à  100  000,  n'ayant  pu  faire  d'expériences  pour  les  fréquences 
moins  élevées. 


PHYSIQUE.  —  Sur  l'Aurore  boréale.  Note  de  M.  P.  Vill.vrd, 
présentée  par  M.  .J.  Yiolle. 

Considérons  le  champ  magnélique,  de  forme  analogue  au  champ  terrestre, 
ohleiiu  entre  doux  pôles  d'aimant.  Ce  champ  est  de  révolution,  possède  un 


SÉANCE    DU     II     .llIN     I906.  l'i3l 

plan  éqiiatorial  et,  dans  loiite  direction  noiunale  à  l'axe,  décroit  du  centre  à 
la  périphérie. 

Supposons  qu  un  corpuscule  cathodique  soit  lancé  dans  le  plan  équatorial.  Si  le  champ 
était  uniforme,  ce  corpuscule  décrirait  une  circonférence  et  repasserait  au  point  de 
départ.  Par  suite  de  la  décroissance  du  champ  de  l'axe  vers  la  périphérie,  la  trajectoire, 
•d'ailleurs  plane  par  raison  de  symétrie,  ne  se  refermera  pas  surelle-mémc,  et  présentera 
une  grande  ressemblance  avec  le  lieu  décrit  par  un  point  extérieur  à  une  circonférence  à 
laquelle  il  est  lié  invariablement  et  qui  roule  sur  une  autre  circonférence.  A  chaque  tour 


Fig.    I. 

se  produit  un  décalage  vers  l'Est  si  le  champ  est  orienté  comme  le  champ  terrestre.  Ce 
résultat  est  aisé  à  prévoir  géométriquement  et  se  vérifie  complètement  par  l'expérience. 
Si  maintenant  nousconsidéronsun  rayon  catholiqueoblique  au  plan  équatorial,  ce  rayon, 
dirigé  par  exemple  du  coté  Nord,  s'enroulera  suivant  une  courbe  rappelant  l'hélice,  mais 
avec  un  décalage  progressif  vers  l'Est  pour  la  même  raison  que  plus  haut.  Le  tiibc  d'en- 
roulement sera  donc  oblique  au  champ.  Arrivé  à  une  certaine  distance  du  pôle,  le  pas  de 
l'hélice  s'annulera  et  le  raj-on  rebroussera  chemin  :  en  effet  M.  Poincaré  a  démontré 
que,  dans  un  champ  produit  par  un  pôle  isolé,  un  rayon  cathodique  s'enroule  suivant 
une  ligne  géodésique  et  par  suite  revient  en  arrière  après  s'être  approché  du  pôle  sans 
pouvoir  l'atteindre.  Cette  propriété  remarquable,  due  à  la  convergence  des  lignes  de 
force,  est  ici  applicable.  Donc  à  une  certaine  distance  D  du  pôle  magnétique  l'enroule- 
ment repartira  vers  le  Sud,  avec  un  décalage  progressif  toujours  vers  l'Est,  et  le  nou- 
veau tube  d'enroulement  sera  symétrique  du  premier  par  rapport  au  méridien  magné- 
tique du  lieu  de  rebroussement.  Vers  le  pôle  Sud  nouveau  retour  vers  le  Nord,  nouvel 
arrêta  la  distance  D  du  pôle,  et  ainsi  de  suite.  L'ensemble  de  tous  ces  tubes  d'enroule- 
ment limités  de  part  et  d  autre  par  deux  parallèles  magnétique,  formera  une   nappe  en 


i332 


ACADEMIK     DES     SCIENCES. 


zigzag  qui  sera  de  révolution  autour  de  l'axe  du  champ,  comme  l'enroulement  plan  con- 
sidéré plus  haut. 

La  figure  i  est  la  photographie  d'un  rayon  ainsi  enroulé. 

Ces  phénomènes  s'observent  avec  la  plus  grande  facilité  avec  une  ampoule  sphérique 
placée  entre  les  pôles  coniques  d'un  électro-aimant  Ruhnjkorif. 

Quand  on  fait  varier  le  champ,  toutes  les  spires  diminuent  de  diamètre.  Le  décalage 
de  chaque  spire  vers  l'est  du  champ  diminue  dans  le  même  rapport.  11  en  résulte  que 
tous  les  tubes  d'enroulement  se  rapprochent  du  point  de  départ  du  raj-on  proportion- 
nellement à  leur  numéro  d'ordre  ;  d'où  une  rotation,  plus  exactement  un  enroulement  ou 
un  déroulement  de  la  nappe  en  zigzag  dont  le  diamètre  et  la  longueur  ne  changent  pas. 

Supposons  maintenant  qu'un  cirrus  électrisc  négativement  se  décharge 
sous  rinduence  de  l'iiltra-violet  solaire  ou  de  toute  autre  cause.  11  donnera 
un  large  faisceau  cathodique  parallèle,  oblique  au  champ  magnétique  ter- 
restre. Tous   les  rayons  émis   s'enrouleront  en  spires   identiques  et  l'en- 


•  — ejî^ 


Fig.   2. 

semble  formera  une  bande  lumineuse  confuse  ayant  pour  épaisseur  le 
diamètre  d'une  spire  (moins  de  loo™)  et  pour  largeur  celle  du  nuage  plus 
ce  même  diamètre.  Ce  faisceau  se  comportera  c^omme  les  rayons  dont  il  est 
composé  et,  en  vertu  de  ce  qui  est  dit  plus  haut,  donnera  naissance  à  la 
nappe  de  révolution  décrite  en  zigzag  de  l'Ouest  à  l'Est  et  limitée  par  deux 
parallèles  magnétiques.  Cette  nappe  est  représentée  en  planisphère 
[fig.  2).  La  superposition  partielle  des  faisceaux  aller  et  retour  également 
inclinés  sur  les  méridiens  magnétiques  donnera  une  série  de  renforce- 
ments de  lumière  orientés  suivant  ces  méridiens  et  régulièrement  distri- 
bués autour  de  l'axe  magnétique.  Ce  seront  les  rayons  (diroraux.  Si  la 
largeur  des  faisceaux  est  telle  que  deux  faisceaux  voisins  se  recouvrent  en 
partie,  on  aura  Faurore  en  draperies.  Tous  les  faisceaux  se  terminant  sur 
un  i)arallèle  magnétique,  celui-ci  constituera  Varc  auroral  à  l'intérieur 
diu|uel  les  l'ayons  cathodiques  ne  peuvent  pénétrer.  Sur  cet  arc  les  spires 
sont  j)lus  serrées  que  partout  ailleurs,  d'où  les  renforcements  de  liunière 


SÉANCE    DU     II     JUIN     1906.  l333 

oliservés  à  la  I3a.se  des  rayons  auroraiix.  ^'ers  réquateur  magnétique  les 
spires  seront  plus  allongées,  les  faisceaux  ne  seront  pas  superposés,  on  ne 
verra  presque  rien.  Le  sens  de  description  de  la  nappe  cathodique  étant 
0-E,  l'aurore  commençant  dans  rhémisphère  éclairé  abordera  riiémis- 
phère  obscur  par  son  bord  Ouest,  et  se  dirigera  en  zig-zag  vers  l'Est  en 
s'affaiblissant.  Les  points  pour  lesquels  le  Soleil  vient  de  se  coucher 
verront  donc  les  faisceaux  avant  que  les  allers  et  retours  successifs  ne  les 
aient  notablement  affaiblis.  D'oii  une  plus  grande  fréquence  apparente  des 
aurores  aux  premières  heures  de  la  nuit,  conformément  à  l'observation. 
La  rotation  de  l'aurore  résulte  d'un  enroulement  ou  déroulement  de  la 
nappe  en  zigzag  sous  l'influence  d'une  variation  du  champ  terrestre.  Une 
perturbation  magnétique  produisant  un  changement  de  convergence  du 
champ,  général  ou  local,  fera  varier  ou  déformera  la  parallèle  qui  limite 
la  nappe  aurorale,  d'où  un  mouvement  longitudinal  des  rayons  {danse  des 
rayons). 

Tous  ces  aspects  se  réalisent  rigoureusement  au  moyen  d'une  vaste  ampoule  dans 
laquelle  on  produit  un  faisceau  cathodique  aussi  parallèle  que  possible  et  oblique  aux 
lignes  de  force  d'un  champ  produit  entre  les  pôles  d'un  électro-aimant.  On  voit,  surtout 
vers  les  pôles,  les  rayons  auroraux,  les  deux  arcs  auroraux  Nord  et  Sud,  et  les  renfor- 
cements de  lumière  à  la  base  des  faisceaux.  En  faisant  varier  le  champ  on  enroule  ou  on 
déroule  à  volonté  cette  aurore  artificielle.  En  approchant  d'un  des  pôles  une  petite  tige 
de  fer  on  déforme  le  champ  et  on  réalise  à  volonté  la  danse  des  rayons. 

PHYSIQUE.  —  Sur  la  Uqticfaclioii  de  F  air  par  délente  avec  travail  extérieur. 
Note  de  M.  GtoRtiKS  Cl.udi:,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

Dans  une  précédente  Note  (')  j'ai  signalé  tout  l'intérêt  qu'il  y  a  à  relever  la 
température  initiale  de  l'air  qui  se  détend  dans  les  machines  à  air  liquide 
basées  sur  la  détente  avec  travail  extérieur.  En  s'éloignant  du  zéro  absolu, 
on  relève  la  quantité  de  travail  qu'il  est  possible  de  soustraire  à  l'air  com- 
primé, doncle  rendement  frigorifi([ue  et  la  récupération  d'énergie,  d'autant 
qu'on  atténue  considérablement  ainsi  la  contraction  anormale  de  cet  air 
comprimé  due  au  voisinage  immédiat  de  la  licpiéfaction. 

J'ai  indiqué  dans  cette  Note,  sous  le  nom  de  Liquéfaction  sous  pression, 
un  moyen  simple  d'arriver  à  ce  résultat  : 

Au  lieu  de  laisser  l'air  détendu  se  liquéfier  spontanément  sous  une  pres- 


(')    Comptes  rendus.   l 'i  noveiiilire  190 ">. 


l334  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

sion  1res  faible  à  sa  sortie  de  la  niacliiiie,  on  remploie  pour  provoquer  la 
liquéfaction  d'une  autre  fraction  d'air  comprimé  sous  la  pression  initiale, 
qui  peut  être  utilement  de  40  atmosphères,  pression  critique  de  l'air. 

L'air  détendu  se  réchauffe  alors  dans  le  liquéfa(;teur  jusc[u'aux  environs 
de  —  i4o°j  température  de  liquéfaction  du  gaz  qu'il  condense  et,  pénétrant 
dansTéchangeuràcette  température  etnon  plus  à  —  19*^"'  refroidit  beaucoup 
moins  l'air  d'admission. 

J'ai  pu  faire  un  pas  de  plus  dans  la  voie  indicjuée. 

Dans  le  dispositif  précédent,  dès  (ju'à  idiaque  cylindrée  la  détente  com- 
mence, elle  se  traduit  par  une  chute  de  température  considérable,  tant  |)ar 
le  travail  même  effectué  dans  ce  début  de  détente  que  par  l'abaissement  de 
\h  chaleur  spécifique  de  l'air,  très  grande  comme  on  sait  à  pression  élevée 
et  basse  température. 

11  en  résidte  que  si,  grâce  au  relèvement  de  la  température  initiale 
réalisé  par  l'artifice  de  la  liquéfaction  sous  pression,  le  début  de  la  délente 
se  lait  dans  de  l)onnes  conditions,  on  retombe  pour  le  reste  de  la  détente 
dans  les  mauvaises  conditions  d'une  température  trop  basse  par  elle-même 
et  011  l'inexactitude  si  nuisible  de  la  loi  de  Mariotte  reprend  ses  droits 
malgré   la  pression  moindre. 

Pour  obvier  à  cet  inconvénient,  j'ai  imaginé  de  faire  la  <lé(ente  en  deux 
portions  distinctes. 

I^a  première  délente,  quis'elfecUie  en  A,  est  arrêtée  au  point  où  la  température  atteint 
une  valeur  notat)lenhent  au-dessous  de  la  température  critique  de  l'air,  disons  par 
exemple  ^-  160°. 

I/air  partiellement  détendu  est  alors  conduit  dans  le  premier  liquéfacleur  L  alimenlé 
\>Ai'  une  partie  de  l'air  couiprimé  (  'lO'''"')  et  froid  du  circuit  d  alimentation.  Il  en  pro- 
voque la  liquéfaction  à  —  l 'i*'"  en  se  réchauflaiit  hii-mème  à  celte  température:  ainsi 
réchauffé,  il  retourne  alors  dans  un  second  cylindre  B  accouqjlir  dans  de  bien  meilleures 
conditions  le  reste  de  sa  détente,  estenvoj'édans  un  deuxième  liquéfacleur,  L,  analogue  au 
premier,  ])oui' provoquer  une  deuxième  liquéfaction,  puis  retourne  àl'échangeur  de  tempé- 
rature M  où  il  circule  en  sens  inverse  de  l'air  comprimé  entrant.  C'est  ce  que  j'ai  appelé 
la  II  que  faction  compound  et  il  serait  loisible,  si  on  le  jugeait  à  propos,  de  multiplier 
davantage  les  étapes  de  la  détente  et  de  tendre  ainsi  vers  la  détente  isoliiermique  à  la 
température  critique  de  l'air. 

Ce  processus  est  évidemment  applicable  dans  tous  les  cas,  quel  que  soit  ra|i|iareil 
(turbine,  luachine  à  cvlindres,  etc.)  où  s'cfreclue  la  détente  avec  travail  extérieur. 

l'jn  outre  de  ces  avantages  théoriques,  la  liquéfaction  compound  présente  des  avan- 
tages pratiques  fort  inqjortants  et  du  même  ordre  (jue  ceux  invoqués  pour  le  couqxiun- 
dage  des  machines  à  vapeur. 


SÉANCE    DU     I  I     JUIN     I906.  l335 

Cet  ensemble  d'avantages  théoriques  et  pratiques  se  traduit  par  des 
résultats  que  mettent  en  évidence  mes  étapes  successives  : 

Les  chiffres  ci-après  sont  relatifs  à  des  puissances  dépensées  de  60  à 
70  chevaux,  récupération  déduite,  les  compresseurs  d'air  étant  supposés 
fournir   par    cheval-heure   sur  l'arbre   6  kilogrammes    d'air   comprimé    a 


LIOUEFACTION 
COMPOUND 


40  atmosphères  effectives,  ce  qui  correspond  à  un  rendement  de  66  p.  100 
environ. 

L'air  liquide  produit,  compté  en  liquide  soutiré  à  la  pression  atmosphé- 
rique, est  supposé  titrer  35  p.  100  d'oxygène,  valeur  moyenne  obtenue 
dans  la  pratique  et  sa  densité  est  en  conséquence  égale  à  celle  de  l'eau. 

Première  étape.  —  Liquéfaction  spontanée  sous  la  pression  atmosphé- 
rique :  o',2  d'air  liquide  par  cheval-heure,  au  plus. 

Deuxième  étape.  —  Litjuéfaction  sous  pression  (chiffre  rectifié  de  ma 
communication  du3ojuin  190a,  dans  laquelle  une  cause  d'erreur  importante 
avait  passé  inaperçue)  o'C6  par  cheval-heure. 

Troisième  étape.  —  Liquéfaction  compound  :  o',85  par  cheval-heure. 


C.  R.,   i()u6.   1"  SemesCie.  (T.  CXLII,  N"  24.) 


173 


l33G  ACADÉMIE    DKS    SCIliNCES. 

CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  S/Il'  les  propriétés  maqnéliqtics  des  combinaisons 
du  bore  el  du  uKiiii^auèsc.  Note  de  jM.  Bi:^'i:t  i>i' Jasso.\.\eix,  présentée 
par  M.  H.  Moissan. 

Hciisler(')  a  signalé  les  propriétés  magnétiques  des  combinaisons  du 
manganèse  avec  l'élain,  l'arsenic,  l'anlinioine,  le  bismuth,  le  bore  et  l'alu- 
miiiium,  ainsi  que  la  variation  de  ces  |)ropriétés  avec  la  composition  des 
alliages  étudiés.  En  particulier,  la  perméabilité  des  bronzes  contenant  du 
manganèse  et  de  l'aluminium  est  maxima  lorscjue  les  proportions  de  ces 
métaux  sont  dans  le  rapport  de  leurs  poids  atomiques. 

La  réduction  des  oxydes  du  manganèse  par  le  bore  au  four  électri(jue 
permet  d'olitenir  des  fontes  contenant  juscju'à  28,6  p.  100  de  bore  et  dont 
on  peut  séparer  deux  borures  définis  ^InB  et  JNInB"  (■).  Ces  fontes  sont  plus 
ou  moins  attirables  par  un  aimant  et  leurs  |)ropriétés  magnétiques  varient 
avec  leur    teneur  en  boi-e. 

Elles  fondent,  en  s'oxydant  à  l'air,  à  une  température  trop  élevée  pour 
(ju'il  soit  possible  tl'opérer  dans  le  vide  et  la  difficulté  de  les  obtenir  en 
lingots  de  dimensions  convenal)les  olilige  à  les  étudier  sous  forme  de 
poudres. 

Les  fontes  étudiées,  qui  se  pulvérisent  avec  facilité,  ont  été  tamisées  avec  soin  et  des 
poids  égaux  ont  été  successivement  introduits  dans  un  même  tube  de  verre  et  tassées  sans 
compression  jusqu'à  volume  invariable  pour  chaque  échantillon,  Le  tube  de  verre  a  été 
introduit  dans  la  partie  centrale  d'une  boliine  magnétisante  et  les  variations  du  flux 
d'induction  lorsqu'on  interrompait  le  courant  inducteur  ou  lorsqu  on  retirait  le  tube 
contenant  la  fonte  ont  été  mesurées  au  moyen  d'une  bobine  auxiliaire  placée  dans  le 
circuit  d'un  galvanomètre  balistique.  Des  mesures  ont  été  faites  en  même  temps  avec 
les  borures  définis  MnB  et  MnB-  préparés  au  moyen  des  fontes  précédentes  et  avec  de 
la  limaille  de  fer  doux  tamisée  de  la  même  façon,  brillante  ou  oxydée  superficiellement. 

Les  déviations  obtenues  sur  l'échelle  lumineuse  du  galvanomètre  en  retirant  le  tube 
de  verre  ont  été  les  suivantes  : 

Inlcnsilé  (lu  (.oiuMnt  indutleur.  o»"ip,ii  0'"i'I',hj  o»i"I',25 

Fonte  à   i,',  0/0  de  bore o'"'"  o"""  o""" 

—  à  .'1    o/i)  —  o  o  o 

—  •'  7-7  "h^  —  ■!  >  !\ 

(')  !1eusi.i;ii,  '/.rit.  /'.  <iii^civ.  Cli.  W'il,  i.jcj',  ,  p. -j'x). 

i-'l  lii.Mir  i>c  Jasso.\m;ix,  U .  Soc.  cli.    i,  t.  \X\\  .  m)|''''  !'■   '"■'• 


Oiimi)., 

II 

c,ani|., 

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o»"'P,a') 

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I  l 

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•2,5 

•! 

o,-^5 

0,5 

0,5 

f) 

0 

(> 

3 

(i 

8,5 

0 

() 

0 

7 

l'î 

16 

5 

1 1 

I'. 

SÉANCE    DU     II     JUIN     I906.  l337 

Intensité  (lu  conranL  imiiu-tour. 

Fonte  ;i  10  0/0      de    bore 

—  à  12,9  0/0  — 

—  à  i5,5  0/0  — 

—  à  16,1  (>/(  )  — 

—  à  17,3  o/n  — 

—  317,8  ojo  — 

—  à  i<),'i  o/i)  — ■ 

—  à  2 1  (i/o  — 
Borure  défini  MnB  — 

_  MnB^  — 

Limaille  de  fer  Itriliimte     — 

—  oxydée        — 

En  interrompant  le  courant  inducteur  successivement  en  présence  et  en  l'absence  du 
tube  de  verre  contenant  les  fontes,  la  différence  des  déviations  obtenues  a  reproduit  les 
valeurs  du  tableau  précédent,  à  une  fraction  de  millimètre  près  en  moins  pour  les  fontes 
fortement  magnétiques  qui  possèdent  du  magnétisme  rémanent.  Le  courant  inducteur 
(dont  l'intensité  avait  été  maintenue  quelque  temps  à  o''"p,25| étant  interrompu,  la  fonte  à 
12,9  p.  100  de  bore  dont  la  perméabilité  magnétique  est  la  plus  grande  a  donné  une  dévia- 
tion de  ()""", 5  lorsqu'on  enlevaitle  tube,  alors  que  la  limaille  de  fer  donnait  une  déviati<jn 
de  2""",  5. 

Dans  cette  lonte,  ainsi  que  dans  la  limaille  de  fer  prise  comme  terme  de  comparaison, 
l'induction  a  pris  des  valeurs  proportionnelles  au  champ  inducteur  jusqu'à  la  limite  des 
expériences,  l'intensité  du  courant  dans  la  bobine  magnétisante  ayant  varié  depuis  o 
jusqu'à  o''"''',55,  ce  qui  correspondait  à  un  champ  d'environ  'ioo  unités. 

Si  l'on  porte  en  abscisses  la  teneur  des  fontes  en  bore  et  en  ordonnées 
les  déviations  du  galvanomètre  sensiblement  proportionnelles  à  la  per- 
méabilité magnétique,  on  obtient  des  courbes  qui  présentent  des  maxima 
très  accentués  entre  les  teneurs  de  i3  et  de  i5  p.  loo.  L'étude  chimique 
de  ces  fontes  a  montré  que,  de  o  à  i5p.  loo  de  bore,  elles  contiennent 
seulement  le  borure  défini  MnB  que  l'on  peut  séparer  par  l'action  ménagée 
du  chlore  au-dessous  du  rouge,  tandis  qu'au-dessus  de  i5  p.  loo,  elles 
contiennent  un  mélange  des  borures  MnB  et  MnB-,  la  proportion  de  ce 
dernier  allant  en  augmentant  avec  la  teneur  en  bore.  L'examen  des  deux 
composés  définis  montre  que  seul  le  borure  MnB  présente  des  propriétés 
magnétiques  accentuées.  Le  maximum  de  perméabilité  des  fontes  corres- 
pond à  une  teneur  en  bore  de  i4  à  i5  p.  loo,  inférieure  à  celle  de  ce 
borure  (i6,6)  ;  cela  tient  h  la  présence,  dans  les  fontes  dont  la  teneur  en 
bore  dépasse  i5  p.  loo,  d'une  petite  quantité  de  borure  MnB"  non  magné- 


l338  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

tique.  Enfin,  le  traitement  qui  permet  de  sépai'er  le  borure  MnB  oxydant 
superficiellement  ce  corps,  il  est  naturel  de  trouver  pour  sa  perméabilité 
magnétique  une  valeur  plus  faible  que  celle  de  la  fonte  la  plus  perméable, 
la  différence  étant  de  Tordre  de  celle  que  l'on  trouve  dans  les  mêmes 
conditions  entre  la  limaille  de  fer  brillante  et  la  limaille  légèrement  oxydée. 
En  résumé,  des  deux  borures  définis  MnB  et  MnB',  le  premier  seul  pré- 
sente des  propriétés  magnétiques,  et  la  perméabi'lité  des  fontes  borées  de 
manganèse  est  d'autant  plus  grande  qu'elles  contiennent  davantage  de  ce 
boriire. 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  les  iodoiuerciiirttes  de  magnésium  el  de  manganèse. 
Note  de  M.  A.  DiiBolx,  présentée  par  M.  L.  Troost. 

Gomme  pour  la  préparation  des  iodomercurates  alcalino-terreux,  j'ai  fait 
dissoudre  dans  une  petite  quantité  d'eau  alternativement  et  jusqu'à  refus 
de  l'iodure  métallique  et  du  biiodure  de  mercure,  en  hâtant  la  dissolution 
vers  la  fin  de  Topération  par  une  faible  élévation  de  température. 

Sels  de  magnésium.  —  En  opérant  avec  l'iodure  de  magnésium,  on  obtient 
une  liqueur  qui,  pour  la  température  de  i7°8,  a  pour  densité  2,92  et  une 
composition  qu'on  peut  représenter  par  la  formule  MgP,  1,29  H'O, 
ii,o6H^O. 

Magnésium 7,34  p-  100         7,38  p.  100. 

Mercure 19,01      —  19,07     — 

Iode 56,11     —  55,89     — 

Al)andonnée  à  l'évapoi'ation  spontanée  dans  l'air  sec,  elle  laisse  déposer  de  beaux  cris- 
taux d'un  sel  ayant  pour  densité  ifi  à  0°  et  pour  formule  Mgl-,  i.  Hg  \-,  7  H-0. 

TROUVÉ  I*^''  DÉPÔT    a®  DÉPÔT    3'-' DEPOT    4"^  I*^'PÔT     CALCULÉ 

Magnésium 1,93  2,02  1.94  i.gS  1.829 

Mercure 29,41  29,61  29,62  »  30,487 

Iode 57,56  57,92  57,81  57,97  58,079 

Deuxième  iodomerciirate  de  magnésium.  — •  Après  ces  dépôts,  la  liqueur  se  prend  en 
masse.  Réchauffée  au  bain-marie  avec  une  très  faible  quantité  d'eau,  elle  dépose  des 
octaèdres  très  déliquescents.  Leur  densité  est  environ  1,1)  et  l'anal^-se  conduit  à  leur 
assigner  la  formule  Mgl-,  Hgl-,  9  Hg-0. 


SÉANCE    DU     II     JUIN     I906.  iSSq 

TROUVÉ  CALCULÉ 

Magnésium 2,75  1^.72  2,728 

Mercure 22,08  22.11  22,36i 

Iode 56,34  56,45  56,797 

Eau »                  1)  18, 1 12 

Idoinercuralc  de  manganèse.  —  La  liqueur  obtenue  avec  l'iodure  de  manganèse  a  pour 
composition  Hgl-,  i,',(>Mnl-,  \t^,-iM-o  pour  la  température  de  17°  et  une  densité 
de  2,98. 

Manganèse 7,34  7.38  p.  100. 

Mercure 19.01  '9i''7     — 

Iode -     55,89  56,11     — 

Par  évaporation  dans  l'air  sec  en  présence  d  acide  sulfurique  elle  a  fourni  un  sel  dont 
la  densité  est  'i,8  et  auquel  l'analyse  assigne  pour  formule  î  Mnl-,  5  Hgl-,  '^o  11-0. 

TROUVÉ    I'^''  DÉPÔT        2°  DÉPÔT  3°  DÉPÔT  CALCULÉ 

Manganèse 4>74  4>53             4>57  4J638 

Mercure 28,22  28,85  28,43  28,1 13 

Iode 56,92  50,89                »  57,126 

Eau »  »                     w  10,120 

En  présence  de  l'eau  et  des  dissolvants,  ces  iodomerciiratessecomportent 
très  sensiblement  comme  les  iodomercurates  de  calcium  que  j'ai  décrits 
précédemment  ('). 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  la  rcduction  du  sélâiiure  d'antimoine.  Note  de 
M.  P.  Chrétikx,  présentée  par  M.  A.  Ditte. 

On  admet  que  le  séléniure  d'antimoine  est  complètement  réduit  par 
l'hydrogène,  comme  le  sulfure,  mais  que  la  réaction  est  beaucoup  plus 
lente.  L'étude  de  cette  réaction  m'a  permis  d'observer  les  faits  suivants. 

Lorsqu'on  chauffe  au  rouge  du  séléniure  d'antimoine  dans  un  courant  d  hydrogène 
pur,  il  se  fait  tout  d'abord  un  abondant  dégagement  d'acide  sélénhydrique  et  on  voit 
apparaître  un  dépôt  de  sélénium.  En  opérant  sur  i*''  de  séléniure  pendant  une  heure,  le 
dégagement  d'acide  sélénhydrique  devient  extrêmement  lent,  et  au-dessus  de  la  nacelle 
on  remarque  de  belles  et  fines  aiguilles  à  éclat  métallique.  La  perte  de  poids  correspond 
sensiblement  à  la  formation  d'un  sous-séléniure  Sb'Se'  et  lanalyse  du  contenu  de  la 
nacelle,  dont  l'aspect  est  métallique,  montre  qu  il  a  bien  cette  composition.  Quant  aux 
aiguilles  sublimées,   elles  s'obtiennent  toujours  en  très  petite  quantité,   quelques  centi- 

(')    Comptes  rendus,  t.  CXLH,  p.  'itjà. 


x34o  ACADÉMIE    DKS    SCIENCES. 

grainiiios   à  peine  cl  n'ont  pas   la    même  composition;   elles   représentent  un  séléniure 
salin  Sb^Se'. 

Il  senjble  bien  que  le  produit  de  composition  Sij'Se"'  est  un  composé  défini  :  en  tous 
cas  il  n'y  a  pas  eu  mise  en  liberté  d'antimoine.  F.n  effet  ce  produit  chauffé  à  Sjo"  dans 
un  courant  de  gaz  inerte  se  volatilise  complètement  sans  qu'jl  reste  le  moindre  résidu 
dans  la  nacelle  et  le  produit  sublimé  a  toujours  l'aspect  d'une  masse  métallique  fondue 
dont  la  composition  n'a  pas  varié.  De  plus  ce  produit  est  lui-même  réductible  par  l'Iiy- 
drogène  au  rouge,  jnaij,  sans  avoir  mesuré  exactement  la  vitesse  de  la  réduction,  j'ai 
cependant  observé  qu'elle  a  complètement  changé.  Kn  i''  ,  i^''  de  triséléniure  perd 
8,'i  p.  loo  de  son  poids,  tandis  que,  dans  les  mêmes  conditions  et  pendant  le  même 
temps,  la  perle  du  produit  de  composition  Si)''Se"'  n'est  plus  que  de   i,'^  p.  loo. 

J'ai  pensé  que  la  courbe  de  fusibilité  des  mélanges  d'antimoine  et  de  sélé- 
nium devait  indiquer  l'existence  de  ces  sous-séléniures.  Je  me  suis  servi 
pour  mes  mesures  du  four  électrique  à  enroulement  de  fil  de  nickel;  au 


, 

630  ^fc 

Sb^Se^- 

NI 

\ 

J\î    \ 

\J 

\ 

sp, 

i   ^ 

\ 

A 

V, 

)\ 

\, 

N 

SI 

Se 

1 

V 

1 

""^^ 

^ 

V 

y 

,/ 

* 

i.^' 

<;■ 

V 

+ 

500 

10 


20  30  UO  50 

centi'e  un  tube  de  bohème  où  se  faisaient  les  dissolutions  dans  une  atmo- 
sphère de  gaz  carbonique  était  entouré  d'un  tube  de  fer  très  épais.  Les 
températures  étaient  prises  avec  un  couple  gradué  entre  les  températures 
d'ébuUition  du  soufre  [445'  +  (H  —  760)0,09]  et  du  sélénium  [690°  -f- 
(H  —  760)0,1  ]. 

La  température  de  fusion  de  l'antimoine  donnée  dans  ces  conditions  par 
deux  expériences  très  concordantes  avec  deux  échantillons  d'antimoine 
pur  d'origines  1res  différentes  a  été  de  6:'.8°.  La  dernière  détermination  duo 
à  Krafft  est  de  620°. 

Pour  l'étiulc  des  dissolutions,  j'ai  toujours  fait  l'analyse  du  produit  sur 
deux  échaiililions,  l'un  pris  dans  la  partie  moyenne  immédiatement  au  con- 
tact de  la  soudure,  l'autre  pris  dans  l'exlrémité  inférieure. 


SÉANCE    DU     II     JlIN     1906.  l34l 

Les  résultais  (|iie  j'ai  oljteniis  sonl  représentés  par  une  tourbe  (|iii 
indi(iue  nettement  Texislence  de  trois  nouvelles  combinaisons  de  l'anti- 
moine et  du  sélénium  :  le  monoséléniure  SbSe,  le  sous-séléniure  Sb'Se"  ou 
S'bSe',  2SbSe  et  le  séléniure  salin  Sb'^Se*  ou  SlrSe^,  SbSe. 

Le  séléniure  salin  s'obtient  bien  dans  la  réduction  par  l'iiydrugène  du  triséléniure,  il 
se  sublime  en  très  belles  aiguilles,  niais  toujours  en  quantité  iiilinie.  Le  sous-séléniure 
Sb'Se"  est  au  contraire  obtenu  très  tacilenicnt  dans  cette  réduction. 

Quant  au  monoséléniure  il  faudrait,  pour  lobtenir  ainsi,  un  temps  très  long;  il  est 
lui-même  réduit  par  l'hydrogène,  mais  avec  une  vitesse  extrêmement  faible.  Pendant 
1''  et  dans  des  conditions  semblables  aux  j)récédentes,  i^''  de  monoséléniure  perd 
0,3  p.  loo  de  son  poids.  La  vitesses  approximatives  de  réduction  des  trois  séléniures 
Sb'Se^,  Sb'Se°  et  SbSe  peuvent  se  représenter  par  les  nombres  -iS  ;  \,'i  et  i . 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  i'alkiqiic  du  [AcUinepar  racide sidfuiiquc. 
Note  de  iNL  L.  Qri:.\.\i:ssi:.\,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

L  action  de  1  aciile  sulfiiri(|ue  sur  le  platine  a  donné  lieu  à  de  nombreux 
mémoires;  parmi  les  plus  importants,  on  peut  citer  ceux  de  Scheurer- 
Kestner  ('j  etConroy(").  Le  premier  admettait  cpie  la  ])résence  des  produits 
nitreux  hâtait  la  dissolution  du  platine  dans  l'acide  siilfurique,  le  second 
au  contraire  leur  attribuait  une  action  retardatrice. 

Tout  récemment,  M.  Delépine  f)  a  signalé  une  attacpie  du  métal  notable- 
ment plus  élevée  que  celle  ([n'indiquent  les  chiffres  donnés  par  Scheurer- 
Kestner  ;  de  plus,  d'après  ses  oliservations,  l'addition  d'acide  azoti(]ue  à 
l'acide  suU'urique  n'inlluerait  nullement  sur  la  vitesse  d'atta(pie. 

La  (pu>stion  ne  me  paraissant  pas  plus  résolue  (|u'auparavant,  j'ai  donc 
entrepris  avec  l'acide  suU'urique  pur  un  certain  nombre  do  recherches 
dont  les  résultats  jetteront  un  jour  nouveau  sur  ce  problème  qui  a  inté- 
ressé à  \\\\  si  haut  point  la  grande  industrie  chimique. 

Après  avoir  vériiié  par  le  sulfate  ferreux  et  aussi  par  la  diphén^iumiae  (pie  l'acide 
sulfurique  employé  était  enlièreuient  exempt  de  produils  nitreux,  j'ai  tout  d'abord  étudié 
l'action  de  l'acide  à  1)1  p.   100  de  SO'H-  sur  le  platine  du  commerce.  Dans  ce  but,  j'ai  pris 

(')  SciUiCHKIi-KlisTNIili,  Comptes  rendus,  L  LWXM.  i.S;S,p.  inHi.BiiU.  Soc.  C/iim.  [1) 
t.  XXIV  iS;"),  p.  ,5(11.  //;/(/..  t.  XXX.  i.S;,S,  p.  ■i.S,  C(>mj)les  rendus,  t.  XCI,  1S80, 
p.   j;). 

(-)  J.  T.  CoMiOV,  Joiirn.  .Soc.   Chiiii.  [nd.,  t.  XXll,    ujoS.  p.    l'Jj. 

('')  M.  DELliiM.Nli,  Comptes  rendus,  t.  ÇXIjL   iMoJ,  p.  S'i()  et  [>.   loi'j. 


l'Mi2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

du  métal  servant  à  confectionner  les  vases  à  concentrer  cet  acide  et,  de  plus,  j'ai  exagéré 
à  dessein  la  température  en  dépassant  notalïlement  le  maximum  de  'iSS"  atteint  dans 
l'industrie,  pour  obtenir  l'acide  à  y'i  p.  loo  de  nionohydrate.  Et  pour  finir  j'ai  répété' les 
méraes  essais  avec  du  platine  pur  que  j'ai  spécialement  préparé  à  cette  occasion.  D'autre 
part,  pour  écarter  l'action  sur  le  platine  du  sulfate  acide  de  potassium  utilisé  par 
M.  Delépine  en  vue  délever  le  point  d  ébuUilion,  j'ai  opéré  en  tube  scellé  entre  3go  et 
4oo°.  Sainte-Claire  Deville^')  a  du  reste  indiqué  que  ce  sel  attaquait  le  platine  au  niveau 
de  la  zone  d'air. 

Les  résultats  de  ces  divers  essais,  qui  tous  ont  eu  une  durée  égale  à  9''  vers  400°,  ont 
été  donnés  en  rapportant  l'attaque  à  un  décimètre  carré  de  métal  pendant  i''  (So*^"-  sur 
chaque  face). 

Avec  le  platine  du  commerce  la  chauffe  a  été  faite  :  1°  Dans  le  vide  et  a'  dans  une 
atmosphère  d'oxygène. 

Dans  le  vide,  l'attaque  a  été  de  o8'',o()i  par  décimètre-heure  et  dans  l'oxygène  de 
08'',  i.2'i,  dans  cette  deuxième  expérience,  à  1  ouverture  du  tube,  j'ai  en  outre  constaté  un 
vide  partiel  correspondant  à  )5  millimètres  de  mercure  pour  le  volume  du  tube  que  j'ai 
employé.  Il  y  a  donc  eu  une  absorption  d'oxjgène. 

Avec  le  platine  pur,  dans  les  mêmes  conditions,  les  résultats  ont  été  les  suivants  : 

Dans  le  tube  rempli  d'oyygène,  l'attaque  n'a  plus  été  que  de  o^^o-^a-  par  décimètre- 
heure  et  dans  celui  où  le  vide  avait  été  fait  (>6'',ooo6. 

Dans  ces  quatre  essais  les  lames  de  métal  avaient  été  enroulées  en  spirale;  j'ai  pu  alors 
constater  que  [seules  les  parties  immergées  dans  l'acide  avaient  été  attaquées,  les  sur- 
faces restées  en  dehors  du  liquide  ayant  conservé  tout  leur  brillant. 

Le  platine  du  commerce  est  fortement  moiré,  tandis  que  le  métal  pur  n'est  que 
décapé. 

Ces  faits  établis,  j'ai  continué  ces  recherches  exclusivement  avec  du 
platine  /'///',  en  présence  d'acide  à  différents  degrés  de  concentration  et 
dans  le  vide  seulement,  l'intervention  de  l'o.xygène  ayant  été  nettement 
établie  parles  premiers  essais. 

Avec  l'acide  SO''H-  contenant  un  excès  d'anhydride  (environ  1  p.  100)  l'attaque  a  été 
de  oB',o'2(i5  par  décimètre-heure,  sensiblement  la  même  que  celle  du  métal  pur  dans 
l'oxygène  et,  à  I  ouverture  du  tube,  j'ai  constaté  nettement  la  présence  d'acide  sulfureux, 
ainsi  que  dans  les  deu.i  expériences  suivantes. 

Avec  de  l'acide  titrant  y8,6  p.  100  SO''  II-  l'attaque  a  été  de  o^',w)'-j(>  par  décimètre- 
heure  tandis  qu'avec  de  l'acide  à  g6,y5  p.  nx)  la  perte  na  été  que  de  ot''',ooi4.  Dans 
cette  dernière  expérience  la  température  *  été  accidentellement,  pendant  1''  environ, 
portée  à  45o°. 

En  résumé,  je  peux  conclure  que   dans  les  premiers  cas,  avec  un  acide 

(')  CoMiilé  InlrrnaticiiKil  des  Poids  cl  Mesures.  Procès  vcrbau.r  de  1877,  p.  i()8. 


SÉANCE    DU     1  I     JUIN'     I906.  l343 

tel  que  celui  qui  est  livré  au  commerce  par  l'industrie,  c'est  l'oxygène  de 
l'air  qui  intervient  comme  agent  oxydant  ;  tandis  qu'avec  l'acide  sulfu- 
rique  à  titre  élevé  en  l'absence  d'oxygène  libre,  c'est  l'anliydride  sulfurique 
en  solution  dans  l'acide  sulfurique  qui  fournit  l'oxygène  nécessaire  à 
l'oxydation,  par  suite  d'un  phénomène  de  même  genre  que  celui  qui  sert  à 
la  préparation  de  l'anhydride  sulfureux  avec  les  métaux  communs;  le 
mécanisme  peut  en  effet  se  comprendre  si  l'on  se  reporte  aux  travaux  de 
Dittmar  (')  sur  la  dissociation  de  SO'H"  en  SO'  +  H'O  dans  les  acides 
sulfuriques  à  titre  très  élevé. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Le  chlovage  de  la  laine.  Note  iVOI.  Léo  Vi«.\ox 
et  J.  MOLI..VHD,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

Le  chlorage  de  la  laine  est  une  opération  pratiquée  en  teinture  et  en 
impression. 

Nous  avons  étudié  méthodiquement  l'action  du  chlore  gazeux,  de  l'eau 
de  chlore,  et  du  chlorure  de  chaux  sur  la  laine  :  Les  expériences  ont  été 
faites  dans  des  conditions  déterminées  et  différentes,  en  précisant  les 
modifications  chimiques  et  physiques  apportées  aux  ju'opriétés  initiales  de 
la  laine  par  chaque  traitement. 

\.  Chlore  gazeux.  —  Nous  avons  l'ait  agir  le  gaz  chlore  sec  et  luuiiide  à  la  tempéralure 
ordinaire  et  à  So",  pendant  des  temps  diiférents,  sur  de  laine  blanche  lilée.et  dégraissée. 
Voici  les  résultats  obtenus  : 

Cl   SEC  Cl   HUMIDE 

liFFETS    PUODUITS'  • — — ^ —     — — ■ 

a4  11.  à  1,5"  2  ti,  à  5o"  24  h.  à  i')"  2  h.  à  :"ioo 

Couleur Jaune  verte.  Jaune  verle.  Jaune  verte.  Jaune  verte. 

Poids  augmentation i3,4p.2oo  â.37  12,01  7, '5 

Elasticité  ^   Témoin i,44  0,64  0,64  0,58 

Ténacité  (  pris  pour  i o,-/i  0,66  0,62  0,67 

Chlore  fi.\é 6,64  6.83  6,01  5,87 

Teinture Améliorée.  Améliorée.  Améliorée.  Améliorée. 

Feutrage Subsiste.  Subsiste.  Subsiste.  Subsiste. 

Perte  de  poids  après  teinture.    ...  —  —  20,74-24,38 

Les  propriétés  tinctoriales  ont  été  appréciées  par  rapport  à  un  témoin;  en  teignant  les 
écheveaux  traités  avec  une  matière  colorante  acide  (orangé  I)  et  une  matière  colorante 
basique  (violet  de  méth3'le)  dans  les  4  séries  d'expériences  réalisées,  on  constate  : 

(M  Dittmar,  Joiirn   of  t/ie  Chemical  Society,  (2)  t.  VU,  1869,  p.  44G. 

C.  R.,   igori.'i"  St-meslie.  (T.  CXLII,  N»  24).  I76 


1344 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


l'augmentation  des  poids  et  des  aptitudes  tinctoriales,  la  iixation  de  6  à  7  p.  100  de 
chlore  qu'on  retrouve  à  l'état  d'HCl  et  de  Cl  libre,  la  diminution  de  l'élasticité  et  de  la 
ténacité  (sauf  dans  un  cas),  la  conservation  des  propriétés  feutrantes.  Le  chlore  agit 
plus  ou  moins  suivant  la  durée  et  la  température  de  l'action  :  en  présence  dune  quan- 
tité d'eau  suffisante,  il  y  a  dissolution  complète  de  la  laine. 

II.  Eau  de  clilorc.  —  Nous  avons  étudié  l'action  de  l'eau  de  chlore  renfermant  o,'|0  à 
o,5o  de  Cl  actif  pour  100°",  en  milieu  neutre,  milieu  alcalin  (NaOHj  et  milieu  acide  (HGl)  : 
Résultats 


MILIEU 

KEUTRF, 


MILIEU 
ALCALIN 


MILIEU 
ACIDE 


Couloui' Jaune.  Jaune.  Jaune. 

Poids  diminution 9;73  4.6-20,70  3,o6-4,4J 

Cl  fixé 12,63  1,33-0,89  io,o5-i3,29 

Élasticité  (  type  pris o,23  0,56-0,28  0,20 

Ténacité    I   pour  i 0,18  o,66-o,3i  0,10 

Teinture .Mauvaise.  Améliorée.  Mauvaise. 

Diminution  do  poids  après  teinture  ...  —  — ■  43,2-45,2 

III.  Chlorure  de  chaux .  —  La  laine  a  été  traitée  par  un  bain  acide  HCl  à  i  1/2  p.  100 
pendant  io  minutes,  une  solution  de  chlorure  de  chaux  à  i  p.  100  pendant  60  minutes, 
une  nouvelle  immersion  au  bain  acide  pendant  20  minutes,  on  l'a  ensuite  essorée,  lavée 
et  séchée  à  l'air.  Quelques  échantillons  ont  été  traités  au  bisulfite  de  sodium. 

Nous  avons  examiné  aussi  de  la  laine  passée  seulement  en  bain  acide.  Résultats  : 

LAINE    CHLORÉE 
LAINE  AKIDÉlî  LAINE  CHLORÉE  ET  SULFITÉE  TÉMOIN 

.\spcct Blanc.  Jaune.  Blanc-jaunàli'e.  Blanc. 

Diminution  de  poids  p.  100.            0,41  10,11  '    9,17                      o 

Elasticité  p.  100 Gain22,8')  I'erU'8,56  Perle  10                  o 

Ténacité  p.   100 Gainig.io  Gain  o, 58  Perle  11,6                o 

Chlore   fixé  p.   100  ....             1,01  1,24  o,33                       o 

La  laine  chlorée  noircit  par  l'amidon  ioduré.  La  laine  chlorée  et  la  laine  chlorée  et 
sulfitée  se  mouillent  beaucoup  plus  facilement,  se  teignent  en  nuances  plus  foncées  et 
plus  brillantes  et  se  rétrécissent  beaucoup  moins  que  les  témoins. 

En  effet,  après  teinture  on  observe  que  : 

La  laine  l'hlorée  a  perdu  (>  p.   100  de  sa  longueur  initiale 

—  chlorée  et  sulfitée     —  o      —  — 

—  acidée  —  i  '1      —  — 

—  témoin  —  20      —  — 


En  résume,  le  chlore  en  agissant  sur  la   laine  la  modifie  et  peut  la  dis- 
soudre :  dans  des  conditions  déterminées,  il  lui  donne  des  propriétés  non- 


SKANCK     bl       II      JUIN      1()()G.  l3/i) 

velles.  En  particulier,  elle  perd  lo  p.  loo  de  son  ])oids,  se  teint  plus 
facilement  en  donnant  des  nuances  plus  foncées  et  plus  brillantes.  Elle 
devient  sensiblement  irrétrécissable. 

Dans  les  opérations  industrielles,  le  chlore  ne  paraît  pas  fixé  ;  il  agit 
comme  réactif  et  semble  avoir  détruit  les  parties  saillantes  des  écailles  et 
diminuer  par  suite  l'aptitude  au  feutrage  et  au  rétrécissement.  En  même 
temps,  la  rupture  de  certaines  liaisons  d'amino-acides  peut  rendre  compte 
de  l'accroissement  des  propriétés  tinctoriales  par  l'augmentation  des 
fonctions  acides  et  basiques. 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Le  dosage  des  matières  albumiuoïdes  et  gélati- 
neuses au  moyen  de  l'acétone.  Note  de  MM.  F.  Bokuas  et  Tol'1»lai\, 
présentée  par  M.  d'Artonval. 

Dans  nos  recherches  sur  les  principales  matières  albuminoïdes,  albumine 
d'œuf,  fibrine  et  caséine,  ainsi  que  les  substances  gélatineuses,  nous  avons 
constaté  que  tontes  ces  substances  étaient  complètement  insolubles  dans 
l'acétone  pure,  ou  diluée  en  proportion  convenable  avec  de  l'eau.  Les  dias- 
tases  et  les  peptones  sont  également  précipitées  par  l'acétone. 

Ces  dilférentes  précipitations  se  font  à  froid  et  les  liquides  séparés  des 
précipités  par  centrifugation  ne  contiennent  plus  trace  de  matières  azotées 
et  ne  donnent  rien  avec  les  réactifs  les  plus  sensibles  des  matières  albu- 
minoïdes. 

La  propriété  de  l'acétone  que  nous  venons  d'indiquer  jointe  à  sa  solubi- 
lité dans  l'eau  et  à  son  pouvoir  dissolvant  de  la  plupart  des  matières  grasses 
et  résineuses  nous  a  permis  d'en  déduire,  dans  un  grand  nombre  de  cas, 
une  technique  facile  poqr  doser  les  matières  albuminoïdes  et  gélatineuses 
contenues  dans  des  émidsions  aqueuses  de  graisses  ou  de  résines  :  comme 
par  exemple  dans  les  différentes  matières  alimentaires,  dans  plusieurs 
produits  industriels  tels  que  peintures  à  l'eau  à  base  de  caséine,  pâtes  pour 
polygraphes,  enduits  pour  papiers,  etc. 

En  effet,  l'emploi  de  l'acétone  aqueuse  permet  non  seulement  de  préci- 
piter les  substances  albuminoïdes  des  gélatineuses,  mais  encore  de  leur 
enlever  les  graisses,  huiles  des  résines,  sels  solubles  qu'elles  contiennent 
et  cela  sans  recourir  à  des  dessiccations  préalables  toujours  longues. 

On  ne  doit  faire  agir  l'acétone  que  sur  des  liquides  albumineux  ou  gela- 


l346  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lineiix  reiuUis  neutres  ou  n'ayant  ([u'une  réaction  légèrement  acide  ou  alca- 
line. 

Voici  par  exemple  en  prenant  comme  types  de  ce  genre  de  dosage  les 
substances  alimentaires  suivantes,  beurre,  fromage,  lait,  la  façon  de  doser 
les  matières  aljjuminoïdes  qu'elles  contiennent. 

Beurre.  — •  On  épuise  lo^'  de  beurre  par  de  l'acétone  pure,  on  traite  ensuite  le  résidu 
par  de  l'acétone  aqueuse  qui  laisse  la  caséine;  son  poids  diminué  de  celui  de  ses  cendres 
donne  la  quantité  de  caséine  contenue  dans  106'' de  beurre. 

Fromages.  —  On  délaye  environ  ■i.^'  de  fromage  dans  5  à  lo"^"^  d'eau  suivant  la  nature 
de  l'échantillon.  On  ajoute  par  petites  portions  et  en  agitant  'jo  à  35"^™'*  d'acétone  pure.  La 
totalité  de  la  matière  alinuninoïde  est  ainsi  précipitée.  L'insoluble  est  lavé  à  l'acétone 
diluée  puis  à  l'acétone  pure,  on  pèse  après  déduction  des  cendres  et  on  en  déduit  la  pro- 
portion de  caséine.  Ce  dosage  est  avantageux,  car  les  procédés  en  usage  consistent  à 
doser  la  caséine  dans  les  fromages  par  différence. 

Lait.  —  11  suffit  de  verser  lo™^  (jg  lait  dans  20""'  d'acétone  pure  pour  précipiter 
immédiatement  et  complètement  toutes  les  matières  albuminoïdes.  On  agite  et  le  préci- 
pité, séparé  du  liquide  acétone  par  centrifugation,  est  lavé  à  l'acétone  aqueuse,  puis  à  l'a- 
cétone pure.  Dans  ces  conditions  la  caséine  obtenue  se  dessèche  facilement  et  son  poids 
diminué  de  celui  de  ses  cendres  donne  la  quantité  de  caséine  contenue  dans  lo"^'"^  de  lait. 

Le  priiKMpe  de  ce  dosage  basé  sur  l'emploi  de  l'acétone  ainsi  que  des 
considérations  d'un  autre  ordre  nous  ont  permis  d'aborder  le  contrôle 
rapide  et  simple  des  laits  au  point  de  vue  du  mouillage  ou  de  l'écrémage. 


VITICLLTUUE.  —  Recherches  sur  le  développement  du  Botrytis  Cinerea  cause 
de  la  pourriture  grise  des  raisins.  Note  de  M.  «J.  M.  Guiixox,  présentée 
par  M.  Prillieux. 

La  pourriture  grise  des  raisins  due  au  Botrytis  cinerea  cause  chaque 
année  des  dégâts  considérables.  J'ai  fait  à  la  station  viticole  de  Cognac 
quelques  expériences  do  laboratoire,  afin  d'étudier  le  mode  de  développe- 
ment du  champignon. 

Des  grappes  de  raisins  appartenant  aux  divers  cépages  que  l'on  cultive 
dan§  les  Charentes  et  prises  à  différents  états  de  développement  ont  été 
placées  sous  une  cloche  reposant  sur  une  plaque  de  verre  |)our  maintenir 
un  air  confiné  et  assez  humide.  Un  certain  nombre  de  grains  de  chaque 
espèce  ont  été  piqués  avec  une  aiguille  et,  dans  la  goutte  de  jus  qui  s'échap- 
pait de  la  piqûre,  j'ai  ensemencé  des  spores  de  Botrytis.  La  cloche  était 


SÉANCK    DU     ri     JUIN     I906.  1 347 

laissée  dans  le  laboi-atoire  et  par  conséquent  à  une  température  moyenne 
de  13  à  20°;  deux  heures  après  l'infection,  le  Botnjtis  avait  germé  et  for- 
mait à  la  surface  de  la  goutte  de  moût  un  léger  réseau  de  mycélium,  mais 
le  raisin  n'était  pas  encore  envahi;  erente-six  heures  après,  le  mycélium 
était  pai'venu  au  raisin  qui  présentait  une  tache  circulaire  brune  de  2  ou 
3™'"  de  diamètre. 

D'autre  part,  la  pulj)e  s'était  gonflée  au  point  attaqué  et  la  pellicule  s'était 
déchirée.  Les  cellules  de  la  pellicule  avaient  bruni  et  l'examen  microsco- 
pique montrait  à  leur  intérieur  les  filaments  mycéliens  extrêmement  abon- 
dants, rayonnant  en  étoile  autour  de  la  piqûre  comme  centre.  Les  cellules 
étaient  partiellement  dissociées  et  la  pellicule  n'oifrait  plus  aucune  résis- 
tance. Sur  un  total  de  4^  grains  ainsi  piqués,  29  étaient  infestés  après 
trente-six  heures,  tous  l'étaient  au  bout  de  trois  jours.  Cette  expérience 
a  été  répétée  plusieurs  fois  sur  des  grappes  mûres  et  les  résultats  ont  été 
les  mêmes.  Elle  a  été  également  faite  sur  des  verjus  de  la  plupart  de  ces 
cépages.  Dans  ce  cas  rinfeclion  a  été  un  peu  plus  lente,  mais  s'est  toujours 
produite. 

On  peut  donc  en  conclure  •  que  tout  grain  blessé  sur  lequel  viennent  h 
tomber  quelques  spores  vivantes  de  Botrytis  est  fatalement  appelé  à  pourrir 
au  bout  d'un  temps  variable  de  trente-six  heures  à  trois  jours  après  l'infec- 
tion, si  r humidité  de  l'air  est  suffisante. 

.  Un  autre  essai  a  été  fait  avec  les  mêmes  cépages,  mais  en  utilisant  des  grains  sains  sur 
lesquels  on  avait  déposé  une  goutte  de  moût  stérilisé,  puis  qu'on  avait  ensemencés  avec 
des  spores  de  Botrytis.  Dans  ce  cas,  comme  dans  le  premier,  le  champignon  s'est  rapi- 
dement développé  à  la  surface  de  la  goutte.  Après  /,8''  celle-ci  est  entièrement  recou- 
verte par  le  mycélium,  mais  en  enlevant  le  mycélium  tout  d'une  pièce  avec  la  pointe 
d'une  épingle,  la  pellicule  du  grain  au-dessous  est  absolument  intacte.  La  pellicule 
offre  donc  à  la  pénétration  du  mycélium  un  certain  obstacle,  mais  cet  obstacle  n'est  pas 
insurmontable  comme  nous  allons  le  voir.  Après  4  jours  en  effet,  sur  14  grains  de 
Folle-Blanche  ainsi  ensemencés,  3  sont  infectés  et  montrent  l'épiderme  bruni  suivant 
un  diamètre  de  '>  à  4"""-  i'-*  grains  de  Saint-Emilion  ainsi  traités  sont  tous  infectés.  Sur 
un  certain  nombre  on  reuiarque  le  gonflement  du  grain  au  point  infesté,  gonflement  quia 
amené  la  déchirure  de  la  pellicule.  Le  mycélium  est  extrêmement  abondant  dans  la 
pellicule  brunie  et  rayonne  nettement  autour  de  deux  ou  trois  centres  qui  soiit  proba- 
blement les  points  par  oi^  il  a  pénétré.  Le  sixième  jour  toutes  les  infections  ont  réussi. 
Les  mêmes  expériences  répétées  avec  des  verjus  ont  donné  des  résultats  analogues, 
mais  au  bout  d'un  tenjps  un  peu  plus  long. 

Ces  essais  montrent  que,  lorsque  le  Botrytis  ^e  développe  normalement  au 


1)10  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

contact  d'uit  grain  sain,  il  ai-rive  constamment  à  traverser  Fobstacle  cons- 
titué par  la  pellicule  et  à  contaminer  le  grain. 

Les  mêmes  essais  ont  été  faits  en  déposant  des  gouttes  d"eau  pure  et  en  ensemençant 
les  spores  sur  ces  gouttes  d'eau.  Sur  une  quarantaine  d'ensemencements  faits  en  même 
temps,  un  seul  a  réussi  le  quatrième  jour  sur  un  grain  de  Balzac.  Dans  la  plupart  des 
autres  l'eau  s'est  évaporée  avant  l'infection  et  l'examen  microscopique  a  révélé  la  germi- 
nation des  spores,  mais  un  faible  développement  mycélien.  Si  l'on  mouille  les  parois  de 
la  cloche,  pour  éviter  l'évaporation  de  la  goutte  d'eau  et  assurer  le  maximum  d'humi- 
dité dans  l'air,  des  moisissures  autres  que  le  Botrytis  ne  tardent  pas  à  se  développer 
sur  les  rafles  et  viennent  contrarier  les  essais. 


Afin  de  bien  mettre  en  relief  la  nécessité  de  fournir  un  aliment  au  cham- 
pignon, pour  assurer  son  développement,  en  attendant  qu'il  ait  pu  péné- 
trer au  travers  de  la  pellicule,  j'ai  installé  des  essais  analogues  en  mettant 
sur  les  grains  une  goutte  d'eau  pure  ensemencée  de  spores,  puis  en 
déposant  sur  celle-ci  un  fragment  de  feuille,  une  tranche  de  pétiole,  un 
fragment  de  pellicule  de  raisin,  préalablement  tués  et  stérilisés  par  une 
courte  immersion  dans  l'eau. 

Ces  débris  étaient  destinés  à  servir  d'aliment  provisoire  au  champignon. 
Malgré  quelques  échecs,  dus  soit  au  développement  d'autres  moisissures, 
soit  au  dessèchement  de  la  goutte  d'eau,  la  plupart  des  infections  ainsi 
tentées  ont  réussi. 

Enfin  j'ai  voulu  essayer  l'infection  indirecte,  en  plaçant  côte  à  côte,  soit 
en  contact,  soit  à  une  faible  distance  (i"""  environ),  deux  grains  dont 
l'un  était  infecté  par  piqûre  et  l'autre  absolument  sain.  Dans  ces  condi- 
tions et  dans  l'air  confiné,  le  grain  infecté  par  piqûre  est  rapidement  pourri 
entièrement.  Le  mycélium  se  développe  à  la  foi.s_  à  son  intérieur  et  èi  sa 
surface.  Des  filaments  se  dressent  jusqu'à  une  certaine  distance  et  l'en- 
tourent comme  une  toile  d'araignée.  Lorsque  ces  filaments  arrivent  au 
contact  du  grain  sain,  ils  s'y  appliquent,  se  développent  à  sa  surface  et  ne 
tardent  pas  à  pénétrer  à  son  intérieur  et  à  l'infecter  à  son  tour.  Lorsque 
les  grains  sont  en  contact,  l'infection  par  approche  est  très  facile.  Lors- 
qu'ils sont  un  peu  éloignés,  elle  ne  peut  se  produire  que  si  l'air  de  la 
cloche  est  très  humide  et  absolument  calme.  Si  l'on  vient  à  soulever  la 
cloche  pendant  quelques  instants,  on  voit  les  filaments  mycéliens  se  llétrir 
et  se  courber,  avant  d'avoir  atteint  le  grain  voisin. 

L'infection  de  proclie  en  proche  ne  peut  donc  se  faire  que  pour  les  grains 


SÉANCE    DU     II     JUIN     1906.  1349 

en  coalact  ;  elle  est  à  peu  près  impossible  en  raison  de  l'agitation  de  l'air  à 
une  certaine  distance. 

En  résumé,  lorsque  les  conditions  sont  favorables,  les  grains  de  raisin 
fendus  ou  blessés  par  une  cause  quelconque  (grêle,  piqûres  d'insectes,  etc.) 
sont  très  rapidement  envahis  par  la  pourriture,  mais  l'envahissement  peut 
également  se  produire  sur  les  grains  absolument  sains,  non  endommagés 
et  quel  que  soit  leur  état  de  maturité. 

La  sécheresse  de  l'air  peut  enrayer  le  développement  de  la  pourriture, 
mais  les  débris  de  matières  organiques,  en  servant  d'aliment  au  Botrytis, 
peuvent  permettre  à  ce  dernier  de  continuer  son  action.  Fréquemment  les 
grains  pourris  dans  une  grappe  forment  comme  un  fourreau  autour  d'un 
débris  de  pétiole  ou  de  feuille. 

Enfin,  l'infection  de  proche  en  proche  explique  pourquoi  la  pourriture 
gagne  rapidement  dans  les  grappes  serrées,  comme  la  Folle-Blanche.  Elle 
s'étend  peu  sur  ceux  à  grains  plus  espacés,  comme  le  Golombard  et 
quand  elle  y  apparaît  elle  est  souvent  limitée  à  des  grains  isolés. 

ZOOLOGUî.    —    Noie   sur   les   Néniertiens    h  a  thy  pélagique  s    recueillis   par 
S.  A.  le  Prince  de  Monaco.  Note  de  Isl.  L.  Joritix. 

Au  cours  des  dernières  croisières  océanographiques  de  S.  A.  le  Prince 
de  Monaco,  plusieurs  Némertiens  bathypélagiques  ont  été  capturés  dans  les 
parages  des  iles  Acores  et  Canaries  et  dans  la  mer  des  Sargasses.  Ils  ont 
été  pris  entre  la  surface  et  4000"'  de  profondeur;  en  outre  une  espèce  a 
été  recueillie  au  nord  de  l'Islande  par  i)3io"'. 

Les  Némertiens  bathypélagiques  actuellement  décrits  se  réduisent  à 
six  espèces,  réparties  dans  quatre  genres  et  sont  représentés  par  des 
échantillons  souvent  uniques  et  dont  par  conséquent  on  ignore  presque 
complètement  la  structure  ;  aussi  les  captures  du  Prince  de  Monaco  sont- 
elles  fort  intéressantes  parce  qu'elles  accroissent  beaucoup  l'étendue  de 
nos  connaissances  sur  ces  animaux.  La  plupart  de  ces  Némertiens  sont 
cependant  représentés  par  un  trop  petit  nomlire  d'échantillons  pour  qu'il 
ait  été  possible  d'en  faire  une  étude  complète  qui  aurait  nécessité  leur 
destruction.  Il  est  probable  d'ailleurs  que  cette  lacune  sera  prochainement 
comblée;  en  effet  depuis  que  l'on  se  sert  des  grands  filets  de  i5  et  aS"' 
d'ouverture,  le  nombre  des  espèces  a  triplé  et  est  actuellement  de  quinze. 

L'étude  de  ces  animaux  m'a  pei'mis  de  les  répartir  dans  trois  des  quatre 


l35o  ACADÉMIE    DES    SGIE?iCES. 

genresconnus.  Je  rattacheau  genre /'/r////<'/07K'we/7^5Woodworthsix  espèces 
nouvelles  de  formes  et  de  tailles  variées,  dont  le  corps  est  dépourvu  de 
cirrhes  latéraux  et  la  trompe  de  bidbe  stylifère.  Elles  sont  en  partie  trans- 
parentes. Parmi  ces  espèces  je  signalerai  seulement  P.  Griinaldii  d'un 
rouge  écarlate,  dont  le  corps  large  et  épais  atteint  4"""  de  long  sur  i""  de 
large  et  porte  deux  rangées  ventrales  de  i5  pores  génitaux.  L'organisa- 
tion de  la  musculature  très  réduite,  la  position  du  système  nerveux,  les 
relations  de  la  bouche  avec  Forifice  de  la  trompe  montrent  une  parenté 
très  étroite  avec  les  Némertiens  armés  qui  vivent  près  des  côtes;  mais  il 
leur  manque  l'appareil  slylifcre  essentiel  de  la  trompe.  L'étude  des  gan- 
glions cérébraux  m'a  permis  de  constater  l'absence  complète,  non  seule- 
ment chez  celte  Némerte,  mais  chez  toutes  les  autres,  des  organes  sensitil's 
spéciaux  que  l'on  trouve  chez  toutes  les  Némerles  non  pélagiques. 

A  ce  même  genre  appartient  une  grande  espèce,  P.  Alberti,  qui  a  près 
de  io'°'  de  long  sur  3  de  large,  provenant  du  nord  de  l'Islande.  G'estla  pre- 
mière fois  que  l'on  trouve  une  Némerte  pélagique  à  une  latitude  aussi  élevée. 
J'ai  pu  faire  diverses  observations  anatomiques  sur  cet  animal  qui  est  très 
transparent.  Une  autre  espèce,  P.  zonata,  avait  le  corps  cerclé  de  bandes 
alternativement  jaunes  et  brunes  ;  une  quatrième,  P.  rlioinboidalis,  courte, 
plate  et  transparente,  montrait  tout  son  système  nerveux  coloré  en  rouge 
vif. 

Au  genre  Nectoiienicrtes  créé  par  Verrill  pour  une  seule  espèce,  je  rat- 
tache trois  espèces  nouvelles  caractérisées  par  des  cirrhes  latéraux  de 
taille  variable,  très  courts  chez  .V.  Cluivesi,  où  j'ai  constaté  que  la  trompe 
contient  un  appareil  slylifère  avec  sa  musculature,  ses  glandes,  le  support 
du  stylet;  il  n'y  manque  que  le  stylet,  qui,  probablement  calcaire,  a  dû 
êti'e  dissous  par  le  formol  oii  l'animal  était  conservé.  Verrill  a  fait  une  obser- 
vation analogue  sur  l'espèce  qu'il  a  décrite.  Une  autre  espèce,  N.  Griinaldii, 
capturée  entre  les  Açores  et  les  Canaries,  a  environ  3'^™  de  long  ;  elle  est 
presque  opaque,  pourvue  d'un  système  nerveux  rouge,  d'une  nageoire  cau- 
dale et  d'une  paire  de  cirrhes  de  7  à  8'"™  ;  chez  une  troisième,  A',  lobata, 
les  cirrhes  très  grêles  sont  aussi  longs  que  le  corps  mince  et  transparent. 

Le  genre  Pvlagoiicmeiies  JMoseley  n'est  connu  jusqu'ici  que  par  deux 
espèces,  représentées  chacune  par  un  seul  échantillon  provenant  de  l'Ex- 
pédition du  Challenger.  J'enïù  trouvé  une  autre  espèce,  P.  Richardi,  dont 
le  corps  foliacé,  transparent,  très  large  et  arrondi  en  avant,  contient  un 
intestin  rameux  d'un  rousfe  extrêmement  vil. 


SÉANCE    DU     II     JUIN     I906.  l35l 

Il  est  impossible,  dans  une  aussi  courte  Note,  de  donner  des  indications 
plus  précises  sur  les  caractères  spécifiques  et  anatomiques  de  ces  dix  nou- 
velles Némertes  bathypélagiques  ;  on  les  trouvera  décrites  et  représentées 
dans  une  publication  très  prochaine. 

EMBRYOGÉNIE.  —  Imprégnation  et  fécondation.  Note  de  M.  E.  B.4.t.villo.\, 
présentée  par  M.  Yves  Delage. 

La  pénétration  du  spermatozoïde  dans  l'œul  n'aboutit  pas  toujours  à  une 
conjugaison  nucléaire'immédiate.  Dans  la  fécondation  de  rœnf  d'oursin, 
Boveri  a  signalé  le  cas  où  le  spermocentre  gagne  du  terrain  et  arrive  au 
contact  du  pronucleus  femelle  qu'il  actionne  seul.  Le  noyau  mâle,  resté  eu 
arrière,  se  trouve  isolé  dans  l'un  des  blastomères  oii  il  pourra  se  conju- 
guer avec  le  noyau  fils  femelle  correspondant.  C'est  la  f<:conclation  par- 
tielle, mais  c'est  encore  la  fécondation. 

L'imprégnation  se  trouve  mieux  isolée  lorsqu'elle  n'est  suivie  d'aucune 
amphimixie  saisissable,  lorsque  le  matériel  qui  pénètre  ne  se  prête  pas  à 
l'addition  spécifique  et  perd  sa  morphologie.  Mais  il  y  a  là  autre  chose 
qu'une  question  de  définition.  Si,  comme  je  l'ai  suggéré  ailleurs,  l'intro- 
duction des  matériels  mâles,  chromatique  et  caryoplasmique,  augmente  la 
concentration  et,  consécutivement,  la  turgescence  de  l'œuf,  les  seuls  élé- 
ments chimiques  d'un  spermatozoïde  détruit  ne  réaliseront-ils  pas  les  con- 
ditions d'une  segmentation  parthénogenésique  ? 

Voici  des  faits  relevés  au  cours  d'une  étude  longue  et  délicate  sur  les 
croisements  entre  Amphibiens.  Mettons  des  œufs  utérins  de  Pelodytes 
punclatus  en  contact  de  sperme  varié  [Rana  lemporaria.,  Bufo  viilgaris, 
Bufo  calaniita.,  Triton  a/pestris,  Triton  palmatus).  Aucun  des  lots  n'abou- 
tira à  une  évolution  régulière.  Et  pourtant  le  sperme  de  Pelodytes  féconde 
par  exemple  les  œufs  de  Bufo  i'iilgaris;  j'ai  tiré  des  têtards  de  cette  asso- 
ciation. Ici  donc,  comme  on  l'a  signalé  chez  certains  végétaux,  //  n'y  a  pas 
réciprocité  dans  les  croisements. 

^lais,  dans  l'expérience  complexe  indiquée  ci-dessus,  un  lot  et  un  seul 
a  subi  l'imprégnation,  c'est  la  combinaison  Pelodytes  9  ,  Triton  alpestris  cf. 
Au  bout  d'une  demi-heure  ou  trois  cjuarts  d'heure,  tous  les  œufs  de  ce  lot 
ont  subi  la  rotation  qui  fixe  supérieurement  le  pôle  pigmenté;  tous  ces 
œufs  sans  exception  dépriment  leur  hémisphère  animal,  exactement  comme 
les  témoins  du  type  pur  avant  la  première  incision  ;  tous  ces  œufs  enfin 

C.  R.,  1906,  1"  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  34.)  •  177 


l352  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

subissent  une  division  irrégiilière,  mais  en  retard  de  a''  environ  sur  la  seg- 
mentation normale.  Dans  les  autres  lots,  l'orientation  de  la  calotte  pig- 
mentée est  restée  quelconque  et  aucun  mouvement  ne  s'est  produit.  Cette 
opération  a  été  répétée  six  fois  :  le  résultat  s'est  montré  d'une  remarquable 
constance. 

Avant  de  quitter  les  mouvements  externes,  je  dois  m'arrèter  sur  l'action 
physique  des  fixateurs  qui  fournit  un  argument  topique  à  l'appui  de  mon 
interprétation. 

Si  la  turgescence  de  l'œuf  s'accroît,  elle  pourra  se  traduire  par  des  défor- 
mations localisées,  au  contact  d'un  liquide  trop  faible  dans  les  cas  de  coa- 
gulation lente. 

La  liqueur  chromo-acétique  (acide  chromique  à  i  p.  loo  :  90  ;  acide  acé- 
tique :  10),  que  j'emploie  avec  succès  pour  les  œufs  de  Rana  temporaria 
et  de  Bufo  uidgrifis,  ne  réussit  pas  du  tout  jusqu'au  clivage  avec  ceux  de 
Pelodytes  et  de  B.  calamlla.  La  couche  plasmatique  périphérique  se  soulève 
au  pôle  animal  contre  la  membrane  vitelline,  dessinant  une  pustule  plus  ou 
moins  volumineuse.  La  déformation  est  surtout  marquée  entre  trois  quarts 
d'heure  et  i''  3/4-  Elle  disparaît  avec  l'acide  chromique  à  2  p.  100  ou  la 
liqueur  de  Flemming  forte.  Seuls  Les  œufs  imprégnés  présentent  ce  phéno- 
mène et,  seul  parmi  toutes  les  combinaisons  mentionnées  tout  à  l'heure,  le 
croisement  Triton  alpestris  çfy<^Peloclyte  9  montrait  d'énormes  hernies  sur 
tous  les  œufs. 

C'est  un  véritable  réactif  de  l'imprégnation  pour  les  œufs  de  Pelodyte  et 
de  B.  calamité  et  ces  déformations  constantes  me  guidaient  pour  la  fixa- 
tion des  matériaux  d'études  :  dans  mes  tentatives  ultérieures,  je  cessais  de 
prélever  des  œufs  sur  les  lots  qui  ne  les  montraient  pas. 

L'examen  cytologique  m'a  permis  d'observer  dans  ce  curieux  croisement  Pelodyte- 
Triton  la  pénétration  du  spermatozoïde  qui,  au  bout  d'un  quart  d  lieure  fet  tout  en  gardant 
sa  forme  ondulée)  se  montre  déjà  gonflé  et  comme  vacuolisé  dans  le  plasma  phériphé- 
rique  de  l'œuf,  au  bord  de  la  calotte  animale. 

Exactement  au  sommet  de  cette  calotte,  la  deuxième  figure  polaire  est  encore  en  méta- 
phase  :  le  deuxième  globule  n'est  émis  qu'au  bout  d  une  heure  ou  davantage,  mais  après 
trois  quarts  d'heure  ou  une  heure  il  est  impossible  de  trouver  trace  de  l'élément  mâle  à  un 
moment  où,  sur  les  fécondés  du  type  pur,  lepronucleus  avec  son  aster  va  à  la  rencontre 
du  noyau  femelle.  Le  pronucleus  femelle  s'observe  seul  et,  au  bout  de  '5''i/.i  seulement, 
quand  les  témoins  sont  déjà  au  stade  8,  il  paraît  entrer  en  mouvement,  jusque-là,  il  n'y 
a  pas  trace  de  condensation  hyaloplasmiquc  ni  d'aster.  L'évolution  ultérieure  procé- 
dant cxactemenl  suivant  le  type  de  la  segmentation  parthénogenésique,  les  asters  qui 


SÉANCE     DU     I  I     JUIN     I90G.  l353 

la  désignent  sont  des  cytasters  I ormes  de  no\'o  par  le  hyaloplasma.  L'éiniettement  est 
toujours  très  limité  ;  au  bout  de  24''  les  cloisons  s'effacent  et  la  surface  se  régularise. 
Les  œufs  de  Bafo  Calainita  imprégnés  par  le  même  sperme  de  Triton  se  comportent 
identiquement  au  fond.  Toutefois  je  décrirai  là  des  mouvements  plus  précis  et  une  seg- 
mentation plus  riche  s'arrêtant  à  de  belles  blastules. 

En  résumé  : 

1°  Dans  ces  deux  cas,  V imprégnation  est  suivie  (Vune  régression  du  sper- 
matozoïde. 

2°  L'addition  d'un  matériel  mâle  qui  perd  toute  morphologie  mérite, 
beaucoup  mieux  que  certaines  opérations  de  parthénogenèse  provoquée,  le 
nom  de  fécondation  chimique. 

3°  Si  ce  procédé  additif  diffère  essentiellement  de  F  élimination  simple  qui 
marque  le  début  d' une  parthénogenèse  expérimentale,  le  résultat  est  le  même  : 
une  évolution  abortive  dont  le  stock  chromatique  initial  appartient  au  pro- 
nucleus  femelle.  L'étude  de  l'imprégnation,  en  particulier  le  fait  qu'il  la  troi- 
sième heure,  chez  lePelodyte,on  n  ccperçoit  encore  aucune  coude nsationhyalo- 
plasmique  centrée,  me  fait  éliminer  la.  fécondation  partielle  de  Boveri, 
même  si  on  voulait  la  restreindre  ici  à  l'action  directrice  du  spermocentre. 

4°  Si  le  résultat  est  le  même  que  dans  les  essais  de  parthénogenèse  provo- 
quée, c'est  que  le  changement  physique  est  le  même.  Les  fixateurs  faibles 
nous  révèlent  un  excès  de  turgescence  comme  dans  la  fécondation  normale 
et  constituent  un  critérium  certain  de  l'imprégnation. 

5°  Le  cas  bizarre  d'un  œuf  cl' Anoure,  réfractaire  jusqu'ici  au  sperme  de 
tout  autre  anoure  et  qui  se  laisse  pourtant  pénétrer  par  le  sperme  d'un 
urodèle,  prouve  que  l'imprégnation  a  son  rôle  physiologique  indépendamment 
de  l'amphimixie  régulière.  Il  permet  de  dégager  une  fois  de  plus  ces  oscilla- 
tions de  concentration  et  de  turgescence  qui  dominent  la  maturation  de  l'œuf 
et  le  début  de  toute  évolution. 


PATHOLOGIE.  —  Motilité  du  scolex  échinococcique. 
Note  de  MM.  J.  Sabrazès,  L.  Miratet  et  P.  HisxoT  présentée 

par  M.  Bouchard. 

Les  liquides  de  kyste  hydatique  contiennent  souvent  beaucoup  de  petites 
têtes  de  ténia  issues  de  capsules  prolifères  éclatées.  Ces  têtes  se  trans- 
forment en  échinocoques  adultes  quand  elles  arrivent  dans  l'intestin  d'un 
animal   réceptif.   Elles   peuvent  aussi    donner   lieu   à    luie   échinococcose 


l'll4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

secondaire  lorsque,  par  suite  d'une  déchirure  du  kyste,  son  contenu  a  fait 
effraction  dans  le  voisinage.  Cette  métamorphose  cystique,  longtemps  niée, 
a  été  mise  hors  de  contestation  par  les  recherches  expérimentales  de 
F.  Dévé.  Ces  germes  à  double  fin,  graines  d'hydatiques  et  d'échinocoques, 
jouent  donc  un  rôle  capital  dans  la  propagation  et  l'évolution  des  kystes 
hydaliques.  Tout  ce  qui  peut  contribuer  à  compléter  leur  étude  mérite  la 
plus  grande  attention.  A  ce  titre,  les  observations  suivantes  nous  ont  paru 
devoir  être  rapportées  en  détail. 

Un  liquide  hydatique  riche  en  germes  de  ce  genre,  mais  en  voie  de  putréfaction  ('), 
blanc  laiteux,  exhalant  une  forte  odeur  d'hydrogène  sulfuré,  est  examiné  par  nous,  en 
goutte  pendante,  56i>  après  son  extraction,  par  une  température  de  31°. 

A  notre  grande  surprise,  nous  voyons  tous  ces  germes  ou  scolex  qui  cependant  sont 
de  dimensions  normales  (-)  (x'ia  [i  en  moyenne  de  diamètre  à  l'état  invaginé)  animés  de 
mouvements  propres  assez  lents.  Les  uns  émettent  des  expansions  sous  forme  de  pro- 
tubérances claires  au  nombre  de  2  à  6,  d'autres  se  dévaginent  et  s'invaginent  plus  ou 
moins  complètement;  il  en  résulte  des  aspect  changeants  très  variés,  pisciformes,  en 
navette,  cordiformes,  mûriformes,  en  champignon. 

Chaufions  la  préparation  jusqu'à  37°-4()°;  les  scolex  redoublent  d'activité,  accusent  de 
vifs  mouvements  de  reptation  comparables  à  ceux  de  la  sangsue  :  leur  corps  se  raccourcit, 
o-onfle,  ondule/ s'allonge  brusquement  mais  progresse  peu,  se  trouvant  dans  un  liquide, 
sans  point  d'appui.  L'allongement  se  marque  par  une  évagination  rapide  des  ventouses, 
la  rétraction  par  une  réinvagination.  Ces  mouvements  alternatifs  d'allongement  et  de 
retrait  s'exécutent  en  un  laps  de  temps  d'à  peine  une  seconde.  Ramène-t-on  la  tempéra- 
ture à  31»,  les  mouvements  se  ralentissent  et  rappellent  lamiboïsme.  A  1x7",  tous  les  scolex 
sont  invaginés,  immobiles,  à  l'état  de  mort  apparente  et,  dès  lors,  nul  ne  pourrait 
soupçonner  leur  vitalité  ;  force  était,  avant  nos  recherches,  de  recourir  à  l'inoculation 
pour  l'affirmer.  Or  il  suffit  de  les  réchauffer  pour  les  rendre  immédiatement  très  vivaces; 
on  réveille  et  on  excite  d'autant  plus  leur  vitalité  qu'on  les  expose  à  des  températures 
plus  voisines  de  4<'°-  Nous  avons  pu  de  cette  façon,  dans  les  limites  de  27°  à  .',1",  fixer  le 
degré  de  motilité  de  ces  scolex,  l'exalter  ou  l'atténuer  à  notre  gré  un  très  grand  nombre 
de  fois,  et  cela  trois  jours  après  la  ponction,  dans  un  liquide  hydatique  putréfié,  laissé 
dans  son  flacon  d'origine.  Mêmes  résultats  trois  jours  après  la  récolte,  lorsqu'on  trans- 
porte les  scolex  de  ce  liquide  putréfié  dans  la  solution  saline  physiologique,  dans  du 
bouillon  de  culture  stérile,  dans  une  solution  de  Na  Cl,  à  ■iS'/jo  par  litre,  dans  un  liquide 
castrique  hvpoacide,  muqueux  et  bilieux  :  ils  restent  vivants  et  mobiles  pendant 
dix   heures  dans    ces  milieux.  L'influence  stimulante  de  la   chaleur  s'est  révélée  aussi 


(')  La  récolte  avait  été  faite  en  flacon  non  stérilisé  ;  il  s'était  développé  dans  ce  liquide 
des  bacilles  anaérobies,  divers  microbes  et  des  filaments  de  raucédinées. 

(-)  Parmi  les  scolex  nous  avons  rencontré  une  forme  tératologique  bigéminée  analogue 
à  celle  mentionnée  par  Moniez  dans  sa  thèse  (Nancy,  1880,  p.  104). 


SÉANCE     DU     11     .lUIN     I906.  l355 

70''  après  l'extraftion,  dans  l'urine  normale,  dans  la  solution  saturée  de  Na  Cl,  dans 
du  sérum  humain,  dans  du  pus  de  pleurésie  putride,  dans  de  l'eau  distillée;  mais, 
cinq  heures  après  la  mise  en  contact  de  ces  liquides,  tous  les  scolex  étaient  morts.  Des 
bouillons  de  culture  (Eberth,  bactéries  de  l'eau)  nous  ont  semblé  exciter. leur  motilité, 
même  à  une  température  relativement  basse  (aS")  pendant  plusieurs  heures. 

Ces  germes  d'hydatides  ne  résistent  pas  à  la  dessiccation.  Le  formol  à  10  p.  100  les  lue 
très  vite  elles  fixe  dans  la  forme  où  il  les  a  surpris. 

Voici  comment  se  présentent  ces  scolex  -ak^^  environ  après  leur  mort  dans  divers 
liquides  :  dans  l'eau  distillée,  ils  apparaissent  boursouflés,  dévaginés  au  maximum, 
rostre,  crochets,  ventouses  en  avant  ;  dans  une  solution  hypotonique  de  Na  Cl,  ils  sont 
aussi  un  peu  augmentés  de  volume  ;  dans  la  solution  saturée  de  Na  Cl,  ils  sont  un  peu 
rapetisses,  la  cuticule  a  une  apparence  striée,  fendillée,  dentelée,  pseudo-ciliée,  surtout 
au  niveau  du  segment  postérieur  du  corps,  10  p.  100  des  scolex  étant  dévaginés,  les 
autres  sphériques;  dans  la  solution  saline  physiologique,  beaucoup  sont  invaginés,  globu- 
leux, relativement  instacts  ;  dans  le  liquide  gastrique  sus-indiqué,  un  bon  nombre  sont 
digérés,  les  crochets  devenus  libres  ;  dans  les  liouijlons  de  culture,  ^)  p.  100  sont  con- 
servés dans  leur  forme. 

Les  faits  sur  lesquels  nous  venons  d'attirer  l'attention  et  qui  se  sont 
dévoilés  à  nous  à  la  faveur  d'une  température  ambiante  exceptionnelle- 
ment élevée,  apportent  la  preuve  de  Fe.xtraordinaire  résistance  des  scolex 
dans  un  milieu  putréfié  ;  leur  agilité  à  la  température  du  corps  humain, 
leur  puissante  armature  de  ventouses  et  de  crochets  ne  permettent-elles  pas 
de  supposer  que  ces  germes,  une  fois  libérés  de  leurs  attaches,  par  suite 
de  fissures  ou  de  ruptures  des  vésicules  prolifères  et  des  membranes, 
sont  aptes  à  éniigrer  dans  les  tissus,  loin  du  foyer  originel,  abstraction 
faite  de  la  possibilité  de  leur  transport  mécanique  parles  vaisseaux?  Quoi 
qu'il  en  soit  de  cette  hypothèse,  toutes  ces  particularités  ne  présentent 
pas  seulement  un  intérêt  biologique,  elles  ont  une  portée  pratique. 
L'épreuve  du  réchauffement  sera  le  critérium  de  l'état  de  vie  ou  de  mort 
de  ces  liquides  parasitaires;  on  devra  y  recourir,  par  exemple,  pour  appré- 
cier l'efficacité  préventive  des  injections  de  formol,  proposées  par  F.  Dévé 
comme  premier  temps  du  traitement  chirurgical  des  kystes  hydatiques.  On 
se  mettra  ainsi  à  l'abri  des  greffes.  Cette  épreuve  servira  encore  à  déter- 
miner l'action  exercée  sur  la  vitalité  de  ces  germes  par  la  suppuration,  les 
hémorragies,  les  inlîltralions  biliaires  et  séreuses  intra-lcystiques  ;  elle 
présidera  aussi  au  choix  des  parasiticides.  En  tout  cas,  cette  épreuve  très 
simple  sera  toujours  tentée  avant  l'inoculation. 


i356 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


RADIOTHÉRAPIE.  —  Effets  de  la  radiothérapie  dans  un  cas  de  sarcome  (?) 
du  fémur  chez  un  enfant.  Note  de  M.  A.  Imbert,  présentée  par  M.  Bou- 
chard. 

B.,  9  ans,  est  immobilisé  depuis  plusieurs  mois  par  suite  de  douleurs 
siégeant  plus  particulièrement  au  niveau  du  condyle  interne  du  fémur 
gauche,  qui  paraît  noiablement  augmenté  de  volume. 

Un  chirurgien  consulté  en  novembre  igoS  porte,  après  examen  clinique 
^  et.radiographique,  le  diagnostic  de  sarcome  du  fémur  et  conseille  l'ampu- 
tation. Devant  le  refus  absolu  des  parents  de  recourir  à  une  telle  inter- 
vention, le  chirurgien  propose  l'essai  d'un  traitement  par  les  rayons  X. 

Le  traitement  a  consisté  en  trois,  puis  deux  expositions  par  semaine  du 
membre  inférieur  gauche  aux  raj'ons  X  d'un  tube  moyennement  dur; 
chaque  expositiona  été  d'une  duréede  lominutes,  l'anticathode  étant  à  i8-"' 
environ  au-dessus  de  la  région  que  l'examen  radiographique  avait  indiquée 
comme  particulièrement  atteinte,  sans  interposition  d'écran  autre  qu'une 
lame  de  plojnb  destinée  à  la  protection  des  organes  génitaux. 

Le  traitement,  commencé  le  24  janvier  lyoS,  a  été  continué  jusqu'au  12  décembre  der- 
nier, avec  les  interruptions  suivantes  : 

Du  ()  mars  au  1'=''  avril,  par  suite  de  brûlures  avec  phlyctènes  ;  du  17  avril  au  i'''  mai, 
à  cause  des  vacances  de  Pâques;  du  29  juillet  au  -i  octobre,  temps  passé  à  la  montagne 
par  le  petit  malade. 

Au  début  du  traitement  (24  janvier  igoS)  une  première  radiographie  révéla  l'état  sui- 
vant de  l'extrémité  inférieure  du  fémur  gauche. 

L'épiphyse  paraît  normale  ;  mais  tout  le  condyle  interne,  sur  une  hauteur  de  5™ 
environ,  est  extrêmement  transparent,  au  point  que  le  bord  interne  de  l'ombre  de  l'os 
ne  se  différencie  pas,  ou  se  différencie  mal  d'avec  lombre  des  tissus  mous  environnant. 
Toutefois,  la  limite  inférieure  du  condyle,  au  niveau  du  cartilage  de  conjugaison,  est 
bien  visible  et  constituée  par  une  ligne  opaque  très  mince,  ainsi  que  se  présente  en 
radiographie  le  contour  d'un  os  atteint  d'atrophie  osseuse  calcaire  sans  altération  de 
forme.  Au-dessus  de  la  région  condylienne  très  déminéralisée,  et  au  niveau  de  laquelle 
le  fémur  est  augmenté  de  volume,  on  aperçoit  nettement  des  traînées  opaques  qui 
s'élèvent  presque  verticalement  en  se  rapprochant  du  corps  du  féuiur  avec  lequel  elles 
se  raccordent  tangentiellement. 

Sur  la  seconde  radiographie  faite  (5  février  lyoS)  après  10  jours  de  traitement 
(5  séances),  l'ombre  limite  inférieure  du  condyle  interne  apparaît  déjà  comme  épaissie 
par  un  dépôt  calcaire,  ce  qui  est  l'indice  objectif  d'une  amélioration  dans  la  nutrition  de 
l'os  à  ce  niveau. 


SÉANCE    DU     II     JUIN     I906.  i3d7 

Le  cliché  préparé  le  1 7  février  montre  que  la  ligne  opaque  dont  nous  venons  de  parler 
s'est  encore  épaissie,  en  même  temps  qu'apparaît,  en  pleine  région  transparente  de  l'os, 
une  zone  d'opacité  assez  grande  qui  est  un  nouvel  indice  du  retour  à  une  nutrition  nor- 
male de  la  région  osseuse  déminéralisée.  D'autre  part,  la  limite  du  condyle  interne  est 
devenue  plus  accusée  et  plus  visible. 

Pendant  cette  première  période,  on  eût  été  fort  inquiet  sur  l'efficacité 
du  traitement,  si  l'exploration  radiographique  n'eiit  pas  montré  les  modi- 
fications, énumérées  ci-dessus,  qui  ne  parurent  pas  interprétables  autre- 
ment que  par  une  meilleiu'e  nutrition  de  l'os.  En  elfet,  le  3  février,  jour 
de  la  5"  séance,  le  périmètre  de  la  cuisse,  à  8''"  au-dessus  de  la  rotule,  que 
nous  avions  mesuré  au  délnit,  avait  manifestement  augmenté,  ce  qui  aurait 
au  moins  fait  craindre  une  progression  de  la  lésion  vers  le  haut.  Toutefois 
la  douleur  à  la  pression  était  moins  vive  et  le  diamètre  transverse  maxi- 
mum, qui  avait  été  mesuré  avant  le  commencement  du  traitement  au 
compas  d'épaisseur,  accusait  une  diminution;  comme,  d'autre  part,  l'aspect 
des  clichés  radiographiques  était  rassiu'ant,  nous  crûmes  pouvoir  en 
toute  conscience  prendre  la  responsabilité  de  continuer,  au  moins  provi- 
soirement, le  traitement  par  les  rayons  X. 

L'inquiétante  augmentation  de  périmètre  ne  persista  que  quelques  jours, 
la  douleur  disparut  bientôt  entièrement  et  les  clicdiés  radiographiques 
successivement  préparés  accusèrent  une  augmentation  progressive  d'opa- 
cité qui  peu  à  peu  envahit  toute  la  région  transparente. 

Ce  n'est  que  vers  le  mois  de  juillet  que  l'on  permit  à  l'enfant  de  faire 
quelques  pas  chaque  jour,  ce  dont  il  se  montrait  fort  impatient  et  à  partir 
d'octobre  seulement  que  la  marche  fut  permise. 

Le  jeune  B.  a  été  revu  dans  les  premiers  jours  du  mois  de  mai  igoG.  Sa  santé  géné- 
rale est  parfaite  ;  il  vit,  depuis  plusieurs  mois,  de  la  vie  normale  des  enfants  de  son  âge, 
va  à  l'école,  joue,  court  et  s'amuse  comme  tous  ses  camarades. 

Faute  d'un  examen  histologiquc,  on  ne  peut,  avec  certitude,  affirmer  que  cette  obser- 
vation constitue  un  cas  de  sarcome  du  fémur  arrêté  dans  sa  marche,  sinon  guéri  par 
les  rayons  X.  îMais  on  peut  dire  du  moins  que,  si  la  radiothéraphie  n'eût  pas  existé,  les 
parents,  sur  les  instances  judicieuses  du  chirurgien  consulté,  se  seraient  probablement 
décidés  à  laisser  faire  une  amputation  et  que,  en  admettant  les  suites  les  plus  heureuses 
pour  une  telle  opération,  l'enfant  ne  pourrait  plus  se  mouvoir  aujourd'hui  qu'avec  des 
béquilles,  tandis  qu'il  a  encore  ses  deux  membres  inférieurs  et  qu'il  jouit  d'ailleurs 
d'une  excellente  santé. 

Des  constatations  faites,  on  peut  en  outre  tirer  des  indications  inté- 
ressantes. 


l358  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

a.  L'action  thérapeutique  des  rayons  X  n'est  pas  limitée  à  la  surface  du 
corps,  mais  peut  s'exercer  dans  la  profondeur,  sur  le  tissu  osseux. 

h.  Les  déformations  déjà  subies  par  le  fémur  lors  du  commencement  du 
traitement  sont  restées  telles  quelles  ;  en  particulier,  les  traînées,  qui  sur- 
montaient la  région  devenue  transparente  et  rejoignaient  tangentiellement 
la  diaphyse,  ont  persisté.  La  minéralisation  déterminée  par  le  traitement 
s'est  faite  d'abord  irrégulièrement,  mais  l'examen  des  derniers  clichés 
montre  qu'il  y  a  au  moins  tendance  actuellement  à  une  répartition  uni- 
forme des  sels  calcaires  et  à  une  reconstitution  de  la  structure  interne 
normale  de  l'os,  autant  du  moins  que  l'on  peut  en  juger  sur  un  bon  cliché 
radiographique. 

c.  Malgré  la  longueur  du  traitement,  et  bien  que  le  faisceau  de  rayons  X 
atteignît  fatalement  l'épiphyse,  le  développement  en  longueur  du  fémur 
n'a  nullement  été  intéressé,  l'enfant  ne  boite  pas,  les  deux  membres  pi'é- 
sentent  la  même  longueur. 


GÉOLOGIE.  —  Sur  les  schistes  graphitiques  du  Morbihan. ^ote  de  M.  Pussexot 

présentée  par  M.  Ch.  Barrois. 

M.  Barrois  a  décrit  dans  la  légende  de  la  feuille  de  Vannes  de  la  carte 
géologique  des  bancs  de  schistes  graphitiques  intercalés  dans  les  micas- 
chites  primitifs  du  Morbihan  et  disposés  suivant  trois  bandes  parallèles. 
La  première  s'étend  de  Landévant  à  Pluneret,  la  seconde  de  Locoal- 
Meudon  au  sud  d'Arradon,  la  troisième  de  Ploermel  à  Kergoneno  et  à  l'île 
d'Arz.  Mais,  des  explorations  complémentaires  ayant  été  entreprises  à  ce 
sujet,  des  affleurements  nomljreux  et  rapprochés  ont  été  découverts.  Ils 
jalonnent  sur  le  terrain  huit  bandes  englobant  les  trois  précédentes  et 
orientées  de  E  S  E  à  0  N  O. 

Les  deux  preiuiéres  s'observent,  ruiie  dans  les  lalaises  de  Couleau  où  on  reconnaît 
qu'elle  n'est  que  la  tranche  d'une  couche  à  disposition  synclinale  mise  en  évidence  sur 
la  lèvre  d'une  faille  perpendiculaire  au  pli,  l'autre  sur  le  rivage  opposé,  à  Kerbourbon, 
où  elle  montre  nettement  la  disposition  précitée. 

Les  quatre  suivantes  sont  groupées  en  un  faisceau  qui  s'étend  entre  Landévant  et 
Saint-Armel  sur  plus  de  4°  kilomètres  de  longueur.  Elles  sont  remarquablement  dis- 
tinctes et  continues  des  bords  du  Morbihan  à  Kernanec,  soit  sur  20  kilomètres  environ. 
A  partir  de  ce  point,  les  nombreuses  lentilles  granuliliques  et  granitiques  qui  les  inter- 
riimpent,  les  morcellent  et  les  forcent  en  raison  de  leur  moindre  dureté  à  constituer  les 


SÉANCE    DU     II     JLIN     I<)o(').  I  ^  ^9 

flancs  elles  londs  de  vallées  que  les  alluvions  recouvrent,  i-endenl  rares  les  alfleurenienls 
bien  définis  et  par  suite  moins  précis  le  tracé  des  lignes  du  faisceau.  Ce  dernier  atteint 
sa  plus  grande  largeur  au  sud  d'Arradon  où  l'intervalle  eitre  les  bandes  croit  de  5oo  à 
I  loo"'  et  sa  plus  petite,  i*"",  à  Landaul  oii  il  est  disloqué  sur  son  bord  méridional 
par  une  traînée  de  granité.  Chacune  des  bandes  affleure  en  des  points  nombreux  qu'on 
ne  peut  préciser  qu'au  ujoyen  d'une  carte  d'état-major. 

La  sixième,  analogue  aux  précédentes,  passe  par  Kergoneno  et  le  sud  de  1  ilc  aux 
Moines. 

Enfin,  la  dernière  dessine  autour  de  Locoal-Meudon  un  triangle  dont  le  sommet  est 
tourné  vers  Auray.  Cette  disposition  et  l'inclinaison  des  strates  observées  dans  les  car- 
rières au  nord  et  au  sud  de  la  localité  permettent  d'affirmer  qu'on  se  trouve  en  présence 
des  restes  de  la  racine  d'un  pli  synclinal  dont  l'axe,  incliné  vers  ONO,  plonge  sous  la 
rivière  d'Etel. 

Telles  sont  ces  bandes.  (Juant  a  leur  épaisseiif  elle  est  plus  grande  (iiTon 
ne  l'avait  eni  jiis(|ii"i('i.  Failjle  (le  <lia(|u<'  coté  du  relèvement  antiilinal  de 
Plœren  ou  Hé/.o,  elle  atteint  progressivement  3o  et  nièine  5o"'  sur  les 
autres  points.  Dans  les  anieurements  entiers  on  remarque  que  le  graphite 
est  disséminé  [)lus  ou  moins  ahondamment  dans  toutes  les  variétés  de 
roches  micaschiteuses  et  gneissiques.  Mais  c'est  toujours  dans  les  lits  nette- 
ment schisteux  ou  «iiii  se  rapprochent  le  plus  de  cet  élat  cjue  le  minéral  se 
trouve  en  plus  forte  proportion.  Ces  lits  sont  variables  (■ommc  nombre  et 
comme  épaisseur.  Toutefois  cette  dernière  ne  dépasse  généralement  pas 
2  à  3"'. 

Il  résulte  de  ses  diverses  constatations,  dispositions  synclinales  de  Gon- 
leau  et  de  Locoal-]\Ieudon,  parallélisme,  continuité  et  épaisseur  des  bandes, 
répartition  du  graphite,  qu'il  est  logi([iie  de  considérer  ces  schistes  comme 
ayant  appartenu  à  une  couche  unique,  plissée  très  approximativement  de 
la  manière  suivante  : 

Anticlinal Plieren,  \'annes,  Xoyalo. 

Synclinal Conleau,  Séné.  • 

Anticlinal Brandérion,  Plu'ren,  le  Hézo. 

Synclinal  double Landévant,  Saint-Armel. 

Anticlinal Le  Gouarde,  sud  d'Arradon. 

Sur  le  flanc  Sud  de  cet  anticlinal,  principalement  vers  l'Uuest,  divers  plis 
dont  il  ne  reste  plus  que  la  racine  du  synclinal  de  Locoal-Meudon.  Puis 
toute  la  couche  plonge  sous  la  granulite  suivant  la  ligne  Plœrnel,  Kerzo- 
neno  et  sud  de  l'Ile  aux  Moines.  Elle  ne  reposait  plus  que  de  l'auhe  cùlé 

C.  li..   i.|.)(i,   !=■  Hnncslre.  (T.  C.XMI.  K»  24)  '7^ 


l36o  ACADÉMIE     DES    SCIENCES. 

de  l'anticlinal  Arzon-Locqmariaquer  où  les  deux  lambeaux  qu'on  y  observe 
enclavés  dans  la  granulite  et  qui  sont  indiqués  sur  la  feuille  de  Quiberon, 
due  également  à  M.  Barrois,  marquent  probablement  les  deux  bords  d'un 
autre  synclinal. 

Ainsi  reconstituée,  cette  couche  est  constamment  supérieure  à  toutes 
les  grandes  masses  d'amphibolites  des  îles  et  des  bords  du  Morbihan,  elle 
est  donc  plus  récente.  Mais  elle  est  contemporaine  du  faisceau  de  pyroxé- 
nites  de  Roguidas,  car  c'est  dans  les  bandes  ou  sur  leurs  bords  qu'on 
rencontre  les  bancs  qui  le  constituent.  Leur  continuité,  affirmée  par 
M.  Barrois  ('),  est  nettement  mise  en  évidence  par  deux  d'entre  eux  qu'on 
peut  suivre  sur  plus  de  6"™  de  longueur. 

Enfin,  on  observe  encore  dans  les  falaises  du  Morbihan  de  petits  lits 
graphitiques  qu'on  peut  retrouver  dans  les  landes.  Ils  apparaissent  près 
d'Arzon  dans  les  gneiss  primordiaux  et  deviennent  plus  fréquents  au  voisi- 
nage des  bandes  avec  lesquelles  ils  alternent.  Ils  semblent  marquer  les 
premiers  essais  et  la  fin  de  cette  formation  graphitique  à  laquelle  l'ensemble 
des  constatations  exposées  plus  haut  permet  d'attribuer  une  origine  sédi- 
mentaire. 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  les  veiits  locaux  d'i  voisinage  des  îles  Canaries. 

Note  de  M.  H.  Hergkskll. 

Dans  mes  .Notes  précédentes  j'ai  dit  que  les  îles  situées  au  large  du 
continent  africain  devaient  exercer  une  certaine  influence  sur  les  courants 
aériens  ;  et  que  les  brises  de  SW  observées  sur  le  Pic  de  TénérifFe 
devaient  être  souvent  la  résultante  de  causes  purement  locales.  J'indique 
dans  les  lignes  suivantes  à  la  suite  de  quelles  observations  j'ai  été  amené 
à  me  former  cette  opinion. 

Ei>  1904,  me  trouvant  à  bord  du  yacht  de  S.  A.  S.  le  prince  de  Monaco,  j'ai 
fait  le  lourde  plusieurs  des  Canaries,  restant  parfois  des  jours  entiers  soit 
au  sud  soit  au  nord  de  ces  îles,  ce  qui  m'a  permis  d'étudier  maintes  fois 
la  variation  diurne  des  vents.  — ■  Vers  10''  du  matin,  le  3i  juillet,  nous 
constations  au  nord  de  TénérifFe  un  alizé  de  NE  d'une  force  de  7™,5o  par 
seconde.  Dans  la  nuit  nous  contournions  l'île  et  le  lendemain  i"  août  nous 

(')  Cil.  Baiiiiois,  Les  pijro.rénitcs  des  îles  ilii  Morbilmn  i.lnnu/.  Soc.  ftéol.  du  Xord 
l.  XV,   1887,  p.  86. j 


SÉANCE    DU     I  I     JUIN     I906.  l36l 

trouvâmes  à  lo  milles  au  SW  de  la  côte  un  vent  de  SW  de  7'"  par 
seconde,  affluant  directement  vers  la  terre  et  y  formant  des  nuages.  C'était 
sans  doute  une  Ijrise  de  mer  due  à  réchauffement  des  terres  et  gagnant 
jusqu'au  faite  de  l'île.  Des  observations  dues  à  d'autres  navires  nous 
apprirent  (]u'au  même  moment  la  direction  des  alizés  n'était  nullement 
altérée  au  nord  de  Ténériffe,  tandis  qu'un  observateur  situé  sur  le  pic  du 
Teyde  le  i"'  août  au  matin  y  eût  sans  doute  constaté  le  SW  d'origine  locale. 
—  Pendant  la  matinée  du  même  jour  ce  courant  SW  a  été  constaté  au  sud 
des  îles  de  la  Gomera,  de  Palma,  et  de  Gran  Ganaria.  —  Ces  brises,  dues 
à  l'échaufï'ement  terrestre,  cessaient  toujours  dans  l'après-midi,  ensuite 
venait  du  calme,  puis  un  vent  local  de  terre  bien  plus  fort  que  la  brise  de 
mer  de  la  matinée. 

L'état  thermi(pu>  et  hygrométrique  de  ces  vents  est  fort  intéressant  à 
étudier. 

Le  tableau  suivant  est  celui  des  observations  faites  au  large  de  Palma, 
île  allongée  dans  la  direction  Nord-Sud. 

Ct  août  1904. 


HEUKFS 

TEMPÉRATURE 

DE  LA  VAP1-: 

:uR 

RELATIVE 

VITESSE  DU  VE.NT 

3" 

p .  m . 

24.0 

14,8 

67       p.   100 

8. 

— 

28,0 

11,8 

42,1       — 

6™,o  par  seconde 

8.12 

— 

3i,o 

8,8 

26,4      

7.0            — 

8.2a 

— 

33,5 

6,2 

:6,o    — 

1 1 . 5           — 

8.35 

— 

35.0 

6.5 

i5,5    - 

8.44 

— 

4i,8 

6,6 

12,0    — 

14.0           — 

Ces  obser\'ations  montrent  que  l'influence  de  la  brise  terrestre  faisait 
passer  la  température  de  24°  a"  chiffre  considérable  de  près  de  42",  tandis 
que  riuimidité  relative  décroissait  de  67  à  12  p.  100. 

En  admettant  que  cet  accroissement  de  température  n'ait  été  dû  qu'à  la 

compression   de  l'air  descendant,  applicpions  la  formule  de  Hann  : 

-77-  = ^ï"  (p  :   chaleur  spécifique  de  l'air  ;  J  :  équivalent  mécanique  de 

la  chaleur  ;  —7—  :  gradient  vertical  de  la  température). 

Si  nous  admettons  encore  une  température  de  20°  (chiffre  résultant  d'une 
ascension  effectuée  le  4   août)   pour  une  hauteur  de   2000"'  représentant 

l'altitude  movenne  de  la  crête  de  Palma,  nous  avons  —j-  =  —  -En  substi- 

'  </>■  lUO 


I   )()2  ACADKMIE    DES    SCIENCES. 

tuant  cette  valeur  dans  la  formule  de  Hanri  avec;  la  valeur  donnée  par  Wil- 
deniann  pour  c  =  o,238,  nous  trouvons  coninie  résultat  J  =  420.  Ce 
nombre  remnrf|uablement  d'accord  avec  les  valeurs  trouvées  au  laboratoire, 
met  liors  de  doute  le  fait  qu'on  se  trouve  en  présence  d'un  véritable  phé- 
nomène de  fœhn. 

Constatons  encore  que  les  alizés  eux-mêmes  sont  soumis  pendant  la 
journée  à  des  phénomènes  semblables  à  ceux  du  fœhn  dus  à  l'influence  des 
îles. 

L'espace  me  fait  défaut  pour  entrer  ici  dans  le  détail  des  observations 
relatives  à  ce  phénomène. 

Celles  qui  précèdent  suffiront,  je  pense,  à  prouver  l'influence  considé- 
rable exercée  par  les  Canaries  sur  les  courants  atmosphériques  environ- 
nants. 

Dans  leur  dernière  Note  présentée  à  l'Académie,  MiM.  Teisserenc  de 
Bort  et  Rotch  ont  donné  comme  résultat  de  leurs  études  ce  fait  que  le  SW 
observé  au  Pic  de  Ténérifl'e  ainsi  qu'en  pleine  mer  correspondait  à  un 
phénomène  général  de  contre-alizé  SW  existant  déjà  par  ces  latiludes. 

Nous  pensons  que  ces  résultats  ne  tiennent  pas  bien  compte  des  faits, 
car  leur  conclusion  est  en  opposition  complète  avec  les  observations 
effectuées  avec  les  ballons-sonde  de  la  Princesse  Alice  lesquelles  ont 
prouvé  l'existence  des  vents  NW  en  élé  jusqu'aux  |)lus  grandes  hauteurs 
à  la  latilude  des  Canaries.  On  n'est  donc  pas  fondé  à  considérer  comme  régu- 
liers les  courants  supérieurs  de  S^^^  de  ces  régions.  Ce  contre-alizé  ne 
sera  trouvé  d'une  façon  régulière  que  quelques  degrés  plus  Sud  ;  tout  au 
plus  les  expériences  exécutées  en  février  par  les  savants  précités  peuvent- 
elles  permettre  de  conclure  que  la  limite  entre  les  courants  supérieurs  de 
NW  et  de  SW  est  légèrement  variable  avec  les  saisons. 

!MM.  Teisserenc  de  Bort  et  Rotch  ont,  dans  leur  Mémoire,  dit  à  plu- 
sieurs reprises  que  j'aurais  à  un  moment  donné  contesté  complètement 
l'existence  du  contre-alizé. 

C'est  là  un  malentendu  cpie  je  tiens  à  déMoiircr  ici,  mes  Mémoires  anté- 
rieurs n'étaient  pas  du  tout  relatifs  à  ce  sujet,  pas  plus  que  l'opinion  (|ue 
j'exprime  sur  le  phénomène  tout  local  du  SW  de  Ténériffe. 

Dans  mes  Notes  précédentes,  j'ai  seulement  exposé  les  résultats  obtenus 
dans  la  région  jjoréale  des  alizés  juscpTà  la  hauteur  des  Canaries.  Je 
n'ai  lien  à  dire  des  régions  plus  méridionales  011  je  n'ai  pas  fait  d'observa- 
tions :   loulefois,  la  désignation  de  NW   (|ue  j'ai  donnée  au    vent  des   lati- 


SÉANCE    DU     II     JUIN     I906.  l363 

liules  plus  boréales  pi'ouve  jusqu'à  l'évidence  que  j'ai  supposé  l'existence 
d'un  contre-alizé  SW  dans  les  régions  plus  au  Sud,  car  j'ai  aussi  parlé 
d'un  contre-alizé  de  retour,  ce  (jui  par  opposition  à  N  devrait  signifier  S 
pour  les  régions  plus  méridionales. 


^I.   L..  Crf.i.iI':r  adresse  une   Note  intitulée  :  Géiiéi-alion  et  coiistfiic/ioii 
des  courbes  du  [ii  -\-  i)"  degré  et  de  la  (/?  4-  i)^  classe. 


M.  F.  ROMAXET  Di-  CAiLLAi'D  adresse  à  l'Académie  une  lettre  dans  laquelle 
il  propose  l'adoption  internationale  du  méridien  de  Bethléem. 


M.    GlîORfiESNF.GRK   demande   ri)U\erUire   d'un   pli    cacheté  déposé  par 
lui  le  24  juillet  190;"). 

Ce  pli,  ouvert  en  séance,  renferme  une  Note  intitulée  :  Les  axes  nnlicH- 
naiix  et  les  gisements  de  phosphates  de  chaux  daiifi  le  nord  île  la  France. 


A  4  h.  3/4  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  h.  3/4. 

G.  D. 


l364  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


Bl'LLETl\'  BiBLIOGRAPIIIQl'E 


OuVltA(;ES    IlEÇUS    DANS    LA    SEANCE    DU     l4    MAI     1906. 

Essais  sur  le  calcul  du  nombre  des  classes  de  /'ormes  quadratiques  binaires  aux  coeffi- 
cients entiers,  par  iM.  Mathias  Lerch,  correspondant  de  l'Institut.  (Extr.  des  Mémoires 
présentés  par  divers  sai'anls  à  l'Académie  des  Sciences  de  llnsliiiit  ilc  France  ;  l.  XXXIII, 
n°  -1.)  Paris,  Imprimerie  Nationale,  igoô;  i  fasc.  in-'j". 

Observatoire  de  Toulouse.  Catalogue  p/ioiograp/iiqi/e  du  ciel;  t.  VII,  i'^  iasc.  : 
Observations  d'Eros.  Paris,  Gauthier-Villars,   ujoG;   i  fasc.   in-.',°. 

Observatorio  de  Marina  de  San  Fernando.  Carta  fotogrâfica  dcl  Cielo.  Zona  —  9°. 
Ilojas  n"*  .'t'>,  'l'j,  5G,  (ii,  122,  129,  l'io,  i35,  1^9  et  i'i<).  10  feuilles  in-plano. 

Onoranze  al  prof.  Luigi  Cremona  :  Elenco  délie  sottoscrizioni  raccolte  lîno  a 
tutt'  oggi  ;  Pioma,  aprile  1906.  Rome,  «  R.  Accademia  dei  Lincei  »;  1    fasc.  in-8°. 

Report  of  Director  of  tlie  Solar  Observatory ,  Mount  Wilson,  California,  by  George 
E.  Hale.  Washington,  1906;  i  fasc.  in-8°. 

Plant  response  as  a  means  of  pin/siological  investigation,  hy  Jac.ADIS  Chunder  Bose, 
with  illustrations.  Londres,  Longuians  Green  et  C'*^,  190G;  i  vol.  in-8°  (hommage  de 
l'auteur). 

The  cliemistry  o f  fles/i,  hy  V.-V .  Troweridoe  and  H. -S.  Grixdley.  (Extr.  de  T/ie 
Journal  of  American  Ciiemical  Society.  Vol.  XXVIII,  n°  4j  avril  190C),  i  fasc.  in-S» 
(hommage  de  l'auteur). 

Tlic  cliemistry  ofimmunity,  in  conne.cion  ivit/i  to.vines  andanti-to.iines,  by  E.-F.  Wright. 
Londres,  A.  Bonner,  190G  ;  i  fasc.  in-12  (hommage  de  l'auteur). 

Sur  Vhygroscopicité  comme  cause  de  l'action  physiologique  à  distance  découverte  par 
Eljving,  par  L.  Errera.  Bruxelles,  Hayez,  1906  ;  i  fasc.  in-S". 

Bibliographie  du  glycogène  et  paraglycogènc ,  réunie  par  L.  Errera.  Bruxelles, 
Hayez,  njoS;  i  fasc.  in-8"  (offert  en  hommage,  ainsi  que  le  précédent  opuscule,  par 
M"'"  veuve  Errera). 

Ucber  die  Phosphorescenzspectra  (Kalliodohiniini'sreiizspectra)  dcr  scltcn  Erdcn  iind  die 
drei  iieuen  Crookes'  sclicn  Elemente  lonium,  Incognituiii  ii/ul  Victoriuui,  von  Rouer  r  .Marc. 
Berlin,  mjoG;  i  fasc.  in-8°  (homuiagc  de  I  auteur). 

Les  problèmes  du  monde  et  les  mathématiques,  par  X.-B.  Peiiel.miter.  \  arsovie,  190G; 
1  fasc.  in-8°  [en  langue  russe]  (hommage  de  l'auteur). 

Hourly  readings  obtaincd  the  self-recording  instruments  at  four  observatorics  in  con- 
ne.rion  iviih  the  Meteorological  O/fce  hjo'J  ;  New  Séries,  vol.  I\  .  Londres,  190G  ;  1  vol. 
in-',". 

Sludien  iibcr  l\rilbodcni\armc  und  Schnccdeckc.  mit  ',  Tafflii.  C^liemnit/..  ii)()"i:  1  fasc. 
in-4°. 


SÉANCK    DU     II     JUIN     I906.  I 365 

Minerai  resoiirccs  of  tlie  United  States,  lyd'i.  Washington,  United  States  Geological 
Surve)',  lyrij  :   1  vol.  in-8°. 

Tivcnti/sixtli  annual  Report  of  tlie  Dircetor  of  United  States  Geological  Siirve;/  of  tlie 
Sécrétai;/  of  Intcrior  iyo4-5.  Washington,  190J  ;  i  vol.  in-.'|". 

Allas  10  acconipany  nionograph  XXXIl  on  thc  ^eologi/  Yeollon'slone  National  l'ark,  hy 
AnNOLD  Hague.  Washington,  United  States  Geological  Survey,  h)<)4  ;   1  vol.  in-folio. 

Carte  batliyinétriqite  de  la  mer  Barenz,  par  L.  BnEiTFUSs  et  A.  Smirxow  {Murman- 
Expédition).  Saint-Pétersbourg,    i<)o(J  :    i  feuille  in-plano. 


OuVIiAGES    REÇUS    DANS    L.\    SEANCE    DU     l-X     .MAI     lyoG. 

'fabicaa.v  logaritlimirjitcs  A  et  B  éijuivalant  ii  des  tables  de  logarithmes  il  6  et  ii  9  déci- 
males et  notice  explicative  donnant  la  théorie  et  le  mode  d  emploi  des  tableaii.r ,  par 
A.  GuiLLEMiN.  Paris,  Félix  Alcan,  1906  ;  i  lasc.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Darboux.) 

Tratado  de  las  ciirvas  especiales  notables,  por  F.  GoMES  Tei.\eir.\.  Madrid,  iQo'i; 
I  vol.  in-'i°.  (Présenté  par  M.  Halon  de  la  Goupillière.  ) 

Théorie  et  construction  de  tables  permettant  de  trom-er  rapidement  les  facteurs  premiers 
d'un  nombre,  par  Ernest  Lebon.  Rome,  1906  ;  1  fasc.  in-8°.  (Homiuage  de  1  auteur.) 

La  nouvelle  édition  de  la  Carte  géologique  de  la  France  il  l'éelielle  du  millionii:me,  par 
Em.m.  de  Margerie.  Paris,  Armand  Colin,  1906;  i  fasc.  in-i".  (Houiniage  de  l'auteur.) 

Moteurs  ii  collecteur  ii  courants  alternatifs,  par  F.  Niethammer.  Paris,  190G  ;  i  fasc. 
8°.  (Hommage  de  1  auteur.) 

De  l  influence  des  oxydes  de  manganèse  dit  sol  sur  la  production  des  étlicrs  dans  le  vin, 
par  Saixt-Lager  etMARius  Audin.  Villefranche,  P.  Mercier,  190G  ;  i  fasc.  in-',". 

Epingles  en  bronze  trouvées  à  Vers  (Gard),  par  Galii;n-Mix(;aui).  (Fxlr.  du  ((  Bul.  Soc. 
Etude  Se.  Nat.  »  Nimes,  lyoJ.)  i  fasc.  in-8".  (Hommage  de  1  auteur.  1 

La  Spéléologie  au  XX"  siècle,  revue  et  bibliographie  des  recherches  souterraines  de 
1901  à  1905,  par  E.-A.  Martel  (Spclunca,  t.  XI.  rt"'  ',■•»  et  ','i,  juillet-décembre  190J.) 
Paris,  I  fasc.  in-8". 

Bulletin  delà  Société  Zoologique  de  France,  t.  XXX.  Paris,  ujoô  ;  i  vol.  in-8°. 

Précis  analytique  des  travau.v  de  V Académie  des  Sciences,  Belles-lettres  et  Arts  de 
Rouen,  pendant  l'année  1904-1905.  Rouen,  i9ot);  i  vol.  in-8". 

Harvard  Collège  Observatory.  Télégraphie  cipher  code,  Gerrish  System.  Cambridge, 
Mass.,  1906  ;  1  fasc.  in-S". 

Untersuchungen  liber  die  hlimatischcn  Verhdltnisse  von  Bcirtit  (Syrien)  von  Stamslau 
KosTLiVY.  Prague,  hjoj';  i  fasc.  in-8°. 

Essaio  para  uiiia  synonima  das  nomes  populares  das  plantas  indigenas  do  Eslado  de 
S.  Paulo;  'i"  parte,  por  Gustavo'  Edwall.  («  Conamissao  Geographica  e  Geologica  de 
Sao  Paulo  »,  Bull.  n°  16.)  Saint-Paul,  1906  ;  i  fasc.  in-8". 

Sopra  la  quantita  di  rame  che  si  ritrova  nell'  olio  otteniito  da  olivi  tratti  con  poltiglia 
cupro-calcica  :  Nota  del  prof.  Napoleone  Passerixi.  Modène,  lyoS;  i  fasc.  in-8°. 


i366 


ACADEMIE     DES    SCIENCES. 


Une  série  de  publications  sur  le  caïu-er  el  son  traitement,  par  le  D'  Aliikiit  Adam- 
KiEwicz.  Vienne,  Berlin,  etc.  iSyJ-iyoj  ;  ij.  fasc.  in-S". 

Catalogue  of  llie  Indina  Decapod  Criislacea  in  tlie  collcclion  of  tlic  Indian  Miisciiiii  ; 
part.  III.  Macrura  ;  fasc.  I.  77ic  prau'ns  of  l/ic  i<  l'ciiciis  »  groiijj,  Ijy  A.  Alcock.  Calcutia, 
Kjot)  ;   I  fasc.  in-  '('. 

Report  of  llic  tcntli  meeting  of  t/ie  Aiistralasiaii  .Issociation  for  t/ic  Adt'aneeiuenl  of 
.Science,  lield  at  Diinedin,  lyo'i,  edited  by  Geo.  M.  Tho.msg.x.  Dunedin,  kjoj  ;  i  vol. 
in-<S°. 

,f(i/iresberic/it  i/er  koidgl .  Bôliiiiisciicii  Gesclisclhi ft  tler  ]]'issensch(iflcn,  fur  das  Jalir 
i()oj.  Prague,   ]()(i();    i    fasc.  iu-8". 

{A  suivre.) 


liRRA  TA 

(Séance  du  28  mai  iyo6.) 

Note  de  M.  Eni.   Vigotii-oa.t  :  Conti-ibiilion  à  Tétiide  des  teri'otiingstènes 
purs. 

Page   1197,  ligne     7,  au  lieu  de  [^nveii:  lisez  dureté, 

—       - —  I  J  et  i't         ■ —         de  Beuneville    —    de  Benneville. 


Page    1  lylS,    ligne    1,  it   la  suite  de  Behrens,    //sec  (')  H.   Behrens   et  A.   Van  Linge, 
Recueil  (les  Travauj-  cliiniiques  des  Pays-Bas,  t.  XIII,  p.  i5j,  année   iSy'i. 

.Xote  de  MM.  .1.  Fciiilxtch  et  /.  W'ol/f  :  Sur  la  Iratisloruiation  presiiiie  iuté- 

ofale  en  nialtose  des  dextrines  provenant  de  la  saccharification  de  l'amidon. 

Page  1218,  ligne    ij,  au  lieu  de  qu'il  ne   se   loruie  pas   de  nialtose,  lisez  qu  il  ne  se 
forme  pas  de  glucose. 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU   LUNDI    18  JUIN    1906, 

PRÉSIDÉE  PAR  M.   H.   POliNCARÉ. 


MÉMOIRES    ET    COMMUNICATIONS 

DES   MEMBRES   ET   DES   CORRESPONDANTS   DE    L'ACADÉMIE 


M.  le  SECRÉTAIRE  Perpétuel  annonce  à  TAcadémie  que  le  Lomé  CXLI 
des  Comptes  rendus  (deuxième  semestre  igoS)  est  en  distribution  au  Secré- 
tariat. 

CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  Recherches  sur  la  synthèse  directe  de  l'acide  azotirjue 
et  des  azotates  par  les  éléments,  à  la  température  ordinaire.  Note   de 

M.  BERTHELOT. 

J'ai  entrepris  de  nouvelles  recherches  sur  la  synthèse  de  l'acide  azotique 
par  les  éléments,  à  la  température  ordinaire,  sous  l'influence  de  l'eflluve 
électri((ue.  J'ai  reconnu  que  cette  synthèse  peut  être  efTectuée  d'une  façon 
directe  et  intégrale,  dans  des  conditions  que  j'ai  découvertes  et  que  je  vais 
décrire,  et  cela  sans  complications  ni  formations  secondaires.  Ces  résultats 
distinguent  les  expériences  f|ue  je  vais  décrire  des  réactions  connues  • 
opérées  avec  l'étincelle  électrique  (ou  avec  l'arc)  dans  l'expérience  clas- 
sique de  Cavendish;  aussi  bien  dans  l'oxydation  partielle  de  l'azote,  au 
cours  des  combustions  simultanées  du  carbone,  du  soufre,  de  l'hydrogène 
et  autres  corps  inflammables  (')  ;  ou  bien  encore,  dans  les  essais  exécutés 
jusqu'ici  par  différentes  autres  voies,  telles  que  la  nitrification  naturelle, 

('j  Voir  t;nU'  autres  mes  expériences.  Annales  de  CIninie  et  de  ji/ii/siqiie,  7'  série,  t.  \XI, 
p.  I45--20-2. 

C.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  25.)  '79 


l368  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

accomplie   avec    le   concoars    préalable   des   agents   microbiens   fixateurs 
d'azote  ('). 

Je  vais  résumer  mes  études  sur  la  formation  de  l'acide  azotique  par 
l'azote  et  l'oxygène,  à  la  température  ordinaire  :  en  en  fixant  les  proportions 
relatives,  en  présence  de  l'eau  ou  des  alcalis,  et  en  déterminant  les  limites 
de  la  combinaison  et  sa  vitesse,  suivant  l'état  de  condensation  de  la 
matière,  c'est-à-dire  suivant  la  pression  des  sjstèmes  gazeux.  Je  termi- 
nerai par  des  considérations  thermocliimiques,  destinées  à  comparer  la 
méthode  actuelle  de  synthèse  avec  les  autres  méthodes,  fondées  sur  l'em- 
ploi de  l'étincelle,  ou  des  combustions  simultanées. 

I.    MÉTHODE. 

J'opère  au  moyen  des  appareils  que  j'ai  imaginés  pour  faire  agir  l'effluve 
soit  sur  un  courant  gazeux,  soit  sur  un  volume  déterminé  de  gaz  ren- 
fermé dans  un  vase  de  verre  scellé,  en  présence  de  l'eau  ou  d'une  solu 
tion  étendue  de  potasse.  Dans  plusieurs  cas,  ce  vase  a  été  relié  à  un  tube 
vertical  capillaire,  immergé  dans  ime  cuve  à  mercure  :  de  façon  à  pouvoir 
suivre  la  marche  des  pressions,  et  par  conséquent  la  marche  de  la  combi- 
naison à  volume  constant,  accomplie  au  cours  d'intervalles  de  temps  suc- 
cessifs. Le  vase  était  entouré  d'eau,  définissant  approximativement  la 
température  des  gaz,  maintenue  à  peu  près  constante,  depuis  8° jusqu'à  80°, 
dans  différentes  expériences. 

Au  cours  de  tous  mes  essais,  il  se  forme  uniquement,  ou  à  peu  près,  de 
l'acide  azotique  hydraté,  d'après  la  formule  exacte 

Az-  4-  0"  +  IPU  -h  Aq  =  2  AzO'H  étendu  ; 

cet  acide  demeurant  libre,  ou  combiné  à  la  potasse. 

La  réaction,  à  cha([ue  instant,  s'efi'ectue  suivant  cette  formule;  quel  que 
soit  l'excès  relatif  de  l'azote,  sans  <|u'il  se  forme  ni  acide  azoteux  bien 
sensible,  ni  ammoniaque. 

De  même,  avec  un  excès  d'oxygène. 

Dans  tous  les  cas,  elle  s'accomplit  jusipTà  épuisement  de  celui  des  deux 
gaz  qui  se  trouve  en  excès. 

Ces  résultats  ont  été  constatés  à  l'aide  de  mesures  elTectuées  par  les 
analyses  suivantes  : 

('j  Cliiniic  végt'lii/c  et  ngvicolc,  t.  I,  livre  l''',  p.  1  ',  et  1  ">  et  p.   îi)S. 


SÉANCE    DU     l8    JUIN     I906.  l369 

1°  Mesure  exacte  des  volumes  d'oxygène  et  d'azote  disparus  ; 

2°  Mesure  du  titre  acide  des  solutions  aqueuses,  ou  du  titre  ah^alin  des 
solutions  potassiques  ;  ' 

3°  Mesure  du  volume  de  bioxyde  d'azote  gazeux,  régénéré  ensuite  de 
l'azotate. 

Dans  la  plupart  des  expériences,  les  trois  ordres  de  mesures  ont  été 
exécutés  sur  le  même  échantillon  et  ont  été  concordantes.  En  outre,  on  a 
toujours  vérifié  avec  précision  la  dose  ou  l'absence  sensible  de  l'acide  azo- 
teux et  l'absence  de  l'ammoniaque. 

L'effluve  était  produite  à  l'aide  d'une  bobine  d'induction  à  décharges 
altternatives,  alimentée  par  un  courant  de  12  volts  et  6  ampères,  intensité 
moyenne  (courant  primaire).  La  longueur  des  étincelles  explosives  entre 
les  pôles  était  limitée  à  ao""".  Mais  on  avait  soin  de  régler  l'interrupteur 
vibrant,  de  façon  à  ne  produire  à  l'intérieur  des  gaz  du  vase  à  effluves,  ni 
étincelles,  ni  pluie  de  feu.  J'ai  opéré  tantôt  sans  condensateur,  tantôt  avec 
condensateur.  Jamais  la  vapeur  nitreuse  n'a  apparu,  même  temporaire- 
ment. La  réaction  opérée  sur  un  volume  limité  de  gaz  avait  en  général  atteint 
sensiblement  sa  limite  au  bout  de  6  à  8  heures. 

IL  Expériences.  Ré.ilCtion  tot.\le.  Proportions  rel.vtives. 

J'ai  opéré  à  la  température  ordinaire,  en  faisant  varier  les  proportions 
relatives,  c'est-à-dire  en  employant  l'azote  et  l'oxygène,  d'abord  suivant  les 
rapports  théoriques  de  2  volumes  à  3  volumes  :  A?}  -\-  O"  ; 
puis  suivant  les  rapports  de  2  volumes  à  un  seul  :  Az-  +  O  ; 
enfin  suivant  les  rapports  de  l'air  atmosphérique  :  79™', 2  azote  +  20'°'. 8  oxy- 
gène, rapports  voisins  de  Az*  +  0. 

La  vapeurd'eau,  présente  au  cours  de  mes  expériences,  était  toujours  er 
proportion  équivalente  fort  inférieure  à  celles  de  l'azote  et  de  l'oxygène, 
lorsque  j'ai  opéré  à  la  température  ordinaire  ;  si  ce  n'est  vers  la  fin  du 
phénomène.  En  effet,  au  début,  vers  8°,  le  volume  de  la  vapeur  d'eau  ne 
représente  guère  que  le  centième  des  volumes  réunis  des  deux  gaz,  sous 
la  pression  normale,  tandis  que  vers  la  fin  elle  peut  en  constituer  la  presque 
totalité,  lorsqu'on  opère  à  volume  constant,  en  partant  de  Az"  +  0°. 

Cependant,  en  raison  de  la  lenteur  de  la  l'éaction,  la  vapeur  d'eau  qu'elle 
absorbe  est  sans  cesse  reformée  aux  dépens  de  l'eau  liquide  placée 
au  fond  des  tubes  ('),  et  elle  est  régénérée  assez  rapidement,  de  façon  à  se 

(')  L'eau  liquide  introduite  dans  l'appareil  ne  doit  jamais  atteindre,  même  au  début,  une 


1870  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

trouver  toujours  en  excès  suffisant  pour  la  production  continue  de  l'acide 
azotique;  ainsi  que  le  prouve  l'absence  perpétuelle  de  la  vapeur  nitreuse. 
On  a  opéré  d'abord  par  circulation,  puis  sur  un  volume  de  gaz  limité, 
contenu  dans  un  appareil  complètement  clos. 

Première  partie.  —  Circulation. 

(i)  Ail-  atmosphérique.  —  J'ai  fait  circuler  lentement  un  courant  d'air 
dans  mon  appareil  à  ozone  ('),  à  raison  d'un  demi-litre  par  heure,  vers  10°, 
pendant  8''.  Je  donnerai  comme  indication  les  closes  d'acide  azotique  formé  ; 
ces  doses  étant  évidemment  subordonnées  au  volume  du  gaz  contenu  dans 
l'espace  annulaire  compris  entre  les  deux  cylindres  de  verre  concentriques, 
à  la  distance  de  ces  deux  cylindres,  et  à  la  tension  (variable)  de  l'électricité 
fournie  à  l'effluve  par  la  bobine  d'induction. 

On  a  dosé,  d'une  part,  l'acide  condensé  dans  l'eau,  au  fond  du  cylindre 
enveloppant,  et  d'autre  part,  l'acide  vaporisé  et  entraîné  au  dehors  par 
l'excès  des  gaz  non  combinés,  barbotant  dans  une  autre  proportion  d'eau. 

On  a  constaté  ainsi,  dans  le  liquide  intérieur  :AzO^H=     o^^iSa 
Dans  le  liquide  extérieur o^^ooa 

Total G    ,i54 

Ce  qui  répond  en  moyenne,  pour  la  durée  d'une  heure,  ào'^Soiga,  corres- 
pondant à  y'^,6  d'azote  et  12^,6  d'oxygène,  empruntés  à  un  demi-litre  d'air. 

On  voit  en  outre  que  la  tension  de  vapeur  propre  de  l'acide  (hydraté)  est 
très  faible. 

Ni  acide  azoteux,  ni  ammoniaque. 

(2)  Même  expérience,  avec  le  même  appareil  ;  à  cela  près  que  l'on  y  avait 
introduit  une  solution  étendue  de  potasse,  au  lieu  d'eau.  On  a  fait  passer 
5  litres  d'air,  en  8''.  A  la  fin  on  a  obtenu  :  o8',202  d'acide  azotique  AzO'H 
(neutralisé  par  la  potasse);   toujours  sans  acide  azoteux,  ni  ammoniaque. 

Or,  dans  ces  conditions,  s'il  y  avait  eu  de  l'acide  azoteux,  ou  du  gaz 
hypoazotique,  même  temporairement,  il  aurait  du  se  former,  d'après  les 
expériences  de  Gay-Lussac  et  les  miennes,  de  l'azotite,  au  contact  de  la 

liauluur  suffisante  pour  établir  la  conductibilité  électrique  entre  les  parois  de  verre   des 
deux  tubes  concentriques,  entre  lesquelles  se  produit  l'effluve. 
(')  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  fi"^  série,  t.  X,  p.   iHC. 


SÉANCE  DU   i8  JUIN   ir)oG.  1371 

potasse  ;  i'acide  azoteux  étant  soustrait  soudain  au  mélange  gazeux,  avant 
qu'il  ait  eu  le  temps  d'être  suroxydé. 

La  dose  d'acide  azotique  formé  par  heure,  au  cours  de  cet  essai  fait 
avec  le  concours  de  la  potasse,  était  de  o^', 0252;  soit  oS'',oo5o  par  litre  d'air 
employé  :  chiffre  concordant  avec  celui  de  l'acide  formé  avec  le  concours  de 
l'eau  pure  (o'''',oo48).  L'alcali  n'avait  donc  exercé  aucune  action  accélératrice 
sensible  sur  la  combinaison  des  deux  gaz,  dans  ces  conditions. 

Ajoutons  d'ailleurs  que  le  poids  de  l'oxygène  contenu  dans  un  litre  d'air 
employé  était  o^'',o27,  et  celui  de  l'oxygène  changé  en  acide  azotique 
o^'',oo375.  Ces  chiffres  répondent  à  un  rendement  de  i4  p.  100,  constaté  en 
présence  d'un  excès  d'oxygène  et  d'un  excès  d'azote  non  combinés. 

On  va  montrer  que  ce  rendement  peut  devenir  total,  tant  pour  l'oxy- 
gène que  pour  l'azote,  lorsque  l'on  prolonge  la  réaction  sur  un  volume 
d'air  limité. 

(3)  Mais  avant  d'aborder  ce  sujet,  j'ai  recherché  si  la  formation  de  l'acide 
azotique,  sous  l'influence  de  l'effluve,  exigeait  les  hautes  tensions  déve- 
loppées avec  la  bobine  d'induction,  mise  en  jeu  dans  les  conditions  pré- 
cédentes. Or,  en  opérant  avec  le  courant  alternatif  du  secteur,  c'est-à-dire 
sous  une  tension  d'une  centaine  de  volts,  avec  les  mêmes  appareils  et 
avec  la  même  épaisseur  de  gaz  dans  l'espace  annulaire  qui  sépare  les  deux 
tubes  concentriques,  4  litres  d'air  humide,  circulant  pendant  8'',  n'ont 
fourni  aucune  trace  d'acide  azotique. 

Dans  un  appareil  clos,  en  opérant  en  vase  scellé  sur  un  volume  limité 
d'une  trentaine  de  centimètres  cubes,  pendant  18'',  le  résultat  a  été  égale- 
ment négatif  avec  le  courant  du  secteur  (io5  volts)  ('). 

Seconde  partie.   —  Expériences  faites   sur  un  volume  constant   de  gaz,  en  vases 
clos  et  scellés  à  la  lampe.  Limite  de  la  combinaison. 

On  a  fait  varier  les  proportions  relatives  des  deux  gaz,  ainsi  qu'il  a  été 
dit  plus  haut  : 

(4)  Mélange  en  proportion  théorique  :  Az^  +  0°  ;  en  présence  de  l'eau  (-). 

('j  En  rédulsaut  l'épaisseur  de  la  couche  gazeuze,  il  pourrait  en  être  autrement. 
Dans  tous  les  cas,  les  décharges  disruptives,  sous  forme  d'étincelle  ou  de  pluie  de  feu, 
ont  toujours  été  évitées. 

(^)  Voir  mes  appareils,  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  V  série,  t.  XXII,  p.  A^fi, 
464,  457  (1857.)  Un  manomètre  capillaire  était  ajouté  à  ces  appareils. 


l37'-i  ACADÉMIE     DES    SCIENCES. 

Capacité  du  vase  :  23'''"''.  l  =  \'.\".  Pression  intérieure  initiale,  o^.So  (de  mer- 
(uire).  Après  (i''  d'effluve,  pression  o^jOj.  Le  vase  renfermait  encore  de 
l'oxygène  et  de  l'azote. 

Poids  du  gaz  absorbé  (Az^+  O")  :  o^'',oi(i  d'après  les  volumes;  o,oi5  d'après 
le  litre  acide.  Réaction  presque  totale. 

(5)  Même  mélange,  en  présence  d'une  solution  étendue  de  potasse. 
Volume  inifitial  du  gaz  réduit  :  64°"'%6.  Pression  intérieure  initiale  :  o"',764. 
/  ==  8°, 5.  Durée,  i4''.  Pression  finale,  o'",o9. 

Gaz  absorbé,  0=o^'',o42,  Az  =  o'^\oi'ji  ;  cecjui  répond  à  Az  O'H  =  o''',o9(). 
D'après  le  titre  acide,  0,09a. 

Autre  expérience  sur  24'''"',5.  Gaz  initial.  On  a  obtenu  vVzO'H  =  o'='',o38 
d'après  les  volumes  absorbés.  D'après  le  volume  AzO  régénéré,  0,0.37. 
Ni  AzH',  ni  AzO-H. 

(6)  ^lème  mélange,  à  80".  Autre  vase.  Pression  initiale  des  gaz  froids,  o'",5o. 
AzO^H  formé  :  d'après  les  volumes  gazeux,  o^'^oio  ;  d'après  le  titre 
acide,  0,0108. 

(7)  Mélange  de  2  volumes  d'azote  et  de  i  volume  d'oxygène,  Az'  +  O, 
en  présence  de  l'eau.  Pression  initiale,  o"\yy.  L  =  8°.  Durée  :  6''.  Volume 
initial  réduit,  53''""', 6.  Volume  final  du  gaz  réduit,  28""%4. 

Diminution:  25'""'%2,  formés  de  1 7'''" ',9  oxygène  et 7™'^ 2  azote  (mesures). 
Rapport  ;■)  :  a,  Tout  l'oxygène  a  disparu.  Ni  AzH\  ni  AzO'H. 

(7  bis)  Résultat  semi^lable,  avec  le  même  mélange,  en  présence  de  la 
potasse. 

(8)  Même  mélange.  Pression  atmosphérique  initiale. 

Volume  initial  réduit,  7i""'\3.  \'olume  (inal,  38''"', 3.  Durée  8''.  Diminu- 
tion :  33'"".  Tout  l'oxygène  a  disparu,  soitO  =  a!V""',8  et  Az  =  9""', 5.  Trace 
d'acide  azoteux. 

Poids  de  AzO^H  :  d'après  les  volumes  gazeux  absorbés,  o^'',o53  ;  d'après  le 
volume  régénéré  de  AzO,  o,o5i. 

(9)  Air  ordinaire,  en  présence  de  la  potasse  étendue.  Pression  initiale, 
o"',768.  /  =  13°.  Pression  finale,  o"',r)8.  Il  reste  un  peu  d'oxygène. 
AzO'H    obtenu,    d'après    les    volumes    gazeux,    o'^\o;")7  ;    d'après    le     titre 
a(-ide  0,007.  Ni  AzH',  ni  AzO-11. 

(9  bis)  Air,  en  présence  de  l'eau.  Expérience  semblable.  Gaz  initial  réduit, 
33''"'\8.  Gaz  linal,  24""'', 8,  renfermant  encore  o'''"%3  d'oxygène.  Azote  restant, 
•24""', 5.  D'oii  AzO'H  formé,  d'après  les  volumes  gazeux,  o'=',oi37.  D'après  le 
titre  acide,  o,i)i3o;  d'après  AzO  régénéré,  o,oi36. 


SÉANCE    DU     l8    JUIN     I 906.  l373 

On  voil  par  ces  expériences  que  la  combinaison  de  l'oxygène  et  de  l'azote 
en  présence  de  la  vapeur  d'eau,  opérée  à  basse  température  par  l'effluve,  tend 
à  s'accomplir  jusqu'à  épuisementde  l'oxygène,  quelle  que  soit  la  proportion 
relative  de  l'azote  ;  cette  limite  n'étant  d'ailleurs  atteinte  complètement 
qu'au  bout  d'un  temps  théoriquement  infini.  Dans  tous  les  cas  étudiés,  il  se 
forme  de  l'acide  azotique,  sans  formation  sensible  d'ammoniaque  ou  d'acide 
azoteux  :  tant  ((u'il  y  a  un  excès  d'oxygène,  et  même  avec  un  excès  d'azote. 

Ce  résultat  pourrait  s'expliquer  en  présence  d'un  excès  d'oxygène,  en 
raison  de  la  tendance  de  l'oxygène  à  former  de  l'ozone,  et  de  l'incompati- 
bilité entre  l'ozone  et  l'acide  azoteux,  du  moins  lorqu'ils  sont  maintenus 
pendant  quelque  temps  en  présence  de  l'eau  ;  ainsi  ([u'entre  l'ozone  et 
l'ammoniaque. 

Mais  cette  explication  ne  suffit  pas  pour  expli([uer  l'absence  de  l'acide 
azoteux,  en  présence  d'un  excès  d'azote.  11  semble  dès  lors  établi  que 
l'acide  azotique  est,  dans  tous  les  cas,  le  produit  essentiel  de  la  réaction, 
et  (|ue  l'azote  n'est  pas  susceptible  de  le  ramener  à  l'état  d'un  oxyde  inférieur, 
dans  les  conditions  de  mes  expériences. 

Cette  formation  de  l'aciile  azotique  à  peu  près  exclusive,  en  présence 
d'un  mélange  d'azote,  d'oxygène  et  de  vapeur  d'eau,  a  lieu  non  seulement 
à  la  lemjîéralure  ordinaire,  mais  jusqu'à  80°  au  moins. 

Il  convient  évidemment  de  faire  des  réserves  pour  les  températures  éle- 
vées au-dessus  du  degré  où  s'opère  la  décomposition  pyrogénée  de  l'acide 
azotique. 

Ajoutons  d'ailleurs  que  la  réaction  oflVe  le  même  caractère,  depuis  la 
pression  atmosphérique  normale  du  début,  jusqu'aux  très  faibles  pressions 
finales  d'oxygène,  lesquelles  répondent  à  la  disparition  à  peu  près  totale 
de  ce  gaz  dans  les  mélanges. 

Tkoisièmu;  l'ARTiL.  —  RelatloDS  entre  la  vitesse  de  la  combinaison  et  la  pression 

du  système  gazeux. 

En  opérant  dans  les  conditions  qui  viennent  d'être  signalées,  le  volume 
des  gaz  intérieurs  demeure  sensiblement  constant  (sauf  les  petites  diffé- 
rences attribuables  au  changement  de  niveau  du  mercure,  dans  l'espace 
très  petit  occupé  par  ce  liquide  dans  le  tube  capillaire. 

En  tenant  compte  des  variations  de  température  de  l'air  et  de  la 
pression  atmosphérique,  on  peut  dès  lors  déduire  de  la  hauteur  de  la 
colonne  mercurielle  (qui  définit  la  pression  du  gaz  expérimenté)  le  poids 


l374  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

absolu  d'acide  azotique,  formé  pendant  une  période  quelconque  de  l'ex- 
périence. C'est  ainsi  qu'ont  été  obtenus  les  résultats  suivants. 

Je  commencerai  par  les  mélanges  gazeux  formés  dans  les  proportions 
théoriques  Az"  +  0'';  la  tension  de  la  vapeur  d'eau  étant  de  o'",oo8  vers  8°, 
température  voisine  de  celle  de  la  plupart  de  ces  essais.  Cette  tension  est 
d'ailleurs  négligeable  dans  une  première  approximation;  sauf  vers  la  fin  du 
phénomène,  bien  entendu. 

Soit  d'abord  l'expérience  (5),  exécutée  sur  un  volume  gazeux  de  64"^, 6 
(réduit).  Pression  initiale  :  o"',^6  ;  t=  8°, 5.  Pression  finale  :  o™,o8.  Durée, 
i4  heures.  Quantité  totale  d'acide  AzO'H  formée  :  96""=''. 

Au  début,  l'action  s'exerce  avec  une  certaine  intensité;  elle  s'accélère 
ensuite,  par  une  sorte  d'entraînement.  Au  bout  de  3  heures  et  demie 
(y  10""""'"=*),  la  pression  est  tombée  à  o'",34,  un  peu  moins  de  moitié.  La 
quantité  d'acide  formé  s'élevait  alors  à  So'"^''  (Sa  p.  100  delà  totalité)  ;  c'est- 
à-dire  la  moitié  environ  :  soit  0""=''', 24  par  minute. 

Pendant  les  2  heures  qui  suivent  (de  210"""  à  33o"""),  la  pression  tombe  à 
o"',25.  La  quantité  d'acide  formée  pendant  cet  intervalle  était  de  10"'^', 8 
(11  p.  100  du  total),  soit  o'"^',9  par  minute  :  un  peu  moins  de  moitié  de  la 
précédente,  pour  la  même  durée  et  pour  une  pression,  réduite  de  moitié. 
Pendant  les  4  heures  suivantes  (33o"''°  à  570'"'"),  la  pression  tombe  à 
o^jiaG.  Le  poids  d'acide  formé  pendant  ce  nouvelintervalle  était  de  11'"^',  5, 
soit  la  p.  100  du  total,  c'est-à-dire,  o"'^'',48  par  minute  :  moitié  environ  de 
la  période  précédente,  pour  une  pression  réduite  d'un  tiers. 

La  réaction  se  ralentit  ainsi  indéfiniment,  à  mesure  que  l'état  de  conden- 
sation de  la  matière  diminue.  C'est  là  une  conclusion  applicable  à  une  mul- 
titutle'cle  phénomènes  chimiques.  Qu'il  me  soit  permis  de  rappeler  qu'elle 
a  été  inaugurée  dans  l'étude  des  réactions  gazeuses,  par  mes  expériences 
sur  la  formation  des  éthers,  en  1860.  Il  n'est  |)as  possilile  d'ailleurs  de 
calculer  une  loi  rigoureuse  de  ce  décroissement  durant  la  formation  de 
l'acide  azotique  d'après  les  chiffres  qui  précèdent,  à  cause  de  l'accélération 
initiale  et  de  la  variation  de  tension  tle  la  vapeur  d'eau,  en  premier  lieu. 
En.  outre  la  vitesse  de  la  réaction  est  surtout  influencée  par  la  variation 
incessante  et  irrégulière  des  tensions  électriques,  et  par  suite  de  l'énergie 
fournie  à  chaque  instant  par  la  bobine  d'induction,  dans  les  conditions 
présentes  de  son  emploi  ('). 

(')  Pour  arriver  à  une  loi  précise,  il  faudrait  en  outre  définir  plus  neUenient  l'épais- 


SÉANCE    DU     l8    JUIN     1()0().  l37D 

La  conclusion  générale  qui  précède   n'en  demeure  pas  moins  certaine. 

(lo)  Voici  une  autre  expéiuence,  exécutée  sur  un  volume  de  27''"',  c'est- 
à-dire  à  peu  près  moitié  moindre  que  les  précédentes,  avec  formation  linale 
de  qs^oSS  de  AzO'H,  en  présence  de  KOH  étendue. 

Pendant  les  premières  i5  minutes,  la  pression  est  tombée  à  o"',68.  Le 
poids  moyen  d'acide  i'ormé  par  minute  était  o"^'',i6. 

Pendant  les  3o  minutes  suivantes,  la  pression  tombe  à  o"',57.  Poids  moyen 
d'acide  formé  par  minute,  o"'s',2i. 

Pendant  les3o  minutes  suivantes,  la  pression  tombe  à  o"',42.  Poids  moyen 
d'acide  formé  par  minute,  o"'''''',28. 

Ainsi,  pendant  les  jj  premières  miniiies,  la  réaction  a  formé  o'='',oi7 
de  AzO'lI,  c'est-à-dire  près  de  moitié  du  poids  total  oblenu  à  la  lin;  la 
pression  étant  réduite  à  près  de  moitié. 

Pendant  les  i5o  minutes  suivantes,  la  pression  tombe  à  o"',i7.  Poids 
moyen  de  l'acide  formé  par  minute,  o"''^'',o95.  Il  y  a  donc  nouvelle  réduction  de 
pression  plus  de  moitié;  le  poids  de  l'acide  azotique  formé  pendant  cette 
période  s'élevant  à  o^'',oi4. 

Pendant  les  120  minutes  suivantes,  la  pression  est  réduite  à  o"',o76.  Poids 
moyen  d'acide  formé  par  minute,  o""^',o44- 

Pendant  les  120  minutes  suivantes,  la  pression  se  réduit  enfin  à  o"',o4. 
Poids  moyen  d'acide  formé  par  minute,  o""'''',oi6. 

On  voit  ici  plus  clairement  l'accélération  initiale,  puis  la  diminution 
progressive,  qui  se  produit  en  raison  de  la  diminution  de  la  condensation 
de  la  matière  gazeuse. 

(il)  Voici  deux  expériences,  destinées  à  rendre  compte  autant  que 
possible,  de  l'influence  d'un  condensateur  électrique  (i)outeille  de  Leyde): 
condition  oi"i  l'étincelle  modératrice  entre  les  pôles  change,  comme  on  sait, 
de  longueur  et  d'intensité.  Ces  deux  expériences  ont  été  exécutées  avec  les 
mêmes  tubes,  afin  tl'en  rendre  les  conditions  conqiarables,  autant  (jue 
possible.   Au   contraire,  elles  ne  le  sont  pas  au  même  degré  avec  les  pré- 


senr  dp  la  couche  gazeuse  sur  laquelle  s  exerce  l'action  de  i'eftluve^  épaisseur  qui  n'est 
pas  uniforme  dans  les  appareils  de  verre.  Il  faudrait  aussi  définir  le  mode  de  distribution 
de  1  action  de  l'effluve  dans  les  différentes  régions  de  la  masse  gazeuse,  et  spécialement 
dans  la  capacité  vide,  en  partie  remplie  d'eau,  qui  sépare  le  fond  du  luhe  intérieur  de 
celui  du  tube  concentrique  qui  l'enveloppe.  Enfin  il  conviendrait  de  faire  intervenir  la 
vitesse  d'évaporation  de  l'eau  restituée. 

C.  R.,    1901;,    !«'  Srnieslre.  (T.  CXl.ll,  N»  25  )  I  8o 


X3']6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

cédentes,  en  raison  delà  difterence  des  volumes  intérieurs  etde  l'épaisseur 
de  la  couche  gazeuse  interposée. 

Volume  intérieur,  24''™^  Pression  initiale,  o™,5o. 

SANS  CONDENSATEUR  AVEC  CONDENSATEUR 

Poids  lotiil  de  AzO 'H  formé.  osr.oiSe  oSf.oig 

Poids  d'AzO^H  Poids  d'AzO^H 

Pression.         par  minute.         Pression.  par  minute. 

Après  i5  minutes o",44  o"'s,i7)  o",46  o"'e,i6 

Après  les  i5  minutes  suivantes.     o™,38  o^^e,!-]  o'",4o  0^8,19 

Aprèsles3o  minutes  suivantes.     o'",24  o'"S,2o  o™,3o  omB.iTS 

Après  les  60  minutes  suivantes.      o"\i5  o™B^o6  o™,20  o™s.o8 

Après  les  60  minutes  suivantes.     o™,07  o™b.o5  o",i2  o"6,o6 

La  combinaison  avait  atteint  à  peu  près  la  moitié  de  la       Même  observation  au 

limite  au  bout  d'une  heure  bout  d'une  heure. 

D'après  ces  observations,  l'influence  du  condensateur  électrique  employé 
a  été  minime  ;  conséquence  qu'il  ne  l'audrait  pas  trop  généraliser  pour 
d'autres  dispositions. 

QuATRu'îME  PARTIE.  —  Influonce  d'un  excès  d'azote. 

Jusqu'à  quel  point  la  condensation  gazeuse  décroissante  de  la  fraction 
dit  mélange  gazeux,  entrant  en  combinaison  et  par  l'efTet  de  cette  combinaison, 
dans  un  mélange  renfermant  en  excès  de  l'un  des  composants,  tel  que 
l'azote,  peut-elle  être  assimilée  à  la  simple  raréfaction  produite  sur  le  sys- 
tème Az-  +  O",  dont  les  composés  entrent  intégralement  en  réaction?  C'est 
ce  que  font  entrevoir  les  expériences  suivantes. 

Soient  les  chifires  obtenus  au  cours  de  l'expérience  fS),  exécutée  sur  le 
mélange  Az-  -|-  O. 

En  présence  de  la  potasse,  au  bout  de  8  heures,  tout  l'oxygène,  ou  sen- 
siblement, a  disparu,  et  le  volume  réduit  du  gaz  final  s'est  trouvé  réduit 
à  54  p.  100  de  son  volume  initial.  La  théorie  indique  en  effet  pour  la  for- 
mation exclusive  de  l'acide  azotique  dans  un  semblable  mélange  :  5:3  p.  loo. 

En  fait  d'ailleurs  ('),  le  poids  de  cet  acide  AzO'H  formé  s'élevait  à  o^s^oSS. 

Or  pendant  la  première  heure,  il  s'est  formé  oS'',oi7  d'acide,  soit  le  tiers 
de  la  quantité  totale  :  o"'^','i  environ  par  minute  moyenne.  Pendant  l'heure 
suivante,  il  s'est  formé  oi^'',o  12  d'acide  :  soit  o""'''',2  par  minute  moyenne. 

Pendant  les  2  heures  suivantes,  o'-'^'^oS  par  minute  moyenne. 


(')  Par  une  co'incidence  numérique  fortuite. 


SÉANCE    DU     l8    JUIN     I906.  ^^Tl 

Pendant  les  2  heures  suivantes,  o™^'',o5  par  minute  moyenne. 

Pendant  les  2  heures  suivantes,  o^^'^oa  par  minute  moyenne. 

En  fait,  les  poids  aljsolus  obtenus  sont  voisins  de  ceux  de  l'expérience  (10); 
mais  ils  représentent  une  fraction  moindre  du  total  :  [o^'',o53  dans  l'expé- 
rience (8),   au  lieu  de  o'^'',o38,  dans  l'expérience  (10)]. 

L'action  paraît  donc  plus  lente,  en  présence  d'un  excès  d'azote,  pour  une 
même  tension  relative  de  la  fraction  combinable. 

Cependant  les  vitesses  n'ont  pas  été  réduites  à  moitié  environ  ;  comme  il 
semble  qu'il  aurait  dû  résulter  delà  condensation  propre  du  mélange  trans- 
formable, dilué  à  peu  près  à  la  moitié  de  la  condensation  réalisée  en 
l'absence  d'un  excès  d'azote.  Il  semble  donc,  (fue  les  conditions  des  expé- 
riences actuelles  autoriseraient  à  admettre  que  l'excès  d'azote  a  une  cer- 
taine influence  favorable  :  ce  qui  serait  conforme  aux  lois  connues  de  la 
combinaison  chimique,  telle  que  je  l'ai  observée  dans  l'étude  des  réactions 
éthérées.  Mais  les  conditions  actuelles  sont  trop  complexes  pour  autoriser 
une  conclusion  définitive. 

III.  Thermochimie. 

La  réaction  fondamentale  définie  plus  haut 

Az-  +  0'  +  H-0  +  Aq  =  2  Az  O'H  étendu 

est  exothermique  et  dégage  +  28'"*',6('). 
La  réaction  théorique  entre  corps  gazeux 

Az-  +  0'  +  H-0  gaz  =  2AzO'H  gaz 

dégagerait  +  9''''',4i  si  l'on  admettait  que  les  hydrates  d'acide  azotique 
gazeux,  susceptibles  de  se  former  en  présence  d'un  excès  de  vapeur  d'eau 
et  de  subsister  dans  cet  état,  fussent  entièrement  dissociés  dans  l'état  gazeux  ; 
hypothèse  qui  peut  être  contestée.  Quoi  qu'il  en  soit,  on  voit  que  la  for- 
mation de  l'acide  azotique  demeurerait  en  tous  cas  exothermique. 

Il  résulte  de  là  que  l'eflluve  joue  surtout  dans  la  formation  directe  de  l'acide 
azotique,  à  la  température  ordinaire,  le  rôle  de  déterminant  ou  catalysateur, 
(dans  le  langage  actuel);  sans  fournir  une  énergie  consommée  au  cours  de 
l'accomplissement  de  la  combinaison. 

Or  il  en  est  tout  autrement  de  la  combinaison  directe  de  l'azote  et  de 
l'oxygène  par  l'arc  ou   par  l'étincelle  électrique,   soit  avec  production  de 

(')  T/ieritioc/iiiiiie.  Données  et  lois  numériques,  t.  II,  p.   106. 


l378  ACADÉMIIÎ     DES     SCIENCES. 

bioxyde  d'azote  : 

■'.  Az  +  f',0  =  ■>.  AzO,  absorberait  à  froid  — 4'^'"'''.a; 

soit  avec  production  de  gaz  liypoazotique  : 

2  Az  +  2  0-  =  2  AzO",  absorberait  —  iS^^'.S  vers  200°, 

AzO"  étant  formé  seul: 
ou  bien,  à  froid,  — 3'^'^',4  î 

nette  dernière  température  donnant  naissance  à  un  mélange  de  deux  com- 
posés inégalement  condensés,  tels  que 

AzO-  +  ^  Az-0'*  ; 

La  réaction  serait  donc  toujours  endothermique  au  voisinage  de  la.  tem- 
pérature ordinaire. 

Quant  à  ce  qui  se  passe  réellement  aux  températures  de  l'arc  ou  de 
l'étincelle,  il  n'est  pas  possible  de  l'évaluer  avec  certitude,  parce  que  nous 
ignorons  quelles  sei'aient  les  valeurs  des  chaleurs  spécifiques  des  gaz 
simples  ou  composés  à  ces  températures.  Si  l'on  se  conforme  aux  analogies, 
tirées  de  la  connaissance  générale  des  relations  constatées  entre  les  chaleurs 
spécifiques  des  gaz  simples  et  celles  des  gaz  composés,  il  semble  que  la 
chaleur  absorbée  dans  la  formation  des  oxydes  de  l'azote  par  leurs  éléments 
doit  croître  en  valeur  al)solue  avec  l'élévation  de  la  température.  Il  est  donc 
probable  que  cette  formation,  telle  qu'elle  est  réalisée  en  fait  par  rétincelle  , 
ou  l'arc  électrifjue,  demeure  endothermique  :  étant  accomplie  par  le  con- 
cours des  énergies  électriques,  étrangères  au  système  atomique  de  ces  élé- 
ments libres.  Son  caractère  paraît  dès  lors  essentiellement  différent  de 
celui  de  la  fornuilion  de  l'acide  azotique  parl'eiiluve,  telle  (|u'elle  est  étudiée 
dans  le  présent  mémoire. 

11  en  est  de  même  de  la  formation  des  oxydes  de  l'azote,  simultanée  avec- 
la  (combustion  du  carbone,  du  soufre  ou  de  l'hydrogène  ;  la  réaction  totale 
résultant  de  ces  combustions  et  de  la  i'ormation  accessoire  de  petites 
(|iuintités  d'oxydes  d'azote.  Dès  lors  ce  sont  ces  dernières  combustions  (|ui 
fourniraient  l'énergie  consonunée  dans  la  dernière  formation. 

Le  mot  même  de  combustion,  appliqué  à  l'oxydation  de  l'azote  par  l'élec- 
tricité, est  équivoque  ;  car  cette  oxydation,  a(-complie  par  une  énergie  étran- 
gère et  extérieure  ausystème  atomiqueavecabsorption  dechaleur,  n'est  nul- 
lement assimilal)le  à  la  combustion  fondamentale  du  carbone,  du  soufre  ou 
(h;  l'hvdrogène.  Je  ne  saurais  trop  insister,  au  point  de  vue  de  la  mécanique 


SÉANCE     DU     iH    JUIN     I()o6.  l'^79 

chimique,  sur  cette  diiïérence  essentielle  qui  existe  entre  la  synthèse  directe 
de  l'acide  azotique,  opérée  à  basse  température,  et  ht  i'ormation  des  oxydes 
de  l'azote  aux  températures  élevées,  avec  ou  sans  concours  de  l'électri- 
cité. 

ASTRONOMIE.  —  Application  du  lêléphone  rt  df  V Aslrolahe   Claude-Drien- 
coiirl  à  la  deleniiinaiioii  de  la  longiliide  de  Brest.  Note  de  M.  E.  GiiA'Or. 

Il  y  a  un  an  environ  ('),  en  informant  l'Académie  de  la  ci'éation,  à 
l'Observatoire  du  Bureau  des  Longitudes,  d'un  service  de  distribution  de 
l'heure  précise  par  le  téléphone,  j'appelais  l'attention  sur  le  parti  que  l'on 
pourrait  tirer  de  ce  nouveau  mode  de  transmission  de  l'heure  pour  les 
déterminations  de  longitudes. 

Une  première  application  vient  d'en  être  faite,  par  le  même  Observatoire, 
avec  le  concours  d'ingénieurs  et  d'officiers  de  la  Marine  et  du  Service  géogra- 
phique de  l'Armée,  à  une  nouvelle  détermination  de  la  longitude  de  Brest. 

On  a  employé,  pour  les  transmissions  d'heures,  deux  chronomètres 
battant  la  demi-seconde  et  réglés,  l'un  sur  le  temps  moyen,  l'aulre  sur  le 
temps  sidéral,  pour  permettre  l'application  de  la  méthode  des  coïncidences. 
Sur  la  glace  même  de  chacun  des  deux  instruments  était  placé  un  micro- 
phone Hughes  intercalé  dans  le  primaire  d'une  bojîine  d'induction  dont 
les  extrémités  du  secondaire  étaient  rattachées  aux  bornes  de  la  ligne 
téléphonique.  Grâce  à  cette  disposition,  les  observateurs  des  deux  stations 
pouvaient  percevoir  les  battements  des  deux  chronomètres  en  conservant 
la  faculté  de  communiquer  verbalement.  Une  résistance  variable  introduite 
dans  le  primaire  de  la  station  où  Ton  voulait  effectuer  les  comparaisons 
permettait  à  l'observateur  d'égaliser  les  battements  de  son  instrument  avec 
ceux  de  l'instrument  de  l'autre  station. 

L'observateur  entendait  ainsi  les  deux  battements  de  la  même  oreille  et 
avec  la  même  intensité;  il  pouvait,  par  suite,  saisir  les  coïncidences  avec 
une  précision  beaucoup  plus  grande  qu'en  comparant  les  battements  reçus 
par  le  téléphone  dans  une  oreille  avec  ceux  perçus  directement  par 
l'autre. 

Deux  observateurs  munis  de  récepteurs  opéraient  dans  chac|ue  station  ; 
ceux  de  Paris  prenaient  d'abord  une  comparaison  de  leur  chronomètre 
avec  celui  de  Brest.  Ceux  de  Brest  faisaient  ensuite  la  comparaison  inverse. 

(')  Comptes  rendus,  at)  mai  igoS. 


l38o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Enfin  les  observateurs  de  Paris  recommençaient  l'opération  de  manière 
à  intercaler  les  résultats  de  Brest  entre  ceux  de  Paris  afin  de  permettre  de 
ramener,  par  interpolation,  les  (-omparaisons  de  Paris  à  l'instant  de  celles 
de  Brest  sans  recourir  à  d'autres  données.  Les  intervalles  entre  les  deux 
comparaisons  de  Paris  ont  varié  de  12  à  40  minutes. 

Les  lalileaux  I  et  II  ci-après  contiennent  les  résultats  des  transmissions 
effectuées  du  11  au  17  avril  inclus  ;  le  i4  et  le  i5  avril,  les  observateurs 
n'onl  pas  pu  oljtenir  la  communication.  Pour  plus  de  simplicité,  on  a  sup- 
primé des  valeurs  des  comparaisons  le  nomlu'e  des  heures,  minutes  et 
secondes. 

Chaque  observateur  prenait  deux  et  queliiuel'ois  trois  coïncidences 
successives,  c'est-à-dire  séparées  par  un  intervalle  d'environ  trois  minutes. 

Les  nombres  inscrits  au  Tableau  I,  pour  chaque  observateur,  sont  les 
moj'ennes  des  résultats  ainsi  obtenus  ;  les  écarts  entre  ces  moyennes  et 
les  résultats  isolés  n'ont  pas  dépassé  9  millièmes  de  seconde.  Les  lettres  P 
et  B  inscrites  à  côté  des  dates  indiquent  les  stations  d'où  ont  été  prises 
les  comparaisons  portées  sur  les  lignes  correspondantes.  Les  comparai- 
sons inscrites  sur  la  même  ligne  peuvent  être  considérées  comme  simul- 
tanées. 

Tableau    I 

ACCORD     DES    COMPAnAISONS    PUISES    PAR    DEUX    ORSERVATEURS    DIFFERENTS 
DANS    LA    MÊME    STATION 

OBSERVATEURS 

^ .         DIFFÉ- 


M.  Driencoukt  M.Claude  M.  Perret  M.IjAmotte  M.Cot    reîjces 

'    P »  Oi',022       j  ,'0,022     '         0^,000 

Avril   II   •    B I  1)  os,o54     .  ,        o»,o43     .  A-  0,011 

f   P )  '     o,o56     ;  P.o5/|    +  0,002 

'  P \  '     0,011  0,017     '  i —  0,006 

Avril   12    'B '  o^o^3         ,  .        0,020  »      !—  0,007 


'   P '  '  0,021  0,025  ,  l, —  0,004 

;'   P '■  0,012  0,01 5  ,  ^ —  o.oo'i 

Avril   i3   •    B '  o,o3'j  •  o.oio  »       —  o,oo5 

'   P )  '  o,oGo  o.o-yj  '  +  o,oo5 

,'   P '  0,012  0,011  ,+  0,001 

Avril    lO   ]   B '  0,023  0,017  »      /+  0,006 

f   P )  '  o,o36  0,029  .  +  °'°°7 

^  P f  0,009  0,021  \  —  0,012 

Avril    17    .    B '  o.o35          '  .  o,o3o  »      ^+  o,oo5 

(  P )  '  o,o5i  o,o53  )  '—  0,002 


SÉANCE  DU   i8  JUIN   igo6.  l38l 

Sur  le  Tableau  II,  en  regard  des  comparaisons  de  Brest  relevées  sur  le 
Tableau  I,  ont  été  inscrits  les  résultats  obtenus  en  ramenant  celles  de 
Paris  au  même  instant;  les  interpolations  ont  été  faites  au  moyen  de  gra- 
phiques à  grande  échelle. 

TaI3LE.\U     II 
ACCORD    DES    COMPARAISONS    PUISES   AUX    DEUX    STATIONS  ET  RAMENÉES  AU    MEME    INSTANT 

COMPARAISONS        M0Y1£NNES  COMPAKAISO.NS  ,,o,,.^.^.es  MOYENNES 

,^  ,  de  Paris  de  Brest 

^  ramenées  à  l'instant  ^  moins   moyennes 

Brest.  Brest.  de  celles  de  Brest.  Pans.  de  Paris. 

.  1  l  0*,o54  :  .  O'jOi  I  , 

Avril    II ;  ^  o*,0-ici     *  .,  o'.Ojo  +  o'.ooci 

i         o,o.i3  ,*  (  o,oi\)  *  I  J 

t,  o,o-i0  /  .  0,022  j 

Avril   12 ,  .,  ,        0,017      '  '        0,020  —  o,ooj 

(         o,oi3         '  (  0,017  '' 

A      -1     ■,  i         o,o.'io  .,        (  o,o36  )  , 

Avril   i3 ,„  '       o,o3S     ;  .,^1       o,o36  +  0,002 

(         o,o35         )  '  o,o33  )  ■ 

à      -,  t  0,023         ~j  ,  0,028  j 

Avril   16 :  0,020     '  _  i       0,02b  —  0,006 

'         0.017         '  (  0,023  ,' 

.      .,  ^         o,o35  ,  i  0,040  ) 

Avril   17 '       o,o33     ;  , ,  !       0,037  —  0,004 

(        o,o3o         ^  (  o,o34  ) 

Le  tableau  I  montre  :  1°  que  les  écarts  entre  les  comparaisons  obtenues 
au  même  lieu  par  deux  observations  diflerentes  sont  généralement  infé- 
rieurs à  un  centième  de  seconde  ;  2°  que  ces  écarts  sont  indifïeremment 
positifs  et  négatifs  et  que,  par  suite,  il  n'intervient  aucune  erreur  person- 
nelle appréciable. 

On  voit,  d'autre  part,  sur  le  tableau  II,  que  les  résultats  obtenus  aux 
deux  stations  offrent  le  même  accord  que  ceux  d'une  même  station.  On 
peut  conclure  de  là  que,  au  degré  de  précision  dont  la  méthode  est  suscep- 
tible, la  durée  de  la  tran.siuission  des  battements  de  Paris  à  Brest  est  régli- 
geable.  On  aurait  pu,  i)ar  suite,  se  dispenser  de  faire  les  comparaisons 
dans  les  deux  sens. 

Cet  ensemble  de  résultats  montre  que  la  nouvelle  méthode  permet 
d'effectuer  les  transmissions  d'heure  à  moins  d'un  centième  de  seconde  ; 
elle  n'exige  d'ailleurs  que  des  appareils  et  des  opérations  très  simples.  Elle 
est  donc  aussi  remarquable  par  sa  précision  que  par  la  commodité  de  son 
emploi,  et  sera  sans  doute  substituée  d'une  manière  générale  à  la  méthode 
télégraphique  pour  toutes  Tes  déterminations  de  longitudes  auxquelles  elle 
sera  applicable. 


l382  ACADÉMIE     DES    SCIENCES. 

L'opération  (|ue  vient  d'eflectiier  l'Oljservatoii'e  astronomique  de  Mont- 
souris  est  encore  intéressante  à  cet  autre  point  de  vue  que,  pour  la  déter- 
mination du  temps  local,  on  a  employé  des  Astrolabes  Claude-Driencourt 
au  lieu  d'instriunents  méridiens.  Une  application  analogue  de  l'Astrolalje 
a  déjà  été  faite  avec  succès  dans  une  campagne  hydrographique  à  Mada- 
gascar (')  par  deux  des  observateurs  qui  ont  participé  à  la  nouvelle  opéra- 
tion. II  y  a  lieu  dcspérer  que  les  résultats  obtenus  cette  fois  seront  au 
moins  aussi  satisfaisants,  car  les  observateurs  ont  pu  opérer  dans  des  con- 
ditions matérielles  meilleures,  et  avec  des  instruments  perfectionnés  d'une 
plus  grande  puissance.  Les  Astrolabes  employés  ont  été  construits  par 
M.  Jobin  ;  ils  comportent  un  grossissement  de  80,  correspondant  à  un 
grossissement  double,  c'est-à-dire  de  160,  pour  les  vitesses  relatives  des 
images  des  étoiles. 

Les  résidtats  des  déterminations  du  temps  local  et  de  la  latitude  seront 
communiqués  à  l'Académie  dès  que  les  calculs  seront  terminés. 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Aclioit  (le  Voxyde  dr  carbojic,  au  rouge,  sur  lit  vaprui- 
d'eau,  et  de  riiydrogèiie  sur  racide  earhoiiique.  Application  des  ces 
réactions  à  rétude  des  phénomènes  volcaniques.  Note  de  M.  Arma\d 
Gautier  . 

Les  réactions  élémentaires  qui  se  produisent  dans  les  profondeurs  du 
globe,  réactions  d'où  résultent  en  particulier  la  formation  des  roches  pri- 
mitives et  les  phénomènes  volcaniques,  me  semblent  pouvoir  être  soumises 
au  contrôle  expérimental.  L'échauffement,  quelle  qu'en  soit  la  cause,  des 
matériaux  (|ui  sortent  des  volcans  sous  forme  de  laves  fondues  est  une 
première  indication  qui  permet  d'aborder  directement  ce  problème.  (Hie 
se  passe-t-il  lorsque  les  substances  rocheuses  sont  portées  à  une  hante 
température?  J'ai  établi,  en  1901,  que  chauffées  au  rouge,  les  poudres  des 
roches  primitives  (granit,  porphyres,  ophites,  gneiss,  etc..)  pi'éalablement 
desséchées  à  aoo",  perdent  encore  une  notable  quantité  d'eau  de  combi- 
naison (de  0,8  à  2  p.  loo),  eau  qui  ne  s'échappe  qu'à  haute  température  (-). 
Aussitôt  libre,  cette  eau  réagissant  sur  les  matériaux  mêmes  des  roches 
(|ui    l'ont  fournie,  donne    naissance   à   une  (]uantité    très    notable  de  gaz 

(')  Comptes  rendus  du   i(i  janvier  et  du  d  luni's  <<ji>'>. 
(-)    Coiiipti's  reiiditf.  t    CXXXII.  p.  'io  et  iH;), 


SIÎANCE     Dl      IiS    JLIN     ICjoG.  l383 

ayaiil  la  eoniposilioii  oïdiiuiire  des  gaz  volcaiii/jacs  :  Ils  sont  formés 
principalement  d'acide  iar]joni(iiie,  d'oxyde  de  carbone,  d'hydrogène, 
d'azote,  accompagnés  d'un  peu  de  méthane,  avec  une  trace  de  matière  gou- 
droneuse,  quelquefois  d'hydrogène  sulfuré  et  de  traces  d'ammoniaque. 

Que  telle  soit  l'origine  de  la  totalité  des  gaz  émis  par  les  volcans,  ou, 
comme  je  le  pense,  qu'à  ces  gaz  dus  à  réchauffement  des  roches  primitives 
par  les  laves  incandescentes  qui  pénètrent  sous  haute  pression  dans  toutes 
leurs  fissures,  il  vienne  s'ajouter  en  quantités  variables  d'autres  matériaux 
gazeux  dégagésdu  noyaudu  globe  (oxyde  de  carbone,  hydrogène,  azote...), 
il  est  certain  que  ces  gaz  et  vapeurs,  à  cette  température  élevée,  réagissent 
entre  eux  et  sur  les  principes  des  roches  ambiantes.  Je  me  suis  proposé 
donc  d'étudier  séparément  les  réactions  mutuelles  qui  se  produisent  entre 
ces  divers  gaz  et  les  matériaux  rocheux.  Elles  vont  nous  permettre  d'éclairer 
d'un  jour  nouveau  bien  des  détails  de  phénomènes  volcaniques  et  la  genèse 
des  eaux  thermales  elle-même. 

Je  me  bornerai  à  examiner  dans  cette  Note  comment  se  comporte  au 
rouge  la  vapeur  d'eau  en  présence  de  l'oxyde  de  carbone  et,  inversement 
l'action  des  corps  qui  se  forment  dans  cette  réaction. 

Aclioii  de  Voxyde  de  carbone  sur  la  vapeur  d\an  au  rouge.  —  Déjà, 
en  1888,  M.  Maquenne  s'est  demandé,  au  point  de  vue  thermique,  si  l'oxyde 
de  carbone  pouvait  décomposer  l'eau.  Il  ojjserva  cette  décomposition  au 
rouge  et  même  au-dessous.  11  ne  chercha  pas  si  cette  action  se  limite  par 
les  réactions  inverses  des  produits  qui  se  forment  ('). 

Quand  on  fait  passer  au  rouge  vif  (1200  à  laSo",  température  de  fusion 
des  laves)  un  mélange  d'oxyde  de  carbone  et  de  vapeur  d'eau,  avec  excès 
variable  de  cette  dernière,  l'hydrogène  de  l'eau  est  mis  en  liberté  avec 
formation  d'un  volume  presque  égal,  quoique  toujours  un  peu  plus  faible, 
d'acide  carbonicjue.  La  réaction  se  poursuit  à  travers  lo  tube  de  porcelaine 
incandescent,  jusqu'à  ce  que  le  volume  d'hydrogène  produit  soit  environ 
le  double  de  celui  de  l'oxyde  de  carbone  en  présence  (-;.  \'oici,  comme 
preuve  de  ce  fait,  quelques  analyses  des  gaz  obtenus  : 


(')   Bidlclin  Soc.  cliim..  t.  XXXIX,  p.  '\t>h. 

(-)  Je  lue  suis  assuré  que  dans  ces  CDiidilicins,  les  tubes  de  porcelaine  Berlin.  douMe- 
iiient  vernissés,  ne  laissaient  pénétrer  aucun  gaz  de  foyer. 

C.  R.,   1906.   i«'  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  25.)  l8l 


l384  ACADÉMIE     DES    SCIENCES. 

Gaz  résulUiiU  de  radian  de  Voxyde  de  carbone  sur  la   vapeur  d'eau 
à  laoo'-iaoo". 


C02   .   .   .   . 

H 

CO 

Azote  lie  l'air 


Commencement 

lin. 

34 

i3 

36,63 

38 

3i 

39,80 

20 

3o 

21,60 

/ 

26 

i,o5 

éq 

nation  : 

=0 

= 

aCO^ 

4  vol. 

+ 

2IP  +  CO 

4  vol.         2  vol 

.filtre  expérience. 
37,88 
38,89 

22,47 
O,  73 


Ces  nombres  conduisent  à  1  équation 

3C0  +  2H=0  ==  aCO^  +  2IP  +  CO  (A) 

4  vol.  4  vol.         2  vol. 

Cette  équation  ne  varie  pas  sensiblement  si  l'on  l'ait  varier  la  quantité 
d'eau  introduite,  pourvue  qu'elle  soit  en  excès  ;  elle  peut  même  être  en 
grand  excès. 

J'ai  soigneusement  constaté  que  l'eau  recueillie  ne  contient  pas  d  aldéhj'de  loi"iiiii|ue, 
même  un  derai-millionnièine.  Elle  a  une  très  légère  odeur  empyreumatique,  est  à  peine 
acidulé,  réduit  très  faiblement  à  chaud  le  nitrate  d'argent  en  liqueur  acidifiée  et  colore 
en  jaune  rougeâtre,  après  neutralisation  très  exacte,  les  sels  ferriques  étendus.  Elle 
semble  donc  contenir  une  trace  d'acide  forniique  ('). 

Action  de  l'hydrogène^  au  rouge,  sur  l'acide  carbonique.  —  Les  faits  qui 
précèdent  montrent  que  la  réduction  de  l'eau  par  l'oxyde  de  carbone  s'ar- 
rête dès  que  le  volume  de  l'hydrogène  p.roduit  est  égal  au  double  de  celui 
de  l'oxyde  de  carbone.  C'est  que  l'hydrogène  tend,  ainsi  qu'on  va  le  voir, 
à  réduire  l'acide  carbonique  qui  se  forme  en  même  temps  que  lui  et  à 
reproduire  inversement  de  l'oxyde  de  carbone  ;  cette  nouvelle  réaction  ne 
s'arrête  que  lorsque  le  volume  de  ce  dernier  est  devenu  moitié  de  celui 
de  l'hydrogène. 

Pour  le  démontrer,  j'ai  fait  passer  dans  un  tube  de  porcelaine  chaull'é  au  rouge  blanc 
(1  '300°  environ)  un  mélange  d'acide  carbonique  et  d'hydrogène  secs,  à  volumes  à  peu 
près  égaux,  après  avoir  fait  au  préalable  le  vide  dans  tout  l'appareil.  On  recueille  bientôt 

(^)  M.  ]Maquenne  {loc.  cit:)  a  établi  que,  lorsqu  on  chauffe  en  tubes  scellés  à  ajo-lioo" 
l'oxyde  de  carbone  en  présence  de  l'eau,  et  mieux  encore  si  l'on  fait  intervenir  les 
corps  poreux  tels  que  la  mousse  de  platine,  l'oxyde  de  carbone  s'unit  en  partie  à  l'eau  et 
donne  de  l'acide  formique.  Cette  réaction  se  produit  donc  depuis  la  température  de  aîo" 
jusqu'au  rouge  vif.  La  production  d'acide  formique  se  réalise  certainement  au  cours 
des  phénon.ènes  volcaniques,  partout  où  l'oxyde  de  carbone  rencontre  la  vapeur  d'eau 
aux  environs  du  rouge  naissant.  Ceci  explique  que  ^F.  Fouqué  ait  trouvé  des  traces  de 
cet  acide  dans  les  gaz  volcaniques  du  Santorin.  et  cpi  on  l'ait  signalé  dans  (juelques 
eaux  thermales (Bri'ikenaii  en  Bavière,  Prinzhofen,  Marienbad). 


SÉANCE    DV     iH    .lUlN     If)o6.  1 385 

ainsi  une  quantité  d'eau  notaljle.  Elle  a  été  de  plus  de  i»  grammes  dans  une  de  mes 
expériences.  Après  avoir  été  privés  d'eau  à  la  sortie  du  tube  au  rouge,  les  gaz  passaient 
dans  un  barboteur  à  potasse  pour  arrêter  l'acide  carbonique  introduit.  Ainsi  privés  de 
ce  dernier  gaz,  ils  avaient  la  composition  suivante  : 

CO  =  3i,-20 

Il  =  GG,6i 

Az  (de  l'air)   =      i,î'5 

On  voit  :  i"  que  riiydrogène  réduit  bien  réellement  à  haute  température 
l'acide  carbonique  pour  former  de  l'eau  (')  ;  2°  que  de  même  que  dans  le  cas 
où  l'on  fait  agir  l'oxyde  de  carbone  sur  la  vapeur  d'eau,  la  réaction  se  limite 
aussitôt  (|ue  le  volume  d'oxyde  de  carbone  produit  est  égal  à  la  moitié 
environ  du  volume  de  l'hydrogène  présent.  C'est  ce  <|u'exprime  l'équation  : 
CO-  +  :îH-  =  CO  +  H-0  +  aIP.  (B) 

■i  vol.  4  vol. 

L'équation  (A)  ci-dessus  montre  que  la  réaction  de  l'oxyde  de  carbone 
sur  la  vapeur  d'eau  s'arrête  aussitôt  que  le  volume  de  l'hydrogène  formé  est 
égal  au  double  de  celui  de  l'oxyde  de  carbone  régissant,  moitié  lui-même  de 
celui  de  l'acide  carbonique.  Par  conséquent  dans  l'équation  (B)  oit  ces 
mêmes  corps,  vapeur  d'eau,  hydrogène,  oxyde  de  carbone  et  acide  carbo- 
nique sont  en  présence,  nous  devons  admettre,  d'après  l'équation  (.A), 
qu'au  moment  de  l'équilibre,  le  volume  de  l'acide  carbonique  était  devenu 
égal  à  celui  de  l'hydrogène.  11  suffit  pour  tenir  compte  de  cette  condition 
d'ajouter  2CO-  aux  deux  membres  de  cette  équation  (B)  qui  devient  alors  : 
3C0-  +  3H-0  =.  CO  +  H-0  +  ail'  +  2CO-  (G) 

Ces  mêmes  conditions  d'équilibre,  en  tenant  compte  de  la  vapeur  d'eau, 
seront  introduites  dans  l'équation  (A)  en  ajoutant  H'O  à  ses  deux  membres. 
Cette  équation  devient  ainsi  : 

3C0  +  3H-0  =  CO  +  IPO  +  2H^  +  2CO-.  (D) 

a  \"oI.        y.  vol.         4  vol.  4  vol. 

(' j  Celte  réduction  de  l'acide  carbonique  par  l'hydrogène  aux  hautes  températures  citée 
déjà  dans  le  vieil  ouvrage  de  Gmelin-Kraut  (t.  I,  p.  'ji.  et  78),  avait  été  souvent  niée  depuis, 
en  particulier  par  Pistor  et  Naumann  qui,  au-dessus  de  (Jdo",  n  ont  pas  trouvé  d'oxvde 
de  carbone  formé  par  action  de  l'hydrogène  sur  l'acide  carbonique  au  rouge  (Denis, 
c/ieiii.  Gesell.,  t.  XVIII,  p.  %']-±\).  Ces  auteurs  font  observer  toutefois  que,  contraire- 
ment à  leurs  expériences,  Traube  a  trouvé  de  l'oxyde  de  carbone  dans  un  mélange 
d'acide  carbonique  et  d'hj-drogène  où  il  faisait  éclater  une  série  d'étincelles  électriques, 
alors,  disent-ils,  que  l'inverse  ne  se  produit  pas,  l'oxyde  de  carbone  humide  ne  donnant 
pas  d'acide  carbonique  dans  ces  conditions.  (Voir  Berichte,  t.  XVIII,  i88j,  p.  1891. 


l386  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Les  deux  équations  (C)  et  (D)  montrent  que  le  système 

CO  +  H-0  +  2H-  +  2CO- 

■2  vol.         2  vol.         ,j  vol.         4  vol. 

où  la  somme  des  volumes  des  gaz  réducteurs  est  la  même  que  celle  des 
gaz  oxydants,  est  celui  vers  lequel  tendent  au  rouge  les  mélanges  d'oxyde 
de  carbone,  de  vapeur  d'eau,  d'acide  carbonique  et  d'hydrogène,  soit  que 
l'on  parte  du  système  complexe  de  ces  quatre  gaz  réunis  en  proportions 
variables,  soit  que  l'on  soit  en  présence  des  mélanges  plus  simples,  oxyde 
(le  carbone  et  vapeur  d'eau  ou  acide  carbonique  et  hydrogène. 

Ces  remarques  éclairent  certains  points  des  phénomènes  volcaniques.  Ou 
vient  de  voir  qu'elles  expliquent  l'existence  de  l'acide  formique  dans  les  gaz 
éruptii's  et  dans  quelques  eaux  de  même  origine.  Elles  font  aussi  com- 
prendre pourquoi  l'oxj'de  de  carbone,  l'acide  carbonique,  l'hydrogène  et 
la  vapeur  d'eau  s'accompagnent  toujours  dans  les  produits  gazeux  des 
volcans.  Il  suffit  pour  cela  que  la  vapeur  d'eau  émise  par  les  roches  et 
l'oxyde  de  carbone  issu  des  réactions  du  feu  central  se  rencontrent  au 
rouge  ;  il  suffit  aussi  que  l'acide  carbonique  et  l'hydrogène  qui  s'exhalent 
des  profondeurs  arrivent  à  une  température  un  peu  élevée.  Mais  ici  inter- 
vient un  autre  facteur  :  la  présence  dans  les  roches  où  se  passent  ces  réac- 
tions des  sels  ferreux  que  la  vapeur  d'eau  tend  à  décomposer,  comme  je  l'ai 
établi,  en  donnant  des  peroxydes  et  de  l'hydrogène  {').  Entre  les  gaz  ainsi 
formés,  ceux  qui  proviennent  du  noyau  central  et  ceux  que  dégagent  les 
roches  aussitôt  que,  grâce  à  l'élévation  de  la  température  ambiante,  leur 
eau  de  constitution  est  mise  en  liberté,  il  tend  à  s'établir  des  réactions 
réciproques  et  limitatives  telles  que  partout  oii  l'hydrogène  sera  en  excès, 
il  réduira  les  peroxydes  à  l'état  de  protoxyde  ou  de  métal  et,  agissant  sur 
l'acide  carbonique  lui-même,  il  donnera  de  l'eau  etde  l'oxyde  de  carbone  ;  et 
réciproquement,  cette  eau,  dès  qu'elle  devient  prépondérante,  transforme 
au  rouge,  les  protoxydes  en  peroxydes  ou  oxydes  salins,  les  silicates  ferreux 
en  silicates  ferriques,  et  l'oxyde  de  carbone  en  acide  carbonique. 

Si,  comme  je  pense  pouvoir  le  démontrer,  l'émission  d'oxyde  de  carbone 
et  d'hydrogène  venus  des  profondeurs  du  globe  est  un  phénomène  géolo- 
gique continu,  la  réaction  de  ces  deux  corps  sur  les  oxydes  réductibles  et 
sur  leurs  silicates,  explique   la  production  incessante  d'acide  carbonique 

('j    Comptes  rendus,  t.  XXXll,  p.  ji  et  i8y. 


SÉANCE    DU     I(S    .lUIN     I906.  l387 

et  de  vapeui' d'eau  qui  s'échappent  avec  l'hydrogène  et  Fazole  par  toutes'les 
(issures  des  strates  terrestres  et  par  la  bouche  des  volcans  ;  elle  explique 
la  S'enèse  même  de  l'eau  des  sources  thermales,  de  celles  au  moins  à 
débit  constant  et  à  température  élevée. 

L'action  de  la  vapeur  d'eau  sur  les  sulfures,  et  réciproquement  de  l'hy- 
drogène sulfuré  sur  les  oxydes,  mérite  une  analyse  approfondie.  Elle  nous 
a  conduit  à  des  résultats  fort  imprévus  que  nous  ferons  bientôt  connaître. 

Sur  quelques  nouvelles  jiropriéle's  de  Ve.rliriit  de  malt. 
Note  de  MM.  L.  >lAQri:\.\E  et  Ei'fciÈxE  Roix. 

I.  Autoexcitatioii  du  malt.  —  En  signalant  les  changements  spontanés 
de  réaction  qui  s'observent  dans  les  moûts,  nous  avons  récemment  lait 
remarquer  que  ces  modifications,  attribuables  au  jeu  des  diastases  protéo- 
lytiques,  doivent  avoir  pour  conséquence  nécessaire  une  véritable  auto- 
excitation de  l'amylase  qui  les  accompagne  ('}.  C'est  ce  qu'il  est  facile  d'éta- 
blir en  déterminant  les  variations  d'énergie  que  subit  v\n  extrait  de  malt 
conservé  aseptiquement  sous  différentes  conditions. 

Les  observations  ([ui  suivent  ont  porté  chacune  sur  5o'^'^  d'empois  de 
fécule  à  2  p.  100,  saccharifiés  pendant  :'.4''  à  5o°  par  5"  d'extrait  de  malt  à 
10  p.  loo.  L'infusion  du  malt  a  dans  tous  les  cas  duré  exactement  i'' 
et  les  extraits  ont  été  mis  en  expérience  juste  i''i/2  après  le  début  de 
leur  préparation.  On  les  a  alors  conservés  en  vases  clos  et  en  présence 
de  toluène,  à  56°  (série  I),  à  5o°  (série  II),  enfin  à  la  température  ordi- 
naire (i5-2o°,  série  III),  pour  mesurer  leur  activité  à  différents  âges. 

Dans  la  série  IV  on  a  recherché  si  l'autoexcitation  se  produit  encore 
dans  un  malt  activé  artificiellement  ;  pour  cela  l'extrait  a  été  maintenu  à 

5o°  après  demi-saturation  (aS"'  d'acide  -^  par  litre)  et  on  l'a  fait  agir  sur 

de  l'empois  exactement  saturé  d'avance,  de  manière  à  réaliser  les  condi- 
tions reconnues  par  nous  les  plus  favorables  à  la  saccharification. 

Le  tableau  suivant  indique  la  quantité  de  maltose  anhydre  fourni  par 
ICO  parties  de  fécule  supposée  sèche. 

(')  Comptes  rendus,  t.  CXLII,  p.  lo'iy.  Dans  cette  note  il  s'est  glissé  quelques 
fautes  d'impression  qui  peuvent  en  rendre  la  lecture  difficile  :  page  1062,  lignes  3,  \ 
et  i  5,  en  remontant,  il  faut  lire  amylose  et  ainylose  pure  au  lieu  de  ainylase  el  amylasc 
pure. 


l388  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

MALT    CONSEKVi;    A 
AGE    Dii    l'extrait  50°  (I).        5o''(II).         I^'IIII).       :Ï0»(1V). 

o 89.9  89.9  89,9  97, G 

2  heures 90,9  90,6  90,6  97-0 

''•>       — 9', 3  91,7  91,2  >> 

y       — 9o.'-«  93)0  91,5  96,1 

l'y       — 89,/!  9^,3  92,7  96,3 

••i4      —    ■ ^o.'i  94,1  93,6  94,1 

3-i       — S5,i  9i.i  94,3  93,1 

'iS       — 73,0  94,3  95,6  90,2 

72       — 57,8  94,1  96.7  85,9 

96       — 'io.o  9'5,9  97-1  79>8 

Toutes  les  fois  que  le  malt  est  conservé  sans  acklilion  d'acide  on  voit 
son  activité  croître  en  même  temps  que  son  âge.  A  56"  cette  activité,  après 
avoir  atteint  un  maximum  au  bout  de  5'',  diminue  rapidement;  elle  reste 
longtemps  fixe  à  Se",  température  à  laquelle  l'amylase  résiste  mieux; 
elle  augmente  régulièrement  à  la  température  ordinaire  jusqu'à  atteindre 
et  même  dépasser  celle  d'un  malt  frais  partiellement  saturé,  car,  après 
sept  jours  de  conservation,  le  malt  III  nous  a  fourni  100,7  P-  '°°  ^^ 
maltose  en  milieu  normal  et  io3,4  p.  100  en  milieu  d'alcalinité  optima  ; 
ce  sont  là  des  quantités  que  nous  n'avions  encore  pu  obtenir  en  aucune 
circonstance  dans  une  saccharification  de   24''. 

Dans  la  série  IV  l'accroissement  n'a  plus  lieu  parce  que  le  mélange  a  été 
amené  dès  le  début  à  l'optimum  et  qu'alors  l'action  destructive  de  l'acide, 
signalée  par  nous  dans  notre  dernière  communication,  l'emporte  sur 
l'action  accélératrice  du  temps.  Il  est  remarquable  que  les  changements 
c[ui  s'accusent  dans  cette  série  sont  exactement  l'inverse  de  ceux  ([ui 
s'observent  dans  la  série  III. 

Il  résulte  de  là  que  l'excitation  i)rovoquée  par  une  dose  convenable 
d'acide,  ajoutée  au  moût  dans  les  rapports  que  nous  avons  fait  connaître 
antérieurement,  n'est  qu'un  cas  particulier  d'un  phénomène  beaucoup  plus 
général  el  qu'elle  se  réduit  à  hâter  l'établissement  d'un  état  d'é(|uilibre 
vers  lecpiel  le  malt  tend  de  lui-même  à  la  suite  d'un  long  repos.  11  est  donc- 
avantageux,  lorsqu'on  cherche  à  obtenir  le  maximum  de  rendement  en 
maltose,  d'employer  un  extrait  de  malt  d'abord  vieilli,  à  froid,  puis  amené 
à  la  réaction  optima. 

On  savait  déjà  qu'une  infusion  de  malt  longtemps  prolongée  est  plus 
efficace  qu'une  infusion  laite  rapidement  et  on  attribuait  la  différence  à  la 


SÉANCE    DU     l8    JUIN     I906.  l389 

lenteur  de  dissolution  de  ramylase;nos  expériences  montrent  que,  le  même 
effet  se  produisant  même  après  filtration,  cette  différence  tient  surtout  aux 
modifications  spontanées  des  substances  dissoutes,  en  particulier  des 
zyniogènes  solubles  qui  se  transforment  lentement  en  matières  actives.  Il 
y  a  là  une  nouvelle  variable  dont  il  faudra  désormais  tenir  compte  dans 
l'étude  de  la  saccharification  comparée  ;  son  existence  montre  une  fois  de 
plus  combien  il  faut  être  circonspect  dans  la  recherche  des  lois  qui  prési- 
dent à  l'action  de  l'amylase  sur  l'empois  d'amidon. 

Les  extraits  de  malt  que  l'on  maintient  pendant  plusieurs  jours  à  jo" 
déposent  un  abondant  coagulum  de  matières  albuminoïdes,  et,  après  filtra- 
tion, ne  se  troublent  plus  qu'à  peine  quand  on  les  fait  bouillir  ;  leur  activité 
étant  néanmoins  plus  grande  il  en  faut  conclure  que,  contrairement  à  l'opi- 
nion émise  par  la  plupart  des  auteurs,  la  coagulation  du  malt  n'entraîne 
pas  nécessairement  l'insolubilisation  de  l'amylase  qu'il  renferme,  non  plus 
<]ue  sa  dégénérescence  ;  ajoutons  que  l'emploi  d'un  pareil  liquide  filtré  peut 
rendre  des  services  lorsqu'on  se  propose  de  réaliser  des  saccharificalions 
limpides  à  haute  température. 

II.  De  roptuuiun  clu-z  les  mails  auloe.vcités.  —  Nous  venons  de  voir 
qu'un  extrait  de  malt  conservé  pendant  une  semaine  à  froid  est  encore 
sensible  à  la  saturation  partielle  et  qu'il  peut  ainsi  fournir  en  24'' 
io3  parties  de  maltose  pour  100  d'amidon  réel,  alors  qu'il  n'en  four- 
nissait que  100  à  l'état  normal  ;  les  expériences  qui  suivent  ont  ou  ])our 
objet  de  déterminer  la  valeur  exacte  de  l'alcalinité  optima  correspondante 
à  des  extraits  conservés  sans  addition.  Elles  ont  été  exécutées  comme  les 
précédentes,  sauf  qu'au  moment  de  la  mise  en  route  des  saccharitlcations 
on  a  ajouté  aux  moûts  des  quantités  connues  de  carbonate  de  potassium 
ou  d'acide  sulfurique,  en  solution  au  vingtième  normale  ;  leur  durée  a  été 
uniformément  de  24''. 

Alcalinité  initiale  en  milligr.  de 

KOH  par  litre i6  >8         jo         ïi         i5  8  o 

Mail  frais  : 
89.2      89,3      8y.2      91.3      95,2      99,1      95,7 
Malt  conservé  24h  à  5o°   : 

Maltose     produit     eu     i.i''     à      JO"      I      g3.  g         g^^,         g^^o         g5^5         g-^4         g8,2         9  2 ,  ', 


p.    100  de  fécule  sèche. 


1  DO"  : 

91.5     9^.0     95>o     96,1     97.2     97,1     95,4 
Malt  conservé  72''  à  5o°  : 
\   9^-9     9i.J     94-8     95,0     96.1     96,4     88,2 


Ij()0  ACADÉMIE     DES     SCIENCES. 

L'aiitoexcitation  du  malt  apparaît  encore  i(  i  aver  é\  idence,  mais  seule- 
ment dans  les  cas  où  l'excitation  provoquée  n'a  pas  atteint  une  certaine 
valeur  limite,  à  partir  de  laquelle  la  conservation  préalable  du  malt  à  jo"  se 
montre  nettement  désavantageuse.  La  chaleur  a  pour  effet  de  détruire  en 
partie  la  substance  zymogène  sur  laquelle  l'acide  sulf'urique  exerce  son 
action,  en  sorte  que,  par  rapport  à  la  production  du  maltose,  l'extrait  de 
malt  conservé  à  chaud  est  sensiblement  inférieur  à  celui  qui  a  été  conservé 
à  froid.  Notons  cependant  que,  après  72''  de  chauffe  à  do",  un  pareil  extrait 
donne  encore  plus  de  maltose  en  réaction  oplima  (96,4)  qu'il  n'en  donnait 
à  l'origine  en  milieu  normal  (91,3). 

Il  est  clair  d'ailleurs  que  l'excitation  provoquée  par  l'acide  sulfurique 
doit  être  moins  efficace  sur  un  malt  déjà  autoexcité  que  sur  un  malt  frais, 
puisque  les  deux  effets  réunis  tendent  vers  une  limite  lixe,  qui  est  la 
transformation  intégrale  de  l'amidon  en  maltose. 

Dans  tous  les  cas,  même  avec  des  malts  commençant  à  s'atténuer  d'une 
manière  sensible,  la  position  de  l'optimum  reste  la  môme,  correspondant 
toujours  à  une  alcalinité  d'environ  8  mgr  de  potasse  réelle  par  litre  de 
moût  à  2  p.  100.  La  règle  que  nous  avons  énoncée  à  ce  sujet  est  donc 
générale,  et  applicable  aux  malts  vieillis  aussi  bien    qu'aux    mails  frais. 

Examinons  maintenant  les  conséquences  qui  découlent  de  ces  nouvelles 
observations  au  point  de  vue  de  la  composition  du  mail  et  de  (elle  df 
l'empois. 

m.  Uaiitoexcitatioii  du  mail  dans  ses  rapports  cn'ec  l'ati/ij/opecUiie.  — 
L'autoexcitation  du  malt  est,  comme  on  l'a  vu  plus  haut,  im  phénomène 
lent,  qui  offre  exactement  la  même  allure  que  la  seconde  phase  de  toute 
saccharification  normale.  Il  est  par  suite  naturel  de  supposer  que  ces 
deux  manifestations  de  l'action  diastasique  ont  entre  elles  une  relation  de 
cause  à  effet,  c'est-à-dire  que  cette  seconde  phase  de  la  saccharifuation 
de  l'empois  a  pour  unique  origine  l'excitation  simultanée  du  malt,  d'oi* 
il  suit  que  sans  cette  excitation  la  courbe  représentative  de  la  sacchariti- 
cation  se  réduirait  à  sa  première  branche  et  n'atteindrait  par  consécjuent 
(|ue  les  0,80  ou  o,85  de  l'amidon  employé  :  c'est  le  chiffre  que  les  anciens 
auteurs  assignaient  comme  limite  à  l'attaque,  précisément  à  cause  de  la 
diflérence  énorme  des  vitesses  qui  caractérisent  ces  deux  phases  et  de  la 
rapidité  avec  laquelle  la  seconde  succède  à  la  première. 

Si  l'on  admet  cette  manière  de  voir  il  en  résulte  fatalement  que  la  sidts- 


SÉANCE    DU     l8    Jl'IN     I()o6.  ^^9^ 

tance  qui  se  change  en  maltose  pendant  la  seconde  partie  de  la  sacchari- 
fication  est  inattaquable  par  les  diastases  du  malt  frais;  cette  substance, 
différente  donc  de  l'amylose  proprement  dite  et  vraisemblablement 
identique  à  notre  am3dopectine,  ne  serait  en  outre  sacchariflable  que 
par  un  enzyme  spécial,  n'existant  pas  dans  le  malt  frais  ou  ne  s'y  trou- 
vant qu'en  très  faible  proportion,  mais  susceptible  de  s'y  développer  à 
la  suite  de  son  excitation,  naturelle   ou   provoquée. 

En  un  mot,  l'accroissement  d'activité  du  malt  qui  se  manifeste  lente- 
ment sous  l'influence  de  la  conservation  ou  instantanément  sous  l'in- 
fluence d'une  satiu'ation  partielle  ne  serait  pas  dû  à  une  simple  augmen- 
tation de  la  quantité  d'amylase  préexistant  dans  le  malt,  mais  à  l'appari- 
tion d'une  diastase  nouvelle,  seule  capable  de  maltosifier  l'amylopectine. 

Ces  considérations,  bien  que  subordonnées  à  une  hypothèse  actuelle- 
ment indémontrable,  mais  d'ailleurs  forL  plausible,  nous  parais-sent  de 
nature  à  appuyer  sérieusement  les  théories  que  nous  avons  émises  sur 
la  composition  probable  de  l'empois  ;  elles  ont  au  moins  l'avantage  d'être 
les  seules  capables  d'interpréter  les  phénomènes  que  nous  avons  décou- 
verts et  d'en  établir  la  liaison  avec  ceux  cjue  l'on  connaissait  avant  nous. 

IV.  Origine  des  dcxtrines  de  saccharification.  — D'après  ce  qui  précède, 
l'amylopectine,  liquéfiée  dès  son  premier  contact  avec  l'amylase,  serait 
la  principale  cause  du  ralentissement  des  saccharifîcations,  ralentissement 
que  l'on  attribue  d'ordinaire  à  la  présence  de  certaines  dextrines  diffi- 
cilement attaquables. 

Ces  dextrines  résulteraient  donc  surtout  de  la  liquéfaction  de  l'amylo- 
pectine, plus  ou  moins  dégradée  suivant  l'état  d'avancement  de  son  hydro- 
lyse. 

S'il  en  est  ainsi  on  n'en  doit  plus  trouver  dans  les  produits  de  la  sac- 
charification d'amyloses  purifiées  ;  c'est  en  effet  ce  qui  a  lieu  et  ce  que 
montre  le  tableau  suivant,  relatif  à  la  saccharification  comparée  d'u7i 
empois  de  fécule   et  d'inie   solution  d'amylose,    l'un  et  l'autre  à  y.  p.  loo. 


MALTOSE  P.    100 

de  fécule,  d'amylose. 


près  5 

minutes  . 

66,7 

94-4 

—  l5 

— 

74,9 

98,1 

—  3o 

—  .  . 

:6,9 

99-7 

-  45 

— 

1) 

99.6 

—  I 

heure  .  . 

79,0 

99-7 

.MALTOSE    P.    100 

de  fécule.  d'aniA'lose. 


Api'os  i'',3o  ,    . 

—  1  heures. 

—  2i>,3o   .    . 
— •     3  heures. 

—  28       —     . 


1) 

81. 1 

100 
100 

0 

» 

100 

0 

Sa.o 

lOI 

4 

91,8 

loi 

1 

C.  R..  igofi.  i<"  Semestre.  (T.  C.\LII,  N°25.) 


l3q2  ACADÉMIE     DES    SCIENCES. 

Abstraction  faite  de  la  phase  lente,  très  atténuée  d'ailleurs,  qui  s'observe 
encore  à  la  fui  de  l'expérience  et  qui  peut  tenir  à  une  trace  d'amylopectine 
retenue  par  l'amylose  employée,  on  voit  que  la  saccharification  de  l'amy- 
lose  pure  est  à  peu  près  instantanée  ;  nous  ajouterons  qu'elle  parait  s'efFec- 
luer  sans  production  de  dextrines  résiduelles,  car  le  liquide  cesse  de 
précipiter  par  l'alcool  dès  qu'il  ne  se  colore  plus  par  l'iode,  ce  qui  arrive 
après  i5  à  20  minutes  de  chaufî'e  à  3o°. 

On  est  arrivé  aux  mêmes  résultats  avec  une  solution  d'amylose  à  6  p.  loo, 
ce  c|ui  montre  que  l'effet  en  question  est  indépendant,  comme  il  devait 
l'être,  de  la  concentration  des  liqueurs. 

Si  l'on  continue  à  admettre  que  le  retard  de  l'empois  sur  la  solution 
d'amylose  est  uniquement  dû  à  l'amylopectine  qu'il  renferme,  on  peut, 
d'après  les  chiffres  ci-dessus,  estimer  la  proportion  de  cette  substance  à 
i5  ou  20  p.  100  du  poids  de  l'amidon  total,  mais  ce  n'est  là  qu'une  gros- 
sière approximation  sur  laquelle  nous  n'insistons  pas. 

Conclusions.  —  1°  L'activité  d'un  extrait  de  malt,  préparé  rapidement  à 
l'roid,  augmente  par  le  repos,  à  la  suite  d'une  autoexcitation  qui  paraît 
être  en  rapport  avec  sa  protéolyse. 

L'influence  avantageuse  qu'exercent  les  acides  sur  le  mail  tient  à  ce  qu'ils 
l'avorisent  l'établissement  de  ce  nouvel  état  d'équilibre. 

a°  La  réaction  alcaline  (|ue  nous  avons  appelée  opiinia,  au  double  point 
de  vue  de  la  vitesse  de  saccharification  et  de  la  quantité  de  maltose  pro- 
duite, est  la  même  pour  les  malts  frais  et  les  malts  déjà  excités  ou  affaiblis. 

.'^°  Dans  la  saccharification  normale  de  l'empois  les  ciioses  se  passent 
comme  si  l'amylopectine  était  atta(juée  seulement  par  une  diastase  sécré- 
tée au  cours  de  l'autoexcitation  du  malt. 

4°  La  transformation  de  l'amylose  pure  en  maltose  étant  extrêmement 
rapide,  les  dextrines  résiduelles  de  la  saccharification  ordinaire  paraissent 
provenir  exclusivement  do  l'amylopectine,  déjà  liquéfiée,  mais  non  encore 
saccharifiée. 

PALÉONTOLOGIE.  —  FossUes  de  Palcigonie.  Étude  sur  une  portion  du  monde 
antarctique,  par  M.  Albkkt «aidry. 

Dans  des  séances  précédentes,  j'ai  présenté  à  l'Académie  des  Mémoires 
sur  la  dentition  et  sur  les  attitudes  de  quelques-uns  des  animaux  tertiaires 
de    la  Patagonie,  dont   ^1.  André   Tournoucr  a  rapporté    au  Muséum  de 


SÉ\>'CE    DU     l8    .11  IN     ir)oG.  1^9^ 

magnifiques  coUeclions.  J'ai  riionnem'  de  lui  offrir  aujourd'hui  un  Iravail 
d'un  caractère  plus  général  ;  il  est  intitulé  Fossiles  de  Patagonie,  PJtiide 
sur  une  portion  du  monde  antarcUque. 

Jusqu'à  présent,  malgré  les  recherches  des  plus  vaillants  explorateurs, 
nous  ne  savions  presque  rien  du  continent  antarctique.  La  Patagonie  va 
sans  doute  contribuer  à  nous  en  donner  une  idée,  car  les  faunes  terrestres, 
nombreuses  et  gigantesques,  qui  l'ont  habitée  pendant  les  époques 
éocène,  miocène  et  pampéenne,  sont  inexplicables,  si  la  Patagonie  n'a  pas 
été  une  portion  d'un  vaste  continent,  maintenant  caché  parles  mers  et  les 
glaces  antarctiques. 

Sauf  à  l'âge  de  Casamayor  et  du  Gerro  Negro,  qui  paraissent  représenter 
l'aurore  du  Tertiaire,  les  Mammifères  terrestres  de  la  Patagonie  sont  très 
éloignés  de  ceux  de  l'hémisphère  boréal.  Tous  les  genres  sont  distincts, 
et  I3  plupart  le  sont  à  tel  point  qu'on  ne  peut  les  faire  rentrer  dans  les 
Ordres  qui  ont  été  établis  pour  les  Mammifères  de  nos  pays. 

-Xon  seulement  les   genres  diffèrent,  mais   la  marche  de  l'évolution  n'a 
pas  été  la  même.  Dans  mon  Essai  de  Paléontologie  philosophique,  j'avais 
cherché  en  quoi  ont  consisté   surtout   les  progrès    du   monde    animal    et 
j'avais  considéré  les  progrès  suivants  :  agrandissement  du  corps,  multi- 
plication des  individus,  difl'érenciation  des  organes,  augmentation  de  l'ac- 
tivité, de  la  sensibilité  et  de  l'intelligence.   Dans  le  mémoire  que  je  pré- 
sente aujourd'hui  à  T. Vcadémie,  je  tâche  de  montrer  qu'on  ne  peut  constater 
ces   progrès   en   Patagonie    depuis  l'Eocène  jusqu'à  la    fin    du  Miocène. 
Tandis  que  la  paléontologie  de  l'hémisphère  boréal  nous  offre  le  spectacle 
d'un  progrès  continu,  r.4mérique  australe  montre  un  arrêt  de  développe- 
ment. \  l'époque  miocène,  aucun  animal  n'y  est  devenu  Ruminant,  Pachy- 
derme à  doigts  pairs,  Solipède  comme  nos  Chevaux,  Proboscidien,  Carni- 
vore   placentaire    (Ours,   Hyène,    Chien,     Chat),    Singe    anthropomorphe. 
Cela  a  duré  jusqu'à  l'époque  actuelle;  car  les  Mastodontes,  les  Chevaux, 
les  Cerfs,  les  Ours,  les  Machairodus,  qui  ont  laissé  leurs  débris  dans  les 
couches  pampéennes    à   côté  des  descendants  des  animaux  tertiaires   de 
la  Patagonie,  s'en  éloignent   trop  pour  qu'ils  en  aient  été  des  transforma- 
tions ;  il   n'est  pas    douteux  qu'ils  sont  arrivés  du  Nord.  Les  faunes  for- 
mées sur  le  sol  d-e  la  Patagonie  ne   se  sont  pas  laissé  influencer  par    les 
nouveaux  venus  ;   plutôt  que  de  se  modifier,  plusieui's  de   leurs    espèces 
sont  mortes,  attestant  jusqu'à  la  fin  la  séparation  du  monde  austral  et  du 
monde  boréal. 


lJ()4  ACADIOMIi:     DES    SCIENCES. 

Des  faits  analogues  ont  dû  se  passer  en  Australie,  attendu  que  ses 
Mammifères  nont  guère  dépassé  les  stades  de  nos  genres  éocènes.  Eux 
aussi,  quoique  pour  la  plupart  différents  des  types  de  la  Patagonie,  ils 
n'ont  pas  été  transformés  en  Pachj'dermes  à  doigts  pairs,  en  Solipèdes, 
en  Fulminants,  en  Proboscidiens  ;  les  animaux  carnivores  et  herbivores 
sont  restés  à  l'état  marsupial,  c'est-à-dire  à  l'état  où  sont  nos  placentaires 
dans  les  premières  phases  embryonnaires,  l'allantoïde  n'ayant  pas  eu  un 
développement  suffisant  pour  former  un  placenta  ;  il  n'y  a  eu  ni  Hyènes, 
ni  Ours,  ni  Chiens,  ni  Chats,  ni  Singes  anthropomorphes. 

Ainsi  la  surface  terrestre  se  partagerait  en  deux  parties  :  l'hémisphère 
boréal  où  le  progrès  s'est  continué  jusqu'à  nos  jours  et  où  la  vie  s'est 
manifestée  dans  toute  sa  magnifi(;ence,  les  régions  antarcticjues  où  le 
monde  animal  a  subi  un  arrêt  de  développement.  Pourquoi?  Nous  l'igno- 
rons. 11  y  a  là  un  nouveau  problème  (jui  se  pose  devant  les  savants  voués 
;i  l'histoire  de  l'évolution  des  Etres. 

Mon  mémoire  fait  partie  du  nouveau  recueil  qui  vient  de  paraître  sous 
le  titre  d\iiii/nlc\s  de  Paléontologie. 

CHIMIE  ORGAMQUK.   —  Sur  Vcmploi  des  oxydes  métalliques  comme  cata- 
lljseurs    d'oxydation.    Note    de    MM.    Paul   §abatii;r    et    Alphoa»*!: 

MAILHE  ('). 

MM.  ^latignon  et  Trannoy  ont  publié  dans  les  Comptes  rendus  du 
ri8  mai  1906  une  Note  générale  sur  l'emploi  des  catalyseurs  oxydants,  où 
ils  mentionnent  la  possibilité  d'employer  divers  oxydes  métalliques 
pour  oxyder  les  substances  organiques. 

L'emploi  des  oxydes  comme  catalyseurs  d'oxydation  a  été  proposé  déjà 
dans  un  grand  nombre  de  cas.  Toutefois,  la  publication  indiquée  nous 
oblige  à  dire  quelques  mots  des  recherches  que  nous  poursuivons  depuis 
plusieurs  mois  sur  un  sujet  analogue. 

Si,  sur  une  traînée  d'oxyde  de  cuivre,  disposée  dans  un  tube  sur  une 
grille,  on  dirige  les  vapeurs  d'un  carbure  forménique  entraînées  par  un 
courant  d'oxygène,  en  élevant  progressivement  la  température  de  l'oxyde, 
on  voit,  au-dessous  de  200°,  se  manifester  au  début  de  la  traînée  d'oxyde, 
une   incandescence  qui   se  maintient   indéfiniment  quand  on   continue  à 

(')   Cl-Uu  iiolc  u  cHi-  di-[i()Srf  à  la  séaiuc  du  j  juin. 


SKAKCE  nu   i8  .luiN    190G.  I ^95 

envoyer  le  mélange  d'oxygène  et  d'iiydrocarljure  et  on  peut,  sans  la  sup- 
primer, cesser  de  chaLid'er  le  tube. 

L'oxydation  se  produit  dans  les  mêmes  conditions  avec  incandescence 
pei'manente  si  on  remplace  l'oxyde  de  cuivre  par  l'oxyde  de  nickel,  de 
cobalt,  etc. 

L'expérience  l'éussit  bien  avec  le  méthane,  ainsi  qu'avec  les  divers  car- 
Ijures  liquides,  pentane,  hexane,  lieptane.  Le  carliure  lorménique  se  trouve 
ainsi  brûlé  à  peu  j)rès  complètement  avec  production  d'eau  et  d'anhydride 
carbonique  :  une  petite  portion  est  transformée  en  aldéhyde  et  acide  formé- 
niques  correspondants,  qui  se  condensent  avec  l'eau  produite. 

Nous  continuons  ce  travail,  en  précisant  les  conditions  du  phénomène, 
et  en  étudiant  particulièrement  l'oxydation  des  hydrocarbures  incomplets. 

MICROBIOLOGIE.   —  Production    expérimentale  de   variétés   transmissibles 

du  bacille  de  la  Tuberculose  et  de  vaccins  antituberculeux. 

Note  de  M.  S.  ARLOixt;. 

I.  On  est  bien  convaincu  aujourd'hui  que  le  Ijacille  île  la  tuberculose 
subit  dans  la  nature  des  influences  intra  ou  extraorganiques  c(ui  créent  des 
variétés  plus  ou  moins  nombreuses  et  plus  ou  moins  bien  définies. 

Même  le  bacille  qui  semble  adapté  à  une  espèce,  le  bacille  humain,  par 
exemple,  présente  de  grands  changements  dans  son  pouvoir  tuberculisant 
et  infectant,  comme  je  me  suis  etlbrcé  de  l'établir  à  diverses  reprises 
depuis  i883. 

Pourrait-on  produire  expérimentalement  des  variétés  en  partant  d'un 
bacille  donné  emprunté  au  groupe  des  bacilles  humains  ? 

Sans  doute,  il  est  est  possible  d'obtenir  des  bacilles  plus  ou  moins 
aifaiblis  par  le  vieillissement  des  cultures,  par  l'action  de  certains  agents 
physiques  et  chimiques.  Mais  l'affaiblissement  est  propre  aux  bacilles 
soumis  à  l'influence  modificatrice;  il  n'est  pas  régulièrement  transmissible 
par  voie  de  génération  ;  en  outre,  il  atteint  rarement  au  même  degré  tous 
les  bacilles  que  l'on  se  propose  de  modifier;  de  là  des  inégalités  et  des 
surprises  lorsqu'on  met  les  bacilles  en  rapport  avec  l'organisme  vivant. 

Je  me  suis  efforcé  de  produire  des  vai'iations  transmissibles  par  filia- 
tion et  aussi  égales  que  possible  chez  tous  les  individus,  par  suite  du 
nombre  considérable  des  générations  qui  se  succèdent  dans  une  longue 
suite  de  cultures. 


l'dC)6  ACADÉMIK     DES    SCIKNCKS. 

II.  J'ai  parlé  poui'  la  première  fois,  il  y  a  huit  ans,  d'un  bacille  humain 
que  j'avais  habitué  à  végétei'  abondamment  dans  la  masse  d'un  bouillon 
glycérine. 

La  souche  de  ce  bacille  a  été  empruntée  à  une  culture  sur  milieu  solide 
tout  à  fait  caractéristique,  tant  au  point  de  vue  morphologique  qu'au  point 
de  vue  pathogénique.  Par  une  sélection  opérée  parmi  les  cultures  filles, 
j'ai  fini  par  obtenir  un  bacille  apte  à  vivre  et  à  se  multiplier  dans  la  pro- 
fondeur du  bouillon. 

Ce  bacille  s'est  constamment  entretenu  dans  mon  laboratoire  depuis  189S. 
On  l'appelle  couramment  bacille  tuberculeux  homogène,  nom  assez 
impropre,  se  bornant  à  indiquer  que  ce  bacille  donne  au  bouillon  où  il 
végète  un  trouble  uniforme. 

Il  a  suffi  qu'il  s'accoutume  à  vivre  pendant  quelques  générations  dans 
ces  conditions  pour  qu'il  modifie  profondément  ses  propriétés  pathogé- 
niques.  J'ai  beaucoup  étudié  ces  propriétés  seul  ou  en  collaboration  avec 
plusieurs  de  mes  élèves,  notamment  M.  Paul  Gourmont  et  MM.  Fernand 
Arloing  et  Stazzi.  Elles  ont  été  publiées  partiellement.  Je  ne  les  rappellerai 
pas  toutes  ici.  Je  pai-lerai  simplement  des  remarques  qui  se  rapportent  ii  la 
production  de  l'immunité. 

Or,  ce  bacille  a  perdu  une  très  grande  partie  de  son  aptitude  initiale  à 
provoquer  des  tubercules,  surtout  lorsqu'il  est  introduit  dans  les  veines, 
sous  la  peau  ou  dans  les  voies  digestives. 

A  une  dose  déterminée,  chez  le  veau,  il  provoque  une  réaction  organique 
passagère,  dont  on  peut  saisir  l'existence  par  des  examens  histologiques 
minutieux,  et  qui  disparaît  avec  le  temps.  Bref,  ce  bacille  réalise  le 
desideratum  exprimé  à  propos  de  la  vaccination  antituberculeuse,  c'est-à- 
dire  qu'il  est  entièrement  résorbé  dans  l'organisme. 

III.  J'ai  cherché  ensuite  si,  partant  de  ce  bacille,  je  ne  pai'viendrais  pas 
à  obtenir  une  sous-variété  transmissibic  aussi  par  voie'  de  génération,  en 
utilisant  l'action  d'une  température  dysgénétique  sur  le  bacille  humain. 
Ma  tentative  a  été  couronnée  de  succès. 

En  habituant  le  bacille  à  végéter  à  des  températures  graduellement 
croissantes,  je  suis  parvenu  à  obtenir  des  cultures  humaines  homogènes 
qui  se  propagent  à*  43-44°' 

Si  on^  étudie  sur  le  lapin  le  pouvoir  pathogène  de  ces  cultures  compara- 
tivement à  celui  des  cultures  qui  se  font  à  iJ^-SS",  on  observe  une  modi- 
fication considérable  dont   la  manifestation    principale    consiste    en    une 


sÉ.vNCE  m    iH  .iiiN   ic)oG.  l'iqy 

survie  de  80  à  100  jours  du  lapin  inoculé  dans  le  sang  avec  les  nomeaux 
bacilles.  L'histologie  démontre  aussi  des  différences  sur  lesquelles  je  ne 
puis  insister  aujourd'hui. 

J'ai  donc  obtenu  une  seconde  variété  de  bacille  humain  qui  s'est  fixée 
dès  la  huitième  génération,  dont  les  propriétés  ressemblent,  sauf  l'inten- 
sité, à  celles  de  la  première. 

l\.  Dès  1902  et  chaque  année,  j  ai  pratiqué  la  vaccination  antitubercu- 
leuse du  veau  à  l'aide  de  ces  bacilles  avec  autant  de  succès  que  par  l'emploi 
des  bacilles  spontanément  affaiblis  ou  affaiblis  individuellement.  A  raison 
de  leur  mode  d'obtention,  de  leur  mode  de  propagation,  de  la  modification 
transmissible  de  leur  virulence,  ils  possèdent  les  caractères  des  vaccins 
tels  qu'on  les  a  conçus  depuis  les  travaux  de  Pasteur  sur  l'atténuation  du 
bacillus  aiithracis.  Aussi,  je  me  permets  de  les  appeler  des  vaccins  antitu- 
berculeux. 

Je  reviendrai  une  autre  fois  av'ec  plus  de  détails  sur  leur  action  vacci- 
nante. 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie   du  scrutin,  à  l'élection  d'un   corres- 
pondant poia-  la  Section  d'Astronomie,  en  remplacement  de  M.  Struve. 
Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  46, 

M.    Edniund  Weiss   obtient    4  '   \t>ix. 

M.  Kapteyn     —  '.     — 

II  )  a  un  bulletin  blanc. 

M.  Edmund  Weiss  est  élu  correspondanl  de  l'Académie. 


PRÉSENTATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  formation  d'une  liste 
de  trois  candidats  qui  devra  être  présentée  à  M.  le  Ministre  du  Commerce, 
de  l'Industrie  et  du  Travail  pour  la  chaire  de  Géométrie  descriptive  vacante 
au  Conservatoire  des  Arts  et  Métiers. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  destiné  à  la  désignation  du  premier  candi- 
^ial,  le  nombre  des  votants  étant  55, 


I39H  ACADÉMIE     DES    SCIENCES. 

M.  Maurice  d'Ocagne  obtient  28  voix. 
M.  Carlo  Bourlet  —       i5    — 

M.  Lucien  Lévy  —       11    — 

Il  y  a  un  bulletin  nul. 

Au  deuxième  tour  de  scrutin,  destiné  à  la  désignation  du  second  candidat 
le  nombre  des  votants  étant  54, 

M.  Carlo  Bourlet  obtient  87  voix. 
M.  Lucien  Lévy         —       16     — 
11  y  a  un  bulletin  nul. 

Au  troisième  tour  de  scrutin,  destiné  à  la  désignation  du  troisième  can- 
didat, le  nombre  des  votants  étant  5o, 

M.  Lucien  Lévy  obtient  27  voix. 
11  y  a  23  bulletins  blancs  ou  nuls. 

En  conséquence  la  liste  présentée  à  M.  le  Ministre  du  Commerce,  de  l'In- 
dustrie et  du  Travail  comprendra  : 

En  première  ligne,  M.  Maurice  d'Ocagne. 
En  seconde  ligne,  M.  Carlo  Bouriet. 
En  troisième  ligne,  M.  Lucien  Lévy. 

PLI  CACHETÉ. 

Sur  la  demande  des  auteurs,  un  pli  cacheté,  déposé  le  16  novembre  1900, 
est  ouvert  en  séance  par  M.  le  Président. 
Ce  pli  renferme  la  note  suivante  : 

Sur  l'allure  du  bassiu  hoailler  de  Sarrebrùck  et  de  son  prolongement  en 
Lorraine  française,  par  MM.  ♦Iules  Bkroero.\  et  Paul  Weiss. 

Le  bassin  houiller  de  Sarrebriick  forme  une  bande  orientée  sensible- 
ment N.E.-S.O.  Il  s'étend  de  Nordfeld  au  N.  jusqu'en  Lorraine  française 
à  Martincourt  (Meurthe-et-Moselle)  et  probablement  encore  au  delà.  Le 
terrain  houiller  n'affleure  que  dans  la  partie  septentrionale,  entre  Benbach 
et  la  vallée  de  la  Sarre.  II  est  recouvert  en  concordance  au  N.  par  le  Per- 
mien  inférieur  et  moyen  qui  vient  s'appuyer  directement  contre  le  versant 
méridional  du  Ilunsriick  constitué  par  le  Dévonien.  Vers  le  S.  O.  il  dis- 
parait sous  le  secondaire  et  n'est  plus  connu   que   par  de    rares   exploi- 


SÉANCE    DU     l8    JUIN     I906.  I  ^99 

talions  et  surtout  par  des  sondages,  dont  les  plus  occidentaux  sont  ceux 
de  la  Lorraine  française.  Vers  le  S.  il  est  interrompu  brusquement  sui- 
vant une  ligne  fictive  passant  par  Neunkirchen  et  Sarrebriick.  Cet  accident 
est  considéré  généralement  comme  dû  à  une  faille  qui  mettrait  le  houiller 
en  contact  avec  les  grès  bigarrés. 

Le  bassin  houiller  de  Sarrebriick  n'a  donc  pas  l'allure  d'une  cuvette, 
comme  c'est  plus  souvent  le  cas  pour  les  bassins  houillers. 

Des  études  récentes  nous  ont  permis  d'expliquer  cette  allure.  Dans  la 
concession  de  Frankenholz  une  galerie  au  rocher  a  rencontré  sous  le 
houiller,  et  séparés  de  lui  par  un  épais  brouillage,  des  grès  renfermant 
des  végétaux  de  l'étage  autunien,  d'après  les  déterminations  de  M.  Zeiller. 
Ces  grès  forment  un  anticlinal  sur  lequel  repose  le  houiller  de  Sarrebriick. 
Il  y  a  là  une  disposition  anormale,  qui  se  rencontre  d'ailleurs  en  plusieurs 
autres  points. 

A  Pelite-Rosselle,  sous  les  couches  inférieures  du  houiller  qui  plongent  vers  le  N., 
une  galerie  au  mur  a  traversé  un  épais  brouillage,  puis  une  puissante  succession  de 
couches  d'âge  indéterminé,  enfin  la  série  houillère  moyenne  répétée  deux  fois  avec  un 
plongement  S.  Il  y  a  là  encore  recouvrement,  mais  cette  fois  ce  sont  des  couches  houil- 
lères qui  sont  recouvertes  par  d'autres  couches  houillères  plus  anciennes.  Il  en  est  de 
même  à  Merlenbach  (concession  de  Sarre-et-Moselle).  Enfin,  à  Abaucourl  (Lorraine 
française)  un  sondage  a  rencontré  a  une  grande  profondeur  des  couches  stépha- 
niennes  ou  westphaliennes  supérieures,  tandis  que  les  sondages  d'Atton  et  d  Eply, 
situés  au  N.  du  premier,  ont  traversé  des  assises  du  Westphalien  inférieur  et  moyen,  les 
plusanciennes  étantles  plus  rapproi'héesdu  sondage d'Abaucourt.  Etant  données  l'allure 
des  couches  dans  le  liassin  de  Sarrebriick  et  les  cotes  relatives  de  ces  différents  étages,  il 
semble  bien  que  les  plusanciennes  aient  dû  recouvrir  les  moins  anciennes. 

De  cette  série  de  faits,  on  peut  tirer  la  conclusion  que  le  bassin  de 
Sarrebriick  dans  toute  son  étendue  n'est  qu'une  immense  nappe  de  recou- 
vrement. Son  bord  méridional  correspondrait  à  la  crête  d'un  anticlinal  du 
substratum;  la  nappe  aurait  persisté  sur  le  flanc  septentrional  de  (-et 
anticlinal,  tandis  qu'elle  aurait  été  enlevée  par  érosion  sur  son  flanc 
méridional. 

Cette  hypothèse  est  confirmée  par  un  certain  nombre  de  faits  ;  d'abord 
l'allure  des  couches  de  houille  et  de  schistes  de  la  nappe  :  elles  sont 
plissées,  laminées,  étirées  au  voisinage  du  substratum  à  l'rankenholz. 
Puis  dans  tout  le  bassin  il  y  a  un  grand  nombre  de  failles  très  longues, 
traversant  le  bassin  de  biais  et  paraissant  se  rattacher  à  l'accident  qui  le 
limite  vers  le  Sud;  elles  déterminent  ainsi  une  série  de  cassures  obliques 

C.  R..  igo6,   I»'  Semestre.  (T.  C.XLII,  N«  25.)  l83 


IlJoo  académie   des  sciences. 

frag-mentant  le  terrain  houiller  en  lambeaux  comme  autant  d'écaillés. 
L'âge  de  la  poussée  est  donné  par  le  fait  que  la  nappe  comprend,  outre 
le  houiller,  du  Permien  inférieur  ;  d'autre  part  les  grès  bigarrés  reposent 
indifféremment  sur  le  Westphalien,  le  Stéphanien  et  l'Autunien.  Le 
mouvement  est  donc  anté-triasique.  D'après  M.  Leppla,  il  y  aurait  eu  des 
dislocations  sur  le  bord  septentrional  du  bassin  à  la  fin  de  l'Autunien.  Il 
est  vraisemblable  que  c'est  à  ce  moment  que  se  serait  produit  le  charriage. 
Etant  donnée  la  disposition  du  bassin,  la  nappe  n'a  pu  venir  que  du 
N.  0.  ou  du  S.  E.  Dans  la  première  de  ces  directions  se  trouve  le  Huns- 
riick;  on  ne  connaît  sur  le  bord  méridional  de  ce  massif  que  le  Dévonien 
contre  lequel  s'appuie  le  Permien  inférieur,  sans  interposition  de  carbo- 
nifère ;  de  plus,  ce  même  Permien  repose  en  concordance  de  stratification 
sur  le  houiller  et  a  été  charrié  avec  lui  ;  la  nappe  n'a  donc  pu  venir  du 
N.  0.  Par  suite  elle  a  dû  venir  du  S.  E.;  on  connaît  en  effet  le  Carbonifère 
inférieur  sur  le  versant  occidental  des  \'osges,  ce  qui  implique  l'existence 
d'une  dépression  dans  cette  région  au  commencement  de  l'époque  carbo- 
nifère. Il  est  vraisemblable  qu'elle  a  persisté  durant  toute  cette  époque 
et  qu'il  s'y  est  déposé  des  sédiments  houillers.  En  tous  cas,  la  dépression 
qui  aurait  été  occupée  par  le  houiller  s'est  maintenue  comme  dépression 
durant  le  Permien  et  le  Trias  et  une  grande  partie  du  Jurassique,  puisque 
nous  y  trouvons  les  terrains  correspondants. 

Ces  faits  ont,  au  point  de  vue  de  la  reclierche  de  la  houille  en  Lorraine 
française,  une  très  grande  importance  puisqu'ils  permettent  d'espérer 
retrouver  au  S.  de  la  région  houillère  connue,  la  partie  du  bassin  d'oii  est 
venu  la  nappe  qui  correspond  au  bassin  de  Sarrebriick. 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  SEtRiÎT.viBK  PFRPKTurx  annonce  à  l'Académie  le  décès,  survenu  le 
i4juin  dernier,  de  M.  G.  Rayet,  correspondant  pour  la  Section  d'Astro- 
nomie. 

M.  le  SECRÉTAIRE  VKRPKTiEL  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  delà 
correspondance  : 

1°  Le  tome  IV  des  Annales  de  /'Ohservaloirc  intlional  dW/hèiies, 
publiées  par  JM.  D.  EciiNixis,  directeur  de  l'Observatoire. 

Cet  ouvrage  renferme  les  premières  séries  de  mesures  précises  des 
éléments  de  magnétisme  terrestre  dont  la  détermination  a  été  inaugurée 


SÉANCE    DU     l8    JLIN     It)o6.  l4oi 

en  Grèce  en  1900,  grâce  à  l'initiative  de  !M.  Eginitis,  et  poursuivie  depuis 
lors  d'une  manière  systématique.  On  y  trouve  l'exposé  des  méthodes 
suivies  pour  donner  au  travail  la  plus  grande  exactitude  et  les  résultats 
obtenus  dans  cet  ordre  d'idées  pendant  les  années  1900  à  u)o3. 

Ce  volume  contient  en  outre  les  observations  météorologiques  et  séis- 
mographiques  accomplies  à  Athènes  et  dans  un  certain  nombre  d'autres 
stations  durant  la  même  période. 

2°  Le  tome  YII  de  Vlnvenlaife  général  des  richesses  (Varl  de  Ut  France, 
Province,  Monuments  civils,  publié  par  le  ministère  de  l'Instraction  publique. 

GÉOMÉTRIE  INFINITÉSIMALE.  —  Sur  la   déformation    de  certaines  surfaces 
létraédrales.  Note  de  M.  fi.  TziTZiac.v. 

Les  résultats  que  j'ai  obtenus  autrefois  au  sujet  des  surfaces  tétraédrales 

(i)  A.rf +B^yT+Cr4=  i 

peuvent  être  complétés  de   la  manière   suivante.    Posons    pour  un  point 

d'une  surface  (1) 

F,  Q,  R  étant  des  expressions  linéaires  par  ra|>portà  deux  variables  u  et  v. 
L'élément  linéaire  de  la  surface  aura  la  forme 

(2)  ds"-  =  [au  -+-  bv  +  c)  du- -|-  2  (<-/,»  +  b^  v  +  c,)  du  dv  +  (r/^  m  +  c»,  c  +  r,)  dv-, 

avec  les  relations 

(3)  b  —  ^',  =  o,       6j  —  r/j  =  o. 

11  en  résulte  que  parmi  les  surfaces  (i)  il  y  en  a  00^  applicables  sur  une 
d'entre  elles.  Nous  trouverons  plus  loin  la  l'elation  entre  A,  B,  G  qui  carac- 
térise un  groupe  de  ces  00  ^  surfaces  (i)  applicables  les  unes  sur  les  autres. 
Dans  ce  but  nous  simplifions  l'élément  linéaire  (2),  à  l'aide  des  remarques 
suivantes  : 


"  A  cause  des  relations  (5)  on  peut  écrire  l'élément  (i)  sous  la  forme 


Cl  as-  =  -3— r  du-  -\-  1  —. — ;—  du  rfi'  +  —r-r  ni'-, 

du-  '  du  </i'  '      dv- 

OÙ  9  («,(•)  est  un  polynôme  du  V  degré  en  u  el  i',  que  1  on  peut  arrêter  aux  ternies  du 
■x"  degré. 

■x"  Pour  appliquer  à  l'élément  linéaire  (  ',  1  la  transformation 

(5)  u  =  %u'-  +  Se'  +  ••.  i'  =  %'  u'  -+-  &'  i''  +  y', 

il  suffit  de  l'appliquer  à  0  {u,  v.) 


l402 


ACADEMIE     DES     SCIENCES. 


i"  On  peut  il  l'aide  d'une  transformation  (j)  réduire  le  groupe  des  termes  du  i"  deo-ré 
de  0  {il,  cj  à  l'une  des  formes 


("^  +  ^■'), 


—  u- 1',  -:-  ir. 


en  choisissant  convenablement  y  et  •;'  on  peut  par  conséquent  réduire  l'élément   (2) 
ou  (4)  à  l'une  des  formes 

^  rfs-  =  î(  f/rt-  -|-  'A  Cl  rfM  rff  -(-  ('  û?l'-, 
f  C?S-  =:  U  du-  -f-  '2  Cl  du  dv  -\-  c,  dv-, 
.  rfs-  =  t'  du-  -(-  -2  //  (/«  d\'  -\-  cj  (/i'-, 


(7) 


'  f/s-  =:  C  du-  -\-  -1  Cl  (/((  (/»!  -)-  Cj  rfl'-.  • 


Comme  la  courbure  des  éléments  linéaires  de  la  dernière  ligne  est  nulle,  ce  qui  n'est 
pas  le  cas  des  surfaces  (i),  on  conclut  que  ces  surfaces  ont  un  éléujent  de  la  forme  (7) 
ou  (8),  où  Ci^o,  c^^o.  Dans  (7')  la  constante  Ci  est  essentielle,  dans  (8)  on  peut  faire 

disparaître  c^,  en  posant,  par  exemple  «  ;=:  Ui^c,,  v  =:  ^^^.  On  aura  donc  (7)  et 

(8')  ds-  =  i'  du-  -\-  j.  u  du  di'  -f-  dv- 

comrae  seuls  éléments  linéaires  qui  correspondent  à  des  surfaces  (i).  Pour  distinguer 
maintenant  parmi  ces  surfaces,  celles  dont  l'élément  linéaire  réduit  est  (7)  de  celles  dont 
l'élément  peut  se  réduire  à  (8'),  nous  remarquons  d'abord  que  les  expressions 

a  1/  c 


D 


fli  bi  Cl 

«.,  b.,C.^ 


n    h 

«1  bi 

a   b    - 

X 

aj>^ 

a.  b. 

a,b. 

se  reproduisent,  à  la  suite  dune  transformation  (jj,   umllipliées  respectivement  par 
(a^'  —  ^ot')'',  (aji'  —  |ia'/  ;  il  en  résulte  que 

reste  invariable  pour  toute  transformation  (5).  On  a  pour  (7),  I  =  — "TT  ;  pour  (8'), 

1 
A  =  I),  donc  1=0;  pour  les  deux  D  ^  o. 

Calculons  maintenant  I  à  laide  de  A,B,  G.  On  peut  poser,  par  exemple, 
dans  (i) 

.r  =  H  -  ,         y 


C  T 


—  A»  —  Bt' 


et  l'oriiier  lélément  (a)  correspondant.  Oii  trouve  ainsi 

4  (A"  +  B»  +  C«  —  2B-'C-'— aC^A'  — -iA-'B")^ 


(9) 


I  = 


gA-'  B-'  C' 

Toutes  les  surfaces  (i),  pour  lesquelles  l'expression  (9)  de  l'invariant  I 
a  une  même  valeur  différente  de  zéro,  ont  un  même  élément  réduit  (7)  et 
sont  par  conséquent  applicables  les  unes  sur  les  autres.  De  même,  toutes 


SÉANCE    DU     l8    JUIN     1906.  l4o3 

les  surfaces  (i)  pour  lesquelles  on  a 

A^  +  B'  +  C'  —  oB'  C^  —  2G'  A^'  —  2 A'  B'  =  o 
ou 

3  ->  'ï 

A"2"+B"2"  +  Cy^=0 

ont   pour  élément  réduit   (8)    et  sont  aussi  applicables  les  unes  sur  les 
autres. 

Ce  qu'il  y  a  d'important,  c'est  que  l'on  peut  appliquer  aux  éléments  (7) 
et  (8')  la  méthode  de  M.  Weingarten.  De  plus,  en  posant  dans  (8) 

U  =  u^  y/7,  î'  =  i\  —   ll\ 

on  trouve 

(Is-  =^  ch'i  -+-  2  {i\  —  3  iq)  du\ 

qui  rentre  dans  la  classe  des   éléments  linéaires  étudiés  i)ar  M.   Goursat 
(Darhuux,  Leçons,  IV,  p.  Saô). 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  équations  différentielles  dont  Vin^ 
légrale  générale  est  uniforme.  Note  de  M.  G.vnniF.K,  présentée  par 
M.   Painlevé. 

M.  Painlevé  a  donne  une  méthode  qui  permet  de  former  les  équations 
différentielles  du  second  ordre  à  intégrale  uniforme  ou  à  points  critiques 
fixes,  et  il  a  appliqué  explicitement  cette  méthode  aux  équations  résolues 
en  y",  pour  lesquelles  les  divers  cas  à  considérer  sont  déjà  extrêmement 
nomjjreux.  Ayant  commencé,  sur  les  conseils  de  M.  Painlevé,  l'application 
de  sa  méthode  aux  équations  du  second  ordre  et  du  second  degré  en  y' , 
j'ai  été  conduit  préalablement  à  faire  une  revision  minutieuse  du  taljleau 
dressé  par  M.  Painlevé  pour  les  équations  du  i"''  degré,  et  j'ai  découvert 
ainsi  luie  classe  d'équations  que  M.  Painlevé  a  laissé  échapper  dans  son 
énumération.  Ces  équations,  transformées  au  préalable  d'une  façon  conve- 
nable, sont  de  la  forme 

(E)  Y"  =.  (.   _  J-)  ^  +  B  (Y,  XIY  +  C(Y,X), 

où  n  est  im  entier  supérieur  ou  égal  à  2;  j'ai  énuméré  complètement  les 
équations  correspondantes.   Un  certain   nombre   d'entre  elles  sont  telles 

que,  non  seulement  Y,  mais  aussi  YT  ,  est  à  points  critiques  fixes.  Mais  il 
en  est  d'autres  pour  lesquelles  celte  restriction  n'est  pas  remplie,  et  ce 


l4o4  ACADÉMIE     DES    SCIE^■CES. 

sont  celles-là  que  M.  Painlevé  a  omises  dans  l'application  de  sa  méthode. 

J'adopte  ici  les  mêmes  notations  que  M.  Painlevé  ;  les  lettres  ah  ..h 
désignent  des  fonctions  analytiques  de  X,  À,  a  des  combinaisons  algébri- 
ques de  ab...h  et  de  leurs  dérivées  jusqu'à  un  certain  ordre  ;  a,  [j  des 
constantes  numériques  et  s  le  nombre  o  ou  i . 

L'équation  (E),  d'après  un  résultat  de  M.  Painlevé,  doit  être  de  la  l'orme 


--(■ 


-^-^ Y  ^   "^  Y 


et  l'on  trouve,  en  appliquant  les  conditions  ultérieures  de  M.  Painlevé, 
que,  sauf  pour  les  valeurs  a,  3,  j  de  l'entier  7?,  a  et  cl  ou  bien  sont  nuls 
tous  deux,  ou  bien  sont  liés  par  la  relation  rf  =  —  , — - — -,;  de  même  saui 
pour  7?  =  2,  c  et  11  sont  ou  nids  tous  deux  ou  liés  par  la  relation 

h  = 


Pour  n  =  3,  a  et  d  sont  ou  liés  par  les  mêmes  relations  ou  bien  par 
l'une  des  deux  suivantes  :  a  nul,  d  quelconque  ou  bien  d  =  —^  .  Pour  c 
et  ^,  ils  sont  ou  nuls  tous  deux  ou  bien  c  nul,  h  quelconque. 

Pour  //  ^  3,  en  dehors   des  cas  généraux  qui  subsistent,  on  peut  avoir 

d^^= —  et  de  même  pour  7/  =  5,  d=  5(i'. 

En  réunissant  ces  hypothèses,  on  est  conduit  à  former  i4  types  d'équa- 
tions dont  l'étude  conduit  encore  à  regarder  /7  =  4  comme  valeur  singu- 
lière. En  dehors  d'équations  intégrables  ou  réductibles  aux  transcendantes 
définies  par  des  équations  différentielles  du  second  ordre  signalées  par 
^1.  Painlevé,  j'ai  obtenu  un  type  unique  de  transcendante  nouvelle 

y"  =:  1^  +  A  ,f  +  ir>r  -h  2  (.r^  _  a)  ^  +  ^ . 

On  peut  dans  cliaque  cas,  par  une  substitution  Y  :=:  "a(X;^,  .<;  =  [■'■[^), 
ramener  l'équation  (E)  à  un  nombre  fini  de  types  canoniques  que  je  vais 
énumérer  ici  pour  //  quelconque. 

Premier  type  :  n  quelconque  ;  a=^  o,  d  =  o.  c  ^  o  h  =  o. 
Ces  relations  entraînent  e  =  o,  sauf  si  n  égale  -i   ou  'i,  g  =  o,  sauf  si  n  =  i. 
On  obtient  dahorJles  ',  types  indiqués  par  M.  Painlevé,  un  pour/î  quelconque,  i  pour 
fi  =  i.,  puis  les  'i  tj'pes  suivants  correspondant  à  n  :^  ',  : 

y"  =:  i-  XI  +  -^q  (x)  2/'  4-  ■>,,/'-  +   i-iq'  -   3^^)    ,/ 


SÉANCE     DU     l8    JLIiN     I906.  l4o5 

„  3     y'-  (/'  (ri  r.,    ,    ,  .       -, 

y"  =  -  —  +  -77(7)  ?/  +  î  ,_iy-  +  -^y-!/  +  >] 

1 

Dans  ces  ,'1  équations  y  '  est  aussi  fonction  à  points  critiques  fixes;  la  transformation 
;/  =  :-  donne  ',  équations  qui  rentrent  précisément  dans  les  types  spéciaux  ii  n  =  -x. 

Los  3  premières  se  ramènent  aux  fonctions  elliptiques,  la  dernière  à  une  équation 
linéaire  du  1"  ordre. 

""" 
Deuxième  tx/nc  :  n  oiielconaiie,  a  ^^  —  : ; ^    c  =^  o    h  ^  o. 

■"  '  '  ("  +  2)" 

Ces  relations  entraînent  g  =  o,  sauf  pour  n  =  ',. 

3  1/'-     >         )/"     <i' 
y  =  7  ^  "•"  ~  yy  ~  y  +  ^7  '^      ^'•'  +  ''■'  +  '^■ 

La  première  se  ramène  à  une  équation  de  Riccati  snivie  d  une  équation  linéaire  du 
i*"' ordre,  la  seconde  à  une  équation  linéaire  du  '>"  ordre. 

|Je  rappelle  ici  que  pour  les  valeurs  exceptionnelles  de  «on  trouve  d'abord  les  mêmes 
types  que  pour  n  quelconque,  et  en  surcroît  les  types  particuliers  que  je  signale  dans 
chaque  tableau. 


i\c- 


Troisii'inc  type  :  n  quelconque  ^  i,  a  =  o  d  ^  o  /i  =:  —    ,  ,j 

Gela  entraîne  c=  o  sauf  si  n  =  ',. 

y"  =  (■  -  i)  ir  +  ^^  7" + '^  '•''  +  ''^  +  ''^  ~'i' 

q  et  r  sont  liés  par  une  relation  où  leurs  dérivées  figurent  algébriquement  jusqu'àl'ordre 
n  —  -2  ;  léquation  s  intègre  par  une  équation  de  Riccali  suivie  dune  équation  linéaire. 
On  en  a  plus  pour  «  =  i  : 

y"^j^+-^l^  +  ^)y'-^--'Y  +  ^y'  +  {^>^'-'>^'~'>i 

y-:', s'  (-^--f)  -''.'-7 

y  =.-1-^  -  ^-^  +  w  +  (^ -  -^ -U  -  ^-  o>'  7  =  1-^  -  "  - ^ 
■'        4    ,'/        7   ;/  ^  \47'  'i!         '/-  y       ^ 

ï  =  1  si  s  ^  o 

.'/"  =  T^-y  +  *"^'  7"  +  ""y"'   +    '■■'   '^y  ~    ''"■    'i"  —  -y- avec  q"  =  Gry2  -}-  ,r. 

Les  i  premières  se  ramènent  aux   fonctions  elliptiques  et  la  dernière  aux  transcen- 
dantes z"  =:  6z^  -+-  .V. 

lia-  iic- 

.'1"  type  :  n  entier  quelconque  >  y.,  n  ^ ; — .   ^  ,.,   ,li=  — 


("  +  ■•')'   '  {<>- 


l4o6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


r 


(j,  r,  s  sont  liés   par  une   relation   où  leurs  dérivées  figurent   algébriquement   jusqu'à 
l'ordre  n  —  a. 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE. —  Sur  Vcquation  de  La  place  à  deux  {•ariables. 
Note  de  M.  GKORGES  I^ERY,  présentée  par  M.  Hiinibert. 

I.  Soit  une  courbe  algébrique  C,  de  degré  n,  dont  l'équation  s'écrit 

en   posant 

Cette  équation  définit  :;'  comme  une  fonction  'Ç'  (r.)  ;  ^  [:■')  étant  l'imagi- 
naire conjuguée,  on  peut  dire  que  le  point  î^  est  l'image  de  :;  par  rapport 
à  C. 

Un  point  z  a  n  images  ;  si  z  vient  sur  C,  une  de  ses  images  arrive  à  se 
confondre  avec  lui  :  la  fonction  à  n  branches  Z,'  [z)  —  :;'  a  donc  une  déter- 
mination nulle  sur  C.  Ses  points  critiques  sont  les  foyers  et  points  mul- 
tiples de  G. 

Soit  z„  un  pointdonné  dans  une  région  R,  limitée  par  une  branche  C,  de 
la   courjje  ;  la  fonction 


est  une  solution  de  l'équation  de  Laplace,  simplement  infinie  en  z^.   Elle 
sera  nulle  sur  C,  et  uniforme  dans  R  si  l'on  prend  pour  î^  l'image  qui  se 
confond  avec  z  sur  C,  et  si  cette  détermination  ^  (-')  est  uniforme  dans  R. 
2.  Supposons  ces  conditions  remplies,  et  ([u'en  outre  l'équation 

n'ait  pas  de  racine  dans  R  ;  la  fonction  t  qu'on  vient  de  définir,  introduite 
dans  la  formule  de  Green,  permettra  de  calculer-j —  si  l'on  connaît  U 
sur  G,. 

Si  l'équation  précédente  a  des  racines  r./,...,  ;',,  dans  R,  on  prendra 

n  (C  -  -J.)       n  (:'  -  -Ji) 

En  parlicidier,  lorsque  la  courbe  n'est  pas  circulaire,/;  a  pour  valeur  i  ;  la 


sÉ.v^•CE   DU    i8  jui^    1906.  1407 

fonction  précédente  est  régulière  à  l'infini  et  on  peut  l'utiliser  même  si  la 
région  R  contient  le  point  à  l'infini. 

Par  exemple,   la  région  extérieure  à  une  ellipse  E  ne   contient  pas  de 
foyers  ;  chacune  des  deux  déterminations  de  Ç  //  est  uniforme  et  l'on  a 

4-  -T —  =  -yn—. r-    /  L  -7—  as 

ou,  plus   simplement, 

2^  i  \ —  =  y, ,    ,  '    ..     /  Uc/  —_ ;—  . 

Ù-o  Q'  [-0]  —  Z  i    J^  _  —  ,0 

3.  Dans  l'intérieur  de  l'ellipse,  'Ç  n'est  plus  uniforme  ;  les  deux  images 
d'un  point  s'échangent  quand  il  tourne  autour  d'un  foyer.  La  solution  est 
la  suivante  :  on  définit  une  suite  de  points 

•  • .  ,   s  —  /M    *  '  •  •>   ^  —  Il   -•  î  ^  1 1  •  •  •  *  SyJ  1  •  •  •  » 

dont  chacun  est  imaee  des  deux  voisins.  La  série 


.  -o  y  ,1  -o  ^  -    1    .nj  \  -j  ~o 


est  uniformément  convergente  dans  l'ellipse,  nulle  sur  la  courbe,  infinie 
en  z^  seulement.  C'est  la  fonction  cherchée. 

On  voit  sur  cet  exem[)le  f|uelles  formes  différentes  prend  o,  suivant  que 
la  région  considérée  contient  ou  non  des  foyers  qui  soient  points  critiques 
pour  î;  [-z'). 

La  même  méthode  s'applique  à  une  courbe  G  quelconque  ;  toute  la  dif- 
ficulté revient  à  l'étude  de  la  suite  de  points  à  introduire  et  des  points 
limites  de  l'ensemble  qu'ils  forment. 

PHYSIQUE.  —  Sur  la  pliotograpltic  du  spectre  infra-rouge. 
Note  de  ]\L  G.  Millociiau,   présentée  par  M.  Janssen. 

Les  résultats  obtenus  par  M.  Stefânilc,  c|ui  a  pu  observer  visuellement  le 
spectre  infra-rouge  jusqu'à  environ  ai;j.,  en  employant  des  écrans  absor- 
bant le  plus  possible  les  autres  radiations,  m'ont  conduit  à  tenter  l'étude 
photographique  de  cette  même  région  du  spectre,  en  utilisant  une  pro- 
priété bien  connue  des  rayons  infra-rouges. 

J.  Hei'schel,  Draper,  Fizeau,  Claudel  ont  les  premiers  signalé  que  les  radiations 
infra-rouges  détruisent  l'action  photographique  produite  sur  une  plaque  sensible  préala- 

C.  R.,  1906,   I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N°  25)  l84 


I  '|08  ACADÉMIE     DES    SCIENCES. 

bleinent  insolée.  Waterhouse  en  1875,  puis  Abney  en  1878,  ont  étudié  particulièrement 
ce  phénomène  et  Abney  semble  avoir  démontré  qu'il  est  dû  à  une  action  oxydante  ('). 

En  interposant  entre  la  lentille  de  projection  et  la  fente  du  spectroscope, 
un  écran  rouge  foncé  constitué  par  une  cuve,  à  lames  parallèles,  contenant 
une  solution  alcoolique  de  chrysoïdine,  de  vert  malachite  et  de  violet  d'ani- 
line, j'ai  pu  obtenir  facilement  des  photographies  de  spectre  solaire  infra- 
rouge jusqu'à  <t>  ;  les  spectroscopes  employés  contenant  beaucoup  de  pièces 
optiques  de  verre,  ne  permettaient  pas  d'ailleurs  de  dépasser  pratique- 
ment cette  limite. 

J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  des  épreuves  fournies  par  des 
spectroscopes  de  dispersions  différentes. 

Ces  épreuves  ont  été  obtenues  en  insolant  des  plaques  de  marques 
diverses  et  en  les  exposant  ensuite  à  l'aclion  des  rayons  infra-rouges.  Au 
cours  des  essais,  j'ai  pu  remarquer  que  l'action  des  rayons  infra-rouges 
est  superficielle  et  ne  semble  pénétrer  que  très  difficilement  la  couche  de 
gélatino-ljromure,  alors  que  la  lumière  actinique  qui  sert  à  l'insoler  la 
pénètre  très  profondément.  Les  meilleurs  résultats  seraient  donc  obtenus 
par  l'emploi  de  plaques  préparées  spécialement,  soit  avec  une  couche  très 
mince  d'émidsion  sensible,  soit  avec  des  émulsions  colorées  en  rouge  ou 
en  jaune,  afin  d'empêcher  la  pénétration  des  rayons  utilisés  pour  insoler  la 
plaque. 

Des  essais  faits  en  colorant  des  plaques  X  avec  une  solution  concentrée  de  chrysoï- 
dine ont  été  concluants  à  cet  égard  et  les  temps  de  pose  'peuvent  être  alors  considéra- 
blement diminués. 

L'emploi  d'un  écran  rouge  facilite  beaucoup  l'action  spéciale  des  rayons  infra-rouges, 
en  éliminant  la  lumière  diffuse  actinique  du  spectroscope  et  rend  plus  pratique  l'emploi 
de  la  photograpiiie  dans  l'étude  du  spectre  de  ces  radiations. 

La  méthode  signalée  par  M.  StefAnik  est  donc  absolument  générale  et 
peut  être  employée  non  seulejnent  à  l'étude  visuelle,  mais  aussi  aux  études 
photographiques,  dans  le  spectre  entier. 

(')  Dans  son  ouvrage,  La  lumière,  ses  couses  et  ses  effets  (t.  II,  1868,  p.  jy),  E.  Bec- 
querel, après  avoir  passé  en  revue  une  série  de  recherches  d'auteurs  divers,  sur  l'action 
chimique  de  la  lumière,  dit  déjà  :  «  Ainsi,  les  effets  présentés  par  les  matières  colo- 
rantes, comme  par  d'autres  matières  organiques,  montrent  que  l'action  de  la  lumière 
détermine,  en  général,  la  combinaison  de  l'oxygène  avec  un  ou  plusieurs  éléments 
constituants  de' la  substance.  » 


SÉANCE    DU     l8    JUIN     I90G.  14^9 

PHOTOGRAPHIE.  —  Nouvelle  méthode  pour  la  photographie  des  médailles. 
Note  de  M.  En;.  Demole,  présentée  par  M.  Lippmann. 

Il  est  aisé  de  distinguer,  grâce  à  la  vision  binoculaire,  si  un  objet  est  en 
creux  ou  s'il  est  en  relief.  L'objectif  photographique  est  inhabile  à  établir 
cette  différence.  La  photographie  d'un  objet  se  présentant  en  relief  et  du 
même  objet  se  présentant  en  creux  donnera  deux  épreuves  où  l'objet 
paraîtra  en  relief.  En  faisant  à  la  presse  à  copier  l'empreinte  d'une  médaille 
sur  du  papier  de  plomb  mat  et  en  photographiant  cette  empreinte  du  côté 
creux,  non  pas  avec  une  plaque,  mais  avec  du  papier  au  bromure  d'argent, 
on  obtiendra  le  reproduction  positive  de  la  médaille,  sans  passer  par  le 
cliché  négatif.  Il  convient  d'éclairer  l'empreinte  obliquement  et  d'arrêter 
le  développement  lorsque  la  teinte  de  la  surface  de  la  médaille  est  suffi- 
samment accentuée.  Les  parties  en  relief  viennent  seules  en  noir,  tandis 
que  les  parties  creuses  restent  blanches. 

Cette  méthode  est  fort  rapide,  mais  elle  présente  plusieurs  autres  avantages.  Une 
médaille  peut  rarement  être  photographiée  directement,  soit  à  cause  des  reflets,  soit 
surtout  à  cause  des  taches  qui,  sur  l'épreuve,  entravent  la  bonne  lecture  du  sujet.  L'em- 
preinte de  la  médaille  que  l'on  fait  sur  papier  de  plomh  mat  ne  peut  pas  utilement  être 
photographiée  du  bon  côté,  par  suite  de  l'épaisseur  du  métal  et  du  manque  de  netteté 
qui  en  résulte  On  est  alors  contraint  de  faire  une  empreinte-matrice,  d'y  couler  du  plâtre 
délayé  dans  de  l'eau,  pour  photographier  enfin  le  double  surmoulage  qui  en  résulte  : 
méthode  longue  et  difficile  que  l'on  évite  par  celle  que  je  propose. 

Si  l'on  veut  reproduire  par  la  photographie,  et  en  vue  d'un  catalogue,  des  coins  de 
médailles,  de  sceau.x  ou  de  cachets-matrices,  pour  obtenir  une  épreuve  où  le  sujet  soit 
redressé  et  lisible,  on  le  photographiera  avec  du  papier  au  bromure  d'argent.  Enfin, 
pour  la  reproduction  photocoUographique  des  médailles,  destinée  à  l'édition,  on  fera 
sur  plaque  la  reproduction  négative  du  côté  creux  des  empreintes  et  l'on  imprimera  sur 
gélatine  bichromatée  le  cliché,  sans  avoir  été  obligé  de  procéder  au  renversement  de  la 
couche.  De  la  sorte,  on  gagnera  une  opération  sur  la  méthode  ordinaire. 

Les  épreuves  que  j'ai  Ihonneur  de  soumettre  à  l'Académie  sont  des  spécimens  de  ces  • 
divers  travaux. 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  la  présence  de  l'or  et  de  l'argent  dans  le  Trias 
de  Meurthe-et-Moselle .  Note  de  M.  Fbaxcis  Lalr,  présentée  par  M.  H. 
Moissan. 

Dans  deux  sondages  que  nous  effectuons  en  Meurthe-et-Moselle  à  Rau- 
court,  près  \omény  et  à  Dieulouard,  au  sud  de  Pont-à-Mousson,  nous 
avons  constaté  d'une  façon  à  peu  près  constante  la  présence  à  teneurs 
faibles  ou  fortes  des  métaux  précieux  dans  les  sédiments. 


I.|IO  ACADEMIE     DES     SCIENCES. 

Jusqu'ici,  on  n'avait  pas  constaté  ce  fait  dans  des  formations  aussi  tran- 
quilles et  aussi  épaisses  sans  apparence  de  fiions  même  situés  à  de  très 
grandes  distances. 

Le  conglomérat  du  Transvaal  seul,  subordonné  à  la  formation  houil- 
lère, avait  fourni  l'exemple  bien  net  d'une  formation  aurifère  et  sédimen- 
taire  à  la  fois. 

C'est  dans  le  grès  infraliasique  du  sondage  de  Raucourt  appartenant  à 
la  Société  des  Houillères  de  Lorraine  n"  i  que  l'argent  est  constaté  pour  la 
première  fois  en  janvier  à  une  teneur  faible  de  28  gr  à  la  tonne  de  roche. 

A  partir  de  cet  étage,  nous  nous  trouvons  dans  le  Keiipev  ou  marnes  irisées  en  pré- 
sence d'une  sorte  de  dépôt  très  puissant,  d'origine  chimique,  à  n'en  pas  douter.  Les 
sédiments  colorés  d'une  façon  intense  en  vert,  jaune,  rouge  sang,  violet,  rose,  ressem- 
blent bien  plutôt  à  des  précipités  au  sein  d'une  grande  cuvette  géologique  qu'à  des 
bancs  charriés  et  classés  par  les  eaux. 

Des  cristallisations  se  produisent  au  sein  des  masses  argilo-siliceuses,  tantôt  c'est  le 
gypse  formant  des  cloisonnements  dans  tous  les  sens  au  sein  des  argiles,  tantôt  l'anhy- 
drite,  la  vulpinite,  les  petits  cristaux  de  quartz,  la  glaubérlte,  la  magnésie,  l'oxyde  de 
fer  et  l'acide  titanique  (d'une  façon  constante  à  i  et  2  p.  100  de  teneur)  sans  compter  le 
sel  formant  des  bancs  dont  la  somme  atteint  parfois  îo". 

Bref,  cette  cuvette  saliférienne  nous  donne  absolument  l'impression 
d'une  mer  geyserienne  au  sein  de  laquelle  ont  cristallisé  et  se  sont  déposés 
une  foule  de  minéraux  durant  l'évaporation. 

On  a  dit  ironiquement  à  propos  de  l'or  qui  se  trouve  dissous  dans  l'Océan  que  le 
meilleur  moyen  de  l'extraire  serait  d'évaporer  la  mer  à  siccité. 

Or,  la  mer  triasique  salée  si  développée  dans  le  sous-sol  de  Meurthe-et-Moselle  a  été 
évaporée  à  siccité.  Il  n'y  a  donc  rien  d'étonnant  à  ce  que  nous  rencontrions  l'or  et  l'ar- 
gent qui  y  étaient  contenus  en  quantité  dosable  dans  les  dépôts. 

En  effet,  à  la  profondeur  de  jiSo^iJo  à  Raucourt,  au  mur  d'une  couche  de  sel  de  j"' 
d'épaisseur,  nous  avons  fait  analyser  un  échantillon  découpé  au  fond  et  il  a  donné  une 
petite  teneur  en  or  et  en  argent  : 

Or,  4^''  par  tonne  ; 

Argent,  (J^''  par  tonne. 

Ce  premier  résultat  théoriquement  intéressant  seulement  n'en  était  pas 
moins  suggestif  et  nous  avons  continué  à  faire  faire  des  analyses  révélapt 
toutes  plus  ou  inoins  la  présence  des  métaux  précieux  en  quantités  dosables, 
Comme  nous  avions  observé  que  c'était  dans  les  roches  un  peu  siliceuses, 
contenant  des  grains  de  quartz,  que  la  teneur  s'élevait,  nous  avons  fait 
analyser  un  calcaire  gréseux  à  382"'  de  profondeur  dans  le  Muschelkalk 
qui  a  donné  l'analyse  suivante  : 


SÉANCE    DU     l8    JUIN     I906.  l4ll 

DOLOJIIK   GKÈSEUSli,    SSl    luèlrCS. 

Analyse  sur  minerai  desséolïc  à   100» 

Silice 2Î,88  p.  100. 

Oxyde  de  fer 0,18       — 

Alumine iQ-^T        — 

Phosphore Traces. 

Sulfate  de  chaux 7.85  p.  100. 

Chaux 21,8-2       — 

.Maguésie 0,20       — 

Or  et  argent 0,2284  — 

Perte  à  la  calcinalion 26,64       — 

Oii 39  gr.  par  tonne  de  minerai. 

Akcext 24Ï  gr.                  — 

Certes  une  tenetir  de  36'^''  d'or  supérieure  à  celle  des  ^lines  du  Transvaal 
oit  Ton  exploite  des  roches  à  6  ou  8^'  d'or  est  faite  pour  surprendre. 

Mais  la  teneur  en  argent  de  245'^'  correspondant  à  la  teneur  d'un  Ijon 
plomb  argentifère  est  également  très  curieuse. 

Si  l'on  observe  en  effet  que  le  minerai  subit  une  perle  à  la  calcination 
de  26,64  P-  '00)  on  pourrait  par  cette  opération  augmenter  encore  les 
teneurs  ci-dessus  d'un  quart  et  avoir  45°''  d'argent  dans  le  minerai  calciné, 
<"'est-à-dire  une  roche  valant  ujo  francs  la  tonne. 

II  faut  bien  nous  garder  de  compter  cependant  sur  de  pareils  résultats, 
mais  les  autres  analyses  faites  sur'des  roches  moins  propices  et  à  un  niveau 
plus  lias  ont  toutes  donné  des  indications  intéressantes.  Ainsi,  toujours  à 
Raucourt  (Lorraine  n"  i)  : 

.    Or 6  grammes. 

A  461   mètres.    ' 

'   Ai'genl I  — 

.     ..  .,  ,   Or 4         — 

A  .|b7   mètres.    ' 

'   Argent traces. 

Dans  le  sondage  de  Dieulouard,  l'or  n'a  pas  encore  été  constaté,  mais 
l'argent  y  existe  en  assez  forte  quantité. 
Voici  une  analyse  : 

.*RCILKS    KOUGKS    DU    SALIFÉKIEX 
279    M.    (DiEULOU.MId) 

Analyse  sui'  minerai  dessé«;hé  a  loo" 

Silice 51,98  p.   100 

Oxyde  de  fer i ,  o4      — 

^Vlumine i6,86      — 

Manganèse Traces. 

Sulfate  de  chaux 16,78  p.   100 

Sulfate  de  soude 7-49      — 

Chlorure  de  sodium.' 12,09      — 


i:|(2  ACADEMIE     DES    SCIENCES. 

AliGILlib   liOUGIiS   DU    SALIFERIE^ 
279    M.     (DieULOUARd) 

Analyse  sur  minerai  desséché  :i    100* 

Chaux 4.5'      — 

Perte  à  la  calcination 9.i<»      — 

Or  et  argent o.ooaBG  — 

Or Xéanl. 

Argent v.  ;  jgr.parlonnedeminerai. 

Il  est  à  notre  connaissance  que  dans  d'autres  sondages  on  a  fait  des 
analyses  qui  ont  signalé,  d'une  façon  indubitable,  ies  métaux  précieux. 

En  résumé,  on  ne  peut  dire  encore  aujourd'hui  qu'une  chose,  c'est  qu'il 
existe  de  l'or  et  de  l'argent  d'une  façon  normale  dans  les  sédiments  tria- 
siques  en  Meurthe-et-Moselle  et  en  Allemagne  au  delà  de  la  frontière. 

A  quel  état  sont  ces  minéraux  ?  Sont-ce  des  minéraux  ou  des  sels  ?  (Le 
chlorure  de  sodium  lui-même  a  été  reconnu  argentifère.) 

(^)uelles  teneurs  peuvent  atteindre  les  roches  ? 

Ces  questions  ne  peuvent  être  résolues  avec  des  sondages  qui  apportent 
du  fond  des  quantités  trop  faibles  de  matériaux  pour  prélever  des  échan- 
tillons un  peu  copieux.  Néanmoins,  nous  avons  cru  intéressant  d'attirer 
l'attention  des  chimistes  et  des  chercheurs  sur  cette  question. 

Nous  attendons  des  indications  peut-être  plus  précieuses  de  deux 
horizons  pyriteux  qui  existent  dans  le  grès  bigarré  et  dans  le  grès  vosgien 
en  Meurthe-et-Moselle. 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Siw  la  rcdiictioii  du  scLéitiiire  d'aiitùnoiiic.  Note 
de  M.  P.  CiiRKTip.x,  présentée  par  M.  A.  Ditte. 

Dans  une  précédente  Note('),  j'ai  étudié  la  décomposition  du  tri-séléniure 
d'antimoine  par  un  courant  d'hydrogène,  el  j'ai  décrit  à  cette  occasion 
deux  composés  nouveaux  que  j'ai  préparés;  les  sous-séléniures  Sb'Se'  et 
le  séléniure  salin  Sb'Se'  et  j'ai  examiné  la  courbe  de  fusibilité  des  mélanges 
d'antimoine  et  de  son  sulfure. 

M.  Pélabon  a  publié  récemmeiil  (-)  un  travail  en  complet  désaccord  avec  le  mien. 
Guidé  en  effet  par  l'existence  probable  et  préalablement  reconnue  des  sous-séléniures, 
j  ai  fait  varier  les  propoi'tions  d'antimoine  et  de  sélénium  dans  des  limites  très  étroites 

(')  Comptes  rendus,  t.  GXLII.  p.   iio). 
(-)  Comptes  reiii/iis,  I.  CXIjII,  p.  /oj. 


SÉAKCE    DU     l8    JUIN     I906.  l4l3 

et  cela  m'a  permis  d'observer  des   élévations  de  température  qui  pouvaient  très  bien 
échapper  à  un  observateur  non  prévenu. 

Pour  les  dissolutions  dont  la  concentration  varie   de    1 1    à   3g    p.    loo  de   sélénium, 

M.  Pélaljon  trouve  deux  températures  de  fusion  àpeuprès  constantes  (jGG"  et  jiS»),  sans 

jamais  avoir  observé  deux  phases.  On   comprend  difficilement  l'existence  de  ces  deux 

températures  s'il  n'y  a  qu'une  phase  et  il  semble  étrange  que  des  dissoluticms  dont  les 

concentrations  varient  dans  d  aussi  grandes  limites  gardent  un  point  de  fusion  constant. 

En  réalité  voici  ce  (|iii  se  passe  :  lorsqti'à  partir  du  point  Sb'  Se^  on  ajoute 
de  l'antimoine,  on  ne  tarde  pas  à  observer  deux  températures  de  fusion, 
mais  ces  deu.\  températures  sont  dTmportances  inégales  et  variables;  de 
plus  l'analyse  de  la  masse,  faite  comme  je  l'ai  indiqué,  montre  qu'il  y  a  deux 
dissolutions  de  concentrations  très  différentes.  On  trouve  par  exemple 
dans  une  expérience 

P.irtio    moyenne.  Extrémité  infci'ieui'c.  Températures   de  fnsion. 

Se  32,1:'.  p.  100  12,6g  p.  100  023°  et  56o° 

L'existence  de  ces  deux  phases  n'est  due  (jii'à  un  mélange  défectueux. 
J'ai  en  effet  recommencé  une  nouvelle  série  de  mesures  en  partant  du  point 
SbSc  avec  un  mélange  intense  d'antimoine  et  de  sélénium  finement  pulvé- 
risés. Je  n'ai  pas  obtenu  deux  phases  au  début,  une  seule  température  de 
fusion  était  observée  ;  mais,  partant  de  ce  point  et  ajoutant  des  proportions 
croissantes  d'antimoine,  je  n'ai  pas  lardé  à  retrouver  les  deux  phases. 
Recommençant  alors  plusieurs  fois  les  mesures  stir  la  même  masse,  chaque 
fois  pulvérisée,  im  des  deux  points  de  fusion  n'était  plus  représenté  à  la 
troisième  opération  que  par  un  simple  ralentissement  dans  la  vitesse  de 
refroidissement:  parce  procédé  on  diminue  progressivement  la  masse  de 
la  phase  la  plus  riche  en  antimoine,  tandis  que  la  richesse  de  l'atitre  aug- 
mente. En  fait  la  différence  des  points  de  fusion  du  dissolvant  et  de  l'an- 
timoine est  de  100"  environ,  le  dissolvant  fond  d'abord,  l'antimoine  tombe 
au  fond  du  tube  dans  la  partie  conique,  tine  fois  là,  le  tube  protecteur  du 
couple,  seul  agitateur  dont  on  dispose,  est  tout  à  fait  insuffisant  pour  opérer 
le  mélange. 


o^ 


CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  Oxydalioiis  par  Vaif.  Problème  de  la  comparaison 
des  vitesses.  .Xote  de  M.  A\dré  Job,  présentée  par  M,  Troost, 

J'ai  signalé  ici-même  (5  janvier  igoS)  l'activité  de  quelques  sels  des  terres 
rares  comme  excitateurs  d'oxydation  vis-à-vis  de  l'hydroquinone.  M.  Fouard 


l4l4  ACADÉMIE     DKS    SCIENCES. 

la  signale  de  nouveau  dans  une  Note  récente  (->.  i  mai  1906)  où  il  est  visible 
qu'il  n'a  pas  eu  connaissance  de  ma  publication.  Cela  m'engage  à  indiquer 
maintenant  dans  quel  sens  j'ai  poursuivi  mes  recherches  sur  ce  sujet. 
J'avais  montré  pourquoi  il  était  prématuré  de  tenter  une  comparaison  quan- 
titative entre  les  activités  des  sels  de  divers  métaux  :  leur  activité  dépend 
de  leur  dissociation  hydrolytique,  de  sorte  qu'il  ne  suffira  pas  de  détermi- 
ner les  vitesses  des  oxydations  qu'ils  provo(juent,  il  faudra,  en  outre,  pour 
comparer  utilement  les  résultats,  les  rapportera  un  même  degré  d'hydro- 
lyse, ilais  la  détermination  des  vitesses  constitue  déjà  un  problème  diffi- 
cile qu'on  n'a  jamais  résolu  ;  à  vrai  dire  il  est  entièrement  nouveau,  car  on 
ne  l'a  même  pas  encore  posé  d'une  façon  précise. 

Considérons  un  liquide  (ju'on  a  saturé  d'oxygène  en  présence  de  l'air  et 
supposons  qu'on  détermine  tout  à  coup,  au  sein  de  ce  liquide,  une  réaction 
qui  consomme  de  l'oxygène  libre.  De  plus  imaginons  que,  par  une  agita- 
tion constante,  on  maintienne  le  liquide  homogène  et  on  favorise  son  con- 
tact avec  l'air.  11  se  produit  une  absorption  régulière  d'oxygène  et,  si  loi) 
opère  dans  un  appareil  clos  muni  d'un  manomètre,  on  peut  mesurer  une 
vitesse  apparente  d'oxydation.  Mais,  pour  que  cette  vitesse  soit  définie,  il 
nous  manque  une  donnée  essentielle,  c'est  la  concentration  de  l'oxygène 
libre  dans  le  liquide.  Cette  concentration  dépend  à  la  fois  du  mode  d'agita- 
tion et  de  l'avidité  du  liquide  pour  l'oxygène'.  Qu'on  prenne  un  autre 
liquide  oxydable  et  qu'on  l'agite  dans  les  mômes  conditions,  on  observe 
encore  une  vitesse  apparente  d'oxydation,  mais  elle  correspondra  à  une 
autre  concentration  également  inconime  d'oxygène  libre.  Donc  la  compa- 
raison de  ces  vitesses  est  illusoire  et  leur  mesure  n'est  pas  définie. 

I^our  éviter  cette  indétermination,  /'/  faut  arrifer  à  maintenir  le  liquide  saturé  d'oxij- 
gènc  dissous.  On  y  parvient  par  une  série  d  essais  où  Ion  augmente  de  proche  en  p)'oclie 
la  surface  d'agitation  jusiju'à  ce  que  la  vitesse  d'ai:)sorption  du  gaz  atteigne  une  limite 
indépendante  d  un  nouvel  accroissement-.  Mais  on  est  amené  ainsi  dans  la  plupart  des 

(')  En  effet,  rien  ne  prouve  que  nous  ayons  remplacé  dans  la  dissolution  tout  l'oxy- 
gène consommé.  Or,  s'il  y  a  un  déficit  d'oxygène  dissous,  la  vitesse  de  réaction  s'abaisse 
aussitôt  jusqu'à  ce  qu'il  y  ait  égalité  entre  l'oxygène  qui  réagit  dans  un  temps  donné  et 
l'oxygène  qui  se  dissout  dans  le  même  temps.  Dès  lors  on  observe  bien  une  vitesse 
apparente  d  oxydation,  mais  elle  correspond  à  une  concentration  inconnue  d  oxygène 
lii)re. 

(-j  II  ne  suffit  pas,  pour  cela,  d'agiter  plus  violemment  ;  il  faut  qu'on  puisse  augmenter 
à  coup  sûr  la  surfa('e  d'agitation.  C'est  ce  qu  on  fait  eu  brisant  le  liquide  avec  un  nombre 


SÉANCE    DU     l8    JUIN     I906.  l4l5 

cas,  à  produire  une  agitation  extrêmement  violente  qui  élève  rapidement  la  température  ; 
pour  que  les  mesures  de  pression  restent  praticables  et  aussi  pour  que  la  vitesse  d'oxy- 
dation soit  rapportée  à  une  température  bien  connue,  on  est  obligé  de  compenser  rigou- 
reusement réchauffement  en  refroidissant  l'appareil  par  un  courant  d'eau.  Je  décrirai 
complètement  dans  un  mémoire  détaillé  le  dispositif  que  j'ai  adopté. 

Cette  difficulté  étant  résolue,  il  reste  ii  écarter  une  autre  cause  d'indé- 
termination. Quand  on  étudie  de  près  une  oxydation  provoquée  (exemple, 
celle  de  l'hydroquinone  sous  l'influence  de  l'acétate  de  manganèse,  on 
s'aperçoit  que,  même  dans  un  liquide  saturé  d'air,  l'absorption  d'oxj'gène 
se  ralentit  dès  le  début  de  l'expérience.  Si  donc  on  veut  saisir  une  vitesse 
d'oxydation  (caractéristique  du  liquide,  il  faut  la  déterminer  à  Vorigine  du 
pltcnomènc. 

Cela  exige  encore  une  techniqu"e  spéciale.  —  D'abord  il  est  nécessaire  que  l'origine 
du  {ihénomène  soit  elle-mêuie  définie.  11  faut  donc  faire  le  mélange  de  la  solution  d'hydro- 
quinone  avec  son  excitateur  à  l'instant  même  où  les  mesures  commencent  et  assez  brus- 
quement pour  que  la  durée  de  la  diffusion  soit  négligeable.  Ensuite  il  faut  que  les  mesures 
soient  assez  délicates  pour  qu'on  puisse  tracer  avec  certitude  la  courbe  des  pressions 
en  fonction  du  temps  et  trouver  sa  tangente  à  l'origine.  On  ne  peut  guère  y  parvenir  par 
l'observation  directe,  mais  j'y  ai  réussi  par  l'inscription  graphique.  Un  manomètre 
enregistreur  extrêmement  sensible  (exemple,  une  capsule  de  ^larey)  est  relié  à  l'appa- 
reil d'agitation.  Celui-ci  étant  clos,  l'agitateur  mis  en  mouvement  et  le  régime  de  tem- 
pérature établi,  le  manomètre  indique  une  pression  constante.  Dès  que  le  mélange  des 
réactifs  est  effectué  il  accuse  aussitôt  l'absorption  d'oxygène  et  trace  la  courbe  d'oxy- 
dation. 

D'après  ce  qui  précède,  on  voit  qu'il  ne  faut  parler  qu'avec  une  extrême 
réserve  des  vitesses  d'oxydation  par  l'air.  Elles  sont  très  difficiles  à  saisir. 
Les  mesures,  même  relatives  et  de  simple  comparaison,  qu'on  en  l'ait  le 
plus  souvent  sont  illusoires.  Elles  ne  deviennent  valables  que  si  l'on  s'im- 
pose des  règles  très  sévères  qui  exigent  une  technique  expérimentale  très 
délicate.  C'est  ainsi  que  j'ai  dû  concilier  les  conditions  suivantes  :  agitation 
très  violente  du  liquide  avec  l'air  dans  un  appareil  hermétiquement  clos, 
température  rigoureusement  constante,  déclenchement  brusque  de  la  réac- 
tion oxydante,  inscription  graphique  extrêmement  sensible  des  pressions. 
En  raison  de  ces  difficultés  et  même  après  de  très  nombreuses  expériences, 
je  ne  donnerai  pas  encore  de  constantes  numériques  définitives.  Mais  les 

variable  de  palettes  disposées  le  long  d'un  axe  qui,  à  l'étal  tranquille,  est  situé  dans  le 
plan  du  niveau. 

C.   R..  rgoG,   i"  Senieslre.   (T.  CXLII,  X«  25.)  ï85 


l4l6  ACADÉMIE     DES    SCIENCES. 

graphiques  que  j'ai  obtenus  sont  très  concordants  (')  et  permettent  une  ana- 
lyse très  serrée  des  phénomènes;  ils  m'ont  déjà  révélé  dans  l'étude  de 
l'hydrolyse  des  données  intéressantes.  Aussi  puis-je  espérer  que  je  n'ai  pas 
élaboré  ni  décrit  inutilement  cette  nouvelle  méthode  de  recherches. 

CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Equilibres  hétérogènes  :  Formation  du  chlorure  de 
phosplioniiim,  du  carbamate  et  du  sulfhydrate  d'ammonium.  Note  de 
M.  E.  Bki\er,  présentée  par  M.  G.  Lemoine. 

Nous  exposons  ici  les  résultats  des  expériences  faites  pour  vérifier  les 
considérations  théoriques  de  la  Note  du  28  mai  1906  (p.  i2i4),  à  laquelle 
nous  nous  reportons  pour  les  notations  et  l'appareil  employé. 

Les  volumes  des  deux  gaz  mis  en  présence  sont  indiqués  dans  les  deux 
premières  colonnes  ;  les  trois  colonnes  suivantes  contiennent  la  tempéra- 
ture, la  pression  et  le  volume  du  système  : 

Sijstème  (HGl  +  PH^). 


IICI 

cm* 

t 

p 

mètres 
de  mercure  Hg. 

V 

cm* 

K  .=p,p. 

z=/. 

■23,7 

7 

0» 

6,40 

3,08 

7.0 

5,3 

id. 

id. 

II",2 

11,81; 

1,64 

22,1 

9,4 

11,3 

22,3 

0" 

5,97 

3,35 

7-4 

5,4 

9.7 

22,  5 

0» 

6,19 

3,38 

7.9 

5,6 

La  concordance  entre  les  tensions  de  dissociation  -  du  chlorure  de  phos- 
phonium,  calculées  pour  les  trois  mélanges  à  0°,  est  satisfaisante,  eu  égard 
aux  nombreuses  causes  d'erreur.  La  clialeur  q  dégagée  par  la  réaction  : 
(HCl  gaz  +  PIF  gaz  =  PH"  T  Cl  sol.  +  q),  déduite  de  la  formule  de  van't 
Hofl',  est  16  cal. 

Système  (GO,  +  2NH,,). 

Gette  réaction  réversible  n'a  été  étudiée  par  Horstmann  et  IsamJjert  ("J 
que  sous  des  pressions  inférieures  à  la  pression  atmosphérique.  Nous 
avons  mesuré  d'abord  directement  les  tensions  suivantes  de  dissociation  - 
(en  mètres  de  mercure)  du  carbamate  d'ammonium  jusipi'à  ^'-oo"  environ. 
Il  fond  vers  i5a°  :  c'est  donc  le  point  triple  de  ce  système. 

{'■)  Us  accusent  à  -; —  près,  environ,  la  dose  d'oxygène  absorbée  dans  la  première 
minute  de  la  réaction,  niênie  quand  cette  dose  est  inférieure  à  i'^"'-^  pour  100''"'  de 
liquide. 

(-)  Comptes  rendus,  t.  XCVI,  i883,  p,  3'|<>;  Lieb.  Ann.,  t.  CLXXXMl,  p.  ',8,  1877. 


SÉANCE    DU     l8    JUIN     I906.  I^I? 

t 77", 2  98°, 5  106»  I  140.5  130", 2  1S2''  1830  iggo 

TT 2,27        6,4         9.6         14,2         29,2        63,3       119        167° 

Voici  les  vérifications  des  relations  théoriques  : 

CO^  NH''  t  p  V  ^=P,pl     7t=v/iii^    71  OBSERVÉ 


mètres 

cm^ 

cm^ 

de  mercure 

cm^ 

31.1 

22,  I 

77°. 2 

2,62 

16,5 

1,5 

2,2 

2,3 

id. 

id. 

98°,  5 

8,26 

4,8 

37,8 

6,3 

6,4 

9 

3  1,1 

770,2 

2,83 

i3,i 

1,7 

2,2 

2,3 

id. 

id. 

98°  v5 

6,78 

4,8 

41,3 

6,5 

6,4 

3 

3o,o 

77%2 

2,71 

10,4 

1,5 

2,2 

2,3 

Les  valeurs  de  -  observées  et  calculées  concordent  d'une  façon  satisfai- 
sante. Il  n'en  est  plus  de  même  aux  pressions  supérieures,  comme  nous 
l'ont  montré  d'autres  mesures  qui  seront  publiées  ultérieurement.  D'après 
les  développements  de  la  Note  précédente,  cela  s'explique  par  le  fait 
qu'alors  la  pression  partielle  des  molécules  gazeuses  GO"  (NHC)-  n'est  plus 
négligeable. 

Système  :  (NIF  +  H-S),. 

Pour  ce  système  ('),  il  faut  distinguer  les  équilibres  avec  excès  d'ammo- 
niac de  ceux  avec  excès  d'hydrogène  sulfuré.  Ces  derniers  ne  donnent 
pas  naissance  à  d'autre  corps  que  le  sulfhydrate  et  suivent  les  règles  géné- 
rales que  nous  avons  indiquées  :  à  partir  d'une  certaine  pression,  pv  se 
maintient  constant  et  correspond  à  l'excès  de  H'S  sur  NH'HS.  Lorsque 
l'ammoniac  est  en  excès,  et  si  la  pression  est  suffisante,  le  phénomène  se 
complique  d'une  absorption  de  Nfl'  par  le  sulfhydrate  formé,  absorption 
qui,  dans  les  conditions  de  température  où  nous  avons  opéré,  donne  lieu 
à  la  production  d'un  liquide  (^). 

Les  tensions  de  dissociation  du  sulfhydrate  déduites  de  l'observation  du 
minimum  sont  pour  ^  :^  o°  :  -  =  90™"  ;  pour  /  =  23",  ti  =^  432""'". 

Le  point  triple  du  système  (point  de  fusion  de  NH'HS  en  tube  scellé)  est 
à  120°  environ. 

Voici  les  vérifications  des  relations  théoriques  : 

(')  Ce  système  a  été  étudié  par  Isambert  {Comptes  rendus,  t.  XCII,  p.  919;  t.  XCIV, 
p.  958)  aux  pressions  inférieures  à  i"''". 

(-)  Troost  [Comptes .rendus,  t.  LXXXVIII,  p.  1267)  a  signalé  des  composés  (NH'' 
HS   \-  n  NH')  se  formant  à  liasse  température  en  présence  d'un  excès  de  XH\ 


l4l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


T.    OBSEUVE 

H^S 

NH3 

t 

P 

mètres 

V 

K 

=  PlP2 

-=:V/4K 

(Isambcrt) 

cm' 

cm' 

de  mercure 

cm' 

26,5 

10 

11" 

0,582 

29,3 

0,04 

0,41 

0,41 

id. 

id. 

34° 

1,081 

18,8 

0.19 

0,87 

o,85 

id. 

id. 

54°, 

8 

3,3 

1,1 

2,06 

2,87 

— 

En  raison  de  la  ibrmation  de  composés  (NIPHS  +  it  NH^),  les  systèmes 
avec  excès  de  NH^  ne  se  prêtent  pas  aux  vérifications  théoriques. 

CHIMIE  PHYSIQUE.  • —  Sur  kl  pression  osmotique  dans  le  collo'ide  liydrochlo- 
rofcrrique.  Note  de  M.  G.  Mai,fit.ixo,  présentée  par  M.  Emile  Roux. 

Quand  l'on  filtre  une  préparation  de  colloïde  hydrochloroferrique,  obte- 
nue en  chauffant  à  i  i5"-i2o°  pendant  quinze  minutes  une  solution  de  F-  CP 
à  5  p.  1000,  il  reste  au  fond  du  sac  en  coUodion,  malgré  la  pression  inté- 
rieure correspondante  par  exemple  à  a"'  d'eau,  un  résidu  liquide  (').  Si 
après  avoir  maintenu  la  pression  intérieure  jusqu'à  ce  que  le  volume 
devienne  limite,  on  remet  l'appareil  à  la  pression  ordinaire  en  laissant  le 
sac  en  contact  par  son  extrémité  inférieure  avec  le  liquide  filtré,  celui-ci 
rentre  dans  le  sac  et  le  niveau  s'élève  à  l'intérieur. 

M.  Jacques  Duclaux  (')  a  conclu  de  ces  faits  que  la  micelle  colloïdale  a 
une  pression  osmotique  propre  ;  il  a  essayé  de  la  mesurer  en  fonction  de 
la  concentration  et  il  a  trouvé  que  la  pression  augmente  de  i  à  80  quand  la 
concentralion  varie  seulement  de  i  à  18. 

La  notion  de  pression  osmotique  dans  les  solutions  est  déduite  des  faits 
expérimentaux  suivants  :  1°  Une  solution  contenue  dans  une  cellule  à  parois 
semi-perméables  plongée  dans  une  quantité  illimitée  du  dissolvant  tend  à 
augmenter  son  volume  ou  sa  pression.  La  pression  est  inversement  pro- 
portionnelle au  volume,  donc  directement  proportionnelle  à  la  concentra- 
tion ;  2°  la  pression  développée  par  les  molécules  d'une  matière  donnée 
est  indépendante  de  la  présence  d'unités  physiques  de  nature  différente  ; 
3°  Van't  Ilofi'  a  montré  le  lien  théorique  qui  existe  entre  la  notion  de  pres- 
sion des  gaz  et  celle  de  pression  osmotique  des  solutions.  Dans  un  cas  et 
dans  l'autre  la  pression  est  le  résultat  du  mouvement  qui  anime  les  unités 
physiques  dans  lesquelles  les  corps  se  divisent.  Les  ions  et  les  molécules 

Cj   Comptes  rendus,  t.  CXL,  p.  i'2',5;  séance  du  8  mai    i;)ii>. 
(-)  Ibid  ,  t.  CXL,  p.  i5.'i4  ;  séance  du  5  juin  190.5. 


SÉANCE    DU     l8    JUIN     I906.  I-^Ip 

avaient  été  en  effet  reconnus  expérimentalement. capaliles  de  se  déplacer 
librement  par  diffusion. 

Nous  allons  chercher  à  vérifier  dans  les  solutions  du  colloïde  hydrochlo- 
roferrique  les  laits  expérimenlaux  énoncés  : 

I.  La  micelle  peut-elle  diffuser  dans  son  milieu  intermicellaire.^  Quand 
l'on  filtre  une  solution  assez  étendue  et  par  conséquent  bien  transparente, 
on  voit  la  matière  colloïdale  s'entasser  au  fond  du  sac  où  elle  forme  une 
couche  nettement  distincte  du  reste  de  la  liqueur.  On  peut  laisser  tout  en 
étaf,  après  un  temps  très  long,  rien  n'est  changé.  Les  micelles,  bien 
qu'elles  soient  riches  en  Cl  et  de  petites  dimensions,  ne  diffusent  pas.  II 
suffit  cependant  d'agiter  la  préparation  pour  obtenir  de_  nouveau  une 
liqueur  homogène  et  indéfiniment  stable.  Un  phénomène  dont  la  signifi- 
cation paraît  la  même  se  produit  quand  l'on  filtre  des  .solutions  assez 
épaisses,  les  portions  en  contact  avec  la  membrane  se  concentrent  et  le 
liquide  ne  passe  plus,  la  filtration  reprend  aussitôt  que  l'on  mélange  le 
contenu  du  filtre. 

La  vitesse  de  diffusion  de  la  micelle  du  colloïde  hydrochloroferrique 
n'est  pas  appréciable.  Au  moyen  de  l'ultra-microscope  on  a  pu  constater 
que  l'amplitude  et  la  vitesse  de  déplacement  des  micelles  de  ce  colloïde 
sont  de  l'ordre  du  mouvement  brownien  ('). 

II.  La  pression  développée  par  le  colloïde  hydrochloroferrique  ne  peut 
être  mesurée  avec  exactitude  parce  qu'elle  n'est  appréciable  que  dans  le 
cas  de  liquide  très  concentrés  et  ceux-ci  doivent  être  agités  constamment 
l)our  qu'ils  restent  homogènes  quand  \u\  déplacement  du  liquide  intermi- 
cellaire  a  lieu.  Dans  les  licpiides  moins  concentrés  elle  devient  inappré- 
ciable, mais  l'augmentation  du  volume  du  colloïde,  si  l'on  a  soin  de  main- 
tenir le  niveau  intérieur  égalau  niveau  extérieur,  devrait  être  illimitée,  bien 
que  de  plus  en  plus  lente. 

Soit  lin  litre  d'une  préparation  colloïdale  oijtenue  en  partant  de  la  solution  primitive, 
celle  dont  j'ai  parlé  en  commençant,  qu'on  met  à  filtrer  sous  la  pression  de  i™,îo  d'eau. 
L'on  recueille  d'une  part  le  liquide  interniicellaire  qui  est  une  solution  de  HCl  voisine 

de  N  et  d  autre  part  le  colloïde  très  concentré  contenant  pour  cent   :  18'='''  de    Fe 

1 000  '^  ' 

et  1,7  de  Cl  et^aissant  après  dessiccation  à  io5°-i  10°  un  résidu  sec  de  'jiS''. 

j„cm;i  (jg  gg  colloïde  contenu  dans  un  sac  en  collodion  plongé  dans  le  liquide  interuii- 
cellaire  résorbent  assez  rapidement  le  liquide  extérieur  ;   au  liout  de  '2',''  les  variations 

(')  Cotton  et  Mouton.  Keviie  générale  des  Sciences,  i5  déc.  igoj. 


I_|20  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

n'étant  plus  sensibles,  l'écart  de  niveau  est  de  ii""  et  le  volume  intérieur  de  .28""^.  On 
rapproche  alors  le  niveau  intérieur  de  l'extérieur,  ainsi  une  nouvelle  quantité  de  liquide 
entre  et  au  bout  de  plusieurs  jours  bien  que  l'écart  de  niveau  ait  été  maintenu  autant 
que  possible  égal  à  o,  le  volume  intérieur  ayant  atteint  49*^"^  n'augmente  plus. 

De  même  une  solution  préparée  en  diluant  a"^™^  du  colloïde  primitif  avec  8"^"^  de  son 
liquide  intermicellaire,  placée  dans  les  conditions  sus-mentionnées,  de  façon  que  le  niveau 
intérieur  soit  aussi  peu  que  possible  plus  élevé,  ne  résorbe  pas  du  tout  le  liquide  exté- 
rieur, et  le  volume  ne  paraît  pas  varier  d'une  manière  sensible,  même  après  un  temps 
très  long. 

De  sorte  que  la  matière  colloïdale  dont  la  composition  peut  être  représentée  par  la 
atoines-o-rammes  „     ^     ^ 

formule  suivante  en par  litre  0,0991  [H(Fe-0^H*j2.-2]  Cl  -|-  (i,<«)(ii  HCl 

n'exerce  plus  aucune  pression.  Ce  résultat  est  remarquable  si  l'on  songe  surtout  que  la 
solution  :  0,4953  [H(Fe-0''H''j2.-2]Cl-|-o,oooi  HCl,  c'est-à-dire  cinq  fois  plus  forte  en 
colloïde,  développe  une  pression  d'au  moins"i™,5o  d'eau. 

La  pression  développée  par  les  micelles  du  colloïde  hydrocliloroferrique 
dans  leur  milieu  diminue  plus  rapidement  que  la  concentration,  elle  devient 
nulle  quand  la  quantité  de  micelles  en  solution  est  encore  considérable. 

III.  La  pression,  ou  mieux  la  capacité  du  colloïde  hydrocliloroferrique 
à  retenir  le  liquide  intermicellaire  sous  une  pression  donnée  et  à  en  résor- 
ber si  la  pression  diminue,  dépend  aussi  bien  de  la  composition  des 
micelles  que  de  celle  du  liquide  intermicellaire. 

Toutes  choses  étant  égales  d'ailleurs,  le  volume  limite  occupé  par  ce 
colloïde  diminue  avec  la  teneur  en  Cl  des  micelles.  Le  résidu  de  la  filtra- 
tion  se  laisse  essorer  d'autant  mieux  qu'il  est  plus  pauvre  en  Cl  et  dans 
mes  expériences  quand  la  composition  des  micelles  est  de  ,   le  résidu  est 

déjà  pâteux. 

Pour  des  micelles  de  mêmes  compositions  le  volume  limite  diminue  au 
fur  et  à  mesure  que  la  concentration  en  liCl  du  liquide  intermicellaire 
augmente.  Si  l'on  plonge  des  sacs  contenant  les  mêmes  quantités  du  même 
colloïde  dans  des  solutions  de  différentes  concentrations  en  HCl  on  voit 
que  le  liquide  à  rintérieur  augmente  d'autant  plus  que  le  liquide  extérieur 
est  moins  concentré. 

L'on  voit  donc  que  la  pression  développée  par  le  colloïde  n'est  pas  indé- 
pendante de  la  composition  du  milieu,  comme  cela  se  vérifie  pour  les 
matières  à  l'état  moléculaire. 

Des  faits  que  je  viens  d'exposer  il  résulte  :  1°  La  pression  ou  mieux  la 
force  d'expansion  qui  se  manifeste  dans  les  solutions  concentrées  de  col- 
loïde hydrocliloroferrique,  séparées  par  une  membrane  semi-perméable  du 


SÉANCE    DU     l8    JUIN     I906.  l42I 

lic[iiidc  intermicellaire,  ne  paraît  pas  liée  à  la  mobilité  des  micelles  ;  2°  cette 
force  d'expansion  apparaît  limitée  ;  3°  elle  dépend  de  la  quantité  d'électrolyte 
par  retenue  les  micelles  et  de  celle  qui  se  trouve  libre  dans  le  liquide 
intermicellaire. 

J'envisage  ces  phénomènes  de  la  façon  suivante  :  les  micelles  restent 
uniibrmément  dispersées  dans  le  liquide  par  la  répulsion  qu'elles  exer- 
cent les  unes  sur  les  autres,  grâce  à  la  charge  de  l'ion  H  qu'elles  tiennent 
englobé  et  aussi  par  l'attraction  de  l'ion  Cl  qui  les  accompagne  ;  naturelle- 
ment cela  autant  que  le  couple  HGl  qui  fait  partie  du  colloïde  peut  rester 
dissocié.  La  micello  tend  à  occuper  un  volume  donné  du  liquide  qui  est  en 
rapport  direct  avec  sa  richesse  en  Cl  et  en  rapport  inverse  avec  celle  du 
liquide  intermicellaire.  Si,  par  la  filtration  au  travers  d'une  membrane  semi- 
perniéajjle,  on  diminue  le  volume  occupé  par  la  micelle  une  pression  se 
manifeste  et  celle-ci,  pareillement  à  ce  rjui  se  produit  dans  un  ressort 
tendu,  augmente  plus  rapidement  que  la  diminution  de  volume  ne  compor- 
terait si  l'on  avait  affaire  à  des  unités  physiques  comme  les  ions  ou  molé- 
cules qui  agissent  par  leur  force  cinétique.  Les  résultats  de  l'examen 
cryoscopique  confirment  la  conception  cpie  je  viens  d'exposer. 

CHIMIE  LXDUSTIUIXLI:.  —    Recherches    sur   les  aciers   au  cuivre.  Note 
de  M.  PiiîRRE  Brevil,  présentée  par  M.  Maurice  Levy. 

Il  n'a  pas  été  lait,  à  notre  connaissance,  d'études  méthodiques  sur  les 
aciers  au  cuivre  en  vue  de  leur  application  à  l'industrie.  Mushet,  Bail  et 
Wigham,  Campbell,  Arnold,  Stead  n'ont  abordé  que  certains  points  spé- 
ciaux de  ces  études.  Nous  nous  "sommes  attaché  à  les  entreprendre  sur  les 
conseils  de  M.  Vanderheym  et  avec  le  généreux  concours  des  Forges  et 
Aciéries  de  Firminy.  Nos  essais  ont  consisté  à  faire  fabriquer  et  à  étudier 
des  lingots  à  carburation  progressive  contenant  des  teneurs  en  cuivre 
également  progressives.  Tous  ces  alliages  sont  actuellement  fabriqués  et 
pour  la  plupart  étudiés.  Nous  donnons  ci-après  les  résultats  que  nous 
avons  obtenus  avec  les  séries  les  moins  carburées,  les  autres  suivront  sous 
peu. 

Les  premières  séries  étudiées  que  nous  appellerons  A  et  B  avaient  la 
composition  suivante  : 


if^ll  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Série  A 

12345G78 

Carbone 0,168       o,i58       o,i56       o,i56       o,i65       o,io3       0,173       o,i5o 

Mangauèsi'    ......  En  aucun  cas  le  mangauèse  n'a  été  supérieur  à  o,23o,  il  oscillaii 

généralement  entre  0,10  et  o,i5. 

Silicium Teneur  nia.\imum  0,3i6     Teneur  moyenne    0.220 

Phosphore —  0.02g  —  0,020 

Soufre —  0,018  —  o,oi5 

Cuivre  (pied  du  lingot)  .    .  0,0  0,490       i,oo5       2,oi5       3,997       8,o5o       15,97       ^i.ga 

—  (tête  du  lingot)   .    .  0,0        non  dosé  non  dosé  non  dose  3,960       7,9^0       i5,9i        32, 

Série  B 
12345078 

Carbone 0,336       0.390       0,400       0,389       o,368       0,372       0,412       0,282 

Manganèse En  aucun  cas  le  manganèse  n'a  été  sujjérieur  à  o,23o,   il  oscillait 

généralement  entre  0,10  et  o,i5. 

Silicium Teneur  maximum  o,3i6     Teneur  moyenne  0,220 

Phosphore —  0.029  —  0,020 

Soufre —  0,018  —  0,01 5 

Cuivre  (pied  du  lingot) .    .  0,0  o,5o5       i,oo5       2,025       4.009       7,960     i6,oi5       Voir 

—  (tète  du  lingot)    .    .  0,0       uondosé  nondosé  nondosé  3,985       7.910     i5,985  ci-après 

Les  analyses  ont  été  faites  en  prenant  des  échantillons  au  pied  et  à  ta  tête  des  lingots  et 
on  peut  reconnaître  parleurs  résultats  que  pour  l'acier  doux  (série  A)  le  cuivre  est  uni- 
forméiuent  réparti  dans  chaque  lingot  ;  il  en  est  de  luêrae  pour  la  série  B  mi-dure  sauf  en 
ce  qui  concerne  le  lingot  à  ii  p.  100  de  cuivre.  Dans  ce  dernier  on  constatait  une 
liqualion  très  marquée  ;  le  lingot  se  divisait  à  peu  près  en  deux  parties,  l'une  située  près 
de  la  tête  contenait  34,'.*  p.  100  de  cuivre  au  centre  et  21, 2  à  fa  surface,  l'autre  contenait 
•■4,8  p.  100  de  cuivre  au  centre  et  '24, '1  à  la  surface  et  était  située  vers  le  pied  du  lingot 
qu'elle  avait  pu  atteindre  parce  que  plus  riche  en  cuivre  et  par  suite  plus  lourde  que 
l'autre. 

Les  cassures  des  lingots  des  deux  séries  ne  contenant  pas  plus  de  4  P-  i"*'  de  cuivre 
étaient  sans  aucune  coloration  ;  à  partir  de  8  p.  100  de  cuivre  elles  montraient  une  colo- 
ration rouge  d'autant  plus  intense  que  la  teneur  du  cuivre  était  plus  grande.  Les  cas- 
sures de  ces  derniers  lingots  avaient  une  structure  bacillaire  près  de  leur  surface  que 
les  autres  lingots  ne  présentaient  pas. 

Tous  les  lingots  ne  contenant  pas  plus  de  4  p  i"o  de  cuivre  ont  pu  être  laminés  ;  les 
autres  n'ont  pu  subir  ce  travail  de  façonnage,  ils  étaient  rouverains.  Ces  faits  concor- 
dent avec  les  constatations  de  Stead  et  d'autres  auteurs.  La  dureté  de  ces  lingots  déter- 
minée par  la  méthode  de  Brinell  croit  avec  la  teneur  en  cuivre;  les  chilfres  suivants  sont 
des  moyennes  : 


SÉANCE    DU     18    JUIN     I90G. 


1423 


Série  A 

0  p.  100  Cu 143 

0,5         — 

1  — 

2  — 

4  — 

5  — 

16  — 

32  — 


143 

0,5 

160 

I 

.75 

2 

240 

4 

240 

8 

a55 

16 

217 

32 

Série  B 

o  p.  100  Cu 200 

— 195 

— 207 

— 25o 

— 280 

— 36o 

— 3ii 


.  jii  clans  la  partie  acier. 
(  80  il  i3o  dans  la  partie  cui- 
vreuse . 

Le  cuivi'e  élève  donc  considérablement  la  dureté  de  l'acier  ;  les  résul- 
tats des  autres  essais  le  confirmeront. 

Points  singaliers.  —  Sauf  les  essais  de  M.  Osmond  nous  ne  connaissons 
pas  d'autres  expériences  relatives  aux  points  singuliers  de  l'acier  au 
cuivre.  iXous  avons  étudié  à  ce  point  de  vue  tous  les  précédents  lingots 
au  moyen  du  couple  thermoélectrique  Le  Ghatelier  et  avec  un  galvano- 
mètre enrcQ-istreur  Callendar.  Les  courbes  dérivées  des  courbes  de  refroi- 
dissement  d'après  la  méthode  de  M.  Osmond  sont  remplies  de  zigzags  qui 
ne  sont  pas  dus  au  fonctionnement  de  nos  appareils  comme  des  essais 
répétés  nous  l'ont  prouvé.  Si  l'on  tient  compte  seulement  des  points  les 
plus  accusés  on  aboutit  atix  constatations  suivantes  : 

Série  A 

0  p.  100  Cu  AR  — 2,  vers  780".  AR3,  870".  AR4,  lOoS" 

1  —   AR2,  7150.  AR3,  850".  AR4,  9S0. 

2  —   ARi,  655°.  AR2,  73o°.  AR3,  820".  AR4,  looo». 
4  —   ARi  et  AR2?,  670».  AR3,  780". 

8  —   ARo,  Sio".  ARi,  AR2,  AR3  ??,  730°  (point  long) .  AR4,  98o^ 

16  —    Point  très  long  à  740°.  Les  autres  nous  paraissent  incompréhensibles.  Point  à 

1040"  correspondant  k  la  fusion  du  cuivre  libre  ou  d'un  alliage  cuivreux. 
32  —    Point  très  long  à  675".  Les  autres  nous  paraissent  incompréhensibles.  Point  à 

1040"  correspondant  à  la  fusion  du  cuivre  libre  ou  d'un  alliage  cuivreux. 


Séi'ie  B 

0  p.  100  Cu   AR3.  950".  AR2,  780" 

1  —  AR3,  980".  AR2,  725» 

2  —  AR3,  980".  —  730" 
4  —  AR3,  9800.  AR3i.(s,  872.  AR2,  730° 
8  —  AR3,  975".       —         865".     —    700" 

16  —    AR3,  973".       —         872".  .—(67061700") 

32  partie  acier  AR3,  975".        —         85o°.     —    680° 

C.  R.,   K,o6,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N-  25.) 


ARi,  720"  (court). 

—  680°  (pl.longqueleprécéd.) 

—  680"  — 


678" 
645^ 
63o" 
660" 


f  oint  vers  1040"  cor- 
É  respoiidant  à  lafu- 
'  siondu  cuivre  libre 
ou  d'uu  allia^'e  de 
"vi-eoL  do  fer  1res 
fortement  cuivreux 


(ou 
cui 
fort 

l86 


ll\'2.l\  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

La  série  A  ne  nous  permet  pas  de  tirer  des  conclusions  fermes,  cepen- 
dant le  cuivre  nous  paraît  faire  grossir  le  point  ARi  et  baisser  AR3,  con- 
formément aux  constatations  de  M.  Osmond  ;  pour  la  série  B,  les  essais 
montrent  nettement  que  le  point  ARi  baisse  beaucoup  quand  la  teneur  en 
cuivre  augmente  et  ce  point  grossit;  le  point  trouvé  à  975-980°  pour  tous 
les  aciers  nous  paraît  correspondre  à  la  séparation  de  la  cémentite  comme 
Arnold  le  suppose  pour  les  aciers  ordinaires.  AR2  baisse  avec  l'augmenta- 
tion du  cuivre.  Tous  ces  alliages  sont  magnétiques  à  froid,  même  la  partie 
liquatée  fortement  cuivreuse  de  l'alliage  de  la  série  B  à  ii  p.  100  de  cuivre 
(([ui  l'est  peu  d'ailleurs). 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Mélézitose  et  turanose. 
Note  de  M.  Georges  Ta\ret,  présentée  par  M.  Armand  Gautier. 

Le  mélézitose  a  été  découvert  en  i858  par  M.  Berthelot  (')  et  rangé  par 
lui  dans  la  classe  des  saccharoses.  En  i889,  M.  Alekhine  (-)  a  vu  qu'il  se 
dédouble  par  hydrolyse  faible  en  une  molécule  de  glucose  et  une  molécule 
de  turanose;  celui-ci,  à  son  tour,  hydrolyse  complètement,  donnerait  deux 
molécules  de  glucose  :  le  mélézitose  serait  ainsi  formé  de  trois  molécules 
de  glucose. 

Quand  on  chauffe  le  mélézitose  avec  un  acide  minéral  étendu,  son  pou- 
voir rotatoire  baisse  peu  à  peu  juscju'à  n'avoir  plus  que  celui  du  glucose  : 
comme  à  partir  de  ce  moment  la  liqueur  va  en  se  colorant  de  plus  en  plus, 
on  en  avait  conclu  que  le  mélézitose  se  transforme  uniquement  en  glucose 
et  que  la  coloration  produite  était  due  à  l'alléi'ation  de  ce  dernier.  Mais  en 
continuant  à  chauffer  à  100°  en  matras  scellé  une  solution  de  mélézitose 
dans  SO'H'  à  i  p.  100  comparativement  avec  une  solution  semblable  de 
glucose,  j'ai  vu  le  pouvoir  rotatoire  du  mélézitose  s'abaisser  au  bout 
de  5  heures  jusqu'à  moitié  de  celui  du  glucose,  tandis  que  la  rotation  du 
glucose  n'avait  pas  changé  sensiblement.  La  diminution  de  pouvoir  rota- 
toire n'était  donc  pas  due  à  la  destruction  du  glucose.  D'autre  part  le 
mélézitose  inverti  donnait  de  façon  intense  avec  la  résorcine  et  HCl  la 
réaction  de  Selivanoff  caractéristique  des  cétoses  :  il  y  avait  donc  eu 
vraisemblablement  mise  en  liberté  d'un  sucre  cétonique  à  pouvoir  rota- 
toire soit  plus  faible  que  celui  du  glucose,  soit  plutôt  lévogyre.  Ce  cétosc, 

(')  Beuthelot,  Comptes  rendus,  t.  XLVII,  p.  2'2/i. 

(-)  Alekhine,  Annales  de  Physique  et  de  Chimie,  6«  série,  t.  XN'III,  p.  't'it.. 


SÉANCE  DU   i8  .jvis   igo6.  1425 

que  j'ai  réussi  à  isoler,  est  le  lévulose  :  il  est  contenu  dans  la  molécule  du 
turanose. 

Préparation  du  turanose.  —  L'hydrolyse  ménagée  du  mélézitose  par  les  acides  miné- 
raux étendus  risque  de  dépasser  le  stade  turanose  :  pour  effectuer  cette  liydrolyse,  j'ai 
employé  l'acide  acétique.  On  chauffe  donc  le  mélézitose  pendant  deux  heures  au  bain- 
marie  bouillant  avec  de  l'acide  acétique  à  ao  p.  100.  On  élimine  l'acide  par  épuisement  à 
l'éther.  Le  mélange  sucré  est  alors  additionné  de  levure.  La  fermentation  d'abord  rapide 
se  ralentit  brusquement  :  on  la  laisse  encore  se  prolonger  quelques  jours,  puis  on  l'arrête. 
Le  glucose  est  ainsi  détruit  le  premier;  et  pendant  qu'une  petite  partie  du  turanose  est 
consommée  par  la  levure,  les  dernières  traces  de  glucose  disparaissaient.  On  passe  au 
noir  ;  on  concentre  en  un  sirop  qu'on  épuise  d'abord  à  froid  par  un  mélange  d'alcool  absolu 
et  d'éther  pour  enlever  la  glycérine  et  les  acides  gras  formés,  puis  par  l'alcool  absolu 
bouillant.  L'alcool  est  concentré  graduellement;  il  laisse  par  refroidiesement  déposer 
le  turanose  qu'on  dessèche  sur  l'acide  sulfurique. 

Composition.  Propriétés.  —  Le  turanose  ainsi  obtenu  se  présente  au  microscope  sous 
l'aspect  de  grains  arrondis,  transparents,  dépourvus  de  structure  cristalline.  Il  est  extrê- 
mement hj-grométrique.  C'est  une  combinaison  de  turanose  et  d'alcool.  L'analyse  du 
corps  desséché  dans  un  courant  d'air  sec  à  55-58°,  sa  perte  d'alcool  à  100°,  sa  cryoscopie 

(qui  donne  le  poids  moléculaire  d'un  mélange  d'alcool  et  de  turanose)  concourent  pour 

1 
lui  faire  assigner  la  formule  C'-H-'O",!' C-H'^0. 

Cet  alcoolate  fond  à  60-65°.  A  100°  il  se  boursouffle  aussitôt  en  perdant  son  alcool. 
Le  sucre  ainsi  desséché  a  donné  à  l'analyse  des  nombres  concordant  avec  la  for- 
mule C'-H^-O".  La  cryoscopie,  faite  avec  des  solutions  à  8,',  et  a  p.  100,  a  donné  pour 
son  poids  moléculaire  les  valeurs  M  =  3oi,  326  et  333  [M  théorique  :  342]. 

Le  pouvoir  rotatoire  du  turanose,  rapporté  au  corps  séché  à  100°  et  pris  en  solutions 
aqueuses  de  5  à  10  p.  100,  a  été  trouvé  égal  à  [aju  =  -|-  71°, 8.  Il  n'y  a  pas  de  birotation. 
Son  pouvoir  réducteur  est  de  60,  celui  du  glucose  étant  100. 

Constitution.  —  Le  turanose  hydrolyse  donne  un  mélange  équimoléculaire  de  glucose 
et  de  lévulose.  A  cause  de  l'altérabilité  du  lévulose  par  la  chaleur  et  les  acides,  ce  dédou- 
blement est  délicat  à  conduire  :  les  détails  en  sei'ont  donnés  ailleurs.  En  principe,  j'ai 
hydrolyse  incomplètement  le  turanose  par  des  acides  minéraux  assez  concentrés,  mais 
à  température  peu  élevée,  de  manière  à  avoir  le  lévulose  aussi  peu  altéré  que  possible, 
et  j'ai  fait  passer  à  l'état  d'hydrazones  le  mélange  des  monoses  formés  (').  Son  pouvoir 
rotatoire,  lévogyre,  répondait  à  celui  du  sucre  interverti  qui  a  été  régénéré  de  ses 
hydrazones.  Par  passage  à  la  chaux,  on  a  eu  du  lévulosate,  qui,  décomposé  par  l'acide 
carbonique  a  donné  du  lévulose  :  repris  par  l'alcool  absolu  bouillant,  le  lévulose  a  été 
obtenu  cristallisé.  Quant  au  glucose  provenant  de  l'hydrolyse  du  turanose,  il  a  cristal- 
lisé facilement. 

Le  turanose  résiste  à  l'action  des  ferments  solubles  ordinaires  (émulsine,  diastase, 


(')  Charles  Ta?s'uet,  Bull.  Sor.  Chimique,  1902,  3°  série,  t.  XXVII,  p.  393. 


l/jaG  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

SUC  d(,'  levure,  macération  d'aspergillus).  La  levure  Je  bière  le  consomme  en  nature  avec 
une  extrême  lenteur. 

Coiicliisious.  —  1°  Le  tiiranose  C'"H--0"  n'est  pas,  comme  on  le  croyait, 
dédoublable  en  deux  molécules  de  glucose  :  son  hydrolyse  le  scinde  en 
I  molécule  de  glucose  et  i  molécule  de  lévulose. 

9"  Le  mélézitose  CH^'^O'"  donnant  par  hydrolyse  faible  une  molécule  de 
glucose  et  une  molécule  de  turanose,  est  formé  de  2  molécules  de  glu- 
cose et  de  I  molécule  de  lévulose. 

CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  la  nature  véritable  des  leucéiiies  et  glucopro- 
iéines  obtenues  par  P.  Schûtzenberger  dans  le  dédoublement  des  matières 
protéiques.  Note  de  MM.  HuciorxEXQ  et  A.  Morel,  présentée  par 
M.  Armand  Gautier  ('). 

Dans  son  remarquable  travail  sur  la  constitution  des  substances  albumi- 
noïdes  f),  P.  Schiitzenberger  soumit  les  multiples  albuminoïdes  à  une 
décomposition  hydrolytique  par  la  baryte  en  présence  de  Teau  à  2oo''-25o-'. 
Des  produits  de  la  réaction  il  avait  isolé,  par  les  procédés  habituels  de 
l'analyse  immédiate,  quelques  acides  amidés  et  un  certain  nombre  de  corps 
azotés  qu'il  avait  groupés  en  plusieurs  catégories  et  auxquels  il  avait  donné 
les  noms  de  leucines ,  en  G"H-"  + 'AzO'  ;  leucéines ,  en  G"H-"~'AzO" 
(h  =r  4,  5,  6)  ;  Glueoprotéines,  en  G''H-''Az-0''  (h  =  7,  8,  9,  10,  11  et  12)  ; 
enfin,  corps  vitreux  amorphe. 

Nous  avons  repris  l'étude  de  cette  question  avec  les  nouvelles  méthodes 
qui  permettent  de  récupérer  et  d'isoler  les  composés  mono  et  diamidés 
formés  par  l'hydrolyse  régulière  des  matières  albuminoïdes,  afin  de  déter- 
miner la  nature  véritable  des  complexes  dont  P.  Schiitzenberger  n'avait 
pu  à  cette  épocjue,  faute  de  méthodes  suflisantes,  élucider  la  constitution. 

Pour  cela,  i^'^,-?)-!  d'albumine  du  blanc  d'oeuf  sèche  fut  attaqué  pendant  72''  à  l'ébul- 
lition  par  8''s  de  bar}'te  et  6  litres  d'eau.  Après  élimination  de  la  baryte,  nous  avons 
obtenu  un  résidu  fixe  pesant  i  260  grammes.  C'est  ce  résidu  qui,  traité  suivant  la  tech- 
nique de  P.  Schûtzenberger  ('),  nous  a  donné  : 

1°  Leucines  et  leucéines î8()  gr. 

■i."  Leucines  et   tyrosine 210  gr. 

(')  Noie  présentée  à  la  Séance  du  1  i  juin  nj"''  . 

(-)  Ann.  de  Cllimic  et  de  Physique,  5'^  série,  t.  XVL  ^^'\),  P-    '^'1  à  'JG-. 


SÉANCE    DU     l8    JLIN     I906.  14^7 

cj°  Leucéines im  gr. 

4°  Glucoprotéines 17'i  gr. 

5°  Corps  vitreux  amorphe ioi  gr. 

Chacune  de  ces  fractions  à  été  soumise  séparément  à  un  traitement  dont  voici  la  marche 
générale. 

a)  L'acide  phosphotungstique  a  permis  de  séparer  un  premier  précipité  floconneux, 
amorphe,  d'où  nous  avons  retiré  des  substances  incristallisables,  présentant  tous  les 
caractères  des  polypeptides. 

b)  Ce  même  réactif  a  formé  ensuite  un  second  précipité  granuleux,  cristallin,  dont  on 
a  extrait  1,4  de  lysine  C°H"Az^O-  p.  100  d'albumine.  A  côté  de  la  lysine,  on  a  trouvé 
0,8  p.  loo  d'acide  diamido-valérique  C^H"A7,-0^  provenant  du  dédoublement  parla  baryte 
de  l'arginine  C^H"Az''0-  en  urée  et  acide  a-3-diamido-valérique.  Pas  d'histidine  ou  seu- 
lement des  traces  douteuses. 

c)  L'eau  mère  débarrassée  d'acide  phosphotungstique  et  évaporée,  a  fourni  un  résidu 
qui  a  été  éthérifié  à  trois  reprises  par  l'alcool  absolu  et  l'alcool  chlorhydrique.  Les  chlor- 
hydrates d'éthers  ont  été  soumis  à  l'action  ménagée  de  la  soude  pour  libérer  les  éthers 
eux-mêmes.  Ceux-ci  ont  été  séparés  ensuite  par  distillation  fractionnée  dans  le  vide,  puis 
saponiQés  parla  baryte  afin  d'isoler  les  acides  correspondants. 

Nous  avons  pu,  de  la  sorte,  faire  la  séparation  des  matériaux  extraits  par 
P.  Schiitzenberger  et  en  retirer  les  produits  suivants  : 

I.  Leuciiies  en  CH-"  '^^AzO-.  —  Ce  groupe  nous  a  fourni  :  alanine 
C^H'AzOS  10  p.  100;  Leucine  C^H'^AzO",  4'  P-  «oo;  Phénylalanine 
G'H"AzO'-,2,8  p.  100 ;  Acide  aspartique  C'H'AzO'',  i  p.  loo;  Acide  gluta- 
mique  C»H'AzO%o,8  p.  loo;  Tyrosine  C'H"AzO',  5  p.  loo. 

II.  Leucéines  cii  C"II-"  ^  'AzO-.  ■ — ■  Nous  avons  extrait  de  ce  mélange  : 
Tyrosine,  0,27  p.  100;  Alanine,  21  p.  100;  Leucine,  3i  p.  100;  Acide  pyrro- 
lidine-carhonique  ou  prolineG^H^\zO-,  5,8  p.  100;  Phénylalanine,  19  p.  100; 
Acide  asparlicjue,  3.9  p.  100;  Acide  glutamique,  1,9  p.  100. 

III.  Glucoprotéines  en  CH-^AzrO'.  —  Nous  y  avons  trouvé  :  Alanine, 
i3p.  100;  Leucine,  12  p.  100;  Proline,  0,2  p.  100;  Phénylalanine,  7  p.  100; 
Acide  aspartique,  5  p.  100;  Acide  glutamique,  12  p.   100. 

IV.  Corps  l'il/'ei/.r  amorphe.  —  C'est  un  mélange  de  polypeptides  dont 
nous  poursuivons  l'étude  et  que  nous  pensons  dédoubler  en  acides  amidés 
définis  et  bien  cristallisés.  A  ces  polypeptides  s'ajoutent  des  traces  de  leu- 
cine et  de  phénylalanine. 

En  résiuné,  il  résulte  de  ces  recherches  que  : 

1°  Les  albumines   s'hydrolysent  par  les   alcalis  comme   par  les  acides, 


1428  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

sauf  quelques  particularités  telles  que  la  destruction  par  la  baryte  de  l'ar- 
ginine,  stable  on  milieu  acide. 

2"  Les  leucéines  et  glucoprotéines  de  P.  Schiitzenberger  ne  sont  autre 
chose  que  des  mélanges  d'acides  amidés.  Les  dénominations  de  leucéines 
et  de  glucoprotéines  doivent  donc;  disparaître  du  langage  scientifique. 

Les  travaux  du  chimiste  éminent,  que  nous  venons  de  rappeler  et 
d'éclairer  sensiblement  grâce  à  nos  méthodes  modernes,  n'en  ont  pas 
moins  ouvert  la  voie  à  l'étude  rationnelle  de  ces  corps  albuminoïdes  dont 
les  dédoublements  et  la  constitution  étaient  à  peu  près  entièrement 
inconnus  avant  lui.  Il  a  le  premier  établi  que  tous  ces  corps  étaient  cons- 
titués par  des  enchaînements  de  radicaux,  oxygénés,  carbonés  et  azotés, 
enchaînements  aptes  à  se  dédoubler  par  hydrolyse,  et  principalement,  en 
acides  aminés  relativement  simples,  pour  la  majeure  part  cristallisables. 

PHYSIOLOGIE.  —  Influence  du  chocolat  et  du  café  sur  l'acide  urique.    Note 
de  M.  Pierre  Faivel,  présentée  par  Edmond  Perrier. 

J'ai  montré  dernièrement  que  les  purines  des  légumineuses,  se  compor- 
tant comme  celles  de  la  viande,  augmentent  notablement  les  purines  uri- 
naires,  surtout  V acide  urique^  et  rendent  celui-ci  facilement  précipitable  par 
les  acides.  Il  m'a  paru  intéressant  de  rechercher  si  les  mélhylxanthines, 
telles  que  la  théobromine(diméthylxanlhine)  etla  caféine  (triméthylxanthine) 
ont  une  action  analogue. 

Le  mèine  sujet  que  préLédeinnient  était  mis  d'abord,  pendant  plusieurs  jours,  au 
régime  strictement  végétal  et  sans  purines  dont  j'ai  donné  le  menu  quotidien,  tous  les 
jours  identique,  comportant  iîg  à  \o'^^  dalliuuiine  et  2  000  calories  environ  par  2 '(''   i^'). 

Après  avoir  ainsi  déterminé  son  excrétion  de  purines  et  d  acide  urique  endogènes  j  ai 
remplacé,  pendant  j  jours,  •20^''  de  biscuit,  -jaw^'  de  pommes  de  terre  et  aoS''  de 
beurre  de  coco  de  sa  ration  par  loo'''''  de  chocolat  de  première  qualité,  de  façon  à  main- 
tenir au  même  cliillVe  la  quantité  d'albumine  et  les  calories. 

La  quantité  de  tiiéobromine  ingérée  quotidiennement  était  alors,  en  moyenne,  de  iS'',5. 

Dans  une  autre  expérience,  toujours  avec  la  même  ration  sans  purines,  dans  laquelle, 
seulement,  loo^''  d'oranges  avaient  été  remplacés  par  1  joS''  de  fraises  et  lo^"'  de  sucre, 
le  sujet  absorba  en  deux  jours  consécutifs  l'infusion  de  loo^''  de  café  torréfié,  moulu  fin, 
soit  '1  tasses  le  promiei-jour  et  ^î  le  deuxième,  contenant '?«  total  \^\~i   de  caféine. 

Le  tableau  suivant  résume  ces  expériences. 
(')  Comptes  rendus,  5  juin  1906. 


SÉANCE    DU     l8    JUIN     I906.  14^9 

ACIDITÉ  ALBU-     PURINES  XANTHO-     ACIDE        *CIDE 

VOL.         en  tKÉi;       mine        ingé-  .  urique    NaXll    P-O' 

SO'II^  ingénie.       rées.     i=kiQues  unquc.  p„,,  hci_ 

2  jours  sans  puriiics. 

Moyenne 845       0,93   12,69     39-I       0,00       0,410     0,298  traces.      8,20      1,06 

Sjours-chocolat  loogr. 

Moyenne 684        i,i6   10,02     39,3        i,5o       o,585     0,284  0,000       8,80      1,20 

Différence — 161   -t-o,33 — 2,67         »     -)-i,5o  -{-0,171 — 0,014       »       +0,61  -fo,i4 

2  jours  sans  purines. 

Moyenne 875        1,41    13,96     39,5       0.00       o,5oo     0.349  0,000       9,62      1,80 

2    jours    café     noir. 

Moyenne ii45       0,90  i3,58     4'  0,73       o,658     o,35o  0,000     12,10      1,18 

Différence +270  — o,5i — o,38         »     -I-0.75  -fo,  i58 -(-0,001        »       -j-2,48  — 0,62 

Avec  le  chocolat  raugmentalion  jnoyenne,  par  ;>4'',  ties  xantho-uriqiies 
a  été  de  o,ij5,  représentant  à  peu  près  1/7  (i3,3  p.  100)  des  purines 
ingérées  sous  forme  de  tlicobrojuine.  L'acide  uriqiie  na  pas  atigmenlé  et 
pendant  les  premiers  jours  il  a  même  notablement  diminué  (o,253),  mais 
une  épreuve  par  le  salycilate  de  soude  semble  indiquer  qu'il  s'agissait 
d'une  rétention  quotidienne  de  0,0:^6  des  purines  et  de  o,o3i  d'acide 
urique,  analogue  à  celle  que  nous  avons  constatée  avec  les  légumineuses. 

Tandis  que,  même  au  régime  sans  purines,  on  obtient  parfois  de  faibles 
traces  d'acide  urique  précipité  par  l'acide  chlorhydrique,  avec  le  chocolat 
cette  précipitation  ne  se  produisit  jamais. 

La  caféine  se  comporte  sensiblement  de  la  même  façon  dans  l'organisme. 
Si  les  xantho-uriques  ont  augmenté  de  0,1 58  par  jour  avec  le  café,  ce  qui 
correspond  à  un  tiers  environ  (36p.  100)  delà  caféine  ingérée,  Vexcréliou 
de  Vacide  urique  n'a  pas  augmente'.  Comme  dans  le  cas  précédent  elle  a 
même  diminué  d'abord,  semblant  indiquer  line  rétention  de  0,017  de 
purines  et  de  o,oj6  d'acide  urique,  le  premier  jour.  Ce  dernier  point  devra 
être  étudié  plus  spécialement.  Vacide  urique  ne  précipite  plus  par  HCl. 

Le  travail  musculaire  (65  à  85*""  à  bicyclette,  dans  la  matinée)  n'a  produit 
ni  fatigue,  ni  raideur  musculaire  et  n'a  influencé  en  rien  l'excrétion  de 
l'acide  urique,  ni  avec  le  chocolat,  ni  avec  le  café;  il  n'en  était  pas  de  même 
avec  les  haricots.  Si  nous  comparons  maintenant  ces  résultats  à  ceux  de 
nos  expériences  sur  les  légumineuses  nous  constatons  que  la  moitié  des 
purines  des  haricots  se  retrouvent  dans  l'urine,  l'rtCiV/c  urique  augmente  dans 
une  proportion  encore  plus  considérable  et  il  précipite  facilement  par  les 
acides.  Au  contraire,  un  tiers  seulement  de  la  caféine  et  un  septième  de  la 


l43o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

tliéobromine  se  retrouvent  dans  l'urine  sous  forme  de  purines.  Mais  les 
méthylxanthines  n  augmentent  pas  V acide  uriqiie  et  celui-ci  ne  précipite  plus 
par  HCl. 

Si  l'on  ajoute,  in  vitro,  de  la  théobromine  pure  à  une  urine  dont  l'acide 
urique  précipite  facilement  par  l'acide  clilorhydrique,  on  constate  alors  une 
diminution  très  sensible  de  la  quantité  précipitée  par  cet  acide.  Il  en  est 
de  même  si  l'on  ajoute  de  la  théobromine  à  une  solution  titrée  d'acide 
urique  pur,  avant  de  la  traiter  par  HCl. 

La  caféine  a  une  action  analogue,  mais  moins  marquée  et  très  variable  sui- 
vant les  urines. 

En  résumé  les  méthylxanthines  (théobromine  et  caféine)  du  chocolat  et 
du  café  augmentent  sensiblement  les  purines  urinaires  (xantho-uriques), 
pas  du  tout  V acide  urique  et  empêchent  sa  précipitation  par  les  acides.  Leur 
influence,  surtout  pour  la  théobromine,  est  donc  beaucoup  moins  perni- 
cieuse pour  l'organisme  que  celle  des  purines  de  la  viande  et  des  légumi- 
neuses qui  donnent  une  forte  proportion  d'acide  urique  précipitant 
facilement. 

Ces  conclusions  visent  uniquement  l'action  de  la  théobromine  et  de  la 
caféine  sur  l'acide  urique  et  les  xantho-uriques  et  non  leur  influence  sur  la 
digestion,  la  circulation  et  le  système  nerveux. 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  — Loi  de  V accroissement  en  volume  dans  les  arbres. 
.Note  de  M.  Fra.xcois  Ko\ i:ssi,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

Depuis  plusieiu'S  années  déjà,  nous  avons  étudié  les  lois  de  l'accroisse- 
ment dans  les  arbres,  et  en  général  dans  tous  les  végétaux.  Tout  dernière- 
ment, nos  études  ont  porté  sur  lui  tronc  de  Robinia  Pseudacacia  dont  la 
croissance  et  les  principaux  facteurs  biologiques  avaient  été  observés 
depuis  sa  plantation  (1890). 

Après  avoir  déraciné  let  arbre  et  en  avou*  fait  des  coupes  transversales,  de  mètre  en 
mètre,  afin  de  déterminer  la  marche  de  laccroissement  en  volume,  nous  avons,  à  l'aide 
d'un  planiraètre,  mesuré  là  surlace  des  anneaux  annuels  correspondant  à  chaque  coupe. 

D'après  ces  mesures  on  trouve  que  le  rayon  du  cercle  limité  par  l'anneau 
formé  chaque  année,  ne  s'accroît  pas  d'iuie  façon  constante,  mais  que 
l'accroissement  est  une  fonction  linéaire  du  temps. 

En  outre,  nous  avons  fait  une  section  longitudinale  du  même  tronc, 
pour  déterminer  la  croissance  annuelle  en  hauteur,  et  nous  en  avons  conclu 


SÉANCE    DU     l8    JUIN     I906.  l4'^I 

que  celte  croissance  n'est  pas  rigoureusement  proportionnelle  au  temps, 
bien  que,  a  priori,  dans  des  conditions  biologiques  constantes,  cette  crois- 
sance dût  être  représentée  par  une  ligne  droite. 

En  effet,  si  les  conditions  biologiques  des  cellules  étaient  constantes,  et  si  la  cellule 
placée  à  la  périphérie  du  rayon  (ici  l'assise  génératrice,  et  le  méristème  terminal)  don- 
nait naissance  pour  chaque  unité  de  temps  à  une  cellule  nouvelle,  le  nombre  des  cellules 
s'accroîtrait  en  fonction  linéaire,  et  si  les  cellules  parvenaient  toutes  au  même  dévelop- 
pement, le  tronc  présenterait  un  accroissement  uniforme  dans  toutes  les  directions. 

L'accroissement  étant  dans  chaque  direction  linéaire,  proportionnel  au 
temps,  l'accroissement  en  volume  est  proportionnel  au  cube  du  temps  dans 
des  conditions  biologiques  constantes  : 

V=M.f. 

Si  l'on  considère  maintenant  ce  qui  se  passe  dans  la  nature  oii  les  condi- 
tions biologiques  varient  continuellement,  la  valeur  M  ne  sera  plus  une 
constante,  mais  sera  elle-même  une  fonction  du  temps,  et  nous  aurons  la 
formule  plus  générale  sur  l'accroissement  du  tronc  : 

V  =  M  [t)  .  f. 

V 

ANNÉES  t  V  V  ^    [t]    —   -yT 

1904 i5  82399,34'^  cm^         82399,34200cm'*         1,000000 

1903 14  70102,038  66993,71728  1,046397 

1902 i3  536o4,4o2  53638, 92014  0)999357 

1901 12  41292,916  42188, 46336  0,978773 

1900 II  30381,098  32495,83922  0,941077 

1899 10  23o83,449  244i4>620oo  0,943476 

1898 9  16547,264  17798,23798  0,929715 

1897 8  11090,207  12500,28544  0,887196 

1896 -7  7388,773  8374,21466  0,882325 

1895 6  3888,923  5273,55792  0,737439 

1894 5  i863,38i  3o5i, 82750  0,610579 

1893 4  909,242  1562,53568  0,581902 

1892 3  343,980  639,19474  0,521820 

1891 2  io5,432  195,31696  0,539800 

1S90 I  12,894  24,41462  0,528127 

Dans  le  tableau  ci-joint  V  représente  les  volumes  mesurés  directement, 
et  V  ceux  calculés  en  multipliant  le  cube  du  temps  par  une  constante  Mj^ 

déduite  de  la  formule  M,,  =  —4^  =;  24,41462   et  qui  représente  la  valeur 

'lô 

moyenne  de  l'état  biologique  de  i5  années.  Le  l'apport  A(/)  =  -^t  indique 
la  variation  biologique  annuelle. 

C.  R.,  1906,   1"  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  25.)  I  87 


l/|32  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Un  conçoil  que  les  fonctions  M(/)  et  A(/)  soient  soumises  à  deux  sortes  de 
variations,  l'une  fluctuante,  l'autre  décroissante.  La  fluctuation  est  causée 
surtout  par  la  variation  des  agents  climatériques  et  la  décroissance  par  la 
pression  constante,  exercée  par  les  anneaux  extérieurs,  Vers  l'intérieur, 
qui  fait  réduire  ceux  situés  en  dedans. 

On  voit  qu'en  déterminant  la  valeur  générale  M  et  la  variation  A(/)  des 
agents  biologiques  d'un  tronc  d'arbre,  on  pourra  exprimer  le  volume  de  ce 
tronc  par  la  formule 

V  =  A{l).M.t'  (5) 

le  volume  Vj,  V^,  V.,...,  correspondant  aux  temps  t^,  l.,,  t^... 

Etant  donné  qu'on  peut  considérer  chaque  arbre  comme  un  système 
formé  de  plusieurs  troncs,  primaires,  secondaires,  tertiaires...  développés 
l'un  sur  l'autre,  on  peut  appliquer  à  chacun  d'eux  séparément  cette  même 
loi,  qui  se  rapporte  à  l'arbre  tout  entier,  en  y  ajoutant  la  loi  de  ramification 
des  arbres. 

L'accroissement  complet  W  de  l'arbre  sera  donc  dans  ce  cas  : 

N  {t)  N  (0 

A^'  =  V  M  {t)  .  i'         ou  de  même         W  V  A  (/)  .  M  .  f 
;=:0  i  =  o 

où  N(/)  exprimera  le  nombre  des  branches,  c'est-à-dire  la  loi  de  ramifica- 
tion du  tronc  en  fonction  du  temps. 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  — •  Étude  spcctiûscopiquc  (les  pigmeiils  verls  des 
graines  nii'ires.  Note  de  M.  ^V.  LiLiitiMi;i\MO,  présentée  par  M.  Gaston 
Bonnier. 

M.  jMonteverde(')  et  M.  Greilach(-),  par  des  reciierches  speclroscopiques 
sur  les  plantes  étiolées,  ont  démontré  que  celles-ci  contiennent  une  petite 
quantité  d'un  pigment  particulier  qui  est  caractérisé  par  des  bandes  d'ab- 
sorption dans  la  partie  la  moins  réfrangible  du  spectre.  Ces  auteurs  pen- 
sent que  le  pigment,  \^  protochlovophyUe  [Monteverde]  ou  Vélioliiie  [Grei- 
lachj  se  transforme,  sous  l'influence  de  la  lumière,  en  chlorophylle. 
Cependant  leurs  expériences  ne   donnent   pas  assez  de  documents  pour 

(')  Acta  Nord  PelropoliUini ,  voL  XIII,  n°  'a,   189',. 

(-)  Sitzungsbericlite  d.  Kaiserlich.  Akadcniie  d.  ]f  issensc/iaftcn,  Wicii.  Mal.  nal.  Kl. 
Vol.  CXHl,  Al)t.  I,  Murz,  190',,   p.   121-16.S. 


SÉANCE     DU     l8    JUIN     I906.  1433 

légitimer  suffisamment  cette  conclusion.  C'est  pourquoi  il  m'a  paru  inté- 
ressant de  chercher,  dans  la  nature  même,  des  cas  où  la  chloropliyile  se 
forme  à  une  obscurité  plus  ou  moins  grande.  La  formation  de  pigment 
vert  dans  des  parties  de  la  plante  verte  où  ne  pénètre  pas  la  lumière  a  une 
importance  évidente  parce  c[iril  s'agit  alors  de  conditions  naturelles  et  non 
pas  d'un  cas  anormal  comme  dans  l'étiolement.  Tout  d'abord  j'ai  eu  l'idée 
de  faire  l'étude  spectroscopique  des  pigments  verts  des  graines  mûres.  Je 
me  suis  servi  d'un  spectroscope  à  vision  directe.  Pour  faciliter  l'élude  des 
solutions  très  étendues  j'ai  employé  un  appareil  particulier  au  moyen 
duquel  j'ai  pu  faire  varier  à  volonté  l'épaisseur  du  liquide  traversé  de 
o  jusqu'à  21"".  Au  lieu  de  faire  les  observations  directes  des  spectres 
j'ai  appliqué  la  photographie,  supprimant  ainsi  toute  erreur  d'appréciation 
personnelle. 

En  examinant  au  préalable  des  graines  de  110  familles  [de  Dicotylédones,  de  Mono- 
tylédons  et  de  Gymnospermes]  j'ai  trouvé  des  embryons  contenant  des  pigments  verts 
dans  les  familles  suivantes  :  Dipsacées,  Apocynées,  Convolvulacées^  Malvacées,  Gérania- 
cécs,  Acérinées,  Stapliylcacées,  Célastrinces,  Crucifères,  Méliacées,  Anacardiacces  et 
Lcguinineuscs.  Dans  la  plupart  des  cas,  les  embryons  ont  une  couleur  jaunâtre  à  cause 
de  prépondérance  des  pigments  jaunes.  Cependant  les  embryons  de  Cep/ialaria  tatarica. 
Géranium  colninbinum,  G.pratense  et  G. palustre,  Acer plalanoides  tlA.Pscudo-Platanus. 
Stapiryhea  pinnala  sont  colorés  en  vert  très  vif. 

Je  réduis  en  poudre  les  embryons  desséchés  et  je  les  traite  plusieurs  fois  par  de  la 
benzine  qui  dissout  dabord  les  huiles  et  les  pigments  jaunes  avant  que  la  chlorophylle 
elle-même  commence  à  se  dissoudre.  Puis  je  sèche  la  poudre  sur  du  papier  filtre  et  j'ex- 
trais la  chlorophylle  par  l'alcool  absolu.  La  solution  ainsi  préparée  présente  une  couleur 
verte  foncée  avec  une  fluorescence  jaune  bleuâtre  ;  la  fluorescence  rouge,  au  contraire, 
reste  très  faible.  Les  courbes  ci-contre  faites  d'après  des  photographies  des  spectres 
font  comprendre  quelles  sont  les  radiations  absorbées  par  les  diverses  solutions  à  des 
épaisseurs  différentes.  Les  abscisses  représentent  les  longueurs  d'ondes,  les  ordonnées 
représentent  les  épaisseurs  de  liquide  traversées  par  la  lumière.  Afin  de  préciser  par 
un  exemple  j'ai  indicjué  par  des  bandes  noires,  à  des  épaisseurs  voisines,  pour  les  trois 
solutions,  les  régions  oîi  la  lumière  est  absorbée.. 

_0n  voit  par  l'examen  de  ces  courbes  que  l'absorption  par  e.  pigment  des 
embryons  diffère  de  celle  de  la  chlorophylle  des  feuilles  :  le  caractère  delà 
bande  est  très  varié  entre  les  longueurs  d'ondes  6021'''  et  067  .  Cette  bande 
est  plus  large  et  beaucoup  moins  profonde  que  la  bande  correspondante 
(lu  pigment  des  feuilles  ;  en  outre  elle  se  fond  avec  la  bande  &?>i^^-^oa^^ , 
de  sorte  qu'on  ne  peut  pas  voir  ces  deux  bandes  séparément  comme  on  les 
voit  dans  la  chlorophylle  des  feuilles.  Sous  l'influence  des  rayons  directs 


i/,34 


ACADEMIE     DES    SCIENCES. 


(lu  soleil,  la  dissolution  alcoolique  du  pigment  des  embryons  pertl  complè- 
tement sa  couleur  au  bout  de  quelques  heures. 


|J 


I 


■S    is^ 


■a     içj 


a 


o 


"^S^^I^^^i^S^.^S^III 


Kpaisscurs  îles  solutions,  on  rcnliriièlres. 

En  deliors  des  embryons  on  trouve  aussi   des  pigments  verts 


dans  les 


SÉANCE    DU     l8    JUIN     I906.  l435 

cellules  mortes  des  téguments  des  graines.  Le  pigment  ainsi  déposé  dans 
des  graines  de  Cannabis  saliva  a  présenté  les  mêmes  caractères  optiques 
que  le  pigment  des  embrj'ons  d'autres  plantes.  Au  contraire,  la  couleur 
verte  des  couches  intérieures  des  téguments  des  Cucurbitacées  [Ciictirbila, 
Sicyosperma,  Luffa,  Trichosanthes]  a  paru  tout  à  fait  particulière.  La  dis- 
solution alcoolique  du  pigment  paraît  dans  ce  cas  identique  extérieurement 
à  celle  de  la  chlorophylle  des  feuilles;  seulement  la  fluorescence  rouge  est 
beaucoup  plus  forte.  Mais  l'absorption  de  lumière  est  bien  différente.  Dans 
la  partie  comprise  entre  le  rouge  et  le  vert  du  spectre,  on  voit  trois  bandes 
d'absorption  au  lieu  de  quatre  pour  la  chlorophylle.  La  première  est  placée 
juste  entre  les  deux  premières  bandes  de  la  chlorophylle;  la  seconde  et  la 
troisième;  au  contraire,  correspondent  à  peu  près  à  la  troisième  et  à  la  c[ua- 
trième  de  la  chlorophylle.  La  première  bande  correspond  exactement  à 
celle  de  la  protochlorophylle  d'après  les  indications  de  ]M.  Monteverde.  Si 
l'on  expose  la  solution  alcoolique  assez  concentrée  à  la  lumière  du  soleil 
elle  perd  sa  fluorescence  rouge  et  conserve  une  couleur  verte  d'une  inten- 
sité très  atténuée.  Le  changement  d'absorption  de  la  lumière  après  cette 
exposition  au  soleil  est  le  suivant  ;  la  première  bande  [640^:^-620:^1']  dis- 
paraît, la  deuxième  [588:'''-565:':']  s'élargit  beaucoup  vers  le  rouge  [jus- 
qu'à 610:':']  et  devient  double  ;  la  troisième  reste  à  sa  place.  En  outre  appa- 
raît une  quatrième  bande  entre  les  longueurs  d'ondes  661^':'  et  ôsi:*:', 
c'est-à  dire  presque  à  la  place  de  la  première  bande  de  la  chlorophylle. 
L'absorption  du  bleu  et  du  violet  est  affaiblie,  mais  conserve  le  même 
caractère. 

Comme  on  le  voit,  les  pigments  verts  formés  dans  des  parties  plus  ou 
moins  soustraites  à  la  lumière  chez  des  plantes  ayant  poussé  dans  les  con- 
ditions normales  diffèrent  de  la  chlorophylle  des  feuilles.  Sont-ils  des  pro- 
duits de  l'altération  ou  au  contraire  des  stades  de  la  formation  de  la  chlo- 
rophylle? C'est  ce  qui  reste  à  élucider. 

PATHOLOGllî  VÉGÉTALE.  —  Sur  Videiitité  de  Structure  des  galles  involucrales 

et  des  galles  des  pousses  f"Aiillées  chez  les  Euphorbes. 

Note  de  M.  C.  HorARD,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

Chez  un  certain  nombre  d'Euphorbes,  les  larves  d'un  diptère  de  la 
famille  des  Cécidoniyidés,  le  Perrisia  capsules  Kieff.,  produisent  deux 
sortes  de  cécidies,  les  unes  situées  à  l'extrémité  des  pousses  feuillées,  les 


j/|3G  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

autres  engendrées  aux  dépens  des  involiu;res  (').  Et  comme  les  bractées 
soudées  involucrales  ne  sont  autres  que  des  feuilles  adaptées  à  une  fonc- 
tion spéciale,  il  est  intéressant  de  rechercher  par  la  méthode  anatomique 
si  le  cécidozoaire  agit  de  façon  identique  dans  ces  productions  gallaires 
formées  toutes  les  deux  aux  dépens  d'éléments  ayant  même  origine. 

i"  Galle  de  l'involucre.  —  Cette  galle  a  été  signalée  par  divers  auteurs 
(Hieronymus,  Massalongo,  Gecconi,  Baldrati,  Hoiiard)  sur  Euphorhla 
Cyparisfiias  L.,  E.  Esula  L.  et  E.  Piihyiisa  L.  Les  cécidies  des  deux  pre- 
mières Euphorbes  affectent  la  forme  d'une  bouteille  allongée  ou  ventrue, 
de  5  à  8"""  de  hauteur;  celle  delà  dernière  a  l'aspect  d'une  corne  effilée  et 
recourbée,  atteignant  jusqu'à  iS'""  de  longueur. 

\J iiwolucrc  normal  d'Ji.  Cyparissias  possède,  en  coupe  transversale,  un  contour  poly- 
gonal irrégulier,  à  côtes  saillantes,  et  une  paroi  épaisse  .d'un  dizième  de  millimètre  seule- 
ment, garnie  à  l'intérieur  d'un  épidémie  souvent  muni  de  poils  et  à  l'extérieur  de  cellules 
surélevées  en  de  courtes  papilles. 

Dans  une  galle  jeune,  Vinvolucrc  parasité  est  à  peu  près  circulaire  et  entoure  une 
grande  cavité  larvaire.  Sa  paroi  possède  des  faisceaux  libéro-ligneux  hypertrophiés, 
irrégulièrement  espacés  et  une  épaisseur  assez  considérable  (un  demi-millimètre  environ) 
due  surtout  aux  cellules  situées  sous  l'épiderme  interne  qui  s'allongent  en  direction 
radiale  et  se  cloisonnent  trois  ou  quatre  fois  parallèlement  à  la  surface  libre.  L'intensité 
de  ce  cloisonnement  est  tel  qu'il  provoque  parfois  l'apparition  de  cloisons  dans  l'épi- 
derme. L'accroissement  en  largeur  de  la  paroi  tient  à  l'élirement  tangentiel  et  au  cloi- 
sonnement perpendiculaire  d'un  grand  nombre  de  cellules  également  sous-épidermiques. 
Le  résultat  de  tous  ces  cloisonnements  est  de  donner  naissance  à  de  petites  cellules, 
serrées  les  unes  contre  les  autres,  au  sein  desquelles  une  différenciation  active  se  pour- 
suivant, se  traduit,  dans  les  cécidies  âgées,  par  l'apparition  de  deux  zones  à  caractères 
histologiques  bien  tranchés  : 

1°  Au  bord  de  la  cavilé  larvaire,  une  large  bande  de  tissu  nourricier,  comprenant  les 
plus  internes  des  cellules  cloisonnées  et  répidernie  lui-môme  ;  le  protoplasma  abondant 
de  toutes  ces  cellules  enveloppe  un  noyau  irrégulier,  toujours  très  hypertrophié,  à 
nucléole  bien  net,  et  sert  à  la  nutrition  des  larves  de  l'crrisia  contenues  dans  l'involucre 
anormal  ; 

:i°  En  dehors  de  celte  zone,  une  bande  étendue  de  fibres  courtes,  scléreuses,  à  parois 
épaisses  et  bien  lignifiées,  percées  de  nombreuses  et  larges  ponctuations,  constitue  un 
véritable  lissii  protecteur. 

liCS  mêmes  zones  nutritive  et  protectrice  se  retrouvent  dans  les  galles  de  l'/T.  h'su/n 

(')  On  sait  que  dans  le  genre  Euplwrbia,  les  pousses  florifères  sont  terminées  par  une 
ombelle  composée  dont  les  rayons  portent  des  inflorescences  entourées  chacune  par  des 
bractées  soudées  en  un  involucre. 


SÉANCE    UU     l8    JUIN     I90G.  14^7 

et  de  17i.  Pithyusa  ;  dans  cette  dernière  cécidie  pourtant,  les  fibres  scléreuses  sont  par- 
ticulièrement bien  développées. 

2°  Galle  de  la  pousse  feuillée.  — •  Les  larves  du  Perrisia  capsulœ  engen- 
drent à  l'exlréniité  des  pousses  feuillées  de  trois  espèces  d'Euphorbes 
[E.  Cyparissias.  E.  Esula  et  E.  uicœensis  Ail.)  des  cécidies  cylindriques, 
en  forme  de  capsule  brusquement  rétréeie  dans  la  région  apicale.  Ces 
galles  sont  verdàtres,  glabres,  longues  de  lo  à  i5™'"  et  d'un  diamètre  trans- 
versal de  3  à  5.  On  les  connaît  d'Autriche,  d'Allemagne,  d'Italie,  de  Por- 
tugal, d'après  H.  Lôw,  F.  Lôw,  Mik,  Schlechtendal,  Hieronymus,  Massa- 
longo,  Tavares,  etc. 

L'aspect  extérieur  de  la  cécidie  en  capsule  de  \  l£.  Cyparissias  et  les  côtes  longitudi- 
nales en  nombre  variable  qui  ornent  sa  surface  montrent  déjà  quelle  résulte  de  con- 
crescences  foliaires.  L'anatomie  le  prouve  aussi,  car,  en  section  transversale,  sous  ces 
petites  côtes  apparaissent  de  minimes  cavités,  restées  parfois  en  relation  avec  l'exté- 
rieur, qui  indiquent  la  soudure  incomplète  d'une  feuille  avec  la  paroi  gallaire  constituée 
par  d'autres  feuilles  hypertrophiées  et  entièrement  fusionnées.  En  outre,  l'épiderme 
externe  de  la  galle  possède  des  stomaaes  espacés,  à  cellules  arrondies  et  à  ostioles  lar- 
gement ouverts,  rappelant  ceux  que  l'on  rencontre  à  la  face  inférieure  des  feuilles  hyper, 
trophiées  des  cécidies  en  forme  de  bourgeon  produites  sur  la  même  Euphorbe  par  des 
diptères  voisins  (Perrisia  capitigena,  par  exemple).  La  surface  interne  montre  égale- 
ment, de  place  en  place,  des  stomates  imparfaits,  arrêtés  dans  leur  développement. 

La  paroi  de  la  galle  atteint  une  grande  épaisseur  (parfois  un  millimètre)  due  surtout 
à  l'hypertrophie  et  au  cloisonnement  rapide  des  cellules  situées  sous  l'épidémie  interne. 
Les  cellules  les  plus  rapprochées  de  la  cavité  larvaire  possèdent  un  noyau  hypertrophié 
assez  irrégulier  et  un  protoplasma  abondant  :  elles  constituent  avec  l'épiderme  une  coiiclie 
nourricière  utile  aux  parasites.  En  dehors  de  cette  zone,  de  grandes  cellules  riches  en 
grains  d'amidon  acquièrent  des  parois  épaisses,  fortement  lignifiées  et  se  différencient 
peu  à  peu,  dans  les  galles  âgées,  en  une  véritable  couche  proleciricc.  Il  est  remarquable 
de  voir  ces  deux  tissus  si  différents  se  constituer  aux  dépens  de  cellules  destinées  nor- 
malement à  évoluer  en  cellules  de  tissu  palissadique,  si  l'action  cécidogène  ne  s'était  pas 
fait  sentir  sur  elles  de  très  bonne  heure. 

La  cécidie  de  V Euphorbia  Esula  possède  la  uiême  structure. 

En  résumé,  l'action  cécidogène  engendrée  par  les  larves  du  Perrisia 
capsulas  agit  de  façon  identique  tant  sur  les  feuilles  de  l'extrémité  des 
pousses  des  Euphorbes  que  sur  les  bractées  soudées  de  leurs  involucres, 
et  les  transforme  en  galles.  Dans  les  deux  cas,  la  grande  épaisseur  des 
parois  gallaires  tient  au  cloisonnement  actif  des  cellules  sous-épidermiques 
internes  ;  dans  les  deux  cas  aussi,  la  différenciation  précoce  des  nouvelles 
cellules  formées  donne  naissance  à  une  couche  nourricière  (interne),  voi- 


lZ|38  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

sine  des  parasites  eLà  une  couche  scléreuse  proiectiice  (extei'ne)  en  rapport 
avec  la  région  vasculaire. 

BIOLOGIE.  —  Biologie  larvaire  et  métamorphoses  de  Siphona  Cristata  Fahr. 
Adaptation  d'une  Tachinaire  à  an  hôte  aquatique  diptère  :  un  nouveau 
cas  dU'ctoparasilisme  interne.  Note  de  M.  E.  Roubaud,  présentée  par 
M.  E.-L.  Bouvier. 

Les  observations  relatives  au  mode  de  vie  larvaire  des  Diptères  du 
genre  Siphona  Meig.  s'accordent  à  faire  considérer  ces  Tachinaires 
comme  des  parasites  propres  des  Papillons.  Cependant,  par  une  exception 
curieuse  et  inexpliquée,  Siphona  cristata  Fabr.,  espèce  antérieurement 
obtenue  par  deux  auteurs  de  chenilles  de  Lépidoptères,  est  signalée  par 
Beling  (1886)  comme  provenant  de  larves  de  Tipjula  gii^antea  Schr.  Un  cas 
de  parasitisme  aussi  spécial  pouvait  être  envisagé  comme  un  fait  accidentel. 

Nous  avons  pu,  cet  hivei-,  confirmer  sur  un  abondant  matériel  cette 
observation  isolée  et  déceler  d'intéressants  rapports  anatomiques,  indi- 
quant une  adaptation  spécifique  de  la  larve  de  Muscide  à  son  hôte  aqua- 
tique. 

Les  larves  de  Tipula  gigantea  Schr.  vivent  dans  les  ruisseaux,  sous  les 
pierres,  ne  prenant  contact  avec  l'air  extérieur  que  par  leur  couronne 
sligmatifère  caudale,  qui  s'épanouit,  par  intervalles,  à  la  surface  de  l'eau. 
Au  début  de  l'hiver,  on  peut  déjà,  chez  Ijeaucoup  d'entre  elles,  constater 
par  transparence  la  présence  des  Siphona.  En  ouvrant  une  larve  infestée, 
on  aperçoit  ces  parasites  sous  forme  de  petits  corps  allongés,  d'un  jaune 
orangé,  d'environ  i"'™,  en  relation  constate  avec  les  deux  troncs  princi- 
paux du  système  trachéen  métapneustique  de  l'hôte.  A  ce  stade  relativement 
jeune,  chaque  parasite  est  encore  complètement  inclus  dans  un  kyste 
terme,  membraneux,  fixé  au  cordon  trachéen  par  une  sorte  de  calice  chiti- 
neux  dont  le  fond  s'ouvre  dans  la  trachée. 

Chez  les  larves  plus  âgées,  en  croissance  active,  le  kyste,  détruit  anté- 
rieurement, n'abrite  plus  que  la  région  postérieure  ;  le  calice  chilineux 
devenu  plus  épais  emboîte  étroitement  l'extrémité  postanale  du  parasite, 
allongée  en  un  court  siphon  respiratoire  bisegmenlé.  De  la  sorte,  baignant 
directement  dans  le  sang  de  l'hôte,  les  larves  de  Sip/ioncr  continuent  à 
vivre  aux  dépens  de  l'air  de  ses  trachées. 

Au  moment  de  la  nymphose,  les  parasites  se  détachent  de  leur  organe  de 


SÉANCE    DU     l8    JUIN     I906.  14^9 

fixation,  et  perforant  avec  leur  têle  les  téguments  de  leur  hôte  épuisé,  se 
répandent  dans  la  terre  humide.  Leur  sortie  doit  coïncider  dans  la  nature 
avec  Fépoque  où  la  larve  de  Tipule  a  quitté  elle-même  le  cours  d'eau  pour 
se  transformer  dans  la  terre.  La  nymphose  s'effectue  superficiellement  et 
dure  environ  3  semaines. 

II  est  logique  de  penser  que  les  œufs  de  la  Tachinaire  sont  déposés  sur  la  couronne 
stigmatifère  de  la  Tipule,  et  qu'à  leur  éclosion  les  parasites  s'introduisent  par  les  stig- 
mates dans  le  tronc  trachéen  qui  leur  fait  suite  ;  là,  leurs  efforts  propres,  suivis  de  réac- 
tion inflammatoire,  amènent  la  formation  d'une  petite  excroissance  trachéenne,  origine 
du  kyste  et  de  son  calj'ce. 

La  structure  histologique  de  ces  organes  permet  en  effet  d  affirmer  leur  nature  tra- 
chéenne. A  la  base,  les  cellules  hypodermiques  sont  abondamment  développées  et  en 
plusieurs  couihes.  La  sécrétion  chitineuse  ne  forme  plus,  par  suite,  un  simple  filament 
spiral,  mais  une  couche  continue,  épaisse  et  noire,  de  chitine  :  c'est  cette  région  qui 
constitue  proprement  le  calyce.'  Antérieurement,  l'épaisseur  de  la  paroi  kystale  s'atténue, 
comme  parétirement  de  la  formation  précédente,  jusqu'à  se  réduire  à  une  mince  couche 
chitineuse  incolore  où  l'on  ne  distingue  plus  que  quelques  ilôts  de  cellules  hypoder- 
miques. Des  débris  de  mues  s'ajoutent  à  lensemble. 

Le  rapprochement  s'impose  entre  le  calyce  des  Siphoiia  et  les  organes 
de  fixation  décrits  par  divers  auteurs  pour  d'autres  Diptères  entomo- 
pliages(').  Mais  la  constatation  faite  ici  d'un  kyste  clos  à  l'état  jeune, 
permet  une  compréhension  plus  évidente  de  la  nature  de  ces  divers 
organes  ;  elle  sanctionne  d'une  manière  heureuse  la  comparaison  établie 
par  MM.  Giard  et  Bonnier  ('')  :  Le  parisitisme  larvaire  des  Siphoiui  constitue 
un  nouvel  exemple  d'ectoparasitisme  interne,  en  tous  point  homologue  à 
celui,  bien  connu,  des  Crustacés  Entonisciens. 

Par  l'ensemble  des  caractères  de  spécialisation  accentuée  qui  le  définis- 
sent, le  parasitisme  de  Siphona  cristata  Fabr.  chez  les  larves  aquatiques 
de  Tipules,  apparaît  comme  la  condition  normale  du  maintien  de  l'espèce. 
Les  cas  de  paratisme  également  signalés  chez  les  Lépidoptères  pour  cette 
même  Tachinaire  peuvent  être  dès  lors  interprétés  comme  des  exemples 
de  suppléance  parasitaire  avec  retour  au  mode  de  vie  primitif  de  l'espèce, 
quand  les  hôtes  d'élection  sont  rares  ou  encore  incomplètement  déve- 
loppés. 

(')  En  particulier,  le  siphon  décrit  chez  les  Ocj'ptères  par  L.  Dulour,  et  chez  les 
Gymnotomes  par  Kiinckel  d  Herculais  ;  le  calyce  fixateur  étudié  par  Cholodkowsky  chez 
une  Tachinaire  parasite  des  Carabes. 

(-)  Contribution  à  l Etude  des  Bopyriens.  Lille,  1887. 

C.  R.,  190G,  1»'  hemeslre.  (T.  C.XLII,  N"  20.)  ï88 


l/|/|0  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ClllMlE  PHYSIOLOGIQUE.  —Influence  de  V  acide  pliospliorique,  des  phosphates 
mono  et  trisodiqiies  sur  les  échanges  nutritifs.  Note  de  M.  A.  Dës^obez  et 
de  M""  BI-.  GiEXDE,  présentée  par  M.  Bouchard. 

L'étude  de  la  dyscrasie  acide  nous  a  conduits  à  recher(>her  encore,  dans 
les  mêmes  conditions  d'expériences,  l'influence  exercée  svir  la  nutrition 
par  l'acide  phospliorlque  et  deux  de  ses  sels,  le  phosphate  acide  et  le  phos- 
phate neutre. 

Nos  expùriences  ont  jiurté  sur  quatre  séries  Je  0  cobayes  en  voie  de  développement, 
de  même  âge  et  de  sexe  mâle.  Tandis  que  les  animaux  de  la  première  série  servaient  de 
témoins,  cliaque  cobaye  des  trois  autres  séries  a  reçu,  par  la  voie  stomacale  et  sous 
forme  pilulaire,  i>s',oj  d'anhydride  phosphorique,  soit  à  l'état  d'acide  pur,  soit  à  l'état  de 
phosphate  mono  ou  trisodique.  Les  expériences,  continuées  pendant  ^  mois  sur  les 
munies  animaux,  ont  été  coupées  par  deux  périodes  de  repos  de  quinze  jours  chacune. 
Quant  à  la  nourriture,  elle  était  de  même  composition  :  pour  cliaque  lot,  Goo^"'  de  choux 
et  du  son  à  discrétion.  13icn  qu'il  (ùt  donné  en  excès,  les  pesées  ont  montré  que  ce  dernier 
aliment  était  consommé  en  quantités  à  peu  près  égales  par  chaque  série  d'animaux. 

Nous  présentons,  dans  le  tableau  ci-dessous  :  i°  les  variations  de  poids 
des  cobayes  depuis  le  i°''  novembre  ipoS  jusqu'au  28  mai  1906;  2"  les 
moyennes  fournies  par  la  mesure  des  volumes  d'urine  éliminés  et  les 
dosages  des  princi|)aux  éléments  ;  W"  les  rapports  de  ces  divers  éléinenls 
entre  eux('). 

.VNIMAUX    RECEVANT 

— —    — — — ïÉMOI^s 

PO'H=  PO'NaH^  PO'Na' 

Variations  de  poids  p.   100.    .     .     .  "5,4  82,7  81,9  86,8 

Volumes  d'urine  p.  liilog   ....  ii^'^^.o  40'"", o  30"^™'*. 9  4i'"'^'0 

Azote  total  p.  kit.  et  2  i  heures.    .  oB'',385  ob'',355  oB'',3o6  cii'',iii 

Albumine  détruite '^,  >9  ^)39  'i.oG  1,02 

Azote  de  l'urée 0,373  o,263  o,'2i7  0,173 

Acide  phosphorique 0,121  0,107  0,106  0,095 

Soufre  total  en  SO' 0,28g  0,273  0,234  0,284 

Soufre  peroxyde  en  SO^ 0,229  0,200  o.iSg  0,194 

Soufre  neutre 0,060  0,073  0,075  o,ogo 

Uésidu   sec 2,2g  a,  12  2,25  2,33 

Cendres 1,12  >>i7  i-oi  1,40 

CoelTicienl  azolurique 0,71  0,74  0,71  0,77 

(')  Avec  la  nature  des  aliments  variable  avec  les  saisons,  ces  rapports  peuvent  différer 
chez  le  cobaye  comme  chez  l'homme,  d'où  la  nécessité  d'avoir  toujours  une  série  de 
t('i]iiiins  pour  l'expérience  en   cours. 


SÉANCE 

Dt 

i   i8 

JUIN   igoÉ 

). 

l'.'n 

ANIMAUX    Rlv 

CEVANT 

PO'ir 

PO'Xall^ 

PO'.Na" 

TKMOINS 

o,3i 

o,3o 

0,34 

0,42 

Rapport    ^^, 

.    . 

. 

0.75 

0,76 

0,76 

1,25 

l^-»PP°'-'  sO""t. 

(soufre 

■   pc 

rox. 

0,80 

0,73 

0,77 

0,72 

Coeflicient  de  dcmiiK-ra 

lisal 

lion . 

0.61 

0,55 

0,45 

0,60 

InlerpicUitloii  des  résultais.  —  1°  L'élaboration  de  la  matière  azotée  est 
augmentée  par  les  trois  composés  minéraux  du  phosphore  :  à  cet  égard, 
c'est  le  sel  neutre  qui  a  la  moindre  influence  ;  celle-ci  augmente  progressi- 
vement avec  l'acidité  de  la  molécule.  Le  rapport  azolurique  indique  une 
élaboration  moins  parfaite  de  l'albumine  quand  celle-ci  est  détruite  en 
plus  grande  proportion.  Comme  les  animaux  prennent  sensiblement  la 
même  alimentation,  il  résulte,  de  cette  destruction  plus  intense  de  l'albu- 
mine, une  moindre  augmentation  de  poids  atteignant  son  maximum  avec 

,      .  ,  .  .  P-0^  SO^ 

1  acide  phosphorique.  L'abaissement  des  rapports  — j —  ^^  ~â —  paraît  indi- 
quer une  épargne  relative  des  albumines  phosphorées  et  les  plus  riches 
en  soufre.  Rappelons  qu'avec  l'acide  chlorhydrique  et  les  acides  orga- 
niques, nous  avions  obtenu  un  ralentissement  de  destruction  de  la  matière 
azotée,  un  abaissement  du  rapport  azoturique  et  une  désagrégation  plus 
intense  des  composés  phosphores  et  sulfurés. 

2°  Le  coefficient  d'oxydation  du  soufre  est  augmenté  par  PO'H^  et  un 
peu  moins  par  ses  dérivés.  Il  ne  suit  donc  pas  les  variations  du  rapport 
azoturique,  ce  qui  semble  indiquer  que  la  partie  sulfurée  de  la  molécule 
albuminoïde  ne  se  désintègre  pas  toujours  par  le  même  processus  chi- 
mique que  sa  partie  azotée. 

3°  La  déminéralisation  de  l'organisme  n'a  pas  été  augmentée  par  PO'H^ 
comme  elle  l'est  par  l'acide  chlorhydrique  et  les  acides  organiques.  Le 
phosphate  acide  et,  surtout,  le  phosphate  neutre  de  soude  diminuent,  au 
contraire,  notablement  la  perte  des  éléments  minéraux. 

4°  Les  moindres  volumes  d'urine  éliminés  correspondent  au  phosphate 
trisodique.  L'alimentation  étant  la  même,  nous  avons  pensé  que  ce  dernier 
sel  provoque  une  plus  grande  fixation  d'eau  par  les  tissus.  Un  mélange  en 
proportions  équivalentes  de  foie,  de  muscle  et  de  rein  prélevé  sur  les 
témoins  et  sur  les  animaux  recevant  le  phosphate   neutre  a   donné,  à  la 


l4/|2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dessiccation,  ^3  p.  loo  d'eau  cliez  le  témoin  et  74,63  chez  Tanimal  en  expé- 
rience. 

PHYSIOLOGIE.  —  Influence  de  t ovaire  sur  la  nutrition.  Synergie  thyro-ova- 
rienne,  par  MM.  Charrix  et  Jardry,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

Au  cours  de  la  gestation  les  échanges  nutritifs  peuvent  se  modifier, 
parfois  légèrement  se  ralentir.  C'est  tantôt  la  graisse,  qui  insuffisamment 
élaborée  s'accumule  et  engendre  l'oljésité;  tantôt  une  incomplète  consom- 
mation du  sucre  provoque  la  glycosurie  ;  dans  d'autres  cas,  l'accrois- 
sement des  acides  est  susceptible  de  solubiliser  certains  principes,  de 
déterminer  des  lésions  du  squelette  et  exceptionnellement  de  faire  naître 
l'ostéomalacie  ('). 

Observation  I.  —  Parmi  beaucoup  d'autres,  quelques  analyses  d'urines  nous  ont 
montré  que,  chez  de  jeunes  femmes,  au  voisinage  du  terme  et  soumises  à  un  régime 
mixte,  le  volume  quotidien  de  la  sécrétion  rénale  peut  dépasser  1600  (-)  et  la  quantité 
d'urée  fléchir  à  181^'', ij.  Parallèlement,  des  personnes  hors  de  l'état  de  grossesse  et 
placées  dans  des  conditions  d'existence  comparables  émettent,  en  général,  moins  de 
i5oo,  mais  l'urée  s'élève  h  ■10^'',  à  -xi^'. 

Comme  il  s'agit  de  phénomènes  en  quelque  sorte  propres  à  la  gestation, 
on  est  conduit  à  rechercher  si,  parmi  les  organes  subissant  l'influence  de 
la  conception,  aucun  n'agit  sur  la  nutrition.  A  ce  point  de  vue  et  pour 
divers  motifs,  au  premier  rang  figurent  les  ovaires,  qui  à  leur  rôle  de 
glandes  externes  de  plus  en  plus  paraissent  ajouter  des  attributs  de  sécré- 
tion interne  localisés  dans  le  corps  jaune  ou  le  tissu  conjonctif  (Frœnkel, 
Prenant,  Regaud,  Ancel,  Bouin,  etc.).  D'ailleurs,  l'expérimentation  met 
en  lumière  l'influence  de  ces  glandes  surles  échanges  cellidaires. 

Expérience  A.  —  Chez  i  lapines  on  pratique  une  double  ovariotomie  (^)  et,  la  gué- 
rison   achevée,   on  recueille  leurs  urines.   Or,   tandis  que,  par  ■i'y^\  l'urée  des  fenudles 

A;TJ 
normales,  vivant  de  la  même  façon,  avoisine  o,63  et    .  _,.,    0,^8,  les  chiffres  de  ces  opé- 
rées sont  respectivement  o,5'i  et,  pour  ce  rapport,  o,G^. 

(')  D'après  nos  recherches,  semblables  à  celles  de  Zanda,  c'est  en  partie  à  la  démi- 
néralisation du  système  nerveux  qu'est  attribuable  l'excès  de  sensibilité  des  femmes 
enceintes  aux  intoxications  d'origine  externe  (strychnine)  ou  interne  (éclampsie,  etc.) 

(-)  A  ce  sujet,  les  causes  de  variations  sont  nombreuses;  suivant  l'espèce,  le 
régime,  etc.,  il  est  possible  de  constater  une  faible  oligurie. 

(•')  La  persistance  d'un  minime  fragment  peut  vicier  le?  résultats. 


SÉANCE    DU     l8    JCIN     I90G.  l44'^ 

Dans  l'espèce  humaine  cette  doiiljle  castration  tend  à  enti'ainer  des  résul- 
tats nettement  comparables. 

Observation  II.  —  On  impose  les  mêmes  conditions  d'existence  à  une  femme  de 
•29  ans,  pâle,  plutôt  grasse,  ovariotomisée  depuis  4  ans  et,  d'autre  part,  à  l'une  de  ses 
sœurs,  âgée  de  ii  ans,  bien  portante,  sans  tare  appréciable. 

L'analyse  révèle  que,  chez  la  première,  l'urée  de  la  journée  se  maintient  au-dessous 
de  20  S"'  et,  chez  la  seconde,  atteint  216'', 85. 

Cette  proportion  ne  dépasse  pas  iSs''  chez  une  seconde  ovariotomisée,  opérée  depuis 
2  ans  et  paraissant  en  bonne  santé. 

Ainsi,  durant  la  gestation  Factivilé  des  mutations  nutritives  s'atténue; 
d'un  autre  côté  la  suppression  des  ovaires  modifie  ces  mutations  dans  le 
même  sens.  Par  suite,  comme  au  cours  de  la  grossesse,  ces  ovaires  sont 
en  cpielque  sorte  partiellement  supprimés,  il  est  permis  de  rapporter  à 
cette  partielle  disparition  le  ralentissement  des  échanges  qu'on  peut 
observer  pendant  la  gestation. 

Du  reste,  grâce  à  une  méthode  inverse,  où  l'addition  remplace  la  sous- 
traction, il  est  possible  de  faire  pour  ainsi  dire  la  preuve  de  la  réalité  de 
ces  phénomènes. 

Expérience  B.  —  Durant  8  jours,  à  10  cobayes  on  injecte,  sous  la  peau,  1'="^  d'une 
solution  aqueuse  et  salée  d'extrait  ovarien,  soit  0,01  du  parenchyme  d'un  ovaire  de 
jument.  Chez  %  autres  cobayes  on  fait  pénétrer  de  semblables  volumes  de  sérum  artifi- 
ciel ('). 

En  dépit  des  excitations  qu'imposent  à  la  désassirailation  les   sels   minéraux  de  ce 

As.  U. 
sérum,  par  animal  et  par  2'|ii,  l'urée  de  ces  deux  témoins  se  limite  à  oS'','i3,     .  J  ,.,'  à  0,70 

et  la  perte  de  poids  à  5^''.  En  revanche,  tous  supérieurs,  les  chiffres  correspondants  de 
ces  10  cobayes  traités  s'élèvent  à  o,',2,  pour  le  rapport  azoturique  à  0,7',  et  3i  pour 
l'amaigri  sseni  en  t. 

En  administrant  de  l'ovaire  de  vache  (-),  en  2  semaines  et  par  tète,  3  cobayes  ont 
perdu  g]^',  pendant  que  des  témoins,  soumis  à  l'influence  de  l'eau  salée,  n'ont  diminué 
que  de  76''. 

(')  Ce  sérum  est  simplement,  suivant  l'usage,  une  solution  aqueuse  de  matières  miné- 
rales (dans  l'espèce  r,.'»  de  chlorure  de  sodium  par  litre),  mais,  en  dépit  du  terme  sérum, 
il  ne  contient  pas  d'albumine. 

(-)  La  provenance  des  principes  utilisés  imprime  parfois  aux  résultats  quelques 
variations,  variations  qui  dépendent  aussi  d  une  série  de  facteurs  (voies  d'entrée,  rapi- 
dité, surtout  nombre  des  injections  ou  ingestions,  à  d'autres  égards  état  de  la  nutrition, 
des  réactions,  etc.,  de  la  femme  observée). 


l444  ACADKMIK     DES    SCIENCES. 

Chez  la  femme  enceinte,  Tingestion  d'ovaire  engendre  de  semblables 
effets. 

OnsEBVATiON  III.  —  Toul  eii  iiiainlcnant  le  même  régime,  quotidiennement  on  fait 
prendre  à  des  femmes,  près  du  terme,  des  produits  ovariens.  Or,  durant  les  journées 
qui  suivent,  l'urée  passe  de  i8  (dose  constatée  avant  ces  ingestions)  à  ■j.'i^''  et  le  coeffi- 
cient azoturique  de  o,83  à  o,8g. 

Donnée  intéressante,  au  point  de  vue  de  cette  action  sur  les  échanges, 
le  corps  thyroïde  est  apte  à  remplacer  les  glandes  génitales. 

Obseuvation  IV.  —  Une  femme  enceinte  ingère  une  dose  quotidienne  de  5?'' d'extrait 
thyroïdien;  dès  la  quatrième  journée  l'urée  des  a'i''  de  i9S'',8o  s'élève  à  22S'',',5. 

L'hyperfonctionneinent  de  ce  corps  thyroïde  peut  suffire  à  déterminer 
de  tels  effets. 

Obseuvation  V.  —  Chez  une  femme  au  voisinage  de  l'accouchement  et  paraissant 
en  assez  bonne  santé,  une  maladie  de  Basedow  a  provoqué  une  légère  hypertrophie  thy- 
roïdienne. Or,  cette  personne  émet  236'', 70  d'urée,  quantité  quotidienne  supérieure  à  la 
moyenne  habituellement  enregistrée. 

On  voit  donc  que,  si  la  mise  au  repos  ou  l'ablation  des  ovaires  ralentis- 
sent les  mutations  nutritives,  par  contre  l'introduction  dans  l'économie  de 
proportions  relativement  considérables  de  tissu  ovarien  accélère  ces 
mutations.  D'autre  part,  à  cet  égard,  il  est  manifeste  que  le  corps  thy- 
roïde est  susceptible  de  suppléer  ces  organes. 

Ces  données  trouvent  leur  application  au  cours  de  la  grossesse,  qui 
naturellement  amoindrit  le  fonctionnement  ovarien,  fréquemment  atténue 
l'activité  de  la  nulrilion  et  fréquemment  aussi  s'accompagne  d'une  minime 
hypertrophie  ou  tout  au  moins  d'une  sorte  d'excitation  physiologique  de 
l'appareil  thyroïdien.  D'après  nos  propres  recherches,  rapprochées  des 
travaux  de  Guiyesse  et  des  faits  de  Théodossiew,  il  semble  même  que  les 
capsules  surrénales  peuvent  prendre  part  à  ce  complexus  ('). 

Ainsi,  pour  mieux  accomplir  leur  mission  relative  au  maintien  de  l'inté- 
grité des  mutations  nutritives,  ces  organes,  ces  glandes  internes,  parais- 
sent reliés  par  de  véritables  synergies. 


(')  A  ce  sujet,  rappelons  (notions  encore  vagues)  qu'on  a  parfois  signalé  des  modifi- 
cations de  l'hypophyse,  du  corps  piluitairo  (Fischera),  en  rapport  avec  l'état  de  l'apiia- 
reil  utéro-ovarien  ;  rappelons  aussi  qu'on  a  indiqué  des  relations  du  liiymus  et  des  testi- 
cules (Patoii,  Anderson),  etc. 


SÉANCE    DU     l8    JUIN     I906.  l445 

BOTAiMQUE  FOSSILE.  —  Caractéristiques  du  stipe  de  ^'Adelophylon 
Jutieri  B.  R.  (').  Note  de  M.  Paix  Bertrand,  présentée  par  M.  R.  Zeiller. 

Les  caractéristiques  du  stipe  de  VAdelojj/iytoii  Jutieri  B.R.  peuvent 
s'énoncer  ainsi  qu'il  suit  (•)  : 

I.  —  Un  anneau  libéro-ligneux  normal  discontinu;  cet  anneau  est  jalonné  par 
8  groupes  anastomotiques,  qui  se  succèdent  dans  l'ordre  : 

7! — G,    n —  i,     n  —  8,     Il  —  'j,     n — ■->.,    n — ",     n  —  î,     n —  i, 

8 
le  cycle  étant  il  =  - —  dexlre. 

Le  groupe  n  —  i  ne  contient  que  du  liber  ;  tous  les  autres  groupes  contiennent  du  bois 
et  du  liber.  A  ces  8  groupes  s'ajoutent  5  masses  réparatrices  simples  exclusivement  libé- 
riennes, qui  s'intercalent  dans  les  intervalles  :  i,  'i,  1,  G,  7  ;  la  seconde  et  la  quatrième 
sont  unies  respectivement  à  la  droite  de  n  —  8  et  de  n  —  7  ;  les  autres  sont  isolées. 

■1.  —  Il  y  a  une  trace  foliaire  complètement  individualisée  comme  pièce  sortante,  à  la 
gauche  de  chaque  groupe  anastomotique.  Son  numéro  d'ordre  est  celui  de  l'anastomose 
diminué  de  8  unités,    d'nù  la  succession 

n  —   I  '1,     n  — -II,     "  —  iG,      n  —  i),     n  —  10,     n  —  i  5,     n  —  li,     n  —  9. 

.3.  —  Chaque  trace  foliaire  individualisée  comprend  une  masse  libérienne 
et  une  masse  ligneuse;  le  bois  est  placé  en  avant  du  liber  sur  le  même 
rayon;  il  consiste  en  5  îlots  de  trachéides  scalariformes  :  i  médian  posté- 
rieur, 2  latéraux  postérieurs,  2  latéraux  antérieurs.  Contrairement  à  l'indi- 
cation du  regretté  Renault,  il  n'y  a  pas  de  trachées  dans  ces'groupes  :  ils  sont 
apolaires  ;  ils  sont  unis  entre  eux  par  des  fibres  primitives  épaissies.  Le 
liber,  séparé  du  bois  par  des  éléments  sclérifiés,  l'orme  un  îlot  unique,  à 
protophloème  central,  à  éléments  périphériques  disposés  en  séries  rayon- 
nantes, donnant  l'impression  d'une  zone  cambiale  ;  cet  alignement  est  déter- 
miné par  des  conditions  mécaniques  :  il  n'y  a  ni  bois,  ni  liber  secondaires. 

.|.  Chaque  ensemble  anastomotique,  à  l'exception  du  groupe  n  —  i,  comprend  une 
masse  libérienne  et  une  masse  ligneuse;  la  masse  ligneuse  représente  la  totalité  du  bois 
d'une  trace  foliaire^  individualisé  dans  toutes  ses  parties,  avec  ses  5  îlots  de  trachéides 
scalariformes.  La  masse  libérienne  est  constituée  par  les  masses  réparatrices  droite  et 

(')  B.  Renault,  Sur  un  noui'cau  genre  de  tige  fossile.  {Bulletin  de  la  Société  d' Histoire 
Naturelle  d'Autuu,  1900,  pages  /|0:j  à  \-i\,  planches  VI  à  X.) 

(■-)  Ces  caractéristiques  sont  tirées  des  préparations  i  à  10  de  la  boîte  19'j  de  la  col- 
lection B.  Renault,  en  particulier  de  la  préparation  i  ;  cette  coupe  du  stipe  a  été  collée 
sur  le  slide  par  sa  face  supérieure  et  doit  être  être  retournée  pour  l'examen. 


l446  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

gauche,  RJ  et  R*  du  liber  de  la  trace  foliaire.  Ce  n'est  qu'à  un  niveau  plus  élevé,  là  où 
elle  quitte  l'anneau  libéro-ligneux,  que  le  liber  de  la  trace  s'individualise  définitivement. 
Il  y  a  -21  cordons  libériens  réparateurs  à  parcours  sinusoïdal,  savoir  :  8  anastomoses  de 
■j.  cordons  et  5  cordons  simples, 

5.  —  Il  n'y  a  qu'une  seule  masse  réparatrice  ligneuse;  elle  est  isolée  à 
l'intérieur  de  lanneau  libéro-ligneux  ;  elle  est  désignée  parla  lettre  a  sur 
la  figure  i,  planche  VII,  de  Renault  ;  elle  détache  suivantle  rayon  une  masse 
ligneuse  plus  grosse  que  la  portion  restante  :  c'est  le  bois  de  la  trace 
foliaire  n  —  i  ;  ce  bois,  déjà  individualisé,  viendra  se  placer  devant  le 
groupe  anasloinotique  n  —  i,  reproduisant  ainsi  la  structure  des  7  autres 
groupes.  La  portion  restante,  comprise  entre  les  lettres  b  ci  c  sur  la 
figure  I,  planche  VIII,  de  Renault,  est  une  masse  de  ])ois  pleine,  à  éléments 
scalariformes  courts,  à  l'état  d'apolairo,  qui  donnera  successivement  les  bois 
des  traces  foliaires  /;,  n  -\-  \,  etc.  Nous  avons  là  un  cordon  ligneux  répara- 
teur unique  à  parcours  hélicoïdal,  qui  tous  les  137°  8' 34'  émet  le  bois  d'une 
nouvelle  trace  foliaire.  C'est  encore,  si  l'on  veut,  un  sympôde  formé  par  le 
prolongement  et  la  fusion  des  bois  de  toutes  les  traces  foliaires.  Avant  de 
donner  le  bois  de  n  —  i,  ce  sympode  avait  donné  le  bois  de  n  —  2, 
désigné  par  la  lettre  a  sur  la  iîgure  i,  planche  VII,  de  Renault,  celui  de 
n  —  3,  etc. 

G.  —  Il  n'y  a  pas  de  gaine  casparj^enne  caractérisée  autour  de  l'ensemble  de  l'anneau 
libéro-ligneux  ou  de  ses  parties  constituantes. 

^.  —  Le  tissu  central,  qui  remplit  l'espace  vide  entre  le  synjpode  ligneux  réparateur 
et  l'anneau  libéro-ligneux,  est  presque  entièrement  détruit.  Il  est  différencié  en  cellules 
vasiforines  au  conlact  de  l'anneau  et  des  masses  ligneuses  intérieures. 

8.  • —  L'anneau  libéro-ligneux  est  revêtu  extérieurement  par  une  gaine 
mécanique  épaisse,  qui  forme  le  véritable  tissu  de  soutien  du  stipe.  Ses 
éléments  sont  disposés  radialement  dans  sa  partie  périphérique,  oii  ils  for- 
ment un  liège  interne  diffus.  La  gaine  mécanique  se  prolonge  autour  des 
traces  foliaires  et  les  accompagne  dans  leur  traversée  des  tissus  corticaux. 
Ces  traces  foliaires  dessinent  8  hélices  secondaires  senestres,  dont  le  qua- 
trième et  parfois  aussi  le  troisième  terme  font  saillie  à  la  surface  de  la 
gaine,  donnant  à  celle-ci  un  contour  étoile. 

9.  —  La  surface  même  du  stipe  n'est  pas  conservée  ;  on  trouve  seulement  quelques 
lambeaux  de  liège  au  fond  des  dépressions  où  viennent  aboutir  les  traces  loliaires.  La 
totalilc  du  lissu  fondamental  compris  entre  la  gaine  mécaniquf:  et  le  liège  superficiel  est 
un  tissu  aérifére  étoile,  indiquant  une  plante  très  aquatique. 


SÉANCE    DU     l8    JUIN     ipoG.  l447 

lo.  —  Aucune  plante  actuelle  n'offre  une  organisation  semblable,  (^est 
celle  des  Fougères  qui  s'en  écarte  le  moins,  justifiant  par  élimination  le 
rapprochement  proposé  par  B.  Renault.  Cet  exemple  montre  une  indépen- 
dance relative  du  bois  et  du  liber,  qui  n'est  atteinte  nulle  part  ailleurs. 

HÏDROLOGIE.  —  Sur  la  rapidité  de  l'érosion  torrentielle. 
Note  de  M.  E.-A.  Martel,  présentée  par  M.  Albert  Gaudry. 

J'ai  noté  dernièrement  [Comptes  rendus,  5  mars  1906)  que  le  grand 
canon  du  Verdon  parait  être  très  jeune  et  que  son  approfondissement  se 
poursuit  encore  rapidement. 

Depuis  longtemps,  une  autre  localité  m'avait  frappé  quant  aux  change- 
ments manifestes  qui  s'y  sont  produits  au  cours  de  quelques  années  seu- 
lement ;  c'est  la  perte  et  la  rivière  souterraine  de  Bramabiau  (Gard)  que 
j'ai  décrites  ici  même  [Comptes  rendus  4  décembre  1888).  Depuis  1884,  je 
m'y  suis  rendu  dix  fois  et,  dès  1897,  avec  mon  collaborateur  M.  F.  JMazauric, 
j'avais  remarqué  des  altérations  fort  nettes  en  divers  points,  principale- 
ment à  la  sortie  de  la  caverne,  par  où  réapparaît  le  cours  d'eau. 

Ma  dernière  visite  (28  mai  1906)  m'a  montré  que,  depuis  1900,  en  six 
années,  il  est  encore  survenu  desmodifications  vraiment  profondes. 

A  la  partie  supérieure,  l'issue  du  tunnel  de  la  Baume  (depuis  longtemps  abandonné 
par  le  torrentj  a  continué  de  se  démolir  si  activement,  par  suite  de  1  inliltration  des 
eaux  fluviales,  qu'on  ne  peut  plus  approcher  du  bord  du  précipice  sur  lequel  il  débouchait. 

A  la  sortie  de  Bramabiau,  un  éboulement  a  emporté  le  sentier  qui  accédait  à  la  grande 
diaclase  par  où  la  rivière  reçoit  le  jour  ;  dans  cette  diaclase,  les  crues  souterraines  ont 
dégradé  les  strates  formant  corniches  naturelles  d'accès  (sur  -ioo"  de  profondeur;,  où 
l'on  avait  posé  en  189g  des  mains-courantes  et  garde-fous  en  fer,  qui  n'existent  déjà 
plus  ;  enfin  la  grande  cascade,  par  où  le  Bramabiau  effectue  son  septième  et  dernier 
bond  souterrain  n'est  plus  reconnaissable,  si  l'on  conjpare  les  photographies  de  1884  et 
même  de  189g  avec  celles  de  iyn6.  11  y  a  vingt-deux  ans,  cette  chute  s'épanchait  en  arc 
de  cercle  par-dessus  une  saillie  du  rocher  formant  tablette  convexe  ;  maintenant,  et  à 
i'oluine  égal  d'eau,  elle  est  logée  tout  entière  dans  une  rigole  en  gouttière,  profondément 
excavée  sur  la  rive  droite  de  la  saillie,  tablette  dont  tout  le  surplus  est  à  sec.  La  cascade 
large  tend  à  se  transformer  en  rapide  étroit. 

Tout  ceci  n'a  rien  de  particulier  en  ce  qui  touche  les  effets  bien  connus 
de  l'usure  des  roches  par  érosion  mécanique  :  mais  le  point  de  vue  nouveau 
peut-être,  c'est  que  la  friabilité  et  la  fissuration  extrême  des  calcaires  bruns 
de  l'infra-lias   à  Bratnablau  permet   à  ces    effets  de  se   produire    avec  une 

C.  R.,   1906,   1"  Semeslie.  [T.  CXTll,  Nogl.)  1  89 


l44^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

rapidité  très  grande  et  qui  n  est  pas  plus  exceptionnelle  que  celle  des  deux 
classiques  exemples  du  Simeto  (Sicile)  et  du  Niagara.  Il  importe  en  effet 
de  la  mettre  en  parallèle  avec  ce  qu'on  a  observé,  en  ces  dernières  années, 
aux  endroits  suivants  : 

1°  Marmites  de  la  Maigrange  à  Fribourg  (Suisse)  creusées  en  aS  ans 
(1872-1897)  dans  la  mollasse  (/.  Brunhes). 

1°  Canon  de  98"  de  long  sur  i™,37  à  3", 7  de  profondeur,  creusé  en 
36  heures  par  un  orage  et  une  crue  (i4-i5  avril  1900)  dans  les  marnes  et  la 
dolomie  de  la  rivière  Schlocke  à  Schmarden,  près  Riga  [B.  Dosz). 

3°  Enlèvement  d'un  énorme  rocher  au  pont  naturel  de  Ponadieu  (Alpes- 
Maritimes)  par  l'orage  du  16  octobre  1886  (.1,  Guébhard) . 

4°  Perte  de  plus  en  plus  sensible  du  Danube  à  Immendingen  [Quenstedt, 
Enciriss,  Penck). 

5°  Approfondissement  de  cent  mètres,  exécuté  de  1850  à  1890,  par  le 
torrent  de  Rovana  (Tessin)  au  pied  de  la  terrasse  de  Campo  (prof.  Heim). 

6"  Élargissement  des  fissures  amont  du  gouffre  de  Gaping-Gliyll 
(Yorkshire)  qui,  de  iSgSà  1903,  amis  presqu'à  sec  (par  érosion  régi-esoive) 
le  puits  principal  de  l'abîme  oii  s'engloutit  le  ruisseau  de  Fell-Beck 
[Cuttriss). 

7°  Déblaiements  réalisés,  par  les  crues  de  1903,  dans  les  couloirs  sou- 
terrains de  l'abîme  d'EastwaterSwallet,  près  Wells,  Som.evsQ\.{M.Balcli),  etc. 

Il  serait  facile  de  multiplier  ces  exemple^.  Ceux-ci  suffisent  pour  impo 
ser  la  conclusion  suivante. 

S'il  est  des  cas  et  des  roches  dures  et  homogènes,  où  les  effets  de 
l'érosion  demeurent  pratiquement  non  enregistrables  par  les  mesures  de 
temps  humaines,  il  y  a  par  contre  nombre  de  sites,  où  la  fissllité  et 
l'inconsistance  de  la  pierre  permettraient  de  constater  matériellement  ces 
effets  au  cours  même  de  quelques  années. 

Par  conséquent,  et  comme  on  le  l'ait  depuis  longtemps  pour  la  recher- 
che des  crues  et  décrues  des  glaciers,  il  importerait  d'établir,  par  des 
moyens  faciles  à  organiser,  et  là  où  les  conditions  lithologiques  et  hydrau- 
liques s'y  prêteraient  le  mieux,  des  stations  d'observations  photogra- 
phiques et  autres,  sinon  permanentes^  du  moins  périodiques  pour  les 
altérations  érosives  des  cours  d'eau.  Il  est  superflu  d'insister  sur  les  pré- 
cieuses indications  que  de  pareilles  constatations  fourniraient  pour  la 
meilleure  utilisation  des  torrents,  des  rivières  torrentielles  et  de  la  fameuse 
houille  blanche,  ainsi  que  pour  la  sauvegarde  de  certains  travaux  publics  ; 


SÉANCE  DU  l8  JUIN  I906. 


1449 


en  mainte  circonstance  notamment,  on  pourrait  ainsi  prévoir,  éviter,  cor- 
riger les  conséquences  de  changements  de  biefs,  déplacements  de  cours, 
obstructions  de  lits,  destructions  d'accès,  transformations  de  débits,  dis- 
paritions de  barrages  naturels,  etc.  Bref  ce  serait  un  appoint  de  plus, 
et  précisément  dans  les  points  particulièrement  préjudiciables  par  la  rapi- 
dité de  leurs  altérations,  pour  le  plus  complet  asservissement  économique 
de  Veau,  cette  rebelle  et  toute-puissante  force,  contre  laquelle  la  lutte 
industrielle  et  hygiénique  doit  se  poursuivre  de  plus  en  plus  opiniâtrement. 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  la  polarisation  du  ciel  pendant  les  éclipses  du 
soleil.  Note  de  M.  N.  Piltscuikoff,  présentée  par  M.  Mascart. 

J'ai  trouvé  que  pendant  la  phase  totale  de  l'éclipsé  du  3o  août  igoo  la 
polarisation  du  ciel  à  Philippeville  (Algérie),  mesurée  à  90"  du  soleil  dans 
le  plan  vertical  qui  passe  par  le  soleil  était  nulle  ('). 

Ce  phénomène,  qui  parut  au  premier  abord  inexplicable,  est  très  simple. 
L'étude  expérimentale  des  milieux  troublés  m'a  donné  des  résultats  en 
parfait  accord  avec  la  théorie  que  je  vais  exposer. 

Le  photopolarimètre  placé  dans  l'ombre  de  la  Lune  reçoit  deux  espèces 
de  faisceaux  lumineux  : 

1°  Le  faisceau  d'illumination  transversale,  provenant  de  l'éclairement 
du  cône  d'ombre  par  la  couronne.  Ce  faisceau  est  certainement  polarisé  ; 

2°  Le  faisceau  de  diffusion,  qui  provient  de  l'atmosphère  éclairée,  en 
dehors  de  l'ombre,  dans  la  direction  du  polarimètre. 

Ce  faisceau  est  sensiblement  neutre. 

Mais  on  sait  que  l'intensité  lumineuse  de  la  couronne  est  de  même  ordre 
que  celle  de  la  Lune;  le  premier  faisceau  est  donc  très  faible. 

D'autre  part,  l'éclairement  par  la  lumière  du  ciel  peut  aller  jusqu'à 
10  p.  100  environ  de  l'éclairement  direct  du  Soleil;  le  deuxième  faisceau  est 
donc  beaucoup  plus  intense. 

La  polarisation  du  premier  faisceau  est  ainsi  noyée  dans  une  lumière 
neutre  et  l'indication  du  polarimètre  doit  être  approximativement  nulle. 


(')   CompWs  renf/iis,   ',  septembre  i9o5. 


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l45o  ACADÉMIE     DES    SCIENCES. 

A  4''  ï/2  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

COMITÉ  SECRET. 


La  Section  de  Physique  présente  la  liste  suivante  de  candidats  à  la  place 
laissée  vacante  par  le  décès  de  M.  Curie: 

En  première  ligne M.  Gernez. 

„  ,    ,.  .,,,-•  (   M^^     Bouty. 

Jin  seconde  hfine,  par  ordre  alphabétique.    .   ' 

"       '  '  '  (  Pellat. 

'  MM.  André  Broca. 
En  troisième  ligne,  par  ordre  alphabétique.   ]  Perot. 


( 

Les  titres  de  ces  candidats  sont  discutés. 
L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 

La  séance  est  levée  à  6  heures. 


Villard. 


M.  B. 


HRRA TA 


(Séance  du  5  juin  1906.) 

Note  de  M.  Em.  VJgouroux  :  Action  du  chlorure  de  silicium  sur  le  nickel. 

Page  i'^7i,  ligne     u,  au  lieu  de  Si''Cl  lisez  SiCl'. 

—  i5,  —         innueiire     — ■    indillerence. 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

SÉANCE  DU   LUNDI   23  JUIN    1906, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  H.  POINCARÉ. 


MEMOIRES  ET  COMMUNlCAT!Oî\'.S 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS     DE    L'ACADÉMIE. 

MM.  J.  Ja\ssex  et  H.  Becquerel  sont  désignés  pour  représenter  l'Aca- 
démie aux  fêtes  du  quatrième  Centenaire  de  l'Université  d'Aberdeen,  qui 
commenceront  le  25  septembre  1906. 


CHIMIE  GÉNÉRALE.   —  Sur  la  formation  des  combinaisons  endothermiques 
aux  températures  élevées  ;  par  M.  Berthelot. 

1.  C'est  une  vérité  regardée  jusqu'ici  comme  fondamentale  en  Chimie 
que  les  combinaisons  chimiques  susceptibles  d'être  produites  directement, 
le  sont  en  général  avec  dégagement  de  chaleur  (combinaisons  exother- 
miques); tandis  que  sous  l'influence  d'une  élévation  progressive  de  tem- 
pérature elles  finissent  par  atteindre  un  point  déterminé  où  toute  combi- 
naison (exothermique  et  endotherniique)  se  décompose  :  tantôt  d'une 
façon  totale  et  sans  retour,  lente  ou  subite;  tantôt  par  degrés,  à  mesure 
que  la  température  s'élève  davantage,  mais  avec  réversibilité  (dissociation), 
si  la  température  vient  ensuite  à  s'abaisser. 

2.  Cependant,  dans  ces  dernières  années,  on  a  cru  pouvoir  conclure  de 
certaines  formules  de  Thermodynamique,  extrapolées  beaucoup  au  delà 
des  limites  où  elles  avaient  été  vérifiées  par  l'expérience,  que  les  combi- 
naisons chimiques  formées  avec  absorption  de  chaleur  et  par  voie  indirecte 
aux  températures  ordinaires,  c'est-à-dire  endothermiques,  devraient  «  se 
produire  sous  la  seule  influence  des  très  hautes  températures,  et  devenir 

C.  K.,  igoG,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N«  26.)  I90 


l452  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  plus  en  plus  stables,  tout  en  demeurant  endothermiques,  à  mesure  que 
ces  températures  sont  plus  élevées  ». 

3.  Cette  hypothèse  revient  à  admettre  qu'il  existerait  deux  ordres 
opposés  et  inverses  de  stabilité  en  Chimie.  Pour  l'appuyer,  on  a  publié 
diverses  observations  relatives  aux  combinaisons  formées,  en  réalité  ou  en 
apparence,  aux  hautes  températures,  et  que  l'on  a  supposées,  souvent  sans 
preuve,  posséder  à  ce  moment  le  même  caractère  endothermique  qui  les 
caractérise  à  froid. 

Quelle  que  soit  l'opinion  que  l'on  puisse  avoir  sur  l'hypothèse,  il  est 
indispensable  d'examiner  de  plus  près  les  faits  allégués  à  son  appui,  et  de 
rechercher  si  ces  faits,  loin  d'être  inconciliables  avec  les  notionscourantes  de 
la  Thermochimie,  ne  sont  pas  au  contraire  conformes  à  ces  notions  ;  et  cela , 
sans  sortir  des  lois  et  des  explications  présentées  de  la  façon  la  plus  expli- 
cite depuis  quarante  ans  comme  déduites  de  l'étude  des  conditions  de  la  for- 
mation indirecte,  constatée  à  basse  température,  des  combinaisons  endo- 
thermiques. 

4.  Une  première  distinction  essentielle  doit  être  faite  d'abord  :  celle  des 
combinaisons  actuellement  endothermiques,  c'est-à-dire  décompo sables 
avec  dégagement  de  chaleur  en  régénérant  leurs  éléments,  tels  qu'ils  exis- 
tent à  la  température  ordinaire;  mais  qui  sont  au  contraire  ybr/ne'e^  avec 
dégagement  de  chaleur,  c'est-à-dire  exothermiques,  lorsqu'elles  se  produi- 
sent à  haute  température. 

Cette  différence  entre  le  signe  des  formations,  suivant  la  température, 
peut  résulter,  comme  je  l'ai  prouvé,  de  l'intervention  des  quantités  de  cha- 
leur mises  en  jeu  :  soit  dans  les  changements  purement  physiques,  tels  que 
fusion,  volatilisation,  variation  des  chaleurs  spécifiques  des  composants  et 
des  composés; 

Soildans  les  changements  chimiques  et  spécialement  au  cours  des  con- 
densations moléculaires  (polymérisations)  et  phénomènes  inverses. 

5.  Tel  est  notamment  le  casde  l'acétylène,  l'exemple  le  plus  éclatantd'nn 
gaz  dont  la  décomposition  est  exothermique  aux  basses  températures,  où  il 
régénère  du  carbone  solide  et  polymérisé;  tandis  que  sa  synthèse  directe 
s'effectue  au  moyen  du  carbone  gazeux  et  dépolymérisé,  vers  3ooo°,  condi- 
tion susce|)tible  de  rendre  la  combinaison  exothermique  à  haute  tempéra- 
ture ;  toutes  réserves  faites  en  outre  sur  le  rôle  spécial  que  pourraient  jouer 
les  énergies  électriques  concourant  à  son  accomplissement. 

En  somme  les  propriétés  de  ce  genre  de  composés,  loin  d'être  en  contra- 
diction avec  les  lois   thermochimiques  ordinaires  de  la   combinaison,  en 


SÉANCE    DU    25    JUIN    I906.  l453 

fournissent  au  contraire  des  vérifications  remarquables.  Aussi  n'est-ce  pas 
sur  ces  composés  qu'ont  porté  les  observations  invoquées  aujourd'hui  à 
l'appui  de  la  nouvelle  hypothèse.  En  réalité  les  exemples  cités  ne  concer- 
nent que  trois  ou  quatre  corps,  savoir  l'eau  oxygénée,  l'ozone  et  deux 
oxydes  de  l'azote. 

6.  Commençons  par  l'eau  oxygénée  :  sa  production  aurait  été  observée 
dans  certaines  conditions,  en  faible  proportion  d'ailleurs,  pendant  In  com- 
bustion de  l'oxygène,  de  l'hydrogène  et  de  divers  composés  carbonés.  Sans 
discuter  de  plus  près  ces  conditions,  encore  controversées,  il  convient 
d'écarter  immédiatement  l'exemple  de  la  formation  de  l'eau  oxygénée  à 
partir  de  ses  éléments  comme  peu  concluant. 

En  effet,  l'eau  oxygénée  est  formée  en  principe  par  les  éléments 

H--hO=  =  H=0- 

avec  un  dégagement  de  chaleur  notable  positif  : 

-1-47'^=",  3 

sous  forme  liquide;  sous  forme  gazeuse  ce  chiffre  serait  voisin  de  -f-  37*^"', 
d'après  les  analogies. 

C'est  seulement  en  supposant  la  formation  de  l'eau  oxygénée,  à  partir 
de  l'eau  ordinaire, 

H'O-h  O  =  H=0^ — 2iC''i,7 

qu'elle  deviendrait  endothermique.  Or,  je  ne  sache  pas  que  l'eau  oxvgénée 
ait  jamais  été  formée  simplement  à  haute  température  et  sans  l'interven- 
tion d'énergies  étrangères,  électriques,  ou  chimiques  simultanées,  par 
l'action  directe  de  l'eau  ordinaire  et  de  l'oxvgène. 

En  réalité,  dans  les  combustions,  l'eau  oxygénée  (bioxyde  d'hydrogène) 
n'apparaît  que  comme  produit  accessoire  à  une  formation  principale  d'eau 
([)rotoxyde  d'hydrogène)  :  ce  qui  rentre  dans  l'ordre  des  phénomènes 
courants  de  la  Chimie. 

En  effet,  lors  de  la  combinaison  directe  et  rapide  de  deux  éléments, 
accomplie  sans  précautions  spéciales  et  sous  la  pression  ordinaire,  on 
observe  presque  toujours  la  formation  simultanée  de  plusieurs  des  com- 
binaisons binaires  possibles  et  connues.  Ainsi,  dans  la  combustion  du  car- 
bone  par  l'oxygène,   même  employé  en   excès,   cette   combustion   étant 


l454  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

accomplie  sous  la  pression  ordinaire,  on  obseive  à  la  fois  :  de  l'acide  car- 
bonique, formé  avec  dégagement  de  +  94*^"',  3  ('), 

C  +  0=  =  co- 

et  de  l'oxyde  de  carbone,  formé  avec  dégagement  de  +  26^^',!  : 

C  +  O  =  CO. 

Dans  la  combustion  directe  du  soufre  ordinaire,  enflammé  à  l'air  libre, 
on  observe  à  la  fois  le  gaz  sulfureux  prépondérant 

S  4-  0>i  z=  SO^ +69=»',  3 

l'anhydride  sulfurique  en  dose  notable, 

S  +  0»=SO^gaz +91='', 9 

et  même,  dans  certaines  conditions,  l'anhydride  persuifurique 

dont  la  formation  a  lieu  avec  un  dégagement  de  chaleur  moindre  que 
l'acide  sulfurique.  Ces  relations  sont,  on  le  voit,  comparables  à  celle  de 
l'eau  oxygénée  à  l'égard  du  protoxyde  d'hydrogène. 

De  même,  le  phosphore  brûle  en  fournissant  plusieurs  oxydes  simulta- 
nément; de  même  le  fer  et  un  grand  nombre  de  métaux,  etc.  C'est  donc 
là  un  phénomène  très  général. 

7.  Examinons  maintenant  la  formation  de  l'ozone  et  celle  des  oxydes  de 
l'azote,  en  nous  attachant  aux  conditions  où  elles  ont  été  constatées,  au 
double  point  de  vue  physique  et  chimique. 

La  méthode  employée  pour  faire  ces  constatations  mérite  d'abord  atten- 
tion :  c'est  d'ordinaire  celle  du  refroidissement  brusque  provoqué,  par 
exemple,  au  contact  du  tube  chaud  et  froid,  employé  autrefois  par  H. 
Sainte-Claire  Deville  pour  démontrer  certaines  dissociations. 

Une  certaine  masse  gazeuse,  formée  par  un  corps  composé,  étant  portée 
à  la  température  la  plus  haute  possible,  on  y  place  un  tube  métallique  au 
sein  duquel  circule  un  courant  d'eau  froide,  et  l'on  aspire  à  l'intérieur  de 
ce  tube,  par  très  petites  fractions,  le  gaz  qui  l'entoure;  ou  bien  on  déter- 
mine, à  la  surface  extérieure  du  tube  froid,  la  condensation  des  produits 

(  ')   CiiilKjiie  diamanl. 


SÉANCE    DU    25    JUIN    1906.  l455 

liquides  ou  solides  de  la  réaction.  Dans  tous  les  cas,  le  refroidissement 
Ijrusque  a  pour  objet  de  faire  passer  ces  produits  en  un  tenaps  aussi  court 
que  possible,  depuis  la  haute  température  atteinte  par  la  masse  gazeuse 
jusqu'à  la  basse  température  du  liquide  circulant  au  sein  du  tube. 

Dans  ces  derniers  temps  on  a  imaginé  de  produire  un  refroidissement 
plus  brusque  encore  et  plus  profond,  en  faisant  arriver  les  gaz  incandescents 
au  contact  même  de  l'air  liquide. 

C'est  par  ces  méthodes  que  l'on  a  constaté  la  formation  de  l'ozone,  et 
celle  (déjà  connue)  des  oxvdes  de  l'azote,  dans  les  gaz  échaufFés  et  spécia- 
lement au  cours  des  combustions  vives. 

8.  Avant  de  discuter  les  conditions  chimiques  complexes  oîi  se  produisent 
ces  formations,  spécialement  dans  les  combustions,  examinons  d'abord  la 
signification  thermodynamique  véritable  du  phénomène,  signification  qui 
ne  paraît  pas  élre  suffisamment  définie  pour  justifier  la  préexistence  sup- 
posée aux  hautes  températures  des  produits  observés  après  refroidissement. 
J'ai  déjà  insisté  sur  ce  point;  mais,  plusieurs  observateurs  ne  paraissant 
pas  avoir  compris  la  gravité  des  objections  de  principe  que  comporte  la 
méthode,  il  est  opportun  d'y  revenir. 

Pour  obtenir  des  résultats  concluants,  il  faudrait,  je  le  répète,  prendre 
une  masse  gazeuse  limitée,  homogène,  maintenue  à  une  température  cons- 
tante et  uniforme  dans  toutes  ses  parties,  puis  la  porter  brusquement  dans 
son  ensemble  à  la  basse  température,  à  laquelle  on  se  propose  de  constater 
l'existence  des  combinaisons  supposées  préexistantes  à  une  haute  tempéra- 
ture. 

L'expérience  n'a  rien  de  chimérique,  attendu  qu'il  s'agit  précisément  des 
comjjosés  que  l'on  constateexister,  ou  subsister,  dans  les  couches  refroidies 
d'une  faible  portion  de  cette  masse;  tandis  que  les  autres  portions,  à  mesure 
qu'elles  sont  plus  éloignées  du  tube  froid,  continuent  à  présenter  toutes 
les  températures  intermédiaires  depuis  les  plus  élevées.  Les  seules  expé- 
riences approchant  de  cette  condition  d'homogénéité  et  d'uniformité  de  la 
masse  entière  mise  en  réaction  sont,  je  crois,  celles  que  j'ai  exécutées  sur  des 
volumes  gazeux  limités,  renfermés  dans  des  tubes  scellés  en  quartz,  main- 
tenus pendant  quelque  temps  à  une  température  constante  et  uniforme  de 
iSoo",  puis  portés  subitement  en  un  dixième  de  seconde  de  la  température 
de  i3oo°  à  une  température  voisine  de  zéro  ('). 


(')  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  8"  série,  t.  VI,  p.  177  et  suivantes. 


l/jSe  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Or,  dans  ces  conditions,  je  n'ai  observé  ni  la  transformation  de  l'oxy- 
gène en  ozone,  ni  la  formation  des  oxydes  de  l'azote,  etc. 

Quant  à  la  méthode  du  tube  chaud  et  froid,  telle  qu'elle  a  été  pratiquée 
jusqu'ici,  tout  ce  qu'elle  permet  de  constater,  c'est  un  certain  état  des  gaz 
et  autres  matières  recueillies  à  la  plus  basse  température  existant  dans  une 
masse  gazeuse  considérable,  qui  n'est  ni  homogène,  ni  maintenue  à  une 
température  constante  et  uniforme,  ni  en  équilibre  de  température  dans 
toutes  ses  parties,  pendant  la  durée  de  l'expérience.  Loin  de  là,  elle  est 
constituée  par  un  mélange  tourbillonnant  de  gaz,  offrant  d'une  façon  conti- 
nue et  dans  ses  différentes  régions  toutes  les  températures  comprises 
depuis  la  plus  élevée  jusqu'à  la  plus  basse. 

Ce  n'est  pas  tout  d'ailleurs  :  non  seulement  il  se  développe  au  sein  de 
cette  masse  des  variations  d'état  mécanique  de  toute  nature;  mais  il  s'y 
produit  en  particulier  des  phénomènes  électriques,  tels  que  ceux  qui  ont 
été  signalés  dans  l'ionisation  des  flammes,  ou  bien  encore,  tels  que  ceux  . 
qui  caractérisent  l'effluve,  phénomènes  susceptibles  de  modifier  l'état  phy- 
sique et  chimique  d'une  portion  des  systèmes  mis  en  expérience. 

Les  phénomènes  électriques  de  cet  ordre,  en  particulier,  sont  suscepti- 
bles de  provoquer  à  froid  la  formation  de  l'ozone  au  contact  même  de  la 
paroi  froide,  et  non  dans  la  partie  portée  à  la  température  la  plus  élevée. 

On  conçoit  d'ailleurs  que  l'intensité  des  effets  soit,  jusqu'à  un  cer- 
tain point,  |)roportionnelle  à  la  chute  de  température  entre  les  régions 
extrêmes. 

Ajoutons  en  passant  que  l'emploi  des  objets  en  platine,  palladium  ou 
iridium  (tubes,  lames,  fils),  dans  des  recherches  de  ce  genre  ne  saurait 
guère  conduire  à  des  résultats  incontestables,  à  cause  des  affinités  toutes 
spéciales  que  ces  métaux  possèdent  à  haute  température  pour  l'oxygène  et 
les  autres  gaz  et  de  leurs  transformations  isomériques  multiples  et  mal 
connues. 

9.  Les  réactions  chimiques  constatées  dans  les  combustions  comportent 
d'ailleurs  d'autres  interprétations,  alors  même  que  les  ]>roduits  préexiste- 
raient dans  les  régions  chaudes.  En  effet,  au  cours  de  la  formation  de  ces 
produits  secondaires  complexes,  il  se  développe  des  composés  primaires 
principaux,  qui  sont  précisément  ceux  qui  engendrent  la  chaleur  et  les 
hautes  températures  :  tels  que  l'eau,  dans  le  cas  de  l'hydrogène;  l'acide 
carbonicjue,  dans  le  cas  du  carboneet  de  l'oxvde  de  carbone;  l'eau  et  l'acide 
carbonique,  dans   le  cas  des  carbures  d'hydrogène,  etc.  Or,  comme  on  le 


SÉANCE    DU    2,T    JUIN    1906.  1/(57 

constate  dans  une  mnllitude  de  réactions,  accomplies  soit  à  froid,  soit  à 
chaud,  sur  les  corps  libres,  ou  sur  les  corps  dissous,  à  côté  des  composés 
fondamentaux,  générateurs  de  l'énergie  qui  se  manifeste  sous  forme  de 
chaleur,  on  observe  qu'une  portion  de  l'énergie  chimique  ainsi  mise  en  jeu 
concourt  à  former  diverses  combinaisons  secondaires  et  corps  accessoires 
et  simultanés,  souvent  endothermiques,  corps  produits  par  voie  d'entraî- 
nement. Ce  sont  alors  les  combinaisons  primaires  qui  fournissent  l'énergie 
spéciale  nécessaire,  soit  comme  déterminante  d'une  autre  combinaison 
exothermique,  soit  comme  auxiliaire  d'une  combinaison  endolhermique 
secondaire.  L'intervention  dans  les  combustions  de  ces  mécanismes  chi- 
miques n'a  rien  d'exceptionnel  ni  d'anormal  :  ils  sont,  je  le  répète,  du 
même  ordre  que  ceux  qui  interviennent  dans  la  formation,  à  la  tempéra- 
ture ordinaire,  d'une  multitude  de  combinaisons  endothermiques. 

10.  Soit  en  particulier  la  formation  de  l'ozone,  c'est-à-dire  la  modification 
isomérique  de  l'oxygène,  observée  dans  les  flammes. 

Une  semblable  modification  isomérique  au  moment  de  l'acte  de  la  com- 
binaison n'a  rien  d'exceptionnel;  elle  est  du  même  ordre  que  celles 
constatées  dans  les  combustions  du  carbone  et  du  soufre,  et  même  dans  les 
oxydations  de  plusieurs  métaux.  On  sait  en  effet  qu'au  moment  de 
sa  combustion  une  portion  du  soufre  prend  un  état  isomérique  spécial, 
lequel  est  représenté,  après  refroidissement  de  la  partie  non  brûlée,  par  le 
soufre  insoluble  dans  le  sulfure  de  carbone  :  état  que  le  contact  du  soufre 
avec  le  gaz  sulfureux  suffit  d'ailleurs  à  produire  expérimentalement,  d'après 
mes  observations.  De  même  j'ai  constaté  que  le  carbone  amorphe  brûlé  à 
la  pointe  d'un  jet  de  flamme  fournit  du  graphite.  La  combustion  du  dia- 
mant lui-même  par  loxygène  pur  produit  simultanément  un  peu  de  carbone 
amorphe,  comme  je  l'ai  observé  après  Lavoisier. 

La  modification  isomérique  d'un  élément  au  moment  de  sa  combinaison 
n'est  donc  pas  un  fait  anormal.  Le  changement  d'un  peu  d'oxygène  en 
ozone  l'est  d'autant  moins  que  les  énergies  électriques  interviennent 
dans  un  gaz  en  combustion,  comme  le  prouve  l'ionisation  bien  connue  des 
flammes.  Or  ce  sont  précisément  les  énergies  électriques  qui  produisent 
l'ozone  dans  l'effluve,  et  même  dans  l'arc  et  dans  l'étincelle.  Cette  produc- 
tion d'ozone  n'est  donc  pas  attribuableau  simple  échauffement  de  l'oxygène 
à  de  très  hautes  températures,  puisque  dans  les  conditions  observées 
concourent  à  la  fois  des  énergies  chimiques  simultanées,  capables  à  elles 
seules  de  former  l'ozone  par  entraînement,  et  des  énergies  électriques  ca- 


l/,58  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

pables  d'ioniser  les  flammes  :  ce  concours  de  diverses  énergies  se  manifes- 
tant tant  dans  les  régions  chaudes  que  dans  les  régions  refroidies. 

11.  Examinons  enfin  la  formation  des  oxydes  de  l'azote  dans  les  com- 
bustions (hydrogène,  carbone,  soufre). 

Elle  s'explique  de  la  façon  la  plus  nette  par  les  mêmes  considérations 
qui  viennent  d'être  développées.  En  aucun  cas,  la  combinaison  directe  de 
l'oxygène  et  de  l'azote  purs  et  isolés  n'a  pu  être  observée  par  l'action  de 
la  chaleur  seule. 

Dans  les  cas  connus  où  elle  a  été  constatée,  elle  se  produit  :  ou  bien  par 
le  concours  des  énergies  électriques  (étincelle,  effluve)  —  phénomènes 
d'un  ordre  différent  de  ceux  que  provoque  la  chaleur  seule;  —  ou  bien  par 
le  concours  des  énergies  chimiques  simultanées,  telles  que  celles  qui  inter- 
viennent dans  les  combinaisons  directes  formées  par  combustion. 

Aussi  la  combustion  de  l'hydrogène  fournit  surabondamment  l'énergie 
consommée  dans  l'association  de  l'azote  et  de  l'oxygène  en  faibles  doses. 
Elle  y  concourt  même  directement  dans  une  certaine  mesure,  en  formant 
l'acide  azotique  hydraté,  que  l'on  recueille  à  froid  au  sein  de  l'eau  con- 
densée, lequel  est  produit  avec  dégagement  de  chaleur  depuis  les  éléments. 

La  formation  des  oxydes  de  l'azote  pendant  la  combustion  du  carbone 
serait  purement  endothermique,  s'il  n'y  avait  d'autre  énergie  présente  que 
celle  de  la  chaleur.  Mais  nous  avons  ici  l'énergie  énorme  mise  en  jeu  par 
la  formation  du  gaz  carbonique,  énergie  dont  une  fraction,  minime  d'ail- 
leurs, est  consommée  pour  la  combinaison  simultanée  d'une  partie  de 
l'azote  et  de  l'oxygène. 

En  outre,  dans  ces  conditions,  comme  plus  haut,  les  énergies  électriques 
sont  présentes  au  sein  de  la  flamme  et,  dès  lors,  leurs  elfets  manifestables 
au  sein  des  régions  refroidies. 

En  résumé,  aucune  observation  exacte  ne  peut  être  mise  en  avant  pour 
établir,  en  principe  ou  en  fait,  que  les  très  hautes  températures  soient 
susceptibles  de  donner  lieu  à  un  renversement  des  affinités  chimiques,  en 
provoquant  la  formation  directe  des  combinaisons  endothermiques  par 
simple  échauffement;  c'est-à-dire  sans  le  concours  simultané  des  énergies 
électriques  ou  chimiques. 


SÉANCE    DU    25    JUIN    1906.  l459 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  le  problème  généralisé  de  Dirichlel 
et  r équation  de  M.  Fredhnlm.  Note  de  M.  Emile  Picard. 

1.  J'ai  depuis  longtemps  (')  fait  l'étude  du  problème  généralisé  de 
Dirichlet  pour  les  équations  linéaires  du  type  elliptique 

.      ,  Ô''-  U  Ô^  Il  Ou  7    Ou  r 

^    ^  dx-         ôy-  ox  ÔY  ■' 

où  a,  b,  c,  f  sont  des  fonctions  de  x  et  y.  Récemment,  M.  Hilbert  et  ses 
élèves  ont  rattaché  ce  problème  à  l'équation  fonctionnelle  de  Fredholm. 
Ils  parlent,  à  cet  effet,  d'une  certaine  solution  de  l'équation  différentielle 
devenant  infinie  en  un  point.  Je  voudrais  montrer  que  la  question  peut 
aussi  être  traitée,  sans  introduire  d'autre  fonction  que  la  fonction  classique 
de  Green  pour  le  contour  donné. 

2.  Posons-nous,  pour  préciser,  la  question  de  trouver  l'intégrale  de 
l'équation  (i),  continue  ainsi  que  ses  dérivées  partielles  des  deux  premiers 
ordres  dans  un  contour  C  et  s'annulant  sur  C.  Pour  éviter  quelques  diffi- 
cultés accessoires,  je  supposerai  que  C  est  régulièrement  analytique. 

Désignons  par  G(E, -/i;  a?,  y)  l'i  fonction  de  Green,  relative  au  contour  C, 
c'est-à-dire  la  fonction    harmoiuque  en  (E,r,)  s'annulant  sur  le  bord  et 

devenant  infinie  au  point  (^,  y)  comme  log-  (r  étant  la  distance  des  deux 

points).  En  supposant  l'existence  de  la  solution,  on  déduit  de  (i) 


l  X  GÇi,  rr,  ■t,y)  dldr,  =  A(a:,  j). 


f 
oii  l'on  pose 


K-^.  y)=-~  fff('-^  ■''  )^-'  (^-  -^  :  ^^  y)  ^'  ''■'- 


L'équation  (a)  n'est  pas  une  équation  de  Fredholm,  mais  on  peut  facile- 
ment, au   moyen  d'intégrations   par   parties,  passer   de   l'équation   (y.)   à 

(')   On  trouvera  une  bibliographie  de  la  question  dans  le  dernier  travail  que  j"ai 
publié  sur  ce  sujet  {Acta  mathematica,  t.  XXV). 

C.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  0-XLII,  N°  26.)  I9I 


l46o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

l'équation 

où  l'inlégrale  double  a  un  sens  et  qui  rentre  dans  le  type  de  l'équation  de 
Fredholm. 

Si  nous  ne  sommes  pas  dans  un  cas  singulier  relatif  à  celte  équation, 
nous  pourrons  obtenir  la  solution  unique  répondant  à  (p).  Mais  une  ques- 
tion se  présente  ici  qui  demande  quelque  attention.  Pourra-t-on  de  l'équa- 
tion (p)  remontera  l'équation  (a),  puis  de  celle-ci  à  l'équation  différen- 
tielle (i)? 

On  voit  facilement  que  la  chose  sera  possible,  si  la  fonction  u(x,  y)  tirée 
de  (p)  a  des  dérivées  partielles  du  premier  ordre  restant  finies  dans  C  et 
sur  C  et  si  elle  a  à  l'intérieur  de  C  des  dérivées  partielles  du  second  ordre. 
Il  faut  donc  établir  que  la  fonction  u(x,  y)  tirée  de  l'équation  fonction- 
nelle (p)  jouit  de  ces  propriétés.  Il  en  est  bien  ainsi,  si  les  coefficients  de  (i) 
admettent  des  dérivées  jusqu'au  second  ordre.  On  peut  le  montrer,  en 
substituant  à  l'équation  (p)  une  autre  équation  fonctionnelle  qui  en  est  la 
conséquence.  Posons 

/•/  î-       N  \      (){aG)        dil'G)  ,/ 

et  ensuite 

/,(x,y;  s,  <:)  =  j  j/{x,y;  u,  i')f(u,  v;  s,  r,)du(lv. 

Notre  fonction  u{x,y)  satisfera  à  l'équation 

(  u{x, y)—  I  j /, (•Ï--, y;  s,  •;)«(*,  a) ih dr, 

(y)  ,.,. 

I       =  <\,(œ,y)  —  I  J/(.r,y;  s,  '^)^(s,  i)  dsd^. 

C'est  de  l'équation  (y)  que  nous  déduisons  les  propriétés  indiquées  rela- 
tives aux  dérivées  premières  et  secondes  de  u,  nous  permettant  de  remonter 
de  l'équation  fonctionnelle  (p)  à  l'équation  aux  dérivées  partielles  (t).  Le 
problème  |)roposé  est  donc  résolu,  si  nous  ne  nous  trouvons  pas  dans  un 
cas  singulier  pour  l'équation  (p). 

3.  De  ce  qui  précède,  on  peut  conclure  que,  en  gênerai,  il  existe  pour 
l'équation   (i)   (un  contour  C  étant  donné)   une  intégrale  ef  une  seule. 


SÉANCE    DU    2.5    JUIN    1906.  l46l 

continue  ainsi  que  ses  dérivées  partielles  des  deux  premiers  ordres  à  l'inlé- 
rieur  de  G  et  s'annnlant  sur  ce  contour. 

Le  mot  en  général  ?,e\'a  complètement  précisé  si,  au  lieu  de  (i),  on  envi- 
sage l'équation  où  figure  un  paramètre  arbitraire  k  ; 

/    N  d-ii        ô-ii        ,  (    du        1  au   ■        \        f 

De  ce  qui  précède,  il  résulte  qu'il  peut  y  avoir  des  valeurs  singulières 
de  k,  avec  lesquelles  le  théorème  précédent  n'est  pas  exact  pour  l'équa- 
tion (2).  Ces  valeurs  sont  les  racines  d'une  Jonction  entière.  Le  cas  singulier 
relatif  à  l'équation  (i)  est  manifestement  le  cas  où  X-  =  i  serait  une  des  va- 
leurs singulières  de  l'équation  (2). 

4.   Un  cas  particulier  des  plus  intéressants  est  celui  de  l'équation 

à-  Il        d'-  u        ,  j. 

s^  +  j^  +  '^^'^Z. 

où  c{x,y)  est  positif  dans  la  région  considérée.  On  sait  que  celte  équa- 
tion a  fait  l'objet  des  recherches  de  M.  H.  Weber,  puis  de  M.  Schwarz  et 
de  M.  Poincaré.  En  particulier,  M.  Poincaré  a  établi  que  toute  intégrale 
continue  de  cette  équation  prenant  des  valeurs  données  sur  un  contour 
était  une  fonction  méromorphe  de  k  ayant  des  pôles  simples  en  nombre 
infini  (d'ailleurs  correspondant  à  des  valeurs  positives  de  k).  Ce  beau 
résultat  est  aujourd'hui  intuitif,  si  l'on  rattache  l'équation  précédente  à 
l'équation  fonctionnelle 

u{x,y)—  —  I  lc(ç,-i))u(l,-/])G(^,'ri;.T,y)(lldr,  =  <h(x,y). 

La  démonstration  de  l'existence  d'un  nombre  infini  de  pôles  k,,  k^,  ..., 
k,,,,  ...,  est  d'ailleurs  immédiate,  quand  on  est  assuré  à  l'aAance  que  u, 
regardée  comme  fonction  de  k,  ne  peut  avoir  que  des  pôles  simples.  On 
peut  suivre  la  même  marche  que  j'ai  suivie,  pour  le  cas  d'une  seule  va- 
riable, dans  le  Tome  III  de  mon  Traité  d'Analyse  (p.  I25).  Aux  différents 
pôles  kl  correspontlent  des  intégrales  de  l'équation 

d'^  u        d'-  u        , 

-T—.  -I-  1"^  +  kjCU  —  o 

d-r-         Oy-  ' 

s'annnlant  sur  le  bord  (et  non  nulles  identiquement).  J'ai  montré  autre- 
fois, à  ce  sujet,  qu'à  la  première  valeur  singulière  k^  ne  correspondait 
(qu'une  seule  intégrale  de  celte  nature  (à  un  facteur  constant  près).  On  sait 


l462  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

qu'il  n'en  est  |)a.s  nécessairement  de  même  pour  les  autres  valeurs  singu- 
lières ('). 


RADIOACTIVITÉ.  —  Sur  la  radioaclivité  des  gaz  qui  proviennent  de  l'eau  des 
sources  thermales.  Note  de  MM.  P.  Curie  et  A.  Labordk,  communiquée 
par  M.  Lippmann. 

Dans  une  publication  antérieure  (*),  nous  avions  indiqué  quelques 
sources  naturelles  d'où  se  dégageaient  spontanément  des  gaz  radioactifs; 
et  nous  avions  classé  ces  sources  d'après  leur  radioactivité  qui  avait  été 
déterminée  quantitativement. 

Nous  avons  étudié  de  nouvelles  sources  thermales,  et,  pour  quelques- 
unes  de  celles  dont  les  gaz  dégagés  spontanément  se  sont  montrés  le  plus 
radioactifs,  nous  avons  recherché  la  radioactivité  de  l'eau  recueillie  au 
grilTon  de  la  source. 

La  radioactivité  des  gaz  a  été  déterminée  par  la  méthode  de  mesure 
électrique  décrite  antérieurement  ('). 

Pour  extraire  des  eaux  l'émanation  radioactive  qu'elles  renfermaient  en 
dissolution,  nous  avons  fait  bouillir  ces  eaux  dans  un  ballon  de  5'  muni 
d'un  réfrigérant  ascendant,  de  telle  façon  que  les  gaz  chassés  par  ébuUi- 
tion  pussent  être  recueillis  sur  le  mercure;  quand  l'eau  étudiée  était  forte- 
ment chargée  d'acide  carbonique,  nous  empêchions  ce  gaz  de  se  dégager 
en  plaçant  de  la  potasse  dans  le  ballon. 

Nous  avons  laissé  bouillir  ainsi  les  eaux  pendant  i  heure  environ,  et,  à 
plusieurs  reprises  au  cours  d'une  opération,  nous  avons  fait  passer  dans  le 
ballon  un  courant  d'air  non  radioactif  qui  avait  pour  but  d'entraîner  par 
barbotage  les  dernières  traces  d'émanation  qui  pouvaient  subsister  dans  le 
liquide  ou  dans  l'espace  libre  des  tubes  de  dégagement.  Les  gaz  ainsi 
recueillis  ont  été  introduits  dans  un  condensateur  cylindrique  à  anneau  de 
garde  et  leur  radioactivité  a  été  mesurée  |)ar  la  méthode  du  quartz  piézo- 
électrique. 

(  '  )  J'avais  déjà  mentionné,  dans  une  Note  anlorieiire  (  Comptes  rendus,  9  avril  1906), 
diverses  applications  à  la  Physique  niathéniati(|ue  de  l'équation  fonctionnelle  tle 
M.  l'redholni.  J'ai  eu  roccasion  cette  année  dans  mon  Cours  d'en  indiquer  encore 
d'autres;  je  les  développerai  ailleurs. 

(  =  )  Comptes  rendus,  t.  CXXXVIIl,  p.  ii5o. 

(')  Loco  cilalo. 


SÉANCE    DU    2.5    JUIN    1906.  1463 

Nous  avons  pu  dresser  ainsi  un  Tableau  dans  lequel  figurent  les  résultats 
des  anciennes  et  des  nouvelles  déterminations.  Comme  j)récédemment, 
nous  avons  indiqué  dans  ce  Tableau  les  valeurs  du  courant  (« .  10^  en  unités 
électrostatiques)  que  l'on  obtient  dans  un  condensateur  cylindrique  déter- 
miné 4  jours  après  que  le  gaz  étudié  a  été  recueilli  à  la  source  ;  nous  avons 
également  fait  figurer  dans  ce  Tableau  des  nombres  qui  définissent  la 
quantité  d'émanation  contenue  dans  les  gaz  ou  dans  les  eaux  étudiés  : 
cette  quantité  d'émanation  est  facile  à  connaître  quand  le  condensateur 
cvlindrique  utilisé  a  été  étalonné  une  fois  pour  toutes  avec  de  l'émana- 
tion du  radium  ('  ). 

Cet  étalonnage  a  été  effectué  récemment  dans  de  très  bonnes  conditions 
par  M""*  Curie,  au  cours  d'un  travail  qui  n'est  pas  encore  publié  :  les  ré- 
sultats obtenus  par  M™^  Curie  nous  ont  conduits  à  modifier  les  nombres 
fournis  à  ce  sujet  dans  notre  première  communication,  car  ces  nombres 
avaient  été  déterminés  à  la  suite  d'expériences  faites  avec  des  solutions  de 
bromure  de  radium  dont  le  titrage  était,  à  notre  insu,  entaché  d'erreur. 

D'après M™^  Curie,  i^  de  bromure  de  radium  pur  dégage  en  i  heure  une 
quantité  d'émanation  capable  de  provoquer,  dans  un  condensateur  cylin- 
drique de  45o™' (longueur  du  condensateur  :  12*^", 65;  diamètre  du  cy- 
lyndre  extérieur  :  6'^'"8;  diamètre  de  la  tige  intérieure:  ©''"',28),  un  courant 
de  saturation  maximum  (3  heures  après  l'introduction  de  l'émanation 
dans  le  condensateur)  de  1,21.10*  unités  électrostatiques.  Ces  mesures 
ont  été  faites  à  i5°  C.  et  à  la  pression  atmosphérique  normale. 

A  l'aide  de  ces  données,  nous  avons  pn  calculer  que,  dans  nos  appareils, 
un  courant  de  saturation  de  i  unité  électrostatique  est  produit  par  la  quan- 
tité d'émanation  que  dégage  i™^  de  bromure  de  radium  pur  en  4-95  mi- 
nutes, ce  courant  étant  mesuré  qnand  l'émanation  a  atteint  son  état 
d'équilibre  de  régime  avec  la  radioactivité  induite  qu'elle  crée. 

Dans  le  Tableau  ci-;iprès  nous  avons  fait  figurer  : 

A  la  colonne  1  :  la  dale  de  rexlraclion  (mois  et  année); 

A  la  colonne  2  :  le  courant  de  saturation  j.io'  produit  par  45o'^'°°  de  gaz  dans  un 
condensateur  cylindrique  de  45o'^"'',  4  jours  après  l'extraction,  à  i5°C.  et  à  la  pression 
atmosphérique  normale; 

A  la  colonne  3  :  le  nombre  («)  de  minutes  pendant  lequel  il  faudrait  laisser  séjour- 
ner i"'ô  de  bromure  de  radium  pur  dans  10'  d'air  pour  obtenir  le  même  courant  dans 
notre  appareil  qu'avec  les  gaz  étudiés; 

('  )  Loco  cltato. 


l464  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

A  la  colonne  k  :  le  courant  i^  X  lo'  produit  dans  notre  appareil  par  l'émanation 
extraite  de  lo'  d'eau  âgée  de  ^  jours; 

A  la  colonne  &  :  la  quantité  d'émanation  présente  dans  lo'  d'eau  âgée  de  4  jours, 
cette  quantité  d'émanation  étant  exprimée  comme  dans  le  cas  de  la  colonne  3  par  le 
temps  (rt|)  pendant  lequel  i^s  de  bromure  de  radium  pur  produirait  cette  émanation. 


1. 
Date 
de 

Nom  de  la  source.  l'extraclion. 

Badgastein  (Autriche):  source  Gra- 

benbacker 4-04 

/   Source  Vauquelin  .. .  i-o4 

»               »          ...  3-o5 

Plombières  i  Trou  des  Capucins. . .  3-o4 

(Vosges),    j           »               »...  8-o5 

Source  n"  3 i-o4 

»      n°  5 i-o4 

Galdellas  (Portugal) 4-o5 

Bains-les-Bains  (Vosges) B-o4 

Aix-les-Bains    (Savoie)    :     source 

d'Alun  (  '  ) 2-0.5 

Aix-les-Bains    (Savoie)     :     source 

d'Alun 8-o5 

/  Source    du    Trou- 

Dax  (Landes).  }       des-Pauvres. . .  .  ii-o4 

(   Source  la  Néhe.  .  .  ii-o4 

Ax  (  Ariège)  :  source  Vignerie io-o5 

Bagnères-de-Bigorre  (  Hautes-Pyré- 
nées)   io-o5 

Bourbon-Lancy    (Saône-et-Loire)  : 

source  Le  Lymbe i-o5 

Maiziéres  (Saône-et-Loire) i3-o4 

Luxeuil          l  Bain  des  Dames..  2-o4 

(Haute-Saône).   )  Grand  Bain 2-o4 

Néris  (  Allier) 3-o4 

Bagnoles-de-l'Onie 2-o4 

Salins-Moutiers  (Savoie) i-o4 

Contrexéville  (Vosges)  :   source  du 

Pavillon 2-o5 

La  Roche  Posay  (Vienne) 3-o5 


2. 


3. 


Gaz. 


4.  5, 

Eaux. 


36o 
47 

52 
21 

» 

28 

'7 
16 

16 

i3 

i3,3 

2,6 

10,6 

10,6 


9,6 

)) 

» 

5,17 

» 

n 

5,72 

44,6 

0,22 

2,3l 

)) 

» 

» 

94,5 

0,46 

3,19 

» 

» 

3,08 

» 

» 

.,82 

» 

» 

.,76 

» 

)) 

1,76 

56 

0,27 

1,43 

3i,7 

0,  i5 

1,46 

» 

)> 

0,28 

» 

» 

i,iO 

» 

» 

16 


9.3 

i,o3 

20,  12 

0,099 

6,78 

0,74 

» 

» 

5,70 

0,62 

)) 

» 

2,3 

0,20 

» 

» 

4,2 

0,46 

» 

» 

3 , 3 

o,36 

)) 

» 

3 

0,33 

)> 

)) 

» 

)) 

10 

0,049 

» 

)> 

10 

0,049 

(•)  La   radioactivité  des  sources  d'Aix-les-Bains  a  été  observée  pour  la  première 
fois  pa>"  M-  G. -A.  Blanc  {Phil.  Mag.,  janvier  igoS). 


SÉANCE    DU   25    JUIN    1906.  l465 

Caulerels  (  Haules-Pyrénées)  :  sources  César,  des  OEufs,  Le  Bois,  La  Raillère;  Eaux- 
Chaudes  (Basses-Pyrénées)  ;  Eaux-Bonnes  (Basses-Pyrénées);  Mont-Dore  (Puy-de- 
Dôme)  :  sources  Bardon,  Madeleine;  Laraaiou  (Hérault);  Royat  (Puy-de-Dôme); 
Ogeu  (Puy-de-Dôme);  Source  inlermillente  (Ailier);  Larderello  (Italie)  =;  j^a^  dont 
la  radioaclu'ité  correspond  à  j.  io^-<  3. 

Alet(Aude);  Ciiàtel-Guyon  (Puy-de-Dôme);  Monlbrun-les-Bains;  Pougues  Saiiil- 
Léger  (Nièvre);  Vichy  (Allier)  :  sources  Boussange,  Gélestins,  I^ucas,  Hôpital, 
Grande  Grille,  Chomel  ;  Forges-les-Eaux  (Seine-Inférieure)  ;  Sainl-llonoré-les-Bains 
(Nièvre);  Spa  (Belgique)  ^^  gaz  dont  la  radioactii,'ité  correspond  à  i.  io'<;  i. 

Vichy  (Allier):  sources  Chomel,  Grande  Grille;  Vittel  (Vosges);  Evian  (Haute- 
Savoie)  :   source  (Rachat  =:  e««.i"  dont  la  radioactivité  correspond  à  ii-io^  ■<_?>. 

Les  nombres  qui  figurent  aux  colonnes  4  et  5  se  rap|Jortent  tous  à  des 
eaux  qui  contiennent  de  l'émanation  du  radium  au  moment  de  leur  extrac- 
lion,  mais  qui  ne  contiennent  pas  de  sel  de  radium  en  dissolution  ;  en 
eflet,  nous  avons  constaté  qu'après  avoir  conservé  ces  eaux  en  vase  clos 
pendant  plus  de  i  mois,  nous  ne  pouvions  plus  en  extraire  d'émanation 
radioactive. 

Comme  nous  avons  indique  la  radioactivité  des  gaz  et  des  eaux  4  jours 
après  leur  extraction,  on  peut  admettre  qu'au  griffon  de  la  source  elle 
aurait  été  deux  fois  plus  forte. 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Action  de  la  vapeur  cVeau  sur  les  sulfures  au  rouge.  — 
Production  de  métaux  natifs.  —  Applications  aux  phénomènes  volcaniques . 
Note  de  M   Armand  Gaijtieb. 

La  vapeur  d'eau  qu'émettent  au  ronge  les  roches  crislalliniennes  pro- 
fondes (granits,  porphyres,  diorites,  etc.)  en  attaquant,  aussitôt  qu'elle 
devient  libre,  les  matériaux  métalliques  de  ces  roches,  en  particulier  leurs 
silicates  ferreux,  peroxyde  ces  composés  en  dégageant  de  l'hydrogène  ac- 
compagné de  divers  autres  gaz  :  oxyde  de  carbone,  acide  carbonique, 
méthane,  azote,  etc.  (').  Sans  insister  davantage  sur  l'origine  de  ces  gaz, 
et  particulièrement  de  l'oxyde  de  carbone,  je  rappelle  qu'en  s'oxydant  au 
rouge  aux  dépens  de  l'eau,  ce  dernier  donne  de  l'acide  carbonique  en 
vertu  d'une  réaction  d'ailleurs  réversible  (^). 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  p.  60  et  189. 

('^)  Comptes  rendus,  t.  CXLII,  p.  iSSa.  La  réversibilité  de  celte  réaction  avait  été 
déjà  signalée  par  M.  Boudouard  {Bull.  Soc.  chim.,  ?>"  série,  t.  XXV,  p.  48i)  et  par 


l466  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Cette  oxydation  des  silicates  et  de  l'oxyde  de  carbone  par  la  vapeur  d'eau 
m'a  fait  penser  que  celle-ci  pourrait  exercer  aussi  une  action  de  m&me 
nature  sur  les  sulfures  métalliques  et  sur  l'hydrogène  sulfuré  lui-même  et 
donner  ainsi  naissance  aux  oxydes,  à  l'hydrogène  sulfuré,  à  l'acide  sulfu- 
reux et  au  soufre  lui-même,  acide  sulfureux  et  soufre,  qui,  on  le  sait, 
sortent  de  la  plupart  de  fumerolles  volcaniques.  C'est  ce  que  l'expérience  a 
vérifié  au  delà  même  de  mes  prévisions. 

A.  Action  de  la  vapeur  d'eau,  au  rouge,  sur  les  sulfures  de  fer.  —  S'il  s'agit 
de  pyrites,  elles  se  transforment  d'abord  par  la  chaleur  en  protosulfure  Fe  S 
sur  lequel  agit  la  vapeur  d'eau. 

Dans  un  précédent  travail  ('),  j'ai  montré  que  le  sulfure  de  fer  FeS  est 
oxydé  par  la  vapeur  d'eau  dès  le  rouge  à  peine  naissant;  il  se  change  en 
oxyde  de  fer  magnétique  Fe'O'  taiulis  que  se  dégage  de  l'hydrogène,  de 
l'hydrogène  sulfuré  et  un  peu  de  soufre  provenant  de  la  dissociation  de  H- S 
par  la  chaleur.  Celui-ci  disparaît  si  l'on  chauffe  plus  fortement,  en  même 
temps  qu'il  se  fait  de  l'acide  sulfureux  el  que  l'oxyde  de  fer  se  resulfure 
en  partie. 

I^a  réaction  à  température  relativement  basse  est  la  suivante  : 

3FeS  +  4H^0  =  Fe^O*  -+-  3H^S  +  H^ 
Au  rouge  à  peine  naissant,  les  gaz  dégagés  contenaient  : 
H  =  76  à  65  ;         H-S  =  22  à  32. 

Telle  est  l'une  des  origines  de  l'hydrogène  sulfuré,  et,  à  plus  haute  tem- 
pérature, de  l'acide  sulfureux  et  du  soufre  qui  se  dégagent  à  la  fois  de 
presque  tous  les  terrains  volcaniques.  La  vapeur  d'eau  mobilise  donc  au 
rouse  le  soufre  du  sulfure  de  fer,  et  sans  doute  aussi  de  tous  les  sulfures 
des  métaux  qui  décomposent  l'eau. 

Nous  reviendrons  tout  à  l'heure  sur  la  formation  secondaire  de  l'acide 
sulfureux  que  l'hydrogène  sulfuré  forme  en  s'oxydant  aux  dépens  de  l'eau. 

B.  Action  de  la  vapeur  d'eau,  au  rouge,  sur  les  sulfures  des  métaux  cpii  ne 
décomposent  pas  l'eau.  —  On  a  fait  agir  la  vapeur  d'eau  sur  de  la  galène 
PbS  placée  dans  des  nacelles  de  biscuit.  Tout  l'appareil  ayant  été  bien 
privé  ti'au-,  on  chauffe  au  rouge  vif,  en  même  temps  qu'on  lance  dans  le 

0.   IIahn   {Zeitschrifl  f.  physikat.    Chenue,   t.   XLII,  p.  705 ;   l.  XLIV,   p.  5i3,  et 
t.  XLVIU,  p.  735).  J'y  reviendrai. 

(')  Conijilcs  rendus,  t.  CXXXII,  p.   18g. 


SÉANCE    DU    2^    JUIN    1906.  1/167 

tube  un  courant  de  vapeur  d'eau  surchaufTée.  Le  sulfure  de  plomb  se  vola- 
tilise lentement,  dès  le  rouge  naissant,  et  va  former  en  ;imont  du  tube  de 
belles  lamelles  de  cristaux  cubiques.  Il  ne  se  dégage  sensiblement  aucun  gaz 
sauf  une  très  faible  quantité  d'acide  sulfureux.  De  la  vapeur  de  soufre 
distille  et  se  concrète  dans  les  parties  froides  du  tube. 

Ajirès  refroidissement  dans  la  vapeur  d'eau,  on  trouve  dans  les  nacelles 
du  plomb  métallique,  mélangé  d'un  peu  de  sulfure  (*). 

Les  portions  de  sulfure  volatilisé  les  plus  éloignées  du  foyer  conte- 
naient une  très  faible  proportion  de  sulfate  de  plomb. 

La  réaction  de  la  vapeur  d'eau  sur  la  galène  peut  donc  s'exprimer 
initialement  par  l'équation  : 

3PbS  4-  -jH^O  =  3Pb  +  2H-S  +  SO=, 

mais  l'acide  sulfureux  (dont  on  a  constaté  d'ailleurs  directement  un  très 
léger  dégagement  durant  toute  la  réaction)  décompose  l'hydrogène  sul- 
furé, à  mesure  qu'd  se  forme  (-),  suivant  la  réaction  bien  connue  : 

2H=S  +  S0=  =  2H-0  +  3S. 

En  définitive,  en  présence  delà  vapeur  d'eau,  le  sidfure  de  plomb  semble 
se  dissocier,  aux  hautes  températures  en  plomb  métallique  et  soufre. 
Toutefois,  grâce  à  sa  volatilité,  une  partie  notable  de  sulfure  de  plomb 
échappe  à  la  réaction. 

Quant  à  la  très  petite  proportion  de  sulfate  de  plomb  qui  se  dépose  dans 
les  parties  les  moins  chaudes  du  tube,  il  provient  de  l'action  secondaire 

PbS  -f-  2 S0=  =  PbSO'  4-  S, 

qui  explique  le  transport  apparent  de  ce  sulfate.  On  sait  d'ailleurs,  de]>uis 


(')  os,  4s  de  ce  mélange  adonné:  l^b=:o,47i5;  S^o,oo85;  soit  98,2  pour  100 
de  plomb.  Dans  celle  réaclion,  il  ne  lend  à  se  faire  de  l'oxyde  de  plomb  que  si  la 
silice  ou  les  silicales  sonl  présents.  On  a  PbS  +  H-0  +  Si  0^=:  PbSi  0^4-  W- ■+-  S. 

(-)  Bunsen  dit  avec  raison  {Annales  de  C  hiniie  et  de  Physique,  3"=  série,  l.  XXXVIII 
p.  268)  :  «  Quoique  l'acide  sulfureux  et  le  sulfide  hydrique  ne  puissent  pas  se  rencon- 
trer sans  se  décomposer  mutuellement,  cependant  on  les  retrouve  assez  souvent  tout 
près  l'un  de  l'autre  dans  le  même  champ  de  fumerolles  ».  C'est  aussi  ce  que  nous 
avons  observé  dans  nos  expériences,  où  le  moindre  changement  du  volume  des  deux, 
gaz  ou  de  la  vapeur  d'eau  fait  apparaître  ou  disparaître  M- S  et  varier  SO'. 

C.  K.,  if,c6,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  26.)  I92 


l468  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

longLemps,  que  le  gaz  sulfureux  donne  au  rouge,  en  présence  de  la  vapeur 
d'eau,  un  peu  de  soufre  et  d'acide  sulfurique  ('). 

La  production  de  cette  faible  quantité  de  sulfate  de  plomb  est  encore  un 
témoignage  do  la  production  passagère  de  l'acide  sulfureux  et  par  consé- 
quent de  l'acide  sulfliydrique,  ou  de  l'hydrogène  et  du  soufre,  dans  l'action 
de  la  vapeur  d'eau  sur  la  galène  à  la  température  du  rouge. 

En  somme,  celte  curieuse  réaction  nous  montre  la  production  d'un 
métal  natif,  en  partant  de  son  sulfure  que  la  vapeur  d'eau  semble  séparer, 
au  rouge,  en  ses  deux  constituants.  L'absence  complète  de  tout  gaz  (sauf 
un  peu  d'acide  sulfureux  et  une  trace  d'hydrogène)  ne  nous  semiile  ce- 
pendant pas  devoir  faire  admettre  la  simple  dissociation  du  sulfure  de 
plomb  par  la  vapeur  d'eau,  aux  tem[)ératures  élevées. 

A  ce  dernier  point  de  vue,  aussi  bien  qu'à  celui  de  la  généralisation  delà 
réaction,  il  était  intéressant  de  se  demander  comment  les  choses  se  passe- 
raient avec  d'autres  sulfures  de  métaux  ne  décomposant  pas  l'eau.  Il 
importait  particulièrement  de  savoir  si  la  vapeur  d'eau  chasserait  au  rouge 
le  soufre  des  sulfures  de  cuivre  ou  d'argent,  et  mettrait  ces  métaux  en 
liberté  tels  qu'ils  se  rencontrent  si  souvent  dans  la  nature,  à  l'état  natif. 

J'ai  donc  fait  réagir  au  rouge  vif  la  vapeur  d'eau,  sur  le  sulfure  cuivreux 
Cu-S,  le  seul  qui  soit  stable  à  haute  température.  Il  avait  été  mis  dans  une 
nacelle  de  magnésie,  placée  elle-même  dans  un  tube  de  porcelaine  de 
Berlin  vernissé  sur  ses  deux  faces  (-).  Après  avoir  fait  soigneusement  le 
vide  dans  tout  l'appareil,  on  chauffa  le  tube  au  rouge  blanc,  et  l'on  y  fit  passer 
un  courant  de  vapeur  d'eau  surchauffée.  Contrairement  à  ce  qui  se  produit 
avec  la  galène,  on  constata  bientôt  un  abondant  dégagement  de  gaz  acide 
sulfureux  mélangé  d'hydrogène,  sans  trace  d'hydrogène  sulfuré.  Après 
refroidissement,  la  nacelle  fut  trouvée  contenir  une  matière  noire  fondue, 
englobant  une  masse  métallique  hérissée  de  courtes  aiguilles  de  cuivre 
cristallisé  qui  venaient  pointer  à  la  surface.  On  put  par  un  broiement 
ménagé  séparer  les  deux  substances.  La  matière  noire  se  pulvérise  aisé- 
ment, le  cuivre  métallique  et  brillant  s'aplatit  et  peut  être  extrait  à  la 
pince.  C'est  du  cuivre  rouge  brillant  cristallisé  en  feuilles  de  fougère. 

(')  DicUonnaire  de  Chimie  pure  et  appliquée,  de  Wiirtz,  l.  II,  p.  1607.  Il  semble 
même  se  fiiire  dans  celle  réaclion  une  Irace  d'oxygène  libre,  ce  qui  pourrail  expliquer 
peul-ètre  que,  dans  certaines  conditions,  on  ait  pu  trouver  un  peu  d'oxygène  dans  les 
fumerolles  volcaniques. 

(^)  Nous  nous  sommes  assuré  que  nos  lubes,  spécialement  fabriqués,  étaient  entiè- 
rement imperméables,  au  rouge  vif,  aux  gaz  du  foyer. 


SÉANCE    DU    2  5    JUIN    1906.  1469 

La  matière  noire  donna,  pour  i^,  o52  :  Cir  =1,006;  S  =:  0,259,  compo- 
sition qui  répond  à  la  formule  du  sulfure  de  cuivre  CirS  dont  nous  étions 
parti  :  la  portion  restante  avait  fondu  et  restait  encore  dans  la  nacelle. 

Il  s'ensuit  que,  dans  cette  réaction,  il  se  fait  du  cuivre  métallique,  de 
l'acide  sulfureux  et  de  l'hydrogène  suivant  l'équation  : 

Cu-S4-2H=0  =  Cu^  +  SO-+2H^     ('). 

Nous  considérons  comme  certain,  étant  données  les  grandes  analogies 
de  l'argent  et  du  cuivre,  que  l'argyrose  Ag^S  et  les  autres  sulfures  d'argent 
donnent  naissance,  en  présence  de  la  vapeur  d'eau  au  rouge,  à  de  l'argent 
métallique  en  vertu  de  la  même  réaction.  On  sait  d'ailleurs  qu'on  trouve 
souvent  l'argent  à  l'état  natif  accompagnant  son  sulfure,  et,  dans  bien  des 
cas,  il  est  même  associé  au  cuivre  natif,  ces  deux  métaux  s'étant  produits 
simultanément,  sans  aucun  doute,  par  l'action  de  la  vapeur  d'eau  au  rouge 
sur  le  mélange  de  leurs  sidfures. 

C.  Action  de  la  vapeur  d'eau  sur  l'hydrogène  sulfuré.  —  Généralisant  ces 
recherches,  il  nous  a  paru  intéressant  d'examiner  l'action  que  la  vapeur 
d'eau  peut  exercer  à  haute  température  sur  le  sulfure  d'hydrogène  lui- 
même.  Quoiqu'on  sache  que  ce  dernier  corps  commence  à  se  décomposer, 
même  un  peu  avant  le  rouge,  en  ses  deux  éléments,  et  que  le  soufre  peut 
s'oxvder  par  la  vapeur  d'eau  dès  qu'il  entre  en  ébuUition,  la  présence  de 
l'hydrogène  qui  se  produit  en  même  temps  que  le  soufre  ne  permet  pas 
de  préjuger,  a  priori,  des  particularités  de  celte  réaction. 

A  travers  un  tube  de  porcelaine  ordinaire,  muni  à  son  extrémité  d'un 
petit  ballon  lubulé  bien  refroidi  pour  condenser  la  vapeur  d'eau  et  rece- 
voir le  soufre  qui  peut  se  former,  on  fait  passer  au  rouge  vif  un  courant 
d'hydrogène  sulfuré  pur  ayàrit  barboté  îiu  préalable  dans  l'eau  bouillante. 
Après  que  ce  gaz  a  chassé  à  froid,  puis  à  chaud,  tout  l'air  de  l'appareil,  on 
diminue  la  vitesse  d'écoulement  et  on  recueille  les  "az  sur  la  cuve  à  mercure. 

A  la  fin  de  l'expérience  et  en  agissant  avec  toutes  les  précautions  néces- 
saires pour  éviter  l'accès  de  l'air,  on  retire  du  petit  ballon  placé  à  la  sortie 
du  tube  de  porcelaine  une  solution  d'acide  sulfureux  tenant  du  soufre  en 
partie  en  suspension  à  l'état  colloïdal,  en  partie  |jrécipité,  mélangé  d'une 
très  petite  quantité  d'acide  sulfurique  et  de  composés  thioniques.  I^es  gaa 


(')  Il  se  forme  en  même  temps  un  peu  de  soufre  clù  à  la  réaction  connue  : 

S0^-l-2H«=2H-0  +  S, 


^àyo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

avaient  la  composition  suivante,  modifiée  cvidemmeiU  par  la  dissolution 
dans  l'eau  de  condensation  d'une  partie  de  l'acide  sulfureux  qui  se  forme  : 

Début.  Fin. 

SO' 17,0  9,9 

H' 82,8  90,0 

Azote Irace  trace 

Ainsi,  dans  ce  cas,  comme  dans  ccKii  i!(i  sulfure  de  cuivre,  nous  voyons 
le  soufre  de  l'hydrogène  sulfuré  qui  oxyde  au  rouge  la  vapeur  d'eau,  passer 
en  majeure  partie  à  l'état  d'acide  sulfureux,  tandis  que,  dans  les  deux  cas, 
l'élément  électronégatif  est  mis  en  liberté. 

La  présence  de  l'acide  sulfureux  dans  les  émanations  volcaniques 
s'explique  donc,  de  la  façon  la  plus  simple,  par  le  déplacement  et  l'oxyda- 
tion au  rouge  du  soufre  des  sulfures  par  la  vapeur  d'eau  provenant  elle- 
même  des  roches,  du  moins  en  partie.  Il  n'est  nul  besoin,  pour  s'expliquer 
la  genèse  de  cet  acide,  défaire  intervenir,  comme  on  l'a  fait  le  plus  souvent 
jusqu'ici,  l'action  de  l'oxygène  de  l'air  pénétrant  dans  les  profondeurs  et 
allant  oxyder  les  sulfures,  l'hydrogène  sulfuré  et  le  soufre  lui-même  ('). 

C'est  là  une  idée  tout  à  fait  inutile  et  inacceptable. 

L'acide  sulfureux  est  le  produit  principal  de  l'action  de  la  vapeur  d'eau 
au  rouge  sur  le  soufre,  sur  les  sulfures  métalliques  et  sur'  l'hydrogène 
sulfuré  lui-même.  L'oxygène  de  l'eau  et  des  oxydes  suffit  à  la  formation 
de  cet  acide.  Sa  décomposition  partielle  à  ces  hautes  températures  et  dans 
ces  conditions,  avec  formation  d'une  faible  quantité  d'acide  sulfurique, 
explique  même  l'existence  assez  fréquente  de  ce  dernier  acide  à  l'état 
libre  dans  plusieurs  eaux  d'origine  éruptive. 

Ou  remarquera  que  la  formation  d'hydrogène  est  complémentaire  de 
celle  de  l'acide  sulfureux  et  que  ces  deux  gaz  se  dégagent,  en  effet,  à  la 
fois  par  tous  les  évents  volcaniques. 

(  '  )  L'opinion  que  je  combats  ici  était  celle  de  Ch.  Sainte-Claire  Deville.  C'est  aussi, 
encore  aujourd'hui,  celle  de  la  plupart  clos  géologues.  Je  me  bornerai  à  citer  à  ce  propos 
quelques  lignes  de  E.  Suess,  dont  personne  ne  méconnaît  la  grande  autorité  en  biologie; 
il  écrit,  dans  une  conférence  assez  récente,  Ueber  heissc  Quellen,  p.  10  :  «  C'est  ainsi 
qu'on  arrive  à  la  conclusion  que  les  cheminées  des  volcans  sont  des  régions  dans  les- 
quelles se  produisent  en  grand  des  phénomènes  d'oxydation,  et  que  c'est  seulement 
dans  les  horizons  supérieurs  que  se  forme  une  grande  partie  de  ces  composés  chi- 
mi(]ues  que  nous  appelons  produits  volcaniques;  ainsi  de  nièuie  que  Vacide  sulfu- 
reux, ll'acide  chlorhydrique  et  autres  combinaisons  semblables  se  produisent  seu- 
lement au  contact  de  l'atmosphère,  ou  du  moins  dans  les  zones  les  plus  élevées  de  la 
cheminée  volcanique,  c'est  aussi  le  cas  de  l'eau,    n 


SÉANCE    DU    25    JUIN    1906.  l47I 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Condensation  de  l'éther  ^'^j-diméthylglycidique  avec 
l'éther  malonique  sodé.  Synthèse  des  acides  térébique  et  pyrotérébique.  Note 
de  MM.  A.  Haller  et  G.  Blanc. 

Par  suite  de  leur  fonction,  les  éthers  glycidiques  de  M.  Darzens  (')  sont 
susceptibles  de  se  comporter  à  l'égard  des  composés  raéthyléniques  sodés 

de  la  forme  CHNa(^  _  comme  l'oxyde  d'éthylène  et  l'épichlorhydrine  (-). 

Dans  le  but  de  préparer  l'éther  cyané  suivant, 

[CH»]=  =  C  -  CHOH.CO-C*H' 

\CO=C=H^ 

éther  qui  devait  nous  servir  de  matière  première  pour  une  autre  synthèse, 
nous  avons  condensé  l'éther  diméthylglycidique  avec  de  l'éther  cyanacé- 
tique  sodé.  La  réaction,  lente  à  froid,  est  complète  quand  on  chaulîe  au 
bain-marie  pendant  quelques  heures.  Malheureusement  le  produit  obtenu, 
après  lavage  et  distillation,  ne  présente  aucun  des  caractères  d'un  com- 
jiosé  défini;  soumis  à  des  rectifications  répétées  dans  le  vide,  il  bout  sans 
point  fixe  entre  100°  et  3oo°,  en  laissant  beaucoup  de  résine. 

On  réussit  mieux  en  remplaçant  l'éther  cyanacétique  par  l'éther  malo- 
nique. On  verse  i44®  d'éther  diméthylglycidique  dans  de  l'éther  malonique 
sodé,  préparé  en  ajoutant  une  dissolution  de  23^  de  sodium  dans  25os  d'al- 
cool à  160S  d'éther  malonique.  Il  ne  se  produit  point  de  dégagement  de 
chaleur  appréciable.  Le  mélange,  après  avoir  été  chauffé  au  bain-marie 
pendant  quelques  heures,  est  distillé  dans  le  vide  pour  chasser  l'alcool, 
puis  additionné  de  i3os  d'acide  acétique  à  5o  pour  100. 

Le  liquide  acidulé  est  épuisé  avec  de  l'éther  et  la  solution  élhérée,  agitée 
avec  du  carbonate  de  soude  et  desséchée  sur  du  sulfate  de  soude  anhydre, 
est  distillée  au  bain-marie.  Le  résidu  est  finalement  fractionné  sous  pression 
réduite.  Il  passe  d'abord  un  qiélange  d'éther  glycidique  et  d'éther  malo- 


(')  Daiizens.  Comptes  rendus,  t.  CXXXIX,  p.  1219. 

(■-)  M.  Darzens  a  en  effet  constaté  que  l'éther  diméthylglycidique  se  condense  avec 
l'éther  benzoyiacétique  sodé  comme  l'épichlorhydrine  (Communication  particulière). 


l472  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

nique,  puis  un  produit  bouillant  à  174°  sous  12™"  et  qui  se  forme  avec 
un  rendement  d'environ  3o  pour  100. 

En  traitant  les  produits  de  tête,  constitués  par  un  mélange  d'éthers 
glyéidique  et  rtialonique  non  entrés  en  réaction,  par  une  nouvelle  quantité 
d'éthylate  de  sodium,  on  récupère  une  seconde  portion  de  produit  bouil- 
lant à  174".  L'opération  répétée  une  troisième  fois  permet  d'avoir  un  ren- 
dement final  se  rapprochant  du  rendement  théorique. 

La  partie  distillant  à  174°  se  solidifie  rapidement;  on  purifie  la  masse 
dans  un  mélange  fi'élher  et  d'éllier  de  pétrole  et  l'on  obtient  de  gros  prismes 
fondant  à  46°.  Comme  le  montrent  l'analyse  et  ses  propriétés,  ce  corps, 
de  formule  C'-H'^O",  n'est  autre  chose  que  la  l\-méthyl-i-Z-dicarhoxé- 
thylpentanolide-[\  formée  en  vertu  de  la  réaction  : 

O  0-OC  — CH-C0^C=H5 

En  elïet,  bouilli  avec  de  l'acide  chlorhydriqne,  cet  éther  lacLone  fournit 
quantitativement  un  acide  peu  soluble  dans  l'eau,  fusible  à  1  73°  et  répon- 
dant à  la  formule  CH'^O*,  qui  est  celle  àeVacide  térébique. 

^ÎÎ'^C —  CH  -  CO^C^Hs  4-  H'O  =  JÎJ'^C CH  -  CO^H  +C0^+  C^H^OH. 

0-C  — CH -CO'C^H»  O  — C  — CH^ 

n  11 

O  O 

Pour  caractériser  l'acide  térébique  nous  l'avons  soumis  à  l'action  de  la 
chaleur  et  avons  obtenu  d'une  pari  de  \ isocaprolaclone ,  CH'^O^  et,  d'autre 
part,  son  isomère,  V acide  pyrotérébique,  dont  nous  avons  préparé  la  phényl- 
hydrazide  fondant  à  106°  ('). 

La  composition  de  l'acide  C'H'"0*  et  l'ensemble  de  ses  propriétés  met- 
tent hors  de  doute  sa  constitution  telle  qu'elle  a  été  établie  |)ar  une  autre 
synthèse  réalisée  par  M.  Biaise  (^).  Elle  confirme  en  outre  celle  du  com- 
posé C'^*  H'»  0^ 

En  résumé,  dans  la  réaction  de  l'éther  malonique  sodé  sur  l'éther  dimé- 
thyglycidique,  au  lieu  de  se  fixer  au  carbone  (ï  de  ce  dernier  éther,  le  com- 

(')  MM.  Biaise  el  Courtot  ont  préparé  cette  iiydrazide  avec  de  l'acide  pyrotéré- 
bique obtenu  par  une  autre  voie  et  lui  ont  assigné  le  point  de  fusion  io5"  {Bull.  Soc. 
chim.,  3"  série,  t.  XXW  ,  1906,  p.  i54)- 

(-)  Blaisk,  ISull.  Soc.  chim.,  3"  série,  t.  XIX,  1898,  p.  275. 


SÉANCE    DU    20    JUIN    1906.  l473 

plexe  malonique  s'est  fixé  sur  le  carbone  «,  tandis  que  le  groupe  OH  rat- 
taché au  carbone  p  a  fourni  une  olide  avec  un  des  groupes  carboxéthyle 
préalablement  saponifié  de  l'éther  malonique. 

La  réaction  présente  quelque  analogie  avec  celle  que  l'un  de  nous  (')a 
observée  dans  la  condensation  de  l'épichlorhydrine  avec  l'éther  benzoyla- 
cétique  sodé. 

Le  but  que  nous  avons  poursuivi  n'a  donc  pas  été  atteint,  mais  l'étude 
que  nous  venons  de  faire  n'est  toutefois  pas  sans  intérêt,  puisqu'elle  fournit 
une  méthode  facile  de  préparer,  avec  d'excellents  rendements,  Vacide  téré- 
bique  et  partant  ses  produits  de  décomposition  Vacide  pyrotérébique  et  X'iso-' 
caprolactone . 

En  suivant  une  méthode  analogue  à  celle  qui  lui  a  permis  de  faire  l'acide 
diméthylglvcidique,  M.  Darzensa  réussi  à  préparer  l'éther  a-méthyl-^-dimé- 
thylglycidique,  en  condensant  l'éther  a-chloropropionique  avec  l'acétone 
en  présence  de  l'étlivlate  de  sodium. 

Dans  l'espoir  de  réaliser  la  svnthèse  de  l'un  ou  l'autre  des  deux  éthers 
suivants  ou  de  leurs  oliiles 

CH'\         ç/CW  CH3\  ^oiI-GO=OIP 

OH      1    /GO^G-^H^  J    /CO^CMP 

XGO^G^H^'  XCO^G'-H»' 

nous  avons  fait  agir  de  l'éther  malonique  sodé  sur  l'éther  «^p-triméthyl- 
glycidique.  Quelles  que  soient  les  conditions  dans  lesquelles  on  se  place,  on 
n'arrive  point  à  effectuer  la  condensation  cherchée,  et  l'on  retrouve  les 
deux  éthers  à  peu  près  intacts. 

Il  semble  qu'on  se  trouve  en  présence  d'un  cas  d'empêchenaent  stérique, 
et  que  la  nature  tertiaire  des  deux  atomes  de  carbone  ot  et  p  de  l'éther  «^fi- 
triméthylglycidique  s'oppose  à  une  réaction  additive  de  la  part  de  l'éther 
nialonic|ue. 

(')  A.  Haller,  Comptes  rendus,  l.  GXXXII,  p.  1459. 


l/|74  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


ÉNERGÉTIQUE  BIOLOGIQUE.  —  Le  Iravail  exlérieur  créé  par  /es  actions  sta/i- 
ques  et  dynamiques  du  travail  intérieur  du  moteur-muscle.  Relations  entre 
l'énergie  liée  à  ces  actions  et  l'énergie  qui  passe  dans  le  trcwail  extérieur. 
Note  (le  M.  A.  Chauveau. 

'L'énergie  qui  se  dépense  dans  le  moteur-muscle,  pend;iiit  le  soulèvement 
d'un  mobile,  ne  s'applique  pas  directement  à  la  production  du  travail 
extérieur.  Celui-ci  n'est  qu'un  résultat  second  du  travail  intérieur,  c'est-à- 
dire  de  la ybrce  élastique  que  cette  énergie  dépensée  crée  dans  le  tissu  mus- 
culaire. En  effet,  l'énergie  initiale  se  mobilise  pour  faire  naître,  dans  le 
muscle,  la  force  qui  engendre  les  actions  statiques  et  dynamiques  de  la 
contraction  musculaire.  Ce  n'est  qu'après  avoir  passé  par  ce  stade  intermé- 
diaire que  V  énergie  originelle  ai  rive  à  sa  destination  finale,  qui  est  sa  trans- 
formation en  chaleur  ou  en  travail  mécanique . 

Le  travail  mécanique,  considéré  souvent  comme  la  raison  d'être  du /rrt(W/ 
intérieur,  ne  constitue  donc  pas  un  fait  dominateur  dans  la  physiologie  du 
muscle.  C'est  le  travail  intérieur,  au  contraire,  qui  est  l'acte  essentiel, 
nécessaire,  évoluant  toujours  avec  la  plus  grande  constance  et  conservant 
intégralement  la  simplicité  des  rapports  qui  lient  à  l'énergie  irutiale  les 
actions  statiques  et  dynamiques  dont  le  travail  intérieur  se  comp;)se. 

T.es  physiologistes  n'en  sont  pas  moins  tenus  de  savoir  comment  le 
travail  mécanique  du  moteur-muscle  procède  de  ce  travail  intérieur,  ou 
plutôt  de  {'énergie  qui  l'a  créé. 

Pour  étudier  les  rapports  de  cette  énergie  créatrice  avec  les  actions  sta- 
tiques ei  dynamiques  qu'elle  engendre  directement,  il  a  fallu  dissocier  ces 
deux  sortes  d'actions  et  les  envisager  séparément,  ce  qui  était,  du  reste, 
très  facile.  Il  faut,  au  contraire,  les  laisser  liées  l'une  à  l'autre  si  l'on  veut 
étudier  l'efet  second  qu'elles  produisent  en  agissant  de  concert,  c'est-à- 
dire  le  Iravail  extérieur  qui  dérive  du  travail  intérieur.  L'action  statique  ne 
se  sépare  pas  de  Vaclion  dynamique  quand  le  moteur-muscle  effectue  du 
travail  mécanique  en  soulevant  un  mobde.  Elles  restent  alors  étroitement 
conjuguées,  ce  qui  ne  les  empêche  pas  de  conserver  chacune  leur  affec- 
tation spéciale  et  de  travailler  ainsi  respectivement  pour  leur  propre 
compte  à  l'œuvre  commune  de  la  production  du  travail  extérieur. 

On  peut  établir  a  priori  les  conditions  de  cette  collaboration  et  les  sou- 
mettre ensuite  à  une  vérification  expérimentale. 


SÉANCE    DU    23    JUIN    I906.  1473 

Travail  extérieur  du  muscle.  —  De  la  collaboralion  des  actions  statique  et 
dynamique  de  \a  force  musculaire  résultent  la  quantité  de  mouvement,  m,  v, 
dont  le  mobile,  mû  avec  une  vitesse  uni/orme,  est  en  possession  pendant 
son  soulèvement,  et  le  travail  mécanique,  Ph,  effectué  par  le  mobile  à  la  fin 
de  son  parcours.  Dans  ces  deux  produits,  mv  et  PA,  le  premier  facteur,  m 
ou  P,  se  relie  à  l'action  statique,  le  second,  v  ou  h,  à  l'action  dynamique.  Il 
suffit  de  s'attacher  surtout  aux  deux  facteurs  de  PA. 

L'action  statique  et  l'énergie  initiale  qui  l'engendre.  —  Que  le  mobile  soit 
fixe  ou  entraîné  plus  ou  moins  rapidement,  la  dépense  inhérente  à  son 
équilibration,  c'est-à-dire  la  dépense  statique,  est  toujours  la  même,  tou- 
jours proportionnelle  au  poids  neutralisé  :  c'est  là  un  fait  absolument 
acquis. 

L'action  statique  et  l'énergie  finale  qui  y  succède.  —  Quand  le  corps  équi- 
libré est  immobile,  toute  l'énergie  initiale  consacrée  à  la  création  de  la 
force  équilibrante  se  transforme  en  chaleur.  Ce  fait,  qui  n'est  plus  à  démon- 
trer, est  le  point  d'où  il  faut  partir  pour  arriver  à  se  rendre  compte  de 
l'origine  énergétique  du  travail  mécanique  final. 

Si  le  mobile  reçoit  de  la  vitesse,  par  accroissement  de  la  force  équili- 
brante, le  travail  mécanique  alors  produit  détourne  à  son  profit  une  partie 
plus  ou  moins  importante  de  l'énergie  statique,  qui  était  entièrement  trans- 
formée en  chaleur  dans  le  cas  de  soutien  simple  du  mobile. 

Les  actions  dynamiques  et  l'énergie  d'oit  elles  procèdent.  —  On  sait  que 
ces  actions  dynamiques  sont  multiples.  Mais  il  n'y  a  à  tenir  compte  que  de 
la  vitesse  imprimée  au  mobile.  Les  autres  actions,  en  effet,  mise  en  train  de 
la  contraction,  neutralisation  de  la  résistance  que  le  muscle  oppose  à  son 
raccourcissement,  annihilation  des  résistances  de  frottement,  aboutissent 
nécessairement  à  du  travail  perdu.  Seule,  V énergie  (\u\  crée  la  vitesse  peut 
participer  à  la  formation  du  travail  mécanique  final.  Elle  joue  dans  cette 
formation  le  rôle  essentiel.  Avant  que  cette  énergie  spéciale  intervienne, 
celle  qui  s'est  accumulée  dans  l'action  staticiue  est  stérile  au  point  de  vue 
mécanique.  C'est  l'énergie  dynamique  qui  la  rend  féconde  en  créant  le  fac- 
teur V  du  produit  mv  et  le  facteur  h  du  produit  PA. 

A  partir  du  moment  où  la  tntesse  entre  en  scène,  l'énergie  statique  primi- 
tive, destinée  à  la  dissipation  thermique,  devient  disponible  pour  du  travail 
utile. 

Energie  disponible  liée  à  l'action  statique.  —  Cette  énergie  disponible  doit 
être  mise  en  vedette.  Elle  peut,  suivant  la  vitesse  imprimée  au  soulèvement 
du  mobile,  concourir  plus  ou  moins  activement  à  la  formation  de  la  quan- 

C.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N"  26.)  ï  9^ 


1476  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

tité  de  mouvement,  mv,  et  devenir  du  travail  mécanique,  P/i,  de  plus  ou 
moins  grande  importance. 

Avec  la  vitesse  zéro,  toute  celte  énergie  disponible  se  transforme  en 
chaleur. 

Avec  unepetile  vitesse,  elleaboutit  à  de  la  chaleuret  à  unemininie  quantité 
de  travail  mécanique. 

Avec  une  moyenne  vitesse,  Vénergie  statique  qui  se  change  en  travail 
mécanique  prend  une  valeur  plus  considérable. 

Enfin,  avec  une  grande  vitesse,  toute  l'énergie  d'origine  statique  peut  se 
trouver  présente  dans  le  travail  mécanique  final. 

La  courte  analyse  qui  précède  permet  d'apprécier  l'importance  de  cette 
énergie  disponible  et  la  grande  place  occupée  par  le  travail  ou  effort  statique 
qui  en  est  l'origine  dans  la  mécanique  générale  du  muscle. 

Vérification  expérimentale.  —  Toutes  les  propositions  qui  figurent  dans 
cette  analyse  se  déduisent  logiquement  des  faits  fondamentauxexposés  dans 
les  études  sur  Y  énergie  liée  aux  actions  statiques  et  dynamiques  de  la  force 
musculaire.  Ces  faits,  plus  particulièrement  ceux  qui  concernent  la  dépense 
d'énergie  qu'entraîne  la  création  de  la  vitesse  communiquée  aux  mobiles 
par  la  contraction  dynamique,  fournissent  en  outre  une  démonstration 
directe  de  ces  propositions  par  les  renseignements  qu'ils  donnent  sur  les 
caractères  du  rendement  mécanique  du  moteur-muscle. 

Du  rendement  mécanique  du  moteur-muscle  d'après  les  expériences  qui  ont 
établi  les  relations  des  actions  dynamiques  de  la  force  musculaire  avec  la 
dépense  énergétique  quelles  entraînent.  —  Ces  relations,  remarquablement 
simples,  ont  été  mises  en  évidence  dans  deux  séries  d'expériences  (voir 
t.  CXLII,  p.  1 128  et  suivantes).  Il  en  faut  tirer  maintenant  les  relations 
qui  existent  entre  Vénergie  initiale  et  le  travail  mécanique  contenu  dans 
l'énergie  finale. 

Examinons  successivement  les  deux  séries  dont  il  s'agit  : 

Première  série.  —  Les  expériences  qu'elle  comprend  ont  été  faites  sur  un  sujet 
dont  les  muscles  moteurs  de  l'avant-bras,  fléchisseurs  et  extenseurs,  étaient  appliqués, 
en  alternance,  par  l'intermédiaire  d'un  commutateur  spécial,  au  soulèvement  continu, 
plus  ou  moins  rapide,  de  la  même  charge.  Le  travail  était  de  très  petite  valeur  et 
efl'eclué  dans  des  conditions  très  onéreuses.  Mais  on  n'a  pas,  en  ce  moment,  à  se  préoc- 
cuper de  ce  point.  Ce  qui  est  visé,  en  effet,  dans  ces  expériences,  c'est  l'influence  de 
la  vitesse  du  déplacement  du  mobile  sur  le  rendement  du  moteur-muscle  en  travail 
mécanique.  11  n'y  a  alors  que  des  comparaisons  à  faire  entre  les  diverses  valeurs, 
quelles  qu'elles  soient,  du  rapport  de  ce  travail  final  à  la  dépense  initiale  dudit 
moteur  soumis  à  des  vitesses  différentes. 


SÉANCE  DU  25  JUIN  1906.  l477 

Le  Tableau  ci-dessous  donne  les  résultats  obtenus,  calculés  pour  une  minute  d'acti- 
vité musculaire,  avec  traduction  en  kilogrammètres  de  l'énergie  dépensée. 


Travail  eilérieiir. 


Dépense  énergétique  en 


P. 


Trav. 


1 ,5  X  /4,/42  =  6,63 
i,5x  8,84=i3,26 
1,0  X  18,26=  19,89 
1,5  X  17,68  =  26,52 


0-  absorbé, 
cm' 

i5o 
198 
244 


kilogrammètres. 

i8/i 
287 

467 


Rendement 
6,63 


i84 
8,84 
287 

'9.89 

379 
26,52 


=:  o,o36o 
=::=  0,0462 
=rO,o524 

=:  o , o568 


On  voit  dans  ce  Tableau  que  le  rapport  du  ircn-ail  extérieur  à  la  dépense  énergé- 
tique, c'est-à-dire  le  rendement,  croît  avec  le  tra^'ail  ou  la  longueur  du  parcours  du 
mobile  dans  l'unité  de  temps,  mais  de  moins  en  moins  vite.  Aussi  prévoit-on  que,  si 
l'on  avait  pu  poursuivre  les  comparaisons  au  delà  de  la  quatrième  vitesse,  on  serait 
arrivé  presque  immédiatement  à  la  constance  du  rendement.  En  d'autres  termes,  on 
aurait  atteint  le  moment  où  la  réserve  d'énergie  disponible  liée  à  Vaclion  statique  de 
la  force  musculaire  n'a  plus  rien  à  donner  pour  améliorer  le  rendement  en  concou- 
rant à  la  constitution  du  travail  mécanique  final. 


Fis.  I. 


Fis.  2. 


G 


i-  ffi 


3 

Kgm  6.63 


::::::::-f::  +  ::±:::::::::::i:::^;:::::;:  1::;;:::::-:.: 

i  <! -^- "X 

:;.:;:::4:|:::;::::::::, ■!::::::::::::::::::::::::::::::::: 

|;:  ;:;;;||:!|;;|:;::;:::;;;;;;;  ;  ;:;:;;| 

::;::::  +  :::::;i!!::g::::±::::::::::..: i 

i X X îÎ'^'i'Ît 

— Lpi —  -t-L -i" 1- -^4" 

19,89 


26,52 


27700 


La  figure  i  donne  une  [représentation  graphique  très  instructive  de  l'influence 
qu'exerce  la  vitesse  du  déplacement  du  mobile  sur  l'utilisation,  par  le  travail  méca/- 
nique  final,  de  V énergie  dépensée  dans  ï action  statique. 


l47^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Dans  ce  graphique,  la  valeur  du  travail  extérieur,  en  croissance  régulière  avec  la 
vitesse  imprimée  au  mobile,  figure  en  abscisse  et  le  rendement  mécanique  en  ordon- 
nées. On  y  voit  que  la  courbe  du  rendement  présente  tous  les  caractères  que  fait 
prévoir  le  mode  attribué  à  la  constitution  du  travail  mécanique  final. 

Deuxième  série.  —  Il  s'agit  maintenant  du  sujet  qui  élevait  son  propre  poids  sur  la 
roue  de  Ilirn,  avec  une  vitesse  qui  variait  comme  les  nombres  3o2 ,  43i,  554.  Le  ren- 
dement, dans  ces  trois  cas,  a  été  établi  d'après  la  dépense  totale,  ce  qui  en  fait  tomber 
sensiblement  la  valeur.  Mais  la  défalcation  de  la  dépense  au  repos  n'aurait  guère 
modifié  la  forme  de  la  courbe  de  rendement,  vu  le  petit  poids  du  sujet  qui  servait  aux 
expériences. 

Les  documents  d'après  lesquels  cette  courbe  est  établie  {fig.  2),  pour  une  heure  de 
travail,  sont  contenus  dans  le  Tableau  ci-après  : 


Rendement. 

l5loo 

-ô^ r=  0,170 

8607 1  ' 

2i55o 

=  O , 206 


Travail  extérieur. 

P. 

h. 

Trav. 

5ox 

m 
3o2=: 

iSioo 

kK 

5ox 

43.= 

2l55o 

5ox 

554  = 

27700 

Dépense 

:  énergétique 

en 

0'  absorbé. 

kilogramniètres. 

44!9 

86071 

53,4 

104292 

60,3 

118691 

104292 

27700 

II869I 


:0,235 


La  représentation  graphique  de  ces  résultats  {fig.  2)  a  été  établie  d'après  les  mêmes 
principes  que  celle  de  la  figure  i.  Gomme  la  courbe  i,  la  courbe  2  montre  la  croissance 
du  rendement  suivant  la  croissance  du  parcours  du  mobile  et  celle  du  travail 
extérieur. 

Mais  cette  courbe  2  laisse  voir  à  peine  quelque  indice  de  l'aflaiblissement  progressif 
qu'aurait  éprouvé  le  rendement,  si  la  vitesse  de  la  montée  sur  la  roue  avait  continué 
à  s'accroître.  Ceci  tient  à  ce  que  les  différences  de  vitesse  ont  ici  beaucoup  moins  de 
valeur  ([ue  dans  les  expériences  de  la  première  série.  D'autre  part,  le  sujet  emmagasi- 
nait dans  son  travail  statique  une  quantité  considérable  d'énergie  disponible.,  capable 
d'alimenter,  avant  de  s'épuiser  complètement,  une  grosse  valeur  de  travail  extérieur, 
dans  le  cas  où  de  nouveaux  accroissements  auraient  pu  être  imprimés  à  la  vitesse  de 
la  montée  du  sujet. 

Conclusions.  —  Ainsi  les  deux  séries  d'expériences  se  complètent  dans 
leur  signification  pour  expliquer,  sans  sortir  du  pur  terrain  i>h\'siologique, 
les  relations  qui  existent  entre  l'énergie  liée  aux  actions  statiques  et  dyna- 
miques du  travail  intérieur  du  muscle  et  l'énergie  qui  passe  dans  le  travail 
extérieur. 

Les  faits,  d'accord  avec  le  raisonnement,  démontrent  que  l'énergie 
contenue  dans  le  travail  mécanique,  Ph  ou  '-mv'-  en  puissance,  efïectué  par 
le  moteur-muscle  qui    soulève  un   mobile  avec   une  vitesse  imiforme,  est 


SÉANCE    DU    25    JUIN    1906.  l/j-jp 

empruntée  tout  entière  à  Vénergie  initiale  nécessaire  ;i  In  création  des 
actions  statiques  et  dynamiques  du  travail  intérieur  ou  physiologique. 

C'est  Vénergie  liée  à  l'effort  dynamique,  créateur  de  la  vitesse  du  soulève- 
ment du  mobile,  qui,  dans  le  produit  PA,  donne  sa  valeur  au  facteur  h,  en 
s'y  consacrant  intégralement. 

C'est  avec  Vénergie  liée  à  l'effort  statique,  chargé  d'annihiler  le  poids  du 
mobile  et  d'en  libérer  la  masse,  que  le  travail  mécanique  final  complète  sa 
valeur.  Mais  celte  énergie  équilibrante  ne  passe  dans  le  travail  mécanique 
qu'en  proportion  de  la  valeur  du  facteur  h.  Elle  constitue  une  réserve  (Vé- 
nergie disponible  qui,  suivant  la  vitesse  imprimée  au  mobile,  peutse  changer 
totalement  en  chaleur  ou  en  travail  mécanique,  ou  aboutir  à  des  combinai- 
sons mixtes,  dans  lesquelles  c'est  tantôt  la  chaleur,  tantôt  le  travail  méca- 
nique qui  prédomine. 

L'énergie  attachée  à  la  production  de  Vaction  ou  du  travail  statique  joue 
donc  un  rôle  considérable  dans  la  théorie  du  rendement  final  da  moteur 
muscle. 

Ce  rendement  final  croit  avec  la  l'itesse  que  la  contraction  dynamique  com- 
munique au  mobile,  jusqu'à  l'acquisition  d'un  certain  optimum. 

L'optimum  correspond  à  l'épuisement  de  la  provision  d'énergie  dispo- 
nible accumulée  dans  le  travail  on  Vaction  statique  de  \a  force  élastique  du 
muscle. 

Cet  optimum  est  atteint  plus  tardivement  avec  les  mobiles  lourds,  qui 
emmagasinent  plus  d'énergie  disponible  qu'avec  les  mobiles  légers. 

Quand  la  réserve  d'énergie  disponible  est  épuisée,  le  rendement  cesse  de 
s'améliorer  parce  que  le  muscle  est  obligé  de  fournir  directement  toute 
l'énergie  nécessaire  à  la  production  même  du  travail  mécanique. 


MICROBIOLOGIE.    —   Sur  le  traitement  de  la  tuberculose  pulmonaire  par  la 
sérothérapie.  Note  de  MM.  La.vneloxgue,  Achaud  et  Gaillard. 

Les  questions  du  vaccin  et  de  la  guérison  de  la  tuberculose  par  des  anti- 
toxines spécifiques  sont  posées  et  poussées  depuis  quelque  temps  avec  la 
plus  grande  activité.  On  cherche  partout,  on  donne  des  prémisses,  ou 
annonce  des  espérances,  voulant,  semble-t-il,  rassurer  l'humanité  inquiète 
et  brûlant  du  désir  d'apprendre  qu'on  la  préservera  ou  qu'on  la  guérira  dès 
qu'elle  se  sentira  frappée.  Il  y  a  encore  peu  d'années  la  confiance  des 
médecins  et  des  savants  était  plus  que  médiocre,  pour  ne  pas  dire  nulle, 


l/l8o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dans  un  vaccin  aussi  bien  que  dans  un  remède  spécifique.  Et,  comme  le 
péril  universellement  dénoncé  avec  éclat  paraissait  menacer  l'espèce,  on  se 
précipita  avec  force  vers  toutes  les  cures  offertes  par  les  climats,  les  alti- 
tudes, les  variétés  d'atmosphère,  l'isolement,  le  repos  absolu,  une  alimen- 
tation surabondante,  etc.  Un  peu  plus  tard,  car  on  marche  vite  à  notre 
époque,  on  comprit  que,  si  guérir  était  difficile,  on  pouvait  peut-être  pré- 
venir et  empêcher;  on  se  jeta  à  corps  perdu,  après  les  sanatorium,  dans  la 
création  des  dispensaires,  effort  sérieux  contre  la  misère,  qui,  à  n'en  pas 
douter,  rend  l'homme  plus  résistant  contre  tous  les  fléaux  morbides,  y  com- 
pris celui  de  la  tuberculose.  Et  en  même  temps  partout  on  dénonçait  la 
contagion  en  recommandant  les  mesures  les  plus  propres  à  l'empêcher. 

Depuis  sept  à  huit  ans  nous  n'avons  pas  dévié  de  la  voie  qui  consiste  à 
extraire  du  bacille  une  antitoxine  efficace.  Celle  que  nous  avons  obtenue  a 
été  essayée  dans  la  tuberculose  pulmonaire  du  cobaye,  animal  doué  comme 
on  le  sait  d'une  très  grande  réceptivité  pour  le  bacille  humain  et  réagissant 
à  peu  près  comme  l'homme  à  l'infection  tuberculeuse.  Tout  porte  à  croire 
que,  si  l'on  guérit  un  cobaye  atteint  de  tuberculose  pulmonaire  créée  expé- 
rimentalement, on  guérira  l'homme  dans  les  mêmes  conditions,  tout  comme 
on  le  mettra  à  l'abri  du  mal  le  jour  où  Ton  aura  découvert  le  vaccin  du 
cobaye. 

Après  de  nombreux  essais  antérieurs,  deux  expériences  portant  sur  un 
grand  nombre  d'animaux  ont  été  faites.  La  première  consistait  à  comparer 
4  lots  de  3o  cobayes  chacun,  inoculés  en  même  temps  dans  le  poumon 
avec  la  même  dose  de  culture  tuberculeuse  virulente  :  le  premier  lot  ser- 
vait de  témoin;  le  deuxième  avait  été  traité,  après  l'inoculation,  par  l'in- 
jection de  sérum  d'àne  normal;  le  troisième  avait  été  traité  par  le  sérum 
d'âne  présumé  antituberculeux,  et  le  quatrième  avait  reçu  de  ce  même 
sérum  mais  seulement  d'une  façon  préventive,  avant  l'inoculation  virulente. 
Or,  un  peu  plus  d'un  an  après  cette  inoculation  (3^1  jours),  lorsqu'on 
mit  fin  à  l'expérience  en  tuant  les  animaux  qui  survivaient,  la  mortalité 
avait  atteint  90  pour  100  pour  le  lot  témoin,  Sj  pour  le  lot  injecté  avec  le 
sérum  normal,  4o  seulement  pour  le  lot  traité  par  le  sérum  antitubercu- 
leux après  l'inoculation,  et  64  pour  le  lot  traité  seulement  d'une  façon 
préventive. 

Dans  la  deuxième  expérience,  nous  avons  comparé  tout  d'abord  deux 
lots  (le  5o  cobayes  chacun,  inoculés  ensemble  et  avec  la  même  dose  de 
virus  tuberculeux,  l'un  servant  de  témoin,  l'autre  traité  curativement  par 
le  sérum  de  cheval  présumé  antituberculeux.   Lorsque   nous  avons  coni- 


SÉANCE    DU    2,5    JUIN    1906.  l48l 

muniqué  nos  résultats  au  Congrès  de  la  tuberculose,  16  mois  ^  après  l'ino- 
culation, la  mortalité  montait  à  78  pour  100  dans  le  lot  témoin,  et  4^ 
seidement  dans  le  lot  traité.  Nous  avons  mis  fin  à  l'expérience  le  24  jan- 
vier 1906,  soit  20  mois  4  après  la  tuherculisation,  et  la  mortalité  «'élevait 
alors  à  96  pour  100  dans  le  lot  témoin,  contre  76  dans  le  lot  traité. 

En  outre,  nous  avions  tuberculisé  deux  autres  lots  qui  non  seulement 
subirent  ensuite  le  traitement  curalif,  mais  qui  avaient,  en  outre,  subi 
auparavant  un  traitement  préventif,  consistant  en  injections  de  sérum 
antituberculeux,  puis  de  toxine,  puis,  pour  l'un  des  lots,  le  quatrième,  de 
bacilles  morts.  Au  moment  du  Congrès  de  la  tuberculose,  la  mortalité 
atteignait  55  pour  100  pour  le  troisième  lot  et  48  pour  le  quatrième.  A  la 
fin  de  l'expérience,  elle  était  de  72  pour  le  troisième  et  78  pour  le  quatrième. 

On  voit,  en  somme,  que  dans  les  deux  expériences  les  lots  traités  par  le 
sérum  antituberculeux  ont  mieux  résisté  que  les  témoins  ;  de  plus,  l'inspec- 
tion des  courbes  de  mortalité  montre  que,  dans  la  deuxième  expérience, 
le  traitement  préventif  à  l'aide  de  la  toxine  et  des  bacilles  morts  a  été 
plutôt  nuisible,  car  il  a  provoqué  une  augmentation  de  la  mortalité  au  dé- 
but. Si,  par  la  suite,  les  courbes  de  mortalité  de  ces  lots  se  sont  rapprochées 
de  celle  du  lot  traité  seulement  par  le  séi'um  curatif,  c'est  que,  sans  doute, 
l'action  du  sérum  auquel  ils  restaient  soumis  se  faisait  de  plus  en  plus 
sentir. 

Nous  nous  sommes  demandé  si  l'autopsie  des  animaux  pourrait  nous 
donner  des  renseignements  précis  sur  leur  résistance  dans  les  différents 
lots.  En  réunissant  dans  chaque  expérience  les  animaux  qui  avaient  suc- 
combé spontanément  et  ceux  qui  ont  été  sacrifiés  à  la  fin,  nous  avons  obtenu 
les  résultats  suivants  : 

Lésions 

localisées  Pas  de  lésions 

généralisées.         au  thorax.  apparentes. 

/Loti     (témoin) 25(76»/„)         6(20»/„)  i  {   3%) 

\     »  II   (sérum  normal) 20  (66  »  )  o  (3o  »  )  i  (   3  »  ) 

cpérience.  '  \  /  ^  \          /  \          / 

'                '   ]      "  m  (sérum  curatif) ao  (60  »  )  4  (36  »  )  6  (20  »  ) 

»  IV  (sérum  préventif).  .  .  17  (56  »  )  5  (16  »  )  7  (33  »  ) 

Loti     (témoin) ■...  34(68»/,,)  8(i6»/„)  8(i6°/„) 

»  Il    (sérum  curatif) 2/1  (48  »  )  21   (42  »  )  6  (10  »  ) 

»  m  ((traitement  préventif  (21  (4a  »  )  17  (34  »  )  11  (22  »  ) 

»  IV'iet  sérum  curatif)...  |22(5i  »  )  12  (27  »  )  9  (20  n  ) 


1"=  expérience. 


expérience. 


On  voit  que,  dans  les  deux  expériences,  les  lésions  généralisées  l'em- 
portaient chez  les  témoins,  alors  que,  chez  les  animaux  traités,  les  lésions 


1482  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

restaient  beaucoup  plus  souvent  circonscrites  au  thorax.  Mais  on  ne  peut 
dire  que  l'absence  de  lésions  apparentes  dominait  toujours  chez  les  ani- 
maux traités,  puisque,  dans  la  deuxième  expérience,  les  témoins  de  cette 
catégorie  figurent  pour  une  proportion  un  peu  supérieure  à  ceux  qui 
avaient  reçu  le  simple  traitement  curatif,  et  un  peu  inférieure  à  ceux  qui 
avaient  été  traités,  à  la  fois,  d'une  façon  préventive  et  curative. 

Remarquons,  du  reste,  que  cette  classification  en  3  catégories  n'est 
qu'une  mesure  incertaine  du  degré  de  l'infection.  Il  est  arrivé,  en  effet, 
que  des  lésions  graves  étaient  restées  exclusivement  circonscrites  à  la 
cavité  thoracique  dans  laquelle  avait  été  faite  l'inoculation,  tandis  que,  chez 
d'autres  animaux,  des  lésions  très  légères  étaient  disséminées  aussi  bien 
dans  le  thorax  que  dans  les  viscères  abdominaux. 

De  plus,  nous  n'avons  relevé  que  des  altérations  macroscopiques.  Or 
l'examen  histologique  montre  que,  dans  la  rate  par  exemple,  alors  qu'au- 
cun tubercule  n'est  visible  à  l'œil  nu,  des  altérations  microscopiques 
peuvent  exister.  Enfin,  il  faudrait  aussi  tenir  compte  des  lésions  susceptibles 
de  régression.  C'est  ainsi  que  l'examen  histologique  des  organes,  chez  les 
animaux  sacrifiés  à  la  fin  de  l'expérience,  a  pu  montrer,  dans  le  poumon 
où  l'inoculation  avait  été  faite,  des  altérations  de  sclérose  jeune,  riche  en 
cellules  et  des  nodules  lymphoïdes  périvasculaires  et  péribronchiques, 
sans  cellules  géantes,  ni  caséification,  ni  bacilles  colorables,  c'est-à-dire 
la  cicatrisation  et  la  guérison  du  foyer  d'inoculation. 

C'est  donc,  en  somme,  la  mortalité  qui  permet  le  mieux  d'apprécier  la 
marche  de  la  tuberculose,  dans  nos  expériences,  et  c'est  surtout  l'examen 
des  courbes  de  mortalité  qui  en  donne  une  idée  exacte,  plutôt  que  les 
chiffres  (le  la  mortalité  finale.  Car,  si  l'expérience  dure  très  longtemps,  pour 
des  animaux  dont  la  vie  dans  les  laboratoires  n'a  pas  une  très  longue  durée, 
il  arrive  qu'un  certain  nombre  d'entre  eux,  dans  chaque  lot,  parviennent 
au  terme  habituel  de  leur  existence  et  que  le  résultat  final  tende  à  s'éga- 
liser dans  les  différents  lots.  C'est,  du  reste,  pour  cette  raison  que  nous 
avons  cru  devoir  mettre  fin  à  nos  expériences  en  sacrifiant  les  animaux 
survivants. 


PATHOLOGIE.  —  Identification  des  Trypanosomes pathogènes.  Essais  de  séro- 
diagnostic. Note  de  MM.  A.  Laveran  et  F.  Mesml. 

Le  problème  de  l'identification  de  certains  trypanosomes  pathogènes  est 
très  difficile  en  raison  des  grandes  ressemblances  morphologiques  qu'ils 


SÉANCE    DU    25    JUIN    1906.  l483 

présentent  et  de  leur  mode  d'action  |jresque  identique  sur  beaucoup 
d'espèces  animales.  Il  faut  tenir  compte  d'ailleurs  des  modifications  morpho- 
logiques et  des  variations  de  virulence  que  peut  subir  un  même  trypano- 
some.  Nous  avons  montré  qu'un  bon  moyen  de  constater  si  ileux  trypano- 
somes  donnés,  A  et  B,  appartenaient  ou  non  à  la  même  espèce,  consistait  à 
inoculer  le  virus  B  à  un  animal  ayant  acquis  l'immunité  pour  le  virus  A,  à 
rechercher  si  cet  animal  s'infectait  ou  non  et  réciproquement.  Il  est  admis 
en  pathologie  que  des  virus  qui  se  vaccinent  sont  identiques.  Cette  méthode 
n'a  qu'un  inconvénient,  c'est  qu'elle  est  longue  et  qu'il  est  difficile  d'avoir 
toujours  à  sa  disposition  des  animaux  immunisés.  Une  méthode  plus 
simple,  plus  rapide  d'identification  serait  donc  fort  utile. 

Nous  avons  établi  en  1902 (')  que  le  sérum  d'Ovidés  guéris  de  Nagana, 
actif  vis-à-vis  du  Trypan.  Briicei,  n'avait  aucune  action  vis-à-vis  du  Trypan. 
eqiiiniim.  Rleine  et  Mollers(-)  ont  vu  récemment  qu'un  sérum  d'âne  rela- 
tivement très  actif  vis-à-vis  du  virus  de  Martini  du  Togo,  n'influençait  pas 
le  Trypan.  Gambiense. 

Ces  faits  nous  ont  amenés  à  nous  demander  quelle  était  la  valeur  de 
cette  séro-réaclion  au  point  de  vue  de  la  différenciation  des  tiypanosomes. 
Nous  nous  sommes  servis  du  sérum  de  trois  chèvres  guéries  :  l'une  de 
Nagana  du  Zoulouland  (chèvre  N);  la  deuxième  (chèvre  NS)  du  même 
Nagana,  puis  de  Surra  (virus  indien);  la  troisième  (chèvre  S)  du  Surra 
de  Maurice,  puis  de  la  Irvpanosomiase  des  chevaux  de  Nha-Trang. 

Voici  les  résultats  obtenus  : 

1.  Chèvre  N.  —  Inoculée  de  Nagana  le  8  juillet  1900,  elle  a  été  com- 
plètement débarrassée  de  ses  trypanosomes  vers  le  i*''  novembre  1905. 
Eprouvée  le  1 1  janvier  1906,  elle  avait  l'immunité. 

Essais  a\'ec  le  virus  du  Nagana.  —  Saignée  du  27  novembre  igoô.  Le  sérum  pro- 
tège les  souris  en  mélange  avec  le  virus  (*)  à  la  dose  de  o""\5  (non  essayé  à  dose  plus 
faible). 

Saignée  du  8  décembre  igoS.  Le  sérum  protège  à  la  dose  de  o*"',  20  (non  essayé  à 
dose  plus  faible). 

Saignée  du  11  janvier  1906.  Le  sérum  protège  à  la  dose  de  o'^"'',i  (non  essayé  à  dose 
plus  faible  ). 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXV,  1902,  p.  838. 
(^)  Zeilschr.  f.  Hygiène,  t.  LU,  1906,  p.  229. 

(^)  Dans  toutes  nos  expériences,  le  mélange  est  fait  dans  un  verre    i   ou  2   miaules 
au  plus  avant  l'iujeclion  sous  la  peau  de  la  souris. 

C.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  GXLII,  N»  28.)  '9  ' 


l484  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Saignée  du  17  février  1906.  Le  sérum  protège  à  la  dose  de  o™\  i  (non  essayé  à  dose 
plus  faible). 

Le  même  sérum  desséché,  employé  le  9  avril  et  le  2  mai,  après  redissolution  dans 
un  volume  convenable  d'eau  distillée,  est  encore  actif  à  o™',25.  Essayé  le  9  avril  à  la 
dose  de  o""',!,  il  donne  5  jours  de  retard. 

Saignée  du  6  avril  1906.  Le  sérum  protège  à  la  dose  de  o'^'"',23;à  o*^"',!,  il  donne 
3  jours  et  demi  de  retard. 

Saignée  du  2  mai  1906.  Le  sérum  est  desséché.  Employé  le  12  mai,  il  est  actif  à  la 
dose  de  o'-™',  ■?.. 

A  la  date  du  2  mai,  la  chèvre  est  inoculée  avec  le  virus  du  Nagana  du  Togo  (Schil- 
ling), auquel  elle  succombe  i  mois  plus  lard  (  v.  infra). 

En  résumé,  on  voit  que,  pendant  plus  de  4  mois,  le  sérum  de  la  chèvre 
s'est  montré  doué  de  propriétés  préventives  manifestes  quand  on  le  mélan- 
geait au  virus  naganique.  Inoculé  indépendamment  du  virus,  ils'esl  montré 
notablement  moins  actif. 

C'est  ainsi  que  le  sérum  de  la  saignée  du  1 1  janvier,  inoculé  24  heures  avant  lesTrypan, 
n'a  sauvé  qu'une  souris  sur  deux  à  la  dose  de  i'^™',  et  également  i  souris  sur  2  à  la 
dose  de  o'^™',,');  —  inoculé  à  la  dose  de  o'^°'\5  en  même  temps  que  le  virus,  son  action 
a  été  à  peu  près  nulle  ;  — inoculé  à  la  dose  de  i"^"',  24  heures  après  le  virus,  il  a  produit  un 
retard  s'élevant  à  6  jours. 

Essais  avec  le  virus  du  Caderas.  —  Même  à  la  dose  de  i"^""'  en  mélange  avec  le 
Trypan.  equinuin,  les  sérums  des  saignées  des  11  janvier,  17  février  et  6  avril  n'ont 
Montré  aucune  action  protectrice. 

Essais  avec  le  virus  indien  du  Surra.  —  Saignée  du  11  janvier  1906.  Le  sérum 
protège  en  mélange  à  la  dose  de  o'^"',  i  contre  un  virus  de  passage  par  souris  (exp.  du 
i3  janvier).  —  Ce  même  sérum,  essayé  de  nouveau  le  23  janvier  (il  était  encore  très 
actif  sur  le  Trypan.  Brucei),  n'a  aucune  action,  même  à  la  dose  de  o'^'"°,5,  sur  un 
virus  provenant  d'une  souris  inoculée  elle-même  sur  une  chèvre  infectée. 

Saignée  du  17  février.  Le  sérum,  même  à  la  dose  de  i"^"'  et  o'^°'',75,  ne  procure  qu'un 
retard  insignifiant  aux  souris. 

Saignée  du  6  avril.  La  souris  qui  reçoit  o""',75  de  sérum  présente  un  retard  de 
5  jours;  celle  qui  reçoit  o'^°'',5  un  retard  de  3  jours. 

Saignée  du  2  mai.  A  o'^™',75  le  sérum  ne  protège  pas. 

En  résumé,  sauf  avec  le  sérum  de  la  saignée  du  11  janvier,  et  encore 
dans  une  seule  expérience  sur  deux,  l'action  a  été  faible  ou  nulle. 

Essais  avec  le  virus  de  Nha-Trang.  —  Les  sérums  des  saignées  du  1 1  janvier  et  du 
2  mai,  même  à  la  dose  de  i'^"'",  n'ont  aucune  action  sur  le  Trypan.  de  Nha-Trang. 

Essais  avec  les  virus  du  Togo.  —  Nous  avons  expérimenté  avec  les  virus  de  Schil- 
ling et  de  Martini,  que  nous  devons  à  l'amabilité  de  ces  savants.  Même  à  la  dose  de 
o""',75,  les  sérums  des  saignées  du  17  février  (employé  desséché  le  2  mai)  et  du  2  mai 
(employé  desséché  le  12  mai)  n'ont  montré  aucune  action  appréciable,  le  premier  sur 


SÉANCE    DU    25    JUIN    1906.  l485 

le  virus  de  Schilling,  le  second  sur  le  virus  de  Martini  (v.  supra  l'action  de  ces  mêmes 
sérums  sur  le  Nagana  du  Zoulouland). 

2.  Chèvre  NS.  —  Inoculée  de  Nagana  le  24  décembre  1904,  guérie  vers 
avril  igoS  ;  son  immunité  pour  le  Nagana  est  éprouvée  en  juillet  igoa. 
Inoculée  de  Surra  de  l'Inde  le  6  octobre  igoS;  guérie  vers  février-mars 
1906  ;  a  l'immunité. 

Essais  avec  le  viras  indien  du  Surra.  —  Saignée  du  6  avril  1906.  Le  sérum  protège 
en  mélange  à  la  dose  de  o'^'"',25  (non  essayé  à  dose  moindre). 

Saignée  du  2  mai  1906.  Le  sérum  protège  à  la  dose  de  o™',  25;  à  celle  de  o'"',  i,  il 
donne  un  relard  de  3  jours. 

Essais  avec  le  virus  du  Nagana  {Zoulouland).  —  Saignée  du  6  avril  1906.  A  des 
doses  allant  de  o"^™',  25  à  o™',75,  le  sérum  donne  des  retards  de  i  jour  et  demi  à  3  jours. 

Saignée  du  2  mai.  Le  sérum,  desséché,  emplo^'é  le  12  mai,  protège  à  la  dose  de  o'""',  75 
(non  essayé  à  dose  moindre). 

Essais  avec  des  virus  divers.  —  Le  sérum  du  2  mai,  qui  protégeait  à  la  dose  de  o'^"'',25 
contre  le  virus  indien,  s'est  inontré  dénué  de  toute  action,  même  à  la  dose  de  o""',  -5  contre 
le  virus  de  Nha-Trang. 

Ce  même  sérum  desséché,  employé  le  12  mai,  n'exerce  aucune  action  sur  le  virus  du 
Togo  de  Martini,  même  à  la  dose  de  o''"'',75  qui  agit  sur  le  Trypan.  Brucei  type. 

3.  Chèvre  S.  —  Inoculée  le  17  avril  igoS  avec  le  trypanosorae  du  Surra 
de  Maurice  la  chèvre  s'infecte  puis  guérit.  Le  2  août  im  chien  reçoit  dans 
le  péritoine  20*™'  du  sang  de  la  chèvre,  il  ne  s'infecte  pas.  La  chèvre  réino- 
culée avec  le  virus  du  Surra  de  Maurice  se  montre  réfractaire.  —  Le  6  no- 
vembre 1905  la  chèvre  est  inoculée  avec  le  virus  du  Surra  de  Nha-Trang, 
elle  a  une  infection  légère;  à  la  date  du  7  décembre  elle  est  guérie.  Le  26 
janvier  1906  une  nouvelle  inoculation  faite  avec  le  virus  du  Surra  de  Nha- 
Trang  a  un  résultat  négatif  (  '  ). 

.\u  mois  de  janvier  1906  la  chèvre  avait  donc  l'immunité  pour  le  Surra 
de  Maurice  et  le  Surra  de  Nha-Trang. 

Le  19  janvier  1906  le  sérum  frais  de  la  chèvre  est  essayé,  au  point  de  vue  de  son 
activité,  sur  les  virus  du  Surra  de  Maurice,  du  Surra  de  Nha-Trang  et  du  Nagana. 

Essais  avec  le  virus  du  .Surra  de  Maurice.  Le  sérum  protège  à  la  dose  de  o^'^^go 
et  de  o''"'',  5o  en  mélange;  à  la  dose  de  o"°',25  il  produit  un  retard  de  1 1  jours;  à  la 
dose  de  0'="'',  10  un  retard  de  4  jours. 

Injecté  24  heures  avant  le  virus,  même  à  la  dose  de  i''"",  le  sérum  ne  retarde  la  mort 
que  de  3  jours. 

Essais  avec  le  virus  du  Surra  de  Nha-Trang  faits  le  ig  janvier  avec  le  même 
sérum  que  celui  qui  a  été  utilisé  pour  les  essais  précédents  et  dans  des  conditioss 

(')  Ann.  Inst.  Pasteur,  t.  XX,  avril  1906,  p.  396. 


i486  académie  des  sciences. 

identiques.  Dans  aucun  cas  les  souris  n'ont  survécu,  mais  les  mélanges  de  virus  avec 
sérum  o'^'jSo,  o'^"'',25  et  o'^'"',  lo  ont  donné  respectivement  des  retards  de  8,  6  et 
3  jours.  Le  sérum  injecté  24  heures  avant  le  virus  aux  doses  de  i"^™'  et  de  o'''"',25  n'a 
retardé  la  mort  que  de  24  heures. 

Essais  avec  le  virus  du  Nagana  faits  le  19  janvier  dans  les  mêmes  conditions  que 
les  deux  essais  précédents.  Le  sérum  inoculé  en  mélange  s'est  montré  complétemenl 
inactif  même  aux  doses  de  o'^'igo  et  o''"°,5o. 

Essais  avec  les  virus  du  Surra  de  Maurice  et  de  la  Afbori.  —  Expérience  du 
8  mars  avec  le  sérum  frais  de  la  chèvre  S.  Le  sérum  employé  en  mélange  avec  le  virus 
ilu  Surra  de  Maurice  se  montre  actif  aux  doses  de  o'^"^',go  et  de  o'^"'',25;  les  souris 
inoculées  avec  ces  mélanges  survivent. 

A  la  dose  de  0'™°,  10,  le  sérum  relarde  la  mort  de  4  jours. 

Avec  le  virus  de  la  Mbori  les  résultats  sont  très  peu  satisfaisants. 

L'apparition  des  ti'jpanosomes  dans  le  sang  des  animaux  inoculés  avec  les  mélanges 
de  sérum  et  de  virus  retarde  de  i  à  2  jours  seulement  sur  l'apparition  des  trypano- 
somes  dans  le  sang  de  la  souris  témoin  et  la  mort  n'est  retardée  que  de  i  à  2  jours. 

Une  autre  expérience  faite  le  4  avril  1906,  avec  le  sérum  desséché  de  la  chèvre  S, 
donne  les  résultats  suivants  :  le  sérum  se  montre  actif;  en  mélange  avec  le  virus  du 
Surra  de  Maurice  aux  doses  de  o'^'"°,5o,  o™',25  et  même  o'"'',  10  les  souris  survivent. 
Avec  le  virus  de  la  Mbori  le  sérum  détermine  seulement  un  léger  relard  dans  l'appa- 
rition des  trypanosoraes,  la  mort  n'est  retardée  que  de  3  jours. 

Essais  avec  le  Surra  de  Maurice  et  le  virus  fort  du  Togo  de  Martini.  —  Expé- 
rience faite  le  10  mai  1906  avec  du  sérum  frais  de  la  chèvre  S.  Le  sérum  en  mélange 
avec  le  virus  du  Surra  de  Maurice  se  montre  actif  à  la  dose  de  o"^""',  5o;  en  mélange 
avec  le  virus  du  Togo,  il  est  tout  à  fait  inactif. 

Conclusions.  —  En  général,  le  sérum  d'un  animal  qui  a  acquis  l'immu- 
nité contre  un  trvpanosome  se  montre  actif  quand  on  l'emploie,  à  dose 
suffisante,  en  mélange  avec  le  sang  contenant  ce  Irvpanosome,  inactif  quand 
on  fait  le  même  essai  avec  d'autres  trypanosomes;  le  sérum  acquiert  donc 
souvent,  à  un  degré  asseï  élevé,  des  propriétés  spécifiques  qui  peuvent  être 
utilisées  pour  l'identification  des  trypanosomes;  mais,  dans  l'application  de 
(■(■tie  méthode,  on  se  heurte  à  plusieurs  difficultés.  L'activité  des  sérums 
fournis  par  les  animaux  immunisés  est  variable.  C'est  ainsi  que  la  chèvre  S 
vaccinée  contre  le  Surra  de  Maurice  et  le  Surra  de  Nha-Trang  a  fourni  un 
sérum  très  peu  actif  contre  le  dernier.  D'autre  part,  un  sérum  actif  contre 
un  Irypanosome  donné  peut  se  montrer  peu  actif  contre  un  trypanosome 
•.jui  constitue  une  simple  variété  du  premier;  c'est  [probablement  ainsi  qu'il 
faut  interpréter  les  résidlats  que  nous  avons  obtenus  dans  nos  essais  com- 
par.itifs  avec  les  trypanosomes  du  Surra  de  Maurice  et  de  la  Mbori,  d'autres 
expériences  ayant  démontré  que  la  Ubori  et  le  Surra  étaient  des  trypa- 
nosomiases  de  même  espèce. 


SÉANCE  DU  25  JUIN  1906.  1487 

Inversement,  l'exemple  du  sérum  de  la  chèvre  N  qui,  dans  une  expé- 
rience, s'est  montré  très  actif  vis-à-vis  du  Trypan.  du  Surra,  montre  qu'il 
faut  être  circonspect  avant  d'affirmer,  par  cette  méthode,  l'identité  de 
deux  trv|)anosomes;  il  faudra  toujours  ié|)éter  les  essais,  autant  que  pos- 
sible avec  des  races  différentes  du  même  virus. 

Tout  en  tenant  compte  des  réserves  exprimées  ci-dessus,  il  y  a  néan- 
moins lieu  de  penser  que  : 

1°  Le  Trypanosome  de  Nha-Trang  est  différent  de  celui  de  l'Inde.  Les 
expériences  que  nous  avons  publiées  antérieurement  (/.  c.  )  ne  sont  pas  en 
contradiction  avec  cette  conclusion; 

2°  Le  virus  du  Togo  de  Schilling  n'est  pas  le  Nagana;  celui  de  Martini 
n'est  ni  le  Nagana,  ni  le  Surra.  Poui-  le  premier  de  ces  virus  cette  opinion 
est  confirmée  par  l'expérience  suivante  : 

La  chèvre  N,  ayant  l'immunité  pour  le  Nagana,  est  inoculée  avec  le  Try- 
pan. de  Schilling  (sang  d'un  cobaye  envoyé  directement  par  ce  savant)  en 
même  temps  qu'un  bouc  qui  sert  de  témoin.  Les  deux  animaux  s'infectent 
et  succombent,  le  premier  en  34  jours,  le  second  en  35  jours.  Il  s'agit  donc 
d'une  race  deTrypanosomes  très  virulente  pour  les  caprins.  Avecla  même 
race,  Schilling  ('),  à  Berlin,  avait  déjà  tué  deux  chèvres  en  moins  de  deux 
mois. 


MICROBIOLOGIE.  —  Sur  l'indication  de  la  voie  digestive  pour  la  vaccination 
antituberculeuse  des  jeunes  ruminants.  Note  de  M.  S.  Abloixg. 

La  Communication  de  MM.  Calmetle  et  Guérin  et  celle  de  M.  E.  Roux, 
à  l'avant-dernière  séance  m'engagent  à  présenter  cette  Note,  en  attendant 
les  résultats  des  essais  d'immunisation  que  les  faits  qu'elle  renferme 
m'avaient  suggérés. 

Au  cours  (le  mes  nombreuses  expériences  sur  l'inoculabilité  de  la  tuber- 
culose par  toutes  les  voies,  j'avais  été  frappé  de  l'insuccès  apparent  de 
quelques  tentatives  d'infection  par  les  voies  digestives  sur  certains  jeunes 
sujets  de  l'espèce  caprine. 

Pour  appréiier  l'importance  de  cette  remarque,  j'ai  entrepris  systémati- 
quement des  infections  sur  des  chevreaux  à  la  mamelle. 

Quatorze  sujets  ont  été  consacrés  à  ces  expériences. 


(')  Arb.  a.  d.  'Kaiserl.  Gesundheitsamte,  t.  XXI,  1904. 


l/|88  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Treize  ont  reçu  des  bacilles  empruntés  à  des  cultures  pures:  6  fois,  il 
s'agissait  de  bacilles  humains  de  diverses  provenances;  4  fo's,  de  bacilles 
bovins;  i  fois,  du  bacille  du  cheval;  i  fois,  du  bacille  acidophile  de  Moeller 
retiré  du  bœuf;  i  fois,  de  bacilles  aviaires.  T^e  quatorzième  a  ingéré 
successivement  des  bacilles  humains  et  des  bacilles  bovins  avec  lesquels  on 
avait  inoculé  les  mamelles  de  sa  mère  nourrice. 

Sauf  les  cas  d'alimentation  naturelle  où  le  nombre  des  tétées  a  été  indé- 
terminé pendant  six  jours,  tous  les  chevreaux  ont  ingéré  les  bacilles  qui 
leur  étaient  destinés  avec  le  lait  stérilisé  dont  on  chargeait  leur  biberon. 

Le  nombre  des  ingestions  a  été  de  cinq,  échelonnées  sur  la  longueur 
d'un  mois. 

La  virulence  de  chaque  sorte  de  bacilles  était  essayée  lors  de  la  première 
ingestion  à  l'aide  d'inoculations  faites  à  des  lapins  et  à  des  cobayes;  parfois, 
à. des  sujets  de  l'espèce  caprine. 

Sepl  mois  et  demi  après  la  première  ingeslion,  on  a  déterminé  le  pouvoir  aggluti- 
nant du  sérum  sanguin  des  chevreaux,  pouvoir  qui  était  nul  au  début  de  l'expérience; 
puis,  tous  les  chevreaux  ont  été  soumis  à  l'épreuve  de  la  tuberculine  et,  enfin,  sacrifiés 
pour  permettre  la  recherche  la  plus  scrupuleuse  des  lésions  consécutives  à  l'introduc- 
tion des  bacilles  dans  leur  organisme. 

L'un  d'entre  eux  a  été  conservé  plus  longtemps  et  étudié  quinze  mois  après 
l'infection. 

Entre  la  première  injection  et  le  septième  mois,  le  pouvoir  agglutinant  du  sang 
s'est  développé  chez  tous  les  chevreaux,  depuis  |  jusqu'à  -Jj-;  chez  tous,  la  réaction  à 
la  tuberculine  s'est  montrée  depuis  o°,  7,  au  minimum,  jusqu'à  2",  2.  Cependant,  chez 
le  chevreau  conservé  pendant  i5  mois,  la  sensibilité  à  la  tuberculine  avait  disparu. 

Selon  l'habitude,  on  aurait  pu  s'attendre  à  trouver  des  lésions  tubercu- 
leuses à  l'autopsie.  Or  on  jugera  par  le  résumé  suivant  qu'il  a  été  bien 
loin  d'en  être  ainsi:  à  l'exception  du  chevreau  Vil  ayant  ingérédes  bacilles 
bovins  très  virulents,  lequel  eut  des  lésions  intestinales  très  étendues, 
ainsi  que  des  tubercules  dans  le  poumon  et  la  rate,  et  du  chevreau  V  ayant 
reçu  des  bacilles  humains  (celui-ci  porteur  d'une  seule  granulation  tuber- 
culeuse), aucun  des  douze  chevreaux  restants  n'a  présenté  de  lésions 
macroscopiques. 

Fidèle  au  principe  que  j'ai  posé  autrefois  sur  la  recherche  des  sii^nes 
anatomiqiies  de  l'infeclion  tuberculeuse,  j'ai  prié  un  assistant  bénévole  de 
mon  laboratoire,  M.  Slozzi,  aujourd'hui  professeur  à  l'Ecole  vétérinaire  de 
Milan,  de  procéder  à  l'examen  histologique  des  organes  capables  de  cacher 
des  lésions  microscopiques. 


SÉANCE    DU    25    JUIN    1906.  1489 

Je  n'entrerai  pas  dans  les  détails  de  cet  examen  pour  cliaque  animal.  Je  donnerai 
seulement  les  conclusions  qui  se  dégagent  de  cette  étude.  L'histologie  a  confirmé  le 
développement  du  sjstème  lymphatique  chez  tous  les  chevreaux,  car  elle  a  constaté 
l'hypertrophie  des  follicules  lymphatiques  des  ganglions  mésentériques  et  celle  des 
petits  nodules  de  tissu  lymphadénoïde  des  parois  bronchiques.  Ces  nodules  sont 
parfois  si  volumineux  et  si  nets  qu'ils  en  imposeraient  pour  des  granulations  tuber- 
culeuses naissantes.  Elle  nous  a  montré,  en  outre,  dans  le  poumon  du  chevreau  qui 
avait  ingéré  des  bacilles  bovins  affaiblis  par  le  vieillissement,  des  amasdecellules  rondes 
dans  quelques  rares  cavités  alvéolaires  ressemblant  à  de  très  petits  foyers  de  pneumonie 
tuberculeuse  hématogène.  Enfin,  sur  le  chevreau  infecté  avec  des  bacilles  bovins  en 
culture  homogène,  elle  a  encore  relevé  une  infiltration  de  cellules  rondes,  plus  abon- 
dante que  de  coutume,  dans  les  espaces  de  Kierman  ou  autour  de  la  veine  sus-liépalique 
intra-lobulaire,  généralement  regardée  comme  un  mode  de  réaction  du  foie  contre 
l'infection  tuberculeuse. 

En  résumé,  l'étude  nécropsique,  rapprochée  du  développement  du 
pouvoir  agglutinant  et  des  caractères  de  la  réaction  à  la  tnberculine, 
démontre  que  l'organisme  du  très  jeune  chevreau  se  défend  efficacement 
contre  l'infection  intestinale  par  toutes  les  variétés  de  bacilles  tuberculeux 
d'animaux  à  sang  chaud,  dont  la  virulence  ne  dépasse  pas  le  pouvoir  tuber- 
culigène  moyen  du  bacille  humain. 

La  lutte  ne  s'établit  pas  seulement  dans  le  système  ganglionnaire  de  l'in- 
testin. Quelle  que  soit  l'étendue  de  son  siège,  elle  peut  finir  par  triompher 
complètement,  comme  l'atteste  le  chevreau  que  nous  avons  conservé 
quinze  mois,  chez  lequel  l'absence  de  lésion  s'alliait  à  la  disparition  de  la 
susceptibilité  à  la  tuberculine. 

Il  est  donc  logique  de  déduire  de  ces  faits  : 

1°  Que  la  voie  digestive  s'offre  à  nous  pour  produire  l'immunisation 
active,  chez  les  tout  jeimes  ruminants,  à  l'aide  de  bacilles  humains  ou  de 
bacilles  bovins  convenablement  modifiés.  Il  paraît  même  que  l'expérimen- 
tateur jouira  d'une  assez  grande  latitude  dans  le  choix  de  ces  bacilles. 

2°  Que  la  réaction  à  la  tuberculine  et  le  pouvoir  agglutinant  révèlent 
avant  tout  l'infection  tuberculeuse,  puisqu'ils  existent  en  l'absence  de 
lésions  macroscopiques  et  même  de  lésions  microscopiques  certaines. 

M.  Emile  Picard,  en  déposant  sur  le  bureau  le  troisième  fasciéule  ter- 
minant le  Tome  II  de  la  Théorie  des  fonctions  algébriques  de  deux  variables, 
qu'il  a  rédigé  avec  la  collaboration  de  M.  Simart,  s'exprime  comme  il  suit  : 

Les  deux  premiers  fascicules  de  ce  Volume  ont  paru  en  1900  et  1904; 
ce  troisième  fascicule  termine  celte  publication   qu'ont  retardée  diverses 


l490  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

circonstances.  Ces  retards  m'ont  permis  de  compléter  divers  points  de  mes 
recherches,  en  particulier  la  théorie  des  intégrales  doubles  de  seconde 
espèce,  intimement  liée  à  la  périodicité  de  ces  intégrales;  elle  tient  nne 
place  importante  dans  ce  Volume,  et  se  trouve,  je  crois,  fixée  maintenant 
dans  ses  parties  essentielles.  Sur  des  sujets  aussi  nouveaux,  on  ne  s'éton- 
nera pas  de  rencontrer  de  nombreuses  questions  qui  ne  sont  qu'amorcées; 
parmi  elles,  je  signalerai,  entre  bien  d'autres,  ce  qui  concerne  les  intégrales 
de  différentielles  totales  de  troisième  espèce,  où  j'ai  introduit  un  entiei-  p 
qui,  considéré  récemment  par  M.  Severi  sous  un  nouveau  point  de  vue, 
demandera  une  étude  plus  complète. 

La  théorie  des  fonctions  algébriques  de  deux  variables,  tracée  aujour- 
d'hui dans  ses  grandes  lignes,  a  fait  dans  ces  derniers  temps,  surtout  en 
Italie,  l'objet  de  recherches  importantes.  Le  pomt  de  vue  fonctionnel  et  le 
point  de  vue  géométrique  se  rejoignent  en  plusieurs  endroits  de  la  théorie  ; 
on  en  a  des  exemples  dans  les  beaux  travaux  de  M.  Humbert,  de  MM.  Cas- 
telnuovo  et  Enriques,  de  M.  Severi,  et  même  dans  la  théorie  des  intégrales 
doubles  qui  paraît  d'abord  bien  éloignée  de  la  Géométrie,  où  la  recherche 
du  nombre  des  cycles  à  deux  dimensions  m'a  conduit  à  un  invariant  relatif 
déjà  rencontré  dans  des  études  très  différentes. 

On  trouvera  à  la  fin  de  ce  Volume  quelques  Notes  où  sont  re|)roduites 
des  recherches  que  je  n'ai  pus  achevées  et  qui  paraissent  pouvoir  être  uti- 
lement poursuivies.  Dans  plusieurs  Chapitres  de  cet  Ouvrage,  nous  avions 
étudié  diverses  théories  géométriques  ayant  leur  origine  dans  les  mémo- 
rables travaux  de  M.  Nœther,  qui  fut  là  un  précurseur,  et  de  M.  Zeuthen. 
MM.  Castelnuovo  et  Enriques  ont  bien  voulu  nous  donner  une  Note  extrê- 
mement intéressante  qui  complète  notre  étude  et  donne  sur  toutes  ces 
questions  l'état  actuel  de  la  Science.  Nous  les  en  remercions  vivement; 
leurs  indications  bibliographiques,  jointes  à  celles  du  texte,  seront  eu 
outre  très  utiles  à  ceux  qui  désireront  s'occuper  des  fonctions  algébriques 
de  deux  variables  et  des  surfaces  algébriques. 

M.  le  général  Sebert  en  offrant  à  l'Académie  un  Ouvrage  auquel  il  a  col- 
laboré s'exprime  ainsi  : 

J'ai  l'honneur  d'offrir  à  l'Académie  un  exemplaire  du  Manuel  complet  du 
répertoire  bibliographique  universel  dont  la  rédaction  est  duc  en  grande 
partie  à  la  collaboration  du  Bureau  bibliographique  de  Paris  que  j'ai  l'hon- 
neur de  |)résider. 


SÉANCE    DU    25    JUIN    I906.  I/)9I 

(]e  volumineux  Ouvrage,  fruit  d'un  labeur  de  plus  de  dix  années,  con- 
stitue un  exj3osé  complet  des  travaux  de  l'Institut  international  de  biblio- 
graphie qui  a  entrepris  la  publication  du  Répertoirebibliographique universel , 
consacré  notamment  au  Catalogue  des  œuvres  scientifiques  et  industrielles, 
et  qui  par  suite  double  et  complète,  sous  certains  rapports,  Tceiivre  de  la 
Société  royale  de  Londres. 

La  plus  grande  partie  du  Manuel  est  occupée  par  les  Tables  de  la  Classi- 
fication bibliographique  décimale  qui,  en  prenant  pour  point  de  départ 
l'œuvre  déjà  aucienne  de  Melvil  Dcwey,  ont  été  complétées,  considérable- 
ment développées  et  mises  à  jour  de  façon  à  s'adapter  aux  progrès  les  plus 
récents  des  sciences. 

Ainsi  complétées,  et  grâce  à  la  présence  de  leur  Index  alphabétique  qui 
renferme  plus  de  40000  rubriques  de  classement,  ces  Tables  [meuvent  au- 
jourd'hui être  employées,  avec  la  plus  grande  facilité,  pour  le  classement 
de  toutes  les  œuvres  intellectuelles  sans  exception. 

Comme  elles  réunissent,  dans  un  seul  ensemble,  l'universalité  des  con- 
naissances humaines,  elles  peuvent  servir  à  établir  une  relation  entre  tous 
les  systèmes  de  classement  déjà  proposés  ou  employés  pour  l'établissement 
des  répertoires  bibliographiques  divers. 

Elles  peuvent  ainsi  servir  à  constituer  une  classification  documentaire 
universelle  et  faciliter  les  moyens  d'organiser,  sur  une  large  base,  l'entente 
et  la  coopération  internationale  d;ins  les  travaux  de  toute  nature.  Des  dé- 
marches diplomatiques  sont  déjà  engagées  pour  constituer,  d'un  commun 
accord  entre  divers  gouvernements,  un  service  international  de  documen- 
tation générale,  en  prenant  pour  base  ce  mode  de  classification,  suivant 
des  propositions  qui  ont  été  soumises  au  Congrès  d'expansion  économique 
mondiale  tenu  à  Mons  l'an  dernier. 

Au  point  de  vue  international  cette  classification  joue,  eu  effet,  un  rôle 
similaire  à  celui  qu'on  attend  de  la  langue  internationale  Espéranto,  car  de 
même  que  celle-ci  ne  cherche  pas  à  contrarier  les  langues  particulières  ni 
à  s'y  substituer,  mais  uniquement  à  servir  d'auxiliaire  et  lie  complément 
pour  les  relations  extérieures,  de  même  la  classification  bibliographique 
universelle  ne  vise  pas  à  se  substituer  aux  classifications  scientifiques 
fragmentaires  qui  existent,  mais  uniquement  à  se  juxtaposer  à  elles,  afin 
de  créer  un  lien  matériel  de  classement  entre  toutes  les  productions  de 
l'esprit. 

L'emploi  en  est  fait,  dans  cet  ordre  d'idées  même,  pour  la  publication 
qui  vient  d'être  entreprise  des  sommaires  des  Comptes  rendus  de  l' Association 

G.  B.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N"  26.)  I  9^ 


1492  ACADEMIE    DES   SCIENCES. 

française  pour  l'avancement  des  Sciences  dont  les  articles  embrassent  des 
sujets  trop  variés  pour  que  les  tables  fragmentaires  adoptées  déjà  pour  les 
différentes  branches  de  sciences  et  même  celles  du  Catalogue  de  la  Société 
royale  de  Londres  puissent  leur  convenir,  car  elles  ne  se  trouvent  pas 
toujours  suffisantes  et,  en  tous  cas,  n'établissent  pas  une  série  unique  et 
convenablement  coordonnée. 

M.  Charles  Depéret  fait  hommage  à  l'Académie  des  versions  espa- 
gnole et  française  de  deux  Mémoires  qu'il  vient  de  publier  en  collabora- 
Lion  avec  M.  Louis  Mariano  Vidal  :  Les  Vertébrés  de  l'oligocène  injérieur 
de  Tarrega  (^province  de  Lerida)  et  Contribution  à  l'étude  de  l'oligocène  de  la 
Catalogne. 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  l'élection  d'un  Membre  à 
la  place  devenue  vacante,  dans  la  Section  de  Physique,  par  le  décès  de 
M.  Pierre  Cune. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  56  : 

M.  D.  Gernez       obtient 3^  suffrages, 

M.  Bouty  >i        i5  » 

M.  André  Broca        »        3  « 

M.  Pellat  »        I  » 

M.  D.  Gernez,  ayant  obtenu  la  majorité  des  suffrages,  est  proclamé 
élu. 

Sa  nomination  sera  soumise  à  l'approbation  du  Président  de  la  Répu- 
blique. 

CORRESPONDANCE . 

M.  le  Président  de  l'Association  internationale  pour  l'étude  des 
RÉGIONS  POLAIRES  adrcssc  divers  documents  imprimés  relatifs  au  Congrès 
international  qui  se  tiendra  à  Bruxelles  au  mois  de  septembre  1906  et 
invite  les  Membres  de  l'Académie  à  participer  aux  travaux  de  ce  Congrès. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée  qui  comprend  :  M.  le 
Président,  les  Membres  de  la  Section  de  Géographie  et  Navigation, 
MM.  Darboux  et  de  Lapparent. ) 


SÉANCE    DU    25    JUIN    1906.  l493 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  l'Ouvrage  suivant  : 

L'âge  des  derniers  volcans  de  la  France,  par  Marcellin  Boule.  (Présenté 
par  M.  Gaudry.) 


GÉOMÉTRIE   INFINITÉSIMALE.   —   Sur  la  déformation  de  certaines  surfaces 
tètraèdrales.  Note  de  M.  G.  Tzitzéica. 

On  peut  réduire  l'élément  linéaire  de  la  surface 
(i)  Aa^^+K/+C2^=i 

à  l'une  des  deux  formes  suivantes  : 


(2)  ds"^  =  u  du-  -+-  2m  du  dv  -+-  c dv''         [m  ^  consl.  ), 

(3)  ^5^  =  f  du-  +  2 M  du  dv  -f-  dv^, 

selon  que 

A^+B^+C^7^o         ou  =0. 

Occupons-nous  de  chacun  de  ces  éléments  linéaires. 
1.   Si  l'on  change  dans  (2)  h  en  ->  on  trouve 

ds-  ^  —  dii-  —  im  —; du  dv  -\-  v  dv- . 

Soit  S  une  surface  ayant  cet  élément  linéaire,   M(a-, y,  z)  un  de  ses 
points.  Posons 

dx  dy  dz 


\dj:  ^dr  ^dz 

au  ^  ou  -  au 


Le  point  (a*,, y,,  5,)  décrit  une  surface  S,,  dont  0C2,  J'a»  ^2  sont  les  co- 
sinus de  la  normale.  Il  est  aisé  de  prouver  que  S,  est  une  surface  à  cour- 
bure totale  constante  et  que  u  et  v  ont  des  significations  géométriques 
simples.  Il  résulte  de  là  que  la  déformation  des  surfaces  (i)  ayant  un  élé- 
ment (2)  se  réduit  à  la  recherche  des  surfaces  à  courbure  totale  constante. 


l494  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

2.    Si  l'on  remplace  dans  (3)  ç  -{ par  u  et  u  par  i>\/i,  on  trouve 

ds-  =  du-  +  2(11  —  3f'-)  dv'-, 

dont  la   déformation   se   ramène  (Darboux,   Théorie  des  surfaces,  t.  IV, 
p.  32G)  à  la  recherche  des  surfaces  pour  lesquelles  on  a 

(4)  ?  +  ?'  =  hp, 

p  et  p'  étant  les  rayons  principaux  de  courbure  et  p  la  distance  de  l'origine 
au  plan  tangent,  ce  qui  conduit  à  l'équation  de  Laplace 

d"-!'    _  6/} 


intégrable.  Cependant,  il  n'est  peut-être  pas  sans  intérêt  de  remarquer  que 
les  surfaces  (4)  se  ramènent  aux  surfaces  minima.  Remplaçons  en  effet 

p  par  p^ ,  le  plan  tangent  restant  parallèle,  on  trouvera  que  les  surfaces 
transformées  vérifient  la  relation 

(5)  04-p'^-^, 

2<7  étant  comme  d'habitude  le  carré  de  la  distance  d'un  point  de  la  surface 
à  l'origine.  Enfin  /a  podaire  d'une  surface  (5)  esi  une  surface  minima. 


GÉOMÉTRIE.  —  Un  théorème  sur  les  surfaces  algébriques  d'ordre  n. 
Note  de  M.  G.-B.  (juccia,  présentée  par  M.  Emile  Picard. 

1.  Soit  F„  une  surface  algébrique,  quelconque,  d'ordre  n.  Fixons  arbi- 
trairement dans  l'espace  :  1°  un  point  P;  2°  un  |>lan  11^,  ne  passant  pas 
par  P.  Soient  II,  le  plan  tangent  en  P  à  la  surface  unique  du  faisceau  (F„,  II"), 
qui  liasse  par  P;  Ilg  le  plan  polaire  de  P  par  rapport  à  F„.  Un  quatrième 
plan,  114,  sera  déterminé  par  la  construction  suivante  :  le  faisceau  (F„,  K„) 
(où  K.„  désigne  le  cône  de  sommet  P  passant  par  la  courbe  intersection 
de  lia  avec  F„)  contient  une  surface  qui  se  décompose  en  11^  et  eu  une  sur- 
face d'ordre  n  —  \  ;  F„_,  [[)assant  par  la  courbe  gauche  d'ordre  n{n  —  i) 
intersection  résiduelle  de  F„  avec  K„J.  De  mêuie,  le  faisceau  (F„_,,  K„_, ) 
(où  K.„_,  désigne  le  cône  de  sommet  P  passant  par  la  courbe  intersection 
de  lia  avec  F„_,)  contient  une  surface  qui  se  décompose  en  11^  et  en  une 


SÉANCE    DU    25    JUIN    1906.  I/JgS 

surface  d'ordre  n  —  2  ;  F^^j,  etc.  On  détermine  ainsi  n  —  \  surfaces  :  F„^,, 
F„_j,  .. .,  F„_(„_,,,  dont  la  dernière  est  un  plan  F„^(„_,,^II<. 

Cela  posé,  il  y  a  la  proposition  suivante  : 

Le  point  P  et  le  plan  IIj  étant  arbitrairement  fixés  dans  l'espace  :  1°  les 
quatre  plans  II,,  IIj,  IIj,  II,  passent  par  une  même  droite;  2°  leur  rapport  an- 
harmonique  est  constant  et  égal  à  n. 

En  effet,  le  point  P  et  le  plan  K^  étant  arbitrairement  fixés  dans  l'espace, 
soit  X,  =  Xo  ^  x^  =  Xt  =^  o  un  tétraèdre  de  référence  dont  un  des  sommets, 
x,  =  x„z=  X3  =  o,  coïncide  avec  P  et  la  face  opposée,  Xi  =  o,  avec  Hj. 
L'équation  de  la  surface  F„  pouvant  être  ramenée  à  la  forme 

F„^^"ç„  +  a7';''<p,  -h  . . .  ^  x^o„_,  -+-  (p„=o, 

(po  étant  une  constante  et  ip,  (j  =:  i  ,2,  . .  .,  n)  un  polynôme  homogène  de 
degré  t  en  x,,  x^,  x^,  l'on  trouve 

n,=S(p,  =  o,  na^a:^  =  o, 

Iljssç,  +  Tiçpoa:;^  =  o,  U/.^  cp, -I- Ço^î^  =  o; 

d'où  l'on  reconnaît  immédiatement  que  les  quatre  plans  II,,  U2,  H,,  II, 
passent  par  une  même  droite  (cp,  =  a;,  ^  o)  et  que  leur  rapport  auharmo- 

nique  est  égal  à  — ^  =r  n.  c.  q.  f.  d. 

'■fo 

Pour  n  ^1  (quadrique),  on  voit  en  particulier  que  :  les  quatre  plans  n,, 
n,,  IIj,  n,,  ainsi  que  les  quatre  plans  IIj,  II,,  IIo,  n,  sont  en  situation  harmo- 
nique. 

Le  théorème  que  nous  venons  de  démontrer  et  celui  que  l'on  déduit  par 
dualité  (au  moyen  desquels  les  invariants  numériques  ordre  et  classe  d'une 
surface  sont  exprimés  respectivement  comme  rapports  anharmoniques  de 
quatre  plans  d'un  faisceau  et  de  quatre  points  en  ligne  droite,  bien  déter- 
minés) donnent  lieu  à  plusieurs  déductions  et  applications  dans  la  théorie 
des  surfaces  algébriques.  D'autre  part,  leur  généralisation  dans  la  géomé- 
trie à  </(>  3)  dimensions  n'offre  aucune  difliculté  ('). 

2.  Bornons-nous  à  l'examen  du  cas  particulier  où  l'on  suppose  que  P 
coïncide  en  un  point  (r)?'"  (r  <^  n  —  i)  de  la  surface  donnée.  Écrivons  F^" 
à  la  place  de  F„  et  II  à  la  place  de  Hj.  Soient  :  K^  le  cône  tangent  eu  P  à  la 
surface  F^f;  R^^.,   le   cône   tangent  en    P  à  la  surface,   unique,  du  fais- 

(')  Pour  d^2,  voir  ma  Note  précédente,  dans  ces  Comptes  rendus,  t.  CXLII, 
séance  du  5  juin  1906. 


1496  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

oeau  (F^;',  R^,  U"''),  qui  a  un  point  (r -h  i)p'^  en  P;  M^';!,  la  (n  —  /•—  ly^me 
polaire  de  P  par  rapport  à  F^'"'.  Le  faisceau  (Fj[',  L„)  (L„  étant  le  cône  de 
sommet  P  passant  par  la  courbe  intersection  de  H  avec  F|['),  contient  une 
surface  qui  se  décompose  en  n  et  en  une  surface  d'ordre  n  —  i,  Fj^,  [pas- 
sant par  la  courbe  gauche  d'ordre  nÇn  —  i)  intersection  résiduelle  de  Fjf 
avec  L„].  De  même,  le  faisceau  (F^'2^, ,  L„_,  )  (L„_,  étant  le  cône  de  sommet  P 
passant  par  la  courbe  intersection  de  II  avec  F^",),  contient  une  surface 
qui  se  décompose  enllet  en  une  surface  d'ordre  n  —  2,  F^^l'^,  etc.  On  déter- 
mine ainsi  n  —  r  —  1  surfaces,  F^^l,,  Fj^l^,  . . . ,  Fj,''l,„_^_,,,  dont  la  dernière, 

«-(H-;--)) r+i  » 

est  une  surface  monoïde  d'ordre  r  -+-  i . 

Cela  posé,  voici  la  proposition  que  l'on  a  dans  ce  cas  particulier  : 

Le  plan  n  étant  arbitrairement  fixé  dans  l'espace  :  1°  les  quatre  surfaces 

d'ordre  r -\- i  :  K;.^,,  IIK^,  M|.7,,  F^'^,  appartiennent  à  un  même  faisceau; 

2"  leur  rapport  anharmonique  est  égal  an  —  r. 

En  etfet,  le  plan  II  étant  arbitrairement  fixé  dans  l'espace,  soit 

*X)  1   ^— —  "-'o  "^3  ~~'  ^ -i  ■   t) 

un  tétraèdre  de  référence  dont  un  des  sommets,  x^=^  x^^=  x^=.  o, 
est  en  P  et  la  face  opposée,  x^  =  o,  en  n.  L'équation  de  la  surface 
donnée  F^"  pouvant  être  ramenée  à  la  forme 

(oc)  F^'"'  =  a;';-"9,+  x",-"'  (p^.^,  +...-\-x,  9„^,  +  (p„  =  o, 

(p,(i  =  r,  r  -\-  i ,  .  .  . ,  n)  étant  un  polynôme  homogène  de  degré  i  en  x^t 
Xi,  X3,  on  trouve  tout  de  suite 

Rr+,5=(pr+.  =  o.  nK,^a:^(pr=  o, 

M^'^,  =  <p^_H.  +  («  -  0^<?r=  O»  Fr+.  =  ?r+.  +^4?,  =  o; 

d'où  l'on  déduit  immédiatement  que  les  quatre  surfaces  d'ordre  r-\-i, 
K^+,,  nKr,  M^'^,,  F^",  appartiennent  à  un  même  faisceau  et  que  leur  rap- 
port anharmonique  est  égal  à  n  —  r.  c.  q.  f.  d. 
Pour  r  =  «  —  2  on  a,  en  particulier,  cet  autre  énoncé  : 
Les  quatre  surf aces^d' ordre  n  —  i  :  R„_,,  '^''"Z'^\  nK„_2,  FJ"_~^',  ainsi  que 

sont  en  situation  harmonique. 


SÉANCE   DU    25   JUIN    1906.  i^gj 

3.  Ailleurs  [Bendiconti  de  Palerme,  t.  XVI  (1902),  p.  286-293],  j'ai 
appelé  i"''',  2%  ...,  (^n  —  r -—  ly*"™»  conjointe  de  deuxième  espèce  de  la  sur- 
face donnée  FJ[',  par  rapport  au  point  P  et  à  un  plan  quelconque  II  de 
l'espace,  res|3ectivement  les  «  —  r  —  i  surfaces  (d'ordre  n  —  i,  n — a,  .. ., 

r+  i),  F|[l, ,  F^''^^ F^'^'i  que  nous  venons  de  déterminer  dans  le  numéro 

précédent,  et  i'^'''^,  1^,  ..,  («  —  r  —  ly!^™»  conjointe  de  première  espèce 
de  Fjf  par  rapport  à  P  et  à  n,  respectivement  les  n  —  r—  i  surfaces  (du 
même  ordre  n),  F^f^",  F;;^'',  ...,  F^"-"  que  l'on  déduit  de  Fj;'  par  le 
procédé  suivant  :  Le  faisceau  (Fj[',  K^II""'')  (K^  étant  le  cône  tangent 
en  P  à  la  surface  Fj")  contient  une,  et  une  seule,  surface  douée  d'un 
point  (/•+!)?'«  en  P  :  F;,'"".  De  même,  le  faisceau  (F;;-"",  K^^.H"-'"-')  (R^^, 
étant  le  cône  tangent  en  P  à  la  surface  F,[*")  contient  une,  et  une  seule, 
surface  douée  d'un  point  {r  +  2yP'*  en  P  :  F^""'.  Et  ainsi  de  suite,  jusqu'à  ce 
que  l'on  parvienne  à  la  surface  monoïde  Fj'^+"'-''-'"^Fj""". 

Pour  r^  o,  il  faut  sous-entendre,  dans  ces  deux  défuiitions,  que  P  soit 
un  point  quelconque  du  plan. 

Les  surfaces  conjointes  des  deux  espèces  jouissent  de  plusieurs  pro- 
priétés géométriques,  dont  j'ai  déjà  fait  connaître  quelques-unes  dans 
la  Note  citée.  Pour  ce  qui  concerne  les  cônes  K  et  L,  dont  il  est  question 
plus  haut,  a  lieu  la  propriété  suivante,  R,^^L;. 

Eidin,  la  surface  donnée  F^[',  étant  représentée  par  l'équation  (ot), 
d'après  les  précédentes  constructions  géométriques,  on  trouve  tout  de 
suite  pour  les  n  —  r  —i  surfaces  conjointes  de  première  et  de  deuxième 
espèce,  par  rapport  au  point  P(a;,  =  iCo  =  ^3^  o)  et  au  plan  W.(^x^=^  o), 
respectivement  les  équations  suivantes  : 


'''fr+i+l  +...-I- J:^4?n-. 

+  ?« 

=   0 

*  ,,-i   —  ^/.          ?r       +  '^  , 

'"'Or+i     + . .  •  +  a;,  ç„..,-. 

H   +   «P«- 

i=o 

(«■=1,2,.. 

.,  n  —  r  —  I ,      r  ^  0  ) . 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  équations  différenlielles  du  deuxième 
ordre  et  du  premier  degré  dont  l'intégrale  générale  est  uniforme.  Noie 
de  M.  Gambier,  présentée  par  M.  Paiiilevé. 

J'achève  dans  cette  Note  l'énumération  des  équations 

I  \  y'- 


r={'-v,)j  +  Ky^^)y'+^iy>^) 


à  points  critiques  fixes. 


I^\g8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Les  cas  qui  restent  à  traiter  sont  ceux  où  «  =  2,  3  ou  5,  lesquels  four- 
nissent 10  types  nouveaux  à  joindre  aux  4  Lypes  de  la  Note  précédeiile 
(Comptes  rendus,  18  juin  1906). 

Cinr/uiéme  type  :  «  =  2,  c  =  o,  h  =  o,  d  =  — •  —  Ces  conditions  entraî- 
nent g  =^  o.  L'équation  se  ramène  algébriquement  à  l'un  des  types 


„  5  m    ,       ,.    .,  r    ,        3/«- 

7)   := Ti  -\-  b-t]-  —  ri    m  H 

2  [2 


7)    =  •/)  -H 

Y)"=  6Yl--f-^ 


par  une  substitution 


y=y-  +  {r  +  q)y-iisr, 
\l  =  t{x). 


(<7  +  2/-)  (3/-  —  g)         r/'-y-nr' 


25 


Sixième  type  ;  /^  =  2  ;  c  =  o,  A  7^  o,  rf  =  —  •  —  Ces  conditions  entraînent 


/(' 


^=0;   b=-: 

„     y           ,      q'     ,      y^           -,      \  q"       ^q'-        ,      '-'1 
Y  =- h  Y  y  +  —  y  +  —  +  n'-  +    -^ -r-  ^  r  -] v 


1. 

y' 


q  el  r  sont  liés  par  une  relation  analogue  à  celle  du  type  précédent  et  une 
substitution  toute  semblable  ramène  aux  mêmes  équations. 

Septième  type  :  n  ^  o.;  a  =  o,  d^  o;  c  =  o,  A  =  o.   —    Ces  conditions 
entraînent  ^  =  o. 

Si  e  =  o  on  a  deux  équations  déjà  renconirées  en  étudiant  /?  =  4  : 


y 


yi 

2y 


2<77  +-/+(?' ---7-)/^ 


/-^\v 


7 


'J'        ,/        L        ^'Z, 


y"  =  -^^ h  -^  y'  H — ^  (  y'  -I-  4  y). 


Si  e  ^  o,  deux  équations  dont   la  première  se  ramène  aux  fonctions 
elliptiques  et  la  seconde  fournit  la  transcendante  nouvelle  signalée  : 


..^y^_^q'_    '       /3 


7"  =  ~  +  -y + 4.x-r  -+-  ■^{^''  -  «)  j- 


SÉANCE    DU    25    JUIN    1906.  l499 

Huitième  type  :  72  =  2,  a  =  o,  d^o;  c  =  o,  h^o.  —  Ces  conditions 
entraînent  ^  =  o,  6  =  — r- 

Si  e  =  o,  on  retrouve  une  équation  obtenue  pour  «  =  4  • 

y  =  —  +  --  y + ?  (  -  >'■'  +  *  V  +  -V, 

•^         2y        2^^^         ^\2-'  -         2  y 

Si  e^o,  on  a  deux  équations  jouissant  des  mêmes  propriétés  que  les 
correspondantes  du  numéro  précédent 

•>^' = S  "+"  î7/  y'^  ^  [l^'  +  ^''-y' +2^7  +  3;]' 
j"= '7^  +  ^y + 4^y + 2(0;^- a)j+ p^. 

Neuvième  type  :  n^  ■!;  a  ^  o,  d  =  o;  c  ;=  o,  h^o.   —  Ces  conditions 
entraînent  g^o,  b  ^  —y 

Si  e  =  o,  on  retrouve  une  équation  obtenue  pour  «  =  4  • 

„        y"-  h'     ,         r  II 

y  =  - — I — tJ'  -+-jy^ — 

■^  2  >■        2  /<  -^        •'  ^         y 

Si  e  ^  o,  on  obtient  deux  équations 

y  =  ■- h  -^  r  +  f/  v  +  «.y  +  -  , 

"^  2  y         2  (/  "^  L  '^  J 

y  =  -^ h  y-  +  xa--y  +  -, 

2  }*  y 

dont  la  première  s'intègre  par  les  fonctions  elliptiques  et  la  seconde  se 
ramène  à  la  transcendante  7)"=  2-0' -+-  c,-f\  -1- a. 

Dixième    type    :  n  =  -i;    d=:  —  -k-;   c  =  o,   /*  :^  o.    —    Ces    conditions 

/        l>' 
entrament  »■  =  o,  <^  ==  ^  : 

y  ='-  +  <iyy-^y'-^^r+/y-ry' 

Cette  équation  est  somme  toute  un  cas  particulier  du  quatrième  ^type, 
sur  lequel  je  reviendrai  ultérieurement. 

2       2 

Onzième  type  :  n  ^  i,  d  =  ——;  c  =  o,  A  =  o.  —  Ces  conditions  entraî- 

C.  R.,'  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,;N«  26.)  19^ 


l5oo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

nent  g^  =  o  : 

,,         2   y'2          yy'               ,         Y^               n         [    ,              ,         2(  7 -t- 2 /•)  ( /■  —  tv)"! 
y"=  3  '^  +  ZZ-^  ,/y  +  .^  +  ry-  +  |^y'+  2/-'+  ^^^^ f U ^y; 

q  et  r  vérifient  une  relation  analogue  à  celle  du  cinquième  type  ;   une 
substitution  semblable 

ramène  l'équation  à  l'un  des  types 

7)"^  —  3mY|'+  2yi'  —  Y)[m'4-  2m^], 

•^"=  —•/!'+  Wl2-/l^-+-  -/)], 

2  7/i  '  J 


Douzième  type  :  n=^  3,  d^  —,  h  =■  ~  3c*.  —  Il  se  passe  ici  des  cir- 
constances analogues  à  celles  du  numéro  précédent;  une  substitution 
analogue  ramène  soit  aux  trois  mêmes  équations,  soit  à 

m' 

v)"=  ■ —  •/)'+  m\  2-/i''  -(-  ar,  +  il, 
lin  '  ' 

Y]"=  1-n^  +  in  +  a. 

Treizième  type  ;  «  =  5,  c?  =  5a-,  c  =  o,  A  =  o.  —  Ces  conditions  entraî- 
nent g  ^z  O. 

Quatorzième  type  :  n  =  5,  >/  =  5a-,  /i  = —■  —  Ces  deux  types  s'in- 
tègrent par  les  fonctions  elliptiques. 


NAVIGATION.  —  Diminution  de  la  vitesse  et  changement  d'assiette  des 
navires  par  l'action  réflexe  de  l'eau  sur  le  fond.  Note  de  M.  E.  Fournieb, 
présentée  par  M.  Bertin. 

De  récentes  observations  ont  révélé  que  la  vitesse  et  l'assiette  longitu- 
dinale des  navires  sont  troublées  par  l'action  réflexe  de  l'eau  sur  le  fond, 
quand  la  profondeur  des  bases  sur  lesquelles  on  les  mesure  est  insuffisante. 
C'est  l'explication  de  ce  phénomène  et  la  détermination  de  la  profondeur 


SÉANCE    DU    2.5    JUIN    1906.  l5oi 

limite  H  qu'il  peut  atteindre,  selon  la  profondeur  de  carène  et  la  vitesse 
des  bâtiments,  que  j'ai  tenté  de  donner  dans  cette  Note. 

Considérons,  pour  faciliter  l'exposition  du  sujet,  un  navire  flottant,  fixé 
et  orienté  dans  le  lit  d'un  courant  de  vitesse  v.  Les  filets  liquides  s'inflé- 
chissent par  réactions,  en  se  heurtant  à  sa  carène  sous  la  charge  du  cou- 
rant. Les  plus  élevés  sont  rejetés  par  cette  réaction  vers  la  surface  libre 
qu'ils  dénivellent,  et  les  autres  s'engouffrent,  au  contraire,  vers  le  fond, 
autour  et  au-dessous  de  cet  obstacle.  Il  en  résulte  une  accélération  de 
ceux-ci  par  le  resserrement  de  la  section  de  débit  du  courant,  et  dont  le 
maximum  est  atteint,  à  la  fois  dans  tous  les  niveaux,  au-dessous  du  maître 
couple,  dans  le  prolongement  du  plan  vertical  de  symétrie  du  navire. 

Le  maximum  absolu  de  cette  accélération  a  lieu  dans  le  plus  élevé  des 
filets  descendants,  après  une  double  inflexion,  dans  le  plan  vertical  de  sy- 
métrie, l'amenant,  de  son  sommet  suj)érieur  de  profondeur,  So>  jusqu'à 
son  sommet  inférieur  d'une  profondeur,  h,  égale  à  celle  du  maître  couple 
immergé.  C'est  sur  ce  sommet  que  les  molécules  liquides  de  ce  filet,  seu- 
lement alors  affranchies  de  tout  obstacle  à  leur  cours  naturel,  reprennent 
le  parallélisme,  l'horizontalité  et  l'uniformité  de  leur  translation,  en  ac- 
quérant, par  réaction  impulsive,  une  vitesse  limite  V  plus  grande  que  la 
vitesse  translatoire  p  du  courant. 

Dans  ces  conditions  :  la  variation  de  la  pression  est  nulle,  le  long  de  ce 
sommet  horizontal  inférieur  et,  à  cause  de  l'uniformité  de  l'écoulement 
qui  s'y  produit,  la  réaction  impulsive  qui  entrahie  les  molécules  liquides 
et  les  résistances  qui  lui  sont  opposées  s'y  font  équilibre.  La  formule  de 
Bernoulli  s'y  réduit  alors  à  son  seul  terme  relatif  à  l'abaissement,  h  —  ;„, 
du  niveau,  du  sommet  supérieur  au  sommet  inférieur  du  filet  principal 
considéré.  Elle  est  donc 

(0  H(v^-^'^)  =  ?(^'--)' 

p  étant  la  densité  de  l'eau. 

Dans  le  même  plan  vertical  de  symétrie,  les  autres  filets  plus  bas,  se 
modelant  sur  celui-ci,  s'infléchissent  de  même,  de  l'un  à  l'autre,  jusqu'à 
une  profondeur  H,  telle  que  l'écoulement  de  l'eau  y  soit  assuré,  depuis  sa 
section  extérieure,  de  hauteur  H,  jusqu'à  sa  section  intérieure,  de  hau- 

teur  R  —  h,  avec  un  débit  constant,   Hc  =(H  —  h) Or,  de   cette 

égalité,  on  déduit  la  relation 


Ii)02  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

En  éliminant  V  entre  cette  équation  et  la  précédente  (i),  on  obtient  alors 
l'expression  cherchée 


(3) 


H=/,V^ 


■^gjh  —  z-o)    ^    ^ 


v/' 


■>.g{h  —  i\) 


qui  croît  avec  ('jusqu'à  l'infini,  et  avec  z-^  jusqu'à  la  limite  de  cet  élément. 
Dans  cette  formule,  z^  représente  la  profondeur  immergée  du  centre  d<' 

figure  (hi  maître-couple,  comprise,  sur  tous  les  navires,  entremet  -^car 

c'est  à  ce  point  que  l'on  doit  supposer  appliquée  la  résultante  horizontale 
des  impulsions  de  l'eau  qui  se  trouve  équilibrée,  dans  la  translation  uni- 
forme du  courant,  par  celle  des  réactions  antagonistes  de  la  carène  déviant 
les  filets  liquides  au-dessus  et  au-dessous  de  la  direction  de  cette  résultante. 
Il  élait  intéressant  de  donner  à  la  formule  théorique  (3)  la  consécration 
expérimentale.  Or,  je  n'ai  pu  me  procurer,  à  cet  effet,  que  le  résultat 
d'une  seule  expérience,  que  jedois  à  une  Communication  de  M.  Bertin.  On  a 
déduit,  par  comparaison,  de  mesures  précises  faites  en  Italie,  que  notre  croi- 
seur rapide,  le  JuriendélaGravière,  devait  sentir,  à  la  vitesse  de  23  nœuds, 
l'action  réflexe  de  l'eau  sur  le  fond,  jusqu'à  une  profondeur  de  60™  envi- 
ron. En  appliquant  la  formule  (3)  à  ce  cas,  on  devait  donc  obtenir  une 
valeur  voisine  de  cette  profondeur,  mais  nécessairement  plus  grande.  Or, 
en  calculant,  par  la  formule  (3),  avec  les  caractéristiques  de  ce  croiseur  : 
h  =  5™,  7;  ^0  =  2",  39,  pour  ^0  =  0,42^;  on  obtient  la  limite 

H  =  68-",4, 

satisfaisant,  en  effet,  à  ces  conditions. 

Il  est  facile  de  se  rendre  compte  que  l'accélération  horizontale  acquise 
par  les  filets  liquides,  au-dessous  du  maître-couple,  tend  à  diminuer,  au 
delà,  leur  angle  de  redressement  vers  la  surface  libre  sous  l'effort  de  suc- 
cion de  l'arrière  de  la  carène  qui  les  sollicite  dans  ce  sens,  et  cela  d'autant 
plus  que  cette  accélération,  V  —  v,  est  plus  grande  et  augmente  ainsi  la 
profondeur  H.  Or,  il  en  résulte  un  effet  nuisible  au  remplacement  de 
l'eau  et  accroissant  donc,  en  augmentant  la  dépression  à  l'arrière  du  na- 
vire, la  charge  du  courant  sur  sa  carène.  On  voit,  en  outre,  qui  si  les  filets 
descendants,  les  plus  bas,  rencontrent  le  sol  avant  d'atteiniire  leur  proton- 
deur limite,  la  vitesse  de  débit  du  courant,  plus  resserré  entre  cet  obstacle 
à  leur  inflexion  et  le  dessous  de  la  carène,  augmente  en  conséquence  de 


SÉANCE    DU    25    JUIN    1906.  1 5o3 

ce  resserrement.  De  plus,  en  se  réfléchissant  au  choc  sur  le  fond,  ces  filets 
se  redressent  plus  brusquement,  par  réaction  verticale,  vers  la  surface  libre 
où  ils  grossissent,  par  une  partie  de  leurs  apports, la  vague  d'étambot,  et  en 
la  rapprochant  du  maître-cou|jle,  en  même  temps  qu'ils  soulèvent  ainsi 
davantage  l'arrière  du  navire,  ce  qui  fiiit  plonger,  au  contraire,  son  avant 
et  augmente  la  charge  du  courant  sur  sa  carène. 

Ces  résultats  s'appliquent  évidemment  aussi  au  cas  d'un  navire  en   mar- 
che dans  une  eau  tranquille. 

Le  soulèvement  de  l'arrière  d'un  navire  en  marche,  par  action  réflexe, 
sur  le  fond,  du  courant  rétrograde  qu'il  détermine  au-dessous  de  lui  par 
la  réaction  de  la  résistance  de  l'eau,  est  à  signaler  aux  commandants  des 
navires  sous-marins,  car  il  est  de  nature  à  contrecarrer  l'effort  de  redres- 
sement antagoniste  du  gouvernail  de  plongée,  qu;uid  ces  petits  bâtiments, 
après  avoir  obliqué  trop  rapiilement  et  trop  en  pointe  vers  le  fond,  veulent 
arrêter  leur  descente,  ou  revenir  vers  la  surface.  Dans  ce  cas,  en  effet,  cette 
action  réflexe  est  d'autant  plus  redoutable  pour  eux  qu'elle  s'accroît  pro- 
gressivement, dans  leur  |)longée,  à  mesure  qu'ils  se  rapprochent  du  fond 
où  elle  prend  point  d'appui.  C'est  ainsi  qu'on  peut  s'expliquer  certains 
faits  jusqu'ici  incompréhensibles  et  notamment  le  grave  accident  qui  faillit 
arrivera  un  de  nos  submersibles,  le  Silure,  qui,  il  v  a  trois  ans,  a  été  entraîné, 
malgré  lui,  sur  ime  inclinaison  croissante,  de  4o  mètres  vers  le  fond, 
dans  une  plongée  rapide  trop  en  pointe,  sans  pouvoir  arriver  à  arrêter  sa 
descente  avec  son  gouvernail  horizontal.  Ce  bâtiment  n'a  rénssi  à  éviter 
une  catastrophe  qu'en  se  délestant  brusquement  de  son  poids  de  sécurité 
et  en  stoppant  son  moteur,  ce  qui  lui  permit  de  revenir  en  surface. 


ÉLECTRICITÉ.  —  Etude  simplifiée  des  effets  de  capacité  des  lignes  à  courants 
alternatifs.  Note  de  M.  A.  Blo.ndel,  présentée  par  M.  Mascart. 

Dans  une  précédente  Note  ('  )  j'ai  montré  comment  le  régime  des  cou- 
rants alternatifs  en  chaque  point  de  la  ligne  peut  être  obtenu  par  la  super- 
position de  deux  épures  relatives  respectivement  à  la  marche  à  vide  et  au 
fonctionnement  en  court-circuit.  J'ai  représenté  ce  dernier  dans  deux 
hypothèses  :  l'une  correspondant  à  un  décalage  nul  du  courant  à  l'arrivée 

(')  Comptes  rendus^  7  mai  1906.  Erratum  :  aux  expressions  de  I  et  J  ajouter  le 
facteur  e-'Y. 


l5o4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

(courbe  P  des  I,  tracée  en  traits  pleins),  l'autre  à  un  décalage  (p,  =37° 
(cos  «p,  =  0,80)  du  même  courant  (courbe  P^^  des  I,  tracée  en  traits  poin- 
tillés). Les  courbes  Qç_  et  P^^  sont  obtenues  simplement  en  faisant  tourner 
de  37°  les  axes  XOY. 

L'épure  se  rapportait  à  une  transmission  triphasée  projetée  de  1 000*"°  débitant 
à  l'arrivée  un  courant  I,  de  100  ampères  par  phase,  à  25  périodes  sous  une  tension 
étoilée  Uj  de  60000  volts  (correspondant  à  loSgoo  volts  entre  fils).  Les  trois  con- 
ducteurs câblés  de  la  ligne  ont  chacun  83™'"-,  sous  11°"", 6  de  diamètre  extérieur; 
leur  écartement  est  de  a™,5o,  et  leur  hauteur  moyenne,  6™  au-dessus  du  sol.  Les 
constantes  kilométriques  de  chaque  conducteur  sont  /•  =  o,2i5  ohm  •  l  :=  ]  ,2682  milli- 
henry;  c  =^0,29257  ohm  ;  g  a  été  pris  égal  à  zéro,  vu  sa  faible  valeur,  et  à 
défaut  de  chiflres  d'expérience.  On  en  a  déduit  :  a  =r  0,000229606  ;  6  =  o,ooo524334  ; 
»î.  nr  5i  1  ,  12  ;  Y  :=  aSoSS'SS".  On  lit  sur  l'épure  toutes  les  valeurs  intéressantes  des 
tensions  et  courants,  obtenus  par  exemple  tous  les  100''".  Notamment  au  point  1000'"" 
(départ),  on  obtient  le  régime  à  fournir  par  l'usine  génératrice  : 

Pour  costpi  =  I  Pour  0059,=  o,So 

(9,=  o).  (ip,=  37"). 

Tension  résultante Uo  =  77 800''""*  II'»— 8i6oo™p 

Courant  résultant Io=:       ii5"'"i'  !'„=        78™'' 

Projection  de  lo  sur  Uo  ou  U'o. .  io7'""'',5  77™p,5 

Facteur  de  puissance  cosço 0,98  0,99 

Puissance  Uolo  costpi, 25o9o'"''  18972'"' 

Puissance  U,I,  cos^j iSooo'"'  ï44oo'"' 

Rendement  de   la  transmission..  0)73  0,76 

On  remarquera  sur  l'épure  que  (pour  ^=0)  la  courbe  ON  s'écarte  peu  de  sa  tan- 
gente à  l'origine,  perpendiculaire  à  OX;  de  même  la  courbe  OQ  s'écarte  peu  de  la 
forme  rectiligne  et  sa  tangente  à  l'origine  fait,  avec  OY,  un  angle  égal  à  27. 

Cela  m'a  conduit  à  rechercher,  d'une  manière  plus  générale,  pour  ^^o, 
des  expressions  approchées  des  différents  vecteurs  figurant  dans  l'épure  et 
de  leurs  projections  intéressantes,  sous  forme  de  courtes  séries  ordonnées 
par  rapport  aux  valeurs  croissantes  de  la  distance  x,  prise  comme  variable. 
En  posant  pour  simplifier  : 

(i)  p  =  ui-lc  —  ffr, 

(2)  fj  =  hier  -h  oïlg-, 

j'ai  trouvé  ainsi  les  expressions  suivantes  : 

Valeurs  approchées.  Valeurs  exactes. 


(3)  Vecteur QM  =  u/.  -  ^..A  + =  U^i/î2}lIIt 

(4)  Projection  sur  0X0=  L1,M  —  -a'M-i- 


3 


SÉANCE  DU  20  JUIN  I906.  i5o5 


(5)  Projection  sur  OYo=  U,  X  -.r-(  i  —  4  2''")+- 


(6)  Vecteur ON  =  U, \/ g^  +  0/^ c'x(i  —  '^  .r  A  + .  .  .  =  ^  4  /- 

(7)  Projection  sur  OXo=  u/g-x— -^^  "^  "^^"^  xA  +  ■... 


(S)  »  0Y,=  U,  Ucx  -  "^  g  "  ^'  x^ 

(9)  Vecteur OQç,=  I,-.r  (  i  —  ^  .c- j  h- =  /nI,t/ 

(10)  Projection  sur  0X3,  ^  Il  ( /-.r — ■- — .r')+ 

(.i)  ..  OY,=I,(<u/,r-^i^^i^.r-)+.... 

Je  n'indique  que  les  expressions  utiles  pour  les  calculs  usuels.  Quant  au 
vecteur  OPç_  et  à  ses  projections,  les  expressions  sont  les  mêmes  que  pour 
OM  en  remplaçant  U,  par  I, . 

A  ces  expressions,  il  est  intéressant  pour  les  applications  d'ajouter  celles 
des  angles  suivants  : 

Valeurs  exactes.  Valeurs  approchées. 

(12)  MOXo=  arc  tangtanglina;  tang/>j7 =  arc  tang    -:r-|  1  h-  ^a:-M    +  . . . 

,    '•>  <;^^C^  sin  2  bx 

(i3)  NOPç.=  -  — arc  tang  ^T Oi  — Y 

^'  sih2rtj:        ■         ' 

,    /  V  .<^C^  sin  ibx 

(.4)  MOQ„=.-arctang  ^^—-  +  o,  +  -i 

(,5)       XOV  =  X;pQ..=  arctang  ^^"^.^-^  -  ^^ ^  arc  tang  ^"^- ^"^^' "  7^  "^^  +  . 

^      '  V  V.    vy,  °tangha.r        '  "     ti,- —  {pr  +  <^lq)  x- 

I   a\  1V1/-.V  .  tangua;  Ç>i^c  ~  {tacp  —  i>q)x- 

(16)  NOXo=  arc  tan  g -. 1-  y =  arc  tang-— ^^ 5_L^ .    .__ 

tanghwa:  °    &g  —  {gp  +  txicq)x- 

Ces  valeurs  des  vecteurs  et  des  angles  permettent  d'effectuer  rapidement 
les  calculs  des  vecteurs  résultants  par  les  formules  : 


QçM"=Qç,0'-i-OM'+2  0Qy_OMcosQç_OM, 
P^  =  P^Ô''  +  on'  -  2  0P,_ONcosNOPç,. 

Elles  permettent  aussi  de  remplacer  dans  les  calculs  le  vecteur  OQ  par 


l5o6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ses  projections,  en  remplaçant  simplement  les  valeurs  ra;  et  to/a-  qu'auraient 
la  résistance  et  l'induclance  pour  une  ligne  sans  capacité  par  les  valeurs 
corrigéesdes  équations  (lo)et  (  1 1  ).  Le  calcul  graphique  des  effets  d'impé- 
dance des  lignes  présentant  de  la  capacité  peut  alors  se  faire,  au  moyen  de 
ces  corrections  de  r  et  de  oj/,  comme  pour  les  lignes  sans  capacité,  en  ajoutant 
en  outre,  au  vecteur  U,  de  la  tension  à  l'arrivée  un  petit  segment  correctif 
XoM  dont  les  projections  se  déduisent  des  valeurs  données  plus  haut  pour 
les  projections  de  OM  :  (4)  et  (5). 

Ces  formules  approchées,  qui  dispensent  des  calculs  de  a  el  b  et  de 
l'emploi  des  fonctions  hyperboliques,  donnent  des  résultats  très  suffisam- 
ment exacts  pour  toutes  les  lignes  aériennes  ordinaires  dont  la  longueur  ne 
dépasse  pas  Soo"^™  et  pour  les  lignes  souterraines  usuelles  jusqu'à  jo''™; 
au  delà,  il  vaut  mieux  employer  les  formules  complètes  ou  les  expressions 
plus  simples  données  dans  ma  précédente  Communication,  et  rapportées 
à  des  axes  auxiliaires. 


OPTIQUE.  —  Photographie  interfèrenlielle  ;  l'ariation  de  l'incidence  ;  lumière 
polarisée.  Note  de  M.  Ponsot,  présentée  par  M.  Lippmann. 

Je  me  suis  proposé  d'étudier  expérimentalement  les  interférences  de  la 
lumière  polarisée  réfléchie  sur  une  surface  plane  de  mercure  :  ces  interfé- 
rences se  produisant  dans  l'épaisseur  il'une  couche  transparente  de  géla- 
tinobromure d'argent,  en  contact,  dans  toute  son  étendue,  avec  la  sur- 
face réfléchissante.  C'est,  en  somme,  répéter  des  expériences  remarquables 
de  Wiener,  en  utilisant,  pour  faire  varier  les  conditions  expérimentales,  le 
dispositif  de  M.  Lippmann  pour  la  photographie  interférentielle. 

J'ai  dû  dabortl  déterminer  l'indice  de  réfraction  de  la  gélatine,  cette  détermination 
a  été  faite  avec  le  réfractomèlre  d'Abbe.  L'indice  de  réfraction  de  la  gélatine  augmente 
avec  la  dessiccation  de  cette  substance;  par  suite  l'indice  de  la  gélatine  séchée  à  l'air 
libre  dépend  de  l'état  hygrométrique  de  l'air  et  de  la  température  à  laquelle  elle  est 
portée.  J'ai  obtenu  des  nombres  variant  entre  i,537  et  1,546;  la  gélatine  étant  séchée  à 
l'air  libre  el  à  la  température  ambiante  voisine  de  14°.  En  incorporant  à  la  gélatine 
du  bromure  d'argent  el  des  substances  sensibilisatrices,  pour  obtenir  une  émulsion  iso- 
chromatique, je  n'ai  pas  remarqué  de  variation  certaine  de  l'indice. 

Je  rappellerai,  à  ce  sujet,  que  Kircliner  (')  avait  trouvé  dans  ce  cas:  i,532  pour  une 

(')  Untersuchungen  iiber  die  optischen  Eigenschaften  entwickelter  Lippmann- 
scher  Emulsionen.  léna,  1908. 


SÉANCE    DU    2  5    JUIN    I906.  l5o7 

émulsion  séchée  à  l'air,  dans  l'obscurité;  1,587  pour  uneémulsion  séchée  à  l'air,  mais 
brunie  par  une  exposition  suffisante  à  la  lumière  ;  1 ,556  pour  une  même  émulsion  des- 
séchée en  présence  de  l'acide  phosphorique,  et  1,49  après  un  développement  à  l'ami- 
dol  ayant  rendu  l'émulsion  vert  olive. 

Dispositif  expérimental. —  Un  faisceau  de  rayons  lumineux  (arc  électrique)  très  peu 
convergent,  est  dirigé  sur  une  fente  recliligne  verticale  au  foyer  principal  d'une  len- 
tille convergente.  Le  faisceau  de  rayons  parallèles  qui  en  sort  traverse  normalement  la 
surface  d'un  réseau  sur  verre  (y^  de  millimètre);  à  quelques  centimètres  les  rayons 
du  premier  spectre  de  dilTraction,  dispersés  à  gauche  dans  un  plan  horizontal,  traver- 
sent l'objectif  d'un  appareil  photographique  et  impressionnent  une  plaque  sensible 
exposée  au  foyer  (dislance  focale  36'=").  Le  châssis  portant  cette  plaque  est  mobile  au- 
tour d'un  axe  horizontal.  Pour  polariser  la  lumière  j'emploie  un  Foucault  sur  le  trajet 
des  rayons  lumineux,  en  avant  de  la  fente  qui  limite  leur  faisceau.  Comme  il  ne  s'agit 
pas  de  mesures,  c'est  à  l'aide  d'un  prisme  biréfringent  placé  sur  le  trajet  des  ravons 
lumineux  sortant  normalement  du  réseau  que  je  rends  vertical  ou  horizontal  le  plan 
de  polarisation  de  la  lumière  ayant  traversé  le  Foucault. 

Expériences  et  résultats:  \°  Uumière  non  polarisée .  —  Je  prends  des  pho- 
tographies du  spectre  sous  l'incidence  norni;ile  et  eu  augmentant  l'angle 
d'incidence,  uolaminent  pour  une  incidence  (ie  45°  dans  l'air,  ce  qui  cor- 
respond à  un  angle  d'incidence  i^  dans  la  gélatine,  voisin  de  28°.  Pour  ob- 
tenir une  incidence  de  45°  dans  la  gélatine,  j'utilise  un  prisme  rectangle 
isoscèle  en  crown-haryum  (indice  i,55  lumière  jaune);  avec  de  la  gélatine 
je  fais  adhérer  sa  face  hypoténuse  à  la  face  nue  de  la  plaque  de  verre  dont 
l'autre  face  est  recouverte  de  Témulsiou  sensible:  le  châssis  dans  lequel 
est  placée  cette  plaque  étant  incliné  de  45°  sur  l'horizon,  l'axe  principal  de 
l'objectif  est  normal  à  la  face  verticale  du  prisme. 

L'pxameu,  en  lumière  blanche,  sous  une  incidence  normale,  des  photo- 
graphies obtenues  montre  que  les  couleurs  du  spectre  sont  déplacées  vers 
le  violet  et  d'autant  plus  que  l'angle  î,  est  plus  grand.  Lorsque  i,  est  voisin 
de  28°  le  rouge  ne  commence  que  dans  la  région  de  la  plaque  qui  a  été 
impressionnée  par  le  jaune;  lorsque  i,  =  45°,  le  rouge  ne  commence  que 
dans  le  bleu  indigo.  A  sa  gauche,  dans  la  région  impressionnée  par  les 
radiations  les  moins  réfrangibles,  on  observe  une  plage,  en  général  noir 
bleuâtre. 

Ces  résultats  sont  prévus  par  la  théorie  des  interférences  dans  les  lames 
minces  :  en  un  point  impressionné  par  une  radiation  de  longueur  d'onde  \ 
dans  l'air,  sous  une  incidence  i, ,  on  aura,  sous  une  incidence  normale,  un 
maximum  lumineux  pour  une  longueur  d'onde  V,  telle  que 

V  ^  \  :  cos  j , . 

C.   K.,   igofi,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N°  26.)  I97 


l5oS  ACADÉMIE    L>ES    SCIENCES. 

Si  l'on  examine  la  [)hotogra|3hie  sous  une  incitlence  cioissanle,  les  cou- 
leurs se  dé|)lacent  vers  le  rouge  :  sous  une  incidence  de  4'>°  d;iiis  l'air,  la 
couleur  vue  en  un  point  est  celle  de  la  région  du  spectre  qui  a  impressionné 
la  plaque  sensible  en  ce  point,  sous  la  même  incidence. 

Ces  résultats  doivent  être  pris  en  considération  pour  le  choix  des  objec- 
tifs à  utiliser  dans  la  photographie  interférentielle,  pour  la  distance  à 
laquelle  on  doit  se  placer  d'une  photographie  afin  qu'on  ait,  autant  que 
possible,  la  sensation  des  couleurs  impressionnantes,  pour  la  projection  des 
photographies. 

2°  Lumière  polarisée.  —  On  observe  des  résultats  identiques  aux  précé- 
dents avec  la  lumière  polarisée,  du  moins  en  ce  qui  concerne  le  déplace- 
ment des  couleurs  spectrales:  en  outre,  l'angle  j,  croissant  : 

Si  la  lumière  est  polarisée  dans  le  plan  d'incidence,  les  couleurs  obser- 
vées sont  très  brillantes,  plus  pures  qu'avec  la  lumière  non  polarisée. 

Si  la  lumière  est  polarisée  dans  un  plan  perpendiculaire  au  plan  d'inci- 
dence, les  couleurs  observées  deviennent  de  plus  en  plus  ternes,  comme  si 
elles  étaient  sur  un  fond  réflecteur  incolore  ou  légèremt^nl  jaune.  Sous  l'in- 
cidence de  45°  dans  la  gélatine,  les  couleurs  onl  disparu  totalement  :  il  n'y  a 
plus,  à  la  place  impressionnée  par  le  spectre,  qu'une  teinte  uniforme  jau- 
nâtre due  à  l'argent  réfléchissant  produit  par  le  développement. 

Le  cliché,  examiné  par  transparenc<s  ne  montre  cependant  aucune  diffé- 
rence avec  celui  obtenu  lorsque  la  lumière  est  polarisée  dans  le  ()lan  d'inci- 
dence. L'absence  de  couleurs  est  due  à  une  répartition  uniforme,  dans  la 
gélatine,  de  l'argent  produit  par  le  développement  :  la  lumière  incidente 
et  la  lumière  réfléchie  exerçant  en  tout  point  leur  action  d'une  manière 
indépendante,  en  un  mot  n'interférant  pas. 

On  sait  quelle  conclusion  on  tire  de  ce  fait  expérimental  relativement  à 
la  diie('tion  de  la  vibration  dans  la  lumière  polarisée. 

3"  Expériences  sans  miroir  de  mercure.  —  Toutes  les  expériences  précé- 
dentes ont  été  répétées  en  supprimant  la  surface  réfléchissante  de  mercure  ; 
les  résultats  obtenus  ont  été  analogues  :  sous  l'incidence  i',  ^4^°  il  y  a 
réflexion  totale  sur  la  surface  gélatine-air;  avec  la  lumière  polarisée 
dans  le  plan  d'incidence,  la  photographie  du  s|)eclre  donne  de  belles 
couleurs  commençant  dans  la  région  impressionnée  par  le  bleu;  dans 
l'autre  cas,  il  n'y  a  pas  de  couleurs,  mais  une  surface  réfléchissante  d'argent 
jaunâtre. 

J'ai  remarqué  que,  dans  les  mêmes  conditions  d'exposition  et  de  lumière, 
les  couleurs  vues  en  un  point  d'une  plaque  ne  sont  pas  les  mêmes  qu'avec 


SÉANCE  DU  25  JUIN  1906.  I  Sog 

une  surface  réfléchissante  de  mercure  (').  Pour  mettre  ce  fait  en  évidence, 
j'ai  photographié  un  spectre  dont  la  moitié  inférieure  seulement  était 
réfléchie  par  le  miroir  mercuriel  ;  la  discordance  des  couleurs  est  mani- 
feste; elle  est  considérablement  atténuée  en  recouvrant  la  ph(>tographie  de 
benzine  et  d'un  prisme  d'un  angle  de  10°. 

Il  y  a  lieu  d'étudier  cette  discordance  avec  la  précision  qui  est  possible 
en  faisant  varier  les  conditions  expérimentales. 

PHYSIQUE.  —  Dispositif  permetlant  de  mettre  simultanément  plusieurs 
prismes  au  minimum  de  déviation.  Noie  de  P.  Lambert,  présentée  par 
M.  Lippmann. 

Ayant  eu  besoin  de  monter  un  spectroscope  composé  de  trois  prismes  et 
de  deux  demi-prismes,  dans  lequel  le  rayon  lumineux  traversait  une  pre- 
mière fois  le  système,  puis  revenait  en  sens  contraire  après  s'être  réfléchi 
sur  nn  miroir  M  {fig.  i),  j'ai  été  amené  à  étudier  la  question  de  la  mise 
au  minimum  de    déviation. 

Fig.   I. 


On   a   proposé   de   nombreux  mécanismes    pour   mettre  simidtiméinent 


(')  Voir  à  ce  sujet  :  Kkone.  Die  Darslelltmg  der  itatiirlichen  Farben,  i8q4.  —  V'a- 
LENTA.  Photographie  in  Farben.  —  RoiuÉ,  Comptes  rendus,  oclobi  e  1904  ;  Société 
française  de  PItysique,  16  décembie  1904. 


I  )  1  o 


ACADEMIE    DES   SCIENCES. 


il  17  minimum  de  déviation  plusieurs  prismes;  mais,  dans  le  cas  particulier  qui 
m'occupait,  je  n'ai  pu  employer  aucun  d'entre  eux,  car  ils  exigeaient  trop 
de  place  ou  manquaient  de  précision;  j'ai  donc  préféré  employer  le  sys- 
tème suivant  qui,  je  crois,  n'a  pas  encore  été  décrit. 

Soit  un  train  de  trois  prismes  et  deux  demi-prismes  dont  les  arêtes  verti- 
cales de  la  base  coïncident.  S'ils  sont  tous  au  minimum  de  déviation  pour 
ime  certaine  radiation,  on  sait  que  le  polygone  formé  par  les  bases  est 
régulier  et  que  les  angles  sont  plus  ou  moins  grands,  suivant  que  le  système 
est  au  minimum  de  déviation  pour  une  radiation  rouge  ou  une  radiation 
violette. 

Supposons  que  le  premier  demi-prisme  de  base  ka  {Jig.  2)  soit  fixe  et 


que  le  rayon  entre  normalement  à  sa  face.  La  ligne  œa  sera  le  lieu  géomé- 
trique des  cercles  inscrits  dans  les  polygones  formés  par  les  bases.  Le 
problème  revient  donc  à  trouver  le  moyen,  en  déplaçant  le  centre  w  sur  la 
ligne  wa,  d'agir  sur  les  côtés  du  polygone  de  façon  à  les  rendre  toujours 
tangents  au  cercle  uta.  On  peut  arriver  à  ce  résultat  par  le  moyen  suivant. 
Supposons  en  A,  B,  C,  D,...  des  charnières  et  en  co  une  colonne  cylin- 
drique montée  sur  un  patin  H  guidé  par  deux  glissières  et  pouvant  se  dé- 
placer dans  la  direction  coa.  Deux  poulies  à  gorge  de  très  faible  épaisseur  c,  d 
peuvent  tourner  sur  cette  colonne.  Un  fil  métallique  souple  et  inextensible 
est  fixé  en  un  point  X,  s'enroule  de  droite  à  gauche  sur  la  poulie  c,  passe 
sur  la  poulie  e,  puis  vient  s'enrouler  de  droite  à  gauche  sur  la  poulie  d  et  se 
termine  en  Y  oij  il  est  fixé  par  l'intermédiaire  d'un  tendeur. 

Si  je  déplace  le  point  w  au  moyen  de  la  glissière  et  si  je  le  transporte  en  w'  (Jlg-  2), 


SÉANCE    UC    20    JLIN     ipoC). 


I  .)I  ( 


le  point  o  se  sera  approché  du  centre  d'une  quantité  égale  à  tow',  puisquee/'^e'y':^co(i)', 
donc  la  distance  w'o'  sera  toujours  égale  à  co'ff. 

11  est  nécessaire  d'employer  un  système  formé  de  trois  poulies  et  d'un  fil  double, 
car,  si  le  fil  métallique,  après  avoir  passé  sur  la  poulie  c,  venait  se  fixer  en  o,  la  dis- 
tance m' o'  ne  serait  égale  à  w'ff  que  si  le  côté  B'C  restait  parallèle  à  BC,  ce  qui  n'a 
pas  lieu,  car,  en  se  rapprochant  du  centre,  il  change  aussi  d'orientation  ;  le  fil  s'enrou- 
lerait donc  sur  un  arc  de  la  circonférence  de  la  poulie  correspondant  à  l'angle  de  rota- 
tion et  de  ce  fait  la  distance  du  point  o'  à  co'  serait  plus  petite  que  w'a.  En  employant 
deu\  brins  et  une  poulie  en  o,  l'erreur  produite  sur  le  brin  X  est  compensée  par 
l'erreur  égale  et  de  sens  contraire  produite  sur  le  brin  Y.  Si  l'on  dispose  des  ressorts 
capables  d'éloigner  les  côtés  du  polygone  du  centre,  le  train  de  prismes  peut  être 
conduit  par  des  systèmes  de  fils  métalliques  semblables  à  celui  décrit  plus  haut  et 
fixés  aux  côtés  BC,  CD,  DF,  etc.  Cependant,  afin  de  rendre  l'ensemble  plus  stable,  j'ai 
préféré  guider  le  mouvement  des  prismes. 

Pour  cela  j'ai  placé,  sous  les  plates-formes  qui  les  supportent,  des  pièces  de  bronze  G 

Kig.  3. 


de  ô"""  à  7""  de  longueur;  chacune  d'elles  est  percée  d'un  trou  soigneusement  alésé, 
perpendiculairement  au  côté  du  polygone;  dans  ce  trou  passe  une  tige  calibrée,  ter- 
minée par  une  bague  qui  peut  tourner  autour  de  la  colonne  w. 

Dans  ces  conditions,  les  côtés  seront  toujours  parfaitement  perpendiculaires  aux 
tiges  (0  0  ;  de  plus,  il  est  facile  de  voir  qu'il  suffit  d'employer  un  nombre  de  commandes 
par  fils  égal  à  la  moitié  du  nombre  des  prismes. 

On  peut  construire  les  organes  de  ce  mécanisme  avec  beaucoup  de  précision  et 
obtenir  un  mouvement  très  doux  sans  jeu  ni  retard. 


ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  une  méthode  simple  pour  l'élude  des  mouvemenis  des 
vapeurs  métalliques  dans  C  étincelle  oscillante.  Note  de  M.  G -A.  Hem- 
SALECH,  [jrésenlée  par  M.  Lippmann. 

Dans  une  Note  anlérieure  (')  j'ai  montré  qu'une  seule  oscillation  est 
capable  de  produire  et  de  rendre  lumineuse  de  la  vapeur  métallique.  J'ai 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXLI,  igoô,  p.  1227. 


l5l2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

constaté  depuis,  en  photogra[)hiant  des  étincelles  oscillantes  sur  une  pelli- 
cule mobile,  que  la  vapeur  métallique  est  produite  uniquement  par  les 
oscillations  et  que  la  décharge  initiale  n'en  produit  pas.  C'est  surtout  la 
première  oscillation  de  chaque  élinrelle  qui  est  riche  en  vapeur  métallique, 
et  lorsqu'on  souffle  l'étincelle  elle  donne  lieu  à  cette  traînée  de  vapeur 
dont  j'ai  étudié  le  spectre  (/.  c). 

Pour  l'étude  détaillée  de  cette  première  oscillation  il  est  nécessaire  de 
l'isoler;  à  cet  effet  t)n  introduit  dans  la  bobuie  de  self-induction  un  cylindre 
en  lôle  de  fer  :  toutes  les  oscillations,  sauf  la  première,  sont  alors  dé- 
truites (').  En  soufflant  maintenant  l'étincelle  on  aperçoit,  outre  la 
décharge  initiale,  l'oscillation  et  la  trajectoire  de  projection  de  la  vapeur 
métallique.  Je  me  suis  proposé  d'examiner  de  plus  près  ces  trajectoires  et 
de  déterminer  les  vitesses  de  projection  pour  différents  métaux.  La  faible 
lumière  d'une  seule  oscillation  ne  m'ayant  |)as  permis  d'employer  la  mé- 
thode de  la  pellicule  mobile  (méthode  employée  par  M.  Schuster  et  moi- 
même  dans  nos  recherches  sur  l'étincelle  ordinaire)  j'ai  eu  recours  à  la 
méthode  suivante. 

Deux,  électrodes  semblables,  E  et  E'  (fig.  i),  se  lermiiiant  en  pointes  sont  fixées  au 
foyer  du  colliinaleur  (longueur  focale  go"^™)  d'un  spectroscope  auquel   on   a   enlevé  la 

Fig.  I. 


fente.   Les  électrodes  sont   disposées  de   telle  sorte  qu'une  droile  reliant  les  pointes 
coïncide  exactement  avec  la  position  qu'occupait  auparavant  la  fente. 

Les  électrodes  sont  reliées  aux  armatures  d'un  condensateur  (capacité  :  0,007  fnicro- 
farad);(laiis  l'une  des  deux  branches  du  circuit  est  insérée  une  bobine  de  self-induction 

(')  IIkmsalecii,  Comptes  rendus,  t.  CXL,   igoS,  p.  1822. 


SÉANCE    DU    25    JUIN    l(jo6.  l5l.^ 

de  0,0125  heniv,  reiireriuanl  un  cylindre  en  tôle  de  fer  (diamètre  19"™, 5;  longueur  i™). 
Lorsqu'on  fiiit  éclater  une  (-tincelle  entre  E  et  E'  on  aperçoit  dans  la  lunette  du 
spectroscope  le  spectre  du  métal  qui  constitue  les  électrodes;  ce  spectre  est  composé 
d'images  monocliromatiques  de  l'étincelle  et  l'on  peut  y  étudier  la  distribution  de  la 
vapeur  métallique  pour  une  radiation  quelconque,  comme  l'ont  fait  M.  Lenard  pour 
l'arc  et  M.  de  Walteville  pour  les  flammes.  Dans  une  étincelle  (longue  de  6™™)  pro- 
duite dans  les  conditions  dedécliarge  énumérées  plus  haut  on  constate  les  faits  sui- 
vants :  La  vapeur  métallique  est  projetée  d'une  des  électrodes  seulement;  à  l'autre 
électrode  on  n'aperçoit  que  de  petites  taches  de  vapeur  au  voisinage  immédiat  de  la 
surface,  mais  il  n'y  a  pas  de  projection.  En  outre  on  aperçoit  à  la  surface  de  cette 
électrode  la  bande  de  la  gaine  négative  (tête  de  la  bande  à  X  =:  391^,4),  d'où  il  résulte 
que  c'est  l'électrode  négative.  La  vajjeur  métallique  est  donc  projetée  de  l'électrode 
positive.  Le  spectre  de  la  décharge  initiale  n'est  pas  visible  dans  ces  conditions.  L'os- 
cillation donne  les  bandes  de  l'azote,  mais  elles  sont  extrêmement  faibles. 

Si  maintenant  ou  tait  passer  un  cour.iiit  d'air  à  travers  au  tube  de  verre 
T  i^fig.  i),  placé  perpendiculairement  à  la  direction  de  l'étincelle,  et  dont 
le  diamètre  intérieur  est  un  peu  plus  grand  que  la  distance  explosive  (dis- 
lance entre  l'orifice  du  tube  et  l'étincelle  :  3"™  à  5"""),  la  vapeur  métallique 
et  l'oscillation  sont  déviées  de  leur  direction  originale,  tandis  que  la 
décharge  initiale,  devenue  beaucoup  plus  marquée,  reste  droite.  Ces  trans- 
formations sont  admirablement  inler[)rétées  par  le  spectroscope.  Dans  le 
spectre  on  aperçoit  maintenant  des  raies  droites  et  des  raies  courbes.  Les 
raies  droites  et  faibles,  traversant  le  spectre  du  haut  en  bas,  sont  dues  à  la 
décharge  initiale  (trait  de  feu)  et  constituent  le  spectre  de  ligues  de  l'air. 

Les  raies  courbes  et  lumineuses,  provenant  d'une  des  électrodes  seule- 
ment, sont  dues  à  la  vapeur  métallique.  Connaissant  la  vitesse  du  courant 
d'air  on  peut  déterminer  la  vitesse  de  projection  de  ces  vapeurs  pour  une 
radiation  spectrale  quelconque.  Dans  ce  spectre  on  remarque  encore  une 
faible  bande  de  l'azote,  également  déviée,  due  à  l'oscillation. 

Maintenant  une  seule  étincelle  ne  suffit  pas  [>our  impressionner  tous  les 
détails  sur  une  plaque  photographique  et  l'on  est  obligé  d'employer  une 
série  d'étincelles,  lesquelles  doivent  se  superposer  exactement. 

Pour  cela  on  recouvre  les  électrodes  d'un  isolant  et  ne  laisse  exposée 
qu'une  surface  minime  du  métal  d'où  peut  jaillir  l'étincelle.  Le  condensa- 
teur est  mis  en  dérivation  sur  le  secondaire  d'un  transformateur  alimenté 
par  le  courant  alternatif. 

Pour  faire  une  pose,  on  ferme  momentanément  le  circuit  primaire  du 
transformateur.  Dans  ces  conditions,  la  vapeur  métallique  est  projetée  des 
deux  électrodes  par  suite  des  alternalions  de  la  charge.  Une  de  ces  photo- 


l5l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

graphies,  agrandie,  est  reproduite  (fig.  2);  elle  a  été  obtenue  avec  des 
électrodes  de  plomb. 


Fig.  î. 


Bètermination  de  la  vitesse  du  courant  d'air.  —  Le  tube  de  verre  T  est 
monté  sur  le  déflagrateur  à  bords  cunéiformes  décrit  dans  une  Note  anté- 
rieure ('  ).  On  détermine  ensuite  les  distances  entre  les  oscillations  données 
par  ce  dispositif  et  produites  par  un  système  de  capacité  et  self-induction 
dont  on  a  préalablement  évalué  la  fréquence  d'oscillation  à  l'aide  de  la 
méthode  de  la  pellicule  mobile  (^).  Connaissant  alors  la  fréquence  d'oscil- 
lation et  la  distance  entre  deux  oscillations  successives  produites  par  le 
courant  d'air,  on  peut  calculer  la  vitesse  de  ce  dernier.  Ainsi  j'ai  trouvé  une 

j      ,      mètres  ,  .    i'   •  1       ■     1 

vitesse  de  47 t-  pour  le  courant  d  air  employé  dans   mes  expériences, 

d'oîi  résulta  pour  les  raies  1  =  4o58,o  et  >.  ^  3683,6  du  plomb  une  vitesse 

TYl  ^  1 1'  ^  Q 

t;ineentiellede  5o ^à  la  distance  de  2™™  de  l'électrode.  Les  vapeurs 

°  seconde  ' 

(lu  magnésium  ont  donné  des  vitesses  beaucoup  plus  petites. 
Je  me  propose  de  continuer  ces  recherches. 


PHYSIQUE.  —  Sur  des  méthodes  pour  photographier  les  raies  d' absorption 
des  matières  colorantes  du  sang.  JNole  de  MM.  Louis  Lewix,  A.  3Iiethe 
et  E.  Stexc.er,  présentée  par  M.  A.  Laveran. 

Aucun  essai  de  photographier  les  spectres  de  toutes  les  matières  colorantes  du  sang 
n'a  été  publié,  à  notre  connaissance,  jusqu'à  l'heure  actuelle.  Et  pourtant  de  telles 
tentatives  étaient  nécessaires  depuis  longtemps  pour  donner  une  base  certaine  aux 
appréciations  de  leurs  propriétés  spectrales.  C'est  que  certaines  difficultés,  que  l'on 
peut  considérer  à  présent  comme  résolues,  s'opposaient  à  une  telle  tentative. 


(')  lliîMSALECH,  Comptes  rendus,  t.  CXL,  igoS,  |).  iio3. 
C)  IlEasAi.ECii,  Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  1901,  p.  917. 


SÉANCE    DU    25    JUIN    1906.  l5l5 

On  n'estime  pas  toujours  à  sa  juste  valeur  la  méthode  d'observation  spectrogra- 
phique,  et  justement  à  propos  des  spectres  d'absorption,  l'opinion  généralement  ré- 
pandue est  que  la  mesure  du  spectrogramnie  ne  donne  pas  de  résultats  plus  exacts  que 
l'observation  et  la  mesure  à  l'ieil  nu.  Cette  manière  de  voir  ne  peut  être  admise, 
comme  nous  l'avons  démontré,  à  la  fois  pour  le  spectre  visilile  parce  que,  en  disposant 
convenablement  les  expériences,  on  peut  mesurer  avec  la  pins  grande  exactitude  les 
raies  d'absorption,  et  aussi,  cela  va  sans  dire,  pour  la  partie  violette  et  ultra-violette 
du  spectre  qui  est  très  peu  ou  pas  du  tout  visible  à  l'observation  oculaire.  En  outre, 
il  est  connu  que  beaucoup  de  réactions  spectrales  ont  Heu  justement  à  l'endroit  où  le 
spectre  est  le  plus  réfrangible  et  que  beaucoup  de  pliénonièncs  caractéristiques  dans 
le  domaine  de  l'analyse  d'ai)sorption  se  passent  dans  le  violet  extrême  et  l'ultra-violet; 
il  suffit  de  mentionner  ici  les  absorptions  de  corps  organiques  incolores-dans  le  violet 
et  l'ultra-violet.  Nous  avons  également  constaté  dans  nos  recherches  sur  les  matières 
colorantes  du  sang  que  l'absorption  qui  a  lieu  dans  cette  région  du  spectre  que  Sorel 
fixa  le  premier  sur  la  plaque,  il  y  a  trente  ans  et  que  Gamgee  représenta  plus  tard, 
mais  qu'il  ne  poursuivit  pas  dans  toute  sa  valeur,  est  particulièrement  sensible.  A 
cause  de  la  facilité  qu'on  a  de  la  recojinaître  dans  les  plus  petites  quantités  de  sang,  qui 
ne  peuvent  être  constatées  d'une  autre  m.anière,  cette  absorption  ne  manquera  pas 
de  rendre  des  services  à  la  Toxicologie  et  à  la  Médecine  légale. 

Une  (les  raisons  qui  font  que  les  mélhoJes  pholographiques  ont  été  si 
peu  employées  dans  l'analyse  de  l'absorption  spectrale  est  que,  avec  les 
plaques  ordinaires,  le  champ  spectral  utilisable  ne  dépasse  pas  de  beaucoup 
le  bien  vert  dans  la  direction  de  l'extrémité  la  moins  réfrangible.  C'est 
seulement  par  l'utilisation  des  derniers  progrès  dans  le  domaine  de  la  sensi- 
bilisation des  plaques  qu'il  a  été  possible  de  poursuivre  les  phénomènes 
d'absorption  jusqu'à  l'extréinilé  visible  de  la  partie  la  moins  réfrangible  du 
spectre. 

Nos  recherches  ont  été  faites  avec  du  sang  d'hommes,  de  chevaux,  de 
porcs,  de  lapins,  de  grenouilles  et  de  vers  de  terre  ;  puis  avec  de  i'uxyhé- 
nioglobine  pure  et  les  produits  de  transformation  qu'on  en  relire  ;  enfin 
avec  des  dérivés  des  matières  colorantes  du  sang  purs  que  nous  avons 
isolés  nous-mêmes  ou  (pii  nous  ont  été  remis  par  des  tiers  ('). 

Nous  nous  sommes  servisdes  installations  et  appareils  suivants  :  un  spec- 
Irographe  à  réseau  de  Thorp  qui  donne  un  spectre  long  d'environ  9'^"'  entre 
les  longueurs  d'onde  800  et  3oo  nous  a  servi  d'appareil  spectroscopique. 
Nous  utilisâmes  en  outre  un  spectrographe  à  quartz  pour  l'ultra-violet  quand 

(')  Nous  adressons  ici  nos  vifs  remerciements  à  M™"  Nadine  Sieber  de  Saint- 
Pétersbourg  et  à  M.  E.  Salkowski  de  Berlin  pour  l'obligeance  avec  laquelle  ils  ont  mis 
à  notre  disposition  divers  produits. 

G.  R.,  :9o6,  i"  Semestre.  (T.  CXLII,  N°  26.)  I98 


l5l6  ACADÉMip    DES    SCIENCES. 

il  nous  parut  nécessaire  de  constater  si  des  raies  d'absorption  existaient  au 
delà  de  la  longueur  (l'onde  3oo. 

Comme  source  lumineuse,  nous  avons  employé  des  fds  de  magnésium 
enflammés,  qui  fournissent  non  seulement  une  lumière  vive  très  régulière, 
surtout  dans  la  partie  violette  et  ultra-violette  du  spectre,  mais  aussi  quel- 
ques lignes  1res  nettes  sur  le  fond  desquelles  se  détachent  très  fortement 
les  bandes  d'absorption  à  constater.  Dans  quelques  expériences  nous  nous 
sommes  servis  de  la  lumière  oxhydrique  à  zircone.  Nous  avons  employé  dans 
la  partie  la  moins  réfrangible  du  spectre  une  lampe  Nernst  qui  donne,  de  la 
longueur  d'onde  4oo  jusqu'à  la  limite  du  spectre  rouge  visible,  une  bande 
lumineuse  absolument  régulière.  Tout  en  employant  cette  source  lumineuse, 
nous  projetâmes  des  lignes  de  repère  très  fortes  ilans  le  spectre.  Les 
recherches  se  faisaient  ordinairement  dans  des  cuves  à  faces  parallèles  nu 
dans  des  éprouvettes  d'un  diamètre  connu.  Ces  dernières  agissaient  en 
même  temps,  si  on  le  jugeait  nécessaire,  comme  des  lentilles  convexes. 


THERMOCHIMIE.    —  Sur  la  chaleur  de  formation  de  l'acide  carbonylferro- 
cyanhydrique .   Note  de  M.  «Ï.-A.  Muller. 

La  chaleur  de  formation,  depuis  les  éléments,  de  l'acide  carbonyl- 
ferrocyanhydrique  ne  peut  se  déduire  que  de  sa  chaleur  de  combustion, 
car  son  mode  de  synthèse,  à  partir  des  ferrocyanures  ('),  ne  se  prête  pas  à 
une  autre  méthode  de  détermination. 

J'ai  opéré  cette  combustion  clans  la  bombe  calorimétrique  contenant  5'"'  d'eau,  en 
eni|)loyant  os,8  à  00,9  d'acide,  en  cristaux  assez  gros,  que  je  brûlais  direelement, 
c'est-à-dire  sans  employer  de  combustible  auxiliaire,  dans  un  petit  creuset  en 
porcelaine  de  Saxe,  de  23"""  de  diamètre  sur  20™™  de  hauteur  et  pesant  environ  3s, 5. 

Malgré  toutes  les  précautions  prises,  il  y  avait  souvent  projection  de  matière  hors 
du  creuset,  au  moment  de  la  combustion  ;  ce  fait  se  produisait  surtout  quand  les  gros 
cristaux  étaient  mélangés  à  un  peu  de  poudre  cristalline. 

Mais  dans  les  cas  où  il  n'y  avait  pas  eu  projection  de  matière,  les  produits  gazeux 
de  la  réaction  ne  contenaient  pas  trace  d'acide  cyanhydviijue  ni  d'oxyde  de  carbone; 
ils  ne  renfermaient  pas  non  plus  de  vapeurs  nitreuses.  II  est  évident  qu'aucune  autre 
méthode  de  combustion  que  celle  par  la  bombe  calorimétrique  n'aurait  peimis  d'at- 
teindre ce  résultai. 

Ce  travail    devant  être   publié  in  extenso  dans  uu  autre  Recueil,  je  ne 
(')  Comptes  roic/iis,  i.  (]X.\VI,   i8g8,  p.  i^ai. 


SÉANCE    DU    25    JUIN    1906.  l5x7 

donnerai  ici  que   les  chnleiirs   de    combustion    définitives  de    i»   d'acide 

hydraté  H'FeCOCAz,  H-O,  à  volume  constant,  obtenues  dans  7  combus- 
tions où  il  n'y  avait  pas  eu  projection  de  matière.  Les  produits  de  la 
combustion  étant  l'azoite,  l'anhydride  carbonique  gazeux,  l'eau  liquide  et 
l'oxyde  salin  de  fer,  les  nombres  dont  il  s'agît  sont  les  suivants  : 

Cal 
3439 
3455 
3454 
3434 
3459 
3435 
3429 

La  moyenne  arithmétique  de  ces  nombres  est  égale  à  344'i'^'''>  ce  qui 
correspond  à  809^"',  8  par  mol.-gr.  d'acide  hydraté,  à  vol.  const.  et  808^"',  9, 
à  pression  constante. 

En  appelant  x  la  chaleur  d'hydratation  de  l'acide  carbonylferrocvan- 
hydrique  par  l'eau  liquide,  avec  formation  de  l'hydrate  solide  à  une  molé- 
cule d'eau,  on  déduit  du  dernier  nombre  la  chaleur  de  formation  de  l'acide 

5 

pur,  H'FeCOCAz  ,  depuis  ses  éléments,  soit  —  (48^"', 6-1- a;). 

La  valeur  de  a;étanttrès  probablement  inférieure;!  une  vingtaine  de  Cal., 
la  chaleur  de  formation  de  l'acide  car{)onylferrocyanhydrique  est  donc 
bien  moins  endothermique  que  celle  de  l'acide  ferrocyanhydrique  qui  est 
égale  à  —  1 22^"', o  ( '  ). 

Ainsi,  tandis  que  le  remplacement  de  CAzH  par  CO  dans  l'acide  ferrocyan- 
hydrique, avec  formation  d'acide  carbonylferrocyanhydrique,  n'a  aucune 
influence  sur  l'énergie  acide  des  atomes  d'hydrogène  qui  restent  (-),  cette 
substitution,  à  cause  de  la  chaleur  de  formation  exothermique  du  carbonyle 
comparée  à  celle  du  groupement  CAzH  qui  est  endothermique,  a  pour  effet 
d'augmenter  la  chaleur  déformation  de  l'acide  carbonylferrocyanhydrique 
par  rapport  à  celle  de  l'acide  ferrocyanhydrique. 


(')  Berthelot,  Thermochirnie,  l.  II,  p.  294. 
(^)  Comptes  rendus^  t.  CXXIX,  1899,  p.  962. 


l5l8  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Phosphorescence  cathodique  de  teuropiiun  dilué  dans 
la  chaux.  Etude  du  système  phosphorescent  ternaire  :  chaux- gadoline-eura- 
pine.  Note  de  M.  i\.  Urbain,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

Dans  une  Note  précédente  (Comptes  rendus,  t.  CXLII,  190G,  p.  2o5)  j'ai 
établi  l'existence  de  deux  spectres  de  phosphorescence  de  l'europium  pur. 
J'ai  employé  comme  diluant  de  l'europine,  soit  la  gadoline,  soit  la  chaux, 
soit  l'alumine.  En  faisant  varier  progressivement  dans  ces  systèmes  phos- 
phorescents binaires  la  proportion  d'eurojiine,  on  observe  deux  optima 
successifs  de  phosphorescence,  pour  deux  groupes  de  bandes  spectrales 
distinctes,  mais  attribuables  tous  deux  au  même  élément  excitateur  euro- 
pium.  Je  désignerai  ce  phénomène  sous  le  nom  de  phénomène  de  dilution. 

En  étudiant,  dans  le  diluant  chaux,  la  phosphorescence  des  termes  suc- 
cessifs de  mes  fractionnements  de  terres  eurojnfères,  j'ai  observé  avec  les 
fractions,  qui  renferment  simultanémentde  l'europiumet  du  gadolinium,  un 
nouveau  [)hénomène  que  j'ai  pu  reproduire  synthétiquement,  et  qui  montre 
combien  les  radiations  émises  dans  la  phosphorescence  sont  susceptibles 
do  se  modifier  sous  des  influences  de  nature  chimique  relativement 
faibles. 

Pour  environ  0^,200  de  chaux,  j'emploie  quelques  milligrammes  d'oxydes 
rares.  L'ensemble  est  transformé  en  nitrates,  où  l'on  verse  d'abord  un  excès 
d'ammoniaque,  puis  de  carbonate  d'ammoniaque.  Lfes  carbonates  sont 
calcinés  sur  un  bec  Bunsen. 

Dans  ces  conditions  les  fractions  successives  d'europium  pur  ont  donné 
constamment  le  spectre  suivant  : 

Spectre  du  système  hinaire  chaux-europine.  —  607  faillie,  diffuse;  634  t'"ès  faible, 
très  ditTuse;  624,5  foile,  éu-oite  ;  618  moyenne,  étroite;  6i5,5  moyenne,  élroile;  612,8 
extrêmement  forte,  étroite;  697  moyenne,  étroite;  SgS  moyenne,  étroite;  091  très 
faible,  étroite;  689,5  forte,  assez  étroite;  584,5  faible,  diffuse,  estompée  vers  les  X  forts; 
582  faible,  nébuleuse;  564,5  faible,  dilïnse;  56i,5  faible,  diffuse;  554,5  très  faible, 
diduse;  552,7  faible,  dilïuse;  54o,5  assez  foite,  nébuleuse;  536,5  moyenne,  nébuleuse; 
528  moyenne  nébuleuse;  5i8  faible,  difl'use;  5i3  très  faible,  diffuse  ;  491  moyenne, 
diffuse;  4*^7^5  très  faible,  dilfuse;  475,5  assez  forte,  nébuleuse;  472  moyenne,  nébu- 
leuse; 468,5  forte,  étroite;  466  assez  forte,  estompée  vers  les  X  faibles;  456  très  faible, 
diffuse;  449i  assez  forte,  assez  étroite,  estompée  vers  les  \  forts;  446,6  assez  forte, 
assez  étroite;  437  très  faible,  diffuse;  433  faible,  dilfuse,  soudée  à  la  suivante;  43i,5 
moyenne,  nébuleuse;  427,5  moyenne,  étroite;  426  forte,  étroite;  424-5  forte,  étroite; 


SÉANCE    DU    25    JUIN    1906.  1019 

421,5  très  faible,  diffuse;  4'9)5  1res  forte,  étroite  ;  417.  >  fiible,  nébuleuse;  4'6i  forte, 
étroite;  4i5  moyenne,  étroite;  4i3,5  faible,  diffuse;  l^io  faible,  nébuleuse;  4o8 
moyenne,  étroite;  4o4i5  très  faible,  étroite;  4o2  très  faible,  nébuleuse. 

Les  fractions  comprises  entre  rcurupiuiii  et  le  gailoliuium  présentent  également  ces 
bandes.  Dune  manière  générale,  elle  s'alialblissent  à  mesure  que  la  proportion  deuro- 
pium  diminue  dans  ces  fractions.  En  même  temps  le  phénomène  de  dilution  se 
manifeste  :  c'est  ainsi  que  la  bande  3g3  qui,  dans  leuropium  pur.  se  montrait  moins 
forte  que  la  bande  ()i-.'.,8,  devient  plus  forte  que  celle  dernière  dans  les  terres  de  plus 
en  plus  pauvres  en  enropium.  D'autre  pari  les  bandes  agi,  472,  466  et  4'6  subissent, 
par  rapport  aux  bandes  voisines,  un  accroisscmenl  sensible  d'intensité  relative. 

Enfin,  et  c'e.sL  là  le  phénomène  le  (îhis  remarquable,  îles  bandes,  qui  ne 
figurent  pas  dans  le  spectre  décrit  [)lus  haut,  a|)paraissent,  augmentent 
d'intensité  et  décroissent  ensuite  à  mesure  que  la  proportion  tl'europium 
diminue. 

D'une  manière  générale  ces  bandes  sont  plus  persistantes  que  celles  du 
spectre  précédent.  J'ai  pu  repérer  les  suivantes  : 

623  très  diffuse;  Gii  étroite,  frès  brillante,  très  caractéristique;  5g5 
très  diffuse;  587,5  étroite. 

Ce  serait  une  grave  erreur  que  d'attribuer  ce  spectre  à  un  nouvel  élé- 
ment. Les  longueurs  d'onde  de  ces  4  bandes  coïncident  avec  les  longueins 
d'onde  de  /j  des  ])lus  caractéristiques  des  bandes  que  l'on  observe  dans  le 
système  phosphorescent  l>inaire  gadoline-europine.  Les  bantles  Bgi,  472. 
466  et4i6  semblent  coïncider  dans  les  spectres  des  deux  systèmes  binaires 
ciianx-europine  et  ga(k)iine-curopine.  D.ms  ce  dernier  spectrej'ai  observé, 
en  effet,  les  longueurs  d'onde  suivantes  :  5()2,  47-»  465  (il  .\\6. 

Ainsi,  lorsque  dans  le  système  ternaire  chaux-gadoline-europine,  la 
proportion  de  gadoline  devient  de  l'ordre  du  centième,  l'europium 
choisit,  de  préférence  à  la  chaux,  la  gadoline  comme  diluant,  bien  cpie  la 
chaux  forme  la  prescjue  totalité  de  la  masse  |)hosphorescente  et  que  ce 
dernier  ait  les  caractères  de  l'iiomogénéilé  (tlissolutions  solides  pho-plioi-es- 
centes  de  M.  Lecoq  de  Boisbaudran). 

J'ai  pu  souinettre  cette  théorie  au  contrôle  de  l'expérience  directe  et 
déterminer  les  limites  de  composition  centésimale  des  trois  corps  entre  les- 
quelles le  phénomène  se  produit. 

A  cet  effet  j'ai  préparé  des  mélanges  binaires  de  gadoline  et  d'europine  pure.  Dans 

Eu-0^ 
les  mélanges  les  plus  riches,   le  rapport  -=— ,- — • 

,     .    Eu^O'        0,08 
plus  pauvres  ce  rapport  était  p  i^/  >:, 


'lait  environ  A-  Dans   les  mélanees  les 


99.92 


^•■-  ' 


VC3t> 


\' 


W' 


O'-^^^ 


l520  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Chacun  de  ces  mélanges  a  été   additionné,   d'après  le  mode  opératoire  décrit  plus 

)^-t-E 
CaO 


.          j                •        ,      ,            „             ,                  Gd'-O^-t-Eu^O^       .  .  , 

haut,  de  proportions  de  chaux  telles  que  le  rapport r~r\ variait   entre  ^ï 


et  ^  environ. 

Les  mélanges  les  plus  pauvres  en  europiuin  donnent  entre  ces  limites  de  dilution 
dans  la  chaux,  uniquement,  bien  que  très  faiblement,  le  spectre  du  système  binaire 
gadoline-europine. 

Les  mélanges  les  plus  riches  en  europiuin  donnent  uniquement  le  spectre  du  système 

Gd=0^4-Eu-0^         . „ 

chaux-europine  tant  que  le   rapport  „ est  intérieur  a  environ  ^.  Pour 

les   valeurs   plus  grandes    de   ce  rapport  les  spectres  des  deux  systèmes  binaires  sont 
simultanément  visibles. 

Dans  les  mélanges  successifs  où  j'ai  pu  constater  nettement  la  présence  du  spectre 
du  système  binaire  gadoline-europine,  j'ai  observé  également  un  indice  certain  du 
phénomène  de  dilution  ;  les  bandes  6i  I  et  587,5  appartenant  au  premier  spectre  du 
système  gadoline-europine  et  les  autres  bandes  indiquées  au  deuxième  spectre  du  même 
système. 

Je  me  propose  de  rechercher  comment,  dans  le  système  ternaire  précé- 
demment étudié,  la  gadoline  manifeste  sa  phosphorescence  ultraviolette 
caractéristiqtie. 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Sur  l'indice  de  réfraction  des  corps  dissous  dans 
d'autres  dissolvants  que  l'eau.  Note  de  M.  C  Chéneveau,  présentée 
par  M.  A.  Haller. 

I,  J'ai  indiqué  antérieurement,  dans  le  cas  de  dissolutions  aqueuses 
(d'acides,  de  bases  ou  de  sels  minéraux),  que  la  quantité  A  (')  caractéri- 
sant l'influence  du  corps  dissous  sur  la  propagation  de  la  lumière  est  sen- 
siblement proportionnelle  à  la  concentration  C  (teneur  en  grammes  par 
litre). 

J'ai  effectué  de  nouvelles  déterminations  d'indices  de  réfraction  et  de 
densités  de  solutions  contenant  un  sel  unique  et  un  seul  liquide,  autre  que 
l'eau  :  par  exemple,  l'un  des  sels  suivants  liiCl,  CaCl-,  CuCl-,  SnCl^, 
MgCl-  dissous  dans  l'alcool  élhylique,  LiCi  tlans  l'alcool  méthylique,  ZnCP 
dans  l'éther  éthylique,  AzH^Cl  dans  la  glycérine. 


(')  A  est  la  dilTérence  entre  l'indice  de  la  dissolution  et  l'indice  de  l'eau  (ou  du  sol- 
vant) calculé  d'après  son  état  de  dilution  en  admettant  la  loi  de  Gladstone  ou  celle  de 
Lorentz  {Comptes  rendus,  t.  CXXXVIII,  p.  i483). 


ID11 


SÉANCE    DU    2T    JUIN    1906. 

En  prenant  toutes  les  précautions  pour  que  les  deux  corps,  sel  et  sol- 
vant, se  trouvent  seuls  en  présence,  le  résultat  des  expériences  est  le  sui- 
vant :  pour  ces  sels,  la  quantité  A  est  sensiblement  proportionnelle  à  la 
concentration  C  et  la  constante  de  proportionnalité  R  diffère  peu  de  celle 
obtenue  pour  les  dissolutions  aqueuses  des  mêmes  corps. 

Le  Tableau  suivant  montre,  pour  le  chlorure  de  lithium,  le  degré  d'ap- 
proximation de  la  loi  précédemment  énoncée. 


1°  LiCI  dans  l'eau. 


Gladstone 
et  Hibbert  (' 


Chéneveau. 


Waller  (»). 

33,0       343 

20,3       347 

8,76     346 

4,20     345 


43,44 

040 

3o,3i 

347 

2"  Série. 

32,16 

346 

25,  i5 

347 

17,32 

349 

9. '7 

347 

3'  Se 

ie. 

16, 12 

348 

i3, 10 

35o 

9:99 

35 1 

8,39 

35i 

6,77 

35i 

3,44 

352 

Béer  el 
Kremers  ( '). 

p.       K.io'"'. 
40,09     342 
24,53      347 

Conrov  (^). 

4,i5    349 

2,10       348 

Dijken(«). 
i,o5  346 
0,26     344 


2°  LiCl  dans  quelques  alcools. 


Chéneveau. 
p.       K.io*. 

CH'O 

17,49  348 

i3,..  349 

9'4i  349 

5,12  35i 

OWO 

10, o4  343 

7,69  35o 

5,24  352 

2,68  352 


Gladslone 
et  Hibbert  {'-). 

p.       K.io'^. 
i"  Série. 

'9>44    344 
I I , 76     35o 

2"  Série. 
i3,7       35i 
10,7       35o 

8,1       353 

3=  Série. 

l4,2  352 

11,56     356 
9,17     356 

C'H'O 
11,29    345 


Andrews 
et  Ende(^). 

p.        K.io^. 

6,46  349 

5,71  353 

5,o5  352 

3,4o  35 I 

2,57  354 


II.   Il  ne  faudrait  pas  croire,  toutefois,  que  les  résultats  obtenus  sont 


(')  /.  o/c/,.  s.,  t.  LXVII,  p.  83 1. 

C-)  J.  ofch.  S.,  t,  LXXI,  p.  822. 

(3)  Pogg.  Ann.,  t.  CI,  p.  i33. 

(')  Wied.  4nn.,  l.  XXXVIII,  p.  107. 

(°)  Proc.  of  Roy.  Soc,  t.  LXIV,  p.  3oS. 

(«)  Z.f.ph.  cil.,  t.  XXIV,  p.  81. 

V)Z.f.  ph.  Ch..  l.  XVII,  p.  i4i. 

Dans  le  Tableau  ci-dessus,  p  représente  la  teneur  en  grammes  pour  loos  de  disso- 
lution. Les  valeurs  de  K  ont  été  calculées,  lorsque  les  densités  n'étaient  pas  indiquées 
par  l'auteur,  à  l'aide  des  densités  trouvées  dans  les  Tables  de  Landolt  et  Bôrnstein; 
elles  se  rapportent  au  cas  où  l'on  a  employé  la  formule  de  Gladstone. 


t522  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

loiijoiirs  conformes  à  la  conclusion  précédenU-.  On  peut  constater  des  dif- 
férences qui  s'expliquent  \r.\r  la  difficulté  d'opérer  avec  des  sels  parfaite- 
ment secs  ou  des  solvanis  bien  anh\dres.  Il  sera  cependant  facile  de  ra- 
mener les  expériences,  contradictoires  en  apparence,  à  leur  véritable 
signification,  si  l'on  tient  compte,  au  point  de  vue  optique,  de  la  quantité 
d'eau,  parfois  appréciable,  qui  a  été  introduite  dans  la  solution  non 
ac[ueuse  du  corps. 

En  général,  cette  correction  |)ourra  se  faire  en  utilisant  l'extension  sni- 
,  vante  de  riiypolhèse  déjà  énoncée  dans  le  cas  d'un  seul  corps  dissous: 
quand  dans  une  dissolution  on  a  plusieurs  corps  en  présence  incapables  de 
réagir  chimiquement  l'un  sur  l'autre,  l'influence  exercée  par  la  solution 
sur  la  propagation  de  la  lumière  est  sensiblement  égale  à  la  somme  des 
actions  exercées  par  chacun  des  corps  qui  la  constituent. 

J'ai  vérifié  expérimentalement  cette  proposition  dans  des  cas  bien  définis, 
où  la  solution  contient,  en  plus  du  sel  et  du  solvant,  une  quantité  connue 
d'eau. 

Par  conséquent,  si  la  solution  étudiée  contient  une  quantité  inconnue 
d'eau,  on  pourra  déterminer  son  degré  d'hydratation,  éliminer  l'influence 
optique  de  l'eau  et  alors  les  écarts  observés  disparaîtront  presque  toujours. 

in.  Il  y  a  cependant  des  dissolutions  qui  paraissent  fore  tout  à  fait 
exception  aux  lois  approchées  précédentes.  Mais,  si  on  les  étudie  avec  soin, 
on  voit  que  ce  sont  celles  dans  lesquelles  les  corps  engagés  sont  trans- 
formés par  des  actions  chimiques. 

Que  les  réactions  soient  com|)lètes  ou  limitées,  si  l'on  peut  préciser  les 
conditions  de  l'équilibre  atteint  dans  la  transformation,  l'expérience  montre 
que  la  loi  de  proportionnalité  de  la  quantité  A  à  la  concentration  C  est 
applicable  à  l'un  des  constituants  finaux  quelconques  de  la  solution, 
lorsqu'on  a  tenu  compte  de  l'influence  optique  de  tous  les  autres. 

Mais  souvent  ou  ne  peut  mettre  en  évidence  de  composés  définis  dans 
la  solution.  Dans  ce  cas,  il  y  a  lieu  de  penser  que,  puisqu'un  changement 
dans  la  constitution  physique  de  la  sohuion  (ionisation)  agit  très    peu  sur' 
la  réfraction,  l'anomalie  optique  doit  bien  élre  encore  envisagée  comme 
l'indice  d'une  modification  chimique  au  sein  de  la  dissolution. 


SÉANCE   DU    25    JUIN    I()ofi,  iSaS 


CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  Variations  d'état  éprom'ées  par  le  carbone  amorphe, 
sous  l'influence  d'une  brusque  variation  de  température.  NdLc  de  M.  O. 
Manville,  préseiilée  par  M.  H.  Aloissan, 

Nous  avons  fait  connaître  (^'  )  :  les  variations  d'état  éprouvées  par  le  carbone 
amorphe,  sous  l'influence  de  la  température  et  sous  l'influence  d' oscillations  de 
/emy9e>fl/«/re.  Mais  nous  avons  fail  remarquer  que  les  proposilions  en  lesquelles 
on  pouvait  traduire  les  résultats  de  nos  expériences  n'avaient  de  sens  que 
si  le  carbone  avait  été  chauffé  et  refroitli  lentement.  Nous  allons  faire  con- 
naître maintenant  ce  qui  se  passe  lorsque,  après  avoir  chauffé  lentement 
un  carbone  amorphe,  on  vient  à  le  refroidir  brusquement. 

Nos  expériences  ont  porté  sur  du  fusain  préparé  d'une  façon  identique  à  celle  ({ue 
nous  avions  adoptée  dans  nos  recherches  sur  les  variations  d'état  par  refroidissement 
lent.  Les  conditions  expérimentales  restant  également  les  mêmes,  ce  charbon  donne,  par 
combinaison  directe  avec  l'oxygène,  de  l'anhydride  carbonique  CO^  à  87°.  Porté  dans 
le  vide  à  [\5o°  et  refroidi  brusquement,  il  donne  par  combinaison  directe  avec  l'oxygène 
de  l'anhydride  carbonique  CO-  à  5o".  Si  on  le  soumet  dans  cet  état  à  des  osciilalions 
de  température  comprises  entre  i5°  et  350°,  l'expérience  constate  que  la  température 
de  formation  de  CO-,  5o°,  reste  sensiblement  invariable,  du  moins  par  l'effet  des 
7  ou  8  premières  oscillations.  Porté  de  nouveau  à  la  température  de  450°  et  soumis  à 
un  refroidissement  lent,  il  quitte  cet  élat  invariable  pour  reprendre  un  nouvel  état 
V  niable  avec  les  oscillations  de  température  auxijuelles  on  le  soumet. 

Ces  faits  ne  sont  pas  particuliers  à  un  carljone  pris  dans  l'état  initial  ([ue  nous 
avons  défini;  ils  se  reproduisent  pour  un  carbone  ayant  déjà  subi  des  variations  d'état 
par  échauffement  et  refroidissement  lent. 

Si  l'on  prend  un  carbone  amorphe,  dans  un  état  limite  caractérisé  par  la  tempéra- 
ture de  formation  de  CO-^a^S"  et  qu'on  le  porte  dans  le  vide  à  450°,  puis  qu'on  le 
refroidisse  briisrjiicment:  la  température  de  formation  de  CO-  devient  ii5°. 

Si  à  partir  de  ce  moment  on  effectue  sur  ce  carbone  des  oscillations  de  température 
comprises  entre  les  limites  i5°,  i35";  celte  température  de  réaction  C0-=:ii5''  reste 
sensiblement  invariable,  du  moins  dans  les  cinq  ou  six  premières  oscillations. 

Si  l'on  augmente  le  nombre  des  oscillations,  les  limites  restant  les  mêmes,  cette 
température  de  formation  de  CO-  varie  un  peu  et,  après  20  oscillations,  on 
trouve  un  nouvel  état  limite  caractérisé  par  la  température  CO-=i54°,  à  partir 
duquel  les  oscillations  de  température  auxquelles  on  soumet  le  carbone  n'ont  plus 
qu'une  action  insensible. 

Pris   dans   cet  état   et   porté   dans   le   vide  à  45o°  puis  soumis  à  un  refroidissement 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXLII,  n"  22,  28  mai  1906,  p.  1190. 

C.  R.,  1906,  1"  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  26.)  199 


iSa^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lent,  ce  carbone  quille  cet  étal   irn-ariahle  pour   reprendre  un    nouvel    état    variable 
avec  les  mêmes  oscillations  de  température. 

Il  résulte  de  l'ensemble  de  nos  expériences  qu'on  peut  énoncer  à  ce  sujet 
les  propositions  suivantes  : 

I.  Etant  donné  un  carbone  amorphe,  pris  dans  un  état  physique  et  chi- 
mique bien  déterminé,  si  on  le  porte  dans  le  vide  d'une  température  ini- 
tiale T„  à  une  température  finale  Tj,  puis  qu'on  le  fasse  brusquement 
refroidir  de  cette  température  To  à  la  température  T,,,  on  obtient  un  état 
de  ce  carbone  qui  jouit  de  la  |)ropriéte  suivante  :  placé  dans  un  courant 
d'oxygène  bien  réglé,  ce  carbone  donne  par  combinaison  directe  de  l'anhy- 
dride carbonique,  dont  la  température  de  formation  demeure  sensiblement 
inK'anable  lorsque,  prenant  ce  carbone  dans  cet  état,  on  le  soumet  à  des 
oscillations  de  température  comprises  entre  les  limites  T„,  T,  (T,  avant 
une  valeur  inférieure  à  celle  de  T^). 

II.  Il  existe  une  certaine  valeur  E  de  T,  (6-<  To)  pour  laquelle  ce  point 
de  réaction  se  déplace  sensiblement  lorsqu'on,  fait  croître  le  nombre  des 
oscillations;  mais  à  cette  valeur  correspond  une  valeur  T',,  très  voisine 
de  T,,  pour  laquelle  cette  variation  du  point  de  réaction  de  CO"  redevient 
insensible. 

Si  T|<^c,  le  carbone  pris  tlans  l'état  où  il  se  trouvait  après  la  pertur- 
bation bruscjue  Tj ,  Tq  ne  subit  jilus  les  influences  des  oscillations  de  tem- 
pérature ï„ ,  T,  et  garde  un  état  sensiblement  invariable,  quel  que  soit  le 
nombre  des  oscillations  T,,  T, -auxquelles  on  le  soumet  à  partir  de  ce 
moment. 

ni.  Si  un  carbone  pris  dans  un  état  sensiblement  invariable,  obtenu 
par  un  refroidissement  è/v/^^Me  T2,To,  est  porté  lentement  de  la  tempéra- 
ture T(,  à  la  tem|)érature  Tj  et  refroidi  ensuite  lentement  de  la  température 
To  à  la  température  T„ ,  il  quitte  l'état  invariable  dans  lequel  il  avait  été 
fixé  par  le  refroidissement  brusque.  Soumis  à  des  oscillations  de  tempé- 
ratiwe  comprises  entre  les  limites  Tp,T,  (T,  <^  T^),  il  subit  des  variations 
analogues  à  celles  qu'il  aurait  subies  s'il  n'avait  été  soumis  qu'à  des 
échauffements  et  à  des  refroidissements  lents. 

IV.  Si  un  carbone  amorphe  est  pris  dans  un  étal  invariable,  obtenu  par 
un  refroulissement  brusque  T^,  To  et  porté  dans  le  vide  d'une  température 
initiale  T^  à  une  température  finale  T,(T,<^  r>),  [)our  le  laisser  ensuite 
refroidir  lentement  dans  le  vide  fie  la  température  T,  à  la  température  T^. 

I"  SiT,<5, 

L'état  de  ce  carbone  est  sensiblement  invariable  avec  la  température. 


SÉANCE    DU    25    JUIN    1906.  I  ^25 

Pour  une  même  lerapéralure  t,  comprise  entre  les  limites  J^,  ï, ,  l'état 
de  ce  carbone  est  sensiblement  le  même,  qu'on  le  prenne  soit  dans  la 
phase  d'échanffement,  soit  dans  la  phase  de  refroidissement. 

2°  SiT,>5, 

L'état  (le  ce  carbone  varie  sensiblement  avec  la  température. 

Pour  une  même  température  t,  comprise  entre  les  limites  T„,'r,  ,  l'état 
de  ce  carbone  n'est  pas  le  même  lorsque  t  se  rapporte  à  la  phase  d'échanf- 
fement, ou  à  la  phase  de  refroidissement. 

Enfin,  il  existe  une  température  t  dans  la  phase  d'échauffement  et  une 
température  t',  différente  de  z,  dans  la  phase  de  refroidissement,  pour 
lesquelles  les  états  de  ce  carbone  donnent,  avec  un  même  courant  d'oxy- 
gène, la  même  vitesse  de  réaction. 


CHIMIE   MINÉRALE.  —  Sur  le  sulfate  double  (l'iridium  et  de  potassium 

Ir^(SO*)'-l-3SO'K^ 
Note  de   M.    .^Iarcel   Delépine. 

Comme  je  l'ai  indiqué  dans  mv^  Note  précédenle  ('),  la  solution  vert 
foncé  obtenue  en  faisant  bouillir  un  chloroiridate  avec  de  l'acide  sulfii- 
rique  concentré  contient  des  sels  d'acides  iridosulfuriques  dont  l'individua- 
lité sera  plus  abondamment  prouvée  plus  tard.  L'existence  de  ces  acides 
m'a  porté  à  |)enser  que  le  corps  décrit  autrefois  par  M.  I^ecoq  de  Boisbau- 
dran  (-)  sous  le  nom  de  sulfate  double  d'iridium  et  de  potassium 

IrVSO")'  +  3SO''K= 

pouvait  bien  n'être  que  le  sel  potassique  [r(SO'K)'  d'un  acide  irulosulfu- 
rique  Ir(SO'H)^  et  j'ai  entrepris  de  le  vérifier. 

En  eflecluanl  l'expérience  de  M.  Lecoq  de  Boisbaudran  avec  du  cldoroirid.ile  ou  du 
cldoroiridite  d'ammonium  (chauffé  avec  SO*KH)  j'ai  d'abord  préparé  un  corps  bien 
cristallisé,  entièrement  composé  de  lamelles  rectangulaires  lirillanles  d'une  belle  cou- 
leur verte  avec  une  pointe  de  bleu  fort  nette.  Mais  en  employant  du  chloroiridate  de 
potassium,  j'ai  obtenu  un  produit  répondant  mieux  aux  indications  de  M.  Lecoq  de 
Boisbaudran,  i-'esl-à-dire  des  grains  cristallins  à  contours  mal   définis,    nVlaiil   ianiais 


(')  M.  Delêpiné,  Comptes  rendus,  t.  GXLII,  igo6,  p.  63i. 
(^)  M.  Lecoq  de  Boisbaudran,  Ibid..  t.  XCVI,  i883,  p.  i4o6. 


lâaô  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

aussi  bien  cristallisés  que  le  produit  issu  des  sels  d'ammonium.  Aussi  ai-je  laissé  en 
suspens  la  question  d'identité  des  corps  obtenus  dans  les  deux  cas  et  je  ne  porterai 
momentanément  mes  investigations  que  sur  le  premier. 

Avant  observé  qu'on  l'obtient  facilement  et  sans  trop  de  perte  en  fon.lant  les  sels 
animoni;icaux  verts  et  brun  olive  avec  du  bisulfate  de  potassium,  j'emploie  le  mode  de 
prépaialion  suivant  qui  fournit  jusqu'à  60  pour  100  (au  lieu  de  20  à  3o)  d'un  sel  potas- 
sique cristallisé,  iioniogène  : 

On  dissout  dans  un  peu  d'eau  les  chloroiriiiiles  de  |iot;issiiim  ou  d'am- 
monium |)i-éparés  comme  je  l'indiquerai  ailleurs  et  on  les  fiiit  bouillir  dans 
un  ballon  avec  i5  ou  20  fois  leur  poids  d'acide  suiftirique  additionné  de  sul- 
fate d'ammonium  qui  précipite  le  platine  s'il  y  en  a.  Après /(  ou  5heur<\s,  on 
transvase  la  solution  verte  dans  une  ca|)sule  et  l'on  y  ajoute  à  chaud  du  sul- 
fate neutre  de  potassium  pulvérisé  jusqu'à  formation  de  bisulfate;  le  pro- 
duit devient  brun  ;  on  le  coule,  puis  on  le  cl'Tuffc  dans  un  creuset  de  por- 
celaine sur  un  bec  Bunsen  en  élevant  progressivement  la  température  ; 
à  470°  la  teinte  devient  verte,  mais  ce  n'est  qu'en  poussant  vers  52o°-53o" 
qu'elle  devient  vert  bleu  (pour  le  produit  froid);  à  ce  moment  on  coule 
la  masse  qui  est  changée  totalement  en  S-O'K.-  et  même  partiellement  en 
sulfate  neutre.  Le  produit  est  pulvérisé,  épuisé  à  l'eau  froide  ;  il  reste  fina- 
lement une  poudre  vert  bleu,  mélange  de  sel  et  d'iridium  réduit.  On 
reprend  |)ar  60  ou  80  parties  d'eau  bouillante  et  l'on  filtre  ;  par  refroidisse- 
ment, il  cristallise  de  belles  lamelles  brillantes. 

Une  |)réparation  réussie  doit  fournir  une  solution  que  le  chlorure  de 
baryutn  décolore  avec  formation  d'un  précipité  bleu  vert.  La  présence  de 
sel  vert  non  transformé  est  accusée  par  une  coloration  verte  de  la  liipicur 
après  précipitation. 

Le  sel  de  potassium  cristallise  en  lamelles  rectangulaires,  parfois  liexagonales,  plus 
soi ubles  à  chaud  qu'à  froid  ;  insolubles  dans  l'alcool  et  l'eau  chargée  de  sulfate  de 
potassium;  il  cristallise  avec  une  molécule  d'eau  qu'il  perd  à  1 10°.  L'analyse  accuse  la 
l'ormule  Ir  (SO'K)^ -h  M-O,  correspondant  bien  au  sel  double  déjà  décrit;  toutefois 
les  phénomènes  de  réduction  relatés  plus  loin  ainsi  que  la  formation  d'un  produit  violet 
par  les  alcalis,  dans  des  conditions  peu  compatibles  avec  celte  formule  et  ce  que  l'on 
sait  des  oxydes  d'iridium,  autorisent  une  légère  réserve. 

L'eau  dissout  environ  -^^  de  ce  sel  en  se  colorant  en  un  beau  vert  bleu  ;  celle 
solution  saturée,  soumise  aux  doubles  décompositions  salines,  a  donné  les  résultats 
suivants  : 

Pas  de  jirécipitalion  avec  des  solutions  moyennement  concentrées  de  sels  de  Na,  Li, 
Am,  Gs,  Ca,  Mg,  Fe,  Ni,  Go,  Zn,  Mn,  Al,  Ce  (céreux),  Gd,  Gu;  d'uranyle,  de  chlorure 
mercurique;  de  chlorhydrates  d'aniline,  de  cocaïne,  de  morphine  et  de  sulfate  d'atro- 
pine ;  reprécipilation  du  sel  par  l'alun  de  chrome. 


SÉANCE    DU    25    JUIN     1906.  l527 

Précipilalion  incomplète  avec  persistance  plus  ou  moins  forte  de  la  coloialiou  de  la 
liqueur  restante  avec  les  sels  do  Rb,  Sr  ;  les  azotates  mercureux  et  mercurique,  l'acé- 
tate de  plomb;  les  azotates  d'argent,  de  bismuth,  de  thailiuni,  de  thorium;  le  chlor- 
hydrate de  quinine  et  le  sulfate  de  strychnine. 

Précipitation  à  peu  près  absolue  par  le  chlorure  ou  l'azotate  de  baryum. 

Les  précipités  obtenus  sont  d'un  vert  plus  ou  moins  bleu  et  plus  ou  moins  fonce. 
Quelques-uns  sont  cristallisés  et  feront  l'objet  d'une  étude  spéciale  ;  tous  conslituenl' 
autant  de  sels  où  le  potassium  est  remplacé,  tout  ou  partie,  par  un  autre  élément; 
mais  en  aucun  cas  l'acide  sulfurique  du  sel  n'est  décelable  par  le  chlorure  do  baryum. 
Ainsi  le  sel  barylique  lui-même  est  soluble  dans  les  acides  sans  former  de  sulfate  de 
baryum,  tout  au  moins  si  l'on  n'évapore  pas  à  sec  à  plusieurs  reprises.  Ces  caractères 
mettent  suflîsarament  en  évidence  la  dissimulation  du  radical  sulfurique. 

D'une  façon  générale,  comme  l'a  indiqué  M.  Lecoq  de  Boisbaiidran, 
pour  son  sel  potassique,  la  stabilité  eu  milieu  acide  est  consirlcrable;  par 
contre  l'ammoniaque,  les  alcalis  et  leurs  carbonates  j)rovoquent  la  forma- 
lion  de  sidfates  avec  séparation  de  l'iridium  sous  forme  d'un  oxyde  violet 
plus  ou  moins  charge  d'alcali. 

Voici  enfin  de  nouvelles  réactions  fort  inattendues  :  l'hydrogène  sulfuré, 
l'hvdrate  d'hydrazine,  le  chlorure  stanneiix,  le  zinc  ou  l'étain  et  l'acide 
chlorhydrique  changent  les  solutions  vert  bleu  en  solutions  à  peine  Iciuloes 
en  jaune  où  l'acide  sulfurique  est  encore  dissimulé;  les  oxydants,  acide  azo- 
tique, eau  oxygénée,  persulfates,  eau  de  chlore,  de  brome,  font  réappa- 
raître des  couleurs  d'un  bleu  intense  particulièrement  avec  l'eau  de  chlore 
et  l'eau  de  brome.  L'on  ne  trouve  pas  encore  d'acide  sulfurique  dans  les 
liqueurs  bleues,  par  le  chlorure  de  baryum  en  présence  d'acide  chlorhy- 
drique. 

Ces  réactions  sont  évidemment  difficiles  à  expliquer  avec  la  formule 
Ir(SO*M)'  et  appellent  de  nouvelles  expériences.  Il  semble  que  le  sel 
potassique  décrit  plus  haut  ne  soit  que  le  sel  d'un  des  acides  divers  dérivés 
(l'un  acide  fondamental,  celui  que  fournit  la  réduction.  A  partir  de  celui-ci, 
|)ar  des  oxydants  variés,  ou  arriverait  à  d'autres  sels  noineaux. 

En  résuiiîé,  j'ai  voulu  faire  ressortir  tout  particulièrement  le  caractère 
complexe  du  sulfate  double  d'iridium  et  de  polassiiun;  il  se  trouve  que  le 
problème  s'amplifie;  je  vais  m'efforcerd'étuilier  les  cas  nouveaux  entrevus. 


[528  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CHIMIE   MINÉRALE.    —   Sur  les  silicones.    Note  de  M.  Boudouard, 
présentée   par    M.   Troosl. 

Les  silicones  sont  des  produits  obtenus  par  l'action  de  l'acide  chlorhy- 
drique  sur  certains  siliciures  métalliques  et  présentant  la  propriété  d'être 
tiécomposés  lentement  par  l'action  de  l'eau  avec  dégagement  d'hydrogène. 
BufF,  Geulher,  Wohler  les  considéraient  comme  des  hydrates  siliciqties 
correspondant  à  des  oxydes  inférieurs  à  la  silice  SiO^. 

MM.  Friedel  et  Ladenburg,  en  étudiant  l'action  de  l'eau  sur  le  silichlo- 
roforme  et  sur  le  sesquiiodure  de  silicium,  ont  décrit  deux  composés 
ternaires  parfaitement  définis  que,  par  analogie  avec  des  composés  sem- 
blables (kl  carbone,  ils  ont  appelés  anhydride  siliciformique  et  hydrate 
sdicioxalique ;  MM.  Troost  et  HauLefeuille  ont  obtenu  les  mêmes  corps  par 
action  de  l'eau  sur  les  composés  chlorés  du  silicium. 

Lorsqu'on  attaque  une  fonte  par  l'acide  chlorhydrique,  on  obtient  un 
résidu  gris  noirâtre  qui  contient  une  certaine  quantité  de  silicone  :  les  al- 
calis, en  effet,  donnent  un  abondant  dégagement  d'hydrogène.  Je  me  suis 
proposé  d'étudier  les  différentes  silicones  données  par  des  aciers  au  silicium, 
dont  la  composition  était  la  suivante  : 

G.  Si.  S.                  P.  Mn. 

G.  2 0,209  0,982  o,030  0,024  traces. 

G.  3 0,177  1,60  0,012  0,082  0,275 

G.  5 0,277  5,12  0,09  o,o34  0,880 

Les  silicones  sont  obtenues  lie  la  façon  suivante:  on  attaque  l'acier  par 
l'acide  chlorhydrique  à  chaud  jusqu'à  complète  dissolution  du  fer,  on 
recueille  sur  filtre  le  résidu  insoluble,  on  lave  complètement  à  I'cmu  froide 
aussi  rapidement  que  possible,  on  sèche  entre  des  feuilles  de  papier  filtre 
et  l'on  met  le  produit  obtenu  sur  l'acide  sulfurique,  ou  mieux  dans  le  vide  en 
présence„d'aciile  sulfurique.  Au  bout  de  quelques  jours,  on  a  une  silicone 
se^ présentant  sous  la  forme  d'une  poudre  amorphe;  la  couleur  est  assez 
variable,  allant  du  blanc  à  un  gris  plus  ou  moins  foncé. 

Les  matières  ainsi  préparées  retiennent  toujours  une  certaine  quantité 
d'eau  hygroscopique  qui  ne  disparait  pas  complètement,  même  à  ijo". 
Elles  ne  renferment  pas  tout  le  silicium  contenu  dans  les  aciers  traités. 


SÉANCE  DU  25  JUIN  1906.  1129 

Les  silicones  obtenues  ont  été  analysées  par  la  méthode  décrite  par  Friedel  et  La- 
denburg;  concurremment,  j'ai  fait  des  analyses  par  combustion.  Les  résultats  sont 
consignés  dans  le  Tableau  ci-dessous.  Aux  analyses  des  silicones  préparées  par  attaque 
des  aciers  cités  plus  haut,  j'ai  ajouté  celles  relatives  à  un  anliydride  siliciformique 
impur  provenant  de  la  préparation  du  tétrachlorure  de  silicium,  à  une  silicone  obtenue 
par  attaque  à  froid  de  l'acier  G. 5,  à  des  silicones  obtenues  par  attaque  d'un  siliciure 
de  fer  préparé  par  l'aluniinothermie  et  contenant  10  pour  100  de  silicium.  L'attaque 
de  ce  siliciure  faite  à  chaud  par  l'acide  chlorhjdrique  a  été  très  longue,  et  j"ai  recueilli 
en  deux  fois  le  produit  obtenu  pour  voir  si  une  action  prolongée  du  réactif  d'attaque 
ne  modifiait  pas  la  composition  du  produit  final. 


H  cor- 

Eau 

rigé  {com- 

H corrigé 

Si  corrigé 

Si  corrigé 

Si 

Désignation. 

à  i5o°. 

Carbone. 

bustion). 

(par  p 

otasse). 

(combustion). 

(par  aramon.)        ( 

^mojenne) 

Anh.  silicif. 

impur.  .  .  . 

0,88 

» 

1,76 

2,62 

1 ,3i 

47,6 

50,4-48,1-47,6 

48,4 

G.2 

1,5 

2,26 

3,o3 

1,69 

0,85 

47  >6 

46,4-47,2 

47.' 

G.3 

0,18 

2  ,5l 

',94 

.,44 

0,72 

46,9 

46,6—46,9 

46,8 

G.5 

2,58 

3,23 

2,93 

2  ,22 

i,ii 

50,98 

02,1 — 52,4 — 5o,3 

5i,5 

G.5 ( 

(faite  à  froid)  ) 

20,6 

1,2 

3,24 

2,82 

i,4i 

5o 

,0 — 5o,  I  —  5o,4 

5o,7 

5o,3 

Aluminothe 

rmie. 

I"  dépôt. . . 

)i 

0,84 

1,63 

0,61 

0 ,  3o5 

44,6 

44,2 

44,5 

2"    dépôt... 

0,72 

0,34 

1,32 

0,62 

o,3i 

44,5 

45,2 

44,85 

La  composition  centésimale  des  composés  ternaires  décrits  par  Friedel  et  Ladenburg 
est  la  suivante  : 

Anh.  siliciformique Si:  52,83  H:  1,88 

Hydr.  silicioxalique Si:45,90  H:i,64 

Avec  l'anhydride  siliciformique,  'le  volume  d'hydrogène  dégagé  par  action  de  la 
potasse  est  double  de  celui  existant  réellement  en  combinaison;  avec  l'hydrate  silici- 
oxalique, il  lui  est  égal.  C'est  pour  celte  raison  que,  dans  la  colonne  donnant  les 
quantités  d'hydrogène  dégagé,  j'ai  mis  deux  nombres  pour  chacun  des  essais:  le 
premier  correspond  à  la  quantité  d'hydrogène  observée  expérimentalement,  le  second 
est  égal  à  la  moitié  du  précédent. 

Les  silicones  sont  des  composés  qu'il  est  difficile  de  préparer  à  l'état  anhydre  sous 
l'action  de  la  chaleur;  à  partir  de  200°,  il  y  a  déjà  transformation  partielle  et,  à  l'ébul- 
lition  du  soufre,  il  y  a  altération  profonde  du  produit  initial. 

Etant  données  les  dilficultés  d'obtention  de  produits  absolument  secs,  à  moins  d'un 
séjour  extrêmement  prolongé  dans  le  vide  sulfurique,  les  dosages  volumétriques 
d'hydrogène  devront  donc  seuls  être  envisagés  si  l'on  veut  déterminer  la  composition 
des  silicones.  Quant  à  la  faible  teneur  en  hydrogène  des  silicones  obtenues  avec  le 
siliciure  de  fer  fait  par  aluminothermie,  elle  s'explique  facilement  en  admettant  que 


l53o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

l'action  très  prolongée  à  chaud  de  l'acide  clilorliydrique  doit  décomposer  le  produit 
obtenu  initinlement.ia  silicone  G.  5  faite  à  froid  contient  plus  d'hydrogène  que  la  silicone 
G-  5  faite  à  ^haud. 

En  rc.-.iinic,  les  siliconcs  sont  fies  composés  ternaires  renfermant  de 
l'hydrogène;  elles  se  rap|irochent  beaucou|)  des  corps  étudiés  par  Friedel 
et  Ladenburg  et  représentent  des  exemples  de  substances  comparables  anx 
dérivés  ternaires  du  carbone,  avec  substitution  totale  du  siliciimi  au 
carbone.  Celles  ipie  j'ai  préparées  peuvent  être  considérées  comme  des 
mélanges  d'anhydride  siliciforiïiique  et  d'hydrate  silicioxalicjue  en  propor- 
tions variables;  on  n'arrive  pas  à  des  composés  parfaitement  définis  par 
suite  de  la  difficnllé  d'allaque  des  siliciures  et  du  contact  très  prolongé 
entre  la  silicone,  l'acide  et  l'eau  qui  en  est  la  conséquence  immédiale. 


CHIMIE  MINÉRAUX.  —  Sur  la  cristallographie  du  fer.  Note  delNTiM.  F.  Osmoxd 
et  (i.  Cartaud,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

Dans  un  Mémoire  antérieur  nous  avons  étudié  les  formes  cristallines 
obtenues  en  réduisant  le  chlorure  ferreux  à  différentes  températures,  par 
l'hydrogène  ou  la  vapeur  de  zinc  ('). 

La  conclusion  de  ces  recherches  était  r[iie  les  Irois  variétés  du  fer,  res- 
pectivement stables,  (X  au-dessous  de  ^5o"  environ,  p  entre  ^jo"  et  855", 
À  au-dessus  de  855°,  cristallisent  également  dans  le  système  cubique  (-). 

Il  est  cependant  [)en  vraisemblable  cjue  des  transformations  allotropi- 
ques, mises  hors  de  doute  par  des  faits  décisifs,  n'apportent  pas  aussi 
f.uielque  changement  dans  la  slrncture  cristallographique  du  raélal. 

Du  moment  que  les  formes  extérieures  ne  mettaient  pas  ces  change- 
ments en  évidence,  il  devenait  nécessaire  di;  s'adresser,  poiu'  trouver  les 
caractères  différentiels  probables,  à  des  méthodes  nouvelles,  capables  do 
nous  faire  pénétrer  plus  [)rofondément  dans  l'architecture  intime  du  \<.'v. 

On  peut  utiliser  particulièrement  à  cet  effet  les  phénomènes  de  traiiNla- 
tiiui  et  la  position  des  macles,  tant  mécaniques  cpie  par  recuit. 

Mais  il  faut  d'abord  disposer  de  cristaux  de  volume  suffisant. 

(')   Afin,  (les  Mines,  9' série,  t.  XVIII,  1900,  p.  ii3. 

(')  Pour  l'homogénéité  de  nos  publications,  nous  conservons  les  chiflTres  de  tempé- 
rature déjà  donnés.  Mais  ces  chiffres  devraient  être  notablement  relevés  si  l'on  lient 
compte  des  inodihcations  récentes  apportées  aux  étalons  de  la  pyrométrie. 


SÉANCE    DU    2$   JUIN    1906.  l53l 

Pourlefer  n.,  nous  avions  ceux  que  nous  avons  décrits  dans  une  Note  précédente  ('). 
Ces  mêmes  cristaux  peuvent  servir  à  l'étude  du  fer  ^  entre  750°  et  SSo",  le  passage  par 
la  transformation  réversible  n'entraînant  pas  de  modifications  permanentes  de  struc- 
ture. Mais  il  n'en  est  plus  de  même  pour  la  transformation  supérieure  :  quand  on  passe 
du  fer  3  au  fer  •|',  les  cristaux  du  fer  se  recoupent  en  grains  plus  petits  et  maclés 
d'orientations  difTérenles.  Il  faut  donc  avoir  recours  aux  alliages  non  magnétiques  du 
fer  avec  des  proportions  convenables  de  nickel,  de  manganèse,  de  chrome  ou  de  car- 
bone, alliages  dont  le  fer  garde  l'état  •,'  à  la  température  ordinaire.  Nous  avons  utilisé, 
grâce  à  l'obligeance  de  M.  Iladfield,  un  acier  manganèse  brut  de  coulée  et,  aussi,  un 
acier  au  nickel  et  au  chrome  qui  nous  a  été  préparé  gracieusement  par  les  Aciéries 
d'Imphy.  Ce  dernier,  dont  le  grain  naturel  n'était  pas  suffisamment  gros,  a  été  déformé 
et  recuit  au  blanc. 

Sur  ces  échantillons,  on  a  taillé  des  faces  p,  6',  a'  et,  sur  ces  faces,  préalablement 
polies  et  débarrassées  de  toute  peau  écrouie,  on  a  produit  des  figures  de  pression  au 
moyen  d'une  aiguille  appliquée  normalement  et  chargée  de  poids  convenables  (-). 

Le  contour  général  des  figures  de  pression,  caractéristique  de  l'orienta- 
tion cristalline  d'une  face  donnée,  est  le  même  pour  les  trois  étals  du  fer, 
ce  qui  confirme  leur  attribution  commune  au  système  cubique.  Ce  système 
est  le  seul  qui  puisse  donner  sur  deux  faces/j  adjacentes  des  figures  à  4  ^ixes 
de  symétrie.  Sur  la  face  d'un  rhomboèdre  pseudo-cubique,  comme  celui  du 
bismuth,  la  figure  de  pression  n'a  qu'un  axe  de  symétrie  parallèle  à  une 
diagonale  du  rhombe. 

Les  détails  des  figures,  c'est-à-dire  les  lignes  discontinues  dont  l'ensemble 
compose  la  déformation  continue,  sont  différentes  suivant  l'état  du  fer  : 
elles  sont  exclusivement  droites  sur  le  fer  y.  courbes  sur  le  fer  p,  mixtes  et 
plus  généralement  courbes  sur  le  fer  a.  Il  en  résulte  que  le  fer  y  a  des  plans 
de  facile  translation  que  nous  avons  trouvés  parallèles  aux  quatre  paires 
de  faces  de  l'octaèdre;  le  fer  p  n'a  pas  de  plans  de  translation;  dans  le 
fer  (X,  la  translation  est  difficile  et,  d'ailleurs,  comme  l'ont  annoncé 
MM.  Ewing  et  Rosenhaiii,  parallèle  encore  aux  faces  de  l'octaèdre,  quand 
elle  se  produit. 

Les  macles  du  fer  a  sont  connues  depuis  longtemps  sous  le  nom  de  lamelles  de 
JSeumann.  Mais,  comme  la  position  et  la  loi  de  ces  macles  ont  été  très  controversées, 
il  ne  paraissait  pas  inutile  de  les  examiner  une  fois  de  plus  sur  des  échantillons  très 

{')  Comptes  rendus,  t.  CXLI,  p.  122. 

(^)  Pour  le  fer  p,  l'intervalle  de  stabilité  ne  pouvant  être  étendu  à  la  température 
ordinaire,  on  est  obligé  d'opérer  vers  800°.  Il  faut  donc,  pour  conserver  les  surfaces 
métalliques,  se  placer  dans  une  atmosphère  d'hydrogène  ou  d'azote.  Le  poinçon  d'acier 
trempé  est  remplacé  par  un  poinçon  de  quartz  fondu. 

C.  R.,  igof,,   I"  Semestre.  (T.   CXLII,   N"  26.)  200 


l532  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

favorables.  Nos  résultats  ont  confirmé  les  conclusions  de  Linck  :  la  loi  de  macle  est 
probablement  celle  de  la  fluorine,  mais  le  plan  d'accolement  est  un  plan  «-.  11  ne  se 
produit  pas  de  macles  par  recuit  après  déformation. 

Dans  le  fer  p,  nous  n'avons  obtenu  ni  macles  mécaniques,  ni  macles  par  recuit  après 
déformation. 

Dans  le  fer  f,  comme  dans  le  cuivre  et  ses  alliages,  le  recuit  après  déformation  donne 
très  facilement  des  macles.  Pour  en  déterminer  la  loi,  à  défaut  de  cristaux  isolés,  on 
fait  une  coupe  au  hasard  sur  un  échantillon  à  gros  grains  et,  sur  cette  coupe  préala- 
blement polie,  on  cherche,  en  s'aidant  des  lignes  de  translation  et  des  figures  de  pres- 
sion, un  grain  macléde  diamètre  suffisant  qui  présente  approximativement  une  face/>. 
A  travers  ce  grain,  on  fait  passer  une  coupe  i'  et  l'on  rectifie  la  taille,  s'il  y  a  lieu.  La 
macle  est  celle  de  la  fluorine,  avec  «'  pour  plan  de  macle  et  plan  d'accolement.  On 
obtient  mécaniquement  la  même  macle,  pourvu  que  la  déformation  soit  poussée  assez 
loin  :  la  macle  mécanique  paraît  donc  être  ici  la  limite  de  la  translation  dite  simple, 
qui  ne  laisse  pas  de  traces  reconnaissables  après  repolissage. 

Finalement,  les  caractères  cristallographiques  distinctifs  des  trois  variétés 
du  fer  se  résument  dans  le  Tableau  suivant  : 

a.  p.  T. 

Translation  parallèle  à «',  difficile       absence       «',  facile 

Lignes  courbes dominantes     exclusives     absence 

Macles       l  plan  de  macle «'  ,  o* 

<',,,,  ,  absence  , 

mécaniques  (  plan  d  accolement . .  .  a-  «■ 

Macles       (  plan  de  macle ,  ,  a' 

{  ^,       ,,         .  absence  absence  , 

par  recuit    (  plan  d  accolement.. .  rt 

Comme  terme  de  comparaison,  nous  avons  fait  aussi  des  expériences  sur 
le  nickel. 

Entre  les  deux  états  allotropiques  de  ce  métal,  nous  n'avons  pas  trouvé 
de  différences  crislallogra|)hiques.  Si  l'on  pratique  des  déformations  sur 
un  échantillon  poli,  d'abord  à  une  température  supérieure  à  celle  de  la  dis- 
parition du  magnétisme,  puis,  sans  rien  effacer,  à  la  température  ordinaire, 
on  voit  que  les  secondes  déformations  continuent  simplement  les  premières. 
Dans  les  deux  cas,  la  translation  est  parallèle  à  a'.  Le  nickel  p  correspond 
donc  au  fer  y  et  le  nickel  a.  au  fer  oc,  à  cela  près  que  la  déformation  par 
translation  y  est  fondamentale  et  non  accessoire. 


SÉANCE   DU    25    JUIN    iyo6.  l533 


CHIMIE    MINÉRALE.   —   Action   de  l'oxygène  sur  le   rubidium-ammonium. 
Note  de  M.  E.  Rexgade,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

Les  oxydes  de  rubidium  n'ont  pas  été  étudiés  d'une  manière  systéma- 
tique. Beketoff(')  a  préparé  le  protoxyde  Rb^O  en  combinant  le  métal 
avec  la  quantité  théorique  d'oxygène.  Quelques  années  plus  tard,  Erdmann 
et  Kothner  (^)  étudiant  la  combustion  du  rubidium  dans  l'oxygène,  ont 
préparé  le  composé  RbO^  et  ont  cru  pouvoir  conclure  de  leurs  expériences 
que  c'était  le  seul  oxyde  de  ce  métal  qui  existât  réellement. 

Cependant  M.  Joannis  avait  obtenu  par  l'oxydation  du  potassammo- 
nium  trois  oxydes  K^O%K^O%  K'0*'('). 

L'oxydation  du  caesium-ammonium  (^)  m'ayant  donné  une  réaction  ab- 
solument analogue,  avec  formation  des  corps  Cs^O^,  Gs^O'  etCs^O*,  on 
pouvait  penser  que  le  rubidium,  dont  les  propriétés  sont  intermédiaires 
entre  celles  du  potassium  et  celles  du  cresium  se  comporterait  d'une  façon 


L'e\périence  n'a  vérifié  que  parliellemenl  ces  prévisions  :  en  oxydant  rapidement  du 
rubidium  dissous  dans  un  excès  d'ammoniac  liquéfié  il  se  produit,  en  même  temps  que  la 
couleur  bleue  de  la  solution  disparaît,  un  précipité  très  volumineux,  d'un  blanc  légè- 
rement rosé,  el  dont  la  composition  répond  bien  à  la  formule  Rb-0^  (trouvé  :  aug- 
mentation de  poids  à  partir  du  métal,  19,4  pour  loo  au  lieu  de  18,7;  oxygène  actif 
par  milliatome  de  métal,  5'^™', 7  au  lieu  de  5'^"'',6).  Cet  oxyde,  en  suspension  dans 
l'ammoniac  liquéfié,  continue  à  absorber  l'oxygène  en  passant  peu  à  peu  au  jaune  serin, 
en  même  temps  que  son  volume  diminue  beaucoup.  Quand  l'absorption  est  complète, 
la  composition  du  précipité  répond  à  la  formule  Rb'-O'  (trouvé  :  augmentation  de 
poids,  37,06  au  lieu  de  37,42;  oxygène  actif,  iS''"',  7au  lieu  de  i6'^"'',8). 

Mais  entre  ces  deux  limites,  la  coloration  du  précipité  en  suspension  dans  l'ammo- 
niac passe  graduellement  du  blanc  au  jaune,  sans  qu'aucune  teinte  intermédiaire  plus 
foncée  indique,  comme  dans  le  cas  du  potassium  ou  du  caesium,  la  formation  d'un 
oxyde  RbMD». 

On  voit  ainsi  qu'indépendamment  du  peroxyde  Rb-0*,  déjà  préparé  pat' 


(')  Beketoff,  Bull,  de  l'Ac.  de  Saint-Pétersbourg,  t.  I,   1894,  p.  117. 
(-)  Erdmann  et  Kothner,  Llebig's  Annalen,  t.  CCXGIV,  1S97,  P-  ■^■^• 
(')  Joannis,  Comptes  rendus,  t.  CXV'I,  1890,   p.   1370.  —  Ann.  de  Clùniie   et  de 
Physique,  8=  série,  t.  Vil,  1906,  p.  64. 

(*)  E.  Rengade,  Comptes  rendus,  t.  GXL,  igoj,  p.  i536. 


l534  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

une  autre  voie,  par  Erdtnann  et  Rolhner,  le  rubidium  forme  un  bioxyde 
Rb=0=. 

Quant  à  l'oxyde  intermédiaire  Rb^O',  dont  les  analogies  avec  le  caesium 
et  le  potassium  permettaient  de  prévoir  l'existence,  ou  bien  il  ne  se  forme 
pas  dans  ces  conditions,  ou  bien  sa  couleur  est  intermédiaire  enlre  celles 
déjà  assez  voisines  de  Rb^O=  et  Rb^O*,  et  il  n'est  pas  possible  de  s'aperce- 
voir directement  de  sa  formation. 

Il  importe,  du  reste,  d'opérer  le  plus  rapidement  possible,  en  agitant  énergique- 
ment,  l'oxydation  du  métal  ammonium.  Il  se  produit  en  effet,  comme  dans  le  cas  du 
cœisum,  une  réaction  secondaire  entre  le  métal  ammonium  et  le  bioxyde  déjà  préci- 
pité, avec  formation  d'hydrate  RbOH  et  d'amidure.  On  obtient  donc,  si  l'on  n'opère 
pas  assez  vite,  un  bioxyde  mélangé  d'amidure,  et  qui  fait  explosion  quand  on  le 
chauffe,  avec  dégagement  d'azote  et  volatilisation  de  rubidium  : 

2RbAzH'+  Rb2  0''=  2 RbOH  h-  2RbAzH% 
RbAzH'  +  Rb'02=  aRbOH  +  Rb  +  Az. 

J'ai  vérifié  du  reste  que  cette  même  réaction  secondaire  se  produit  avec  le  potas- 
sium. 

En  définitive,  on  voit  que  les  trois  métaux  potassium,  rubidium,  caesium, 
dissous  dans  un  excès  d'ammoniac  liquéfié,  donnent,  en  présence  de 
l'oxygène,  d'abord  un  bioxyde  blanc,  et  en  dernier  lieu  un  tétroxyde  jaune. 
Mais  le  potassium  et  le  caesium  donnent,  de  plus,  un  trioxyde  plus  foncé, 
dont  on  n'aperçoit  pas  la  formation  avec  le  rubidium. 

Ces  oxydes,  pour  être  purs,  doivent  être  formés  très  rapidement  :  une 
oxydation  lente  donne  un  bioxyde  mélangé  d'hydrate  et  d'amidure,  et,  par 
conséquent,  des  oxydes  supérieurs  mélangés  des  produits  d'oxydation  de 
l'amidure  :  azotite  et  azotate. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Recherches  sur  les  pyrazolones.  Nouvelles  méthodes  de 
synthèse  des  pyrazolones.  Note  de  MM.  Cii.  Moureu  et  I.  Laze.vnec, 
présentée  par  M.  H.  Moissan. 

1.  M.  Rothenburg  a  montré  que  le  phénylpropiolate  d'éthyle,  traité  par 
l'hydrate  d'hydrazine  ou  la  phénylhydrazine,  donne  des  pyrazolones, 
jmoi  J'alcool  étant  éliminée,  et  que  celles-ci  sont  identiques  aux  pyrazo- 
lones obtenues  à  partir  du  benzoylacétate  d'élhyle. 

Nous   avons    généralisé  celte   observation  :   l'amylpropiolate    d'éthyle 


SÉANCE    DU    23    JUIN    1906.  l535 

C5H'*  —  C  =  C  —  CO-C^H*  elle  caproylacétate  d'éthyle 

C^H"  -  CO  -  CH-  -  CO=C-H% 

par  exemple,  nous  ont  fourni,  avec  la  phénylhyrlrazine,  C^H^AzH  —  AzH^, 
la  même  amvlphénylpyrazolone  fusible  à  96°;  pareillement  l'hexylpropio- 
lale  d'élhyle  C^H"  — C  =  C  —  CO'C=H%  et  l'heptylylacetate  de  méthyle 
C«H"  —  CO  —  CH"  —  CO^CH'  conduisent  à  la  même  hexylphénylpyrazo- 
lone,  qui  fond  à  84°- 85". 

Nous  discuterons  plus  loin  le  mécanisme  de  la  réaction  dans  le  cas  des 
éthers  acétyléniques. 

2.  En  faisant  réagir  l'hydrazine  sur  les  amides  acétyléniques,  nous  avons 
obtenu,  avec  élimination  d'ammoniaque,  encore  les  mêmes  pyrazolones 
qu'à  partir  des  éthers  acétyléniques  ou  des  éthers  p-cétoniques  :  la  phé- 
nylpropiolamide  C°H'  —  C^C  —  COAzH-,  par  exemple,  traitée  à  chaud 
par  l'hydrazine  AzH^  —  AzH^,  fournit  une  pliénylpyrazolone  fusible  à  237°, 
qui  est  identique  à  la  phénylpyrazolone  obtenue  avec  le  phénylpropiolate 
d'éthyle  ou  le  benzoylacétate  d'éthyle. 

3.  Enfin,  nous  avons  trouvé  un  troisième  nouveau  mode  de  synthèse 
des  pyrazolones  en  faisant  agir  les  hydrazines  sur  les  éthers  acryliques 
P-oxyalcoylés,  que  l'un  de  nous  a  obtenus  dernièrement  par  fixation  directe 
de  molécules  alcooliques  sur  la  triple  liaison  des  éthers  acétyléniques  ('). 

L'hydrate  d'hydrazine  et  l'élher  phényléthoxyacrylique 

OH'  — C(OG'iH=)rrCH  — CO=C'H=, 

par  exemple,  donnent  ainsi,  avec  élimination  de  2"°' d'alcool,  une  phénylpyrazolone; 
celle-ci,  fusible  à  287°,  est  identique  à  la  pyrazolone  précédemment  décrite,  issue  de 
l'élher  acétylénique,  de  l'éther  p-cétonique,  ou  de  Tamide  acétjlénique. 

Dé  même  la  phénylhydrazine  et  l'éther  phényléthoxyacrylique  donnent  naissance  à 
une  diphényipyrazolone;  mais  le  composé,  qui  fond  à  256°,  est  nettement  difTérent  de 
la  diphényipyrazolone  obtenue  avec  le  phénylpropiolate  d'éthyle  ou  le  benzoylacétate 
d'éthyle,  laquelle  fond  à  i36°;  il  est  identique,  par  contre,  à  la  dipiiénylpyrazolone 
préparée  par  M.  Knorr  en  soumettant  à  l'action  de  la  chaleur  la  phénylhydrazine  cin- 
namique  C^H»— CIJ  =  CH  —  CO AzH  —  AzH  —  CH^  {Berichte,   t.    XX,   p.   1107). 

Pareillement  l'amylphénylpvrazolone  issue  de  l'éther  amyléthoxyacrylique,  qui  fond 
vers  280°,  et  Ihexylphénylpyrazolone  issue  de  l'élher  hexyléthoxyacrylique,  qui  fond 
vers  270°,  sont  dilïereates  de  l'amylphénylpyrazolone,  et  de  l'hexylphénylpyrazolone 
ci-dessus  décrites,  qui  sont  respectivement  fusibles  à  96°  et  à  84°,  el  qui  proviennent 
des  éthers  acétyléniques  ou  p-cétoûiques  correspondants. 

(')  Ch.  Moureu,  Bull.  Soc.  chim.,  3^  série,  t.  XXXI,  p.  493. 


l536  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

4.  Expliquons  maintenant  le  mécanisme  de  ces  réactions  : 
1°  En  premier  lieu,  la  diphényipyrazolone  issue  de  l'élher  phényl- 
éthoxyacrylique,  étant  identique  avec  celle  qui  provient  de  la  phényl- 
hydrazine  cinnamique,  s'est  nécessairement  formée  en  deux  phases,  avec 
élimination  d'une  molécule  d'alcool  dans  chacune  d'elles  :  il  y  a  formation 
d'une  phényihydrazine  dans  la  première  phase,  et  la  chaîne  se  ferme  dans 
la  seconde  : 


a.  aH=-  G(0C=H5)  =  CH  -  COOC'H'h-  H'Az  -  AzH  -  C^W 

=  C«H=-C(OC^H=)  =  CH  — COAzH  — AzH  — C«H=+C2H^0H, 

b.  C«H5-C(OG'H5)=CH-COAzH  — AzH  — C«m 


=  G'H=OH. 


CH 


C^H^  — G 


GO 


AzH 


Az  — G«H= 
1-5  Diphényl-3  Pyrazolone. 

La  même  théorie  s'applique  naturellement  à  la  formation  des  autres 
pyrazolones  par  l'action  des  hydrazines  sur  les  divers  éthers  acryliques 
P-oxyalcoyIés;  il  se  produit  d'abord  une  hydrazine  et  celle-ci,  en  perdant 
de  l'alcool,  donne  une  pyrazolone. 

2°  Quel  est  maintenant  le  mécanisme  de  la  réaction  des  hydrazines  sur 
les  éthers  acétyléniques?  M.  Bûchner,  qui  a  opéré  sur  la  phényihydrazine 
et  l'éther  de  l'acide  acétylène-dicarbonique,  pense  que  l'hydrazine  se  fixe 
d'abord  sur  la  liaison  acétylénique;  la  chaîne  se  fermerait  aussitôt  avec 
élimination  d'alcool  (^Berichte,  t.  XXII,  p.  2929).  M.  Rothenburg,  au  con- 
traire, raisonnant  sur  l'hydrate  d'hydrazine,  admet  que  ce  corps,  en  agis- 
sant sur  le  phénylpropiolated'éthyle,  fixe  d'abord  i""'  d'eau  sur  ce  dernier, 
et  le  convertit  ainsi  en  benzoylacétate  d'éthyle;  celui-ci  donne  ensuite  la 
réaction  classique  :  élimination  d'eau,  puis  d'alcool  (Berichte,  t.  XXVI, 
p.  1719). 

Remarquons  d'abord  que  la  phényihydrazine  agit  fort  bien  en  l'absence 
de  l'eau  sur  le  phénylpropiolate  d'éthyle  et  sur  les  autres  éthers  acétylé- 
niques et  qu'elle  fournit  ainsi  les  mêmes  pyrazolones  que  les  éthers  ^-céto- 
niques  (voir  plus  haut);  l'eau,  quand  elle  est  présente,  n'intervient  donc 
pas  dans  la  réaction  des  hydrazines  sur  les  éthers  acétyléniques. 

On  pourrait  supposer  que  l'attaque  de  la  molécule  d'éther  acétylénique 
se  fait  par  la  fonction  éther-sel;  il  y  aurait  ainsi,  avec  élimination  d'alcool, 


SÉANCE   DU    25   JUIN    1906.  iB'ij 

formation  momentanée  d'une  hydrazide  acétylénique 
R  -  C  ^C  -  COAzH  -  AzHR', 

qui  s'isomériserait  aussitôt  en  pyrazolone.  Dans  le  cas  de  i'hydrazine 
simple,  AzH'— AzH',  cette  théorie  pourrait,  à  la  rigueur,  se  défendre; 
car,  par  raison  de  symétrie,  les  pyrazolones  monosubstituées  obtenues 
doivent  être  les  mêmes,  de  quelque  manière  que  l'hydrate  d'hydrazine 
attaque  les  éthers  acétyléniques.  Mais  il  n'en  est  plus  ainsi  avec  la  phényl- 
hydrazine  et  les  diverses  hydrazines  substituées;  si,  en  effet,  l'attaque  se 
faisait  par  la  fonction  élher-sel,  les  pyrazolones  disubstituées  obtenues 
seraient  identiques  à  celles  qui  proviennent  du  traitement  des  éthers 
acryliques  jî-oxysubstitués;  or,  celles-ci  en  diffèrent  nettement;  il  faut  en 
conclure  que  c'est  sur  la  liaison  acétylénique  que  se  porte  d'abord  l'action 
des  hydrazines    quand  on  les  met  en  présence  des  éthers  acétyléniques  : 

C/H=-  C  s  C  -  COOC=H»->  CHS-  C  =  CH  -  COOC'HS->  CH 


AzH  C'H^— C 

\ 
AzHCJW  AzH 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  les  migrations phényliques  chez  les  halohydrines 
et  chez  les  cn-glycols.  Note  de  M.  Tiffeneau,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

A  la  suite  de  mes  recherches  sur  les  migrations  phényliques  qui  accom- 
pagnent la  transformation  des  halohydrines (')  en  aldéhydes  ou  cétones,  je 
m'étais  proposé  d'étudier  parallèlement  la  transformation  des  halohy- 
drines et  celle  des  glycols  correspondants.  J'avais  ainsi  montré  que  le 
méthylphénylglycol  dissymétrique  et  son  homologue  para  se  transforment  en 
méthylphénylacétaldéhyde  et  en  méthylparatoluylaldéhyde  (-)  tandis  que 
les  iodhydrines  des  mêmes  glycols  se  transposent  respectivement  en  phényl- 
acétone  et  en  paratolylacetone  ('). 

Dans  ce  groupe  des  glycols  primaires  tertiaires,  il  me  restait  à  examiner 
comment  se  transforme  le  diphénylglvcol  dissymétrique 

(CU'y-  COH-CH^OH 

(')  TiFFE.NEAU,  Comptes  rendus,  t.  CXXXIV,  p.  i5o5;  t.  CXXXVII,  p.  989. 

(')  TiFFENEAU,  Ihid..  t.  CXXXVII,  p.  1260. 

(^)  TiFFENEAU,  Bulletin,  Soc.  cinm.,  3'  série,  t.  XXVI,  p.  292. 


l538  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

dont  l'iodliydrine  se  transpose  comme  je  l'ai  montré(')  en  désoxybenzoïne. 
Ce  glycol  a  été  préparé  par  action  du  bromure  de  phénvlmagnésium  sur  le 
glvcolate  d'éthyle(^).  Recristallisé  dans  l'alcool,  on  l'oblient  pur  fusible 
à  lao^-iai".  Chauffé  avec  de  l'acide  sulfurique  au  cinquième,  il  se  trans- 
forme à  peu  près  intégralement  en  diphénylacétaldéhyde,  dont  la  semi- 
carbazone  recristallisée  dans  le  benzène  fond  à.  i6i°. 

Dans  le  groupe  des  glycols  primaires-secondaires,  on  sait  que  le  phényl- 
glycol  ainsi  que  son  iodhydrine  C'H'  —  CHOH  —  CH"!  se  transforment 
l'un  et  l'autre  en  phénylacétaldéhyde;  mais  pour  chacun  d'eux  le  méca- 
nisme est  différent  : 

G=H5  — CH  =  CHOH 
CH'  — CHOH-CH'OH^  ou  ^  C^H^  —  CfP  —  CHO 

C^H'  — G  — CH^OH 


C« H'  _  CH OH  —  CH-I  ->  C« H=  -  CH OH  —  CH  =  ->  CH O  -  CH'  —  G»  H' 

la  transformation  de  l'iodhydrineest  comme  on  le  voit  accompagnée  d'une 
migration  du  phényle. 

Dans  le  groupe  des  glycols  bisecondaires,  on  sait  de  même  que  l'iodhy- 
drine  de  méthylphénylglycol  symétrique  dérivée  du  phénylpropylène  se 
transforme  avec  migration  du  phényle  en  aldéhyde  hydralropique  (Bull. 
Soc.  chim.,  3°  série,  t.  XXV,  p.  276).  Toutefois  la  transformation  du  gly- 
col lui-même  n'a  pas  encore  été  étudiée.  Le  méthylphénylglycol  symétrique 
C«H^— CHOH  —  CHOH  — CH'  a  été  préparé  par  ébullition  du  dibromo- 
phénylpropylène  avec  une  solution  aqueuse  de  carbonate  de  potassium  à 
I  pour  6  (ZiNCKE,  Berichte,  t.  XVII,  p.  710).  Chauffé  avec  l'acitle  sulfurique 
au  cinquième,  ce  glycol  se  transforme  quantitativement  en  phénylacétone 


(')  TiFFENEAu,  Comptes  rendus,  t.  GXXXIV,  p.  i5o6. 

(')  Ge  glycol  vient  d'être  obtenu  de  la  même  façon  et  décrit  par  MM.  Paal  et 
WeidenkafT  dans  les  Berichte,  n°  9,  p.  2o63.  J'avais  déjà  indiqué  {Comptes  rendus, 
t.  GXXXVIl,  p.  1260)  le  parti  que  l'on  peut-  tirer  des  composés  organomagné- 
siens  pour  la  préparation  des  aglycols.  Depuis,  dans  un  travail  entrepris  en  collabo- 
ration avec  M.  Dorlencourt,  nous  avons  obtenu  par  ce  procédé  :  le  diéthylméthyl- 
glycol  etie  diphénylmélhylglycol  fusible  à  QÔ^paraction  de  G'H'MgBr  et  de  G*H^MgBr 
sur  le  lactate  d'éthyle;  lediéthylphénylglycol  fusible  à  89°,  par  action  de  G'H^MgBr  sur 
le  phényiglycolate  de  méthyle;  le  diphényléthylglycol  fusible  à  117°,  par  action  de 
G^H'MgBrsur  la  benzoïne.  Tous  ces  glycols  ont  été  préparés  en  vue  d'étudier  le 
mécanisme  de  la  transposition  de  l'hydrobenzoïne.  Aucun  de  ces  glycols  n'a  fourni 
jusqu'ici  de  transposition  moléculaire. 


SÉANCE    DU    25    JUIN    [906.  iSSg 

(semicarbazone  fusible  à  197°).  On  voit  que  les  transformations  du  giycol 
et  de  son  iodliydrine  sont  tout  à  fait  différentes  et  que  l'une  s'accomplit,  au 
contraire  de  l'autre,  sans  migration  phénylique. 

C''I15— (CHOH)^  — CH^-^C'H^  — G  — CHOH-CH^^C«H5_CH2— CO  — CH', 

II 

C«H»-CHOH— CHI  -  CH^  ->C«H*  -  CHOH  — fc—  CH'  ^  CHO  -  CH<^5!.^\ 

Si  maintenant  nous  groupons  dans  un  t.ibleau  les  formules  des  alcools 
intermédiaires  (formules  vinyliques  ou  formules  avec  valences  pendantes) 
nous  pourrons  constater  ce  qui  différencie  ces  transformations. 

A  Icools  in lermédiaires. 
Dérivés  des  iodhydrines.  Dérivés  des  glycols. 

ChT/COH-CH=:  (migration).         ^j^*^'^C  =  GHOH  (sans  raigr.). 

^'II'^GOH  — CH=  (migration).         ^[j^^^G^GHOH  (sans  migr.)- 

CH-'— GHOH— GH=         (migration).         G"  H^  —  GH  =  CHOH  (sans  migr.). 

G^Hî^  —  ClIOH— G  — GH3  (migration).  G«H-  — G  —  GHOH  —  CH^  (sans  migr.). 

Il  II 

C«  H*  —  GH  OH  —  G  —  G"  H^  (migration).  G"  H»  —  GH  OH  —  G  —  G"  H^  (avec  migr.). 

Il  II 

On  voit  en  somme  que  la  transformation  des  a-glvcols  diffère  de  celle 
des  iodhydrines  correspondantes  en  ce  que  l'élimination  de  H'O  chez  les 
premiers  s'effectue  précisément  à  côté  du  C'H'^,  alors  que  chez  les  iodhy- 
drines considérées  l'oxhydrde  voisin  du  C®  H'  est  laissé  intact. 

Or  on  conçoit  que  la  transformation  de  l'hydrobenzoïiie  s'effectue  avec 
migration  phénylique  comme  chez  ces  iodhydrines,  p  lisque,  quelle  que 
soit  l'oxhvdrile  éliminé,  un  oxhyilrile  subsiste  toujours  au  voisinage  de 
l'autre  C''H\ 


CHIMIE  ORGANIQUE.   —    Sur  l'acide  cinnaménylparaconique. 
Note  de  M.  J.  Iîougault,  présentée  par  M.  A.  Halier. 

I.   Dans  un  travail  assez  récent,  MM.  Fitti^  et  Batt  (')  ont  étutlié  la  con- 
densation de  l'aldéhyde  cinnamique  avec  le  succinate  de  sodium  en  pre- 

(')   Liebig's  Annalen,  t.  GGGXXXI,  1904,  p.  i5i. 

C.  R.,  1906,  1"  Semestre.  (T.  C.VLU,  N»  26.)  20I 


l54o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

sence  d'anhydride  acétique,  espérant  obtenir  ainsi  l'acide  cinnaménylpa- 
raconique 

CO='H 
I 
CH»  -  CH  =  CH  -  CH  -  CH  -  CH^*  -  CO, 

I  I 

O 1 

et  l'acide  diéthylénique  qui  en  dérive,  l'acide  cinnaménylisocrotonique 

CH^  -  CH  =  CH  -  CH  =  CH  -  CH=  -  CO=H. 

Mais  ils  ont  obtenu  exclusivement  ce  dernier  acide,  accompagné  de  quan- 
tités variables  d'acide  cinnamique  et  d'autres  composés  non  acides  dont  je 
n'ai  pas  à  m'occuper  ici. 

Dans  le  but  de  me  procurer  cet  acide  cinnaménylisocrotonique  dont  j'ai 
besoin  pour  un  travail  que  je  poursuis  en  ce  moment,  j'ai  reproduit  l'expé- 
rience de  ces  savants,  en  suivant  rigoureusement  leurs  indications.  Mes 
résultats  ont  été  totalement  diiï'érents  :  j'ai  obtenu  uniquement  l'acide 
cinnaménylparaconique  (P.  F.  145*^)  et  pas  trace  d'acide  cinnaménylisocro- 
tonique (P.  f.  1 12°)  que  les  auteurs  cités  avaient  seul  obtenu. 

n.  L'acide  cinnaménylparaconique  n'ayant  jamais  été  préparé  jusqu'ici, 
je  le  décrirai  rapidement. 

Je  renvoie  pour  sa  préparation  au  travail  de  MM.  Fittig  et  Balt,  puisque,  je  le  ré- 
pèle, j'ai  suivi  leurs  indications;  en  faisant  observer  toutefois  qu'il  est  indispensable 
de  ne  pas  chaulTer  l'acide  libre  en  présence  de  l'eau,  car  il  se  déconapose  dans  ces 
conditions  comme  on  le  verra  plus  loin. 

La  formule,  indiquée  plus  haut  pour  représenter  cet  acide,  est  justifiée  :  i°  par  le 
dosage  de  C  et  de  H;  2°  par  le  titrage  acidimétrique  :  il  se  comporte  comme  un 
acide  monobasique  quand  on  ajoute  la  soude  peu  à  peu  jusqu'à  virage  de  laphtaléine, 
et  comme  un  acide  bibasique,  lorsque,  après  avoir  ajouté  un  excès  de  soude,  on  revient 
à  la  neutralité  pai-  l'acide  sulfurique;  3°  par  la  fixation  de  Bi"  sur  la  double  liaison. 

111.  L'acide  cinnaménylparaconii[ue  fond  à  i45°  sans  décomposition.  Il  est  très  peu 
soluble  dans  l'eau,  dans  la  benzine,  dans  l'éllier  de  pétrole,  peu  soluble  dans  l'éther, 
dans  le  chloroforme,  un  peu  plus  dans  l'alcool  froid  (os,  5o  à  os,6o  pour  100),  beaucoup 
plus  soluble  à  chaud. 

Dissous  à  froid  dans  une  solution  aqueuse  de  carbonate  de  sodium,  il  en  est  immé- 
diatement reprécipité  par  addition  d'un  acide  fort;  mais  après  dissolution,  même  à  froid, 
dans  la  soude,  il  n'est  plus  reprécipité  par  acidulation  au  moins  immédiatement.  La 
reprécipitation  ne  se  fait  qu'au  bout  de  plusieurs  heures,  sans  doute  après  retour  de 
l'acide  ciniiaménylitamalique  soluble 

00^  H 

O^H^—  CH  =  CH  ~  CHOH  —  CH  -  GH^—  CO^H 
à  l'acide  cinnaménylparaconique  insoluble. 


SÉANCE    DU    23    JUIN    I906.  t54l 

La  propriété  la  plus  remarquable  de  cet  acide  est  sa  facile  décomposi- 
tion par  ébullition  avec  l'eau.  Une  demi-heure  d'ébullition  suffit  pour  le 
convertir  en  acide  cinnaménylisocrotonique,  acide  que  MM.  Fittig  et  Batt 
ont  obtenu  directement  dans  la  condensation  de  l'aldéhyde  cinnamique 
avec  le  succinate  de  sodium,  sans  constater  la  formation  préalable  d'acide 
cinnaménylparaconique  que  je  démontre  ici. 

Peut-être  une  pareille  décomposition  a-t-elle  eu  lieu  au  cours  des  traite- 
ments effectués  par  ces  savants  pour  sortir  l'acide  de  la  masse  noirâtre 
épaisse,  premier  produit  de  la  condensation.  Ceci  expliquerait  la  différence 
de  nos  résultats. 

En  solution  alcaline  l'acide  cinnaménylparaconique  (ou  plus  exactement 
l'acide  cinnaménylitamalique  qui  se  produit  alors)  est  très  stable,  l'ébuUi- 
tion  ne  l'altère  pas  après  i  heure. 

IV.  L'acide  cinnaménylparaconique  fixe  facilement  Br^  lorsqu'on  addi- 
tionne de  brome  l'acide  pulvérisé,  en  suspension  dans  le  chloroforme. 

Le  bibromure  est  cristallisé,  fond  à  2o5°  en  se  décomposant.  Il  est  fort 
peu  soluble  dans  les  dissolvants  usuels  et  se  purifie  le  mieux  par  dissolution 
dans  l'alcool  bouillant.  La  solution  aqueuse  de  carbonate  de  sodium  le 
dissout  à  froid  sans  l'altérer;  à  chaud,  il  y  a  décomposition  totale;  tout  le 
brome  passe  à  l'état  de  bromure  de  sodium  ;  il  se  forme,  en  outre,  de  l'aldé- 
hyde benzoïque;  les  autres  produits  de  décomposition  n'ont  pas  encore 
été  étudiés. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Recherches  sur  les  relations  entre  groupements 
fonctionnels  en  positions  éloignées.  Imines  cycliques.  Note  de  MM.  E.-E. 
Blaise  et  HouiLLON,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

Si  l'on  considère  une  chaîne  carbonée  ouverte,  les  centres  de  gravité 
des  atomes  de  carbone  peuvent  se  placer  dans  un  même  plan,  tant  que  la 
chaîne  ne  renferme  pas  |)lus  de  cinq  atomes  de  carbone.  Au  delà  de  ce 
nombre,  ils  ne  peuvent  se  placer  aue  sur  une  hélice.  Si  l'on  examine  la 
cyclisation  des  chaînes  carbonées,  on  voit  qu'elle  peut  se  produire  de 
deux  manières  :  ou  bien  les  centres  de  gravité  des  atomes  de  carbone 
se  placent  dans  un  même  plan  au  prix  d'une  tension  moléculaire  qui 
croît  indéfiniment,  ou  bien,  il  y  a  cyclisation  aux  dépens  des  atomes  de 
carbone  terminaux,  sans  que  le  reste  de  la  chaîne  carbonée  perde  sa 
forme  hélicoïdale.  Dans  cette  dernière  hypothèse,  la  facilité  avec  laquelle 


l542  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

se  produira  la  cyclisation  sera  une  fonction  de  l'éloignement  des  atomes 
de  rarhone  terminaux,  et  celte  fonction  sera  périodique. 

Il  est  facile  de  voir,  en  effet,  que,  si  le  nombre  des  atomes  de  carbone 
intermédiaires  s'accroît,  la  distance  qui  sépare  les  atomes  de  carbone 
terminaux  jiasse  |iar  une  série  de  niaxima  et  minima  conséciitits.  S'il 
s'ai^it  (le  la  formation  de  chaînes  liomocycliques  carbonées,  ce  second 
mode  de  cyclisation  appa'aît  comme  infiniment  peu  probable;  il  semble, 
en  effet,  que  les  spires  inter|josées  entre  les  carbones  terminaux  doivent 
constituer  un  obstacle  siérique  insurmontable.  S'il  s'agit,  au  contraire, 
de  la  fermeture  de  (haines  hetérocycliques  sur  un  atome  d'oxygène  ou 
d'azote,  le  second  mode  de  cyclisation  n'apparaît  plus  comme  invrai- 
sembl.ible  et,  dès  lors,  il  y  avait  lieu  de  se  demander  si  l'expérience 
pouriMil  mettre  en  évidence  l'existence  d'une  périodicité  réelle  dans  la 
fermeture  des  chaînes  lietérorycliques.  C'est  dans  ce  but  (|u'ont  été 
entreprises  les  retherches  résumées  dans  la  présente  Note,  et  relatives 
aux  imines  cycliques.  On  sait  que  ces  imines  se  forment  par  action  de 
la  chaleur  sur  les  chlorhydrates  des  diamines,  et  l'existence  de  la  décamé- 
thylene-imine  obtenue  par  MIM.  Phookan  et  F.  Kraffl  semblait  favorable  à 
l'idée  de  périodicité.  Nous  nous  sommes  adressés,  de  notre  côté,  à  l'octo- 
mélhylène-imuie.  Le  c^ilorhydrate  de  l'octométhvlène-diamine  donne  en 
effet,  par  action  de  la  chaleur,  un  carbure  diéthylénique  et  une  base 
secondaire  cyclique.  Cette  base  devait  être  I  oclométhylène-iraine.  Toute- 
fois, comme  d'autres  recherches,  effectuées  dans  le  même  ordre  d'idées, 
et  qui  seront  publiées  ultérieurement,  nous  avaient  déjà  montré  que  la 
cyclisation  peut  s'accompagner  de  transpositions  moleculaiies,  il  était 
nécessaire  d'établir  d'abord  la  constitution  de  la  base  obtenue.  Guidés  par 
ces  mêmes  recherches,  il  nous  parut  possible  que  la  base  obtenue  fût  de 
ra,-propvlpipéridiiie  soit  de  l'a-w-butylpyrrolidme,  soit,  enfin,  un 
mélange  de  ces  deux  bases.  Le  produit  obtenu  par  action  de  la  chaleur  sur 
le  chlorhydrate  de  l'octométhylène-diamine  bout  exactement  au  même 
point  que  la  conicine  inactive;  par  contre,  les  dérivés  qu'd  donne  sont 
absolument  diUérents  de  ceux  que  fournit  la  conicine.  En  particulier,  il 
nous  a  ét('  impossible  d'obtenir  la  moindre  trace  d'un  chloroplatinate 
possédant  les  propriétés  caractéristiques  de  celui  que  donne  cette  dernière 
base.  Restait  donc  à  examiner  l'hypothèse  où  la  base  eût  été  de  nature 
pyrrolidique.  Comme  il  eiit  été  difficde  d'établir  analytiquemeu  t  l'existence 
d'une  chaîne  |iyrroIi(lique,  nous  nous  sommes  adressés  à  la  méthode  syn- 
thétique et  nous  avons  préparé  l'ot-w-butylpyrrolidine,  non  sans  difficulté, 


SÉANCE    DU    25    JUIN    I906. 


1543 


pai'  la  série  des  réaction'^  suivantes  : 
C'H»— CO  — CH=— CH*— CO-H 


CH-, 
_^C'H'— ChI 


CH"- 

co 


M 


La  btitylpyrrolidine  ainsi  obtenue  est  un  liquide  à  odeur  rappelant  fortement  celle 
de  la  coniciiie,  elle  bout  au  même  point  que  roctométhviène  iioine  présumée  et  cons- 
titue une  base  forte.  Elle  e^t  d'ailleurs  identique  à  l'octométhylène  imine,  toutes  deux 
donnent  le  même  chloroplatinale,  fondant  à  laS",  le  même  chloraurate,  qui  fond  à  89° 
et,  enfin,  la  même  urée  qui  fond  à  iSa".  Il  n'existe  entre  ces  deux  bases  qu'une  diftérence 
de  pureté,  la  base  obtenue  à  partir  de  la  diamine  étant  un  peu  moins  pure  que  la  base 
synthétique. 

La  formation  d'une  base  pyrrolidique  à  partir  du  chlorhydrate  de  l'octomélhylène- 
dianiine  met  donc,  d'une  part,  en  évidence  une  migration  intéressante,  et,  d'autre  part, 
elle  montre  que  l'existence  d'une  périodicité  dans  la  cyclisation  des  imines  est  infini- 
ment peu  probable. 

En  eflet,  au  point  de  vue  stéréochimique,  la  formation  de  l'octométhylène-imine 
serait  comparable  à  celle  de  la  triméthylène-imine;  or  cette  dernière  peut  être  obtenue 
assez  aisément,  tandis  que  roctométhyléne-imine  ne  se  forme  pas.  Nous  nous  p^opo- 
sons,  d'ailleurs,  de  préparer  l'hexylpyrrolidine  qui  sera  sans  doute  identique  à  la  déca- 
méthylène-imine  de  MM.  Phookan  et  Kraffl,  ce  qui  ôtera  tout  doute  à  ce  sujet.  Nous 
ajouterons  enfin  que  la  réduction  de  la  cyclohexanone-isoxime  a  donné  à  M.  Wallach 
une  base  qui  est  sans  doute  la  véritable  hexaméthylène  imine.  Il  n'est  pas  étonnant 
que  celle  base  diffère  de  celle  obtenue  par  M.  Braun  en  partant  de  l'hexaméthyléne- 
diamine,  car  celle-ci  doit  probablement  être  constituée  par  de  l'a-élhylpyrrolidine 
plus  ou  moins  pure. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Basicilé  de  l'oxygène  du  xantliyle.  Sels  doubles 
halogènes  xanthyl-mèlalliques.  Note  de  MM.  R.  Fosse  eL  L.  Lesagk, 
présentée  par  M.  A.  Haller. 


I.e  xanthyle  ou  diphénopyryle  : 


CH- 


O 


l544  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

radical  non  azoté,  univalent,  dérivé  du  xanlhane  (')  ou  diphénopyrane, 
peuL  donner  avec  les  halogènes  (Cl,  Br)  et  certains  métaux,  une  série 
assez  riche  de  combinaisons,  dont  les  formules  sont,  en  général,  compa- 
rables aux  sels  doubles  correspondants  du  potassium. 

Chloroplallnate  de  xanthyle  : 

PiCl.+  ,|^CI-0(g^;)cH], 

poudi-e  orangée. 

Bromoplalinale  de  xanthyle  : 


FtBr^.-.[B.--0<gi|;)cH], 


précipité  jaune  orangé. 

Cliloro-aurate  de  xanthyle 


/C^H*\ 
AuGl^+Cl-0(^g^^CH, 


cristaux  microscopiques  jaunes. 
Bromo-aiirate  de  xanthyle  : 


AuBr3+Br-0/g|i;)cH, 


petits  cristaux  rouge  brique. 

Chloiuie  d' uranyle  et  de  xanthyle  : 


UœC.+  .[ci-0<g5;>CH], 


ci'istaux  prisinaliiiues  jaune  d'oi'. 

Bromure  d'iiranyle  et  de  xanthyle  : 


U02Br2-)-2 


cristaux  jaunes. 

Bromoferrale  de  xanthyle  ; 


FeBr^  +  Br-0(^^^/CH, 


cristaux  microscopiques  rouge  vif. 
Bromure  de  zinc  et  de  xanthyle  : 


ZnBr^-H2|^Br-0(g^)cH], 


cristaux  jaune  orangé. 


(')   Improprement  désigné  xanthène. 


4 


SÉANCE    DU    25    JUIN    1906.  iS/jS 

Bromure  de  cuhre  el  de  xanlhyle  : 


CuB.-+2[B,-0(g^)cH], 


petits  cristaux  violet  sombre. 

Bromure  de  cadmium  et  de  xanlhyle  : 


CclBr^+a    Bi-^OC 


petits  cristaux  jaunes. 

Bromure  de  plomb  el  de  xanlliyle  : 

2PbBr^+Br-0c(g^)cH, 

petits  cristaux  marron  clair. 

Bromure  de  mercure  el  de  xanthyle  : 


SHgBr^-H^ 
cristaux  jaune  d'or. 


BIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Production  de  feuilles  en  cornet  par  traumatismes. 
Note  de  M.  L.  Blaringhem,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

Les  ascidies  ou  feuilles  en  cornet  sont  des  anomalies  relativement  rares. 
Bien  connues  et  étudiées  dans  les  genres  Nepenlhes  et  Sarracenia  où  elles 
prennent  la  valeur  de  caractères  de  familles,  on  les  trouve  parfois  en  abon- 
dance sur  quelques  individus  aberrants  qui  les  produisent  assez  fidèlement 
chaque  année,  s'ils  sont  vivaces  ^Ficus  de  Calcutta  (  '  ),  Saxifraga  crassifolia 
et  S.  ciliata  (^-)  ,Cytisus  candicans  Altleyanus  (^),  divers  Tilleuls,  etc.].  D'autre 
part,  Hugo  de  Vries  (')  a  montré  l'hérédité  partielle  des  ascidies  par  voie 
de  semis;  mais  jusqu'ici  on  ne  sait  rien  sur  l'origine  des  individus  qui 
présentent  ces  anomalies;  de  nombreuses  observations  et  des  expériences 
me  permettent  d'attribuer  leur  pro(lucli(jn  à  des  mutilations. 


(')  G.  DE  Candolle,  Sur  un  Ficus  à  hypoascidies  {Archires  des  Se.  phys.  et  natur. 
de  Genève.,  [\^  période,  l.  XII,  1901,  p.  623-63i). 

('^)  O.  Fenzig,  Pflanzenteratolog^ie,  I,  p.  t\h&.  (Les  ascidies  des  Saxifrages  ont  été 
étudiées    récemment  par  H.  de  Vries,    Maheu   et  Gillot,    Monleniartini,   Massalongo.  ) 

(')  H.  DE  Vries,  Over  de  erfelykheid  van  Synfisen  (résumé  dans  Botanisclier 
Jahresberichl,  XXIII,  2)  et  Ueber  die  Periodicitàt  de  r  par  lie  lien  Varialionen  (Ber. 
d.  deut.  bot.  GeseL,  t.  XVII,  p.  45-5i  )• 


l546  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

La  section  de  la  tige  principale  des  végétaux,  ligneux  et  herbacés  est  d'ordinaire 
suivie  du  développement  rapide  de  nombreux  rejets  en  partie  anormaux.  Les  ascidies 
en  particulier  se  trouvent  dans  ce  cas  sur  les  pousses  de  Tilia  sylvestres,  Acer 
Psetido-platamits,  Fraxinus  excelsior,  Hibiscus  Rosa-sinensis,  Corylus  Avellana ; 
elles  sont  le  plus  souvent  isolées  ;  toutefois,  dans  un  taillis  de  Noisetiers  dont  les  troncs 
de  4'^°'  à  6""  de  diamètre  avaient  été  coupés  au  ras  du  sol  dans  le  mois  de  mars 
de  igoS,  j'ai  pu  observer  au  mois  d'août  de  la  même  année,  sur  12  feuilles  portées  par 
un  rejet,  7  feuilles  peltées  ou  ascidiformes,  alors  que  les  arbustes  voisins  non  taillés 
n'en  présentaient  aucune.  On  peut  récoller  aussi  une  bonne  proportion  de  folioles  en 
cornets  sur  les  feuilles  à  folioles  multiples  que  donne  le  Trifoliuin  pratense  après  la 
seconde  coupe. 

Dans  des  essais  faits  en  1906  en  vue  de  provoquer  des  fascies  et  des  anomalies  florales, 
j'ai  obtenu  des  ascidies  sur  les  rejets  fasciés  ou  non  de  Fagopyrum  esculentum, 
Œnothera  biennis  et  Zea  Mays. 

Le  Maïs,  que  j'étudie  tout  spécialement  depuis  1901,  m'a  fourni  le  plus 
grand  nombre  de  feuilles  en  tube  et  j'ai  pu  en  vérifier  l'hérédité  partielle 
dans  plusieurs  lignées.  Les  premières  gaines  tubulées  furent  observées  sur 
des  rejets  dont  la  panicule  mâle  portait  des  graines  femelles  fertiles.  La 
descendance  suivie  depuis  igo3,  sans  mutilation  nouvelle,  fournit  des 
variations  de  toutes  sortes  partiellement  héréditaires  (')  et  en  particulier 
les  gaines  tabulées  rentrent  dans  cette  catégorie. 

Dans  les  cultures  de  igoS  l'épreuve  de  l'hérédité  fut  très  remarquable  pour  l'un  des 
lots.  La  plante  mère,  développée  en  1904,  ne  portait  qu'une  seule  gaine  tubulée,  cor- 
respondant à  la  sixième  feuille.  Sur  23  descendants  de  cette  plante,  i3  présentèrent  des 
ascidies  (plus  de  5o  pour  100)  résultant  de  la  suture  des  bords  des  feuilles  ou  même 
des  bractées  d'enveloppe  de  l'inflorescence  femelle,  La  fréquence  de  l'anomalie,  consi- 
dérablement acciue,  permit  d'en  étudier  la  périodicité  : 

Les  feuilles..  .      1     234-56789  10     (comptées  à  partir  de  la  base) 
fournissent...      0016  11     85120     ascidies 

La  suture  des  bords  de  la  feuille  se  prolonge  parfois  au  delà  de  la  ligule.  Comme 
cas  extrême  observé,  on  peut  signaler  un  tube  de  42°"' de  longueur  dont  19''™  appar- 
tiennent à  la  gaine;  cette  ascidie  développée  sous  la  panicule  terminale  la  renfermait 
comme  dans  une  spathe,  rendant  presque  impossible  la  dispersion  du  pollen.  Le 
caractère  très  singulier  de  cette  sommité  attirait  les  yeux  à  longue  distance  et  il  n'est 
pas  douteux  que  cette  anomalie  ne  soit  très  rare,  puisqu'on  ne  l'a  jamais  signalée  à  ma 
connaissance. 

Les  gaines  tubulées  sont  un  caractère  nouveau  et  aberrant  pour  le  Zea 

(')  L.  Blaringhem,  Anomalies  héréditaires  provoquées  par  des  traumatismes 
{Comptes  rendus,  t.  GXL,  6  février  1900). 


SÉANCE    DU    25    JUIN    1906.  l547 

Mays,  mais  ne  sont  pas  inconnues  dans  la  famille  des  Graminées.  Depuis 
longtemps  Dupont,  Trécul,  Godron  ont  insisté  sur  la  valeur  de  ce  caractère 
pour  la  diagnose  des  genres  ou  des  espèces  de  Melica,  Glycena,  etc.  Il  ne 
paraît  pas  impossible,  d'après  les  résultats  obtenus  jusqu'ici  dans  les  cul- 
tures, de  fixer  la  variation  apparue  dans  le  Maïs;  quoi  qu'il  en  soit,  les  faits 
précédents  montrentlerôle  des  mutilations  dans  la  production  de  caractères 
nouveaux  et  partiellement  héréditaires. 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Origine  aes  matériaux  Utilisés  par  l'ovaire. 
Note  de  M.  Jeax\  Friedel,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

.  La  capacité  assimilatrice  des  carpelles  verts  de  la  plupart  des  plantes  est 
connue  depuis  longtemps.  J'ai  vérifié  le  fait  sur  un  grand  nombre  d'espèces. 
Dans  une  expérience  sur  le  Ranunculus  acris,  j'ai  constaté,  chez  les  car- 
pelles, une  assimilation  sensiblement  égale  au  cinquième  de  l'assimilation 
effectuée  par  le  même  poids  de  feuille.  La  capacité  assimilatrice  des  car- 
pelles peut  donc  être  considérable.  J'ai  cherché  à  voir  jusqu'à  quel  point 
cette  assimilation  pouvait  suffire  au  développement  de  l'ovaire  et  à  la 
production  de  graines. 

Des  fleurs  épanouies,  détachées  de  la  plante,  ont  été  conservées,  le  pédoncule  plon- 
geant dans  une  eau  continuellement  renouvelée.  Au  début,  je  déterminais  le  poids 
sec  moyen  des  ovaires  d'un  lot  de  fleurs  témoins.  Au  bout  d'un  temps  plus  ou  moins 
long,  des  échantillons  étaient  prélevés  pour  déterminer  les  poids  secs,  d'autres  ovaires 
étaient  conservés  pour  tenter  d'obtenir  des  graines.  De  nombreuses  expériences  ont  été 
faites  sur  le  Galanthus  nivalis,  le  Leucoium  verniim,  le  JVarcissus  pseudonarcissus, 
VOrnithogalurn  unibellaliim. 

Exemple  :  Galanthus  nivalis.  —  Le  3i  janvier,  des  fleurs  épanouies  ont  été  mises 
en  expérience.  16  ovaires  témoins  out  eu  un  poids  sec  moyen  de  os,oo4i2. 

Le  23  février,  j'ai  prélevé  4  ovaires  :  poids  sec  moyen,  o", 00970. 

Le  5  mars,  j'ai  prélevé  4  ovaires  :  poids  sec  moyen,  os,oia5o. 

Deux  beaux  ovaires  choisis  sur  une  plante  enracinée  el  qui  se  sont  développés  pen- 
dant le  même  temps  ont  donné,  l'un,  os,oii8o,  et  l'autre,  o», 02100. 

L'augmentation  de  poids  est  manifeste;   les  résultats  ont  toujours  été  concordants. 

Des  ovaires  de  ces  diverses  plantes,  conservés  à  l'obscurité,  n'ont  jamais 
présenté  d'augmentation  de  poids  sec;  j'ai  constaté  parfois  une  légère  dimi- 
nution lorsque  l'expérience  avait  duré  très  longtemps.  Toutefois,  l'aug- 
mentation de  poids  observée  à  la  lumière  peut  être  due  soit  à  l'assimilation 
de  l'organe  lui-même,  soit  aux  réserves  du  pédoncule. 

C.   R.,   .go<i,  I"  Semestre.  (T    CXLII,  N°  26.)  2u2 


l548  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Pour  chercher  à  résoudre  cette  question,  j'ai  placé  sur  de  la  ouate  humide  des 
ovaires  avec  ou  sans  pédoncule  dans  des  tubes  à  essai  qui  ont  été  ensuite  scellés  à  la 
lampe.  Dans  ces  conditions,  l'assimilation  chlorophyllienne  a  pour  effet  unique  de 
récupérer  le  gaz  carbonique  perdu  par  respiration.  Or  je  n'ai  jamais  constaté  d'aug- 
mentation de  poids  sec  chez  les  ovaires  dépourvus  de  pédoncule  maintenus  en  tubes 
scellés,  tandis  que,  chez  des  ovaires  également  en  tubes  scellés,  mais  pourvus  d'un 
pédoncule,  j'ai  observé  fréquemment  une  augmentation  de  poids  sec. 

Exemple  :  JVarcissus  pseitdonarcissus.  —  26  mars.  Poids  moyen  de  10  ovaires  de 
fleurs  épanouies,  o5,oi43.  (Le  poids  le  plus  faible  était  de  08,0097;  le  plus  fort,  de 
os,  0208.) 

28  avril  :  obscurité,  05,0098;  air  confiné  sans  pédoncule,  08,0177;  air  confiné  avec 
pédoncule,  0^,0287;  fleurs  à  l'air  libre,  oS,o456. 

A  l'air  libre,  l'augaientation  de  poids  est  très  considérable  ;  elle  est  faible 
dans  l'air  confiné. 

Pour  des  ovaires  à'Ornithogalum  umbellatum  pris  dans  la  fleur  épanouie,  le  poids 
sec  moyen  était  de  08,  255.  (8  mai.) 

Le  18  mai,  un  ovaire  semblable  muni  de  son  pédoncule  et  conservé  en  tube  scellé 
avait  atteint  un  poids  sec  de  oe,o34o.  Il  y  a  ici  une  augmentation  manifeste. 

L'ovaire  à'Ornitliogalam  arabicuin  est  dépourvu  de  toute  capacité  assimilatrice 
comme  je  l'ai  montré  dans  une  précédente  Note  {Comptes  rendus,  il\  mai  1906).  L'un 
de  ces  ovaires  conservé  avec  un  fort  pédoncule  a  présenté  une  augmentation  de  poids 
sec  considérable. 

Le  10  mai,  l'ovaire  d'une  fleur  épanouie  avait  un  poids  sec  de  00,0280;  le  3i  mai, 
un  ovaire  semblable  avait  atteint  un  poids  sec  presque  double  0o,o4o8. 

Ainsi,  dans  des  conditions  où  l'assimilation  n'intervient  jjas,  il  peut  y 
avoir  une  augmentation  de  poids  sec  provenant  uniquement  des  réserves  du 
pédoncule. 

Plusieurs  ovaires  de  fleurs  coupées  conservées  à  l'air  libre  pnt  donné 
des  graines. 

De  cet  ensemble  de  faits  on  peut  tirer  les  conclusions  suivantes  : 

ï°  L'ovaire  utilise  à  la  fois  les  produits  de  l'assimilation  qui  lui  est 
propre  et  les  réserves  du  pédoncule. 

2°  Si  les  conditions  dans  lesquelles  il  est  placé  suppriment  l'un  des  deux 
modes  de  nutrition,  l'ovaire  peut,  en  utilisant  le  mode  qui  lui  reste,  arriver 
à  son  complet  développement. 

3°  Les  réserves  du  pédoncule  ne  peuvent  être  utilisées  qu'à  la  lumière. 
Il  y  a  un  rapprochement  à  faire  entre  ce  dernier  résultat  et  un  fait  semblable 
constaté  par  M.  Molliaid  dans  ses  recherches  sur  les  cidtures  de  Radis  en 
milieux  nutritifs  organiques  et  par  M.  Lefèvre  dans  ses  recherches  sur  l'assi- 
milation des  aminés  par  les  végétaux. 


SÉANCE  DU  25  JUIN  [906.  l549 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  la  longévité  des  graines.  Noie  de  M.  Paul 
Becquerel,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

La  durée  de  la  faculté  germirialive  des  graines  de  la  plupart  des  phanéro- 
games n'est  pas  encore  très  bien  connue.  Elle  varie  considérablement  non 
seulement  d'une  espèce  à  une  autre,  mais  encore  entre  les  individus  d'une 
même  espèce,  car  elle  dépend  de  la  résultante  des  actions  d'un  grand 
nombre  de  facteurs  extérieurs  ou  internes  que  la  graine  subit  selon  son 
mode  de  conservation.  La  température  et  l'hygrométricité  de  l'atmosphère, 
l'air,  l'eau,  la  lumière,  l'enfouissement  dans  le  sol,  les  bactéries,  les  ani- 
maux, enfin  le  degré  de  perméabilité  des  téguments  de  la  graine,  la  nature 
de  ses  réserves  nutritives  et  de  son  état  de  dessiccation  sont  autant  de  causes 
qui  agissent  directement  sur  la  vitalité  de  l'embryon. 

Beaucoup  de  savants  se  sont  déjà  occupés  de  cette  question  et  ont 
apporté  des  observations  sur  des  cas  isolés,  mais  le  seul  travail  d'ensemble 
où  se  trouvent  exposés  les  faits  les  plus  nombreux  et  les  plus  précis  est 
encore  celui  d'Alph.  de  CandoUe.  En  1846,  il  avait  semé  368  espèces  de 
graines  qu'il  avait  lui-même  recueillies  et  conservées  dans  des  sachets,  à 
l'abri  de  l'humidité  et  de  la  lumière,  pendant  i4  années.  Il  constata  alors 
que,  sur  les  368  espèces,  17  seulement  conservèrent  leur  pouvoir  germi- 
natif  très  affaibli.  Trois  familles  fournirent  ces  espèces  :  les  Malvacées, 
5  sur  10;  les  Légumineuses,  9  sur  45;  les  Labiées,  i  sur  3o  ('). 

Grâce  à  l'extrême  obligeance  de  M.  Costantin,  Professeur  de  culture 
au  Muséum,  et  au  concours  dévoué  de  M.  Caille,  chef  du  service  de  la 
Graineterie,  qui  ont  mis  à  ma  disposition  toutes  les  graines  les  plus  vieilles, 
dont  la  date  d'arrivée  au  laboratoire  était  rigoureusement  contrôlée,  nous 
avons  repris  le  travail  d'Alph.  de  CandoUe. 

Nos  recherches  ont  porté  sur  près  de  55o  espèces  appartenant  à  3o  des 
familles  les  plus  importantes  des  Monocotylédones  et  des  Dicotylédones, 
et  dont  l'âge  de  la  récolte  variait  entre  20  et  i35  ans. 

Les  graines  de  chaque  espèce,  généralement  au  nombre  minimum 
de  10,  étaient  soigneusement  lavées  dans  de  l'eau  stérilisée,  puis  en  partie 
décortiquées  lorsque   leur   tégument  paraissait   trop  imperméable.   Ainsi 

(')  Alph.  de  Candolle,  Sur  la  durée  relatwe  de  la  faculté  des  germes  (Ann.  se. 
liai.,  série  III,  t.  VI,  p.  378). 


l55o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

préjiarées,  elles  ctnient  placées  sur  du  coton  hydrophyle  aseptique  humide 
dans  un  cristallisoir  recouvert  d'une  plaque  de  verre,  que  l'on  portait  dans 
une  étuve  à  la  température  constante  de  28°. 

Dans  ces  conditions  levèrent  chez  les  Légumineuses  18  espèces  sur  90. 

Ce  furent  :  Cassia  bicapsidaris  de  iSig;  Cytisus  biflorus  de  1822  ;  Leucœna  leii- 
cocephala  de  i835;  Trifoliuin  ari'ense  de  i838;  Ervum  Lens  de  i84i  ;  Dioclea  pau- 
ciflora  de  1841  ;  Cylisus  austriacus  de  i843  ;  Melilolus  liitea  de  i85i  ;  Acacia  dista- 
chya  de  i853;  Mimosa  glomerala  de  i853;  Crolatum  ramosissimum  de  1867; 
Dolichos  fusarius  de  1868  ;  Astragalus  bi achyceras  de  1868  ;  .Yomismia  nummu- 
laris  de  1869  ;  Acacia  cornigera  de  1869  ;  Trifolium  cœspitosurn  de  1878. 

Dans  la  famille  des  Nélombées,  nous  avons  obtenu  la  germination  de  trois  espèces 
de  Nelombo  :  Nelumbium  codophylhtm  de  i85o;  N.  asperifolium  de  i858  et 
N.  speciosuni  de  1888  ('). 

Enfin  nous  avons  eu  une  Malvacée  sur  i5  espèces  :  le  Lavatera  pseuclo-Olbia  de 
1842  et  une  Labiée  sur  i4,  le  Stachys  nepetœfolia  de  1829. 

Par  contre,  les  graines  des  espèces  appartenant  aux  familles  suivantes  :  Graminées, 
Joncées,  Liliacées,  Urticées,  Polygonées,  Ghénopodiacées,  Daliscées,  Renonculacées, 
Nymphéacées,  Euphorbiacées,  Crucifères,  Papavéracées,  Garyophyllées,  Rosacées, 
Saxifragées,  Onagrariées,  Araliacées,  Plorabaginécs,  Solanées,  Borraginées,  Convolvu- 
lacées, Scrofularinées,  Verbénacées,  Plantaginées,  Cucurbitacées  et  Caprifoliacées  ne 
fournirent  aucune  germination. 

Parmi  les  graines  qui  ne  levèrent  pas  et  dont  l'âge  variait  de  3o  à  60  ans,  il 
nous  faut  signaler  les  graines  de  Polentilla  Tormentilla,  de  Rubus  idœus,  de  Galiiirn 
anglicum,  di'Euphorbia  Lathyris,  de  Sinapis  arvensis,  de  Chenopodium  polysper- 
mitin,  de  Sagina  procumhens,  de  Papaver,  de  Corydalis  clavicitlata,  de  Digilalis 
purpiirea,  de  Verbascum  Thapsus,  de  JVicoliana  Tabacum  et  de  Juncus  bufonius. 
Car  ces  graines  ont  été  fréquemment  citées  par  de  nombreux  observateurs,  tels  que 
Michalel,  Sirodot,  Boisduval,  Heldreich,  Peler,  Bureau,  J.  Poisson  et  P.  Fliche,  comme 
pouvant  conserver  dans  la  terre,  pendant  beaucoup  d'années  et  même  plusieurs  siècles, 
la  faculté  de  geimer.  Le  fait  de  les  voir  subitement  apparaître,  dans  certaines  localités 
où  il  n'y  en  avait  jamais  eu  auparavant,  après  des  remaniements  du  sol,  des  coupes 
de  bois,  des  dessèchements  ou  des  mises  en  eau  d'étangs,  ne  suffit  jias  à  légitimer 
cette  manière  de  voir.  —  Les  changements  de  conditions  de  milieu  et  la  multitude 
infinie  des  apports  par  les  eaux,  le  vent,  les  oiseaux,  les  animaux  et  les  hommes 
expliqueraient  bien  mieux  cette  arrivée  subite  d'espèces  nouvelles.  Et  cela  paraît 
d'autant  plus  vraisemblable  que  l'examen  de  ces  vieilles  graines  conservées  dans  des 
sachets,  à  l'abri  de  la  lumière,  de  l'eau,  du  froid  et  des  moisissures,  ce  qui  ne  se  ren- 
contre pas  souvent  dans  la  nature,  nous  montre  que,  par  suite  de  l'extrême  perméa- 
bilité de  leur  tégument,  de  l'oxydation  de  leurs  réserves  nutritives  et  la  désorgani- 
sation de  l'embryon,  elles  ont  perdu  toute  possibilité  de  vivre. 

Seules  les  graines  qui  peuvent  conserver  leur  pouvoir  gerniiiiatif,  pen- 
(')  M.  J.  Poisson  a  fait  germer  en  1902  des  akènes  de  Nelumbium  lulcain  de  1848. 


SÉANCE    DU    23    JUIN    I  ()o6.  l'ïSl 

dant  |j1us  de  80  ans,  comme  celles  de  l'Acacia  bicapsulans,  de  Cytisus 
bijlorus  (il  de  Leucœna  leucocephala ,  aonl  protégées  par  un  tégument  épais 
et  possèdent  des  réserves  peu  oxydables. 

Par  des  expériences  réalisées  avec  l'appareil  déjà  décrit  ici  il  y  a  deux 
ans('),  nous  avons  pu  nous  rendre  compte  de  ce  fait  très  important  au 
point  de  vue  de  la  biologie.  C'est  que  dans  ces  graines  l'imperméabilité  de 
toutes  les  parties  du  tégument  aux  gaz  de  l'atmosphère  a  été  réalisée  natu- 
rellement d'une  manière  aussi  parfaite  que  si  elle  avait  été  provoquée 
arlificiellemenl  par  la  dessiccation  avec  le  vide,  la  baryte  caustique  et  la 
chaleur  (^). 

Par  conséquent  nous  avons  là  un  exemple  remarquable  de  vie  latente  où, 
pendant  plus  de  80  ans,  c'est-à-dire  depuis  l'époque  de  la  Restauration 
jusqu'à  nosjours,  tous  les  échanges  gazeux  entre  cesgraines  et  l'atmosphère 
ont  été  complètement  interrompus. 

Si  jamais,  l'embryon  enfermé  dans  son  tégument  hermétiquement  clos  a 
respiré,  il  ne  l'a  fait  que  d'une  manière  imperceptible  aux  dépens  d'une 
quantité  de  gaz  infinitésimale  puisque  au  bout  de  ce  grand  intervalle  de 
temps  il  n'a  pu  encore  utiliser  tout  ce  qu'il  devait  y  avoir  d'oxygène  dans 
l'intérieur  de  ses  cellules  (^). 


PATHOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  la  maladie  des  Platanes  due  au  Gnomonia 
veneta  (Sacc.  et  Speg.)  Klebahn  [Glœosporium  nervisequum  [Fuck) 
Saccardo]  particulièrement  dans  les  pépinières.  Note  de  M.  J.  Beauverie, 
présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

Comme  il  fallait  s'y  attendre,  le  printemps  froid  et  humide  que  nous 
avons  subi  a  amené  une  recrudescence  de  la  maladie  des  Platanes,  qui 
sont,    au  moins  dans  la  région   lyonnaise,  dans  un  lanieulable   état.    Le 


(')  Paul  Becquehel,  Comptes  rendus^  i9o4j  P-  i3i47- 

(^)  Dans  ses  recherches  sur  les  téguments  des  graines  présentées  en  igoS  à  l'Aca- 
démie  des  sciences  de  Turin,  Joseph  Gola  a  démontré  que,  dans  la  nature,  les  graines 
à  tégument  imperméable  et  qui  ne  se  gontlent  même  pas  dans  l'eau,  sont  e\trêmement 
fréquentes  chez  les  Légumineuses  et  les  Malvacées. 

(^)  Si  dans  ce  travail  nous  n'avons  pas  mentionné  les  fameux  cas  de  longévité  de 
graines  antiques  provenant  des  greniers  de  César,  des  sépultures  mérovingiennes,  des 
sarcophages  des  Pharaons,  c'est  parce  que  de  Candolle,  Decaisne,  et  plus  récemment 
Gain,  opérant  sur  des  échantillons  authentiques,  ont  anéanti  cette  légende. 


Mt^- 


l5?2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Glaeosporium  devient  de  plus  en  plus  actif  au  fur  et  à  mesure  de  ses  atta- 
ques nouvelles.  Nous  avons  antérieurement  marqué  les  étapes  de  la  noci- 
vité du  champignon  du  Platane  (').  Avant  igor,  il  ne  s'attaque  guère  qu'aux 
feuilles  et  n'attire  pas  l'attention  en  tant  que  parasite  dangereux;  en  1901, 
nous  signalons  l'attaque  des  jeunes  rameaux  ;  en  igoS,  après  un  prin- 
temps froid  et  pluvieux,  le  champignon  n'atteint  plus  seulement  les  jeunes 
rameaux  mais  les  grosses  branches  et  le  tronc  lui-même;  certains  arbres, 
placés  dans  des  habitats  particulièrement  favorables  au  parasite,  péris- 
sent. Les  années  suivantes,  grâce  à  de  meilleures  conditions  cliraatériques, 
le  mal  s'étend  peu.  Il  n'en  est  pas  de  même  pour  l'année  actuelle. 

Nous  ne  reviendrons  pas  sur  ce  que  nous  avons  dit  antérieurement 
concernant  l'évolution  de  la  maladie  chez  les  arbres  âgés,  nous  bornant  à 
constater  que,  souvent,  actuellement,  les  feuilles  an  lieu  de  se  désarticuler 
à  la  base  du  pétiole,  par  suite  de  l'attaque  directe  des  grosses  nervures  ou 
du  pétiole  lui-même,  peuvent  être  atteintes  au  niveau  de  la  périphérie  du 
limbe,  le  mal  gagnant  la  partie  inférieure  de  la  feuille  qui  peut  brunir  et  se 
dessécher  sur  place,  sans  tomber  sur  le  sol;  quelquefois,  aussi,  des 
rameaux  herbacés,  rongés  au  niveau  de  leur  insertion  sur  les  rameaux 
ligneux  par  le  mycélium  qui  s'y  trouvait  déjà,  tombent  sur  le  sol  avec 
leurs  feuilles  encore  vertes  et  indemnes. 

Nous  avons  particulièrement  suivi  l'évolution  de  la  maladie  dans  les 
pépinières,  où  nous  avons  vu  des  carrés  entiers  ravagés;  les  victimes, 
parmi  les  sujets  de  trois  ans  notamment,  peuvent  s'y  compter  par 
centaines.  La  bienveillance  de  M.  le  professeur  Gérard,  directeur  des  cul- 
tures de  la  ville  de  Lyon,  a  singulièrement  favorisé  notre  enquête. 

Il  est  facile,  avec  un  peu  d'expérience,  de  constater  si  un  arbre,  d'apparence 
encore  saine,  possédant  la  plupart  de  ses  feuilles  en  bon  état,  est  condamné  à  périr 
en  peu  de  jours.  Dans  ce  cas,  rexlrème  flèche  est  morte,  le  rameau  qui  la  constitue 
apparaît  desséché;  en  regardant  l'arbre  attentivement  nous  voyons  que  quelques 
rameaux  de  l'année  précédente  sont  desséchés,  morts  et  couverts  de  conceptacles  du 
Glœosporiinn.  Nous  avons  fait  la  remarque  importante  que  le  mal  part  presque  tou- 
jours des  rameaux  taillés  l'année  précédente,  beaucoup  plus  rarement  des  feuilles  et 
rameaux  herbacés;  de  là  le  mal  gagne  les  rameaux  des  années  antérieures  et  enfin  le 
tronc  lui-même.  Au  niveau  du  rameau  mort  on  voit  alors  sur  l'écorce  une  tache  lie  de 


(')  J.  Beauvekie,  Sur  unej'oiiiicparliculièreinenl.  grave  Je  la  maladie  des  Pla- 
tanes {Annales  de  la  Soc.  botanique  de  Lyon,  igoi  ).  —  La  maladie  des  Platanes, 
sa  gra'.'ilê  {L' Uurticullure  noin'elle).  Lyon,  1908.  Avec  figures.  —  La  maladie  îles 
Platanes  (Comptes  rendus,  22  juin  igoS). 


SÉANCE    DU    25    JUIN    1906.  l553 

yin,  puis  brune,  qui  ne  tarde  pas  à  s'étendre  circulairement,  l'arbre  n'a  plus  alors  que 
peu  de  temps  à  végéter;  ses  feuilles  sont  encore  saines,  puis  elles  jaunissent.  Sur  la 
tache,  et  au  niveau  des  ienticelles,  apparaissent  les  conceptaciea.  Si  l'on  entaille 
l'écorce  du  tronc  à  différentes  hauteurs,  et  notamment  à  la  base,  on  constate  que  les 
tissus  situés  entre  elles  et  le  bois  sont  plus  ou  moins  bruns,  ce  qui  est  l'indice  de  leur 
mortificalion.  Bientôt  l'arbre  entier  meurt  et  ses  feuilles  se  dessèchent  brusquement 
sur  place;  il  présente  alors  l'aspect  d'un  arbre  qui  aurait  subi  l'asphyxie  par  le  gaz 
d'éclairage  ^u  niveau  de  ses  racines.  Une  telle  destruction  du  végétal  s'explique  faci- 
lement :  au  niveau  des  taches  brunes  du  tronc,  le  liber  est  détruit  et  l'on  constate 
aisément  au  microscope  que  son  emplacement  est  représenté  par  un  vide  et  que  seuls 
les  rayons  médullaires  persistants  relient  le  bois  et  l'écorce.  La  circulation  de  la  sève 
descendante  est  donc  interrompue,  l'entre-écorce  de  tout  le  tronc  se  dessèche  petit  à 
petit,  et  de  bonne  heure  vers  la  base,  ce  qui  a  fait  croire  à  quelques  praticiens  que  le 
mal  se  propaget|it  des  racines  à  la  partie  aérienne,  tandis  que  c'est  l'inverse  qui  a  lieu. 
On  constate  dans  les  tissus  de  l'arbre,  même  dans  des  régions  assez  éloignées  des 
taches  brunes,  l'existence  de  très  fins  et  rares  filaments  mycéliens  qui  cheminent  sur- 
tout par  les  cellules  des  ravons  médullaires,  en  enpruntant  leurs  ponctuations;  on  peut 
en  trouver  aussi  dans  les  cellules  de  l'écorce.  Il  est  alors  véritablement  parasite,  exer- 
çant vraisemblablement  au  loin  son  action  par  l'intermédiaire  de  diastases  qui  prépa- 
rent la  désorganisation  du  liber.  Le  mycélium  est  plus  abondant  dnns  les  parties  tuées, 
où  il  vit  en  saprophyte;  il  y  produit  ses  stromas  qui  font  saillie  par  les  Ienticelles  et  se 
creusent  bientôt  en  conceptacles  conidifères. 

Quel  traitement  convient-il  d'appliquer?  Pour  les  gros  arbres,  l'élagage 
(lesrameanx  atteints,  préconisé  par  M.  LeclercduSablon,  a  donné  les  meil- 
leurs résultats  possibles  et  les  arbres  situés  en  rase  campagne,  qui  n'ont  pas 
subi  ce  traitement,  sont  en  général  aujourd'hui  (surtout  dans  les  régions 
basses  et  humides)  bien  plus  atteints  que  ceux  des  villes.  En  pé[)inière, 
on  ne  peut  garder  cet  espoir  puisque  le  mal  tue  l'arbre  en  quelques  jours. 
Il  faudra  dorénavant  appliquer  un  traitement  préventif.  Les  agents  de 
contamination  sont  :  les  ascospores,  comnae  l'a  démontré  Rlebahn,  les 
pycnospores  et  les  conidies.  Rlebahn  a  réussi  l'inoculation  à  l'aide  de  ces 
dernières  obtenues  en  cultures  artificielles;  nous  rappellerons  que  nous 
avons  été  le  premier  à  signaler  l'existence  des  conidies  libres  à  l'état 
naturel;  nous  avons  observé  la  présence  de  cet  appareil  conidien  sous  les 
plaques  de  rhytidome  de  platanes  morts.  Toutes  ces  semences,  transpor- 
tées par  le  vent,  les  chenilles,  etc.  sur  les  jeunes  platanes,  peuvent  germer 
dès  le  commencement  du  printemps.  Le  mal  débute  presque  toujours  par 
l'extrémité  des  rameaux  de  l'année  précédente  qui  ont  subi  la  taille.  Il 
faudra  donc  :  1°  proléger  dès  l'hiver  les  plaies  d'élagage,  soit  avec  un  des 
mastics  à  greffer,  soit  en  les  badigeonnant  avec  une  solution  anticrypto- 
ganiique,  par  exemple  celle  que  l'on  emploie  pour  le  traitement  d'hiver  de 


l554  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

l'anthracnose  de  la  Vigne.  Le  mal  débute  quelquefois  par  les  feuilles  pour 
gagner  les  rameaux  herbacés,  les  branches,  et  progressivement  le  tronc; 
il  faudra  donc  :  2°  procéder,  dès  l'apparition  des  premières  feuilles,  à  des 
pulvérisations  d'une  solution  anlicryptogamique  :  bouillies  cupriques, 
verdet,  etc.,  et,  au  besoin,  faire  une  deuxième  pulvérisation  sur  les  feuilles 
plus  développées,  si  le  temps  reste  humide.  Lorsque  le  temps  redevient 
définitivement  chaud  et  sec,  il  n'y  a  plus  de  danger.  Il  ne  faut  pas  oublier 
que  ces  traitements  doivent  être  préventifs;  il  devient  impossible  d'atteindre 
le  champignon  lorsqu'il  a  pénétré  entre  le  bois  et  l'écorce;  lorsqu'il  a 
gagné  le  tronc,  l'arbre  est  condamné.  Cependant  le  pépiniériste  devra 
encore  surveiller  les  rameaux,  particulièrement  ceux  qui  ont  subi  la  taille 
l'année  précédente,  et  les  élaguer  s'ils  commencent  à  se  dessécher  vers 
leur  extrémité.  Son  objectif  doit  toujours  être  d'empêcher  que  le  cham- 
pignon arrive  jusqu'au  tronc  où  il  produirait  l'annélation  fatale  que  nous 
avons  signalée. 

Les  boutures,  provenant  toujours  d'arbres  absolument  indemnes,  devront 
subir  les  mêmes  traitements  :  badigeonnage  des  sections  avant  la  mise  en 
place,  sulfatage  des  feuilles.  Elles  devront,  autant  que  possible,  être  éta- 
blies loin  de  tout  platane  contaminé.  Enfin,  la  bouture  étant  une  conti- 
nuation (ie  l'individu  et  non  une  régénération,  il  est  possible  que  la  perpé- 
tuation du  végétal  par  ce  procédé  ait  amené  un  affaiblissement  organique 
entraînant  sa  moindre  résistance  au  parasite.  On  pourra  donc,  enfin,  tenter 
de  régénérer  cette  essence  en  instituant  des  semis,  qui  permettraient  peut- 
être,  en  outre,  de  trouver  des  variétés  plus  résistantes. 


BOTANIQUE  COLONIALE.  —  Asclèpiadèes  nouvelles  de  Madagascar  produi- 
sant du  caoutchouc.  Note  de  MM.  J.  Costantix  et  I.  Gallaud,  pré- 
sentée par  M.  Edmond  Perrier. 

M.  Geay,  voyageur  du  Muséum,  qui  parcourt  en  ce  momont  Mada- 
gascar, nous  a  adressé,  entre  autres  documents,  des  échantillons  complets 
de  tiges,  feuilles,  fleurs  et  fruits,  secs  et  conservés  dans  l'alcool,  apparte- 
nant à  deux  Ascléj)ia(lées  nouvelles  dont  le  latex  fournit  du  caoutchouc  ('). 


(')  On  ne  connaît  à  Madagascar  que  trois  Asclèpiadèes  donnant  du  caoulcliouc.  Ce 
sont   :  le  Cryptostegia  madagascariensis,  le  Marsdenia  verrucosa  et  un  Secanione 


SÉANCE    DU    25    JUIN     [906.  l555 

Ces  deux  plantes  très  abondantes  dans  les  plaines  alluviales  de  l'ouest  et 
du  sud-ouest  de  Madagascar,  où  elles  sont  distinguées  sous  les  noms  de 
Kompitsé  et  de  Dangolora,  sont  deux  lianes  sarmeuteuses  d'exploitation  fa- 
cile d'où  les  indigènes  retirent  du  caoutchouc.  Ce  produit  soumis  à  l'appré- 
ciation de  techniciens,  notamment  de  M.  Michelin,  a  été  reconnu  «  utili- 
sable et  de  bonne  qualité  moyenne  ».  Il  est  donc  utile  de  faire  connaître  ces 
plantes  qui  jusqu'à  présent  n'ont  pas  encore  été  signalées  et  qui  pourront 
prendre  de  l'importance  dans  l'exploitation  fie  notre  colonie. 

Kompitsé.  —  C'est  une  liane  sarmenteuse,  formant  souvent  buisson, 
appartenant  au  groupe  des  Périplocées;  elle  constitue  un  genre  nouveau  et 
une  espèce  nouvelle  pour  laquelle  nous  proposons  le  nom  de  Kompitsia 
elaslica  : 

Feuilles  opposées,  à  limbe  quelquefois  arrondi  dans  les  feuilles  de  base  des  rameaux 
mais  le  plus  souvent  étroit,  allongé,  de  7™  de  long  sur  i""  de  large  en  moyenne,  aigu 
au  sommet  et  rétréci  en  coin  à  la  base  sur  un  court  pétiole  de  quelques  millimètres. 

Inflorescences  terminales  ou  axillaires,  en  cynies  bipares,  régulières,  bien  four- 
nies. Calice  vert  à  5  dents  étroites,  recourbées  en  dehors  vers  la  base  de  la  Jleur. 
Corolle  rose  à  5  dents  étroites,  allongées,  de  couleur  plus  vive  que  le  tube,  tordues 
dans  le  bouton,  recouvrant  à  droite  et  formant  ainsi  un  bec  allongé.  Les  dents  de  la 
corolle  étalée  ont  1'='"  de  long,  3™""  de  largeur  médiane  et  surmontent  un  tube  corol- 
laire court,  présentant  5  renflements  ovalaires  correspondant  aux  dents.  Coronule 
simple,  formée  de  5  dents  triangulaires,  saillantes  à  la  gorge  et  s'insérant  dans  les 
écliancrures  de  la  corolle  sur  une  base  élargie  par  deux  oreillettes  latérales.  Filets 
staminaux  soudés  à  la  corolle  depuis  la  base  et  ne  s'en  détachant  que  sur  une  faible 
longueur.  Anthères  allongées,  pourvues  de  deux  auricules  àla  base.  Pollen  en  tétrades. 
Translateurs  sans  rétinacle,  en  forme  de  gouttière  allongée  avec  partie  terminale 
d'abord  étranglée  puis  étalée  en  pelle.  Pistil  caché  dans  le  tube  sous  les  dents  de  la 
coronule;  style  renflé  en  mmue,  pourvu  de  5  saillies  entre  lesquelles  sont  pinces  les 
translateurs;  tèie  siigniatique  conique  courte.  Fruit  formé  de  2  carpelles  non  soudés, 
dans  le  prolongement  l'un  de  l'autre  à  maturité  complète,  à  surface  glabre,  pourvu  de 
côtes  longitudinales;  dimensions  d'un  carpelle  :  70"""  sur  5"°°".  Graines  à  aigrette 
caduque,  couvertes  de  fins  tubercules  brun  cacao  et  présentant  un  sillon  longitudinal; 
dans  le  fruit  elles  sont  rangées  en  deux  séries  séparées  par  une  lame  parcheminée  ('). 

Un  certain  nombre  de  ces  caractères  sont  ceux  des  genres  Cryptolepis, 

(vafnniainty)  signalé  par  M.  JumeUe  {Journal  du  caoutchouc  et  de  la  gutta-perc/ia, 
10  juillet  1900). 

(')  Le  Muséum  vient  de  recevoir  de  M.  de  Vilmorin,  sous  le  nom  de  Kopitso,  des 
graines  dépourvues  d'aigrette  qui  ressemblent  de  façon  frappante  à  nos  graines  de 
Kompitsé.  lorsque  l'aigrette  est  tombée.  Elles  ont  été  mises  en  culture  dans  les  serres 
du  Muséum  pour  vérifier  leur  identité. 

C.  H.,  190S,  I"  Semestre.  (T.  CXLU,  N»  26.)  2o3 


l556  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Stomaioslemma  et  Raphiacine.  Toutefois  dans  le  Kompitsé  le  Calice,  le  tube  de 
la  corolle  et  siirlout  la  coroniile  sont  de  forme  différente,  ce  qui  nous  paraît 
justifier  la  création  d'un  genre  nouveau  pour  cette  plante.  Elle  donne  un 
latex  abondant  renfermant  du  caoutchouc,  mais  d'ordinaire  les  indigènes 
le  mélangent  au  latex  de  l'autre  Asclépiadée,  le  Dangolora.  que  nous  décri- 
rons prochainement  et  qui  est  voisine  du  genre  Marsdenia.  Le  mélange  du 
latex  des  deux  plantes  donne  le  caoutchouc  connu  à  Madagascar  sous  le 
nom  de  Manomhy. 


ZOOLOGIE.  —  Sur  la  biologie  des  Virgulaires.  Note  de  M.  Ch.  Gravier, 
présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

I^a  plupart  des  Alcyonaires  de  la  famille  des  Virgulaires  habitent  les 
fonds  marins  à  des  profondeurs  plus  ou  moins  considérables;  les  instru- 
ments qui  servent  à  les  capturer  les  ramènent  à  la  surface  presque  toujours 
plus  ou  moins  gravement  mutilés.  Il  en  résulte  qu'on  ne  possède  que  fort 
peu  de  renseignements  sur  l'habitat  et  la  biologie  de  ces  animaux. 

Le  type  nouveau  de  cette  famille  dont  j'ai  indiqué  récemment  (')  les 
principaux  caractères,  vit  à  Djibouti,  dans  des  sables  vaseux  découvrant 
à  toutes  les  marées;  j'en  ai  recueilli  d'assez  nombreux  exemplaires  en  place 
et  j'ai  pu  en  observer  quelques-uns  que  j'ai  conservés  vivants  plusieurs 
jours  dans  des  cristallisoirs.  A  mer  basse,  ces  Virgulaires  se  trouvent 
enfoncées  verticalement  dans  le  sable,  le  pédoncule  en  bas,  l'extrémité 
libre  du  rachis  étant  à  une  distance  de  lo*^"  à  i^'^'^  de  la  surface.  Toutes 
celles  que  l'on  retire  ainsi  du  sable  ont  leurs  polypes  rétractés;  la  période 
d'enfouissement  correspond  vraisemblablement  pour  ces  animaux  à  une 
phase  de  repos;  les  polypes  ne  s'épanouissent  que  dans  l'eau  de  mer,  où 
l'activité  vitale  reprend  toute  son  intensité. 

Si  l'on  place  hoiizontalemenl  sur  le  sable  dans  lequel  ils  vivent  et  que  l'on  recouvre 
d'une  couche  d'eau  de  mer  de  quelques  centimètres  d'épaisseur,  quel((ues  spécimens 
intacts  et  bien  vigoureux  de  ces  Virgulaires,  on  voit  au  bout  de  (juehiues  niinutes 
l'exlrémilé  en  pointe  mousse  du  pédoncule  se  recourl)er  verticalement  vers  le  bas  pour 
pénétrer  dans  le  fond  solide.  Celle  torsion  dé  la  partie  terminale  du  pédoncule  se  fait 
chez  tous  les  individus,  quelle  que  soit  la  face  en  contact  avec  le  sol.  Pour  s'enfoncer 
dans  ce  sable  assez  compact,  le  pédoncule,  dont  la  paroi  est  molle  et  llexible,  doit 

(')  Voir  Comptes  tendus,  séance  du  38  mai  1906. 


SÉANCE    DU    25    JUIN    1906.  l557 

prendre  une  certaine  rigidité.  On  peut  suivre,  à  travers  la  paroi  semi-transparente  du 
corps,  le  mouvement  du  liquide  de  la  cavité  générale  aboutissant  à  une  turgescence 
suffisante  pour  permettre  à  la  pointe  de  creuser  une  petite  dépression  dans  le  sol.  Cet 
afflux  de  liquide  dans  la  cavité  pédoncuiaire  résulte  de  l'activité  des  fibres  musculaires 
longitudinales  qui  s'étendent  dans  toute  l'étendue  du  corps.  La  turgescence  peut  être 
maintenue,  au  gré  de  l'animal,  grâce  à  la  contraction  des  fibres  circulaires  que  pos- 
sède la  région  située  immédiatement  au-dessus  du  pédoncule;  la  cavité  circonscrite 
par  celte  partie  du  raciii-<  peut  être  réduite  à  rien,  de  façon  à  maintenir  la  plénitude 
du  sac  pédoncuiaire. 

La  turgescence  dure  peu;  lorsqu'elle  a  été  utilisée,  le  liquide  accumulé  à  l'extré- 
mité inférieure  reflue  vers  le  sommet  du  rachis.  La  pénétration  dans  le  fond  sableux 
exige  un  temps  assez  long.  Dans  l'une  de  mes  expériences,  des  Virgulaires  placées  dans 
les  conditions  indiquées  ci-dessus,  à  4  heures  de  l'après-midi,  avaient  leur  pédoncule 
complètement  enterré  à  7  heures  du  soir;  le  lendemain  malin,  à  6  heures,  l'extrémité 
seule  du  rachis  restait  encore  visible.  11  est  nécessaire  que,  dans  le  récipient  où  l'on 
fait  l'expérience,  le  niveau  de  l'eau  dans  le  cristallisoir  soit  assez  élevé  pour  que  la 
partie  non  enfouie  reste  constamment  baignée.  Si  l'on  place  ces  Virgulaires  sur  le  sable 
maintenu  simplement  humide,  le  pédoncule  peut  commencer  la  perforation,  mais 
l'opération  ne  se  poursuit  pas  pour  le  rachis  qui  conserve  la  position  originelle  et  qui, 
autrement,  se  trouverait  à  sec,  dès  que  la  région  polypifère,  soutenue  par  son  axe  rigide, 
commencerait  à  se  relever. 

Si,  avant  que  l'enfouissement  soit  complet,  on  abaisse  graduellement  et  assez  rapi- 
dement le  niveau  de  l'eau,  de  façon  à  mettre  à  nu  le  sommet  du  rachis,  on  constate 
que  la  partie  vivante  se  rétracte  en  glissant  sur  l'axe  qui  demeure  à  sec.  Si  la  rétrac- 
tion ne  peut  suivre  la  chute  du  niveau,  la  partie  non  immergée  ne  tarde  pas  à  être 
mortifiée. 

C'est  le  pédoncule  qui  joue  le  rôle  essentiel  dans  l'enfouissement;  si  on  le  sectionne 
à  un  niveau  quelconque  ou  si  l'on  pratique  une  incision  dans  sa  paroi,  l'animal  mutilé 
reste  inerte  à  l'endroit  où  il  a  été  placé. 

J'ai  essayé  à  plusieurs  reprises  de  réaliser,  dans  une  certaine  mesure, 
pour  quelques-unes  de  ces  Virgulaires,  les  conditions  résultant  du  jeu  nor- 
mal des  marées.  Dans  aucun  cas,  je  n'ai  pu  observer  de  coïncidence  entre 
le  mouvement  d'ascension  de  ces  animaux  complètement  enfouis  et  l'élé- 
vation graduelle  du  niveau  de  l'eau  dans  le  récipient,  par  plus  que  le  mou- 
vement en  sens  inverse  dans  le  cas  où  le  niveau  de  l'eau  s'abaisse  aussi 
lentement  que  dans  la  mer.  En  est-il  ainsi  dans  la  nature  où  les  conditions 
biologiques  sont  tout  autres?  Je  ne  puis  répondre  à  cette  question.  Malgré 
toutes  les  précautions  prises,  il  est  très  difficile  d'éviter,  sans  installation 
spéciale  et  surtout  dans  les  climats  torrides  comme  celui  du  Djibouti,  l'élé- 
vation de  température  dans  l'eau  de  mer  des  vases  en  expérience  et  l'on 
sait  qu'une  variation  assez  rapide  de  quelques  degrés  suffit  à  affaiblir  sin- 
gulièrement, sinon  à  tuer,  une  foule  d'organismes  marins. 


l55S  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  hors  de  doute  que  la  mobilité,  chez  ces  animaux, 
est  beaucoup  plus  grande  que  ne  le  soupçoniiait  Dalyell,  qui,  en  dehors  des 
mouvements  propres  des  polypes,  ne  leur  reconnaissait  guère  que  la  faculté 
de  se  rétracter  en  se  tordant  autour  de  leur  tige  axiale  rigide. 


ZOOLOGIE.  —  Sur  une  forme  nouvelle  de  Cirrhipède  operculé  (Pyrgopsis 
Annandalei,  n.  g.,  n.  sp.).  Note  de  M.  A.  Gruvel,  présentée  par 
M.  E.-L.  Bouvier. 

M.  le  D'^  Annandale,  Superintendantder7/îc^/arti>/M5e«/72  deCalcutta,  nous 
avaitdonné,  l'année  dernière,  toute  une  collection  de  Cirrhipèdes  operculés 
qu'il  ne  nous  à  été  possible  d'examiner  que  tout  récemment. 

Cette  collection  contient  plusieurs  espèces  nouvelles  et  très  intéressantes 
de  Verruca  et  de  Balanus,  au  sujet  desquelles  nous  n'avons  rien  à  dire  ici. 

Mais  elle  renferme  en  outre,  ce  qui  présente  beaucoup  plus  d'intérêt, 
une  forme  curieuse  qui  ne  se  rapporte  à  aucune  de  celles  connues,  bien 
que  se  rapprochant,  à  beaucoup  de  points  de  vue,  du  genre  Pyrgoma. 

Quand  on  examine  un  des  échantillons  par  sa  face  supérieure,  on  trouve  uueniLiraille 
allongée  dans  le  sens  rosiro-caréiial,  avec  toutes  les  pièces  soudées  étroitement,  sans 
trace  de  suture  extérieureet  un  orifice,  à  peu  prèsde  même  forme  que  la  muraille,  lais- 
sant apercevoir  les  pièces  operculaires,  parfaitement  nettes,  qui  fermentcomplètemenl 
l'orilice  du  test. 

Les  scuta  et  terga  d'un  même  côté  se  laissent  séparer  avec  la  plus  grande  facilité. 

Les  premiers  sont  allongés  et  étroits,  les  seconds  triangulaires  et  peu  développés. 

Tous  ces  caractères  s'appliquent  également  au  genre  Pyrgoma;  mais, 
tandis  que  celui-ci  possède  une  base  calcaire  nette,  enchâssée  plus  ou 
moins  dans  la  masse  calcaire  d'un  madrépore  qui  la  masque  en  grande  partie, 
la  forme  nouvelle  dont  nous  parlons  se  fixe  librement  sur  son  support  p;ir 
une  base  membraneuse  bien  dévelopjjée,  sans  exagération  cependant,  et  qui 
vient  se  rattacher  à  la  périj)hérie  de  la  muraille. 

Non  seulement  la  base  est  membraneuse,  mais  elle  s'allonge  pour  former  un  véri- 
table pédoncule  qui  prend,  en  partie  du  moins,  les  caractères  histologiques  de  celui 
des  Pédoncules  normaux. 

Il  se  développe,  en  effet,  au-dessous  de  la  cuticule  cliitineuse  qui  constitue  son  enve- 
loppe extérieure,  une  couche  musculaire  formée  par  des  faisceaux  de  fibres  lisses,  tout 
à  fait  identiques  à  celles  des  Pédoncules,  mais  avec  un  développement  beaucoup  plus 
restreint.  La  partie,  supérieure  de  cette  sorte  de  pédoncule  renferme  une  partie  des 


SÉANCE    DU    25    JUIN    1906.  iSSg 

ovaires  qui  se  développent  ensuite  dans  l'espèce  de  calice  qui  forme  la  base  véritable. 

Le  muscle  adducteur  des  scula  est  formé  de  fibres  situées  comme  chez  tous  les  Oper- 
culés, sauf  le  genre  Aenobalanus  Steen^t. 

Il  n'y  a  ni  branchies  développées,  ni  appendices  terminaux. 

Le  pénis  est  long  et  flexible,  sans  éperon  à  sa  base. 

On  se  trouve,  en  un  mot,  en  présence  d'un  Pyrgoma  pédoncule,  et  c'est 
pour  celte  raison  que  je  propose  de  donner  à  celte  forme  nouvelle  le  nom 
de  Pyrgopsis. 

Nous  avons  montré  ailleurs  l'évolution  régressive  qui  se  manifeste  chez 
les  Pédoncules,  en  ce  qui  concerne  l'appareil  de  protection  du  pédoncule, 
qui,  d'abord  complèlement  cuirassé,  se  dépouille  peu  à  peu  de  son  enve- 
loppe rigide,  de  f;içon  à  devenir  de  plus  en  plus  mobile.  Ce  caractère  évo- 
lutif particulier  se  retrouve  du  reste  dans  des  groupes  beaucoup  plus  élevés 
que  celui  dont  nous  nous  occupons  actuellement,  et  il  constitue  un  progrès 
véritable  dans  la  biologie  particulière  des  individus. 

Ces  phénomènes  si  nets  chez  les  Cirrhipècles  pédoncules  sont  au  contraire 
à  peine  indiqués  chez  les  Operculés.  On  ne  les  rencontre,  en  effet,  que  dans 
le  seul  genre  Xenobalanus,  où  la  muraille,  très  atrophiée,  ne  prolège  plus 
qu'une  partie  extrêmement  réduite  du  corps  proprement  dit  de  l'animal. 
Celui-ci  s'est  beaucoup  dévelojipé,  en  dehors  de  son  enveloppe  calcaire,  et 
a  acquis  un  grand  nombre  des  caractères  propres  aux  Pédoncules. 

Chez  les  Pyrgopsis,  l'évolution  a  pris  un  caractère  tout  autre  :  la  muraille 
est  restée  intacte,  ainsi  que  les  pièces  operculaires,  mais  la  base  a  perdu 
entièrement  son  enveloppe  calcaire  et,  pour  augmenter  encore  sa  mobililé 
sur  son  support,  la  partie  centrale  de  celte  base  membraneuse  s'est  allongée 
de  façon  à  constituer  une  sorte  de  pseudo-pédoncule  qui  a  pris,  en  partie, 
les  caractères  réservés  jusqu'ici  aux  seuls  Pédoncules,  de  la  même  façon 
que  nous  l'avons  montré  ailleurs  pour  les  Xenobalanus. 

En  même  temps  que  s'est  produit  l'allongement  particulier  à  sa  base, 
l'animal  a  quitté  l'alvéole  calcaire  qui  le  protégeait  chez  les  Pyrgoma,  pour 
se  fixer,  sans  aucun  autre  intermédiaire,  directement  sur  son  support, 
comme  s'il  s'agissait  d'un  Pédoncule  véritable. 

Nous  ne  pouvions  mieux  faire  que  de  dédier  la  première  espèce  apparte- 
nant à  ce  genre  nouveau,  au  savant  Directeur  de  V Indian  Muséum,  qui  a 
bien  voulu  nous  charger  de  l'étude  de  son  intéressante  collection. 


l56o  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


ANTHROPOLOGIE.  —  Le  préhistorique  aux  environs  de  Rayes  {Soudan'). 
Note  de  M.  Fn.  de  Zeltneh,  présentée  par  M.  Edmond  l'errier. 

En  examinant,  après  la  saison  des  pluies,  les  berges  du  Sénégal  et  de  ses 
affluents  de  la  rive  gauche,  j'ai  été  amené  à  constater  l'existence  de  nombreux 
gisements  d'instruments  préhistoriques,  répartis  entre  Bagouko,  à  ôo*""  en 
amont  de  Rayes,  et  Alaïna,  à  lo''™  en  aval. 

L'aspecl  de  ces  gisements  esl  uniformément  le  niênie  et  ils  sont  faciles  à  distinguer 
de  loin  par  la  coloration  rouge  que  présente  ralluvion  en  ces  endroits  et  aussi  par 
l'absence  de  végétation,  qui  tranche  avec  la  brousse  assez  épaisse  des  alentours.  Leur 
situation  est  également  identique:  ils  sont  toujours  situés  à  la  partie  supérieure  des 
berges.  Quelquefois,  mais  plus  rarement,  sur  leur  liane,  lorsque  la  pente  est  très  faible  : 
parfois  aussi  ils  sont  placés  au  sommet  d'une  petite  éminence,  formant  promontoire 
dans  l'ancien  lit  du  cours  d'eau  voisin. 

Leur  étendue  est  souvent  assez  grande  et  tel  d'entre  eux  se  développe  sur  une  lon- 
gueur de  Sco""  sur  une  largeur  de  iSo". 

Les  instruments  se  trouvent  épars  à  la  surface  du  sol,  et  sont  la  plupart  du  temps 
répartis  en  groupes,  suivant  la  nature  de  la  roche  dont  ils  sont  formés:  dans  quelques 
cas  ils  sont  complètement  mélangés  et  il  est  impossible  d'y  distinguer  une  distribution 
basée  sur  la  roche  employée.  11  semble  donc  que,  tantôt  nous  soyons  en  présence  de  vé- 
ritables ateliers,  avec  nucléi  et  percuteurs  et  tantôt  nous  ayons  devant  les  yeux  des 
vestiges  d'habitations. 

Si  l'on  examine  les  instruments  en  eux-mêmes,  on  est  frappé  d'abord 
par  la  diversité  de  leurs  formes;  il  est  impossible,  sauf  pour  quelques  cas, 
de  les  rapporter  à  nos  types  classiques  européens.  Il  semble  bien  plus 
probable  au  contraire  que  nous  sommes  en  présence  d'éclats  naturels,  que 
des  retouches  judicieuses  ont  adaptés  à  des  usages  domestiques.  Tels  de 
ces  instruments  étaient  sans  doute  emmanchés,  d'autres  tenus  directement 
à  la  main  ;  mais  dans  l'un  et  l'autre  cas,  il  est  remarquable  de  voir  avec 
quelle  perfection  ils  se  prêtaient  aux  services  qu'on  attendait  d'eux. 

La  plupart  de  ces  pièces  sont  taillées  à  grands  éclats  et  c'est  exception- 
nellement qu'on  en  trouve  qui  sont  travaillées  des  deux  côtés.  D'ailleurs, 
la  nature  de  la  roche  employée  à  obligé  les  ouvriers  préhistoriques  à  modi- 
fier leur  technique  suivant  les  cas  :  parfois  la  pierre  se  laissait  enlever  de 
longues  lames  dont  l'utilisation  pouvait  être  presque  immédiate  :  d'autres 
fois,  c'est  à  la  suite  d'un  laborieux  martelage  qu'on  arrivait  à  lui  donner  la 
forme  voulue. 


SÉANCE    DU    20    JUIN    1906.  l56l 

Les  roches  employées  sont  assez  nombreuses  et,  ,à  l'heure  actuelle, 
abondent  dans  la  région.  C'est  en  première  ligne  le  schiste,  gris,  verdàtre 
ou  brun,  plus  ou  moins  compact,  plus  ou  moins  chargé  de  fer.  Bien  que 
sa  dureté  soit  souvent  très  grande,  il  se  prête  mal  aux  retouches. 

Il  en  est  de  même  de  certains  grès  à  éléments  très  petits,  qui  ont  fourni 
un  certain  nombre  de  pièces  souvent  volumineuses  et  taillées  à  grands 
éclats. 

Au  contraire,  une  quartzite  rouge,  extrêmement  compacte,  a  permis 
d'obtenir  des  pièces  bien  retouchées,  qui  peuvent  soutenir  la  comparaison 
avec  les  types  européens. 

Les  minerais  de  fer  à  cassure  nette,  à  grain  très  serré, qui  abondent  dans 
la  région  n'ont  guère,  sauf  quelques  exceptions,  été  utilisés  que  comme 
percuteurs. 

D'autres  roches  ont  également  été  employées,  mais  la  détermination  n'a 
pu  en  être  faite. 

Quant  à  leur  emploi,  nos  pièces  soudanaises  semblent  devoir  être  rangées 
presque  toutes  dans  la  catégorie  des  [grattoirs  ou  racloirs.  Rares  sont  les 
pointes  de  flèches,  ainsi  que  les  perçoirs.  On  peut  considérer  comme  une 
hache  un  fragment  de  grès  à  faces  parallèles  dont  le  tranchant  a  été  poli 
avec  soin. 

Je  dois  mentionner  d'une  façon  spéciale  deux  fragments  d'anneaux  en 
schiste  gris,  dont  le  trou  porte  des  stries  parallèles  dues  au  perforateur.  Le 
perçage  de  la  pierre  est  aujourd'hui  inconnu  dans  la  région  de  Kayes,  et 
les  anneaux  de  pierre  ne  se  portent  plus  que  dans  le  nord  de  la  boucle  du 
Niger  ou  chez  les  Touareg. 

En  ce  qui  concerne  la  date  et  l'origine  à  attribuer  à  ces  instruments,  il  est 
bien  difficile  de  se  former  une  opinion  :  les  traditions  locales  sont  muettes, 
et  aucun  fossile  n'accompagne  les  pierres  taillées.  Il  estégalement  hasardeux 
de  les  comparer  aux  silex  provenant  du  lac  Rarar  ou  du  Sahara,  et  aux 
pièces  trouvées  par  M.  Desplagnes  dans  les  tumuli  de  la  boucle  du  Niger. 
Toutefois  certains  grattoirs  à  bords  épais  et  émoussés  me  rappellent  nette- 
ment des  pièces  analogues  rapportées  par  moi  du  Sômal. 

Seules  des  fouilles  méthodiques  pourront  faire  cesser  cette  incertitude 
en  amenant  au  jour  les  sépultures  de  la  race  inconnue  qui  peuplait  aux 
âges  préhistoriques  la  rive  gauche  du  Sénégal.  Il  me  suffit  d'en  avoir  signalé 
l'existence. 


:562 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


PHYSIOLOGIE.  —  Un  procédé  d'isolement  à  l' étal  de  pureté  des  hématoblastes 
du  sang.  Note  de  Mj\T.  L.  Le  Sourd  el  Ph.  Pagxiez.  présentée  par 
M.  Bouchard. 


On  sait  que,  quand  on  cenlrifuge  du  sang  incoagulable,  ou  qu'on  l'aban- 
donne simplement  à  la  sédimendation,  les  globules  blancs  se  disposent 
en  une  nappe  à  la  surface  des  globules  rouges,  dont  il  est  ainsi  possible 
de  les  séparer. 

Le  procédé  que  nous  allons  décrire  est  basé  également  sur  l'emploi  de 
substances  anticoagulantes  et  de  la  cenlrifugation.  Voici  comment  nous 
avons  opéré. 

On  prélève  sur  un  lapin  quelques  centimètres  cubes  de  sang  qui  sont  reçus  dans  une 
quantité  égale  d'une  solution  isotonique  de  chlorure  de  sodium,  additionnée  d'oxalate 
de  potasse.  Le  mélange  est  fait  de  manière  à  oxalater  le  sang  dans  la  proportion  de 
2  pour  1000.  Ce  sang  ainsi  rendu  incoagulable  est  soumis  à  une  série  de  centrifugations 
et  de  soustractions  successives  (réalisées  en  enlevant  avec  une  pipette  les  couches 
profondes  du  sédiment)  destinées  à  obtenir  la  partie  superficielle  du  dépôt,  c'est-à-dire 
les  leucocytes  et  les  globules  rouges  immédiatement  sous-jacenls.  Ce  dernier  culot  de 
centrifugation  est  transvasé  dans  une  pipette  eflilée  dont  Fextiémité  a  été  fermée  à  la 
lampe.  Après  centrifugation  de  deu\  heures  environ  on  constate  dans  l'effilure  de  ce 
tube  une  sédimendation  parfaite,  et  telle  qu'on  observe  la  superposition  de  trois  cou- 
ches :  l'une  inférieure  rouge,  l'antre  moyenne  rosée,  enfin  une  troisième,  supérieure, 
absolument  blanche  et  d'aspect  velouté. 

L'examen  microscopique  montre,  comme  on  pouvait  le  penser,  uniquement  des 
hématies  dans  la  partie  rouge  du  culot,  el  des  leucocytes  mêlés  de  quelques  globules 
rouges  dans  la  partie  rosée.  Quant  à  la  couche  blanche  superficielle,  elle  est  composée, 
sur  la  plus  grande  partie  de  sa  hauteur,  exclusivement  de  très  petits  éléments  qui, 
à  l'état  frais,  se  montrent  serrés  les  uns  contre  les  autres,  réfringents,  incolores,  mesu- 
rant environ  it'à  21^- chacun,  déforme  tantôt  arrondie,  tantôt  allongée  ou  raujeuse. 
Etalés  sur  lame  et  desséchés,  ces  petits  corpuscules  présentent  les  réactions  colorantes, 
les  dimensions,  la  forme,  bref  tous  les  caractères  de  ce  qu'on  a  décrit  sous  le  nom 
àliémaloblastes  ou  plaquettes  sanguines.  Au  milieu  de  ces  éléments,  qui,  innombra- 
bles, occupent  tout  le  champ  du  microscope,  on  n'observe,  quand  les  opérations  ont 
été  bien  conduites,  aucun  élément  étranger  :  globule  rouge  ou  globule  blanc.  Notre 
constatation  a  eu  le  contrôle  de  M.  J.  Jolly. 

Le  procédé  que  nous  venons  de  décrire  permet  donc  d'obtenir  chez  le 
lapin  à  l'état  de  pureté  les  éléments  désignés  aujourd'hui  sous  le  nom 
(ï hématoblastes.  Même  résultat  peut  être  obtenu,  comme  nous  nous  en 
sommes  assuré,  avec  le  sang  humain.  I/expérience  réussit  également  en 


SÉANCE  DU  25  JUIN  1906.  l5G3 

remplaçant  l'oxalale  de  polasse  par  le  fluorure  de  sodium  comme  agent 
anticoagulant. 

Celle  technique  met  à  même  de  constater  que  les  hémaloblastes,  vus  en 
masse  et  sur  une  certaine  épaisseur,  sont  absolument  incolores  ;  elle  établit 
de  plus  qu'ils  se  différencient  par  leur  densité  des  antres  éléments  cellu- 
laires du  sang.  D'autre  part  il  sera  facile,  en  opérant  par  comparaison  au 
moyen  d'un  tube  gradué,  d'estimer  le  volume,  et  probablement  le  nombre 
des  plaquettes  conteiuies  dans  une  quantité  déterminée  de  sang,  comme 
on  apprécie  par  l'hématocrite  lu  quantité  des  hématies.  Nous  avons  pu 
constater  chez  un  lapin,  soumis  quelques  jours  avant  à  une  forte  saignée, 
une  quantité  à  peu  près  double  de  celle  obtenue  d'un  lapin  témoin. 

Enfin,  indépendamment  des  recherches  d'ordre  purement  histologique, 
nous  espérons  qu'à  un  autre  point  de  vue  la  méthoded'isolement  que  nous 
venons  de  décrire  permettra  de  préciser  quelques  points  du  rôle  biologique 
joué  par  les  hémaloblastes,  et  en  particulier  l'importance  de  leur  interven- 
tion dans  les  processus  de  la  coagulation,  de  la  rétraction  du  caillot  et  de 
la  rénovation  sanguine. 


PHYSIOLOGIE.  —  Recherches  sur  rélectricilé  animale. 
Note  de  MM.  Gikard  et  Victor  Hkxki,  présentée  par  M.  Dastre. 

1.  Discussion  générale.  —  Lorsqu'on  détermine  le  courant  de  repos  et  le 
coui'ant  d'action  d'un  tissu  ^■ivant  quelconque,  par  exemple  d'un  muscle, 
on  réunit  au  moyen  de  deux  électrodes  impolarisables,  identiques  entre 
elles,  deux  points  A  et  B  du  lissu  et  l'on  intercale  dans  le  circuit  un  appareil 
de  nuîsiire  :  galvanomètre  ou  électromèlre  capillaire.  La  différence  de 
|)OlenlieIs  mesurée  ainsi  représente  la  somme  algébrique  des  différences 
de  potentiel  :  1°  entre  l'électrode  et  le  point  A  du  tissu  ;  1°  entre  le 
point  B  du  tissu  et  la  deuxième  électrode  ;  3"  l'ensemble  des  différences 
de  polenliels  entre  les  différentes  parties  successives  du  tissu,  situées  entre 
les  points  A  et  B. 

On  admet  généralement  que  les  deux  premières  différences  de  poten- 
tiels sont  égales  entre  elles  et  de  signe  contraire,  de  sorte  qu'elles  s'éli- 
minent dans  la  somme  totale  ;  on  en  déduit  donc  que  la  différence  de 
potentiels  mesurée  représente  réellement  la  différence  de  potentiels  qui 
existe  entre  les  deux  points  A  et  B  du  tissu. 

Cette  hypothèse  fondamentale  qui  constitue  la  base  de  toutes  les  recher- 

C.  R.,  i9od,  1"  Semestre.   (T.  CXLII,  N'^26.)  2o4 


l564  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ches  d'électricité  animale,  ne  pourrait  être  vraie  que  dans  le  cas  où  les 
deux  points  A  et  B  seraient  identiques  entre  eux,  tant  au  point  de  vue  de 
leur  structure  qu'à  celui  de  la  concentration  et  de  la  nature  des  électro- 
lytes  qui  s'y  trouvent.  Comme  en  réalité  nous  savons  qu'il  existe  presque 
toujours  (les  différences  entre  les  deux  points  A  et  B  du  tissu,  nous  pou- 
vons affirmer  que  les  différences  de  potentiels  entre  les  deux  électrodes  et 
les  deux  points  A  et  B  ne  sont  pas  égales  entre  elles,  elles  ne  peuvent  donc 
pas  s'éliminer  complètement. 

Pour  déterminer  la  part  qui  est  inhérente  aux  électrodes  dans  la  diffé- 
rence de  potentiels  mesurée  et  pour  la  réduire  à  son  minimum,  deux 
méthodes  générales  peuvent  être  employées  ;  i"  il  faut  mesurer  les  diffé- 
rences de  potentiels  en  faisant  varier  le  liquide  des  électrodes  impolari- 
sables  ;  2°  il  faut  faire  des  mesures  avec  des  électrodes  dont  le  liquide 
se  rapproche  le  plus  possible  des  liquides  qui  baignent  le  tissu  étudié. 

La  première  méthode  appliquée  aux  muscles  et  aux  membranes  animales  monlre 
que  la  difTérence  de  potentiels  mesurée  varie  et  de  s;randeur  et  même  de  signe  lors- 
qu'on remplace  dans  les  électrodes  impolarisables  la  solution  à  8  pour  1000  de  NaGl 
par  des  solutions  d'autres  électrolytes.  Ce  résultat  qui  avait  déjà  été  obtenu  par 
plusieurs  auteurs  ne  peut  pas  être  interprété  d'une  façon  simple,  puisque  la  solution 
employée  provoque  en  général  une  altération  plus  ou  moins  profonde  du    tissu  vivant. 

La  deuxième  méthode  nous  conduit  à  abandonner  la  solution  de  NaGl  comme 
liquide  des  électrodes;  cette  solution  est  en  elTet  toxique  pour  tous  les  tissus  vivants, 
ainsi  que  l'a  montré  Lœb.  Il  faut  donc  dans  le  cas  de  Vertébrés  prendre  comme  liquide 
des  électrodes  le  sérum  de  l'animal  lui-même  ou  un  liquide  qui  s'en  rapproche  beau- 
coup et,  dans  le  cas  des  animaux  marins  invertébrés,  prendie  l'eau  de  mer  comme 
liquide  des  électrodes,  puisque  la  teneur  en  électrolytes  des  liquides  et  tissus  de  ces 
animaux  est  presque  identique  à  celle  de  l'eau  de  mer. 

II.  Expériences  sur  les  animaux  marins.  —  Nous  avons  fait  un  grand 
nombre  de  mesures  sur  les  différents  muscles,  membranes  et  les  cœurs  des 
animaux  suivants  : 

Beroe  ovata,  Holoturia  tubulosa,  Stichopus  regalis,  Strongylocentrotus 
lividus,  Spatangus  purpureus,  Carcinus  maenas,  Carrugatus,  Homarus 
rulgaris,  Aplysia,  Octopus  vulgaris,  Salpa  africana,  Scyllium  caniculalum. 
An  gui  lia. 

Les  électrodes  étaient  formées  de  tubes  recourbés  remplis  d'eau  de  mer, 
à  l'une  des  extrémités  une  mèche  imbibée  d'eau  de  mer  était  mise  en 
contact  avec  le  tissu  vivant,  et  dans  l'autre  extrémité  du  tube  plongeait  le 
bec  d'une  électrode  normale  ordinaire  au  KCl  ^n,HgCI,Hg.  A  titre  de  com- 


SÉANCE    DU    23    JUIN    1906.  l565 

paraison  et  de  contrôle,  nous  faisions  souvent,  avec  le  même  dispositif, 
des  mesures  sur  les  muscles,  le  coeur  et  la  peau  de  grenouille. 

Résultat  général.  —  Le  résultat  général  qui  ressort  de  toutes  ces  expé- 
riences est  que  :  le  courant  de  repus  et  le  courant  d'action  des  muscles,  cœurs 
et  membranes  de  tous  les  animaux  marins  étudiés,  sont  extrêmement  faibles.  Au 
lieu  des  3o  à  5o  millivolts  que  l'on  obtient  chez  la  grenouille,  on  n'obtient 
que  des  différences  de  potentiels  de  238  millivolts;  souvent  même  ces 
différences  de  potentiels  étaient  encore  plus  faibles. 

Nous  croyons  que  l'on  doit  attribuer  celte  faiblesse  des  phénomènes 
électriques  chez  les  animaux  marins  à  la  grande  concentration  saline  de 
l'eau  de  mer  et  des  tissus  de  ces  animaux.  L'abaissement  cryoscopique  est, 
en  effet,  égal,  chez  ces  animaux  à  2",24  (à  Villefranche-sur-Mer),  tandis 
que  les  liquides  et  tissus  de  la  grenouille  ont  un  abaissement  cryoscopique 
égal  environ  à  o°,6o.  Comme,  d'autre  part,  la  force  électromotrice  des 
piles  liquides  dépend,  non  pas  des  différences  absolues  entre  les  concen- 
trations, mais  de  leurs  différences  relatives,  il  en  résulte  que  la  même 
différence  absolue  entre  les  concentrations  des  liquides,  qui  composent  les 
différentes  parties  d'un  tissu  vivant,  donnera  lieu  chez  l'animal  marin  à 
une  différence  potentielle  bien  plus  faible  que  chez  un  animal  terrestre. 

Conclusions.  —  Il  résulte  de  la  discussion  générale  de  la  question  et  de 
nos  expériences  que,  pour  la  production  et  l'intensité  des  phénomènes 
électriques  dans  les  tissus  vivants,  trois  facteurs  principaux  interviennent  : 

i"  Concentration  globale  en  électrolytes  des  liquides  et  tissus  vivants 
étudiés. 

2°  Variation  de  concentration,  apparition  d'électrolytes  nouveaux  et 
dissymélrie  de  distribution  des  concentrations  d'électrolytes  dans  le  tissu 
étudié. 

3°  Variations  de  perméabilité  des  membranes  pour  les  différents  ions  et 
formation  des  combinaisons  d'absorption  entre  les  colloïdes  des  tissus  et 
les  ions  des  électrolytes  qui  les  baignent. 


PHYSIOLOGIE.  —  Râle  des  éléments  cellulaires  dans  la  transformation  de 
certains  hydrates  de  carbone  par  le  suc  intestinal.  Note  de  MM.  H.  Bierrv 
et  A.   Froui\,  présentée  par  M.  Dastre. 

On  admet  généralement  que  le  suc  intestinal  est  capable  de  transformer 
divers  hydrates  de  carbone  :  amidon,  maltose,  saccharose. 


l566  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Les  auteurs  qui  ont  établi  ces  faits  ont  employé  soit  le  suc  de  fistules 
temporaires,  soit,  le  plus  souvent,  le  produit  de  la  macération  intestinale. 
On  petit  se  demander  d'une  part,  si  en  raison  du  traumatisme  opératoire, 
de  l'excitation  et  des  troubles  circulatoires  causés  par  les  ligatures  de 
l'intestin,  le  stic  de  fistules  temporaires  présente  le  caractère  de  la  sécré- 
tion normale;  et  d'autre  part  si  des  propriétés  des  macéralions  d'un  organe 
on  peut  conclure  aux  propriétés  physiologiques  de  sa  sécrétion.  Enfin 
pour  ce  qui  a  trait  à  l'action  diastasique  elle-même,  si  les  résultats  n'ont 
pas  été  modifiés  par  la  présence  des  microbes. 

Nous  avons  repris  cette  question  de  l'action  du  suc  intestinal  sur  di.nfé- 
rents  hydrates  de  carbone  en  nous  servant  de  la  sécrétion  fournie  par 
des  animaux  porteurs  de  fistules  permanentes  de  Thiry  intéressant  le  duo- 
dénum et  le  jéjunum  ;  les  animaux  étaient  soumis  à  un  régime  mixte  de 
viande  et  de  pain. 

L'un  de  nous  a  établi  antérieurement  que  ces  animaux  fournissent  une 
sécrétion  spontanée  qui  est  en  rapport  avec  la  période  digestive  et  qui 
se  manifeste  avec  le  maximum  d'intensité  4  '^  7  heures  après  le  re- 
pas (').  On  peut  même  diviser  la  période  sécrétoire  en  deux  phases.  Dans 
les  deux  ou  trois  premières  heures  qui  suivent  le  repas,  le  liquide  qui 
s'écoule  de  l'anse  isolée  est  limpide  et  renferme  à  peine  quelques  débris 
cellulaires;  tandis  que  dans  les  heures  suivantes  le  suc  sécrété  est  trouble, 
épais,  et  contient  beaucoup  d'éléments  cellulaires  provenant  de  la  desqua- 
mation lie  la  muqueuse  intestinale. 

Le  liquide  clair,  alcalin,  qui  s'écoule  au  début  de  la  période  sécrétoire  correspond 
à  la  sécrétion  physiologique;  tandis  que  le  suc  trouble  de  la  deuxième  période  ren- 
ferme des  débris  cellulaires  expulsés  par  les  contractions  de  l'anse  isolée.  Il  suffit  en 
effet  de  faire  au  préalable  des  lavages  de  l'anse  intestinale  isolée,  pour  obtenir  en 
général,  pendant  toute  la  période  sécrétoire,  un  suc  ne  renfermant  pas  ou  renfermant 
peu  de  débris  cellulaires. 

Pour  l'étude  des  propriétés  diastasiques,  les  différents  sucs  sont  recueillis  au  fur  et 
à  mesure  de  leur  écoulement  dans  un  tube  de  verre  entouré  de  glace. 

Le  liquide  clair,  débarrassé  des  quelques  éléments  cellulaires  qu'il  renferme  par  cen- 
trifugation  et  filtré  sur  bougie  Berkefeld,  est  capable  d'Iiydrolyser  le  maltose  et  le 
maltose  seulement. 

Bien  que  généralement  les  diastases  hydrolysantes  agissent  mieux  en  milieu  acide, 


(')  C.  Df.lezemne  et  A.  Frolin,  La  sécrétion  physiologique  du  suc  intestinal. 
Action  de  Vacidc  chlorhydrique  sur  la  sécrétion  duodénale  {Soc.  de  Biol.,  t.  LVl, 
p.  819).  —  A.  Frolik,  Ihid.,  t.  LVI,  p.  417  et  46i. 


SÉANCE    DU    2D    JUIN    1906.  1 567 

on  ne  modifie  pas  notablement  le  pouvoir  hydrolysant,  du  suc  clair  sur  le  maltose  .et 
on  ne  le  rend  pas  actif  vis-à-vis  d'autres  hydrates  de  carbone  par  neutralisation  ou 
acidification. 

A  rencontre  du  liquide  clair,  le  liquide  trouble  fourni  pendant  les  dernières  heures 
de  l'activité  sécrétoire,  centrifugé  et  filtré  dans  les  mêmes  conditions,  possède  encore 
d'autres  actions  diastasiques  vis-à-vis  des  hydrates  de  carbone  :  non  seulement  il 
dédouble  le  maltose,  mais  il  transforme  l'amidon  en  i;iucose  et  il  intervertit  le  sac- 
charose et  le  tréhalose  {'). 

La  différence  d'action  de  ces  deux  sortes  de  sucs  doit  donc  s'expliquer 
par  la  macération  des  cellules  exfoliées  dans  le  liquide  sécrété;  en  effet,  si 
l'on  fait  macérer  pendant  6-12  heures,  dans  l'eau  salée  ou  l'eau  dis- 
tillée à  basse  température,  les  cellules  séparées  par  centrifugation  du  suc 
épais,  on  obtient  des  liqueurs  qui  après  fîUralion  sur  bougie  possèdent 
toutes  les  propriétés  diastasiques  du  suc  trouble,  c'est-à-dire  qu'elles  sont 
capables  d'hvdrolvser  le  maltose,  le  tréhalose,  le  saccharose,  et  de  trans- 
former l'amidon  en  sucre.  On  remarque  en  outre  que  l'activité  diastasique 
de  la  macération  faite  dans  l'eau  salée  est  plus  grande  que  celle  de  la  macé- 
ration faite  dans  l'eau  distillée.  Ce  résultat  permet  deux  hypothèses  : 
ou  bien  le  sel  ficilite  la  diffusion  des  diverses  diaslases,  ou  bien  il  favorise 
l'activité  diastasique  elle-même. 

Pour  résoudre  la  question  nous  avons  dialyse  le  suc  intestinal  trouble 
après  centrifugation  et  filtration,  comparativement  en  présence  de  NaCl  à 
9,5  pour  1000  et  d'eau  distillée. 

Le  suc  dialyse  en  présence  de  iVaCI  conserve  toutes  ses  propriétés  diastasiques; 
tandis  que  le  suc  dialyse  en  présence  d'eau  distillée  perd  le  pouvoir  de  saccharifier 
l'amidon  et  d'intervertir  le  saccharose. 

Il  suffit  d'ajouter  au  suc  dialyse  sur  eau  distillée  de  petites  quantités  de  sels  tels 
que  NaCl,  KCi,  CaCl-,  pour  qu'il  manifeste  de  nouveau  une  activité  diastasique  sur 
l'amidon  et  sur  le  saccliarose.  I,a  sucrase  et  l'amylase  du  suc  intestinal  ne  peuvent 
donc  agir  qu'en  présence  de  sels. 

Nous  pouvons  donc  conclure  de  ces  faits  que  : 

1.  Le  liquide  clair  qui  s'écoule  de  l'anse  isolée  représente  la  sécrétion 
physiologique,  puisqu'il  est  possible,  après  des  lavages  répétés  de  l'anse 
intestinale,  d'obtenir  du  suc  clair  pendant  toute  la  période  sécrétoire. 

2.  Le  suc  intestinal  contient  seulement  de  la  maltase. 


(')  Le  tréhalose  nous  a  été  obligeamment  fourni  par  M.  le  P''Maquenne  auquel  nous 
adressons  tous  nos  remerciements. 


l568  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

3.  Les  autres  diastases  qu'on  y  rencontre  :  amylase,  sucrase,  tréhalase 
proviennent  de  la  désintégration  des  cellules  épithéliales  ou  de  la  diffusion 
de  leur  contenu. 


ÉNERGÉTIQUE   BIOLOGIQUE,    —    Sur  le  problème  dit    du   travail   statique. 

Note  de  M.  Ernest  Solvay. 

La  Note  de  M.  Cliauveau  (^Comptes  rendus,  ?)0  avril  1906)  me  suggère  les 
remarques  qui  suivent  destinées  à  éclairer  et  à  compléter  mes  Notes  anté- 
rieures sur  le  travail  statique. 

Vers  1898,  je  songeai  y  aborder,  de  conceil  avec  un  officier  distingué  de  l'armée 
belge,  des  questions  d'aviation.  Je  constatai,  dès  le  début,  l'importance  extrême  que 
présente  le  problème  dit  du  travail  statique  au  point  de  vue  de  recherches  de  cette 
nature  et  je  dus  me  résoudre  à  l'étudier  en  principe  avant  de  m'engager  dans  la  voie 
expérimentale.  Ce  sont  les  résultats  de  celle  étude  qui  ont  fait  l'objet  des  Notes  pu- 
bliées dans  les  Comptes  rendus  des  24  mai  et  27  juin  1904,  i5  mai  et  26  juin  igo5. 
J'ai  pensé  que  ces  résultats  seraient  de  nature  à  mettre  fin  à  l'interminable  désaccord 
de  fond  existant  sur  ce  sujet  entre  les  mécaniciens  et  les  physiologistes;  c'est  du  moins 
le  but  que  je  poursuivis  exclusivement  et  en  dehors  de  toute  question  d'antériorité. 

La  méthode  que  j'ai  suivie  consiste  essenliellemenl  à  considérer  qu'une 
masse  M  ne  prend  effectivement  le  caractère  d'un  poids,  se  multipliant  alors 
par  ^,  que  lorsqu'on  empêche  sa  chute,  la  qualité  de  poids  disparaissant  su- 
bitement pour  faire  place  à  celle  de  masse  en  mouvement  aussitôt  que  la 
chute  se  produit  réellement.  Et  c'est  lorsque  la  chute  est  empêchée  par 
l'action  antagoniste  d'un  jet  fluide  continu  équivalent  agissant  directement 
ou  indirectement  pour  sustenter  le  poids,  que  celui-ci  prend  le  plus  exac- 
tement sort  caractère  de  masse  en  chute  virtuelle,  c'est-à-dire  de  poids  néces- 

sairement  associé  au  temps  du  jet  ô  =  t /^  ou  à  un  multiple  de  ce  temps 

et  représentant  ainsi  une  somme  de  quantités  de  mouvement  potentielles 
égale  à  la  somme  des  quantités  de  mouvement  effectives  produites  par  le  jet 
pendant  le  même  temps.  Par  suite,  ayant  nécessairement  «i  0  =  M,  m  étant 
la  masse  débitée  pendant  l'unité  de  temps  et  v  la  vitesse  du  jet,  on  obtient 
les  identités  : 

M§-.6  =  mv.O  =  m()g.h. 

C'est  en  partant  de  cette  notion  fondamentale  que  j'ai  pu  établir  qu'une 
sustentation  donnée  peut  s'obtenir  avec  des  jets  d'énergie  quelconque, 


SÉANCE    DU    25    JUIN    I906.  t56q 

mais  que,  pour  des  jets  de  même  vitesse,  il  existe  nécessairement  un  rap- 
port de  proportionnalité  entre  l'énergie  des  jets  et  la  valeur  du  poids  sus- 
tenté. 

On  arrive  à  la  même  conclusion  si,  au  lieu  de  jets  fluides,  on  envisage 
des  courants  électriques  produisant  une  sustentation  électromagnétique  : 
il  n'existe  de  rapport  de  proportionnalité  eriLre  l'énergie  électrique  en  jeu 
et  la  sustentation  produite  que  si  l'on  a  affaire  à  des  courants  électriques 
de  même  force  électromotrice  pour  tous  les  cas. 

Si  enfin  la  sustentation  s'effectue  par  l'action  de  muscles  en  état  de  con- 
traction et  si  l'on  admet  que  ces  appareils,  à  la  façon  du  muscle  artificiel 
de  d'Arsonval,  sont  actionnés  par  un  courant  électrique,  ce  rapport  de  pro- 
portionnalité subsistera  à  la  condition  que  ce  courant  soit  toujours  de  même 
force  électroniolrice.  Et  c'est  dans  le  sens  de  l'existence  de  ce  rapport  que 
M.  Chaiiveau  interprète  les  résultats  de  ses  nombreuses  expériences. 

OPTIQUE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Sur  la  sensibilité  de  la  rétine  pour  les 
radiations  lumineuses.  Note  de  M.  Milan  Stefanik,  présentée  par 
M.  J.  Janssen. 

Dans  mes  Notes  précédentes  j'ai  attiré  l'attention  sur  les  avantages  pro- 
curés par  l'emploi  des  écrans  colorés  dans  les  études  spectrales,  parce  que 
j'ai  pu  constater  une  loi  générale,  qui  est  que  les  écrans  colorés,  en  absor- 
bant la  lumière  parasite,  favorisent  la  visibilité  et  la  netteté  de  la  portion 
du  spectre  qui  les  traverse  (').  J'ai  ajouté  que  M.  Janssen  a  reconnu, 
en  i86g,  que  les  protubérances  étaient  mieux  visibles  lorsqu'il  utilisait  des 
écrans  colorés. 

Au  cours  de  mes  recherches  bibliographiques,  j'ai  trouvé  qu'il  a  été  fait 
aussi  d'autres  tentatives  dans  cette  voie. 

Ed.  Becquerel,  dans  son  excellent  Ouvrage  La  lumière,  ses  causes  et  ses  effets  (t.  I, 
1867,  p.  i3o),  lecominaiide  la  mélliode  de  FraïuiholTer  :  se  servir  d'un  verre  coloré  en 
bleu  par  le  coball  afin  de  voir  nettement  le  dédoublement  de  la  raie  A. 

Cet  écran  était  connu  aussi  par  Melloni  et,  parait-il,  j)ar  Matliiessen  en  (844;  il  fut 
employé  plus  tard  par  Brewster. 

Mais  ces  auteurs  n'ont  pas  tiré  des  écrans   tous  les  avantages  qu'ils  peuvent  donner 


(')  La  visibilité  maximum  est  obtenue  lorsque  l'écran  ne  se  laisse  traverser  que  par 
une  bande  étroite  du  spectre. 


l570  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

pour  les  observations  oculaires,  puisque  Ed.  Becquerel  déclare,  comme  résumé  de  ses 
travaux,  que  la  vision  directe  ne  permet  d'étendre  que  trèspeu  lespectre  au  delà  de  A. 
Il  déclare  aussi,  une  année  plus  tard,  que  malgré  l'absorption  causée  sur  les  rayons 
infra-rouges  par  les  milieux  de  l'œil,  il  passe  encore  assez  de  ces  rayons  pour  inlluencer 
la  rétine  «  si  celle-ci  était  sensible  à  leur  influence  :  comme  le  spectre  lumineux  se 
limite  au  rouge  extrême  un  peu  en  ileçà  de  la  raie  A,  il  faut  donc  admettre  qu'au  delà 
d'une  certaine  longueur  d'onde  l'œil  ne  peut  plus  percevoir  les  impressions  dues  à  la 
transmission  du  mouvemiiit  des  molécules  élliérées  ».  {La  lumière,  ses  causes,  etc., 
t.  II,  p.  34o.) 

11  est  donc  clair  que  Ed.  Becquerel  pose  la  limite  de  sensibilité  de  la  rétine  pour  les 
radiations  extrême  rouge  un  peu  au  delà  de  la  raie  A. 

Il  ne  paraît  pas  que  l'on  ail  depuis  mis  en  doute  cette  affirmation,  puisque  VAn- 
nuaire  du  Bureau  des  Longitudes  indique,  comme  limite  du  spectre  visible,  XygSo. 
(1906,  p.  556.) 

J'ai  signalé  que  l'emploi  d'un  écran  convenable  recule  cette  limite  jusqu'à  envi- 
ron iV-  (>). 

Les  propriétés  des  écrans  ci-dessus  indiqués  pouvaient  faire  stjpposer  a 
^rîoa  qu'ils  favoriseraient  également  l'observation  du  spectre  ultra-violet. 

En  effet,  un  écran,  au  violet  d'aniline  par  exemple,  a  permis  d'observer 
fiicilement,  avec  le  même  spectroscope  à  pièces  optiques  de  verre,  jusqu'à 
■X3830(L.),  tandis  que  sans  écran  la  limite  est  environ  >,3930,  limite 
d'ailleurs  indiquée  par  Y  Annuaire  du  Bureau  des  Longitudes. 

Lorsqu'on  emploie  l'écran  coloré,  la  jjartie  H  el  K  est  extrêmement 
briihuite,  et  il  reste  encore  assez  de  lumière  diffuse  violette  pour  gêner 
l'observation  au  delà  de  la  limite  observée. 

Lespectre  jusqu'à  X3830  est  dans  ces  condilions  si  clairement  visible 
que  toutes  les  raies  peuvent  en  être  mesurées. 

Les  résultats  photographiques,  obtenus  par  M.  Millochau  avec  le  même 
appareil,  ont  montré  que  les  limites  photogra|)hique  et  visuelle  sont  les 
mêmes.  Il  résulte  donc  de  ces  expériences,  que  la  rétine  s'est  trouvée  sen- 
sible pour  tontes  les  radiations  lumineuses  que  laisse  passer  le' spectroscope. 

L'emploi  d'instruments  moins  absorbants  pour  les  rayons  extrêmes 
permettra  probablement  de  reculer  encore  les  limites  connues  de  la  sensi- 
bilité de  la  rétine. 

Celte  méthode  simple  est  à  recommander  pour  l'étude  spectrale  du 
spectre  de  la  chromosphèi  e  et  de  celui  de  la  couche  renversante  qui  sont 
encore  inconnus  dans  la  région  infra-rouge,  puisqu'il  est  démontré  que 
l'œil  peut  percevoir  assez  facilement  ces  radiations. 

(')  Mes  éludes  ont  été^faites  avsc  un  spectroscope  à  pièces  optiques  de  verre. 


SÉANCE    DU    25    JUIN    1906.  157I 

CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Sur  le  rôle  du  chlorure  de  sodium  dans  l'impré- 
gnation hisLologique  des  tissus  par  l' argent.  Note  de  MM.  Ch.  Aciiakd  et 
M.  Aynai'd,  présentée  |);ir  M.  I,anrielongiie. 

L'imprégnation  des  espaces  inlercellulaires  par  l'argent,  suivant  la 
technique  bien  connue  en  histologie,  a  été  attribuée  à  la  réduction  du  métal 
sous  l'influence  des  actions  électro-capillaires  étudiées  par  Becquerel. 
Récemment  M.  Qninton  a  émis  l'opinion  qu'elle  était  due  à  la  présence  du 
chlorure  de  sodium  dans  les  espaces  intercellulaires  et  à  la  formation  d'un 
précipité  de  chlorure  d'argent  qui  noircit  à  la  lumière. 

Cette  action  duchlorure  de  sodium  ne  nous  paraît  pas  douteuse.  En  effet, 
l'imprégnation  n'est  plus  possible  lorsqu'on  a  déchloruré  le  liquide  inter- 
ceilulaire  en  immergeant  la  membrane  dans  une  solution  de  sulfate  de 
soude  ou  desucreà  un  taux  déconcentration  inoffensif  pour  les  cellules. 
Mais  elle  redevient  facile  si  l'on  rechlorure  ensuite  la  membrane  en  la 
plongeant  dans  une  solution  salée  au  taux  physiologique,  avant  de  faire  agir 
le  sel  d'argent.  On  obtient  alors,  avec  presque  autant  de  netteté  que  sur 
une  pièce  fraîche,  le  dessin  en  noir  des  contours  cellulaires,  dont  les  solu- 
tions conservatrices  de  sulfate  et  de  sucre  ont  respecté  l'intégrité. 

La  même  démonstration  est  applicable  à  une  série  d'images  hislologiques  fournies 
par  l'imprégnation  d'argent.  Ainsi  la  réduction  du  métal  par  la  substance  fonda- 
mentale du  cartilage,  l'apparition  dans  les  tubes  nerveux,  à  myéline  des  croix  latines  au 
niveaudesétranglements  annulaires,  celle  des  stries  de  Fromann  sur  le  cylindre-axe  sont 
liées  à  rirabibition  des  éléments  par  un  liquide  salé. 

Dans  les  conditions  physiologiques,  c'est  lechlorurede  sodium  contenu  naturellement 
dans  les  tissus  qui  donne  lieu  à  la  réaction.  Mais,  dans  les  conditions  artificielles  de 
l'examen  histologique,  on  peut,  dans  le  liquide  d'imbibîtion,  substituer  au  chlorure  de 
sodium  d'autres  chlorures  ou  même  d'autres  sels  comme  les  bromures  et  iodures  qui 
forment  avec  l'argent  un  précipité  noircissant  à  la  lumière. 

Ces  faits  n'éclairent  pas  seulement  le  mécanisme  histo-chimique  de 
l'imprégnation  d'argent.  Us  donnent  aussi  la  raison  de  certains  insuccès  de 
ce  procédé  technique,  qui  résultent  d'une  déchloruration  accidentelle  des 
tissus,  et  en  même  temps  ils  fournissent  le  moyen  de  les  éviter.  Ils  nous 
paraissent  encore  susceptibles  de  quelques  applications  à  l'anatomie 
pathologique.  Enfin  ils  contribuent  à  préciser  la  physiologie  générale  des 
milieux  vitaux,  caria  facilité  avec  laquelle  les  liquides  intercellulaires  se 

C.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N«  26.)  2o5 


iSjZ  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

laissent  déchloriirer  elrechlorurer  montre  bien  l'activitédes échanges  osmo- 
liques  dans  le  domaine  de  la  circulation  inletslilielle,  annexe  et  prolon- 
gement physiologique  de  la  circulation  canalisée. 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.    —    Méthode  de  recherche  du  fer  dans  les  tissus  vivants. 
Note  de  M.  A.  Mouseyrat,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

L'étude  des  mutations  du  fera  fait,  de  la  part  des  chimistes  et  <les  phy- 
siologistes des  divers  pays,  l'objet  d'un  très  grand  nombre  de  recherches. 
Sans  vouloir  entrer  ici  dans  de  longs  détails  au  sujet  de  la  bibliographie 
énorme  de  cette  question,  nous  rappellerons  en  France  les  travaux  de 
M.  Dastre  et  de  M.  Lapicque. 

Malgré  cependant  une  bibliographie  considérable,  une  grande  incerti- 
tude règne  au  sujet  de  nos  connaissances  biologiques  de  ce  métal,  et  l'on 
ignore,  en  particulier,  par  quel  mécanisme  le  fer  passe  de  l'état  minéral  à 
l'état  biologique  et  inversement.  Ayant  fait  connaître  une  méthode  extrê- 
mement sensible  île  recherche  qualitative  du  fer,  j'ai  pensé  qu'd  était  tout 
d'abord  nécessaire  de  savoir  si  ce  métal  est  indispensable  ou  non  à  la 
vitalité  lies  cellules  ;  autrement  dit,  s'il  constitue  ou  non  un  élément 
normal  de  toute  cellule  vivante.  Or,  les  diverses  méthodes  de  destruction 
des  tissus,  employées  jusqu'ici,  ne  permettent  pas  de  trancher  cette 
question  ;  car  dans  tous  ces  procédés  on  introduit  accidentellement  du  fer 
par  les  réactifs. 

Dans  cette  Note  je  désire  faire  connaître  un  procédé  de  destruction  des 
tissus,  en  vue  de  la  recherche  du  fer,  dans  lequel  tout  apport  accidentel  de 
métal  est  évité. 

Ce  procédé  est  basé  sur  la  transformation  des  matières  minérales  de 
ces  tissus  en  sulfates  et  la  destruction  du  charbon,  au  rouge  dans  une  capsule 
de  platine,  à  l'aide  d'un  courant  d'oxygène  pur. 

Pour  mettre  en  œuvre  celte  méthode  il  faut  commencer  par  se  procurer 
de  l'acide  sulfurique  absolument  exempt  de  fer. 

J'y  suis  arrivé  en  souinetlanl  à  une  série  de  distillations  fractionnées  l'acide 
sulfiiri(|ue  pui'  et  concenlié  du  coninierce,  rejetant  les  premières  et  dernières  portion», 
([ui  passent,  pour  ne  recueillir  que  les  (raclions  intermédiaires.  Ayant  ainsi  de  l'acide 
sulfuri(]ue  jjur,  j'ai  préparé  de  l'acide  chlorhydrique  également  exempt  de  fer.  Pour 
cela  on  piend  du  chlorure  de  sodium  pur  qu'on  soumet  à  une  série  de  cristallisations 
fractionnées  jusqu'à  ce  qu'on  ait  un  sel  absolument  exempt  de  fer.  C'est  ce  sel  purilié 


SÉANCE    DU    25    JUIN    1906.  I  ^^S 

qui,  traité  par  l'acide  sulfuriqiie,  précédemment  obtenu,  m'a  fourni  de  l'acide  chlorhy- 
drique  débarrassé  de  toute  trace  de  fer. 

En  possession  de  ces  deux  acides  voici  comment  on  procède  : 

Les  tissus,  20^  à  5otf,  finement  divisés  à  l'aide  d'un  couteau  de  platine,  sont  séchés, 
dans  une  capsule  également  de  platine,  à  l'éluve  à  laco-iSo",  puis  additionnés  d'environ 
le  dixième  de  leur  poids  d'acide  sujfurique  purifié,  qu'on  chasse  à  feu  nu.  La  masse 
est  lessivée  à  l'eau  distillée,  afin  d'enlever  la  plus  grande  partie  des  sels.  Le  résidu 
noir,  non  dissous,  est  de  nouveau  additionné  d'acide  sulfurique  qu'on  chasse  à  feu  nu, 
on  lessive  de  nouveau  et  le  charbon  résiduel  chaufTé  au  rouge  dans  la  capsule  est  rapi- 
dement brûlé  à  l'aide  d'oxygène  pur  provenant  d'une  bombe.  Le  contenu  de  la  capsule, 
dissous  dans  l'acide  chlorhydrique  purifié,  est  ajouté  aux  lixivialions  antérieures  et 
cette  solution  sert  à  la  recherche  et  au  dosage  du  fer. 

Durant  ces  destructions,  il  est  indispensable  de  se  placer,  ainsi  que  l'a  indiqué 
M.  Lapicque  (sur  les  mutations  du  fer  chez  les  Vertébrés),  dans  une  salle  dont  tous 
les  objets  en  fer  sont  recouverts  de  peinture. 

La  méthode  de  destruction  des  tissus  que  je  viens  d'indiquer  peut  servir 
à  la  recherche  de  tous  les  métaux  dont  les  sulfates  ou  oxydes  sont  stables  à 
U  température  du  rouge. 


MICROBIOLOGIE.    —  Étude  sur  la  transmissibilité  de  la  tuberculose  par  la 
caséine  alimentaire.  Note  de  M.  Marcel  Guédras. 

Les  recherches  du  D"^  Calmette  démontrant  la  virulence  du  lait  d'origine 
tuberculeuse,  après  ébullilion  ou  stérilisation,  m'ont  incité  à  rechercher 
si  les  aliments,  destinés  aux  enfants,  que  l'on  trouve  dans  le  commerce 
sous  les  noms  les  plus  divers  et  dont  la  base  est  la  caséine  du  lail,  ne  sont 
pas,  eux  aussi,  des  agents  de  transmission  de  la  tuberculose.  Si  l'on  prenl  du 
lait  de  vaches  tuberculeuses,  qu'on  le  passe  à  l'écrémeuse  centrifuge,  puis 
que  l'on  traite  le  petit-lait  pour  en  extraire  la  caséine,  en  se  plaçant  dans 
les  mêmes  conditions  que  le  traitement  industriel,  après  dessiccation  de  la 
caséine  obtenue,  on  préparera  l'un  des  principaux  produits  alimentaires 
connus. 

On  constate  que  la  caséine  sert  de  véhicule  aux  germes  tuberculeux. 

Si  l'on  fait  une  dissolution  de  cette  caséine  alimentaire  dans  de  l'eau 
stérilisée,  que  l'on  en  fasse  absorber  à  des  cobayes  sains,  on  constate, 
comme  le  D"^  Calmette  l'a  déjà  constaté  lors  de  ses  expériences  avec  du  lait 
stérilisé  de  provenance  tuberculeuse,  que  les  cobayes  succombent  entre  le 


l574  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

37"  et  le  38"  jour.  Chez  des  cobayes  auxquels  on  a  fait  ingérer  des  bacilles 
tuberculeux  secs  puis,  i5  jours  après,  la  solution  de  caséine  alimentaire 
tuberculeuse,  on  constate  un  amaigrissement  rapide  puis  la  mort  survient 
vers  le  /jo*  ou  le  4i*jf>ui', 

Les  bacilles  tuberculeux  résistent  donc  aux  différentes  manipulations 
qui  ont  présidé  à  la  préparation  de  la  matière  protéique  du  lait  (préci- 
pitation par  un  acide,  redissolution  par  un  alcali,  nouvelle  précipitation, 
dessiccation,   etc.). 

Il  3'  a  donc  lieu  de  n'employer  pour  la  i^réparation  des  produits  alimen- 
taires caséines  ou  donnés  au  public  comme  étant  à  base  d'albnminoïdes  du 
lait,  que  des  caséines  provenant  de  lait  exempt  de  germes  tuberculeux. 

On  ne  saurait  trop  attirer  l'attention  des  hygiénistes  sur  les  différents 
produits  que  l'on  trouve  dans  le  commerce,  désignés  sous  des  noms  diffé- 
rents, qui  sont  destinés  aux  enfants  et  qui  ont  pour  base  la  caséine,  aliment 
riche  et  précieux  mais  qui  peut  être  dangereux. 

La  caséine  desséchée  à  basse  température  reste  le  véhicule  des  bacilles 
de  Roch. 


GÉOl.OGIi:.   —  Sur  l'extension  de  l'invasion  marine  du  Sparnacien  supérieur 
aux  environs  de  Paris.  Note  de  M.  Paui.  Combes  fds. 

I^a  première  phase  du  dépôt  de  l'Argile  plastique,  dans  la  région  pari- 
sienne proprement  dite,  s'est  effectuée  dans  l'eau  douce. 

Le  «  conglomérat  de  base  »,  que  l'on  y  rencontre  sur  une  étendue  assez 
considérable,  ne  renferme,  à  tous  ses  niveaux,  que  des  genres  dulceaqui- 
coles  :  Unio,  Pliysa,  Paludina,  Trionyx,  Crocodilus ,  etc.  ;  ou  terrestres  : 
Gaslornis,  Coryplwdon,  Pac/iyhyœna,  etc.  ; 

J^a  masse  d'argile  azoique  qui  recouvre  ce  conglomérat  semble  égale- 
ment s'être  déposée  sous  le  même  régime. 

Jusqu'à  ces  dernières  années,  aucune  faune  n'avait  été  rencontrée  ilans 
les  Sables  dits  d'Auleud,  séparant  l'argile  plastique  proprement  dite  des 
fausses  glaises,  ce  qui  rendait  hypothétiques  les  conditions  dans  lesquelles 
ces  sables  s'étaient  stratifiés,  lorsque,  au  mois  de  juin  igoS,  M.  L.  Cayeux 
a  annoncé,  ici  même  ('),  la  présence  d'une  faune  saumâtre  dans  les  sables 

(' )  L.  Cayeux,  Existence  d'une  faune  saumùlre  clans  les;  sables  de  Cargile  plus- 
ligue  d'Issy  (Seine)  {Comptes  rendus,  t.  C.\L,  u6juin  1905,  p.  1728). 


SÉANCE  DU  25  JUIN  1906.  l575 

de  l'argile  plastique,  à  Issy  ;  cette  faune  se  compose  de  Cyrena  {Corbicula) 
cuneiformis  Fér.,  Cyrena,  Potamides  et  Mesalia  sp. 

Peu  après,  j'ai  signalé  ('  )  la  découverte  d'une  faunule  marine  à  Ditriipa 
et  Membranîpora  Blainv.,  dans  des  puits  creusés  rue  des  Vignes,  n"  1'^,  à 
Passy,  où  l'on  a  atteint  ces  mêmes  sables  à  l'altitude  de  36"°. 

Enfin,  au  début  de  cette  année,  M.  P. -H.  Fritel  a  publié  (-)  la  décou- 
verte qu'il  a  faite  des  Sables  d'Anteuil  à  Arcueil  (Seine),  et  la  présence 
dans  leur  masse  de  galets  avellanaires  en  silex  pvromaque  et  de  bois  de 
conifères  perforés  par  TereiUna  cf.  Oire/u' Desli.,  ce  dernier  fossile  accu- 
sant, sans  nul  doute,  la  présence  d'un  littoral  marin. 

Ces  trois  observations  constatent  la  présence,  à  l'époque  du  dépôt  des 
Sables  d'Auteuil,  d'une  mer  sparnacienne  s'étemlanL  jusqu'au  sud  de 
■Pjiris  et  dont  on  retrouve  soit  le  lilloral,  couvert  de  lagunes,  soit  des 
estuaires  dans  les  carrières  d'Issy  et  d'Arcueil. 

Une  partie  des  fausses  glai.ses  qui  surmontent  les  Sables  d'Auteuil  s'est 
déposée  dans  la  dépression  parisienne,  alors  que  continuait  à  se  faire 
sentir  l'influence  des  eaux  marines. 

Cependant,  cette  mer  est  en  régression  sur  celle  qui  l'a  précédée  ;  en 
effet,  le  |)oint  le  plus  méridional  où  sa  présence  ait  été  constatée  est 
Auteuil,  où  les  lignites  supérieurs  m'ont  lourui  des  Cyrènes  (rue  Mozart). 

Le  somiage  de  Fouilleuse  ('),  près  du  Mont-Valérien,  a  rencontré,  à  la 
partie  supérieure  de  l'argile  i)laslique,  une  couche  ligniteuse,  à  faune 
fluvio-marine,  qui  existe,  avec  les  mêmes  caractères,  à  Conflans-Sainte- 
Honorine. 

Enfin,  vers  Port-Mariy  et  Saint-Germain,  les  fausses  glaises  lenferment 
les  lossiles  fluvio-marins,  caractérisliques  des  Lignites  du  Soissonnais. 
Hébert,  après  Brongniarl,  les  a  éludié(S  dans  les  fondations  du  viaduc,  au 
Val-Saint-Léger.  Voici  la  liste,  incomplète,  des  espèces  constituant  celte 
faunule  :  Lepidotus Maxirniliani  Agass.,  comm.,  Cerithium  (^Potamides)  funa- 
tuin  Mant.,  c,  Melania  (Melanatria)  incpiinala  Defr. ,  rare,  Melanopsis  hucci- 


(')  Faul  Combes  fils,  Décomerte  dans  les  sables  d' Autenil  d' une  j'annule  marine 
{Bull.  Soc.  géol.  de  Fi\,  4°  série,  l.  V,  1905,  p.  745)- 

(^)  P.-H.  Frmel,  Sui'  la  présence  des  «  Fausses  glaises  »  dans  la  banlieue  sud- 
est  de  Paris  {Bull,  du  Muséum  d'Hist.  nat.,  n°l,  janvier  1906,  p.  69-71.  Voir  aussi  : 
Ibid.,  Le  Naturaliste,  V  avril  1906,  n"  '»..d8,  p.  77-78,  2  fig.  ). 

(')  G. -F.  DoLLFUs  el  G.  Ramonu,  Le  chemin  de  fer  des  Moulineau.r  [lUtll.  de  la 
Soc.  d'Etudes  scient,  de  Paris,  1889,  p.  71  à  81). 


1576  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

noidea  Fer.,  r.,  Palndina  sp.  frag.,  r.,  Cyrena (Corbicitla)  cuneiformis  Fér., 
r.,  C.  (C.)  antiqua  Fér.,  r.,  Cyrena^Tellinocyclas)  teliinella  Desli.,  r. ,  Cor- 
bula  (Agina)  Arnouldi  Nyst.,  c,  Ostrea  sparnacensrs  Defr.,  r.  0.  beUova- 
censis  Lk.,  c.  ('). 

L'importance  qui  s'attache  à  la  connaissance  de  l'extension  et  de  la  faune 
des  eaux  marines  du  Sparnacien  supérieur  est  d'autant  plus  considérable 
que  l'individualisation  decet  étage  a  été  contestée;  c'est  ainsi  que  M.  Leriche 
avait  proposé  de  réunir  le  Sparnacien  au  Thanétien  pour  en  faire  l'étage 
landénien,  en  se  basant  sur  l'identité  des  formes  animales  fossiles  et  sur 
l'absence  prétendue  d'un  épisode  marin  bien  constaté. 

Avec  M.  DoUfus  (-),  nous  n'acceptons  pas  cette  manière  de  voir  que  con- 
tredisent les  faits  suivants  :  1°  Etablissement  d'un  régime  continental  entie 
le  Thanétien  et  le  Sparnacien  à  l'époque  des  conglomérats  de  Meudon  et 
de  (]ernay;  2"  Extension  d'une  mer,  avec  fossiles  spéciaux,  du  Soissonnais 
jusqu'au  sud  de  Paris,  aux  époques  des  Saules  d'Auteuil  et  des  lignites 
supérieurs;  3°  Faunes  d'eau  douce  spéciales  de  Cuvilly  et  de  Graûves; 
4"  Difîérenciation  sensible  de  la  flore  d'une  époque  à  l'autre. 


GÉOLOGIE.  —  Sur  l'existence  du  Crétacé  dans  les  schistes  d'Oran. 
Note  de  MM.  Ficheur  et  Doumergue,  présentée  par  M.  Michel  Lévy. 

Les  schistes  du  massif  d'Oran  ont  donné  lieu  à  diverses  interj>r'étations 
et  ont  été  successivement  attribués,  dans  l'ensemble  ou  partiellement,  aux 
terrains  primaire,  triasique,  jurassique,  éocrétacique  par  les  différents 
auteurs  (Renou,  Pomel,  Bleicher,  etc.)  qui  les  ont  étudiés.  Cette  série 
complexe  et  fortement  plissée  a  été,  en  dernier  lieu,  subdivisée  par 
M.  L.  Gentil  qui,  dans  son  important  travail  sur  la  Tafna  (')  reconnaît 
des  assises  se  rapportant  au  primaire  (Silurien?),  au  Lias  supérieur,  au 
Callovien  (schistes  à  posidonies)  et  à  l'Oxfordien. 

Les  recherches  poursuivies  par  l'un  de  nous,  dans  les  schistes  des  Plan- 


(')  G. -F.  DoLLFUS,  Congrès  géologique  de  Berlin,  i885. 

(-)  G. -F.  DoLLFus,  Critique  de  la  classijlcalion  de  V Eocène  inférieur  (Lettre  à 
M.  Maurice  Lericlie)  {Ann.  Soc.  géol.  du  Nord,  t.  XXXIV,  p.  878,  séance  du  6  dé- 
cembre igoS). 

(^)  L.  Gentil,  Esquisse  straligrapliique  et pétrographique  du  bassin  de  la  Tafna, 
Alger,  1902. 


SÉANCE    DU    25    JUIN    1906.  ï^']'] 

leurs  d'Oran,  avaient  permis,  dès  novembre  1898,  de  réunir  une  faune 
d'Ammonites  caractérisant  l'Oxfordien  à  Cardioceras  cordatum  ('),  et  de 
fixer  les  caractères  lithologiques  de  cette  assise.  De  nouveaux  gisements 
de  cet  horizon  ont  été  reconnus  depuis  en  plusieurs  autres  points  (Rose- 
ville,  Bou-Sfer,  etc.)  et  tout  récemment  des  posidonies  avec  un  pen- 
sphincles  ont  été  extraits  des  schistes  sur  le  sentier  de  la  Corniche  du  port 
d'Oran  (jardin  Welsfort).  Une  donnée  nouvelle  vient  de  se  préciser,  au 
cours  des  études  poursuivies  pour  l'établissement  de  la  feuille  géologique 
détaillée  d'Oran,  par  la  découverte  d'une  faune  du  Crétacique  inférieur. 
Les  fossiles  recueillis  par  l'un  de  nous  ont  été  étudiés  à  l'Ecole  des 
sciences  d'Alger,  et  les  faits  constatés  ont  été  contrôlés  sur  place  par  des 
observations  communes. 

Dans  le  Djebel-Ahouo,  entre  Misserghin  et  Bou-Sfer,  sur  les  (lancs  du  Cliabet 
Dahlia,  des  scliistes  calcaires  jaunes,  feuilletés,  veinés  de  calcite,  ont  fourni  une  faune 
assez  abondante  d'ammonites  pyriteuses,  généralement  de  très  petite  taille,  souvent 
déformées,  parmi  lesquelles  on  reconnaît  :  Phylloceras  Rouyi  d'Orb.,  Phyll.  seruni 
Oppel,  Ph.  cf.  ErnestiMM'i^^  Lyloceras  cf.  crebisulcatum  Uiil.,  Lyt.  cf  (juadrisul- 
cittuin  d'Orb.,  Lyt.  cf.  JauOerii  d'Oih.,  Destnoceras  cf.  geluliniim  Coq.,  Holcodis- 
ctts  algirus  Sayn,  Holcod.  cf.  Astieriformis  Sayn,  Macroscdphiles  cf.  Ficheuii  Sayn, 
Leptoceras  Cirtœ  Coq.,  de  nombreux  fragments  à' Aptychus,  de  Belemnites  {Duvnlia) 
et  de  petits  bivalves  pyrileux  :  Leda  sp.,  Nuculana  Ouachensis  Coq.,  etc. 

Cette  faune  présente  des  affinités  incontestables  avec  celle  du  liarrcinienAnsOuluA- 
Ali  (environs  de  l'Oued-Imbert)  et  celle  du  Djebel-Ouach.  L'état  de  conservation  des 
échantillons  sur  des  fragments  de  schistes  jaunâtres  rappelle  absolument  les  fossiles 
signalés  par  PomelC)  à  Arzeu,  avec  des  plaquettes  à  Orbitolines.  Les  assises  d'Âhoun 
s'étendent  vers  l'Ouest  jusqu'à  l'Oued  Taërziza,  avec  des  gisements  fossilifères  notam- 
ment au  Chabet  en-Mammar.  Les  petits  bivalves  pyriteu\  f^Leda.,  Nuculana),  ont  été 
recueillis  dans  des  schistes  jaunes  identiques,  près  du  village  d'Iil-Ançor.  Enfin,  un 
autre  gisement  analogue  d'Ammonites  et  bivalves  pyriteux  vient  d'être  reconnu  par  l'un 
de  nous  au  pied  du  versant  nord  du  Djebel  Ivahar  (extrémité  sud-ouest  du  massif 
d' Arzeu). 

Presque  partout,  les  assises  précédentes  surmontent  une  puissante  série  de  schistes 
argileux  et  quartzites,  en  bancs  parfois  épais,  qui  s'étendent,  avec  des  interruptions, 
sur  les  deux  ver-ants  du  Murdjadjo,  et  présentent  leur  plus  grand  développement  à 
l'ouest  du  Djebel-Ahoun  jusqu'à  la  limite  de  la  feuille  d'Oran.  Nous  n'éprouvons 
aucune  hésitation,  malgré  l'absence  de  fossiles,  à  attribuer  au  Néocomien  (s.  I.)  ces 
assises  qui  rappellent  entièrement  les  schistes  et  quartzites  infracrétaciques  du  massif 


(')  L.  Gemil,  Eaquisse  siratigruphique  el  pélrograpliùjae  du  bassin  de  la  Tafna, 
Alger,  igoa. 

(^)  A.  PoMEL,  Description  slraligrapldi/ue  de  l'Algérie,  1889. 


1578  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

d'Arzeu,  el  ceux  de  même  âge  du  massif  de  Blida.  Elles  se  trouvent  comprises  entre 
rOxfordien  fossilifère  et  les  schistes  barrêmiens  indiqués  ci-dessus. 

La  région  d'Ahoun  a  permis  également  de  découvrir  une  nouvelle  zone  fossilifère 
au-dessus  de  FOxfordien.  A  la  tête  du  Chabet-el-Morarba,  un  petit  banc  de  calcaire 
rognonneux  se  montre  pétri  de  moules  calcaires  d'Ammonites,  généralement  défor- 
mées, parmi  lesquelles  dominent  les  Pciis/i/iinctcs.  Nous  avons  pu  reconnaître  Peris- 
pliincles  cf.  Lucingenais.  Phylloceias  mediterraneum,  Ilaploceras  cf.  Eratn,  Slino- 
ceras  sp.,  Oppelia  sp.  Neumayria  sp.?  Bien  que  très  indéterminée,  cette  faune  offre 
des  rapprochements  avec  celle  des  couches  de  Birmensdorf,  et  de  VArgovien  de 
Trept.  C'est  un  nouvel  horizon  jusqu'ici  inconnu  dans  le  littoral  algérien. 

De  la  comparaison  des  faciès,  ainsi  que  de  l'étude  leclonique  du  chaînon 
de  Sanla-Cruz  et  du  Santon  de  Mers-el-Kébir,  nous  sommes  amenés  à 
conclure  que  les  schistes  et  quartzites  qui  forment  la  majeure  partie  de  la 
falaise  du  Por^dOran  appartiennent  au  Néocomien.  On  les  voit  en  effet, 
en  dessous  de  la  chapelle  de  Santa-Cruz,  pinces  dans  un  synclinal  callo- 
vien,  synclinal  qui  se  dédouble  et  s'élargit  vers  l'Est,  avec  abaissement 
rapide  de  l'axe  de  manière  à  présenter  une  grande  épaisseur  de  schistes  et 
quartzites  dans  la  falaise  artificielle. 

Cette  chaîne,  indépendamment  de  la  couverture  miocène  discordante, 
se  présente  comme  constituée  par  une  série  de  dômes  ou  de  plis  aigus  de 
dolomies  basiques,  ou  même  de  calcaires  jaunes  ou  caicschistes  du  Lias 
moyen  et  supérieur,  plis  déversés  au  Sud  sur  une  série  schisteuse  étirée 
pouvant  comprendre  le  Lias  supérieur,  le  Callovien,  l'Oxfordien,  le  Néoco- 
mien et  le  Biirrêmi<n. 

Le  Djebel  Santon  de  Mers-el-Kébir  se  |)résente  dans  les  mêmes  condi- 
tions tectoniques;  un  noyau  dolomitique  surtout  développé  à  l'Ouest, 
déversé  sur  des  zones  étirées  de  Lias  supérieur,  de  Callovien  et  de  Néoco- 
mien, et  passant  au  Nord,  sous  le  Lias  supérieur  et  le  Néocomien,  qui  est  à 
son  tour  recou\ert  par  une  écaille  de  dolomies  et  calcaires  basiques,  en 
falaise  démantelée  sur  le  rivage. 

L'analogie  de  structure  du  massif  d'Oran  avec  le  massif  d'Arzeu  se  pré- 
cise par  le  déversement  des  plis  jurassiques  sur  le  Néocomien,  ainsi  que 
l'un  de  nous  avait  été  conduit  h  l'ailmeltre  dès  1898  ('). 

Le  faciès  schisteux  tlu  Crétacique  inférieur  se  maintient  ainsi  d'une 
façon  remarquable  dans  les  chaînes  fortement  plissées  du  littoral  de  l'Al- 
gérie :  dans  le  massif  de  Blida,  la  chaîne  des  Béni- Menacer,   et  dans  l'est 

(  ')  FicuEL'R,  Noie  sur  la  constitution  géologique  du  massif  d'Arzeu  {A.  F.  A.  S., 
1898). 


I 


•SÉANCE    DU    25    JUIN    1906.  l579 

d'Alger,  où  nous  l'avons  reconnu  dans  la  chaîne  des  Babors  (massif  de 
Kerrata).  Nous  reprenons  également  à  ce  sujet  une  opinion  émise  par 
nous  en  1892,  sur  l'attribution  au  Néocomien  d'une  assise  de  schistes  et 
quartzites  qui  avoisine  le  Djebel  Sfyaii  dans  les  Trara. 

Ainsi  se  vérifie  de  plus  en  plus  la  règle  constante  qui  préside  à  la  répar- 
tition des  faciès  des  différents  étages  crétaciques  en  Algérie  suivant  des 
zones  sensiblement  parallèles  au  littoral. 


GÉOLOGIE.  —  Sur  les  argiles  yprésiennes  de  l'Aisne  et  les  conditions  climaté- 
riques  à  Vépoque  lutétienne.  Note  de  M.  Paul  Fritel,  présentée  par 
M.  de  Lapparent. 

Les  argiles  qui  se  montrent,  dans  la  partie  méridionale  du  département 
de  l'Aisne,  au  sommet  des  sables  vprésiens  et  qui  atteignent  dans  cette 
région  une  épaisseur  de  plusieurs  mètres,  peuvent  être  placées  exactement 
sur  le  niveau  des  grès  de  Belleu. 

D'après  mes  observations,  ces  argiles  s'amincissent  vers  le  sud,  jusqu'à 
n'avoir  plus  que  quelques  décimètres  à  Croûy-sur-Ourcq,  où  l'on  peut  voir 
leur  contact  :  d'une  part  avec  les  sables  yprésiens,  de  l'autre  avec  le  cal- 
caire grossier;  et,  des  renseignements  verbaux  qu'a  bien  voulu  me  donner 
M.  Thomas,  il  appert  que  ce  contact  avec  les  sables  sous-jacents  s'observe 
même  à  quelques  centaines  de  mètres  au  sud-est  de  Troësnes. 

Les  empreintes  végétales  que  l'on  recueille  dans  ces  argiles,  et  à  l'élude 
desquelles  je  me  livre  en  ce  moment,  sont,  pour  la  plupart,  absolument 
identiques  à  celles  qui  se  rencontrent  dans  les  grès  de  Belleu,  mais,  alors 
que  celles-ci  sont  d'une  conservation  ruilimentaire,  celles  de  l'argile  de 
Troësnes,  au  contraire,  ne  laissent  rien  à  désirer  sous  ce  rapport.  Cette 
circonstance  permet  de  préciser  les  caractères  de  cette  flore  mieux  que  ne 
l'a  faitWatelet. 

Les  espèces  du  gisement  de  Troësnes  sont  au  nombre  d'une  vingtaine  environ. 
Parmi  celles  qui  se  rencontrent  également  dans  les  grès  de  Belleu,  je  citerai  :  le  Cin- 
namomuin  Laiteli  Wat.  qui  parait  très  répandu  et  se  montre  ici,  comme  à  Belleu 
d'ailleurs,  assez  polymorphe. 

Le  Cinnamomtun  sezannense  de  Sap.,  représenté  par  une  forme  très  voisine  de 
celle  que  Watelet  avait  nommée  Daphnogene  pedunculata  et  que  de  Saporta  et 
Marion  rapportèrent  |)ostérieurement  à  l'espèce  de  Sézanne. 

Le  Daphnogene  elegans  Wat..  que  je  crois  reconnaître  dans  la  base  d'une  feuille, 
qui  me  laisse  cependant  des  doutes. 

C.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII,  N»  26  )  2o6 


l58o  ACADÉMIE   DES   SCIENCES.. 

Plusieurs  belles  empreintes  que  l'on  doit  identifier  aux  formes  citées  par  Watelet 
sons  les  noms  de  Peisea  Brongniarti  et  P.  belenensis. 

Le  grand  Ficus  Deshayesi  Wat.,  très  caractéristique  de  Belleu,  est  également 
représenté  à  Troësnes. 

J'ajouterai  qne  la  présence  des  Légumineuses,  très  communes  à  Belleu,  est  révélée 
dans  les  argiles  |)ar  la  découverte  de  foli(de5  d'une  admirable  conservation. 

En  dehors  de  ces  espèces,  communes  aux  deux  gisements,  il  en  est  qui  me  paraissent 
particulières  aux  argiles  de  Troësnes  et  dont  je  n'ai  pu  trouver  les  analogues  dans 
aucune  des  llores  paléocènes  de  nos  régions,  décrites  jusqu'à  ce  jour. 

Enfin  dans  un  troisième  groupe  viennent  se  placer  quelques  formes  très  voisines 
d'espèces  signalées  dans  des  gisements  ou  plus  anciens  ou  plus  récents. 

En  résumé,  par  leur  posilinn  slraligraphique,  comme  par  la  composition 
(le  leur  flore,  ces  argiles  de  Troësnes  me  paraissent  devoir  être  considérées 
comme  un  prolongement  latéral  dn  grès  de  Belleu  et  seadilent  ilémontrer 
la  persistance,  jusqu'à  l'Yprésien  supérieur,  du  régime  lagunaire  qui  pré- 
vaut, dans  le  Nord  de  la  France,  à  l'époque  sparnacienne. 

L'ampleur  du  feuillage  des  espèces  qui  constituent  cette  flore  indique 
certainement  un  climat  chaud  et  humide,  ce  qui  la  différencie  essentielle- 
ment de  celle  du  calcaire  grossier  supérieur  {banc  vert),  qui  lui  succède 
dans  le  temps,  et  dont  j'ai  constaté  la  présence  dans  la  même  localité. 

Les  formes  rabougries  et  coriaces  de  la  flore  lutétienne  attestent  la 
sécheresse  du  climat  à  cette  époque,  comme  l'avait  déjà  constaté  de 
Saporta. 

Enfui  par  l'étude  de  ces  différents  matériaux  on  est  ainené  à  conclure 
que,  durant  le  laps  de  temps  pendant  lequel  la  mer  du  calcaire  grossier 
déposait  ses  sédiments,  des  changements  sont  survenus  dans  la  géogra- 
phie et  partant  dans  les  conditions  climatériques,  assez  importants  pour 
modifier  complètement,  en  un  point  donné  de  la  région  parisienne,  les 
caractères  de  la  végétation. 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  les  trajectoires  des  corpuscules  électriques  dans 
l'espace  sous  l'influence  du  magnétisme  terrestre,  ai'ec  application  aux 
aurores  boréales  et  aux  perturbations  magnétiques.  Note  de  M.  (].*rl 
Stormf.r,  présentée  par  M.  H.  Poincaré. 

Comme  on  le  sait,  d'après  M.  Kr.  Birkeland,  les  aurores  boréales  sont 
dues  à  des  rayons  cathodiques  ou  analogues  émanés  du  Soleil  et  aspirés 
vers  les  pôles  magnétiques  de  la  terre.  Pour  vérifier  cette  hypothèse,  il  a 


SÉANCE  DU  25  JUIN  1906.  l5Hî 

fait  quelques  expériences  remarquables  en  exposant  une  petite  terrella 
magnétique  à  un  faisceau  de  rayons  cathodiques. 

Si  l'on  considère  les  rayons  cathodiques  comme  formés  de  corpuscules 
chargés  d'électricité  et  se  mouvant  avec  des  vitesses  énormes,  on  est  con- 
duit au  problème  fondamental  de  trouver  les  trajectoires  de  ces  corpuscules 
dans  l'espace  sous  l'influence  du  magnétisme  terrestre,  problème  ([ui  peut 
être  traité  par  l'Analyse  mathématique.  Les  résultats  obtenus  intéresseront 
non  seulement  la  théorie  des  aurores  boréales,  mais  aussi  celle  des  per- 
turbations magnétiques,  en  supposant  celles-ci  dues  à  des  courants  de 
corpuscules  électriques  en  dehors  de  la  terre. 

Dans  un  Mémoire  publié  en  1904  j'ai  donné  les  premiers  résultats  de 
l'application  de  l'Analyse  mathématique  à  ce  problème,  résultats  qui 
semblent  vérifier  l'hypothèse  de  M.  Birkeland.  Les  recherches  ont  ctc 
continuées  depuis;  en  voici  un  court  résumé  : 

Rappelons  d'abord  les  équations  dillérenlielles  des  trajectoires  des  rayons  catho- 
diques dans  un  cliamji  mngnéti(|ue  ;  en  prenant  l'arc  s  de  la  t:;ijectoire  comme  variable 
indépendante,  ces  équations  difTérentieiles  seront,  en  coonloiinées  cartésiennes, 

avec  deux  autres  équations  qu'on  en  peut  déduire  par  symétrie. 

Ici  X,  Y  et  Z  sont  les  composantes  de  la  force  magnétique  au  point  {x,  y,  z)  et  a 
est  une  constante  dépendant  de  la  nature  du  corpuscule  et  de  sa  charge.  Enfin,  si  la 
charge  est  négative,  il  faut  choisir  le  signe  -H;  si  elle  est  positive,  le  signe  — . 

Quant  au  champ  magnétique  de  la  terre  en  dehors  de  celle-ci,  X,  Y  el  Z  sont  les 
dérivées  partielles  d'un  potentiel  newtonien  qui  peut  être  développé  en  série  conver- 
gente; en  particulier  pour  des  distances  de  la  terre  plus  grandes  que  i  million  de  kilo- 
mètres par  exemple,  le  champ  magnétique  peut  être  considéré,  avec  une  grande  appro- 
ximation, comme  étant  dû  à  un  aimant  élémentaire  ayant  pour  moment  environ 
8,52.10-°  unités  magnétiques,  placé  au  centre  de  la  Terre  avec  son  a\e  le  longde  l'axe 
magnétique  de  celle-ci. 

On  est  donc  conduit,  comme  première  approximation,  à  traiter  le  problème  en  sup- 
posant le  champ  magnétique  coniniL'  dii  à  un  aimant  éli'nieiit;iire.  iJans  ces  conditions 
le  système  (I)  donne 

1   d'^       c'-  r,,       dz         .,    .,         ,    ,/r1 


/IT^  ]  d-y       c- r      „  dx      ,,       dzl 

^     '  \  ds-        r'  ]_;  '  ds  ds  J 

—  —  —  [sx-^— 3    -—1 
s-        /••'  |_      "  ds         "'"dsy 


dr_ 

ds- 


e  est  une  constante. 


i582  'académie  des  sciences. 

On  peut,  par  un  choix  convenable  des  unités,  supposer  c  =  i. 

Considérons  donc  le  cas  où  c  =  i.  En  introduisant  au  lieu  de  .r  et  de  j  les  coor- 
données semi-polaires  R  et  o,  on  trouve 

)   d^ 

\     ds" 

\      ds^         r^       ds  ' 


(III) 


3 

R^ 

'              ,-3 

R 

(doy       r- 

—  3;^ 

-R$ 
ds 

d-'R         I  dQ 
ds'    ~  2  dR' 

dH 

ds' 

I 
2 

dZ 

/dRy 

(-Y-- 

=  Q. 

n_._  r^ 

r 

R 

.r. 

où  Y  est  une  constante  d'intégration. 

En  éliminant -^  et  en  remarquant  que  ds' ^  dR' +  dz' ^  R"- do' ,  on  obtient 
ds 


(IV) 

où  l'on  a  posé 

'-  (R^+;^)'^-' 

Or,  en  prenant  ici  pour  un  moment  s  comme  étant  le  temps  et  R  et  s  les 
coordonnées  cartésiennes  d'un  point  matériel />  de  masse  i  dans  un  plan, 
le  svslème  (IV)  représente  les  équations  de  mouvemeni  de  p  sous  l'in- 
fluence d'une  force  dérivant  de  la  fonction  de  force  ^Q.  Tous  les  résultats 
connus  relatifs  à  un  tel  système  peuvent  donc  être  ap|)liqiiés  au  système  (IV) 
ce  qui  donne  des  résultats  correspondants  sur  les  trajectoires  dans  l'espace. 
Par  exemple,  la  condition  o<Q=i  définit,  pour  chaque  valeur  de  y,  les 
parties  de  l'espace  qui  ne  peuvent  contenir  de  trajectoires. 

Quant  à  l'intégration  du  système  (IV)  elle  se  réduit  à  l'intégration  d'une 
équation  différentielle  du  second  ordre,  de  même  forme  que  l'équation  des 
lignes  géodésiques  d'une  surface,  suivie  d'une  quadrature.  Une  nouvelle 
quadrature  donne  l'angle  cp,  ce  qui  détermine  la  trajectoire  dans  l'espace. 

Cependant,  je  n'ai  pas  réussi  à  intégrer  l'équation  tlii  second  ordre 
mentionnée  en  dernier  lieu  :  pour  les  applications  physicjues  cela  n'est 
même  pas  nécessaire;  en  effet,  les  méthodes  d'intégration  numérique 
suffisent  pour  faire  connaître  les  trajectoires  avec  assez  d'approximation 
pour  en  tirer  des  conclusions  importantes. 

Pour  les  applications  aux  aurores  boréales,  un  problème  fondamental 
consistait  à  déleriuiner  toutes  les  trajectoires  venant  de  l'infini  et  passant 


SÉANCE    DU    2T    JUIN    1906.  l583 

par  l'origine.  Par  lu  forme  même  de  la  parlie  de  l'espace  où  o^Q^i,  on  voit 
d'abord  que  de  telles  trajectoires  ne  peuvent  exister  que  pour  —  i<^y^o. 
i'our  y  =  o,  on  a  comme  solution  évidente  l'axe  des  :■.  Pour  les  autres 
valeurs  de  y,  les  intégrations  numériques  ont  conduit  au  théorème  suivant  : 

Pour  chaque  valeur  négative  de  y,  il  existe  deux  courbes  intégrales  et  deux 
seulement,  du  système  (\W)  passant  par  l'origine. 

En  posant  R  =  /■cos4',  z  =  rsinJ/,  ces  deux  courbes  seront  représentées 
aux  environs  de  l'origine  par  le  développement  asymptotique 


r=  —  cos^ij;  +  ô-îi(cos '"(]/  +  cos'^i]^  +  -gCos"i|;  +  ^cos"'iJ/  +  .. .  j 

où  a^r=  — 2y.   La  partie  correspondante  de  la   trajectoire  dans  l'espace 
s'obtient  en  y  associant  cet  autre  développement  asymptotique 


,     /  ^  3      ,         ^^'    1         4-'^3a'  36.3  1a'' 

±  (?  -  ?o)  =  76^-  +  ^r^  +  ^^''  +  J^ 


où   9„  est  une  constante  d'intégration.  Il  faut  choisir  le  signe  +  ou  le 
signe  —  selon  que  le  corpuscule  s'approche  ou  s'éloigne  de  l'origine. 

GÉOGRAPHIE  PHYSIQUE.  —  Sur  deux  plans  en  relief  du  Paringu  et  de 
Soarhele  {Karpates  méridionales)  exécutés  d'après  des  levés  topo  graphiques 
inédits.  Note  de  M.  E.  dk  Mauïonne,  présentée  par  M.  de  Lapparent. 

J'ai  signalé  en  1899  l'intérêt  du  massif  du  Paringu  au  point  de  vue  de  la 
morphologie  glaciaire  et  annoncé  l'intention  d'en  exécuter  im  plan  en 
relief  {Comptes  rendus,  t.  CXXIX,  p.  894).  Des  difficultés  d'ordre  matériel 
ne  m'ont  permis  de  réaliser  ce  projet  que  tout  récemment.  La  photo- 
graphie présentée  à  l'Académie  reproduit  à  l'échelle  de  j^^  environ  le 
relief  a u^r-i^,. 

La  partie  la  plus  éle^ée  du  massif  du  Paringu  est  seule  représentée.  Le  point  le  plus 
bas  est  à  io5o"  (gorge  du  Jielu),  le  plus  élevé  à  2529™  (V.  Màndra).  Les  hauteurs  ne 
sont  pas  exagérées. 

Le  modèle  en  gradin  a  étéexéculé  par  M.  Perron,  de  Genève,  par  le  même  procédé 
que  son  relief  de  la  Suisse  au  yôIt'ôTû'  d'après  ma  Carte  manuscrite  au  ^^l^„-  Cette 
Carte,  où  les  courbes  de  niveau  sont  tracées  de  10™  en  10'",  est,  pour  la  partie  située 
en  territoire  austro-hongrois,  la  reproduction  des  minutes  au  tsJô'ô  ^^  ^^  Carte  autri- 
chienne, revues  et  complétées  comme  il  était  nécessaire  pour  les  cirques.  La  plus 
grande  partie  de  la  Carte  (j  environ)  est  un   travail  original.  Les  cirques  de  Gàuri, 


i584  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Gàlcescu  et  Jesul  ont  été  levés  au  Yifoôô  ^  la  planchette,  avec  la  règle  i'i  écliinètie  dii 
colonel  Goulier.  Le  reste  du  massif  a  fait  l'objet  d'une  triangulation  j^raphique  e\é- 
cutée  au  moyen  de  tours  d'horizon,  avec  la  règle  à  éclimètre.  Chaque  cirque  a  été 
levé  à  la  lioussole  alidade  et  un  grand  nombre  d'altitudes  ont  été  déterminées  baro- 
métriquement. 

Le  rapprochement  des  courbes  (représentées  par  une  épaisseur  de  o™", 4  )  laissait 
peu  de  champ  à  l'art  dans  le  modelé  du  type  à  gradins.  Il  a  cependant  été  soumis  à 
plusieurs  revisions  minutieuses.  J'ai  repris  moi-même  la  plupart  des  détails  caracté- 
ristiques. De  nombreuses  photographies  et  dessins  ont  été  utilisés. 

Le  relief  du  l'ariiigii  permet  de  reconnaître  tous  les  caractères  essen- 
tiels de  la  morphologie  des  hauts  sommets  des  Karpates  méridionales. 

liC  grand  développement  des  cirques  glaciaires  frappe  au  premier  coup 
d'oeil.  Ils  entaillent  de  tous  côtés  le  bloc  montagneux  aux  formes  lourdes. 
On  lit  aisément  sur  la  topographie  l'extension  des  anciens  glaciers,  beau- 
coup plus  développés  sur  le  versant  Nord  que  sur  le  versant  Sud.  Ce  con- 
traste n'est  pas  diî  seulement  à  l'exposition,  mais  à  la  pente  générale,  moins 
raide  sur  le  versant  Nord,  où  les  surfaces  supérieures  à  1900"°  sont  beau- 
coup plus  étendues  que  sur  le  versant  Sud. 

Un  contraste  plus  curieux  est  celui  entre  les  vallées  exposées  à  l'Ouest  et 
à  l'Est.  Celles-ci  ont  été  occupées  |iar  des  glaciers  importants,  particuliè- 
rement dans  la  partie  orientale  du  massif  où  l'altitude  moyenne  est  plus 
élevée  qu'on  ne  serait  tenté  de  le  croire,  aucun  point  ne  dépassant  2200". 

Le  développement  plus  ou  moins  grand  des  cirques  détermine  les  carac- 
tères de  la  topographie.  Le  versant  Nord  est  découpé  par  eux  en  crêtes  de 
caractère  alpin,  tandis  que  le  versant  Sud  garde  les  formes  lourdes  prégla- 
ciaires. 

J'ai  indiqué  l'origine  de  ces  formes  de  hiuts  sommets  karpa  tiques  [Sur  la 
plate-forme  des  hauts  sommets  des  Alpes  de  Transylvanie  {Comptes  rendus. 
t.  CXXX.VIII,  1904,  p.  i44o-i44^)]-  On  doit  y  voir  la  trace  d'une  surface 
très  voisine  de  l'étal  de  pénéplaine,  dont  le  déplacement  par  rapport  au 
niveau  de  base  date  du  Tertiaire.  Le  relief  du  Paringu  permet  de  vérifier 
l'exactitude  des  faits  avancés. 

On  ne  peut  manquer  d'èlre  frappé  par  l'imiformité  des  points  culminants 
dans  toute  la  partie  orientale.  C'est  dans  un  véritable  plateau  que  sont 
découpés  les  cirques.  La  profouileur  des  vallées,  l'énergie  lie  l'érosion  qui 
s'y  exerce  sont  d'autre  part  en  désaccord  si  manifeste  avec  cette  topographie 
sénile  des  hauteurs  qu'il  nous  parait  impossible  d'échapper  à  la  conclusion 
que  le  modelé  des  sommets  et  celui  des  pentes  inférieures  ne  sont  pas  du 
même  âge.  La  période  glaciaire  est  venue  s'emparer  des  hautes  Karpates  en 


SÉANCE    DU    20    JUIN    1906.  J  585 


pleine  période  de  rajeunissement.  Elle  a  singulièrement  accéléré  la  dégra- 
dation des  sommets,  mais  sans  cependant  effacer  entièrement  leur  caractère 
original  de  plate-forme  ondulée. 

Telles  sont  les  principales  constatations  auxquelles  donne  lieu  l'examen 
du  relief  du  Paringu.  Une  élude  attentive  révélerait  une  foule  de  détails  que 
nous  ne  pouvons  que  signaler  ici  :  roches  moutonnées,  lacs  glaciaires,  lacs 
d'éboulis,  erratique  de  névé,  gorges  postglaciaires,  captures  accomplies 
ou  imminentes.  Les  moraines  ne  sont  pas  bien  conservées.  C'est  ce  qui 
nous  a  déterminé  à  exécuter  le  relief  de  Soarôe/e,  dont  une  photographie 
est  soumise  en  même  temps  à  l'Académie. 

Soarbele  est  une  vallée  glaciaire  située  sur  la  froiilière,  en  territoire  roumain  près 
des  sources  de  la  Cerna  et  du  Jiu.  J'j  ai  découvert  en  1900  les  plus  belles  moraines  de 
toute  la  région  karpatique  méridionale  (voir  Comptes  rendtis ,  t.  CXXXII,  1900, 
p.  36o-363).  En  1908  j'eu  ai  fait  le  levé  lopograpliiquc  au  di\-miliiéiue  à  la  planchette 
et  avec  la  règle  à  éclimètre.  Les  courbes  étaient  de  5™  en  5'".  Le  relief  a  été  établi  comme 
celui  du  Paringu. 

On  dislingue  au  premier  coup  d'œil  le  cirque  originaire  du  glacier,  la 
vallée  en  U  où  il  s'est  avancé,  la  gorge  d'érosion  en  V  qui  lui  fait  suite, 
et  trois  séries  de  moraines.  La  moraine  externe  descendant  à  1400™  est  la 
plus  ancienne,  la  plus  considérable,  mais  aussi  la  moins  bien  conservée. 
L'érosion  y  a  déjà  creusé  deux  sillons.  La  série  moyenne  présente  une 
topographie  chaotique  des  plus  frappantes.  La  dernière  moraine  a  gardé  la 
forme  du  fer  à  cheval  classique. 

Les  reliefs  du  Paringu  et  de  Soarbele  peuvent  être  considérés  non  seu- 
lement comme  des  démonstrations  scientifiques  mais  comme  des  moyens 
d'enseignement.  Ils  permettent  de  faire  saisir  aux  élèves  les  contrastes 
entre  la  topographie  glaciaire  et  la  topographie  d'érosion  subaérienne  ; 
l'influence  de  l'exposition  et  du  relief  sur  le  développement  des  glaciers 
locaux;  le  rôle  joué  par  les  cirques  dans  le  développement  des  formes  de 
haute  montagne;  les  caraclères  d'une  pénéplaine  soulevée;  enfin  les  for- 
mes diverses  des  moraines  stadiaires.  C'est  à  ce  litre  qu'ils  ont  été  distri- 
bués à  25  musées  et  Instituts  d'Universités  en  France,  Belgique,  Suisse, 
Allemagne,   Autriche-Hongrie,   Roumanie  et  Etats-Unis. 

A  4  heures  et  demie  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures. 

G.  D. 


i588 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


ERRATA. 


(Séance  du   21    mai   jgo'ù.) 

Noie  (le  M.  Seguin,  Sur  l'identité  d' Hemypigus  ttiberculosus  et  iVHemici- 
daris  creniilaris  : 


Page  1167,  la  position  des  figures  doit  être  la  suivante  : 
Fig  I.  Fig.  3. 


Fig.  3. 


(Séance  du    11  juin   1906.) 
Noie  de  M.  de  Forcrand,  Sur  rortliogra|)he  du  mot  ctesium  : 

Page  i3i8,  ligne  8  en  remontant,  ait  lien  de  du  casium,  lisez  de  ca;sium. 

Page  iSig,  ligne  4i  «"  /'f«  de  gros  bleu,  lisez  gris  bleu. 

Même  page,  lignes  7  et  9,  au  lieu  de  monuments,  lisez  manuscrits. 

Même  page,  ligne  8,  au  lieu  de  sont  CcTtia,  lisez  ont  ca'tia. 

Même  page,  ligne  i3,  au  lieu  de  lecture,  lisez  latin. 

(Sé.ince   du    18  juin    1906.) 

Note  de  M.  Berthelol,  Recherches  sur  la  synthèse  directe  de  l'atide 
azotique,  etc.  : 

Page  1870,  ligne  20,  au  lieu  de  12''"'°, 6  d'oxygène,  empruntés,  etc.,  lisez  : 
gcm»  d'oxygène,  soit  en  tout  12*^'"', 6  de  gaz,  empruntés,  etc. 

Note  de  M.  Armand  Gautier,  Action  de  l'oxyde  de  carbone,  au  rouge, 
sur  la  vapeur  d'eau  et  de  l'hydrooène  siu-  l'acide  carboni(|ue.  Application 
de  ces  réactions  à  l'analyse  des  phénoinè.nes  volcaniques  : 

Page  i385,  ligne  i4  en  remontant,  équation  (C),  lisez 

3G02+  3H=  =  GO  +  H-0  +  2ll-^+  aCO^ 


FIN    DU    TOME    CENT    QUARANTE-DEUXIEME. 


COMPTES  RENDUS 


DES   SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES   SCIENCES. 


TABLES    ALPHABETIQUES 


JANVIER  -  JUIN  1906. 


TABLE  DES  MATIERES  DU  TOME  CXLIl. 


Pages. 

AcADÉMiK.  —  Élat  der.Acadcmie  au  ■'"'jan- 

vier  1906 j 

—  M.  Troost,  Président  sortant,  fait  con- 

naître à  l'Académie  l'état  où  so  trouve 
l'impression  des  liecucils  qu'elle  pu- 
blie et  les  changements  survenus  par- 
mi les  Membres  et  les  Correspon- 
dants pendani  le  cours  de  l'année 
1905 [  ) 

—  M.   le  Secrétaire  perpétuel  annonce  à 

l'Académie  que  le  Tome  CXLI  des 
Comptes  rendus  est  en  distribution 
an  Secrétariat i  '^(à- 

—  M.  le  Président  annonce  à  l'xVcadémic 

qu'en  raison  des  fêtes  de  Pâques,  la 
séance  du  lundi  16  avril  est  remise 
au  mardi  17 S6 1 

—  Annonce  à  l'Académie  qu'en  raison  des 

fêtes  de  la  Pentecôte,  la  séance  du 
lundi  4  juin  est  remise  g.u  mardi  J  . .  1 171 
Voir  Candidatures,  Commissions,  Con- 
gres. Conservatoire  des  Arts  et  Mé- 
tiers, Décès  de  Membres  et  de  Corres- 
pondants, élections,  Muséum  d'His- 
toire naturelle. 

C.  P..,  1906,  i"  Semestre.  (T.  CXLII.) 


Puges. 
Acariens.  —  Sur  l'analomie  et  l'histologie 

des  Ixodes;  par  M.  A.  Bonnet 296 

Voir  Zoologie. 
Acides  organiques.  —  Sur   l'acide  lacti- 
que gauche;  |)ar  MM.  M.  Godr/iot  et 
E.  Jungfleiscli 5 1 5 

—  Sur    le   dilactido    de    l'acide  lactique 

gauche;  par  MM.   M.  Godc/iot  el  E. 
./ungj/eisc/i 637 

—  Stéréoisoniérie    dans   le    groupe    des 

acides  non  saturés  aS-acyliques;  par 
MM.  E.-E.  Biaise  et  P.  Bagard 1087 

—  Sur  les  acides  diméthyl- et  diélhylami- 

do-benzoylbenzoi'ques    dlbromés    et 
leurs  dérivés;  par  M.  E.  .Sei'crin. .  . .    i-i'j/i 

—  Snr  la  chaleur  de  formation  de  l'acide 

carbonylferrocyanhydiiqup  ;    par    M. 
/.-A.  Muller  .'. liiô 

—  Sur    l'acide    cinnaménylparaconique; 

par  i\I.  y.  Bougault rJSg 

\'oir  Albuminoïdes,  Camp/ires,    Chimie 

organique.  Elliers. 
Aciers.  —  liecherchos  sur  les  aciers  au 

cuivre  ;  par  .M.  Pierre  Breuil i  .iai 

Acoustique.  —  Qualités   acoustiques  de 

207 


JJ^^f 


iSqo 

Pages. 

certaines  !-alles  pour  la  voix  parlée; 

par  M.  Marnge 878 

—  De  la    vibration    sympalliiquo    d'une 

cordo  grave  à  l'appel  d'une  corde 
aiguë  et  des  conséquences  possibles 
qui  en  découlent  ;    par  M.   Edmond 

Bnilly 629 

Voir  EnseigiieniPiit. 
Aéroplanes.  —  Sur  la  stabilité  des  aéro- 
planes et  la  construction  rationnelle 
des  plans  sustentateurs  :  par  M.  Ed- 
mond Scii.r -ç) 

—  Sur  un  mode  de  construction  des  plans 

aéroplanes,  permettant  d'augmenter, 
dans  de  notables  proportions,  leur 
valeur  sustentatricc;  par  M.  E.Seiu-.     779, 

—  Sur  l'atterrissage  des  aéroplanes;  par 

.M.  Bouquet  de  lu  Grye 121 

Agrono.mie.  —  Traitement  cuivrique  des 

semences;  par  M.  E.  Jircal 904 

Voir  Chimie  agricole. 
Air  liquide.  —  Voir  Changements  d'état. 
ALBUMixoiDEs.    —    Sur  la  soudure  syn- 
thétique   des  acides  amidés   dérivés 
des  albumines;   par  .MM.   L.  lliigou- 
nenq  et  J .  Morel 48 

—  Sur  la  nature  véritable  îles  leucéines 

et    glucoprotéines    obtenues   par   P. 

Schlitzonberger  dans  le  dédoublement 

des    matières    protéiques;  par  MM. 

Ilugounenq  et  A.  Morel 1  ,2  > 

Voir   Chimie  analytique.    Chimie  pliy- 

siologiq((e. 
Alcaloïdes.    —    \'oir    Chimie    végétale, 

llordénine. 
Alcools.  —  Décomposition  du  sulfate  de 

cuivre    par   l'alcool  méthyli(|ue;  par 

M.  f.  Auger i  -4-2 

—  Dérivés   asymétriques  de  l'hexanediol 

-1.6;  étiier  diélhylique  et  diiodure 
de  l'heplanediol-  1.7;  par  M.  R.  Dion- 
neau i)  1 

—  Observations  au   sujet  du  conipo.sant 

C(UH)  des  alcools  tertiaires;  ()ar  M. 
Louis  Henry 1  )i) 

—  Synthèse  du  pentaméthyl-élhanol 

<m 

par  M.  Louis  Henry io>,i 

—  Sur  les   uiiyraiions  phényliques  chez 

les  lialohydrines  et  chez  les  a-gly- 
cols  ;  par  M.  Tiffeneau 1  V5- 


TABLE    DES    MATIERES. 


Pages. 
Voir  Amides,  Camphres,  Chimie  orga- 
nique, Cycloheœane,  Nitrile.v,  Oxy- 
dation. 
Aldéhydes.  —  Condensation  glycidiq'ue 
des  aldéhydes  avec  l'éther  oc-chloro- 
propionique;  par  M.  Georges  Dar- 
zens 214 

—  Préparation    d'élhers     glycidiques    et 

d'aldéhydes  dans  la  série  hexahydro- 
aroinatique:  par  MM.   Georges  Dar- 

zens  et  P.  Leféhure 714 

Voir  Chimie  organique. 

.aldéhyde  formiole.  —  Sur  la  présence 
de  l'aldéhyde  formique  dans  les  sub- 
stances caramélisées;  par  M.  A.  Tril- 
lat 454 

Alisients.  —  Sur  la  maladie  de  la  graisse 
des  vins  :  par  MM.  E.  Kayser  et  E. 

Miinceau 725 

Voir  \Aldéhyde  formique.   Chimie  ana- 
lytique, Lait,  Tulierculdse,  Vins, 

.Vlizés.  —  Résultats  des  sondages  aériens 
dans  la  région  des  alizé.s;  par.M.M.  L. 

Rotch  et  L.  Teisserene  de  Bort 918 

Voir  Météorologie. 

.Vi.LUGEs.  —  Sirr   les    laitons    spéciaux; 

par  M.  Léon  Guillet 1047 

Voir  .Spectroscnpie. 

Amides.  —  Condensation  des  amides  acé- 
tyléniques  avec  les  phénols.  Méthode 
générale  de  synthèse  d'amides  éthy- 
léniques  |î-oxyphénolés  :  par  M.M.  /. 

l^izennec  et  Ch.  Moureiix 894 

Voir  Albumino'ides,   Chimie  organique. 

Amidon.  —  Sur  la  rétrogradation  et  la 
composition  des  amidons  naturels 
autres  que  la  fécule;  par  M.  Eug. 
Ixou.r 95 

—  Influence  de  la  réaction  du  milieu  sur 

l'activité  de  l'amylase  et  la  compo- 
sition des  empois  saccharitiés;  par 
M.  L.  Maquenne  et  Eug.  Roiu- 124 

—  Sur  les  propriétés  acides  de  l'amidon; 

par  M.  E.  Demoussy 933 

—  Sur  la    transi'ormatioii    presque  inté- 

grale en  maltosc  des  dextrines  pro- 
venant de  la  saccharification  de  l'ami- 
don;   par   MM.    A.    Fembach   et  /. 

Wolff • I2lfi 

—  Errata  relatifs  à  celte  communication.   i36G 

—  Sur  quelques  nouvelles  propriétés  de 

l'extrait  de  malt;  par  MM.  L.  Ma- 
quenne et  Eugène  Jiou.r i  387 

.\.MixEs.  —  Phosphites  acides  d'ainines  cy- 


TABLE    DES 

Pages, 
cliques    primaires;    par    M.   P.   Le- 

moidt 1193 

Voir  Azolques,  Chimie  organique. 

ÂMMONir.MS  (métaux).  —  Voir  Carbures 
d'hydrogi'ne. 

Analyse  m\thém\tic>ie.  —  Sur  les  trans- 
formations planes;  par  M.  lladumnrd.  74 
Voir  Calcul  des  l'ariations.  Ensembles, 
Équations  différentielles.  Fonctions, 
Formes,  Groupes,  Mathématiques. 
Séries. 

M.  Emile  Picard  l'ait  liommage  à  l'Acadé- 
mie du  Tome  II  de  la  "  Théorie  des 
fonctions  algébriques  de  deux  varia- 
bles »  qu'il  a  rédigé  en  collaboration 
avec  M.  Siinart 1489 

Anatomie.  —  Voir  Archéologie,  Batra- 
ciens, Nerfs. 

Anatomie  végétale.  —  Sur  les  canaux 
.sécréteurs  du  bois    des  Diptérocar- 

pées  ;  par  M.  P.  Guérin 109. 

Voir  Botanique,  Fougères. 

Anesthésie.  —  Reclierches  expérimen- 
tales sur  les  proportions  de  chloro- 
forme contenues  dans  l'organisme  au 
cours  de  l'anesthésie  ehloroformi(|ue; 
par  M.  y.  V'issot 234 

—  Les   proportions   de  chloroforme   que 

contient  le  sang  artériel  pendant  l'état 
d'anesthésie  n'ont  pas  de  rapport  di- 
rect avec  les  effets  qu'elles  produi- 
sent ;  par  M.  /.  Tissât 35-2 

Voir  Chloroforme. 

Annélides.  —  Sur  la  faune  annélidienne 
de  la  mer  Rouge  et  ses  affinités;  par 

M.  Ch.  Gravier 4 10 

Voir  Zoologie. 

Anthropologie  pbéhistoriqie.  —  Sur  le 
Congrès  inlernalional  d'anthropolo- 
gie et  d'archéologie  préhistorique; 
par  M.  Albert  Gaudry 10-22 

—  Le  préhistorique  aux  environs  de  Kayes 

(  Soudan  j;  par  M.  Fr.  de  Zeltner  . . .    i56o 
Arachnides.  —  Nouvelles  observations  sur 
les  Pycnogonides  recueillis  dans  les 


MATIERES.  iSpi 

Pages, 
régions  antarctiques,  au  cours  de  la 
campagne  dirigée  par  M.  Jean  Char- 

cot  ;  par  M.  F.-/..  Bouvier i5 

Voir  Zoologie. 
Archéologie.  —  Recherches  sur  quelques 
métaux  et  minerais  trouvés  dans  les 
fouilles  du  Tell  de  l'Acropole  de  Suse, 
en  Perse  ;  par  M.M.  Berthelot  et  G. 
.Jndré 4^3 

—  Le  cœur  du  roi  Ramsès  II  (Sésostiis); 

par  .M.   Lortet 828 

Arithmétique.  —  Sur  quelques  consé- 
quences arithmétiques  de  la  théorie 
des  fonctions  abéliennes  ;  par  M.  G. 
Humhert 537 

—  Sur    un    carré   magique;  par  M.M.    G. 

Tarrj 7)7 

Voir  Mathématiques. 


ASTRONOMIE. 

-  Sur  un  nouveau  dispositif  de  speetro- 
héliogi'aphe;  par   M.     G,    Millochau 

et  Stejànik 

Voir  Comètes,  Eclipses,  Etoiles,  Longi- 
tude, Ne'buleuses,  Observatoires. 


Aurore  boréale.  —  Sur  l'aurore  bo- 
réale ;  par  M.  P.  f 'illard 1 33o 

Voir  Magnétisme  terrestre. 

Aviation.  —  Voir  Aéroplanes. 

Azo'i'ques.  —  Diazoïques  des  diamines  (phé- 
nylènes-diamines,  benzidines);  par 
M.  Léo  Fignon i  Sg 

—  Copulation  benzidine-aniline,  diphényl- 

bidiazoaminobenzène  et  diphényldisa- 
zoaminobenzène;  par  M.  Léo  T'ignon.     âSa 

—  Recherches  sur  les  azo'iques.  Trans- 

formation des  azoïques  orlhocarboxy- 
lés  en  dérivés  c-oxyindazyliques;  par 

M.  P.  Freundler 1 1 53 

Voir  Chimie  organique.  Cycles  mi.rtes. 


B 


BACTÉRIOLOGIE. 

^  Action  de  l'émanation  du  radium  sur 
les  bactéries  chromogènes;  par  MM. 
Balthazard  el  Ch.  Bouchard 819 


—  Culture  du  spirille  de  la  fièvre  récur- 

rente africaine  de  l'homme  (Tick-fe- 
ver);  par  .M.  C.  Levadlti 1099 

—  Sur  une  méthode  de  prélèvemcnl   de 

l'eau  de  mer  destiné  aux  études  bac- 


i592 


TABLE    DES    MATIERES. 


Pages. 

tériologiques;  par  M.M.  P.  Potier  et 

/.  lUrliarcl i  l  o<) 

—  Coiilributinn  ù  l'élude  cylologique  des 

baelcries;  par  M.  V.  Guilliermond . .    i-iSJ 
Voir  Chimie  biologique.  Histologie,  Hor- 
dénine,    Lci'ures,    ISitriJiealion,     Tu- 
//ercidove. 


Ballons  dirigeables.  —  Voii-  E.iplnra- 
tion . 

Batraciens.  —  Sur  le  passae;e  à  travers 
les  ganglions  spinaux  de  faisceaux 
provenant  dos  racines  motrices  et  se 
rendant  aux  nerfs  dorsaux,  chez  les 
Batraciens;  par  M.  P.  ff'ititreliert.. . 

Bibliographie.  —  M.  Sehert  offre  à  l'Aca- 
déniie  le  "  Manuel  complet  du  réper- 
toire l)ibliograplii(|ue  » 1.(90 


348 


BIOLOGIE. 


Vo'iv  Jiionie'tnqiie,  Embryogénie,  Ener- 
gétii/iic  biologique,  Pin  siologie.  Zoo- 
lo"ie. 


Bio.MÉTRioi  E.  —  Tables  de  croissance 
dressée  on  igo5  d'après  la  mensura- 
lion  de  .i4oo  enfants  parisiens  de  i  à 
i5  ans;  par  MM.  C/iaiimet  el  P^/iriol. 

—  Loi  de  l'accroissement  en  volume  dans 
les  arbres;  par  M.  François  Kovessi. 


faijes. 


^99 
430 


BOTANIQUE. 

-  Sur  les  spores  d'un  Streptothrij:;  par 

MM.  Brocq-Roitsseau  el  Piettre 1221 

-  Sur  le  genre  Mascarenhasia;   par  M. 

Marcel  Dttbard 1089 

-  Note  sur  la  végétation  bryologicpie  de 

l'Antarctide;  par  M.  Jules  Cardot...  4^6 
Voir  agronomie,  ./natomii-  végétale. 
Bactériologie,  Bioinétriqite,  Café, 
Caoutcliouc,  Cliampignons.  Chimie 
l'égétale.  Flore  tropicale.  Fougères, 
Graines,  Levures,  Physiologie  végé- 
tale. 


Bulletin  DiBLioGRAmiQui;.  —  67,  1 18, 
187,  247,  3i  i,  417,  '3i ,  670,  81 4,  8j7, 
921,970,  ioo5,  Il  18,  i3«2,  i364. 


Café.  —  Les  maladies  du  caféier  au  Congo 
indépendant  ;  par  M.  F.  de  Wil- 
deninn 1 093 

Calcul  des  variations.  —  Sur  un  pro- 
blème du  calcul  des  variations;  par 
M.  Erik  Hohngren 33 1 

Camphres.  —  Sur  les  alcools  a-  et  p-  cam- 

pholytiques;  par  M.  G.  Blanc 9.8  i 

—  Synllièse  totale   de  dérivés  du  cam- 

phre. Isolaurolène,  acide  isaidiiurono- 
lique;  par  M.  G.  Blanc 1084 

—  Sur  les  pouvoirs  rotaloii-es  des  hexa- 

hydi'obenzylidène  et  œnanthylidène- 
caniphres  el  de  leurs  dérivés  saturés 
correspondanis,  comparés  aux  mêmes 
pouvoirs  des  benzylidène  et  benzyl- 
camplires;  par  .M.  ,/.  Ilaller  et  V. 
Mardi 3 1  (j 

—  Benzyl-et  phénylbornéols  et  leurs  pro- 

duils  de  déshydratation,  les  benzyl-  et 
ph('nylcamphcnes;  par  . M.M.  A'.  Bnuer 
et  A.  Ilntlcr (;-- 

—  Sur  des  di[)liéiiylc    ou   alcoylphénylc 


et 


camphométhane  et  méthylène 


\r' 


c« 


\co 


CII 


\co 

par  M.M.  E.  Jiauer  et  ./.  Ilallrr  ....     971 
—  Sur  les  produits  de  la  réaction,  à  haulo 
température,  des  isobutylale  et  pro- 
pylate  de  sodium  sur  le  camphre  ;  [lar 

M.  -/.  Haller  el  /.  Minguiii 1309 

Voir  Chimie  organique. 
Caoutchouc.  —  Asclépiadécs  nouvelles  de 
Madagascar    produisani     du     caout- 
chouc; par  .MM.  ./.   Constantin  el  /. 

Gnllaud 1  5  ")4 

Voir  Botanique. 
Candidatures.  —  Lisie  des  candidats  pré- 
sentés  par  la   Section  de  Physique  à 
la  place  laissée  vacante  par  le  décos 


TABLE    DES    MATIERES. 


Pages, 
de  M.  Pierre  Curie  :  i"M.  U.  (icniez; 
■1°  MM.  Boiity,  Pellat;  3"  .MM.  Broca, 

Perot,  Villard i  15o 

Voir  Muséum.  (Jbservatoire.i. 
Capillarité.  —  Iiifluence  de  la  eompres- 
sibilité  sur  la  formation  des  irouttes; 
par  M.  //.  Ollhier 836 

—  Propriétés  des  surfaces  pour  lesquelles 

ran,L;le  de  raccordement  appai'ent  de 
l'eau  est  nul;  par  M.  //.  OUh'icr  .  ..  iid- 
Carbone.  —  Variations  d'état  éprouvées 
par  le  carbone  amorphe  sous  l'in- 
fluence de  la  température  et  sous 
l'action  d'oscillations  de  température; 
par  .M.  O.  Maui'ille 1 1<)0 

—  Variations  d'état  éprouvées  par  le  car- 

bone amorphe,  sons  l'influence  d'une 
brusque   variation    de    température; 

par  M.   O.  Mfinvi/le l 'i^'i 

Voir  Chimie  inorganique  (C). 
CARDinES  d'iiydrogûnu:.  —  Sur  les  con- 
ditions d'hydrogénalion  par  les  mé- 
taux-ammoniums de  quelques  dérivés 
haloi:énés  des  carbures  ijras  :  prépa- 
ration des  carbures  étiiyléniques  et 
forméniqncs:  par  M.  E.  Clinbtny  ...       r)3 

—  Sur  la  cominislion   de  l'acétylène  par 

roxyi;éne:  par  M.  l'aul  Mauricheau- 
Beaupré i  G') 

—  Essais   de   réduction  dans  la  série  du 

iliphcaylniéthane;   par  M.  H.  Duval .     34  i 

—  Sur  laddition  de  l'acide  chlorliydrique 

à  l'oxyde  d'isobutylène 

(1I3C)^<;.CH«: 

\/ 
O 

par  M.  Louis  Hciir) 493 

—  Sur  un  nouvel   octane,  l'hexaméilivl- 

cthane  (HT.)  -  C, —  ('.  —  ( CH»  i^  ;  par 

M.  Louis  Henry 1070 

—  Sur  quelques  dérivés  Indro-antliracé- 

niques;  par  M.    UarrrI  Godrlioi i,).o2 

Voir  Chimie  organique. 
Catalyse.    —    Voir    O.rfdation.    l'iioto- 

chimie. 
CÉTACÉS.    —   Capture  d'un  Cachalot    du 

senre  Kogia  Gray,  sur  les  côtes  de  la 

Manche,  à  Koscoff;  par  M.   Fce.v  De- 

l"gc 258 

CÉTONES.  —  Sur  les  céloncs  p-chluréthv- 

lées  et  vinylées  acycliques;  par  MM. 

E.-E.  niaise  et    1/.   l/<v//c 21 5 


1593 

Pages. 


Voir  Chimie  iiiologique.  Chimie  orga- 
nique. 

Chaleur.  —  Voir  Glace,  Physique  phy- 
siologique. Quartz,   Thermochimie. 

Chaleurs  spécifiques.  —  Discontinuité 
des  chaleurs  spécifiques  à  saturation 
et  courbes  de  Thomson;  par  M.  E.- 
H.  .4mag(it 1 1 20 

—  Errata  relatifs  à  cette  communication.   i3o2 

—  Sur  quelques  points  relatifs  à  l'étude 

des  chaleurs  spécifiques  et  l'applica- 
tion à  celles-ci  de  la  loi  des  étals  cor- 
respondants; par  M.  E.-H.  Anuignl .  i3o3 
Champignons.  —  Symbioses  d'Orchidées 
et  de  divers  Champi!»nons  cndophy- 
tes,  par  M.  Noël  Bernard J2 

—  Sur  un  nouveau  i,'enre  de  Champiijnoiis 

de  l'Afrique  orientale  anglaise;  par 
MM.  P.  Hariol  et  iV.  Patouillard . . .     224 

—  Nouveau   Champignon   parasite,  Tre- 

matovalsa  Matruchoti,  causant  le 
chancre  du  Tilleul;  par  M.  Nicolas 
Jacohesco 289 

—  Sur  les  levures  sporulées  de  Champi- 

gnons   à    périthèces  (Chvosporium); 

par  M.  Pacottet  et  P.  Viala 458 

\'oir  Botanique,  Viticulture. 
Changements  d'état.  —  Sur  l'ébullition 
de  l'osniinni,  du  ruthénium,  du   pla- 
tine, du  palladium,  do  l'iridium  et  du 
rhodium,  par  M.  Henri  Moissan  ... .      189 

—  Sur  l'ébullition    et  la    distillation    du 

nickel,  du  fer,  du  manganèse,  du 
chrome,  du  molybdène,  du  tungstène 
et  de  l'uranium;  par  M.  Henri  Mois- 
san 4  '-5 

—  Sur  la  distillation  du  titane  et  sur  la 

température  du  Soleil;  par  M.  Henri 
\Loissan ("173 

—  Sur  la  production  des  vides  élevés  à 

l'aide  de  l'air  liquide;  par  MM.  (Geor- 
ges Claude  et  Kené-J .  Lévy 87() 

—  Sur  la  liquéfaction  de  l'air  par  détente 

avec  travail  extérieur;  par  M.  Geor- 
ges Claude 1 333 

Chemins  de  fkr.  —  Sur  les  déformations 
des  voies  de  chemins  de  fer;  par 
M.  C.  Cuénot 770 

Chimie  agricole.  —  Sur  l'absorption  des 
carboiuites  alcalins  par  les  compo- 
sants minéraux  du  sol;  par  M.  /.  Du- 
mont 345 

—  Sur  l'absorption  des  carbonates  alca- 

lins  par   les    composants    minéraux 


•594 


{ 


TABLE    DES    MATIERES. 


du  sol.  Observations  relatives  à  une 
Note  de  M.  J.   Dumonf.   |)ar   M.  L. 

Maqiieniie 3  iy 

Voir  Agronomie. 


CHIMIE  ANALYTIQUE. 

-  Sur  une  réaction  qualitative  du  phos- 

phore; par  M.  Mauriclieau- Beaupré.    \io(> 

-  Sur  le  dosage  de  l'oxyde  de  carl)one 

dans  l'air  par  l'anhydride  iodique:  par 

M.  Arinaiid  (uiulier i  j 

-  Sur  le  dosage  de  l'oxyde  de  carbone 

par  l'anhydride  iodique;  par  MM.  Al- 
hert-Lévf  et  ,•/.  Pécoiil 162 

-  Sur  quelques  difficultés  que  présente 

le  dosage  de  l'oxyde  de  carbone  dans 
les  mélanges  gazeux;  par  MM.  Clau.r- 
niann  et  Armand  Gautier 48  J 

-  Sur  le  dosage  du  cadmium;  par  M.  H. 

Baubignv D77 

-  Errata  relatifs  à  celte  communication.     672 

-  Mode  opératoire  pour  le  dosage  du  cad- 

mium; par  M.  H.  Bauhigny 792 

-  Dosage  du  cadmium  dans  un  sel  vola- 

til ou  organique;  par  M.  H.  Bmibi- 

g".y 959 

-  Méthode  de  recherche  et  de  dosage  de 

petites  quantités  de  fer;  par  M.  A. 
Mouneyrat 1 049 

-  Sur    la   détermination  des  gaz  rares 

dans  les  mélanges  gazeux  naturels: 

par  M.  Charles  Moureu 44 

-  Le  dosage  des  matières  albuminoïdes 

et  gélatineuses  au  moyen  de  l'acétone  ; 

par  M.  /'.  Bordai  et  Touplain i345 

-  .^lélhode  de  détermination  des  matières 

étrangères  contenues  dans  les  cacaos 
elles  chocolats;  par  MM.  F.  Bordas 

et  Touplain 689 

Voir  Ahicin  de  jonnique.  Chimie  phy-, 
siologiqiie.  Chloroforme,  Dixtillation, 
Ethers,  Farines. 


Chimie  biologique.    —  Sur  un  nouveau 
microbe  producteur    d'acétone;   par 

M.  L.  Bréaudat 1 280 

Voir  Nitrifiratioit,  Tourbe. 
Chimie  industrielle.  —  Sur  un  nouveau 
modo  d'extraction  de  l'huile  de  ba- 
diane; par  M.   Ph.  Eberhardt 407 

Voir  Farines. 


Pages. 


CHIMIE   INORGANIQUE. 


-  .Action  de  la  vapeur  d'eau  sur  les  sul- 

fures au  rouge.  Production  de  métaux 
natifs.  Applications  aux  phénomènes 
volcaniques:  par  M.  Armand  Gau- 
tier     1463 

Voir  Volcans. 

.4g.  Voir  Ca. 

-  Al.  Nature  de  la  décomposition  d'une 

solution  aqueuse  de  sulfate  de  cuivre 
par  quelques  alliages  de  l'aluminium; 
par  M.  //.  I'echeu.r 375 

Voir  Th. 

As.  Voir  Chimie  organique. 

-  Az,  Action   du   peroxyde   d'azote   sur 

l'ammoniac  et  quelques  sels  ammo- 
niacaux; par  MM.  Besso/i  et  Rosset. .  633 
•  Recherches  sur  la  synthèse  directe  de 
l'acide  azotique  et  des  azotates  par 
les  éléments,  à  la  température  ordi- 
naire; par  M.  Berlhelot 1367 

-  Errata  relatifs  à  cette  communication.   1 588 
Voir  Ne,  Nitriflcation. 

Ha.  Voir  Bo.  lodomereurates. 

-  Bo.  Recherches  sur  les  combinaisons 

halogénées  des  borates  de  baryum  et 

de  strontium;  par  M.  L.  Ouvrard.. .     281 

-  C.  Sur  les  sous-oxydes  de  carbone;  par 

M.  Berlhelot 533 

Voir  Carbone,  Chimie  analytique. 

-  (la.  Sur  la  préparation  industrielle  de 

l'hydrure  de  calcium;  par  M.  Georges 

F.  Jaubert 788 

-  Réduction  des   chlorures  d'argent  et 

de  cuivre  par  le  calcium;  par  M.   L. 

Hackspill 89 

Voir  lodomereurates.    Métau.r  rares. 
Cd.  Voir  Chimie  analytique. 
Ce.  Voir  Métau.r  rares. 

-  Cs.  Sur  l'oxydation  directe  du  caesium 

et  sur  quelques  propriétés  du  per- 
oxyde de  ciEsium;  par  M.  E.  Ben- 
gade 1 1  I9 

-  Sur  l'orthographe  du  mot  Cœsium:  par 

M.  de  Forerand • 1 3 1 8 

-  Errata  relatifs  à  cette  communication .  1 588 
Co.  Voir  .S(. 

Cu.   Voir  Al,   Ca,   Si.  Aciers.    Chimie 

organique . 
F.    Voir  Si. 
Fe.  Voir  Mo.    IF,    Chimie  analytique. 

Chimie  phj  xiologiqne,  Fer. 


i 


TABLE    DES    MATIERES. 


I  793 


Pages . 

Gd.  Voir  Métaiu-  rares. 
H.  Voir  Ca. 

-  F.   Préparation    rapide    des    solutions 

d'acide  iodliydriqiie  ;  par  XI.  F.  Bo- 

drour, 279 

Voir  lodomcrcuratcs. 

-  Ir.  Sur  le  sulfate   double  d'iridium  el 

de  potassium  Ir'^(SO'')^-t- 3S0*K'-  ..   i525 
Voir  Pt. 

Li.  Voir  Tlicnnocliiniie. 
K.  Voir  Ir. 
Mt;.  Voir  lodomcrcuratcs . 

-  Mo.  Sur  les  ferromolybdènes  purs;  par 

M.  Em.  J'igouroux 889 

-  Sur  les  ferroraolyljdènes  purs  :  contri- 

bution à  la  recherche  de  leurs  consti- 
tuants ;  par  M.  Em.  Vigoaroux 928 

-  Ne.  Action  du  gaz  ammoniac  sur  le 

chlorure  de  néodxme  anhydre;  par 
M.\l.  C.  yiati'gnoii  et  R.  Trannoj  . . .    \o\->. 

-  Ni.  Rectification  à  une  Note  sur  l'oxyde 

salin  de  nickel;  par  M.  H.  Baubigny.     i54 
Voir  Si. 

-  Ph.   Sur   l'existence  des    sulfures   de 

phosphore  ;  par  M.  //.  (Uran 398 

-  Sur  l'existence  des  sulfures  de   plios- 

jihore  :  mixtes  de  phosphore  et  de 
sesquisulfure  de  phosphore;  par  M. 
K.  Boiiloiicli 1045 

-  Sur  les  composés  pyrophosphoriques; 

par  M.  /.  Cavalier 883 

Voir  Chimie  analytique.  Chimie  physio- 
logique. 

-  Pt.  .\ction  de  l'acide  sulfurique  à  chaud 

sur  les  sels  de  platine  et  d'iridium,  en 
présence  de  sulfate  d'ammonium;  par 
M.  Marcel  Delepitie 63 1 

-  Sur  l'attaque  du  platine  par  l'acide  sul- 

furique; par  M.   L.   Queiinessen . . . .    \'y\{ 

-  Rb.  Action  de  l'oxygène  sur  le  rubi- 

dium-ammonium ;  par  M.  E.  Rengade.   i  j 33 
Voir  Thermochimie. 
S.  Voir  Ph.  Pt,  Sb.  .Su. 

-  Sb.  Sulfure  d'antimoine  et  antimoine; 

par  M-M.  Clirétien  et  GuiucJtaiii 709 

Voir  Chimie  organique.  Cryoscoj/ie,  .Se. 

-  Se.  Sur  la  réduction  du  séléniure  d'an- 

timoine; par  M.  P.  Chrétien.   i3S9  et  i4i?. 
\'oir  Crjoscojjie. 

-  Contribution  à   l'étude  de  l'anhydride 

sélénieux;   par  M.   OEchsner  de  Co- 

ninck 371 

Voir  Sb,  Su. 
Si.    Sur   le    siliciure    cuivreux  ;    par 


M.  Em.,  J^igourou.r 

-  Sur  le  siliciure  de   cuivre  et  sur  un 

nouveau  mode  de  formation  du  sili- 
cium soluble  dans  l'acide  lluorhy- 
drique;  par  .M.  Paul  l.ebeau 

-  Action  du  chlorure  de  silicium  sur  le 

cobalt;  par  M.  Em.  f'igouroii.r 

-  Action  du  chlorure  de  silicium  sur  le 

nickel  ;  par  M.  Em.  f^igourou.r 

-  Sur  les  silicones;  par  M.  Boudouard., 
Voir  Th. 

■  Sn.  Sur  les  sulfures,  séléniures  et 
tellurures  d'étain;  par  M.  R.  Péla- 
hon 

-  St.  Sur  la  préparation  et  les  propriétés 

du    strontium  ;    par   MM.    Guntz   et 

Rœderer 

Voir  Todomercuralcx. 

-  Tb.   Voir     Uclau.r   rares.    Poids   ato- 

miques. 
Te.  Voir  */. 

-  Th.  Sur  un  siliciure  de  thorium:  par 

M.  O.  Hônigschmid 

-  Sur  un  alliage  de  thorium  et  d'alumi- 

nium; par  M.  O.  Hônigschmid 

-  Tl.  Sur  les  combinaisons  halogénéesdu 

Ihallium  :  |)ar  M.  F.  Thomas 

-  W.  Contribution  à  l'étude  des  ferro- 

lungstènes  purs:  par  M.  Em.  Vigoti- 
rou.r 

-  Errata  relatifs  à  cette  communication. 
Voir  Hydrologie.   Métau.r  rares.  0.i:y- 

datioit.  Poids  atomiques  et  molécu- 
laires. 


âges. 

87 


.-.4 

635 
I  526 


1147 
400 


137 

280 
838 


'197 
1366 


CHIMIE  ORGANIQUE. 

-  Action    de   quelques   élhers   d'acides 

bibasiques  sur  les  dérivés  halogéno- 
magnésiens  des  aminés  aromatiques 
primaires;  par  M.   F.  Bodroux Joi 

-  Sur    un     tartrate     d'antimoine  ;     par 

M.  Bougault )85 

-  Sur  l'action  des  leucoma'mes  .xanliques 

sur  le  cuivre; par  M.  N.  Slomnesco. .     789 

-  Influence  de  la  juxtaposition  dans  une 

molécule  de  la  fonction  cétonique  et  de 

la  fonction  acide;  par  M.  L.-J.  Simon.     892 

-  .Méthodes  nouvelles  de  préparation  de 

quelques  dérivés  organiques  de  l'ar- 
senic; \iàï  U..  r.  Juf^er ti5i 

Voir  Acides,  Alhuminoides,  Alcaloïdes, 
Alcools,  Aldéhydes,  Amidon,  Amides, 


i59<3 


TABLE    DES    MATIERES. 


l'aî;cs. 


.-/mines,  .-tzoiqiicx,  Caiiiplires,  Car- 
bures d'hydrogène,  Cétoiies,  Chimie 
nnalf  tique.  Cliimie  biolof^ique.  Chimie 
industrielle.  Chimie  physiologique, 
Chloroforme,  Cycles  mi.rles,  Cyclo- 
hexane.  Diastases,  Equilibres  chi- 
miques, Ethers,  Nilriles ,  Organo- 
métaV.iques ,  Oxydation,  P]  ranique 
(série  ),  Sucres. 


CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE. 

-  Sur  la  vitelline  de  l'œuf;  par   M.  A. 

llugounenq 1 7  > 

-  Nouvelles  recherches  sur  les  oxyda- 

tions produites  par  les  tissus  ani- 
maux en  présence  des  sels  ferreux  ; 
par  M.  F.  Batelli  et  M""  L.  Stcrn. ...      (76 

-  Les      ferments     du      placenta:     par 

MM.  Chiirrin  et  Goupil 395 

-  Action  de    l'adrénaline  sur  la   teneur 

du  muscle  en  glycogène;  par  M'"'^  X. 
Gatin-Gruzetvska 1  i(J3 

-  Influence  de  l'acide  piiosphorique,  des 

phosphates  mono  et  trisodiques,  sur 
échanges  nutritifs;  par  .M.  J.  Des- 
grez  et  M"'  Bl.  Guende i  '|3o 

-  Rôle  des  éléments  cellulaires  dans  la 

transformation  de  certains  liydrates 
de  carbone,  par  le  suc  intestinal  ;  par 
M.M.  H.  Bierry  et  A.  Froidn i  56") 

-  Sur  le  rôle  du  chlorure  de  sodium  dans 

l'imprégnation  liistologique  dos  tissus 
par  l'argent;  par  AIM.  Ch.  Achard  el 
M.  Aytiaud i  i)7 1 

-  Méthode  de  recherche  du  fer  dans  les 

tissus  vivants;  par  il. -:/.  Mouneyrat.   1572 
Voir  Hordéniiic. 


CHIMIE  PHYSIQUE. 

-  Sur  les  solutions  solides;  par  M.  Frcd 

W(dlerant 188 

-  Sur  l'origine  de  la  notion  des  solutions 

solides;  par  M .  Lecoq  de  Boishaudraii .      1 9  j 

-  Sur  la  constitution  des  sulfates  chro- 

miques;  par  M.  Albert  Colson 402 

-  Sur   la    formation    des   combinaisons 

cndolhermi(iues    aux     tompéralurcs 

élevées  ;  par  M.  Bcrthelot 1 4  m 

Voir  Colloïdes,  Crlstallognqj/iic.  Cryos- 


copic,    Equilibres    chimiques,    lodo- 
mercurales.  .Solutions.  'l'hermochimic. 


i-ages. 


•CHIMIE  VÉGÉTALE. 

-  Sur  la    composition  des  liquides  qui 

circulent  dans  le  végétal  ;  variations 
de  l'azote  dans  les  feuilles;  par  M.  G. 
André 1 06 

-  Sur  les  variations  de  l'acide  phospho- 

rique  et  de  l'azote  dans  les  sucs  des 
feuilles  de  certains  végétaux;  par 
M.  G.  André ajG 

-  Élude  des   variations   de  l'azote  et  de 

l'acide  piiosphorique  dans  les  sucs 
d'une  plante  grasse;  par  M.  G. 
André (jo2 

-  Nouvelles  recherches  sur  les  composés 

alcalins  insolubles  contenus  dans  les 
végétaux  vivants  :  feuilles  de  chêne: 
1)3 r  M.  Berthelot 249 

-  Sur  l'existence  des  composés  potas- 

siques insolubles,  dans  le  tronc  et 
l'écorce  du  chêne;  par  .M.  Berthelot.     3i3 

-  Le  Haricot  à  acide  eyanhydrique,  l'Iia- 

seolus  lunalus  L;  par  M.  J..  Guigncird.      Jî5 

-  Étude  chimique  sur  les  graines  dites 

Pois  de  Java:  par  M.  Emile  Kolin- 
Abrcst 386 

-  Formation  et  distribution  des  composés 

terpéniques  chez  l'oranger  à  fruits 
amers;  par  MM.  Eug.  Charabot  et 
G.  ImIouc 798 

-  Errata  relatifs  à  cette  communication.     860 

-  Sur  les  principes  de  la  gntta-percha  du 

Pidaquium  Trciibi;  par  MM.  E. 
Juiigtleiseh  el  H.  Lerou.v r.>.  1 8 

-  Sur  l'action  de  quelques  alcalo'ides  à 

l'égard    des    tubes  polliniques;   par 

il.  Henri  Coupin S  j  i 

Voir  Agronomie.  Chimie  aoricolc. 


Chirurgie.  —  La  trépanation  rolandiquc 
et  la  ponction  ventriculaire  dans  l'ar- 
riération; par  .M.  O.  Laurent j>6 

—  Hyperthermies  opératoires  aseptiques: 

par  M.M.  Charrin  et  Jardry 806 

Voir  Anesthésie. 

Chloroforme.  —  Dosage  de  petites  quan- 
tités de  chloroforme  ;  son  dosage  : 
r  dans  l'air;  2"  dans  le  sang  ou  dans 
un  liquide  aqueux;   par  .M.  Maurice 


TABLE    DES    MATIERES. 


Pages. 
?/'ii-loiix 1 63 

—  Sur  l'aneslliésie  elilororuniiiquc.    Do- 

sage   du     chloroforme    avant,     pen- 
dant,  après  l'auesthésie  déclarée  et 
quantité   dans  le  sang  au  moment  de 
la  mort;  par  M.  Maurice  JSicloux. . .     3oj 
Voir  Anesthésie. 

Choléra.  —  Sur  la  toxine  et  l'antitoxine 

cholériques  ;  par  .\I.M.  Brau  et  Denier.     728 

Chrono.mrtbie.  —  Sur  un  moyen  de  con- 
trôler un  système  d'horloges  synchro- 
nisées   électriquement:    par   M.    G. 
Bi-fiiiir/an i^Gî 

—  Contrôle    des    horloges   synchronisées 

électriquement;  par   M.  Jean    Mas- 

cart 1 263 

Coelentérés.  —  Sur  un  ivpu  nouveau 
d'Alcyonaire  de  la  famille  des  f'irgii- 
laridœ:  par  M.  C/i.  Gravier 1290 

—  Sur  la  biologie  des    Virgulaires  ;   par 

.\1.  C/i.  Gravier 1 556 

(JOLLOÏDES.  —  Les  propriétés  des  colloïdes 
et  l'interprétation  dynamique  de  la 
division  cellulaire  ;  par  M.  Jngel  Gal- 
lardo 228 

—  Sur  les  variations  do  la  grandeur  mi- 

cellaire  dans  le  colloïde  hydrochloro- 
ferrique  ;  par  ^L  G.  Malfita/io 1277 

—  Sur  la  pression  osmotiqui;  dans  le  col- 

loïile  liydrochloroferrique  ;  par  M.  G. 

Malfiianit 1 1 1 8 

Voii'  AIoj^néto-opti<iiie.  Osmose. 
Comètes.  —  Ob.=ervations  de  la  comète 
Giacobini  (  igoSe),  faites  à  l'Observa- 
toire de  Toulouse,  à  l'équatoriul 
Brunner-Henry  de  o^^SB  par  M.  /•'. 
Rossard 2<) 

—  Eléments  provisoires  de  la  comète  Gia- 

cobini (  1905,  déc.  6j  ;  par  M.  E. 
J\Iaul>aiil 3o 

—  Observations   de  la   comète    Giacobini 

(igojc)  laites  à  l'équatorial  Brunnor 
(o'",  16)  de  l'Observatoire  de  Lyon  ; 
par  .\L  y.  Guillaume 3 1 

—  Eléments    provisoires  di^    la    comète 

1906^;  par   iii.  E.  Maubaitt 028 

—  Observations    de     la    comète    Brooks 

(  1906a)  faites  à  l'Observatoire  d'Al- 
ger, à  l'équatorial  coudé  de  o'",3i8  ; 
|)ar  ALM.  Ranibniid  et  Sf 382 

—  Observations    de    la    comète    Brooks 

(  1906  (Y) >  faites  au  grand  équatorial 
de  l'Observatoire  de  Bordeaux  ;  par 
.M.  E.  Esclaitj^on J98 

C.  R.,  1906,   I"  Semestre.  (T.    CX-LIt.! 


'597 

t'ages. 


-  Observations  de  la  comète  190IÎ  b, 
faites  au  grand  équatorial  de  l'Obser- 
vatoire de  Bordeaux  ;  par  M.  E.  Es- 
clatigoit 625 

—  Observations    de    la    comète    Kopff 

(19066;  faites  à  l'équatorial  coudé  de 
l'Observatoire  de  Lyon  ;  par  M.  J. 
Guillaume 698 

—  Observations  de  la  comète  (  1905  b  ) 

faites  à  l'Observatoire  d'Alger,  à 
l'équatorial  coudé  de  o'", 3i8  ;  par 
M.M.  .Sy  et  Villatle 699 

—  Sur  les   comètes  et  la  courliure  de  la 

trajectoire  solaire  ;  par  M.  Emile  Belot      72 
Voir  Mi'canique  céleste. 

Comité  consultatif  d'iiygiéne  de  France. 
—  \oir  CoinniisKiniis. 

CoMMissio.NS.  —  Comjnission  chargée  de 
juger  les  concours  du  Grand  Prix  des 
Sciences  mathématiques  et  des  prix 
Francœur,  Poncelet  pour  l'année 
1906  :  MM.  Jordan,  Poiiicaré,  Emile 
Picard,  Paiidevé,  Humhert,  Maurice 
Levy,  Darbiyux,  Boussiiiesq 264 

—  Commission  chargée  de  juger  les  con- 

cours du  [)rix  Montyon  1  Mécanique  ), 
et  du  prix  Boileau  pour  l'année  1906  : 
M  M  .  Maurice  Levy  .  Boussinesq  , 
Deprez,  Léaulé ,  Sehert,  Vieille, 
Poincaré,  Halon  de  la  Goupillière, 
Sclilœsi/ig 2(>4 

—  Commission  chargée  de  juger  les  con- 

cours du  Prix  extraordinaire  (Xaviga- 
tionj,  et  du  prix  Plumey  pour  l'année 
1906  :  MM.  Maurice  Levy.  Bouquet 
de  la  Grye,  Graiididier,  Boussinesq, 
Deprez,  Léaute',  Bassot,  Guyou, 
Sebert,  Hait,  Bertin,  T'icilLe 264 

—  Commission  chargée  déjuger  les  con- 

cours des  prix  Pierre  Guzman,  La- 
lande,  Valz,  Janssen  pour  l'année 
1906  :  MM.  Janssen,  f.œn't .  If^'olj. 
Radau,  Deslandres,  Bigourdcui,  Lipp- 
ninnu,  Poincaré,  Darboux 2(i5 

—  Commission  chargée  de  juger  les  con- 

cours des  prix  Tchihatclief,  Binoux, 
Delalande-Guérineau  pour  l'année 
1906  et  de  présenter  une  question 
de  prix  Gay  pour  l'année  1909  : 
MM.  Bouquet  de  la  Grye,  Grandidier. 
Bassot,  Guyou,  Hatt,  Bertin,  de  Lap- 
parent,  Perrier,    Van  Tieghein 26) 

—  Commission  chargée  de  juger  les  con- 

cours des  prix  Hébert,  ll'i;:lies  pour 

208 


,598 


TABLE    DES    MATIERES. 


Paeiîs, 


l'année  1906  :  MM.  Mascart,  Lipp- 
monn,  Becquerel,  Vlolle,  Jinngat, 
Curie,  Maurice  Lsi'y,  Poincaré  ....     265 

Commission  chargée  de  juger  les  con- 
cours fies  prix  Jeeker,  Cahours,  Mon- 
tyon  (Arls  insalubres)  pour  l'année 
1906  :  MM.  Trnost,  Gautier,  Moi.isan, 
Dit  te,  Lemni/ie,  Ho/ 1er,  Th.  Sclilœ- 
siug,  Bert/ielol,    Maquenne 327 

Commission  cliargoe  de  juger  les  con- 
cours lies  prix  Desmazièros.  Mon- 
tagne, de  C.oiiicy  pour  l'année  igo6  : 
MM.  A''a«  Tiegliein,  Boruet,  Guignard, 
Bonitier,  Prillieu.v,  Zeiller,  Pcrrier, 
Cltatiti,  Giard 327 

Commission  chargée  déjuger  les  con- 
cours des  prix  Savigny,  Thore,  Da 
Gama  Machado  pour  l'année  190G  : 
MM.  Ram'ier,  Perrier.  Chu  tin,  Giard, 
Delage.  Bnut'icr,  Laniieloiigue,  Lave- 
rau,   Graiididier 327 

Commission  chargée  de  juger  les  con- 
cours des  prix  Monlyon  (Médecine  el 
Chirurgie),  Barbier,  BréanI,  Godard, 
du  Baron  Larrey,  Bellion,  Mègc  pour 
l'année  1906  :  MM.  Bouchard,  Gujon, 
d' Jrsonval,  Lan/ielonguc,  Laveran, 
Dnstre,  Roux,  Brouardel,  Chaaveau, 
Labbé,  Perrier 327 

Commission  cliargce  de  juger  les  con- 
cours des  prix  Montyon  (Physiologie 
expérimentale),  Philipeaux,  Lalle- 
mand,  l'ourat,  Martin  Damourette, 
pour  l'année  1906  et  de  présenter  une 
question  de  prix  Ponrat  pour  l'année 
1909  :  MM.  Chaiiveau,  Bouchard, 
Du.ffre,   Rou.r,  Laveran,    Giard 328 

Commission  chargée  de  juger  ie  con- 
cours du  prix  Montyon  (Statistique) 
pour  l'aimée  1906  :  MM.  Alfred 
Picnrd ,  Brouardel,  de  Freyeiiiet , 
Huton  de  la  Goupillière,  Rouché, 
Laussedat,  Carriot 38o 

Commission  chargée  de  juger  les 
concours  des  médailles  Arago,  Lavoi- 
sier,  Bertlielot  pour  l'année  1906  : 
MM.  Poincaré,  Chauveau,  Darbou.v, 
Bcrthelot 38o 

Commission  chargée  do  juger  les  con- 
cours des  prix  Trémont,  Gegnor,  Liin- 
nolongue,  Jérôme  Ponti  pour  l'année 
190O  :  MM.  Poincaré,  Chauveau, 
Darbou.T,  Berllwlot,  Maurice  Levy, 
Bornet 38o 


38o 


38o 


Pages. 

—  Commission  chargée  de  juger  le  con- 

cours du  prix  Wilde  pour  l'année 
1906  :  M. M.  Berthelot,  Lœtvy,  Mau- 
rice Levy,  Darboux,  de  Lnpparent , 
Mascart,  Tronst 38o 

—  Commission  chargée  do  juger  le  con- 

cours du  prix  Saintour  pour  l'auuéc 
1906  :  MM.  Darboux,  Poincaré',  Ber- 
thelot. Zeiller,  de  Lapparent ,  Mois- 
son,   Giard 

—  Commission  chargée  de  juger  le  con- 

cours du  prix  lloullevigue  pour  l'an- 
née 190(1  :  MM.  Darbou.T.  l'oiiicarc, 
Berthelot,  Mascart,  Emile  Picard, 
Maurice  Levy,   Giard 

—  Commission  chargée  de  juger  le  con- 

cours du  prix  Cuvicr  pour  l'année 
1906  :  .MM.  Gaudry,  Perrier,  Bouvier, 
Giard,  Delage,  Choliii,  Borrois 38o 

—  Commission  chargée  de  juger  le  con- 

cours du  prix  Parkin  pour  l'année 
1906  :  MM.  Bouchard,  Brouardel, 
Mascart,  MiehelLcvy,  Dastre,  Chau- 
veau,  Moisson 38o 

—  Commission  chargée  de  juger  le  con- 

cours du  prix  Jean  Reynaud  poui- 
l'année  1906  :  MM.  Gaudry,  Poincaré, 
Darboux,  Laniielonguc ,  Bouquet  de 
la  Grye,  Berthelot,  Chauveau 

—  (commission  chargée  de  juger  le  con- 

cours du  prix  du  baron  de  Jnëstpour 
l'année  1906  :  MM.  Berthelot,  Dar- 
boux, Bouquet  de  la  Grye,  Maurice 
Levy,  Poincaré,  de  Lapparent,  Per- 
rier   

—  Commission  chargée  de  présenter  mie 

question  de  prix  Bordin  (Sciences 
mathématiques)  pour  l'année  1909: 
MM.  Poincaré,  Jordan,  E.  Picard, 
Appel,  Darbou.r,  Painlevé,  Humbert. 

—  MM.    Plinile  Picard  et  Moisson   sont 

nommés  membres  d'une  Commission 
chargée  de  la  vérification  des  comptes 
|)our  l'année  igoâ 

—  Commission    chargée  de  former    une 

lisle  de  trois  Membres  pour  une  place 
à  attribuer  à  l'Académie  dans  le  Co- 
mité consullalif  d'hygiôue  publique 
de  France  :  ;\IM.  les  .Membres  de  la 
.Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie  : 

MM.  Brouardel,   Labbé,   Roux 

CoNniicriiui.rrK  klectrique.  —  Sur  la 
conductibilité  du  sulfate  d'ammo- 
niaque   dans    les    mélanges    d'acide 


W- 


443 


2(i5 


TABLE    DES 

Pages, 
sulfuriquc  el  d'eau  ;  par  M.  Boizard.   1082 

—  Résistance    des  électrolyles  pour  les 

courants  de  haute  fréquence;  par  MM. 

André  Brnca  et  S.   Turcliini 1 187 

Voir  Electricité. 
Congrès.  —  M.  le  Président  du  troisième 
Congrès  de  l'Association  des  Méde- 
cins de  langue  française  de  l\l/né- 
rique  du  Nord  invile  l'Académie  à 
se  faire  représenter  ù  ce  Congrès,  en 
juin  lyoG 62  j 

—  Communication  de  JI.  /.  Hicliard.  rela- 

tive au  Coni^rès  international  d'Océa- 
noi;rapliie  et  de  Météorologie  marine.   1  \'\i 

—  M.  le  Président  de  l'Jssociation  inter- 

nationale pour  l'élude  des  régions 
polaires  invite  l'Académie  à  participer 
aux  travaux  du  (^ongrès  international 
qui  se  tiendra  à  Bruxelles  en  sep- 
tembre 190G i49'-» 

CoNSERVATOinE    DES    AflTS  ET  MÉTIERS.   — 

M.  le  Ministre  du  Commerce,  de  l  In- 
dustrie et  du  Travail m\ile  l'Académie 
à  lui  présenter  une  liste  do  deux  ou 
trois  candidats  pour  la  cliaire  de  Géo- 
métrie descriptive,  vacante  au  Conser- 
vatoire des  Arts  et  Métiers,  par  suite 
de  la  démission  de  M.  Rouché 102S 

—  Liste  de  trois  candidats  présentée  à 

^L  le  Ministre  du  Commerce,  de  l'In- 
dustrie el  du  Travail  pour  la  chaire 
de  Géométrie  vacante  au  Conser- 
vatoire des  Arts  el  Métiers  :  i' M. 
Maurice    d'Ocagne  ;   1"    I\L    Carlo 

Bourlet  ^  3°  M.  Lucien  Lévy 1 397 

Courant  alternatif.  —  Application  du 
principe  de  la  superposition  a  la  trans- 
mission des  courants  alternatifs  sur 
une  longue  ligne.  Représentation 
graphique;  par  M.  J.  Blondel io36 

—  Etude  simplifiée  des  effets  de  capacité 

des  lignes  à  courants  alternatifs  ;  par 

M.  A.  Blondel i5o3 

—  Emploi  de    l'électro-diapason    comme 

générateur  de   courants    alternatifs  ; 

par  M.  Devaux-C harhonnel 953 

—  Galvanomètre  à   cadre    mobile    pour 

courants  alternatifs  ;  par  M.  Henry 
Abraham 993 


MATIÈRES.  1699 

Pages, 

CRISTALLOGRAPHIE. 

—  Sur  les  cristaux  mixtes  d'azotates  alca- 

lins ;  par  ^L  Fred  Wallerant 168 

—  Sur  une  modification  cristalline  stable 

dans  deux  intervalles  de  température; 

par  .M.  Fred  ff^allerant ix-j 

—  De  l'influence  des  matières  colorantes 

d'une  eau  mère  sur  la  forme  des  cris- 
taux qui  s'en  déposent  (acide  phta- 

lique  )  ;  par  M.  P.  Gaubert ng 

— •  Sur  l'état  des  matières  colorantes  dans 
les  cristaux  colorés  artificiellement  ; 

par  M.  P.  Gaubert gîG 

Voir  Fer. 


Crustacés.  —  Sur  les  Copépodes  recueillis 
par  la  mission  Charcot  et  commu- 
niqués par  M.  E.-L.  Bouvier;  par 
M.  Qiddor 54 

—  Errata  relatifs  à  cette  Communication.     188 

—  Sur    un    nouveau    Copépode    parasite 

d'./mphiura  squammata  ;  par  M.  E. 
Hérouard 1 287 

—  Sur  les  Gennades  ou  Pénéides  bathypé- 

lagiques  ;  par  M.  E.-L.  Bouvier 686 

—  Suite  aux   observations  sur  les  Gen- 

nades ou  Pénéides  bathypélagiques; 

par  M.  E.-L.   Bouvier 746 

—  Sur    quelques    larves    de    Macroures 

eucyphotes  provenant  des  collections 
de  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco  ;  par 
M.  H.  Coutière 847 

—  Sur  les  Isopodes  de  l'expédition  fran- 

çaise antarctique  ;  par  M"'  Hurriet 
Ricliardson 849 

—  Sur  une  forme  nouvelle  de  Cirrhipède 

operculé  [Pjrgopsis  Annandalei,  n.g., 

n.sp.);  par  M.  ^.    Gruvel i558 

Voir  Parasites,  Zoologie. 

Crvoscopie.  —  Sur  les  mélanges  d'anti- 
moine et  de  sélénium.  Constante  cryo- 
scopique  de  l'antimoine  ;  par  M.   H. 

Pe'lalion 207 

Voir  Hydrologie . 

Cycles  mixtes.  —  Méthoxytricliloropen- 
tanol  1.5.4-  et  oc-trichloromélhyltétra- 
hydrofurfurane  ;  par  M.  J.-L.  Ha- 
monet 210 

—  Recherches  sur  les  pyrazolones.  Nou- 

velles méthodes  de  synthèse  des 
pyrazolones  ;  par  MM.  Ch.  Moiircu  cl 
1.    Lazennec 1 534 


1 6oo 


TABLE    DES    MATIERES. 


Pages. 

—  Recherches   sur    les     relations   entre 

groupements  fonctionnels  en  positions 
éloignées.  Imines  cyclii|ues  ;  par  MM. 
E.-E.  Biaise  et  Houillon 1 54 1 

—  Basicité  de  l'oxygène  du  xanthyle.  Sels 

doubles    halogènes     xanthylmétalli- 
ques;  par  MM.  R.  Fosne  et  L.  Lesugc   i  "14; 
Voii'  Chimie  orgnuiqiie. 
Cku.ohexane  et  dérivés.  —  Sur  la  cyclo- 

hexylacétone  ;  par  M.  P.  Freundler..     343 

—  Synthèses  d'alcools  tertiaires  issus  du 


Pa(;es, 

paramétliylcyclohexane  ;  par  M.\l.  ,/. 
Maillie  et  Paul  Sabaticv 138 

-  Synthèses    de     trois     diméthyleyclo- 

hexanols  secondaires  ;  par  MM.    A. 
Maillie  et  Paul  Sahalier ')53 

-  Sur  l'ï-chlorocyclohexane   et  ses  dé- 

rivés ;  par  MM.  JSoinnuilt  et  /■'.  Clie- 

reau 1  oSfi 

Voir    Jldélivdes.     Chimie    organique. 
Éthers. 


D 


DÉCÈS  DE  Membres  et  de  Correspondants. 
—  M.  le  Président  annonce  la  mort  : 
de  M.  Pierre  Curie,  Membre  de  la 
Section  de  Physique gSg 

—  De  M.  Hapliaël  Bisc/ioffsheim.  Acadé- 

micien libre 1119 

—  De  M.  le   professeur  f.anglej.  Corres- 

pondant de  l'Académie  pour  la  Section 
d'Astronomie 925 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce 

la  mort:  de  M.  Artjiur- François-Al- 
phonse Bienajmé,  Correspondant  de 
l'Académie  pour  la  Section  de  Géogra- 
phie et  Navigation 497 

—  De   M.    G.    Rayet.  Correspondant  de 

l'Académie  pour  la  Section  d'Astro- 
nomie     1 400 

DÉCHARGES.  —  Contribution  à  l'étude  de  la 
décharge  inlermittente  ;  par  M.  G. 
Millochau 7S  i 

—  Sur  une  expérience  de  Hittorf  et  sur 

la  généraiité  de  la  loi  de  Paschen;  par 
M.'i?.  Bouiy 1  arv) 

Voir  Etincelle. 

DiASTASES.  —  Iniluence  de  la  réaction  du 
milieu  sur  l'activité  des  diasiases; 
par  M.  A.  Fernbach 285 

—  Sur  le  pouvoir  antiprésuranl  du  sérum 

sanguin  d-es  animaux  inférieurs  (Pois- 
sons et  Invertébrés):  par  M.  /.  Sel- 
lier  (09 

—  Sérum  antioxydasique  polyvalenl  ;  par 

M.   C.  Gessard Il  j  1 

—  Nouvelles  recherches  sur  la  sacchari- 

fication    diasiasique;    |)ar   MM.    Ma- 


quenne  et  Eugène  Rou.r loSg 

Voir  Ferments. 

Diffusion.  —  La  diffusion  des  solutions  ei 
les  poids  moléculaires  ;  par  M.  yfichcl 
Yégounoiv 954 

Distillation.  —  Les  basses  températures 
et  l'analyse  cliimique;  parM.M.  d'Ar- 
soni'ol  et  Bordas io58 

—  Addition  à  la  Note  sur  les  basses  tem- 

pératures et  l'analyse  chimique;  par 

.MM.  d  Arsonwd  et  Bordas 1 179 

Dynamique  des  fluides.  —  Sur  l'impossi- 
bilité des  ondes  de  choc  négatives 
dans  les  gaz;  par  M.  Gyôzo  Zemplén      \\2 

—  Sur  les  quasi-ondes  de  choc  et  la  dis- 

tribution   des    températures   en  ces 
quasi-ondes;  par  M.  P.  Duheni 314 

—  Quelques  lenimes  relatifs  aux  quasi- 

ondes  de  choc;  par  M.  1'.  Duhem. . . .     377 

—  Sur    une    inégalité    importante    dans 

l'étude  des  ipiasi-ondes  de  choc;  par 

M.  P.  Didiem, 49' 

—  Sur  les  quasi-ondes   de  clioc  au  sein 

des  fluides  mauvais   conducteurs  de 

de  la  chaleur;  par  M.  /'.  Duhem.  ...     612 

—  Sur  les  quasi-ondes  de  choc  au   sein 

d'un  fluide  bon  conducteur  de  la  clia- 
leur;  par  M.  P.  Duhem 750 

—  Extinction  de  l'onde  solitaire  propagée 

le  long  d'un  tube  élastique  horizontal  : 

par  M.  ./.  Boulanger 388 

Sur  l'accélération  des  ondes  de  chor 

planes  ;  par  M .  Jougnet 83 1 

-  Sur  l'accéiération  des  ondes  de  choc 

sphériques;  par  M.  .fouguet io34 


TABLE    DES    MATIERES. 


itiol 


Pages. 

ÉciiiNODERMES.  —  Siu'  les  Écliinodeimes 
recueillis  par  l'expédition  anlarctique 
française  du  D'  Cliarcol;  par  M.  H. 
Kœ/iler 1(3 

—  Stellosplicera  mirabilis,  nouvelle  lar\'e 

d'Astérie  appartenant  très  vraisembla- 
blement à  une   forme  abyssale;    par 

MM.  H.  Kœliler  et  C.  Vcincy 5-20 

Voir  Crustacés. 
Éci.iPSKS.   —   Recherches  sur  le    champ 
électrique  terrestre,  exécutées  à  l'oc- 
casion de  l'éclipsé  totale  du  3o  août 
1905;  par  M.  Charles  Nordmaiin  . .  .        \(> 

—  (.)bser\ations  magnétiques  faites  à  Sfax 

I  Tunisie)  à  l'occasion  de  l'éclipsé  to- 
tale de  Soleil  du  ag-So  août  igoS  ;  par 
AI.  Deluilu 1 8(i 

—  Éclipse  totale  de  Soleil  du  3o  août  190-3. 

Protubérances  solaires  à  deux  cou- 
leurs ;  par  M.  /.  Esquirol 707 

—  Observation   de  l'éclipsé  de  Lune  du 

9  février  1906  faite  à  l'Observatoire 
de  Paris  (équalorial  de  la  tour  de 
l'Est);  par  M.  P.  Salet.  , 38 1 

—  Sur  la  polarisation  du  ciel  pendant  les 

éclipses  de  Soleil;  par  .M.  _A.  Pilt- 
scliikoff ■ 1449 

Ébentés.  —  Les  coupures  génériques  de 
la  famille  des  Brailjpodidœ  (le  genre 
Heinibradrpus  nov.  g.)  ;  par  M.  R. 
Anthony ■ic)>. 

Élasticité.  —  Solution  générale  du  pro- 
blème d'équdibre  dans  la  théorie  de 
l'élasticité,  dans  le  cas  où  les  dépla- 
cements des  points  delà  surface  sont 
donnés  ;  par  M.  ./.  Korn 33.i 

—  Sur  les  \  ibrations  d'un  corps  élastique 

dont   la  surface  est  en   repos;    par 

M.  yl.  Korn "loS 

—  Propagation  du  mouvement  antourd'un 

centre  dans  un  milieu  élastique,  ho- 
mogène et  isotrope  :  étude  de  l'onde 
corrélative  aux  variations  de  densité; 
par  M.  /.  Boussinesq jSo 

—  Propagation  du  mouvement  autour  d'un 

centre,  dans  un  milieu  élastique,  ho- 
mogène et  isotrope  :  étude  de  l'onde 
produite  sans  changements  de  den- 
sité; par  M.  /.  Boussinesq 54>- 

—  Propagation  du  mouvement  autour  d'un 


Pages. 

centre,  dans  un  milieu  élastique,  ho- 
mogène et  isotrope  :  caractères  de 
l'onde  totale;  par  M.  /.  Boussinesq. .  609 
■Voir  Mctaii.v. 
Élections  de  Membres  et  de  Correspon- 
D.WTS.  —  M.  D.  Cernez,  est  élu  Mem- 
bre de  la  Section  de  Physique,  en 
remplacement  de  .M.  Pierre  Curie. . .   i49'>. 

—  Sir  William  Crookes  est   élu  Corres- 

pondant de  l'Académie  pour  la  Section 
de  Physique,  on  remplacement  de 
M.  Ernest  Bichal ....'. 38o 

—  M.  Albert  Heiin  est  élu  Correspondant 
■    de  r.\cadémie  pour  la  Section  de  Mi- 
néralogie, en  remplacement  de  M.  de 
Richlhùjen 497 

—  M.  Charles  Trépied  est  élu  Correspon- 

dant de  l'Académie  pour  la  Section 
d'Astronomie,  en  remplacement  de 
M .  y.  Perrotin 11 82 

—  M.  Edniund  Weiss  est  élu  Correspon- 

dant de  r.\cadémie  pour  la  Section 
d'Astronomie,  en  remplacement  de 
M.  O.  Slruve [397 


ÉLECTRICITÉ. 

-  Sur  une  méthode  permettant  de  déter- 

miner la  constante  d'un  électrodyna- 
momètre absolu  à  laide  d'un  [ihéno- 
mène  d'induction;  par  M.  G.  Lipp- 
mann 69 

-  Sur  la  répartition  des  courants  élec- 

triques dans  un  réseau  :  par  M.  /.  Ré- 
villiod 1  j  I 

-  .Mesure  de  temps  très  courts  par  la  dé- 

charge d'un  condenjalcur  ;  par  M.  Z)e- 
vau.r-Charbonnel 1080 

-  Pouvoir  inducteur  spécifique   et   con- 

ductibilité. Viscosité  électrique:  par 

M .  .Indre  Brocn 1 328 

Voir  Conductibilité .  Courant  alternatif, 
Décliarge,  Etincelle,  Ions.  Rayons 
cathodiques.  Rayons  X. 


Électricité      .\tmosphérique. 

Eclipses. 


Voir 


i6o2 


TABLE    DES 


I*ages. 


■  Proparalion  électrolyliquc 
spongieux;   par  M.  Tom- 


Élecïhoi.vtiîs.   —   Voir    Colloïdes.    Cou 
diiclihilui'. 

Électroi.vsiî. 
de  rt'tain 

masi 

Voir  CondiictiiiUité  électrique. 

Embryogkniiî.  —  Action  de  l'extrait  Je 
glande  interstitielle  du  testicule  sur 
le  développement  du  squelette  et  des 
organes  génitaux;  par  MM.  P.  Bmdn 
et  P.  Ancel 

—  Sur  l'effet  des  injections  d'extrait  do 

glande  inlerslitielle  du  testicule  sur 
la   croissance;  par  MM.  /'.  Jncel  eX 

P.   JloilL/l 

—  Iniprégnalion  et  l'cÈondation  ;  par  M.  Ji. 

BaLaillon 

Énergétique  biologujie.  — Sur  les  lois 
de  l'élasticité  musculaire  et  leur  appli- 
cation à  l'Énergétique;  par  M.  Charles 
Henry 

—  Rapports  simples  des  actioiu  siatitjues 

du  muscle  avec  l'énergie  qui  les  pro- 
duit; par  .M.  A.  C/iniiw-ûu 

—  Rapports  simples  des  actions  dynami- 

ques du  mnscio  avec  l'énergie  qui  les 

produit;  par  M.  A.  CItaiwcau 

Voir  Travail  dn  muscle. 

Enseignement.  —  Conditions  physiologi- 
ques de  l'enseignement  oral;  par 
M.  Pierre  Bonnier 

Ensembles.  —  Sur  les  ensembles  discon- 
tinus; pai'  -M.  /..  y.orctii 

ÉQU.VnONS     CARACTÉRISTIOIES.     —     SUT    la 

pression  interne  des  fluides  et  l'équa- 
tion de  Clausius;  par  "W.É.-H.  Imn- 
§«' 

ÉqVATIONS     DIFl'ÉRENTIELLKS.     —     Sur    leS 

intégrales  infiniment  voisines  des 
équations-  aux  dérivées  partielles; 
par  M.  Ji.  Goursat 

—  Sur  la   théorie   des    caractéristiques; 

par  M.  /i.  Coursât 

—  Sur  les  équations  différentielles  du  se- 

cond ordre  dont  l'intégrale  générale 
est  uniforme  ;  par  M.  Cartihier 

—  Sur  les  équations  différentielles  dont 

l'intégrale  générale  est  uniforme;  par 
M.  (jctinbier 

—  Sur  les  équation?  différentielles  du  se- 

cond ordre  et  du  premier  degré  dont 
l'intégrale  générale  est  uniforme;  par 
M.  Caiiibicr 

—  Sur  quelques  problénios  de  Physi(in(ï 


SG 


•j3-2 


■i()S 


729 


977 


7G3 

371 

107 
760 

■266 

l.joj 

'  i97 


MATIERES. 

Pages. 
mathématique  se  rattachant  à  l'équa- 
tion de  M.  Fredholm;   par  M.  Emile 
Picard ïîG  i 

—  Sur  le  problème  généralisé  de  Diricli- 

let  et  de  M.  Fredholm  ;  parM.^'/«;fc 
Picard 1 1I  "'Q 

—  Sur  les  transformations  de  systèmes 

d'équations  aux  dérivées  partielles  dn 
second  ordre;  par  M.  /.  Clairin. . . .     HG7 

—  Sur  les  singularités  des  solutions  des 

équations  aux  dérivées  partielles  du 
type  elliptique;  par  M.  Set-j^c  Bern- 
slein 364 

—  Sur  ré(iuaiion  de  Laplace  à  deux  va- 

riables; par  M.  Georges  Lerr 95 1 

—  Sur  l'équation  de  Laplace  à  deux  va- 

riables; par  M.    Georges  Lery l'ioG 

—  Sur  le  problème  du  cylindre  elliptique  ; 

par  M.    Mathias  Lerch 1 3>.5 

—  Intégrales  d'une  équation  différentielle 

dans   le   voisinage    d'un   point  dicri- 

tique  ;  par  M.  H.  Dulac ')o4 

(CyuiLiBREs  CHIMIQUES.  —  Sur  uu  nou- 
veau  type  de  réactions  d'équilibre; 
par  M.  L.-J .  Simon 790 

—  Élude     des     équilibres    hétérogènes 

sous   des    pressions   variables;     par 

M.  E.  Briller I2i4 

—  Équilibres  hétérogènes  :  Formation  du 

chlorure  de  phosphonium,  du  carbo- 
nate et  du  sulfhydrale  d'ammonium: 
par    M.   Briller 1  +1 5 

Errata.  —  68,  188,  420,  472,  672.  74<î>> 
860,  924,  1238,  i3o2,  ii66,  1388. 

États  correspo.ndants.  —  Voir  Chaleurs 
spécifiques. 

Éthers.  —  Réaction  caractéristi(iue  du 
givoxylate  d'éthyle.  Action  de  l'am- 
moniaque sur  cet  éther  etses  dérivés; 
[lar  MM.  G.  C/iamiitic  et  L.-.J. 
Simon <,)3o 

—  Condensation  de  l'éther    fi|i-diuiétliyl- 

glycidique  avec  l'éther  m.alomque 
sodé.  Synthèse  des  acides  téri'biqne 
et  pyrolérébique;  par  .MM.  A.  Huiler 

et  G.  Blanc 1471 

Voir  .Jlcools.  Aldéhydes.  Cliiiine  orga- 
nique. 

Étincelle.  —  Sur  une  méthode  simple 
pour  l'étude  des  mouvements  des  va- 
peurs métalliques  dans  l'étincelle  oscil- 
lante ;  par  M.  G. -A.  Hem.ialcch l 'il  l 

Étoiles.  —  Découverte  de  mouvcmenls 
propres  d'étoiles,  à  l'aide  de  la  mé- 


TABLE    DES    MATIERES. 


[t  o3 


Pages. 
thode  stéréoscopiqne  do  M.  le  D''  Max 
\\'oll';  par  M.  Aœa;r 1007 

Exploration.  —  Sur  une  expédition  en 
ballon  dirigeable,  projetée  pour  l'ex- 
ploration du  Pôle  Nord;  par  M.  ./. 
Jan.s.feii '  ■  77 

—  M.  le  Président  de  i .■Jssociation  iiiter- 


Pages. 
nationale  pour  l'étude  fies  régions 
polaires  adresse  divers  documents 
imprimés  relalifs  au  Congres  inlerna- 
lional  de  Bruxelles  el  invile  les 
Membres  de  l'Académie  à  participer 

aux  travaux  de  ce  Congrès 1  '192 

Voir  Métropltotograplne. 


Farines.  —  Sur  le  blanchiment  des  farines 

de  blé  ;  par  M.  E.  Fleurent 180 

—  Sur    un    nouveau    procédé    d'analyse 

microscopique  des  farines  et  la 
recherche  du  riz  dans  les  farines  de 
blé  ;  par  M.  G.  Gastine 1207 

Fer.  —  Sur  la  cristallographie  du  fer;  par 

MM.  F.  Osmond  et  G.  Cartaud iJSo 

Voir  Chimie  inorganique  (  Mo,  W), 
Chimie  physiologique.  Colloïdes.  Mi- 
néralogie. 

Ferments.  —  Sur  l'allure  anormale  do 
quelques  protéolyses  produites  par  la 
papaïne;  par  MM.  C.  Delezenne, 
H.  Mouton  el  E.  Pozersld 177 

—  Action   de  l'ioverline    dans  un  milieu 

hétérogène;  par  M.  Victor  Henri.  ...       97 
Voir  Chimie  plirsiologitine,  Dinsinsct. 

Fibrine.  —  Régénération  de  la  libriue  et 
dosages  comparatifs  de  cotte  sub- 
stance dans  différents  territoires 
vasculuiros,  chez  le  chien,  après  la 
défibrinalion;parMM.  Doyon,  A.  Mo- 

rel  et  N.  Kareff. 1 1 0 1 

Voir  Foie. 

Flore  tropicale.  —  Le  Khaya  de  Mada- 
gascar; par  MM.  //.  Jumelle  et 
H.  Perrier  de  la  Bathie 89g 

Foie. —  Démonstration  de  la  fonction  fibri- 
nogéniquo  du  foie;  par  MM.  Doion, 
Claude  Gautier  el  Albert  Morel.  .  .  .     854 


Voir  Fibrine. 
Fonctions.  —  Sur  les  affixes  des  racines 
d'un   polynôme    de    degré    «    et    du 
polynôme  dérivé;   par  M.  J.   Juhel- 
RénoY 700 

—  Théorème  sur  les  fonctions  cnlières: 

par  M.  Auric 34 

—  Sur  les  fonctions  enlières,  par  M.  Ed. 

Maillet 384 

—  Sur  l'indétermination  d'une  fouction  au 

voisinage  d'une  singularité  transcen- 
dante ;  par  M.  Pierre  Boutrou.x 499 

—  Sur  les  fonctions  liyperlranscendanles; 

par  M.  Ed.  Maillet S29 

—  Sur  les  propriétés  qui,  pour  les  fonc- 

tions d'une  variable  hypercom|dexe, 
corres[)ondent  à  la  monogénéité;  par 
M.  Léon  Autonne i  i83 

—  Sur  une  classe   particulière  de  fonc- 

tions 6  ;  par  M.  Henry  Bourget . ...    1 18> 

—  Sur  les  fonctions  qui  dépendent  d'autres 

fonctions;  par  M.    t'ilo   Vollcrra.  .  .  .     691 
Formes.  —  Sur  l'application  de  l'analyse 
de  Dirichlot  aux  formes  quadratiques 
à    coefficients    et    à    indéterminées 

conjuguées;  par  M.  P.  Fatou 5o î 

Fougères.   —  Contribution    à   l'analomie 
systématique  de  quelques  genres  de 
Fougères;  parM.  Ferdinand Pelourde.     642 
Frottement.  —  Sur  un  effet  singulier  de 

frollcment;  par  M.  E.  Gurou loj J 


Gaz  rares.  —  Voir  Hydrologie. 
Géodésie.   —    Détermination  siuiullanée 

de  deux  points,  au  moyen  des  cons- 

iruclinns  graphiques  à  grande  échelle; 

par  M .  Hatt 421 

—  Sur  quelques  résultats  de  la  Iriangu- 

gulation   du    massif  Polvoux-Ecrins; 

iiar  M.  Paul  Helbronner 337 


—  Travaux  géodésiques  et  magnétiques 

aux   environs    do    Tananarive;    par 

M.   Ed.-El.  Colin iiSg 

—  Cercle  azimulal  à  microscopes  du  ser- 

vice    technique    du     cadastre;    par 

M.  Ch.  Lallemanil 1239 

Voir  Longitude.  Physique  du  Globe. 


1 6  o/| 


TABLE    DES    MATIERES. 


GEOLOGIE. 


Pages 


Sur  l'extension  de  l'invasion  marine  (In 
Sparnacien  supérieur  aux  environs  de 
Paris;  par  M.  Paul  Combes  fds 1574 

Sur  les  argiles  yprésiennes  de  l'Aisne 
et  les  conditions  climatériques  à 
l'époque  lutélienne;  par  \\.  Paul 
Fritel I  J79 

Sur  les  schistes  graphitiques  du  Morbi- 
han ;  par  M.  Pussenot 1 3i8 

Sur  la  présence  de  l'or  et  de  l'argent 
dans  le  Trias  de  Meurthe-et-Moselle; 
|)ar  M.  Francis  Laur 1  109 

Une  ancienne  chaîne  volcanique  au 
nord-ouest  de  la  chaîne  des  Puys  ; 
par  M.    PIt.  (ilangcaud gK/j 

Heconstilution  d'un  ancien  lac  oligo- 
cène sur  le  versant  Nord  du  massif 
du  Mont-Dore  (lac  d'Olby);  par 
M.  Pli.    Glanoeaud •;>.3() 

Une  chaîne  volcanique  miocène,  sur  le 
bord  occidental  de  la  Liniagne;  par 
^L  /'/(.  Glnngeaud 600 

Les  volcans  du  Livradois  et  de  la 
Comté  (Puy-de-Dôme);  par  M./'/;. 
Glaiigeaud fili! 

Sur  la  feuille  de  Gap  an  gôTôii-;  par 
M.  Michel  Lévy G90 

Sur  l'existence  des  brèches  calcaires 
et  polygéniques  dans  les  montagnes 
situées  au  sud-est  du  mont  Blanc; 
par  MM.    Kilian  et  P.  Lory. .  : 3  )9 

Sur  la  tectonique  du  massif  de  la 
Dent-Blanche;  par  M.  Emile  Aigaiitl.     Vj; 

Sur  la  tectonique  de  la  zone  d'Ivrée  et 
de  la  zone  du  Strona;  par  M.  Emile 
Arganit C6() 

Contribution  à  l'histoire  du  géosyncli- 
nal piémontais  ;  par  M.  Emile  -Irgaiid.     801) 

Sur  le  bassin  oligocène  de  l'Ebre  et 
l'histoire  tertiaire  de  l'Espagne;  par 
MM.  Ch.  Depércl  et  L.  T'idal jiv 

Sur  les  relations  tectoniques  et  strali- 
graphiques  de  la  Sicile  et  de  la  Tuni- 
sie; par  M.  Emile  Haug 110") 

Sur  l'existence  du  Crétacé  dans  les 
schistes  d'Oran  ;  par  iMM.  Ficlieur  et 
Douiiiergue 1  j  7(  5 

Dscouvorle  do  deux  horizons  crétacés 
reniar{|u;ililcs  au  Maroc;  par  MM.  /.. 
Geutil  et  ff  .  Kilian (io'; 

Nouvelles  observations  sur  la  géologie 
du  Sahara  ;  par  W.  René  Chmlcnu. . .      ^.\  1 


-  lyiférouane  à  Zinder;  par  M.  7Ï.  C/ni- 

deau 

-  Sur  une  molasse  à  Turrilelles   et  une 

couche  lignitifère  à  Congéries,  de  la 
presqu'île  d'Az\iero  (Panama);    par 

M.  E.  Joukriivski 

Voir  Géograp/iie  p/ijsitjue,  Glaciers. 
Houille,  Hydrologie,  Nappes  de  char- 
riage, Paléontologie,  Tourbe,  Vol- 
cans. 


Pages. 


i3o 


961 


GÉOGRAPHIE  PHYSIQUE.  —  Coutiihution  il 
la  géographie  physique  de  l'Atlas 
marocain  ;  par  W.  Louis  Gentil 811 

—  I^es  terrasses  de  la  vallée  du  Bliône  en 

aval  de  Lyon;  par  M.  de  Lamothc .  .  .    i  ii)3 
Gkométhie.  —  Sur  une  famille  do  réseaux 
conjugués  à  une  même   congrneiice; 
par  M .  E .  Merlin 1 39 

—  Courbes  algébriques   à    torsion  cons- 

tante ;  par  AL  Eugène  Fabrr 9  i  5 

—  Un   théorème   sur   les  courbes  algé- 

briques   planes     d'ordre      n  ;      par 

M.  G.-B.  Guccia 1  >. 'iO 

—  Un  théorème  sur  les  surfaces  algébri- 

ques d'ordre  n\  par  I\L  G.-ft.  Guccia.    1  '19; 

—  Sur    la  déformation    des   quadriques; 

par  M.  C.  Guichard -.'.i 

—  Sur  certains  systèmes  de  cercles  et  de 

sphères  qui  se  présentent  dans  la  dé- 
formation des  quadriques;  par  .M.  C. 
Guichard '!>  1 

—  Sur  les  variétés  doublement  infinies 

do  points  d'une  quadrique  de  l'espace 
à  quatre  dimensions  ap[)licables  sur 
un  plan;  par  .M.  C.  Guichard 983 

—  Sur  la  déformation  des  quadriques;  par 

M.  Luigi  Blanchi ")IJ''. 

—  Sur  la  formation  de  certaines  surfaces 

tétraédrales;  par  M.  G.  Tzitzéica  : . .    i4'>o 

—  Sur  la  déformation  de  certaines  sur- 

faces tétraédrales;  par  AL  G.  Tzit- 
zéica      I  19  ' 

Glace.  —  Sur  la  chaleur  de  fusion  de  la 

glace  ;  par  M.  ./.  Leduc 'fi 

—  Sur  la  densité  de  la  glace;  par  M.  .4. 

Leduc I  19 

Glaciers.  —  Sur  les  glaciers  pléistocènes 
dans  les  vallées  d'Andorre;  par  AL 
Marcel  Chevalier <'iG-.>. 

—  ^/-mto  relatifs  à  cetteComniunicalioii.     -\o 

—  Sur  les  glaciers  pléistocènes   dans  les 

vallées  d'Andorre  et  dans  les  hautes 


TABLE    DES    MATIERES. 


l6o5 


Pages. 

vallées  espagnoles  enviVonnantes  ;  par 

M.  Marcel  C/iemlier gio 

—  Sur  les  conlradiclions  de  l'érosioii  gla- 

ciaire; par  M.  Jean  Brunlies 1234 

—  Sur  une  application  nouvelle  du  sur- 

creusement   glaciaire  ;   par  M.   Jean 

Briinlie.i i  299 

Grainks.  —  Action  de  l'acide  carbonique 
sur  la  vie  latente  de  quelques  graines 
desséchées:  par  M.  Paul  Becquerel..     8,'|3 

—  Sur  la  longévité  des   graines;  par  M. 


Pages. 
Paul  Becquerel 1 5.(9 

—  Note  préliminaire  sur  les  globoïdes  et 
certaines  granulations  des  graines, 
ressemblant  par  quelques-unes  de 
leurs  propriétés  aux  corpuscules 
méta-chromaliques,  ]iar  MM.  ./. 
Beauveric  et  .-1.    Guillterniond 897 

Groupes.  —  Sur  les  groupes  réductibles 
de  transformations  linéaires  et  homo- 
gènes; par  M.  Henry  'l'alier 948 


H 


HÉMOGLORixE.  —  Sur  l'hématogèno  et  sur 
la  formation  de  l'hémoglobine:  par 
MM.  L.  Ilu<iounen(j  et  Albert  Morel .     Koj 

HoRDÉNi.sK.  —  Sur  l'hordénine;  alcaloïde 
nouveau  retiré  des  germes,  dits  tnu- 
raillons.  de  l'orge:  par  M.  E.  Léger.      108 

—  L'hordénine,    son    degré   de    toxicité. 

symptômes  de  l'intoxication  ;  par  M. 

L.  Camus 110 

—  Action  du  sulfate  d'hordénine  sur  la 

circulation  ;  par  M.  L.  Camus 287 

—  Action  du  sulfate  d'hordénine  sur  les 

ferments  solubles  et  sur  les  micro- 
bes ;  par  M.  /..  Camus 35o 

Hoi'iLLH.  --  Sur  l'allure  du  bassin  liouil- 
1er  de  Saarbruek:  et  do  son  prolonge- 
ment en  Lorraine  française;  par  MM. 

Jules  Bergeron  et  Paul  Wciss 1898 

Voir  Paléontologie  végétale. 

Hydrologie.  —  Pro|)or;ionnalité  directe 
entre  le  point  cryoscopiiiue  d'une 
eau  minérale  dans  la  classe  des  bicar- 
bonatées et  la  composition  de  cette 
eau  exprimée  on  sels  anhxdres  et  en 
monocarbonates;  par  M.  Lucien 
Grau.r 1 6G 

—  />/■«/«  relatifs  à  cette  Communication.     4y> 


—  Sur  l'existence  des  bicarbonates  dans 

les  eaux  minérales,  et  sur  les  préten- 
dues anomalies  de  leur  pression  os- 
molique.  jiar  MM.  Lucien  Graiu:  et 
L.-C.  Maillard 4o4 

—  De  la  minéralisation  des  eaux  souter- 

raines et  des  causes  de  sa  variation  ; 

par  M.  F.  Diencrt 1 1 1 3 

—  Sur  le  degré  de  minéralisation  des  eaux 

souterraines:  par  M.  F.  Dicnert .  . . .    i236 

—  Sur  les  gaz  des  sources  thermales.  Dé- 

termination des  gaz  rares;  présence 
générale  de  l'argon  et  de  l'hélium; 
par  M.  Cliarles  Moureii n55 

—  Sur  le  grand  canon  du  Verdon  (Basses- 

Alpes),  son  âge  et  sa  formation  ;   par 

M.  F.-.-i.  Martel 6o5 

—  Sjr   la    rapidité   de  l'érosion   torren- 

tielle; par  M.  £.-.4.  Martel i446 

—  Sur  les  grandes  crues  de  saison  froide 

dans  les  bassins  de  la  Seine  et  de  la 

Loire;  par  M.  Eitmond  Maillet 1 1 1 1 

Hïi'ERELLiPTiQUE.  —  Sur  un  hessien  hy- 

perelliptique:  par  M.  Louis  Rem)  . . .     386 

—  Sur  les  surfaces  hyperellipliques  défi- 

nies par  les  fonctions  intermédiaires 
singulières;  par  M.  /^ouis  Remy 768 


I 


Insectes.  —  La  nidification  des  abeilles  à 

l'air  libre;  par  M.  E.-L.  Bom'ier...    ioi5 

—  Remplacement  des  muscles  vibrateurs 

du  vol  par  des  colonnes  d'adipocyles, 
chez  les  Fourmis,  après  le  vol  nup- 
tial ;  par  M.  Charles  Janet 1095 

—  Structure  des  cfecLims  ou  appendicws 

filiformes   de  l'intestin    moyen    des 

C.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLII.) 


Phyllies  (P/ijilium  erurifolium  Audi- 
net  Serville);  par  M.  L.  Bordas....     649 
Voir  Parasites,  Zoologie. 

Interférences.  —  Sur  les  interférences 
produites  par  un  réseau  limitant  une 
l^me  mince;  par  M.  Georges  Meslin.    1089 

I0D0MERCUUATES.   —  Sur  les  iodomcrcu- 

rates  de  calcium;  par  M.  A.  Daboin..     395 

209 


i6o(i 


TABLE    DES    MATIERES. 


Pa 


—  Sur  les  ioilomercurales  do  ciilciiiin  et 

(le  slruiitiiini  ;  par  M.  J.  Diilioin. .  . . 

—  Sur   les    iodoinercurales   do   luuMiin; 

par  M.  .4.  Dahoin 

—  Sur  les  iodnmercurates  de  ma,i.'nésiMni 

et  de  manganèse;  par  M.  ^.  Dnhoin . 

ItoNS  DANS  LES  GAZ.   —  Sur  la  reconibi- 

naisori  des  ions  des  vapeurs  salines: 

par  i\I.  G.  Moreaii 

—  Sur  les  forces  électromolriees  de  con- 

tact entre  métaux  et  liquides  et  sur 


ges. 

\~  i 

8S7 

I  j 'ils 
392 


un  perfectionnement  de  l'ionographe; 
par  M.  C/nirlcs  JSordmann 

—  Errata  relatifs  à  celte  Comniunication . 
Lait.  —  I)osaa;e  de  la  matière  albuminoïde 

du  lait;  par  JI.M.  Sauton  et  Trillat. . . 

—  De  la  rapidité  d'absorption  des  odeurs 

par  le  lait;   par  MM.    F.    Bordas  et 
Tnupliiiii . . ._ 

—  Contribution  à  l'étude  des  matières  al- 

bumino'ides  solubles  du  laii;  par  MM. 
L.  ytniniann  et  IJmlct 


Piiges, 


6-26 


1204 


Levures.  —  Sur  les  kystes  de  Glrrospo- 
riiim  et  sur  leur  rôle  dans  l'origine 
des  levures:  par  MM.  P.  Pncotict  et 
P.  riala 5 18 

Longitude.   —  Application  du  léléphone 


et  de  l'astrolabe  Claude-Driencourt  à 
la  détermination  de  la   loni:itude  de 

Brest  :  par  M.  E.  Giijoii 1178 

Lune.  —  Voir  Eclipses. 


M 


Magnétisme.  —  Nouvelle  résolution  du 
problème  de  l'induction  mai<néti(|ue 
pour  une  sphère  isotrope:  par  M. 
Tommaso  Boggio 701 

—  Errata  relatifs  à  cette  Communication.     92/i 

—  Sur    les   propriétés    magnétiques    des 

combinaisons  du  bore  et  du  manga- 
nèse; par  M.  Binet  du  Jassonnci.v  . .    l'iifi 

—  Sur  la  valeur  des  éléments  magnétiques 

à  l'Observatoire  du  Val-Joyeux  au 
!'■'  janvier  1906;  par  M.  Tli.  Mou- 
reaiw 1 1) 

—  Résultats  des  observations  magnétiques 

faites  à  l'Observatoire  d'Athènes  pen- 
dant les  années  1 900-1903;  par  M.  D. 
Egiiiitis 3()  I 

—  Observations  magnétiques  à  Tanana- 

rive  ;  par  M.  Ed. -El.  Colin 1 17g 

Voir  aussi  Géodésie. 

—  Sur  les    trajectoires  des  corpuscules 

électriipies  dans  l'espace  sous  l'in- 
lluencedu  magnétisme  terrestre,  avec 
application  aux  aurores  boréales  et 
aux  perturbations  magnétiques;   par 

M.  Cari  .Stijrmer 1  jSo 

Voir  Aurore  boréale.  Eclipses. 
Magnéto-oPtiqi  E.  —  Nouvelles  proprié- 
tés   magnéto-optiques    des    solutions 
colloïdales  d'Iiydroxyde  de   fer;  par 
MM.  .-/.  Cotton  et  H.  M'outon 2o3 


Sur  les  variations  des  bandes  d'absorp- 
tion d'un  cristal  dans  un  champ  ma- 
gnétique; par  M.  Jean  Becquerel.. . .     775 

Sur  les  variations  des  bandes  d'absor[i- 
tion  d'un  cristal  dans  un  champ  ma- 
gnétique; par  M.  Jean  Becquerel. .  .  .     S74 

Sur  la  corrélation  entre  les  variations 
des  bandes  d'absorption  des  cristaux 
dans  un  champ  magnétique  et  la  pola- 
risation rotatoire  magnétique;  par 
M.  Jcaii  Becquerel 1 144 


IVLVTHÉMATIQUES. 

Voir  Analfse  mathématique.  Arithmé- 
tique. Calcul  des  variations,  En- 
sembles .  Equations  différentielles . 
Fonctions,  Formes,  Géométrie . 
Groupes,  Hyperelliptique,  Nomogra- 
pliic,  .Séries,  Théorie  des  nombres. 


MECANIQUE. 

Voir  .-Jéroplanes,  Chemins  dt;  jcr.  Frot- 
tement, Méca/iique  rationnelle,  Véhi- 
cules ,  T^rn  tilalcn  rs , 


1 
1 

I 

I 

i 


TABLE    DES 

Pages. 

MÉCANIQUE  RATIONNELLE.  —  Ceiilies  de 
gravité  de  systèmes  discontinus:  par 
.M.  Haton  de  la  Gnitpillière loSg 

—  Lieux  géométriques  de  centres  Aa  gra- 

vité; par  M.  Haton  de  la  GoupiUiére.   ii3o 

—  Centres  de  gravité  de  systèmes  spi- 

raloïdes;  par  M.  Haton  delà  Goupit- 
lière 1 1 72 

—  La  réduction  analytique  d'un  système 

quelconque    de    forces   en    E„  ;    par 

M.  P.-H.  Sc/ioute S1O, 

—  Sur  un  théorème  relatif  aux  dérivées 

secondes  du  potentiel  d'un  volume  at- 
tirant; par  M.  .•/.  Knr/i igij 

—  Sur  le    mouvement    non    slatiunnaire 

d'un  ellipso'ïde  fluide  de  révolution 
qui  ne  change  pas  sa  figure  pendaut 
le  mouvement;  par  M.  fr.Steldoff'.. .       77 

—  Sur  un  cas  particulier  du  problème 

des  II  corps;  par  M.   Tlindée  Baiia- 

cliiei\'icz 5 10 

Errata  relatifs  à  cette  Communication . .     (i-^ 


MATIERES. 


160': 


Voir   Cliirur!. 
lose. 


MÉDECJNE. 

!*.    PatlioloLiie,    Tiiherrit- 


MÉ.MOlRES  PRÉSENTAS.  —  W.  Emcut  Solvay 
soumet  au  jugement  de  l'Académie  un 
.Mémoire  «  Sur  l'organisation  et  la 
possibilité  de  la  self-organisation  de 
la  réaction  chimique  > 6-25 

Métaux.  —  Influence  des  vitesses  sur  la 
loi  de  la  déformation  des  métaux;  par 
MM.  R.  Lioiwillc  et  P.  l'ieille 1067 

MÉT.4UX  RARES.  —  Un  nou\  cau  type  de 
composé  dans  le  groupe  des  métaux 
rares;  par  MM.  E.  Cazes  et  C.  Mati- 
gnon        S3 

—  Les  sulfates  des  mclaux  rares;  p;ir  M. 

Camille  Matignnn a-G 

—  Kemarques  snr  les   coinbinaisons  des 

métaux   rares  du    groupe  cérium  et 
sur  leurs  sulfates  en  particulier;  par    - 
M.  Camille  Matignon 3g,'| 

—  Sur  la  phosphorescence  calhodique  de 

l'europium;  par  M.  G.  Urbain -joj 

—  Sur  l'isolement  et  sur  divers  caractères 

atomiques  du  dysprosium;  par  M.  G. 
Urbain -35 

—  Poids  atomi(iue  et  spectre  d'étincelle 

du  terbium;  par  M.  G.  Urbain gS; 


—  Phosphorescence  cathodique  de  l'euro- 

pium dilué  dans  la  chaux.  Étude  du 
système  phosphorescent  ternaire  : 
chaux-gadoline-puropino:   par  M.   G. 

Urbain 

Voir  Oxydation. 
Météorologie.  —  Sur  une  trombe  de  très 
petites  dimensions  ;  par  M,  1A  Lidzet. 

—  Sur  les  vents  locaux  du  voisinage  des 

lies  Canaries;  par  M.  //.  HergewU. . . 
Voir  -alizés.  Océn/iograp/ni;,  Folrmis 
MÉTROPiioTotiRAPHiE.  —  Sur  le  relevé  des 
monuments  d'archilei-ture ,  d'après 
leurs  photographies,  pratiqué  sur- 
tout  en    Allemagne;    par    M.   Jmiu- 

sedal 

—  Sur  plusieurs    tentatives    [loursuivies 

dans  la  marine  allemande  pour  utili- 
ser la  photographie  dans  les  voyages 
d'exploration;  par  M.  J.  Lmisxedat. 
Microscope.  — Évaluation  de  la  puissance 
des  objectifs  microscopiques  ;  par 
M.  /-.  Mrilassez 

—  Évaluation  des  distances  foco-faciales 

des  objectifs  microscopiques;  par 
M.  L.  Malassez 


agcs. 

IJIS 

470 
i36o 


435. 


i3i3 


1)26 


-MINÉRALOGIE. 

-  Sur  les  faciès  de  variation  de  certaines 

syénites  néphéliniques  des  îles  de  Los  ; 

par  M.  A.  Lacroix 68 1 

Errata  relatifs  à  cette  Coinm\inicatiou..  Sfio 

-  Structure  et  origine  probable  du  mi- 

nerai de  fer  magnétique  do  Diéletlo 
(Manche);  par  M.  L.  Careii.r -16 

-  Origine  et  mode  de  formation  des  mi- 

nerais de  for  oolilhi(pio;  par  M.  Sta- 
nislas Meunier 855 

-  Genèse  d'un  minerai  de  fer  par  décom- 

position de  la  glauconie;  par  M.  L. 
Cayen.r 890 

-  Sur  la    composition    chimique    de    la 

glauconie;   par  MAL  L.-W.  Collet  el 

G.-  W.  Lee ggC 

V(jir  Archéologie,  Chimie  agricole.  Hy- 
drologie,   Volcans. 


MoLLusoLEs.  —  Les  glandes  salivaii'es  de 
l'Escargot  (Hrli.v  pomaiia):  par 
MM.  PacaiU  et  Vigier j  1 2 

—  Sur  les  Gastéropodes  nudibranches  .et 


i6o8 


TABLE    DES    MATIERES. 


sur  les  Marséniadés  de  l'Expédition 
anlarclique  du  D'  Chareol;  par  M.  -■/. 
iiyssière. 


Pages. 


T\ 


-IS 


—  Sur  le  gisemenl  luiUrier  naturel  de  la 

Macta  (Algérie)  el  le  régime  d'écou- 
lement de  cette  rivière;  par  M.  /. 
Bounhiol SgS 

—  Un  genre  de  l.amellibranclies  à  bouclies 

multiples;  par  M. Paul  l'elscneer.  .  .  .     722 

—  Une   invasion    d'Algues    méridionales 

(Colpomenia  sinuosa)  sur  les  huîtres 
de  la  rivièrede  Vannes;  parM.  Fabre- 
Domergue i  aa 3 

—  Sur  l'état  des  muscles  adducteurs  pen- 

dant la  vie  chez  les  Mollusques  acé- 
phales, par  M.  /''.  Marceau 1294 

Voir  l'urusilcs.  Perles  fiurs. 

Mrsci.E.  —  Voir  Energétique  biologique. 
Alollusqucs.  Travail  du  mufclc. 

MisiiuM  d'Histoire  naturelle.  —  M.  le 
Ministre  de  l'Instruction  publique  in- 
vite l'Académie  à  lui  présenter  une 
liste  de  doux  candidats  à  la  chaire  de 
Zoologie  (Mammifères   et    Oiseaux), 


Pages. 

devenue  vacante  au  Muséum  d'His- 
toire naturelle,  par  suite  du  décès 
de  M.  Oustalei 4^3 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique 
invite  l'Académie  à  lui  présenter  une 
liste  de  deux  candidats  à  la  chaire  de 
Botanique  (Classification  et  Familles 
naturelles  des  Phanérogames),  devenue 
vacante  au  Muséum  d'Histoire  natu- 
turelle  par  l'admission  à  la  retraite 
de  M.  Bureau 559 

Liste  de  deux  candidats  présentés  à 
M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publi- 
que pour  la  chaire  de  Zoologie  (  Mam- 
milères  el  Oiseaux),  vacante  au  Mu- 
séum d'Histoire  naturelle  :  l'M.  Guil- 
laume Grarnlidier,  a"  M.  Trouesscirt.     Ctifi 

Liste  de  deux  candidats  présentés  à 
M.  le  Minisire  de  l'Instruction  publi- 
que pour  la  chaire  de  Botanique  (Clas- 
sification et  Familles  naturelles  des 
Phanérogames),  \acante  au  Muséum 
d'Histoire  naturelle  :  i"  M.  Henri  Le- 
eomle,  a"  M.  Leclerc  du  Saldon 75(5 


N 


N.4PPES  DE  CHARRIAGE.  —  Sur  l'exislenco 
de  phénomènes  de  charriage  anté- 
rieurs au  Stéphanien  dans  la  région 
de  Sainl-Ètienne;  par  MM.  G.Friedcl 
et  P.  Termier 100  3 

—  Sur  de  grands  phénomènes  de  char- 

riage en  Sicile;  par  M.M.  Emile  Jr- 
gand  et  Maurice  Lugeoii g(5fi 

—  Sur  la  grande  nappe  de  recouvrement 

de  la  Sicile;  par  MM.  E.  Jrgaitd  et 

M.  Lugeou inor 

—  La  racine    de  la    nappe  sicilienne   et 

l'arc  de  charriage  de  la  Calabre  ;  par 
MM.  Emile  Argand  et  Maurice  Lu- 
geou       I  H)7 

—  Sur  la  nappe  charriée  du  Péloponèse; 

par  M.  Pli.  Ne'gris 1 8a 

—  Sur  les  racines  de  la  nappe  de  charriage 

du  Péloponèse;  par  M.  P/i.  Négris  . .     3o8 
XAvuiATiox.  —    Collimateur    magnétique 
penneltant   de    transformer   une  ju- 
melle en  instrument  de  relèvement; 
par  M.  ./.  ISergct i  14} 

—  Diminution  do  la  vitesse  et  changement 

d'assiette  dos  navires  par  l'action  ré- 
fiexe  de  l'eau  sur  le  fond  ;  par  M.  E. 


lùiurnier 1  joo 

NÉBi-LEUSES.  —  Étude  photographique  de 
la  nébuleuse  annulaire  du  Cygne 
N.  (j.  C.  6894  ;  par  M.  Gabriel  TikliqH'.       32 

—  Observations  de  nébuleuses;  par  M.  Di- 

gourdaii G7J 

Nerfs.  —  Origine  concrète   très  précise 

des  nerfs;  par  M.  J.  Barbieri So3 

Voir  Batraciens. 
NiTRiLEs.  —  Condensation  des  nitriles 
acétyléniques  avec  les  alcools.  Mé- 
thode générale  do  synthèse  de  nitriles 
acryliques  fl-substitués  ^-oxyalcoylés  ; 
par  M.M.  /.  Lazeiinee  et  Cli.  Moureu.     338 

—  Condensation  des  nitriles  acétyléniques 

avec  les  iiliéuols.  Méthode  générale  de 
synthèse  de  nitriles  acryliques  p-oxy- 
phénolés    S-substitués;   par   MM.    /. 

lM:>cnnec  et   Ch.  Moureu i  )0 

NiTRiFicATioN.  —  R('jlo  do  la  matière  orga- 
uii|uedans  la  niirification;  par  MM.  A. 
Laine  cl  A.    Miiniz 4->o 

—  L'utilisation  des  tourbières  pour  la  pro- 

duction   intensive   de    nitrates;    par 

MM .  E.  Laine  et  ./.  Miintz 1  '.39 

NoMi.NATiONS.  —  M.    D.    Gernez  est  élu 


Membre  de  l'Académie  à  la  place  de- 
venue vacante,  dans  la  Soclion  de 
Physique,  par  le  décès  de  M.  Pierre 


TABLE    DES    MATIERES. 

Pages. 


Curie 

NoMOGuAPEiiic.  —    Sur  un    llicurèiui^  do 
Clark  ;  par   M.    Mnuriee  d'Ocrii^nc. 


'^09 

•  1  iU-ï 

1. 

•  988 


o 


Obsicrvatoires.  —  Liste  de  deux  candi- 
dats présentée  à  M.  le  Ministre  de 
l'Instruction  publique,  pour  une 
place  d'Astronome  titulaire  vacante  à 
l'Observatoire  de  Paris  :  r  AL  Boc- 
quet;  2°  M.  Renan 4  4 1 

—  Présentation   d'un  fascicule  du  Cata- 

logue  pliotograplii([ue    du    Ciel    ilo 
l'Observatoire    de    Toulouse  ;      par 

M.  /.«iij Sfl'") 

—  Présentation  du  Tome  XII  des  Jiuades 

de  rObseri'aloire   de  Bordeau.i:;  par 

M.  Lœwy t ooS 

—  Sur  les  travaux  récents  accomplis  à 

l'Observatoire    de     Besançon  :    par 

M.  Lœwy 1171 

Odkanoghaphie.  —  t^ourants  marins  pro- 
fonds dans  l'Allantiquo  Nord:  par 
M.  A.  Chevallier 1  1 G 

—  Sur    la    circulation    océanique;     par 

i\lM.  A.  Chevallier  et  /.   Thoulet i'ô 

—  Le  calcaire  et  l'argile  dans   les  fonds- 

marins;  par  M.  /.  Thoulel 738 

—  C.onlribution    à  l'étude   chimique   des 

eaux  marmes;  par  M.   Tli.Srhtiesing.     32o 

—  Sur  la  seplième  canifiagnc  scientifique 

de  la  Princesse- Jliee;  par  S.  A.  S.  le 
Prince  Albert  de  Monaco 6'.  1 

—  Communication    relative    au    premier 

Congrès  d'Océanographie   et  de  Mé- 
téorologie marine;  par  M.  J.  Richard.   1 1  ]  j 

OlsiîMX.  —  Sur  le  noyau  des  hématies  du 
.-ang  des  oiseaux:  par  MM.  _)/. 
Piettre  et  A.  P'iala. ()o8 

Ondes  iîlkctriqvks.  —  Sur  la  résistance 
d'émission  d'une  antenne  ;  jiar  M.  C. 
Tiysot 70  3 

OpTiorii.  —  Voir  Photographie.  Quartz. 
Raronf  cathodiques.  Solutions.  Spec- 
troscopie. 

Optique  oÉOMÉriiiQUE.  —  Dispositif  per- 
metlant  de  mettre  simultanément 
plusieurs    prismes    au    minimum    de 

déviation  ;  par  .M.  P.  Lambert i  Vkj 

Voir  Mierosropie. 


OPTrQUE  puvsiQUE.  —   Sur  la  polarisation 
elliptique  produite  par  les  liqueurs 
mixtes;  par  M.  /.  Chaudier ■jtoi 

—  Sur  la  mesure  des  portes  de  phase  par 

réflexion  ;  par  .\l.  ./.  Perot jG6 

—  Sur    l'emploi    de   la    lampe    Cooper- 

Hewitt    comme     source    de    lumière 
monochromalique;  par  MM.  H.  Bids- 

son  et  Ch.   Fabr\ 78.; 

Voir  Eclipses,  Magnéto-optique. 
Optique  piiv.-iioLOGiQiE.  —  Sur  la  sensi- 
bilité de  la  rétine  pour  les  radiations 

luiuiiieuses;  par  M.  Milan  Stefdnik.    1  j()i) 
Orgvnométalliques  (Composés).  —  .\ction 
des  imino-éthers  et  imino-chlorures 
sur  les  dérivés  organo-magnésiens; 
par  M.  R.  Marqins 711 

—  Combinaisons  de  l'iodure  mercurique 

et  de  la  monométhylamine  libre  :  par 

M.  Maurice  François 1  11)9 

Osmose.  —  Osmose  gazeuse  à  travers  une 
membrane  collo'idale;  par  ^\.  Jules 
.linar 779 

—  Osmose  gazeuse  à  travers   une    ineni- 

brane  colloïdale;  par  M.  Jules  Ainar.  %-■'. 
OxvDATioN.  —  Sur  l'action  catalytique 
exercée  par  les  sels  alcalins  et  alca- 
lino-terreux  dans  la  fixation  de  l'oxy- 
gène de  l'air  par  les  solutions  de 
polyphénols;  par  M.  E.  Fouard 796 

—  Sur  une  réaction  de  type  oxydasicpio 

présentée  par  les  composés  halogènes 

des  terres  rares;  par  M.  /;'.  Fouard..    11 03 

—  Catalyseurs  oxydants  et  généralisation 

(le  la  lampe  sans  flamme:  par.M.M.  C. 
Matigiwn  et  R.  Trannoy i-2i(i 

—  Sur    l'emploi  des   oxydes    niélalliqiips 

catalyseurs  d'oxydation;  par  MM.  Al- 

phonse  Mailhe  et  Paul  Sabatier 1  3f)4 

-  Oxydations  par  l'air.  Problème  de  la 
comparaison  des  vitesses;  par  M.  An- 
dré Job 1 4  1 3 

Voir  Chimie  plnsiologique. 


i6io 


TABLE    DES    MATIERES. 


F 


Pages. 
Paléontoi.ogik  AXiMALiî.  —  Sui'  la  forma- 
lion  du  réseau  des  Nummulites  réti- 
culées; par  M.  Jean  Boiissac 2i  i 

—  Sur  une  fauned' Ammonites  uéocrétacée 

recueillie  par  i'ex|iédition  antarc- 
tique suédoise;  par  M.   fV.  Kilian.  .      iod 

—  Errntii  relatifs  à  cette  (lommunicalion.     tyio 

—  i;év(ilulion  des  Mammifères  tertiaires; 

impui'lance     des     migrations  ;     par 

i\l.   Charles  Depéret (i  i  ^^ 

—  Nouvelles     données    paléontologiqucs 

sur  le  Dévonien  de  l'Ahenel  occidental 
(Mission  de  MM.  H.  ChuJeau  et  E.-F. 
Gautier  )  ;  par  M.  Emile  Hatig y'i). 

—  Sur  la  faune  du    terrain  huuiller    infé- 

rieur   de    Baudour    (Hainaut);     par 

M.  y.  Cornet 7  '■  1 

—  Sur  l'identité  d'fJemipt  j^iis  tuherciilosus 

et     à'Hemieidaris     rrentdaris;      par 

M.  Se^ncia i  Kl; 

—  Errata  relatifs  à  celle  Communication .    i  J8t< 

—  Fossiles  de  Patagonie.    Etude  sur  une 

portion  du   monde   antarctique;    ])ar 

M .  Jllicrt  Gaudry i  39.', 

Palkontoi.ouie  vKGKTALii:. —  Sur  les  mula- 
tions  de  <iuelques  plantes  fossiles  du 
terrain  liouiller;  par  M.  Grand' Fau-y-       1'^ 

—  Sur  la  flore  du  terrain  liouiller  inférieur 

de  Baudour  (Hainaut);  ^àv  W.Armand 
Renier 736 

—  Coutrihulion    à    la    flore    terliaire    du 

Maroc  septentrional  :  p;ir  M.  Ed. 
lionnci 1)  I  '2 

—  (laraclcristiqnes  du  slipe   de  V.Jdc/o- 

pliylon    Jiitieri   B.   !(.;   par   M.   Paid 

Bertrand i  '\.\b 

Voir  Grolof^ie.   I!i>iiillr. 
Parasitiîs.  —  Sur  une  Microsporidie  nou- 
velle, Pleistopliora  macrospora,  para- 
site des  Loches  franclies  du  Dauphiné; 
par  M.  Casimir  Cépède "il) 

—  Sur  une  nouvelle  nvaladie  myxospori- 

dienne  do  la    Tridto   indigène:    par 

M.  L.  J.é^er (i") j 

—  Sur  la  structure  du   la  paroi  sporale 

des  .Myxosporidi.es;  par.M.M.C  liesse 

et  A.    I.r^ei- -■).() 

—  Sur  une  nouvelle    iMy\os[ioridie    de   la 

'i'a.iche  conunune;  par  .M.  Ijnds  Léger.    1097 

—  Sur  le  Leposplidiis  lalirel  Wv-ssc.  et  sur 


P;i|;e5. 
la    famille    des     l'Intichlli)  dœ  :    par 
M.  J .    Qitidor l'io 

—  Sur  le    mâle   et   l'appareil   suceur   du 

Nieol/ioa  Jstaci;  par  M.  A.   Qiiidor.      165 

—  Sur  l'évolution  des  prétenduesCoccidies 

des  Céphalopodes;  par  M.  T/i.  Moroff.     G5-i 
Voir     Critstacés.     Palhologie.    Perles 
fines,  Tr)panosomes. 

—  L'évolution  des  .ffffv/no  des  Glomeris; 

par  M.M.  O.  Duboscq  et  L.  Léger.  .  .      jgo 

—  Sur  rév(jlntion   des  Grégarines  gym- 

nosporées  des  Crustacés;  par  .M.M.  O. 
Didioscq  et  L.  Léger 1  >ii 

—  Sur  la  fréquence  et  le  rôle  étiologique 

probable    de  VUnrinaria   americana 
dans  le  béribéri;  par  .M.  E.  Noc .  .  .  .    1232 

—  Biologie  larvaire  et  méiamorplioses  de 

Siptiona  crisiata  Fabr.  Adaptation 
d'une  Tacliinaire  à  un  hôte  aquatique 
diptère;  nouveau  cas  d'Ectoparasi- 
tismc  interne;  par  M.  /i.  Roubaud .  .  i.iBy 
Pathoi.ogik.  —  Contribution  à  l'étude  de 
l'analoniic  pathologique  des  cancers 
épilhéliaux  de  la  prostate;  par 
ifl>L  Mnjetvstd  et  Motz.. 'I'jS 

—  Mécanismes  des     modalités    patholo- 

giques spéciales   à  chaque  organe  au 
cours    d'une  maladie  générale  ;   par 

M.  ./.   Charrin 41  i 

-  Recherches  sur  les  rapports  des  états 
émotifs  et  des  étals  d'infection;  par 
.M .  Vaschlde (227 

—  Sur    l'importance     pathogénique    des 

adénopathics  bronchiques:  par  M.  Ga- 
briel Arthaiid r»3  ( 

—  .Motilité  du  scolex  échinococcique;  par 

MM.  P.   Hiisnot,    L.    Mnrntcl  et    J. 

Sabrazès 1 353 

Voir  Choiera,  Parasites,  Tr) panosomes, 

Tubereulose. 
Patuoi.ogie  ANiHAi.ic.  —    Siu'   la   maladie 

des  chiens;  par  M.  //.  Carré 9(12 

Voir  Parasites,  Tuberculose. 
P.niioi.OGiiî  VÉGÉTALE.  —  SuT  l'idenlilé  de 

structure  des   galles  involucrales  et 

des  galles  des  pousses  fouillées  chez 

les  Euphorbes;  par  M.  C.  Iloiiard . .    i  135 

—  Production    do   feuilles  en  eoriicl    par 

traumalismes  ;  par  .M.  L.  Slaringhem.    i  i.'i  5 
--  Sur  la  maladie  des   Platanes    duc  au 


TABLE    DES    MATIERES. 


ibl  I 


(inoinorno  venetfi  (  Sacc.  et  SjiP!:.). 
Kleliiihn  \  Clœosporiiiin  iien'i.ieqiiiini 
(Fuok)  Sarcnrdol^.  particulièrement 
dans  les  iiépinières:  par  M.  ./.  Reaii- 

vcric 

Voir  Filiciiitnrr. 

Perles  fines.  —  Sur  un  Cestoile  parasite 

des  Hnîtres  perlières  déterminant  la 

production  des  perles  fines  aux  îles 

Gambier:  par  M.  L.-G.  Scnrat 


Pajjcs. 


Soi 


PÉTROGRAPHIE. 

-  I^es    rociies    alcalines     des     envirims 

d'Evisa  (  Corse  )  ;  par  M.  Deprat idç) 

Voir  Miricralofiie,  P'olcniix. 


PnospiiouEscRNCE.  —  Siir  les  phénomènes 
de  phosphorescence;  par  M.     /.    De- 

hicrnc J6.S 

Voir  Mctaii.r  rares. 

Photochimie.  —  Sur  l'autocatalyse  et  dé- 
composition d'un  système  photochi- 
niique:  par  M.  /U'Ia  Szihird 1212 

PiiOTOGRAPHiic.  —  Plioto;2;raphie  interfé- 
rcntielle;  variation  de  l'ineidence  ;  lu- 
mière polarisée;  par  M.  Ponsot 1  Sof) 

—  Contribution  à  l'étude  des  écrans  pho- 

tographiques: [lar  M.  y.  Rciiaiu- . . .  .        38 

—  Sur  la  pholographie  du   speclre  infra- 

rouge; |iar  ,M.  (i.  Mitlochaii 1407 

—  Nouvelle  mélhode  pour  la  phologra|ihie 

des  médailles;  par  .M.  Ek-^.  Deniok-.    140S 
Voir   Métaphotographie. 


■  PHYSIOLOGIE. 

Sur  l'élasticité  des  tissus  organiques; 
par  M.  ^d.  Coy n  58 

Errata  relatifs  à  cette  Communication.   IJ02 

Sur  la  durée  de  persistance  de  l'acti- 
vité du  cœur  isolé;  par  M.  M.  Imiii- 
heri 5g- 

Sur  le  débit  urinaire;  par  M.M.  Henry 
Lainy  et  Jndré  Mayer 171 

Sur  l'excrétion  des  purines  (xantho- 
uriques)  et  de  l'acide  urique  endo- 
gène; par  M.  Pierre  Faavel 129? 

Influence  du  chocolat  et  du  café  sur 
l'acide  urique;  par  M.  Pierre Faiwel.   1427 

Effets  reconstituants  de  la  viandte  crue 


après  le  jeiine;   par  M.    CImrles  Ri 

chef 

-  Influence  de  l'ovaire  sur  la  nutrition. 
Synergie   thyro-ovarienne:    par   MM. 

Cliarriii  el  .lardry 

Voir  Sai\i'. 


I*ages . 


'1-1' 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE. 

Structure  des  végétaux  développés  à 
la  lumière,  sans  gaz  carbonique,  en 
présence  de  matières  organiques;  par 
M.  MoUiard '. 4;, 

Épreuve  générale  sur  la  nuli'ition  ami- 
dée  des  plantes  vertes  en  inanition  de 
gaz  carbonique  ;  par  M.  Jules  Lcjèvre.     287 

Sur  la  respiration  de  la  fleur;  par  M. 
Mnigv I  o4 

Sur  un  cas  d'organe  vert  ilé|)uurvu  de 
pouvoir  assimilaleur;  par  M.  /ea/i 
Fricdel 1092 

La  fécondation  nucléaire  chez  les  Mu- 
corinées  ;  par  M.  Dangcard G4  > 

Origine  des  matériaux  utilisés  par 
l'ovaire  ;  par  M.  Jean  Friedel 1 547 

Sur  le  mécanisme  de  chute  de  certains 
bourgeons  terminaux;  par  M.  J.  Tis- 
son 222 

Étude  spectroscopique  des  pigments 
verts  des  graines  mûres;  par  M.  If. 
/jd)iiiien/(o 1432 


PHYSIQUE. 

-  Sur  la  signification  exacte  du  principe 
de  Carn-ot;  par  M.  Louis  Frcdcy .  .  .  . 
Voir  Acoustique,  Air  Liquide,  Aurore 
boréale,  CapilLarité.  Cludeur.  Cliro- 
noDiétrie.  Electricité,  Equation  ca- 
ractéristique. Etats  correspondants. 
Frottement,  Magnétisme.  Optique, 
Quartz,  Rayons  N.  Therniodynaiid- 
que,  Trompe. 


n3 


PHYSIQUE  DU  GLOiSE. 

-  Les  courbures  du  géo'i'de  dans  le  luji- 
nel  du  Siuiplon  ;  par  .\I.  Marcel  Jlril- 
lûuiii 916 

Voir  Glaciers,  Météorologie.  Océano- 
graphie. 


l6l2 


TABLE    DES    MATIERES. 


rages. 

Physique  M.viiiKMVTioi-t:.  —  Voii'  Elasti- 
cité, Mngiiétismc. 

Physique  physiologique.  —  Hayons  X  et 

activité  génitale;  par  M.  F.  Villeinin.     yii 

—  Sur  les  chaleurs  de   combustion   et  la 

composition  des  os  du  squelette,  en 
fonction  de  l'âge,  chez  les  cobayes  ; 
par  M.  ./.   'J'ri/jol «joli 

—  Recherches   sur   l'électricité  animale; 

par  MM.  (,irnrd  et  Victor  Henrv .  .  .  .  lifij 
Voir  Optique  /i/ifsiolof^ifjtie. 
Pus  cvcHETÉs.  —  Ouverture  d'un  pli  ca- 
cheté relatif  à  un  dispositif  qui  per- 
met de  faire  fonctionner  un  gouver- 
nail à  distance  au  moyen  d'une  roue 
à  contacts  alternatifs,  commandée  par 
des  ondes  hertziennes  ;  par  M.  .■/.  Le- 
fraiic 117 

—  M.  A.  Corel  demande  l'ouverture  d'un 

pli  cacheté  relatif  à  un  thermomètre 
médical 1 1 4  >. 

—  Sur  l'allure  du  i)assin  houiller  de  Saar- 

briick  et  de  son  prolongement  en  Lor- 
raine française:   par  MM.   /idcs  lier- 


fierait  et  Paul  }f  ciss 

Poids  ATOMIQUES  et  moléculaires.  —  Sur 

le  poids  atomique  absolu  du  terbium; 

par  M.  C.-D.  Hinric/is 

Voir  Dilfusion,  Metau.r  rares. 
Poils.  —  Recherches  sur  le  blanchiment 

hivernal  des  poils  et  des  plumes;  par 

M.  El.    \relchnikoff. 

Présentations.  —  Voir  Conservatoire  des 

Arts  et  Métiers,   Miiséuiii  d'Histoire 

naturelle. 
Pression  artérielle.  —  De  l'influence  de 

la  vieillesse  sur  la  pression  artérielle; 

par  M.  A.  Motitier 

Protozoaires.  —  Sur  la  structure  intime 

du  protoplasma  chez  les  Protozoaires  ; 

par  M.  Emmanuel  Fauré-Fréniiet,  .  . 
—  Contribution  à  la  morphologie  géné- 

nérale  des  Protozoaires   supérieurs; 

par  MM.  Ch.  Gineste  et  ,/.  Kunstlcr. 
PïRANiQUE  (série).   —  Rccherclies  dans 

la  série  du  pyrane;   par  MM.  E.-E. 

Biaise  et  //.  Gault 

Voir  Chimie  organique. 


'a^es. 
ligS 


1 1 1)6 


1024 


399 


452 


Quartz.  —  Sur  les  variations  de  quelques 
propriétés  du   quariz;    par  M.   //. 


Buisson  , 


R 


Radioactivité.  —  Sur  la  diminution  de 
la  radioactivité  du  polonium  avec  le 
temps  ;  par  M'""  Curie -.',7  3 

—  Sur  quelques  propriétés  des  rayons  a 

émis  par  le  radium  et  par  les  corps 
activés  par    l'émanation  du    radium; 

par  M.  Henr)    lieequcrcl .iCS 

Voir  Sources. 

—  Sur  la  radioctivilé  des  sources  d'eau 

potable;  par  M.  /•'.  Dienert S8j 

—  Sur  la  radioctivité  des  gaz  qui  provien- 

nent de  l'eau  des  sources  Ihermales; 

par  MM.  /'.   Curie  e[  A.  Lnborde  .  .  .    i4(i2 

Radiothérapie.  —  Ellets  de  la  radiothéra- 
pie dans  un  cas  de  sarcome  (?;  du 
fémur  chez  un  enfant;  par  M.  -/.  Im- 
l>ert (Cd 

Rayons  cathodiquks.  —  Élude  photogra- 
phique de  la  durée  de  la  décharge 
dans  un   tube  de  CEookes;  par  MM. 


André  Broca  et  Turehiiii 445 

—  Sur  le  mécanisme  de  la  liimiére  posi- 

tive ;  par  M.  P.  Villard 706 

—  Sur  la  valeur  numérique  la  plus  i)ro- 

bable  du  rapport  -^  de  la  charge  à  la 

masse  de  l'électron  dans  les   rayons 
cathodiques;  par  M.  Ot.-Eug.  Guye.     S33 
-  Dichroïsme,  biréfrigérence  et  coiuluc- 
tibililé  de  lames  métalliques  minces 
obtenues  par  la  pulvérisation  eatho- 

dique;  par  M.  Cli.  Maurain 870 

Hayons  N.   —    Sur    les    rayons   N;   par 

M.  E.  Mascart 122 

—  Expériences  photographiques  sur  l'ac- 

tion des  rayons  N  sur  une  étincelle 

électrique;  par  M.  C.  Gutton i45 

Hayons  X.  —  Sur  la  durée  de  la  décharge 
dans  un  lube  à  rayons  X;  par  M. 
André  Broca 27 1 


TABLE    DES    MATIERES. 


l6l3 


Sur  les  durées  comparées  d'une  émis 
sion  de  rayons  X  et  d'une  étincelle 
en  série  avec  le  tube  producteur  de 
rayons;  par  M.  Bernard  Bninlics .. . 

Sur  un  procédé  pour  la  mesure  de  la 
quantité  totale  de  rayons  X  émis  dans 
un  temps  donné;  par  M.  Gaiffe 

Nouvelles  recherches  sur  les  ampoules 
productives    de    rayons   X;    par  M. 


Pages. 


50> 


Pag.^s. 

ISogicr ysî 

—  Tubes  à  rayons  X,  à  régulateur  auto- 
matique; par  .M.  a.  Berlemont 1 189 

Voir  Rayons  calltodiqiies. 
UESPinATioN.  —  Appareil  respiratoire  pour 
l'exploration  des  milieux  remplis  de 
gaz  irrespirables:  par  M.  (Uigliehni- 
nctti (io 


Sang.  —  Observations  laites  au  mont 
Blanc  sur  l'hypergloljulie  des  alti- 
tudes; par  MM.  H.  Cuillemard  et  ït. 
Moog G  i 

—  Sur  l'acide  glycuronique  des  globules 

du  sang;  par  M.M.  Bouliid  et  R.  /,e- 
pine 196 

—  Etude  des  v'ariations  de  la  toxicité  du 

contenu  de  l'intestin  grêle.  Modifica- 
tions du  sang;  par  MM.  Charrin  et 
Le  Play 5  >,4 

—  La  réaction  du  sang,  fonction  de  la  nu- 

trition (loi  de  physiologie  générale  1  : 

par  M.  Jean  Gautrelet G  39 

—  Sur  des  méthodes  pour  photographier 

les  raies  d'absorption  des  matières 
colorantes  du  sang;  par  .MM.  Z,o»w 
Letvin,  A.   Miethe  e.\.  E.  Stenger .  . .  .    i5i.i 

—  Un    procédé    d'isolement    à  l'état  de 

pureté  des  hématoblastes  du  sang; 
par  M.M.  L.  Lesourd  et  Pli.  Pagniez.  1562 
Voir  Aneslliésie,  Chloroforme,  Hémo- 
globine, Oiseaii.r,  Pression  artérielle. 
Séismes.  —  Extrait  d'une  lettre  relative  à 
une  secousse  sismique  ressentie  à 
l'Observatoire  de  l'Ebro,  le  3 1  jan- 
vier; par  M.   Cirera 3G:5 

—  Sur     un    mouvement     microsismique 

important;  par  M.  Cirera loxi 

—  Kapport    de    M.  Souliari,  Ministre  de 

France  à  Bogota,  sur  un  tremblement 

de  terre  ressenti  le  3i  janvier  1906. .   1077 

—  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique 

transmet  à  l'.^cadémie  un  l{a|)]iort  de 
M.  le  Directeur  de  l'Observatoire  de 
Cloaba  (Bombay),  relatif  au  tremble- 
ment de  terre  du  26  mars  1906 1 1  j-;> 

SÉRIES.   —  Sur  la  série  deFourier;  par 

M.  Léopold  Fejér io  i 

—  Sur  le  développement  en  série  trigo- 

nométrique   des  fonctions    non  inté- 

C.  K.,  19D6,  I"  Semestre.  (T.  C\LII.) 


grables  ;  par  M.  /■■.  Faiou 765 

—  Sur    la   généralisai  ion   des   séries   Iri- 

gonométriques';  par  M.  A.  Buhl 1028 

—  Sur   certaines    séries  asymptotiques  ; 

Jiar  M.  L.  Schlesinger io3i 

SiinoTHÉRAPiE.  —  Voir  Tuberculose. 
Soi.KiL.  —  Observations  du  Soleil  faites  à 
l'Observatoire  de  Lyon  (équatorial 
Brunuer  de  o"',iG  d'ouverture)  pen- 
dant le  deuxième  trimestre  de  1903; 
par  .M.  /.   Guillaume 382 

—  Observations  du  Soleil  faites  à  l'Obser- 

vatoire deLyon  (équatorial  Brunner  de 
o"",  16),  pendant  le  troisième  trimestre 

de  igo5 ;   par  M.  J.  Guillaume 329 

-"  Observations  du  Soleil  faites  à  l'Obser- 
vatoire do  Lyon  (équatorial  Brunner 
de  o"',i6  d'ouverture),  pendant  le 
quatrième  trimestre  de  1903;  par 
.M.  /.  Guillaume 5Go 

—  Méthodes  pour  la  recherche  des  parti- 

cules lumineuses  mêlées  aux  gaz 
de  la  chromosphère  et  des  protubé- 
rances solaires.  Application  pendant 
l'éclipsé  de  1903;  par  M.  H.  Des- 
Inndres -4 1 

—  Méthodes  pour  la  recherche,  en  dehors 

des  éclipses,  de  particules  brillantes, 
mêlées  aux  gaz  et  aux  vapeurs  dans 
la  partie  basse  de  l'atmosphère 
solaire;  par  M.  H.  Deslandrcs 1009 

—  Sur   une  méthode  susceptible  de  per- 

mettre l'étude  de  la  couronne  solaire 
en   dehors   des  éclipses;   par   M.  G. 

Mitlochau  et  Slefdnik 945 

—  Observations    d'ombres    volantes    au 

lever  et  au  coucher  du    Soleil:    par 

M.   Cl.  Roget 913 

Voir  Ellipses. 
Solennités  scientifiqurs.  —  .MM.  Si/non 

210 


l6l4  TABLE    DES 

Pages. 
Netvcomb  et  M.  Agasnz,  associés 
élrangers,  sont  désignés  par  l'Acadé- 
mie pour  la  rcpiésenler  à  la  célébra- 
tion du  second  centenaire  de  la 
naiss  incc  de  Franklin 7'»  j 

—  M.  Simon  Ncivcomb  écrit  à  l'Académie 

pour  lui  rendre  compte  de  la  célébra- 
tion du  second  centenaire  de  Franklin.   io.jS 

—  Envoi  d'une  dép^'-clie  à  l'^wiewftH /;A(- 

losopliical  Society,  à  l'occasion  des 
fêtes  du  second  centenaire  de  Fran- 
klin  •     O'^ 

—  M.M.  /.  ./(tiissiu  et  H.  Jiecquercl  sont 

désigné.-;  pour  représenter  l'Académie 
au  quatrième  centenaire  de  l'Univer- 
sité d'Aberdeen 1  i5i 

SoLiTioNS.  —  Sur  l'indice  de  réfraction 
des  corps  dissous  dans  d'autres  dis- 
solvants que  l'eau:  par  M.  C.  Clié- 
neveau 1 5>.o 

Spectroscopiiî.  —  Sur  les  variations  avec 
la  température  des  spectres  d'émis- 


MATIERES. 

Pages. 

sien  de  quelques  lampes  électriques; 

par  M.  /'.  l'aillant. Si 

—  Sur  le  spectre  de  flamme  du  mercure: 

par  M.  C.  do  Wàtteville :'.!iij 

—  Sur   un    nouveau    dispositif   pour    la 

spectroscopie  des  corps  phosphores- 
cents; par  M.  C.  de  Walteville injS 

—  Sur    la    théorie    des    s[)eclres;     par 

M.  Ivar  Fredholm. . , 'loO 

—  Contribution  à  l'étude  du  spectre  infra- 

rouge; par  M.  Milan  Sttifdnik.  .....     98(1 

—  Sur   les    spectres    des    alliages;    par 

^LM.  P.-B.  Hiiber  et   /.  de  Koa^alski.     99! 

Voir  Métaux  rares. 

Si'ÉLÉoLOGiiî.  —  Sur  lesabinies  des  Aban- 
nets,  de  Nismés  (Belgique);  par 
MM.  E.-A.  Martel  et  E.  Fan  den 
Broek. 1  1 1  (> 

Sucres.  —  Mélézitose  et  Turanosc;   par 

M.  Georgr.K  Tanret i.j  «4 

Voir  Jiiiidons.    Diasta.ir.w    Tht'iinoclii- 
inie. 


T 


Technologiiî. —  Le  chlorage  delà  laine;  par 

MM.  /.  Mollard.  et  Léo  Fignon l'i^i 

Terpénks.—  Synthèse  des  acides  pp-dimé- 
ihyl  et  pjis-lrimcthyl  piméliques;  par 

M.  C.  lilanr 996 

Voir     Chimie    organique,    Cliimie    vé- 
gétale. 

Théorie  des  nombres.  — •  Sur  les  théo- 
rèmes do  Sylvester  concernant  le 
quotient  de  Fermât;  par  M.  Lercii..       35 

Thermocuimik.  —  Tlicrmochimie  des  hy- 
drazones  et  des  osazones,  des  dieé- 
tones-x  et  des  sucres  réducteurs  ; 
par  M.  /'/(.  [Mndrieu J.So 

—  Recherches  sur  la  rubidine,  la  ceesine 

et  la  lithine;  par  AL  de  Forcrand. .  .    \>ii. 

TopoGR.iPHiE.  —  Sur  doux  plans  en  relief 
du  Parjngn  et  de  Soarbele  (  Karpates 
méridionales)  exécutés  d'après  les 
levés  topographiques  inédits;  par 
M .  E.  de  Martonite 1 583 

Tourbe.  —  Les  tourbes  des  plages  bre- 
tonnes au  nord  deMorlaix  (Finistère); 

par  AL  X.  C(i)eu.x (68 

Voii'  Nilrifiration. 

Trav.vii,  Di:  MUSCLE.  —  Lc  trarail c.vtérieur 
créi'  [)ai'les  aciions  slatiquesel  dyna- 
miques du  travail  intérieur  du  moteur- 


muscle.  Relations  entre  l'énergie  liée 
à  ces  actions  et  l'énergie  qui  passe 
dans  le  travail  extérieur;  par  M.  -/. 
Cltaiweau 1 474 

—  Sur  le  problème  dit  du  travail  statique; 

par  M.  Ernest  Solvay 1 568 

Voir  Energétique  biologique. 
Trompe.  —  Sur  la  soupape  parhydrique  : 

par  M.  /.  de  Rohan-Cliabot 1 53 

Trïpanosomes.  —  Sur  trois  virus  de  Iry- 

panosomiasc  humaine  do  provenances 

différentes  :  par  M.  À.  Laveran io65 

—  Identification  des  Trypanosomes  patho- 

gènes. Essais  de  sérodiagnostic:  par 
MM.  .-/.  Laveran  et  F.  Mesnil i48'2 

—  Sur  l'infection    expérimentale    par   le 

Tripanosoma  ISrucei.  Destruction  du 
parasite  dans  la  rate:  par  MM.,/.  Ro- 

det  et  G.  Fallet 1  ii^) 

Tuberculose.  —  Sur  les  dangers  de  l'in- 
gestion de  bacilles  tuberculeux  tués 
par  la  chaleur  chez  les  animaux  tuber- 
culeux et  chez  les  ainmaux  sains:  i)ar 
MM.  Breton  et  A.  Calrnette 4  i  ' 

—  Sur  les  effets  de  la  tuborculine  absor- 

bée par  le  tube  digestif  chez  les  ani- 
maux sains  et  chez  les  animaux  tuber- 
culeux :  par  MM.   Breton  et  A.  Cal- 


TABLE    DES    MATIERES. 


6^' 
13 


mette 616 

Analyse  des   bacilles  tuberculeux;  par 

M.  G.  JSinidran G  >'" 

Sur  la  |)atho.;;énie  de  la    Uiberculose; 

par  M .  H.  FaUée 1 1  o  1 

Origine   iniestinale   des   adénopaliiies 

trachéo-brunchiques    tuberculeuses  ; 
par  MM.  A.  Culmelle.  C.  Giwrin  et 

J.  Déléarde 11  Wi 

Sur    la    tuberculose     [iiilnionaire    du 

tigre  et  la  néoforniation  d'un  épilhé- 

lium   des   terminaisons  bronchiques: 

par  M.  P.  Achfilme 1 79(1 

Sur  la  vaccination  contre  la  lubereuloso 

par  les  voies  digestivcs  :  par  MM.  A. 

Calmelte  et  C.  (jucriii 1  3 1  f) 

Production   expcrimeulale  de  variétés 

transmissibles  du  bacille  de  la  tuber- 


Pages. 
culose  et  de  vaccins  antituberculeux  ; 
par  M.  .V.  .Irlolng i Sgî 

—  Sur   l'indication   de   la   voie  digivsiive 

pour  la  vaccination  anii-tuberculcuse 
des  jeunes  ruminants;  par  .M.  S. 
Arloiiig 1 4s- 

—  -  Sur  le    traitement   de    la    tuberculose 

pulmonaire  par  la  sérnlliérapie:  par 
M.^f.  Lnrinelo/igite,  Ac/inrd  et  Gail- 
liird 1479 

—  Étude  sur  la  transmissibililé  de  la  tu- 

berculose par  la  caséine  alimentaire; 

par  M.  Marcrl  Giuklras ...    lijS 

TtMciERs.  —  L'évolution  des  colonies  de 
Diplosoma  spongijormp  Giard  et  la 
displanchtomie  desascidiozoïdes;  par 
M.  Antoine  l'izoïi 463 


Vaccin.  —  Voir  Tuherciiloxe. 

VÉHinur.Es.  —  Conditions  d'établissement 
et  d'application  d'un  amortisseur  pro- 
gressif à  la  suspension  des  véhicules 
sur  route;  par  M.  A.  Krebs 143 

Ventilateurs.—  Surle  résultat  de  l'étude 
expérimentale  d'un  ventilateur  centri- 
fuge; par  M.M.  Henri  qI  Léon  Bochet.     990 

Vebs.  —  Sur  les  Némertiens  bathypéla- 
giques  recueillis  par  S.  A.  le  Prince 
de  Monaco  :  par  '\\.  L.  Jouhin 1 349 

—  A  propos  de  l'anatoraie  comparée  des 

Sipunculides;     |)ar     M.     Marcel-A. 

Hêruhel 6  j  i 

Voir  Perles  fînrs. 
Vin.  —  De  l'inlluence  de  la  greffe  sur  la 
qualité  du  raisin  et  du  vin  et  de  son 
emploi  à  l'amélioration  systématique 
des  hybrides  sexuels;  par  MM.  Cartel 
et  Jurie 4*" 

—  Sur  les  caractères  chimiques  des  vins 

provenant  de  vignes  atteintes  par  le 

mildew;  par  M.  E.  Manceau J89 

Viticulture.  —  Recherches  sur  le  déve- 
loppement du  Botrytis  Cinerea,  cause 
de  la  pourriture  grise  des  raisins: 

par  M .  G.-M.  Guillon 1 346 

Voir  Fitt. 


Volcans.  —  Sur  l'origine  vésuvienne  du 
brouillard  sec  observé  à  Paris  dans 
la  matinée  du  11  avril  1906;  par 
M.  Stanislas  Meunier 938 

—  Sur  l'éruption  du  Vésuve  et  en  [lartl- 

culier  sur  les  phénomènes  explosifs; 

par  .M.  A.  Lacroix 941 

—  Errata  relatifs  à  celte  Communication.  i238 

—  Les  conglomérats  des  expulsions  vulca- 

niennes  du  Vésuve,  leurs  minéraux, 
leur  comparaison  avec  les  conglomé- 
rais trachytiques  du  MoiU-Dore:  par 
AL  ./.  Lacroix 1 020 

—  Errata  relatifs  à  cette  Ciuiimunicalion.   i238 

—  Les  avalanches  sèches  et  les  torrents 

boueux  de  l'éruption  récente  du  Vé- 
suve ;  par  M.  A.  Lacroix i244 

—  Les  cristaux  desylvitedes  blocs  rejetés 

par  la  récente  éruption  du  Vésuve  ; 

par  M.  A.  Lacroix |249 

—  Action  de  l'oxyde  de  carbone,  au  rouge, 

sur  la  va[)eur  d'eau  et  de  l'hydrngène 
sur  l'acide  carbonique.  Application 
de  ces  réactions  à  l'analyse  des  phé- 
nomènes volcaniques:  par  M.  Armand 
Gantier i382 

—  ^7ToM  relatifs  à  cette  Communication.   i588 
Voir  Chimie  orgatiiqiie. 


i6i6 


TABLE    DES    MATIERES. 


ZOOLOGIE. 


Pages. 


-    Sur     V  Hytocliœrus     Meinertz/iai^eni 
0.  Ths.:  par  iM.M.  Henri  Neuville  cl 

Maurice  de  Rolhschild 

Voir  Acariens,  Annélides,  Arachnides, 
Batraciens ,     Cétacés,      Cœlentérés, 


64  G 


Crustacés,  Ecliinodermes,  Edenlés, 
Mollusques.  Nerfs.  Océanographie, 
Oiseaux,  Parasites.  Pathologie  ani- 
male, Perles  fines.  Physiologie,  Poils, 
Protozoaires,  Sang,  Trjrpanosomes, 
Tubcrcalote,  Tuniciers,  Tcrs. 


l'ages. 


TABLE  DES  AUTEURS. 


MM.  Pages. 

ABRAHAM  (Henri).  —  (ialvanomètre  à 
cadre  mobile  pour  courants  alterna- 
tifs      gc)  J 

ACADÉMIE  BRITANNIQUE  (  L'  )  adresse  à 
l'Académie  l'expression  de  sa  sympa- 
thie, à  l'occasion  de  la  mort  de 
M.  Curie lojii 

ACHALME  (  P.).  —  Sur  la  tiilierciilose  pul- 
monaire du  tigre  et  la  néoformalion 
d'un  épithélium  des  terminaisons  bron- 
chiques     i2gG 

ACHARD  (Ch.)  et  AYNAUD  (M.).  —  Sur 
le  rôle  du  chlorure  de  sodium  dans 
l'imprégnation  liistologique  des  tissus 
par  l'argent 1571 

ACHARD  (Cil.),  lANNELONGUE  et  GAIL- 
LARD. —  Sur  le  traitement  de  la  tu- 
berculose pulmonaire  par  la  sérothé- 
rapie      1 479 

AGASSIZ  (M.)  et  NEWCOMB  (Simon), 
.Associés  étrangers,  sont  désignés 
par  l'Académie  pour  la  représenter  à 
la  célébration  du  second  Centenaire 
de  la  naissance  de  Franklin 755 

ALBERT  DE  MONACO  (  S.  A.  S.  le  Prince  ). 
—  Sur  la  septième  campagne  scienti- 
fique de  la  Princesse-JUce 621 

—  Fait  hommage  à  l'Académie  du  Fasci- 

cule XXXI  des  Résultats  des  cam- 
pagnes scieiitipque<:  acuonipUen  sur 
son  yoclit 1 36 

—  Fait  hommage  à  r.\cadémie  du  Fasci- 

cule LIX  du  K  Bulletin  du  Musée 
océanographique  do  Monaco  » 625 

ALBERT-LÉVY  et  PÉCOUL  (A.).  —  Sur 
le  dosage  de  l'oxyde  de  carbone  dans 
l'air  par  l'anhydride  iodique 162 

AMAGAT  (E.-H.).  —  Sur  la  pression  In- 


MM.  Pages, 

terne  des  fluides  cl  l'équation  de 
Clausius 371 

—  Errata   relatifs  à  une  Communication 

du  .'(  mars  189J  sur  la  pression  inté- 
rieure et  le  viriel  des  forces  inté- 
rieures dans  les  fluides 420 

—  Discontinuité  des  chaleurs  spécifiques 

à  saturation  et  courbes  de  Thomson.  1120 

—  .ff;7-«/r(  relatifs  à  cette  Communication.    i3o2 

—  Sur  quelques  points  relatifs  à  l'étude 

des  chaleurs  spécifiques  et  l'applica- 
tion à  celles-ci  de  la  loi  des  états 
correspondants 1 3o3 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission  char- 

gée de  juger  les  Concours  des  prix 
Hébert,  Hughes  pour  l'année  1906.. .     265 
AMAR  (JiLES).  —  Osmose  gazeuse  à  tra- 
vers une  membrane  colloïdale 779 

—  Osmo.?e  gazeuse  à  travers  une  mem- 

brane colloïdale 872 

AMMANN  (  L.)  et  LINDET.  —  Contribu- 
tion à   l'étude  des  matières  albumi- 

noïdes  solubles  du  lait 1282 

ANCEL  (P.)  et  BOUIN  (P.).  —  Action  de 
l'extrait  de  glande  interstitielle  du  tes- 
ticule sur  le  développement  du  sque- 
lette et  des  organes  génitaux 232 

—  Sur  l'effet  des  injections  d'extrait  de 

glande  interstitielle  du  testicule  sur 

la  croissance «gS 

ANDRÉ  (G.).  —  Sur  la  composition  des 
liquides  qui  circulent  dans  le  végétal  ; 
variations  de  l'azole  dans  les  feuilles.     106 

—  Sur  les  variations  de  l'acide  phospho- 

rique  et  de  l'azote  dans  les  sucs  des 
feuiflcs  de  certains  végétaux 226 

—  Étude  des  variations  de  l'azote  et  de 

l'acide    pliosphorique  dans  les  sucs 


i(iiK 


TABLE    DES    AUTEURS. 


MM.  P 

d'iiiio  piaille  grasse 

ANDRÉ  (G.)  et  BERTIIELOÏ.  —  Rechei- 
ches  sur  quelques  métaux  el  minerais 
trouvés  dans  les  fouilles  liu  Tell  (le 
rAcro|}cilc  do  Suse,  en  Perse 

ANTHONY  (H.).  —  Les  coupures  généri- 
ques de  la  lamille  des  Bradypodidœ 
(le  genre  llfinihradypus  nov.  g.) .  .  . 

APPELL  (P.)  est  élu  niombrc  de  la  Coui- 
missiou  chargée  de  juger  les  Con- 
cours du  Grand  Prix  des  Sciences 
matliémaliqiies  et  des  prix  Fiancœur, 
Poncelcl  pour  l'année  1906 

—  Est  élu    membre    do  la   Commission 

chargée  de  présenter  une  question  de 
prix  Boniin  (  Sciences  malhcmali(|nes) 

pour  l'année  1909 

ARGANL)  (Emile).  —  Sur  la  lectonupie 
du  massif  de  la  Denl-Blanche 

—  Sur  la  tectonique  de  la  zone  d'Ivrée  et 

de  la  zone  du  Strona 

—  Contribution  à  l'iiisloire  du  géosyncli- 

nal piémoulais 

ARGAND  (É5m.E)et  LUGEON  (Maurice). 
—  Sur  de  grands  phénomènes  de 
charriage  en  Sicile  ) 

—  Sur  la  grande  nappe  de  rccouvrenieni 

de  la  Sicile 

—  La  racine  do  la  nap|)o  sicilienne  cl  l'are 

de  charriage  de  la  Calabre 

ARLOING  (S.).  —  Production  expérimen- 
tale de  variétés  transmissibles  du  ba- 
cille de  la  luberculosc  et  de  vaccins 
antilubercnleux   

—  Sur   l'indication  do   la   voie   digestive 

pour  la  vaccination  antituberculeuse 
des  jeunes  ruminants 


âges. 

iJ02 


■2(V2 
2G/1 

(•>(>(■) 
S09 

0(56 


iSgS 

1487 


MM.  Pages. 

ARSONVAL  (D')  est  élu  membre  des 
Commissions  chargées  de  juger  les 
Concours:  des  prix  Monlyon  (Méde- 
cine ei  Chirurgie),  Barbier,  Bréant, 
Godard,  Du  Barron  Larrey,  Bellion, 
Mége,  pour  l'année  igoli '527 

—  Des  prix  Monlvon  (Physiologie  expé- 

rimentale), Philipeaux,  Lallemand, 
Pou  rat,  Martin-Damourette,  pour  l'an- 
née igo6 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission  char- 

gée de  présenter  une  question  de  [irix 

Pourat  pour  l'année  1909 

ARSONVAL  (D')  et  BOUDAS.  —  Les 
basses  températures  et  l'analyse  chi- 
mique   

—  .Vddilion  à  la  Note  sur  les  basses  leni- 

péralures  et  l'analyse  chimique 

ARTlIAUn  (Gabriel).  —  Sur  l'importance 
pathogcnique  des  adénopalhies  bron- 
chiquos 

AUGER  (  V.).  —  Méthodes  nouvelles  de 
préparation  de  quelques  dérivés  or- 
ganicjues  de  l'arsenic 1 1  ''  1 

—  Décomposition  du  sulfate  de  cuivre  par 

l'alcool  niélhylique Î272 

AURII>.  —  Théorème  sur  les  fonctions  en- 
tières        'i4 

AUTONNE  (LÉON).  —  Sur  les  propriétés 
qui,  pour  les  fonctions  d'une  variable 
hypercomplexe,    correspondent    à   la 

monogénéité 1  i8j 

AVNAUD(M.)  et  ACHARD  (Ch.).  —  Sur 
le  rôle  du  chlorure  de  sodium  dans 
l'imprégnation  histologique  des  tissus 
par  l'argent '57i 


i-'S 


:32« 


lo"!» 


1 179 


I23l 


B 


BAGARl)  (P.)  et  BLAISE  (E.-F.).  —  Sté- 
réoisomérie  dans  le  groupe  des  acides 
non  saturés  «(î-acyliques 111S7 

liAlLLAUD  (B.j  et  MATIHAS  (E.).  —  Sur 
la  Carte  magnétique  des  Iles  Britan- 
niques      5'V") 

BAILLV  (lioMoNu).  —  De  la  vibration 
sympatliiciue  d'une  corde ^j/vn'e  à  l'ap- 
pel d'une  corde  aiguë  et  des  consé- 
ipieuces  possibles  qui  en  découlent. .     lin) 

BALTIIAZAHD  et  BOUCHARD  (Ch.).  — 
Action  de  l'émanation  du  radium  sur 
les  bactéries  chromogènes 819 


BANACHIEWTCZ  (Thadée).  —  Sur  un 
cas  particulier  du  problème  des  // 
corps âio 

—  Errata  relatifs  à  celte  Comuiunicalion .     ('172 

liARBIERI  (N.-A.).  —  Origine  concrète  et 

très  précise  des  nerfs î^oB 

B.\RROIS  est  élu  membre  de  la  Commis- 
sion chargée  déjuger  le  Concours  du 
prix  Cuvier  pour  l'année  njoij îSo 

BASSOT.  —  Est  élu  membres  des  Com- 
missions chargées  de  juger  les  Con- 
cours :  du  prix  extraordinaire  do  six 
mille  francs  (Navigation)  et  du  prix 


TABLE    DE 

MM.  I';l;;es. 

Pliimey  pour  l'année  1906 264 

—  Dos  prix  Tcliiliatclief,   Binoiix.    Dela- 

lande-GiK'iineaii  pour  l'année  i<)oO..     -iGJ 

—  Esl  élu  membre  de  la  Commission  char- 

gée de  présenter  une  question  de  prix 
Gay  pour  l'aimée  1909 ?.63 

BATAILLON  (E.)-  —Imprégnation  el  fé- 
condai ion I J  )  I 

BATELLI  (F.  )  et  STEKN  (M""  L.).  —  iNou- 
velles  recherches  sur  les  oxydations 
produites  par  les  tissus  animaux  oi 
présence  des  sels  fnrreux 1-5 

BAUBIGNY   (IL).   —   Reclincalion   ;i  une 

Noie  sur  l'oxyde  salui  île  nickel i54 

—  Sur  le  dosagi!  du  cadmium 375 

-^  ^/vrtïfï  relatifs  à  celte  Communication.     577 

—  Mode   opératoire   pour   le   dosage  du 

cadmium 792 

—  Dosage  du  cailinium  dans  un  sel  volatil 

ou  organiipie 939 

BAUDUAN  (G.).  —  Analyse  des  bacilles 

tuberculeux 05; 

BAUER  (E.)  el  IIALLER  (A.).  —  Benzyl- 
et  phénylboriréols  et  leurs  produits 
de  déshydratation,  les  benzyl-et  phé- 
nylcamphèries G77 

—  Sur  des  diphéiiyle    ou    alcoylphénylc 

camphométhane  et  méthylène 

/CH  —  CHcfî!, 
C»Uis/  I  \U' 

\co 

et 

Csili'(    I  \H  .  97' 

\co 

BEAUVERIE  (J.).  —  Sur  la  maladie  des 
Platanes  due  au  Gnomonin  iieneta 
(Sacc.  et  Speg.)  Klebahn  [Glœo.ipo- 
riiiiii  noivixt'qHHiti  (Fuck)  Saccardo], 
particuliéremenl  dans  les  pépinières.    i55i 

BEAUVERIE  (J)  el  GUILLIER.MOND  (A.). 
—  Noie  préliminaire  sur  les  glo- 
boïdes  cl  certaines  granulalions  des 
graines,  ressemblant  par  quelques- 
unes  de  leurs  iiropriélés  aux  corpus- 
cules niélachromaliques 897 

BECQUEREL  (Hemii).  —  Sur  quelques 
|iro[iriélés  des  rayons  a  émis  par  le 
radium  et  par  les  corps  activés  par 
l'émaualion  du  radium 365 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission  char- 

gée de  juger  les  Concours  des  prix 
Hébert,  Hughes,  pour  l'année  i9of). .     aGJ 


617 

'agC9. 
l45l 

874 


S    AUTEURS. 

VI  M.  I 

BECQUEREL  (Henbi)  et  JANSSKN  (J.) 
sont  désignés  pour  représenterl'Aca- 
démie  aux  fêtes  du  quatrième  Cente- 
naire de  rUniversilé  d'Aberdecn. . . . 

BECQUEKEL  (Jean).  —  Sur  les  variaiions 
des  bandes  d'absorption  d'un  cristal 
dans  un  champ  magnétique 

—  Sur  les  variaiions  des  bandes  d'absorp- 
lion  d'un  cristal  dans  un  champ  ma- 
gnétique   

—  Sur  la  corrélation  entre  les  variaiions 
des  bandes  d'absor(iiinn  des  cristaux 
dans  un  champ  magnélique  et  la  po- 
larisation rolaloirc  magnétique 1 144 

BECQUEREL  (Paul).  —  Action  de  l'acide 
carbonique  sur  la  vie  latente  de  quel- 
ques graines  desséchées .S43 

—  Sur  la  longévité  des  graines 1 549 

BELOT  (Emile).  —  Sur  les  comèles  et  la 

courbure  de  la  trajectoire  solaire  ...       72 
BERGEllON  (Jules)  et  Weiss  (P.\i  l).  — 
Sur   l'allure   du   bassin   houiller   de 
Saarbriick  elde  soii  prolongement  en 

Lorraine  frani.'aise 1 398 

BERGET  (A.).  — Collimaleiir  magnélique 
permcltantde  transformer  unejiimeilc 

en  instrument  de  relèvemeiil 1 143 

BERTHELOT.  — Nouvelles  recherches  sur 
les  composés  alcalins  insolubles  con- 
tenus dans  les  végétaux  vivants  : 
feuilles  de  chêne.- 249 

—  Sur  l'existence  des  composés  potas- 
siques insolubles  dans  le  tronc  et 
l'écorce  du  chêne 3 1 3 

—  Les  sous-oxydes  de  carbone 533 

—  Recherches  sur  la  synthèse  directe  de 
l'acide  azotique  et  des  azotates  par  les 
éléments,  à  la  toinj>érature  ordinaire.  13G7 

—  A"rr«?rt  relatifs  à- cette  Communication.  i588 

—  Sur  la  formation  des  combinaisons  en- 
dothermiques  aux  températures  éle- 
vées     i45i 

—  Est  élu  membre  des  Commissions  char- 
gées de  juger  les  concours  :  des  prix 
Hébert,  Hughes  pour  l'année  190G..     265 

—  Des  prix  Jecker,  Cahours.  Monl\'on 
(Arts  insalubres)  pour  l'année  190G.     327 

—  Des  médailles  Arago.  Lavoisier.  Ber- 
ihelot  pour  l'année  1906 38n 

—  Des  prix  ïrémont,  Gegncr,  Lanne- 
longue,  Jérôme  Ponti  pour  l'année 
1 90G 38o 

—  Du  prix  Wilde  pour  l'année  (90G 38o 

—  Du  prix  Sainlour  pour  l'aimée  1906...     38o 


1020 


TABLE    DES    AUTEURS. 


MM.  Pages. 

—  Du  pri.\  Hoiillevigiie  ])our  l'année  1906.     38o 

—  DLi|irix  Jean  Ueynaud  pour  l'année  1906.     443 

—  Dn  prix  du  baron  de  Joëst  pour  l'année 

ii)oG i45 

—  M.  le  Secrétaire  pcrpcuicl  annonce  la 

mort  de  Sir  John  Burdon  Snndcrson . 
correspondant  de  l'Académie  pour  la 
Section  de  Médecine  el  Chirurgie. ...     265 

—  El  la  mort  de  M.   G.  Rayet,  corres- 

pondant pour  la  Section  d'Astronomie.  1 400 

—  Annonce  à  l'.^cadémie  que  le  tome  CXLI 

des  «  Comptes  rendus  »  est  en  dis- 
tribution au  Secrétariat 1 567 

—  Signale  :  les  deux  premiers  fascicules 

des  «  Annales  de  Paléontologie  )\  pu- 
bliées sous  la  direclion  de  MarcclUn 
Boule,  i36  —  Le  tome  XVI  de  1  édi- 
tion nationale  des  Opère  di  Gnlilen 
Galitei,  publiée  sous  les  auspices  de 
Sa  Majesté  le  Roi  d'Italie.  —  Intro- 
duction à  l'élude  de  la  Chimie,  par  le 
D'  Maurice  de  T/iier/  [présenlé  par 
M.  Henri  Moissan).  —  Description 
géologique  de  l'île  d'.4mbon,parM.7{.- 
D.-M.  Verheeek.  —  Description  de  la 
faune  jurassique  du  Portugal.  Poly- 
piers du  Jurassique  supérieur,  par 
M.  /•'.  Kohy,  avec  une  Notice  strali- 
graphique,  par  M.  Paul  Choffal  (pré- 
senté par  M.  Albert  Gaudry),  26 j.  — 
Le  «  XVIII"  Bulletin  de  la  Société 
d'Histoire  naturelle  d'Aulun  »,   :58i. 

—  Le  «  Précis  de  diagnostic  chimiipie, 
microscopique  el  parasitologi(|ue  » 
de  MiM.  Jules  Guiart  cl  L.  Grimbcri. 
697.  —  Le  «  Cahier  n°  âS  du  Ser\  ice 
géographique  de  l'Armée  :  .Matériaux 
d'étude  topologique  pour  l'Algérie  et 
la  Tunisie  (6''  série)  ».  824.  —  Les 
Industries  de  la  conservation  des  ali- 
ments, par  M.  X.  Rocipws.  923.  — 
«  .Meleorologischeoptik  »,  von /.-.!/. 
Pernter  »,  986.  —  Note  sur  le  diri- 
geable mixte  «  Wellman  Chicago  Re- 
cord Herald  Polar  Expédition  »,  1 182. 

—  Leçons  sur  les  séries  trigonomé- 
iriijues,  par  M.  Henri  Lebesgue.  — 
Etude  sur  laslabililé  des  trains  el  les 
chemins  de  fer  à  voie  de  o"',6o,  par 
M.  Péchot.  —  Sur  l'aménagement  et 
la  conservation  des  eaux,  par  M.  J . 
de  Grnssouvrc.  i256. —  i"  Le  Tome  IV 
des  '<  Annales  de  l'Observatoire  na- 
tional d'Alhénes  »,  par  M.  D.  Egi- 


MiM.  l'ages. 

nids.  —  2"  Le  Tome  VU  de  1'  <■  Inven- 
taire des  richesses  d'Art  de  la  France, 
province.  Monuments  civils  » 1400 

BERTHELOT  et  ANDRÉ  (G.).  —  Re- 
cherches sur  quelques  méiaux  et  mi- 
nerais trouvés  dans  les  fouilles  du 
Tell  de  l'Acropole  de  Suse.  en  Perse.      iyS 

BERTHIEIl  (A.)  adresse  une  Note  inti- 
tulée :  «  Piles  à  gaz  » 9C9 

BERTIN  (L.-E.)  fait  hommage  à  l'Aca- 
démie d'une  Brochure  intitulée  : 
«  Évolution  do  la  puissance  défensive 
des  navires  de  guerre  » 327 

—  Fait    hommage    à     l'Académie    d'une 

«  Note  sur  la  protection  des  navires 
contre  les  torpilles  automobiles  »...    1  iSi 

—  Est  élu  membre  des  Commissions  char- 

gées de  juger  les  concours  :  Du  prix 
extraordinaire  de  6000''  (  Navigation) 
et  du  prix  Plumey.  pour  l'année  1906.     264 

—  Des  prix  Tchihatchef.   Binoux.   Dela- 

lande-ljuérineau  pour  l'année  ujolj..     2G5 

—  Est    élu    membre    de    la  Commission 

chargée  de   présenter  une  question 

de  prix  Gay  pour  l'année  1909 2G5 

BERLEMONT  (G.).  —  Tubes  à  rayons  X, 

à  régulateur  automatique 1 189 

BERXaRD  (Noël).  —  Symbioses  d'Or- 
eliidées  et  do  divers  champignons 
endoplivtes J2 

BERNSTEIN  (Skiiue).  —  Sur  les  singu- 
larités des  solutions  des  équations  aux 
dérivées  partielles  du  type  elliplii|ue.     JG.i 

BERTRAND  (Gabrikl).  —  Errata  relalifs 
à  une  Communication  du  26  dé- 
cembre 1903  :  «  Sur  l'emploi  favo- 
rable du  manganèse  comme  engrais  ».      GS 

BERTRAND  (P.\i  l).  —  Caractéristiques  du 

slipe  de  l'Adclop/ijton  Juiieri.  B.  R..    i  jji 

BESSON  et  ROSSET.  —  Action  du  per- 
oxyde d'azote  sur  l'ammoniac  el 
quelques  sels  ammoniacaux G  j3 

BIANCHI  (LriGi).  —  Sur  la  défonuaiion 

des  quadriques 'A->. 

BIEXAYMÉ  (.\HrnuR-FRANçois-.\Li>HONsii). 

—  Sa  mort  est  annoncée  à  l'Académie.     49^^ 

BIERRY  (H.)  et  FROUIN  (A.).  —  Rôle 
des  éléments  cellulaires  dans  la  trans- 
formation de  certains  hydrates  de 
carbone  par  le  suc  intestinal i  ilGJ 

BIGOURD.VN  (GiiLLAiME).  —  Observa- 
tions de  nébuleuses G7  î 

—  Sur  un  moyen  de  contrôler  un  système 

d'horloges  synchronisées  électrique- 


TABLE  DES  AUTEURS. 


1621 


MM.  Pages, 

ment 865 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission  char- 
gée de  ju^er  les  concours  des  prix 
Pierre  Guznian,  Lalande,  Valz.  Janssen 
pour  l'année  ii)o6 .',6ô 

BIXET  DU  JASSONNEIX.  —  Sur  les  pro- 
priétés magnétiques  des  combinaisons 
du  bore  et  du  manganèse 1 336 

BISCHOFFSIIEI.M    (R.)':  —  Sa   mort  est 

annoncée  à  l'Académie 1 1 19 

BLAISE  (E.-E.)  et  GAULT  (H.).  —  Ke- 

cherches  dans  la  série  du  pvrane.  . . .     452 

BLAISE(E.-E.)  etiMARIE(M.)."-  Surles 
eétones  i-chloréthylées  et  vinylées 
acvcliques a  1 5 

BLAISË  (E.-E.  )  et  BAGARD  (P.  ).  —  Sté- 
réoisoniérie  dans  le  groupe  des  acides 
non  saturés  a3-acvliques loïij 

BLAISE  (E.-E.)  et  HOUILLON.  —  Re- 
cherches sur  les  relations  entre  grou- 
pements fonctionnels  en  positions 
éloignées.  Imines  cvcliques 1  jji 

BLANC  (G.).  —  Sur  les  alcools  a-  et  p- 

eampholytiques lii'i 

—  Synthèse   des   acides    [iS-diméthyl  et 


pfic-triméthyl  piméliciiios 


996 


—  Synthèse  totale  de  dériws  du  camphre. 

Isolaurolèae.  acide  isaulauronolique  .    1084 

BL.\NC  (G.  )  et  H.\LLER  (  A.  j.  —  Conden- 
sation de  l'éther  ii-diméthylglyci- 
dique  avec  l'éllier  malonique  sodé. 
Synthèse  des  acides  térébiciue  et  py- 
rotérébique 1471 

BLARLNGHEM   (L.  ).    —    Production    de 

feuilles  en  cornet  par  iraumatismes  .   i545 

BL.\SERNA  adresse  une  dépêche  à  l'occa- 
sion de  la  mort  de  M.  Curie 94  i 

BLONDEL  (A.).  —  .4pplication  du  prin- 
cipe de  la  superposition  à  la  transmis- 
sion des  courants  alternatifs  sur  une 
longue  ligne.  Représentation  gra- 
phique      io36 

—  Étude  simplifiée  des  effets  de  capacité 

des  lignes  à  courants  alternatifs 1  5o3 

BLOT  adresse  un  Mémoire  «  Sur  un  tur- 

bino-moteur  à  vapeur  » G69 

BOCHET  (Hkmu  et  Léon>  —  Sur  le  ré- 
sultat de  l'étude  expérimentale  d'un 

ventilateur  centrifuge 990 

BOCQUET  est  présenté  en  première  ligne 
à  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  pu- 
blique, pour  une  place  d'Astronome 
titulaire  vacante  à  l'Observatoire  de 
Paris 444  I 

C.  R.,  1906,   ["  Semestre.  (T.  CXLH.) 


M  VI.  Pages. 

BODROUX  (F.).  — Préparation  rapide  des 

solutions  d'acide  iodhydrique 279 

—  Action  de  quelques  éthers  d'acides  bi- 

basiques  sur  les  dérivés  halogéno- 
niagnésicns  des  aminés  aromatiques 

primaires 4oi 

BOGGIO  (TosiMASo).  —  Nouvelle  résolu- 
lion  du  problème  de  l'induction  ma- 
gnétique pour  une  sphère  isotrope..     701 

—  A'/vaia  relatifs  à  cette  Comumnication.     924 
BOIZAUD.  —  Sur  la  conductibilité  du  sul- 
fate d'ammoniaque  dans  les  mélanges 
d'acide  sulfurique  et  d'eau 1082 

BONNET  (A.).  —  Sur  l'anatomie  et  l'his- 
tologie des  Ixodes 296 

BONNET  (Ed.).  —  Contribution  a  la  flore 

tertiaire  du  Maroc  septentrional gii 

BONNIER  (Gastox)  otTre  à  l'Acadéinie 
plusieurs  Ouvrages  dont  il  est  l'au- 
teur     1256 

—  Est  élu  membre  de  la  (^onmiission  char- 

gée de  juger  les  concours  des  prix 
Desmazières,  Montagne,  de  Coincy 
pour  l'année  1906 3iy 

BONNIER  (Pierre).  —  Conditions  phy- 
siologiques de  l'enseignement  oral . .     3o2 

BOUDAS  \  F.  )  et  AllSON  VAL  (  d').  —  Les 
basses  températures  et  l'analyse  chi- 
mique      io58 

—  .\ddition   à    la   Note  «    sur   les   basses 

températures  et  l'analvse  chimique  ".  1179 
BORDAS  (F.j  et  TOUPLAÏN.  —  Méthode 
de  détermination  des  matières  étran- 
gères contenues  dans  les  cacaos  et  les 
chocolats 639 

—  De  la  rapidité  d'absorfition  des  odeurs 

par  le  lait 1 204 

—  Le  dosage  des  matières  albumino'ides 

et  gélatineuses  au  moyen  de  l'acé- 
tone    1345 

BORDAS  (L.).  —  Structure  des  caecums 
ou  appendices  filiformes  de  l'intestin 
moyen  des  P/y/Z/e.v  (l'Iivlliiim  cruri- 
folium  Audinet  Serville  ) 649 

BORNET.  —  Est  élu  membre  des  Com- 
missions chargées  de  juger  les  con- 
cours des  prix  Desmazières,  Mon- 
tagne, de  Coincy,  pour  l'année  1906.     3-27 

—  Des   prix   Trémont,    Geguer.    Lanne- 

longue.  Jérôme   Ponti   pour    l'année 

1906 38o 

BOUCHARD  (Cu.)  et  BALTILAZARD.  — 
Action  de  l'émanation  du  radium  sur 
les  bactéries  chromogènes 819 

211 


1622 


TABLE  DES  AUTEURS. 


MM.  Pages. 

BOUCHARD  (r.ii.)  est  élu  membre  des 
Commissions  chargées  de  juger  les 
coiieoiirs  des  prix  Montyon  (Méde- 
cine ot  Cliinirgie),  Barbier,  Bréant. 
Godard,  du  l)aron  Larrey.  Bellion, 
-Mège.  pour  l'année  igolj 327 

—  Des  prix  Monlyon   (Physiologie  expé- 

rimeniale).  Philipeaux,  Lallemand, 
Poiiral.  .Alartin-Damoiirette.  pour 
l'année  1  goti 5 -(S 

—  Du  prix  Parkin  pour  l'année  1906  ....     38o 

—  Est   élu    membre   de   la   Commission 

chargée  de  présenter  une  question  du 
prix  Pouiat  pour  l'année  1909 35,8 

BOUDOUAKD.  —  Sur  les  siliconcs i526 

BOUGAULT.   —   Sur   un   tartrate  d'anli- 

moine 585 

BOUGAULT  (,L).  —  Sur  l'acide  cinuamé- 

n^'lparaconique i Sjg 

BOULN  (P.)  et  AXCEL  (P.).  —  Action  de 
l'extrait  de  glande  inlerstilielle  du 
testicule  sur  le  développement  du 
squelette  et  des  organes  génitaux  . . .     232 

BOUIN  (P.)  et  ANCEL  (P.).  —  Sur  l'effet 
des  injections  d'extrait  de  glande 
interstitielle  du  testicule  sur  la  crois- 
sance      298 

BOULANGER  (A.).  —Extinction  de  l'onde 
'solitaire  propagée  le  long  d'un  tube 
élastique  horizontal 388 

BOULOUCH  (U.).  —  Sur  l'existence  des 
.sulfures  de  phosphore  :  mixtes  de 
phosphore  et  de  sesquisulfure  de 
phosplnire lO-i  "1 

BOULUD  et  LÉPINE  (  R.).  —  Sur  l'acide 

glycuronique  des  globules  du  sang  . .     196 

BOUNHIOL  (  J.).  —  Sur  le  gisement  hui- 
trier  naturel  de  la  Macta  (Algérie)  et 
le  régime  d'écoulcmeal  de  cette  ri- 
vière   , .     5c)3 

BOUQUET  DE  LA  GRVE.  —  Sur  l'atter- 
rissage des  aéroplanes 121 

—  Est  élu  membre  des  Commissions  char- 

gées déjuger  les  concours  :  du  prix 
extraordinaire  de  10000''  (Naviga- 
tion) et  du  prix  Pluniey  pour  l'année 
1 906 264 

—  Des  prix  Tclnhatche!.    Binoux,    Dela- 

lande-Guérineau,  pour  l'année  1906  .     265 

—  Du   prix  ,)ean  Roynaud  pour   l'année 

1906 443 

—  Du  prix  du  iiaron  de  .loëst  pour  l'année 

1906 4  i  3 

—  Est    élu   membre    de   la    Commission 


MM.  Pages, 

chargée  de  présenter  une  question  de 
prix  Gay  pour  l'année  1909 265 

BOUQUET  (E.)  et  DIENERT  (F.).  —  Sur 
la  radioactivité  des  sources  d'eau 
potable 149 

BOURGET   (Henry).  —   Sur    une   classe 

particulière  do  (onctions  0 1 185 

BOURLET  (Carlo).  —  Est  présenté  en 
seconde  ligne  à  M.  le  Ministre  du 
Commerce  pour  la  Chaire  de  Géomé- 
trie vacante  au  Conservatoire  na- 
tional des  Arts  et  Métiers 1 897 

BOUSSAC  (JiîAN).  —  Sur  la  formation  du 

réseau  des  Nummulites  réticulées. . .     243 

BOUSSINESQ  (.).).  -  Propagation  du 
niouvenicnl  autour  d'un  centre  dans 
un  milieu  élastique,  homogène  et  iso- 
irope  :  étude  de  l'onde  corrélalive 
aux  variations  de  densité 48o 

—  Propagation  du  mouvement  autourd'un 

centre,  dans  un  milieu  élastique,  ho- 
mogène et  isotrope  :  étude  de  l'onde 
produite  sans  changements  de  densité.     542 

—  Propagation  dn  mouvement  autour  d'un 

centre,  dans  un  milieu  élastique,  ho- 
mogène et  isotrope  :  caractères  de 
l'onde  totale 609 

—  Est  élu  membre  des  Commissions  char- 

gées de  juger  les  concours  :  du  Grand 
Prix  des  Sciences  mathématiques  et 
des  prix  Francœur.  Poncelet,  pour 
l'année  1 906 2G4 

—  Du  prix  Monlyon  (-Mécanique)  et  du 

prix  Boileau  pour  l'année  1906 264 

—  Du  prix  extraordinaire  de  (1000''  (Na- 

vigation )  et  du  prix  Plumey  pour 
l'année  1 90G 264 

BOUTROUX  (Pierre),  —  Sur  l'indéter- 
mination d'une  fonction  au  voisinage 
d'une  singularité  transcendante 199 

BOUTY  (  E.),  —  Sur  une  expérience  de 
Hillorf  et  sur  la  généralilé  de  la  loi 
de  Paschen 1265 

—  Est  classé  en  seconde  ligne  parmi  les 

candidats  à  la  place  laissée  vacante 

par  le  décès  de  M.  P.  Curie i45o 

B0UVE.4ULT  et  CHEREAU  (F,).  -  Sur 
l'a-chloroovclohcxanone   et    ses    dé- 


1086 


BOUVIER  (E.-L,),  —  Nouvelles  observa- 
tions sur  les  Pyenogonides  recueillis 
dans  les  régions  antarctiques  au  cours 
de  la  campagne  (hrigée  par  M.  Jreiii 
CItanol 


TABLE    DES    AUTEURS. 


1623 


MM.  P 

—  Sur  les  Geniiacla.s  ou  Pénéides  balhy- 

pélagiques 

—  Suite  aux  observalions  sur  les  Gcn- 

iiadas  ou  Pénéides  Ijallivpélaijiques.. 
--  La  nidificalion  (les  aljcilk'S  à  l'air  lil)re. 

—  Est    élu    membre    des    Commissions 

chargées  de  juger  les  concours  :  des 
prix  Savigny,  tliore.  Da  Gama  Ma- 
cliado.  poui'  l'année  1906 

—  Du  prix'  Cuvier  pour  l'année  1906  .... 
BRAU  et  DEiMliR.  —  Sur  la  toxine  et  l'an- 
titoxine cholériques 

BRÉAL  (E.).  —  Traitement  cuivrique  des 
semonces .' 

BRÉAUDAT  (L.).  —  Sur  nu  nouveau  mi- 
crobe producteur  d'acétone 

BRETON  (M.)  et  CALMETTE  (A.).  —  Sur 
les  dangers  de  l'ingestion  de  bacilles 
tuberculeux  tués  par  la  chaleur  chez 
les  animaux  tuberculeux  el  chez  les 
animaux  sains 

—  Sur  les  effets  de  la  tulierculine  absorbée 

par  le  lubc  digosliC  chez  les  animaux 
tuberculeux 

BREUIL  (Pierre).  —  Recherches  sur  les 
aciers  au  cuivre 

BREVDEL(A.j.—  Adresse  une  .Note  «  Sur 
l'Électricité  souterraine  » 

BRILLOULX  (  Marcel).  —  Les  courbures 
du  géo'ide  dans  le  tunnel  du  Simplon. 

BRLNER.  — Equilibres  hétérogènes:  For- 
mation du  chlorure  de  [ihosphonium, 
du  carbonate  et  du  sulfliydrate  d'am- 
monium  

BRLNER  (E.).  -  Étude  des  équilibres 
liélérogènes  sous  des  pressions  va- 
ri.ibles 

BROCA  (André).  —  Sur  la  durée  de  la 
décharge  dans  un  tube  à  rayons  X. . . 

—  Pouvoir  inducteur  spécifique  et   con- 

ductibilité. Viscosité  électrique 

—  Est  classé  en  troisième  ligne  parmi  les 

candidats  à  la  place  laissée   vacante 

par  le  décès  de  il.  P.  Curie 

BROCA  (André)  el  TUUCHINL  —  Étude 
photographique  de  la  durée  de  la  dé- 


686 
ioi5 


327 

38o 

728 
r28o 


616 
liai 

IO(J> 

916 


121  î 


328 


1 4  )i> 


MM.  P 

charge  dans  un  tulie  de  Crookes .... 

—  Résistance  des   électrolytes  pour  les 

courants  do  haute  fréquence 

BKOCQ-ROUSSEAU  et  PIETTKE.  -  Sur 
les  spores  d'un  Strcptotlirix 

BROXIEWSKl  (WiTOLD).  —  Adresse  une 
Note  (1  Sur  la  relation  entre  le  chan- 
gement de  résistance  et  la  dilatation 
des  solides  mono-alomi(]ues  ■> 

BROUARDEL.  —  Est  nommé  membre  d'une 
Commission  chargée  de  présenter  à 
M.  le  .Ministre  de  l'Intérieur  une  liste 
de  trois  membres  de  l'Académie  pour 
une  place  dans  le  Comité  consultatif 
d'hygiène  publique  de  France 

—  Est  élu  membre  des  Commissions  char- 

gées de  juger  les  concours  :  des  prix 
Montyon  (Médecine  et  Chirurgie), 
Barbier.  Bréant,  Godard,  du  baron 
Larrey,  Bellion,  Mège,  |)our  l'année 
I  yo6 ■ 

—  Du   prix  Montyon   (  Statisti(pic)  pour 

l'année  1900 

—  Du  prix  Parkin  pour  l'année  iyo6  .... 
ItRUMlES  (  liERNARD).  —  Sur  les  durées 

comparées  d'une  émission  de  rayons  X 
el  d'une  étincelle  en  série  avec  le 

tube  pi'odncteur  de  rayons 

BRUiNUES  (Jean).  —  Sur  les  conti'adic- 
dictions  de  l'érosion  glaciaire 

—  Sur  une  explication  nouxelle  du  sur- 

creusement  glaciaire 

liRUST  (Alfred)  adresse  une  Noie  «  Sur 
un  nouvel  appareil  destiné  à  dé- 
montrer la  rotation  de  la  Terre  »... 

BUHL  (.A.;.  —  Sur  la  généralisation  des 
séries  trigonomélriqnes 

BURDON  SiVNDERSOX  (Sir  Joun).  —  Sa 
mort  est  annoncée  à  l'Académie 

BUISSOX  (H.j.  —  Sur  les  variations  de 
quelques  propriétés  du  quartz 

BUISSOX  (H.)  et  FABRY  (Cii.).  —  Sur 
l'emploi  de  la  lampe  Cooper-IIevvitt 
comme  source  de  lumière  monochro- 
matique  


âges. 

-145 

1187 


GoS 


265 


j8o 
38o 


391 
1234 
'  -^99 

118 

io>8 

265 

881 

7«4 


CALMLÏTE  I  A.)  et  BRETON  (M.j.  —  Sur 
les  dangers  de  l'ingestion  de  bacilles 
tuberculeux  tués  par  la  chaleur  chez 
les  animaux  tuberculeux  el  chez  les 


annnaux  sains ■. . 

—  Sur  les  effets  de  la  tuberculino  absor- 
bée par  le  tube  digestif  cliez  les  ani- 
maux sains  et  chez  les  animaux  tuber- 


441 


1624 


TABLE    DES   AUTEURS. 


MM. 


fi  16 


culeux 

CALMETTE  (A  )  et  GUÉRIN  (C).  -  Sur 
la  vaccination  contre  la  tuberculose 
par  les  voies  digcstives iSkj 

CALMETTE  (A.i.  GUÉRIN  (C.)  et  DÉ- 
LÉARDE  (A.).  —  Origine  intestinale 
(les  adénopathies  traehéo-broncliiqnes 
tuberculeuses 1 1 36 

CAMUS  (L.).  —  Action  du  sulfate  d'hor- 

dénine  snr  la  circulation 217 

—  Action  du  sulfate  d'iiordénine  sur  les 

ferments  solubles  et  sur  les  microbes.     35o 

—  L'iiordénine,    son    degré   de    toxicité, 

symptômes  de  l'inioxication 110 

CARDOT  rJri.r:s).  —  Note  sur  la  végéta- 

tation  bryologiquc  de  l'Antarctide...     4^6 

CAIILES  (■PiERiiE)  adresse  une  Note  trai- 
tant «  De  l'obtention  d'un  soufre 
mouillai  lie  » 1 169 

C.\RNOT  (Adolphe).  —  Est  élu  membre 
de  la  Commission  chargée  de  juger  le 
concours  du  prix  Montyon  (Statis- 
tique) pour  l'année  1906 38o 

CARRÉ    (H.i.    —    Sur    la    maladie    des 

cliiens ()G? 

CARTAUD  (G.)  et  OSMOND  (F.).  —  Sur 

la  cristallographie  du  fer 1 53o 

CARVALLO  (.Im.iîs)  adresse  une  «  Étude 
de  la  loi  des  variations  de  la  tempé- 
rature de  ralmos|)hèrc  en  fonction  de 
la  hauteur  ■' 471 

CAVALIER  (.1.).  —  Sur  les  composés  py- 

rophosphoriques 885 

CAYEUX  (L.).  —  Les  tourbes  des  plages 
bretonnes,  au  nord  de  Morlaix  (Finis- 
tère)       468 

—  Structure  et  origine  probable  du  mine- 

rai   de   fer   magnétique   de   Diélette 
(Manche) 716 

—  Genèse  d'un  minerai  de  fer  par  décom- 

position de  la  glaueonie 895 

GAZES  (E.)  et  MATIGNON  (C).  ~  Un 
nouveau  type  .de  composé  dans  le 
groujie  des  métaux  rares 83 

CÉPÈDE  (Casimir).  —  Sur  une  Microspo- 
ridie  nouvelle,  Plcistopliora  nutcro- 
xpnrfi.  parasite  des  Loches  franclios 
du  Dauphiné 56 

ClIABLAV  (E.).  -^  Sur  les  conditions  d'hy- 
drogénation, par  les  métaux-ammo- 
niums, de  quelques  dérivés  halogènes 
des  carbures  gras.  Préiiaration  des 
carbureséthylénicpicsclfDrnu'niques.       93 

ClIARAlîOT  (Ere.)  et  LALOUEiG.i.  — 


MM.  Pages. 

Formation  et  distribution  des  compo- 
sés ter|iéniques  chez  l'oranger  a  fruits 
amers 798 

—  Errata  relatifs  à  cette  Communication.     860 
CHARRIN  (A.).  —  Mécanismes  des  moda- 
lités pathologiques  S[)éciales  à  chaque 
organe  au  cours  d'une  maladie  géné- 
rale      414 

CHARRIN  (A.)  et  GOUPIL.  —  Les  fer- 
ments du  placenta 395 

CHARRIN    (A.)   et  .lARDRY.    -    Hyper- 

iherniics  opératoires  aseptiques 806 

—  Influence  de  l'ovaire  sur  la  nutrition. 

Synergie  thvro-ovarienno i443 

CHARRIN  (A.)  et  LE  PLAY.  —  Étude  des 
variations  de  la  toxicité  du  contenu 
de  l'intestin  grêle.   Modifications  du 

sang 524 

CHATIN  est  élu  membre  des  Conunissioiis 
chargées  déjuger  les  Concours  :  des 
prix  Desmazières,  Montagne,  deCoiney 
pour  l'année  1906 3-27 

—  Des   prix    Savigny.   Thore,   Da  Gama 

Machado  pour  l'année  igofi 827 

—  Du  prix  Cuvier  pour  l'année  1906..  ..     j8o 
CHAUDIER  (,!.).    —   Sur    la    polarisation 

elliptique  produite  par  les  iiqueui's 
mixtes 201 

CHAUMET  et  VARIOT.  —  Tables  décrois- 
sance dressées  en  1905  d'après  les 
mensurations  de  44oo  enfants  pari- 
siens de  I  à  i5  ans 299 

CHAUVEAU  (A.).  —  Rapports  simples  des 
aclioiix  statique/:  du  muscle  avec 
l'énergie  qui  les  produit 977 

—  Rapports  simples  des  actions  dynami- 

ques du  muscle  avec  l'énergie  qui  les 
produit 1 12.5 

—  Le  travail c.rtcricur  créé  par  les  actions 

statiques  et  dynamiques  du  travail 
intérieur  du  moteur-nuiscle.  Relations 
entre  l'énergie  liée  à  ces  actions  et 
l'énergie  qui  |)asse  dans  le  travail  ex- 
térieur     1474 

—  Est  élu  membre  des  Connnissions  char- 

gées de  juger  les  Concours  :  des  prix 
Montyon  (Médecine  et  Chirurgie), 
Barbier,  Bréant,  Godard,  du  Rarou 
Larrey,  Bellion,  Mège  'pour  l'année 
1906 327 

—  Des  prix  .Montyon  (Physiologie  expé- 

rimentale), Philipeanx,  Lallemand. 
Poural,  Martin-Damnuretic  pour  l'an- 
née 1 90G 328 


TABLE  DES  AUTEURS. 


l6'25 


MM.  PagfS. 

—  Des  médailles  Arago,  Lavoisier,  Ber- 

llielot  pour  l'année  1906 3So 

—  Des  prix  Trémont,  Gcirnor.  I.anneloii- 

gue,  Jérôme  Ponli  pour  l'année  1906.     38o 

—  Du  prix  Parkin  pour  l'année  1906....     38o 

—  l)n    prix   .lean    Reynaud    ponr    l'année 

1906 443 

—  Est  éhi  membre  de  la  (  Juiimission  char- 

gée de  présenter  une  question  de  prix 
Pourat  pour  l'année  1909 3a8 

CHAVANNE  (G.)  et  SIMON  (L.-L).  — 
Réaction  caractéristique  du  glvoxylate 
d'étliyle.  Action  de  l'ammoniaque  sur 
cet  étlier  et  ses  dérivés gSo 

CHÉNEVEAU  (C).  —  Sur  l'indice  de  ré- 
fraction des  corps  dissous  dans  d'au- 
tres dissolvants  que  l'eau i  J20 

CHÉHEAU  (F.)   et   BOUVEAL'LT.  —  Sur 

l'cz-clilorocyclohexane  et  ses  dérivés.   1086 

CHEVALIER  (  .Marcel  i.  —  Sur  les  glaciers 
pléistocènos  dans  les  vallées  d'An- 
dorre       l'>6-i 

—  A>/'(7(o  relatifs  à  celte  Oummunication.     740 

—  Sur  les  glaciers  pléistocènes  dans  les 

vallées  d'.Xndorre  et  dans  les  hautes 
vallées  espagnoles  environnantes. ...     910 

CHEVALLIER   (.\.).    —   Courants    marins 

profonds  dans  l'Atlantique  Nord 116 

CHEVALLIER  (A.)  et  TIIOULET.  —  Sur 

la  circulation  océanique i^j 

CHEYROTTIER  {.\.)  adresse  une  Note 
«  Sur  une  nouvelle  combinaison  or- 
ganique d'iode  0 i3oi 

CHliiÈTIEN  (P.).   —  Sur  la  réduction  du 

séléniure  d'antimoine i339 

—  Sur  la  réduction  du  séléniure  d'anti- 

moine     1 4  1 2 

CHRÉTIEN  (P.)  et  GUINCHANT.  —  Sul- 
fure d'antimoine  et  aniimoine -o<) 

CHUDE.\U  (Re.né).  —  Nouvelles  observa- 
tions sur  la  géologie  du  Sahara 24 1 

—  D'Iférouane  à  Zinder 53<p 

CIRERA.  —  Extrait  d'une  lettre  relative 

à  une  secousse  sismique  ressentie,  à 
rObsei'vatoire  de  l'Ebre,  le  3i  jan- 
vier 1906 303 

—  Sur  un  mouvement  microsismiquc  im- 

portant     1054 

CL.VIRIN  (.1.).  —  Sur  les  transformations 
des  systèmes  d'équations  aux  déri- 
vées partielles  de  second  ordre 8G7 

CL.\UI)E  (Georges).  —  Sur  la  liquéfac- 
tion de  l'air  par  détente  avec  travail 
extérieur 1 333 


MM.  Paces. 

CLAUDE  (Georges)  et  LEYV  (Renk-J.). 
—  Sur  la  production  des  vides  élevés 
à  l'aide  de  l'air  liquide S76 

CLAUSMANN  et  GAUTIER  (Ahmano).  — 
Sur  quekpies  dil'licultés  ([ue  présente 
le  dosage  de  l'oxyde  de  carbone  dans 
les  mélanges  gazeux 48J 

COLIN  (Ed. -El.).  —  Travaux  géodésiques 
et  magnétiques  aux  environs  de  Tana- 
narive 11 19 

—  Observations   magnétiques  à   Tanana- 

rive 1 179 

COLLET  (L.-W.)  et  LEE  (G.-W.).  —  Sur 
la  composilion  chimique  de  la  glau- 
conie 999 

COLSON  I  Aliikkt).  —  Sur  la  conslilutiou 

des  sull'ales  clironuqucs ioa 

COMBES  fds  (l'AiL).  —  Sur  l'extension  de 
l'invasion  marine  du  Sparnacien  su- 
périeur aux  environs  de  Paris i574 

GORET  (A.)  demande  l'ouverture  d'un  pli 
cacheté  dé|iosi/  par  lui  le  17  mai  r88(i, 
relatif  à  un  thermomètre  médical....   1142 

CORNET  (J.).  —  Sur  la  faune  du  terrain 

inférieur  de  Baudour  (  Hainaut) 734 

COSIANTIN  (J.)  et  GALLAUD  (1.).  — 
Asclépiadées  nouvelles  do  Madagascar 
produisant  du  caoutchouc i554 

COTTON  (A.)  et  MOUTON  (H.).  —  Nou- 
velles propriétés  magnéto-optiques  des 
solutions  collo'idales  d'hydroxule  de 
fer 2o3 

COUPIN  (Henri).  —  Sur  l'action  de  quel- 
ques alcaloi'des  à  l'égard  des  tubes 
polliniques 84 1 

COUTIÉRE(H.k  —  Sur  quelques  larves 
de  Macroures  eucyphotes  provenant 
des  collections  de  S.  .V.  S.  le  Prince 
de  .Monaco 847 

CRELIER  (L.)  adresse  une  Note  intitulée: 
n  Génération  et  construction  des 
courbes  du  (n  -1-  i)'^'"«  degré  et  de  la 
(7!  -I-  i)"'™"  classe  » 1 363 

CROOKES  (Sir  William)  est  élu  Corres- 
pondant de  l'Académie  pour  hi  Section 
de  Physique,  en  remplacement  de 
M.  /irncst  Biclint 3  80 

CUÉ.NOT   (C).   —   Sur   les   délurm:ilions 

des  voies  de  ciiemins  de  fer 770 

CURIE  (Pierre)  est  élu  membre  do  la 
Commission  chargée  de  juger  les  Con- 
cours des  prix  Ileberl.  Hughes  pour 
l'année  1 90G 2()5 

—  Sa  mort  est  annoncée  à  l'Académie. . .     939 


1626 


TABLE    DES    AUTEURS. 


MM.  Pages. 

CURIE  (Pii:iiun)clLABOKDE(A.).  —  Sur 
!a  radioactivité  des  siaz  qui  provien- 
nciil  de  l'eau  dos  sources  thoruiales.    1  \i>i 

CURIE  (M"").  —  Sur  la  diuiinution  do  la 
radioactivité  du  polonium  avec  le 
temps -'-73 


MM.  Pages. 

CURTELeUURlE  (A.).  —  De  l'innuence 
do  la  grelfe  sur  la  qualité  du  raisin  et 
du  vin  et  de  son  emploi  à  l'amélio- 
ration systématique  des  hybrides 
sexuels \Cii 


D 


DANGEARD.  —  La  fécondai  ion  nucléaire 

cliez  les  Mucorinées 615 

DARBOUX  est  élu  membre  des  Commis- 
sions ehari;ées  de  juger  les  Concours  : 
du  Grand  Prix  des  Sciences  nialhema- 
liques  et  des  prix  Francœur  et  Ponce- 
let  pour  l'aimée  1906 aOI 

—  Des  prix  Pierre  (îuznian,  Lalande,  Valz. 

Jansseu  pour  l'année  190O ^Gi 

—  Des  médailles  Arago,  Lavoisier,  Ber- 

tlielol  pour  l'année  1906 3So 

—  Des  prix  Trémont,  Gegner,  Lannelon- 

gue,  Jérôme  Ponti  pour  l'année  1906.     38o 

—  Du  prix  Wilde  pour  l'année  1906 38o 

—  Du  prix  Saintour  pour  l'année  1906..  .     3.So 

—  Du  [H-ix  Houllevigue  pour  l'année  190(5.     38o 

—  Du    jirix   Jean  Reynaud    pour   l'année 

190G. 'h3 

—  Du  prix  du  l.iarun  do  Joëst  pour  l'année 

1906 i43 

—  Est  élu  membre  de  la  l'.ommission  char- 

gée de  présenter  une  question  de  prix 
Bordin  (Sciences  malhémaliques)  pour 

l'année  1909 443 

M.  \e  .Secrélnire  pcrpctiicl  annonce  U  mort 
de  M.  Jrl/iur  -  François  -  Alphonse 
Bienaymé,  Correspondanl  de  l'Acadé- 
mie pour  la  Section  de  Géographie  et 
Navigation 497 

—  Signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de 

la  Corresiiondaiicc  :  Une  nouvelle  édi- 
tion, conlonno  à  l'original,  des  Éludes 
chimiques  sur  la  végétation,  de  Jules 
Raulin,  199.  —  Joseph  Dambey,  sa 
vie,  son  œuvre,  sa  correspondance, 
par  le  D'  E.-T.  Hamy,  199.  —  Le 
Mexique  et  son  évolution  sociale,  199. 
—  Le  Fascicule  IV  des  Décades  zoo- 
logiques (Oiseaux),  publiées  par  la 
Mission  scifnlifiqHc pcnnanfntc  d  '<•.;- 
j)loration  en  Jndo-CItine,  414-  —  Ees 
Tomes  1  et  II  des  Leçons  d'algèbre  et 
d'analyse  à  l'usage  des  élèves  des 
classes  de  mathématiques  spéciales, 


por.//;/e.«  Tnnnerj.  498.  —  Précis  de 
Médecine  légale,  par  J.  Lacnssagne, 
Deux  Volumes  de  la  Vie  des  ani- 
maux illustrée,  publiée  sous  la  di- 
rection de  M.  Edmond  Perrier  :  Les 
Mamniilères.  par  A.  Ménégaux.  62 j. 

—  L'Électrométallurgie  dos  fontes, 
fors  et  aciers,  par  M.  Cinnilh'  Ma- 
tignon, 757.  —  The  Seikirlv  range, 
par  J.-O.  W'hcrler.  737.  —  Le  Fas- 
cicule V  (Oiseaux)  des  Décades  zoo- 
logiques, de  la  Mission  scientifique 
permanente  d'e.rplorati(m  en  Indo- 
Chine.  7J7.  —  Une  Brochure  publii'c 
par  V Association  internationale  des 
Jcadéinies  et  plusieurs  Brochures  de 
M.  O.  Lelimann,  867.  —  19  feuilles 
dos  Cartes  de  France,  de  l'.Algorio  et 
de  la  Tunisie,  10^8.  —  Le  chimiste 
Dizô,  par  MM.  //.  Pillas  et  A.  Bal- 
la  nd,  1028.  —  Le  transformisme 
appliqué  à  l'apiculture,  1028.  —  Ta- 
bleaux logarithmiques  A  el  Bétpiiva- 
lanl  à  des  Tableaux  logarithmiques  à 
G  et  9  décimales  et  Notice  explicative 
donnant  la  théorie  le  mode  d'emploi 
de  ces  Tableaux,  par  le  D"^  A.  Ctiit- 
leniin,  1142.  — Tratado  de  las  curvas 
especiales  notables,  par  F.  C.omes 
Teixern,  i\!\i.  —  Les  prix  Nobel  en 
1903,  1323.  —  Essai  sur  le  carré  ma- 
gique de  N  à  N  nombres.  \iùv  Prosper 
de  Lafitte.  i32J.  —  La  Physique  mo- 
derne et  son  évolution,  par  Lucien 
l'oinearé,  i325.  —  L'âge  des  derniers 
volcans  de  la  France,  par  M  Marcel- 
lin  Houle I  i93 

DARZENS  (Georges).  —  Condensation 
glycidique  des  aldéhydes  avec  l'élhor 
a-ch!orn-propionique 214 

DARZENS  (Gkohges)  et  LEFÉBURE  (P.)- 

—  Préparation  d'éthers  glycidiques  et 
d'aldéh\(les  dans  la  série  hexahydro- 
aromali<iue 7 '4 


TABLE    DES   AUTEURS. 


MM.  P 

DASTUE  est  élu  membre  des  Commissions 
chargées  do  juger  les  Concours  :  des 
prix  Monlyon  (Médecine  et  Chirur- 
gie), Barbier,  Bréant,  Godard,  du 
Baron  Larrey,  Bellion,  Mcge  poui' 
ranné<"  igoCi 

—  Des  prix  Montyon  (l'Iiysiologic  expéri- 

mentale), Pliilipeaux,  Lallemand, 
Pourat,  Marlin-Damourelle  pour  l'an- 
née I  got; 

—  Du  prix  Parkin  pour  l'année  1906 

—  Est   élu   membre    de   la   Commission 

cliargco  de  présenter  une  question  de 
prix  Pourat  pour  l'année  1909 

DEBIERNE  r  A.)-  —  Sur  les  phénomènes 
de  phosphorescence  

DEHALU.  —  Observations  magnétiques 
faites  à  Sfax  (Tunisie),  à  l'occasion 
de  récli)ise  totale  de  Soleil  du  29- 
3o  août  igoS 

DELAGE  (YvKS).  —  Capture  d'un  Cacha- 
lot du  genre  Kogia  Gray,  sur  les 
côtes  de  -la  Manche,  à  Koscolf 

—  Est    élu    membre    des    Commissions 

chargées  de  juger  les  Concours  :  des 
prix  Savigny,  Tliore,  Da  Gama  Ma- 
chado  pour  l'année  1906 

—  Du  prix  Cuvier  pour  l'année  1906  .... 
DÉLÉARDE  (A.),  GUÉUIX  (C.)  et  CAL- 

METTE  (A.).  —  Origine  intestinale 
des  adénopathies  trachéo-bronchiques 

tuberculeuses 

DELÉPINE  (  Marce[,).  —  Action  de  l'acide 
sulfuriquo  à  chaud  sur  les  sels  de  pla- 
tine et  d'iridium  en  présence  do  sul- 
fate d'anmionium 

—  Sur  le  sulfate  double  d'iridium  et  de 

potassium 

Ir2(SO»)3-4-3S04K2. 

DELEZEWE  (C),  MOUTON  (H.)  et  PO- 
ZEUSKl  (E.).  —  Sur  l'allure  anomale 
de  quelques  proléolyses  produites  par 
la  papaïne 

DE.MACHY  annonce  une  découverte  rela- 
■   tive  au  siège  du  germe  delà  syphilis. 

DEMOLE  (EuG.).  — '  Nouvelle  méthode 
pour  la  pliotographie  dos  médaillei 

DEMOUSSY  (E.).'~  Sur  les  propriétés 
acides  de  l'amidon 

DENIER  et  URAU.  -  Sur  la  toxine  et 
l'antiloxine  cholériques 

DEPÉRET  (CH.4HLES).  —  L'évolution  des 
Mammifères    tertiaires;    importance 


âges. 


327 


328 
3  80 


328 
508 

18G 
258 


327 
38o 


ii36 


63 1 


525 


1627 

.       618 


740 
408 

g33 

728 


MM. 

des  migrations 

—  Fait  hommage  à  l'Académie  de  deux 

Mémoires  intilulés  :  Les  Vertébrés  de 
rOlii;ocviie  injcricur  de  TV/rrrifa  (pro- 
vince de  Lerida)  et  Contribulion  à 
l 'étude  de  ['(oligocène  de  la  Cata- 
lofi'ic 1492 

DEPÉRIÎT  (Ch.)  et  VIDAL  (  L.).  —  Sur  le 
bassin  oligocène  de  l'Èbre  et  l'his- 
toire tertiaire  de  l'Espagne 752 

DEPRAT.  —  Les  roches  alcalines  des  en- 
virons d'Evisa  (Corse) 169 

DESPREZ  (Marcel)  est  élu  membre  des 
Commissions  chargées  de  juger  les 
Concours:  du  prix  Monlyon  (Méca- 
nique) et  du  prix  Boileau  pour  l'an- 
née igo6 264 

—  Du  prix  extraordinaire  (Navigation)  et 

du  prix  Plumev  pour  l'année  1906. . .     2C4 
DHSGREZ  (A.)  et  ÂYRIGN-VC  (  J.).'—  De 
l'inQuence  du  régime  alimentaire  sur 
la  valeur  des  coefficients  urologiques 
et  sur  le  poids  moyen  de  la  molécule 

élaborée 85 1 

DESGREZ  (A.)  et  GUENDE  (M"'^^  Bl.).  — 
Influence  de  l'acide  phosphorique,  des 
phosphates  mono  et  trisodiques  sur 

les  échanges  nutritifs i43o 

DESLANDRES  (H.).  —  Méthodes  pour  la 
recherche  des  pariicules  lumineuses 
mêlées  aux  gaz  de  la  chromosphère  et 
des  protubérances  solaires,  .\pplica- 
tions  pendant  l'éclipsé  de  1903 741 

—  Méthodes  pour  la  rcclierche,  en  dehors 

des  éclipses,  des  amas  de  particules 
brillantes,  mêlés  aux  gaz  et  aux  va- 
peurs dans  la  partie  basse  de  l'atmo- 
sphère solaire 1 009 

—  Est   élu   membre    de   la  Commission 

chargée  de  juger  les  Concours  des 
prix  Pierre  Guzmann,  Lalande,  Valz, 
janssen  pour  l'année  1906 265 

DESLANDRES  (H.)  et  BLUM  (G.).  — 
Photographies  des  protubérances  so- 
laires avec  des  écrans  colorés  dans 
l'éclipsé  du  3q  août  igoi 817 

DEVAUX-CHARBONNEL.  —  Emploi  de 
l'électro-diapason  comme  régénéra- 
teur de  courants  allernaiil's giS 

—  Mesure  de  temps  très  courts  par  la  dé- 

charge d'un  condensateur loSo 

DlEXERT  (  F.).  —  Sur  la  radioactivité  des 

sources  d'eau  potable 883 

—  De  la  minéralisation  des  eaux  souter- 


1628 


TABLE    DES   AUTEURS. 


MM.  Pages, 

raines  et  des  causes  do  sa  variation  .    1 1 13 

—  Sur  le  degré  de  minéralisalion  des  eaux 

souterraines 1*30 

DIENERT  (F.)  et  BOUQUET  (E.).  —  Sur 
la  radioactivité  des  sources  d'eau  po- 
talîie : 4 '19 

DIONNEAU  (R.)-  —  Dérivés  asymétriques 
de  l'hexanediol-i  .G  ;  éliier  diélbylique 
et  diiodure  de  l'Iicfitanediol-i  .7 91 

DITTE  est  élu  membre  de  la  Commission 
chargée  de  juger  les  Concours  des 
prix  Jceker,  Caliours,  .Montyon  (Arls 
insalubics)  pour  l'année  1906 827 

DOUMERGUE  et  FICllEUU.  —  Sur  l'exis- 
tence du  Crétacé  dans  les  schistes 
d'Oran 1 576 

DOYON,  GAUTIER  (Claude)  et  MOREL 
(Amiiîrt).  —  Démonstration  de  la 
fonction  fibrinogénique  du  foie 8  J.| 

DOYON,  MOREL(ALBiatTi  cl  KAREFF(N.). 
—  Régénérateur  de  la  fibrine  et  do- 
sages comparatifs  de  cette  substance 
dans  diflérents  territoires  vasculaires 
cliez  le  chien  après  la  défibrination. .   iiOi 

DUBARD  (AUncEL).  —  Sur  le  genre  AJox- 

carenliasia io8g 

DUBOIN  (A.).  —  Sur  les  iodomercurates 

de  calcium SgS 

—  Sur  les  iodomercurates  de  calcium  et 

de  strontium 573 

—  Sur  les  iodomercurates  de  baryum. . .     887 


MM.  Pnges . 

—  Sur  les  iodoraercuraios  de  magnésium 

et  de  manganèse i338 

DUBOSCO  (0.)  et  LÉGEK  (L.).  —  L'évo- 
lution des  Eccrbia  des  Glomeris. .  . .     390 

—  Sur  l'évolution  des  Grégarines  gyrano- 

sporées  des  Crustacés r2-25 

DUHEM  (P.).  —  Sur  les  quasi-ondes  de 
choc  et  la  distribution  des  tempéra- 
tures en  ces  quasi-ondes 824 

—  Quelques  lemnies   relatifs  aux  quasi- 

ondes  de  choc 377 

—  Sur    une    inégalité    importante    dans 

l'étude  des  quasi-ondes  de  choc '191 

—  Sur  les  quasi-ondes  de  choc  au  sein 

des  fluides  mauvais  conducteurs  de 

la  chaleur 012 

—  Sur  les  quasi-ondes   de  choc  au   sein 

d'un  fluide  lion  conducteur  de  la 
clialour 750 

DULAC  (  IL).  —  Intégrales  d'une  équation 
diflérenlielle  dans  le  \'oisinage  d'un 
point  dicritique Jo4 

DUiMONT  (J.).  —  Sur  l'absorption  des 
carbonates  alcalins  par  les  compo- 
sants minéraux  du  sol 345 

DUMOULIX  (André)  adresse  une  Note 
intitulée  :  0  Principe  des  dispositifs 
d'organes  pouvant  contribuer  à  facili- 
ter le  dépari  du  sol  des  aéroplanes.  »     3io 

OUVAL  (H.).  —  Essais  do  réduction  dans 

la  série  du  di|ihénylmélliane 34 1 


1 


EBERIIARDT  (Pu).  -Sur  un  mode  nou- 
veau d'extraction  de  l'huile  de  ba- 
diane   'I07 

EGINITIS  (  D.).  —  Résultats  des  observa- 
tions magnétiques  faites  à  l'Observa- 
toire d'Athènes,  pendant  les  années 
1900-1903 36i 

ESCLANGON  (E.).  —  Observations  de  la 
comète   Brooks    (igoGn),    faites   au 


grand  éqnatorial  de  l'Observatoire  de 
Bordeaux 498 

—  Observations  de  la  comète  (igoGi), 
faites  au  grand  éqnatorial  de  l'Obser- 
vatoire de  Bordeaux G25 

ESQUIROL  ( J.).  —  Éclipse  totale  de  Soleil 
du  3o  août  igoS.  Protubérances  so- 
laires à  deux  couleurs "Sy 


FABRE  -  DOMERGUE.  —  Une  invasion 
d'algues  méridionales  (  Colpomerua 
sinuo.ta)  sur  les  huîtres  de  la  rivière 
(le  Vannes 1223 

FARRY  (Gii.)  et  BUISSON  (H.).—  Sur 


rem|)loi  de  la  lampe  Cooper-Hevvitt 
comme  source  de  lumière  monochro- 
matique      784 

FABRY  (Eugène). —  Courbes  algébriques 

à  torsion  constante 945 


TABLE    DES 

MM.  Pages. 

FATOU  (P.).  —  Sur  l'applicalion  de  l'ana- 
l5'se  de  Dirichlet  aux  formes  quadra- 
tiques à  coefficients  et  à  indéterminées 
conjuguées 5o5 

—  Sur  le  développement  en  série  trigo- 

nométrique  des  fonctions  non  inté- 
grales       765 

FAURÉ  FRÈMIET  (  Em.mamie[.).  —  Sur  la 
structure  intime  du  [irutoplasma  cliez 
les  Protozoaires 58 

FAUVEL  (Pierre).  —  Sur  l'excrétion  des 
purines  (xantho-uriques)  et  de  l'acide 
urique  endogènes 1292 

—  Iniluence  du  chocolat  et  du   café  sur 

l'acide  urique 1427 

FEJÉR    (LÉopoLn).   —   Sur   la    série    de 

Fourier .'jo  i 

FERNBACH  (A.).  —  Influence  de  la  réac- 
tion du  milieu  sur  l'activité  des  dias- 
lases 285 

—  iF/va/rt  relatifs  à  cette  Communication.     366 
FERNB.\CH  (A.)  et  WOLFF  (J.j.  —  Sur 

la  transformation  presque  intégrale  en 
maltose  des  dcxirines  provenant  de 
la  saccliarification  de  l'amidon 12 16 

FICHEUR  et  DOU.MERGUE.  —  Sur  l'exis- 
tence du  (Crétacé  dans  les  schistes 
d'Oran 1 576 

FISCHER  (Kmii.e)  fait  hommage  d'un  Vo- 
lume intitulé  «  Untersuchungen  iiber 
Aminosaiiren,  Polypeptide  und  Pro- 
te'i'ne  (1899-1906)  > i325 

FLEURENT  (E.).  —  Sur  le  blanchiment 

des  farines  de  blé 180 

FORCRAXD  (de).—  Recherches  sur  la 

rubidine,  la  csesine  et  la  lithinc i  ibi 

—  Sur  l'orthographe  du  mot  cœsitiDi  ....    i3i8 

—  Errata  relatifs  à  cette  Communication.  i588 
FOSSE  (R.)  et  LESAGE  (L.}.  —  Basicité 

de  l'oxygène  de  xanthyle.  Sels  doubles 

halogènes  xanlhyl-raétalliques i543 

FOUARD  (E.).  —  Sur  l'action  catalytique 
exercée  par  les  sels  alcalins  et  alca- 
lino-terreux  dans  la  fixation  de  l'oxy- 
gène  de  l'air   par  les    solutions   de 


AUTEURS.  1629 

MM.      ,  Pages, 

polyphénols 796 

—  Sur  une  réaction  de  type  oxydasique 

présentée  par  les  composés  halogènes 

des  terres  rares 1 163 

FOURNIER  (E.)  adresse  une  Note  intitulée 
«  Profondeur  limite  à  partir  de  la- 
quelle la  vitesse  d'un  navire  cesse 
d'être  diminuée  par  l'action  réflexe 
du  fond  > 1 3oi 

—  Diminution  de  la  vitesse  et  change- 

ment d'assiette  des  navires  par  l'ac- 
tion réflexe  de  l'eau  sur  le  fond 1 5oo 

FRANÇOIS  (.Maurice).  —  Combinaisons 
de  l'iodure  mercurique  et  de  la  mo- 
noniéthylamine  libre 1 199 

FREDEY  (Louis).  —  Sur  la  signification 

exacte  du  principe  de  Carnot 3i3 

FKEDHOL.M  (Ivar).  —  Sur  la  théorie  des 

spectres 5o6 

FREUNDLER  (P.).  —   Sur  la  cyclohexyl- 

acétoue 343 

—  Recherches  sur  les  azo'i'ques.  Trans- 

formation des  azoïques  orthocar- 
bnxylés  en  dérivés  c-oxyindazyliques.   1 1 53 

FREVCINET  (de)  est  élu  membre  de  la 
Commission  chargée  de  juger  le  con- 
cours du  prix  Montyon  (Statistique) 
pour  l'année  1906 38o 

FRIEDEL  (G.)  ol  TERMIEH  (P.).  —  Sur 
l'existence  de  phénomènes  de  char- 
riage antérieurs  au  Stéphanien  dans 
la  région  de  Saint-Étienne ioo3 

FRIEDEL  (Jean).  —  Sur  un  cas  d'organe 
vert  dépourvu  de  pouvoir  assimila- 
teur 1092 

—  Origine    dos    matériaux    utilisés    par 

l'ovaire 1 547 

FRITEL  (Paul).  —  Sur  les  argiles  ypré- 
siennes  de  l'Aisne  et  les  conditions 
climatériques  à  l'époque  lutétienue. .  1579 
FRUUIN  (A.)  et  lilERRV  (  H.).  —  Rôle  des 
éléments  cellulaires  dans  la  transfor- 
mation de  certains  hydrates  de  car- 
bone par  le  suc  intestinal 1 565 


GAIFFE.  —  Sur  un  procédé  pour  la  me- 
sure de  la  quantité  totale  de  rayons  X 
émis  dans  un  temps  donné 447 

GAILLARD,  .\CHARD  (Cn.)  et  L.VNNE- 
LO.NGUE.  —  Sur  le  traitement  de  la 

C.  K.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLIL) 


tuberculose  pulmonaire  par  la  séro- 
thérapie    1479 

GALL.\RDO  (.\ngel).  —  Les  propriétés 
des  collo'tdes  et  l'interprétation  dyna- 
mique de  la  division  cellulaire 228 

2  I  2 


ii6j()  table  des 

M  \I .  Pages . 

GALLAUD  (.1.)  et  COSTANTLN  (.!.)•  — 
Asclépiadées  nouvelles  de  Madaiiascai' 
prodiiisaiU  du  caoutchouc i55'( 

GAMBIEI!.  —  Sur  les  équations  difl'éren- 
lielles  du  second  ordre  dont  l'intc- 
srale  générale  est  uniforme 2<î6 

GAJVIBIEK  (E.).  —  Sur  les  équations  dif- 
férentielles dont  l'inlégralo  générale 
est  uniforme i4o3 

—  Sur    les    équations    dill'érentielles    du 

deuxième  ordre  et  du  premier  degré 
dont  l'intégrale  gônérnlo  est  uniforme,   i  .iij7 

GASTINE(G.).  —  Sur  un  nouveau  pro- 
cédé d'analyse  microscopique  des 
farines  ei  la  reclierclie  du  riz  dans 
les  farines  de  blé 1207 

GATIN-GRUZE\\SKA  ( M""'  Z.)-  —  Action 
de  l'adrénaline  sur  la  teneur  du 
muscle  en  glycogène 1 165 

GAUBEHT  (P.).  —  De  l'inQuence  des  ma- 
tières colorantes  d'une  eau  mère  sur 
la  forme  des  cristaux  qui  s'en  dé- 
posent (acide  phtalique) 219 

—  Sur  l'état  des  matières  colorantes  dans 

les  cristaux  colorés  artificiellement..     9'56 
G.VUDKV    (Albiîrt).   —   Sur  le  Congrès 
international  d'Anthropologie  et  d'Ar- 
chéologie préhistorique i02'2 

—  Fossdes  de  Patagonie.  Étude  sur  une 

portion  du  monde  antarctique 1^92 

—  Est  élu  membre  des  Commissions  char- 

gées déjuger  les  concours  :  du  prix 
Cuvier  pour  l'année  1906 58o 

—  Du    prix   Jean    lieynaud   pour   l'année 

1906 Mo 

GAULT  (H.)  et  BLAISE  (E.-E.).  —  Ke- 

cherches  dans  la  série  du  pyrane 152 

GAUTIER  (Ahmand).  —  Sur  le  dosage  de 

l'oxyde    de    carbone    dans    l'air    par 

l'anhydride  iodique i5 

—  Action  de  l'oxyde  de  carbone,  au  rouge, 

sur  la  vapeur  d'eau  et  de  l'hydrogène 
sur  l'acide  carbonique.  —  Application 
de  ces  réactions  à  l'analyse  des  phé- 
nomènes volcaniques 1  182 

—  Errata  relatifs  à  celle  Communication.    1  ISS 

—  Action  de  la  vapeur  d'eau  sur  les  sul- 

fures au  rouge.  —  Production  do  mé- 
taux natifs.  —  Applications  aux  phé- 
nomènes volcaniques 1 465 

—  Fait   hommage   d'une   brochure    inti- 

tulée :  «  La  genèse  des  eaux  ther- 
males et  ses  rapporte  avec  le  vol- 
canisme » 1824 


AUTEUR   . 

MM.  Pages' 

—  Est    élu    membre   de   la    Commission 

chargée  de  juger  le  Concours  des  prix 
.lecker,  Cahours,  Montyon  (Arts  insa- 
lubres) pour  l'année  190G 327 

GAUTIER  (Armand)  et  CLAUSMANN.  — 
Sur  quelques  difficultés  que  présente 
le  dosage  de  l'oxyde  de  carbone  dans 
les  mélanges  gazeux 485 

GAUTIER  (Claude),  Din'EN  et  MOREL 
(Albert).  —  Démonstration  de  la 
fonction  fdDrinogénique  du  foie. ....     854 

GAUTRELET  (.Iean).  —  La  réaction  du 
sang,  fonction  de  la  nutrition  (  loi  de 
physiologie  générale) 639 

GENTIL  (Louis).  —  Contribution  à  la 
Géogra[)hie  phvsique  de  l'Atlas  ma- 
rocain       811 

(JENTIL  (L.)  et  KILIAX  (\V.).  -  Décou- 
verte de  deux  horizons  crétacés  re- 
marquables au  Maroc 6o3 

GERXEZ  (DÉSIRÉ)  est  classé  en  première 
ligne  parmi  les  candidats  à  la  place 
laissée  vacante  par  le  décès  de  M. 
P.  Curie 1 45o 

—  Est  élu  membre  de  la  section  de  Phy- 

sique      1 492 

GESSARD  (C).  —  Sérum  antioxydasique 

polyvalent 64 1 

GlARD  est  élu  membre  des  Commissions 
chargées  de  juger  les  Concours  :  des 
prix  Desmazières.  Montagne,  de  Coincy 
pour  l'année  1906 827 

—  Des  prix  Savigny,   Thore.    Da    Gama 

Machado  pour  l'année  1906 327 

—  Des  prix  Montyon  (  Physiologie  expé- 

rimentale), Philipeaux.  Lallemand. 
Pourat,  Martin  Damouretle  pour 
l'année  1 906 828 

—  Du  prix  Saintour  pour  l'année  1906...     38o 

—  Du  prix  Houllevigue  pour  l'année  190G.     3Ho 

—  Du  prix  Cuvier  pour  l'année  1900  ....     38o 

—  Kst   élu    membre   de    la    Commission 

chargée  de   présenter  une   question 

de  prix  Pourat  pour  l'année  igoti  . . .     828 

GINESTE  (Ch.)  et  KUNSTLEU  (J.).  — 
Contribution  à  la  morphologie  géné- 
rale des  Protozoaires  supérieurs  ....     294 

GIRAN(H.).  —  Sur  l'existence  des  sul- 
fures de  phosphore 898 

GIRARD    et    HIÎXRV    (Vicrou).    —    Ke- 

cherches  sur  l'électricité  animale. . . .    i5()3 

GLANGEAUD  (Pu.).  —  Une  ancienne 
chaîne  volcanique  an  nord-ouest  de 
la  chaîne  des  Puys 1 84 


TABLE 

MM.  P 

—  Reconstitulion  d'un  ancien   lac  oligo- 

cène sur  le  versant  nord  du  massil' 
du  Mont-Dorc  (lac  d'Olby  ) 

—  Une  chaîne  volcanique  miocène  sur  le 

bord  occidental  de  la  Limagne 

—  Les  volcans  du  Livradois  et  de  la  Comté 

(  Puy-de-Uôme  ) 

GODCHOT  ('Marcel).  —  Sur  quelques  dé- 
rivés livdro-anthraccniqnes 

GODCHOT  (M.)  et  Jl'NGKLEISCH  (E.).  — 
Sur  l'acide  lactique  gauclie 

—  Sur    le    dilactide    de    l'acide    laoticiue 

gauche 

GOUPIL  et  CHAURLV.  —  Les  ferments  du 
placenta 

GOURSAT  (E.).  —  Sur  les  intégrales  infi- 
niment voisines  des  équations  aux  dé- 
rivées partielles 

—  Sur  la  théorie  des  caractéristiques  . . . 
GOY  (Ad.).  —  Sur  l'élasticité  des  tissus 

organiques 

—  Errata  relatifs  à  cette  Communication. 
GRABY  (A.>  annonce  à  l'Académie  qu'il 

est  arrivé  à  une  solution  très  simple 
du  problème  de  la  photographie  des 
couleurs  

GRAXD'EURY.  —  Sur  les  mutations  de 
quelques  plantes  fossiles  du  terrain 
houiller 

GRAXDIDIER  (Alfred).  —  Est  élu  mem- 
bre des  Commissions  chargées  de  ju- 
ger les  Concours  du  Prix  extraordi- 
naire (Navigation)  et  du  prixPlumey 
pour  l'année  1 906 

—  Des  prix  Tchihatchef,   Binoux,  Dela- 

lande-Guérineau  pour   l'année  1906. 

—  Des   prix  Savigny,   Thore,    Da    Gama 

Machado  pour  l'année  1906 

—  Est  élu    membre    de  la    Commission 

chargée  de  présenter  une  question  de 
prix  Gay  pour  l'année  1909 

GRANDIDIER  (Guillaume)  est  présenté 
en  première  ligne  à  M.  le  Ministre  de 
l'Instruction  publique,  pour  la  chaire 
de  Zoologie  (Mammifères  et  Oiseaux) 
vacante  au  Muséum  d'Histoire  natu- 
relle  

GRAUX  (Lucien).  —  Proportionnalité  di- 
recte entre  le  point  cryoscopique 
d'une  eau  minérale  de  la  classe  des 
bicarbonatées  et  la  composition  de 
cette  eau  exprimée  en  sels  anhydres 
et  en  monocarbonates 

—  Errata  relatifs  à  celte  Communication. 


DES   AUTEURS. 


[63l 


âges. 

259 
600 
665 
1202 
5i5 
637 
595 


i37 
760 

ii58 

l302 


^4 


264 

265 

327 

26  J 


696 


166 

472 


MM.  Pages. 

GRAUX  (Lucien)  et  M.\ILLARD  (  L.-C). 
—  Sur  l'existence  des  bicarbonates 
dans  les  eaux  minérales  et  sur  les 
prétendues  anomalies  de  leur  pres- 
sion osmotique 4o4 

GRAVIER  (Ch.).  —  Sur  la  faune  annéli- 
dienne  de  la  mer  Rouge  et  ses  affini- 
tés  ' 410 

—  Sur  un  type  nouveau  d'Alcyonaire  de 

la  famille  des  Firgiilarid/c 1290 

—  Sur  la  biologie  des  Virgulaires 1556 

GRENIER  adresse  une  Note  «  Sur  le  trai- 
tement  de   l'épilepsie    e^senlielle    et 

sur  le  traitement  aboriil  de  la  pneu- 
monie » ioo5 

GRUVEL  (A.).  —  Sur  une  l'orme  nouvelle 
de  Cirrhipède  operculé  (Pjrgopsis 
Jniiandalei,   n.  g.,  n.  S[).) i  558 

GUCCIA  (G.-B.).  —  Un  théorème  sur  les 

courbes  algébriques  planes  d'ordre  n.   i256 

—  Un  théorème  sur  les  surfaces  algébri- 

ques d'ordre  n 1 494 

GUÉDRAS  (Marcel).  —  Étude  sur  la 
transmissibilité  de  la  tuberculose  par 
la  caséine  alimentaire 1673 

GUEXDE  (M'"  Bl.)  et  DESGREZ  (A.).  — 
Influence  de  l'acide  phos|ih(u'ii]ue,  des 
phosphates  mono  el  trisodiques  sur 
les  échanges  nutritifs 1439 

GUÉRIN  (C),  CALMETTE  (A.)  et  DÉ- 
LÉARUE  (A.).  —  Origine  intestinale 
des  adéuopathies  trachéo-broncliiques 
tuberculeuses 1 1 36 

GUÉRIN  (P.).  -  Sur  les  canaux  sécré- 
teurs du  bois  des  Uiptérocarpées. . . .     102 

GUGLIEL.MIXETTI.  —  Appareil  respira- 
toire pour  l'exploration  des  milieux 
remplis  de  gaz  irrespirables 60 

GUICHARD  (C).   —  Sur  la  déformation 

des  quadriques 22 

—  Sur  certains  systèmes  de  cercles  et  de 

sphères  qui  se  présentent  dans  la  dé- 
formation des  quadriques 261 

—  Sur  les  variétés  doublement  infinies  de 

points  d'une  quadrique  de  l'espace  à 
quatre  dimensions  applicables  sur  un 

plan 982 

GUIGNARD  (L..).  —   Le  Haricot  à   acide 

cyauhydrique,  Pliaseolus  /iinfiiut  L. .     545 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission  char- 

gée de  juger  les  Concours  des  prix 
Desmazières,    Montagne,    de   Coincy 

])0ur  l'année  1906 327 

GUILLAUME  (J.).    -   Observations  de  la 


l632  TABLE   DES 

MM.  Pages, 
comète  Giacobini   (  igoS  c)  faites  à 
l'éqnatorial  Briinner  (o"',i())  de  l'ob- 
servatoire de  Lyon 3i 

—  Observations  du  Soleil  laites  à  l'obser- 

vatoire de  Lyon  (éqiiatorial  Brunnor 
de  o^.iô)  pendant  le  troisième  tri- 
mestre de  1905 j29 

—  Observations  du  Soleil  faites  à  l'obser- 

vatoire de  Lyon  (équatorial  Bruniier 
de  o",i6  d'ouverture)  pendant  le 
deuxième  trimestre  de  1905 38?, 

—  Observations  du  Soleil  faites  à  l'Obser- 

vatoire de  Lyon  (équatorial  lirunner 
de  o'",i6d'ouverture)  pendant  l.e  qua- 
trième trimestre  de  1905 56o 

—  Observations    de    la    comète     Kopff 

(  190O  l>)  faites  à  l'équatorial  coudé  de 
l'Observatoire  de  Lyon tigS 

GUILLEMARD(H.)  et  MOOG  (IL).  —  Ob- 
servations faites  au  mont  Blanc  sur 
riiyperglobulic  des  altitudes 64 

GUILLÉT  (Lkon).  —  Sur  les  laitons  spé- 
ciaux      104- 

GUILLIERMOND  (A.).   —  Contribution  à 

l'étude  cytologique  des  bactéries. . ..    i'>.X5 

GUILLIERMOND  (  A.)  et  BE.\UVERIE  (J.). 
—  Note  préliminaire  sur  les  globoïdes 
et  cerlaines  granulations  des  graines, 
ressemblant  par  quelques-unes  de 
leurs  propriétés  aux  corpuscules  mé- 
tachromatiques !^97 

GUILLON  (G. -M.).  —  Recherches  sur  le 
développement  du  Botrjtis  Cinerea. 
cause  de  la  pourriture  grise  des  rai- 


AUTEURS. 

MM.  Pages. 

sins 1 346 

GUI^CHA^•T  et   ('.IIRÉTIEX.    —    Sulfure 

d'antimoine  et  antimoine 709 

GUNTZ  et  RŒDEREIL  —  Sur  la  prépara- 
lion  et  les  propriétés  du  strontium..     400 

GUTTON  (C).  —  Expériences  photogra- 
phiques sur  l'action  des  rayons  N  sur 
une  étincelle  électrique i45 

GUYE  (Ch.-Eug.).  —  Sur  la  valeur  nu- 
mérique la  plus  probable  du  rapport 

—  de  la  charge  à  la  masse  de  l'élec- 

trou  dans  les  rayons  cathodiques 833 

GUYON  est  élu  membre  des  Commissions 
chargées  de  juger  les  Concours  :  'des 
prix  Monlyon  (Médccincet  Chirurgie), 
Barbier,  Bréant,  Godard,  du  Baron 
Larrey,   Bellion,  Mège  pour   l'année 

1900 327 

GUYOU(E.).  —  Sur  un  efl'et  singulier  du 

frottement io55 

—  Application  du  téléphone  et  de  l'astro- 

labe Claude-Driencourt  à  la  détermi- 
nation de  la  longitude  de  Brest 1378 

—  Estélu  membre  des  Commissions  char- 

gées de  juger  les  Concours  :  du  Prix 
extraordinaire  (  Navigation  )  et  du  prix 
Plumey  pour  l'année  1906 .     264 

—  Des  |irix  Tcliihatclief.   Binoux,    Dela- 

lande-Guérincau  pour  l'année  igoO..     265 

—  Est   élu   membre   de   la    Commission 

chargée  de  présenter  une  question  de 
prix  (iay  pour  l'année  1909 265 


H 


HACKSPILL  (L.).  —  Réduction  des  chlo- 
rures d'argent  et  de  cuivre  par  le  cal- 
cium         89 

HADAMARD.   —  Sur  les  transformations 

planes 74 

H.VLLER  (A.)  fait  hommage  à  l'Académie 
d'une  Brucliuro  de  M.  François  Mer- 
klen 1 1 8 1 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission 
chargée  de  juger  les  Concours  des 
prix  Jec^er,  Cahours,  Montyon  (Arts 
insalubres  i  pour  l'année  igoG '^27 

HALLEU  (A.)  et  IIAUEK  (  E.).  —  Benzyl- 
et  phénylbornéuls  et  leurs  produils 
de  déshydratation,  les  benzyl-  etphé- 
nylcam[)hènes G77 


^  Sur  des  diphényle  ou  alcoylphényle 
caui|ihomélhane  et  méthylène 

/CH  -  CH<^1^, 
C8H'*<   I  \H 

\C0 

et 

C  =  c-^^ 

C8|iu/|'         \R'. 

\co 

HALLER  (A.)  et  BLANC  (G.).  —  Conden- 
sation de  l'élher  (î^-diniéthylglyci- 
di(pie  avec  l'éther  malonique  sodé. 
Synthèse  des  acides  térébique  et  py- 
rolérébique 

HALLER  (A.)  et  MARCII  (F.).  —  Sur  les 


971 


'  i7' 


TABLE  DES  AUTEURS. 


16  33 


MM.  Pages. 

pouvoirs  rotatoires  des  liexaliyiJro- 
Ijenzylidèiio  et  œnantliylidèneciim- 
plires  cl  de  leurs  dérivés  saturés  cor- 
respondants, comparés  aux  mêmes 
pouvoirs  des  benzylidène  et  benzyl- 
camplires 3 16 

HAIXER  (A.)  et  MINGUIN  (.1.).  —  Sur 
les  produits  de  la  réaction,  à  haute 
température,  des  isobutylale  et  pro- 
pylate  de  sodium  sur  le  camphre. . . .    iJo;» 

HAMÔNET  (labbc  J.-L.).  —  Métlioxytri- 
chloropeutauol  i.5.-l  cl  ^(-trichloro- 
uiétiivllétrahvdrol'urluraiie 9.  ro 

HAllIOT  (P.)  et  P.MOUILLAIU)  (N.i.  — 
Sur  un  nouveau  trenre  de  Champi- 
gnons (le  l'Afrique  orientale  anglaise.     224 

HATOX  DE  LA  GOUI'ILLIÈRE.  —  Centres 

de  gravité  de  systèmes  discontinus. .    rofi;) 

—  I.'eux  géomélriques  de  centres  de  gra- 

vité      ii3o 

—  Centres  de  gravité  de  systèmes  spira- 

loïdes 1 1 72 

—  Est  élu  membre  des  Commissions  char- 

gées de  juger  les  Concours  :  du  prix 
.Montyon  (Mécanique  )  et  du  prix  Doi- 
Icau  pour  l'année  1906 16 f\ 

—  Du   prix   Montyon   (Statistique)   pour 

l'année  igoO , 38() 

HATT.  —  Détermination  simultanée  de 
deux  points  au  moyen  dos  construc- 
tions graphiques  à  grande  échelle.  . .      121 

—  Est    élu    membre    des   Commissions 

chargées  de  juger  les  Concours  :  du 
l'rix  extraordinaire  (Navigation)  et 
du  prix  Pluiney  pour  l'année  190O. .  .     2Gi 

—  Des    prix  Tchihatchef,   Binoux,    Dela- 

lande-Guérineau  pour  l'année  190G  .     265 

—  Est    élu    membre   de    la   Commission 

chargée  de  présenter  une  question  de 

prix  Gay  pour  l'année  1909 265 

HACG  (Emile).  —  Xouvelles  données pa- 
léontologiques  sur  le  Dévonien  de 
r.Alienet  occidental  (Mission  de  MM. 
n.  Cluidciiu  ci  E.-F.   Gautier) 732 

—  Sur  les  relations  tectoniques  et  stra- 

ligraphiques  de  la  Sicile  et  de  la  Tu- 
nisie     I  io5 

UEIM  (Albert)  est  élu  Correspondant  de 
l'Académie  pour  la  Section  de  Miné- 
ralogie on  remplacement  de  M.  dr 
Riclilhofcn 197 

HELBllO.XNÈK  (Paul).  —  Sur  quelques 
résultats  de  la  triangulation  du  mas- 
sif Pelvoux-Ecrins 337 


MM.  Pages. 

HEMSALECH  (  G. -A.).  —  Sur  une  méthode 
simple  pour  l'étude  des  mouvements 
des  vapeurs  métalliques  dans  l'étin- 
celle oscillante 1  Ji  1 

HENRI  (Victor).  —  Action  de  l'invertine 

dans  un  milieu  hétérogène 97 

HENRI  (Victor)  et  GIRARD.  —  Recherches 

sur  l'électricité  animale 1 563 

HENRY  (Charles).  —  Sur  les  lois  de 
l'élasticité  musculaire  et  leur  appli- 
cation à  l'Énergétique. 729 

HENRY  (Louis).  — Observations  au  sujet 
du  composant  C(OH)  des  alcools  ter- 
tiaires       129 

—  Sur  l'addition  de  lacide  chlorhydrique 

àroxvded'isobutylène(H'C)2.C.CH''!.     .-193 

\/ 
0 

—  Synthèse  du  pentaméthyléthanol 

(H=C)'-C  — C  — (CH^)'....    1023 
OH 

—  Sur  un  nouvel  octane,   l'hexaméthyl- 

éthane  (IPCj^  —  C  —  C(  CH')^ 1075 

HERGESELL(  II.  ).  —  Sur  les  vents  locaux 

du  voisinage  des  iles  Canaries i36o 

HÉltOUARD  (E.).  —  Sur  un  nouveau  Co- 
pépode  parasite  d! Jinpliiura  squam- 
mata 1 287 

HÉRUBEL  (Marcel-A.).  —  A  propos  de 

l'anatomie  comparée  des  Sipunculides.     ôîi 

HESSE  (E.)  et  LÉGER  (L.).  —  Sur  la 
structure  de  la  paroi  sporalo  des 
Myxosporidies 720 

HIXRICHS  (G.-D.).  —  Sur  le  poids  ato- 
mique absolu  du  terbium 1196 

HOLMGKEN  (Erik).  —  Sur  un  problème 

du  calcul  des  variations 33 1 

HUNIGSCIIMID  (0.).  -  Sur  un  siliciure 

de  thorium 157 

—  Sur  un  alliage  de  thorium  et  d'alumi- 

nium       280 

IIOUARD  (C).  —  Sur  l'identité  de  struc- 
ture des  galles  involucralcs  et  des 
galles  des  pousses  feuillées  chez  les 
Euphorbes i435 

HOUILLOX  et  RLAISE  (E.-E.).  —  Re- 
cliorches  sur  les  relations  entre  grou- 
pements fonctionnels  en  positions  éloi- 
gnées. Imines  cycliques i  ")_i  i 

HUBER  (P.-B.)  cl  KOWALSKI  M.  ]iei.— 

Sur  les  spectres  des  alliages 1)94 

HUGOUNENQ  (L.).  —  Sur  la  vitclhne  de 


i6V 


TABLE    DES    AUTEURS. 


MM. 


l'œuf . 


■73 


HUGOUNENQ  (L.)  et  MOUEL  (Alheut). 
—  Sur  la  soudure  synllictiqiie  des 
acides  aniidés  dérivés  des  iilbuinines.       4*^ 

—  Sur  l'iiémalogène   et  sur  la  formation 

de  riiémoglobine So  j 

—  Sur  la  nature  véritable  des  leucéines 

et    glucoprotéines   obtenues    par    P. 
Scliiitzenberger  dans  le  dédoublement 

des  matières  protéiques i^iJ 

HUiMBEHT  (G.).  —  Sur  quchpies  consé- 
quences arithmétiques  do  la  théorie 
des  fonctions  abéliennes J'iy 


MM.  Pii(;i>s. 

—  Est    élu    membre   de   la   Commission 

chargée  de  juger  les  concours  du 
Grand  Prix  des  Sciences  maihéma- 
ti(iuos  et  des  prix  Francœur.  Pon- 
celet  pour  l'annéf  içjoCi 7.64 

—  Est   élu    membre    de    la    Commission 

chargée  de  présenter  une  question  de 
prix  Bordin  (Sciences  mathématiques) 

pour  l'année  1909 i43 

HUSNOT  (P.),  MÙRATEE  (L.)  et  SA- 
BRAZÈS  fJ.).  —  Motilité  du  scolex 
échinococcique iS53 


I.MBERT  (A.).  —   Effets  de  la  radiothé- 
rapie dans  un  cas  de  sarcome  (?)  du 


fémur  chez  un  enfant i356 


JACOBESCO  (Nicolas).  —Nouveau  cham- 
pignon parasite,  Tremato\.-al.sa  Ma- 
truc/ioii,  causant  le  chancre  du  Til- 
leul      289 

JANET  (Chari.es;.  —  Hemplaceraent  des 
muscles  vibrateurs  du  vol  par  des 
colonnes  d'adipocytes,  chez  les  Four- 
mis, après  le  vol  nuptial 1093 

.lANNIN  (.\lfrei))  adresse  une  Note  inti- 
tulée :  «  L'asphyxie  conjurée,  lors  du 
foulage  du  raisin  dans  les  cuves,  par 
le  soutirage  de  l'acide  carbonique  «  .    i3oi 

JANSSEN  (J.).  —  Sur  un  nouveau  dispo- 
sitif de  speclrohéliographe.  Re- 
marques relatives  à  une  Note  de 
MM.  MUlochau  et  Stefànik 8a6 

—  Sur    une   expédition    en    ballon    diri- 

geable,   projetée    pour    l'exploration 

du  pôle  Nord    1 1  77 

—  Est    élu    membre    de    la  Commission 

chargée  de  juger  les  concours  des 
prix  Pierre  Guzman.  Lalande,  Valz, 
Janssen  pour  l'année  njofi 263 

JANSSEN  (J.j  et  BECQUEREL  (II.  )  sont 
désignés  pour  représenter  l'Académie 
aux  fêtes  du  quatrième  centenaire  de 
l'Université  d'Aberdeeii i45i 

JARDRY  et  CIlAIllilN  (A.).  -  Hyper- 
thermies  opéialoiros  aseptiques 806 

—  Influence  de  l'ovaire  sur  la  luilrilion. 

S\nergie  thyro-ovaricnno i443 


J.A.UBERT  (Georges-F.  ).  —  Sur  la  pré- 
paration industrielle  de  l'hydrure  de 
calcium 78S 

JOB  (André).  —  Oxydations  par  l'aii-. 
Problème  de  la  comparaison  des  vi- 
tesses      1 4 1 3 

JOLY  (Charles)  adresse  un  Mémoire  inti- 
tulé :  «  Phénomènes  sismi(pies  in- 
connus » 1  o54 

JORD.AN  est  élu  membre  de  la  Commis- 
sion chargée  déjuger  le  concours  du 
Grand  Prix  des  Sciences  maihéma- 
tiques  et  des  prix  Francœur,  Poncelet 
pour  l'année  i9o'5 264 

—  Est   élu    membre   de    la    Commission 

chargée  do  présenter  une  question  do 
prix  Boulin  (Sciences  mathématiques) 
poui'  l'amiée  1909 443 

JOUBIN  (L. ).  —  Sur  les  Némerliens  ba- 
ihypélagiques  recueillis  par  S.  A.  le 
Prince  de  .Monaco i349 

JoUGUET.  —  Sur  l'accéléralion  des  ondes 

de  choc  planes 83 1 

—  Sur  l'accélération  des  ondes   de  choc 

sphériques 1  o34 

JOUKOWSK'i'  (E.).  —  Sur  une  molasse  à 
Turrilelles  et  une  couche  lignilit'ère  à 
Congéries  de  la   pres(prîle  d'Azuero 

(  Panama  ) 964 

JUHEL-RÈNOY  (J.).  —  Sur  les  afiixesdes 
racines  d'un  polynôme  de  degré  n  et 


TABLE    DES   AUTEURS. 


l635 


MM. 


Pages. 


du  polvnome  dérivé 70(1 

JUMELLE  (IL)  et   PERRIER  DE  LA  \i\- 

THIE   ML).   -  Le  K/tm  a  de  Mada- 

:;asear 8911 

JUNGFLEISCH  (E.)  el  GODCHOT  (M.).— 

Sur  l'acide  lactique  gauche îi5 

—  Sur   le    dilaclide   de    l'acide   lactique 

cauclie (Vi- 


MM.  Pagus. 

JUNGFLEISCH  (E.  )  et  LEROUX  (H.).  — 
Sur  les  principes  de  la  i;utla-perclia  du 
Palaquitiin  Treubi 1218 

JURIE  (A.j  et  CURTEL.  -  De  l'innucnco 
de  la  greffe  sur  la  qualité  du  raisin  et 
du  vin  et  de  son  emploi  à  l'amélio- 
ration systématique  des  hybrides 
sexuels 461 


R 


KAYSER  (E.  )  et  MANCEAU  (E.).  —  Sur 

la  maladie  de  la  graisse  des  vins. . . .     -ib 

KILIAX  (  W.).  —  Sur  une  faune  d'Ammo- 
nites néocrétacéo  recueillie  par  l'ex- 
pédition antarctique  suédoise 3o6 

—  /w7V(/c(  relatifs  à  cette  Communication.     '\%o 

KILIAN  (W.)  et  GENTIL  (L.).  -  Décou- 
verte de  deux  horizons  crétacés  re- 
marquables au  Maroc 6o3 

KILIAN  et  LORY  (P.).  —  Sur  l'existence 
de  brèches  calcaires  et  polygéni(juos 
dans  les  montagnes  situées  au  sud- 
est  du  mont  Blanc Jig 

KILUN  et  PAULIN.  —  Dépèche  relative  à 
une  secousse  sismiquc  ressentie  le 
3 1  janvier 364 

KLEIN  (F.)  présente  à  l'Académie  deux 
fascicules  de  l'édition  allemande  et 
un  fascicule  de  l'édition  française  de 
\ Encyclopédie  des  Sciericcx  ninthc- 
iiiatiques  pures  et  appliquées 756 

KŒHLER  (R.).  —  Sur  les  Echinodernes 
recueillis  par  l'expédition  antarctique 
française  du  D'  Charcol 1 1 3 

KG'IILËR  (R.)  et  VANEY  (C.).  —  Slello- 
spliirni     tttiniliilis.     nouvelle     larve 


d'Astérie  appartenant  très  vraisem- 
blablement à  une  forme  abvssale.. .  .     520 

KOHN-ABREST  (É.mh.k).  —  Étude  chi- 
mique sur  les  graines  dites  Pois  de 
Java 580 

KORN  (A.).  —  Sur  un  théorème  relatif 
aux  dérivés  secondes  du  potentiel 
d'un  volume  atliranl 199 

—  Solution  générale  du  problème  d'équi  • 

libre  dans  la  théorie  de  l'élasticité, 
dans  le  cas  où  les  déplacements  des 
t)oints  de  la  surface  sont  donnés  ....     334 

—  Sur  les  vibrations  d'un  corps  élastique 

dont  la  surface  est  en  repos 5o8 

KOV'ESSI  (François).  —  Loi  de  l'accrois- 
sement en  volume  dans  les  arbres. . .   i43o 

KOWALSKI  (J.   DE)  et  HUBER  (P.-R.). 

—  Sur  les  spectres  des  alliages 994 

KREBS  (A.).  —  Conditions  d'établisse- 
ment et  d'application  d'uu  amortis- 
seur progressif  à  la  suspension  des 
véhicules  sur  route. i43 

KUNSTLER  (J.)etGlNESTE  (Cn.).  —  Con- 
Iributiiin  à  la  morphologie  générale 
des  Protozoaires  supérieurs 294 


L 


LABBÉ  est  nommé  membre  d'une  (jommis- 
sion  chargée  de  présenter  à  M.  le  .Mi- 
nistre de  l'Intérieur  une  liste  de  trois 
membres  de  l'Académie,  pour  une 
place  dans  le  Comité  consultatif  d'hy- 
giène publique  de  France 265 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission 
chargée  de  juger  les  Concours  des 
prix  Monly^on  (Médecine  et  Chirurgie), 
Barbier,  Bréant.  Godard,  du  baron 
Larrey,  Bellion,  iMège  pour  l'année 
1906 327 


LABOHDE  (A.)  et  CURIE  (P.).  —  Sur  le 
radioactivité  des  gaz  qui  proviennent 
de  l'eau  des  sources  thermales 1462 

LACROIX  (A.).  —  Errata  relatifs  à  une 
Communication  du  26  décembre  igoS, 
sur  un  nouveau  type  pétrographique 
représentant  la  forme  de  profondeur 
de  certaines  leucotéphrites  de  la 
Somma 08 

—  Sur  les  faciès  de  variation  de  certaines 

syénitesnéphéliniques  des  îles  de  Los.     681 

Errata  relatifs  à  celte  Communication.. .     860 


l63G  TABLE    DES 

MM.  •  P.lj;cs. 

—  Sur  l'éruption  du  Vésuve  et  en  parti- 

culier sur  les  phénomènes  explosifs..     ;)4i 

—  iP/va^/ relatifs  à  cette  Communication.    i238 

—  Les  conglomérats  des  explosions  vulca- 

niennes  du  Vésuve,  leurs  minéraux, 
leur  comparaison  avec  les  conglomé- 
rats tracliytiques  du  Mont-Dore 1020 

—  .^/va/o  relatifs  à  cette  Communicaliiiii.    i-i3S 

—  Les  avalanches  sèches  et  les  torrents 

boueux  de  l'e'ruption  récente  du  Vé- 
suve    1244 

—  Les  cristaux  do  sylvite  des  blocs  rejetés 

par  la  récente  éruption  du  Vésuve  . .    1249 
LAINE  (E.)  et  MÛNTZ  (A.).  —  Rôle  de  la 
matière  organique  ilans  la   nitrifica- 
tion 4^0 

—  L'utilisation    des    tourbières    pour    la 

production  intensive  des  nilratcs  ..  .    1239 

L.\LLE.MAXD  (Cu.).  —  Cercle  azimutal  à 
microscopes  du  service  technique  du 
cadastre 1269 

LALOUE  (G.)  et  CHAHABOT  (Eli;.).  — 
Formation  et  distribution  des  com- 
posés lerpéniques  cliez  l'oranger  à 
fruits  amers 798 

Errata  relatifs  à  cette  Communication. . .     «60 

LAMBERT  (M.).  —  Sur  la  durée  de  per- 
sistance de  l'activité  du  coeur  isolé..     597 

LAMBERT  (P.).  —  Dispositif  permetlant 
de  mettre  simultanément  ])lnsieurs 
prismes  au  minimum  de  déviation...    i'3o9 

LAMOTHE  (DE).  —  Les  terrasses  de  la 

vallée  du  Rhône  en  aval  de  Lyon.. . .    1  io3 

LAMY  (Henry)   et   MAVER  (Andbé).   — 

Sur  le  débit  urinaire 171 

LANDRIEU  (Pu.).  —  Thermochimie  des 
hydrazones  et  des  osazones,  des  di- 
célones-a  et  des  sucres  réducteurs..     58o 

LANGLEY.  —    Sa    mort   est   annoncé    à 

l'Académie 925 

LANNELÛNGUE  (O.-M.)  fait  hommage  à 
l'Académie  de  ses  Leçons  de  CUinquc 
chirurj^iciile 69(1 

—  Est    élu    membre    des    Commissions 

chargées  de  juger  les  Concours  :  des 
prix  Savigny,  Thore,  Da  Gama  Ma- 
chado  pour  l'année  i9o('i 327 

—  Des  prix  Moutjon  (.Médecine  et  (Chirur- 

gie), Barbier,  Bréant,  Godard,  du 
baron  Larrey,  Belliou,  Mège  p(uir 
l'année  190(1 327 

—  Du  [irix  Jean  Revnaud  pourl'année  190O.     4'|3 
LANNEl.ONGUE    (O.-.M.),     ACHARd'    cl 

GAILLARD.  —  Sur  le  traitement  de 


AUTEURS. 

MM.  Panes. 
la  tuberculose  pulmonaire  par  la  séro- 
thérapie     1 479 

LAPPARENT  (.\.  DE)  fait  hommage  à 
l'Académie  d'un  volume  de  M.  F.  de 
Alonte.fsii.s  de  Ballore,  intitulé  :  «  Les 
tremblements  de  terre.  Géographie 
séismologique  » 264 

—  Est    élu    membre    des    Commissions 

chargées  de  juger  les  Concours  ;  des 
prix  Tchihatchef.  Binoux,  Delalande- 
Guérineau  pour  l'année  190(5 2(J5 

—  Du  prix  Wilde  pour  l'année  1906 38o 

—  Du  prix  Sainlour  pour  l'année  1906  . .     38o 

—  Du  prix  du  baron  de  Jo(?st  pour  l'année 

1906 4  i5 

—  Est   élu    membre   de   la   Commission 

chargée  de  présenter  une  question  de 
prix  Gay  pour  l'année  1909 26a 

LAUR  (Francis).  —  Sur  la  présence  de 
l'or  et  de  l'argent  dans  le  Trias  de 
Meurlhe-el-Moselle 1409 

LAURENT  (0.).  —  La  trépanation  rolan- 
dique  et  la  ponction  ventriculnire  dans 
l'arriération 356 

L.VUSSEDAT  (A-)-  —  Sur  le  relevé  des 
monuments  d'architecture,  d'après 
leurs  photographies,  pratiqué  surtout 
eu  Allemagne 435 

—  Sur  plusieurs    tentatives   poursuivies 

dans  la  marine  allemande  pour  uti- 
liser la  |)holûgraphie  dans  les  voyages 
d'exploration i3i3 

—  Est    élu    membre    de    la    Commission 

chargée  de  juger  le  concours  du  prix 
Montyon    (Statistique)    pour   l'année 

1906 38o 

L.WERAN  (A.).  —Sur  trois  virus  de  try- 
panosomiaso  humaine  de  pfo\enances 
difl'ércnles io65 

—  Est    élu    membre    des    Commissions 

chargées  de  juger  les  Concours  :  des 
prix  Savigny,  Thore,  Da  Gama  .Ma- 
chado  pour  l'année  1906 827 

—  Des  prix  Montyon  (Médecine  cl  Chi- 

rurgie), Barbier,  Bréant,  Godard,  du 
baron  Larrey,  Bellion,  Mège  pnur 
l'année  1906 827 

—  Des  prix  .Montyon  (  Physiologie  cx|)éri- 

mentale),  Pliilipeaux,  Lallemand,  Pou- 
rat,  Marlin-Damouretle  pour  l'année 
1 906 3  ?.8 

—  Est   élu    membre    de   la    Coniniissiun 

chargée  de  présenter  une  question  do 
prix  Pourat  |iour  l'année  1909 328 


TABLE    DES 

MM.  Pages. 

L.4VEU.\N  (A.)  el  MESXIF.  (P.).  —  lijeii- 
tificalioii  des  Trypanosomes  palho- 
gèiies.  Essais  de  sérodiagnoslic i^Si 

LAZÈNNEC  (l.)  et  MOUllEU  (Cii.'i.  — 
(loiidensalioii  des  nitriles  acélylé- 
niques  avec  les  alcools.  .Méthode  gé- 
nérale de  synthèse  de  nitriles  acry- 
liques 3-siibstitués  ^-oxyalcoylés.. . .     338 

—  Condensation  des  nitriles  acétyléniques 

avec  les  phénols.  Méthode  générale 
de  synthèse  de  nitriles  acryliques 
S-oxypIiénolés  et  [i-suhstitnés 45o 

—  Condensation  desamides  acétyléniques 

avec  les  phénols.  Méthode  générale 
de  synthèse  d'amides  élhyléniques 
3-oxyphénolcs 89.I 

—  Recherches  sur  les  pyrazolones.  Nou- 

velles inélhudes  de  synthèse  des  pv- 

razolones 1 534 

LÉ.VUTE  est  élu  membre  des  Commissions 
chargées  de  juger  les  Concours  :  du 
prix  Montyon  (Mécanique^  et  du  prix 
Boileau  pour  l'année  1906    26.( 

—  Du  prix  extraordinaire  (  Navigation  )  el 

du  prix  Plumoy  pour  l'année  1906. . .     2GI 

LEBEAU  (P.\ui.).  —  Sur  le  siliciure  de 
cuivre  et  sur  un  nouveau  mode  de 
formation  du  silicium  soluble  dans 
l'acide  lluorhvdique i54 

LECLEUC  DU  SABLON  est  présentée  en 
deuxième  ligne  à  M.  le  Minisire  de 
riuslruclion  publique,  pour  la  chaire 
de  Botanique  (Classification  et  familles 
naturi'llesdes  Phanérogames)  vacante 
au  Muséum  d'Histoire  naturelle ySô 

LECOMTE  (llKNitii  est  présenté  en  pre- 
mière ligue  à  M.  le  .Ministre  de  l'Ins- 
truction |)ublique,  pour  la  chaire  de 
Botanique  (Classification  et  familles 
naturelles  des  Phanérogames)  vacante 
au  .Mtiséinu  d'Histoire  naturelle 756 

LECOg  DE  BOISBAUDBAN.  —  Sur  l'ori- 
gine de  la  notion  des  solutions  solides,      193 

LEDUt;  (A.;.  —  Sur  la  chaleur  de  fusion 

de  ia  glace i6 

—  Sur  la  densité  de  la  glace i  je; 

LEE  (  G.-W.)  et  COLLET  (  L.-\V.).  -  Sur 

la  composition  chimiipnj  delaglauco- 

iiie 999 

LEEÉBUHE  ^  P-)  cl  DAUZEiNS  (Georges). 
—  Préparation  d'cthers  glycidi(]ues 
et  d'ahJehydes  dans  la  série  hexalhy- 
droaromalique 714 

LEFÈVliE  (JiLES).  —  Épreuve  générale 

C.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLH.) 


AUTEURS.  1637 

MM.  Pages, 

sur  la  nutrition  amidée  des  plantes 
vertes  en  inanition  de  gay;  carbo- 
nii|uc 287 

LEFUANC  (A.).  —  Ouverture  d'un  pli 
cacheté  relatif  à  un  dispositif  qui 
permet  de  faire  fonctionner  un  gou- 
vernail à  distance  au  moven  d'une 
roue  à  contacts  alternatifs,  comman- 
dée par  des  ondes  hertziennes 117 

LÉGER  (E.).  —  Sur  l'hordénino,  alcalo'ide 
nouveau  retiré  des  germes,  dits  tou- 
raillons.  de  l'orge mS 

LÉGER  (Louis).  —  Sur  une  nouvelle  ma- 
ladie myxosporidienne  de  la  Truite 
indigène 655 

—  Sur  une  nouvelle  Myxosporidie  de  la 
Tanche  commune 1097 

LEGER  (L.)  et  DUBOSt:Q  (O.).  —  L'évolu- 
tion des  Eccrina  des  Glnmeris Sgo 

—  Sur  l'évolution  des  Grégarines  gymno- 
sporées  des  Crustacés iiï't 

LÉGER  (L.)  et  HESSE  (E.).  —  Sur  la 
structure  de  la  paroi  sporale  des 
Myxûsporidies 7.?o 

LEMOINE  (Georges)  est  élu  membre  de 
la  Commission  chargée  de  juger  les 
Concours  des  prix  Jecker,  Cahours. 
Montyon  (Arts  insalubles)  |)Our 
l'année  1 906 3)7 

LEMOULT    (P.).    —    Phosphites    acides 

d'aminés  cycliques  primaires i  igS 

LÉPINE  (R.)  et'BOULUD.  —  Sur  l'acide 

glycuronique  des  globules  du  sang.,      njfl 

LE  PLAY  et  CHARRIN."—  Étude  des  va- 
riations de  la  toxicité  du  contenu  de 
l'intestin  grêle.  Modilkations  du  sang.     V24 

LERCH  (iMathias).  —  Sur  les  théorèmes 
de  Sylvester  concernant  le  quotient 
de  Fermât 35 

—  Sur  leproblème  du  cylindre  elliptique.   i3-25 
LEROUX  (H.)  el  JUNGFLEISCII  (E.i.  — 

Sur  les  principes  do  la  gutta-percha 

du  Palaquiitin  Treubi 1218 

LÉRY  (Georges).  —   Sur    l'équation   de 

Laplace  à  deux  variables \)'>i 

-'  Sur  l'équation  de  Laplace  à  deux  va- 
riables    1 406 

LESAGE  (L.)et  FOSSE  (R.i.  —  Basicité 
de  l'oxygène  du  xanthyle.  Sels  doubles 
halogènes  xanthyl-métalliques 1 543 

LE  SOURD  (L.)  et  P.VGNIEZ  (Ph.).—  Un 
procédé  d'isolernenl  à  l'étal  de  pureté 
des  hémaloblastes  du  sang 1 51)2 

LEVADITI  (C).  —  Culture  du  spi rifle  de 

3l3 


638 


TABLK    DES   AUTEURS. 


MM.  Pages, 

la  fièvre  réciirreiUo  africaine  de 
l'homme  (  Tirk-fevrr  ) 1 099 

LÉVV  ('LiiciKN  )  esl  (irésonté  en  troisième 
ligne  à  M.  le  Ministre  du  Commerce 
pour  la  chaire  de  Géométrie  vacante 
au  Conservatoire  des  Arts  et  Métiers.   iSgy 

LEVY  (Maurice)  est  élu  membre  des 
Commissions  chargées  de  juger  les 
concours  :  du  Grand  Prix  des  Sciences 
mathéniatii|nes  et  des  prix  Francd'ur, 
Poncelet  pour  l'année  igofi atii 

—  Du   prix  Montyon  (Mécanique)  et  du 

prix  liuileau  pour  l'année  rgoG '.(V") 

—  Du  prix  exiraordinaire  (Navigation)  et 

du  prix  Pluiney  pour  l'année  1906  ..      iliil 

—  Des  prix  Hébert,  Hughes  pour  l'année 

1906 (G) 

—  Des    prix    Tréniont,    Gegner,    Lanne- 

longue,  Jérôme  Ponti  pour  l'année 
igo6 3So 

—  Du  prix  Wilde  pour  l'année  igofi 38o 

—  Du  prix  Houllevigue  pour  l'année  igoli.     '58o 

—  Du  prix  du  baron  de. loëst  pour  l'année 

igotj i43 

LÉVY  (Michel).  —  Sur  la  feuille  de  Gap 

au  fôWô I^'OO 

—  Est    élu    membre    de   la   Commission 

chargée  de  juger  le  concours  du  prix 
Parkin  pour  l'année  1906 38o 

LÉVY  (UEMK-.T.)  et  CLAUDK  (Georges).  - 
Sur  la  production  des  vides  élevés  à 
l'aide  de  l'air  liquide 876 

LEWIN  (  I.oi;is),  MIETHE  ( A.)  et  STENGER 
(E.).  —  Sur  des  méthodes  pour  pho- 
tographier les  raies  d'absorption  des 
matières  colorantes  du  sang i5i  ( 

LINDET  et  AMMANN  (L.).  —  Contribu- 
tion à  l'étude  des  matières  albumi- 
noïdes  solublos  du  lait r.î8:>. 

I.IOUVIIXE  (H.)  et  VIEILLE  (P.).  -  In- 
fluence des  vitesses  sur  la  loi  de  la 


MM.  P; 

déformation  des  métaux 

LIPPMANN  (  G.).  —  Sur  une  méthode  per- 
mettant de  délerniiner  la  constante 
d'un  électrodydamomètre  absolu  à 
l'aide  d'un  phénomène  d  induction. . . 

—  Est    élu    membre    des    Commissions 

chargées  déjuger  les  concours  :  des 
prix  Pierre  Gnzman,  Lalande,  Valz, 
Janssen  pour  l'année  1906 

—  Des  prix  Hébert,  Hughes  pour  l'année 

C906 

LCEWY.  —  Présentation  d'un  fascicule  du 
«  Catalogue  photographique  du  Ciel  » 
de  l'Observatoire  de  Toulouse 

—  Découverte   de    mouvements   propres 

d'étoiles  à  l'aide  de  la  méth(Mle  slé- 
réoscopique  de  M.  le  D'  Mn.r  IVolf. 

—  Présentation  du  Tome  XII  des  «  An- 

nales de  l'Observatoire  de  Bordeaux». 

—  Sur  les   travaux  récents  accomplis  à 

l'Observatoire  de  Besançon 

—  Est    élu    membre    des    Commissions 

chargées  de  juger  les  concours  :  des 
prix  Pierre  Gnzman,  Lalande,  Valz, 
.lajissen  pour  l'année  igoCi 

—  Du  prix  Wilde  pour  l'année  igoli  .... 
I/)RTET.   —  Le  cœur  du  roi  Hamsès  II 

("Sésostris) 

LUBIMLNKO  (W.).  —  Étude  spectrosco- 
pique  des  pigments  veris  des  graines 
mûres 

LUGEON  (Mairicu)  etARGAND  (Emile). 
—  Sur  les  grands  phénomènes  de 
charriage  en  Sicile 

—  Sur  la  grande  nappe  de  recouvrement 

de  la  Sicile 

—  La  racine  de  la  nappe  sicilienne  et  l'arc 

de  charriage  de  la  Calabre 

LUIZET  (M.).  —  Sur  une  trombe  de  très 
petites  dimensions 


iges . 

10 'iv 


7  G'. 

■.(;5 
K(5(; 


1 171 


■)f)5 
3  80 

8  ..S 


1 4  32 


gOO 


M 


MAIGK.  —  Sur  la  respiration  de  la  Heur  .      lo/i 
MAILHE  (Alphonse)  etSABATIER  (Pai;l). 
—  Synthèses  d'alcools  tertiaires  issus 
du  paraniéthylcycliihexane 438 

—  Synthèse  de  trois  diméthyleyclohexa- 

nols  secondaires 553 

—  Sur  l'omploi   des  oxydes  métalliques 

comme  catalyseui-s  d'oxydation i3g4 


MAILLARD  (L.-C.)  et  GRAUX  (Li;cii;.\). 
—  Sur  l'existence  des  bicarbonates 
dans  les  eaux  minérales  et  sur  les 
prétendues  auom^ilies  de  leur  pres- 
sion iisniotique 4"4 

MAILLET  (Edmond).  —  Sur  les  fonctions 

entières 38  j 

—  Sur  les  fonctions  hypertranscendantes.     829 


TABLE  DES  AUTEURS. 


1639 


MM,.  Pages. 

—  Sur  les  grandes  crues  de  saison  froide 

dans  les  bassins  de  la  Seine  el  de  la 
Loire 1 1 1 1 

MAIRE  (M.)  et  BLAISE  (  E.-E.j.  —  Sur  les 
cétoiies  j3-chloréthylées  el  vinylées 
acycliques 21 3 

MA.IEVVSKI  et  MOTZ.  —  Contribution  à 
rétudede  l'anatomie  pathologique  des 
cancers  épithéliaux  do  la  prostate. . .     355 

MALASSEZ  (L.).  —  Evalnation  de  la  puis- 
sance des  objets  microscopiques  ....     773 

—  KvaluatioM  des  distances  foco-faciales 

des  objectifs  microscopiques 92') 

—  Adresse  une  Kole  intitulée  «  Évalua- 

tion des  grossissements  produits  par 
les  objectifs  microscopiques  à  laide 

d'une  nouvelle  notation  » 969 

MALFITAXO  (  fi  ).  —  Sur  les  variations 
de  la  grandeur  micellaire  dans  le  col- 
loïde liydrochloroferrique 1277 

—  Sur  la  pression  osmolique  dans  le  col- 

loïde liydi'ochloroferrique i .i  1  >i 

MANCEAU  (E.).  —  Sur  les  caractères 
chimiques    des    vins    provenant    de 

vignes  atteintes  |.>ar  le  niildew 689 

MANCEAU  (E.;  et  KAVSER  (  !•:.).  —  Sur 

la  maladie  de  la  graisse  des  vins  ....     723 
MANVILI.E  (0.  )  —  Variations  d'état  éprou-_ 
vées   par   le   carbone  amorphe    sous 
l'inlluence  de  la  température  et  sous 
l'action  d'oscillations  de  température.    1190 

—  Variations  d'élal  éprouvées  par  le  car- 

bone amorphe  sous  l'influence  d'une 
brusque  variation  de  température...  i5'23 
MAQUENNE  (L.).  —  Sur  l'absorption  des 
carbonates  alcalins  par  les  compo- 
sants minéraux  du  sol.  Observations 
relatives  à  une  Xole  de  M.  /.  Du- 
moni 347 

—  Est  élu  mendjre  de  la  Commission  char- 

gée de  juger  les  concours  des  prix 
.lecker,  Cahours,  Monlyon  (Arts  in- 
salubres) pour  l'année  1900 327 

MAOUENNK  (  L.)  et  ROUX  (Ei(;k.\e).  — 
Intluence  de  la  réaction  du  milieu  sur 
l'activité  de  l'araylase  et  la  composi- 
tion des  empois  saccharifiés 124 

—  Nouvelles  recherches  sur  la  sacchari- 

lication  diastasique lojç) 

—  Sur  quelques  nouvelles  propriétés  de 

l'extrait  de  malt 13X7 

MARA(jE.  —  Qualités  acoustiques  de  cer- 
taines salles  pour  la  voix  parlée 878 

MARCEAU  (F.).  —  Sur  l'état  des  muscles 


MM.  Pages. 

adducteurs  pendant  la  vie  chez  les 
Mollusques  acéphales 1294 

MARCH  (F.)  et  HALLKR  (A.).  —  Sur  les 
pouvoirs  rotatoires  des  hexahydro- 
benzylidène  et  œnantliylidènecam- 
phres  et  de  leurs  dérivés  salures 
correspondants  comparés  aux  mêmes 
pouvoirs  des  benzylidène  et  des  ben- 
zylcamphres 3 16 

MARQUIS  (R.).  —  Action  des  imino-éthers 
et  imino-chlorures  sur  les  dérivés 
organo-raagnésiens 7  " 

MARTEL  fL.-A.i.  —  Sur  le  grand  canon 
du  Verdon  (  Basses-Alpes),  son  âge 
et  sa  formation 6o5 

—  Sur  la   rapidité  de    l'érosion    torren- 

lielle 1446 

MARTEL  (  E.-A.)  et  V.\N  DKN  BRUEK  (E.). 
—  Sur  les  abimes  des  Aljannets,  de 

Nismes  (  Belgique  ) 1 1 16 

MARTONNE  tF.  de).  —  Sur  deux  plans 
en  relief  du  Paringu  el  de  Soarbele 
(Karpates  méridionales)  exécutés 
d'après  des  levés  topographiques  iné- 
dits  ' i583 

MASCART  (E.).  —  Sur  les  rayons  -N 122 

—  F'ait  hommage  à  l'Académie  de  deux 

fascicules  des  «  Annales  du  Bureau 
central  météorologique  » 72 

—  Fait  hommage  à  l'Académie  de  deux 

fascicules  des  «  Annales  du  Bureau 
central  météorologique  » 096 

—  Est    élu    membre    des    Commissions 

chargées  déjuger  les  concours  :  des 
prix  Hébert,  Hughes  pour  l'année 
I  go6 265 

—  Du  prix  Wilde  pour  l'année  1906 38o 

—  Du  prix  Houllevigue  pour  l'année  igol).     38o 

—  Du  prix  Parliin  pour  l'année  igoG. . . .     38o 
iMASCART  (Jeam.  —  Contrôle   des  hor- 
loges synchronisées  électriquement  .    1 203 

MATlilAS  (E.)  et  BAILLAUD  (B.).  —  Sur 
la  Carte  magnétique  des  Iles  Britan- 
niques      555 

MATIGNON   (Camille).   —    Les  sulfates 

des  métaux  rares 276 

—  Remarque   sur   les  combinaisons  des 

métaux  rares  du   groupe   cérium   el 

sur  leurs  sulfates  en  particulier....      394 

MATIGNON  (C.)  el  GAZES  (E.  ).  —  Un 
nouveau  type  de  composé  dans  le 
groupe  des  métaux  rares 83 

MATIGNON  (C.)  el  TRANNOY  (R.).  — 
Action  du  gaz  ammoniac  sur  le  chlo- 


iG4o 


TABLE    DES    AUTEURS. 


MM.  Pages, 

ruro  de  néodyme  anlivdre 1042 

—  Catalyseurs  oxydants  et  généralisation 

de  la  lampe  sans  flamme liio 

MAUBANT(E.).  —  Éléments  provisoires 

de  la  comète  Giacobini  (  igoS,  déc.  6  ).       3o 

—  Éléments    provisoires   de    la    comète 

1906  a 328 

MAURAIN  (Cil).  —  Dicliroïsme,  biré- 
fringence et  conductibilité  de  lames 
métalliques  minces  obtenues  par  pul- 
vérisation cathodique S70 

MAURICHEAU-BEAUPRÉ  (Pall).  —Sur 
la  combustion  de  l'acétylène  par 
l'oxygène i6'i 

—  Sur  une  réaction  qualitative  du  phos- 

phore      I  :>.o6 

MERLIN  (E.).  —  Sur  une  famille  de  ré- 
seaux conjugués  à  une  même  con- 
gruence 1  I9 

MESLLV  (Geoiicjes).  —  Sur  les  interfé- 
rences produites  |iar  un  réseau  limi- 
tant une  lame  mince 1039 

MESNIL  (F.  )  et  LAVERAN  (A.  )■  -  Iden- 
tification des  Trypanosomes  patho- 
gènes. Essais  de  sérodiagnostic liSi 

METCHNIKOFF(El.  ).  —  Recherches  sur 
le  blanchiment  hivernal  des  poils  et 
des  plumes 1 02  { 

MEUNIER  (Stanislas).  —  Origine  et  mode 
de  formation  des  minerais  de  fer  ooli- 
thique 8  j  > 

—  Sur  l'origine  vésuvienne  du  brouillard 

sec  observé  à  Paris  dans  la  matinée 

du  mercredi  1 1  avril  1906 938 

MIETHE  (A.),  LEWIN  (Louis)  et  STEN- 
GER  (E.). —  Sur  des  méthodes  pour 
photographier  les  raies  d'absorption 
des  matières  colorantes  du  sang  ....    i  5i4 

MILLOCHAU     (G.).    —    Contribution    i 

l'étude  de  la  décharge  intermittente.     781 

—  Sur  la  photographie  du  spectre  infra- 

rouge     I  .(o; 

MILLOCHAU  (G.)  et  STEFANIK  (Milan). 
—  Sur  un  nouveau  dispositif  de  spec- 
Irohéliographe S  «5 

—  Sur  une  méthode  susceptible  de  per- 

mettre l'étude  de  la  couronne  solaire 

on  dehors  des  éclipses 940 

MINGUIN  (J.)  et  IIALLER  (A.).  -Sur 
les  produits  de  la  réaction,  à  haute 
température,  des  isobutylate  et  pro- 
p\latc  de  sodium  sur  le  camphre  ...    i3o9 

MINISTRI'   DC  COM.MERCI':  (M.i,E)invile 


MM.  Pages. 
l'Académie  à  lui  présenter  une  liste 
de  candidats,  pour  la  chaire  de  Géo- 
métrie descriptive  vacante  au  Conser- 
vatoire des  .\rts  et  Métiers ioîS 

MLNISTRE  DE  L'INSTRUCTION  PURUQUK 
(M.  LE)  invite  l'-Académio  à  présenter 
une  liste  de  deux  candidats  à  la  chaire 
de  Zoolog*e  (Mammifères  et  Oiseaux) 
devenue  vacante  au  Muséum  d'His- 
toire naturelle,  par  suite  du  décès  de 
M.  Uiistalet 498 

—  Invite  l'Académie  à  présenter  une  liste 

de  deux  candidats  à  la  chaire  de  Bo- 
tanique (Classification  et  Familles 
naturelles),  devenue  vacante  au  Mu- 
séum d'Histoire  naturelle,  par  l'ad- 
mission à  la  retraite  de  M.  Bureau. .      09 

—  Transmet    à    l'Académie    un    Rapport 

adressé  à  M.  le  Ministre  des  Affaires 
étrangères  à  la  date  du  4  février  1906, 
par  AL  Souliai-t,  ministre  de  France 
à  Bogota 1077 

—  Transmet  un  Rapport  du  Directeur  de 

l'Observatoire  de  Colaba,  relatif  à  un 
tremblement  de  terre M4i 

—  Communique  une  Lettre  de  M.leConsul 

général  de  France  à  Naples,  relative 

à  l'éruption  du  Vésuve 1 182 

MINISTRE  DE  LINTÉRIEUR  (M.  le)  in- 
vite l'Académie  à  lui  présenter  une 
liste  de  trois  de  ses  Membres  pour  la 
place  à  attribuer  à  l'Académie  dans 
le  Comité  consultatif  d'Hygiène  pu- 
blique de  France ' 265 

MOISSAN  (Henri;.  —  Sur  l'ébullition  de 
l'osmium,  du  ruthénium,  du  platine, 
du  palladium,  de  l'iridium  ei  du  rho- 
dium       189 

—  Sur  l'ébullition  et  la  distillation  du  nic- 

kel, du  fer,  du  manganèse,  du  chrome, 
du  molybdène,  du  tungstène  et  de 
l'uranium 423 

—  Sur  la   distillation  du  titane  et  sur  la 

température  du  Soleil r)73 

—  Présente  à  r.\cadémie  le  Tome  V  du 

«  Traité  de  Chimie  minérale  »  publié 
sous  sa  direction 696 

—  Est    élu    membre    des    Commissions 

chargées  de  juger  les  concours  :  des 
prix  Jecker,  Cahours,  Montyon  (Arts 
insalubres)  pour  l'année  190G 327 

—  Du  prix  Saintour  pour  l'année  1906...     38o 

—  Du  prix  Parkin  pour  l'année  igoO  ....     38o 

—  l'^st  nommé  membre  de  la  Commission 


TABLE    DES 

MM.  Pages, 

de  véi'ificalion  des  comples 118-2 

MOLLARD  (.1.)  et  VIGNOX  (Lko).  -  Le 

clilorage  de  la  laine i343 

iMOLLIARD.  — ■  Structure  des  végétaux 
développés  à  la  lumière,  sans  sa/, 
carbonique,  en  présence  de  matière.s 
organiques 4() 

MOOGiR.  )  et  GUILLKMARI)  (H.i.  — 
Observations  faites  au  mont  Rlancsiir 
l'hyperglobulie  des  altitudes 6  i 

iMOREAÙ  (G.  ).  —  Sur  la  recombinaison 

des  ions  des  vapeurs  salines 'i;)'. 

MOREL  (Albert),  GAUTIER  (Ci.au.ki  cl 
DOYUN.  —  Démonslratiou  ûf  la  l'unc- 
tion  fibrinogénique S5i 

MOREL  (Albert)  et  HUGOUNE.NQ  (L.). 
—  Sur  la  soudure  svnlliétique  des 
acides  amidés  dérivés  des  albumines.      4*^ 

—  Sur  l'hématogène  el  sur  la  foi'mation 

de  l'hémoglobine Soi 

—  Sur  la  nature  véritable  des  leucéines 

et  glucoprotéines  obtenues  par  P. 
Schuizenberger  dans  le  dédouble- 
ment des  matières  protéiquos i4-'"> 

MOROFF  (Th.).  —  Sur  l'évolution  des 
prétendues  Coccidies  des  Céplialo- 
podes Oâ'i 

MOTZ  et  MAJEWSKl.  —  Contribulion  à 
l'étude  de  l'anatomie  pathologique 
des  cancers  épitliéliaux  de  la  pros- 
tate      35î 

MOUNEYRAT  (A.j.  -  Méthode  de  re- 
cherche el  de  dosage  de  petites  quan- 
lités  de  fer 1049 

—  Méthode  de  recherche  du  fer  dans  les 

tissus  vivants 1 572 

MOUREAUX   (Th.).  —  Sur  la  valeur  des 
élémenls   magnétiques   à    l'Observa- 
toire du  Val-Joyeux  au  1"'  jauv.  igoti.     i  lâ 
MOUREU  (Ch.4hles).  —  Sur  la  détermi- 
nation   des  gaz   rares  dans  les  mé- 


N 


NÈGRE  (Georges)  demande  l'ouverture 
d'un  pli  cacheté  déposé  par  lui  le 
24  juillet  igoj 1 363 

NEIïRIS  (Pu.  ).  ~  Sur  la  nappe  charriée 

du  Péloponèse 1 82 

—  Sur  les  racines  de  la  nappe  de  char- 
riage du  Péloponèse SoS 

NEUVILLE  (Henri)  et  ROTHSCHILD  (Mau- 
rice de).  —  Sur  V Hytor/iœrus  Mei- 


auteurs.  f64i 

MM.  Pages. 

langes  gazeux  naturels 44 

—  Sur  les  gaz  des  sou i ces  thermales.  Dé- 

termination des  gaz  rares;  présence 
générale  de  l'argon  et  de  l'hélium. . .    11  )) 
MOUREU   (Ch.)    et"  L-VZENNEC  d).  - 

Amides  et  nitriles  acétyléniques  ....     211 

—  Condensation  des  nitriles  acétyléniques 

avec  les  alcools.  Méthode  générale  de 
synthèse  de  nitriles  acryliques  p- 
subslitués  ji-oxyalcoyiés 338 

—  Condensation  des  nitriles  acétyléniques 

avec  les  phénols.  Mélliodc  générale  de 
synthèse  de  nitriles  acryliques  ^- 
oxyphénolés  et  p-subslilués ,      'i")o 

—  Condensation  des  amides  acétyléniques 

avec  les  phénols.  Méthode  générale 
de  synthèse  d'amides  éihyléniques 
^■oxyphénolcs Sgj 

—  Recherches  sur  les  pyrazolones.  Nou- 

velles méthodes  do  synthèse  des  py- 
razolones   1 53  ; 

.MOUTIER  (A.).  —    De  l'innueuce  de  la 

vieillesse  sur  la  pression  artérielle  . .     5gg 

MOUTON  (H.)  et  COTTON  (A.).  —  Nou- 
velles propriélés  magnéto-optiques 
des  solutions  colloïdales  d'hydroxyde 
de  fer 203 

MOUTON  (IL  ),  DELEZENNE  (C.  )  el  PO- 
ZERSKI  (E.).  —  Sur  l'allure  anomale 
de  quelques  proléolyses  produites  par 
la  papaïue 1 77 

MULLER  (.I.-A.;.  —  Sur  la  chaleur  do 
formation  de  l'acide  carbonylfcrro- 
cyanhydrique i  i  i  <> 

MÛNTZ  (A.)  et  LAINE  (  E.  ).  —  Rôle  de  la 

matière  organique  dansia  nitrification.     43o 

—  L'utilisation    dos    tourbières    pour    la 

production  intensive  des  nitrates.  . .  .    i23g 
MURATET  (L.  ),  SABILVZÈS  (.1.  1  et  HUS- 
NOT  (P.  ).  —  .Molililé  du  scolox  éclii- 
nococciquo l'îâj 

nertzluigeni  0.  Ths 'J4(> 

NEWCOMB  (Simon)  adresse  une  Lettre 
pour  rendre  compte  de  la  célébra- 
tion du  bicentenaire  de  la  naissance 

de  Franklin 1028 

NEWCOMB  (Simon)  el  AGASSIZ  (.M.). 
Associés  étrangers,  sont  désignés  par 
r.Vcadémie  pour  la  représenter  à  la 
célébration  du  second  centenaire  de 


i64-. 


TABLE  DES  AUTEURS. 


MjM.  Pn^^es. 

la  naissance  de  Franklin -'>'> 

NIC.LOUX  (Maurice).  —  iJosage  île  pelites 
qiianlitôs  de  ehlorofornie;  son  dosage  : 
i"  (l<ins  l'air:  2°  dans  le  sang  ou  dans 
un  li(|uide  aqueux ifi'î 

~  Sur  l'aneslhésie  clilororornii(|ne.  Dosage 
du  chloroforme  avant,  pendant,  après 
l'atK^siliésie  déclarée  el  quantité  dans 
le  sang  au  moment  de  la  mort 'ioo 

NOC  (F.).  —  Sur  la  fréquence  et  le  rôle 
étiologique  probable  de  V  Unchinrin 
arnericana  dans  le  béribéri ii'ii 

iNOÉ  (J.)  adresse  une  Note  relative  à  un 

aéronat  dirigeable 187 


IVIM.  l'ages. 

NOËL  (Léon)  adresse  une  Note  relative  à 
la  (c  Mesure  exacte  du  pouvoir  éniissif 
des  matières  radioactives  » '5 1 1 

NOGIER.  —  Nouvelles  reclierclies  sur  les 

ampoules  productrices  de  rayons  X.     7S3 

XORDMANN'  (  Chahles  ).  —  llecherclies 
sur  le  champ  électri<|ue  terrestre, 
exécutées  à  l'occasion  de  l'éclipsé 
totale  du  3o  août  i<)o> lo 

—  Sur  les  forces  électromotrices  de  con- 

tact entre  métaux  et  liquides  et  sur 

un  perfectionnement  de  l'ionograplie.     rt.>.i'> 

—  £>/'a<a  relatifs  à  cette  Communication.     7  lu 


O 


OCAGNE  (  Maibice  d' ).  —  Sur  un  théo- 
rème de  .f.  Clark gSS 

—  Est  présenté  en  première  ligne  à  M.  le 
Ministre  du  Commerce  pour  la  chaire 
de  (jéomélrie  vacante  au  Conserva- 
toire national  des  Arts  et  Métiers  . . .   i3g7 

ODIRR  (UoBKRT)  adresse  une  Note  «  Sur 
le  tiaiteuient  des  tumeurs  malignes 
en  particulier  et  des  tumeurs  en  voie 
de  développement  par  l'injection  de 
liquides  organiques  riclies  en  ferment 
glycoly tique  » 1 1 7 

OKCHSNEli  DE  COXLXCK.  —Contribution 


à  l'étude  de  l'anhydride  sélénieux. . .      171 

OLLIVIER  (IL).  —  In'lluence  de  la  eom- 
]iressii)iiité  sur  la  formation  des 
gouttes .sj!(i 

—  Propriétés  des  surfaces  |)Our  lesquelles 
l'angle  de  raccordement  apparent  de 
l'eau  est  nul 1  1167 

OSMOND  (F.)  et  CART.AUD  (G.).  —  Sur 

la  cristallographie  du  fer 1  Vio 

OUVRARD  (L.)".  —  Recherches  sur  les 
combinaisons  halogénées  des  borates 
de  barvum  et  de  strontium ■i'ii 


PAC.VUT  et  VIGILR.  -  Les  glandes  sali- 

vaircsdo  l'Escargot  (//e/f.ryjowa^j'a).     !\\-?. 

l'ACOTTET  (P.)et  VIALA  (P.).  —  Sur  les 
levures  sporulées  de  Champignons  à 
périlhèoes  (  Glœosporium  ) i  )8 

—  Sur  les  kystes  de  Glœosporium  et  sur 

leur  rôle  dans  l'origine  des  levures..      'iiS 
PAGNIEZ  (Ph.)  et  LE  SOURD  (  L.).  —  Un 
procédé  d'isolement  à  l'élat  de  pureté 

des  hématoblastes  du  sang i  )()J 

PAINLEVÉ  (Paul)  est  élu  membre  de 
la  Commission  chargée  de  juger  les 
Concours  du  Grand  Prix  des  Sciences 
mathémi\ti(|ues  et  des  prix  Francœur, 
l'oncelet  pour  l'année  i()ci() 'fil 

—  Kst   élu    membre    de   la   Commission 

chargée  de  présenter  une  question  de 
prix  Bordin  (Sciences  mathémati- 
ques) pour  l'année  \',)i'\) i43 


P.VroUlLLARD  (X.)  et  HARIOT  (P.).  — 
Sur  un  nouveau  genre  de  Champi- 
gnons de  l'Afrique  orientale  anglaise,     vi^ 

PÉCOUL(A.)et  ALBFRT-LÉVY.  —  Sur 
le  dosage  de  l'oxyde  de  carbone  dans 
l'air  par  l'anhydride  iodique itS-i 

PÉL.ABONdL).  —  Sur  les  mélanges  d'an- 
timoine et  de  sélénium.  Constante 
cryoscopique  de  l'antimoine -.(oy 

—  Sur  les  sulfures,   séléniures  et  lelhi- 

rures  d'élain 1 1  (7 

PELLAT  est  classé  en  seconde  ligne  parmi 
les  candidats  à  la  place  laissée  va- 
cante par  le  décès  de  M.  P.  Curie..  .    1  ','>i> 

PELOURDC  (  Ferdinanu  ).  —  Contril)uti(jn 
à  l'analonue  systématique  de  (]ucl- 
ques  genres  de  Fougères t'-i'^i 

PELSEXEEit  (Paul).  —  Un  genre  de  La- 
mellibranches à  bouches  multiples.  .     -'ri 


TABLE    DES   AUTEURS. 


lG4« 


\1M.  Pa 

PEliOT  (Alfred  i.  —  Sur  la  mesiiie  des 
perles  de  pliase  par  réflexion 

—  Est  classé  en  troisième  ligne  parmi  les 

candidats   à   la  place  laissée  vacante 

par  le  décès  de  M.  /'.  Curie 

PHlUilKR  (  Eduioxd).  —  Est  élu  membre 
des  (^.ommissions  charjiées  de  jnger 
les  Concours  :  des  prix  Tcliilialchef, 
Binoux,  Delalande-Guérineau  iiour 
l'année  1906 

—  Des  prix   Dcsniazières,  Montagne,   de 

C.oincy  pour  l'année  ifloti 

—  Des  prix  Savigny,    Thore,   Da   Gaina 

Macliado  pour  l'année  1906 

—  Des  prix  Montyon  (Médecine  et  Chirur- 

gie ),  Barbier,  Bréant,  Godard,  du  ba- 
ron Larroy,  Bellion,  Mège  pour  l'an- 
née 1 906 ■ . 

—  Du  prix  Cuvier  pour  l'année  1906.... 

—  Du  prix  du  baron  de  .loë-l  pour  l'année 

1906 

—  Kst   élu    membre    de    la   Coniuii-;sion 

chargée  de  présenter  une  (piestion  de 
prix  Gay  pour  l'année  1909 

l'ERlUEU  DE  LA  BATHIE  (H.)  et  JU- 
MELLE (H.).  —  Le  Khara  de  Mada- 
gascar   

PETIT  (Paul)  cl  COURTET  (H.).  —  Les 
sédiments  à  Diatomées  de  la  région 
du  Tchad 

PEYRUSSON  (EDOUARD)  adresse  une  Noie 
n  Sur  la  température  du  Soleil  » . . . . 

PICARD  (Alfred)  présente  le  premier 
Volume  de  son  Ouvrage  ;  «  Le  bilan 
d'un  siècle  » ' 

—  Est    élu    membre   de    la    Commission 

chargée  do  juger  le  Concours  du  prix 
Monlyon    (Statistique)   pour    l'année 

1906 

PICARD  (É.MiLiî).  —  Sur  tpielqucs  pro- 
blèmes de  Physique  mathématique  se 
rattachant  à  l'équation  do  M.  Fred- 
holm 

—  Sur    le  problème  généralisé   de   Diri- 

chlel  et  l'équation  de  M.  Fredholm. . 

—  Fait  hommage  du  troisième  Fascicule 

du  Tome  II  de  la  «  Théorie  des  fonc- 
tions algébriques  de  deux  variables  ». 

—  Est  élu  membre  des  Commissions 
phargées  de  juger  les  Concours  :  du 
(îrand  Prix  des  Sciences  mathémati- 
ques et  des  prix  Francœur,  Poncelet 
pour  l'année  190G 

—  Du  prix  Houllevigue  pour  l'année  igolj. 


ges. 

->firi 


14Î0 


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26  j 

97.1 
■  ■J  ».'i 

3So 

8(u 

ii«9 


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MM.  Pages. 

—  Est   élu    membre    de   la   Commission 

chargée  de  présenter  une  question  de 
prix  Bordin( Sciences  malhémaliques) 
pour  l'année  1909 4i  ' 

—  Est  nommé  membre  do  la  Connuission 

de  vérilicaliou  des  comptes 1182 

PIETTRE  et  lîRCK'.U-ROUSSEAU.  —  Sur 

les  spores  d'un  Slrr/ttot/irix r>2i 

PIETTRE  (M.)  et  VILA  (A.).  —  Sur  le 
noyau  des  hématies  du  sang  des  oi- 
seaux      908 

PILT.SCIIIKOFF  (X.).  —  Sur  la  polarisa- 
tion du  ciel  pendant  les  éclipses  du 
Soleil M I9 

PIZON  (.\ntoine).  —  L'évointion  des  co- 
lonies    de     Diplosoma     spongiformc 
Giard  et  la  displanchtomie  des  asci-' 
diozo'ides 1<i3 

POIN'CARÉ  (  Henri  1  est  élu  niendjrc  des 
Commissions  chargées  de  juger  les 
concours  :  du  Grand  Prix  des  Sciences 
mathématiques  et  des  prix  Francœur, 
Poncelet  pour  l'année  1906 264 

--  Du  prix   Monlyon   (Mécanique)  et  du 

prix  Boileau  pour  l'année  1906 a(54 

—  Des    prix    Pierre    Guzman ,    Lalande, 

Valz,  Janssen  pour  l'année  1906 2(5 ^ 

—  Des  prix  Hébert,  Hughes  pour  l'année 

190(5 2.65 

—  Des   médailles   Arago,  Lavoisier,   tier- 

thelot  pour  l'année  190G 3Sn 

—  Des  prix  Trémont,  Gegner,  Lannelon- 

gue,  Jérôme  Ponti  pour  l'année  190(5.     38o 

—  Du  prix  Saintour  pour  l'année  igoii...     3iSo 

—  Du  prix  Houllevigue  pour  l'année  1906.     38o 

—  Du    prix  Jean    Reviiaud   pour  l'année 

1 90(5 (43 

—  Du  prix  du  baron  de  Joësl  pour  l'année 

1906 143 

—  Est   élu    membre    de   la   Commission 

chargée  de  présenter  unecpiestion  de 
prix  Bordin  (  Sciences  mathématiques  ) 

pour  l'année  1909 44^ 

M.  le  Président  annonce  à  l'Académie 
qu'en  raison  des  fêtes  de  Pâques,  la 
séance  du  lundi  16  avril  est  remise 
au  mardi  17 KG i 

—  Annonce  lo  décès  de  .M.  le  prolésseur 

La7igle\- 9î  > 

—  Annonce  le  décès  de  -M.  l'icrre  Curie.     939 

—  Communique  une  dé|)èc'he  de  M.  Blci- 

serna.  |)résident  de  W/remieiuin  dci 
Lincei 94 1 

—  \nnonce  le  décès  de  .M.  R.  Bisrlmlf- 


i64'i 


TABLE    DES   AUTEURS. 


iVlM. 


Pages. 
1119 


slieim 

—  Annonce  à  l'Académie  qu'en  raison  des 
fêtes  de  la  Pentecôte,  la  séance  du 
lundi  \  juin  est  remise  au  mardi  5..    1171 

PONSOT  (Auguste).  —  Photographie  in- 
lerférentielle  ;  variations  de  l'inci- 
dence ;  lumière  polarisée i  Jo6 

POPOFK  (K.)  adresse  une  Note  intitulée  : 
«  Nouvelle  méthode  pour  la  détermi- 
nation de  la  déviation  de  la  verticale 
vers  l'est  ou  vers  l'ouest  par  les  pas- 
Siiires  de  la  polaire  » 1118 

PORTIER  (P.)  et  RR'.HARD  (J.)-   —  Sur  ■ 
une  méthode  de  prélèvement  de  l'eau 
de  nier  destinée  aux  études  bactério- 
logiques      I  i'i9 

POZEIi'SKl  (E.),  MOUTON  (H.)  et  DELE- 
ZEXNE  {C).  —  Sur  l'allure  anomale 
de    quelques    protéolyses    produites 


MM.  p 

par  la  papaïnc 

PRÉSIDENT  (Le)  DU  TROISIÈME  l'.ON- 
GRÈS  de  r.4ssociation  dos  .Médecins 
de  langue  fran(;aise  de  l'Amérique  du 
Nord  invite  l'Académie  à  se  faire  re- 
présenter à  ce  Congrès,  en  juin  1906. 

PRÉSIDENT  i  (  Le  ;  DE  L'ASSOCIATION 
INTERNATIONALE  POUR  L'ÉTUDE 
DES  RÉGIONS  POLAIRES  adresse 
divers  documents  imprimés  relatifs 
au  Congrès  international  de  Rruxelles 
et  invite  les  Membres  clo  l'Académie 
à  participer  aux  travaux  de  ce  Congrès. 

PIULLIEU.\  est  élu  membre  de  la  Com- 
mission chargée  de  juger  les  Con- 
cours des  prix  Desmazières,  Monta- 
gne, de  Coincy  pour  l'année  1906  . . . 

PUSSENOT.  —  Sur  les  scliistes  graphiti- 
ques du  Morbihan 


ges. 
'77 


C.ïi 


I  19* 


.27 


I  ;3s 


Q 


QUENNESSEN  (L.).   —    Sur  l'attaque  du 

platine  par  l'acide  sulfurique li  1 1 

(JUIDOR  (A.).  —  Sur  les  Copépodes  re- 
cueillis par  la  mission  Charcot  et  com- 
muniqués par  M.  E.-L.  Bouvier 54 


—  /wTrt/rt  relatifs  à  celle  Comnuinicalion. 

—  Sur  le  Lrpnsp/iilux  lahrei  Hesse  et  sur 

la  famille  des  Philichthydd' 

~  Sur  le  mâle  et  l'appareil  suceur  de  ^t- 
cotlioa  .tstacl 


188 


i(i"' 


w 


RAD.\U  présente  à  l'Académie  la  «  Con- 
naissance des  Temps  »  pour  l'an  190S.       -■>. 

—  Est   qIu    membre  de    la    Commission 

chargée  de  juger  les  Concours  des 
prix  Pierre  Guzinim.  I.alaude,  Valz, 
Janssen  pour  l'année  1906 '^tij 

RAMR.\UD  et  SY.  —  Observations  de  la 
comète  Rrooks  (1901)  a)  laites  à  l'Ob- 
servatoire d'Alger,  à  l'éciuatorial 
coudé  de  o'",  3 1 8 j8-2 

RANVIEU  est  élu  membre  de  la  Commis- 
sion chargée  de  juger  les  Concours 
des  prix  Savigny,  Thure,  Da  Gama 
.Machado  pour  l'année  190(1 'V>- 

R.VYET  (G.).  —  Sa  mort  est  annoncée  à 

l'Académie i.ioo 

REMY  (LoL'is).  —  Sur  uu  hessien  liyper- 

ellipiique 386 

—  Sur  les  surfaces  hyperelliptiques  déli- 

nies  par  les  fonctions  intermédiaires 

singulières 7G8 

RENAN  est  présenté  en  deuxième  ligne  à 


M.  le  Ministre  de  l'Insti'uelion  publi- 
que, pour  une  place  d'astronome  titu- 
laire vacante  à  l'Observatoire  do  Pa- 
ris      44  i 

RENAUX  (.).).  —  Contribution  à  l'étude 

des  écrans  photographiques 38 

RENGADË  (  E.).  —  Sur  l'oxydation  directe 
du  caesium  et  sur  quelques  propriétés 
du  peroxyde  de  cœsium 1 149 

—  Action  de  l'oxygène  sur  le  rid^idiinn- 

ammonium i  ")33 

RENIER  (An.M.\ND).  —  Sur  la  llore  <lu 
terrain  houiller  inférieur  de  Baudour 
(  llainaul  1 7  'l! 

RÉVILLIOD  (  I.).  —  Sur  la  répartition  dos 

courants  électriques  dans  un  réseau,     lii 

RICCI ARDI  (Leon.\iu)0)  adresse  une  Note 
sur  La  C/iiiuic  dans  la  ffenèse  et 
dans  lu  chronologie  des  roches  ériip- 
lives 739 

RICHARD  (J.).  —  (Communication  relative 
au     piemior    Congrès     international 


TABLE    DES 
MM;  Pages. 

(i'Océaiiograpliie  cl  de  Méléorologie 
marine i  i-i  .« 

RICHARD  (J.)  et  PORTIER  (P.)-  —  Sur 
une  méthode  de  prélèvement  lie  l'eau 
de  mer  destinée  aux  études  Ijaclériolo- 
giqucs 1 109 

RICHARDSON  (Harriet  M"°^.  —  Sur  les 
Isopodes  de  l'expédition  française  an- 
tarctique     8(9 

RIGHET  (Charles).  —  Effets  reconsti- 
tuants de  la  viande  crue  après  le 
jeûne J?-.'. 

RIVIÈRE  (G.)  et  HAILHACHE  (G.).  — 
Contribution  à  la  physiologie  de  la 
greffe.  Influence  du  porte-greffe  sur 
le  greffon .s  j  j 

RODET  (A.)  et  VALLET  (G.).  -  Sur  l'in- 
feclion  expérimentale  par  le  Tiypa- 
nosoma  Brucei.  Destruction  du  para- 
site dans  la  rate 1229 

ROÎDERERet  GUNTZ.  —  Sur  la  prépara- 
tion et  les  propriétés  du  strontium. .     4°" 

ROHAN-CH.\BOT  (.1.  de).  —  Sur  la  sou- 
pape parhydrique 1  33 

RO.MANET  DU  CAILL.\UD  (F.)  adresse  ;i 
l'Académie  une  lettre  dans  laquelle  il 
propose  l'adoption  internationale  du 
méridien  de  Bethléem i363 

R0SS.4RD  (F.).  —  Observations  de  la  co- 
mète Giacobini  ([905c),  faites  à  l'Ob- 
servatoire de  Toulouse,  à  l'équalorial 
Brunner-Henry  de  o"',  38 29 

ROSSET  et  BESSON.  —  Action  du  per- 
oxyde d'azote  sur  l'ammoniac  et  quel- 
ques sels  ammoniacaux fi33 

ROTCH  (L.)  et  TEISSERENC  DE  BORT 
(L.).  —  Résullats  des  sondages  aériens 
dans  la  région  des  alizés 918 

ROTHSCHILD  (Maurice  de)  et  NEUVILLE 
(Henri).  —  Sur  Y Hylochœnis  Afei- 
nenzliageni,  0.  Ths 646 

ROUB.\UD  (E.).  —  Biologie  larvaire  et 
métamorphoses  de  Siphonn  cristata, 
Fabr.  Adaptalion  d'une  Tachinaire  à 


SABATIER  (Paul)  et  M.4ILHE  (Alphonse). 
—  Synthèses  d'alcools  tertiaires  issus 
du  paramélhylcyclohexane 438 

—  Synthèse  de  trois  dimélhylcyclohexa- 

nols  secondaires 553 

—  Sur  l'emploi  des   oxydes  métalliques 

C.  R.,  1906,  I"  Semestre.  (T.  CXLH  ) 


AUTEURS.  1645 

Mi\l.  l'ajes. 

un  hôte  aquatique  diptère;  nouveau 
cas  d'Iîctoparasilisme  interne 14^7 

ROUCIIÉ  est  élu  membre  de  la  Commis- 
sion chargée  de  juger  le  concours  du 
prix  Montyon  (Statistique)  pour 
l'année  190G 38o 

ROUX  (Emili;).  —  Sur  la  vaccinalion 
contre  la  tuberculose  par  les  voies 
digeslives.  Remarques  relatives  à  une 
Note  de  MM.  .^.  Calmrllc  et  C.  Giir- 
rin 1 322 

—  Est  nommé  membre  d'une  Commission 

chargée  de  présenter  à  M.  le  Ministre 
de  l'Intérieur  une  liste  de  trois 
membres  de  l'Académie  pour  une 
place  dans  le  Comité  consulialifd'Hy- 
giène  publique 265 

—  Est    élu    membre    des    Commissions 

chargées  de  juger  les  Concours  :  des 
prix  Montyon  (Médecine  et  Chirur- 
gie), Barbier,  Bréant,  Godard,  du 
baron  Larrey,  Bellion,  Mège  pour 
l'aruiec  190G 327 

—  Des  prix  Àloutyon  (Physiologie  expé- 

l'imentale),  Philipeaux,  Lallemand, 
Poural,  Martin-Damourelle  pour  l'an- 
née I  go6 328 

—  Est    élu    membre    de    la    Commission 

chargée  de  présenter  une  question  de 
prix  Pourat  pour  l'année  1909 328 

ROUX  (Ei'GÈNE).  =  Sur  la  rclrogradatiou 
et  la  composition  des  amidons  naturels 
autres  que  la  fécule g"» 

ROUX  (EuG.)  et  MAQUENNE  (.L.).  -  In- 
fluence de  la  réaction  du  milieu  sur 
l'activité  de  l'amylasc  et  la  composi- 
tion des  empois  saccharifiés 124 

—  Xouvelles  recherches  sur  la  sacchari- 

lication  diaslasique lojg 

—  Sur  quelques  nouvelles  propriétés  de 

l'extrait  de  malt i387 

ROZET  (Cl.).  —  Observations  d'ombres 
volantes  au  lever  et  au  coucher  du 
Soleil '.)''i 

comme  catalvseurs  d'oxydation 1594 

SÂBRAZÈS  (J.),  MURATEL  "(L.)  et  IIUS- 

NOT  (P.).  —  Molilité  du  scolfx  érlii- 

nococcique '3  33 

S.\LET  (P.).  —  Observation    de   l'éclipsé 

de  Lune   du  9  février  1906,  faite  à 

2l4 


l64fj  TABLE 

MM.  P 

l'Observatoire  de  Paris (équatorial de 

la  lour  de  l'Est) 

SALTZMANN   (C.-A.)  adresse  un  Projet 

de  marJiirte  -volante 

SAUTOX   et  TRILLAT.  —  Dosage  de  la 

matière  albiimino'ide  du  lait 

SCHLESIXGER  (L.  ).  —  Sur  certaines  séries 

asvm|)totiques 

SCHLœSING    (Th.).   —   Contribnlion    à 

l'étude  chimique  des  eaux  marines  . . 

—  Est    élu    membre    des    Commissions 

chargées  de  juger  les  Concours  :  du 
prix  Montyon  (Mécanique),  et  du  prix 
Boileau  pour  l'année  1906 

—  Des   prix    .lecker,    Cahours,    Montyon 

(Ans  insalubres)  pour  l'année  1906. 

SCHOUTE  (P.-H.).  —  La  réduction  analy- 
tique d'un  système  quelconque  de 
forces  en  E„ 

SEBERT  (  le  général)  fait  hommage  à  l'Aca- 
démie d'un  exem|ilaire  du  n  Manuel 
complot  du  répertoire  bibliographique 
universel  » 

—  Est    élu    membre    des    Commissions 

chargées  de  juger  les  Concours  :  du 
prix  Montyon  (Mécanique)  et  du  prix 
Boileau  pour  l'année  190G 

—  Du  prix  extraordinaire  (Navigation)  el 

du  prix  Plumey  pour  l'année  1906. . . 

SECTION  DE  MÉDECINE  ET  CHIKUKGIE 
(La)  fait  partie  d'une  Commission 
chargée  de  présenter  à  M.  le  Minisire 
de  l'Intérieur  une  liste  de  trois 
membres  de  l'Académie  pour  une 
place  dans  le  Comité  consultatif 
d'Hygiène  publique  de  France 

Seguin'.  —  sur  ridentilé  d'Hemipygus 
tubercolosus  et  d' Hemicidaris  crenii- 
larix 

Errata  relatifs  h  cette  Communication.  .  . 

SELLIER  (J).  —  Sur  le  pouvoir  antipre- 
suraul  du  sérum  sanguin  des  animaux 
inférieurs  (Poissons  et  Invertébrés)  . 

SEURAT  (L.-G.).  —  Sur  un  Cestode  para- 
site des  Huîtres  perlières  déterminant 
la  production  dès  perles  fines  aux  iles 
Gambier 

SEUX  (Edmond).  —  Sur  la  stabilité  des 
aérofUanes  et  la  construction  ration- 
nelle des  plans  sustentateurs 

—  Sur    un    mode    de    construction    d(!s 

plans  aéroplanes,  permettant  d'aug- 
menter, dans  de  notables  proportions, 
leur  valeur  suslentatricc 


DES    AUTEURS. 


38i 

85- 

79-i 
io3i 

320 

■264 
327 

826 

1490 

264 
264 


265 


1  lii; 
i588 


409 


801 


MM.  P 

SEVERIX  (  E.).  —  Sur  les  acides  dimélhyl 
eldiéthylamido-benzoylbenzo'iquesdi- 
liromés  et  leurs  dérivés 

SEYEWETZ  (A.)  et  BLOCH.  —  Obtention 
des .'iulfamates  aromatiques  par  réduc- 
tion des  dérivés  nitrés  avec  l'hydro- 
sulfite  de  soude 

Sl.MOX  (L.-.I.).  —  Sur  uu  nouveau  type 
de  réactions  d'équilibre 

—  Influence  de  la  juxtaposition  dans  une 

même  molécule  de  la  fonction  céto- 
nique  et  de  la  fonction  acide 

SIMON  (L.-J.)  et  CHAVANNE  (G.).  — 
Réaction  caractéristique  du  glyoxy- 
late  d'éthyle.  Action  de  l'ammoniaque 
sur  cet  élher  el  ses  dérivés 

SIMONI  adresse  une  Théorie  de  l'aé- 
roplane, dans  son  application  à  la 
navigation   aérienne 

SLOMXESCO  (M.).  —  Sur  l'action  des 
leucoma'i'nes  xantiques  sur  le  cuivre. 

—  Adresse  une  Note  relative  à  Vartion  de 

ta  caféine  sur  les  métaux  et  métal- 
loïdes   

SOLVAY  (Ernest)  présente  un  Mémoire 
«  Sur  l'organisation  et  la  possibilité 
de  la  self-organisation  de  la  réaction 
chimique  » 

—  Sur   le  problème  dit  du    travail  sta- 

tique  

STEFÂNIK  (Milan).  —  Contribution  à 
l'étude  du  spectre  infra-rouge 

—  Sur  la  sensibilité  de  la  rétine  pour  les 

radiations  lumineuses 

STEFÂNIK  (MIL.4N)  et  MILLOCHAU  (G.). 
—  Sur  un  nouveau  dispositif  de 
speclrohéliographe 

—  Sur  une  méthode  susceptible  de  per- 

mettre l'étude  de  la  couronne  solaire 
en  dehors  des  éclipses ,•  ■  •  • 

STEKLOFF  (W.).  —  Sur  le  mouvement 
non  slationnaire  d'un  ellipsoïde  lluide 
de  révolution  qui  ne  change  pas  sa 
figure  pendant  le  mouvement 

STENGER  (E.),  LEWIN  (Loris)  el 
MIETHE  (A.).  —  Sur  des  méthodes 
pour  |ihotographier  les  raies  d'absorp- 
tion des  matières  colorantes  du  sang. 

STERN  (M"°  L.)  et  BATELLI  (  F.).  -  Nou- 
velles recherches  sur  les  oxydations 
produites  par  les  tissus  animaux  en 
présence  des  sels  ferreux 

STOHMER  (Carl).  —  Sur  les  trajectoires 


âges. 


274 


79" 
892 

930 

364 

789 

857 

625 
i568 

986 
1569 

825 

77 

i5i4 

175 


TABLE    DES    AUTEURS. 


1647 


MM.  Pages. 

des  corpuscules  électriques  dans 
l'espace  sous  l'intluence  du  magné- 
tisme lerrestre,  avec  application  aux 
aurores  boréales  et  aux  ])erturbalions 

magnéliques 1 58o 

SY  et  RAMBAUD.  —  Observations  de  la 
comète  Brooks  (19060),  faites  k  l'Ob- 


MM.  Pages. 

servatoire  d'Alger,  à  l'équatorial  coudé 

de  o"',  518 382 

SY  et  VILLATTE.  —  Observations  de  la 
comète  (19004),  faites  à  l'Observa- 
toire d'Alger,  à  l'équatorial  coudé  de 
o"',3i8..r 699 


SZILARD  (BÊLA).  —  Sur  l'aulocatalyse  et 
décomposition  d'un  système  photo- 
chimique    1212 

TABER  (Henry).  —  Sur  les  groupes  ré- 
ductibles de  transformations  linéaires 
et  homogènes 948 

TANRET  (Georges).  —  Mélézitose  et  Tu- 

ranose 1423 

TARRY  (G.^  —  Sur  un  carré  magique  .  .     757 

TEISSERENC  DE  BORT  (  L.)  etROTCH 
(L.).  —  Résultats  des  sondages 
aériens  dans  la  région  des  alizés ....     918 

TER.MIER  (P.)  et  FRIEDEL  (G.).  -  Sur 
l'existence  de  phénomènes  de  char- 
riage antérieurs  au  Stéphanien  dans 
la  région  de  Saint-Etienne ioo3 

THOMAS  (V.).  —  Sur  les  combinaisons 

halogénées  du  thallium 838 

THOULET(J  ).  —   I.e  calcium  et  l'argile 

dans  les  fonds  marins 738 

THOULET  et  CHEVALLIER  (A.)  -  Sur  la 

circulation  océanique 243 

TIFFENEAU.  —  Sur  les  migrations  phé- 
nyliques  chez  les  lialohydrines  et  chez 
les  a-glycols 1537 

TIKHOFF  (GABiuiiL).  —  Étude  phologra- 
pliique  de  la  nébuleuse  annulaire  du 
Cygne  N,G.C.6894 32 

TISON  (A.). —  Surle  mécanisme  de  chute 

do  certains  bourgeons  terminaux.. . .     222 

TISSOT  (C).  —  Sur  la  résistance  d'émis- 
sion d'une  antenne 703 

TISSOT  (J.).  —  Recherches  expérimen- 
tales sur  les  proportions  de  chloro- 
forme contenues  dans  l'organisme  au 
cours  de  l'aneslhésie  chloroformique.     234 

—  Les  proportions  de  chlorofdi-me  que 
contient  le  sang  artériel  pendant  l'état 
d'anesthésie  n'ont  pas  de  rapport  di- 
rect avec  les  effets  qu'elles  pro- 
duisent       352 

TOMMASI.  —  Préparation  électrolytique 

de  l'étain  spongieux 86 


TOUPLAIX  et  BORDAS.  —  iMéthode  do 
détermination  des  matières  étran- 
gères contenues  dans  les  cacaos  et 
les  chocolats GSg 

—  De  la  rapidité  d'absorption  des  odeurs 

par  le  lait 1 204 

—  Le  dosage  des  matières  albuminoides 

et  gélatineuses  au  moyen  de  l'acétone.   i345 

TRANNX)Y  (R.)  et  iMATIGNON  (C.).  — 
Action  du  gaz  ammoniac  sur  le  chlo- 
rure de  néodyme  anhydre 1042 

TRÉPIED  (Charles)  est  élu  Correspon- 
dant de  l'Académie,  pour  la  Section 
d'Astronomie,  en  remplacement  de 
M.  /.  l'errotin 1 1 82 

TRIBOT  (J.).  —  Sur  les  chaleurs  de  com- 
bustion et  la  composition  des  os  du 
squelette,  en  fonction  de  l'ûge,  chez 
les  cobayes 906 

TRILLAT  (A.).  —  Sur  la  présence  de  l'al- 
déhyde forraique  dans  les  substances 
caramélisées 454 

TRILLAT  (A.j  et  SAUTON.  —  Dosage  de 

la  matière  albuminoïde  du  lait 794 

TROOST  (L.),  Président  sortant,  fait  con- 
naître à  l'Académie  l'état  où  se  trouve 
l'impression  des  Recueils  qu'elle  pu- 
blie et  les  changements  survenus 
parmi  les  Membres  et  les  Correspon- 
dants pendant  le  cours  de  l'année 
1905 i3 

—  Est  élu  membre  des  Commissions  char- 

gées de  juger  les  concours  :  des  prix 
Jecker,  Cahours,  Montyon  (Arts  insa- 
lubres), pour  l'année  1906 327 

—  Du  prix  Wilde  pour  l'année  1906 38o 

TROUESSART  est  présenté  en  deuxième 

ligne  à  M.  le  Jlinislre  de  l'Instruction 
publique  pour  la  chaire  de  Zoologie 
(  Manuiiil'ères  et  Oiseaux)  vacante  au 

Muséum  d'Histoire  naturelle G96 

TURCHIM  (S.)  et  BROCA  (André).  — 
Étude  photographique  de  la  durée  de 


i648 

MM. 


TABLE    DES   AUTEURS. 


Pages. 


la  décharge  dans  un  tube  de  C.i'ookes.  4ij'j 
—  Résistance   des  électrolytes   pour  les 

courants  de  haute  fréquence 1 1H7 

TZ1TZÉ1C.4  (G.).  —  Sur  la  formation  de 


MM.  Pages. 

certaines  surfaces  tétraédrales 1400 

—  Sur  la  déformation  de  certaines  sur- 
faces tétraédrales ilgS 


URBAIN  (G.).  —  Sur  la  phosphorescence 
cathodique  de  l'europium 

—  Sur  l'isolement  et  sur  les  divers  carac- 

tères atomiques  du  dysprosium 

—  Poids   atomique  et  spectre  d'étincelle 


u 


du  terbium 957 

Phosplioroscence  cathodique  de  l'euro- 
pium dilué  dans  la  chaux.  Étude  du 
système  pliosphorescent  ternaire  : 
chaux-gadoline-europinc i!Ji8 


VAILLANT  (P.).  —  Sur  les  variations  avec 
la  température  des  spectres  d'émis- 
sion de  quelques  lampes  électriques.       81 

VALLÉE  (A.).  —  Sur  la  pathoiiénie  de  la 

tuberculose 1 101 

VALLET  (G.)  cl  RODIÎT  (A.).  —  Sur  lin- 
feclion  expérimentale  par  le  Trypa- 
nosoma  Briicei.  Destruction  du  para- 
site dans  la  rate r2>9 

VANEV  (C.)  et  KOKULER  (R.).—  Slellos- 
phœra  nurabuUx,  nouvelle  larve 
d'Astérie  appartenant  très  vraisem- 
blablement à  une  forme  abyssale.. . .      'yia 

VAN  DEN  BROECIv  (E.)  et  MARTEL 
(E.-A.).  —  Sur  les  abîmes  des  .4ban- 
nets,  de  Nismes  (Belgique) 1 1  iG 

VAN  DER  MENSBRUGGHE  (  G.)  adresse 
une  Note  «  Sur  le  danger  des  pous- 
sières dans  les  galeries  de  mines». .     814 

VAN  TIEGHEiM  est  élu  membre  des  com- 
missions chargées  de  juger  les  con- 
cours des  prix  Tchihatchef,  Binoux, 
Delalande-Guérineau,  pour  l'année 
1906 .)(i5 

—  Des  prix  Desniazières,  Jluntagne,    de 

(^oincy,  (lour  l'année  igoG 3>7 

—  Est    élu    membre   de    la   (lommissiou 

chargée  de  présenter  une  question  de 
|)rix  Gay  pour  l'année  1909 263 

VARIOTetCllAU.VIKT.  —Tables  de  crois- 
sauce  dressées  en  190)  d'après  les 
mensurations  de  4  io"  enfants  pari- 
siiMis  de  1  à  i5  ans -^99 

VASCHIDE.  —  Recherches  sur  les  rap- 
ports des  étals  émotifs  cl  des  étals 
d'infection 1227 

VAYSSll^KE  (A.j.  —  Sur  les  Gastéropodes 


nudibranches  et  sur  les  Marséniadés 
de   l'expédition    antarctique    du    D' 

Charcot 718 

VI.4LA  (P.)  et  PACOTTET  (P.).  -Sur  les 
levures  S|)orulées  de  Champignons  à 
périthèces  {Glœosporiuni) 458 

—  Sur  les  kystes  des  Gtœosporium  et  sur 

leur  rôle  dans  l'origine  des  levures. .     5i8 
VIDAL  (L.)  et  DEPEUET  (Cii.).  —  Sur  le 
bassin  oligocène  de  l'Ebre  et  l'histoire 

tertiaire  de  l'Espagne 712 

VIEILLE  est  élu  membre  des  Commissions 
chargées  de  juger  les  concours  :  du 
prix  Montyon  (Mécanique)  et  du  prix 
Boileau  pour  l'année  1906 264 

—  Du  prix  extraordinaire  (Navigation)  et 

et  du  prix  Pluniev  pour  l'année  1906.     264 
VIEILLE  (P.)  et  LIOÙVILLE  (R.).  —  In- 
fluence des  vitesses  sur  la  loi  de  la 

déformation  des  métaux 1057 

VIGIER  et  PACAUT.  —  Les  glandes  sali- 

vaircs  de  l'Escargot  {ffelix  pomatia).     412 
VIGNON  (LÉO).    —   Diazo'i'ques   des   di- 
amines  (  phénylènes-diamines,  benzi- 
dines) i59 

—  Copulation  benzidiue-aniline,  diphényl- 

liidiazoaminobcnzène    et    diphényldi- 

sazoaminobenzène 582 

VIGNON  (LÉO)  et  MOLLARD  (J.).  —  Le 

chlorage  de  la  laine i'343 

VIGOUROUX   (Eu.).   —   Sur  le  sillciure 

cuivreux 87 

—  Action  du  chlorure  de  silicinui  s-ur  le 

cobalt G35 

—  Sur  les  ferromolybdcnes  purs 889 

—  Sur  les  ferromolybdcnes  purs  :  contri- 

bulion  à  la  recherche  de  leurs  consti- 


TABLE   DES    AUTEURS. 


MM.  P 

luants 

—  Contribution  à  l'étude  des  ferrotung- 

stènes  purs 

—  Errata  relatifs  à  cette  Communication. 

—  Action  du  chlorure  de  silicium  sur  le 

nickel 

VILA  (A.)  et  PIETTRE  (M.).   —  Sur  le 

noyau    des    hématies    du    sang   des 

oiseaux 

VILLARD  (P.).  —  Sur  le  mécanisme  de  la 

lumière  positive 

—  Sur  l'aurore  boréale 

—  Est  classé  en  troisième  ligne  parmi  les 

candidats  à  la  place  laissée  vacante 

par  le  décès  de  M.  P.  Curie 

VILLATTE  et  SY.  —  Observations  de  la 
comète  (1906e)  faites  à  l'Observatoire 


âges. 

928 

i'97 
i366 


908 

706 
i33o 


1430 


1649 

Pages. 


MM. 

d'Alger,     à     l'équatorial     coudé     de 

o'",  3  [  8 69g 

VILLEAilN  (F.).  —  Hayons  X  et  activité 

génitale 723 

VIOLLK  (J.)  est  élu  membre  de  la  Com- 
mission chargée  déjuger  les  concours 
des  prix  Hébert  et  Hughes  pour  l'an- 
née 1 90G 265 

VIVIEN  (Armand)  adresse  une  Note  trai- 
tant do  deux  cas  de  guérison  de  l'al- 
buminerie  chez  des  femmes  enceintes 
par  le  phosphate  de  fer  et  d'un  cas 
de  guéri^^du  de  diabète  par  le  phos- 
phate de  soude 1288 

VOLTERRA  (Vrro).  —  Sur  les  fonctions 

qui  dépendent  d'autres  fonctions  ....     C91 


w 


WALLERANT  (Fred).  —  Sur  les  solu- 
tions solides 100 

—  Sur  les  cristaux  mixtes  d'azotates  alca- 

lins      1 68 

—  Sur  une  modification  cristalline  stable 

dans  deux  intervalles  de  température.     217 
WATTEVILLE  (C.  de).  —  Sur  le  spectre 

de  flamme  du  mercure 269 

—  Sur    un    nouveau    dispositif  pour   la 

spectroscopie  des  corps  phosphores- 
cents      T078 

WEISS  (Ed.m.j  est  élu  Correspondant  de 
l'Académie,  pour  la  Section  d'Astro- 
nomie, en  remplacement  de  M.  O. 
Strin'e 1 397 

WILDEMAN  (E.  de).  —  Les  maladies  du 


caféier  au  Congo  indépendant 1093 

WINTREBERT  (P.).  —  Sur  le  passage  à 
travers  les  ganglions  spinaux  de  fais- 
ceaux provenant  des  racines  motrices 
et  se  rendant  aux  nerfs  dorsaux  chez 
les  Batraciens 348 

WOLF  est  élu  membre  de  la  Commission 
chargée  de  juger  les  concours  des 
prix  Pierre  Guzman,  Lalande,  Valz, 
Janssen,  pour  l'année  1906 265 

WOLFFM.)  et  FERNBACH"(A.).  -  Sur 
la  transformation  presque  intégrale 
en  maltose  des  dextrines  |)rovenant 
de  la  saccharification  de  l'amidon. ...    1216 

—  Errata  relatif  à  cette  Communication.   i366 


YÉGOUNOW  (AIichel).  ~  La  diffusion  des  solutions  et  les  poids  moléculaires 954 


ZEILLER  est  élu  membre  des  Commis- 
sions chargées  déjuger  les  concours  : 
des  prix  Desmazières.  Montagne,  de 

Coincy,  pour  l'année  1906 327 

—  Du  prix  Saintour  pour  l'année  1906. . .     38o 
ZELTNER  (Frédéric  de).  —  Le  préhisto- 
rique aux  environs  de  Kayes  (Sou- 


dan ;. 


i56o 


ZEMPLÉN  (Gyozu).  —  Sur  l'impossibilité 
des  ondes  de  choc  négatives  dans  les 

Cr^^ 

ZORÊtTI  (L.). 
continus  . . 


Sur  les  ensembles  dis- 


142 


:63 


PARIS.   —  IMPRIMERIE  GAUTHIER-VILLARS 
37835  Qusi  des  Grands-Auguslins  55. 


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